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Full text of "A travers cinq siécles de gravures, 1350-1903; les estampes célèbres rares ou curieuses"

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Circa  1? 50 


A  travers 
Cinq  Siècles 


de  Gravures 


190? 


Gustave  Boorcard 

Membre  d'honneur  de  la  Société  de 
Peintres  -  Graveurs  français  ♦  ♦  ♦ 
Membre  d'benneur  de  la  Société  des 
Peintres  -  Lithographes   ♦♦♦♦♦♦ 


A  travers 
Cinq  Siècles 
de  Gravures 


i? 50-190? 

<>  <►  <> 

LES  ESTAMPES  CÉLÈBRES 
♦  RARES  OU  CURIEUSES  ♦ 


♦  ♦  ♦  ♦ 


PARIS 

GEORGES  RAPILLY 

MARCHAND    D'ESTAMPES    DE 
LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 

♦  ♦   9,  Quai  Malaquais,  9    ♦  ♦ 

♦  ♦♦♦♦♦    190?    ♦♦♦♦♦♦ 


■ 


7i-  ' 


Avant-Propos 


Le  but  absolument  défini  de  cet  ouvrage  —  qui  aurait 
aussi  bien  pu  se  rubriquer  Les  meilleures  Estampes  des 
meilleurs  Maîtres  —  est  la  mise  en  vedette  des  gravures 
les  plus  remarquables  de  toutes  les  écoles  et  de  tous  les 

temps. 

A  l'heure  où  la  matière  collectionnable  ancienne  agonise 
et  où  la  difficulté  à  se  la  procurer  devient  de  plus  en  plus 
grande,  nous  avons  jugé  opportun  d'attirer  d'une  façon  toute 
spéciale  l'attention  des  amateurs  sur  les  pièces  les  plus  rares 
et  les  plus  recherchées,  afin  de  les  mettre  à  même  de  ne  pas 
les  laisser  échapper  lorsque  l'occasion  se  présentera. 

Nous  tenons  à  bien  spécifier  que  c'est  surtout  au  point  de 
vue  de  la  collection  que  nous  nous  sommes  placé  ici,  enten- 
dant par  là  que  notre  objectif  a  été  avant  tout,  pour  la  partie 
ancienne,  le  signalement  de  la  pièce  cotée  et  classée  —  conti- 
nuant ainsi  les  errements  de  nos  devanciers  —  c'est-à-dire 
éliminant  à  dessein  certaines  estampes  qui,  à  tort  ou  à 
raison,  ont  été  et  sont  encore  de  parti  pris  tenues  à  l'écart. 
Nous  confessons  néanmoins  nous  être  souvent  laissé  aller  à 
mentionner  quelques  pièces  qui,  toutes  délaissées  qu'elles 
étaient,  avaient  eu  le  don  de  nous  séduire. 


VI  AVANT  -  PROPOS 

Quant  à  la  partie  contemporaine  originale  —  la  seule 
dont  nous  nous  occupons  —  nous  devons  reconnaître  que 
dans  celle-là  nous  ne  relevons  pour  ainsi  dire  que  de  nous- 
même.  Si  donc,  quelquefois  un  peu  bruyant  dans  nos  éloges, 
nous  avons  été  d'une  extrême  sobriété  dans  nos  critiques, 
c'est  que  —  sans  émettre  la  prétention  ridicule  d'attribuer  à 
nos  jugements  une  portée  qu'ils  ne  sauraient  avoir  —  nous 
avons  estimé  que  pour  se  prononcer  sur  la  valeur  d'un  vin, 
il  fallait  au  moins  permettre  au  temps  de  développer  en  lui 
les  qualités  que  seule  la  bouteille  était  à  même  de  lui  donner. 
Or,  la  bouteille,  ici,  c'est  le  recul,  la  comparaison,  la  perspec- 
tive, c'est  en  un  mot  le  jugement  froid  et  assagi  qu'on  ne 
doit  porter  sur  une  œuvre  que  lorsque  l'emballement  et  la 
première  impression  ont  disparu  pour  faire  place  à  une  étude 
plus:  tranquille  et  plus  approfondie  du  sujet. 

Ce  sont  ces  considérations,  avec  beaucoup  d'autres,  qui 
nous  ont  déterminé  à  être  muet  sur  les  prix  pratiqués  en 
ventes  publiques  pour  les  oeuvres  d'artistes  vivants  ou  pour 
celles  récemment  écloses,  car  nous  ne  nous  reconnaissons  pas 
le  droit  d'impressionner  faussement  peut-être  les  amateurs  et 
de  porter  préjudice  à  des  artistes,  en  venant  indiquer  des  cotes 
qui.  quelquefois  absolument  étrangères  à  la  valeur  de  la  pièce, 
lu  mettent  à  la  merci  des  hasards  heureux  ou  malheureux 
d'une  adjudication. 

Ne  pouvant  invoquer  les  mêmes  raisons  et  redouter  sur- 
tout les  mêmes  conséquences  pour  les  pièces  anciennes,  nous 
n'avons  pus  hésité  un  instant  à  mettre  sous  les  yeux  des 
acheteurs,  les  prix  pratiqués  dans  les  ventes  publiques  durant 

ces  vingt-cinq  dernières  années,  ils  trouveront  là  des  renseigne- 
ments précieux  qui  constitueront  de  véritables  critériums. 

Un  des  cilles  absolument  neuf  de  notre  travail  celui 
aussi  OÙ  la  critique  pourra  se  donner  plus  libre  cours  —  a  été 
la  sélection  que  nous  avons  dû  opérer  dans  l  immense  pro- 


AVANT -PROPOS  VII 


duction  française  et  étrangère  de  ces  dernières  années.  Nous 
ne  nous  dissimulons  pas  la  délicatesse  de  la  tâche  et  tenons 
à  dire  hautement  que  nous  avons  agi  avec  la  plus  entière 
indépendance,  sans  obéir  à  aucun  sentiment  de  camaraderie, 
sans  subir  aucune  influence,  nous  avons  naïvement  cueilli  la 
fleur  dont  le  parfum  nous  a  grisé,  dont  la  couleur  nous  a 
séduit.  Si  d'aventure,  nous  avons  omis  quelques  pièces  de 
valeur,  qu'artistes  et  amateurs  nous  le  pardonnent,  car  il  n'y 
a  eu  aucune  mauvaise  intention  de  notre  part,  mais  simple- 
ment ignorance  ou  oubli.  Et  maintenant,  nous  nous  deman- 
dons, profondément  anxieux,  si  la  postérité  ratifiera  nos 
préférences  et  donnera  une  indiscutable  valeur  à  des  appré- 
ciations purement  personnelles  ;  le  point  d'interrogation  se 
dresse,  nos  fils  ou  nos  neveux  se  chargeront  d'y  répondre. 

Nous  avions  caressé  un  projet  qu'à  notre  grand  regret, 
nous  n'avons  pu  mettre  à  exécution  ;  il  s'agissait  d'établir  une 
liste  très  précise  des  amateurs  des  deux  mondes  avec  leur 
adresse  et  la  nature  de  leur  collection,  des  difficultés  insur- 
montables nous  ont  forcé  d'y  renoncer  ;  les  marchands  d'abord 
qui  auraient  pu  nous  aider  le  plus  puissamment,  se  sont 
retranchés  carrément  derrière  le  secret  professionnel,  allé- 
guant le  mécontentement  qu'ils  causeraient  à  leurs  clients 
s'ils  se  permettaient  de  dévoiler  leur  personnalité  ;  beaucoup 
d'amateurs  ensuite  ont  feint  d'ignorer  les  noms  de  leurs 
confrères,  d'autres  ont  manifesté  le  désir  qu'on  ne  parlât  ni 
d'eux,  ni  de  leur  collection.  Il  eut  été  pourtant  désirable  et 
très  opportun,  croyons-nous,  de  pouvoir  établir  entre  les  ache- 
teurs une  sorte  de  franc-maçonnerie  qui  leur  eut  permis,  se 
connaissant,  de  se  renseigner  les  uns  les  autres  ou  d'échanger 
leurs  doubles  à  l'occasion  ;  on  en  a  jugé  autrement,  force  est 
donc  de  nous  incliner  en  exprimant  à  nouveau  nos  regrets. 

Puisque  nous  venons  de  parler  des  collectionneurs,  disons 
aussi  que  quelques-uns  d'entre  eux  nous  ont  instamment  prié 


VIII  AVANT-  PUOI'OS 


de  ne  pas  mentionner  —  bien  que  la  plupart  du  temps  ce  soit 
le  secret  de  Polichinelle  —  certaines  pièces  précieuses  ou 
rares  qui  se  trouvent  en  leur  possession  ;  nous  le  leur  avons 
promis;  on  voudra  donc  bien  pour  cette  fois  ne  pas  mettre  sur 
le  compte  de  l'ignorance,  ce  qui  n'est  que  le  respect  de  la 
parole  donnée. 

Il  est  de  tradition  de  s'excuser  près  du  lecteur  de  ses 
erreurs,  de  ses  défaillances,  plus  que  tout  autre  nous  éprou- 
vons ce  besoin,  car  personne  mieux  que  nous  ne  craint 
d'avoir  entrepris  un  travail  au-dessus  de  ses  forces  ;  c'est 
maintenant  qu'il  est  terminé  qu'il  nous  apparaît  dans  toutes 
ses  imperfections,  n  est-il  pas  un  proverbe  qui  dit  :  «  Qui  trop 
embrasse,  mal  étreint  »  et  n'avons-nous  pas  trop  embrassé  !  ! 
On  sera  donc  indulgent,  très  indulgent  même,  et  pour  le 
style  quelquefois  par  trop  familier  et  pour  les  répétitions  '. 
les  mêmes  accouplements  de  mots  qui,  dans  un  travail 
d'aussi  longue  haleine,  reviennent  inévitablement  sous  la 
plume,  et  surtout  pour  les  bourdes  colossales  qui,  entaillant 
probablement  ce  volume,  dérideront  les  plus  neurasthéniques. 
Que  de  fois  n'aurons-nous  pas  pris  le  Pirée  pour  un  homme  . 
que  de  fois,  passant  près  de  la  rose,  n'aurons-nous  pas  cueilli 
le  chardon,  délaissé  le  chef-d'œuvre  pour  la  médiocrité... 

Indépendamment  de  notre  objectif  spécial  —  la  mention 
des  (grandes  pièces  collectionnables  —  nous  avons  donné, 
comme  on  pourra  le  voir,  maints  renseignements  sur  les  états, 
collections,  ventes,  classements,  n\archands,  livres  relatifs  à  la 
matière,  etc.,  etc.,  en  un  mot,  et  quelque  incomplet  que 
soit  ce  travail  —  et  il  l'est  par  son  essence  même,  puisque 


■  mises  en  garde  n'étalent  malheureusement  p.is  superflues,  car  nous  venons 

■  ii       trop  tard  poui  y  porter  remède       que  relativement  aux  titres 

ii  donner  aux  gravures,  nous  avons,  pages  158  el  100,  fait  les  mêmes  réflexions  el  dans 

m     i  peu  prés  Identiques;  ce  n'était  pourtant  pas  le  rns  d'appliquer  le  bit 

repetita  plat  en  t. 


AVANT -PROPOS  IX 

ce  n'est  qu'un  triage,  qu'une  sélection  —  nous  avons  la 
conscience  d'avoir  mis  aux  mains  du  collectionneur  tout  ce 
qu'il  lui  fallait  pour  aller  plus  loin  et  pousser  à  fond  son 
étude. 

Et  maintenant,  qu'il  nous  soit  permis  de  remercier  bien 
vivement  —  nous  ne  pouvons  malheureusement  les  nommer 
tous  —  ceux  qui  de  près  ou  de  loin  ont  été  nos  collaborateurs 
assidus  et  courtois  et  particulièrement  parmi  les  conservateurs 
de  cabinets  d'estampes  :  MM.  Bouchot  et  Courboin  de  la 
Bibliothèque  Nationale,  Sydney  Colvin  et  O'Donoghune  du 
British  Muséum,  Dr  Lippmann,  Dr  R.  Schône  de  Berlin, 
Dr  Max  Lehrs  de  Dresde,  Dr  W.  Schmidt  de  Munich, 
D'  Lichwtwark  de  Hambourg ,  J.  Schônbrunner  et  Dornhbffcr 
de  Vienne,  van  der  Kcllen  d'Amsterdam.  Hymans  de 
Bruxelles,  Somof  de  Saint-Pétersbourg,  Frank  Weitenkampf 
de  Neiv-York,  Yves  Gilman  de  Boston,  Ettore  Pais  de  Naples, 
A.  Venturi  de  Rome,  John  Beavan  secrétaire  du  Burlington 
Club,  Harold  Child  secrétaire  de  la  Royal  Society  of  Pointer 
Etchers  and  Engravers  ;  les  grands  collectionneurs  Sir  Seymour 
Haden,  baron  Edmond  de  Rothschild  et  son  si  aimable  biblio- 
thécaire M.  Hector  Silvy,  MM.  Beurdeley,  comte  Gilbert  des 
Voisins,  Rouart,  Delà  fosse,  Giacomelli,  Usslaub,  A.  Lotz- 
Brissonneau  notre  ami  et  concitoyen,  Gerbeau,  H.  Béraldi. 
comte  Matheus,  Dr  H.-H.  Meier  de  Brème,  H.-S.  Theobald 
de  Londres,  John  Wordie  de  Glasgow,  M.  et  Mmc  Atherton 
Curtis  et  Avery  de  New-York;  MM.  les  commissaires- 
priseurs  P.  Chevallier  et  M.  Delestre  ;  MM.  les  libraires  et 
marchands  d'estampes  de  Paris,  Danlos,  Dumont,  Gosselin, 
Hessèle,  Kleinmann,  Mme  Salvator  Mayer,  Paulme,  Pellet  ; 
Rapilly  et  Edouard  Rahir  qui,  avec  une  bonne  grâce  sans 
égale  ont  mis  à  notre  disposition  leur  richissime  bibliothèque 
de  livres  d'art  ;  Roblin,  Edmond  Sagot,  ainsi  que  leurs 
confrères  étrangers  Colnaghi  et  Gutekunst  de  Londres,  Artaria 


X  AVANT -PROPOS 

de  Vienne,  Halle  de  Munich.  Meder  de  Berlin,  Mensing 
d'Amsterdam,  Deman  de  Bruxelles,  Wunderlich  &  Kennedy, 
Frederik  Keppel  de  New-York,  H. -G.  Gutekunst  &  Wilhem 
Gaiser  de  Stuttgart  ;  nous  devons  vraiment  à  tous  ces 
Messieurs  une  mention  bien  spéciale  car  ils  ont  poussé  pour 
nous  la  complaisance  jusqu'à  ses  extrêmes  limites. 

Un  dernier  mot;  puisse  ce  volume  écrit  un  peu  en  égoïste 
pour  y  revivre  des  heures  de  griserie  et  de  charme  en  refai- 
sant les  étapes  parcourues  et  déjà  lointaines,  apporter  à  ceux 
qui  nous  feront  l'honneur  de  nous  lire  les  mêmes  sensations 
de  jouissance,  et  réveiller  chez  eux  des  souvenirs  pleins  de 
magique  attirance  qui,  aussi  doux  qu'une  caresse,  aussi 
troublants  qu'un  baiser,  sont  comme  le  sourire  de  la  vie: 
c'est  le  vœu  le  plus  ardent  de  l'auteur. 

G.    B. 


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CAUSERIE   SUR    LA   GRAVURE 

à  bâtons  rompus 


L'.'.rt  est  la  fleur  éternelle  dont  les  pétales 
embaumés  se  dispersent  au  souffle  du  temj>s, 
enivrant  quiconque  les  recueille  et  les  respire. 


Nous  ne  venons  point  aujourd'hui  refaire  l'historique  de  la 
gravure  et  la  suivre  pas  à  pas  dans  son  évolution  à  travers  les  âges, 
nous  ne  nous  sentons  point  armé  pour  cela,  cette  tâche  a  du  reste  été 
remplie  avec  compétence  et  autorité  par  nombre  d'illustres  devan- 
ciers dont  la  consultation  sera  infiniment  supérieure  à  la  nôtre. 

Nous  en  causerons  donc  sans  la  moindre  prétention  à  l'érudition, 
tout  à  fait  à  la  bonne  franquette,  tremblant  même  de  voir  se  repro- 
duire sous  un  autre  aspect  quelques-unes  des  gaffes  auxquelles  nous 
faisions  allusion  dans  notre  avant-propos  ;  nous  essayerons  simple- 
ment d'en  présenter  les  différentes  phases  sous  une  sorte  de  vue 
panoramique,  si  nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi,  en  en  donnant 
la  physionomie  générale,  brève  et  sommaire.  Nous  éviterons  par  là  de 
noyer  nos  grandes  lignes  dans  des  minuties  de  détails  qui  ne  feraient 
qu'en  atténuer  la  netteté,  en  alourdir  les  contours. 

Cet  exposé  sera  suivi  de  renseignements  nombreux  et  variés  qui, 
classés  chacun  sous  une  rubrique  particulière,  rendront  les  recherches 
faciles  et  compléteront  ce  travail.  La  plupart  des  choses  énoncées  ici, 
n'auront  certes  point  toujours  le  mérite  de  la  nouveauté  ou  le  piquant 
de  l'inédit,  mais  elles  seront  comme  les  indispensables  points  de 
suture  servant  à  rattacher  entre  elles  les  grandes  généralités  de  la 
gravure  que  nous  avons  tenu  à  mentionner. 


LES   PROCEDES 

Les  voici  dans  leur  ordre  chronologique  simplement  énoncés  et 
sans  entrer  dans  des  détails  de  technique  que  ne  comporte  point  la 
nature  de  notre  programme. 


XII  PHKFACE 

Gravure  sur  bois.  —  La  gravure  sur  bois  ou  en  relief  est  le  plus 
ancien  des  procédés,  on  ignore  absolument  à  quelle  époque  exacte  il 
remonte,  et  quant  aux  estampes  millésimées  telles  que:  La  Vierge  et 
F  Enfant  Jésus  entourés  des  quatre  saints  de  1418  et  le  saint  Christophe  de 
1423,  les  dates  en  sont  très  discutées  et  très  discutables;  elles  peuvent 
avoir  été  mal  lues,  mal  imprimées  ou  même  parfaitement  truquées,  il 
n'y  a  donc  point  à  en  taire  sérieusement  état.  Toute  autre  ebose  est 
du  fameux  bois  de  Protat,  découvert  près  de  l'ancienne  abbaye  de  La 
Ferté-sur-Grosne  en  Saône-et-Loire,  sur  lequel  M.  Henri  Bouchot  a 
écrit  son  savant  et  si  intéressant  volume:  Un  Ancêtre  de  la  gravure 
sur  bois.  Il  appert  maintenant  et  d'une  façon  pour  ainsi  dire  irrécu- 
sable,  que  ce  xylographe  fut  taillé  en  Bourgogne  aux  environs  de  1370  '. 
L'éminent  écrivain  —  peut-être  le  mieux  informé  de  notre  généra- 
tion sur  la  matière  —  a  su  lui  reconstituer  son  état  civil,  d'après  les 
documents  et  les  présomptions  les  plus  valables,  et  se  basant  sur 
maints  détails:  costumes,  vouge1  du  soldai,  inscription  en  lettres 
onciales1  de  la  banderole,  etc.,  reculer  ainsi  par  ses  révélations 
lumineuses,  de  près  de  cent  ans  les  origines  de  la  gravure.  Au 
commencement  du  xvi"  siècle,  on  vit  apparaître  les  gravures  dites 
en  clair-obscur  ou  camaieu;  ces  estampes  obtenues  par  un  ingénieux 
procédé  de  planches  superposées  reproduisaient  avec  une  étonnante 
fidélité  en  monochromie  ou  en  polychromie  les  dessins  des  .Maîtres; 
la  perfection  en  était  telle  que  souvent  même  elles  furent  [irises  pour 
des  originaux.       A  la  lin  de  ce  siècle,  le  bois  avait  vécu. 

Manière  criblée,  dite  encore  interrasile,  presque  contemporaine 

de  la  gravure  sur  bois,  procédé  bâtard  toujours  resté  mal  défini  ;  on 
opérait  sur  métal  à  l'aide  de  creux,  relief,  évidement,  pour  n'obtenir 
qu'une  grossière  image. 

Gravure  sur  métal  en  creux.  —  Pas  plus  que  pour  le  bois  ou 
la  manière  criblée,  on  ne  peut  assigner  une  date  précise  à  cette 
découverte  ;  La  Paix  de  Florence  de  Maso  Finiguera  1452,  est  aussi 
bien  discutée  que  la  date  de  1446  inscrite  sur  La  Flagellation  —  une 
des  pièces  de  la  série  des  7  dites  La  Passion  '  actuellement  à  Berlin  — 
quanl  à  l'eau-forle,  même  mystère  que  pour  le  burin5,  c'est  au 
commencement  du  xvi"  siècle  qu'elle  lit  timidement  son  apparition, 


I  dtfférenli  ments  complémentaires  qui  nous  ont  fait  Inscrire  sur 

notre  volume  !■■  millésime  un  peu  audacieux  peut-être,  mais  tr.  s  vraisemblable,  do  1350. 
'■  Sorte  de  lance  dont  étaient  porteurs  les  hommes  d'oi  nus  de  celte  époque. 

d'uni    (orme  bien  spéciale,  usitées  au   temps   de  Jean  11  el   de   Charles  V. 

plétemenl  el  bien  avant  1380,  comme  on  a  pu  s'en  convaincre  par  l'examen 

approfondie!  isui  les  pierres  tombales. 

• 

■    par©    '"    ni  mi  I  l'aide di  ci  i  Instrument 


PREFACE  XIII 

ayant  quelques  disciples,  Le  Parmesan,  Andréa  Schiavone  en  Italie, 
Wenceslas  d'Olmutz  et  Durer  en  Allemagne  et  un  vieux  maître 
hollandais  à  monogramme  '  dont  le  nom  est  resté  inconnu  et  qui 
pourrait  bien  en  être  le  véritable  inventeur. 

On  ne  sait  donc  rien  d'absolument  positif,  et  on  n'en  saura 
probablement  jamais  davantage  sur  les  origines  de  ces  découvertes, 
aussi  Renouvier  l'a-t-il  fort  judicieusement  fait  remarquer  en  écrivant  : 
«  Plus  on  parvient  à  connaître  d'estampes  incunables,  plus  on  est 
persuadé  que  l'origine  de  la  gravure  est  un  fait  complexe  qui  ne 
saurait  être  précisé,  quant  au  procédé,  à  l'inventeur,  au  pays,  à  la 
date  ;  tous  les  documents  n'aboutissent  qu'à  des  généralités,  des 
hypothèses.  » 

Ce  ne  sont  donc  pas  plutôt  les  Italiens  que  les  Allemands  qui  en 
sont  les  inventeurs.  Nous  le  répétons,  on  n'en  sait  rien,  et  certains 
écrivains  d'aujourd'hui  vont  jusqu'à  dire  que  les  vrais  primitifs  en 
toute  chose  ont  été  les  Hollandais.  Firmin  Didot  avait  formé  naguère 
le  curieux  projet  de  réunir  à  Paris,  en  un  immense  congrès  typogra- 
phique, toutes  les  personnalités  françaises  et  étrangères  s'occupant 
de  l'estampe  ;  chacun  y  serait  venu  apportant  ses  documents  et  on  y 
eut  discuté  l'origine  de  la  gravure,  chaque  nation  ayant  été  mise  à 
même  d'y  faire  valoir  ses  revendications.  Il  ne  fut  malheureusement 
pas  donné  suite  à  ce  dessein. 

Manière  noire.  —  Procédé  dit  aussi  mezzotinte  ou  manière  anglaise 
inventé  en  1642,  par  Louis  Siegen  et  exploité  par  le  Prince  Rupert. 

Gravure  en  couleurs.  —  Inventée  en  1739  par  Jacques-Christophe 
Le  Rlond  de  Franckfort,  le  Roi  lui  accorda  un  Privilège  en  1740. 
L'impression  se  faisait  à  l'aide  de  plusieurs  planches  à  repérage  ; 
Debucourt,  Janinet,  Descourtis  et  quelques  autres  s'en  sont  particu- 
lièrement servis  en  le  perfectionnant. 

Gravure  en  manière  de  crayon.  —  C'est  de  1750  à  1755  que  les 
français  Ronnet  et  Demarteau  —  on  dit  même  que  c'est  ce  dernier 
qui  en  est  exclusivement  l'inventeur  —  le  mirent  en  pratique  ;  la 
roulette  y  joue  le  principal  rôle  et  les  dessins  reproduits  à  l'aide  de  ce 
procédé  le  sont  avec  une  telle  perfection,  que  sous  verre  les  gravures 
qui  en  résultent  pourraient  être  prises  pour  les  véritables  originaux. 
Cent  ans  plus  tôt,  vers  1656,  Jean  Lutma  en  avait  usé,  mais  n'ayant 
pas  de  roulette,  il  se  servait  d'un  marteau  ou  maillet  d'où  le  nom  de 
opus  mallei. 


<  En    1895,    M.    Lehrs,  le    très  érudit    conservateur    du  Musée  de  Dresde,  a  publié  chez 
Hiersemann.  à  Leipzig,  un  important  travail    sur  cet  artiste,  en  voici  le  titre: 
Der  Meister      VY/      V\     f'"  Kupferstecher  der  zeit  Caris  des  Kiihncnn.  ce  qui  veut  dire  : 


^ 


Un  maître  graveur  du  temps  de  Charles  Le  Téméraire. 


XIV  PREFACE 

Gravure  en  manière  de  lavis.  —  C'est  J.-B.  Leprince  qui  le  lit 
connaître  en  1768,  on  désigne  aussi  ce  procédé  sous  le  nom  d'aquatinte  ; 
on  assure  que  le  véritable  inventeur  était  Saint  Non  et  que  Leprince 
n'en  fut  que  le  propagateur. 

Lithographie.  —  Inventée  par  Aloys  Senefelder  en  1798,  comme 
il  l'atteste  lui-même,  et  non  en  1796  comme  on  le  croit  généralement, 
ce  procédé  ne  prit  vraiment  son  essor  que  vers  1816  '  ;  ses  dérivés 
furent  la  chromolithographie  qui  débuta  aux  environs  de  1848  chez 
Lemercier,  et  se  perfectionna  chez  Engelman  ;  l'Angleterre  nous  avait 
devancés  de  quelques  années. 

De  tous  les  procédés,  le  bois  est  sans  conteste  celui  qui  supporte  le 
mieux  les  exagérations  de  tirage  ;  une  planche  menée  avec  soin,  peut 
facilement  tirer  4000  à  5000  épreuves,  sans  que  ces  épreuves  subissent 
de  différence  et  sans  qu'elles  accusent  les  traces  de  fatigue  de  la 
planche  ;  un  bois  robuste  à  tailles  épaisses  et  à  gravures  larges,  peut 
même  aisément  fournir  10000  exemplaires  et  mieux,  surtout  si  l'on 
tire  à  sec  —  c'est-à-dire  sans  mouiller  le  papier  —  moyen  du  reste 
abandonné  depuis  longtemps  ;  le  papier  lui  aussi  joue  son  rôle  et 
suivant  qu'il  est  doux  ou  rugueux,  mince  ou  épais,  il  vient  contribuer 
au  plus  ou  moins  d'usure  de  la  planche.  La  lithographie  au  point  de 
vue  de  la  robustesse  est  à  peu  près  dans  le  même  cas  que  le  bois  et, 
délicatement  menée,  son  tirage  peut  au  moins  égaler  le  tirage  de  ce 
dernier.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  gravure  en  taille-douce  —  burin 
et  eau-forte  —  le  cuivre,  quand  il  n'est  pas  aciérê  s'entend,  s'use  vite  et 
l'on  en  constate  facilement  le  surmenage  par  la  faiblesse  des  épreuves  ; 
quant  à  la  pointe  sèche,  c'est  un  déjeuner  de  soleil,  lorsqu'on  a  tiré 
une  vingtaine  d'épreuves  la  planche  est  généralement  Unie  au  point 
de  vue  de  la  belle  épreuve,  les  barbes  ou  plutôt  les  ébarbes  comme  on 
devrait  plus  régulièrement  dire,  étant  parties,  tout  s'est  évanoui. 


DES   ECOLES 

On  a  coutume  de  classer  les  estampes  en  quatre  écoles  :  Italienne  », 
Allemande,  française  et  Néerlandaise,  l'Espagne  ne  compte  pas  avec 
ses  deux  seuls  artistes  Ribera  et  Goya,  et  l'Angleterre  n'entre  vrai- 
ment en  scène  qu'au  xvm*  siècle. 


'  Lire  In  tris  claire  et  1res  Intéressante  préface  <lr  11.  Béraldl  qui  se  trouve  en  tetc  (lu  cala- 
logui  de  1/  cpotllioa  générait  tir  la  Lithographie  qui  eul  lien  en  1891,  quai  Malaquais. 

»  Elle  se  subdivise  en  école  florentine,  ombrienne,  romaine,  vénitienne  el  milanaise,  on  y 
joint  quelquefois  la  pileuse  école  bolonaise  ou  îles  ('.arraches,  celle  de  la  décadence. 


PREFACE  XV 

Ce  furent  l'Italie  et  l'Allemagne  qui  eurent  les  prémices  de  la 
gravure,  à  moins  toutefois  que  ce  ne  soient  les  Pays-Bas  ;  des  études 
se  poursuivent,  patientes  et  lentes,  qui  apporteront  peut-être  de 
curieuses  révélations  destinées  à  révolutionner  et  bouleverser  des 
classifications  restées  inattaquées  jusqu'à  ce  jour  ;  qui  sait  même  si 
la  France  reléguée  au  second  plan  dans  la  découverte  de  la  gravure 
ne  viendra  pas  à  son  tour  faire  entendre  ses  revendications  en  les 
appuyant  pièces  en  mains  ! 

Quoiqu'il  en  soit  les  xve  et  xvie  siècles  furent  exceptionnellement 
brillants  chez  les  deux  premières  nations.  L'Italie,  en  suivant  à  peu 
près  l'ordre  chronologique,  débuta  avec  ses  primitifs  '  Finiguera, 
Mantegna,  Baldini,  Mocetto,  Brescia,  Robetta,  Peregrini  da  Cesena, 
pour  continuer  avec  Campagnola,  Raimondi,  Le  Maître  au  Dé, 
Cesare  da  Sesto,  Del  Porto,  Mazuoli,  Vico,  Antoine  de  Trente, 
Fantuzzi,  Meldolla,  Baroche,  Bonasone,  Ghisi,  Rota,  et  finir  avec 
Pelligrini,  Tempesta,  Guido  Reni,  etc. . .  L'Allemagne  avec  le  Maître 
aux  Banderoles,  le  Maître  de  1466,  Zagel,  Wolgemuth,  Bocholt, 
Schongauer,  Meckenen,  Glockenton,  Durer,  Burgmair,  Wetchlin, 
Cranach,  Jost  Amman,  Baldung,  Aldorfer,  les  Beham,  Pencz,  Alde- 
grever,  Binck,  Brosamer,  Lauthensach,  Solis,  etc.,  et  quelques 
rares  maîtres  au  xvne  siècle,  tels  que  Lucas  Kilian,  Merian  et  Hollar. 

Quant  aux  deux  autres  écoles,  Française  et  Néerlandaise,  aux  xve 
et  xvie  siècles,  leurs  artistes  sont  beaucoup  moins  nombreux  et  nous 
dirons  même  bien  moins  connus,  nous  citerons  cependant  pour  la 
première,  Duvet  dit  le  Maître  à  la  Licorne,  Jean  Cousin,  Léonard 
Thiry,  René  Boivin,  Beatrizet,  Etienne  Delaulne,  et  pour  la  seconde, 
Le  Maître  de  1480  dit  du  cabinet  d'Amsterdam,  le  Maître  à  la  Navette, 
Dirck  van  Staaren,  le  Maître  à  l'Ecrevisse  et  Lucas  de  Leyde,  celui-ci 
étoile  de  toute  première  grandeur  et  enfin  Claas,  Matsis  et  les  Wierix. 
Mais  voici  venir  le  xvne  siècle,  alors  ces  deux  nations  brillent  d'un 
éclat  comparable  à  celui  de  leurs  illustres  devancières,  la  France 
avec  ses  Thomas  de  Leu,  Jean  Rabel,  Léonard  Gaultier,  Pierre  Firens, 
Pierre  Daret,  Claude  Gellée,  Michel  Lasne,  Claude  Mellan,  Jacques 
Callot,  Abraham  Bosse,  N.  Cochin,  Nanteuil,  Picart,  Pitau,  Masson, 
Morin,  les  Audran,  Edelinck,  Leclerc  et  les  Drevet. ..  Les  Pays-Bas 
avec  les  Bolswert,  Crispin  de  Passe,  Rubens  et  son  école  ',  Pontius, 
Vorsterman,    Soutman,    Sompel  ;    Jacques    Matham,    Van    Dyck, 


1  On  nomme  primitifs  tous  les  artistes  qui  vécurent  et  travaillèrent  jusqu'à  la  fin  du  xv  siècle, 
et  vieux  ^faitres  ceux  qui  existèrent  pendant  le  xvi\ 

8  C'est  au  commencement  du  xvn"  siècle  que  l'autonomie  artistique  de  la  Flandre  et  de  la 
Hollande  —  si  nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi  —  se  révéla  d'une  façon  absolument  tranchée 
et  caractéristique  ;  en  Flandre  avec  Rubens  et  en  Hollande  avec  Rembrandt  vers  1030. 
Disons,  en  général,  que  l'école  des  Pays-Bas  brilla  aussi  par  son  admirable  indépendance  et 
qu'elle  sut  échapper  à  l'influence  que  les  écoles  Allemande  et  Ralienne  ne  cessèrent  d'exercer 
l'une  sur  l'autre. 


XVI  PREFACE 

Blœmart,  Rembrandt  et  ses  élèves,  Lievens,  Vliet,  Virbeecq,  Bol, 
Rottermondt,  Savry,  de  Coninck;  puis  enfin  '.I.  Muller,  Visschcr, 
Hoos,  Marc  de  Bye,  Suyderhoef,  Berghem,  Porter,  Bega,  Stoop, 
Backhuizen,  van  Ostade,  Waterloo,  Karel  Dujardin,  Swanewcldt, 
Ruysdaël,  Everdingen,  Zeeman,  van  Dalen,  Dusart,  van  de  Velde, 
Homyn  de  Hooghe,  etc. 

Voici  enfin  le  xvmc  siècle;  les  trois  grandes  écoles  Italienne, 
Allemande  et  Néerlandaise  n'existent  plus  qu'il  l'état  de  souvenir, 
mais  l'école  Française  demeure  et  continue  ses  brillantes  traditions 
avec  cette  admirable  pléiade  de  graveurs  —  interprètes  il  est  vrai  pour 
la  plupart  qui  se  nomment:  Cars,  Daullé,  Lebas,  Fessard,  Cochin, 
Saint-Aubin,  Aliamet,  Demarteau,  Ficquet,  Savart,  Gratcloup,  Lemire, 
Beauvarlet,  Fragonard,  Bonnet,  de  Gbendt,  Choffart,  de  Longueil, 
de  Launav,  Voyez,  Massard,  Tilliard,  Masquelier,  Moreau  le  jeune, 
Gaucher,  Vidal,  Duclos,  Lcbeau,  Patas,  Ponce,  Wattcau,  Dequevau- 
villei.  Miger,  Janinet,  Sergent,  Guyot,  Tresca,  Lecœur,  Chapuy, 
Debucourt,  Voysard,  etc.,  puis  l'école  anglaise  qui  vient  jeter  à  son 
tour  sa  note  éclatante  avec  ses  habiles  traducteurs:  Dixon,  Earlom, 
Watson,  Valentine  Green,  Smith,  Kealing,  Dickinson,  Ward,  Dun- 
karton,  Mac  Ardell,  Simon,  Houston,  Faber. .. 

En  résumé  :  xve  et  xvic  siècles,  apogée  des  écoles  Italienne  '  et 
Allemande,  qu'à  tort  ou  à  raison  on  a  coutume  d'appeler  les  écoles 
mères,  et  de  quelques  rares  mais  excessivement  remarquables  artistes 
du  xv  de  l'école  Néerlandaise  —  XVII"  siècle,  disparition  complète  des 
deux  premières  écoles  au  profil  des  Néerlandaise  et  Française  qui 
brillent  du  plus  vil  éclat  XVIIIe,  éclipse  totale  de  l'école  Néerlan- 
daise ;  l'école  Française  subsiste  seule  et  se  continue  glorieuse, 
marchant  de  pair  avec  l'école  Anglaise  qui  nait  et  atteint  dès  ses 
débuis  à  son  incomparable  renommée. 

Nous  n'avons  point  à  rechercher  ici  à  quelle  école  la  suprématie 
doit  être  attribuée,  c'est  une  affaire  de  goût  et  d'appréciation  et  les 
diseussions  qu'on  pourrait  avoir  à  cet  égard  seraient  purement 
oiseuses  et  ne  convaincraient  personne;  quant  à  nous,  comme 
métier,  séduction  de  procédé  —  et  dans  la  collection  ce  qu'il  y  a  de 
vraiment  intéressant,  c'est  le  beau  morceau  —  nous  n'hésilons  pas  à 
reconnaître  une  écrasante   supériorité  dans  son  ensemble  à  l'école 

Allemande;  a  l'exception  de  quelques  virtuoses  Italiens  de  primo 
Cartello  il  est  vrai,  mais  peu  nombreux,  nous  trouvons  la  technique 
de  ces  artistes  lourde,  poncive  et  monotone.  On  voudra  bien  nous 
accorder  qu'en  musique  comme  en  gravure,  dans  une  création  ou 


■  d'or  delà  fMHlmnoa  Itnllrnno  romm<inçn  ver»  147(1  avec  Laurent  le  Magnifique,  pour 
ir  terminer  »»ec  (lapluir!  en  1j20. 


PREFACE  XVII 

dans  une  interprétation,  l'instrument  joue  son  rôle  indiscutable, 
eh  bien,  si  nous  ne  craignions  de  risquer  une  comparaison  cpii  pourra 
sembler  quelque  peu  saugrenue,  nous  dirions  que  l'allemand  joue  du 
violoncelle  et  l'italien  de  la  clarinette,  marquant  ainsi  nettement 
et  matériellement  l'abîme  qui  sépare  pour  nous  les  sensations 
éprouvées. 

Pendant  les  XVe  et  xvi*  siècles,  les  sujets  gravés  furent  pour  ainsi 
dire,  à  l'exclusion  de  tous  autres,  ceux  ayant  trait  à  l'ancien  et  au 
nouveau  testament,  ainsi  qu'aux  scènes  mythologiques  ;  le  bois  et  le 
burin  jouèrent  seuls  leur  rôle  dans  ces  interprétations,  et  il  y  avait  à 
ces  époques  fort  peu  d'états  '. 

C'est  au  XVIIe  siècle  seulement  avec  les  maîtres  Hollandais  qu'appa- 
raissent les  marines  et  les  paysages. 

Aujourd'hui  comme  aux  premiers  siècles,  les  estampes  ne  portent 
pas  de  titre  *  et  souvent  même  pas  de  signature  et  on  n'abuse  plus 
des  états  comme  au  xvne  et  au  xvme. 

Il  est  curieux  de  constater  que  les  deux  grandes  écoles  Allemande 
et  Italienne  —  les  deux  écoles  mères  comme  on  se  plait  à  les  nommer  — 
n'existent  plus  comme  école  contemporaine,  la  dernière  surtout. 
A  l'heure  qu'il  est  il  n'y  a  plus  à  avoir  de  grande  envergure  que  les 
écoles  Française,  Anglaise  et  Américaine  3,  ce  qui  ne  veut  pas  dire, 
entendons-nous  bien  à  cet  égard,  car  c'est  loin  de  notre  pensée, 
que  l'Allemagne,  la  Hollande,  la  Belgique  et  la  Suède  ne  comptent 
pas  de  très  grands  artistes,  cela  signifie  tout  simplement  que  la 
production  de  ces  pays  étant  relativement  très  limitée,  ne  constitue 
pas  un  ensemble  pouvant  prétendre,  croyons-nous,  au  titre  d'école. 


1  Chacun  sait  qu'on  entend  généralement  par  état  les  différentes  transformations  que  subit 
une  planche  île  la  première  à  la  dernière  épreuve;  ce  mot,  état,  ne  peut  cependant  pas  toujours 
être  pris  dans  cette  acception  et  s'appliquer  à  toute  modification  apportée  au  cuivre  dans  le 
cours  tic  son  impression.  Sir  Francis  Seymour  Haden  l'a  si  bien  compris  qu'il  a  appelé  trial 
proofs  —  épreuves  d'essai  —  les  exemplaires  que  de  temps  en  temps  l'artiste  juge  opportun  de 
tirer  de  sa  planche  pour  se  rendre  compte  de  l'avancement  de  ses  travaux.  Il  fait  fort  judi- 
cieusement remarquer  que  ces  exemplaires  répondent  exactement  aux  épreuves  soumises  à 
l'auteur  qui  vient  faire  imprimer  son  manuscrit  tandis  que  le  1"  état  correspond  seul  à 
l'œuvre  finie,  c'est-à-dire  à  la  première  édition  du  livre;  les  états  qui  suivent  sont  donc  comme 
autant  de  nouvelles  éditions. 

On  a  souvent  abusé  de  l'édition  —  de  l'état  voulons-nous  dire  —  aux  xvir  et  xvnr  siècles,  et 
toutes  les  particularités  de  :  avant  les  noms  des  artistes,  auee  les  noms  des  artistes  à  la  pointe, 
ai'ant  toutes  lettres,  avant  les  armes,  avant  la  dédidaee,  auee  les  armes  mais  avant  la  dedieaee,  etc., 
n'étaient  que  des  moyens  commerciaux  bien  transparents  qui  devaient  exciter  le  désir  de  la 
possession  et  par  suite  occasionner  une  majoration  de  prix. 

2  Au  début  de  la  gravure,  les  sujets  ne  portaient  aucune  rubrique,  c'est  Ilartsch,  le  premier 
descatalogueurs,  qui  leur  donna  celles  qui  servent  à  les  désigner  et  qu'ils  conservent  encore 
aujourd'hui. 

3  Presque  tous  les  artistes  Anglais  et  Américains  portent  en  leur  œuvre  les  traces  indélébiles 
des  manières  de  Seymour  Haden  et  de  Whistler,  ces  puissants  génies  ont  tellement  impressionné 
leurs  compatriotes,  que  ceux-ci,  inconsciemment  hantés  par  eux,  arrivent  difficilement  à 
s'affranchir  d'une  technique  qui  les  a  si  profondément  séduits. 


XVIII  PI\KFACF. 

Si  les  gravures  datent  duxrv*  ou  du  xve  siècles,  l'idée  de  les  collec- 
tionner ne  prit  guère  naissance  que  vers  1625;  c'est  l'abbé  de 
Marolles  qui  le  premier  —  et  avant  que  tout  cabinet  public  y  ait 
songé  -  s'occupa  de  les  réunir,  et  ce  n'est  que  cent  trente  ans  plus 
tard  qu'on  commença  à  les  inventorier  et  à  en  dresser  des  catalogues  '. 
Aujourd'hui  on  peut  presque  dire  que  les  monographies  de  tous  les 
grands  artistes  sont  faites,  c'est  assez  marquer  combien  la  tàcbe  se 
trouve  singulièrement  facilitée  pour  nos  collectionneurs. 

Les  estampes  ne  deviennent  vraiment  intéressantes  au  point  de 
vue  métier  ou  dessin  que  dans  la  seconde  moitié  du  xvc  siècle  pour 
les  écoles  étrangères;  avant  cette  époque,  il  faut  carrément  le 
reconnaître,  elles  ne  doivent  attirer  l'attention  que  par  leur  caractère 
archéologique  ;  leur  naïveté  et  leur  brutalité  leur  enlèvent  en  effet 
tout  le  charme  qu'on  serait  tenté  d'y  chercher. 

En  France,  ce  n'est  qu'à  partir  de  la  lin  du  xvic  siècle,  sous  le 
règne  de  Henri  IV,  qu'on  commence  à  trouver  le  portrait  volant,  si 
nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi,  c'est-à-dire  le  portrait  détaché, 
l'estampe  en  un  mot,  car  avant  celte  époque  il  faisait  partie  inté- 
grante du  livre  qu'il  servait  à  illuster,  représentant  la  plupart  du 
temps  l'auteur  ou  le  personnage  principal  du  volume  en  question,  les 
Maîtres  graveurs  de  cette  période  étaient  alors  Jean  Rabel,  Thomas 
de  Leu,  Léonard  Gaultier,  etc.,  etc. 


DE   LA   COLLECTION 

En  collationnant  nos  documents  nous  avons  retrouvé  quelques 
notes  adressées  à  L'Estampe  en  janvier  1898,  relatives  à  la  collec- 
tion et  au  montage  «les  gravures,  nous  allons  les  reproduire  ici  en  y 
ajoutant  la  manière  dont  nous  entendons  le  classement,  cl  profiterons 
de  la  circonstance  pour  formuler  quelques  nouvelles  réflexions,  et 
hasarder  quelques  conseils. 

Tout  d'abord  quand  on  se  sent  attiré  vers  l'estampe  et  que  le  goût 
delà  collectionner  se  révèle,  il  est  avant  tout  nécessaire  de  commencer 
par  apprendre  à  la  connaître,  car  nous  nions  absolument  le  prétendu 
flair  originel  qui  met  à  l'abri  des  bourdes  colossales,  au  point  de  vue 
art  et  argent  ;  il  faut  donc  par  un  contact  incessant  faire  l'éducation 
de  l'œil,  voir  beaucoup  dans  les  cabinets  d'estampes,  chez  les  mar- 
chands, chez,  les  amateurs,  causer,  comparer,  demander  des  avis, 
puis  enfin  quand  on  commence  à  posséder  son  sujet,  procéder  aux 
achats  avec  prudence,  avec  timidité.  Mais  nous  ne  cesserons  de  le 
répéter,  il  faut  du  temps,  beaucoup  de  temps,  et  se  bien  persuader 


ilter  loi  irnvaux  de  Helnoi  kon, 


PREFACE  XIX 

que  la  meilleure  maîtresse  est  l'expérience  qui  ne  s'acquiert  qu'à  la 
longue,  lentement  et  progressivement,  car,  qu'on  se  le  dise,  nul  ne 
peut  arriver  d'emblée  connaisseur. 

A  moins  de  chercher  à  donner  à  une  collection  l'importance  d'une 
histoire  de  la  gravure,  c'est-à-dire  s'étendant  du  xivc  siècle  à  nos  jours, 
nous  estimons  qu'il  est  beaucoup  plus  sage  de  se  cantonner  dans  tel 
ou  tel  siècle,  on  arrive  ainsi  à  limiter  ses  dépenses  et  à  posséder  la 
connaissance  beaucoup  plus  approfondie  de  l'école  que  l'on  exploite. 
Inutile  de  mettre  l'amateur  en  garde  contre  les  pastiches  et  copies 
trompeuses,  qui  abondent  aujourd'hui,  on  peut  presque  dire  qu'il  n'y 
a  pas  une  seule  estampe  de  valeur  qui  n'ait  été  reproduite  ;  pour  les 
écoles  anciennes  surtout,  il  y  a  certaines  pièces  dont  il  est  prodi- 
gieusement difficile  de  distinguer  la  copie  de  l'original  sans  avoir 
ce  dernier  sous  les  yeux  et  comme  point  de  comparaison.  Nous 
connaissons  un  photograveur  réputé  qui,  ayant  reproduit  sur  véritable 
papier  ancien  certaines  pièces  célèbres,  était  incapable  à  quelques 
années  de  distance  de  reconnaître  ses  copies  des  originaux  !  !  !  C'est 
assez  dire  combien  il  est  mal  aisé,  même  aux  plus  malins,  de  ne  pas 
être  quelquefois  estampés  '. 

Un  jour  que  nous  interrogions  Danlos  et  lui  demandions  si  vrai- 
ment on  ne  risquait  pas  quelquefois  de  se  tromper  en  présence  de 
certaines  gravures  :  oui  quand  on  achète,  jamais  quand  on  revend, 
nous  répondit-il  avec  son  habituelle  franchise,  soulignant  hautement 
par  là,  qu'ayant  eu  le  temps  de  se  retourner  et  d'authentiquer  la  pièce 
avec  un  original,  toute  erreur  n'était  plus  permise. 

Du  reste  les  belles  estampes  anciennes  deviennent  tellement  rares 
et  tellement  chères,  que  nous  n'hésitons  pas  à  conseiller  à  l'amateur 
qui  veut  débuter,  de  se  lancer  de  préférence  dans  le  xixe  siècle,  il  y 
trouvera  d'admirables  choses,  de  pures  merveilles  —  et  nous  tenons  à 
l'écrire  très  nettement  ici  —  absolument  dignes  de  soutenir  la  compa- 


1  Nos  confrères  les  collectionneurs  de  Paris,  ont  sur  nous,  pauvres  provinciaux  déshérités, 
une  incontestable  supériorité;  d'abord  ils  voient  beaucoup,  ils  voient  tous  les  jours  et.  déplus, 
ils  ont  sous  la  main  l'étalon,  si  le  moindre  doute  les  rend  hésitants. 

Quant  à  l'éternelle  question  posée  par  les  jobards  —  et  cette  race  remonte  à  la  plus  haute 
antiquité  —  mais  comment  donc,  cher  monsieur,  reconnaissez-vous  une  estampe  vraie  d'une 
estampe  fausse  ?  nous  nous  contenterons  de  répondre  en  leur  demandant  à  notre  tour,  et  vous, 
comment  pouvez-vous  reconnaître  le  bordeaux  du  bourgogne?  ils  comprendront  et  n'insis- 
teront pas  davantage. 

Nous  devons  avouer  cependant  avoir  été  quelquefois  fort  surpris  de  la  spontanéité 
avec  laquelle  amateur  et  marchand  n'hésitaient  pas  du  premier  coup  d'oeil  à  déclarer 
carrément  fausse  la  pièce  qu'on  venait  de  leur  présenter.  En  voici  l'explication  :  beaucoup  de 
ces  copies  circulent  et  ont  déjà  passé  entre  leurs  mains,  or  il  arrive  souvent  que  malgré  la 
perfection  du  procédé,  il  y  ait  des  défaillances,  des  défauts  de  cuirasse  qu'ils  connaissent,  et 
qui,  dans  la  reproduction,  se  trahissent  par  une  taille,  un  chiffre,  un  point,  un  rien  ajoute  ou 
supprimé;  leur  œil  va  de  suite  à  ces  tares  qui  sont  pour  eux  des  critériums,  s'ils  les  retrouvent 
ils  sont  fixés,  voilà  tout  leur  secret.  Ajoutons  qu'il  y  a  cependant  des  cas  où  ces  points  de 
repère  n'existent  pas.  c'est  alors  que  la  difficulté  commence  et  que  t'fxpcrirncc  seule  jointe  nu 
savoir  peut  permettre  de  se  prononcer. 


XX  PREFACE 

raison  avec  celles  qui  les  onl  précédées  ;  il  aura  de  plus  la  certitude 
d'avoir  des  pièces  '  qui  n'auront  pas  élé  truquées  et  la  satisfaction 
d'aider  des  artistes  de  talent  qui  vivent  de  leur  pointe,  comme  nous 
vivons  de  notre  plume  ou  de  notre  industrie.  Les  amateurs  des  écoles 
anciennes  —  ceci  peut  sembler  bizarre  —  ne  soupçonnent  pas  la 
valeur  de  la  production  contemporaine,  et  ils  paraissent  complètement 
ignorer  que  la  personnalité  et  Voriginalitè  n'ont  jamais  été  plus  à 
l'ordre  du  jour  qu'actuellement  ;  les  écoles,  au  vrai  sens  du  mol 
n'existent  plus  et  l'artiste  véritable  n'essaie  pas  comme  autrefois  de 
copier  servilement  le  Maître,  il  cherche  avant  tout  à  être  lui-même  et  à 
cela  nous  ne  pouvons  qu'applaudir,  on  juge  par  là  de  la  variété 
pleine  de  pittoresque  que  présente  un  portefeuille  de  contemporains. 

Enfin,  quelles  que  soient  les  pièces  que  vous  collectionniez, 
croyez-nous,  ne  vous  attache/  exclusivement  qu'aux  œuvres  de  choix, 
la  qualité  avant  la  quantité;  inévitablement  —  inconsciemment 
pourrait-on  dire  -  au  début  d'une  collection  on  s'encombre,  le  désir 
d'acheter,  de  posséder,  vous  pousse  en  avant  et  au  bout  de  quelques 
années,  comme  le  Sicambre  d'autrefois,  on  brûle  ce  qu'on  avait  adoré, 
tout  simplement  parce  qu'au  fur  et  à  mesure  que  l'on  collectionne 
l'œil  s'affine  et  le  goût  s'épure,  aussi  de  temps  à  autre  faut-il 
procéder  à  l'émondage  du  portefeuille  et  éliminer  les  pièces  qui  n'y 
étaient  entrées  que  par  surprise. 

Toutes  ces  recommandations  ne  s'adressent,  bien  entendu,  qu'à 
l'amateur  raffiné,  délicat  et  indépendant  qui,  fuyant  le  snobisme 
comme  la  peste,  n'a  pour  objectif  que  la  réunion  de  pièces  pures  et 
exemptes  de  toute  laie. 

Il  y  a  de  nombreuses  catégories  de  collectionneurs  dont  nous 
n'essaierons  pas  de  retracer  la  physionomie:  collectionneurs  de 
documents  généraux  ou  simplement  locaux  en  vue  de  grouper 
des  matériaux  pour  un  travail  ultérieur,  collectionneur  par  chic, 
collectionneur  d'occasion  glanant  sans  esprit  de  suite  la  pièce  qui  se 
présente  et  qui  le  séduit,  collectionneur  spéculateur  et  enfin  le  collée  - 
neur  qui  ne  veut  pas  montrer  ce  qu'il  possède;  celui-là  mérite  un 
éreintement  à  graittl  orchestre  et  nous  ne  cacherons  pas  (pie  person- 
nellement nous  professons  pour  lui  la  plus  profonde  aversion,  ces 
oiseaux-là  devraient  être  tenus  en  rigoureuse  quarantaine  et  par  leurs 
confrères  et  par  les  marchands,  nous  voudrions  qu'on  leur  vendit 
mille  Francs  ce  qui  ne  vaut  pas  cent  sous  ;  ce  sont  d'ignobles  avares,  des 
pochants  qu'on  nous  passe  la  vulgarité  des  mots  —  qui  se  grisent 
seuls,  buvant  la  bonne  bouteille  sans  trinquer  avec  les  camarades  ; 
égoïstes  dans  les  moelles,  ce  sont  des  jouisseurs  solitaires,  pour  ne 


Il  llcmenl  un  peut,  depuis  20  francs  jusqu'à  200  francs,  se  procurer  toute*  les  plus  belles 
atanipa  du  \iv  siècle,  il  n'y  ;i  que  quelques  1res  rares  pièces       40  à  50,  moins  peu!  être 
d'une  dizaine  <lr  Maîtres  que  noir,  pourrions  nommer,  qui  foui  exception  à  cette  règle,  elles 
D00  frnm    ,  ce  tien hlffn  est  du  reste  fort  rarement  atteint 


PHKFACE  XXI 

pas  nous  servir  d'une  expression  plus  nerveuse  et  plus  colorée  cpii 
pourrait  choquer  nos  lecteurs.  Aussi  conseillons-nous  fort  à  nos  amis 
de  leur  fermer  rigoureusement  au  nez  leurs  portefeuilles  ;  donnant 
donnant,  après  tout.  A  ceux  qui  se  reconnaîtraient  dans  ces  lignes, 
nous  sommes  trop  polis  pour  oser  dire  :  Qui  se  sent  morveux  se 
mouche,  nous  dirons  plus  courtoisement:  A  bon  entendeur  sarut. 

Nous  engageons  vivement  aussi  à  ne  jamais  souscrire  aux  publi- 
cations de  longue  haleine  et  à  échéances  périodiques,  les  meilleures  ne 
valent  rien  —  toujours  au  point  de  vue  de  la  belle  épreuve  s'entend  - 
voici  généralement  ce  qui  arrive  :  la  planche  commandée,  terminée, 
l'artiste  la  livre  à  l'éditeur  qui,  à  son  tour,  la  porte  à  l'imprimeur  avec 
ordre  de  la  tirer  à  400,  500  ou  600  exemplaires,  suivant  le  nombre  des 
souscripteurs,  on  mène  cela  tambour  battant,  à  la  diable,  comme  le 
tirage  d'un  journal,  et  la  farce  est  jouée.  Ça  nous  fait  l'effet  d'un 
musicien  de  talent  pressé  qui  donnerait  son  Stradivarius  à  son 
concierge  en  lui  disant  :  je  suis  obligé  de  m'absenter  et  de  quitter  mes 
botes,  faites-moi  donc  le  plaisir  de  jouer  mon  grand  air  :  le  musicien, 
c'est  le  graveur  ;  le  Stradivarius,  le  cuivre  ;  le  concierge,  l'impri- 
meur, et  les  hôtes,  les  souscripteurs  qui  sont  roulés;  car,  nous  le 
répétons,  il  n'y  a  pas  une  seule  bonne  épreuve  dans  toutes  celles  qui 
sont  ainsi  tirées  ;  nous  nous  étonnons  même  que  des  artistes  de 
talent  se  prêtent  à  de  semblables  combinaisons  qui  ne  peuvent  que 
les  démonétiser  aux  yeux  des  connaisseurs  ;  il  nous  a  souvent  été 
donné  de  voir  de  ces  cuivres  mal  traités,  et  nous  nous  demandons 
vraiment  comment  des  graveurs  sont  assez  peu  soucieux  de  leur 
réputation  pour  permettre  qu'on  abuse  ainsi  de  leur  signature. 

Nous  ne  sommes  pas  davantage  partisan  de  faire  ce  qu'on  appelle 
l'œuvre  d'un  artiste,  cela  entraîne  toujours  loin  et  nous  préférons 
ne  recueillir  de  lui  que  les  pièces  de  tout  premier  plan,  on  aura 
quand  même  la  physionomie  de  son  œuvre  dans  ce  qu'il  a  de  plus 
séduisant,  de  plus  délicat. 


DU    CLASSEMENT 


Un  amateur  doit  pouvoir  séance  tenante  retrouver  dans  ses  porte- 
feuilles l'estampe  qu'il  y  a  déposée;  voici  donc  sans  entrer  dans  de  trop 
minutieux  détails,  la  façon  dont  il  procédera  à  son  classement. 

Au  point  de  vue  du  matériel,  on  aura  un  cartonnier  ouvert  divisé 
en  deux  parties  égales  par  un  montant  vertical,  se  fermant  de  chaque 
côté  par  deux  plates-bandes  mobiles  formant  pilastre  ;  ce  petit 
meuble  mesurera  lm 50  de  hauteur,  lm65  de  largeur  et  0m62  de 
profondeur  ;  il  contiendra  de  chaque  côté  14  tablettes  horizontales 
reposant    sur    crémaillères,    ce    qui    permettra    d'y  loger  30   porte- 


XXII 


PRKFACE 


feuilles1  ayant  les  dimensions  suivantes:  épaisseur  du  dos,  ()m08, 
largeur,  0m70,  et  hauteur,  0m57;  chaque  carton  pouvant  contenir 
une  centaine  de  pièces,  deux  de  ces  meubles  abriteront  donc  dans  un 
espace  très  restreint  6000  estampes,  chiffre  déjà  fort  respectable. 

Les  portefeuilles  en  carton  épais  et  résistant,  porteront  collée  au 
dos,  sur  une  large  étiquette,  une  lettre  très  visible  accompagnée  d'un 
numéro  d'ordre 

etc.,  etc. 


A 
1 


A 
2 


B 
1 


B 
2 


B 

a 


Aussitôt  qu'on  viendra  de  se  rendre  acquéreur  d'une  estampe,  on 
l'entrera  dans  la  collection  sous  deux  fiches  *  ;  la  première  portera  le 
nom  (/c  l'artiste  et  la  rubrique  de  la  pièce,  la  seconde  la  rubrique  et  le 
nom  <lc  T artiste. 

Vient-on  d'acheter  par  exemple  le  15  janvier  1903  Frascati  de 
Debucourt,  avant  toutes  lettres,  pour  1200  francs,  immédiatement  on 
établira  deux  fiches  ainsi  libellées  : 


DEBUCOURT 

Frascati  ( 

F   191 

) 

Avant  toutes 

ellres 

15 

Janvier  1903 
Carton 

B  C 

D 

6 

M 

M 

FRASCATI 

Debucourt 

Carton    — - 

6 

que  l'on  placera  l'une  à  la  lettre  /),  L'autre  à  la  lettre  F.  La  capitale  F 
suivie  «lu  numéro  196,  placés  entre  parenthèses,  signifie  que  la  pièce 
est  cataloguée  sous  le  numéro  196  dans  la  monographie  de  Debucourl 


i  Quelques  portefeuilles  supplémentaires    cronl  nécessaires  pour  l«-s  rares  pièces  il«-  formats 
érés  et  heureusement  peu  uslt<  in  \  collccUonnables. 

rec i  indons  «ru  m'  façon  toute  particulière  ta  mai  i        B ad,  41,  rue  des 

Saints  Pères.  >>  Paris,  qui  n  pris  poui  devise:  L'ordre  et  la  lumière  du  travail;  on  trouvera  la 
ni  tout  ce  qui  concerne  /-■  <  tassement  et,  entre  autres,  les  précieuses  Gchei  articulées 
mobil  F,         nu  que  le  pclll  meubli     péclal  au  logement  di  ces   Hch 

De ■'  r  le  calai  éi  al. 


PRKFACE  XXIII 

dressée  par  M.  Fenaille  et  les  lettres  b  c  m  m  ',  le  prix  d'acquisition 
1200  fr.  Nous  avons  deux  fiches  parce  qu'il  peut  arriver  quelquefois  que 
trahi  par  sa  mémoire,  on  ne  se  souvienne  que  de  la  rubrique  d'une 
pièce,  et  qu'on  ait  oublié  le  nom  de  l'auteur;  comment  par  exemple, 
pourrions-nous  retrouver  Frascati  s'il  nous  était  demandé  et  que  nous 
n'ayions  plus  présent  à  l'esprit  qu'il  était  de  Debucourt?  On  le  voit 
donc  pour  parer  à  cet  inconvénient  la  seconde  fiche  portant  la  rubrique 
est  indispensable  ;  pour  les  pièces  capitales  comme  celle  que  nous 
venons  de  citer,  elle  peut  sembler  superflue,  mais  pour  les  autres 
moins  connues  et  dont  le  nom  de  l'artiste  peut  échapper,  nous  esti- 
mons qu'on  ne  peut  s'en  passer. 


DU   MONTAGE 

Toujours  sur  un  bristol  double  à  charnière  de  toile,  c'est  plus 
résistant,  moins  épais  et  moins  coûteux  que  le  papier  de  format 
double  replié  sur  lui-même.  Ce  bristol  doit  avoir  une  certaine  rigidité, 
afin  que  pris  à  la  main  il  ne  fléchisse  pas  lorsque  pour  examiner  la 
gravure  on  l'éloigné  ou  on  le  rapproche  de  l'œil.  Tous  seront  de 
mêmes  dimensions  bien  d'équerre  et  formant  par  leur  réunion  comme 
les  feuillets  d'un  album.  Nous  désapprouvons  absolument  la  façon  de 
procéder  qui  consiste  à  monter  à  charnière  la  pièce  sur  bristol  simple  ; 
l'estampe  ainsi  fixée,  n'est  pas  protégée,  elle  est  folle  pourrions-nous 
dire,  l'ouverture  ou  la  fermeture  seule  du  portefeuille  suffit  pour  la 
soulever  et  lui  faire  contracter  des  plis  qui,  avec  certains  papiers,  se 
redressent  difficilement.  Les  fumés  de  bois,  par  exemple,  tirés  sur 
papier  pelure  ne  peuvent  absolument  pas  supporter  ce  genre  de 
monture. 

Quant  à  l'ouverture  ménagée  dans  le  bristol  pour  laisser  voir 
l'estampe,  elle  devra  être  assez  large  pour  permettre  bien  entendu  de 
voir  toute  la  partie  gravée,  plus  le  texte  imprimé  qui  pourrait  se 
trouver  dans  la  partie  inférieure,  telles  que  :  lettre,  dédicace, 
armoirie,  etc.,  quant  aux  eaux-fortes  contemporaines,  dont  la  plupart 
pour  ne  pas  dire  toutes,  n'ont  pas  de  titre,  nous  laissons  simplement 
(5  ou  7  millimètres  de  blanc  autour  du  trait  carré. 


1  Comme  il  peut  être  quelquefois  besoin  <le  ne  pas  laisser  connaître  le  prix  à  un  marchand 
ou  à  un  confrère,  nous  jugeons  utile  de  l'inscrire  à  l'aide  d'un  jeu  de  lettres  conventionnel,  tel 
que  celui-ci  par  exemple  : 

bcdtghjklm 

12345G7890 

on  comprendra  que  g  h  b  g  voudra  dire  5615  francs,  b  c  d  123,  etc.,  inutile  d'ajouter  que 
toute  autre  combinaison  peut  être  eboisie  par  le  collectionneur  et  que  nous  ne  présentons 
celle-ci  qu'à  titre  de  pure  indication. 


XXIV 


PREFACE 


Nous  reproduisons  ci-contre  une  estampe  toute  montée  sortant 
de  notre  portefeuille,  Kilgaren  Castle,  la  délicieuse  eaux-forte  de 
sir  Seymour  Hadeu  ;  la  vue  de  cette  pièce  nous  dispensera  d'entrer 
dans  de  nouveaux  détails,  ceux-ci  nous  ayant  déjà  par  trop  absorbé. 
Le  trait  carré  renforcé  qui  entoure  notre  pièce  simule  ici  l'ouverture 
faite  dans  le  bristol.  Il  est  bien  entendu  que  sur  les  montures  comme 
sur  les  iiches  surtout,  on  peut  inscrire  toutes  mentions  aidant  à  la 
reconstitution  de  l'état  civil  de  la  gravure,  ceci  est  l'affaire  du  collec- 
tionneur ;  ces  notes  auront  l'avantage  de  pouvoir  être  utilisées  lors  de 
la  rédaction  du  catalogue  qu'on  aurait  à  dresser  en  prévision  d'une 
vente  future. 


Cabinets  d'Estampes  Français  et  Etrangers 


Bibliothèque  Nationale  • 

Bibliothèque  de  l'Arsenal  s 

Musée  Carnavalet  3 

Bibliothèque  Nationale  et  spéciale  des 

Beaux-Arts  * 
Chalcographie  du  Louvre,  cour  Vis- 

conti 
British  Muséum 
l'it/w  illiam  Muséum 
Oxford  University-Bodleian  library 

Kupfersticb     Kabinet    der    Kœnigl- 

Museen. 
Kœnigl-Kupfersticb  Kabinel  '- 
Koenigl-Kupferstich  Kabinet 
Kunsthalle  Hamburj 
Albertina 

K.  K.  Hofbibliothek 
Rudolflnum 

l!i}ks  Museum-Prenten  Kabinet 
Tej  1er  Muséum 
de  Lej  de 
Bibliothèque  royale  de  Belgique 

PlanUn  1 
L'Ermitage  Impéi 


M.  Henri  Bouchot 
M.  Gaston  Schefer 
M.  Georges  Cain 

M.  Marcheix 

M.  Boucher 

M.  Sidney  Colvin 
M.  H.  James 
M.  A.  Macdonald 

D1  V.  Lippmann 
Prof.  H  Max  Lehrs 
1)   Wilhelm  Schmi.lt 
Prof.  I)   Lichtwarfc 
M.  .1.  Schonbrunner 
l)1  Dornhoffer 
M.  F.  A.  Borovskl 

M.  .1.  Ph.  van  der  Kellen 

M.  II.  Scholten 

M.  F.  G.  Waller 

MM.  !■:.  FéUs  et  H.  Hymans 

M.  Max  Rooses 

M.  A.  Somof 


l'ai  is 


Londres 

Cambridge 
Oxford 

Berlin 
Dresde 

Munich 

Hambourg 
Vienne 

Prague 
Amsterdam 

Harlem 

Leyde 

Bruxelles 

Anvers 

S'-Pétersbourg 


1  Un.-  Richelieu,  58. 

'  Rue  Sully,  1  h  :i.      Environ  100000  estompas, 
lui.  s.  s  igné,  23       1  "\  Iron  i.'jmmjo  ettampi  s. 
•  Km-  Bonapai  le,  h.      m.  Schselcher  a  légué  à  l'Ecole  environ  ex*) gravures;  1.1  iniiliuth  .pic 
en  contient  pr. -s  de  iimmjoo. 

P 1.    pi      de  âooooo  estampes  el  dessins,  donl  une  collection  de  ntellei  allemands 

unique. 

I  pas  :i  proprement  parler  un  cabinel  d'estampes,  étant  donné  le  /.cfil  nombre  de  pièces 
réunies,      La  Bibliothèque  Royale  de  Bruxelles  en  possède  environ  Skhnk). 
Environ  200000 


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3 
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XXVI 


PREFACE 


Prindsens  Palais  i  M.  V.  Stelïcnsen 

Galleria  Nazionalc   d'Arte  antica    e 

Gabinetto délie  Stampe  M. 

H.  Calcographia  M. 

Musc»  Nazionalc  M. 

Galleria  e  Museo  Nazionalc  M. 

Galleria  degll  Uffizi  M. 

Bibliotbeca  Marucelliana  M. 

Bibliotbeca  Nazionalc  M. 

Pinacotcca  M. 

Biblioteca  Nazionale  M. 

H.  Galleria  e Medagliere  Estenseï  M. 

Tbe  New-York  public  Library  M. 

Muséum  of  Fine  Ails  i  M. 


le  Prof.  Adolfo  Venturi 

Tommasso  ili  Lorenzo 

li-  Prof.  RUorc  Pais 

le  Prof.  Enrico  Ridolfl 

Nerino  Ferri 

le  chev.  A.  Bruschi 

le  baron  Potesta 

k-  cbev.  A.  Guadagnini 

le  chev.  Aloisi 

le  D'  Ginlio  Bariola 

Frank  Weitenkampf 

Benj.  Yves  (îilman 


Copenhague 
Home 

Naples 
Florence 


Bologne 

Panne 

Modéne 

New-York 

Boston 


Parmi  les  nombreux  cabinets  que  nous  venons  d'énumérer,  le 
Département  des  Estampes  de  la  Bibliothèque  Nationale  arrive  en 
toute  première  ligne,  e'esl  le  plus  riche  dépôt  qui  soit  au  monde  ;  il  y  a 
là  réuni  prés  de  trois  millions  d'estampes,  dessins  ou  photographies. 

Voici  quelques  notes  très  brèves  •  sur  cet  important  établissement 
qui  est,  nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  sans  rival :;. 

C'est  en  1(>()7  que  remonte  son  origine,  c'est-à-dire  après  que 
Colbeii  en  eut  constitué  le  premier  fond  par  l'achat  des  123000  pièces 
de  la  précieuse  collection  de  Michel  de  Marollcs,  abbé  de  Villeloin. 
Ce  dépôt  s'augmenta  rapidement,  soit  par  des  dons,  soit  par  des 
achats,  dont  voici  les  principaux  et  les  plus  remarquables:  Don  des 
portraits  de  Nicolas  Clément,  environ  18000  pièces  en  1712  —  Acqui- 
sition   du    marquis  de    Beringhen,    {Minuit   pièces,    iconographie   et 


'  Environ  Sftooo  pièces,  parmi  lesquelles  un  ouvre  de  Durer  particulièrement  remarquable. 

î  Nous  pouvons  signaler  encore  les  cabinet9  moins  Importants,  croyons-nous,  tir  :  R.  Galleria 
■  h  Torlna  qui  possède  un  œuvre  remarquable  de  Ralmondl  ;  Sfiiseo  clvleo  di  Bassano  et  enfin  le 
Mabuplna  ili  Paola. 

'  Fondé  en  1870. 

*  Nous  recommandons  très  vivement  aux  amateurs  1rs  trois  ouvrages  suivants:  LeDépar- 

lement  des  Estampes  <i  la  Blbllothi  que  Nationale,  par  le  V"  Henri  Delaborde.  E.  l'ion  ri  C  .  Paris. 

1875       Le  Cabinet  des  Estampe!  de  lu  Bibliothèque  Nationale,  par  Henri  Bouchot  E.  Dentu,  Paris. 

1886       Catalogue  tommalre  du  gravures  et  lithographies  composant  lu  Réserve,  par  François 

rboln,2vol.  Paris.  G.  RapUly,  1800-1001  ;  les  deux  derniers  surtout  sont  les  Indispensables 

compngi de  ccui  qui  fréquentent  notre  Département,  rédigés  avec  une  haute  et  Indiscutable 

autorité,  ils  viennent  singulièrement  faciliter  la  tache  du  travailleur  qui  peut  dès  lors  arriver 
I  In  Bibliothèque  avec  ses  jalons  tout  plantés,  ses  grandes  lignes  tout  établii  '11  a  eu  le  soin 
de  te  procurer  ce*  précieux  auxiliaires.  Aucun  cabinet  européen  ne  met  en  mains  des 
chercheurs  somblobli  trum  ,  aucun  n'a  eu  le  souci  que  nous  sachions  du  moins 
île  faire  Imprimer  l'inventaire  de  si  richesses,  noûYdovo"hs  donc  être  profondément  recon- 
nos  Conservateurs  de  ainsi  venus  en  aide,  cl  nous  croyons  être  ici  l'écho 
lldèlc  de  tous  1  Icui      j         imcrclcmenls  les  plus  sincères  et  les 

plUI  Mi],  .il.      ; 

seule  Dmbreou  tableau,  l'écla  i  itabsolumcnl  déplorable,  l'hiver  AS  heures  11  y 

fait  nuit.  La  médaille  sans  reuei    n'i   i  i il  encori  frappée....  1 1 


PRKFACE  XXVII 

histoire,  1731  —  Don  Lallemant  de  Bèze  ',  topographie  et  portraits, 
15000  pièces,  1753  —  Acquisition  à  la  vente  P.-J.  Mariette 2  de 
12504  estampes  en  1775  —  Acquisition  de  728  Rembrandt  à  la  vente  du 
peintre  Peters  en  1784  —  Acquisition  Vivant  Denon,  dont  1574  Callot 
en  1827  —  Acquisition  Laterrade,  près  de  20000  pièces  sur  la  Révolu- 
tion en  1845  et  plus  tard  en  1863  nouvelle  cession  de  14000  autres 
pièces  —  Acquisition  Debure,  65000  portraits  en  1854  —  Acquisition 
Achille  Deveria,  113000  pièces  très  précieuses  pour  l'histoire  de  la 
lithographie,  en  1858  —  Donation  Hennin  s,  collection  unique  et  sans 
prix  de  14807  pièces  très  précieuses  pour  notre  histoire  nationale  ; 
on  leur  a  conservé  leur  classement  d'origine,  en  1863  —  Don  A.  Rall'et 
fils»  3814  pièces  de  1869  à  1891.  Le  cabinet  s'enrichit  encore  par  le 
dépôt  légal  qui  astreint  l'imprimeur  à  remettre  deux  exemplaires  de 
toute  planche  gravée  et  imprimée  en  France  ;  ce  dépôt,  on  l'a  t'ait 
ohserver  bien  des  l'ois,  est  loin  de  rendre  les  service  qu'on  serait  en 
droit  d'en  attendre. 

Le  classement  se  trouve  réparti  en  24  séries  avec  subdivisions 
numérotées,  qui  correspondent  aux  24  lettres  de  l'alphabet.  Les  séries 
les  plus  intéressantes  et  les  plus  consultées  par  le  collectionneur 
d'estampes  sont  les  suivantes  :  E  graveurs  de  toutes  les  écoles  —  N  les 
portraits  —  O  costumes  et  mœurs  —  puis  viennent  ensuite  PJ  tournois, 
carrousels,  entrées  triomphales,  sacres  —  Pc  pompes  funèbres,  obsèques 
royales,  et  enfin  la  série  Y  la  bibliographie,  c'est-à-dire  la  nomen- 
clature de  presque  tous  les  ouvrages  publiés  sur  les  arts,  c'est  une 
inépuisable  mine  d'or  pour  le  chercheur. 

Ajoutons  qu'en  plus  des  ouvrages  de  MM.  Bouchot  et  Courboin 
que  nous  venons  de  mentionner  tout  à  l'heure,  on  a  sous  la  main 
dans  la  salle  de  travail  comme  instruments  complémentaires  :  13  vol. 
répertoires  alphabétiques  —  3  vol.  dispositions  méthodiques  plus  un  vol. 
de  supplément,  et  enfin  2  vol.  des  pièces  qui  sont  à  la  Réserve. 

Veut-on  par  exemple  se  renseigner  sur  l'œuvre  de  Grateloup,  on 
prend  une  fiche  sur  laquelle  à  la  suite  de  son  nom  et  de  son  adresse  * 
on  inscrit  le  nom  de  l'artiste  que  l'on  fait  précéder  de  la  cote  Ef  31 
sous  laquelle  il  est  mentionné  au  répertoire  alphabétique,  et  l'on  remet 
son  bulletin  à  l'un  des  gardiens,  ces  derniers  connaissent  admirable- 


*  Le  catalogue  dressé  par  M.  Plandrin,  n'est  pas  encore  publié. 

2  En  1823.  croyons-nous,  la  Bibliothèque  se  rendit  acquéreur  à  la  vente  François  Regnault- 
Delalande,  moyennant  700  francs,  de  neuf  portefeuilles  annotés  par  le  célèbre  collectionneur, 
portefeuilles  dans  lesquels  Bartsch  puisa  de  précieux  renseignements  pour  l'établissement  de 
son  colossal  ouvrage. 

3  Le  catalogue  en  a  été  rédigé  par  feu  M.  G.  Duplessis.  il  contient  une  table  générale  fort 
utile;  5  vol..  1877-1884. 

*  Quand  on  veut  travailler  aux  Estampes,  il  faut  avoir  eu  soin  préalablement,  lorsqu'on  n'y 
est  pas  connu,  de  s'être  fait  délivrer  une  carte  en  s'adressant  à  l'Administration  générale  de  la 
Bibliothèque  et  en  précisant  dans  sa  lettre  de  demande,  la  nature  de  ses  recherches;  un 
étranger  doit  joindre  à  sa  requête  une  constatation  d'identité  établie  par  son  ambassade. 


XXVIII 


PRKFACK 


ment  leur  départemenl  et  la  communication  vous  est  l'aile  séance 
tenante  avec  la  plus  intelligente  célérité.  Si,  novice  encore,  on  ne  sait 
comment  orienter  ses  recherches,  on  n'a  qu'à  s'adresser  ou  au 
conservateur  ou  à  l'un  des  bibliothécaires,  ces  Messieurs  mettront  à 
votre  disposition  avec  la  plus  exquise  bonne  grâce  et  leur  expérience 
et  leur  savoir;  nous  en  avons  maintes  lois  abusé,  aussi  nous  permet- 
tront-ils de  leur  en  témoigner  à  nouveau  toute  notre  affectueuse 
gratitude  et  tout  particulièrement  à  MM.  Bouchot  et  Courboin  qui 
nous  ont  été  si  précieux  dans  le  travail  que  nous  présentons  au  public 
aujourd'hui. 

Les  reliures  mobiles  en  usage  au  Cabinet  des  Estampes  ont  été 
introduites  par  Achille  Devéria  qui  était  Conservateur  vers  le  milieu 
du  siècle  dernier,  elles  sont  particulièrement  utiles  pour  faire  rentrer 
dans  leurs  séries  les  pièces  qui  y  manquaient  au  moment  de  leur 
formation. 

A  l'heure  actuelle,  le  fonctionnement  de  noire  célèbre  Département  ' 
est  assuré  par  un  conservateur,  six  bibliothécaires  et  sous-bibliothé- 
caires, deux  surveillants-gardiens  et  trois  relieurs. 


Nous  croyons  intéressant  de  donner  ici   les  noms  des  différents 
Conservateurs  qui  se  sont  succédés  depuis  l'origine  jusqu'à  ce  jour  : 


1720-1722  La  Hay 

1723-1729  L' Advenant 

1731-1733  L'Abbé  de  Chancey 

1735-1736  Ch.  Antoine  Coypel 

17i)7-17."iO  Delacroix 

1750-1792  II.  Adrien  .loly 

1792-1795  M.  II.  Bounieu 


1795-1829  J.  Adrien  Joly  flls 

1829-1839  Charles  Thévenin 

1839-1855  Jean  Duchesne  aîné 

1855-1857  Achille  Devéria 

1858-1886  Henri  Delaborde 

1886-1898  Georges  Duplessis 

1898  H.nri  Bouchot 


Disons  pour  en  terminer,  qu'un  atelier  de  pholoy rapilie  est  mis  à  la 
disposition  des  personnes  qui  ont  des  estampes  à  l'aire  reproduire  et 
permettons-nous  de  leur  indiquer  comme  photographe  M.  Sauvanaud, 
45,  me  Jacob,  qui  est  presque  de  la  maison. 


Marchands  d'Estampes  Français  et  Etrangers 


Alisi>j 

Blhn 
Chan 
Danlos 
Dnmont 


170,  nu  de  Rivoli 
68,  rue  Richelieu 

20,   rue  Le  l'eletier 

15,  quai  Voltaire 

27,   rue  Ladite 


Paris 


•  Ouvert  toute  l'année      excepté  pendant  lei  15  Jours  qui  précèdent  PAques,  c'cst-A-dlre  du 
lundi  di  la  Pasilon  au  mardi  di  Pflquea      do  10  beurei  du  mutin  à  l  heures  de  l'apréa  midi. 


Dupont  aine 

Girard 

Godcfroy-Mayer 

Gosselin 

Hesséle 

Kleinmaiiii 

Mayer  (Mme  Salvator) 

Meyer  &  J.  Weil 

Moline 

Paulme 

Pellet 

Pierrefort 

Rapilly  i 

Roblin 

Rousseau-Girard 

Sagot  (Edmond) 

Sagot  (Clovis) 

Soccard 

Strolin 

Vollard 

P.  &  D.  Colnaghi  &  O 

R.  Gutekunst 

Dunthorne 

Urban  Noseda 

Frank.  T.  Sabin 

Obacb  &  C° 

James  Rimel  &  Son 

E.  Parsons  &.  Sons 

Artaria 

Wawra 

Josef  Pollak 

S.  Kende 

Gilhofer  &  Ranscbburg 

Amsler &  Ruthardt  -  L.  G.  Meder  S; 

Albert  Colin 

H.  Sagert 

H.  G.  Gutekunst  &  W.  Gaiser 

Alex.  Danz 

Oswald  Weigel 

C.  G.  Bœrner 

R.  van  Zabn  &  Emil  Jaensch 

Aumuller 

G.  Hess 

J.  Halle 

Hugo  Helbing 

Jacques  Rosenthal 


PREFACE  XXIX 

15,  rue  de  Seine  Paris 

!(,  quai  Voltaire 

15,  rue  Pigalle 

57,  quai  des  Grands-Augustins 
13,  rue  Laffitte 

8,  rue  de  la  Victoire 
5,  rue  Laffitte 

43,  rue  Laffitte 
22,  rue  Laffitte 
10,  rue  Cbauchat 
51,  rue  Le  Peletier 
12,  rue  Bonaparte 

9,  quai  Malaquais 

05,  rue  Saint-Lazare 
1,  quai  \'oltaire 

39  llls  rue  de  Châteaudun 
4(>,  rue  Laffitte 

20,  rue  Drouot 

24,  rue  de  la  Rochefoucauld 

6,  rue  Laffitte 

13  &  14,  Pall  Mail  East  Londres 

16,  King  street,  S'-James'  square 
5,  Vigo  street 

33,  King  street,  S'-James*  square 

118,  Shaftesbury  Avenue 

108,  New  Bond  street 

53,  Shaftesbury  Avenue 

45,  Bromplon  Road 

I.  Kohlmarkt,  9  Vienne 

I.  Dorotheergasse,  li 

H.  Obère  Donaustrasse,  37 

1.  Gluekgasse,  3 

1.  Bognergasse,  2 

Behrenstrasse,  29  a  Berlin 

30  a  Winterfeldtstrasse 

132,  Leipzigerstrasse 

1 1>  Olgastrasse  Stuttgart 

2,  Gellerstrasse  Leipzig! 
1,  Konigstrasse 

44,  Nûrnbergerstrasse 

10,  YVaiserhausstrasse  Dresde 

42,  Maximilianstrasse  Munich 

27/1,  Karlstrasse 
3"  Ottostrasse 

21,  Liebigstrasse 
10,  Karlstrasse 


t  Possède  le  plus  riche  assortiment  en  livres  d'art  de  Paris  ;  nous  en  parlons  avec  connaissance 
de  cause,  car  nous  avons,  pourrions-nous  dire,  mis  indécemment  à  contribution  son  aimable 
propriétaire  qui  a  été  pour  nous  d'une  complaisance  qui  dépasse  tout  ce  qu'on  peut  Imaginer, 
aussi,  lui  adressons-nous  l'expression  de  notre  vive  gratitude. 

-  Nous  nous  faisons  un  plaisir  en  même  temps  qu'un  devoir  de  signaler  aux  amateurs  de 
livres  traitant  des  arts,  les  deux  grandes  librairies  de  cette  ville  :  A.  Twietmever.  1U  Gellerstrasse 
et  Karl  W.  Hicrscmann,  2  Konigstrasse.  Ces  maisons  publient  des  catalogues. 


XXX 


PRÉFACE 


Ludwig  Hosenthal 
Emll  Hirscfa 
Prestcl 

Frederik Muller  &  O  —  Mcnsing  Sr 

H.  W.  P.  de  Vries 

Van  Stockum  &  fils 

Martinus  Nijhoff 

E.  Deman 

Dietrich&  C 

Velten 

Skandinavisk  Antiquariat 

Frederick  Keppel  &  Cfi  < 

II.  Wnnderlicb  &  C" 

C.  Klakner 

W.  Schauss  &  C" 

Bonaventure 

W.  K.  Vickery 

Albert  Houllier 


16,  Hildegardstrassc 
6,  Karlstrasse 


10,  Doelenstraat 

146,  Singe] 

ii(i,  Ruitenhof 

18,  Nobelstraal 

86»  rue  de  la  Montagne 

:>2,  Montagne  île  la  Cour 

Perspective  de  Ncwski 

35,  Bredgade 

20  Kast.  l(i  tb  strect 

220,  Fiftli  Avenue 

7,  West  Twenty  Eight  strect 

201,  Fifth  Avenue 

6,  West  Thirty  Third  strect 

236,  Post  street. 


Munich 

Frankfort-sur- 

le-Mein 
Amsterdam 

La  Haye 

Bruxelles 

S'-Pétersbourg 

Copenhague 

New-York 


San-Francisco 
Chicago 


Imprimeurs  en  taille-douce  et  en  lithographie 


Ardail,  Porcabœuf 
Delâtre 
l.c  roy 
Wittmann 

Belfond  i     Imprimerie  Engelmann 
Duchatel      Imprimerie  Minot 
.Iules  Chéret  —  Imprimerie  Choix 
Clôt 

Ducourtieux    &    Huillard,    photo- 
graveurs 
Goulding 
Stengel  &  C 
Gustav  Fischer 
O.  Felsing  i 
Stengel  &  0 
A.  Pisani 

Blechinger  ^  Leykanf 
S.  Czeiger 

.1.  I.owy 


187,  rue  Saint-Jacques 
102,  rue  Lepic 

32,  rue  Boursault 
10,  rue  de  l'Abbaye 
16,  rue  Nansouty 
34,  rue  des  Martyrs 
20,  rue  Bergère 

33,  rue'  du  Cherche-Midi 


Paris 


57,  rue  de  Seine 

— 

53,  Shepherd's  Bush  road 

London 

Elisabethenstrasse 

Berlin 

32,  Wilhemstrasse 

— 

8,  Schonebergerstrasse 

— 

Gabelsbergerstrasse 

Dresde 

16,  Mayerhofgasse 

Vienne 

16,  Waisenbausgasse 

— 

13,  Alleegasse 

— 

15,  Parkgasse 

— 

i  a  Londi  i  '     -  Strect,  Adelphie       \  Pai  la  27,  quai  de  l'Horloge. 

'tu-    [es  familiers  appellent  Henry  dans  l'intimité.   Les  imprimeries  Engelmann,  Minot, 
Chah  el  Clol   sonl  des  Imprln  litl         iphlques.  Nous  n'avons  mentionné  ici  que  1rs 

principaux  établissements  auxquels  s'adressent  l<  raveurs  pour  le  tirage  de  leurs 

planches,  cuivres  ou  pierres, 
"est  l'imprimeur  <!<■  In  Cour. 


PRKFACE 


XXXI 


K.  K.  Hof  &  Staats  Druckerei  i  16,  Rcnnweg 

Rœloffzen,  Hùbner  &  Van  Sautcn 

L.  Van  Lcer  &  O 

Kinnel  &  Voigt  Canal  strcet 


Vienne 
Amsterdam 

New-York 


Commissaires  -  Priseurs 


Paul  Chevallier 
Maurice  Delestre 
Cbristie  Manson  &  Woods 
Sotheby,  Wilkinson  &  Hodge 
I3angs  &  C" 


10,  rue  Grange-Batelière  Paris 

5,  rue  Saint-Georges 

8,  King  Street  S'-James'  square  London 

13,  Wellington  Street,  Strand 

93,  Fifth  Avenue  New-York 


Il  n'y  a  qu'en  Angleterre  et  en  Fiance  où  le  cornmissaire-priseur 
intervient  dans  les  ventes  publiques.  En  Angleterre,  il  agit  seul  ;  chez 
nous,  il  est  toujours  doublé  d'un  expert  qui  est  la  plupart  du  temps 
un  marchand  d'estampes  '  ;  en  Allemagne,  c'est  l'expert  seul  qui 
vend  sans  le  concours  de  cet  officier  ministériel. 

En  France,  les  acquéreurs  ont  à  payer  en  sus  du  prix  d'adjudi- 
cation, 10  °/0  ;  en  Allemagne,  5  °/0  ;  en  Angleterre,  rien. 

Les  commissaires-priseurs  sont  très  nombreux  à  Paris  et  à 
Londres,  et  nous  n'avons  nommé  ici  que  les  seules  grandes  charges 
s'occupant  spécialement  des  estampes  3. 

La  question  de  la  confection  des  catalogues  est  une  grosse  affaire, 
très  délicate,  très  épineuse  ;  le  rédacteur  n'ayant  pas  toujours  ses 
coudées  franches,  en  ce  sens  qu'il  est  talonné  par  le  vendeur  —  qui 
est  très  porté  à  faire  annoncer  que  tous  ses  poulets  sont  chapons  — 
et  par  sa  conscience  d'expert  avec  laquelle  il  ne  peut,  ni  ne  doit 
transiger. 

Il  faudra  donc  se  défier  un  peu  des  désignations  indiquées,  et 
quand  on  lira  belle  épreuve,  bonne  épreuve,  se  bien  persuader  que 
c'est  une  méchante  épreuve  courante  et  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  ordi- 
naire. Ce  ne  sera  donc  vraisemblablement  que  lorsque  les  qualificatifs 


*  Imprimeurs  de  la  Cour  et  de  l'Etat. 

2  Pas  toujours  cependant,  car  depuis  deux  ou  trois  ans,  certaines  ventes  sont  faites  par 
M.  Loys  Delteil.  qui  n'est  qu'artiste-graveur,  22  rue  des  Bons-Enfants. 

3  Ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  toutes  autres  ventes  leur  soient  interdites.  M.  Paul  Chevallier, 
au  contraire,  a  le  monopole,  pourrait-on  dire,  de  toutes  les  grandes  ventes  sensationnelles  du 
jour:  tableaux,  objets  d'art,  ameublements,  etc..  etc.,  il  vient  de  donner  tout  dernièrement 
encore  un  magistral  coup  de  marteau  dans  la  colossale  vente  de  M""  C.  Lelong,  dont  les  six 
premières  vacations  ont  produit  9.139.409  francs.  M.  Chevallier  est  un  galant  homme  dans 
l'acception  la  plus  délicate  du  mot.  qui  sait  avec  une  courtoisie  sans  égale  faciliter  la  tâche  au 
travailleur,  aussi,  l'en  remercions-nous  cordialement  ici  ainsi  ({lie  son  charmant  confrère 
Maurice  Delestre. 


XXXII  PRÉFACE 

très  belle,  admirable,  superbe  épreuve  seront  employés,  qu'on  sera  en 
droit  de  croire  que  ces  mots  sont  sincères  et  ont  la  valeur  qui  doit 
leur  être  réellement  attribuée. 

Nous  avouons  éprouver  quelque  Faible  pour  la  façon  dont  sont 
rédigés  les  catalogues  français  et  allemands,  tous  deux  donnent  au 
moins  des  détails  extrêmement  précieux  pour  le  provincial  ou  l'étranger 
qui  n'ayant  pas  le  loisir  d'examiner  les  portefeuilles  ou  d'assister 
à  la  vente,  peut  alors  sur  ces  bases  en  écrire  à  son  marchand  et 
donner  avec  connaissance  de  cause  une  commission  en  rapport  avec 
la  valeur  de  l'objet  décrit. 

Nous  nous  plaisons  à  reconnaître  la  sincérité  avec  laquelle  sont 
dressés  ceux  de  MM.  Danlos,  Gutckunst  &  Gaiser,  Amsler  &  Rutbardt, 
Artaria  et  Halle',  Sagot,  Duinont  et  Rapilly,  pour  ne  citer  que  ceux 
les  plus  répandus  et  que  nous  connaissons  le  mieux. 

Souvent  les  catalogues  des  grandes  ventes  d'Allemagne  sont 
illustrés,  en  France,  très  rarement,  et  en  Angleterre,  jamais.  Les 
Allemands  ont  la  très  bonne  coutume  de  mettre  en  italique  gras  les 
remarques  d'états  ou  de  conditions  exceptionnels  faites  sur  la  pièce 
annoncée,  afin  d'attirer  l'attention  île  l'amateur  sur  ces  particularités  ; 
1rs  Anglais,  au  contraire,  mettent  en  grandes  capitales  la  rubrique  des 
estampes  les  plus  remarquables  de  la  collection,  puis  généralement 
ils  mentionnent  l'état,  mais  la  condition  pour  ainsi  dire  jamais;  on  le 
voit,  c'est  d'une  sécheresse  d'indication  vraiment  désespérante  de 
laconisme.  On  ne  se  douterait  guère  quand  on  a  dans  les  mains  les 
catalogues  d'apparence  si  modeste  des  ventes  Holford  et  Blyth 5  par 
exemple,  que  celles-ci  ont  produit  la  première  i  28119  ■',  et  la  seconde 
î  21717'. 

Ceux  qui  ne  sont  pas  initiés  aux  ventes  s'étonnent  souvent  de  voir 
qu'on  ne  suit  pas  toujours  l'ordre  des  numéros  du  catalogue,  la  raison 
est  tout  simplement  qu'on  cherche  à  vendre  les  gros  morceaux  quand 
l'adjudication  bat  son  plein  vers  les  ,'i  ou  1  h.  -,  c'est-à-dire  au  moment 
où  les  gros  amateurs  se  trouvent  réunis  et  commencent  à  s'échauffer, 
on  essaie  aussi  autant  que  possible  de  varier  les  ouvres  vendues, 
pour  tenir  toujours  le  public  en  baleine  et  éviter  de  le  fatiguer  par 
une  suite  souvent  monotone  d'un  Maître  peu  ou  point  intéressant. 


i  Ce  dernier  t'occupe    plus  spécialement  du  ivm'  siècle  qui  devient  1res  en  faveur  en 
Allemagne. 

-  Pour  celle-ci       unedea  plusgrosses  ventesde  ces  dernières  années—  on  avait  négligéVa 
mise  en  vedette  des  pièces  les  plus  Importantes.  en  ne  les  inscrivant  même  pas  en  grandes 
.  apitoies. 
'  C'est-à-dire  7H2'J75  francs. 
'  C'est-à-dire  542925  francs. 
i   i   Ulemagne  les  ventes  commenccnl  le  matin  A  ;>  heures  et  demie  pour  reprendre  à 
m  ei  de  l'aprcs  midi. 


PREFACE 


XXXIII 


Les  grandes  ventes  publiques  ont  lieu  généralement  à  Paris, 
Londres,  Berlin,  Munich,  Vienne  et  Stuttgart;  chaque  année  M.Wilhem 
Gaiser,  le  très  aimable  et  très  érudit  associé  de  H. -G.  Gutekunst  en 
fait  une  en  mai  dans  cette  dernière  ville,  mais  avant  l'adjudication 
il  prend  la  peine  de  passer  par  Paris,  Londres,  Vienne,  Berlin  et 
Dresde  pour  communiquer  aux  amateurs  et  aux  marchands  les  pins 
belles  pièces  de  son  portefeuille. 

A  l'heure  présente,  il  ne  reste  plus  rien  des  grandes  collections  ' 
formées  depuis  ces  50  ou  60  dernières  années,  l'énorme  plus  value 
pour  les  pièces  belles  et  rares  a  été  telle,  que  presque  tous  les 
amateurs  ont  voulu  en  profiter  et  se  sont  empressés  de  réaliser. 

Nous  croyons  intéresser  nos  lecteurs  en  leur  donnant  ci-dessous 
une  liste  des  ventes  publiques  de  leur  origine  à  nos  jours.  Nous 
l'avons  établie  à  double  entrée  —  ordre  chronologique  et  alphabé- 
tique —  afin  de  faciliter  leurs  recherches. 


Aperçu  des  Ventes  d'Estampes  Françaises  et  Etrangères 
les  plus  remarquables  '-' 

ORDRE  CHRONOLOGIQUE 


166G  Marolles  a  (abbé  de). 

1734  Six  (W.). 

1739  Hermann. 

1739  Mortemart  (duc  de). 

175'2  Chubéré. 

1753  Sloan  *  (Hans). 

1754  Tonnemann. 

1755  Chabannes  (comte  de). 


1755  Burgy  s  (A.  de). 

1756  Fleury  (abbé  de). 

1757  Heinecken. 

1757  Virtue  (G.). 

1758  Christ. 

1758  Basan. 

1759  Le  Prince. 
17(30  Pond  (A.). 


1760  Astley  (sir  Jacob). 

1761  Huquier. 

1765  Walraven. 

1766  Quarré  de  Quintin. 
1766  Héricourt  (d'). 

1768  Chiquet  de  Champre- 

nard. 

1769  Roussel. 


1  Nous  devons  cependant  signaler  celle,  très  remarquable,  conservée  par  M.  Franc  d!  F" 
Rasilio,  de  Trieste;  elle  se  compose  d'environ  4000  pièces  des  écoles  italienne  et  française. 

"-  Toutes  les  ventes  énumérées  ci-dessus  sont  loin  d'avoir  la  même  importance,  il  en  est 
même  un  certain  nombre  qui.  fort  modestes  dans  leur  ensemble,  ne  doivent  d'être  mentionnées 
ici  qu'à  cause  de  quelques  pièces  rares  ou  hors  ligne  qui  s'y  étaient  égarées. 

'  Cette  collection  admirable  acquise  par  Louis  XIV,  pour  2G000  livres,  sous  le  ministère 
Colbcrt,  constitua  le  premier  fond  du  Département  des  Estampes.  Il  y  avait  là  123000  pièces 
contenues  dans  400  grands  volumes  et  120  petits,  parmi  lesquelles  17300  portraits,  3150  images 
de  la  Vierge,  224  Rembrandt,  portraits  et  caprices  fort  curieux,  disait  le  collectionneur  qui  avait 
consacré  quarante  ans  à  réunir  ces  merveilles. 

i  Collection  acquise  par  The  British  Muséum  qui  fut  également  le  premier  fond  de  cet 
important  dépôt. 

5  Réunion  de  Rembrandt  remarquables,  commencés  à  recueillir  en  1728. 


XXXVI 

PREFACE 

1859  Leblond. 

1804  Raifé. 

1871  Relier. 

1X59  Férol. 

1864  Delacroix  (E.). 

1872  Weigel. 

1859  Mayor. 

1864  Villestreux  (de  la). 

1872  Tougard. 

1859  Laterrade. 

1864  Marshall. 

1872  Gihaut. 

1859  Defer. 

IMiV  Bruynincky. 

1872  Buignet. 

1859  Villot. 

1805  Desperet . 

1872  Villestreux  (île  la). 

1860  Drugulin. 

1865  Corneillan  (de). 

1872  Persigny  (duc  de) 

18 taffet. 

isi>.">  Camberlyn. 

1872  Durazzo. 

(860  Le  Blanc  (Ch.). 

1866  Wellesley  (Rév*). 

1872  Mecklemburg  (B<">  de) 

18(50  Tillin. 

1806  Kat  (de). 

1872  Soleil. 

18(i0  Gervaise. 

1866  Puttick. 

1872  Rochonx. 

180')  .lolmson. 

1SG6  Leblanc. 

1873  Morel  de  Vindé. 

1801  Lajariette. 

1806  Dubois. 

1873  Forget. 

1801  Smith  (G.). 

I866  Oudct. 

1873  N'iel. 

1801  Scarisbrick. 

I866  Drugulin. 

1873  Jefferys. 

1861  Naumann. 

1807  Davalet. 

1873  Gigoux. 

1801  Gildemeester. 

1867  Posonys  (A.). 

1873  Howard. 

1801  Sotzmann. 

1867  Pelletier. 

1873  Palla. 

1801  Arozarena. 

1807  Harrack  (comte). 

1875  Galichon  (E.). 

1861  Rietschel. 

1867  Pricc. 

1875  Villot. 

1861  Soleirol. 

1868  Cape. 

1875  Paillet. 

18G1  Parguez. 

1868  Van  (1er  Helle. 

1875  Kalle. 

1861  Grevedon. 

1868  Marochetti  (baron). 

1875  Guichardot. 

1861  Vans  Os. 

1868  Hippisley. 

1875  Gouverneur  s. 

1861   Filipi. 

1868  Langlais. 

1876  Hcrzog. 

1861    Dreux. 

1868  Puibusque  (M"")  s. 

1876  Combes. 

1862  Hawtrey. 

1868  Slade*  (Félix). 

1876  Burty  «. 

1862  Jourdan. 

1868  Palmer. 

1876  Liphart. 

1862  Boulanger. 

1869  AlferolT. 

1876  Hume. 

1862  Simon. 

1809  Lefort. 

1876  Rose  (J.  A.). 

1862  Poggioli. 

1869  Blakhuysen. 

1877  Sensier  (A.). 

1862  Clark  il).  !(.). 

1869  Le  Cauchois-Féraud. 

1877  Behague. 

1862   Vrchintoff. 

1870  Hourlier. 

1.^77  Heimsoeth. 

1863  De  la  Combe  (colonel). 

1S70  Dûpper. 

1877  Martin  (E.). 

I  6    P.  I).  de  Lyon  i 

1870  Brentano  Hii  kenstoeb 

IS77  Biberstein. 

nabi 

(M* 

1877  Didot. 

I864  Aussanl . 

1S71  Santarelli. 

1878  Danby-Seymour. 

I864  Daniel  (G.). 

1871  Dromont. 

1S7S  Roth. 

1  Ce  tt.  .nui  on,  Pierre  Dclcr. 

:  Réunion  «le  Durer  exceplionnellc. 

■■  Ci-lie  collection  '!•■  gravures  historiques,  donl  lo  catalogue  lui  dresi  é  en  1860,  se  composait  île 
'J2~:<  pièce  ni   presque  exclusivement  l'histoire  d'Angleterre,  elle  rat  achetée  aux 

héritiers  par  Danlos  el  Delisle  en  1867,  Di  la  revendirent  dans  son  entier  A  M-  Noseda, 
marchande  de  Londres,  qui,  6  son  imir.  en  lit  une  venir  publique  en  ;»  ri]  1868  par  le  ministèi  e 
il.  Sotheby  el  l 

•  i tonné  nu  Brilish  Muséum. 
\  nlel  de  chambre  de  Monseigneur  le  duc  d'Aumoie. 

«  Vendue  n  Londres  comme  celle  de  ihtm. 


PREFACE 

XXXVII 

1878  Burty. 

1882  Oppermann. 

1888  Marcelin. 

1878  Rignon. 

1883  Tesseire. 

1888  F.  G. 

1879  Michel. 

1S83  Wibirals  (docteur). 

1888  Glairon. 

187!)  Meaume. 

1883  Grifflths. 

1889  Webster. 

1879  Drugulin. 

1883  LabauolT  (prince). 

1889  Bercnd. 

1879  Knowles. 

1884  Clément  de  Bis. 

1889  Decloux. 

1879  Garnier. 

188*  Dent. 

1889  Hedouin. 

1879  Sieurin  i. 

1884  Geller. 

1889  Klinkosch. 

1879  Bonnomct  deVedreuil. 

1884  Fountaine. 

1890  Piot  (E.). 

1879  Wolff. 

1884  Monnerot. 

1890  Blaisot  (M11-). 

1879  Ensenberg. 

1884  Vignères3- 

1890  Destailleur. 

1879  Laperlier. 

1885  Lihatchef. 

1890  Marquis». 

1879  Cannenburg  (de). 

1885  Cheney  (Ed.). 

1890  Gardien. 

1880  Schloesser. 

1885  Beurnonville  (B™  de) 

1891   Moignon. 

1880  Walferdin. 

1885  Béraudiére  (C'«  de  la) 

1891  Haden  (Seymour). 

1880  Mahérault. 

1885HocquartdeTurtot(0) 

1891  Burty. 

1880  Roth. 

1885  Lchmann. 

1891  Bavard. 

1880  Wasset. 

1885  Hebich  t. 

1891  Kinnen. 

1880  Michelot. 

1885  Vico. 

1891  ChampOeury. 

1881  Jacquemart. 

1886  Verloren  van  Themaat. 

1891  Bérard. 

1881  Berthier  (comte). 

1886  Cuzcko. 

1891  Salicis  (de). 

1881  Loftie. 

1886  Loizelet  (M»>«). 

1892  Hulot. 

1881  Mailand. 

1886  Biegeleben. 

1892  Fisher. 

1881  Rivet  de  Malval. 

1886  Adington. 

1892  YVogram. 

1881  Saint-Geniès. 

1886  Retberg. 

1892  Belenet. 

1881  Michelot. 

1887-88  Chaloner  Smith. 

1892  Bardiu. 

1881   I.obanow  Rostowski. 

1887  Couches  (de). 

1892  Hutchinson  (J.  H.). 

1SS1  Muhlbacher. 

1887  Allemand. 

1892  Baudet. 

1881  Sackville  Balle. 

1887  Meaume. 

1892  James. 

1881  Viollet  le  Duc. 

1887  Malinet. 

1S92  Drake. 

1881  His  de  la  Salle. 

1887  WiIson(J.  W.). 

1892  Michel. 

1882  Beresof. 

1887  Lalanne. 

1893  Ferdinand  (le  Roi). 

1882  Dubois  du  Bais. 

1887  Martin. 

1893  Aylcsford. 

1882  Kaminski. 

1887  Jacquinot. 

1893  M.  P. 

1882  Lefilleul. 

1887  Aubin. 

1893  Gouzien. 

1882  MartineaudesChesnais 

1887  Buccleuch  (duc  de). 

1893  Holfords. 

1882  Corneillan  (de). 

1888  Roth. 

1893  W.  H. 

1882  Bcckford. 

1S88  Bonnardot. 

1893  Geoffroy  Dechaume. 

i  Composée  exclusivement  de  vignettes. 
2  Exclusivement  de  Van  Dyck. 

*  Le  marchand  d'estampes  ;  il  y  eut  37  ventes  consécutives  qui  commencèrent  le 
3  novembre  1884  pour  ne  se  terminer  que  le  13  juin  1880. 

*  Le  catalogue  ne  mentionnait  pas  ce  nom,  et  désignait  le  vendeur  comme  un  amateur 
Hambourgeois  bien  connu  :  il  y  avait  de  fort  beaux  Durer. 

5  Ce  n'était  pas  une  vente  d'estampes,  mais  il  s'y  trouvait  une  suite  hors  ligne  du  Monument 
du  Costume  de  Moreau  et  de  Frcudedcrg,  c'est  à  ce  titre  que  nous  avons  cru  devoir  la 
mentionner. 

6  Cette  collection,  absolument  hors  ligne,  esi  la  plus  remarquable  de  celles  passées  en  ventes 
publiques  depuis  10  ans;  les  144  Rembrandt  firent  à  eux  seuls  450000  francs,  el  les  689  numéros 
du  catalogue  produisirent  702075  francs!  î 


\\\\  III 


PRÉFACE 


1891  Bouvenne. 

1894  Stogdon  (J.  C). 
1894  G.  (de). 

1894  Bérard. 

1895  Destailleur. 
1895  Galichon  (L.). 
1895  Ducoin. 

1895  Hamerton. 
1895  Angiolini  i . 
1895  Malcolm». 
1895  Huth. 
1895  Shearwood. 

1895  Bird. 

1896  Ali  aria. 
1896  Iloltzer. 
1896  Parr  (prince). 
1896  Pavic. 

1896  Gentien. 
1896  Cuzcko. 
1896  Cope. 

1896  Hollandt. 

1897  Goncourt. 
1897  Tricon. 
1897  Bouillon. 
1897  Piat. 

1897  Pichon  (baron  i 

1898  Courtry. 
1898  Michelin. 


1898  Casimir  Périer. 
1898  Conquit . 
1898  Straeter. 
1898  Whitehead. 
1898  Sallet  (de). 

1898  Greppe. 

1899  Mène. 
1899  Lebrun. 
1899  Ligaud. 
1899  Battig. 

1899  Pommer-Esche. 
L899  V". 

1900  Cornill  d'Orville. 

1900  Heredia. 

1901  Edgcumbe. 
1901  RiggaU. 

1901  Defer-Dumesnil. 

1901  Esterhazy  (comte). 

1901  Lacroix. 

1901  Fordham. 

1901  Blyth. 

1901  Reiss. 

1901  Sligo. 

1901  Bonfield  (G.  R.). 

1901   Ilanscn. 

1901  Hosenberg. 

1901  Normanton. 

1901  Clark. 


1901  Schultze. 

1901  Frcnch. 

1904  Runnenberg-Detmold. 

1901  Pochet. 

1902  Pochet. 

1902  Jourdier  &  Kinnen. 

1902  Zilcken. 

1902  Patelier. 

1902  Mallet. 

1902  Dreux  (H.). 

1902  Lee  Warner. 

\<m  II.  G. 

1902  F.  de  L...  (baron). 

1902  Waldburg  -  Wolfegg 

(prince). 

1902  Beaufoy  (H.  H.). 
1902  Stern  (J.). 
1902  Save  (E.  G.). 
1902  Tollemactae. 

1902  Arenberg  (duc  d'). 

1903  H.  L.  N. 
1903  Lelong(M"»c). 
1903  Tscbarnera.  (de). 
1903  H.  L.  N.  *. 
1903  Houx  (L.). 

1903  Tissot. 


ORDRE  ALPHABÉTIQUE  I 


Ackennann 

1844 

'  Angiolini 

1895 

Aubin 

1887 

Adington 

1866 

ArchintoS 

1862 

Audran 

1771 

AlferoO 

1869 

Arenberg  uluc  d' 

1902 

AussanI 

1864 

Alibert 

1803 

■  Arozarena 

1861 

'  Aylesford 

1893 

Allemand 

IX.X7 

Artaria 

1896 

Allen  Barnard 

1789 

Astlcy 

1760 

'  Collection    extrêmement    remarquable  dana    laquelle    dea    éléments    étranger!   furoni 
néanmoins  introduits,  entre  aulres  les  admirables  nielles  de  Grandi. 

î  Collection  acquise  par  le  Brlttth  Vuitum  moyennant  6251 francs, 

J  Exclusivement  composée  de  Rembrandt. 

*  C'est  la  \ ente  d,-  M--  Leroy. 

i  Nous  avons  fait  précéder  d'un  astérlque  toutes  lis  ventes  les  plus  remarquables. 


PREFACE 

XXXIX 

Bammeville  (de) 

1854 

'  Buckingham  (duc  d 

2)  1834 

Cuzcko 

1886 

Bardin 

1892 

Buignet 

1872 

Cuzcko 

1896 

*  Barnard  (J.) 

1798 

Buldet 

1780 

Basan 

1758 

Bure  (de) 

1854 

Basan 

1798 

*  Burgy  (A.  de) 

1755 

Damery  (de) 

1774 

Batli  (marquise  de) 

1826 

'  Burty 

1876 

Danby  Seymour 

1878 

Battig 

1899 

'  Burty 

1878 

Daniel 

1864 

Baudet 

1892 

'  Burty 

1891 

'  Danser  Nijmann 

179S 

'  Bayard 

1891 

Busclic 

1857 

Dargenville 

1779 

Beaufoy 

1902 

•  Daulby 

1800 

'  Beckford 

1882 

Davalet 

1867 

*  Behague 

1877 

David 

1859 

Belenei  (comte  de) 

1892 

Cabre 

1850 

'  De  bois 

1844 

Bérard  (E.) 

1891 

Cambcrlvn 

186., 

Dccloux 

1889 

Bérard  (Cli.) 

1894 

Cancel  Montlirmin 

1798 

Defer 

1859 

'  Béraudière  (C'°  de  1: 

)  1885 

Cannenburg  (de) 

1879 

'  Defer  Dumesnil 

1901 

Bércnd 

•1889 

Cape 

1868 

Dcllorcnne 

1849 

Beresof 

1882 

Carter 

1784 

'  De  la  Combe  (colonel)  1863 

Berthier  (comte) 

1881 

Casimir  Périer 

1898 

'  Delacroix  (E.) 

1864 

Bertin 

1854 

Chabannes  (Clc  de) 

1755 

Delaunay  (B.) 

1814 

Bervic 

1822 

'  Chaloner  Smith    1887-1888 

Delbccq 

1845 

'  Beurnonville  (B""  de 

1885 

Champfleury 

IS9I 

Delessert 

1852 

Biberstein 

1877 

Channey 

1794 

Delorme 

1777 

Biegclebcn 

1886 

Chardin 

1780 

'  Dent 

1884 

Bindley 

1819 

Charlet 

1845 

Desperet 

1865 

Bird 

1895 

Cheney 

1885 

Dcspcreux 

1823 

'  Blackbum 

-1786 

Chiquetde  Champre 

Destailleur 

1890 

Blaisot 

1819 

nard 

1768 

Destailleur 

1895 

Blaisot  (M"») 

1890 

Christ 

1758 

Détienne 

1807 

Bliss 

1858 

Chubéré 

1752 

'  Didot 

1877 

Blytb 

1901 

'  Cicoguara  (comte) 

1837 

Dighton 

1806 

Blokhuysen 

1869 

Clairon  (M»«) 

1773 

Dodd 

1810 

Bonneld 

1901 

Clark 

1862 

Donegal 

1800 

Bonnardot 

1888 

Clark 

1901 

Dowsdeswell 

1809 

Bonnomet     de     Ve- 

'  Claussin 

1844 

'  Drake 

1892 

dreuil 

1879 

Clément  de  Bis 

1884 

Dreux 

1861 

Boucher    de    Crève- 

Clément  père 

1845 

Dreux 

1902 

cœur 

1845 

Coehorn 

1802 

Dromont 

1871 

Bouillon  (J.) 

1897 

'  Cope 

1896 

Drugulin 

1860 

Boulanger 

1862 

Combes 

1876 

Drugulin 

1866 

Boulle 

1804 

Combrouse 

1857 

Drugulin 

1879 

Boulle 

1817 

Couches  (de) 

1887 

Druon 

1833 

Boutourlin  (O  de) 

1841 

Conquet 

1898 

Dubois 

1846 

Bouvenne 

1894 

Corneillan  (de) 

1865 

Dubois 

1866 

Boydell 

1818 

Corneillan  (de) 

1882 

'  Dubois  du  Bais 

1882 

Brandes 

1794 

"  Cornill  d'Orville 

1900 

Ducbesne  aîné 

1855 

Brentano  -  Birkcns- 

Courtry 

1898 

Ducoin 

1895 

toek  (M™) 

1870 

"  Cracherode 

1799 

Dupper 

1860 

Bruynincki 

1864 

Crébillon 

1777 

•  Durand  (Edme) 

1820 

Brydges 

1815 

Crochard 

1832 

'  Durand  (Edme) 

1836 

Buccleucb  (duc  de) 

1887 

Crozat 

1773 

'  Durazzo 

1872 

XL 

•  Edgcumbe  1901 

Einsicdcl  de  Reibers- 

dorf  1833 

Ensenberg  1879 

Es...  (prince d')  1839 

•  Esdaile  1810 
Esterhazy  [comte  d')  1901 


Ferdinand     (Roi    de 

Portugal)  1893 

Férol  1859 

'  F.  de  L...  (I5«°)  1902 

F.  G.  1888 

1-ilipi  1861 

•  Fisher  i  1892 

Fleury  (abbé  de)  1 75f » 

Flippart  1792 

Fonnereau  1810 

Fordham  1901 

Forget  1873 

Forster  1858 

Fountaine  188-i 

French  1901 

Frics  (comte  de)  s  1823 


G- (de)  1894 

Galiclion  (E.)  1875 

Galichon  (L.)  1895 

Gardien  1««» 

Garnier  1879 

Geller  I88i 

'  Gentien  1896 
Geoffroy-Dechaume     1893 

Gervaise  1860 

Gigoux  1873 

Cillant  1872 

Gildemeester  1861 

Glairon  1888 

Gravelot  1773 

Grawe  1804 

Greppe  1898 

Grevedon  1861 


PREFACE 

Griffiths 

1883 

Huquier 

1761 

'  Concourt 

1897 

Hutchinson 

1892 

Gouverneur 

1875 

[luth 

1895 

Gouzien 

1893 

Grose 

1770 

'  Guichardoi 
"  Gulston 

1875 
1810 

Ibbot 

1818 

'  Guyotdc  Villeneuve 

1900 

Jacquemart 

1881 

'  Hadcn  (Seymour) 

Hall  Baillie 
'  Hamerton 

1891 

17!  17 
189.-. 

Jacquinot 

James 

Jcfl'cn  s 
Johnson 

1887 
1892 
1873 

1860 

Hansen 
Harford 

1901 
1857 

Jourdan 
'  Jourdier  >!>.  Kinnen 

1862 
1902 

Harrack  (comte)  1867 

Hawkins  1850 

Mautrcy  1862 

Hchich  1885 

Hedouin  1889 

Heimsoeth  1877 

Heinecken  17.~>7 

Henneville  1858 

Heredia  1900 

Hérieourt  (d')  1766 

llcrmann  1739 

Ikizog  1876 

Hibberl  1809 

Hippisley  1868 

His  de  la  Salle  1856 

His  de  la  Salle  1881 

H.  G.  1902 

11.  L.  N.  1903 

Hocquart   de  Turtot 

(comte)  1885 

Holford  1893 

Hollan.lt  1896 

Holtzer  1896 

Ilooghc  1773 

Hourlier  i«7n 

'  Howard  1873 

1  Hulol  1892 

'  Il  n  me  1876 

Hunin  1821 


Kallc  1875 

Kaminski  1882 

Karehcr  ls::, 

Kat(de)  1866 

Kcllcr  1871 

King  1808 

Kinnen  1891 

Klewitz  1850 

Klinkosch  1889 

Knight  1841 

Knowlcs  1879 


Labanoff  (prince)  1883 

Lacombe  1857 

Lacroix  190I 

Lajariette  1861 

Lake  1808 

Lalanne  1887 

I.allemant  de  Betz  1771 

Langlais  IS68 

Laperlier  1879 

Laterrade  is:.s 

Laterrade  1859 
Laurent 


'  Ain  preml  'i    cet  ouvrage  le  nom  a  été,  par  erreur,  orthographli  / 

'  Au  verso  des  estampes  du  célèbre  amateur  viennois  se  remarquait  souvent  la  signature  de 
son  conservateur  /    Kcchbcrgcr. 

Bibliothèque  où  se  trouvaient  des  Callot,  des  Ftcquel  et  des  GmMoup  bon  ligne, 


PREFACE 


XU 


Lebas 

1783 

Massard 

1822 

P.  D.  de  Lyon 

1863 

Le  Blanc 

1860 

Maurel 

1855 

Pelletier 

1867 

Leblanc 

1866 

Mayor 

1800 

Persigny  (duc  de) 

1872 

Leblond 

1859 

Mayor 

1859 

'  Peters 

1779 

Lebrun 

1899 

Meaume 

1879 

Petzold 

1843 

Le  Cauchois-Féraud 

1869 

Meaume 

1887 

Piat 

1897 

Lee  Warner 

1902 

Mecklemburg  (B»n  de 

1872 

Pichon  (baron) 

1897 

Lefilleul 

1882 

Ménars 

1836 

"  Pierri  Benard 

1838 

Lefort 

18G9 

'  Mène 

1899 

Piot 

1890 

Legendre 

1770 

Michel 

1879 

Pissaref 

1850 

Lehmann 

1885 

Michel 

1892 

Ploos  Van  Amstel 

1810 

Lelong  Mme) 

1903 

'  Michelin 

1898 

"  Pochet 

1901 

Le  Prince 

1759 

'  Michelot 

1880 

"  Pochet 

1902 

Leroux  de  Lincy 

1855 

'  Michelot 

1881 

'  Poggi 

1836 

Lesueur 

1849 

Moench 

1832 

'  Poggioli 

1862 

Ligaud 

1899 

'  Moignon 

1891 

"  Pôle  Carew 

1835 

Lihatchef 

1885 

Moitte 

1780 

Pommer-Esche 

1899 

Liphart 

1876 

Monnerot 

1884 

Pond 

1760 

Lobanow  Rostowsky 

1881 

Morcl  de  Vindé 

1795 

Portland  (D*"»  de) 

1786 

Loftie 

1881 

More]  de  Vindé 

1873 

Posanyi 

1867 

Logette 

1817 

Mortemart  (duc  de) 

1739 

Potowski  (comte  de) 

1820 

Loizelet  (Mme) 

1886 

M.  P. 

1893 

'  Price 

1867 

Longueil 

1792 

'  Muhlbacher 

1881 

*  Puibusquc  (Mme) 

1868 

'  Murray 

1800 

Purling 

1800 

Musgrave 

1800 

Puttick 

1866 

Maberley 

1851 

Magnancourt  (C,e  de; 

1846 

Naumann 

1861 

Quarré  de  Quintin 

1766 

Mahérault 

1880 

Neymann 

1776 

Mailand 

1881 

•  Nlel 

1873 

Malcom 

1895 

Norblin 

1858 

Maliuet 

1887 

'  Normanton 

1901 

Rafïet 

1860 

Mallet 

1902 

Raifé 

1864 

Mangin 

1810 

Rambcrg 

1863 

Marcelin 

1888 

'  Oppermann 

1882 

'  Reiss 

1901 

Marcenay  de  Guy 

1811 

■  Ottley 

1837 

'  Retberg 

1886 

Marcus 

1779 

Otto 

1851 

'  Révil 

1830 

Mariette 

1775 

Oudet 

1866 

•  Révil 

1838 

Mark  Sykes 

1824 

Richard  son 

1813 

Marmol  (del) 

1794 

Rietschel 

1861 

Marochetti  (baron) 

1868 

Paar  (prince) 

1781 

•  Rigal 

1817 

Marolles  (abbé  de) 

1666 

'  Paar  (prince) 

1854 

Riggall 

1901 

Maron 

1832 

Paar  (prince) 

1896 

Rignon 

1878 

Marquis 

1890 

'  Paignon  Dijonval 

1816 

"  Rivet  de  Malval 

1881 

Marshall 

1864 

Paillet 

1875 

Rivoli  (duc  de) 

1839 

Martelli 

1&58 

•  Palla 

1873 

'  Robert  Dumesnil 

1826 

Martin  (E.) 

1877 

•  Palmer(W.). 

1800 

Rochoux 

1872 

Martin 

1887 

"  Palmer 

1868 

Roscoe 

1816 

Martineau  des  Ches 

'  Parguez 

1861 

Rose 

1876 

nais 

1882 

Patelier 

1902 

Rosenberg 

1901 

Masquelier 

1853 

'  Pavie 

1896 

•  Roth 

1878 

III  * 


XI.I1 


PRKFACE 


Roth 
Roth 

Roussel 
Roux  (L.) 


1880 
1888 
1769 
1903 


Runnenberg-Detmold  1901 


'  S.  i  1856 

Sackville-Balle  1881 
Saint-Aubin  (A.  de)  1808 
Saint-Aubyn  (Lady)     1866 

Saint-Genics  1881 

Salé  1812 

Salicis  (de)  1891 

Sallet(de)  1898 

Sandby  1799 

Santarelli  1871 

Saye  1902 

Scarisbrick  1861 

'  Scbloesser  1880 

Schnltze  1901 

'  Scitivanx  (de)  1843 

Sensier  1877 

Servat  1778 

Shearwood  1895 

'  Sieurin  1879 

'  Simon  1862 

■  Six  1734 

■  Slade  1868 
Sligo  1901 

•  Sloan  1733 
Smith  1849 
Smith  1861 

•  Soleil  1872 
Soleinne  1844 

•  Soleirol  1861 
Sotzmann  1861 
Standy  1845 
Steenberghen  1787 
Stephens  1788 
Stem  1902 
SternTighe  1799 
Stem  Tighe  1815 
Stogdon  1894 
Stowe  1849 


Straeter  1898 

Surugue  1772 

Sylvestre  1811 

Szwykowski  1859 


Téaldo  1859 

Tesseirre  1883 

Thane  1819 

Thane  1846 
Thibaadeau  (comte)    1857 

Thorel  1853 

Tiffin  1860 

Tissot  1903 

Tollemache  1902 

Tonnemann  17.Vi 

Tougard  1872 

Tournier  1773 

Townley  1818 

Townley  1828 
Trémont  (baron  de)     18.Y.! 

Tresca  1815 

Tricou  1897 

Tscharner  (de)  1903 

Tyssen  1802 


V"   «  I899 

Valois  (de)  1801 

Van  den  Zande  L855 

Van  der  Dussen  1774 

VanderHelle  1868 

Van  Ilulthem  1&16 

Van  Hustenbout  1790 

Van  Leyden  1805 

Van  Os  1861 

Van  Puten  1829 
Verloren  van  Ther- 

maat  1886 

Verstolk  de  Soelen  1847 

Véze  (baron  de)  l>v.r>."> 

Vico  1885 

Vignères  1881 

Villars  (de)  1857 

Villestreux  (de  la)  1864 


Villestreux  (de  la)  1872 

Villenave  1848 

Villot  1859 

Villot  1875 

Viollet  le  Due  1881 

Viitue  1757 

Vivant-Denon  1826 

Vïvarès  1781 

Volpato  et  Morghen  1822 


Waldburg  ■ 
(prince) 

Walferdin 

Walpole 

Walraven 

Wasset 

Watelet 

Watson 

Weber 

Weber 
'  Webster 

Weigel 

Weigel 

Weigel 

Wellesley 

Wellesley 

West 

W.  II. 

Whitehead 
'  Wibiral 

Wilkins 

Wilson 

Wilson 

Winkler 

Wlassof 

Wogram 

WolfT 

Woodburn 


Ysidore 


Zileken 


Wolfegg 


1902 
1880 
1842 
1765 
1880 
1786 
1784 
1852 
1856 
1889 
1842 
1845 
1872 
1858 
1866 
1773 
1893 
1898 
1883 
1825 
1838 
1887 
1805 
1825 
1892 
1879 
1855 


1778 


1902 


'  C'est  la  vente  Delberguc-Cormont. 

Ilection  exclusivement  composée  de  Meryon,  propriété  de  M.  Bédouin, 
graveur,  qui  la  possédait  depuis  prés  de  10  ans. 


le  ii.  rc  du 


PREFACE  XLII1 


Restaurateurs    d'Estampes 


Paul  Vigna  74,  rue  de  Seine  Paris 

W.  Clay  i  17,  Cromwell  Avenue,  Highgate  Londres 

F.  Petzold  307,  Linzerstrasse  Vienne 

Saintleben  s  Konigl  Kupferstich  Cabinet  Dresde 

J.  A.  Boland  s  203,  Kerkstraat  Amsterdam 


Il  nous  est  impossible  de  passer  sous  silence  le  nom  de  Vir/na  et 
de  ne  pas  consacrer  ici  quelques  lignes  à  une  de  nos  plus  marquantes 
célébrités  contemporaines. 

C'est  vers  1840  qu'Auguste  Vigna  père,  artiste-peintre,  élève  de 
Ch.  Louis  Muller,  sur  les  conseils  de  son  oncle,  le  libraire  Abry, 
commença  à  s'occuper  de  la  restauration  des  manuscrits,  il  y  ajouta 
bientôt,  en  la  créant  \  la  réparation  des  livres  anciens  ;  raccommo- 
dages des  feuilles  déchirées  ou  trouées,  lavage  des  vieux  textes  et  des 
vieux  bois,  toutes  opérations  singulièrement  délicates.  Il  eut  alors 
pour  clients  les  amateurs  les  plus  distingués  de  son  temps,  tels 
que  :  MM.  de  Lignerolles,  Taschereau  de  la  Bibliothèque  Nationale, 
de  Behague,  de  Canay,  etc.,  etc.,  il  se  trouva  même,  bien  incons- 
ciemment —  nous  n'avons  pas  besoin  de  le  dire  —  mêlé  à  la  fameuse 
et  retentissante  affaire  Libri. 

En  1873  il  mourut  des  suites  d'une  maladie  contractée  pendant  le 
terrible  hiver  du  siège  de  Paris. 

Son  fils,  Paul  Vigna,  resté  seul  avec  sa  mère,  décédée  il  y  a  cinq 
ans,  continue  actuellement  et  avec  le  même  succès  la  maison  de  son 
père  en  s'adonnant  personnellement 5  et  d'une  façon  toute  spéciale  à  la 
restauration  des  estampes  anciennes,  pièces  en  couleurs,  dessins, 
aquarelles  et  gouaches  du  xvme  siècle;  il  sait  avec  une  virtuosité  sans 
égale  redonner  le  ton  à  ces  couleurs  si  fragiles  que  le  temps  a  fanées 
et  pâlies,  délicate  besogne  qu'il  n'accomplit  pas  —  il  le  confesse 
lui-même  —  sans  trembler. 

Il  faut  avoir  vu  comme  nous,  ces  anémiées,  ces  eblorotiques 
rendues  à  la  santé,  à  la  vie,  maintenant  pleines  de  fraîcheur  et  de 


'  Restaurateur  du  British  Muséum. 

2  Restaurateur  du  Cabinet  Royal  d'Estampes. 

3  II  est  attaché  au  Musée  de  cette  ville. 

*  Avant  lui  cette  profession  n'existait  pas. 

5  Au  début  de  sa  vie  il  songea   un  instant  à  se  faire  médecin,  ce  qui  le  força  à  étudier  la 
chimie  et  l'aida  puissamment  dans  sa  nouvelle  carrière. 


XUV  PRKFACE 

séduction,  pour  se  rendre  compte  de  l'habileté  prodigieuse  qu'a 
déployée  l'émineni  artiste,  qui  —  c'est  le  revers  de  la  médaille  —  ne 
peut  même  pas,  quand  il  retrouve  ses  anciennes  pensionnaires,  dire  à 
leur  nouveau  père  d'adoption  :  «  C'est  moi  le  médecin  qui  a  guéri  ton 
entant,  c'est  moi  le  jardinier  qui  a  embelli  ton  parterre,  en  redonnant 
à  la  Qeur  qui  se  mourrait  ses  premières  et  vives  couleurs...  Quelque 
modeste  qu'on  puisse  être,  il  doit  parfois  sembler  dur  de  ne  pouvoir 
jouir  de  son  triomphe,  et  cependant,  dans  l'occurrence,  ne  vaut-il 
pas  mieux  qu'il  en  soit  ainsi,  et  que  l'artiste  ait  le  courage  de  sacrifier 
son  orgueil  à  la  vanité  de  son  client,  en  songeant  à  la  désillusion  que 
elle/  ce  dernier  pourraient  faire  naître  des  confidences. 

M.  Vigna  n'est  pas  seulement  un  réparateur  hors  ligne,  il  est,  de 
plus,  un  graveur  et  un  artiste  extrêmement  habile  qui  a  gravé  en  cou- 
leurs, à  t'aide  de  quatre  planches  à  repérage  —  procédés  Janinet  et 
Debucourt  —  Les  Amours  de  Psyché  et  de  Cupidon  '  édité  par  lielin 
en  1899  ;  il  a  donné  surtout  la  mesure  de  son  talent  en  reproduisant 
en  grandeur  de  l'original  et  avec  une  incomparable  maestria  le  beau 
portrait  de  Marie-Antoinette  s,  par  Janinet,  avec  son  cadre  mobile. 

A  une  personnalité  aussi  marquée,  n'était-il  pas  naturel  de  payer 
le  tribut  d'hommages  qui  lui  est  si  légitimement  dû. 

Un  petit  conseil  bien  pratique  en  passant:  il  arrive  quelquefois 
que  l'on  ait  besoin  de  redresser  une  pièce  froissée,  le  plus  simple  poul- 
ies estampes  imprimées  en  noir  est  de  les  mettre  à  tremper  dans  de 
l'eau  chaude,  très  chaude  même,  en  ayant  soin  —  c'est  ici  que  nous 
attirons  tout  spécialement  votre  attention  —  de  mettre  toujours  la 
partie  gravée  face  au  fond  de  la  cuvette,  on  évitera  ainsi  de  voir  venir 
se  déposer  sur  la  gravure  les  silicates  de  chaux  qui  se  produisent  dans 
l'eau  en  ébullition  et  qui  pourraient  par  leur  contact  avec  les  noirs  en 
atténuer  la  beauté;  inutile  aussi  de  dire  qu'on  doit  toujours  essuyer  la 
pièce  avec  un  linge  doux,  afin  d'en  enlever  la  poussière,  avant  de 
l'immerger.  Quand  on  retire  l'estampe  de  l'eau,  on  l'assèche  à  l'aide 
de  papier  buvard  et  on  la  met  sous  presse,  le  temps  nécessaire,  entre 
deux  bristols  rigides.  Notre  presse  à  nous,  bien  rudinientaire,  se 
compose  d'une  plaque  de  marbre  aux  coins  arrondis  mesurant 
70  centimètres  sur  55,  épaisse  île  trois  centimètres,  avec  quatre  trous 
par  lesquels  passe  une  cordelette  qui  nous  permet  de  la  saisir  en  eu 
facilitant  le  mouvement,  et  de  dois  poids  de  '20  kilos  qui  servent  à  la 
charger. 

Ajoutons  encore  que  pour  régulariser  les   marges   d'une   estampe 
nous  usons  d'une  règle  plaie  en  acier,  d'un  Iranchet  bien  trempé  et 

d'une  plaque  de  verre  d'une  épaisseur  de  8  millimètres,  sur  laquelle 

nous  posons  la  gravure. 


'  Deux  volumea  de  20  gravure*  tirés  .i  250  exemplaires. 
»  Tiré  :>  L'un  exemplaires. 


PREFACE 


XEV 


Quelques-unes  des  expressions  techniques  les  plus  fré- 
quemment employées  dans  les  Catalogues  de  ventes 
allemands,  anglais  et  français. 


Le  petit  vocabulaire  qui  suit  sera,  croyons-nous,  de  quelque  utilité 
aux  amateurs  qui,  peu  versés  dans  la  connaissance  des  langues 
allemande  et  anglaise,  sont  appelés  cependant  par  leur  goût  ou  leur 
passion  pour  l'estampe  à  suivre  sur  catalogues  les  grandes  ventes 
étrangères;  il  leur  en  facilitera  la  lecture  en  leur  permettant  de  se 
rendre  compte  à  peu  près  des  conditions  d'état,  de  conservation  ou  de 
rareté  dans  lesquelles  la  pièce  leur  est  présentée.  Si  notre  traduction 
n'est  pas  toujours  absolument  littérale,  nous  pouvons  du  moins 
affirmer  qu'elle  correspond  exactement  au  sens  des  termes  employés  : 


Collection. 

Etati. 

Œuvre. 

Epreuve. 

Epreuve  d'essai. 

Premier  tirage. 

Ancienne. 

Bonne. 

Belle, 

Admirable. 

L'niquc. 

Rare. 

Très  rare. 

De  la  dernière  rareté. 

De  la  plus  grande  beauté. 

Epreuve  d'artiste. 

Pièce  capitale  du  Maître. 

Sans  le  titre. 

Avec  la  lettre. 

Avant  la  lettre. 

Avant  toute  lettre. 

Avec  la  lettre  grise. 

Avec  la  lettre  tracée. 


Sammlung. 

Zustand. 

Werk. 

Abdruck. 

Probedruck. 

Ganz  frùher  Abdruck  s. 

Aller  Abdruch. 

Guter. 

Schoner. 

Vorzuglicher,  trefflicher. 

l'nieum. 

.Sel  te  n. 

Sehr  selten. 

Von  ausserster  Seltenhcit  t. 

Von  grosser  Shonhcit. 

Kûnstlerdruck. 

llauptblatt  des  Mcistcrs. 

DcrTitelfehlt. 

Mit  der  Schrift. 

Vor  der  Schrift. 

Vor  aller  Schrift. 

Nadelschrift, 

Mit  Nadelschrift. 


Collection. 

State. 

Work. 

Proof. 

Trial  proof  2. 

Early  proof. 

Ancient  priât. 

Good. 

Fine. 

Of  great  brilliancy. 

Unique. 

Rare. 

Vcry  scarce. 

Of  the  greatest  rarity. 

In  matchless  condition. 

Artist's  proof. 

The  artist's  masterpiece. 

Withoutthe  tittle. 

With  the  letter. 

Before  the  letter. 

Without  any  letters. 

With  open  letter. 

Whit  etched  letters. 


<  Premier,  deuxième,  troisième,  quatrième,  cinquième,  etc..  se  disent  eu  allemand  et  en 
anglais  :  Ers  ter,  zweiter,  dritter,  vierter,  fùnfter;  f'trst,  second,  tkird,  fourth,  fifth,  etc. 

*  Désigne  surtout  une  épreuve  d'artiste;  l'exemplaire  courant  ou  de  tirage  se  dit  prtnt. 
»  Ou  encore:  Erster  Abdruck. 

*  Ou  :    Von  den  grossten  Seltenheit, 


XLVI 


PRÉFACE 


Avec  les  armes. 

Avant  les  armes. 

Avec  la  dédicace. 

Avant  la  dédicace. 

Avec  l'inscription. 

Avant  L'inscription. 

Avec  l'adresse. 

Avant  l'adresse. 

Avec  le  numéro. 

Avant  le  numéro. 

Avant  le  trait  carré. 

Avant  la  retouche. 

Avant  le  millésime. 

Avec  les  noms  des  artistes. 

Avant  les  noms  des  artistes. 

Avec  les  noms  à  la  pointe. 

Avec  la  planche  sale. 
A\  ec  la  bordure  fine. 

Avant  la  bordure  renforcée. 

Epreuve  non  terminée. 

,\\ ec  marge. 

Sans  marge. 

Petite  marge. 

Grande  marge. 

Toute  marge. 

Marge  du  cuivre. 

Coin. 

Filigrane. 

Coupée  au  trait  carre. 

Coupée  à  l'ovale. 

Couper  en  haut. 

Coupée  en  bas. 

Coupée  à  droite. 

Coupée  a  gauche. 

Pleine  de  barbes. 

On  peu  tachée. 

Tachée  d'humidité. 

Froissée, 

In  peu  rognée. 

Endommagée. 

I  «géremenl  rognée. 

Restaurée  au  côté  droit 

Restaurée  au  côti  ;  tuchi  . 

Raccommodée. 

Petite  déchirure. 

Doublée. 

Non  décrite. 


Mit  den  Wappen. 

Vor  den  Wappen. 
Mit  der  Widmung. 

Vor  der  Widmung. 
Mit  der  Unterselirilt. 
Vor  der  Unterschrifl. 
Mit  der  Adresse. 

Vor  der  Adresse. 

Mil  der  Nommer. 
Vor  der  Nommer. 
Vor  der  Einfassunglinie. 

Vor  der  l'eherarheituog. 

Vor  der  Jahres/.ahl. 

Mit  den  Kunstlcrnamen. 

Vor  den  Kunstlcrnamen. 

Mit    den     Kunstlcrnamen     in 
Nadclschrift. 

Mit  Plattenschmutz  '. 

Mit    der    feinem  Einfassungs- 

linie. 
Vor  Versterkung    der  Einfas- 

sung. 
l'nvollcndcter  Alidruck. 
Mit  Rand. 
(  Ihne  Rand. 
Mit  Randchen. 
Mit  viel  Rand. 
Mit  vollem  Rand. 
IMallenrand. 
Ecke. 

Wasserzeichen. 
Am  Stichrande  heschnitten  !. 
Lin  das  Oval  ausgeschnitten. 
Oben  versehnitten. 
t'nten  versehnitten. 
Rechts  versehnitten. 
Links  versehnitten. 
Mit  viel  (irat. 
Leichtfleckig». 
Sloek  fleckig. 
Bcrleben. 

l'.twas  versehnitten. 
Beschadigt. 
Lclcht  versehnitten. 
Rechts  am  Rande  ergànzt. 
Links  am  Rande  ergànzt. 
LTnterlegt. 

IlisS. 

Aufgezogen. 
i  nbeschrieben. 


With  the  arms. 
Before  the  arms. 
With  the  dedication. 
Before  the  dedication. 
With  the  inscription. 
Before  the  inscription. 
With  the  adress. 
Before  the  adress, 
With  the  number. 
Before  the  number. 
Before  the  square  Une. 
Before  the  retouch. 
Before  the  date. 
With  the  artist's  naines  only. 
Before  the  artist's  oame. 
With  the  etehed  names. 

Witli  the  uncleaned  plate  i. 
With  the  square  Une  slighlly 

traced. 
With  the  square  Une   thicklv 

traced. 
LTnfinished  proof. 
With  margin. 
Without  margin. 
Small  margin. 
Ample  margin. 
Ail  margin. 
Copper  plate's  margin. 
Corner. 
Watermark. 
Cul  lo  the  square  Une. 
Cut  to  the  oval. 
Cut  at  top. 
Cut  at  hottom. 
Cul  on  the  rlght. 
Cut  on  the  iett. 

l'ull  of  burrs. 
Slighty  staiued. 
l 'oxj . 
Rubbed. 

Bather  cut. 

Damaged. 

Slighthy  cut. 

Itepaired  on  Ihc  riglil  side. 

Bepaired  on  the  h  11  suie. 

Mended. 

Mighl  lorn. 
Baekeil.  laid. 
Undescrlbcd. 


i  Ou  :  MU  tchmutzigen  Platterandorn  ou  en  anglais  :  Btforc  (lie  cleaning  o/  tfie  finie 
i  m  dit  encore  m<  der  Blnfassungtllnle  bachnllten. 

'  Se  dit  aussi  en  allemand  min  -in  el  en  anglais  tpotttd  OU  encore  tpolttd. 


PREFACE 


XLVII 


Nulle  part  décrite. 

Inconnue. 

Même  qualité. 

Le  plus  bel  exemplaire  connu. 

Suite  de... 

Pendants. 

Collection. 

Gravure  sur  cuivre. 

Eau-forte. 

Eau-forte  pure. 

Pointe  sèche. 

Burin. 

Vernis  mou. 

Bois. 

Nielle. 

Lithographie. 

Clair  obscur. 

Manière  criblée. 

Manière  noire  '. 

Aquatinte. 

Pointillé. 

Gravure  en  couleurs. 

Encadrée. 

Sur  chine. 

Sur  japon. 

Estampes  en  lot. 

Supplément. 


Nirgends  beschrieben. 
Unbekannte. 
Ebcnso. 

Das  schonste  bckannte  Exem- 
ptai*. 

Folge  von... 

Gegenstùcke. 

Sammlung. 

Kupferstich. 

Radirung. 

Aetzdruck. 

Kalte  Nadel. 

Grabstichcl. 

Vernis  mou. 

Ilolzschnitle. 

Niellum. 

Lîthographien. 

Hclldunckel. 

Schrotblatt. 

Schabkunst, 

Aquatinta. 

Punktiert. 

Abdruck  in  Farben  î. 

Gcrahmt. 

Auf  chinesischem  Papier. 

Auf  japanischem  Papier. 

Convolute. 

Nachtrag. 


Not  any  where  described. 

l'nknown  to. 

Same  condition. 

The  finest  proof  in  existence. 

Set  of... 

Pair,  companion. 

Collection. 

Engraving  on  copper. 

Etching. 

Pure  etching. 

Dry  point. 

Une  engraving.  pure  Une. 

Soft  ground. 

Woodcut. 

Niello. 

Lithography. 

Chiaroscuro. 

Manière  criblée. 

Mezzotinto, 

Aquatint,  mez/.olinto. 

Slipple. 

Colour  piints. 

Framed. 

On  India  paper'. 

On  japan  paper. 

Misceîlaneous    lot    of    engra- 
vings. 

Supplément. 


Des  Expositions.  —  Exception  faite   des   expositions   annuelles 

'des  Salons,  de  la  Société  des  Peintres  Lithographes,  de  la  Société  des 

Peintres-Graveurs  français  et  des  Expositions  Universelles  de  1889  et 

de  1900,  voici  les  sept  qui  ont  eu  lieu  à  Paris  durant  ces  vingt-cinq 

dernières  années  : 

Gravures  anciennes  et  modernes  exposées  en  1881  au  Cercle  de  la 
Lihrairie,  intéressante  quoique,  en  somme,  assez  pauvre,  en  tout 
240  numéros  —  Exposition  de  Gravures  du  Siècle  en  1887,  chez  G.  Petit  ; 
très  remarquable,  291  numéros  —  Exposition  générale  de  la  Litho- 
graphie à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  en  1891,  fort  belle,  classification  par 
ordre  chronologique,  1000  numéros  —  Cinquième  Exposition  Interna- 
tionale de  Blanc  et  Noir,  au  Champ  de  Mars  en  1892,  à  l'exception  des 
376  estampes  japonaises  de  tout  premier  ordre  prêtées  par  MM.  Bing 


'  Dite  aussi  quelquefois  manière  anglaise. 
s  Ou  encore  Farbdrneke. 

3  Nous  devons  constater  ici  que  dans  les  catalogues  anglais  on  se  sert  indifféremment  des 
mots  India  paper  on  Japan  paper  pour  designer  les  Rembrandt  sut  japon. 


XLVIII  PREFACE 

et  Vever,  la  partie  rétrospective  était  plutôt  faible,  les  écoles  française 
et  anglaise  du  xvme  siècle  principalement  ne  pouvaient  être  plus 
piteusement  représentées;  il  eut  été  bien  préférable,  selon  nous,  de  ne 
pas  faire  d'exposition,  on  eut  ainsi  évité  de  fausser  l'esprit  du  public, 
car  en  lui  mettant  sous  les  yeux  ces  méchants  résidus  de  portefeuilles, 
on  ne  pouvait  que  lui  donner  une  piètre  idée  d'un  art  auquel  on  était 
censé  vouloir  l'initier  —  Le  Centenaire  de  la  Lithographie,  1795-1895, 
très  belle  réunion  —  extrêmement  instructive  —  d'estampes  françaises 
cl  étrangères  fort  bien  groupées  ;  elle  eut  lieu  au  Champ  de  Mars  et 
contenait  1.531  numéros,  représentant  les  œuvres  d'environ  sept  cents 
artistes;  on  y  avait  adjoint  une  section  relative  à  la  litbograpbie 
industrielle  qui  la  complétait  fort  heureusement  —  En  18%  eut  lieu,  à 
l'Ecole  des  Beaux-Arts,  VExi>osilion  Nationale  de  l'Eau-forte  Moderne, 
rien  de  particulier  à  y  signaler,  elle  élail  même,  disons-le  franche- 
ment, très  banale.  Enfin,  en  mai  1902,  dans  le  même  bâtiment,  nous 
eûmes  la  liés  belle  Exposition  de  la  Gravure  sur  Bois. 

En  l.SUcS,  à  Londres,  au  South  Kensington  Muséum,  on  avait  réuni 
une  merveilleuse  collection  de  2.254  lithographies  françaises  et 
étrangères  obligeamment  prêtées  par  tous  les  amateurs  de  marque 
tels  (pie:  M.  et  Mme  Atherton  Curtis.  MM.  .1.  Pennell,  T.  Way, 
A.  Reid,  W.  Simpson,  Legros,  F.  E.  Hulme,  W.  Day,  F.  Goulding, 
W.  Strang,  F.  L.  Emanuel,  F.  Vincent  Brooks,  Montagne  Marks, 
Ch.  Iloline,  etc.,  etc.,  ainsi  que  par  The  Art  National  Library;  The 
Company  of  the  Butterfly  avait  envoyé,  une  sélection  de  Whistler 
absolument  hors  ligne:  tous  avaient  tenu  à  honneur  de  rehausser 
l'éclat  de  celle  exposition  en  confiant  aux  organisateurs  les  pièces  les 
plus  précieuses  de  leurs  portefeuilles. 

Terminons  par  un  souhait  respectueusement  exprimé,  celui  de 
voir  un  peu  plus  d'élan  en  France  dans  les  sphères  officielles  pour 
tout  ce  qui  touche  à  la  gravure,  nous  ne  voudrions  ici  incriminer 
personne,  mais  nous  somme  forcé  de  constater  qu'on  utilise  bien  peu 
nos  immenses  richesses  artistiques;  il  serait  pourtant  bien  facile  de 
faire  de  temps  en  temps  des  expositions  -  au  quai  Malaquais  par 
exemple  de  l'œuvre  des  grands  Maîtres-Graveurs  français  et 
étrangers.  MM.  Benedite  et  G.  Gain  semblent  heureusement  vouloir 
entrer  dans  cette  voie,  aussi,  leur  adressons-nous  nos  plus  sincères 
compliments,  ainsi  que  ceux  des  amateurs  dont  nous  nous  faisons 
ici  le  chaleureux  interprète.  Serait-ce  devenir  trop  exigeant  (pie  de 
demander  aussi  aux  grands  Cercles  artistiques  de  Paris,  qui  comptent 
tant  de  personnalités  distinguées,  d'organiser  à  l'instar  du  Burlington 
Fine  Arts  Club,  de  Londres,  des  expositions'  annuelles  d'artistes 
vivants,  ces  derniers  s'en  montreraient  particulièrement  flattés  et 
seraient   heureux  de  mettre  à  la  disposition  du  Comité  les  pièces  les 


i  Celles  faites  jusqu'ici  par  ce  Club  i  :;■••-» 1 1  presque  touli  -  affectées  .i  des  Maîtres  anciens, 


PRKFACE  XUX 


plus  précieuses  de  leur  œuvre;  nous  sommes  persuadé  que  ces  expo- 
sitions seraient  bien  accueillies  et  qu'elles  aideraient  puissamment  à 
la  création  de  nouvelles  couches  de  collectionneurs. 


Record  des  prix  en  ventes  publiques.  —  Voici  les  pièces  qui, 
dans  chaque  école,  ont  obtenu  jusqu'à  ce  jour  le  prix  le  plus  élevé 
soit  en  France,  soit  à  l'étranger  : 

Ecole  Allemande  : 

Saint-Gérome  au  Saule,   de  Durer  (B  59),   vente  Cornill  d'Orville 
15.000  francs. 

Ecole  Néerlandaise  : 

Rembrandt  au  Sabre  et    à  l'Aigrette   de    Rembrandt   (B  23),  vente 
Holford  50.000  francs. 

Ecole  Italienne  : 

Pierre  Arélin,  par  Baimondi  (B  513),  vente  Howard  19.500  francs. 

Ecole  Anglaise  : 

Afrs  Carnac,  par  J.-B.  Smith  (Sm  31),  vente  Edgcumbe  30.450  francs. 

Ecole  Française  : 

L'Oiseau  ranimé,  de  Debucourt  (F  9),  vente  Lelong  9.200  francs. 

Ecole  du  XIX*  siècle  : 

L'Abside,  de  Méryon  (W  22),  vente  de  Salicis  3.125  francs. 

Au  sujet  de  la  vente  publique  d'une  collection  vraiment  importante 
et  précieuse  —  nous  ne  parlons  pas,  bien  entendu,  des  fatras  qu'on 
rencontre  si  souvent  en  Province  —  qu'on  nous  permette  de  donner 
le  conseil  de  faire  toujours  la  vente  à  Paris  et  non  dans  sa  ville  ;  si  l'on 
agissait  autrement,  les  marchands  avertis  se  rendraient  bien  à  la 
vente,  mais  sentant  qu'ils  ne  trouveront  pas  de  contre-partie  chez  les 
amateurs  — ces  derniers  n'existant  pas  dans  la  région,  ou  ayant  hésité 
à  se  déplacer  dans  la  circonstance  —  ces  marchands,  disons-nous, 
s'arrangeraient  entre  eux  pour  ne  pas  se  concurrencer  et  révisionner 
ensuite  ;  vous  recevriez  de  ce  fait  un  coup  de  fusil  de  première  classe 
qu'il  faut  éviter  à  tout  prix  et  contre  lequel  nous  avons  cru  de  notre 
devoir  de  vous  mettre  expressément  en  garde. 


Etat  du  marché.  —  A  l'heure  qu'il  est,  voici,  pour  employer  un 
terme  commercial  —  car,  après  tout,  l'estampe  est  une  marchandise 
comme  une  autre  —  la  physionomie  de  son  marché. 


L  PREFACE 

On  ne  recherche  plus  dans  les  écoles  anciennes  que  les  pièces 
originales,  c'est-à-dire  celles  des  primitifs  et  des  peintres-graveurs; 
l'école  italienne  a  cependant,  il  faut  bien  le  reconnaître,  considé- 
rablement baissé,  l'allemande  et  surtout  la  néerlandaise  tiennent  la 
corde;  le  XVIIe  siècle  français,  un  instant  délaissé,  commence  à 
remonter  vivement.  On  se  porte  plus  que  jamais  sur  le  xvin" 
fiançais  et  anglais,  ce  dernier  a  fait  un  bond  ascensionnel  énorme 
depuis  quatre  ou  cinq  ans;  on  s'arrache  les  romantiques,  et  les 
contemporains,  entrant  carrément  en  scène,  sont  vigoureusement 
recherchés,  c'est  le  moment  de  les  recueillir,  car  certains  s  épuisent  et 
le  Ilot  monte  avec  la  rapidité  d'un  cheval  au  galop. 


Ecole  Allemande 


^rw^^^  ^rt^^^  ^rW^^^  ^F*^^*  ^^f^^^  1  ^^Jk  ^^JL  ^^JC  ^^J^.  ^^J^. 


ÉCOLE    ALLEMANDE 


ALDEGREVER  (Henri) 

Né  à  Soest,  en  Westphalie,  en  1502,  est  mort  vers  1558.  Elève  de  Durer, 
le  plus  fameux  des  petits  Maîtres  ',  a  gravé  tous  les  genres  ;  ses  ligures 
rappellent  souvent  celles  du  Maître,  mais  où  il  a  surtout  excellé,  c'est  dans 
la  gravure  d'ornementation  et  dans  la  reproduction  des  pièces  d'orfèvrerie. 

La  collection  Mariette  était  particulièrement  riche  en  son  œuvre,  plus 
de  289  pièces  ;  sur  ce  nombre  figuraient  une  centaine  de  vignettes.  Il  a  aussi 
fait  quelques  très  rares  bois. 

Hàtons-nous  de  dire  que  les  quelques  pièces  que  nous  allons  mentionner 
ici,  sont  généralement  recherchées,  et  que  la  plupart  sont  d'une  très  grande 
finesse  et  fort  intéressantes. 

La  Vierge  assise,  l'Enfant  Jésus  dans  ses  bras(Barlsch55). — 
La  Vierge  est  au  pied  d'un  arbre,  à  droite  ;  en  bas  sur  une  pierre, 
du  même  côté,  le  monogramme  et  la  date  1527. 

Ventes?  :  Fischer,  187  —  En  avril  1893  et  en  mai  1900,  par  H. -G.  Gutekunst, 
219  et  162. 

Tarquin  et  Lutèce  (72).  —  Tarquin  violentant  Lutèce.  En  bas 
à  droite,  le  monogramme  et  le  millésime  1539. 

Le  1er  état  est  fort  rare,  il  est  avant  le  nom  de  G.  Pencz  qui  se  trouve 
au-dessus  du  monogramme  dans  le  2fi  état  —  A  la  vente  Angiolini,  un  1er  état 
fut  adjugé  104  francs. 


1  On  a  coutume  de  classer  sous  la  dénomination  de  petits  Maîtres  de  l'école  de 
Nuremberg  et  de  la  Basse-Allemagne  les  artistes  dont  les  noms  suivent  :  Aldegrever,  Altdorfer, 
Ilans  Scbald  Beham,  Barthélémy  Beham,  Jacob  Binck.  Virgile  Solis,  Henri  Gœrting  et  Pencz  ; 
ils  étaient  ainsi  appelés,  parce  que  tout  d'abord,  ils  imitaient  les  grands  maîtres  et  qu'ensuite 
les  formats  des  pièces  qu'ils  gravaient  étaient  fort  réduits.  Nous  n'avons  fait  qu'indiquer  les 
principaux  ;  beaucoup  d'autres,  dont  certains  connus  seulement  par  des  monogrammes. 
peuvent  être  encore  rangés  dans  cette  catégorie, 

-  Faisons  observer  une  fois  pour  toutes  que,  pour  les  estampes  qui  ont  passé  par  une  série 
de  ventes  successives,  nous  ferons  suivre  le  nom  du  vendeur  purement  et  simplement  du 
chiffre  obtenu  à  cette  vente  sans  y  ajouter  le  mot  franc,  qui  par  sa  répétition  deviendrait 
fastidieux  en  surchargeant  inutilement  notre  texte.  Disons  aussi  que  le  prix  indiqué  est  celui 
de  l'adjudication  en  salle,  c'est-à-dire  sans  la  majoration  d'un  pourcentage  variable  et  toujours 
payable  par  les  acquéreurs. 

1 


1  ECOLE  ALLEMANDE 

La  Nuit  (180).  —  Sur  un  lit,  dans  une  pose  abandonnée,  une 
femme  nue  est  endormie.  En  liant  à  droite,  le  monogramme  et  la 
date  15Ô3.  On  lit  aussi  :  Nox  cl  Amor.  Au  bas,  une  tablette  avec  le 
litre  :  Die  Nacht. 

Pièce  rarissime  qui  est  une  eopie  en  contre-partie  de  l'estampe  de 
II. -S.  Beham. 

Guillaume,  duc  de  Juliers  (181).  —  De  trois  quarts  à  droite, 
à  mi-corps,  âgé  de  24  ans.  En  haut  à  droite,  ses  armoiries;  du  même 
côté,  à  mi  planche,  le  monogramme  de  l'artiste.  En  haut,  on  lit  : 

Von  (jolies. . .  et  sur  une  pierre,  au  bas  de  l'estampe  :  Bis  duo  lustro. . . 

Pièce  capitale  et  de  toute  rareté  :  1"'  état,  celui  décrit  —  2e,  dans  le  bord 
supérieur  de  la  pierre  on  lit:  In  imaginent...  —  3e,  on  a  ajouté  au  bord 
inférieur  de  la  pierre  des  mots  grecs. 

Ventes:  Liphart,  .'illi—  Angiolini,  1er  état  388. 

Le  Poignard  au  couple  nu  (2">(.)).  —  Un  poignard  dont  la  poignée 
et  la  gaine  sont  ciselées;  sur  cette  dernière,  à  gauche,  un  homme  nu 
tenant  un  écusson  ;  à  droite,  une  femme  également  nue,  une  sorte  de 
trompette  de  Renommée  à  la  main. 

Morceau  de  tout  premier  ordre  adjugé  vente  Vico  120  francs,  l'épreuve 
avait  ses  témoins;  à  une  adjudication  des  doubles  de  Berlin,  en  mars  1886, 
un  exemplaire  fut  payé  164  francs. 

Portrait  de  Knipperdoling  (183).  —  A  mi-corps  et  de  trois  quarts 
à  droite,  lui  haut,  on  aperçoit  une  main  armée  d'un  glaive  dans  une 
couronne  de  laurier.  En  dessous,  le  monogramme  de  l'artiste.  En 
haut  dans  la  marge;  Waerlutftich . . .  et  au  bas  ;  Ignotus  millis...  et 
le  millésime  1536. 

Ce  morceau  foH  rare  a  été  copié  par  Jean  Muller  et  par  le  Maître  au 
monogramme  N.  N  W. 

Il  existe  des  épreuves  avant  la  retouche,  c'est-à-dire  avant  le  trait  vertical 
échappé  sur  le  bonnet,  ce  sont  celles-là  qu'il  Faut  rechercher  de  préférence. 

Veides:  Liphart,  313  —  Didot,  2â()  —  Knowles.  (wniil  la  retouche,  501, 
épreuve  provenant  de  la  collection  Mariette  avec  sa  signature  au  verso  et 
la  date  1669, 

Citons  encore  :  Le  Souvenir  de  la  Mort  (134)  -  Portrait  du  Moitié  à  55  ans 
d.S'.i)  et  Titus  Manlius  (ï'i),  curieuse  pièce  où  ligure  une  guillotine,  ce  qui 
prouve  une  fois  de  plus,  el  comme  on  le  croil  souvent  à  tort,  que  ce  n'est 
poinl  le  Docteur  Guillotin  qui  fut  l'inventeur  «lu  fatal  instrument. 


ECOLE    ALLEMANDE 


ALTDORFER  (Albert) 

Né  en  Bavière,  à  Aldorf  en  1488,  mourut  à  Ratisbonne  en  1538.  On 
l'appelle  quelquefois  le  petit  Albert.  11  a  gravé  sur  bois  et  sur  cuivre 
environ  100  pièces.  Il  fait  partie  des  petits  Maîtres.  Son  monogramme  est 
presque  semblable  à  celui  de  Durer  dont  il  fut  l'imitateur.  Il  appartient  à 
l'Ecole  de  Nuremberg  ou  de  la  Basse-Allemagne. 

Génie  sur  un  cheval  de  bois  (Bartsch  46).  —  Un  enfant  ailé  esl 

à  cheval  sur  un  bâton  qu'il  tient  de  la  main  gauebe,  ayant  un  fouet 

dans  l'autre  main;   il  se   dirige   vers   la   droite   et   semble  galoper. 

A  droite,  le  monogramme. 

Extrêmement  rare,  un  exemplaire  fut  adjugé,  en  avril  1894  par  II. -G. 
Gutekunst,  à  Stuttgart,  1G8  francs. 

La  grande  Fortune  (59).  —  Debout  sur  une  boule  qui  porte  le 
monogramme  de  l'artiste  et  le  millésime  1511,  une  femme  nue,  ailée, 
soutient  un  enfant  qui,  les  yeux  bandés,  s'apprête  à  monter  sur  des 
échasses. 

Vente  Straeler,  2G0  :  pièce  d'une  extrême  finesse  et  superbe  de  condition. 

Paysage  aux  deux  grands  Pins  (70).  —  Un  pays  de  montagnes 
aux  pieds  desquelles  on  voit  des  arbres  et  des  usines.  Vers  la  droite, 
au  premier  plan,  mais  presque  au  milieu  de  l'estampe,  se  profilent 
deux  sapins  très  rapprochés.  En  haut  à  gauche,  le  chiffre  de  l'artiste. 

Pièce  de  toute  rareté,  adjugée  en  1894  par  H. -G.  Gutekunst,  296,  et  à  la 
vente  Angiolini,  156. 

L'Orgueil.  -  Presque  de  face,  une  femme  est  assise  sur  un 
dragon,  elle  tient  dans  la  main  droite  un  miroir  dans  lequel  se  reflète 
son  visage,  et  dans  la  gauche,  une  sorte  de  corne  d'abondance.  Sous 
le  pied  gauche  de  la  femme,  le  monogramme  de  l'artiste. 

Estampe  inconnue  à  Bartsch,  mais  signalée  par  Passavant  (99),  extrême- 
ment rare,  adjugée  en  1894  par  H. -G.  Gutekunst,  419  francs. 

La  Femme  au  Chandelier  (P  104).  —  A  mi-corps  et  nue,  les 
cheveux  en  coup  de  vent  sur  la  droite,  une  femme  tient  dans  la  main 
gauche  un  chandelier  qu'elle  semble  éloigner  d'elle.  Sous  le  chandelier, 
le  monogramme. 
Rarissime,  adjugée  en  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  500  francs 


4  ECOLE    ALLEMANDE 

L'Enfant  ailé  à  l'Ecusson.  —  Ramassé  sur  lui-même  el  penché 
à  droite,  un  enfant  ailé  tient  dans  ses  mains  un  écusson  sur  lequel  est 
gravé  le  monogramme  du  Maitre. 

Rarissime,  adjugé  à  la  vente  précédente  500  francs.  Inconnu  à  Harlscb  et 
Passavant. 

La  Foi.  —  Assise  de  profil,  à  droite,  près  d'une  maison  qui  fait  le 
fond  de  l'estampe,  une  femme  tient  île  la  main  gauche  un  ciboire 
qu'elle  appuyé  sur  ses  genoux.  A  droite  à  ses  pieds,  le  monogramme 
et  du  même  côté,  dans  le  coin  supérieur,  la  date  1506. 

Cette  petite  pièce,  d'une  exquise  linesse,  qui  mesure  01  millimètres  en 
hauteur  et  37  en  largeur,  est  de  la  dernière  rareté,  sinon  unique.  Elle  a 
échappe,  croyons-nous,  à  tous  les  iconographes  et  est  par  conséquent, 
non  décrite  avant  nous.  En  avril  1894,  11. -G.  Gutekunst  en  adjugea  un 
exemplaire  575  trams. 


AMMAN  (Jost) 

Né  à  Zurich  en  1538,  mort  à  Nuremberg  en  1591?  Dessinateur  extrême- 
ment fécond,  a  laissé  un  œuvre  gravé  considérable,  près  de  1300  pièces, 
l'oit  intéressant  au  point  de  vue  documentaire  sur  son  époque.  Il  avait 
quatre  ou  cinq  monogrammes  différents  dans  lesquels  entraient  toujours  les 
lettres  A  et  J  ou  /.  Il  a,  croit-on,  gravé  lui-même  ses  bois. 

Le  catalogue  de  son  œuvre  a  été  dressé  par  C.  Becker  en  1854,  et  par 
Andressen. 

Jacqueline  de  Montbel.  comtesse  d'Entremont.  —  La  deuxième 
femme  de  Coligny  est  vue  jusqu'aux  genoux,  dans  une  bordure  ovale, 
entourée  d'emblèmes  mortuaires.  En  bas,  la  date  1583. 

Ce  portrait,  qui  fait  pendant  à  celui  <le  Gaspard  de  Coligny,  est  d'une 
extrême  rareté  sinon  unique,  il  a  été  gravé  dix  ans  plus  tard  que  ce  dernier, 
il  passa  à  la  vente  Behaguc  où  il  fut  adjugé    1000  lianes. 

Il  est  demeuré  inconnu  à  Bartsch  et  à  Passavant,  nous  ignorons  si  Becker 
el  Andressen  l'ont  signalé. 

Vue  de  la  place  Saint-Marc,  à  Venise  (Bartsch  27).  —  La  vue 
est  prise  au  moment  où  le  Doge  assiste  à  une  procession  avant  de 
monter  à  boni  du  Buccentaure  pour  procéder  aux  cérémonies  des 
épousailles  de  l'Adriatique. 

Celle  grande  pièce  gravée  sur  bois  et  composée  de  11  morceaux  réunis 
est  d'une  extrême  rareté,  un  exemplaire  l'ut  payé  à  la  vente Didot 260  francs. 


ECOLE    ALLEMANDE 


BALDUNG  (Hans) 

Ne  en  Souabe  vers  1470,  mort  à  Strasbourg  en  1552.  Ami  de  Durer,  dont  il 
rappelle  la  manière,  a  surtout  gravé  sur  bois  —  80  pièces  environ  —  et 
7  ou  8  eaux-fortes  ;  il  appartient  à  l'école  de  la  Haute-Allemagne.  On 
l'appelait  aussi  Grùn. 

Hercule  et  Omphale  Passavant  (5).  —  Tous  deux  sont  nus  et 
assis  l'un  près  de  l'autre  sur  un  banc:  Hercule  tient  sa  massue  de  la 
main  droite  et  enlace  Omphale  de  son  bras  gauche  qu'il  a  passé 
autour  de  sa  taille. 

Pièce  sans  signature,  mais  attribuée  à  l'artiste  d'une  façon  presque 
positive.  Celte  eau-forte  rarissime  fut  adjugée  225  francs  à  la  vente  Liphart, 
et  625  le  16  mai  1900  par  H. -G.  Gutekunst  ;  elle  provenait  de  chez  Mabcrly 
et  était  d'une  irréprochable  condition. 

Le  Christ  en  croix.  —  A  droite  de  la  croix,  la  sainte  Vierge 
soutenue  par  saint  Jean  ;  à  gauche  la  Madeleine  à  genoux  essuyant 
ses  larmes.  Dans  le  coin  droit,  une  tablette  portant  le  monogramme 
de  l'artiste  H.  B.  G. 

Cette  gravure  sur  bois,  dont  un  exemplaire  admirable  figurait  à  l'Exposition 
de  la  gravure  sur  bois  en  1902,  est  d'une  insigne  rareté,  elle  est  imprimée 
en  clair  obscur,  sur  fond  brun,  et  mesure  H.  372 mm  —  L.  260"»".  Une 
épreuve  passa  à  la  vente  Didot  où  elle  fut  adjugée  1030  francs. 


BEHAM  (Hans-Sebald) 

Né  à  Nuremberg  en  1500,  mort  a  Francfort  en  1550,  frère  et  élève  de 
Barthélémy.  Artiste  de  grand  talent,  mais  libertin.  Ses  dessins  d'ornements 
étaient  extrêmement  précieux  pour  les  orfèvres  de  son  temps.  Il  avait  deux 
monogrammes,  l'un  avec  les  initiales  H.  S.  P.,  l'autre  avec  H.  S.  B.,  ce  qui 
a  établi  quelque  confusion  dans  son  œuvre.  Il  grava  sur  bois  presque  autant 
que  sur  cuivre,  son  œuvre  se  compose  d'environ  271  burins  et  207  bois.  Il 
reçut  des  leçons  de  Durer.  —  Il  a  été  catalogué  par  Aumûller  en  1881. 

La  Vierge  à  la  tête  de  Mort  (Bartsch  20  —  Aumûller  22).  —  La 
Vierge  présente  le  sein  à  l'Enfant-Dieu  endormi  sur  une  table,  elle  est 
à  mi-corps  et  de  profil  à  gauche,  près  d'elle  une  tète  de  mort  et  un 
sablier. 

Estampe  très  rare  qui  est  une  copie  d'après  celle  de  Barthélémy.  Une 
épreuve  fut  adjugée  en  avril  1894  par  H. -G.  Gutekunst,  237  francs. 


()  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Cimon  nourri  par  sa  fille  (B  75  A  S4).  —  Enchaîné  et  assis 
par  terre,  Cimon  prend  le  sein  que  sa  fille  lui  présente  en  le  pressant 
de  la  main  droite.  Sur  une  colonne  à  droite  de  l'estampe,  on  lit  :  Ich 
leb  von  der. . .  En  haut  à  gauche,  une  lahlelte  au  monogramme  avec 
la  date  154  'i. 

Cette  estampe  est  une  copie  d'après  celle  de  Barthélémy.  Il  y  a  des 
épreuves  avant  l'inscription  sur  la  colonne,  l'une  de  celles-ci  s'est  vendue 
125  francs  à  la  vente  Angiolini.  Il  existe  .">  pièces  de  cet  artiste  portant  le 
même  titre,  mais  de  dimensions  et  de  conception  toutes  différentes. 

Lucrèce  (B78  —  A87). — Tenant  le  poignard  qu'elle  va  se  plonger 
dans  le  sein,  Lucrèce  assise  à  terre  et  nue  enlace  de  son  bras  droit  le 
tronc  d'un  arbre  qui  se  trouve  à  gauche.  En  haut  à  droite,  une 
tablette  avec  la  date  lôlO  et  en  bas  à  terre,  du  même  cote,  le  mono- 


Une  épreuve  du  1«  état  dit  au  fond  blanc,  c'est-à-dire  avant  que  les 
bâtisses  de  droite  n'aient  été  indiquées,  fut  adjugée  à  la  vente  Angiolini, 
200  francs  ;  pièce  de  toute  rareté. 

La  Vierge  au  Perroquet  (B  19  —  A  21).  —  L'Enfant  Jésus  est 
soutenu  par  sa  mère  qui  est  assise,  il  regarde  un  perroquet  qu'elle  a 
sur  la  main  droite  auquel  elle  présente  une  pomme.  En  haut  à  droite, 
on  lit:  S.  Mario,  et  à  gauche,  le  monogramme  et  lô'i'.K 

Cette  pièce  a  été  gravée  d'après  Barthélémy,  mais  en  contre  partie.  Mlle  est 
fort  recherchée  en  l'r  état,  c'est-à-dire  ai\mt  le  pointillé  dans  les  chairs  et 

les  contre-tailles  dans  les  ombres  des  plis  de  la  robe. 

Ventes:  Knowles, 89  —  Seldoesser, 69  —  Oppermann, 84  —  Vico, 39.  —En 
avril  1891  par  II. -C.  Gutekunst,  102. 

Trajan  et  la  Veuve  (B  82  A  *.il).  Au  milieu  de  l'estampe, 
une  femme  prosternée  devant  l'Empereur  à  cheval,  vient  l'implorer 
en  lui  demandant  de  châtier  le  meurtrier  de  son  fils.  Sur  la  tablette 
«lu  haut  de  l'estampe  on  lit:  Imp.  Traianas...  Ccesar...,  le  mono- 
gramme et  la  date  1537. 

11  existe  des  épreuves  (ouait  le  millésime,  elles  sont  d'une  insigne  rareté. 
l'une  d'elles  fut  vendue  en  avril  1891    par  H.-G,  Gutekunst,   110  francs. 

Combats  des  Grecs  et  des  Troyens  (B  69  A  7.S).  -  Les  uns 
à    pied,    les   autres  à   cheval   se  combattent   armés  de   piques  et    de 


KCOLK    ALLKMANDK 


massues.  A  gauche,  ou  lit  :  Krichen  ;  à  droite  :  Droioner.  Eu  haut  à 

droite,  le  monogramme. 

Cette  pièce,  une  des  plus  belles  de  l'œuvre,  est  une  copie  dans  le  même 
sens,  du  Maître  au  monogramme  Rv.  B.  Un  exemplaire  du  1er  état,  avant  les 
troisièmes  tailles  sur  le  fond,  fut  adjugé  116  francs  à  la  vente  Vico. 

La  Femme  se  baignant  les  pieds  (B  207  —  A  225).  —  Nue  et 
assise  sur  un  banc,  elle  se  regarde  dans  un  miroir  suspendu  à  gauche 
sur  un  mur,  elle  vient  de  retirer  son  pied  gauche  d'un  baquet.  Deux 
enfants  sont  près  d'elle,  l'un  d'eux  tient  dans  sa  main  droite  une 
branche  de  feuillage.  En  bas  à  gauche,  le  monogramme. 

Copie  d'après  Barthélémy,  à  laquelle  l'artiste  a  ajouté  les  deux  enfants; 
elle  est  de  la  dernière  rareté. 

Ventes  :  Vico,  310  —  En  mai  1900  par  H. -G.  Gutekunst,  350. 

Les  trois  Baigneuses  (B  208  —  A  226).  —  Dans  une  étuve,  trois 
femmes  nues  ;  l'une,  très  grosse,  est  assise  à  droite,  le  pied  gauche 
dans  un  baquet. 

De  toute  rareté  ;  copie  d'après  Barthélémy.  Un  exemplaire  vente  Vico, 
309  francs. 

La  Femme  nue  couchée  sur  le  dos  (B  215  —  A  71).  —  Elle  est 
comme  l'indique  son  titre,  près  d'elle  un  enfant,  au  loin  un  homme 
sauvage  rampant.  En  haut  à  gauche  :  S.  Iohanes  Chrisostomus,  plus 
bas,  le  monogramme. 

Cette  estampe  est  quelquefois  rubriquée  La  Pénitence  de  saint  Chrysostome. 
Un  exemplaire  vente  Vico,  d'un  1"  état,  avant  l'inscription,  le  monogramme 
et  le  nuage,  de  la  plus  insigne  rareté,  fut  adjugé  225  francs;  à  la  même 
vente,  un  2e  état,  avant  le  monogramme  et  le  nuage,  38  francs. 

Les  trois  Médailles  sur  fond  noir  (B  222  —  A  282).  —  La 
première,  un  écu,  ou  l'agneau1  bondissant;  la  seconde,  partie  fusée  et 
au  lion  ;  la  troisième,  un  cor  de  chasse.  Le  monogramme  est  placé 
entre  la  deuxième  et  la  troisième  médaille. 

Pièce  de  la  plus  insurpassable  rareté,  qui  manque  à  presque  toutes  les 
collections.  Un  superbe  exemplaire  provenant  de  la  collection  Peter  Lély 
fut  adjugé  à  la  vente  Vico  626  francs.  Il  existe  aussi  une  autre  planche  sur 
fond  noir  de  trois  petites  Armoiries  (Passavant  271)  qui  sont  de  la  même 
rareté,  elle  figurait  à  la  vente  Vico  également. 


i  lit  non  le  cheval,  comme  le  dit  Bartsch. 


8  ÉCOLE    ALLEMANDE 

La  Mort  surprenant  une  femme  endormie  (B  14(3  —  A  159). — 
Au  fond  à  droite,  la  mort  vient  surprendre  une  femme  couchée  et 
nue  sur  un  lit,  dans  une  pose  très  abandonnée.  En  bas  à  droite,  on 
lit  :  0  die  Stund  ist  aus.  En  haut,  le  monogramme  et  la  date  1548. 

Copie  en  contre -partie  d'après  Barthélémy. 

Ventes  :  Knowles,  114  —  En  mai  1900  par  H. -G.  Gutekunst,  281. 

Les  sept  Planètes  (inconnu  à  B  —  P  1S1-187  —  A  223-229).  — 
Voici  la  description  très  sommaire,  mais  suffisante  pour  les  distinguer, 
de  ces  sept  planètes  : 

Le  Soleil,  un  roi  traîné  dans  un  char  à  deux  chevaux  ;  Saturne, 
par  deux  dragons;  la  Lune,  par  deux  jeunes  filles  ;  Mars,  par  deux 
loups  ;  Mercure,  par  deux  coqs  ;  Jupiter,  par  deux  paons  ;  Vénus,  par 
deux  colombes. 

Tous  ces  bois  portent  clans  le  1^  état  des  vers  allemands  et  la  première 
adresse  de  :  Albrecht  Glockendon  Illuminist  Prima  Augusti  1531. 

Dans  cet  état  qui  est  rarissime,  une  seule  pièce  passa  à  la  vente  Angiolini; 
elle  y  fut  adjugée  625  francs. 

Des  épreuves  postérieures  ont  paru  sans  les  vers.  Ne  pas  confondre  ces 
pièces,  avec  celles  des  sept  Planètes  plus  un  titre  (15  120)  sur  cuivre  de 
composition  absolument  différente. 

Nous  allions  cité  et  mis  en  vedette  les  pièces  les  plus  typiques  et  les 
plus  rares  de  l'œuvre,  quand  nous  aurons  encore  signalé  :  J.es petits  Danseurs 
de  noce  (B  166-177  —  A  179-190),  suite  de  12  pièces  difficiles  à  trouver 
réunies  ;  Adam  et  Eve  (B  1  —  A  1)  avec  le  ciel  sans  contre-tailles  et  La 
Mélancolie  (B  144)  qu'il  faut  avoir  avant  le  millésime  1539  et  le  monogramme. 

Une  Exposition  de  l'œuvre  des  Bchain  eut  lieu  au  Burlington  Fine  Arts 
Club  en  1877. 


BEHAM   (Barthélémy) 

Né  à  Nuremberg  en  1502,  mort  à  Rome  en  1540.  Cet  intéressant  et  fort 
habile  petit  Maître  a  travaillé  à  Rome  chez  Raimondi.  Il  était  peu  prodigue 
de  son  monogramme,  son  œuvre  d'environ  80  pièces  n'est  pas  très  commun. 

Il  a  été  catalogué  avec  soin  par  Aumuiler  en  1881. 

Génie  tenant  un  écusson  (Bartsch  52  —  Aumuiler  66).  —  Un 
Génie  ailé  sonne  du  cor  en  soutenant  un  écusson  de  la  main  gauche. 
En  haut,  une  tablette  blanche. 

Petite  pièce  rare  et  délicate,  adjugée  en  mai  1900  par  II. -G  Gutekunst, 
687  lianes. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  9 

Les  trois  Femmes  nues  et  la  Mort  (B  42  — A  53).—  La  Mort  a 
saisi  par  les  cheveux  celle  qui  se  trouve  à  droite  ;  ces  femmes  sont  des 
sorcières. 

Adjugée  en  mai  1900  par  H.-G.  Gutekunst,  131  francs. 

L'Amour  en  postillon  (B  32  —  A  25).  —  Assis  sur  un  globe  dans 
l'espace  et  se  dirigeant  vers  la  gauche,  le  petit  Dieu  tient  dans  ses 
mains  un  bâton  qui  doit  lui  servir  d'aviron  pour  traverser  le  ciel.  En 
haut  à  droite,  1520. 

Très  rare. 

Ventes  :  Liphart,  75  —  Vico,  112. 

Portrait  de  Charles  V  (B  60  —  A  100).  —  Il  est  en  buste  de  trois 
quarts  à  droite,  coiffé  de  la  toque  et  ayant  au  cou  le  collier  de  la 
Toison  d'or.  En  haut  à  gauche  le  monogramme  ;  en  bas  dans  la 
tablette  :  Progenics  divum,  etc. 

Très  rare  et  très  recherchée.  1"  état  avec  le  fond  blanc  ;  2e  avant  le 
monogramme  ;  3e  avec  celui-ci,  état  décrit. 

Ventes  :  En  avril  1893  par  H.-G.  Gutekunst,  avant  le  monogramme,  711, 
rarissime  —  Knowles,  1»  état,  390  —  Schloesser,  251  —  Oppermann,  250  - 
Seymour  Haden,250,  de  chez  Alferofï—  Straeter,256  —  \Valdburg\Volfcgg,462. 

L'Avare  et  la  Femme  qui  avorte  (B  38  —  A  48).  —  Un  homme 
est  nu,  debout,  un  crapaud  sur  l'épaule  ;  il  tient  une  bourse  de  chaque 
main  ;  près  de  lui,  une  femme  se  lamente  de  la  naissance  d'un 
avorton.  En  haut  de  l'estampe  une  tablette  dans  laquelle  on  lit  : 
Ecclesiast.  6.  Spricht,  etc. . . 

Les  premières  épreuves  n'accusent  pas  les  muscles  des  reins  de  la  femme. 
En  avril  1893,  adjugé  par  H.-G.  Gutekunst,  275  francs. 

Le  Cours  du  Monde  (B  3!)  —  A  49).  —  A  gauche  de  l'estampe  et 
demi-nue  une  femme,  la  Justice,  dort  enchaînée,  à  ses  pieds  un  agneau, 
à  ses  côtés  un  enfant  ;  à  droite  un  renard  ou  un  loup,  une  épée  dans 
la  gueule,  donne  la  chasse  à  une  oie.  Dans  le  haut  du  milieu  de 
l'estampe,  on  lit  :  Der  Welt  Lauf  1525. 

En  avril  1893  à  Stuttgart,  H.-G.  Gutekunst  vendit  un  exemplaire  avant 
l'inscription,  600  francs.  Cet  état  est  d'une  insigne  rareté. 

Un  graveur  anonyme  a  fait  une  copie  de  cette  pièce  avant  l'inscription  et 
avant  le  millésime. 


10  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Cléopâtre  (B  12  —  A  16).  —  Près  d'un  arbre,  dans  la  campagne, 
Cléopàtre  demi  nue  se  fait  piquer  par  un  serpent.  En  haut  à  droite, 
Cleopatra,  et  plus  bas,  /.ï2f. 

1"  état  avant  le  millésime  et  le  nom  ;  2fi  avec  le  nom  sans  le  millésime  ; 
3c  celui  décrit. 

Ventes  :  Vico,  '!<■  état,  101  —  Fischer,  même  état,  26. 

A  mentionner  encore  :  Les  quatre  Tètes  de  Mort  (H  28  —  A  38),  très  rare  ; 
Le  Paysan  dansant  et  la  Paysanne  (H  72  —  A  C0),  très  rare. 


BINGK  (Jacob) 

On  ignore  le  lieu  de  sa  naissance,  on  suppose  cependant  qu'il  reçut  le 
jour  à  Cologne  vers  1490  et  qu'il  mourut  à  Kœnigsberg  vers  1560.  On  sait 
peu  de  chose  sur  sa  vie,  il  habita,  dit-on,  assez  longtemps  Copenhague. 
Son  œuvre  est  d'environ  1 12  pièces,  dont  deux  bois.  D'un  talent  très  simple, 
il  copia  en  s'assiniilant  avec  une  curieuse  fidélité  toutes  ou  presque  toutes 
les  œuvres  de  ses  devanciers  et  des  Maîtres  ses  contemporains.  Sa  taille 
originale  quand  il  ne  copie  pas  est  un  peu  grêle  et  maigre.  —  Son  mono- 
graphiste est  Aumùller. 

Le  Sauveur  (Bartsch  14).  —  Debout,  tenant  dans  sa  main  gauche 
l'évangile  ouvert,  il  bénit  de  la  dexlrc,  à  ses  pieds  le  globe  terrestre. 
A  gauche  le  monogramme,  en  bas  de  l'estampe,  sous  le  globe.  En 
haut,  à  droite  et  h  gauche,  des  ornements  dans  les  coins. 

Forl  belle  et  rare  pièce  adjugée  en  avril  1894  à  une  vente  faite  à  Stuttgart 
par  II. -G.  Gutekunst,  644  francs. 

Saint  Georges  à  cheval  (23).  -  Tenant  un  drapeau,  armé  et 
revêtu  de  sa  cuirasse,  saint  Georges  à  cheval  se  dirige  vers  la  gauche 
ayant  à  ses  pieds  le  dragon  qu'il  vient  de  tuer  ;  ce  dernier  gît  sur  le 
dos.  lui  haut,  le  monogramme. 

Pièce  délicate  et  rare  adjugée  vente  Vico,  151  lianes. 

La  jeune  Femme  et  le  Fou  (Passavant  117).  --  Une  jeune 
femme  se  défend  contre  un  homme  qui,  placé  à  sa  droite,  essaie  de 
lui  passer  la  main  sous  les  jupons.  En  haut,  le  monogramme. 

Restée  inconnue  à  Bartsch,  un  exemplaire  fut  adjugé  en  avril  1893  par 

II. -G.  Gutekunst,  362  francs. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  11 

Charles  Quint.  —  Il  est  en  buste  et  tourné  de  profil  à  droite,  la 
lèvre  et  le  menton  sont  proéminents.  En  bas,  en  gros  caractères  : 
Carolus  Cœsar,  et  dans  le  haut  du  coin  gauche,  le  monogramme. 

Celte  estampe  qui  n'avait  pas  encore  été  décrite  avant  nous,  est  restée 
inconnue  à  Barlsch,  Passavant  et  Aumïïller;  elle  est  de  la  plus  insigne 
rareté  et  mesure  H.  36"»"  —  L.  29'"™.  Une  épreuve  fut  adjugée  en  avril  181)3 
par  H. -G.  Gutekunst,  225  francs. 

La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus. 

Celte  pièce,  inconnue  des  iconographes,  est  extrêmement  rare;  dans 
l'auréole  qui  nimbe  la  Vierge  on  lit  :  Nostra  Siniora  de  Belen  ;  elle  mesure 
H.  100'"»'  —  L.  61'""'. 

En  mai  1900,  H. -G.  Gutekunst  l'adjugea  en  vente  publique,  108  francs. 

L'Autel  (B56).  —  Un  jeune  homme  nu  est  assis  de  profil  à  droite 
au  pied  d'un  autel  antique  sur  lequel  un  enfant  et  une  femme  viennent 
de  poser  deux  vases  remplis  de  fleurs.  Entre  les  jambes  de  l'homme, 
une  tablette  avec  le  monogramme  de  l'artiste  Jacques  Binck. 

Pièce  ronde,  gravée  parait-il,  d'après  un  dessin  de  Raphaël  sous  la  direction 
de  Marc  Antoine. 

A  la  vente  du  prince  Waldburg-Wolfegg  en  1902,  un  exemplaire  fut 
adjugé  336  francs. 

C'est  par  erreur  que  le  catalogue  a  porté  cette  estampe  comme  étant 
gravée  par  Hans  Sebald  Beham  et  comme  inconnue  à  Bartsch  ei  à  Passavant. 
Le  monogramme  dont  elle  est  revêtue  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard. 
Bartsch,  Hubert  et  Rost  ainsi  que  Le  Blanc  la  classent  du  reste  à  J.  Binck  à 
qui  elle  appartient  réellement.  Aumùller  sous  le  n«  211  et  Pauli  sous  le 
n°  1387  l'ont  à  tort  également  attribuée  à  H. -S.  Beham.  Nous  tenions  àfaire 
cette  rectification  qui  a  son  importance,  d'autant  que  les  monogrammes  des 
deux  artistes  en  cause,  sont  faciles  à  distinguer  l'un  de  l'autre  ;  il  n'en  est 
pas  de  même  de  celui  de  Baldung  Grûn  qui  peut  facilement  être  pris  pour 
celui  de  Binck. 

Mentionnons  encore  de  l'artiste  les  belles  pièces  suivantes:  La  Justice 
(B  57)  ;  Le  Vendeur  d'œufs  (B  70)  ;  Le  Berger  (B  76). 


BOGHOLT  (Frantzvon) 

On  ne  sait  rien  de  sa  vie,  on  le  croit  né  à  Bocholl  vers  1134,  on  ignore 
quand  il  mourut.  Très  habile  graveur,  il  est  peut-être  même  le  maître  de 
Mecken.  Il  imita  souvent  Martin  Schône  qu'il  copia  et  fut  un  rellet  de  l'école  de 
Van  Eyck.  Son  œuvre,  très  rare,  comporte  une  soixantaine  de  pièces,  qu'il 


12  ÉCOLE    ALLEMANDE 

signait  souvent  de  ses  initiales  F.   V.  B.  ;  quelques-unes  évoquent  comme 
métier  le  souvenir  ilu  Maître  de  1466. 


Le  Jugement  de  Salomon  (Bartsch  2).  —  Au  milieu  de  l'estampe, 
assis  sur  son  trône,  le  Roi  tient  son  sceptre  de  la  main  gauche,  il  vient 
de  prononcer  la  sentence  qu'il  souligne  de  la  main  droite.  La  mère 
qui  est  à  droite  est  agenouillée  devant  l'enfant  mort,  l'autre  donne 
la  main  à  l'enfant  vivant.  Le  Roi  est  environné  de  ses  courtisans. 

Celte  gravure,  tle  la  dernière  rareté  et  qui  manque  même  au  Département 

des  Esttimpcs,  est  considérée  comme  une  des  pièces  capitales  du  xv  siècle. 

Ventes  :  Vico,  1025  —  Holford,  2500;  exemplaire  superbe,  de  la  collection 
Esdaile  —  Ângiolini,  1201.  —  En  mai  1900  par  II. -G.  Gutekunst,  975. 

L'Annonciation  (3).  —  A  gauche,  la  Vierge  à  genoux;  près  d'elle 
à  droite,  l'ange,  un  sceptre  dans  la  main  gauche  et  bénissant  de  l'autre, 
lui  annonce  qu'elle  va  être  mère  du  Sauveur.  Au  fond  une  chambre, 
à  droite  un  siège  et  à  gauche  un  rideau.  En  bas  au  milieu  de 
l'estampe,  les  initiales  F.  V.  B. 

Au  moins  aussi  rare  (pie  la  précédente,  si  ce  n'est  davantage,  manque  à 
presque  Imites  les  collections  publiques,  même  à  la  nôtre.  —  A  la  vente 
Liphart,  un  exemplaire  fut  adjugé  1937  francs. 

Saint  Georges  (33). —  Le  saint  armé  et  cuirassé  galope  à  droite, 
l'épée  haute  pour  achever  le  dragon  qui  gît  à  ses  pieds,  transpercé 
par  la  lance  qui  s'est  brisée  en  le  frappant.  Au  fond,  un  paysage  où 
l'on  aperçoit  une  femme  et  un  mouton. 

Pièce  fort  rare;  le  V*  état  porte  les  initiales  /•".  V.  II.  et  le  2'  la  signature 
de  Israhel  van  Meckenen  ;  un  exemplaire  de  cet  étal  futadjugé  en  avril  1894 
par  H.-G.  Gutekunst,  1002  francs. 

Mentionnons  encore:  saint  Mathieu  (12),  rarissime  gravure  adjugée  à  la 
vente  du  prince  Waldlnirg-WoHVgg,  537  francs,  el  saint  Christophe,  pièce 
inconnue  à  Bartsch,  dont  le  British  Muséum  possède  un  exemplaire. 


BURGMAIR    (Hans) 

Le  Vieux  ci  le  Jeune 

Les  œuvres  de  ces  deux  artistes  —  le  père  et  le  fils  —  se  confondant  les 
unes  avec  les  autres,  on  considère  ces  deux  graveurs  comme  ne  luisant 
qu'une   seule  et   même   personne.   Le   père   naquit  vers   1171   el  mourut  en 


ÉCOLE    ALLEMANDE  13 

1543?  Le  fils  vivait  en  1550,  ils  sont  bien  plus  intéressants  par  leurs  bois 
que  par  leurs  eaux-fortes.  —  Ch.  Le  Blanc  mentionne  644  bois. 

Maximilien  Ier  (Barlsch  32).  -  -  L'Empereur,  armé  de  toutes 
pièces,  est  à  cheval  et  tourné  vers  la  gauche.  Au-dessous  du  pied  droit 
de  devant  du  cheval,  on  lit  :  Jost  de  Negker.  La  date  qui  est  sur  la 
banderolle  à  terre,  sous  le  ventre  de  la  moulure,  n'est  exprimée 
qu'avec  trois  chiffres  :  15  8.  C'est  1508  qu'il  faut  lire.  Dans  un 
cartouche  blanc  en  haut  de  l'estampe,  on  lit  :  Imp.  Cœs.  Maxime.  Aug. 

C'est  un  clair  obscur  dont  la  couleur  dominante  est  le  rouge  brique.  Pièce 
capitale  extrêmement  rare. 

Ventes  :  Lipbart,  1250  —  Didot,  1025  —  Oppcrmann,  toute  première  épreuve, 
avec  adresse  et  millésime,  d'un  ton  vert  jaunâtre,  4388,  probablement 
unique  ;  dans  les  secondes  épreuves  en  camaïeu  rouge,  on  voit  à  la  place 
du  0  du  millésime,  un  trait  en  biais  de  la  grandeur  des  autres  chiffres,  trait 
qui  dans  les  derniers  tirages  a  été  transformé  en  chiffre  1. 

Femme  montée  sur  le  dos  d'un  homme  (73). 

A  la  vente  Emile  Galicbon,  un  très  bel  exemplaire  de  ce  bois,  avec  marge 
et  entouré  d'une  bordure ,  particularité  qui  a  échappé  à  Bartsch  et  à 
Passavant,  fut  adjugé  215  francs. 

Saint  Georges  (231).  —  Saint  Georges  à  cheval  se  dirigeant  à 
droite.  En  haut  :  Diims  Georgius. . . 

Une  très  curieuse  épreuve  de  ce  bois  si  rare,  passa  à  la  vente  Holford, 
elle  était  sur  parchemin,  retouchée  et  rehaussée  d'or;  elle  fut  adjugée 
3000  francs,  et  provenait  de  la  collection  Esdaile. 

Jeune  Femme  poussant  des  cris  et  fuyant  la  Mort  qui  tue 
son  amant  (40). 

Très  rare,  clair  obscur  à  trois  planches,  adjugé,  vente  Liphart,  437  —  vente 
Scbloesser,  750;  il  provenait  de  la  collection  Liphart,  élait  en  brun  et  portait 
au  bas  l'adresse  de  :  Jost  de  Negker  :u  Augspurg.  Vente  Fischer,  375. 


GRANAGH  LE  VIEUX  (Lucas  Sunder,  dit) 

Né  a  Kronach  en  1472,  mort  à  Weimar  en  1553  ;  ses  œuvres,  des  bois 
surtout,  se  confondent  avec  celles  de  son  fils,  qui  lui  est  de  beaucoup 
inférieur.  Leur  monogramme  était  un  dragon,  dont  les  ailes  étaient  verticales 
pour  le  père,  et  horizontales  pour  le  fils  ;  ils  y  ajoutaient  quelquefois  leurs 
initiales  L.  C,  séparées  ou  entrelacées,  qu'ils  plaçaient  souvent  aussi  dans 


14  ÉCOLIî    ALLEMANDE 

une  tablette.  Nous  ne  pouvons  malheureusement  pas  ici,  cela  dit  une  l'ois 
pour  toutes,  reproduire  les  monogrammes  ou  entrer  dans  les  détails  de 
leurs  descriptions,  nous  renvoyons  le  lecteur  aux  dictionnaires  de  Brulliot 
ou  de  Xagler.  —  A  été  catalogué  par  Schuchardt. 

Le  repos  en  Egypte  (Barlsch  3).  —  Assise  au  pied  d'un  arbre, 
la  Vierge  entourée  d'anges,  donne  le  sein  à  L'Enfant  Jésus.  En  bas  à 
droite,  une  tablette  avec  le  dragon,  les  initiales  et  la  date  1509. 

Bois  extrêmement  rare  qui  existe  aussi  en  clair  obscur  à  2  planches. 
Ventes  :  Didot,  185  —  Schloesser,  256,  et  en  clair  obscur,  337  —  Angiolini,  17. 

La  Confrérie  de  sainte  Ursule.  —  Au  milieu  de  l'estampe,  le 
Christ  sur  la  croix,  et  sur  la  poutre  transversale  de  celle-ci,  deux 
plateaux  suspendus  ;  dans  celui  de  gauche  le  démon,  dans  le  droit  un 
groupe  d'âmes  humaines.  En  haut  à  droite,  quatre  anges  avec  des 
instruments  de  torture,  à  gauche  un  prêtre  officiant.  Au  milieu  en 
bas,  un  navire  avec  des  saints  et  des  dignitaires  ecclésiastiques,  et 
devant  eux,  une  table  avec  hosties  et  calice;  à  droite  un  évêque,  à 
gauche  un  prince  en  pied,  au-dessus  les  armes  de  Saxe.  Sous  l'estampe, 
un  texte  allemand  de  quinze  lignes,  se  terminant  par  ces  mots  : 
Solicite  lôbliche,  etc.  ;  c'était  les  régies  et  privilèges  de  la  confrérie  de 
Branau,  en  Bavière. 

Ce  bois  d'une  iiisi</nc  rareté,  s'il  n'est  pas  unique,  n'a  été  décrit  nulle  part, 
il  mesure  II.  575mB1  —  !..  l.'iô""».  Un  exemplaire  fut  adjugé  à  la  vente 
Angiolini,  1600  francs. 

Vénus  accompagnée  de  l'Amour  (113).  —  La  déesse  es!  nue  et 
regarde  Cupidon  qui  essaye  son  arc.  Une  inscription  :  Ad  Imaginent 
Venais. 

Ce  bois  de  1505  est  au  l"  étal,  avec  la  ligne  droite  sur  l'épaule  gauclic  de 
Vénus,  ligne  retouchée  et  arrondie  dans  les  épreuves  postérieures. 

Ventes  .  Howard,  32  —  Liphart,  37  —  Didot,  en  clair  obscur  à  2  planches,  720, 
très  rare  —  Fischer,  l"  état,  20. 

Martin  Luther  (6),  Le  réformateur  esl  en  buste,  de  profil  à 
gauche,  coiffé  d'un  haut  bonnet. 

Cuivre,  donf  les  épreuves  sont  rarissimes. 

Ventes    Mai  1000  par  II. -G.  Gutekunst,  406  -  Schultze,  705. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  15 

Saint  Christophe  (58).  —  Le  saint  revêtu  d'un  ample  manteau, 
porte  l'Enfant  Jésus  sur  son  épaule,  il  vient  d'atterrir  sur  la  rive 
gauche  ;  il  a  dans  sa  main  une  branche  d'arbre  qui  lui  sert  de  bâton. 
Derrière  lui,  des  rochers  et  la  campagne,  et  à  gauche,  un  arbre  dans 
les  branche  duquel  trois  écussons  armoriés  sont  suspendus.  Tout  à 
fait  à  droite,  un  ermite  sort  de  sa  retraite,  une  lanterne  à  la  main. 

Ce  bois  superbe  figurait  à  l'Exposition  de  la  gravure  sur  bois  en  1902. 

Mélanehton.  —  En  buste,  de  trois  quarts  à  droite.  A  gauche  et 
au-dessus  de  son  épaule,  le  monogramme  au  dragon.  Dans  le  haut  : 
Viva  imago. . .  En  bas,  vingt-deux  vers  latins,  sur  deux  colonnes, 
signés  :  Henricns  Mollerus  Hessus  1560. 

Cette  très  rare  estampe  sur  bois,  qui  est  positivement  de  Cranach  le  Jeune, 
a  échappé  à  Barlsch,  Passavant  et  Hcller,  elle  est  par  conséquent  non 
décrite  ;  elle  mesure  H.  237 mm  —  L.  190mm.  Un  exemplaire  passa  à  la  vente 
Didot  où  il  fut  adjugé  105  francs.  Ne  pas  confondre  cette  pièce  avec  celle 
décrite  par  Passavant  sous  le  ;i"  il,  où  le  personnage  est  revêtu  d'un 
vêtement  avec  fourrure. 


DURER  (Albert)1 

Né  à  Nuremberg  le  20  mai  1471,  mort  dans  cette  ville  le  6  avril  1528.  C'est 
le  plus  grand  génie  de  l'Allemagne.  Aucun  pays,  aucune  école  ne  peut 
mettre  en  ligne  un  aussi  sublime  artiste.  Ses  burins  ont  un  éclat  et  une 
souplesse  merveilleuse.  Les  cuivres  et  les  encres  dont  il  se  servait 
donnaient  à  ses  épreuves  un  reflet  argentin  très  particulier  que  ne  purent 
jamais  obtenir  les  plus  habiles  graveurs  de  son  époque,  tels  que  les  Martin 
Schône,  les  Lucas  de  Leyde,  etc.  Il  fut  un  des  premiers  en  Allemagne  à  se 
servir  de  l'eau-forte  dont  l'inventeur  est  peut-être  Wenceslas  d'Olmutz,  ou 
plutôt  un  vieux  maître  néerlandais  à  monogramme,  dont  le  nom  est  resté 
ignoré. 

Son  œuvre  se  compose  de  110  à  115  pièces  sur  cuivre  et  d'environ 
220  bois,  qu'il  dessina  mais  qu'il  ne  grava  pas- 
Dans  ses  débuts  —  ceci  est  un  critérium  —  la  lettre  A  de  son  monogramme 
avait  presque  la  forme  ordinaire  de  cette  lettre,  ce  n'est  que  plus  tard  qu'il 
adopta  l'écartement  des  jambages,  qui  lui  permit  de  remplacer  le  petit  d 
qui  s'y  trouvait  primitivement  intercalé,  par  sa  majuscule. 

Les  premières  épreuves  étaient  généralement  tirées  sur  papier  filigrane 
à  la  tête  de  bœuf,  à  la  grande  couronne,  aux  deux  tours,  et  à  la  balance 
dans  le  cercle. 


1  Consulter  :  Œuvre  de  Albert  Durer,  reproduit  et  publié  par  Arnaud  Durand,  texte  par 
G.  Duplessis,  à  Paris,  chez  Rapilly. 


16  ÉCOLE    ALLEMANDE 

L'artiste  voyagea  beaucoup  ;  à  35  ans  il  partit  pour  l'Italie  et  à  49  ans 
pour  les  Pays-Bas  ;  il  a  laissé  des  relations  de  ses  voyages. 

Parmi  les  nombreux  ouvrages  consacrés  au  glorieux  artiste,  les  plus 
importants  sont  ceux  de  :  Ileller  1831,  B.  Haussmann  1861,  Ralf  von 
Belbergi  1871,  et  Moriz  Tbausing  traduit  par  G.  Gruyer  en  1878.  MM.  E. 
Galiclion  et  Charles  Ephrussi  ont  également  écrit  de  très  remarquables 
études  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts  sur  ce  peintre-graveur. 

Trois  expositions  île  l'œuvre  du  Maître  sont  a  noter  :  la  première,  en 
1869,  eut  lieu  au  Burlington  Fine  Ails  Club,  en  même  temps  que  celle  de 
Lucas  de  Leyde  ;  la  seconde,  en  1889,  au  Muséum  Fine  Arts  de  Boston, 
exposition  fort  complète  extraite  des  collections  de  M.  H. -S  .Sewal,  de 
New- York,  et  de  celle  de  Gray,  appartenant  au  collège  de  Harvard  ;  le 
catalogue  était  précédé  d'une  savante  notice  de  feu  M.  S.-R.  Kœbler,  le 
distingué  conservateur  de  ce  musée,  et  enfin  la  troisième,  au  Grolier  Club 
de  New-York  en  1897,  peut-être  la  plus  remarquable  des  trois,  dont  le 
catalogue  illustré,  devenu  introuvable  aujourd'hui,  fut  strictement  limité  au 
nombre  des  membres  de  ce  cercle;  il  se  vendait  10  dollars. 

Les  plus  belles  collections  formées  de  l'œuvre  du  Maître  furent  celles  de 
Verstollc  île  Soelen,  llebich,  Rctberg,  Didot,  et  très  dernièrement  celle  de 
Cornill  d'Orvillc2;  toutes  sont  aujourd'hui  dispersées. 


Les  Offres  d'amour(Retberg2  —  Bartsch93  —  Heller891).—  Dans 
la  campagne,  assis  l'un  près  de  l'autre  et  tournés  à  droite,  un  vieillard 
tête  nue  entoure  de  son  bras  droit  la  taille  de  la  femme  qui  est  à 
ses  côlés  ;  celle-ci  avance  la  main  gauche,  sollicitant  l'argent  que 
va  lui  donner  son  compagnon.  Derrière  eux  un  château  situé  sur  une 
colline,  et  à  droite  de  la  composition,  un  cheval  attaché  à  un  arbre. 
Au  bas  et  au  milieu  de  l'estampe,  le  monogramme  du  Mailre. 

Cette  pièce  est  quelquefois  rubriquée  Juda  et  Thamar  ou  encore  Berlhold 
Tacher  et  Anna  Pfinzing,  allusion  à  un  vieux  scandale  qui  eut  lieu  à 
Nuremberg;  la  lettre  A  du  monogramme  est  étranglée  à  son  sommet,  comme 
nous  l'avons  déjà  fait  remarquer  plus  haut,  dans  les  premières  pièces 
gravées  —  Il  en  existe  une  copie  en  contrepartie. 

Ventes  :  E.  Galiclion,  300  —  Didot,  150  —  Knowlcs,  sur  papier  au  P  gothique, 
312,  provenant  de  chez  Alferoff  —  Oppermann,  63  —  Cope>,  170  —  Cornill 
d'Orville,  papier  au  1'  gothique,   100. 


i  C'est  l'ordre  chronologique  adopté  par  cet  écrivain  que  nous  avons  suivi  dans  la  nomen- 
clature des  pièces  que  nous  citons. 

s  Les  448  numéros  qui  la  composaient,  bois  compris,  atteignirent  près  de  180.000  francs. 

s  La  collection  de  l'.dw  in  n.  Cope,  de  Philadelphie,  lui  vendue  par  les  soins  Intelligents  de 
M.  Stnnlslaus  V.  Henkcls  en  mal  1896;  c'était  une  des  plus  importantes  collections  d'Amérique, 
ses  trois  cal  ilo  "  contenaient  3187  numéros.  Il  n'y  avait  pas.  a  proprement  parler,  de  pi<  ces 
rares  ou  hoi  ligni  niais  parmi  cell  cl  trouvait  une  réunion  il''  portraits  de  Napoléon  I" 
cl  de  Washington  telle  qu'li  serait  impossible  d'en  reconstituer  une  semblable  aujourd'hui. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  17 

La  Sainte  Famille  au  Papillon  '  (R  3  —  B  44  —  H  643).  —  Assise 
sur  un  rustique  banc  de  bois,  ayant  derrière  elle  fleuve,  bateau, 
montagne  et  maison,  la  Vierge  de  face  regarde  à  gauche.  Elle  tient 
l'Enfant  Dieu  sur  son  bras  droit,  et  l'élevant  à  la  hauteur  de  sa  tète, 
semble  lui  parler.  En  haut  de  l'estampe,  sur  les  nues,  le  Père  Eternel 
cl  le  Saint-Esprit,  dans  un  rayonnement  au-dessus  de  la  tète  de  la 
Vierge.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe,  le  monogramme,  et  tout  à 
fait  à  droite  par  terre,  un  papillon. 

Cette  estampe  fut  très  probablement  gravée  par  l'artiste  en  1494,  lors  de 
son  voyage  à  Venise.  E.  Galichon  est  absolument  d'accord  avec  Retberg 
pour  la  considérer  comme  un.e  des  premières  gravures  signées  du  Maître, 
qui  n'a  pas  encore  acquis  la  souplesse  de  burin  qu'il  nous  montrera  plus 
tard.  —  De  la  série  des  Vierges,  au  nombre  de  16,  nous  signalerons  seulement 
les  plus  rares  et  les  plus  recherchées. 

Ventes  :  Howard,  210  —  Didot,  200,  avant  la  planche  retouchée,  c'est-à-dire 
avec  l'ombre  sur  la  joue  de  la  Vierge  —  Knowlcs,  115  —  Oppermann,  77  — 
Hebich,  250  —  Straeter,  papier  à  la  tète  de  bœuf,  219  —  Cornill  d'Orville, 
papier  au  P.  gothique,  425. 

Meckenen  l'a  gravée  en  contre-partie  et  l'a  signée. 

L'Enfant  prodigue  (R  5  —  B  28  —  H  477).  —  Dans  une  cour  de 
ferme,  un  genou  en  terre,  les  mains  jointes,  de  profil  à  droite,  les 
yeux  désolés  et  levés  au  ciel,  le  personnage  est  au  milieu  des  pour- 
ceaux qu'il  garde  ;  au  fond  les  bâtiments  de  la  ferme,  et  en  bas  de 
l'estampe,  le  monogramme  de  l'artiste. 

Il  existe  une  copie  trompeuse,  qui  est  plus  rare  que  l'originale,  et  qui 
lui  est  peut-être  supérieure  ;  elle  est  très  facile  à  reconnaître,  en  ce  que 
tes  trois  lucarnes  de  la  haute  maison,  à  droite  de  l'arbre,  se  trouvent  toutes 
sur  une  même  ligne  horizontale,  ce  qui  n'existe  pas  dans  l'originale,  où  elles 
chevauchent  légèrement. 

Cette  estampe,  encore  de  début  —  vers  1500  —  présente  une  très  grande 
incorrection  de  dessin  dans  la  jambe  droite,  qui  est  pliée  ;  on  se  demande 
comment  elle  se  rattache  au  tronc.  —  Le  dessin  original  à  la  plume  est 
au  British  Muséum. 

Ventes  :  Didot,  510,  de  la  collection  Brentano  —  Knowles,  187  —  Schloesser, 
250,  sur  papier  au  P  gothique  —  Oppermann,  125  —  Griffiths,  231,  des  cabinets 
Mariette  et  Beckford  —  Buccieuch,  475  —  Artaria,  240  —  Straeter,  325  - 
Cornill  d'Orville,  419  —  Stern,  1469,  de  la  collection  Enzenberg. 


1  Ou  encore  ci  /«  Sauterelle. 


18  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Saint  Jérôme  en  pénitence  (R  8  —  B  Gl  —  H  776).  —  Aux  pieds 
de  rochers  abrupts  que  couronnent  des  arbres  et  une  chapelle  dont 
on  aperçoit  le  toit  et  le  clocher,  le  saint  le  torse  nu,  à  gauche  de 
l'estampe,  est  à  genoux  de  trois  quarts  à  gauche,  priant  devant  un 
crucifix  planté  dans  le  rocher;  sa  main  droite  serre  un  caillou  dont  il 
va  se  frapper  la  poitrine.  Son  lion  fidèle  est  couché  à  droite.  En  bas 
au  milieu  de  l'estampe,  le  monogramme. 

Cette  pièce  lui  gravée  en  1514.  Il  en  existe  des  copies  trompeuses,  une 
entre  autres,  dans  laquelle  la  touffe  d'herbe  de  droite,  qui  se  trouve  sur  la 
pierre  qui  est  au  premier  plan  à  gauche,  compte  5  brins  d'herbe,  au  lieu  de 
3  ou  4  qui  existent  dans  l'originale. 

Ventes  :  E.  Galichon,  220  —  Didot,  325,  avant  la  retouche,  c'est-à-dire  avant 
le  trait  sur  la  montagne  de  droite,  elle  était  sur  papier  au  P  gothique  et 
provenait  de  la  vente  Debois  où  elle  fut  adjugée  101  francs  —  Sehloesser,  300  — 
Oppermann,  182,  au  P  gothique  —  Grifflths,  212  —  Straeter,  état  Didot,  375  — 
Cornill  d'Orville,  156  —  Hansen,  106. 

La  Vierge  aux  cheveux   longs  liés  avec  une  bandelette  ' 

(R  9  —  B  30  —  H  489).  —  Sur  un  croissant  et  dans  un  rayonnement,  la 
Vierge,  la  tête  penchée  à  gauche,  les  cheveux  épars  sur  les  épaules 
et  retenus  sur  le  sommet  par  une  bandelette  presque  invisible, 
tient  l'Enfant  Jésus  nu  sur  le  bras  droit.  En  bas  sous  le  croissant,  le 
monogramme. 

l'ni'  des  plus  séduisantes  pièces  de  la  série.  —  Il  existe  des  copies.  La 
meilleure  est  celle  où  l'on  distingue  nettement  les  cinq  doigts  de  la  main 
gauche  que  l'Enfant  Jésus  a  placée  sur  la  pomme,  alors  que  l'originale 
n'en  laisse  voir  que  trois. 

Ventes  :  Didot,  2120,  peut-être  la  plus  belle  connue  ;  elle  provenait  de  chez 
Verstolk  de  Soelen  —  Knowles,  875,  sur  papier  à  la  tête  de  bœuf;  elle 
provenait  également  de  chez  de  Soelen  ;  était-ce  l'exemplaire  de  Didot,  nous 
l'ignorons.  Constatons  néanmoins  l'énorme  écart  sur  deux  pièces  superhes 
vendues  à  deux  ans  de  distance!!  Sehloesser,  sur  filigrane  à  la  tète  de 
bœuf,  012  —  Oppermann,  25  —  Fischer,  1275  —  Cornill  d'Orville,  sur  papier 
à  la  haute  couronne,  575. 

La  Vierge  allaitant  l'Enfant  Jésus  (R  52  —  B  34  —  H  5(54).  - 
Assise  dans  la  campagne,  de  lace  la  lête  penchée  à  droite,  la  Vierge 
donne  le  sein  à  l'Enfant  Dieu  qu'elle  enveloppe  d'un  regard  plein  de 
tendresse;   sur  l'un  des  montants  de   la   barrière  à    laquelle  elle  est 


1  Ou  /."  i  terge  au  Croissant  sans  la  couronne. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  19 

adossée,  à  droite,  un  petit  oiseau';  à  gauche,  sur  une  tablette 
suspendue,  le  millésime  1503-,  et  en  bas,  sur  la  pierre  qui  est  au 
premier  plan,  le  monogramme. 

Il  existe  au  Cabinet  de  Berlin  une  épreuve  antérieure  sans  le  millésime. 

Ventes  :  Guichardot,  980  —  Didot,  800  —  Knowles,  1125,  elle  provenait  de 
chez  Guichardot  et  passe  pour  une  des  plus  belles  connues—  Schloesser,  276  — 
Oppermann,  100  —  Buccleuch,  325  —  Fischer,  1150  —  E.  Galichon,  245  - 
Artaria,  1180  —  Cornill  d'Orville,  750  —  Prince  Waldburg  Wolfegg,  3150. 

Les  Armoiries  à  la  tête  de  Mort  (R  53  —  B  101  —  H  1022).  — 
Dans  un  écusson,  une  tète  de  mort  de  face  penchée  à  gauche  et 
timbrée  d'un  casque  tourné  à  gauche  et  surmonté  d'un  vol,  accom- 
pagné de  lambrequins;  à  gauche  debout,  une  femme  les  yeux  baissés 
que  cherche  à  embrasser  une  sorte  d'homme  sauvage  appuyé  sur  une 
trique  dans  la  fourche  de  laquelle  est  passée  une  lanière  de  cuir  qui 
soutient  les  armoiries.  Sur  la  pierre  où  repose  l'écusson,  le  millésime 
1503,  et  sur  celte  pierre  à  droite,  une  tablette  avec  le  monogramme. 

C'est  une  admirable  pièce  fort  recherchée,  à  laquelle  on  donne  quelquefois, 
mais  rarement,  le  nom  de  la  Fiancée  mourante.  La  main  droite  de  la  femme 
qui  relève  sa  robe  est  très  mal  dessinée,  on  dirait  que  la  première  phalange 
des  quatre  doigts  est  coupée.  —  Il  existe  une  copie  très  trompeuse,  mais  facile 
à  reconnaître  ;  dans  la  bande  de  la  partie  presque  horizontale  avoisinant 
l'ouverture  du  casque,  il  y  a  cinq  têtes  de  clous  dans  l'originale,  tandis  que 
dans  la  copie  on  en  compte  six. 

Ventes  :  E.  Galichon,  2150  —  Liphart,  375  —  Didot,  920  —  Oppermann, 
1470,  sur  papier  à  la  haute  couronne  —  Griffiths,  387  —  Hebich,  1387  — 
Buccleuch,  1450  —  Seymour  Haden,  1275  —  Fischer,  1050  —  Holford,  1875, 
sur  papier  à  la  haute  couronne  —  L.  Galichon,  500,  de  chez  Didot  — 
Destailleur,  avec  les  Armoiries  au  Coq,  401  —  Artaria,  340,  papier  à  la  tète 
de  bœuf  —  Hollandt,  194  —  Straeter,  2781,  la  perte  de  la  collection,  provenait 
de  chez  Holford  —  de  Sallet,  1443  -  -  Cornill  d'Orville,  2037  -  Defer 
Dumesnil,  400  —  Schultze,  250. 

La  Nativité3  (R54  — B2  — H  127).  —  Dans  une  maison  en  ruine,  à 
droite  saint  Joseph  remplissant  un  vase  avec  le  seau  d'eau  qu'il 
vient  de  tirer  du  puits  ;  à  gauche,  dans  la  partie  du  logis  qu'a  respecté 


1  Ce  qui.  quelquefois,  fait  appeler  celle  pièce  La  Vierge  au  Chardonneret. 

-  A  l'exception  de  la  date  1497  inscrite  aux  quatre  Femmes   nues  (R  21).  Cette  date  est   la 
première  remarquée  sur  les  estampes  du  Maître. 
'  Dénommée  quelquefois  aussi  La  petite  Treille. 


20  ÉCOLE    ALLEMANDE 

la  démolition,  la  Vierge  à  genoux  adorant  l'Enfant  Jésus.  Tout  en 
haut  à  gauche,  suspendue  à  une  potence,  la  tablette  avec  le  mono- 
gramme et  le  millésime  1504. 

Dans  son  journal  de  voyage  au  Pays-Bas,  l'artiste  appelle  cette  pièce 
Noël.  L'épreuve  du  Département  des  Estampes  de  Paris  est  éblouissante —  Il 
existe  des  copies:  celles  de  Jérôme  Wierix  (1566)  et  de  J.  Hopfer  sont  les 
plus  remarquables,  ainsi  que  celle  d'Adrien  Muber;  Montagna  l'a  gravée 
aussi,  mais  en  contre-partie,  elle  est  loin  d'avoir  la  linesse  de  l'originale. 

Ventes  :  E.  Galichon,  700  —  Lipbart,  374  —  Didot,  sur  papier  à  la  tête  de 
bœuf,  305  —  Knowles,  .'!75  —  llebich,  544  —  Buccleuch,  800  —  Fischer, 
1225  —  Angiolini,  250  —  Artaria,  GG0  —  Straeter,  3200,  la  seconde  perle  de 
la  collection,  le  plus  bel  exemplaire  connu  —  Cornill  d'Orville,  787. 

Adam  et  Eve  (R.  55  —  RI  —  H  116).  —  Dans  le  paradis  terrestre, 
debout  el  nus  le  corps  de  face,  ils  se  regardent  :  Adam  à  gauche,  Eve 
à  droite;  celle-ci  présentant  de  la  main  droite  la  pommeau  serpent 
enroulé  autour  de  l'arbre  du  bien  et  du  mal.  Sur  la  branche  feuillée 
où  Adam  appuyé  la  main  droite,  est  un  perroquet  au-dessous  duquel 
est  suspendue  une  tablette  sur  laquelle  on  lit  :  Albert?  Durer  Norîcus 
Faciebat,  et  le  monogramme.  Le  monogramme  très  petit  est  à  gauche 
du  millésime  1504  et  sur  la  même  ligne.  A  leurs  pieds,  des  animaux; 
au  fond,  des  arbres  et  des  rochers. 

C'est  une  des  pièces  capitales  de  l'œuvre,  elle  est  devenue  excessivement 
nue. 

La  découverte  de  la  statue  de  l'Apollon  du  Belvédère  qui  eut  lieu  à  la  lin 
du  xv  siècle  en  Italie,  produisit  une  immense  excitation;  l'artiste  en  fut 
lui-même  fortement  impressionné  et  le  dessin  de  son  Adam  s'en  ressentit. 

Au  premier  état,  l'écorce  de  l'arbre  sous  l'aisselle  gauche  d'Adam  n'a  pas 
encore  une  crevasse  longitudinale  de  1~>  millimètres,  à  droite  de  la  grande 
fente  qui  descend  jusqu'au  pied  du  tronc.  A  Vienne,  dans  la  collection 
Albertine  (?)  et  au  British  Muséum,  il  y  a  une  ('preuve  non  terminée,  c'est-à- 
dire  qu'il  n'y  a  d'achevé  que  la  jambe  droite  d'Adam  el  nue  partie  du  fond, 
le  reste  esl  au  trait1  ;  on  a  dit  aussi  qu'il  existait  un  état  avant  l'inscription 
sur  la  tablette,  mais  ceci  nous  paraît  fort  douteux  ;  malgré  nos  recherches 
nous  n'avons  pu  découvrir  de  collections  possédant  un  semblable 
exemplaire. 

Les  belles  épreuves  sont  sur  papier  </  la  tête  de  bozu)  ,  celles  sur  celui  aux 
deux  tours  sont  généralement  inférieures. 

Il  existe  des  copies. 

Ventes:  Howard,  superbe  épreuve,  1475      E.  Galichon,  sur  papier  à  la  tête 

(ii-  bœuf,  2990      ■   Lipbart,   loi   état    à    la    tète   de    bien!',    un    des    /dus    beaux 


i  Cctlc  épreuve  provenant  <!<■  In  collection  Ottlej .  lut  acquise  en  1836  par  le  British  Muséum. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  21 

connus,  2500  -  Didot,  à  la  tête  de  bœuf,  3100  -  Knowles,  212  — 
Schloesser,  1<*  état  à  la  tète  de  bœuf,  812  —  Oppermann,  2''  état  a  la  tête 
de  bœuf,  962  —  Griffiths,  4750  du  cabinet  Verstolk  de  Soelen  —  Hebich, 
1«  état,  2110;  2e  état  également  à  la  tête  de  bœuf,  525  —  Buccleuch,  825  — 
Seymour  Haden,  à  la  tète  de  bœuf  et  avec  la  signature  de  Mariette,  2500  — 
Fischer,  sur  papier  à  la  tête  de  bœuf,  épreuve  d'une  exceptionnelle  beauté, 
10250,  provenait  des  collections  Barnard,  Maberley  et  Hawkins  —  Holford, 
2500  —  Destailleur,  460  —  Artaria,  1er  état  papier  à  la  tête  de  bœuf,  1220  - 
Straeter,  1700  —  Bàttig,  731  —  de  Sallet,  filigrane  tête  de  bœuf,  4000  - 
Cornill  d'Orville,  2^  état  même  filigrane,  1075  —  Defer  Dumesnil,  2^  état, 
720  —  Loyd,  épreuve  doublée,  1000. 

La  Vierge  au  Singe  (R  88  —  B  42  —  H  628).  —  La  Vierge  nimbée 
est  assise  sur  une  sorte  de  banc  de  bois;  l'Enfant  Jésus  nu,  sur  ses 
genoux,  joue  avec  un  oiseau  ;  à  leurs  pieds,  un  singe  accroupi  est 
enchaîné  ;  un  fleuve  bordé  de  montagnes  s'étend  derrière  eux,  ainsi 
qu'une  petite  construction.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe,  le  mono- 
gramme. 

C'est  de  beaucoup,  selon  nous,  la  plus  remarquable  pièce  de  la  série  des 
Vierges  ;  Durer  l'a  gravée,  croit-on,  en  contre-partie  d'après  un  dessin  de 
Wolgemut.  Marc  Antoine  l'a  copiée  d'après  Durer,  en  reproduisant  sans 
pudeur,  le  monogramme  de  l'artiste. 

Le  premier  état  se  reconnaît  au  museau  du  singe  qui  est  très  noir  ;  le 
second  aux  deux  traits  échappés,  l'un  sur  le  ne:  du  singe,  l'autre  presque 
perpendiculaire  sur  son  dos;  le  cuivre  existe  encore,  mais  nous  ignorons 
qui  le  détient  à  l'heure  actuelle. 

Ventes:  E.  Galichon,  1»  état  sur  papier  à  la  tète  de  bœuf1,  510  —  Guichardot, 
615,  provenant  du  cabinet  de  .1.  Saint-Aubin  —  Didot,  300  —  Schloesser, 
337  —  Oppermann,  256  —  Griffiths,  187,  de  chez  Pierre  Vischer,  où  elle  fut 
adjugée  152  en  1852  —  Fischer,  475  —  Gutekunst,  714  —  Destailleur,  541  - 
Cope,  120  —  Straeter,  à  la  tête  de  bœuf,  1875,  sans  doute  le  plus  bel 
exemplaire  connu  —  Cornill  d'Orville,  2012,  superbe  épreuve. 

L'Oisiveté  (R  116  —  B  76  -  II  854).  —  Sur  un  siège  élevé,  la  tète 
reposant  sur  un  coussin,  un  homme  sommeille  tandis  qu'un  démon  à 
l'aide  d'un  soufflet  lui  glisse  dans  l'oreille  des  pensées  lubriques,  que 
viendra  encore  aiguiser  à  son  réveil  une  femme  nue  placée  près  de 
lui.  En  bas  à  gauche,  un  enfant  ailé  —  l'Amour  —  s'essaye  sur  des 
échasses  ;  au  milieu  de  la  partie  inférieure  de  l'estampe,  le  mono- 
gramme. 


•  Il  existe  des  premières  épreuves  sur  papier  filigrane  <i  /a  croix  :  particularité  qui  a  échappé 
à  Hausmunn. 


22  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Cette  pièce  est  quelquefois  désignée  sous  la  rubrique  Le  Songe  ou  Le 
Songe  du  Docteur.  Rainiondi  l'a  encore  copiée  en  y  mettant  le  monogramme 
de  Durer.  Cette  estampe  fort  joliment  gravée,  n  est  jamais  vendue  à  sa 
valeur. 

Ventes  :  E.  Galichon,  500,  au  recto  et  au  verso  on  lit  la  signature  de 
Mariette  —  Liphart,  220  —  Didot,  335  —  Knowles,  au  filigrane  de  la  tète  de 
bœuf,  213  —  Oppermann,  115  —  Retberg,  même  filigrane,  650  —  Fischer,  300  — 
Artaria,  200  —  Straeler,  202  —  Cornill  d'Orville,  papier  au  V  gothique,  314  — 
Schullze,  537. 

Saint  Georges  à  cheval  (R  120  —  I?  54  —  H  746).  —  Arme  de 
pied  en  cap  le  saint  à  cheval  est  tourné  vers  la  droite  et  de  profil,  la 
télé  dans  un  rayonnement,  l'étendard  en  travers  de  la  selle  incline  à 
gauche,  le  dragon  est  étendu  à  ses  pieds,  sur  le  dos,  la  lête  dirigée 
vers  la  droite.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe,  une  tablette  avec  le 
monogramme  et  la  date  150S  qui  primitivement  était  1505. 

Il  y  a  des  copies  trompeuses  —  Il  existe,  croyons-nous,  chez  le  baron 
E.  de  Rothschild  un  pastiche  en  contre-partie,  dans  lequel  le  dragon  ne 
figure  pas  et  où  l'on  distingue  en  bas  à  gauche,  sur  le  terrain,  un  monogramme 
aux  lettres  R.  A.  M. 

Ventes  :  E.  Galichon,  460  —  Didot,  510,  de  chez  J.  de  Saint-Aubin  — 
Knowles,  12G  —  Oppermann,  170  —  Straeter,  sur  papier  à  la  liante  cou- 
ronne, 500  —  Cornill  d'Orville,  037. 

Cette  estampe  est  fort  rare. 

La  grande  Fortune  (R  124  —  B  77  —  H  839).  —  Sur  un  nuage, 
au-dessous  duquel  dans  un  pays  montagneux  se  déroule  un  Oeuve 
sur  le  bord  duquel  est  bâti  un  village  —  celui  d'Eytas  patrie  de  Durer 
dit  la  légende  —  une  femme  nue  ailée  de  profil  à  droite  est  montée 
sur  un  globe,  elle  tient  dans  la  main  droite  un  vase  ressemblant  à  un 
ciboire  et  dans  la  gauche  une  bride  et  des  mors,  le  long  voile  dont 
elle  est  enveloppée  passe  sous  son  bras  gauche  et  flotte  au  vent 
derrière  elle.  Dans  le  bas  du  coin  droit,  le  monogramme. 

Ce  1"  état  esi  caractérisé  par  un  trait  perpendiculaire  échappe  qui  se 
trouve  au-dessous  du  pont,  el  |>:n-  une  série  de  points  dans  le  ciel  à  gauche; 
dans  le  2«  état,  ce  Irait  n'existe  plus,  mais  dans  les  belles  épreuves  on 
distingue  encore  la  suite  de  points  entre  les  deux  Ilots  du  voile  à  gauche, 
points  qui  devaient  sans  doute  indiquer  les  contours  d'un  nuage,  et  qui 
dans  les  dernières  épreuves  ont  complètement  disparu. 

Celte  estampe,  dont  on  ne  s'explique  guère  le  sens  allégorique,  est 
quelquefois  encore  dénommée  :  Némésis  ;  La  Pandore  .  /."  Tempérance. 
On  la  rencontre  assez  fréquemment,  mais  les  belles  épreuves  sont  encore 

assez  raies;  celle  du  Département  des  Estampes,  qui  est  avec  le  trait  échappe . 
est  admirable.  —  Il  existe  des  copies  en  contre-partie. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  23 

Ventes  :  Howard,  394  —  Liphart,  600  —  Dklot,  sur  papier  à  la  grande 
couronne,  515  —  Retberg,  même  filigrane,  515  —  Buccleuch,  250  — 
Fischer,  575  —  Ilolford,  450  —  Aylesford,  394  —  Hollandt,  506  —  Gutekunst, 
862,  très  bel  exemplaire  —  Hollar,  200  --  Destailleur,  255  —  L.  Galichon, 
305  —  Artaria,  170  —  Straeter,  papier  à  la  haute  couronne,  375  —  Cornill 
d'Orville,  à  la  grande  couronne  royale,  1»'  état,  575  ;  même  papier,  2°  état, 
437,  avec  la  signature  de  Mariette  —  Hérëdia,  même  filigrane,  610. 

Enlèvement  d'AniYmone  (R  125  —  B  71  —  H  801).  —  Au  pied 
d'une  vaste  colline  hérissée  de  châteaux  forts,  la  mer;  Amymone  nue 
est  couchée  sur  le  dos  d'un  Dieu  marin  qui  l'enlève  nageant  vigou- 
reusement vers  la  droite;  à  gauche  sur  le  rivage,  le  père  désespéré 
accourt  les  bras  étendus  vers  elle.  En  bas  au  milieu  de  la  marge,  le 
monogramme. 

Dans  son  journal,  Durer  l'appelle  la  Merveille  de  la  mer  [dus  MeeranmderJ . 
Cette  estampe  est  fort  belle  et  peut  être  obtenue  à  des  prix  relativement 
doux.  Dans  les  premières  épreuves,  on  dislingue  des  égratignures  dans  le 
ciel. 

Veilles  :  Guichardot,  135  —  E.  Galichon,  135  —  Didot,  92  —  Oppermann, 
200,  avec  les  égratignures  —  Hebich,  sur  papier  à  la  haute  couronne,  90  — 
Fischer,  225  —  Cornill  d'Orville,  387. 

Les  effets  de  la  Jalousie  (R  126  —  B  73  —  H  815).  —  Au  bas  de 
l'estampe  à  gauche,  au  pied  d'un  bouquet  d'arbres,  une  femme  nue 
est  couchée  entre  les  jambes  d'un  satyre  qui  tient  de  la  main  droite  la 
mâchoire  d'un  animal  quelconque  ;  tous  les  deux  regardent  à  droite 
une  femme  debout,  qui  un  bâton  levé  s'apprête  à  les  frapper  ;  un 
homme  nu  coiffé  d'un  coq  va  parer  le  coup;  à  droite  encore  un 
enfant,  l'Amour  sans  doute,  s'enfuil  un  oiseau  à  la  main,  transparente 
allusion  d'une  virginité  perdue.  Au  fond  de  l'estampe,  montagnes  et 
château  fort.  En  bas  au  milieu  de  la  composition,  le  monogramme. 

Cette  pièce  est  quelquefois  aussi  appelée  Le  grand  Salyrc  ou  Le  grand 
Hercule  ou  même  simplement  Hercule,  comme  la  désigne  l'artiste  lui-même 
dans  son  Journal  de  voyage  aux  Pays-Bas.  Il  existe  à  Vienne,  dans  la 
collection  du  duc  Albert  de  Saxe,  une  épreuve  d'essai  dans  laquelle  le  bouquet 
d'arbres  et  la  femme  debout  sont  seuls  termines,  le  reste  n'est  esquissé  qu'au 
trait.  Le  sujet  est  toujours  reste  inexpliqué,  quelques-uns  y  voient  une 
allégorie  sur  le  cocuage. 

Il  a  été  fait  de  cette  pièce  des  fac-similés  en  photogravure  pour  la  Société 
Internationale  de  Chalcographie. 

Ventes  :  Howard,  262  —  Galichon,  360  —  Didot,  495  —  Hebich,  sur  papier 
à  la  haute  couronne,  250  —  Fischer,  144  —  Aylesford,  262  —  Schloesser, 
162  —  L.  Galichon,  73  —  Angiolini,  70  —  Bouillon,  125  —  Straeter,  255  — 
Cornill  d'Orville,  sur  papier  à  la  haute  couronne,  210. 


24  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Saint  Eustache  (R  127  —  B  57  —  H  727).  —  Au  bas  d'une  colline 
boisée  que  couronne  un  cbâteau  fort,  le  saint  en  costume  de  chasseur, 
son  cheval  arrêté  près  de  lui,  est  à  genoux  de  profil  à  droite,  les  bras 
levés  en  signe  d'admiration  à  la  vue  d'un  cerf  qui  se  dirige  vers  lui, 
l'animal  a  an  crucifix  entre  ses  bois.  A  gauche  un  cours  d'eau  avec 
une  petite  passerelle  en  pierre.  Sur  le  tout  premier  plan,  quatre  chiens, 
et  sous  celui  du  milieu,  le  monogramme. 

Cette  estampe  —  la  plus  grande  de  l'œuvre  —  est  souvent  aussi  désignée 
sous  la  rubrique  de  saint  Hubert,  mais  comme  l'artiste  l'a  lui-même 
dénommée,  saint  Eustache,  dans  son  Journal  de  voyage  aux  Pays-Bas.  Nous 
ne  voyons  pas  pourquoi  on  se  permettrait  de  la  débaptiser;  nous  lui  avons 
donc  conservé  ce  titre. 

Les  belles  épreuves  sont  extrêmement  rares;  elles  ont  été  tirées  sur 
papier  à  la  grande  couronne,  au  pichet  et  à  la  tête  de  bœuf.  Il  existe  des 
copies  trompeuses  —  En  182G,  le  cuivre  original  était  aux  mains  de 
M.  Joseph  Redtendarher  de  Kirelulorf. 

Ventes  :  E.  Galichon,  25,")0  —  Liphart,  sur  papier  à  la  haute  couronne, 
deux  exemplaires,  l'un  à  025,  l'autre  à  750  —  Didot,  même  filigrane,  1700  — 
Knowlcs,  875  —  Schloesser,  1000  —  Oppermann,  205,  à  la  haute  couronne  — 
Grifiiths,  2025  --  llebich,  1056  —  Retbcrg,  à  la  haute  couronne,  1202  — 
Buccleuch,  342  —  Hulot,  600  —  Fischer,  à  la  haute  couronne,  1200  — 
Holford,  3700;  exemplaire  superbe  —  Aylesford,  325  —  Destailleur,  400  — 
L.  Galichon,  l'exemplaire  de  Didot,  1850  —  Copc,  438  —  Artaria,  500  — 
Bouillon,  l'exemplaire  de  Schloesser,  560  —  Straeter,  1012  —  Cornill 
d'Orville,  à  la  haute  couronne  comme  le  précédent,  825  —  Lacroix,  une 
épreuve  tirée  sur  soie,  205  —  Ilansen,  381. 

La  Véronique  (R  167  —  B  64  —  H  167).  -  La  sainte  debout  et 
de  face,  la  tête  auréolée,  tient  de  ses  deux  mains  écartées  le  voile  qui 
a  gardé  l'empreinte  des  traits  du  Sauveur.  En  haut  dans  le  coin 
gauche,  le  monogramme,  el  au-dessus  1510. 

Celte  toute  petite  pièce  n'es!  connue  que  par  deux  exemplaires  existant 
en  originaux,  l'un  se  trouve  à  l'Albertine,  l'autre  est  à  Dresde  dans  la 
collection  du  Roi  de  Saxe,  Fréderik  Auguste  II  ;  c'est  d'après  Thausing 
la  première  pointe  sèche  qu'ail  gravée  l'artiste. 

Il  en  existe  une  copie  sans  valeur,  gravée  par  Aloys  l'etiak.  -  Passavant 
affirme  à  tort  que  celle  pièce  est  un  nielle;  c'est  une  erreur,  car  ni  le  mono- 
gramme, ni  la  date  ne  sont  renversés  à  l'impression. 

Saint  Jérôme  (Il  196  B59-  Il  770).  Dans  une  anfractuosile 
de  rochers,  le  sainl  de  profil  à  gauche  esl  assis,  les  mains  jointes 
tournées  vers  un  crucifix  à  gauche,  son  coude  repose  sur  des  livres 
placés  sur  la  planchette  qui  lui  sert  d'appui.  A  droite  un  saule,  et  à 


ÉCOLE    ALLEMANDE  25 

ses  pieds  un  ruisseau  sur  le  bord  duquel  à  gauche  est  couché  un  lion 
endormi.  Sur  le  rocher  de  gauche,  le  monogramme,  et  tout  en  haut  au 
milieu  de  l'estampe,  le  millésime  1512. 

Celte  estampe,  dite  aussi  le  saint  Gérôme  au  Saule,  est  une  des  plus 
admirables  planches  de  l'œuvre,  c'est  une  pointe. sèche  renforcée  de  burin  ; 
les  exemplaires  avec  les  barbes  sont  pour  ainsi  dire  introuvables.  Au  British 
Muséum  on  en  conserve  une  épreuve  tirée  avant  Vébarbage,  dans  laquelle  le 
monogramme  est  pour  ainsi  dire  illisible,  ce  qui  a  l'ait  dire  à  Passavant 
qu'il  n'existait  pas,  parce  qu'il  avait  disparu  sous  les  barbes.  Bartsch,  à  tort, 
considère  cette  pièce  comme  une  eau-forte,  le  doute  n'est  cependant  pas 
permis  !  Dans  les  dernières  épreuves,  la  planche  est  tellement  usée  que 
le  crucifix  a  disparu.  —  Il  existe  une  copie  trompeuse. 

Ventes  :  Didot.  4500,  un  des  plus  beaux  exemplaires  connus  fut  acheté 
par  M.  Meder  —  Oppermann,  25,  de  chez  Gawet  —  Fischer,  1575  — 
Aylcsford,  210  —  Destailleur,  G00  —  De  Sallet,  575  —  Cornill  d'Orville, 
une  éblouissante  épreuve  pleine  de  barbes,  15000. 

Les  Armoiries  au  Coq  (R  198  —  B  100  —  H  1020).  —  Un  écusson 
au  lion  rampant,  timbré  d'un  casque  tourné  à  droite,  entouré  de 
riches  lambrequins,  est  surmonté  d'un  coq  aux  ailes  déployées  et 
chantant.  En  bas  à  droite,  le  monogramme. 

Cette  pièce,  bien  supérieure  suivant  nous  aux  Armoiries  à  la  tête  de 
Mort',  malgré  sa  moindre  importance,  est  peut-être  le  morceau  le  plus 
admirable  de  l'œuvre;  i7  est  impossible  d'aller  plus  loin  comme  métier,  nulle 
pièce  ne  lui  est  comparable,  il  faut  avoir  vu  la  merveilleuse  épreuve  du 
Département  des  Estampes,  et  surtout  celle  de  la  vente  Cornill  d'Orville, 
la  plus  belle  connue,  pour  se  demander  par  quel  prodige  l'artiste  a  pu 
arriver  à  donner  à  son  casque  ces  éclats  de  métal  qui  en  font  une  œuvre 
d'art  qui  ne  sera  jamais  surpassée.  On  ignore  l'année  où  l'ut  gravée  cette 
estampe  ;  Retberg  suppose  qu'elle  le  fut  vers  1512  et  Thausing  en  1503. 

Ventes  :  Liphart,  2G9,  sur  papier  filigrane  à  la  cruche,  avec  la  signature 
de  Mariette,  Paris  1775  —  Didot,  300,  de  chez  Marshall  —  Knovvles,  sur 
papier  à  la  haute  couronne,  125;  un  autre  exemplaire,  sur  papier  à  la 
cruche,  250  —  Schloesser,  213  —  Oppermann,  201,  de  chez  Schloesser  — 
Buccleuch,  G75  —  Fischer,  toute  première  épreuve  avant  la  planche  nettoyée 
et  avant  le  renforcement  du  trait  carré,  500  --  Holford,  325  —  Destailleur, 
avec  les  Armoiries  éi  la  tête  de  Mort,  101  —  L.  Calichon,  295,  de  chez  Didot  — 
Angiolini,  291  —  Artaria,  à  la  haute  couronne,  100,  et  un  autre  exemplaire, 
430  —  Bouillon,  2uo,  de  chez  Donnadieu  —  Straeter,  294,  de  chez  Koller  — 
De  Sallet,  381  —  Cornill  d'Orville,  sur  papier  à  la  haute  couronne  royale, 
4850,  précieux  et  admirable  exemplaire  —  Schultze,  287  —  Dreux,  800  — 
Stern,  350. 


1  Et  pourtant,  comme  on  peut  s'en  convaincre,  elle  se  vend  incomparablement  moins  cher 
que  Les  Armoiries  d  la  tête  <!<■  Mort,  niais  ça  ne  se  raisonne  pas,  c'est  de  tradition.  Oh  !  tradition, 
que  d'idioties  on  commet  en  ton  nom  !  !  ! 


26  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Le  Cheval  de  la  Mort  (R  203  —  B  98  —  H  1013).  —  Dans  un  site 
rocheux  et  planté  d'arbres  rabougris,  un  guerrier  casqué  et  armé  se 
dirige  à  cheval  vers  la  gauche,  derrière  lui  à  droite  un  animal 
fabuleux  tenant  du  cerf  et  de  la  licorne  l'accompagne,  serrant  dans  sa 
griffe  une  hallebarde.  A  gauche,  la  Mort  à  cheval  le  regarde  et  lui 
montre  un  sablier  que  surmonte  un  cadran.  Entre  les  jambes  du 
cheval  du  guerrier  un  chien  et  un  lézard.  Tout  au  fond  de  l'estampe, 
un  château  fort  couronne  une  colline  escarpée.  Dans  le  bas  du  coin 
gauche  de  l'estampe  sous  une  tête  de  mort,  une  tablette  portant  le 
monogramme,  au-dessus  duquel  le  millésime  1513  précédé  de  la 
lettre  S. 

Une  des  pièces  capitales  de  l'œuvre,  extrêmement  recherchée.  Quant  à  la 
lettre  S  qui  précède  la  date,  aucune  explication  satisfaisante  jusqu'ici  n'a 
pu  être  donnée;  on  y  a  vu,  les  uns  l'initiale  du  baron  de  Siekin^en  ou  de 
Sleplian  Paumgârtner,  les  autres  la  première  lettre  de  Sanguineus ',  car  on 
suppose  aussi  que  Durer  avait  eu  l'intention  de  faire  une  série  de  planches 
représentant  Les  quatre  Tempéraments,  théorie  très  à  l'ordre  du  jour  a  cette 
époque,  et  que.  les  deux  autres  estampes  La  Mélancolie  et  saint  Jérôme  dans 
sa  cellule  faisaient  partie  de  celte  suite;  nous  estimons  pour  notre  part  que 
ces  suppositions  sont  puremenl  gratuites,  et  nous  préférons  tout  naïvement 
admirer  ces  productions  merveilleuses,  plutôt  que  de  cherchera  en  éclaireir 
le  côté  resté  mystérieux. 

Cette  pièce  est  encore  connue  sous  les  dénominations  :  Le  Mariage  , 
L'Homme  mondain  ,  Le  Chevalier,  la  Mort  et  le  Diable  ;  ou  tout  simplement 
sous  la  rubrique  l'n  Cavalier  qui  lui  fut  donnée  par  Durer  lui-même  dans 
son  Journal  de  voyage  aux  Pays-Bas  —  Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  Liphart,  deux  exemplaires,  dont  l'un,  d'une  qualité  exceptionnelle, 
fut  vendu  seul  1600  —  Didot, 560  —  Knowlcs,  une  des  plus  belles  existantes, 
2126  —  Oppermann,  177.")  -  Schloesser,  1637,  superbe  —  Griffiths,  562,  de 
chez  Mariette  —  Hebich,  925  —  Retberg,  1150  avec  les  témoins'  —  Buccleueh, 
1312  —  Seymour  Eïaden,  1775,  de  chez  Brooke  —  Fischer,  2500,  de  chez 
Saint-Aubin  ■  Holford,  3625  Aylesford,  237  -  Destailleur,  900  — 
Angiolini,  1250  —  Artaria,  780  Straeler,  12(52  —  De  Sallet,  1023.  provenait 
de  chez  Liphart  —  Cornill  d'Orville,  562. 

La  Vierge  au  pied  de  la  muraille  (R  205  —  B  40  —  H  610).  — 
Adossée  au  pied  des  remparts  d'une  ville  forte,  à  gauche  de  laquelle 
serpente  un  cours  d'eau,  la  Vierge  est  assise  de  trois  quarts  à  gauche 


i  Ou  celle  de  Sm/m.s. 

»  Particularité  extrêmement  rare  ;i  rencontrer  dans  les  estampes  des  vieux  Maîtres.  Durer, 
m|  mi  avait  coutume  de  tirer  ses  cuivres  en  j  laissant  de  grandes  marges  ;  mais  le  goût  de 
l'époque  était  toujours  de  les  abattre  el  même  de  rogner  jusqu'au  irait  carré  ces  estampes. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  27 

tenant  l'Enfant  Jésus  serré  dans  ses  bras,  elle  porte  un  trousseau  de 
clefs  à  sa  ceinture.  A  droite  sur  le  pan  du  mur  à  mi-hauteur  de 
l'estampe,  1514  et  le  monogramme. 

La  pièce  est  extrêmement  poussée.  —  Se  défier  des  copies,  d'une  tout 
particulièrement,  qu'on  ne  peut  guère  reconnaître  qu'en  ayant  sous  les  yeux 
l'originale  pour  la  confronter;  dans  la  copie,  le  i  du  millésime  est  plus 
petit  et  différent  de  forme,  le  D  du  monogramme  est  également  moins 
grand,  il  n'y  a  pas  aussi  de  parties  ombrées  dans  la  portion  de  l'écriteau 
qui  est  sous  le  monogramme. 

Ventes  :  E.  Galichon,  280  —  Didot,  110,  avec  la  signature  de  Mariette 
datée  de  1660  —  Oppermann,  56  —  Schlocsser,  262  —  Fischer,  269  — 
Angiolini,  380  —  Cornill  d'Orville,  319. 

Saint  Jérôme  dans  sa  cellule  (R  208  —  B  60  —  H  756).  —  Au 
fond  de  la  pièce  qui  reçoit  le  jour  de  gauche  par  deux  vastes  croisées 
à  verres  ronds  le  saint  est  assis,  écrivant  sur  un  pupitre  posé  sur  sa 
table  de  travail,  sa  tète  est  dans  un  rayonnement  et  son  épaule  droite 
vivement  éclairée.  Derrière  lui  un  sablier  et  son  chapeau  pendu  au 
mur;  des  coussins,  des  sandales,  des  livres,  une  tète  de  mort...  un 
renard  et  un  lion  couchés  et  dormant  sur  le  premier  plan  complètent 
le  tableau.  Sur  le  parquet  à  droite,  le  monogramme  et  1514. 

On  a  accusé  avec  juste  raison  l'artiste  ne  n'avoir  qu'un  seul  plan  et 
d'avoir  absolument  négligé  les  valeurs  ;  reconnaissons  ici  cependant,  que  la 
profondeur  de  la  pièce  est  assez  scrupuleusement  accusée.  Disons  aussi  en 
passant,  que  la  dénomination  dans  sa  cellule  est  impropre,  le  mot  cellule 
impliquant  l'idée  d'une  pièce  petite  et  nue  ;  or,  ici  ce  n'est  nullement  le  cas, 
car  la  pièce  est  spacieuse,  presque  luxueusement  meublée  et  de  ce  fait 
extrêmement  intéressante  au  point  de  vue  de  l'ameublement  de  l'époque. 

Les  premières  épreuves  sont  tirées  sur  papier  à  la  haute  couronne  et  les 
dernières  sur  papier  filigrane  au  pichet  (ou  à  la  cruche).  Les  copies  sont 
nombreuses.  Heller  en  signale,  croyons-nous,  treize. 

Ventes  :  E.  Galichon,  400  —  Liphart,  525  —  Didot,  300  —  Knowles,  2125, 
épreuve  absolument  hors  ligne,  une  des  plus  belles  connues  '  —  Schlocsser, 
437  —  Oppermann,  451  —  Hebich,  462  —  Buccleuch,  919  —  Seymour 
Haden,  2750  —  Fischer,  412  —  llolford,  3250  —  Aylesford,  412  —  Destailleur, 
360  —  Artaria,  610  —  Straeter,  656  —  Cornill  d'Orville,  1000  —  Schultze, 
1500,  provenait  des  doubles  de  Berlin  —  Hausen,  756  —  Stern,  1912. 


i  La  collection  de  cet  amateur  avec  celles  de  Seymour-Haden,  llnlford,  Retberg  et  surtout 
Cornill  d'Orville  peuvent  être  considérées  comme  renfermant  les  plus  beaux  Durer  connus; 
elles  étaient  cependant  inférieures  encore  à  celles  de  Verstolk  de  Soelcn  qui  acquit  les  siens  en 
1824  à  la  vente  du  comte  de  Vries  ;  cette  réunion  de  Durer  avait  été  originellement  formée  par 
Abraham  Ortelius  qui.  a  sa  mort  en  1598,  la  légua  à  son  héritier  Jacques  Collius. 


28  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Les  écarts  énormes  des  prix  ci-dessus  montrent  à  quel  point  ta  belle 
épreuve  est  appréciée  ;  il  y  a  là  un  enseignement  qui,  plus  aujourd'hui  que 
jamais,  a  sa  valeur  et  peut  se  résumer  en  ces  mots  :  N'hésitez  jamais  à 
payer  le  gros  prix  l'épreuve  exceptionnelle;  si  vous  êtes  spéculateur,  vous 
y  trouverez  profit  tôt  ou  lard  ;  si  vous  êtes  simple  collectionneur,  une 
grande  satisfaction  en  songeant  qu'on  vous  enviera  la  perle  que  vous  n'avez 
pas  voulu  laisser  échapper. 


La  Mélancolie  (R  209  —  B  74  —  H  840).  —  Songeuse  la  tête 
laurée  de  profil  à  gauche,  une  femme  ailée  est  assise  au  milieu 
d'instruments  de  toutes  sortes,  le  coude  gauche  est  appuyé  sur  son 
genou,  sa  main  droite  tient  un  compas  ouvert,  un  chien  est  couché  à 
ses  pieds;  près  d'elle  à  sa  droite  un  enfant  assis,  écrit;  tout  à  fait  à 
gauche  en  haut  de  l'estampe,  la  mer  avec  une  comète  qui  semble  y 
sombrer,  un  arc-en-ciel  et  une  chauve-souris  fantastique  tenant  une 
banderolle  sur  laquelle  on  lit  :  Melencolia  S  I.  Sur  la  marche  où  la 
femme  est  assise,  le  monogramme,  et  au-dessus  1~>11  peu  apparent. 

On  trouve  assez  facilement  cette  pièce  en  bonne  épreuve,  c'est  ce  qui 
explique  pourquoi,  quoique  merveilleusement  belle,  elle  n'atteint  jamais 
les  prix  de  certaines  estampes  inférieures  de  qualité,  mais  infiniment 
plus  rares. 

Il  y  a  plusieurs  copies  trompeuses,  entr'autres  une  fort  remarquable  et 
presque  aussi  belle  que  l'originale,  elle  est  gravée  par  un  inconnu  et  ne 
porte  ni  monogramme,  ni  signature,  mais  on  la  reconnaît  facilement  en  ce 
que  la  grande  clef  du  trousseau  qui  pend  à  la  ceinture  a  quatre  croisillons 
au  panneton,  tandis  qu'il  n'en  existe  que  trois  dans  l'originale.  Dans  la  copie 
de  Jérôme  Wierix,  le  signe  ressemblant  à  un  S  qui  se  trouve  entre  le  mot 
Melencolia  et  le  /  n'existe  pus. 

On  croit  reconnaître  dans  ce  portrait,  la  femme  de  l'artiste,  Agnès  Frey 
merveilleusement  belle,  mais  inquiète  et  violente. 

On  a  cherché  aussi  ce  que  pouvait  signifier  le  signe  /.  Thausing  y  voit  le 
numéro  1  de  la  première  planche  pour  la  suite  des  quatre  Tempéraments; 
Passavant  mieux  inspiré,  croyons-nous,  donne  la  seule  explication  plausible 
en  considérant  ce  signe  comme  un  /,  ce  qui  voudrait  alors  dire  :  Mélancolie 
fuis;  /étant  la  seconde  personne  de  l'impératif  du  verbe  latin  Ire  qui  signifie 
aller,  fuir. 

Au    temps    de    Durer,    cette    estampe    avec    sept    autres    composant    une 

feuille  entière  se  vendaient  un  QorinlM 

Ventes:  Howard,  épreuve  d'une  incomparable  beauté,  1000  E.  Galichon, 
960  -  Liphart,  568  -  Didot,  1000  Knowles,  1312,  provenait  de  chez 
Howard  Oppermann,  120  —  Hébicb,  500  —  Buccleuch,  650  —  Fischer,  975, 
de  chez  Woodburn  —  Holford,  1550  Hollar,  17;>  —  Destailleur,  120  — 
L.  Galichon,  600  -  Àngiolini,  305  —  Artaria,  moi  -  Straeter,  1000  — 
De  Sallet,  269  Heredia,  308  -  Cornill  d'Orville,  s 1 1  —  Schultze,  319 — 
Ilansen,  629. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  29 

La  Sainte  Famille  (R  222  —  B43  -  H  648).  —  De  face,  assise  au 
milieu  de  l'estampe  sur  un  banc  gazonné,  la  Vierge  tient  sur  ses 
genoux  l'Enfant  Jésus  nu  ;  à  gauche  au  second  plan,  saint  Joseph  vu 
à  mi-corps.  Derrière  la  Vierge  à  droite,  trois  autres  personnages;  tout 
au  fond  de  l'estampe  au  trait,  une  montagne  avec  tour  et  maison.  Ni 
date,  ni  monogramme. 

Celle  pièce  exécutée  à  Venise  pendant  son  voyage  se  ressent  de  l'influence 
italienne  ;  c'est  une  pointe  sèche  dont  les  bonnes  épreuves  sont  extrêmement 
rares,  le  cuivre  ayant  été  très  superficiellement  attaqué  ;  une  des  caracté- 
ristiques des  beaux  exemplaires,  est  la  vigueur  des  traits  de  la  tour. 

Le  1«  état  est  avant  les  rayures  sur  le  visage  de  la  Vierge. 

Ventes  :  Liphart,  lL,r  état,  1100  —  Didot,  même  état,  000,  de  la  collection 
Arozarena  où  elle  fut  adjugée  655,  elle  était  avec  toutes  ses  barbes  — 
Hebich,  156  —  Hulot,  1m  état,  900  —  Fischer,  1025  —  Mol  lord,  2755  — 
Gutekunsl1,  exemplaire  d'une  insurpassable  beauté,  4250  —  Artaria,  1er  état, 
520  —  Cornill  d'Orville,  219. 

La  Vierge  couronnée  par  les  Anges  (R226  —  B39  —  H  547).  — 
Assise  sur  une  large  pierre  dans  la  campagne  et  adossée  à  une  forte 
barrière,  la  Vierge  de  face  la  tête  penchée  à  droite,  tient  l'Enfant  Jésus 
sur  ses  genoux  et  une  pomme  dans  la  main  droite.  Deux  anges 
descendus  du  ciel  s'apprêtent  à  lui  poser  une  couronne  sur  la  tête. 
En  bas  dans  le  coin  droit  de  l'estampe,  le  monogramme  et  1518. 

Ventes  :  E.  Galichon,  225  —  Didot,  100  —  Schloesser,  J26  —  Cornill 
d'Orville,  906. 

Thausing  fait  remarquer  que  cette  estampe  appartient  à  la  mauvaise 
période  de  Durer  (1513-1520)  qui  négligeait  ses  gravures,  trop  occupé  par 
les  dessins  de  ses  bois  pour  la  publication  de  l'Empereur  Maximilien  —  La 
série  des  Vierges  de  petit  format  sont  moins  faciles  à  rencontrer  que  celles 
de  format  supérieur,  pour  celte  raison  que  les  premières  furent  pour  la 
plupart  intercalées  dans  les  livres  d'heures  d'où  elles  ne  sortirent  plus. 

Le  Crucifix  (R  227  —  B  23  —  H  435).  —  Sur  la  croix,  la  tête 
penchée  à  droite  dans  un  rayonnement,  le  Christ  est  entouré  à  droite 
par  la  Vierge  et  deux  saintes  femmes,  à  gauche  par  saint  Jean  derrière 
lequel  est  un  homme  d'arme  portant  un  bouclier.  A  genoux,  la 
Madeleine  tient  embrassé  le  pied  de  la  croix.  Ni  monogramme,  ni  date. 

Très  petite  pièce  ronde  rarissime  dite  :  le  Pommeau  d'épée  ou  la  Plaque  de 
chapeau  de  l'Empereur  Maximilien  /•' .  C'est  un  nielle  sur  plaque  d'or  ;  c'est 


i  Vente  faite  en  avril  1894. 


30  ÉCOLE    ALLEMANDE 

la  plus  petite  pièce  gravée  par  le  Maître.  Klle  mesure  37  millimètres  de 
diamètre.  On  suppose  qu'elle  fut  exécutée  en  1518.  Les  lettres  INEJ  sont 
renversées  comme  dans  toutes  les  nielles.  La  copie  qui  en  existe  est  si 
remarquable,  qu'on  la  confond  souvent  avec  l'originale.  Du  reste,  Bartsch 
et  Passavant  ne  sont  pas  d'accord  sur  celle  qui  est  l'original  ou  sur  celle 
qui  est  la  copie. 

Venles  :  Liphart,  original  de  Passavant,  2887  —  Didot,  300,  avec  un  autre 
exemplaire  original  de  Bartsch,  200  —  Hébich,  756  —  Retberg,  1025  — 
Buccleuch,  925  —  Holford,  150;  dans  ces  cinq  ventes,  sont  les  originaux  de 
Passavant  —  Artaria,  de  Passavant,  (illO  ;  de  Bartsch,  120  —  Cornill  d'Orville, 
de  Bartsch,  131  —  un  autre  exemplaire  d'une  exceptionnelle  beauté,  original 
de  Passavant,  provenant  de  chez  Verstolk  de  Soelen,  1237. 

Le  Crucifiement  (R  253  —  Passavant  109  —  H  2250).  —Au  milieu 
de  l'estampe,  le  Christ  de  face  sur  l'arbre  de  la  croix,  à  droite  saint 
Jean  debout  les  mains  jointes  et  les  j'eux  levés  au  ciel,  à  gauche  la 
Vierge  entourée  des  saintes  femmes.  La  Madeleine  est  agenouillée  au 
pied  de  la  croix  qu'elle  tient  embrassée,  près  d'elle  tète  de  mort  et 
ossement.  Au  fond  de  l'estampe  Jérusalem,  et  à  droite  des  rochers 
couronnés  par  un  château  fort,  dans  le  ciel  des  anges.  Près  de  la  tête 
de  mort,  le  monogramme  de  l'artiste,  sur  le  terrain  presque  au  milieu 
un  peu  à  droite. 

Cette  pièce,  d'une  insigne  rareté,  est  inconnue  à  Bartsch  ;  elle  est  gravée 
au  trait  pur  et  semble  être  le  décalque  d'un  dessin  et  une  préparation  de 
planche.  Retberg,  Passavant  et  Ephrussi  la  croient  de  Durer;  Heller  et 
Thausing  la  répudient. 

Passavant  nous  apprend  qu'une  copie  en  a  été  faite  par  Xussbiegcl,  et 
qu'il  y  a  deux  étals  :  l'un  avant  le  monogramme,  l'autre  avec  le  monogramme; 
mais  ce  dernier  n'esi  pas  placé  comme  dans  l'original,  il  est  à  gauche,  près 
du  manteau  de  la  Vierge. 

Ventes  :  Didot,  75  —  Retberg,  co/iie  avant  le  monogramme,  C2  —  Cornill 
d'Orville,  sur  papier  au  petit  globe,  02  —  Defer  Dumcsnil,  l«  état  avant  le 
monogramme  et  sur  papier  aux  armes  d'Amsterdam,  150. 

Cette  estampe  au  point  de  vue  artistique  est  sans  valeur. 

Erasme  d'Amsterdam  (R  206  —  B  107  —  H  1047).  —  Dans  son 
cabinet  de  travail  entouré  de  sis  livres,  vêtu  d'un  ample  vêtement  et 
coiffé  d'un  bonnet  qui  lui  cache  les  oreilles,  Erasme  debout  vu  à 
mi-corps  de  trois  quarts  à  gauche,  écrit  sur  on  pupitre,  la  main 
gauche  tient  un  encrier.  Sur  la  table  à  gauche,  un  vase  avec  des  fleurs 
el  en  haut  du  même  côté  une  large  tablette  où  on  lit  :  Imago  Erasmi... 
MDXXV1  el  le  monogramme  en  dessous. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  M 

Ce  portrait  est  superbe  et  supérieur  de  beaucoup  à  tous  les  autres  faits 
par  Durer  ;  tout  porte  à  croire  que  c'est  un  des  derniers  cuivres  qu'il  a 
gravés,  peut-être  même  le  dernier. 

Faisons  remarquer  que  le  portrait  de  Joachim  Patenicr  (B  108)  n'a  jamais 
été  gravé  par  l'artiste,  mais  bien  d'après  son  dessin  par  Cornélius  Coït  '  ; 
on  ne  s'explique  guère  qu'on  ait  voulu  attribuer  celte  pièce  de  tout  second 
plan  au  grand  artiste  ;  elle  est  tellement  éloignée  de  sa  manière  que  le 
doute  n'est  pas  permis. 

Ventes  :  Guieliardot,  150  —  Liphart,  sur  papier  aux  deux  lys  dans  un 
écu,  750  —  Didol,  810  —  Oppermann,  200  —  Bucclcuch,  500  —  Fischer,  446  — 
Hollandt,  381  —  Aylesford,  194  —  Artaria,  590  —  De  Sallet,  394  —  Cornill 
d'Orville,  1112  —  Schultze,  256  —  Prince  Waldburg  Wolfegg,  275. 

Saint  Jérôme  (R  supp'3  —  B  62  —  H  782).  —  Un  genou  en  terre, 
la  tête  dans  un  rayonnement,  le  saint  de  trois  quarts  à  droite,  prie 
devant  un  crucifix  ;  derrière  lui  son  chapeau  et  ses  vêtements  sont 
accrochés,  à  ses  pieds  son  lion  fidèle.  Au  dernier  plan  à  droite,  on 
aperçoit  une  petite  maison  qui  semhle  renversée  tant  elle  est  penchée 
à  gauche.  La  lumière  vient  de  droite. 

Cette  petite  estampe  ronde  de  la  dimension  d'une  pièce  de  deux  francs 
n'est  qu'attribuée  au  Maître.  Bartsch,  Heller  et  Passavant  la  croient  gravée 
par  l'artiste,  Haussmann  en  doute,  Thausing  et  Betberg  supposent  que 
Durer  n'en  a  fait  que  le  dessin.  Quoiqu'il  en  soit,  ce  nielle,  car  c'en  est  un, 
est  d'une  insigne  rareté,  on  n'en  connaît  que  cinq  originaux  qui  sont  à 
Paris,  Dresde,  Amsterdam,  Brème  et  Vienne  à  l'Albertine.  —  Il  y  a  plusieurs 
copies  qui  sont  sans  valeur,  une  entre  autres  est  de  Aloys  Petrak,  de  Vienne, 
il  l'a  du  reste  signée  :  A.  Petrak  Cop. 

Ne  pas  confondre  cette  pièce  avec  celle  de  même  titre,  ronde  également, 
mais  un  peu  plus  grande  (R  supp1  12  —  B  115)  qui  est  gravée  sur  bois  et 
représente  le  saint  la  tète  auréolée,  à  genoux  tourné  à  gauche,  il  est  au 
pied  d'un  arbre  où  sont  appuyés  un  christ  et  un  livre,  dans  la  campagne 
derrière  lui  son  lion  est  couché,  et  tout  à  fait  au  fond  de  l'estampe  à  droite, 
on  aperçoit  un  cerf  debout.  Cette  estampe  est  rarissime  ;  à  la  vente  Cornill 
d'Orville  elle  fut  adjugée  650  francs. 

Le  Jugement  de  Paris  (R  supp'  4  —  B  65  —  H  793).  —  Dans  la 
campagne,  demi  couché  à  gauche  de  l'estampe  et  semblant  assoupi, 
Paris  armé  en  guerre  —  ce  qui  n'est  guère  le  fait  d'un  berger  —  semble 
peut  se  soucier  des  trois  déesses  nues  qui  sont  à  sa  gauche  ;  un 
vieillard  placé  derrière,  lui  présente  une  pomme.  La  lumière  vient 
de  droite. 


'  Thausing  émet  un  avis  opposé,  il  croit  que  le  graveur  est  Egidius  Sadeler. 


32  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Ce  nielle  de  petite  dimension  et  de  forme  ronde  reste  toujours  discute, 
Bartsch,  Ileller,  Passavant  et  Haussmann  l'acceptent  ;  Retberg  et  Thausing 

le  rejettent.  Le  seul  exemplaire  original  connu  est  à  l'Albertine  de  Vienne. 
Petrak  en  a  fait  une  copie  tju'il  a  signée.  Il  y  a  eu  aussi  une  gravure  sur  bois 
de  cette  pièce  avec  linéiques  modifications  (B  134),  elle  est  fort  rare  et  fut 
adjugée  à  la  vente  Cornill  d'Orville  le  prix  coquet  de  2000  francs. 

Le  titre  même  donné  par  Bartsch  à  cette  estampe  est  certainement  erroné, 
ca  ne  peut  être  en  effet  le  berger  Paris,  puisque  le  personnage  représenté 
ici  est  un  guerrier,  c'est  plutôt  comme  le  dit  Passavant  un  incident  de  la 
légende  du  moyen  âge  relative  à  Alfred  III,  roi  de  Mercie.  On  raconte  que 
dans  une  visite  que  ce  dernier  fit  à  Guillaume  d'Albanac,  il  remarqua  ses 
trois  filles  merveilleusement  belles,  le  père  croyant  s'apercevoir  qu'il 
désirait  faire  de  l'une  d'elles  sa  maîtresse,  les  fit  venir  toutes  nues  et  força 
le  Iioi  à  en  prendre  une  pour  épouse  ("est  la  scène  reproduite  dans 
l'estampe  que  nous  venons  de  décrire. 

Le  grand  Courrier  (I\  supp1  5  —  B  81  —  H  1098).  —  Sur  un 
cheval,  lancé  à  plein  galop  vers  la  droite,  un  homme  coiiïé  d'un 
bonnet  se  retourne  un  fouet  dans  la  main  gauche.  Au  dernier  plan  à 
droite,  une  montagne  sur  le  sommet  de  laquelle  se  silhouette  un 
clocher  pointu. 

Encore  une  pièce  douteuse  qui  est  considérée  par  ceux  qui  l'admettent 
comme  une  des  toutes  premières  estampes  du  Maître,  elle  est  en  tous  cas 
extrêmement  peu  intéressante  comme  métier  et  comme  sujet,  Bartsch  y  voit 
la  même  technique  que  dans  Le  Violent  (B  1  —  B  92  —  H  893). 

11  n'y  a  que  deux  originaux  de  connus,  l'un  est  à  la  Bibliothèque  Impériale 
de  Vienne,  l'autre  à  Dresde  où  il  est  classé  aux  anonymes.  Petrak  en  a  fait 
une  copie  qu'il  a  signée  de  son  monogramme  A.  P  accolés. 

Nous  avons  mentionné  les  cuivres  les  plus  rares  et  les  plus  recherchés 
du  .Maître,  nous  allons  maintenant  indiquer  quelques  bois,  mais  comme 
nous  envisageons  surtout  l'œuvre  de  Durer  au  point  de  vue  gravure  et  non 
au  point  de  vue  dessins,  nous  passerons  rapidement  sur  les  bois  qu'il  n'a 
fait  que  dessiner  en  confiant,  connue  on  le  sait,  l'exécution  à  un  praticien 
habile  et  consommé  qui  se  nommait  Jérôme  Heseh  dit  Hieronymus. 

La  Colonne  (U  supp!'  14  —  H  129).  Grande  pièce  sur  quatre 
feuilles,  la  hase  représente  deux  Génies  ailés  et  le  haut  un  chapiteau 
sur  lequel  est  assis  un  suivre. 

Celle   estampe,    d'une    insigne   rareté,    a    échappé,    croyons-nous,    aux 

investigations  de  Thausing;  elle  manque  à   presque   toutes  les    collections 

publiques  ou  privées,  elle  a  p.issé  à  la  vente  Cornill  d'Orville  et  y  fui 
adjugée  3312  francs;  elle  était  ili\nc  beauté  merveilleuse  et  rappelait  par  sa 
netteté  et  sa  tinessc  un  dessin  à  la  plume.  Le  papier  était  filigrane  au  chien. 

Elle  était  sans  date,  ce  qui  caractérise  une  toute  première  épreuve  ;  celle  de 
Berlin  est  avec  le  millésime  de  1517. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  33 

L'Apocalypse  de  saint  Jean  (R  27-42  — B  60-75  —  H  1652-1667). 

Rare  et  admirable  suite  de  16  pièces  qui  furent  adjugées  à  la  vente 
Cornill  d'Orville  7837  francs  ;  c'était  la  première  édition  publiée  en  1498, 
de  condition  et  de  beauté  exceptionnelles.  Le  titre  n'apparut  pour  la 
première  fois  que  dans  l'édition  de  1511. 

La  Vie  de  la  Vierge  (R  63-82  —  B  76-95  -  H  1692-1711). 

Suite  de  20  pièces  qui  peuvent  être  considérées  comme  le  chef-d'œuvre 
des  bois  de  l'artiste.  Passavant  semble  croire  que  Durer  s'y  consacra  de 
1501  à  1510.  Il  existe  trois  éditions  :  le  premier  tirage,  sans  texte,  fleur  de 
bois  est  d'une  insurpassable  beauté,  les  exemplaires  bien  complets  sont  pour 
ainsi  dire  introuvables,  même  dans  les  collections  les  plus  célèbres  ;  les 
estampes  sont  tirées  sur  papier  à  la  grande  couronne  et  à  la  balance  dans 
un  cercle.  —  Voici  quelques  prix  pour  de  toutes  premières  épreuves  : 

Ventes  :  Didot,  2020  —  Galichon,  1600,  de  chez  John  Barnard  —  Artaria, 
580  —  Straeter,  superbe  exemplaire  relié  en  maroquin,  provenant  des 
collections  Stosch  et  sir  Joshua  Reynolds  —  De  Sallet,  1443  —  Çornill 
d'Orville,  3375,  état  et  condition  exceptionnels. 

Durer  parle  souvent  de  la  vente  de  ces  pièces  dans  son  Journal  de  voyage, 
il  cédait  quatre  suites  pour  un  florin  !  !  La  grande  Passion,  L'Apocalypse 
se  vendaient  sur  le  même  pied. 

A  remarquer  que  les  belles  premières  épreuves  de  bois  sont  toujours 
exemptes  de  ces  petites  piquelures  blanches  qui  proviennent  des  trous  de 
vers  ;  celles  qui  en  présentent,  sont  à  rejeter. 

Les  Saints  Patrons  de  l'Autriche  (R  219  —  B  116  —  H  1880).  - 
Ils  sont  au  nombre  de  huit  debout  l'un  près  de  l'autre,  leurs  noms  en 
latin  au  bas  de  l'estampe  sur  une  banderolle  sont  les  suivants  en 
allant  de  gauche  à  droite  :  Quirin,  Maximilien,  Florian,  Sévérin, 
Coloman,  Léopold,  Poppo  et  Otto.  Ni  date,  ni  monogramme. 

Cette  pièce  est  d'une  insigne  rareté  en  1"  état,  c'est-à-dire  avant  que  les 
deux  saints  Poppo  et  Otto  aient  été  ajoutés  ;  elle  manque  à  presque  toutes 
les  collections.  Le  2?  état,  après  l'adjonction  des  deux  saints,  porte  en  tête 
une  inscription  commençant  par  ces  mots  :  Ad  Sanctos  Austriœ. . .  puis  un 
poème  latin  de  10  lignes,  c'est  l'édition  de  1517. 

A  la  vente  Cornill  d'Orville,  un  superbe  exemplaire  de  1er  état  fut  adjugé 
1325  francs. 

Le  Triomphe  de  l'Empereur  Maximilien  (R  218  —  B  139). 

Superbe  suite  de  huit  planches  que  l'on  croit  avoir  été  dessinées  sur  le 
bois  même  par  Durer.  On  en  compte  quatre  éditions  qui  sont  : 
i™  édition  de  1522  sans  le  Privilège. 

2c        —       avec  le  Privilège  :  Cum  Gralia  et  Privilegio  Csesaree  Maiestatis. 
3'-        —       1523,  avec  explications  latines. 

4e        —       1589,  dernier  tirage  sur  les  originaux.  L'édition  de  1609  de  Ileller, 
publiée  à  Amsterdam,  est  une  copie  exécutée  par  Liefrinck. 

3 


34  ÉCOLE    ALLEMANDE 

On  connaît  les  principaux  graveurs  qui  travaillèrent  à  cette  suite,  leurs 
noms  ayant  été  consignés  au  dos  des  blocs  de  bois  à  cette  époque,  ce 
sont  :  Jérôme  Andréa,  Claus  Seman,  Wolfgang  Resch,  William  et  Cornélis 
Liefrinck,  Hans  Franck,  Jan  de  Bom,  Alexius  Lindt  et  Jost  Necker. 

On  exécuta  à  Vienne,  ces  dernières  années,  des  retirages  sur  les  bois 
originaux,  et  en  1886,  au  Musée  de  Boston,  on  en  fit  une  exposition. 

Ventes  :  Didot,  exemplaire  admirable  de  la  première  édition,  4050  — 
Cornill  d'Orville,  deuxième  édition,  2612;  exemplaire  de  toute  fraîcheur. 

Mentionnons  encore  quelques  gros  prix  obtenus  pour  les  très  beaux  et 
très  rares  bois  suivants,  passés  à  la  vente  Cornill  d'Orville  : 

Les  Armoiries  de  Durer  (15  160)  ;  dans  un  écusson,  un  triple  monticule  sur 
lequel  repose  une  porte  ouverte  à  deux  battants,  l'écu  est  timbré  d'un  casque 
au-dessus  duquel,  dans  un  vol,  se  profile  à  droite  le  buste  d'un  nègre  coiffé 
d'un  bonnet  ;  le  tout  est  surmonté  d'un  cartouche  contenant  le  monogramme 
accompagné  du  millésime  1523;  de  riches  lambrequins  entourent  l'écu; 
pièce  rarissime  adjugée  1137  —  Saint  Sébald  sur  une  colonne  (P  185),  2375  — 
La  Tête  du  Christ  couronnée  d'épines  (P  192),  875  —  L'Homme  attaqué  par- 
la Maladie  vénérienne  (P  198),  2750  —  Le  Christ  présenté  au  Peuple  (P  174), 
grande  estampe  représentant  le  Sauveur  debout  de  face  à  mi-jambes, 
attaché  à  une  colonne,  les  mains  sont  enchaînées,  il  est  entre  deux 
bourreaux  qui,  brutalement,  entr'ouvent  le  manteau  dont  il  est  revêtu.  En 
haut  du  coin  droit,  la  date  1521  ;  pièce  de  la  dernière  rareté,  adjugée  4075. 


FALGK  (Jérémias) 

Artiste  habile,  né  à  Dantzig  en  1629,  mort  en  1729,  a  gravé  un  peu  de  tous 
les  genres  —  150  pièces  environ  —  nous  ne  retiendrons  de  lui  que  le  beau 
et  rarissime  portrait  de  : 

Copernic. 

Un  exemplaire  superbe  fut  adjugé  à  la  vente  Behague,  100  francs;  il  était 
avant  toutes  lettres. 

Nous  pouvons  encore  citer:  Louis  XIII,  en  habit  de  chasse  et  à  cheval, 
adjugé  à  la  même  vente,  99  francs. 


FURSTENBERG  (Théodore  Gaspar  de) 

Tête  de  saint  Jean-Baptiste  sur  un  plat  (Smith  1).  —  La  tète 
du  saint  est  de  trois  quarts  à  gauche,  les  yeux  sont  clos  et  les 
cheveux  bouclés.  Du  centre  du  nimbe  qui  est  à  gauche  part  un  rayon 
en  forme  de  vrille  dirigé  perpendiculairement  vers  sa  lète.   En  bas 


ÉCOLE    ALLEMANDE  35 

dans  le  coin  gauche,  on  lit  :  Theod.   Casp.  à  Furstenberg.  Pinxit  et 
sculpsit. 

Manière  noire  de  la  dernière  rareté  dont  un   exemplaire  fut  vendu   le 
23  avril  1894  par  H. -G.  Gutekunst,  631  francs. 


HOLBEIN  (Hans  le  jeune) 

Né  à  Augsbourgi  vers  1497,  mort  à  Londres  de  la  peste  en  1543.  Un  des 
artistes  les  plus  considérables  de  l'école  allemande,  a  gravé  ou  plutôt 
dessiné  nombre  de  morceaux  pour  l'illustration  de  livres,  bordures, 
ornementation  de  lettres,  marques  d'éditeurs,  etc.,  mais  s'est  surtout 
immortalisé  par  son  impérissable  Danse  des  Morts  dont  les  bois  ont  été 
gravés  par  Hans  Lùtzelburger,  quoique  certains  d'entre  eux  portent  la 
signature  du  Maître.  —  A  noter  que  les  bois  gravés  en  Angleterre  par  les 
artistes  de  ce  pays  sont  de  beaucoup  inférieurs  à  ceux  gravés  à  Baie. 

Signalons  le  beau  portrait  suivant,  d'après  le  Maître,  gravé  par  H.  Lùtzel- 
burger dit  Franck  graveur  hors  pair. 

Erasme  de  Rotterdam  (Passavant  57).  —  Ce  catalogueur  le 
décrit  ainsi  :  Figure  entière,  debout,  tourné  vers  la  droite  et  tenant  la 
main  droite  sur  un  Terme,  au-dessous  d'un  arc  richement  orné.  Du 
haut,  pend  une  tablette  avec,  l'inscription  :  E  R.  ROT.  Dans  un 
compartiment  au-dessous,  une  inscription  imprimée  en  caractères 
mobiles,  qui  varie  suivant  les  différents  états,  savoir  : 

1er  état    2  lignes  de  texte. 

2«    —       4  lignes  de  texte. 

3e  —  4  lignes  de  texte,  mais  avec  d'autres  caractères  et  au-dessous  : 
Erasmi  Rollerdami  effigies. . .  Indication  souvent  enlevée  pour 
truquer  la  pièce  et  la  faire  passer  pour  un  2=  état. 

4e    —       Epreuve  moderne  sans  inscription,  le  bois  est  au  Musée  de  Bâle. 

Ventes  :  Schloesser,  2e  état,  26  —  Oppermann,  70. 


HOLLAR  (Wenceslas) 

Né  à  Prague  en  1607,  mort  à  Londres,  en  prison  en  1677.  Dessinateur  et  gra- 
veur dont  les  eaux-fortes  sont  souvent  très  poussées  et  très  finies.  Il  eut  pour 
maître,  Mérian.  De  son  vivant  ses  estampes  se  vendaient  mal  et  ce  fut  toujours 
un  besogneux.  Il  se  distingua  d'une  façon  très  marquée  dans  le  rendu  des 


1  D'autres  disent  à  Bâle,  ce  qui  nous  semble  plus  vraisemblable.  Il  a  généralement  pour 
monogramme  deux  H  séparés  et  sur  le  même  plan,  ou  deux  H  presque  accolés  avec  une  seule 
barre  horizontale  les  rassemblant,  formant  comme  un  (rois  en  chiffre  romain  coupé  par  une 
barre  horizontale,  ou  enfin  un  H  sur  la  barre  transversale  duquel  est  à  cheval  un  autre  petit  H. 


36  ÉCOLE    ALLEMANDE 

fourrures,  dans  les  coquillages,  les  animaux,  les  insectes;  ses  figures  étaient 
moins  bonnes.  Son  œuvre  qui  se  monte  au  chiffre  considérable  d'environ 
2800  pièces  fut  catalogué  par  Virtue  de  Londres,  d'abord  en  1745,  puis  une 
seconde  fois  en  1759,  et  enfin  par  Parthey,  à  Berlin,  en  185.'i  ;  il  y  a  dans  ce 
dernier  volume,  2'Xi  pièces  de  décrites.  Les  deux  premiers  sont  en  anglais, 
le  troisième  en  allemand. 

En  somme,  artiste  tiès  remarquable,  très  probe,  très  sincère  de  métier, 
très  recherché  de  nos  jours,  surtout  en  Angleterre,  mais  n'atteignant 
jamais  cependant  de  gros  prix.  Une  exposition  des  pièces  les  plus  intéres- 
santes de  son  œuvre  eut  lieu  en  1875  au  Burlington  Club  de  Londres. 

Le  plus  bel  œuvre  existant  actuellement  est  celui  du  British  Muséum,  il 
est  à  peu  près  complet  et  fut  acheté  en  grande  partie  à  sir  Hans  Sloan,  qui 
le  tenait  de  la  veuve  île  l'artiste. 

Le  Portail  de  la  Cathédrale  d'Anvers  (Parthey  824).  —  Une 
procession  rentre  dans  l'église  ;  sur  la  place  à  gauche,  une  fontaine 
près  de  laquelle  se  hallent  des  chiens;  quelques  personnes  dissé- 
minées sur  la  place;  jusle  en  face  la  porte  de  l'église,  un  carosse  à 
deux  chevaux  se  dirigeant  vers  la  droite. 

Celle  très  belle  pièce,  grand  in-folio  en  hauteur,  doit  être  recherchée 
surtout  en  1"  état,  c'est-à-dire,  avant  les  conlrc-lailles  sur  le  toit  de  la 
maison  qui  est  a  droite,  et  avec  une  seule  ligne  au  bas  de  la  planche  : 
Prospectus  turris...  et  à  gauche  en  bas:  Wenceslaus  Ilollar  delineavit  et 
fecit  lli'i'.).  Aux  épreuves  postérieures  il  y  a  trois  lignes  commençant  par  : 
Anterpiae. . . 

Ce  cuivre  a  passé  en  Angleterre,  la  marge  du  bas  a  été  coupée  et  on  lit 
dans  le  haut:  The  Cathedral  Chwch  of  Antwerp. 

Ventes:  Behague,  1"  état,  200  —  Oppcrmann,  même  état,  201  —  Bouillon, 
115—  Loyd,  125. 

La  Nef  de  la  Chapelle  Saint-Georges  (P  1079). 
C'est  un  bijou  île  /inesse  qui  est  devenu  très  rare. 

Une  Anglaise  en  costume  d'hiver  (P  1999). 

I  He  rare  épreuve  de  cette  estampe,  une  des  meilleures  de  l'artiste  fut 
adjugée  à  la  vente  Angiolini,  81  lianes. 

Le  Lièvre  pendu  (P  2058).  -  Il  est  pendu  par  une  patte  de 
derrière  près  d'un  panier  de  gibier,  à  droite  un  chien  vient  le  flairer. 
D'après  Pierre  Boel. 

Pièce  presque  célèbre  qu'il  faut  avoir  en  /"  état,  c'est-à  dire  avec  le  nom 
de  l'artiste  et  le  millésime  16t9.  Au  2» état  on  a  substitué  au  nom  du  Maître 
celui  de  J.  Le  l'outer  e.v.  Au  3"  état  le  nom  de  l'artiste  a  été  rétabli,  mais 
sans  l'année. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  37 

LadY  Catherine  Howard  (P  1721). 

De  toute  rareté  ;  elle  est  appuyée  sur  une  lable,  à  mi-jambes.  —  Il  en  passa 
un  exemplaire  à  la  vente  Seymour  Haden  avant  le  terrain  ombre  et  avant 
tontes  lettres.  C'était  une  des  quatre  épreuves  connues.  Dans  les  états  posté- 
rieurs la  planche  a  été  coupée. 

LadY  Elizabeth  Sherley  (P  1503). 

Gravé  d'après  Van  Dyck,  d'une  excessive  rareté  dans  tous  ses  états.  Le 
British  Muséum  en  possède  deux  épreuves  non  terminées  et  une  autre  avec 
le  nom  et  l'adresse  de  Stent. 

Jeune  Homme  jouant  de  la  mandoline.  —  Le  musicien  est 
assis  près  d'une  croisée  ouverte  à  travers  laquelle  on  aperçoit  une 
tour  et  quelques  navires.  » 

De  la  plus  insigne  rareté  ;  c'est  peut-être  la  pièce  la  plus  séduisante  de 
l'œuvre.  Il  n'en  existe  que  deux  exemplaires  connus,  l'un  est  au  British 
Muséum,  l'autre  chez  M.  A.  Morrisson.  —  Parthey  ne  la  connaissait  pas. 

Mentionnons  encore  pour  en  terminer  :  L'Ecce  Homo,  d'après  Le  Titien  ; 
Le  Christ  en  croix,  d'après  Van  Dyck  ;  sa  série  des  Manchons  (P  1945-1952)  ; 
des  Coquillages  (P  2187-2221)  qui  sont  d'exquises  merveilles  et  de  plus  de 
grandes  raretés  ;  Les  quatre  Saisons,  en  pied  (P  60G-609),  ne  pas  les  confondre 
avec  celles  à  mi-corps  qui  sont  bien  inférieures. 


KRUG  (Louis) 

Mort  à  Nuremberg  vers  1430,  a  gravé  une  vingtaine  de  pièces,  signait 
souvent  d'une  cruche  entre  ses  initiales  L  et  K,  ce  qui  le  fait  désigner  sous 
la  rubrique  le  Maître  à  la  cruche. 

L'Homme  de  Douleur.  —  Jésus-Christ  debout,  à  mi-corps,  sur 
un  fond  parsemé  d'étoiles  ;  il  est  couronné  d'épines  et  lient  un  roseau 
dans  ses  mains  croisées.  En  haut  à  droite  :  Ecce  Homo.  En  bas  au  milieu 
de  l'estampe  qui  est  entouré  d'un  encadrement,  le  monogramme. 

Bois  inconnu  à  Bartsch  et  à  Passavant,  mais  mentionné  par  Leblanc.  Un 
exemplaire  adjugé  C30  francs  à  la  vente  Delacroix. 

La  Nativité  (Bartsch  1).  —  Sur  le  tout  premier  plan  au  milieu 
de  l'estampe,  un  berceau  dans  lequel  est  couché  l'Enfant  Jésus  et 
autour  duquel  sont  agenouillés  la  Vierge,  saint  Joseph  et  des  anges. 
Un  berger  vient  d'arriver  à  gauche  et  s'arrête  appuyant  ses  deux 
mains  sur  son  bâton.  Au  fond,  une  construction  en  ruines  à  travers 


38  ÉCOLE    ALLEMANDE 

l'arche  de  laquelle  on  distingue  sur  un  petit  tertre,  bergers  et  moutons. 
Sur  un  pilier  à  droite,  le  monogramme  au-dessus  de  la  tête  de  la 
Vierge,  et  l'année  1516. 

Nous  croyons,  sans  toutefois  l'affirmer,  avoir  vu  un  exemplaire  sans  le 
millésime.  —  Le  cuivre  existe  et  il  y  a  des  retirages. 


MAIR  DE  LANDSHUT  (Nicolas-Alexandre) 

Né,  croit-on,  en  Bavière  et  mort  vers  1520.  Très  fin  graveur,  mais  en 
somme  de  second  plan,  qui,  dit  Passavant,  couvrait  ses  estampes  d'une 
teinte  gris  verdàtre  ou  brunâtre  pour  les  rehausser  ensuite  par  des  lumières 
à  l'aide  de  couleurs  opaques  blanches  ou  jaunes,  cherchant  ainsi  à  rendre 
l'aspect  de  ses  propres  dessins. 

Certains  de  ses  bois  en  clairs -obscurs  rappellent  beaucoup  ceux  de 
Pilgrim.  Son  œuvre  est  très  difficile  à  se  procurer,  ce  n'est  guère  la  que 
son  seul  mérite. 

Samson  portant  la  porte  de  Gaza  (Bartsch  2  —  Samson  se 
dirige  à  gauche  vers  la  montagne  d'Hébron,  ayant  sous  chaque  bras 
un  des  battants  de  porte  de  la  ville  de  Gaza,  il  est  poursuivi  par  deux 
soldats  armés  de  piques.  En  bas  à  gauche  :  MAIR. 

Pièce  de  toute  rareté  ;  une  épreuve  provenant  de  la  collection  Durazzo  fut 
adjugée  à  la  vente  Angiolini  676  francs. 


MAITRE   (L:  g   1466 

Dit  le  Maître  de  U66',  parce  que  inconnu  autrement,  ses  estampes 
portaient  ce  millésime.  Les  uns  le  croient  originaire  de  Cologne,  d'autres  de 
Salins,  de  Valencicnncs,  de  Lorraine  ou  même  des  Pays-Bas  ;  Nagler  opine 
pour  qu'il  soit  né  à  Munich  ;  la  vérité  est,  qu'a  l'heure  actuelle,  on  n'en  sait 
absolument  rien.  On  a  dit  aussi  qu'il  s'appelait  Engelbrechtzen,  ou  Stcrn, 
ou  Stechm  ou  encore  Erhard  Schoen,  à  cause  des  initiales  gothiques  E.  S. 
dont  il  usait  souvent,  lui  somme,  même  mystère  pour  son  nom  que  pour 
sa  naissance,  l'n  fait  se  dégage,  dont  on  s'est  encore  exagéré  L'importance, 
c'est  la  question  des  papiers  filigranes  dont  il  se  servait  et  qui  provenaient 
de  la  Haute-Allemagne  :  à  la  tête  de  bœuf  avec  L'étoile  sur  la  tige  ;  à  la  tète 


i  II  y  n  on  encore  de  nombreux  autres  Maîtres  au  millésime;  les  principaux  sont  ceux  dp  : 
MU  1423  1430  1437  1489  1441  1451  1457  1458  1481  1484  (dit  aux  Ban- 
deroUes)      iit'.i      1480  (du  Cabinet  d'Amsterdam)      1511      1515.  Hais  les  deux  plus  Importants 

sont,  sans  conteste,  ceux  de  1 188  el  i i •  ■  I  ISO. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  39 

de  bœuf  avec  la  rose  sur  une  tige  ;  la  grappe  de  raisins  ;  la  grappe  avec 
une  croix;  l'ourson;  le  P.  gothique;  le  soleil,  etc..  mais  là  encore,  la 
certitude  que  les  deux  contrées  Allemagne  et  Pays-Bas,  usaient  souvent  des 
mêmes  filigranes,  ne  permet  pas  d'en  tirer  de  sérieuses  conclusions  quant  à 
la  nationalité  de  l'artiste. 

Ses  pièces  datées  1465  et  1467  sont  très  inégales,  parce  qu'on  suppose 
qu'un  certain  nombre  devaient  être  exécutées  par  ses  élèves,  tels  que  le  Maitre 
au  jeu  de  cartes,  le  Maitre  à  l'alphabet,  etc..  Souvent  peu  correct,  il  est 
d'une  naïveté  pleine  d'originalité  et  on  peut  dire  de  lui  qu'il  est  le  premier 
artiste  dont  les  œuvres  aient  eu  de  la  séduction  ;  d'un  métier  bien  à  lui, 
dit  Bartsch,  il  faisait  les  nez  minces,  les  prunelles  claires,  les  cheveux 
serpentants,  les  doigts  et  les  pieds  très  allongés,  les  vêtements  bordés  d'un 
rang  d'étoiles  entre  deux  bandelettes  ;  ses  arbres  étaient  en  forme  de  boule, 
taillés  comme  autrefois  les  orangers  en  caisse  qui  bordaient  nos  pelouses. 
Un  fait  à  noter:  il  ne  croisait  jamais  ses  tailles  en  losange.  Somme  toute,  très 
grande  figure  d'artiste,  burin  extraordinairement  net  faisant  ressembler 
certaines  de  ses  pièces  à  de  fins  dessins  à  la  plume. 

Son  œuvre  comprend  200  et  quelques  pièces,  c'est  le  cabinet  de  Munich 
qui  en  détient  la  plus  riche  réunion  avec  celui  de  Dresde.  Ces  estampes 
sont  très  rares  et  fort  cher. 

Saint  Jean-Baptiste  (Passavant  165).  —  Nous  empruntons  la 
description  de  cette  patène  à  Passavant,  n'ayant  pu  voir  la  pièce  : 

Il  est  assis  dans  un  paysage  rocailleux,  au  milieu  de  l'estampe, 
entouré  d'un  cercle.  On  voit  autour  quatre  médaillons  avec  les  sym- 
boles des  évangélistes  et  quatre  avec  les  pères  de  l'église,  tous 
bordés  de  riches  rinceaux  et  de  feuillages.  Dans  les  banderolles  qui 
contiennent  les  noms  des  évangélistes,  on  voit  encore  le  signe  s, 
et  dans  le  médaillon  de  saint  Jérôme,  le  millésime  1466. 

Les  belles  épreuves  doivent  avoir  une  marge,  les  exemplaires  postérieurs 
ont  le  millésime  entre  deux  traits  perpendiculaires  qui  forment  pour  ainsi 
une  parenthèse  non  cintrée. 

Cette  pièce  ronde  d'une  insigne  rareté,  est  possédée  par  le  British  Muséum, 
YAlbertine  de  Vienne  et  le  Cabinet  de  Dresde. 

Ventes*  :  Fischer  avant  les  deux  traits  perpendiculaires,  875,  du  cabinet 
Maberly  —  Vico,  1100  —  Angiolini,  625  —  de  Sallet,  1312. 

Le  Bouffon.  —  Sur  un  petit  tertre  rocailleux,  un  bouffon  coiffé 
du  bonnet  traditionnel  est  debout  et  de  face  —  il  louche  —  et  gesticule. 
Le  bras  gauche  est  revêtu  d'une  manche  presque  collante,  tandis  que 


1  En  1852  à  la  vente  Pierre  Vischer  de  Baie,  une  épreuve  fui  adjugée  1000  francs,  nous 
constatons  avec  surprise  que  les  prix  pour  cette  estampe  n'ont  pas  suivi  la  marche  ascension- 
nelle, générale. 


40  ÉCOLE    ALLEMANDE 

celle  de  l'autre  bras  présente  un  long  pli  tombant  orné  en  bas  d'une 
petite  boule  ;  à  sa  ceinture,  est  passé  une  bourse  et  une  flûte  ;  par 
terre  à  ses  pieds,  un  petit  chien  et  une  cornemuse.  Au-dessus  de  sa 
tète,  une  banderolle  aux  deux  extrémités  roulées. 

Cotte  pièce  qui  mesure  II.  125™'"  —  L.  73»""  est  non  décrite  et  de  la  plus 
grande  rareté  .  un  exemplaire  avant  l'inscription  sur  la  banderolle,  et  un 
l«w  état  sans  doute,  fut  adjugé  à  la  vente  Vico,  550  francs,  la  conservation  en 
était  parfaite. 

Un  Quatre  de  la  couleur  des  fleurs. 

Telle  est  la  rubrique  donnée  à  une  pièce  représentant  quatre  fleurs 
différentes  et  faisant  partie  du  grand  jeu  de  caries  dont  parle  M.  Max  Lehrs 
(page  17,  n«  17)  dans  son  ouvrage  sur  les  jeux  de  cartes  des  vieux  Maîtres 
allemands  conservés  dans  le  Cabinet  île  Dresde. 

Celte  pièce  restée  inconnue  a  Bartscb  et  à  Passavant  est  d'une  insigne 
rareté,  elle  fut  adjugée  à  la  vente  Vico,  600  francs. 

La  Sainte  Famille  (P  106).  —  Dans  une  sorte  de  tryptique  à 

portion  cintrée  qu'encadrent  deux  colonnes  torses,  on  aperçoit  au 
milieu  la  Vierge  et  sainte  Anne  assises  sur  un  petit  tertre  jonché  de 
fleurs  où  se  voient  des  oiseaux.  A  gauche  debout,  saint  Joseph  portant 
une  branche  de  lys  ;  à  droite  également  debout,  saint  Joachim.  Sur  le 
premier  plan  de  proportion  réduite,  un  chartreux  et  un  religieux 
agenouillés;  le  premier  a  un  livre  ouvert  à  la  main;  le  second  vêtu 
d'un  long  manteau,  lient  un  rosaire.  Au  tout  dernier  plan  dans  un 
paysage  à  gauche  un  château,  et  à  droite  une  mosquée  profilent  leur 
silhouette.  Les  quatre  personnages  et  l'Enfant  Jésus  sont  auréolés. 

Une  épreuve  d'une  rare  beauté  et  probablement  unique  provenant  de  la 
collection  Heimsôth  passa  à  la  vente  Vico  et  fut  adjugée  (>:i7  francs.  Elle 
était  en  !•'  étal,  at'tinl  les  inscriptions  dans  les  auréoles  et  avec  une  belle 
marge. 

Le  musée  Wallraff-Richartz  à  Cologne  en  possède  une  épreuve  de  2-  état 
avec  les  inscriptions. 

La    Vierge   debout   avec   l'Enfant   Jésus   marchant   sur  le 
Serpent. 

Pièce  non  décrite  mesurant  II.  1 12"""  —  !..  77""",  adjugée  vente  Vico,  50  IV  ; 
elle  portait  encore  des  traces  d'ancienne  enluminure. 

Saint  Jean   l'Evangéliste.         Debout,  un  calice  à  la  main. 

Pièce  n<m  décrite  de  foute  rareté  mesurant  II.  Iii2'"'"  -L.  SB""»;  vente 
Vico,  250  francs. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  41 

La  Véronique  (P  178).  —  Debout,  de  face  et  nimbée,  la  tète 
entourée  d'un  turban,  le  corps  légèrement  penché  à  gauche,  la  sainte 
femme  les  yeux  baissés  tient  devant  elle  le  mouchoir  qui  porte 
l'empreinte  de  la  face  du  Sauveur.  Deux  anges  agenouillés  à  droite  et 
à  gauche  en  soulèvent  les  coins. 

En  avril  1891,  à  Stuttgart,  H. -G.  Gutekunst  en  adjugea  en  vente  publique 
un  exemplaire  d'une  irréprochable  beauté,  5950  francs. 

Jésus  dépouillé  de  ses  vêtements  par  deux  soldats,  à  droite 
la  Vierge  et  saint  Jean. 

Petite  pièce  ronde  mesurant  3  centimètres  de  diamètre,  non  décrite  ;  elle 
fut  vendue  par  II. -G.  Gutekunst  de  Stuttgart,  67  francs. 

Le  Sauveur  (B  84).  —  A  mi-corps  de  face,  revêtu  de  son  manteau, 

la  tète  dans  un  rayonnement  et  légèrement  penchée  à  droite,  le  divin 

Maître  tient  dans  sa  main  gauche  le  globe  terrestre  surmonté  d'une 

croix,  et  bénit  de  la  dextre,  dont  l'index  et  le  majeur  sont  levés.  Sur 

la  ligne  à  la  hauteur  des  yeux,  on  lit  :  Sanctas  Salfjldor  et  tout  en  haut 

dans  la  partie  cintrée  qui  encadre  la  gravure,  le  millésime  7467  entre 

les  deux  lettres  E.  S. 

A  la  vente  Angiolini  une  épreuve  d'insigne  rareté  et  de  beauté  exceptionnelle 
fut  adjugée  4000  francs. 

Le  Saint  Suaire  (B  86).  —  Deux  saints  soutiennent  le  précieux 
suaire,  celui  de  gauche  est  revêtu  d'un  manteau  bordé  d'étoiles.  Au 
milieu  de  l'estampe  en  haut,  les  clefs  de  l'église  que  surmonte  une 
tiare.  En  bas  entre  les  deux  lettres  E.  S.,  le  millésime  H67. 
Ventes  :  Angiolini,  2125  —  Hulot,  épreuve  doublée,  450. 

Le  Guerrier  et  la  Femme  à  l'Étendard  (B  91).  —  Ils  sont  sur 
le  même  plan  et  debout  tous  les  deux  ;  la  femme  à  gauche  presque  de 
face,  la  tête  ornée  de  feuillages,  légèrement  penchée  à  droite,  tient 
dans  la  main  gauche  le  casque  du  guerrier  et  dans  l'autre  un  étendard 
dont  la  hampe  repose  à  terre.  Le  guerrier  qui  est  à  droite,  tourné  à 
gauche  et  vis-à-vis  de  sa  compagne,  soulève  de  sa  main  droite 
légèrement  la  jupe  à  longue  traîne  de  cette  dernière  et  appuie  son 
autre  main  sur  son  bouclier  qui  touche  à  terre.  Les  jambes  de  ce 
guerrier  revêtu  de  son  armure,  sont  très  écartées. 

Pièce  de  la  dernière  rareté  dont  un  exemplaire  de  la  plus  grande  fraîcheur 
atteignit  à  la  vente  Angiolini  le  prix  énorme  de  7012  francs. 


42  ÉCOLE    ALLEMANDE 

La  Visitation  (P  119).  —  Sur  un  sol  jonché  de  cailloux  et  de 
fleurs,  sainte  Elisabeth  saisil  la  main  de  la  Vierge  qui  est  à  gauche  de 
l'estampe.  Au  fond  à  droite,  se  profile  un  château  fort  et  on  aperçoit 
au  tout  dernier  plan,  un  tertre  sur  lequel  est  un  arbre  mort.  Les  deux 
femmes  sont  vêtues  de  longs  manteaux,  se  font  face  et  leurs  têtes 
apparaissent  dans  un  rayonnement. 

Dans  cette  estampe,  les  bras  et  les  mains  sont  d'une  maigreur  de 
décharnées.  —  Un  exemplaire  à  la  vente  Angiolini  fut  adjugé  3687  francs. 

La  Vierge  (P  139).  —  Dans  une  chambre  ornée  à  droite  d'une 
sorte  de  lavabo  et  d'une  tablette,  on  aperçoit  à  gauche  près  de  la 
fenêtre  d'un  autel,  la  Vierge  en  prières.  En  haut  deux  écussons  armoriés 
et  le  millésime  1467  entre  les  deux  lettres  E.  S. 

Vente  :  Angiolini,  un  exemplaire  d'une  éblouissante  beauté  32f>()  francs. 

La  Vierge  (P  143).  —  Assise  et  auréolée  presque  de  face,  la  tête 
légèrement  penchée  à  droite,  sous  un  riche  baldaquin  la  Vierge  tient 
l'Enfant  Dieu  nu  sur  ses  genoux  et  tourné  à  gauche,  il  porte  le  monde 
dans  la  main  gauche  et  la  hampe  d'un  étendard  dans  la  droite.  De 
chaque  côté  du  trône  trois  anges,  l'un  à  droite  agenouillé  soutient  un 
des  pans  du  manteau  de  la  Vierge.  En  haut  de  chaque  côté  sur  le 
chapiteau  de  la  colonne  droite,  deux  autres  anges  de  dimension  plus 
réduite  soulèvent  le  rideau  du  baldaquin.  Au-dessus  de  la  tête  de  la 
Vierge,  une  couronne  royale  que  surmonte  une  colombe,  personnifiant 
le  Saint-Esprit.  Dans  la  partie  cintrée  de  l'estampe  tout  en  haut  du 
baldaquin,  le  millésime  1467  entre  les  lettres  E.  S. 

Fort  belle  pièce  et  rare  estampe,  dont  la  tète  de  la  Vierge  qui  est 
démesurément  grosse  gâte  l'harmonie.  En  la  décrivant,  Passavant  a  omis  de 
mentionner  la  présence  de  l'Enfant  Jésus  sur  les  genoux  de  sa  mère. 

A  la  vente  Angiolini  une  épreuve  d'une  insurpassable  beauté  fut  adjugée 
G387  francs. 

Saint  Jean  dans  l'île  de  Pathmos  (P  161).  —  Dans  la  campagne, 
assis  et  tourné  de  trois  quarts  à  gauche,  saint  Jean  écrit,  la  tête 
légèrement  relevée,  semblant  chercher  l'inspiration,  un  aigle  est  près  de 
lui  à  gauche.  Au  second  plan  derrière  lui  à  gauche,  une  montagne  à 
pic  au  sommet  de  laquelle  est  bâti  un  château  fort  ;  à  droite  un  bois 
épais  où  se  jouent  un  lion  et  un  cheval.  Au  dernier  plan  au  bas  d'un 


ÉCOLE    ALLEMANDE  43 

tertre,  saint  Cristophe  '  portant  l'Enfant  Jésus  sur  ses  bras,  s'apprête 
à  traverser  un  fleuve.  Tout  en  haut  de  l'estampe  un  peu  à  gauche, 
dans  un  rayonnement,  la  Vierge  tenant  l'Enfant  Dieu  dans  ses  bras, 
à  droite  le  millésime  7467  entre  les  initiales  E.  S. 
Vente  :  Angiolini,  4062  francs. 

Saint  Michel  tuant  le  Dragon.  —  Il  tient  dans  sa  main  droite 
son  épée  et  dans  la  gauche  un  étendard,  le  dragon  gît  à  ses  pieds.  Le 
saint  est  revêtu  d'un  justaucorps  sur  lequel  est  jeté  un  large  manteau. 

Pièce  non  décrite,  mesurant  H.  134>nra  —  L.  83m'",  adjugée  à  la  vente 
Angiolini  987  francs  ;  très  rare. 

Saint  Judes  Thadée  et  saint  Simon  (P  72).  —  Saint  Simon  lit, 
la  main  droite  posée  sur  une  scie,  tandis  que  saint  Judes  a  le  bras 
gauche  appuyé  sur  une  croix. 
Pièce  rarissime  adjugée  à  la  vente  Louis  de  Paar,  1512  francs. 

Ars  moriendi  :  Tentation  diabolique. 

Pièce  inconnue  à  tous  les  iconographes  et  sans  doute  unique,  adjugée 
vente  Didot,  980  francs.  —  Attribuée  au  Maître. 

A  noter  encore  :  Les  Marie  d'Einsiedlen  (B  35  et  36),  pièces  capitales  ainsi 
que  Samson  tuant  le  lion  (B  5). 

Le  Cabinet  de  Vienne  —  collection  du  Prince  Charles  commencée  vers 
1787  —  possède  une  Nativité  représentant  :  à  terre  au  milieu  de  l'estampe 
dans  un  rayonnement  l'Enfant  Jésus,  et  à  genoux  près  de  lui  à  droite  la 
Vierge,  à  gauche  saint  Joseph,  derrière  eux  deux  bœufs  dans  une  étable,  au 
fond  à  gauche,  deux  femmes  dont  l'une  tient  une  lanterne.  Dans  le  lointain 
Bethléem  et  dans  les  airs  un  ange  avec  une  banderolle.  Pièce  unique, 
croyons-nous. 


MAITRE  A  L'ANCRE 

On  ne  sait  rien  de  cet  artiste  qui  travaillait  vers  1480.  Il  relève  de  l'école 
de  Martin  Schône  et  son  œuvre  ne  compte  que  6  pièces.  Il  signait  d'une 
ancre  placée  entre  les  lettres  B  H. 


'  Voici  l'explication  de  la  scène  du  saint  Christophe  si  souvent  reproduite  aux  xv  et  xvr  siècles. 

On  raconte,  dit  la  légende,  que  le  saint  avait  fixé  sa  demeure  sur  le  bord  d'un  torrent,  et  que 
solide  et  vigoureux,  il  avait  coutume  de  passer  les  voyageurs  d'une  rive  à  l'autre.  Or,  il  advint 
qu'un  soir  de  tempête,  un  enfant  frappa  à  sa  porte  lui  demandant  de  le  conduire  sur  l'autre 
rive.  Le  saint  s'empressa  de  satisfaire  à  son  désir,  le  mit  sur  ses  épaules  et  entra  dans  le 
torrent,  mais  sentant  la  charge  devenir  de  plus  en  plus  lourde  a  mesure  qu'il  avançait,  il 
s'écria  :  O  enfant  que  tu  es  pesant  !  Ne  t'en  étonne  pas,  répliqua  ce  dernier  :  tu  portes  celui  que 
porte  le  monde. 


44  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Le  Christ  en  croix  (Passavant  6).  —  Le  Christ  est  crucifié  entre 
les  deux  larrons;  la  croix  sur  laquelle  il  est  attaché  est  plus  élevée 
que  les  deux  autres  et  ses  deux  bras  dominent  la  tête  des  deux 
voleurs.  Au-dessus  de  la  tête  du  Sauveur,  l'inscription  INRI.  Les 
deux  larrons  ont  les  bras  attachés  et  passés  par  dessus  les  bois  de  la 
croix  qui  sont  ronds.  Au  bas  de  la  croix  même  sur  laquelle  le  Christ 
est  attaché,  le  monogramme. 

Le  fort  bel  exemplaire  superbe  de  fraîcheur,  qui  est  au  Département  des 
Estampes,  provient  de  la  vente  Debois  où  en  1844  il  fut  payé  580  francs. 

La  Vierge  assise  sur  un  banc  de  gazon  (Bartsch  4).  —  Sur  un 

banc  de  gazon  recouvert  de  planches  de  bois,  la  Vierge  tournée  à 

gauche  tient  sur  ses  genoux  l'Enfant  Jésus  à  qui  elle  oliïe  une  pomme 

de  la  main  gauche.  Au  fond  un  château  entouré  d'eau.  En  bas  le 

monogramme. 

A  la  vente  Arozarena  en  1861,  un  1er  état  non  décrit  avant  la  retouche  et 
avant  que  la  tête  de  la  Vierge  et  de  l'Enfant  Jésus  aient  été  entourées  de 
rayons  poussés  très  au  noir,  fut  adjugé  700  francs  ;  il  provenait  de  chez 
YVilson  et  Esdaile.  —  Pièce  de  toute  rareté,  manque  au  Département  des 
Estampes. 

MAITRE  A  LA  NAVETTE 

C'est  Jean  de  Cologne  qui  est  ainsi  dénommé  et  encore  improprement, 
car  l'inst  ru  nient  dont  il  signait  n'est  point  une  navette,  on  n'a  jamais  pu 
définir  d'une  façon  certaine  ce  qu'il  était.  On  l'appelle  aussi  quelquefois 
Zwott  parce  qu'il  signait  ses  pièces  de  ce  nom  écrit  en  gothique.  C'est  un 
fort  bel  artiste  dont  l'œuvre  est  recherché. 

Les  trois   Rois  (Bartsch  1).  —  Assise  au  milieu  de  l'estampe 

ayant  debout  derrière  elle  saint  Joseph,  la  Vierge  soutient  l'Enfant 

Dieu  sur  ses  genoux;  les  trois  rois  sont  présents  qui  lui  présentent 

l'un  une  coupe,  l'autre  un  vase  d'or  et  le  troisième   une   boite   de 

même  métal  ;  au  fond  l'élable.  En  haut  au  milieu  de  l'estampe,  Zwott 

et  en  bas,  la  prétendue  navette. 

Pièce  fort  rare. 

Ventes:  Didot,  400  —  En  avril  1  Si)3  par  II. -G.  C.utekimst,  375  —  Angiolini, 
637  —  L.  Galichon,  360. 

Saint  Georges  (B  111).        Armé  d'une  lance,   le  saint  combat  le 

dragon  qui  est  dans  les  airs  et  le  lue.   ||  est  sur  son  cheval  dans  une 
rivière,  à  gauche  un  rocher  sur  lequel  une   femme  avec  un  agneau 


ÉCOLE    ALLEMANDE  45 

est  agenouillée  et  prie  les  mains  jointes.  On  aperçoit  une  grotte 
devant  laquelle  est  un  second  dragon  et  deux  têtes  de  mort.  En  haut 
au  milieu  de  l'estampe,  Zivott  et  la  navette. 

Un  exemplaire  à  la  vente  Holford  fut  adjugé  6625  francs  à  M.  Métier  de 
l'ancienne  maison  Amsler  et  Ruthardt  de  Berlin. 

Le  Christ  sauveur  du  monde.  —  Le  Christ  est  debout  entouré 

de  banderolles. 

Un  exemplaire  de  cette  rarissime  pièce  non  décrite  vente  Vico,  760  francs  ; 
elle  était,  croyons-nous,  avant  les  inscriptions  sur  les  banderolles  et 
mesurait  H.  99  ra™  —  L.  66""». 

La  Prise  de  Jésus-Christ  (B  4).  —  A  la  droite  de  l'estampe, 
entouré  d'hommes  d'armes  qui  le  brutalisent,  le  Christ  se  penche 
pour  recoller  l'oreille  de  Malthus  que  Pierre  vient  d'abattre  d'un  coup 
de  sabre.  Au  fond,  on  aperçoit  Judas  donnant  le  baiser  de  trahison. 

Pièce  capitale  et  rarissime. 

Ventes  :  Vico,  sur  papier  au  P  gothique,  969  —  Angiolini,  750. 

Le  Christ  montré  au  peuple  (Passavant  20).  —  Près  de  Pilate 
qui  se  lave  les  mains  dans  une  salle,   le  Sauveur   revêtu   du   long 
manteau  de  pourpre  apparaît  dans  un  état  de  prostration  profonde, 
un  chien  assis  complète  la  scène. 
Pièce  d'une  insigne  rareté,  adjugée  vente  Angiolini,  862  francs. 

Sainte  Anne  assise  sur  un  trône  (B  15). 

De  la  dernière  rareté,  adjugée  vente  Liphart,  sur  papier  à  la  tète  de 
bœuf,  2802  francs. 

Le  Calvaire  (B  6).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  le  Christ  en  croix 

entre  les  deux  larrons.  Une  sainte  femme  et  saint  Jean  soutiennent  la 

Vierge   pendant  que   Magdeleine    se    lamente.    Une    foule    de    Juifs 

entourent  la  croix.  En  haut,  Zwott. 

Vente  Arozarena  en  1861,  un  exemplaire  provenant  de  chez  Edme  Durand 
fut  adjugé  910  francs. 


MAITRE  A  LA  SYBILLE 

On  ne  sait  rien  sur  ce  Maître  qui  ne  signait  jamais  ses  estampes  et  qui 
ne  les  datait  pas  davantage.  On  l'a  ainsi  nommé  parce  que  sa  principale 
pièce  est  la  suivante  : 


46  ÉCOLE    ALLEMANDE 

La  SYbille  et  Auguste  (Passavant  1).  —  Au  milieu  de  l'estampe, 
la  Sybille  debout  un  petit  chien  à  ses  pieds,  montre  à  l'Empereur 
Auguste  la  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  qui  sont  dans  le  ciel.  L'Empereur, 
un  sceptre  dans  la  main  gauche,  regarde  de  profd.  Au  dernier  plan, 
une  ville  et  une  rivière. 

Cette  pièce,  de  la  dernière  rareté,  est  l'œuvre  capitale  de  l'artiste  qui  n'en 
a  produit  que  six  autres.  —  Une  répétition  de  cette  planche  a  été  gravée  en 
contre-partie,  et  on  y  a  omis  le  petit  chien. 

Ventes  :  Vico,  1000  —  Angiolini,  825. 


MAITRE  au  monogramme  B.  M. 

On  ne  sait  rien  de  sa  vie  ;  son  faire  absolument  allemand  fait  songer  à 
Martin  Schône.  Il  est  né,  suppose-t-on,  vers  1480.  Son  monogramme 
affectait  quatre  formes  différentes  et  ne  peut  être  confondu  avec  celui  de 
Benedetlo  Montagna. 

Le   Jugement  de  Salomon  (Bartsch  1).  —  Sur  un   trône   au 

milieu  de  l'estampe,  le  sceptre  à  la  main,  les  yeux  baissés,  entouré  de 

sa  cour,  l'enfant  mort  étendu  à  ses  pieds,  le  Roi  va  juger  ;  à  droite,  les 

deux  mères,  l'une  est  agenouillée  ;  à  gauche,  le  bourreau  s'apprètant 

le  glaive  en  main  à  couper  en  deux  l'enfant  vivant  que  tient  dans  ses 

bras  un  homme.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe,   les  initiales  de 

l'artiste. 

Cette  très  importante  pièce  est  de  la  plus  insigne  rareté  ;  elle  est  fort 
intéressante  mais  vraiment  un  peu  gâtée  par  la  façon  absolument  horrible 
dont  sont  dessinées  les  mains  de  tous  les  personnages,  entre  autres  celles 
du  roi  et  de  la  mère  agenouillée. 

Ventes  :  Didot,  1er  état  avec  le  petit  nuage  dans  le  haut  à  gauche,  1000,  de 
chez  Gawet  —  Liphart,  même  état,  sur  papier  à  la  haute  couronne,  1876  — 
Defer  Dumesnil,  même  étal,  1700. 

Le  Corps  de  Jésus-Christ  descendu  de  la  croix  (Passavants). — 
N'ayant  pu  nous  procurer  la  gravure,  nous  en  empruntons  la  descrip- 
tion à  Passavant  :  Le  corps  est  étendu  sur  les  genoux  de  la  Vierge 
et  sa  tète  est  soutenue  par  saint  Jean  debout  à  gauche,  tandis  que  la 
Madeleine  lui  baise  la  main  droite,  derrière  elle  se  trouve  une  autre 
femme  et  vis-à-vis  une  troisième  les  mains  jointes.  Le  fond  représente 
un  paysage  plein  de  rochers  avec  un  lleuvc  et  une  ville,  l'n  crâne  et 
une  couronne  d'épines  sont  à  terre,  et  au-dessous  le  monogramme. 
Vente  Didot,  .">< n ►  francs;  rarissime. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  47 


MANIERE  CRIBLÉE 

Les  estampes  de  cette  manière  sont  extrêmement  rares  et  généralement 
grossières  et  dénuées  de  tout  intérêt  artistique  ;  on  sait  qu'elles  étaient 
presque  les  contemporaines  des  premiers  bois  ;  M.  Delaborde  a  essayé 
d'établir  d'une  façon  peu  claire  à  nos  yeux,  en  faisant  jouer  des  combinaisons 
de  cycle  solaire,  nombre  d'or,  comput,  etc.,  que  c'est  en  1406  que  furent 
gravés  Le  Portement  de  Croix  et  la  Sainte  Face  dont  le  Département  des 
Estampes  se  rendit  acquéreur  en  1869. 

Comme  il  est  indispensable  d'avoir  au  moins  un  spécimen  de  ces 
gravures,  ne  serait-ce  qu'à  titre  de  pure  curiosité,  nous  conseillons 
d'essayer  de  se  procurer  la  suivante,  qui  est  une  des  plus  belles  du  genre 
qu'il  nous  ait  été  donné  de  rencontrer  et  qui  est  extrêmement  typique. 
Elle  semble  avoir  été  gravée  vers  1460  et  nous  devons  ajouter  qu'elle  est 
malheureusement  delà  dernière  rareté.  On  ignore  à  qui  en  attribuer  lapaternité. 

Mariage   mystique   de    sainte  Catherine  d'Alexandrie.    — 

La  Vierge  Marie  assise  occupe  le  milieu  de  l'estampe,  la  tête  auréolée 
légèrement  penchée  à  droite,  ayant  l'Enfant  Jésus  nu  sur  ses  genoux  ; 
sainte  Catherine  un  glaive  à  la  ceinture  est  à  gauche  et  à  genoux,  elle 
est  tournée  vers  l'enfant  qui  lui  tend  les  bras.  Cinq  autres  personnages 
les  entourent,  deux  à  gauche  et  trois  à  droite,  deux  portent  des  palmes. 
Le  fond  de  l'estampe  est  une  sorte  de  treillage  tapissé  de  branches  et 
de  feuillages.  Le  double  trait  qui  délimite  la  gravure  est  parsemée 
d'étoiles.  Tous  les  personnages  portent  leur  nom  inscrit  dans  leur 
auréole.  Sainte  Catherine  et  sainte  Dorothée  sont  assises  l'une  à 
gauche  l'autre  à  droite,  sur  des  bancs  qui  semblent  être  en  briques, 
leurs  vêtements  sont  en  pointillé. 

Cette  pièce  mesure  H.  270™'"  —  L.  190  "ini. 

Ventes  :  Vico,  1375  —  Angiolini,  1325.  Ces  deux  exemplaires  portaient 
encore  des  traces  de  coloris  de  l'époque. 


MEGKENEN  (Israël  van) 

On  ignore  où  et  quand  il  naquit  ;  tout  ce  que  l'on  sait,  c'est  qu'il  mourut 
à  Bocholt  vers  1503  ;  aucune  particularité  de  sa  vie  n'est  connue.  Ils  étaient 
deux,  le  père  et  le  fils,  mais  c'est  ce  dernier  seulement  qui  grava.  Son 
œuvre,  composé  de  250  à  280  pièces,  est  extrêmement  intéressant  au  point 
de  vue  documents,  costumes,  scènes  de  mœurs  ;  il  y  a  des  morceaux  tout 
à  fait  supérieurs  et  qui  dénotent  un  ouvrier  consommé,  mais  pas  très 
original  cependant.  Il  a  copié  beaucoup  de  pièces  d'après  différents  Maîtres  : 


48  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Durer,  le  Maître  E.  S.,  le  Maître  de  UNO,  mais  surtout  d'après  Schône,  dont 
il  subit  l'influence  «l'une  façon  très  marquée  et  très  nette.  L'artiste  signait 
généralement  de  ses  initiales  I.  Y.  M.  en  caractères  gothiques  un  peu 
fantaisistes,  quelquefois  simplement  Israhel,  ou  Tsrahel  Y.  M.,  deux  fois 
seulement  il  écrivit  son  nom  en  toutes  lettres  ;  c'est  le  premier  graveur, 
dit  Zani,  qui  inscrivit  son  prénom  avant  son  nom  patronymique. 

Judith  (Bartsch  4).  —  A  droite  de  l'estampe,  Judith  mettant  dans 
un  sac  tenu  par  une  servante  la  tôle  d'Holopheme  qu'elle  vient  de 
tuer  dans  sa  tcnle  ;  à  gauche,  château  fort,  canons,  et  guerriers  se 
combattant.  En  bas  et  du  même  côté  :  Israhel  V.  M. 

Fort  belle  et  très  rare  estampe,  adjugée  vente  Holford  1950  francs  et 
vente  Angiolini'  137;  cette  dernière  avait  été  restaurée  et  laissait  à  désirer. 

Danse  d'Hérodiade  (9).  —  Allant  de  gauche  à  droite,  en  costume 
allemand  du  XVe  siècle,  une  longue  théorie  de  personnages  de  la  cour 
d'Hérode,  hommes  et  femmes  deux  par  deux  dansent  et  marchent  au 
son  d'instruments  dont  jouent  trois  musiciens  montés  sur  une  sorte 
de  colonne  à  pans  coupés,  ils  se  dirigent  vers  une  table  où  se  tient  le 
Roi,  qui  vient  de  recevoir  la  tète  de  saint  Jean-Baptiste  dont  Hérodiade 
avait  obtenu  la  mort.  Au  fond  à  gauche,  la  scène  de  la  décollation. 
Au  milieu  du  bas  de  l'estampe  :  Israhel  V.  M. 

dette  grande  et  curieuse  pièce  est  fort  rare  ;  elle  peut  être  considérée 
comme  l'œuvre  capitale  du  Maître;  un  exemplaire  à  la  vente  Oppermann 

fut  adjugé  1137  francs. 

La  Naissance  de  la  Vierge  (31).  —  Sur  un  lit,  au  fond  à  gauche, 
sainte  Anne  est  étendue  ;  sur  le  premier  plan  du  même  côté,  une 
femme  qui  a  un  trousseau  de  clefs  pendu  à  sa  ceinture,  essuie  la 
Vierge  qui  vient  de  naître  et  (lui  sori  du  bain  ;  dans  la  pièce,  au  milieu 
d'ustensiles  de  cuisine,  des  femmes  vaquent  au  soin  du  ménage.  En 
bas  dans  le  milieu  de  la  marge:  Israhel  Y.  M. 

('.elle  fort  belle  estampe  qui,  avec  les  t\eu\  suivantes,  lait  partie  de  la 
remarquable  série  des  12  pièces  dite  :  /.(.•  Vie  île  ld  Vierge  (30-41),  fui 
adjugée  (175  francs  à  la  vente  Didot. 

L'Annonciation  (34).  --  L'ange  Gabriel  à  gauche,  tenant  un 
bâton  autour  duquel  s'enroule  une  banderolle  où  on  lit  :  A ve  gracia 
plena,  se  présente  à  la  Vierge  qui  est  agenouillée  à  droite  de  l'estampe 


i  La  collection  de  cel  amati  ux  était  partlculli  rcmenl  i  Ictae  en  asin  re  de  l'artiste. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  49 

el  qui  se  retourne  pour  écouter.  Par  une  fenêtre  on  aperçoit  la  scène 
de  la  Visitation.  En  bas  au  milieu  de  la  marge  :  Israhel  V.  M. 

A  la  vente  Angiolini,  une  épreuve  d'une  beauté  et  d'une  fraîcheur 
exceptionnelles  fut  payée  1202  francs. 

Le  Massacre  des  Innocents  (38).  —  A  gauche  de  l'estampe, 
assis  sur  son  trône,  Hérode  assiste  impassible  au  massacre  des 
enfants;  des  femmes  pleurant,  sont  à  genoux  devant  lui  au  milieu  des 
pauvres  innocents  qui  gisent  à  terre  inanimés.  Au  fond  à  droite,  la 
fuite  en  Egypte.  En  bas  sous  le  trait  carré  :  Israhel  V.  M. 

Pièce  extrêmement  typique  et  autrement  intéressante,  suivant  nous,  que 
celle  si  vantée  de  même  nom,  gravée  par  Marc  Antoine.  En  avril  1891,  un 
exemplaire  superbe  fut  vendu  par  H. -G.  Gutekunst  732  francs  ;  à  la  vente 
Griffiths,  une  épreuve  ordinaire  fut  payée  337. 

La  Vierge,  saint  Bernard  et  sainte  Catherine  (45  et  P  242). — 
Dans  une  sorte  de  temple,  la  Vierge  est  assise  de  face  et,  les  yeux 
baissés,  regarde  en  coulisse  —  si  l'expression  ne  semblait  pas  trop 
irrespectueuse  dans  la  circonstance  —  saint  Bernard  qui  est  à  sa 
droite  en  adoration  de  profil  à  droite,  elle  presse  sa  mamelle  droite 
dont  le  lait  va  rejaillir  sur  la  figure  du  saint.  L'Enfant  Jésus  nu  est 
placé  sur  un  coussin  de  trois  quarts  à  droite  et  demi  couché  devant 
sa  mère  qui  le  soutient  du  bras  gauche,  il  passe  une  bague  dans  le 
doigt  de  sainte  Catherine.  Derrière  la  Vierge,  un  tapis  est  suspendu  ; 
saint  Bernard  tient  une  crosse  d'abbé  et  sur  une  banderolle  on  lit  : 
Monstrate  ee  matre  >.  En  bas  dans  la  tablette  les  initiales  /.  V.  M. 

Cette  estampe  pourrait  aussi  s'appeler  :  Le  Mariage  mystique  de  sainte 
Catherine  ;  elle  est  rarissime,  une  épreuve  fut  adjugée  à  la  vente  du  prince 
Waldburg-Wolfegg  2175  francs. 

La  Vierge  immaculée  (49).  —  Debout  sur  un  croissant,  la 
Vierge  tient  de  la  main  gauche  l'Enfant  Dieu  et  de  l'autre  un  crucifix, 
deux  anges  supportent  la  couronne  qui  est  au-dessus  de  sa  tête,  deux 
autres  dans  l'espace  sont  près  d'elle,  l'un  joue  de  la  guitare,  l'autre  de 
l'orgue.  A  ses  pieds  deux  archanges  combattant  chacun  un  démon. 
Dans  le  bas  une  légende  latine  commençant  par  :  Omnes  maculavit. . . 
et  :  Israhel  V.  M.  A"  1502. 


*  Et  non  :  Mostru  te  ee  matre,  comme  l'indique  par  erreur  Passavant. 


50  ÉCOLE    ALLEMANDE 

Un  exemplaire  d'une  beauté  remarquable  de  celte  très  rare  pièce  existe 
au  Département  des  Estampes.  —  En  avril  1893,  H. -G.  Gutekunst  en  fit  adjuger 
une  épreuve  G01  francs. 

Saint  Stéphane  (94).  —  De  profil  à  gauche  sur  un  terrain 
fortement  pente,  agenouillé  les  mains  jointes  et  les  yeux  levés  vers 
le  ciel,  le  saint  est  en  but  aux  six  bourreaux  qui  sont  en  train  de  le 
lapider  ;  celui  de  l'extrême  droite  se  fait  enlever  son  vêtement  pour 
être  plus  à  l'aise  sans  doute.  A  gauche  un  château  fort,  et  aux  tous 
derniers  plans,  les  silhouettes  de  trois  autres  châteaux.  En  haut  au 
milieu  de  l'estampe,  et  au-dessus  du  personnage  qui  tient  un  gros 
caillou  dans  ses  bras  levés,  les  initiales  /.  M. 

C'est  par  erreur  que  Bartsch  l'appelle  saint  Etienne,  c'est  bien  saint 
Stéphane  qu'il  faut  lire.  —  Une  admirable  épreuve  de  cette  rareté  fut 
adjugée  à  la  vente  Angiolini  1900  francs. 

Une  Partie  de  Jeu  (114).  —  Assis  l'un  en  face  de  l'autre  à  une 
table  de  jeu,  une  femme  montre  à  son  partenaire  la  figure  qu'elle  tient 
à  la  main  ;  un  vase  à  rafraîchir  avec  un  pot  et  une  fiole  complètent  le 
tableau. 

Rare  estampe  adjugée  12li2  francs  à  une  vente  faite  par  H. -G.  Gutekunst, 
en  mai  1900,  à  Stuttgart. 

La  Sainte  Famille  (148).  —  Sainte  Anne  assise  sur  un  trône 
reçoit  l'Enfant  Jésus  des  mains  de  la  Vierge.  Au-dessus  d'eux  le  Saint- 
Esprit,  et  Dieu  le  Père  plus  haut  encore.  Près  de  Marie,  saint  Joseph 
à  gauche,  et  à  droite  trois  saints  debout  près  de  sainte  Anne.  En  bas 
au  milieu  de  l'estampe,  /.  A/.,  et  en  haut  dans  le  trait  cintré,  Bocholt; 
à  gauche  un  petit  écusson  aux  armoiries  de  Meckenen,  à  droite  un 
second  écusson  faisant  pendant,  est  vide. 

Au  Département  des  Estampes,  l'exemplaire  est  aux  deux  écussons  blancs.  — 
Cette  pièce,  une  des  plus  rares  et  des  plus  capitales  de  l'œuvre,  fut  adjugée 
à  la  vente  Vico  1312  francs,  elle  était  d'une  insurpassable  beauté;  une  autre, 
en  l«  état  et  avant  beaucoup  de  travaux,  atteignit  000  francs  a  une  vente 
faite  par  H.-G.  Gutekunst  en  mai  191)0;  elle  provenait  de  la  collection 
Durazzo. 

La  Mort  de  Lucrèce  (lb\8).  —  Tarquin  ayant  ravi  l'honneur  de 
Lucrèce,  celle-ci  se  donne  la  mort  en  présence  de  son  époux  Collatin 
et  des  premiers  citoyens  de  Home  ;  elle  est  environnée  de  ses  femmes 


ÉCOLE    ALLEMANDE  51 

qui  sont  à  gauche  de  l'estampe  comme  elle;  Collalin  est  à  droite.  En 
bas  au  milieu  de  la  pièce,  on  lit  :  Israhel  V.  M.,  et  dans  la  marge  la 
légende  latine  :  Pro  nece  lucretie,  etc. 

Ventes  :  Aylesford,  225  —  En  mai  1894,  par  H. -G.  Gutekunst,  une  épreuve 
merveilleuse  fut  vendue  1087  —  Angiolini,  912  —  En  mai  1900,  par  H. -G. 
Gutekunst,  un  exemplaire  de  la  dernière  rareté  avant  la  légende  fut 
adjugé  1050. 

Homme  et  Femme  en  habits  de  voyage  (171).  —  Homme  et 
femme  marchant;  l'homme  a  le  bras  gauche  sur  le  dos  de  sa  compagne, 
il  est  coiffé  d'un  bonnet  de  voyage  et  a  un  couteau  passé  à  la  ceinture, 
la  femme  a  la  tête  recouverte  d'un  voile.  Au-dessus  d'eux  des 
banderolles.  En  bas  au  milieu,  /.  M. 

Pièce  très  rare,  adjugée  vente  Griffiths  200  francs,  et  en  mai  1900  par 
H. -G.  Gutekunst,  862. 

La  Chanteuse  et  le  Joueur  de  guitare  (174).  —  Tous  deux 
sont  assis  ;  la  femme  à  gauche  avec  un  cahier  de  musique,  l'homme  à 
droite  accompagnant  avec  sa  guitare  la  chanteuse.  Au  milieu  de  la 
marge,  les  initiales  /.  M. 

Très  rare  ;  adjugée  à  la  vente  Didot  440,  et  à  deux  autres  ventes,  en 
avril  1893  et  mai  1900  par  H. -G.  Gutekunst,  668  et  194  francs. 

Le  Joueur  d'orgue  (175).  —  Sur  une  table  est  placée  un  orgue 
dont  joue  un  homme  qui  est  à  droite,  les  soufflets  sont  manœuvres 
par  une  femme  assise.  En  bas  au  milieu  de  la  marge,  les  initiales  /.  M. 

Très  rare. 

Ventes  :  Didot,  450  —  Angiolini,  1650  ;  l'épreuve  était  éblouissante  — 
H.-G.  Gutekunst,  600  —  Waldburg-Wolfegg,  950. 

Le  Moine  et  la  Religieuse  (176).  —  Une  religieuse  tenant  dans 
ses  mains  jointes  un  long  rosaire,  suit  un  moine  qui,  un  bâton  dans 
la  main  gauche,  se  dirige  vers  la  droite  et  se  retourne  pour  la  regarder. 
En  bas  au  milieu  de  la  marge  les  initiales  /.  M. 

Pièce  rare. 

Ventes  :  Schloesser,  813,  de  la  collection  Alferoff  —  Vico,  350  —  H.-G. 
Gutekunst,  437  —  De  Sallet,  500,  sur  papier  à  la  cruche. 

Le  Concert  instrumental  (178).  —  Assise  à  gauche,  une  femme 
joue  de  la  harpe,  tandis  qu'à  droite,  un  homme  pince  de  la  guitare, 


52  ÉCOLE    ALLEMANDE 

ayant  à  ses  pieds  la  boite  de  l'instrument  demi  ouverte.  Au  milieu 

de  la  marge  en  bas,  les  initiales  /.  M. 

Très  rare. 

Ventes  :  Didot,   430   —    Liphart,   613   —   Angiolini,    1562  ;    d'une   beauté 
exceptionnelle  —  H. -G.  Gutekunst,  1006  —  Schultze,  150. 

L'Officier  et  sa  Maîtresse  (182).  —  A  gauche  de  l'estampe,  un 
jeune  homme  vêtu  d'un  manteau  et  l'épée  au  côté,  semble  causer  avec 
une  jeune  femme  de  profil  qui  est  en  face  de  lui  et  qui  relève  sa  robe 
par  derrière.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe  /.  M. 

Pièce  rarissime  dont  une  épreuve  fut  adjugée  à  Stuttgart,  en  mai  1900, 
par  H. -G.  Gutekunst,  762  francs. 

La  Fileuse  (183).  —  Assise  à  droite  et  de  profil  une  femme  file, 
près  d'elle  et  d'une  armoire  un  homme  est  là,  revêtu  d'un  manteau. 
En  bas  à  gauche  :  /.  V.  M. 

Ventes  :  Knowles,  sur  papier  au  P  gothique,  289  —   En   mai  1900   par 
H.-G.  Gutekunst,  une  admirable  épreuve,  1750. 

Enfants  jouant  (188).  —  Sept  enfants  se  livrent  à  des  jeux 
divers,  dont  deux  à  droite  remplissent  un  vase  d'eau.  En  bas  de  ce 
côté,  /.  M. 

Ventes  :  Knowles,  313  —  Angiolini,  875  ;  superbe  exemplaire. 

Le  Rinceau  au  Couple  amoureux  (205).  —  Au  milieu  d'entre- 
lacs et  d'ornements,  une  jeune  femme  est  assise  ayant  un  épagneul 
sur  ses  genoux  ;  un  jeune  homme  lui  offre  une  pomme  de  la  main 
gauche.  Au-dessus  d'eux  une  banderolle  avec  la  signature  :  Israhel  V.  M. 

Pièce  de  la  dernière  rareté. 

Ventes  :  Oppermann,  sur  papier  au  P  gothique,  1450  —  Holford,  1775  — 
En  avril  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  1875. 

La  grande  Crosse  d'Evêque  (B  sup1  139).  —  Une  crosse  tournée 
à  gauche,  de  style  gothique  et  extrêmement  ornementée;  dans  la 
partie  formant  une  espèce  d'entablement,  au-dessus  duquel  se  dessine 
l'arceau  d'une  sorte  de  tabernacle,  on  aperçoit  la  Vierge  couronnée 
debout  et  de  face  tenant  dans  ses  bras  l'Enfant  Jésus,  elle  a  les  yeux 
baissés.  Très  au-dessus,  et  dans  la  partie  où  la  courbure  va  bientôt  se 
produire,  on  distingue  trois  statuettes,  à  gauche  saint  Pierre,  au 
milieu  un  saint  tenant  une  banderolle,  et  à  droite  un  évèque  ;  à  gauche 


ÉCOLE    ALLEMANDE  53 

de  ces  trois  personnages,  s'accrochant  à  une  partie  courbe,  un  Génie 

ailé  soutient  de  sa  main  gauche  un  écusson  aux  armes  de  l'artiste. 

A  gauche  de  la  hampe  :  Israhel,  et  en  face  à  droite  :  V.  M. 

Cette  estampe  imprimée  sur  deux  feuilles  est  une  fort  belle  pièce  ;  mais 
on  demeure  bouche  bée  quand  on  a  vu  payer  13800  marcks  soit  17250  francs  !  !  ! 
l'exemplaire  qui  passa  à  la  vente  Angiolini.  L'épreuve  était,  il  est  vrai,  avec 
sa  marge  et  d'une  beauté  parfaite,  mais  le  prix  atteint  n'en  est  pas  moins 
hors  de  toute  proportion  avec  la  valeur  réelle,  quand  on  songe  qu'une 
estampe  de  Durer,  le  Maître  des  Maîtres,  n'a  jamais  dépassé,  que  nous 
sachions  du  moins,  le  prix  déjà  coquet  de  15000  francs.  Admettons  qu'on 
ait  payé  la  rareté,  c'est  la  seule  excuse  à  invoquer,  et  passons. 

Sainte  Hélène.  —  La  sainte  est  debout,  presque  de  face  et 
dirigée  vers  la  droite,  la  tête  couronnée  et  la  main  gauche  appuyée 
contre  une  croix,  elle  tient  un  livre  sous  le  bras  droit.  Dans  la  partie 
supérieure  au-dessous  de  la  traverse  de  la  croix,  on  lit  :  Sancta  Helena. 

Cette  pièce  inconnue,  croyons-nous,  à  presque  tous  les  iconographes  est 
d'une  insigne  rareté,  elle  mesure  H  121mm  _  L  72ram. 
En  1865  un  exemplaire  passa  à  la  vente  Camberlyn;  il  y  fut  adjugé  78  francs. 


MEIER  (Melchior) 

Graveur  de  la  fin  du  xvf  siècle,  d'un  métier  très  fin,  dont  la  fort  belle 
pièce  suivante  est  au  Département  des  Estampes. 

Saint  Guillaume  (P  3).  —  Guerrier  debout  et  de  face,  le  casque 
empanaché  de  volumineuses  plumes  blanches,  le  poids  du  corps 
repose  sur  la  jambe  droite,  la  main  gauche  s'appuie  sur  un  bouclier 
armorié  qui  est  à  terre,  et  la  droite  sur  une  lance.  Il  est  ceint  d'une 
écharpe  blanche  que  fait  flotter  le  vent.  Au  fond  de  l'estampe,  colline, 
ville  et  rivière.  En  bas  dans  la  tablette  :  M  M  se  et  excudit  in  friburgi 
helvet,  et  sous  le  trait  carré  :  Miles  an  Monacus,  etc. 

Superbe  et  intéressante  estampe,  le  personnage  tout  particulièrement  est 
une  merveille  de  finesse. 


MULLER  (Frédéric) 

Né  à  Stuttgart  en  1786,  mort  en  1816,  au  château  de  Sonnenstein,  près 
Pirna.  Ce  n'est  pas  un  vieux  Maître,  comme  on  le  voit  par  ces  dates,  mais 
nous  tenions  à  le  mentionner  cependant,  à  cause  de  la  pièce  suivante,  qui, 
très  délaissée  aujourd'hui,  a  eu  son  heure  de  célébrité  au  point  de  vue  de 
la  haute  cote. 


54  ÉCOLE    ALLEMANDE 

La  Madone  de  Saint-Sixt. 

A  la  vente  Thorel,  en  1853,  l'un  des  cinq  exemplaires  connus  avant  toutes 
lettres  et  avant  l'auréole  autour  de  la  tète  de  la  Vierge  fut  adjugé  2250  francs, 
elle  venait  de  chez  Révil  ;  à  la  même  vente,  un  autre  exemplaire  avant  la 
lettre,  mais  avec  le  titre  :  Madona  di  S.  Sisto,  etc.,  et  les  noms  des  artistes 
en  lettres  tracées,  sur  chine,  fut  payé  1319  francs;  il  provenait  de  la  collection 
Debois  où,  en  1844,  il  fut  adjugé  1300  francs. 

Celte  estampe  fut  gravée  sur  le  dessin  de  M"»'  Seidelman,  d'après  le 
tableau  en  hauteur  de  Raphaël  qui  se  trouve  dans  la  galerie  de  Dresde. 


PENCZ  (Georges) 

Né  a  Nuremberg  en  1500,  mort  à  Breslau  en  1550.  Graveur  de  grand 
talent,  voyagea  en  Italie  où  il  connut  Marc  Antoine.  On  affirme  que 
Le  Massacre  des  Innocents  a  été  gravé  sans  le  chicot  par  notre  artiste  et 
d'une  manière  supérieure  à  celle  de  Raimondi.  On  croit  aussi  que 
Les  Prisonniers  de  Jules  Romain,  attribués  à  Cihisi,  sont  de  Pencz.  —  Son 
œuvre  est  d'environ  125  à  130  pièces,  presque  toujours  de  petit  format  et 
souvent  trop  encrées. 


Le  Triomphe  de  Bacchus  (Bartsch  92).  —  Bacchus  couronné 
de  pampres  dans  un  char  auquel  est  attelé  un  centaure,  se  dirige  vers 
la  gauche  ;  il  est  précédé  de  deux  autres  centaures  et  deux  satyres. 
Au  bas  au  milieu  de  l'estampe,  le  monogramme  '  sous  le  pied  droit 
du  centaure  qui  traîne  le  char  qui  est  poussé  par  un  personnage  avec 
un  casque. 

Estampe  d'une  insigne  rareté.  —  Un  exemplaire,  vendu  en  avril  1893  par 
II. -O.  Gutekunst,  atteignit  1GG  francs. 

Jean  Frédéric  de  Saxe  (B  J26).  -  A  mi-corps  de  face  et 
légèrement  tourné  à  droite  dans  une  bordure  ornée  de  quatorze 
écussons  de  son  pays.  En  bas  sur  une  pierre  :  Spes  mea. . .,  le  mono- 
gramme et  1543. 

Très  rare  estampe,  considérée  comme  le  chef-d'œuvre  du  graveur. 

Ventes  :  Liphart,  150  —  Schloesser,  237  —  Vico,  237  —  Oppermann,  150  — 
En  mai  1900  par  H. -G.  Gutekunst,  107. 


I   Un  /'  dnns  le  pied  duquel  Ml  passée  la  boucle  supérieure  d'un  G. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  55 


RUPRECHT  von  der  PFALZ  (Prince)' 

Né  à  Pragues  en  1619,  mourut  à  Londres  en  1682  ;  c'est  lui  qui  exploita  la 
découverte  faite  par  Louis  de  Siegen  —  voir  ce  nom.  —  A  gravé  une  douzaine 
de  pièces  environ  en  manière  noire,  et  toutes  fort  rares.  Il  se  servait  de  quatre 
à  cinq  monogrammes  très  différents  les  uns  des  autres.  11  a  aussi  gravé 
quelques  eaux-fortes.  —  Voici  de  lui  une  pièce  devenue  introuvable. 

Le  Bourreau  tenant  la  tête  de  saint  Jean-Baptiste  (Smith  2).  — 
A  mi-jambes  de  profil  à  droite,  la  tète  couverte  d'un  mouchoir  blanc, 
une  corde  nouée  autour  de  la  taille,  le  bourreau  tient  par  les  cheveux, 
élevée  dans  sa  main  droite,  la  tète  de  saint  Jean  qu'il  regarde.  A  gauche 
derrière  le  bourreau,  enroulée  à  une  croix,  une  banderolle  sur  laquelle 
on  lit  :  Ecce  Agnus  Dei,  etc.  La  main  droite  et  la  figure  du  bourreau 
sont  violemment  éclairées,  la  main  gauche  qui  ne  se  voit  pas,  masquée 
par  le  corps,  tient  un  glaive  sur  la  lame  duquel  on  distingue  difficile- 
ment une  couronne  avec  les  lettres  R  P  F  et  la  date  1658.  Au  bas  de 
l'estampe,  une  mince  ligne  blanche  occupant  toute  la  largeur  de  la 
pièce,  dans  laquelle  quelques  lettres  illisibles  et  oblitérées  où  l'on  croit 
pouvoir  distinguer  Sp. 

A  la  vente  des  doubles  du  prince  YValdburg-Wolfegg,  en  mai  1901,  un 
exemplaire  fut  adjugé  l'énorme  somme  de  7875  francs  !! 


SCHONGAUER  (Martin)2 

Né  à  Colmar  (?)  en  1420  où  il  mourut  en  1488  disent  les  uns,  en  1499  disent 
les  autres.  Surnommé  Martin  Sch'one  par  les  Allemands  et  le  beau  Martin 
par  les  Français.  Cet  artiste  qui  est  un  des  plus  haut  cotés  de  l'école 
allemande  jouit  d'une  réputation  immense  et  méritée.  Ses  figures  ont  plus  de 
distinction  que  celles  de  Durer,  il  a  surtout  su  poétiser  ses  Vierges 
auxquelles  malheureusement  il  a  souvent  donné  des  doigts  démesurément 
grêles  et  effilés.  Son  art,  dans  lequel  on  perçoit  nettement  le  reflet  de  l'école 
de  Van  Eyck,  est  superbe  et  sans  défaillance.  Contemporain  du  Maître 
de  1466,  son  influence  fut  considérable  sur  son  époque.  Il  ne  datait  jamais 
ses  estampes  qui  étaient  presque  toutes  entourées  d'un  trait  carré,  mais  il 


i  Dit  en  France  :  Le  Prince  Rupert.  *■ 

2  Consulter  :  Œuvre  de  Martin  Schongauer.  reproduit  et  publié  par  Amand-Durand.  texte 
par  G.  Duplessis,  à  Paris,  chez  Rapilly. 


56  ÉCOLE    ALLEMANDE 

les  signait  généralement  de  son  monogramme,  un  M  et  un  S  entre  lesquels 
était  un  signe  composé  d'une  croix  qu'enveloppait  par  le  bas  à  gauche,  une 
courbe  formant  un  peu  plus  du  quart  du  cercle  ;  il  fut  un  des  premiers  qui 
usa  d'un  chiffre  comme  signature. 

Il  eut  pour  maître  un  Flamand  nommé  Roger  Van  der  Weyden. 

Son  œuvre  se  compose  de  110  pièces.  —  Dans  une  notice  sur  le  Maître, 
faite  par  feu  Duplessis,  celui-ci  attire  l'attention  des  collectionneurs  sur  les 
13  pièces  suivantes,  qui  n'ayant  pas  été  gravées  par  lui,  portent  néanmoins 
son  monogramme  apposé  par  des  éditeurs  peu  scrupuleux,  afin  d'en  faciliter 
la  vente. 

La  Nativité  (B.  t.  vi,  p.  167,  n"  2)  —  Le  Christ  en  croix  (P.  t.  n,  p.  112,  A)  — 
Le  Corps  de  Jésus  descendu  de  la  croix  (B.  t.  vi,  p.  107,  n°  2)  —  Les  quatre 
saintes  femmes  au  tombeau  de  Jésus  il',  t.  n,  p.  113,  B)  —  Jésus  au  milieu  de 
six  anges  (B.  t.  VI,  p.  169,  n°  9)  —  La  Vierge  debout  [B.  t.  vi,  p.  172,  n»  11)  — 
Sainte  Catherine  (B.  t.  vi,  p.  172,  n°?)  —  Une  des  Vierges  sages  (B.  t.  vi,  p.  174, 
n»  14)  —  3  figures  à  mi-corps  sur  une  même  planche  (B.  t.  vi,  p.  174.  n°  15)  — 
Portrait  de  M.  Luther,  en  haut  de  la  planche  :  M.  Lugter  —  Les  Armoiries  de 
l'Évêque  de  Wurstzbourg  —  Un  Eléphant  (B.  t.  vi,  p.  175,  n»  15)  —  Un  Reliquaire 
(P.  t.  n,  p.  113,  C).  —  On  estime  qu'il  existe  en  plus  des  pièces  mentionnées 
ci-dessus,  90  estampes  qui  portent  sa  marque,  mais  qui  ne  sont  que  des 
copies. 

Emile  Galichon,  en  1859,  et  le  Dr  Alfred  von  Wurzbach  de  Vienne,  en  1880, 
lui  ont  consacré  de  très  intéressantes  études. 

Les  estampes  du  Maître  se  raréfient  de  jour  en  jour,  bientôt  elles 
deviendront  introuvables,  et  les  prix  montent  en  raison  de  leur  rareté. 

Nous  allons  extraire  les  morceaux  les  plus  rares  et  les  plus  appréciés  de 
cet  œuvre  magistral  entre  tous.  Disons  pour  n'y  pas  revenir  qu'elles  portent 
toutes  en  bas  au  milieu  de  l'estampe,  le  monogramme  de  l'artiste. 

La  Vierge  recevant  l'Annonciation  (Barlsch  2).  —  Debout  et 
de  face,  les  yeux  baissés  et  la  tète  légèrement  inclinée  à  gauche,  la 
Vierge,  la  main  droite  ramenée  sur  la  poitrine  et  la  gauche  tombant  le 
long  du  corps,  un  livre  demi-ouvert  entre  les  doigts  démesurément 
longs,  se  recueille  confuse.  Sur  le  premier  plan  à  gauche,  un  lys 
dans  un  vase. 

Ventes  :  Vico,  700  —  Oppermann,  1025  —  Ilolford,  2350  —  Angiolini,  1512  — 
De  Sallet,  1000,  sur  papier  à  la  prtitc  couronne—  Battig,  même  papier,  1255. 

L'Annonciation  (.'!).  --  Agenouillée  à  droite  de  l'estampe  près 
d'une  chaise  à  coussin,  la  Vierge  devant  un  lit  que  masque  un  rideau, 
la  tète  nimbée,  de  face  et  penchée  à  gauche,  prèle  l'oreille  à  l'ange  qui 
derrière  elle  vient  lui  annoncer  qu'elle  allait  être  mère  du  Sauveur. 
A  gauche  sur  le  premier  plan  dans  un  vase,  un  lys;  au  fond  dans  un 
rayonnement,  le  Père  Eternel. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  57 

Il  existe  de  cette  admirable  pièce  une  des  capitales  de  l'œuvre,  de 
nombreuses  copies  entre  autres  par  Meckenen. 

Ventes  :  Didot,  820  —  Vico,  1375  —  Straeter,  sur  papier  au  P  gothique,  625. 

La  Nativité  (4).  —  Dans  une  construction  de  style  ogival  en 
ruines,  à  droite  la  Vierge  est  agenouillée  les  mains  jointes  devant 
l'Enfant  Jésus  couché  par  terre  ;  saint  Joseph  debout,  une  lanterne  et 
un  bâton  de  voyage  à  la  main,  contemple  la  scène.  Un  âne  et  une 
vache  à  droite,  à  gauche  trois  bergers,  et  tout  en  haut  dans  le  coin 
droit  de  l'estampe,  des  anges  soutenant  une  banderolle. 

Pièce  admirable  —  a  été  copiée. 

Ventes  :  Liphart,  1250  —  Didot,  1800  —  Griffiths,  235,  de  chez  Bammcvillc 
était  faible  —  En  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  2064  —  Galichon,  1450,  de  chez 
Didot  —  Angiolini,  375  —  Battig,  450  papier  au  P  gothique  —  Schultze,  637  — 
Prince  Waldburg-Wolfegg,  637. 

La  Nativité  (5).  —  Dans  une  étable,  la  Vierge  nimbée  de  profil  à 
droite,  les  mains  croisées  sur  la  poitrine,  adore  l'Enfant  Dieu  couché 
nu  sur  une  botte  de  paille,  l'âne  et  la  vache  sont  près  de  lui.  Au  fond 
de  l'estampe  on  aperçoit  saint  Joseph  et  une  femme  qui  arrivent, 
dans  le  ciel  trois  anges  tenant  une  banderolle. 

A  été  copiée  par  Meckenen. 

Ventes  :  Didot,  175  —  Knowles,  1375  —  Vico,  1537. 

L'Adoration  des  Rois  (6).  —  Assise  de  face  à  gauche  de  l'estampe, 
tenant  l'Enfant  Jésus  nu  sur  ses  genoux,  la  Vierge  abritée  sous  un 
édifice  en  ruines  reçoit  les  Mages  venus  de  l'Orient,  l'un  d'eux  vêtu  d'un 
long  manteau  est  à  ses  pieds,  il  vient  de  lui  remettre  un  coffret  précieux 
qu'elle  lient  dans  sa  main  gauche.  On  voit  à  gauche  émerger  la  tèle 
de  l'âne  et  de  la  vache,  sur  le  tout  premier  plan  un  chien  tourné  à 
gauche,  au-dessus  du  toit  une  étoile  scintillante. 

Superbe  et  très  rare  pièce.  —  Les  épreuves  qui  portent  le  millésime  1482 
sont  à  rejeter  impitoyablement,  l'artiste  qui  s'est  permis  de  retoucher  la 
planche  usée  l'ayant  perdue  par  sa  maladresse. 

Ventes  :  Liphart,  812  —  Didot,  1700,  de  chez  Esdaile  et  Thiers  —  Holford, 
875  —  L.  Galichon,  1750,  de  chez  Didot  —  Straeter,  papier  à  la  petite  tète 
de  bœuf,  2325  —  Defer  Dumesnil,  45  —  Schultze,  106. 

La  Fuite  en  Egypte  (7).  —  Occupant  le  milieu  de  l'estampe,  la 
Vierge  montée  sur  un  âne,  l'Enfant  Jésus  sur  ses  genoux,  attend  que 
saint  Joseph  ait  cueilli  des  dattes  aux  branches  du  palmier  que  les 


58  ÉCOLE    ALLEMANDE 

anges  font  ployer  devant  lui  pour  les  mettre  à  la  portée  de  sa  main. 
A  gauche  trois  lézards,  un  par  terre  et  deux  autres  sur  le  tronc  du 
dattier. 

Une  des  pièces  les  plus  séduisantes  de  l'œuvre  par  la  poésie  de  sa 
composition,  ne  semble  pas  appréciée  à  sa  juste  valeur,  si  on  en  juge  par 
les  prix  plus  que  modestes  qu'elle  atteint  aux  ventes  publiques. 

Ventes  :  Liphart,  1600,  sur  papier  à  la  petite  tète  de  bœuf  —  Didot,  490  — 
Schloesser,  587,  sur  papier  au  P  gothique  —  L.  Galichon,  1050,  l'exemplaire 
de  Didot  —  Battig,  775  —  Reiss,  875,  de  la  collection  Scarisbrick. 

Le  Baptême  du  Christ  (8).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  demi-nu 
dans  les  eaux  du  Jourdain,  le  Christ  reçoit  le  baptême  de  saint  Jean 
qui,  à  genoux,  lui  impose  la  main  droite  sur  la  tête,  derrière  le 
Sauveur  un  ange  est  debout.  Au-dessus  de  la  tète  du  divin  Baptisé, 
le  Père  Eternel  et  le  Saint-Esprit  sous  la  forme  d'une  colombe. 

Il  existe  une  copie  en  contre-partie. 

Ventes  :  Didot,  180  —  Oppermann,  375  —  Angiolini,  825  —  Battig,  156  — 
Schultze,  119. 

Le  Portement  de  Croix  (21).  —  Succombant  sous  le  poids  d'une 
immense  croix,  le  divin  Maître  couronné  d'épines  est  tombé,  il  se 
dirige  vers  la  droite  et  est  entouré  de  bourreaux  dont  l'un  à  gauche  le 
lire  brutalement  par  la  corde  qui  lui  ceint  les  reins.  Devant  la  croix, 
près  d'un  guerrier  à  cheval,  la  Vierge  aux  regards  attristés  assiste  à 
cette  scène  cruelle.  Sur  le  premier  plan,  deux  chiens  à  gauche. 

Grande  pièce  admirable  et  célèbre  à  nombreux  personnages.  L'exemplaire 
du  Département  des  Estampes  est  de  qualité  exceptionnelle.  —  Plusieurs  copies 

existent,  entre  autres  par  Wenceslas  d'Olmutz  et  van  Mcckenen. 

Ventes  :  Liphart,  1250  —  Didot,  260,  mauvaise  épreuve  doublée  — 
Schloesser,  papier  au  F  gothique,  887  —  Griffiths,  800,  des  collections 
Scitivaux,  Debois  et  Bammeville  —  Straeter,  825,  papier  à  la  petite  tète  de 
bœuf  -  De  Sallet,  2250  —  Defer  Dumesnil,  235  -  Hansen,  76  —  Stcrn,  1165, 
légèrement  restaurée. 

Le  Christ  en  Croix  (21).  —  Le  divin  Sauveur  de  face  est  crucifié,  à 
gauche  la  Vierge  défaillante  est  soutenue  par  saint  Jean,  deux  saintes 
femmes  sont  près  d'elle.  A  droite,  vu  de  dos  et  assis  par  terre,  un  de 
ses  bourreaux  l'injurie  la  main  droite  levée  vers  lui,  du  même  coté  un 
groupe  de  soldats,  dont  l'un  porte  une  éponge  au  bout  d'un  long  bâton. 
Au  fond,  des  montagnes;  à  terre,  sur  le  premier  plan  à  gauche,  une 
tète  de  mort. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  59 

Ventes  :  Liphart,  1125,  papier  au  P  gothique  —  Didot,  255  —  Holford, 
1150  —  En  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  1762  —  L.  Galichon,  660,  de  chez 
Alferoff  —  Straeter,  519,  papier  à  la  petite  tète  de  bœuf. 

Jésus-Christ  en  Croix  (25).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  le  divin 
Sauveur  vient  d'expirer  sur  la  croix,  la  tête  est  retombée  sur  la 
poitrine,  quatre  anges  recueillent  dans  un  calice  le  précieux  sang  qui 
coule  des  mains,  du  côté  et  des  pieds.  A  gauche,  la  Vierge  debout,  les 
bras  croisés  sur  la  poitrine,  la  tête  baissée  ;  à  droite,  saint  Jean  prie 
un  livre  fermé  entre  les  mains.  Au  pied  de  la  croix,  un  tibia,  une  tète 
de  mort  ;  au  fond,  des  arbres,  collines  et  maisons. 

Très  rare  et  merveilleuse  pièce.  —  Une  épreuve  unique  sans  doute,  avant 
que  le  feuillage  de  l'arbre  s'étendant  sur  le  bras  de  la  Vierge  à  gauche 
ait  été  effacé,  figurait  à  l'exposition  Dutuit  en  1869. 

Ventes  :  Didot,  1950  —  Vico,  1487  —  Holford,  1650  —  En  1894  par  H.-G. 
Gutekunst,  1937  —  L.  Galichon,  830,  de  chez  Didot  —  Reiss,  2375,  de  la 
collection  Festetics. 

Jésus-Christ    en   jardinier   apparaissant   à   la  Madeleine 

(26).  —  Agenouillée  à  la  gauche  de  l'estampe  sur  un  tertre,  sainte 
Madeleine  de  profd  à  droite  étend  la  main  vers  le  Christ  qui  lui 
apparaît  à  droite,  tenant  un  étendard.  Au  fond,  une  haie,  un  arbre  et 
des  collines. 

Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  Didot,  710,  de  chez  Marshall  —  Fischer,  950  —  Angiolini,  812. 

La  Vierge  au  Perroquet  (29).  —  Vue  à  mi-corps  la  Vierge 
soutient  devant  elle,  assis  sur  un  coussin,  l'Enfant  Jésus  nu,  il  a  un 
perroquet  sur  la  main  gauche  et  une  poire  dans  la  droite.  La  Vierge 
de  sa  main  droite  feuillette  un  livre  appuyé  tout  à  fait  à  gauche  sur 
le  mur. 

Plusieurs  copies,  une  entre  autres  de  Weneeslas  d'Olmutz.  —  Cette 
estampe  est  la  première  qu'ait  gravée  le  Maître,  dit  le  docteur  Alfred  von 
Wurzbach,  dans  son  intéressant  travail  sur  l'artiste. 

Ventes  :  Didot,  310  —  Schloesser,  762  —  En  1886,  à  la  vente  des  doubles 
de  Berlin,  il9. 

La  Mort  de  la  Vierge  (33).  —  Sur  un  lit  à  baldaquin  dont  le 
rideau  de  gauche  est  relevé,  la  Vierge  de  face  est  couchée  agonisante, 
le  corps  légèrement  soulevé  par  des  coussins  placés  derrière  elle  ;  les 


60  ÉCOLE    ALLEMANDE 

apôtres  l'environnent  et  saint  Jean  qui  est  à  droite  se  penche  vers  elle 
et  lui  met  un  cierge  dans  la  main  droite.  Sur  le  devant  du  lit,  à  terre 
un  riche  chandelier  ciselé;  à  gauche,  deux  apôtres  agenouillés  lisent 
dans  un  livre  de  prières  sur  lequel  l'un  d'eux  a  posé  ses  lunettes. 

Nous  considérons  cette  pièce  comme  une  des  plus  belles  de  l'école 
allemande,  elle  est  extrêmement  recherchée  et  de  composition  magistrale. 

E.  Galichon,  dans  la  Gazelle  des  Beaux-Arts  de  septembre  1859,  en  donne 
les  états  suivants1  : 

1"  état  —  Avant  le  trait  échappé  qui  coupe  le  pied  du  second  personnage 

agenouillé  ù  droite. 
2,¥  état  —  Avec  ce  trait. 
3«  état  —  La   planche   est   brutalement  retouchée   en   maints   endroits, 

notamment  sur  la  ligure  de  l'apôtre  qui   est   le  plus  près 

du  trait  carré  à  gauche. 

Ventes  :  E.  Galichon,  1305  —  Liphart,  G312,  sur  papier  à  la  petite  tête  de 
bœuf  —  Didot,  2000  ;  elle  provenait  de  chez  Camberlyn  où  elle  avait  été 
adjugée  455,  elle  faisait  primitivement  partie  du  cabinet  Brisart  et  avait 
quelques  petites  restaurations  —  Knowles,  sur  papier  à  la  petite  tête  de 
bœuf,  750  —  Scbloesser,  0262,  de  chez  Liphart  —  Oppermann,  1510  — 
Griffiths,  1237,  de  chez  Brooke  —  Des  doubles  de  Berlin,  755  —  Fischer, 
merveilleux  exemplaire  sur  papier  à  la  petite  tète  de  bœuf,  provenant 
de  chez  Hawkins,  7500  —  L.  Galichon,  105,  de  chez  E.  Galichon  — 
Angiolini,  375  —  Straeter,  sur  papier  à  la  petite  tête  de  bœuf,  considéré 
comme  probablement  le  plus  bel  exemplaire  connu,  la  perle  de  la 
collection,  6000». 

La  Tentation  de  saint  Antoine  (47).  —  Il  est  enlevé  dans  les 
airs  par  des  démons  aux  formes  fantastiques;  pendant  que  les  uns 
cherchent  à  lui  arracher  ses  vêtements,  d'autres  armés  de  hâtons  et 
de  massues  vont  le  frapper;  il  demeure  impassible.  A  droite  un  bout 
de  rocher. 

Pièce  capitale  et  très  rare,  copiée  par  Meckcncn  et  Bocholt.  On  raconte 
—  ce  qui  nous  paraît  terriblement  fantaisiste  —  que  Michel-Ange  fut 
tellement  impressionné  par  la  beauté  de  cette  pièce  qu'il  s'en  inspira  pour 
son  tableau.  —  Le  lir  état  est  avant  les  tailles  croisées  dans  le  ciel. 

Ventes  :  Liphart,  4350  Didot,  1"  état,  1100  —  Knowles,  1200,  de  chez 
Didot  —  Griffiths,  470,  avec  les  témoins  ;  elle  provenait  de  la  vente  Yischer 
où,  en  1852,  elle  avait  été  adjugée,  fait  curieux  a  enregistrer,  540  -  Fischer, 


1  Nous  Ferons  remarquer  que  le  Maître        comme  'lu   reste  tous  les  Primitifs  et  il  peut 
presque  être  considéré  comme  tel       n'avall  jamais  pour  ainsi  dire  (fêtais. 

3  Un  exemplaire  au  moins  aussi  beau  futadjugén  la  vente  Arozarena  2700  francs;  il  venait 
de  chez  John 


ÉCOLE    ALLEMANDE  61 

en  un  l"  état  non  décrit,  c'est-à-dire  avant  que  la  draperie  sur  la  hanche 
droite  du  saint  ne  soit  terminée  et  avant  les  taches  noires  sur  l'aile  droite 
du  démon,  etc.,  1125  —  Angiolini,  600  —  Straeter,  2125;  exemplaire 
éblouissant  —  Battig,  1035,  de  chez  Alferoff. 

Jacques  le  Majeur  (53).  —  Combat  de  guerriers  à  cheval  et 
armés  de  lances  dans  un  défilé  montagneux  ;  le  Saint  Patron  de 
l'Espagne,  presque  au  milieu  de  l'estampe,  est  aussi  à  cheval,  il  se 
dirige  vers  la  droite  brandissant  son  glaive  de  la  main  droite,  il 
excite  ses  soldats  contre  les  Sarrazins.  Au  tout  premier  plan  à  gauche, 
un  cheval  couché  dont  la  croupe  non  terminée  est  vierge  de  failles, 
ainsi  qu'un  bouclier  qui  est  à  terre,  et  qui  est  resté  blanc.  Au  milieu 
de  l'estampe,  sous  le  cadavre  d'un  soldat  gisant  à  terre  décapité,  le 
monogramme. 

Grande  pièce  d'une  insigne  rareté.  —  Au  2«  état,  un  artiste  inconnu 
a  placé  dans  le  ciel  an  cartouche,  revêtu  d'une  inscription.  —  On  croit 
communément  que  cette  estampe  est  la  dernière  du  Maître,  se  basant  sur 
ce  fait,  qu'elle  n'est  pas  terminée,  ce  qui  n'est  point  une  preuve. 

Ventes  :  Didot,  200  —  Holford,  1275  —  Angiolini,  1832. 

La  Véronique  (66).  —  Debout  et  de  face,  les  bras  écartés  tenant 
le  voile  où  est  empreinte  la  face  du  Sauveur,  la  sainte  coiffée  d'une 
sorte  de  turban  porte  la  tête  légèrement  inclinée  à  gauche. 

Il  existe  des  copies  de  cette  petite  pièce,  qui  n'est  intéressante  que  par 
son  extrême  rareté. 

Ventes  :  Didot,  705  —  L.  Galichon,  340. 

Le  Petit  Sauveur  (67).  —  Debout  et  laissé  demi-nu  par  l'envolée 
du  manteau  qu'il  a  sur  l'épaule,  l'Enfant  Jésus  bénit  de  la  main 
droite,  portant  un  monde  dans  la  gauche. 

Petite  pièce  tout  à  fait  insignifiante  mais  rarissime,  a  été  copiée  par 
Meckenen. 

Ventes  :  Didot,  50  —  Dans  les  doubles  de  Berlin,  1250. 


L'Homme  de  Douleur  (69).  —  Vu  dans  l'encadrement  d'une 
fenêtre  de  style  ogival,  le  Christ  est  debout  de  face,  la  tête  dans  un 
rayonnement  est  couronnée  d'épines,  le  torse  est  nu  et  les  bras  sont 
croisés  sur  la  poitrine  ;  à  gauche  la  Vierge  de  profil  à  droite  pleure,  à 
droite  saint  Jean  un  livre  entr'ouvert  dans  la  main  droite,  soutient  le 


62  ÉCOLE    ALLEMANDE 

coude  du  Christ  de  la  main  gauche  ;  au-dessus  de  ces  trois  person- 
nages des  anges  prient.  Sous  l'entablement  de  la  croisée  indiqué  par 
un  pointillé  espacé,  le  monogramme. 

Dans  le  2*  état,  la  planche  ayant  été  rognée,  le  monogramme  a  disparu 
et  a  été  reporté  prés  du  pan  du  vêtement  de  la  Vierge.  —  On  suppose  que 
cette  estampe  est  la  seconde  qu'a  gravée  l'artiste. 

Ventes  :  Didot,  l»r  état,  1055  ;  2-  état,  100. 

Dieu  couronnant  la  Sainte  Vierge  (72).  —  Assis  sur  un  trône, 
la  tète  dans  un  intense  rayonnement,  le  Christ  de  profil  à  gauche,  le 
monde  sur  ses  genoux,  un  sceptre  dans  la  main  droite,  pose  la 
couronne  sur  la  lète  de  la  Vierge  qui,  velue  d'un  long  manteau,  est 
agenouillée  à  gauche  les  mains  jointes  et  la  tète  nimbée.  Derrière  elle 
un  ange  debout  appuie  son  avant-bras  droit  sur  le  montant  du  trône, 
afin  d'arranger  le  coussin  qui  y  est  placé. 

Admirable  estampe,  une  des  plus  belles  de  l'œuvre. 

Ventes  .  Liphart,  500  —  Didot,  220  —  Schloesser,  exemplaire  de  tonte 
beauté,  avec  des  barbes  dans  les  ombres,  sur  papier  filigrane  aux  armes 
avec  trois  fleurs  de  lys,  1937  —  Aux  doubles  de  Berlin,  519  —  L.  Galichon, 
600,  provenant  de  la  collection  Debois  où  elle  fut  adjugée  350;  elle  sortait 
de  eliez  Hobert-Dumcsnil  —  Straeter,  toute  première  épreuve,  avant  toutes 
retouches,  particulièrement  sur  les  mains  et  la  robe  de  la  Vierge,  2937; 
provenait  de  chez  Schloesser  ;  on  la  considère  comme  une  des  plus  belles 
connues. 

La  Crosse  (106).  —  Dans  la  volute  complètement  fermée  de  la 
crosse,  la  Vierge  aux  longs  cheveux  épandus  sur  le  dos  est  assise 
tenant  l'Enfant  Dieu  debout  et  nu  sur  ses  genoux;  à  gauche  un  ange 
joue  de  la  guitare,  à  droite  un  autre  de  l'orgue.  Sous  le  pied  de  la 
Vierge  un  petit  cartouche  resté  blanc.  Dans  un  des  pans  du  fût  de  la 
crosse  très  bas  et  à  peine  visible,  le  monogramme. 

D'une  insigne  rareté. 

Ventes  :  Didot,  1210  —  Vico,  2125,  sur  papier  au  F  gothique. 

L'Encensoir  (107).  —  Le  litre  nous  dispense  de  toute  description. 
A  été  copiée  par  Meckencn. 

Ventes  :  Didot,  250;  était  remargée  —  Vico,  1187,  sur  papier  à  la  haute 
couronne  —  Angiolini,  062  —  De  Sallet,  1000,  même  papier  —  Battig,  50G, 
papier  à  la  petite  tète  de  boeuf. 

Notons  pour  en  terminer:  La  série  bien  connue  des  Vierges  qui  comprend  : 

cinij   Vierges  sages,  six  Vierges  folles,  toutes  en  pied,  sauf  une  des  Follet  qui 


ÉCOLE    ALLEMANDE  63 

est  à  mi-corps.  Le  mouvement  de  la  lampe  qu'elles  portent  à  la  main 
indique  les  cascades  de  leur  vertu,  et  la  couronne  jetée  à  terre  la  perte  de 
leur  innocence  ;  pièces  bien  insignifiantes  ainsi  que  :  Deux  Hommes  marchant 
de  compagnie  (B  90)  et  Les  Cochons  (B  95),  toutes  deux  de  la  dernière  rareté, 
adjugées  à  la  vente  Didot,  la  première  615  francs,  la  seconde  755,  prix 
absolument  ridicules.  —  Le  Maître  a  aussi  gravé  d'admirables  rinceaux 
d'ornements. 

STOSS  (Veit) 

Né  à  Cracovie  en  1447,  mort  à  Nuremberg  en  1542  (?)  Il  appartient  à 
l'école  de  la  Haute-Allemagne  ;  son  œuvre  —  une  douzaine  de  pièces  —  est 
extrêmement  rare.  D'une  grande  finesse,  mais  sans  sécheresse  cependant, 
ses  estampes,  souvent  mal  dessinées,  ont  leurs  contours  très  accusés.  Il 
signe  généralement  d'un  monogramme  qui  affecte  quelques  légères  modifi- 
cations, se  composant  toujours  d'un  F  gothique  et  d'un  S  ordinaire  entre 
lesquels  est  une  marque  de  tailleur  de  pierres. 

La  Vierge  près  du  Corps  de  Jésus,  derrière  elle  saint  Jean 

(Bartsch  2).  —  La  Vierge  vue  de  profil,  embrasse  le  corps  du  Sauveur 
qui  vient  d'èlre  descendu  de  la  croix,  elle  le  soutient  de  la  main  droite. 
Saint  Jean  vêtu  d'un  ample  manteau,  enlève  la  couronne  d'épine  du 
divin  Crucifié.  En  bas  presque  au  milieu  de  l'estampe,  le  monogramme 
de  l'artiste,  la  lettre  S  est  renversée. 

Un  exemplaire  de  cette  pièce  superbe,  qui  est  de  la  dernière  rareté,  fut 
adjugé  à  la  vente  Angiolini  3387  francs. 

A  signaler  encore  :  La  Vierge  debout  avec  l'Enfant  Jésus  (3). 


WEGHTLIN  (Hans  ou  Johann) 

On  ne  sait  rien  ou  fort  peu  de  sa  vie.  Il  travaillait  à  Strasbourg  de  1510 
à  1520  et  il  y  mourut. 

C'est  cet  artiste  extrêmement  remarquable  pour  lequel  l'Allemagne  reven- 
dique l'honneur  de  l'invention  des  clairs-obscurs. 

On  le  nommait  aussi  souvent  le  Maitre  aux  bourdons  croisés  ou  Pilgrim, 
qui  veut  dire  Pèlerin,  parce  que  le  bourdon  est  le  bâton  de  voyage  sur 
lequel  s'appuie  le  pèlerin,  et  qu'il  se  servait  de  ce  signe,  qu'il  plaçait  entre 
les  lettres  Io  et  V. 

Il  ne  procédait  pas  pour  ses  clairs-obscurs  par  teintes,  comme  Ugo  da 
Carpi,  mais  bien  par  hachures  superposées. 

Une  étude  intéressante  a  été  publiée  sur  ce  Maître  par  von  H.  Loedel 
en  1863. 

Son  œuvre  est  très  rare  et  du  plus  haut  intérêt  ;  il  fait  quelquefois  songer 
à  celui  de  Balduns. 


64  ÉCOLE    ALLEMANDE 

« 

La  Vierge  assise  dans  un  jardin  (Bartsch  2).  —  La  Vierge 
tient  sur  ses  genoux  l'Enfant  Jésus  qui  feuillette  un  livre  ;  à  leurs 
pieds  s'ébattent  trois  lapins.  Au-dessus  d'eux  dans  le  ciel,  deux  anges 
soutiennent  une  couronne.  Au  milieu  de  l'estampe  la  mer,  à  droite 
rochers  et  château  fort,  à  gauche  arbres  et  rochers. 

Il  existe  au  Département  des  Estampes  un  exemplaire  merveilleux  de  ce 
rarissime  clair-obscur  à  deux  planches;  il  est  d'une  conservation  telle,  qu'on 
le  dirait  sortant  de  la  presse.  —  A  la  vente  Didot,  une  épreuve  portant  la 
signature  de  Mariette  fut  payée  610  francs. 

La  Tête  de  Mort  (B  6).  —  Elle  est  de  face  et  placée  dans  une 
sorte  de  niche  rectangulaire  avec  cette  inscription  au-dessus  : 
Mundanae  foelicilatis  gloria.  Sur  un  entablement  et  de  chaque  côté  de 
la  partie  cintrée  qui  y  figure,  deux  Amours  sont  assis  ;  celui  de  gauche 
semble  pleurer.  En  bas  à  gauche,  le  monogramme. 

Clair-obscur  à  deux  planches,  d'une  insurpassablc  rareté  ;  un  exemplaire, 
vente  Didot,  adjugé  1 180  francs. 

Orphée  (B  8).  —  Assis  de  face,  nu  et  regardant  à  gauche,  il  est 
entouré  de  bêles  fauves,  cerfs,  biches,  oiseaux  qu'il  charme  au  son  de 
son  violon.  En  haut  au  milieu  et  au-dessus  de  sa  tête,  dans  une 
tablette  :  Orpheus  vales.  En  bas  à  gauche  dans  un  oval,  le  chiffre. 

Supcrhc  clair-obscur  très  rare  à  deux  planches. 

Ventes  :  Didot,  250;  il  provenait  de  la  vente  Vischer  en  1852,  où  il  fut 
adjugé  31  —  Grifliths,  superbe  épreuve,  1775,  de  la  collection  Hcckford. 

Alcon  de  Crête  (B  9).  —  Dans  la  campagne,  Alcon  vient  de 
délivrer  son  fils  d'un  serpent  monstrueux  qui  le  tenait  enlacé  sur  le 
bord  d'un  ruisseau,  en  le  tuant  d'une  flèche  qui  lui  traverse  la  télé. 
Dans  l'arbre  au  pied  duquel  est  Alcon,  une  (ablette  est  suspendue  par 
un  ruban  avec  une  inscription  commençant  par:  Alcon  empiétas. . . 
En  haut,  une  autre  tablette  avec  un  texte  latin  explicatif.  En  bas  à 
gauche,  un  cartouche  entre  les  jambes  d'Alcon  avec  le  chiffre  du 
graveur. 

Clair-obscur  à  deux  planches,  aussi  rare  (pie  les  précédents. 

Ventes  :  Didot,  780,  du  cabinet  Mariette  -  Hulot,  800  —  Holford,  325  — 
En  avril  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  312. 


ÉCOLE    ALLEMANDE  65 

Un  Cavalier  armé  de  toutes  pièces  (B  10).  —  Il  est  accompagné 
d'un  hallebardier  qui  est  à  pied.  En  bas,  le  monogramme. 

Clair-obscur  à  deux  planches,  très  rare. 
Ventes  :  Didot,  245  —  Defer  Dumesnil,  400. 


WENCESLAS  D'OLMUTZ 

Aucune  particularité  de  sa  vie  n'est  connue,  il  vivait  à  la  fin  du  xve  siècle. 
Il  a  copié  beaucoup  de  pièces  d'après  Durer  et  Martin  Schône  et  il  cherchait 
à  imiter  tout  particulièrement  ce  dernier.  Son  œuvre  se  compose  d'une 
soixantaine  de  pièces  qui  sont  très  rares  à  rencontrer. 

Le  Christ  en  Croix  (Barlsch  12  —  Passavant  59).  —  Au  milieu 
de  l'estampe,  le  Christ  crucifié,  la  draperie  qui  recouvre  ses  hanches 
flotte  à  gauche.  De  ce  côté  la  Vierge  revêtue  d'un  manteau,  les  quatre 
saintes  femmes,  et  saint  Jean  à  droite  debout  un  livre  à  la  main.  En 
bas  au  milieu  de  la  pièce,  un  W. 

Un  exemplaire  de  cette  rarissime  estampe  fut  adjugé  1200  francs  à  la 
vente  Didot. 

Notons  encore  :  Roma  Capul  Mundi,  pièce  satyrique  d'un  grotesque 
inexplicable,  portant  le  millésime  :  Janvarii  1496  —  L'Annonciation,  pièce 
non  décrite,  dit  le  catalogue  de  la  vente  Fischer  où  elle  fut  adjugée  G00  francs. 


ZAZINKER  (Martin)1 

Nous  croyons  que  l'identité  de  ce  graveur,  qui  florissait  vers  1500,  n'a 
jamais  été  bien  établie  et  que  certaines  confusions  naissent  autour  de 
son  nom  et  de  ceux  de  Zinck,  Zagel  et  peut-être  même  de  Zundt  ;  des 
similitudes  de  monogrammes  viennent  encore  augmenter  l'obscurité  qui 
enveloppe  l'œuvre  de  ces  graveurs  ;  nous  avouons  pour  notre  part  n'avoir 
eu  ni  le  temps  ni  la  facilité  de  tirer  la  chose  au  clair  ;  nous  mentionnerons 
donc  timidement  les  pièces  suivantes  qui  nous  ont  paru  intéressantes, 
déclinant  toute  responsabilité  d'attribution  de  paternité.  Son  faire  est  sec 
et  très  gothique. 

Le  Grand  Bal  (Bartsch  13).  —  Au  fond  de  l'estampe  le  duc 
de  Bavière  assis  à  une  table  avec  une  dame  joue  aux  cartes,  trois 
couples  se  promènent    dans   la   salle  ;   à   droite  sur  le   devant   un 


1  D'autres  disent  Mathieu. 


66  ÉCOLE    ALLEMANDE 

courtisan  et  une  dame,  du  même  côté  quatre  musiciens  dans  une 
tribune,  à  gauche  deux  autres  jouant,  l'un  de  la  flûte,  l'autre  du 
tambour  dans  une  tribune  faisant  également  pendant  à  la  première, 
etc.,  etc.  Au  fond,  un  page  apporte  un  gobelet  couvert  d'une  serviette. 
En  bas  au  milieu,  le  monogramme  M.  Z.,  et  le  millésime  1500  au- 
dessus  de  la  tète  du  duc. 

Ventes  :  Liphart,  564  —  Angiolini,  101  —  H. -G.  Gutekunst,  252. 

L'Embrassement  (15).  —  A  gauche  dans  un  cabinet,  une  jeune 
femme  est  embrassée  par  un  homme  de  qualité  vu  de  dos  ;  au-dessus 
d'une  fenêtre  à  droite  1503  et  le  chiffre  de  l'artiste  à  l'envers  sur  une 
tablette  appuyée  contre  le  mur. 

Ventes  :  E.  Galichon,  720  —  Knowles,  269  —  Vico,  187  —  L.  Galichon,  200  !  ! 
c'était  l'exemplaire  de  E.  Galichon  —  Angiolini,  200. 

La  Pensée  de  la  Mort  (17).  —  Une  femme  nue  de  face  est  debout 

sur  une  tète  de  mort,  elle  regarde  à  droite,  ses  longs  cheveux  frisottants 

sont  épandus  sur  son  épaule,  elle  tient  dans  sa  main  droite  un  cadran 

solaire.  Au  fond  la  campagne,  et  près  de  la  tête  de  mort  le  monogramme 

de  l'artiste. 

Fort  belle  pièce  finement  gravée. 

Signalons  encore  :  Le  Martyre  de  suint  Sebastien  (4),  adjugé  400  francs 
a  la  vente  LJehague. 

ZUNDT  (Mathias) 

On  sait  tort  peu  de  choses  sur  ce  graveur  qui  mourut,  croit-on,  vers  1586; 
il  signait  de  son  nom  tout  entier  ou  de  ses  initiales  .1/.  Z. 

Nous  ne  connaissons  de  lui  que  le  rarissime  portrait  de  Charles  IX 
(Passavant  8)  qui  fut  adjugé  à  la  vente  Behague  490  francs;  le  Hoi  était 
représenté  à  mi-corps,  tète  nue,  de  profil  et  revêtu  de  son  armure;  au 
bas  de  l'estampe,  on  lisait  :  Charles  IX,  roy  de  François,  l'an  de  grasse 
XVIII.  M.D.I.XYIII. 


r 

Ecole   Française 


ÉCOLE    FRANÇAISE 


AUDRAN  (Gérard) 

Né  à  Lyon  le  2  août  1640,  mort  à  Paris  le  25  juillet  1703,  artiste  d'une 
habileté  énorme,  appartenait  à  une  belle  famille  de  graveurs.  Il  est  un  peu 
délaissé  aujourd'hui,  dans  son  œuvre  catalogué  par  Robert  Dumesnil  et 
contenant  215  numéros,  nous  ne  mentionnerons  que  sa  suite  si  populaire  : 
Les  Batailles  d'Alexandre1  d'après  Charles  Lebrun  qui  se  compose  de  : 
Le  Passage  du  Granique  (57),  4  cuivres  ;  Bataille  d'Arbelle  (58),  4  cuivres  ; 
Porus  blessé,  amené  devant  Alexandre  (59),  4  cuivres;  Entrée  d'Alexandre 
dans  Babylone  (60),  2  cuivres.  Ces  pièces  que  leurs  grandes  dimensions 
rendent  d'un  maniement  difficile,  s'encadrent  généralement.  Elles  sont 
moins  recherchées  qu'autrefois,  les  cuivres  existent  du  reste  à  la  Chalcographie 
du  Louvre 2,  c'est  dire  que  les  épreuves  avec  la  lettre  sont  sans  valeur,  à 
moins  cependant  qu'elles  ne  soient  d'ancien  tirage,  c'est-à-dire  avec  le 
nom  de  Goyton*  très  apparent,  dans  ce  cas  la  série  vaut  de  250  à  300  francs. 
Quant  à  la  suite  avant  la  lettre,  inutile  d'en  parler,  elle  est  introuvable  —  et 
manque  même  au  Département  des  Estampes  —  elle  vaudrait  aujourd'hui 
de  500  à  600  francs  ;  il  y  a  longtemps  déjà,  à  l'époque  où  elle  était  prisée, 
elle  fut  adjugée  1300  francs  dans  une  vente  publique  ;  la  pièce  isolée  est 
sans  intérêt  au  point  de  vue  collection. 


BEATRIZET  (Nicolas) 

Né  sans  doute  à  Lunéville  vers  1515  et  mort  vers  1660  à  Rome.  Il  passa  la 
plus  grande  partie  de  sa  vie  en  Italie,  aussi  son  faire  est-il  si  italien  que 
Passavant,  à  tort  cependant,  n'a  pas  hésité  à  le  classer  dans  cette  école, 
quoique  à  la  suite  de  son  nom  il  ait  ajouté  de  Lorraine. 


'  On  y  joint  généralement  la  pièce  dite  La  Tente  de  Darius  (R-D  42),  2  cuivres,  du  même 
peintre  et  gravée  par  G.  Edelinck,  qui  complète  la  suite. 

2  Les  5  pièces  s'y  vendent  180  francs. 

s  C'était  le  graveur  de  lettres,  dont  le  nom  se  trouvait  à  côte  des  légendes  donnant  au  bas  des 
estampes  l'explication  de  la  composition. 


70  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Nous  ne  retiendrons  de  lui  que  le  beau  et  rare  portrait  de  : 

Henri  II  (Robert  Dumesnil  40).  —  En  buste  de  profil  à  gauche, 
dans  un  encadrement  ovale  orné  de  deux  Génies  ailés  portant  les 
armes  de  France.  Dans  la  bordure  ovale  :  Henricus  II  Gallorum. . . ,  en 
bas  à  gauche  :  N.  B.  LOT.  F.  1556,  et  à  droite  :  P.  R.  inv. 

Le  1"  état  est  avec  la  date  1556,  le  second  avec  celle  de  1558,  de   plus 
l'inscription  P.  R.  inv.  a  été  effacée.  On  le  croit  gravé  d'après  L.  Penni. 

Ventes  :  Behague,  2e  état,  170  —  Didot,  1er  état,  80  ;  2<-,  150  —  Guichardot, 
!<"■  état,  255. 


BOSSE  (Abraham)' 

Né  à  Tours  vers  1602,  mort  à  Paris  le  14  février  1676.  C'est  un  artiste 
extrêmement  intéressant,  fécond  et  spirituel,  dont  l'œuvre  très  précieux 
au  point  de  vue  documentaire,  le  place  au  premier  rang  de  son  époque.  On 
l'a  surnommé  à  juste  titre  l'historiographe  de  Louis  XIII.  Le  catalogue  a  été 
dressé  par  Georges  Duplessis,  l'ancien  conservateur  du  Département  des 
Estampes,  il  a  relevé  1505  pièces  ;  malgré  l'intérêt  puissant  qui  s'attache  à 
ces  estampes,  elles  se  tiennent  toujours  dans  des  prix  fort  modérés. 

Nous  nous  permettrons  cependant  une  légère  critique  qui  nuit  un  peu  à 
l'œuvre  au  point  de  vue  métier  ;  Bosse  gravait  un  peu  sec,  et  Le  Blond  son 
éditeur,  faisait  souvent  par  trop  encrer  ses  planches,  mais  ceci  n'infirme 
en  rien  les  brillantes  qualités  du  célèbre  aquafortiste  qui  nous  occupe 
ici,  et  dont  nous  allons  mentionner  quelques-unes  des  pièces  les  plus 
séduisantes  et  les  plus  recherchées'. 

Le  Siège  de  la  Motte  (G  D  1220).  —  Accompagné  d'un  gentil- 
homme, le  maréchal  de  la  Force  à  cheval  dirige  le  siège.  Sur  une 
draperie  en  haut  de  la  planche,  on  lit  :  Le  Siège  de  la  Motte;  au  bas 
une  légende  expliquant  le  mouvement,  puis  :  A.  Boudan  excud. 
auec  Priuilège  —  A.  Bosse  sculp. 

Ventes  :  Behague,  275  —  Mailand,  31  —  Berard,  14. 

L'Infirmerie  de  l'Hôpital  de  la  Charité  à  Paris  (G  D  1266).  — 
Dans  une  vaste  pièce,  séparée  en  deux  par  un  large  couloir,  des  lits  sont 
rangés  de  chaque  côté,  les  malades  qui  y  sont  couchés  reçoivent  les 


1  \  écrll  un  traité  toujours  curleui  a  consulter:  De  ht  manière  <!>•  graver  d  Veau-forte  ei  nu 
burin  el  <!<■  lu  gravure  en  manière  noire.  Nouvelle  édition.  Paris.  Jombert,  1746. 

s  Bosse  avait  lui-même  rédigé  un  catalogue  de  ses  propn  ouvrages,  qui  parut  sous  le  nom 
de  son  libraire,  Pierre  Dcshayes. 


ÉCOLE   FRANÇAISE  71 

soins  de  moines  et  de  dames  de  la  Cour.  Sur  le  tout  premier  plan  et 
au  milieu  de  la  composition  une  table  recouverte  d'une  nappe  blanche 
sur  laquelle  sont  placés  les  plats  pour  ces  malades.  A  gauche,  un 
moine  agenouillé  en  train  de  prendre  quelque  chose  dans  un  vase  pour 
le  mettre  dans  l'assiette  qu'il  tient  à  la  main.  En  haut  :  L'Infirmerie  de 
l'Hospital. . .  En  bas  :  A.  Bosse  jn  et  fe  et  16  vers  :  Vous  aurez  beaucoup 
mérité;  et  sous  ceux-ci:  à  Honorable  et  vertueuse  Dame  Françoise 
Robin. . . 

Pièce  extrêmement  intéressante,  adjugée  ventes  :  Behague,  245  —  Didot, 
60  —  Mailand,  17. 

Le  Bal  (G  D  1400).  —  Entourés  de  personnages  qui  causent  entre 
eux,  et  au  milieu  de  la  composition  un  jeune  homme  et  une  jeune 
fille  se  tenant  par  la  main  s'apprêtent  à  danser.  Au  bas  de  la  planche  : 
Le  Blond  excud.  auec  Priuilège  du  Roy  —  A.  Bosse  jn  et  fec,  puis 
16  vers  :  Qui  ne  désireroit  estre  tout. . . 

Le  bel  état  est  avant  les  vers.  —  Vente  Behague,  255,  pièce  rare  et 
charmante  ;  à  la  vente  Guichardot,  une  épreuve  avec  les  vers  fut  payée 
16  francs,  69  à  celle  de  Mailand,  et  112  à  celle  de  Bérard  avec  l'adresse  de 
Le  Blond. 

Les  quatre  Ages  de  la  Vie  (G  D  1046).  —  Motif  d'éventail 
composé  de  quatre  médaillons  sous  lesquels  on  lit  :  Aage  d'or,  Aage 
d'argent,  Aage  d'airain,  Aage  de  fer,  gravé  par  Bosse  en  1638.  Ces 
sujets  avaient  été  gravés  primitivement  en  plus  grand  format  sous 
les  rubriques  :  L'Enfance,  L'Adolescence,  La  Virilité,  La  Vieillesse 
(1078-1081). 

Ventes  :  Behague,  250  —  Didot,  237  —  Baron  Pichon,  300  ;  pièce  très  rare 
gravée  sur  une  seule  feuille,  en  forme  d'éventail. 

L'Hôtel  de  Bourgogne  (G  D  1268).  —  Entre  un  Français  et  un 
Espagnol  occupant  les  deux  extrémités  de  la  composition,  à  gauche 
Turlupin  mettant  la  main  dans  la  bourse  de  son  voisin,  à  droite  gros 
Guillaume  accompagné  d'une  femme.  Sur  la  corniche  en  haut  :  Ostel 
de  Bourgogne.  En  bas  la  signature  de  Bosse,  l'adresse  de  Le  Blond 
et  20  vers  :  Que  ce  théâtre  est  magnifique. . . 

Ventes  :  Behague,  85  —  Mailand,  72  —  Bérard,  20,  avec  l'adresse  de 
Le  Blond. 


72  ÉCOLE    FRANÇAISE 

La  Galerie  du  Palais  (G  D  12G7).  —  Tout  le  fond  de  l'estampe 
est  occupé  par  des  livres,  bibelots,  dentelles,  éventails,  boites, 
cartons,  etc.,  etc.,  et  les  premiers  plans  par  des  acheteurs  hommes  et 
femmes  qui  se  font  montrer  ces  divers  objets  ;  on  voit  à  gauche 
une  levrette,  et  au  milieu  de  la  composition  un  caniche  tondu  en 
lion.  Au-dessus  de  l'estampe  le  titre  :  La  Galerie  du  Palais,  et  dans 
la  marge  en  bas,  16  vers  :  Tout  ce  que  l'art  humain  a  jamais...,  la 
signature  de  Bosse  et  l'adresse  de  Le  Blond. 

Au  2e  état,  le  nom  de  Bosse  est  suivi  de  son  adresse  :  Demeurant  sur  le 
pont  N.-Dame,  au  Pélican.  —  Si  nous  ne  devions  avoir  qu'un  seul  Bosse, 
c'est  celui-là  que  nous  voudrions  posséder,  la  pièce  est  délicieuse.  —  A  la 
vente  Behague,  on  l'adjugea  175  francs,  et  à  celle  de  Mailand,  150. 

Les  Vierges  sages  et  les  Vierges  folles1  (G  D  43-49). 

N°  43.  —  Dans  un  vaste  appartement,  une  table  occupe  le  milieu  de 
la  composition,  sur  cette  table  un  livre  ouvert  appuyé  sur  une  croix. 
A  gauche,  deux  femmes  sont  assises  et  s'entretiennent  des  mystères 
de  la  croix,  à  droite  trois  autres  lisent.  En  bas  le  titre  :  Les  Vierges 
sages  ;  16  vers  commençant  par  ces  mots  :  Ces  belles  vierges  que  tu 
vois. . .  puis  la  signature  de  l'artiste  et  l'adresse  de  Le  Blond. 

N°  44.  —  Le  soir,  dans  une  chambre  éclairée  par  cinq  lampes 
antiques  posées  sur  une  table  à  gauche,  près  d'un  livre  appuyé  sur 
une  croix,  les  cinq  femmes  paraissant  endormies2  sont  groupées  de 
profil  et  de  trois  quarts  à  droite,  devant  une  cheminée  au  feu  qui 
éclaire  et  pétille,  un  chat  est  près  d'elles.  En  bas  le  titre  :  Les  Vierges 
sages,  et  16  vers  commençant  par  :  Nul  vain  objet  ne  peut  distraire. . . 
puis  le  nom  de  l'artiste  et  l'adresse  de  Le  Blond. 

N"  4").  —  Sur  le  seuil  d'un  temple,  le  Seigneur  dans  un  rayonnement 
se  dirige  vers  les  cinq  femmes  qui  arrivent  de  la  gauche,  elles  tiennent 
chacune  une  lampe  allumée  à  la  main  ;  on  remarque  deux  colonnes 
à  droite  sur  lesquelles  on  distingue  les  figures  de  la  Foi  et  de  la 
Vérité.  En  bas  le  titre  :  Les  Vierges  sages,  et  16  vers  commençant  par  : 
Ces  Vierges  d'un  abord  si  doux...  puis  le  nom  de  l'artiste  et  l'adresse 
de  Le  Blond. 


'  Les  trois  Sages  portent  les  n"  43,  14,  45  ;  les  quatre  Folles  40.  47.  48.  49. 

'  Contrairement  cependant  i  Ce  qu'en  dis. -ni  lea  vers Cclles-cy  raisonnent  et  veillent 

les  16  vers  sont  sur  quatre  colonnes  occupant  toute  la  largeur  de  la  marge. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  73 

N°  46.  —  Dans  un  somptueux  appartement  quatre  femmes  jouent 
aux  cartes,  lisent  ou  font  de  la  musique  pendant  qu'une  cinquième  au 
fond  se  regarde  dans  une  glace.  En  bas  le  titre  :  Les  Vierges  folles, 
16  vers  commençant  par:  Tu  vois  comme  ces  vierges  folles...,  le  nom 
de  l'artiste  et  l'adresse  de  Le  Blond. 

N°  47.  —  Devant  une  cheminée  quatre  femmes  sont  endormies,  une 
cinquième  repose  à  gauche  au  fond  de  la  composition,  assise,  le  coude 
droit  appuyé,  dans  le  coin  gauche  par  terre  une  lampe  éteinte.  En  bas 
16  vers  :  Ces  Vierges  au  lieu  de  veiller. . .  et  l'adresse  de  Le  Blond. 

N°  48  ' .  —  A  gauche  le  portique  d'un  temple,  des  marches  duquel 
descend  une  vierge  qui  pleure  parce  que  l'on  n'a  pas  voulu  l'y  recevoir, 
ses  quatre  compagnes  semblent  surprises  et  atterrées  et  celle  de 
l'extrême  droite  ne  peut  retenir  ses  larmes.  Au  fond  la  campagne. 
Au  bas  le  titre  :  Les  Vierges  folles;  16  vers  :  O  qu'une  âme  a  de  mal. . . 
et  l'adresse  de  Le  Blond. 

N°  49.  —  Les  dix  vierges  sont  réunies  dans  un  temple,  la  lampe  à 
la  main,  elles  obéissent  à  la  voix  qui  filtre  dans  le  rayon  partant  du 
haut  de  l'estampe  à  gauche,  sur  lequel  on  lit  :  Sorte:  voicy  l'espous.  Pas  de 
titre,  mais  16  vers  :  O  que  de  saints  rauissements...  et  l'adresse  Le  Blond. 

Très  jolie  suite  qu'il  est  encore  assez  rare  de  trouver  complète. 

Ventes  :  Behague,  100  —  Guichardot,  56  ;  manque  le  n»  46  —  Mailand,  70. 

Parmi  les  nombreuses  autres  estampes  dignes  d'être  signalées,  citons 
encore  :  Les  Œuvres  de  Miséricorde 2  (50-56),  suite  de  7  pièces  extrêmement 
remarquables,  adjugées  vente  Bebague,  145  —  La  Noblesse  française  à 
l'Eglise  (1319-1331),  suite  de  13  pièces  des  plus  recherchées  et  des  plus 
intéressantes,  adjugée  à  la  même  vente3  700  francs  et  400  à  celle  de 
Mailand  —  Les  Sept  Péchés  capitaux  (218),  rarissime  *  —  Les  Quatre  Saisons 
(1055),  pour  écran,  très  rare  ;  vente  Bebague,  200  francs  —  Les  Cinq  Sens 
(1071-1075),  même  vente,  200  francs,  avec  l'adresse  de  Melchior  Tauernier  — 
Les  Métiers  (1391-1397),  suite  de  7  pièces,  avec  les  adresses  de  Le  Blond 
et  de  Melchior  Tauernier;  même  vente,  140  francs,  et  50,  vente  Bérard  — 
Le  Français  et  son  Laquais  (1406),  rare  ;  vente  Behague,  260  francs  —  A  la 
vente  Destailleur,  en  1895,  trois  volumes  contenant  297  pièces  de  l'artiste 
furent  adjugés  1505  francs. 


1  Cette  pièce  est  la  plus  remarquable  de  la  série. 

'  Dont  voici  les  titres  :  Donnez  ri  manger  ri  ceux  qui  ont  faim  —  Donnez  ri  boire  ri  een.r  qui 
ont  soif  —  Loger  les  pèlerins  —  Visiter  les  prisonniers  —  Visiter  les  malades  —  Vestir  les  nuds  — 
Ensevelir  les  morts. 

3  II  manquait  les  n"  i  et  il. 

*  Nous  en  connaissons  un  exemplaire  chez  M.  Eugène  Boismen,  architecte  distingué  et 
savant  bibliophile  de  Nantes. 


74  ÉCOLE    FRANÇAISE 


CALLOT  (Jacques) 

Né  à  Nancy  en  1593,  mort  dans  cette  ville  en  1635.  —  Artiste  aussi  habile 
qu'original,  qui  habita  longtemps  l'Italie  et  trouva  un  puissant  patronage 
dans  Corne  II  de  Médicis.  Son  œuvre,  composé  en  partie  de  petites  pièces 
et  de  nombreuses  suites,  est  extrêmement  considérable,  il  dépasse 
1500  numéros;  il  a  touché  à  tous  les  genres  :  théologie,  histoire,  portraits, 
usages,  mœurs,  paysages,  grotesques,  batailles,  fêtes,  etc.,  etc.. 

Dès  1804,  J.-H.  Green  publia  à  Londres  son  catalogue,  mais  le  meilleur 
et  le  plus  complet  de  beaucoup,  le  seul  qui  fasse  autorité,  est  celui  de 
Meaume  de  Nancy,  Paris,  1860.  Il  est  divisé  en  trois  parties  et  en  deux 
volumes  ;  la  première  contient  la  biographie,  la  deuxième  l'œuvre,  la 
troisième  les  pièces  douteuses.  Malgré  l'extrême  valeur  d'art  de  certaines 
pièces  du  Maître,  elles  n'atteignent  jamais  de  gros  prix,  nous  pourrions 
même  presque  dire  que  l'œuvre  est  un  peu  délaissé  aujourd'hui.  Ses  eaux- 
fortes  ont  une  netteté  et  une  vigueur  de  burin  qui  leur  donnent  un  œil  très 
particulier  ;  on  considère  que  son  talent  atteignit  son  apogée  de  1612 
à  1622.  —  Consulter  aussi  dans  la  bibliothèque  des  Merveilles  le  volume 
que  lui  a  consacré  Henri  Bouchot.  —  Le  Maître  eut  un  imitateur,  Stéphane 
La  Belle,  dont  le  catalogue  fut  fait  par  .lombert  ;  la  plupart  de  ses  cuivres 
existent  encore.  —  Les  très  belles  épreuves  ne  sont  pas  communes. 

La  Foire  de  Gondreville  (Meaume  623).  —  Sous  un  immense 

arbre  aux  robustes  branchages  placé  au  deuxième  plan  à  droite  de 

l'estampe,  de  nombreux  personnages  dansent  et  causent.  Sur  le  tout 

premier  plan  à  droite  dans  le  bas  de  l'estampe,  des  joueurs  s'amusent 

aux  boules,  près  d'eux  et  plus  à  droite  un  personnage  est  couché  sur 

le  dos,  la  tète  à  gauche,  dans  une  charrette  à  deux  roues  dont  les 

brancards  reposent  à  terre.  A  droite  et  à  gauche  de  la  composition, 

des  maisons. 

I"1"  état.  —  Avant  le  nom  de  l'artiste  sur  le  terrain  à  gauche  en  dedans 

du  trait  carré. 
2°  état.  —  Avec  le  nom,  mais  avant  l'adresse  d'Israël  Sylvestre. 
3«  état.  —  Avec  l'adresse. 

Cette  pièce,  qui  porte  aussi  le  nom  de  Les  Joueurs  de  boules  ou  encore  de  La 
petite  Foire,  est  une  des  plus  délicates  de  l'artiste  ;  clic  fut  gravée  en  Lorraine. 

Ventes  :  Didot,  t«  état,  250,  de  la  collection  Camberlyn,  où  elle  fut 
payée  106  —  Guichardot,  1er  état,  128  —  Meaume,  !•'  état,  avec  la  signature 
autographe  de  Callot  et  au  verso  celle  de  P.  Mariette  166."),  adjugée  120  ; 
la  même,  2'  état,  30  —  Chartener',  même  état,  205,  avec  la  signature 
autographe  de  Callot. 


i  Ce  n'étail  pas  un.'  vente  d'estampe*,  mail  bien  de  livres. 

V 


ÉCOLE    FRANÇAISE  75 


La  Tentation  de  saint  Antoine  '  (139). 

Grande  pièce  fantastique  et  curieuse  que  nous  trouvons  pour  notre  part 
peu  intéressante.  Le  1er  état,  avec  6  rosettes  dans  les  armoiries  au  lieu  de  27, 
est  fort  rare.  —  Cette  pièce  a  été  copiée  par  Pierre  Picault,  dans  le  sens  de 
l'original,  et  en  contre-partie  par  Pacot  et  par  J.-C.  Baur.  —  C'est,  croit-on, 
la  dernière  gravée  par  Callot. 

Ventes  :  Chartener,  3«  état,  avec  les  21  rosettes  et  avant  le  trait  échappé, 
30  —  Malinet,  26  —  Casimir  Périer,  3e  étal,  41  —  Defer  Dumesnil,  même 
état,  38  —  Lacroix,  avec  le  trait  échappé  très  apparent,  87. 


Le  Grand  Rocher  (616).  —  Un  rocher  au  milieu  de  la  mer  et  un 
aigle  apprenant  à  ses  petits  à  regarder  fixement  le  soleil,  une  bande- 
role avec  une  inscription  latine  commençant  par  ces  mots  :  Nec 
imbellem  féroces. . . 

Pièce  excessivement  rare,  dont  un  exemplaire  à  la  vente  Chartener  fut 
adjugé  18  francs. 

La  grande  Foire  de  Florence  '  (624). 

Il  n'existe  que  trois  épreuves  connues  du  lor  état,  c'est-à-dire  :  avant  deux 
écussons  aux  armes  de  Bondelmonli  qui  sont  à  droite  et  à  gauche  de  la 
dédicace  Serenissimo  Cosmo...  et  avant  les  mots  in  Firenze  qui  sont  dans 
les  autres  états  en  bas  à  droite. 

Une  de  ces  épreuves  figura  à  l'exposition  Dutuit  en  1869,  elle  avait  été 
acquise  en  1862  à  la  vente  Simon,  moyennant  375  francs  —  A  la  vente 
Behague,  la  réplique  réduite  fut  adjugée  en  1«  état  81  francs,  c'est-à-dire 
avant  le  nom  de  l'éditeur  Israël  Silvestre  —  Vente  Meaume,  1"  état, 
première  planche,  59  francs. 

~- 

Les  Supplices  (665). 

Cette  estampe,  une  des  plus  remarquables  du  Maître,  fut  gravée  à  Nancy, 
elle  représente  les  châtiments  des  criminels  à  Florence. 

Ventes  :  Didot,  2°  état,  avec  la  correction  au  mot  meschant  écrit  meschans 
dans  le  1"  étal,  mais  avant  l'adresse  d'Israël  Silvestre,  44  —  Behague, 
l«r  état  avant  la  correction,  la  tour  carrée  du  milieu  à  gauche  ainsi  que  la 


1  II  y  a  une  seconde  pièce  de  même  rubrique,  un  peu  plus  grande  ;  sur  le  premier  plan 
on  y  voit  des  démons  qui  boivent,  et  au  milieu  une  rivière  qui  traverse  la  composition. 

2  Dite  encore  La  Foire  de  l'Imprunetta.  parce  qu'elle  se  tenait  à  la  fête  de  saint  Luc.  le 
18  octobre,  devant  l'église  de  l'Imprunetta.  —  Il  existe  une  deuxième  planche  réduite,  qui 
n'a  pas  d'écussons  aux  deux  coins  de  la  terrasse. 


76  ÉCOLE    FRANÇAISE 

statuette  de  la  Vierge  dans  une  niche  a  l'angle  de  la  rue  au  fond  à  droite, 
apparaissent  très  distinctement,  121  '  —  Meaume,  2'   état,  82. 


L'Eventail  •  ou  l'Ecran  (017). 

A  la  vente  Chartener,  89  francs  ;  à  celle  de  Meaume,  61  ;  fort  jolie  pièce 
qui  a  été  copiée  par  François  Collignon  —  Une  autre  copie  se  reconnaît  à 
ce  que  dans  le  bas  à  droite  le  mot  fec  n'existe  pas  après  Jacomo  Callot  — 
Une  copie  sur  bois  existe  par  Eckman  ;  nous  ne  l'avons  jamais  vue. 


Les  grandes  Misères  de  la  Guerre  (564-581). 

Suite  de  18  pièces  recherchées.  —  Le  1"  état,  très  rare,  est  avant  les  vers 
et  les  numéros,  mais  avec  le  nom  d'Israël  ;  le  2<~,  avec  vers  et  numéros  ; 
le  3e,  avec  le  nom  d'Israël  Silvestre  effacé. 

Ventes  :  Behague,  2<-  état,  245  —  Meaume,  2«  état,  100  —  Casimir  Périer, 
même  état,  g.  m.,  75  —  Defer  Dumesnil,  même  état,  425  —  Lacroix,  même 
état,  181. 


La  Noblesse  (673-684). 

Suite  de  12  pièces. 

Ventes  :  Meaume,  1^  état,  100  —  Casimir  Périer,  1er  état,  avant  l'adresse 
et  les  numéros,  70  —  Defer  Dumesnil,  même  état,  200. 

La  Carrière  ou  la  rue  Neuve  à  Nancy  (621). 

Ventes  :  Didot,  1«  état,  avant  l'adresse  de  Silvestre,  120  —  Behague, 
même  état,  'J2  —  Malinet,  même  état,  55. 

Le  Parterre  ou  le,Jardin  de  Nancy  (622). 

Cette  pièce  se  vend  à  peu  près  le  même  prix  que  la  précédente. 

Signalons  encore  comme  insignement  rares  doux  pièces  :  Le  petit  Prêtre' 
(154)  —  La  Sainte  Famille  (67),  estampe  unique  sans  doute  et  sans  nom 
d'artiste,  qui  Bgurail  en  1869  à  l'exposition  Dutuit,  et  Pièce  de  Dédicace  à 
Cosme  de  Mcdicis  (882;  —  A  la  vente  Hulot,  en  ÎN'.IJ,  l'œuvre  du  Maître, 
composé  de  1150  pièces,  fut  adjugé  2570  francs  —  En  1826,  le  baron  Vivant 


i  Le  i  en  1856,  a  la  vente  Mis  de  la  Salle,  il  Était  de  US  francs, 

haut  on  I  I  dans  une  banderole  :  Battaglla  del  R     1        c  </<■/  fte  Tinta...  Cette  pièce, 

qui   représente  un  feu  d'artifit Plorei  entre  deui  ponts,  est  renfermée 

dans  un  cartouche  en  forme  d'éventail,  ce  qui  la  lut  désigner  sous  oc  nom. 

j  Ou  /.<■  Porte-Dieu;  petite  pièce  qu'affectionnait  particulièrement  l'artiste,  ce  qui  lit  même 
dire  qu'il  en  portail  le  cuivre  pendu  t  mi  boutonnière;  aussi  les  épreuves  avant  la  marque 
du  trou  Bont-ellefl  Insignement  rai 


ÉCOLE    FRANÇAISE  77 

Denon  avait  réuni  un  des  plus  beaux  œuvres  de  CaUot,  il  l'avait  payé 
1950  francs,  il  provenait  de  chez  Zanetti  —  En  1900,  à  la  vente  Guyot  de 
Villeneuve,  un  volume  contenant  45  pièces  fut  adjugé  1000  francs  ;  à  cette 
même  vente,  Les  Misères  et  les  Malheurs  de  la  Guerre,  16  pièces  avant  la 
lettre,  firent  950  francs,  et  18  pièces  en  2<?  état,  500. 


CASA  (Nicollo  délia) 

Ce  graveur  au  burin,  que  la  désinence  de  son  nom  porterait  à  classer 
dans  l'école  Italienne,  est  Français.  Il  est  né  en  Lorraine  au  commencement 
du  xvie  siècle,  affirme  Didot.  Son  œuvre  se  compose  de  5  pièces  qui  sont 
des  portraits  ;  celui  que  nous  allons  mentionner  est  de  la  dernière  rareté. 

Henri  II  (Didot  209).  —  Le  Roi  est  debout  à  mi-jambes  de  profil 
à  gauche,  il  porte  cuirasse,  sa  main  droite  tient  un  sceptre  et  s'appuie 
sur  un  casque,  tandis  que  la  gauche  repose  sur  son  bouclier.  En  bas 
on  lit  :  Hem-icus  II  Francor  Rex  Eta  XXVIII 1547. 

Une  épreuve,  malheureusement  très  abîmée  au  verso,  passa  à  la  vente 
Didot,  elle  y  fut  adjugée  néanmoins  1550  francs  à  Noséda  de  Londres, 
croyons-nous,  auquel  elle  avait  été  commissionnée  ;  elle  provenait  de  la 
collection  de  M.  Niel  qui  l'avait  reçu  de  New-York.  Malgré  de  fortes 
présomptions  pour  que  ce  portrait  soit  de  l'artiste,  il  ne  lui  est  cependant 
qu'attribué  ;  Ottley,  le  célèbre  écrivain  d'art  anglais,  y  voit  plutôt  la  main 
puissante  de  Benvenuto  Cellini  ;  en  tous  cas,  ce  portrait  relève  absolument 
de  l'école  de  Marc  Antoine. 


DELAULNE  (Charles-Etienne) 

Né  à  Paris  ou  à  Orléans  en  1518,  mort  à  Strasbourg  en  1595;  surnommé  aussi 
Stéphanus,  à  cause  de  ce  nom  dont  il  usait  souvent  pour  signer  ses  estampes. 
Son  œuvre  très  varié  :  nouveau  testament,  histoire  profane,  sujets  allégo- 
riques, mythologiques,  dessins  d'ornementation,  portraits,  ceux-ci  au  nombre 
de  quatre  seulement,  comporte,  suivant  Robert  Dumesnil  et  Duplessis, 
443  numéros  ;  le  format  en  est  généralement  de  dimensions  restreintes. 
L'artiste,  extrêmement  habile,  a  gravé  avec  une  finesse  extrême  bon  nombre 
de  pièces  ;  on  sent  là  le  premier  métier  de  Delaulne  qui  débuta  par  être 
orfèvre. 

Nous  croyons  que  cet  artiste,  malgré  sa  grande  maîtrise,  n'est  pas  très 
collectionné. 

Voici  de  lui  quelques  portraits,  qu'il  faut  avoir  comme  précieux  spécimen 
d'un  métier  fort  brillant  et  rappelant,  comme  le  dit  R.  Dumesnil,  la  manière 
de  Campagnola  dans  l'art  de  finir  les  estampes  ou  pointillé. 


78  ÉCOLE    FRANÇAISE 

François  II.  duc  de  Guise.  —  Dans  un  cadre  sculpté,  à  mi-corps, 
vu  de  profil,  il  est  tourné  à  droite  et  tète  nue.  Revêtu  d'une  armure, 
la  main  gauche  tient  le  bâton  de  commandement,  et  le  bras  droit 
s'appuie  sur  un  casque  empanaché.  Au-dessous  dans  la  bordure  : 
Franciscus  Dux  A.  Guisia. 

Pièce  anonyme,  très  rare,  attribuée  au  Maître,  qui  n'est  mentionnée  ni 
dans  Robert  Dumesnil  et  Duplessis,  ni  dans  Ch.  Le  Blanc. 

Ventes  :  Bebague,  225  —  Didot,  105. 

Henri  II  (R  D  311).  —  Dans  un  ovale  entre  le  double  trait  duquel 
on  lit  :  Henricus  II  Galliarum  Kex,  le  personnage  est  en  buste  revêtu 
de  son  armure  et  tourné  à  gauche. 

Portrait  très  rare  —  réduction  du  n"  310  —  qui  fut  adjugé  150  francs  à  la 
vente  Didot. 

Ambroise  Paré  (R  D  313).  —  A  mi-corps  tète  nue,  tourné  à 
droite,  il  regarde  de  face.  Le  pan  de  manteau  jeté  sur  l'épaule  masque 
en  partie  son  vêtement,  son  cou  est  garni  d'une  fraise,  il  porte  barbe 
et  moustaches.  Dans  une  tablette  en  haut  on  lit  :  Anno  \jEtatis,  72| 
1582,  et  au-dessous,  S.  F. 

Cet  état  est  le  premier.  Dans  le  second,  sur  le  ciel  à  droite,  ou  lit  : 
/.  L.  R.  Excudit.  —  Pièce  très  rare,  adjugée  vente  Didot,  310  francs. 

Nous  ne  saurions  passer  sous  silence  :  Les  douze  Mois  de  l'Année  (225-230); 
comme  invention  et  exécution,  ce  sont  de  véritables  bijoux1,  l'artiste 
n'avait-il  pas  du  reste  été  orfèvre  1  Mars,  Avril,  Juin,  Août  et  Octobre 
sont  tout  particulièrement  remarquables,  ainsi  que  :  fiellonc  (361)  —  Apollon 
(371)  —  Hercule  (373)  —  Le  Péché  du  premier  Homme  (428)  —  La  Mort 
d'Abel  (429),  qui  ont  l'apparence  de  véritables  nielles. 


DREVET  (Pierre)1 

Né  à  Loire  le  20  juillet  1663,  mort  à  Paris  le  9  août  1738.  Admirable 
graveur  de  portraits,  dont  quelques-uns  peuvent  aller  de  pair  avec  ceux  de 
Nanteuil,  Edelinck,  Morin  et  Masson.  Nous  ne  parlerons  pas  des  quelques 
sujets   religieux  que  lui  ou   les  siens  ont  traités,   s'ils    sont  d'une   rareté 


1  Adjugé  en  épreuves  de  i"  étal  Le  prix  dérisoire  de  -i  francs  A  la  vente  Bérard  en  is'.h. 
\  cette  \  ente,  Les  Armoiries  de  Strasbourg,  pièce  non  décrite,  portant  le  monogramme  du  Maître, 
lui  payée  210  francs. 

3  Consulter  le  catalogue  raisonné  :  Les  Drevet  (Pierre,  Pierre  fmbert  et  Claude),  par  Ajnbrolse 
Plrmln-Dldol.  Paris,  1876. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  79 

insigne,  ils  sont  aussi  inférieurs  de  qualité.  C'est  l'œuvre  de  Pierre  Drevet 
qui  est  de  beaucoup  le  plus  considérable,  Firmin-Didot  y  relève  225  pièces. 
Voici  les  portraits  les  plus  avidement  recherchés  des  collectionneurs  : 


Jacques-François-Edouard  Stuart  (F  D  13).  —  Dans  un  ovale 
équarri,  presque  de  face  à  mi-corps,  les  cheveux  longs  et  bouclés, 
cravate  de  dentelles,  il  porte  sur  la  poitrine  le  grand  cordon  en  sautoir 
et  les  insignes  de  l'ordre  de  la  Jarretière.  Au-dessus  de  l'ovale,  une 
banderole  sur  laquelle  on  lit  :  Ick  Dien. 

Cette  estampe  est  d'après  Largillière;  on  ne  connaît  que  deux  exemplaires 
avant  la  lettre  ,■  l'un  qui  est  au  Département  des  Estampes,  l'autre  qui  fut 
adjugé  à  la  vente  Didot  695  francs. 

Christine-Caroline  de  Wurtemberg  (F  D  28).  —  Dans  un 
ovale  équarri  sur  un  socle,  elle  est  à  mi-corps,  tète  nue,  vue  de  face, 
tournée  à  droite,  les  cheveux  bouclés  tombent  sur  les  épaules,  le  bras 
droit  est  demi-nu,  le  corsage  orné  de  perles  est  échancré  et  laisse 
entrevoir  la  naissance  des  seins,  le  vêlement  qu'elle  a  sur  les  épaules 
est  doublé  d'hermines.  A  gauche  une  draperie,  sur  le  socle  un 
cartouche  armorié  timbré  d'une  couronne  ducale. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  l'écusson  ou  cartouche  est  en 
blanc,  état  non  décrit,  unique  sans  doute1,  955;  avant  toutes  lettres,  1«  état, 
790,  grandes  marges  —  Didot,  1>''  état,  880,  un  des  trois  connus. 

Louis  XV  (F  D  58).  —  Il  est  enfant  et  assis  sur  son  trône,  tête 
nue,  de  trois  quarts,  vêtu  du  manteau  royal,  son  sceptre  à  la  main, 
les  pieds  reposant  sur  un  coussin.  Les  cheveux  sont  longs,  à  son  cou 
pend  l'ordre  du  Saint-Esprit.  En  bas  à  gauche  :  Peint  par  Hyacinthe 
Rigaud  ;  à  droite  :  Gravé  par  Pierre  Drevet  1723,  et  au  milieu  sur  la 
tablette  :  Louis  Quinze. 

Ventes  :  Behague,  épreuve  avant  toutes  lettres,  la  seule  connue,  2405  ;  elle 
est  citée  dans  le  catalogue  Paignon-Dijonval  sous  le  no  7465  ;  la  même,  avec 
la  lettre,  180  —  Didot,  même  état,  60. 

Louis  XIV  (F  D  55).  —  Il  est  debout,  revêtu  du  manteau  royal,  de 
trois  quarts  à  gauche,  la  longue  perruque  dont  il  est  coiffé  forme 
deux  boucles  au-dessus  des  sourcils,  il  porte  un  maillot,  jarretières 


'  Il  on  existe  un  exemplaire  a»  Département  îles  Eslumpes,  serait-ce  celui-là.  nous  l'ignorons. 


80  ÉCOLE    FRANÇAISE 

au-dessous  du  genou  et  l'épée  au  côté.  La  main  gauche  repose  sur  la 
hanche.  Sur  un  meuble  recouvert  d'un  tapis  fleurdelysé  sont  placés 
les  apanages  de  la  royauté.  Derrière  lui  un  fauteuil.  Dans  l'encadre- 
ment à  gauche  :  Hyacinthe  Rigaud  Pînxit  ;  à  droite  :  P.  Drevet  sculpsit, 
et  sur  la  tablette  :  Louis  le  Grand. 

Le  le»  état,  qui  manque  aux  Estampes,  se  distingue  particulièrement,  dit 
Firmin-Didol,  en  ce  qu'il  est  avant  la  suppression  d'une  boucle  de  cheveux 
au-dessus  de  l'œil  droit  et  avant  l'augmentation  du  mollet  droit.  Roth  et 
Dutuit  la  possédaient;  ce  sont  les  deux  seules  épreuves  connues. 

Ventes  :  Behague,  55  —  Didol,  3'  état,  120  —  Mailand,  2'-  état,  avant  les 
contre-tailles  sur  la  colonne,  116,  la  seule  connue1. 

Duc  de  Villars  (F  D  12I5).  —  Revêtu  de  son  armure,  il  est  vu  à 
mi-jambes,  la  croix  du  Saint-Esprit  pend  au  grand  cordon  qu'il  porte 
en  sautoir  et  que  sa  main  gauche  appuyée  sur  sa  hanche  tient  relevé. 
Il  a  dans  sa  main  droite  étendue  le  bâton  de  commandement.  Au 
fond  de  la  composition  à  droite  une  bataille,  celle  de  Denain,  qu'il 
gagna  en  1712.  En  bas  du  cadre,  ses  armoiries  timbrées  de  la  couronne 
ducale.  Sous  le  trait  carré  à  gauche  :  Peint  par  Hyacinthe  Rigaud,  et  à 
droite  :  Gravé  par  P.  Drevet. 

La  seule  épreuve  de  1"  état  connue,  c'est-à-dire  'ion  terminée,  avant  toutes 
lettres  et  avant  les  trophées  dans  les  angles  du  haut,  etc.,  est  actuellement 
à  Londres,  chez  M.  Morrison  ;  elle  provenait  de  la  collection  Marshall. 

Ventes  :  Behague,  -F  et  dernier  état,  avec  l'inscription  de  G  lignes,  23  — 
Didot,  2e  état,  épreuve  terminée  avant  toutes  lettres  et  avant  les  trophées, 
1000;  c'est  un  des  trois  exemplaires  connus,  les  deux  autres  sont  aux 
Estanyws   et   à    ['Albertine ;   3'-   étal,   avec   l'inscription   de   9  lignes,   79; 

1'    état,  12  —  Mailand,  3«  état,  101  ;   I-  état,  26. 

A  mentionner  encore  comme  fort  remarquables  :  Keller  (76)  —  Madame 
Relier  (77)  —  Boileau  Despréaux  (24)  —  Louis  Phelypeaux  (83)  —  François 
de  Troy  (120). 


DREVET  (Pierre-Imbert) 

Fils  du  précédent,  né  à  Paris  en  1007,  mort  le  27  avril  1739;  héritier  des 
qualités  de  son  père,  ses  œuvres  sont  souvent  confondues  avec  celles  de  ce 
dernier.  Firmin-Didot  relève  33  pièces  dans  son  catalogue,  dont 24  portraits. 


1  Dans  lr  catalogue  il'-  la  rente  Didol  en  1877,  -.nus  le  n*  1118,  on  signale  l'exemplaire  de 
?•  iini  comme  étant  untqaei  il  est  actuellement  ru  Département  des  B$tampt$. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  81 

Jacques-Bénigne  Bossuet  (F  D  12).  —  Debout  et  de  face,  tète 
nue,  il  regarde  à  gauche,  la  main  droite  éteudue  est  appuyée  sur  un 
livre  posé  debout  sur  une  table  au  pied  de  laquelle  gisent  épars 
d'autres  volumes,  sa  main  gauche  tient  sa  barrette  pendant  négli- 
gemment le  long  de  son  surplis.  Le  poids  du  corps  porte  sur  la  jambe 
gauche,  derrière  lui  deux  colonnes  avec  draperie  soutenue  par  des 
cordons  à  glands,  à  droite  un  fauteuil.  Sur  le  signet  d'un  des  in-folio 
qui  est  au  pied  de  la  table  on  lit  :  Graué  par  P.  Drevet.  f.  s.,  et  sur  le 
dos  d'un  autre  volume  placé  verticalement  :  Peint  par  H.  Rigand.  En 
bas  sous  le  cadre  à  gauche  :  Hyacinthus  Rigaud  pinxit  ;  à  droite  : 
Petrus  Drevet  sculpsit  1723  ;  au  milieu  une  longue  légende:  Jaeobus 
Benignas...  Cette  inscription  est  coupée  en  deux  par  un  écusson 
armorié  surmonté  d'un  chapeau  d'évêque  et  d'une  couronne  de  baron. 

Le  1er  état,  dit  au  fauteuil  blanc',  c'est-à-dire  avant  les  troisièmes  tailles 
horizontales  sur  le  dos  du  fauteuil,  avant  les  dates  de  naissance  et  de 
mort,  avec  les  mots  écrits  Constorianus  et  Trecenses  et  sans  la  virgule  après 
le  mot  prœceptor.  Dans  cet  état,  fleur  de  cuivre,  la  tête  et  les  mains  sont 
modelées  avec  une  perfection  et  une  finesse  inouïes  ;  il  y  a  là  une  science 
de  l'outil  qui  permet  la  comparaison  avec  n'importe  quel  Nanteuil, 
n'importe  quel  Edelinck  ;  c'est  un  admirable  chef-d'œuvre/. 

Le  2e  état  est  avec  les  dates  de  naissance  et  de  mort  ;  le  3e  avec  les  mots 
rectifiés  et  écrits  Consislorianus  et  Trecensis,  la  virgule  existe  après 
prœceptor  ;  le  4e  avec  les  tailles  au  fauteuil,  et  le  dernier  état  conforme  au 
précédent,  avec  cette  différence  cependant  qu'après  Hyacinthus  Rigaud 
pinxit,  il  y  a  quelquefois  un,  deux,  trois,  jusqu'à  huit  points  qui  signifiaient, 
croit-on,  qu'il  y  avait  eu  cent,  deux  cents,  etc.,  épreuves  tirées  de  cet  état. 

En  somme,  il  n'y  a  d'intéressant  à  recueillir  que  les  trois  premiers  états.  — 
Le  cuivre  existe  encore  et  se  trouve  chez  A.  Bernard  fils,  1  rue  des 
Grands-  Augustins. 

Ventes  :  Behague,  2e  état,  700  ;  4e  état,  avant  les  points,  110  —  Didot, 
2e  état,  épreuve  laissant  un  peu  à  désirer,  500  ;  la  même,  4e  état,  150  ; 
la  même,  en  copie  contemporaine,  mais  presque  introuvable,  20  —  Mailand, 
4e  état,  avant  les  points,  195  —  Defer  Dumesnil,  même  état,  175. 

Cardinal  Dubois  (F  D  15).  —  Vêtu  d'hermine  et  presque  souriant, 
il  est  assis  de  trois  quarts  à  droite,  il  regarde  de  face,  la  main  droite 


1  Cette  désignation  au  fauteuil  blanc,  n'implique  pas  toujours  le  1"  état,  l'épreuve  est  encore 
au  fauteuil  blanc  au  2'  et  au  3'  état  ;  ce  n'est  seulement  qu'au  4'  qu'apparaissent  les  troisièmes 
tailles  qui  viennent  assourdir  le  petit  effet  de  lumière  presque  imperceptible  qui  existe  tout  à 
fait  au  haut  du  dossier  du  fauteuil. 

2  Dont  les  deux  seules  épreuves  connues  sont  :  l'une  au  Département  des  Estampes,  don  de 
His  de  la  Salle,  le  27  mai  184G  ;  l'autre  à  l'Alberttne  de  Vienne. 

6 


82  ÉCOLE    FRANÇAISE 

ramenée  sur  les  genoux  tient  sa  barrette,  l'autre  est  appuyée  sur  la  table 
avec  une  adresse  portant  :  Au  Roy.  Derrière  lui  une  draperie  relevée. 
A  gauche:  Peint  par  Hyacinthe  Rigaud.  A  droite  :  Gravé  par  P.  Brevet 
1724.  Sous  le  cadre,  écusson  armorié  et  :  Guillaume  Cardinal  Dubois. . . 

Le  1"  état,  qui  est  de  toute  rareté,  est  avant  le  médaillon  renfermant  les 
armoiries  ;  il  n'existe  que  deux  exemplaires  connus,  celui  de  la  vente  Didot 
et  celui  de  VAlbertine.—  La  planche  se  trouve  actuellement  chez  A.  Bernard. 

Ventes  :  Behague,  32  —  Didot,  1er  état,  1000,  provenant  de  chez  Camberlyn 
à  la  vente  duquel  elle  fut  adjugée  220,  les  armes  et  la  lettre  étaient  exécutées 
a  la  plume  ;  la  même,  en  2<-'  et  dernier  état,  26. 

Adrienne  Lecouvreur  (F  D  24).  —  A  mi-corps  dans  un  médaillon 
lézardé  reposant  sur  un  socle  ;  de  face  les  yeux  levés  au  ciel,  cheveux 
relevés  sous  un  long  voile  avec  deux  tresses  retombant  sur  l'épaule 
gauche;  pendants  d'oreilles  en  forme  de  poire,  robe  de  velours  noir 
décolletée.  Dans  les  mains  une  urne  funéraire  contenant  les  cendres 
de  Pompée,  elle  la  presse  contre  sa  poitrine  et  dans  ce  mouvement 
l'ait  glisser  le  bas  de  sa  manche  qui  découvre  le  bras  gauche  jusqu'au 
coude.  Dans  la  tablette  ce  quatrain  :  C'est  peu  de  voir  icy . . . 

Le  1er  état  est  avant  toutes  lettres  ;  il  n'existe,  dit-on,  que  quatre  épreuves 
de  cet  état  '  ;  le  2«  avec  la  faute,  c'est-à-dire  au  dernier  vers  avec  le  mot 
«  modèle  »  écrit  model,  et  le  3e  avec  la  faute  rectifiée. 

Ventes  :  Behague,  2=  état,  260  ;  3<=  état,  45  —  Didot,  1«  état,  1010,  la  lettre 
était  écrite  à  la  main;  2«  état,  180;  troisième  état,  41;  Muhlhacher,  2e  étal, 
101  —  Defer  Dumesnil,  même  état,  80. 


DREVET  (Claude) 

Neveu  de  Pierre  et  cousin  de  Pierrc-Imbcrt,  né  en  1705  et  mort  à  Paris 
le  23  décembre  1781.  N'a  fait  que  neuf  portraits  et  six  autres  sujets  religieux 
et  profanes;  c'est  un  artiste  fort  habile,  qui  néanmoins  est  loin  d'avoir  la 
valeur  de  ses  deux  parents. 

Comte  de  Zinzendorf  (F  D  15).  —  Souriant,  debout  et  de  l'ace, 
il  regarde  à  gauche,  il  est  vu  à  mi-jambes,  ayant  au  cou  l'ordre  de 
la  Toison  d'Or;  la  main  droite  est  sur  la  hanche,  l'autre  s'appuie 


i  Celles  >;■    Didot,  <lu  Département  iet  Ettampa,  ilu  BrtlUh  Ifaieitm  el  de  VAlbertine. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  83 

sur  sa  toque  qui  est  posée  sur  un  socle  près  duquel  est  un  vase,  d'où 
sort  une  flamme  qui  s'allume  sous  le  souffle  d'une  tête  d'ange  ailé. 
Les  armoiries  et  une  légende:  Philippus  Ludovicus  Cornes...  En  bas 
à  gauche  :  Hyacinthns  Rigaud. . . ,  et  à  droite  :  Claudius  Drevet.  Sculpsil. 
Parisis. 

Ventes  .  Behague,  2e  état,  avant  toutes  lettres,  mais  avec  la  bordure  où 
la  place  des  armoiries  est  réservée,  351  ;  avec  la  lettre,  25  —  Didot,  1<^  état', 
avant  toutes  lettres,  avant  les  armes  dans  la  marge,  avant  le  cadre,  avant 
l'achèvement  des  armoiries  et  la  devise  Agitatci  Clarescit  sur  le  vase  du 
socle,  610  ;  le  même,  3e  état,  46. 

HenriOswald*(FD  12). 

Un  état  non  décrit  par  Firmin-Didot,  qui  n'en  connaît  qu'un  seul  avec  la 
lettre,  a  passé  à  la  vente  Behague  ;  il  était  avant  l'inscription  sous  le  trait 
carré:  Hanc  efflgiem.  venerationis. . .  et  fut  adjugé  705;  épreuve  unique 
sans  doute. 


DUVET  (Jean) 

Né  à  Langres  en  1485,  dit  Le  Maître  à  la  Licorne,  à  cause  de  cet  animal 
fabuleux  qu'on  remarquait  souvent  dans  ses  compositions.  Son  œuvre  se 
compose  d'environ  75  pièces. 

Il  est  bon  d'avoir  dans  une  collection  quelques  spécimens  de  notre  plus 
ancien  graveur  ou  tout  au  moins  d'un  de  ceux  que  nous  considérons 
comme  tel,  car  grâce  aux  travaux  qui  se  poursuivent  actuellement, 
lentement  mais  sûrement,  nous  sommes  convaincu  que  certains  Maîtres  à 
monogrammes  ou  à  millésime,  considérés  jusqu'à  présent  comme  Italiens, 
Allemands,  Hollandais  ou  Flamands,  feront  retour  à  notre  école 


Saint  Sébastien,  saint  Antoine  et  saint  Roch  (Robert 
Dumesnil  20).  —  Debout  et  de  face,  la  tète  auréolée,  saint  Sébastien, 
demi-nu,  le  bras  droit  levé,  est  adossé  à  un  arbre;  un  ange  descendant 
du  ciel  lui  dépose  une  couronne  sur  la  tête.  A  gauche,  saint  Antoine, 
une  clochette  dans  la  main  droite,  un  livre  entrouvert  dans  la  gauche. 
A  droite,  saint  Roch  et  son  chien.  Entre  saint  Sébastien  et  saint  Roch, 
on  aperçoit  un  ange  debout  de  profil  à  droite. 


1  Les  deux  autres  exemplaires  connus  sont  au  Département  des  Estampes  et  dans  la  collection 
Roth  ;  nous  ignorons  qu'est  devenu  ce  dernier. 
8  La  planche  existe  chez  A.  Bernard. 


84  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Cette  estampe  est  une  pièce  fort  curieuse  et  pleine  d'allure  qui  frise  à 
s'y  méprendre  un  dessin  à  la  plume;  une  épreuve  fut  adjugée  à  la  vente 
Angiolini  194  francs. 


Jésus  chassant  les  Vendeurs  du  Temple  (R  D  suppl'  4).  — 
Près  d'une  colonne  du  temple,  le  Christ  le  bâton  levé,  se  dirige  vers 
la  gauche,  il  vient  de  renverser  deux  vendeurs  dont  l'un  est  encore 
sur  le  dos.  Parmi  les  autres  personnages,  on  en  remarque  un  au 
second  plan  et  au  milieu  de  la  composition,  qui  est  assis  à  une  table, 
la  tète  coiffée  d'un  chapeau  et  la  main  droite  appuyée. 

Un  exemplaire   de   cette   rare   estampe   fut  payé  550  francs  à  la  vente 
Angiolini. 


EDELINCK  (Gérard) 

Né  à  Anvers  en  1627,  mort  à  Paris  en  1707;  comme  son  confrère  van 
Schuppen,  nous  le  condidérons  comme  un  des  nôtres.  Il  est  avec  Nanteuil 
le  plus  grand  de  nos  burinistes.  Son  œuvre,  catalogué  par  Robert  Dumesnil, 
se  monte  à  339  pièces,  dont  200  portraits.  —  Ne  pas  le  confondre  avec  ses 
deux  frères  Jean  et  Gaspard-François  ou  avec  son  fils  Nicolas. 


Philippe  de  Champaigne  (R  D  164).  —  A  mi-corps,  au  pied 
d'un  arbre  dans  la  campagne,  il  regarde  légèrement  vers  la  gauche, 
la  main  droite  tient  un  rouleau  de  papier  portant  1668,  et  la  gauche 
maintient  le  manteau  jeté  sur  l'épaule.  Au  fond  et  au  milieu  de  la 
composition  un  clocher,  et  tout  à  fait  à  droite  une  église.  Dans  la 
marge  :  Philippus  de  Champaigne. . .,  puis  à  gauche  :  Se  ipse  pinxit,  el 
à  droite  :  G.  Edelinck  sculpsit.  1676.  Cum  pri.  R. 

C'est  un  fort  beau  morceau,  celui  que  préférait  l'artiste  dans  son  œuvre; 
le  public  amateur  ne  semble  pas  être  du  même  avis,  car  il  ne  le  paye  pas, 
quand  il  passe  en  vente.  Le  l11  état  est  avant  le  trait  échappé,  c'est-à-dire 
avant  le  trait  qui  est  presque  perpendiculaire  sur  le  ciel  et  les  feuilles  à 
gauche  de  la  composition,  soit  à  mi-hauteur  entre  le  tronc  du  petit  arbre 
et  le  dos  du  personnage  a  5  millimètres  du  pan  du  manteau  et  a  00  du  bord 
de  l'estampe. 

Le  Département  des  Estampes  possède  une  épreuve  d'essai  unique  sans 
doute,  avant  la  lettre  et  avant  les  contre  tailles  sur  le  troue  d'arbre  près  la 
tête  du  personnage  ;  elle  provenait  de  la  collection  Scitivaux  et  fut  payée 
1350  francs,  prix  énorme  pour  l'époque. 

Ventes  :  Behague,  I"  état,  72  —  Didot,  même  étal,  155. 


ÉCOLE   FRANÇAISE  ,     85 

Keller  (R  D  229).  —  Tourné  à  droite  et  à  mi-jambes,  il  est  dans 
son  atelier,  la  main  droite  qui  tient  un  compas  s'appuie  sur  un  canon. 
Par  une  fenêtre  qui  est  au  fond  à  droite,  on  aperçoit  la  campagne  et 
une  ville  fortifiée.  En  bas  à  gauche  :  de  Largillière  pinxit,  et  à  droite  : 
Edelinck  seul.  C.  P.  R. 

Le  1"  état  est  avant  les  noms  des  artistes.  —  Il  existe  des  épreuves 
où  à  l'aide  d'une  lame  mobile  on  a  ajouté...  Jean-Jacques  Keller, 
commissaire,  etc... 

Ventes  :  Guichardot,  1"  étal,  48  —  Behague,  même  état,  245  —  Didot,  état 
non  décrit  et  rarissime,  il  est  avant  toutes  lettres  et  avant  le  paysage  dans 
le  fond  à  droite,  210;  il  provenait  de  la  vente  Camberlyn  où  il  fut  adjugé  51. 

Desjardins  (R  D  182).  —  Debout  de  face,  il  regarde  à  gauche,  le 
col  déboutonné  d'une  fine  chemise  laisse  entrevoir  le  cou,  la  main 
gauche  demi-ouverte  fait  un  geste,  tandis  que  l'autre  s'appuie  sur 
une  tête  de  bronze  d'un  des  captifs  du  monument  de  la  place  des 
Victoires.  A  droite  une  draperie  soulevée  laisse  apercevoir  la 
campagne.  Dans  la  marge:  G.  Edelinck  sculp.  Martinns. . .  Cum. 
Privil.  ?  Régis. 

Ce  portrait  très  rare,  d'après  H.  Rigaud,  est  à  notre  humble  avis  le 
chef-d'œuvre  de  l'artiste. 

Ventes  :  Behague,  le>  état,  avant  toutes  lettres,  1005  —  Didot,  même 
état,  1020. 

Nathanael  Dilger  (R  D  185).  —  En  buste  dans  un  ovale  équarri 
de  trois  quarts  à  droite,  portant  longue  barbe  et  longs  cheveux,  il 
regarde  de  face,  le  manteau  rejeté  en  arrière  permet  de  voir  le  pour- 
point et  le  col  blanc.  Dans  la  tablette  :  Ncdhanael  Dilgerus  Aetal. 
circiter  75,  et  à  droite  :  G.  Edelinck  sculps.  eu.  P.  R.  1683. 

Superbe  et  très  rare  estampe,  adjugée  vente  Didot,  100  francs,  provenait 
de  chez  Marshall,  et  165  francs  à  celle  de  Behague,  elle  portait  au  dos  cette 
mention  :  Donné  à  Charles  Edelinck  par  moy  Edelinck  ;  voici  une  pièce 
superbe  rendue  encore  plus  précieuse  par  son  annotation,  et  on  ne  la  paye 
que  165  francs  !  !  comment  s'expliquer  ça  ? 

La  Sainte  Famille  d'après  Raphaël  '  (R  D  4).  —  Assise  de 
profil  à  droite,  la  Vierge  reçoit  dans  ses  bras  l'Enfant  Jésus  nu 
sortant  de  son  berceau,  derrière  elle  saint  Joseph  ;  à  droite  saint  Jean 


1  Le  cuivre  est  conservé  à  la  Chalcographie. 


86  ÉCOLE    FRANÇAISE 

et   sainte  Anne,  et   en   face   de   la  Vierge   un   ange   debout  qui   lui 
répand  des  fleurs  sur  la  tête. 

Il  n'existe  que  trois  épreuves  sans  aucune  lettre;  la  première,  celle  du 
cabinet  des  Estampes,  provient  de  chez  le  duc  de  Buckingham  à  la  vente 
duquel,  en  1834,  elle  fut  adjugée  73  livres  sterlings,  c'est-à-dire  1825  francs; 
elle  avait  été  primitivement  chez  le  prince  de  Rubrempré  qui  fit  sa  vente 
en  1765,  où  Paignon-Dijonval  Tacheta  ;  plus  tard,  Morel  de  Vindé,  son 
héritier,  vendit  la  collection  entière  au  marchand  anglais  W'ooitburn ',  qui 
à  son  tour  la  céda  au  duc  de  Buckingham  ;  la  seconde  est  à  Vienne,  après 
avoir  traversé  successivement  les  collections  Borduge,  duc  de  Saxe  Teschen, 
et  celle  de  son  héritier  le  prince  Charles  ;  la  troisième  à  Berlin. 

Cette  estampe,  dite  La  Vierge  de  François  f«r,  bien  délaissée  aujourd'hui, 
a  eu  son  heure  de  célébrité  ;  voici  quelques  prix  d'épreuves  de  2«  état, 
c'est-à-dire  avant  les  armes  de  Colbcrt,  qui  viendront  corrober  notre 
assertion  : 

Ventes  :  Debois,  605  —  Thorel,  1160  s  —  Didot,  240  —  Dreux,  100. 

On  pourra  joindre  encore  :  John  Drtjden  (187)  —  Le  Prince  de  Galles  (211)  — 
Louis  XIV  (231)  —  Marquise  de  Montespan  (278). 


FIRENS   (P.) 

Nous  signalerons  de  cet  artiste,  d'origine  flamande,  qui  est  né  à  Paris 
vers  le  commencement  du  xvi«  siècle,  dit  Le  Blanc,  les  deux  superbes  et 
rarissimes  portraits  suivants  : 

Louis  XIII  et  Anne  d'Autriche.  —  Le  premier,  jeune,  est  vu  à 
mi-corps,  il  est  dirigé  vers  la  droite  et  revêtu  du  manteau  royal;  dans 
la  bordure  ovale  qui  l'entoure  on  lit  :  Ludovicas  XIII  Dei  Gratin... 
En  haut  de  chaque  côté,  les  armes  de  France  et  de  Navarre,  et  en  bas 
dans  un  cartouche,  un  quatrain  commençant  par  ces  mots:  Grand  roy... 
La  seconde,  vue  à  mi-corps,  jeune  également,  est  de  trois  quarts,  les 
cheveux  sont  relevés  sur  le  devant,  el  sur  sa  tête  repose  une  couronne. 
Elle  est  vêtue  d'une  robe  semée  de  Heurs  de  lys,  el  elle  porte  un 
collier  de  perles  avec  brillants.  Dans  l'ovale  :  D.  Anna  d'Austria. . . 

Adjugés  n  la  venir  Behague  200  lianes  el  ;'i  celle  de  Didot  50;  à  cette 
dernière  vente,  elles  manquaient  de  fraîcheur  et  étaient  avant  le  texte.  — 
Pour  plus  amples  détails,  voir  Didot  :  Les  Graveurs  de  Portraits  en  France, 
tome  I",  pages  247,  248,  249. 


1  Qui  paya  120000  francs  celte  collection. 
1  Acquise  par  Colnagln  de  Londres. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  87 

Marie  de  Médicis.  —  A  mi-corps,  en  costume  de  veuve  dans 
une  bordure  armoriée  en  haut  et  en  bas,  sur  laquelle  on  lit  :  Marie 
de  Médicis,  Royne  de...,   et  dans   la   tablette  du   bas,    un  quatrain 
commençant  par  ces  mots  :  Combien  que  ce  soleil. . . ,  1610. 
Adjugé  vente  Behague  220  francs. 


FORNAZERIS  (Jacques  de) 

Les  uns  le  croient  Italien  et  né  à  Turin,  les  autres  Français  et  né  à  Lyon; 
il  travailla  entre  1590  et  1620.  Notre  programme  ne  s'étendant  pas  aux 
recherches  biographiques,  nous  ne  faisons  qu'enregistrer  et  passons.  Nous 
le  trouvons  pour  notre  part  un  peu  sec  et  incolore,  cependant  nous 
signalerons  le  rarissime  portrait  suivant  : 

Henri  IV  (R  D  42).  —  En  buste,  grandeur  presque  nature,  de 
trois  quarts  à  droite  sur  un  fond  fleurdelysé,  un  manteau  bordé 
d'hermines  recouvre  son  pourpoint,  il  porte  au  cou  le  cordon  de 
l'ordre  du  Saint-Esprit.  Dans  la  marge  un  quatrain  commençant  par 
ces  mots  :  On  ne  peut  rien  treuuer  de  semblable  au  soleil. . . 
Adjugé  à  la  vente  Didot  500  francs. 


GAULTIER  (Léonard) 

On  ne  sait  rien  ou  presque  rien  sur  la  vie  de  cet  artiste  qui  naquit  à 
Mayence  vers  1550,  travailla  à  Paris  et  mourut  après  1628.  11  n'a  point 
encore  été  dressé  de  catalogue  raisonné  et  descriptif  de  son  œuvre  ;  Robert 
Dumesnil  ne  mentionne  même  pas  son  nom.  Le  Blanc  signale  162  pièces  ; 
c'est  surtout  dans  le  portrait  que  s'est  spécialisé  notre  artiste;  il  est  l'auteur 
de  la  suite  dite  Chronologie  collée',  série  de  144  petits  portraits  des  hommes 
illustres  de  son  temps.  Le  graveur  signait  soit  d'un  monogramme,  soit  de 
son  nom  entier.  —  Il  eut  pour  continuateur  J.  de  Fornazeris,  Cl.  Mallery  et 
Granthomme. 

Louis  XIII  (Le  Blanc  124).  —  En  pied,  enfant,  et  de  face,  il  est 
monté  sur  un  coussin,  à  sa  droite  une  table  recouverte  d'un  tapis 
fleurdelysé,  à  sa  gauche   on  aperçoit  un  berceau,  derrière  lui   une 


'  Rubrique  qui  ne  veut  absolument  rien  dire,  et  dont  on  n'a  encore  pu  jusqu'à  présent 
établir  la  signification.  A  la  vente  Didot.  cette  suite  complète  fut  adjugée  300  francs.  Les 
estampes  de  cet  artiste  en  général  ne  se  vendent  que  de  très  petits  prix  ;  le  nombre  de  celles 
qui  atteignent  ou  dépassent  400  francs  est  extrêmement  limité. 


88  ÉCOLE    FRANÇAISE 

chaise,  dans  la  main  droite  un  hochet,  dans  l'autre  une  branche  de  lys  ; 
sur  les  draperies  relevées  de  chaque  côté  et  qui  l'encadrent,  un  écusson 
armorié  et  une  tablette  dans  le  haut  de  laquelle  on  lit  :  Porlraict  au 
naturel  de  Monseigneur. . .,  et  dans  la  marge  8  vers  sur  deux  colonnes  : 
Tous  les  Coniurateurs  de  l'Empire  françois...  Dans  les  doubles  traits 
de  l'encadrement  à  gauche  :  L.  Gaultier  fecit,  et  à  droite  :  /.  Le  Clerc 
excu. 

Fort  joli  portrait  finement  gravé  et  très  rare,  adjugé  à  la  vente  Behague 
112  francs. 

Louis  XIII  (L  B  122).  —  Enfant,  debout  et  de  face  dans  un 
appartement  dont  le  fond  est  tapissé  de  fleurs  de  lys,  le  jeune  roi, 
près  duquel  on  voit  un  petit  chien,  appuie  sa  main  droite  sur  une 
table,  où  sur  un  coussin  sont  placées  les  insignes  du  pouvoir,  la 
couronne  et  le  sceptre.  Derrière  le  monarque  un  siège,  et  à  droite  et  à 
gauche,  des  tentures.  En  haut  de  l'estampe  :  Louis  XIII  Roy  de  France 
et  de  Navarre,  et  dans  la  tablette  du  bas  un  quatrain  :  Ce  Prince  en  qui 
reluit. . . 

Rare  estampe,  adjugée  200  francs  à  la  vente  Behague. 

Marie  de  Médieis  (L  B  128).  —  En  pied,  debout  et  de  face,  la 
main  droite  pend  le  long  du  corps  et  tient  un  mouchoir,  l'autre  est 
appuyée  à  plat  sur  une  table  recouverte  d'un  tapis  à  ses  armoiries 
aux  quatre  coins  desquelles  figurent  un  M  surmonté  de  la  couronne 
royale,  table  sur  laquelle  un  livre  est  posé  ;  à  droite  et  à  gauche  de  la 
composition  des  draperies,  celle  de  droite  est  relevée.  En  haut  de 
l'estampe  dans  une  étroite  tablette  rectangulaire  occupant  toute  la 
largeur  de  la  pièce,  on  lit  :  Marie  de  Médieis  Roy  ne  Rege. . .,  et  en  bas 
dans  la  tablette:  Voicy  le  vrai  pourtraict. . .,  et  sur  le  parquet  en 
mosaïques  à  gauche  :  L.  Le  Clerc  excud.  avec  Privilège  du  Roy,  et  à 
droite  :  L.  Gaultier  scalp.  1610. 

Le  plus  beau  portrait  du  personnage,  très  rare. 

Marie  de  Médieis  (L  B  130).  —  Dans  un  ovale  équarri,  à  mi- 
corps  de  trois  quarts  à  gauche  et  regardant  de  face,  la  reine  porte  une 
large  collerette  de  dentelle  tuyautée  et  des  pendants  d'oreilles  en 
forme  de  poire,  les  cheveux  relevés  cl  crêpés  sont  ornés  d'une  étoile 
sur  le  devant  et  d'une  branche  de  fleurs  sur  le  côté  droit,  le  corsage 
est  agrémenté  d'un  collier  de  perles  à  quatre  rangs.  Dans  l'ovale  : 


ÉCOLE    FRANÇAISE  89 

Marie  de  Médicis...,  dans  la  tablette  un  quatrain:  Si  le  ciel  veult 
donner. . .  En  bas  à  gauche  :  L.  Le  Clerc  excu.,  au  milieu  :  Avec 
Privilège  du  Roy,  et  à  droite  :  L.  Gaultier  fecit  1610. 

Très  rare  ;  adjugé  vente  Behague  365  francs,  avec  le  tracé  des  lignes 
très  apparent,  et  vente  Didot  26. 

Marie  Stuart.  —  A  mi-corps  de  trois  quarts  à  droite,  elle  regarde 
de  face,  un  crucifix  pend  sur  sa  poitrine,  elle  porte  une  large  collerette 
et  des  pendants  d'oreilles  en  forme  de  poire.  Au-dessus  de  sa  tête  : 
La  feu  Roy  ne  d'Ecosse,  en  bas  un  quatrain  :  Je  neus  point  de  pareille 
en  ma  beauté  divine...,  et  au-dessous  à  gauche  le  monogramme 
suivi  du  mot  fecit,  et  à  droite  :  P.  Gourdelle  excu. 

Nous  croyons  cette  pièce  fort  rare,  nous  n'en  avons  vu  qu'une  épreuve 
un  peu  pâle  au  Département  des  Estampes,  et  elle  n'est  mentionnée  ni  par 
Didot  dans  les  Graveurs  de  Portraits  en  France,  ni  par  Le  Blanc.  —  Les 
portraits  du  personnage  sont  du  reste  peu  communs  ;  la  collection  de 
Mme  Adolphe  de  Puibusque  en  contenait  47.  —  Une  intéressante  notice  sur  les 
portraits  de  l'infortunée  reine  fut  publiée  en  1860,  à  Saint-Pétersbourg,  par  le 
prince  Alexandre  Labanoff  qui  en  possédait  la  plus  belle  collection  connue. 

Louis  XIII  et  Elisabeth  de  France  (L  B  120).  —  Tous  deux 
enfants,  debout  et  de  face.  Louis  est  à  gauche,  coiffé  d'un  chapeau  à 
plumes,  il  tient  une  lance  dans  la  main  droite  et  appuie  la  gauche 
sur  un  socle  où  est  posé  un  casque  empanaché.  Elisabeth  tient  dans 
sa  main  droite  une  branche  de  laurier  qu'elle  élève  vers  un  vase 
contenant  un  lys  et  autour  duquel  volettent  des  abeilles,  ce  vase  est 
posé  sur  un  socle  faisant  pendant  à  celui  sur  lequel  est  le  casque.  Au 
fond  de  l'estampe  deux  colonnes  avec  draperie  à  travers  lesquelles  on 
distingue  la  mer  avec  des  vaisseaux  et  un  dauphin  couronné.  En 
haut  de  la  composition,  dans  une  bande  occupant  la  largeur  de  la 
pièce,  on  lit  :  Les  heureuses  et  fatales  devises  de  Monseigneur  le  Dauphin 
et  de  Madame  fûle  unique  de  Henri  HII  Roy  de  France  et  de  Navarre  ;  et 
dans  la  marge  du  bas,  dans  quatre  cartouches  à  coins  armoriés, 
16  vers,  à  raison  de  quatre  par  cartouche  :  La  mer  est  calme  et  les  vents 
irrités. . .  Sous  le  socle  de  la  colonne  de  droite  :  L.  Gaultier  fecit  1604, 
et  tout  à  fait  dans  le  bas  de  l'estampe  entre  les  deux  traits  carrés  : 
/.  de  Fonteni. 

Pièce  extrêmement  curieuse  et  de  toute  rareté,  à  laquelle  on  ne  fit 
cependant  guère  honneur  à  la  vente  Behague,  puisqu'elle  n'atteignit  qu'avec 
peine  36  francs,  246  à  celle  de  Didot  et  40  à  celle  de  Bérard. 


90  ÉCOLE   FRANÇAISE 


Sacre  et  Couronnement  de  Marie  de  Médicis,   1610. 

Vente  Didot,  avec  la  légende  explicative,  200  francs,  très  rare;  sans  la 
légende,  80. 


GELLEE  (Claude  dit  Le  Lorrain)1 

Né  à  Chamagne,  dans  les  Vosges,  en  1600,  mort  à  Home  en  1682.  Son 
œuvre  se  compose  de  44  eaux-fortes,  eaux-fortes  pures,  pourrait-on  dire, 
car  il  s'est  à  peine  servi  de  la  pointe  ou  du  burin.  Il  y  en  a  quatre  ou  cinq 
de  vraiment  intéressantes,  les  autres  ne  méritent  guère  d'être  collectionnées. 
Les  premiers  états  seuls  sont  à  rechercher;  toutes  les  épi  cuves  qui  portent 
des  numéros  dans  la  marge  inférieure  sont  à  rejeter  impitoyablement,  les 
cuivres  étant  éreintés. 

L'artiste  est  aussi  l'auteur  du  Liber  Veritatis,  200  planches  de  la  grandeur 
des  originaux  ',  gravées  en  manière  de  lavis  >  par  Earlora  et  publié  en 
quatre  volumes  par  Boydell  au  commencement  de  1777.  Ce  livre  que  n'avait 
pas  voulu  acheter  Louis  XIV,  malgré  les  instances  du  cardinal  d'Eslrées, 
ambassadeur  à  Rome,  le  fut  par  le  duc  de  Devonshire,  auquel  du  reste 
John  Boydell  le  dédia.  —  Une  exposition  de  l'œuvre  du  Maître  a  eu  lieu 
en  1872  au  Burlington  Fine  Arts  Club. 


La  Danse  au  bord  de  l'eau  (Robert  Dumesnil  fi).  —  Sur  le  bord 
de  l'eau,  au  premier  plan  et  au  milieu  de  l'estampe,  un  homme  et 
une  femme  se  tiennent  par  la  main  et  dansent,  l'homme  est  à  gauche  ; 
derrière  eux  à  droite  deux  vaches  et  deux  chèvres  jouant  ensemble. 
A  gauche  cinq  personnages  dont  deux  assis  sur  un  tronc  d'arbre.  La 
partie  droite  de  la  composition  représente  un  moulin  à  eau  adossé  à 
des  arbres,  au  fond  des  collines. 

Pièce  très  rare. 

Ventes  :  Knowles,  2c  état,  avant  le  numéro,  mais  avec  le  nom  du  Maître, 
les  bords  de  la  planche  sont  sales,  376  —  Griffiths,  l"  état,  525  —  Stracter, 
1"  étal,  avant  le  nom  et  le  numéro,  750,  de  chez  Griffiths  —  Angiolini, 
même  état,  1075. 


I  Consulter  :  Eau.r-forles,  reproduites  et  publiées  par  Arnaud  Durand,  texte  do  G.  Duplessis. 
chez  G.  Rapilly,  Paris. 

-  C'étaient  des  dessins  en  bistre  rebâtisses  de  blanc.  Comme  Golléfl  taisait  très  mal  les 
figures  qui  se  trouvaient  dans  ms  paysages,  il  avait  recours  pour  les  dessiner  à  Philippe 
t. mi  i  "ii  i  Jai  quei  I  ourtola  dit  te  Bourguignon. 

*  Ce  sont  des  manières  noires. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  91 

Le  Bouvier1  (R  D  8).  —  Sur  les  bords  d'une  petite  rivière 
serpentant  à  travers  la  campagne  et  dans  laquelle  s'abreuve  un 
troupeau  à  gauche,  un  berger  est  assis  à  droite  tourné  de  trois  quarts 
à  gauche,  il  a  un  bâton  entre  les  jambes  et  il  sonne  de  la  trompe. 
Derrière  lui  un  grand  arbre  isolé,  et  devant  lui  de  l'autre  côté  de  l'eau 
un  gros  bouquet  d'arbres  dans  l'éclairci  desquels  on  aperçoit  une 
habitation.  Au  fond  de  l'estampe  des  collines  joliment  éclairées. 

Pièce  jouissant  d'une  grande  célébrité  :  il  y  a  4  états,  le  1«  qui  est  de  la 
plus  insigne  rareté,  est  avec  le  2?,  les  seuls  dignes  d'être  recueillis. 
1er  état.  —  Sans  aucune  inscription. 
2e  état.  —  Avec  l'inscription  dans  la  marge  à  droite  :   Claudius  in.  et.  f. 

Romse  1636. . .  et  avant  le  chiffre  4  dans  la  marge  de  gauche. 
3e  état.  —  Avec  l'inscription  et  avec  le  chiffre  4. 
4e  état.  —  Le  petit  oiseau,  qui  était  très  visible  dans  l'arbre  de  gauche  le 

plus  proéminent,  a  disparu  pour  ainsi  dire  sous  un  nuage. 

Ventes*  :  Guichardot,  3"  état,  585  —  Straeter,  2e  état,  1375;  c'est  un  des 
plus  beaux  connus  ;  il  provenait  de  chez  Kalle  —  Defer  Dumesnil,  3e  état, 
330  —  Reiss,  épreuve  truquée,  dans  laquelle  le  k  avait  été  gratté,  vendue 
néanmoins  675  —  Dreux,  2e  état,  1310  ;  il  provenait  de  la  vente  Camberlyn 
où  en  1865,  il  avait  été  adjugé  30  francs  II 

La  Danse  sous  les  arbres  (R  D  10).  —  Dans  la  campagne,  au 
milieu  de  l'estampe,  des  villageois  dansent  au  son  d'un  biniou  dont 
joue  un  homme  assis  sur  un  gros  et  long  tronc  d'arbre  abattu  à  droite  ; 
près  de  ce  musicien  cinq  personnages.  A  droite  à  l'horizon  indication 
de  collines,  à  gauche  dans  une  éclaircie  deux  vaches. 

Très  rare  ;  le  dernier  état  n'a  qu'un  seul  oiseau  dans  le  ciel  au  lieu  de  trois. 

Ventes  :  Guichardot,  2'-  état,  avec  le  n°  6  dans  la  marge  à  gauche,  210  — 
Straeter,  1«  état,  avant  le  numéro,  c'est  le  bel  état,  950,  de  la  collection 
Seymour  Haden  —  Dreux,  épreuve  remargée,  235. 

Le  Soleil  levant  (R  D  15).  —  Au  premier  plan  des  bateaux  et 
des  appontemenls  de  planches  qu'installent  des  pêcheurs.  A  gauche 
un  arc  de  triomphe  non  loin  duquel  émerge  une  branche  d'arbre  très 
feuillée  ;  au  fond,  des  collines  à  peine  indiquées  et  le  soleil  levant, 
c'est  là  qu'est  concentré  tout  l'intérêt  de  la  pièce. 

Duplessis  compte  6  états,  mais  il  y  en  a  réellement  7. 


1  Ne  pas  confondre  cette  pièce  avec  Le  Chevrier  (19),  absolument  inférieure  et  de  toute  autre 
composition. 

2  En  1862,  à  la  vente  .Tourdan,  un  exemplaire  avant  le  i  fut  adjugé  310  francs  ;  il  provenait 
de  la  collection  Vallardi. 


92  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Ventes  :  E.  Galichon,  état  non  décrit,  antérieur  au  premier,  et  avant  le 
C.  L.  sur  la  planche  qui  est  en  travers  sur  le  milieu  de  la  composition 
et  avant  les  travaux  sur  l'arc  de  triomphe  à  gauche,  probablement  unique, 
1,800  —  Straeter,  l"  état,  avant  le  nom  et  le  numéro  11,  un  des  plus 
beaux  connus,  1887  —  Defer  Dumesnil,  3"  état,  avant  le  numéro  et  avec 
l'inscription,  350. 

Notons  encore  pour  mémoire  :  Les  Sept  Chèvres,  dont  il  n'existe  qu'une 
épreuve  de  l"  état  au  British  Muséum,  c'est-à-dire  avec  les  7  chèvres  sur 
la  même  planche,  particularité  qui  a  échappé  et  à  Robert  Dumesnil  et  à 
Duplessis  lui-même,  qui  ne  signalent  que  les  épreuves  aux  Trois  Chèvres  (26) 
et  aux  Quatre  Chèvres  (27),  provenant  du  cuivre  qui  a  été  coupé. 


LASNE  (Michel) 

Né  à  Caen  vers  1595,  mourut  à  Paris  le  4  décembre  1667.  —  Quoique  cet 
artiste  ne  soit  pas  un  graveur  de  tout  premier  plan,  nous  ne  pouvons 
le  passer  sous  silence  à  cause  de  l'extrême  rareté  de  son  beau  portrait 
d'Anne  d'Autriche,  pièce  presqu'introuvable  et  que  ne  possédait  même 
pas,  croyons-nous,  Firmin-Didot.  L'artiste  signait  généralement  de  son 
monogramme  :  un  M  et  un  L  accolés. 

Anne  d'Autriche.  —  La  reine  est  jeune  et  en  pied,  revêtue  d'un 
somptueux  costume  dans  une  bordure  carrée  au  haut  de  laquelle  on 
lit  :  Anne  d'Austriche,  reine  de  France  et  de  Navarre.  Au  bas  un 
quatrain  commençant  par:  Sa  Majesté  royale  et  la  libre  nature. . . 

Un  superbe  exemplaire  fut  adjugé  501  francs  à  la  vente  Behague. 

Nous  noterons  encore  un  autre  portrait  également  rare  :  D.  Margarita 
D.  Auslria,  dont  une  épreuve  fut  payée  175  francs  à  la  même  vente. 


LECLERC  (Sébastien) 

Né  à  Metz  en  1637,  mort  à  Paris  en  171 1.  —  Son  œuvre  est  considérable, 
près  de  700  pièces.  —  Son  catalogue  a  été  fait  par  Charles-Antoine  Jombert, 
en  deux  volumes  en  1774,  et  par  Edouard  Meaunie  en  1S77. 

Les  trois  pièces  les  plus  rares  sont  :  Entrée  d'Alexandre  dans  Babylonc 
(Jombert,  285)  —  L'Académie  des  Sciences  cl  des  Beaux-Arts  (263);  le  bel  état 
est,  avant  toutes  lettres  et  avant  le  squelette  du  cerf,  la  grande  écaille  de 
tortue  et  le  tatou   —  Les  Tireurs  de  Nantes  à  l'Arquebuse  (86);  les  bonnes 


i  Dans  li-  1"  état,  la  Me  d'AleSffltdre  Mt  VTU  de  profil,  c'est  l'étal  recherché  el  tiré  il  petit 
nombre  ;  dnns  le  2\  on  l'a  retoucher  el  mise  de  face. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  93 

épreuves  sont  très  rares  ;  le  cuivre  a  été  retouché  et  gâché  par  Garreau  qui 
y  a  inscrit  :  Regravé  par  Garreau  1694  ;  ces  exemplaires  sont  sans  valeur. 

En  1887,  à  la  vente  d'Edouard  Meaume  de  Nancy,  le  catalogueur  de  l'œuvre, 
5  portefeuilles  contenant  3842  pièces  —  collection  des  plus  complètes  — 
furent  adjugés  2045  francs. 


LEU  (Thomas  de) 

Né  en  1580'  à  Paris,  mort,  dit-on,  vers  1612  ou  1620,  c'est  un  de  nos 
premiers  et  de  nos  plus  brillants  burinistes  ;  il  peut  aller  de  pair  avec  nos 
plus  grands  graveurs,  tels  que  :  Nanteuil,  Edelinck,  Masson,  Drevet,  etc., 
mais  d'un  métier  absolument  différent  de  ces  artistes  et  rappelant  plutôt 
l'école  allemande  ou  flamande  dans  sa  technique  ;  il  fait  souvent  songer 
aux  Wiérix  dont  il  possède  l'exquise  finesse.  Il  était  élève  de  Jean  Rabel. 

Il  n'a  pas  fait  que  des  portraits 2,  et  a  traité  avec  une  égale  maîtrise 
les  sujets  religieux.  —  Robert  Dumesnil  mentionne  dans  son  catalogue 
507  pièces,  gravées  soit  par  lui-même,  soit  sous  sa  direction.  —  C'est  un 
œuvre  absolument  abordable  et  d'un  bon  marché  excessif,  étant  donné 
sa  valeur;  on  l'admire,  mais  on  ne  le  paye  pas.  Les  prix  varient  de  25  à 
500  francs,  encore  ceux  qui  atteignent  ce  dernier  chiffre  —  et  ils  sont  peu 
nombreux  —  doivent-ils  être  de  conditions  exceptionnelles.  —  Voici 
quelques-uns  des  portraits  les  plus  rares  et  les  plus  recherchés  : 

René  Chopin  (R  D  339).  —  Dans  un  ovale  équarri  à  mi-corps, 
il  regarde  presque  de  face,  les  cheveux  sont  courts  sous  le  bonnet  à 
cornes  dit  chaperon,  la  barbe  rasée,  mais  vieille  de  quelques  jours, 
commence  à  repousser  ;  il  porte  une  collerette  tuyautée.  Le  vêtement 
brodé  qui  est  entr'ouvert  laisse  voir  le  pourpoint  boutonné.  Dans  l'ovale  : 
Renat  Choppinus,  œtatis  60,  an.  1597.  Dans  le  haut  du  coin  gauche  en 
dehors  de  l'ovale,  des  armoiries.  Dans  la  marge  du  bas  deux  lignes 
de  légende  :  Haud  sculptoris. . .,  et  au-dessous  :   Thomas  de  Leu.  fe. 

Un  exemplaire,  provenant  de  chez  Mariette,  passa  à  la  vente  Didot  et  fut 
adjugé  75  francs. 

François  Ier  (R  D  372).  —  Presque  de  face  dans  un  ovale  équarri 
à  mi-corps,  il  regarde  devant  lui,  le  cou  très  dégagé  par  l'échancrure 


1  Toutes  ces  dates,  1580  et  1612  ou  1620.  sont  absolument  fantaisistes  ;  une  seule  chose  semble 
certaine,  c'est  qu'il  fut  baptisé  en  juillet  1606  ;  l'acte  officiel  a  été  relevé  et  publié  dans 
Le  Cabinet  de  l'Amateur. 

2  Presque  tous  —  au  nombre  de  213  —  sont  de  très  petits  formats  avec  4  vers  dans  la  marge 
du  bas  ;  quelques  planches,  atrocement  retouchées  et  dénaturées,  ont  été  entourées  de 
l'encadrement  du  marchand  éditeur  Odieuvre;  ce  sont  des  non-valeurs. 


94  ÉCOLE    FRANÇAISE 

du  vêtement  porte  le  collier  de  l'ordre  de  Saint  Michel.  Dans  l'ovale  : 
François  Ier...,  et  dans  la  tablette  un  quatrain  commençant  par: 
L'Italie  creint  Encore. . .  et  Thomas  de  Leu.  Fe.  et  excudit. 

Vente  Didot,  180  francs. 

Louise  de  Budos,  duchesse  de  Montmorency  (R  D  463).  — 
Elle  est  à  mi-corps  dans  un  ovale  équarri  de  trois  quarts  à  droite, 
large  collerette,  corsage  et  manches  garnis  de  perles.  Dans  l'ovale  : 
Loise  de  Budos  famme  de  M.  le  Conestable.  àagée  de  21  an.  En  bas 
4  vers  dans  la  marge:  La  Beauté  d'Agariste. . .  et  Tho.  de  Leu.  Fe. 
Daigaliers. 

Portrait  ravissant,  assez  rare. 

Charles  de  Lorraine,  duc  du  Maine  (R  D  448).  —  En  buste 
presque  de  face  dans  un  ovale  équarri,  il  est  tête  nue,  le  cou  entouré 
d'un  large  fraise.  Dans  l'ovale  :  Charles  de  Lorraine...,  et  dans  la  tablette 
4  vers:  Vraiment  ion  failliroit...,  et  Thomas  de  leu.  Fec  et  excudit. 

Vente  Didot,  500  francs  ;  superbe  pièce. 

Charles  II  de  Bourbon  (R  D  321).  —  Dans  un  ovale  équarri  en 
buste,  la  barrette  sur  la  tête,  il  est  de  trois  quarts  à  droite  et  regarde 
de  ce  côté,  le  manteau  entr'ouvert  laisse  voir  la  fourrure  en  hermine, 
ainsi  qu'un  cordon  passé  au  cou  soutenant  une  croix  qui  vient  couper 
l'ovale  du  médaillon.  Dans  la  bordure,  le  nom  et  dans  la  marge  un 
quatrain,  puis  Thomas  de  Leu.  Fe  :  et  Excu. 

Le  portrait  très  rare  de  ce  Cardinal  et  roi  des  Ligueurs  existe  au 
Département  des  Estampes  dans  un  état  non  décrit,  c'est-à-dire  avant  toutes 
lettres.  —  A  la  vente  Didot,  un  exemplaire  dans  l'état  que  nous  venons  de 
décrire  fut  adjugé  305  francs. 

Elisabeth  de  Bourbon,  reine  d'Espagne  (R  D  361).  —  Dans 
un  ovale  équarri  dont  les  écoinçons  sont  ornés  de  branches  de  roses, 
la  toute  jeune  reine  —  elle  est  enfant  —  est  debout  de  face,  la  main 
droite  caressant  un  perroquet  qui  est  sur  une  table  recouverte 
d'un  tapis  placée  près  d'elle.  Dans  l'ovale  :  Pourtraict  de  Madame 
fille  unique  de  Henri  III!  Roy  de  France  et  de  Navarre. . .  Dans  la 
tablette  4  vers:  Princesse  dont  le  deux  honorons...',  et  entre  le  2*  et 
3e  vers  en  caractères  plus  petits  :  Thomas  de  Leu  fe,  Johan  Blasmez pinx. 

Pièce  charmante  et  curieuse. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  95 

Henri  de  Lorraine,  duc  de  Guise  (R  D  381).  —  A  mi-corps  de 
trois  quarts  à  droite,  il  regarde  de  ce  côté,  la  tête  est  nue  et  le  cou 
enserré  dans  une  collerette  à  fraise.  Dans  l'ovale  :  Henry  de  Lorreine. . ., 
puis  dans  la  marge  un  quatrain;  Engeance  de  l'Herebe. . .  et  Thomas 
de  Leu.  Fe  :  et  excu. 

L'état  que  nous  venons  de  décrire  est,  suivant  nous,  le  2',  contrairement 
à  ce  qu'atteste  Robert  Dumesnil,  ou  plutôt  G.  Duplessis,  volume  onze, 
pages  111,  112,  qui  considère  comme  le  2e  celui  où  existent  les  vers  :  D'un 
prince  valeureux  tu  vois  ici  l'image . . . 

Ayant  eu  sous  les  yeux  les  deux  exemplaires  constituant  les  deux  états 
dont  nous  venons  de  parler,  nous  avons  fait  cette  remarque,  que  celui  que 
nous  avons  décrit  était  très  fini,  plein  de  vigueur  et  de  fraîcheur,  tandis  que 
l'autre  avec  les  vers  :  D'un  prince...,  quoiqu'ayant  l'apparence  d'une 
planche  usée  et  pâlotte  devait  être  un  1"  état,  parce  que  la  collerette  était 
blanche  et  indiquée  au  simple  trait,  ainsi  que  la  barbe  et  les  cheveux,  qu'il 
n'y  avait  point  encore  d'ombres  portées  et  qu'enfin  il  y  avait  une  sorte  de 
critérium  dans  les  deux  traits  échappes  <  qui  se  trouvaient  dans  l'ovale,  l'un 
venant  effleurer  la  lettre  R  dans  Henry,  l'autre  passant  entre  la  même  lettre 
et  ÎT  du  même  nom. 

Nous  concluerons  donc,  en  disant  que,  pour  nous,  le  ï"  état  est  avec  les 
vers  :  D'un  prince  valeureux  tu  vois...  et  le  2«  avec  ceux-ci  :  Engeance  de 
l'Herebe,  et  des  Horreurs  nuittalles. . . 

Henri  IV  (R  D  409).  —  Dans  un  ovale  équarri  avec  les  écoinçons 
ornés  d'armoiries  et  de  fleurs  de  lys,  le  Roi  est  de  trois  quarts  à  droite 
regardant  presque  de  face,  il  porte  une  collerette  et  un  chapeau  orné 
d'une  aigrette  que  retient  un  bijou,  le  manteau  jeté  sur  les  épaules 
laisse  entrevoir  le  pourpoint  et  le  cordon  de  l'ordre  du  Saint-Esprit. 
Dans  l'ovale  on  lit  :  Henry  IIII  Roy  de. . .,  et  dans  la  tablette  4  vers  : 
Ce  monarque  français  tout...,  et  Thomas  de  Leu.  fe.  F.  Quencl  pinxit. 

Parmi  les  24  portraits  du  roi  Henri  IV,  gravés  par  l'artiste,  nous 
considérons  celui-ci  comme  de  beaucoup  le  meilleur. 

Jean  Lullier  (R  D  447).  —  Dans  un  ovale  équarri,  écoinçonné 
d'armoiries,  le  personnage  est  à  mi-corps  debout  et  de  face,  la  main 
gauche  ramenée  sur  la  hanche,  il  est  nu  tête,  le  cou  enserré  dans  une 
collerette.  Dans  l'ovale:  Iehan  Luillier  conseiller  d'estat...,  en  bas 
4  vers  :  Parmi  le  trouble. . . ,  et  Thomas  de  Leu.  fe. 


»  Les  traits  échappés,  comme  l'indique  leur  désignation,  proviennent  d'un  faux  mouvement 
et  sont  presque  toujours  effacés  dans  l'état  suivant,  c'est  ce  qui  nous  incite  à  supposer 
qu'existant  dans  un  état  non  terminé,  qui  doit  être  le  1",  ils  ont  été  supprimés  dans  l'état 
postérieur  qui  a  été  terminé  et  qui  est  le  2". 


96  ÉCOLE    FRANÇAISE 

C'est  une  admirable  estampe  dont  une  épreuve,  avant  les  vers,  fut  payée 
200  francs  à  la  vente  Didot. 

A  mentionner  encore  :  Servin  (486)  —  Charles  de  Bourbon,  comte  de 
Soissons  (188)  ;  vente  Didot,  300  —  Henri  III  de  France  (393)  —  Marie  de 
Médicis  (150)  —  Charles  III,  cardinal  de  Bourbon  (500),  dont  un  état  non 
décrit,  avant  toutes  lettres,  fut  adjugé  à  la  vente  Didot  400  francs  —  Duc  de 
Nemours  (167);  un  1"  état,  aux  cheveux  relevés  sur  le  devant,  460  francs, 
vente  Didot  —  Jeanne  d'Albret  (422);  même  vente,  1er  état,  150  francs  — 
Sébastien  Rouilliard,  pièce  rarissime  et  inconnue  à  Dumesnil,  gravée  d'après 
Daniel  du  Moustier,  fut  adjugée  200  francs  à  la  même  vente. 

Beaucoup  de  portraits  ont  passé  chez  Odieuvre  qui  en  a  fait  des  retirages 
qui  sont  sans  aucune  espèce  de  valeur. 


MASSON  (Antoine) 

Né  à  Loury,  près  d'Orléans,  en  1636,  mort  à  Paris  le  30  mai  1700.  Encore 
un  burin  merveilleux  ;  son  œuvre  se  compose  de  68  pièces  sur  lesquelles 
on  compte  62  portraits,  suivant  Robert  Dumesnil.  —  Voici  ceux  particu- 
lièrement recherchés  des  amateurs. 

Guillaume  de  Brisacier  (R  D  15).  —  Dans  un  ovale  équarri 
reposant  sur  une  tablette,  le  bas  de  l'ovale  orné  de  branches  de 
laurier,  le  personnage  est  de  trois  quarts  à  gauche  regardant  de  face, 
les  cheveux  très  légers  et  grisonnants  s'épandent  sur  les  épaules,  il 
porte  fine  moustache  et  mouche,  et  son  cou  est  enserré  dans  une 
large  collerette  de  dentelle,  dont  la  blancheur  est  encore  dièzée  par  le 
manteau  noir  vigoureusement  ombré.  Sur  l'appui  de  l'ovale  à  gauche  : 
N.  Miynnrd  Auenonensis  Pinxit,  et  à  droite  :  Ant.  Masson  sculpebat  166-i. 
Dans  la  bordure  on  lit  :  Guillaume  de  Brisacier  secrétaire  des  Comman- 
demens  de  la  Reijne  16(14. 

Le  1er  état  est  avant  les  noms  et  la  qualité  du  personnage  ;  le  2*-'  avec  ses 
noms  et  qualités,  mais  ainsi  orthographiés  :  Brisasier  et  Segretaire  ;  le  3» 
Brisacier  est  correctement  écrit,  mais  la  faute  est  restée  à  Segretaire  ;  le  4« 
est  celui  décrit. 

Le  chef-d'œuvre  du  Maître  ;  le  U'  état,  est  rarissime. 

Vente*  Behague,  2«  état,  145  —  Didot,  1«  état,  305<  ;  2"  état,  73;  3>-  état, 
17  —  Malinet,  2«  état,  155. 

Henri  de  Lorraine,  comte  d'Harcourt'  (R  D  34).  —  Debout  à 
mi-jambes,  il  est  revêtu  de  sa  cuirasse  et  tourné  à  gauche,  l'oreille  de 


1  l»  i " '•'  !"'••  " '•-.  eai  '  "  1844  .i  la  vente  Deboit,  cel  étal  fUI  payé  130  francs. 

'  \  :ni ...  éti  gravée  par  Jean  Morln  d'aprea  Ph.  de  Champe 


ÉCOLE    FRANÇAISE  97 

ce  côté  est  ornée  d'une  perle,  sur  la  table  qui  est  près  de  lui  sont 
déposés  deux  brassards  et  un  casque  empanaché,  il  tient  dans  sa 
main  gauche  un  bâton  de  commandement.  Dans  le  haut  de  l'estampe 
à  gauche  :  N.  Mignard,  Aveni.  Pin.  Anto.  Masson,  sculp.,  1667.  Dans  la 
marge  un  quatrain  :  L'Honneur  qu'il  s'est  acquis. . . 

Pièce  connue  sous  le  nom  du  Cadel  à  la  perle,  qu'il  faut  avoir  en  1»''  état, 
c'est-à-dire  avant  le  h  dans  la  marge  à  gauche,  près  du  trait  carré  du  haut 
d'un  entablement,  au-dessous  de  la  naissance  d'une  voûte,  et  avant  la  taille 
échappée  sur  le  fond  près  des  cheveux,  lors  de  la  retouche  de  la  planche. 

Il  existe  de  cette  estampe  un  état  d'essai  de  toute  rareté,  dont  nous  ne 
connaissons  que  deux  exemplaires  ;  l'un  se  trouvait,  en  1819,  dans  la 
collection  de  M.  Wlassoff,  chambellan  de  l'Empereur  de  Russie,  à  Moscou, 
l'autre  chez  M.  Dutuit  i,  à  l'exposition  duquel  il  a  figuré  en  18G9,  au  Palais 
de  l'Industrie.  Dans  cet  état  de  nombreux  travaux  n'existaient  pas  encore 
sur  le  pommeau  de  l'épée  et  la  ceinture,  et  l'épreuve  portait  en  bas  à  droite 
l'inscription  Masson  sculp.  et  cxcudit  qui  fut  plus  tard  remplacée  par  celle 
de  Poilly. 

Ventes:  Guichardot,  l"  état,  110  —  Behague,  même  état,  145  —  Didot, 
2e  état,  95  —  L.  Galichon,  même  état,  145,  provenait  de  chez  Didot. 

André  Le  Nostre  (R  D  55).  —  Presque  de  face  et  tourné  à  gauche 
en  faisant  un  geste,  il  regarde  de  ce  côté.  Dans  la  marge  :  André  Le 
Nostre,  Coner  du  Roy. . .,  et  plus  bas  à  gauche  :  Peint  par  Carie  Marat 
ad  lùuum,  et  à  droite  :  Masson  ciel,  et  sculp. 

Le  l«f  état,  unique  sans  doute,  est  avant  toutes  lettres  et  avant  les  mèches 
de  cheveux  volants  qui  retombent  sur  le  front  et  avant  le  deuxième  pli  sous 
le  menton.  Il  fut  adjugé  à  la  vente  Didot  410  francs. 

Denis  Marin  de  la  Chataignerave  (R  D  50).  —  Dans  un  ovale, 
il  est  de  trois  quarts  à  gauche,  il  avance  la  tête  et  regarde  à  droite. 
Dans  la  bordure  de  l'ovale:  Dionisius  Marin...  et  Ant.  Masson  ad 
vivum . . .  1672. 

Ventes  :  Behague,  1<«  état  avant  toutes  lettres,  700,  rarissime  —  Didot, 
2e  état  avec  le  portrait  de  Médavy  -,  deux  pièces,  40. 

Olivier  Lefèvre  d'Ormesson  3  (R  D  58).  —  De  trois  quarts  à 
droite,  il  regarde  de  face  dans  un  ovale  orné  en  bas  d'un  écusson 


1  Qui  l'avait  payée  en  1812  la  somme  de  300  francs. 

2  A  la  vente  Behague,  une  épreuve  de  1"  état,  avant  tontes  lettres,  de  ce  portrait  seul  lut  payée 
240  francs. 

3  Ce  très  beau  portrait  ne  monte  jamais  en  vente  publique. 


98  ÉCOLE    FRANÇAISE 

armorié  d'où  partent  des  branches  d'olivier  et  de  lys.  Autour  de  la 
bordure:  Olivarius. . . ,  sur  l'appui  :  Ant.  Masson  ad  viuum,  Pinge  et 
sculpebal  1665. 

Ventes  :  Behague,  30  —  Didot,  l"  état,  la  figure  est  moins  travaillée,  44  — 
Malinet,  l«  état,  24. 

Jacques-Nicolas  Colbert  (R  D  19).  —  Dans  un  ovale  décoré  à 
sa  base  d'un  écusson  armorié  d'où  partent  des  branches  de  lys  et 
d'oliviers  où  s'enroulent  des  serpents,  le  personnage  de  trois  quarts  à 
gauche  regarde  de  face.  Dans  la  bordure  :  Jacobus  Nicolaus. . .,  et  sur 
la  tablette  d'appui  à  gauche  :  Ant.  Masson  ad  viuum,  et  à  droite  :  pinge 
et  sculpebat  1670. 

Ventes  :  Behague,  état  non  décrit  avant  toutes  lettres,  405,  rarissime  — 
Didot,  même  état,  190. 

A  signaler  encore  :  Gui  Patin  (59)  —  Charles  Patin  (60)  —  et  le  Portrait  de 
l'artiste,  d'après  Mignard  (1),  dont  un  exemplaire  d'un  état  non  décrit,  c'est-à- 
dire:  avant  que  le  cartouche  du  bas  ne  soit  orné  de  feuilles  d'olivier  et 
avant  l'inscription  :  Né  à  Orléans  et  est  mort  âgé  de  66  ans  et  avant  les 
mots:  P.  Mignard  Trecensis,  fut  adjugé  à  la  vente  Behague  555  francs; 
l'épreuve  courante,  à  celle  de  Didot,  n'avait  fait  que  22  fr.  et  5  fr.  50  à  celle 
de  Malinet.  —  Pierre  Dupais  (25),  superbe  estampe  dite  l'Homme  à  la  chaine, 
dont  2  états  non  mentionnés  par  Bobert  Dumesnil ,  passèrent  à  la  vente 
Van  den  Zande  en  1855.  1er  état,  avant  que  la  planche  n'ait  été  retravaillée 
au  burin,  notamment  sur  le  visage  et  les  cheveux  du  personnage  •. 
2<?  état,  la  planche  est  reprise  et  il  existe  maintenant  un  trait  échappé  vers 
le  haut  de  la  droite,  partie  sur  les  tailles  horizontales,  partie  sur  la  marge 
du  cuivre. 


MELLAN  (Claude) 

Dessinateur  et  graveur  au  burin,  élève  de  Simon  Vouet,  né  à  Abbeville  en 

1598,  i t   à  Paris  en  1688.   L'artiste  s'est   singularisé  dans  la   pièce    bien 

connue  dite  Lu  sainte  Face  de  Jésus-Christ  en  la  gravant  entièrement  et 
grandeur  nature  à  l'aide  d'un  seul  trait  circulaire  et  sans  solution  de  conti- 
nuité commençant  a  l'extrémité  du  nez  et  se  renflant  selon  le  besoin  du 
modèle  jusqu'à  complet  achèvement  de  la  face  et  des  fonds.  C'est  une 
simple  acrobatie  graphique  que  nous  enregistrons  à  titre  de  curiosité,  l'art 
y  étant  complètement  étranger. 

Le  catalogue  de  l'œuvre  a  été  dressé  par  À.  de  Montaiglon.  Abbeville  1856. 


i  Provenait  des  cabinets  Daudet  el  Claussln. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  99 


MORIN    (Jean) 

Né  vers  la  fin  du  xvi*  siècle,  mort  le  3  juin  1650.  Un  peu  à  l'instar  de  Van 
Dyck  il  usa  du  pointillé  pour  le  modelé  des  chairs  du  visage.  Son  œuvre 
catalogué  par  Robert  Dumesnil  comporte  108  pièces  parmi  lesquelles  on 
relève  49  portraits.  C'est  à  ces  derniers  auxquels  il  doit  surtout  sa 
renommée. 

Guido  Bentivoglio  (R  D  43).  —  Dans  un  octogone  équarri  en 
buste,  il  est  de  trois  quarts  à  droite  et  regarde  dans  cette  direction, 
du  vêtement  boutonné  jusqu'en  haut  émerge  un  large  col  en  toile 
souple,  il  porte  les  cheveux  ras  et  la  barbe  entière  et  courte,  le  front 
est  très  dégagé.  Dans  la  bordure  :  Guido  Bentivolus. . .,  et  en  bas  dans 
les  angles  :  Antoine  Van  Dyck  pinx  an  1623.  I.  Morin  seul.  cum. 
priu.  Reg. 

Ce  portrait  qui  est  le  plus  beau  qu'ait  signé  l'artiste,  existe  au  Département 
des  Estampes,  avant  toutes  lettres,  c'est-à-dire  avant  les  inscriptions  mention- 
nées ci-dessus.  Jusqu'à  présent  on  n'en  connaît  pas  d'autres  exemplaires 
de  cet  état,  il  provenait  de  la  collection  Beringhen  et  fut  acquis  en  1731. 

L'aspect  de  ce  portrait  n'est  point  celui  d'un  burin,  mais  bien  plutôt  celui 
d'une  eau-forte  ou  d'un  dessin  à  la  plume. 

Ventes:  Guichardot,  90  —  Behague,  135  —  Didot,  90,  de  la  collection 
Marshall  —  Malinet,  47. 

Le  Cardinal  Mazarin  (R  D  68).  —  Dans  un  octogone  presque  de 
face,  il  regarde  devant  lui.  Dans  la  bordure  :  Eminentissimus  Iulus. . ., 
dans  les  angles  en  bas  :  Ph  Champaigne  pinx.  I.  Morin  seul.  cum. 
priu.  Régi... 

Contrairement  à  ce  qui  se  produit  généralement,  le  1er  état  est  avec  les 
inscriptions  ci-dessus  mentionnées,  au  2«  état  elles  ont  été  effacées  ;  le  fait 
est  à  noter,  car  il  pourrait  induire  le  collectionneur  en  erreur. 

Ventes  :  Behague,  épreuve  de  1"  état  avant  de  nombreux  travaux, 
notamment  avant  les  tailles  diagonales  sur  le  carnaval,  550  —  Didot,  36. 

Antoine  Vitré  (R  D  88).  —  Dans  un  carré,  regardant  de  face  et 
tourné  à  droite,  la  main  est  posée  sur  un  appui  où  sont  placés  un 
composteur,  des  caractères  d'imprimerie  et  une  feuille  imprimée. 
A  droite  en  haut  :  Ml.  60,  et  sur  l'appui  le  nom  du  personnage,  et  au- 
dessous  à  gauche  :  P.  Champaigne  pin.,  et  à  droite  :  Morin  sculp.  cum. 
pri.  Re. 

Ventes:  Behague,  avant  les  tailles  croisées  sur  les  cheveux,  155  — 
Didot,  26  —  Malinet,  état  Behague,  6. 


KM)  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Braehet  de  la  Milietière  (K  D  48).  --  Dans  un  encadrement 
octogonal  de  trois  quarts  à  droite,  il  regarde  à  gauche.  Dans  la 
bordure  :  Théophile  Braehet. . .,  et  dans  les  angles  du  bas  à  gauche  : 
Ph.  Ghampaigne pinx.,  et  à  droite  :  /.  Morin  seul.  cum.  priu.  Régis. 

11  Tant  choisir  les  épreuves  avec  les  barbes  de  la  planche.  Ces  exemplaires 
sont  de  beaucoup  plus  brillants  que  les  autres.  Au  Département  des 
Estampes  il  y  a  une  épreuve  avant  toute  inscription,  qui  provient  de  la 
Bibliothèque  Mazarine  qui  la  céda  en  1861. 

Ventes  :  Didot,  12. 


NANTEUIL   (Robert) 

Né  à  Reims  en  1630  ',  mort  à  Paris  le  10  décembre  1678,  élève  de  Nicolas 
Reguesson.  C'est  le  plus  grand  graveur  original s  de  portraits  au  burin  que 
nous  ayons  eu  en  France.  On  ne  peut  aller  plus  loin  comme  métier.  Cela 
tient  vraiment  du  merveilleux.  A  ce  sujet  nous  nous  sommes  toujours 
demandé,  comment  et  pourquoi,  payant  30,  40  et  50000  francs  un  portrait 
de  Rembrandt,  n'a-t-on  jamais  pu  dépasser  1800  francs  *  pour  un  de  ceux 
du  Maître  qui  nous  occupe.  Evidemment  les  métiers  sont  absolument 
différents,  mais  dans  l'espèce  ses  portraits  originaux  vont  de  pair  avec  ceux 
de  Rembrandt,  il  y  a  là  de  véritables  chefs-d'œuvre  qui  sont  l'orgueil  et  la 
gloire  la  plus  pure  de  notre  Ecole,  comment  le  répétons-nous,  ne  leur 
rend-on  pas  le  même  et  suprême  hommage,  il  y  a  là  une  criante  et  honteuse 
injustice  que  nous  demandons  au  temps  de  réparer. 

Robert  Dumesnil  catalogue  235  planches  du  Maître,  se  décomposant  en 
216  portraits  et  18  sujets  divers  qui,  eux,  sont  inférieurs  aux  effigies. 

L'artiste  a  fait,  paraît-il,  un  journal  où  il  consignait  les  dates  des  portraits 
au  fur  et  à  mesure  qu'il  les  gravait.  Florent  Le  Comte  assure  l'avoir 
consulté  vers  1698.  Robert  Dumesnil  avoue  n'avoir  jamais  eu  la  bonne 
fortune  de  pouvoir  se  le  procurer. 

Souvent  N'anteuil  faisait  suivie  son  millésime  d'une  sorte  de  S  horizontal 
suivi  de  un  ou  de  plusieurs  points  ou  virgules  à  droite,  cela  constituait  des 
états.  Le  portrait  de  Louis  XIV  (156)  et  du  marquis  de  Longueil  (166)  en  sont 
des  exemples. 

I H  des  plus  beaux  œuvres  formés  fut  celui  de  Armand  Rertin,  rédacteur 
en  chef  des  Débats;  il  fui  adjugé  en  1854  à  sa  vente,  au  duc  d'Aumont, 
5700  francs.  Il  provenait  de  la  réunion  des  collection  Louis-Philippe4  et 
A.  Donnadicu. 


1  Certains  biographes  disent  en  1623. 

»  Car  &  peu  près  portraits  ont  été  gravi     I  >  propres  dessins,  crayons  ou  pastels. 

'  Et  encore  ceux-là  sont-Us  excessivement  peu  nombreux,  et  d'étal  el  de  condition  inren- 

COiltrableMt  pourrait-on  dire         silemotétail  Irançais        <n  finirai  un  peut  avoir  un  N'anteuil 

Irréprochable  de  ! aSOOlrani  ent  même  au-dessous  de  ces  prix. 

'  Ail j i  es.  En  1769  a  la  rente  Coyi  "\.  166  portraits  ae  vendirent  4  .•.<<»•>  l'un  dans 

l'autre!  Il       La  vente  Gouverneur  en  1876  i  "  \<<  i  sentait  une  très  Intéressante  réunion. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  101 

Tous  les  portraits  de  Nanteuil  sont  pour  ainsi  dire  à  recueillir,  mais 
voulant  opérer  une  sélection,  nous  en  prendrons  une  quinzaine  seulement 
parmi  les  plus  rares  et  les  plus  précieux. 

Pomponne  de  Belièvre  (R  D  37).  —  Dans  un  ovale  équarri  à 
mi-corps  de  trois  quarts  à  droite,  il  regarde  presque  de  face,  le 
vêtement  est  garni  d'hermine  et  le  derrière  de  la  tête  est  recouvert 
d'une  calotte.  Le  médaillon  repose  sur  une  tablette  que  viennent 
couper  des  armoiries.  Dans  l'ovale  :  Pomponius  de  Bellièvre. . . 

Cet  admirable  portrait,  considéré  comme  le  chef-d'œuvre  du  Maître,  est 
gravé  d'après  Charles  Le  Brun.  Le  1er  état,  qui  est  d'une  insigne  rareté,  est 
avant  le  crochet,  après  le  point  qui  suit  le  mot  sculpebat.  —  On  le  désigne 
généralement  sous  la  rubrique  Le  Pomponne,  ne  pas  le  confondre  avec  celui 
d'après  Champaigne  (36). 

Ventes:  Behague,  2«  état,  165  —  Didot,  1er  état  ',  1390,  sans  marge,  de  la 
collection  Marshall  —  Dreux,  épreuve  de  2e  état  avec  une  petite  tache  de 
rousseur,  1420  !!  ! 

Colbert  (R  D  74).  —  Ruste  grandeur  presque  nature  dans  un 
ovale  équarri,  écoinçonné  de  trois  C  entrelacés,  le  personnage  est  de 
trois  quarts  à  gauche  regardant  de  face,  les  cheveux  un  peu  longs 
tombent  sur  les  épaules,  le  col  est  garni  d'une  large  dentelle  à  jour. 
Dans  la  bordure  ovale  :  Joannes  Baptisia. . .,  et  dans  le  bas:  R.  Nan- 
teuil ad  vivam  sculpebat. . .  1668. 

Il  y  a  6  portraits  du  personnage.  Celui-ci,  qui  est  admirable,  est  le  plus 
recherché. 

Ventes  :  Gouverneur ,  un  5e  état  non  décrit  avec  le  chiffre  24  sous 
l'armoirie,  7  —  Didot,  5e  état,  105  —  Behague,  2e  état,  avec  le  trait-d'union 
après  sculpebat,  801. 

Louis  XIV  (R  D  156).  —  Dans  un  ovale  équarri,  grandeur  nature 
en  buste  tourné  à  gauche,  il  regarde  de  face,  revêtu  de  son  armure 
que  vient  couper  1  echarpe  blanche.  Dans  la  bordure  ovale  :  Ludo- 
vicus  XI1II. . .  et  R.  Nanteuil  ad  vivum. . .  166b. 

Dans  le  \"  état  qui  est  fort  rare,  après  le  point  qui  suit  1664,  on  voit  le  signe 
qui  ressemble  à  un  s  couché  horizontalement,  mais  sans  qu'au-dessus  de 
ce  signe  se  trouve  la  virgule  ou  plutôt  l'accent  aigu  qui  apparaît  à  droite  au 
2«  état. 

Ventes  :  Gouverneur,  161  —  Behague,  600  —  Didot,  400  :  toutes  épreuves 
de  ler  état. 


i  A  la  vente  Debois  en  1844,  cet  état  fut  adjugé  190  francs. 


102  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Louis  XIV  (R  D  161).  —  En  buste  grandeur  nature  tourné  à 
gauche  et  regardant  de  face,  il  est  revêtu  de  son  armure  avec  le  cordon 
bleu  en  partie  masqué  par  l'écharpe  blanche,  il  est  dans  une  bordure 
de  laurier  posée  sur  une  peau  de  lion.  Cette  bordure  est  au-dessus 
d'une  sorte  de  cartel-bouclier  contenant  les  conclusions  d'une  thèse. 
De  chaque  côté  deux  médaillons  ;  dans  celui  de  gauche  on  lit  : 
Uncrescunt  obice  vires,  et  dans  celui  de  droite  :  Summum  abrupisse 
dolebit,  sur  la  banderole  qui  les  réunit  on  voit  écrit  :  OfJ'erebat. . ., 
puis  sur  la  base  du  bouclier  :  Has  Thèses  Deo...,  et  enfin  sur  le 
piédouche  :  Nanteuil  ad  vivum. . .  1672. 

Pièce  rare  en  deux  cuivres,  dite  :  <i  la  peau  ou  aux  pattes  de  lion. 

Ventes  :  Behague,  530  —  Didot,  3"  état  avec  la  thèse,  1810. 

La  Mothe  Le  Vayer  (R  D  143).  —  Dans  un  ovale  équarri,  à 
mi-corps  de  trois  quarts  à  gauche  regardant  de  face,  il  porte  un  large 
col  blanc.  Dans  la  tablette  sous  l'entablement  où  repose  le  médaillon  : 
Franciscus  Mothaeus. . .  a  studiis  1661,  et  à  gauche:  Nanteuil  ad  vivum, 
et  à  droite  :  Delin  et  sculpebat. 

Cet  admirable  portrait  fut  adjugé  1100  francs  à  la  vente  Didot,  il  était  en 
Ie''  état,  c'est-à-dire  avant  les  deux  guillemets  qui  accompagnent  l'année  1661, 
il  provenait  de  la  vente  Debois  où  il  avait  été  payé  201  francs.  A  la  vente 
Gouverneur  le  dernier  état  fut  adjugé  37  francs. 

Jean  Loret  (R  D  150).  —  Dans  un  ovale  équarri  reposant  sur  un 
socle,  en  buste  de  trois  quarts  à  gauche  et  regarde  de  face  ;  il  porte 
fine  moustache  et  est  coiffé  d'une  calotte.  Les  cheveux  longs  retombent 
sur  un  large  col  blanc  garni  de  dentelle.  Dans  l'ovale  :  Iean  Loret. . ., 
à  gauche  sur  l'entablement  :  Nanteuil  ad  vivum.  à  droite  :  Del  et 
sculpebat   1658,  et  dans  la  tablette  un  quatrain  :  C'est,  icy,  de  Loret . . . 

Le  1«  état  de  cette  merveille  ne  porte  qu'un  seul  point  après  le  millésime, 
il  est  insignement  rare  ;  le  2e  état  porte  un  crochet  après  le  point,  et  il  n'y  a  pas  de 
virgule  après  le  nom  de  Loret  dans  le  premier  vers  ;  le  3°  état  a  cette  virgule. 

Ventes  Gouverneur,  2'-  état,  épreuve  signée  de  Mariette,  66;  3<-  état,  28  — 
Behague,  2'-  état,  125  —  Didot,  lei  état,  1100;  2«  état,  25;  3"  état,  12. 

Marie-Louise  de  Gonzague  (R  D  164).  —  Tournée  à  droite  elle 
regarde  de  face  ;  dans  la  bordure  de  l'ovale  on  lit  :  Louijse-Marie  de 
Pologne...,  et  sur  le  socle  a  gauche:  Juste  pinvit,  et  à  droite: 
/?.  Nanteuil  sculpebat  1653,  en  dessous  un  quatrain  :  Telle  et  plus  Belle 

encor. . . 


ÉCOLE   FRANÇAISE  103 

Ventes  :  Gouverneur,  12  —  Behague,  1er  état,  avant  la  rosette  autour  du 
point  en  forme  de  losange,  655  —  Didot,  même  état,  1010,  il  provenait  de  la 
vente  Camberlyn  où  il  avait  été  adjugé  151  en  1865. 

Mentionnons  encore  :  Louis  Dauphin  de  France  (R  D  163),  l«r  état, 
Behague,  690  francs  —  Vicomte  de  Turenne  (223),  vente  Gouverneur,  2e  état, 
440;  4e  état,  190  —  Didot,  2»  état,  710;  3«,  155;  4e,  250  —  Behague, 
2e  état,  990.  Le  1er  état  qui  est  unique  et  qui  est  plutôt  un  essai,  a  passé  dans 
la  collection  Revil  —  Cardinal  Mazarin  (183)  —  Louis  XIV  (157)  —  Paul  de 
Gondi  (217)  —  Messire  Charles  Paris  d'Orléans,  comte  de  Saint-Paul...  (219), 
d'après  Ferdinand,  gravé  en  1660,  qui  est  peut-être  supérieur  encore,  selon 
nous,  à  ceux  considérés  comme  étant  les  plus  beaux  de  l'œuvre  ;  c'est  une 
pure  merveille  ;  et  enfin  Gaspard  de  Daillon  du  Lude,  portrait  demeuré 
inconnu  à  Robert  Dumesnil  et  même  à  Duplessis  puisqu'il  ne  figure  pas  au 
supplément  du  Peintre-Graveur  qu'il  a  continué  et  revisé.  Voici  du  reste  la 
description  de  cette  rarissime  estampe  :  il  est  tourné  à  gauche  et  regarde 
de  face  dans  une  bordure  ovale  armoriée,  au  bas  sur  la  console  du  support 
on  lit  :  Nanteuil  ad  vivum  pingebat  et  sculpehat  1661  ;  et  dans  la  bordure  : 
Gaspard  du  Lude,  Albiensis  episcopus  ac  dominus  temporalis.  —  Nous  n'avons 
relevé  ce  portrait  dans  aucune  vente,  sauf  dans  celle  de  Bertin  où  il  passa 
en  1854. 


NOLIN  (J.-B.) 

Molière.  —  L'illustre  écrivain  est  assis  sur  une  chaise,  il  tient 
un  livre  dans  la  main  gauche  et  une  plume  dans  la  droite,  la  pointe 
dépasse  le  bord  de  l'estampe.  —  Gravé  en  1685  d'après  Mignard. 

Un  exemplaire  de  ce  portrait  célèbre  et  rarissime,  avant  la  lettre  en 
2e  état  et  avant  le  pilastre  quadrangulaire  avec  socle  dans  le  fond,  sur 
lequel  dans  les  états  suivants  le  cartel  est  suspendu,  fut  adjugé  à  la  vente 
Decloux,  1401  francs.  —  Il  n'existe  qu'une  épreuve  du  1er  état. 

Nolin  ou  Nolink  qui  a  gravé  ce  portrait  travaillait  au  milieu  du  xvne  siècle. 
C'était  surtout  un  artiste  ornemaniste. 


POILLY  (François  de) 

Né  à  Abbeville  en  1623,  mort  en  1693,  c'est  un  buriniste  extrêmement 
habile,  très  délaissé  aujourd'hui  ;  c'est  surtout  dans  ses  Vierges  qu'il  s'est 
surpassé. 

Nous  noterons  de  lui  :  La  Nativité  ;  La  Fuite  en  Egypte,  d'après  Le  Guide, 
et  La  Vierge  au  Linge,  d'après  Raphaël,  cette  dernière  est  surtout  recherchée 
par  l'Amérique,  mais  avant  les  contre-tailles  sur  le  linge  que  soulève  la 
Vierge  pour  laisser  voir  le  divin  Enfant  à  saint  Jean. 


104  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Le  portrait  de  Bossue t,  d'après  Mignard,  très  rare  .  Marie-Thérèse  de  France, 
d'après  Beaubrun,  et  Philippe  de  France,  duc  d'Orléans,  qu'il  faut  avoir  avant 
les  mots  N.  Poillg  exe.  sur  le  listel  de  la  bordure,  tous  portraits  superbes 
valant  de  125  à  200  francs. 

Pour  une  cause  que  nous  ignorons,  Robert  Dunicsnil  a  omis  de  mentionner 
le  nom  de  cet  artiste,  dont  le  catalogue  divisé  en  trois  parties  et  contenant 
236  pièces  avec  un  numérotage  recommençant  pour  chaque  série,  a  été 
dressé  par  H.  Hecquet  en  17.72;  malheureusement,  ce  tout  petit  volume  est 
sans  table,  les  recherches  sont  donc  de  ce  fait  rendues  très  difficiles. 


SCHUPPEN  (van) 

Artiste  d'une  rare  habileté,  né  à  Anvers  en  1623,  mais  ayant  passé  sa  vie 
en  France.  Il  est  mort  à  Paris  en  1802,  nous  le  considérons  donc  comme  un 
des  nôtres.  11  était  élève  de  Nanteuil  '. 

Il  a  gravé  d'après  tous  les  peintres  célèbres  de  son  époque  :  Ch.  Le  Brun, 
J.  Nocret,  de  Troy,  Beaubrun,  P.  Mignard,  X.  de  Largillière,  etc.,  et  aussi 
d'après  Nanteuil  et  ses  dessins.  Nous  mentionnerons  comme  portraits 
tout  à  fait  hors  ligne  et  fort  rares  : 

Jean- François  de  Gondi,  adjugé  vente  Behague,  !  12  francs  —  De  la  Reunie. 
d'après  Mignard  1685,  avant  toutes  lettres  et  non  terminé.  185,  rarissime  — 
et  son  chef-d'œuvre  Antoine-François  Van  der  Meulen,  d'après  Largillière 
1685,  une  merveille  avant  toutes  lettres  payée  550. 


TR0UVAIN  (Antoine) 

Né  à  Montdidier  en  1656,  mort  à  Paris  le  18  mars  1708,  très  bon  artiste, 
grave  généralement  un  peu  gros,  mais  quand  il  le  veut  sait  néanmoins  le  faire 
avec  beaucoup  de  Bnesse  comme  il  l'a  prouvé  dans  maints  portraits  tels 
que:  Houasse,  Habert,  Delphine,  Berlin,  Denise  Le  Petit,  Cattiope  de  la 
Tremouille,  etc. 

Nous  allons  donner  la  description  encore  inédite,  croyons-nous,  de  la 
remarquable  et  célèbre  suite  des  6  pièces  en  travers  dite  :  Les  Appartements 

du  llm  Louis  XIV,  dont  le  format  est  [e  petit  in-folio. 

Premier  appartement.  Les  Billes  :  Dans  une  pièce  au  milieu 
«le  laquelle  est  une  sorte  «le  billard  au-dessus  duquel  est  un  lustre 
allumé,  se  trouvent  réunis  jouant  aux  billes,  à  gauche  :  M.  le  duc 
d'Anjou  «I  M.  le  duc  de  Berry  ;  à  droite  :  M.  le  prince  de  Galles  tournant 
le  dos  et  M.  le  comte  de  Brionne.  Cinq  autres  personnages  complètent 


1  il  lui  ni' .uiiinuiiiic  |c  l\  ut  Nanteuil, 


ÉCOLE    FRANÇAISE  105 

la  scène.  Au  bas  et  au  milieu  de  l'estampe  on  lit  :  Premier  appartement, 
et  au-dessous  :  Gravé  par  A.  Trouvain  rue  Saint-Jacques  au  Grand 
Monarque  atenant  les  Mathnrins  avec  privil.  du  Roy  1694. 

Seconde  chambre  des  appartements.  —  Les  Cartes  :  Assis 
autour  d'une  table,  à  gauche  :  Monseigneur  vu  de  dos,  Mme  la  princesse 
de  Conty,  douairière  ;  à  droite  :  M.  le  duc  de  Bourbon,  Mme  la  duchesse 
de  Bourbon,  M.  de  Vendôme,  grand  Prieur  de  France,  accompagnés 
de  deux  autres  personnages,  jouent  aux  cartes  ;  des  bougies  allumées 
sont  sur  la  table.  Au  bas  de  l'estampe  et  au  milieu  de  la  marge  sous 
le  trait  carré  on  lit  :  Seconde  chambre  des  apartemens,  et  :  Gravé  à 
Paris. . . 

Troisième  appartement.  —  Le  Billard  :  Autour  d'un  billard 
occupant  presque  le  milieu  de  la  composition  :  Le  Boy,  Monsieur, 
M.  le  duc  de  Chartres,  M.  le  comte  deThoulouze,  M.  le  duc  de  Vendôme, 
M.  d'Armagnac,  M.  de  Chamillart  et  un  autre  personnage  sont  en 
train  de  faire  des  carambolages.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe  sous 
le  trait  carré  :  Troisième  appartement,  et  l'adresse  :  Gravé. . . 

Quatrième  chambre  des  appartements.  —  Le  Théâtre  :  A 
gauche  de  l'estampe,  debout,  M.  le  duc  de  Bourgogne  ayant  assis  à  sa 
gauche  :  Madame,  Mme  la  duchesse  de  Chartres,  Mme  la  duchesse  du 
Maine,  Mme  la  princesse  de  Conty  ;  à  droite  de  l'autre  côté  de  la 
composition  :  Mademoiselle  et  M.  le  duc  de  Chartres,  celui-ci  est  sur 
le  premier  plan  ;  deux  autres  personnages  et  un  orchestre  de  cinq 
musiciens  placés  en  haut  à  gauche  dans  une  loge  ;  un  lustre  est 
allumé  dans  la  pièce.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe  sous  le  trait 
carré  :  Quatrième  chambre  des  apartements,  et  :  Gravé. . . 

Cinquième  chambre  des  appartements1.  —  Le  Concert:  A 
gauche  une  table,  sur  laquelle  des  bougies  sont  allumées  et  de  ce  même 
côté  dans  une  loge  élevée  des  personnages  ;  l'un  d'eux  joue  d'une  sorte 
de  flûte,  d'autres  tiennent  des  rouleaux  de  musique  ;  en  face  de  ces 
musiciens,  sont  assises  à  droite  cinq  dames  de  qualité  ayant  debout 
derrière  elles  trois  jeunes  seigneurs  paraissant  écouler  le  concert. 
En  bas  dans  le  milieu  de  la  marge  sous  le  trait  carré  :  Cinquième 
chambre  des  apartemens,  et  :  Gravé. . . 


1  Cette  pièce  et  la  suivante  —  contrairement  à  ce  qui  existe  clans  les  quatre  précédentes  —  ne 
portent  jamais  dans  la  marge  les  noms  des  personnages. 


106  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Sixième  chambre  des  appartements.  —  Le  Buffet  :  Devant  un 
buffet  placé  au  fond  de  l'estampe  et  chargé  de  fruits,  plats  et  gobelets, 
six  personnages.  Deux  domestiques,  dont  l'un  à  gauche  vu  de  dos  va 
remettre  une  corbeille  de  fruits  sur  la  table,  tandis  que  l'autre  qui  est 
presque  au  milieu  de  la  pièce,  remplit  le  verre  d'un  seigneur  qui,  une 
canne  dans  la  main  droite,  est  tourné  de  trois  quarts  à  gauche.  En 
bas  de  l'estampe  au  milieu  sous  le  trait  carré  :  Sixième  chambre  des 
apartemens,  et  :  Gravé. . . 

On  a  coutume  d'ajouter  à  cette  suite  la  pièce  suivante  qui  est  fort  rare  : 

La  Famille  de  Lorraine.  —  Au  fond  d'un  appartement  on 
aperçoit  un  escalier  à  gauche  vers  lequel  se  dirigent  deux  personnages, 
un  homme  et  une  femme.  Sur  le  premier  plan  à  gauche,  un  gentil- 
homme le  chapeau  à  la  main  droite  et  de  profil  à  gauche,  montre  du 
doigt  une  carte  déployée  sur  une  table  recouverte  d'un  lourd  tapis 
qui  est  au  milieu  du  salon,  et  autour  de  laquelle  cinq  personnages 
sont  réunis.  De  chaque  côté  de  l'estampe  à  droite  et  à  gauche,  des 
piédestaux  supportant  des  urnes.  Dans  la  marge  du  bas  à  gauche  : 
P.  Grafait  pinxit,  et  le  nom  des  cinq  personnages  :  \.  M.  le  duc  de 
Lorraine  né  en  1679.  —  2.  M""'  la  duchesse  de  Lorraine  née  en  1676, 
mariée  le  10  septembre  1698.  —  3.  Le  Prince  Charles,  Evesque  d'Osna- 
bruch,  né  en  1680.  —  4.  Le  Prince  Joseph  né  en  1685.  —  5.  Le  Prince 
François  né  en  1689.  —  Se  vend  à  Paris  chez  Trouvain,  etc. . . 

On  rencontre  encore  assez  facilement  ces  pièces  isolées,  mais  réunies  elles 
sont  de  la  dernière  rareté.  Klles  sont  très  précieuses  au  point  de  vue 
costumes  et  ameublements. 

Ventes  :  Behague,  les  7  pièces  en  condition  superbe,  2505  —  Didot, 
5  pièces,  la  sixième  manque,  1650  —  Destailleur,  les  6  pièces  toutes  en 
grandes  marges,  sauf  la  seconde,  superbes  épreuves,  3900;  La  Famille  de 
Lorraine,  101  —  Baron  Picbon,  1",  2>',  !•  et  5",  soit  l  pièces,  1200;  la 
3'  réduite  et  en  contre-partie  publiée  chez  E.  Guérard,  99;  La  Famille  de 
Lorraine,  181  —  Dcfcr  Dumcsnil,  la  .'!•  chambre,  360. 


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École  Hollandaise 

et  Flamande 


ÊMÊMiiMÊM 


ECOLE  HOLLANDAISE  &  FLAMANDE 


BERGHEM    (Nicolas) 

Né  à  Harlem  en  1624  où  il  mourut  en  1683  ;  peintre  animalier  avant  tout, 
a  néanmoins  traité  quelques  sujets  de  genre  rustique.  —  Son  œuvre  se 
compose  d'une  soixantaine  de  pièces  très  rares  à  rencontrer  en  belles 
épreuves.  —  Ses  maîtres  furent  J.  van  Goyen  et  P. -F.  de  Grebber.  —  Le 
premier  catalogue  de  son  œuvre  fut  fait  par  Henri  Winter,  en  hollandais, 
en  1767  ;  voir  également  Bartsch,  Weigel  et  Dutuit. 

Les  trois  Vaches  au  repos  (Bartsch  3).  —  Deux  sonl  couchées 
et  une  est  debout.  A  droite  une  bergère  et  un  berger  —  ce  dernier  vu 
de  dos  —  sont  assis  près  d'un  grand  arbre  ;  à  gauche  un  bouc,  et  dans 
l'éloignement  un  pâtre,  des  animaux  et  des  fabriques  ;  à  droite  un 
mouton  couché  ;  à  gauche  un  vieux  tronc  d'arbre  au  premier  plan. 
En  haut  à  gauche  :  À'.  Berghem  fe. 

1er  état.  —  Le  tronc  renversé  au  premier  plan  est  tout  blanc  '. 

2?  état.  —  Avant  le  nom  de  Berghem,  et  le  petit  nuage  au-dessus  du 
bouquet  d'arbres,  les  travaux  de  pointe  sèche  ne  sont  pas 
encore  ébarbés,  mais  il  n'y  en  a  pas  encore  sur  les 
montagnes,  une  des  vaches  couchées  a  de  fortes  taches 
noires  sur  le  dos,  provenant  des  barbes. 

3e  état.  —  Encore  avant  le  nom,  mais  avec  le  nuage,  et  travaux  de  pointe 
sèche  sur  les  montagnes. 

4e  état.  —  Avec  le  nom. 

5«  état.  —  Avec  le  nuage. 

C«  état.  —  Avec  l'adresse  de  Fr.  de  Widt  excudit. 

Ventes  :  Liphart,  2e  état,  437  —  Guichardot,  3e  état,  405  —  Knowles, 
2«  état,    indiqué   1er   par  erreur,    1125,    de  chez  Arozarena  et  Alferoff  — 


1  C'est  une  éprouve  d'essai  dont  nous  croyons  qu'il  existe  un  exemplaire  au  Britisli  Muséum 
<|iii  possède  un  fort  bel  œuvre  de  l'artiste  provenant  de  la  collection  Sheepshands  ;  une  autre 
épreuve  de  cet  état  a  ligure  en  1869  à  l'Exposition  Dutuit. 


110  ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

Schloesser,  3e  état,  200,  avec  les  bords  de  la  planche  sales  —  Oppermann, 
2«  état,  531  —  Bouillon,  2e  état,  115;  3e  état,  130  —  Straeter,  2e  état,  peut-être 
le  plus  bel  exemplaire  connu,  provenait  du  cabinet  Delaraotte-Fouquet,  1656. 

Le  Joueur  de  cornemuse  (4).  —  Le  joueur  cause  avec  un 
paysan  qui,  vu  de  dos  et  monté  sur  un  âne,  se  dirige  à  droite  vers  deux 
vaches  et  un  mouton,  plus  loin  un  pâtre  conduisant  son  troupeau,  et 
dans  1  eloignement,  des  montagnes  et  des  arbres.  En  haut  à  gauche  : 
N.  Berghem  fe. 

Cette  estampe,  dite  Le  Diamant,  est  considérée  comme  la  pièce  capitale  de 
l'œuvre  ;  elle  est  rare. 
1er  état.  —  Eau-forte  pure,  avant  le  nom  de  Berghem  ;  unique. 
2e  état.  —  Retouchée  à  la  pointe,  mais  encore  avant  le  nom. 
3e  état.  —  Avec  le  nom. 

Ventes  :  E.  Galichon,  400  —  Liphart,  2e  état,  sur  papier  à  la  folie,  un  des 
plus  beaux  exemplaires  existant,  1218  —  Schloesser,  2e  état,  papier  aux 
armes  d'Amsterdam,  avec  de  légères  barbes,  263  —  Oppermann,  2e  état, 
312  —  Bouillon,  dernier  état,  85  —  Straeter,  2e  état,  provenant  du  cabinet 
Delamotte-Fouquet,  1150. 

Le  Retour  des  Champs  (5).  —  Nu-tête,  assis  sur  un  âne,  un 
homme  se  dirige  vers  la  gauche,  une  femme  portant  un  panier  sur  la 
tête  le  suit,  une  chèvre  et  un  mouton  les  précèdent.  Sur  le  devant  de 
l'estampe,  cinq  moutons  au  repos.  En  bas  à  gauche  :  Berghem  1664. 

Pièce  rare,  dite  La  Perle  ;  on  la  dénomme  quelquefois  aussi  :  L'Homme 
monté  sur  un  âne. 

Ventes  :  Liphart,  2e  état,  dit  au  ciel  blanc,  569  —  Knowles,  même  état,  839, 
de  la  collection  Verstolk  de  Soelen  —  Schloesser,  les  bords  de  la  planche 
sales,  144  —  Oppermann,  au  ciel  blanc,  812  —  Bouillon,  même  état,  235  — 
Straeter,  même  état,  839. 

Notons  encore  La  Vache  qui  s'abreuve  (B  1),  belle  pièce  fort  rare,  dont 
un  exemplaire  du  1"  état,  avec  le  nom  de  l'artiste  en  gros  caractères  et  le 
millésime  1080,  fut  adjugé  à  la  vente  Oppermann  419  francs.  —  Les 
estampes  du  M;iitre  ressemblent  souvent  à  celles  de  son  compatriote  Jean 
Vischer  ;  on  les  peut  facilement  confondre. 


BOLSWERT  (Schelte  à) 

On  croit  qu'il  naquit  à  Bolswert  vers  1586,  il  mourut  en  1586.  —  Artiste 
au  burin  d'une  très  grande  habileté.  On  raconte  que  Rubcns  retouchait  au 
crayon  ou  au  pinceau  ses  premières  épreuves,  ce  qui  permettait  au  graveur 
de  reprendre  son  cuivre  et  de  donner  ainsi  plus  de  fidélité  à  son  Interpré- 
tation. Son  œuvre  dépasse  201)  pièces.  —  Il  a  été  catalogué  par  Schneevoogt. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  111 

Le  Christ  à  l'Eponge  ' .  —  Le  Christ  crucifié  recommande  sa 
mère  à  saint  Jean  ;  près  de  deux  hommes  à  cheval  on  en  voit  un 
troisième  qui  présente  au  Sauveur,  à  l'extrémité  d'une  longue  perche, 
une  éponge.  Dans  la  marge  du  bas  deux  lignes  du  verset  de  saint  Jean, 
et  encore  en  dessous  deux  autres  lignes  de  dédicace  à  :  François  de 
Moncada,  suivie  des  mots  :  Observantiae  ergo,  etc...,  à  gauche  sous 
cette  dédicace:  S.  A.  Bolswert  sculp.,  au  milieu  :  Cum.  Privilegio. . ., 
à  droite  :  Martinus  van  den  Enden  excudit,  et  dans  l'estampe  même 
sur  la  terrasse,  tout  en  bas  à  gauche  :  A  Van  Duc  Pinxit. 

Voici  les  quatre  états  que  nous  connaissons  de  cette  pièce  : 

1er  état2.  —  Avant  toutes  le'ttres,  avant  la  couronne  d'épines  sur  la  tête  du 
Christ  et  avant  l'ombre  portée  devant  le  gros  orteil  de 
l'homme  qui  présente  l'éponge,  saint  Jean  a  la  main  sur 
l'épaule  de  la  Vierge. 

2e  état.  —  La  main  de  saint  Jean  ne  s'appuie  plus  sur  l'épaule  de  la 
Vierge,  mais  il  n'y  a  pas  encore  d'ombre  portée  devant  l'orteil. 

3e  état.  —  La  main  de  saint  Jean  est  remise  sur  l'épaule  de  la  Vierge,  et 
la  signature  de  Van  Dyck  est  toujours  sur  la  terrasse,  mais 
à  droite  ;  le  verset  de  saint  Jean  est  en  une  seule  ligne  et 
n'est  plus  suivi  de  la  dédicace  à  :  François,  etc.. 

4>-  état.  —  La  main  de  saint  Jean  sur  l'épaule  a  été  de  nouveau  supprimée  ; 
le  reste,  comme  à  l'état  décrit. 

Le  cuivre  original  existe  encore  au  musée  Plantin  Moretus,  à  Anvers  ;  on 
en  fait  des  tirages  et  l'exemplaire  se  vend  30  francs. 

Ventes  :  Didot,  un  des  deux  exemplaires  en  1er  état,  2050  —  A  la  vente 
Debois,  en  1843,  une  épreuve  de  2°  état  fut  adjugée  305;  elle  repassa  en  1862 
à  la  vente  Simon  et  fut  payée  135. 

Le  Couronnement  d'Epines.  —  Un  bourreau  présente  au 
Sauveur  un  roseau,  pendant  que  les  autres  le  saluent  dérisoirement 
du  nom  de  Roi  des  Juifs.  Dans  la  marge  du  bas  en  une  seule  ligne, 
un  verset  de  saint  Mathieu:  Plectentes  coronam  de  spinis...,  au- 
dessous  une  dédicace  :  Nobilissimo  et...,  à  gauche:  Ant.  van  Dyck 
pinxit,  et  au-dessous  :  S.  à  Bolswert  fecit,  à  droite  :  Martinus  van  den 
Enden  excudit.  cum  Privilegio. 

Très  remarquable  estampe,  gravée  d'après  un  tableau  passé  en  1775  de 
l'abbaye  aux  Dunes  à  Bruges  dans  la  collection  du  roi  de  Prusse;  actuellement 
à  Fostdam.  —  Les  premières  épreuves  sont  avant  les  contre-tailles  au 
vêtement  et  à  la  jambe  gauche  du  deuxième  soldat  debout  à  droite. 


1  La  toile  originale  est  à  Gand,  dans  l'église  Saint-Michel. 

'  Deux  exemplaires  connus  seulement,  l'un  au  Département  des  Estampes,  l'autre  chez  Dutuit, 
qui  figura  à  son  Exposition  en  1869. 


112  ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

Ventes  Schloesser,  avec  l'adresse  de  van  den  Enden  et  les  contre-tailles, 
152,  de  chez  limitant)  —  Bouillon,  état  Schloesser,  162  —  Defer  Dumesnil, 
1er  état,  122. 

Le  Serpent  d'airain. 

Superbe  estampe,  d'après  Huhens,  dont  un  exemplaire,  avant  que  le  cintre 
qui  sépare  les  armes  de  l'estampe  ait  été  raccordé  au  burin,  et  avant 
l'adresse  de  G.  Hendricx,  fut  adjugé  200  francs  à  la  vente  Scliloesser.  — 
Il  existe  une  copie  en  contre-partie. 


BOSCH  (Hieronymus) 

Né  en  1450  disent  les  uns,  en  1 170  affirment  les  autres,  mort  en  1518  ;  on 
le  nommait  aussi  Agnen  de  Bois  le  Duc.  —  A  gravé  une  quinzaine  de 
pièces  dont  l'une  des  plus  curieuses  et  des  plus  insignement  rares  est  : 

Saint  Christophe  (Passavant  10).  —  Sur  la  mer  couverte  d'êtres 
et  d'animaux  absolument  fantastiques,  saint  Christophe  les  dominant 
tous  de  sa  haute  stature  s'avance  au  milieu  d'eux  se  dirigeant  vers  la 
gauche,  muni  d'un  bâton  sur  lequel  il  s'appuie  de  ses  deux  mains. 
Il  porte  ainsi  sur  son  épaule  le  Sauveur  qui  tient  un  monde  dans  sa 
main  droite,  sa  tète  est  auréolée  et  derrière  lui  se  déroule  une  longue 
banderole  tout  en  haut  de  l'estampe  portant  une  légende  en  caractères 
gothiques  commençant  par  ces  mots:  Christofore  ste  virtutis...  Sur 
un  rocher  à  gauche,  un  ermite  tourné  à  droite  ouvre  une  lanterne.  Au 
fond  de  l'estampe  à  gauche  el  à  droite  un  château  fort  ;  loul  près  de 
ce  dernier  sur  un  étendard  le  nom  de  l'arliste  Bosche  en  mêmes 
caractères  que  ceux  de  la  légende.  Dans  le  coin  droit  inférieur  de 
l'estampe,  un  enfant  à  demi-couché  sur  le  dos  pleure  en  but  aux 
tracasseries  d'une  multitude  de  petits  hommes  grotesques.  Entre  les 
jambes  de  saint  Christophe  un  énorme  homard. 

In  superbe  exemplaire  passa  à  la  vente  Angiolini,  il  fut  adjugé 
1689  lianes.  —  Les  oeuvres  de  ce  Maître  sont  toutes  rarissimes,  et  il  ne 
s'en  rencontre  pour  ainsi  dire  jamais  dans  les  ventes  publiques. 


DELFF  (Willem-Jakobsz) 

Né  à  Délit  en  1580,  moi  l  en  1638;  graveur  de  portraits  estimés.  Nous 
signalerons  a  titre  de  spé<  imen  du  talent  de  L'artiste  La  très  curieuse  et  très 

rare  estampe  : 


ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  113 

Guillaume  d'Orange  le  Taciturne.  —  Assis  et  vu  à  mi-jambes, 
la  tête  couverte  d'un  chapeau,  le  personnage  est  vêtu  d'une  robe 
doublée  de  fourrure,  la  main  droite  tient  le  bàlon  de  commandement, 
la  gauche  repose  sur  la  garde  de  son  épée.  Au  fond  à  droite,  la  salle 
des  gardes  du  palais.  Gravé  d'après  van  de  Venne  1623. 

Vente  Behague,  405  francs  ;  rarissime. 


DU  HAMEEL  (Alaert) 

On  ne  sait  rien  sur  cet  artiste  de  la  fin  du  xvc  siècle  que  Barlsch,  ù  tort 
suivant  nous,  met  aux  Allemands.  Ses  estampes  peu  nombreuses  —  une 
dizaine  peut-être  —  sont  d'une  rareté  telle  qu'on  les  peut  presque  dire 
introuvables. 

Mentionnons  particulièrement  la  suivante  qui  est  fort  curieuse  : 


Le  Jugement  dernier  (Bartsch).  —  Au  milieu  de  l'estampe  le 
Sauveur  est  assis  sur  un  arc-en-ciel,  les  pieds  reposant  sur  un  monde  ; 
à  gauche  dans  le  lointain,  le  chemin  du  ciel  ;  au  fond  à  droite,  l'enfer. 
Dans  les  airs  deux  anges  sonnent  de  la  trompette  qu'entoure  une 
banderole  sur  laquelle  on  lit  :  Hec  est  (lies,  quem  fecit  Dominus. 

Il  nous  faut  remonter  à  la  vente  Arozarena,  en  18G1,  pour  en  voir  passer 
un  exemplaire  qui  s'adjugea  610  francs.  —  Il  existe  une  copie  moderne. 


EVERDINGEN  (Alaert  van) 

Né  à  Alkmaar  en  1621,  mort  à  Amsterdam  en  1675.  Il  séjourna  longtemps 
en  Norwège  et  reproduisit  de  nombreux  sites  de  ce  pays  :  torrents, 
rochers,  bois,  chutes  d'eau,  paysages  frustes  et  sauvages,  cabanes  de 
bûcherons1,  etc.,  etc..  Ses  pièces  sont  sans  date,  mais  généralement 
signées  des  initiales  A.  V.  E.  Les  états  sont  nombreux,  ils  varient  de  2  à  7, 
mais  il  y  en  a  presque  toujours  2  ou  3  ;  les  premiers  sont  fort  rares.  Une 
particularité  à  noter  :  au  fer  état  de  la  planche,  le  cuivre  est  à  angles  aigus, 
tandis  qu'aux  suivants  ces  angles  sont  arrondis. 

Bartsch  a  catalogué  163  pièces,  et  Drugulin  en  1873  en  mentionne  167. 
Dutuit  est  le  dernier  écrivain  d'art  qui  en  ait  fait  la  monographie,  elle  est 
extrêmement  détaillée,  il  en  signale  également  167  pièces. 


1  11  a  aussi  illustré  de  57  planches  le  poème  allemand  du  Keynier  :  Les  Fourberies  du  Renard. 

8 


114  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE 

Sans  être  un  artiste  hors  pair,  quelques  pièces  du  Maître  sont  dignes 
cependant  de  figurer  dans  le  portefeuille  d'un  amateur  à  titre  de  spécimens. 
Nous  conseillerons  les  suivantes  qui  sont  les  meilleures  et  les  plus  rares  : 

La  Rivière  en  bas  du  grand  rocher  (Dutuit,  44)  —  Marine  à  travers  le  rocher 
percé  (47)  —  La  Femme  regardant  la  nacelle  (75)  —  La  Butte  (1001,  rarissime  — 
La  Cascade  près  du  moulin  à  eau  1102),  pièce  capitale  de  l'œuvre. 

Le  graveur  avait  l'habitude  de  retoucher  ses  ciels  au  burin,  ce  qui  les 
alourdissait,  et  aussi  de  reprendre  souvent  ses  animaux  à  la  pointe  sèche  ; 
c'est  avant  ces  retouches  qu'il  faut  avoir  les  épreuves.  Le  métier  de  l'artiste 
rappelle  quelquefois  de  loin  celui  de  Ruysdaël.  Ce  graveur  a  aussi  produit 
quelques  pièces  en  manière  noire. 

La  plus  belle  réunion  de  l'œuvre  a  été  formée  par  Auguste  Straeter  d'Aix- 
la-Chapelle  ;  à  sa  vente  en  1898,  certaines  pièces  ont  atteint  500  francs.  Les 
collections  Liphart,  Knowles  et  Oppermann  étaient  aussi  assez  intéressantes 
par  le  choix  des  pièces  importantes  qui  s'y  trouvaient  représentées. 


GOLTZIUS   (Henri) 

Né  à  Mulbrecht  en  1558,  mort  à  Harlem  en  1617.  Artiste  d'un  talent 
merveilleux  et  d'un  métier  absolument  indépendant  et  libre;  entendant 
sans  cesse  vanter  les  œuvres  de  ses  devanciers,  il  résolut  de  montrer  qu'il 
pouvait  aussi  bien  faire,  et  grava  six  pièces  qu'on  est  convenu  d'appeler  ses 
six  chefs-d'œuvre  ',  mais  qui  sont  loin  de  mériter  cette  réputation  et  sur 
lesquelles  il  faudrait  bien  se  garder  de  juger  l'artiste  ;  elles  eurent  pourtant 
à  leur  époque  un  grand  succès,  passèrent  pour  des  originaux  et  furent 
vendues  comme  tels.  Il  grava  aussi  quelques  beaux  bois. 

Il  eut  comme  principaux  élèves  Jacques  Matbam,  Jean  Muller  et  Jean 
Saenredam,  ce  dernier  surtout,  le  pasticha  d'une  façon  telle  qu'on  y 
retrouvait  toutes  les  qualité  du  Maître  et  qu'on  hésitait  souvent  a  qui 
attribuer  la  paternité  de  certains  morceaux,  tant  était  grande  la  servilité 
de  l'imitation.  L'œuvre  qui  se  compose  d'environ  325  pièces,  sujets  bibliques, 
allégories  et  portraits  surtout,  a  été  catalogué  par  Bartsch  et  par  Wcigel. 

Catherine  Decker  (B  210).  —  La  vieille  femme  tournée  à  gauche 
est  assise  dans  un  fauteuil,  en  face  d'une  table;  à  travers  la  croisée 
ouverte  qui  esl  près  d'elle  on  aperçoit  un  paysage.  En  bas,  quatre  vers 
d'Horace  :  Damnosa  quid. . . 


i  Savoh ■:  L'Annonciation,  dnm  le  goût  de  Rnphaél  ;  La  Vititaiton,  dans  celui  du  Parmesan; 
L'Adoration  i/es  Bergen,  genre  Bassan  ;  Lu  Circtntristmi.  in:iniere  de  Durer;  L'Adoration  tics  Rois. 
goûl  de  l..  de  Leyde;  l^i  Sainte  Famille,  manière  de  Baroche.  Os  prétendu*  chefs-d'œuvre. 
gravés  en  1598 el  1594,  ne  dépassent  pas  dans  les  ventes  350a 900  francs  1rs  six  ensemble,  et 
are  f  m  util  qu'ils  soient  en  1"  état,  c'est-à-dire  avant  le  numéro  et  l'adresse  de  Vlsscher;  n'est-ce 
pas  i.i  la  confirmation  absolue  de  notre  appréciation.  Ajoutons  qu'à  la  vente  Berard  en  ihw. 
la  suit  Hun ,futpayé<  les  épreuves  étalent  belles. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  115 

Ventes  :  Didot,  1er  état,  avant  la  lettre  et  les  travaux  du  fond,  295  ;  avec  la 
lettre,  mais  avant  les  éraillures  sur  la  planche,  75. 

Goltzius  (B  172).  —  Presque  de  face  en  buste  grandeur  nature 
légèrement  tourné  à  gauche  ;  le  vêtement  est  bordé  d'une  fourrure, 
une  fraise  entoure  le  cou  et  la  tête  est  coiffée  d'une  calotte.  En  bas  : 
Hendric  Goltius  et  des  armoiries  à  tête  d'aigle.  En  haut  à  gauche  du 
cintre,  une  tète  de  César  couronné  ;  à  droite,  trois  torches. 

Il  existe  au  British  Muséum  un  fer  état,  sans  doute  unique,  dans  lequel  la 
tête,  la  barbe  et  la  fraise  sont  seules  gravées,  le  reste  est  fait  à  la  plume.  — 
Le  2e  état  est  avant  Hendric. . . 

Pièce  très  rare. 

Ventes  :  Didot,  avant  toutes  lettres,  720  —  Holford,  avant  l'inscription, 
412  —  Vendu  en  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  443  —  En  1900  par  le  même,  812. 

Henri  IV  (B  173).  —  En  buste  tourné  à  gauche,  tête  nue,  et  décoré 
du  Saint-Esprit  et  de  Saint-Michel.  En  bas  quatre  vers  :  Ce  grand 
Roy,  etc. . . 

Ventes  :  Behague,  1"  état,  305  —  Holford,  1er  état,  avec  l'adresse  de  P.  van 
Houve,  156  —  Vendu  en  1894  par  H.-G.  Gutekunst,  387  —  Angiolini,  45. 

Le  Jeune  Frisius  avec  son  Chien  (B  190).  —  L'enfant  essaie  de 
monter  sur  un  gros  chien  de  chasse  et  tient  sur  le  poing  droit  un 
oiseau  de  proie,  un  faucon  sans  doute.  Au  fond  dans  un  paysage,  un 
gros  arbre.  En  bas  quatre  vers  latins  :  Quid  tabula. . . 

Au  1er  état,  la  tête  de  l'enfant  n'est  pas  terminée  ;  nous  croyons  qu'une 
épreuve  de  cet  état  rarissime  figurait  dans  la  collection  de  Fries  et  de 
Verstolk.  —  Se  défier  de  5  ou  6  copies  qui  existent.  —  Cette  estampe  est 
généralement  connue  sous  la  dénomination  du  Chien  de  Goltzius. 

Ventes  :  Liphart,  150  —  Behague,  280  —  Didot,  200  —  Straeter,  1143  ;  cet 
exemplaire,  le  plus  beau  connu,  portait  la  signature  de  Mariette  et  provenait 
des  collections  Esdaile  et  Holford  —  Seymour  Haden,  287  —  Lacroix,  116. 

Le  Joueur  de  cornemuse. 

Cette  eau-forte,  gravée  sur  étain,  est  restée  inconnue  aux  iconographes  ; 
un  exemplaire  passa  à  la  vente  Seymour  Haden  où  il  fut  adjugé  31  francs  ; 
il  provenait  des  doubles  du  Musée  d'Amsterdam.  —  Rarissime. 

Noël  de  la  Faille  (B  212).  —  A  mi-corps  dans  un  ovale,  un 
général  entouré  de  trophées,  appuyé  une  main  sur  son  casque,  l'autre 
sur  son  épée.  Dans  l'ovale  :  H.  G.  fec.  Leges  lueri. . . 


11(5  ÉCOLK   HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

A  la  vente  Knowles  K/i  élut  non  décrit  fut  adjugé  020  francs  ;  il  était  avant 
la  lettre,  avant  les  armes  et  avant  que  les  soldais  du  fond  aient  été  gravés, 
cet  exemplaire  sans  doute  unique  provenait  de  la  collection  Verstolk  de 
Soelen,  il  avait  passé  croyons-nous  par  le  cabinet  de  Fries.  Il  existe  aussi 
des  épreuves  extrêmement  rares  avant  l'inscription  dans  l'ovale  et  avant 
l'adresse  de  Herman  Adolfz,  un  de  ces  exemplaires  fut  adjugé  à  la  vente 
Didot,  105  francs. 

Vénus,  Bacchus,  Cérès  et  Cupidon.  —  Sur  un  tertre,  tournée 
vers  la  gauche,  Vénus  est  couchée  au  pied  d'un  arbre,  elle  se  retourne 
vers  Bacchus  qui  est  assis  derrière  elle  le  bras  droit  étendu  et  un 
verre  à  la  main.  Sur  le  devant,  Cérès  vue  de  dos,  tient  une  corne 
d'abondance,  et  Cupidon  assis  près  du  genou  gauche  de  Vénus, 
souffle  sur  un  feu  qui  éclaire  cette  scène.  En  bas  à  gauche,  le  mono- 
gramme de  Goltzius,  et  dans  la  marge  une  inscription  commençant 
par  ces  mots  :  Cum  Bacchi  et  Cercris. 

Cette  jolie  pièce  ronde  est  de  toute  rareté,  elle  est  restée  inconnue  à 
Bartsch  et  à  Weigel,  une  épreuve  passa  à  la  vente  Schloesser  où  elle  fut 
adjugée  231  francs. 

Johannes  Zuremus  (H  189).  —  Assis  à  mi-corps  de  trois  quarts 
à  droite  il  regarde  de  face,  il  est  nu-tête  et  vêtu  d'un  vêtement  bordé 
de  fourrure,  il  tient  un  livre  entr'ouvert  dans  les  mains.  Le  front  est 
chauve,  la  barbe  longue,  épaisse  et  frisottante.  Tout  en  haut  de 
l'estampe  :  Johannes  Zuremus  A0  Aetat  71  Domini  SS.  A  droite  des 
armoiries.  En  dedans  du  trait  carré  et  sous  la  main  gauche  :  H.  G.  fecit. 
Dans  la  tablette  quatre  vers  :  Corporis  effigiem. . . 

La  tête  et  le  front  avec  ses  rides  sont  d'un  modelé  admirable.  C'est  dans 
cette  pièce  et  dans  la  suivante  qu'il  taut  juger  l'artiste,  il  est  difficile  de  le 

surpasser  comme  métier.  Nous  n'infirmerons  en  rien  ce  que  nous  avons  dit 
plus  haut  de  son  talent  dans  les  quelques  lignes  de  notice  que  nous  lui 
avons  consacrées,  en  constatant  cependant  avec  étonnement  qu'un  artiste 
de  cette  trempe  ait  pu  signer  certaines  grandes  pièces  d'une  banalité 
désespérante,  telles  que  par  exemple:  Les  trois  Statues  antiques  de  Rome 
il!  l  (3  1 15)  1 1  Les  Romains  illustres  par  leur  valeur  (\i  93-103). 

Rebecca  (lî  ?).  —  Dans  un  ovale  équarri  dont  les  écoinçons  sont 
ornés,  eux  du  haut  :  de  deux  personnages  assis,  celui  de  gauche 
jouant  de  la  mandoline,  celui  de  droite  —  une  femme  —  chantant  en 
tenant  un  cahier  de  musique  dans  la  main  gauche,  et  ceux  du  bas,  de 
deux  paons,  une  jeune  femme  es!  debout,  à  mi-jambes,  de  trois 
quarts  à  gauche  cl  regardant  de  face.  Le  cou  est  serré  dans  une  large 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  117 

fraise,  la  main  droite  ramenée  à  la  hauteur  de  sa  ceinture  et  la  gauche 
appuyée  sur  une  tête  de  mort  près  du  missel  qui  est  sur  la  tahle  placée 
devant  elle.  Derrière  elle  au  fond  de  l'estampe,  la  campagne  avec  des 
personnages,  des  constructions  et  des  collines  à  l'horizon.  Dans  l'ovale 
on  lit  en  exergue  :  Rebecca  qualis,  qaalis  aut  parens...,  et  au  milieu 
dans  un  cartouche  ombré  sous  le  médaillon  :  H.  Goltzius  fecit  1589  (?) 

Ces  deux  portraits  —  genre  dans  lequel  excelle  l'artiste  —  sont  actuellement 
exposés  dans  la  salle  de  travail  du  Département  des  Estampes,  ils  appar- 
tenaient, si  notre  mémoire  ne  nous  trahit  pas,  à  Mariette  dont  ils  portent 
la  signature  avec  la  date  1G67.  Le  premier  de  ces  deux  portraits  fut  adjugé 
à  la  vente  Didot,  22  francs  1!!  Il  y  avait  deux  exemplaires  de  deux  états 
différents,  dont  l'un  était  en  2«  état  avant  l'écusson,  l'épreuve  était  superbe, 
dit  le  catalogue,  que  nous  devons  croire.  Voilà  de  douloureuses  anomalies, 
on  n'apprécie  pas  un  bijou  comme  celui  que  nous  venons  de  décrire, 
puisqu'il  atteint  avec  peine  22  francs,  mais  en  revanche  on  s'emballera  et 
on  paiera  le  prix  idiot  de  1500  à  2000  francs  La  petite  Bohémienne  Espagnole 
de  Rembrandt  qui  ne  vaut  pas  quatre  sous;  bravo  les  amateurs  !!! 

Hercule  tuant  Cacus  (B  231).  —  Dans  une  caverne,  vu  de  trois 
quarts  à  droite,  Hercule  lève  des  deux  mains  sa  massue  pour  achever 
Cacus  qui  gît  à  terre  sur  le  dos.  Dans  la  partie  gauche  de  l'estampe  on 
lit  perpendiculairement  :  H.  Goltzius  Inv  (?) 

Très  beau  clair-obscur  dont  une  épreuve  figura  à  l'Exposition  de  ta  Gravure 
sur  bois  en  1902. 


HEUSCH  (Wilhem   de) 

Né  à  Utrecht  en  1638  (?);  on  ignore  l'année  de  sa  mort.  Il  séjourna  assez 
longtemps  en  Italie  où  il  travailla.  C'est  un  peintre-graveur  surtout  paysagiste 
et  animalier;  il  a  produit  peu  :  une  quinzaine  de  pièces  environ. 

Les  plus  rares  sont  :  Les  deux  Arbres  sur  le  bord  du  chemin  (Dutuit  13), 
estampe  de  la  dernière  rareté  inconnue  à  Bartsch  et  à  Weigel  dont  un 
exemplaire  fut  vendu  en  avril  1894  par  H. -G.  Gutekunst,  825  francs,  et 
Le  Dessinateur  (Bartsch  1),  adjugé  à  la  vente  Oppermann,  189  francs,  avant 
le  millésime,  1er  état. 

HONDIUS   (Henri) 

Il  naquit,  croit-on,  à  Dussel  en  Brabant  vers  1573  et  mourut  à  Leyde  à 
l'âge  d'environ  72  ans  ;  il  eut  pour  maître  Jean  Wierix  dont  il  chercha  du 
reste  à  imiter  le  style.  Son  plus  beau  portrait  est  le  suivant  qui  est  d'une 
extrême  rareté.  On  sait  peu  de  chose  sur  cet  habile  artiste  qui  était  surnommé 
Le  Vieux,  pour  ne  pas  le  confondre  avec  un  autre  graveur  du  même  nom, 
né  presque  à  la  même  époque  à  Londres. 


118  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

Vladislas.  —  Le  roi  de  Pologne  est  à  cheval  et  se  dirige  vers  la 
droite  ;  les  crins  de  l'animal  sont  tressés  et  retenus  par  des  rubans 
qui  traînent  jusqu'à  terre.  Au  fond  de  l'estampe  des  soldats  se  livrent 
bataille. 

Un  superbe  exemplaire  de  ce  grand  in-folio  passa  à  la  vente  Behague,  il 
était  de  condition  parfaite  et  y  fut  adjugé  710  francs. 


JEGHER   (Christophe) 

Né  à  Anvers  en  1620,  on  ignore  la  date  de  sa  mort.  C'est  à  tort  qu'il  a  été 
classé  par  quelques-uns  dans  l'Ecole  allemande.  Graveur  sur  bois  de  talent, 
il  a  su  interpréter  souvent  avec  bonheur  de  magistrales  compositions  de 
S.  Rubens. 

Nous  attirerons  l'attention  des  collectionneurs  sur  les  belles  pièces 
suivantes  :  Le  Repos  en  Egypte,  en  clair-obscur;  Silène  ivre;  Jésus  tenté  dans 
le  désert,  toutes  d'après  Rubens,  et  dont  de  fort  beaux  spécimens  figuraient 
à  l'Exposition  de  la  Gravure  sur  bois  en  1902. 


KAREL  DUJARDIN 

Né  à  Amsterdam  en  1635,  mort  à  Venise  en  1678.  Peintre  graveur  animalier 
paysagiste,  élève  de  Berghcm  et  de  l'otter,  a  environ  une  cinquantaine 
d'eaux-fortes  a  son  actif. 

Mentionnons  parmi  les  meilleures:  /.<\s  Mulets  (Bartsch  2),  Le  Goujat  et  les 
deux  Anes  (10),  très  rare,  un  exemplaire  de  1"'  état,  av;ml  le  numéro, 
atteignit  à  la  vente  Straeter  257  francs  ;  L'Ane  entre  deux  moutons  (32) 


LEYDE  (Lucas  de)  ' 

Né  à  Leydc  en  1101,  disent  les  biographes  —  date  très  probablement 
erronée  —  et  mort  en  1533.  Artiste  de  tout  premier  ordre,  une  des  gloires 
de  l'Ecole  des  Pays  Bas,  classé  absolument  à  tort  par  Bartseh,  et  sans  qu'on 
puisse  se  l'expliquer,  aux  vieux  Maîtres  allemands,  tome  VU,  page  331.  Il 
oui  pour  maître  son  père  el  Cornélius  Engelbrecktsen. 

Son  œuvre  se  compose  de  177  pièces  sur  cuivre  et  de  32  sur  bois.  11  signait 
presque   toujours   ses    pièces  de   son   initiale   /.   et   il  les   datait.    Les   états 


i  Consulter  :  Oùtvre  de  Lucas  de  Leyde  reproduit  et  publie  par  Am.ind  Durand,  texte  de 

<,.    f  >  1 1 1  •  I  lie/    FI   r|,|ll\  . 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  119 

n'existent  pour  ainsi  dire  pas  dans  son  œuvre.  Les  estampes  du  Maître  sont 
rares,  et  extrêmement  difficiles  à  rencontrer  en  très  belles  épreuves, 
certaines  sont  gravées  avec  une  exquise  finesse,  telles  que  :  Suzanne  et  les 
vieillards  (B  33),  Le  moine  Sergius  (B  126),  Dalila  coupant  les  cheveux  à 
Samson  (B  25),  etc.  ;  d'autres,  au  contraire,  le  sont  d'une  taille  beaucoup  plus 
large  et  grossière  comme,  par  exemple  :  La  Charilé  (B  129),  Le  Porlemenl  de 
Croix  (B  64),  etc.,  etc.  Voici  les  plus  intéressantes  et  les  plus  recherchées  : 

Abraham  renvoyant  Agar  (Bartsch  17).  —  A  gauche,  Abraham 
la  tête  couverte  d'un  bonnet  à  oreilles,  debout  de  profil  à  droite,  un 
bâton  dans  la  main  gauche,  remet  à  Agar  une  cruche  que  celle-ci 
saisit  des  deux  mains  ;  Ismaële  qui  est  devant  elle  les  regarde, 
emportant  un  petit  paquet  qu'il  tient  dans  ses  bras.  Sur  le  premier 
plan  un  chien,  qui  ressemble  à  un  cochon.  Au  fond,  un  paysage  avec 
des  maisons,  et  Sarah  assise  tenant  par  la  main  Isaac.  Au  bas  et  au 
milieu  de  l'estampe,  l'initiale  L. 

Cette  pièce  dite  La  grande  Agar,  gravée,  pense-t-on,  vers  1508,  est  d'une 
insigne  rareté,  elle  manque  même  au  Département  des  Estampes.  Nous  n'en 
connaissons  que  les  5  exemplaires  suivants  :  chez  le  baron  Edmond  de 
Rothschild,  à  Amsterdam,  au  British  Muséum,  et  deux  à  la  Bibliothèque 
Impériale  de  Vienne. 

Ne  pas  le  confondre  avec  une  pièce  portant  le  même  titre,  mais  plus 
petite,  et  datée  de  1516  (B  18),  d'une  tout  autre  composition  et  dans  laquelle 
Abraham  est  tête  nue. 

David  jouant  de  la  harpe  devant  Saùl  (27).  —  Assis  sur  un 
trône,  coiffé  à  l'orientale,  le  vieux  roi  Saùl  une  sorte  de  lance  dans 
la  main  gauche,  écoute  David  qui  à  gauche,  face  à  lui,  joue  de  la 
harpe;  des  hommes  d'armes  les  entourent.  Au  bas  de  l'estampe,  la 
lettre  L  à  l'envers. 

L'épreuve  du  Département  des  Estampes  est  superbe  de  fraîcheur  et  de 
tirage,  ce  qui  est  fort  rare,  car  l'artiste  employait  souvent  de  mauvais 
papier  et  des  encres  très  pâles,  ce  qui,  joint  à  un  travail  de  gravure  peu 
creux,  ne  donnait  qu'un  nombre  très  limité  de  belles  et  vigoureuses 
épreuves. 

Ventes  :  Guichardot,  175  —  E.  Galichon,  620,  sur  papier  au  P  gothique  — 
Liphart,  même  papier,  1562,  probablement  le  plus  bel  exemplaire  connu  — 
Didot ,  100  —  Knowles,  l'exemplaire  provenant  de  Liphart,  1437  — 
Aylesford,  275  —  Vendu  par  Gutekunst  en  1894,  une  superbe  épreuve,  975. 

Esther  devant  Assuérus  (31).  —  A  gauche,  Assuérus  est  assis 
sur  son  trône,  de  trois  quarts  à  droite  ;  il  est  penché  en  avant  tenant 
son  sceptre  de  la   main  droite  et  donnant  la  gauche  à  Esther  qui 


120  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

s'agenouille  humblement  devant  lui,  suivie  de  ses  deux  femmes.  Au 
fond  de  l'estampe,  des  personnages  assistent  à  cette  scène.  En  bas  et 
presque  au  milieu  de  l'estampe,  L.  1518. 

Vîntes  :  E.  Gatichon,  450  —  Knowles,  sur  papier  à  la  Licorne,  101  — 
Aylesford,  212. 

L'Adoration  des  Mages  (37).  —  Assise  près  d'un  pilastre  à  la 
gauche  de  l'estampe  près  de  saint  Joseph,  la  Vierge  de  profil  a  droite 
légèrement  penchée  en  avant  tient  l'Enfant  Jésus  nu  sur  ses  genoux. 
Celui-ci  la  tète  dans  un  rayonnement  reçoit  d'un  Mage  agenouillé  à 
ses  pieds  un  coffret  qu'il  entrouvre;  derrière  lui  à  droite,  une  longue 
théorie  de  porteurs  de  présents.  Sous  le  pied  de  saint  Joseph,  la 
lettre  L.  et  de  l'autre  côté  au  bas  de  l'estampe,  1513. 

Cette  admirable  pièce,  d'une  insurpassable  beauté  au  Département  des 
Estampes,  est  une  des  plus  rares  de  l'œuvre.  Elle  fut  reproduite  par 
Goltzius,  avec  quelques  légères  variantes  dans  ses  Six  chefs-d'œuvre. 

Ventes  :  Didot,  090  —  Knowles,  020  —  Eisher,  1400  —  Aylesford,  775  — 
L.  Galichon,  000  —  Angiolini,  109. 

Le  Repos  ou  Retour  d'EgYpte  (39).  —  La  Vierge  est  assise  à 

droite,  sa   jambe  gauche  qui  est  nue  sort  de  dessous  sa  jupe;  elle 

regarde  saint  Joseph  qui,  debout  à  sa  droite,  est  appuyé  sur  un  bâton  ; 

entre  eux  deux  au  deuxième  plan,  l'Enfant  Jésus  nu  et  de  trois  quarts 

à  droite  fait  sentir  une  fleur  à  la  Vierge.  Au  fond  de  l'estampe,  des 

arbres,  des  rochers,  et  au  pied  d'un  de  ces  arbres  un  moine  en  prières 

devant  une  image  qui  y  est  accrochée.  Sur  une  pierre  dans  le  coin 

gauche,  la  lettre  L. 

Cette  pièce  est  unique,  le  seul  exemplaire  connu,  gravé  vers  1508,  est 
actuellement  à  Vienne;  il  provient,  croyons-nous,  de  la  collection  du  comte 
du  Frics  qui  la  possédait  encore  en  1808.  Ne  pas  confondre  celte  pièce  avec 
Le  liepos  en  Egypte  (38)  adjugé  150  francs  à  la  vente  Didot. 

Jésus  présenté  au  Peuple  (71).  —  Sur  une  place  bordée  de 
maisons  à  laquelle  on  accède  par  un  escalier  qui  est  à  gauche,  le 
Christ  est  amené  à  une  barre  pour  être  présenté  au  peuple.  Il  est 
couronné  d'épines,  a  les  mains  lices  et  demi-nu,  est  conduit  par  deux 
bourreaux.  Scène  avec  très  nombreux  personnages.  —  Au  bas  de 
l'estampe  et  très  à  droite  sur  une  grosse  pierre  près  de  laquelle  sont 
deux  enfants,  on  lit  :  /..  1510. 

Ventes'.  Knowles,  625  -  Fisher(?)  -  Aylesford,  650  Straetér,  sur 
papier  au  P  gothique,  superbe  exemplaire,  1112. 


ÉCOLE   UOLLANDAISE-ET   FLAMANDE  121 

Le  Retour  de  l'Enfant  prodigue  (78).  —  Sur  un  tertre  au  pied 
d'un  bosquet  où  se  trouvent  réunis  quelques  personnages,  l'enfant 
prodigue  arrive  se  dirigeant  vers  la  gauche  ;  il  met  un  genou  en  terre 
devant  son  père  qui  s'avance  pour  le  recevoir.  A  gauche  en  face  de  la 
maison,  un  groupe  de  quatre  personnes  ;  sur  le  premier  plan,  un  chien. 
Au  fond  à  droite,  des  montagnes  et  quelques  constructions.  Au  bas 
de  l'estampe  dans  un  cartouche,  la  lettre  L. 

Ventes  :  E.  Galichon,  3500,  magnifique  épreuve  de  chez  le  prince  de  Paar  — 
Liphart,  137  —  Knowles  «,  1612  —  Aylesford,  400  —  Angiolini,  131  —  Defer 
Duiuesnil,  300,  légèrement  épidermée. 

La  Sainte  Famille  (85).  —  Assise  et  adossée  de  face  au  pied  d'un 
gros  arbre  sur  un  tertre,  la  Vierge  a  à  sa  droite  l'Enfant  Jésus  et 
saint  Joseph  ;  celui-ci  présente  à  Marie  une  poire,  elle  en  a  déjà  une 
dans  la  main  droite  que  cherche  à  lui  prendre  son  fds.  A  une  des 
branches  mortes  de  l'arbre  est  suspendu  un  cartouche  portant  un  L. 
Au  fond  de  l'estampe,  arbres,  collines  et  constructions. 

Ventes  :  E.  Galichon,  620  —  Liphart,  519,  sur  papier  au  Serpent  —  Fisher, 
775,  de  chez  Hawkins  —  Vendu  en  1900,  par  Gutekunst,  394. 

Pièce  extrêmement  rare. 

Conversion  de  saint  Paul  (107).  —  Sur  un  chemin  dont  une 
partie  est  bordée  par  un  gros  rocher,  le  saint  la  tête  basse  et  devenu 
aveugle,  se  dirige  vers  la  droite  soutenu  par  deux  hommes  et  suivi 
d'un  nombreux  cortège  de  guerriers.  L'homme  de  gauche,  sur  lequel 
il  s'appuye,  tient  son  cheval  par  la  bride.  Au  premier  plan,  un 
homme  d'armes  tient  en  laisse  deux  lévriers.  Au  fond  à  gauche, 
Saùl  renversé  de  sa  monture,  est  aveuglé  par  un  faisceau  de  rayons 
obliquant  de  droite  à  gauche.  Au  bas  de  l'estampe  dans  une  petite 
tablette,  L.  1509. 

Pièce  superbe,  une  des  plus  rares  de  l'œuvre;  le  2e  état  est  avec  l'adresse  : 
In  insigni  anrei  fontis  Martini  Pétri  excu. 

Ventes  :  E.  Galichon,  sur  papier  au  P  gothique,  1350  —  Knowles,  même 
papier,  500  —  Oppermann,  50  —  Vico,  1450  —  Lacroix,  430. 


1  A  la  fin  de  la  vente  Knowles  on  a  adjugé  —  provenant  d'une  succession  anonyme  —  l'œuvre 
presque  complet  de  Leyde. 


122  ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE 

La  Tentation  de  saint  Antoine  (117).  —  Assis  prés  d'un  arbre, 
de  trois  quarts  à  droite,  une  main  levée  et  l'autre  —  la  gauche  —  posée 
sur  un  livre  ouvert,  le  saint  semble  parler  à  une  femme  à  la  longue 
ceinture  qui  vient  lui  apporter  un  vase  précieux.  Les  cornes  qui 
ressortent  du  bonnet  qui  la  coiffe,  indiquent  clairement  que  Satan 
s'est  métamorphosé  en  femme  pour  le  tenter.  Sur  la  pierre  du  premier 
plan  on  lit  :  L.  1509. 

Ventes:  E.  Galichon,  1500,  sur  papier  au  P  gothique  —  Knowles,  300  — 
Bouillon,  125  —  Schultze,  181. 

Marie-Madeleine  se  livrant  au  plaisir  du  monde  (122).  — 
Presque  au  milieu  de  l'estampe  quoique  légèrement  à  gauche,  Marie- 
Madeleine  la  tète  dans  une  auréole,  relève  délicatement  sa  jupe  et  se 
dirige  vers  la  droite  donnant  la  main  à  son  danseur  qui  nu-tête  tient 
son  chapeau  à  plumes  dans  la  main  gauche.  De  nombreux  person- 
nages animent  cette  scène.  Au  pied  du  gros  arbre  de  droite,  deux 
musiciens,  l'un  joue  du  tambour,  l'autre  de  la  flûte;  près  de  ces 
musiciens,  on  distingue  un  personnage  couronne  de  lauriers,  dont  le 
nez  est  extraordinaire,  il  est  à  droite  du  tronc  d'arbre.  Au  fond  de 
l'estampe,  une  chasse  où  Marie-Madeleine  est  aperçue  poursuivant  un 
cerf.  Au  bas  de  l'estampe  dans  un  cartouche  :  1~>19  L. 

Cette  pièce  justement  célèbre  est  le  chef-d'œuvre  du  Maître.  Le  2c  état 
porte  l'adresse  de  Martini  Pétri.  —  Il  existe  une  mauvaise  copie  de  cette 
estampe  dans  le  même  sens  que  l'original,  et  aussi  une  contre-partie  portant 
l'adresse  de:  Mallerac  ex  :  Henri-Chemont. 

Ventes  :  E.  Galichon,  une  épreuve  d'une  beauté  exceptionnelle  fut  adjugée 
8500;  un  autre  exemplaire  ordinaire,  105  —  Liphart,  1250  —  Didot,  2400  — 
Knowles,  1062  -  Seymour  Haden,  152.")  —  Fisher  1 10  —  Aylesford,  462  — 
Ilolford,  3200  —  L.  Galichon,  2060,  exemplaire  de  chez  Didot. 

Le  moine  Sergius  tué  par  Mahomet1  (12P>).  —  Au  premier 
plan  à  droite,  un  visé  sur  le  dos,  Sergius  gît  à  terre,  la  gorge  coupée; 
à  gauchi'  Mahomet  (?)  assis  et  coiffé  à  l'orientale  semble  dormir, 
pendant  qu'un  homme  d'armes  vient  en  rampant  lui  enlever  de  la 
main  droite  son  épée.  Une  gourde  est  suspendue  au  gros  arbre  devant 
la  maisonnette  du  dernier  plan  à  droite.  Près  du  bouquet  d'arbres  de 


i  rectifie  ainsi   le  titre:    Mahomet  et  le  moine  Serouii  lue.  \  noire  tour  nous 
propouriom  celui-ci  :  Mahomet  tt  la  mort  du  moine  Sergliu,  qui  serall  plut  frani 


ÉCOLE    HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  123 

gauche,  un  groupe  de  personnages  causant.  Dans  le  coin  gauche 
inférieur  de  l'estampe  dans  un  cartouche,  un  L,  et  en  dehors  1508; 
le  5  est  renversé.      * 

Cette  estampe  est  une  œuvre  admirable;  la  tradition  veut  que  cette  pièce 
fut  gravée  par  l'artiste  à  l'âge  de  H  ans  !  !  nous  nous  refusons  à  le  croire, 
parce  que  rien  ne  prouve  que  le  Maître  fut  vraiment  né  en  1494,  comme  on 
se  plaît  à  l'enregistrer.  Les  prix  qu'elle  obtient  dans  les  ventes  sont  rela- 
tivement modestes,  nous  en  ignorons  la  raison. 

Ventes  :  Liphart,  106  —  Knowles,  244  —  Fisher,  2i2  —  Aylesford,  875. 

Le  poète  Virgile  suspendu  dans  un  panier  (136).  —  Au 
premier  plan  tout  à  fait  à  gauche  de  l'estampe,  un  groupe  de  trois 
enfants  :  deux  sont  assis  ;  celui  qui  est  debout  tourne  le  dos  et 
montre  du  doigt  un  panier  suspendu  le  long  du  mur  d'une  maison 
adossée  à  une  tour,  dans  lequel  on  a  mis  le  poète  Virgile.  Sur  la  droite, 
un  portique,  devant  lequel  quelques  personnages  causent  et  regardent. 
Dans  le  coin  gauche  de  l'estampe  sur  une  grosse  pierre  :  L.  1525. 

Pièce  assez  recherchée  quoique  très  médiocre  suivant  nous. 

Ventes:  Liphart,  194,  sur  papier  au  P  gothique  —  Didot,  600  — 
Knowles,  312  —  Schloesser,  sur  papier  au  P  gothique,  une  des  plus  belles 
connues,  1250  —  Grifïïths,  245,  de  chez  Maberly  —  Aylesford,  125  —  Par 
Gutekunst  en  1894,  superbe,  419  —  Bouillon,  11  —  De  Sallet,  41. 

La  Laitière  (158).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  une  vache  en 
travers,  la  tète  tournée  à  gauche,  est  tenue  par  un  paysan  à  l'aide 
d'une  corde  ;  une  villageoise  venant  de  droite,  un  chapeau  d'une 
main,  un  seau  de  l'autre,  s'avance  pour  la  traire.  Au  fond,  on  aperçoit 
deux  autres  vaches.  En  bas  au  milieu  de  l'estampe,  un  L  dans  un 
cartouche,  et  le  millésime  1510. 

Superbe  et  très  rare  estampe,  dont  il  existe  une  copie  dans  le  même  sens. 

Ventes:  Didot,  250  —  Knowles,  339  —  Fisher,  325  —  Aylesford,  125  - 
Defer  Dumesnil,  1280   —  A  la  vente  Pierre  Fisher,   de  Bâle,  en  1852,  un 
exemplaire  fut  adjuge  3  fr.  50  !  ! 

L'Espiègle  (159).  —  Cheminant  vers  la  gauche  et  suivi  d'un  âne 
chargé  d'un  panier  portant  des  enfants,  un  paysan,  une  hotte  sur  le 
dos  avec  deux  autres  enfants,  joue  de  la  cornemuse,  tandis  que  sa 
femme  l'accompagne  tenant  la  bride  de  l'âne,  avec  un  autre  enfant  sur 
l'épaule  ;  devant  eux  et  les  précédant  dans  leur  marche,  un  bambin 


124  ÉCOLE  HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

un  bâton  à  la  main  droite  et  un  hibou  sur  l'épaule.  Au  premier  plan, 
un  chien.  Sous  la  branche  de  l'arbre  qui  est  à  droite,  1520,  et  l'initiale  L. 

Cette  pièce,  d'une  valeur  et  d'un  intérêt  très  secondaires,  est  cependant 
célèbre  et  recherchée  surtout  à  cause  de  son  insigne  rareté.  Il  n'en  existe 
guère  que  5  ou  G  exemplaires,  dont  un  au  Département  des  Estampes, 
provenant  du  cabinet  de  Marolles;  un  à  Vienne  et  un  autre  à  Amsterdam. 
La  planche  fut  perdue  et  dès  1G44  elle  était  introuvable.  C'est  à  cette  époque 
que  Hondius  en  publia  une  copie  sans  valeur  du  reste;  deux  autres  copies 
trompeuses  furent  encore  faites,  l'une  de  celles-ci  se  reconnaît  à  ce  qu'il 
n'existe  qu'un  seul  caillou  entre  la  queue  et  la  jambe  de  derrière  de  l'âne, 
l'autre  au  texte  hollandais  de  trois  lignes  qui  est  au  bas  de  l'estampe. 

A  la  vente  Aylesford  une  épreuve  doublée,  avec  une  autre  légèrement 
animée  et  quatre  copies  furent  payées  2â6  francs,  et  en  avril  1894,  M.  H. -G. 
Gutekunst,  de  Stuttgart,  en  adjugea  un  superbe  exemplaire  21)00  francs. 

Portrait  de  Maximilien  (172).  —  A  mi-corps  de  trois  quarts  à 
gauche,  coiffé  d'un  large  chapeau,  au  cou  le  collier  de  la  Toison  d'Or, 
l'empereur  tient  dans  la  main  droite  un  rouleau  de  papier.  Sur  la 
corniche  du  bâtiment  qui  est  derrière,  dans  la  partie  cintrée,  on 
aperçoit  un  petit  personnage  tenant  un  cartel  avec  l'initiale  L.  et  le 
millésime  1520.  Sur  l'entablement  où  s'appuie  Maximilien,  une 
draperie  à  franges  avec  armoiries  de  l'aigle  à  deux  tètes. 

Pièce  très  rare  et  très  recherchée .  Il  existe  une  copie  en  contre-partie. 

Ventes:  Didot,  1720,  de  la  collection  ïhiers  —  Knowles ,  1750  — 
Aylesford,  225  —  Gutekunst,  de  Stuttgart,  381. 

Notons  ;mssi  pour  mémoire  :  1"  Jésus  en  prière  éi  la  montagne  des  Oliviers 
(B  66),  petite  pièce  ronde  gravée  à  l'eau-forte,  cataloguée  par  Rartsch  à 
l'œuvre  de  l'artiste,  mais  indiquée  par  Passavant  comme  n'ayant  pas  été 
exécutée  par  Leyde,  ce  n'est,  suivant  lui,  qu'une  copie  du  il"  .~>7,  c'est-à-dire 
d'une  des  pièces  rondes  de  la  suite  des  neuf  dite  :  La  Passion  de  Jésus-Christ . 
un  exemplaire  passa  à  la  vente  Bouillon  et  fut  adjugé  19  Francs.  —  2"  La 
Femme  <m  rouet,  c'est  un  bois  non  décrit  et  inconnu  à  Bartsch  et  Passavant, 
représentant,  assise  dans  une  chambre,  une  jeune  femme  à  son  rouet, 
il  i  n  bas  à  droite,  un  enfant  tenant  une  pelote  de  fil,  le  tout  dans  un  riche 
encadrement  d'architecture,  en  haut  i\eu\  dauphins  fantastiques,  en  basane 
tablette  blanche  Pièce  de  toute  rareté  mesurant  en  hauteur  35  centimètres 
et  en  largeur  23  centimètres  1  2;  un  exemplaire  passa  à  la  vente  Angiolini 

OÙ  il  fut  adjugé  632  francs. 

Parmi  les  plus  beaux  œuvres  formés,  mentionnons  :  celui  (\u  baron  Vivant 
i  ii  mm  1 1826),  il  était  presque  complet  el  provenait  du  cabinet  A.  M.  Zanetti  ; 
celui  de  la  Bibliothèque  Impériale  de  Vienne,  admirable  et  complet, 
probablement  le  i>ius  bel  existant,  formé   principalement   des  collections 

PI van    Vmstel,  Mariette,  de   Saint-Yves  e(  du  comte  de  Fries;  celui 

i\u  Département  des  Estampes,  où  cependant  quelques  épreuves  laissent  a 
ili    iici- comme  qualité;  celui  du  The  British  Muséum  qui,  en  1849,  reçut  de 


ÉCOLE  HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  125 

M.  Henry  James  Brooke  les  plus  beaux  spécimens  de  sa  collection  pour  se 
compléter,  et  enfin  la  collection  du  baron  Edmond  de  Rothschild. 

Le  faire  de  Lucas  de  Leyde  rappelle  un  peu  celui  de  Durer,  mais  il  est  loin  de 
l'égaler.  —  A  rejeter  les  épreuves  portant  l'adresse  de  Martini  Pétri,  elles  sont 
sans  valeur.  —  Les  belles  estampes  du  Maître  sont  fort  rares,  une  exposition 
de  son  œuvre  eut  lieu  au  Burlington  Fine  Arts  Club  en  1869,  en  même  temps 
que  celle  de  Durer. 


MAE  S  (Peter) 

Dit  Le  Vieux 

Naquit  à  Harlem  vers  1656  et  fut  élève  de  Nicolas  Berghem. 

L'Adoration  des  Bergers.  —  L'Enfant  Jésus  est  couché  sur  un 
linge  étendu  sur  de  la  paille  ;  il  est  entouré  par  la  Vierge  agenouillée 
les  mains  jointes,  un  ange  et  deux  bergers.  Derrière  l'ange,  saint  Joseph 
est  debout,  et  au  second  plan,  derrière  la  Vierge,  l'àne  et  le  bœuf. 
Au  fond  à  gauche,  des  maisons  ;  à  droite  dans  le  lointain,  l'annon- 
ciation  aux  bergers.  Le  sujet  est  entouré  de  bordures  et  on  lit  :  Nativitas 
Iesu  Christi.  P.  Maës  Fecit  ;  puis  plus  bas  au  milieu  :  Jan  busemcher 
ecxcudit  (sic),  et  dans  le  coin  droit,  le  monogramme  de  l'artiste,  P.  M. 

Extrêmement  rare  estampe  qui  a  échappé  à  Bartsch.  —  Un  exemplaire 
passa  à  la  vente  Didot  où  il  fut  payé  30  francs. 


MAITRE  A  L'ECREVISSE 

Les  renseignements  manquent  complètement  sur  cet  artiste  ;  Zani  le  croit 
Hollandais  et  du  premier  tiers  du  xvie  siècle,  Brulliot  le  suppose  d'origine 
italienne.  Son  monogramme  était  un  crabe  ou  une  écrevisse,  ce  qui  l'a  fait 
quelquefois  nommer  Krebs.  Notons  une  curiosité  de  métier  :  Des  tailles  très 
serrées  parsemées  de  petits  points.  —  Son  œuvre  comporte  une  cinquantaine 
de  pièces  qu'il  tirait  avec  une  encre  très  pâle. 

La  Vierge  assise  (Passavant  34).  —  L'Enfant  Dieu  entoure  de 

ses  bras  le  cou  de  sa  mère  qui  l'embrasse  ;  la  tète  de  celle-ci  est 

ornée  de  perles.  En  bas,  l'écrevisse.  Quelquefois  dans  les  dernières 

épreuves  on  trouve  le  monogramme  de  Diirer  au-dessus  de  l'écrevisse. 

Pièce  très  rare. 

Le  Calvaire  (P  29).  —  Au  premier  plan,  sur  de  très  grandes 
croix  occupant  toute  la  hauteur  de  l'estampe,  le  Christ  crucifié  entre 
les  deux  larrons  ;  celui  de  gauche  est  monstrueusement  obèse.  Entre 


126  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

les  deux  croix  de  gauche,  la  Vierge  de  profil  à  droite  est  tombée 
évanouie  dans  les  bras  de  saint  Jean.  Deux  cavaliers  et  des  hommes 
armés  sont  à  droite,  commandés  par  un  personnage  vu  de  dos.  Au 
fond  de  l'estampe  de  ce  même  côté,  une  porte  de  fortification  en 
ruines,  à  gauche,  Jérusalem.  Un  vent  violent  fait  incliner  un  arbuste 
mort  qui  se  trouve  au  troisième  plan,  et  flotter  la  draperie  qui  voile 
la  nudité  du  divin  Crucifié.  Sans  signature. 

Cette  estampe  extrêmement  curieuse  est  lu  plus  rare  de  l'œuvre  ;  un  fort 
bel  exemplaire  passa  à  la  vente  Angiolini  où  il  fut  adjugé  1300  francs. 

La  Nativité  (Bartsch  3).  —  L'Enfant  Jésus  est  couché  dans  une 
auge,  adoré  par  la  Vierge  qui  les  mains  élevées  est  de  face  et  à 
mi-corps  ;  trois  anges  sont  à  gauche,  et  saint  Joseph  à  droite  également 
à  mi-corps  et  en  adoration.  Au  fond,  l'élable  dans  une  construction 
en  ruines,  près  de  laquelle  on  distingue  à  droite  une  bergère,  et  à 
gauche  un  paysan.  Sans  signature. 

Ventes  :   Ilolford,   875   —   Par   H. -G.    Gutekunst   en    189-1,    une   épreuve 
admirable,  1961,  morceau  de  la  plus  grande  rareté. 

La  Purification  de  la  Vierge  (Bartsch  4).  —  Dans  un  temple  à 
droite,  la  Vierge  est  à  genoux  ;  elle  tient  l'Enfant  Jésus  dans  ses  bras. 
Sur  le  tout  premier  plan  à  gauche  près  d'un  pilier,  un  personnage  vu 
de  dos,  tient  un  cierge  allumé.  Dans  le  bas  du  coin  droit,  Yccrevisse. 

Estampe  rarissime  et  curieuse,  un  bel  exemplaire  fut  adjugé  380  francs  à 
la  vente  Arozarena,  il  provenait  des  collections  W'ilson  et  F.sdaile. 


MAITRE  A  L'ETOILE 

On  ne  sait  rien  de  sa  vie  ;  il  vécut  entre  1522  et  1544.  Il  s'appelait  Dirk 
van  Star,  mais  on  le  désigne  plus  communément  sous  le  nom  du  Maître  a 
l'Etoile.  Il  signait  d'une  étoile  placée  entre  un  D  et  un  V. 

Le  Déluge  (Bartsch  2).  —  Un  ciel  noir  dont  les  nuages  crèvent  en 
pluie  inondant  une  plaine  au  milieu  de  laquelle  se  dresse  un  grand 
arbre  à  la  tête  feuillue,  près  duquel  se  dirige  allant  vers  la  droite,  un 
boninie  demi-nu  poussant  devant  lui  une  brouette.  Une  multitude  de 
personnages  allblés  gagnés  par  l'inondation  se  sauvent  sur  un  radeau 
ou  essayent  de  monter  sur  un  toit  à  droite;  tout  à  fait  à  gauche  de 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  127 

l'estampe,  un  groupe  danse  en  rond.  En  bas  à  gauche  au-dessus  d'un 
chien  de  profil  à  droite,  le  monogramme  du  maître  avec  la  date  15H. 

Pièce  extrêmement  curieuse,  rappelant  le  faire  de  Lucas  de  Leyde,  adjugée 
376  francs  à  la  vente  Liphart. 

Saint  Luc  peignant  la  Vierge  (9).  —  La  Vierge  est  assise  par 
terre,  à  droite,  ayant  l'Enfant  Jésus  sur  ses  genoux  ;  saint  Luc  fait  son 
portrait.  Un  bœuf  est  couché  aux  pieds  du  peintre.  Sur  une  sorte  de 
siège  qui  est  à  gauche,  on  lit  le  chiffre  de  l'artiste,  et  en  bas  au  milieu  : 
1526  IN.  IVLI.  28. 

Vente  :  Didot,  130  francs. 


MAITRE  au  monogramme  -L-  Cz. 

Artiste  très  habile  des  dernières  années  du  xv  siècle,  dont  on  ne  connaît 
ni  le  nom,  ni  la  vie.  Bartsch  le  classe  aux  Allemands,  Passavant  aux 
Hollandais.  Nous  nous  rangeons  à  l'opinion  de  ce  dernier.  A  gravé  une 
dizaine  de  pièces. 

Le  Christ  tenté  par  le  Démon  (Bartsch  1).  —  Dans  la  campagne, 
le  Christ  à  gauche  drapé  dans  un  ample  manteau,  de  profil  à  droite, 
sa  main  droite  qui  s'est  dégagée  de  dessous  son  vêtement  souligne  du 
geste  sa  parole,  car  il  semble  répondre  au  démon  qui  est  à  droite 
adossé  à  un  énorme  rocher  ;  ce  dernier  a  pris  pour  le  tenter  la  forme 
d'un  être  fantastique  aux  jambes  de  coq  et  aux  mamelles  pendantes. 
Au  fond  de  l'estampe,  des  arbres,  des  collines  et  des  maisons.  En  bas 
au  milieu  de  la  pièce,  le  monogramme. 

L'exemplaire  qui  figure  au  Département  des  Estampes  est  de  condition 
exceptionnelle. 

Le  Christ  en  croix  entre  la  Vierge  et  saint  Jean  (Passavant4).  — 
Le  Christ  en  croix  au  milieu  de  l'estampe,  entre  la  Vierge  à  gauche  et 
saint  Jean  à  droite.  Au  fond  à  droite,  des  maisons  ;  au  pied  de  la  croix 
une  tête  de  mort  près  de  laquelle  on  voit  le  monogramme  de  l'artiste. 
La  physionomie  de  la  Vierge  et  de  saint  Jean  paraissent  singulièrement 
jeunes. 

Cette  petite  pièce  ronde  est  d'u/ie  insigne  rareté.  Un  exemplaire  est  à 
Berlin,  le  seul  autre  connu  fut  adjugé  à  la  vente  Didot,  1G05  francs. 


128  ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

Saint  Georges  tuant  le  Dragon  (P  7).  —  Le  saint  à  cheval, 
couvert  de  son  armure,  s'avance  vers  la  gauche  tirant  son  épée  du 
fourreau  pour  achever  le  monstre  hlessé  grièvement  et  gisant  sur  le 
dos,  le  cou  traversé  d'une  tlèche.  A  gauche  au  second  plan,  dans  une 
grotte  deux  petits  dragons,  et  à  droite,  une  femme1  en  prière  à  genoux 
les  mains  jointes.  Au  fond,  couronnant  une  hauteur,  un  château  fort. 
Pas  de  signature. 

Cette  estampe  est  fort  rare,  elle  donne  presque  l'illusion  d'un  dessin  à  la 
plume.  Un  exemplaire  qui  passa  a  la  vente  Angiolini  l'ut  adjugé  1000  francs. 


MAITRE  DES  JARDINS  D'AMOUR 

On  ne  sait  absolument  rien  de  ce  Maître  dont  l'œuvre  révèle  un  travail 
d'orfèvre  aux  eernures  ou  contours  fortement  accusés;  il  appartient  à 
l'école  de  Van  Eyck  et  l'exécution  des  6  gravures  *-  que  nous  allons  mentionner 
semble  avoir  eu  lieu,  dit  Passavant,  vers  1460;  ajoutons  qu'elles  sont  d'une 
excessive  rareté.  Les  voici  :  Saint  Georges  —  Saint  Eloi  —  Le  grand  Jardin 
d'amour  —  Le  petit  Jardin  d'amour  —  L'Homme  sauvage  sur  une  licorne  — 
La  Femme  sauvage  sur  un  cerf. 

Il  vient  de  paraître,  cliez  Karl-W.  Hiersemann  de  Leipzig,  une  importante 
étude  sur  le  Maître,  Der  Meister  der  Liebesgarten,  par  M.  Max  Lehrs,  le 
savant  conservateur  du  cabinet  de  Dresde;  ignorant  malheureusement  pour 
nos  travaux  la  langue  allemande,  nous  ne  pouvons  en  donner  l'analyse. 


MAITRE  DES   SUJETS  TIRÉS  DE  BOCCACE 

L'artiste  est  ainsi  dénommé  parce  qu'il  a  gravé  plusieurs  sujets  tirés  des 
ouvrages  de  cet  écrivain.  Son  faire  est  serré  et  délicat,  il  rappelle  un  peu 
Israël  van  Meckenen  dont  on  suppose  même  qu'il  est  l'élève. 


i  (  in  n'csl  absolument  pas  d'accord  sur  la  personnalité  de  cette  femme  qui  apparaît  toujours 

dans  la  reproduction  de  la  scène  de  saint  Georges  tuant  U  dragon.  Les  uns  y  voient  l'impureté, 

i       utres  le  <i<  nu  .h.  cm  ii  Princesse  Alexandre,  d'autres  enfin,  tels  que  M.  Ernest  Hello  dans  sa 

te  des  Saints,  la  Princesse  Marguerite.  Il  raconte  que  ce  dragon  énorme  habitait  un 

lac  aux  onvlrom  de  Beyrouth  dont  il la  il  sas  pour  se  précipiter  sur  lis  hommes.  On  lui 

pendant  deux  brebis  par  jour,  mais  celles-ci  s'étanl  épuisées,  on  consulta  alors  l'oracle 
qui  répondit  qu'il  lui  (allait  des  créatures  humaines  Urées  au  sort.  La  Bile  du  mi  lui  désignée, 
on  la  coi   tu  une  brebis  la  où  le  dragon  devail  la  prendre,  mais  Saint  Georges,  ayant 

frappe  mortellement  l'animal,  ordonna  a  la  jeune  Bile  de  •! a  r  sa  ceinture,  de  la  passer 

oui  il  ù  cou  du  mon  lire  et  de  le  ramener  dans  la  cité,  disant  au  Roi,  que  s'il  voulait  croire 
en  Dieu  11  nchi  eraltli  dragon  :  le  monarque  e  convertit  sur  le  champ  et  avec  lui  vingt  mille 
lu nés. 

i  volume  de  M.  Mai  Lehrs  reproduit  en  phototypte  28  pièces  de  ce  Maître,  ce  qui  portes 
crolri'  que  les  dernières  recherche!  ""i  amené  des  nouvelles  découvertes  dans  l'œuvre  que 

mai'  viiiiuis  de  signaler. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  129 

Ses  pièces  sont  de  la  plus  insigne  rareté  ;  nous  pouvons  nous  tromper, 
mais  nous  ne  nous  souvenons  pas  en  avoir  vu  passer  en  ventes  publiques, 
à  l'exception  de  celles  du  Département  des  Estampes,  acquises  aux  collections 
Delessert  et  Delbecq.  —  Passavant  mentionne  25  pièces. 

En  voici  deux  extrêmement  curieuses  qui  sont  du  reste  aux  Estampes,  à  Paris. 

L'Auteur  écrit  l'Histoire  de  nos  premiers  Parents  (Passa- 
vant 4  —  Bartsch  72).  —  Dans  un  étrange  intérieur,  assis  de  trois 
quarts  à  droite,  devant  un  pupitre,  une  plume  à  la  main  posée  sur  un 
livre  ouvert,  l'auteur  regarde  Adam  et  Eve  qui  se  présentent  à  lui 
complètement  nus,  la  main  sur  la  feuille  de  vigne  qui  cache  leur 
sexualité,  ils  baissent  les  yeux,  et  la  femme  surtout  paraît  particulière- 
ment intimidée;  derrière  eux  à  droite  deux  chiens1  jouent  ensemble. 
Sur  les  murs  sont  représentées  des  scènes  de  l'Ancien  Testament, 
entr'autres  à  droite,  l'Ange  une  épée  à  la  main  chassant  Adam  et  Eve 
du  Paradis  terrestre.  Sans  date,  ni  signature. 

La  Mort  de  Régulus*  (P  8).  —  Sur  des  tonneaux,  une  sorte 
d'estrade  est  dressée,  on  y  a  étendu  un  homme  nu  sur  des  planches 
hérissées  de  clous  et  on  l'attache  avec  des  cordes  ;  il  est  entouré 
d'hommes  d'armes  ;  son  chapeau  et  ses  vêtements  sont  jetés  sur  cette 
estrade.  Par  terre  touchant  presque  le  trait  carré,  trois  cailloux  à 
peine  ombrés.  Au  fond  de  l'estampe,  deux  personnages  sont  à  des 
fenêtres  et  assistent  à  cette  scène.  Sans  signature,  ni  date. 

Le  Voyage  d'un  Iconophile,  page  323,  parle  des  deux  pièces  décrites 
ci-dessus.  —  A  l'exposition  Dutuit,  en  1869,  figurait  Le  Duel,  pièce  non 
décrite,  de  la  dernière  rareté,  et  considérée  comme  pendant  à  :  Le  Roi  et 
l'Homme  mort  (P  5). 


MAITRE   DU    CABINET   D'AMSTERDAM 

Artiste  de  l'école  de  van  Eyck,  sur  le  compte  duquel  on  ne  sait  pour 
ainsi  dire  rien.  Très  habile  et  de  premier  ordre,  il  traita  avec  un  égal 
bonheur  les  sujets  les  plus  divers,  sacrés  et  profanes.  Le  musée  d'Amsterdam 
possède,  croyons-nous,  80  pièces  du  Maître  ;  elles  sont  toutes  d'une  extrême 
rareté  et  proviennent  de  l'héritage  du  baron  de  Leyde  en  1806.  —  On  le 
désigne  aussi  quelquefois  sous  le  nom  du  Maître  de  1480. 


1  Barlsch  dît  :  Un  chien  et  un  singe. 

3  On  désigne  aussi  cette  pièce  sous  la  rubrique  plus  claire,  selon  nous,  de  :  L'homme  mis  à 
la  torlion  et  décapité  à  Bruges  l'an  1402. 

9 


130  ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE 

Les  Stigmates  de  saint  François  (Passavant  36).  —  Le  saint 
est  à  genoux,  tourné  à  gauche,  les  yeux  fixés  sur  un  crucifix  muni  de 
six  ailes  qu'on  aperçoit  dans  les  airs.  Devant  lui,  un  petit  livre 
terme  ;  plus  loin,  le  frère  Elie  endormi.  Dans  le  fond,  au  bord  d'un 
fleuve  à  droite,  un  rocher  surmonté  d'un  château. 

Estampe  rarissime  île  l'école  ilu  Maître,  si  elle  n'est  de  lui-même,  dont  un 
exemplaire  fut  adjugé  à  la  vente  Camberlyn  205  francs;  il  en  existe  des 
copies. 

La  Vierge  debout  (P  9).  —  La  Vierge  est  debout  de  face,  sur  un 
croissant,  la  tète  auréolée  d'éloiles  et  couronnée  ;  elle  tient  l'Enfant 
Jésus  sur  le  bras  gauche,  et  un  livre  de  la  main  droite  qui  sort  des  plis 
de  son  manteau  ;  elle  a  les  yeux  baissés  et  la  tète  penchée  à  droite. 

Fort  belle  pièce. 

Saint  Georges  (P  25).  —  Au  pied  d'une  colline  que  couronne  un 
château  fort,  saint  Georges  tue  de  son  épée  le  dragon  qui  est  renversé 
sur  le  dos  à  droite  de  l'estampe  ;  derrière  lui,  une  femme  est  debout 
tenant  par  la  bride  le  cheval  du  guerrier;  dans  le  ciel,  un  vol  de  cinq 
oiseaux. 

Estampe  superbe  rappelant  par  sa  finesse  un  dessin  à  la  plume. 


MOREELSE  (Paul) 

Artiste  graveur  sur  bois,  ayant  fort  peu  produit,  et  de  modeste  notoriété, 
naquit  à  Utrecht  en  1Ô71  et  y  mourut  en  1038. 

Nous  n'hésitons  pas  cependant  ù  le  mentionner,  car  il  y  avait  de  lui,  à 
l'Exposition  de  la  Gravure  sur  bois,  le  superbe  clair-obscur  que  nous  allons 
décrire  ici  : 

L'Amour  dansant  avec  deux  Femmes.  —  L'Amour  tient  par 
la  main  deux  femmes  costumées  h  l'antique;  il  regarde  celle  qui  est 
à  sa  droite  ;  par  terre  dans  le  coin  gauche,  est  déposé  son  carquois, 
sous  lequel  on  lit  :  /'.  Morelse  1612.  La  femme  de  droite  tient  sa  jupe 
qu'elle  relève  de  ses  deux  mains  ;  celle  de  gauche  laisse  voir  ses 
jambes  Dues  qui  se  sont  découvertes  dans  le  mouvement  de  la  danse. 
En  liant  de  l'estampe,  au-dessus  d'ornements  représentant  une  tète 
de  bouc  et  une  chauve-souris  encadrées  de  deux  singes,  quatre  lignes  : 
Aligerum  trahit  hiepueram, . . 


ÉCOLE  HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  131 


MULLER  (Jean) 

Elève  de  Gollzius,  de  la  vie  duquel  on  sait  fort  peu  de  chose,  naquit  vers 
1570.  Très  habile  graveur  de  portraits,  d'un  métier  très  synthétique  et  très 
sommaire. 

L'Archiduc  Albert,  d'après  Rubens  (Bartsch  62). 

Une  épreuve  d'essai,  avec  la  tête  seule  terminée,  unique  sans  doute,  fut 
adjugée  à  la  vente  Didot,  440  francs. 

Christian  IV,  d'après  Rémy  Rit  (61). 

Une  épreuve  :  avec  la  tête  et  le  fond  seulement  terminés,  vente  Didot, 
465  francs  ;  un  autre  état,  le  2e,  non  décrit,  avec  le  portrait  et  la  partie 
gauche  entièrement  terminés,  500  francs  ;  un  3«  état,  non  décrit  également, 
la  planche  complètement  terminée,  et  avant  toutes  lettres,  325  francs,  et 
enfin  l'épreuve  de  tirage,  22  francs. 


0 STADE  (Adrien  van)' 

Né  à  Lubeck  en  1610,  mourut  en  1685.  —  Son  œuvre  se  compose  de 
51  pièces  reproduites  par  Aman  Durand.  Artiste  intéressant  et  original,  s'est 
appliqué  à  reproduire  avec  une  rare  fidélité  les  scènes  populaires  de  danse, 
cabarets,  tabagies,  etc.,  ses  figures  sont  toujours  lourdes,  vieillottes  et 
courtes;  on  le  croit  élève  de  Franz  Hais.  Ses  eaux-fortes  comportent  en 
moyenne  deux  ou  trois  états,  quelquefois  davantage,  tels,  par  exemple,  que 
Le  Goûté  et  Le  Charcutier  qui  en  comptent  six,  le  classement  en  est  fort 
difficile.  Il  n'y  a  d'intéressant  que  les  premiers  états  et  les  pièces  dites  à  la 
bordure  fine,  c'est-à-dire  avant  que  le  trait  carré  qui  entoure  l'estampe  ait 
été  renforcé  au  burin.  Les  premiers  états  à  l'heure  qu'il  est  sont  extrêmement 
rares.  Le  catalogue  de  l'œuvre  de  l'artiste  a  été  établi  par  Bartsch,  par 
Faucheux  en  1862,  et  enfin  par  E.  Dutuit;  ce  dernier  est  admirablement  bien 
fait,  cependant  nous  lui  reprocherions  presque  d'être  un  peu  trop  touffu,  il 
y  a  là  des  descriptions  d'états  qui  atteignent  jusqu'à  quarante-cinq  lignes  !  ! 

La  Famille  (Faucheux  46).  —  Dans  l'intérieur  d'une  chaumière, 
une  femme  assise  à  droite  donne  à  manger  à  un  enfant  qu'elle  tient 
dans  ses  bras;  derrière  elle,  un  homme  debout  coupe  du  pain.  Autour 
d'une  table,  deux  enfants,  dont  l'un   présente  quelque  chose  à  un 


i  Consulter:  Eaux-fortes  de  van  Oslade:  51  planches  gravées  a  L'eau-forte,  à  Paris  chez  Rapilly. 


132  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

chien.  Au  fond  de  l'estampe,  un  lit,  près  duquel  on  distingue  les 
premières  marches  d'un  escalier  et  des  ustensiles  de  cuisine  dissé- 
minés. En  basa  droite:  A.  V.  Ostade  1647. 

Ventes:  Guichardot,  avec  la  coulure  d'eau-forte  en  bas  à  droite,  920;  avec 
les  trois  marches  de  l'escalier  presque  blanches,  et  le  trait  carré  très 
légèrement  indiqué,  470;  2«  état,  400  —  E.  Galichon,  C00,  eau-forte  pure, 
même  état  que  celui  vendu  470  à  la  vente  Guichardot  —  Knowles,  1"  état, 
764,  provenant  de  chez  Marshall  et  Alferoff  —  Didot,  même  état,  350  — 
Oppermann,  même  état,  376  —  Fisher,  575  —  L.  Galichon,  285,  de  chez 
Didot  —  Straeter,  394,  toutes  ces  épreuves  en  1"  état  —  Dreux,  à  la  bordure 
fine,  95. 

La  pièce  capitale  de  l'œuvre. 

Le  Peintre  dans  son  atelier  (32).  —  A  gauche,  assis  dans  son 
atelier  devant  son  chevalet  dont  la  toile  est  violemment  éclairée  par 
la  gauche,  un  peintre  coiffé  d'un  haut  bonnet  a  près  de  lui  à  droite  un 
banc  sur  lequel  est  posé  un  livre  ouvert  et  par  terre  un  autre  livre 
fermé.  Au  dernier  plan  à  droite,  un  escalier  tournant,  sous  lequel  on 
aperçoit  deux  enfants  broyant  des  couleurs,  ainsi  qu'une  malle 
ouverte.  Dans  la  marge  un  quatrain  en  latin:  Pictor  Apelœa . . . 
Signé  A.  V.  Oslade  fecit. 

1"  état.  —  Avant  le  quatrain. 

2e   état.  —  Le  mot  Auferet  du  quatrième  vers  est  écrit  Auferret. 
3e   état.  —  Le  mot  est  corrigé. 
4«   état.  —  Le  bonnet  est  diminué. 

.">•■  état.  —  Le  montant  du  bas  qui  soutient  l'escalier  est  strié  de  tailles 
perpendiculaires  et  porte  :  .4.  V.  Oslade  fecit  cl  excud. 

Ventes:  Guichardot,  1«",  2e  et  3«  états,  de  Faucheux,  croyons-nous, 
vendus 2600,  1100  et  980;  il  y  avait  à  cette  vente  11  exemplaires  différents 
de  cette  pièce  —  Knowles,  2°  état  de  Faucheux,  437  —  Oppermann, 
51--  état,  277  —  Fisher,  925  —  Angiolini,  avec  le  haut  bonnet  et  avant  les 
hachures  sur  la  table  du  chevalet  et  avant  la  troisième  taille  sur  les  deux 
premières  marches  de  l'escalier,  600  —  Straeter,  avant  le  quatrain,  637, 
rarissime ,  avec  la  correction  au  mot  Auferret,  500. 

Cette  estampe  est  extrêmement  rare.  —  Il  existe  à  Amsterdam  une  épreuve 
unique  dans  laquelle  le  banc,  sur  lequel  est  le  livre  du  peintre,  est  remplacé 
par  un  tonneau. 

La  Dévideuse  à  la  porte  de  sa  maison  (25).  —  Sur  le  seuil  de- 
là porte  d'une  maison  que  décore  une  luxuriante  vigne  à  droite,  une 
femme  est  assise  dévidant  sa  quenouille  ;  une  poule  picore  devant 
elle,  et  un  homme  vu  presque  de  dos,  un  bâton  à  la  main,  cause  avec 
elle  ;  derrière  l'homme  est  un  seau.  En  bas  à  droite  :  A.  V.  O. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  133 

Ventes  :  Guichardot,  1er  état,  115;  2e  état,  92  —  Fisher,  1"  état,  662  — 
Straeter ,  épreuve ,  croyons-nous ,  avec  le  seau  qui  est  derrière  l'homme 
presque  blanc  et  l'absence  de  nombreux  travaux  tels,  par  exemple,  que  les 
cercles  qui  entourent  ce  seau,  exemplaire  probablement  unique,  1875. 

Paysan  payant  son  écot  (42).  —  Dans  une  auberge,  un  groupe 
de  personnages  assis  boivent  et  causent  entr'eux.  Au  fond  de  la  pièce 
près  d'une  vaste  cheminée  à  droite,  un  tabouret  sur  lequel  une 
cruche  est  posée  ;  à  gauche  sur  le  premier  plan,  une  femme  légèrement 
penchée  en  avant,  reçoit  l'argent  qu'un  homme  qui  est  en  face  d'elle 
lui  met  dans  la  main.  En  bas  à  droite  :  A.  V.  Ostade. 

Ventes  :  Guichardot,  état  non  décrit  par  Faucheux,  intermédiaire  entre  le 
l«r  et  le  2e,  300  —  Oppermann,  4e  état,  74  —  Buccleuch,  300,  même  état  — 
Fisher,  1050,  même  étal  —  Straeter,  avant  les  contre-tailles  sur  le  dos  et  sur 
le  jupon  de  la  femme  qui  reçoit  l'argent,  et  avant  celles  sur  les  linges 
pendus  au  fond  de  la  pièce  à  gauche,  2562  :  épreuve  unique  sans  doute,  car 
on  ne  la  connaît  pas  dans  les  cabinets  de  Vienne,  Harlem,  Amsterdam, 
Paris  ou  Londres. 

La  Danse  au  cabaret  (49).  —  De  nombreux  personnages  sont 
réunis  dans  un  cabaret  ;  au  milieu  de  l'estampe,  l'un  d'eux  danse,  son 
chapeau  sous  le  bras  droit  ;  derrière  lui,  un  violoneux  assis  sur  la 
table,  sous  laquelle  on  aperçoit  un  chien.  A  droite,  un  couple  assis  se 
lutine  ;  à  gauche,  une  femme  et  un  homme  un  pichet  à  la  main 
descendent  un  petit  escalier  ;  près  d'un  homme  debout  de  trois  quarts 
à  droite,  une  femme  est  assise  ayant  dans  sa  main  un  gobelet  que 
prend  un  enfant.  Sur  le  tout  premier  plan,  un  escabeau  renversé  et 
un  homme  assis  tournant  presque  le  dos.  En  bas  à  droite  :  A.  V.  Ostade 
fecit  et  excud. 

Ventes  .  Guichardot,  4e  état,  460  —  Didot,  80  —  Knowles,  1«  état,  c'est-à- 
dire  avant  les  travaux  de  pointe  sèche,  781  —  Schloesser,  même  état,  850,  de 
chez  Kalle  —  Oppermann,  443  —  Fisher,  5e  état,  462  —  Straeter,  épreuve 
provenant  de  la  vente  Simon,  avant  les  travaux  de  pointe  sèche  sur  les 
ombres,  1287  —  Rosenberg,  116,  avec  la  bordure  fine  —  Hansen,  62,  sur 
papier  aux  armes  d'Amsterdam. 

Cette  estampe,  très  finement  gravée,  est  remarquable  surtout  par  sa  jolie 
distribution  de  lumière,  comme  format  c'est  la  plus  grande  pièce  de 
l'œuvre. 

Le  Goûté  (50).  —  Dans  l'intérieur  d'une  ferme,  autour  d'une 
table,  quatre  hommes,  et  une  femme  à  droite,  près  de  celle-ci  un 
chien,  et  l'entrée  d'une  cave  dont  l'un  des  battants  de  la  porte  est 


134  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

fermé.  L'homme  de  gauche  est  debout  un  verre  à  la  main  ;  près  de  la 
chaumière  tout  à  fait  à  gauche,  deux  enfants  et  des  cartes  éparses  sur 
le  sol.  La  lumière  vient  de  droite.  En  bas  dans  le  coin  gauche  : 
A!  Ostade,  et  dans  la  marge  deux  vers  latins  de  Tibulle  :  Securx 
reddamus. 

Ventes  :  (îuichardot,  eau-forte  pure,  la  draperie  qui  est  sur  le  manteau  de 
la  cheminée  n'a  qu'une  seule  taille,  la  petite  tille  qui  boit  a  an  bonnet  sur  la 
tête,  avant  les  vers,  1600;  avec  les  eontre-tailles  sur  la  draperie,  1500;  avec 
les  vers,  460  —  Oppermann,  avec  la  bordure  fine,  101  —  Griffiths,  avant  les 
vers,  50  —  Buccleuch,  avant  les  vers,  925  —  Fislier,  525,  de  chez  Hawkins  — 
Straeter,  avant  les  vers,  725  •  —  Hansen,  75  —  Rosenberg,  110. 

Le  Charcutier  (41).  —  Devant  une  ferme,  au  milieu  de  l'estampe, 
un  paysan  à  genoux  sur  le  porc  étendu  par  terre  qu'il  vient  de  tuer, 
fait  couler  le  sang  de  l'animal  dans  une  poêle  que  tient  une  femme 
placée  près  de  lui.  A  droite,  deux  enfants  près  d'une  pompe;  à 
l'extrême  gauche,  un  paysan  debout  de  profil  à  droite,  regarde  la 
scène,  plus  trois  autres  assistants  ;  en  tout  huit  personnages.  Au  bas 
à  gauche,  A/  Ostade. 

Petite  pièce  ronde.  Le  1"  état  à  l'eau-forte  pure  est  de  toute  rareté,  une 
partie  du  ciel  est  blanche,  mais  il  n'y  a  pas  d'éclairage;  c'est  au  2"  état 
surtout  qu'apparaît  la  scène  de  nuit  vraiment  saisissante,  la  caractéristique 
de  cet  état  est  que  le  bonnet  est  presque  blanc,  ainsi  que  le  bras  et  la  jambe 
droite  du  paysan  qui  est  debout  tout  à  fait  à  gauche. 

Ventes  :  Guichardot,  180  —  Oppermann,  90  —  Fisher,  187,  de  chez 
Guichardot  —  Straeter,  356. 

Les  Pécheurs  (26).  —  Dans  la  campagne,  un  canal  avec  un  pont 
de  bois,  sur  lequel  est  un  pêcheur  à  la  ligne,  ayant  près  de  lui  un 
garçonnet  portant  un  panier.  Au  fond  à  gauche,  un  grand  arbre  ;  à 
droite,  maison  et  personnages.  Dans  le  bas  à  droite  dans  l'eau  :  A.  V.  0. 

Ventes  :  Guichardot,  tout  1"  état,  de  nombreux  traits  échappés  perpen- 
diculaires coupent  le  deuxième  poteau  à  gauche  sur  lequel  repose  le  pont, 
le  ciel  est  blanc,  la  bordure  est  fine;  de  toute  rareté,  1165  —  2''  état,  les 
traits  échappés  oui  été  effacés  et  tics  travaux  ont  été  exécutés  dans  le 
ciel,  210  —  Oppermann,  2«  état,  94  —  Straeter,  sur  papier  à  la  folie,  150  — 
Rosenberg,  sur  même  papier,  2"  état,  77  —  Dreux,  avec  la  bordure  fine,  330. 


'  a  cette  vente,  le  dessin  original,  sépla  smis  trall  de  plume,  lui  adjugé  837  francs.  Ceci  nous 
suggère  en  passant  la  remarque  suivante,  que  les  dessins  originaux  dis  peintres-graveurs 

ms  sont  bien  n ipayi     qu    leui    beaux  états  d'eau-forte.  Rembrandt  en  sel  on  exemple 

particulièrement  frappant;      le     enti    Dldot  ses  dessins  atteignirent  péniblement  17, 30. 70... 
380  francs,  tandis  que  sis  eaux-fortes  s'enlevèrent  allègrement  A  2.000,  3.900...  cl  17.000  francs  II 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  135 

Notons  encore  comme  extrêmement  rares,  quoique  bien  peu  intéressantes 
cependant:  Le  Coup  de  couteau  (19)  dont  le  1"  état,  eau-forte  pure,  fut  adjugé 
760  francs  à  la  vente  Guichardot,  et  1375  à  la  vente  Knowles,  et 
L'Epouitleuse,  que  l'on  considère  comme  douteuse,  gravée  selon  Dutuit,  par 
W.  Basse,  d'après  Isaac  van  Ostade. 

Parmi  les  plus  beaux  œuvres  du  Maître,  citons  ceux  formés  par  :  Van  den 
Zande,  un  ancien  administrateur  des  douanes,  vendu  en  1855;  Auguste 
Simon,  un  tourangeau,  vendu  en  1862;  Guichardot  le  marchand  d'estampes, 
cette  collection  admirable  comprenait  364  pièces  en  différents  états  —  elle 
provenait  en  partie  de  chez  Verstolk  de  Soelen  où  elle  avait  été  adjugée 
4420  francs  —  à  sa  vente  elle  fit  modestement  plus  de  57000  francs  !  !  et  enfin 
dernièrement  celui  du  docteur  Auguste  Straetcr  vendu  en  1898,  l'œuvre 
était  complet,  il  ne  lui  manquait  que  L'Epouitleuse ,  encore  est-il  probable 
qu'il  l'avait  écartée  à  dessein  vu  son  peu  d'authenticité.  Actuellement  les  deux 
plus  belles  réunions  de  van  Ostade  se  trouvent  chez  le  baron  Edmond  de 
Rothschild  et  au  musée  Teyler,  à  Harlem. 

Les  premières  épreuves,  les  seules  qu'il  faille  recueilli,  sont  claires  de  ton, 
et  les  meilleures  impressions  sont  souvent  tirées  avec  une  encre  légèrement 
brune.  Le  Maître  a  eu  de  nombreux  imitateurs,  parmi  les  principaux  nous 
pouvons  citer  Cornélius  Bega,  Brauwer  et  Dusart,  tous  leurs  personnages 
étaient  laids,  canailles,  vulgaires  et  mal  bâtis. 

Au  commencement  du  xvmc  siècle  les  cuivres  étaient  aux  mains  de 
Bernard  Picart  qui  les  publia,  à  Amsterdam,  vers  1720,  sous  ce  titre  : 
Œuvre  complet  d'Adrien  van  Ostade,  peintre  célèbre,  inventé  et  gravé  par 
luy  même. 


POTTER  (Paul)' 

Né  à  Enkhuizen  en  1625,  mort  à  Amsterdam  en  1654,  peintre-graveur 
animalier  dont  les  20  eaux-fortes  qui  forment  l'œuvre  sont  assez  recherchées  ; 
nous  nous  sommes  toujours  demandé  pourquoi?  car  c'est  d'un  poncif  et 
d'une  banalité  désespérante.  Il  a  eu  comme  imitateur  Marc  de  Bye. 
Mentionnons  néanmoins,  pour  les  enragés  que  cela  peut  intéresser,  les  moins 
mauvaises  et  les  plus  rares. 

Le  Vacher2  (Bartsch  14).  —  Sur  le  premier  plan,  trois  vaches 
couchées  et  deux  debout,  une  de  celles-ci,  celle  de  gauche,  vue 
absolument  de  dos.  A  droite  sur  un  tertre  dont  une  partie  est  boisée, 
le  vacher  poussant  devant  lui  trois  vaches  à  l'aide  d'un  bâton  qu'il 
tient  de  ses  deux  mains.  Dans  le  coin  inférieur  gauche  :  /.  Paulus  Potier. 
In  et  fecit  A"  1643. 


1  Consulter  :  Eaux-fortes  de  Paul  Potter.  reproduites  et  publiées  par  Amand  Durand,  texte 
par  G.  Duplcssis,  à  Paris,  chez  G.  Rapilly. 
3  Ne  pas  confondre  cette  estampe  avec  celle  de  Le  Berger  (B  15). 


13T)  ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET    FLAMANDE 

Dutuit  rubrique  cette  estampe,  la  première  qu'ait  gravée  l'artiste,  Vue 
d'une  Prairie.  Il  existe  au  British  Muséum  la  seule  épreuve  connue  du 
1er  état,  la  vache  couchée  à  gauche  a  la  tète  tournée  à  droite  et  le  dos 
presque  blanc,  elle  provient  du  cabinet  de  Fries;  la  signature  et  la  date 
n'existen\.  pas  dans  le  coin  gauche.  Il  y  a  des  épreuves  avec  l'adresse  de 
de  Wit  et  d'autres  avec  celle  de  P.  Schrnck.  —  Le  cuivre  existe  encore  et  a  été 
publié  en  1866  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts. 

Ventes  :  Schloesser,  la  planche  coupée  avant  l'adresse,  66  —  Oppermann, 
même  état,  138. 

La  Tête  de  Vache  (16).  —  Au-dessus  d'une  barrière  en  bois 

entrecroisés,  la  tête  d'une  vache  de  profil  à  gauche.  Au  second  plan, 

également  à  gauche,  un  tronc  d'arbre. 

Pièce  rarissime,  dont  il  existe  5  ou  6  copies,  entre  autres  par  Bartsch, 
A.  Schouman,  Claussin,  J.  Bemme 

Ventes  :  Didot,  760,  provenant  de  chez  AlferofF  —  Straeter,  875  t  !  !  Certes, 
voilà  de  l'argent  qui  pourrait  être  mieux  placé,  car  cette  somme  est 
vraiment  hors  de  proportion  avec  la  valeur  d'art  de  l'estampe. 

La  Vache  couchée  près  de  l'arbre  (17).  —  La  bête  est  couchée 
la  tête  tournée  à  gauche,  regardant  de  face,  entre  un  petit  bouquet 
d'arbres  à  droite  et  un  gros  tronc  à  gauche  ;  dans  le  ciel,  trois  oiseaux. 
Sans  signature. 

Il  existe  une  copie  par  Bartsch.  —  A  la  vente  Aylesford  une  fort  belle 
épreuve  fut  adjugée  700  francs. 

Enregistrons  enfin  une  pièce  de  la  dernière  rareté,  rubriquée  Le  Zabucaia 
(B  18),  qui  représente  de  profil  à  gauche,  un  singe  à  longue  queue 
accroupi  au  pied  d'un  arbre  et  mangeant  un  fruit;  à  gauche,  sur  le  ciel,  en 
gros  caractères  Zabucaia  et,  à  droite,  touchant  le  trait  carré  :  Panlus  Potter 
fecit  16.Î0.  Il  existe  un  1"  état  au  Musée  d'Amsterdam  avant  le  nom  de 
l'artiste  et  le  millésime. 


REMBRANDT  (Harmensz  van  Rijn)' 

Né  à  Leyde  le  16  juillet  1606»,  mort  à  Amsterdam  le  8  octobre  1669,  il  était 
fils  d'un  meunier  et  eut  pour  maîtres,  dit-on,  J.  van  Swanenburch  et  Pierre 
Lastman.    Nous   ne   nous    étendrons    pas    en    lignes   dithyrambiques    sur 


'  Consulter:  Œuvre  de  ncmbrandi.  reproduit  el  publié  pur  Arnaud  Durand,  n  Paris  cher 

n.ïj>i!ly. 

'  Celte  date  esl  dfacufaMe,  puisque  l'épreuve:  Rembrand  au  chapeau  rond  ri  nu  manteau 
brodé  (BarUefa  7),  de  Holford,  portail  de  !••  main  de  l'artiste  une  note  Indiquant  qu'en  mm  il 
avall  M  aiUi 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  137 

l'insurpassable  Maître,  chacun  sachant  qu'il  demeure  le  géant  de  la  gravure. 
Aucun  artiste  n'a  tenté  les  iconographes  autant  que  l'immortel  Hollandais, 
douze  catalogues  ont  été  faits  de  son  œuvre  gravé.  Les  voici  dans  leur  ordre 
chronologique  : 

Le  premier  fut  dressé  par  Gersaint,  le  marchand  d'estampes,  qui  s'aida 
de  la  collection  du  graveur  Jacques  Houbraken  qui  avait  appartenu  au 
bourgmestre  Six,  l'ami  de  Rembrandt,  malheureusement  il  mourut  avant 
d'avoir  pu  le  mettre  au  jour,  le  manuscrit  fut  alors  acquis  par  Helle  et 
Glomy  qui  le  complétèrent  en  scrutant  avec  soin  les  collections  de  Marolles, 
Beringhen,  Coypel,  Julienne,  Potier  et  le  Cabinet  des  Estampes,  et  le 
publièrent  en  1751,  il  fut  traduit  en  anglais  par  T.  Jefferys  et  parut  à  Londres 
l'année  suivante.  En  1756,  Pierre  Yver  en  donna  un  supplément  rectifié.  Les 
autres  furent  faits  par  Daniel  Daulby  en  1796,  Bartsch  en  1797,  Josi  en  1816, 
le  chevalier  de  Claussin  <  en  1824-1828,  Wilson  en  1836,  Blanc  en  1859-1861, 
Ch.-H.  Middleton  en  1878,  Dutuit  en  1882*,  Rovinsky  »  en  1890  et  enfin  von 
Seidlitz  en  1895  ♦. 

Nous  ne  saurions  passer  sous  silence  la  très  remarquable  Etude  mono- 
graphique de  l'œuvre  gravé  de  Rembrandt  5  et  Rembrandt  authentique  et 
apocryphe  (1896),  publiés  par  l'éminent  peintre-graveur  sir  Francis  Seymour 
Haden,  nous  y  renvoyons  le  lecteur,  c'est  du  plus  puissant  intérêt.  Il  y 
verra  entre  autres  choses  curieuses,  la  classification  de  l'œuvre  du  Maître 
en  trois  périodes  bien  distinctes. 

La  première  période  de  1628  à  1639  —  eau-forte  pure  —  où  on  rencontre 
de  nombreux  portraits  de  lui-même,  de  sa  mère  et  de  sa  femme,  puis  la 
série  des  fameuses  pièces  fausses,  avec  preuve  à  l'appui,  nous  citerons 
parmi  celles  les  plus  connues  et  des  plus  populaires  :  La  fuite  en  Egypte 
(Ch.  Blanc  25),  d'après  le  dessin  de  Lastman,  de  Bol  probablement;  Le  Ron 
Samaritain  (41),  par  Bol  ou  Rottermondt  ;  La  grande  Résurrection  de  Lazare 
(48),  où  il  semblerait  que  Bol  et  Lievens  ont  travaillé;  La  grande  Descente  de 


'  Il  y  a  là  une  classification  du  travail  en  7  procédés  qui  est  d'une  adorable  naïveté,  d'autant 
que  l'auteur  cherche  à  les  expliquer,  après  avoir  dit  plus  haut  en  parlant  du  Maître....  «  dont  il 
est  en  grande  partie  l'inventeur  et  qu'il  parait  n'avoir  voulu  transmettre  à  personne,  puisqu'on 
assure  même  qu'il  avait  la  précaution  de  s'enfermer  quand  il  gravait  ou  imprimait  ses 
planches.  » 

s  II  a  fait  reproduire  l'œuvre  complet  dans  ses  dimensions  originales. 

3  A  aussi  reproduit  toutes  les  pièces  dans  leurs  états  successifs  en  1000  pholotypies  sans 
retouche  :  il  a  suivi  les  numéros  de  Bartsch.  en  face  desquels  il  a  mentionné  ceux  de  Gersaint, 
Claussin,  Wilson,  Blanc,  Dutuit  et  Middleton.  C'est,  selon  nous,  le  meilleur  catalogue  actuel  du 
Maître. 

*  Dans  les  catalogues  de  ventes  publiques  on  se  reporte  généralement,  en  France,  pour  les 
numéros,  à  Bartsch,  Claussin  et  Ch.  Blanc;  en  Allemagne  à  Bartsch  et  en  Angleterre  à  Wilson. 
Les  catalogues  les  plus  prisés  aujourd'hui  sont  ceux  de  Dutuit,  Rovinsky  et  Seidlitz,  tous 
sont  dressés  par  groupement  de  sujets  similaires,  il  n'y  a  que  celui  de  Middleton  qui  suit  le 
seul  ordre  rationnel  de  classement,  l'ordre  chronologique. 

5  Elle  fut  rédigée  pour  servir  d'introduction  au  catalogue  d'une  exposition  des  eaux-fortes  du 
Maître  classées  pour  la  première  fois  par  ordre  chronologique,  exposition  qui  fut  organisée  sous 
la  haute  direction  de  sir  Seymour  Haden.  au  Burlington  Fine  Arts  Club  en  1877.  II  y  eut  là,  dit 
M.  Gonse,  un  intéressant  échenillage  qui  émut  fortement  M.  Dutuit  qui,  du  reste,  en  parla 
longuement  dans  son  travail.  —  A  consulter  encore  le  bel  ouvrage  de  M.  Emile  Michel, 
Rembrandt,  sa  vie,  son  œuvre,  son  temps,  Paris,  Hachette,  1893,  ainsi  que  les  différentes  éditions 
de  Vosmaer. 


138 


ECOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 


Croix  (56),  par  Lievens;  La  Fortune  contraire  (81),  sans  doute  par  Bol; 
Ecce  Homo  (52),  par  Lievens  ;  Saint  Jérôme  en  méditation  (77),  par  Bol  (?)  ; 
Le  Peseur  d'or  (189),  dont  la  tête  et  les  épaules  seules  sont  du  Maître; 
Rembrandt  dessinant  d'après  le  modèle  (157),  ces  deux  pièces  de  Bol 
probablement;  Les  trois  Têtes  orientales  (173-28S-289),  de  Lievens,  etc. 

La  période  moyenne  de  1G40  à  1G49  —  eau-forte  et  pointe  sèche  —  avec  les 
admirables  paysages:  Les  trois  Arbres  (315);  Vue  d'Omt'al  (312);  Campagne 
du  Peseur  d'or  (334);  L'Homme  au  lait  (316);  Paysage  aux  trois  Chaumières 
(318);  La  Pièce  aux  cent  Florins  (49);  Docteur  Fauslus  (84);  Paysage  à  la 
Tour  (324);  La  Grotte  et  le  Ruisseau  ou  l'Abreuvoir  (331). 

Enfin,  la  dernière  période,  1650  à  1661  —pointe  sèche  —  c'est  la  plus  belle; 
il  ne  fait  plus  le  paysage,  sauf  un  seul  :  Le  Bouquet  de  Bois  (323),  mais  en 
revanche  il  grave  des  merveilles  :  Lulma  (182),  Tholinx  (188),  Les  Deux 
Haarings  (178-179),  Le  Christ  présenté  au  Peuple  (51),  Les  Trois  Croix  (53). 

Un  autre  peintre-graveur  de  talent,  M.  Alphonse  Legros,  un  Français  qui 
habite  depuis  longtemps  l'Angleterre,  que  nous  avons  consulté  quelquefois 
et  qui  nous  a  aimablement  répondu  comme  on  le  verra  plus  loin,  s'est 
aussi  beaucoup  préoccupé  de  Rembrandt  surtout  au  point  de  vue  métier; 
sur  les  363  pièces  qui  sont  censées  constituer  l'œuvre  du  Maître,  il  n'en 
trouve  que  71  d'indiscutables  ;  les  voici  avec  les  numéros  d'ordre  de  Dutuit  : 


19  Rembrandt  et  sa  femme. 

20  Rembrandt  au  bonnet  orné  d'une 

plume. 

21  Rembrandt  appuyé. 

22  Rembrandt  dessinant. 

32  Rembrandt  gravant  sur  une  plan- 
che haute  et  étroite. 

1 1  David  en  prières. 

45  Tobie  le  père  aveugle. 

16  L'Ange  qui  disparaît  devant  la 
fille  de  Tobie. 

50  La  Nativité. 

52  La  Circoncision. 

66  Saiule  Famille  au  chat. 

67  Jésus  au  milieu  des  Docteurs. 

68  Jésus  discutant  avec  les  Docteurs 

la  loi. 
71  La  petite  Tombe. 
77  La  Pièce  aux  cent  florins. 
83  Jésus  présenté  au  Peuple. 
85  Les  Trois  Croix. 

89  Descente  de  Croix  (esquisse). 

90  Descente  de  Croix  (effet  de  nuit). 
94  Les  Disciples  d'Kmniaùs. 

99  Saint  Pierre. 


107  Saint  Jérôme1  (goût  de  Durer). 

113  Médée. 

121  Petite  Bohémienne. 

126  Jeu  du  Kolf. 

127  La  Synagogue  des  Juifs. 
129  Le  Charlatan. 

131  Le  Paysan  avec  femme  et  enfant. 

132  Juif  à  grand  bonnet. 
135  Le  Joueur  de  cartes. 

143  Paysan  et  Paysanne  marchant. 

153  Le  Cochon. 

154  Le  petit  Chien  endormi. 
166  Vieille  Mendiante. 

172  Mendiants  à  la  porte  d'une  maison. 

192  Les  Baigneurs. 

193  Académied'hommc  assis  a  terre. 
200  Jupiter  et  Antiopc. 

205  Le  Pont  de  Six. 

206  Vue  d'Omval. 

207  Ancienne  vue  d'Amsterdam. 

209  Paysage  aux  trois  Arbres. 

210  L'Homme  au  lait. 

21 1  Les  deux  Maisons  à  pignon  pointu. 

215  Paysage  à  la  Tour  carrée. 

216  Paysage  au  Dessinateur. 


1   11  .liste  dnns  l'œuvre  7  Saint  Jérôme. 


ECOLE   HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE 


139 


219  Le  Bouquet  de  Bois. 

220  Paysage  à  la  Tour. 

221  La  Grange  à  foin  et  le  Troupeau. 

222  La   Chaumière   et   la   Grange   à 

foin. 

223  La  Chaumière  au  grand  Arbre. 

224  L'Obélisque. 

225  La  Barque  à  la  Voile. 

229  La  Chaumière  •*"'  uirée  de  plan- 

ches. 

230  Le  Moulin  de  Rembrandt. 

231  La  Campagne  du  Peseur  d'or. 

232  Canal  avec  les  Cygnes. 
234  L'Abreuvoir  de  la  Vache. 


254  Renier  Ansloo. 
259  Faustus. 
263  Clément  de  Jonghe. 
265  Jean  Lutma. 
267  Bourgmestre  Six. 
269  Jean  Silvius. 
273  Homme  sous  une  treille. 
277  Homme  avec  chaîne  et  croix. 
280  Vieillard  à  barbe  carrée. 
282  Jeune  Homme  assis  réfléchissant. 
322  Buste  de  jeune  Homme  au  trait. 
344  Jeune  Fille  avec  panier. 
352  Grilfonnements  avec  taillis,  che- 
val, etc. 


Il  considère  qu'on  en  pourrait  peut-être  ajouter  encore  42,  mais  il  n'en 
désigne  pas  les  numéros. 

Quant  à  nous,  suivant  nos  pointages  et  d'après  les  appréciations  de  gens 
compétents  et  autorisés,  nous  estimons  que  l'œuvre  authentique  du  Maître 
peut  se  monter  de  160  à  180  pièces  ;  il  y  a  loin  de  là  aux  363 !  environ, 
qu'on  a  cherché  à  lui  faire  endosser. 

Les  élèves  du  Maître  furent  nombreux,  trois  surtout  sont  considérés 
comme  ses  meilleurs,  ou  tout  au  moins  comme  ceux  ayant  eu  avec  lui  des 
attaches  plus  marquées,  ce  sont  :  Bol2,  Lievens3  et  van  Vliet l  ;  le  premier 
et  de  beaucoup  le  meilleur,  pastichait  merveilleusement  Rembrandt  ;  le 
second  retouchait  ses  eaux-fortes  au  burin,  et  le  troisième  —  dont  le 
métier  était  sans  style  —  se  faisait  remarquer  souvent  par  sa  violence  dans 
ses  effets  d'ombre  et  de  lumière.  Il  faut  encore  citer  parmi  ses  disciples  : 
Philippe  de  Coninck,  Rottermondt,  Savry,  de  Poorter,  de  Wedt,  J.  Backer, 
Flinck,  van  den  Eckout  et  Verbeecq. 

Les  plus  belles  collections  anciennes  de  l'œuvre  du  Maître  furent  —  en 
suivant  à  peu  près  l'ordre  chronologique  —  celles  de  l'abbé  de  Marolles, 
Zoomer,  Six,  Halling,  Maas,  Molewater,  Jacques  Houbraken,  puis  plus 
récemment,  celles  de  Zanetti,  Sloan,  Burgy,  Mariette,  Peters,  Barnard, 
Cracherode,  van  Leyden,  Denons,  Pôle  Carew,  Wilson,  Debois,  Verstolk 
de  Soelen",  Didot,  Slade,  Abraham  Hume,  Griffiths,  Buccleuch,  sir  Seymour 


i  Bartsch  en  relève  375.  Claussin  365,  Wilson  366,  Blanc  353  et  Middleton  329.  —  On  estime  que 
le  nombre  de  ses  tableaux  s'élève  à  environ  550,  tous  dispersés  de  par  le  monde  ;  une  trentaine 
seulement  sont  restés  en  Hollande.   -  On  sait  qu'il  n'a  jamais  gravé  ses  toiles. 

'  Son  œuvre,  19  pièces. 

3  Son  œuvre,  71  pièces. 

*  Son  œuvre,  92  pièces. 

s  A  sa  vente  en  1826,  dirigée  par  Duchesne  aîné,  l'œuvre  mis  sur  table  fut  retiré  faute 
d'enchères  suffisantes. 

«  Collection  admirable  dispersée  à  Amsterdam  en  1847,  les  Rembrandt  seuls  atteinrent 
80000  florins.  Toute  la  fine  fleur  des  cabinets  Dumesnil,  Pôle  Carew,  Denon,  Wilson,  Six,  etc.... 
s'y  était  donné  rendez-vous.  Le  catalogue  de  cette  vente  en  3  parties  est  de  la  dernière  rareté, 
nous  n'avons  pu  nous  le  procurer  qu'après  quatre  ans  de  recherches  incessantes  chez  R.-W.-P. 
de  Vries,  libraire  à  Amsterdam. 


140  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

Haden,  Rovinsky ',  Holford,  Straeter  et  Artaria,  toutes  dispersées  à  l'heure 
qu'il  est. 

A  Moscou,  il  existe  encore  une  admirable  réunion  de  l'œuvre  de  l'artiste; 
elle  appartient  à  M.  MassalofT,  qui,  croyons-nous,  achète  toujours  et  ne 
laisse  jamais  échapper  la  belle  pièce  quand  il  lui  est  encore  donné  de  la 
rencontrer. 

Parmi  les  expositions  les  plus  intéressantes  qui  ont  été  faites,  il  faut 
citer  celles  du  Burlington  Fine  Arts  Club  1877,  Musée  de  Boston  1887, 
Galeries  de  Wunderlich  et  C°  en  1888,  à  New -York,  et  enfin  celle  du 
British  Muséum'  en  1899,  de  beaucoup  la  plus  remarquable.  Constatons 
douloureusement  qu'en  France,  où  nous  possédons  les  plus  beaux 
Rembrandt  du  monde,  nous  sommes  encore  à  attendre  la  nôtre... 

Les  dépôts  publics  les  plus  importants  sont,  dans  l'ordre  de  leur 
richesse  :  Paris,  Londres,  Vienne,  Amsterdam  et  Dresde. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  copies  très  nombreuses  qui  existent  dans 
l'œuvre  du  Maître,  quelques-unes,  il  faut  l'avouer,  sont  désespérément 
trompeuses.  Dès  l'année  1768,  La  Chronique  de  Saint-James  signalait  au 
public  les  pastiches  que  faisait  un  Anglais  qui  habitait  Bruxelles  à  cette 
époque. 

Basan  a  publié  un  recueil  de  85  pièces  provenant  des  planches  originales, 
auxquelles  il  a  ajouté,  gravé  par  lui  et  Watelet,  35  copies  des  planches  les 
plus  rares  du  Maître,  soit  en  tout  120  pièces.  —  Ces  cuivres,  dispersés  à 
l'heure  présente,  ont  été  à  un  moment  la  propriété  du  fonds  Jean  ;  les 
épreuves  qui  en  proviennent  sont  sans  valeur. 

Disons  pour  en  terminer  que  la  question  des  états  demeure  toujours 
d'une  extrême  difliculté,  au  moins  pour  certaines  pièces;  il  faut  absolument 
avoir  les  exemplaires  sous  les  yeux  pour  pouvoir  constater  et  saisir  les 
différences,  quelquefois  infimes,  qui  n'apparaissent  même  souvent  que  la 
loupe  à  la  main.  —  Les  classifications  variant  avec  les  catalogueurs,  il  faut 
faire  suivre  l'état  indiqué  du  nom  de  l'iconographe,  si  l'on  désire  bien 
préciser  dans  l'esprit  de  l'amateur  la  pièce  en  question,  car  le  3*  état  de 
Wilson  peut  être  différent  de  celui  de  Bartsch  et  celui  de  Bartsch  ne  pas 
correspondre  du  tout  à  celui  de  Rovinsky  ou  de  von  Seidlitz. 

Rembrandt  au  chapeau  rond  et  au  manteau  brodé  (H  7  — 

Cl  7  —  W  7  —  Bl  211  —  D  7).  —  A  mi-corps,  tourné  de  trois  quarts 
à  gauche,  la  tète  de  face,  les  yeux  dirigés  légèrement  à  droite,  l'artiste 
très  jeune  et  imberbe  est  coiffé  d'un  chapeau  rond  au  bord  très  roulé 
sur  la  droite,  il  semble  être  appuyé  sur  le  bras  gauche,  dont  la 
main  fermée  et  gantée  sort  du  manteau  brodé.  Le  cou  émergé  d'un 
large  col  blanc,  la  figure  esl  éclairée  de  droite  à  gauche.  Dans  le  haut 
du  coin  gauche  de  l'estampe  :  lit  1681. 


'  L'auteur  <ln  catalogue  <iul,  h  u  mort,  en  Bl  don  au  Mutée  de  l'Ermitage,  h  Sjiint-PHtTsboura. 
'  il  existe  de  cette  exposition  un  peUI  guide    inj  lali  du  \>\u\  haut  tntirit,  annoté  pnr  le 
distingué  conservateur,  M.  Sldnej  Colvin,  il  le  i.uti  avoir. 


ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  141 

1er  état.  —  La  tète,  les  cheveux  et  le  chapeau  seuls,  sont  très  légèrement 
gravés;  le  bord  du  chapeau  à  gauche  est  sans  contre-tailles 
obliques  dans  la  partie  ombrée. 

2e  état.  —  Avec  les  contre-tailles.  Au  Dritish  Muséum  il  existe  une  épreuve 
où  le  reste  du  corps  est  dessiné  à  la  pierre  noire  par  le 
Maître;  en  haut,  à  droite,  on  voit  le  cintre  d'une  fenêtre, 
puis  l'artiste  l'a  signée  dans  le  fond  à  gauche  avec  ce  même 
crayon,  ajoutant  :  MT  27  '  anno  1G31. 

L'épreuve  de  cet  état  provient,  croit-on,  de  la  collection  de  sir  Hans  Sloane 
acquise  par  le  Musée  en  1753. 

Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  Hume,  avec  la  date,  380  —  Didot,  l'œil  gauche  a  été  redessiné, 
600  —  Schloesser,  1120  —  Oppermann,  5G2  —  Buccleuch,  avant  les  broderies 
au  manteau,  625  ;  avec  la  date,  1050  —  Gutekunst,  1875  —  Artaria,  la  fraise 
est  avant  la  dentelle,  220. 

Rembrandt  appuyé  (B  21  —  Cl  21  —  W  21  —  Bl  234  —  D  21.)  — 
A  mi-corps,  tourné  de  profil  à  droite,  la  tête  complètement  de  face,  le 
bras  gauche  appuyé  sur  un  parapet,  l'artiste  aux  longs  cheveux 
frisottants  et  épars  sur  les  épaules  vous  regarde.  Il  porte  moustache, 
et  son  bonnet  de  Mezzetin  est  crânement  posé  sur  l'oreille.  En  haut, 
dans  le  coin  gauche  :  Rembrandt,  f.  1639. 

Ce  portrait,  un  des  plus  rares  du  Maître,  est  de  ceux  qui  a  été  le  plus 
souvent  reproduit  par  les  différents  procédés  2,  on  le  considère  comme 
un  des  plus  beaux.  M.  Sidney  Colvin  assure  que  l'attitude  et  le  motif  de 
ce  portrait  ont  été  empruntés  par  Rembrandt  à  celui  de  Castiglione  par 
Raphaël. 

Il  n'existe  que  deux  états  :  le  1er,  dans  lequel  le  cordonnet  ourlant  la 
partie  inférieure  du  bonnet  est  plus  court  sur  la  droite,  et  le  2e,  dans 
lequel  le  cordonnet  ayant  été  rallongé,  va  rejoindre  la  naissance  des 
cheveux  au-dessus  de  l'œil  gauche.  Il  y  a,  parait-il,  des  épreuves  truquées 
de  ce  2e  état,  dans  lesquelles  le  nom  de  l'artiste  a  été  effacé. 

Se  défier  des  copies  dont  il  existe  un  grand  nombre. 

Ventes  :  Liphart,  le.-  état,  375  —  Hume,  le.-  état,  656  —  Didot,  1er  état,  5730  ; 
2e  état,  900  —  Schloesser,  363  —  Oppermann,  331  —  Buccleuch,  1er  état, 
3375  —  Webster,   2e  état,  800  —   Seymour   Haden,    1er  état   rehaussé  par 


'  Ou  Si,  on  n'est  pas  absolument  sur  de  ce  dernier  chiffre,  en  tous  cas  ce  n'est  pas  28  comme 
l'affirme  Blanc. 

*  Et  truqué,  hélas  I  avec  une  précision  merveilleuse,  à  telle  enseigne  que  tout  dernièrement 
—  nous  garantissons  expressément  le  fait,  car  nous  étions  présent  —  un  exemplaire  de  ce 
portrait,  devant  passer  en  vente  publique,  fut  présenté  à  un  de  nos  plus  fins  connaisseurs 
en  estampes  anciennes  qui  le  déclara  nettement  authentique,  mais,  que  doutant  encore,  le 
marchand  vendeur  alla  le  porter  au  Département  des  Estampes  où,  après  une  minutieuse 
confrontation,  il  fut  reconnu  faux.  Ceci  dit,  pour  constater  une  fois  de  plus,  combien  la 
connaissance  parfaite  des  estampes  est  hérissée  de  difficultés. 


142  ÉCOLE   HOLLANDAISE    ET   FLAMANDE 

Rembrandt,  625  ;  2»  état,  2275  —  Fisher,  1er  état,  2050  —  Hulot,  2"  état,  655  — 
Gutekunst,  1"  état  avec  marge,  4325  —  Artaria,  2e  état,  160  —  Straeter, 
2»  état,  1287  —  Heredia,  2e  état,  339  —  Defer  Dumesnil,  880  —  Hansen, 
1«  état,  sur  papier  à  la  fleur  de  lys,  4137  —  Rosenberg,  169,  en  2e  état. 

Rembrandt  dessinant  (15  22  —  Cl  22  —  W  22  -  Bl  235  —  D  22).  — 
De  l'ace,  coiffé  d'un  chapeau  et  vous  regardant,  l'artiste  est  assis  à  une 
table,  dessinant  sur  un  cahier  de  feuilles  blanches  très  éclairées 
appuj'ées  sur  un  livre.  A  gauche  une  croisée  laissant  entrevoir  un 
paysage  ;  en  haut  de  la  croisée  une  banderole  sur  laquelle  est  écrit  : 
Rembrandt  f.  7645. 

Au  1er  état  il  n'y  a  ni  millésime,  ni  signature.  La  pièce  est  extrêmement 
difficile  à  classer,  Bartsch  mentionne  4  états,  mais  Blanc  et  Rovinsky  en 
donnent  10.  Le  bel  état  est  celui  où  se  trouve  la  banderole  où  sont  inscrits 
le  nom  et  l'année,  mais  avant  le  paysaye,\u  main  gauche  n'étant  ombrée  que 
tt'nne  seule  taille. 

Le  paysage  n'est  pas  de  la  main  de  Rembrandt.  Il  faut  beaucoup  de  bonne 
volonté  pour  reconnaître  dans  ce  portrait  celui  du  Maître,  car  il  n'a  aucune 
espèce  de  ressemblance  avec  ceux  faits  antérieurement  ou  postérieurement  ; 
ceci,  du  reste,  n'a  rien  qui  nous  étonne,  et  nous  pourrions  citer  comme 
exemple  les  six  cents  et  quelques  portraits  de  l'infortunée  reine  Marie- 
Antoinette,  parmi  lesquels  il  n'y  en  a  pas  dix  qui  lui  ressemblent,  ou  plutôt 
qui  se  ressemblent  entre  eux,  les  artistes  y  apportant  souvent  une  fantaisie 
extraordinaire  qui  enlève  à  l'œuvre  toute  espèce  de  sincérité.  —  La  planche 
existe  encore. 

Ventes  :  Didot,  avant  le  paysage  et  avant  les  manchettes  ombrées,  1000  — 
Griffiths,  même  état,  625  —  Buccleuch,  même  état,  2000  —  Webster,  même 
état,  1425  —  Artaria,  480;  une  autre  épreuve  du  bel  état,  1320  —  Straeter, 
avec  le  paysage,  104. 

Rembrandt  au  sabre  et  à  l'aigrette  (B  23  —  Cl  23  —  W  23  — 
B1232  —  D23).  —  De  trois  quarts  à  droite,  vu  jusqu'aux  genoux  et  très 
ventru,  l'artiste  est  coiffé  d'un  petit  bonnet  de  fourrure  portant  une 
aigrette  blanche  fixée  par  un  gros  diamant.  Les  cheveux  sont  crépus  et 
l'oreille  droite  est  ornée  d'une  perle.  Il  porte  un  justaucorps  à  brande- 
bourgs, la  main  gauche  s'appuie  sur  un  sabre  et  le  poing  droit  est 
posé  sur  la  hanche.  A  droite  de  l'estampe  :  Rembrandt  f.  163t. 

On  ne  connaît  que  quatre  épreuves  du  U'état*,  c'est-à-dire  avec  la  planche 
rectangulaire.  Ces  épreuves  se  trouvent  actuellement  ainsi  réparties:  au 
Département  <lrs  Estampes,  provenani  du  cabinet  Peters  qui  l'avait  payée 

1XU0  lianes  et  la  revendit  à  notre  merveilleux  dépôt  eu   17iS.~>  avec  nombre 


'  Il  existe  une  toptt  mim  valeur  pu  I  umono. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  143 

d'autres  pièces  ;  au  Biïtish  Muséum,  elle  passa  par  le  cabinet  Denon  où  elle  fut 
achetée  par  Verstok  de  Soelen  et  acquise  par  le  Musée  à  la  vente  de  ce 
dernier  en  1847,  pour  la  somme  de  1805  florins,  soit  environ  4300  francs  ; 
au  Musée  d'Amsterdam,  provenant  de  la  collection  van  Leyden,  en  1805  (?)  ; 
enfin  la  quatrième  fut  adjugée  50000  francs  à  la  vente  Holford  en  1893,  c'est 
le  prix  le  plus  élevé  atteint  jusqu'ici  par  une  estampe,  elle  avait  passé 
successivement  par  les  cabinets  Muilman,  Georges  Andrew,  Ploos  van 
Amstel  et  Josi  qui  la  vendit  en  1810,  à  lord  Aylesford,  9187  francs  en  dernier 
lieu. 

Au  2e  état  la  planche  est  réduite  en  ovale  avec  quatre  oreilles,  et  au  3e  et 
dernier,  l'ovale  est  complètement  régularisé. 

Avec  une  loupe  très  puissante  et  une  attention  extrême  on  peut,  au 
1er  état  lire  dans  le  haut  du  coin  gauche  Rembrandt  f.  et,  au-dessous  163b,  la 
date  surtout  a  été  gravée  avec  une  telle  légèreté  qu'il  faut  être  prévenu  et  la 
connaître  pour  la  pouvoir  déchiffrer. 

Ce  portrait,  qui  n'est  rien  moins  que  séduisant,  est  fort  rare,  on  suppose 
que  c'est  le  portrait  du  Maître,  mais  cette  assertion  est  purement  gratuite  et 
ne  repose  sur  rien,  c'est  un  portrait  de  pure  fantaisie  très  probablement. 

On  n'en  connaît  pas  d'épreuve  tirée  sur  japon  ;  à  cette  occasion,  qu'il 
nous  soit  permis  d'élucider  ici  un  point  relatif  au  mot  japon  ;  on  voit 
souvent  dans  les  monographies  et  les  catalogues  :  épreuve  sur  chine, 
épreuve  sur  japon.  Or,  à  notre  époque,  le  différence  entre  ces  deux  sortes 
de  papier  est  absolument  tranchée,  il  ne  viendra  à  l'idée  de  personne  de 
confondre  l'une  avec  l'autre;  du  temps  de  l'artiste,  nous  ignorons  s'il  en 
était  autrement,  tout  ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est  que  nous  n'avons 
jamais  vu  d'épreuves  du  Maître  tirée  sur  ce  que  nous  appelons  le  chine  de 
nos  jours,  nous  estimons  donc  que  Rembrandt  se  servait  de  deux  japons, 
l'un  épais  et  jaunâtre,  l'autre  plus  mince  et  plus  blanc,  c'est  de  ce  dernier 
dont  on  veut  parler,  quand  on  dit  sur  chine  '. 

Ventes  :  Didot,  600  —  Knowles,  475  —  Schloesser,  328  —  Griffiths,  450  — 
Buccleuch,  1650  -  Holford,  1"  état,  50000!!!  —  Artaria,  700;  3<->  état,  80  - 
Straeter,  769  —  Hansen,  206  —  Rosenberg,  112.  —  Tous  ces  prix  sont  pour 
des  2es  états,  à  moins  d'indications  contraires. 

Agar  renvoyée  par  Abraham  (B  30  —  Cl  37  —  W  37  —  Bl  3  — 

D  37).  —  A  la  porte  de  sa  demeure,  le  pied  droit  sur  la  première 
marche,  Abraham  richement  vêtu,  le  corps  de  face,  mais  regardant  à 
droite,  congédie  Agar  qui  s'éloigne  de  ce  côté  en  s'essuyant  les  yeux  avec 
son  mouchoir,  elle  est  accompagnée  du  petit  Ismaél  que  l'on  voit  de 


1  Nous  croyons,  du  resle,  que  le  papier  de  chine  ne  fut  importé  en  Europe  que  vers  1750.  on 
s'en  servit  fort  peu  à  cette  époque,  puisqu'il  n'existe  pas  une  seule  gravure  de  l'Ecole  dite  du 
XVIIIe  siècle  tirée  sur  ce  papier,  quelquefois  cependant  on  en  lit  usage  pour  des  titres  de  livres 
qu'on  collait  sur  un  feuillet  de  papier.  M.  Didot  imprima,  vers  1770/73,  un  livre  entier  sur 
chine,  La  Dame  de  Neaers;  mais  on  peut  voir  que  l'emploi  en  était  très  restreint.  C'est  à  l'époque 
de  la  Restauration  surtout  qu'il  entra  réellement  dans  la  consommation,  et  encore  fut-il 
promptement  détrôné  par  un  simili  beaucoup  plus  propre  et  plus  égal. 


144  ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

dos  sur  le  tout  premier  plan  à  droite.  De  la  fenêtre  du  logis,  Sarah 
assiste  à  cette  scène.  Près  d'Abraham,  un  chien  sort  de  la  maison. 
Dans  le  haut  du  coin  droit  de  l'estampe  on  lit  :  Rembrandt  f.  1637. 

Cette  petite  pièce,  une  des  plus  séduisantes  de  l'œuvre,  est  extrêmement 
difficile  à  rencontrer  en  belle  épreuve,  c'est-à-dire  avec  toutes  ses  barbes. 
Deux  admirables  exemplaires  passèrent  aux  ventes  Didot  et  Knowles,  celui  de 
cette  dernière,  un  des  plus  beaux  connus,  provenait  des  collections  Barnard 
et  Esdaile.  —  M.  A.  Legros  semble  douter  de  son  authenticité,  elle  a  été  faite, 
nous  écrit-il,  d'après  un  beau  dessin  de  Rembrandt  que  j'ai  vu.  —  Ne  pas 
confondre  cette  estampe  avec  les  deux  autres  portant  le  même  titre  (Bartsch 
31-32)  d'une  conception  toute  différente,  et  bien  gratuitement  attribuées 
à  Rembrandt. 

11  n'y  a  qu'un  seul  état.  —  Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  Guichardot,  200  —  E.  Galichon,  290  —  Liphart,  325  —  Hume,  612  — 
Didot,  800  —  Knowles,  312  —  Hebig,  340  —  Schloesser,  252  —  Oppermann, 
90  —  Buccleuch,  200  —  Hulot,  135  —  Holford  (?)  —  Artaria,  102  — 
Straeter,  505. 

Le  Triomphe  de  Mardochée  (B  40  —  Cl  44  —  W  44  —  Bl  12  - 
D  48).  —  A  cheval,  un  sceptre  à  la  main  et  se  dirigeant  vers  la  gauche, 
Mardochée  richement  vêtu  est  désigné  au  peuple  qui  l'entoure,  par 
Aman  ;  à  gauche,  un  homme  d'armes  à  genoux  ;  à  droite  à  un  balcon, 
Esther  et  Assuérus  ;  à  travers  une  porte  cintrée  on  aperçoit  au  fond 
l'esquisse  d'un  temple.  Sans  date  '  et  signature. 

Le  1"'  état  seul  avec  toutes  ses  barbes  est  intéressant,  le  21'  est  sans  valeur, 
la  planche  ayant  été  maladroitement  retouchée.  C'est  une  fort  jolie  pièce, 
presque  au  trait,  mais  pleine  de  couleur.  Quant  à  sa  date,  on  l'ignore 
absolument,  Wosmaer  la  croit  exécutée  entre  1640  et  1645,  Middleton 
au  contraire  opine  pour  l'année  1657;  ce  sont  des  suppositions  purement 
gratuites  et  fantaisistes  ne  se  basant  sur  rien  de  sérieux;  il  est  bien  plus 
simple  de  dire  carrément  qu'on  n'en  sait  rien,  c'est  du  reste,  de  mince 
importance.  M.  A.  Legros  range  cette  pièce  dans  les  douteuses. 

A  la  vente  Emile  Galichon,  en  1875,  il  en  passa  une  épreuve  d'une  qualité 
exceptionnelle,  c'était  une  Heur  de  cuivre,  où  les  barbes  du  haut  ù  gauche, 
donnaient  ces  merveilleuses  taches  de  velours  rappelant  les  beautés  du 
crayon  lithographique,  celle  de  la  vente  Schloesser  pouvait  seule  lui  être 
comparée. 

Ventes  :  Guichardot,  Gl  —  E.  Galichon,  850  —  Liphart,  262  —  Hume. 
262  —  Didot,  790  —  Knowles,  187  —  Schloesser,  626  —  Oppermann,  337  — 
Buccleuch,  997  —  Webster.  200  -  Seymour  Haden,  825  —  Hulot,  550  — 
L.  Galichon,  100  —  Artaria,   100  —  Bouillon,  200  —  Cope,  150. 

Il  existe  des  copies. 


'  Dates  présumées,  paraissant  les  plus  vnlaainblabltt,  1GJ2-Itjj4. 


ECOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  145 

L'Annonciation  aux  Bergers  (B  44  —  Cl  48  —  W  47  —  Bl  17  — 

D  49).  —  La  nuit  dans  la  campagne  ou  l'on  distingue  des  arbres  et 
un  pont,  une  gloire  d'anges  apparaît  dans  une  lumineuse  clarté,  un 
de  ces  anges  plus  grand  que  les  autres  montre  du  doigt  le  ciel, 
terrifiant  par  son  apparition  les  bergers  et  leurs  troupeaux  qui  fuient 
épouvantés.  La  partie  basse  de  l'estampe  est  seule  éclairée,  le  reste 
est  dans  une  profonde  obscurité.  En  bas  à  droite  :  Rembrandt  f.  1634. 

Il  n'existe  que  deux  épreuves  de  let  étal,  sans  nom  ni  date  et  avec  les 
bergers,  les  anges  et  les  animaux  au  simple  trait  ;  elles  se  trouvent  :  l'une 
au  Brilish  Muséum  de  la  collection  Cracherode;  l'autre  au  Musée  de  Dresde. 
Dans  le  2e  état,  également  fort  rare,  on  voit  portées  au  premier  plan  de 
nombreuses  ombres,  ainsi  que  dans  la  gloire  d'anges,  et  un  violent  coup 
de  lumière  sur  le  grand  ange,  les  brandies  supérieures  des  arbres  sont 
encore  blanches.  Il  n'existe  également  que  deux  exemplaires  connus  de  cet 
état:  l'un  au  Brilish  Muséum,  provenant,  croyons-nous,  du  cabinet  Denon, 
acquis  en  1848,  est  retouché  par  l'artiste  à  l'encre  de  Chine  pour  souligner 
les  ombres  qui  devaient  être  ajoutées  ;  l'autre  au  Musée  d'Amsterdam. 

Au  Louvre,  sous  le  n°  2372,  il  existe  un  tableau  du  peintre  hollandais 
Govaert  Flink,  rappelant  quelques-uns  des  détails  de  la  scène  que  nous 
venons  de  décrire  ;  l'artiste  a  dû  certes  s'inspirer  de  Rembrandt. 

Ventes  :  Liphart,  443  —  Hume,  1800'  —  Didot,  255  —  Schloesser,  500  — 
Oppermann,  50  —  Buccleuch,  2125  —  Webster,  350  —  L.  Galichon,  305  — 
Bouillon,  650  —  Straeter,  2862  ;  cette  épreuve  superbe  avait  été  achetée  à  la 
vente  Buccleuch,  provenant  de  chez  Hawkins  —  Defer  Dumesnil,  85  — 
Rosenberg,  2525. 

La  Fuite  en  Egypte  (B  53  —  Cl  57  —  W  58  —  Bl  26  —  D  58).  — 

Montée  sur  un  àne  se  dirigeant  vers  la  gauche,  la  Vierge  Marie  s'enfuie 

conduite  par  saint  Joseph  qui,  muni  d'une  lanterne,  éclaire  la  route 

en  tenant  la  monture  par  la  bride.  En  bas  à  droite  :  Rembrandt  fecit 

1651  ;  le  6  est  renversé. 

Effet  de  nuit  très  intense  dans  lequel  on  ne  distingue  guère  que  la 
lanterne.  —  Nous  ne  mentionnons  cette  petite  pièce  de  second  plan  que 
pour  signaler  un  curieux  état  qui  a  passé  en  1896  à  la  vente  Artaria  :  les 
personnages  et  l'àne  n'étaient  ombrés  que  d'une  seule  taille,  présentant 
beaucoup  de  parties  blanches  ;  les  jambes  de  derrière  de  l'àne  étaient 
parallèles  et  se  touchaient,  et  la  lèvre  de  saint  Joseph  était  très  proéminente; 
ce  morceau  très  rare  fut  adjugé  800  francs.  —  Blanc  dit  qu'il  existe  des 
épreuves  truquées  dans  lesquelles  on  a  introduit  un  croissant  qui  n'a 
jamais  existé  dans  aucun  état. 

Il  existe  une  copie  en  contre-partie. 


1  C'est  une  épreuve  du  4°  et  dernier  état,  fort  belle,  dans  laquelle  on  aperçoit  distinctement  tes 
arches  du  pont,  ceci  est  un  critérium. 

1U 


146  ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE 

La  Fuite  en  Egypte,  dans  le  goût  d'ELZHEiMEH  (B  56  —  Cl  60  — 
W  61  —  Bl  29  —  D  61).  —  La  Vierge  montée  sur  un  àne  que  conduit 
saint  Joseph,  tient  l'Enfant  Jésus  enveloppé  dans  son  manteau,  ils 
descendent  en  se  dirigeant  vers  la  gauche  une  colline  à  pente  douce  ; 
derrière  eux  à  droite,  au  deuxième  plan,  s'élève  un  houquet  d'arhres, 
l'autre  colline  vers  laquelle  ils  s'acheminent  est  très  hoisée  ;  au  fond 
de  la  vallée  où  serpente  une  rivière,  des  coteaux  et  deux  tours.  Sans 
date,  ni  signature. 

Cette  estampe  fort  rare  est  très  recherchée,  elle  sort  absolument  de  la 
manière  ordinaire  du  Maître.  —  Voir  notre  note  à  Hercule  Seghers. 

Il  n'existe  que  deux  épreuves  du  1"  et  du  2e'  état.  Ces  deux  états  sont, 
croyons-nous,  chez  le  baron  Edmond  de  Rothschild;  le  Brilish  Muséum 
possède  l'autre  épreuve  du  1er,  et  le  Musée  Rijks  d'Amsterdam,  celle  du  2e. 

Le  Musée  d'Amsterdam  possède  encore  une  épreuve  unique  d'un  5e  (?)  état 
avec  trois  tours  au  lieu  de  deux  dans  le  lointain. 

Ventes  :  Liphart,  532  —  Hume.  2«  état  (?),  à  droite  le  bouquet  d'arbres  est 
couvert  de  feuilles,  tandis  qu'au  1"  état  il  y  a  plusieurs  places  restées 
blanches  dans  le  feuillage,  577  —  Didot,  250  —  Schloesser,  2e  état  de  Blanc, 
les  noirs  de  l'estampe  sont,  dit-on,  obtenus  à  la  pierre  ponce,  1000  — 
Oppermann,  344  —  Buccleuch,  1"  état  sur  parchemin,  2875,  cette  pièce 
provenait  de  chez  Ilawkins;  une  autre  épreuve  du  21'  état,  avec  le  feuillage 
terminé  au  dernier  arbre  de  la  touffe  droite,  fut  adjugée  2500  francs,  elle 
provenait  de  la  collection  Denon  —  Webster,  G25  —  Hulot,  250  —  Holford, 
3500  —  Artaria,  avec  la  teinte  de  lavis  produit  par  l'emploi  de  la  pierre 
ponce,  610  —  Straeter,  844  —  Hansen,  218,  de  chez  Aylesford  et  Artaria. 

Jésus  prêchant  ou  la  petite  Tombe  (B  67  —  Cl  71  —  W  71  - 

Bl  39  —  D  71).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  adossé  à  une  colonne,  les 
yeux  baissés,  les  bras  étendus  et  levés,  Jésus  Christ  prêche,  entouré  du 
peuple.  Au  premier  plan,  un  petit  enfant  est  couché  à  plat  ventre,  sa 
toupie  près  de  lui,  et  tout  à  fait  à  gauche  au  tout  premier  plan,  un 
homme  vu  presque  de  dos  est  debout,  coiffé  d'un  turban  et  vêtu  à 
l'oriental.  Sous  les  pieds  du  Sauveur,  une  partie  restée  planche  faisant 
songer  au  couvercle  d'une  tombe.  Sans  date  ',  ni  signature. 

Le  cuivre  de  cette  estampe  était  la  propriété  d'un  ami  de  Rembrandt 

nommé  La  Tombe,  d'où  la  dénomination,  comme  la  pièce  est  petite,  de  : 
Lu  petite  La  Tombe,  puis  enfin,  par  corruption,  de  :  /.</  petite  Tombe,  pour 
la  raison  donnée  dans  la  description  ci-dessus. 


'  Date  présumée,  ic">l. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  147 

Cette  pièce  est  une  des  plus  séduisantes  de  l'œuvre,  mais  il  faut  l'avoir 
ù  la  manche  noire,  c'est-à-dire  dans  l'état  où  la  manche  de  l'homme  de 
gauche  vêtu  à  l'oriental  est  encore  couverte  de  barbes. 

L'exemplaire  qui  est  au  Département  des  Estampes  et  qui  provient  de  la 
collection  Peters  a  été  falsifié  par  le  grattage  de  la  toupie  ;  cet  effaçage,  très 
habilement  pratiqué,  a-t-il  été  fait  par  Peters  ou  par  le  premier  propriétaire 
de  l'estampe?  nous  ne  saurions  nous  prononcer.  Rovinsky  signale  encore 
des  exemplaires  traqués  au  British  Muséum  et  à  celui  de  Cambridge,  mais  les 
falsifications  sont  autres  que  celles  de  la  toupie. 

Dans  une  des  ventes  faites  par  Robert  Dumesnil  il  a  passé  un  très  curieux 
état  dans  lequel  le  cuivre,  non  ébarbé,  ne  laissait  apercevoir  ni  les  mains  du 
Christ,  ni  la  tête  de  l'homme  au  turban  placé  au  second  plan,  tout  à  fait  à 
gauche;  cet  exemplaire,  très  probablement  unique,  était  sur  japon. 

M.  Colnaghi,  de  Londres,  acheta  le  cuivre  original  en  1830,  il  avait  précé- 
demment appartenu  à  Pierre  Norblin. 

Il  existe  des  copies  en  contre-partie. 

Ventes  :  Guichardot,  C80  —  E.  Galichon,  1100  —  Liphart,  C25  —  Didot, 
399  —  Knowles,  612  —  Hebich,  800  —  Schloesser,  625  —  Oppermann,  569  — 
Buccleuch,  775  —  Webster,  760  —  Seymour  Haden,  800  —  Fisher,  206  — 
Hulot,  300  —  Holford,  776  —  L.  Galichon,  330  —  Artaria,  deux  épreuves, 
324  et  292  —  Bouillon,  130  —  Straeter,  3375,  le  plus  bel  exemplaire  connu  — 
Heredia,  155  —  Rosenberg,  750  —  Hansen,  sur  papier  à  la  cloche,  294. 

Tous  ces  exemplaires  étaient  ù  la  manche  noire,  mais  le  plus  merveilleux 
de  tous  était  sans  contredit  celui  de  Straeter. 


La  grande  Résurrection  de  Lazare  (B  73  —  Cl  77  —  W  77  — 

Bl  48  —  D  79).  —  A  gauche,  vu  presque  de  dos  et  monté  sur  la  pierre 
qui  recouvrait  le  tombeau,  le  Christ,  la  main  gauche  étendue,  ordonne  à 
Lazare  qui  était  dans  le  cercueil  de  se  lever.  Derrière  le  Sauveur,  un 
groupe  de  six  personnages,  dont  l'un  debout  les  mains  jointes  regarde 
le  ressuscité  et,  saisi  d'épouvante,  semble  vouloir  prendre  la  fuite. 
Devant  le  tombeau,  d'autres  personnages,  entr'aulres  près  de  Marthe, 
un  homme  effrayé  se  rejetant  brusquement  en  arrière  ;  Marie,  sœur 
de  Lazare,  penchée  en  avant  les  bras  levés  au  ciel  semble  éperdue  de 
bonheur.  Au-dessus  de  cette  scène  dans  le  cintre  de  l'estampe,  on 
voit  accrochés  des  draperies,  des  armes  et  un  turban.  Le  rocher  et 
Lazare  sont  violemment  éclairés  par  la  lumière  venant  de  droite.  A  la 
hauteur  de  la  poitrine  du  Christ  on  lit  :  Rt.  v.  Ryn  f.  Sans  date,  mais 
on  suppose  qu'elle  fui  gravée  vers  1632-34. 

Cette  pièce,  grand  in-folio  en  travers,  n'a  point  été  gravée  par  le  Maître 
qui,  croit-on,  l'a  seulement  dessinée  ou  composée;  on  suppose  que  l'exé- 
cution en  a  été  faite  par  Bol  et  Lievens.  —  Blanc,  contrairement  à  ce  que 
nous  venons  de  dire,  est  convaincu  qu'elle  est  du  grand  artiste  et  l'admire 
dans  des  lignes  absolument  dithyrambiques. 


148  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

Il  y  a  dix  ou  onze  états,  très  difficiles  à  classer,  les  épreuves  à  retenir 
sont  celles  où  l'homme  effrayé  est  avant  le  bonnet  ;  elles  sont  rares. 

La  planche  existe  encore  et  a  été  retravaillée  au  7«  état.  —  Il  y  a  de 
nombreuses  copies,  une  entre  autres  extrêmement  trompeuse  du  i<?  état  par 
Uenon,  reconnaissablc  au  trait  vertical  ajouté  après  la  lettre  f,  particularité 
qui  n'existe  pas  dans  l'original. 

Ventes  :  Liphart,  le  veillard  barbu,  à  droite  au  fond,  dont  on  voit  la  tête 
près  de  la  main  de  V Homme  épouvanté,  a  un  turban  au  lieu  de  la  calotte  plate 
de  l'état  précédent,  187  —  Hume,  les  deux  petites  figures  à  droite  de  l'Homme 
épouvanté  ont  été  brutalement  retouchées,  918  —  Didot,  170  —  Schloesser, 
450  —  Oppermann,  612,  japon  —  Ruccleuch,  l'Homme  effrayé  a  la  télé  nue, 
3375  -  Webster,  375  —  Holford,  3125  —  Artaria,  280  —  Straeter,  500  — 
Hansen,  756,  de  chez  Poggi  —  Rosenberg,  394. 

Jésus  guérissant  les  malades  (B  74  —  Cl  78  —  W  78  — Bl  49  — 
D  77).  —  Debout  et  de  face,  la  tète  dans  un  rayonnement,  le  Christ  au 
milieu  de  l'estampe  tourne  le  dos  à  une  sorte  de  voûte;  autour  de  lui, 
le  peuple  et  des  malades,  parmi  lesquels  une  femme  se  dirigeant  vers 
lui  portant  un  enfant  dans  ses  bras,  une  autre  est  étendue  par  terre  ; 
plus  loin,  un  enfant  dans  un  berceau  placé  sur  une  brouette,  et  près 
de  lui  un  vieillard  s'appuyanl  sur  un  bâton,  le  bras  droit  soutenu  par 
une  vieille  femme.  Tout  à  l'ail  à  droite,  un  âne  dont  on  aperçoit  le 
cou  et  la  tête  penchée  en  avant.  Ni  date,  ni  signature. 

Michel  et  Seidlitz  supposent  qu'elle  fut  gravée  en  1649,  Rovinsky  en  1650. 
Cette  admirable  pièce,  le  morceau-roi  de  l'œuvre  est  vulgairement  connu 
sous  la  dénomination  de  La  Pièce  aux  cent  florins,  en  anglais  The  hundird 
Guildcr  J'riiit,  en  allemand  Hundertguldenblatt.  On  donne  comme  origine  à 
cette  désignation  deux  versions  :  la  première,  c'est  qu'a  l'époque  même  et 
du  vivant  de  Rembrandt  on  la  payait  déjà  cent  florins,  la  seconde  —  écrit 
Gersaint  —  c'est  qu'à  Rome  un  marchand  échangea  avec  l'artiste  un  lot 
d'épreuves  de  Marc  Antoine  estimé  cent  florins,  contre  un  des  exemplaires 
de  Jésus  guérissant  les  malades. 

La  planche  au  3e  état  a  été  reprise  et  éreintéc  '  par  le  capitaine  Guillaume 
lînillîf,  graveur-amateur,  qui  l'acheta,  très  oxydée,  en  1775  du  graveur 
anglais  Grecnwood,  il  en  tira  cent  épreuves,  dont  quelques-unes  sur  japon, 
puis  la  coupa  en  quatre  morceaux  dont  il  tira  encore  quelques  exemplaires. 

Il  n'existe  que  H  épreuves  de  /""  élal.  c'est-à-dire  avant  les  contre-tailles  sur 
le  cou  de  l'une.  —  Voici  les  noms  des  différents  Cabinets  où  elles  se  trouvent 
actuellement  : 

A  Paris,  au  Département  dis  Estampes,  provenant  de  chez  le  peintre  Peters  ; 
chez  M.  Dutuit,  sur  japon,  à  grandes  marges,  il  l'acheta  à  la  vente  Palmer 
en  mai  1868  et  la  paya  27500  francs,  elle  en  avait  coûté  au  vendeur  29500; 


•  Tel  n'eal  cependant  pu  l'avli  de  Bartsch,  qui  en  considère  ii">  épreuves  commr  étant 
aussi  belles  « | > i « ■  iiiii-,  ] > i . » \ < - 1 1 . 1 1 1 1  (ii-  in  planche  avant  les  retouchée, 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  149 

voici  les  différentes  collections  par  lesquelles  avait  passé  cette  épreuve  en 
suivant  l'ordre  chronologique:  Jean  Petersen  Zoomer,  Zanetti,  Denon, 
Woodburn,  Wilson,  Verstolk  de  Soelen  ',  Smith,  et  enfin  Price2;  c'est  peut- 
être  un  des  seuls  exemplaires  dont  on  ait  pu  noter  le  passage  à  travers  les 
nombreux  cabinets  sans  en  jamais  perdre  la  trace  :  à  Vienne  à  la  Bibliothèque 
Impériale,  provenait  de  la  collection  du  prince  Eugène  de  Savoie  et  acquise 
par  Charles  VI  vers  1736;  à  Berlin,  de  chez  le  duc  de  Buccleuch;  à  Amsterdam», 
portant  une  note  manuscrite  de  Petersen  Zoomer  en  hollandais  et  dont  voici 
la  traduction  :  Don  de  mon  respectable  ami  Rembrandt  en  échange  de  la  Peste 
de  Marc  Antoine;  au  British  Muséum,  deux  exemplaires  sur  japon  de  nuance 
différente,  provenant  des  collections  Hans  Sloane  et  Cracherode,  l'un  est 
retouché  à  l'encre  de  chine  par  une  main  inconnue.  La  dernière  et  huitième 
fut  adjugée  à  la  vente  Holford,  c'est  le  plus  bel  exemplaire  connu,  il  est  sur 
japon.  Holford,  en  juin  1840,  l'avait  payé  231  livres  sterlings,  soit  5775  francs, 
cette  pièce  avait  passé  par  les  cabinets  Esdaile  et  Hibbert.  Au  temps  de 
Rembrandt  cette  pièce  se  vendait  dans  les  210  francs.  En  1873,  Léopold 
Flameng  en  a  fait  une  très  belle  copie,  le  prix  avant  la  lettre  était  de 
100  francs  et  sur  japon  de  200  francs.  T.  Worlidge  et  d'autres  anonymes 
l'ont  également  reproduite. 

Cette  estampe  étant  très  particulièrement  intéressante,  nous  allons  remonter 
plus  haut  dans  les  ventes,  et  donner  les  prix  d'exemplaires  des  1ers  et 
2es+  états  à  partir  de  la  vente  Burgy  en  1755,  en  suivant  comme  toujours 
l'ordre  chronologique. 

Ventes  :  Burgy,  175  —  Barnard,  827  —  Hilbert,  1025  —  Pôle  Carew,  4095  — 
Esdaile  s,  1er  état,  5775  —  Debois,  2800  «  —  Verstolk  de  Soelen,  3600', 
1er  état  —  Johnson,  4000  —  Simon,  3050  —  Price,  1«  état,  29500  —  Palmer, 
1er  état,  27500  —  E.  Galichon,  9600»  —  Liphart,  1912  —  Hume,  5380»  — 
Didot,  8550  —  Schloesser,  5125  —  Oppermann,  avant  la  retouche  de  Baillie, 
475  —  Griffiths,  7625  i"  —  Buccleuch,  1er  état,  32500"  —  Webster,  4e  état, 


■  A  sa  vente  en  1847,  elle  fut  adjugée  1600  florins,  soit  3G00  francs  !  !  ! 

2  Price  l'avait  acquise  en  novembre  1847  pour  5000  francs. 

3  II  y  a  en  plus  à  Amsterdam  une  maculatiire  de  cet  état,  mais  nous  ne  la  mentionnons  ici 
que  pour  mémoire,  cette  pièce  étant  sans  aucune  valeur  artistique.  On  sait  qu'au  xvir  siècle, 
quand  on  avait  fini  le  tirage  d'un  cuivre,  avant  de  le  ramasser,  on  le  huilait  et  que  pour  vider 
les  tailles  on  retirait  une  dernière  épreuve  qui  servait  à  envelopper  cette  planche  permettant 
au  besoin  de  la  retrouver  sans  avoir  la  peine  de  la  développer,  le  côté  imprimé  du  papier 
étant  à  l'extérieur.  C'est  cette  mauvaise  impression  que  l'on  désignait  sous  le  nom  de  maculature. 

*  Les  ventes  où  il  n'y  a  aucune  mention  sont  de  2'  état. 

5  L'acquéreur  était  Colnaghi  de  Londres. 

6  L'épreuve  avait  4  centimètres  de  marge  efprovenait  de  la  collection  Revil,  1838. 
'  Provenait  des  collections  Denon  et  Wilson. 

8  Provenait  du  cabinet  Aylesford  avec  4  centimètres  de  marge  et  sur  japon. 

9  Sur  japon  avec  4  centimètres  et  demi  de  marge  de  la  collection  Pôle  Carew. 

1°  Avait  passé  par  les  collections  Dr.  Roy,  Josi,  sir  Thomas  Lawrence,  Harding  et  Maberly. 

11  Sur  japon  épais  avec  cette  curieuse  note  au  dos  de  J.  Barnard,  que  nous  traduisons  : 
Cette  estampe  qui  appartenait  à  M.  Paul  Painter  fut  vendue  dans  la  collection  de  ses  estant/ies 
pour  £  26.jf5.6  à  M.  IJudson  Painter  le  2.>  auril  HdG,  elle  était  alors  considérée  comme  la  plus  belle 
existant  en  Angleterre;  elle  est  actuellement  à  Berlin. 


150  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

65'  —  Seymour  Haden,  4250*  —  Fisher,  18500'  —  Hulot,  G100»  —  Holford, 
1"  état,  43700;  2?  état,  32250  —  L.  Galichon,  14550  —  Angiolini,  381  — 
Artaria,  8000 5  —  Bouillon,  retouché  par  Baillie,  102  —  Straeter,  11875*  — 
Battig,  8875  "  —  Hansen,  avant  la  retouche,  sur  papier  à  la  Heur  de  lys, 
712  —  Loyd,  7000,  sur  japon  de  chez  Esdaile  et  Galonné. 

Nous  rappelons  que  le  fer  état  indiqué  par-  Bartsch  n'est,  à  proprement 
parler,  que  le  '2e  ;  du  reste,  n'était  la  question  de  rareté  du  l"  état,  beaucoup 
de  connaisseurs  donnent  la  préférence  au  2<",  considérant  que  dans  celui-ci 
la  pièce  est  bien  plus  à  l'effet;  un  des  exemplaires  de  ce  2e  état,  provenant 
de  la  collection  Malcolm,  est  d'une  insitrpassable  beauté,  il  se  trouve 
actuellement  au  British  Muséum.  A  Nantes,  le  Musée  Dobrée  possède  un 
exemplaire  de  2e  état  également  superbe,  c'est  un  des  plus  beaux  que  nous 
ayons  vus. 

Jésus  présenté  au  Peuple  (B  76  —  Cl  80  —  W  80  —  Bl  51  — 
D83).  —  Sur  la  terrasse  élevée  d'un  prétoire  flanquée  de  deux  bâtiments 
et  dominant  la  foule  qui  se  presse  à  ses  pieds,  le  Christ  debout  de  lace, 
les  mains  liées  et  entouré  de  soldats,  est  montré  au  peuple  par  Pilate 
qui  est  à  sa  droite  appuyé  sur  un  pilastre,  un  long  roseau  à  la  main. 
Au-dessus  de  la  porte  à  droite  :  Rembrandt  f.  1655. 

Dans  l'état  où  se  trouvent  lu  signature  et  le  millésime,  les  épreuves  sont 
à  rejeter,  la  planche  étant  complètement  usée. 

Les  belles  épreuves  de  cette  grande  planche  en  travers,  admirable  pointe 
sèche,  sont  extrêmement  recherchées. 

Au  Jer  état,  c'est-à-dire  avant  que  la  planche  ne  fut  réduite  en  hauteur*, 
lorsqu'on  la  rencontre  sur  japon,  elle  esl  toujours  avec  une  bande  collée 
dans  le  haut,  le  format  de  cette  sorte  de  papier  étant  plus  petit  que  le 
cuivre,  a  obligé  d'en  user  ainsi  pour  obvier  à  cet  inconvénient. 

Le  classement  de  cette  pièce,  dont  Bovinsky  mentionne  !)  états,  est 
particulièrement  difficile  ;  elle  semble  être  une  réminiscence  de  celle  de 
Lucas  de  Leyde  (B  71). 

Ventes  :  E.  Galichon,  tout  fer  clal  avant  la  balustrade  indiquée  sur  le 
haut  à  droite,  Vombre  du  bâtiment  de  droite  n'est  pas  encore  portée  sur 


•  Cei  exemplaire  retouché  pnr  Baillie,  portait  an  dos  en  anglais  l'inscriplion  suivante  de 
J,  Barnard  dont  voici  la  traduction:  Donné  ri  mol  par  le  capitaine  William  Batllle  le  7  décembre 

Vùb.  J.  11. 

'  Sur  japon,  provenait  du  cabinet  Monroe. 

'  Un  de*  plus  beaux  exemplaire*  connus,  provenait  îles  collections  de  Pries,  Verstolk  et  Price. 

«  Provenait  de  riiez  Dldot  ;  pourquoi  pns  de  i".iKi  trancs  de  laisse  j  mystère  ! 

*  Sur  japon,  un  ilrs  plus  beau  <  <  onnui. 

«  Cet   exemplaire   qui  provient   de  la  collection   GrMDths  avait  Oguré  à  l'exposition  du 
Burlington  Fine  Arts  Club  en  istt.  il  peut  être  considéré  comme  un  det  puis  beaux  connut. 

7  Exemplaire  snprrhr  ayant   une  marge  de  30  sur  11  millimètres,  surjapon   fort,  provenait 

du  cabinet  i  hlermann, 

"  Elle  mesurait  initiale  nient  886™  et  après  la  coupure  859"". 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  loi 

celui  qui  fait  face,  où  l'on  aperçoit  deux  figures  à  une  croisée,  il  n'y  a  pas 
de  contre-tailles  sur  la  cuisse  de  l'homme  placé  à  l'extrémité  gauche  de  la 
terrasse  et  séparé  de  Pilate  par  un  socle  ;  la  femme  qui  regarde  à  la  croisée 
du  bâtiment  de  gauche  a  le  visage  clair,  4700  —  Liphart,  avec  le  groupe  en 
bas  du  perron,  1087  —  Hume,  avec  les  trois  hommes  à  bonnet  sur  le  seuil 
de  la  porte  du  bâtiment  de  gauche,  1125  —  Didot,  1er  état  sur  japon,  2905; 
le  même,  avant  la  balustrade  au-dessus  des  fenêtres  du  corps  de  logis  à 
droite,  625  —  Oppermann,  avant  l'enlèvement  des  figures  au  pied  de 
l'estrade,  1032  —  Buccleuch,  lei  état  sur  japon,  28750,  venait  de  chez 
Hawkins  ;  autre  état,  de  la  même  provenance,  1875  —  Seymour  Haden, 
Ie1  état  sur  japon,  25000,  des  collections  Reynolds,  Festeticz  et  Galichon  — 
Hulot,  avant  l'effaçage  des  figures  au-dessous  de  la  plate-forme  ',  580  — 
Holford,  1er  état  sur  japon,  31250,  un  des  plus  beaux  exemplaires  connus, 
provenait  de  chez  Aylesford  —  Angiolini,  025  —  Artaria,  avec  la  balustrade 
au-dessus  des  fenêtres  à  droite,  l'homme  au  bonnet  noir  qui  sort  de  la  porte 
à  droite  est  allongé,  ses  pieds  portent  sur  la  huitième  marche,  avant  les 
tailles  verticales  dans  l'ombre  profonde  de  la  fenêtre  au  fond  à  droite, 
l'épreuve  a  ses  barbes  et  est  sur  japon,  1300;  autre  état,  avec  le  nom  et 
l'année,  toutes  les  figures  sous  la  plate-forme  sont  effacées,  850  —  Straeter, 
état  de  la  vente  Hume,  812  —  Rosenberg,  sur  japon,  1687. 

Le  pendant  de  cette  estampe  sont  :  Les  trois  Crois.. 

L'Ecce  Homo  (B  77  —  Cl  82  —  W  82  —  Bl  52  —  D  84).  —  A  gauche 
de  l'estampe,  Pilate  le  bras  droit  étendu,  harangue  le  peuple,  un  homme 
à  genoux  tient  le  roseau  qu'il  va  tout  à  l'heure  présenter  au  Sauveur, 
qui  est  debout,  le  torse  nu  et  revêtu  du  manteau  rouge,  les  mains 
enchaînées,  près  d'un  dais  à  la  porte  d'un  temple,  exposé  aux  regards 
de  la  multitude,  et  entouré  de  satellites.  Un  homme  à  gauche  regarde 
cette  scène  d'une  fenêtre  ouverte.  En  bas  à  gauche  :  Rembrandt  f.  1636, 
Cum  privile. 

M.  Sidney  Colvin  nous  apprend  que  cette  estampe  reproduit  en  contre- 
partie, avec  quelques  légères  modifications,  une  grisaille  peinte  par  le 
Maître,  naguère  en  possession  de  lady  Eastlake  et  actuellement  à  la 
National  Gallerg.  Cette  gravure  est  en  grande  partie  exécutée  au  burin,  et, 
n'en  déplaise  à  M.  Ch.  Blanc  qui  y  voit  là  une  des  pièces  les  plus  consi- 
dérables du  Maître,  nous  dirons  hautement  et  nettement  qu'elle  n'est  pas  de 
Rembrandt,  et  nous  ajouterons  même  que  c'est  une  mauvaise  pièce,  sèche  et 
dure,  où  rien  ne  vient  révéler  la  superbe  indépendance  de  métier  de 
l'admirable  artiste;  nous  gagerions  que  si  l'on  soumettait  à  vingt  collec- 
tionneurs d'estampes,  un  portefeuille  de  Rembrandt  authentiques,  auxquels 
l'oeuvre  du  Maître  serait  —  faisons-en  l'invraisemblable  hypothèse  — 
complètement  inconnu  et  dans  lequel  on  aurait  glissé  l'estampe  en  question, 


'  Nous  avons  employé  indistinctement,  leur  donnant  le  même  sens,  les  mots  :   terrasse, 
perron  ou  plateforme. 


152  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

les  vingt  collectionneurs  arrivés  devant  cette  dernière  s'écrieraient  tous 
comme  un  seul  homme  :  mais  ce  n'est  pas  du  même  artiste,  tant  leur  œil, 
ébloui  par  les  merveilles  antérieurement  entrevues,  serait  choqué  d'une 
différence  de  métier  si  apparente  et  si  brutalement  accentuée.  Cette  expé- 
rience purement  mécanique,  oserions-nous  dire,  ne  deviendrait-elle  pas 
concluante,  créant  un  indiscutable  critérium  qui  rejetterait  une  fois  pour 
toutes  et  sans  appel  une  estampe  qui  ne  peut  avoir  droit  de  cité  dans  un 
œuvre  aussi  magistral  que  celui  qui  nous  occupe. 

Certains  connaisseurs  l'attribuent  à  des  élèves  ou  imitateurs  du  Maître, 
tels  que  :  Bol,  van  Vliet,  Livens,  ou  Salomon  Koninck.  —  Cette  pièce  rare 
est  aussi  rubriquée  le  Christ  devant  Pilule. 

Il  en  a  été  fait  des  copies. 

Ventes  :  Liphart,  avant  les  contre-tailles  sur  la  figure  du  Juif  qui  est  au- 
dessous  de  celui  qui  tient  le  roseau,  1018  —  Didot,  même  état,  600  — 
Oppermann,  avant  l'allongement  du  manteau  du  Christ,  4312,  ce  doit  être 
un  2e  état;  la  même,  avant  l'adresse,  375  —  Griffiths,  état  Liphart,  900  — 
Artaria,  la  jambe  du  Christ  est  allongée,  240  —  Straeter,  état  Liphart,  469. 

Les  trois  Croix '(B  78  —  Cl  81  —  W81—  B15;>  —  D85).  —  Au  milieu 
de  l'estampe,  le  Christ  en  croix  entre  les  deux  larrons  ;  saint  Jean  à 
droite  de  la  croix  baise  les  pieds  du  Sauveur,  la  Vierge  évanouie  est 
entourée  des  saintes  femmes  ;  sur  le  premier  plan,  deux  personnages 
s'enfuyant  vers  la  droite  ;  à  gauche  dans  un  groupe,  un  vieillard 
défaillant  se  relire  soutenu  par  quelques  personnes  ;  un  chien  s'enfuie 
près  de  ce  groupe  ;  à  gauche  de  la  croix  du  milieu,  des  hommes 
d'armes  à  cheval.  Des  rayons  obliques  inondent  les  crucifiés.  Toute 
une  partie  à  droite  et  à  gauche  de  la  croix  du  milieu,  n'est  indiquée 
(lii'nii  trait,  et  partant  violemment  éclairée.  En  bas  à  gauche  : 
Rembrandt  f.  1653. 

Cette  pièce  rare  est  une  des  plus  impressionnante  qu'ait  signée  le  Maître, 
il  s'en  dégage  une  poésie  intense  d'une  incomparable  magie.  La  signature 
et  la  date  ne  ligurent  que  dans  les  derniers  états,  les  premiers  sont  clairs, 
les  derniers,  à  partir  du  troisième,  sont  sombres,  c'est  celui-ci,  croyons- 
nous,  qui  est  le  plus  apprécié  par  sir  Francis  Seymour  lladen  qui  considère 
que  c'est  là  le  véritable  ell'ct  que  cherchait  à  atteindre  l'artiste,  M.  Middleton, 
au  contraire,  estime  que  cet  effet  a  été  détruit,  la  planche  ayant  été  gâtée 
par  une  main  étrangère;  pour  notre  part,  nous  n'hésitons  pas  à  nous  ranger 
de  l'avis  de  sir  Seymour  Haden  qui  a  senti  que  Rembrandt  s'était  inspiré 
du  passage  des  Evangiles:  a  Alors,  depuis  la  sixième  jusqu'à  la  neuvième 
heure,  l'obscurité  se  répandit  sur  toute  la  terre  et  le  voile  du  temple  se  déchira 
du  haut  en  bas,  lu  terre  trembla,  les  ruchers  se  fendirent  i  et  l'a  rendu  avec 
une  saisissante  émotion. 


'  i  tu  <■>■  Christ  entre  li  i  rfeiu  larrom 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  153 

Cette  grande  estampe  en  travers,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la 
petite  pièce  ovale  :  Jésus-Christ  en  croix  entre  les  deux  larrons  (B  79)  fait 
pendant  à  :  Jésus  présenté  au  peuple. 

Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  Hume,  la  tête  du  vieillard  défaillant  n'est  plus  au  trait  mais  est 
ombrée,  551  —  Didot,  épreuve  sur  parchemin,  1er  état,  avant  1  ebarbage  de 
la  planche,  le  nom  et  l'année,  1100;  autre  état,  le  3e,  croyons-nous,  avant  le 
changement  dans  la  composition,  qui  consiste  en  ce  que  :  de  lourdes  et 
perpendiculaires  ombres  viennent  obscurcir  la  scène,  principalement  des 
deux  côtés,  les  figures  du  milieu  et  du  premier  pian  à  gauche  sont  presque 
effacées,  le  groupe  à  cheval,  à  gauche  de  la  croix  centrale,  a  été  complètement 
modifié,  le  centurion  est  maintenant  copié,  dit  M.  Sidney  Colvin,  d'après 
une  médaille  italienne  de  Vittore  Pisano,  et  derrière  ce  groupe  on  voit  se 
cabrer  un  cheval  tenu  en  bride  ;  le  nom  et  la  date  sont  presque  invisibles 
tant  la  planche  est  sabrée  par  des  balafres  de  pointe  sèche  non  ébarbée,  ce 
qui  rend  cet  état  (le  4"  ?)  extrêmement  confus,  7050  '  —  Schlocsser,  1«'  état 
sur  parchemin,  3750  —  Oppermann,  avant  l'adresse,  275  —  Buccleuch, 
1er  état,  la  tête  du  vieillard  défaillant  est  au  trait,  7250;  autre  état,  975  — 
Seymour  Haden,  !?>■  état  sur  parchemin,  2000 2;  3e  état,  950  —  Hulot,  355  — 
Holford,  5000  —  Artaria,  avec  le  nom,  la  date  et  la  tête  ombrée  de  l'homme 
défaillant,  4120 3  —  Straeter,  1er  état,  769,  exemplaire  de  Didot. 

Ch.  Blanc  signale  un  état  avec  l'adresse  de  Frans  Carelse  dont  il  n'existe, 
parait-il,  qu'un  exemplaire  connu  qui  se  trouve  au  British  Muséum. 

La  grande  Descente  de  Croix  *  (B  81  —  Cl  83  —  W  83-84  — 
Bl  56  —  D  88).  —  Inondé  de  rayons  obliques  qui  éclairent  d'une  façon 
terriblement  tragique  cette  scène  admirable  et  sublime,  un  homme 
penché  sur  le  bras  droit  de  la  croix,  soutient  le  linceul  dans  lequel 
les  personnages  placés  au  pied  de  cette  croix  reçoivent  le  corps  du 
divin  Crucifié,  qu'un  homme  monté  sur  une  échelle  soutient  de  son 
bras  gauche.  Sur  le  côté  gauche  de  l'estampe,  debout  au  premier 
plan,  appuyé  sur  un  bâton,  la  tête  entourée  d'un  turban,  Joseph 
d'Arimathie  ;  au  fond  de  la  composition,  on  aperçoit  Jérusalem.  En 
bas  et  au  milieu  sous  le  trait  carré  :  Rembrandt  f.  cum  pryvl0  1633. 

Cette  estampe  fait  pendant  à  L'Ecce  Homo  (B  77).  —  Il  y  a  eu  deux 
planches  ;  la  première  trop  chauffée  fit  éclater  le  vernis.  Le  Maître  la  grava, 
fit  mordre,  et  ne  s'aperçut  qu'au  tirage  de  l'accident  ;  il  n'existe  que  trois 


l  Provenait  de  la  collection  Arozarena  où  elle  fut  adjugée  le  12  mars  1861  à  Paris,  1861  francs  !  ! 
elle  sortait  des  cabinets  Aylesford  et  Hawkins. 

-  Une  bizarrerie  des  enchères,  cet  exemplaire  était  celui  de  la  vente  Schloesser  à  laquelle  il 
avait  était  adjugé  3750  francs  ! 

1  Provenait  de  la  célèbre  collection  Verstolk  de  Soelen. 

*  Ce  motif,  dit  M.  Sidney  Colvin,  est  à  peu  de  chose  prés  la  reproduction  en  contre-partie  du 
tableau  fait  par  Rembrandt  pour  le  Prince  Frédéric  Henry,  toile  qui  est  actuellement  à  Munich. 


154  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

exemplaires  de  cette  planche;  à  Paris,  de  la  collection  Beringhen  ;  au 
Rritish  Muséum  et  à  Amsterdam.  Elle  est  très  confuse,  et  dans  cet  état  porte 
comme  signature  au  bas  :  Rembruni  (sic)  /"'  1633. 

La  seconde,  un  peu  plus  grande,  a  subi  quelques  modifications  ;  quoiqu'en 
disent  Bartsch,  Wilson,  Blanc  et  le  docteur  Hofstede  de  Groot  d'Amsterdam, 
ce  deuxième  cuivre  n'est  certes  point  de  Bembrandt  —  il  est  trop  propre- 
ment exécuté,  dirait  Mariette  —  mais  bien  plutôt,  comme  le  pense  sir 
Seymour  Haden,  de  Jean  Livens. 

Ce  cuivre,  très  poussé  et  très  travaillé  au  burin,  sort  absolument  de  la 
technique  habituelle  du  Maître;  quoiqu'il  en  soit,  c'est  un  beau  morceau,  de 
conception  magistrale,  digne  de  figurer  dans  un  portefeuille  de  l'œuvre  de 
l'artiste. 

Voici  les  états  de  cette  seconde  planche  : 

l«=r  état.  —  Très  peu  d'ombre  sur  les  jambes  des  deux  hommes  qui 
reçoivent  le  corps  du  Sauveur  —  unique  à  Amsterdam. 

2e   état.     —     Les  jambes  sont  recouvertes  d'une  nouvelle  taille. 

Se  état.  —  Avec  l'adresse  :  Amslelodumi  Hendrickus  Vlenbwgensis 
excudebat. 

4«  état.  —  L'adresse  précédente  remplacée  par  celle  de  :  Justus 
Dankerts. 

5«  état.  —  Cette  dernière  adresse  est  pincer,  mais  elle  apparaît  encore 
un  peu  cependant. 

Ventes  :  Liphart,  875  —  Hume,  815  —  Schloesser,  287  —  Griffiths,  1250  — 
Buccleuch,  750  —  Artaria,  340  —  Bouillon,  435  —  Straeter,  975  —  Hansen, 
3°  état,  291. 

Tous  ces  exemplaires  sont  avant  l'adresse,  sauf  celui  d'Hansen.  —  Ne  pas 
confondre  cette  pièce  avec  celle  plus  petite  et  de  même  rubrique  (B  57).  — 
Il  existe  une  copie  portant  la  mention  :  Che:  Moncornet. 

Le  Bon  Samaritain  '  (B  90  —  Cl  94  —  W  95  —  Bl  41  -  D.  75).  - 
Au  bas  d'un  perron  auquel  conduit  un  large  escalier  tournant,  un 
cheval,  la  tète  dirigée  à  gauche,  duquel  en  descend  un  homme  demi-nu, 
le  chef  enveloppé  d'un  bandeau.  Sur  ce  perron  le  bon  Samaritain 
s'entretient  avec  l'hôtelier;  à  droite  en  bas,  une  servante  puise  de 
l'eau.  Le  cheval  est  tenu  par  la  bride  par  un  jeune  garçon,  et  un  chien 
est  accroupi  de  profil  à  droite  au  premier  plan.  Au  haut  de  l'escalier, 
une  croisée  à  gauche  sur  laquelle  est  accoudé  un  personnage  à  toque 
à  aigrette,  vu  à  mi-corps  cl  contemplant  la  scène.  En  bas  au  milieu 
de  la  marge  :  Rembrandt  inventor  et  fecit  t633. 

La  conception  est  du  Maître,  mais  il  n'en  a  pus  exécuté  la  gravure;  sir 
Seymour  Haden   y   venait    la   main   de   Bol;    quelques    critiques    la    croit 


i  il  rxisip  mu'  r<>i<h-  trompeuse  dans  laquelle  on  ;i  omis  l'un  des  oiseaux  perché  sur  une 
brnncho  d'arbre  n  droite. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET    FLAMANDE  155 

cependant  de  Rembrandt  dans  son  ensemble  avec  quelques  additions  de  ses 
élèves,  tels  que  le  chien,  le  baril,  etc..  à  notre  humble  avis,  cette  estampe 
est  apocryphe,  l'ouvrier  absorbe  ici  complètement  l'artiste  qui  disparait 
entièrement  devant  un  travail  de  métier  auquel,  certes,  ne  se  serait  jamais 
astreint  Rembrandt. 

Un  tableau  de  même  composition,  mais  en  contre-partie  et  sans  le  chien, 
se  trouve  dans  la  collection  Wallace.  Claussin  considère  cette  pièce  comme 
une  des  plus  belles  de  l'œuvre,  Rlanc  est  surpris  de  sa  célébrité,  ne  la 
trouvant  ni  une  des  meilleures  comme  conception,  ni  une  des  mieux 
gravées;  Blanc  a  raison,  et  on  la  paie  toujours  t-op  cher  pour  ce  qu'elle 
vaut. 

A  la  vente  Thorel,  en  1853,  il  passa  un  exemplaire  de  1"<  état  contenant 
dans  la  marge  de  droite  des  attaques  de  burin  et  un  essai  de  paysage ,  cette 
pièce,  unique  sans  doute,  fut  adjugée  2100  francs  à  M.  Colnaghi  de  Londres; 
elle  provenait  de  la  collection  Debois,  où  elle  avait  été  vendue  1800  francs. 

Au  1er  état,  la  queue  du  cheval  est  blanche  et  le  mur  clair;  au  2«,  la  queue 
est  ombrée,  mais  le  mur  est  resté  blanc.  La  date  du  1"  état  doit  être  1632, 
ainsi  que  l'indique  une  note  manuscrite  de  l'artiste  sur  l'exemplaire  de  cet 
état  qui  est  à  Amsterdam. 

Ventes  :  Liphart,  2e  état,  312  —  Hume,  787  —  Didot,  1850  —  Schloesser, 
437  —  Oppermann,  2e  état,  sur  papier  à  la  folie,  125  —  Buccleuch,  1500  — 
Webster,  975  —  Hulot,  1020  —  Artaria,  2"  état,  300  —  Bouillon,  910  — 
Straeter,  1250  —  Hansen,  255,  de  chez  Thiermann. 

Tous  ces  exemplaires  sont  en  1"  état,  sauf  celui  d'Artaria. 

Il  existe  plusieurs  copies  ;  la  plus  commune  est  celle  où  le  graveur  a  omis 
l'oiseau  qu'on  aperçoit  en  l'air  à  droite  en  haut  de  l'estampe  près  d'un  autre 
oiseau  perché  sur  une  branche  sèche. 


Le  Retour  de  l'Enfant  prodigue  (B  91  —  CI  95  —  W  96  —  Bl  43  — 

D  76).  —  Sur  le  seuil  d'une  maison  à  gauche,  l'enfant  prodigue  demi-nu 
ayant  jeté  près  de  lui  son  bâton  de  voyage,  tombe  à  genoux  dans  les 
bras  de  son  père  qui  le  reçoit  en  pleurant  ;  deux  serviteurs  sortent 
par  une  porte  de  droite  lui  apportant  des  vêtements,  tandis  que  sa 
mère  à  gauche,  entrouvrant  le  volet  d'une  croisée  placée  au-dessus  de 
la  lête  du  vieillard,  contemple  cette  scène  émouvante.  Sur  la  marche  : 
Rembrandt,  f.  1636. 

Cette  petite  pièce  est  charmante,  et  nous  nous  étonnons  de  ce  qu'on  lui 
fasse  si  peu  d'honneur  dans  les  ventes;  elle  est  assez  commune,  mais  il  faut 
l'avoir  chargée  de  barbes,  les  épreuves  provenant  de  la  planche  usée  étant 
sans  valeur.  —  M.  A.  Legros  affirme  qu'elle  n'est  pas  du  Maître. 

Ventes  :  Kalle,  171  —  E.  Galichon,  100  -  Liphart,  312  -  Didot,  105  — 
Oppermann,  116  —  Webster,  29  —  Hulot,  65  —  Angiolini,  70  —  Artaria,  45  — 
Rosenberg,  87. 

11  existe  des  copies  en  contre-partie. 


156  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

La  Mort  de  la  Vierge  (B99  —  Cl  102  —  W 104  —  Bl 70  —  D 102).  — 
Sur  un  lit  à  baldaquin  placé  sur  une  estrade  très  basse,  entourée  de 
nombreux  personnages,  la  Vierge  étendue  de  gauche  à  droite  est 
expirante,  les  deux  bras  sont  hors  du  lit  et  la  tête  est  légèrement 
penchée  à  droite  sur  l'oreiller  que  soulève  saint  Jean  '.  Un  médecin 
consulte  le  pouls  gauche,  pendant  que  les  saintes  femmes  qui  sont 
autour  du  lit  se  lamentent  ;  à  gauche  un  grand  prêtre,  la  tète  coiffée 
de  la  mitre,  ayant  près  de  lui  un  enfant  de  chœur  portant  une  longue 
crosse.  Sur  le  tout  premier  plan  du  même  côté,  un  personnage  vu 
presque  de  dos  est  assis  à  une  table  recouverte  d'un  tapis  et  sur 
laquelle  est  un  grand  livré  ouvert.  Au-dessus  du  lit  à  droite,  une 
gloire  d'anges  légèrement  esquissée.  Tout  à  fait  à  droite,  de  lourdes 
draperies,  et  au  tout  premier  plan  se  profile  un  fauteuil.  Au  bas  à 
gauche  :  Rembrandt  f.  1639. 

Admirable  et  superbe  pièce  dont  toute  la  partie  principale,  la  Vierge  et  le 
lit  ne  sont  indiqués  qu'an  trait,  donnant  ainsi  par  cette  sobriété  de  moyens 
une  puissance  d'un  effet  extraordinaire  qui  synthétise  encore,  en  la  dièzant, 
la  scène  sublime  que  l'artiste  a  reproduite.  —  M.  A.  Legros  considère  cette 
estampe  comme  douteuse. 

Au  1er  état,  le  fauteuil  de  droite  du  premier  plan  est  très  légèrement 
ombré  ;  au  2'1  il  l'est  complètement,  dans  les  belles  épreuves  les  essais  de 
pointe  dans  la  marge  du  bas  subsistent  encore;  au  3t-  —  la  planche  existe 
encore  —  toutes  les  barbes  et  les  essais  de  pointe  ont  disparu. 

La  différence  de  prix  entre  le  l'r  et  le  2<=  état  sont  extrêmement  consi- 
dérables, comme  on  peut  s'en  convaincre  par  les  chiffres  suivants  : 

Ventes  :  Guichardot,  1"  état,  1020  —  Liphart,  2"  état,  551  —  Didot,  2-  état, 
195  Schloesser,  1"  état,  4250  —  Oppcrmann,  106  —  Webster,  2«  état, 
115  —  Hulot,  2'1  état,  485  —  Holford,  3625,  merveilleux  1«  état,  provenant 
de  la  collection  Aylesford  ■  —  E.  Galichon,  2«  état,  275  —  Cope,  2=  état,  300  — 
Straeter,  2«  état,  169. 

Il  existe  des  eoj>ies  en  contre-partie. 

Saint  Jérôme  écrivant  (B  103  —  Cl  100  --  W  108  —  Bl  74  - 
I)  106).  —  Au  premier  plan,  un  immense  tronc  d'arbre  très  ombré 


1  I-'t  /to/t  saint   \n*rph,  comme  I»'  suppose  .1   torl  Blanc  ;  le  mari  do  la   Vierge  était   mort 
longtemps  avant  elle,  il  l'était  même  avant  Jësus-I  Ihrlst. 

i  Il  y  cul  uni'  vente  Aylesford  en  1893,  peu  Emportante,  ce  n'est  pas  de  celle-là  dont  nous 
voulons  parler  Ici,  mais  bien  de  celle  à  i'omlable  que  •  ■  •  le  célèbre  collectionneur  vers  1847 
n  Woodbunii  oui  paya  la  collection  en  bloc  75000  francs .  ce  <l<  i  nier  revend  il  à  l  loi  lord  17  pi< 
pour  88000  francs,  parmi  celles-ci  Bgurall  le  Rembrandt  au  labre  <t  <•  Vaigntte,  et  le  reste  I 
Hawklns  et  au  marchand  Smiili  rpii.  a  son  tour,  vendit  le  solde  au  Brllhh  Muséum  pour 
75000,  le  prii  qu'avait  coûté  le  tout  I 


ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE  157 

derrière  lequel  émerge  à  gauche  une  tête  de  lion  '  ;  au  second  plan, 
saint  Jérôme  assis  et  écrivant,  son  chapeau  est  près  de  lui,  le  saint 
qui  a  des  lunettes  est  de  profil  à  gauche,  devant  lui  une  tête  de  mort 
assez  mal  indiquée.  A  gauche  au  bas  de  l'estampe  :  Rembrandt  f.  76*45. 

Cette  pièce  est  dite  :  Saint  Jérôme  au  tronc  d'arbre.  Le  1er  état  est  avant  le 
nom  et  le  millésime;  le  2?  avec  ces  indications.  L'estampe  ne  semble  pas 
terminée,  il  la  faut  avoir  avec  ses  barbes,  elle  est  fort  rare. 

Ventes  :  Hume,  2°  état,  412  —  Didot,  même  état  chargé  de  barbes,  530  — 
Schloesser,  même  état,  375  —  Oppermann,  212  —  Buccleuch,  1er  état,  1375  — 
Seymour  Haden,  1er  état  sur  japon,  775,  provenant  de  la  collection  Camesina 
et  Arozarena  —  Hulot,  2e  état,  285  —  Holford,  1er  état  sur  japon,  1525,  de  chez 
lord  Aylesford  —  Artaria,  2e  état,  90  —  Rosenberg,  200. 

Saint  Jérôme,  dans  le  goût  d'Albert  Durer2  (B  104  —  Cl  107  — 
W  109  —  BI  75  —  D  107).  —  Assis  sur  un  tertre  le  coude  gauche  appuyé, 
le  saint  coiffé  d'un  large  chapeau  est  tourné  à  gauche  et  lit  ;  à  droite 
le  lion  son  fidèle  compagnon  vu  de  dos  sur  une  roche  surplombant  un 
torrent  ;  à  gauche,  derrière  le  saint,  un  gros  arbre  fortement  branché; 
au  second  plan  à  droite  un  pont,  et  au  fond  des  fabriques  et  un  couvent 
à  tour  carrée  ;  le  milieu  du  tertre  vide  de  travaux.  Pas  de  signature. 

C'est  une  admirable  pièce  rare  et  du  plus  haut  intérêt,  elle  n'est  pas 
terminée;  saint  Jérôme  est  indiqué  au  trait,  la  figure  seule  et  le  chapeau 
sont  travaillés.  On  ignore  l'année  où  elle  a  été  gravée  ;  Middleton  suppose 
que  ce  fut  en  1G53,  Vosmaër  en  1650  ;  ce  doit  être  vraisemblablement  vers 
cette  époque,  car  Rembrandt  se  servait  beaucoup  de  la  pointe  sèche  de  1650 
à  1661.  Il  faut  l'avoir  avec  ses  barbes.  On  n'en  connaît  que  deux  états  : 

ler  état.  —  Le  pilier  gauche  du  pont  est  formé  par  /ro/.9  traits.  Très  rare. 
2e  état.  —  Le  pilier  a  été  renforcé  de  deux  autres  traits. 


1  La  légende  raconte  qu'au  désert  le  saint  avait  retiré  une  épine  de  la  patte  d'un  lion  qui, 
reconnaissant,  le  suivait  partout  et  ne  le  quittait  plus;  c'est  ce  qui  explique  la  présence  de 
l'animal  dans  toutes  les  estampes  consacrées  à  saint  Jérôme. 

2  Dans  le  goût  d'Albert  Durer  1 1  Voici  certes  une  désignation  singulièrement  fantaisiste,  et 
nous  nous  étonnons  vraiment  de  ce  que  vient  faire  ici  Albert  Durer,  c'est  sans  doute  à  sa 
pointe  sèche  (B  59)  que  l'on  veut  faire  allusion.  Cependant,  le  style  de  l'estampe  qui  nous 
occupe  est  du  plus  pur  style  italien  comme  le  reconnaît  sir  Seymour  Haden  dans  About 
Etchings,  le  dessin  qui  est  du  Titien  fut  adjugé  en  1865,  à  la  vente  du  docteur  Wellesley 
d'Oxford,  par  MM.  Christie  à  M.  Locker  Sampson,  il  différait  de  notre  eau-forte  en  ce  que 
le  lion  n'existait  pas  et  que  le  saint  était  remplacé  par  une  Vénus  couchée. 

Mais,  comme  il  est  de  tradition  de  répéter  ce  :  dans  le  goût  d'Albert  Durer,  nous  sommes 
parfaitement  convaincu  que  ce  que  nous  venons  de  dire  sera  considéré  comme  nul  et  non 
avenu,  nous  ne  nous  faisons  pas  la  moindre  illusion  à  cet  égard  et  les  catalogueurs  futurs 
continueront  à  l'enregistrer  comme  par  le  passé  ;  nous  avons  cru  cependant  faire  notre  devoir 
en  signalant  aux  collectionneurs  cette  vaste  bourde  qu'on  réédite  depuis  tantôt  150  ans,  car  ce 
furent  Gersaint  Helle  et  filomy  qui,  les  premiers,  dans  le  premier  catalogue  de  l'œuvre  du 
Maître  (1751),  se  servirent  de  cette  comparaison  ;  Bartsch  et  les  autres  emboitèrent  le  pas  sans 
le  moindre  souci  de  la  vérité. 


158  ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

Ventes  :  Kalle,  900  —  E.  Galichon,  1"  état  sur  japon,  2605  —  Liphart,  501  — 
Hume,  750  —  Didot,  1"  état,  2100  —  Schloesser,  2400  —  Hebich,  750  — 
Oppermann,  337  —  Grifflths,  sur  japon,  700  —  Buccleuch,  1er  état,  3100'; 
2e  état,  400  —  Seymour  Hadcn,  1er  état  sur  japon,  1450  —  Hulot,  325  — 
L.  Galichon,  570  —  Arlaria,  le»  état  avec  de  grosses  barbes  dans  la  crinière 
du  lion,  1240;  2=  étal,  460  —  Bouillon,  195  —  Straeter,  1662,  sur  papier  à  la 
folie.  —  Bosenberg,  2»  état,  681,  de  chez  Galichon. 

Toutes  les  ventes  où  les  états  ne  sont  pas  mentionnés  sont  des  2"  états. 
Ne  pas  confondre  cette  pièce  et  la  précédente  avec  les  cinq  autres  de 
même  rubrique  (B  100  —  101  —  102  —  105  —  106). 


Saint  François  à  genoux  (B  107  —  Cl  110  —  W  112  —  Bl  78  — 
D  109.  —  L'ermite  est  à  genoux,  de  profil  à  gauche,  au  pied  d'un  gros 
arbre  ;  il  prie  devant  un  crucifix  à  gauche  cpii  s'élève  au  milieu  du  bois 
masqué  par  le  gros  arbre,  les  mains  jointes  sont  posées  sur  un  livre 
ouvert.  La  partie  droite  de  l'estampe  n'est  qu'esquissée,  on  aperçoit, 
avec  une  réelle  bonne  volonté,  un  autre  religieux  de  profil  à  droite,  et 
coifî'é  d'un  capuchon,  à  genoux,  appuyé  sur  une  traverse  de  bois,  priant 
également  avec  un  livre.  Tout  en  haut  à  droite,  une  chapelle  bàiie  sur 
les  rochers  qui  occupent  toute  la  partie  droite  de  l'estampe.  En  bas  du 
même  côté  dans  une  petite  bande  :  Rembrandt  f.  1657,  et  plus  bas  en 
caractères  plus  gros  et  comme  écrits  avec  une  plume  d'oie,  cette 
même  inscription  qui  vient  empiéter  sur  les  premiers  caractères 
très  légèrement  tracés. 

11  y  a  deux  états  :  dans  le  1er,  la  figure  du  saint  est  peu  ombrée  et 
l'inscription  Rembrandt  f.  1657  n'est  pas  répétée,  toute  la  partie  à  droite  de 
l'estampe  est  restée  blanche,  et  tout  le  haut  du  corps  du  saint  se  détache 
vigoureusement  sur  un  fond  blanc  complètement  vide  de  travaux.  Le  21'  état 
est  celui  décrit.  —  On  suppose  que  dans  cette  composition  l'artiste  a  dû 
s'inspirer  de  quelques  Maîtres  italiens  tels  que  Le  Titien,  Giorgione  ou 
Campagnola.  L'estampe  est  superbe  et  une  des  plus  rares  de  l'œuvre  ;  à 
rejeter  celles  où  les  barbes  n'existent  pas. 

Ventes  :  Kalle,  sur  japon,  un  des  plus  beaux  connus,  2260  -  Liphart,  1025  — 
KiKiwks,  sur  papier  à  la  Heur  de  lys,  1187  —  Didot,  sur  japon,  2420  — 
Schloesser,  375  —  Buccleuch,  1  '  état,  2750;  2«  état,  2500,  les  deux  exem- 
plaires provenaient  de  chez  Hawkins  —  Seymour  Iladcn,  1750  -  Hulot, 
lei  état  sur  japon,  1050,  provenait  de  la  vente  Arozarena  »  -  Holford, 
2'  état  (?),  2400  —  Artaria,  même  état,  820  —  Bouillon,  85,  épreuve  sans 
barbes  —  Straeter,  l«  état,  2312,  épreuve  du  cabinet  Kalle. 


'  Provenait  'i   ■  i  ollei  Lion    Di  bol    1 1  Hawkins;  a  lu  prem elle  lui  adjugée  905  francs, 

(ni  elle  lui  adjugée  iwi  francs. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  159 

Le  Tombeau  allégorique  (B  110  —  Cl  112  —  W  114  —  Bl  80  — 
D  111).  —  Un  tombeau  au  pied  duquel  gît  un  homme  renversé  sur  le 
sol,  les  bras  étendus;  sur  le  tombeau,  un  socle  portant  un  écusson 
au-dessus  duquel  deux  génies  ailés  et  de  face  sonnent  de  la  trompette, 
ils  tiennent  une  gerbe  sur  laquelle  est  perché  entre  eux  deux,  un  oiseau 
aux  ailes  déployées.  Dans  les  hachures  du  bas  de  l'estampe  à  droite  : 
Rembrandt  f.  1658  k 

Cette  pièce  est  fort  peu  intéressante,  nous  ne  la  mentionnons  qu'à  cause 
de  son  insigne  rareté.  —  On  la  désigne  en  Hollande  sous  le  nom  de  Le  Phénix, 
et  on  y  voit  une  allusion  à  la  statue  du  duc  d'Albe  renversée  en  1577. 

Ventes  :  Didot,  sur  japon,  2820  —  Buccleuch,  875  —  Hebich,  2550  —  Artaria, 
1340,  du  cabinet  Aylesford. 

La  Médée  (B  112  —  Cl  113  -  W  116  —  Bl  82  —  D  113).  —  Dans 
un  temple  à  colonne,  musiciens  et  nombreux  personnages  à  gauche  ; 
au  milieu  de  l'estampe,  sur  une  estrade,  Jason  et  Creuse  agenouillés 
devant  un  évêque  qui,  la  crosse  dans  la  main  gauche,  les  bénit  de  la 
droite.  Sous  un  baldaquin  tout  à  fait  à  droite,  on  distingue  la  statue 
de  Junon  assise  ayant  près  d'elle  son  paon.  Vers  l'escalier  qui  occupe 
le  milieu  de  l'estampe  et  dans  la  pénombre,  on  voit  s'avancer  deux 
personnages.  Dans  la  marge  du  bas  de  l'estampe,  quatre  vers  en 
hollandais  et  Rembrandt  f.  1648. 

Cette  pièce,  qui  devait  illustrer  une  tragédie  écrite  par  Jean  Six,  est  fort 
peu  intéressante,  mais  recherchée  cependant.  En  voici  les  états  : 

1er  état.  —  Avant  la  couronne  sur  la  tête  de  Junon  et  le  rallongement  de 

la  robe  de  Médée. 
2e   état.  —  Avant  la  couronne,  mais  la  robe  est  rallongée. 
3e   état.  —  Avec  la  couronne  et  la  robe  rallongée. 
4e   état.  —  Avec  le  nom  de  l'artiste,  la  date  et  les  vers. 
5e   état.  —  La  marge  où  étaient  les  vers  est  coupée. 

Ventes  :  Liphart,  4"  état,  187  —  Didot,  1er  état,  710  —  Schloesser,  1«  état, 
762  —  Oppermann,  127  —  Hebich,  1er  état,  650  —  Buccleuch,  4«  état,  800  — 
Webster,  Ut  état,  625  —  Seymour  Haden,  1er  état  sur  japon,  775  —  Holford, 
1er  état,  800  —  Artaria,  3e  état,  620  —  Bouillon,  4e  état,  100  —  Straeter,  2e  état, 
919,  du  cabinet  Aylesford  —  Bosenberg,  4e  état,  130. 

Il  existe  des  copies. 


1  Cette  date  presque  illisible  est  discutée.  Bartsch  donne  1650.  Claussin  1G59.  Blanc  1G48, 
Rovinsky  1650.  Middleton  1658;  muni  d'une  loupe  puissante  nous  avons  examiné  cette  date 
avec  un  soin  extrême,  le  4  ou  le  5  paraîtraient  discutables,  mais  ayant  revu  scrupuleusement 
nombre  de  pièces  bien  millésimées  par  l'artiste  et  comparé  ces  deux  chiffres,  nous  pouvons 
affirmer  arec  certitude,  d'accord  avec  Middleton.  que  c'est  bien  1C5S  qu'il  faut  lire. 


160  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE 

La  petite  Bohémienne  Espagnole  (B  120  —  Cl  122  —  W  124  — 
BI  83  —  D  121).  —  A  l'entrée  d'un  bois,  deux  femmes  se  dirigent  vers 
la  droite.  La  vieille  duègne  ou  bohémienne  est  à  gauche,  elle  est 
encapuchonnée  et  munie  d'un  long  bâton  qu'elle  tient  de  la  main 
gauche  et  semble  s'appuyer  sur  le  bras  droit  de  la  jeune  fdle.  Le 
premier  plan  à  droite  devant  les  deux  femmes,  est  vide  de  travaux. 
Sans  signature,  gravée  probablement  vers  1648. 

Cette  petite  estampe  devait  servir  d'en-tête  à  la  tragédie  de  Préciosa,  de 
Cervantes,  dit  Blanc,  ou  à  la  nouvelle  La  Gitanilla,  dit  Datait,  ce  qui  nous 
parait  plus  plausible.  Quoiqu'il  en  soit,  disons-le  carrément,  cette  estampe 
ne  vaut  pas  un  clou,  mais  le  monde  est  ainsi  fait,  et  il  y  a  des  collectionneurs 
qui  enfourchent  des  dadas  quelques  rosses  qu'ils  puissent  être,  et  c'est  le 
cas  pour  celui-ci.  On  se  cabre  quand  on  les  voit  payer  les  prix  qu'on  va 
lire;  c'est  sans  doute  cette  mention  de  Bartsch  :  «  Un  morceau  extrêmement 
rare  et  du  bon  temps  de  Rembrandt  »  qui  a  donné  le  coup  de  fouet  et  fait 
s'emballer  le  cavalier;  il  est  fâcheux,  vraiment,  d'obéir  ainsi  à  la  chambrière 
et  de  n'avoir  pas  assez  de  bras  pour  arrêter  le  coursier. 

Ventes  :  Hume,  1750  —  Didot,  1960  —  Hebich,  2200  !  !  1  -  Buccleuch,  1500  - 
Seymour  Haden,  1225  —  Hulot,  785  —  Holford,  1125  —  Artaria,  940  — 
Straeter,  1887. 

Une  copie  a  été  faite  par  Bassan.  —  Nous  n'avons  mentionné  cette  pièce 
qu'à  cause  de  son  extrême  rareté. 


Le  Vendeur  de  mort  aux  rats  (B  121  —  Cl  123  —  W  125  — 

Bl  95  —  D  122).  —  A  gauche,  à  la  porte  d'une  maison,  un  vieillard,  le 
bras  droit  en  écharpe,  est  en  train  d'acheter  de  la  mort  aux  rats  à  un 
marchand  ambulant  qui  se  présente  à  lui,  un  sabre  au  côté,  un  haut 
bonnet  sur  la  tèle,*un  rat  sur  l'épaule  gauche  et  une  longue  perche  au 
bout  de  laquelle  sont  pendus  d'autres  rats  à  un  panier  rond  ;  un  enfant, 
une  boite  à  la  main,  accompagne  le  vendeur;  à  gauche  de  la  porte  un 
gros  tonneau  défoncé  ;  au  dernier  plan  à  droite,  une  silhouette  de 
chaumière.  En  bas  de  ce  côté  :  Ii'  1632;  le  3  et  le  2  sont  renversés. 

Au  1«  état,  dont  il  n'existe  (pie  deux  exemplaires  connus,  au  ISrilisb 
Muséum  et  à  Dresde,  /'/  n'y  a  point  de  tailles  sur  le  bouquet  de  branches  cpii 
émerge  de  la  maison  au-dessus  du  panier  rond  du  vendeur;  au  2,j  état,  ces 

tailles  existent. 

("est  une  fort  jolie  pièce  qui  est  très  recherchée  :  planche  habile,  dit 
M.  Legros,  mais  qui  nu  rien  du  style  et  de  la  vigueur  du  Maître.  —  Il  existe 
des  copies. 

Ventes  :  Didot,  810   -  Knowles,400      Schloesser,  384  —  Oppermann,  380  — 

Hebich,  370  —  Buccleuch,  70  -  Webster,  50  —  Bosenberg,  300  -  Dreux,  300. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE  161 

Le  Cochon    (B   157)  Le  Chien  endormi    (B  158)   —    La 

Coquille  '  (B  159). 

Nous  mentionnons  ces  pièces  à  cause  de  leur  insigne  rareté,  quoiqu'elles 
n'aient  vraiment  rien  de  bien  particulier  qui  les  puisse  désignera  l'attention 
publique  ;  les  deux  premières  sont  remarquablement  bien  gravées,  nous 
n'hésitons  pas  à  le  constater  ;  quant  à  la  dernière  qui,  trouvée  dans  la  boîte 
d'un  marchand  des  quais,  serait  délaissée  pour  quarante  sous  si  on  n'en 
connaissait  l'extrême  rareté,  on  la  voit  adjugée  ■  modestement  dans  les  ventes 
publiques  4  à  5000  francs,  quand  passe  un  des  quatre  exemplaires  connus 
du  1"  état  au  fond  blanc  ;  on  en  demeure  baba,  et  l'on  se  demande  rêveur, 
s'il  n'y  a  pas  un  traitement  spécial  pour  les  gens  atteints  d'hystérie  artistique; 
la  famille  devrait  intervenir  et  les  faire  soigner,  elle  y  trouverait  certes 
son  compte  !  ! 

Trois  Mendiants  à  la  porte  d'une  maison  (B  176  —  Cl  173  — 

W  173  —  Bl  146  —  D  172).  —  Un  vieillard,  le  bras  gauche  en  écharpe, 
coiffé  d'un  haut  bonnet,  sur  le  seuil  d'une  porte  à  gauche  de  l'estampe, 
donne  l'aumône  à  trois  mendiants  ;  un  enfant  vu  de  dos,  un  homme, 
et  une  femme  qui  porte  un  enfant  sur  son  dos.  En  bas  à  droite  : 
Rembrandt  f  1648. 

Jolie  pièce  qui  doit  être  recherchée  avec  ses  barbes.  —  Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  Guichardot,  1905  —  Didot,  820  —  Oppermann,  2«  état,  241  — 
Knowles,  409  -  Hebich,  500  —  Buccleuch,  725  -  Hulot,  220  -  L.  Galichon, 
1er  état,  avant  les  contre-tailles  sur  le  mur  près  du  nez  du  maître  de  la 
maison,  600  —  Artaria,  même  état,  sur  japon,  400  —  Bouillon,  135  — 
Hansen,  sur  papier  à  la  fleur  de  lys,  419. 

Le  Lit  à  la  Française  (B  186  —  Cl  183  —  W  183  —  Bl  283  — 

D  183).  —  Sur  un  lit  à  baldaquin  et  à  colonnes  courtes,  un  homme  et 
une  femme 3  se  rappellent  le  précepte  de  l'Evangile  :  Croissez  et 
multipliez,  et  le  mettent  chrétiennement  en  pratique.  Près  d'eux,  une 
petite  table  recouverte  d'un  tapis,  sur  laquelle  sont  déposés  un  verre 
et  un  plateau  ;  la  toque  à  plumes  de  l'amoureux  est  posée  sur  une  des 
colonnes  du  lit.  En  bas  de  l'estampe  à  gauche  :  Rembrandt  f  1646. 

Pièce  de  toute  rareté*,  nombre  d'épreuves  ayant  été  anéanties  à  cause  du 
sujet  ;  la  mal  n'est  du   reste  pas  grand,  la  pièce  étant  fort  médiocre.  La 


1   Dite  encore  :  Tigre  ou  Damier. 

»  Ventes  :  Hume,  1"  état,  5000  —  Buccleuch.  1"  état,  4625  ;  2-  état,  1000  francs  ! 

3  Celle-ci  a  quatre  bras. 

*  Elle  est  considérée  par  certains  comme  n'étant  pas  du  Maître. 


162  ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

planche  a  été  coupée  deux  fois,  voici  les  différentes  dimensions  dans  ses 
trois  états  : 

l>r  état.   —  Hauteur  150"»"  —  Largeur  22G  •<"" 

2-    état.  —  Hauteur  126  ■"">  —  Largeur  226  "»" 

3e   état.  —  Hauteur  126  """  —  Largeur  176  ""» 

Les  belles  épreuves  ont  leurs  barbes.  —  11  existe  une  copie  moderne  en 
contre-partie. 

Ventes:  Didot,   3010,    de   chez   Esdaile1    —    Schloesser,    1510,    de    chez 
Alferoff  —  Buccleuch,  1470,  de  chez  Didot,  50%  de  baisse!!!  —  Hulot, 
92."),  elle  provenait  de  chez  Arozarena  —  adjugée  401  —  qui  la  tenait  de  la 
vente  Férol  —  Artaria,  1000. 
Toutes  ces  épreuves  étaient  du  2?  état. 

Le  Moine  dans  le  blé  (B  1S7  —  Cl  184  —  W  184  —  Bl  152  — 
D  184).  —  Dans  les  blés,  une  sandale  s'étant  échappée  de  son  pied, 
un  moine  dans  une  posture  qui  l'ait  supposer  qu'il  ignore  complètement 
le  commandement  de  Dieu  :  L'œuvre  de  chair  ne  désirera  qu'en  mariage 
seulement;  à  gauche  de  l'estampe,  une  cruche,  et  au  tout  dernier 
plan,  la  silhouette  d'un  paysan  qui  s'éloigne.  Sans  signature. 

Toute  petite  pièce  sans  aucune  valeur,  si  ce  n'est  sa  1res  grande  rareté, 
pavée  des  prix  vraiment  scandaleux.  Le  catalogue  de  Burgy  (1755)  l'a 
rubriquée  :  Le  joli  manœuvre  du  Moine  dans  le  bled.  —  Il  faut  l'avoir  avec  ses 
barbes.  —  Il  en  existe  une  copie,  reconnaissable  à  une  ligne  qui  est  parallèle 
au  bas  de  l'estampe. 

Ventes:  Didot,  1900  —  Hebich,  700  —  Buccleuch,  720  —  Hulot,  445  — 
Artaria,  450 

L'Espiègle  (B  188  —  Cl  185  —  W  185  —  Bl  153  —  D  185).  — 
Au  coin  d'un  bois  à  gauche,  une  bergère  est  assise  gardant  son 
troupeau  et  tressant  une  couronne  ;  à  ses  pieds,  couché  à  plat  ventre, 
un  patour,  un  hibou  sur  l'épaule,  joue  de  la  flûte,  jetant  un  regard 
indiscret  sous  les  jupes  légèrement  retroussées  de  la  femme;  le  berger 
a  posé  sa  houlette  contre  un  vieux  tronc  d'arbre.  Au  milieu  du  bas  de 
l'estampe  :  Rembrandt  f  16i2. 

1"  état.  —  Avant  le  nom  et  l'année  et  avec  l'ombre  au-dessus  du  chapeau 

de  la  bergère. 
2e    état.  —  Avec  le  nom  et  l'année,  l'ombre  ell'acée. 
3e  état.  —  L'ombre  est  rétablie. 

4e  état.  —  I.a  tête,  qui  existe  aux  trois  dais  précédents,  et  que  l'on  voyait 
dans  les  arbres,  à  la  hauteur  de  la  houlette,  a  disparu. 


i  Cette  épreuve  avall  prlralllvem  par  les  cabinets  J.  Ilnrnan!  et  Hlbbert,  elle  fui 

adjugi  .in  de  i Andréa. 


ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  163 

Cette  pièce,  très  rare,  est  extrêmement  poussée.  —  Il  existe  des  copies  en 
contre-parties. 

Ventes  :  Liphart,  712  —  Didot,  720  —  Schloesser,  1225,  provenant  de 
Liphart  —  Oppermann,  125  —  Hulot,  1300,  de  chez  Didot  —  Artaria, 
4e  état,  300  —  Hansen,  62  —  Prince  Waldburg  Wolfegg,  1612. 

Toutes  ces  épreuves  sont  du  2?  état,  à  l'exception  de  celles  d'Artaria. 

La  Femme  devant  le  poêle  (B  197  —  Cl  194  —  W  194  -  Bl  161  - 
D  194).  —  A  gauche  de  l'estampe,  tout  le  haut  du  torse  nu,  une  femme 
de  profil   à   droite,    les  yeux   baissés,  le  bras  droit  appuyé  sur  sa 
chemise,  est  assise  près  d'un  poêle,  la  tête  nue.  Sur  le  tuyau  on  lit  : 
Rembrandt  f  1658. 

La  pièce  n'est  pas  fameuse,  le  nu  étant  le  seul  point  faible  de  Rembrandt  ; 
elle  est  cependant  assez  recherchée,  mais  il  faut  l'avoir  avant  la  clef*  au 
poêle  et  avec  le  bonnet,  ou  tout  au  moins,  avec  le  bonnet  et  avec  la  clef. 

Ventes:  Liphart,  sur  japon,  avant  la  clef  avec  le  bonnet,  487  —  Didot, 
même  état  sur  japon,  870  —  Schloesser,  même  état,  751  —  Oppermann,  sur 
japon,  326  —  Buccleuch,  même  état,  1100;  sans  le  bonnet,  425,  toutes  deux 
de  chez  Hawkins  —  Webster,  sans  la  clef,  412;  sans  le  bonnet,  425  — 
Hulot,  état  Liphart,  sur  japon,  500;  avec  la  clef  et  sans  le  bonnet,  410  — 
Artaria,  état  Liphart  sur  japon,  800  —  Heredia,  sur  japon,  200  —  Prince 
Waldburg  Wolfegg,  2512. 

La  Femme  à  la  Flèche  (B  202  —  Cl  199  —  W  199  —  Bl  166  — 

D  199).  —  Complètement  nue,  vue  de  dos,  assise  sur  sa  chemise,  la 
tête  légèrement  tournée  à  gauche,  la  jambe  droite  ramenée  sous  elle, 
une  femme  tient  dans  sa  main  droite  levée  une  flèche  la  pointe  en 
haut  ;  à  ce  bras  est  un  bracelet  ;  à  gauche  de  l'estampe  une  draperie. 
Dans  le  coin  gauche  en  bas  :  Rembrndt  (sic)  f.  1661,  la  lettre  a  manque 
el  le  d  est  renversé. 

Rovinsky  donne  les  trois  états  suivants  : 

1er  état.  —  Avant  les  contre-tailles  sur  la  joue  gauche. 

2«   état.  —  Avant  les  contre-tailles  sur  le  bas  de  la  chemise. 

3<=   état.  —  Avec  ces  contre-tailles. 

Cette  estampe  est  rarissime,  c'est  la  meilleure  figure  nue  de  Rembrandt  ; 
dans  le  1er  et  le  2e  état  le  nom  et  la  date  sont  à  peine  visibles.  Cette  pièce  est 
la  dernière  qu'ait  gravée  le  Maître. 

Ventes:  Didot,  280  —  Knowles,  fort  chargée  de  barbes;  1er  état,  le  nom  de 
Rembrandt,  repris  plus  tard  à  la  pointe  sèche,  est  à  peine  lisible,  806,  de 


i  La  clef  D'apparait  qu'au  4'  état. 


104  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE 

chez  Vv'olterbeck  —  Schloesser,  même  état  que  Knowles,  476  —  Buccleuch, 
1er  état,  1250  —  Webster,  787,  de  chez  le  comte  de  Fries  et  de  Verstolk  — 
Seymour  Haden,  état  vente  Knowles,  1050  —  Artaria,  1"  état,  581  ;  2e  état,  375; 
3'  état,  350. 

Vue  d'Omval  (B  209  —  Cl  206  —  W  206  —  Bl  312  —  D  206).  — 
A  gauche  de  l'estampe,  un  bouquet  d'arbres  au  pied  duquel  deux 
personnages  sont  assis  et  difficiles  à  distinguer  dans  la  pénombre  ; 
à  droite  au  second  plan,  occupant  tout  le  reste  de  l'estampe,  un  fleuve 
devant  lequel  un  homme  est  debout  tournant  le  dos  et  regardant 
passer  un  bateau  qui  se  dirige  vers  la  gauche,  abritant  sous  sa  tente 
des  personnages.  Sur  la  rive  opposée,  maisons,  moulins  et  barques. 
En  bas  dans  le  coin  droit  :  Rembrant  (sic)  f  1645. 

Estampe  très  remarquable,  difficile  à  rencontrer  en  belle  épreuve;  le  cuivre 
a  mal  mordu  et  certaines  parties  reprises  à  la  pointe  sèche  donnent  des  noirs 
vraiment  par  trop  accusés  qui  nuisent  à  la  beauté  de  la  pièce.  Au  1"  état, 
tout  en  haut  dans  le  coin,  on  remarque  des  essais  de  pointe  qui  ont  presque 
disparu  au  2"  —  de  toute  rareté. 

Rovinsky  dit  qu'il  existe  des  dernières  épreuves  où  les  deux  personnages 
de  la  pénombre  ont  été  remplacés  par  un  enfant  qui  fait  des  bulles  de  savon 
et  une  carte  sur  laquelle  est  écrite  :  Leven-2. 

Ventes  :  Hume,  1100,  de  chez  Barnard  —  Didot,  avec  le  fond  et  les  bords 
sales,  950,  de  chez  Marshall  —  GrifTiths,  de  chez  Debois  et  Brook,  375  — 
Buccleuch,  1100,  toute  première  épreuve  —  Webster,  900  —  Hulot,  avant  la 
planche  nettoyée,  500  —  Holford,  8000,  épreuve  admirable  —  Artaria,  état 
avec  les  essais  de  pointe  dans  le  coin  du  haut,  et  des  barbes  sur  le  nom  de 
Rembrandt,  sur  papier  à  la  folie,  2000,  provenait  du  cabinet  de  Festeticsz  — 
Bouillon,  170  —  Straeter,  2875,  de  la  collection  Hebich  —  Reiss,  1100. 

Le   Paysage  aux  trois  Arbres  (B  212  —  Cl  209  --  W  209  - 

Bl  315  —  D  209).  —  Au  premier  plan  à  droite  d'un  paysage  plat  au 
clair  horizon  qui  forme  le  fond  de  l'estampe,  mais  au  ciel  chargé 
d'orage  à  gauche,  trois  gros  arbres  mêlant  leur  feuillage  se  détachent 
sur  un  tertre  sombre  au  pied  duquel,  dans  une  mare  à  gauche,  un 
homme  et  une  femme  pèchent  à  la  ligne  ;  à  travers  les  arbres  on 
aperçoit  une  charrette  se  dirigeant  vers  la  droite.  Dans  le  haut  du  coin 
gauche,  «les  rayons  exécutés  au  tire-ligne  simulent  une  pluie  d'orage. 
Sous  la  touffe  de  joncs  de  la  mare,  au  tout  premier  plan,  on  lit  très 
difficilement  à  gauche  :  Rembrandt  /'.  1643. 

On  distingue,  en  y  prêtant  beaucoup  d'attention,  tout  à  Fait  à  droite  dans 
la  pai  tie  basse  la  plus  ombrée  <lr  l'estampe,  diin  personnages  assis.  Quant  au 
prétendu  fantôme,  i  ensé  vu  dans  la  partie  claire  du  ciel  presqu'au  milieu  de 


ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  165 

l'estampe,  c'est  une  pure  fantaisie  de  cerveau  malade  qui  l'a  créé,  est-ce 
qu'on  a  pas  toujours  fait  dire  aux  nuages  et  aux  cloches  tout  ce  que  l'on 
voulait  !  I  il  n'y  a  donc  rien  dans  cette  pièce  que  ce  que  Rembrandt  y  a 
voulu  mettre,  car,  à  son  époque,  on  n'avait  point  encore  inventé  le  petit  jeu 
de  :  Où  est  le  chat  :'  et  :  Cherchez  la  bergère  ! 

Cette  estampe  admirable  est  le  plus  merveilleux  paysage  qu'ait  gravé  le 
Maître,  et  il  est  ajuste  titre  célèbre  entre  tous.  Il  n'existe  qu'un  seul  état, 
mais  les  exemplaires  sont  souvent  très  différents  de  beauté,  le  tirage  jouant, 
on  le  sait,  un  grand  rôle  dans  la  qualité  de  l'épreuve,  les  premiers  présentent 
des  barbes  dans  le  ciel. 

Quoique  cher,  elle  n'est  pas  payée  à  sa  valeur,  quand  on  la  compare  à 
certaines  autres  pièces  très  inférieures  et  qui,  malgré  cela,  atteignent  des 
prix  très  sensiblement  supérieurs.  L'épreuve  du  Déparlement  des  Estampes 
acquise  en  1816  fut  payée  150  francs  !  Rovinsky  affirme  que  le  fond  et  les 
ombres  sont  teintées  à  la  fleur  de  soufre,  l'éminent  directeur  du  Cabinet  des 
Estampes  d'Amsterdam,  M.  van  der  Kellen,  opinerait  plutôt  pour  la  pierre 
ponce  douce  ;  quant  à  nous,  ayant  examiné  à  la  loupe  différentes  épreuves, 
nous  n'hésitons  pas  à  croire  que  ces  teintes,  extrêmement  légères,  ont  été 
obtenues  à  l'aide  d'un  grain  de  résine  ou  de  fleur  de  soufre,  elles  n'existent 
du  reste  que  dans  les  toutes  premières  épreuves,  et  encore  d'une  façon  fort 
peu  marquée. 

Ventes:  Howard',  1675  —  Liphart,  3812  —  Hume,  3000  —  Didot,  2000  — 
Knowles,  2625,  de  chez  Marochetti  —  Schloesser,  2137,  un  des  plus  beaux 
connus  —  Griffiths,  3125,  de  chez  Maberley  —  Buccleuch,  4125,  de  chez 
Hawkins  —  Webster,  2225  —  Seymour  Haden,  3700  —  Hulot,  1000  —  Holford, 
4250  —  Angiolini,  981  —  Artaria,  1400  —  Straeter,  6000,  admirable  exemplaire 
de  chez  Hebich  —  Miller  Whitehead,  2000  —  Battig,  3075»,  de  chez  Buccleuch, 
sur  papier  à  la  folie  —  Defer  Dumesnil,  2100,  épreuve  doublée  —  Rosenberg, 
2262,  sur  papier  aux  fleurs  de  lys  —  Reiss,  de  la  collection  Johnson,  5875. 

Il  existe  de  nombreuses  copies  par  Novelli,  L.  Maroy,  Baillie,  R.  Byron,  etc. 

L'Homme  au  lait  (B  213  —  Cl  210  —  W  210  —  Bl  316  —  D  210).  - 
A  droite  de  l'estampe,  sur  une  route,  un  homme  portant  à  l'aide  d'une 
traverse  qui  est  sur  ses  épaules  deux  bidons  de  lait,  un  chien  court 
près  de  lui,  il  est  vu  de  dos  et  s'éloigne  ;  à  sa  droite  la  mer  sans 
borne  avec  des  navires  ;  en  contre-bas  à  gauche  de  l'estampe,  bouquet 
d'arbres,  chaumière  et  mare  avec  un  canot  ;  de  ce  même  côté  gauche 
à  l'horizon,  une  légère  silhouette  de  collines.  Sans  signature. 

Pièce  rare  et  recherchée  avec  ses  barbes.  —  Il  n'existe  que  deux  états  : 

1"  état.  —  Avant  les  collines  indiquées  à  l'horizon  —  rarissime. 
2e   état.  —  Avec  les  collines. 


'  Un  fait  curieux  à  signaler,  c'est  que  dans  cette  collection  très  remarquable,  il  n'existait  que 
ce  seul  échantillon  du  Maître. 
5  Acheté  par  le  docteur  Elischer  de  Budapest. 


166  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

Ventes  :  Hume,  2°  état.  682  —  Liphart,  2e  état,  625  —  Didot,  même  état, 
1720,  superbe  exemplaire  de  chez  Bôhn  —  Knowles,  1050  —  Schloesser, 
1625  —  Buccleuch,  le»  état,  5125,  de  chez  lord  Aylesford  et  Hawkins;  2e  état, 
1000  —  Webster,  1025  —  Hulot,  925,  sur  japon,  de  chez  Esdaile  —  Holford, 
1"  état  sur  japon  ',  3625,  de  chez  lord  Aylesford;  2«  état  (?)  —  Angiolini,  avec 
barbes  sur  japon,  812  —  Artaria,  1er  état,  310!!!  2>-  état,  sur  papier  à  la 
folie,  882. 

Il  existe  des  copies. 

Le  Paysage  aux  trois  Chaumières  (B  217  —  Cl  214  —  W  214  — 

Bl  318  —  D  214).  —  Sur  le  bord  d'une  route  qui  occupe  la  gauche  de 
l'estampe,  trois  chaumières  presque  sur  la  même  ligne  perpendi- 
culaire; à  droite  sur  le  lout  premier  plan  du  même  côté,  un  grand 
arbre  très  feuille  et  très  branchu.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  : 
Rembrandt  f.  1650.  Le  cuivre  est  cintré  par  le  haut. 

Voici  les  états  : 

1er  état.  —  Le  devant  de  la  première  chaumière  n'a  qu'une  seule  taille 
perpendiculaire  et  la  pièce  n'est  pas  terminée;  il  y  a  des 
parties  blanches  sur  la  route  —  rarissime. 

2e  état.  —  La  pièce  est  terminée,  il  y  a  une  contre-taille  sur  le  toit  de  la 
troisième  chaumière. 

3e   état.  —  Contre-taille  sur  le  devant  de  la  première  chaumière. 

Encore  un  des  meilleurs  paysages,  rare  et  très  recherché  qu'il  faut  avoir, 
inutile  de  le  répéter,  comme  toutes  les  pointes  sèches  avec  ses  barbes. 
M.  A.  Lcgros  dit  que  cette  pièce  peu!  être  du  Maître,  mais  néanmoins  il  laisse 
planer  un  doute  sur  son  authenticité.  —  Il  existe  des  copies:  une  ancienne,  est 
surtout  particulièrement  trompeuse. 

Ventes:  Guichardot,  1280  —  E.  Galichon,  1200  —  Liphart,  912  —  Hume. 
825  —  Didot,  .>  état  très  chargé  de  barbes,  1000  -  Schloesser,  1000  —  Hebieh, 
.'(•■  état,  12(in  -  Buccleuch,  l ■■'  état,  6875,  de  chez  Hawkins  —  Webster,  3«  état, 
1250  —  Ilolfonl,  1er  étal,  6S75;  2«  état,  2500,  toutes  deux  de  chez  lord 
Aylesford  —  Artaria,  2«  élat,  870  —  Stracter,  1er  état  sur  japon,  5500,  de  chez 
Weber. 

Le  Paysage  à  la  Tour  carrée  (B  218  —  Cl  215  --  W  215  — 
Bl  319  I)  215).  —  Au  milieu  d'un  petit  hameau  —  Baarep,  sans 
doute  —  (jui  s'étend  sur  la  gauche,  on  aperçoit  une  cour  carrée  ;  une 
barrière  de  bois  montant  sur  le  premier  plan  à  droile,  occupe  plus  des 
deux  tiers  de  l'estampe.  Dans  le  bas  du  coin  droil  :  Rembrandt  f.  KiôO. 

C'est  une  pièce  rare  et  très  recherchée,  nous  la  notons  à  ce  litre,  éprouvant 
pour  elle  fort  peu  d'emballement  ;  du  reste,  nous  croyons  qu'on  en  revient 


i  i [uol  <  de  1500  francs  pour  te  mime  extmptàlrt  7  Cruelle  énigme  1 1 


ÉCOLE  HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  167 

un  peu  et,  à  moins  de  qualité  exceptionnelle,  les  prix  auraient  plutôt 
tendance  à  fléchir. 

Le  l'-r  état,  dans  lequel  le  mur  de  l'arche  du  pont  qui  est  à  droite  de  la 
tour  présente  une  partie  claire  et  une  partie  ombrée,  n'existe  qu'à  trois 
exemplaires  ;  ils  se  trouvent  au  Brilish  Muséum,  au  Musée  d'Amsterdam  et, 
croyons-nous,  chez  le  baron  Edmond  de  Rothschild. 

Ventes  :  E.  Galichon,  avant  le  trait  échappé  qui  coupe  le  nom  de  Rembrandt 
aux  lettres  br,  850  —  Liphart,  512  —  Hume,  446  —  Didot,  610,  très  chargé 
de  barbes  —  Knowles,  375  —  Schloesser,  462  —  Buccleuch,  1"  état  sur 
japon,  provenant  de  chez  Hawkins,  7375  —  Huloi,  300  —  Holford,  1er  état, 
3250,  de  chez  lord  Aylesford  —  Artaria,  670,  dernier  état  —  Bouillon,  420, 
avec  la  planche  sale  —  Straeter,  tout  le  mur  est  ombré,  2e  état,  544,  de  chez 
Camberlyn,  où  elle  fut  adjugée  251  —  Hansen,  de  chez  lord  Aylesford  et 
Chambers  Hall,  862. 

Ne  pas  confondre  cette  estampe  cintrée  par  le  haut  avec  Le  Paysage  à  la 
Tour  (B  223)  dont  nous  nous  occuperons  tout  à  l'heure. 

Le  Canal  (B  221  —   Cl  218  —  W  21S  —  Bl  322  —  D  218).  - 
Quelques  chaumières  entourées  d'arbres  sur  le  milieu  de  l'estampe,  et 
une  à  gauche,  derrière  laquelle  on  distingue  un  bateau  à  la  voile  ;  sur 
le  devant,  un  petit  canal  qui  fait  le  coude  à  gauche  ;  dans  le  fond  à 
l'horizon,  un  village  avec  son  église.  Sans  signature. 

Pièce  très  rare,  très  cher,  mais  d'un  médiocre  intérêt  ;  Middleton  et  von 
Seidlitz  la  croient  gravée  vers  1652.  Le  1«  état  est  nu  fond  sale  et  à  la 
planche  non  ébarbèe  ;  le  2<=  est  ébarbé.  —  Il  existe  des  copies. 

Ventes  :  E.  Galichon,  épreuve  hors  ligne  chargée  de  barbes,  2000  — 
Didot,  980  —  Oppermann,  100  —  Hebich,  1000  —  Buccleuch,  3000,  de  chez 
Hawkins  —  Wesbster,  sur  japon,  une  des  plus  belles  connues,  3125,  du 
cabinet  Verstolk  de  Soelen  —  Hulot,  405  —  Artaria,  16S0  —  Straeter,  1887, 
de  chez  Weber  —  Reiss,  1500. 

Le  Paysage  à  la  Tour  (B  223  —  Cl  220  —  W  220  —  Bl  324  - 

D  220).  —  A  droite  d'un  bouquet  d'arbres  peu  élevés,  une  chaumière, 
et  au  dernier  plan  une  tour  surmontée  d'un  dôme  ;  au  pied  de  cette 
tour  à  gauche,  est  accolée  une  construction  plus  basse.  Le  tout 
premier  plan  à  droite  de  l'estampe,  vide  de  travaux.  Sans  signature. 

Très  rare,  très  cher,  très  apprécié.  —  On  croit  que  c'est  le  petit  village 
où  naquit  la  seconde  femme  de  Rembrand  ;  c'est  cette  raison  sans  doute 
qui  fait  rechercher  la  pièce,  plus  encore  que  sa  véritable  valeur  artistique. 
Nous  n'ignorons  pas  que  tous  les  paysages  de  Rembrandt  sont  très  chers  , 
mais  il  n'est  vraiment  pas  rationnel  de  voir  payer  cette  petite  pièce  des 
prix  atteints  difficilement  par  l'admirable  Paysage  aux  trois  Arbres;  on 
devrait  cependant  comprendre  qu'il  n'y  a  pas  de  comparaison  possible 
entre  ces  deux  estampes,  et  que  la  dernière  que  nous  avons  mentionnée 


16cS  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET    FLAMANDE 

est  de  cent  coudées  supérieure  à  La  Tour ,  mais  tous  les  raisonnements 
tombent  devant  l'entêtement  du  collectionneur  qui  est  un  peu  —  honni  soit 
qui  mal  y  pense,  car  nous  sommes  de  la  confrérie  —  très  fortement  mouton 
de  Panurge  en  consultant  beaucoup  plus  le  goût  du  jour  que  le  sien  propre; 
on  arrive  ainsi,  par  une  obstination  que  rien  ne  saurait  justifier,  à  maintenir 
des  cotes  tout  à  fait  hors  de  proportion  avec  la  valeur  de  l'objet. 

Etant  donné  les  gros  prix  pratiqués,  nous  croyons  devoir  donner  les 
différents  états  de  cette  estampe  pour  payer  au  moins  avec  connaissance 
de  cause  : 

1er  état.  _  La  tour  est  surmontée  d'une  petite  coupole  terminée  en  pointe, 
dans  le  ciel  à  gauche  de  longues  hachures  zèbrent  la  planche 
et  une  tache  d'acide  ronde  apparaît  dans  le  coin  droit. 

2e  état.  —  La  coupole  existe  encore,  mais  les  taches  noires  et  longues 
produites  par  les  hachures  ont  été  effacées  ;  elles  sont  encore 
un  peu  visibles  cependant. 

3e  état.  —  Coupole  et  taches  ont  disparu. 

Ventes  :  Kalle,  3«  état,  1287  —  Hume,  2«  état,  5750  —  Didot,  2<=  état,  730  — 
Hebich,  2-  état,  510  —  Schloesser,  3<=  état,  500  -  Grimths,  1er  état,  hors 
ligne,  7500,  achetée  par  M.  Dutuit  —  Buccleuch,  1«  étal,  6500;  3e  état, 
1175  —  Webster,  3?  état,  825  —  Seymour  Haden,  1er  état  sur  fin  japon,  4550  ; 
3e  état,  1275,  de  chez  Kalle  —  Hulot  ('?),  700  —  Artaria,  3e  état  sur  papier  à 
la  folie,  du  cabinet  Verstolk,  1400  —  Straeter,  3e  état,  006,  de  la  vente  Debois 
où  elle  fut  adjugée  166. 

11  existe  des  copies. 

La  Chaumière  et  la  Grange  à  foin  (B  225  -  Cl  222  —  W  222  — 

Bl  327  —  D  222).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  une  chaumière,  à  gauche 
de  laquelle  se  trouve  une  grange  à  foin  vide,  sous  laquelle  est  remisée 
une  charrette  ;  à  droite  de  la  chaumière,  un  petit  pont,  que  traversent 
une  paysanne  et  son  chien.  Un  enfant  assis  pèche  dans  le  ruisseau  sur 
lequel  le  pont  est  établi,  près  de  lui  un  autre  enfant  tient  un  panier. 
Au  fond,  très  légèrement  silhouettés,  un  château  et  des  arbres  ;  à 
gauche,  une  ville  avec  moulin  et  clochers.  En  bas  dans  le  coin  droit  : 
Rembrandt  f.  Ui'il. 

Ventes  Kalle,  800  —  E.  Galichon,  1510  -  Hume,  2021  —  Liphart,  511  - 
Didot,  1420  —  Hebich,  1150  —  Schloesser,  sur  papier  à  la  Heur  île  lys,  un 
des  plus  beaux  connus,  1875,  provenant  de  chez  Debois,  adjugé  272,  qui  le 
tenait  du  cabinet  Poggi  -  Oppermann,  762  —  Buccleucb,  1750,  de  chez 
Hawkins  —  Webster,  2100,  superbe  —  Seymour  Haden,  950  —  Fisher,  1275  — 
Holford,  1875  —  L.  Galichon,  riiC>  Artaria,  épreuve  de  13"""  plus  haute 
que  les  épreuves  courantes,  pleine  de  barbes,  1170  —  Bouillon,  280  — 
Straeter,  une  des  />liis  belles  connues,  5500,  de  chez  Hume  —  Dcfcr 
Dumcsnil,  050  —  Rosenberg,  2000,  de  chez  Verstolk,  Barnard  et  Buccleuch  — 
rlansen,  687  —  Dreux,  1550. 

Très  belle  pièce  dont  il  existe  des  copies. 


ÉCOLE    HOLLANDAISE  ET    FLAMANDE  169 

Le  Verger  et  la  Grange  (B  230  —  Cl  227  —  W  227  —  Bl  330  — 

D  227).  —  Tout  à  fait  à  gauche,  une  maison  couverte  en  chaume,  puis 
un  verger  à  droite  de  cette  maison  ;  également  à  droite,  dans  une 
allée  indiquée  par  des  piquets,  un  homme  un  bâton  sur  l'épaule 
s'éloignant.  Tout  au  fond  et  dans  le  berceau  formé  par  les  arbres,  un 
personnage  à  cheval,  très  difficile  à  distinguer.  Sans  signature. 

Estampe  rarissime,  ne  figurant  même  pas  à  l'exposition  qui  fut  faite  de 
l'œuvre  du  Maître  en  1899,  au  British  Muséum.  —  La  planche  au  1"  état 
mesurait  en  largeur  204™"i\  et  au  2e  162ra">;  quant  à  la  hauteur,  elle  n'a  pas 
variée  et  est  restée  de  90""»  dans  les  deux  états. 

Ventes  :  Didot,  2"  état,  1980  —  Schloesser,  2500,  de  chez  Didot  —  Holford. 
4250,  de  chez  lord  Aylesford. 

Le  Moulin  de  Rembrandt  (B  233  —  Cl  230  —  W  230  —  Bl  333  — 

D  230).  —  A  gauche  de  l'estampe,  un  moulin  à  vent  sur  le  premier 
plan;  au  second  plan,  presque  accolée,  une  chaumière  carrée  couverte 
en  tuiles  ;  à  droite,  la  campagne  nue.  Dans  le  bas  du  coin  droit  : 
Rembrandt  f.  1641. 

Nommé  à  tort  Le  Moulin  de  Rembrandt,  ce  n'est  point  là  que  naquit  le 
Maître,  mais  bien  à  Leyde.  Dans  toutes  les  épreuves  on  remarque  des 
craquelures  dans  le  ciel,  cela  tient  au  vernis  qui  a  crevé  pendant  la  morsure, 
ces  craquelures  s'atténuent  au  fur  et  à  mesure  du  tirage,  dans  les  toutes 
premières  épreuves  elles  sont  plus  accentuées. 

Il  existe  plusieurs  copies;  l'une,  entre  autres,  gravée  en  1844  par  une  femme 
amateur  atteint  une  telle  perfection  qu'elle  donne,  dit  Maberley,  l'illusion 
de  l'original. 

Ventes:  E.  Galichon,  600  —  Didot,  410  —  Schloesser,  263  —  Oppermann, 
126  —  Hebich,  400  -  Grifflths,  305  —  Buccleuch,  650  —  Webster,  300  — 
Seymour  Haden,  1725  —  Holford,  525  —  L.  Galichon,  195  —  Artaria,  900,  les 
craquelures  sont  très  apparentes  et  il  y  a  des  barbes  sur  la  date  et  le  nom 
de  Rembrandt  —  Bouillon,  175  —  Straeter,  1150  —  Rosenberg,  250  —  Hansen, 
1462,  de  chez  Verstolk  et  Buccleuch. 

La  Campagne  du  Peseur  d'or  (B  234  —  Cl  231  —  W  231  — 

Bl  334  —  D  231).  —  Grand  paysage  plat  en  largeur,  sans  caractère, 
à  gauche  à  l'horizon,  un  village  avec  une  église  qui  le  domine; 
très  à  gauche  du  rideau  d'arbres  qui  occupe  le  milieu  de  l'estampe, 
une  tour  ronde  surmontée  d'une  girouette.  Dans  le  bas  du  coin 
gauche  :  Rembrandt  1651. 

C'est  la  campagne  de  Uytenbogaert,  l'ami  de  Rembrandt;  c'est  une  grande 
esquisse  fort  recherchée  et  extrêmement  rare,  traitée  d'une  façon  très 
sommaire  à  la  pointe  sèche.  Il  y  a  des  tirages  sur  japon  jaune  chargés  de 


170  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

barbes  qui  sont  très  beaux;  nous  trouvons  la  pièce  lia  peu  surfaite,  surtout 
quant  au  prix. 

Ventes  :  E.  Galichon,  700  —  Liphart,  1312—  Didot,  1100  —  Knowles,  825  — 
Hebich,  630  —  Scbloesser,  1000,  une  des  plus  belles  connues  —  Oppermann, 

chargée  de  barbes,  1062  —  Buccleuch,  sur  japon,  5250,  de  la  collection 
Hawkins  —  Webster,  2800,  sur  japon,  chargée  de  barbes  —  Holford,  même 
condition,  1S0O  —  Artaria,  660  —  Straeter,  975,  de  chez  Coppenrath  — 
Rosenberg,  1181,  sur  papier  aux  Qeurs  «le  lys,  de  chez  Camesina,  Coppenrath 
et  Straeter  —  Rciss,  1725. 

Citons  encore  pour  mémoire  les  paysages  suivants  qui,  malgré  leur 
moindre  importance,  sont  dune  extrême  rareté  :  Le  Paysage  a  la  Vache 
(B206).  —  Les  deux  Maisons  avec  pignons  pointus  (B214)  que  l'on  ne  rencontre 
guère  que  lavé  à  l'encre  de  chine,  ce  qui  avait  fait  croire  un  instant  que 
celte  pièce,  ainsi  que  quelques  autres,  étaient  des  dessins  originaux;  il  en 
résulta  même  qu'au  début  de  leur  apparition  ils  furent  vendus  comme  tels. 
On  alla  jusqu'à  dire  que  c'était  une  supercherie  de  Rembrandt  exécutée 
dans  le  but  bien  déterminé  de  tromper  les  amateurs;  ceci  n'a  jamais  été 
prouvé  et  reste  à  l'état  de  pure  hypothèse.  —  La  Terrasse  (B  216).  —  Le 
Canal  à  la  petite  Barque  iB  210).  —  Le  grand  Arbre  iB  241).  —  Le  Pécheur 
dans  une  liarquc  iB  243).  —  Le  Paysage  au  Canal  (B  241).  —  La  Maison  basse 
sur  le  bord  du  Canal'  (B  245).  —  Le  Pont  de  Bois  (15  246).  —  Le  Paysage  aux 
Palissades  (B  247».  —  Le  Paysage  non  fini  (B  255).  —  Le  Paysage  aux  deux 
Pécheurs,  signalé  dans  le  catalogue  Denon  et  inconnu  à  Bartsch  et  à  Blanc; 
disons  encore  en  un  mot  que  presque  tous  les  paysages  de  l'artiste  sont  très 
rares  et  très  chers. 

Faustus  (B  70  —  CI  2fi7  —  W  272  —  151  84  —  D  2Ô9).  —  Debout 
dans  son  laboratoire,  tourné  vers  la  droite,  coiffé  d'un  bonnet, 
vivement  éclairé  et  vêtu  d'une  longue  robe,  le  docteur  légèrement 
penché  en  avant,  les  deux  mains  appuyées  sur  sa  table,  interroge 
anxieux  les  signes  cabalistiques  qui  lui  apparaissent  sur  la  fenêtre 
placée  au  milieu  du  fond  de  l'estampe.  Derrière  lui,  une  lèle  de  mort, 
et  devant  lui  sur  le  premier  plan,  un  globe  terrestre,  des  papiers  et  un 
gros  livre  à  fermoir.  Sans  signature*. 

Superbe  pièce  dont  le  cuivre  existe  encore.  —  Le  1«'  état  est  avant  la  troisième 
taille  sur  le  livre  à  fermoir  et  le  travail  de  pointe  sèche  sur  l'épaule  droite. 

Ventes  :  E.  Galichon,  1«  état  sur  chine,  850  —  Kallc,  637  —  Liphart,  812  — 
Didot,  550  —  Schloesser,  251  —  Oppermann,  2»  état.  350  —  Buccleuch.  sur 
■apon,  1375,  de  chez  Hawkins      Webster,  600  —  Fisher,  210  —  Gutekunst, 


i  II  n'en  existe,  parall  a.  que  troti  exemplaire,  l'un  :iu  liritislt  Muuum,  l'autre  o  Amsterdam, 
et  un  troisième  adjuge-  t  la  vente  Webl  1er  0000  francs,  il  provenait  tic  chez  lord  Aylcsford. 

1  i.i  plupart  du  temps  on  assigne  des  dates  aux  pièces  qui  n'en  ont  pas,  nais  les  avis  sont  si 

partagés  et  1  [uelquel  ni    entre  les  différents  catalogueurs,  que  nous  crayons 

m  préférable  di  te  les  relater  Ici,  tellement  cela  noue  semble  hypothétique! 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET    FLAMANDE  171 

2e  état,  310  —  L.  Galichon,  380  —  Artaria,  très  chargée  de  barbes,  820  — 
Straeter,  1262,  provenait  du  cabinet  de  Fries  —  Rosenberg,  2<--  état,  375. 

Toutes  les  épreuves  ci-dessus  sont  de  1er  état,  sauf  indication  contraire. 

Il  existe  une  copie. 

Le  vieux  Haaring  (B  274  —  Cl  271  —  W  276  —  Bl  178  —  D  261).  - 
Assis  de  face  dans  un  fauteuil,  la  main  droite  ramenant  son  manteau 
à  la  hauteur  de  la  ceinture,  et  l'autre  pendant  négligemment,  le  vieil 
homme  aux  chevaux  bouffants  et  grisonnants  recouverts  d'une  calotte 
regarde  de  face.  Il  est  vêtu  d'un  justaucorps  avec  un  large  col  blanc 
serré  par  une  cordelière  d'où  pendent  deux  glands.  Derrière  lui,  est 
une  large  croisée  grillée  avec  un  rideau  à  gauche.  Ni  signature, 
ni  date  '. 

Il  y  a  trois  états  : 

1"  état.  —  Epreuve  d'essai  unique  qui  se  trouve  à  VAlbertine  de  Vienne, 
provenant  de  la  collection  Barnard.  Ce  n'est  guère  qu'une 
esquisse;  le  rideau,  à  gauche,  tombe  droit  sans  empiéter  par 
un  pli  sur  la  croisée,  l'expression  du  visage  n'est  pas  la  même 
que  dans  les  états  suivants. 
2e   état.  —  Avant  le  châssis  qui  se  trouve  au  milieu  de  la  grille  de  la 

croisée  et  avant  l'empiétement  du  rideau. 
3«   état.  —  Avec  le  châssis  et  avec  le  rideau  émergeant  sur  la  croisée. 
C'est  sans  conteste  le  plus  beau  des  portraits,  c'est  le  chef-d'œuvre  des 
chefs-d'œuvre  du  genre,  laissant  loin  derrière  lui  celui  de  l'avocat  Tholing  que 
nous  allons  mentionner  tout  â  l'heure.  11  est  extrêmement  rare  en  2«  état. 

M.  Alphonse  Legros,  l'éminent  peintre-graveur,  consulté  par  nous  sur  ce 
portrait,  n'hésite  pas  à  le  déclarer  carrément  faux;  nous  nous  contentons 
d'enregistrer  son  opinion,  désolé  de  notre  désaccord. 

Ventes  :  Hume,  6375  —  Didot,  2900,  une  autre  épreuve  sur  parchemin,  du 
même  état,  peut-être  unique  dit  le  catalogue,  300!  —  Hebich,  2'-  état,  5500  — 
Buccleuch,  1750,  de  chez  Hawkins  —  Holibrd,  4750  —  Angiolini,  2e  état  (?), 
8515  —  Artaria,  2740  —  Straeter,  2?  état,  6625,  de  la  collection  Danby  Seymour, 
l'épreuve  était  exceptionnelle. 

Les  épreuves  ci-dessus  dont  l'état  n'est  pas  indiqué  étaient,  croyons-nous, 
du  dernier  état.  —  Il  existe  une  copie. 

Jean  Lutma  (B  276  —  Cl  273  —  W  278  —  Bl  182  —  D  265).  - 
Tournant  le  dos  à  une  croisée,  assis  presque  de  face  dans  un  fauteuil 
sur  le  bras  duquel  il  s'appuie,  la  tète  coiffée  d'une  calotte  de  velours, 
le  célèbre  orfèvre  tient  dans  sa  main  droite  une  statuette;  sur  la  table 


'  Date  présumée,  lOôf». 


172  ÉCOLE   HOLLANDAISE    ET   FLAMANDE 

à  droite,  on  aperçoit  un  marteau  et  un  plat  d'argent  ;  la  tète  souriante 
et  fine  se  détache  suprêmement  distinguée.  A  droite  dans  le  haut  de  la 
croisée  :  Rembrandt  f.  1656,  et  au-dessus  de  la  tahle  du  même  côté  : 
Joannes  Lutma. . .  écrit  par  une  main  étrangère. 

Le  1«  état,  très  rare,  est  avant  la  croisée,  les  noms  de  Rembrandt,  de 
Lutma  et  la  date;  le  2«  état  est  avec  la  croisée  et  les  inscriptions  ci-dessus 
mentionnées.  C'est  un  pur  chef-d'œuvre  et  un  des  plus  beaux,  et  surtout  un 
des  plus  séduisants  portraits  gravés  par  le  Maître;  malheureusement  cette 
admirable  planche  a  été  abimèe,  et  on  en  a  fait  ce  qu'on  appelle  le  2<?  état 
qui  n'est  pas,  affirme  M.  A.  Legros,  de  la  main  de  Rembrandt.  Il  y  a  encore 
un  3<"  état  très  mauvais,  mais  excessivement  rare,  dont  il  existe  une  épreuve 
au  Musée  d'Amsterdam,  elle  provient  de  la  planche  réduite  à  185'""",  elle 
faisait  initialement  en  hauteur  198»"". 

Ventes  :  K.  Galichon,  1"  état  sur  japon,  3600  —  Hume,  même  état,  3875,  de 
chez  Ilibbert  —  Didot,  même  état  sur  japon,  3'.)(>0,  venait  de  chez  Camberlyn, 
où  elle  fut  adjugée  2005  —  Knowles,  1«  état,  4400,  de  chez  Hawkins;  2»  état, 
750  —  Webster,  sur  vélin  fin,  1«  état,  800,  de  chez  Hawkins  —  Seymour 
Haden,  1er  état,  4250  —  Fisher,  3»  état,  105  —  Hulot,  1"  état  sur  japon,  3700. 
provenait  de  chez  Didot  —  Holford,  1«'  état  non  terminé,  l'eau-forte  ayant 
mal  mordu,  dit  le  catalogue,  425,  de  la  collection  Rarnard  ;  le  même  état, 
4500  —  Angiolini,  1"  état,  exemplaire  superbe,  0250  —  Artaria,  1"  état, 
2000;  2«  état,  121)  —  Bouillon.  l«r  état,  chargé  de  barbes,  2620  -  Straeter, 
1"  état,  1375,  des  collections  Six  et  Festcticsz  —  Defer  Dumesnil,  2'-  état,  590, 
épreuve  signée  au  verso  P.  Mariette,  1008  —  Rosenberg,  2«  état,  225  — 
Hansen,  2fi  état,  315. 

Ephraïm  Bonus  (H  278  —  Cl  275  —  W  280  —  Bl  172  —  D  256).  - 
Coiffé  d'un  chapeau  à  larges  bords,  le  manteau  sur  l'épaule  laissant 
voir  un  ample  col  blanc,  portant  moustache  et  barbiche,  Ephraïm  Bonus 
descend  se  dirigeant  vers  la  droite  un  escalier,  sur  la  rampe  duquel  il 
appuie  la  main  droite  dont  l'index  est  orné  d'une  bague.  En  bas  du 
coin  droit .  Rembrandt  f.  \GM . 

(".cite  estampe  est  dite  aussi  Le  Juif  éi  In  rampe,  elle  est  célèbre  et  rare, 
mais  c'est  une  réputation  usurpée  et,  suivant  nous,  c'est  un  des  moins  bon 
portrait  gravé  par  l'artiste.  M.  A.  Legros  trouve  la  planche  très  lurfule,  mais 
ne  tu  croit  pas  de  Rembrandt.  Du  l,r  état,  dont  la  caractéristique  la  plus 
marquante  est  la  bague  noire,  il  n'c\isic  que  trois  exemplaires  connus,  ils 
sont  actuellement:  l'un  au  British  Muséum,  acquis  en  1817,  à  la  vente 
Verstolk  de  Soelen,  pour  1650  florins,  soit  environ  3,.it>u  lianes,  après  avoir 
passé  par  les  cabinets  Denon,  Wilson;  l'autre  au  .Musée  d'Amsterdam, 
quand  au  troisième,  il  passa  à  la  vente  Holford  en  lN'.Hi. 

('.h.  Blanc  reste  plein  d'admiration  devant  la  réflexion  que  ce  portrait  a 
suggérée  à  Wilson  dans  le  catalogue  qu'il  a  fait  de  l'œuvre  du  Maitre  où  il 
dit  :  ■  //  semble  réfléchir  sur  la  maladie  d'un  de  ses  clients  i,  el  il  ajoute, 
diézant  encore  la  note  :      On  dirait,  en  effet,  qu'il  délibère  s'il  ne  remontera 


ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  173 

pas  l'escalier!  »  Nous  ne  partageons  pas  l'emballement  de  l'éminent  écrivain 
d'art  sur  ce  morceau  que  nous  trouvons  raide  et  sans  accent. 

Les  prix  suivants  donneront  cependant  raison  sur  nous  à  l'ancien 
directeur  des  Beaux-Arts. 

Ventes  :  Kalle,  1700  —  Liphart,  1437  —  Hume,  2300  —  Didot,  1550  — 
Schloesser,  850  —  Hebich,  1375  —  Griffiths,  1900,  de  chez  Maberley  —  Prince 
LobanotT,  2940  —  Buccleuch,  3000  —  Webster,  2500,  superbe  épreuve 
provenant  de  Verstolk  —  Seymour  Haden,  2170,  de  chez  Gevers  —  Holford, 
1er  état,  48750,  de  chez  lord  Aylesford  —  Gutekiu.st,  450  —  Angiolini,  1875  — 
Artaria,  1490  —  Straeter,  2002,  provenant  de  chez  Alferolf,  c'est  un  des  plus 
beaux  exemplaires  connus  ;  il  avait  passé  successivement  par  les  collections 
Camesina,  Wolterbeck,  de  la  Motte-Fouquet,  van  den  Zande,  Godefroy  de 
Caen,  Molasse,  et  enfin  Alferoif,  d'où  elle  provenait  en  dernier  lieu. 

Cette  estampe  n'a  jamais  été  tirée  sur  japon. 

Jean  Utenbogardus  (B  279  —  Cl  277  —  W  281  —  Bl  190  — 
D  272).  —  Dans  un  ovale  sur  un  cuivre  octogonal,  assis  dans  un 
fauteuil,  presque  de  face,  coiffé  d'une  calotte,  le  cou  entouré  d'une 
fraise,  le  célèbre  prêcheur  lient  de  la  main  gauche  le  livre  ouvert  qui 
est  sur  une  table.  A  droite  on  distingue  plusieurs  volumes  posés  les 
uns  sur  les  autres  sans  symétrie.  En  dehors  de  l'ovale  à  gauche  en 
haut:  Rembrandt  /'.,  et  à  droite:  1635;  en  bas  quatre  vers  latins  : 
Quem  praemirari  plèbes. . . 

Voici  les  différents  états  signalés  par  M.  Sidncy  Golvin  : 

1er  état.  —  La  planche  est  rectangulaire  mesurant  249  »»»  sur  186  m'";  le 
col  est  presque  blanc,  l'expression  de  la  bouche  et  des 
yeux  est  grave  et  triste,  la  face  modelée  par  des  ombres 
légères. 

2e  état.  —  Unique,  de  nombreux  travaux  ajoutés  dans  la  face  viennent 
altérer  l'expression  de  la  bouche  et  des  yeux,  le  col  est 
terminé. 

3«  état.  —  L'épreuve  est  terminée  et  le  cuivre  rogné  en  octogone  ;  les 
travaux  additionnels,  qui  ne  sont  pas  de  la  main  du  Maître, 
consistent  principalement  dans  les  ombres  portées  sur  le 
rideau  et  dans  la  partie  à  gauche  et  la  plus  basse  de  la 
planche.  La  signature  et  la  date  apparaissent  dans  les  deux 
angles  du  haut,  ainsi  que  les  quatre  vers  de  Hugo  Grotius 
dans  la  marge  du  bas. 

On  ne  connaît  du  1er  état  que  trois  exemplaires:  à  Amsterdam,  au  British 
Muséum  et  le  troisième  qui  passa  à  la  vente  Buccleuch;  cet  état  n'a  pas  été 
tiré  sur  japon. 

Ventes  :  Didot,  dernier  état,  710  —  Buccleuch,  1er  état,  32000  —  Schloesser, 
1712  —  Oppermann,  350,  sur  japon  —  Artaria,  600  —  Straeter,  '.'AVJ.  — 
Rosenberg,  450,  de  chez  Seymour  Haden,  Aylesford  et  Straeter. 


174  ÉCOLE   HOLLANDAISE    ET   FLAMAND!; 

Utenbogaert  (B  281  —  Cl  278  —  W  283  —  Bl  189  —  D  271).  — 
De  trois  quarts  à  gauche,  la  tête  tournée  à  droite  coiffée  d'une  large 
toque  et  portant  un  vêtement  garni  de  fourrures,  Utenbogaert  est 
assis  devant  une  table,  au-dessus  de  laquelle  une  balance  est 
suspendue  ;  sur  cette  table  des  sacs  d'écus  et  un  livre  ouvert  sur 
lequel  il  écrit.  Il  remet  de  la  main  gauche  un  sac  à  un  jeune  garçon, 
qui  un  genou  en  terre  près  de  lui  va  remplir  le  baril  qui  est  à  sa 
droite.  Au  fond,  on  aperçoit  deux  personnages  à  mi-corps.  Sur  le 
premier  plan,  une  malle  et  des  barils.  Dans  le  bas  de  l'estampe  à 
gauche  et  en  dehors  de  la  partie  gravée  :  Rembrandt  f.  1639. 

Cette  pièce  est  aussi  dénommée  Le  Peseur  d'or  ou  Le  Banquier.  Nous  ne 
nous  associons  point  à  l'enthousiasme  que  professe  pour  elle  Bartsch  qui  la 
qualifie  a  d'un  des  plus  beaux  et  des  plus  rares  portraits  qu'ait  fait 
Rembrandt,  très  fini  dans  toutes  ses  parties  et  dont  l'etfet  est  admirable.  » 
D'abord  il  n'y  a  de  gravé  par  l'artiste  que  la  tête  et  les  épaules,  le  reste  est, 
tout  porte  à  le  croire,  l'œuvre  de  Bol,  nous  ne  nous  expliquons  guère  que 
l'œil  de  Bartsch,  si  exercé,  n'ait  pas  senti  l'énorme  différence  qui  existait 
entre  la  technique  du  Maître  et  celle  de  l'élève. 

Dans  le  1er  état,  dit  au  visage  blanc,  la  tète  du  receveur  n'est  exprimée  qu'au 
trait.  Cet  état  est  extrêmement  rare  ;  au  2=  état  la  tête  est  ombrée  ',  une  copie 
en  a  été  faite  par  le  capitaine  Baiîlie,  on  lit  dans  la  marge  du  bas  :  Scilieel 
unprobte...  et  son  monogramme  W.  B.  entrelacés  à  droite.  Le3e  état  ne-porte 
ni  la  date  ni  le  nom,  ils  ont  été  effacés;  il  y  a  eu,  dit  Blanc,  des  épreuves 
tirées  sur  un  faux  japon  très  cassant. 

Bovinsky  affirme  qu'il  y  a  eu  des  '>-  états  falsifiés.  —  Le  cuivre  existe 
encore.  —  Un  anglais,  Jacques  Hazard,  a  fait  une  copie  différente  de  l'original, 
en  ce  que  le  livre  sur  lequel  écrit  le  peseur  d'or  ne  présente  aucune  écriture. 

Ventes:  Lipharl,  331  -  Hume,  2'  étal  sur  japon,  572  —  Didot,  l<w  état, 
6500,  de  ehe/  Marshall,  la  même,  retouchée  par  Baillie,  305  Sçhlocsser, 
2'  état,  liés  veloutée,  sur  vieux  japon,  1750  -  Grifflths,  825  (le  Mabcrley  — 
Buccleuch,  1"  état,  4000,  de  Chez  Hawkins  -  Webster,  sans  nom  ni  date, 
provenant  de  chez  Hippisley,  650,  probablement  unique  dit  le  catalogue»  — 
L.  Galichon,  avant  les  tailles  perpendiculaires  entre  les  jambes  du  jeune 
garçon  agenouillé,  590  --  Arlaria,  même  état,  260  —  Bouillon,  même  état, 
C10  -    Sliaeler,  2«  étal.  [062,  ,1e  chez  Allen. If. 


Le  Grand  Coppenol  (B  283     -  CI  280  -     W  28.')  --  Bl   17Ô 
D  258).  —   Assis  et  vu  à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  ilroilc,  coiffé  d'une 
calotte,  large  col  blanc  souple,  il  regarde  presque  de  face;  ses  deux 


'  Les  bonnes  épreuves  Boni  chargées  </•'  barbes. 

!  C'est,  croyons-nousi  l'exemplaire  aul  a  ûguré  au  Burlington  luit'  Arti  ('.lui'  en  1877. 


ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  175 

mains  tiennent  une  feuille  de  papier  blanc,  une  plume  d'oie  est 
passée  entre  l'index  et  le  majeur  de  la  main  droite,  son  manteau 
entr'ouvert  laisse  voir  son  justaucorps.  Derrière  lui  se  profile  une 
colonne  à  gauche.  Sans  signature,  ni  date  ;  on  suppose  en  1661. 

1er  état.  —  La  planche  mesure  335""»  en  hauteur  sur  281  """  en  largeur; 
elle  n'est  pas  terminée  et  est  au  fond  blanc  et  avant  l'achè- 
vement de  la  manche  droite  et  des  deux  mains. 

2e  état.  —  Terminée;  un  rideau  forme  le  fond  à  gauche,  remplaçant  la 
colonne,  la  manche  est  ombrée,  mais  demeure  plus  claire 
que  le  reste  du  corps. 

3e  état.  —  Le  bras  et  la  manche  ont  reçu  de  nouvelles  tailles  qui  les  ont 
assombris. 

4*   état.  —  A  droite,  dans  le  haut  du  rideau,  les  plis  ont  été  retravaillés. 

5e  état.  —  La  planche  est  coupée  et  les  vers  hollandais  calligraphiés  en 
l'honneur  du  Maître  et  du  modèle  ont  disparu. 

Clausin  a  dit  qu'au  1er  état  la  colonne  qui  est  à  gauche  n'est  légèrement 
ombrée  que  jusqu'au  milieu  de  sa  hauteur  —  ce  qui  laisse  clairement  entendre 
que  le  reste  est  demeuré  blanc  —  or,  semblable  particularité  n'a  encore 
jamais  été  confirmée,  c'est  une  erreur  qu'a  rééditée  Ch.  Blanc  et  qu'il  importe 
de  détruire  complètement.  Cette  pièce  n'est  intéressante  que  dans  le  1er  état  — 
dont  Basan  a  fait  une  copie  moins  haute  d'un  centimètre  environ  que 
l'estampe  originale  —  et  dans  le  2»'  état. 

Il  n'existe  du  1«  état  que  deux  exemplaires  connus,  l'un  au  Département 
des  Estampes,  provenant  de  la  collection  Beringhen,  l'autre  à  Amsterdam, 
sortant  de  chez  Verstolk  de  Soelen  à  la  vente  duquel  il  fut  adjugé 
2687  francs. 

Ventes  :  Liphart,  3c  état,  369;  un  autre  état  sur  japon,  887  —  Hume,  5e  étal, 
1275  —  Didot,  4e  état,  650;  5e  état,  30  —  Schloesser,  3e  état,  marge  de  5lul" 
aux  trois  côtés  et  14"»"  en  bas,  les  bords  sales,  987,  de  chez  Ackermann, 
Festeticsz,  Arozarena  et  Kalle  —  Buccleuch,  2e  état  sur  japon  au  fond  blanc, 
29750,  des  collections  Esdaile,  Verstolk  et  Hawkins  ;  3e  état,  3250;  4e  état, 
2125  —  Webster,  4e  état,  de  chez  Barnard,  Hibbert  et  Willcox  —  Fisher, 
4e  état,  625,  de  Howard  et  Danby  Seymour  —  Holford,  2e  état,  de  Wilson, 
33975,  mais  réellement  le  1er,  dit  le  catalogue,  provenait  de  la  collection 
Aylesford  —  Artaria,  225,  de  chez  Faccioli,  avant  la  planche  coupée  — 
Reiss,  sur  japon,  4e  état,  875,  de  chez  Esdaile  —  Loyd,  3e  état,  1950. 

L'avocat  Tholinx1  (B  284  —  Cl  281  —  W  286  —  Bl  188  — 
D  270).  —  Assis  de  face  dans  un  fauteuil,  il  regarde  d'un  air  songeur  ; 
la  tête,  recouverte  d'un  chapeau  à  larges  bords  légèrement  relevés, 
est  un  peu  enfoncée  dans  les  épaules  ;  le  large  col  est  blanc  et  la 
barbe  du  menton  taillée  en  carré.  Il  a  devant  lui  une  table  chargée  de 


Ou  encore  le  Docteur  l'etrus  van  Toi,  ce  qui  semble  plus  vraisemblable. 


176  ÉCOLE    HOLLANDAISE    ET   FLAMANDE 

livres,  dont  l'un  est  ouvert  ;  il  tient  un  lorgnon  de  sa  main  droite  qu'il 
ramène  vers  lui,  les  deux  avant-bras  sont  appuyés  sur  les  montants 
du  fauteuil.  A  droite  derrière  lui,  on  aperçoit  trois  bouteilles;  sur  le 
justaucorps  du  personnage  un  vêtement  fourré.  Le  fond  de  l'estampe 
est  blanc.  Sans  signature,  ni  date. 

If  état.  —  La  barbe  est  irrégulière  et  divisée  en  deux  parties,  le  coude 

droit  n'est  pas  arrondi. 
2°    état.  —  La  barbe  a  été  régularisée  et  taillée  en  carré. 
3«    état.  —  La  partie  claire  qui  se  voit  sur  la  poitrine  est  ombrée  de 

deux  tailles. 

De  tous  les  portraits  —  une  des  plus  belles  planches  de  Rembrandt,  nous 
écrit  M.  A.  Legros  —  c'est  incontestablement  et  de  beaucoup  le  plus  rare', 
on  peut  même  dire  qu'à  l'heure  actuelle  il  est  absolument  introuvable,  toutes 
ou  à  peu  près  toutes  les  épreuves  sont  encore  chargées  de  barbes,  la  planche, 
perdue  croit-on,  ayant  été  fort  peu  tirée.  Cependant  —  et  voilà  qui  va 
sembler  infirmer  cette  assertion  —  il  passa  à  la  vente  Didot  une  fort 
mauvaise  épreuve,  elle  avait  été  payée  20  francs  par  lui  et  avait  appartenu 
au  comte  de  Noé. 

Du  tir  état  on  ne  connaît  que  quatre  exemplaires:  au  British  Muséum,  don 
du  Hev.  C.  M.  Cracherode  en  17'J'J;  au  Musée  d'Amsterdam;  au  Département 
des  Estampes,  provenant  de  la  collection  Peters,  et  enfin  celui  adjugé  à  la 
vente  du  Rev.  John  Griffiths,  qui  avait  successivement  passé  par  les  cabinets 
Rechberger,  de  Frics  et  Six. 

A  la  vente  Verstolk  de  Soelen  une  épreuve  du  lir  état  fut  adjugée 
330  florins,  et  un  autre  exemplaire  «le  2»  état,  aux  bords  raboteux  et  chargé 
de  barbes,  1800  florins,  il  provenait  de  chez  Harnard  et  Pôle  Carew  ;,  à  la 
vente  de  ce  dernier  elle  avait  été  adjugée  5500  francs. 

On  suppose  que  cette  estampe  fut  gravée  entre  1654  et  1056,  on  n'en 
connaît  qu'une  seule  épreuve  sur  japon.  —  11  existe  plusieurs  copies,  une 
entre  autre  extrêmement  remarquable  par  le  capitaine  liaillie. 

Ventes  :  Hume,  12750  —  Didot,  1120,  épreuve  faible,  celle  achetée  20  fr.  — 

Griffiths,  1er  état,  38000—  Buccleuch,  2- état,  2 ,  de  chez  Hawkins  —  Hulot, 

780,  provenant  de  chez  Didot  —  Holford,  13250,  de  chez  lord  Aylcsford. 

Le  bourgmestre  Six  (B  285  -  Cl  282  W  287  151  184  - 
D  2G7).  —  Il  est  debout,  presque  de  face,  en  culotte  courte,  et  adossé 
à  une  croisée  entourée  de  rideaux  d'où  vient  la  lumière  ;  il  lient  dans 
ses  deux  mains  sa  tragédie  I.<i  Médée,  qu'il  lil  avec  attention  ,  ses 
cheveux  gris  et  bouffants  s'épandenl  sur  ses  épaules,  les  cordons  à 
glands  de  son  col  sont  dénoués.  A  sa  droite  dans  l'ombre,  on  aperçoit 


'  Notre  Mu                 en  possède  une  superbe  épreuve. 
-  il  l'ovnll  achetée  en  1809,  ■■*  lo  vente  Hlbbert,  u 


ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET  FLAMANDE  177 

son  épée  et  son  baudrier  ;  en  face  de  lui  sur  une  chaise  à  coussin  à 
glands,  quelques  livres  sont  posés.  Sous  le  trait  carré  à  droite  en  bas 
de  l'estampe  :  Rembrandt  f.  1647,  et  à  gauche  :  Jean  Six  JE  29. 

1er  état.  —  Il  existe  à  la  croisée  une  sorte  d'appui  venant  à  la  moitié  de  la 
hauteur  de  l'épaule  du  modèle,  et  il  n'y  a  ni  nom,  ni  date. 

2«  état.  —  L'appui  a  disparu,  et  dans  la  date  1647  les  chiffres  6  et  4  sont 
renversés,  on  lit  à  droite,  le  nom  de  Rembrandt  sous  le  trait 
carré  près  de  ces  chiffres. 

3e  état.  —  Les  chiffres  sont  redressés  et  dans  la  marge  à  gauche,  on  a 
ajouté  :  Jean  Six,  JE  29. 

Le  1er  état  n'existe  qu'à  deux  exemplaires,  à  Paris,  acheté  864  francs  à  la 
vente  du  comte  de  Chabannes  en  1755,  et  à  Amsterdam.  Ce  portrait  est 
célèbre,  le  personnage  étant  un  ami  de  Rembrandt. 

Nous  ne  partageons  pas  l'enthousiasme  du  public  relativement  à  cette 
estampe,  parce  que  nous  estimons  que  dans  la  circonstance  le  Maître  n'est 
pas  resté  lui  même,  il  a  momentanément  abdiqué  son  indépendance,  et  pour 
plaire  au  modèle  il  a,  n'en  doutez  pas,  obéi  à  des  instructions  qui  ont 
paralysé  sa  liberté  en  le  faisant  descendre  au  simple  rôle  d'ouvrier 
exécutant,  l'outil  domine  dans  ce  portrait,  et  la  tête  seule  —  partie  certes  la 
plus  intéressante  du  morceau  —  tout  admirablement  modelée  qu'elle  soit, 
est  loin  de  nous  donner,  comme  l'a  judicieusement  fait  observer  M.  Dutuit, 
la  physionomie  d'un  homme  de  2.9  ans,  c'est  bien  plutôt  un  vieillard  que 
nous  présente  l'artiste,  ce  seul  fait  est  une  tare  qui  vient  corroborer  nos 
critiques. 

On  rencontre  de  fort  belles  épreuves,  même  en  3e  état,  celle  par  exemple 
du  Département  des  Estampes,  est  superbe. 

Le  cuivre  existe  encore  dans  la  famille,  et  se  trouve  actuellement  chez  le 
professeur  Jhr.  Dr.  J.  Six,  Heerengracht  à  Amsterdam,  il  figura  même  à 
une  exposition  qui  y  fut  faite  en  1876,  croyons-nous. 

En  février  et  mars  1892,  au  Cincinnati  Muséum  Association,  un  des  plus 
beaux  exemplaires  connus  fut  exposé. 

Il  y  a  quatre  ou  cinq  copies,  entre  autres  une  de  Basan  et  l'autre  de 
François  Novelli  ;  cette  dernière  que  nous  n'avons  pas  vue  est,  paraît-il, 
supérieure.  —  Marcelin  Desboutin  l'a  aussi,  croyons-nous,  gravé. 

Ventes  :  Liphart,  3«  état,  650  —  Hume,  3e  état,  6750,  superbe  épreuve 
provenant  de  chez  Josi  —  Didot,  2e  état,  17000',  elle  provenait  de  la  vente 
Arozarena  où  elle  fut  adjugée  5251  francs,  elle  portait  au  verso  la  signature 
de  dom  Artaria,  et  sortait  du  cabinet  de  Férol  où  elle  fut  vendue  5150  francs, 
c'était  un  exemplaire  de  qualité  exceptionnelle  —  Schloesser,  3«  état,  1876  — 
Griffiths,  2'-  état,  12625,  de  chez  Harding  et  Maberley  —  Buccleueh,  2«  état, 
12500,  de  la  collection  Hawkins  —  Seymour  Haden,  3"  état,  9750,  de  chez 
Hume  -  Holford,  2-  état,  9500,  de  chez  Lord  Aylesford  ;  3"  état,  6375  - 
L.  Galichon,  '!•■  état,  12050,  la  plus  belle  connue  dit  M.  Dutuit  dans  son 
manuel,  provenait  de  chez  Arozarena  et  Didot  —  Artaria,  3«  état,  900  —  Beiss, 
3"  état  sur  japon,  13500,  des  collections  Barnard,  Astley,  Hibbert  et  Aylesford 


'  En  1S60,  Didot  l'avait  payée  C250  francs  ;  voilà  ce  qu'on  peut  appeler  un  placement  de  père 
de  famille. 

12 


178  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

La  grande  Mariée  Juive  (B  340  —  Cl  330  —  W  337  —  Bl  199  — 

D  329).  —  Assise  presque  de  face,  quoique  légèrement  tournée  vers  la 
gauche,  tète  nue,  ses  longs  cheveux  épandus  sur  les  épaules  et  retenus 
sur  le  front  par  une  bandelette,  la  femme  de  l'artiste  —  car  on 
suppose  que  c'est  elle  —  tient  dans  sa  main  gauche  un  rouleau  de 
papier,  tandis  que  l'autre  s'appuie  sur  le  bras  du  fauteuil  où  elle  est 
assise  ;  à  gauche,  une  table  chargée  de  livres.  Tout  à  fait  sur  le  côté 
gauche  de  l'estampe  et  parallèlement  au  trait  carré  qui  est  perpen- 
diculaire, on  lit  avec  une  extrême  difficulté  en  écriture  renversée  : 
R  1634  ou  1635,  il  est  absolument  impossible  de  savoir  si  c'est  un  4 
ou  un  5  ;  on  opine  généralement  cependant  pour  1634. 

Très  beau  morceau,  très  rare  et  très  poussé,  tout  porte  à  croire  que  des 
élèves  de  Hembrandt  ont  travaillé  à  ce  cuivre.  —  M.  A.  Legros  affirme  que 
ce  portrait  n'est  pas  du  Maître,  quelques-uns  veulent  y  reconnaître  Saskia 
van  Ulenburg,  la  seconde  femme  de  l'artiste,  la  jolie  frisonne  qu'il  avait 
épousée  en  1634. 

Dans  le  1"  état,  tout  le  vêtement  et  le  bas  de  la  planche  sont  restés  blancs  ; 
ni  les  mains,  ni  les  jambes  du  personnage  n'existent  encore,  il  n'est  vu  que 
jusqu'à  la  ceinture,  et  le  bas  de  la  planche  est  complètement  vide  de 
travaux,  le  buste  et  le  haut  du  fond  sont  seuls  terminés,  toute  la  poitrine 
est  restée  blanche  et  l'ombre  projetée  par  le  personnage  est  très  accusée  ;  cet 
état  est  superbe,  mais  d'une  insiyne  rareté,  une  épreuve  a  figuré  au  Cincinnati 
Muséum  Association,  en  février-mars  1892.  —  Il  y  a  une  trentaine  d'années, 
croyons-nous,  sir  Seymour  Haden  en  paya  un  exemplaire  4000  francs 
à  Clément. 

Ventes  :  E.  Galichon,  3«  (?)  état  avec  le  point  noir  très  apparent  sur  la 
joue  gauche,  640,  de  chez  Arozarena  —  I.iphart,  575  —  Hume,  850  —  Didot, 
1"  état,  1005,  provenait  de  chez  Bernard  ;  3''  état,  1500,  de  chez  Esdaile  — 
Knowles,  443,  sur  papier  à  la  fleur  de  lys,  de  chez  Brentano  —  Schloesser, 
sur  papier  à  l'aigle  impérial,  051  —  Buccleuch,  1«  état,  3750;  2'' état,  les 
mains  et  la  robe  sont  blanches,  extrêmement  rare,  6500,  les  deux  exemplaires 
venaient  de  la  collection  Hawkins  —  Webster,  3«  état,  825,  de  chez  Didot, 
prés  de  50  °/o  de  baisse!!  —  Seymour  Haden,  1«  état,  1500,  de  chez 
llippislc ■>  Holford,  1''  état,  1375  —  L.  Galichon,  3«  état,  260  -  Artaria, 
les  assises  ou  ciment  des  pierres  sont  marquées  sur  le  pilier  droit,  c'est  un 
l'-  état,  260  —  Rosenberg,  175. 

Nous  eussions  pu  allonger  considérablement  la  liste  que  nous  venons  de 
produire  mais  nous  estimons  que  les  56  pièces  décrites  suffiront  amplement 
à  donner  la  physionomie  exacte  de  l'œuvre  admirable  dont  elles  sont 
L'expression  exquise  et  délicate.  Si,  cependant,  il  nous  était  loisible  de 
choisir  parmi  les  joyaux  qui  constituent  cet  écrin,  voici  les  trois  diamants 
de  toute  première  grandeur  que  nous  n'hésiterions  pas  à  en  détacher: 
La  Pièce  aux  cent  florins  Le  Paysage  aux  trois  arbres  —  Le  Vieux  Haaring, 
qui  synthétisent  merveilleusement  les  trois  genres  :  scène  biblique,  paysage 
et  portrait  auxqui  I      adonna  l'artiste  avec  une  égale  maestria, 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  179 


RUBENS  (Pierre-Paul) 

Né  en  1577,  mort  en  1640.  Des  graveurs  de  premier  ordre  travaillèrent 
sous  sa  direction,  les  plus  célèbres  furent  Bolswert,  Pondus,  Worslermann 
Suyderhoff,  Soutmann,  Witdouck,  etc..  Cette  école,  dite  de  Rubens,  produisit 
plus  de  500  planches.  C'étaient  surtout  les  dessins  plutôt  que  les  tableaux 
qui  étaient  interprétés  par  ces  Maîtres.  Un  œuvre  très  remarquable  et  abso- 
lument irréconstituable  aujourd'hui  fut  mis  sur  table  à  30000  francs  à  la  vente 
de  l'ancien  marchand  d'estampes  Henri  Lacroix,  en  février  1901,  n'ayant 
pas  trouvé  acquéreur  il  fut  retiré  ;  il  est  actuellement  au  Musée  de  Berlin. 
Il  y  avait  là  également  des  œuvres  des  Maîtres  de  son  école,  Van  Dyek, 
Jordaens,  etc.,  au  nombre  de  1480  pièces  renfermées  dans  23  portefeuilles. 

Notons  pour  mémoire,  à  cause  de  sa  rareté,  car  elle  est  à  nos  yeux  sans 
valeur,  la  seule  eau-forte  qu'ait,  dit-on,  gravée  le  maître  lui-même  : 

Sainte  Catherine  (Dutuit  15).  —  Debout  sur  les  nues  et  vue  de 
face,  la  sainte  appuie  la  main  gauche  sur  le  glaive  qui  est  posé  sur  la 
roue  de  son  martyre,  la  droite  tient  une  palme. 

Ventes  :  E.  Galichon,  130  —  Didot,  S0  —  Angiolini,  91  —  Rosenberg,  45. 

Le  catalogue  des  estampes  gravées  d'après  Rubens  a  été  fait  par  R.  Hecquet 
en  1751,  et  par  C.  Cr.  Woorhelm  Schneevoogt  en  1873. 


RUYSDAËL   (Jacques)* 

Né  en  1630,  mort  en  1681  à  Harlem.  On  ne  sait  rien  de  sa  vie.  L'artiste  a 
signé  une  douzaine  d'eaux-fortes  pittoresques  fort  recherchées. 

Voir  ses  catalogueurs  :  Bartsch,  Weigel,  et  Emile  Michel  qui  publia  sur  le 
Maître  et  son  école  une  brochure  en  1890  à  la  Librairie  de  l'Art. 

Voici  les  quatre  pièces  les  plus  remarquables  de  son  œuvre. 


Le  Petit  Pont  (Bartsch  1).  —  A  gauche  adossée  à  des  arbres,  une 
chaumière  au  toit  à  demi  défoncé,  devant  celle-ci  est  une  mare  dans 
laquelle  est  tombé  un  tronc  d'arbre  à  droite;  du  même  côté  au  second 
plan,  un  petit  pont,  que  traverse  un  homme  suivi  de  son  chien  se 
dirigeant  vers  la  droite.  A  la  porte  de  la  chaumière,  on  distingue  une 


'  Consulter  :  Eaux-fortes  de  Jacques  Ruysdaél  reproduites  et  publiées  par  Arnaud  Durand, 
texte  par  Duplessis,  à  Paris,  chez  Rapillv. 


180  ÉCOLE    HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

femme  à  mi-corps  et  de  profil  à  gauche  ;  dans  le  ciel  à  droite,  un  vol 
de  six  oiseaux.  Sous  le  trait  carré  et  à  la  hauteur  du  tronc  d'arbre 
tombé  :  ./.  Riujsdaël  f. 

Cette  estampe,  qui  est  loin  d'avoir  la  célébrité  des  Voyageurs  dont  nous 
allons  parler  tout  à  l'heure,  est  certainement  une  des  plus  intéressantes  de 
l'œuvre,  et  supérieure  suivant  nous  et  de  beaucoup,  à  celle  que  nous  venons 
de  nommer. 

Ventes  :  Liphart,  15,  du  cabinet  Esdaile  --  Knowles,  sur  papier  à  la 
folie,  250,  de  chez  Kat  —  Oppermann,  eau-forte  pure  avant  le  ciel  et  avec  la 
planche  sale,  376;  autre  état,  avant  que  les  travaux  à  la  pointe  sèche  aient 
disparu,  125. 

Les  Voyageurs  (4).  —  Venant  de  gauche  deux  hommes  et  une 
femme  précédés  d'un  chien  —  on  les  distingue  à  peine  —  se  dirigent 
vers  la  droite,  côtoyant  un  terrain  inondé  et  boisé.  A  gauche  de 
l'estampe,  un  gros  chêne  aux  fortes  ramures,  et  à  droite  près  des 
voyageurs,  un  arbre  à  moitié  déraciné,  incliné  à  gauche  et  dont  les 
branches  baignent  dans  l'eau.  Dans  le  coin  inférieur  de  l'estampe: 
Ragsdaël. 

Pièce  célèbre  plus  encore,  suivant  nous,  par  sa  rareté  que  par  sa  valeur 
d'art.  Il  est  très  curieux  de  noter  combien  il  est  difficile  de  faire  revenir 
le  public  amateur  sur  le  jugement  porté  sur  une  estampe,  si  une  pièce  de 
second  plan  est  cotée  de  premier,  c'est  pour  toujours.  La  contre-partie  existe 
également,  et  l'on  peut  suivre  dans  les  ventes  des  morceaux  de  premier 
ordre  délaissés  et  obtenus  à  vil  prix  :  anomalies  que  rien  ne  saurait  expliquer  I 

Il  y  a  deux  états  bien  caractéristiques1  :  dans  le  1«,  le  ciel  a  droite  n'est 
indiqué  que  par  de  légers  travaux,  et  le  nuage  ovale  ombré  de  hachures 
n'existe  pas,  tandis  qu'il  apparaît  au  2''.  —  Il  y  a  une  copie. 

Ventes  :  Liphart,  sur  papier  à  la  folie,  675  —  Knowles,  2»  état,  1ÛÛÛ,  de 
chez  Dupper  —  Straeter,  avant  le  nuage,  2562,  c'est  le  plus  bel  exemplaire 
connu,  il  provenait  de  la  collection  Detmold. 

Le  Champ  de  Blé  (5).  —  A  gauche  un  champ  de  blé,  à  droite 
des  arbres,  dont  l'un  très  grand  et  très  touffu  se  détache  très  vigou- 
reusement presque  au  premier  plan.  Tout  en  haut  dans  le  coin  droit  : 
Ruysdaël  je,  et  en  bas  du   même  côté:  F.  V.  W.  excud,,  c'est-à-dire 

Francisais  van  WyiHjaerde  excudit. 

Estampe  très  recherchée  et  fort  rare  surtout  en  premières  épreuves, 
c'est-à-dire  sans  nom,  ni  adresse. 


»  Notre  Ifu       Dobi      I  Nantei    po  séde  un  exemplaire  de  chaque  état;  le  premier,  avant  U 
nuage,  lui  ncqul .  en  1856  A  la  vante  Hli  de  la  Salle  el  payé  980  franoi,  il  eet  tuperbe. 


ÉCOLE  HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  181 

Ventes  :  Liphart,  avant  nom  et  adresse,  700  ;  avec  ces  mots,  625  —  Knowles, 
état  intermédiaire  entre  le  1er  et  le  2e  état  avec  la  bordure  fine  mais  avant  le 
nom  et  l'adresse,  751  —  Schloesser,  eau-forte  pure,  1"  état  avant  la  bordure. 
le  nom  du  Maître  et  l'adresse,  425  —  Oppermann,  même  état  et  condition, 
750  —  Straeter,  même  état,  1937  —  Bâttig,  500  —  Defer  Dumesnil,  120, 
mauvaise  épreuve. 

Les  Trois  Chênes  (6).  —  A  gauche  d'un  tertre  couronné  par  un 
bouquet  de  trois  chênes,  une  mare  sur  laquelle  nagent  deux  canards  ; 
au  pied  de  ce  monticule,  du  bois  abattu.  Au  milieu  de  la  marge  du 
bas  :  J.  Ruysdaël  in.  f.  1649.  Le  4  est  à  l'envers. 

Très  rare.  —  Il  existe  une  copie  trompeuse  dans  laquelle  la  letttre  n  de  in 
est  un  u. 

Ventes  :  Lipbart,  539  —  Didot,  101  —  Oppermann,  avant  le  ciel  nettoyé, 
330  —  Fisher,  52,  épreuve  un  peu  coupée  —  H.  G.  Gutekunst,  en  1894  adjugé 
215  —  Straeter,  superbe  exemplaire,  2000,  de  la  collection  Kalle. 


SAGHTLEVEN  (Hermann) 

Né  à  Amsterdam  en  1609,  mort  à  Utreeht  en  1685,  élève  de  van  Goyen,  s'est 
particulièrement  distingué  comme  paysagiste  et  peintre  de  mœurs  rustiques. 

Son  nom  est  orthographié  aussi  quelquefois  des  manières  suivantes  : 
Saft-Leven,  Zaehlleven  ou  Zaftleeven. 

Le  Grand  Arbre  (Bartsch  28).  —  A  droite  de  l'estampe,  un  grand 
arbre  très  touffu  qui  penche  vers  la  gauche  ;  sur  un  tertre  occupant  le 
milieu  de  la  pièce,  un  homme  est  assis  parlant  à  un  autre  personnage 
qui  traverse  le  chemin  devant  lui,  l'homme  assis  étend  la  main  droite, 
il  a  près  de  lui  un  compagnon  qui  s'appuie  sur  un  bâton. 

Cette  rare  estampe  est  la  pièce  capitale  de  l'œuvre. 

Ventes  :  Knowles,  375  —  Oppermann,  257  —  Angiolini,  162. 

La  Porte  des  Femmes  blanches  à  Utreeht  (29).  —  Une  petite 
rivière  à  une  entrée  de  ville;  à  droite,  des  arbres  et  des  maisons; 
à  gauche  au  deuxième  plan,  séparé  des  maisons  ci  désignées,  un 
chàleau.  Au  tout  premier  plan,  un  homme  faisant  baigner  deux 
chevaux,  il  est  monté  sur  l'un  d'eux.  Dans  le  coin  gauche  inférieur 
sous  le  trait  carré ,  le  monogramme  ;  au  milieu  la  rubrique  de 
l'estampe  :  De  Wittervroawen  -  poort,  et  à  droite  :  A°  1646. 

A  la  vente  Knowles,  un  fort  bel  exemplaire  de  ce  rare  morceau  fut  adjugé 
225  francs,  il  était  en  !"■  état,  c'est-à-dire  avant  le  ciel  chargé  de  nuages. 


182  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 


SEGHERS   (Hercule) 

Né  à  Utrecht  vers  1590,  mort  en  16 10  '  croit-on?  Elève  de  Gillis  de 
Conincxloo  d'Amsterdam,  absolument  méconnu  de  son  temps  et  fort  peu 
répandu  du  nôtre,  est  un  artiste  paysagiste  qui  trouva  la  manière  d'imprimer 
ses  œuvres  en  couleurs.  Decamps  dans  sa  vie  des  peintres  hollandais 
raconte  qu'un  jour  il  porta  à  un  marchand  une  planche  où  il  avait  mis  tous 
ses  soins  à  graver  un  admirable  paysage,  et  que  ce  dernier  n'eut  pas  honte 
de  lui  en  offrir  le  prix  du  cuivre,  lui  conseillant  de  faire  de  sa  planche  des 
boites  à  mettre  du  tabac  à  fumer.  Découragé,  il  s'adonna  à  l'ivrognerie  et 
se  tua  un  jour  en  tombant  dans  son  escalier. 

Il  n'usait,  nous  apprend  M.  Sidney  Colvin,  le  distingué  conservateur  du 
British  Muséum,  que  d'une  seule  planche  et  d'une  seule  couleur  bleue,  verte, 
brune  ou  blanche  et  produisait  de  très  riches  effets  de  ton  en  tintant  ses 
papiers,  soit  avant,  soit  après  l'impression,  il  se  servait  de  papiers  coloriés 
jaune,  brun  ou  gris  bleu  et  couvrait  aussi  son  papier  blanc  ou  chamois 
d'un  fond  lavé  d'aquarelle  ;  ses  méthodes  de  coloration  variaient  avec 
chaque  impression.  Rembrandt  l'admira  et  l'étudia  beaucoup. 

A  la  vente  de  W.-P.  Knowles  qui  eut  lieu  à  Francfort-sur-le-Mein  en  1879, 
l'estampe  suivante  de  cet  artiste,  d'après  Elsheimer  : 

■i  Tobie  traînant  un  poisson  de  la  main  gauche  est  accompagné  par  un  ange.  Ils 
»  dirigent  leurs  pas  vers  la  gauche  et  descentlent  une  petite  colline,  au  second  plan 
»  un  paysage  laisse  entrevoir  un  horizon  coupé  par  une  rivière  et  renfermé  entre 
»  deux  montagnes  garnies  de  bouquets  d'arbres  ». 

fut  adjugée  5000  francs  à  Clément  pour  un  amateur  dont  nous  respecterons 
ici  l'anonymat. 

Cette  estampe  n'existe  qu'à  deux  exemplaires,  l'autre  est  à  Amsterdam.  — 
A  la  mort  de  Seghers  le  cuivre  fut  acquis  par  Rembrandt  qui  s'en  servit 
pour  sa  Fuite  en  Egypte  (B  56)  ;  il  enleva  les  figures  de  Tobie  et  de  l'ange  et 
les  remplaça  par  celle  de  la  Vierge  montée  sur  un  àne  à  côté  duquel  marche 
saint  Joseph,  en  ajoutant  nu  deuxième  plan  une  grande  touffe  d'arbres. 

Au  1"  état,  on  aperçoit  très  bien  encore  des  repentirs  qui  ne  sont  autres 
que  les  ailes  de  l'ange.  La  montagne  et  la  partie  occupant  le  devant  à 
gauche  n'ont  pour  ainsi  dire  pas  élé  modifiées. 

Le  Masée  de  Dresde  possède  20  pièces  de  l'artiste,  et  le  Dritish  Muséum,  11  ; 
ces  dernières  furent  acquises  en  1835  de  la  collection  Sheepshanks. 


SIEGEN   DE   SECHTEN  (Louis) 

Hollandais  de  naissance,  mais  allemand  d'origine,  naquit  en  1609  et  mourut 
vers  1680,  il  est  l'inventeur  incontesté  maintenant,  du  procédé  dit  manière 
noire  '  qu'il  découvrit  vers  1610  et  qui  fut  exploité  par  le  Prince  Rupert. 


i  Dates  absolument  (neerfainef,  car  d'autres  biographe!  le  font  naître  en  1825  el  mourir  eu  îfiT.v 
i  Manière  noire  se  dit  en  anglais  tltixollnlo  el  en  allemand  Schabkuiut.  —  Lire:  Histoire  de 
la  gravure  en  manière  notre,  pai  Léon  de]  tborde,  i  l  Inslquc  la  préface  el  les  note» 

er  Smith  ;Bj  Itoto  portraits,  etc.,  i  vol.,  Londres,  1878-1883. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  183 

Nous  ne  pouvons  nous  étendre  longuement  ici  sur  le  procédé  en  lui- 
même,  nous  sortirions  de  notre  programme,  disons  simplement  que  la 
planche  est  grainée  au  moyen  du  balancement  d'un  instrument  qu'on 
appelle  berceau,  et  que  les  lumières  s'obtiennent  à  l'aide  d'un  outil  dit 
racloir  qui  opère  sur  le  cuivre  comme  le  ferait  un  crayon  blanc  sur  une 
feuille  de  papier  noir.  L'ancien  graveur  procédait  par  ombres,  de  Siegen  au 
contraire  procède  par  clairs  ;  l'un,  a-t-on  dit  judicieusement  et  pour  établir 
nettement  par  une  comparaison  la  différence  de  la  technique,  se  servait  du 
crayon  blanc,  l'autre  du  crayon  noir. 

Ce  procédé,  tout  nouveau  qu'il  fut,  prit  difficilement  son  essor  et  ce  n'est 
guère,  chose  curieuse  à  enregistrer,  que  près  de  cent  ans  plus  tard  qu'il 
commença  à  être  remis  en  honneur,  surtout  et  très  particulièrement  en 
Angleterre  —  ce  qui  fit  même  qu'on  l'appelle  souvent  manière  anglaise  — 
tant  il  s'y  était  vigoureusement  implanté  en  établissant  une  suprématie 
définitive  sur  tous  les  autres  pays.  C'est  surtout  de  1750  à  1810  qu'il  y  battit 
son  plein,  du  reste  nous  y  reviendrons  lorsque  plus  tard  nous  nous 
occuperons  de  l'École  anglaise  et  que  nous  signalerons  ses  artistes. 

Contentons-nous  de  dire  qu'en  dehors  de  ce  pays  il  n'y  eut  que 
l'Allemagne  et  les  Pays-Bas  à  utiliser  le  nouveau  procédé. 

La  France  ne  compte  guère  que  :  Sébastien  Barras,  André  Bouys,  Louis 
Bernard,  Henri  Gascar,  Sarrabat  et  L.  Lombart,  tandis  que  l'école 
néerlandaise  possède,  en  suivant  à  peu  près  l'ordre  chronologique,  des 
artistes  de  premier  ordre,  tels  que  :  Wallerant  Vaillant,  Abraham  Blooteling, 
Gérard  Valck,  Jan  van  Somer,  Peter  Schenck,  Dirck  Maas,  Carel  de  Moor, 
Nicolas  Verkolje,  Jacob  Gole,  Cornelis  Dusart,  A.  van  Halen,  Picter  Louw... 
et  l'Allemagne  :  prince  Bupert,  Gaspar  de  Furstenberg,  Jean  van  der 
Bruggen,  David  Loggan,  Jean-Jacob  Kremer,  Jodocus  Bickart,  Hermann- 
Hendrick  Quiter,  Paul  Multz,  Benjamin  Block,  André  Wolfgang,  Henri 
Popp,  Christoph  Lederwasch,  Christoph  Veigel,  Christoph  Heiss,  Bernard 
Vogel,  George  Kilian,  les  Haid,  etc.,  pour  ne  citer  que  les  plus  marquants 
de  ces  deux  nations. 

On  peut  compter  dans  toutes  les  écoles  environ  350  artistes  qui  usèrent 
du  procédé,  parmi  ceux-ci  une  soixantaine  employèrent  des  monogrammes, 
lesquels  bien  entendu,  se  détachent  toujours  en  blanc  dans  la  gravure. 

L'œuvre  de  Siegen  se  compose,  croyons-nous,  de  9  pièces,  toutes 
extrêmement  rares  ;  voici  celles  qui  nous  ont  semblé  les  plus  dignes 
d'attirer  l'attention  : 


Amélie-Elisabeth  Landgravine  de  Hesse  (Smith  1).  —  En 
buste,  le  corps  tourné  de  trois  quarts  à  gauche  et  regardant  de  face, 
les  cheveux  bouclés  sont  épandus  sur  les  épaules  que  recouvre  une 
large  collerette  unie  et  empesée,  le  derrière  de  la  tête  est  couvert  par 
un  voile  de  crêpe  retombant  sur  le  dos.  Au-dessous  du  portrait,  un 
texte  de  cinq  lignes  commençant  par  ces  mots:  Amelia  Elisabetha. . ., 
puis  en  bas  à  droite  de  cette  légende  :  Ao  Dnj  cIo.Io.c.xlil.  Le  cuivre  est 
cintré  par  le  haut. 


184  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET    FLAMANDE 

C'est  le  premier  portrait  gravé  par  ce  procédé.  Siegen  le  data  de  764? 
et  en  tira  un  nombre  d'épreuves  extrêmement  limité  qu'il  offrit  à  ses  amis 
et  à  quelques  hauts  personnages  :  c'est  le  1"  état,  qui  est  de  toute  rareté. 
L'année  suivante,  la  planche  fut  livrée  à  l'éditeur  qui,  pour  la  rajeunir, 
si  nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi,  au  moment  de  sa  publication,  ajouta 
un  /,  ce  qui  la  millésima  1643  :  c'est  le  2'  état,  qui  est  encore  assez  rare  ; 
un  exemplaire  de  cet  état  passa  à  la  vente  Griffiths  et  fut  adjugé  325  francs; 
précédemment,  à  la  vente  Didot,  une  épreuve  de  1«  état  avait  été  payée 
205  francs. 

Eléonore  de  Gonzague  (2).  —  En  busle,  le  corps  de  trois  quarts 
à  gauche  et  regardant  de  face,  décolletée,  une  broche  damier  avec  un 
pendentif  est  fixée  sur  une  berthe  de  fine  guipure,  à  la  naissance  des 
seins,  au  cou  un  collier  de  grosses  perles  à  un  simple  rang.  Cheveux 
frisés  avec  boucles  retombant  sur  le  cou.  Sur  la  tète,  une  couronne 
posée  très  en  arrière  avec  un  bijou  en  l'orme  de  poire  revenant  sur  le 
front,  à  la  naissance  des  cheveux  et  de  la  raie. 

Cette  estampe,  gravée  en  1643,  est  rarissime  mais  peu  séduisante.  —  Un 
exemplaire  fut  adjugé  en  avril  1894,  à  Stuttgart,  par  M.  H. -G.  Gutekunst, 
1750  francs  ;  c'était  un  1«  état,  avant  l'inscription  et  les  boucles  de  cheveux 
sur  le  front. 

Guillaume,  prince  d'Orange,  comte  de  Nassau  (3).  —  Très 
jeune,  à  mi-corps,  de  trois  quarts  à  droite,  il  regarde  de  face,  on 
aperçoit  le  haut  de  l'armure  du  bras  droit,  les  cheveux  très  épais 
couvrent  presque  le  front  et  viennent  par  derrière  s'épandre  sur  un 
large  col  blanc  garni  d'une  fine  guipure.  Au  bas  de  l'estampe,  sur 
une  seule  ligne  occupant  toute  la  largeur,  un  lit  :  Guilhelmus  D.  G. 
princeps...  MDCXLIIII. 

Superbe  portrait,  très  rare,  adjugé  .'(125  francs  par  11. -G  Gutekunst,  en 
avril  1894 

Augusta-Maria.  fille  de  Charles  Ier  d'Angleterre  (4).  — 
A  mi-corps,  décolletée,  presque  de  face  et  regardant  légèrement  à 
droite,  les  cheveux  sont  bouclés  et  retombent  de  chaque  côté  sur  les 
épaules,  le  chignon  comme  le  cou  est  orné  d'un  rang  de  perles.  Un 
bijou  avec  pendentif  en  forme  de  poire  est  fixé  sur  le  devant  de  la 
berthe,  à  la  hauteur  de  la  poitrine.  Au  bas  de  l'estampe,  sur  une  seule 
ligne  occupant  la  largeur  du  cuivre  :  Augusta-Maria-Caroli. . . 

Rare.  —  Un  exemplaire  fut  adjugé  en  avril  1801,  par  H. -G.  Gutekunst, 
3375  francs  ;  le  modèle  n'est  pas  séduisant 


ECOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  185 

Citons  encore  les  autres  pièces  gravées  par  Siegen  :  L'Empereur 
Ferdinand  III  qu'il  faut  avoir  en  l"  état,  c'est-à-dire  avant  le  monogramme 
et  la  répétition  du  millésime  1654  ;  saint  Bruno  ;  La  Sainte  Famille  ;  saint 
Jérôme  et  saint  Ignace  de  Loyola. 

Les  gravures  en  manière  noire  ont  un  peu  le  même  aspect  que  celles 
obtenues  par  l'aquatinte  ;  la  technique  est,  on  le  sait,  essentiellement 
différente,  et  un  œil  tant  soit  peu  exercé  ne  pourra  se  tromper  sur  le 
procédé. 

Parmi  les  pièces  de  divers  autres  artistes,  de  la  dernière  rareté,  mention- 
nons :  Sir  Thomas  Isham,  d'après  Lély,  par  David  Loggan,  3  exemplaires 
connus.  —  Barbara,  duchesse  de  Clcveland  et  sa  fdle,  par  Henri  Gascar, 
5  exemplaires.  —  Princesse  Anne-Sophie  de  Hanovre,  par  Bernard  Lens, 
2  exemplaires. 


SUYDERHOEF  (Jonas) 

On  ignore  la  date  de  sa  naissance  et  de  sa  mort,  on  croit  cependant  ne 
pas  trop  s'éloigner  de  la  vérité  en  leur  assignant  les  années  1600-1670.  On 
ne  sait  également  rien  de  sa  vie  ;  c'est  à  Leyde  probablement  qu'il  naquit. 
Il  était  élève  de  Soutmann. 

Graveur  habile,  son  catalogue  fut  dressé  par  J.  Wussin  en  1862,  et  traduit 
en  français  en  1863,  par  M.  H.  Hymans,  le  très  distingué  conservateur  de  la 
Bibliothèque  Royale  de  Bruxelles,  auquel  nous  sommes  heureux  d'adresser 
ici  nos  respectueux  remerciements  pour  l'amabilité  et  le  savoir  avec  lesquels 
il  a  bien  voulu  répondre  aux  renseignements  que  nous  lui  avons  demandés 
dans  maintes  circonstances. 

Wussin  relève  130  pièces  ;  101  portraits  et  29  sujets  divers.  —  Çh.  Le  Blanc 
en  mentionne  136. 


René  Descartes  (Wussin  23). 

Nous  mentionnons  ce  portrait  parce  que  à  la  vente  Didot  il  en  passa  un 
état  non  décrit,  avant  l'adresse  de  P.  Goos,  il  fut  adjugé  235  francs  ;  très  rare. 

Jean  Koets  (48). 

Un  l«r  état  non  décrit,  avant  le  nom  R.  Koets  Pins,  en  bas  à  gauche  de 
l'ovale,  adjugé  à  la  même  vente  150  francs  ;  très  rare. 

Les  Syndics  (102).  —  Les  quatre  syndics  coiffés  de  chapeaux  à 
larges  bords  sont  assis  dans  une  salle  ornée  de  niches  avec  statues, 
lorsqu'entrant  à  gauche,  le  chapeau  dans  la  main  droite,  l'avocat 
Corneille  van  Davelaer  vient  anoncer  l'arrivée  de  la  reine  de  France. 

Cette  belle  estampe  servait  à  illustrer  un  volume  publié  à  Amsterdam 
en  1639,  intitulé  :  Blyde  Inkomst. . .  van  Maria  de  Médicis,  etc.,  elle  fut  gravée 
d'après  Keyser.  —  Au  Cabinet  des  Estampes,  il  existe  une  épreuve  de  l"état 


186  ÉCOLE  HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

avant  les  noms  des  artistes,  quatre  exemplaires  seulement  sont  connus,  le 
nôtre  fut  acquis  en  1812  à  Amsterdam,  moyennant  600  francs. 

Ventes  :  Liphart,  82  —  Oppermann,  100  —  Griffiths,  78  —  Bouillon,  18. 

La  Paix  de  Munster  (103).  —  Debout,  autour  d'une  table 
recouverte  d'un  lourd  lapis,  les  très  nombreux  plénipotentiaires  et 
ambassadeurs  se  trouvent  réunis,  attentifs  à  la  communication  d'un 
texte  qui  va  leur  être  donné,  car  les  deux  personnages  qui  tiennent  ce 
texte  ont  encore  la  boucbe  fermée.  Les  personnages  qui  sontàgaucbe 
ont  levé  la  main  droite.  Sur  la  table,  différents  objets  dont  un  coffret  ; 
sur  le  mur  tout  à  fait  à  gauche,  une  planche  rectangulaire  est 
accrochée  et  on  y  lit  :  Pax  optima  rerum.  En  bas,  en  dedans  du  trait 
carré  à  gauche  :  Geraert  ter  Durch  pinxit.  A  droite  :  Jouas  Suyderhoef 
scnlpsit.  En  dehors  du  trait  carré,  dans  toute  la  longueur  de  l'estampe 
sur  trois  lignes  :  Icon  exactissima,  qua  ad  vivum. . . 

Grande  et  belle  pièce  célèbre,  malheureusement  tirée  unpeusec  et  presque 
toujours  trop  encrée.  11  faut  tâcher  de  l'avoir  en  l«*  état  avant  toutes  lettres, 
ou  en  2'"  état  avec  la  lettre,  mais  avant  le  nom  des  artistes. 

Ventes  :  Behague,  1000,  le  plus  bel  exemplaire  connu  —  Bouillon,  76,  de 
chez  Esdaile  —  Dcfer-Dumesnil,  165. 

Les  Joueurs  de  trictrac  (123). 

A  la  vente  Guichardot,  un  exemplaire  de  1«  état  avant  toute  adresse  fut 
adjugé  230  franes  ;  la  pièce  est  gravée  d'après  van  Ostade. 


VAN  DE  VELDE  (Adrien) 

Né  à  Amsterdam  en  1637  où  il  mourut  en  1692;  habile  graveur  animalier 
et  paysagiste.  —  Son  œuvre  compte  une  vingtaine  de  pièces. 

La  Porte  du  bourg  (Bartsch  18).  —  La  place  d'une  bourgade 
avec  sa  porte  occupe  le  milieu  de  l'estampe  ;  à  gauche  quatre  paysans 
sont  assis  à  la  porte  d'un  cabaret,  près  d'une  grande  table,  ils  semblent 
saluer  un  homme,  une  femme  et  un  garçon  qui  arrivent  accompagnés 
«le  deux  àncs  et  de  deux  moulons,  la  femme  est  moulée  sur  l'âne, 
l'homme  et  le  jeune  gars  sont  à  pied,  lui  haut  à  gauche:  A,  V.  Velde 
/'.  1653  .  le  3  est  renversé. 

Une  épreuve  fort  belle  fut  adjugée  en  1894  par  H. -G.  Gutekunst,  500  francs; 
C'est  de  toute  rareté. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  187 

Le  Paysan  à  cheval  (21).  —  Un  paysan  à  cheval,  enveloppé  de 
son  manteau  et  coiffé  d'un  large  chapeau  rond,  se  dirige  vers  la 
gauche,  il  est  suivi  d'un  autre  paysan  qui  a  son  bâton  sur  l'épaule  et 
derrière  lequel  marchent  bœuf,  mulet  et  trois  personnages  ;  au  fond, 
une  chaumière  entourée  d'arbres  devant  laquelle  passe  un  berger  avec 
son  troupeau.  En  haut  à  droite  :  A.  V.  Velde  1653. 

Très  rare. 

VAN  DER  MEER  DE  JONGE 

Elève  de  Nicolas  Berghem,  naquit  vers  l'an  1656  et  mourut  en  1706.  Son 
œuvre  est  fort  mince,  8  ou  10  pièces  au  plus. 

La  Brebis  debout  (Bartsch).  —  Dans  la  campagne,  au  pied  d'un 
gros  arbre  à  gauche,  une  brebis  occupant  le  milieu  de  l'estampe  est 
debout  la  tête  à  droite,  tétée  par  son  agneau  ;  derrière  elle  un  autre 
petit  est  couché,  et  à  droite  au  premier  plan  deux  autres  moutons. 

Un  exemplaire  d'un  état  inconnu  à  Bartsch  et  à  Weigel  a  passé  à  la  vente 
Oppermann  où  il  fut  adjugé  502  francs  ;  il  était  avant  les  tailles  sur  la  tète 
de  la  brebis  qui  est  debout  et  avant  les  tailles  diagonales  sur  l'ombre  du 
coin  inférieur  à  droite.  Rarissime,  peut-être  même  unique,  nous  ne  le 
signalons  qu'à  titre  de  curiosité,  car  la  brebis  a  l'air  en  bois  tant  les  jambes 
sont  raides  et  mal  dessinées. 


VAN   DYCK  (Antoine)' 

Né  à  Anvers  le  22  mars  1599,  mort  à  Londres  le  9  décembre  1641.  Le 
meilleur  élève  de  Rubens,  peintre  fameux  entre  tous  par  la  distinction  de  sa 
facture,  le  merveilleux  de  son  coloris,  a  gravé  lui-même  19  portraits  à  l'eau- 
forte ;  ces  pièces,  dont  il  n'a  exécuté  de  sa  main  que  les  têtes,  sont  extrêmement 
rares  et  recherchées,  il  les  faisait  terminer  par  des  artistes  de  grand  talent 
qui  se  nommaient  de  Jode,  Galle,  G.  Hondius,  Schelte  à  Bolswert,  Vorsterman 
et  Pontius.  Ces  trois  derniers  surtout  étaient  de  métier  très  supérieur.  Voici 
les  noms  des  19  personnages  dont  il  a  reproduit  les  traits  : 

Jean  Breughel  —  Pierre  Breughel  —  Antoine  Cornelissen  —  Van  Dyck  — 
Erasme  —  François  Franck  —  Momper  —  Adam  Noort  —   Paul  Pontius  — 


'  II  y  a  quelques  années  une  des  plus  belles  collections  de  l'œuvre  se  trouvait  à  Philadelphie, 
chez  M.  Henry  C  Léa.  —  Consulter:  Eaux-fortes  d'Antoine  van  Dyck.  reproduites  et  publiées 
par  Amand-Durand,  texte  par  G.  Duplessis,  à  Paris,  chez  Rapilly. 


188  ÉCOLE    HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

Jean  Snellincx  —  François  Snyders  —  Jast  Suttermans  —  Antoine  Triesl  — 
Lucas  Vorsterinan  —  Guillaume  de  Vos  —  Paul  de  Vos  —  Jean  Wael  — 
Jean  Wawerius  —  Philippe  Leroy. 

Il  a,  de  plus,  gravé  :  Le  Christ  au  Roseau,  et  Le  Titien  et  sa  Maîtresse. 

Il  est  vraiment  extraordinaire  de  constater  que  ce  peintre  des  suprêmes 
élégances,  n'ait  pas  gravé  an  seul  portrait  de  femme,  lui  qui  vivait  dans  ce 
milieu  raffiné  de  la  cour  de  Charles  [«'  d'Angleterre,  où  fréquentaient  les 
beautés  les  plus  orgueilleuses  de  cette  époque;  il  a  craint,  sans  doute,  d'être 
impuissant  à  rendre  et  la  blancheur  de  leurs  gorges  et  la  troublance  de  leurs 
yeux,  et  il  a  demandé  à  la  magie  de  son  pinceau  ce  que  l'cau-forte  lui  eut 
certainement  refusé. 

Il  existe  cependant  une  suite  de  dix  portraits  dite  Les  Comtesses  dr  Van 
Dgck;  mais  Pierre  Lombart  qui  les  grava  est  un  artiste  de  second  plan,  qui 
se  montra  traducteur  sec  et  incolore,  aussi  ces  burins  ne  sont-ils  point  à 
recherchés  parles  collectionneurs.  Il  est  fâcheux  vraiment  que  le  Maître  ait 
eu  un  aussi  pauvre  interprète  pour  populariser  les  traits  de  cette  fine  fleur 
de  l'aristocratie  anglaise  qui  se  nommait  les  comtesses  :  Anna  Carr  de  Bedfort, 
Lucie  et  Marguerite  de  Carlisle,  Anne-Sophie  de  Carnavon,  Élizabeth  de 
Castlehavcn,  Elizabeth  de  Devonshire,  Rachel  de  Middlesex,  Pénélope 
Xaunton  et  Pénélope  Herbert  de  Pembrockc,  Dorothée  de  Sunderland. 

Huit  iconographes  se  sont  particulièrement  occupés  de  l'artiste,  les 
voici,  d'après  l'ordre  chronologique  :  William  Hookham  (".arpenter,  de 
Londres'  (1811);  Hermann  Weber,  marchand  d'estampes  à  Bonn  (1852); 
von  Szwykowski  (1859);  G.  Duplessis  (1874);  le  docteur  Wibiral  (1S77),  ce 
dernier,  qui  avait  une  collection  -  très  intéressante  et  presque  complète  de 
l'œuvre  du  Maître,  est,  croyons-nous,  le  plus  consulté  aujourd'hui,  malheu- 
reusement, d'une  prolixité  dont  on  aurait  supposé  que  fut  née  la  clarté,  il 
n'est  résuté  souvent  que  la  confusion  la  plus  grande.  Signalons  aussi  une 
chose  unique  et  tout  à  fait  extraordinaire  dans  un  catalogue  raisonné... 
l'auteur  a  omis  tout  simplement  de  décrire  les  pièces  mentionnées  !  !  Eugène 
Dutuit  (1881);  Alfred  Michiel  (1881),  et  enfln  .Iules  Guiffrey  (1882). 

L'œuvre  gravé  de  Van  Dyck  au  point  de  vue  des  états  et  des  éditions  de 
son  Iconoijraphie  '  est  singulièrement  compliqué,  essayons  de  jeter  un  peu 
de  lumière  au  sujet  de  ces  derniers  en  disant  que  les  éditeurs  de  ces 
planches  ont  été  nombreux,  et  que  le  premier  est  Martinus  van  den  Enden, 
d'Anvers,  les  poitrails  avec  cette  adresse  sont  au  nombre  de  SO.  La  plus 
grande  partie  de  ce  fond  passa  vers  Kilt  à  Gillis  Ilcndric.r,  d'Anvers 
également,  qui  porta  au  nombre  de  100  les  portraits  de  cette  Iconographie 
connue  alors  sous  le  nom  de  La  Centurie.  Un  petit  nombre  de  planches 
allèrent  chez  d'autres  éditeurs  tels  que  :  .1.  Meyssens  et  Fr.  van  de 
Wvngaerde. 

Van  den  Kndcn  marquait  ses  cuivres  de  ses  noms;  Gillis  Hendricx  de  ses 
initiales  Ci.  II;  son  premier  successeur  les  effaça  soigneusement,  et  les 
cuivres  sont  absolument  sims  adresse. 


'  Traduit  par  L.  Hymani  en  IMS,  a  Anvers. 
'  Vendue  à  Vienne  en  Mars  1883,  par  Wawra. 

'  imncs  prtnclpum,  Vtrorum  doclorum,  plctor. . .  numéro  centum,  Antwerp  Gttlei  ilrndricx. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  189 

La  plupart  de  ces  cuivres,  au  nombre  de  128,  furent  vendus  en  1851  à  la 
Chalcographie  •  du  Louvre,  pour  2500  francs,  par  un  marchand  de  Liège 
nommé  van  Marke  qui  au  lieu  de  recevoir  cette  somme  en  espèces,  fut  payé 
en  estampes  de  la  dite  Chalcographie.  Disons  en  passant  que,  dès  avant  cette 
cession,  les  portraits  de  van  Oort,  Friest  et  Wawerius  avaient  donné  lieu  à 
des  truquages. 

En  résumé  voici,  d'après  nos  recherches,  comment  se  peuvent  classer  les 
éditions  de  l'Iconographie  (Icônes  principum,  etc.). 

Ire  édition.  —  Le  titre  ci-dessus  avec  l'adresse  de  Martin  van  den  Enden. 

2e  édition.  —  Le  titre  ci-dessus  avec  l'adresse  de  Gilles  Hendricx  ou  ses 
initiales. 

3«  édition.  —  Les  initiales  enlevées,  le  titre  changé  en  :  Le  Cabinet  des 
plus  beaux  portraits...  Anvers,  Yerdussen.  Sans  date. 

A'   édition.  —  Sur  le  titre,  au  lieu  d'Anvers,  il  y  a  Bruxelles  1728. 

5^  édition.  —  Le  titre  est  encore  modifié  et  on  lit  :  Iconographie  ou  vie 
des  hommes  illustres  du  XVIIe  siècle...  Amsterdam  1159. 

Disons  aussi  que  le  collectionneur  ne  doit  rechercher  dans  l'œuvre  de 
Van  Dyck,  que  les  premiers  états  d'eau-forte  des  portraits  qui  sont  gravés  de 
la  main  même  du  Maître  ;  les  autres  sont  sans  intérêt. 

Voici,  dans  la  série  des  19  gravés  par  lui,  les  7  qui  sont  les  plus  inté- 
ressants, ces  portraits  sont  fort  recherchés,  nous  le  répétons,  mais  person- 
nellement nous  devons  confesser  —  quitte  à  nous  faire  conspuer  —  qu'ils 
n'ont  pas  le  don  de  nous  emballer,  nous  n'y  pouvons  trouver  l'originalité, 
la  vie,  le  modelé,  le  relief,  cet  accent,  en  un  mot,  que  nous  rencontrons  si 
puissant  chez  ceux  de  Rembrandt,  de  Nanteuil,  Edelinck,  etc. 

Jean  Breughel5  (Wibiral  1).  —  A  mi-corps,  de  trois  quarts  à 
gauche,  la  tête  est  nue  presque  de  face,  le  nez  un  peu  fort,  les  yeux 
profonds,  forte  moustache,  barbiche  en  pointe,  le  cou  orné  d'une 
collerette,  la  main  droite  a  ramené  le  manteau  sur  la  poitrine. 

l«état.  —  La  tète  est  terminée,  le  fond  est  blanc.  La  ligne  du  bas  qui 
servira  d'encadrement  existe  seule  à  la  pointe. 

'2fi  état.  —  Avec  le  fond,  l'encadrement  terminé  à  la  pointe. 

3e  état.  —  Dans  la  marge  du  bas,  au  burin  :  Joannes  Breughel,  mais 
avant  les  initiales  G.  H. 

4«  état.  —  Avec  les  initiales. 

5e  état.  —  Les  initiales  effacées. 

Les  deux  premiers  états  sont  introuvables  ;  on  s'accorde  à  croire  que  les 
états  d'eau-forte  étaient  tirés  à  100  exemplaires  seulement,  mais  c'est  une 
pure  supposition  ;  dans  tous  les  cas,  ils  sont  excessivement  rares.  —  Le 
cuivre  existe  encore. 


*  La  chalcographie  vend  aujourd'hui  130  francs  la  collection  complète  des  120  portraits.  Les 
planches  isolées  varient  de  60  centimes  à  5  francs. 

*  Dît  de  Velours. 


190  ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE 

Ventes  :  Liphard,  2e  état,  364  —  Schloesser,  même  état,  387  —  Mailand, 
même  état,  345  ;  l'exemplaire  était  signé  au  verso  P.  Mariette  1672  — 
Oppermann,  1"  état,  512  —  Wibiral  ',  2"  état,  522,  de  chez  Schloesser  — 
Griffiths,  l«f  état,  450,  de  chez  Dclessert  —  Wolff,  2fl  état  sur  papier  aux  C 
entrelacés,  512  —  Straeter,  4e  état,  115  —  Bàttig,  1"  état,  331. 

Pierre  Breughel-'  (2).  —  A  mi-corps,  de  trois  quarts  à  droite,  la 
tète  nue  et  de  face,  le  cou  entouré  d'une  collerette,  moustache  et 
barbiche,  un  manteau  sur  les  épaules  laissant  entrevoir  seulement  la 
main  droite. 

1er  état.  —  Avant  toutes  lettres,  la  tète  seulement  terminée,  au  bas  de 
l'estampe  tracée  brusquement  une  ligne  sous  laquelle  sera 
la  légende. 

2e  état.  —  Avec  la  lettre  :  Pelrus  Breughel...  mais  avant  les  initiales  G.  H. 

3«  état.  —  Avec  ces  initiales. 

4-   état.  —  Le  mot  de  la  légende  :  Prospectuum  a  été  remplacé  par  Actionum. 

5«  état.  —  Les  initiales  G.  H.  ont  été  effacées. 

La  planche  existe  encore. 

Ventes  :  Liphart,  1er  état,  625  ;  3=  état,  75  —  Didot,  avant  toutes  lettres, 
500  —  Knowles,  1"  état,  389  —  Griffiths,  1er  état,  150  —  Wibiral,  1"  état, 
402  —  Wolff,  1er  état,  575,  papier  aux  deux  C  entrelacés  —  Buccleuch, 
l'œuvre  gravé  par  le  Maître  lui-même,  c'est-à-dire  21  pièces  —  il  y  manquait 
les  portraits  de  Cornelissen,  Snyders,  Triest  et  Waverius  —  relié  en  cuir  de 
Russie,  fut  adjugé  8750  francs  ù  Meder  de  Berlin  ;  nous  ignorons  si  c'était 
pour  son  compte  ou  s'il  était  commissionué. 

Antoine  van  Dyck  (4).  —  La  tête  seulement  de  trois  quarts  à 
droite,  indiquant  par  son  mouvement  (pic  l'artiste  tournait  presque  le 
dos,  fine  moustache  et  petite  mouche  courte,  cheveux  frisants. 

1er  état.  -  Eau-forte  pure,  avant  toutes  lettres,  un  simple  trait  indique 
le  collet  du  vêtement  qui  n'existe  pas  ;  nun  décrit  et 
rarissime. 

'J'  état.  —  Terminé  par  Jacques  Neeffs  ;  sur  le  socle  où  est  posé  le  buste, 
on  lit  sur  le  piédestal  une  inscription  de  10  lignes  :  Icônes 
principum...  à  gauche  en  bas,  on  lit:  Jm-  Neeffs  sculpsit, 
et  dans  un  cartouche  :  Antwerpiœ  (Hllis  Hendricx  e.vcudit 
A"  tG'iS*.  —  Très  rare. 
état.  —  A»  et  1645  sont  effacés. 


i  l.;i  t-oili't-iinn  du  (lm-icur  \vil>ii:il  i-t.iii  exclusivement  composée  de  van  Dyck,  crlle  du 
iim  leur  il.  Wolii  l'était  en  majeure  partie. 
DU  d'Enfer,  peintre  de  diableries, 
i  C'esl  Le  portrall  <iui,  dans  cel  i  tat,  sert  it'-  Frontispice  .i  la  première  édition  de  '■■  Hendricx. 


ÉCOLE  HOLLANDAISE  ET  FLAMANDE  li)l 

4*  état.  —  L'adresse  de  G.  Hendriex  remplacée  par  celle  de  :  Henricus 
et  Cornélius  Verdussen  excudiint  et  au  lieu  du  numéro  cenlum 
on  lit  :  Numéro  centum  et  Viginti  quatuor. —  Planche  remaniée 
et  très  mauvaise. 

Ventes  :  Liphart,  2e  état,  262  —  Oppermann,  2c  état,  275  —  Griffiths, 
1"  état,  1312  —  Wibiral,  2<=  état,  420  —  Wolff,  1er  état  sur  papier  aux 
deux  G  entrelacés,  2650,  un  des  plus  beaux  exemplaires  connus  —  Seymour 
Haden,  même  état,  1250  —  Holford,  même  état,  1875  —  Straeter,  2*  état, 
300  —  Dreux,  1er  état,  310. 

François  Franck  (6).  —  A  mi-corps,  de  face,  enveloppé  dans 
son  manteau  d'où  émerge  la  main  gauche,  il  est  vêtu  d'un  justaucorps 
boutonné  très  haut  et  laissant  apparaître  un  large  col  de  chemise  ; 
à  la  gauche  du  personnage,  une  colonne  rectangulaire. 

1"  état.  —  Eau-forte  pure,  avant  toutes  lettres,  avant  le  trait  carré,  la 

tête  seule  est  gravée. 
2e  état.  —  Travaux  du  fond  enlevés  au  burin,  la  colonne  apparaît  ainsi 

que  le  trait  carré  à  peine  indiqué  dans  le  bas. 
3e  état.  —  Avec  le  titre  :  Franciscus  Vranx...  et  avant  les  initiales  G.  H. 
4e  état.  —  Avec  les  initiales. 
5«  état.  —  Le  nom  Vranx  est  écrit  Franck. 
6e  état.  —  Les  initiales  sont  effacées. 

Le  1er  état  est  tellement  rare  qu'on  peut  presque  le  considérer  comme 
introuvable. 

Ventes  :  Liphart,  403  —  Didot,  480  —  Oppermann,  508  —  Wibiral,  442  - 
Wolff,  256  —  Straeter,  256.  —  Toutes  ces  estampes  sont  du  2e  état. 

Philippe  Le  Roy  (Wibiral,  page  69).  —  A  mi-corps,  tourné  de 
trois  quarts  à  droite  et  regardant  de  face,  avec  cependant  une  légère 
tendance  des  yeux  à  gauche,  les  cheveux  frisants  aux  tempes,  avec 
une  houpe  ou  mèche  relevée  sur  le  milieu  du  front,  fine  moustache  et 
barbiche. 

Il  existe  0  états  ;  le  1er  est  une  eau-forte  pure,  avec  une  tache  de  morsure 
d'acide  à  droite,  à  la  hauteur  de  la  barbiche  de  laquelle  elle  est  distante 
d'environ  douze  millimètres  ;  il  n'y  a  de  gravé  que  la  tête  et  une  partie  de 
la  poitrine,  cette  tache  a  disparu  au  2e  état.  —  Insigne  rareté. 

Le  Département  des  Estampes  en  possède  un  exemplaire  superbe  exposé 
dans  la  salle  de  travail  ;  il  porte  à  l'encre  cette  note  manuscrite  du  temps  : 
Philippe  le  Roy  anno  1631  peint  par  Van  Dyck. 

Ventes  :  Liphart,  4e  état,  400  —  Didot,  1er  étal,  230  —  Mailand,  mauvaise 
épreuve  doublée,  45,  exemplaire  coté  i«  état  par  Wibiral,  et  2e  par  Duplessis  — 
Oppermann,  avant  toutes  lettres,  avant  la  cbaîne  d'honneur,  et  avant  les 
armes,  particularités  inconnues  à  Wibiral,  258;  de  toute  rareté  —  Wibiral,  72  — 
Wolff,  1er  état,  1506,  sur  papier  aux  deux  C  entrelacés  —  Holford,  même 
état,  725  —  Angiolini,  même  état,  1002  —  Straeter,  2«  état,  694. 


192  ÉCOLE   HOLLANDAISE   KT   FLAMANDE 

Ecce  Homo  dit  Le  Christ  au  Roseau  (Wibiral,  p.  68).  —  A  droite 
debout  de  face  à  mi-corps,  le  torse  nu,  les  mains  liées,  la  tête  cou- 
ronnée d'épines  et  dans  un  rayonnement,  le  Christ  l'air  attristé,  le 
corps  légèrement  incliné,  regarde  à  gauche  le  roseau  que  lui  remet  un 
bourreau,  entre  eux  deux  un  homme  d'armes  casqué  de  profil  à  droite, 
avec  une  lance  dont  on  ne  voit  que  la  hampe  dans  la  main  droite. 

I"  état.  —  Eau-forte  pure.  —  Deux  exemplaires  connus,  au  British  Muséum 

et  chez  le  duc  de  Devonshire. 
2°  état.  —  Reprise  par  Wosterman,  croit-on,   avec  en  bas  quatre  vers, 

commençant   par  :   Ecce  slat . . . 
3>--  état.  —  Les  mots  Cum  privilégia  sont  suivis  de  Régis  et  de  l'adresse 

de  :  A.  Bon  Enfant  exca. 
4*  état.  —  L'adresse  de  A.  Bon  Enfant  effacée;  et  à  la  suite  de  van  Dyck, 

on  lit  :  Invenii  et  fecit  aqua  forti. 
5e  état.  —  Avec  l'adresse  de  J.-P.  Le  Bas,  etc. . . 

Ventes  :  Howard,  4<=  état,  73  —  Liphart,  2e  état,  312  —  Didot,  2*  état,  60  — 
Griffiths,  10G,  de  chez  Maberley  —  Wibiral,  avant  que  les  mots...  et  fecit 
aqua  forti  aient  été  ajoutés,  126  —  Bouillon,  3e  état,  135. 

Le  Titien  et  sa  Maîtresse  (Wibiral,  p.  69).  —  A  droite  de 
l'estampe,  à  mi-corps,  le  visage  presque  de  face,  le  corps  de  trois 
quarts  à  gauche,  le  corsage  au  revers  fourré  laissant  voir  le  cou  par 
son  décolletage  carré,  la  jolie  Laure  de  Diante  '  a  le  coude  gauche 
appuyé  sur  une  cassette  de  forme  cubique  renfermant  une  tète  de 
mort,  pendant  qu'à  gauche  le  vieil  artiste,  la  tète  coiffée  d'une  calotte, 
le  bras  droit  reposant  sur  un  entablement,  de  profd  à  droite,  la 
contemple  amoureusement. 

1er  état.  —  Eau-forte  pure  avant  toutes  lettres,  toute  une  partie  droite  du 
cou  et  de  la  joue  et  de  l'épaule  de  la  femme  restée  blanche.  — 
Epreuve  unique  au  British  Muséum  provenant  de  la  collection 
Cracherode. 

La  partie  blanche  reprise,  mais  encore  avant  toutes  lettres.  — 
Rarissime. 

Avec  les  quatre  vers:  Ecco  il  bclvcder. . .  et  la  dédicace:  Al 
molto  illustre . . . 

Sous  la  dédicace:  Titian  itweidor...  et  A.  Bon  Enfant  exctt. 

L'adresse  de  A.  Bon  Enfant  effacée. 

Ventes:  Howard,  lr  état,  40  E.  Galichon,  >  fiai,  330,  de  chez  Bertin, 
où  elle  fut  payée  255  en  1854  —  Liphart,  3«  état,  250  —  Didot,  3"  état,  100  — 


i  Seconde  femme  du  duc  de  Ferrure  Mphonie  l  .  el  d'abord  u  mnîtrease  el  non  celle  du 
i  itien  comme  l'Indique  m  lorl  le  titre  de  l'ettampe. 


•±r 

état. 

3« 

étal. 

4' 

état. 

> 

état. 

ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  193 

Schloesser,  2e  état,  564  —  Oppermann,  même  état,  294  —  Wibiral,  même 
état,  187  —  Wolff,  3e  état,  181  —  Bouillon,  même  état,  52. 

Citons  pour  terminer  le  portrait  de  Don  Emanuel  Frockas  Perera  et 
Pimentel  (W  47)  dont  an  état  inconnu  à  Wibiral,  c'est-à-dire  avant  toutes 
lettres  et  avant  la  planche  coupée1,  passa  à  la  vente  Oppermann  où  il  fut 
adjugé  500  francs  et  737  à  celle  de  Wolff. 

Une  intéressante  exposition  de  l'œuvre  fut  faite  par  F.  Keppel  à  New-York 
en  1897,  le  catalogue  était  précédé  d'une  courte  introduction  de  M.  Atherton 
Curtis. 


VISSGHER  (Gornélis) 

Il  y  eut  plusieurs  Vischer,  mais  le  plus  célèbre,  celui  qui  nous  occupe  ici 
est  Cornélis  ou  Cornélius,  il  naquit  à  Harlem  vers  1610  et  mourut  en  1670. 
Son  œuvre  qui  est  considérable,  200  pièces  environ,  est  assez  recherché, 
certains  morceaux  en  états  exceptionnels,  il  est  vrai,  atteignent  parfois  de 
gros  prix  dans  les  ventes,  nous  en  citerons  quelques-uns  ;  ce  sont  les 
portraits  qui  dominent. 

Il  a  eu  de  nombreux  catalogueurs,  les  principaux  sont  :  Hecquet  1751, 
William  Smith  1864,  Wussin  1865,  Wessely  1866  et  Dutuit  1885. 

Gellius  de  Bouma  (Smith  89  —  Wussin  8).  —  Assis  et  vu 
jusqu'aux  genoux,  tourné  à  droite  et  regardant  de  face,  il  porte  une 
longue  barbe  blanche  et  une  tête  pleine  d'expression  émerge  d'une 
large  collerette  empesée,  la  main  droite  tient  le  pan  de  son  manteau  ; 
à  sa  droite  est  une  table  sur  laquelle  se  voit  un  grand  livre  ouvert,  et 
près  d'un  écriloire  et  d'une  plume  un  petit  papier  sur  lequel  on  lit  : 
C.  de  Vischer  ad  vivum  deli  et  sculp.,  écrit  en  trois  lignes.  Dans  la 
marge  :  Gellius  de  Bouma,  et  au-dessous  quatre  vers  latins  et  quatre 
vers  hollandais,  et  à  la  suite  :  J.  Visscherius. 

Ce  portrait,  qui  est  la  pièce  capitale  de  l'œuvre,  est  connu  dans  le  monde 
des  estampes  avec  celui  de  Vinius  et  de  Ryck  sous  la  rubrique  :  Les  grandes 
Barbes . 

Le  le  état  qui  est  rarissime  est  dit  au  livre  blanc,  c'est-à-dire  que  le  feuillet 
de  gauche  du  livre,  dont  le  coin  est  relevé,  est  tout  blanc,  et  que  celui 
de  droite  n'a  pas  encore  les  tailles  indiquant  les  lignes  d'écriture.  Le  2e  état 
est  avec  l'écriture  sur  le  feuillet  du  livre,  mais  avant  l'adresse  :  Tôt  Amsterdam 
by  Johannes,  etc...  et  avant  le  millésime  1656.  Aux  épreuves  du  dernier  état, 
l'adresse  et  l'année  sont  effacées,  et  le  tirage,  très  faible  alors,  a  été  géné- 
ralement fait  sur  un  papier  plus  épais  que  celui  dont  on  s'est  servi  pour  les 
états  précédents. 


1  Elle  mesurait  initialement  191™"  sur  253"". 

13 


194  ÉCOLE    HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE 

Ventes:  Liphart,  2*  état,  100  —  Didot,  1er  état,  805,  provient  de  la  vente 
Debois  où,  en  1845,  il  fut  adjugé  510;  le  même,  en  3e  état,  100  —  Schloesser, 
2e  état,  201  —  Oppermann,  même  état,  189  —  Griffiths,  même  état,  125  — 
Aylesford,  même  état,  200  —  Straeter,  même  état,  1000,  provenait  de  chez 
Griffiths  —  Defer  Dumesnil,  avec  le  millésime,  175  —  Loyd,  au  livre  blanc, 
2525  francs. 

Willem  de  RYck  (Sm  115  —  W  40).  —  Assis,  à  mi-corps,  il 
regarde  de  face,  la  main  gauche  ramenée  sur  la  poitrine,  la  barbe  est 
très  longue,  la  tête  est  coiffée  d'une  calotte. 

Le  l«r  état  avant  le  titre  et  avant  les  douze  vers  est  extrêment  rare. 

Ventes  :  Didot,  2e  état  de  Smith,  350  —  Straeter,  provenant  de  chez  Didot, 
725,  mais  classé  4«  état  par  Dutuit. 

Vinius  (Sm  126  —  W  53).  —  Vu  à  mi-jambes  et  assis,  il  a  le 
coude  appuyé  sur  une  table  et  tient  de  la  main  gauche  un  papier 
couvert  d'écritures,  derrière  lui  des  armures  et  des  carabines.  Au 
milieu  de  l'estampe  à  gauche  en  deux  lignes  :  Corn  Visscher  —  Delinea 
et  sculp.  ;  au-dessous  sur  un  ballot  on  lit  1650,  et  sur  un  tonneau 
A°  2500,  et  sur  un  autre  tonneau  placé  derrière  le  fauteuil,  1000  ff. 

Cette  estampe  est  dite  :  L'Homme  au  pistolet.  —  Il  existe  un  état  extrêmement 
rare  qui  est  le  2e,  croyons-nous,  il  est  avant  la  lettre,  avec  A»  2500,  mais 
avant  le  chiffre  1000  qui  est  sur  le  tonneau,  derrière  le  fauteuil. 

Ventes  :  Didot,  2<--  état,  provenant  de  chez  Révil  et  Verstolk  de  Soelen, 
1510  —  Griffiths,  306,  de  chez  Verstolk,  mais  sans  désignation  d'état. 

La  Fricasseuse  (Sm  42  —  W  162).  —  Une  femme  est  assise 
devant  une  cheminée,  ayant  près  d'elle  un  vieillard  qui  allume  sa 
pipe  et  un  enfant  qui  tient  un  beignet.  Une  jeune  iille  est  debout 
derrière  le  vieux  ;  des  ustensiles  de  cuisine  et  un  chat  sur  un  rouet 
complètent  le  tableau.  En  bas  à  gauche  :  Corn.  Vischer  Inv.  et  sculp. 

Le  1er  état  est  avant  l'adresse  de  Cl.  de  Jonghe.  —  C'est  une  des  meilleures 
pièces  de  l'artiste. 

Ventes  :  Howard,  avec  l'adresse,  80  —  Liphart,  même  état,  62  —  Griffiths, 
avant  l'adresse,  220  —  Straeter,  même  état,  111,  de  chez  Ilolford. 

Le  Marchand  de  mort  aux  rats  (Sm  43  —  W  160).  —  Accom- 
pagné d'un  chien  et  d'un  petit  garçon  qui,  au  bout  d'une  perche, 
porte  des  rats  pendus,  le  marchand  coiffé  d'une  casquette  et  vu  de 
ace    présente  un  morceau  de  sa  drogue;  sur  sa  manche  droite  court 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  195 

un  de  ces  rongeurs  ;  sa  main  gauche  s'appuie  sur  la  boite  qu'une 
courroie  suspend  à  son  côlé.  Dans  le  haut  du  coin  droit,  au-dessus 
de  la  tète  du  gamin  :  C.  Wisscher  inv.  et  sculp. 

C'est  encore  une  des  bonnes  pièces  du  graveur  qui  vaut  dans  les  mêmes 
prix  que  la  précédente  ;  un  1er  état  avant  la  lettre,  avant  les  mots  Inv.  et  sculp. 
et  les  armes  d'Amsterdam,  passa  à  la  vente  Schloesser  ;  il  y  fut  adjugé 
575  francs. 

A  rejeter  les  épreuves  portant  l'adresse  de  F.  de  Witt  qui  est  le  dernier  et 
6e  état. 

Signalons  pour  finir  le  très  beau  morceau  :  Les  Violonneurs  (Sm  80  —  W  161). 


VLIEGER  (Simon  de) 

Très  joli  graveur,  de  la  vie  duquel  on  ne  sait  pour  ainsi  dire  rien  ;  on 
le  croit  né  à  Amsterdam  en  1G02.  Il  s'adonna  aux  paysages,  marines  et 
scènes  champêtres  ;  environ  une  vingtaine  de  pièces.  Il  signait  souvent  des 
lettres  S.  D.  V. 


La  Langue  de  terre  (Bartsch  4).  —  Une  presqu'île  plantée 
d'arbres  est  baignée  par  une  large  rivière  sur  les  bords  de  laquelle  on 
aperçoit  à  droite  des  maisons  entourées  d'arbres.  Dans  cette  rivière 
un  bateau  est  amarré  à  un  arbre  à  gauche  ;  à  droite  il  y  a  deux 
canards  près  desquels  on  voit  les  lettres  S.  D.  V.  f.  ' 

Eau-forte  de  la  dernière  rareté  qui  manque  au  Département  des  Estampes. 

Ventes:  Kalle,  127  —  Knowles  1er  état  non  décrit  d'eau-forte  pure,  avant  le 
ciel,  avant  le  numéro  2  au  coin  supérieur  gauche,  avant  la  lettre  F  derrière 
la  lettre  V  du  monogramme,  et  avant  les  travaux  au  burin  sur  le  grand  arbre 
au  milieu  de  la  langue  de  terre,  425  francs,  exemplaire  de  la  collection 
Mecklenburg  ;  la  même,  2«  état,  140  —  Straeter,  sur  japon  de  la  collection 
Isendoorn,  169. 

Le  Bourg  '  (9).  —  A  gauche  de  l'estampe  des  maisons  au  bout 
desquelles  deux  gros  arbres  ;  à  droite  un  gros  arbre  sous  lequel  un 
cheval  s'abreuve  dans  une  auge  et  un  homme  tirant  de  l'eau  d'un 
puits.  Au  milieu  de  l'estampe,  bœufs  et  charrette  attelée  de  deux 
chevaux  se  dirigeant  vers  la  gauche  ;  devant  la  charrette,  un  mendiant 


1  Ou  Le  Vieux  Bourg,  fait  pendant  à  L'Auberge;  une  épreuve  rarissime  de  cette  dernière  pièce 
ui>a;i(  le  fond  tracé,  figurait  à  l'exposition  Dutuit  en  1869. 


196  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE 

à  la  jambe  de  bois,  son  chapeau  à  la  main,  son  chien  près  de  lui.  En 
bas  à  gauche,  sous  le  trait  carré  très  légèrement  tracé  à  la  pointe  : 
S.  de  Vlieger. 

Ventes  :  Liphart,  l«f  état  d'eau-forte  pure  avant  le  fond  au  milieu,  les 
arbres  et  le  mur  n'existent  pas,  on  ne  voit  qu'un  seul  arbre  a  côté  des 
maisons,  et  la  couverture  de  la  charrette  est  blanche,  rarissime,  200  — 
Knowles,  même  état,  550  —  Oppermann,  sur  papier  à  la  folie,  2«  état,  112. 


VORSTERMAN  (Lucas) 

Né  a  Anvers  en  1578',  mort  à  Bommcl  en  1067.  Graveur  d'une  habileté 
consommée,  peut-être  le  meilleur  élève  de  Rubens,  a  gravé  environ 
150  planches,  dont  la  moitié  sont  des  portraits. 

Citons  suivant  nous  son  chef-d'œuvre,  d'après  van  Dyck  ;  la  figure  de  la 
Vierge  est  admirable  d'expression. 

Le  Christ  mort.  —  Le  Sauveur  est  couché  au  pied  de  la  croix  où 
il  vient  d'expirer,  la  face  encore  angoissée  par  la  douleur  et  le  sang 
s'échappant  du  flanc  droit,  il  est  étendu  de  gauche  à  droite  soutenu 
par  sa  Mère  qui,  les  yeux  au  ciel  les  bras  étendus,  prie.  Les  anges 
arrivent  de  la  gauche,  l'un  a  les  mains  jointes,  l'autre  les  bras 
étendus.  Sur  le  premier  plan  à  droite,  deux  clous  et  la  couronne 
d'épiites  sont  à  terre.  Au  fond  à  droite  on  aperçoit  un  temple  et  dans 
le  ciel  trois  têtes  d'anges. 

Le  U1'  état  est  avec  le  titre  en  deux  lignes,  avant  le  mot  Régis  et  avant 
l'adresse  du  graveur  ;  le  41-'  et  dernier  état  est  avec  l'adresse  de  Honenfant. 

Mentionnons  encore  la  superbe  Descente  de  Croix,  d'après  Hubens,  dont 
un  exemplaire  de  lci  état,  c'est-à-dire  avant  L'adresse  de  Corn,  van  Merlen. 
atteignit  375  francs  à  la  vente  Didot. 


WALLERANT-VAILLANT 

Ne  à  Lille  en  1G23,  mort  à  Amsterdam  en  1077.  Un  des  premiers  graveurs 
en  manière  noire.  Son  œuvre  est  assez  considérable  et  se  monte  a  prés 
de  250  pièces  ;  il  a  touché  un  peu  à  tout  :  portraits,  sujets  bibliques, 
mythologiques  cl  allégoriques;   il  a   même   l'ait  quelques   paysages. 


i  CctI  iphes  le  Boni  naître  A  Gueldre  en  1580  ;  c'est  bien  entendu  de  Vbrslerman  ilii 

h  Vit  h  '  donl  nous  parlons  Ici,  cl  non  de  son  fils. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  197 

Il  a  été  catalogué  par  Wessely  avec  annotations  et  amplifications  de 
Ver  Loren  van  Themaat  à  Utrecht,  en  1865. 

Parmi  les  portraits  les  plus  rares  qu'il  ait  gravés,  citons  celui  de 
Madame  Vaillant  :  Assise  à  mi-corps  sur  une  chaise,  les  bras  croisés  à  la 
hauteur  de  la  ceinture,  la  jeune  femme  est  de  trois  quarts  à  droite  et 
regarde  de  face.  Les  cheveux  sont  séparés  par  une  raie  médiane,  elle  porte 
des  bandeaux  plats,  presque  à  la  Boticelli  ;  le  lobe  de  l'oreille  est  orné 
d'un  bijou  en  forme  de  poire. 

On  ne  collectionne  guère  l'œuvre  de  cet  artiste  bien  monotone  et  bien 
peu  intéressant. 


WATERLOO  (Antoine) 

Né  à  Amsterdam  ou  à  Utrecht  vers  1618,  mort  en  1662  (?)  —  On  ne  sait  rien 
de  sa  vie.  Paysagiste  réputé,  il  a  rendu  avec  infiniment  de  sincérité  les 
bois,  les  étangs,  les  rochers  et  tout  particulièrement  le  feuillage  ;  on  croit 
qu'il  faisait  mordre  très  légèrement  ses  cuivres  à  l'eau-forte  et  redonnait 
ses  valeurs  à  l'aide  du  burin,  ce  qui  souvent  produisait  des  lourdeurs  qui 
venaient  s'accentuer  encore  quand  l'usure  du  tirage  faisait  évanouir  les 
délicatesses  de  l'eau-forte.  Ses  figures  étaient  mauvaises,  et  ses  pièces 
presque  toujours  de  petit  format. 

Il  n'y  a  pas  dans  son  œuvre,  qui  se  compose  de  130  à  140  pièces,  de 
morceaux  absolument  hors  ligne,  mais  nous  estimons  qu'il  est  bon  d'avoir 
quelques  spécimens  de  l'artiste  dans  une  collection  ;  il  y  a  aussi  un  choix 
très  attentif  à  faire  au  point  de  vue  du  tirage,  qui  est  parfois  très  inégal. 
Notons  que  les  premiers  états  sont  excessivement  rares. 

Le  Rocher  percé  (Bartsch  3). 

Un  état  unique,  non  décrit  par  Dutuit,  c'est-à-dire  avant  le  numéro  et  le 
nom,  a  passé  à  la  vente  Straeter  où  il  fut  adjugé  294  francs. 

Les  Voyageurs  au  bord  du  grand  chemin  (98). 
Un  tout  1"  état,  à  la  même  vente,  adjugé  également  294  francs. 

Le  Fauconnier  et  le  Chasseur  (104). 

A  la  vente  Liphart,  une  épreuve  de  tirage,  c'est-à-dire  un  dernier  état,  fut 
adjugé  21  francs,  tandis  qu'un  tout  1"  état,  à  la  vente  Straeter,  monta 
jusqu'à  331  francs  ;  ces  énormes  écarts  de  prix,  constamment  remarqués 
dans  les  adjudications,  montrent  bien  aux  amateurs  que  les  conditions 
d'état,  de  marge,  de  conservation  ont  une  influence  considérable  sur  la 
valeur  marchande  de  la  pièce.  Ceci  dit  surtout  pour  certains  provinciaux  - 
honni  soit  qui  mal  y  pense  —  qui  sont  absolument  étonnés  de  voir  qu'on 
ne  voudrait  pas  leur  payer  quatre  sous  certaines  estampes  qu'ils  possèdent, 
et  qu'ils  viennent  de  voir  coter  des  prix  qui  leur  paraissent  absolument 
fabuleux. 


198  ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET    FLAMANDE 

Le  Moulin  (119). 

Un  des  paysages  les  plus  rares  de  l'œuvre.  Le  1"  état  est  au  toit  presque 
blanc  et  avant  le  trait  échappé  qui  descend  de  l'arbre  vers  le  moulin. 

Paysage  avec  le  Prophète  de  Juda  (133). 

Rarissime  estampe  adjugée  à  la  vente  Liphart  375  francs  et  351  à  celle 
d'Oppermann  en  épreuves  d'essai,  c'est-à-dire  avant  les  travaux  sur  les 
jambes  du  prophète,  ce  qui  les  fait  paraître  nues. 

Les  collections  Liphart,  Oppermann  et  Straeter  étaient  particulièrement 
riches  en  œuvres  de  cet  artiste. 


WIERIX  (Jean,  Jérôme  et  Antoine) 

Selon  Alvin,  qui  a  fait  en  18CG  un  catalogue  extrêmement  remarquable  de 
l'œuvre  de  ces  artistes  —  2055  pièces1  y  sont  mentionnées  —  Jean  était  né 
en  1549,  Jérôme  en  1553,  quant  à  Antoine,  on  ne  connaît  que  la  date  de  sa 
mort  en  1C24. 

On  avait  longtemps  cru  que  ces  graveurs  étaient  natifs  d'Amsterdam, 
Alvin  a  prouvé  qu'ils  étaient  Anversois.  Ils  tiennent  une  place  considérable 
dans  l'histoire  de  la  gravure  de  leur  pays,  où  ils  rayonnèrent  de  1562  à  1618. 

Jérôme  est  généralement  considéré  de  beaucoup  supérieur  à  ses  frères,  la 
question  est  fort  discutable  cependant,  et  nous  n'osons  nous  prononcer,  il 
reste  acquis  néanmoins  que  tous  trois  étaient  des  artistes  d'une  rare  valeur. 

Ils  ont  tous  été  graveurs  originaux,  et  aussi  traducteurs  de  nombreuses 
compositions  de  Martin  de  Vos,  de  Durer  —  plus  de  10  pièces,  dont  certaines 
copies  tellement  habiles  qu'elles  peuvent  presque  donner  le  change  à  l'œil  le 
mieux  exercé  —  de  Leyde,  de  Raimondi,  de  Pencz,  de  Martin  Schône,  etc.. 
La  perfection  de  leur  métier,  particulièrement  dans  les  pièces  de  format 
réduit,  permet  de  les  comparer  aux  petits  maitres  allemands.  Mais  c'est 
surtout  dans  les  portraits  où  ils  sont  tout  simplement  admirables. 

Les  éditeurs  des  Wierix  étaient  presque  tous  des  Anversois.  à  l'exception 
des  Visscher  qui  étaient  Hollandais. 

A  noter  surtout  : 

Henriette  Balzac  d'Entragues  (Alvin  1860).  -  -  En  buste  de 
trois  quarts  à  droite,  collerette  tuyautée,  pendants  d'oreilles  en  forme 
de  poire,  trois  plaques  de  bijoux  dans  les  cheveux  avec  une  aigrette 
de  plume,  une  torsade  de  perles  au  chignon  placée  sur  le  haut  de  la 
tête,  le  corsage  garni  de  rangées  de  perles.  En  bas  dans  la  marge. 


1   Le  rnlnlnRup  de  In  vente  Didol  lignais  Ifi  pc.rlr.iil>;  qui  onl  échappé  aux  recherches  de 
l'émlnenl  conservateur  de  la  Bibliothèque  Royale  d<-  Bruxelles. 


ÉCOLE   HOLLANDAISE   ET   FLAMANDE  139 

quatre  vers:  Tout  le  beau  des  beautez,  etc...,  et  à  gauche  dans  la 
tablette  où  sont  les  vers  :  Hieronymus  Wierx  sculp  in  Septembre 
anno  1600,  on  lit  à  droite  :  Avec  privil.  :  du  Roy.  Harman  Adolfz  excu- 
debat  Haerlemensis. 

Ventes  :  Didot,  l"  état,  non  décrit,  avec  l'adresse  de  :  Paul^  de  ta  Houve 
excudebat,  au  pallaes  à  Paris,  1160,  fut  acheté,  croyons-nous,  par  Loizelet  — 
Behague,  685. 

Catherine  de  Bourbon  (1872). 

Ventes  :  Didot,  1er  état,  non  décrit,  avec  l'adresse  de  P.  de  la  Houve,  400  — 
Behague,  600,  même  état. 

Henri  III.  —  En  buste  coiffé  d'un  toquet  à  aigrette,  de  trois 
quarts  à  gauche  et  regardant  de  face.  En  bas  un  quatrain  :  Peintre 
afin  que  ton  art. . .,  et  :  Joan  =  Wirix  seul.  :  auec  preuilège,  etc.  ' 

Ce  portrait  du  roi  de  France,  extrêmement  rare  et  non  décrit,  est  en 
contre-partie  et  de  même  grandeur  que  celui  décrit  par  Alvin  sous  le 
numéro  1918,  qui  lui,  est  gravé  par  Jérôme  et  considéré  comme  la  perle  de 
l'œuvre. 

Ventes  :  Didot,  1«  étal,  avaid  l'inscription  :  Ilanry  3^  Roy  de  France  en 
haut  de  la  planche  et  avec  l'adresse  de  Paul**  de  la  Houve  au-dessous  des 
vers,  680,  acheté  par  Dutuit  —  Behague,  le  même,  660  —  Angiolini,  celui 
décrit  par  Alvin,  312. 

Jacques  Ier  d'Angleterre  et  sa  femme  Anne  de  Danemark 

(1956).  —  Tous  deux  debout,  le  roi  à  gauche,  la  reine  à  droite.  En 
bas  à  gauche  les  armes  d'Angleterre  et  la  légende  :  Jacobus  et  Anna. . . 
Johan  Wiricx  f.  et  ex.  cum  gratia. . . 

Rarissime  estampe  des  deux  portraits  sur  la  même  feuille,  adjugée  à  la 
vente  Behague  455  francs  —  Didot,  400. 

Marie  de  Médicis  (1978).  —  En  buste  de  Irois  quarts  à  droite, 
regardant  presque  de  face,  collerette,  plaque  au  cou  avec  pendentifs, 
boucle  d'oreille  forme  poire  retenue  aux  oreilles  par  un  nœud  de 
diamant.  Dans  la  marge  quatre  vers:  Princesse  dont  le  nom...,  à 
gauche  de  ce  vers  :  Joan  Wierix  sculpsit  1600,  et  à  droite  :  Avec  privil. 
du  Roy  Harman  Adolfz  excudebat  Haerlemensis. 


i  Le  dernier  état  est  avec  l'adresse  de  Ilenricus  Hondins. 


200  ÉCOLE   HOLLANDAISE  ET   FLAMANDE 

L'état  décrit  ci-dessus  n'est  pas  donné  par  Alvin,  il  ne  mentionne  que 
celui  avec  l'adresse  de  :  La  Houue  au  Palais. 

Vente  :  Didot,  400. 

Guillaume  d'Orange,  le  Taciturne  (1992).  —  En  pied,  en 
cuirasse  et  tête  nue,  il  tient  en  main  le  bâton  de  commandement  ;  en 
haut  à  gauche  les  armoiries  ;  sur  la  table  à  droite  où  s'appuie  la  main 
du  prince,  son  casque  et  son  gantelet.  Sans  aucune  inscription. 

Portrait  de  la  dernière  rareté  dont  un  exemplaire,  à  la  vente  Didot,  fut 
adjugé  510  francs. 

Les  Wierix  eurent  un  élève  nommé  Jean  Valdor  qui,  paraît-il,  exagéra  les 
qualités  de  finesse  et  de  soyeux  de  ces  Maîtres;  nous  enregistrons  purement 
et  simplement  le  nom  de  cet  artiste  dont  il  ne  nous  a  jamais  été  donné  de 
voir  les  œuvres. 


#8* 


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Ecole  Italienne 


ECOLE    ITALIENNE 


ANDRÉANI  (Andréa) 

Surnommé  aussi  Mantuano,  naquit  vers  1541  et  mourut  à  Rome  en  1623, 
graveur  sur  bois  et  en  clair-obscur  d'une  grande  habileté.  On  raconte  qu'il 
acheta  de  nombreuses  planches  qu'il  retoucha  et  signa,  il  faut  donc  se  défier 
de  certaines  pièces  auxquelles  on  lui  attribue  à  tort  la  paternité. 

Parmi  ses  très  beaux  clairs-obscurs  nous  signalerons  : 

Jésus  mis  au  tombeau  (B  II.  24).  —  Dans  une  anfractuosité  de 
rochers  près  de  la  Vierge  évanouie  à  droite  et  soutenue  par  une  sainte 
femme,  un  apôtre  saisit  le  Christ  sous  les  bras  pour  le  mettre  au 
tombeau,  dont  la  pierre  qui  est  près  de  lui,  est  éclairée  par  le  rayonne- 
ment de  la  tête  du  divin  Maître.  En  bas  dans  le  coin  gauche  :  Raffda 
Reggio. . .  1585. 

Précieuse  estampe  ayant  figuré  à  l'Exposition  de  la  Gravure  sur  bois  en 
deux  épreuves  de  colorations  différentes. 

L'Enlèvement  d'une  Sabine  (B  VI.  1).  —  Un  homme  est  debout 
de  profil  à  gauche,  il  tient  dans  ses  bras  nerveux  une  femme  qui  se 
débat;  près  de  lui,  un  autre  homme  agenouillé  de  trois  quarts  à 
droite.  Dans  le  coin  gauche  inférieur,  on  lit  dans  la  partie  blanche 
qui  est  réservée  :  Rapta  Sabina. . . 

Figurait  à  la  même  exposition  ;  pièce  d'après  Jean  de  Bologne  7584. 

L'Adoration  des  Mages  (B  II.  4).  —  La  Vierge  Marie  assise  de 
face,  les  yeux  baissés,  au  pied  d'une  colonne  près  d'une  grange,  tient 
l'Enfant  Jésus  dans  ses  bras,  ils  sont  entourés  de  bergers  et  de  mages 
qui  apportent  des  présents.  A  droite,  trois  anges  descendent  du  ciel. 
En  bas,  on  lit  :  Luvin  inv. 


204  ÉCOLE    ITALIENNE 

Ce  clair-obscur,  un  des  plus  merveilleux  qu'il  nous  ait  été  donné  dé  voir, 
est  gravé  d'après  Luvini,  il  est  d'une  puissance  telle  que  ses  blancs 
ressemblent  à  des  rehauts  de  gouache. 


ANONYME  FLORENTIN   DU   XVe   SIÈCLE 

Saint  Sébastien.  —  Le  saint  est  debout  et  de  face  attaché  à  un 
tronc  d'arbre,  ses  pieds  ne  touchent  pas  terre  ;  quatre  archers,  deux  à 
droite,  deux  à  gauche  sont  tout  près  de  lui  et  lui  décochent  des 
flèches  ;  du  côté  gauche,  un  vieillard  est  assis  de  profil  à  droite  et 
semble  aussi  avoir  dans  les  mains  une  arbalète.  A  la  hauteur  des  épaules 
du  saint,  on  lit  sur  une  ligne  horizontale  à  gauche  :  S.  Scbastiane.  et 
à  droite  :  Ora  pronobis.  Au-dessus  de  lui,  deux  anges  viennent  poser 
sur  sa  tète  la  couronne  du  martyr,  celui  qui  est  à  droite  a  une  palme 
dans  la  main  gauche.  Au-dessus  d'eux  et  dominant  cette  scène,  le 
Père  Eternel.  Dans  le  haut  du  coin  gauche  de  l'estampe,  le  soleil  (?) 
dans  le  droit,  la  lune  (?)  La  pièce  est  entourée  d'une  bordure 
d'environ  deux  centimètres,  agrémentée  d'arabesques.  En  dedans  de 
celte  large  bordure,  entre  les  deux  traits  carrés  de  la  marge  du  bas, 
deux  lignes  de  texte  commençant  par  ces  mots  :  Ob.  secro.  te.  béate. 
Sebastiane. . .,  et  se  terminant  par  :  amen. 

Pièce  extrêmement  typique  et  curieuse  restée  inconnue  jusqu'à  ce  jour.  Le 
seul  exemplaire  que  nous  connaissons  passa  à  la  seconde  vente  du  prince 
Waldburg-Wolfegg,  où  il  fut  adjugé  -10G2  francs. 


ANTOINE  DE  TRENTE 

Artiste  graveur  en  bois  et  clair-obscur,  né  vers  1508,  que  l'on  croit  être  le 
même  (pie  Antoine  Fantuzzi ;  malgré  de  grandes  divergences  d'opinion  à 
cet  égard  appartient  à  ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  l'Ecole  de  Fontai- 
nebleau i.  Il  a  beaucoup  gravé  d'après  Le  Parmesan,  et  sa  pièce  la  plus 


'  On  donne  ce  nom  i  la  pléiade  d'artistes  qui,  sous  François  I".  se  trouvaient  réunis  à  m 

cour  particulièrement  pour  procéder  à  la  décoration  du  palais  de  cette  ville.  Ces  graveura 
subirent  directement  l'influence  italienne  des  Maitres  Le  IViin.tliee  el  Le  Rosso,  chefl  de  cette 

école,  et  de  Le  Parmeaan,  L,  ivnni.  La  Romain j  ils  se  nommaient  —  pour  ne  citer  que  i.  . 

principaux  —   Fanlu//i,  l.i  nnanl  ïlniv,    René    Boyvln,   Ruggtery,    !>■  dcl   Rarhiere.  Miguon. 

pécheSi  Bonnelonne,  Augustin  le  Vénitien,  Gbiftl,  Vlco,  Boliaidne,  efc ftc...  An . Société 

treJiéoIoyfaos  du  G&Unalt  a  publie  sm  cette  école  dea  articles  du  plus  haut  intérêt  sous  la 
signature  de  M.  HerbeL  \  la  vent.-  do  la  bibliothèque Destallleur  en  1896,  un  recueil  conte- 
nant 542  estampes  en  Irois  volumes  fut  adjuge  .'Wno  h 


ÉCOLE    ITALIENNE  205 

remarquable  est,  suivant  nous  :  Le  Martyr  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul 
(B  IV.  28)  d'après  ce  Maître,  dont  cinq  épreuves  de  colorations  différentes 
figuraient  à  l'Exposition  de  la  Gravure  sur  bois. 


BALDINI  (Baccio) 

Orfèvre  et  graveur,  né  à  Florence  en  1436,  mort  dans  la  même  ville  à  une 
date  inconnue.  Il  est  considéré  comme  un  des  plus  beaux  primitifs  italiens, 
bien  que  sa  manière  soit  extrêmement  sèche  et  raide;  il  se  faisait  aider  par 
Sandre  Botticelli,  dont  souvent  il  gravait  les  dessins,  mais,  comme  tous  deux 
ne  signaient  jamais,  il  est  fort  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  d'en 
établir  la  paternité  d'une  manière  irréfutable.  —  L'œuvre  se  compose 
d'environ  120  à  125  pièces. 

L'Adoration  des  Mages  (Passavant  96).  —  La  Vierge  avec 
l'Enfant  Jésus  est  assise  devant  l'étable,  le  divin  Sauveur  bénit  un 
vieux  mage  prosterné  devant  lui,  les  mains  étendues  à  terre  ;  saint 
Joseph  sur  le  devant  appuie  sa  main  gauche  sur  sa  joue.  A  gauche, 
la  suite  des  rois  au  milieu  desquels  on  aperçoit  un  guerrier  à  cheval  ; 
au  premier  plan,  un  gros  chien,  un  chat  tigre  et  de  nombreux 
personnages. 

Rarissime  estampe  adjugée,  vente  Galichon,  2000  francs. 

Les  sept  Planètes  (P  61-67). 

Il  est  presque  impossible  de  rencontrer  ces  sept  pièces  réunies,  le  Dépar- 
tement des  Estampes  les  possède  cependant  à  /«  Réserve  dans  des  conditions 
superbes  de  conservation.  On  croit  que  les  originaux  furent  dessinés  par 
Botticelli,  mais  on  en  est  cependant  pas  positivement  sûr.  A  la  vente 
Angiolini  la  seule  planète  Jupiter  fut  adjugée  8125  francs. 

David  vainqueur  de  Goliath  (P  94).  —  Au  milieu  de  l'estampe 
au  premier  plan,  Goliath  tombé  la  face  contre  terre,  la  tête  à  gauche, 
les  mains  en  avant  ;  près  de  lui  à  gauche,  David  tenant  son  glaive  à 
deux  mains  s'apprête  à  lui  couper  la  tête  ;  derrière  eux  l'armée  des 
Israélites  combattant  celle  des  Sarrazins.  Au  fond  à  droite  des  collines, 
et  à  gauche  une  ville  forte  entourée  de  murailles  et  de  tours  crénelées. 
Sur  le  fourreau  vide  du  géant  qui  pend  à  sa  ceinture,  on  lit  :  Golias, 
et  sur  le  vêtement  de  son  vainqueur  :  David. 

Petit  in-folio  en  travers  qui  est  d'une  rareté  insigne  et  qui  manque  même 
au  Département  des  Estampes. 


206  ÉCOLE    ITALIENNE 

A  la  vente  Angiolini  il  en  passa  un  exemplaire  superbe  d'un  état  non  décrit, 
c'est-à-dire  avant  les  noms  de  Golias  et  de  David;  il  fut  payé  11000  francs. 
On  peut  le  considérer  comme  unique,  nous  ne  le  connaissons  dans  aucune 
collection  publique  ou  privée. 

Une  autre  pièce  curieuse  du  Maître  est  :  Allégorie  sur  la  lutte  de  l'urbanité 
contre  la  rude  grossièreté,  qui  peut-être,  étant  donnée  la  précision  du  dessin, 
est  de  Sandro  Uotticelli. 


BARBARY'  (Jacopo  de) 

Dit  aussi  le  Maître  au  caducée  parce  qu'il  signait  souvent  ses  estampes 
d'un  caducée.  Les  uns  le  classent  aux  Flamands5  comme  Renouvier,  d'autres 
dans  l'école  de  Nuremberg  comme  Passavant  et  Bartsch,  d'autres,  enfin, 
comme  Emile  Galicbon  et  M.  Charles  Ephrussi,  le  considèrent  comme  un 
primitif  de  Venise,  ce  qu'il  est  réellement  suivant  nous,  son  faire  étant 
absolument  italien.  On  ne  sait  rien  de  sa  vie  ou  presque  rien,  il  travailla  à 
Nuremberg,  où  on  l'appelait  Jacob  Walk,  et  passa  fort  jeune  à  Venise.  Il 
commença  à  graver  dès  les  toutes  premières  années  du  xvk  siècle,  une 
trentaine  de  pièces  en  tout,  finement  exécutées,  puis  deux  ou  trois  bois, 
croit-on. 

En  1890,  la  Société  internationale  Chalcographique  a  publié  une  notice  par 
M.  Paul  Kristeller  où  sont  mentionnées  les  pièces  gravées  par  X.  Wilborn 
d'après  Jacopo  de  Barbary.  L'œuvre  du  Maître  qui  nous  occupe  est  très  rare. 

Vénus  (Bartsch  12  —  Galichon  14).  —  La  déesse  vue  à  mi-jambes, 
les  cheveux  épandus  sur  les  épaules,  se  contemple  dans  un  miroir 
convexe  qu'elle  tient  dans  la  main  gauche.  En  bas  à  droite,  le  caducée. 

Très  rare  estampe,  provenant  de  chez  Marshall,  adjugée  000  francs  à  la 
vente  B.  Galichon. 

Satyre  jouant  de  la  cornemuse  (B  14  —  G  19).  —  Dans  un  pli 
de  terrain,  un  l'aune  jonc  de  la  cornemuse  pondant  que  son  compa- 
gnon assis  sur  une  souche  se  désaltère  à  une  outrp  remplie  de  vin. 
En  haut  à  droite,  le  caducée. 

Les  premières  épreuves  de  cette  rare  gravure  sont  sur  papier  èi  la  couronne. 
l'u  exemplaire  fut  adjugé,  à  la  vente  Galichon,  000  francs. 


1  l.i i  consulter  !  Bmlle  GaUchon,  Extrait  de  M  Gazette  des  Beaux-Arte,  Parla,  istîi 

Charles  Bphrussli  Notée  BiQQraphinuee*;,  Paris,  Jomiust.  ISTG      Jtictth  <l<   Harbarl  et  Albert  Durer. 
pai  le  ■  omt<    \   i    '!•  '  sndUto,  Bruxelles,  van  Trlgt,  1881. 

»  l'uni  qui  beaucoup  de  ses  planches  furent  I  i n  Hollande  al  sur  papiers  filigranes 

aux  fabriques  néerlandaises  !  /"  main,  ta  grande  couronne,  le  /'  bouroiiionoft,  etc.,  ce  «|tii  ne 
prouve  rien      Zanl  ;i  été  Jusqu'à  dire  qu'il  i  tall  peu!  i  Ire  Fronçait .'.'.' 


ÉCOLE    ITALIENNE  207 

Phœbus  et  Diane  (B  16  —  G  16).  —  Le  Dieu  nu  el  debout  de 
profil  à  droite  sur  la  sphère  du  inonde  semée  d'étoiles,  un  carquois  en 
bandouillère,  s'apprête  à  darder  une  flèche  dans  l'espace  ;  près  de  lui 
à  droite,  Diane  et  un  cerf.  Dans  le  haut  du  même  côté,  le  caducée. 

Pièce  rarissime  mais  mal  dessinée  dont  un  exemplaire,  à  la  vente 
E.  Galichon,  atteignit  1620  francs.  Il  existe  des  épreuves  sur  papier  à  la  tète 
de  bœuf.  —  Cette  estampe  a  été  copiée  par  Jérôme  Hopfer. 

Le  grand  Sacrifice  à  Priape  (B  19  —  G  21).  —  Un  enfant 
présenté  par  sa  mère  offre  une  couronne  de  gazon  au  Dieu  Priape  ; 
une  branche  de  myrte  se  consume  dans  un  vase  devant  sa  statue, 
deux  femmes  complètent  le  tableau.  A  gauche  à  mi-branche  d'arbre, 
le  caducée  et  une  tablette. 

C'est  très  probablement  la  reproduction  d'un  bas-relief:  adjugé  à  la  vente 
E.  Galichon  1080  francs  et  à  celle  de  Didot  50. 

Mars  et  Vénus  (B  20  —  G  ?). 
Adjugé  710  francs  à  la  vente  Didot. 

Saint  Sébastien  (Passavant  27  —  G  9).  —  De  face,  nu  jusqu'aux 
genoux,  adossé  à  un  arbre  une  draperie  voilant  sa  nudité,  le  saint  a 
les  bras  levés  au-dessus  de  la  tête  et  serrés  par  un  nœud  coulant,  les 
yeux  sont  noyés  dans  l'infini.  Sans  caducée. 

Cette  estampe,  imprimée  sur  papier  au  P  bourguignon,  est  de  la  dernière 
rareté,  une  épreuve  fut  adjugée  4105  francs  à  la  vente  Emile  Galichon. 

La  Femme  au  Miroir  bombé.  —  Elle  est  nue  de  face  et  regarde 
à  gauche,  les  cheveux  flottants  sur  l'épaule  droite,  un  chapeau  à 
plumes  sur  la  tête.  Dans  sa  main  droite  elle  tient  un  miroir  et  un 
voile  qui,  en  passant  dans  sa  main  gauche,  cache  sa  nudité.  En  bas 
à  droite,  une  boule  et  des  quilles. 

Pièce  rarissime  et  inconnue  aux  iconographes  qui  fut  adjugée  à  la  vente 
E.  Galichon  1205  francs. 

Citons  encore,  ne  pouvant  tout  décrire  :  Les  trois  Supplices  (B  17),  rare 
pointe  sèche  adjugée  1025  francs  à  la  vente  Seymour  Haden  —  La  Sainte- 
Famille  sous  une  treille  (B  4).  Ventes  :  Guichardot,  290,  Schloesser,  1250, 
Angiolini,  825  —  Cléopàtre  (P  28),  vente  Holford  675,  et  enfin  son  grand  bois 
si  rare  en  six  planches:  Vue  perspective  de  Venise  en  l'an  1500,  adjugé  en 
1er  état  à  la  vente  Angiolini  1000  francs. 


208  ÉCOLE    ITALIENNE 


BRESCIA  (G.-A.  de) 

Artiste  appartenant  à  l'école  de  Padoue,  on  ignore  les  dates  de  sa 
naissance  et  de  sa  mort,  il  llorissait  au  commencement  du  xvi"  siècle,  son 
métier  varie  beaucoup,  tantôt  s'attachant  à  la  manière  de  Durer,  tantôt  au 
contraire,  pastichant  Raimondi  et  Mantegna  ;  il  est  peu  original,  ce  qui 
n'empêchent  pas  les  soixante  et  quelques  estampes  qu'il  grava  d'être  rares 
et  recherchées. 


La  Vierge  avec  des  Saints  (P  33).  —  Assise  dans  une  niche, 
la  Vierge  offre  une  grenade  à  l'Enfant  Jésus  qui  est  sur  les  genoux  de 
sainte  Anne  ;  sainte  Hélène  est  à  gauche  et  saint  Michel  à  droite.  Au 
has  trois  inscriptions  d'une  ligne  chacune.  Sans  signature. 

Pièce  rarissime  adjugée  à  la  vente  E.  Galichon  7700  francs. 

Hercule  tuant  l'Hydre  de  Lerne  (B.  12).  —  De  face,  debout  et 
nu,  son  manteau  soulevé  de  ses  épaules  comme  par  un  vent  violent, 
Hercule  étreint  de  la  main  gauche  l'hydre  de  Lerne  qui  est  enroulée  à 
son  bras,  la  gueule  ouverte  et  menaçante,  il  la  fixe  levant  sur  elle 
sa  main  droite  armée  d'un  bâton.  Sous  la  queue  de  l'hydre  les  lettres 
/.  F.  T.,  et  sur  le  côlé  droit  de  l'estampe  :  Divo  Hercules. . . 

Bartsch  et  Passavant  attribuent  tous  deux  cette  pièce  à  Hrescia,  malgré  la 
signature  I.  F.  T.,  nous  ne  nous  reconnaissons  pas  la  compétence  suffisante 
pour  nous  prononcer.  Un  exemplaire  vente  E.  Galichon  1200  francs. 

La  Sainte  Famille  (H  5).  —  L'Enfant  Jésus  est  debout  sur  les 
genoux  de  la  Vierge  au  milieu  de  l'estampe  ;  à  gauche  sainte  Elisabeth, 
cl  saint  Jean  qui  offre  une  fleur  à  l'Enfant  Dieu.  Pas  de  signature. 

h,  licieu.se  pièce  adjugée:  vente  Fislier  762;  Holford  :i(>75. 


CAMPAGNOLA   (Dominique) 

Appartenant  à  l'école  de  Lombardie  et  de  Padoue,  cet  habile  et  grand 
artiste  naquit  en  1181,  et  mourut  à  Venise  en  1550,  <>n  ledit  Mis  du  sculpteur 
Jérôme  Campagnola.  Il  a  lait  quelques  bois,  mais  c'est  surtout  à  ses  gravures 
sur  cuivre  qu'il  doil  sa  célébrité  On  croit  qu'il  eut  pour  maître  Le  Titien. 
Son  œuvre  est  d'une  trentaine  île  pièces. 


ÉCOLE   ITALIENNE  209 

Douze  Enfants  dansant  (Passavant  16  —  E.  Galichon  15).  — 
Douze  garçons  et  filles  se  tiennent  par  la  main.  A  gauche,  un  garçon 
de  profil  avec  une  petite  fille  qui  lève  le  bras  gauche  ;  de  ce  même 
côté,  un  autre  garçon  qui  joue  du  tambourin.  Au  milieu  du  bas  de 
l'estampe,  dans  un  cartel  carré,  on  lit  :  Dominicus  Càpagnola  1517. 

Rarissime  et  délicate  pièce  en  travers,  le  chef-d'œuvre  du  Maître,  d'après 
Le  Titien  sans  doute,  dont  un  exemplaire  imprimé  à  l'encre  rouge  fut 
adjugé  3700  francs  à  la  vente  E.  Galichon.  —  L'épreuve  du  Département  des 
Estampes  est  imprimée  en  noir.  —  Vente  Reiss  625  francs. 

Vénus  (E  G  14).  —  Adossée  à  un  bouquet  d'arbres,  la  déesse 
nue,  de  trois  quarts  à  droite,  est  assise  dans  la  campagne  sur  un  pan 
d'étoffe  ;  le  coude  droit  supporte  le  poids  du  corps  et  la  main  gauche 
s'allonge  sur  la  cuisse  droite  qui  est  atrocement  dessinée.  Au  fond 
à  droite,  une  route  aboutissant  à  des  maisons.  Dans  le  coin  gauche 
inférieur  sur  un  cartouche  :  .DO.  CAMP.  1517. 

A  la  vente  Reiss  un  bel  exemplaire  de  cette  rarissime  estampe  fut  adjugé 
725  francs. 

La  Danse  des  Demoiselles.  —  Quatre  femmes  demi-nues  et 
vêtues  de  tunique  flottante  et  transparente  dansent  en  se  tenant  par 
la  main,  celle  du  milieu  de  la  composition  est  vue  de  dos. 

Très  rare  et  très  remarquable  estampe  pleine  de  séduction,  restée  inconnue 
à  tous  les  iconographes. 

Paysage  avec  un  Village  (P  24). 

Pièce  inconnue  à  Bartsch,  dont  un  des  rarissimes  exemplaires  atteignit  le 
prix  de  3625  francs  à  la  vente  Reiss  en  1901.  —  On  en  trouve  des  épreuves 
de  tirage  moderne. 


CAMPAGNOLA  (Jules) 

Cet  artiste  est  considéré  ajuste  titre,  comme  le  plus  célèbre  des  Campagnola, 
il  naquit  à  Padoue  en  1482  et  mourut  à  une  date  restée  ignorée.  Son  faire 
rappelle  un  peu  celui  de  Mantegna  ;  son  œuvre,  très  recherché,  comporte 
une  vingtaine  de  pièces,  il  en  a  gravé  quelques-unes  en  se  servant  du  maillet, 
procédé  dit  opus  malei.  Il  appartient  à  l'école  de  Venise.  —  Ottley  a  l'ait  son 
catalogue  ainsi  qu'Emile  Galichon. 

u 


21(1  ÉCOLE  ITALIENNE 

La  Samaritaine  (Bartsch  2  —  Galichon  2).  —  Le  Christ,  près 
d'un  puits  orné  de  deux  têtes  de  béliers,  s'adresse  à  la  Samaritaine 
qui  s'avance  pour  puiser  de  l'eau  après  avoir  posé  son  vase  sur  la 
margelle  ;  à  droite  un  tronc  d'arbre,  au  loin  des  îles  et  des  monuments 
se  reflétant  dans  l'eau,  une  tour  carrée  domine  ces  constructions  du 
milieu  desquelles  elle  s'élève. 

Une  des  pièces  capitales  et  très  rares  de  l'œuvre.  Le  1er  état  est  avant  les 
taches  dans  le  ciel  à  droite  de  la  tour.  —  Un  exemplaire  fut  adjugé  à  la  vente 
E.  Galichon  2300  francs,  il  avait  une  grande  marge. 

Ganymède  (B  5  —  G  6).  —  S'envolant  vers  la  gauche,  l'aigle 
emporte  sur  son  dos,  dans  l'espace,  Ganymède  qui  est  terrifié  de  voir 
au-dessous  de  lui,  mer,  montagnes  et  maisons. 

Rare  estampe,  gravée  suppose-t-on,  d'après  Mantegna.  Dans  le  1er  état  on 
lit  en  haut  à  droite  Iulius  Compagnola,  dans  le  2e,  le  mot  Antenoreus  a  été 
ajouté  sous  le  nom  de  l'artiste.  Le  paysage  est  celui  de  la  Vierge  au  Singe, 
de  Durer.  —  Un  exemplaire,  vente  E.  Galichon,  1900  francs. 

Le  jeune  Berger  (B  6  —  G  8).  —  Un  jeune  berger  est  assis  sur 
un  tertre  dans  une  pose  alanguie,  son  bras  droit  est  appuyé  sur  une 
souche  et  il  a  cessé  de  jouer  de  sa  flûte  double.  A  droite  dans  un  creux 
ou  repli  de  terrain,  apparaît  la  tête  d'un  vieillard.  Au  fond,  paysage 
et  montagne. 

E.  Galichon  considère  cette  pièce  exquise  comme  le  chef-d'œuvre  du 
Maître,  à  sa  vente  elle  fit  2250  francs. 

Le  Daim  enchaîné  (P  15). 

De  toute  rareté,  exécutée  uu  maillet  et  adjugée  725  francs  à  la  vente 
Angiolini. 

Le  jeune  Homme  contemplant  une  tête  de  mort  (P  12  — 
G  10).  —  Assis  au  milieu  de  rochers,  demi-nu  et  drapé  dans  un 
lambeau  d'étone,  le  coude  gauche  appuyé  sur  un  tronc  d'arbre,  la 
main  ramenée  sur  la  tête,  l'homme  songe,  il  est  de  profil  à  droite,  les 
yeux  mi-clos  et  baissés  regarde  la  tète  de  mort  qui  est  à  ses  pieds. 
Au  fond  à  droite,  des  maisons.  Au  lias  de  l'estampe  une  inscription 
de  deux  lignes  à  peine  lisible  se  terminant  par  le  mot  rapit. 

Superbe  burin  enveloppé  à  la  pointe  sèche,  très  rare. 


ÉCOLE   ITALIENNE  211 

Sainte  Geneviève  (P  10  —  G  4).  —  Demi-nue,  assise  dans  une 
anfractuosilé  de  rochers,  elle  donne  le  sein  à  son  enfant.  Au  fond  à 
droite,  un  homme  à  longue  barbe  et  à  quatre  pattes  —  comme  on  dit 
familièrement  —  des  constructions  et  des  collines.  Dans  le  coin 
gauche  supérieur  :  Julius  Campagnola  Antenoreus. 

Pièce  aux  contours  très  cernés  et  exécutée  pour  ainsi  dire  presque  au  trait. 

Le  jeune  Berger  (P5  —  G  12).  —  Sur  le  tout  premier  plan,  assis 
ou  plutôt  couché  sur  le  dos  la  tête  à  gauche,  un  berger  joue  du 
chalumeau  qu'il  tient  dans  la  main  gauche,  derrière  lui  une  chèvre  et 
un  mouton.  Au  fond,  des  maisons  et  des  arbres  légèrement  indiqués, 
et  dans  le  haut  du  coin  droit  :  Julius  Câpagnola. 

Jolie  estampe  très  finement  gravée,  l'exemplaire  du  Département  des 
Estampes  est  fort  beau.  —  Il  existe  une  copie  en  contre-partie. 

Le  vieux  Berger  (B  7). 

Pièce  de  la  dernière  rareté  gravée  avec  une  grande  finesse,  dans  le  haut 
du  coin  droit  le  monogramme.  Un  exemplaire  superbe  fut  adjugé  par 
H. -G.  Gutekunst,  en  avril  1893,  le  gros  prix  de  4737  francs.  —  Il  existe 
des  copies  par  Augustin  le  Vénitien. 

Saint  Jean-Baptiste  (B  3).  —  Il  est  debout  de  face  dans  un 
paysage,  la  bouche  demi-ouverte,  la  main  droite  relevant  le  pan  de 
sa  tunique,  la  gauche  tenant  une  coupe  à  la  hauteur  du  sein  gauche. 
Il  regarde  à  gauche.  Au  fond,  arbres,  montagnes  et  maisons  ;  à  gauche, 
des  moutons  et  deux  bergers. 

Pièce  très  curieuse  comme  métier,  le  paysage  et  certaines  parties  du 
vêtement  du  personnage  donnent  à  l'oeil  la  sensation  du  procédé  litho- 
graphique ;  c'est,  croyons-nous,  la  seule  estampe  de  l'œuvre  traitée  ainsi. 

Ventes  :  Liphart,  500  —  Didot,  250  —  Fisher,  toute  première  épreuve, 
800  -  Defer  Dumesnil,  505. 


CANALETTI'  (Antonio) 

Né  à  Venise  en  1697,  il  y  mourut  en  1768.  Les  eaux-fortes  —  vue  d'Italie  — 
de  ce  Maître  sont  admirables,  faites  de  rien  pourrait-on  dire,  elles  ont  de  par 
leur  sobriété  même  une  saveur  et  une  couleur  absolument  personnelles. 
Elles  sont  peu  communes  et  malgré  cela  le  prix  n'en  est  jamais  très  élevé.  Ce 
n'est  qu'excessivement  rarement  qu'il  en  passe  en  ventes  publiques,  ce  qui 


'  He  son  vrai  nom  C«/io/c  dit  aussi  Canuletlu. 


212  ÉCOLE  ITALIENNE 

laisserait  croire  qu'elles  sont  peu  collectionnées,  nous  nous  expliquons 
difficilement  le  fait,  ces  estampes  étant,  nous  le  répétons,  d'un  pittoresque  sans 
égal  ;  mais  hélas!  en  matière  collectionnable  il  ne  faut  s'étonner  de  rien. . . 

Parmi  celles  que  nous  recommandons  tout  spécialement  aux  délicats  nous 
mentionnerons  :  Aie  Porte  del  Dolo  —  Al  Dolo  —  La  Piera  del  Bando 
(palais  ducal  Piazetta)  —  Le  Preson  —  Le  Procuratie  nioue  e  S.  Ziminian  — 
Le  Porte  del  Dolo  —  Pra  délia  Valle,  et  surtout  ces  deux  chefs-d'œuvre: 
Mestre  et  La  Torrc  di  Malghera. 

A  la  vente  Malinet,  en  1887,  vingt-cinq  eaux-fortes  Vues  de  Venise  et 
Environs,  avant  les  lettres  et  les  numéros  au  bas  a  droite,  furent  adjugées 
176  francs;  à  celle  de  Lacroix,  en  1901,  trente-deux  pièces  plus  le  titre,  dont 
quelques-unes  avant  les  numéros,  atteignirent  265  francs.  On  le  voit  on  les 
a  pour  rien,  nous  engageons  donc  vivement  à  profiter  des  occasions. 


CARRACHE  (Les) 

Augustin-Annibal  et  Ludovic,  artistes  de  la  décadence  italienne  dont  l'œuvre 
terriblement  monotone  et  triste,  n'est  pas  selon  nous,  digne  d'arrêter 
l'attention  du  collectionneur.  Des  trois  cents  et  quelques  pièces  qui  le 
composent,  nous  n'en  retiendrons  qu'une,  mais  celle-là  magistralement  belle. 

Portrait  du  Titien  (Bartsch  154).  —  En  buste  de  profil  à  gauche, 
la  tèle  coiffée  d'une  calotte,  il  est  revêtu  d'un  vêtement  de  fourrure 
laissant  entrevoir  son  pourpoint,  il  porte  toute  sa  barbe.  En  bas  dans 
la  tablette,  une  légende  commençant  par  ces  mots:  ///",0  et  Rmo..., 
et  dans  le  coin  droit  :  1587. 

Cette  estampe  est  l'œuvre  d'Annibal.  Le  1"  état  est  avant  l'inscription 
Titiani  Vecellii. . .,  il  est  fort  rare. 

Ventes  :  Didot,  1er  état,  600  —  Holford,  même  état,  750  —  Angiolini,  même 
état,  687  —  Defer-Dumesnil,  dernier  état,  80. 


FINIGUERRA   (Maso) 

Le  plus  célèbre  des  niellears  italiens,  naquit  à  Florence  en  1426  et  mourut 
vers  1 170.  Il  ne  fut  pas  l'inventeur  de  la  gravure  comme  on  l'a  dit  à  tort, 
mais  bien  le  premier  ou  l'un  des  premiers  ù  avoir  imprime  sur  papier  la 
planche  gravée. 

On    le   considère   généralement1    comme    l'auteur   du    plus    beau   nielle 


i  Nous  disons  généralement,  car  quelques  écrli  nus  d'art  tels  que  ttumohr  et  tout  dorolèro- 
ment  Eugène  Durait  m-  refluent  i  lui  en  attribuer  la  paternité  ;  ce  dernier,  croyons-nous,  ne 
voulant  point  ajouter  fol  au  prétendu  p  dément  de  cette  pièce  *'•*'<  ilm-ins  ii\n  î  livre  r.  ti.-uirrs 
mentionna  i  dans  les  archives  \  \  de  1 163  du  syndicat  îles  marchands  île  Florence, 


ÉCOLE   ITALIENNE  213 

imprimé  connu,  La  Paix  de  Florence,  1452,  représentant  L'Assomption  de  la 
Vierge  '  (Duchesne  129)  ou  à  plus  proprement  parler,  Le  Couronnement  de 
la  Vierge.  Ce  nielle  —  nous  parlons  de  l'épreuve  —  est  la  merveille  des 
merveilles  et  malgré  l'extrême  finesse  de  certains  burins  allemands,  nous 
n'en  connaissons  aucun  qui  lui  puisse  être  comparé. 

La  plaque  d'argent  originale  —  le  nielle  lui-même  —  est  aujourd'hui  au 
Musée  Bargello  de  Florence,  et  pèse  dit  Dutuit  107  grammes  et  la  monture 
en  vermeil  qui  l'entoure  1 k  073.  Il  existe  deux  exemplaires  d'empreintes  en 
soufre  :  l'un,  qui  provient  de  chez  le  marquis  Durazzo,  fut  acquis  en  1872, 
croyons-nous,  par  le  baron  Edmond  de  Rothschild  ;  l'autre,  qui  sort  de 
chez  le  marquis  de  Serati 2  et  de  chez  le  duc  de  Buckingham,  est  actuelle- 
ment au  British  Muséum  depuis  1835. 

On  s'est  longtemps  demandé,  et  certains  se  le  demandent  encore,  si  les 
épreuves  sur  papier  étaient  tirées  directement  sur  le  nielle  lui-même  —  sur 
le  métal,  la  planche  en  un  mot  —  ou  sur  l'empreinte  en  soufre.  Notre  opinion 
est  depuis  longtemps  faite  sur  ce  sujet  ;  elles  étaient  tirées  directement  sur 
le  nielle  lui-même3.  Il  ne  doit  subsister  l'ombre  d'un  doute  à  cet  égard,  la 
fragilité  du  soufre  d'abord,  n'eut  pas  permis  ce  tirage,  et  ensuite  l'épreuve 
qui  en  eut  résulté,  eut  été  loin  de  présenter  la  finesse  et  la  netteté  qui  sont 
l'apanage  des  gravures  provenant  des  nielles.  Bartsch  néanmoins  a  eu  la 
naïveté  de  soutenir  le  contraire,  en  affirmant  que  Le  Couronnement  de  la 
Vierge  qui  nous  occupe,  avait  été  tiré  sur  l'empreinte  en  soufre  de  Sérati. 
Eh  bien  1  qu'on  nous  passe  le  mot,  nous  allons  coller  Bartsch  et  cela  d'une 
façon  absolument  irréfutable,  en  lui  disant  que  :  si  l'épreuve  avait  été  tirée 
comme  il  l'assure,  la  légende  et  les  noms  des  saints  ne  seraient  pas  écrits 
à  rebours  comme  ils  le  sont  sur  l'épreuve  en  question,  mais  bien  ci  l'endroit, 
ce  qui  n'est  pas. 

Qu'on  veuille  bien  nous  lire  avec  attention  et  contrôler  scrupuleusement 
les  opérations  suivantes  qui,  dans  l'esprit  de  Bartsch,  ont  dû  être  ainsi 
faites  : 

Sur  la  plaque  qui  n'est  pas  encore  niellée,  mais  gravée  seulement,  la 
légende  et  les  noms  des  saints  sont  écrits  en  caractères  non  renversés,  on 
coule  du  soufre  sur  cette  plaque,  l'empreinte  qui  en  résulte  présente  ces 
caractères  renversés  —  ceci  n'est  pas  discutable  —  on  encre  alors  le  soufre 
et  l'épreuve  qui  en  résulte  donne  les  caractères  redressés.  On  voit  donc  la  gafTe 
colossale  faite  par  réminent  iconographe  qui  étant  du  bâtiment  aurait  bien 
dû  s'en  abstenir  !  !  Ajoutons  —  chose  vraiment  curieuse  à  constater  —  que 
jusqu'à  présent  personne  encore,  parmi  ceux  qui  ont  combattu  son  assertion, 
n'a  songé  à  donner  la  raison  péremptoire  et  sans  réplique  que  nous 
venons  d'exposer,  raison  qui  eut  clôt  victorieusement  les  débats  en 
annihilant  tous  les  commentaires  ultérieurs  qui  auraient  pu  se  produire. 


1  Voir  Duchesne  aîné.  Essai  sur  les  Sielles,  Paris,  Merlin.  1826.  Cet  écrivain  remarquable  fut 
conservateur  de  notre  Département  des  Estampes  de  1839  à  1855. 

'  Il  avait  été  acheté  à  Malte  en  1813  par  un  capitaine  anglais  qui  le  vendit  150  livres  sterlings 
à  Colnaghi  qui,  à  son  tour,  le  céda  pour  250  livres  au  duc  de  Buckingham. 

3  Nous  ne  voulons  pas  dire  pour  cela,  qu'exceptionnellement  des  essais  de  tirage  sur  le 
soufre  n'aient  pas  été  tentés,  mais  nous  nous  refusons  à  croire  que  les  épreuves  en  provenant 
fussent  présentables. 


214  ÉCOLE  ITALIENNE 

C'est  l'abbé  Zani  qui,  à  la  fin  de  1797,  découvrit  la  précieuse  pièce  dans  la 
collection  du  Département  des  Estampes,  elle  provenait  de  chez  l'abbé 
de  Marolle,  dont  le  cabinet  avait  été  commencé  avant  tous  les  autres 
cabinets  d'Europe.  On  s'étonne  qu'une  pièce  de  cette  importance  n'existe 
qu'à  l'état  d'unité.  En  1841,  Robert  Dumesnil  avait  cru  en  trouver  une 
seconde  épreuve  dans  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal,  mais  elle  était  apocryphe. 
L'année  suivante  un  autre  exemplaire  fut  présenté  à  Colnaghi  de  Londres, 
mais  c'était  une  seconde  épreuve  de  celle  rencontrée  par  Robert  Dumesnil. 
En  1802,  Pauquet  en  a  fait  une  copie  et  Antoine  Roggerone  également  aux 
frais  du  marquis  Durazzo,  mais  en  y  inscrivant  Anrus  au  lieu  de  Anbrus. 

Nous  prévenons  les  amateurs  que  l'encre  dont  on  se  servait  pour  imprimer 
les  nielles  —  comme  du  reste  presque  toutes  les  estampes  de  l'école 
italienne  —  n'étant  pas  très  fixe,  il  faut  éviter  de  les  metttre  dans  l'eau, 
surtout  dans  l'eau  chaude,  car  on  risquerait  de  les  détériorer. 

Les  nielles  —  ce  sont  des  estampes  dont  nous  parlons  —  sont  très  rares, 
de  petites  dimensions,  de  tailles  très  nettes  et  très  fines,  le  fond  toujours  ou 
presque  toujours  noir1,  et  les  inscriptions  quand  il  y  en  a,  en  caractères 
renversés*.  On  peut  estimer  à  environ  1200  le  nombre  de  nielles  connus  exis- 
tant; les  plus  riches  collections  sont  celles  du  baron  Edmond  de  Rothschild, 
du  British  Muséum  et  du  cabinet  de  Dresde.  Il  est  rare  de  rencontrer 
plusieurs  exemplaires  d'un  même  nielle;  les  nielles  italiens  sont  infiniment 
supérieurs  aux  allemands  et  beaucoup  plus  recherchés  que  ces  derniers. 

L'Assomption  (Duchesne  129).  —  Assise  sur  un  trône  de  profil 
à  gauche  dans  le  milieu  du  haut  de  l'estampe,  les  mains  croisées  sur 
la  poitrine,  la  Vierge  est  couronnée  par  le  Sauveur  qui  porte  sur  sa 
tète  le  bonnet  des  Doges.  Au-dessous  de  celte  scène  à  genoux  saint 
Augustin  et  saint  Ambroise  et  nombre  d'aulres  saints  et  saintes. 
Dans  le  haut  de  l'estampe  à  droite,  sous  l'espèce  de  portique  où  a 
lieu  le  couronnement,  des  anges  sonnent  de  la  trompette  ;  la  partie 
correspondante  à  gauche  n'est  pas  terminée  et  est  assez  confusément 
indiquée  au  trait  ;  dans  la  banderole  que  tiennent  les  anges  au-dessus 
du  cinlre  du  portique,  on  lit  écrit  à  rebours  :  Assumpta  esl  Maria 
incelum  ave  exercitas  angeloram,  également  à  l'envers  Agosti  et  Anbrus 
sur  le  collet  des  vêtements  des  deux  saints  précités. 

Pièce  unique  et  superbe  cintrée  par  le  haut,  d'une  conservation  merveilleuse 
contenant  environ  43  personnages.  —  Elle  est  exposée  dans  la  salle  de  travail 
du  Département  des  Estampes, 


'  Quand  le  fond  est  blanc  c'est  que  lu  pièce  n'était  pas  terminée,  ceux-là  sont  une  exception. 

'  Il  en  existe  cependant  avec  les  inscriptions  en  caractères  à  l'endroit,  mais  ce  nous  scinlilc 
alors  plutôt  être  de  simples  petites  estampes  que  des  nielles,  c;ir  le  nielle  métal  nvnit  toujours 
ses  légendes  en  caractères  non  ruioeratt,  étant  un  objet  dont  la  destination  n'éUlit  point  d'être 
reproduit  par  l'impression.  I.i-s  nirll.'s  qui  serraient  d'ornements  remontent  nu  vu*  siècle,  ils 
disparurent  complètement  de  1515  a  1520. 


ÉCOLE   ITALIENNE  215 

L'Adoration  des  Mages  (D  32). 

Cet  admirable  nielle  d'une  importance  inusitée  mesurant  :  H.  168mm  — 
L.  100mm,  passa  à  la  vente  E.  Galichon  où  il  fut  adjugé  4100  francs;  il  est 
actuellement  au  Département  des  Estampes. 

Voir  plus  loin  à  la  rubrique  Nielles. 


FRANCIA'  (Jacopc) 

Artiste  appartenant  à  l'école  de  Bologne,  né  en  1450,  mort  dans  la  même 
ville  en  1517.  Son  œuvre  est  peu  considérable,  une  vingtaine  de  pièces 
environ  ;  la  manière  du  maître  rappelle  quelquefois  celle  de  Marc  Antoine. 

Il  a  aussi  gravé  7  à  8  nielles. 

La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  sur  des  nuages.  —  La  Vierge, 
la  tète  auréolée  tournée  à  gauche,  est  assise  sur  des  nuages,  ses  pieds 
reposent  sur  le  croissant,  l'Enfant  Jésus  assis  sur  son  bras  droit  donne 
sa  bénédiction,  tenant  de  sa  main  gauche  une  banderole  sur  laquelle 
on  lit  :  Ego  sum,  nolite  timere. 

Pièce  rarissime  demeurée  inconnue  à  Bartsch,  dont  il  ne  faut  recueillir 
que  les  premières  épreuves,  c'est-a-dire  avant  la  signature  /.  F.  et  l'inscription 
incomplète . 

Un  fort  bel  exemplaire  fut  adjugé  à  la  vente  Liphart  1137  francs. 

La  Sainte  Famille  (B  2).  —  La  Vierge  est  assise  à  droite,  elle 
tient  l'Enfant  Jésus  debout  dans  une  cuvette  dans  laquelle  une  femme 
s'apprête  à  verser  de  l'eau.  Près  de  cette  femme  on  remarque  un  singe 
et  un  enfant  assis  ;  à  travers  la  porte  de  la  chambre  où  se  passe  cette 
scène  on  aperçoit  un  paysage  et  un  passant  au  milieu  de  ce  paysage. 

Très  rare  estampe;  une  épreuve,  vente  E.  Galichon,  adjugée  670  francs. 


LIPPP  (FraFilippo) 

Primitif  né  en  1412  et  mort  en  1469  à  Spoleto  où  il  est  enterré  dans  la 
cathédrale  ;  il  a  longtemps  travaillé  à  Florence  et  a  été  un  des  premiers  à 
exercer  l'art  de  la  gravure  en  Italie,  malheureusement  son  métier  est  sec,  il 
grava  presque  toujours  au  trait  et  ses  ombres  n'ont  qu'une  seule  taille.  Son 
œuvre  peu  considérable  est  fort  recherche  et  se  paie  très  cher. 


1  Ou  Francesco  Raibolini. 

»  Consulter  :  Fra  Filippo  Lippi  par  Edward  C.  Strutt,  London.  George  Bell  &  Sons,  1901. 


216  ÉCOLE    ITALIENNE 

L'Annonciation  (Passavant  1).  —  Dans  le  temple,  dont  la  colonne 
occupe  le  centre  de  l'estampe,  à  gauche  l'ange  à  genoux  de  profil  à 
droite,  vient  annoncer  à  Marie  qui  se  détourne  vers  lui  en  se  penchant, 
qu'elle  va  être  la  mère  du  Sauveur  ;  tout  à  fait  à  droite,  le  pupitre 
devant  lequel  elle  était  debout.  Sans  signature. 

Cette  estampe  exécutée  presqu'au  trait  est  excessivement  rare,  une  épreuve 
passa  à  la  vente  E.  Galichon  et  y  fut  adjugée  3305  francs. 

Le  Christ  présenté  au  Peuple  (P  7).  —  Assis  au  milieu  de 
l'estampe  devant  la  porte  d'entrée  du  temple,  le  Christ,  les  yeux 
bandés,  est  entouré  de  soldats  et  de  peuple  ;  un  personnage  placé 
derrière  lui  s'apprête  à  le  frapper,  pendant  que  d'autres  sont  à  genoux 
devant  lui.  Sans  signature. 

Rarissime,  le  1"  état  est  avec  la  couronne  d'épines,  un  exemplaire  fut 
adjugé  3505  francs  à  la  vente  E.  Galichon. 

La  Présentation  au  Temple  (P  4).  —  A  l'entrée  du  Temple, 
saint  Siméon  au  milieu  de  l'estampe  tient  l'Enfant  Jésus  dans  ses 
bras;  à  droite  la  Sainte  Vierge;  à  gauche  saint  Joseph  apportant  deux 
colombes.  Sans  signature. 

Vente  :  E.  Galichon,  1005  francs. 

La  Vierge  entre  deux  Anges  (B  3).  —  Au  milieu  de  l'estampe, 
la  Vierge  est  assise  de  face,  la  tête  penchée  à  gauche,  elle  tient  dans 
sa  main  un  rouleau  de  papier  à  demi  déployé  et  son  bras  droit 
soutient  Jésus  nu  debout  sur  ses  genoux  ;  saint  Jean  enfant  genou  en 
terre  offre  au  Sauveur  un  agneau.  A  droite  et  à  gauche  deux  anges 
debout  jouent  de  la  musique,  celui  de  droite  porte  sur  la  poitrine  les 
initiales  M.  A.  Sur  le  tout  premier  plan  de  chaque  coté  de  la  compo- 
sition des  lapins  gambadent.  Au  milieu  dans  un  cartouche  sur 
trois  lignes  on  lit  :  Dive  Marie  Virgini.  Au  fond  un  fleuve  et  des 
constructions.  Sans  signature. 

L'estampe  qui  est   à  la  Réserve  est  superbe,  c'est  la  plus  belle  pièce  de 
tout  l'œuvre. 

Le  Triomphe  de  la  Renommée  (P  75,  page  71).  —  Sur  une 
sorte  de  caisse  rectangulaire  entourée  de  tous  les  peuples  du  monde 
et  traînée  par  deux  éléphants,  se  dresse  une  pièce  d'orfèvrerie 
surmontée  d'un  disque  an  milieu  duquel  la  Renommée  est  assise  de 


ÉCOLE   ITALIENNE  217 

face  tenant  un  glaive  nu  dans  la  main  droite  et  le  Dieu  de  l'amour 
dans  la  gauche  ;  derrière  elle,  une  montagne  ;  à  droite  et  à  gauche  de 
ce  médaillon  dans  le  haut  de  l'estampe,  des  nuages. 

Un  superbe  exemplaire  de  cette  très  rare  estampe  fut  adjugé  en  avril  1891 
à  Stuttgart  par  H.-G.  Gutekunst,  3135  francs. 


LONGHI  (Giuseppe) 

Artiste  fort  habile,  né  à  Monza  en  1766,  mort  à  Milan  en  1831.  Ses  estampes 
eurent  leur  heure  de  célébrité  il  y  a  une  quarantaine  d'années  ;  elles  sont, 
croyons-nous,  un  peu  moins  recherchées  aujourd'hui;  à  moins  de  tous 
premiers  états  et  de  conditions  de  beauté  exceptionnelles,  on  les  délaisse. 
Nous  en  citerons  deux  des  plus  remarquables. 

La  Madeleine  lisant  dans  le  désert  (Le  Blanc  14). 

Pièce  superbe  gravée  en  1810  pour  MM.  Artaria  de  Mannheim,  moyennant 
75000  francs,  d'après  Le  Corrège  ',  adjugée  à  la  vente  Holford,  1425  francs  ; 
elle  était  en  1"  était  avant  les  armes  et  seulement  avec  les  noms  des  artistes. 

Le  Mariage  de  la  Vierge  (L  B  4). 

Tirée  à  1200  épreuves  numérotées  de  1  à  1200  pour  les  souscripteurs,  il  y 
en  eut  douze  cents  autres  sans  numéro,  toutes  avec  l'adresse  de  Bardi 
l'imprimeur  ;  elles  sont  recherchées  seulement  avec  cette  adresse,  celles 
portant  le  nom  de  Lissant  sont  à  rejeter.  Estampe  gravée  d'après  Raphaël 
en  1820,  les  premiers  états  sont  de  toute  rareté.  —  A  la  vente  Holford,  un 
3e  état  sur  japon  avec  les  vers  tracés  à  la  pointe  fut  payé  500  francs. 

La  planche  fut  retouchée  par  Marri,  les  derniers  états  sont  reconnaissables 
par  le  monogramme  qui  est  sur  le  temple. 


MAITRE  A  LA  RATIERE 

On  ne  sait  rien  de  cet  artiste,  né  à  la  fin  du  xv«  siècle.  Certains  le 
classent  dans  l'école  néerlandaise,  d'autres  comme  Bartsch  et  Passavant  le 
considèrent  comme  italien.  Il  s'appelait  Nadat  ou  Na  Dat,  mais  est  plutôt 
connu  sous  la  rubrique  du  Maître  ci  la  Ratière,  parce  que  la  plupart  de 
ses  estampes  portaient  une  souricière  dans  laquelle  une  souris  s'apprêtait 
à  rentrer.  Il  gravait  fin. 


<  Dont  la  toile  originale  est  à  la  galerie  de  Dresde. 


218  ÉCOLE   ITALIENNE 

La  Vierge  et  sainte  Anne  (Bartsch  1).  —  Assise  dans  une  sorte 
de  niche  centrale  entre  deux  portiques  cintrés,  la  Vierge  de  face  à 
droite  a  l'Enfant  Jésus  sur  ses  genoux,  sainte  Anne  à  gauche  de  profil 
à  droite  regarde  le  groupe  divin.  Sous  leurs  pieds,  un  cartouche 
portant  une  légende  commençant  par  ces  mots  :  Gratia  ex  qua... 
A  travers  le  portique  de  gauche  on  aperçoit  un  herger  et  son  troupeau, 
à  travers  celui  de  droite,  un  vieillard  couché  au  pied  d'un  arbre. 
Au-dessus  des  scènes  vues  à  travers  les  portiques,  deux  anges 
descendent  du  ciel  tenant  chacun  une  tablette  ;  dans  celle  de  gauche 

on  lit:  Recli  ad et  dans  celle  de  droite:  Fili  davit Sur  le 

carrelage  en  damier  du  temple  en  bas  à  droite,  la  ratière. 

Très  rare  et  belle  pièce  finement  gravée. 

Ventes  :  E.  Galichon,  1er  état  avant  l'adresse  de  Salamanca,  1700,  provenait 
de  la  collection  Durand  —  Didot,  100  —  Oppermann,  115. 


Les  Enfants  monstrueux  (P  3).  —  Dans  un  bois,  à  travers 
1  eclaircie  duquel  on  aperçoit  la  mer,  deux  enfants  s'amusent,  l'un  est 
à  quatre  pattes  ayant  sa  sœur  sur  son  dos  ;  ils  sont  dos  à  dos,  la  tète 
de  la  fille  est  à  droite,  tandis  que  la  tète  du  frère  est  à  gauche.  Sur  un 
gros  arbre  qui  est  à  gauche,  une  tablette  portant  une  inscription 
commençant  par  ces  mots  :  Quos  desianatos. . . ,  et  au  pied  de  ce  même 
arbre  :  Nadat  et  la  ratière,  et  tout  à  fait  à  droite  sur  une  pierre  les 
initiales  T.  N.  ' 

Les  deux  Armées  (B  2).  —  Deux  armées  de  cavaliers,  dont  les 
soldats  sont  munis  de  lance  et  d'étendard  qu'ils  tiennent  perpendi- 
culairement, sont  en  présence.  Sur  le  tout  premier  plan  à  gauche  un 
canon  avec  des  boulets,  et  au  milieu  de  la  composition  au  deuxième 
plan  deux  personnages  face  à  face  semblant  se  menacer,  leur  toque 
est  ornée  de  plumes.  Au  milieu  de  l'estampe  :  1530  Nadat  et  la  ratière, 
et  au-dessus  :  Ant  Sal  exe. 

Cette  pièce  qui  est  fort  belle  est  dite  aussi  La  Bataille  de  Charles  le  Hardi  — 
A  la  vente  Holford,  un  l"  état  avant  la  date  et  l'adresse  fut  adjugé  775  francs; 
très  rare. 


'   Lettres  dont  on  n'n  jnmais  pu  expliquer  In  slgnidcntion. 


ÉCOLE   ITALIENNE  219 


MAITRE  au  monogramme  M. 

La  Mort  surprenant  une  Femme  nue  (Bartsch  XV,  p.  541).  — 
Une  femme  nue  de  trois  quarts  à  droite  tourne  la  tête  pour  se  voir 
dans  une  glace  placée  derrière  elle  ;  elle  lève  son  bras  droit  au-dessus 
de  sa  tête,  tandis  que  du  gauche  elle  esquisse  un  mouvement  qu'elle 
essaie  de  rendre  gracieux.  Au  fond  de  l'estampe  à  gauche,  la  mort  un 
sablier  à  la  main  ricane  en  la  regardant  ;  par  terre  une  roue  debout 
et  une  aile.  Au  bas  de  l'estampe,  entourée  d'un  double  trait  :  Mortalia 
facta  peribunt,  puis  dans  un  cartouche,  une  grosse  lettre  M. 

Pièce  fort  belle  et  fort  rare,  dont  un  exemplaire  existe  au  Département  des 
Estampes  ;  on  la  croit  gravée  d'après  Michel  Ange. 


MAITRE  au  monogramme  P.  P. 

Ou  Martino  da  Udine  surnommé  Pellegrino  da  San  Daniele,  appartient  à 
l'école  de  Lombarilie.  On  le  suppose  élève  de  Jean  Bellini,  il  naquit  vers 
1470  et  mourut  vers  1545.  Il  fut  un  des  premiers,  si  ce  n'est  le  premier,  à  se 
servir  de  ce  procédé  au  pointillé  dit  opus  mallei.  Son  œuvre  est  peu  consi- 
dérable, une  dizaine  de  pièces  environ. 

La  Puissance  de  l'Amour  (B  3  —  P  4  ')•  —  Au  milieu  de 
colonnes,  socles,  piédestaux,  etc.,  on  voit  à  gauche  de  face  un 
homme  et  une  femme  nus  montés  sur  un  entablement,  l'homme  les 
yeux  levés  au  ciel  lui  présente  un  coffret  ;  à  leurs  pieds  un  homme  nu 
également  est  assis  sur  un  cheval  profilant  à  droite  ;  à  terre  deux 
enfants  couchés  près  d'un  vase  occupant  le  milieu  de  l'estampe  ; 
nombreux  autres  personnages  assis,  couchés  et  debout  ;  tout  à  fait  à 
gauche  un  homme  à  genoux  tourné  de  ce  côté  élève  dans  ses  deux 
mains  une  statuette.  Près  du  vase  occupant  le  milieu  de  la  compo- 
sition, les  deux  lettres  P.  P.  avec  un  paraphe  dans  le  bas. 

Composition  allégorique  bizarre  aussi  difficile  à  décrire  qu'à  saisir.  Elle 
est  d'une  excessive  rareté.  —  Il  y  a  deux  états,  dans  le  l"  le  bas  des  lettres 
des  P  n'existe  pas,  dans  le  2e  les  deux  P  et  le  paraphe  sont  nettement 
indiqués. 


1  Passavant  la  rubrique  :  Le  Triomphe  de  Séléne. 


220  ÉCOLE  ITALIENNE 

Ventes  :  Howard,  1«  état,  2275  —  Lipliart,  2«  état,  275  —  Didot,  avant  la 
retouche,  c'est-à-dire  avant  la  disparition  de  la  figure  du  cavalier  qui  est 
dans  le  croissant,  155  —  Angiolini,  même  état,  1190. 


MANTEGNA*  (Andréa) 

Un  des  artistes  les  plus  considérables  de  l'école  italienne,  naquit  en  1431 
à  Padoue,  et  mourut  à  Mantoue  en  1506.  Il  fut  un  des  premiers  graveurs 
sur  cuivre  de  son  pays,  ses  tailles  sont  grosses  et  obliques,  ses  cernures  ou 
contours  brutalement  accusés,  les  valeurs  n'existent  pour  ainsi  dire  pas  et 
les  plans  sont  absolument  sacrifiés,  c'est  sec  et  dur,  l'encre  souvent  bistrée 
dont  il  se  sert  est  d'un  œil  peu  agréable,  le  dessin  laisse  aussi  quelquefois 
à  désirer,  en  un  mot  son  métier  est  loin  de  nous  séduire,  il  manque  com- 
plètement d'originalité,  ce  n'est  sans  doute  pas  l'opinion  générale  et  les 
prix  auxquels  on  verra  que  certaines  estampes  ont  été  adjugées  ne  seront 
pas  pour  nous  donner  raison.  Son  œuvre  est  peu  considérable,  20  à  30  pièces 
environ,  beaucoup  lui  sont  gratuitement  attribuées  qui  doivent  être  rejetées  ; 
Zoan  Andréa  et  Brescia  rappellent  sa  manière,  et  les  œuvres  de  ces  artistes 
peuvent  être  confondues  avec  celle  du  maître  qui  nous  occupe.  Jamais 
Mantegna  ne  signait  ses  pièces,  que  l'on  rencontre  très  rarement  en  belles 
conditions  de  conservation. 


La  Flagellation  (Bartsch  1).  —  Demi-nu  à  gauche  de  l'estampe, 
le  Christ  est  attaché  par  les  mains  liées  derrière  le  dos  à  une  des 
colonnes  du  temple,  le  corps  faisant  face  à  droite  ;  il  regarde  derrière 
lui  le  bourreau  qui  le  flagelle  ;  au-dessus  de  sa  tête  une  auréole.  Deux 
autres  bourreaux  armés  de  verges  et  des  hommes  d'armes  complètent 
cette  scène. 

Il  existe  une  copie  de  cette  estampe  dans  laquelle  le  sol  au  lieu  d'être  dallé 
comme  dans  l'original  est  na. 

Ventes  :  E.  Galichon,  200  —  Liphart,  162  —  Schloesser,  182,  de  chez 
Esdaile  —  Reiss,  5625,  exemplaire  exceptionnel  provenant  de  chez  Renesse  — 
Breidbach  et  Marshall. 

La  Sépulture  (2).  —  En  face  d'une  grotte,  deux  apôtres  el  deux 
saintes  femmes  mettent  le  Christ  dans  son  cercueil.  Sur  le  premier 
plan  la  Vierge  évanouie  est  soutenue  par  deux  saintes  femmes,  saint 
Jean  à  droite  vu  de  dos  pleure  ;  sur  un  lerlre  les  trois  croix. 


1   i     nsiiltcr:  Œuvre  d'Andréa  Manle^na  reproduit  el  publié  par  Aninnd  Durand,  texte  par 
!..  Duplessis.   i  l'aris.  ehe*  Kapillv. 


ÉCOLE   ITALIENNE  221 

Dans  cette  estampe  en  hauteur,  de  laquelle  il  existe  de  nombreuses 
copies,  Ja  figure  de  la  Vierge  est  beaucoup  trop  jeune,  elle  accuse  à  peine 
20  ans,  et  l'on  sait  qu'à  cette  époque  elle  avait  dépassé  la  cinquantaine. 

La  Descente  de  Croix  (4).  —  Au  pied  de  la  montagne,  la  croix, 
de  laquelle  deux  disciples  montés  sur  des  échelles  descendent  le 
divin  Crucifié  ;  celui  de  gauche  soutient  sur  son  épaule  le  corps  du 
Sauveur,  à  gauche  la  Vierge  est  évanouie  dans  les  bras  des  saintes 
femmes  ;  en  face  de  la  croix,  debout  et  vue  de  dos,  Marie-Madeleine 
les  bras  étendus  ;  à  droite  saint  Jean  ;  les  autres  disciples  et  des 
hommes  d'armes  complètent  le  lableau.  Au  fond  de  l'estampe  se 
profilent  les  murs  de  Jérusalem. 

Pièce  célèbre,  mais  d'une  extrême  raideur,  les  nuages  ressemblent  à  des 
rochers  et  le  ciel  à  la  mer.  Nous  avons  beau  faire  tous  nos  efforts,  il  nous 
est  impossible  de  nous  laisser  aller  à  ces  admirations  de  tradition  que  rien 
ne  saurait  justifier.  —  Une  épreuve  sans  le  ciel  existe  à  l'Albertine. 

Le  Christ  descendant  aux  limbes  (5).  —  Jésus-Christ  vu  de 
dos,  un  étendard  dans  la  main  gauche,  s'apprête  à  descendre  aux 
limbes  dont  la  porte  brisée  est  éparse  sur  le  premier  plan  ;  à  gauche, 
un  homme  nu  debout  tient  une  immense  croix  ;  à  droite,  également 
nus  et  debout,  Adam,  Eve  et  Abel  ;  au-dessus  du  portique  qui  forme 
l'entrée  des  limbes,  deux  êtres  fantastiques  sonnent  de  la  trompe. 

Estampe  très  rare,  une  des  bonnes  de  l'œuvre. 

Ventes  :  Liphart,  375  —  Griffiths,  135  -  Fisher,  750  —  Angiolini,  250  — 
Reiss,  900,  des  collections  de  Fries  et  Marshall. 

La  Vierge  dans  la  grotte  (9).  —  Dans  une  grotte,  la  Vierge 
assise  de  trois  quarts  à  gauche,  l'Enfant  Jésus  dans  ses  bras,  est 
entourée  d'une  légion  d'anges,  elle  reçoit  les  hommages  d'un  vieillard 
à  gauche  pendant  que  saint  Joseph  à  droite  est  appuyé  sur  son  bâton. 
Ces  deux  personnages  ainsi  que  le  bas  et  le  haut  de  la  grotte  sont  restés 
blancs,  la  planche  n'ayant  pas  élé  terminée  '. 

Superbe  et  de  grande  allure,  cette  rarissime  estampe  est  la  perle  de  l'œuvre 
elle  est  de  couleur  un  peu  bistrée. 

Ventes  :  Liphart,  4937  —  Defer  Dumesnil,  1220. 


Ce  qui  laisse  à  penser  que  ce  cuivre  est  le  iternier  gravé  par  l'artiste. 


222  ÉCOLE   ITALIENNE 

Combat  de  Dieux  marins  '  (B  17-18). 

lTe  planche  :  Au  second  plan  à  gauche,  une  horrible  mégère  nue  aux 
seins  pendants  tient  dans  sa  main  gauche  une  tablette  où  se  lit  le  mot 
lnvid  au-dessus  d'un  griffonnage  illisible  ;  elle  semble  exciter  à  la 
lutte  les  dieux  marins  qui  se  battent  au  milieu  des  plantes  aquatiques, 
montés  sur  des  chevaux  fabuleux  ;  celui  de  gauche  va  frapper  son 
adversaire  avec  trois  poissons  qu'il  tient  dans  sa  main  droite. 

2e  planche  :  Au  milieu  de  roseaux  et  de  plantes  marines,  deux 
tritons  se  combattent;  celui  de  gauche  cherche  à  parer  les  coups  avec 
le  squelette  d'une  tête  de  cheval  dont  il  se  sert  comme  bouclier,  il 
porte  en  croupe  une  femme  nue  à  l'air  effrayée. 

Ventes':  Didot,  C8  -  Holford,  1250  -  L.  Galichon,  100  -  Par  H.-G. 
Gutekunst,  312  —  Reiss,  3625,  de  chez  Sykes,  Maberley  et  Marshall. 

Les  deux  Paysans  (Passavant  24).  —  Celui  de  gauche  est  debout 
de  face  regardant  à  droite,  le  coude  gauche  appuyé  sur  le  bâton  qu'il 
tient  de  la  main  droite  ;  celui  de  droite  semble  entrer  dans  une  pièce 
invisible  à  droite  en  soulevant  son  chapeau  de  la  main  gauche,  il  a 
son  bâton  dans  la  droite. 

Pièce  de  toute  rareté,  mesurant  H.  149»""  —  L.  107  mm,  restée  inconnue  à 
Bartsch,  dont  il  existe  trois  autres  épreuves  à  Berlin,  à  l'Albertine  et  au 
British  Muséum.  —  Un  exemplaire  passa  à  la  vente  Emile  Galichon  et  y  fut 
adjugé  G05  francs. 


Le  jeune  Prisonnier  (P  25).  —  Debout  de  profil  à  gauche,  le 
corps  de  trois  quarts  à  droite,  un  homme  très  jeune  porte  sur  son 
épaule  gauche  un  joug  garni  de  ses  accessoires,  il  traîne  un  boulet  à 
ses  pieds  entravés. 

Pièce  allégorique  rarissime  que  l'on  désigne  quelquefois  sous  la  rubrique 
de  Lu  Servitude .  le  graveur  anglais  Vivarès  en  a  fait  une  copie. 

A  noter  encore:  Les  Eléphants  portant  des  torches;  Soldats  portant  des 
trophées,  2  planches  (H  12-13),  dont  uni'  copie  a  élé  faite  par  Brescia. 


1   Deux  planches  en  travers,  dont  la  seconde  a  élé  copiée  par  I).  Hopfer. 

*  Tous  ces  prix  sont  pour  la  planche  t8  leuleinent. 


ÉCOLE   ITALIENNE  223 


MAZZUOLI  (dit  Le  Parmesan) 

Cet  artiste  naquit  à  Parme  en  1503  et  mourut  à  Casalmaggiore  en  1540  ; 
il  ne  fut  point  comme  on  l'a  supposé  un  instant  l'inventeur  de  l'eau-forte, 
mais  seulement  un  des  premiers  à  savoir  se  servir  du  procédé  et  à  lui  faire 
rendre  ce  qu'il  pouvait  donner  sans  le  secours  de  la  pointe  ou  du  burin. 
Son  œuvre  peu  important  du  reste,  se  borne  à  15  ou  20  pièces  fort  rares  à 
rencontrer  en  belles  épreuves  provenant  de  planches  originales  qui  n'ont 
point  été  retouchées. 

Signalons  comme  particulièrement  intéressantes  :  La  Mise  au  Tombeau 
(B  5)  —  Judith  (B  1)  —  L'Amour  dormant  (B  11),  très  rare  —  Les  deux 
Amants  (B  14),  rare. 


MELDOLLA'  (Andréa  Schiavone,  dit) 

Né  en  1520,  mort  en  1582.  Nous  trouvons  cet  artiste  extrêmement  intéres- 
sant, très  curieux  d'allure  et  de  métier,  il  ne  rappelle  en  aucune  façon  la 
manière  italienne  et  possède  une  indépendance  et  une  liberté  d'outil  qui  en 
fait  un  tempérament  très  original  à  nos  yeux  ;  il  avait  coutume  de  retoucher 
presque  toujours  ses  eaux-fortes  à  la  pointe  sèche,  qu'il  ébarbait  malheu- 
reusement un  peu  trop,  ce  qui  leur  enlevait  de  la  couleur  et  de  la  puissance. 
On  a  trouvé  avec  juste  raison  qu'il  faisait  songer  au  Parmesan  dans 
certaines  pièces.  —  Son  œuvre  est  considérable,  200  estampes  environ  ; 
elles  n'atteignent  jamais  de  gros  prix  quoiqu'asser  rares  en  général,  nous 
ajouterons  même  pour  être  sincère,  qu'elles  ne  sont  pas  très  recherchées, 
laissant  souvent  à  désirer  au  point  de  vue  du  dessin. 

La  Circoncision  (Bartsch  13).  —  La  Vierge  tient  sur  une  table 
l'Enfant  Jésus  à  qui  le  grand  prêtre  pratique  l'opération  de  la  circon- 
cision, il  est  accompagné  d'un  acolyte.  Au  fond  à  droite,  la  tête  de 
saint  Joseph  apparaît;  près  de  la  Vierge  une  servante  portant  sur  la 
tête  un  vase  et  un  plat  ;  de  profil  à  droite  une  autre  femme  la  main 
sur  la  poitrine,  et  enfin  à  gauche  deux  hommes,  l'un  jeune,  l'autre 
vieux  vus  à  mi-corps.  En  haut  de  l'estampe  le  monograme  de  l'artiste. 

Fort  rare. 

Le  Retour  de  l'Enfant  prodigue.  —  Il  est  agenouillé  à  gauche 
aux  pieds  de  son  père  qui  se  penche  pour  le  presser  sur  son  cœur. 


1  Consulter  :  Stanley's  édition  0/  Bryan's  Dictionnary  —  Dictionnaire  de  Bryan,  édition  de 
Stanlev. 


224  ÉCOLE   ITALIENNE 

Une  femme  vue  de  dos  lui  ajuste  un  vêtement  sur  les  épaules.  La 
scène  se  passe  devant  une  habitation  ;  deux  autres  personnages 
assistent  à  cet  émotionnant  retour. 

Estampe  de  toute  rareté  demeurée  inconnue  à  tous  les  catalographes  ; 
Bartsch  et  Passavant  eux-mêmes  ne  la  mentionnent  pas;  un  exemplaire  a 
passé  à  une  des  ventes  Robert  Dumesnil. 

Le  Jugement  de  Paris  (B  80).  —  Assis  à  droite  de  l'estampe  et 
tourné  à  gauche,  le  berger  —  ayant  derrière  lui  le  dieu  Mercure  — 
remet  la  pomme  à  Vénus  près  de  laquelle  se  réfugie  l'Amour,  ils  sont 
entourés  de  nombreux  personnages,  et  des  chèvres  sont  couchées  à 
leurs  pieds.  Dans  le  ciel  on  voit,  au  haut  de  l'estampe,  des  dieux  et 
des  déesses. 

Pièce  capitale  de  l'œuvre,  d'après  le  Parmesan.  —  Une  épreuve  à  la  vente 
Griffiths,  la  plus  belle  connue,  dit  M.  Ford,  de  la  collection  duquel  elle 
provenait,  fut  adjugée  46  francs  ;  elle  avait  passé  par  le  cabinet  Lloyd.  Nous 
la  trouvons  mal  dessinée. 

L'Enfant  Jésus  dans  son  berceau  (B  (52).  —  L'Enfant  Dieu  est 
dans  son  berceau  entouré  de  six  personnages  ;  l'un  d'eux,  celui  qui 
est  debout  à  gauche,  tient  dans  sa  main  une  sorte  d'urne  qu'il  élève. 
Le  monogramme  '  est  sur  le  siège  qu'occupe  la  Vierge. 

Estampe  pleine  de  couleur  et  de  liberté,  rappelant  un  peu  un  dessin  à 
la  plume. 

Signalons  encore  deux  pièces  fort  rares  :  La  Présentation  au  Temple  (B  11), 
d'après  le  Parmesan,  et  L'Adoration  des  Mages,  estampe  inconnue  à  presque 
tous  les  iconographes,  dont  un  exemplaire  passa  à  la  vente  Griffiths,  où  il 
fut  adjugé  16  francs  !  ! 


M0CETT0   (Girolamo) 

Primitif  de  Venise,  né  vers  1454,  élevé  de  Jean  Bellini.  —  Son  œuvre 
extrêmement  rare  se  compose  d'une  vingtaine  de  pièces  qu'il  signait 
quelquefois  de  Hierongmus  Mordus  quand  il  n'employait  pas  un  mono- 
gramme assez  compliqué  et  en  lettres  renversées.  Il  accuse  toujours  les  plis 
des  vêtements  par  une  ligne  dure  et  encrée,  ainsi  que  tous  les  contours  en 
général,  ce  qui  donne  de  la  lourdeur  à  ses  estampes  ;  quelques-unes  cepen- 
dant sont  exemples  de  ces  défauts  et  gravées  avec  plus  de  finesse. 


'  Nous  croyons  que  l'épreuve  de  fa  Rherve  n'en  porte  pai,  cependant  noua  n'owna  l'affirmer, 


ÉCOLE    ITALIENNE  225 

Triomphe  de  Neptune  (Passavant  13  —  E.  Galichon  13). 

Estampe  très  rare  gravée  sur  deux  feuilles  : 

lre  planche  :  Un  triton  suivi  de  deux  chevaux  marins  ;  sur  le  dos  de 
l'un  d'eux  Galatée,  derrière  celle-ci  un  second  triton  portant  sur  sa 
croupe  une  néréide,  puis  un  dauphin  ayant  un  enfant  sur  son  dos, 
puis  enfin  deux  autres  enfants  tenant  par  les  cornes  des  chimères. 

2e  planche  :  Deux  tritons,  l'un  portant  un  trident,  l'autre  soufflant 
dans  une  corne...,  et  enfin  Neptune  sur  la  poupe  d'un  navire  fouettant 
les  chevaux  marins  qui  le  traînent. 

Ventes  :  E.  Galichon,  épreuve  rognée,  2605  —  Angiolini,  331. 

La  Vierge  sur  un  trône  (Bartsch  4  —  Gai  8).  —  Assise  de  face 
sur  un  trône  dont  le  dossier  est  orné  de  deux  cornes  d'abondance,  la 
Vierge  tient  un  livre  entr'ouvert  de  la  main  droite  et  soutient  de  la 
gauche  l'Enfant  Jésus  qui  est  sur  ses  genoux.  Au  fond  de  l'estampe 
un  treillage  et  une  haie  de  rosiers.  Sans  signature. 

L'exemplaire  qui  est  à  la  Réserve  est  superbe  de  fraîcheur  et  de  conser- 
vation. L'épreuve  de  la  collection  E.  Galichon,  exemplaire  d'essai  non 
terminé  avant  la  haie  de  rosiers,  maintenue  par  le  treillage  qui  clôt  l'enceinte, 
fut  adjugé  3900  francs. 

Le  Baptême  du  Christ  (B  2  —  Gai  6).  —  Au  milieu  de  l'estampe 
le  Christ,  les  mains  presque  jointes,  est  debout  dans  le  Jourdain  à 
gauche  sur  le  bord  du  fleuve.  Saint  Jean  verse  de  la  main  droite  de 
l'eau  sur  la  tète  du  Sauveur.  Sur  l'autre  rive  à  droite,  trois  anges,  les 
mains  jointes,  prient  ;  deux  d'entr'eux  tiennent  sur  leurs  bras  le 
manteau  de  leur  divin  Maître.  Au  fond  de  l'estampe  on  aperçoit  le 
fleuve  serpentant  au  milieu  des  collines.  Tout  en  haut  de  la  compo- 
sition, le  Père  Eternel,  dans  un  nuage  les  bras  étendus,  domine  la 
scène.  Sans  signature. 

Superbe  pièce  pleine  d'allure  et  d'accent,  dont  un  exemplaire  provenant  de 
la  collection  Wellesley  fut  adjugé  à  la  vente  Fisher,  3100  francs  ;  très  rare. 

Bacchus  (B  6  —  Gai  12).  —  Couronné  de  pampres  et  tourné  à 
droite,  Bacchus  nu  est  assis  par  terre  la  tète  appuyée  dans  la  main 
gauche,  tandis  que  la  droite  lient  un  vase  d'où  s'échappe  le  vin.  Au 
fond,  un  pont  et  une  ville  au  pied  de  collines.  Sans  signature. 

Le  1«  état  est  avant  les  constructions  à  gauche,  entre  l'arbre  et  le  bord 
de  la  gravure.  Une  épreuve  vente  E.  Galichon,  3150  francs. 


22(>  ÉCOLE    ITALIENNE 

Judith  (B  1  —  Gai  4).  —  A  gauche  près  d'un  arbre,  Judith  tient 
de  la  main  droite  la  tète  d'Holopherne  qu'elle  met  dans  un  sac  qu'une 
servante  tient  de  ses  deux  mains.  Au  tond  un  paysage  et  à  droite  un 
château  fort.  Sans  signature. 

Le  1er  état  est  avant  le  paysage,  le  dessin  est,  croit-on,  de  Mantegna. 
Ventes  :  Griffiths,  325  —  Defer  Dumesnil,  doublée,  360  -  Reiss,  3000. 


MONTAGNA  (Benedeto) 

Florissait  au  commencement  du  vrv  siècle,  et  gravait  plus  finement  que 
Mantegna  ;  il  a  fait  une  soixantaine  d'estampes  qu'il  signait  souvent  de  ses 
initiales  ou  de  son  nom  tout  entier  orthographié  de  façons  différentes.  Il 
appartenait  à  l'école  de  Lombardie  et  de  Padoue.  Il  a  cherché  quelquefois 
à  imiter  Durer  dont  il  a  gravé  en  contre-partie  la  Nativité,  mais  il  est  loin 
d'égaler  ce  maitre. 


L'Enlèvement  d'Europe  (Bartsch  23).  —  Au  bord  d'une  rivière, 
une  femme  à  califourchon  sur  un  taureau  couché  et  sur  la  tête 
duquel  elle  dépose  une  couronne  ;  près  d'elle  à  droite  deux  autres 
personnages  debout.  Au  fond  de  l'estampe  maisons  et  collines.  Dans 
le  haut  de  la  composition  à  gauche  :  Benedeto  Montagna. 

Extrêmement  rare.  —  Ventes  :  E.  Galichon,  1000  —  Didot,  300. 

L'Homme  à  la  Flèche  (B33).  —  Debout  et  de  face  complètement 
nu  ayant  jeté  sur  l'avant-bras  droit  une  draperie  qui  passe  derrière 
son  dos  et  qu'il  retient  de  la  main  gauche,  le  personnage  tient  dans 
cette  main  une  flèche  pointe  en  bas.  Derrière  lui  à  droite  le  tronc  d'un 
gros  arbre,  et  à  gauche  un  petit  monticule.  En  haut  dans  une  tablette 
à  gauche  :  Benedeto  Montagna. 

Les  belles  épreuves  de  1«  état,  c'est-à-dire  avant  le  petit  monticule  qui  est 
à  gauche,  sont  extrêmement  rares,  un  exemplaire  dans  cette  condition  fut 
adjugé  à  la  vente  E.  Galichon,  2705  francs.  —  L'épreuve  de  la  Reserve, 
quoique  fort  belle,  est  avec  le  monticule. 

Saint  Jérôme  et  un  autre  saint  travaillant  aux  Evangiles.  — 
Saint  Jérôme  est  debout  appuyé  contre  le  tronc  d'un  arbre,  sa  main 
gauche  tient  un  livre  avec  le  doigt  sur  le  feuillet  qui  fait  l'objet  de  sa 


ÉCOLE    ITALIENNE  227 

méditation.  Son  compagnon  assis  à  droite  sur  les  débris  d'une 
corniche  semble  dormir.  Derrière  un  rocher,  est  bâtie  la  cabane  du 
patriarche  à  laquelle  on  parvient  par  un  escalier  taillé  dans  le  roc. 

Cette  pièce  n'a  jamais  été  décrite,  elle  est  donc  d'une  insigne  rareté,  une 
épreuve  passa  à  la  vente  E.  Galichon  où  elle  fut  adjugée  2000  francs. 

Vénus  (P  49).  —  Complètement  nue,  debout  et  de  face,  de  longs 
cheveux  ondulés  épandus  sur  les  épaules,  la  déesse,  la  bouche 
entr'ouverte,  les  yeux  levés  au  ciel,  tient  dans  la  main  droite  qui  pend 
le  long  de  sa  cuisse,  un  miroir  ;  tandis  que  la  gauche  est  levée  dans 
un  geste  de  surprise.  En  haut  à  gauche  on  lit  :  Vénus. 

Pièce  qui  n'a  guère  de  mérite  que  son  extrême  rareté  ;  les  parties  ombrées 
du  corps  le  sont  par  des  tailles  excessivement  fines.  —  A  la  vente  Angiolini 
un  superbe  exemplaire  fut  payé  1000  francs. 

Le  Berger  qui  joue  de  la  flûte  (B  27).  —  Genou  en  terre  et 
tourné  de  profil  à  gauche  il  joue  de  la  flûte,  ses  moutons  sont  près 
des  arbres  au  fond  de  l'estampe.  En  bas  au  milieu  de  la  pièce  les 
initiales  M.  B. 

Pièce  presque  introuvable.  —  A  la  vente  Angiolini  un  exemplaire  avant 
toutes  retouches,  notamment  avant  le  trait  diagonal  sur  la  colline  qui  est 
derrière,  fut  adjugé  562  francs. 

A  noter  encore  la  très  rare  estampe  La  Famille  du  Satyre  (B  17),  adjugée 
à  la  vente  du  Prince  Waldburg  Wolfegg,  206  francs. 


MORGHEN1  (Raphaël) 

Elève  de  Jean  Volpato,  né  à  Naples  en  1760,  il  mourut  à  Florence  en  1833, 
c'est  un  buriniste  d'une  habileté  consommée.  La  plus  belle  collection  de 
son  œuvre  se  trouve  au  British  Muséum  qui  l'acheta  à  M.  Colnaghi  en  1842. 
Elle  avait  été  formée  par  Jacob  Tanna  qui  habitait  le  palais  Priuli  à  Venise, 
il  y  fut  aidé  par  l'ami  intime  de  Morghen,  le  signor  Abrizi.  A  la  mort  du 
signor  Tarma,  ses  héritiers  vendirent  la  collection  entière  à  Luigi  Bardi 
qui  l'augmenta  encore,  et  finalement  la  céda  à  M.  Colnaghi,  le  grand 
marchand  londonien  que  nous  venons  de  nommer  tout  à  l'heure,  et  dont 
l'importante  et  très  honorable  maison  subsiste  encore.  Les  pièces  les  plus 
remarquables  de  cet  artiste,  presque  notre  contemporain,  sont  :  La  Trans- 


'  Le  catalogue  en  a  été  dressé  par  ordre  chronolopique  par  M.  Palmerini. 


228  ECOLE    ITALIENNE 

figuration  et  La  Vierge  à  la  Chaise,  d'après  Raphaël  ;  Le  Char  de  l'Aurore, 
d'après  Le  Guide,  et  sa  fameuse  estampe  : 

La  Cène. 

D'après  Léonard  de  Vinci,  dont  la  fresque  orne  le  réfectoire  des  Pères 
Dominicains  à  Milan.  Voici  à  titre  de  curiosité  quelques  prix  remontant  à 
une  cinquantaine  d'années  ;  on  verra  que  contrairement  aux  estampes 
célèbres,  ces  prix  n'ont  pas  suivi  la  marche  ascensionnelle  ordinaire. 

Ventes  :  Debois1,  avant  la  lettre,  seulement  les  armes,  la  dédicace  et  le 
nom  des  artistes  tracés,  2030  —  Thorel,  l'exemplaire  de  chez  Debois,  1930  — 
Johnson  d'Oxford,  avant  toutes  lettres,  avec  les  armes  mais  au  plat  blanc*, 
7900  —  Archintoff  de  Milan,  même  état,  8400  —  Poggioli  de  Libourne,  même 
état,  6875  —  Simon,  épreuve  d'essai  avant  l'inscription,  avant  les  armes  et  la 
dédicace,  au  plat  blanc  sans  les  lettres  R  M  sur  ce  plat,  575  —  Camberlyn, 
état  Debois,  on  y  a  joint  Le  Char  de  l'Aurore,  les  2  pièces,  1705  —  Oppermann, 
avant  la  lettre  et  avec  la  dédicace  en  grands  caractères  tracés,  1750  ;  la 
même,  avant  la  virgule  à  la  suite  de  vobis  et  avant  le  point  sous  le  nom  du 
graveur,  241  —  Defer  Dumesnil,  avant  la  virgule...  t.  m.,  265  —  Loyd,  au 
plat  blanc,  5000;  la  même  avant  les  mots  Amen  dico  vobis...  mais  avec  les 
armes  et  la  dédicace  à  l'eau  forte,  675. 


NADAT   ou   NA  DAT 

Voir  :  Le  Maître  à  la  Ratière,  page  217. 

NIGOLETTO   DA   MODENA 

On  ne  sait  rien  de  sa  vie,  si  ce  n'esl  qu'il  florissait  au  commencement  du 
xvi'  siècle.  Il  rappelle  Mantegna  et  appartient  à  l'école  de  Padoue.  Il  a  à  son 
actif  80  à  90  pièces  et  quelques  nielles.  Ses  estampes  sont  rares. 

Saint  Antoine  (Galichon  17).  —  Le  saint  précédé  d'un  cochon 
s'achemine  vers  la  gauche,  s'appuyant  sur  une  béquille  munie  d'une 
clochette  ;  derrière  lui  on  aperçoit  un  portique  inachevé  avec  pilastres 
surmontés  de  cartouches  ;  dans  celui  de  gauche  sous  des  tailles  perpen- 
diculaires on  dislingue  les  lettres  O.D.N.  qui  signifient  Opusdi  Nicoleto. 

Estampe  inconnue  a  Bartsch  et  Passavant,  de  toute  rareté,  adjugée  vente 
E.  Galichon,  700. 


1  Qui  ;i  '-U  li'-u  en  avril  el  noi  embre  1844,  '-i  avril  1845  '-t  non  en  t8U  comme  on  Le  dll  souvent 
par  en  eux,  parce  que  la  couverture  el  le  t i «  r- r ■  du  catalogue  portent  ce  dernier  millésime. 

»  Il  n'y  :i  que  il  exemplalm  de  connus  ;  le  /'lut  i'si  devant  le  troisième  personnage,  en  allant 
de  droite  :i  gauche. 


ÉCOLE    ITALIENNE  229 

Hercule  terrassant  un  Centaure  (G  20).  —  Hercule,  le  genou 
posé  sur  les  reins  d'un  centaure  renversé  et  qui  s'enfuyait  vers  la 
droite,  frappe  de  sa  massue  son  ennemi  qui  lève  en  vain  une  main 
suppliante.  A  droite  aux  branches  desséchées  d'un  arbre,  un  cartouche 
dans  lequel  on  lit  :  Divo  Erculi. 

Mêmes  réflexions  qu'à  l'estampe  précédente,  adjugée  vente  Galichon,  905. 

La  Vestale  Lucia  '  (P  86  —  G  59).  —  Une  écharpe  lui  ceint  le 
front  et  flotte  autour  d'elle,  elle  se  dirige  demi-nue  vers  la  droite 
tenant  de  ses  deux  mains  un  crible  plein  d'eau  ;  derrière  elles  des 
plantes  aquatiques.  En  haut  au  milieu  de  l'estampe  dans  un  cartouche 
suspendu  par  des  rubans,  le  monogramme  ombré  par  des  tailles. 

Un  exemplaire  de  1er  état  passa  à  la  vente  E.  Galichon  et  y  fut  adjugé 
1950  francs,  il  était  avant  le  monogi-amme  ombré,  c'est-à-dire  avant  les 
lettres  A7.  D.  M. 

Vénus  et  l'Amour  (B  47  —  G  58).  —  A  gauche  de  l'estampe, 
debout  nue  et  de  face,  la  déesse  couronnée  et  chaussée  de  cothurnes 
tient  dans  sa  main  gauche  une  flèche  et  dans  la  droite  une  pomme  ; 
à  ses  pieds  à  droite,  l'Amour  nu  est  couché  et  endormi  appuyé  sur  le 
coude  gauche.  Derrière  la  déesse  une  sorte  de  temple  en  ruines  à 
travers  desquelles,  au  fond  de  l'estampe,  on  aperçoit  la  mer,  un 
bateau  et,  au  dernier  plan,  des  montagnes.  Au  haut  du  pilier  près 
duquel  est  la  déesse  on  lit  :  Vénus. 

Ventes  :  E.  Galichon,  1305  —  Angiolini,  169. 

Sainte  Catherine  (P  84).  —  A  droite,  à  l'entrée  d'un  riche 
portique,  la  sainte  est  debout,  la  main  gauche  qui  relève  sa  robe, 
porte  une  palme,  le  coude  repose  sur  un  bouclier,  la  droite  tient  une 
longue  épée  pointe  en  terre  ;  à  ses  pieds  une  roue  brisée  et  un  livre 
ouvert.  Au  premier  plan  sur  la  base  d'un  socle  à  droite,  on  lit  en  gros 
caractères  :  Nicoleto  da  Modena. 

Vente  :  Angiolini,  775.  —  Très  rare. 

Saint  Sébastien.  —  Le  saint  demi-nu  de  face,  regardant  à  droite, 
est  ligotté  au  pied  d'une  colonne  quadrangulaire  qui  occupe  le  milieu 
de   la   composition   et  semble   appartenir   à   un   temple  en   ruines. 


i  Ou  Tucia  ou  encore  La  Sybille  de  Cumes. 


230  ÉCOLE    ITALIENNE 

Derrière  lui  un  canal  bordé  à  droite  et  à  gauche  de  constructions. 
En  haut  à  droite  au-dessus  de  la  tète  du  martyr,  sur  une  légère  poutrelle 
est  un  oiseau,  duquel  se  dégage  un  rayonnement  ;  il  regarde  le  saint 
dont  le  corps  est  transpercé  de  cinq  flèches.  Sans  signature. 

Pièce  d'une  insigne  rareté,  inconnue  à  tous  les  iconographes,  H.  248  m""  — 
L.  171  "'m.  —  Un  superbe  exemplaire  fut  adjugé  à  la  vente  Angiolini, 
3762  francs. 


NIELLES 

Nous  nous  contenterons  de  donner  ici  quelques  pièces  avec  leurs  prix 
dans  trois  ventes  importantes.  —  Voir  Finiguerra,  page  212. 

Adoration  des  Mages  '.  —  La  Vierge  assise  près  d'un  pilier 
richement  orné,  présente  l'Enfant  Jésus  à  l'adoration  des  mages;  à 
droite  saint  Joseph,  et  dans  le  lointain  un  berger  ;  à  droite  la  théorie 
des  rois  se  tient  près  d'une  porte  cintrée. 

Une  épreuve  de  ce  nielle  en  forme  de  losange  mesurant  FI.  60  «"»  —  L.  46  '»"', 
passa  à  la  vente  E.  Galichon  où  elle  fut  adjugée  160  francs,  les  figures  se 
détachaient  sur  un  fond  Fjleu.  —  Pièce  non  décrite. 

Mercure  debout  (Duchesne  217). 
Vente  :  E.  Galichon,  805  francs,  elle  provenait  du  cabinet  Sykes. 

Une  Femme  avec  trois  hommes  et  un  satyre  (D  242). 

Même  vente,  l"  état,  avec  la  touffe  d'herbes  entre  les  jambes  de  l'homme 
qui  porte  trois  têtes  d'animaux,  la  toulle  exprimée  par  deux  feuilles,  605  ; 
le  2«  état,  la  touffe  d'herbes  a  quatre  feuilles,  50. 

Pyrame  et  Thisbé  (D  289). 

Même  vente,  005  francs;  l'encre  d'impression  a  une  teinte  verdâtre. 

Artaxerce  recevant  la  tête  de  Cyrus  (I)  262). 
Même  vente,  700  francs  ;  sur  l'estrade  du  donc  on  lit  Cirro. 


'  A  lu  venta  Martclli  dp  Florrncc  qui  rul  lieu  n  Pnri*  en  1R58,  celte  pièce  ou  une  autre  portant 
la  même  rubrique,  l'ut  adjugée  1600  franc». 


ÉCOLE    ITALIENNE  231 

Arabesques  avec  un  Satyre  allaitant  deux  enfants  (D  362). 

Vente  :  Angiolini,   1"  état,  62  ;  2<-   état,   avec  le  fond  terminé,  625,   par 
Peregrini. 

Le  Triomphe  de  l'Amour  (Passavant  643). 
Vente  :  Reiss,  2048  francs,  provenait  de  chez  Wellesley. 

Allégorie  sur  la  Navigation  (D  303). 

Même  vente,  2750  francs,  de  chez  Wellesley,  au  bas  on  lit  les  initiales 
0.  P.  D.  C,  ce  qui  signifie  Opéra  Peregrini  da  Cesena. 

Le  Sacrifice  à  Mars  (D  221). 

Même  vente,  2400  francs  de  chez  Wellesley  ;  on  suppose  que  c'est  de 
Peregrini  également. 


PAGANO  (Matteo) 

Graveur  sur  bois  dont  on  ne  sait  rien  de  la  vie,  si  ce  n'est  qu'il  habitait 
Venise  vers  le  milieu  du  xvf  siècle.  Nous  signalerons  de  lui  la  grande 
pièce  suivante  imprimée  sur  huit  feuilles  et  qui  est  de  toute  rareté  ;  on 
croit  qu'elle  est  du  Titien  ou  du  Tintoret. 

Procession  du  Doge  de  Venise  (Passavant  98).  —  Le  Doge 
s'avance  à  travers  la  ville  suivi  des  ambassadeurs  et  des  autorités 
civiles.  On  remarque  beaucoup  de  spectateurs  et  surtout  des  femmes 
aux  fenêtres.  En  haut  sur  une  tablette  on  lit  :  In  Venetia  par  Matthio. . . 

Un  exemplaire  passa  à  la  vente  Didot  et  y  fut  adjugé  1780  francs. 


PEREGRINI  DA   CESENA' 

Orfèvre  et  nielliste  de  l'école  de  Bologne,  on  ignore  la  date  de  sa  naissance 
et  de  sa  mort,  on  suppose  qu'il  était  élève  de  Francia,  tant  sa  manière 
rappelle  souvent  celle  de  ce  maître. 

Le  Triomphe  de  Mars  et  de  Vénus  (Duchesne  220).  —  Sur  un 
char  se  dirigeant  vers  la  gauche  et  conduit  par  deux  lions  que  guide 


1  Voir  Essai  sur  les  nielles,  gravures  des  orfèvres  florentins  rfu  XV'  siècle,  par  Duchesne  amc. 
Paris,  1826. 


232  ÉCOLE    ITALIENNE 

un  homme  nu,  Vénus  demi-nue  est  assise,  tournée  à  droite,  sur  les 
genoux  de  Mars  autour  du  cou  duquel  elle  a  amoureusement  passé 
son  bras  gauche.  Sur  ce  même  char,  devant  le  couple,  l'Amour  les 
yeux  bandés,  le  carquois  sur  l'épaule,  l'arc  dans  la  main  droite,  est 
montée  sur  un  globe  où  l'on  distingue  la  lettre  P.  Deux  personnages 
derrière  ce  char  soutiennent  les  chaînes  qui  lient  le  Dieu  et  la  Déesse, 
tandis  que  deux  autres  tout  à  fait  devant  à  gauche  précèdent  le  cortège. 

Ce  nielle  en  travers  qui  mesure  95  »»n  sur  62  '■""  est  de  la  dernière  rareté. 
Il  y  a  deux  états;  dans  le  1«  la  figure  ([ni  est  dessinée  debout  sur  le  bouclier 
de  Mars  est  indécise  et  la  lettre  P  est  mal  formée  ;  dans  le  2e,  cette  figure  est 
précisée  et  le  P  bien  indiqué. 

Il  se  trouve  un  1»'  état  chez  Dutuit  et  au  Département  des  Estampes  ', 
mais  l'épreuve  qui  se  trouve  dans  notre  dépôt  national  est  de  couleur 
bleuâtre  ;  le  2«  état  que  nous  possédons  également  est  en  noir.  —  Cette 
pièce  existe  aussi  à  la  Bibliothèque  Impériale  de  Vienne  et  au  British  Muséum. 

Un  exemplaire  passa  à  la  vente  Liphart  et  y  fut  adjugé  1187  francs. 


POLLAJUOLO  (Antoine) 

Primitif  de  Florence,  né  en  1433  et  mort  à  Rome  en  M98,  orfèvre  et  graveur 
très  distingué  dont  les  œuvres  fort  peu  nombreuses  —  3  à  4  pièces  —  sont 
devenues  pour  ainsi  dire  introuvables.  Leur  conservation  laisse  aussi 
généralement  beaucoup  à  désirer,  presque  toujours  elles  sont  restaurées 
ou  doublées. 

Les  Gladiateurs  (Bartsch  2).  —  Composition  de  dix  figures 
représentant  des  hommes  complètement  nus  se  combattant  avec  des 
haches  et  des  glaives  recourbés  ;  deux  sont  déjà  tombés  à  droite  et  à 
gauche  de  l'estampe  et  en  train  d'être  achevés  par  leur  adversaire. 
Derrière  l'homme  de  l'extrême  gauche  qui  décoche  une  flèche  avec 
son  arc,  on  distingue  une  tablette  suspendue  à  un  des  arbustes  qui 
forment  le  fond  de  l'estampe  et  sur  laquelle  on  lit,  inscrits  sur  quatre 
lignes,  ers  mois  :  Opus  Antnnii.  Pollaioti  Florentini.  Des  boucliers  et 
des  fourreaux  sont  épais  sur  le  sol. 

Pièce  d'une  finesse  de  tailles  admirable,  à  laquelle  cependant  on  pourrait 
reprocher  la  cernurc  un  peu  trop  accusée  des  contours.  —  Cette  estampe 
de  toute  rareté  est  suivant  nous  la  pièce  capitale  de  l'artiste. 


I  Oui  possède  ù  lu  Rrsrrtv  1W  nielles  de  CCI  ai  liste,  plus  13  douttUX  >|ui  ne  lui  sont  qu'attributs. 


ÉCOLE    ITALIENNE  233 

Ventes  :  Howard,  400  —  E.  Galichon,  310  —  Liphart,  81,  en  mauvais 
état  —  L.  Galichon,  300  —  Defer  Dumesnil,  doublée  et  restaurée,  145. 

A  citer  encore  :  Hercule  combattant  les  géants  (B  3),  dont  une  épreuve 
existe  non  terminée  au  British  Muséum.  Sur  le  fourreau  de  l'épée  du  dieu, 
une  inscription  est  gravée. 


PORTO  (Giovani-Battiota  del) 

Dit  aussi  le  Maître  ci  l'Oiseau,  parce  qu'il  avait  coutume  de  mettre  un 
oiseau  devant  les  lettres  /.  B.  '  dont  il  signait  ses  pièces.  11  fiorissait  au 
tout  commencement  du  xvf  siècle  et  son  œuvre  se  compose  d'une  vingtaine 
de  cuivres  et  d'une  dizaine  de  bois  très  finement  gravés.  Il  appartenait  à 
l'école  de  Modène. 

Léda  et  ses  enfants  (Bartsch  3  —  Galichon  7).  —  Léda  est 
représentée  assise  avec  ses  quatre  enfants  et  allaitant  Hélène. 
Clytemnestre,  le  pied  sur  le  dos  d'un  cygne,  montre  un  papillon 
qu'elle  vient  de  prendre.  Castor  et  Pollux  luttent  avec  l'oiseau  qui  les 
culbute,  et  saisit  la  main  de  l'un  d'eux  dans  son  bec.  Au  fond,  un 
temple  et  une  rivière  où  se  baignent  des  cygnes.  A  gauche  sur  une 
tablette  à  fond  noir,  le  monogramme  de  l'artiste  en  blanc. 

Ventes  :  E.  Galichon,  400  —  Didot,  490  —  Schloesser,  437. 

Le  Crucifiement. 

Une  épreuve  de  ce  bois  absolument  inconnu  à  Bartsch,  Passavant  ou 
Galichon  passa  à  la  vente  Fisher  où  elle  fut  adjugée  775  francs  ;  on  la 
considère  comme  le  seul  exemplaire  existant. 

Saint  Sébastien  attaché  à  un  arbre.  —  Sur  le  bord  d'une 
rivière  à  laquelle  il  tourne  le  dos,  le  saint  demi-nu  le  corps  de  face 
penché  à  gauche  et  regardant  à  droite,  est  attaché  à  un  gros  arbre. 
La  main  gauche  est  fixée  par  une  corde  au-dessus  de  sa  tête  auréolée, 
la  droite  est  passée  derrière  son  dos.  Un  rayon  lumineux  filtre  à  droite 
à  travers  l'arbre.  Sur  la  rivière  on  aperçoit  deux  barques  avec  des 
rameurs.  Au  pied  du  saint  un  carquois  et  un  arc,  et  à  droite  au-dessus 
du  trait  carré  le  monogramme  de  l'artiste  dans  l'intérieur  de  l'estampe. 


<  Ne  pas  le  confondre  avec  un  maîlre  allemand  peu  connu  qui  signait  aussi  de  ces  mêmes 
initiales. 


234  ÉCOLE    ITALIENNE 

Ce  clair-obscur  n'est  point  décrit,  et  il  est  tellement  rare  qu'on  peut  le 
considérer  comme  probablement  unique.  —  En  avril  1894,  H. -G.  Gutekunst 
en  vendait  un  superbe  exemplaire  qui  fut  adjugé  1131  francs;  il  mesurait 
H.  182  '"»i  —  L.  122  nwu. 


RAIMONDI   (Marc-Antoine) 


Né  à  Bologne  vers  1488  et  mort  dans  cette  ville  aux  environs  de  1530. 
Nous  parlerons  très  brièvement  de  cet  artiste  qui,  à  un  moment  donné,  a  été 
considéré  comme  l'étoile  de  première  grandeur,  l'astre  radieux  et  rayonnant 
de  l'école  italienne.  On  est  revenu  et  on  en  revient  tous  les  jours  ■  —  on  n'a 
mis  que  quatre  cents  ans  à  s'en  apercevoir!!  Nous  nous  demandons 
comment  même  pareille  réputation  a  pu  être  usurpée  à  ce  point.  Son  œuvre 
tout  entier,  à  part  quelques  rares  pièces,  est  d'une  monotonie  désespérante, 
c'est  vculc,  incolore  et  poncif.  Ce  n'est  point  un  graveur  original,  mais  un 
reproducteur  servile  des  dessins  de  Raphaël'  et  c'est  à  ce  seul  fait  d'avoir 
été  comme  le  pâle  reflet  du  Maître,  qu'il  doit  d'avoir  jouit  d'une  renommée 
imméritée  dont  n'est  pas  digne  à  coup  sûr  un  simple  ouvrier,  un  pur 
interprète.  On  est  même  surpris  de  voirBartsch  —  qui  intitule  son  catalogue 
Le  Peintre-Graveur  —  mentionner  un  artiste  qui  n'est  pas  un  peintre-graveur. 
Le  célèbre  iconographe  a  cédé  au  mouvement  d'admiration  de  commande 
de  son  époque,  ce  qui  nous  attriste  en  nous  étonnant.  Nous  sommes 
heureux  et  fier  de  nous  rencontrer  du  reste  avec  la  plus  haute  personni- 
fication de  l'autorité,  en  matière  de  gravures  —  sir  Seymour  Haden  —  qui 
lui  aussi  confesse  n'avoir  jamais  éprouvé  pour  Marc-Antoine  qu'une 
admiration  très  relative. 

Quoiqu'il  en  soit  l'artiste  a  fait  école,  il  a  eu  des  djsciples,  quelques-uns 
même  valurent  mieux  que  lui,  les  Ghisi  par  exemple  ;  les  autres  furent  pour 
ne  citer  que  les  principaux  :  Eneas  Vico,  Marc  de  Ravenne,  le  Maître  au  De, 
Bonasone,  Martin  Rota,  Cartaro,  les  Carrache  et  Tcmpesta,  etc..  —  Consulter 
le  consciencieux  travail  que  lui  a  consacré  le  vicomte  Henri  Dclaborde', 
Paris,  Librairie  de  l'Art,  18X7. 

Nous  allons  donc  signaler  ici  sans  les  décrire  —  nous  ne  nous  en  sentons 
pas  le  courage  —  les  pièces  généralement  recherchées  en  les  faisant  suivre 
de  quelques   notes,   remarques  ou   réflexions  qui   pourront   intéresser  les 


*  Notons  cependant  qu'il  existe  encore  quelques  envoûtés  irréductibles  qui  s'obstinent  à  le 
pousser  dans  les  ventes,  mais  hAtons-nous  d'ajouter  qu'ils  sont  heureusement  fort  rares,  ceci 
itit  en  passant  pour  le  bon  goût  de  la  corporation  des  collectionneurs. 

»  On  raconte  même  que  c'était  Raphaël  qui.  île  sa  propre  main,  traçait  sur  (s  cutort  les 
contours  de  ses  dessins  pour  plus  de  justesse.  Que  restait-!]  alors  a  l'actif  du  malheureux 
Marc-Antoine,  si  on  lui  livrait  la  besogne  a  ce  point  mâchée,  qu'il  n'.i\  .iil  plus  qu'a  la  sabrer  di- 
ses lailles  horribles  el  brutales. 

:  Muse  ii  noter,  ce  catalogue.  (H|  une   somme  énorme  d'érudition  <t  (le  travail  a  t  t. 

dépensée,  us  conffenf  aucune  description  des  estampes  qui  y  sonl  mentionnées!  c'est  in  une  lacune 
:  ible  qu'on  ne  saurai!  s'expliquer. 


ÉCOLE    ITALIENNE  235 

amateurs  de  plus  en  plus  clairsemés  du  Maître1.  Disons  aussi  que  Marc- 
Antoine  a  copié  certaines  pièces  de  Durer,  telles  que  :  La  Vierge  au 
Papillon  —  Les  Offres  d'Amour  —  La  Dame  à  cheval  et  l'Ecuyer  —  Seigneur 
et  Dame  à  la  promenade  —  La  Vierge  au  Singe,  en  contre-partie  —  Le  Retour 
de  l'Enfant  prodigue,  également  en  contre-partie  —  et  que  toutes  ces 
estampes  sont  d'une  telle  rareté  qu'elles  manquent  même  au  Département 
des  Estampes. 

Parmi  les  grands  écrivains  admirateurs  de  l'artiste  il  faut  citer  : 
MM.  de  Laborde,  Vitet  et  Alvin,  ce  dernier  classe  l'œuvre  de  Raimondi  en 
quatre  manières  et  les  analyse  ainsi  : 

«  La  première  :  avant  1506,  dure,  roide  et  maigre  ;  exemple  :  Pyrame  et 
Thisbé.  —  La  deuxième  :  1506-1510,  plus  souple  et  plus  pure  ;  on  sent 
l'influence  allemande  et  flamande  :  Mars  et  Vénus  ;  Les  Grimpeurs.  —  La 
troisième  :  1510-1520,  la  période  Raphaëlienne,  correction  et  grâce  du  dessin  : 
Lucrèce  ;  Le  Massacre  des  Innocents.  —  La  quatrième  :  après  la  mort  de 
Raphaël,  il  conserve  les  qualités  acquises  :  Le  Martyr  de  saint  Laurent  ». 
Ajoutons  qu'après  cette  mort,  il  travailla  pour  Jules  Romain  et  Raccio 
Randinelli. 

Quant  à  la  fameuse  histoire  des  Postures  ou  Amours  des  Dieux  et  Déesses, 
en  Ralien  /  Modi,  prétendue  suite  de  20  pièces  erotiques,  d'après  les  dessins 
de  Jules  Romain  et  sonnets  de  l'Arétin,  c'est  un  peu  comme  Madame  Renoiton, 
on  en  parle  toujours  mais  on  ne  les  voit  jamais.  On  raconte  cependant  que 
l'Arétin  les  dédia  à  Raptiste  Zatti  dans  sa  lettre  du  11  décembre  1537,  et  que 
ces  dessins  furent  gravés  à  l'insu  de  Romain.  On  dit  aussi,  qu'un  marchand 
d'estampes,  nommé  Jollain  de  la  rue  Saint-Jacques  à  Paris,  ayant  cru 
trouver  les  cuivres  originaux,  les  acheta  100  écus  pour  les  détruire,  mais 
qu'il  fut  trompé  n'ayant  affaire  qu'à  des  copies.  On  dit  encore  qu'à  la  vente 
de  Pierre-Jean  Mariette  en  1775,  l'œuvre  du  graveur  composé  de  724  pièces 
contenu  dans  trois  volumes  fut  adjugé  4600  livres  et  que  les  20  postures  "-  s'y 
trouvaient.  On  dit  enfin  —  car  il  faut  que  nous  abrégions  tous  ces  racontars  — 
qu'à  la  fin  du  règne  de  Louis  XVI,  alors  que  M.  Joly  était  conservateur  du 
Cabinet  du  Roi,  on  vint  les  lui  offrir  pour  80  louis  d'or,  et  que  pendant 
qu'il  allait  consulter  le  Roi,  le  duc  de  Cumberland  de  passage  à  Paris  en 
ayant  eu  vent  les  lui  souleva,  et  qu'à  l'heure  présente  9  de  ces  estampes  se 
trouvent  au  Brilish  Muséum,  mais  ce  ne  sont  que  de  simples  fragments, 
montrant  seulement  les  têtes  ou  les  parties  supérieures  du  corps,  qui  ont  été 
indubitablement  coupées  dans  la  suite  originale  du  Maître.  Nous  tenons 
ces  derniers  détails  de  l'obligeance  du  savant  et  distingué  conservateur 
adjoint  du  British  Muséum,  M.  Freeman  O'Donoghue,  que  nous  remercions 
respectueusement  ici.  —  Raviera  était  l'imprimeur  du  Maître,  et  Antonio 
Salamanca  son  éditeur. 


'  Car  nous  n'osons  imaginer  qu'aujourd'hui  —  battit-on  la  caisse  à  la  faire  crever  —  on 
vendrait,  comme  en  1843  à  la  vente  Debois.  150  pièces  en  détail,  la  somme  énorme  de 
H700  francs  1  ! 

5  Elles  y  sont  réellement  cataloguées  sous  le  H"  38.  page  225,  ainsi  que  dix  autres  petites  pièces 
du  même  genre,  le  tout  en  épreuves  de  la  plus  grande  beauté  et  presque  toutes  avant  le  nom 
de  Salam  (lisez  Salamca).  Passavant  dit  qu'en  180!  il  en  a  été  fait  une  copie  sous  la  rubrique  : 
Collection  de  2/  groupes  libres. 


236  ÉCOLE    ITALIENNE 

Adam  et  Eve  '  (Bartsh  1). 

On  considère  cette  rare  gravure  qui  est  sans  signature,  comme  une  des 
premières  faites  à  Rome.  On  a  fait  judicieusement  remarquer  combien 
il  était  grotesque  d'avoir  placé  des  muisons  dans  le  paradis  terrestre. 

Ventes  :  Didot,  1900  —  Fisher,  1«  état  sur  papier  à  la  sirène,  750. 

Le  Massacre  des  Innocents  (B  18). 

Pièce  dite  au  chicot,  c'est-à-dire  avec  la  tête  du  sapin  dominant  un  groupe 
d'arbres  tout  à  l'ait  à  droite  de  l'estampe,  au-dessus  de  la  femme  qui  tient 
son  enfant  sur  son  bras  gauche  et  qu'un  homme  frappe  au  sein  d'un  coup 
de  poignard  —  Passavant  nie  qu'elle  soit  du  maître,  il  l'attribue  à  Pencz, 
trouvant  qu'elle  ressemble  comme  métier  à  ses  Triomphes  du  Pétrarque  — 
On  compte  trois  états  :  h  avant  l'inscription  du  nom  de  Raphaël  sur  le 
piédestal  à  gauche  et  avant  le  monogramme  ;  2*  avec  ces  inscriptions  ; 
3e  la  planche  reprise  et  retouchée;  elle  est  actuellement  dans  la  collection 
Malaspina  à  Milan.  —  Kn  1820,  on  en  a  fait  tirer  des  épreuves  dont  un  exem- 
plaire existe  au  Département  des  Estampes,  la  planche  est  complètement 
usée,  il  n'y  a  plus  que  le  trait,  les  ombres  n'exislent  plus.  —  Le  dessin 
original  de  Raphaël  est  au  British  Muséum. 

Ventes  :  K.  Galichon,  415  —  Liphart,505  —  Didot,  1"  état,  400  —  Griffiths, 
1250  —  Fisher,  250  —  Holford,  4750,  de  la  collection  Lely  —  L.  Galichon, 
l'exemplaire  de  chez  Didot,  320. 

Le  Massacre  des  Innocents  (B  20). 

Sans  le  chicot,  mais  aussi  rare  que  la  précédente.  Il  y  a  eu  et  il  y  aura  des 
discussions  sans  fin  relativement  à  ces  deux  pièces  ;  on  n'a  pu  et  on  ne 
pourra  jamais  se  mettre  d'accord  sur  leur  véritable  paternité.  Nous  ne 
rééditerons  point  ici  les  théories  plus  ou  moins  oiseuses  qui  ont  été  mises 
en  avant  et  qui  ont  fait  cruellement  mentir  le  proverbe:  De  ta  discussion 
jaillit  la  lumière.  Pour  notre  part,  nous  dirons  simplement  qu'elles  sont 
aussi  mauvaises  l'une  que  l'autre  ;  généralement,  cependant,  on  préfère  celle 
avec  le  chicot.  L'état  à  rechercher  est  celui  avant  l'adresse  de  Salamanca  et 
avant  les  tailles  sur  les  ombres  des  maisons. 

Ventes  :  E.  Galichon,  1050  —  Liphart,  587  —  Didot,  300  —  Knowles,  175  — 
Griffiths,  1(137,  de  chez  Dcbois,  Verstolk  et  Hawkins  —  Haden,  500  — 
Fisher,  525  —  Angiolini,  375  —  Sallet,  11)4  —  Def'cr  Dumesnil,  135. 

La  Cène  (B  26). 

Cette  estampe  est  dite  /.<<  pièce  des  Pieds  parce  qu'ils  paraissent  tous  sous 
la  table.  Une  répétition  de  cette  gravure  a  été  faite  par  Marc  de  Ravennc, 
qui  y  a  mis  son  monogramme  à  droite. 

Ventes:  E.  Galichon,  1150—  Didot, 500  —  Schloesser, 200  —  Angiolini,  469. 


i  Sauf  Indication  contraire,  lea  gravures  que  nous  allons  mentionner  soin  d'après  Raphaël. 


ÉCOLE    ITALIENNE  237 

La  Descente  de  Croix  (B  32). 
Vente  :  E.  Galichon,  2000. 

Saint  Paul  prêchant  à  Athènes  (B  44). 

Ventes  :  E.  Galichon,  3005  —  Didot,  180  -  Fisher,  1150  —  Waldburg 
Wolfegg,  1137. 

Notre-Dame  à  l'Escalier  (B  45). 

Ventes  :  E.  Galichon,  4705,  avec  marge  —  Didot,  370  —  Schloesser,  187  — 
Fisher,  37,  copie  non  décrite  où  les  maisons  ont  un  étage  de  plus  que  dans 
l'original  ou  dans  les  autres  copies  signalées  par  Bartsch  —  Angiolini,  106. 

La  Vierge  allaitant  l'Enfant  Jésus  (B  60). 

Ventes  :  Liphart,  575  —  Knowles,  état  non  décrit  dans  lequel  on  distingue 
le  petit  doigt  de  la  main  gauche  de  la  Vierge  qui  retient  l'Enfant  Jésus  sur 
ses  genoux,  cette  main  est  plus  grosse  que  dans  le  2e  état,  2500,  de  la 
collection  Brentano. 

La  Vierge  au  Palmier  (B  62). 

Ventes  :  E.  Galichon,  3500  —  Didot,  500  —  Fisher,  de  chez  Hawkins  ?  — 
Holford,  1025. 

Le  Martyr  de  saint  Laurent  (B  104). 

Estampe  gravée  d'après  Baccio  Bandinelli,  une  des  dernières  productions 
de  l'artiste  et  la  plus  grande  comme  format,  qu'il  faut  avoir  avec  les  deux 
fourches  dans  la  main  du  bourreau  qui  étend  le  saint  sur  le  gril,  elle  est 
extrêmement  rare  dans  cet  état  et  fut  adjugée  1000  francs  à  la  vente  Didot 
en  1852  ;  à  celle  de  Benjamin  Delessert,  elle  lit  2110  francs. 

Jésus  bénissant  (B  113). 

Pièce  dite  sans  aucune  espèce  de  raison  Les  cinq  Saints,  puisqu'il  n'y  a 
que  le  Père  Eternel,  deux  saints  et  deux  saintes.  —  Elle  a  été  aussi  gravée 
par  Henriquel  Dupont. 

Ventes  :  E.  Galichon,  1300  —  Fisher,  450  —  Angiolini,  281. 

Sainte  Cécile  (B  116). 

Il  faut  l'avoir  dans  l'état  dit  au  Collier,  c'est-à-dire  avec  l'ombre  portée  sur 
le  cou. 

Ventes  :  E.  Galichon,  2950,  de  chez  His  de  la  Salle  —  Liphart,  2031  — 
Didot,  200  —  Schloesser,  2000,  sur  papier  très  mince  à  l'ancre  —  Fisher, 
412  —  Par  H. -G.  Gutekunst  en  1894  à  Stuttgart,  1375  —  Bouillon,  445  — 
Par  H.-G.  Gutekunst  en  1900  à  Stuttgart,  780. 


238  ÉCOLE   ITALIENNE 

Le  Jugement  de  Paris'  (B  245). 

C'est  une  des  meilleures  pièces  du  Maître;  celle  qui  est  aux  Estampes  fut 
donnée  par  M.  Simon,  elle  provenait  du  cabinet  Debois  où  elle  avait  été 
accpjise  moyennant  3350  francs  plus  les  5  o/o,  elle  avait  passé  précédemment 
par  les  cabinets  Pierre  Lély,  van  Puten  et  Kevil  où  en  1838  elle  fut  payée 
1399  francs. 

Ventes  :  E.  Galichon,  avec  les  traces  de  pierre  ponce  sur  le  terrain,  6705, 
de  la  collection  Ratticr  --  Didot,  800  —  Schloesser,  sur  papier  mince 
filigrane  aux  ciseaux,  une  des  plus  belles  connues,  provenait  d'un'  échange 
avec  le  Département  des  Estampes  de  Paris,  3626  —  Griffiths,  762  —  Fisher, 
362  —  Angiolini,  756  —  Par  H. -G.  Gutekunst  en  1900  à  Stuttgart,  975. 

Satyre  surprenant  une  Nymphe  (B  319). 

Ou  La  Nymphe  du  Printemps  et  le  Satyre,  d'après  un  maître  inconnu, 
adjugé  à  la  vente  E.  Galichon,  2410  francs,  avant  la  retouche. 

La  Poésie  (B  382). 

Ventes:  E.  Galichon,  l,r  état,  avant  l'inscription  dans  la  tablette,  2500; 
on  n'en  connaît  que  3  épreuves,  celle-ci  et  celles  de  Dutuit  et  du  Brilish 
Muséum  —  Didot,  300  —  Schloesser,  1000,  avec  l'ombre  large  sur  la  joue  de 
la  poésie,  sur  papier  mince  au  cor  de  chasse  dans  un  cercle  —  Fisher, 
575  —  Holford,  525. 

Le  Serpent  parlant  à  un  jeune  homme  (B  396). 
De  toute  rareté,  adjugé  vente  E.  Galichon,  4000  francs. 

La  Peste  (B  417). 

C'est  suivant  nous  une  des  meilleures  de  l'œuvre  et  une  de  celle  qui  se 
vend  cependant  le  moins  cher. 

Ventes  :  Liphart,  150  —  Didot,  605  —  Holford,  avant  les  inscriptions  sur 
le  rayon  de  lumière  à  gauche  et  sur  le  piédestal,  950. 

Les  Chanteurs  (B  468). 

Pièce  douteuse,  d'après  peut-être  le  dessin  du  Maître  lui-même;  maigre 
cette  incertitude  elle  fut  payée  à  cause  de  sa  rareté  sans  doute,  7005  francs  à 
la  vente  Galichon. 

Les  Grimpeurs  (B  487). 

D'après  un  carton  de  Michel  Ange  pour  la  guerre  de  Pise  ;  chose  curieuse 
à  constater,  le  paysage  du  fond  est  le  même  que  celui  de  Lucas  de  Leyde 


i  a  la  vente  Johnion  d'Oxford,  >-ti  isiso,  il  fol  adjugé  loooo  francs! 


ÉCOLE    ITALIENNE  '239 

dans  l'estampe  Sergius  tué  par  Mahomet,  il  y  avait  deux  ans  que  cette  pièce 
était  gravée. 

Ventes  :  E.  Galichon,  3600  —  Didot,  400  —  Schloesser,  2500  —  Fisher, 
1275  —  Holford,  800,  du  cabinet  Mariette. 

Pierre  Arétin  (B  513). 

Ce  portrait  finement  buriné  est  considéré  généralement  comme  la  maîtresse 
pièce  de  l'œuvre,  il  est  d'une  excessive  rareté.  M.  Delaborde  en  donne  deux 
états.  On  suppose  que  cette  estampe  a  été  gravée  d'après  Le  Titien. 

Ventes  :  Howard,  épreuve  avant  le  monogramme,  avant  les  ornements  de 
la  coiffure  et  avant  la  troisième  et  autres  lignes  de  l'inscription  :  Non  manus 
artificis.. .,  19500!!!  à  MM.  Colnaghi,  pour  qui?  pour  un  amateur  qui, 
croyons-nous,  désire  garder  l'anonymat  ;  c'est  une  des  deux  épreuves  connues, 
l'autre  est  au  British  Muséum  —  E.  Galichon,  3505  '  —  Didot,  325  — 
Prince  Waldburg  Wolfegg,  3812. 


La  Carcasse  (B  426). 

On  ignore  de  qui  est  la  composition,  et  on  n'est  même  pas  sûr  que  cette 
pièce  ait  été  gravée  en  entier  par  Marc-Antoine.  Les  initiales  A.  V.  qui 
existent  sur  le  cornet  dans  lequel  souffle  le  jeune  garçon  à  cheval  sur  un 
bouc  qui  galope,  tout  à  fait  dans  le  coin  à  gauche  de  l'estampe,  fait  supposer 
qu'elle  est  due  au  burin  d'Augustin  le  Vénitien.  —  M.  Delaborde  nous  apprend 
que  le  cuivre  existe  encore  et  est  conservé  à  Cobourg  dans  la  forteresse. 

Ventes  :  Oppermann,  37,  épreuve  doublée  —  Fisher,  100. 


Lucrèce  prête  à  se  percer  le  sein.  —  Elle  est  assise  à  la 
gauche  de  l'estampe,  vue  de  trois  quarts,  dirigée  vers  la  droite,  la 
tête  tournée  à  gauche  ;  elle  tient  un  poignard  de  la  main  gauche. 
H.  112™»  —  L.  72  mm. 

Cette  estampe  absolument  banale  et  poncive  de  la  plus  grande  rareté 
sinon  unique  est  restée  inconnue  à  tous  les  iconographes,  y  compris 
M.  Delaborde  ;  A  la  vente  Arozarena  en  1861,  elle  fut  adjugée  300  francs, 
elle  provenait  de  la  collection  de  Sir  Master  Sykes.  —  Ne  pas  la  confondre 
avec  Lucrèce  se  donnant  la  mort  (B  192),  cette  basse  médiocrité  dont 
M.  Delaborde  fait  un  si  pompeux  éloge. 

En  1868  une  exposition  de  l'œuvre  de  l'artiste  fut  faite  au  Burlington  Fine 
Arts  Club. 


1  On  savait  que  M.  Emile  Galichon  était  très  friand  et  très  admirateur  de  l'école  italienne, 
c'est  ce  qui  fait  que  le  public,  se  fiant  au  goût  délicat  du  collectionneur,  n'hésitait  pas  à  payer 
toujours  plus  cher  ce  qui  sortait  de  son  portefeuille,  il  y  trouvait  une  garantie  dont  il  voulait 
profiter. 


240  ÉCOLE    ITALIENNE 


ROBETTA' 

Bel  artiste  de  l'école  llorentine  qui  ilorissait  au  commencement  du 
xvi'  siècle  ;  il  était  orfèvre  et  grava  beaucoup  d'après  les  dessins  de 
Lippino  Lippi,  surtout  après  la  mort  de  ce  dernier.  C'est  toujours  un  peu  sec, 
mais  ça  ne  manque  pas  quelquefois  cependant,  d'une  certaine  beauté.  Les 
mains  laissaient  malheureusement  souvent  à  désirer.  Il  signait  R.  B.  T.  A. 


Hercule  étouffant  Antée  (Bartsch  22).  —  Au  milieu  de  rochers, 
Hercule,  nu  de  profil  à  droite,  étreint  vigoureusement  contre  sa 
poitrine  Antée  qui,  soulevé  de  terre,  essaye  de  se  dégager  en  arebou- 
tant  son  bras  droit  sur  la  tête  du  dieu,  tandis  que  de  l'autre  il  lui 
saisit  le  bras.  Dans  le  haut  de  l'estampe  à  droite,  des  nuages  ;  dans  le 
bas  du  même  côté,  au  pied  d'un  arbre  mort,  un  enfant  nu  à  demi- 
couché. 

Pièce  de  la  plus  insigne  rareté,  l'exemplaire  de  la  Reserve  est  superbe. 

Ventes  :  Fïsher,  625  —  Par  H. -G.  Gutekunst  en  1893  à  Stuttgart,  1200  — 
Angiolini,  900. 

La  Vierge  (B  12).  —  Dans  une  campagne  accidentée,  la  Vierge 
est  assise  ayant  l'Enfant  Jésus  tourné  à  gauche  sur  ses  genoux,  lui 
présentant  de  la  main  droite  un  petit  oiseau.  Au  fond  de  l'estampe, 
rivière  et  collines.  En  bas  au  milieu  de  la  composition  :  R.  R.  T.  A. 

Estampe  rarissime. 

Ventes  :  E.  Galichon,  de  chez  Sykes,  580  —  Griflilhs,  1"  état  non  décrit, 
l'auréole  de  la  Vierge  csi  sans  muons,  il  n'y  a  pas  de  nimbe  à  l'Enfant  Jésus, 
et  la  jambe  droite  de  la  Vierge  n'est  pas  indiquée  au-dessous  du  genou,  elle 
doit  être  reployée  sous  la  cuisse,  ;i.'i7.->  ;  la  même  avec  ces  modifications,  150; 
toutes  deux  provenaient  de  chez  Pierre  Vischer  où  elles  avaient  été  vendues 
en  1852,  la  première  282,  la  seconde  108. 

Adam  et  Eve  avec  leurs  enfants  (B  4).  -  Tous  deux  assis  et 
les  yeux  baissés,  Adam  à  gauche  et  Eve  à  droite;  celui-ci  la  bêche 
entre  les  jambes,  celle-là  un  de  ses  enfants  sur  ses  genoux,  l'autre 
assis  a  droite  sur  une  pierre.  Au  fond,  un  fleuve,  des  collines,  et  tout 


i  i  ii  lalnei  plècei  du  Maître  portent  radreuc  d'Antonio  M«mn«. 


ÉCOLE    ITALIENNE  241 

à  fait  à  gauche,  une  petite  maisonnette  que  l'on  dirait  empruntée  à 
Durer.  Sans  signature. 

Rare  et  curieuse  pièce  très  finement  gravée  et  fort  belle. 

Ventes  :  E.  Galichon,  90  —  Schloesser,  C62  ;  c'est  l'exemplaire  Galichon  — 
Fisher,  62  —  Angiolini,  230. 

L'Adoration  des  Rois  (B  6).  —  Entre  deux  arbres,  entourée 
d'anges,  la  Vierge  est  assise  et  auréolée,  elle  tient  l'Enfant  Jésus  sur 
ses  genoux  et  est  environnée  d'une  multitude  qui  lui  apporte  ses 
hommages.  Au  fond,  on  aperçoit  une  rivière  encaissée  dans  de  hautes 
collines.  En  bas  à  droite,  sous  la  calotte  d'un  des  mages  qui  est 
déposée  par  terre,  on  lit  :  Robetla. 

L'épreuve  qui  est  à  la  Réserve  est  d'une  fraîcheur  telle,  qu'on  jurerait 
qu'on  vient  de  la  tirer;  la  pièce  est  finement  gravée. 

Ventes  :  E.  Galichon,  80  —  Liphart,  37,  de  chez  Otto  —  Vico,  125  - 
Angiolini,  31, 

La  Vieille  et  les  deux  Couples  amoureux  (B24).  —  Au  milieu 
de  l'estampe,  une  vieille  femme  nue  aux  mamelles  pendantes  a  à  sa 
droite  et  à  sa  gauche  un  couple  nu,  homme  et  femme,  qui  se  tiennent 
par  la  taille  ;  près  du  couple  de  gauche,  un  Amour  nu  est  assis  par 
terre  tenant  un  oiseau.  Au  fond  de  l'estampe,  silhouette  d'une  ville  et 
de  colline.  Pas  de  signature. 


SESTO  '  (Caesare  da) 

Artiste  inconnu  ;\  Barlsch  et  a  Passavant,  qui  appartenait  à  l'école 
milanaise  et  sur  lequel  on  sait  très  peu  de  chose.  Nous  citerons  de  lui 
une  pièce  excessivement  rare  qui  passa  à  la  vente  E.  Galichon  où  elle  fut 
adjugée  700  francs,  c'était  : 

La  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste. —  En  pleine  campagne 
sur  le  bord  de  la  mer,  le  bourreau  s'apprête  à  remettre  au  fourreau 
l'épée  avec  laquelle  il  vient  de  décapiter  saint  Jean-Baptiste  qui 
s'affaisse  en  inondant  la  terre  de  son  sang.  Hérodiade  précédée  de 
Salomé  emporte  en  s'enfuyant  vers  la  gauche  la  tête  du  saint  sur  un  plat. 


1  Voir  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  tome  XVIII,  page  550. 

1G 


242  ÉCOLE    ITALIENNE 


UGO   DA   CARPI 

Naquit  à  Carpi  en  1450?  et  mourut  à  Home  vers  1520.  —  Les  Italiens  ont 
voulu  eu  faire  l'inventeur  des  clairs-obscurs,  c'est  une  erreur  profonde,  car 
son  premier  l>ois  ne  date  que  de  1516,  lundis  que  ceux  de  Lucas  Cranach  ', 
saint  Christophe  et  Vénus  et  l'Amour  sont  monogrammes  et  millésimés  150C>, 
il  fut  seulement  le  premier  ou  un  des  premiers  Italiens  à  se  servir  «lu 
procédé.  Il  eut  de  nombreux  imitateurs  parmi  ses  compatriotes,  les  plus 
connus  furent:  Boldrini,  Antoine  </<'  Trente,  Fantuzzi,  Joseph-Nicolas  de 
Vicence,  Andréa  Andréani  de  Mantoue,  Gallas,  etc.  Sa  manière  était  complète- 
ment différente  de  la  technique  allemande,  il  travaillait  avec  deux  planches, 
ses  figures  obtenues  par  teintes  plates  sans  contour  accusé,  avaient  des 
dégradations  de  couleur  et  de  tons  si  habiles,  qu'Hélait  presque  impossible 
à  l'oeil  d'en  distinguer  la  juxtaposition. 

A  l'Exposition  de  la  Gravure  sur  bois  en  1 002,  il  y  avait  quelques  fort 
beaux  spécimens  de  l'œuvre  du  Maître,  nous  avons  remarqué  surtout  : 

David  coupant  la  tête  de  Goliath,* d'après  Raphaël 
(Bartsch  I.  8).  —  Goliath  gil  loul  de  son  Ion»  étendu  par  terre  sur 
le  ventre,  David  le  genou  droit  sur  lui  s'apprête  à  lui  couper  la  tète 
avec  son  glaive  qu'il  tient  des  deux  mains.  A  droite  et  à  gauche  de  la 
composition,  tentes  et  guerriers;  Au  fond  la  campagne.  Au  bas  au 
milieu  de  l'estampe:  Raphaël  Urbinas. 

Il  y  avait  deux  exemplaires  de  colorations  différentes. 

Diogène,  d'après  PARMESAN  (15  IV.  1(1).  —  Il  est  assis  de  trois 
quarts  à  droite  près  de  son  tonneau,  un  livre  ouvert  à  ses  pieds;  on 
aperçoit  un  poulet  plumé  qui  s'enfuit.  En  bas:  Franciscus  Parmesano. 

Celle  estampe  que  nous  avons  admiré  en  trois  épreuves  de  colorations 
différentes,  est  rangée  parmi  les  pièces  capitales  du  Maître. 

A  noter  encore:  /.(/  Descente  de  Croix,  d'après  Raphaël  (H  II.  22).  — 
La  Surprise,  d'après  Le  Parmesan  (B  \.  10) 


VINCI  (Léonard  de) 

L'immortel  et  sublime  artiste,  auteur  de  La  Cène,  l.n  Joconde  et  de  tant 
d'autres  impérissables  chefs-d'œuvre,  est  né  à  Vinci  en  1452  et  mort  en 
France,  à  Cloux,  près  d'Amboise,  en  1519. 


'C'est  donc    i  l'Allemagne,  avec  se»  Jean  Ulrtc  Pllgrlm,  Jt>^t  de  Necktr  d'Augibourg,  <i<- 

i  faut  attribuer  la  paternité.  G  rvalenl  presque  toujours  deS  à  4pUweb.es. 


ÉCOLE    ITALIENNE  243 

On  suppose  qu'il  a  gravé  lui-même  quelques  eaux-fortes  et  on  lui  attribue 
entr'autres,  la  planche  dite  des  Quatre  Cavaliers*.  C'est,  sur  le  même 
cuivre,  une  esquisse  au  trait  fort  sommaire,  et  il  faut  le  dire  sans  grand 
accent,  de  quatre  cavaliers  dans  des  attitudes  différentes  sur  des  chevaux 
qui  se  cabrent;  la  conception  en  est  banale  et  le  rendu  sans  originalités. 
Cette  estampe  que  l'on  considère  comme  unique,  mais  qui  n'est,  nous  le 
répétons,  qu'attribuée'  à  Léonard  de  Vinci,  passa  à  la  vente  Angiolini 
en  189.")  et  y  fut  adjugée  9100  maries,  soit  1 1 375  francs!!!  elle  fut  trouvée 
chez  un  marchand  d'objets  d'art  de  Milan  nommé  Vallardi,  et  est  actuel- 
lement au  British  Muséum.  On  nous  permettra  d'ajouter  que  le  prix  payé 
est  absolument  hors  de  proportion  avec  l'importance  et  la  valeur  artistique 
de  ce  croquis. 

Enregistrons  encore  à  cette  même  vente  :  <\v\.\x  femmes  à  mi-corps,  les 
seins  nus,  tenant  de  leurs  deux  mains  une  pomme  à  la  hauteur  de  la 
ceinture,  et  se  profilant  l'une  sur  l'autre  à  droite,  qui  furent  payées 
ÔÛ00  francs  ;  cette  pièce  unique  et  inconnue  jusqu'à  ce  jour,  mesurait  : 
II.  158  mm  _  L.  83  "»"  ;  puis,  une  vieille  femme  en  buste,  au  masque  de 
polichinelle,  de  profil  à  droite,  coiffée  d'un  colimaçon  sur  lequel  est  assis 
un  Amour  tenant  en  laisse  à  l'aide  d'un  fil,  l'escargot  qui  montre  sa  tète  et 
tire  ses  cornes.  La  vieille  mégère  est  sans  bras  et  ses  seins  émergent  du 
corsage,  H.  162 mm  _  L.  84""",  adjugé  3062  francs.  Répétons  que  ces  deux 
pièces  sont  douteuses,  nous  ne  les  mentionnons  du  reste  qu'à  cause  de  leur 
prix  quasi  fantastiques  et  à  titre  de  pure  et  rare  curiosité,  ce  n'est  pas 
là-dessus,  certes,  qu'il  faudrait  juger  le  génie  qu'était  Léonard  de  Vinci. 


1  Etude  certainement  l'aile  on  vue  de  la  statue  équestre  qu'il  devait  élever  au  duc  François 
Sforza,  mais  que  la  mort  du  prince  empêcha  d'exécuter. 

-  La  reproduction  très  fidèle,  grandeur  île  l'originale,  en  est  faite  dans  le  catalogue  Angiolini. 
et  en  réduction  page  223.  dans  le  Léonard  </c  Vinci  de  Eugène  Mùntz,  Paris,  Hachette,  1899. 

J  On  pourrait  être  moins  timide,  ce  nous  semble,  et  les  inscrire  carrément  a  l'actif  du  Maître, 
le  doute  ne  semblant  guère  permis  quand  on  voit  les  esquisses  similaires,  et  authentiques 
celles-là,  conservées  à  la  bibliothèque  de  Windsor. 


r 

Ecole  Anglaise 


XVIII'    SIÈCLE 


ECOLE   ANGLAISE 


XVIMe    SIECLE 


Nous  avons  déjà  dit  un  mot  à  Siégea  sur  la  manière  noire  ou  mezzotinte, 
procédé  qui  caractérise  d'une  façon  si  spéciale  l'école  anglaise  du  xvme  siècle, 
nous  n'aurons  donc  que  quelques  mots  à  ajouter,  particulièrement  sur  les 
artistes  qui  l'ont  employée  dans  ce  pays  et  à  les  appuyer  de  quelques 
réflexions. 

Tout  collectionneur  doit  se  munir  de  l'indispensable  ouvrage  anglais  de 
John  Chaloner  Smith  '  :  British  mezzotinto  Portraits  "-,  4  parties  en  5  vol. 
1878-1883,  plus  le  portefeuille  de  même  format  contenant  125  portraits  en 
réduction1.  C'est  un  catalogue  admirablement  rédigé  où  3800  portraits  et 
350  sujets  de  fantaisie  dans  lesquels  on  croit  retrouver  la  ressemblance  de 
personnages  de  marque,  sont  décrits  avec  concision  et  clarté  ;  on  peut 
assurer  qu'à  l'exception  de  quelques  pièces,  tous  les  portraits  gravés 
existants  y  figurent  avec  leurs  différents  états,  c'est  complet.  On  a  ajouté 
également  la  série  dite  des  Ihimorous,  dont  les  litres  seuls  sont  indiqués 
avec  le  numéro  correspondant  au  catalogue  Laurie  et  Whittle,  successeurs 
de  Robert  Sayer,  dont  il  sont  extraits  et  que  ce  dernier  publia  en  1795.  Ces 
estampes  sont  au  nombre  de  365,  elles  existent  tantôt  en  noir,  tantôt  en 
couleurs,  beaucoup  sont  sans  nom  de  graveurs,  elles  sont  intéressantes  et 
précieuses  au  point  de  vue  documents  ;  celles  en  noir  se  vendaient  un 
shilling  et  celles  en  couleurs  deux  shillings. 

Le  nombre  des  graveurs  signalés  est  d'environ  210;  il  a  omis  le  nom  de 
Samuel  Cousins,  ce  qui  ne  laisse  pas  que  de  nous  étonner,  car  le  titre  de 

son    ouvrage    dit   textuellement:    «   Descriptive    Catalogue   of  thèse 

engravings,  from  the  introduction  of  the  art  to  tlie  earlg  part  of  the  présent 
cenlurij  »  ce  qui  signifie:  Catalogue  descriptif  de  ces  gravures  depuis  l'intro- 
duction de  cet  art  jusqu'aux  premières  années  du  présent  siècle  ;  or,  Cousins 
est  né  en  1801  cl  mort  en  1887  ! 


1  Son  admirable  collection  fut  dispersée  et  vendue  en  plusieurs  fois  par  Sotheby  et  C° 
de  1890  à  1896. 

-  11  cite  aussi  les  principales  pièces  des  premiers  graveurs  en  manière  noire  étrangers,  mais 
est  muet  sur  toute  pièce  exécutée  au  pointillé,  ne  s'êlanl  point  occupe  de  ce  dernier  procédé. 

:1  Chose  curieuse  à  noter,  aucun  des  portraits  qui  font  fureur  actuellement,  tels  que  ceux 
de:  Ladica  Waldegrave,  Af"  Cornac,  Duchesse  <lc  Rutland,  Lady  Bampfylde,  etc.,  n'y  est 
reproduit,  le  goût  d'alors  n'était  pas  celui  d'aujourd'hui. 


24S  ÉCOLE    ANGLAISE 

Des  travaux  précédents  similaires  avaient  déjà  été  faits  ;  l'un  par 
II.  Bromlcy  en  171)3,  l'autre  plus  détaillé  —  il  y  avait  7  vol.  —  par 
J.  Granger,  1804-1806,  mais  le  classement  était  fait  par  personnages  au  lieu 
d'être  comme  il  l'est  ici  par  graveurs. 

Parmi  les  graveurs  anglais  en  manière  noire  les  plus  célèbres  et  les  plus 
appréciés,  citons  en  suivant,  selon  nous,  l'ordre  de  leur  mérite  :  J.  Dixon, 
J.  Watson,  T.  Watson,  W.  Dickinson,  J.  Ward,  S.  Cousins,  Valcntine  Green  ', 
W.  Ward,  J.-R.  Smith,  W.  lYther  —  .1.  Dean,  G.  Keating,  .T.  Mac  Ardcll  — 
W.  Sharp,  R.  Earlom,  R.  Houston,  John  Jones,  Dunkarton,  etc. 

Ceux  qui  ont  le  plus  gravé  sont  :  John  Faber  Junior,  -119  pièces  ;  J.  Smith, 
2.S7;  J.-R.  Smith,  21)11;  Mac  Ardell,  201;  J.  Watson,  1G7  ;  Y.  Green,  163; 
W.  Dickinson,  '.).">. 

Les  peintres  qui  ont  été  le  plus  reproduits  sont:  d'abord  Reynolds,  puis 
Kncller,  Lely,  Romney,  T.  Hudson,  Hoppner  et  Gainsborough. 

La  belle  et  brillante  période  de  la  manière  noire  fut  de  1730  à  1X10  ; 
Mac  Ardcll  fut  le  premier  graveur  qui  remit  le  procédé  en  honneur,  et 
Samuel  Cousins  le  dernier  artiste  qui  en  usa. 

A  l'heure  qu'il  est  un  vent  de  folie  souille  en  Angleterre  sur  les  estampes 
en  manière  noire,  les  prix  atteints  en  ventes  publiques  dépassent  tout  ce 
que  l'imagination  la  plus  dévergondée  peut  rêver  —  nous  n'avons  pas 
besoin  de  dire  que  les  pièces  qui  bénéficient  de  ces  faveurs  exagérées  — 
sont,  en  l,v  état,  tirées  en  noir  et  dans  des  conditions  de  marge,  de  conservation 
et  de  fraîcheur  absolument  exceptionnelles.  On  verra  plus  loin  les  prix 
obtenus  aux  grandes  dernières  ventes  Ilulth,  Edgeumbe,  Normanton  et  Blyth, 
cette  dernière  surtout  tient  le  record;  3-16  numéros  ont  produit  21717  livres 
sterling,  c'est-à-dire 542925 francs  ;  mais  les  anglais  sont  patriotes,  certaines 
pièces  n'ont  jamais  quitté  l'Angleterre  et  ils  onl  juré  qu'elles  n'en  sortiraient 
jamais,  l'argent  dans  la  circonstance  devient  donc  une  quantité  absolument 
négligeable. 

Nous  avouons  pour  noire  pari  ne  guère  comprendre  pareil  emballement 
el  ces  prix  si  hors  de  proportion  avec  la  valeur  artistique  de  l'objet.  11  y  a 
dans  celle  école,  nous  le  reconnaissons  sans  peine,  d'exquises  et  délicieuses 
estampes,  mais  on  ne  peut  nier  néanmoins  que  le  procédé  par  lui-même 
ne  soit  terriblement  monotone  et,  de  plus,  essentiellement  impersonnel;  que 
CC  soit  gravé  par  Watson  ou  Ward,  par  Larloni  ou  par  Green,  nous  vous 
délions  d'en  voir  la  différence.  On  confessera  donc,  que  dans  de  telles 
conditions,  une  collection  exclusivement  composée  de  manière  notre  est  loin 
d'avoir  la  séduction  d'une  réunion  de  pièces  présentant  les  diversités 
d'aspect  que  donnent  l'eau-forte,  la  pointe  sèche,  le  bois,  le  vernis  mou  et 
même  le  burin. 

Faisons  observer  que  tous  les  premiers  étals  sont  imprimés  en  noir  cl  que 
lorsque  la  planche  commence  à  s'user,  ce  qui  arrive  très  vite-,  on  la  tire  en 


i  M  a  paru  dernièrement  n  [lais  B.  QuarUch  une  monographie  très  complète 

de  cet  artiste  par  Alfred  Whitman. 

■  il  ne  but  gui  i <  compter  plus  de  30  a  10  èpram es  do  l"  état,  c'est-à-dire  d'exemplaire*  (leur 

de  cuti       !  ' ■<"  ■  -i  que  les  portraits  m  réputés  ■  l  «  -  :  La  Ducheeee  <!<■  BuUand,  U  '  Carnac,  badg 

Bampfylde,  etc...  n'exl  -  couleur!  originalement  loul  au  moins  ;  il  ne  noua  a,  du  Béate, 

jamaisété  'I de  li    volt  autrement  qu'en  n 


ÉCOLE    ANGLAISE  249 

couleurs  pour  masquer  ses  faiblesses.  Notons  aussi  —  bizarrerie  des  collec- 
tionneurs —  que  si  les  portraits  ne  sonl  recherchés  et  surpayés  qu'en  noir, 
les  sujets  de  fantaisies  ne  le  sont,  au  contraire,  qu'en  couleurs. 

En  1881,  The  Burlington  fine  Arts  Club,  toujours  à  la  tète  du  mouvement 
artistique  de  son  pays,  fit  une  très  remarquable  exposition  de  gravures  en 
manière  noire  depuis  son  origine  jusqu'à  nos  jours,  puis  une  seconde  en 
1902',  cette  dernière  ne  faisait  figurer  que  les  portraits  de  1750  à  1830.  Nous 
ne  pouvons  passer  sous  silence  une  inexplicable  omission,  celle  de  l'œuvre 
du  célèbre  artiste  Samuel  Cousins;  comment  se  fait-il  qu'un  graveur  de  cette 
envergure  ait  été  encore  oublié?  nous  disons  encore  parce  qu'il  en  fut 
de  même  en  1881.  Le  catalogue  de  cette  exposition  avait  une  préface 
de  M.  W.-G.  Rawlinson  extrêmement  intéressante,  il  nous  apprenait  de 
curieuses  choses  sur  la  technique,  le  tirage,  les  états,  les  prix  qu'on  payait 
naguère  une  planche  pour  un  portrait  au  xvm»  siècle,  prix  qui  variaient, 
suivant  les  dimensions,  entre  500  et  1250  francs,  et  qu'aujourd'hui  on  ne 
pourrait  obtenir  à  moins  de  3700  et  G000  francs  et  souvent  davantage,  il 
mentionnait  aussi  le  procédé  de  l'aciérage-  qui,  pouvant  se  répéter  indéfi- 
niment, refait  pour  ainsi  dire  chaque  fois  une  nouvelle  virginité  à  la  planche, 
à  ce  point  que  MM.  Graves  et  O  lui  ont  assuré  avoir  pu  tirer  d'un  même 
cuivre  aciéré  sept  ou  huit  fois,  trois  cents  épreuves  d'artistes,  et  plus  de 
10.000  épreuves  courantes  et  ce,  sans  fatigue  apparente  de  la  planche. 

Entre  ces  deux  expositions,  une  troisième  avait  pris  place  en  18SG,  c'était 
celle  de  l'œuvre  à  peu  près  complet  de  James  Mac  Ardell. 

En  1900,  les  amoureux  des  belles  estampes  ont  pu  admirer  à  leur  aise  au 
Pavillon  Royal  d'Angleterre  la  collection  ultra  sélect  de  21  portraits  les  plus 
célèbres  gracieusement  prêtés  par  lord  Cheylesmore». 

Signalons  aux  amateurs  le  complément  obligé  de  Chaloner  Smith, 
c'est-à-dire  :  Eighteenth  century  colour  prints,  an  essay  on  certain  stipple 
engravers  and  their  ivork  in  colour,  par  Julia  Erankau,  London  1900  l.  ("est 
un  volume  fort  instructif,  illustré  de  52  planches  avec  un  texte  explicatif 
passant  en  revue  les  différents  procédés  au  pointillé  depuis  son  origine. 
Ce  procédé  n'est  vraiment  séduisant  qu'en  couleurs,  en  noir  il  est  abomi- 
nable. Les  artistes  qui  s'en  sont  servis  avec  le  plus  d'habileté  sont  surtout  : 
llarlolozzi,  T.  Collyer,  J.  Collyer,  R.-S.  Macuard,  C.  Knight,  \V.  Nutter, 
T.  Gaugain,  L.  Schiavonetti,  C.  Wilkin  et  P.-W.  Tomkins. 


'  Dans  la  première  exposition,  qui  contenait  138  pièces.  le  classement  avait  été  Tait  chronolo- 
giquement par  noms  de  graveurs,  avec  une  notice  biographique  sur  chacun  d'eux  ;  dans  la 
seconde,  qui  comprenait  101  pièces,  on  avait  au  contraire,  procède  au  classement  par  le  nom 
des  personnages  auxquels  on  avait  également  consacré  une  petite  note  biographique,  sans  pré- 
judice de  celle  donnée  aux  artistes,  qui  avait  été  placée  à  la  lin  du  catalogue.  —  Les  plus  belles 
collections  de  portraits  actuellement  en  Angleterre  sont  chez  le  duc  de  Devonshire,  le  comte  île 
Hardwick  et  le  comte  de  Stanford. 

'Inventé  par  Salmon  et  Garnier  vers  1853  ou  18G0  ;  c'est  de  cette  époque  que  datent  les 
galvanos. 

3  Décédé  en  mai  1302,  l'éniinenl  amateur  a  t'ait  don  au  lirilisli  Muséum  de  sa  collection 
composée  d'environ  H000  portraits  qu'il  avait  commencé  à  réunir  vers  1870. 

*  Nous  pouvons  ajouter  encore  :  Masters  o[  Mezzolint,  par  M.  Alfred  Whitman,  du  Brilish 
Muséum,  publié  chez  George  Bell  &  Sons  de  Londres.  —  M.  Whitman  est  encore  l'écrivain 
distingué  du  très  intéressant  volume  The  Print-Collector's  llandbook. 


LCOLE    ANGLi 

Mentionnons,  pour  en  terrainei .  les  estampes  en  manière  noire  suivantes 
pu  rachètenl  leur  laideur  i »=> r  une  insigne  rareté:  Lady  Xeville,  d'après 
Pooley,  par  S.  Leader,  deux  exemplaires  connus  Charles  /".  d'après  Van 
Dyck,  par  H.  Etobinson,  exemplaire  unique  —  William  Bullock,  par  T.  Johnson, 
cinq  exemplaires  M™  Cibber,  d'après  Hudson,  par  John  Faber,  quatre  exem- 
plaires —  William  King,  d'après  Dalh,  par  Thomas  Beard,  deux  exemplaires. 

El  maintenant,  passons  en  revue  les  plus  délicates  gravures  de  cette  école 
qui,  à  l'heure  qu'il  est,  tient  presque  la  tête  du  marché  quant  aux  prix  payés. 


BEECHEY   (William,  d'après) 

1753-1839 

Childrcn  at  Play  (Smith  <>).  —  Dans  la  campagne,  quatre  enfants 
tous  tournés  vers  la  droite  —  trois  filles  et  un  garçon  —  ce  dernier, 
debout,  s'apprête  à  décocher  une  Qèche  en  bandant  son  arc,  il  a 
près  de  lui  par  terre,  au  tout  premier  plan,  son  chapeau  sur  lequel 
deux  flèches  sont  posées.  Sous  le  trait  carré  à  gauche,  Painted  by 
W.  Beechcy ;  à  droite,  Engraved  />;/  Th.  Pari;.  Au  milieu,  Chidren  ni 
Play,  et  au-dessous  en  dernière  ligne,  Published  by  Pari;  1/!)1  '. 

Estampe  en  couleurs  très  rare. 

Vvnlrs:  En   1901,   par  .1.   Halle,  antiquaire  à  Munich,  2000,  avec  la    lettre 
ouverte  —  C.  .1.  et  G.  K.,  1380. 


BIGG   (W.-R.  d'après) 

1755-1828 

The  Romps-  (par  W.  Ward).  -  Dans  une  salle  de  pensionnat 
où  jouent  sept  fillettes,  la  maîtresse  entre  à  droite  cl  réprimande 
vertement  une  élève  qui,  en  renversant  une  table,  a  répandu  l'encrier 
sur  sa  robe.  Au  fond  de  la  pièce,  une  cheminée. 


'  Disons  une  fols  pour  toutes,  que  les  estampes  anglaises  portent  généralement,  comme  l<". 

du  ■  '  île,  ■.mis  li'  irnll  carré  :  n  gauche  le  nom  ilu  peintre,  a  droite  celui  du  graveur,  au 

milieu  de  la  marge  I'1  litre,  cl  en  plus,  cl  en  dernière  ligne,  ce  qui  n'a  lieu  que  plus  rarement 

chez  "■  u  ,  h  i i    r.  diti  ur  avec  le  quanllémc  du  moi-,  ri  l'année  de  la  publication.  Nous  ne 

reproduirons  point    m  i  etenso,   toutes  ces  inscriptions  qui  surchnrgeralenl   notre  texte  el 

absoi  i.i    i i  contenterons  d'indiquer  seulement  en  français  les  dates 

de   publications   intéressantes   au  point  de   vue   chronologique.    Nous   ajouterons,   que   le 

prem i  '!'    manière!  noirci,  toujours  extrêmement  rare,  esl  vierge  il''  toutes  ces  inscrlpuons 

el  ■   '  Imprimé  i  n  noir. 

I      '■       bruyanlt. 


ÉCOLE    ANGLAISE  253 

Truants '  (par  T\"  VVard)  Un  professeur  gronde  de:  enfants 
quj  avaient  accusé  un  pelil  paysan  d'avoir  dérobé  des  fruits. 

Fort  jolies  estampes  en  couleurs  se  faisanl  pendants. 

Ventes:  Comte  Esterhazy;  the  Romps,  700;  Ihe  Truants,  400  —  Par  Halle, 
les  deux  pièces,  !)7.~>  —  C.  .1.  cl  (i.  K.,  les  deux,  1580. 

A  Lady  and  herchildren  reeving  a  Cottager  -(parlîarlolozzi3). 
Devant  une  humble  chaumière,  une  pauvre  femme  est  agenouillée, 
son  enfant  dans  ses  bras,  elle  reçoit  la  visite  d'une  riche  châtelaine 
accompagnée  de  ses  deux  enfants  et  d'un  domestique  nègre  qui  porte 
son  vêlement  et  son  ombrelle.  Au  premier  plan  à  gauche,  un  petit 
chien  aboie. 

Pièce  en  couleurs  au  i>oiiilillé  qui  n'est  pas  très  commune,  adjugée  vente 
G.,  65  francs  ♦. 

Saturday   morning   favourite  chickens  going  to  market  3 

(par  J.  Burke).  —  Devant  une  chaumière  des  fermiers  et  leurs  enfants 
sont  rassemblés  ;  à  droite  un  âne  et  son  ànon,  et  près  d'eux  une 
marchande  de  poulets  accroupie  tendant  la  main  pour  recevoir  son 
argent  sans  doute.  A  droite  s'étend  la  campagne. 

Pointillé  en  couleurs  charmant,   une  épreuve  à  la   vente  Esterhazy  fut 
adjugée  182  lianes. 

Shipwreek'd  Sailor  boy  telling  his  story  to  a  cottage  tloor* 6 

(par  T.  Gaugain).  —  Venant  de  la  droite,  nu-pieds,  un  bâton  à  la  main, 
un  petit  mousse  échappé  d'un  naufrage,  raconte  son  histoire  à  trois 
femmes  et  deux  enfants  qui  sont  à  la  porte  d'une  chaumière  à  gauche. 
La  campagne  se  déroule  à  droite. 

Pointillé  en  couleurs  dont  un   exemplaire  fut  adjugé  ;'i  la  même  vente 
166  francs.  —  Cette  pièce  existe  aussi  gravée  par  J.  Schmitz. 


i  L'Ecole  buissonnière. 

-  i'nc  Dame  et  ses  enfants  secourant  nnc  paysanne. 

3  A  la  même  époque  que  ce  maître,  vivait  un  contrefacteur  qui,  pour  donner  le  change, 
copiait  servilement  l'artiste  et  signait  Bartoloni,  se  défier  de  ne  pasticheur  déshonnête. 

1  A  cette  venle  faite  par  Bouillon  le  10  mai  1894,  le  catalogue  dil  par  erreur,  croyons-nous, 
gravé  par  J.-H.  Smith. 

3  Le  samedi  matin  les  poules  favorites  allant  an  marché. 

R  Un  Mousse  naufrage  raconte  son  histoire  «  /a  ;)or/c  d'an  cottage. 


252  ÉCOLE    ANGLAISE 

The  Sailor's  Orphans  or  the  Y°un9  Ladie's  subscription  ' 

(par  Ward). 

Une  épreuve  en  couleurs  à  la  vente  C.  J.  et  (1.  K.,  920  francs;  à  la  même 
vente,  une  épreuve  en  noir  avec  son  pendant  The  Soldier's  widow  or  School 
boifs  collection-,  par  Dunkarton,  l'ut  adjugée  2.">0  francs. 


COSWAY  (Richard,  d'après) 

1740-1821 

Mr*  Fitzherbert  (par  J.  Condé).  —  Elle  est  assise  de  face  au  pied 

d'un  gros  arbre,  la  main  droite  étendue  horizontalement  sur  un  tertre 

gazon  né,  la  gauche  tenant  un  livre  entr'ouvert  ;  son  chien  est  près 

d'elle  à  gauche  qui  la  regarde,  et  derrière  elle  on  aperçoit  deux  ramiers 

sur  une  branche.  Publié  en  1792. 

Pointillé  en  couleurs  recherché  et  très  rare. 

Ventes:   Defer  IHunesnil,  ôlO   —   Baron   F.  de  L.,  1937     -   A  Londres,  le 
19  février  1902,  adjugé  2835. 

The  fair  Moralist  and  lier  Pupil  (par  Bartolozzi).  —  Une  jeune 
femme  coiffée  d'un  grand  chapeau  à  plumes  légèrement  incliné  à 
gauche,  est  assise  de  face  sur  un  canapé,  son  bras  gauche  est  étendu 
sur  le  dosier  de  ce  siège,  près  d'elle  un  jeune  enfant  debout  s'appuie 
sur  ses  genoux,  feuilletant  un  livre  que  sa  mère  lient  dans  sa  main 
droite.  Publié  en  1787. 

Rare  pointillé  en  couleurs  représentant  M Hbrdïng  et  son  /ils. 

Ventes:  Par  Halle,  1G00  —  Baron  F.  de  L.,  avec  la  lettre  grise,  106. 


COSWAY  (Maria,  d'après) 
1760-1825 

M"  Cosway  (par  V.  Green)  —  Smith  20.  —  A  mi-corps,  de  trois 
quarts  à  gauche  el  regardant  de  face,  elle  est  assise  dans  un  fauteuil, 
les    liras   noises,    à    son   cou   un    velours    noir   où    pend    une   croix. 
Publié  le  1"  septembre  17.H7. 
Ventes     Ligaud,  .'MO  -  Baron  F.  de  L.,  950  —  C.  J.  et  G.  K  ,  1180. 


'  1rs  Orpheltm  iiu  marin  <«i  lu  quèlt  de»  feami  femma, 
i     Vcuvt  du  ioldat  ou  la  collecte  du  écolier*. 


ÉCOLE   ANGLAISE  253 

Georgiana  Duchess  of  Devonshire  (par  V.  Green)  —  S  30.  — 
Sortant  d'un  nuage  derrière  lequel  apparaît  le  ciel  où  scintillent 
quelques  étoiles,  elle  semble  descendre  sur  la  terre  ;  elle  est  de  face, 
un  croissant  dans  les  cheveux,  le  bras  droit  levé  vers  le  ciel  qu'elle 
vient  de  quitter.  En  bas  cinq  vers.  Publié  le  1er  janvier  1783. 

Jolie  pièce  dont  il  faut  rejeter  les  épreuves  portant  le  titre  Cynthia  ainsi 
que  l'adresse  14  Percy  street  Bedford  square. 


DAYES   (Ed.,  d'après) 


A  Promenade  in  S'-James's  Park  (par  F.-D.  Soiron). 

Cette  jolie  et  très  rare  estampe  publiée  en  janvier  1793,  fut  adjugée  avec 
.4;i  airing  in  Hyde  park,  par  Gaugain  en  179G,  à  la  vente  Blyth,  IG27  lianes  ; 
à  la  vente  C.  J.  et  G.  K.,  ces  deux  mêmes  pièces  atteignirent  3000  francs  ; 
An  airing...  seule  fit  1510  francs.  Cette  dernière  estampe  à  une  vente 
anonyme  faite  le  14  mars  1903,  fut  adjugée  3000  francs. 

A  la  vente  de  M"**  C.  Lelong,  A  Promenade. . .  avec  A  Tea  Garden  furent 
adjugés  5900  francs. 

Nous  n'avons  fait  qu'entrevoir  ces  gravures,  ce  qui  nous  prive  d'en 
donner  la  description,  leur  souvenir  n'étant  pas  assez  présent  à  notre 
mémoire. 


DOWNMAN   (John,  d'après) 
? -1824 

Lady  Duneannon  (par  Barlolozzi,  1788).  —  Elle  est  dans  un 
ovale,  vue  à  mi-corps  et  coiffée  d'un  large  chapeau  empanaché. 

Un  rare  exemplaire  de  cette  pièce  en  couleurs  fut  adjugé  à  la  vente 
C.  J.  et  G.  K.,  780  francs,  avec  la  lettre  grise,  et  755  à  une  vente  anonyme 
faite  le  14  mars  1903. 

Duchess  of  Richmond  (par  T.  Burke,  1797).  —  Dans  un  ovale, 
à  mi-corps,  assise  de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  de  ce  côté, 
un  fichu  sur  les  épaules  vient  se  nouer  sur  la  poitrine. 

Ventes  :  Ligaud,  en  couleurs,  700;  en  noir,  91  —  C.  J.  et  G.  K.,  920, 
encadré  mais  ta  marge  inférieure  manquait  —  Baron  F.  de  L.,  1400. 


2.">1  ÉCOLE   ANGLAISE 

Miss  Farren  (par  J.  Collyer).  —  En  l)iisle  dans  une  bordure 
ovale,  de  profil  à  droite  et  à  mi-corps.  Publié  le  14  février  1788  '. 

Très  rare. 

Ymles  :  Ligaud,  1245,  épreuve  remargée  —  ('..  J.  et  (1.  K  ,  encadrée  et  en 

bistre,  S(  10  -  Baron  F.  de  I..,  1450, 

Miss  Kemble  (par  J.  Jones).  —  Dans  un  ovale,  à  mi-corps,  de 
lace  et  assise  les  bras  croisés,  elle  regarde  à  gauche  ;  derrière  elle  de 
ce  côté,  une  branche  d'arbre  feuillée.  Publié  en  17S4. 

Ne  pas  confondre  ce  portrait  avec  celui  gravé  par  le  même  artiste  d'après 
Reynolds  (Smith  42)  —  Les  quatre  estampes  ci-dessus  décrites  sont  toutes 
des  pointillés. 

L'n  exemplaire  fut  adjugé  par  Halle,  425  francs. 


ENGLEHEART  (G.  d'après) 

1752-1829 

MIS  Mills  (par  J.-R.  Smith)  —  Sin  108.  —  Elle  est  assise,  tournée 
à  gauche  et  regarde  de  face.  Elle  est  coiffée  d'un  grand  chapeau 
orné  de  plumes  et  tient  une  lettre  dans  la  main  droite.  Public  le 
18  décembre  lT.si;. 

Ymlrs:  A  Londres,  le  18  avril  1898,  un  exemplaire,  1575  —  Ligaud,  2010, 
avec  une  grande  marge;  la  même,  avec  une  petite  marge  et  un  coloris 
différent,  210. 


GAINSB0R0UGH     (d'après) 

1727-1788 

M"1'  Bacelli  (par  John  Jones).  —  De  l'ace,  elle  danse,  la  télé 
inclinée  sur  l'épaule  droite,  la  main  droite  à  la  taille,  la  gauche 
suivant  le  mouvement  de  la  cadence.  Dans  le  coin  de  l'estampe 
on  lit  :   S  ignora  Bacelli.   Au   fond  s'étend   la   campagne.   Publie  le 

.'>  lévrier  17.SI. 


i  Noua  croyon: .  tant  l'affirmer,  qu'il  >  ;i  ou  un  r<  llragi  daté  do  ianvli  >r  / 

un.  i   rhon  rouçh  lus  i.i/r  mi. i  Worki  par  V  •  Arlhan  Bell,  publié  A  I  i 

i      Bell  ,x  Sun*. 


ÉCOLE    ANGLAISE  '2f>."> 

A  rejeter  les  épreuves  portant  la  date  du  l'i  juin  1811.  Ne  pas  confondre 
aussi  ce  portrait  avec  celui  d'après  Reynolds,  gravé  par  notre  artiste  (Sm  6), 
où  elle  est  dans  un  ovale  de  trois  quarts  ù  droite  regardant  de  face  et  tenant  de 
la  main  droite,  à  la  hauteur  de  son  visage,  le  masque  qu'elle  vient  d'enlever. 
Un  exemplaire  superbe  de  la  ravissante  pièce  que  nous  venons  de  décrire 
figurait  au  Pavillon  Britannique  à  l'Exposition  de  1900. 

Ventes:  Gentien,  260—  Blyth,  une  belle  épreuve  adjugée  12G0  francs. 


Her  Royal  Highnessthe  DuchessofCumberland(parV.Green) 
Smith  31.  -  -  Debout  au  pied  d'une  colonne,  de  face,  regardant  à 
droite.  La  main  gauche  —  une  vraie  main  de  duchesse,  tant  elle  est 
fine  et  fuselée  —  s'appuie  sur  le  dossier  d'un  fauteuil,  la  gauche  pend 
le  long  du  corps,  soutenant  les  plis  du  long  manteau  doublé  d'hermines 
dont  elle  est  revêtue  ;  le  cou  se  dégage  gracieux  d'un  corsage  légère- 
ment échancré.  Au  fond,  de  lourdes  draperies  laissent  entrevoir  à 
gauche,  au  tout  dernier  plan,  deux  tours  très  élevées. 

Adorable  pièce  qu'il  faut  avoir  en  1er  état,  c'est-à-dire  avec  la  date  de 
publication  du  1"  janvier  1783  et  non  avec  celle  du  le»' janvier  1790  publiée 
par  Brydon  et  qui  est  de  beaucoup  inférieure,  lîromley  croit  pouvoir  affirmer 
que  la  tète  seule  est  de  Gainsborougb  et  que  le  reste  est  de  Cosway. 

Mrs  Richards  (par  J.  Spilsbury)  —  Sm  35.  —  Dans  un  ovale,  à 
mi-corps  et  tournée  à  droite,  elle  regarde  de  face.  La  coiffure  est  basse 
quoique  les  cheveux  soient  relevés,  elle  porte  des  boucles  d'oreilles, 
un  collier  de  perles  avec  une  collerette  de  dentelles  à  petits  volants 
laissant  entrevoir  un  peu  de  la  poitrine.  Au  corsage,  un  bouquet  que 
retient  la  main  gauche.  Publié  le  20  septembre  176S. 

On  ne  connaît  qu'un  exemplaire  avant  les  inscriptions. 


HAMILTON   (W.  d'après) 
1751-1801 

Morning  (par  P.-W.  Tomkins).  —  A  la  porte  d'une  ferme,  à 
gauche,  une  femme  liait  une  vache,  deux  autres  femmes  sur  le 
premier  plan  portent  l'une  un  seau  de  lait,  l'autre  un  joug  ;  à  droite, 
deux  enfants  dont  l'un  boit  un  bol  de  lait.  Au  fond,  dans  une  ferme, 
un  autre  baratte. 


256  ÉCOLE    ANGLAISE 

Evening  '  (par  le  même).  —  Un  troupeau  de  moutons  rentre  à 
droite  ;  à  gauche,  une  femme  est  à  genoux,  et  presqu'au  milieu  de 
l'estampe,  un  homme  et  une  femme  sont  debout,  l'un  joue  de  la  musette, 
l'autre  tient  une  houlette;  un  chien  est  près  d'eux.  Au  fond  la  campagne. 

Jolis  pointillés  en  couleurs  publiés  le  i  juin  17S9  se  faisant  pendants. 

The  Shepherdess  of  the  Alps!  (par  J.  Eginton  1792).  —  Assise 
dans  la  campagne  au  pied  d'un  gros  arbre,  de  trois  quarts  à  droite, 
elle  regarde  dans  cette  direction,  les  mains  jointes  sur  les  genoux,  un 
bâton  en  travers  sur  le  bras  droit,  elle  garde  ses  moutons  qui  sont  à 
droite.  Au  fond,  des  collines. 

Cette  estampe  au  pointillé  ne  justifie  point,  suivant  nous,  par  sa  valeur 
artistique  les  liants  prix  qu'on  va  lire: 

Ventes     par  Halle,  1UG2  —  Baron  F.  de  L.,  1250. 


HOPPNER1  (John,  d'après) 

1758-1810 

The  children  Douglas1  (par  J.  Ward)  —  Stn  14.  —  A  droite,  un 
petit  garçon  debout  tourné  à  droite  regarde  de  face,  il  est  coiffé  d'un 
chapeau  à  plumes  et  porte  un  large  col  blanc  ;  au  centre,  une  fillette  est 
assise  sur  un  banc,  regardant  fixement  devant  elle  ;  derrière  elle,  sa 
sœur  aînée;  une  autre  jeune  Bile  à  genoux  et  appuyée  sur  son  bras  droit, 
parle  à  la  petite  fille.  Au  fond,  la  campagne.  Publié  le  1er  mars  1799. 

Children  bathing  r  (par  le  même)  —  Sm  27.  —  A  gauche,  un  jeune 
garçon  debout  tourné  à  gauche  regarde  de  face,  il  porte  un  large  col 
blanc  cl  déboutonne  sa  jaquette;  sur  le  bord  d'un  ruisseau  deux 
autres  enfants  assis  et  à  demi-déshabillés.  Au  fond,  la  campagne. 
Publié  le  1"  avril  1799. 

(les   deux   estampes  qui   se   l'ont   pendants  sont   rares  et   extrêmement 
recherchées  à  la  vente  Blyth  elles  furent  adjugées  9450. 


i  Lé  Soir. 

-  La  Bergi  r.-  du  I 

J  L'artiste  *  gravé  '<</  minu  deux  ou  trois  mezzotlntes. 

*  l.'-  Bous-Utre  est  Juvénile  ntlrenwnl  -i1"  itgnifle  Inuuemenl  <i"  feunt 

•  i  nfanti   i  baignant, 


ÉCOLE    ANGLAISE  257 

Daugthers  of  Sir  Thomas  Frankland  (par  W.  Ward)  —  Sm  38.  — 
Assises  toutes  deux  dans  la  campagne,  de  trois  quarts  à  gauche,  un 
portefeuille  d'estampes  entre  elles  deux  sur  leurs  genoux  ;  la  jeune 
femme  du  deuxième  plan  a  passé  son  bras  gauche  sur  l'épaule  de  sa 
sœur  qu'elle  regarde  de  face,  un  chien  est  couché  sur  leurs  jupes 
devant  elles.  Publié  le  1er  mars  1797. 

C'est  à  coup  sûr  une  des  plus  ravissantes  pièces  de  l'école  anglaise  et  l'on 
comprend  facilement  les  sacrifices  pécuniaires  qu'on  s'impose  pour  la 
posséder. 

11  faut  noter  qu'au  4e  état,  c'est-à-dire  avec  le  titre  The  Sisters,  elle  est 
infiniment  moins  séduisante  quoique  parfaitement  digne  encore  de  retenir 
l'attention  du  collectionneur. 

Ventes  :  Hulth,  en  1"  état,  9975  —  Le  18  février  1898  à  Londres,  1er  état, 
9500  —  Blyth,  4e  état,  3281. 

Lady  Charlotte  Gréville  (par  Young)  —  Sm  29.  -  Elle  est 
assise  sur  un  banc  de  gazon  et  caresse  un  jeune  chien  en  regardant  à 
gauche.  Elle  a  un  ruban  dans  les  cheveux  et  les  manches  de  sa  robe 
sont  étroites.  Au  fond,  la  campagne. 

Délicieuse  et  rarissime  estampe. 

Ventes  :  Le  6  juin  1898  à  Londres,  1100  —  Blyth,  1"  état,  2625  —  C.  .1.  et  G.  K., 
4100,  épreuve  encadrée  et  signée  au  verso  par  le  graveur. 

Mrs  Parkyns  (par  Ch.  Wilkin  1795).  —  Debout  dans  la  campagne, 
de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  de  face.  Elle  est  légèrement 
décolletée,  coiffée  d'une  toque  à  plumes,  un  collier  de  perles  au  cou, 
un  mantelet  de  dentelle  sur  les  épaules,  et  la  main  gauche  qui  pend 
le  long  du  corps  tient  un  mouchoir  de  poche. 

Pièce  au  pointillé. 

The  Right  Honble  Lady  Anne  Lambton  and  FamilY  (par 
Young)  —  Sm  46.  —  Debout  et  regardant  à  droite,  elle  a  le  coude 
appuyé  sur  un  piédestal  ;  près  d'elle  sa  fille  qui  arrange  le  sabre  de 
son  frère  aîné.  Deux  autres  enfants  complètent  la  scène,  l'un  d'eux 
a  le  pied  droit  déchaussé.  Au  fond,  la  campagne.  Publié  le  6  avril  1799. 

Une  fort  belle  épreuve  atteignit  à  la  vente  Blyth,  5250  francs. 

Lady  Mildniay  and  Child  (par  W.  Say  1803).  —  La  jeune  femme 
est  nu-tête,  de  trois  quarts  à  gauche,  regardant  de  face,  le  bras  gauche 

17 


258  ÉCOLE    ANGLAISE 

demi-nu  pend  le  long  du  corps,  retenant  une  écharpe  légère;  sa  fillette 
déchaussée  est  assise  sur  un  socle  rectangulaire,  elle  se  penche  vers 
elle,  enlaçant  son  cou  de  ses  bras.  Derrière  elles,  une  balustrade. 

Très  rare .  un  exemplaire  —  qui  n'est  pas  cité  dans  Smith  —  fut  adjugé 
vente  Blyth,  9450  francs. 

Sallad  Girl  (par  W.  Ward)  —  Sm  47.  —  Jeune  fille  légèrement 
tournée  à  gauche  et  regardant  de  face,  elle  porte  un  bonnet  et 
un  fichu  et  lient  dans  les  mains  un  panier  île  salade.  Publié  le 
10  février  1783. 

A  contemplative  Youth  '  (par  G.  Hodges)  --  Sm  4.  —  Assis 
à  droite  et  tourné  à  gauche,  il  regarde  de  face,  les  yeux  levés  au  ciel, 
les  mains  appuyées  sur  les  genoux.  Au  fond,  la  campagne.  Publié 
le  3  avril  17SG. 

Ces  deux  estampes  qui  ne  semblent  cependant  pas  se  faire  pendants, 
furent  adjugées  ensemble  à  la  vente  ('..  .1.  et  <1.  K.,  3350  francs:  la  première 
qui  est  1res  rare,  était  avec  la  faute,  cVsl  à-dire  avec  le  mot  écrit  Sailad ; 
la  seconde  en  2'-  étal,  avant  les  inscriptions  effacées. 

The  setting  Sun  '  (par.!.  Young)  —  Sm27.  —  Dans  la  campagne 
à  gauche  de  l'estampe,  au  pied  d'un  bouquet  d'arbres,  une  jeune 
femme,  le  genou  gauche  en  terre,  soutient  de  son  bras  droit  une 
lillelte  à  laquelle  de  la  main  droite  elle  indique  le  soleil  qui  sombre  à 
l'horizon.  L'enfant  rejetée  légèrement  en  arrière,  lève  la  main  gauche 
à  la  hauteur  de  ses  yeux  pour  se  les  protéger  contre  la  clarté  de  l'astre 
mourant.  Devant  elles,  un  petit  garçon  debout,  le  corps  de  profil  à 
gauche,  regarde  de  face.  Publié  le  'il  janvier  1790. 

Cette  délicieuse  estampe  représente  les  enfants  Godsale  dans  le  parc  de 
[SCO)  d,  dans  le  !■  lintsliire. 

Ventes     l'.n  1901,  par  Halle,  2812  -  Baron  F.  de  I...  3850. 

Duehess  of  York  (par  W.  Dickinson) —  Sm  94.  —  Dans  un  parc, 
au  pied  de  grands  arbres,  la  duchesse  est  debout,  de  trois  quarts  à 
gauche  et  regardant  de  face,  sa   main  droite  s'appuie  sur  une  balus- 

trade,  l'autre  est  ramenée  sur  sa  hanche,  un  pelil  chien  la  regarde; 


•  .l'.i  |,i      Reynoldi. 
"  /     Soleil  couchant. 


ÉCOLE    ANGLAISE  25(J 

derrière  elle  trois  demoiselles  d'honneur,  l'une  d'elle  relève  la  traîne 
de  sa  jupe.  Publié  le  1er  décembre  1795. 

Rare  et  charmante  pièce  adjugée  à  la  vente  du  baron  F.  de  L.,  012  lianes. 

Sophia  Western  (par  J.-R.  Smith).  —  La  jolie  jeune  femme 
—  très  probablement  assise  —  est  vue  à  mi-corps,  de  face,  les  bras 
croisés  sont  sans  doute  appuyés  sur  le  montant  d'une  croisée,  les 
brides  qui  parlent  de  derrière  le  chapeau  viennent  se  rejoindre  sur  la 
gorge  demi-nue,  la  tète  est  légèrement  inclinée  à  gauche,  les  oreilles 
sont  ornées  de  boucles  en  forme  de  poire. 

Miranda  '  (par  W.  Ward).  —  Au  pied  de  rochers  à  gauche, 
bordés  par  la  mer  à  droite,  la  jeune  femme  est  debout,  bras  et  tète 
nus,  un  simple  ruban  dans  ses  cheveux  épars,  le  corsage  fortement 
échancré  laisse  entrevoir  la  naissance  du  sein  droit.  Elle  est  de  trois 
quarts  à  gauche,  regardant  de  face,  son  bras  droit  est  étendu  vers  le 
rocher,  un  vent  violent  soulève  ses  jupes  et  l'ample  vêlement  qui 
recouvre  ses  épaules.  Derrière  elle  le  flot  avec  son  écume  blanche,  et 
au  loin  sur  la  mer  un  alcyon. 

Pièce  en  couleurs  délicieuse  mais  de  la  dernière  rareté  qui  semble,  ebose 
extraordinaire,  ne  pas  exister  en  noir,  car  Smith  n'en  t'ait  pas  mention. 

Une  fort  belle  épreuve  dans  la  collection  de  M.  Frank  T.  Sabin,  de 
Londres.  —  Le  Connaisseur*  nous  apprend  qu'un  exemplaire  superbe  existe 
dans  la  collection  de  lord  Cheylesmore  et  qu'il  fut  payé  par  le  grand  collec- 
tionneur 1000  francs  ;  il  ajoutait  que  dernièrement  un  marchand  lui  en 
proposa  un  autre  beaucoup  moins  beau,  dont  il  demandait  modestement 
(i.")0  livres  sterling,  soit  1G2.~>0  francs. 

A  citer  encore:  Duchess  of  Bedford  (par  S.-W.  Reynolds),  adjugé  vente 
Blyth  4625  francs  —  M"  Benwell  (par  W.  Ward),  Sin  7,  publié  le  7  mai  1783, 
adjugé  vente  Ligaud,  en  couleurs,  1850  francs. 


KAUFMANN  (Angelica,  d'après) 

1740-1807 

Lady  Rushout  and  Daughter  (par  Thomas  Burke).  —  Dans  la 
campagne,  assise  et  presque  de   face  au  pied   d'un   gros   arbre,   la 


1  C'est  M"  Michael  Angelo  Taylor. 

3  Périodique  mensuel  anglais  avec  texte  français  r!  illustration  dont  le  1  ■  numéro,  a  paru  en 
septembre  1901.  Actuellement  le  texte  français  es!  supprime. 


260  ÉCOLE    ANGLAISE 

délicieuse  jeune  femme  a  près  d'elle  debout  à  sa  droite  sa  fillette  qui 
tient  dans  ses  mains  écartées  une  guirlande  de  fleurs. 

Une  épreuve  de  cette  rare  et  fort  jolie  pièce  au  pointillé  en  couleurs  fut 
adjugée  à  une  vente  faite  en  1901  par  Halle,  !>37  francs. 


LAWRANSON   (W.  d'après) 
? 

LadY  at  Haymaking  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  183.  —  Une  jeune 
femme  coiffée  d'un  grand  chapeau,  debout  et  regardant  de  face, 
s'appuie  sur  une  fourche;  à  droite,  une  charelle  chargée  de  foin; 
au  fond,  la  campagne.  Publié  le  8  octobre  1780. 

Palemon  et  Lavinia  (par  le  même)  —  Sm  184.  —  Au  pied  d'un 
gros  arbre,  au  bas  de  la  terrasse  d'un  château  qu'on  aperçoit  au  fond 
de  l'estampe,  un  jeune  homme  presse  tendrement  la  main  d'une  jeune 
Bile  qui  est  à  sa  droite  et  qui  baisse  timidement  les  yeux.  Au  dernier 
plan  à  gauche,  on  distingue  un  autre  couple.  Publié  le  10  novembre  1780. 

Pièces  se  faisant  pendants. 

MIS  Edwards  (par  J.Jones)  —  Sm  24.  --  A  mi-corps,  de  trois 
quarts  à  droite,  regardant  de  face,  les  bras  croisés  sur  une  sorte 
d'entablement,  elle  tient  dans  sa  main  droite  une  lettre  ouverte  et 
s'appuie  sur  un  manchon,  un  manteau  de  gaze  légère  est  jeté  sur  ses 
i  paules.  Publié  le  lô  mai  1780. 


LAWRENCE   (Thomas,  d'après) 

1769-1830 

Miss  Farren  (par  Bartolozzi,  17(.)'J).  Kile  est  dans  la  campagne, 
debout  de  trois  quarts,  et  se  dirige  vers  la  gauche,  elle  regarde  de 
l.i ce,  enveloppée  dans  un  manteau  bordé  île  fourrures,  sa  main  gauche 
pend  le  long  de  son  corps,  tenant  un  énorme  manchon. 

Joli  pointillé  très:  rme  et  fort  recherché 

Ventes:  Hollandt,  706  Le  5  décembre  1898,  ;ï  Londres,  5500  Blyth, 
2650  Baron  l  de  I.  ,  avant  toutes  lettres,  906  —  Cl.  et  G.  K,  en  bistre 
avec  la  lettre  grise  et  une  grande  marge,  1300. 


ÉCOLE    ANGLAISE  261 

Master  Lambton  (par  Samuel  Cousins,  1827).  —  Assis  de  face 
sur  un  rocher  battu  par  la  mer  et  dominant  les  flots,  l'adorable  et 
délicieux  enfant  vêtu  de  velours,  la  main  droite  appuyée  sur  le  roc, 
la  gauche  soutenant  sa  tète  nue  aux  cheveux  frisottants,  regarde  le 
ciel,  les  yeux  perdus  dans  l'infini  ;  sa  jambe  droite  est  repliée  sous  la 
gauche,  une  collerette  souple  et  échancrée  laisse  voir  le  cou.  Publié 
le  26  mars  1827. 

La  séduction  du  modèle,  l'habileté  extraordinaire  du  graveur  «  font  de  ce 
portrait  la  plus  magnifique  estampe  qu'on  puisse  rêver,  c'est  une  des  perles 
de  l'école  anglaise  qui  en  compte  de  nombreuses. 

Il  existe  un  état  de  tirage  postérieur  et  bien  moins  recherché  avec  l'adresse 
de  Colnaghi  son.  —  Celte  estampe  a  aussi  été  gravée  par  Geo-H.  Philipps,  elle 
est  sans  valeur  pour  les  collectionneurs. 

M.  Algernon  Graves  et  M.  E.-C.  Lcggett,  tous  deux  marchands  d'estampes, 
de  Londres,  et  amis  personnels  de  Cousins'  possèdent  de  cet  artiste  des 
raretés  dont  ils  ne  se  sépareraient  à  aucun  prix.  —  M.  Pycroft  d'Exeter  a 
publié  sur  cet  artiste  une  monographie  tirée  à  très  petit  nombre  et  devenue 
actuellement  absolument  introuvable. 

Ventes  :  En  juin  1895,  à  Loiylres,  un  '!<•  état  866  —  Par  Halle,  avant  la 
lettre,  981  —  Blyth,  même  état,  3780  —  C.  J.  et  G.  K.,  même  état,  920  — 
Loyd,  même  état,  1875  —  A  une  vente  anonyme  faite  par  Danlos  le 
14  mars  1903,  une  épreuve  sans  indication  d'état  fut  adjugée  470  francs. 


Marquise  d'Exeter  (par  S.-W.  Reynolds,  1803).  —  Assise  dans 
un  parc,  sur  un  canapé,  de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  de  face, 
son  bras  droit  replié  s'appuie  sur  le  dossier  du  siège  ;  son  chien  est 
couché  à  sa  droite.  Au  fond  de  l'estampe,  dans  une  éclaircie,  on 
aperçoit  une  maison. 

Extrêmement  rare  et  recherchée  fut  adjugée  812  francs  à  la  vente  du  baron 
F.  de  L. 

Elizabeth  Countess  Grosvenor  (par  S.  Cousins).  —  A  mi-corps 
de  face,  regardant  de  trois  quarts  à  droite,  vêtue  d'une  robe  de 
mousseline  transparente  laissant  voir  les  bras  et  deviner  la  naissance 
de  la  gorge  sous  l'échancrure  du  corsage,  l'idéale  jeune  femme,  les 
cheveux  noirs  ramenés  en  accroche  cœur  sur  les  tempes  et  sur  le 


1  En  1872  l'artiste  fit  don  de  son  œuvre  presque  complet  au  British  Muséum. 

*  Samuel  Cousins,  dont  F,  Keppel  fit  une  exposition  de  l'œuvre  en  1899,  est  un  contemporain, 
car  11  est  né  en  1801  et  mort  en  1887;  il  peut  être  absolument  assimilé  comme  métier  à  ses  grands 
devanciers  du  xvnr  siècle,  c'est  dire  assez  en  quelle  haute  estime  nous  le  tenons. 


262  ÉCOLE    ANGLAISE 

front,  a  ramené  sa  main  gauche  à  la  hauteur  de  sa  ceinture.  Publié 
par  Colnaghi  et  C"  en  1833. 

Les  traits  d'une  finesse  exquise  et  la  suprême  distinction  du  personnage 
(ont  de  ce  portrait  une  estampe  (fane  rare  séduction.  —  Un  \"  état  à  la  vente 
Blyth  atteignit  1365  francs;  ce  même  portrait,  gravé  par  II. -T.  Greenhead,  à 
la  vente  ('.ope,  de  Philadelphie,  1000  francs.  —  Notons  encore  Coantess  Gower 
and  Child  par  le  même  qui,  à  la  même  vente,  fut  adjuge  lâOO  francs  en 
1"  état. 


LELY  (Peter,  d'après) 
1617-1680 

The  Beauties  of  Windsor  '  (par  T.  Watson)  —  Sm  5. 

Suite  de  six  portraits  de  femmes,  connue  sous  la  dénomination  Les  Beautés 
de  Windsor,  savoir  : 

Duchess  of  Cleveland  —  Countess  of  Northumberland  —  Countess  ofOssory  — 
Duchess  of  Richmond  —  Coantess  of  Rochester  —  Lady  Whitmore. 

Adjugé  vente  Blyth,  avant  la  lettre,  21Ô0;"  vente  baron  I".  de  L.  400,  avec 

la  lettre. 

Lady  Grammont  (par  Mac  Ardell)  —  Sm  91.  —  A  mi-jambes, 
assise  et  regardant  de  face,  les  cheveux  sont  courts  et  bouclés,  la 
main  gauche  tient  une  palme.  Au  dernier  plan,  une  colonne  et  un 
fragment  de  roue.  Sur  le  mur,  le  monogramme  du  peintre. 

Cette  superbe  estampe,  où  le  modèle  semble  être  représenté  en  sainte 
Catherine,  est  dite  aussi  Lu  Belle  Hamilton.  —  Il  faut  rejeter  le  .'>•■  et  dernier 
état,  c'est-à-dire  celui  qui  porte  la  mention  :  Sold  bu  l4'.  Fischer  ut  the  Golden 
Head...,  la  planche  est  usée.  Un  bel  exemplaire  de  1'  état  avant  toutes  lettres 
fut  adjugé  a  la  vente  Blyth,  1800  francs. 

Eleonora  Gv/yiine  (par  11. -H.  Quiler).  —  Assise  au  pied  d'un 
arbre,  de  face  et  regardant  devant  elle.  1  échancrure  de  la  chemise 
laisse  voir  les  seins  nus,  elle  a  sa  main  gauche  appuyée  sur  la  tête 
d'un  mouton  qu'elle  a  entouré  d'une  guirlande  de  Heurs.  Kn  bas. 
deux  vers  anglais  commençant  par  :  The  Sculptor  part  M  dont. .  ■ 

Cette  estampe  ni  manière  noire,  qui  est  fort  laide,  est  de  la  plus  insigne 
rareté,   elle  n'a  point  été  signalée  par  Chaloner  Smith,  et  Jnmes  Holberl 


i  Le  peintre  Lelj  exécuta  n  toiles  sout  c  litre,  dont  les  6  que  nous  venons  de  mentionner 
lurent  seules  gra> 


ÉCOLE    ANGLAISE  263 

Wilson  ne  la  possédait  pas  dans  sa  collection.  Une  épreuve  qui  passa  à  la 
vente  du  baron  F.  de  L  fut  adjugée  506  francs.  Le  graveur  Quiter  est  né 
dans  la  Frise  vers  1620,  et  mourut  fort  vieux  au  commencement  du 
xviii»  siècle. 


MORLAND    (Georges,  d'après) 
1763-1804 

Artiste  fort  intéressant  dont  les  compositions  de  genre  —  chasses,  scènes 
rustiques,  etc.  —  sont  extrêmement  gracieuses  et  recherchées;  il  a  souvent 
eu  comme  interprète  son  beau-frère  W.  Ward,  un  graveur  de  grand  talent. 

Dancing  Dogs  '  (par  Gaugain).  —  A  gauche  de  l'estampe,  une 
jeune  femme  est  assise  au  pied  d'un  gros  arbre  devant  une  maison, 
un  enfant  est  sur  ses  genoux  et  les  deux  autres  qui  sont  près  d'elle 
regardent  des  chiens  habillés  que  font  danser  deux  personnages,  l'un 
est  armé  d'un  fouet,  l'autre  joue  de  la  musette. 

Guinea  Pigs  °  (par  le  même).  —  A  la  porte  d'un  cottage  à  droite, 
une  jeune  femme  avec  ses  deux  fillettes  regardent  un  paysan  qui, 
genou  en  terre  et  de  profil  à  droite,  vient  de  sortir  de  son  panier 
trois  petits  cochons  d'Inde;  son  bâton  et  son  chapeau  sont  près  de  lui. 

Ces  deux  pièces  en  couleurs  se  font  pendants. 
Ventes  :  Par  Halle,  1656  —  Baron  F.  de  L.,  1356. 

The  contented  Waterman  3  (par  W.  Ward).  —  Une  chaumière 
sur  le  bord  de  l'eau  devant  laquelle  sont  quatre  personnages:  une 
femme  assise  et  cousant,  une  (illelle  jouant  avec  sa  poupée,  un  homme 
jeune  tenanl  une  longue  pipe  et  un  autre  plus  âgé  assis  et  vu  presque 
de  dos,  un  pichet  à  la  main  qu'il  appuie  sur  son  genou  gauche.  Au 
tout  premier  plan  à  droite,  la  tète  d'un  porc  sortant  de  son  auge. 

Jack  in  the  Bilboes  '  (par  le  même  ).  —  Sur  le  bord  d'un  quai, 
accoste  une  barque  que  tire  par  une  chaîne  un  homme  qui  est  à  terre 


'  Chiens  dansant. 

*  Cochons  d'Inde. 

3  Le  Marinier  satisfait. 

*  Ce  titre,  dont  nous  avouons  ne  pas  saisir  exactement  la  signification,  mais  qui  doit  vouloir 
dire  Jack  dans  les  fers,  fait  sans  doute  allusion  à  la  situation  du  personnage  de  la  chanson 
célèbre  de  Dibbins  intitulée  :  My  Poil  and  my  Partner  Joe;  d'où  cette  estampe  et  la  précédente 
sont  tirées. 


264  ÉCOLE     ANGLAISE 

et  dans  laquelle  se  trouvent  Irois  personnages:  un  homme  et  une 
femme  jeunes  assis  à  l'arrière,  et  un  homme  debout  les  mains  jointes, 
l'anxiété  peinte  sur  le  visage,  dont  vont  s'emparer  deux  autres  hommes. 

Pièces  en  couleurs  se  taisant  pendants  adjugées  par  Halle,  625  francs. 

A  Party  Angling  '  (par  Heating).  —  Dans  un  bateau,  à  l'ombre 
de  grands  arbres,  six  personnages,  dont  deux  femmes,  sont  en  train 
de  pécher  à  la  ligne  ;  celui  qui  est  sur  l'avant  du  bateau  est  penché 
en  avant  et  s'efforce  de  faire  entrer  dans  son  épuiselle  le  poisson  qui 
est  au  bout  de  la  ligne  et  que  vient  de  prendre  son  voisin. 

The  Anglers  Repast5  (par  W.  Ward).  —  Dans  la  campagne  où 
nos  pêcheurs  viennent  de  débarquer  pour  prendre  leur  repas,  une 
nappe  est  étendue  par  terre;  à  droite,  le  domestique  nègre  qui  est 
dans  le  bateau  qui  accoste,  passe  une  bouteille  au  gentleman  qui  est 
de  ce  coté  et  qui  a  un  plat  sous  le  bras  droit. 

Ces  deux  estampes  qui  se  font  pendants  ont  été  publiées  en  1789,  elles 
sont  adorablement  jolies  et  tout  à  fait  hors  pair,  elles  sont  rares  et  fort 
enviables. 

Ycnlc.s  :  Par  Halle,  en  noir,  les  deux,  1337;  les  mêmes,  en  couleurs,  3725  — 
Le  11  juin  19U1,  à  Londres,  en  noir,  1312;  en  couleurs  3675  —  Baron  F.  <lc  L., 
en  couleurs,  4344. 

A  Visit  to  the  Boarding  School  '  (par  W.  Ward).  -  Deux 
femmes  sont  assises  à  droite  de  l'estampe  :  celle  du  premier  plan  est 
coiffée  d'un  large  chapeau  à  plumes  cl  a  une  boite  de  fruits  sur  les 
genoux,  elle  regarde  la  porte  qui  est  en  face  d'elle,  et  par  laquelle 
entre  sa  fille  (pie  la  maîtresse  d'école  lui  amène  par  la  main,  et  au 
devant  de  laquelle  se  précipite  son  petit  frère  sans  doute;  tout  à  fait 
à  gauche,  deux  fillettes  regardent  curieusement  celle  scène. 

A  Visit  to  the  Child  at  nurse  '  (par  le  même).  —  Une  grande  et 
élégante  jeune  femme  au  large  chapeau  à  plumes  suivie  de  sa  petite 
Bile,  vient  (rentrer  dans  une  modiste  chambre,  cl  penchée  en  avant. 


1  l.:i  Partie  ,ir  pèche. 

'  i    Repcu  de  pi  i  heure. 

'  Vnt  Vielle  .i  fa  peiulon, 

'  l'w  Vielle  d  l'en fanl  en  nourrice. 


ÉCOLE     ANGLAISE  26Ô 

va  prendre  dans  ses  bras  son  enfant  qui  est  dans  ceux  de  la  nourrice 
assise;  de  profil  à  gauche,  derrière  celle-ci,  une  petite  fille  dort  sur 
un  lit  où  elle  a  été  portée  tout  habillée  ;  un  quatrième  enfant  assis  sur 
le  premier  plan  à  gauche,  joue.  Au  milieu  de  l'estampe,  on  voit 
une  petite  charelte  à  deux  roues  à  laquelle  est  attelé  un  petit  cheval 
de  bois. 

Délicieux  pendants  en  couleurs  au  moins  aussi  séduisants  que  les  deux 
pièces  précédentes. 

Veilles  :  Dccloux,  545  —  G.,  la  seconde,  225  —  Le  21  mars  1900  à  une  vente 
anonyme  par  Danlos,  la  seconde  seulement,  1020  —  Le  11  juin  1901,  à 
Londres,  les  deux,  2153  —  Lacroix,  les  deux  260,  mais  en  très  mauvais  état  — 
Par  Halle,  les  deux  en  noir,  1169;  les  mêmes  en  couleurs,  4475  —  Baron 
F.  de  L.,  les  deux  en  couleurs,  3037  —  Les  deux  en  couleurs  adjugées  le 
25  novembre  1902,  à  Londres,  3281. 

Morning  or  the  benevolent  Sportman  '  (par  J.  Grozcr).  — 
Dans  la  campagne  à  gauche  de  l'estampe,  deux  paysans  leur  enfant 
et  leur  chien  sont  assis  près  d'une  petite  hutte;  un  second  enfant  plus 
âgé  s'est  levé  et  s'approchant  d'un  chasseur  à  cheval  qui  arrive  de  la 
droite  suivi  de  son  porte  carnier  et  de  ses  trois  chiens,  lui  tend  son 
chapeau  dans  lequel  le  sportman  jette  une  pièce  de  monnaie.  Au  tout 
premier  plan  à  droite,  un  âne  est  couché. 

Evening  or  the  Sportman  Return  -'(par  le  même).  —  Le  chasseur 
arrivant  de  gauche  est  descendu  de  son  cheval  dont  la  bride  est  passée 
à  son  bras  droit  qui  tient  le  fusil,  tandis  que  de  l'autre  il  montre  à  sa 
femme  et  à  ses  enfants  qui  sont  à  la  porte  du  cottage,  un  faisan. 
Le  fils  aine  assis  tout  à  fait  à  droite  sur  le  premier  plan,  montre  un 
lièvre  à  un  de  ses  frères.  En  face  de  l'habitation  à  gauche,  une  grange 
et  quatre  chiens  autour  du  chasseur. 

Pendants  en  couleurs  publiés  en  1795  et  adjugés  2S19  francs  à  la  vente  du 
baron  F.  de  L.,  ils  étaient  avec  la  lettre  tracée. 

Délia  in  the  CountrY3  (par  J.-R.  Smith,  1788).  —Jolie,  elle  est 
assise  dans  un  parc  au  pied  d'un  arbre,  de  trois  quarts  à  droite,  la 
tète  complètement  de  profil  est  baissée  sur  le  livre  ouvert  qu'elle  tient 


1  Le  Malin  on  le  Chasseur  bienveillant. 
i  Le  Soir  on  le  Retour  du  chasseur. 
3  Délia  dans  la  campagne. 


266  ÉCOLE     ANGLAISE 

dans  sa  main  gauche  ;  clic  est  coilTée  d'un  large  chapeau  de  feutre  et 
une  écharpe  de  dentelle  couvre  ses  épaules.  Sous  le  litre,  8  vers  sur 
deux  colonnes  commençant  par  ces  mots:  At  lenght  froin  Toum  the 
peerless  Maid. . .  Publié  à  Londres,  le  10  février  1788. . . 

Charmante  pièce  ovale  au  pointillé  en  couleurs  adjugée  1450  francs  à  la 
vcule  Ligaud. 

The  Tavern  Door  ■  (par  J.-R.  Smith).  —  Deux  femmes  à  la  porte 
d'une  taverne,  celle  de  gauche  coiffée  d'un  large  chapeau,  le  poing  sur 
la  hanche,  semble  en  vouloir  défendre  l'entrée  à  un  homme  qui  la 
regarde,  la  cravache  passée  sous  les  bras  croisés,  dans  une  altitude 
menaçante  ;  derrière  lui  arrive  une  petite  fille,  un  bidon  d'une  main, 
un  papier  de  l'autre. 

Ravissante  pièce  au  pointillé  en  couleurs. 

The  Public  House  Door  f  (par  \V.  Ward).  —  Un  chasseur  suivi 
de  ses  deux  chiens,  son  fusil  dans  la  main  droite,  un  lapin  dans  la 
gauche,  franchit  le  seuil  d'une  maison  qui  est  à  gauche,  pendant  que 
son  compagnon  attache  son  cheval  à  un  gros  arbre  au  pied  duquel 
est  une  table  circulaire  où  ont  été  déposés  une  pipe  et  un  verre. 

Un  exemplaire  en  noir  niais  avant  la  lettre,  en  1901,  fut  vendu  par  Halle, 
.r>31  francs. 

Blind  Mail  Buff  '  (par  W.  Ward).  —  Scène  de  colin-maillard  à 
laquelle  prennent  pari  huit  enfants,  parmi  lesquels  une  jeune  Bile  les 
yeux  bandés  qui  étend  ses  deux  bras  vers  la  droite,  un  jeune  garçon 
accroupi  qui  lui  touche  le  pied  de  sa  main  droite,  et  une  fillette  qui 
s'apprête  à  lui  présenter  un  chien  qu'elle  soulève  dans  ses  bras. 

Children  nutting  '  (par  E.  Dayes).  —  Devant  une  ferme,  des 
enfants  en  train  de  cueillir  des  noisettes  ;  la  petite  Bile  qui  esl  à  droite, 
lève  les  bras  pour  en  atteindre  dans  une  branche  qu'elle  tire  à  elle; 


1  i  a  porte  de  la  rai 

'  /  a  porte  de  FAubt 

i  U  Colin  Valllard. 

'  Enfants  cueillant  det  noisette». 


ÉCOLE    ANGLAISE  267 

au  premier  plan  derrière  elle,  un  pelit  garçon  assis  examine  celle 
qu'il  a  dans  la  main. 

Ventes:  En  1901,  par  Halle,  la  seconde  avec  Childrcn  birds  nestings'  (par 
Ward),  1437  —  Baron  F.  de  L.,  les  deux  décrites,  1250. 

Rural  Amusement-  (par  J.-R.  Smith).  —  Une  jeune  femme  au 
grand  chapeau  à  plumes,  tournée  à  droite,  un  chien  près  d'elle,  arrose 
des  arbustes. 

Rustic  Employment  ■'  (par  le  même).  —  Une  jeune  femme  au 
grand  chapeau  à  plumes,  tournée  à  gauche,  un  panier  dans  la  main 
gauche,  donne  de  la  main  droite  des  graines  aux  poules  qui  sont 
autour  d'elle. 

Nous  signalerons  ces  deux  pendants  en  couleurs  publiés  en  1788  et  abso- 
lument médiocres,  à  cause  de  leur  rareté  et  du  prix  scandaleux  —  4950  francs  — 
auxquels  ils  ont  été  adjugés  à  la  vente  du  baron  F.  de  L. 

Notons,  par  contre,  deux  autres  délicieuses  pièces:  Saint  James  Park  cl 
A  Tea  Garden  adjugées  le  5  décembre  1898,  à  Londres,  2300  francs,  et  le 
4  mars  1902,  dans  la  même  ville,  2363,  toutes  deux  gravées  par  F.  D.  Soiron. 


NORTHCOTE   (J.  d'après) 
1746-1831 

A  Young  L'ady  encouraging  the  low  Comedian  *  (par  J.-R. 
Smith  17S7).  —  Accompagnée  de  sa  fdlette,  une  élégante  jeune  femme 
de  profil  à  droite,  jette  une  pièce  de  monnaie  dans  le  chapeau  d'un 
petit  garçon  assis  avec  son  singe  sur  l'épaule  ;  effrayée  par  la  vue  de 
cet  animal,  l'enfant  se  réfugie  dans  le  giron  maternel. 

A  une  vente  anonyme  faite  par  Danlos  le  24  mars  1900,  celte  délicieuse 
pièce  en  couleurs  fut  adjugée  1120  francs;  le  11  juin  1901,  à  Londres,  elle 
atteignit  1375,  et  Halle  de  Munich,  la  vit  pousser  jusqu'à  2337. 

Visit  to  the  Grand  Mother=  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  185.  - 
Une  vieille  dame  est  assise  à  gauche,  un  chat  près  d'elle,  un  panier  à 


1  Enfanls  cherchant  des  nids. 
-  Amusement  <lc  la  campagne. 

•  Occupation  de  la  campagne. 

*  Une  jeune  femme  encourageant  un  comédien  de  bas  étage. 
3  La  Visite  à  la  grand'mcrc. 


268  ÉCOLE    ANGLAISE 

ouvrage  à  ses  pieds;  à  droite  une  jeune  femme  lit,  pendant  que 
derrière  elle  une  autre  jeune  femme  coiffée  d'un  chapeau  à  plumes, 
coud.  Publié  le  14  mai  1785. 

On  donne  comme  pendant  à  celte  pièce   Visit  lo  the  grand  father,  par  et 
d'après  J.-R.  Smith  '. 

Ventes:  G.,  les  deux  pièces  125  —  Lacroix,  les  deux  pièces  en  noir,  500  — 
Par  Halle,  les  deux  mêmes  en  noir,  !),">(). 


OPIE   (J.  d'après) 

1761-1807 

Almeria  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  10(i.  —  A  mi-corps,  assise  de 
profil  à  gauche  et  regardant  de  face,  elle  est  coiffée  d'un  immense 
chapeau  de  feutre  noir  orné  d'un  nœud  de  ruban  sur  le  devant,  les 
mains  sont  croisées  sur  les  genoux;  au  cou,  un  nœud  de  mousseline 
blanche  formant  une  sorte  de  collerette  plate;  les  cheveux  ondulés  et 
frisottants  s'épandent  sur  les  épaules.  Au  bas,  deux  vers  commençant 
par  ces  mots  :  Not  onlij  hère. . . 

Ce  charmant  portrait  en  couleurs,  i>nblié  le  72  mai  //<S'7,  n'est  autre  que 
celui  d'Elizabelh  Meymot,  il  est  extrêmement  recherchent  à  différentes  ventes 

anonymes  faites  à  Londres,  il  obtint  les  gros  prix  suivants  :  2.S  mais  1901,  en 
noir,  I T.sr>  lianes  —  30  avril  même  aimée,  en  noir,  2205,  et  en  couleurs, 
5900  francs  —  25  novembre  1902,  en  couleurs,  5512. 


PETERS   (William,  d'après) 

?  -1814 

The  Fortune  Teller?  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  186.  —  De  profil 
à  droite,  une  bohémienne  a  pris  la  main  d'une  élégante  jeune  femme 
coiffée  d'un  ample  chapeau,  et  levant  vers  elle  l'index  gauche,  lui 
prédit  un  avenir  joyeux  sans  doute,  car  la  jolie  interrogatrice  sourit. 
Derrii  re  elle,  un  petit  garçon  un  doigt  sur  les  lèvres,  semble  se 
moquer  de  sa  crédulité.  Publié  le  22  mai  17.SC). 


1  Voir  ce  nom. 


ECOLE    ANGLAISE 

The  Gamesters  '  (par  W.  Ward)  —  Sm  97.  —  Au  milieu  de  la 
composition,  un  jeune  homme  à  une  table  tient  ses  cartes  à  la  main, 
à  gauche  un  vieil  homme  s'appuie  sur  son  épaule,  et  avec  sa  main 
droite  désigne  une  carte  qu'il  a  dans  la  main,  tandis  que  de  la  gauche 
il  la  signale  à  l'adversaire  de  droite  qui  lui  montre  l'as  de  carreau. 
Publié  le  22  mai  1786. 

Estampes  en  couleurs  extrêmement  jolies  qui  se  font  pendants. 

Ventes;  La  première,  adjugée  le  6  juin  1898,  à  Londres,  1575  —  Ligaud, 
la  même,  200  —  Le  14  mai  1901,  a  Londres,  les  deux  pièces  2887  —  Blyth, 
la  seconde,  seule  avec  une  autre  pièce,  145. 

Sophia  (par  J.  Hogg).  —  Dans  un  médaillon,  elle  est  assise  de 
face,  les  jambes  reployées  sous  elle,  un  râteau  dans  la  main  droite, 
la  gauche  appuyée  sur  un  panier  qui  est  près  d'elle  ainsi  que  deux 
bouteilles,  la  tête  est  légèrement  penchée  à  gauche. 

Assez  recherchée,  quoique  vraiment  peu  intéressante.  —  Adjugée  le  G  juin, 
à  Londres,  1050,  et  à  la  vente  Ligaud  350,  tirée  en  bistre. 

Love  in  her  eye  sits  playing2  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  187.  — 
A  mi-corps,  de  face  et  regardant  de  même,  la  tête  légèrement  inclinée 
à  droite,  coiffée  d'un  large  chapeau  à  plumes,  des  boucles  de  cheveux 
sur  le  cou,  le  bras  gauche  orné  d'un  bracelet  de  perles  et  ramené  sur 
la  poitrine,  une  gaze  légère  sur  les  épaules,  derrière  elle  une  lourde 
draperie,  la  jeune  femme  sourit.  Publié  le  1er  mai  1778. 

Ventes  :  Hollandt,  350  —  Ligaud,  405. 

Lydia  (par  W.  Dickinson)  —  Sm  95.  —  Une  rieuse  et  jolie  fille 
est  couchée  dans  son  lit  sur  le  dos,  la  tête  coiffée  d'un  coquet  bonnet 
de  nuit,  elle  regarde  de  face  ;  les  draps  rejetés  en  avant  laissent  voir 
les  seins  complètement  nus. 

Les  bonnes  épreuves  ont  été  publiées  le  1"  décembre  1716,  il  y  a  eu  des 
retirages  le  10  juillet  1824  qu'il  faut  rejeter. 

Ventes  :  G.,  160  —  Deux  exemplaires  de  celte  gracieuse  estampe  en  noir 
passèrent  à  la  vente  Ligaud,  ils  furent  adjugés,  l'un  avec  les  noms  des 
artistes  en  grands  caractères,  75  francs,  l'autre,  avec  ces  noms  en  petites 
lettres,  50  francs. 


1  Les  Joueurs. 

s  L'Amour  se  joue  dans  ses  yeux. 


270  ÉCOLE     ANGLAISE 

Notons  encore  :  Much  ado  nboul  nothing  '  et  The  Merrij  wives  of  Windsor'1, 
suite  de  quatre  estampes  au  pointillé  tirées  de  scènes  de  Shakspeare,  qui  sont 
extrêmement  jolies,  elles  peuvent  valoir  ensemble  de  ISOO  à  2U00  francs  (?) 
et  sont  difficiles  à  trouver  réunies. 


RAMBERG  (d'après) 

Hésitation  (parWard).  —  Assise  de  trois  quarts  à  droite,  devant 
une  petile  table  ronde  où  elle  repose  son  coude  gauche  et  sur  laquelle 
on  voit  un  encrier  el  du  papier  à  lellre,  elle  regarde  presque  de  face  ; 
la  main  droite  qui  lient  la  plume,  pend  négligemment  dans  un 
mouvement  d'abandon  plein  de  grâce,  elle  songe...,  un  chapeau- 
bonnet  recouvre  une  abondante  chevelure. 

Temptation  (par  le  même).  —  Accoudée  à  un  balcon,  une  jeune 
femme  semble  regarder  dans  une  rue  invisible  mais  qui  se  devine,  sa 
main  droite  lient  un  éventail  et  elle  porle  un  fichu  menteur  qui 
découvre  légèrement  la  gorge  ;  à  sa  gauche,  un  chien  est  couché  près 
d'une  lourde  portière. 
Fort  jolis  pointillés  en  couleurs  qui  se  font  pendants. 


REYNOLDS  '  (Sir  Joshua,  d'après) 

1723-1792 

M"  Abinyton  '  (par  T.  Walson)  —  Sm  1.  —  Debout  de  face,  elle 
regarde  à  gauche,  sa  coiffure  est  haute,  sa  main  droite  tient  un 
masque  et  son  coude  s'appuie  sur  une  sorte  de  piédestal;  au  tond, 
la  campagne.  Public  le  17  août  17(59. 

Ventes:  Mailand,  71     -   (1.,  avant   la   lettre,   111(11»   -  I.e  t.".  janvier   1901,  à 
Londres,  1987  -  Blyth,  11G2  —  Le  16  juin  1902,  à  Londres,  7ô76. 


'  Beaucoup  de  bruit  pour  rien. 
s  Les  JoyeuseM  Commères  de  Windsor. 

i  I.e  catalogue  <!<•  son  œuvre  gravé  a  été  rail  en  1874  par  Ifamllton,      i  n  très  Intéressant  article 
lui  :i  nussl  'ii   consacré  par  Frederick  Keppel  dans  le  numéro  de  janvier  is'.n  du  Serlbner's 

ifagastne  (page  93)       K  la  vente  Cnslmtr-Périer,  s uvre  gravé  par  Samuel-William  Reynolds, 

n r  du  Roi,  | > 1 1 1 •  1  ■  •    par  s.-\v.  Reynolds  Bayswater  en  Juillet  1820,  recueil  de  :is;i  pièces 
écs  :i  l'aquatinte  en  toutes  pi  épreuves  n  toulei    n  renfermé  dans  qu 

volumes  demi  reliure,  lui  adjugé  1035 fi 
•  Ou  :   I  lu  Comlt 


ÉCOLE    ANGLAISE  271 

Lady  Bampfylde  (par  T.  Watson)  —  Sm  2.  --  Debout  dans  la 
campagne,  de  face  et  regardant  à  gauche,  elle  a  le  coude  droit  appuyé 
sur  une  murette  en  pierre,  une  écharpe  en  gaze  légère  est  sur  ses 
épaules,  une  sorte  de  turban  orne  sa  haute  coiffure,  et  un  corsage 
légèrement  échancré  permet  de  voir  son  cou  qu'entoure  un  collier  de 
perles.  A  droite,  ne  dépassant  pas  la  hauteur  du  mur,  un  lys  à  longue 
tige  aux  fleurs  épanouies.  Publié  le  1er  mai  1779. 

Ravissant  portrait  extrêmement  rare  et  recherché  en  1*»  état.  —  La  toile 
originale  se  trouve  actuellement  chez  le  baron  Alfred  de  Rothschild. 

Ventes:  Blyth,  23100  —  Edgambe,  12G00  -  Le  30  avril  1901,  à  Londres, 
12600  —  Le  11  juillet  même  année,  même  ville,  9187  —  Le  10  juin  1902,  a 
Londres,  9175  —  Critchley,  en  1902,  à  Londres,  9187  —  Toutes  estampes 
superbes  et  de  /«  état, 

The  Honnie  M,s  Beresford,  M,s  Gardiner,  The  Right  Hon^ 
Anne  Vicountess  Townshend  (par  T.  Watson  177C)  —  Sin  G.  - 
Dans  la  campagne,  trois  femmes  occupées  à  enguirlander  de  fleurs 
une  statue  de  l'Hymen  sans  doute,  posée  sur  un  socle  en  forme  de 
gaine  qui  lient  une  torche  entre  ses  bras.  La  femme  de  gauche 
—  M,ne  Beresford  —  est  à  genoux  de  profil  à  droite,  en  train  de  passer 
des  fleurs  à  celle  qui  est  à  sa  gauche,  agenouillée  sur  le  banc  qui  est 
près  du  socle.  La  troisième  enfin,  celle  qui  se  trouve  tout  à  fait  à 
droite,  est  debout  une  urne  à  ses  pieds. 

Il  faut  rejeter  les  épreuves  qui  portent  le  titre  :  A  sacrifice  to  Hymen.  — 
Cette  estampe  existe  aussi  en  reproduction  moderne. 

Ventes:  Mailand,  78  —  Blyth,  11550  —  Le  4  juillet  1901,  à  Londres,  un 
2«  état,  2806  —  Le  16  juin  1902,  même  ville,  12850. 

Elisabeth  Duchess  of  Buceleugh  and  Daughter (par  J. Watson) 

Sm  10.  —  Assise  dans  la  campagne  au  pied  d'un  gros  arbre,  la 
duchesse  de  trois  quarts  à  droite,  tient  dans  ses  bras  sa  fille  qui, 
debout  et  de  face,  s'appuie  sur  ses  genoux  ;  à  gauche  une  table, 
à  droite  un  griffon  et  un  autre  chien  sautant  sur  sa  robe.  Au  fond, 
des  arbres  et  des  champs. 
Vente  :  Blyth,  7875  francs. 

Lady  Elizabeth  Compton  (par  V.  Green)  —  Sm  27.  —  Dans  un 
parc,  debout  et  regardant  de  face,  ayant  au  cou  un  collier  de  perles, 
elle  a  la  main  gauche  sur  la  hanche  et  l'autre  appuyée  sur  un  mur. 
Publié  le  1er  décembre  1781. 
Vente:  Blyth,  3413  francs. 


272  ÉCOLE    ANGLAISE 

LadY  Betty  Delmé  and  Children  (V.  Green)  —  Sm35.  —  Assise 
de  face  flans  la  campagne  au  pied  d'un  gros  arbre,  elle  regarde  devant 
elle,  elle  a  passé  son  bras  gauche  sur  les  épaules  de  ses  deux  enfants 
qui  se  serrent  près  d'elle  ;  le  petit  garçon  qui  est  de  trois  quarts  à 
droite,  a  un  petit  grillon  couché  à  ses  pieds,  que  la  fillette  regarde  en 
souriant  d'un  air  attentif.  Publié  le  1er  juillet  1779. 

Une  des  plus  jolies  scènes  de  famille  qui  se  puisse  rêver.  —  Estampe 
extrêmement  recherchée  dont  il  faut  rejeter  les  épreuves  portant  la  date  de 
publication  d'avril  1790.  —  Le  cuivre  doit  encore  exister,  car  il  fut  vendu  le 
23  avril  1844,  lorsque  Richardson  se  sépara  de  sa  collection. 

Ventes:  Blyth,  1"  état,  21120  —  Le  16  juin  1002,  à  Londres,  un  2>-  état  l'ut 
adjugé  4575  —  Le  18  mars  même  année,  à  Londres,  lw  état,  0825. 

Lady  Hamilton  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  75.  —  Dans  la  campagne, 
à  mi-corps,  de  profil  à  droite,  elle  regarde  de  face,  la  tète  est  couronnée 
de  Heurs,  elle  esquisse  un  sourire  le  doigt  de  la  main  droite  mali- 
cieusement appuyé  sur  sa  bouche,  une  longue  mèche  de  cheveux 
retombe  sur  ses  épaules.  Publié  le  6  septembre  1784. 

Cette  femme  s'appelait  Emma  Harl  de  son  nom  de  fille,  mais  c'est  sous 
la  rubrique  de  la  gravure,  A  Bacchante,  que  Smith  l'a  cataloguée:  elle 
était,  dit-on,  d'une  beauté  merveilleuse  et  comme  telle  exhibée  par  un 
charlatan  nommé  le  1)>  Graham  ;  de  nourrice  qu'elle  était  autrefois,  clic 
devint  grâce  à  ses  charmes  et  par  son  mariage,  lady  Hamilton.  —  Il  faut  avoir 
l'étal  avec  la  première  adresse,  <S'3  Oxford  Street  et  rejeter  ceux  portant 
.'{/  King  street  Covent  Gardai.  —  M.  Gosselin  fils,  graveur  et  marchand 
d'estampes  du  quai  des  Grands-Augustins,  très  épris  de  la  manière  nuire,  en 
a  fait  une  intéressante  reproduction,  il  a  aussi  consacré  un  long  article  sur 
ce  procédé  dans  l'Estampe  du  15  décembre  1901,  et  est  entré  dans  des  détails 
techniques  t  ré  s  précieux  pour  les  amateurs  de  ce  genre  de  gravure. 

Ventes  :  Le  (i  juin  1898,  à  Londres,  2075  —  Ligaud,  en  couleurs,  800 
Le  2  mai  1901,  à  Londres,  1175  —  Blyth,  0300  —  Normanlon,  8138  —  Baron 
F.  de  L.,  avec  la  2  adresse,  1000. 

Jane  Countess  of  Harrington  (V.  Green)  —  Sm  (12.  —  Dans  un 
parc,  de  prolil  à  droite  et  se  dirigeant  de  ce  côté,  elle  porte  dans  sa 
main  gauche  une  couronne  de  fleurs,  retenant  de  la  droite  une  ceinture 
légère  que  le  venl  fait  flotter,  des  boucles  de  cheveux  tombent  sur  son 
cou  légèrement  décolleté.  Publié  le  1"  juin  l7.so. 

Vente:  Blyth,  5250  francs. 

Lady  Elizabeth  Herbert  nnd  Son  (par  .1.  Dean)        Sm  11. 
Elle  est  assise  dans  la  campagne  et  regarde  à  gauche  son  lils  qui  lui 


ÉCOLE    ANGLAISE  273 

touche  le  menton  de  sa  main  gauche,  elle  a  son  bras  droit  appuyé  sur 
une  pierre  qui  est  derrière  l'enfant.  Publié  le  1er  février  1779. 

Ventes:  Blyth,  7875  —  Normanton,  1068. 

Mrs  Haie  (par  J.  Watson)  —  Sm  69.  —  Dans  la  campagne, 
décolletée,  bras  nus,  rayonnante  de  jeunesse,  une  rose  au  corsage, 
chaussée  de  cothurnes,  elle  esquisse  un  pas.  Derrière  elle,  deux  enfants 
frappent  sur  un  triangle,  pendant  qu'à  droite  deux  autres  encore 
jouent,  l'un  de  la  flûte,  l'autre  des  cymbales.  Au  deuxième  plan,  un 
groupe  de  danseurs  à  droite.  En  bas  :  L'Allégro. 

Il   existe    une   2?    planche    gravée    également    par   J.    Watson,    avec   de 
nombreuses  mais  légères  modifications,  et  une  3«  par  Corbutt  (Sm  36). 

Ventes  :  Mailand,  130  -  Blyth,  525. 

Mrs  Payne  Galwey  and  Son  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  133.  — 
De  profil,  les  yeux  baissés  et  l'air  attristé,  elle  se  dirige  vers  la  gauche, 
son  fds  sur  son  dos.  L'enfant  a  sa  main  droite  passée  au  cou  de  sa 
mère  et  regarde  de  face.  Publié  le  lor  février  1780. 

Cette  estampe  est  extrêmement  rare. 

Ventes  :  Par  Halle,  1062  —  Le  31  juillet  1901,  à  Londres,  1675  —  Esterhazy, 
450  —  Blyth,  7613  —  Baron  F.  de  L.,  812. 

Lady  Caroline  Howard  (par  V.  Green)  —  Sm  G8.  --  Elle  est 
assise  par  terre  et  regarde  à  gauche  un  bouquet  dans  lequel  elle  prend 
une  rose.  Elle  est  vêtue  d'un  ample  manteau.  Au  fond,  la  campagne. 
Publié  le  7  décembre  1778. 

Extrêmement  rare. 

Ventes:  Normanton,  11550  —  Le  4  juillet  1901,  a  Londres,  5250  —  Baron 
F.  de  L.,  475. 

Miss  Jacobs  (par  J.  Spilsburg)  —  Sm  21.  —  Assise  de  profil  à 
droite,  la  gorge  découverte,  le  coude  droit  appuyé  sur  le  bras  du 
fauteuil,  elle  tient  des  fleurs  sur  ses  genoux,  elle  baisse  les  yeux  et 
son  cou  est  orné  d'un  collier  de  perles.  Publié  le  1er  janvier  1762. 

Vente  :  Blyth,  4463  francs. 

Miss  Frances  Kemble  (par  J.  Jones)  —  Sm  42.  —  Elle  regarde 
en  bas  à  gauche  et  porte  un  ruban  autour  du  cou  et  un  bonnet  avec 

18 


274  ÉCOLE    ANGLAISE 

un   double   plissé.  Au  fond,   un   paysage  de   montagnes.   Publié  le 
23  mars  1784. 

I):ms  le  1m  état,  qui  est  avant  toutes  lettres  et  avec  le  bonnet  au  simple 
plissé,  le  personnage  est  habille  de  blanc,  tandis  que  dans  le  2e  il  est  habille 
de  noir. 

Ventes  :  Huth,  2«  état,  1785  —  Edgcumbe,  2t>  état,  2411  —  Fordham,  1^  état, 
4069  —  Hlyth,  1«  état,  3938;  2'-  état,  2573  —  Le  16  juin  1902,  à  Londres, 
lei  état  4050. 


Elizabeth  Duchess  of  Manchester  and  Son  (par  .1.  Watson)  — 

Sm  97.  —  A  la  campagne  sous  de  grands  ombrages,  elle  est  assise,  un 
croissant  au  Iront,  une  lance  dans  la  main,  elle  se  penche  en  avant  à 
gauche.  Elle  cherche  à  enlever  l'arc  à  son  lils  qui  personnifie  l'Amour 
et  qui  est  couché  au  pied  d'un  arbre  ;  le  bambin  souril,  son  carquois 
est  auprès  de  lui.  Au  fond,  la  campagne. 

A  la  vente  Ulytli  un  exemplaire  fut  adjugé  28NS  francs  —  Le  Département  des 
Estampes  en  possède  une  épreuve  superbe  avant  la  lettre.  —  l'iéce  liés  rare. 

M,s  Musters  (par  C.-H.  Hodges)  —  Sm  25.  —  Elle  est  en  Hèbé 
sur  un  nuage,  tournée  à  droite  et  regarde  de  face,  elle  tient  une  coupe 
de  la  main  gauche  dans  laquelle  un  aigle  se  désaltère  et  qu'elle 
remplit  de  la  main  droite.  Publié  le  20  octobre  1785. 

Vente  :  Hlyth,  0038  francs. 

M-  Musters  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  120.  —  Debout  de  profil  à 
gauche,  elle  regarde  de  face  et  cueille  des  fleurs  qui  sont  devant  elle, 
au-dessus  de  la  balustrade  d'une  terrasse  sur  laquelle  elle  se  trouve; 
à  gauche,  son  chien  la  regarde.  Au  fond,  la  campagne.  Publié  le 
27  avril  177'.». 

La  toile  originale  se  trouve  actuellement  chez  Lord  Leconfield. 

Ventes:  Sligo,  6956  —  Blyth,  9'.i7.">  —  En  mars  1902,  même  prix  que  vente 
Blyth. 

M-  Pelham  feeding  Chickens  (par  \Y.  Dickinson)  —  Sm  59.  — 
Debout  et  de  lace,  elle  prend  dans  un  crible  qui  est  sous  son  bras, 
des  graines  pour  jeter  aux  poules  qui  sont  devant  elle;  un  pigeon 
arrive  en  volant  pour  se  joindre  à  celles  ci.  A  gauche  au  fond,  un 
étang  derrière  lequel  on  aperçoit  des  fermes.  Publié  le  8  mai  1775. 


ÉCOLE    ANGLAISE  275 

Il  n'existe,  croyons-nous,  qu'un  seul  état  de  celte  estampe.  —  La  toile 
originale  est  actuellement  chez  le  comte  de  Yarborough. 

Ventes  :  Huth,  8137  —  En  mai  1895,  à  Londres,  3125  —  Le  1«  mars  1898,  à 
Londres,  11035  —  Riggal,  750(1  —  Blyth,  8531. 

Lady  Catherine  Pelham  Clinton  (parJ.-R.  Smith)  —  Sm  43.  — 
Une  fillette  debout  et  de  face  regarde  tout  à  l'ait  à  droite,  pendant  que 
de  sa  main  droite  elle  laisse  tomber  des  graines  qu'elle  a  prises 
dans  son  tablier  relevé,  aux  poulets  qui  sont  à  sa  gauche.  Au 
tond  de  l'estampe,  s'étend  la  campagne  avec  un  petit  lac.  Publié  le 
1"  février  1782. 

A  la  vente  Blyth  un  1"  état  tut  adjugé  à  24G75  francs!!!  C'est  un  prix  de 
folie,  pour  une  gravure  qui  est  du  dernier  ordinaire.  Comme  c'est  triste  de 
voir  ainsi  gaspiller  l'argent  pour  des  pièces  tout  à  fait  d'arrière  plan,  et 
comment,  si  l'on  est  de  sang-froid,  peut-on  se  laisser  aller  à  un  pareil 
emballement  que  rien  ne  saurait  justifier. 

Mary  Isabella  Duchess  of  Rutland  (par  V.  Green) —  Sm  115.  — 
Dans  un  parc,  en  pied,  de  face,  haute  coiffure  avec  turban  et  plumes, 
la  jolie  jeune  femme  regarde  à  droite,  le  coude  gauche  est  appuyé  et 
la  main  droite  pend  négligemment  le  long  du  corps,  à  demi  perdue 
dans  les  plis  de  la  robe  ;  la  jambe  gauche  est  légèrement  repliée  et  le 
pied  dépasse  la  jupe,  son  vêtement  doublé  d'hermines  a  glissé  de 
l'épaule  droite  qu'il  laisse  découverte.  Publié  le  1er  juillet  1780. 

Délicieuse  et  ravissante  pièce  qu'il  faut  avoir  au  moins  en  2*  état, 
c'est-à-dire  avec  l'adresse  :  2!)  Newman  strcet  Oxford  street  et  non  avec  celle 
de  Charing  Cross  13. 

A  la  vente  Blyth  un  exemplaire  d'une  beauté  exceptionnelle  atteignit  le  prix 
fabuleux  de  1000  guinées',  c'est-à-dire  26250  francs  !!!  L'année  suivante,  le 
19  février  1902,  à  une  vente  faite  par  MM.  Christie,  Manson  and  Woods, 
une  épreuve  d'égale  beauté  et  de  même  état  eut  de  la  peine  à  atteindre 
000  guinées,  soit  15750  francs,  chiffre  néanmoins  fort  honorable.  On  raconte 
que  cette  pièce  avait  été  trouvée  dans  la  boutique  d'un  marchand  de 
campagne  et  payée  15  shillings  par  un  amateur  qui,  à  cette  époque,  n'en 
soupçonnait  pas  lui-même  la  valeur. 

Le  10  juin  1902,  à  une  vente  anonyme  faite  à  Londres,  une  épreuve  de 
2e  état  fut  adjugée  44G2  francs. 

La  toile  originale  fut  détruite  par  l'incendie,  en  1810,  au  château  de 
Belvoir. 


1  Dans  son  intéressante  préface  du  catalogue  de  la  dernière  Exposition  an  Burîington-Club 

(1!>02)  L'érudit  M.  W.-G.  lïawlinson  nous  apprend  que  celle  pièce  et  certaines  autres  de  même 
valeur  étaient  publiées  à  l'époque  aux  prix  de  là  shillings  pour  les  épreuves  d'artistes,  et 
de  5  shillings  6  pence  pour  les  exemplaires  de  lirage  courant. 


27(5  ÉCOLE   ANGLAISE 

Mrs  Carnac  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  31.  —  Dans  la  campagne, 
debout,  ayant  de  gros  arbres  derrière  elle,  le  corps  de  face,  elle 
regarde  à  droite  ;  elle  porte  une  haute  coiffure  avec  des  plumes  et  un 
corsage  décemment  échancré,  une  large  ceinture  lui  enserre  la  taille, 
la  main  gauche  est  ramenée  sur  la  hanche  enfouie  dans  les  plis  de  la 
jupe,  la  droite  pend  le  long  du  corps  ;  pleine  de  grâce  et  de  séduction, 
elle  semble  sourire.  Publié  le  10  juin  1778. 

Peut-être  plus  séduisante  encore  que  la  précédente,  celte  estampe,  de  la 
dernière  rareté1,  lui  adjugée  en  avril  1901  à  la  vente  Edgcumbe,  en  !«'  état, 
11G0  Ruinées,  soit  30450  francs;  c'est  le  chiffre  le  plus  extravagamment  élevé 
obtenu  par  une  estampe  quelle  qu'elle  soit  —  exception  faite  pour  les 
Rembrandt  —  depuis  tantôt  cinq  cents  ans  qu'on  en  vend.  On  a  beau  essayer 
de  s'accoutumer  aux  gros  prix,  ceux-là  surprennent  toujours,  d'autant  que 
c'est  absolument  factice,  c'est  du  soufflé.  Allez  donc  avec  votre  exemplaire  — 
si  vous  en  possédez  —  chez  les  marchands  des  deux  mondes  et  demandez- 
leur  ce  qu'ils  vous  en  offriraient,  nous  serons  heureux  d'avoir  la  réponse. 

La  même  année,  le  1  juillet  1901,  un  autre  exemplaire  vint  sur  le  marché, 
on  le  paya  11700  francs;  voilà  déjà  un  progrès  sensible-.  A  la  vente  Mailand 
un  exemplaire  de  dernier  état,  très  ordinaire,  fut  adjugé  135  lianes,  nous  ne 
signalons,  bien  entendu,  ce  prix  qu'à  titre  de  renseignement  et  il  n'entre 
nullement  dans  notre  pensée  d'établir  un  parallèle  entre  ce  prix  et  les  pré- 
cédents, cet  état  étant  sans  aucune  valeur  artistique.  Le  10  mars  1902  une 
épreuve  de  1"  tirage  atteignit,  à  Londres,  300  francs.  La  1"  adresse  de  la 
pièce  que  nous  venons  de  décrire  est  :  10  Bateman's  Buildings  Soho  square  , 
l'autre  est  :  18  New  Bond  street,  elle  est  à  rejeter.  —  Il  existe  aussi  des  épreuves 
modernes,  mais  l'amateur  ne  peut  s'y  tromper. 

La  toile  originale  esl  actuellement  chez  lady  Wallace,  elle  fut  achetée  en 
1861  par  lord  Hcrtl'ord  et  payée  14953  francs. 

Emily  Mary  Countess  of  SalisburY  (par  V.  Green)  —  Sm  1 16.  — 
Sous  un  grand  arbre  dans  la  campagne,  le  corps  de  profil  à  gauche, 
elle  se  dirige  de  ce  côté,  regardant  de  face.  Klle  glisse  sa  main  gauche 
dans  un  long  gant  pendant  qu'un  petit  épagneul  court  devant  elle, 
jouant  avec  le  volant  de  sa  robe  qu'il  a  saisi  dans  sa  gueule.  Publié  le 
l,r  décembre  1781. 

Ventes:  Blyth,  10813—  Le  19  février  1902,  à  Londres,  même  1er  état  que 
vente  Blyth,  13125  -  Le  10  murs  même  année,  un  2«  état  fut  payé  3875. 

The  Right  Honourable  Lady.  Talbot  (par  V.Green)      Sm  128. 

Tournée  à  gauche,  elle  regarde  de  face,  sa  main  droite  est  posée  sur 


1  Elle  ne  (lgurall  ml  me  poa  dnni  la  collection  Blyth. 

i    a'oteroni  \k\s  cependant  asiurer  d'une  /ai  ■"<  foi  m  I    mi  me  ■  lai 


ÉCOLE    ANGLAISE  277 

le  vase  qui  est  sur  un  autel  à  gauche  et  duquel  se  dégage  de  l'encens  ;  au 
fond  une  colonne  cannelée,  et  à  gauche  une  statue  de  Minerve.  Publié 
le  1er  mai  1782. 

Vente  :  Blyth,  5513  francs. 

Ladies  Elizabeth  Laura,  Charlotte  Maria,  Anne  Horatia 
Waldegrave  (par  V.  Grcen)  —  Sm  133.  —  Toutes  trois  assises  devant 
des  colonnes  que  masquent  presque  de  lourdes  draperies,  elles  tra- 
vaillent autour  d'une  petite  table  ronde,  celle  de  droite  qui  brode  au 
tambour  est  Lady  Horatia.  Au  fond  à  droite,  la  campagne.  Publié 
le  1er  décembre  1781. 

Pièce  délicieuse.  —  A  rejeter  les  épreuves  où  l'adresse  est  effacée.  —  Existe 
en  tirage  moderne. 

Ventes  :  Mailand,  100  —  Le  18  lévrier  1808,  à  Londres,  8250  —  Blyth,  13125  — 
Edgcumbe,  10500  —  Fordham,  2»  étal,  3038  —  Sligo,  9712  -  Le  16  juin  1902, 
à  Londres,  1<-  état,  4075. 

Guardian  Angels  (par  C.-H.  Hodges).  —  Vus  tous  à  mi-corps  ; 
à  droite,  un  tout  petit  enfant  de  trois  quarts  à  gauche,  que  deux  anges 
enlacent  de  leurs  bras  ;  l'aile  gauche  de  l'ange  qui  est  au  milieu,  se 
déploie  pour  abriter  le  chérubin.  Au-dessous  d'eux,  le  ciel  et  les 
nuages.  Publié  le  30  mars  1786. 

Très  rare  pointillé  très  doux  de  ton. 

Ventes:  Mailand,  avec  la  lettre  tracée,  110  —  C.  J.  et  G.  K.,  avec  les 
inscriptions  à  la  pointe,  en  couleurs,  1700  —  Baron  F.  de  L.,  262. 

Lady  Georgia  Spencer  Duehess  of  De vonshire  (par  Barlolozzi). 
De  trois  quarts  à  gauche  et  penchée  en  avant,  elle  est  dans  un  parc, 
la  main  droite  appuyée  sur  une  balustrade  en  pierres  et  regardant  de 
face,  plumes  dans  les  cheveux,  cou  et  bras  nus,  le  bras  gauche  pend 
le  long  du  corps. 

Une  épreuve  avant  toutes  lettres  existe  au  Département  des  Estampes,  elle 
fut  donnée  par  le  frère  de  la  duchesse.  —  A  la  vente  DeTer  Dumesnil,  un 
l"  état  avant  toutes  lettres  de  ce  pointillé  tiré  en  bistre  fut  adjugé  680  lianes 
à  Colnaghi. 

David  Garrick  between  Tragedy  and  ComedY  (par  Ed.  Fisher, 
17G2)  —  Sm  20.  —  Presque  de  face,  le  célèbre  acteur  est  tiraillé  par  la 
Comédie  à  gauche  qui  lui  sourit,  et  par  la  Tragédie  à  droite  qui  d'un 


278  ÉCOI.F.    ANGLAISE 

geste  olympien,  semble  lui  montrer  le  ciel  ;  la  première  a  l'air 
provocant  et  mutin,  la  seconde  impassible  et  sévère;  il  semble  fort 
bésitant. 

Ce  sont  M""-  Slieridan  et  Abington  <]iii  personnifient  la  Tragédie  et  la 

Comédie.  —  En  mars  1000,  dans  une  vente  anonyme  faite  par  Danlos  une 
épreuve  ordinaire  fut  adjugée  185  francs,  tandis  qu'à  celle  île  Blytb,  un  état 
(wunl  Id  lettre  atteignit  2573  francs 

The  Honourable  Miss  Bingham  (par  Barlolozzi).  —  A  mi-corps 
de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  de  face,  coiffée  d'un  grand 
chapeau  posé  sur  le  côté,  une  boucle  de  cheveux  tombant  sur  l'épaule; 
les  bras  ramenés  sur  les  genoux  ne  laissent  pas  voir  les  mains. 

Pointillé  en  couleurs. 

Ventes  .  Mailand,  26  —  Blyth,  2-'  état  en  bistre,  383  —  Baron  F.  de  L.,  en 
couleurs,  3450. 

Misses  Crewe  (par  J.  Dixon)  —  Sm  12.  —  Au  pied  d'un  arbre, 
à  mi-jambes,  toutes  deux  regardant  à  gauche,  les  deux  sœurs  se. 
tiennent  enlacées;  l'aînée,  celle  de  droite,  a  une  corbeille  de  fleurs 
passée  au  bras  gauebe.  Publié  le  30  septembre  17<S2. 

Un  exemplaire,  vente  Blyth,  180(1  francs  —  Vente  Kdwin  IL  Cope,  à 
Philadelphie,  avant  le  titre,  1000,  très  rare.  —  Il  existe  des  épreuves  en  tirage 
moderne. 

Georyiana  Duchess  of  Devonshire  (par  V.  Green)  —  Sm  37.  — 
Elle  regarde  de  l'ace  et  se  dirige  vers  la  gauche  pour  descendre  les 
marches  d'un  perron  sur  la  balustrade  duquel  elle  appuie  la  main 
droite,  les  cheveux  sont  relevés  avec  plumes.  Au  fond  la  campagne, 
et  à  l'extrême  gauche  un  tertre  sur  lequel  est  une  statue  sur  un  socle. 
Publié  le  1"  juillet  1780. 

Dans  cette  estampe  nous  ferons  remarquer  combien  les  mains  sont  mal 
dessinées.  —  La  (Inclusse  liait  tellement  jolie,  qu'un  jour  un  balayeur  la 
voyant  passer,  s'avança  vers  elle  pour  lui  demander  la  permission  d'allumer 
sa  pipe  an  feu  de  sis  veux.  —  La  toile  originale  est  actuellement  la  propriété 
ilu  comte  Spencer. 

Ventes:   Mailand,  1X0  -  Le   I  juin  1001,  à  Londres,  1628. 

Lady  Caroline  Priée  (par  J.  Jones)  Sm  (H.  A  mi-corps  de 
profil  à  gauebe,  elle  regarde  de  lace  et  porte  un  spencer  (?)  à  double 
collet  et  au  cou  un  fichu  de  mousseline  blanche,  les  cheveux  sont 
poudrés.  Publié  le  ,'i  juin  17KH, 


ÉCOLE     ANGLAISE  279 

Pièce  que  nous  considérons  comme  très  ordinaire,  mais  que  nous 
mentionnons  néanmoins  à  cause  du  prix  de  1988  francs  qu'elle  atteignit  à  la 
vente  Blylh  ;  elle  avait  été  précédemment  payée  1050  francs  à  Londres  le 
5  décembre  1898. 

Diana  Viscountess  Crosbie  (par  W.  Dickinson)  —  Sm  14.  — 
Dans  la  campagne,  regardant  de  face,  l'air  étonnée,  elle  se  dirige 
précipitamment  vers  la  droite  ;  le  bras  gauche  est  étendue  et  la  main 
droite  soulève  légèrement  sa  seconde  jupe.  Publié  le  20  septembre  1779. 

Cette  estampe  est  extrêmement  recherchée. 

Ventes  :  Mailand,  81  —  Par  Halle,  1787  —  Normanton,  1er  état,  15200. 

Lady  Smyth  and  Children  (par  F.  Bartolozzi,  1789).  —  Elle  est 
assise  au  pied  d'un  gros  arbre,  le  corps  de  face,  regardant  à  droite, 
elle  est  coiffée  d'un  large  chapeau  plat  orné  de  plumes,  ayant  devant 
elle  ses  trois  enfants,  deux  fillettes  qui  soulèvent  de  terre,  en  le 
prenant  par  sous  la  jambe,  leur  petit  frère. 

Pointillé  absolument  charmant. 
Ventes:  Mailand,  32  —  Blyth,  1901. 

Jane  Countess  of  Harrington  (par  le  même).  —  Au  pied  d'un 
fût  de  colonne  dans  la  campagne,  de  trois  quarts  à  droite,  elle  retient 
par  la  jupe  sa  petite  fille  qui  est  debout  près  d'elle,  sur  le  banc  où 
elle  est  assise  ;  derrière  elle,  son  second  enfant  a  posé  sa  main  droite 
sur  son  épaule. 

Pointillé  rare. 

Ventes:  G.,  avec  la  pièce  précédente,  535  —  Le  18  avril  1898,  à  Londres, 
1850  —  Par  Halle,  3475;  avec  la  pièce  précédente,   1887   -  Blyth,  280  - 
Baron  F.  de  L.,  562. 

The  Honble  Miss  Monckton  (par  John  Jacobe) —  Sm  (3.  —  Assise 
dans  un  parc,  de  trois  quarts  à  droite,  elle  regarde  de  face,  le  coude 
gauche  appuyé  sur  un  piédestal  où  est  posé  un  vase  sur  lequel  sont 
sculptées  des  figures  à  demi-cachées  par  le  feuillage  ;  un  king  Charles 
est  couché  à  ses  pieds.  Légèrement  penchée  en  avant,  l'index  appuyé 
sur  la  lèvre,  elle  semble  rêver  en  souriant. 

A  une  vente  faite  en  1901  par  Halle,  il  a  passé  un  curieux  état  qui  n'a  été 
décrit  ni  par  Hamilton,  /!/'  par  Smith,  il  était  avec  le  nom  des  artistes  et: 
London  Publ  /si  of  Januarg  1770  by  John  Jacobe  and  M^  Slcdgcs,  Henrielta 
street  Covent  Garden  and  Dickinson  and  Walson  w  1ÔH  New  Bond  strect ,  il 


280  ÉCOLE    ANGLAISE 

fut  adjugé  1250  francs.  A  la  vente  du  baron  F.  de  L.  ce  même  exemplaire, 
croyons-nous,  ne  lit  que  95G  francs.  Le  10  décembre  1902,  un  fort  bel 
exemplaire  à  Londres  atteignit  23025  francs  !  !  !  —  La  toile  originale  est 
actuellement  chez  M Monckton. 

LadY  Henrietta  Herbert  (par  V.  Grcen)  —  Sm  04.  —  A  mi- 
jambes,  clic  est  tournée  à  gauche  et  regarde  de  face,  haute  coiffure 
et  longs  gants.  Au  fond  la  campagne,  à  droite  des  arbres.  Publié  le 
16  octobre  1778. 

Il  faut  rejeter  les  seconds  tirages  qui  ont  été  publiés  le  1"  janvier  1779. 

Ventes:  N'ormanton,  1"  état,  11288  —  Edgcumbe,  même  état,  5011. 

Signalons  encore:  Lailij  Sarah  Bunbury  (par  E.  Fischer,  1766),  Sm  0; 
adjugé,  vente  lilyth,  3019  francs  —  M"  Bonfoy  (par  Mac  Ardell,  1755).  Sm  23  — 
Ltuiij  Cockburn  and  lier  C.hildrcn  (par  Ch.  Wilkin,  Ie'  décembre  1791),  très 
rare  pointillé  qui  vaut,  avant  le  titre,  dans  les  1200  francs  —  Caroline, 
countess  of  Carliste  (par  J.  Watson).  Sm  23,  charmant  —  Masler  John  Crcwe. 
en  Henri  VIII  (par  .1.  H.  Smith).  Sm  47;  adjugé,  vente  Blyth,  2625  francs  — 
Miss  Fronces  Harris  (par  .1.  Crozer). 


RICHMOND  (G.,  d'après) 

Elizabeth  Fry  (par  S.  Cousins).  —  Elle  est  debout,  de  face, 
coiffée  d'un  bonnet  blanc,  un  châle  sur  les  épaules,  la  main  gauche 
ramenée  à  la  hauteur  de  la  ceinture,  le  bras  droit  pendant  le  long  du 
corps.  A  droite  au  fond,  on  distingue  seulement  le  pied  d'une  colonne 
ronde,  dont  le  fût  n'est  pas  achevé  '. 

Une  épreuve  de  ce  rare  portrait  passa  à  la  vente  Edwin  R.  ('.ope,  à 
Philadelphie,  il  était  sur  chine  avant  l'inscription  et  avec  le  nom  des  artistes 
à  la  pointe  et  fut  adjugé  510  dollars,  soit  2550  francs. 


R0MNEY  (G.,  d'après) 

1734-1802 

Caroline  Duchess  of  Malborough  (par  J.  Joncs)  —  Sm  53.  — 
Elle  est  debout,  regardant  légèrement  à  droite,  une  boucle  de  cheveux 
tombe  sur  l'épaule  droite,  le  corsage  est  un  peu  ouvert,  elle  s'appuie 

1  Tout  au  moins  dani  l'exemplaire  <ic  i:i  vente,  dont  nous  donnom  le  prix. 


ÉCOLE    ANGLAISE  281 

sur   une  sorte  de   piédcslal  ;  au    fond    à   droite,    on   dislingue    dans 
l'éloignement  un  bâtiment  en  forme  de  rotonde.  Publié  le  30  juillet  1791. 

Vente  :  Blyth,  2625  francs. 

Louisa  Lady  Stormount  (par  J.-R.  Smitb)  —  Sm  159.  —  Elle 
est  assise,  les  bras  croisés  et  regarde  à  gauche.  Publié  le  18  mai  1780. 

Vente  :  Blyth,  4331  francs. 

Miss  Francis  Woodley  (par  J.  Walker)  —  Sm  19.  —  Dans  la 
campagne,  de  face,  elle  regarde  à  gauche,  le  coude  droit  est  appuyé 
sur  un  piédestal  et  la  main  soutient  le  cou,  la  gauche  pend  négli- 
gemment le  long  du  corps.  Publié  le  10  décembre  1781. 

Il  faut  rejeter  les  épreuves  qui  portent  la  date  du  72  décembre  1781. 
Vente  :  Blyth,  4138  francs. 

Emma  Lady  Hamilton  (par  J.  Jones).  —  Assise  dans  un 
fauteuil,  de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  de  face  ;  le  bras  droit 
est  ramené  sur  les  genoux  et  le  menton  repose  dans  la  main  gauche. 
Elle  est  coiffée  d'un  grand  chapeau  autour  duquel  est  passé  un  large 
ruban  qui  semble  là  pour  le  maintenir  contre  le  vent  qui  le  pourrait 
enlever.  Publié  le  29  décembre  1785. 

Pièce  au  pointillé. 

Ventes  :  Le  5  décembre  1898,  à  Londres,  4450  —  Ligaud,  avant  la  lettre, 
grande  marge,  1750,  en  noir;  la  même,  en  couleurs,  410  —  Le  10  juin  1902, 
à  Londres,  1"  état,  6125. 

Miss  Ann  Parr  (par  J.  Dean)  —  Sm  20.  —  A  mi-corps,  complète- 
ment de  profil  à  gauche,  elle  regarde  de  face,  la  coiffure  est  un  peu 
haute,  une  boucle  de  cheveux  retombe  dans  le  cou,  la  robe  est  claire 
avec  semis  de  petites  fleurs.  Publié  le  5  février  1778. 

Cette  estampe  est  très  rare,  un  exemplaire,  à  la  vente  du  baron  F.  de  L., 
atteignit  312  francs. 

Lady  Hamilton'  (par  Thomas  Cheesman,  1789).  —  Assise  de 
profil  à  droite  et  regardant  de  face,  elle  est  devant  son  rouet  et  tient 


i  As  Ihe  Spinster  dite  Lu  Piteuse. 


282  ÉCOLE    ANGLAISE 

le  fil  de  sa  quenouille  dans  la  main  gauche  ;  à  ses  pieds,  une  poule  et 
ses  poussins. 

Fort  joli  pointillé  adjugé,  à  la  vente  Fonlham  3301  francs,  et  6168  en 
juin  1902. 

Lady  Isabella  Hamilton  (par  J.  Walker)  —  Sm  6.  —  Sur  les 
marches  d'un  perron  sans  doute,  et  adossée  à  un  gros  arbre,  elle  est 
debout  de  profil  à  gauche  et  regarde  de  face  ;  le  corsage  est  décolleté, 
le  bras  gauche  demi-nu  pend  le  long  du  corps,  la  main  tient  un  livre, 
le  coude  droit  s'appuie  sur  une  balustrade  invisible.  Au  fond  à  gauche, 
la  campagne  et  des  montagnes  à  l'horizon.  Publié  le  6  mars  1782. 

Estampe  fort  jolie,  rare  et  recherchée,  dont  un  exemplaire  de  fw  état  fut 
adjugé  le  11  juillet  1901,  a  Londres,  11025  francs. 

Nature  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  76.  —  Vue  à  mi-corps  de  trois 
quarts  à  gauche,  elle  est  souriante  et  regarde  de  face,  elle  a  sous  son 
bras  gauche  un  king  chartes  ;  le  corsage  ouvert  laisse  entrevoir  la 
naissance  des  seins,  elle  est  nu-tête.  A  gauche  au  fond,  la  campagne. 
En  bas.  cinq  lignes  de  légende  :  Flush'd  bg  llie  sjiiril  ofthe génial  year. .  . 

Un  exemplaire  de  ce  charmant  portrait,  qui  n'est  autre  que  celui  de 
Emma  Hait,  fut  adjugé,  à  la  vente  lluth,  5250  francs. 

Miss  Cumberland  (par  .J.-R.  Smith)  —  Sm  4'J.  —  Les  mains 
enfoncées  dans  son  manchon,  elle  se  dirige  vers  la  droite  et  regarde 
de  face,  elle  est  coiffée  d'un  vaste  chapeau  dont  les  brides  se  rattachent 
sous  le  menton.  Publié  le  30  décembre  1779. 

Le  l«f  état  est,  croyons-nous,  avant  toute  inscription,  il  est  rarissime; 
le  2e,  avec  l'adresse  :  .Y  II)  Bateman's  Buildings  Soho  square;  le  3'',  avec  la 
nouvelle  adresse  :  'iH  New  Bond  streel,  épreuves  à  rejeter. 

Venter,  lluth,  2»  état,  2125  —  Le  même  état,  vendu  le  15  janvier  1901,  à 
Londres,  6562  —  G.  Beaufoy,  même  état,  3360. 

A  mentionner  encore:  Henriella  countess  of  Warwick  (par  J.  M.  Smith). 
Sm  171      The  Seanutress,  portrait  île  Lady  Hamilton,  par  Cheesman,  1787 
Children  of  Earl  Goiver  (par  J.  R.  Smith),  publié  le  20  août  1781.  Sm  68  — 
Elizabeth  countess  ofDerbg  (par  J.  Dean),  publié  le  24  mai  1780.  Sm  7. 


1  Celle  collection,  vendue  en  février  1902,  produiill  116.725 franc*. 


ÉCOLE    ANGLAISE  283 


ROWLANDSON   (Thomas,  d'après) 

1756-1827 

Le  Vaux  Hall  (gravé  par  Robert  Pollard,  aquatinte  par  F.  Jukcs, 
le  28  juin  1785).  —  Dans  un  jardin,  de  noirbreux  personnages  vont 
et  viennent,  écoulant  une  chanteuse  debout  de  trois  quarts  à  droite, 
un  cahier  de  musique  à  la  main  ;  derrière  elle,  est  un  orchestre. 

Pièce  extrêmement  rare  en  épreuve  ancienne  —  toujours  alors  imprimée  en 
bistre  —  elle  vaut,  suivant  état  et  condition,  de  500  à  800  francs.  Il  en  existe, 
paraît-il,  des  réductions  in-4°;  le  regretté  Jules  Uouillon  et  Paul  Roblin  en 
vendirent  chacun  leur  exemplaire  le  10  janvier  et  le  22  avril  1895,  il  ne 
nous  a  pas  été  donné  de  les  voir.  —  Le  cuivre  existe. 


SMITH   (J.-R.,  d'après) 
1752-1812 

Thoughts  on  MatrimonY  (par  W.  Ward,  1786).  —  Une  ravissante 
jeune  femme  assise  de  trois  quarts  à  droite,  à  mi-corps,  regarde  de 
face,  le  coude  droit  est  appuyé  sur  le  bras  du  fauteuil  et  la  main 
soutient  le  menton,  une  lettre  est  dans  la  main  gauche.  Elle  est  coiffée 
d'un  large  chapeau  et  son  vêtement  est  rejeté  en  arrière  sur  le  dos 
du  fauteuil. 

Joli  pointillé  ovale  en  couleurs. 

Ventes:  Decloux,  253  —  Ligaud,  455  —   Baron  F.  de  L.,  avec  Louisa,  les 
deux  pièces  3000. 

Miss  Thompson  (par  Jane  Thompson)  —  Sm  2.  —  Assise  dans 
la  campagne,  des  perles  dans  les  cheveux,  un  jabot  frisé  autour  du 
cou,  elle  regarde  à  gauche. 

Vente  :  Ligaud,  en  couleurs,  1220  francs. 

The  Widow's  Taie  '  (par  W.  Ward)  —  Sm  102.  —  Assise  près 
d'une  table  à  droite,  une  veuve  raconte  à  son  amie  placée  en  face 


L'Histoire  tic  la  Vctwe. 


2N4  ÉCOLE    ANGLAISE 

d'elle,  son  histoire.  Derrière  cette  amie,   une  petite  tille  est  debout. 
La  veuve  a  la  main  gauche  gantée.  Publié  le  2  juin  17.S',). 

Ventes:  Gentien,  avec  The  Disaster,  la  première  610,  la  seconde  500  — 
Lacroix,  400  —  J.  C.  et  G.  K.,  avec  The  Disaster,  les  deux  pièces  2900;  à  la 
même  vente,  The  Widow's  talc  seul  1600. 

Visit  to  the  Grand  Father  '  (par  J.-R.  Smith)  —  Sm  101.  — 
Un  vieillard  est  assis,  près  de  lui  est  une  fillette  avec  un  cheval  de 
bois;  à  gauche,  une  dame  amène  avec  elle  un  garçon  et  une  petite 
Bile.  Publié  le  12  janvier  1788. 

On  donne  comme  pendant  à  cette  pièce  :  Visit  to  the  Grand  Mother,  d'après 
Northcote,  gravé  également  par  J.  R.  Smith.  —  Voir  Norlhcote. 

Ventes  :  Dccloux,  les  deux  pièces  avec  marge,  425  —  Lacroix,  les  deux 
pièces,  500  —  C.  J.  et  G.  K.,  les  deux  sans  marge,  410. 

What  you  will  (par  J.-R.  Smith). 

Un  exemplaire  de  cette  très  rare  estampe  gravée  en  1791  fut  adjugé,  vente 
Dccloux,  3S7  francs,  superbe  de  qualité,  605  à  la  vente  Ligaud,  2020  à  celle 
de  .1.  ('..  et  G.  K.  et  3950,  en  mars  1903,  par  Danlos,  c'était  an  tout  premier 

tirage,  avec  le  nom  du  maître  écrit  sous  le  trait  carré  au  milieu  de  l'estampe. 

The  Promenade  at  Carlisle  HouseJ  (par  le  Maître,  17.S1).  — 
La  Duchesse  de  Devonshire  et  Lady  Duncannon  occupent  le  milieu 
de  la  composition,  l'une  est  de  profil,  l'autre  de  face,  elles  se  dirigent 
vers  la  droite.  Derrière  elles,  plusieurs  personnes  prennent  le  llié  autour 
d'un  guéridon.  A  droite,  debout  et  coiffé  d'un  tricorne,  un  homme 
appuyé  sur  sa  canne,  regarde  les  deux  femmes  qui  s'avancent  vers  lui. 

Ventes:  Bebague,  en  noir  et  avec  les  lettres  Iraeées.  530  —  Muhlbacher, 
avant  taule*  lettres,  620  —  Decloux,  même  état,  995  —  Destailleur,  même 
état,  905  --  Blyth,  état  Behague,  1100. 


STUART  (C.-G.,  d'après) 

1754-1828 

George  Washington  Esq,c  (par  .lames  Fischer).  —  A  mi  corps, 

di'  trois  quarts  à  gauche,  il   regarde  de  face,  le  cou  enserré  dans  une 

haute  cravate  blanche  à  rabat  île  dentelles.  En  bas,  on  y  lit  :  From 


1  La  Visite  au  grand-père. 

'  Gosaelln  Mis  en  vend  la  reproduction  l!S  francs.     Il  en  existe  uns  autre  copie. 


ÉCOLE    ANGLAIS!-:  28") 

the  original  Picture  in  the  possession   of  J.  Seb,  de  Franco  Esq.   of 
Devonshire  square  London  —  Publîsh'd  bu  P.  Fische,  april  10"'  1S01. 

Celte  estampe,  qui  est  de  la  plus  insigne  rareté,  a  échappé  à  tous  les 
iconographes,  même  a  Baker;  il  y  a  quelques  années,  J.  Halle,  le  grand 
marchand  d'estampes  de  Munich,  en  possédait  une  épreuve  dont  il  demandait 
450  marks,  soit  562  francs.  Elle  manquait  à  la  précieuse  collection  du 
D>  Charles  E.  Clark,  si  remarquable  par  la  réunion  de  portraits  des 
Américains  célèbres,  et  en  particulier  de  ceux  de  Washington,  qui  fut  vendue 
a  Boston,  en  janvier  1901,  par  le  ministère  de  MM.  C.  F.  Libbie  et  C°  de  cette 
ville. 

TURNER  (Joseph-Mallord-William) 

Célèbre  peintre  paysagiste  anglais  né  à  Londres  en  1775,  mort  à  Chclsea 
en  1851  ;  c'est  donc,  on  peut  presque  dire,  un  contemporain.  Sa  place  est  ici 
marquée  par  son  recueil  Liber  Studioram,  dont  le  plus  bel  exemplaire  connu 
est  celui  du  British  Muséum.  Il  fut  formé  par  John  Pye,  graveur  de  grand 
talent  et  ami  intime  du  peintre,  auquel  il  fut  acheté  en  1SG9;  il  avait  mis  plus 
de  cinquante  ans  à  le  réunir. 

Cette  publication  devait  avoir  primitivement  100  planches,  mais  pour  des 
causes  qu'on  ignore,  il  n'en  parut  que  70  '  plus  un  frontispice  -'.  C'est  en  1807 
qu'on  commença  à  les  publier  par  série  de  cinq  pièces,  en  1819  c'était  terminé. 
Le  catalogue  en  a  été  dressé  par  M.  W.  G.  Rawlinson  à  Londres  en  1878. 

Voici  comment  procédait  l'artiste  :  il  faisait  et  terminait  complètement  ses 
dessins  à  la  sepia,  puis  gravait  lui-même  les  contours  de  ces  derniers  au 
trait  seulement  et  donnait  la  planche  à  terminer  en  mezzotinle  à  des  graveurs 
de  profession  '.  Huit  planches  cependant  furent  entièrement  exécutées  de 
sa  main,  et  trois  autres  mezzotintées  seulement,  l'eau-forte  n'était  pas  de  lui. 
La  curiosité  du  procédé  consiste  dans  la  combinaison  de  l'eau-forte  et  de  la 
mezzotinte  sur  une  seule  planche,  et  dans  l'usage  d'une  encre  brune  et 
chaude  qui  donne  à  l'estampe,  en  le  rappelant,  la  saveur  du  dessin  original. 
Malheureusement,  ces  cuivres  étaient  très  délicats  et  baissaient  rapidement 
au  tirage,  après  environ  vingt-cinq  épreuves  il  les  fallait  retoucher  et  c'était 
presque  toujours  le  Maître  qui  le  faisait  lui-même. 

Au  début  de  la  publication,  le  graveur  Charles  Turner  devait  tout  graver 
et  s'occuper  du  placement  de  cet  œuvre,  mais  par  suite  de  difficultés 
survenues  il  fut  remercié,  et  l'artiste  créateur  devint  alors  son  propre  éditeur. 

Dans  le  Turncr's  liber  Sludiorum  c'est  le  paysage  qui  domine,  les  quelques 
sujets  d'architecture  ou  de  genre  qui  s'y  rencontrent  sont  en  infime  minorité. 
Ce  recueil  est  le  pendant,  pourrait-on  dire,  du  Liber  Veritatis  de  Claude 


'  Sur  lesquelles.  1G  sont  sans  titre. 

-  Vingt  autres  restèrent  inachevées  à  l'état  d'eau-forte  et  ne  lurent  jamais  publiées,  elles  sont 
rarissimes;  l'une  d'elles  surtout,  The  Tirantes  near Kingston,  est  introuvable  et  ne  figura  même 
pas  à  l'Exposition  qui  eut  lieu  tle  l'œuvre  au  Burlington  Fine-Arts  Club  en  1S72. 

3  Qui  se  nommaient  :  C.  Turaer,  W.  Say,  H.  Dunkarton,  T.  Hodgetts,  .J.  C.  Easling,  W.  Annis. 
G.  Clint,  F.  C.  Lewis,  IL  Dawe.  Th.  Luplon,  S.  W.  Reynolds,  tous  graveurs  en  mezzotinte. 


28()  ÉCOLE    ANGLAISE 

déliée  dit  Le  Lorrain.  Mais  l'œuvre  de  Tuilier  est  infiniment  supérieur  et 

tle  beaucoup  plus  rare;  les  épreuves  varient,  suivant  état  et  conditions,  de 
50  à  1800  francs  '.  Nous  devons  noter  cependant  que  ce  recueil  est  fort 
déprécié  depuis  quelques  années  et  (pie  l'engouement  un  peu  factice  dont  il 
avait  joui  a  considérablement  diminué. 

Une  première  exposition  du  Liber  Studiorum  eut  lieu,  en  janvier  1888,  au 
Grolier-Club  de  Xew-York,  et  une  seconde  en  niai-juin  1000,  à  lu  Bibliothèque 
publique  de  cette  ville.  M.  J.  Iwine  Smith,  d'Kdimbourg,  possède  une 
collection  très  remarquable  et  pour  ainsi  dire  complet?  de  cette  suite. 


WARD   (James,  d'après) 

1769-1859 

The  Citizen's  Retreat  '-  (par  W.  Ward).  —  Devant  un  cottage, 
une  jeune  femme  très  éclairée,  entourée  de  son  mari  et  de  ses  enfants, 
ilonne  à  manger  à  des  poules.  Au  deuxième  plan  à  gauche,  un  porc 
sort  de  son  é table,  Publié  en  179G. 

Selling  Rabbits'  (par  le  même).  —  Dans  un  intérieur  rustique, 
contre  le  mur  duquel  à  gauche  on  aperçoit  des  cages  à  poules;  un 
paysan  tient  dans  ses  deux  mains,  un  lapin  qu'il  cherche  à  vendre  à 
une  vieille  femme.  A  gauche,  un  chien  se  profile;  à  droite  et  parterre, 
deux  lapins  sur  le  premier  plan.  Cinq  autres  personnages  complètent 
le  tableau. 

Deux  manières  noires  extrêmement  jolies  et  recherchées  se  faisaient  pendants. 

Ventes  :  G.,  155  —  Le  10  avril  1001,  à  Londres,  1312  -  Baron  F.  de  L  ,  712. 

The  Daipy  Farm'  (par  et  d'après  .1  Ward).  —  A  gauche  sous 
un  gros  arbre,  une  grange,  devant  laquelle  est  une  charrette  dans 
laquelle  une  femme  est  montée  ;  au  milieu  de  l'estampe,  un  métayer 
remplissant  de  lait  une  sorte  de  grand  bidon  ou  récipient  ;  à  droite  de 
la  ferme,  des  vaches  et  une  femme  en  train  de  traire  l'une  d'elles. 

Une  des  plus  jolies  pièces  rustiques  de  l'école,  en  manière  noire  également, 
et  au  moins  aussi  séduisante  que  les  précédentes. 


i  i  ■  ■•>  j  p  >  ix  hirenl  pratiqué!  <n  mon  is.st  :i  In  première  vente  du  <l»r  de  Bueeleueh.  Ajoutons, 
pour  mémoire,  qu'un  artiste  contemporain,  M.  Short.  ;i  reproduit  [un-  ce  procédé  plusieurs 
planches  du  Maître  si  aussi  quelques  dessina  Inédits  cl  ce,  avec  une  maestria  •  i ti i  (nil  le  plu» 
i  i  and  honneur  ;i  son  talent. 

*  /.h  Retraite  du  citadin, 
■  t.n  Vente  tir*  Initias. 

•  La  Laiterie. 


ÉCOLE   ANGLAISE  287 

WHEATLEY   (Francis  d'après) 

1747-1801 

The  Full  of  the  HoneY  Moon  '  (par  L.  Laurie).  —  Un  homme 
est  assis  à  une  table,  dans  un  fauteuil  de  trois  quarts  à  droite,  il  vient 
de  s'endormir  devant  la  lettre  qu'il  a  écrite  ;  la  bougie  qui  était  dans 
le  flambeau  est  consumée,  mais  fume  encore.  Derrière  lui,  la  gorge 
demi-nue,  une  femme  s'approche  pour  saisir  la  lettre  en  question. 

The  Wane  of  the  Honey  Moon  '■  (par  le  même).  —  Une  femme 

est  assise  de  trois  quarts  à  droite  sur  un  canapé  et  vient  doter  son 

masque,  un  homme  à  ses  genoux  la  saisit  par  la  taille  et  détourne  la 

tète,  elle  le  regarde  d'un  air  étonné,  son  tricorne  et  son  masque  sont 

à  terre  près  de  lui. 

Ces  deux  manières  noires  qui  se  font  pendants,  très  curieuses  au  point  de 
vue  du  costume,  ont  été  publiées  en  1789. 

Ventes  :  Par  Halle,  les  deux  pièces,  C25  —  Baron  F.  de  L.,  562. 

The  Disaster  '  (par  W.  Ward)  —  Sm  104.  —  A  gauche,  un  piano 

ouvert  avec  un  cahier  de  musique,  et  devant  ce  piano,  un  fauteuil  sur 

le  dos  duquel  un  vêtement  est  jeté  ;  à  droite,  une  jeune  femme  et  une 

fillette  atterrées  de  voir  par  terre,  renversée  par  le  chat,  une  cage  de 

laquelle  un   serin   s'est   envolé  ;  derrière  elles,  une  croisée  ouverte 

laissant  apercevoir  le  paysage.  Publié  le  26  juillet  1789. 

Pièce  extrêmement  séduisante  en  couleurs. 

Ventes:  J.  C.  et  G.  K.,  avec  The  Widow's  taie  (Voir  J.  R.  Smith),  deux 
pièces,  2900  —  Baron  F.  de  L.,  77ô  —  Par  Danlos,  le  UT  mars  1902,  vente 
anonyme  avec  The  Widow's  taie,  deux  superbes  exemplaires  en  couleurs, 
4200  francs. 

The  Return  from  Coursing  '.  —  Deux  cavaliers  rentrent  à  leur 
château,  à  la  grille  duquel  ils  sont  attendus  par  une  jeune  femme 
avec  ses  deux  enfants,  A  gauche,  au  premier  plan,  un  porteur  de 
gibier  avec  deux  lévriers  ;  à  droite,  deux  paons  montés  sur  un  banc 
circulaire. 


1  La  Pleine  Lune  de  Miel. 

-  Le  Dêelin  de  la  lune  de  miel. 

1  Le  Désastre. 

*  Retour  de  lu  ehasse  à  courre. 


288  ÉCOLE    ANGLAISE 

The  Return  from  Shooting  '■  —  Sous  des  arbres  en  bordure  de 
bois,  trois  cavaliers  dont  l'un  est  descendu  de  son  cheval  ;  un  des 
gardes  accroupi  est  en  train  de  passer  une  laisse  au  collier  d'un  des 
chiens  qui  occupent  le  premier  plan.  Le  gibier  jonche  le  sol.  Au  fond, 
la  campagne. 

Fort  jolis  sujets  de  chasse  au  pointillé  en  couleurs,  se  faisant  jiendants, 
d'après  Wheatley  et  W.  HamUton,  gravés  par  A.  Cardon  et  Hartolozzi,  adjugés 
à  la  vente  du  baron  F.  de  L.  1702  francs. 

The  Cries  of  London  -. 

Suite  de  13  planches  en  couleurs,  dont  les  noms  suivent,  cri  reniement 
recherchées  et  rares  à  trouver  réunies  et  de  belle  qualité.  Ces  estampes 
valent  fort  cher  comme  on  va  pouvoir  en  juger: 

Strawberries,  scarlet  Slrawberries  par  Vendramini. 

OUI  chairs  to  mend  » 

Fresh  gathered  peas,  young  hastings  » 

Uni  spice  Ginger  bread,  smoking  hot  » 

Knives,  seissors  and  razors  lo  grind  » 

A  new  lovesong  onhj  ha'  penny  a  pièce  par  Cardon. 

Round  and  sound  five  pence  a  pound  u[  Duke  sherries  » 

Do  ijou  wani  ang  matches  » 

Scie  mackrel,  new  mackrel  par  Schiavonetti. 

Sweet  china  oranges,  swect  china  » 

Mil!;  below  maids  » 

Two  bunches  a  penny  » 

Turnips  and  canots  par  Gaugain. 

I 
Ventes:  Voici  quelques-uns  des  prix  atteints  pour  la  série  complète  en 
couleurs  pendant  l'année  1901  à  Londres ,  V.i'Ml  —  21212  —  l.r>750.  Le  11  juin 
de  cette  même  année,  une  série  d'une  insurpassable  beauté  fut  poussée  en 
vente  publique  jusqu'à  26250  francs  !  !  !  Ce  prix,  assez  coquet  cependant,  ne 
parut  pas  suffisant  au  vendeur  qui  la  lit  retirer  A  Munich,  par  le  ministère 
de  I.  Halle,  11819  -  Baron  F.  de  L„  21625.  Quand  on  songe  qu'en  1891,  à  la 
vente  Kinnen,  la  suite  complète  lut  adjugée  3100  francs,  quel  chemin  par- 
couru !  A  la  vente  Blyth  elles  n'atteignirent  que  le  chiffre  de  3150,  mais  elles 
étaient  tirées  en  bistre,  parlant  infiniment  moins  intéressantes, 

A  Londres  voici,  pendant  l'année  1902,  les  derniers  prix  pratiqués  :  11287  — 
9712  -  18375  et  20I7;>  lianes. 

The  itinérant  Potters'  (par  J.  W'hessell).  —  Sur  une  roule 
à  travers  la  campagne,  un  potier  et  sa  femme  cheminent,  ils  sont 
accompagnés  d'un  âne  qui  porte  leur  marchandise.  L'homme  est  vu 

de  dos  et  la  femme  qui  le  suit  se  détourne  pour  regarder. 


i  Retour  de  la  chaut  d  tir. 

»  Les  cris  >/.•  Londres.       D  existe  une  réimpression  de  celte  suite  qui  se  paye  dani  les  ISO  A  lsu  IV. 
Les  J  '"/i. m  QjnbuianU 


ÉCOLE    ANGLAISE  289 

The  Woodman's  Return  '  (par  le  même).  —  Sur  le  premier  plan, 
un  bûcheron  portant  sur  ses  épaules  un  fagot  au  bout  d'un  bâton  ; 
près  de  lui  à  droite,  sa  femme,  son  chien  et  deux  enfants.  Au  fond 
à  gauche,  des  moulons  sont  couchés. 

Charmantes  estampes  se  faisant  pendants,  elles  sont  —  si  notre  mémoire 
est  fidèle  —  au  pointillé. 


WRIGHT  (Joseph,  d'après) 
1734-1797 

A  Blaeksmith's  Shop3  (par  Richard  Earlom)  —  Sm  47.  — 
Un  atelier  de  forge;  sur  l'enclume,  une  pièce  de  fer  rouge  que  deux 
liommes  sont  occupés  à  marteler  ;  l'ouvrier  du  deuxième  plan  qui 
lient  la  pièce  de  la  main  droite  est  violemment  éclairé.  Sur  le  premier 
plan  à  droite,  un  vieillard  et  deux  enfants  regardent  les  forgerons. 
Publié  le  25  août  1771. 

Nous  avons  mentionné  cette  estampe  en  manière  noire,  comme  un  spécimen 
du  summum  d'effet  que  peut  donner  ce  procédé,  il  y  a  là  une  puissance 
d'éclairage  dont  la  vigueur  serait,  croyons-nous,  difficilement  surpassée.  — 
A  la  vente  Kinnen  une  épreuve  fut  adjugée  90  francs. 

Nous  sommes  heureux  de  signaler  parmi  les  collectionneurs  français  de 
cette  gracieuse  époque  un  très  galant  homme,  M.  George  Usslaub,  l'aimable 
administrateur  délégué  des  Docks  libres  et  Magasins  généraux  de  Marseille, 
qui  possède  environ  4000  pièces  des  différents  artistes  français  et  étrangers 
des  xve,  xvf,  xvue  et  xvni1-'  siècles,  il  a,  entre  autre,  su  réunir  l'œuvre  à  peu 
prés  complet  de  Jean  Morin  en  épreuves  superbes;  les  amateurs  provin- 
ciaux sont  trop  rares  pour  qu'on  ne  se  fasse  pas  un  plaisir  île  mentionner 
leurs  noms  et  de  les  donner  en  exemple. 


1  Le  Retour  du  bûcheron. 
-  /.((  Boutique  thi  forgeron. 


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îu 


École  Française 


XVIII'    SIECLE 


ÉCOLE    FRANÇAISE 


XVIIIe    SIECLE 


Ayant  déjà  traité,  avec  toute  l'ampleur  nécessaire,  croyons-nous,  le 
xvm<=  siècle  dans  nos  précédents  travaux2  et  tout  particulièrement  dans  le 
dernier1,  nous  avons  hésité  un  instant  à  le  faire  encore  figurer  ici,  mais 
voulant  présenter  aux  amateurs  un  tout  complet  et  sans  solution  de  conti- 
nuité à  travers  les  âges,  et  ne  pas  faire  mentir  notre  titre,  nous  avons  jugé 
à  propos  de  ne  pas  l'exclure  de  notre  étude.  Néanmoins,  nous  avons  été 
obligé  d'être  plus  bref  et  avons,  à  dessein,  éliminé  certaines  pièces  inté- 
ressantes, mais  de  second  plan  qui  ne  devaient  pas  trouver  leur  place  dans 
une  réunion  de  morceaux  ultra  sélect.  Nous  avons  profité  de  la  circonstance 
pour  rectifier  quelques  erreurs,  compléter  certains  renseignements,  et 
signaler  les  ventes  importantes  de  ces  dernières  années.  Nous  nous  sommes 
aussi  particulièrement  étendu,  comme  on  vient  de  le  voir,  sur  l'école 
anglaise  si  en  faveur  aujourd'hui,  et  avons  scrupuleusement  mentionné  la 
plupart  de  ses  belles  estampes,  portraits  et  genre,  si  ardemment  convoitées. 


BAUDOUIN  •  (Pierre-Antoine,  d'après) 

1723-1769 

Les  Amants  surpris  (par  ChoITart,  1767)  —  B  3.  —  Une  fille  est 
surprise  par  sa  mère  dans  une  chambre  de  ferme,  demi-nue,  elle 
pleure,  la  tète  dans  sa  main;  l'amoureux  s'enfuit  pendant  ce  temps-là, 
oubliant  par  terre  son  chapeau. 


i  H  a  paru  dernièrement  à  Londres  un  intéressant  travail  de  Lady  Oilke  intitulé  :  Frcnch 
Engrauers  and  Draughtsmen  of  tlie  XVIII'  Ccntury  ;  c'est-à-dire  Graveurs  et  Dessinateurs  français 
<ln  X 17//'  siècle. 

ï  Les  Estampes  ilu  XVIII'  siècle  ;  avec  une  préface  de  Paul  Eudel.  Paris.  Dentu,  188ô  :  épuisé  — 
Les  Françaises  du  XVIII'  siècle;  avec  une  préface  du  baron  Roger  Portalis,  en  collaboration  de 
feu  notre  ami  le  marquis  de  Granges  de  Surgères.  Paris,  Dentu,  1887. 

I  Dessins,  gouaches,  estampes  et  tableaux  du  XV1I1'  siècle.  Paris.  Morgand.  1893. 

♦  Voir  le  catalogue  de  son  œuvre,  par  Emmanuel  Bocher,  Paris,  1875.  —  Nous  avons  suivi 
l'ordre  alphabétique  adopté  par  l'écrivain,  en  ayant  soin  de  grouper  cependant  les  pièces 
qui  se  font  pendants. 


294  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Les  Amours  champêtres  (par  Choffart,  1767)  —  B  8.  —  Deux 
femmes,  l'une  assise,  l'autre  debout  à  la  porte  d'une  ferme,  regardent 
deux  pigeons  qui  se  becquettent  ;  d'une  croisée  au-dessus  d'elles,  un 
gars  les  observe. 

Le  Jardinier  galant  (par  Helman,  1778)  —  B  25.  —  De  trois 
quarts  à  gauche,  assis  près  d'un  puits,  un  jeune  garçon  embrasse  une 
fillette;  derrière  eux,  sur  un  perron  à  droite,  une  autre  fille  les  épie. 

Marchez  tout  doux,  parlez  tout  bas  (par  Choffard,  1782)  — 
B  30.  —  Dans  une  chambre  de  ferme,  une  jolie  fille  debout,  en 
chemise,  fait  signe  du  doigt  à  un  jeune  gars  qui  entre  par  une  croisée 
à  droite,  de  ne  pas  faire  de  bruit.  A  gauche,  une  porte  entr'ouverte 
laisse  voir  les  parents  couchés  et  dormant. 

Suite  de  quatre  pièces;  la  dernière  n'a  jamais  de  titre,  il  en  existe  une 
réduction  en  couleurs,  par. Met/,  intitulée  L'Eveillé.  La  gouache  originale  sous 
la  rubrique  La  Fille  mal  (/ardre,  fut  adjugée  le  1-t  juin  1900,  à  la  vente  du 
marquis  de  H.,  5030  francs. 

Ventes  .  Behague,  la  seconde,  61;  la  première,  t.  m.1,  par  Haiieston,  35;  la 
troisième,  eau-forte  non  terminée,  avec  la  tablette  blanche,  455;  la  même, 
avec  ta  lettre  g.  ni.,  '.)!);  la  dernière,  avant  toutes  lettres,  avec  la  tablette 
blanche,  505  —  Muhlbacher,  la  deuxième,  le'  état,  eau-forte  pure,  225;  la 
même,  par  Harleston,  non  entièrement  terminée,  11");  la  première,  en  1>-'-  état, 
350;  la  troisième,  eau-forte  pure,  245;  la  dernière,  58  —  Hocquart,  la 
première,  avant  toutes  lettres  avec  les  armes,  50  -  Decloux,  la  première, 
g.  ni.,  61  —  Destailleur,  la  première,  g.  m.,  18;  la  troisième,  g.  m.,  75  — 
Bavard,  la  première,  avant  toutes  lettres,  35;  la  troisième,  eau-forte  pure, 
llti;  la  même,  avec  la  lettre,  7.'i;  la  dernière,  avant  toutes  lettres,  mais  avec 
les  armes,  340  —  Bayard,  la  dernière,  t.  m.,  120  —  Bardin,  la  troisième, 
g.  m.,  70. 

Le  Bain  (par  N.-F.  Regnault)  B10.  —  Deux  caméristes  en  train 
de  sortir  leur  maîtresse  du  bain,  celte  dernière  est  tournée  de  trois 
quarts  à  gauebe  ;  par  terre,  au  premier  plan  à  droite,  une  éponge 
dans  une  cuvette  plaie. 

Pièce  en  couleurs  à  laquelle  on  donne  comme  pendant  Le  Lever,  par  et 
d'après  Regnault.  —  Voir  ce  nom. 


i  La  marge  jouant,  comm i  le  Mil,  un  grand  nMc  an  point  de  vue  marchand,  dans  1rs 

estampes  du   wiii    siècle  de  l'école  française,  nous  l'Indiquerons   généralement,  par  tes 
lions  suivantes  :  ■  m.,  sans  marge     p.  m.,  petite  marge      g.  m.,  grande  marge      t.  m. 
loule  marge  -    m,  v„  marge  \  I 


ÉCOLE    FRANÇAISE  295 

Ventes  :  Beliague,  les  deux  pièces,  190  —  Wasset,  les  deux,  265  — 
Muhlbacher,  Le  Bain,  avant  toutes  lettres,  385  —  Hocquart,  les  deux,  360  — 
Aubin,  les  deux,  495  —  Destailleur,  les  deux,  1050  —  Bayard,  les  deux,  321  — 
Belenet,  les  deux,  remargées,  405  —  Josse,  Le  Bain,  g.  m.,  530  —  Patellier, 
Le  Bain,  200  —  Lelong1,  les  deux,  1500  —  Leroy3,  les  deux  pièces,  s.  m., 
405  —  Léon  Boux,  Le  Bain  seul,  t.  m.,  580. 

Le  Carquois  épuisé  (par  N.  de  Launay)  —  B  11.  —  Un  jeune 
seigneur  est  assis  à  gauche  sur  un  canapé  dans  une  altitude  alanguie, 
près  d'un  lit  défait  ;  il  cause  avec  une  jolie  jeune  femme  en  deshabillé 
galant  ;  devant  la  cheminée  qui  est  à  droite,  un  écran  ;  par  terre  au 
premier  plan,  son  épée.  Sur  un  socle,  l'amour  dont  le  carquois 
est  vide. 

Les  Soins  tardifs  (par  N.  de  Launay)  —  B  45.  —  Un  jeune  gars 
el  une  fraîche  villageoise  se  lutinent  dans  un  grenier;  ils  sont  surpris 
par  la  mère  qui  y  monte  par  une  échelle. 

Pièces  se  faisant  pendants.  —  A  la  vente  de  Goncourt,  la  gouache  originale 
des  Soins  tardifs  qui  provenait  de  la  collection  Tondu  (1865)  fut  acquise  au 
prix  de  3750  francs  par  M.  Gaston  Menier,  croyons-nous.  Une  réplique  ou  le 
même  exemplaire,  nous  l'ignorons,  fut  adjugé  le  11  janvier  1900,  à  la  vente 
du  marquis  de  B.,  4950  francs. 

Ventes  :  Behague,  Le  Carquois,  état  d'eau-forte,  le  carquois  n'existe  pas,  à 
sa  place  est  une  touffe  de  roses,  805;  le  même,  avant  la  lettre  et  les  armes, 
380  —  Les  Soins  tardifs,  avant  les  armes,  389  —  Muhlbacher,  Le  Carquois, 
avant  la  lettre,  avec  le  cartouche  blanc  avant  le  carquois  renversé  ■>,  non 
décrit,  400  —  Les  Soins  tardifs,  eau-forte,  avant  toutes  lettres  et  l'enca- 
drement ornementé,  295;  la  même,  avant  toutes  lettres  et  avec  la  tablette 
blanche,  245  —  Hocquart,  Le  Carquois,  avant  toutes  lettres  et  avec  la  tablette 
blanche,  310;  Les  Soins  tardifs,  même  état,  175  —  Decloux,  Le  Carquois,  210  — 
Destaillenr,  Le  Carquois,  état  d'eau-forte,  250;  le  même,  avec  la  lettre,  g.  m., 
190;  Les  Soins  tardifs,  2>'  état,  150,  avec  la  lettre,  t.  m.,  182  —  Kinnen,  Le 
Carquois,  eau-forte  pure,  130;  avant  toutes  lettres,  340 —  Pavie,  Le  Carquois, 
eau-forte  pure,  230  —  Gentien  ♦,  Le  Carquois,  avant  la  lettre,  avec  le  cartouche 
blanc,  530;  Les  Soins  tardifs,  même  état,  355  —  Goncourt,  Le  Carquois,  eau- 
forte  pure,  380;  avec  la  lettre,  g.  m.,  275  —  C.  J.  et  G.  K. s,  Le  Carquois, 
avant  toutes  lettres  et  avant  le  carquois  renversé,  non  décrit,  920  —  Lacroix, 
Les  Soins  tardifs,  g.  m.,  86. 


1  II  n'y  avait  à  cette  vente  qu'une  cinquantaine  d'estampes  de  très  belle  qualité  et  presque 
toutes  encadrées. 

s  Collection  vendue  sous  les  initiales  II.  I,.  N..  toutes  les  estampes  étaient  encadrées. 

3  Qui  n'existait  ainsi  que  dans  l'état  d'eau-forte. 

*   Petite  collection  dont  les  ~ù  numéros  de  toute  première  qualité,  ont  produit  6tl05  francs. 

B  Initiales  de  MM.  Jourdier  e(  Kinnen.  collection  délicate  et  précieuse  dont  les  11.3  numéros 
firent  lliôliSj  francs. 


296  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Le  Chemin  de  la  Fortune  (par  Voyez  Major)  —  B  14.  —  Une 
vieille  femme  soulève  la  jupe  d'une  danseuse  dont  la  jolie  jambe  ravit 
de  joie  un  musicien  et  un  vieillard  qui  sont  présents. 

Ventes  :  Behague,  lLf  état,  le  corset  de  la  danseuse  est  ouvert,  g.  ni.,  560  — 
Wasset,  le  corset  est  ferme,  90  —  Muhlbacher,  lir  état,  260  —  Decloux, 
2  état,  loi  —  Destailleur,  1*  état,  180  —  Bayard,  1«  état,  g.  m.,  100;  2«  état, 
60  —  Concourt,  1"  état,  500. 

Le  Coucher  de  la  Mariée  (eau-forte  de  Moreau  le  jeune,  burin 
de  Simonet)  —  B  16.  —  Dans  une  chambre  à  coucher  extrêmement 
luxueuse,  à  droite,  un  lit  dans  lequel  s'apprête  à  monter  la  jeune 
épousée  ;  une  femme  près  d'elle,  lui  murmure  quelques  mois  à 
l'oreille  ;  son  mari,  en  robe  de  chambre,  est  à  ses  genoux.  Trois 
soubrettes  complètent  le  tableau. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres  avec  les  armes,  g.  m.,  665  — 
Wasset,  1er  état,  eau-forte  pure,  3200  —  Maherault,  même  état,  2205  — 
Muhlbacher,  même  état,  avec  une  note  manuscrite  de  Moreau,  pense-t-on, 
disant:  on  a  tiré  2'i  épreuves  de  cette  eau-forte,  2015;  3«  état,  avant  toutes 
lettres,  1220  —  Decloux,  avec  la  lettre,  t.  m.,  310  —  Kinnen,  avant  toutes 
lettres  et  avec  les  armes,  1450  —  Gentien,  même  état,  g.  ni.,  1800  —  Pavie, 
eau-forte  pure.  000  —  Defer  Dumesnil,  165  —  Guyot  de  Villeneuve,  avant  la 
lettre  et  avant  les  armes,  g.  m..  1220  —  Lacroix,  241  —  C.  J.  et  G.  K.,  avant 
toutes  lettres,  avec  les  armes,  g.  m.,  1550  —  Patellier,  235,  marges  —  Leroy, 
160  —  Léon  Boux,  ni.,  360. 

Le  Danger  du  tête-à-tête  (par  Simonet)  —  B  18.  —  Près  d'une 
cheminée,  une  jeune  femme  est  assise,  la  gorge  découverte,  clic 
repousse  mollement  l'amoureux  qui  est  à  ses  pieds,  dans  une  posture 
suppliante. 

Ventes:  Behague,  avant  toutes  lettres  et  avant  l'encadrement  ornementé, 
2'  état,  t*.  m.,  305       Destailleur,  même  état,  .">lo       Bavard,  avec  la  lettre,  92 
Gentien,  2    état,  i.  m.,  295        Goncourt,  même  état,  385  —  Ligaud,  même 
état,  17.".        C.  J.  cl  (i.  K.,  même  état,  375. 

L'Enlèvement  Nocturne  '  (par  N.  Ponce)  -  B  20.  —  Au  pied 
du  mur  d'un  couvent,  se  dresse  une  échelle  au  bas  de  laquelle  un 
jeune  homme  reçoit  dans  ses  bras  une  jeune  Bile;  sur  le  mur,  une 
autre  femme  est  à  califourchon.  Une  voilure  attelée  de  deux  postiers 
attend  à  gauche  ;  deux  autres  chevaux  avec  un  cavalier  sont  à  droite. 


>  Le  cuivre  est  chez  Gossclln  fila       57,  quai  dei   Grand    lugusUns       ainsi  que  ceux  de  ; 
■  ntlnelle  en  </<7<'"'- 


ÉCOLE    FRANÇAISE  297 

Ventes  :  Behague,  avant  la  lettre,  t.  m.,  225  —  Roth,  1er  état,  eau-forte 
pure,  460  —  Muhlbaeher,  même  état,  396  —  Decloux,  avec  la  lettre,  65  — 
Destailleur,  2«  état,  avant  la  lettre,  mais  avec  les  noms  des  artistes,  420  — 
Pavie,  eau-forte,  avant  toutes  lettres,  avant  les  armes,  150  —  Gentien,  avant 
la  lettre,  385  —  Goncourt,  avant  la  lettre,  avec  les  armes,  t.  m.,  685  — 
Ligaud,  390  —  Lacroix,  avant  toutes  lettres,  200  —  Palellier,  m.,  170. 

L'Épouse  indiscrète  '  (par  N.  de  Launay,  1771)  —  B  21.  —  Dans 
une  chambre  à  coucher,  l'épouse  blottie  à  droite  derrière  des  matelas, 
surprend  son  mari  qui  a  renversé  sur  le  lit  sa  femme  de  chambre. 

Veilles  :  Behague,  avant  la  dédicace  avec  le  titre  et  les  armes,  3<'  état, 
300  —  Roth,  même  état,  399;  avec  la  lettre,  155  —  Wasset,  eau-forte  pure 
sans  aucune  lettre,  1100  —  Muhlbaeher,  même  état,  500;  2«  état,  avant  lettre, 
armes  et  dédicace,  500,  c'est  le  bel  état  ;  3''  état,  210;  le  titre  est  alors  Les 
Indiscrets  —  Goncourt,  eau-forte  pure,  400  —  C.  J.  et  G.  K.,  4''  état,  250. 

Le  Fruit  de  l'Amour  secret  -  (par  Voyez  Junior)  —  B  23.  — 
Une  jeune  femme  qui  vient  d'accoucher,  tourne  le  dos  à  un  lit  dont 
les  rideaux  sont  fermés  ;  à  droite,  près  d'une  croisée,  son  amant 
auquel  elle  tend  la  main  ;  une  amie  vue  de  dos,  la  console  ;  la  sage- 
femme  passe  le  nouveau-né  à  un  homme  qui  entre  par  une  porte 
à  gauche. 

Ventes:  Behague,  avant  toutes  lettres,  avant  les  armes,  1er  état,  360  — 
Muhlbaeher,  état  non  décrit  avant  toutes  lettres,  avant  les  armes  et  avant 
que  l'expression  de  l'accouchée  ait  été  modifiée,  320  —  Goncourt,  avant  toutes 
lettres  mais  avec  les  armes,  2L'  état,  195. 

Le  Goûter  (par  Bonnet)  —  B  24. 

On  joint  cette  pièce  en  couleurs  généralement  aux  trois  autres  de 
J.-B.  Muet  :  Le  Déjeuner,  le  Dîner,  le  Souper,  gravées  par  le  même  artiste. 

Ventes  :  Pavie,  les  quatre,  450  —  C.  J.  et  G.  K.,  410. 

Le  Lever  (par  Massard,  1771)  —  B  29.  —  Une  jeune  femme 
demi-nue,  assise  sur  son  lit,  regarde  un  chat  qui  s'y  trouve  près  d'elle. 
Deux  servantes  l'entourent;  l'une  lui  donne  ses  pantoufles,  l'autre  lui 
passe  un  peignoir.  A  droite,  un  paravent. 


1  A  la  vente  de  Goncourt  In  gouache  originale  provenant  de  chez  Taignon-Dijonval  fut  adjugée 
2j1(i(i  francs  à  M.  Edmond  Veil  Picard. 

'  La  gouache  originale  à  la  vente  Henri  Jossc  fut  adjugée  4650  lianes,  elle  reparait  a  la  vente 
Muhlbaeher  en  1890  où  elle  ne  fait  que  3100. 


29cS  ÉCOLE    FRANÇAISE 

La  Toilette  (par  M.  l'once,  1771)  —  H  48.  —  De  profil  à  droite, 
debout  devant  sa  toilette,  une  jeune  femme  se  fait  lacer  son  corset  par 
sa  soubrette,  pendant  qu'elle  cause  à  un  jeune  seigneur  assis  à  droite. 

Ces  deux  estampes  se  font  pendants,  —  En  1898,  à  la  vente  Marmontel,  la 
gouache  originale  du  Lever  fut  adjugée  11500  francs;  La  Toilette  10000.  Un  an 
j)lus  tard,  à  celle  de  Muhlbaclier ',  elles  reparaissent  et  atteignent  chacune 
10000  francs —A  la  vente  de  Goncourt  le  croquis  à  la  plume,  lavé  d'aquarelle, 

avait  fait  1000  francs. 

Ventes  :  Behague,  Le  Lever,  '!■■  état,  eau-forte  avant  l'encadrement,  le  litre 
en  capitales  yrises,  les  noms  des  artistes  à  la  pointe,  900;  les  deux  avec  la 
lettre,  g.  ni.,  150  —  Rolh,  Le  Lever  avant  le  changement  d'adresse,  c'est-à-dire 

avec  l'adresse  de  M Baudin  au  lieu  de  celle  de  Basan,  f  état,  g.  m.,  1G3; 

La  Toilette,  3»  état,  avec  la  tablette  ombrée,  le  nom  des  artistes  sans  aucune 
lettre,  199  —  Muhlbacher,  Le  Levée.  1"  étal,  eau-forte  pure  et  avant  l'enca- 
drement ornementé,  745;  état  d'eau-forte  plus  avancé  encore  avant  toutes 
lettres,  000  —  Decloux,  les  deux  pièces  avec  l'adresse  de  M11"  Baudouin, 
!•  état,  370—  Bavard,  La  Toilette  avant  la  lettre,  t.  m.,  C00;  Le  Lever,  4e état, 
110  —  Genlieii,  les  deux  pièces,  4e  état,  520  —  Goncourt,  Le  Lever  avant 
toides  lettres,  t.  m.,  730;  La  Toilette,  4'-  état,  108  —  Lacroix,  les  deux  pièces, 
1  état,  500  —  Defer  Dumesnil,  Le  Lever  avant  la  lettre,  200  —  C.  J.  et  G.  K., 
Le  Lever  avant  la  lettre,  1050  —  Léon  Houx,  les  deux  pièces,  330. 

Le  Matin  (par  de  Gbendt)  —  B  315.  —  Dans  une  chambre,  sur  un 
lit,  couchée  sur  le  dos,  les  seins  nus,  la  chemise  relevée,  une  femme 
dort  ;  un  abbé  entre  par  une  porte  à  gauche,  la  regarde,  et  essaie  d'en 
masquer  la  vue  à  l'enfant  qui  raccompagne,  avec  le  pan  de  son 
manteau. 

Le  Midi  (par  le  même)  —  1}  33.  -  A  l'entrée  d'une  serre  aux 
riebes  treillages,  à  gauche,  une  jeune  femme  assise,  à  deini-pàméc, 
le  corps  rejeté  en  arrière,  a  laissé  tomber  le  livre  qu'elle  lisait,  sa  main 
gauche  s'est  égarée  sous  sa  jupe;  par  terre  à  droite,  son  ombrelle  ouverte. 

Le  Soir  (par  le  même)  15  10.  —  A  gauche,  une  jeune  femme 
toute  nue  est  en  train  de  se  faire  essuyer  par  sa  camériste,  quand 
soudain  par  une  porte  entrouverte  à  droite,  la  tète  d'un  homme 
apparaît  ;  la  seconde  femme  de  chambre  s'efforce  de  maintenir  la 
porte  en  repoussant  l'indiscret. 


i  Celle  admirable  collection  lui  dispersée  <lu   I.",  au  lf  mai  1809.  Bile  contenait  nu  choix 
précieua   des  œuvres  lis  plus  remarquables  'lu  xvui'  siècle  :  tableaux,  dessins,  gouaches, 

miniatures,  marbrei ce  lui  un  triomphe  el  pour  l'amateur  raffiné  qui  :i\:iii  mi  les  réunir  el 

pour  i'-  distingué  commissaire  pi  I  •■  ur,  M.  Paul  Chevallier,  m"'  avec  son  habileté  coulumlêra 
enleva  son  public  h  t ■  t  produire  >  1 1  vente  la  coquette  somme  de;  1.726.700  francs  '■  ■ 


ÉCOLE    FRANÇAISE  299 

La  Nuit  (par  le  même)  —  13  35.  —  Au  pied  d'un  tertre,  dans  un 
parc,  un  homme  a  renversé  une  jeune  femme  sur  le  dos,  le  corsage 
dégrafe  laisse  voir  le  sein  gauche  ;  l'amoureux  est  près  de  l'enlacer. 
A  gauche  sur  un  socle,  une  statue  de  l'amour.  La  lune  éclaire 
cette  scène. 

Les  quatre  gouaches  originales  furent  adjugées  à  la  vente  Muhlbacher 
8000  francs.  A  la  vente  de  Goncourt,  Le  Malin,  aquarelle  sur  trait  de  plume, 
fit  7100  francs. 

Ventes  :  Behague,  les  quatre  avant  la  lettre,  avec  la  tablette  blanche  '  Le 
Matin  et  Le  Soir  sont  avant  le  changement,  c'est-à-dire  que  les  parties  de  la 
femme  ne  sont  absolument  pas  voilées  par  la  chemise  ou  la  draperie,  705  — 
Muhlbacher,  les  quatre,  état  Behague,  495  —  Mailand,  les  quatre,  état 
d'eaux-fortes  avant  toutes  lettres,  deux  de  ces  étals  ne  sont  pas  décrits  pour 
Le  Malin  et  Le  Midi;  dans  Le  Soir,  la  femme  nue  a  un  bonnet  sur  la  tète, 
3200  —  Dubois  du  Hais,  les  quatre  avant  toutes  lettres,  Le  Matin  et  Le  Soir 
avant  le  changement,  510  —  Ilocquart,  les  quatre  avec  les  tablettes  blanches, 
Le  Matin  el  Le  Soir  avant  le  changement,  070  —  Destailleur,  les  quatre  pièces, 
état  Ilocquart,  600;  les  mêmes,  dernier  état,  200  —  C.  J.  et  G.  K.,  Le  Matin 
avant  la  draperie,  145;  Le  Soir,  même  état,  115  —  Patellier,  les  quatre  pièces, 
400  francs. 


Le  Modèle  honnête  (eau-forte  de  Moreau,  burin  de  Simone!)  — 
B  34.  —  Dans  un  alelier,  un  peintre  assis  dans  un  fauteuil,  se  retourne 
émerveillé  à  la  vue  d'une  superbe  fille  nue  et  confuse  qu'une  vieille 
femme  cherche  à  cacher  de  son  manteau. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  215  —  Both,  eau-forte  pure,  399  — 
Mahérault,  eau-forte  pure,  1510;  état  terminé,  170  —  Decloux,  avec  la  lettre, 
65  —  Destailleur,  eau-forte  pure,  320;  avant  toutes  lettres,  avant  les  armes, 
2«  état,  060  —  Gentien,  2'-  état,  g.  m.,  510  —  Goncourt,  eau-forte  pure,  145; 
2^'  état,  365  —  Ligaud,  2e  état,  840  —  Lacroix,  4'  état,  avant  la  dédicace, 
335  —  Defer  Dumesnil,  2"  état,  410. 

Mentionnons  encore  la  jolie  suite  de  quatre  pièces:  Perretle  (par 
Guttcnberg),  Marton  (par  N.  Ponce),  Jusque  dans  la  moindre  chose'  (par 
Masquclier),  Sa  taille  est  ravissante  (par  Lebeau)  qui,  dans  le  bel  étal  avant 
toutes  lettres,  valent  de  300  à  400  francs.  Le  Curieux  (par  Malœuvre)  vaut, 
suivant  état,  de  250  à  300  francs,  le  h>  état  d'eau-forte  pure,  où  le  curieux  a 
un  habit  boulonné  et  non  un  rabat,  est  rarissime,  à  la  vente  Behague  elle  fut 
adjugée  435  francs.  Le  Rendez-vous  (par  Bonnet),  en  imitation  de  pastel,  pièce 
ravissante  assez  rare,  fut  adjugée  à  la  vente  Houx  115  francs. 


1  Dans  cet  état.  c'est  /.<*  Midi  qui  est  la  pièce  la  plus  rare. 

'  Il  existe  un  étal  non  décrit,  entre  le  2'  et  le  3'.  avec  la  tablette  ombrée  et  le  nom  des  artistes, 
mais  sans  inscription  dans  la  tablette,  c'est  fort  rare;  une  épreuve  passa  à  la  vente  Defer 
Dumesnil  et  fut  adjugée  285  francs. 


300  ÉCOLE    FRANÇAISE 

BERNARD    (d'après) 
? 

Madame  Létine  (par  La  Live).  —  En  busle,  gracieusement 
tournée  de  trois  quarts  à  droite,  elle  est  vue  de  face  dans  un  médaillon 
ovale  entouré  de  guirlandes  de  roses  et  surmonté  d'une  couronne, 
dans  un  encadrement  rectangulaire  avec  tablette  inférieure.  Elle  est 
coiffée  d'un  petit  bonnet  dont  les  brides  sont  nouées  sous  le  menton, 
sa  robe  de  chambre  est  garnie  de  fourrures.  A  gauche,  sous  le  trait 
carré:  Bernard  p.,  et  à  droite:  La  Live  se...  Au  bas,  un  quatrain 
commençant  par  ces  mots  :  Tendre,  sensible,  heureuse  mère. . . 

Délicieuse  estampe  d'une  excessive  rareté  dont  Veau-forte  certainement 
d'Augustin  de  Saint-Aubin,  fut  terminée  au  burin  par  La  Live  de  July.  —  Un 
fort  bel  exemplaire  passa  à  la  vente  de  Concourt  où  il  fut  adjugé  3CU  francs. 


BOILLY  '  (Louis-Léopold,  d'après) 

1761-1845 

Les  estampes  en  couleurs  d'après  ce  Maître  sont  en  grande  hausse  depuis 
surtout  quatre  ou  cinq  ans,  quelques-unes  sont  assez  intéressantes,  mais 
leur  valeur  artistique  ne  justifie  pas  toujours  les  prix  parfois  exagérés 
qu'elles  atteignent.  Elles  existent  toutes  en  noir  et  en  couleurs',  la  plupart  au 
pointillé. 

La  Comparaison  des  petits  pieds  (par  Chaponnier).  —  Une 
femme  assise  à  gauche,  a  croisé  sa  jambe  droite  sur  son  genou 
gauche  pour  se  déchausser  et  comparer  son  pied  avec  celui  de  son 
amie  qui,  debout  devant  elle  les  seins  nus,  a  relevé  sa  jupe;  derrière 
elle,  un  homme  à  genoux  se  dissimule,  cherchant  à  en  voir  davantage. 

L'Amant  favorisé  (par  le  même).  —  Au  fond  de  la  chambre,  un 

lit  de  coin,  et  sur  le  premier  plan  à  gauche,  une  jeune  femme  debout, 
la  gorge  demi-nue.  se  précipite  sur  la  porte  qu'elle  cherche  à  main- 


i  Consulter  le  très  intéressant  volume  que  Lui  o  i  o  i      i  é  M.  Henry  HarrlssOi  Paris  1806, 
iui  "np  plus  harmonieuses  se  palenl  toujours  plus  cher, 


ÉCOLE    FRANÇAISE  ,'501 

tenir  de  ses  deux  mains,  pendant  que  le  galant  s'esquive  par  celle  qui 
se  trouve  à  l'extrémité  de  la  pièce,  emportant  souliers  et  vêlement. 

Pièces  faisant  pendants,  la  seconde  parut  en  juin  1792  au  prix  de  9  livres. 

Ventes  :  Behague,  avant  la  lettre,  50  —  Muhlbacher,  avant  la  lettre  en 
noir,  95;  en  couleurs,  100  —  Decloux,  en  réduction  publiée  chez  Fillon  et 
Valmont,  m.,  23G  —  Bayard,  en  réduction,  110  —  Mn><=  o.,  en  réduction  par 
Goùy,  200,  g.  ni.  —  Ligaud,  en  réduction  par  Goiiy,  la  première  seulement 
43  francs  —  Lacroix,  la  seconde  avec  :  Ah!  qu'il  est  joli,  220  —  C.  J  et  G.  K., 
les  deux  en  réduction  ovale  par  Alix,  encadrées,  810!!  —  Leroy,  les  deux 
pièces  490,  en  réduction  par  Alix  —  La  Comparaison  seule  avant  la  lettre, 
par  Chaponnier,  g.  ni.,  135. 

On  la  tire  aujourd'hui  '  (par  Tresca).  —  Près  d'une  porte 
entrebaillée  à  gauche,  une  jolie  jeune  femme,  la  gorge  demi-nue, 
entoure  de  son  bras  droit  la  taille  d'un  homme  qui  lient  dans  sa  main 
une  liasse  de  billets  de  loterie.  Au  fond  de  la  chambre,  une  femme 
assise  devant  une  glace  se  peigne. 

Ventes  :  Behague,  avec  la  lettre  en  couleurs,  G2  —  Muhlbacher,  31  — 
Aubin,  avant  la  lettre,  G2  —  Kinnen,  en  couleurs,  100  —  Ligaud,  en 
noir,  28  —  Lacroix,  avant  la  lettre,  restaurée,  52  —  Boux,  avant  la  lettre,  85. 

Le  Prélude  de  Nina  (par  Chaponnier).  —  Assise  devant  un 
piano,  une  charmante  femme  décolletée  se  retourne  vers  son  accom- 
pagnateur, un  jeune  violoniste  qui  la  baise  sur  la  bouche.  Au  fond  de 
la  pièce,  un  lit. 

Ventes  :  Behague,  avant  la  lettre,  37  —  Muhlbacher,  même  état,  45  — 
Decloux,  même  état,  105  —   Kinnen,   même  état,  45;   réduction  ronde  en 
bistre,   par  de  Goiiy,  68  —  Ligaud,  108  —   Pavie,  avant  la  lettre,  90    - 
Patellier,  avec  m.,  135  —  Boux,  45. 

La  Douce  Résistance-  (par  Tresca).  —  Un  jeune  homme  en 
costume  Directoire,  presse  tendrement  dans  ses  bras  une  jeune  lille 
qui,  une  guitare  à  la  main,  le  repousse  mollement  ;  près  d'eux,  un 
pupitre  renversé,  et  au  fond  de  la  pièce,  une  porte  vitrée  par  laquelle 
une  servante  curieuse  regarde  ces  ébats. 


1  Voilà,  certes  une  des  plus  jolies  pièces  de  l'œuvre  qui  n'esl  pas  cotée  à  sa  valeur,  en  revanche 
on  paiera  bêtement  276  francs  et  355  francs  !  aux  ventes  du  29  novembre  1899  et  à  l:i  vente 
Ligaud  :  La  Douce  Impression  de  l'Harmonie  et  Suite  de  la  Douce  Impression  de  l'Harmonie, 
par  Wolff,  deux  juteuses  estampes  s'il  en  fut. 

5  Existe  en  réduction  ronde  par  de  Goùy. 


.'i()2  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Ventes:  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres,  les  noms  des  artistes  ;i  la  pointe 
en  noir,  31  —  Kinnen,  en  couleurs,  145  —  Ligaud,  en  couleurs,  g.  m.,  700  — 
Lacroix,  59  —  l'atellier,  état  Muhlbacher,  g.  ni.,  220,  en  noir,  croyons-nous. 

Citons  encore,  à  titre  de  renseignement,  quelques  prix  pratiqués  à  la  vente 
Ligaud  sur  les  pièces  suivantes  en  couleur: 

L'Amour  couronné  (par  Cazenave),  avant  la  lettre,  100  francs—  Le  Cadeau, 
Qu'elle  est  gentille  (par  Bonnefoy),  les  deux  pièces,  200  —  La  Dispute  de  la 
Rose,  La  Rose  prise  (par  Eymar  et  Cazenave),  la  première  avant  toute 
adresse,  345  —  L'Evanouissement  (par  Tresca),  98  —  L'Optique*  (par 
Cazenave),  365,  et  hâtons-nous  de  dire  que  ces  pièces  de  dernier  plan  ne 
valent  pas  plus  de  40  à  50  francs  l'une  dans  l'autre,  et  encore  est-ce  pour 
nous  un  grand  maximum.  Les  Boilly  n'ont  jamais  vu  se  pratiquer  sur  eux 
les  luiuts  prix;  qui  donc  aujourd'hui  y  met  le  feu,  nous  sommes  encore  à 
nous  le  demander? 


B0REL  (Antoine,  d'après) 

1743-  ? 

La  Bascule  (par  A.  Leveillé,  1785).  —  Une  foire  de  village  ; 
à  gauche  de  l'estampe,  une  bascule,  au  bout  de  laquelle  une  femme 
tombée  à  la  renverse  les  jupes  retroussées  est  relevée  par  un  jeune 
homme.  A  droite  dans  le  coin  de  la  pièce,  un  groupe  de  quatre 
personnages  assis. 

Le  Charlatan  (par  le  même).  —  Devant  des  baraques  de  forains, 
un  charlatan  ayant  devant  lui  une  petite  table  pliante  chargée  de 
noies,  débite  son  boniment  aux  nombreux  personnages  qui  l'entourent, 
pendant  qu'une  jeune  femme  qui  lui  fait  face  à  une  certaine  distance, 
glisse  un  billet  au  jeune  homme  qui  est  derrière  elle.  Très  à  gauche, 
une  pièce  d'eau  avec  une  barque  contenant  quatre  personnes. 

A  hi  vente  Mu1i1I>;icIht,  les  deux  aquarelles  originales  furent  adjugées 
10(10  francs,  elles  provenaient  de  la  vente  Richard  Lion  où  elles  avaient  été 
payées  3350  francs. 

Ventes    Behague,  La  Bascule  avant  le  nom  du  graveur,  160      Muhlbacher, 

les  deux  avec  la  lettre,  405  -  Aubin,  les  deux  mêmes  étals,  100  Bavard, 
les  deux  avant  toutes  lettres,  avant  la  bordure,  302  —  Pavie,  les  deux,  350  — 
Budel,  La  Bascule,  250      Ligaud,  les  deux,  500. 


i  Cette  pièce  >  la  vente  PaleUler  vient  de  faire  490  franci  ! 


ÉCOLE    FRANÇAISE  303 

B0SI0  (D.-S.  d'après) 
? 

La  Bouillotte  '.  —  Autour  d'une  table,  de  nombreux  personnages 

jouent  à  la  bouillotte  ;  à  gaucbe,  une  jeune  femme  debout,  arrange 

ses  cheveux  dans  la  glace,  pendant  qu'un  des  invités  lui  prend  la 

taille,  lui  montrant  du  doigt  la  pendule. 

Ventes  :  Behague,  155  —  Mulilbaclier,  85  —  Wasset,  en  noir,  30;  coloriée, 
80  —  Aubin,  185  —  Decloux,  1C5  —  Kinnen,  114  —  Heredia,  110  —  Roux, 
coloriée,  250. 

Bal  de  Société.  —  Deux  salles  de  bal  séparées  par  une  colonnade; 

à  gauche,  trois  musiciens  à  demi-cachés  par  une  des  colonnes.  Au 

tond,  des  danseurs  exécutent  un  quadrille.  Au  premier  plan  à  gauche, 

un  grand  monsieur  demande  une  danse  à  une  dame  ;  à  droite,  trois 

personnages  l'ont  un  tour  de  salle  ;  plus  à  droite  encore,  quatre  jeunes 

filles  assises  ;  au-dessous  d'elle,  une  dame   et  un  arlequin   causent 

ensemble. 

Ventes  :  Behague,  t.  m.,  216  —  Muhlbacher,  160  —  Dubois  du  Bais,  avant 
toutes  lettres,  rarissime,  350  —  Destailleur,  état  d'eau-forte,  30. 

Le  Bal  de  l'Opéra. 

Ventes  :  Behague,  t.  m.,  130  —  Muhlbacher,  115  —  Kinnen,  152  —  Baudet, 
75  —  Roux,  coloriée,  230  ;  en  noir,  165. 

On  joint  à  ces  pièces  généralement  comme  formant  série,  L'Escamoteur  el 
La  Lanterne  Magique,  cette  dernière,  la  plus  rare  des  cinq,  qui  déjà  ne  sont 
pas  communes,  vaut  de  150  à  200  francs.  Elles  existent  en  noir  et  coloriée  -\ 


BOUCHER  (François,  d'après) 
1703-1770 

La  Toilette  de  Vénus  (par  Janinet,  1783).  —  Assise  de  face,  la 
déesse  est  nue,  une  colombe  à  ses  pieds,  une  aulre  entre  les  bras. 
Trois  Amours  l'entourent,  l'un  d'eux  lui  arrange  sa  coiffure. 


1  Gosselin  iils,  57,  quai  des  Grands-Augustins,  en  a  fait  une  jolie  reproduction  ainsi  que  du 
liai  de  l'Opéra,  du  Bal  de  Société  et  de  La  Lanterne  Magique.  Il  les  vend  2J  francs  la  pièce. 

2  Notons  une  fois  pour  toutes  que  généralement,  à  tort  ou  à  raison,  car  ce  sont  un  peu  des 
subtilités.  On  appelle  estampes  en  couleurs  au  xvnr  siècle  celles  provenant  de  plusieurs 
cuivres,  et  coloriées  celles  obtenues  autrement,  c'est-à-dire  à  la  poupée,  an  ponce  ou  au  patron. 


304  KCOLE    FRANÇAISE 

Pièce  en  couleurs  dont  l'état  le  plus  recherché,  quoique  le  plus  commun, 
est  celui  où  se  trouvent  les  trois  Amours  ;  celui  où  l'Amour  qui  peigne  n'existe 
pas,  est  de  beaucoup,  cependant,  le  plus  rare. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  500  —  Decloux,  t.  m.,  030  — 
Dcstailleur,  370  —  Pavie,  avant  la  lettre,  855  —  Baudet,  avant  toutes  lettres, 
encadrée,  665  —  Lignud,  440. 

La  Bouquetière  galante  (par  Tilliard).  —  Dans  un  jardin,  au 
milieu  de  buissons  de  roses  légèrement  esquissés,  elle  est  debout,  la 
taille  svcltc  et  élancée,  coill'ée  d'un  petit  bonnet,  elle  porte  attachée  à 
sa  ceinture  devant  elle,  une  corbeille  de  fleurs  que  recouvre  presque 
son  tablier  retroussé,  les  bras  sont  demi-nus,  elle  ofïre  un  bouquet. 
Le  corsage  ouvert  en  carré,  laisse  entrevoir  la  gorge. 

Pièce  de  la  dernière  rareté,  l'oit  jolie. 

Ventes  :  Behague,  250  —  Decloux,  G05  —  Concourt,  t.  ni.,  1000  —  Ligaud, 
500  —  Leroy,  1010. 

Madame  de  Pompadour  (par  Bonnet).  —  En  buste,  la  tête 
penchée  à  droite,  le  corps  tourné  de  trois  quarts  de  ce  côlé,  elle 
regarde  dans  cette  direction,  elle  est  décolletée  et  les  cheveux  sont 
légèrement  relevés  et  ornés. 

Pièce  en  manière  de  crayons,  délicieuse  et  de  toute  rareté,  qui  donne 
l'illusion  absolue  d'un  dessin  original  ;  une  belle  épreuve  à  la  vente  de 
Goncourt  fut  payée  550  francs. 

Notons  en  passant  que  les  Boucher  interprétés  en  imitations  de  pastel  par 
L.  Bonnet,  sont  en  train  de  monter  fortement  —  voila  certes  un  mouvement 
ascensionnel  dont  le  besoin  ne  se  faisait  guère  sentir  —  un  Portrait  déjeune 
fille,  remargé,  fut  adjugé  1 120  francs,  et  une  Tête  de  Flore,  2800,  à  une  vente 
anonyme  faite  par  Danlos,  le  11  mars  1903. 


GHALLE  (Michel-Ange,  d'après) 

1718-1778 

The  officions  waiting  Woman  '  (par  Chaponnier).  —  Une  fort 
jolie  fille  à  plat  ventre  sur  son  lit,  la  chemise  retroussée,  les  bras 
appuyés  sur  son  oreiller,  attend  le  lavement  que  va  lui  administrer 


t  La  Femme  de  Chambré  eomptaUanle,       Au  mole  de  Février  isu.*>.  Edmond  Lorilc  nous 
écrli  iii  qu'il  in  possédai!  lu  gouache  originale  .  lignée  el  datée!  dana  le  cadre  de  l'époque. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  305 

une  accorte  soubrette  qui,  de  la  main  droite,  fait  signe  de  ne  pas 

bouger  à  un  galant  indiscret  qui  entre  par  la  porte  à  gauche. 

Il  existe  de  cette  estampe  une  réduction  assez  rare  gravée  par  de  Goùy, 
sous  le  titre  Chu-u-u. 

Ventes  :  Behague,  avant  la  lettre,  avant  le  nom  du  peintre,  tirée  en  bistre, 
les  figures  et  les  chairs  seules  coloriées,  409,  rarissime  ;  avant  la  lettre  en 
noir,  82  —  Muhlbacher,  avec  la  lettre  en  noir,  41  ;  coloriée,  76  —  Decloux, 
avant  la  lettre,  165  —  Destailleur,  même  état,  110  —  Kinnen,  épreuve 
coloriée,  110  —  Bayard,  état  de  la  vente  Behague,  155  —  Pavie,  la  réduction 
de  Goùy,  avec  Coucou,  réduction  de  Dors,  Dors  de  Regnault,  par  le  même 
graveur,  2  pièces  en  couleurs,  201  —  Pichon,  avant  la  lettre  et  avant  le  nom 
du  peintre,  130  —  Patellier,  avant  la  lettre,  170. 

L'Amant  surpris  (par  Descourtis).  —  Dans  une  luxuriante 
campagne,  un  jeune  homme  est  assis  de  face  en  train  de  lire  des 
lettres,  quand  soudain  une  femme  le  surprend  par  derrière  en  lui 
appliquant  ses  deux  mains  sur  les  yeux. 

Les  Espiègles  (par  le  même).  —  Deux  jeunes  femmes  complète- 
ment nues,  viennent  de  prendre  un  bain,  elles  sont  assises  sur  des 
rochers,  près  d'une  cascade  et  lisent.  Pendant  ce  temps,  deux  gamins, 
à  l'aide  d'une  ligne,  cherchent  à  leur  dérober  leurs  vêtements  ;  ils  ont 
déjà  réussi  à  accrocher  un  soulier  qu'ils  enlèvent. 
Pièces  en  couleurs  se  faisant  pendants. 

Ventes  :  Saint-Geniès,  avant  la  lettre,  305  —  Muhlbacher,  avant  toutes 
lettres,  seulement  les  noms  des  artistes  à  la  pointe,  310  —  Aubin,  état 
Muhlbacher,  410  —  Decloux,  255  —  Bayard,  245  —  Ligaud,  360  —  Pichon, 
la  première,  241  —  Lacroix,  pièces  restaurées,  250  —  C.  J.  et  G.  K.,  la 
première  seule,  sans  marge  et  encadrée,  710  —  Roux,  les  deux  pièces,  810. 

La  Ruelle  (par  Malapeau).  —  Demi-nue  et  sortant  de  son  lit,  une 
jeune  femme  est  lutinée  par  un  jeune  homme  qui  lui  prend  le  sein 
gauche  en  cherchant  à  lui  enlever  son  dernier  voile,  sa  chemise. 

Ventes  :  Behague,  avant  la  chemise  rallongée,  avant  toutes  lettres,  t.  m., 
rarissime,  309  —  Muhlbacher,  même  état,  210  —  Bayard,  même  état,  130  ; 
avec  la  lettre,  32. 


CHARDIN  (Jean-Baptiste-Siméon,  d'après) 

1699-1779 

Certaines  pièces  de  l'artiste  sont  recherchées  en  épreuves  d'état,  mais  en 
général  l'œuvre  est  délaissé  en  exemplaires  avec  la  lettre,  il  y  en  a  cependant 
de  charmantes  parmi  lesquelles  nous  citerons  :  Le  Benedicite  (par  Lepicié)  — 

20 


306  ÉCOLE    FRANÇAISE 

La  bonne  Education  (par  Le  Bas)  —  Jeu  de  l'Oye,  Les  Tours  de  cartes,  pendants 
(par  Surugues  fils)  —  La  Maîtresse  d'école  (par  Lepicié)  —  Les  Amusements 
de  la  vie  privée  (par  Surugue). —  Voir  le  catalogue  qu'en  a  dressé  Emmanuel 
Bocher,  Paris  1870. 


CHARLIER    (d'après) 

Florissait  vers  1780 

Vénus  en  réflexion  —  Vénus  désarmant  l'Amour. 

Deux  pièces  en  couleurs,  par  Janinet,  rares  et  recherchées  quoique  sans  le 
moindre  intérêt  comme,  du  reste,  la  plupart  des  sujets  mythologiques, 
valent  avant  toutes  lettres  de  150  à  200  francs. 


GOCHIN1  (Noël,  par) 


La  Foire  de  Guibray. 

Cette  très  grande  estampe  est  gravée  d'après  un  dessin  de  Chauvel  (1G58), 
cette  foire  avait  lieu  en  Normandie  près  de  la  ville  de  Fallaize.  —  La  pièce 
est  d'une  insigne  rareté,  elle  fut  adjugée  ventes  :  Didot,  100;  Destailleur  », 
avec  trois  autres  pièces,  300  —  H.  G.,  400. 


COYPEL   Ch.-A.  (d'après) 
1694-1752 

Adrienne  Lecouvreur  (par  P.-J.  Drevet).  —  A  mi-corps,  dans 
un  médaillon  lézardé  reposant  sur  un  socle,  elle  est  de  face,  les  yeux 
levés  au  ciel,  les  cheveux  relevés  sous  un  long  voile  avec  deux  tresses 
retombant  sur  l'épaule  gauche,  pendants  d'oreilles  en  forme  de  poires, 
robe  de  velours  noir  décolletée.  Elle  serre  contre  sa  poitrine,  une 
urne  funéraire  contenant  les  cendres  de  Pompée.  Dans  la  tablette,  un 
quatrain  :  C'est  peu  de  voir  ici/. . . 


I  Dit  Le  Vieux,  né  11  Troyes  en  1662,  mort  n  Venise  en  1693;  il  s'en  suit,  que  cette  estampe 
aurait  dû  être  classée  au  xvn  ilécle  et  non  Ici.  Nous  signalons  cette  erreur,  que  le  collectionneur 
aura  lui-même  redressée,  noi  mmes  convaincu. 

»  a  lu  vente  de  la  Bibliothèque  en  I 


ÉCOLE    FRANÇAISE  307 

On  assure  qu'il  n'existe  que  quatre  épreuves  connues  du  1<*  état;  le  2«  état 
a  le  mot  modèle  écrit  model  dans  le  quatrième  vers  du  quatrain. 

Ventes  :  Behague,  2e  état,  avec  la  faute,  260  —   Didot,   l<->''  état,   1010  — 
Muhlbacher,  avec  la  faute,  161  —  Concourt,  3«  état,  38. 


DAGOTY  (Le  Chevalier  Louis-Charles) 

? 

Trait  de  Bienfaisance  de  la  Reine  Marie- Antoinette. 

Pièce  en  manière  noire,  rarissime,  adjugée  vente  Behague  280  francs; 
vente  Bardin  90  francs. 

Portrait  de  son  frère.  —  A  mi-corps  de  trois  quarts  à  droite, 
coiffé  d'un  chapeau  rond  à  bords  légèrement  relevés,  un  col  blanc 
souple,  il  regarde  de  face  ;  sa  main  gauche  tient  sa  palette  et  la  droite, 
trois  pinceaux  ;  la  bouche  entr'ouverte  laisse  apercevoir  les  dents. 
En  bas  sous  ce  portrait,  on  lit  '  :  Portrait  d'Edouard  Dagoty  inventeur 
de  la  gravure  en  cbleurs  né  à  Paris  Van  1745  mort  ù  Florece  T8  maj  1783. 
Pcnt  par  Kanchsius  gravé  et  dessiné  par  Lasinio  -  Imprimé  par  Labrelis. 

Quoique  indiqué  gravé  par  Lasinio,  on  est  convaincu  qu'il  l'est  par  l'artiste 
lui-même,  il  est  excessivement  rare;  nous  avons  eu  occasion  d'en  voir  un 
superbe  exemplaire  chez  Roblin. 

Ventes  :  Defer  Dumesnil,  1350  —  Prince  Waldburg  Wolfegg,  1362  —  Par 
J.  Halle,  à  Munich,  2062. 

Mme  la  Comtesse  du  Barry.  d'après  Drouais  5.  —  Assise  à  sa 
toilette,  elle  prend  une  tasse  de  chocolat  que  lui  présente  son  négrillon 
Zamore. 

Ventes:  Muhlbacher,  en  couleurs,  250;  en  noir,  255  —  Ligaud,  en  noir, 
très  rare,  900,  c'est  un  l«r  état. 

Marie- Antoinette. 

Un  portrait  de  la  Reine,  attribué  à  Jacques  Fabian  Dagoty,  passa  à  la 
vente  du  baron  F.  de  L.,  à  Munich,  il  fut  adjugé  3187  francs.  Un  autre 
portrait  du  personnage  existe  gravé  par  Dagoty  l'aîné,  en  pied,  debout,  la 


1  Nous  avons  respecté  l'orthographe. 

2  A  la  vente  Muhlbacher  en  1899  l'original  attribué  à  Drouais  fut  adjugé  3020  francs. 


308  ÉCOLE   FRANÇAISE 

main  appuyée  sur  une  sphère,  très  rare  ;  nous  en  connaissons  deux 
épreuves,  l'une  chez  M.  Henri  Béraldi,  l'autre  chez  notre  regretté  ami  le 
marquis  de  Surgères. 


Marie-Antoinette  (par  J.-F.  Gautier  Dagoty).  —  A  mi-corps  de 
face,  les  cheveux  relevés  sont  ornés  de  perles,  plumes  et  aigrette,  la 
tête  est  légèrement  tournée  vers  la  gauche,  deux  longues  boucles  de 
cheveux  retombent  sur  le  devant  du  corsage  très  légèrement  décolleté 
et  garni  d'une  guimpe.  Un  manteau  fourré  d'hermines  est  jeté  sur  les 
épaules. 

Estampe  en  couleurs  en  imitation  de  pastel  qui  n'est  qu'attribuée  à  Dagoty  ; 
rarissime,  mais  pas  belle.  Un  exemplaire  était  coté  en  février  dernier  (1902), 
chez  M.  Halle,  de  Munich,  2500  marks,  soit  3125  francs,  il  était  dans  son 
cadre  originale  et  d'une  fraîcheur,  paraît-il,  exceptionnelle. 

Marie-Antoinette  (attribué  au  même).  —  De  face  à  mi-corps, 
dans  un  ovale  tronqué,  la  Reine  regarde  devant  elle,  les  cheveux  sont 
relevés  et  ornés  de  plumes  blanches.  Le  corsage  décolleté  est  agré- 
menté d'une  guimpe  et  d'une  guirlande  de  lis  et  de  roses.  Deux 
boucles  de  cheveux  retombent  sur  les  épaules  que  recouvre  en  partie 
le  manteau  fleurdelysé. 

Pièce  en  couleurs  de  la  dernière  rareté.  Les  portraits  de  Marie-Antoinette 
ont  beaucoup  haissé  depuis  une  vingtaine  d'années,  les  gros  amateurs  qui 
les  collectionnaient  tels  que  :  Lord  Ronald  Gower  et  MM.  G.  Peck,  Ducoin, 
Behague,  etc.  ne  s'en  occupent  plus  ou  ont  disparu.  Nous  croyons  savoir 
que  M.  Paul  Debrou,  conseiller  général  du  Loiret,  possède  actuellement  une 
fort  belle  réunion  de  portraits  de  la  Heine,  ainsi  que  H.  Béraldi. 


DANLOUX   (d'après) 
1745-1809 

Princesse  de  Lamballe  (par  Ruotte).  —  Dans  un  médaillon 
ovale,  de  profil  à  gauche,  les  cheveux  sont  frisés,  le  corsage  est 
montant  avec  un  iichu  menteur. 

Pointillé  en  noir  et  en  couleurs,  assez  rare. 

Ventes:  Behague,  avant  toutes  lettres  en  couleurs,  200—  Goncourt,  même 
état,  91. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  309 


DEBUCOURT'  (Louis-Philbert,  par) 

1755-1832 

Le  Juge  ou  la  Cruche  cassée  (Fenaille  1)  —  3  états.  —  Dans  un 
intérieur  rustique,  à  droite,  une  vieille  femme  furieuse  tient  au  collet 
un  jeune  garçon  qui  vient  de  casser  la  cruche  à  sa  fille  !  !  !  Cette 
dernière,  placée  entre  son  père  et  sa  mère,  semble  fort  peu  émue  de 
l'accident.  Son  père  montre  au  plus  jeune  des  deux  juges  qui  sont 
assis,  l'objet  fêlé  en  question.  Très  à  gauche  de  l'estampe,  au  second 
plan,  près  d'une  porte  ouverte,  deux  femmes  et  un  homme  causant. 

L'eau-forte  seule  est  du  Maître,  et  encore   est-elle  restée   inachevée,   la 
planche  fut  terminée  par  Leveau  *.  —  Pièce  fort  rare. 

Ventes  :  Vignères,  57  —  Baudet,  avec  une  autre  épreuve  plus  avancée, 
100  —  Goncourt,  202.  Tous  ces  prix  sont  pour  l'eau-forte. 

Suzette  mal  cachée  ou  les  Amants  découverts  (4)  —  1  état.  — 
Au  milieu  d'une  chambre,  une  vielle  femme  de  profil  à  gauche  et 
enveloppée  d'un  châle,  écarte  brusquement  les  rideaux  d'un  lit  défait 
qui  est  à  droite  et  devant  lequel,  en  chemise  et  demi-nue,  sa  fille 
surprise  se  tient  confuse,  debout,  les  yeux  baissés  ;  derrière  la  mère, 
le  galant  à  genoux,  les  mains  jointes,  implore  son  pardon,  pendant 
que  par  la  porte  qui  est  à  gauche,  entre  le  père  ajustant  ses  lunettes. 

La  Porte  enfoncée  ou  les  Amants  poursuivis  3  (5)  —  1  état.  — 
Au  fond  de  la  chambre  à  droite,  une  porte  enfoncée  par  laquelle 
viennent  d'entrer  précipitamment  le  père  et  la  mère  de  la  jeune  fille 
qui,  demi-nue,  s'enfuie  avec  son  amoureux  par  une  porte  qui  se 
trouve  à  gauche.  La  mère  furieuse  montre  le  poing  aux  deux  coupables, 
le  père  tombé  par  terre  à  plat  ventre,  esquisse  le  même  geste  à  leur 
adresse. 


'  Consulter  le  très  remarquable  et  très  complet  catalogue  qu'a  consacré  à  l'artiste  M.  Maurice 
Fenaille.  Paris.  Librairie  Morgand,  Edouard  Rahir  et  C'\  successeurs,  1899,  où  il  signale 
577  pièces  gravées.  Dans  la  nomenclature  des  pièces  que  nous  donnons  ici,  nous  suivons  l'ordre 
chronologique  adopté  par  l'écrivain  en  groupant  cependant  celles  qui,  publiées  à  des  dates 
différentes  se  font  pendants;  le  nombre  des  états  mentionnés  sont  ceux  indiqués  par  M.  Fenaille. 

2  II  vient  de  paraître  chez  Durel,  Paris,  un  fort  volume  sur  la  vie  et  l'œuvre  de  l'artiste  par 
l'éminent  écrivain  d'art,  M.  Jules  Hédou,  de  Rouen. 

3  Quelquefois  désignée  sous  la  rubrique  La  Fille  enlevée. 


310  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Ces  deux  très  mauvaises  aquatintes  ovales  en  couleurs  en  travers,  gravées 
en  1785,  qui  se  font  pendants,  n'ont  pour  tout  mérite  que  leur  insigne  rareté. 
La  première  en  noir,  la  seconde  en  couleurs  passèrent  à  la  vente  de  F.  ',  elles 
y  furent  adjugées  2300  francs;  c'est  Paul  Roblin,  l'aimable  marchand 
d'estampes,  qui  en  faisait  la  vente;  il  s'empressa  de  nous  les  signaler  avec 
sa  bonne  grâce  habituelle  sachant  combien  nous  sommes  friand  de 
documents  concernant  les  raretés  ou  les  états  non  décrits.  Ce  même  jour  il 
vendit  dans  cette  même  collection,  pour  la  somme  de  575  francs,  une  autre 
pièce  du  Maître  avant  toutes  lettres  :  Petite  fille  jouant  avec  un  chat,  au 
moins  aussi  rare  que  les  deux  précédentes,  car  nous  ne  la  connaissions  pas, 
et  elle  a  échappé  aux  recherches  si  scrupuleuses  de  M.  Fenaille.  A  la  vente 
A.  Josse,  sous  la  rubrique  La  Fille  enlevée  qui  n'est  autre  que  La  Porte 
enfoncée,  cette  estampe  atteignit  2S00  francs.  Profitons  de  l'occasion  pour 
redresser  une  erreur  que  nous  avons  commise  dans  notre  dernier  volume  : 
Dessins,  gouaches,  estampes,  etc.,  page  144  en  attribuant  à  Debucourt  une 
pièce  intitulée  La  Visite  à  la  Pension  dont  on  n'a  pas  encore  jusqu'à  présent 
réussi  à  découvrir  l'existence;  deGoncourt  l'avait  signalée  simplement  dans 
l'Art  du  XVIII*  siècle  comme  mentionnée  dans  le  catalogue  d'une  vente  faite 
le  13  décembre  1857.  C'est  peut-être  tout  bonnement  la  jolie  pièce  du  Maître  : 
Jouis  tendre  Mère*—  qui  pourrait  aussi  bien  par  la  nature  du  sujet  s'appeler 
Visite  à  la  Pension  —  qui  a  provoqué  celte  équivoque. 

Les  deux  Baisers,  1786  (7)  —  3  états.  —  De  profil  à  gauche,  assis 
dans  un  fauteuil,  un  vieillard,  les  jambes  croisées,  un  king  chartes 
sur  les  genoux,  regarde  avec  intention  la  toile  qui  est  devant  lui  sur 
un  chevalet  où  il  est  représenté  embrassant  une  jeune  femme  ;  celle-ci 
qui  est  derrière  lui,  profite  du  moment  pour  glisser  un  billet  doux  au 
jeune  peintre  qui  lui  baise  la  main. 

Ventes  :  Behague,  avec  la  lettre,  601  —  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres, 
3000  —  Aubin,  avec  la  lettre,  920  —  Decloux,  même  état,  2005  —  Destailleur, 
même  état,  1750  —  Kinnen,  même  état,  1420  —  Gentien,  avant  toutes  lettres, 
avec  le  nom  de  l'artiste  à  la  pointe,  9120 J  —  Concourt,  avec  la  lettre,  2420  — 
Ligaud,  920  —  C.  J.  et  G.  K.,  encadrée,  3300  —  Baron  F.  de  L.  »,  2700  — 
Leroy,  20X0,  sans  marge. 

Notre  Musée  Dobrée  de  Nantes  en  possède  une  épreuve  de  2°  état 
éblouissante  el  telle  que  nous  n'en  avons  encore  jamais  rencontré  de  pareille. 
En  février  1787,  moment  de  sa  mise  en  vente,  cette  pièce  était  cotée  6  livres. 


'  Le  13  murs  1899  —  Chose  curieuse  il  y  avait  eu  déjà  une  rente  de  !•'....  en  avril  l.ssi  où  ces 
deux  pièces  avalent  été  adjugées  200  francs  !  !  Quel  chemin  parcouru  depuis  cette  époque, 

-  Le  22  décembre  1902.  à  la  vente  du  Comte  de  L...  dont  Loys  Deltell  étall  l'expert,  il  a  passe 
une  épreuve  d'un  étal  encore  non  signalé  jusqu'Ici  dans  lequel  Le  moi  jouit  est  écrit  fout. 

'  c'est  le  plus  htm/  prix  enregistré  en  rente  publique  Jusqu'à  ce  Jour  pour  une  estampe 
n  nncalse. 

1  Vente  (rii  Important!  latte  le  2  juillet  1903, s  Munich  par  les  soins  intelligents  de  J.  Halle, 
antiquaire  de  cette  ville,  il  y  avait  la  de  superbes  pièces  de  l'École  française  et  anglaise  du 

XVIII"  si'  il.-. 


ECOLE    FRANÇAISE  311 

Le  Menuet  de  la  Mariée,  1786  (8)  —  6  états.  —  A  la  campagne, 
au  milieu  de  nombreux  paysans  et  invités,  la  jeune  mariée  esquisse 
un  pas  avec  le  vieux  bailli,  pendant  que  son  époux,  debout  à  droite 
près  de  son  père,  contemple  la  scène  d'un  air  béat. 

La  Noce  au  Château,  1789  (21)  —  4  états.  —  En  plein  air,  à 
gauche,  au  bas  de  l'escalier  du  château,  le  nouveau  marié  danse  avec 
la  châtelaine,  pendant  que  sa  jeune  femme  passe  son  bras  sous  celui 
de  son  père  ;  derrière  eux,  des  musiciens,  et  à  gauche  et  à  droite,  des 
paysans  et  des  paysannes.  On  aperçoit  à  gauche,  près  de  la  grille, 
un  carrosse. 

Deux  estampes  en  couleurs  se  faisant  pendants,  la  première  est  moins 
rare  que  la  seconde.  M.  Fenaille  a  relevé  pour  la  première  fois  une  parti- 
cularité restée  complètement  inaperçue  jusqu'ici  dans  le  Menuet  de  la  Mariée 
c'est  le  grand  mât  dit  Mai,  qui  s'élève  à  gauche  et  au  haut  duquel  est 
suspendue  une  couronne  au  2?  état,  mât  qui  a  été  supprimé  au  3?  comme  on 
peut  s'en  convaincre  par  la  trace  très  légère  qui  en  subsiste  encore  dans  le 
ciel.  Le  catalogueur  a  aussi  fait  remarquer  qu'après  la  date  1786  il  existe 
après  le  point  réglementaire  quelquefois  un  point  ou  deux  en  plus  ',  ce  qui 
caractérise  un  deuxième  ou  troisième  tirage  après  l'état  définitif;  les  estampes 
qui  ont  ces  points  sont  donc  de  qualité  inférieure  à  celles  précédemment 
tirées,  d'autant  plus  que  la  planche  reprise  a  encore  subi  certaines 
modifications,  dit  M.  Fenaille,  telles  que  effaçage  des  plis  de  la  tente  qui 
abrite  l'estrade,  retouches  à  la  roulette  de  l'habit  du  bailli,  etc.. 

En  décembre  1896,  nous  eûmes  l'occasion  de  voir  chez  Roblin  une  très 
curieuse  petite  pièce  en  couleurs  de  Debucourt  qui  n'est  pas  mentionnée  par 
M.  Fenaille,  elle  représentait  seulement  la  jeune  mariée  et  le  vieux  bailli 
esquissant  leur  pas;  l'exemplaire  superbe  et  à  toute  marge  était  certainement 
une  épreuve  d'essai  que  nous  considérons  comme  unique.  Le  possesseur 
l'avait  payée  39  francs  1  croyons-nous. 

Ventes:  Behague,  2?  état,  3505  —  Muhlbacher,  Le  Menuet,  1er  état,  1960; 
La  Noce,  2P  état,  1605;  la  même,  avant  toutes  lettres  en  noir,  500  —  Hocquart, 
remargées,  1900  —  Aubin,  avec  la  lettre,  1400  —  Destailleur,  Le  Menuet, 
avant  toutes  lettres,  le  nom  du  Maître  à  la  pointe,  1410;  la  même,  en  noir, 
340  —  Kinnen,  avec  la  lettre,  1305  —  Baudet,  encadrées,  1600  —  Pavie, 
Le  Menuet,  avant  toutes  lettres  et  les  armes,  1605  —  Gentien,  2300  — 
Goncourt,  Le  Menuet,  avec  la  lettre,  860  —  Ligaud,  Le  Menuet,  800  — 
C.  J.  et  G.  K.,  les  deux,  premier  tirage,  la  première  avant  les  retouches 
dans  le  ciel,  2000  —  Baron  F.  de  L.,  les  deux,  4375  *  —  Patellier,  Le  Menuet, 
5e  état,  680  —  Roux,  la  première  seule  avec  un  seul  point  après  la  date, 
1555  francs. 


1  Cette  particularité  n'est  pas  nouvelle  et  Debucourt  n'en  est  point  l'inventeur.  Déjà  au  commen- 
cement du  xvnr  siècle  en  1723,  Pierre-Imbert  Drevet  en  avait  usé  dans  son  portrait  de  Bom.net. 

5  Nous  voyons  avec  orgueil  l'Allemagne  payer  chez  elle  nos  chefs-d'œuvre  plus  cher  que 
nous  ne  les  payons  chez  nous. 


312  ÉCOLE    FRANÇAISE 

L'Oiseau  ranimé,  1787  (9)  —  2  états.  —  Deux  jeunes  femmes 
sont  debout,  près  d'un  lit  placé  à  gauche  dans  une  chambre  à  coucher  ; 
celle  de  droite  a  dégrafé  son  corsage  et  regardant  son  amie  en  souriant, 
semble  lui  montrer  le  petit  oiseau  qu'elle  vient  de  placer  entre  ses 
deux  seins  opulents  pour  essayer  de  le  ranimer.  Au  premier  plan  à 
droite,  une  table  ronde,  et  au  fond  de  la  pièce,  un  piano  sur  lequel  un 
cahier  de  musique  est  ouvert. 

Délicieuse  pièce  en  couleurs  de  la  dernière  rareté,  ardemment  recherchée 
des  collectionneurs;  aujourd'hui  un  exemplaire  avant  la  lettre,  marge  vierge 
et  de  toute  fraîcheur,  vaut  10000  à  12000  francs.  Quelques  catalogues  de 
vente  indiquent  comme  particularité  que  la  jeune  femme  qui  tient  l'oiseau  a 
les  seins  découuerts,  c'est  de  la  superfétation,  ça  n'existe  pas  autrement. 

Ventes  :  Muhlbacher,  avant  la  lettre,  1500  —  Aubin,  même  état,  1800  — 
Decloux,  2400  —  Concourt,  même  état,  5320  —  Le  11  juin  1902,  dans  une 
vente  anonyme  faite  par  Danlos,  une  épreuve  de  2"  état  fut  adjugée  6200  — 
C.  J.  et  G.  K.,  épreuve  habilement  remargée,  4050  —  Leroy,  800'  —  Lelong, 
92001  !!  et  l'épreuve  était  loin  d'être  exceptionnelle. 

Promenade  de  la  Galerie  du  Palais  Royal,  1787  (11)  — 
A  états.  —  La  galerie  remplie  de  nombreux  personnages  allant  et 
venant,  quelques-uns  en  costumes  grotesques  ;  presqu'au  milieu  de 
l'estampe,  se  dirigeant  vers  la  droite,  un  petit  garçon  ayant  sous  le 
bras  un  gros  carton  rond,  suivi  d'un  chien  et  précédé  d'une  femme 
ayant  dans  la  main  droite  un  volumineux  manchon.  Au  fond,  les 
boutiques  portant  les  numéros  162,  163,  16%,  165,  166.  En  bas,  sous  le 
trait  carré  à  gauche,  la  date  1787. 

Cette  admirable  pièce  en  couleurs,  qui  est  la  perle  de  notre  xviif  siècle, 
ne  porte  dans  aucune  de  ses  parties,  soit  le  nom,  soit  la  signature  du 
Maître,  quoiqu'étant  indubitablement  son  œuvre. 

Absolument  supérieure  à  la  Promenade  publique,  mais  supérieure  de  toutes 
façons,  et  comme  conception  et  surtout  comme  gravure,  nous  ne  pouvons 
vraiment  pas  comprendre  comment  on  lui  préfère  toujours  cette  dernière. 
Il  y  a  là  un  manque  de  goût  qui  nous  semble  terriblement  choquant  ;  nous 
voudrions  essayer  de  dessiller  les  yeux  des  amateurs,  mais  nous  craignons 
bien  de  D'être  point  entendu,  et  nous  aurons  la  tristesse  de  voir  continuer 
à  payer  5000  ou  0000  francs  une  Promenade,  quand  une  Galerie  atteindra 
péniblement  2500,  3000  francs  au  plus.  Voilà  de  ces  anomalies  singulières 
et  malheureusement  trop  fréquentes  chez  les  collectionneurs  ;  nous  tenions 
à  les  signaler]  parce  que  nous  voudrions  qu'on  y  portât  remède,  mais, 
hélas!  les  moutons  de  Panurge  ne  sont  p;is  morts  !  et  nous  prêchons  dans 
le  désert. 


i  L'épreuve  n'était  pas  enUére. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  313 

Les  deux  beaux  états  sont  :  le  1er  avant  toutes  lettres1,  et  le  2e  avec  un 
seul  des  numéros,  le  166,  sur  une  boutique.  Le  dernier  état,  qui  est  de 
beaucoup  le  moins  bon,  porte  :  Imprimé  par  Chapiuj  au  lieu  de  Emprimé. . . 
et  a  deux  points  après  1737  au  lieu  de  un  seul. 

Ventes  :  Behague,  avec  la  lettre,  530  —  Muhlbacher,  même  état,  1575  *  — 
Hocquart,  2e  état,  1000  —  Aubin,  3e  état,  exemplaire  superbe,  1787  — 
Decloux,  2e  état,  remargée,  1500  —  Destailleur,  avec  la  lettre,  1100  —  Pavie, 
avant  les  numéros,  675  —  Gentien,  même  état,  1400  —  Goncourt,  avec  la 
lettre,  870  —  Ligaud,  même  état,  1120  —  Lacroix,  1160  —  C.  J.  et  G.  K., 
3°  état,  avec  les  numéros  et  le  mot  Emprimé,  2600  —  Baron  F.  de  L.,  2e  état, 
3687,  condition  exceptionnelle  de  beauté  —  Vente  anonyme,  14  mars  1903, 
faite  par  Danlos,  1920  —  Lelong,  2450  ;  un  autre  exemplaire,  1900. 


La  Promenade  publique,  1792  (33)  —  3  états  K  —  De  nombreux 
personnages  se  promènent  dans  une  allée  de  marronniers,  sur  le 
premier  plan  ;  à  gauche,  un  gandin  assis  sur  une  chaise,  semble 
tomber  à  la  renverse  en  saluant;  au  milieu  de  l'estampe,  une  table 
ronde  entre  deux  chaises,  l'une  est  couchée  par  terre,  sur  l'autre  est 
une  rose  oubliée  ;  à  l'extrémité  droite,  une  autre  table  autour  de 
laquelle  devisent  un  groupe  d'hommes  assis.  Au  dernier  plan, 
légèrement  à  gauche,  un  précieux  de  l'époque  mollement  étendu  sur 
quatre  chaises.  Dans  le  bas  du  coin  droit  et  à  l'intérieur  du  trait 
carré  :  D.  B.  92. 

Ventes  :  Behague,  tout  1er  état,  avant  toutes  lettres  et  avant  D  B  et  92, 
900,  rarissime  —  Muhlbacher,  2e  état,  avant  la  lettre,  g.  m.,  1380  —  Hocquart, 
avec  la  lettre,  665  —  Aubin,  même  état,  1105  —  Jacquinot,  725  —  Decloux, 
état  Behague,  5700  —  Destailleur,  état  Behague,  6300  *  ;  exemplaire  en  noir, 
le  seul  connu,  5000  5  ;  avec  la  lettre,  900  —  Kinnen,  état  Behague,  5000  — 
Baudet,  2e  état,  avant  la  lettre,  mais  la  signature  en  bas  et  le  millésime, 
marge  et  encadré,  2465  —  Pavie,  2e  état,  1035  —  Galichon,  3e  état,  1100  — 
Gentien,  exemplaire  de  Kinnen,  4020  ;  le  même,  2e  état,  2650  ;  le  même,  en 
noir,  unique,  2000  —  Goncourt,  avec  la  lettre,  g.  m.,  1675  —  Ligaud,  3e  état, 
780  —  Guyot  de  Villeneuve,  encadrée,  1520  —  Lacroix,  3e  état,  1520  — 
C.  J.  et  G.  K.,  1520  —  Baron  F.  de  L.,  3275,  superbe;  le  même,  1337  — 
Lelong,  2700,  avec  l'adresse  de  Depeuille. 


1  D'une  insigne  rareté,  nous  n'avons  jamais  eu  la  bonne  fortune  d'avoir  pu  le  rencontrer,  et 
s'il  n'était  pas  signalé  par  M.  Fenaille,  nous  nous  permettrions  d'en  douter. 

»  A  une  vente  faite  en  1862  cette  estampe  fut  adjugée  134  francs  et  la  Promenade  publinue  121, 
ces  prix  sont  follement  exagérés  disait  à  cette  époque  la  bonne  Revue  Universelle  des  Arts... 

3  C'est  par  erreur  que  nous  avions  signalé  un  état  avec  l'adresse  de  Debueourt.  M.  Fenaille  n'n 
jamais  eu  l'occasion  de  relever  cette  particularité. 

*  Cet  exemplaire  admirable,  marge  vierge,  avait  été  vendu  par  Gosselin  1300  francs. 

5  L'acquéreur  était  M.  Gentien,  à  sa  vente  en  1896  elle  ne  fit  que  2000  francs  !  ! 


314  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Il  existe  de  cette  estampe  des  épreuves  tirées  à  la  poupée  sur  le  cuivre 
original  au  commencement  du  xixc  siècle  ;  elles  sont  infiniment  supérieures 
à  toutes  les  reproductions  modernes,  on  les  cote  200  francs. 

Promenade  du  Jardin  du  Palais  Royal,  1787  —  4  états.  — 
Le  café  de  la  Rotonde  avec  ses  tentes  et  ses  arbres  et  de  nombreux 
personnages  allant  et  venant;  au  milieu  de  la  composition,  de  trois 
quarts  à  droite  et  regardant  à  gauche,  une  femme  portant  un  immense 
chapeau,  se  promène,  une  longue  canne  à  la  main  ;  à  gauche,  un 
enfant  accourt  nu-tête  vers  sa  mère,  tandis  qu'à  l'extrémité  droite,  un 
personnage  coiffé  d'un  bicorne,  prend  une  femme  par  la  taille. 

Cette  estampe  en  couleurs,  comme  vient  de  le  prouver  M.  Fenaille,  n'est 
ni  dessinée  ni  gravée  par  Debucourt.  On  suppose  que  l'auteur  est  Claude- 
Louis  Desrais,  et  on  est  sûr  que  le  graveur  est  Le  Cœur.  A  la  vente 
Destailleur  en  1896,  le  dessin,  sépia  et  plume,  fut  adjugé  4300  francs.  Nous 
avons  cru  devoir  porter  cette  pièce  à  l'œuvre  du  Maître,  parce  qu'elle  fait 
partie  quand  même  de  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  Les  Trois  Promenades. 
C'est  la  plus  rare. 

Ventes  :  Behague,  600  —  Muhlbacher,  1300  —  Hocquart,  655  —  Aubin, 
675  —  Decloux,  1800;  en  réduction  par  un  artiste  inconnu,  270  — 
Destailleur,  705;  à  l'état  d'eau-forte,  fort  rare,  105  —  Kinnen,  705  —  De  G., 
réduction  en  manière  de  lavis,  rarissime,  725  —  Pavie,  675,  état  d'eau-forte 
pure,  avant  le  changement  dans  la  coitFure  de  la  femme  qui  est  au  second 
plan,  assise  et  accoudée  à  une  table  derrière  le  premier  arbre  de  gauche, 
84  —  Concourt,  1300  —  Lacroix,  1520  —  C.  J.  et  G.  K.,  avant-dernier  état, 
c'est-à-dire  Imprimé  par  Aumont,  au  lieu  de  Imprimé  par  Landié,  2550  — 

A  une  vente  anonyme  faite  le  14  mars  1903,  avant  la  retouche  dans  la 
coiffure,  2230. 

Heur  et  Malheur  ou  la  Cruche  cassée,  1787  (12)  —  3  états.  — 
Près  d'une  fontaine  jaillissante  sur  le  mur  de  laquelle  une  bergère  est 
debout  et  accoudée,  tenant  de  la  main  gauche  une  cruche  fêlée,  un 
jeune  gars  est  à  genoux,  la  regardant  d'un  air  tendre  en  saisissant  la 
cruche.  Par  terre,  un  râteau  et  l'habit  de  l'amoureux  ;  à  gauche  de  la 
fille,  un  mouton. 

L'Escalade  ou  les  Adieux  du  matin,  1787  (13)  —  3  états. — 
Sur  le  devant  d'une  cour  de  ferme,  un  jeune  gars  s'apprête  à  franchir 
un  petit  mur  qui  est  à  gauche  ;  il  y  a  déjà  posé  la  main  droite, 
enlaçant  de  son  bras  gauche  la  taille  de  son  amoureuse  qu'il  embrasse 
sur  la  bouche.  La  fille  dont  les  seins  nus  saillent  du  corsage  donne  un 
morceau  de  pain  au  chien  qui  est  près  d'elle.  Au  fond  de  la  pièce, 
sur  une  poutre  transversale,  un  chat  blanc  est  couché. 


ÉCOLE    FHANÇAISE  315 

Ventes  :  Behaguc,  L'Escalade,  1"  état,  avant  toutes  lettres,  avec  la 
signature  dans  le  coin  inférieur  gauche  de  la  partie  gravée,  g.  m.,  4950, 
rarissime  ;  Heur,  avant  toutes  lettres,  avec  la  signature  en  bas  à  gauche 
sous  le  trait  carré,  860  —  Muhlbaeher,  L'Escalade,  avec  la  lettre,  500;  Heur, 
même  état,  petite  marge,  390  —  Aubin,  les  deux,  1255  —  Decloux,  les  deux 
en  2e  état,  5500  —  Destailleur,  les  deux  avec  la  lettre,  1280  —  Kinnen,  même 
condition,  1250  —  Baudet,  encadrées,  1185  —  Galichon,  1000  —  Pavie, 
1340  —  Gentien,  2»  état,  belle  marge,  4150  —  Ligaud,  Heur  seule,  245  — 
C.  J.  et  G.  K.,  les  deux  pièces  encadrées,  1150  —  Lelong,  les  deux  pièces,  2600. 

Le  Compliment  ou  la  Matinée  du  Jour  de  l'An,  1787  (15)  — 
5  états.  —  Assis  à  gauche  sur  un  canapé,  un  grand-père  '  et  une 
grand'mère  tournés  à  droite,  écoutent  le  compliment  que  leur  débite 
un  petit  garçon  accompagné  de  sa  sœur,  que  viennent  d'amener 
leurs  parents  qui  se  tiennent  derrière  eux.  Au  fond  de  la  pièce,  un 
vieux  domestique  en  livrée  portant  un  plateau.  Un  placard  enlr'ouvert 
à  gauche,  laisse  entrevoir  des  jouets,  entr'autres  un  polichinel.  Un 
chien  gambade  devant  les  enfants. 

Les  Bouquets  ou  la  Fête  de  la  Grand'Maman,  1788  "-  (16)  — 
4  états.  —  Assise  de  face  près  d'une  petite  table  ronde,  une  grand'mère 
se  retourne  à  gauche  pour  embrasser  sa  petite  fille  qui  lui  apporte  un 
bouquet,  le  grand-père  qui  est  derrière  la  grand'mère  se  penche  en 
avant,  la  main  gauche  appuyée  sur  le  dos  du  fauteuil.  A  gauche,  le 
père,  la  mère  et  le  petit  frère  et  à  droite  au  dernier  plan,  une  servante 
complètent  le  tableau. 

La  particularité  des  points  après  les  dates,  signalée  précédemment,  joue 
encore  ici  son  rôle.  —  Les  tirages  en  noir  des  Bouquets  sont  rarissimes. 

Ventes  :  Behague,  épreuve  de  2>'  état,  500  —  Muhlbaeher,  Le  Compliment 
en  1er  état,  Les  Bouquets  en  2e,  3000  —  Aubin,  avec  la  lettre,  très  g.  m.,  710  — 
Decloux,  avec  la  lettre,  450  —  Destailleur,  2>-  état,  1400  —  Kinnen,  avec  la 
lettre,  400  —  Baudet,  même  état,  encadrées,  590  —  Pavie,  les  deux  pièces, 
735  —  Ligaud,  Le  Compliment  seul,  190  —  Lacroix,  les  deux,  985  — 
Patellier,  les  deux,  rognées  à  l'ovale,  480  —  C.  J.  et  G.  K.,  les  deux,  avant 
les  marbrures  de  l'encadrement 3, 1680  —  Vente  anonyme  du  14  mars  1903,  les 
deux,  1000  —  Lelong,  Le  Compliment  seul,  620  —  Boux,  Les  Bouquets, 
3e  état,  avec  un  seul  point  après  la  date,  605. 


1  La  main  droite  du  grand-père  esl  atrocement  dessinée. 

»  Cette  estampe  et  la  précédente  quand  elles   parurent   en  septembre  1788  étaient  cotées 
6  livres  chaque. 

3  Ces  deux  estampes  sont  des  ovales  équarris. 


316  ÉCOLE   FRANÇAISE 

La  Rose,  1788  (17)  —  4  états.  —  Dans  un  parc,  un  jeune  homme 
de  profil  à  gauche  est  à  genoux  devant  une  jeune  femme  assise  à 
laquelle  il  offre  une  rose  que  celle-ci  semble  repousser.  On  voit 
derrière  la  jeune  femme,  une  statue  de  l'Amour  qui  s'apprête  à  lancer 
une  flèche.  Au  bas  dans  la  marge,  14  vers  sur  deux  colonnes  :  C'est 
l'âge  qui  touche  à  l'enfance. . .  par  Le  Chcr  de  P. 

La  Main,  1788  (18)  —  4  états.  —  Au  bas  des  marches  d'un  perron, 
dans  un  parc,  une  jeune  femme  assise  de  trois  quarts  à  gauche,  se 
laisse  baiser  la  main  gauche  par  un  jeune  homme,  son  autre  main 
qui  pend  le  long  du  corps,  tient  une  rose.  En  bas,  sur  deux  colonnes, 
24  vers  commençant  par  :  Quand  on  aime  bien,  l'on  oublie,  par  le 
même  auteur  que  dans  l'estampe  précédente. 

Estampes  en  couleurs,  faisant  pendants.  —  Les  points  après  la  date 
existent  encore  pour  ces  deux  pièces. 

Ventes  :  Behague,  t.  m.,  1900  —  Muhlbacher,  2200  —  Decloux,  3500, 
extrêmement  fraîches  —  Destailleur,  2300  —  Kinnen,  2^  état,  avec  le  titre  et 
les  vers,  mais  avant  l'adresse,  le  nom  de  l'artiste  à  la  pointe  à  gauche,  est 
entre  le  1"  et  le  2°  trait  carré,  3285  —  Gentien,  les  vers  ont  été  coupés, 
2120  —  Concourt,  les  deux  pièces,  La  Rose  en  \"  état,  c'est-à-dire  avant 
toutes  lettres,  rarissime,  3510  —  Ligaud,  La  Main,  1000  ;  La  Rose,  620  — 
C.  J.  et  G.  K.,  La  Main1  seule  avec  la  première  adresse,  celle  de  l'auteur; 
la  seconde  est  celle  de  Depeuille,  1750.  —  Vente  anonyme  du  14  mars  1903, 
les  deux,  adjugées  2200  —  Lelong,  La  Main  seule,  1600. 

Almanach  National,  1791  (26)  —  4  états. 

Au  haut  de  la  planche,  au  milieu  de  l'estampe,  il  existe  un  médaillon 
avec  le  portrait  de  Louis  XVI,  et  l'inscription  :  Louis  XVI,  roi  des  Français; 
on  s'est  plu  à  raconter  qu'il  existait  un  état  où  le  portrait  du  Roi  avait  été 
remplacé  soit  par  des  attributs  révolutionnaires,  soit  par  une  simple 
marbrure  du  médaillon,  c'est  une  pure  invention;  nous  avons  consulté 
toutes  les  sommités  de  la  gravure  à  cet  égard,  amateurs  et  marchands, 
personne  ne  l'a  jamais  va. 

L'explication  de  ce  que  représente  cette  estampe  est  au  bas  de  la  planche. 
Cet  almanach  n'existe  pas  avec  le  calendrier  imprimé  sur  l'estampe  elle-même, 
mais  il  existe  séparément.  Paul  Roblin  l'a  possédé  il  y  a  quelques  années, 
on  le  colle  alors  sur  la  place  marbrée  qui  lui  était  réservée;  il  est  rare  à 
rencontrer. 

Ventes:  Rehague,  211  —  Wasset,  avant  toutes  lettres  en  noir,  158  — 
Muhlbacher,  350  —  Aubin,  399  —  Decloux,  555  —  Destaillcur,  épreuve  en 


i  Pour  La  Rose,  11  existe  également  des  épreuves  avec  l'adresse  de  Depeuille. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  317 

noir,  les  inscriptions  sont  à  la  pointe,  80  —  Kinnen,  260  —  Baudet,  550  — 
Galichon,  1010  —  Pavie,  avant  toutes  lettres,  505  —  Leroy,  1300,  sur  le 
cartouche  destiné  à  recevoir  le  calendrier  on  remarquait  des  griflbnnis  et 
une  étude  de  tête  de  vieux. 


La  Rose  mal  défendue,  1791  (27)  —  4  états.  —  Près  d'un  lit,  un 
jeune  homme  essaie  de  prendre  la  rose  à  une  jeune  femme  qui  semble 
résister  ;  par  terre,  le  chapeau  et  le  gant  de  l'amoureux  ;  à  droite,  un 
fauteuil  qui  a  été  renversé  dans  la  lutte. 

La  Croisée  (28)  —  4  états. 

N'ayant  pu,  à  notre  grand  regret,  revoir  cette  pièce  en  temps  utile  pour 
apporter  certaines  modifications  à  la  description  faite  dans  notre  dernier 
volume  Dessins...  Nous  renvoyons  le  lecteur  au  travail  de  M.  Fenaille. 

Disons  qu'encore  ici  les  points  après  les  mots  :  Dessiné  et  gravé  qui  se 
trouvent  à  gauche  sous  le  trait  carré  indiquent  des  tirages  successifs.  Ces 
deux  pièces  sont  considérées  comme  se  faisant  pendants,  elles  marquent  dans 
la  technique  du  Maître  un  changement  très  notable,  on  sent  à  l'œil  que  le 
métier  n'est  plus  le  même  et  qu'il  a  été  profondément  modifié. 

Ventes:  Behague,  La  Rose  mal  défendue,  avec  le  titre  et  le  nom  du  Maître 
à  la  pointe,  245;  la  même,  en  noir,  140;  la  même,  réduction  en  noir,  par 
Bonnemain,  publiée  chez  Depeuille,  51  —  Muhlbacher,  La  Croisée,  1«-  état 
avant  toutes  lettres,  en  noir,  g.  m.,  dans  cet  état  le  jeune  homme  est  sur 
l'échelle,  la  substitution  des  enfants  n'a  point  encore  été  faite,  très  rare,  605  ; 
la  même,  en  noir,  avec  la  lettre,  61;  en  couleurs,  152;  La  Rose  mal  défendue, 
avant  toutes  lettres,  la  femme  a  les  seins  découverts,  en  noir,  330;  la  même, 
en  noir,  titre  et  nom  à  la  pointe,  105;  en  couleurs,  220;  en  réduction,  140  — 
Decloux,  La  Rose  mal  défendue,  en  noir,  1er  état  avant  les  retouches,  160  ;  en 
réduction,  t.  m.,  160  —  Aubin,  La  Croisée,  205  —  Kinnen,  La  Rose  mal 
défendue,  95;  en  réduction,  60;  La  Croisée,  155  —  Baudet,  La  Rose  mal 
défendue,  305;  La  Croisée,  85  —  Gentien,  La  Rose  mal  défendue,  1510  — 
Ligaud,  la  même,  290  —  J.  C.  et  G.  K.,  La  Rose  mal  défendue,  s.  m.,  encadrée, 
660  —  Patellier,  cette  dernière  pièce  2«  état  mais  remargée,  500  —  Roux, 
La  Rose  mal  défendue  seule,  310;  la  même,  en  réduction,  par  Bonnemain, 
90  —  La  Croisée,  2»  état,  avec  l'adresse  de  l'auteur,  300;  les  états  suivants 
sont  avec  celle  de  Depeuille. 

Lise  poursuivie  (29)  —  2  états.  —  A  gauche,  un  jeune  homme 
vu  à  mi-corps,  sort  d'un  fossé  pour  s'élancer  à  la  poursuite  d'une 
paysanne  qui  se  sauve,  ayant  une  corbeille  de  fleurs  sur  la  tête. 

Le  Songe  réalisé  (30)  —  1  état.  —  Un  jeune  homme  se  soutenant 
à  une  branche  d'arbre,  s'approche  d'une  jeune  fille  endormie  pour 
contempler  son  visage.  A  droite,  une  fontaine. 


318  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Ces  pièces  se  font  pendants  et  sont  tirées  généralement  en  noir,  elles  sont 
extrêmement  rares;  elles  valent  suivant  état  et  condition  de  400  à  600  francs 
les  deux.  M.  Fenaille  ne  mentionne  qu'un  état  aux  deux  pièces  ci-dessus,  il 
a  omis  de  mentionner  à  Lise  poursuivie  celui  excessivement  rare  de  avant 
toutes  lettres,  dont  un  exemplaire  a  passé  à  une  vente  anonyme  faite 
par  Danlos  le  11  juin  1002,  à  Paris,  où  il  fut  adjugé  400  francs. 


Frascati  (196)  —  3  états.  —  Le  grand  salon  de  cet  établissement 
célèbre,  le  soir  ;  de  nombreux  promeneurs  élégants  y  circulent,  et  de 
chaque  côté,  des  consommateurs  sont  assis  à  de  petites  tables.  On 
distingue  à  droite  quatre  musiciens. 

Cette  estampe,  très  recherchée  comme  document  de  l'épocpae,  devient 
fort  rare',  ce  n'est  plus  l'ancienne  manière  du  Maître  avec  plusieurs 
planches,  mais  une  simple  eau-forte  aquatinlée  et  coloriée.  C'est  bien 
Debucourt  qui  l'a  gravée,  mais  quoique  tout  porte  à  croire  qu'il  en  est 
également  le  dessinateur  lien  ne  permet  de  l'assurer  formellement.  Le 
dessin  original,  largeur  0.340,  hauteur  0.245,  acpjarelle  sur  trait  de  crayon 
figurait  au  catalogue  Morgand  n°  40  en  mars  1807,  il  était  coté  2500  francs  ; 
il  a  été  reproduit  en  couleurs  dans  Le  Directoire,  de  Paul  Lacroix. 

Ventes  :  Behague,  080  —  Muhlbacher,  2''  état  avant  toutes  lettres,  m.,  1000  — 
Michelot,  3^'  état  avec  la  lettre  en  noir,  700  —  Mailand,  t.  m.,  910  — 
Destailleur,  500  —  Kinnen,  555  —  Baudet,  g.  ni.,  encadrée,  810  —  De  G.,  avant 
toutes  lettres,  600  —  C.  J.  et  G.  K.,  encadrée,  t.  m.,  1430. 

Nous  pouvons  encore  citer  comme  pièces  intéressantes  mais  de  second 
plan  cependant  :  L'Oiseau  privé  (51),  gravé  au  pinceau,  vaut  de  100  à 
180  franes  ;  //  est  pris  '  (34)  ;  Elle  est  prise  (35),  les  deux  300  à  400  francs,  et 
comme  extrême  rareté  à  trouver  réunies  les  52  pièces  coloriées  in-8°  :  Modes 
et  manières  du  jour  à  Paris  à  la  fin  du  XVIII»  siècle  et  au  commencement 
du  XIX»  (71  à  122),  gravures  à  l'eau-forte  imprimées  en  noir  et  coloriées  à  la 
main,  publiées  par  La  Mêsangère,  valant  actuellement  2500  à  3000  francs  la 
collection  complète  —  La  Réprimande*  (159)  —  Son  Altesse  Royale  Madame 
la  duchesse  d'Angoalême  consolant  l'aveugle  de  Sichon  (333),  estampe 
insignement  rare,  nous  n'en  connaissons  que  quatre  exemplaires,  un  chez 
M.  Fenaille,  un  chez  M.  Fould  et  les  deux  autres  chez  M.  Maurice  de  la 
Rochcmacé,  château  de  la  Roche,  a  Couffé  (Loire-Inférieure);  c'est  une 
aquatinte  coloriée.  Il  existe  aussi  quelques  fort  belles  pièces  d'après  Carie 
Vcrnet,  tels  que:  Calèche  se  rendant  au  rendez-vous  de  chasse  (181)  —  La 
Course  |  156)  Fin  de  la  Course  (157),  etc..  qui,  en  bel  état  de  conservation, 
et  ai'imt  huiles  lettres,  sont  d'un  superbe  effet  décoratif  et  valent  de  800  à 
1200  francs. 


1   Le  1"  étal  a»  Irait,  esl  dans  la  collection  ilu  baron  Kdmond  do  Rothschild,  11  est  rarissime. 
»  Qu'il  faut  avoir  avec  le  poisson   dans  la  main  droite  de  la   Femme,  ce  qui  prèle  alors  ù  une. 
grossière  équivoque. 

Qui  n'eel  qu'attribuée  suivant  M.  Pénalité. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  319 

Notons,  du  reste,  que  beaucoup  de  pièces  en  couleurs  de  la  mauvaise 
époque  du  Maître  —  c'est-à-dire  après  1792  —  accusent  un  mouvement 
ascensionnel  très  marqué,  nous  ne  pouvons  que  déplorer  cette  erreur  que 
rien  ne  saurait  justifier  et  qui  ne  peut  être  attribuée  qu'à  la  pénurie  de  plus 
en  plus  marquée  des  estampes  en  couleurs. 

C'est  chez  M.  Gerbeau  qu'il  nous  a  été  donné  de  voir  les  plus  beaux 
Debucourt  qui  soit  au  monde,  l'aimable  collectionneur  qui  est  un  raffiné 
dans  ce  que  le  mot  a  de  plus  pur  et  de  plus  vrai,  nous  en  a  fait  les  honneurs 
avec  une  grâce  charmante.  Nous  avons  vu  là,  chez  lui,  une  réunion 
d'estampes  des  xvnie  et  xix^  siècles  absolument  seins  rivale.  Ce  n'est  pas  à 
la  quantité  que  vise  cet  amateur  au  regard  si  fin  et  si  exercé,  c'est  à  la 
pureté  de  la  pièce  et  à  sa  rareté;  que  ce  soit  en  estampes,  en  japonisme  ou 
en  faïences,  tout  ce  qu'il  possède  est  d'une  exceptionnelle  beauté,  qu'il  nous 
permette  de  lui  dire  ici  que  nous  n'oublierons  jamais  la  matinée  passée 
rue  Poussin,  et  que  notre  œil  ébloui  et  charmé  en  gardera  toujours  la 
radieuse  et  ineffaçable  vision. 


DESRAIS   (Claude-Louis,  d'après) 

1746-1816 

La    Promenade    du    Boulevard    des    Italiens    ou   le    Petit 

Coblentz,  avril  1797  (par  E.  Voysard).  —  Quinze  personnes  occupent 

le  bas  de  l'estampe  ;  au  milieu,  une  femme  assise  tient  sur  ses  genoux 

un  enfant,  pendant  qu'un  autre  enfant  la  caresse.  Un  petit  chien  est 

devant  elle  sur  une  chaise,  aboyant  contre  une  merveilleuse  qui  tient 

un  éventail.  A  droite  sur  un  magasin,  on  lit  :  Café  Petite  Glacière. 

Les  épreuves  de  1"  état,  qui  sont  fort  rares,  sont  avant  les  feuilles  et  le 
cinquième  arbre  à  droite . 

Ventes  :  Behague,  101  —  Muhlbacher,  g.  m.,  120  —  Pavie,  1er  état,  120. 

Le  Signal  du  Bonheur  (par  Mixelle). 

Ventes:  Decloux,  50  —  C.  J.  et  G.  K.,  avant  la  lettre,  320,  très  rare.  — 
Pièce  en  couleurs. 

Les  Nouveaux  Epoux  (par  Mixelle). 
Pièce  en  couleurs  égrillarde,  assez  rare,  vaut  de  250  à  300  francs. 


DROUAIS  (François-Hubert,  d'après) 

1728-1775 

Portrait  de  la  Dubarry  (par  Beauvarlet).  —  Dans  un  médaillon 
ovale  équarri,  assise  en  costume  de  chasse,  le  corps  un  peu  penché 


320  ÉCOLE   FRANÇAISE 

en  avant  vers  la  droite,  elle  regarde  de  face  ;  elle  a  des  mouches  sur 
le  visage  et  son  jabot  de  dentelle  légèrement  enlr'ouvert  laisse 
deviner  la  gorge. 

Une  particularité  très  curieuse  à  signaler,  c'est  que,  contrairement  à  ce 
qui  se  passe  toujours,  ce  n'est  pas  V avant-lettre  qui  est  la  moins  commune, 
mais  bien  l'épreuve  avec  la  lettre  qui  est  de  la  dernière  rareté  >  ;  il  faut  l'avoir 
en  l"  état  avant  toutes  lettres  avec  salissures  de  burin  dans  les  marges,  seul 
état  apprécié. 

Ventes:  Behague,  2e  état  avant  la  lettre,  t.  m.,  445  —  Muhlbacher,  2*  état, 
275  —  Decloux,  2^*  état,  195  —  Ligaud,  avec  la  lettre,  3«  état,  137  —  Goncourt, 
avant  la  lettre,  g.  m.  455  —  Defer  Dume^nil,  1er  état,  900  —  C.  J.  et  G.  K., 
2'  état,  520;  1«  état,  600. 


Le  même  personnage  (par  Gaucher2).  —  Dans  un  tout  petit 
médaillon  ovale  équarri  très  orné,  à  mi-corps  de  face,  elle  porte  un 
peignoir  décolleté  et  regarde  de  face. 

Les  deux  seules  épreuves  connues  du  l«r  et  du  2*  état  eau -forte  pure  et  eau- 
forte  plus  avancée  sont  chez  M.  Béraldi.  Les  avant  toutes  lettres  seules 
désirables  valent  500  à  600  francs. 


DUGOURE  (d'après) 
? 

Le  Lever  de  la  Mariée  (par  Trière).  —  Intérieur  Louis  XVI,  une 
soubrette  ouvre  les  rideaux  d'un  lit.  Au  milieu  de  la  composition,  la 
mariée  assise  près  de  son  père  et  de  son  mari  ;  deux  servantes 
mettent  de  l'ordre  sur  la  table  de  toilette.  Entre  la  jeune  femme  et  la 
soubrette  qui  est  à  gauche,  un  chat  ronronne. 

Cette  estampe  sert  quelquefois  de  pendant  au  Coucher  de  la  Mariée,  de 
Baudouin,  dont  elle  est  loin  d'avoir  le  charme  et  la  valeur.  On  la  paye  de 
150  à  400  francs  suivant  état  et  conditions. 


'  Quoique  la  meilleure  marché. 

s  Les  premiers  états  seuls  de  ce  graveur  sont  de  beaux  tirages,  les  cuivres  mous  dont  il  avait 
l'habitude  de  se  servir  baissant  de  suite,  les  derniers  sont  sans  valeur.  —  Voir  les  l'rançuises  du 
XVIII-  siècle.  Paris.  Dcntu,  1887.  écrit  en  collaboration  de  notre  cher  et  regretté  ami  le  marquis 
de  Granges  de  Surgères. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  321 


EISEN   (Charles,  d'après) 
1720-1778 

Le  Jour  (par  Patas).  —  Dans  un  luxueux  intérieur,  une  vieille 
femme  est  assise,  vue  presque  de  dos  de  trois  quarts  à  droite,  elle 
regarde  sa  fille  sans  doute,  qui  debout  au  milieu  de  la  composition, 
donne  sa  main  à  baiser  à  son  fiancé  ;  derrière  eux,  trois  autres 
personnages.  A  droite,  sur  le  tout  premier  plan,  un  chien  est  couché. 
Au  bas,  deux  vers  :  Egards,  tendresses. . . 

La  Nuit  (par  Patas).  —  Un  lit  au  fond  à  gauche,  et  assis  au  milieu 
de  la  composition,  les  nouveaux  époux.  Une  femme  de  chambre  est 
en  train  de  deshabiller  la  mariée.  A  droite,  une  table  de  toilette  près 
de  laquelle  une  seconde  soubrette  ramasse  une  robe.  En  bas,  deux 
vers  :  La  Nuit  du  mariage. . . 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  505  —  Muhlbacher,  même  état,  415  — 
Aubin,  même  état,  t.  m.,  1600  —  Decloux,  t.  m.,  345  —  Destailleur,  Le  Jour, 
avant  toutes  lettres,  270  —  La  Nuit,  avant  la  lettre,  300;  les  deux  avec  la 
lettre,  140. 

Les  Désirs  satisfaits  —  La  Vertu  sous  la  garde  de  la 
fidélité  (par  Patas). 

Pendants  assez  recherchés,  mais  seulement  en  avant  lettre,  valent  alors 
250  à  300  francs. 

Comtesse  de  Mareilles  de  Létancourt  (par  deLongueil,  1765  — 
Panhard,  40).  —  Une  femme  habillée  à  l'antique  —  Vénus  sans  doute  — 
est  assise  sur  une  balustrade  au  pied  d'un  socle  sur  lequel  est  un 
brûle-parfum,  elle  tient  entre  ses  mains,  un  médaillon  qu'elle  enguir- 
lande de  roses  et  dans  lequel  est  le  portrait  de  la  jeune  comtesse.  Au 
dernier  plan,  un  temple  grec,  et  au-dessous  du  portrait,  deux  Amours 
—  dont  l'un  tient  une  torche  renversée  —  supportant  des  écussons 
accolés  de  Mareilles  et  de  Létancourt  recouverts  en  partie  d'un  voile 
funèbre  et  timbrés  d'une  couronne  ducale.  Sous  le  trait  carré  à 
gauche  :  Ch.  Eisen  del  1764,  et  à  droite  :  De  Longueil  sculp  1765.  En 
bas,  huit  vers  sur  deux  colonnes  :  L'art  ne  peut  exprimer. . . 

21 


322  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Nous  ne  connaissons  d'état  de  cette  remarquable  et  fort  rare  estampe  que 
celui  décrit  ci-dessus.  Une  épreuve  passa  à  la  vente  de  Goncourt  et  y  fut 
adjugée  200  francs. 


FICQUET'  (Etienne) 

1719-1794 


Artiste  d'une  habileté  énorme  et  d'une  préciosité  qui  n'a  de  comparable 
que  celle  de  Grateloup.  Son  œuvre  est  considérable,  il  a  été  admirablement 
analysé  par  Portalis  et  Béraldi.  Dans  son  catalogue,  Faucheux  mentionne 
176  portraits,  plus  deux  douteux  ou  apocryphes.  Parmi  les  chefs-d'œuvre  du 
graveur,  citons  tout  spécialement  les  suivants,  au  hasard  de  la  pensée,  et 
sans  nous  préoccuper  d'un  ordre  chronologique  quelconque,  et  profitons-en 
pour  relater  aussi  quelques  portraits  dont  certaines  particularités  ont 
échappé  à  Faucheux,  particularités  relevées  dans  la  collection  Guyot  de 
Villeneuve,  réunion  superbe  de  87  pièces  en  deux  volumes,  adjugée  à  sa 
vente  14000  francs  : 

Madame  de  Maintenon,  1759  (93) s  ;  deuxième  planche,  chef-d'œuvre  de 
l'artiste,  les  épreuves  recherchées  sont  sur  papier  double  —  Eisen  (51),  le  bel 
état  o  la  perruque  et  «  la  main  blanche,  ainsi  que  celui  non  décrit  avec  la 
signature  au  bas  à  droite  :  E.  Ficquel  1761,  au  lieu  de  E,  Ficquet  sculpsit.  — 
Boileau  (18)  —  Van  der  Meulcn  (96)  —  Louis  V  (89),  avant  le  nom  du  dessi- 
nateur Boisot,  inconnu  a  Faucheux  —  Molière  (101),  les  noms  des  artistes 
sont  en  gros  caractères,  épreuve  dite  à  la  grande  lettre,  état  inconnu  à 
Faucheux  —  La  Mothe  Le  Vayer  (84)  —  La  Fontaine  (61),  le  bel  état  au 
ruisseau  blanc  —  Louis  XV  (91),  rarissime  —  Chencviérc  (31),  1"  état,  à  l'eau- 
forte,  dans  un  ovale  avant  l'encadrement,  état  inconnu  à  Faucheux  — 
Hossuet  (20),  il  y  i  états  au  lieu  des  2  mentionnés  par  Faucheux,  les 
épreuves  avec  la  lettre  sont  les  plus  rares,  le  nom  de  Rossuct  est  sur  la 
tablette,  mais  sans  le  nom  des  artistes  —  Madame  de  Mironton  (100),  avec  la 
tablette  blanche,  état  inconnu  à  Faucheux  —  Crébillon  (37)  —  Jean-Jacques- 
Rousseau  (132)  —  Jean-Baptiste-Rousscau  (131)  —  Pierre  Corneille  (34)  — 
Descaries  (39),  etc.,  etc. 

Mettons  en  garde  les  amateurs  contre  les  portraits  suivants,  dont  les 
cuivres  existant  à  Paris,  il  est  fait  des  tirages  au  fur  et  à  mesure  des  besoins 
de  la  vente,  planches  éreintées  ou  revirginisées  :  de  Chennevières,  Cicéron, 
Corneille,  Crébillon,  Descartes,  La  Fontaine,  M'"?  de  Maintenon,  Molière, 
Montaigne.  Regnard.  J.-B.  Rousseau,  J.-J.  Rousseau,  Vadé  et  Voltaire. 


•  Son  catalogue  a  été  fait  par  Faucheux.  Paris.  1804.  il  y  avait  joint  la  description  des  œuvres 
de  Savart  et  Grateloup.  Cette  monographie  originale  est  devenue  trèl  rare,  heureusement  que 
publiée  dans  la  Revue  l'niverselle  des  Arts,  on  en  a  fait  des  tirages  spéciaux  paginés  comme 
la  Remit'  elle-niénif. 

'  Numéro  du  catalogue  Faucheux.  —  La  classement  des  étala  est  souvent  furt  difficile,  l'artiste 
i n  ;ibusall  un  peu,  certaines  pièces  en  avalent  jusqu'à  huit. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  323 


FRAGONARD  '   (Honoré,  d'après) 
1759-1806 

L'Armoire  (eau-forte  du  Maître).  —  Deux  amoureux  cachés  dans 
une  armoire,  y  sont  surpris  par  leurs  parents  courroucés;  la  fille 
pleure,  et  le  gars  tout  penaud  baisse  les  yeux,  ramenant  contre  lui  son 
large  chapeau  à  la  hauteur  de  la  ceinture. 

Elle  existe  en  contre-partie  gravée  par  Robert  de  Launay,  et  en  manière 
de  lavis  par  Campion  ».  Cette  pièce  qui  par  le  nom  de  son  auteur  et  son 
sujet,  semblerait  devoir  être  très  recherchée,  laisse  le  collectionneur  assez 
froid  ;  il  faut  l'avoir  tout  au  moins  avant  l'adresse  de  Naudet  ;  suivant  état 
elle  vaut  de  30  à  200  francs.  —  Le  dessin  original  provenant  du  cabinet 
Varanchon  est  actuellement  chez  le  baron  Edmond  de  Rothschild. 

Les  Hasards  heureux  de  l'Escarpolette  '  (par  N.  Delaunay).  — 
Une  jeune  femme  dans  une  escarpolette,  installée  dans  un  arbre  aux 
puissantes  ramures,  est  balancée  par  son  vieux  mari  qui  est  derrière 
elle  et  ne  voit  pas,  tapis  dans  le  feuillage  par  terre,  un  amoureux  qui 
profile  de  l'envolée  des  jupes  pour  jeter  un  coup  d'œil  indiscret;  une 
mule  s'est  échappée  du  pied  droit  de  la  femme. 

Les  états  à  rechercher  sont  suivant  nous  :  le  2e  avant  toutes  lettres  et 
avant  les  armes  ;  le  3e,  avant  la  dédicace  ;  le  4e,  avec  la  dédicace  et  la  faute 
au  mol  escarpolette,  écrit  escarpolettes  comme  du  reste  à  l'état  précédent. 
Tous  ces  états  sont  avec  la  planche  carrée. 

Ventes  :  Behague,  3e  état,  700  —  Roth,  avec  la  faute  sans  autre  désignation, 
C00  ;  5e  état,  326  ;  avec  la  planche  ovale,  marge  vierge,  230  —  Walferdin, 
G15  —  Muhlbacher,  eau-forte  pure,  avant  toutes  lettres  et  avant  le  fleuron  où 
sont  les  initiales  de  Fragonard,  1000;  3*  état,  700  —  Decloux,  avec  la  faute 
et  avant  YH  avant  Fragonard  dans  le  bas  à  gauche,  700  —  Gentien,  3"  état, 
900  —  Goncourl,  eau-forte  pure,  avant  toutes  lettres,  240  —  Lacroix,  avant 
la  lettre  et  bien  avant  le  fleuron,  685;  avec  la  planche  carrée,  540;  une  autre 
du  même  état,  390  —  Patellier,  3e  état,  avant  la  dédicace,  800  ;  la  même,  avec 
la  faute,  4e  état,  doublée,  355  —  Leroy,  t.  m.,  980  —  Roux,  m.,  665. 


1  Consulter  le  remarquable  ouvrage  du  baron  Roger  Porlalis.  Honoré  Fragonard,  Paris. 
J.  Rothschild.  1889. 

2  Uyaunétat  rarissime,  avant  toutes  lettres  où  lechapeau  indispensable  cependant  n'existe  pas. 

3  M.  Henry  Lemoine,  17.  rue  Pigalle,  l'a  fait  regraver  avec  infiniment  de  perfection. 


324  ÉCOLE    FRANÇAISE 

La  Fontaine  d'Amour  —  Le  Songe  d'Amour  (par  Regnault). 

Estampe  se  faisant  pendants  ;  la  première  est  charmante,  quant  à  la 
seconde,  c'est  d'un  style  pompier  de  première  classe,  aussi  est-elle  absolu- 
ment délaissée.  A  la  vente  Lacroix,  les  deux  pièces  furent  adjugées  480  francs. 
Le  Songe  était  avant  la  lettre  ;  deux  autres  exemplaires  avec  la  lettre  grise 
atteignirent  245  francs. 


L'Amour  —  La  Folie  (par  Janinet). 

Petites  fadaises  qui  se  payent  encore  assez  cher,  malgré  qu'elles  soient 
dénuées  de  toute  valeur  artistique. 

Ventes  :  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres,  les  noms  des  artistes  à  la  pointe 
seulement,  565  —  Destailleur,  avec  la  lettre,  420  —  Bayard,  441  —  Gentien, 
g.  m.,  700  —  C.  J.  et  G.  K.,  très  g.  m.,  fraîcheur  immaculée,  1910  — 
Lelong,  1950. 


La  Chemise  enlevée  '  (par  Guersant).  —  Une  jeune  femme 
demi-nue  sur  son  lit,  auquel  un  Amour  cherche  à  arracher  sa 
chemise,  son  dernier  voile  ;  la  femme  est  couchée  sur  le  flanc  gauche. 
Au  pied  du  lit,  une  torche  renversée. 

Nous  n'avons  jamais  rencontré  cette  estampe  qu'avec  la  lettre. 

Ventes  :  Behague,  g.  m.,  550  —  Muhlbacher,  g.  m.,  430  —  Decloux,  155  — 
Pavie,  g.  m.,  280  —  Concourt,  60  —  Lacroix,  remargée,  42. 

Ma  Chemise  brûle  (par  Legrand). 

Cette  estampe  existe  aussi  coloriée,  elle  vaut  suivant  état  de  60  à  180  francs. 
En  1898,  à  la  vente  du  marquis  de  Chenue vières  le  dessin  original  à  la 
sépia  fut  adjugé  16600  francs. 

La  Gimblette  (par  Bertony).  —  Couchée  demi-nue  sur  un  lit  en 
désordre,  une  petite  femme  à  l'air  émoustillée  tient  sur  ses  jambes  en 
l'air  et  demi-ployées,  un  carlin. 

Ventes  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres,  avant  les  armes  et  avant  la 
draperie  qui  cachent  les  parties  de  la  femme,  121;  avant  toutes  lettres,  mais 
avec  la  draperie,  100  —  Kinnen,  avant  la  draperie,  107—  L.  Galichon,  avant 
la  draperie,  127  —  Pichon,  une  pièce  en  couleurs  la  rappelant,  signée  à  la 
plume  Albane  Dagoty,  2100,  rarissime;  celle  de  Bertony,  50  —  Concourt, 
avant  les  armes  et  avant  la  dédicace,  35. 


i  Quand  cette  estampe  parut  en  juin  1787.  son  prix  de  publication  ctail  de  3  livres. 


hCOLE    FRANÇAISE  325 

A  noter  encore  comme  pièces  gracieuses  et  très  connues  du  Maître,  mais 
atteignant  des  prix  relativement  modestes:  La  bonne  Mère,  par  N.  de  Launay; 
Le  Verrou  '  —  Le  Contrat  (par  Blot)  —  Le  Verre  d'eau  —  Le  Pot  au  lait  (par 
Ponce)  —  Les  Pétards  —  Les  Jets  d'eau  (par  Auvray).  Il  y  a  aussi  une  suite  « 
tout  à  fait  charmante  de  cinq  pièces  ovales  équarris  en  travers  intitulées  : 
Les  Beignets  —  Le  petit  Prédicateur  —  L'Education  fait  tout  —  Dites  donc  s'il 
vous  plail  —  L'Heureuse  fécondité,  toutes  gravées  par  Nicolas  de  Launay;  il 
faut  tâcher  de  les  avoir  avant  la  dédicace,  le  cuivre  est  alors  dans  sa  fleur  et 
les  épreuves  en  sont  souvent  éblouissantes.  Il  existe  en  agrandissement  des 
épreuves  en  couleurs  de  Dites  donc  s'il  vous  plait,  par  Gautier  Dagoty,  elles 
sont  d'une  rareté  extraordinaire.  Un  exemplaire  passa  à  la  vente  Delacroix, 
où  il  fut  adjugé  480  francs.  A  la  vente  de  Goncourt  le  dessin  original  en 
bistre  de  cette  gravure  fut  payé  12000  francs  par  M.  Gaston  Menier,  croyons- 
nous.  A  noter  encore  deux  pièces  :  La  Curiosité  et  La  Nature  gravées  toutes 
deux  par  Gérard  et  qui  sont  introuvables. 


FREUDEBERG  (Sigismond,  d'après) 

1745-1801 


Dessinateur  de  la  première  série  du  célèbre  Monument  du  Costume  (1774) 
dont  voici  les  douze  titres  3  avec  les  noms  de  leurs  graveurs  : 

Le  Lever  (Romanet)  —  Le  Bain  (Romanet)  —  La  Toilette  (Voyez  Major)  — 
L'Occupation  (Lingée)  —  La  Visite  inattendue  (Voyez  Major)  —  La  Promenade 
du  Matin  (Lingée)  —  Le  Boudoir  (Malœuvre)  —  Les  Confidences  (Lingée)  — 
La  Promenade  du  Soir  (Ingouf)  —  Soirée  d'Hyver  (Ingouf  Junior)  — 
L'Evénement  au  Bal  (Duclos  et  Ingouf  Junior)  —  Le  Coucher  (Duclos  et 
Bosse). 

Cette  première  suite  est  inférieure  au  point  de  vue  artistique  aux  deux 
autres  de  Moreau  le  jeune  qui  la  complètent.  La  pièce  détachée  est  toujours 
intéressante,  mais  au  point  de  vue  du  collectionneur  c'est  l'acquisition  en 
bloc  de  la  série  qui  s'impose;  si  on  est  patient  on  pourra  néanmoins 
attendre  l'occasion  pour  la  former,  mais  c'est  quelquefois  long,  songez  donc, 
trente-six  pièces  à  acheter  une  à  une... 


1  Le  dessin  original  provenant  de  la  collection  Varanchon  est  actuellement  chez  le  baron 
Edmond  de  Rothschild. 

*  On  peut  y  joindre  encore  du  même  graveur  et  du  même  format  :  La  Gaieté  conjugale  —  La 
Félicité  villageoise  d'après  Freudeberg  —  L'Enfant  chéri  —  Le  Bonheur  du  Ménage  d'après 
Le  Prince  —  Le  Poète  Anacréon  d'après  Haudouin  —  La  Gaieté  de  Silène  d'après  Bertin  —  L'Abus 
de  la  Crédulité  d'après  Aubry  —  Les  Regrets  mérités  d'après  M"'  Gérard  —  C'est  Papa  d'après  Van 
Gorp.  Ces  14  estampes  figuraient  au  catalogue  Morgand,  n*  40,  en  mars  1897.  dans  une  demi- 
reliure  oblongue  du  xvm*  siècle,  elles  y  étaient  cotées  500  francs. 

3  Quelqufois  on  joint  au  Monument  du  Costume  de  Moreau  le  jeune,  édition  de  Neuwied-sur- 
le-Rhin,  L'Heureuse  Union  (Bosse)  et  Les  Mœurs  du  Temps  (Ingouf  aîné),  cette  dernière  estampe 
quand  le  privilège  et  la  bordure  ont  disparu  prend  le  titre  de  La  Surprise. 


326  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Mentionnons  à  titre  de  curiosité  —  car  c'est  en  dehors  de  notre 
programme  —  les  prix  de  quelques-uns  des  dessins  originaux  passés  dans 
les  ventes  de  ces  dernières  années  :  Le  Bain,  à  la  sépia,  vente  Josse 
5400  francs  ;  L'Occupation,  une  première  pensée  à  l'encre  de  chine,  vente 
Decloux  1050;  La  Visile  inattendue,  sépia  rehaussée  de  blanc,  vente  Josse 
2100  francs!!  il  l'avait  payée  à  celle  de  Mailand  4550;  Le  Boudoir,  bistre  sur 
traits  de  plume,  vente  Concourt  6000;  Soirée  d'Hijver,  sépia  rehaussée  de 
blanc,  vente  Josse  2150,  il  l'avait  achetée  à  Mailand  2220;  L'Evénement  au 
Bat,  sépia,  adjugée  vente  Josse  1250,  à  celle  de  Behague  il  l'avait  payée  1550; 
Le  Coucher,  bistre  sur  traits  de  plume,  adjugé,  à  la  vente  de  Concourt,  à 
M.  Muhlbucher  7100  et  revendu  à  la  vente  de  ce  dernier  8200;  Les  Mœurs  du 
temps,  gouache,  adjugée  vente  Josse  1250,  elle  avait  été  payée  4000  à  la  vente 
Behague  '.  —  Voici  les  prix  obtenus  pour  les  trois  suites  (Freudeberg  et  Moreau 
le  jeune)  dans  les  ventes  importantes  de  ces  dernières  années  : 

Behague,  la  première  suite  avec  quinze  feuilles  de  texte,  titre  compris, 
avant  les  numéros,  texte  et  estampes,  marges  vierges,  2100  ;  la  deuxième  suite 
avec  le  privilège,  marge  vierge,  1700.  A  la  vente  de  la  bibliothèque  de  ce 
même  amateur,  la  première  suite,  texte  et  gravure  avec  la  tablette  blanche, 
t.  m.,  6520;  la  deuxième  et  la  troisième  suite,  texte'  et  planche  avant  la 
lettre,  17100  —  Roth,  première  suite,  avant  les  numéros,  t.  m.,  7000;  la 
deuxième  suite,  avec  le  privilège,  t.  m.,  2810;  la  troisième  suite,  avec  la 
lettre,  505  —  Muhlbacher,  première  suite,  avec  quinze  feuilles  de  texte... 
c'est-à-dire  état  Behague,  4000;  la  deuxième  suite,  avec  le  privilège,  marge 
vierge,  2450;  la  troisième  suite,  avec  le  privilège,  marge  vierge,  3200  ;  vingt-six 
pièces  —  deuxième  et  troisième  suites  —  de  l'édition  de  N'euwied-sur-le-Rhin, 
700  —  Aubin,  première  série,  avant  les  numéros,  1100  —  Marquis3  les  trois 
suites,  épreuves  reliées  de  toute  fraîcher,  14800  —  Destailleur,  les  trois 
suites  en  un  volume  avec  le  texte,  les  Moreau  sont  avec  le  privilège,  on  y  a 
joint  Les  Mœurs  du  temps  et  l'Heureuse  Union,  12000;  la  deuxième  suite 
réduite,  avec  le  titre,  1015  — Millier,  les  trois  suites,  exemplaire  non  rogné, 
les  Moreau  avec  le  privilège,  les  Freudeberg  avant  les  numéros,  10200  —  Le 
Barbier  de  Tinan,  la  deuxième  suite  en  réduction,  avec  le  privilège,  et  le 
quatrain,  1205  —  De  la  Béraudière,  la  même,  exemplaire  broché,  non  rogné 
et  le  titre  gravé  qui  est  rarissime,  1000  —  Bardin,  deuxième  et  troisième 
suites,  avec  le  privilège,  non  ébarbées,  4750  —  Guyot  de  Villeneuve,  les  trois 
suites  dans  un  seul  volume  maroquin  rouge  avec  dentelles,  dos  orné  reliure 
de  Cuzin,  non  rogné,  avec  le  litre  si  rare  de  la  troisième  suite,  les  Freudeberg 
avant  les  numéros,  les  Moreau  avec  le  privilège,  21000';  même  vente,  la 
deuxième  suite  en  réduction,  905. 

Le  Petit  Jour  (par  N.  de  Launay).  —  Dans  un  élégant  intérieur, 
une  jolie  jeune  femme,  la  gorge  demi-nue,  est  debout  le  dos  tourné  à 


'  A  la  venu  de  la  bibliothèque  en  issu  (celle  îles  estompes  ont  Hou  on  1877). 
»  On  ne  connaît  que  i  exemplaires  contenant  le  texte  si  rare  de  la  S*  lutte. 

\  ente  telle  en  îton. 
*  Cet  exemplaire  d'une  fraîcheur  et  d'une  conservation  exceptionnelles  resté  dans  les  couver- 
tures ortgtnalei  fut  trouvé  chez  un  marchand  Hollandais. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  827 

la  cheminée,  en  train  de  se  faire  habiller  par  sa  camériste,  pendant 
qu'un  jeune  seigneur  assis  devant  elle  les  jambes  croisées  dans  un 
fauteuil,  lui  tient  des  propos  galants. 

Ventes  :  Behague,  eau-forte  avant  toutes  lettres  et  avant  les  armes,  les 
panneaux  du  fond  décorés  d'ornements  supprimés  dans  la  suite,  700;  avant 
la  lettre,  avec  la  tablette  blanche,  les  noms  des  artistes  à  la  pointe,  480  — 
Wasset,  avec  la  lettre,  200  —  Muhlbacher,  eau-forte  état  Behague,  710;  avant 
la  dédicace,  481  —  Hocquart,  avec  la  lettre,  g.  m.,  210  —  Decloux, 
200  —  Kinnen,  195  —  Bayard,  200  —  Gentien,  480;  une  autre  épreuve, 
255  -  Patellier,  305. 

La  Leçon  de  Clavecin  —  La  Leçon  de  Guitare  (?) 

Pièces  au  trait  et  coloriées,  extrêmement  rares.  —  Le  dessin  original  à  l'encre 
de  chine  de  La  Leçon  de  Clavecin  fut  adjugé,  à  la  vente  Decloux,  1100  francs  ; 
il  était  encadré. 

Ventes  :  Muhlbacher,  400  —  Decloux,  310  —  Destailleur,  160  —  Baudet, 
327  -  De  G.,  135  -  Josse,  340  -  Pavie,  315  -  C-  J.  et  G.  K.,  300  - 
Leroy,  220. 


GARNERAY   (F.-J.,  d'après) 
1787- ? 

Le  Roman  (par  Mixelle).  —  Près  d'un  feu  qui  flambe  et  protégée 
par  un  paravent  qui  est  derrière  elle,  une  jeune  femme  accoudée  sur  une 
table,  lit  un  roman  ;  entre  ses  jambes,  que  la  jupe  relevée  laisse  voir, 
un  chat  la  queue  en  l'air  gratte  de  sa  patte  le  pied  droit  de  sa 
maîtresse. 

Le  Matin  (par  Mixelle).  —  A  cheval  sur  un  bidet  et  coiffée  d'un 
bonnet,  de  profil  à  gauche,  une  femme  se  livre  à  des  soins  de  toilette 
intime. 

Pièces  en  couleur,  rarissimes,  surtout  à  rencontrer  réunies,  la  première 
parut  en  septembre  1789. 

Ventes  :  Muhlbacher,  Le  Roman  est  avant  le  jupon  rallongé,  210  —  Aubin, 
état  Muhlbacher,  200  —  Decloux,  Le  Roman  en  noir,  85  —  Baudet,  épreuves 
encadrées,  600  —  Josse,  état  Muhlbacher,  710  —  Ligaud,  Le  Roman  seul 
avant  le  jupon  rallongé,  310  —  Pavie,  état  Muhlbacher,  1000  —  Pavie,  même 
condition,  860  —  Leroy,  720. 


328  ÉCOLE    FRANÇAISE 

GAUCHER'  (Charles-Etienne) 

1741-1804 

Couronnement  de  Voltaire  sur  le  théâtre  français,  le  30  mars 

1778  (P  et  B  18). 

Le  bel  étal  est  celui  avec  les  armes,  la  dédicace  à  M">«  de  Villette  et 
l'adresse  chez  l'auteur  rue  Saint-Jacques,  etc.,  à  rejeter  celui  portant 
adresse  de  Naudet.  Cette  estampe  est  un  bijou  ainsi  que  :  Charles  Le  Kormanl 
du  Coudrai]  (98)  —  Fortunée  Briquet  (29)  —  Madame  du  Barri/  »  —  Baronne 
de  Xoyelles  (125)  —  Comtesse  de  Carcado  (34)  —  Marie-Antoinette  (110), 
adorable  vignette,  d'après  Moreau  le  jeune,  pour  les  Annales  du  régne  de 
Marie-Thérèse,  par  Fromageot,  1775  —  Madame  Roland  (Ml).  —  Toutes  ces 
pièces  se  recommandent  d'une  façon  très  particulière  à  l'attention  de 
l'amateur,  étant  donnée  la  valeur  exceptionnelle  du  Maître  qui  les  a  gravées 
et  dont  la  spécialité  était  le  portrait,  mais  surtout  la  vignette. 

GRATELOUP3  (Jean-Baptiste  de) 

1735-1817 

Les  portraits  de  Grateloup  sont  d'absolues  merveilles  de  finesse,  aucun 
artiste  non  seulement  ne  l'a  égalé,  mais  aucun  ne  l'a  même  approché;  ses 
estampes  —  si  l'accouplement  de  ces  mots  ne  semblait  pas  hurler  —  ont 
pour  l'œil  l'aspect  d'adorables  miniatures  en  manière  noire*. 

Grateloup  cessa  de  graver  en  1771,  comme  l'atteste  sa  correspondance  en 
mars  1809  avec  M.  Joly,  conservateur  des  Estampes  à  Paris;  il  tirait 
lui-même  ses  cuivres,  trouvant  que  les  imprimeurs  ne  le  faisaient  pas  à  sa 
satisfaction.  On  peut  dire  que  son  procédé  est  resté  inconnu,  il  gravait  sur 
acier,  croit-on,  et  la  dimension  de  ses  planches  ne  dépassait  pas  celle  d'une 
grande  carte  de  visite. 

L'œuvre  ne  se  compose  que  de  neuf  portraits  que  voici,  avec  le  numé- 
rotage du  catalogueur  Faucheux  : 

1.  Bostuet,  en  pied  d'après      II.  Rigaud. 

2.  Bostuet,  en  buste  »  II.  Rigaud. 
.'!.     Descartes                                       »            F.    Hais. 


'  Consulter  :  Charles-Etienne  Gaucher  par  le  baron  R.  Portalis  et  Henri  bralbel,  Paris. 
Morgand  <-t  l'atout.  1879. 

*  M.  I iTtri  Bèraldl  possède  l'une  des  deux  épreuves  connues  de  l'eau-forte;  t'éminent 
écrivain  d'art  a  do  reste  an  polnl  de  vue  il.-  la  qualité,  1res  probablement  lu  y/a*  richi  collection 
existante  on  portraits  des  xvn-  et  wiir-  siècle,  dont  il  a  sn  réunir  près  de  16000  pièces  ! 

j  Voir  le  catalogue  dressé  de  son  muvre  par  Faucheux,  l'ai  is.  1864. 

'  il  Tant  prendre  uni'  loupe  pour  distinguer  las  tailles,  a  l'œil  un  elles  sont  tellement 
invisibles  qu'on  se  croirait  en  présence  d'un  véritable  lavis. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  329 

4.  John  Drycien  d'après  G.  Kncller. 

5.  Fénelon  »  J.   Vivien. 

6.  Advienne  Lecouureur  »  Ch.  Co3'pel. 

7.  Montesquieu  »  I.   Dassier. 

8.  Melchior  de  Potiynac  i>  H.  Rigaiul. 

9.  J.-B.- Rousseau  »  .1.   Aved. 

Le  premier  portrait  gravé  est  celui  de  Poliynac  en  1765,  le  dernier  celui  de 
Bossuet  en  pied  en  1771. 

Mis  Portalis  et  Béraldi  nous  apprennent  qu'un  des  plus  beaux  œuvres 
formés,  le  fut  par  l'intendant  militaire  Le  Cauchois  Féraud,  il  le  tenait  de  la 
famille  de  l'artiste,  et  contenait  les  neuf  portraits  en  vingt  états  différents, 
plus  trois  pièces  du  Dr  de  Grateloup,  neveu  du  Maître,  le  tout  fut  adjugé 
5200  francs  en  octobre  1869  au  libraire  Fontaine  ;  cet  œuvre  est  actuellement, 
croyons-nous,  dans  la  collection  du  Prince  Alexandre  Bibcsco.  —  A  la  vente 
Chartener',  le  Bossuet  en  pied*,  sur  chine,  t.  m.  et  avant  la  date,  fut  adjugé 
185  francs,  il  provenait  de  chez  Robert  Dumesnil.  A  la  vente  L.  Galichon  les 
neuf  pièces  410  francs.  Enfin,  en  1900,  à  la  vente  Guyot  de  Villeneuve,  les  neuf 
portraits  en  différents  états  formant  seize  pièces  montées  sur  bristol  en  un 
volume  in -4°,  furent  adjugés  2920  francs,  ils  furent  rachetés,  croyons-nous, 
par  un  membre  de  la  famille.  Cette  collection,  de  condition  exceptionnelle, 
avait  été  composée  par  le  graveur  lui-même  qui  en  avait  fait  hommage  au 
comte  de  Montalivet,  alors  ministre  de  Napoléon  1er.  H  y  avait  là  un  portrait  de 
Polignac  d'un  état  inconnu  à  Faucheux,  c'est-à-dire  avec  la  lettre  AT  redressée 
mais  avant  le  cadre,  état  intermédiaire  entre  le  2e  et  le  3e.  Cette  estampe,  qui 
est  un  bijou,  ne  satisfaisait  pas  cependant  complètement  l'artiste  parait-il  ; 
c'était  un  de  ses  premiers  essais. 

Nous  avons  découvert  au  Département  des  Estampes  un  portrait  de  femme 
d'après  Grimou  qui  n'est  pas  mentionné  dans  Faucheux,  ni  dans  Béraldi  et 
Portalis,  en  voici  la  description  :  Dans  un  ovale  sans  aucun  ornement,  une 
jeune  femme  à  mi-corps  de  trois  quarts  à  gauche  regarde  de  face,  elle  porte 
une  collerette  de  linon  tuyautée  souple  et  une  plume  à  la  toque.  En  haut  de 
l'ovale:  Grimou  pinxit,  en  bas:  J.  B.  G.  Aquensis  sculp.  Il  y  avait  une 
seconde  épreuve  plus  pâle,  nous  supposons  que  le  cuivre  avait  dû  être  passé 
au  charbon  de  bois  additionné  d'eau-forte. 


GREUZE   (J.-B.,  d'après) 
1725-1805 

La   Philosophie  endormie  '   (eau-forte   de    Moreau   le  jeune, 
burin  de  Aliamet).  —  Assise  dans  un  fauteuil,  légèrement  rejetée  en 


i  En  1885. 

2  Ce  portrait  est  considéré  comme  son  chef-d'œuvre,  dans  celui  en  buste  la  main  est  trop  grande. 

'  A  l'exception  de  cette  pièce,  de  La  Cruche  cassée  et  de  La  Laitière,  les  Greuze  sont  peu 
recherchés  avec  la  lettre,  ils  n'ont  d'intérêt  pour  l'amateur  qu'en  avant  lettre.  —  Les  associés  de 
l'artiste.  Massard.  Plipart,  Levasseur  et  Gaillard,  signaient  quelquefois  au  verso  et  à  l'encre  leurs 
épreuves,  les  collectionner  de  préférence  comme  étant  de  tirage  supérieur. 


330  ÉCOLE    FRANÇAISE 

arrière,  le  dos  soutenu  par  un  large  oreiller,  une  jeune  femme  coiffée 
d'un  bonnet  est  endormie,  son  bras  droit  s'appuie  sur  une  table 
chargée  de  livres,  un  chien  est  sur  ses  genoux  et  l'on  voit  à  ses  pieds 
un  tambour  à  broder. 

Ventes:  Didot,  g.  m.,  115  —  Maherault,  eau-forte  avancée,  390  — 
Muhlbacher,  eau-forte  avant  toutes  lettres,  le  corsage  est  boutonné  jusqu'au 
cou,  plus  tard  il  a  été  ouvert  et  laisse  apercevoir  la  chemise,  400;  avant  la 
dédicace,  205  —  Mailand,  eau-forte  état  Muhlbacher,  700;  avant  la  dédicace 
et  l'adresse  d'Aliamet,  120  —  Kinnen,  même  état,  180  —  Bayard,  avec  la 
lettre,  t.  m.,  122  —  Pavie,  avant  toutes  lettres,  265  —  Goncourt,  51'  — 
Lacroix,  110  —  Defer  Dumcsnil,  le  corsage  est  boutonné,  très  rare,  660  — 
Roux,  états  d'eau-forte  imprimés  au  recto  et  au  verso  de  la  même  feuille, 
230  francs. 

La  Cruche  cassée  (par  Massard). 

Trop  connue  pour  la  décrire,  est  toujours  fort  recherchée  à  cause  même 
de  sa  popularité,  mais  surtout  en  avant  lettres. 

Ventes:  Roth,  eau-forte  pure,  450;  avec  la  lettre,  marge  vierge,  282  — 
Muhlbacher,  avant  toutes  lettres,  la  tablette  non  terminée,  1401  ;  autre  état 
signé  au  verso,  410  —  Marquis,  avant  la  lettre,  855  —  Kinnen,  même  état, 
g.  m.,  1500  —  Destailleur,  épreuve  signée  au  verso,  165  —  Bayard,  épreuve 
signée  par  Massard,  marge  vierge,  200  —  Goncourt,  avant  toutes  lettres  et 
avant  la  tablette  non  terminée,  420  —  Greppc,  eau-forte  avancée,  250  — 
Lacroix,  avec  la  lettre,  140  —  Defer  Dumesnil,  signée  au  verso  par  Greuze 
et  Massard,  140  —  C.  J.  et  G.  K.,  avant  l'adresse  de  Greuze  signée  au  verso, 
des  artistes,  375  —  Roux,  190. 

La  Laitière  (par  Levasseur).  —  Coiffée  d'un  bonnet,  la  tête 
penchée  un  peu  à  gauche,  la  gorge  légèrement  découverte,  une  jeune 
femme,  le  bras  appuyé  sur  le  cou  d'un  cheval,  regarde  de  face; 
elle  tient  une  mesure  à  lait. 

Ventes:  Behague,  avec  la  lettre,  95  —  Roth,  même  état.  g.  m.,  127  — 
Muhlbacher,  avant  toutes  lettres  cl  avant  la  tablette,  150;  avec  le  titre,  le 
nom  des  artistes  sans  aucune  autre  lettre,  g.  m.,  ion  -  Malinet,  avant  toutes 
lettres,  360  —  Destailleur,  avec  la  lettre,  140—  Kinnen,  avant  toutes  lettres, 
g.  m.,  1010  —  Lacroix,  remargée,  142. 

Signalons  la  jolie  pièce  de  La  petite  Fille  au  Chien,  par  Porporali,  qui, 
avant  toutes  lettres,  vaut  dans  les  800  ;'i  10(1(1  francs  —  L'Oiseau  mort,  par 
Fliparl,  et  /."  Tricoteuse  endormie,  par  Jardinier,  qui,  avant  toutes  lettres,  se 
payent  de  200  à  300  francs. 

Mentionnons  aussi  la  seule  eau-forte  gravée  par  le  Maître  lui-même,  La 
jeune  Savoyarde  :  De  face  et  la  tète  légèrement  penchée  à  droite  elle  regarde 
par  terre,  les  bouts  de  son  fichu  noués  par  devant,  viennent  rentrer  dans 
l'ouverture  de  son  corsage,  elle  est  coiffée  d'une  marmotte  attachée  sous  le 


ÉCOLE    FRANÇAISE  331 

menton.  Sous  le  trait  carré  à  gauche  dans  le  coin  l'initiale  G  de  l'artiste 
Pièce  de  la  plus  insigne  rareté  gravée  en  116."),  nous  ne  l'avons  jamais  vue 
passer  en  vente.  Un  exemplaire  existe  dans  la  collection  de  M.  Eugène 
Boismen,  de  Nantes.  —  On  lui  attribue  quelquefois  aussi  une  tétc  de  jeune 
femme,  mais  sans  preuve. 


HIGKEL  (Antoine,  d'après) 

Marie-Antoinette  (par  S.  Malgo).  —  Elle  est  assise  sur  un 
canapé,  de  trois  quarts  à  droite,  le  coude  droit  repose  sur  un  coussin 
placé  sur  un  guéridon.  Les  cheveux  sont  relevés  et  ornés  de  plumes, 
un  long  voile  retombe  par  derrière,  un  bouquet  est  fixé  à  droite  sur  le 
haut  du  corsage  qui  est  légèrement  échancré.  Au  fond  de  l'estampe  à 
droite,  on  distingue,  mais  difficilement,  le  buste  de  Louis  XVI  sur  un 
fût  de  colonne.  Dans  la  marge  du  bas  :  Peint  d'après  nature. . . 

Pièce  en  manière  noire  publiée  à  Londres  le  P'  mars  1794.  —  Cette  estampe 
est  laide  et  les  bras,  trop  grêles,  sont  mal  dessinés;  intéressante  seulement 
par  sa  rareté,  elle  peut  valoir  de  500  à  600  francs. 

Princesse  de  Lamballe  (par  le  même).  —  La  jolie  et  infortunée 
princesse,  un  fichu  de  dentelle  jeté  sur  les  épaules,  est  assise  de  profil 
à  droite  devant  un  petit  bureau  en  train  d'écrire  une  lettre,  elle 
regarde  presque  de  face,  le  coude  droit  est  appuyé  et  sa  main  tient 
une  plume  d'oie  ;  elle  semble  réfléchir;  sur  le  bureau,  un  petit  vase 
de  fleurs  est  posé  devant  elle.  A  gauche,  une  draperie  près  de  laquelle 
est  une  colonne  surmontée  d'un  buste. 

Estampe  également  en  manière  noire  mais  de  beaucoup  supérieure  à  la 
précédente  et  d'une  insigne  rareté,  elle  fut  publiée  à  Londres  en  1793  et  peut 
valoir  de  500  à  800  francs.  —  La  toile  originale  a  figuré  à  l'exposition  de  l'Art 
français  en  mai  1888. 


HOIN1  (Claude,  d'après) 

1750-1817 

Madame  Dugazon  (par  Janinet,  1787).  —  Assise  sur  un  banc 
dans  un  parc,  le  corps  de  trois  quarts  à  droite  légèrement  penché  en 


l  Consulter  la  belle  étude  que  lui  a  consacrée  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts  du  1"  décembre 
1809,  le  baron  Roger  Portalis  le  savant  écrivain  d'art  notre  ami. 


332  ÉCOLE    FRANÇAISE 

avant,  elle  regarde  à  gauche,  une  main  est  appuyée  sur  le  banc, 
l'autre  tient  négligemment  une  branche  de  roses.  Au  cou,  un  fichu 
de  tulle  ;  dans  les  cheveux  bouclés,  une  rose.  Son  manteau  est  jeté 
sur  un  des  bras  du  siège.  Au  fond,  la  campagne  avec  un  pont  et  une 
montagne  ;  à  droite,  une  grille. 

Elle  est  représentée  dans  son  rôle  Nina  ou  La  Folle  par  amour  :  Hélas  .' 
hélas  !  le  bien-aimé  ne  revient  pas  !  Estampe  en  couleurs  fort  recherchée 
et  rare. 

Ventes  :  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres  et  la  marge  vierge,  rarissime  dans 
ces  conditions,  3350  —  Hocquart,  avant  toutes  lettres,  600  —  Pavie,  avant 
toutes  lettres,  t.  m.,  1900  —  C.  J.  et  G.  K.,  avant  la  lettre,  dans  un  cadre 
ancien,  800. 


JANINET  (François,  par) 

1752-1813 

Rose  Bertin  '.  —  Dans  un  ovale  presque  de  face,  cheveux 
bouclés  et  étages  surmontés  d'une  mousseline  formant  bonnet,  un 
fichu  jeté  sur  les  épaules  vient  se  nouer  sur  un  corsage  décolleté. 

Très  rare  et  remarquable  pièce  en  couleurs  sans  nom  de  personnage. 

Ventes:  Michelot,  avant  toutes  lettres,  106  —  Muhlbacher,  seulement  le 
nom  de  l'artiste  à  la  pointe,  350  —  Vignères,  320  —  Roth,  marge,  320. 

Marie-Antoinette.  —  A  mi-corps  dans  un  médaillon,  elle  regarde 
de  face,  les  cheveux  sont  relevés,  ornés  de  plumes,  de  perles  et  de 
rubans  avec  une  aigrette  de  diamants  ;  deux  boucles  frisées  retombent 
sur  les  épaules  ;  le  corsage  en  pointe  est  orné  sur  le  milieu  d'un  lys 
brodé,  il  est  décolleté  et  orné  de  pierreries,  les  manches  sont  agré- 
mentées de  volants  de  dentelles,  et  sur  les  épaules  le  manteau  royal 
doublé  d'hermines  et  fleurdelysé  est  jeté. 

Cette  pièce  en  couleurs  est  accompagnée  d'un  encadrement  mobile  orne- 
menté or  et  bistre  que  l'on  fixe  à  l'aide  de  charnières  sur  le  côté  gauche  de 
l'estampe.  —  Extrêmement  recherchée. 

Ce  portrait  a  été  reproduit  en  réduction  par  Boussod,  Valadon  et  C'1',  dans 
le  bel  ouvrage  La  Reine  Marie- Antoinette,  de  M.  Pierre  de  Nolhac. 

Ventes:  Hehaguc,  avec  la  lettre,  420  —  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres  et 
avec    l'encadrement  mobile,  2850;  avec   la   lettre  et   l'encadrement  700  — 


1  Marchande  do  modes  de  Mnrie-Antoinelte. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  333 

Labéraudière,  mêmes  conditions,  405  —  Roth,  sans  le  cadre,  t.  ni.,  1300;  le 
cadre  en  bistre,  600  —  Pavie,  avec  le  cadre  mobile,  1300  —  G.,  avec  le 
cadre,  1250  —  Ducoin,  avec  le  cadre,  520  —  Rothi,  avec  le  cadre,  1520  — 
Gentien,  avec  le  cadre,  1520  —  Goncourt,  avec  le  cadre,  750. 


JAZET  (J.-P.-M.) 

Voir  au  xix'  Siècle. 

KRANZINGER  (d'après) 
? 

Marie-Antoinette  (par  Louis  Bonnet).  —  Dans  un  médaillon 
fixé  sur  une  tablette  rectangulaire  et  reposant  sur  un  socle,  la  Reine 
est  à  mi-corps,  tournée  de  trois  quarts  à  gauche  et  regardant  de  face, 
coiffure  demi-haute  avec  de  grosses  nattes  roulées  derrière  la  tète,  un 
épais  nœud  de  ruban  sur  un  corsage  décolleté,  un  collier  de  perles  et 
un  manteau  de  fourrure.  Dans  la  tablette  :  Marie-Antoinette  II  Sœur  de 
VEmpr  Archiduchesse  née  à  Vienne  le  2  Novre  1755  ;  puis  sous  le  trait 
carré  :  Gravé  par  Louis  Bonnet. . . 

C'est  un  des  portraits  les  plus  rares  de  la  Reine,  peut-être  même  le  plus 
rare,  il  est  en  imitation  de  pastel  et  de  format  in-12.  —  Il  existe  en  contre-partie 
par  le  même  artiste. 

Ventes:  Ducoin,  570  —  Decloux,  296;  le  même,  en  contre-partie  et  en  noir, 
90  —  Goncourt,  avant  toutes  lettres,  700;  le  même,  en  contre-partie,  145. 

LAGRENÉE  (J.-J.,  d'après) 
1740-1821 

L'Oiseau  privé  (par  Janinet).  —  Sous  son  chapeau  un  jeune 
paysan  est  censé  tenir  sur  ses  genoux  un  oiseau  que  des  petites  filles 
examinent  avec  curiosité. 

Nous  ne  la  connaissons  qu'en  avant-lettre,  elle  vaut,  selon  sa  conservation, 
150  à  200  francs. 


1  Deuxième  vente  en  1896;  celle  précédemment  mentionnée  était  de  1888,  il  y  en  avait  encore 
eu  une  autre  en  1878. 


334  ÉCOLE   FRANÇAISE 

LANGRET'  (Nicolas,  d'après) 

1690-1743 


Signalons  particulièrement:  Les  quatre  Saisons  —  Les  quatre  Ages  de  la 
Vie  —  Les  quatre  Heures  du  Jour  —  Le  Repas  Italien  (par  Le  Bas)  —  Le  Jeu  de 
Colin-Maillard  —  Le  Jeu  des  quatre  Coins  —  Le  Jeu  de  Pied  de  Bœuf  —  Le  Jeu 
de  Cache-Cache  Mitoulas  —  La  Conversation  —  La  Partie  de  Plaisir  —  La 
Visite  Matinale,  une  des  plus  jolies.  En  somme,  œuvre  quelquefois  inté- 
ressant mais  peu  recherché  et  de  petits  prix,  bien  peu  de  pièces  dépassent 
150  francs  et  encore  ces  dernières  sont-elles  fort  rares. 


LAVEREINCEï  (Nicolas,  d'après) 

1737-1807 


Les  estampes  d'après  ce  Maître,  dont  quelques-unes  en  couleurs,  sont  parmi 
les  plus  recherchées  de  notre  école.  —  M.  Bocher  en  relève  soixante-trois, 
plus  dix  attribuées.  Certaines  atteignent  des  prix  fort  élevés  comme  on  va 
pouvoir  en  juger,  parmi  celles-ci  il  y  en  a  d'adorablement  jolies. 


Ah  !  laisse-moi  donc  voir  (par  Janinet)  —  B  2.  —  Dans  un 
parc,  un  couple  se  dirige  vers  la  gauche,  l'homme  a  posé  son 
chapeau  sur  le  priape  d'une  statue  de  Silène,  ce  qui  lui  vaut  de  la 
part  de  sa  compagne  l'apostrophe  qui  lait  le  litre  de  la  gravure. 

Pièce  en  couleurs. 

Ventes:  Behague,  avec  la  lettre,  t.  m.,  240  —  Hoth,  1«'  état  avant  toutes 
lettres,  400  —  Muhlbachcr,  même  état,  t.  m.,  1100  —  Decloux,  avec  la  lettre, 
m.,  240;  sous  le  titre  Dois  d'Amour,  sans  doute  le  3L'  étal  de  Bocher,  où  le 
côté  libre  a  disparu  pour  faire  place  à  un  portrait  qu'un  amant  aurait  disputé 
usa  belle,  avec  le  Bosquet  d'Amour,  deux  pièces,  G3  —  Destailleur,  avec  la  lettre, 
t.  m.,  305  —  Kinnen,  même  état,  225  —  Pavie,  avant  toutes  lettres,  t.  in.,  065  — 
Bayard,  avant  toutes  lettres,  220  —  Baudet,  t.  m.,  325  —  Josse,  l'exemplaire 
de  Muhlbacher,  600  !!  —  Pichon,  125  —  Gentien,  avec  la  lettre,  t.  m.,  250  — 
Ligaud,  avec  la  lettre,  extrêmement  fraîche,  515  —  Patellier,  g.  m.,  300  avec  la 
lettre  —  Houx,  '■'•'■>'>■ 


>  Voir  le  catalogue  de  M.  Emmanuel  Hocher,  l'nris.  1877  el  à  Eloge  de  Lancrct  par  J.  J.  Guiffrcy. 
Paris,  Hnpillv.  I,  <l. 

»  Consulter  te  catalogue  établi  par  E.  Bocher.  I'uris.  1875.  —  Nous  suivrons  l'ordre  alphabé- 
tique adopté  par  le  lympatblqtie  écrivain,  en  groupant  cependant  celles  qui  se  font  pendants. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  335 

Ah  !  quel  doux  plaisir  (par  Copia)  —  B  3.  —  Près  d'un  bois, 
un  jeune  homme  et  une  jeune  femme  les  jambes  écartées. . .  s'oublient 
sur  une  botte  de  paille,  l'amoureux  tient  à  deux  mains  la  tête  de  la 
femme  qu'il  embrasse  sur  la  bouche. 

Je  touche  au  bonheur  (par  Copia)  —  B  34.  —  Assis  l'un  près 
de  l'autre  dans  la  campagne,  un  jeune  homme  a  laissé  sa  main 
s'égarer  sous  les  jupons  d'une  jeune  femme  ;  sa  canne  et  son  chapeau 
sont  près  de  lui. 

Pendants  au  pointillé  en  couleurs,  extrêmement  rares. 

Ventes:  Muhlbacher,  905  —  Aubin,  285  —  Decloux,  440  —  Bayard,  la 
première  seule,  en  bistre,  15. 

Les  Apprêts  du  Ballet  (par  Tresca)  —  B  4.  —  Des  danseuses 
s'habillent  ;  celle  de  gauche,  vue  de  dos,  esquisse  un  pas  ;  une,  au 
milieu,  se  fait  lacer  par  l'habilleur;  à  droite,  une  autre  se  fait  coiffer. 

La  gouache  originale  fut  adjugée  à  la  vente  Josse,  3900  francs. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  les  noms  des  artistes  seulement,  en 
noir,  305;  avec  la  lettre,  coloriée,  g.  ni.,  380  —  Muhlbacher,  état  Behague 
avant  toutes  lettres,  321  —  Hocquart,  même  état,  115  —  Decloux,  176  — 
Destailleur,  t.  m.,  150  —  Kinnen,  avant  toutes  lettres,  160  —  Bayard,  état 
Behague  avant  toutes  lettres,  67  —  Baudet,  encadrée,  122  —  Patellier,  en 
bistre,  2?  état,  155. 

L'Assemblée  au  Concert  (par  Dequevauviller)  —  B  5.  —  Dans 
un  salon  somptueux,  de  nombreux  personnages  sont  réunis  pour 
faire  de  la  musique.  A  gauche,  plusieurs  femmes  assises  ou  debout  se 
laissent  courtiser  par  un  abbé  ;  au  milieu  de  l'estampe,  une  femme 
au  clavecin  accompagnée  par  un  violoncelliste;  à  droite,  un  homme 
assis  devant  son  pupitre,  joue  de  la  flûte. 

L'Assemblée  au  Salon  (par  Dequevauviller)  —  B  6.  —  Dans  un 
riche  salon,  à  gauche,  une  femme  assise  et  lisant,  un  abbé  et  une 
dame  jouent  au  trictrac;  près  de  la  cheminée  plus  loin,  un  jeune 
seigneur  cause  avec  une  femme  assise  ;  à  droite  autour  d'une  table, 
cinq  personnages  jouent  aux  cartes  ;  enfin  sur  le  premier  plan,  deux 
chiens  gambadent. 

Fort  jolies  pièces  se  faisant  pendants.  —  Les  deux  gouaches  originales  qui 
avaient  été  achetées  par  M.  Muhlbacher  25000  francs  furent  adjugées  à  sa 
vente  61000  francs!!  elles  provenaient  de  chez  M.  de  la  Béraudière;  nous 
croyons  qu'elles  sont  actuellement  chez  M.  G.  Boin. 


336  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Ventes:  Behague,  avant  la  dédicace,  t.  ni  ,  520;  L'Assemblée  au  Salon, 
eau-forte  pure,  455  —  Roth,  eau-forte  pure,  1550  ;  2*  état,  avec  le  titre,  mais 
avant  la  dédicace,  760  —  Wasset,  l'Assemblée  au  Salon,  eau-forte  pure,  1520  — 
Muhlbacher,  la  première,  eau-forte  pure,  280;  la  seconde,  même  état,  305; 
les  deux  avant  la  dédicace,  745  —  Decloux,  avec  la  leltre,  450  —  Destailleur, 
même  état,  400;  la  seconde,  eau-forte  pure,  235;  Kinnen,  avant  la  dédicace, 
800;  avec  la  lettre,  g.  m.,  620  —  Bayard,  la  première,  avant  la  dédicace,  mais 
avec  les  armes,  état  non  décrit,  375  —  Pavic,  la  première,  eau-forte  pure, 
200  —  Gentien,  avant  la  dédicace,  1400  —  Goncourt,  état  d'eau-forte,  s.  m., 
78;  la  seconde,  avant  la  dédicace,  310  —  Pichon,  425  —  Ligaud,  la  première, 
325  —  Lacroix,  encadrées,  745  —  C.  J.  et  G.  K.,  la  seconde,  avant  la  dédicace 
encadrée,  1000  —  Patellier,  550. 

L'Aveu  difficile  '  (par  Janinel)  —  B  8.  —  Une  jeune  femme 
assise  à  sa  table  de  toilette  éclairée  par  une  croisée  à  gauche,  se 
retourne  vers  une  amie  qui,  une  rose  dans  la  main  droite,  l'air 
attristé,  vient  lui  faire  une  confidence  ;  un  petit  chien  jape  à  leurs 
pieds.  Sur  le  fauteuil  de  gauche  est  une  guitare. 

La  Comparaison  (par  Janinet)  —  B  12.  —  Deux  jeunes  femmes, 
l'une  assise,  l'autre  debout,  près  d'une  petite  table  sur  laquelle  est 
une  glace,  comparent  l'opulence  de  leurs  seins. 

L'Indiscrétion  (par  Janinet)  —  B  30.  —  Devant  un  lit,  une 
femme  assise  se  penche  pour  saisir  une  lettre  qu'une  amie  debout 
près  d'elle  semble  vouloir  lui  dérober. 

Suite  en  couleurs  extrêmement  recherchée. 

Ventes  :  Behague,  la  première  avant  toutes  lettres,  seulement  Janinet  a  la 
pointe  sous  le  trait  carré,  2'  état,  505;  la  deuxième,  avant  toutes  lettres,  585  ; 
la  troisième,  état  de  la  première,  455  —  Roth,  la  première,  même  état  que 
Behague,  505;  la  deuxième,  avec  la  lettre,  g.  m.,  205;  la  troisième,  2*  état, 
on  voit  le  pied  de  la  femme  assise,  Janinet  à  la  pointe  sous  le  trait  carré, 
299  —  Muhlbacher,  la  première,  avant  toutes  lettres,  la  robe  de  la  femme 
qui  est  debout  est  ici  Mas,  jusqu'à  ce  jour  on  ne  la  connaissait  que  bleue, 
3000;  2e  état,  1090;  la  seconde,  avant  toutes  lettres,  610;  la  même,  réduite 
par  Chapuy,  avec  quelques  changements  dans  les  détails,  150;  la  troisième, 
toute  première  épreuve,  seulement  Janinel  à  la  pointe,  avant  toutes  lettres, 
le  pied  el  les  boucles  de  cheveux  de  la  femme  assise  n'existent  pas  encore, 
1500  —  Decloux,  la  première,  avant  toutes  lettres,  avant  le  troisième  pied  du 
fauteuil  où  est  la  guitare,  1"  état,  2045;  la  seconde,  avant  toutes  lettres,  855; 
avec  la  lettre,  440;  réduite  par  Chapuy,  150;  la  même,  par  Partout,  100;  la 
troisième,  état  Muhlbacher,  1905  —  Kinnen,  la  première,  état  Decloux,  4550;  la 


i  A  été  gravés  on  réduction  par  Chapuy  d'aprèl  Drion  souj  le  titre  La  Hrponre  embarrassante, 
adjugée  v.nic  Decloux  1  lit  lin  ne». 


ÉCOLE   FRANÇAISK  337 

deuxième,  avant  toutes  lettres,  555;  la  même,  par  Partout  ',  80;  la  troisième, 
état  Muhlbacher,  marge  vierge,  2000  —  Pavie,  la  première,  avec  la  lettre, 
390;  la  seconde,  avec  la  lettre,  450;  La  Réponse  embarrassante  et  La  Compa- 
raison, par  Chapuy,  les  deux,  325  —  Gentien,  La  Comparaison,  marge  vierge, 
460;  L'Indiscrétion,  avant  toutes  lettres,  seulement  les  noms  des  artistes  à  la 
pointe,  1200  —  Goncourt,  la  première  marge  du  cuivre  1"  état,  3020;  la 
seconde,  m.,  500  ;  la  troisième,  état  Muhlbacher,  1500  —  Ligaud,  L'Aveu 
difficile,  350;  la  troisième,  550  —  C.  J.  et  G.  K.,  la  première,  avant  le  double 
filet  servant  d'encadrement,  état  non  décrit,  grande  marge,  la  seule  épreuve 
connue,  condition  superbe,  7000 2  ;  la  même,  en  1"  état,  2200;  la  même, 
avant  toutes  lettres,  1620  ;  la  seconde,  avant  toutes  lettres,  1620  ;  la  même, 
encadrée,  950  ;  la  troisième,  avant  toutes  lettres,  2250  —  Patellier,  La  Com- 
paraison, m.,  685  —  Vente  anonyme  du  14  mars  1903,  L'Indiscrétion,  3000; 
La  Comparaison,  1550  —  Lelong,  L'Aven  difficile,  1950;  La  Comparaison,  1900; 
L'Indiscrétion,  2500  —  Roux,  les  deux  premières,  2870. 

La  Balançoire  mystérieuse  —  Les  Nymphes  scrupuleuses 
(par  Vidal)  —  B  9-42. 

Pendants.  —  11  faut  avoir  la  première  avant  le  flot  et  la  seconde  avant  la 
guirlande  ;  dans  cet  état,  elles  valent  de  350  à  400  francs.  A  la  vente  Lacroix 
dans  ces  conditions  elles  ont  fait  480  francs  ;  précédemment  a  la  vente 
Heredia  elles  n'avaient  atteint  que  305.  —  On  rencontre  quelquefois  des 
épreuves  des  Nymphes  scrupuleuses  coloriées. 

Le  Billet  doux  (par  N.  de  Launay)  —  B  10.  —  Dans  un  riche 
intérieur,  une  vieille  femme  assise  à  gauche  près  d'une  cheminée,  est 
en  train  de  parcourir  un  cahier  de  musique,  pendant  que  le  jeune 
homme  qui  lui  adresse  la  parole,  tend  la  main  derrière  lui  pour 
recevoir  le  billet  que  lui  glisse  une  jeune  femme  occupée  à  broder 
à  droite. 

Qu'en  dit  l'abbé  (par  N.  de  Launay)  —  B  51.  —  Une  jolie  femme 
en  négligé  galant,  la  gorge  demi-nue,  assise  à  sa  toilette,  se  retourne 
pour  regarder  une  bande  de  tapisserie  qu'on  montre  à  un  abbé  qui 
est  à  gauche.  Scène  de  neuf  personnages. 

La  gouache  originale  du  Billet  doux  fut  vendue  le  17  décembre  1900  par 
Paul  Roblin,  5500  francs,  elle  était  parfaitement  authentique  et  mesurait 
27  centimètres  de  hauteur  sur  20  de  large.  —  Ces  deux  pièces  se  font 
pendants. 


i  Gravée   en  conlre-partie  format  ovale  avec  litre  anglais  The  Comparaison  et  4  vers,  fut 
publiée  à  Londres  en  1787. 

'  Elle  était  clans  un  cadre  ancien  Louis  XVI  en  bois  sculpté  et  doré. 

22 


338  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Ventes  :  Behague,  la  première,  eau-forte  pure,  1«  état,  te  chut  qui  dorl  au 
])ied  de  la  jeune  femme  n'existe  pas,  101  ;  la  même,  avant  la  lettre,  405  ;  la 
seconde,  1"  état,  eau-forte  pure,  avant  le  changement  dans  l'expression  des 
personnages,  401  ;  la  même,  avant  toutes  lettres  et  avant  les  armes, 
2«  état,  400  ;  la  même,  avant  la  lettre  seulement,  le  titre  et  les  noms  des 
artistes,  t.  m.,  355  —  Wasset,  la  première,  li<  état,  2300,  avec  la  lettre,  155; 
la  seconde,  avec  la  lettre,  130  —  Muhlbacher,  la  première,  eau-forte  pure, 
160  ;  la  même,  2»  état,  t.  m.,  510  ;  la  seconde,  1"  état,  avec  quelques  grill'onis 
à  droite  sous  le  trait  carré,  représentant  des  arbrisseaux  au  bord  de  l'eau, 
920,  rarissime  ;  la  même,  état  d'eau-forte  plus  avancé,  800;  la  même,  2'  état, 
980;  la  même,  avec  les  armes,  le  titre,  les  noms  des  artistes  sans  autre 
lettre,  3'-  état,  550  —  Mailand,  épreuves  avec  la  lettre,  250  —  Dccloux,  la 
première,  185;  la  seconde,  3«  état,  640  —  Dcstailleur,  la  première,  l'1  état, 
350  ;  les  deux  405  —  Kinncn,  t.  m.,  4S5  —  L.  Galichon,  la  première,  360  — 
Pavie,  la  première,  eau-forte  pure,?;  la  seconde,  eau-forte  avancée,  avant 
toutes  lettres  et  avant  les  armes,  355  —  Concourt,  la  première,  eau-forte 
pure,  sans  le  chat,  140  ;  la  même,  2«  état,  avec  les  armes  et  au-dessus  de  tes 
armes  dans  un  nuage  te  Hillel  doux  en  capitales  grises,  le  nom  des  artistes 
sans  autres  lettres,  300;  la  seconde,  eau-forte,  245  —  Piclion,  310  —  Heredia, 
les  deux,  la  première  est  avec  la  lettre  grise,  770  —  Ligaud,  215  —  Lacroix, 
la  première,  remargée  au  trait  carré,  90;  la  seconde,  avec  graveur  du  Roi, 
I'  état,  125  —  C.  .1.  et  G.  K.,  la  première  avec  la  lettre  grise,  2e  état,  la 
seconde  en  4«  état,  les  deux  m.  vierges,  700;  la  première  avec  le  Billet  doux 
dans  le  nuage  en  capitales  grises,  g.  m.,  dans  un  superbe  cadre  ancien,  920  — 
Patellier.  les  deux  avec  la  lettre,  290  —  Vente  anonyme  du  14  mars  1903, 
Le  Billet  doux,  le  litre  en  capitales  grises,  g.  m.,  1220. 

Le  Bosquet  d'Amour  (par  Chapuy)  —  H  11.  --  Trois  femmes 
réunies  dans  un  bosquet,  l'une  est  assise  par  terre;  sur  un  socle  à 
gauche  près  d'elles,  une  statue  de  l'Amour. 

La  Promenade  au  Bois  de  Vincennes  (par  Chapuy)  —  B50.  — 

Trois  jeunes  femmes  dans  un  bois,  celle  qui  esl  à  gauche,  porte  une 
ombrelle  ;  un  chien  gambade  près  d'elles. 

Pièces  en  couleurs  se  faisant  pendants  et  extrêmement  recherchées'.  — 
A  la  vente  Muhlbacher,  l'aquarelle  de  Lu  Promenade  fut  adjugée  4750  et 
celle  du  Bosquet,  3550,  elles  provenaient  toutes  dcu\  de  la  collection  Audouin. 


1  Voici,  iclon  nous,  comment  nous  établissons  les  états  du  Bosauel  d'Amour,  dont  3  seule- 
mcnl  sont  menUonnés  par  M.  Bocher. 
i"  étal  :  avant  toutes  lettres. 

2"  étal  :  avec  le  titre  :  \jt  Bosquet  d'amour  el  redresse  de  Gamble  et  Coi'/jW. 
:i'  étal  :  avec  le  titre  :  Les  trm\  S'ritn  au  l'un  de  Saint  Cloud,  opanl  l'adresse  ches  CanslaiiMn. 
i  étal  :  avec  ce  même  titre  et  l'adresse. 

'.h  II  lit  :i   /.H  PrOmt  M.i./r         III  'i-  et  il  M III  titre    et    e  lin  lige    en    celui    lie  :    /.,->  GfttCCJ  /""  'tëll  lltlfS  ail 

BoU  de  Vincennes. 


ÉCOLE   FRANÇAISE  339 

Ventes  :  Roth,  sous  le  titre  Les  trois  Sœurs. . .,  avant  l'adresse,  3e  état,  035  ; 
la  seconde  en  2e  état,  t.  m.,  765  —  Muhlbacher,  Le  Bosquet,  avant  toutes 
lettres,  320;  la  même,  le  titre  changé,  t.  ni.  005;  Les  Grâces,  t.  m.,  050  — 
Deeloux,  Les  Grâces,  445  —  Deslailleur,  les  deux  pièces,  Les  trois  Sœurs, 
3^  état,  1585  —  Pavie,  les  deux,  1750  —  Kinnen,  Les  trois  Sœurs,  4e  état,  158  — 
Baudet,  les  deux  en  1*  état,  g.  ni.,  encadrées,  2510. 

La  Consolation  de  l'absence  (par  N.  de  Launay)  —  B  14.  — 
Une  jeune  femme  assise  tient  de  la  main  droite  un  médaillon  qu'elle 
contemple  ;  à  droite  sur  un  canapé,  une  mandoline,  et  devant  elle, 
un  pelit  bonheur  du  jour  sur  lequel  une  cafetière  et  une  tasse  sont 
posées. 

L'Heureux  Moment  (par  N.  de  Launay)  —  B  28.  —  Assise  sur 
un  canapé,  la  gorge  demi-nue,  une  jeune  femme  se  laisse  tendrement 
enlacer  la  taille  par  un  jeune  seigneur  à  genoux  près  d'elle.  Un  pelit 
chien  à  gauche  sur  le  canapé. 

Les  Soins  mérités  (par  R.  de  Launay)  —  B  G0.  —  Une  jeune 
femme  tient  sur  ses  genoux,  un  petit  chien  dont  elle  relève  la  queue, 
pendant  qu'une  vieille  servante  s'apprête  à  lui  donner  un  lavement. 

Voici  les  prix  sur  lesquels  on  peut  généralement  tabler  pour  chacune  de 
ces  pièces,  suivant  états  et  conditions,  bien  entendu  :  La  Consolation,  de  100 
à  700  ;  L'Heureux  Moment,  mêmes  prix  ;  Les  Soins,  00  à  250,  c'est  la  moins 
estimée  de  beaucoup,  tant  à  cause  du  sujet  que  du  graveur  Robert  de 
Launay  qui  est  très  inférieur  à  son  frère  Nicolas.  —  A  la  vente  Muhlbacher, 
la  gouache  originale,  La  Consolation  de  t'absence,  fut  adjugée  20000  francs, 
et  celle  de  L'Heureux  Moment,  13200  ;  une  première  pensée  de  ce  sujet 
attribuée  au  Maître,  aquarelle  gouachée  fut  le  même  jour  adjugée  1120  francs. 

Une  petite  réduction  de  La  Consolation  de  l'absence  sous  la  rubrique  : 
The  happy  Resemblance,  gravée  au  pointillé  par  C.  Taylor,  fut  publiée  à 
Londres  en  1780;  un  exemplaire  fut  vendu  par  Danlos  en  mai  1898. 

Le  Coucher  des  Ouvrières  en  modes  (par  Dequevauviller)  — 
B  16.  —  Dix  ouvrières  dans  un  dorloir  se  déshabillent  ;  les  unes 
lisent,  cinq  autour  d'une  table  se  tirent  les  cartes,  une  autre  non 
encore  dévêtue,  cherche  dans  un  tiroir  de  commode. 

Le  Lever  des  Ouvrières  en  modes  (par  le  même)  —  B  36.  - 
Dans  une  pièce  qui  reçoit  le  jour  par  la  droite,  neuf  ouvrières  se 
lèvent  ;  à  gauche,  trois  complètement  habillées  sont  près  d'un  lit  où 
l'une  d'elle  est  encore  couchée.  Au  milieu,  deux  autres  demi-nues 


310  ÉCOLE    FRANÇAISE 

causent  ensemble  ;  enfin  à  droite,  deux  sont  assises  à  une  table, 
pendant  qu'une  troisième  lit  une  lettre  que  vient  de  lui  apporter  un 
petit  commissionnaire. 

L'Ecole  de  Danse  (par  le  même)  —  B  22.  --  Des  femmes  sont 
réunies  dans  une  chambre  qui  reçoit  le  jour  par  deux  vastes  fenêtres 
qui  sont  à  gauche  et  entre  lesquelles  »i\  violoneux  est  assis  sur  une 
table  ;  à  droite,  une  danseuse  esquisse  un  pas,  pendant  qu'une  autre 
rajuste  sa  jarretière,  le  pied  droit  posé  sur  un  tabouret. 

A  la  vente  Muhlbacher,  la  gouache  originale  de  L'Ecole  de  Danse  fut 
adjugée  31500  lianes;  a  la  vente  Josse,  celle  du  Lever  des  Ouvrières  en  modes 
atteignit  8900  et  celle  du  Coucher,  -1705,  toutes  deux  provenaient  de  la 
collection  du  baron  d'Ivry. 

Ventes  :  Behague,  Le  Lever,  avant  l'adresse  de  Bance  qui  est  celle  du 
dernier  état,  250;  Le  Coucher,  3«  état  (?),  209  ;  L'Ecole,  l-  état,  avant  la  lettre 
avec  le  nom  des  artistes  à  la  pointe,  455;  Muhlbacher,  Le  Coucher,  avec  le 
titre  et  les  noms  des  altistes  sans  aucune  lettre,  100  ;  Le  Lever,  eau-forte  pure, 
190,  en  2e  état,  avant  toutes  lettres,  340,  avec  la  lettre,  107  ;  L'Ecole  de  Danse, 
état  Hehague,  225  —  Decloux,  Le  Lever  et  Le  Coucher,  le  titre,  le  privilège 
el  les  noms  des  artistes  sans  aucune  lettre,  marge,  390;  L'Ecole  avec 
l'adresse  du  graveur,  87;  Le  Lever,  épreuve  en  bistre  réduite,  76  — 
Destailleur,  Le  Lever  et  Le  Coucher,  étal  Decloux,  250,  les  mêmes  avec  la 
lettre,  g.  m.,  185;  Le  Lever,  épreuve  coloriée  au  pointillé  ii  la  roulette  par 
J.-B.  Compagnie,  avant  la  dédicace,  l(i  —  Pavîe,  Le  Lever,  par  Lecœur,  220  — 
Goncourt,  Le  Lever  et  Le  Coucher,  élat  Decloux,  t.  m.,  280  —  Heredia,  ces 
deux  mêmes  avec  l'adresse  du  graveur,  415  —  Roux,  Le  Lever  et  Le  Coucher, 
avec  l'adresse  de  Dcquevauviller,  277. 

Le  Déjeuner  anglais  —  La  Leçon  interrompue  (par  Vidal)  — 
M  17-35. 

Ces  pièces  en  couleurs  peuvent  valoir,  les  deux  avec  la  lettre,  300  à 
iiiii  francs  et  600  à  700  avant  toutes  lettres;  mais  tout  cela  n'est  que  très 
approximatif,  tant  de  facteurs  venant  exercer  leur  influence,  tels  que  marge, 
fraîcheur,  état,  etc. . . 

Le  Déjeuner  en  tête-à-tête  IJ  18.  —  Une  jeune  femme  assise 
sur  les  genoux  d'un  jeune  homme,  a  passé  son  bras  droit  dans  sa 
chemise  entrouverte  et  l'embrasse  sur  la  bouche. 

L'Ouvrière  en  dentelles  II  45.  —  Dans  un  modeste  intérieur, 
un  jeune  homme  assis  dans  un  fauteuil,  lient  enlacé  dans  ses  bras, 
une  jeune  ouvrière  qui  le  regarde  les  yeux  baisses.  A  gauche,  une 
table  et  une  porte  entrebâillée. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  341 

Ces  petites  pièces  en  couleurs  sans  nom  d'artistes,  sont  d'une  absolue 
rareté  et  e.vlre'mement  jolies,  nous  venons  de  les  revoir  chez  Roblin  en 
épreuves  délicieuses. 

Ventes  :  Muhlbacher,  remargées,  707  —   Hocquart,  avant  toutes  lettres, 
1600  —  Aubin,  même  état,  1715  —  Bérend,  même  état,  1550  —  Pavie,  2500 
("..  .1.  et  G.  K.,  Le  Déjeuner,  seul,  600  —  Roux,  Le  Déjeuner  anglais,  en  noir, 
285  —  Leroy,  L'Ouvrière  en  dentelles,  650. 

Le  Directeur  des  toilettes  (par  Voyez  aine)  —  15  21.  -  Une 
jeune  femme  que  sa  camériste  est  en  Irain  de  coiffer,  laisse  examiner 
par  un  jeune  abbé  avec  son  lorgnon  une  pièce  d'étoffe  qu'elle  a  sur 
les  genoux.  Trois  marchandes  à  la  toilette  avec  leurs  cartons, 
attendent  leur  tour. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  485,  avec  la  lettre,  m.,  305  — 
Michclot,  avec  la  lettre,  126  —  Muhlbacher,  avant  toutes  lettres,  t.  m.  1150  — 
Hocquart,  même  état,  t.  ni.,  260  —  Destailleur,  130. 

L'Elève  discret  (par  Janinet) —  B23.  —  Allongée  sur  un  canapé, 
les  jambes  écartées,  une  jeune  femme  coiffée  d'un  chapeau,  fait  signe 
de  la  main  gauche  à  un  petit  chien  qui  fait  le  beau  devant  elle.  Sur  le 
premier  plan  par  terre,  un  livre  ouvert. 

Pauvre  Minet  que  ne  suis-je  à  ta  place  (par  Janinet)  — 
B  47.  -  Une  jeune  femme  assise  sur  un  canapé,  tient  sur  ses  genoux, 
un  chat  qu'elle  caresse  ;  par  terre  à  gauche,  un  livre. 

Pièces  en  couleurs  absolument  surfaites.  —  La  gouache  originale  de  L'Elève 
discret  fut  adjugée  à  la  vente  Muhlbacher,  2050  francs,  nous  la  retrouvons, 
croyons-nous,  un  an  plus  tard,  le  14  juin  1000,  à  la  vente  du  marquis  de  B. 
où  on  la  paya  4000. 

Ventes:  Muhlbacher,  L'Elève,  755;  Pauvre  Minet,  800  —  Hocquart,  les 
deux  avant  toutes  lettres,  les  seules  épreuves  connues,  1600  —  Decloux, 
épreuves  éblouissantes,  t.  m.,  3005  —  Josse,  épreuves  superbes,  t.  m.,  1705. 

Ha!  le  joli  petit  chien  (par  Janine!)  —  B  27.  —  Assise  à  gauche 
devant  un  métier  à  broder,  une  jeune  femme  pousse  une  exclamation 
en  voyant  entrer  une  de  ses  amies  un  petit  chien  sous  le  bras. 

Le  petit  Conseil  (par  Janinet)  —  B  48.  —  Assise  de  profil  à 
gauche  à  une  petite  table,  une  jeune  femme  écrit,  semblant  interroger 
du  regard  l'amie  qui  est  debout  devant  elle,  les  bras  croisés. 


342  ÉCOLE   FRANÇAISE 

Estampes  en  couleurs  médiocres,  mais  fort  recherchées,  elles  sont  payées 
des  prix  absolument  ridicules  quand  on  les  rencontre  bien  pures  —  Le 
11  mai  1901,  Paul  Roblin  vendit,  gravé  par  Janinct,  croit-on,  un  petit 
médaillon  représentant  une  jeune  femme  assise  et  écrivant  —  l'une  des 

femmes  du  l'élit  conseil  —  estampe  inconnue  à  MM.  lîoclier,  baron  Portalis 
et  Béraldi,  elle  était  avant  toutes  lettres  et  mesurait  65  millimétrés  y  compris 
le  double  filet,  et  fut  adjugée  410  francs.  —  A  la  vente  Mublbacher,  une 
esquisse,  aquarelle  et  encre  de  chine  de:  Ha  !  le  joli  petit  Chien,  atteignit 
•100  francs. 

Ventes  :  Behague,  la  première,  t.  m.,  330;  la  seconde,  g.  m.,  255  — 
Mublbacher,  la  première,  1180  ;  la  seconde,  11G0  —  Dccloux,  les  deux,  805; 
.S";7  m'aime  il  viendra  ■  et  Elle  ne  s'etail  jias  trompée  -,  190  ;  les  mêmes  en 
bistre,  les  mains  et  les  figures  seules  sont  en  couleurs,  85  —  Bércnd,  les 
deux  pièces,  920  —  Kinnen,  les  deux,  marge  vierge,  1505  —  Bayard,  001  — 
Bardin,  marge  vierge,  3500  —  Jossc,  même  condition,  3200  —  Pavie,  615; 
.S"/7  m'aime...  et  Elle  ne  s'était...,  .'Î50  —  (ientien,  550  —  J.  C.  et  G.  K., 
encadrées,  1200  —  Fontenay,  la  première,  420  —  Leroy,  Le  petit  Conseil, 
toute  marge,  1005. 

Jamais  d'accord  (par  Denargle  3)  —  B32.  —  Une  femme  debout 
à  gauche,  tient  sous  son  bras,  un  chai  qu'elle  montre  à  une  amie 
assise  de  profil  à  gauche  qui  tient  un  chien  ;  les  deux  animaux 
semblent  vouloir  sauter  l'un  sur  l'autre. 

Le  Serin  chéri  (par  Denargle)  —  B  59.  —  Une  jeune  femme 
assise  à  gauche  près  d'une  cheminée,  vient  d'ouvrir  une  cage  placée 
sur  une  table  devant  elle,  d'où  s'est  échappé  un  serin  qui  s'est  allé 
poser  sur  la  gorge  de  l'amie  qui  est  debout  près  d'elle  à  droite. 

Estampes  en  couleurs  se  faisant  pétulants.  —  A  la  vente  Mublbacher,  la 
gouache  de  Jamais  d'accord  fut  adjugée  1580  francs,  et  celle  du  Serin 
chéri.   1550. 

Ventes  :  Behague,  la  première,  115  —  Roth,  la  seconde,  eau-forte  pure  au 
trait,  380  Wasset,  épreuves  s.  ta.,  250  —  Michelot,  la  première  sous  le 
titre  La  Petite  Guerre  par  Mixelle  avec  quelques  variantes,  121  —  Mublbacher, 
la  première,  300;  la  seconde,  190  —  Decloux,  550  —  .losse,  805  —  Pavie, 
1555  -  Gentien,  805  —  C.  J.  et  G.  K.,  1150. 

La  Marchande  à  la  toilette  (par  Vidal)  —  B  37.  —  Au  milieu 
de  l'estampe,  une  jeune  femme  en  négligé  du  malin  est  assise  presque 


i  Réduction  en  contre-partie  ovale  du  Petit  Conseil  nvec  quelques  modlflcaUons,  lignée  1>.  V. 

'  Pendant  de  la  précédente  el  réducUon  de  roui  avex  la  clef...  malt  il  a  trouve  la  serrure 
d'apréa  Borel. 

igramme  de  Legrand,  mouvait  graveur  de  deuxième  catégorie,  signataire  de  ces  deux 
pièces  tnepteâ  qui  m  anmolns  r.ini  do  l'nrgcnl  ;  <m  s'esl  toujours  demandé  pourquoi  '.* 


ÉCOLE    FRANÇAISE  343 

de  face,  en  train  de  faire  admirer  à  sa  cainériste  un  bijou  en  forme  de 
poire  qu'une  marchande  debout  à  droite  et  de  profil  à  gauche,  vient 
de  lui  apporter.  Sous  le  fauteuil  qui  est  à  gauche,  un  chien  endormi. 

La  Soubrette  confidente  (par  Vidal)  —  B  61.  —  Une  jeune 
femme  assise  devant  sa  table,  tient  dans  sa  main  droite  une  lettre 
que  vient  de  lui  apporter  sans  doute  une  vieille  femme  debout  à 
gauche  ;  la  servante  est  penchée  sur  le  dossier  du  fauteuil  derrière  sa 
maîtresse  qui  s'est  retournée  pour  lui  demander  un  conseil. 

Pièces  faisant  pendants.  —  Nous  avons  vu  chez  Marius  Pauline,  l'érudit 
et  si  distingué  marchand  d'estampes  de  la  rue  Chauchat,  dont  l'amabilité 
pour  nous  est  inlassable  et  chez  qui  nous  avons  trouvé  maints  renseigne- 
ments curieux  consignés  dans  ce  volume  —  nous  avons  vu  disons-nous  — 
une  réduction  de  la  Marchande  à  la  toilette  en  contre-partie  imprimée  en 
couleurs  à  la  poupée,  épreuve  unique  sans  doute,  sans  aucune  lettre  et  qui 
peut  être  attribuée  à  Legrand  ;  le  24  mars  1900,  elle  fut  adjugée  480  francs. 

Ventes  :  Behague,  la  première  seulement  les  noms  des  artistes,  255  ;  la 
deuxième,  avant  toutes  lettres,  2"  état,  490  ;  la  même  avant  la  dédicace, 
31'  état,  205,  avec  la  lettre,  91  —  Roth,  la  première,  eau-forte  pure,  490,  avec 
la  lettre,  113;  la  seconde,  m.  v.,  271  —  Muhlbacher,  la  première,  eau-forte, 
état  non  décrit  dans  lequel  on  lit  sous  le  Irait  carré  à  la  pointe  La  Chaussée, 
320  ;  la  même,  2^  état  avec  titre  et  armes  sans  autre  lettre,  395  ;  la  deuxième, 
eau-forte  pure,  305  ;  la  même,  3e  état  avec  le  titre  avant  la  dédicace,  205  — 
Destailleur,  la  seconde,  150;  la  première,  t.  m.,  160  —  Kinnen,  la  seconde 
en  3»  état  avec  le  titre,  les  armes,  les  noms  des  artistes,  255  —  Lacroix,  les 
deux  pièces,  200  —  C.  J.  et  G.  K.,  la  première,  m.  v.,  230  ;  la  seconde, 
m.  v.,  200. 

On  y  va  deux  (par  Benossi)  —  B 44.  —  Bras  dessus  bras  dessous, 
une  jeune  femme  et  un  jeune  homme  —  ce  dernier  ayant  une  canne  à 
la  main  —  se  dirigent  vers  un  bosquet  où  se  voit  une  statue  de 
l'Amour. 

Epreuve  en  couleurs  dont  il  existe  aussi  des  tirages  en  bistre. 

Ventes  :  Wasset,  105  —  Muhlbacher,  avec  77  n'est  plus  temps  ',  toutes  deux 
avec  l'adresse  de  Joly  remplacée  plus  tard  par  celle  de  Renard,  t.  m.,  980  — 
Decloux,  les  deux  mêmes  pièces  sans  désignation  d'adresse,  150  - 
Destailleur,  On  y  va,  seul,  avec  la  première  adresse,  200  —  Bayard,  la  même 
avec  la  première  adresse,  225  ;  avec  la  seconde  adresse,  36  —  L.  Galichon, 
les  deux  avec  la  première  adresse,  285  —  Gentien,  avec  la  première 
adresse,  520  —  Pavie,  les  deux  en  bistre,  230  —  Greppe,  avec  Pauvre  Minet 
que  ne  suis-je  ci  ta  place,  61. 


1  Une  jeune  femme  à  l'air  désolé,  est  assise  au  pied  d'une  statue  de  l'Amour,  à  ses  genoux 
Un  homme  semble  lui  demander  pardon  en  la  saisissant  tendrement  par  le  bras  gauche, 


344  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Le  Restaurant  (par  Déni)  —  B  53.  —  Dans  un  séduisant  intérieur, 
une  jeune  femme  demi-étendue  sur  un  canapé  à  gauche,  cause 
tendrement  en  prenant  une  tasse  de  café  avec  un  jeune  seigneur  qui 
l'a  enlacée  de  son  bras  droit  ;  devant  eux,  une  servante  vue  de  dos  à 
droite,  apporte  à  l'amoureux  un  réconfortant  !  Sur  un  fauteuil  à 
gauche,  son  épée  est  appuyée  la  pointe  en  l'air. 

Cette  estampe  rare  est  en  noir,  mais  il  y  a  aussi  des  épreuves  en  couleurs. 
Elle  existe  aussi  en  contre-partie  sous  la  rubrique  Le  Consommé.  La  pièce 
que  nous  venons  de  décrire,  n'est  recherchée  qu'en  avant  toutes  lettres  avec 
le  titre  éi  ta  pointe  ;  elle  vaut  alors,  suivant  conservation,  de  300  à  500  francs. 

Le  Retour  à  la  Vertu  (chez  Vidal)  —  B  55.  —  Une  jeune  femme 
assise  sur  son  lit,  se  laisse  prendre  tendrement  la  main  par  un  jeune 
homme  à  genoux  près  d'elle,  pendant  que  repentante  déjà,  elle  regarde 
un  buste,  celui  de  son  mari,  sans  doute. 

Pièce  en  couleurs  de  la  dernière  rareté,  adjugée  160  francs  avec  toute  sa 
marge  à  la  vente  Aubin,  et  à  celle  de  Ligaud,  remargée,  145.  —  Elle  n'est 
pas  bien  intéressante,  sa  rareté  seule  la  fait  rechercher.  —  A  la  vente  du 
comte  Jacques  de  Iîryas,  l'aquarelle  originale  atteignit  2050  francs. 

Le  Colin-Maillard,  1789  (par  Lecœur)  —  B  app.  1.  —  Un  jeune 
couple  se  dérobe  sur  la  terrasse  d'un  château,  poursuivi  par  un 
homme  aux  yeux  bandés  qui  cherche  à  le  saisir.  Au  fond  de  l'estampe, 
un  jet  d'eau,  et  près  du  couple,  un  chien  sur  un  banc  à  gauche. 

Pièce  en  couleurs  fort  rare  qui  n'est  qu'attribuée  à  Lavcreince. 
Elle  existe  aussi  avec  ce  titre  Le  Bandeau  favorable. 

Ventes:  Muhlhacher,  cau-lbrte  pure.  190;  avant  toutes  lettres,  .Y.!0  ;  avec 
le  titre  Le  Bandeau...  115  —  Dubois  du  liais,  avec  ce  titre,  246;  avec  le  litre 
Le  Colin-Maillard  avant  toutes  lettres,  mais  avec  les  armes,  [255  Decloux, 
avec  le  titre  Le  Colin-Maillard,  avec  les  armes  et  la  dédicace  à  M»«  la 
Princesse  de  Craon,  sous  la  bordure:  Gravé  par  Louis-F.  Lenteur*  en  1783, 
adjugé  2080  Bayard,  la  même,  avant  toutes  lettres,  mais  avec  les  armes. 
1255  -  Baudet,  avec  le  titre  Le  Bandeau...,  360  —  Gentien,  avant  toutes 
lettres,  mais  avec  les  armes,  très  fraîche,  1250  —  Ligaud,  remargée,  150  — 
('..  .1.  et  Ci.  K.,  sans  marge,  encadrée,  950. 

Le  joli  Chien  ou  les  petits  Favoris  (par  ?)  —  B  app.  t.  — 
Couchée  sur  le  dos  et  demi-nue.  une  jeune  femme  dans  un  lit  tient 
sur  sa  jambe  un  petit  chien  auquel  elle  présente   une  gimblette; 


■  C'est  Indubitablement  une  erreur  »lu  graveur  de  Lellrei  oui  dei  -ni  . .  i  ire  /.<•  Cour. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  345 

à  gauche,  table  de  nuit  avec  un  chandelier;  par  terre,  des  pantoufles, 
un  livre  ouvert  ;  à  droite,  un  fauteuil  sur  lequel  des  vêtements  sont 
jetés,  et  de  ce  côté  au  fond  de  la  pièce,  un  paravent. 

Pièce  en  couleur  ovale,  réminiscence  de  la  Gimblette  île  Fragonard, 
à  laquelle  on  fait  dans  les  ventes  un  honneur  qu'elle  est,  certes,  loin  de 
mériter. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres  et  avant  la  réduction  en  ovale  de  la 
planche1,  270  —  Muhlbacher,  eau-forte  pure  dans  le  goût  de  Dequevauviller, 
dans  cet  état  un  homme  est  caché  derrière  les  rideaux  regardant  la  femme, 
300;  la  même,  avec  la  planche  ovale  au  pointillé,  111  ;  avant  toutes  lettres  et 
la  planche  carrée,  il  n'y  a  encore  qu'an  chien,  1105;  autre  état,  non  décrit, 
avec  le  titre  Les  petits  Favoris,  les  noms  des  artistes  Lawreince  pinx, 
Chapuy  scalp,  et  l'adresse  de  Jotij...  il  y  a  alors  deux  chiens  sur  le  lit,  505  — 
Dubois  du  Bais,  avant  toutes  lettres,  le  titre  Les  Petits  Favoris  et  an  seal 
chien,  800;  la  même,  en  ovale  gravé  par  Bertaud,  100  —  Hocquart,  état 
Muhlbacher  adjugé  1105  francs,  payé  ici  580!  —  Aubin,  avec  le  titre  Le  joli 
Chien,  pointillé  ovale  par  Legrand,  160  —  Kinncn,  état  Muhlbacher  précité, 
510  —  Baudet,  état  Dubois  du  Bais,  avec  un  seal  chien,  755  —  Josse,  avant 
toutes  lettres  et  avec  un  seal  chien,  1025  —  Gentien,  même  état,  000  — 
Pavie,  345  —  C.  J.  et  G.  K.,  état  Josse,  460,  épreuve  remargée. 


Le  joli  petit  Serin  -, 

Ventes  .  Aubin,  200  —  Decloux,  avec  La  petite  Guerre3,  500  —  Kinnen,  les 
deux  mêmes,  700  —  Josse,  Le  joli  petit  Serin  seul,  905. 


Le  Financier. 

En  avril  1897,  à  la  vente  de  M1"'  O.,  cette  pièce  en  couleurs,  d'après 
Lavereince,  inconnue  jusqu'à  ce  jour,  et  gravée  dans  le  goût  de  Sergent  ou 
de  Guyot,  fut  adjugée  1200. 

Nous  pourrions  encore  citer  les  pièces  suivantes,  quoique,  selon  nous, 
d'un  intérêt  secondaire  :  Le  Roman  dangereux  (Hclman),  B  56,  dont  la 
gouache  originale  fut  adjugée,  à  la  vente  Muhlbacher,  7200  francs  —  L'Inno- 
cence en  danger  (Caquet),  31  —  Eh  !  vile,  l'on  nous  voit,  B  app.  3,  et  Si  tu 
voulais,  B  app.  8,  en  couleurs,  par  Le  Coeur,  rarissime,  valant  600  ou 
700  francs  les  deux,  elles  ne  sont  qu'attribuées  à  Laveirence,  et  enfin  cette 
autre  attribution  :  Xon,je  ne  veux  pas  voir,  gravé  par  Chapuy,  composition 
ovale  de  trois  ligures,  adjugée  95  francs  à  la  vente  Pavie. 


I  Dans  cet  état  les  parties  de  la  femme  ne  sont  pas  voilées. 

-  Ne  figure  pas  au  catalogue  Bocher,  n'est  qu'attribuée  à  Lavereince  et  pourrait  bien  être 
gravée  par  Mixelle,  De  toute  rareté,  nous  n'avons  pu  nous  la  procurer  pouria  décrire. 

'  La  même  pièce  que  Jamais  d'accord  avec  quelques  variantes. 


346  ÉCOLE    FRANÇAISE 


LEGŒUR   (Louis,  à  Paris,  chez) 

Une  promesse...  Aht  laissez  donc,  1787  —  Néant  à  la 
Requête,  1788. 

Pièces  en  couleurs  assez  rares  valant,  les  deux,  dans  les  300  à  400  francs. 

Gare  à  l'eau.  —  Sur  la  droite  de  l'estampe,  on  aperçoit  deux 
femmes  renversées;  sur  l'une  d'elles  qui  a  les  jambes  en  l'air  et  les 
jupons  retroussés,  un  homme  se  précipite,  pendant  qu'une  troisième 
qui  est  à  gauche,  saisit  un  broc  pour  arroser  ce  que  montre  la  femme 
aux  jambes  en  l'air. 

Pièce  en  couleurs  de  toute  rareté  valant  dans  les  250  francs. 


LONGUEIL'  (Joseph   de,  par) 

1730-1792 

Les  Dons  imprudents  (P  33).  —  Près  de  sa  table  de  toilette, 
assise  de  trois  quarts  à  droite,  une  jeune  femme  est  en  train  de 
couper  avec  des  ciseaux  une  longue  mèche  de  cheveux  à  un  jeune 
homme  à  genoux  devant  elle,  elle  est  aidée  dans  cette  besogne  par  sa 
camériste  qui  est  debout  à  sa  gauche  ;  une  large  fenêtre  à  gauche 
éclaire  cette  scène. 

Le  Retour  à  la  Vertu  (P  .54).  —  Dans  un  riche  intérieur,  sur  un 
lit  de  repos,  un  jeune  homme  est  assis  près  d'une  femme  qui,  la  gorge 

demi-nue  et  le  coude  droit  appuyé  sur  un  coussin,  se  lamente. 

Pendants  eu  couleurs  recherchés,  d'après  Borel,  croit-on.  —  Il  existe  aussi 
des  épreuves  en  noir. 

Ventes:  Pavie,   avant    toutes   lettres,    m.,    1005    —    PichOD,    avant    toutes 
lettres,    en    noir,   li.V»  Ligaud,   la    première,  avant  toutes  lettres,   150;   la 

deuxième,  avec  la  lettre,  365  —  C.  J.  et  G.  K.,  les  ilcux,  mêmes  états  et 
conditions,  l  loo. 


i  Consulter  te  catalogue  établi  p:ir  Panhard,  Parla,  Horgand  et  Patoul,  mwi. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  347 

LEMOINE   (d'après) 
1688-1737 

Mademoiselle  D.  '  (par  Janinet  1779).  —  Elle  est  assise  devant 
sa  toilette  dont  le  miroir  reflète  son  profil.  La  main  gauche  appuyée 
sur  la  table  tient  une  lettre,  l'autre  pend  le  long  du  corps  tenant  un 
bouquet  de  roses.  Le  corsage  est  décolleté  avec  un  fichu  de  mousse- 
line, et  les  cheveux  relevés  sont  retenus  par  des  rubans. 

Estampe  en  couleurs  que  l'on  rencontre  rarement  avec  la  planche  carrée 
qui  l'entoure,  on  la  trouve  presque  toujours  rognée  à  l'ovale  avec  un  cadre 
rapporté.  Elle  existe  aussi  en  noir  ;  le  dessin  original  aux  crayons  noir  et 
de  couleurs  fut  adjugé  70(10  francs  à  la  vente  Muhlbacher. 

Ventes:  Behague,  avec  la  planche  carrée,  140  —  Wasset,  avant  la  lettre  et 
la  planche  carrée,  250  —  Muhlbacher,  avec  la  bordure  non  découpée,  -100  — 
Michelot,  même  condition,  g.  m.,  360  —  L.  Galichon,  même  condition,  390  — 
Pavic,  avec  la  bordure  découpée  et  encadrée,  1010  —  Goncourt,  découpée  à 
l'ovale,  910  —  C.  J.  et  G.  K.,  découpée  à  l'ovale  et  reportée  sur  un  cadre  ;\ 
fond  vert  où  se  trouvent  imprimées  toutes  les  inscriptions,  3020  —  Leroy, 
découpée  à  l'ovale,  1000. 

LIOTARD   J.-E.,  (d'après) 
? 

Mademoiselle   Lavergne  (par  Daullé  et   Ravenet).   —  Assise 

dans  une  chaise  à  mi-jambes  de  trois  quarts  à  gauche,  lisant  une 

lettre  ;  le  corsage  est  en  pointe  et  lacé  sur  le  devant,  les  manches  avec 

revers  de  brocard  relevées  jusqu'au  coude  ;  au  cou,  un  velours  où 

pend  une  croix. 

Belle  pièce  rare  adjugée,  vente  Didot,  300  —  Behague,  251  —  Muhlbacher, 
130  —  Goncourt,  153.  —  Elle  est  restée  inconnue  à  Delignières. 


MARCENAY  DE  GUY^  (Antoine  de) 

1724-1811 

Graveur  amateur  dont  M.  L.  Morand  vient  de  relever  avec  soin  71  pièces 
se   décomposant    en    31    portraits    et    40    sujets    divers,  dans  lesquels  les 


i  Portrait  de  Rosalie  Dullié. 

'  Le  catalogue  de  son  œuvre  vient  d'être  fait  par  M.  Louis  Morand,  Paris.  liapilly,  1901  ; 
tirée  à  700  exemplaires,  cette  intéressante  plaquette  se  raréfiera  promptement. 


348  ÉCOLE    FRANÇAISE 

paysages   dominent;   21    morceaux    sont   d'après  lui-même,  les   50  autres 
d'après  divers. 

Parmi  les  plus  remarquables  nous  retiendrons: 

Comte  de  Mirabeau  (2i  —  Henri  Le  Grand  «  14 1  —  Vicomte  de  Turennc  (33)  — 
Stanislas  Auguste,  d'après  Bacciarelli  (2!)),  grave  presque  avec  la  finesse  d'un 
Ficquet,  mais  d'un  métier  tout  différent,  car  il  se  sert  i\e  points  pour  modeler 
le  visage  —  Le  Maréchal  de  Villars  (34),  avec  quatre  paysages  sur  le  même 
cuivre,  très  rare    -  L'Amour  fixé,  d'après  Le  Brun,  gravé  en  1763  (48). 

A  la  vente  Guichardot,  en  1875,  l'œuvre  formé  sans  doute  par  l'artiste 
lui-même,  fut  adjugé  1000  francs  et  acheté  par  Destailleur ;  à  sa  vente, 
en  1895,  les  65  pièces  plus  quelques  dessins  firent  1200  francs. 


M0REAU  le  jeune'  (Jean-Michel,  par  et  d'après) 

1741-1814 


C'est  le  merveilleux  dessinateur  des  deuxième  et  troisième  suites  du 
Monument  du  Costume1,  dont  voici  les  titres  avec  le  nom  des  artistes  cpii  les 
ont  gravées  et  les  numéros  du  catalogue  Bocher. 


Deuxième  Suite 

La  Déclaration  de  la  Grossesse  (Martini)  —  B  1348. 

Les  Précautions  (Martini)  —  lî  134*.). 

J'en  accepte  l'heureux  Présage  (Trière)  —  R  1350. 

N'ayez  pas  peur,  ma  bonne  amie  (llelninn)  —  15  1351. 

C'est  un  fils,  Monsieur  (Baquov)  —  I?  1352. 

Les  petits  Parains  (Baquoy,  l'eau-forte;  Patas,  le  burin)  —  I?  1353. 

Les  Délices  île  la  Maternité  (Ilelnian)  —  15  1354. 

L'Accord  parfait  (Helman)  —  B  1355. 

Le  Rendez-vous  pour  Marin  ((',.  Gtitlenbcrg)  --  B  135(5. 

Les  Adieux  (15.  de  Launay)  —  B  1357. 

La  Rencontre  au  Bois  de  Boulonne  (H.  Guttenberg)  —  B  1358. 

La  Dame  du  Palais  de  la  Heine  (Martini)  —  15  1359. 


i  Consulta  tel  italogue  du  Maître  établi  par  M   K.  Bocher.  Paris,  Morgand  et  Fatout,  1882 — 
.-linsi  que  relui  de  MM.  baron  Roger  Portails  et  Henri  Bcraldl,  Paris,  ist'.i;  même  libraire. 

>  Voir  Freudeberg,  page  B26,  pour  /.»  première  suite. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  340 


Troisième  Suite 

Le  Lever  (Halbou)  —  B  1360. 

La  petite  Toilette  (Martini)  —  B  1361. 

La  grande  Toilette  (Romanet)  —  B  1362. 

La  Course  des  Chevaux  (H.  Guttenbeig)  —  B  1363. 

Le  Pari  gagné  (Camligue)  —  B  1364. 

La  Partie  de  Whist  (Dambrun)  —  B  1365. 

Oui  ou  non  (Thomas)  —  B  1366. 

Le  Seigneur  chez  son  Fermier  (Delignon)  —  B  1367. 

La  petite  Loge  (Patas)  —  B  1368. 

La  Sortie  de  l'Opéra  (Malbeste)  —  B  1369. 

Le  Souper  fin  (Helman)  —  B  1370. 

Le  Vrai  Bonheur  (Simone!)  —  B  1371. 

Voici  les  prix  atteints  par  les  dessins  originaux  de  ces  suites  dans  ces 
dernières  années  :  C'est  un  fds.  Monsieur,  21500  francs,  et  La  petite  Toilette, 
22500,  adjugés  tous  deux  le  22  avril  1899  par  le  ministère  «le  M.  Paul 
Chevallier.  Un  catalogue  reproduisait  par  le  procédé  Dujardin  ces  deux 
merveilles  >  qui  furent  trouvées  chez  la  Princesse  Radziville,  ù  Nantes, 
par  M.  Maris,  un  artiste  peintre  aussi  aimable  que  fureteur  qui,  doué 
d'un  flair  tout  spécial,  les  signala  à  M.  Ferdinand  Jacob,  le  marchand  de 
curiosités  de  la  rue  de  Chàteaudun,  qui  les  paya  8000  francs  les  deux;  et 
dire  que  nous,  qui  avions  réussi  à  retrouver  la  trace  de  presque  tous  les 
autres  originaux5,  les  avions  là  sous  la  main,  à  notre  porte...  n'est-ce 
pas  le  comble  de  la  guigne.  Enfin  !  tant  mieux  pour  Messieurs  Maris 
et  Jacob.  —  Vente  Muhlbacher:  Les  Délices  de  la  Maternité,  31000  francs; 
une  première  pensée  de  ce  dessin,  au  crayon  noir  et  à  la  sanguine 
rehaussé  de  blanc,  15200;  Le  Seigneur  chez  son  Fermier,  1900.  En  mai  1896 
nous  nous  trouvions  à  Paris  chez  Morgand  qui  nous  apprit  que  de  Berlin  on 
venait  d'envoyer  en  communication  l'original  du  Rendez-vous  pour  Marhj 
dont  on  demandait  22000  francs  plus  10  »/„  ,\e  commission,  le  prix  fut 
trouvé  trop  élevé,  et  on  le  retourna;  en  est-il  revenu,  nous  l'ignorons?  Le 
20  octobre  1895  nous  avons  reçu  une  lettre  fort  aimable  de  M.  F..  Fhlers, 
professeur  à  l'Université  de  Gottingen,  nous  avisant  que  le  dessin  original 
île  La  grande  Toilette,  bistre  sous  trait  de  plume  signé  et  daté  de  1777,  se 


'  Sépias,  d'une  conservation  exceptionnelle,  et  supérieures  aux  Moreau  de  Berlin. 

2  Car  à  l'heure  qu'il  est,  nous  connaissons  le  nom  de  tous  les  possesseurs  des  36  dessins 
originaux  qui  constituent  Le  Monument  du  Costume,  à  l'exception  cependant  de  ceux  tle 
La  Promenade  du  matin  de  Freudeberg.  de  La  Course  de  Chevaux  et  tle  La  Sortie  de  l'Opéra  de 
Moreau.  si  toutefois  ils  existent  encore  et  n'ont  pas  été  anéantis,  ce  que  l'on  peut  craindre. 


350  ÉCOLE    FRANÇAISE 

trouvait  dans  sa  collection.  —  On  peut  dire  que,  suivant  conditions  très 
variables  de  marges  et  de  fraîcheur,  les  eaux-fortes  de  ces  deux  séries 
valent  —  la  pièce  —  800  à  000  francs;  les  avant-lettre,  500  à  600;  aoec 
privilège,  100  à  180;  avec  la  lettre,  40  à  G0  ;  ce  sont-là,  bien  entendu,  des 

ù  peu  près  exprimés  seulement  pour  donner  une  idée  de  l'échelle  des  cotes. 
Ayant  déjà  relaté  les  prix  d'adjudication  des  trois  séries  à  I-'reudeberg  nous 
renvoyons  à  ce  Maître. 

Le  Bal  Masqué  —  B  200  —  Le  Festin  Royal  —  B  201. 

Pendants  gravés  par  le  Maître  —  Le  Bal  eut  lieu  le  23  janvier  1872  ;  Le  Festin, 
le  21  janvier  1781.  —  Les  deux  pièces  en  («><;/ii  lettre  valent  dans  les  100  à 
500  francs,  avec  la  lettre,  100  à  140.  —  On  peut  y  joindre  les  deux  pièces 
suivantes  ',  elles  sont  en  travers  et  se  font  pendants  :  Arrivée  de  la  Reine  à 
l Hôtel  de  Ville  [M  202)  et  Le  Feu  d'Artifice  (B  203). 

Exemple  d'humanité  donné  par  Madame  la  Dauphine, 
le  16  octobre  1773  (Eau-forte  de  Martini,  burin  de  (iodefroy)  — 
B  244.  —  Tète  nue,  la  Dauphine  entourée  de  seigneurs  et  de  piqueurs 
à  cheval,  s'avance  pour  consoler  une  pauvre  vieille  en  larmes  dont  le 
mari  a  été  blessé  par  le  cerf  que  l'on  chassait  ;  près  d'elle,  deux 
enfants  et  deux  femmes.  Un  valet  tient  à  gauche  deux  chiens  couplés. 

lui  avril  1891),  nous  vîmes  chez  Koblin  un  dessin  du  Maitre  d'une  toute 
autre  interprétation  ;  il  était  à  la  plume,  relevé  de  gouache  et  lie  lavis  sur 
papier  blanc;  il  fut  vendu  1500  francs. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  200  ;  avec  la  lettre,  105  —  Wasset, 
eau-forte  pure,  185  —  Maherault,  avant  toutes  lettres,  260  —  Muhlbacher, 
eau-forte  avec  une  note  du  Maître  manuscrite,  205  —  Destailleur,  avant  la 
lettre,  350  —  Bavard,  eau-forte,  250;  avant  la  lettre,  mais  avec  les  armes, 
.">•  état,  325  —  Goncourt,  avec  la  lettre,  g.  ni.,  50. 

A  noter  encore  :  Couronnement  de  Voltaire  (par  Gaucher)  -  B  200  —  La 
Cinquantaine,  1771  (par  U'  Maitre)  -  B  210  —  vente  Goncourt,  285.  —  La  Revue 
du  Roi  éi  la  plaine  des  Sablons,  dont  le  dessin  original,  encre  de  chine  sur 
trait  de  plume,  fut  adjugé  29000  francs  à  M.  Chauchard  à  la  vente  de  Goncourt. 


MOUCHET  (F.,  d'après) 

1750-1814 

Les  Chagrins  de  l'Enfance  (par  Lecœur).  —  Dans  un  intérieur, 

une  femme  à   gauche,   de   prolil   à  droite,  une  guitare  dans  la  main 


i  l.rs  dessins  originaux  »!<•  cea  deux  plécea  el  ii«-s  deux  précédantes,  npporUennenl  a 
M.  Delnroche  Vornet,  Lit  ont  figuré  i  i  i  \|"<  Ition  ■  (  )toriê-Antoinette  et  ton  i>-mits  qui  eut  lieu 
a  la  galerie  Sedelmeyer  i  n  1894 


ÉCOLE    FRANÇAISE  351 

gauche,  lève  le  bras  droit'  à  la  vue  d'un  petit  serin  envolé  d'une 
cage  placée  sur  une  table  ;  une  fillette  près  d'elle,  lève  aussi  les  bras 
au  ciel.  A  droite,  dans  le  coin  de  l'estampe  par  terre,  les  poupées 
de  l'enl'ant. 

Pièce  en  couleurs  assez  recherchée,  quoique  très  médiocre.  —  En  mars  1890, 
Marius  Pauline  nous  en  montra  une  curieuse  épreuve  avant  le  trait  carré, 
avant  le  fleuron,  et  autres  particularités  dans  les  couleurs  et  dans  la  direction 
de  l'oiseau  envolé  ;  il  l'avait  trouvée  à  Paris  chez  un  marchand. 

\ 'entes  :  Behague,  avec  la  lettre,  58  —  Decloux,  avant  la  dédicace  et  les 
armoiries  changées,  171  —  Kinnen,  avant  la  dédicace,  avec  un  croquis  de 
paysage  et  une  cage  comme  armoiries,  110;  avant  la  dédicace  et  avec  les 
armoiries  de  la  duchesse  de  Bourbon,  150  —  Wogram,  même  état,  200  — 
Ligaud,  2'-  état,  avec  la  dédicace  et  les  armoiries  remplaçant  le  lleuron 
primitif,  m.,  680  —  C.  J,  et  G.  K.,  1"  tirage,  avec  la  dédicace  à  la  duchesse 
de  Bourbon  et  avant  que  ses  armoiries  aient  été  remplacées  par  un  lleuron, 
m.,  840. 


PRUDHON   (P.  P.) 


Né  à  Cluny  (Saônc-et-Loire)  en  1758,  mort  à  Paris  en  1823.  Dans  le 
catalogue  qu'en  a  dressé  Edmond  de  Concourt,  en  1876,  chez  Bapilly,  il 
relève  de  la  main  du  Maître  onze  pièces,  dont  7  eaux-fortes  et  4  lithographies. 
Le  morceau  le  plus  recherché  est  Phrosinc  et  Mélidor,  dont  il  faut  avoir  le 
1'-'  état,  l'eau-forte  pure  de  l'artiste  lui-même  ;  il  n'en  existe,  parait-il,  que 
3  épreuves  connues:  chez  Mis  de  la  Salle,  E.  Galichon*  et  Eudoxe  Marcille. 
A  la  vente  du  premier,  en  1850,  elle  fut  adjugée  05  francs  à  Dutuit;  disons  à 
ce  sujet,  que  c'est  par  erreur  que,  dans  notre  dernier  volume  Dessins, 
Gouaches,  Estampes,  etc.,  nous  avons  page  156,  signalé  cette  épreuve  comme 
étant  de  second  état,  c'est  bien  du  premier  que  nous  devions  dire.  —  Nous 
ignorons  actuellement  où  sont  passés  les  exemplaires  Galichon  et  Marcille. 


REGNAULT  (Nicolas-François,   par) 

1746- ? 

Le  Lever.  —  Debout  de  l'ace  au  milieu  de  sa  chambre  à  coucher, 
une  femme  demi-nue  caresse  son  chien  qui  est  à  sa  droite  sur  une 
chaise,  pendant  qu'une  camériste  va  lui  passer  sa  chemise  et  qu'une 


1  Ce  bras  droit  est  êpouvantablement  dessiné  —  Nous  avons  vu  un  état  avant  le  titre  mais 
avec  un  quatrain  :  11  eut  îles  peines  pour  chaque  âge...,  état  rarissime. 
î  A  sa  vente  en  1875  elle  fut  adjugée  3G0  francs. 


352  ÉCOLE   FRANÇAISE 

autre  à  droite  chauffe  quelque  chose  devant  la  cheminée.  Au  fond  de 
l'estampe,  un  lit. 

Pièce  en  couleurs  servant  de  pendant  au  Bain  d'après  Baudouin,  gravé 
par  le  Maître.  Rare  et  recherchée.  Les  deux  pièces  valent  avec  la  lettre  dans 
les  600  francs,  et  en  avant  lettre,  1200  à  1500;  a  la  vente  Léon  Roux,  deux 
beaux  exemplaires  avec  la  lettre  atteignirent  880  francs. 


RIGAUD   (H.,  d'après) 

Elisabeth  de  Couy  (par  Daullé  ')  —  Delignières  69.  —  Rigaud 
est  assis  devant  son  chevalet  une  palette  à  la  main,  sur  ce  chevalet 
dans  un  médaillon  le  portrait  de  sa  femme  Elisabeth  de  Gouy  à  mi- 
corps,  décolletée  et  regardant  à  droite.  Au  fond,  un  pilier  et  de 
lourdes  draperies. 

Fort  belle  pièce,  dont  un  exemplaire  île  3<-  état  fut  adjugée  101  francs  à  la 
vente  Hehague. 


SAINT-AUBIN1  (Charles-Germain  de,  par) 

1721-1786 

Les  Papiloneries  humaines. 

Suite  de  douze  pièces  en  deux  séries,  dont  voici  la  composition: 

Première  série  en  travers  de  1  à  0  :  Le  Titre  -  Le  Bain  —  Le  Papillon 
danseur  de  corde  —  Les  Joueurs  de  Daines  —  Le  Blessé  —  La  Brouette. 

Deuxième  série  en  hauteur  de  7  à  15  :  Le  Titre  —-  Les  Papillons  en  scène  — 
Les  Papillons  dansant  —  Le  Duel  —  Le  Papillon  jaloux  —  La  Toilette. 

Ces  estampes  sont  d'une  insigne  rareté  et  nous  ne  connaissons  aucune 
collection  qui  les  ait  pu  réunir  toutes  les  douze.  La  première  série  est  plus 
rare  que  la  seconde. 

Malgré  les  recherches  scrupuleuses  laites  par  Prosper  de  Haudicour  pour 
se  procurer  Le  Blessé  il  ne  put  y  réussir  et  c'est  M.  Danlos  qui,  le  premier, 
en  donna  la  description  dans  le  catalogue  de  la  vente  Destailleur,  et  puisque 
le  nom  du  sympathique  doyen  des  marchands  d'estampes  parisiens  vient  de 


'  Voir  Jean  Daullé  par  Em.  Dellgnleres,  Paris,  Rapllly,  1873  —  Ce  portrait  est  classé  dans  le 
catalogue  Delignières  A  ■:•  rubrique  Rigaud. 

1  \  t.i  \tnii-  il'.  ii.,,i;r.  ./  /'.iMrinu  d<-  du  n.  Dcstailleur  en  1890.  un  précieux  album  des 
Dtutiu  du  Saint-Aublns  qui  en  contenait  -3.">  <u-s  trois  frères,  plus  -ci  tic  leurs  parente,  nu 
adjugé  j.sihhi  franc 


ÉCOLE    FRANÇAISE  353 

passer  sous  notre  plume,  qu'il  nous  soit  permis  d'en  dire  ici  quelques  mots 
qui  seront  comme  un  tribut  d'affection  et  de  reconnaissance  payé  à  sa 
courtoisie,  à  son  savoir. 

L'homme  est  d'une  distinction  parfaite,  le  marchand  d'une  rare  compé- 
tence, voila  plus  de  quarante  ans  qu'il  s'occupe  de  gravures,  et  il  a  été 
mêlé  a  tout  ce  qui  touche  à  l'estampe  depuis  cette  époque,  non  seulement 
en  France,  mais  encore  à  l'étranger;  pas  une  grande  vente  à  Londres, 
Stuttgart,  Munich  ou  Berlin  à  laquelle  il  n'ait  assisté,  luttant  sous  le  feu 
des  enchères,  soit  pour  son  propre  compte,  soit  pour  celui  de  tiers  qui, 
confiant  en  son  indiscutable  savoir,  n'avaient  pas  hésité  à  le  commissionner 
pour  les  gros  morceaux  qu'on  allait  disperser.  Ah  !  s'il  voulait  causer, 
entr'oiwrir  seulement  le  tiroir  aux  souvenirs,  que  d'anecdotes,  que 
d'histoires,  que  de  curieux  dessous  de  cartes  il  nous  pourrait  révéler, 
mais,  esclave  du  secret  professionnel,  il  est  sur  ce  terrain-h\  muet  comme 
la  tombe  ;  ayant  quelquefois  essayé,  en  sondeur  indiscret,  de  le  forcer 
dans  ses  derniers  retranchements,  nous  sommes  forcé  d'avouer  que  nous 
avons  toujours  été  repoussé  avec  perte,  ce  n'est  point  un  reproche  que 
nous  lui  adressons  ici,  mais  au  contraire  un  hommage  que  nous  rendons 
à  son  tact  et  à  son  extrême  réserve. 

Né  en  1839  —  c'est  un  enfant  de  la  balle  —  il  sortait  de  pension  en  1855 
et  entrait  chez  son  père,  qui  se  retira  onze  ans  plus  tard  en  1866;  c'est  à  ce 
moment  qu'il  s'associa  Delislc  qui  le  quitta  pour  raison  de  santé  en  1890. 
Depuis  cette  époque  il  est  resté  seul  et  continue  les  affaires,  hésitant 
toujours  à  quitter  des  clients  dont  beaucoup  sont  devenus  des  amis.  C'est 
lui  qui,  durant  ces  vingt-cinq  dernières  années,  a  dirigé  avec  sa  haute 
compétence  nos  plus  grandes  ventes  publiques  parmi  lesquelles  nous 
pouvons  citer  au  hasard  de  notre  mémoire  celles  de  Didot,  Behague, 
Muhlbacher,  Destailleur,  Goncourt,  etc.,  etc.,  c'est  lui  encore  —  nous  en 
gardons  le  ferme  espoir  —  qui  fera  celles  que  nous  réserve  l'avenir. 

Ventes  :  Destailleur,  les  six  pièces  de  la  première  série,  450  ;  cinq  de  la 
seconde,  145. 


SAINT-AUBIN  '  (Jacques-Gabriel,  par) 

1724-1780 

La  Vielleuse.  —  Dans  la  campagne,  une  jeune  fille  debout  et  de 
profil,  joue  de  la  vielle  de  la  main  gauche.  Le  titre  est  gravé  et  sous 
le  trait  carré  on  lit  :  Gab.  de  Sl-Aubin  pinxit. 

Voici  une  pièce  absolument  inconnue  jusqu'à  ce  jour  et  que  nous  croyons 
être  le  premier  à  signaler  aux  amateurs.  Nous  n'en  connaissons  qu'un 
exemplaire  qui  se  trouve  actuellement  chez  M.  Eugène  Boismen,  de  Nantes. 


4  Consulter  :  Le  Peinlie-Graveur  français  continué  par  Prosper  «le  li.iudicour,  2  vol.,  Paris. 
1859-1861. 

23 


3.">4  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Allégorie  sur  la  Convalescence  du  Dauphin  (P  de  B  3). 

Adjugé  à  la  vente  Destailleur,  1G5  francs  ;  c'était  un  1"  état,  dans  lequel 
l'ombre  de  la  balustrade  de  l'escalier  n'est  indiquée  que  par  des  tailles 
horizontales. 

Allégorie  au  Mariage  du  Dauphin,  depuis  Louis  XVI  (PdcB4). 

Même  vente,  l"  état,  adjugé  125  francs  ;  2e  état,  30  —  le  1er  état  est  avant 
toutes  lettres  et  on  lit  à  gauche  sous  le  trait  carré  :  Composé  et  gravé  à  l'eau 
forte  par  Gabriel  de  Si-Aubin,  et  à  droite  :  en  mai  1771  ;  tandis  qu'au  2^  état 
il  y  a  :  Gabriel  de  Si-Aubin  del  et  scalp,  et  à  droite  :  Eau-forte  de  May  1711. 

Pièce  allégorique  sur  l'Erection  de  la  Statue  de  Louis  XV 
sur  la  place  du  même  nom  (P  de  B  6). 

A  la  vente  Destailleur,  une  épreuve  unique,  retouchée  par  le  Maître 
lui-même  a  la  plume  et  au  lavis,  fut  adjugée  à  M.  Josse  1500  francs  ;  à  sa 
vente  elle  ne  lit  que  1400.  A  cette  même  première  vente,  l'état  d'eau-forte  de 
cette  estampe,  avant  la  signature  et  avec  A  Louis  le  Bien -Aimé  sur  le 
piédestal,  355  ;  la  même,  avec  la  signature  et  la  dédicace  disparue,  230. 

Six    Vues    de    l'Incendie    de    la    Foire    de    Saint-Germain 

(Pde  B7-12). 

Cette  suite  de  Six  Vues  sur  une  même  planche,  disposées  par  trois  sur 
ilcux  rangs  est,  croyons-nous,  impossible  à  trouver  réunies.  A  la  vente 
Destailleur,  les  3e,  4H,  5''  et  G*  furent  adjugées  1204  francs,  et  à  celle  de 
Baudet,  la  4'-  et  la  5^  le  furent  pour  308. 

Spectacle  des  Tuileries'  (P  de  B  13-14). 

Ventes:  Muhlbacher,  le  1*  état  non  décrit,  avant  toutes  les  retouches  a  la 
pointe  sèche  et  avec  des  travaux  au  crayon  indiqués  par  le  Maître,  300;  la 
même,  moins  les  retouches,  145;  la  deuxième  vue,  avant  les  retouches  à  la 
pointe  et  avant  les  mots  novembre  1760  et  année  des  fruits  a  la  suite  du  nom 
de  l'artiste  —  Destailleur,  les  deux  vues  retouchées  par  le  maître,  2050  ;  à  la 
vente  de  Josse  Jqui  les  avait  achetées,  elles  Cirent  2105,  elles  avaient  été 
retouchées  par  le  Maître  seize  ans  après  leur  apparition,  ainsi  que  l'atteste 
une  note  écrite  par  l'artiste  lui-même  sur  la  première  pièce  —  Concourt, 
les  deux  vues  sur  la  même  planche,  720. 

Le  Charlatan  (Pde  B  lf>). 
Pièce  d'une  rareté  extrême. 


'  On  déligne  quelquefois)  '■".  iIimii  pirers  sou*  lu  rubrique:  l.t.\  C.lialit  s  —  l.e  Tonntau  il'arrotage  : 
ce  sont  deux  vue.  de  même  grandeur  iur  un«  nul  planche. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  355 

Ventes  :  Destailleur,  1«'  état,  à  la  caisse  blanche  de  la  voiture  du  char- 
latan, 350  —  Josse,  même  état,  200  —  Defer  Dumesnil,  1«  état,  140. 

La  Foire  de  Bezon,  près  Paris  (P  de  B  17). 
Adjugée  vente  Josse,  220  —  Concourt,  100. 

La  Fête  d'Auteuil  (P  de  B  18). 
Ventes  :  Destailleur,  295  —  Baudet,  320  —  Josse,  500  —  Concourt,  405. 

Le  Salon  du  Louvre  en  l'année  1753  (P  de  B  19). 

Ventes  :  Destailleur,  lc>'  état  avec  la  première  date  7753,  la  seconde  est 
celle  de  1767  écrite  en  chiffres  romains,  450  —  Josse,  exemplaire  de 
Destailleur,  355. 

L'Adresse  de  Perier,  marchand  quincaillier  (P  de  B  24). 

Estampe  de  toute  rareté  et  absolument  délicieuse,  adjugée  vente  Des- 
tailleur, 300  ;  de  Concourt,  215. 

A  la  vente  Destailleur  en  1896,  le  dessin  original  à  la  plume  avec  rehauts 
de  sépia  et  encre  de  chine  signé  G.  D.  S.  A.,  fut  adjugé  2050  francs. 

Notons  une  particularité  bizarre  et  très  curieuse  à  constater;  les  œuvres 
du  Maître  sont  rares  et  intéressantes  ;  eh  bien  !  contrairement  à  tout  ce  qui 
se  passe  pour  des  œuvres  qui  leur  sont  contemporaines,  elles  seules  ont 
une  tendance  marquée  à  baisser,  cela  demeure  pour  nous  inexplicable  et 
inexpliqué.  —  Réparons  un  oubli  en  signalant  encore  du  maître,  Le  Retour, 
petite  pièce  de  la  grandeur  d'une  carte  de  visite  qui  fut  adjugée  67  francs  à 
la  vente  Destailleur,  elle  fut  achetée  par  Josse  à  la  vente  duquel  nous  ne  la 
retrouvons  point,  elle  doit  être  unique. 


SAINT-AUBIN  '  (Augustin  de,  par  et  d'après) 
1736-1807 

La  Baronne-  de  ***  (Louis-Emilie)  —  B  7.  —  En  buste  de  profil 
à  droite  dans  un  médaillon  ovale  équarri  reposant  sur  une  tablette, 
les  cheveux  noués  avec  un  ruban,  deux  boucles  retombant  sur  les 
épaules,  elle  est  décolletée  en  carré. 


'  Consulter  le  catalogue  dressé  par  M.  E.  Bocher,  Paris.  Morgand  et  Fatout,  1879,  dont  nous 
suivons  les  numéros  pour  notre  classement. 
*  Voir  :  Les  Françaises  du  X  VIII'  siècle. 


356  ÉCOLE    FRANÇAISE 

La  Marquise  de  ***  (Adricnnc- Sophie)  —  B  173.  —  De  profil  à 
gauche,  coiffée  d'un  chapeau  dont  la  garniture  de  dentelles  retombe 
en  avant,  elle  est  aussi  dans  un  médaillon  ovale  équarri  reposant  sur 
une  tablette,  elle  porte  des  boucles  d'oreilles  et  au  cou  un  ruban  aux 
bouts  retombants  sur  la  poitrine. 

Pendants  extrêmement  recherchés  gravés  par  lu  Maître  lui-même. 

Ventes  :  Behague,  2«  état  avant  les  adresses  et  le  nom  de  l'artiste,  410  — 
MuhllKicher,  avant  toutes  lettres  et  de  légers  travaux,  états  non  décrits,  3000  ; 
:isant  l'adresse  et  avec  le  nom  à  la  pointe,  t.  m.,  (i(M)  —  Hocquart,  même  état, 
1)1)0  —  (îoncourt,  1er  état,  eau-forte  pure,  avant  toutes  lettres  et  avant  la 
bordure,  2600;  les  mêmes  terminées  avant  les  adresses,  m.,  310  —  C.  J.  et 
G.  K.,  encadrées  et  {«.  m.,  510. 

Tableaux  des  Portraits  à  la  mode  (par  Courtois)  —  B  378.  - 
De  nombreux  personnages  se  promènent  ;  au  milieu  de  l'estampe, 
deux  personnages  portant  de  longues  cannes,  l'un  a  un  tricorne, 
l'autre  une  casquette  ;  à  gauche,  un  homme  nu-tête  présente  une  fleur 
à  une  femme  ;  à  droite,  deux  autres  personnages  porteurs  d'énormes 
perruques,  assis  et  vus  de  dos.  Au  fond,  des  saltimbanques  et  des 
liles  de  voitures  complètent  ce  tableau  animé. 

La  Promenade  des  Remparts  de  Paris  (par  Courtois)  - 
B  382.  —  Sur  un  boulevard  planté  de  deux  rangées  d'arbres  où  vont 
et  viennent  de  nombreux  personnages,  on  remarque  au  milieu  de  la 
composition,  un  homme  coiffé  d'un  tricorne  entre  deux  femmes 
auxquelles  il  donne  le  bras  ;  tout  à  fait  à  gauche,  un  marchand  de 
coco  qui  s'éloigne  ;  à  droite,  un  enfant  et  une  femme  à  genoux  prenant 
des  pommes  dans  un  panier,  et  non  loin  d'eux  plus  à  droite,  des 
consommateurs  assis  à  une  table  devant  laquelle  joue  une  vielleuse. 

Pendants  délicieux  et  exlrêment  recherchés.  —  A  la  vente  Josse,  le  dessin 
original  à  la  plume  lavé  de  bistre  et  rehaussé  de  blanc,  fut  adjugé  14500  Fr. ; 
à  la  vente  Destajlleur,  la  première  pensée  de  cette  composition  à  la  mine  de 
plomb  signée  et  datée  1760,  l'ut  adjugée  à  M.  Muhlbacher  3300,  et  revendue  à 

s:i  vente,  3520. 

Ventes:  Behague,  avec  la  lettre,  335;  la  première,  avant  toutes  lettres, 
203  Muhlbacher,  la  première,  eau-forte  pure,  dans  cet  état  la  planche 
plus  grande,  mesure  327  °«  sur  1 1 12  "«,  g.  m.,  705 j  la  seconde,  eau-forte 
avancée,  avant  toutes  lettres,  mêmes  dimensions  (pie  la  précédente,  505; 
les  deux,  805  Destailleur,  sans  désignation,  les  deux,  .')7.">  ;  la  seconde, 
avant  toutes  lettres,  !)â  —  Josse,  t.  m.,  .ït(!  -  l'avic,  385  -  (ientien,  la 
seconde  seule  avant  tontes  lettres,  (il(l  (ioneourt,  la  menu'  en  eau-lbrle 
pure,    120;   les  deux,    axant   toutes  lettres,   1200]  Lacroix,   les  deux,    2.V>   — 

(',.  .1.  et  il.  K.,  les  deux  marges  vierges,  550. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  357 

Le  Bal  paré  (par  J.  Duclos)  —  B  402.  —  Dans  un  élégant  salon 
ruisselant  de  lumière,  des  couples  dansent.  Au  fond  à  gauche,  un 
orchestre  dans  une  sorte  de  loggia.  Au  premier  plan  à  l'extrême  droite 
dans  le  coin  de  l'estampe,  debout,  une  femme  et  un  homme  en  train 
de  causer  près  d'une  portière  en  tapisserie. 

Le  Concert  (par  Duclos)  —  B  403.  —  Dans  un  salon  en  forme 
de  rolonde  éclairé  par  quatre  fenêtres  garnies  de  stores  bouillonnes, 
de  nombreux  personnages  assis  et  debout  entourent  et  écoutent  des 
musiciens  groupés  autour  d'un  piano  qui  est  au  fond  de  la  salle  ; 
presque  sur  le  premier  plan  à  gauche,  un  personnage  penché  en 
avant  et  de  trois  quarts  à  droite,  feuillette  un  cahier  placé  sur  un 
tabouret. 

Pièces  se  faisant  pendants,  très  recherchées,  les  derniers  états  sont  souvent 
tirés  sur  papier  épais  et  rugueux.  —  Se  défier  des  contrefaçons  dont  certaines 
sont  déconcertantes  de  fidélité  et  de  trompe  l'œil. 

Ventes  :  Behague,  épreuves  de  3e  état  avant  l'adresse  de  Ohercau  et  les 
mots  Graveur  du  Roy. . .  à  la  suite  du  nom  de  Saint-Aubin  pour  la  première, 
et  avec  les  mêmes  remarques  mais  de  2e  état  pour  la  seconde,  1050  ;  Le  Bal, 
eaux-forte  avant  toutes  lettres  et  avant  l'encadrement,  mais  le  nom  des 
artistes  à  la  pointe,  585;  la  même  avant  toutes  lettres  et  avant  l'encadre- 
ment, état  plus  avancé,  890  —  Wasset,  Le  Concert,  avant  toutes  lettres  et 
avant  l'encadrement,  6205  —  Michelot,  épreuves  avec  la  lettre,  480  — 
Muhlbachcr,  avant  toutes  lettres  et  avant  l'encadrement  et  travaux  dans  les 
fonds,  120(10;  les  mêmes  états,  Behague,  2000;  Le  Bal,  eau-forte,  1205; 
Le  Concert,  eau-forte,  2905  —  Hocquart,  avant  l'adresse  de  Chereau,  1005  — 
Destailleur,  même  état,  1140  —  Kinnen,  même  état,  1300  —  L.  Galichon, 
même  état,  1930  —  Pichon,  même  état,  1250  —  Gentien,  g.  m.,  920  — 
Concourt,  avant  l'adresse  de  Chereau,  12G0  —  Lacroix,  Le  Bal,  eau-forte 
pure,  200  —  Defer  Dumesnil,  la  même  avant  toutes  lettres  et  avant  l'enca- 
drement, t.  m.,  2950  ;  Le  Concert,  avec  la  lettre,  230  —  Patellier,  les  deux 
avec  l'adresse  de  Chereau,  450  —  Lelong,  même  état,  les  deux  pièces,  600. 

The  first  corne  best  served  (par  Sergent)  —  B  404.  —  Un  jeune 
garçon  monte  au  grenier  et  y  découvre  un  couple  endormi,  les 
vêtements  en  désordre. 


The   place   to   the   first  occupier  (par  Sergent)  --  B  405. 
Une  bouteille  à   la  main,  un  jeune  gars  monte  au  grenier  par  une 
échelle,  la  fille  qui  l'y  a  précédé  lui  désigne  du  doigt  un  couple  qui  y 
est  déjà  installé. 


358  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Pendants  en   bistre    et    en    couleurs    gravés    en    1786,    peu   intéressantes 
suivant  nous,  valent  les  deux  de  300  à  600  francs  suivants  état  et  conditions. 


Au  moins  soYez  discret  (par  le  Maître)  —  B  406.  —  Dans  un 
ovale  équarri,  une  jolie  jeune  femme  à  mi-corps  de  prolil  à  droite, 
met  son  doigl  sur  sa  bouche,  invitant  au  silence  l'amant  qui  est  censé 
être  devant  elle  '  ;  elle  est  coiffée  d'un  coquet  bonnet  à  tuyaux,  le  sein 
gauche  délicieux  dans  sa  ferme  rondeur  sort  complètement  du 
corsage.  Sous  l'ovale,  un  petit  médaillon  avec  un  Amour  au-dessus 
duquel  on  lit  finement  écrit  dans  le  médaillon  même  :  //  ne  voit  pas 
le  précipice. 

Comptez  sur  mes  serments  (par  le  Maître)  —  B  407.  —  Dans 
un  même  ovale,  un  homme  à  mi-corps,  une  rose  au  gilet,  le  corps  de 
face,  se  penche  à  gauche  et  regardant  de  ce  côté,  porte  sa  main  droite 
à  ses  lèvres  pour  envoyer  un  baiser  à  celle  qu'il  vient  de  quitter.  Sous 
l'ovale,  le  même  petit  médaillon  avec  l'Amour  s'envolant  et  ces  mots: 
//  emporte  la  rose. 

Délicieuses  estampes'  pleines  de  séduction  et  de  charme.  —  Le  dessin 
original  de  Comptez  sur  mes  serments,  mine  de  plomb  légèrement  aquarellée 
sur  la  ligure,  fut  adjugé  à  la  vente  Goncourt  18500  francs  à  M.  Muhlbacher 
qui,  à  sa  vente,  le  vit  atteindre  22500. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettres,  seulement  le  nom  du  maître  à  la 
pointe,  t.  m.,  315  —  .Muhlbacher,  même  état  et  condition,  500  —  Aubin, 
même  état,  17.")  —  Destailleur,  même  état,  560  Kinuen,  même  état,  435  — 
Bavard,  même  étal,  1260  —  Gcntien,  même  état,  850  —  Goncourt,  la 
première,  seule  avant  toutes  lettres  seulement  Aua.  de  Saint-Aubin. . .  à  la 
pointe,  100. 

La  Jardinière  (par  Phelipeaux  et  Morrel)  -  15  410  —  La 
Savonneuse  (par  .Julien  et  Morrel)  —  B  417. 

Pièces  en  routeurs  se  faisant  pendants,  nous  les  mentionnons  par  acquit 
de  conscience  puce  que  les  amateurs  les  recherchent  avant  toutes  lettres  cl 
les  paient  en  moyenne  dans  cet  état  de  800  à  1000  francs  les  deux,  prix 
essentiellement  ridicules  cl  que  rien  ne  peut,  ni  ne  vient  justifier  ;  à  la  venu 
Pavie,  avant  toutes  lettres,  elles  flrenl  Mu  francs,  ci  a  celle  de  Patellier,  avec 

la  lettre,  elles  atteignirent  (i.Sll  lianes. 


1  Celui  de  l'estompe  'i»i  rail  le  pendant  :  Compta  lur  mei  itrmenU. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  359 

SAVART*  (Pierre) 

1737- ? 


Louis  XVI  —  Marie-Antoinette. 

Gravés  tous  deux  sur  le  même  cuivre  en  buste,  mais  dans  des  encadre- 
ments séparés,  la  Reine  de  profil  à  droite,  le  Roi  —  Louis-Auguste  —  de 
profil  à  gauche. 

Bien  que  le  portrait  de  Louis  XVI  porte  la  mention  gravée  :  Dessiné  et 
gravé  par  Afl'e  M.-R.  Savart  sous  les  yeux  de  M.  son  frère,  tout  porte  à  croire 
que  la  tète  seule  est  du  Maître  et  les  ornements  de  la  sœur. 

Ces  minuscules  estampes  que  l'on  rencontre  quelquefois  séparées  quoique 
gravées  sur  le  même  cuivre,  sont  de  la  plus  grande  rareté,  autant  presque 
dire  qu'elles  sont  devenues  introuvables. 

Ventes  :  Martin,  les  deux  pièces  séparées,  281  —  Behague,  les  deux  sur  la 
même  feuille,  230. 

A  ajouter  encore  parmi  ses  meilleurs:  Richelieu,  Buffon,  d'Alembert  et 
Bayle  également  très  rares. 


SERGENT  :  (Antoine,  par) 
1751-1838 

Il  est  trop  tard,  1789.  —  Dans  un  intérieur  de  campagnard  à 
droite,  une  fille  à  genoux,  la  gorge  demi-nue,  les  jupes  retroussées,  à 
laquelle  sa  mère  est  en  train  d'administrer  une  violente  correction, 
pendant  que  le  père  qui  entre  par  la  porte  du  fond,  menace  d'un 
bâton  le  galant  qui  à  gauche  se  sauve  au  grenier  par  une  échelle  près 
de  laquelle  se  trouvent  un  tonneau,  un  van,  un  fléau  et  une  hache. 

Estampe  en  couleurs  assez  recherchée  quoique  médiocre. 

Ventes  :  Behague,  avec  la  lettre,  225  —  Muhlbacher,  avant  la  lettre,  5(10, 
très  rare  dans  cet  état  —  Aubin,  même  état,  g.  m.,  505  —  Decloux,  avec  la 
lettre,  285  —  Destailleur,  avant  la  lettre,  150  —  Baudet,  avec  la  lettre,  t.  m., 
300  —  Gentien,  même  état,  290  —  Ligaud,  avec  la  lettre,  215  —  C.  J.  et  G.  K., 
avec  la  lettre,  180,  remargée  —  Patellicr,  avec  la  lettre,  210. 


1  Voir  le  catalogue  de  l'œuvre  dressé  par  Faucheux,  Paris,  1864  —  Ensemble  33  portraits, 
dont  3  douteux,  plus  la  planche  de  Diane  et  Endymian  —  L'artiste  rappelle  par  son  métier 
Ficquet,  mais  il  est  infiniment  moins  fin  que  Grateloup;  il  a  souvent  eu  recours  au  très  habile 
r.honard  pour  l'ornementation  de  ses  portraits. 

3  L'œuvre  d'Antoine  Sergent-Marceau  a  été  légué  en  partie  par  sa  famille  au  Département 

des  Estampes, 


360  ÉCOLE    FRANÇAISE 

Marie-Thérèse-Charlotte  de  France.  —  Dans  un  ovale  équarri, 
vue  jusqu'à  la  ceinture,  la  fille  de  Louis  XVI  -  le  seul  homme  de  la 
tamille  a-t-on  dit  quelque  part  —  de  trois  quarts  à  droite,  regarde  de 
face,  le  corsage  légèrement  décolleté  en  carré  laisse  voir  le  cou  ;  sur 
la  tête  une  mantille  se  renouant  sur  la  poitrine.  En  bas  dans  une 
tablette  :  Marie-Thérèse-Charlotte  de  France,  etc. . .  puis  au-dessous 
entre  les  doubles  traits  carrés  :  Publié  à  l'occasion  du  passage. . . 
par  Chr.  de  Mechel  graveur. 

Jolie  pièce  en  couleurs  assez  rare. 

Ventes  :  Behague,  avant  toutes  lettre,  ni.,  '200  —  Muhlbacher,  50  —  Lelong, 

avant  la  lettre,  680. 


SWEBAGH-DESFONTAINES    (J.-F.-I.,  d'après) 

1679-1823 

Le  Caffé  des  Patriotes,   1792  (par.l.-B.  Morrel). 

Estampe  en  couleurs,  au  1er  état  les  deux  grenadiers  ont  des  bonnets  à  poil 
et  l'estampe  porte  l'adresse  de  J.-Ii.  Morrel  ;  au  2«  état,  les  bonnets  sont 
remplacés  par  un  casque  plat  et  un  bonnet  phrygien  el  l'adresse  de  Iieancc. 

\.c  1er  état  vaut  de  250  à  300  francs  et  le  2*  (le  100  à  150. 

Le  Bal  de  la  Bastille  —  Le  Serment  Fédératif  (par  Lecœur). 
Pièces  en  couleurs  rares,  les  deux,  environ  700  à  800  Francs. 

Promenade  de  Longchamps,  an  X,  —  Une  promenade  plantée 
d'arbres  où  circulent  de  nombreux  personnages,  les  uns  son!  assis, 
debout,  à  cheval  et  en  voilures.  Au  milieu  de  la  composition,  un 
homme  est  assis  tête  nue,  il  serre  tendrement  la  main  d'une  jeune 
femme  qui  es!  placée  prés  de  lui. 

On  ignore  qui  ;i  gravé  cette  pièce  coloriée  qui  se  vendait  chez  Martine!  et 
que  sa  rareté  fait  rechercher,  ainsi  que  son  aidait  documentaire,  elle  vaul 
dans  les  350  à  loo  lianes      Gosselin  lils  l'a  reproduite  avec  habileté. 

TAUNAY   (Nicolas-Antoine,  d'après) 

1755-1830 

La    Noce    de    Village   (par    Descourlis).  lai    l'ace  de    tentes 

provisoirement  installées  ci  se  m  s  lesquelles  des  buveurs  sont  al  tablés. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  361 

une  jeune  mariée  esquisse  un  pas  avec  un  personnage  coiffé  d'un 
tricorne  ;  à  droite  au  fond,  des  musiciens  sur  une  estrade  ;  au  premier 
plan,  assise  de  face,  une  femme  ayant  un  enfant  sur  ses  genoux,  et 
au  milieu  de  la  composition,  deux  gamins  se  querellant  près  d'un 
chien  attelé. 

La  Foire  du  Village  (par  le  même).  —  Sur  une  estrade  à  droite, 
Arlequin  et  Pierrot  font  la  parade  ;  non  loin  d'eux,  une  femme  leur 
tournant  le  dos  tient  par  la  main  un  enfant  déguisé  en  pierrot;  sur  le 
premier  plan,  un  jeune  garçon  joue  du  tambour;  à  gauche  de 
l'estampe,  deux  chiens. 

La  Rixe  (par  le  même).  —  Auprès  de  ruines  et  de  l'arche  d'un 
pont,  un  groupe  d'hommes  ;  un  soldai  tenant  dans  ses  hras  une 
femme  évanouie,  a  mis  l'épée  à  la  main,  cherchant  à  se  précipiter  sur 
un  adversaire  qui,  lui  aussi,  a  dégainé,  mais  qu'un  autre  cherche  à 
retenir. 

Le  Tambourin  (par  le  même).  —  Deux  hateleurs  dans  un  parc, 
font  danser  devant  quelques  personnages,  deux  chiens  habillés,  l'un 
en  marquis,  l'autre  en  vieille  femme  ;  un  singe  est  assis  sur  le  dos 
d'un  chien  regardant  à  gauche.  Le  hateleur  qui  est  à  droite,  joue  du 
chalumeau  et  du  tambourin. 

Suite  en  couleurs  fort  estimée  ;  les  deux  premières  sont  infiniment 
supérieures  aux  autres  qui  sont  tout  à  fait  de  second  plan. 

Le  tableau  original  de  La  Rixe  fut  adjugé  à  la  vente  Decloux  7800  francs. 

Ventes  :  Beliaguc,  avant  toutes  lettres,  1500  —  Martin,  les  deux  premières 
en  réduction,  t.  m.,  75  —  Saint-Gcniès,  mêmes  conditions,  136  —  Muhlbachcr, 
état  Behague,  2605;  La  Rixe,  en  noir,  100;  les  deux  premières  en  réduction, 
coloriées,  t.  m.,  140  —  Hocquart,  état  Heliague,  3100  —  Decloux,  avec  la 
lettre,  950  ;  les  deux  premières  avec  la  lettre  et  les  armes,  21'  état,  700  ;  les 
mêmes  en  réduction,  t.  m.,  en  noir,  139,  coloriées,  195  —  Bérend,  630  - 
Destailleur,  955  —  Kinnen,  les  quatre,  les  deux  premières  en  2^'  état,  900  — 
Ligaud,  980  —  De  Fontenay,  1195  —  lleredia,  les  deux  premières  seules, 
2e  état,  1030  ;  La  Rixe,  avant  toutes  lettres,  500  —  G.  J.  et  G.  K.,  La  Rixe, 
avant  toutes  lettres,  580  —  En  mars  1903,  à  une  vente  anonyme,  les  quatre, 
1800;  même  vente,  les  deux  premières  seules,  510  —  Lclong,  les  quatre 
pièces,  épreuves  de  deuxième  tirage,  1680  ;  Le  Tambourin  seul,  580. 

A  la  vente  Baudot,  en  novembre  1894,  il  a  passé  une  pièce  en  couleurs 
gravée  par  Descourtis,  rubriquée  Devinez,  qui  fut  adjugée  800  francs;  nous 
signalons  cette  estampe  sans  la  connaître. 


362  ÉCOLE    FRANÇAISE 

VAN    GORP   (d'après) 
? 

Ah  !  qu'il  est  joli  î  —  Le  Déjeuner  de  Fanfan  (par  Malles). 

Intéressantes  petites  pièces  en  couleurs  valant  les  deux,  suivant  état  et 
conditions,  de  l.">o  à  600  Francs. 

VANLOO   (G.  d'après) 

1705-1765 

Madame  de  Pompadour  '  (par  Ansclin).  —  A  mi-corps  dans 
un  cadre,  de  trois  quarts  à  droite,  clic  regarde  presque  de  face,  le 
chapeau  renverse  en  arrière  et  maintenu  par  des  brides  sous  le 
menton,  laisse  le  front  complètement  découvert,  le  corsage  très 
échancré  est  avec  des  nœuds  de  rubans  sur  l'épaulette.  Le  bras  droit 
tient  un  panier  fleuri  et  la  main  gauche  une  fleur.  Le  titre  La  Belle 
Jardinière,  Me  de  Pompadour,  et  au-dessous  :  Gravé  d'après  le  tableau... 

Admirable  portrait  de  la  célèbre  courtisane  dont  voici  les  états: 

l"  état.  —  Eau-forte  pure. 

2^  état.  —  Avant  toutes  lettres,  avec  le  cadre. 

3e  état.  —  Avant  la  lettre  et  avant  le  nom  des  artistes  au  burin. 

I'-  état.  —  Celui  décrit. 

Le  premier  état  qui  est  rarissime  mais  moins  intéressant  cependant  que 
le  2e  et  le  3e,  passa  à  la  vente  David  en  1X59  et  y  fut  adjugé  1 1»  francs!!  — 
Herzog,  .'('•  étal,  1120  —  Behague,  même  état,  t.  m.,  500  —  Muhlbacher, 
mêmes  conditions,  490  —  Concourt  2''  état,  300  —  Defer  Dumesnil,  avant  la 
lettre,  g.  m.,  820. 


VERNET  (Antoinc-Charles-Horace,  dit  Carie,  d'après) 

1758-1836 

La    Danse   des   Chiens  (par   Levachez    lils).  Au   milieu  de 

l'estampd  entouré  de   badauds  qui   le   regardent,   un   bateleur  coiffé 


i  La  toile  originale  élail  •■"  1803  chex  llarlui  Pauline,  elle  figura  celle  même  année  » 
l'Exposition  de*  Cent  cluft-d'œuvre. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  363 

d'un  bicorne  et  drapé  dans  un  large  manteau,  fait  passer  un  chien 
dans  un  cerceau  en  levant  son  bras  armé  d'un  fouet  ;  il  est  accom- 
pagné de  deux  acolytes,  l'un  fait  la  quête,  l'autre  joue  en  même 
temps  de  la  flûte  et  du  tambour.  Sur  le  premier  plan,  un  chien  attelé 
à  une  petite  charrette,  ronge  un  os  qu'un  roquet  lui  dispute. 

Estampe  en  couleurs  très  recherchée  et  devenue  rare,  portant  encore  le 
titre  de  Dogs  dancing,  a  été  reproduite  par  Gosselin  Fils.  —  Elle  vaut  avec 
la  lettre  de  100  à  500  francs,  et  avant  tontes  lettres  bien  pure  avec  une  marge 
vierge,  elle  peut  atteindre  800  à  900  francs,  cet  état  est  rarissime.  —  A  la 
vente  Lacroix,  une  belle  épreuve  avec  la  lettre  a  fait  550  francs. 


VIGÉE-LEBRUN  (Madame,  d'après) 

1755-1842 

Marie -Antoinette  (par  Alix).  —  Dans  un  médaillon  ovale 
équarri  reposant  sur  une  tablette,  à  mi-corps  de  trois  quarts  à  gauche 
regardant  de  face,  toque  de  velours  avec  aigrette  posée  sur  ses 
cheveux  relevés,  robe  de  velours  décolletée  avec  fichu  de  linon  blanc 
croisant  sur  la  poitrine. 

Estampe  en  aquatinte  très  rare  et  recherchée,  adjugée  vente  Decloux  avec 
le  portrait  de  Louis  XVI,  860,  et  vente  Gentien,  avant  la  lettre,  g.  m.,  505. 

Marie -Antoinette  (par  B.  Roger).  —  En  pied  et  en  grand 
costume  de  cour,  tournée  légèrement  à  gauche  et  regardant  de  trois 
quarts  à  droite,  haute  coiffure  avec  toque  ornée  de  plumes,  perles  et 
aigrette,  robe  à  paniers,  décolletage  laissant  entrevoir  la  naissance 
des  seins. 

C'est  le  portrait  type  par  excellence  de  la  belle  et  malheureuse  Reine  ;  il 
est  bien  de  Madame  Vigée-Lebrun,  et  non  de  Iîoslin  le  Suédois,  comme  on 
a  toujours  pris  l'habitude  de  le  répéter'.  —  Le  cuivre  avait  été  acheté  par 
Blaisot  il  y  a  une  trentaine  d'années,  830  francs;  à  sa  vente  en  mai  1892,  il 
fut  racheté  par  Dupont  aîné  qui  le  paya  630  francs  et  chez  qui  il  est 
actuellement.  —  Les  épreuves  avant  la  lettre,  le  nom  de  Chardon  et  le 
millésime  1828  sont  pour  ainsi  dire  introuvables  ;  à  la  vente  Muhlbacher,  un 
de  ces  exemplaires  fut  payé  300  francs. 


'    Voir  Iss  Françaises  du  XVIII'  siècle,  pages  241  à  245. 


364  ÉCOLE    FRANÇAISE 


VILLENEUVE   (chez) 

Marie-Antoinette.  -  Portrait  dans  une  lanterne,  le  médaillon 
porte  en  exergue  :  Marie-Antoinette,  la  Médicis  du  18e  Siècle,  et  au- 
dessus  du  trait  carré  de  la  marge  supérieure  de  l'estampe,  cetle 
légende:  La  Panthère  autrichienne...,  et  dans  la  marge  inférieure,  îles 
lignes  ignobles  commençant  par  ces  mots:  Celte  affreuse  messalint. . . 

Pièce  en  bistre  fort  rare  ayant  pour  pendant  Le  Traître  Louis  XVI  —  Les 
deux  valent  de  300  à  400  francs. 


WATTEAU  '  (Antoine,  par  et  d'après) 
1684-1721 

L'Enseigne   (par   Aveline).  Des    dames    de    qualité    et    des 

gentilshommes  sont  réunis  dans  la  boutique  d'un  marchand  où  des 
emballeurs  sont  occupés  à  retirer  des  tableaux  d'une  caisse,  pendant 
que  les  acheteurs  ou  les  curieux  examinent  l'intérieur  «lu  magasin. 

Pièce  célèbre  et  rare  que  l'on  rencontre  toujours  avec  un  pli  au 
milieu  du  papier. 

Ventes .  Behague,  avant  Imites  lettres,  avant  de  nombreux  changements 
notamment  sur  la  porte  vitrée  du  fond.  625  —  Didot,  avec  la  lettre,  170  — 
liotli,  marge  vierge,  139  —  Muhlbacher,  étal  Behague,  950. 

L'Embarquement   pour   Cythère   (par   Tardieu  ).  Sur    un 

tertre,  au  pied  d'arbres  aux  puissantes  ramures,  à  gauche,  la  statue 
de  Vénus  entourée  d'Amours,  et  quelques  personnages  assis  ou 
deboul  par  groupes  en  train  de  causer  ou  de  se  l'aire  la  cour;  à  droite 
en  contre-bas  de  ce  petit  monticule,  d'autres  personnages  entourent 

une  galère  au  nuit  de  laquelle  montent  des  Amours.  Au  tond,  la  mer 
et  des  montagnes. 

Fort  belle  estampe  très  connue,  comme  la  précédente  on  la  rencontre 
toujours  avec  un  pli  dans  le  papier.  I  Uc  existe  :i  l'étal  d'eau-forte  pure 
avant  toutes  lettres,  m;iis  est  rarissime  dans  cel  état. 


i  Consulter  :  Catalogue  ralëonnè  ./.■  rarupre  */<•  Waiteau  pur  Ed.  de  Goncourt,  Paris.  RepUly. 
]  st."..  el  ■  .lui  de  Robert  Dumesnll. 


ÉCOLE    FRANÇAISE  365 

Ventes  :  Behaguc,  t.  m.,  205  —  Muhlbacher,  100  —  Maiinet,  178  —  Goncourt, 
eau-forte  pure  clans  un  cadre  ancien,  000. 

L'Assemblée  Calante  (par  Le  Bas). 

Pièce  recherchée,  vaut  avec  la  lettre,  90  à  100  francs,  et  en  avant  lettre, 
160  à  200  ;  à  la  vente  de  Goncourt,  une  épreuve  fut  adjugée  en  avant  lettre, 
215  francs. 

La  Leçon  d'Amour  (par  Dupuis). 

Une  des  jolies  pièces  de  l'œuvre;  en  état  courant,  G0  à  80  francs;  en  état 
d'eau-forte  pure  qui  est  extrêmement  rare,  elle  vaut  de  150  à  200  francs; 
une  épreuve  à  la  vente  de  Goncourt  atteignit,  210  francs. 

La  Toilette  (par  P.  Mercier).  —  Une  femme  de  chambre  apporte 
à  sa  maîtresse  qui  se  lève,  un  bassin  et  une  éponge. 

Pièce  de  toute  rareté,  adjugée  en  état  d'eau-forte  pure  à  la  vente  de 
Goncourt,  215  francs,  c'était  l'exemplaire  île  Bebague  qui  avait  été  adjugé 
alors  135  francs.  —  A  la  vente  de  Vèze,  en  1854,  elle  fut  payée  170. 

La  Troupe  Italienne  (par  le  Maître). 

A  la  vente  de  Goncourt,  un  rarissime  exemplaire  à  l'état  d'eau-forte  pure, 
fut  adjugé  700  francs;  il  fut  acheté  par  Defer  Uumesnil  et  revendu  010. 

A  cette  vente  Defer  Dumesnil,  une  très  précieuse  eau-forte  non  décrite  et 
très  probablement  du  Maître  lui-même,  représentant  :  «  Watleau  peignant 
son  ami  de  Julienne  jouant  du  violoncelle  dans  un  parc  »  fut  adjugée  1350  fr., 
estampe  unique  sans  doute,  qui  a  été  gravée  en  contre-partie  par  Tardieu. 

Dans  son  ouvrage,  Ed.  de  Goncourt  affirme  qu'il  n'y  a  que  9  eaux-fortes 
exclusivement  de  la  main  de  Watteau  et  pures  de  toutes  retouches  de 
Thomassin  ou  de  Simonneau,  les  voici  :  La  Troupe  Italienne  —  Recrue 
allant  joindre  le  Régiment  —  7  figures  de  mode  :  L'Homme  accoudé,  Le 
Promeneur  vu  de  face,  L'Homme  appuyé,  Le  Promeneur  vu  de  profil,  La 
Femme  marchant  à  gauche,  La  Femme  marchant  au  fond,  La  Femme  assise. 

Adonis  (par  Scolin?).  —  L'acteur  occupe  le  milieu  de  la  compo- 
sition, il  est  debout,  une  rose  dans  la  main  droite  ;  quatre  nymphes 
sont  couchées  à  droite  au  pied  d'un  buste  de  Pan  ;  à  gauche,  une 
fontaine  avec  une  statue  de  Naïade;  un  peu  plus  loin,  l'amoureux 
l'ait  une  déclaration  à  une  Isahelle  assise  que  surprend  Crispus  qui 
l'ait  un  geste. 

Petite  pièce  d'une  insigne  rareté  que  nous  n'avons  relevée  qu'à  la  vente  de 
Vèze  en  1851  où  on  l'adjugea  avant  la  lettre  mais  avec  le  privilège,  51  francs, 
on  la  suppose  gravée  par  Scotin.  —  11  existe  une  copie  en  contre-partie  par 
Probst,  chez  Wolff  à  Augsbourg,  avec  quatre  vers  allemands  et  latins. 


366  ÉCOLE   FHANÇAISE 

Les  Comédiens  comiques (79)      Les  Rendez-vous  comiques  (80). 

Ces  deux  pièces  en  couleurs  gravées  par  Janinct,  jadis  peu  recherchées, 
viennent  de  l'aire  en  vente  publique  le  14  mars  1903,  la  coquette  somme  de 

920  francs,  c'est  pour  elles  beaucoup  d'honneur  ;  mais  l'estampe  en  couleurs 
gagne  tous  les  jours  du  terrain  et  il  faudra  bien  s'accoutumer  a  ces  prix. 

WILLE  Fils  (Pierre-Alexandre,  d'après) 

1748-1821 

L'Essai  du  Corset  (par  Dennel).  —  Une  adorable  petite  femme 
debout  de  face  et  regardant  à  droite,  se  fait  lacer  son  corset  devant 
un  vieux  qui,  assis  à  sa  gauche  une  tabatière  à  la  main,  regarde  d'un 
œil  plein  d'admiration  une  gorge  ronde  et  ferme.  A  droite,  une  fenêtre 
éclaire  la  scène. 

Dédicace  d'un  Poème  épique  (par  le  même).  —  Près  de  son  lit, 
assise  de  profil  à  droite,  la  même  jolie  femme,  la  gorge  nue,  le  coude 
droit  appuyé  sur  un  guéridon,  prend  une  tasse  de  café  en  écoutant 
un  vieillard  qui  lui  lit  un  poème  ;  près  d'elle,  une  servante  prête  une 
oreille  attentive  à  cette  lecture  ;  à  droite,  un  petit  chien. 

Ces  pièces  qui  se  font  pendants  sont  extrêmement  gracieuses;  elles  ne 
sont  pas  rares  avec  la  lettre  el  valent  les  deux  de  60  à  80  francs,  mais  avant 
toutes  lettres  elles  sont  assez  difficiles  à  rencontrer  et  leur  cote  varie  entre 
200  ei  300  francs.  —  De  Goiiy  a  fait  une  jolie  petite  réduction  en  couleurs  et 
eu  contre-partie  de  L'Essai  du  Corset,  elle  vaut  une  soixantaine  de  francs  et 
n'est  pas  commune. 


Dix-neuvième 
et  Vingtième  Siècles 


ARTISTES   FRANÇAIS   &   ETRANGERS 


DIX-NEUVIÈME  &  VINGTIÈME  SIÈCLES 

ARTISTES  FRANÇAIS  &  ÉTRANGERS 


ANGELVY 

Coq  et  Poule.  —  Devant  une  cour  de  ferme,  près  d'un  baquet, 
un  coq  et  une  poule  blanche  picorent  dans  la  paille,  le  coq  est  au 
premier  plan  ;  tous  deux  sont  tournés  à  gauche. 

Cette  petite  eau-forte  en  couleurs,  encrée  à  la  poupée,  est  d'une  délicatesse 
absolument  exquise,  c'est  d'un  métier  si  fin  et  si  curieusement  poussé, 
qu'on  pourrait  la  qualifier  de  véritable  miniature  ;  l'artiste  a  un  faire 
absolument  précieux  et  personnel,  et  nous  ne  nous  rappelons  rien  dans 
l'espèce  qui  puisse  lui  être  assimilé. 

Surprise.  —  Encore  dans  une  cour  de  ferme,  deux  poules  et  un 
coq  —  celui-ci  au  dernier  plan  —  près  d'un  lapin  crevé  couché  sur  le 
flanc  droit. 

Aujourd'hui  que  l'estampe  en  couleurs  est  plus  en  faveur  que  jamais  — 
on  en  vend  dix  contre  une  en  noir  —  ce  que  nous  ne  pouvons  que  déplorer, 
nous  croyons  utile  de  dire  quelques  mots  des  deux  procédés  —  la  poupée  et 
le  repérage  —  dont  on  se  sert  pour  les  imprimer.  Nous  en  avons  longuement 
causé  avec  un  des  plus  habiles  artistes  de  l'heure  actuelle  et  voici  en 
substance  le  résumé  de  cette  conversation. 

Un  œil  exercé  peut  d'une  façon  absolue  et  formelle  distinguer  à  première 
vue  une  épreuve  provenant  d'un  cuivre  encré  à  la  poupée,  d'une  épreuve 
provenant  d'un  tirage  à  repérage  ou  à  plusieurs  planches  ;  aucun  tireur  de 
chez  Wittman,  Porcabœuf,  Delàtre,  etc.  —  tireur  en  couleur  s'entend  —  ne 
s'y  trompera. 

L'épreuve  obtenue  à  la  poupée  ne  présente  généralement  '  pas  les  trous 
du    repérage    —    trous   absolument    semblables    à   des   piqûres   d'épingles 


l  Quelquefois,  mais  très  rarement  cependant,  une  épreuve  h  la  poupée  présente  ces  trous,  ce 
n'est  donc  pas  un  critérium  absolu,  néanmoins  un  homme  du  métier  ne  pourra  les  confondre 
l'une  avec  l'autre,  nous  le  répétons. 

24 


;$70  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

traversant  le  papier  —  qui  se  voient  sur  celles  provenant  d'un  tirage  à 
plusieurs  planches.  —  Une  planche  à  la  poupée  est  presque  toujours  tirée 
d'un  seul  coup,  quelquefois  cependant  elle  passe  deux  fois  sous  la  presse  ; 
dans  certains  cas  très  rares,  elle  y  passe  même  trois  fois.  Le  second  coup 
est  pour  lui  donner,  comme  disent  les  imprimeurs,  un  jus,  sorte  de  teinte 
neutre  qui  enveloppe  et  harmonise  le  tout. 

L'épreuve  au  repérage  est  ordinairement  plus  dure,  moins  souple  et, 
chose  étrange,  moins  riche  de  couleurs.  Pour  obtenir  une  épreuve,  il  y  a 
un  cuivre  pour  les  rouges,  un  pour  les  jaunes  et  un  pour  les  bleus,  etc.. 
Ces  couleurs  restent  parfois  pures  ou  tombent  les  unes  sur  les  autres  pour 
obtenir  de  nouveaux  tons.  Ainsi,  un  cuivre  encré  jaune  tombera  sur  un 
cuivre  encré  bleu,  afin  d'obtenir  un  vert,  pour  rendre,  par  exemple,  un 
lac  avec  des  arbres  autour,  mais  ce  mariage  n'est  pas  toujours  heureux. 
Seulement,  dans  le  travail  du  repérage,  l'ouvrier  tireur  a  sa  besogne  toute 
mâchée,  il  n'a  pas  à  intervenir,  tandis  que,  dans  la  planche  à  la  poupée,  il 
lui  faut  du  goût  et  un  tour  de  main  très  spécial.  Il  n'y  a  pas  vingt  ouvriers  à 
Paris  qui  sachent  arriver  a  l'effet  complet  d'une  planche  à  la  poupée,  où  les 
tons  viennent  les  uns  par  dessus  les  autres  et  se  mélangent  sur  un  seul 
cuivre.  L'artiste,  s'il  est  consciencieux,  doit  toujours  assister  au  tirage  des 
premières  épreuves. 

On  tire  en  ce  moment  (août  1902),  chez  Pierrcfort,  d'après  les  toiles  de 
la  National  Gallery,  une  série  de  douze  Turner  qui  est  la  chose  la  plus 
rude  que  l'on  ait  faite  dans  le  métier;  ce  tirage  se  fait  à  la  poupée,  mais  ce 
que  ça  a  coûté  de  temps  et  de  soins  avant  île  l'établir  est  quelque 
chose  d'inimaginable!!  la  chose  serait  impossible  a  réaliser  par  l'autre 
procédé. 

Le  repérage  qui  séduit  tant  les  éditeurs,  à  cause  de  la  facilité  à  le  faire 
tirer,  est  loin  de  mériter  la  faveur  dont  il  jouit.  Notre  ami  nous  racontait 
qu'il  avait  vu  un  jour  tirer  une  planche  au  repérage  d'un  des  artistes 
connaissant  à  fond  la  partie,  mais  que  le  repérage  ayant  joué  dans  le 
report  d'un  cuivre  sur  l'autre,  il  était  devenu  impossible,  malgré  les 
trous  conducteurs,  d'obtenir  une  épreuve  convenable.  Cinq  ouvriers 
habiles  s'y  essayèrent  en  vain,  et  leurs  efforts  furent  sans  succès.  Pour 
un  millimètre  peut-être,  un  œil,  un  trait  du  nez  n'apparaissaient  pas  à 
sa  place  sur  le  papier,  cela  faisait  trois  yeux,  trois  nez,  etc.,  désagrément 
cruel  pour  tout  autre  qu'an  phénomène  de  la  fête  de  Neuilly,  ajoutait-il 
spirituellement. 

Certains  ouvriers—  Le  cas  est  rare  —  ont  la  mauvaise  habitude  de  repérer, 
en  tàtant  le  co//i  du  cuivre  sous  le  papier  avant  de  faire  passer  sous  le 
rouleau. 

Quant  à  la  question  de  célérité  dans  le  tirage,  iniiis  noyons  que  le  travail 
au  repérage  estjde  beaucoup  plus  long  que  celui  a  la  poupée. 

Pour  nous  résumer  et  conclure,  notre  humble  avis  est  qu'une  épreuve  à 
la  poupée  est  supérieure  en  fondu  et  en  harmonie  ô  celle  au  repérage,  qui 

toujours  manque  un  peu  d'enveloppe  et  de  velouté,  niais  nous  confesserons 
Cependant    avoir    vu    des    épreuves    a    plusieurs    planches    bien    exécutées 

qui,  elles  aussi,  ne  manquaient  pas  de  séduction. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  371 


BAERTSOEN  (Albert) 

Artiste  belge  dont  nous  signalerons  les  eaux-fortes  suivantes  :  Vieux  Pont 
(Flandre)  —  La  Route  zélandaise  —  Vieux  Quai  (Flandre)  —  Veere,  soir 
(Zélande)  ;  tirées  à  25  épreuves,  elles  se  raréfieront  promptement  —  The 
Studio,  si  notre  mémoire  est  fidèle,  en  a  reproduit  quelques-unes. 


BAUER  (M.) 

Artiste  hollandais  de  beaucoup  de  talent,  né  à  La  Haye,  fut  très  remarqué 
à  l'Exposition  de  1900  où  il  exposa  une  fort  belle  série  d'eaux-fortes  un  peu 
dans  la  manière  de  Rembrandt  ;  parmi  les  plus  typiques  :  Cortège  de 
Pèlerins  au  Caire  —  La  Reine  de  Saba  —  Le  Matin  au  bord  du  Gange 
(extrêmement  curieuse)  —  Les  Eléphants  —  La  Jeunesse  inaltérable  et  la  Vie 
éternelle. 

En  1891,  F.  Keppel  exposa  8  eaux-fortes  de  cet  artiste  qui  fait  partie  du 
Club  des  Peintres-Graveurs  hollandais  ;  il  est  Grand-Prix  de  gravure  de 
l'Exposition  de  1900. 

BÉJOT  (Eugène) 

Le  Pont  Alexandre.  —  La  Seine  au  premier  plan  et  presque 
vide  de  travaux,  sauf  à  droite  un  bateau  à  laver  portant  Lessive  776, 
plus  loin  le  pont  dans  toute  sa  longueur  et  à  sa  gauche  la  tour  Eiffel  ; 
au  fond  à  droite,  le  Trocadéro  se  profile  avec  ses  tours.  Dans  l'estampe 
à  gauche  :  Eug.  Bejot  Paris  1901.  Pont  Alexandre. 

Chambre  des  Députés.  —  Le  pont  de  la  Concorde  et  à  son 
extrémité  le  Palais-Bourbon  ;  sur  le  premier  plan,  un  pêcheur  à  la 
ligne  accoudé  au  parapet  en  fer,  il  est  vu  de  dos  ;  près  de  lui,  un 
curieux  le  regarde  ;  un  troisième  personnage  à  droite  qui  est  vu  de 
profil,  complète  le  tableau.  En  bas  :  Eug.  Bejot,  Paris  1901.  Chambre 
des  Députés. 

L'artiste  s'est  principalement  adonné  aux  Vues  de  Paris  '  dont  il  a  pris, 
avec  un  rare  bonheur,  tous  les  coins  pittoresques  et  intéressants,  il  en  a 


1  11  vient  de  paraître  de  l'artiste  chez  Lahure  :  Du  l  au  XX.  Les  Arrondissements  Je  Paris,  une 
jolie  suite  de  vingt  eaux-fortes  originales  d'un  puissant  intérêt;  cette  publication  a  été  honorée 
d'une  préface  de  Jules  Claretie,  ce  sont  de  précieuses  notes  pour  l'avenir  qui  par  leur  sincérité 
ont  la  valeur  de  véritables  documents  historiques. 


372  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

également  croqué  quelques-uns  à  Londres  qui  ne  manquent  pas  de  charme; 
il  compte  aussi  à  son  actif  quelques  lithographies. 

Nous  le  féliciterons  vivement  aussi  d'un  détail  qui  ne  manque  pas 
d'importance,  et  dont  lui  sauront  un  gré  infini  les  collectionneurs  et  les 
marchands,  c'est  d'avoir  eu  souci  de  mettre  à  la  pointe,  dans  l'intérieur 
même  de  l'estampe,  la  rubrique  de  son  sujet.  —  Il  faut  le  collectionner. 


BELLEE  (Léon  de) 


Peintre  et  graveur  breton,  mort  jeune  et  sur  lequel  nous  n'avons 
malheureusement  aucuns  renseignements  précis  ;  talent  sobre  et  vrai, 
dessinateur  excellent  et  distingué,  il  exposa  aux  Peintres-Graveurs  français 
en  1890;  nous  n'en  retiendrons  que  la  pièce  suivante  qui  est  un  pur 
chef-d'œuvre  ;  c'est  une  eau-forte  de  la  dimension  d'une  grande  carte  de 
visite  ;  nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  c'est  un  bijou  qui  vaut  un  petit 
Rembrandt. 


Un  Chemin  à  Saint-Cast.  —  Un  étroit  sentier  longeant  un 
coteau  à  pic  et  à  gauche  ;  à  droite  au  second  plan,  quelques  arbres 
élevés  et  défeuillés,  au  pied  desquels  se  silhouette  le  toit  d'une 
chaumière  en  contre-bas,  Le  ciel  est  blanc.  Sous  le  trait  carré  dans  le 
bas  du  coin  gauche  :  H.  L.  de  Bellée  1871. 

Nous  en  possédons  un  superbe  exemplaire,  c'est  une  eau-forte  pure,  tirée 
nature  et  d'un  art  extrêmement  élevé  ;  nous  la  croyons  particulièrement 
rare,  mais  faisons  cependant  nos  réserves  relativement  à  la  rubrique  sous 
laquelle  nous  venons  de  la  désigner.  —  L'œuvre  gravé  de  l'artiste  est  très 
restreint  et  fort  peu  connu. 


BERTON   (A.) 

Etude  de  Femme  nue.  —  Jeune  femme  nue  couchée  sur  un  lit, 
le  corps  repose  sur  le  côté  gauche,  elle  est  accoudée,  le  menton 
appuyé  dans  la  main  gauche,  la  jambe  reployée  sous  elle,  le  bras 
droit  allongé  sur  la  cuisse,  elle  regarde  presque  de  face. 

Nous  signalons  cette  eau-forte  d'un  artiste  très  jeune  et  encore,  croyons- 
nous,  peu  connu,  parce  qu'elle  dénote  un  joli  tempérament  de  graveur  et 
«|u  étant  Min  premier  essai  elle  a  Ole  tirée  à  un  nombre  absolument  restreint. 
Particularité  :  l'artiste  est  sourd-muet. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  373 


BESNARD  (Paul-Albert) 

La  Mère  malade.  —  Assise  dans  son  lit  et  tournée  de  trois 
quarts  à  gauche,  la  jeune  femme,  la  tête  recouverte  d'un  mouchoir, 
regarde  sa  petite  fille  qui  lui  apporte  une  cuvette  qu'elle  tient  de  ses 
deux  mains  ;  son  frère  est  derrière  elle,  penché  en  avant  sur  le  bras 
du  fauteuil  qui  est  au  pied  du  lit,  il  regarde  cette  scène.  Au  fond  de 
l'estampe,  des  tentures. 

Nous  possédons  une  épreuve  signée  et  dédiée  du  l»r  état,  tirée  à 
3  exemplaires,  dans  lequel  la  mère,  le  lit,  l'oreiller,  les  draps,  les  mains 
de  la  fillette  et  la  cuvette  ne  sont  indiqués  qu'au  trait.  —  Dans  cet  état, 
les  enfants,  la  petite  fille  surtout,  est  adorable.  Cette  eau-forte,  merveilleuse 
de  couleur,  est  une  des  plus  belles  pièces  contemporaines.  La  planche  fut 
gravée  en  1891,  mais,  lorsque  l'artiste  voulut  la  terminer,  il  la  perdit  ;  c'est 
de  lui-même  que  nous  tenons  ce  détail. 

Les  Enfants  de  l'Artiste.  —  En  hauteur  sur  trois  plans  diffé- 
rents et  presque  sur  la  même  perpendiculaire,  la  tête  des  trois  enfants 
du  célèbre  peintre.  Le  portrait  de  la  petite  fille  de  profil  à  droite  est 
placé  entre  ses  deux  frères,  celui  qui  est  au-dessus  d'elle  est  de  trois 
quarts  regardant  de  face,  celui  au-dessous  est  comme  elle  de  profil  à 
droite.  Sur  ce  cuivre,  on  remarque  encore  à  droite  une  autre  tête  de 
la  fillette  qui,  restée  inachevée,  n'a  pas  été  effacée.  Le  bas  du  coin 
droit  de  l'estampe  délimité  par  deux  traits  est  vide  de  travaux. 

Notre  exemplaire  provient  de  la  vente  de  Burty  auquel  il  fut  dédié 
en  1890.  C'est  une  œuvre  d'art  d'une  extrême  distinction  ;  il  y  a  là  des 
valeurs  de  noirs  tout  à  fait  extraordinaires  et  puissants  comme  de  la  couleur. 

Dans  les  Cendres.  —  Une  femme  est  assise  presque  de  face  sur 
la  pierre  d'un  foyer,  elle  est  penchée  en  avant  et  ses  bras  posés  l'un 
sur  l'autre,  s'appuient  sur  ses  genoux,  les  jambes  sont  écartées  et  les 
mains  et  le  visage  sont  violemment  éclairés  ;  la  lumière  vient  de  droite. 

Jeune  Fille  à  la  barre  (?)  —  Elle  est  debout,  le  corps  de  profil 
à  gauche  et  regarde  presque  de  face,  appuyée  sur  une  barre. 

l"  état.  —  Au  trait,  à  part  les  cheveux  qui  sont  ombrés  ;  le  fond  est 
blanc  ainsi  que  la  barre  sur  laquelle]  le  modèle  appuie  la 
main  gauche. 


374  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

2fi  état.  —  La  planche  est  terminée,  et  le  fond  très  noir  ;  un  coup  de 
lumière  sur  le  milieu  de  la  barre,  à  la  hauteur  de  la  cein- 
ture de  la  fillette,  éclaire  merveilleusement  la  composition. 

Rêveuse  <?>  —  De  profil  à  gauche  et  semblant  assise,  une  femme 
penchée  en  avant,  laisse  porter  tout  le  poids  de  son  corps  sur  ses 
bras  qu'elle  appuie  sur  ses  genoux.  Son  regard  se  perd  dans  l'infini. 

?  ?  ?  —  Une  femme  est  assise  dans  un  fauteuil  tout  en  bois 
dont  le  haut  dossier  dépasse  sa  tête,  elle  est  complètement  de  face  et 
regarde  droit  devant  elle,  l'avant-bras  droit  est  allongé  sur  le  bras  du 
fauteuil,  le  gauche  est  accoudé.  Une  collerette  blanche  légèrement 
esquissée,  dégage  le  cou  de  la  femme.  Les  plis  de  la  robe  sont 
merveilleusement  accusés. 

La  plus  haute  expression  d'un  sentiment  vague.         Une 

danseuse  de  profil  à  droite,  faisant  une  pointe  sur  le  pied  droit,  lève 
très  haut  la  jambe  gauche. 

Nous  mentionnons  cette  petite  pièce  à  cause  de  son  extrême  rareté  pour 
les  collectionneurs  qui  font  l'œuvre  du  Maître. 

Etude  de  Nu.  —  De  trois  quarts  à  droite  et  regardant  de  face, 
les  jambes  croisées,  une  femme  tient  embrassé  le  dossier  du  fauteuil  (?) 
sur  lequel  elle  est  assise. 

?  ?  ?  -  Au  fond  de  l'estampe,  un  lit  très  haut  sur  lequel 
une  jeune  femme  vue  de  dos,  vient  de  déposer  un  enfant;  sur  le 
premier  plan,  une  chaise  sur-laquellc  une  serviette  est  jetée. 

La  Morte  couchée.  Une   femme   est  couchée  de   face,  la 

chemise  vague  aux  manches  courtes  laisse  le  cou  complètement 
dégagé,  la  tèle  repose  sur  l'oreiller  rejetée  violemment  en  arrière, 
la  bouche  est  entrouverte;  les  mains  sont  jointes  dans  le  raidissement 
de  douleur  des  bras  allongés. 

L'état  que  nous  venons  de  décrire  est  le  premier.  Dans  le  second,  les  bras 
ont  disparu  sous  les  travaux  d'ombre,  qui  font  un  merveilleux  repoussoir 
avec  le  blanc  île  la  chemise,  la  planche  est  là  véritablement  à  l'effet.  Cette 
estampe  et  les  précédentes  sont  toutes  d'admirables  eaux-fortes  de  peintre, 
pleines  de  couleur  et  d'accent,  elles  prennent  rang  parmi  les  plus  magistrales 
productions  de  notre  époque  et  sont  les  jo\au\  des  portefeuilles  qui  les 
contiennent.       L'artiste  esl  Grand-Prix  de  gravure  «If  L'Exposition  de  1000. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  375 


BEURDELEY  (Jacques) 

Les  Vieux  Murs.  —  A  gauche,  une  haute  maison  commencée  à 
démolir  et  dont  les  murs  sont  soutenus  par  des  étais  ;  sur  le  premier 
plan  à  droite,  un  ouvrier  vu  de  dos  est  monté  sur  un  échafaudage. 

Rue  Saint-Severin.  —  A  gauche,  des  maisons,  et  à  droite,  une 
partie  de  Saint-Severin  avec  la  grille  qui  l'entoure  ;  vers  le  milieu  de 
l'estampe,  deux  femmes  arrêtées  causent  entre  elles  ;  celle  de  droite 
porte  un  enfant  dans  ses  bras. 

La  Rue  des  Prêtres  Saint-Severin.  —  Des  enfants  entrent  et 
sortent  de  l'école  ;  à  droite,  une  mère  arrêtée  parle  à  son  fils. 

La  Rue  d'Ecosse  ' .  —  Une  maison  à  gauche,  devant  l'allée  de 
laquelle  une  femme  vue  de  dos  et  tournée  à  droite  est  assise,  parlant 
à  un  homme  debout  devant  elle  ;  un  peu  plus  loin  à  droite,  un  groupe 
de  trois  enfants  jouant. 

Galeries  de  l'Odéon.  —  Des  bouquineurs  en  train  de  fureter  ; 
l'un  d'eux  à  droite,  en  chapeau  à  haute  forme,  est  penché  en  avant, 
la  main  sur  un  volume. 

Citons  encore  :  Maisons  et  fumée  —  Le  Pont  de  l'Europe  —  Le  Sacré-Cœur 
(effet  de  nuit)  —  Lavoirs  de  l'Hôtel-Dieu  à  Provins. 

L'artiste  qui  est  un  tout  jeune  homme  —  il  a  à  peine  28  ans  —  a  commencé 
à  graver  il  y  a  deux  ans  environ,  il  n'a  pris  de  leçons  d'aucun  maître,  et 
dans  son  œuvre  naissant  on  sent  déjà  percer  une  personnalité.  Il  imprime 
chez  Delâtre  environ  une  trentaine  d'exemplaires  par  chaque  planche,  il  tire 
ses  épreuves  en  deux  fois  avec  le  même  cuivre  pour  obtenir  des  ombres  plus 
intenses  ;  il  encre  à  la  poupée,  et,  généralement,  n'a  pas  deux  épreuves 
absolument  semblables  d'aspect. 


BLANC  (Paul) 

Le  Passage  difficile  (Blanc  3).  —  Appuyé  sur  deux  énormes 
crosses,  un  infirme  descend  un  escalier  taillé  dans  le  roc,  avec  toutes 
les  précautions  que  demande  la  circonstance. 
Eau-forte  pure. 


1  Cette  estampe  par  la  similitude  du  lieu  fait  songer  à  La  Rue  des  Mauvais  Garçons  de  Méryon  ; 
c'est  une  des  meilleures  pièces  du  jeune  artiste. 


376  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Singe  (20).  —  Un  vieux  mendiant,  son  singe  sur  les  genoux, 
est  assis  par  terre.  Le  singe  met  la  main  dans  l'assiette  de  soupe 
qu'une  jeune  fille  apporte  au  vieux. 

Eau-forte  pure. 

La  Conversation  (48).  —  Une  femme  assise,  devant  elle  un 
gosse,  la  culotte  déchirée. 

Eau-forte  relevée  de  pointe  sèche  seulement. 

L'artiste  a  un  métier  qui  ne  ressemble  en  rien  au  métier  de  ses  confrères, 
à  ce  titre,  il  mérite  de  figurer  dans  une  collection  de  contemporains.  Il 
accuse  lui-même  trois  manières  bien  distinctes:  Eau-forte  pure  —  Eau-forte 
relevée  de  pointe  sèche  —  Eau-forte,  pointe  sèche  et  aquatinte  ;  mais,  en 
tout  cas,  nous  le  répétons,  d'une  formule  très  spéciale.  Ses  sujets  sont 
Les  Mendiants,  il  en  sort  peu.  En  janvier  1897  son  œuvre  se  composait  de 
112  pièces,  l'artiste  avait  alors  60  ans. 


BONINGTON   (Richard-Parker) 

Elève  de  Legros,  né  à  Nottingham  en  1801,  mort  à  Londres  en  1828, 
s'adonna  surtout  à  la  reproduction  des  monuments  par  le  procédé  litho- 
graphique et  y  excella. 

Le  catalogue  de  son  œuvre  gravé  et  lithographie  fut  rédigé  avec  soin  par 
Aglaùs  Bouvennc  en  187.'i;  plus  tard,  Germain  Hediard  en  donna  un  second 
qui  ne  comprenait  que  les  lithographies  ;  il  fut  publié,  croyons-nous,  tout 
d'abord  dans  L'Artiste. 

Béraldi,  dans  Le  tome  II  de  ses  Crâneurs,  mentionne  G8  numéros.  Nous 
attirons  l'attention  très  spéciale  du  collectionneur  sur  les  pièces  suivantes 
qui  sont  absolument  remarquables,  mais  n'atteignent  cependant  jamais  de 
gros  prix. 

La  Rue  du  Gros  Horloge  à  Rouen,  1824. 

Fut  adjugée  dernièrement,  a  la  vente  Mallet,  20  francs  et  à  celle  de  Dreux 
10  francs,  sur  chine. 

L'Architecture  du  Moyen  Age. 

Première  pensée:  Deux  enfants,  l'un  assis,  l'autre  debout  à  gauche 

sur  hs  nia  relies  d'une  porte  d'architecture  gothique,  dont  le  vantail 
descellé  repose  à  droite  contre  la  baie. 

Il  n'existe,  paraît-il,  que  deux  épreuves  connues,  collections  l'arguez  et 
Lacombe;  à  la  vente  de  ce  dernier  cabinet,  l'exemplaire  avant  toutes  lettres 
fut  adjugé  50  lianes. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  377 

Epreuve  définitive  :  Deux  enfants  jouent  avec  un  chien  sur  les  degrés 
d'une  porte  gothique  murée,  dont  le  vantail  descellé  est  appuyé  à 
gauche.  On  lit  dans  le  remplissage  de  la  baie  :  Architecture  du  moyen 
âge  R.-P.  Bonington  (Lith.  de  Feillet). 

Il  existe  des  épreuves  sur  chine,  papier  blanc  et  teinté. 

Eglise  Saint-Gervais  et  Saint-Protais  à  Gisors. 

Vue  de  Bologne.  —  La  vue  est  prise  dans  l'intérieur  de  la  ville  ; 
au  second  plan,  très  éclairée,  une  place  qui  semble  devoir  servir  de 
marché.  Au  fond,  une  tour  carrée  haute  et  grêle. 

Cette  pièce  est  la  seule  eau-forle  connue  du  Maître,  les  épreuves  en  sont 
fort  rares  et  on  ne  les  rencontre  guère  qu'en  Angleterre  ;  c'est  le 
15  octobre  1828  que  MM.  Colnaghi  la  publièrent.  Burty  et  Villot  en 
possédaient  chacun  un  exemplaire,  celui  de  Burty  provenait  de  la  collection 
Van  Os,  on  les  crut  longtemps  les  deux  seuls  connus.  A  la  vente  Lacombe 
une  épreuve  fut  adjugée  57  francs;  la  plupart  des  belles  pièces  de  cet  artiste 
furent  achetées  par  le  prince  de  Mctternich,  ambassadeur  d'Autriche  à  Paris. 

En  mars  et  avril  1901,  le  docteur  H. -H.  Meier,  de  Brème,  prêta  ses 
Bonington  et  ses  plus  belles  lithographies  pour  une  exposition  qui  eut  lieu 
à  Leipzig;  précédemment  déjà,  en  1881,  il  avait  fait,  à  la  Galerie  Nationale  de 
Berlin,  une  exposition  d'eaux-fortes  de  nos  Maîtres  français,  en  collaboration 
de  feu  Thibaudeau,  de  Londres,  qui,  lui,  s'était  occupé  des  gravures 
anglaises.  Le  docteur  Meier  est  un  collectionneur  au  goût  sûr  et  délicat  qui 
réunit  les  eaux-fortes  et  lithographies  originales  modernes  de  tous  les  pays,  il 
possède  une  collection  unique  au  monde  qui  compte  près  de  60000  estampes. 
Cette  collection  ne  sera  jamais  dispersée  et,  un  jour  venant,  elle  deviendra, 
croyons-nous,  la  propriété  du  cabinet  de  Brème. 


BOTTINI-ZEE 

Cabinet  particulier.  —  Assis  l'un  près  de  l'autre,  presque  dos  à 
dos,  un  homme  et  une  femme,  cette  dernière  ayant  un  chapeau  qui 
ressemble  à  un  bonnet  phrygien,  sont  servis  par  un  garçon  qui, 
penché  en  avant,  s'avance  discrètement  un  plat  à  la  main. — 40  épreuves. 

Bar  d'Esthètes.  —  Devant  un  comptoir,  trois  hommes,  deux 
femmes  et  le  garçon,  le  verre  à  la  main,  en  train  de  boire;  au  fond 
de  l'estampe,  une  croisée  à  petits  carreaux  d'où  vient  le  jour. 


378  DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  collaboration  de  ces  deux  artistes  —  Bottini,  dessinateur,  Van  der 
Harry  Zee,  graveur  sur  bois  —  est  si  intime  que  nous  avons  cru  devoir 
réunir  leurs  deux  noms  sous  la  rubrique  Bottini-Zee.  Ces  bois  ont  une 
saveur  absolument  spéciale  et  sont  surtout  intéressants  par  leur  tache,  leur 
couleur;  ils  paraîtront  lâches,  très  lâches  même  de  dessin,  mais  ceci  est 
absolument  voulu  et  c'est  ce  qui  en  fait  la  particularité,  ils  sont  gravés  au 
canif,  procédé  très  à  la  mode  aujourd'hui  et  d'un  œil  absolument  différent 
par  conséquent  de  ceux  traités,  par  exemple,  par  Pannemaker  et  Pisan. 

La  Femme  à  la  Rose.  —  Une  femme  est  allongée  sur  un  canapé, 
la  tête  à  droite,  accoudée  sur  le  bras  gauche,  elle  a  une  rose  dans  les 
cheveux  et  une  autre  dans  la  main  droite  étendue  le  long  du  corps, 
la  pièce  est  sombre,  la  joue  droite  seule  est  éclairée. 

La  seule  eau-forte  faite  par  ces  artistes.  —  Toutes  ces  pièces  sont  de  couleurs 
généralement  différentes,  les  encres  étant  renouvelées  â  chaque  tirage  ; 
imprimées  à  très  petit  nombre,  elles  sont  vite  épuisées,  c'est  surtout  chez 
Klcinmann,  qui  en  a  fait  sa  spécialité,  qu'on  a  le  plus  de  chance  de  les 
rencontrer. 


BOUTET  (Henri) 

L'Essai  du  Corset.  —  Une  petite  femme  <à  l'air  émoustillé,  vue 
de  trois  quarts  à  gauche,  a  peine  à  agrafer  un  corset  noir  contre 
lequel  se  révoltent  ceux  que  l'on  veut  faire  prisonniers. 

Le  mouvement  est  fort  gracieux;  cette  pointe  sèche  est  la  plus  jolie  qu'ait 
signée  l'artiste,  il  l'a  faut  avoir  en  1"  étal. 

Deux  expositions  de  l'œuvre  de  Boulet  ont  été  laites  au  Salon  des  Cent, 
31,  rue  Bonaparte,  en  mai-juin  1895  et  en  ('?);  le  catalogue  de  la  première 
contenait  une  préface  de  l'artiste  lui-même,  pleine  d'humour.  —  Voir  : 
II.  Béraldi,  Les  Graveurs  du  XIX*  siècle,  tome  II,  1885  —  Léon  Mailard, 
Henri  Boulet,  graveur  et  pastelliste,  2  vol.,  Paris,  Floury,  189-1-1895. 

Houtet  a  créé  un  genre,  à  ee  titre  il  doil  Qgurer  dans  ce  recueil.  C'est  de 
lui  qu'un  écrivain  très  spirituel  et  très  humoriste  —  M.  Hippolytc  Devillers  — 
a  dit  dans  un  numéro  de  L'Estampe  rubrique  Camées  Express  : 

« Il  a  croqué  plus  de  Parisiennes  que  Croqaemitaine  de  petits 

»  enfants.  .  .  .  Il  les  croque  laides  crues,  le  monstre  '  en  robe,  en  pantalon,  en 
»  chemise ,  quelquefois  moins  icelle  ....  Eleusis  avait  ses  mystères  ;  les 
»  corsets  n'en  ont  plus  pour  Henri  Boulet  ....  ceux  de  nos  sphgnges 
»  parisiennes  s'ouvrent  pour  lui  comme  des  grenades  mènes  (l'expression  est 
»  délicieuse!).  .  .  .  D'autres  dessous  que  ceux  de  la  politique  l'attirent,  et 
»  quand  il  s'égare  dans  le  labyrinthe  des  préférés,  en  bon  classique,  il  n'en 
»  sort  qu'en  se  hâtant  lentement.    ...» 

On  ne  peul  mieux  dire. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  379 


BOUTET  DE  MONVEL  (Bernard)     . 

Un  jeune  Homme  en  1899.  —  En  face  d'une  croisée  à  petits 
carreaux  multicolores,  un  tout  jeune  homme  coiffé  d'un  chapeau  à 
haute  forme  est  debout,  la  fleur  à  la  boutonnière,  la  canne  dans  la 
main  droite;  il  est  chaussé  de  souliers  vernis  très  luisants. 

Cette  estampe  en  couleurs,  comme  toutes  celles,  du  reste,  que  nous  allons 
décrire,  est  la  première  qu'ait  gravée  l'artiste,  il  avait  17  ans  !  Bon  chien 
chasse  de  race,  dit  le  proverbe,  c'est  donc  bien  prophétiser  que  d'assurer 
que  le  fils  occupera,  lui  aussi,  dans  son  art,  la  place  si  distinguée  que  son 
père  a  su  conquérir  dans  le  sien,  la  peinture. 

Les  Hâleurs.  —  Le  long  d'un  étroit  canal,  deux  hommes  se 
dirigent  vers  la  gauche,  hàlant  à  la  cordelle  un  chaland  ;  le  canal  et 
le  ciel  seuls  sont  légèrement  éclairés,  le  reste  est  dans  l'ombre  ;  de 
l'autre  côté  de  l'eau,  on  aperçoit  des  arbres  et  des  maisons  basses. 

Pièce  très  typique  imprimée  avec  planches  de  repérage  comme  presque 
toujours,  et  en  teintes  plates;  ce  procédé,  qu'on  peut  accuser  d'un  peu  de 
lourdeur  quelquefois,  est  souvent  assez  heureux,  il  donne  à  certains  sujets 
un  accent,  qu'une  transparence  dans  les  teintes  ne  saurait  rendre  avec 
autant  d'énergie.  Il  y  a  cependant,  nous  devons  le  reconnaître,  dans  les 
estampes  ainsi  traitées,  moins  de  souplesse  et  moins  d'enveloppe  que  dans 
celles  où  l'on  procède  par  la  dégradation  des  nuances,  c'est  donc  une 
manière  dont  il  ne  faudrait  peut-être  pas  trop  abuser,  elle  deviendrait 
facilement  monotone. 

Le  Bar.  —  Un  lad  vu  de  dos  et  accoudé  près  d'un  bar,  derrière 
lui  sur  le  tout  premier  plan,  un  bouledogue  assis  de  trois  quarts  à 
droite.  On  distingue  les  bouteilles  et  les  verres  sur  le  comptoir. 
A  droite  de  l'épaule  du  jeune  garçon  et  à  gauche  de  sa  casquette,  une 
partie  violemment  éclairée.  Dans  le  bas  du  coin  gauche,  on  lit  à 
l'envers  :  Boutet  B.  de  Monvel  1901. 

A  citer  encore  :  La  Marchande  de  Légumes  —  Avant  l'Orage  ■  —  Départ  pour 
la  Chasse. 


I  Nous  la  mentionnons,  bien  que  le  jeune  artiste  nous  ait  dit  n'en  être  pas  du  tout  satisfait  ; 
elle  rappelle  un  peu  Les  Hâleurs,  que  nous  préférons  du  reste  nous  aussi. 


380  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 


BRAGQUEMOND  (Félix) 

Léon   Cladel  (Béraldi  21).  —  Assis  devant  sa  table,  la  main 

droite  tenant  une  cigarette,  s'appuie  sur  une  feuille  de  papier  blanc, 

le  bras  gauche  est  passé  sur  le  dossier  de  la  chaise,  et  autour  du 

poignet   s'enroule   une  lanière  de  cuir  qui   soutient   un  bâton.  Le 

personnage  aux  longs  cheveux  et  à  la  barbe  blanche  est  coiffé  d'un 

chapeau  mou,  il  songe. 

C'est  un  des  plus  beaux  portraits  qu'ait  signé  le  Maître,  il  devient  fort  rare 
et  ne  porte  la  signature  de  l'artiste  qu'au  3e  et  dernier  état.  Nous  engageons 
vivement  le  lecteur  à  consulter  le  catalogue  de  l'œuvre  de  l'artiste  par 
H.  Béraldi  :  Les  Graveurs  du  XIXe  siècle,  tome  III  et  IX  [supplément],  où 
810  numéros  sont  décrits. 

Le  Haut  d'un  battant  de  porte  (110).  —  Sur  une  porte  de 
grange,  quatre  oiseaux  sont  crucifiés,  une  pie,  une  chauve-souris  et 
deux  éperviers  ;  un  cartouche  est  fixé  par  un  clou  sur  cette  porte  et 
on  y  lit  un  quatrain  commençant  par  ces  mots  :  Ici  tu  vois  tristement 
pendre. . . 

M.  Alfred  Barrion  en  possède  une  admirable  épreuve  dédiée  à 
Mme  O'Connell  ;  clic  est,  croyons-nous,  du  4c  état  avec  la  planchette  et  le 
quatrain.  C'est  une  des  pièces  célèbres  du  xix"  siècle  qui,  très  avidement 
recherchée,  se  raréfie  tous  les  jours. 

Les  Sarcelles  (111).  —  Dans  un  marais,  des  sarcelles  prennent 
leurs  ébats,  six  vienent  île  prendre  leur  vol  et  sonl  loin  dans  le  ciel  ; 
la  septième,  celle  de  droite,  est  à  peine  au-dessus  des  roseaux,  allant 
rejoindre  les  autres  s'envolant  vers  la  gauche. 

Le  bel  état  est  celui  portant  le  titre  et  à  gauche,  sous  le  trait  carré, 
Inw.  Delâtre,  rue  Bièvre,  19,  et  dans  le  haut  du  coin  droit  liracquemond  .  il 
n'y  a  eu  que  30  épreuves  de  tirées. 

Les  Perdrix  (112).  —  Au  pied  d'un  tertre  dénudé,  ayant  à  droite 
un  bouquet  d'arbres,  une  compagnie  de  perdrix  ;  une  de  celles  du 
tout  premier  plan,  la  tète  haute,  semble  rappeler;  quelques  autres 
ont  déjà  pris  leur  vol. 

Cette  pièce  est  d'une  curieuse  couleur  el  d'un  métier  qui,  quoique  un  peu 
sec,  est  loin  d'être  banal,  à  ce  titre  elle  doit  entrer  dans  le  portefeuille  du 
Collectionneur.  Elle  est  fort  rare. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  381 

Margot  la  Critique  (113).  —  Sur  une  mappemonde  dont  on  ne 
voit  qu'une  partie,  une  pie  est  posée,  les  ailes  déployées,  le  bec  ouvert, 
les  pattes  écartées,  elle  tient  dans  celle  de  droite  une  plume  d'oie.  Sur 
la  calotte  de  la  sphère,  on  lit  :  Paris,  Musée,  Opéra,  etc.  Sur  le  fond  de 
l'estampe,  une  légende  de  13  vers  commençant  par  :  Un  jour  Margot 
Critique  au  noir  plumage. 

Inutile  de  rechercher  le  1er  état  qui  est  avant  le  tilre  et  les  vers,  car  il  n'en 
existe  que  deux  exemplaires.  Le  2e,  celui  que  nous  venons  de  décrire,  est 
tiré  à  50  épreuves  seulement. 

Toutes  les  pièces  que  nous  pourrions  appeler  du  Bracquemond  de  la 
première  manière  —  et  par  cette  dénomination  tous  les  collectionneurs  nous 
comprendront  —  sont  à  l'heure  actuelle  extrêmement  rares,  elles  sont  dans 
des  portefeuilles  qui  les  gardent  jalousement,  et  on  ne  les  voit  faire  leur 
réapparition  sur  le  marché  que  de  loin  en  loin,  quand  un  amateur  se 
décide  à  faire  sa  vente. 

A  rejeter  au  point  de  vue  beauté  d'épreuves  tout  ce  qui  provient  de  chez 
Cadart  ou  de  chez  L'Artiste. 

Le  Corbeau  (115).  —  Vieux  et  cassé,  se  tenant  difficilement  sur 
ses  pattes  très  écartées,  un  corbeau  se  repose  près  d'une  potence  ; 
derrière  lui,  d'autres  oiseaux  se  pressent  à  la  file  sur  les  montants 
d'un  autre  gibet. 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'en  voir  une  superbe  épreuve  chez  M.  Alfred 
Barrion,  elle  est  d'un  état  non  décrit  par  Béraldi  qui  doit  être  entre  le  1"  et 
le  2e  état,  c'est-à-dire  :  avant  toutes  lettres,  mais  ai>ec  le  ciel.  Au  2e  état,  il  y 
a  un  quatrain  au  bas  du  gibet  commençant  par  ces  mots  :  Cri  funèbre, 
sombre  plumage.  La  pièce  est  admirable. 

Le  Canard  (116).  —  Un  paysage  avec  un  grand  ciel  plein  de 
canards  qui  s'échappent  dans  toutes  les  directions.  Au  fond,  sur  la 
ligne  de  terre,  l'inscription  :  Horizon  politique.  Au  premier  plan, 
s'élançant  vers  le  spectateur,  les  ailes  étendues  et  dépassant  le  trait 
carré,  un  grand  canard  ;  au-dessus  du  trait  carré,  on  voit  le  haut  des 
lettres  du  mot  Journal  qui  donne  la  signification  de  la  pièce.  Signé 
Bracquemond  dans  l'angle  supérieur  gauche. 

N'ayant  pu  en  son  temps  nous  procurer  cette  pièce  qui  est  d'une  insigne 
rareté,  nous  nous  sommes  permis  d'en  emprunter  la  description  à 
M.  Béraldi. 

Les  Taupes  (134).  —  Dans  la  campagne,  dix  taupes  pendues  à 
une  branche  morte  de  peuplier  piquée  en  terre.  A  gauche  au  fond  de 
l'estampe,  le  taupier  qui  s'éloigne,  en  emportant  encore  quatre  autres 


382  DIX-NEUVIÈME  ET  VINGTIÈME    SIÈCLES 

pendues  à  une  gaule.  Sur  une  pierre  blanche  à  gauche,  un  quatrain  : 
Aux  Ramilles  du  peuplier,  etc.,  et  dans  le  haut  du  coin  droit: 
Bracquemond  inv.  et  fec. 

Une  épreuve  de  1er  état  avant  la  re-morsure  et  avec  la  pierre  blanche  qui 
est  à  gauche  dans  le  coin,  et  avant  les  vers  :  Aux  Ramilles  du  peuplier...  se 
trouve  dans  la  collection  de  M.  Alfred  Barrion.  C'est  la  seule  qu'il  nous  ait 
été  donné  de  voir  dans  cet  état,  nous  la  mentionnons  donc  à  titre  de  très 
rare  curiosité.  Il  n'a  été  tiré  de  cet  état  que  4  ou  5  exemplaires. 
M.  Bracquemond  nous  écrit  à  ce  sujet  que  sa  première  morsure  fut  trop 
courte,  que  les  taupes  étaient  toutes  grises  et  que  leur  valeur  se  confondant 
avec  les  valeurs  du  paysage,  il  fut  obligé  tout  simplement  de  faire  remordre 
ses  taupes. 

Les  Canards  l'ont  bien  passé  (154).  —  Sur  le  bord  d'une 
rivière  à  gauche,  un  personnage  debout,  coiffé  d'une  casquette  et  vu 
de  profil  à  droite.  Il  est  appuyé  sur  sa  canne  et  surpris  par  une  pluie 
battante,  il  regarde  l'autre  rive  vers  laquelle  se  dirige  une  partie  de  la 
bande  de  canards  qui  est  à  ses  pieds.  Dans  la  marge,  une  portée  de 
musique  notée  :  Les  canards  l'ont  bien  passée. 

Très  rare. 

La  Volaille  plumée  (155).  —  Sur  un  fond  blanc,  un  poulet 
plumé  est  pendu  par  la  tète  à  un  crochet. 

De  toute  rareté,  car  il  n'en  existe  que  six  épreuves. 

L'Inconnu  (174).  —  Sur  le  bord  d'un  étang  peuplé  de  plantes 
aquatiques,  un  canard,  le  cou  tendu,  suit  une  tortue  qui  se  dirige 
vers  la  gauche.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  (?),  l'initiale  B. 

La  Nuée  d'Orage  (219).  Dans  un  champ  séparé  d'un  petit  bois 
à  gauche  par  une  barrière,  six  oies  à  droite  semblent  se  consulter  sur 
le  parti  à  prendre. 

("est  une  magistrale  estampe  de  laquelle  M.  Béraldi  donne  onze  états; 
le  premier  est  au  ciel  blanc,  mais  le  septième  est  selon  nous  le  plus  carac- 
téristique, la  nuée  a  gauche  est  extrêmement  poussée  au  noir  avec  une 
partie  blanche  a  droite  que  traversent  des  rayons  de  soleil,  il  pleut 
violemment. 

Le  Vieux  Coq  (222).  -  Debout  et  complètement  de  prolil  à 
droite,  un  vieux  coq  sur  la  lisière  d'un  champ  de  seigle  dans  une 
attitude  méditative. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  383 

Ceci  est  une  des  plus  belles  pièces  de  notre  école  française  du  xix^  siècle, 
c'est  d'un  insurpassable  métier.  Les  trois  premiers  états  sont  tellement  rares, 
qu'il  faut  presque  renoncer  à  se  les  procurer  ;  quant  au  quatrième,  tiré  à 
200  épreuves  par  MM.  Dowdeswel  de  Londres  en  1882,  il  est  encore,  certes, 
très  digne  de  faire  honneur  aux  cartons  d'un  collectionneur  difficile  et 
délicat. 


Roseaux  et  Sarcelles  (224).  —  Dans  un  étang,  au  milieu  duquel 
émergent  quelques  touffes  de  roseaux  clairsemés,  des  sarcelles 
prennent  leurs  ébats  ;  six  séparées  de  leur  bande  gagnent  le  large, 
laissant  après  elle  un  sillage  très  marqué. 

Brumes  du  Matin  (779).  —  Dans  une  clairière  semée  de  genêts 
et  de  bruyères  et  encore  toute  ouatée  par  une  brume  matinale,  de 
nombreux  faisans  se  livrent  au  gagnage,  des  bouleaux  légèrement 
esquissés  agrémentent  cette  scène  empreinte  d'une  pénétrante  poésie 
rustique. 

Cette  estampe  dessinée  de  main  de  Maître  et  qui  figura  à  l'Exposition 
Universelle  de  1889,  fait  partie  du  cahier  de  6  eaux-fortes  éditées  par 
Lemercier  :  La  Nuée  d'Urage  —  Les  Mouettes  —  Roseaux  et  Sarcelles  —  Les 
Hirondelles  —  Canard  surpris  ;  elle  est  de  beaucoup  la  plus  séduisante  de 
cette  série,  mais  si  ce  n'est  plus  le  Bracquemond  première  manière,  c'est 
toujours  du  Bracquemond  qui  a  su  et  saura  conserver  intacte  cette  supré- 
matie et  cette  puissance  qui  la  fait  surnommer  à  juste  titre  le  Prince  de 
ieau-forte. 

Semaine  Russe  (sans  numéro1)-  --  Campé  fièrement  sur  ses 
ergots  puissants,  un  coq  gaulois  de  face,  lance  à  plein  gosier  le  cri 
de  Vive  le  Tzar,  gravé  en  haut  de  l'estampe  à  gauche.  En  bas  à  droite  ; 
A  mon  ami  Ch.  Roger.  Semaine  Russe.  Octobre  1S93.  Bracquemond. 

M.  Léonce  Benedite,  le  distingué  conservateur  du  Musée  National  du 
Luxembourg,  a  pris  l'intelligente  initiative  de  faire  périodiquement,  dans 
ce  local,  des  expositions  de  nos  principaux  peintres -graveurs  français; 
celle  de  Bracquemond  fut  la  première,  elle  eut  lieu  en  février-juillet  1897, 
d'autres  ont  déjà  suivi  et  suivront;  au  moment  ou  nous  écrivons  ces  lignes 
s'ouvre  celle  de  Buhot. 

En  mars  1901,  MM.  Tooth  and  Sons  exposèrent,  dans  leur  local  du 
boulevard  de  la  Madeleine,  29  pièces  de  l'artiste. 


1  Le  catalogue  Bracquemond  fut  complété  par  un  supplément  en  1889  ;  cette  estampe,  gravée 
en  1893,  n'y  pouvait  donc  pas  figurer. 


384  DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  plus  bel  œuvre  existant  actuellement  du  célèbre  Maître  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  publique  de  New-York,  il  comprend  873  numéros,  don  de 
M.  Samuel  Putman  Avery'. —  Félix  Bracquemond  est  Grand-Prix  de  gravure 
de  l'Exposition  de  1900. 


BUHOT  (Félix) 


Né  à  Valognes  en  Normandie  en  1847,  mort  à  Paris,  19,  quai  de  Bourbon, 
dans  sa  51^  année,  le  26  avril  1898  ;  il  repose  dans  le  vieux  cimetière  de 
Boulogne-sur-Seine.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  qui  a  déjà  été  dit  de 
l'admirable  artiste  disparu  et  nous  renverrons  simplement,  pour  plus 
amples  détails  au  catalogue  que  nous  avons  dressé  de  son  œuvre  en  1899  », 
nous  détacherons  seulement  les  quelques  estampes  suivantes  qui  sont 
absolument  de  tout  premier  ordre  et  dignes  de  soutenir  une  comparaison 
victorieuse  avec  n'importe  quelle  gravure  contemporaine.  Nous  suivons 
l'ordre  chronologique  et  les  numéros  de  notre  catalogue,  nous  nous 
abstiendrons  de  toute  réflexion  ou  critique  pour  chacune  de  ces  pièces  qui, 
nous  le  répétons,  sont  des  morceaux  d'une  insurpassable  maîtrise  et  c'est  la 
quintessence  même  de  l'œuvre  que  nous  allons  donner  là  : 

Le  Réveillon  (67)  —  Pluie  et  Parapluie  (68)  —  Une  Matinée  d'Automne'  (71)  — 
Les  Gardiens  du  logis  ou  les  Amis  du  Saltimbanque  (76)  —  Une  Matinée  d'hiver 
au  quai  de  l'Hôtel- Dieu  (123)  —  L'Hiver  ci  Paris  ou  la  Neige  «  Paris  (128)  — 
La  place  Pigalle  en  1878  (129)  —  Un  Débarquement  en  Angleterre  *  (130)  — 
Une  Jetée  en  Angleterre  (132)  —  La  Traversée  (143)  —  Les  Voisins  de 
campagne  (148)  —  Les  petites  Chaumières  (149)  —  Les  grandes  Chaumières 
(150)  —  Westminster  palace  et  Westminster  bridge;  pendants  (155-156)  — 
Environs  de  Gravesend  (157)  —  Matinée  d'Hiver  sur  les  quais  (158)  —  Convoi 
funèbre  au  boulevard  Clichy  (159)  —  Les  Esprits  des  villes  mortes  (160)  —  La 
Taverne  du  Bagne  (163),  un  exemplaire  à  la  vente  Pochet  vient  d'être  adjugé 
240  francs  -  La  Falaise  (165)  -  Les  Oies  (166)  —  Enfant  dessinant  (182), 
lithographie. 

La  vente  Pochet  a  remis  en  lumière  toutes  les  belles  pièces  de  l'immortel 
artiste  qui  accusent  rénorme  plus-value  d'au  moins  60  °/o.  Il  arrivera  pour 
Buhot  ce  qui  est  arrivé  pour  les  eaux-fortes  de  Méryon;  aujourd'hui  elles 
sont  abordables,  sous  peu  de  temps  elles  auront  décuplé;  avis  donc  aux 
amateurs  qui  devront  profiter  du  conseil,  il  est  sincère  et  désintéressé. 


»  l'arini  les  gros  collectionneurs  américains,  citons  encore  au  hasard  de  nos  souvenirs  : 
MM.  Howard  Manslield.  Plerponl  Morgan,  E.  11.  Holden,  D.  M- N.  SlnulTer.  M-  et  M"  Athcrlon 
Curtis.  \Y.  s.  Cartel-.  \V.  !..  Andrews.  W.  T.  llavemeyer,  tous  de  New-York  ;  C  Eliot  Norton, 
de  Boston:  A.  !..  Nnthingham,  de  Princeton;  W.  I).  Event,  de  Newnrk  ;  Roberts.  de  Phila- 
delphie; James  K.  Scrippi  et  Ch.  L.  Freer.  de  Détroit,  etc.  -  Nous  aurons  du  reste  l'occasion 
de  citer  à  nouveau  quelques-uns  de  ces  noms  dans  le  cours  de  cet  ouvrage. 

»  Félix  Iluhot.  peintre-graveur.  Paris.  I'iourv.  1890. 

•  Dite  aussi  Le  Chasseur  matinal  ;  l'Artiste  l'a  reproduite  en  lithographie. 

*  Qu'il  faut  avoir  avec  la  marge  tymphoni <ju.  ,1,  ,/ aie  lu-  .  rarissime,  la  plus  belle  euu-lorte  de 
peintre  qu'il  pilier  être  donne  ti  un  collectionneur  de  contempler. 


DIX-NEUVIÈME  ET  VINGTIÈME    SIÈCLES  385 

A  l'heure  où  nous  écrivons  —  juin  1902  —  une  Exposition  de  l'œuvre  de 
l'artiste  est  ouverte  au  Luxembourg;  le  catalogue  illustré  contient  une 
préface  de  M.  Benedite,  le  distingué  conservateur  du  Musée,  qui  a  su  très 
délicatement  y  faire  revivre  l'homme  et  l'artiste. 

Les  pièces  exposées  sont  fort  joliment  encadrées,  le  passe-partout  gris-bleu 
capote  de  soldat  qui  les  entoure  est  d'un  effet  charmant,  il  y  a  là  surtout 
une  Falaise  et  un  Vieux  chantier  à  Rochester,  tels  que  nous  —  qui  connaissons 
cependant  bien  l'œuvre  —  n'en  avons  jamais  rencontré  de  pareils;  ces 
exemplaires  sont  éblouissants.  Le  cher  garçon  nous  disait  souvent  du  reste  : 
«  J'ai  dans  mes  cartons  des  épreuves  comme  on  n'en  a  jamais  vues  ».  Il  y 
tenait  beaucoup,  et  souverainement  modeste  qu'il  fut,  il  se  les  cachait  à  lui- 
même,  refusant  de  les  montrer  et  de  s'en  séparer  à  aucun  prix.  —  Nous 
croyons  posséder,  au  point  de  vue  de  la  qualité,  un  des  plus  beaux  œuvres 
connus  de  l'artiste  '. 

De  très  nombreux  articles  lui  ont  été  consacrés  tant  en  France  qu'à 
l'étranger,  parmi  les  plus  importants  citons  H.  Béraldi,  tome  IV,  Paris  1S86  — 
Philippe  Burty,  The  Harpe r  s  Magasine,  février  1888 2  —  Octave  Uzanne,  dans 
Le  Livre,  mars  1888  —  Le  Voltaire  du  16  juillet  1896,  sous  la  signature  de 
M.  Roger  Marx  —  Léonce  Benedite,  Magasin  Pittoresque,  15  janvier  1899  — 
Raymond  Bouyer,  L'Estampe  et  l'Affiche,  février-août  1899  —  Raymond 
Bouyer,  Gazette  des  Beaux-Arts,  avril  1902,  etc.,  etc. 


GAMERON  (David-Young) 

Siena.  —  Une  rue  de  Sienne  étroite  et  courte  aux  maisons  élevées, 
toute  la  partie  gauche  très  violemment  éclairée  avec  quelques  points 
sombres  cependant.  Au  premier  plan,  un  personnage  est  adossé  au 
contre-fort  de  la  maison  de  gauche.  Sur  le  terrain,  une  large  et 
symétrique  tache  d'ombre  produite  par  les  maisons  de  droite.  Au  pied 
de  la  colonne  de  ce  même  côté,  la  signature. 

Une  des  eaux-fortes  les  plus  puissantes  et  les  plus  typiques  de  l'œuvre 
qui  fait  involontairement  songer  à  Méryon,  ainsi  que  la  suivante. 

Westport.  —  Un  quai  avec  ses  maisons  à  gauche  et  quelques 
promeneurs  ;  au  fond  de  l'estampe,  d'autres  maisons,  des  mâts  de 
navires  et  un  hangar.  Sur  le  premier  plan  en  contre-bas  de  ce  quai, 


'  M.  Léon  Schùck,  de  Marseille,  et  Louis  Morin.  de  Paris,  possèdent  quelques  très  beaux 
spécimens  du  grand  artiste  disparu. 

*  La  même  année,  F.  Keppel  qui  avait  pour  lui  une  réelle  affection  —  bien  réciproque 
d'ailleurs  —  faisait  à  New- York  une  exposition  de  ses  œuvres,  exposition  qui  eut  un  succès 
colossal. 

25 


&S6  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

un  homme  et  une  femme  vus  à  mi-corps  causent  ensemble.  A  gauche 
la  silhouette  d'un  escalier,  au  pied  duquel  un  poteau  de  réverbère, 
contre  lequel  un  homme  tourné  à  droite  est  assis.  Pas  de  signature. 

Veroniea,  a  ma id  of  Italy.  —  Belle  tète  altière  de  profil  à  droite 
d'une  fille  d'Italie  au  xve  siècle;  en  bas  dans  le  coin  gauche  :  D.-Y. 
Cameron  1895. 

Fort  belle  eau-forte  qui  rappelle  singulièrement  la  Béatrice  d'Esté,    de 
Léonard  de  Vinci,  dont  le  tableau  est  à  l'Ambrosienne,  à  Milan. 

Vale  of  Clyde.  -  La  Clyde  avec  ses  bords  aux  bois  touffus  qui 
se  reflètent  dans  ses  eaux.  Sur  le  premier  plan  à  droite,  deux  grands 
arbres  dépouillés  de  leurs  feuilles,  sous  eux  :  D.-Y.  Cameron. 

Le  Crucifix.  —  Un  intérieur  d'église  —  Saint-Maclou  de  Rouen  — 
au  fond  de  laquelle  un  vitrail  très  éclairé  sur  lequel  se  détache  une 
croix  avec  le  divin  Sauveur  crucifié  ;  au  pied  de  la  croix,  deux  anges. 
En  bas  dans  le  coin  gauche  :  D.-Y.  Cameron. 

Pièce  superbe  dans  l'exécution  de  ses  détails. 

A  Lowland  River.  —  Une  petite  rivière  aux  eaux  tranquilles, 
aux  bords  sombres  et  boisés,  s'enfonce  entre  deux  collines  ;  le  soleil 
se  couche  au  fond  de  l'estampe,  dorant  de  ses  derniers  rayons  le 
milieu  de  la  rivière  dont  un  oiseau  rase  la  surface  d'un  vol  rapide. 

Cette   petite  pointe  sèche,  d'une  admirable  maîtrise,  est  d'une   extrême 
rareté,  elle  n'a  été  tirée  qu'à  6  exemplaires. 

The  Flower  Market.  —  Au  fond  de  l'estampe  et  en  occupant  le 
milieu,  des  tentes  en  plein  vent  autour  desquelles  des  femmes  sont 
en  train  d'acheter  des  fleurs.  A  gauche  au  tout  premier  plan,  une  table 
sur  laquelle  est  un  pot  de  fleurs. 

The  Palace.  Stirling  Castle.  La  cour  du  palais  que  se  dispose 
à  quitter  une  femme  venant  à  gauche;  au  fond,  le  palais  avec  un 
escalier  à  droite  y  accédant  et  ; 1 1 1  bas  duquel  on  aperçoit  des  person- 
nages s'apprêtanl  à  le  gravir.  Dans  le  bas  de  l'estampe,  la  légende  en 
gros  caractères:  The  Palace,  Stirling  t'.astlc —  et  au-dessus  du  trait 
qui  encadre  cette  inscription'à  droite:  D.-Y.  Cameron  189S. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  387 

L'œuvre  très  remarquable  de  Cameron  s'élève  aujourd'hui  à  environ 
200  pièces,  presque  toutes  sont  des  eaux-fortes  pures,  très  peu  de  pointes 
sèches;  il  les  tire  lui-même  à  30  ou  50  épreuves;  peu  d'états  généralement, 
le  strict  nécessaire  pour  voir  où  il  en  est  de  son  travail,  mais  sans  aucune 
arrière-pensée  de  créer  des  raretés  de  ce  fait.  Il  touche  indistinctement  à 
tous  les  sujets  qui  le  frappent  et  le  séduisent,  s'avouant  cependant  quelque 
préférence  pour  les  vieilles  maisons  dont  il  sait  taire  parler  les  pierres 
avec  un  rare  bonheur. 

Nous  avons  eu  l'honneur  de  la  présenter  aux  collectionneurs  français  en 
décembre  1899  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts  grâce  à  l'amabilité  de 
M.  Ephrussi,  et  nous  avons  été  bon  prophète  en  prédisant  à  l'artiste  le 
succès  qui  l'attendait,  car  à  l'Exposition  de  1900  on  rendit  hommage  à  son 
talent  en  lui  décernant  la  médaille  d'or.  Citons  encore  parmi  les  pièces  les 
plus  connues  et  les  plus  recherchées  :  The  Smithy  —  The  Gargoytes  of  the 
Stirling  palace  —  Palace  of  the  Stuarts  —  Dryburgh  —  La  cour  des  Bons- 
Enfants  à  Rouen  —  Broad  street  Stirling  —  Queen  Anne's  gâte,  Saint-James 
Park,  London  —  La  Rue  du  Petit-Salut  à  Rouen,  et,  comme  insignes  raretés  : 
The  Y.  Amsterdam  —  Palazzo  Dario  —  Windmill  —  Landscape  with  threes  et 
A  Dutch  Damsel. 

Une  fort  belle  exposition  de  son  œuvre  eut  lieu  à  New- York,  chez 
M.  Keppel,  en  1895,  une  autre  chez  M.  R.  Gutekunsti,  à  Londres  en  1898,  et 
une  troisième,  très  complète,  cette  même  année,  à  Glasgow,  chez 
MM.  Connell  et  Sons. 

The  Studio  a,  dans  son  numéro  de  septembre  1895,  consacré  quelques 
lignes  au  très  intéressant  peintre-graveur  écossais. 


CANALS   (R.) 

Promenade  après  la  Course.  —  Le  champ  de  course  occupe 
tout  le  fond  de  l'estampe,  on  y  voit  chevaux  et  promeneurs  ;  au 
premier  plan,  presqu'au  milieu  de  l'estampe,  un  groupe  de  quatre 
femmes  se  dirigeant  vers  la  gauche  ;  près  d'elles,  un  lévrier.  A  gauche 
dans  le  coin,  assise  par  terre,  une  marchande  d'oranges  avec  son 
panier.  Au  second  plan,  deux  voitures  se  dirigeant  du  même  côté  que 
les  quatre  femmes. 

Pièce  en  couleurs  très  curieuse,  où  l'artiste,  qui  est  Espagnol,  a  bien  su 
marquer  sa  personnalité.  A  noter  encore  Les  Mendiants,  ou  Une  Rue  à 
Barcelone. 


1  M.  Richard  Gutekunst  est  l'éditeur  d'une  série  de  unes  sur  Londres,  de  Cameron.  parue  il  y 
a  peu  de  temps,  ainsi  que  des  très  belles  pièces  suivantes  :  Chartres  —  Chinon  —  Loches  — 
Rue  des  Filles-de-Bieu  à  Angers  qui  sont  ses  dernières  créations.  —  Le  catalogue  de  l'oeuvre  de 
l'artiste,  par  M.  Frederick  Wcdmore,  vient  de  paraître  chez  l'éditeur  précité,  il  est  tiré  à 
155  exemplaires  et  se  vend  une  guinée. 


388  DIX- NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 


CARRIÈRE  (Eugène) 


Parmi  les  plus  belles  lithographies  du  célèbre  peintre  nous  mettrons  en 
première  ligne  celles  de  Madame  Carrière,  de  Daudet  et  de  Verlaine,  ce  sont 
trois  chefs-d'œuvre,  il  faut  y  joindre  également  celles  de  Concourt,  Puvis  de 
Chavannes  et  Rodin. 

Ces  lithographies  ont  absolument  le  même  œil  que  les  peintures,  elles 
possèdent  au  suprême  degré  cet  effacé,  ce  flou  qui,  sans  exclure  le  modelé, 
donnent  à  l'oeuvre  un  caractère  immatériel  d'une  incomparable  séduction. 

L'artiste  est  Grand-Prix  de  l'Exposition  de  1900. 


CASSATT  (Miss  Mary) 

Le  Repos  '.  —  Une  femme  assise  de  face,  ayant  un  petit  enfant 
sur  ses  genoux,  regarde  à  droite  ;  la  main  gauche  de  la  mère  tient  la 
droite  du  bébé. 

La  Glace  "-.  —  La  femme  debout  tient  à  son  cou  le  même  petit 
enfant,  sa  silhouette  se  reflète  dans  une  glace  placée  derrière  elle. 

La  Caresse  '.  —  Assise  de  profil  à  gauche,  une  femme  tient 
sur  ses  genoux  un  bébé  qui,  dans  un  geste  d'adorable  tendresse,  fait 
une  caresse  sur  la  joue  droite  de  sa  maman. 

De  nombreuses  études  d'enfants  ont  été  faites  par  Miss  Cassât  qui  depuis 
près  de  vingt  ans  habite  Paris.  Elle  est  née  aux  Etats-Unis,  à  Pittsburg,  et, 
au  début  de  son  séjour  parmi  nous,  a  pris  conseil  de  Degas,  croyons-nous, 
pour  la  peinture  et  la  gravure.  Son  œuvre  gravé,  le  seul  dont  nous  ayons  à 
nous  occuper  ici  est  peu  considérable,  une  quarantaine  d'estampes  environ, 
eaux-fortes,  vernis  mou,  pointes  sèches,  pièces  en  couleurs,  ces  dernières 
tirées  pour  la  plupart  sur  une  seule  planche  au  moyen  d'un  fond  de  gravure 
où  les  tons  plats  sont  appliqués  en  plusieurs  fois.  11  y  a  aussi  une  suite  de 
dix  sujets  différents  très  intéressants4  ;  l'artiste  se  sert  aussi  quelquefois  de 
plusieurs  planches  avec  repérage.  Les  trois  pièces  que  nous  venons  de 
signaler  sont  en  noir,   presque  au   trait,  mais  c'est  d'un   métier   tout  a  fait 


l-l-  '    1  lires  doDnéf  par  nous  à  ces  pièces  qui,  croyons-nous,  n'en  ont  p:is. 

'   I  dites  chez  Durand  Ituel.  en  IX9I,    .  I  h  mes  ;  sent  épulsél  depuis  longtemps  et  devenus 

Introuvables.  Voici  la  rubrique  de  ci  i  lo  sujets  :  Bain  d'enfant  -  /.a  Lampe  —  Intérieur  d'un 
Tramway  paêsani  un  i>unt  La  Lettre  —  Jeune  i'emnie  essuyant  sa  robe  —  La  Toilette  — 
il;,,,        i  nfanl  nus       l.u   Visite       Etude 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  3cS9 

supérieur  où  règne  la  connaissance  approfondie  de  la  femme  et  de  l'enfant. 
Toutes  les  estampes  de  Miss  Cassât  sont  très  rares,  leur  note  absolument 
originale  et  personnelle  en  font  des  morceaux  d'une  saveur  toute  spéciale. 
Nota  :  ne  signe  jamais  ses  planches  autrement  que  manuscritement. 

Les  Canards.  —  A  l'avant  d'un  bateau,  deux  femmes  assises 
ayant  entre  elles  une  petite  fille  debout,  sont  en  train  de  donner  à 
manger  à  des  canards  qui  nagent  autour  du  bateau,  elles  sont 
tournées  vers  la  gauche. 

Superbe  eau-forte  en  couleurs,  faite  à  l'aide  de  plusieurs  planches  donnant 
l'illusion  d'une  aquarelle;  d'un  œil  très  différent  des  estampes  obtenues  par 
procédé  similaire,  l'eau  et  les  canards  sont  d'un  faire  particulièrement 
curieux.  —  Très  rare. 

Les  Marionnettes.  —  Une  jeune  femme  assise  de  face,  tient 
sur  ses  genoux  un  bébé  qu'elle  regarde  et  auquel  elle  fait  du  jeu  avec 
ses  mains,  mouvement  que  l'enfant  cherche  à  imiter  en  esquissant 
un  sourire. 

Pièce  en  couleurs  absolument  hors  ligne  ;  l'œil  de  l'enfant  est  extraordinaire 
de  mobilité  et  de  vie. 

Sous  la  Lampe.  —  Deux  femmes  sont  assises  autour  d'une  table; 
celle  de  gauche,  presque  de  face,  travaille  ou  tricote  (?),  devant  elle 
une  paire  de  ciseaux  ouverts  ;  celle  de  droite,  de  profil  à  droite,  lit 
un  journal  ;  une  lampe  est  entre  elles  deux. 

Eau-forte  aquatintée  '  superbe;  il  y  a  là  un  effet  d'éclairage  merveil- 
leusement rendu. 

C'est  chez  M.  Alexis  Rouart  qu'il  nous  a  été  donné  de  voir  cette  pièce.  Le 
célèbre  amateur  possède  une  des  plus  merveilleuses  collections  d'estampes 
de  Paris  —  7.000  à  8.000  pièces  —  état  et  condition  de  beauté  tout  à  fait 
exceptionnels.  C'est  surtout  en  incunables  de  la  lithographie  et  en  école 
romantique,  qu'il  amasse  depuis  plus  de  trente  années,  qu'il  est  particu- 
lièrement riche;  il  y  a  entre  autre  un  œuvre  de  Devéria  qu'il  serait 
absolument  impossible  de  reconstituer  aujourd'hui,  des  Isabey,  des 
Géricault,  des  Charlet,  des  Decamps,  des  Iluet,  des  Raffet,  des  Bonington, 
des  Delacroix  à  faire  rêver,  enfin  toute  la  lyre!  sans  oublier  les  Degas,  les 
seuls  et  uniques  qui  se  puissent  voir  à  Paris,  et  les  Japonais  représentés  par 
leurs  incomparables  chefs  de  file  Hokoussaï,  Outamaro,  Toyokouni, 
Hiroshighe,  etc..  Il  est  impossible  de  rencontrer  plus  de  courtoisie  et  de 
bonne  grâce  que  chez  cet  amateur  délicat  et  éclairé,  il  est  la  Providence  des 


«  Croyons-nous,  car  la  mémoire  nous  fait  défaut  cl  nos  unies  sont  muettes  à  cet  égard. 


390  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

travailleurs,  aussi  pouvons-nous  assurer  que  si  jamais  l'amabilité  quitte  la 
terre  ce  sera  chez  lui  qu'elle  ira  se  réfugier,  quant  à  nous,  nous  ne  saurions 
oublier  les  heures  trop  brèves  passées  en  compagnie  de  ce  galant  homme 
et  la  bonne  grâce  avec  laquelle  il  nous  a  ouvert  ses  portefeuilles  et 
répondu  avec  sa  haute  compétence  aux  innombrables  questions  qu'exigeait 
le  travail  auquel  nous  nous  livrions. 

Au  Théâtre.  --  Assise  au  théâtre,  dans  une  loge  de   profil   à 
gauche,  une  jeune  femme,  la  lorgnette  dans  la  main  droite,  est  censée 
regarder  la  scène  qui  est  devant  elle,  mais  invisible  ;  le  coude  gauche 
s'appuie  sur  le  bras  du  fauteuil. 
Admirable  vernis  mou  (?)  de  toute  rareté. 

Joueuse  de  Banjo.  -  -  Une  jeune  femme  est  assise  de  face,  la 

tète  de  trois  quarts  à  droite,  elle  joue  du  banjo  ;  derrière  elle  est  une 

fillette  qui  appuie  ses  bras  sur  l'épaule  de  la  musicienne  et  l'écoute 

avec  attention  ;  leurs  deux  têtes  semblent  se  toucher. 

Peut-être  la  plus  jolie  pièce  en  couleurs  qu'ait  signée  Miss  Cassât;  quelle 
science  il  y  a  dans  ce  morceau  si  simple  en  apparence,  et  quelle  personnalité 
de  métier  s'y  révèle  ! 


CHAHINE  (Edgar) 

Un  Gueux.  Debout  presque  de  face,  adossé  à  l'angle  d'une 
maison,  les  deux  mains  dans  les  poches  de  son  pantalon,  coiffé  d'une 
casquette,  un  foulard  autour  du  cou,  le  vieux,  la  tête  complètement 
tournée  à  droite,  regarde  par  terre. 

Tirée  à  'J.')  exemplaires  en  noir  et  en  couleurs;  cette  estampe,  eau-forte 
et  pointe  sèche,  enveloppée  d'un  grain  varié,  est  faite  de  main  de  maître,  la 
face  du  vieux  mendiant  est  d'une  expression  merveilleuse  et  d'un  modelé 
superbe.  Elle  fui  exposée  au  Salon  de  la  Société  Nationale  des  Beaux-Arts  en 
1899,  c'est,  croyons-nous,  une  des  premières  œuvres  de  l'artiste,  elle  le  mit 
en  lumière  et  le  classa  sans  coup  férir  parmi  les  Maîtres  les  plus  intéressants 
et  les  plus  curieux  de  notre  heure.  C'est  le  cas  ou  jamais  de  dire  avec  uno 
légère  variante:  n  Dans  les  âmes  bien  nées  le  talent  n'attend  pas  le  nombre  des 
années  »,  car  l'artiste,  Arménien  de  naissance,  mais  Parisien  dans  les 
moelles,  compte  à  peine  2~>  ans.  Voici  donc  un  œuvre  qu'il  faut  suivie  et 
récolter,  car  déjà  beaucoup  de  pièces  sont  épuisées;  disons  pour  mémoire 
que  l'artiste  a  reçu  la  médaille  d'or  à  l'Exposition  de  1900.  C'est  un  amoureux 
fou   de  son  métier,    et,    dans   sa    modestie    très   naïve   et   tirs  franche,  nous 

l'entendîmes  s'écrier  un  jour:  «  .le  commence  à  peine  à  comprendre  mon 

ail,    mais  je    ferai    quelque    chose    d'ici    peu   de   temps,    ou  j'y   laisserai    ma 

peau  ...  Saluons  sa  \aillaiiee  cl  son  talent  et  remercions-le  du  fond  du  cœur 
des  joies  qu'il  nous  donne 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  391 

La  Négresse.  —  Assise  de  trois  quarts  à  droite,  les  bras  appuyés 
sur  les  genoux,  une  vieille  négresse,  la  tête  enveloppée  dans  son 
féradgé,  regarde  de  face.  La  jambe  droite  qui  émerge  de  dessous  le 
jupon  laisse  entrevoir  son  bas  blanc.  Au  fond  de  l'estampe  à  droite, 
les  bains  de  Brousse. 
Eau-forte  grainée. 

Le  Chemineau.  —  Chaussé  de  sabots,  un  petit  ballot  passé  dans 

un  bâton  sur  son  épaule,  un  chemineau  à  la  longue  barbe  inculte  et 

blanche,  se  dirige  vers  la  droite.  Derrière   lui,  la  campagne  avec 

quelques  arbres  clairsemés. 

Admirable  pointe  sèche  très  enveloppée.  Pièce  déjà  classée  et  célèbre,  ainsi 
que  la  suivante. 

Le  Château  Rouge.  —  Autour  d'une  table,  trois  personnages, 

un  homme  entre  deux  femmes.  L'homme  dort,  la  tête  et  les  bras 

appuyés  sur  la  table;  la  vieille  femme  coiffée  d'un  bonnet  à  longues 

brides  nouées  et  pendantes,  qui  est  à  sa  gauche,  semble  en  faire  autant, 

la  tête  soutenue  par  son  bras  droit  accoudé  ;  sur  la  table  un  bol  et 

sa  cuiller,  et  au  tout  premier  plan,  un  panier  à  couvercle  à  deux 

anses.  Tout  au  fond  de  l'estampe,  une  longue  théorie  de  miséreux 

allant  et  venant  dans  l'établissement. 

Nous  possédons  l'épreuve  unique  sur  japon  qui  a  été  tirée  avant  l'aciérage. 
Il  faut  voir  avec  quelle  merveilleuse  couleur  la  pointe  sèche  a  su  rendre  le 
bonnet  et  ses  brides,  les  plis  du  vêtement  de  l'homme  couché,  et  quelle 
science  tout  à  fait  extraordinaire  l'artiste  a  apportée  dans  la  distribution  de 
lumière  qui  éclaire  les  personnages  des  derniers  plans. 

Les  Dormeurs.  —  Un  banc  sur  lequel  un  jeune  garçon  et  deux 
vieilles  femmes  sont  assis  et  endormis.  Le  gamin  penché  en  avant  à 
droite,  dans  l'attitude  du  sommeil,  occupe  le  premier  plan  ;  les  deux 
femmes  sont  dos  à  dos  derrière  lui. 
Eau-forte  aquatintée. 

Distribution  de  soupe.  —  A  droite  au  premier  plan,  un 
mendiant  debout  et  de  face,  les  mains  dans  les  poches  de  son 
pantalon,  semble  attendre  son  tour.  Derrière  lui,  occupant  toute  la 
largeur  de  l'estampe,  de  nombreux  pauvres  sont  massés  pour  recevoir 
à  tour  de  rôle  la  soupe  qu'on  leur  va  distribuer  d'un  restaurant  dont 
on  aperçoit  la  porte  à  gauche. 
Pointe  sèche  pure. 


392  DIX-NEUVIÈME  ET  VINGTIÈME   SIÈCLES 

American  Bar.  —  Deux  femmes,  une  brune  et  une  blonde,  sont 
assises  près  d'un  comptoir,  en  train  de  consommer  et  d'attendre  le 
client  ;  la  brune,  de  trois  quarts  à  gauche,  qui  occupe  le  premier  plan, 
a  le  cou  entouré  d'un  boa  de  plumes  blanches  qui  se  détache  en 
vigueur  sur  sa  robe  noire;  la  blonde  a  entr'ouvert  un  collet  noir  qui 
laisse  apercevoir  son  corsage  blanc,  elle  regarde  de  face  et  sourit. 
Entre  elles  deux,  faisant  repoussoir  à  leur  jeunesse,  un  peu  effacée, 
une  amie,  une  vieille  garde  qui  se  rend  toujours  et  ne  meurt  jamais  ! 
Au  fond  de  l'estampe,  des  consommateurs. 

Pointe  sèche. 

L'Italienne  '.  —  Une  jeune  femme  jolie  et  distinguée  aux 
bandeaux  plats,  est  assise  de  trois  quarts  à  droite,  elle  est  vêtue  d'un 
corsage  de  velours  noir  que  met  encore  en  valeur  un  grand  collet 
blanc  négligemment  rejeté  en  arrière  ;  son  chapeau  de  velours  noir 
aussi  est  orné  de  deux  plumes  de  même  couleur  et  d'un  ornement 
brillant. 

Nous  possédons  de  cette  pointe  sèche  un  exemplaire  unique  lire  sur  chine, 
il  est  d'une  beauté  tout  à  fait  exceptionnelle. 

La  Vieille  Femme.  —  Un  panier  passé  au  bras  droit,  la  tète 
recouverte  d'un  mouchoir  blanc,  légèrement  penchée  en  avant  et 
regardant  à  gauche,  une  vieille  femme  se  dirige  péniblement  vers  la 
droite,  en  s'appuyant  au  mur  de  la  main  gauche.  Derrière  elle,  on 
aperçoit  des  enfants,  et  au  fond  de  l'estampe,  des  roulottes  de  forains. 

Croquis  de  Têtes. 

Sur  une  même  planche,  nombreux  croquis  de  tètes;  les  plus  importants, 
ceux  des  trois  vieilles  occupant  le  milieu  et  les  deux  coins  de  l'estampe 
sont  extrêmement  remarquables.  —  Il  n'en  a  été  tiré  que  40  épreuves. 

Alfred  Stevens.  —  Assis  de  face  dans  un  fauteuil  en  une  pose 
abandonnée,  le  corps  penché  à  gauche,  le  vieux  et  célèbre  peintre 
belge  appuie  sur  la  table  qui  est  devant  lui  s:i  main  droite  entre  les 
doigts  de  laquelle  est  une  cigarette  à  demi-consumée,  l'autre  main  est 
allongée  sur  la  cuisse.  La  tête  se  détache  en  vigueur  dans  un  relief 
de  camée  sur  le  dossier  du  siège  fortement  ombré. 


i  C'etl  le  portrait  de  M"  Ilnron. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  393 

Cette  admirable  pointe  sèche  pure  a  été  publiée  dans  le  numéro  d'avril  1900 
de  la  Gazelle  des  Beaux-Arts.  Voici  en  quels  termes  flatteurs  M.  Roger 
Marx  l'apprécie  : 

«  La  chevelure  fine,  soyeuse,  épandue  en  flocons  d'argent, 

»  couronne  le  masque  fouillé  à  plaisir,  qui  s'enlève  en  clarté  sur  le  jais  de 
»  l'entour  :  opposition  heureuse  entre  la  douceur  et  la  force,  entre  la  taille 
»  et  la  tache  qui  fait  ressortir  la  précision  du  détail  physionomique  et  met 
»  en  valeur  l'intérêt  d'un  modèle  amoureusement  suivi  et  inscrit  dans  toutes 
»  ses  inflexions.  Pleine  de  saveur,  en  dépit  des  abréviations  voulues,  la 
»  fruste  indication  de  l'ample  vêtement,  du  linge  mou,  de  la  cravate  nouée 
»  avec  une  apparente  négligence,  et  aussi  la  pose  de  la  main  où  la  cigarette 
»  s'éteint  entre  les  longs  doigts  amaigris,  achèvent  de  donner  le  prestige  du 
»  style  à  cette  image  d'un  Maître  glorieux  par  un  graveur  perspicace  et 
i)  originalement  doué » 

On  ne  saurait  mieux  dire  et  souligner  d'une  façon  supérieure  les  qualités 
de  métier  et  de  style  qui  caractérisent  une  œuvre  belle  entre  toutes. 

La  Marchande  des  quatre  saisons.  —  Sur  un  quai  de  Paris, 
poussant  devant  elle  sa  charrette,  une  marchande,  la  tète  penchée  en 
avant,  se  dirige  vers  la  gauche.  De  l'autre  côté  de  l'eau,  une  partie 
des  maisons  sont  éclairées  par  le  soleil  ;  c'est  l'hiver. 

Louise  France.  —  A  mi-jambes  de  face,  les  deux  mains  dans  les 
poches  de  son  tablier,  les  cheveux  en  broussailles  frisottants  sur  le 
front,  au  cou  un  nœud  de  velours  noir  tourné  légèrement  à  gauche, 
l'intelligente  artiste  regarde  devant  elle,  esquissant  un  imperceptible 
sourire,  la  tète  est  légèrement  penchée  à  droite. 

Ce  portrait  surpasse  en  beauté  tout  ce  que  l'on  peut  imaginer;  la  facture 
de  l'artiste  s'est  encore  élargie  et  assouplie  et  il  est  arrivé  à  une  intensité  de 
modelé  et  de  vie  tels  qu'il  serait,  croyons-nous,  impossible  de  les  dépasser. 
Chahine  séduit  sans  doute  par  le  caractère  du  modèle,  en  a  fait  un  second 
également  à  la  pointe  sèche,  mais  la  tête  seulement,  grandeur  presque 
nature,  il  vaut  le  premier  s'il  ne  lui  est  encore  supérieur,  puis  un  troisième 
en  pied,  en  couleurs1,  avec  planches  de  repérage;  la  fine  comédienne  est 
représentée  dans  le  rôle  de  M"*  Fouquier  du  Père  Goriot,  qu'elle  créa  au 
Théâtre  Libre.  —  L'éditeur  de  ces  chefs-d'œuvre  est  Edmond  Sagot. 

Puisque  le  nom  de  Sagot  vient  de  se  glisser  sous  notre  plume,  qu'il  nous 
soit  permis  de  dire  quelques  mots  du  très  connu  marchand  d'estampes. 

C'est  en  1880  qu'il  quitta  définitivement  la  librairie  pour  entrer  à  L'Art  où 
il  s'initia  aux  beautés  de  la  gravure  qui  de  suite  le  passionnèrent;  il  y  resta 
trois  ans,  puis  s'établit  en  chambre,  53,  rue  d'Argout  ;  trop  à  l'étroit,  il  passa 
18,  rue  Guénégaud  et  s'y  installa,  c'est  là  que  nous  le  connûmes.  A  cette 


'  Il  existe  aussi  tiré  en  noir. 


394  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

époque  il  rencontra  Aglaûs  Bouvenne  et  Bracquemond  dont  les  conseils  lui 
furent  d'un  précieux  secours.  Il  voyait  souvent  ce  dernier  qui  venait 
presque  quotidiennement,  pour  y  faire  tirer  ses  planches,  à  l'imprimerie 
Lemercier  où  Bouvenne  avait  la  direction  de  la  taille-douce.  Il  connut 
successivement  Fantin  et  Lunois,  dont  il  édita  la  première  lithographie, 
Le  Faucheur  (salon  1887)  qui  valut  à  l'artiste  sa  bourse  de  voyage.  En  1886, 
il  s'occupa  d'affiches  —  art  encore  ignoré  ou  tout  au  moins  presque  ignoré  — 
et  particulièrement  de  celles  de  Chéret,  il  acquit  alors  la  collection  de 
Bracquemond,  lança,  avec  l'entrain  qu'on  lui  connaît,  cet  article  nouveau 
qui  fut  une  véritable  révélation  et  publia  en  1891  son  catalogue  d'affiches 
illustrées,  dont  il  prépare  une  seconde  édition  en  y  joignant  une  partie 
Estampes,  dont  le  mouvement  a  pris  chez  lui  un  développement  extrêmement 
considérable  de  1891  à  1902. 

De  1887  à  1894,  il  s'occupe  d'une  façon  très  particulière  de  Buhot,  Fantin  ■, 
Bops,  Lunois,  François  Courboin*;  cette  année-là,  il  franchit  la  Seine, 
quitte  sa  tranquille  petite  rue  Guénégaud,  qu'il  regrette  quelquefois  et  dont 
il  parle  avec  attendrissement,  pour  venir  s'installer  définitivement  3Qbis  rue 
de  Châteaudun  où  nous  le  trouvons  actuellement. 

Vallotton,  sur  sa  demande,  lui  lit  un  bois  qui  servit  de  couverture  à  son 
catalogue  N"  35,  décembre  1892,  il  le  transforma  en  adresse  tirée  à  plus  de 
cent  mille  exemplaires  et  s'en  sert  présentement  encore  comme  d'étiquette; 
d'autres  artistes  lui  avaient  fait  ou  lui  firent  diverses  adresses,  tels  que  : 
Willette,  une  lithographie;  Alexandre  Charpentier,  le  sculpteur,  un  gaufrage 
qui  malheureusement  ne  put  être  utilisé  en  raison  de  l'épaisseur  de  son 
relief;  Lunois,  trois  lithographies  différentes;  Botlini,  une  lithographie  en 
couleurs;  Banft,  une  eau-forte;  Chahine,  deux  pointes  sèches,  et  Helleu 
l'affiche  qui  lui  sert  d'enseigne  qu'il  lit  reproduire  sur  bois  en  deux  couleurs. 
Certaines  de  ces  pièces  sont  charmantes  et  nous  les  recommandons  aux 
collectionneurs  de  menus,  programmes,  etc.. 

Il  a  édité  successivement  les  œuvres  de:  Banft,  Chahine,  Helleu,  Lalïite, 
Manuel  Robbe,  A.  Millier,  P.  Dupont,  Darbour,  Bracquemond,  Désiré  Lucas, 
A.  Lepère,  Ch.  Maurin,  Ch.  Dulac,  Vallotton,  Steinlen,  Lunois,  Dezaunay, 
Maud,  Sunyer,  les  affiches  de  maints  artistes,  les  Paris-Âlmanachs,  de 
Dillon  (1"  année),  G.  Meunier  (2).  A.  Lepère  (3e)  et  rédigé  les  catalogues  des 
ventes  de  Bajon,  Hedouin  et  Geoffroy-Dechaume. 

Edmond  Sagot  a  complètement  abandonné  le  livre  pour  l'estampe  moderne 
qu'il  cultive  avec  une  passion  grandissante,  c'est  un  érudit  doublé  d'un  très 
lin  connaisseur  et  d'un  élégant  écrivain.  Amoureux  d'un  métier  qu'il  connaît 
dans  ses  coins  les  plus  retirés,  il  n'achète  dans  les  ventes  que  le  beau 
morceau  qu'il  sait  royalement  payer,  dédaignant  le  fretin  dont  il  ne  veut  à 
aucun  prix.  Très  à  la  caille  i\u  goût  et  des  manies  de  chacun  de  ses  clients, 
il  a  toujours  dans   sou   arrière-boulique  un  sanctuaire  —  un  carton  de 

réserve  ou  dort  —  mouton  à  cinq  pattes  la  pièce  délicate  et  recherchée 
du  collectionneur. 


«  il  est  l'éditeur  'lu  catalogue  Pantin  Latour,  par  Germain  Hédlard,  -  parties,  1892-1899. 

>  Peintre-graveur  llluttrateur  d'un  très  grand  talent  ;  il  es)  sous-bibliothécaire  au  Département 
dei  Estampe»  el  i  rédigé  avec  un.-  rare  compétence  le  Catalogue  lommalrt  det  ijiiwiars  et 
,  -.  compotant  lu  Biseroe,  2  vol.  In-e>,  Paris,  EtaplUy,  1900,  Prix:  i»  francs,  C'est  un 
ouvrage  extrêmement  !"•■' 'Jeu  < . 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  395 

Sagot  est  un  vibrant,  un  chaud,  un  allumeur  et  un  allumé,  mais  un 
allumeur  convaincu  et  sincère  :  il  faut  le  voir  présenter  la  belle  pièce,  non 
pas  en  marchand  qui  veut  vendre,  mais  bien  plutôt  en  virtuose  et  en 
dilettante  charitable  qui  veut  avant  tout  faire  partager  une  émotion  qu'il 
ressent  profondément  lui-même. 

Et  son  magasin,  quel  bijou  —  c'est  la  jolie  fille  de  Paris  qui  raccroche  — 
et  nous  vous  défions  de  passer  sur  son  trottoir  sans  vous  y  arrêter  tant  sa 
montre  est  alléchante!  Nous,  nous  ne  faisons  pas  que  de  nous  y  arrêter,  nous 
y  entrons  et  nous  nous  y  grisons  dans  des  causeries  sans  fin  avec  le  maître 
de  céans  dont  nous  partageons  la  passion  envahissante;  il  n'y  a  plus  alors 
ni  marchand,  ni  client,  il  y  a  deux  amateurs,  deux  amoureux  qui  causent 
de  leurs  maîtresses,  qui  s'emballent  l'un  sur  l'autre,  regardant,  examinant, 
comparant,  échangeant  leurs  idées,  développant  leurs  théories,  deux 
passionnés,  en  un  mot,  qui  viennent  là  de  vivre  les  plus  douces  heures  de 
leur  journée. 

Nous  connaissons  Sagot  depuis  plus  de  quinze  ans  —  les  plus  belles  pièces 
de  nos  portefeuilles  viennent  de  chez  lui  —  nous  avions  depuis  longtemps 
à  cœur  de  dire  en  quelle  haute  estime  nous  tenions  l'homme  et  le  marchand, 
l'homme  pour  sa  courtoisie,  le  marchand  pour  sa  valeur;  voilà  qui  est  fait. 

Mentionnons  encore  :  Vieille  Mendiante  à  l'église  —  Un  Couple  —  Lérand 
dans  le  rôle  de  Rodin  du  Juif-Errant  —  Campement  de  Chiffonniers  — 
Un  Coin  de  rue  dans  le  quartier  des  Grandes-Carrières  —  Les  Lutteurs,  deux 
planches  :  Une  Prise  —  Bras  roulé  à  terre  ;  à  l'heure  actuelle,  l'œuvre  gravé 
comprend  environ  une  centaine  de  pièces.  —  Parmi  les  articles  qui  lui  ont 
été  consacrés  citons  :  Léon  David  dans  la  Revue  d'Art,  1900,  p.  168  —  Clément 
Janin,  L'Estampe  et  l'Affiche,  août  1899  —  F.  Wedmore,  The  Studio,  juin  1901, 
et  G.  Mourey,  dans  la  même  publication,  en  décembre  de  la  même  année. 


CHARLET  (Nicolas-Toussaint) 

Né  à  Paris  le  20  décembre  1792,  mort  à  Paris  le  29  décembre  1845.  L'œuvre 
est  tellement  touffu  —  plus  de  1200  pièces  —  que  nous  ne  saurions  mieux 
faire  que  de  renvoyer  le  lecteur  au  catalogue  qu'en  a  fait  le  colonel  de  la 
Combe  en  1856,  catalogue  dont  le  manuscrit  d'une  seconde  édition  était 
terminé  à  sa  mort,  mais  que  ses  fils,  croyons-nous,  refusèrent  de  faire 
publier.  —  Voir  également  celui  de  Béraldi,  tome  IV,  Paris,  1886. 

Charlet,  c'est  le  peintre  de  la  vie  courante  du  soldat,  de  cette  vie  d'intimité 
au  jour  le  jour  qu'il  sut  rendre  avec  toute  sa  couleur,  toute  sa  sincérité, 
c'est  aussi  l'évocateur  puissant  de  l'imposante  figure  de  l'Empereur,  c'est 
enfin  le  fantaisiste  qui  croque  le  fait  divers,  soulignant  le  tout  de  ses 
immortelles  légendes. 

Quelles  pièces  citer  dans  un  pareil  œuvre,  nous  avouons  un  peu  notre 
embarras,  car  le  choix  est  immense  ;  nous  n'en  donnerons  que  quelques- 
unes,  les  plus  populaires,  n'ayant  pas  eu  le  loisir  de  pousser  très  loin  une 
étude  qui  pour  être  un  peu  complète,  eut  absorbé  un  temps  considérable  : 

Cannonniers  près  d'une  pièce  en  batterie  (Lacombe  23),  unique,  adjugée 
100  francs  —  Le  Soldat  Français  (74)  —    L'Instruction  militaire  (83)  —  Les 


396  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

Consignés  pendant  la  corvée  de  quartier  (99)  —  Doucement  Mère  Michel  (101)  — 
Siège  de  Saint- Jean-d' Acre  (106),  rarissime,  2  ou  3  épreuves  seulement  — 
Napoléon  au  bivouac  (9)  —  Le  Grenadier  manchot  (51)  —  L'Aumône  (87), 
pièce  très  connue  et  célèbre  —  Le  Caporal  blessé  et  son  chien  lui  léchant  sa 
blessure  (09),  rare  —  Le  Grenadier  de  Waterloo  (38),  rare  —  Les  deux  Grenadiers 
de  Waterloo  (40)  —  La  Mort  du  Cuirassier  (14)  —  La  Pièce  de  canon  enlevée 
(52)  rarissime  —  Le  Voilà  —  Les  Maraudeurs  —  Le  Convoi,  etc. . . 

Voici  les  quatre  plus  beaux  œuvres  qui  ont  été  formés  du  Maître  : 
collection  Parguez  (1861),  adjugée  2700  francs,  il  ne  manquait  que  41  pièces, 
encore  étaient-elles  peu  intéressantes;  collection  colonel  de  la  Combe,  1863, 
adjugée  à  M.  Lafaulotte,  5300  francs,  elle  avait  coûté  plus  de  6000,  c'est  la 
plus  complète  connue  avec  celle  de  Destailleur,  1890,  adjugée  1950  francs  à 
Morgand  et  celle  de  Moignon,  1891,  d'environ  1300  pièces,  vendue  à 
M.  Grosjean,  1400  francs  !  !  quelle  baisse.  Ils  ont  un  peu  repris  à  la  vente 
Mallet,  mais  jamais  ils  n'atteignent,  ni  n'atteindront  la  cote  des  Raffet.  — 
En  janvier  1903,  le  catalogue  n^  120  de  G.  Lemallier  signalait  un  œuvre 
exceptionnel  du  Maître,  1390  lithographies  en  35  volumes,  il  en  demandait 
5000  francs. 


CHÉRET   (Jules) 


De  la  joie,  du  soleil,  du  mouvement,  de  la  vie,  de  la  nervosité,  de  la 
jeunesse,  du  printemps,  de  la  volupté,  des  poussières  d'ailes  de  papillon, 
des  irisations  d'arc-en-ciel,  du  frisson,  de  la  magie  et  du  rêve,  de  la  race  et 
de  la  distinction  poussés  à  leur  ultime  puissance;  voilà  faiblement  exprimé, 
l'œuvre  du  Maître  insurpassable  qu'est  Jules  Chéret. 

Les  affiches  ne  rentrant  pas  dans  noire  programme,  nous  nous  conten- 
terons de  mentionner  un  peu  au  hasard  de  nos  souvenirs,  les  petites  pièces 
suivantes  qui  sont  de  la  quintessence  d'art,  d'un  art  troublant  et  raffiné 
dont  on  ne  trouve  l'équivalent  chez  aucun  Maître,  chez  aucune  nation. 
L'artiste  est  Grand-Prix  de  l'Exposition  de  19i>(). 

Titres    de    Musique,    Menus,    Faire    Part,    Programmes, 
Couvertures  de  Livres  : 

Eldorado  — -  Chanson  des  Joujoux  —  Espana  —  Les  Œufs  de  Pâques  — 
Myrtille  (avec  la  faute  Myrtil)  —  Polonia  (en  noir,  bistre  et  couleurs)  — 
Tararaboum  —  Les  Pantins  roses  —  Valse  des  Hlondcs  —  Valse  des  Brunes  — 
Marche  joyeuse  —  L'Ile  heureuse  —  Gitanella. 

Société  des  Proies  (14  mai  1882)  —  32'  Banquet  de  la  Chambre  Syndicale 
des  Imprimeurs  Lithographes  —  34"  d«  —  Menu  Roger  Marx  —  La  Vrille. 

Faire  pari  de  naissance  Hélène  Béraldi  (10  juillet  1891)  —  Marie-Thérèse 
Déliant  (24  mars  1889). 

Aux  Trois  Quartiers  (Hiver  1887-88)  —  Casquette  plage  —  Halle  aux 
Chapeaux  —  Le  Mois  théâtral. 

Almanach  du  Chat  Noir  (1891)  —  Le  Plaisir  (Paris  illustré)  —  L'Amant  des 
Danseuses   —  Les  Etoiles  —  Beau  Mignon  —  A  travers  chants  —  Le  Bureau 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  397 

du  Commissaire  —  Catalogue  Abel  Pilon  —  Cercle  Funambulesque  —  Courte 
et  Bonne  (celle  non  publiée)  —  Dinah  Samuel  —  En  Mer  (avec  la  faute, 
c'est-à-dire  avec  Bonneteau  au  lieu  de  Bonnetain)  —  Entrée  de  Clowns  — 
Fantaisie  (Courrier  français)  —  La  Femme  —  La  Gomme  —  Graine  d'Hori- 
zontale —  Pariserinnen  —  Paris  qui  rit  —  La  Plume  —  Au  Quartier  Latin  — 
Roman  incohérent  —  Pantomime  Ballet  —  Théâtre  libre  —  Les  Femmes  de 
Paris  —  Kempis  —  Les  Bohémiens  —  Ukotill  —  Pierrot  sceptique  — 
Galipettes  —  Mon  petit  premier  —  Les  Affiches  illustrées  (Maindron)  —  Pile  de 
Pont,  etc.,  etc. 

Qu'il  faut  avoir  en  épreuves  d'essai  telles  que  les  possédait  M.  Madaré, 
chef  d'atelier  et  dessinateur  de  lettres,  qui  fut  pendant  quatorze  ans  le 
collaborateur  assidu  de  Chéret. 

La  plus  belle  collection  existante  de  ces  petites  pièces  se  trouve  chez  le 
marquis  de  Biron. 

En  décembre  1889,  une  exposition  de  l'œuvre  du  Maître  eut  lieu  aux 
galeries  du  Théâtre  d'application,  18,  rue  Saint-Lazare. 


COLEMAN  (W.) 

Joueuse  de  Flûte.  —  Assise,  nue  au  bord  d'un  lac,  une  jeune 
femme  de  profil  à  droite,  joue  de  la  flûte  à  l'ombre  de  grand  arbres  ; 
à  terre  près  d'elle,  une  gourde  à  gauche  et  les  initiales  :  W  f  c. 

Jolie  de  dessin  et  très  distinguée  de  facture. 


COROENNE  (Jules-François) 


Nous  avons  remarqué  aux  salons  de  la  Société  Nationale,  l'envoi  de  cet 
artiste  de  talent  presque  inconnu  des  collectionneurs  et  des  marchands  et 
qui  fait  ses  débuts  ;  nous  croyons  devoir  attirer  l'attention  très  spécialement 
sur  ces  deux  eaux-fortes  :  Effet  de  Soir  (1899)  —  Les  Rémouleurs  à  Tende,  en 
Italie  (1901). 


DAUBIGNY  (C.-F.) 


Né  en  1817,  mort  en  1878,  a  gravé  quelques  jolies  petites  pièces  bien 
proprettes,  mais  manquant  un  peu  d'originalité  et  d'accent,  il  y  en  a 
cependant  de  charmantes,  mais  ça  ne  dit  pas  grand'chose,  ça  n'emballe  pas. 
En  1875,  Frédéric  Henriet  a  publié  le  catalogue  de  son  œuvre  gravé.  Voir 
aussi  Béraldi,  tome  V,  Paris  1886. 


398  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Cèdre  du  Liban  (16).  —  Sur  un  petit  monticule,  un  cèdre 
aux  lourdes  ramures  ;  au  premier  plan,  le  long  d'une  clôture  légère, 
une  bonne  ayant  un  entant  dans  ses  bras  et  une  dame  avec  une 
ombrelle.  A  gaucbe  au  dernier  plan,  des  constructions. 

Il  faut  l'avoir  avec  la  remarque  :  deux  chats  dans  an  grenier  se  battant  en 
face  d'un  rat.  Adjugé,  dans  cet  état,  100  francs  à  la  vente  Geoffroy  Dechaume. 

A  noter  encore  :  Temps  d'orage  '  (46)  —  Les  Baigneuses  *  (49)  —  L'Incendie 
de  la  Ferme  (53),  trois  épreuves  connues  —  Parc  à  Moutons  (86)  —  Les 
Vendanges  (107),  qu'il  faut  avoir  avant  le  nettoyage  des  marges  et  avec  des 
essais  de  pointe  dans  la  marge  du  bas,  adjugé,  vente  Michelin,  35  francs. 

En  somme,  œuvre  très  modérément  recherché.  L'Artiste  —  nous  parlons 
de  la  Revue  —  a  publié  un  assez  grand  nombre  de  pièces  du  Maître. 


DAUMIER  (Honoré) 

Né  à  Marseille  le  26  février  1808,  mort  à  Valmondois  en  1879.  Penseur  et 
philosophe  caricaturiste,  peintre  et  lithographe,  l'artiste  disparu  est,  dans  le 
genre,  une  des  plus  curieuses  figures  qui  ait  traversé  le  monde.  Son  œuvre 
lithographique  comporte  environ  5.000  pièces,  il  est  tout  entier,  dit  Béraldi, 
dans  La  Caricature,  L'Association  mensuelle  et  le  Charivari. 

La  plus  belle  collection  existant  actuellement  appartient  à  M.  Ernest 
Maindron;  une  autre  fort  intéressante,  propriété  de  M.  Gcoffroy-Dechaume, 
fut  adjugée  en  bloc  à  sa  vente,  en  1893,  pour  3205  francs,  elle  contenait 
environ  3.500  pièces.  —  Le  catalogue  de  l'œuvre  a  été  rédigé  par  Champtleury, 
Paris  1878,  tiré  à  cent  exemplaires,  il  est  devenu  très  rare.  Voir  aussi 
H.  Béraldi,  tome  V,  Paris  1886,  et  d'Arsène  Alexandre,  la  superbe  étude  qu'il 
lui  a  consacrée  en  1888. 

En  1878,  une  exposition  des  tableaux  et  dessins  du  Maître  eut  lieu  chez 
Durand-Ruel,  fort  peu  de  lithographies  y  figuraient. 

En  mai  1901,  une  superbe  exposition,  très  complète  alors,  fut  faite  quai 
Malaquais,  au  Palais  de  L'Ecole  des  Beaux-Arts.  M.  Gustave  Geffroy  consacra 
a  cette  époque  au  grand  artiste  un  très  intéressant  article  dans  La  Revue  de 
l'Art  ancien  cl  moderne. 

Le  Ventre  Législatif'  (Béraldi  '!).  Ils  sont  là  trente-cinq 
personnages,  ministres  et  députés  conservateurs  autour  de  l'hémicycle 
s'étageant  en  amphithéâtre,  dans  des  attitudes  variées  et  typiques, 

(■claires  par  le  jour  qui  tombe  de  la  coupole. 


1   Aiijuj','    -""  li.  "I  m' s  en  1  '  dut  ;ivec  lu  t>U-  ilu  lïl'rirr  ;  h  es  rare. 

'  A  in  même  vanta,  160  Eruncs  ;  il  existe  Ibrl  peu  d'épreuves. 

'  18"  dessin  de  la  Lithographie  mensuelle,  Janvier  i*-'ii  :  liili.  de  Becquet. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  399 

Au  premier  rang:  Guizot,  Persil,  Thiers,  d'Argout  (au  long  nez 
chaussé  de  lunettes),  de  Rigny,  etc.,  et  à  droite,  debout,  accoudé 
devant  eux  et  regardant  à  gauche,  Prunelle,  puissant  personnage 
symbolisant  le  type  du  lutteur  au  repos. 

Au  deuxième  rang  :  Podenas,  Royer  Collard,  Odier,  Fruchard, 
Delessert,  etc. 

Au  troisième  rang  :  Vatout,  de  Keratry,  Johivet. . . 

Au  quatrième  et  dernier  rang  :  Viennet,  Potaille,  Etienne,  etc. 
Tout  à  fait  à  droite,  derrière  Prunelle,  les  initiales  de  l'artiste  :  H.  D. 

Ventes:  Burty,  211  —  Veuve  Millet,  90  —  Champfleury,  102  —  Mène,  sur 
chine,  241  —  Goncourt,  195. 

Ne  vous  y  frottez  pas  '  (4).  —  Fièrement  campé  sur  ses  jambes 
écartées,  un  typo  vigoureux  coiffé  du  petit  bonnet  de  papier  légendaire, 
les  manches  de  la  chemise  retroussées,  les  poings  fermés,  occupe  le 
milieu  de  l'estampe,  dans  l'attitude  d'un  gaillard  résolu  à  faire 
respecter  ses  droits.  Il  est  tourné  à  gauche,  regardant  Louis-Philippe 
qui  se  dirige  vers  lui,  poussé  par  l'un,  retenu  par  l'autre  et  armé  de 
son  éternel  parapluie  dont  il  semble  le  menacer.  A  droite,  culbuté 
déjà,  Charles  X  que  deux  souverains  réconfortent.  Par  terre  en 
exergue  aux  pieds  du  typo  :  Liberté  de  la  Presse.  Dans  le  coin  gauche 
inférieur  :  H.  D. 

Ventes  :  Burty,  deux  épreuves  sur  chine,  99  francs  chaque  —  Champfleury, 
60  —  Mène,  80  —  Goncourt,  140. 

Enfoncé  LafaYette...,  attrape  mon  vieux  *  (5).  —  Sur  un  tertre, 
debout,  de  trois  quarts  à  droite,  un  personnage,  sorte  de  croque-mort 
personnifiant  Louis-Philippe,  est  vêtu  de  noir  et  coiffé  d'un  chapeau 
à  haute  forme  avec  un  crêpe.  Il  joint  les  mains  à  la  hauteur  de  son 
visage  —  ou  plutôt  se  les  frotte  dans  un  geste  hypocrite  —  et  semble 
pleurer  en  voyant  défiler  à  gauche  le  corbillard  de  Lafayette  que  suit 
une  foule  nombreuse  et  émue.  A  droite,  une  tombe  avec  une  croix 
dans  les  bras  de  laquelle  est  passée  une  couronne.  Au  dernier  plan, 
encore  la  multitude  et  le  cimetière  du  Père-Lachaise. 

Ventes  :  Burty,  deux  épreuves  sur  chine,  90  et  107  —  Champfleury,  102  — 
Mène,  une  chine,  175  —  Goncourt,  sur  chine,  245. 


1  20'  dessin  de  la  Lithographie  mensuelle,  mois  de  mars  ÎH'M  ;  lith.  de  Delaunois. 
»  21-  dessin  de  la  Lithographie  mensuelle,  mois  de  mai  1831  ;  lith.  de  Delaunois. 


400  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  Rue  Transnonain  '  (6).  —  Au  milieu  d'une  mansarde  en 
désordre,  près  d'un  fauteuil  renversé  à  droite,  un  homme  en  chemise 
gît  à  terre,  mort  ;  il  est  étendu  sur  le  dos  et  arraché  brutalement  sans 
doute  de  son  lit,  sa  main  droite  tient  encore  crispée  le  drap  qui  le 
couvrait  ;  sous  lui,  son  enfant  étouffé  ;  à  gauche  dans  la  pénombre, 
une  femme  étendue  sans  vie  barre  la  porte.  Tout  à  fait  à  droite,  dans 
le  coin  de  l'estampe,  la  tète  grimaçante  d'un  vieillard  tué  lui  aussi. 
Un  coup  de  lumière  violent  répandu  sur  le  lit  et  l'homme  en  chemise, 
éclaire  cette  scène  de  massacre  ;  des  taches  de  sang  maculent  le 
plancher.  Dans  le  coin  gauche  inférieur  :  H.  D. 

Ventes:  Burty,  deux  épreuves  sur  chine,  135  et  129  —  Champfleury,  90  — 
Mène,  190  —  Goncourt,  235. 

Les  quatre  pièces  que  nous  venons  de  décrire  sont  de  purs  chefs-d'œuvre, 
la  dernière  surtout  est  peut-être  la  plus  admirable  chose  qu'ait  donnée  la 
lithographie.  Nous  nous  étonnons  des  prix  relativement  très  modestes 
qu'atteignent  dans  les  ventes  publiques  ces  estampes,  quand  on  songe  que 
des  Géricault  ont  dépassé  500  francs  et  1000  francs  1 1  Ah!  oui,  diront  les 
gogos,  mais  celles-ci  n'étaient  tirées  qu'à  six  exemplaires...  Il  y  a  partout  une 
fière  différence  de  conception  et  de  hauteur  d'idées  entre:  Deux  chevaux  qui 
se  battent  ou  Artillerie  à  cheval,  et  les  morceaux  superbes  que  nous  venons 
de  mentionner.  Oh!  cruelle  et  étrange  bêtise  humaine... 


DECAMPS  (Alexandre-Gabriel) 


Né  à  Paris  le  3  mars  1803,  mort  à  Fontainebleau  le  22  août  1860.  A  touché 
un  peu  à  tout,  genre,  paysages,  sujets  de  chasse,  architecture,  voir  même 
la  caricature.  Le  catalogue  de  son  œuvre  a  été  dressé  par  Adolphe  Moreau 
en  1879;  il  comporte  vingt  planches  gravées,  eau-forte,  vernis  mou  de  1  a  20  ; 
cent  lithographies  de  1  ;'i  ll)0;  treize  bois  de  1  à  13,  toutes  pièces  originales; 
nous  omettons  de  signaler  les  autres  pièces  qu'il  a  gravées  d'après  divers,  ou 
que  divers  ont  gravé  d'après  lui  et  qui  sont  mentionnées  dans  ce  catalogue. 
Voir  aussi  Béraldi,  tome  V,  Paris  1880. 

Les  eaux-fortes  et  les  vernis  mous  sont  de  beaucoup  plus  difficiles  à 
rencontrer  que  les  lithographies;  il  y  a  là  des  pièces  extrêmement  inté- 
ressantes qui  classent  l'artiste  parmi  nos  meilleurs  Maitres,  citons  celles  qui 
nous  ont  paru  les  plus  dignes  d'être  collectionnées  : 


i  24'  dessin  ili-  la  Lithographie  mensuelle,  mois  d'avril  1X34  ;  lilli  de  Ueluunols.  —  Existe  auui 
eu  eouleur.  car  une  de  ces  épreuves  liguni  en  1888  à  l'Exposition  des  Maitres  français  de  lu 
caricature. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  401 

La  Joueuse  de  Vielle  (M  7).  —  Elle  est  debout  et  de  face, 
les  jambes  légèrement  écartées,  jouant  de  la  vielle  de  la  main  gauche. 
Dans  le  haut  de  l'estampe  à  gauche,  une  tète  d'âne  de  profil  au  simple 
trait  ;  à  droite,  silhouette  de  garde  française. 

Eau-forte  pure  rarissime. 

La  Vieille  Mendiante  (10).  —  Une  vieille  femme  vue  de  dos,  la 
tète  légèrement  penchée  en  avant  s'appuie  sur  le  bâton  qu'elle  a  dans 
la  main  droite  ;  à  son  bras  gauche  est  passé  un  panier.  En  bas  dans 
la  perpendiculaire  du  bâton,  le  chiffre  45  '. 

1«  état.  —  On  n'aperçoit  pas  encore  dans  le  fond,  à  gauche,  la  maison  et 
les  arbres  à  droite;  les  marges  sont  sales  et  présentent  des  traces  d'essai  de 
vernis  mou  et  de  pointe  sèche.  Une  seule  épreuve  connue  a  passé  chez 
Jadin  '. 

2e  état.  —  Avec  arbres  et  maisons,  mais  les  marges  n'ont  pas  été  nettoyées 
Deux  épreuves  seulement  collection  Jadin  et  Triqueti  K 

A  la  vente  Mahérault,  un  1er  étal  adjugé  122  francs. 

Environs  de  Smyrne  (12).  —  Un  petit  lac  entouré  de  bois  et  de 
collines  à  l'horizon  ;  au  premier  plan,  un  chien  s'avance  pour  s'y 
désaltérer  ;  à  gauche  sur  un  tertre,  un  kiosque  adossé  à  un  massif 
d'arbres  ;  sur  la  route  qui  borde  le  lac  à  gauche,  une  femme  ayant  un 
paquet  sur  la  tête,  tient  un  enfant  par  la  main  ;  près  d'eux,  les 
initiales  D.  C. 

Ce  vernis  mou  rarissime  fut  gravé  en  1839,  il  passa  à  la  vente  Burty*,  à 
Londres,  en  187G,  et  fut  adjugé  à  celle  de  Moignon  49  francs. 

Le  Singe  feuilletant  un  gros  livre  (14).  —  Un  singe  accroupi 
de  profil  à  droite,  feuillette  le  livre  qu'il  a  par  terre  devant  lui  et  sur 
lequel  il  a  posé  sa  patte  droite  ;  ce  livre  est  appuyé  sur  un  gros 
encrier.  Dans  le  bas  de  la  marge  à  droite,  au  trait,  un  homme  vêtu 
d'un  long  vêtement.  Dans  le  haut  deux  chiens  se  regardent,  le  corps 


1  Ce  chiffre  45,  placé  au  bas  des  pièces  les  plus  remarquables  et  bien  en  vue,  fait  allusion, 
dit  Moreau,  à  la  Société  des  45  qui  fut  constituée  en  1832  à  la  suite  d'un  bal  masqué  où  toute 
la  bande  de  Decamps  portait  —  on  ne  sait  pourquoi  —  ce  chiffre  sur  l'épaule.  Cette  Association, 
ajoute  le  conteur,  ne  dépassa  jamais  12  à  15  membres. 

-~a    Nous  ignorons  ce  qu'elles  sont  devenues  à  l'heure  qu'il  est. 

*  A  la  dernière  vente  Burlj',  en  mars  1891,  un  œuvre  exceptionnel  et  irréconstituable  lut 
adjugé  en  bloc  3050  francs. 

26 


402  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

du  bouledogue  qui  est  à  gauche  n'est  pas  terminé,  il  n'y  a  que  la  tête. 
En  retournant  la  feuille  de  l'estampe  :  un  pont  de  bois  très  élevé  sur 
le  fleuve  qu'il  traverse.  Au  premier  plan,  deux  canards. 

Eau-forte  de  la  dernière  rareté,  ainsi  que  Un  Chien  de  Chasse  (13).  Cette 
dernière  pièce  est  moins  intéressante,  elle  fut  adjugée,  avec  les  marges  sales, 
à  la  vente  Moignon  GO  francs. 

Dans  les  lithographies  qui  sont  de  beaucoup  moins  attrayantes,  suivant 
nous,  mentionnons  néanmoins:  Ambroise  Paré  (6)  —  Une  Visite  à  l'Hôlel- 
Dieu  (9)  —  Le  Garde-Chasse,  pas  rare  mais  amusante,  et  enfin  cette  belle 
pièce:  Chiite  dans  un  escalier  (98):  un  jeune  homme  à  plat  ventre  au  bas 
d'un  escalier  dont  il  est  tombé  porte  la  main  gauche  à  son  visage;  au  haut 
de  cet  escalier  une  servante  accourt  une  lumière  à  la  main.  Sur  la  dernière 
marche  de  gauche  à  peine  lisible  :  Decamp. 


DEGAS  (Edgar) 

Les  eaux-fortes  et  les  lithographies  de  cet  artiste  sont  de  la  dernière 
rareté  et  tirées  généralement  à  deux  <ui  trois  exemplaires  ;  nous  ne  connais- 
sons à  en  posséder  que  MM.  Alexis  Rouart  et  Manzi. 

M,  Rouait  a  bien  voulu  nous  autoriser  a  donner  les  quelques  descriptions 
sommaires  qu'on  va  lire. 

Degas,  par  lui-même  à  22  ans,  1857.  —  Debout  à  mi-jambes, 
coiffé  d'un  chapeau  mou  au  fond  peu  élevé,  l'artiste  porte  toute  sa 
barbe,  moustache  et  collier  ;  il  est  de  trois  quarts  à  gauche  et  regarde 
de  face,  le  bras  pend  le  long  du  corps,  légèrement  ramené  en  avant. 

Tache  d'acide  au-dessus  du  chapeau  et  dans  presque  tous  les  bords  de  la 
planche.  —  Deux  exemplaires  d'états  différents. 

Portrait  de  Joseph  TournY.  le  graveur.  -  Le  graveur  est  assis 
devant  sa  table,  le  corps  de  profil  à  gauche,  regardant  de  face,  il  est 
coiffé  d'un  béret,  les  bras  croisés  sont  ramenés  sur  la  table.  Dans  la 
marge  du  bas,  une  tête  de  moine. 

Eau-forte  presque  au  trait,  la  face  seule  est  ombrée;  c'est  une  œuvre  de 
jeunesse,  exécutée  à  Rome  en  l.sr>7. 

Femme  enjambant  sa  baignoire.  Nue  el  vue  de  dos,  elle 
sort  du  bain,  à  droite  sa  femme  de  chambre  tient  le  peignoir  qu'elle 
lui  va  mettre  sur  les  épaules.  Du  même  côté,  une  cheminée  sur 
laquelle  deux  vases  sont  posés.       Eau-forte. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  403 

La  Visite  au  Louvre.  —  Une  femme  assise  à  gauche  et  de  profil 
à  droite,  un  catalogue  à  la  main,  regarde  en  l'air.  Une  autre  femme  — 
une  amie  sans  doute  —  est  en  contemplation  devant  le  tombeau 
étrusque.  Elle  est  debout,  vue  de  dos  et  s'appuie  sur  son  parapluie 
qu'elle  tient  de  la  main  gauche  éloignée  du  corps  ;  le  bout  du  parapluie 
repose  par  terre. 

Parmi  les  nombreux  états  de  cette  eau-forte,  il  en  est  un  extrêmement 
curieux  d'aspect,  le  second,  tiré  à  trois  épreuves  avec  les  deux  femmes 
gravées  sur  un  fond  absolument  blanc. 

Danseuses  dans  leur  loge.  —  Deux  danseuses  sont  dans  leur 
loge  ;  celle  de  gauche  est  debout  et  de  profil  à  droite,  l'autre  est  assise 
sur  un  canapé  en  face.  Les  contours  de  la  tète,  du  bras  et  du  soulier 
de  celle  qui  est  debout,  sont  exécutés  à  la  pointe  sèche.  —  Eau-forte. 

Effet  de  gris  d'une  délicatesse  exquise. 

Chanteuse  de  Café-Coneert.  —  Sur  la  scène  qui  est  à  peine 
indiquée,  une  femme  de  profil  à  gauche,  vue  à  mi-jambes,  souligne 
son  chant  en  esquissant  un  geste  de  la  main  gauche  qu'elle  porte  en 
avant  —  c'est  le  genre  Béca  qui  fit  fureur  à  l'époque  —  le  bas  de  la 
planche  vide  de  travaux.  —  Lithographie. 

Femme  s'essuyant.  —  Elle  est  nue,  debout  de  trois  quarts  à 
gauche  et  fortement  penchée.  Elle  s'essuie  la  hanche  ;  le  mouvement 
qu'elle  vient  de  faire  en  se  baissant  —  un  peu  brusque  sans  doute  — 
a  entraîné  la  chevelure  éparse  qui  retombe  en  avant  ;  près  d'elle,  une 
chaise  longue  capitonnée. 

Lithographie  sur  papier  pelure,  tirée  à  3  épreuves. 

Sortie  de  Bain.  —  Vue  par  derrière  et  nue,  une  femme,  les 
cheveux  sur  le  dos,  est  en  train  de  se  les  faire  peigner  par  sa  camériste 
qui  est  à  sa  droite.  Toutes  deux  sont  debout.  —  Lithographie. 

Si  nous  ne  nous  sommes  pas  étendu  davantage  sur  ces  œuvres  et  si  nous 
nous  sommes  abstenu  de  toute  réflexion,  c'est  que  nous  connaissons 
l'horreur  profonde  qu'éprouve  M.  Degas  à  être  mis  en  scène.  Nous  ne 
pouvions  pas  cependant  écrire  un  livre  sur  la  matière  où  son  nom  ne  fut 
pas  mentionné,  les  amateurs  ne  nous  l'eussent  jamais  pardonné.  Qu'il  nous 
excuse  donc  d'avoir  un  peu  violé  la  consigne,  car  il  eut  été  vraiment  trop 


404  DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME    SIÈCLES 

cruel  d'en  priver  un  écrivain  qui  lui  exprime  ici  et  sa  profonde  reconnaissance 
et  sa  sincère  admiration.  —  C.-W.  Thornlev  a  reproduit  en  lithogruphies 
quelques  toiles  du  Maître. 

Voir:   II.  Béraldi,  tome   V,  Paris,  1886  —  Certains  de  Iluysmans,  Paris, 
Tresse  et  Stock,  1889. 


DELACROIX  (Ferdinand-Victor-Eugène) 

Elève  de  Guérin,  naquit  à  Charenton-Saint-Maurice,  près  Paris,  le 
26  avril  1798  et  mourut  a  Paris  le  13  août  1863.  Chef  de  l'Ecole  romantique, 
méconnu  de  son  temps,  il  peut  être  considéré  comme  un  des  plus  grands 
artistes  dont  s'honore  notre  pays. 

Son  œuvre  est  considérable  comme  peintre,  aquafortiste  et  lithographe  ; 
il  a  touché  à  tous  les  genres  et  y  a  su  conserver  toujours  son  imposante 
individualité. 

Deux  catalogues  de  son  œuvre  existent  :  le  premier,  par  Adolphe  Moreau, 
Paris,  1878  ;  le  second,  plus  complet,  par  Alfred  Robaut  ;  nous  donnons  le 
numérotage  des  deux  iconographes  ci-dessus  désignés  pour  les  pièces  que 
nous  allons  mentionner.  Voir  aussi  H.  Réraidi,  tome  V,  1886;  mais,  au 
point  de  vue  estampes  —  le  seul  qui  nous  occupe  —  c'est  bien  plus  comme 
lithographe  que  comme  aquafortiste  que  l'artiste  est  intéressant. 

Le  Combat  du  Giaour  et  du  Paeha  (Moreau  9  —  Robaut  203).  — 
Le  Giaour  à  cheval,  tourné  vers  la  droite,  vient  de  désarçonner  son 
adversaire  ;  celui-ci  gît  à  terre  et  son  cheval  a  pris  la  fuite.  Au  fond, 
des  collines. 

Au  1«»  état,  il  y  a,  dans  la  marge  inférieure,  des  croquis  représentant  une 
tête  de  lévrier  et  une  étude  pour  la  figure  du  pacha  ;  au  2«  état,  ils  ont  été 
effacés;  épreuves  à  rejeter.  —  Relie  lithographie. 

Ventes  l'arguez,  1er  état,  37  -  Gihaut,  30  -  Rurty,  82  -  Villot,  40  — 
Moignon,  220  —  Bouvenne,  1"  état,  98. 

Cheval  sauvage  terrassé  par  un  Tigre  (M  10  ■-  R  288).  - 
Le  cheval  esl  à  terre,  renversé,  la  tète  tournée  vers  la  droite,  il  essaie 
tlt  se  relever  en  rassemblant  désespéré] m  ut  sous  lui  ses  quatre  pieds, 
tandis  que-  le  tigre  lui  maintient  la  tête  sous  sa  patte  puissante  et  le 
mord  cruellement  à  l'épaule.  En  bas  à  gauche:  Eug.  Delacroix fec. ; 
à  droite  :  Lith.  de  Ch.  Motte  76*26' ,  et  au  milieu  :  Chenal  sauvage  terrassé 
par  un  tigre. 

Robaul  mentionne  les  quatre  états  suivants  de  celte  lithographie  : 

l«r état.       Avec  des  salissures  sur  les  quatre  marges  (</.•■  toute  rareté, 
5  ou  (i  épreuves). 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  405 

2e  état.  —  Avec  des  salissures  sur  la  marge  de  gauche. 

3e  état.  —  Aucune  salissure  sur  les  marges,  et  sans  lettre  comme  dans  les 

états  précédents. 
4e  état.  —  Celui  décrit. 

Ventes  :  De  la  Combe,  2e  état,  150  —  Dubois,  61  —  Langlais,  165  —  Villot, 
3*  état,  47  —  His  de  la  Salle,  sur  chine,  282  —  Moignon,  1er  état,  sur  chine, 
430  —  Champfleury,  même  état  et  conditions,  840  —  Bouvenne,  avant  toutes 
lettres,  sur  chine,  408  —  Mallet,  exemplaire  de  Bouvenne,  avec  les  salissures 
sur  les  quatre  marges,  470  ;  actuellement  chez  le  comte  Matheus. 

Lion  de  l'Atlas  (M  42  —  R  309).  —  Dans  une  caverne,  un  lion 
couché,  la  tète  tournée  à  gauche,  est  en  train  de  dévorer  un  lièvre 
qu'il  tient  entre  ses  pattes.  En  has  à  droite  :  Delacroix  fl  ;  au  milieu  : 
Lion  de  l'Atlas,  puis  au-dessous  de  ce  titre  à  gauche  :  à  Paris,  chez 
H.  Gaugain  et  Cie ,  rue  de  Vaugirard,  N°  34- ;  et  à  droite:  Imp.  lith.  de 
H.  Gaugain,  rue  Vivicnne,  N°2;  sous  le  titre,  le  timbre  sec  triangulaire 
de  l'imprimeur  E.  Ardit  à  Paris. 

Le  1er  état  sans  aucune  lettre  est  rarissime  ;  le  2?,  celui  que  nous  venons 
de  décrire,  et  le  3e  est  sans  le  timbre  triangulaire  de  E.  Ardit.  Nous  croyons 
donc  que  H.  Béraldi  a  fait  une  erreur  en  disant  que  le  2e  état  est  avec  le 
titre  et  sans  nom  d'imprimeur. 

Ventes  :  Dubois,  1er  état,  avec  le  Tigre  Royal,  41  —  Soleil,  même  état,  23  — 
Moignon,  1er  état  (?),  100  ;  les  deux,  même  vente,  sans  désignation  d'état, 
300  —  Burty,  sans  désignation  d'état,  65  —  Mallet,  avec  le  Tigre  Royal,  la 
première  en  3e  état,  la  seconde  en  2e  état,  290. 

Tigre  Royal  (M  43  —  R  310).  -- -  Un  tigre  mollement  étendu,  la 
tète  tournée  à  droite  est  allongée  par  terre  entre  les  deux  pattes 
écartées  ;  derrière  lui  s'étend  le  désert  onduleux.  Sous  le  trait  carré  à 
droite:  Delacroix  del' ;  au  milieu  de  l'estampe,  le  Tigre  Royal; 
au-dessous,  en  bas  à  gauche  :  à  Paris,  chez  H.  Gaugain  et  Cie,  rue  de 
Vaugirard,  N°  34-;  et  à  droite:  Imp.  lith.  de  H.  Gaugain,  rue  de 
Vaugirard,  N°  2,  à  Paris  ;  sous  le  titre,  le  timbre  sec  triangulaire  de 
E.  Ardit,  à  Paris. 

Le  1er  état  sans  aucune  lettre  est  rarissime  ;  le  2e  >,  celui  que  nous  venons 
de  décrire,  et  le  3e  porte  en  bas  à  gauche  :  A  Paris,  chez  H.  Gaugain  et  O, 
rue  de  Vaugirard,  N°  34;  à  droite:  Delacroix  fec,  imp.  lith.  de  H.  Gaugain, 
rue  Vivienne,  N°  2  et  le  titre  au  milieu. 


'  11  existe  un  état  non  décrit  intermédiaire  entre  le  1"  et  le  2',  c'est-à-dire  sans  les  adresses  de 
l'imprimeur  et  de  l'éditeur;  il  est  fort  rare. 


KM»  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

Cette  pièce  et  la  précédente  se  font  pendants,  le  3e  état,  qui  n'est  pas 
revêtu  de  l'estampille  de  E.  Ardit,  est  à  rejeter. 

Ces  deux  lithographies  peuvent  être  considérées,  avec  le  Cheval  sauvage 
terrassé  par  un  Tigre,  connue  les  plus  admirables  estampes  sorties  de  l'Ecole 
dite  de  1830,  elles  sont  sans  rivales,  c'est  le  summum  atteint  par  le  procédé 
inventé  par  Aloïs  Senefclder,  elles  laissent  loin,  très  loin  derrière  elles  tous 
les  Géricault  du  monde,  et  cependant  elles  n'ont  jamais  atteint  dans  les 
ventes  publiques  les  prix  parfois  vraiment  exagérés  de  ce  dernier. 

Ventes  :  Delacroix.  1«  état,  50  francs;  2e  état,  21  francs. 

Un  des  plus  beaux  œuvres  connus  du  Maître  fut  celui  rassemblé  par  Ph. 
Burty,  à  sa  vente,  en  mars  1891,  il  fut  adjugé  en  bloc  6500  francs. 


DELATRE  (Eugène-Alfred) 

A  la  porte  du  jardin.  —  Une  petite  fille  debout  et  de  face, 
appuie  sa  main  droite  sur  le  barreau  de  la  grille  en  bois  d'un  jardin, 
l'autre  main  qui  pend  négligemment  le  long  du  corps,  tient  une  fleur. 

C'est,  paraît-il,  le  portrait  de  la  fille  de  l'artiste. 

Les  Pommiers.  -  Une  femme  tient  par  la  main  une  petite 
fille,  elles  sont  vues  de  dos  et  s'éloignent  en  passant  entre  deux 
pommiers  en  fleurs. 

Jolie  pièce  en  couleurs  très  douce  et  très  estompée,  l'artiste  est  un 
habile  manieur  de  cuivre,  qui  a  de  qui  tenir;  son  père,  le  célèbre  Auguste 
Delâtre,  ayant  tiré  toutes  les  belles  planches  de  Méryon,  Whistler,  Seymour 
Haden,  Bracquemond,  etc.;  c'est  en  parlant  de  lui  que  Seymour  lladen 
disait  un  jour  :  Si  Rembrandt  revenait  sur  la  terre,  c'est  à  Delâtre  qu'il 
confierait  ses  tirages.  —  A  citer  :  Le  Portrait  de  son  Père  —  Le  Pont  Solferino 
(effet  de  nuit)  -  L'Eglise  de  Contons  —  Vieille  Femme  aux  Chats  (salon  de 
'M''.'.)  -  Le  Moulin  de  l'EpaU,  etc.;  ers  estampes  sont  tirées  tantôt  à  la  poupée, 
tantôt  en  repérage.  —  l.a  plus  belle  collection  des  Delâtre  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  de  New- York,  don  de  M.  Avery. 


DELAUNAY'  (Jules-Elie) 

Signalons  à  titre  de  pure  curiosité  deux  eaux-fortes  de  l'éminenl  peintre, 
les  seules  qu'il  ait  gravées. 


Né  A  Nantea  ■■"  1828,  morl  >  P«i  la  en  189t. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  407 

Portrait  de  Gounod  '.  —  Il  est  de  profil  à  gauche  à  mi-corps, 
les  bras  sont  croisés  sur  la  poitrine  et  la  main  droite  y  presse  la 
partition  de  Faust.  Le  portrait  se  détache  sur  un  fond  de  feuillage  à 
peine  indiqué.  Dans  la  marge  du  bas,  trois  remarques  :  une  muse 
couronnée  de  laurier,  un  torse  d'homme  nu  et  une  tête  d'homme  à  la 
longue  barbe  faisant  songer  à  Meissonnier. 

Le  cuivre  est  la  propriété  de  M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau,  de  Nantes, 
qui  possède  également  une  autre  planche  :  le  Portrait  de  Delaunay*  par  lui- 
même.  —  Ces  pièces  sont  des  raretés,  et  nous  n'avons  jamais  eu  connaissance 
qu'elles  aient  été  publiées  ;  elles  étaient  donc  absolument  inconnues  du 
public  et  des  collectionneurs  jusqu'à  ce  jour. 


DELAVALLÉE  (Henri) 

Quelques  fort  bonnes  pièces  traitées  pour  la  plupart  en  vernis  mou, 
aquatinte  et  eau-forte  telles  que  : 

La  Rue  du  Hameau- Le fèvre  —  Angélique  à  sa  fenêtre  —  Le  Ramassent-  de 
bouts  de  cigares  — -  Pont  des  Saints-Pères  ta  nuit  —  Dans  le  Tramway  de 
Passy-Louvre  —  En  route  pour  te  Marché. 

Nous  voyons  avec  regret  que  l'artiste,  qui  est  de  Reims  et  dont  les  débuts 
(1891)  avaient  été  très  remarqués,  n'expose  plus  depuis  de  longues  années, 
nous  déplorons  de  le  voir  se  tenir  ainsi  à  l'écart. 


DESBOUTIN  (Marcelin) 

L'Homme  à  la  Pipe  (Béraldi  1).  —  C'est  le  portrait  de  l'artiste 
lui-même,  grandeur  presque  nature,  coiffé  d'une  toque  et  la  pipe  à 
la  bouche  ;  il  est  tourné  à  droite  et  regarde  de  face.  En  bas,  son 
monogramme  M.  D. 

Cette  pointe  sèche,  dont  les  vraiment  bonnes  épreuves  sont  très  rares,  fut 
médaillée  au  Salon  de  1879. 

La  Duchesse  Colonna  (14).  —  Elle  est  assise  à  mi-corps  de 
profil  à  droite,   coiffée  d'un  chapeau   rond,    le  corsage   légèrement 


1  II  a  été  tiré  25  avant  lettres,  5  parchemins.  10  japon,  10  hollande. 

*  Retrouvé  en  août  1902  chez  un  des  héritiers.  —  Le  cuivre  rayé  est  déposé  à  la  Bibliothèque 
de  Nantes.  On  a  tiré  14  avant  lettres,  25  avec  la  lettre  et  5  épreuves  de  la  planche  biffée. 


408  DIX-NEUVIÈME  ET  VINGTIÈME    SIÈCLES 

ouvert    et   les   mains    croisées    sur   les  genoux.    En   bas   à   droite  : 
M.  Desbontin. 

Portrait  superbe,  un  des  plus  beaux  de  l'œuvre. 

Degas.  -  Le  célèbre  peintre  est  debout  en  chapeau  à  haute 
forme,  en  pied  de  trois  quarts  à  gauche,  la  main  droite  (?)  sur  la 
hanche,  il  regarde  à  droite  à  la  cantonnade. 

Très  rare  et  très  intéressant. 

Madame  Valentin  (27).  —  Assise  dans  un  fauteuil  Voltaire  de 
trois  quarts  à  droite,  regardant  de  face,  la  jeune  femme  coiffée  d'un 
petit  chapeau,  les  cheveux  épandus  sur  les  épaules,  a  le  coude  droit 
appuyé  sur  le  bras  du  fauteuil. 

Dans  l'épreuve  que  nous  avons  sous  les  yeux  elqui  appartient  a  M.  Alfred 
Barrion,  la  tête  seule  semble  terminée,  et  dans  le  bas  du  coin  droit  le  nom  de 
l'artiste  est  écrit  à  l'envers.  Nous  ignorons  s'il  existe  des  états  postérieurs. 

La  Femme  au  sopha  (?)  —  Couchée  demi-nue  sur  un  sopha,  la 
tète  à  gauche,  le  coude  droit  appuyé  sur  un  oreiller,  un  nœud  retenant 
les  cheveux  sur  le  cou,  elle  regarde  à  droite.  Sans  signature. 

De  toute  rareté,  une  épreuve  est  dans  la  collection  Barrion.  —  Xon  men- 
tionnée par  II.  Béraldi  ;  peut-être  la  pièce  est-elle  postérieure  à  son  catalogue. 

Leroy.  —  Le  Maître  imprimeur  de  trois  quarts  à  droite,  regarde 
de  face,  il  esl  devant  sa  presse  dont  il  actionne  la  roue.  Au  fond  de  la 
pièce,  épinglées  au  mur,  des  épreuves.  Sans  signature. 

Pièce  extrêmement  rare  non  mentionnée  par  II.  Béraldi,  peut-être  pour  la 
même  raison  que  précédemment  énoncée. 

Le  Comte  Lepic  (20).  —  Assis  sur  une  chaise,  un  chevalet  à  sa 
droite,  il  esl  vu  de  face,  la  jambe  droite  passée  sur  la  gauche  est 

retenue  par  ses  mains  croisées  '. 

Tous  les  poitrails  faits  par  iH'sboulin  sont  extrêmement  remarquables, 
pleins  d'accent  et  de  grand  caractère:  en  juillet-août  1889,  une  exposition 
de  son  œuvre  gravé  fut  laite  clic/.   Durand-Ruel  ;  le  catalogue  contenait 


i  Dans  lei  premlèrti  épreuves  seules,  croyons-nous,  il  asiate  une  remarque,  uns  (Ma  de  i  ha  n 
<l;ms  le  bai  il ii  coin  droit  en  dedans  du  irait  carn 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  409 

150  numéros  et  était  précédé  d'une  préface  de  Emile  Zola.  —  Voir  H.  Béraldi, 
Les  Graveurs  du  XIXe  siècle,  tome  V,  Paris,  1886,  et  le  Supplément,  tome  IX, 
Paris,  1889,  qui  porte  à  un  total  de  168  numéros  l'actif  de  l'œuvre. 

Nous  venions  d'écrire  ces  lignes  quand  nous  apprenons  la  mort,  a  Nice, 
19  février  1902,  du  grand  et  vieil  artiste,  une  des  figures  les  plus  connues 
et  les  plus  sympathiques  du  monde  de  la  gravure.  Il  avait  78  ans  et  était 
Grand-Prix  de  gravure  à  l'Exposition  de  1900.  —  On  vient  d'ouvrir  une 
exposition  de  son  œuvre  —  décembre  1902  —  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts, 
quai  Malaquais.  Il  y  avait  la  :  109  portraits  divers  à  la  pointe  sèche,  plus 
11  de  lui-même  dont  un  en  lithographie,  la  seule  qu'il  ait  jamais  faite; 
33  sujets  divers  originaux,  24  gravures  de  reproductions,  entr'autres  les 
5  Fragonard  de  Grasse  ;  Le  Surprise,  Le  Rendez-vous,  La  Confidence,  L'Amant 
couronné,  L'Abandonnée,  ce  qui  portait  à  154  numéros  l'œuvre  gravé  exposé, 
c'est-à-dire  presque  au  complet. 

Un  catalogue  illustré  spécial,  avec  une  jolie  préface  de  M.  Georges 
Lafenestre,  le  distingué  conservateur  du  Musée  du  Louvre,  a  paru  au 
moment  de  l'exposition.  L'œuvre  du  regretté  artiste  va  être  prochainement 
et  successivement  exposé  à  Munich,  Hambourg  et  Berlin. 


DESIRE-LUCAS 

Conte  de  Grand'Mère.  —  Dans  une  modeste  chaumière,  assise 
sur  un  banc  de  bois,  de  profil  à  gauche,  une  vieille  femme  appuyée 
sur  un  bâton,  à  l'instar  des  fées  de  légende,  raconte  une  histoire  à 
ses  trois  petits  enfants  qui  sont  devant  elle.  La  scène  se  passe  dans 
un  demi-jour,  mais  un  coup  de  lumière  éclaire  la  main  et  la  nuque 
de  la  vieille,  ainsi  que  les  visages  des  enfants  et  la  partie  du  mur  à 
laquelle  ils  tournent  le  dos.  Dans  le  coin  gauche  inférieur  :  Désiré- 
Lucas. 

Cette  fort  belle  lithographie  a  paru  chez  Sagot,  le  3  janvier  1902  : 
l'épreuve  que  nous  y  avons  vue  portait  comme  remarque  dans  la  marge 
une  petite  fdle  mangeant  sa  soupe.  —  A  signaler  encore  :  Le  Benedicite. 


DETOUCHE   (Henri) 

Ebat  matinal.  —  Une  adorable  petite  femme  demi-nue  à  la 
frimousse  éveillée,  regarde  de  face,  la  tête  est  sur  l'oreiller  et  sa  main 
droite  est  ramenée  sur  ses  cheveux  en  désordre.  Dans  le  bas  du  coin 
gauche  :  Henry  Detouche. 

Très  délicate  aquatinte  ;  30  épreuves. 


410  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

A  la  Gloire  du  Chat.  —  Une  jeune  femme  en  rouge,  debout  de 
trois  quarts  à  droite,  embrasse  un  chat  noir  qu'elle  tient  dans  ses 
bras.  Tout  autour  d'elle,  du  haut  en  bas  de  l'estampe,  des  chats  dans 
toutes  les  positions.  Dans  la  marge  du  bas,  le  titre,  et  dans  le  coin 
gauche  inférieur  :  Henry  Detouche.  —  40  épreuves. 

Mais  où  le  charmant  artiste  se  révèle  dans  toute  sa  personnalité,  ce  sont 
dans  les  belles  études  qu'il  nous  a  rapportées  d'Espagne,  telles  que  : 
Famille  de  Gitanes  —  Sevilla  —  Gitane  dansant  —  Andalousie  —  La  Cigarette  — 
Schoras  à  la  Corrida,  etc.,  etc.,  si  pleines  de  couleur,  de  mouvement  et  de 
vie,  suite  qu'il  a  modestement  intitulée  :  Impressions  d'Espagne. 


DEVERIA'  (Achille) 


Né  à  Paris  le  (>  février  1800,  où  il  mourut  le  25  décembre  1857.  Œuvre 
extrêmement  intéressant  et  touffu,  à  coup  sûr  un  des  plus  séduisants  de 
l'époque  romantique,  qu'il  faut  voir  chez  M.  Alexis  Rouart  qui  le  possède  en 
épreuves  absolument  merveilleuses  et  exceptionnelles;  e'est,  du  liste,  la 
plus  belle  collection  connue,  elle  est  sans  rivale.  Oh!  les  heures  de  griserie 
que  nous  avons  passées  à  la  parcourir,  elles  demeureront  pour  nous 
inoubliables  ! 

Il  ne  faut  pas  voir  une  pièce  clc  Deveria,  il  faut  voir  Vœaore  en  entier, 
c'est  là  seulement  qu'on  le  peut  juger,  alors  il  est  incomparable.  Consulter 
particulièrement  de  II.  Béraldi  le  tome  V  et  le  supplément  tome  IX,  l'artiste 
est  là  présenté  de  main  de  maître;  plus  de  450  portraits  lithographies  par 
Deveria  y  sont  décrits,  sans  compter  ceux  simplement  énonces. 

La  belle  période  de  l'artiste  fui  de  1828  à  1835.  A  l'heure  présente  les 
Deveria  comme,  du  reste,  toutes  les  pièces  de  l'Ecole  romantique,  montent 
d'une  façon  formidable,  la  vente  Mallet  (avril  l'.)02)  donne  le  branle; 
seulement  on  ne  paie  cher  que  les  morceaux  rares  et  beaux,  le  second  plan 
se  donne;  du  reste,  le  goût  s'est  tellement  épuré,  durant  ces  vin  OU 
trente  dernières  années,  qu'à  quelque  genre  qu'elles  appartiennent  en 
curiosité,  les  choses  hors  Hune  sont  sans  prix,  tandis  que  les  autres,  nous  le 
répétons,  ont  baissé  de  50  à  60  pour  cent. 

Parmi  les  portraits  qui  nous  ont  le  plus  frappé  nous  signalerons 

La  Contemporaine.  1833  (15  13). 
Avec  la  légende  :  Comme  nous  passons  et  comme  je  suis  pass 

Alexandre  Dumas.  1830(16).    -  Très  jeune,  assis  de  face  sui  an 

canapé,  le  coude  ilroil  appuyé  sur  un  coussin,  l'autre  liras  éloigni 


i  L'artiste  FUI  conservateur  du  Départ  un  ui(  des  Bstampt  .  do  185 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  411 

corps  également  appuyé,  le  pied  droit  croisé  sur  le  gauche,  le  pantalon 
remonté  laisse  voir  la  tige  de  la  botte.  En  bas:  Alexandre  Dumas  — 
Deueria  —  Litho  de  Ch.  Motte. 

Adjugé  52  francs  à  la  vente  Mallet. 

Victor  Hugo  (24).  —  A  mi-corps,  assis  de  face,  gilet  blanc,  col 
noir,  les  deux  bras  écartés  s'appuient  sur  ceux  du  fauteuil.  En  bas  : 
Victor  Hugo  —  Deveria  1820  —  Litho  de  C.  Motte. 

Mme  Lemercier  (28).  —  Elle  est  endormie  sur  un  sopha,  en 
toilette  de  bal,  le  coude  droit  appuyé  sur  un  coussin,  soutient  sa  tète 
et  le  bras  gauche  écarté  du  corps  repose  sur  un  autre  coussin. 

On  raconte  qu'un  jour  Deveria  étant  au  bal  chez  Lemercier,  son  imprimeur, 
la  femme  de  ce  dernier,  se  sentant  fatiguée,  s'étendit  sur  un  sopha  et  s'y 
assoupit  ;  l'artiste  passant  devant  elle  la  trouva  si  jolie  dans  cette  pose 
abandonnée  qu'il  la  croqua  sur-le-champ;  c'est  à  cette  circonstance  toute 
fortuite  que  nous  devons  cet  adorable  portrait.  M,  A.  Rouart  en  possède 
une  épreuve  auant  toutes  lettres  ;  c'est  de  la  dernière  rareté. 

Ne  pouvant  tout  décrire ,  nommons  au  hasard  de  nos  souvenirs  : 
Mme  Huerta,  un  bijou  adjugé  95  francs  vente  Mallet  —  Af"  H.  C.  Smithson  — 
La  Malibran  —  Elisa  Mercœur  —  Mme  Eckerlin  —  Léon  Noël  —  Dona 
Damiana  —  MU<=  Alexandrine  Noblet  —  Afie  Pacini  —  Mme  Schlesinger  — 
Mme  C.  Roqueplan  —  Mme  Campan  —  Marie-Lœtitia  Bonaparte  —  Joséphine 
Tascher  de  la  Pagerie  —  Mérimée.  Et  les  délicieux  poitrails  de  sa  famille  : 
Jlfmes  Achille,  Marie,  Berthe,  Cécile,  Laure,  Eugène  Deveria,  dont  beaucoup 
font  partie  de  la  délicieuse  suite  Les  Heures  du  Jour,  suite  très  recherchée, 
rare  et  cher;  à  signaler  encore  :  Le  Goût  Nouveau,  Galerie  fashionable,  deux 
autres  très  intéressantes  séries. 

Souvent  au  bas  de  certains  exemplaires  on  lit  le  mot  modèle,  c'est  le 
synonyme  de  notre  Bon  à  tirer  d'aujourd'hui;  ces  épreuves  sont  donc  à 
retenir  car  elles  sont  doublement  précieuses  portant  en  elles  le  certificat 
d'authenticité  et  de  beauté  que  vient  de  leur  délivrer  le  Maître  en  les 
apostillant. 

Deveria,  comme  beaucoup  d'autres,  a  commis  quelques  délicates  petites 
polissonneries',  mais  c'est  un  simple  incident  si  passager  dans  sa  glorieuse 
vie  d'artiste  qu'on  ne  devrait  même  pas  le  mentionner,  lui  surtout,  qui  a 
toujours  su  faire  respirer  à  ses  femmes  un  parfum  de  bonne  compagnie, 


i  Dont  certaines  —  il  faut  bien  le  reconnaître  sans  bégueulerie  —  sont  d'exquises  et 
d'adorables  voluptés  ;  à  ceux  qui  n'ont  pas  eu  l'occasion  de  voir  les  originaux,  nous 
conseillerons  de  se  procurer  le  fascicule  7  —  il  y  en  a  8  —  du  Décolleté  et  du  Retroussé,  quatre 
siècles  de  gauloiserie,  1500-1870,  par  John  Grand  Carteret  ;  il  y  a  là  quelques  reproductions 
choisies,  parmi  les  moins  osées,  il  est  vrai,  soulignées  par  un  texte  peu  banal,  où  l'érudit 
écrivain  raconte,  avec  un  esprit  dont  il  garde  le  secret,  l'amour  et  la  volupté  pendant  plus  de 
quatre  cents  ans. 


412  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

nous  dirions  presque  de  chasteté,  si  rare  à  rencontrer  à  notre  époque,  où  le 
type  canaille  et  débraillé  tend  à  s'affirmer  de  la  façon  la  plus  triste  et  la 
plus  crapuleuse. 

La  plupart  des  lithographies  de  Deveria  sont  en  noir,  mais  il  y  en  a  aussi 
beaucoup  de  coloriées  au  pinceau  portant  ce  coup  de  gommage  luisant  dont 
le  rellet  est  si  désagréable  à  l'œil  lorsqu'on  examine  l'estampe  sous  un 
certain  angle,  sous  un  certain  jour.  Disons  à  ce  propos  que  ce  gommage  n'a 
jamais  été  appliqué  que  sur  le  genre  lithographie-crayon  dit  Estampes  /'mes. 
et  que  son  but  est  de  conserver  éclat  et  lustre  aux  tons  —  aux  laques 
surtout  —  qui,  sans  cela,  se  terniraient  du  l'ait  de  l'embu,  c'est,  en  somme, 
l'effet  du  vernis  sur  la  peinture  à  l'huile,  et  du  vernis  à  l'alcool  sur  les 
chromolithographies.  L'usage  de  ce  dernier  vernis,  à  appliquer  sur  l'ensemble, 
serait  évidemment  préférable,  mais  il  n'est  possible,  à  moins  de  préparations 
subsidiaires  et  trop  onéreuses,  que  sur  papier  couché,  lequel  est  incompatible 
avec  l'enluminure,  car  la  détrempe  et  le  Frottis  auraient  vite  dilué  le 
couchage. 

Puisque  nous  causons  lithographie,  profitons-en  pour  déraciner  un  préjugé, 
une  croyance  auxquels,  comme  tant  d'autres,  nous  avons  longtemps  souscrit, 
à  savoir  :  qu'une  épreuve  /leur  de  pierre  était  de  beaucoup  supérieure  à 
toutes  autres  ;  disons  simplement  que  c'est  une  erreur  profonde,  car  nous  le 
tenons  des  gens  du  métier.  Dans  un  tirage  lithographique  bien  conduit,  la 
millième  ou  trois  millième  épreuve  ne  doit  donner  aucune  différence  avec 
les  premières  venues;  quelquefois  même  ce  sont  ces  premières  épreuves  qui 
laisseraient  plutôt  à  désirer,  si,  d'après  le  dessin  ou  les  difficultés  de  travail 
il  ne  convient  d'arriver  à  l'encrage  en  plein  que  progressivement  sous  peine 
d'empâter.  Cela  ne  veut  pas  dire  que  toutes  les  épreuves  sont  de  beauté 
égale,  tant  s'en  faut,  mais  cela  ne  tient  pas  î\  leur  numéro  de  tirage,  c'est  ce 
que  nous  tenions  à  préciser.  Les  toutes  premières  épreuves  dites  d'essai,  ne 
sont  donc  pas  de  ce  fait  les  meilleures,  mais  les  collectionneurs  les  recherchent 
avidement  néanmoins,  parce  que,  tirées  à  très  petit  nombre,  elles  deviennent 
promptement  un  objet  de  rareté  '. 


1  Nous  venions  d'écrire  ces  lignes,  quand,  à  un  de  nos  voyages  à  Paris,  nous  eûmes 
l'occasion  de  recauser  encore  de  celte  fameuse  el  1res  embrouillée  question  de  /leur  de  pierre 
qui,  si  simple  qu'elle  puisse  paraître  en  apparence,  ne  laisse  pas  que  d'être  singulièrement 
compliquée.  Il  semble  donc  résulter  que  ce  que  nous  venons  de  dire  plus  haut  s'applique  à 
In  lithographie  commerciale  tirée  a  la  machine  a  nombre  presque  illimite,  plutôt  qu'à  la 
lithographie  délicate  de  collectionneur,  pourrait-on  dire,  tirée  avec  soin  A  la  presse  A  bras. 

Quoiqu'il  en  soit  et  en  déclinant  toute  compétence  personnelle  au  point  de  vue  de  la 
technique  du  méUer  -  voici  le  résume  aussi  concis  qui'  possible  de  la  conversation  que  nous 
avons  eue  avec  un  «1rs  rois  du  procède  lithographique  : 

En  principe,  une  pierre  laite  par  un  artisie  qui  Va  attaquée  franchement,  tirée  par  un  bon 
imprimeur,  doit  rournir  nu  nombre  de  bonnes  épreuve»  relativement  considérable,  exemple  : 
Daumler,  Houllleron,  Gavarni,  Raflet;  nous  avons  vu  une  i'^nf  épreuve  du  Combat  d'Oued- 
Mii'i  par  ce  dernier  artiste,  qui  était  encore  très  belle. 

Bien  laite  et  bien  tirée,  il  ne  peut  pas,  ffnedoi  ter  de  différence  entre  la  centième  et  la 

premiers  épreuve,  volU  moi  est  clair. 

POU  une  lithographie  faite  Min.  Iru<iue.  la  dénomination  de  fleur  île  pierre,  c'i'st  une  Haolll  . 

v  nui  encoi  g  qui  -  "■|  Limpidi  • 
Mais  ce  qui  a  donné  naissance  a  cette  sxpj-euion,  c'est  que  certains  artistes  ont  fait  de  la 

lithographie  en  timides;  leur  travail  ne  se  soutenant  pas  A  la  préparation,  Innl  fiehe  le  camp,  et 

alors,  pour  ccui  la,  il  n\  a  même  pas  "ih  '  preuve  qui  donne  le  dessin  primitif,  au  contraire, 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  413 

Attirons  encore  l'attention  sur  ces  écrins  charmants  qui  contiennent  d'ines- 
timables joyaux  :  Les  Heures  du  Jour  —  Le  Goût  Nouveau,  etc.,  mais 
croyez-nous,  prenez  un  jour  votre  Bêraldi  sous  le  bras  et  allez  passer 
quelques  heures  au  Département  des  Estampes,  nous  vous  garantissons  que 
vous  n'aurez  pas  perdu  votre  journée. 


DEZAUNAY   (Emile) 

Peintre  nantais,  habitant  actuellement  Paris,  s'est  mis  ces  temps  derniers 
à  faire  quelques  eau-fortes  en  couleurs  généralement  à  planches  de  repérages, 
nous  signalerons  la  suivante  qui  nous  a  séduit  parce  que,  sobre  et  sincère, 
elle  donne  la  note  fidèle  de  l'atmosphère  où  elle  a  été  produite. 

Les  deux  Sœurs.  —  Une  jeune  fille  de  Quimper  est  assise  de 
face,  tenant  sur  ses  genoux  sa  petite  sœur  ;  à  sa  gauche  coule  une 
rivière,  et  au  fond  de  l'estampe  on  aperçoit  une  chaumière. 


DILLON  (Patrice) 

L'Ondée.  —  Sous  l'arche  d'un  pont,  des  gens  surpris  par  la  pluie 
se  sont  réfugiés  ;  dans  le  coin  droit,  un  parapluie  ouvert  et  renversé, 


plus  on  tire,  plus  ça  s'évanouit,  tandis  qu'une  pierre  bien  attaquée  est  plus  belle  et  rend  mieux 
à  la  dixième  qu'à  la  première,  pour  se  maintenir  telle  jusques  et  au  delà  de  la  centième  dans  un 
parfait  état. 

Mais,  nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  tout  ceci  dépend  d'un  habile  imprimeur  qui,  par  sa 
façon  d'encrer,  sait  maintenir  une  pierre  en  bon  état. 

Il  peut  la  tirer  en  peu  de  temps  s'il  encre  trop  lourdement,  mais  la  pierre  alors  s'égalise  et  les 
demi-teintes  montent  au  ton  noir  ;  pour  réparer  sa  maladresse,  il  passe  de  l'acide  aux  endroits 
qu'il  juge  trop  lourds,  le  ton  baisse  il  est  vrai,  mais  le  travail  se  désagrège,  se  lâche,  et  les 
demi-teintes  deviennent  des  salissures  sans  modelé  :  pour  lui  alors,  la  fleur  de  pierre  n'est  pas  un 
mythe,  car.  au  bout  de  quelques  épreuves,  la  pierre  n'existe  plus.  Hélas  !  ajouta  en  soupirant 
notre  interlocuteur,  que  d'imprimeurs  de  nos  jours  auxquels  arrivent  de  semblables 
mécomptes  !  et  puis,  continue-t-il.  la  couleur  leur  a  donné  le  coup  de  grâce,  malgré  les 
apparences.  Retenez  bien  ceci,  nous  dit-il  en  terminant  :  à  l'heure  qu'il  est.  il  n'y  a  pas  un 
seul  bon  tirage  en  couleurs. 

Malgré  cette  sévérité  d'appréciation  et  en  manière  de  conclusion,  disons  à  notre  tour  qu'il 
ne  faut  pas  hésiter,  lorsqu'on  veut  se  rendre  acquéreur  d'une  pièce  en  couleurs,  à  s'en  faire 
montrer  de  nombreux  exemplaires  et  à  les  comparer  avec  attention,  on  prendra  alors  la 
meilleure  et  l'on  se  dira  :  j'ai  là  une  fleur  de  pierre.  Musset  n'a-t-il  pas  écrit  quelque  part 
dans  La  Coupe  et  les  Lèvres  : 


Aimer  est  le  grand  point,  qu'importe  la  maîtresse. 
Qu'importe   le   flacon,   pourvu  qu'on  ait    l'ivresse. 


En  résumé,  à  tort  ou  à  raison,  on  désigne  sous  la  rubrique  fleur  de  pierre,  une  épreuve  de 
qualité  et  de  tirage  exceptionnels  ;  qu'on  ne  nous  en  demande  pas  davantage,  procurez-vous  là 
et  n'en  parlons  plus. 


414  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

près  duquel  une  jeune  fille  appuyant  sa  tète  dans  ses  deux  mains  se 
lamente  désolée  de  ce  fâcheux  contretemps.  Dans  le  parapluie  :  Dillon. 

Il  existe  de  cette  spirituelle  et  fine  lithographie  quelques  épreuves  avec 
cette  remarque  :  Un  polichinelle,  les  bras  ouverts  et  tourné  à  droite. 

Le  Cirque  Fernando.  —  Vue  d'une  partie  de  l'hémicycle  du 
cirque  avec  femmes  et  enfants  ;  sur  le  tout  premier  plan,  un  homme 
en  chapeau  à  haute  forme  se  détache  en  vigueur. 

Ohé  1  —  Le  long  d'une  palissade  sur  le  bord  d'un  fleuve,  de 
nombreux  personnages  sont  rassemblés  ;  quelques-uns  d'entre  eux, 
faisant  un  porte-voix  de  leurs  deux  mains,  hèlent  un  passeur  invisible. 
Derrière  eux  sur  la  rive,  une  rafale  balaie  les  jupes  des  femmes  qui 
se  trouvent  dans  cette  partie  éclairée  de  l'estampe.  Sur  un  poteau  à 
gauche  :  Au  Passeur. 

C'est  à  coup  sûr  la  plus  délicieuse  pièce  de  l'œuvre;  traitée  dans  une 
gamme  extrêmement  enveloppée  et  douce,  c'est  un  régal  pour  l'œil. 

Méritent  encore  d'être  signalées  les  lithographies  suivantes  :  La  Claque  — 
Parapluies  —  Ceux  qui  passent  —  Sandiviches  —  Manège  à  vapeur  —  Dallons 
rouges.—  L'artiste,  homme  charmant  autant  que  modeste,  signe  quelquefois 
du  pseudonyme  Anderson. 


DORÉ    (Gustave) 

Né  à  Strasbourg  le  (i  janvier  1833,  mort  en  1883.  Illustrateur  d'une  extraor- 
dinaire fécondité,  nous  ne  retiendrons  de  son  œuvre  que  la  pièce  suivante 
dont  nous  donnons  la  description  : 

La  Rue  de  la  Vieille-Lanterne  (Béraldi  69).  —  Gérard  de  Nerval 
à  droite,  est  pendu  au  barreau  d'une  croisée  ;  la  rue  est  remplie  de 
visions  et  la  Mort  avec  une  trompette  de  Renommée  semble  annoncer 
aux  cieux  cet  événement.  Derrière  l'écrivain,  son  âme  est  symbolisée 
par  un  être  vaporeux  dont  la  mort  prend  possession.  Dans  le  coin 
inférieur  gauche:  G.  Dore,  et  à  droite  dans  la  partie  claire  du  bas  de 
l'estampe,  celle  légende  : 

L'éternité  profonde 
Souriait  dons  vos  yeux. 
Flambeaux  éteints  du  monde 
Hallumez-Dous  aux  cieux. 

o.  N. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  415 

Lithographie  d'un  romantisme  échevelé,  fort  curieuse,  traitée  presque 
entièrement  au  grattoir;  c'est  à  l'aide  de  cet  instrument  qu'on  a  pu  obtenir 
ces  demi-tons  pleins  de  souplesse  et  de  transparence  qui  donnent  à  cette 
estampe  une  si  jolie  enveloppe.  —  Assez  rare. 

La  collection  du  docteur  Joseph  Michel,  neveu  de  l'artiste,  dispersée  en 
mars  1892,  était  particulièrement  riche  en  œuvre  du  Maître. 

Voir  Henri  Béraldi,  tome  VI,  1887. 


DULAG  (Charles) 

Artiste  d'un  immense  talent  mort  fort  jeune,  s'est  immortalisé  par  Le 
Cantique  des  Créatures,  suite  de  huit  lithographies  in-folio  originales  repré- 
sentant des  paysages  d'une  pénétrante  poésie,  elles  sont  tirées  en  différents 
tons;  la  couverture  du  portefeuille  est  de  Belville  et  le  texte  de  Charles  Clair. 
Il  avait  commencé  un  autre  album,  Le  Credo,  resté  inachevé,  cinq  pièces 
seulement  ont  été  tirées.  Il  existe  chez  Sagot  un  agrandissement  du  Vent  > 
tiré,  croyons-nous,  à  4  ou  5  épreuves  qui  est  d'une  des  plus  belles  choses 
qu'il  nous  ait  été  donné  de  voir. 

Voici  les  quelques  lignes  qui  annonçaient  ces  publications,  elles  sont 
écrites  par  l'artiste  lui-même  : 

«  Ces  quelques  planches  sont  le  résultat  de  mes  premières  recherches. 
»  Elles  inaugurent  une  suite  de  Paysages  dans  lesquels  je  cherche  à  exprimer 
»  les  émotions  fugitives  que  donnent  les  divers  aspects  de  la  nature.  Idéaliser 
»  le  plus  possible  sans  pourtant  dénaturer  les  formes  réelles,  tel  est  mon 
»  but.  J'espère  intéresser  les  amateurs  à  cette  tentative  d'un  artiste  convaincu 
»  et  les  voir  accueillir  avec  bienveillance. 

»  Mon  confrère  et  ami  Simas  a  bien  voulu  revêtir  ce  recueil  d'une  de  ses 
»  gracieuses  compositions  ;  j'ai  tout  à  gagner  à  pareille  enseigne  ». 

Commencées  en  juin  1892,  elles  furent  terminées  en  avril  1893?  Nous 
attirons  l'attention  très  particulièrement  sur  :  Stella  Malutina  —  Spiritus 
Sanete  Deus  —  Jesu  via  et  vila  noslra...  —  Auxilium  Chrislianorum...  les  mots 
manquent  pour  pouvoir  caractériser  comme  ils  le  méritent  ces  sublimes 
Cantiques  qui,  dans  une  merveilleuse  synthèse,  répètent  un  éternel 
Hosanna! 

Notons  encore:  Sœur  Marie-Magdeleine,  tante  de  l'artiste,  assise  et  en  pied, 
le  corps  de  trois  quarts  à  gauche  regardant  de  face,  les  mains  croisées  sur 
les  genoux.  Fort  belle  lithographie  tirée  sur  teinte. 


DUPONT  (P.) 

L'Outillage.  —  Sur  le  bord  de  la  seine,  au  fonds  de  l'estampe, 
chalands,  ouvriers,  charrettes,  etc.,  et  sur  le  tout  premier  plan,  un 
cheval  dételé  tourné  à  droite  et  mangeant  dans  sa  musette,  l'animal 

1  On  désigne  quelquefois  ainsi,  croyons-uous,  la  pièce  dont  le  vrai  titre  est:  Spiritus  Sanete  Deus. 


416  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

puissamment  modelé  est  bien  mis  en  valeur  par  l'absence  complète 
de  travaux  tout  autour  de  lui  dans  l'estampe.  A  gauche,  on  lit  : 
L'Outillage. 

Très  beau  burin  robuste  et  nerveux  qui,  par  certains  côtés,  rappelle  un 
peu  la  manière  d'Albert  Durer,  nous  osons  espérer  que  l'artiste  ne  se 
froissera  pas  de  la  comparaison,  c'est  un  hommage  rendu  à  son  talent  que 
nous  avons  eu  souvent  l'occasion  d'apprécier  en  parcourant  son  œuvre  chez 
Ed.  Sagot. 

Garçon  d'Ecurie.  —  Trois  chevaux  se  profilent  de  front,  traver- 
sant le  pont  de  Sully  en  se  dirigeant  vers  la  gauche  ;  le  garçon  qui  les 
mène  est  monté  sur  celui  du  milieu.  De  l'autre  côté  du  pont,  on 
aperçoit  les  maisons.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :  L'Attelage  —  Garçon 
d'écurie. 

Voilà  une  flère  et  belle  eau-forte  pleine  de  liberté  et  d'allure  qu'il  ne  faut 
pas  hésiter  à  mettre  en  portefeuille.  L'artiste  a  eu  la  médaille  d'or  a 
l'Exposition  de  1900. 


ELIOT  (Maurice) 

La  Romance  du  Printemps.  —  Dans  la  campagne,  debout  de 
trois  quarts  à  droite,  une  jeune  femme  tient  dans  sa  jupe  qu'elle 
relève  légèrement  de  sa  main  gauche,  quelques  fleurs  des  champs. 
Au  bas,  le  titre  et  Maurice  Eliot. 

Jolie    lithographie    douce    comme    un    sourire    d'avril,    ainsi    que    cette 
autre  intitulée  Chant  du  Soir. 


ENSOR  (James) 

La  Cathédrale.  —  La  cathédrale  occupe  tout  le  fond  de  l'estampe; 
les  pn  mieis  plans  jusqu'aux  pieds  de  ce  monument  sont  remplis  par 
une  foule  bariolée  d'une  compacité  extraordinaire  qui  se  dirige  vers 
la  droite  ;  quelques  bannières  émergent  de  cette  multitude.  Dans  le 
haut  du  coin  droit  :  Ensor  /<s'«%". 

Eau-forte  tout  à  Fait  curieuse,  extraordinaire  et  spéciale  —  qu'il  faut  avoir  — 
n'ayant  absolument  rien  de  commun  avec  le  déjà  vu.  Peut-être  [pourrait-on 
l'assimiler  à  un  dessin  esquissé  d'une  plume  extrêmement  line,  en  traits 
tenus,  saccadés  el  rompus,  d'une  jolie  encre,  blonde,  transparente  et 
ambrée.   Le  cuivre   esl   à  peine   mordu.  Un  jour,   nous  la  montrâmes  a 


OIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  417 

Bracqueniond  qui  l'examina  avec  autant  d'attention  que  de  surprise  et  parut 
très  étonné  de  l'originalité  de  son  aspect.  Cette  estampe,  tirée  a  petit  nombre, 
est  déjà  célèbre. 

Les  Patineurs.  —  Sur  une  prairie  inondée  et  glacée,  qu'encadrent 
des  arbres  au  premier  plan,  des  patineurs  aux  silhouettes  tant  soit 
peu  fantastiques,  rappelant  des  ombres  chinoises,  se  livrent  à  leur 
plaisir  favori  ;  quelques-uns  sont  tombés  sur  la  glace.  Le  ciel  est  très 
sombre  et  chargé  de  neige.  Dans  le  coin  inférieur  droit  :  Ensor. 

Il  y  a  quelques  années,  ayant  eu  besoin  d'avoir  différents  renseignements  sur 
l'artiste  dont  les  œuvres  nous  avaient  si  vivement  frappé  par  leur  originalité, 
nous  écrivîmes  à  un  de  ses  compatriotes,  un  érudit  et  un  sympathique  fort 
connu  dans  le  monde  du  livre  —  dont  on  nous  permettra  de  taire  le  nom  — 
qui  nous  répondit  dans  une  formule  semi-télégraphique,  colorée  et  concise, 
les  lignes  suivantes  que  nous  ne  résistons  pas  à  reproduire  ici  : 

«  James  Ensor,  environ  34-35  ans  ',  peintre  de  coloris  et  de  composition 
»  étranges,  talent  désorbité  et  curieux;  se  rattache  à  Breughel  le  Vieux  dont 
»  l'œuvre  le  hante  visiblement,  même  sous  les  productions  modernistes. 
»  Griffe  le  cuivre  d'une  façon  parfois  maladroite,  mais  toujours  d'inté- 
»  ressante  originalité,  quelques  marines  et  coins  de  paysages  très  savoureux. 
»  Natif  d'Ostende,  habite  tantôt  cette  ville,  tantôt  Bruxelles.  A  gravé  environ 
»  116  pointes  sèches  et  eaux-fortes  ». 

Parmi  celles-ci  nous  pouvons  mentionner  encore  :  Le  Verger  —  Les 
Chaumières  -  Réverbère  —  Femme  Flamande  —  Boulevard  ci  Oslende  — 
Mariakerke  —  Barques  échouées,  et  les  pointes  sèches  :  Sous  Bois  —  L'Acacia  — 
Rue  du  Bon-Secours  èi  Bruxelles,  très  remarquable  :  toutes  pièces  ayant 
ligure  chez  Bing,  rue  de  Provence,  en  1896.  A  ce  sujet,  un  petit  reproche  à 
l'aimable  directeur-propriétaire  de  L'Art  Nouveau,  pourquoi  a-t-il  cessé  ces 
expositions  d'estampes  qu'il  savait  choisir  avec  un  tact  si  délicat,  tout  le 
monde  y  trouvait  son  compte,  artistes  et  amateurs.  C'est  dommage  1 

En  1899,  La  Plume  a  consacré  un  numéro  spécial  extrêmement  intéressant 
à  cet  artiste,  une  vingtaine  d'écrivains  de  talent  y  ont  collaboré;  c'est  à  lire, 
car  la  physionomie  à  facettes  si  curieuse  du  graveur  y  est  éclairée  d'une 
façon  fort  remarquable  et  fort  pittoresque  à  la  fois. 


EYGHENNE  (Gaston) 

Le  Papillon  jaune.  —  Sur  une  branche  d'églantier  en  fleurs,  un 
scarabé  au  reflet  métallique,  près  duquel  volette  un  papillon  qui 
cherche  à  se  poser;  un  autre  papillon  est  à  droite,  et  au  bas  de 
l'estampe  un  bourdon. 


1  II  en  a  aujourd'hui  41  ans.  croyons-nous. 

27 


418  DIX- NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Curieuse  pièce  d'un  métier  toul  à  fait  nouveau,  où  à  l'aide  d'un  gaufrage 
spécial  l'artiste  a  essuyé  de  diéser  encore  le  relief  (|ue  les  videurs  pouvaient 
donner  aux  objets. 

Il  a  apporté  en  plus  de  ce  procédé  une  habileté  de  main  exceptionnelle  et 
des  effets  de  coloration  absolument  délicieux,  nous  n'en  voulons  pour 
preuve  que  ses  jolies  planches:  Le  Papillon  noir  —  Les  Anémones  —  La 
jeune  Fille  vêtue  de  noir. 

L'artiste  est  mort  à  Germain-en-Laye  le  13  mai  1902  d'une  angine  de 
poitrine,  en  pleine  jeunesse,  il  avait  à  peine  25  ans! 


FANTIN-LATOUR   (Henri) 


Parmi  les  plus  belles  lithographies  du  jour  et  les  plus  avidement  recher- 
chées, celles  de  Fantin  occupent  à  coup  sûr  un  des  premiers  rangs;  elles 
ont  un  aspect  absolument  spécial  et  demeurent  inimitables  avec  leur  joli 
pailletage  argenté.  Elles  sont  toujours  en  noir,  il  n'en  existe  aucune  en 
couleur.  Tantôt  elles  sont  crayonnées  directement  sur  la  pierre,  tantôt,  et 
c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  elles  sont  dessinées  sur  papier  de  report. 
Le  tirage  en  est  Tort  limité  ;  quelques  épreuves  d'essai,  2,  3,  7  ou  8,  sans 
nom  d'imprimeur  ;  puis  25,  30,  50  ou  100  —  ce  dernier  chiffre  très  rarement 
atteint  —  pour  les  autres  étals',  dont  le  nombre  ne  dépasse  jamais  quatre. 
Il  arrive  souvent  qu'une  même  rubrique  s'applique  à  plusieurs  cuivres,  ainsi  le 
Duo  des  Trogens  qui  compte  (1  plancbes  en  est  un  exemple;  malgré  les 
diverses  modifications  qui  y  sont  apportées,  il  est  difficile  de  ne  pas  les 
confondre  quelquefois  l'une  avec  l'autre,  et  il  arrive  fatalement  que  des 
erreurs  se  glissent  dans  leurs  désignations. 

L'œuvre  actuel  du  célèbre  artiste  est  d'environ  150  pièces.  M.  Germain 
Hédiard',  dans  deux  catalogues  très  remarquables,  en  a  l'ait  h'  minutieux 
inventaire.  Le  premier  a  paru  en  septembre  1892  avec  106  pièces:  mi  litho- 
graphies, et  2  eaux-fortes  :  Les  Deux  Sieurs  et  Un  Morceau  de  Sihumimn  . 
le  second,  en  janvier  1899,  avec  un  supplément  de  12  autres  lithographies. 
Nous  regrettons  que  cette  monograpbie,  très  claire  et  très  sobre,  manque 
de  table  ;  l'absence  de  cette  dernière  rend  les  recherches  fort  pénibles, 
nous  faisons  des  vœux  pour  que  celte  lacune  soil   promptement  comblée. 

Les  poèmes  de  Berlioz,  Wagner,  Schumann,  Brahms,  Weber  et  llossini, 
qu'il  a  si  merveilleusement  interprétés,  nous  étant  malheureusement  tota- 
lement inconnus  dans  leurs  détails,  nous  avouons  notre  incompétence  pour 
la   description   des  pièces  qui    les  représentent,   et   renvoyons  purement  et 


1  M.  Hédlard  considère  que  chaque  rôle  qu'on  ajoute  <>u  qu'on  retranche  quelque  chose  a  une 
planche  il  y  :i  conititutton  d'étal.  Par  épreuve»  d'eual,  il  entend  celles  que  l'artiste  fait  tirer 
devanl  lui  pour  éprouver  la  pierre  el  régler  le  tirage.  Toul  cela  esl  ton  Juste  el  devérlté 
absolue. 

'  Sous  la  rubrique  U  i  Ifaffn  rfi  la  Lithographie,  in  nia.  \t  publié  :  Bonlngton  l'util  Hnet 
—  Decampi  -    (.'.  Roqueplan  —  II.  Vernet  —  Charte!  -  J.  Dupré       Hun  —  John  Lewli  Brown. 


DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME    SIÈCLES  419 

simplement  au  catalogue  pour  celles  qui  nous  paraissent  les  plus  capitales 
et  que  nous  allons  mentionner  ici  : 

Gœtterdœmmering  ;  Siegfried  et  les  Filles  du  Rhin  (1"-  et  2e  planches,  31-51)  — 
Evocation  de  Kundru  ('!••,  planche  43),  admirable  1 1  !  —  Scène  première  de 
Rheingold  (8)  —  Duo  des  Troyens  (l'«  et  2e  planches,  10-22)—  Une  Mélodie  de 
Sclmnvtnn  (32)  —  Prélude  de  Lohengrin  (39)  —  Poèmes  d'Amour  (58)  — 
Confidence  éi  la  Nuit  [Roméo  et  Juliette)  (82)  —  Evocation  d'Erda  (54)  —  Duo 
d'Amour  (G6),  etc.,  etc.,  tout  y  esi  sublime  et  on  ne  saurait  où  s'arrêter. 

Citons  encore  en  dehors  de  l'interprétation  de  ces  compositions  musicales 
les  quelques  morceaux  suivants  qui  sont  de  purs  chefs-d'œuvre  : 

Le  Génie  de  la  Musique  (35).  —  Une  femme,  Génie  ailé,  s'envole 
aux  cieux,  emportant  avec  elle  un  cartouche  où  sont  inscrits  les 
noms  de:  R.  Schumann,  H.  Berlioz,  R.  Wagner.  J.  Brahms.  -  A  ce 
cartouche  sont  joints  une  couronne  et  une  palme. 

L'Anniversaire  (7).  —  Au  fond  de  l'estampe,  à  droite  d'un 
houquel  de  cyprès,  on  aperçoit  le  tombeau  de  Berlioz  sur  la  pierre 
duquel  le  nom  est  gravé.  Sur  le  tout  premier  plan,  se  sont  groupés 
les  divers  interprètes  de  son  œuvre  dans  des  attitudes  attristées.  Au 
milieu  d'eux,  la  Muse  est  debout  et  vêtue  de  noir,  elle  désigne  de  la 
main  gauche  le  monument  du  Maître,  et  lient  dans  la  droite  un 
rouleau  demi-déployé  sur  lequel  on  lit:  Harold,  Roméo  et  Juliette... 
Dans  le  haut  du  coin  droit,  un  Génie  accroche  des  guirlandes  ;  en  bas 
du  même  côté,  un  homme  à  mi-corps  et  vu  de  dos  apporte  une 
couronne  d'immortelles. 

Hélène  (95).  —  C'est  le  triomphe  de  la  beauté.  —  Au  milieu  d'un 
paysage  romantique  aux  vallées  suivies  de  cours  d'eaux,  à  l'horizon 
lointain  de  cimes  neigeuses,  sous  la  clarté  laiteuse  de  la  lune  dont 
l'orbe  tout  grand  monte  dans  le  ciel,  à  gauche  de  la  lisière  d'un  bois, 
Hélène  est  allongée  blonde  et  souriante  dans  sa  lumineuse  nudité  ; 
à  sa  gauche,  s'envole  l'Amour  ;  tout  autour  d'elle  se  pressent  amou- 
reusement tous  les  hommes  jeunes  ou  vieux,  sages  ou  conquérants, 
prêtres  ou  soldats,  artistes  ou  poètes,  qu'à  travers  les  âges  a  vaincu 
sa  beauté.  Tout-à-coup  au  premier  plan,  Faust  et  Méphistopbélès 
derrière  lesquels  apparaît  le  haut  de  la  ligure  volante  d'un  ange. 

Telle  est  la  belle  description  qu'en  a  l'ait  M.  Benedite  dans  le  catalogue  de 
l'Exposition  des  œuvres  de  l'artiste  qui  eut  lieu  par  ses  soins  au  Luxemhourg 
en  juin  1899,  catalogue  qui,  en  mars  19113,  a  paru  illustré  dans  Les  Artistes 
de  tous  les  temps  publié  par  la  Librairie  de  l'Art  ancien  et  moderne. 


420  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Terminons  on  mentionnant  encore  :  Solitude  (40)  —  Elude  pour  l'Eve 
(117)  —  Eve  (126)  —  Diane  Chasseresse  (103)  —  Bouquet  de  Roses  (26)  —  Nuit 
de  Printemps  (47)  —  Les  Baigneuses  (37-38-125-130)  —  Sara  ta  Baigneuse 
(11),  etc.,  etc.  Voir:  //.  Bératdi,  tome  VI,  Paris  1S87  —  The  Century  Magasine 
de  mai  1900,  avec  reproductions  et  texte  de  Frederick  Keppel  —  L'Estampe 
il  l'Affiche,  par  Raymond  Bouyer,  lévrier  et  mars  1898. 

Les  trois  plus  belles  et  plus  complètes  collections  de  Fantin-Latour  que 
nous  connaissions  sont  en  Amérique;  l'une  appartient  à  M.  Ch.  L.  Freer,  de 
Détroit  (Michigan),  l'autre,  don  de  M.  S.  P.  Avery  ',  est  actuellement  à  la 
Bibliothèque  publique  de  New- York,  elle  comprend  1G0  pièces,  et  la  troisième 
est  aux  mains  de  M.  et  M""  Curtis,  de  la  même  ville. 

M.  et  M""  Alherton  Curtis,  que  nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de 
rencontrer  cette  année  à  Paris,  sont  des  passionnés  île  l'estampe;  d'un 
éclectisme  raffiné  et  de  large  envergure,  ils  possèdent  toutes  les  écoles  — 
des  primitifs  aux  contemporains  —  et  collectionnent  tout  ce  que  [es peintres- 
graveurs  les  plus  célèbres  ont  produit,  c'est-a-dire  les  estampes  originales; 
ils  négligent  avec  raison  les  gravures  de  reproduction,  aussi  ont-ils  relati- 
vement peu  de  choses  en  xvm°  siècle,  cette  époque,  à  part  les  Debucourt, 
Moreau  le  jeune  et  Saint-Aubin,  étant  particulièrement  pauvre  en  graveurs 
originaux. 

l'ait  curieux  a  noter,  les  aimables  et  distingués  collectionneurs  ne  se 
rendent  acquéreurs  d'une  pièce  que  lorsqu'elle  plaît  à  l'un  et  à  l'autre,  il 
n'entre  jamais  dans  leur  collection  —  une  des  plus  réputées  d'Amérique  — 
un  seul  morceau  qui  n'ait  été  agréé  par  le  mari  et  la  femme;  n'y  a-t-il  pas  là 
une  communion  d'idée  charmante  qui  symbolise  dans  sa  délicate  synthèse 
l'union  parfaite  de  deux  âmes  d'élite. 

La  plupart  des  estampes  réunies  par  le  charmant  couple  ont  été  récoltées 
à  Paris,  c'est  au  moment  de  l'Exposition  de  1X89  qu'ils  commencèrent  leurs 
recherches  et  c'est  de  cette  année  que  date  leur  collection  qui  se  monte 
déjà  à  plus  de  'iOOO  pièces  de  qualité  tout  à  fait  hors  pair.  Très  désireux  de 
faire  jouir  de  leurs  richesses  les  amateurs  environnants,  M.  et  M""  Curtis 
organisent  de  temps  en  temps  «les  expositions  d'estampes  dans  leur  jolie 
propriété  de  Mount-KisCO,  ce  qui  lait,  nous  n'avons  pas  besoin  de  le  dire, 
les  délices  des  New-Yorkais.  Ajoutons  que  M.  Curtis  est  l'auteur  d'un  ouvrage 
très  estimé:  Some  Masters  of  Lithography,  publié  à  New-York  en  1897. 


FORAIN  (J.-L.) 

Le  Bain.  —  Au  Fond  à  gauche  une  baignoire,  à  droite  u\\  lit  el 
.m-  le  tout  premier  plan  une  fille  nue  qui  :i  encore  la  jambe  droite 
chaussée  de  son  lias  noir,  clic  est  debout  en  train  de  retirer  l'autre: 
près  d'elle  à  terre,  une  pantoufle.  Dans  le  coin  droit  inférieur  :  /•'. 


■   / he  Century  illuttrated  de  New  \><>  i sous  la  signature  de  VVUllam  A.  i  offln, 

on  numéro  de  décembre  1890,  un  Intéressant  article  sui   M,  S.  P.  Vvery  qui  est  une  di 
physlonomli  ili     pli inui    el  les  plus  sympathiques  de  New-York. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  421 

Très  rare  lithographie,  tirée  à  12  épreuves.  —  L'artiste  est  une  de  nos 
célébrités  contemporaines  ;  dessinateur  merveilleux,  il  sait,  dans  une 
admirable  synthèse,  en  deux  coups  de  crayon,  vous  croquer  une  scène, 
vous  camper  un  personnage.  —  Son  œuvre  demeurera,  comme  ceux  de 
Daumicr  et  de  Gavarni  ;  n'oublions  pas  de  noter  ses  légendes  à  l'emporte- 
pièce  qui  viennent  encore,  dans  leur  brièveté,  donner  un  colossal  relief  à 
un  graphique  cependant  singulièrement  expressif  par  lui-même. 

La  Saisie.  —  Une  femme  vue  de  dos  en  chemise  et  rajustant  son 
pantalon;  près  d'elle,  un  huissier,  la  serviette  sous  le  bras,  s'apprête  à 
sortir  en  lui  jetant  un  coup  d'œil  lubrique. 

Curieuse  et  fort  rare  lithographie  qu'il  faut  avoir  avant  la  légende  : 
Ah!  si  tous  les  huissiers  étaient  comme  vous!!  délicieuse  dans  sa  profonde 
naïveté.  A  noter  encore  :  A  l'Audience,  rarissime,  tirée  à  10  épreuves. 

Le  Quart  d'Heure  de  Rabelais.  —  Dans  un  cabinet  particulier, 
un  garçon  aide  un  client  à  remettre  son  pardessus,  pendant  qu'à 
gauche  dans  la  glace,  une  femme  rajuste  sa  voilette. 

Eau-forte  devenue  introuvable.  —  Voir  le  numéro  de  L'Album  consacré 
à  l'artiste,  avec  préface  de  Lucien  Pucch. 


FOREL  (Alexis)' 

Saint-Prex.  —  Une  rue  au  fond  de  laquelle  se  détache  sur 
un  ciel  merveilleusement  clair,  un  modeste  clocher  de  village.  On 
aperçoit  à  l'extrémité  de  cette  rue,  deux  paysans.  En  bas  à  gauche  : 
A.  Forel,  et  à  droite  :  S{-Prex  ISSi. 

Le  Moulin  à  Vent.  -  Dans  le  Finistère,  un  moulin  donl  les 
ailes  sont  tournées  à  droite  et  au  pied  desquelles  est  un  cheval. 
A  gauche  au  premier  plan,  un  talus.  Pas  de  signature. 

Moulin  à  vent  d'Esquibien.  —  Sur  un  tertre  dominant  la  mer, 
un  moulin  à  vent  ;  dans  le  ciel  à  gauche,  le  soleil  voilé  par  un  petit 
nuage  noir  —  sorte  de  stratus  éclaire  la  mer  de  ses  rayons.  A  droite, 
une  colline.  Pas  de  signature. 


1  Ne  à  Lausanne  en  Suisse. 


422  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  Lande.  Au  milieu  d'une  lande,  dont  le  toul  premier  plan 
est  une  mare  bordée  de  roseaux,  deux  chaumières  entourées  d'arbres 
malingres  et  rabougris.  Au  tond  à  gauche,  se  profilent  des  sapins. 
Dans  le  coin  droit  inférieur:  A.  Forel 85. 

Les  pièces  que  nous  venons  de  décrire  ont  été  traitées  par  l'artiste  avec 
un  sentiment  d'une  exquise  poésie.  Il  a  su  rendre  a  miracle  le  charme  si 
pénétrant  et  si  mélancolique  à  la  Ibis  de  notre  chère  Bretagne.  Il  y  a  là 
des  qualités  de  morsure  et  de  couleur  absolument  remarquables;  les  ciels 
surtout  sont  peut-être  les  plus  merveilleux  qu'ils  nous  aient  été  donnés  de 
voir  en  gravure  ;  nous  ne  connaissons  pas  un  artiste  qui  lui  puisse  être 
comparé  pour  ce  détail. 

Des  raisons  de  santé  ont  rappelé  M.  Forel  en  Suisse,  sa  patrie;  l'ayant 
perdu  de  vue  de  ce  fait,  nous  ignorons  s'il  a  continué  à  graver.—  A  recueillir 
encore  dans  son  œuvre  :  La  Lande  par  un  grand  vent  —  Les-  deux  Roules  — 
Vue  d'un  Quai  de  Paris  i  —  La  Cathédrale  de  Lausanne. 

L'artiste  a  exposé  aux  Peintres-Graveurs  français  en  1890.  —  Voir  II.  Béraldi, 

tome  17.  Paris,  1887. 


FORTUNY  (Mariano) 


Né  en  Espagne  en  1838,  mort  à  Home  en  1871.  —  Œuvre  liés  peu 
considérable,  2!)  eaux-fortes  seulement,  dont  nous  ne  retiendrons  que  les 
suivantes  qui  sont  liés  remarquables  : 


Arabe  veillant  le  corps  de  son  ami  (Béraldi  1)  —  Kabyle  mort  (2). 

A  la  vente  Goncourt,  ces  deux  pièces  lurent  adjugées  245  lianes;  deux 
superbes  exemplaires  dans  la  collection  (U\  comte  Matheus. 


Anachorète  (10). 

Vrnte  Courtry,  sur  japon,  avec  les  marges  sales,  80  francs.  —  Un  exem- 
plaire hors  pair,  collection  comte  Matheus. 

A  la  vente  Courtry,  2U  pièces,  c'est-à-dire  l'œuvre  complet  de  l'artiste,  sur 
chine  volant,  en  épreuves  d'essai,  avant  lettre  ou  litre  à  la  pointe,  tut 
adjugé  360  lianes.        Vente  Mène,  l'œuvre,  260  liane-.. 

Mentionnons  encore  :  Idylle  (l)  —  La  Victoire  (■">>. 

Voir-  :  II.  Béraldi,  tome  17.  Paris,  1887       Baron  Davilliers,  Paris,  1887. 


'    lutremcnl  an     /.   peltl  brai  de  la  Se/ne  vu  du  quai  >'.•>  Grandi-  lagtutlnt  •  I  Ri) 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  423 


FULLWOOD   (John) 


Peintre-graveur  très  coté  en  Angleterre,  peu  connu  à  Paris  où  il  a 
rarement  exposé  ;  il  est  difficile  de  se  procurer  son  œuvre  en  France  et 
même  quelquefois  en  Angleterre,  beaucoup  de  ses  cuivres  ayant  été  publiés 
en  Amérique. 

Parmi  les  pièces  les  plus  désirables,  nous  mentionnerons  : 

A  Scoltish  Twilight  —  The  Swallow's  Haimt  —  A  Gipsij  Camp  (vue  prise 
près  de  Paris)  —  A  Thames  Backwaler  (publié  en  Amérique)  —  The  Song 
of  Autumn,  admirable  eau-forte  dont  il  fut  tiré  seulement  40  épreuves 
imprimées  sur  japon  lin,  après  quoi  le  cuivre  fut  brisé  en  autant  de  morceaux 
que  d'épreuves,  et  chaque  pièce  vendue  était  accompagnée  d'une  de  ces 
fractions. 

L'œuvre  est  assez  considérable  et  doit  se  monter  à  environ  150  à  180  pièces. 


GABRIEL  (J.-J.) 


Nous  signalons  aux  amateurs  les  délicates  petites  eaux-fortes  suivantes 
entrevues  aux  salons  de  la  Société  Nationale  ;  certains  n'excèdent  pas  les 
dimensions  d'une  grande  carte  de  visite  : 

En  Provence  (1896),  série  de  9  pièces  —  Venise  (1898)  —  Marseille  — 
Martigues  (1903);  elles  sont,  croyons-nous,  peu  connues,  mais  très  dignes 
néanmoins  d'attirer  l'attention  du  collectionneur. 


GAILLARD  (Claude-Ferdinand) 

Né  à  Paris  le  5  janvier  1834,  il  mourut  à  l'hôpital  Saint-Jacques  le 
19  janvier  1887.  On  l'ensevelit  dans  la  robe  de  bure  des  Franciscains  —  tiers- 
ordre  de  Saint-François  —  auquel  il  était  affilié  sous  le  nom  de  frère  Marie- 
François-de- la-Crèche;  l'enterrement  eut  lieu  le  21  janvier  à  Saint-Sulpice; 
ce  jour-là  l'art  français  fil  une  perte  irréparable.  II  était  élève  de 
L.  Cogniet. 

Dessinateur  impeccable,  coloriste  merveilleux,  inventeur  d'une  technique 
absolument  sienne,  Gaillard  est  un  incomparable  virtuose  dont  l'œuvre 
demeurera  à  jamais  immortel. 

Le  Département  des  Estampes  possède  l'œuvre  complet  du  graveur.  Le 
catalogue  de  Béraldi,  tome  VI  (1887),  mentionne  81  pièces  de  l'artiste. 
Plusieurs  expositions  de  ses  tableaux,  dessins  et  gravures,  furent  faites, 
l'une  à  l'Ecole  Nationale  des  Beaux-Arts  l'année  même  de  sa  mort  en 
mars  1887,  avec  une  notice  de  M.   L.   de   Ronchaud,  et  l'autre    au    Musée 


424  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Xiilional  du  Luxembourg  en  1898  par  les  soins  de  son  conservateur, 
M.  L.  Benedile,  qui  écrivit  une  intéressante  préface  en  tête  du  catalogue. 
Une  troisième  eut  lieu  au  Grolier  Club  de  New-York  en  novembre  1900, 
exposition  très  complète  où  figurèrent  9  numéros  inconnus1  à  Béraldi,  ce 
qui  porte  l'œuvre  entier  du  Maître  à  93  pièces. 

Voici,  selon  nous,  les  quatre  pièces  qui  a  elles  seules  eussent  suffi  pour 
établir  sa  renommée  : 

(L'Homme  à  l'Œillet  -  (Béraldi  25).  —  A  mi-corps  de  trois  quarts 
à  gauche,  regardant  de  face  et  coiffé  d'un  large  chapeau  rond  posé 
très  en  arrière,  la  bouche  légèrement  entr'ouverte,  le  personnage 
porte  un  vêtement  à  parements  et  collet  de  fourrure;  à  la  cordelière 
qui  lui  passe  au  cou  pend  une  croix  et  une  clochette,  les  deux  mains 
écartées  sont  ramenées  à  la  hauteur  de  la  poitrine,  la  droite  à  l'annu- 
laire de  laquelle  est  une  bague,  tient  un  œillet. 

Au  point  de  vue  gravure,  comme  à  tous  les  autres  du  reste,  c'est  le  chef- 
d'œuvre  drs  chefs-d'œuvre,  pas  un  Maître,  pas  une  école  n'a  approché  de  cette 
formule,  il  n'y  a  donc  aucune  espèce  de  comparaison  à  essayer  d'établir 
cidre  ce  métier  et  celui  des  devanciers.  Les  tailles  sont  tellement  fines  et 
serrées,  surtout  dans  la  partie  du  vêtement  qui  recouvre  la  poitrine  et 
l'épaule  gauche  que  l'on  serait  fortement  tenté  de  supposer  qu'un  nuage 
d'aquatinte  est  venu  aider  le  graveur,  or,  il  n'en  est  absolument  rien; 
examinez  le  travail  à  l'aide  d'une  forte  loupe,  vous  n'y  verrez  que  de  la 
taille,  de  la  ligne  —  qu'il  fallait  l'œil  extraordinairement  subtil  du  graveur 
pour  pouvoir  tracer  —  mais  aucun  truquage,  aucune  sauce,  aucune  super- 
cherie, du  burin  pur  dans  son  honnête  et  merveilleuse  naïveté,  mais  un 
burin  exceptionnel,  manié  avec  une  maîtrise,  une  dextérité,  une  sûreté 
sans  égales  et  inconnues  jusqu'à  ce  jour. 

On  demeure  véritablement  stupéfié  de  la  puissance  du  modelé  de  la  face 
et  des  mains,  et  l'émotion  vous  élreint  poignante  et  douloureuse  quand  on 
songe  (pie  l'artiste,  auteur  de  tant  d'admirables  choses,  n'est  plus,  et  qu'il  a 
quitté  la  vie  au  moment  même  où  prêt  encore  à  enfanter  des  chefs-d'œuvre, 
il  allait  continuer  sa  marche  en  avant  comme  dans  le  rayonnement  d'une 
merveilleuse  apothéose  1  I.a  Gazette  des  Beaux-Arts,  tome  I,  1809,  en  a 
publié  le  sixième  et  dernier  état,  les  premiers  tirages  sont  encore  très 
beaux. 

lin   avril    189!!,    à    la    vente    de    M.    I'.,    faite    par    Dumonl,    un    exemplaire 

admirable  d'un  état  terminé,  mais  avant  In  signature  <i  lu  pointe,  et  quelques 

bavures  en  dehors  du  trait  carré,  lut  adjugé  1150  lianes;  à  cette  même  vente, 
un  deuxième  exemplaire  sur  chine,  avec  la  signature   à  la   pointe,   à  droite, 


i  Savoli  :  Une  Académie  de  vieil  Homme  —  Trois  sujets  sur  un  mémo  cuivre:  Abrocomai 
et    Inthla;   Tattlen;  humus  père  —  Portrait  'l'un  jeune  Homme       Ttte  d'Enfant  sourtani 
Portrait  de  Raphall       Portrait  d'Homme       Portrait  de  M 

D'après  lo  tableau  de  Van  Eyck  du  Musée  de  Berlin;  on  a  dit  que  peinture  el  gravure 
n  \  ;  i  i  <  ■  1 1 1  été  enlevées  en  dix  |i 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  425 

sous  le  trait  carré  et  signé  avec  cette  mention  :  Dernier  état  avant  l'aciérage, 
tiré  et  6  exemplaires,  fut  adjugé  560;  et  enfin  un  troisième  exemplaire, 
également  sur  chine  avec  la  signature  au  milieu  de  la  marge  du  cuivre  et 
signé  1872,  atteignit  580  francs;  à  la  vente  Courtry,  un  avant  lettre  fut  payé 
82  francs. 

Notons  en  passant  que  Charles  Blanc  jugea  cette  estampe  inacceptable  pour 
la  Gazette  des  Beaux-Arts  !! !  Moralité:  Jugez-donc  par  vous-même  et,  une 
fois  pour  toutes,  ne  soyez  à  la  remorque  de  personne,  et  souciez-vous  des 
critiques  comme  de  Colin-Tampon;  si  vous  vous  rencontrez  avec  eux,  ça  va 
bien,  si  c'est  le  contraire,  ne  vous  en  préoccupez  pas  davantage,  nous  le 
répétons,  ne  relevez  que  de  vous-même.  Quand  vous  goûtez  un  vin  pour 
l'acheter  par  exemple,  qui  est-ce  qui  déguste?  qui  est-ce  qui  apprécie?  vous, 
n'est-ce  pas;  eh  bien!  en  art  ce  doit  être  la  même  chose,  jamais  il  ne  faut 
agir  par  procuration. 

La  Tète  de  Cire  du  Musée  de  Lille  (36).  —  Buste  de  femme 
tourné  de  trois  quarts  à  gauche,  le  modèle  regarde  en  bas  el  sourit. 

Nous  signalerons  cette  pièce  pour  l'acquit  de  notre  conscience,  la  sachant 
généralement  très  admirée,  mais  nous  confesserons  —  ayant  l'habitude  de 
dire  toujours  notre  pensée  —  la  goûter  fort  peu  ;  nous  la  trouvons,  qu'on 
nous  passe  le  mot  bien  irrévérencieux,  fadasse  et  sans  couleur.  Nous  avons 
dit  tout  à  l'heure  que  nous  n'avions  cure  des  appréciations  d'autrui  ;  nous 
affirmons  donc  notre  dire,  quitte  à  nous  faire  conspuer,  en  passant  pour 
un  prétentieux,  ce  dont  cependant  nous  nous  défendons  vivement.  — 
Publiée  dans  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  tome  XVII,  1878.  —  Il  y  avait  eu  une 
première  planche  où  la  ligure  était  de  face,  elle  fut  refusée  et  non  publiée  ; 
une  épreuve  de  cette  planche  fut  exposée  au  Grolier  Club  en  novembre  1000. 

Dom  Prosper  Guéranger  (38).  —  En  buste,  le  corps  de  trois 
quarts  à  gauche,  l'abbé  de  Solesme  est  revêtu  de  son  babil  monacal  à 
capuchon,  la  lête  est  coiffée  d'une  calotte,  les  yeux  sont  perçants,  les 
narines  frissonnantes,  il  regarde  bien  de  face,  à  son  cou  est  passée 
une  cordelière  qui  retient  une  croix. 

D'un  tout  autre  métier  que  L'Homme  ci  l'Œillet,  ce  portrait  n'en  est  pas 
moins  un  des  plus  beaux  qui  soit  au  monde  ;  la  physionomie  mâle  et 
singulièrement  énergique  du  célèbre  moine  est  rendue  avec  un  relief  et 
une  intensité  de  vie  si  extraordinaire  qu'il  sciait  impossible  de  les  dépasser.  — 
Publié  dans  la  Gazelle  des  Beaux-Arts,  tome  XVIII,  1878.—  Les  états  sont  fort 
nombreux;  II.  Béraldi  en  mentionne  treize  ;  le  plus  beau  et  le  plus  recherché 
est  l'avant-dcrnicr,  au  Jond  uni.  Le  1«  mai  1900,  à  une  vente  faite  par  Danlos, 
un  exemplaire  avant  la  lettre,  signé  et  encadré,  fut  adjugé  200  francs. 

Le  comte  Matheus  en  possède  une  épreuve  au  fond  blanc  ;  c'est  peut-être 
le  plus  bel  exemplaire  connu  ;  il  porte  une  dédicace  de  l'immortel  artiste.  Il 
nous  a  été  donné  de  l'admirer  chez  cet  amateur  courtois  et  érudit  qui  a  su 
réunir  une  des  collections  les  plus  réputées  de  Paris,  en  Maîtres  du 
xix1' siècle,  romantiques  et  contemporains,  et  une  collection  Napoléonnienne 
sans  rivale  et  irréconsliluubtc  aujourd'hui. 


42(5  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

C'est  cette  gravure  qui  réveillant  un  l'eu,  qui  sans  doute  dormait  sous  la 
cendre,  alluma  la  passion  de  la  collection  chez  notre  ami  Alfred  Barrion, 
de  Bressuire;  qu'on  nous  permette  d'en  raconter  l'histoire. 

C'était  en  187!),  par  une  radieuse  matinée  de  printemps,  Barrion  flânait 
sur  le  quai  des  Grands-Augustins,  à  Paris,  quand,  arrivé  au  53  bis,  à  la 
hauteur  du  magasin  de  I..  Dumont>,  il  s'arrêta  machinalement  pour  jeter 
un  coup  d'œil  sur  la  montre,  soudain  son  regard  l'ut  arrêté  par  L'estampe 
en  question  ;  il  entra,  l'examina  avec  soin,  en  demanda  le  prix  et,  sans 
marchander,  s'en  rendit  sur-le-champ  acquéreur,  Dumont,  avec  son  tlair 
habituel,  sentant  qu'il  était  en  lace  d'un  délicat  à  en  juger  par  le  choix  qu'il 
venait  de  faire,  Un  demanda  s'il  était  collectionneur  ;  sur  la  réponse 
négative  de  notre  ami,  il  ajouta  :  eh  bien,  Monsieur,  laissez-moi  vous 
montrer  autre  chose  et  permettez-moi  de  vous  envoyer  de  temps  en  temps 
un  carton  en  communication,  vous  me  retournerez  ce  qui  ne  vous  plaira 
pas,  ou  vous  ne  prendrez  rien  si  d'aventure  le  lot  n'est  pas  à  votre 
convenance. 

L'étincelle  avait  jailli  sous  le  marteau  ;  à  l'heure  actuelle  —  il  y  a  de  cela 
'J!i  ans  —  Barrion  a  8000  estampes  en  portefeuilles.  C'est  dans  cette  maison 
hospitalière  et  charmante,  regorgeant  d'objets  d'art  originaux  des  plus 
grands  artistes  de  notre  époque  —  bronzes,  terre  cuite,  ivoire,  faïences, 
dessins,  peintures,  etc.  —  que  nous  avons  puisé  presque  tous  les  documents 
qui  nous  ont  servi  à  établir  notre  école  du  xix,é  siècle.  Durant  plusieurs 
étés,  nous  allâmes  nous  installer  chez  ce  raffiné  qui  nous  donna  une 
chambre  contigué  au  Cabinet  des  Estampes;  les  jours  étaient  longs,  des 
quatre  heures  et  demie  du  matin  nous  étions  à  la  besogne,  travaillant  là 
dans  ce  calme  et  ce  silence  si  appréciables  pour  ce  genre  d'éludés,  ayant 
siius  la  main  le  maître  de  céans  érudit  et  serviable  qu'à  chaque  instant 
nous  mettions  à  contribution,  soit  pour  un  renseignement,  soit  pour  un 
conseil;  nous  avons  vécu  là  des  heures  de  paradis! 

Nous  tenons  donc  à  dire  ici  bien  haut  la  reconnaissance  affectueuse  (pie 
nous  lui  gardons  et  à  signaler  aux  amateurs  une  des  collections  les  plus 
complètes  et  les  plus  choisies  (pic  nous  connaissons. 

Car  ici  toutes  les  épreuves  sont  de  qualité  absolument  exceptionnelle, 
chose  rare  à  rencontrer  en  province,  il  laid  le  reconnaître.  Indépendamment 
des  estampes  originales,  il  a  rassemblé,  avec  un  soin  judicieux,  nombre  de 
gravures  d'interprétation  ;  il  y  a  joint  —  corollaire  indispensable  —  tous 
li",  livres  illustrés  remarquables  de  l'époque.  Sa  collection  présente  donc 
une  physionomie  complète  et  fidèle  de  la  gravure  au  xix*'  siècle:  but  auquel 
tendaient  tous  ses  efforts...  Et  voilà  comme  quoi,  une  fois  de  plus  encore, 
le  proverbe:  L'occasion  fuit  le  larron,  a  trouvé  son  application  dans  sa 
plus  heureuse  acception  !. 


[■tellement  L'7.  rue  Laffitte. 
i  Ces  Ugni     i  lali  "i  êi  rlle»  depuis  longtemps,  lorsque,  le  il  mal  1003,  une  dépêche  vint  nous 

n«  i  '  i'  déi  '  ■•  <!'■  notre  ami.  Une  mil" h.  i  i  uelle  le  tenall  alité  depuis  plusieurs  moi-.  <l<  i:i. 

nous  nous  étions  toujours  pris  A  espérer;  il  étnll  jeune  encore,  el  les  soins  tendres el 

dévoués  de  sa  sœur  M**  Tadleu  n'étalent-lls  pas  In  pour  relever  nos  connues?  (.'est  à  Paris. 

nous  liions  pour  nos  travaux,  m1""  nous  lui  acheminé  le  télégramme,  trop  tard,  hélasl  pour 

nous  permettre  d'assister  6  la  cérémonie  funèbre  et  d<  conduire  à  i  i  dernier*  demeure  ;  '     il 

i|i\om  <|iie  nous  pleurons  el  auquel  nous  adressons  ici  un  suprême  adieu. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  427 

La  Sœur  Rosalie  (48).  —  Complètement  de  face  et  en  buste,  la 
Révérende  Mère  regarde  droit  devant  elle,  des  yeux  noirs  et  profonds 
illuminent  sa  physionomie  sévère  mais  douce,  et  la  lumière  qui  filtre 
à  travers  la  large  cornette  éclaire  le  visage  qu'elle  modèle  et  enveloppe 
d'une  façon  merveilleuse.  Une  guimpe  blanche  recouvre  la  poitrine. 

La  su'ur  Rosalie,  fille  de  Saint-Vincent-de-Paul,  est  célèbre  par  ses 
œuvres  de  charité  ;  elle  était  née  Jeanne-Marie  Rendue  et  décorée  de  la 
Légion  d'honneur  ;  elle  mourut  en  1856.  Nous  ne  rééditerons  pas  ici  les 
éloges  que  nous  venons  de  décerner  aux  portraits  précédents,  celui-ci  est 
absolument  digne  de  ses  devanciers. 

II.  Béraldi  en  décrit  29  états;  nous  en  possédons  une  épreuve  aux  yeux 
noirs  sur  chine  collé,  sans  signature  et  avec  la  remarque,  la  tète  de  saint 
Vincent  de  Paul  de  face,  au  milieu  de  la  marge  inférieure  ;  elle  nous  fut 
choisie  par  M.  Burney,  l'élève  préféré  du  Maître,  c'est  la  plus  belle  qu'il 
nous  ait  été  donné  de  rencontrer. 

M,  Loys  Delteil  a  consacré  deux  intéressants  articles  à  l'artiste,  dans 
L'Estampe  et  l'Affiche  de  janvier-février  1898.  —  M.  C.  de  Beaulieu,  Paris, 
1888,  a  écrit  une  intéressante  plaquette  sur  le  Maître.  —  M.  Gonse,  dans  le 
numéro  de  mars  1887  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts,  a  également  rendu 
hommage  au  Maître  disparu. 


GAVARNI  (Guillaume-Sulpice  Chevallier,  dit) 


Né  à  Paris  le  13  janvier  1804,  rue  des  Vieilles-IIaudriettes,  5,  il  y  mourut 
le  24  novembre  1866. 

Puissant  peintre  des  mœurs  de  son  époque,  il  s'est  immortalisé  et  par 
l'esprit  de  ses  légendes  et  par  la  fécondité  de  son  crayon.  Son  œuvre, 
kaléidoscope  vivant,  compte  plus  de  dix  mille  pièces,  composé  surtout  de 
séries  ou  suites.  Peu  de  morceaux  isolés  ou  particulièrement  caractéristiques 
émergent  de  cette  imposante  réunion,  aussi  cst-il  fort  difficile  de  conseiller 
un  choix,  une  sélection  raisonnéc  dans  ce  colossal  inventaire. 

Nous  renvoyons  donc  les  curieux  de  cette  œuvre  si  vécu  et  si  français  a: 
Béraldi,  tome  VII,  Paris  1888  —  Edmond  et  Jules  de  Goncourt:  L'Homme  et 
l'Œuvre,  Paris  1873  —  Armelhaut  '  et  Rocher  :  Catalogue  raisonné,  Paris  1873, 
ils  y  trouveront  groupés  tous  les  documents  nécessaires  à  la  mise  en  relief 
d'une  figure  si  sympathique  et  si  profondément  originale. 

Béraldi  nous  apprend  que  les  deux  nombres  réunis  par  un  trait-d'union 
qui  se  trouvent  souvent  sur  ses  lithographies,  comme,  par  exemple,  33-11 
signifient  que  c'est  la  onzième  lithographie  de  l'année  1833.  Le  premier 
nombre  est  donc  l'année,  le  second  le  numéro  d'ordre  de  l'année. 


'  Anagramme  de  Mahérault, 


42S  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Si  nous  voulions  faire  mettre  en  portefeuille  quelques  pièces  de  l'artiste, 

voici  celles  que  nous  conseillerions: 

Hertz,  banquier  anglais,  vente  Moignon  80  francs,  rarissime  —  Portrait  du 
Prince  Napoléon  —  !!["<<■  Montigny,  même  vente,  épreuve  d'essai,  rarissime, 
.")()  lianes  —  Chandelier  —  Mélanie  Waldor  —  Henry  Monnier,  1810  —  Les 
Daines  de  la  Halle  —  La  Loge  à  l'Opéra  —  Les  Forts  de  la  Halle  —  Le  premier 
île  l'An  chez  fourrier  —  Le  Bouquet  —  A  Highland Piper  —  Gavarni  et  la 
cigarette  —  Raymond  la  Garrigue  —  il/""'  de  Viefoille  —  Bal  et  la  Chaussée- 
d'Antin'  —  Dans  les  Coulisses  —  Eludes  d'Enfants  —  Satan,  1850  —  La 
Lanterne  magique,  1850  —  Posa  Bonheur,  rarissime. 

A  la  vente  Mahérault,  en  1880,  l'œuvre  du  Maître  fut  adjugé  12000  francs, 
c'était  le  plus  beau  et  le  plus  complet  connu  ;  Conquet  acquit  pour  3750  francs 
celui  de  la  vente  Destailleur,  il  comprenait  2190  pièces  et  avait  été  formé 
par  Mis  de  la  Salle,  il  était  contenu  clans  seize  volumes  reliés. 

A  la  vente  de  Goncourt,  ami  intime  du  Maître,  l'œuvre,  comprenant 
2021  pièces,  fut  adjugé  5150  lianes;  il  était  incomplet,  il  est  vrai,  mais  en 
revanche  toutes  les  pièces  rares  s'y  trouvaient,  la  plupart  en  épreuves  de 
premier  tirage  et  dans  des  conditions  parfaites  de  conservation.  Il  y  avait 
surtout  des  avant  lettre  sur  chine  tirées  à  5  ou  0  épreuves  auxquelles  ne 
ressemblent  en  rien  les  feuilles  du  tirage  courant,  certaines  contenaient 
aussi  des  notes  manuscrites  de  la  main  de  Gavarni  extrêmement  inté- 
ressantes et  pleines  de  cet  esprit  que  l'illustre  artiste  jetait  à  pleines  mains 
dans  ses  légendes. 

Le  2:i  avril  1003,  une  matinée  de  gala,  organisée  par  la  Société  des  Peintres 
Lithographes,  fut  donnée  a  l'Opéra-Comique  au  bénéfice  ^u  monument  à 
élever  à  l'illustre  disparu;  le  programme  était  imprimé  en  couleurs  sur 
dix  éventails  différents,  signés  des  noms  célèbres  de  :  Maurice  Eliot,  Patrice 
Dillon,  Abel  Faivre,  Forain,  Charles  Léandre,  Louis  Morin,  Jules  Chéret, 
Maurice  Neumont,  .1.  Grûn,  Georges  Redon,  le  verso  de  ce  programme  était 
d'Abel  Truchet. 

On  avait,  par  une  délicate  attention,  songé  aux  collectionneurs,  cl  une 
série  de  10  exemplaires  sans  texte  avait  été  tirée  pour  eux  et  mise  en  réserve; 
cette  suite,  qu'il  nous  a  élé  donné  de  voir  fiiez  Sagot,  est  devenue  déjà  fort 
difficile  à  se  procurer;  elle  vaut,  croyons-noilS,  une  centaine  de  francs. 

Nous  recommandons  surtout  aux  amateurs  ceux  île:  Forain,  Neumont, 
Faivre,  Léandre,  Redon  et,  très  particulièrement,  le  bijou  qu'a  signé  Eliot: 
1  ne  jeune  femme  assise  de  trois  quarts  à  droite,  le  coude  appuyé  sur  un 
coussin,  regardant  passer  des  couples  î n::i ►,  elle  est  décolletée  et  coiffée  d'un 
chapeau  à  larges  bords  qui  abrite  son  délicieux  visage. 


GERICAULT  (Théodore) 

Né  ;i  Rouen  en  1791,  mort  à  Paris  en  1824.  Élève  de  <"..  Verne)  et  de  Guérin, 
Son  œuvre  lithographique  se  compose  de  102  pièces  exécutées  de  tMT  à  1824, 
plus  une  sculi'  et  unique  eau-forte:  Vn  cheval  gris  pommelé  de  irais  quarts. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  429 

L'artiste  s'adonna  particulièrement  à  la  reproduction  de  scènes  militaires 
et  à  des  études  de  chevaux;  ses  principaux  imprimeurs  turent  Engelman, 
Delpech,  Motte,  Vilain  et  C.  Hullmandel,  à  Londres. 

Le  catalogue  de  son  œuvre  fut  fait  par  Ch.  Clément,  Paris  1879.  Voir  aussi 
H.  Béraldi,  tome  VII,  1888,  et  la  Gazette  des  Beaux- Arts,  tome  XX,  186G. 

Combat  de  deux  Chevaux  gris  pommelés  dans  une  écurie 
militaire  (Clément  11).  —  Ils  se  mordent  au  cou  en  se  cabrant  au 
milieu  d'une  écurie,  le  garde  d'écurie  en  bonnet  de  police  accourt  à 
droite  et  cherche  à  les  séparer  en  les  frappant  avec  un  balai.  Dans 
l'ombre  au  premier  plan,  éveillé  par  ce  tapage,  un  hussard  couché 
sur  la  paille  les  regarde  en  jurant.  A  gauche,  une  tête  de  cheval  au- 
dessus  de  la  mangeoire. 

Celte  pièce,  un  peu  surfaite,  est  d'une  insigne  rareté.  On  croit  qu'il  n'en 
existe  en  tout  que  J  épreuves:  Une  sur  papier  blanc  qui  a  passé  par  les 
collections  Jamar  et  de  Triqueti;  deux  sur  papier  jaunâtre,  l'une  aux 
Estampes  provenant  de  chez  Bruzard,  l'autre  chez  Moignon,  à  la  vente 
duquel  elle  fut  adjugée  500  francs,  elle  venait  de  chez  H.  Bellangé  qui,  en 
1863,  l'avait  payée  550.  Les  deux  autres  imprimées  à  deux  teintes,  l'une  a 
appartenu  à  I lis  de  la  Salle,  l'autre  à  Parguez,  à  sa  vente  elle  fil  5G0  francs, 
il  l'avait  payée  la  somme  énorme  de  1500  à  l'imprimeur  Motte  qui  lui  avait 
affirmé  qu'elle  était  unique;  une  de  ces  deux  épreuves  est  actuellement  au 
Département  des  Estampes.  Or,  on  suppose  que  l'imprimeur  voulut  faire, 
sans  consulter  l'artiste,  des  essais  à  deux  teintes,  mais  que  la  pierre  cassa 
dès  les  premières  épreuves  et  qu'il  lui  livra  seulement  celle  tirée  à  une  seule 
teinte,  gardant  les  autres  dont  il  disposa  pour  divers  collectionneurs.  Les 
épreuves  sur  papier  teinté  sont  de  beaucoup  plus  harmonieuses  de  ton, 
elles  constituent  de  véritables  dessins;  une  se  trouvait  à  la  vente  Moignon, 
elle  y  fut  adjugée  -175  francs. 

Artillerie  à  cheval  changeant  de  position  (Cl  15).  --  Des 
soldats  du  train  arrivent  au  galop,  conduisant  une  pièce  de  canon 
attelée  de  quatre  chevaux  et  se  présentent  de  face. 

Celte  estampe,  célèbre  dans  l'œuvre,  n'a  été  tirée  qu'à  G  exemplaires; 
voici  les  collections  qui  les  ont  possédées,  nous  ignorons  où  elles  se 
trouvent  à  l'heure  présente  :  Aux  Estampes  —  Ilis  de  la  Salle  qui  l'acheta 
200  francs,  en  avril  1861,  à  M.  Dauvin  —  Mène,  qui  la  paya  235  à  la  vente 
Parguez  —  Langlais,  qui  la  vit  adjuger  à  sa  vente,  en  18G8,  au  duc  d'Aumale 
455  francs,  elle  était  faible  de  tirage  —  Moignon,  qui  l'acheta  à  Gihaut 
10(10  francs  le  16  février  18GG,  c'est  la  plus  belle  connue,  elle  est  coloriée  à 
l'aquarelle  par  Gerieault  lui-même  qui  lui  a  l'ait  subir  de  nombreuses  modi- 
fications, ainsi  le  bas  de  la  tète  du  cheval  vue  de  face  a  été  refaite 
entièrement,  le  museau  rond  dans  la  lithographie  a  été  allongé  avec  un  blanc 
mis  dessous  pour  détacher  la  tète,  le  pied  du  cavalier  est  droit  dans  l'étrier 
au  lieu  d'être  relevé.  Gihaut  aîné  avait  acheté  celte  pièce  50  francs  dans  une 
vente  en  185G,  à  la  vente  Moignon  elle  fut  adjugée  1005.  Cette  pièce  est  signée 
de  l'artiste,  à  droite,  au  grattoir  —  Pils  en  a  fait  deux  copies. 


430  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Cheval  attaqué  par  un  Lion  (Cl  100).  -  Un  cheval  tourné  à 
gauche  se  cabre  sous  l'étreinte  d'un  lion  qui  lui  laboure  la  poitrine  de 
ses  griflés. 

Deux  exemplaires  sont  seuls  connus:  l'un  est  aux  Estampes,  l'autre,  qui 
était  chez  Moignon,  l'ut  adjugé  à  sa  vente  700  francs,  c'était  une  épreuve 
(/'essai  qui  portait  de  la  main  du  Maître  dans  la  marge  de  droite  :  plus  noir  ; 
lépieuve  qui  a  suivi,  après  l'ordre  exécuté,  est  moins  bonne,  la  finesse  du 
dessin  s'en  est  trouvée  considérablement  amoindrie.  Cette  lithographie  est 
admirablement  belle. 

Citons  encore  connue  extrême  rareté  :  Trompette  de  lanciers  (Cl  A)  dont  il 
n'existe  que  deux  épreuves,  une  aux  Estampes,  et  l'autre  dans  la  collection 
Triqueti,  et  :  Gros  cheval  t/ris  pommelé  vu  de  trois  quarts  (Cl  101),  la  seule 
et  unique  eau-forte  qu'ait  l'ait  mordre  le  Maître,  quatre  épreuves  connues, 
une  aux  Estampes  provenant  de  chez  Bruzard,  et  trois  autres  qui  ont 
passé  par  les  cabinets  de  Triqueti  (île  chez  Jamar),  Gigoux  et  Moignon,  à  la 
vente  de  ce  dernier  collectionneur  elle  Fut  adjugée  50  francs.  L'épreuve  du 
Cabinet  des  Estampes  doit  être  une  épreuve  d'essai,  car  elle  porte  dans  le  haut 
à  droite  une  tête  de  femme,  remarque  qui  a  disparu  dans  les  épreuves 
postérieures. 

Pendant  son  séjour  à  Londres,  en  1821,  l'artiste  composa  une  suite  de 
13  lithographies  (le  titre  compris),  dite  Suite  dllullmandcl  qui  en  était 
l'imprimeur;  on  les  trouve  assez  facilement  isolées  mais  très  rarement 
réunies  et  en  bonne  condition,  à  la  vente  Moignon  cette  suite  de  qualité 
exceptionnelle,  à  toute  marge,  l'ut  adjugée  600  francs. 

Mentionnons  pour  en  terminer:  Les  Boxeurs  (Cl 9),  superbe  pièce,  un  peu 
surfaite  cependant,  adjugée  à  la  vente  l'arguez  96  lianes;  Moignon,  171  ; 
Mallet,  en  '!•■  état,  155,  et  enfin  Dreux,  180,  avec  marges;  les  vraiment  belles 
épreuves  sont  très  rares. 

Le  (i  niai  1872,  a  la  mort  de  M.  Thavcr,  sénateur,  ancien  Directeur  général 
des  l'osles,  M.  Moignon  acheta  800  francs  à  son  héritier  sa  collection;  le 
défunt,  particulièrement  lié  avec  Ccricault,  n'avait  que  des  épreuves  de 
choix,  essai,  1er  état,  toutes  pièces  publiées  par  Cihaut  et  M""  llulin  et 
encore  sous  leurs  couvertures  originelles. 

Les  plus  belles  collections  de  l'oeuvre  de  Cericault  lurent  formées  par 
llis  de  la  Salle,  liru/.ard  (passée  toute  entière  au  Cabinet  des  Estampes), 
Constantin  des  plus  belles  chez,  feu  le  duc  d'Aumale),  Jamar  (acquise  par 
de  Triqueti)  et  Thavcr  ci-dessus  nommé.  Ces  belles  pièces  de  tète  sont 
presque  introuvables  aujourd'hui.  Notons  que  Gericault  est  très  inférieur  a 
son  contemporain  Delacroix. 


GODIN   (Georges) 
Soleil  levant  sur  la  neiye.     -  A  gauche  sur  un  petil  tertre,  une 

chaumière  en  ruine  ;  à  droite  une  rangée  d'arbres   hauts  cl  grêles  qui 
bordent  un  chemin  que  gravit  une  charrette.  Au  fond,  le  soleil  se  lève. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  431 

Julie  pièce  en  couleurs  que  Ch.  Ilessèle  a  publié  sous  la  rubrique  Effet 
de  Lune,  erreur  qu'il  nous  charge  de  rectifier. 

Citons  encore  du  graveur  qui  est  jeune  et  très  ardent  sur  les  questions 
d'art'  :  Nuit  calme  —  Retraite  aux  Flambeaux  (une  de  ses  premières)  —  et 
Le  Christ,  pièce  extrêmement  curieuse,  relative  à  l'affaire  Dreyfus,  tirée 
à  5  exemplaires  ;  elle  est  devenue  fort  rare  ;  dernièrement  nous  avons  eu 
l'occasion  d'en  voir  une  épreuve  chez  Hessèle. 

M.  Godin  ne  tire  jamais  à  plusieurs  planches,  mais  toujours  à  la  poupée  ; 
il  préfère  aussi  le  zinc  au  cuivre. 


GŒNEUTTE   (Norbert) 


Né  à  Paris  en  1854,  mort  à  Auvers-sur-Oise  le  S  novembre  1894.  Laisse 
un  œuvre  gravé  d'environ  200  pièces;  a  touché  un  peu  à  tous  les  génies 
avec  un  égal  bonheur,  en  y  donnant  une  note  originale,  reflet  sincère  d'un 
caractère  éminemment  primesautier  et  sympathique.  Ses  dessins  sont  aussi 
très  particulièrement  remarquables,  il  y  tenait  beaucoup  et  s'en  dessaisissait 
difficilement;  c'est  lui  qui  disait  un  jour  a  M.  Antonio  Proust  :  «  Je 
renoncerai  un  jour  à  faire  de  la  peinture,  parce  que  cela  change  de  mode  ; 
le  crayon  suffit,  parce  que  le  crayon  reste,  au  milieu  des  variations  du 
goût,  l'éternel  traducteur  des  éternelles  beautés.  » 

Parmi  ses  meilleures  eaux-fortes  et  pointes  sèches,  nous  mentionnerons  : 

A  travers  la  porte.  —  Une  jeune  femme  à  travers  une  porte 
entrebaillée  regarde  à  gauche. 

La  Place  de  la  Concorde.  Une  jeune  femme  vue  de  dos 
monte  dans  sa  voiture  ;  elle  tient  une  ombrelle  fermée  dans  sa  main 
gauche.  Au  fond  à  gauche,  on  aperçoit  l'obélisque.  Sous  la  colonne 
du  réverbère  qui  est  à  droite  :  Norbert  Gœneatle. 

Au  Coin  du  Feu.  —  Etendue  sur  un  canapé,  les  jambes  croisées, 
la  tète  à  gauche,  une  jeune  femme  semble  dormir,  le  pied  droit  est 
soulevé.  Au  fond  de  la  cheminée  le  feu  brille.  Sans  signature. 

Le  Pont-Neuf.  —  Le  pont  avec  son  mouvement  de  piétons  et  de 
voilures  ;  à  gauche,  la  statue  de  Henri  IV.  Sans  signature. 


Lire  sa  revue  :  Le  Mouvement  esthétique,  curieuse  publication  qui  parait  quatre  lois  par  an. 


432  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

L'Armoire  (?)  —  Une  jeune  femme  vue  de  dos,  vient  d'ouvrir  un 
petit  meuble  en  hauteur  dont  elle  tire  un  livre,  que  d'après  son 
attitude,  elle  semble  en  train  de  regarder.  Sans  signature. 

Le  Marché  de  Dinan.  —  A  gauche  de  l'estampe,  le  marché  avec 
ses  arches  devant  lequel  circulent  les  achetcuscs.  En  bas  à  gauche  : 
Norbert  Gceneutte  -  Dinan  et  une  date  illisible. 

A  signaler  encore  :  Le  Rialto  —  Moud  —  La  Cigale  —  Guérard  regardant 
une  épreuve. 

Voir  H.  Béraldi,  lonie  VII,  Paris,  1888.  —  Une  exposition  de  l'œuvre  de 
l'artiste  eut  lieu  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  en  1895  et  la  vente  de  son  atelier 
lui  faite  en  décembre  1897,  mais  il  n'y  figurait  aucune  pièce  gravée.  —  La 
plus  belle  collection  existante  de  Gœneutte  —  364  pièces  —  est  a  la 
Bibliothèque  de  New-York,  don  de  M.  Avery. 


GOFF  (Colonel  Robert  C.) 

Summer  storm  in  the  Itchen  Valley.  —  Lue  prairie  et  sur  le 
tout  premier  plan,  un  étier  bordé  à  droite  de  roseaux  du  milieu  des- 
quels s'élève  un  petit  arbre  touffu  ;  au  dernier  plan  de  ce  même  coté, 
trois  petites  ebaumières  très  basses  aux  toits  blancs  tout  près  d'un 
rideau  d'arbres  ;  à  gauche,  une  barrière  rustique  derrière  laquelle 
paissent  des  vaches  ;  la  prairie  est  bornée  par  une  rangée  d'arbres  à 
l'épais  feuillage.  Un  vent  violent  soufflant  de  gauche  à  droite,  disperse 
dans  le  ciel  un  vol  d'oiseaux,  secoue  les  arbres  et  courbe  les  roseaux. 
A  l'horizon,  se  profile  indécise  la  silhouette  de  collines.  Dans  le  coin 
gauche  inférieur:  II.  Go fj'  1892. 

Nous  considérons  cette  eau-forte  connue  la  perle  de  l'œuvre,  il  est 
impossible  de  rendre  avec  plus  de  sobriété,  mais  aussi  avec'  plus  d'énergie, 
la  rafale.  L'éminent  artiste,  qui  compte  parmi  les  premiers  de  l'Angleterre, 
a  quitté  l'armée  depuis  une  vingtaine  d'années,  il  consacre  son  temps  aux 
arts  qu'il  aime  avec  passion,  il  est  membre  de  la  Royal  Society  of  Pointer- 
Etchers  and  Engravers,  de  Londres,  où  il  expose  régulièrement  chaque 
année.  Son  œuvre  absolument  personnel  est  déjà  considérable  ci  compte 
150  pièces;  ce  qui  séduit  ci  charme  chez  cet  artiste,  c'esl  la  simplicité; 
point  de  supercheries  de  métier,  l'eau-forte  tirée  nature,  mais  néanmoins 
puissante,  souple  ci  colorée.  Il  envoya  en  1890',  à  la  deuxième  exposition 


1    \ [u'i  ii  1892 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  433 

de  la  Société  de  Peintres-Graveurs  français,  quelques  pièces  qui  turent  très 
remarquées,  ce  qui  lit  dire  a  Pli.  Burty  : 

«...  Ici,  un  artiste  nouveau  venu,  qui  se  sert  habilement  de  la  pointe 
»  sèche,  complète  les  effets  vigoureux  et  sans  tricherie  des  aquarellistes,  des 
»  peintres  de  marine  ses  compatriotes,  par  une  visée  particulière.  Les  levers 
»  de  brouillards,  les  mouvements  d'atmosphère  animant  les  falaises,  les 
»  moires  argentins  traînant  sur  la  mer  au  pied  des  rochers,  sont  le  lot  du 
»  colonel  R.  Goff  ». 

Grand  voyageur  et  pêcheur  enragé  de  saumons,  il  ne  manque  jamais  de 
noter  le  site  qui  le  frappe,  aussi  son  œuvre  est-il  singulièrement  intéressant 
et  varié;  il  s'imprime  généralement  lui-même,  mais  si  le  temps  vient  à  lui 
manquer,  il  confie  ce  soin  au  célèbre  imprimeur  de  la  Royal  Society  of 
Painler-Elchers  and  Engravers,  Frederick  Goulding,  53Shcpherd's  Bush  Road. 

Wild  Ducks,  evening  :  Avington  Parle.  —  Une  mare  couverte 
de  roseaux  de  laquelle  s'élèvent  à  droite  trois  canards,  un  quatrième 
est  encore  à  l'eau.  Au  fond,  des  arbres  et  une  sorte  de  vanne  ou  barrage 
en  bois.  Dans  le  coin  intérieur  droit  :  R.  Goff  1893. 

Charing  Cross  Bridge.  —  Le  pont  de  Cbaring  Cross  sillonné  de 
locomotives,  occupe  toute  la  partie  gauche  de  l'estampe;  derrière  lui, 
s'étend  la  ville  avec  ses  hautes  cheminées  et  ses  monuments  ;  à  droite, 
la  Tamise  sur  laquelle  on  aperçoit  deux  barques.  Sur  le  tout  premier 
plan,  légèrement  esquissé,  le  quai,  des  arbres,  des  hansoms,  etc.,  et 
à  droite,  une  grille  en  forme  de  rotonde  ;  près  de  cette  grille,  très 
légèrement  gravé  :  R.  Goff. 

Middlebourg.  Hollande.  -  A  droite,  la  rivière  très  éclairée 
avec  deux  bateaux  à  la  voile  ;  à  gauche,  une  large  route  ombreuse  et 
tournante  plantée  d'arbres,  au  milieu  de  laquelle  sur  le  tout  premier 
plan,  un  homme  et  une  femme  se  sont  arrêtés  pour  causer  ;  une 
charrette  attelée  d'un  cheval  vient  vers  eux.  Dans  le  bas  du  coin 
gauche  :  R.  G. 

Il  y  a  dans  cette  pièce  une  distribution  de  lumière  absolument  merveil- 
leuse et  c'est  ici  qu'on  peut  se  rendre  compte  des  valeurs,  de  la  puissance 
des  noirs  et  des  blancs  ;  un  peintre  avec  sa  palette  n'arriverait  pas  à  ce 
degré  d'intensité,  ou  tout  au  moins  il  ne  le  saurait  dépasser.  Cette  eau-forte 
est  donc  de  tout  premier  ordre  et  a  noter  très  spécialement  dans  l'œuvre. 

Neweastle-on-TYne.  —  A  droite  de  l'estampe,  la  rivière  Tyne, 
avec  ses  docks  et  ses  bateaux  à  vapeur  qui  la  sillonnent,  s'étend  à 
perte  de  vue  ;  à  gauche,  ses  quais  et  ses  maisons.  Le  ciel  est  très  noir, 

28 


434  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

sauf  dans  le  milieu  de  l'estampe  où  il  existe  une  éclaircie.  Dans 
le  bas  du  coin  gauche,  à  peine  lisible,  on  lit  gravé  à  la  pointe  : 
R.  Gojfl89à. 

Cannon  street  Station.  -  La  Tamise  occupe  tout  le  premier 
plan  de  la  partie  droite  de  l'estampe  ;  au  second  plan,  un  bateau  à 
vapeur  descend  le  fleuve  remorquant  deux  gabarres,  il  vient  de 
passer  sous  le  pont  qui  aboutit  à  droite  à  la  station  de  Cannon  street. 
Au  fond,  le  ciel  est  très  clair.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  :  R.  Gojf. 

Cette  estampe  qui  est  une  pointe  sèche  pure,  exécutée  un  peu  dans  le 
même  sentiment  que  la  précédente  eau-forte  et  pointe  sèche,  est  certaine- 
ment une  des  pins  belles  pièces  de  noire  époque  ;  nous  ne  parlons  ici,  comme 
toujours  du  reste,  que  de  l'épreuve  de  tirage  exceptionnel  et  nous  ajouterons 
qu'elles  sont  rares  de  celte  qualité. 

Sussex  Fields.  —  Une  prairie  ceinturée  de  collines,  dans  laquelle 
paissent  des  vaches  ;  sur  le  sommel  de  la  colline  gauche  qui  est  dans 
l'ombre,  quelques  arbres;  au  flanc  de  celle  de  droite,  un  moulin  à 
vent  violemment  éclairé  et  dont  les  ailes  sont  orientées  à  gauche. 
Une  bordure  de  roseaux  légèrement  esquissée  semble  indiquer  un 
ruisseau  qui  va  se  perdre  à  gauche  dans  la  prairie.  Dans  le  coin 
gauche  inférieur  :  R.  G. 

Westminster.  —  Au  tout  premier  plan  à  gauche,  la  Tamise  avec 
quelques  barques  amarrées  au  quai;  dans  le  fond,  la  silhouette  impo- 
sante de  Westminster  et  du  Parlement.  La  partie  droite  de  l'estampe 
représente  la  Tamise  s'étendant  à  perte  de  vue  sans  qu'on  aperçoive  la 
rive  droite.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  au  pied  de  la  construction  en 
bois  qui  l'orme  une  portion  d'estacade  :  R.  Go f)'  1900. 

Destruction  of  old  chain  Pier,  Brighton.  A  droite,  les  quais 
de  Brighton  sur  lesquels  la  foule  est  accourue  pour  voir  se  briser  par 
la  tempête  les  chaînes  et  la  vieille  jetée  qui  est  à  gauche  ;  à  l'extrémité 

de  ces  quais  on  aperçoil  la  ville  dont  la  masse  sombre  se  détache 
nettement  sur  un  ciel  très  clair.  Au  fond  à  gauche,  deux  eslacades  et 
le  ciel  noir  comme  i\r  l'encre  déversant  une  pluie  dilu\  ienne.  Dans  le 
bas  du  coin  droit  de   l'estampe,  encadré  d'un  vigoureux  Irait,  on  Ml 

cette  inscription  :  Brighton.  Chain.  Pier.  Opened.  ','.'>'.  Noo.  1823. 
Destroged.  Rij.  South.  Easterlg.  Gnle.  I,  Dec.  1896. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  435 

Pièce  d'un  accent  superbe,  quelquefois  peut-être  un  peu  trop  encrée;  il 
faut  donc  choisir  les  beaux  exemplaires  qui  alors  sont  admirables. 

Valley  of  the  Itchen,  above  the  Osier  Bed.  —  Un  tertre  à  pente 
raitle  couronné  d'un  bosquet  touffu  qui  occupe  tout  le  milieu  de 
l'estampe,  et  au-dessus  duquel  on  aperçoit  un  vol  d'oiseaux  ;  à  gauche, 
formant  l'horizon,  des  collines.  Le  tout  premier  plan  de  l'estampe  est 
vide  de  travaux.  Dans  le  coin  droit  inférieur  à  la  pointe  :  Valley  of  Ihe 
Itchen  —  R.  Goff. 

The  South  Cône.  —  Des  vagues  tumultueuses  occupent  toute 
l'estampe;  à  droite  au  fond,  se  détache  en  vigueur  une  estacade  en 
bois.  En  bas  dans  le  coin  droit  :  The  South  Cône.  R.  Goff. 

Storm  driven.  —  Une  prairie  au  milieu  de  laquelle  serpente  un 
ruisseau  bordé  d'arbres  que  couche  et  secoue  un  épouvantable  vent 
d'orage,  la  pluie  tombe  à  l'horizon  ;  à  gauche,  un  troupeau  de 
moutons  que  garde  une  bergère,  s'est  mis  à  l'abri  sous  un  chêne. 
Dans  le  bas  du  coin  gauche  :  R.  Goff.  1901. 

Pièce  d'une  sauvage  beauté,  traitée  —  on  devrait  plutôt  dire  sabrée  — 
avec  une  infernale  maestria. 

Bazaar  Cairo.  —  Devant  un  bazar  où  s'étalent  toutes  sortes  de 
marchandises,  quelques  arabes  sont  rassemblés.  La  partie  du  milieu 
de  l'édifice  est  violemment  éclairée,  tandis  que  celles  de  gauche  et 
de  droite,  cette  dernière  plus  particulièrement,  sont  plongées  dans 
l'ombre.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :  R.  Goff  1S98. 

The  Nile  at  Assouan.  —  Le  Nil  bordé  de  rives  à  pic  à  gauche,  et 
de  collines  à  droite,  avec  des  rochers  au  milieu.  Entre  la  rive  gauche 
et  les  rochers  à  fleur  d'eau,  une  petite  barque  au  premier  plan.  Au 
bas  de  l'estampe  séparée  de  la  partie  gravée  par  un  trait,  la  légende 
suivante  qui  occupe  toute  la  largeur  de  la  pièce  :  //  ftotos  through  old 
hushed  Egypt  and  ils  sands,  Like  some  grave  mighty  thought  theading  ' 
a  dream.  Reigh  Haut.  Assouan  1S97.  R.  Goff. 


1  Une  erreur  matérielle  a  l'ait  écrire  theading,  quand  c'est  thveading  qu'il  l'aut  lire.  Voici  lu 
traduction  de  celte  légende  :  //  coule  <i  travers  la  vieille  Egypte  endormie  et  ses  tables,  comme 
quelque  grave  et  puissante  pensée  suivant  le  cours  d'un  rêve. 


436  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

The  Mouth  of  the  Thames.  --  Un  petit  tertre  montueux  qui 
longe  un  étroit  sentier  traversé  par  une  barrière  rustique  que  vient  de 
franchir  un  homme  qui  s'éloigne.  Le  tout  premier  plan  à  droite  est 
très  embroussaillé  et  la  Tamise  que  l'on  voit  s'étendre  à  perle  de  vue 
occupe  tout  le  reste  de  ce  côté  de  l'estampe.  Dans  le  coin  gauche 
inférieur  :  Ii.  G. 

Nous  en  possédons  une  épreuve  sur  japon  que  nous  considérons  avec 
celle  de  Camion  street  Station,  qui  est  également  dans  notre  collection, 
comme  les  plus  beaux  exemplaires  connus.  —  Nous  nous  sommes  rendu 
acquéreur  de  ces  deux  perles  à  l'Exposition  des  Peintres-Graveurs  français 
qui  cul  lieu  chez  Durand-Ruel  en  1890,  où  nous  les  avions  remarquées. 

Brighton's  Beach.  —  A  gauche,  le  rivage  sur  lequel  le  Ilot  vient 
mourir;  au  second  plan,  une  sorte  de  barrage  en  bois  qui  s'avance 
dans  la  mer;  à  l'horizon  une  estacade,  et  à  droite  la  silhouette 
délicatement  esquissée  de  la  ville  de  Brighlon.  Dans  le  coin  inférieur 
droit:  R.  GojJ. 

Cette  petite  pièce,  qui  est  de  la  dimension  d'une  grande  carte  de  visite, 
fui  gravée  en  1891.  Elle  est  d'une  exquise  finesse. 

The  Sun's  last  rays.  —  Une  barrière  en  planches  et  une  marc 
légèrement  éclairée  et  plantée  de  roseaux  occupe  le  premier  plan. 
A  droite,  le  soleil  disparait  à  l'horizon,  derrière  la  plaine  qui  s'étend 
à  l'infini,  mélancolique  cl  sombre  ;  à  gauche,  on  aperçoit  une  tour, 
celle  d'une  église  sans  doute.  Dans  le  coin  droit  inférieur  :  /?.  GoffWOl. 

One  of  London  Highways.  —  La  Tamise  et  un  pont  en  1er  très 
cintré  sous  l'arche  duquel  vient  de  passer  un  chaland  ayant  une  voile 
à  son  arrière  et  se  dirigeant  vers  la  droite.  De  l'autre  côté  du  pont  à 
gauche,  la  ville  avec  ses  hautes  constructions  et  ses  cheminées 
fumantes.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :  R.  Go jf  1898. 

Cette  pièce  qu'on  eut  très  bien  pu  baptiser  A  misty  Daij  —  un  jour  de 
brouillard  —  est  extrêmement  curieuse,  car  elle  rend  à  souhait  el  avec  une 
absolue  sincérité  une  de  ces  journées  brumeuses  si  fréquentes  au  climat 
londonien.  L'artiste  a  su  fixer  l'impalpable .  elle  a,  en  outre,  une  saveur  toute 
particulière  de  difficulté  de  métier  vaincue  de  la  plus  habile  façon;  toute  la 
planche  est  noyée  par  un  retroussage  (l'une  exquise  <■!  transparente  légèreté 
rompue  de  ci  de  là  de  quelques  touches  lumineuses.  Le  cuivre  a  été  préparé 
très  légèrement  à  l'eau-forte,  puis  terminé  el  enveloppé  à  la  pointe  sèche  ; 
le  tirage,  rendu  lies  difficile  pour  donner  complètement  l'effet,  n'a  pu 
fournir  qu'un  nombre  très  restreint  d'épreuves,  la  planche  n'ayant  été 
attaquée  que  1res  superficiellement. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  437 

Citons  pour  terminer  comme  pièces  encore  très  intéressantes  et  très 
remarquables  :  Peat  Moss  Banavie  (Seotland)  —  Saint  Cross  Winchester  — 
A  Study  on  the  river  Test  (Hampshirej  —  The  light-house  Shoreham  —  The 
Pool  Aldrington  [SussexJ. 

L'éminent  artiste,  absent  au  moment  de  l'Exposition  de  1900,  avait  eu  le 
regret  de  ne  pouvoir  exposer,  les  collectionneurs  et  ses  amis  en  ont  éprouvé 
une  cruelle  déception. 

Ses  eaux-fortes  sont  encore  assez  difficiles  à  se  procurer  en  France,  mais 
en  s'adressant  à  Robert  Duntborne,  son  dépositaire,  5  Vigo  strcet,  à  Londres, 
nous  croyons  qu'on  les  pourrait  aisément  avoir  en  communication. 


GOTTLOB  (Fernand-Louis) 

La  Dame  aux  Cygnes.  —  Dans  un  parc,  sur  le  bord  d'un  étang, 
une  jeune  femme  se  promène  se  dirigeant  vers  la  droite,  sa  main 
gauche  tient  un  réticule  et  un  livre  ;  ce  dernier  est  vivement  éclairé  ; 
derrière  elle,  des  cygnes  glissent  sur  l'eau  nageant  vers  la  gauche. 

Superbe  lithographie. 

Signalons  encore  :  Le  Marché  aux  Cochons  et  Les  Filles  de  Nuit  à  Paris, 
deux  lithographies  également  remarquables,  la  dernière  surtout. 


GOYA  (y  Lucientes-Francisco) 

L'artiste  naquit  le  31  mars  1746  à  Fuentetodos,  petite  ville  de  la  province 
de  l'Aragon,  et  mourut  à  Iiordeaux  le  16  mars  1828.  Plein  de  fougue  et 
d'originalité,  il  s'est  rendu  particulièrement  célèbre  par  ses  scènes  de 
Tauromachie  '  (33  pièces),  Les  Caprices 2  (80  pièces),  et  Les  Malheurs  de  la  Guerre 
(80  pièces)  '.  —  L'œuvre  gravé  ne  compte  guère  qu'environ  278  numéros, 
beaucoup  sont  de  second  plan  ;  nous  ne  nous  occuperons,  selon  notre 
programme,  que  des  pièces  de  tète. 

Index  bibliographique  :  Goya,  par  Laurent  Matheron,  Paris  1858  —  Goya, 
par  Ch.  Yriarte,  Paris  1867  —  Francisco  Goya,  par  Paul  Lefort,  Paris  1877  — 
Les  Graveurs  du  xrx<=  siècle,  tome  VII,  Béraldi,  Paris  1888  —  Goya,  par 
P.  Lafond,  Paris  1900. 


»  La  première  édition  est  sans  titre,  la  seconde  avec  le  titre  fut  adjugée  en  1805,  vente  Des 
tailleur,  180  francs. 

-  Il  y  a  deux  tirages,  le  premier  se  distingue  par  la  couleur  de  l'encre  qui  est  plus  rousse  ; 
un  exemplaire  de  ce  tirage,  en  1805.  à  la  vente  DestaiUeur,  fut  adjugé  440  francs. 

3  Ces  trois  séries  sont  des  eaux-fortes  aquatintées.  La  seule  collection  complète  connue  des 
Malheurs  tle  la  Guerre  a  été  et  est  peut-être  encore  chez  M.  Carderera.  à  Madrid  ;  les  cuivres 
existent.  —  Un  exemplaire  d'ancien  tirage,  en  180,"),  vente  Destailleur,  fut  adjugé  300  francs  ; 
il  provenait  de  chez  Paul  de  Saint-Victor. 


438  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIECLES 

Le  Supplicié  par  le  Garrot  (Lefort  24<>).  —  Assis  sur  l'escabeau 
fatal  presque  de  face,  les  pieds  nus,  les  mains  liées  dans  lesquelles 
est  passé  un  crucifix,  le  condamné  grimace  sous  les  douleurs  que  lui 
l'ont  éprouver  la  terrible  pression  du  garrot.  Un  cierge  allumé  est  à 
gauche. 

Nous  avons  mentionné,  pour  l'acquit  de  notre  conscience,  cette  pièce  dite 
célèbre,  malgré  le  peu  d'enthousiasme  que  nous  professions  pour  clic.  Les 
anciennes  épreuves  en  sont  1res  rares. 

Le  Joueur  de  Guitare  (24<S).  —  De  nombreux  personnages 
écoutent  un  guitariste  qui  chante;  un  marchand  de  rafraîchissements, 
la  gourde  sur  le  dos,  s'arrête  aussi  pour  prêter  l'oreille.  A  gauche, 
un  homme  avec  deux  bœufs  se  dirige  de  ce  côté.  Sur  le  tout  premier 
plan,  deux  entants  sont  couchés  par  terre.  Au  fond,  se  profile  un 
château-fort  et  derrière  le  groupe  du  milieu  émerge  un  homme  à 
cheval.  En  bas,  à  gauche,  sur  une  pierre,  on  lit  inscrit  en  gros 
caractères  :   Goya. 

Cette  eau-forte,  qui  ne  semble  pas  terminée,  est  en  travers  et  la  plus 
giandc,  croyons-nous, qu'ait  gravée  le  Maître.  Nous  en  avons  vu  un  superbe 
exemplaire  chez  M.  Barrion.  Elle  est  d'une  insurpassable  rareté;  on  la  dit 
tirée  à  3  exemplaires  seulement.  Le  British  Muséum  en  possède  une  épreuve. 

El  famoso  Americano  Mariano  Ceballos  (272).  —  L'arène  est 

entourée  de  spectateurs  ;  à  gauche,  l'Américain  armé  d'une  lance, 
monté  sur  le  taureau  qui  rue,  se  dirige  vers  la  droite  sur  un  autre 
animal  qui  s'avance.  Dans  la  marge  du  bas,  le  titre  ;  à  gauche,  le 
mot  :  Déposé,  et  à  droite  :  Lith.  de  Gaulon. 

Le  Picador  enlevé  sur  les  cornes  du  Taureau  (273).  —  Au 
milieu  de  l'estampe,  un  cheval  est  tombé;  le  taureau  a  le  pied  droit 
posé  sur  lui  et  vient  d'encorner  le  picador;  à  gauche,  un  homme  à 
cheval,  armé  d'une  lance,  pique  le  taureau.  Au  fond,  à  gauche,  un 
groupe  de  spectateurs  et  un  cheval. 

Dibersion  de  Espaha  (274).  —  Dans  l'arène  entourée  de  specta- 
teurs,  quatre  taureaux  ;  celui  de  gauche,  qui  est  au  premier  plan,  se 
précipite  sur  les  étoffes  qu'on  lui  jette  sur  les  cornes. 

La  Division  de  Place  (27.")).       L'arène  entourée  de  spectateurs 

est  séparée  en  deux   par  une   barrière  de  madriers   sur  laquelle   un 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  439 

homme  est  à  cheval  ;  de  chaque  côté,  un  toréador  est  aux  prises  avec 
un  taureau  ;  dans  la  portion  de  l'arène  de  gauche,  au  fond,  un  cheval 
mort  est  couché  près  d'un  autre  qui  est  debout. 

Les  quatre  dernières  pièces  que  nous  venons  de  décrire  sont  désignées  sous 
la  rubrique  Les  Taureaux  de  Bordeaux,  parce  que  ces  lithographies  furent 
imprimées  en  1825  dans  cette  ville.  Il  est  extrêmement  difficile,  pour  ne  pas 
dire  impossible  aujourd'hui,  de  trouver  ces  quatre  pièces  réunies.  M.  Alfred 
Barrion  en  possède  une  suite  superbe,  les  n°s  272  et  275  sont  même  avant 
toutes  lettres,  ne  portant  que  le  nom  de  Goya  dans  le  coin  de  l'estampe. 

A  la  vente  .Moignon,  trois  de  la  suite  —  le  n°  274  manquait  —  furent 
adjugées  400  francs;  les  trois  mêmes,  à  la  vente  de  Concourt,  atteignirent 
350  francs. 


GROUX  (Henry  de) 


Les  lithographies  suivantes,  aux  compositions  étranges  mais  pleines  d'ori- 
ginalité, sont  à  recueillir,  elles  dénotent  un  très  curieux  tempérament 
d'artiste,  bien  lui-même  et  pas  banal  :  Le  Christ  aux  Outrages  —  La  Vigne 
abandonnée  —  La  Veillée  de  Waterloo  —  Le  Sommeil  d'Eve  —  Le  Carnage  — 
Le  Chambardement  —  Quand  les  Bourgeois  dorment. 

C'est  un  grand  artiste  disait  quelque  part  Arsène  Alexandre.  ...  «  parce 
que  si  on  lui  donnait  des  murailles  à  couvrir,  murailles  de  palais  ou  de 
temple,  ou  de  campo  santo,  ou  de  n'importe  quel  édifice  plus  moderne  où 
doivent  se  réunir  des  hommes,  il  ferait  naître,  aux  regards  de  ces  hommes 
et  devant  leur  esprit,  des  compositions  profondément  émouvantes,  poétiques 
et  d'une  extraordinaire  envolée.  » 


GUERARD  (Maurice-Henri) 


Naquit  à  Paris  en  1S4G  et  y  mourut  4,  avenue  Frochot,  le  24  mars  1897. 
L'artiste  que  nous  avions  le  plaisir  de  connaître  et  que  nous  aimions,  fut 
un  des  plus  habiles  manieurs  de  cuivre  de  notre  époque,  c'est  lui  quUzannc 
appelait  dans  un  langage  imagé  le  cordon  bleu  de  l'eau-forte.  Son  œuvre  est 
très  considérable  ;  dans  son  tome  VU  des  Graveurs,  en  1888,  H.  Béraldi 
mentionne  déjà  602  pièces;  ajoutons  que  dans  ce  nombre  beaucoup  de  pièces 
sont  de  peu  d'importance. 

Guérard  est  l'inventeur  de  la  pyrogravure;  il  désignait  tout  simplement 
sous  le  nom  de  Panneaux  au  fer  chaud  les  jolies  productions  qu'engendrait 
son  tisonnier. 

Quatre  expositions  de  son  œuvre  eurent  lieu  :  l'une  en  1887,  Galeries 
Bernheim  jeune;  les  autres  en  1891  et  1896,  au  Théâtre  d'Application,  rue 
Saint-Lazare  (actuellement  La  Bodinière),  et  à  New- York,  en  décembre  de 
cette  même  année,  aux  American  Art  Gallerics,  mais  à  celte  dernière  ne 
figuraient  pas  d'eaux-fortes. 


440  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Dans  la  préface  qui  précède  le  catalogue  de  1891,  M.  Roger  Marx  vient 
délicatement  souligner  les  qualités  de  notre  artiste.  En  voici  quelques 
extraits  : 

« Toutes  les  roueries  il  les  connaît, 

»  tous  les  procédés  il  les  met  en  usage sous  l'attaque  de  son  burin, 

»  plus  volontiers  violent  que  tendre,  le  métal  mis  à  nu,  sillonné  de  rides, 
»  reflète  les  tourments  d'une  imagination   irrassasiée  de  nouveau,  il  dit  le 

»  réel  et  le  rêve,  le  funèbre  et  le  comique,  l'absurde  et  le  charmant 

»  il  dit  la  vie  des  ports,  des  quais,  des  gares,  les  aspects  de  Paris  et  de 
»  Venise,  montre  la  mer  sous  des  clartés  lunaires,  la  campagne  par  la  neige, 
»  Londres  dans  le  brouillard.  Ici  encore  la  particularité  de  ces  spectacles  île 
»  nuit  ou  de  brume  est  soulignée,  précisée  par  le  ton  approprié  du  tirage 
»  par  l'encre  grise  ou  bleue » 

Le  pauvre  artiste,  dont  la  santé  très  délicate  ne  se  soutenait  que  par  une 
dose  d'insurmontable  énergie,  avait,  croyons-nous,  le  pressentiment  qu'il 
mourrait  jeune,  car  il  grava  lui-même,  vers  1870,  un  grand  cuivre  qui  est  sa 
lettre  de  faire-part,  ainsi  conçue  : 

Vous  ('ics  prié  d'assister  aux  Convoi,  Service  el  Enterrement  de  Maurice- 
Henri  Guérard,  peintre-graveur  à  l'eau-forte  el  Maître  imprimeur,  décédé  en 
son  domicile,  éi  Paris,  éi  l'étge  de  ans,  qui  se  feront  aujourd'hui  courant, 
à  midi.  De  la  pari  de  ses  parents  cl  amis. 

De  Profundis  ! 

Sous  ce  texte  était  gravé  un  cadavre  étendu  sur  le  dos,  la  tète  à  droite.  La 
lettre  Y  de  :  Vous  êtes.  .  .  était  portée  par  la  Mort  qui  chevauchait  appuyée 
sur  une  pointe  sèche. 

Celte  pièce  est  devenue  fort  rare  ,  il  existe  des  tirages  sur  papier  foncé 
avec  lettres  rouge  et  argent. 

Le  Moulin  de  la  Galette  (Béraldi  133).  -  Le  célèbre  moulin  a 
lis  ailes  tournées  vers  la  gauche;  la  butte  sur  laquelle  il  est  liàti 
projette  son  ombre  sur  le  terrain  au  tout  premier  plan.  Le  ciel  est 
nuageux.  Sans  signature. 

Nous  possédons  de  celte  pièce,  tirée  généralement  en  bistre,  un  1'  élat 
unique  en  couleurs  obtenu  à  l'aide  de  plusieurs  planches.  L'exemplaire  est 
tellement  beau  que,  le  montrant  un  jour  à  Buhot,  celui  ci  émerveillé  s'écria: 
«  Si  j'avais  imprimé  une  telle  épreuve,  je  ne  m'en  serais  jamais  dessaisi.  » 

Le  Quai  de  la  Gare  à  Dieppe  (III).  Au  fond  de  l'estampe,  on 
aperçoit  à  gauche  une  forêl  de  mais,  et  à  droite  le  quai,  le  long 
duquel  s'alignent  les  grues  qui  servent  au  chargement  et  déchargement 
des  marchandises.  Une  drague  occupe  le  devant  de  la  composition. 
La  lune  qui  brille  à  droite  se  reflète  argentée  dans  le  miroir  des  eaux 
clapotantes.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :   //.  Guérard.  Dieppe. 

Effet  de  nuit  d'une  grande  intensité,  imprimé  en  bleu,  tiré  en  noir,  il  eut 
été  impossible  d'obtenir  anv  vision  d'un  elfet  aussi  puissant  et  aussi  sincère. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  441 

Les  Corbeaux  dans  la  neige.  —  Il  y  a  deux  planches  pouvant 
se  faire  pendants.  Dans  l'une  et  l'autre,  il  y  a  six  corbeaux  — 
grandeur  presque  nature  --  dans  différentes  altitudes;  l'une  est 
signée  dans  le  bas  du  coin  gauche  :  H.  Guèrard  :  l'autre,  celle  où  les 
six  corbeaux  sont  en  deux  groupes  de  trois  oiseaux,  est  sans  signature. 

La  planche,  complètement  usée,  ne  tire  plus.  Les  premières  épreuves  de 
cette  merveilleuse  pointe  sèche,  lorsque  le  cuivre  est  dans  toute  sa  fleur, 
sont  d'admirables  estampes  qu'il  ne  faut  à  aucun  prix  laisser  échapper  si  le 
hasard  vous  les  fait  rencontrer,  mais  elles  sont  devenues  fort  rares'.  Nous 
en  possédons  deux  exemplaires  dédicacés  d'une  éblouissante  beauté. 

Mentionnons  encore  comme  très  intéressantes  :  Corbeaux  pendus  —  Le 
Chai  noir  sur  un  journal  —  Carmen  —  Tête  de  Tigre  —  Effet  de  Lune  à 
Monaco  —  Locomotive,  etc.. 


GUIGNARD   (Gaston) 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  l'exposition  si  remarquable  de 
monotypes  que  cet  éminent  artiste  lit  en  juin  1901,  chez  Arthur  Tooth 
et  Sons,  boulevard  des  Capucines,  puisque  certains  collectionneurs  d'estampes 
à  l'heure  actuelle  leur  ouvrent  leurs  portefeuilles.  Il  y  avait  là  des  morceaux 
de  tout  premier  ordre  et  d'une  incomparable  séduction  ;  nous  citerons  parti- 
culièrement : 

Le  Coucher  de  Soleil  sur  les  varechs  —  Les  Sapins  dans  la  neige  —  Le 
Taureau  —  Meules  en  feu  —  Clair  de  Lune  sur  les  falaises  —  Les  Marécages  — 
Chez  l'Equarrisseur  —  Grande  Marée  par  la  lune  —  Dans  les  Brisants. 

Interrogé  par  nous  sur  son  procédé,  M.  Guignard,  avec  sa  bonne  grâce 
habituelle,  a  bien  voulu  se  prêter  à  cette  petite  interview.  Voici  donc 
comment  il  opère  : 

Sur  une  plaque  de  cuivre  ou  de  zinc  il  peint  un  sujet  quelconque,  pour 
lequel  il  emploie  des  couleurs  à  l'huile  ordinaires,  généralement  du  noir 
d'ivoire,  de  la  terre  de  Sienne  brûlée  ou  naturelle,  du  bleu  de  Prusse,  et 
c'est  tout,  couleurs  transparentes  avec  le  moins  d'épaisseur  possible.  Le 
tableau  rapidement  composé  —  car  il  faut  éviter  que  la  couleur  sèche  — 
est  mis  sous  presse,  et  l'impression  sur  papier,  japon  ou  autre,  donne 
l'épreuve,  l'épreuve  unique,  le  monotype.  Quant  à  avoir  deux  exemplaires 
semblables  il  n'y  faut  pas  songer,  le  coup  de  presse  enlevant  sur  la  plaque 
la  couleur  liquide  qui  est  toute  en  surface.  Le  procédé  est,  comme  on  le 
voit,  de  la  dernière  simplicité,  mais  présente  cet  avantage  qu'il  est  la  repro- 
duction fidèle  de  la  touche  de  l'artiste.  Le  métier  disparait  complètement  et 
et  l'écrasement  du  rouleau  donne  des  trouvailles  souvent  inattendues  et 
quelquefois  délicieuses. 


1  En  mai  19*12.  nous  en  rencontrâmes  chez  Hesscle  deux  superbes  exemplaires;  ils  n'ont 
pas  dû  y  rester  longtemps. 


442  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Ajoutons,  mais  ceci  sans  toutefois  l'affirmer,  que  c'est  M.  Degas  qui,  le 
premier,  usa  de  ce  procédé  dont  il  serait  en  quelque  sorte  l'inventeur, 
procédé  charmant  mais  où  la  gravure  brille  absolument  par  son  absence. 

Il  existe,  bien  entendu,  des  monotypes  polychromes  et  monochromes; 
c'est  à  ces  derniers  que  nous  donnons  de  beaucoup  la  préférence. 


HADEN   (Sir  Francis  Seymour) 

Thames  Fishermen  (Drake  11  —  Kœhler1  17).  —  La  Tamise 
avec  ses  rives  parsemées  de  bouquets  d'arbres  s'éloigne  vers  le  fond 
de  l'estampe  en  décrivant  plusieurs  coudes.  Dans  une  barque  amarrée 
à  droite  dans  les  roseaux,  deux  pêcheurs  ;  l'un  est  debout  et  tient  une 
ligne;  l'autre  est  assis.  A  droite,  dans  l'éloignement,  un  vol  d'oiseaux. 
On  the  Thames  F.  S.  Haden  1859. 

Cette  estampe,  eau-forte  et  pointe  sèche,  est  extrêmement  rare  ;  elle  figura 
au  Salon  de  1859  sous  la  rubrique  Vue  prise  de  la  Tamise  et  sous  le  N"  36<">7. 
C'est  la  première  œuvre  du  Maître  qui,  croyons-nous,  fut  exposée  en  France, 
elle  y  produisit  une  profonde  sensation  dans  le  monde  artistique.  —  La 
planche  est  détruite. 

Mytton  Hall  (1)  13  —  K  22).  —  Une  allée  ombreuse  de  vieux  ifs 
conduit  à  la  porte  cintrée  d'un  ancien  château  violemment  éclairée. 
Sur  le  premier  plan,  deux  gros  boulets  en  pierre.  Seymour  Haden  1859. 

Quelques  épreuves  d'essai  sans  signature.  Le  l«r  état,  que  'nous  venons  de 
décrire,  a  été  publié  dans  Etudes  à  l'eau-forte  sous  le  N"  21.  Cette  admirable 
pointe  sèche,  d'une  insigne  rareté  et  dont  le  cuivre  est  détruit,  représente  la 
maison  de  plaisance  d'Henri  VII,  elle  était  louée  pendant  la  belle  saison  par 
Sir  Seymour  Haden  qui  se  livrait  à  la  pèche  de.  saumon  dans  la  petite 
rivière  Kibble  qui  passait  non  loin  de  la. 

Egham  Lock  (D  15  —  K  27).  —  La  vue  est  prise  dans  un  endroit 
où  la  rivière  s'étrangle  pour  passer  à  une  écluse  en  bois  qui  occupe 
le  milieu  de  l'estampe.  Les  deux  rives  sont  boisées  et  au  tout  dernier 
plan  on  aperçoit  un  arbre  touffu  dont  le  mirage  dans  l'eau  est  rompu 
par  le  courant.  En  bas,  à  gauche  ;  Egham-Lock.  Seymour  Haden. 

Celte  eau-forte  fut  gravée  en  1KÔ9  et  reproduite  dans  la  Gazette  des  Hcaux- 
Arts,  tome  XVII,  en  1801  et  publiée  dans  Etudes  à  l'cau/orle  sous  le  N"23.  Le 


i  Numérotage  établi  dam  la  Cataloqnr  <\c  l'inn  rr  fin  Mnilre  expose  À  Boston  en  mnrs-mni  1RW. 
Chaque  rim  portail  un  numéro  différent. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  443 

\n  état  est  avec  le  ciel  et  la  signature  ;  le  2«  sans  la  signature  et  au  ciel 
blanc  ;  au  3e  état,  la  planche  a  été  terminée  en  manière  noire,  et  quelques 
épreuves  seulement  en  ont  été  tirées,  car  la  planche  a  été  perdue,  croyons- 
nous.  Le  l"r  état  seul  est  recherché  ;  il  est  assez  rare. 


Sub  tegmine...  (D  1(5  —  K  31).  —  Au  premier  plan  à  droite,  un 
homme  coiffé  d'un  chapeau  à  haute  forme  est  couché  à  l'ombre  de 
deux  gros  arbres  ;  à  sa  droite,  le  terrain  est  inondé  de  lumière.  Au 
fond  de  l'estampe,  un  homme  et  une  femme  sont  assis  l'un  près  de 
l'autre.  En  bas,  à  gauche  :  Greenwicli  Park,  1S59.  Seymour  Haden. 

Eau-forte  et  pointe  sèche  rarissime,  car  la  planche  n'a  guère  tiré  en  tout 
qu'une  trentaine  d'épreuves.  Au  1»  état,  le  nom  de  l'artiste  n'existe  pas 
encore.  —  Planche  détruite. 

Fulham  (D  18  —  K  38).  —  Des  maisons  le  long  de  la  rivière,  et 
au  fond  de  l'estampe  l'église  de  Fulham  avec  ses  deux  tours;  à  droite, 
un  pont.  A  gauche,  sur  le  tout  premier  plan,  très  vigoureusement 
accusés,  des  arbres.  Fulham.  S.  H. 

Cette  très  jolie  eau-forte  et  pointe  sèche  fut  gravée  en  1859,  elle  est 
actuellement  épuisée  et  fort  rare  ;  au  1er  état,  qui  fut  puhlié  dans  les 
premiers  numéros  de  :  Eludes  à  l'eau-forte,  sous  le  N°  6,  on  lit  :  Seymour 
Haden.  Fulham  ;  et  seulement  Fulham  S.  H.  dans  les  tirages  postérieurs  de 
ces  Etudes.  Il  existe  des  épreuves  portant  les  mots  :  Sculpsit  et  Fulham  sur 
la  Tamise  ;  elles  sont  à  rejeter,  car  elles  proviennent  de  la  planche  usée, 
et  ces  addenda  n'ont  jamais  été  autorisés  par  l'artiste. 

On  the  Test  (D  19  —  K  42).  —  Le  soleil  vient  de  disparaître  à 
l'horizon  derrière  les  collines  ;  au  milieu  de  l'estampe,  on  distingue 
un  pont  rustique  qui  met  en  communication  les  deux  rives  d'une 
tranquille  petite  rivière  bordée  à  gauche  par  de  grands  arbres  touffus. 
A  droite,  sur  le  terrain  nu  de  la  berge,  un  troupeau  de  moutons. 
Dans  le  coin  droit  :  Seymour  Haden. 

Cette  pointe  sèche,  que  Burty  appelle  Le  Crépuscule,  dans  son  catalogue, 
est  une  des  plus  merveilleuses  pièces  de  l'œuvre,  il  s'en  dégage  une  poésie 
d'une  intensité  pénétrante  et  d'un  charme  indélinissahle  ;  nous  nous 
étonnons  qu'elle  n'ait  pas  la  réputation  du  Sunset  in  Ireland,  Calais  Fier, 
Shere  Mill  Pond,  etc.,  et  nous  venons  ici  attirer  sur  elle  l'attention  d'une 
façon  toute  particulière  et  revendiquer  hautement  la  place  qu'elle  doit 
occuper  dans  le  groupe  des  pièces  célèbres.  —  Le  comte  Matheus  en 
possède  un  admirable  exemplaire.  —  Cette  estampe,  ainsi  que  la  suivante, 
A  Water  Meadow,  furent  gravées  toutes  deux  le  même  jour  en  1859,  la 
première  le  soir,  et  la  seconde  en  plein  midi, 


444  DIX-NEUVIÈME    KT   VINGTIÈME    SIÈCLES 

A  Water  Meadow  (I)  20  —  K  4(>).  —  Kn  plein  midi,  une  prairie 
bordée  d'arbres,  avec  un  bouquet  de  "peupliers  se  détachant  sur  la 
droite;  sur  le  tout  premier  plan,  une  maie  avec  des  roseaux,  et  à 
gauche  les  débris  d'une  vieille  écluse  dont  le  bois  semble  vermoulu. 
Au  tout  dernier  plan  à  gauche,  se  profilent,  à  peine  esquissées,  des 
collines.  Sans  signature. 

Il  existe  îles  épreuves  d'essais  extrêmement  rares  dans  lesquelles  l'eau  D'est 
pas  encore  indiquée;  dans  les  premières  on  lit  la  date  1859,  dans  les  autres 
ce  millésime  a  été  effacé.  Cette  estampe  est  particulièrement  aimée  «le 
sir  Seymour  Haden  qui  nous  a  fait  hommage  d'un  superbe  exemplaire  déli- 
catement retouché  au  crayon  par  lui-même.  Cette  eau-forte  est  quelquefois 
désignée  sous  le  titre  La  Prairie,  ou  encore  La  Prairie  inondée.  Il  existe  une 
épreuve  d'essai  marquée  Romseg  Meadows. 

Early  Morning  Richmond  (D  21  —  K  52).  —  Une  plaine  tout 
ensoleillée  s'étend  à  gauche  derrière  une  rangée  d'arbres  qui  traversent 
obliquement  la  composition.  Sur  le  premier  plan,  d'autres  arbres 
projettent  leurs  ombres  sur  le  chemin.  F.  S.  Haden  1S59. 

Cette  eau-forte  et  pointe  sèche  est  devenue  fort  rare,  surtout  en  l«r  état. 
Dans  le  2«  état,  qui  a  été  publié  dans  Etades  à  Veau-forte  sous  le  N»  in,  la 
signature  a  disparu  et  a  été  remplacée  par:  The  lark  al  heiwcn's  unie  sings'. 
Planche  détruite. 

The  Mouth  of  a  brook  (I)  24  —  K  58).  —  En  plein  été,  sous 
un  bois,  de  jeunes  chênes  et  de  hauts  genêts  qui  se  penchent,  se 
croisent  cl  l'ont  un  pont  de  verdure;  un  ruisseau  coule  lentement, 
mystérieusement  au  milieu  des  roseaux  et  des  joncs.  Dans  le  bas  du 
coin  gauche,  à  peine  lisible  :  S.  Haden  1S.~><). 

Cette  eau-forte  pure  est  tellement  rare  qu'il  nous  a  été  impossible  de  nous 
la  procurer,  nous  avons  donc  été  forcé  <\'en  emprunter  la  description 
à  l'h.  lîuity.  Sur  l'exemplaire  qui  figurait  à  l'exposition  de  l'œuvre  du 
Maître  en  1896,  au  Muséum  <>/'  Fine  Arts  de  Boston,  on  lisait  au  dos,  de  la 
main  de  Sir  Seymour  Haden,  la  note  suivante  :  «  La  plus  rare  et  une  de  mes 
meilleures  planches.  Sir  W.  Drake  en  possède  une  épreuve  ainsi  que  le  British 
Muséum  ,  je  crois  qu'il  en  existe  une  quatrième,  mais  je  n'en  suis  pas  sur  »  ». 
Après  avoir  lire  ces  I  exemplaires,  ou  retoucha  la  planche,  on  lit  remordre, 
mais  l'opération  n'ayant  pas  réussi,  le  cuivre  lui  perdu,  on  en  tira  néanmoins 

une  épreuve  dans  laquelle  on  distingue  à  droite  le  tronc  île  deux  arbres. 


i  L'alouette  chant»  d  i"  porte  'lu  ciel, 

'Nous  venons  d'npprondre  que  e'eal   bien   quatre   exemplaire!   'i"i   existent:   troh   jonl 
ii  lui  Ile ni  aux  l liât  i  i  nia 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  445 

Ne  pas  confondre  cette  estampe  avec  la  pointe  sèche  tic  même  rubrique 
(Dr.  25)  qui  est  une  répétition  de  la  précédente  dans  la  disposition  générale, 
mais  d'un  effet  tout  différent;  tirée  à  8  exemplaires. 

A  By-Road  in  Tipperary  (D28  —  K68).  —  A  peine  tracée  sur  le 
gazon  et  le  terrain  blanc,  la  roule  passe  sous  la  voûte  que  forment  en  se 
croisant  les  branches  presque  horizontales  d'un  bois  de  frênes  cente- 
naires. Dans  le  lointain,  entre  la  ligne  des  troncs  tachetés,  on  aperçoit 
des  champs,  des  maisons  et  une  colline  basse.  Seymour  Haden  1SG0. 

N'ayant  pu  rencontrer  cette  pièce  d'une  insigne  rareté,  nous  avons 
encore  dû  en  emprunter  la  description  à  Burty.  Un  exemplaire  sur 
japon  et  encadré  passa  à  la  vente  Michelin  en  1898,  il  fut  adjugé  1320  francs, 
plus  les  frais;  c'était  une  épreuve  d'une  beauté  éblouissante.  Au  1"  état 
seulement,  on  aperçoit  sur  la  route  une  charrette  qui  s'éloigne  ;  elle  a  été 
effacée  dans  l'état  suivant; 

Cette  eau-forte  et  pointe  sèche,  dont  il  n'a  guère  été  tiré  qu'une 
quarantaine  d'épreuves,  figura  au  Salon  de  1804  (N°  2993)  sous  la  rubrique  : 
La  Route  traversant  la  Forêt.  Elle  fut  prise,  tle  même  que  A  Sunset  in  Ireland, 
dans  le  parc  du  vicomte  Hawarden,  c'est-à-dire  dans  un  des  sites  les  plus 
séduisants  de  ce  merveilleux  comté  de  Tipperary. 

Combe  Bottom  (D  29  —  K  72).  —  Au  premier  plan  à  droite,  sur 
un  terrain  sablonneux,  deux  lapins  enrayés  par  leur  ombre  ;  au  fond 
de  l'estampe,  un  bois.  S.  Haden  Shere. 

L'état  que  nous  venons  de  décrire  est  le  l"  état,  celui  qui  fut,  en  1805, 
publié  dans  les  premiers  numéros  de  :  Eludes  à  l'eau- forte. 

Il  y  a  de  nombreuses  épreuves  d'essai  —  cinq,  croyons-nous  —  dans  les 
premières,  les  lapins  n'existent  pas.  A  l'exposition  du  Musée  de  Boston  déjà 
mentionnée,  figuraient  deux  exemplaires  d'essai  non  signalés  par  Drake  ; 
en  voici  la  description  : 

1°  Une  colline  occupe  le  premier  plan,  s'élevant  de  gauche  à  droite, 
elle  est  couronnée  de  sombres  buissons  ;  le  sommet  lui-même  de 
cette  colline  est  fortement  ombré  pour  faire  opposition  à  la  partie  du 
milieu  qui  est  très  lumineuse.  On  ne  voit  rien  encore  de  la  charrette 
et  du  cheval  suivis  par  un  homme  à  pied.  Dans  le  bas  du  coin 
gauche,  on  lit:  F.  S.  Haden.  fl  1860,  et  dans  celui  de  droite:  Combe 
Bottom  Going  up  to  fold,  suivi  d'une  autre  inscription,  une  signature 
sans  doute,  rendue  très  difficilement  lisible  par  les  indications  de 
gazon  qui  la  viennent  complètement  masquer. 

2°  La  colline  avec  son  couronnement  de  buissons  à  droite  a  disparu  ; 
la  signature  du  coin  gauche  est  devenue  Seymour  Haden  ;  l'inscription 
de  droite  subsiste  encore,  mais  apparaît  beaucoup  plus  pâle. 


44(i  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Cette  toute  petite  pièce  est  un  bijou  ;  faite  de  rien,  elle  n'en  est  pas  moins 
d'une  extrême  séduction.  Elle  est  de  toute  rareté,  aussi  engageons-nous 
vivement  le  collectionneur  qui  la  rencontrera  à  ne  la  laisser  échapper 
à  aucun  prix.  On  la  désigne  quelquefois  aussi  sous  le  nom  de  La  Garenne  ; 
c'est  une  pointe  sèche  et  eau-forte. 

A  Cottage  Window  (D  33  —  K  80).  —  A  travers  une  fenêtre,  on 

aperçoit  des  roses  en  treillis  et  l'église  d'un  village.  Sur  le  seuil  de  la 
croisée,  un  chat  blanc  est  en  train  de  faire  sa  toilette  avec  sa  patte. 

Cette  pièce  —  eau-forte  et  pointe  sèche  —  qui  n'a  pas  eu  de  tirage 
régulier,  est  absolument  introuvable  ;  il  en  existe  peut-être  4  a  5  épreuves, 
pas  davantage.  Au  second  essai,  la  planche  a  été  coupée  et  :  S.  Huden  1S00 
ont  été  ajoutés.  —  Elle  est  actuellement  détruite. 

Shere  Mill  Pond  '  (D  35  —  K  83).  —  Tout  le  premier  plan  de 
l'estampe  est  occupé  par  une  large  nappe  d'eau  donnante  dans 
laquelle  les  arbres  qui  l'entourent  viennent  se  refléter.  A  gauche,  des 
plantes  aquatiques,  des  constructions  basses,  des  peupliers  dominant 
de  toute  leur  hauteur  les  arbres  derrière  lesquels  ils  s'élèvent  et  une 
silhouette  de  cheminée  de  fabrique  émergeant  à  droite  des  peupliers  ; 
tout  au  fond,  on  distingue  la  toiture  d'un  moulin  à  eau  ;  à  droite,  une 
masse  sombre  d'arbres  très  touffus,  et  sur  le  tout  premier  plan,  un 
fouillis  de  roseaux  d'où  s'envole  un  canard.  Dans  le  coin  inférieur: 
Seymour  Haden  1860. 

Cette  pièce,  qui  se  raréfie  tous  les  jours,  est  célèbre  à  l'instar  des  plus 
fameux  Rembrandt  ;  c'est  une  admirable  eau-forte  dont  cinq  exemplaires 
d'états  différents  lurent  exposés  au  Muséum  of  Fine  Arts  de  Boston  en  1896  ; 
nous  croyons  intéressant  de  les  mentionner  ici  : 

1"  Epreuve  d'essai  (a)  de  Drake;  c'est-à-dire,  avant  la  signature,  les 
peupliers  à  droite  et  l'introduction  du  canard.    Exemplaire   retouché,  la 

retouche  comportant  un  grand  vol  d'oiseaux  dans  le  ciel. 

2"  Epreuve  d'essai  ,/>'  de  Drake;  cet  auteur  indique  ainsi  le  titre  dans  le 
bas  du  coin  gauche  :  Shere  Mill  Pond,  quand  dans  l'épreuve  exposée  ici 
on  lit  :  Shere  mill  pond  ,  de  plus,  il  y  a  dans  le  bas  du  coin  droit  :  Seymour 
Hadetl  ISIil).  ce  que  Drake  à  omis  de  signaler;  le  ciel  et  le  canard  existent. 
L'épreuve  est  retouchée  et  porte  la  mention  :  /"   état  avec  le  ciel. 

3°  Etat  non  décrit,  marqué  t"  étal.  La  désignation  Shere  mill  pond,  qui  se 
trouve  dans  le  bas  du  coin  gauche,  a  été  effacée  puis  remise,  mais  alors  le 
premier  mot  Shere  est  seul  lisible. 


•  La  grandi  plancha,  car  il  en  existe  une  petite  (Or.  îi)  qui  est  une  réduction  île  la 
précédente.  —  a  l'expa^iiiou  * l r-  L'oeuvre  i  New*York,  en  l'jai.  il  y  avait  une  copte  de  la  grande 
planche  par  Barry. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  447 

4u  2"  état  publié  de  Drake  ;  toutes  traces  d'inscription  dans  le  bas  du 
coin  gauche  ont  disparu.  —  C'est  l'état  publié  sous  le  Nu  21  dans  Etudes 
à  I eau- forte  ;  le  ciel  a  été  ell'acé,  et  dans  le  coin  droit  intérieur  on  lit  : 
Seymour  Haden  1860. 

5U  Etat  non  décrit  par  Drake.  —  La  signature  du  bas  du  coin  droit  a  été 
ellacée.  —  On  a  écrit  sur  cette  épreuve  :  Planche  remordue  et  immédiatement 
détruite,  ou  plutôt  biffée,  ce  qui  revient  au  même. 

Le  1"  état  publié  de  Drake,  qui  ne  figurait  pas  à  cette  exposition,  est 
avec  le  ciel  et  avec  la  signature  et  le  millésime  dans  le  coin  droit  inférieur. 

Il  n'existe  que  2  ou  3  épreuves  connues  avant  le  canard  et  on  ignore 
absolument  où  elles  sont  actuellement  '.  —  Le  cuivre  biffé  est  actuellement 
entre  les  mains  de  M.  Frederick  Keppel,  de  New-York.  Sir  F.  Seymour 
Haden  lui  en  fit  cadeau,  il  y  a  quelques  années,  avec  sa  pointe,  longue 
barre  d'acier  ronde,  mesurant  initialement  18  pouces  «  anglais  et  réduite 
maintenant,  après  40  ans  de  merveilleux  travaux,  à  la  moitié  de  sa 
longueur.  —  Cette  estampe  est  surtout  connue  en  France  sous  la  rubrique  : 
L'Etang  au  Canard. 

The  Letter  (D  41  —  K  99).  —  Une  femme  vêtue  de  noir,  avec  une 
chemisette  blanche,  s'appuie  contre  une  porte  entrouverte,  la  main 
retombe  le  long  du  corps,  tenant  une  lettre.  On  lit  dans  le  coin,  en 
caractères  renversés  :  Seymour  Haden  1863. 

Cette  pointe  sèche  n'a  été  tirée  qu'à  3  exemplaires  ;  deux  sans  la  lettre 
dans  la  main,  et  un  avec  cette  lettre.  —  Burty  dénomme  cette  pièce  : 
Tristesse. 

A  Sunset  in  Ireland  (D  44  —  K  106).  —  C'est  le  soir,  une  petite 
rivière  aux  bords  gazonnés  serpente  limpide  et  calme  au  milieu  d'un 
bois  aux  arbres  sombres  et  touffus.  Au  tout  premier  plan,  l'eau  très 
transparente  est  violemment  éclairée  ;  à  droite,  une  partie  de  la 
prairie  est  sans  arbre,  et  près  de  la  rive,  une  perche  émerge  de  l'eau  ; 
à  l'horizon,  au-dessus  des  bois,  des  oiseaux  dans  le  ciel  très  légèrement 
esquissés  ;  tout  à  fait  à  gauche  sous  les  arbres,  deux  personnages  vus  de 
dos  s'éloignant.  Dans  le  coin  gauche  inférieur  :  Seymour  Haden  1803. 

Qu'on  veuille  bien  nous  permettre  d'évoquer  ici  un  très  agréable  souvenir 
et  de  faire  revivre  une  histoire  qui,  si  elle  ne  fait  point  honneur  à  notre 
discrétion,  nous  sera  pardonnée  —  nous  l'espérons  du  moins  —  en  raison 
de  la  franchise  avec  laquelle  nous  allons  la  conter  : 

C'était  en  1888,  nous  revenions  de  Paris  où  nous  avions  eu  l'occasion 
d'examiner  un  merveilleux  œuvre  du   Maître,  fortement  impressionné  et 


1  Un  exemplaire  d'essai,  unique  sans  doute,  avec  le  ciel  et  le  canard,  a  ligure  à  l'Exposition 
laite  par  The  Grolier  Club  à  New-York,  en  avril  et  mai  1902. 
*  Soit  environ  54  centimètres. 


448  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

n'écoutant  que  notre  enthousiasme,  nous  écrivîmes  sur  l'heure  une  lettre 
aussi  chaude  que  respectueuse  à  l'éminent  artiste,  lui  demandant  hum- 
blement s'il  serait  assez  aimable  de  vouloir  bien  échanger  la  moindre  de  ses 
eaux-fortes  contre  le  méchant  volume  —  Les  Estampes  du  XVIIIe  sièele  — 
que  nous  venions  de  publier.  La  lettre  était  à  peine  partie  que  nous  nous 
sentîmes  épouvanté  de  notre  audace,  il  était  trop  lard...  La  semaine  ne  s'était 
pas  écoulée  que  nous  recevions  —  jugez  de  notre  surprise  et  ajoutons  de 
notre  joie  —  en  même  temps  que  quelques  lignes  charmantes  A  Sunsel  in 
Ireland  sur  peau  de  vélin  d'une  insurpassable  beauté,  rendu  plus  précieux 
encore  par  un  mol  de  gracieux  envoi  dans  la  marge.  Nous  en  lûmes  et  en 
demeurons  encore  confondu  et,  malgré  les  années  écoulées,  nous  sommes 
heureux  de  remercier  encore  du  fond  du  cœur  et  publiquement  ici  le  grand  et 
sublime  artiste  qui  a  bien  voulu  détacher  pour  nous  le  plus  pur  et  le  plus 
rare  joyau  d'un  écrin  riche  entre  tous,  et  l'assurer  de  l'éternelle  recon- 
naissance que  nous  lui  gardons  pour  l'exquise  et  continuelle  jouissance 
qu'il  a  bien  voulu  nous  procurer. 

L'état  que  nous  venons  de  décrire  est  celui  publié  dans  Etudes  à  l'eau-forte 
sous  le  X"  lô.  Une  épreuve  de  cette  pointe  sèche  figura  au  Salon  de  18G4  sous 
le  X"  2991  et  sous  la  rubrique  :  La  Rivière  au  milieu  du  parc.  Cette  estampe, 
/</  i>lus  rare  de  l'œuvre,  est  d'un  classement  fort  difficile;  Drake,  y  compris 
les  épreuves  d'essai,  compte  9  états,  et  il  doit  être  incomplet,  car  à  l'Expo- 
sition de  Boston  figuraient  trois  états  non  décrits,  ce  qui  porterait  finalement 
à  12  leur  nombre  définitif.  Dans  les  trois  premières  épreuves  d'essai,  le  bâton 
—  ou  la  perche  —  planté  dans  l'eau  à  droite  n'existe  pas  encore.  On  désigne 
quelquefois  cette  pièce  sous  la  rubrique:  Coucher  de  Soleil  en  Tipperaru.  Le 
cuivre  de  cette  estampe,  pour  laquelle  nous  jetterions  par  dessus  bord  tons 
les  paysages  de  Rembrandt,  est  actuellement  biffe  et  se  trouve  en  Amérique. 
Une  épreuve  admirable  de  cette  estampe  en  L'  état  —  l'exemplaire  de 
Burty  —  est  aujourd'hui  dans  la  collection  du  comte  Matheus  qui  possède, 
du  reste,  un  des  plus  beaux  œuvres  du  Maître. 

Battersea  Reach  (D  45  —  K  114).  —  La  Tamise  à  Battersea.  Au 
premier  plan,  deux  flâneurs  le  long  du  parapet  ;  au  milieu  du  courant, 
un  certain  nombre  de  barques  amarrées  ensemble;  à  droite,  les  fau- 
bourgs de  la  ville  avec  l'église  el  le  toit  rond  d'une  fabrique;  au  fond, 
un  pont  occupant  toute  la  largeur  du  fleuve,  et  sur  la  gauche,  presque 
au  premier  plan  le  long  du  quai,  deux  grands  mais  où  sont  amarrés 
des  bateaux.  Tout  à  fait  dans  le  haut  du  coin  gain  lie  :  OUI  Cliclsea, 
Segmoar  Haden  1863,  et  immédiatement  au-dessous  de  cette  autre 
ligne  :  Oui  of  Whisller's  window. 

(.'est  ce  1e'  état  que  nous  venons  de  décrire  qui  a  été  reproduit  dans  le 
xviir  volume  de  la  Gazette  des  Beaux-Arts  en  1864;  cette  planche  extrê- 
mement mordue  fut  tirée  à  Londres  par  Delâtre.  Dans  le  2«  étal  qui  fut 
publié    dans    Eludes    à    Veaa-forte    sous    le    N      '-!,    l'inscription    de    gauche 

OUI  Chelsea,  etc.,  a  été  effacée  et  remplacée  à  droite  par  :  Battersea  Reach, 
Seymour  Haden,  de  plus,  on  aperçoit  un  ballon  qui  s'élève  au-dessus  du 
ponl  du  chemin  de  fer,  en  haut  de  l'estampe. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  449 

Nous  avons  eu  occasion  de  voir  dans  la  collection  de  M.  A.  Barrion  un 
exemplaire  de  2"  état,  avec  un  homme  assis  avec  son  singe  sur  le  parapet  du 
tout  premier  plan,  au  lieu  et  place  de  l'homme  debout  adossé  contre  le  dit 
parapet,  particularité  qui  n'avait  encore  jamais  été  signalée,  A  l'exposition 
faite  par  Frederick  Keppel,  à  New-York,  en  1901,  il  y  avait  aussi  deux 
curieuses  épreuves,  l'une  avec  un  singe  et  un  chat,  l'autre  avec  deux  singes; 
il  y  figurait  également  un  3«  état  non  décrit  par  Drake,  dans  lequel  de 
nombreux  travaux  étaient  ajoutés  dans  le  ciel  ;  une  fumée  plus  épaisse  sortait 
aussi  des  cheminées.  Le  1*'  état  de  cette  eau-forte  est  extrêmement  rare,  ainsi 
que  le  2e,  la  planche  s' étant  brisée  avant  que  le  tirage  n'en  fut  terminé. 

Whistler' s  House,  Old  Chelsea  (D  47  —  K  118).  -  A  marée 
basse,  sur  la  vase,  nombre  de  bateaux  brisés,  allèges,  barques  à 
charbon  sont  à  sec.  A  gauche,  Lindsay  Row,  et  au  delà  sur  la  droite, 
l'église  de  Old  Chelsea  et  Battersea  Bridge.  Une  étoile  ressemblant  à 
un  petit  soleil  indique  les  cheminées  de  la  maison  de  Whistler. 
Quelques  personnages  parmi  lesquels  les  deux  plus  avancés  s'ache- 
minent vers  la  rivière,  armés  de  perches.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  : 
Whistler  s  House  al  Old  Chelsea,  Seyniour  Haden,  f  an  :  1863. 

Cette  eau-forte,  dont  la  planche  est  détruite,  fut  publiée  sous  le  N"  8  dans 
Etudes  à  l'eau-forte.  Les  épreuves  d'essai  avant  l'étoile  sont  rarissimes.  Sir 
Seyniour  Haden  a  dit  quelque  part  que  le  dessin  de  cette  planche,  dont  il 
prit  un  soin  infini,  lui  donna  énormément  de  mal,  particulièrement  dans  le 
raccourci  des  barques,  et  qu'au  tirage  les  épreuves  baissant  rapidement,  il 
fut  forcé  de  détruire  la  planche  avant  qu'elle  n'eut  donné  son  quantum 
normal. 

Newcastle  in  EmlYn  (D  âô  —  K  129).  —  Sur  le  bord  pente  de 
la  rivière  Teivy,  dans  le  South  Walcs,  deux  vaches  sont  couchées 
à  droite.  Au  fond  de  l'estampe,  sur  le  sommet  d'une  colline  boisée 
derrière  laquelle  le  soleil  se  lève,  on  aperçoit  une  maison  carrée. 
Dans  le  haut  du  coin  droit  :  Newcastle  in  Emlun.  Setjmour  Haden. 

Dans  l'état  d'essai,  la  maison  carrée  n'existe  pas.  —  Cette  eau-forte,  qui  fut 
faite  en  18G4,  parut  dans  Etudes  à  l'eau-forte  sous  le  N«  20.  C'est  une  très 
intéressante  petite  pièce  gravée  en  manière  de  grifl'onnis,  très  séduisante  dans 
sa  simplicité  ;  c'est  la  maison  de  Benjamin  Davis.  —  Planche  détruite. 

Kilgaren  Castle  (D  58  —  K  138).  -  A  droite,  sur  le  sommet 
d'une  colline  au  liane  complètement  dénudé,  les  ruines  d'un  vieux 
château  fort.  Au  pied  de  la  colline,  serpente  une  rivière  ;  sur  la  berge 
gauche,  au  bois  touffu  et  sombre  faisant  un  puissant  contraste  avec 
la  rive  opposée  qui  est  violemment  éclairée,  on  distingue  des  person- 

2>J 


4.")0  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

nages  ayant  leur  coracle'  sur  le  dos.  Dans  le  bas  du  coin  gauche: 
Kilgaren  Castle  11  Aug.  1864. 

Gravée  dans  la  même  manière  que  la  pièce  précédente,  elle  est  peut-être 
plus  remarquable  encore  dans  sa  merveilleuse  synthèse,  c'est  fait  de  rien,  et 
cependant  ça  y  est!  On  y  sent  la  "rifle  puissante  du  lion.—  Planche  détruite. 

Cardigan  Bridge  (D  GO  —  K  142).  —  Près  de  la  mer,  la  rivière 
Teivy  ;  à  droite,  les  murs  blancs  d'un  village,  et  à  gauche,  le  soleil 
qui  se  couche  derrière  les  collines.  Puis  l'inscription  :  From  the  Bridge 
<it  Cardigan.  Aug  17.  1864. 

Cette  eau-forte  fut  publiée  dans  Etudes  à  l'eau-forte  sous  le  N'u  1G.  —  Drake 
raconte  que  l'artiste  grava  J  autres  planches  dans  cette  même  journée  du 
17  août. 

Brentford  Ferry  (D  66  —  K  161).  —  Une  rivière  dont  la  rive  est 
bordée  d'arbres  touffus  et  près  desquels,  au  tout  premier  plan,  on 
voit  quatre  étais  soutenant  les  terres.  Au  tond  à  gauche,  un  petit 
bouquet  d'arbres  se  reflètent  dans  l'eau.  Dans  le  bas  du  coin  gauche: 
Brentford  Ferry.  Seymour  Haden  1864. 

11  existe  une  épreuve  d'essai  tirée  à  deux  exemplaires  seulement,  dans 
laquelle  on  distingue  an  banc  de  mise  au  milieu  de  la  rivière.  Le  l«r  état  a 
été  publié  dans  Etudes  ù  Veau-forte  sous  le  N°  14.  Dans  les  toutes  premières 
épreuves  seulement,  croyons-nous,  on  voit  dans  le  haut  du  coin  gauche  à  la 
pointe  sèche  :  Tu  Whistler.  —  Flanche  détruite. 

The  Towing  Path  -  (D  67  -■  K  163).  A  droite,  sur  le  bord 
d'une  paisible  rivière,  au  milieu  de  laquelle  est  une  île  boisée,  une 
dame  se  promène  tenant  un  chien  en  laisse.  Dans  le  coin  droit 
inférieur  :  The  Towing  Path,  et  dans  le  coin  droit  supérieur  : 
Seymour  Haden  1864. 

Il  y  a  plusieurs  épreuves  d'essai;  dans  la  dernière,  c'est-à-dire  dans  celle 
qui  précède  le  l01  état  régulier,  on  lit  Ilanwton  Court  à  gauche  dans  le  coin 
inférieur  et  pas  encore  The  Towing  Path;  mais  cet  essai  n'est  pas  a  l'effet  et 
est  beaucoup  moins  avancé  que  le  vrai  Ie'  état  définitif,  ainsi,  par  exemple, 
l'ombre  projetée  par  la  femme  n'existe  pas. 


'  Le  coracle  est  une  sorte  il»'  pelil  bateau  \  critahlc  coquille  tic-  noix  -  dont  ie  servent  les 
p  i  m  tndlgi  nés  du  pays  de  Galles  pour  pécher  on  traverser  un  peUt  «huis  d'eau  ;  a  est  lait 
d'une  carcasse  d'osier  recouverte  en  cuir  et  est  extrêmement  léger. 

*  ht  Chemin  de  llulmje  ou  Lu  Promenade  au  bord  «/<-  l'eau. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME   SIÈCLES  451 

L'état  que  nous  avons  décrit  est  le  premier  et  celui  publié  dans  Eludes  à 
l'eau-forte  sous  le  N°  4;  dans  le  second  et  dernier,  la  femme  a  été  effacée  et 
remplacée  par  an  second  chien. 

Cette  pointe  sèche  est  fort  belle,  cependant  nous  sommes  obligé  de 
confesser  que  la  présence  de  la  femme  encombre  vraiment  un  peu  trop  la 
composition  par  l'importance  qu'on  lui  a  réservée,  sa  suppression  eut  été, 
croyons-nous,  de  beaucoup  préférable.  Sir  Seymour  Haden  en  avait  eu  du 
reste  comme  un  vague  pressentiment,  car  dans  îe  catalogue  de  l'Exposition 
de  New- York,  en  1901,  nous  lisons  au-dessous  de  cette  pièce  la  curieuse 
note  suivante,  écrite  de  sa  main,  que  nous  traduisons  presque  littéralement: 

«  M.  Haden  a  toujours  considéré  celle  planche  comme  une  de  ses  meilleures, 
»  cependant  il  doit  avouer  qu'il  semble  être  le  seul  de  son  opinion.  Est-ce  la 
»  faute  du  chien  ou  celle  de  la  dame,  il  l'ignore,  toujours  est-il  que  la  pièce 
»  est  peu  appréciée.  » 

A  River  in  Ireland  (D  82  —  K  193).  —  Elle  traverse,  paresseuse 
et  cristalline,  un  de  ces  grands  parcs  où  les  arbres  croissent  librement 
pour  la  paix  des  oiseaux,  l'ébattement  des  écureuils,  le  plaisir  des 
yeux.  A  droite,  sur  la  berge,  une  barrière  rustique  marque  la 
séparation  du  parc  avec  la  campagne  au  fond  de  laquelle  on  aperçoit 
quelques  maisons.  A  gauche  :  Seymour  Haden  1864;  le  4  est  renversé. 

N'ayant  pu  voir  cette  rarissime  eau-forte,  nous  en  avons  emprunté  la  jolie 
description  à  Ph.  Burty.  Le  1«  état  que  nous  venons  de  décrire  a  été  tiré  à 
32  exemplaires  seulement;  le  2<-,  dans  lequel  un  pécheur,  la  ligne  sur  l'épaule, 
s'apprête  à  passer  la  rivière  de  droite  à  gauche,  n'existe  probablement  qu'à 
deux  épreuves.  La  planche  fut  détruite,  et  Drake  affirme  que  l'épreuve  tirée 
et  emportée  subrepticement  à  Paris  disparut  au  moment  même  où  on  allait 
la  mettre  en  vente;  il  pourrait  bien  se  tromper,  car  nous  voyons  un 
exemplaire  sur  chine  volant  de  cet  état  passer  à  la  vente  Louis  Galichon  en 
mars  1895,  où  il  fut  adjugé  610  francs;  un  timbre  humide,  maladroitement 
placé  sur  la  partie  gravée,  venait  gâter  la  condition  de  l'estampe. 

Signalons  aussi  une  épreuve  d'un  état  non  décrit,  c'est-à-dire  avec  deux 
pêcheurs,  qui  passa  à  la  vente  Michelin  en  avril  1898  et  qui  fut  adjugée 
410  francs. 

Sunset  on  the  Thames  (D  <S3  —  K  1U4).  —  La  soleil  sombre  à 
l'horizon  qu'il  éclaire  de  ses  rayons.  Au  milieu  de  la  rivière,  une 
barque,  dont  les  voiles  sont  carguées,  descend  avec  le  Ilot.  Dans  le 
bas  du  coin  gauche  :  Seymour  Haden  ad  nat  1865. 

Le  bel  état,  est  le  l1'  que  nous  venons  de  décrire,  où  les  rayons 
sombres  qui  étaient  autour  du  soleil  ont  été  effacés,  et  où  les  deux  rayons  de 
gauche  présentent  entre  eux  un  intervalle  de  blanc  très  accentué.  Dans  le 
2«  état,  l'intervalle  blanc  a  disparu  sous  de  nouveaux  travaux,  et  des  stratus 
se  forment  à  l'horizon.  Le  1er  état  a  été  publié  sous  le  N°  5  dans  Etudes  à 
Veau-forte,  il  est  devenu  extrêmement  rare.  Cette  pièce,  par  sa  beauté  est  a 


1Ô2  DIX-NEUVIÈME   ET  VINGTIÈME    SIÈCLES 

maîtrise,  se  recommande  hautement  aux  collectionneurs;  nous  la  leur 
signalons  donc  d'une  façon  toute  particulière.  Il  existe  un  >  état,  que  Drake 
n'a  pas  mentionné,  dans  lequel  on  aperçoit  dans  le  coin  droit  inférieur 
un  jeune  garçon  à  lu  nage.  —  Planche  détruite. 

Horsley's  Cottages  (D  90  —  K  217).  —  A  droite,  des  arbres,  et  au 
fond,  des  chaumières  ;  à  gauche  sur  le  premier  plan,  vide  pour  ainsi 
dire  de  travaux,  à  part  quelques  indications  d'herbes,  un  taureau  la 
tête  tournée  à  droite.  Dans  le  coin  droit  inférieur:  Seymour  lladen. 

Cette  eau-forte  et  pointe  sèche,  gravée  sur  zinc  en  18C5,  est  extrêmement 
séduisante.  —  Il  existe  des  épreuves  d'essai  où,  à  droite,  se  promène  un 
sportman  ;  d'autres  épreuves  sont  sans  le  taureau  et  le  sporlman  et  avec, 
dans  le  bas  du  coin  droit  :  Willesley.  S.  lladen  ÎSG't  ;  d'autres  enfin  portent 
l'inscription  :  Cottages  behind  Horsleu  Home.  S.  Iluden  dans  le  coin  gauche 
intérieur;  les  mots  Willesley,  etc.,  sont  alors  effacés. 

Old  Chelsea  Church  (D  99  --  K  240).  —  La  Tamise  à  Chelsea  ; 
à  gauche,  la  vieille  église  et  Battersea  Bridge  ;  au  centre,  une  partie 
du  vieux  palais  hollandais  connu  sous  le  nom  de  Lindsay  Row  ;  à 
droite,  des  arbres  et  des  madriers  sur  un  débarcadère  ;  des  gabares 
descendent  avec  le  flot  :  Old  Chelsea.  Seymour  lladen. 

Cette  eau-forte  et  pointe  sèche  publiée  par  The  Etching  Club  après  la 

réduction  du  cuivre  l'ut  gravée  en  1865,  elle  est  d'une  extrême  rareté.  Il 
existe  une  épreuve  d'essai  unique  où  sur  une  barque  qui  est  à  droite  on  lit  : 
The  llerthe  Luure  of  Paris  ;  il  y  a  encore  deux  états  d'essai  en  plus  de  l'état 
définitif  publié  (pue  nous  venons  de  décrire.  —   Planche  détruite. 

The  three  Sisters  (I)  1 1G  —  K  283).  -  Sur  un  premier  plan 
sablonneux  et  très  éclairé  ont  poussé  quelques  fougères  ;  à  droite, 
trois  gros  arbres  dépouillés  de  leurs  feuilles,  celui  qui  est  le  plus  en 
avant  est  luise  et  fortement  incliné  sur  la  droite;  un  sous  bois 
accidenté  forme  le  fond  de  l'estampe.  Dans  le  bas  du  coin  droit  : 
.S.  lladen. 

(.elle  eau-forte  lut  gravée  en  1SG8. 

Breakiny  up  of  the  Ayamemnon  (I)  128  —  K  32")).  —  Le  vieux 
navire  démantelé  est  converti  en  ponton;  il  occupe  le  milieu  de 
l'estampe,    l'avant    tourné    à    gauche    vers    (ireenwich  ;    le    soleil    est 

indiqué  sur  l'estampe  par  un  simple  cercle.  Très  à  gauche,  presqu'au 

dernier  plan,  le  grand  bateau  The  Dreadnought  et  l'hôpital  de 
Grecnwich.  Dans  le  coin  inférieur  <lu  même  cédé  :  Seummir  lladen  /<S'70. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  453 

Une  des  pièces  célèbres  de  l'œuvre.  —  Il  existe  des  épreuves  d'essai  où  on 
a  ajouté  sur  le  premier  plan  à  droite  une  grosse  pièce  de  bois,  ainsi  qu'une 
église  avec  sa  tour  carrée  tout  près  de  l'oreille  de  l'ancre.  Dans  le  1"  état 
la  poutre  a  disparu  et  l'église  à  l'horizon  a  été  remplacée  par  une  cheminée 
qui  fume.  Il  existe  une  épreuve  d'essai  non  décrite  dans  laquelle  la  grosse 
pièce  de  bois  ainsi  que  l'église  vue  à  distance  ont  été  effacées,  à  la  place  de 
l'église  on  aperçoit  une  ligne  de  rivage  et  de  nuages. 

Calais  Pier  (U  140  —  K  380). 

Ayant  eu  le  regret  de  ne  pouvoir  nous  procurer  cette'  pièce  rarissime. 
gravée  d'après  le  tableau  de  Turner  qui  est  à  la  National  Gallerij,  nous  ne 
pouvons  en  donner  la  description.  La  planche  était  préparée  pour  la 
mezzotinte,  mais  le  but  ayant  été,  croyons-nous,  dépassé,  clic  fut  publiée 
en  eau-forte.  Il  n'y  a  guère  en  tout  (prune  centaine  d'exemplaires,  épreuves 
d'essai  et  d'états  compris.  Gravé  en  1874. 

The  Keep  (D  151  —  K  411).  —  Au  fond  de  l'estampe,  à  droite,  la 
silhouette  d'un  château  en  ruine  ;  au  milieu,  deux  vaches,  et  sur  le 
premier  plan  à  gauche,  un  arhrc  près  du  tronc  duquel  on  lit  : 
Seymour  Haden  1S77.  Le  nom  Haden,  qui  est  sur  le  tronc  même,  est 
illisible. 

Windsor  (D  183  —  K  484).  —  De  l'anse  où  les  élèves  d'Eton  ont 
coutume  de  se  baigner,  on  aperçoit  la  tour  et  les  vieux  murs  du 
château  ;  sur  la  rivière,  une  barque  est  à  l'ancre.  Deux  enfants  à 
droite  s'apprêtent  à  entrer  dans  l'eau.  Seymour  Haden  187S. 

Cette  eau-forte,  dont  la  planche  est  détruite,  n'a  guère  été  tirée  qu'à  cent 
trente  et  quelques  exemplaires  y  compris  les  épreuves  d'essai  et  les  états 
réguliers.  L'esquisse  en  fut  faite,  un  peu  imprudemment,  par  l'artiste  sur  le 
pont  même  du  chemin  de  fer,  légèrement  inquiet  de  se  voir  dérangé  de  son 
travail  par  l'arrivée  soudaine  d'un  train. 

Greenwich  (D  184  —  K  501).  —  Tout  le  milieu  de  la  composition 
est  occupé  par  la  façade  de  l'hôpital  ;  dans  la  partie  gauche,  on 
distingue  des  navires  avec  leur  haute  mâture,  leurs  pavillons  et  la 
silhouette  des  maisons  de  Greenwich.  Sur  la  Tamise,  des  bateaux 
louvoyent  ;  un  charbonnier  '  ayant  en  coupe  une  barque  est  ancré 
au  milieu  du  courant.  Le  soleil  baisse.  Seymour  Haden  1S79. 

Cette  eau-forte,  dont  la  planche  est  détruite,  a  de  très  nombreuses 
épreuves  d'essai  et  seulement  deux  états  réguliers  de  publication  ;  elle  est 
comme  la  précédente  rare  et  recherchée. 


i  Steamer  spécialement  affecté  au  transport  des  houilles. 


4Ô4  DIX-NEUVIÈME  ET  VINGTIÈME    SIÈCLES 

A  Lancashire  River  (Ht  raidi  191  —  K  523).  —  La  rivière  occupe 
tout  le  premier  plan  et  s'en  va  se  perdre  à  gauche  au  milieu  de  rives 
hautes  et  escarpées  ;  celle  de  droite  est  très  hoisée.  A  l'extrême  gauche, 
on  aperçoit  des  bateaux  et  des  lilets  qui  sont  étendus  pour  sécher. 
Des  vaches  sont  à  l'eau  et  d'autres  sont  dispersées  sur  une  petite 
presqu'île,  du  même  côté.  Il  y  a  des  nuages  dans  le  ciel,  à  droite  et 
à  gauche,  avec  un  espace  clair  entre  eux  cl  une  indication  de  pluie  à 
gauche.  Dans  le  coin  droit  inférieur  :  Seymour  Haden  1SS1. 

Pièce  très  remarquable  et  fort  recherchée,  tirée  à  10~>  exemplaires  dont 
.5  d'essai. 

River  Test  at  Long  Parish  (Béraldi  198  --  K  552).  —  Une 
rivière  occupant  le  plan  de  gauche  et  celui  du  milieu,  le  côté  droit 
se  trouve  masqué  par  l'élévation  de  la  berge  sur  Inquelle  croissent 
deux  arbres  et  des  fougères.  Au  centre  de  la  composition,  un  long 
pont  de  bois  —  au  delà  duquel  on  aperçoit  des  fermes  —  traverse  la 
rivière.  Plus  loin  encore,  et  occupant  tout  le  fond,  une  forêt.  Dans 
le  ciel,  de  brillants  nuages  blancs,  et  dans  le  bas  du  coin  gauche  : 
Seymour  Haden  1S8?. 

Nous  eussions  pu  mentionner  encore  beaucoup  d'autres  pièces  remar- 
quables, mais  nous  avons  été  forcé  de  nous  limiter;  nous  estimons  cependant 
avoir  donné,  dans  ce  choix  tout  restreint  qu'il  soit,  la  physionomie  générale 
et  lidèlc  d'un  œuvre  magistral  et  merveilleux  entre  tous.  Pour  les  curieux  et 
les  amoureux  du  Maître  —  un  des  plus  puissants  des  temps  modernes',  dont 
le  nom,  brillant  comme  un  météore,  illumine  l'horizon  de  notre  siècle  d'une 
incomparable  clarté  —  nous  allons  indiquer  les  principales  sources  où  ils 
pourront  puiser  les  documents  complémentaires  qui  leur  seraient  nécessaires, 
s'ils  tenaient  à  pousser  plus  loin  leurs  investigations: 


L'œuvre  de  M.  Francis  Seymour  Haden  par  Pli.  Burty  ,G<i:ellc  des  Beaux- 
Arts,  (orne  XVIII,  1864. 


'  Voici  ce  qu'écrivait  le  regretté  Paul  Mante  en  1888,  au  moment  ou  l'artiste  venait  d'être 
Grand-Prix  de  l'Exposition  universelle,  récompense  la  plus  élevée  qui  hit  fui  renouvelée  li 
celle  <i<  1000:  ■  ...  Mais  toutes  les  eaux-fortes  des  graveurs  anglais  palissent  devant  ceUes  de 
M.  Seymour  Haden.  C'est  vraiment  lui  le  Maître.  Il  est  esscnUcllcment  paysagiste  et  il  exprime 
.i  miracle  la  transparence  des  eaux  dormantes,  le  mouvement  des  ciels  tumultueux,  les  beUes 
découpures  que  les, arbres  dessinent  .i  l'horizon.  Artiste  au  travail  libre,  il  Invente  et 
renouvelle  ses  procédés  pour  traduire  plus  fidèlement  l'impression  que  lui  donne  la  nature. 
et  tes  résultats  qu'il  obUenl  sont  délicats  et  superbes,  il  ;»  des  noirs  veloutés  qui  valent  ceux  de 
Rembrandt.  »  -    Sir  seymour  Haden  est  président  de  la  Société  Royale  des  Peintres-Graveurs 

tic    I  ■noires.  Il    lut   créé    !'■ ni    en    1894, 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  455 

A  descriptive  catalogue  of  the  etched  work  of  Francis  Seymour  Haden 
by  Sir  William  Richard  Drake  ',  London  1880. 

Catalogue  of  Etchings  by  M>'  Seymour  Haden  exhibited  by  F.  Kcppcl, 
New- York  1883. 

Les  Graveurs  du  xix'  siècle  par  Henri  Béraldi,  tome  VIII,  Paris  1889. 

Catalogue  of  Francis  Seymour  Haden...  First  part:  The  complète  etched 
work...  Hermann  Wunderlich  et  C",  New-York  1890. 

Muséum  of  Fine  Arts  l'rint  Department  :  Catalogue  of  a  collection  of 
Etchings  by  Francis  Seymour  Haden  formerly  the  privatc  property  of  the 
artist,  Boston  1896  '. 

Fine  Prints  by  Frederick  Wedmore,  London  1897. 

Catalogue  of  a  second  exhibition  '  of  Etchings...  by  Sir  Francis  Seymour 
Haden.  P.  et  D.  Colnaghi  et  O,  London  1901. 

Catalogue  of  an  exhibition  of  Etchings  by  Sir  Seymour  Haden.  Frederick 
Keppel  et  C»,  New- York  1901. 

Catalogue  of  Etchings,  Dry  points  and  Mezzotints  by  Sir  Francis  Seymour 
Haden.  Exhibited  »  at  The  Crolier  Club,  april-may  1902. 

Sir  Seymour  Haden,  Painter  Etcher,  by  Frederick  Keppel,  New-York  (s.  d.). 

Ajoutons  qu'à  l'heure  actuelle  l'œuvre  complet  de  l'artiste  s'élève  à 
233 pièces  —  nous  tenons  le  renseignement  de  Sir  Seymour  Haden  lui-même  — 
mais  plusieurs,  une  quinzaine  peut-être,  ne  sont  qu'ébauchées;  la  dernière 
planche:  The  Iltiunt  of  the  Mosquelo ,  fut  exécutée  en  1897;  c'est  une 
mezzotinte.  —  Un  supplément  au  catalogue  de  Drake  paraîtra  bientôt,  nous 
l'espérons  du  moins,  car  le  manuscrit  en  est  complètement  terminé,  l'auteur 
est  M.  Henri  Nazeby  Harrington,  de  Birkenhead  ;  il  comprendra  non 
seulement  les  planches  terminées,  mais  encore  celles  manquées  ou 
fragmentaires. 

La  plus  belle  collection  existante  du  Maître  est  à  la  Biblothèque  publique 
de  New-York,  elle  fut  gracieusement  offerte  par  son  propriétaire,  M.  Samuel 
Putman  Avery  en  1901,  et  se  compose  de  308  pièces;  quant  au  British  Muséum, 
il  ne  possède  rien  de  son  illustre  artiste,  n'est-ce  pas  un  véritable 
comble!!!  aussi  chcrche-t-il  à  rattraper  le  temps  perdu  en  rachetant, 
à    n'importe    quels    prix,    les  beaux    exemplaires   qui    se    présentent.   En 


i  II  contient  la  description  de  lSô  pièces;  la  vente  du  catalogueur  eut  lieu  en  mars  1892; 
inutile  d'ajouter  que  c'était  un  des  œuvres  les  plus  complets  qui  aient  été  formés  jusqu'ici. 

'  Catalogue  rédigé  avec  une  haute  compétence  par  le  distingué  conservateur  M.  Sylvester 
Rosa  Kœhler.  actuellement  décédé.  —  Cette  collection  avait  été  vendue  à  M.  Hermann 
Wunderlich  de  New- York,  en  18S9. 

»  Il  y  avait  eu  un  catalogue  antérieur  qui.  tiré  avec  trop  de  précipitation,  contenait  quelques 
erreurs;  elles  furent  rectifiées  dans  cette  seconde  édition. 

*  Cette  exposition  peut  être  considérée  comme  la  plus  eomiilcle  et  la  pins  parfaite  de  l'œuvre 
de  l'illustre  Maître  qui  ait  été  présenté  jusqu'à  ce  jour.  Le  catalogue,  qui  contient  environ 
554  pièces  en  différents  états,  est  un  modèle  de  concision  et  de  clarté.  Il  a  été  rédigé  par 
M.  Kennedy,  de  l'importante  et  honorable  maison  Wunderlich  &  C°  de  New- York. 


456  DIX-NEUVIÈME   F.T   VINGTIÈME    SIÈCLES 

En  1865-66,  il  fut  public  en  France,  sous  la  rubrique  :  Eludes  à  l'eau-forte, 
un  portefeuille  avec  texte  <lc  liurty  contenant  '2.')  planches;  on  avait  annoncé 
primitivement  qu'il  y  aurait  250  exemplaires,  mais  il  n'y  en  a  eu  réellement 
que  ISO,  certaines  planches  ayant  baissé  rapidement  ne  purent  fournir  le 
tirage,  dette  publication,  dédiée  à  M""'  Seymour  Iladen,  très  délicatement 
par  l'h.  Burty,  est  devenue  Tort  rare.  Delàtrc,  à  qui  l'impression  des 
épreuves  avait  été  confiée,  s'en  acquitta  avec  un  soin  tout  particulier. 


HAIG  (Axel-Herman) 


Peintre  graveur  d'infiniment  de  talent,  originaire  de  l'île  Gotland,  en 
Suède,  mais  domicilié  depuis  de  longues  années  en  Angleterre,  expose 
depuis  très  longtemps  à  Paris,  à  la  Société  des  Artistes  français;  de  son 
œuvre  déjà  fort  considérable,  nous  ne  retiendrons  que  les  pièces  suivantes 
qu'il  faut  avoir,  car  elles  sont  de  tout  premier  ordre  : 

Clair  de  Lune  à  Tolède  —  Intérieur  de  la  Cathédrale  de  Rurgos  —  Retour  de 
Foire  éi  Pampelune  —  Notre-Dame  de  Reims  —  Le  Port  de  Stockholm  le  soir  — 
Saint-Marc  de  Venise,  et  enfin  ses  dernières  :  Sur  le  grand  Canal  éi  Venise  — 
L'Etoile  de  Bethléem  —  La  place  de  la  Constitution  éi  Séville  —  Wisbij,  ile  de 
Gotland,  etc.,  etc. 

L'artiste  a  obtenu  la  médaille  d'or  à  l'Exposition  de  1900. 


HEINS   (Armand) 

Etable  à  Chèvres  (1888).  -  Dans  une  étable,  une  chèvre  est 
couchée  ;'i  gauche  avec  cinq  chevaux.  Très  vif  éclairage  à  droite. 

Berger  d'Ostie  (1891).  —  De  trois  quarts  à  droite  et  coiffé  d'un 
large  chapeau,  un  berger  légèrement  penché  en  avant,  la  main  droite 
sur  son  bâton,  regarde  par  l'embrasure  d'une  croisée. 

Sous  la  Neige  (1900).  Des  cabanes  à  dcmi-enscvclics  occupent 
tout  le  fond  de  t'estampe  ;  sous  une  sorte  de  hangar  à  gauche  (?)  on 
aperçoit  une  vieille  près  d'une  petite  charrette.  A  droite,  dans  l'amon- 
cellement des  neiges,  on   voit  émerger  le  haut  d'une  cheminée.  Dans 

le  bas  à  gauche:  .1.  Heim  1900. 

A  Tessenderlo  (1.SN7).  A  gauche,  îles  arbres;  à  droite,  dans 
un   terrain  vague  el  escarpé,  un  berger  avec  son   troupeau  ;  au   fond 

de  l'estampe,  un  village  avec  son  église. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  457 

Très  bonnes  pièces  tirées  nature,  un  peu  de  retroussage  quelquefois,  mais 
rarement  cependant.  M.  Paul  Bergmans  a  déjà  numéroté  les  eaux-fortes  île 
l'intéressant  artiste  belge  —  1G8  pièces  environ  —  mais  sentant  l'importance 
de  l'œuvre  de  son  compatriote,  il  est  en  train  d'en  établir  le  catalogue 
complet  raisonné  et  descriptif. 

A  signaler  encore  :  Dans  les  Dunes  de  Knoeke  —  Le  vieux  Cheval  — 
Maisonnettes  au  Zoele  —  A  Arnemmunden,  etc.,  etc. 


HELLEU  (Paul) 

Les  Tanagra  du  Louvre.  —  Une  jeune  femme  vue  de  dos  et 
penchée  en  avant,  les  mains  derrière  le  dos,  examine  avec  attention 
les  statuettes  placées  devant  elle  et  qui  sont  tirées  en  sanguine. 

Jeune  Femme  à  la  barre.  —  Assise  de  face,  les  bras  croisés  et 
appuyés  sur  une  barre,  une  jeune  femme  regarde  devant  elle. 

The  Studio.  -  Une  jeune  femme  assise  de  profil  à  droite  et 
coiffée  d'un  chapeau,  tient  sur  ses  genoux,  The  Studio;  elle  regarde 
devant  elle. 

Jeune  Femme  au  buste  de  Marie-Antoinette.  —  Vue  de  dos, 
une  jeune  femme  assise  devant  une  cheminée,  se  penche  en  avant 
pour  arranger  le  feu.  Sur  la  cheminée,  entre  deux  vases,  le  buste  de 
la  Reine  Marie-Antoinette. 

La  Femme  au  Divan.  —  Demi-couchée  et  appuyée  sur  ses 
coudes,  la  tète  de  profil  à  gauche,  une  jeune  femme,  le  chapeau  sur 
la  tète,  lit  le  volume  qu'elle  a  placé  debout  contre  le  dossier  du  divan. 

La  Cigarette.  —  Etendue  ou  plutôt  demi-couchée  de  face  sur 
un  canapé  dans  une  pose  alanguie,  le  poids  du  corps  reposant  sur  le 
coude  droit,  une  jeune  femme,  la  cigarette  aux  lèvres,  le  regard  perdu 
dans  l'infini,  semble  rêver. 

Un  exemplaire  de  celte  estampe  —  qu'a  reproduit  le  Studio  —  passa  à  la 
vente  de  Goncourt  où  des  circonstances  particulières,  que  la  discrétion 
nous  interdit  de  dévoiler,  la  firent  monter  jusqu'à  650  francs.  Elle  est 
actuellement  introuvable. 

La  Femme  aux  Saxe.  —  Debout  de  profil  à  droite,  une  jeune 
femme  est  accoudée  sur  une  console  où  deux  figurines  de  Saxe  sont 
placées. 


4Ô8  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Les  Dessins  de  Watteau  au  Louvre.  —  Une  jeune  femme  vue 
de  dos,  une  longue  ombrelle  de  la  main  gauche  sur  laquelle  elle 
s'appuie,  se  penche  en  avant  pour  examiner  les  dessins  du  Maître 
placés  sur  la  cimaise  devant  elle. 

Whistler.  —  Assis  à  mi-corps  et  de  face,  la  tête  appuyée  sur  la 
main  gauche  qui  est  passée  sur  le  dossier  de  la  chaise,  le  célèbre 
artiste,  le  monocle  dans  l'œil,  sourit  ;  de  ses  cheveux  souples  et 
frisottants,  émerge  la  légendaire  mèche  blanche. 

Cette  pointe  sèche  est  on  pur  chef-d'œuvre  et  la  plus  admirable  qu'ait 
jamais  gravée  l'artiste.  C'est  en  1897,  après  un  déjeuner  à  Paris  en 
compagnie  de  MM.  Forain  et  Holdini  —  nous  tenons  ces  détails  de  M.  Hclleu 
lui-même  —  que  ce  portrait,  frappant  de  ressemblance,  fut  fait  directement 
sur  le  cuivre;  très  emballé  par  son  modèle,  l'artiste  y  déploya  une  ardeur 
extraordinaire,  en  une  heure  et  demie  il  était  achevé,  Whistler  était 
rayonnant.  Vingt  épreuves  seulement  furent  tirées,  inutile  d'ajouter  qu'elles 
s'enlevèrent  en  quelques  jours  et  qu'elles  sont  devenues  aujourd'hui 
introuvables,  car  ceux  qui  les  ont  les  gardent  précieusement.  Le  dernier 
exemplaire  fut  cédé  par  M.  Hellcu  pour  n»7/c  francs  à  M.  H.  Dunthorne,  le 
marchand  d'estampes  de  Londres,  5  rue  Vigo.  Nous  en  avons  revu  un  autre 
en  mai  1902,  chez  Dumont,  il  en  demandait  1200  francs  et  encore,  semblait-il 
ne  s'en  séparer  qu'à  regret.  Le  comte  Mathcus  en  possède  une  superbe 
épreuve. 

Jeune  Femme  à  la  croisée.  —  Une  jeune  femme  vue  de  trois 
quarts  à  droite,  se  penche  à  u\\  balcon,  semblant  faire  le  geste  d'appeler. 

Ellen  et  sa  Grand'Mère.  -  Un  piano  se  profilant  à  gauche, 
devant  lequel  sont  assises  une  grand'mère  et  sa  petite  fille  déchiffrant 
à  quatre  mains  ;  la  fillette  occupe  le  premier  plan. 

Dans  le  I«  étal  qui  n'a  été  tiré  qu'à  6  exemplaires,  le  piano  n'est  pas 
ombré  et  le  cadre  accroché  au  mur  dans  le  haut  du  coin  gauche  n'existe 
l<as,  ;iinsi  que  «le  nombreux  travaux. 

L'Amateur  de  Peintures.  Une  jeune  lemme  vue  de  trois 
quarts  et  coiffée  d'un  chapeau  semblable  un  peu  à  ceux  que  l'on  porte 
à  Nice,  c'est-à-dire  extrêmement  plat,  s'est  arrêtée  devant  un  tableau 
accroché  au  mur;  elle  vient  de  droite,  et  sa  main  gauche  qui  a  rejeté 
son  vêtement  en  arrière,  est  appuyée  sur  sa  hanche. 

Ne  pas  la  confondre  aVCC  Les  Dessins  <li-  Watteau  au  [.ouvre. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  459 

Méditation.  —  Absolument  de  face  et  couchée  sans  doute  —  car 
on  ne  voit  guère  que  la  taille  —  une  jeune  femme  tète  nue,  le  menton 
appuyé  dans  ses  deux  mains,  les  yeux  perdus  dans  l'espace,  semble 
rêver. 

Tirée  en  sanguine. 

La  Femme  au  Collet  de  fourrure.  —  Jeune  femme  debout,  de 
trois  quarts  à  droite  et  regardant  de  face  ;  elle  est  vêtue  d'un  ample 
collet  de  fourrure,  le  chapeau  est  plat  et  la  main  droite  soulève 
légèrement  sa  jupe.  Elle  se  dirige  vers  la  droite. 

l'ointe  sèche  très  remarquable  imprimée  en  deux  tons  afin  d'obtenir  le 
blond  des  cheveux. 


L'œuvre  de  Helleu  est  extrêmement  considérable,  en  novembre  1901 
l'artiste  nous  écrivait  :  «  J'ai  fait  aujourd'hui  ma  quinze  cent  quatrième 
planche  d'après  nature  »,  c'est,  on  le  voit,  un  travailleur  acharné  et  infa- 
tigable, distingué  et  féministe  jusques  aux  moelles,  il  sait  mieux  que 
personne  rendre  dans  une  adorable  synthèse,  la  femme  avec  sa  grâce,  son 
aristocratie  et  son  charme  troublant. 

Détail  caractéristique,  le  Maître  ne  signe  jamais  ses  cuivres,  mais  toutes 
ses  épreuves  portent  en  marge  son  nom  manuscrit,  de  plus,  il  ne  rubrique 
jamais  ses  sujets,  et  comme  toutes  ses  pointes  sèches  sont  des  études  de 
femmes,  quand  on  en  veut  causer  entre  amateurs  ou  marchands,  il  est 
souvent  fort  difficile  de  s'entendre,  des  confusions  naissent  inévitablement,  et 
c'est  là,  il  nous  faut  l'avouer,  un  très  grave  inconvénient.  On  nous  fait 
remarquer,  avec  juste  raison,  (pie  la  plupart  de  ces  études  étant  des 
portraits,  il  serait  difficile,  ou  tout  au  moins  délicat  de  dévoiler  la  person- 
nalité des  modèles  en  les  nommant,  nul  plus  que  nous  ne  comprend  que 
l'anonymat  soit  respecté,  mais  l'artiste  pourrait  néanmoins  nous  aider 
considérablement  en  griffonnant  dans  un  coin  de  l'estampe  soit  une  rose, 
un  œillet,  une  violette,  un  brin  de  muguet,  un  papillon,  une  aheillc,  un 
scarabée,  une  coccinelle,  etc.,  etc.,  on  dirait  alors  la  femme  à  la  rose,  à 
l'abeille...  toute  méprise  serait  évitée,  toute  erreur  interdite. 

Les  titres  que  nous  avons  donnés  ci-dessus  sont  ceux  sous  lesquels  les 
pièces  sont  généralement  cataloguées.  Le  nombre  des  épreuves  est  très  limité, 
une  vingtaine  d'exemplaires  en  moyenne,  quelquefois  même  moins. 

Laurent  Dumont,  27  rue  Laffite,  s'est  fait  une  spécialité  de  l'œuvre  de 
l'artiste,  c'est  chez  lui  qu'on  peut  se  procurer  les  plus  beaux  spécimens 
du  Maître,  nous  en  avons  vu  là  d'états  et  de  qualité  absolument  hors  ligne  ; 
nous  profitons  de  l'occasion  pour  remercier  l'aimable  marchand  d'estampes 
qui  nous  a  toujours  ouvert  si  libéralement  ses  portefeuilles,  et  chez  lequel 
nous  ne  manquons  jamais  d'aller  passer  quelques  heures  quand  nos 
travaux  nous  appellent  à  Paris. 

En  1896,  1898  et  1900  Frederick  Keppel  et  O  firent  de  très  complètes 
expositions  des  pointes  sèches  et  des  dessins  de  l'artiste  dans  leur  galerie  de 


460  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

New-York.  The  Sludio  a  maintes  fois  entretenu  ses  lecteurs  île  ce  Maître  au 
talent  si  français,  et  dernièrement  encore  La  liante  Illustrée  de  novembre  1900 
lui  consacrait  un  intéressant  article  sous  la  signature  de  M.  Gabriel  Mourey. 

Au  point  tic  vue  document  on  peut  consulter:  Le  Catalogue  des  pointes 
sèches  d'Helleu,  Paris,  imprimerie  Lemcrcier,  1897;  ce  sont  (10  reproductions 
héliogravées  des  pointes  sèches  du  Maître,  la  couverture  de  cet  in-folio  est 
ornée  du  portrait  de  l'artiste  par  Uoldini.  Il  y  a  quelques  mois,  Paul  Ilelleu 
vient  d'offrir  au  Département  des  Estampes  cinquante  épreuves  choisies 
parmi  les  meilleures  de  son  œuvre,  voilà  un  bon  exemple  donné  à  ses 
confrères  et  nous  serions  heureux  de  les  voir  l'imiter. 


HERKOMER  (H.) 

Une  vieille  Femme.  —  La  lète  seulement,  coiffée  d'un  bonnet 
noir,  elle  regarde  presque  de  face,  la  joue  gauche  est  vigoureusement 
éclairée.  Dans  le  coin  droit  supérieur:  H.  Herhonicr  op  :  7  1878. 

Eau-forte  tout  à  fait  hors  ligne,  d'une  beauté  d'expression  véritablement 
extraordinaire,  la  seule  pièce  qu'il  nous  a  été  donné  de  voir  de  l'artiste 
dont,  malheureusement,  nous  ignorons  complètement  l'œuvre,  qui  doit  être 
de  ([iialilé  supérieure  à  en  juger  par  cet  important  spécimen. 


HERVIER  (Adolphe) 


Né  en  1821,  mort  en  1879;  un  artiste  délicieux  qui  n'est  encore  à  l'heure 
présente  connu  que  d'un  nombre  infime  de  délicats,  à  peine  si  on  le  collec- 
tionne! et  Dieu  sait  cependant  les  petites  merveilles  qu'il  a  enfantées;  ses 
lithographies  surtout  comptent  des  chefs-d'œuvre.  Malheureusement  toutes 
ces  pièces  sont  sans  litre  ce  qui  rend  très  difficile  leur  présentation,  citons-en 
néanmoins  quelques-unes  au  hasard,  en  essayant  de  donner  une  description 
qui,  nous  le  craignons  bien,  sera  de  peu  d'utilité  pour  le  collectionneur. 

A  ce  propos,  qu'il  nous  soit  permis  de  déplorer  profondément  l'exécrable 
habitude  qu'ont  les  artistes  de  ne  jamais  rubriquer  leurs  œuvres.  Comment 
voulez-vous  qu'on  s'y  reconnaisse,  quel  moyen  existe-t-il  entre  le  marchand, 
l'amateur  et  l'artiste  de  s'entendre  quand  on  veut  signaler,  demander  telle 
ou  telle  pièce  sans  litre  -  surtout  quand  ce  sont  des  paysages.  —  On  ne  se 
doute  pas  des  difficultés  présentes  et  surtout  futures  que  créera  ce  mutisme  — 
lâchons  le  mot  —  cette  incurie.  —  Quand  vous  ave/,  des  enfants  vous  leur 
donne/  des  noms,  n'est-ce  pas,  eh  bien!  de  grâce,  messieurs  les  artistes, 
faites-en  donc  autant  pour  vos  œuvres;  c'est  nu  bon  conseil  que  nous  vous 
donnons,  croyez-nous,  suivez-le. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  4(51 

?  —  Une  femme  vue  de  dos,  devant  une  cour  de  ferme,  t'ait 
marcher  devant  elle  un  petit  enfant,  pendant  qu'une  autre  femme 
accoudée  à  une  porte  de  la  ferme  la  regarde.  Une  échelle  à  droite  est 
appuyée  sur  la  maison.  —  Très  joli  vernis  mou. 

?  —  Une  barque  à  marée  basse  est  à  sec,  l'avant  tourné  vers 
la  terre  ;  à  gauche,  un  cheval  est  debout  près  de  cette  barque  dans 
l'ombre  qu'elle  projette.  —  Vernis  mou  (?). 

?  —  Un  tertre  sur  lequel  est  bâti  un  moulin  dont  les  ailes  sont 
tournées  à  droite  ;  des  maisons  l'avoisinent  ;  à  gauche,  deux  porcs 
mangent  dans  un  baquet;  par  terre  à  droite,  une  meule  en  pierre.  — 
Eau-forte. 

?  —  Au  fond  de  l'estampe,  des  maisons  ;  sur  le  premier  plan 
d'une  place  de  village,  une  femme  tient  un  enfant  par  la  main  ;  un 
gosse  joue  du  tambour  en  faisant  sauter  avec  son  pied  des  marion- 
nettes ;  un  autre  vient  d'écrire  au-dessus  de  sa  tête  le  nom  ù'Hervier; 
enfin  à  l'extrême  droite,  une  femme  balaie.  —  Eau-forte. 

Mentionnons  encore  les  deux  lithographies  suivantes  —  toujours  sans 
titre  —  mais  qui  sont  d'exquis  bijoux;  elles  font  partie  d'un  album  de 
12  planches  publiées  par  A.  Latouche  à  Paris,  rue  Neuve-Saint-Augustin,  25; 
qui  avait  pour  titre  :  Lithographies  artistiques  composées  et  dessinées  par 
A.  Hervier,  il  coûtait  10  francs,  chaque  planche  valait  20  sous.  A  la  vente 
Mallet  elles  viennent  d'être  adjugées  15  francs!  c'est  pas  payé. 

?  —  Au  fond  de  l'estampe,  une  chaumière  basse,  près  de 
laquelle  à  droite  croît  un  arbre  dont  les  branches  viennent  frôler  le 
toit.  Sur  le  seuil  de  la  porte  de  gauche,  une  femme  avec  un  enfant 
ayant  devant  eux  un  homme  debout;  à  l'autre  porte,  deux  femmes. 
Sur  le  premier  plan,  des  poules  et  deux  cochons  au  pied  de  l'arbre. 
Le  ciel  est  sombre,  sauf  une  éclaircie  à  droite  au-dessus  de  la 
chaumière. 

?  —  Une  chaumière,  dans  laquelle  rentre  une  vieille  femme 
accompagnée  d'un  petit  garçon,  elle  tient  un  panier  dans  la  main 
droite,  elle  est  suivie  par  une  autre  vieille  femme  qui  porte  un  enfant 
sur  son  dos  ;  à  l'avant- dernier  plan  à  gauche,  une  meule  à  aiguiser 
près  de  laquelle  on  voit  une  poule  et  une  terrine.  A  gauche  :  Hervier. 

Voir  H.  Béraldi,  tome  VIII,  Paris  1889,  et  empruntons-lui,  pour  finir,  la 
description  d'une  des  pièces  les  plus  curieuses  de  l'œuvre,  La  Tempête,  que 


lli'2  DIS-NEUVIÈME  ET  VINGTIÈME    SIÈCLES 

nous  avons  cherche  en  vain.  «  A  droite,  une  vieille  maison  à  pan  de  bois, 
«  au  bas  de  laquelle  est  le  mur  d'un  quai.  Sur  le  mur  on  voit  une  femme 
»  debout.  Plus  à  droite  sont  d'autres  constructions,  et  l'on  distingue  deux 
»  personnages  qui  remontent  emportant  un  noyé.  Toute  la  partie  gauche  de 
»  l'estampe  est  remplie  par  un  ciel  sombre  et  par  la  mer  furieuse  qui  vient 
»  battre  le  mur  du  quai.  » 

Cette  eau-forte  aquatintée  est  de  la  dernière  rareté,  elle  existait  dans  lu 
collection  Champfleury  qui  avait  dû  s'en  défaire,  car  nous  ne  la  voyons  pas 
figurer  à  sa  vente  en  janvier  1891.  —  L'éditeur  Joly,  19,  quai  Saint-Michel,  a 
publié  en  1888  un  album  d'IIervier  composé  de  4li  planches. 


HESELTINE  (Arthur) 


Nous  ne  connaissons  malheureusement  de  ce  peintre-graveur,  qui  est 
célèbre  en  Angleterre,  que  les  pièces  suivantes:  L'Orage  —  Les  Corbeaux  — 
La  Dernière  Etape  qui  nous  frappèrent  aux  Salons  de  la  Société  Nationale  en 
1898  et  1899.  Un  article  lui  fut  consacré  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts  de 
mars  1897.  L'artiste,  au  goût  lin  et  délicat,  est  un  grand  collectionneur 
d'estampes. 


HUARD   (Charles) 

Neige  à  Bel-Air.  —  Une  route  bordée  do  maisons,  qui  tourne  à 
droite  et  le  Ion»  desquelles  marche  une  femme  en  noir.  —  Eau-forte 
en  noir. 

Vieille  Femme  reprisant.  —  Elle  est  assise  de  trois  quarts  à 
droitcà  sa  fenêtre  à  travers  laquelle  on  aperçoit  des  navires  et  se  livre 
au  reprisage.  —  Eau-forte  en  noir. 

Petit  Café  à  Soldats.  -  Trois  soldats,  deux  assis,  un  debout, 
font  leur  commande  à  la  bonne  qui,  debout  près  d'eux,  et  vue  presque 

de  dos  de  trois  quarts  à  gauche,   les  écoute   tenant  deux  bouteilles 
dans  la  main  gauche.        Eau-forte  en  couleurs. 

1res  intéressant  altiste,  très  sincère,  très  humoriste,  dessine  beaucoup 
plus  qu'il  ne  grave,  restera  comme  une  ligure  de  notre  époque,  c'est  un  liés 
jeune  qui  travaille  et  produit  beaucoup.  Une  de  ses  dernières  eaux  toiles  et 
des  plus  importantes  est  celle-ci  : 

Intérieur  de  Paysans.  Près  du  lover,  une  femme  est  assise 
de   lace;   à   sa   gauche,    une   table   sur   laquelle   est    un   pichet  et   une 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  4G3 

écuelle,  un  paysan  coiffé  d'un  chapeau  de  paille,  s'y  est  accoudé  ; 
sous  la  table,  un  panier.  La  femme  est  éclairée. 
Voir  de  L'Album  le  numéro  consacré  à  l'artiste,  préface  de  Lucien  Puech. 


HUET   (Paul) 

Né  en  1804,  mort  en  1869.  Paysagiste  lin  et  délicat,  a  produit  des  eaux- 
fortes  et  des  lithographies  absolument  hors  pair,  mais  il  a  comme  tant 
d'autres  omis,  hélas!  de  leur  donner  des  titres;  nous  attirerons  tout  parti- 
culièrement l'attention  sur  les  troix  eaux-fortes  suivantes  auxquelles  nous 
attribuerons  des  dénominations  fantaisistes;  peut-être  même  font-elles  partie 
de  la  superbe  série  du  Cahier  des  Six  publié  en  1835  par  Rittner  et  Goupil  ', 
le  temps  nous  a  manqué  pour  établir  cette  confrontation  et  nous  avouons 
humblement  notre  ignorance  à  cet  égard;  il  existe  un  nouveau  tirage  fait 
par  Salmon  qui  est  très  inférieur,  à  la  vente  Hedouin  il  fut  adjugé  40  francs, 
il  manquait  un  numéro,  l'impression  était  sur  japon. 

Le  Cavalier.  —  A  gauche,  un  vaste  marais,  et  à  droite,  une  route 
bordée  d'arbres,  sur  laquelle  est  jeté  un  petit  pont  de  pierres  qu'un 
cavalier  venant  de  droite  va  franchir. 

Ruisseau  sous  bois.  —  Un  ruisseau,  dont  les  quelques  pierres 
du  milieu  produisent  des  cascatelles,  sort  d'un  bois  touffu  ;  les  deux 
gros  arbres  du  premier  plan  qui  sont  inclinés  à  gauche,  au-dessus  du 
ruisseau,  sont  fortement  éclairés. 

La  Chaumière.  —  Une  chaumière  à  gauche,  sous  les  ramures 
d'un  arbre  séculaire,  devant  laquelle  sont  arrêtés  des  enfants  et  des 
paysans  ;  entre  les  deux  du  premier  plan,  un  chien  est  couché  ;  dans 
le  lointain,  à  droite,  sur  un  tertre,  on  distingue  les  ruines  d'un 
château  (?). 

Les  eaux-fortes  du  Maître  ne  sont  jamais  signées  ;  cependant,  dans  le  bas 
de  la  pièce,  a  droite  généralement  et  à  toucher  le  trait  carré,  il  avait  coutume 
d'apposer  son  nom  inscrit  dans  un  tout  petit  rectangle  aux  angles  arrondis. 
Parmi  les  lithographies,  la  suite  la  plus  recherchée  est  celle  des  7?  planches 
publiées  en  1829  par  Ch.  Motte. 

Le  premier  catalogue  de  l'œuvre  fut  dressé  par  Ph.  Burly  en  1869. 
M.  Germain  Hediard  a  fait  celui  des  lithographies.  —  Voir  aussi  H.  Béraldi, 
tome  VIII. 


i  Elles  ne  portent  que  des  numéros  d'ordre  et  H.  Béraldi  les  rubrique  ainsi  :  Le  Héron  (1)  — 
L'Inondation  (2)  —  La  Maison  du  Garde  (3)  —  Les  Deux  Chaumières  (4)  —  Le  Braconnier  (5)  — 
L'n  Pont  en  Auvergne  (G);  à  la  vente  de  Concourt,  en  premier  tirage  sur  chine,  elles  lurent 
adjugées  2111  francs. 


4(34  DIX-NEL'VIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 


INGRES   (J.-D.) 

Notons  pour  mémoire  et  à  titre  île  simple  curiosité  la  seule  eau-forte 
qu'u it  gravée  le  Maître  : 

Gabriel    Cortois    de    Pressigny.    archevêque    de    Rennes, 
ambassadeur  de  France  à  Rome  en  1816. 

Elle  a  passé  a  la  vente  Dei'er-Dumesnil  où  elle  l'ut  adjugée  à  M.  Kennedy 
410  francs,  elle  était  munit  toutes  lettres  et  portait  seulement  sous  le  trait 
carré  à  gauche  tracé  à  la  pointe  :  J.  D.  Ingres  f'ecit  Romw. 


ISABEY  (Jean-Baptiste) 

Né  en  17C7,  mort  en  1855.  Peintre  et  lithographe  ayant  apporté  une 
couleur  dans  ses  planches  qui  a  été  rarement  dépassée,  nous  n'en  voulons 
pour  exemple  que  : 

Radoub  d'une  Barque  à  marée  basse.  —  Sur  le  bord  de  la 
mer,  au  pied  de  hautes  falaises  à  pic,  des  chaumières  et  deux  barques 
à  sec.  Au  fond  de  l'estampe,  à  gauche,  une  autre  barque  que  des 
pêcheurs  sont  en  train  de  flamber  pour- la  radouber. 

Admirable  pièce  devenue  extrêmement  rare. 

Le  Retour  au  Port.  -  Entre  deux  estacades,  par  une  mer 
houleuse,  quatre  barques  rentrent  au  port  ;  trois  d'entre  elles  ont 
encore  leur  voile,  celle  du  tout  premier  plan  a  amené  la  sienne. 

La  plus  belle  épreuve  connue  est,  croyons-nous,  chez  M.  Béraldi.  A  la 
vente  Moignon  elle  lit  200  francs,  à  celle  de  Mène,  une  admirable  épreuve 
d'essai  signée,  ayant  deux  croquis  dans  les  marges,  atteignit  ;î2.">,  derniè- 
rement, à  la  vente  Mallet  elle  fut  adjugée  'Jtin  lianes,  elle  l'ut  acquise  par 
M.  Alfred  Beurdeley,  c'est  là  qu'il  nous  a  été  donné  de  la  voir. 

M.  A.  Beurdeley  peut  être  considéré  à  l'heure  actuelle  comme  possédant 

une  des  plus  riches  collections  du  inonde  en  XIX'  siècle;  on  peut  presque 
affirmer  que  rien  ne  lui  manque,  nous  n'exagérons  pas  en  disant  qu'il  y  a  là 
enfoui   dans  scs  calions    In   à    12000   pièces,    toutes  triées   sur    le   voici    cl    de 

qualité  irréprochable. 

Nous    ne   parlons  pas   de  ses  dessins  qui,    en\,    appartiennent    a  tous  les 

temps,  à  toutes  les  écoles,  depuis  les  primitifs  jusqu'aux  contemporains;  les 
murs  de  l'escalier  de  son  hôtel  de  la  rue  de  Clichy  —  quatre  étages  —  ainsi 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  4C>,"> 

que  ceux  de  ses  appartements  en  sont  tapissés,  ils  sont  tellement  rapprochés 
sur  certains  panneaux  qu'on  ne  saurait  loger  entre  eux  un  timbre-poste. 
C'est  là  encore,  que  durant  de  longues  heures,  nous  nous  sommes  docu- 
menté, aide  de  la  plus  intelligente  cl  cordiale  façon  par  le  maître  de  céans, 
un  passionné  doublé  d'un  érudit  auquel  rien  de  ce  qui  se  passe  dans  le 
monde  des  arts  ne  demeure  étranger.  Qu'il  reçoive  donc  ici  l'assurance  de 
notre  profonde  et  affectueuse  gratitude  pour  les  jouissances  inoubliables 
qu'il  nous  a  procurées. 

Quelques  pièces  d'Isabey  ont  été  lithographiées  à  la  manière  noire  par 
L.  Sabatier  et  imprimées  à  Paris  chez  Cattier,  elles  se  faisaient  remarquer 
par  leur  vigueur  et  la  beauté  de  leurs  noirs. 


JAGQUE  (Charles) 

Né  à  Paris  le  23  mai  1813,  mort  en  mai  1894.  Peintre  et  graveur  de  sujets 
champêtres,  animaux,  scènes  de  cabaret  et  paysanneries.  Son  œuvre  gravé, 
très  apprécié,  est  considérable  et  dépasse  500  pièces.  Il  y  en  a  de  charmantes, 
de  véritables  perles,  surtout  dans  les  petits  formats.  L'artiste,  extrêmement 
habile  manque,  suivant  nous,  d'originalité,  nous  le  trouvons  infiniment 
supérieur  connue  peintre  où,  alors,  il  est  lui-même  et  tout  simplement 
merveilleux. 

Les  trois  plus  belles  collections  existantes  de  l'œuvre  du  Maître  sont  chez 
M.  Giacomelli,  le  délicieux  peintre  des  oiseaux,  chez  M.  Charles  Chincholle  ', 
l'aimable  directeur-propriétaire  de  L'Estampe,  un  fanatique  du  graveur,  et 
à  la  Bibliothèque  Publique  de  New-York,  don  de  M.  Avery,  cette  dernière 
réunissait  920  pièces. 

Le  catalogue  de  l'œuvre,  très  dur  à  faire,  a  été  établi  par  J.-J.  Guiffrey,  Paris 
MDCCCLXVI,  avec  supplément  par  un  anonyme,  Paris  M  DCCC  LXXXIV  ; 
les  classifications  laissent  beaucoup  à  désirer,  la  préface,  en  revanche, 
en  est  intéressante  ainsi  que  les  descriptions  d'états.  Voir  aussi  II.  Béraldi, 
tome  VIII,  Paris  1889. 

Une  exposition  de  l'œuvre,  ou  plutôt  d'une  très  petite  partie  de  l'œuvre, 
de  Ch.  Jacque  eut  lieu  en  1881  chez  Durand  liuel,  et  en  1894  on  faisait  la 
vente  de  son  atelier  qui  produisit  la  somme  de  391464  francs,  disons  en 
passant  que  le  catalogue  était  très  mal  fait  au  point  de  vue  des  gravures, 
car  on  avait  complètement  négligé  de  mentionner  pour  chaque  estampe  le 
numéro  correspondant,  soit  de  Guiffey,  soit  de  Béraldi;  or,  comme  beaucoup 
de  pièces  portent  les  mêmes  rubriques,  la  lecture  du  catalogue  laissait  abso- 
lument dans  l'ignorance  de  l'eau-forte  signalée,  le  collectionneur  éloigné 
de  Paris  qui  aurait  voulu  la  commissionner.  Kn  1898,  M.  Keppel  taisait  de 
son  côté,  à  New-York,  une  fort  belle  exposition  de  l'œuvre  gravé  de  l'artiste 
où  figuraient  beaucoup  de  pièces  uniques  et  non  cataloguées. 


<  Le  regretté  collaborateur  du  Figaro  est  mort  dans  la  nuit  du  2-j  au  26  août  l!*il  ;  c'est  une 
sympathique  physionomie  parisienne  qui  disparaît. 


4()(i  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Tueur  de  Cochon  (Guiffrey 26).  -■  Pendu  ;'i  gauche  sur  un 
mur,  un  cochon  vient  d'être  ouvert  pur  un  charcutier;  sous  la  tête  de 
l'animai  esl  un  billot,  et  derrière  l'homme  une  échelle  est  appuyée  au 
mur.  1844. 

Troupeau  de  Pores  (85).  -  Au  pied  d'un  tertre,  au  sommet 
duquel  on  aperçoit  quelques  arbres,  s'étend  un  champ  de  truffes, 
qu'un  troupeau  de  porcs  esl  en  train  de  fouiller;  leur  gardien  est 
près  d'eux.  A  droite,  une  palissade  à  demi  démolie.  A  gauche, 
l'horizon  que  masquent  des  arbres.  Dans  le  ciel  nuageux,  un  vol 
d'oiseaux.   1845. 

Cette  pièce,  très  connue  sous  le  nom  de  La  Truffière,  est  considérée 
comme  le  chef-d'œuvre  de  .lacque,  il  la  faut  avoir  en  1"  état,  c'est-à-dire 
avec  le  porc  noir  au  premier  plan  et  les  initiales  C.  J.  sur  l'avant-dernier 
animal  ;  très  rare. 

A  la  veille  Mène,  deux  épreuves  d'état  au  porc  noir  turent  adjugées 
260  lianes,  à  la  vente  Dreux,  cette  pièce  sur  chine  avec  Femme  faisant 
rentrer  les  pores  (86)  les  deux  pièces  1  I  lianes,  à  cette  même  vente  La 
Souricière  (162),  sur  chine,  avec  5  autres  pièces  turent  payées  10  francs. 

Le  Soir  (94).  --  Un  pastour  conduit  sis  cinq  vaches  sur  une 
chaussée  avoisinant  une  mare  plantée  de  roseaux  qui  abritent  des 
canards.  La  nuit  vient.  Dans  le  ciel,  un  vol  d'oiseaux.  Lu  haut,  à 
gauche  :  Ch.  Jacque  1850. 

La  Grande  Bergerie,  1859  (101).  -  ■  Un  berger  à  gauche,  au 
milieu  de  l'étahle,  esl  occupé  à  prendre  de  la  paille  pour  la  litière 
dans  un  râtelier  suspendu  au  plafond  par  des  cordes.  L'éclairage 
vient  par  deux  fenêtres  au  fond  à  droite,  l'étahle  est  pleine  de 
moutons  ;  au  presque  premier  plan,  un  baquet  près  duquel  est  uwv 
poule.  Le  long  du  mur,  à  gauche,  la  mangeoire.  -      l'as  de  signature. 

Voici  la  pièce  la  plus  incontestablement  célèbre. de  tout  l'œuvre,  la  seule 
qui  atteignit  ce  qu'on  peut  appeler  relativement  un  gros  prix  pour  une 
estampe  contemporaine,  c'est-à-dire  800  à  1000  francs.  Elle  a  été  tirée 
exactement  à  /?.''  exemplaires  en  y  comprenant  les  '?',  épreuves  d'essai,  la 
planche  est  détruite.  Le  1"  élat  esl  une  eau-forte  pure. 

A  la  vente  Mène,  une  épreuve  d'essai,  signée  an  crayon,  fut  adjugée 
'.MU  lianes.  Nous  n'éprouvons  pas  pour  cette  estampe  l'engouement  général, 
C'est  une  belle  pièce,   mais  c'est  tout  :   nous  la  trouvons  sans  grande  couleur 

cl  d'un  prix  absolument  surfait  qui  détonne  vraiment  avec  ceux  beaucoup 
plus  modestes  qu'atteignent  les  autres  pièces  de  cet  œuvre.  Une  épreuve  de 
condition  et  d'état  exceptionnels  est  exposée  dans  la  salle  d'entrée  «lu  Dépar- 
tement îles  Estampes. 


DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  407 

A  la  vente  Casimir  Périer  en  1898,  l'œuvre  du  Maître  —  un  des  plus  beaux 
connus,  disait  le  catalogue  —  composé  d'environ  922  pièces,  fut  adjugé  en 
bloc  à  la  Bibliothèque  Nationale  pour  la  somme  de  1620  francs!!  Ça  ne  les 
remet  pas  à  40  sous  l'exemplaire;  il  est  vrai  de  dire  —  chose  très  singulière  — 
que  la  maîtresse  pièce,  La  Grande  Bergerie,  brillait  par  son  absence,  elle 
était  remplacée  par  une  réduction  au  procédé  sans  aucune  espèce  de  valeur. 

A  la  vente  Moignon,  une  épreuve  auant  la  lettre,  toute  marge,  fort  belle 
parait-il,  fut  adjugée  420  francs. 

A  la  vente  Monnerot  en  1884,  un  fort  bel  œuvre  du  Maître  de  428  pièces 
fut  adjugé  en  bloc  790  francs. 

L'Orage  (249).  —  Sur  le  bord  d'une  maie,  près  des  quelques 
arbres  qui  l'entourent,  un  cbcval  blanc  s'est  mis  à  l'abri,  la  tète  est 
tournée  adroite;  il  pleut  à  torrent.  1818. 

A  la  vente  de  l'atelier  de  l'artiste,  un  1er  état,  eau-forte  pure  sur  hollande 
fut  adjugé  ICO  francs.  Cette  petite  pièce  est  de  toute  rareté  car  elle  n'a  été 
tirée  qu'à  6  exemplaires,  elle  n'est  pas  gravée  tout  à  fait  dans  la  manière 
ordinaire  du  Maître. 

La  Forge  aux  deux  Ouvriers  (250).  —  A  droite,  une  l'orge, 
devant  laquelle  un  ouvrier  est  debout,  une  barre  de  1er  à  la  main,  il 
est  vu  de  dos.  Près  de  lui,  son  compagnon  trempe  dans  un  seau  la 
pièce  qu'il  vient  de  marteler  sur  l'enclume  qui  est  près  de  lui  ;  à 
gauche  une  cloison,  et  sur  le  devant  deux  marteaux.  184-8. 

Charmante  petite  pièce  tirée  à  20  exemplaires  seulement.  Au  ï«  état  il 
n'existe  qu'un  seul  marteau  ;  dans  les  épreuves  postérieures  il  y  a  un  fort 
joli  travail  de  roulette,  instrument  dont  abusait  un  peu  l'artiste;  c'est  vrai 
qu'il  s'en  servait  si  bien! 

Moulin  de  la  Butte  Montmartre  (260).  —  La  nuit  tombe  ;  sur 
la  butte  que  deux  femmes  gravissent,  on  aperçoit  à  gauche  le  moulin  ; 
le  milieu  de  l'estampe  est  occupé  par  une  grande  construction. 
1848. 

Il  n'a  été  tiré  cpie  1~>  épreuves. 

L'Hôtellerie  (20Î)).  —  Dans  une  cour  d'auberge,  un  voyageur, 
vu  de  dos,  est  éclairé  par  le  falot  d'un  garçon  d'écurie  qui  est  à  droite 
en  train  de  donner  à  boire  à  ses  deux  chevaux.  Les  jambes  de 
devant  de  l'un  d'eux  sont  en  pleine  lumière.  1864. 

Cette  scène  de  nuit  est  fort  remarquablement  interprétée. 


4B8  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Troupeau  de  Moutons  ('210).  —  Sur  un  tertre,  un  berger  est 
assis  à  gauche  sous  un  saule;  il  est  tourné  à  droite,  appuyé  sur  un 
bâton,  regardant  paître  le  troupeau  de  moutons  qui  est  à  ses  pieds. 
1864. 

Charmante  petite  pièce. 


La  Petite  Ville  (Supplément  n°  G3).  —  Une  église  et  un  donjon 
se  profilent  sur  le  ciel  clair  ;  sur  la  rivière,  a  droite,  deux  chalands 
avec  leurs  voiles,  et  au  milieu  de  l'estampe,  sur  le  tout  premier  plan, 
deux  laveuses.  En  bas  :  Ch.  Jacque  ISIS. 

Fort  délicate  pointe  sèche. 

M.  II.  Giacomelli  possède  un  millier  île  pièces  de  cet  artiste  en  superbes 
épreuves. 


JAZET    (J.-P.-M.   par) 
1788-1871 

La  Promenade  ^tu  Jardin  THrc  (d'après  .l.-.l.  de  Bzl). 
A  gauche  de  la  composition,  de  vastes  bâtiments  aux  murs  élevés  et 
une  terrasse  plantée  d'arbres  sur  laquelle  à  droite  s'élève  un  pavillon 
chinois,  de  nombreux  personnages  circulent  ou  sont  assis  ;  tout  à  l'ait 
à  gauche,  une  petite  voilure  dans  laquelle  sont  deux  entants,  se  dirige 
vers  la  droite,  puis  un  portail  à  grilles  au  fronton  duquel  on  lit  en 
lettres  gothiques:  Jardin  Turc:  c'était  par  là,  sans  doute,  qu'on 
accédait  à  la  terrasse.  A  gauche,  au  bas  de  l'estampe:  .4  Paris  chez 
Rolland,  place  des  Victoires,  n"  10. 

Pièce  coloriée  tus  recherchée  et  devenue  rare  aujourd'hui,  nous  ne  la 
connaissons  qu'avec  la  lettre. 

Ventes:  Behaguc,  t.  m.,  260  -  Muhlbacher,  305  —  Aubin,  300  -  Decloux, 
120  Destailleur,  250  Kinnen,  g.  m.,  310  Pavie,  260  —  Lacroix, 
encadrée,  330  —  Roux,  375. 


i  Lisez:  Jean  Joseph  </<■  Bel  ;  c'ei  t  M   Pcnallle  qui  a  découvert  enfin  le  in  mu    t  longtemps  rei  lé 

Ignoré  de  ce  dessinateur  \  c'était  un  peintre  de  poysoges  iu.il.niii'  en  1834,  et  c'est  sous  

tu  h  n  que  ii  gravure  qui  nous  occupe  n  filé  déposée  A  le  Bibliothèque  Nationale. 


DIX-NEUVIEME    ET    VINGTIEME    SIECLES 


JEANNIOT  (Pierre-Georges) 

Les  Modistes.  —  Dans  une  boutique,  au  milieu  de  cartons  et  de 
chapeaux  posés  sur  leur  champignon,  deux  vendeuses  debout  ;  à 
gauche,  une  cliente  assise  près  d'une  table  sur  laquelle  est  un 
chapeau,  elle  a  une  ombrelle  dans  la  main  gauche.  —  Eau-forte  en 
couleurs  à  25  épreuves. 

Sur  la  Plage.  —  Trois  femmes  sont  assises  à  l'abri  de  deux 
tentes  en  toile  rayée,  près  du  rivage  où  on  aperçoit  une  quatrième 
qui  sort  du  bain  ;  entre  les  deux  femmes  du  premier  plan,  une  chaise 
sur  laquelle  une  ombrelle  est  déposée.  -  -  Eau-forte  en  couleurs  à 
25  épreuves. 

La  Malade.  —  Une  jeune  femme  de  profil  à  gauche  est  assise 
dans  un  fauteuil  en  bois  recourbé,  un  pied  sur  le  barreau  de  la  chaise 
qui  est  devant  elle,  et  la  main  gauche  appuyée  sur  le  bras  du  siège. 

Cette  description  est  celle  du  1<"  état  au  fond  blanc  —  tiré  à  5  épreuves 
en  noir  —  les  états  suivants  sont  en  couleurs  avec  fond,  palissade,  arbre, 
bord  de  mer  et  petit  bateau  à  la  voile.  —  Eau-forte  à  25  épreuves. 

Devant  la  Glace.  —  Une  jeune  femme  debout  de  profil  à  droite, 
décolletée  et  bras  nus,  un  gros  bouquet  passé  dans  la  ceinture,  est  en 
face  d'une  glace  en  train  d'arranger  son  chignon  ;  l'air  songeur,  une 
amie  est  assise  près  d'elle,  le  menton  appuyé  dans  la  main  gauche. 

Charmante  épreuve  en  couleurs,  d'une  touche  délicate  et  discrète,  tirée 
à  25  exemplaires  ;  le  1"  état  en  noir  ne  l'est  qu'à  5. 

Mentionnons  encore  la  belle  eau-forte  du  Bataillon  en  marche;  et 
Angèlc  —  La  Cigarette  —  Dans  l'Escalier,  bois  au  canif  en  couleurs  plein 
d'originalité. 

L'artiste  a  obtenu  une  médaille  d'or  à  l'Exposition  de  1900. 


JOURDAIN   (Francis) 

Naguère.  —  Une  verte  prairie  bordée  par  une  rivière  le  long  de 
laquelle  se  promène  une  vieille  dame,  l'éventail  fermé  à  la  main  ; 
elle  se  dirige  vers  la  gauche,  porte  le  costume  de  1830,  cl  sa  silhouette 


470  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

complètement  de  profil  à  gauche  se  reflète  dans  l'eau.  Au  fond  de 
l'estampe,  un  bois  sombre  dont  la  cime  s'échancre  vigoureusement 

sur  un  ciel  clair. 

Eau-forte  en  couleurs  que  nous  considérons  comme  la  pièce  maîtresse  de 
l'œuvre;  tirée  à  -•">  épreuves,  au  bout  de  quelques  jours  elle  était  épuisée. 

L'artiste  qui  est  très  jeune  —  il  a  à  peine  27  ans  —  a  horreur  du  banal 
et  du  convenu,  aussi  apporte-t-il  dans  son  art  une  distinction  native  et 
une  originalité  de  métier  qui  séduit  et  captive  ;  nous  sommes  donc 
convaincu  que,  le  temps  aidant,  on  ne  tardera  pas  à  l'inscrire  parmi  les 
Maîtres  les  plus  intéressants  de  notre  heure. 

Environs  de  Blois.  —  Au  fond  de  l'estampe,  sur  un  terrain 
légèrement  pente,  on  aperçoit  quelques  maisonnettes  ;  devant  elles, 
passe  la  route  blanche.  A  gauche,  au  premier  plan,  un  arbre  isolé. 

l'ointe  sèche  en  noir  du  début  de  l'artiste  —  vers  1897  —  tirée  à 
10  exemplaires  comme  du  reste  toutes  ses  premières  pièces  en  noir;  celles 
en  couleurs  sont  tirées  à  25  ou  30.  Il  y  a  eu  plusieurs  éludes  portant  ce 
même  titre,  mais  toutes  sont  différentes  de  composition. 

A  noter  encore  :  Lever  de  Lune  —  Dame  de  Jadis,  dite  au  Châle  rouge 
(épuisé)  —  Le  Coq  blanc  —  Le  Coq  noir  —  Le  Coup  de  Vent  —  L'Eglise  de 
Benerville  —  Maisons  à  Saint-Pierre  de  Manneville,  etc.,  etc.  —  Le  Studio 
de  mars  l'.KIl,  sous  la  signature  de  Gabriel  Mourcy,  lui  a  consacré  un  article. 


KŒPPING  (Karl) 

Peintre-graveur  do  Dresde,  d'un  très  grand  talent,  a  exposé  souvent  a 
nos  Salons  annuels  de  Paris,  entre  autres  à  la  Société  Nationale  des  Beaux- 
Arts,  les  eaux-fortes  originales  suivantes  : 

Idylle  d'Eté,  1893—  Tristesse,  1895,  tirée  à  17  épreuves  —  Souvenir,  18%  — 
Femme  nue  assise,  1897. 

Il  a  aussi  exposé  à  La  libre  Esthétique  de  Bruxelles  dont  M.  Octave  Mans 
est  le  très  distingué  directeur.  En  18(.>7,  y  figurait  un  de  ses  plus  beaux 
morceaux  :  La  Forêt  cl  le  Soleil.  —  I. 'artiste  est  Grand-Prix  de  gravure  à 
l'Exposition  de  mon. 


KOLLWITZ  (M'"c  Kate) 

La  Carmagnole.  A  l'entrée  d'une  rue  étroite  <>ù  sont  dressés 
les  bois  de  justice,  des  hommes  et  des  femmes  demi-nus  dansent 
ensemble  la   carmagnole,    pendant   qu'à   gauche  de  l'estampe,  un 

tambour  bal  le  rappel.        Knii-l'ortc. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  471 

La  Conjuration.  —  Dans  une  salle  de  cabaret,  autour  d'une 
table  violemment  éclairée,  des  ouvriers  sont  assis  ;  l'un  d'eux,  celui 
de  gauche,  se  penche  vers  ses  camarades  pour  leur  parler.  Sur  la 
table,  des  verres  ;  au  plafond,  une  lampe  est  suspendue.  —  Eau-forte. 

Cette  scène  a  été  traitée  également  en  lithographie,  mais  avec  quelques 
modifications. 

Les  Paysans.  —  Dans  les  airs,  une  femme  nue  appelant  à  la 
révolte  des  paysans  qui  se  dirigent  vers  la  droite  en  suivant  un 
drapeau,  les  liras  tendus  vers  celle  qui  personnifie  pour  eux  leur 
idéale.  —  Eau-forte. 

La  Révolte  des  Tisserands.  —  Dans  une  pauvre  et  misérable 
mansarde,  une  mère  abimée  de  douleur  est  penchée,  la  tète  dans  ses 
mains,  sur  le  lit  de  son  enfant  mort.  Au  fond,  une  lucarne  par 
laquelle  entre  le  jour.  —  Lithographie. 

Ces  scènes  —  dont  l'auteur  est,  croyons-nous,  la  femme  d'un  docteur  de 
Berlin  —  sont  empreintes  d'un  réalisme  âpre  et  cruel  qui  n'est  pas  sans 
grandeur.  Au  point  de  vue  métier,  c'est  plein  de  couleur  et  d'énergie,  et  on 
ne  peut  les  regarder  sans  éprouver  quelque  chose,  comme  une  impression 
de  saveur  nouvelle.  En  raison  même  de  la  puissante  personnalité  qui  se 
dégage  de  ces  œuvres,  elles  ont  droit  de  figurer  à  coté  des  pièces  les  plus 
typiques  de  notre  époque. 

("est  en  décembre  1901,  chez  Charles  Hessèle,  13  rue  Laffitte,  que  nous 
eûmes  l'occasion  de  voir  ces  estampes  —  pour  lesquelles  nous  finies  même 
spécialement  le  voynge  de  Paris  —  ainsi  que  celles  de  Aimer,  Greiner, 
Jettmar,  Klinger,  Overbeck,  Stauffer-Berne,  Wolfl",  Faczka,  etc.,  tous 
graveurs  de  race  germanique. 

A  ce  sujet,  qu'il  nous  soit  permis  de  féliciter  hautement  ici  l'intelligent 
marchand  d'estampes  et  de  le  remercier  vivement  de  mettre  ainsi  les 
amateurs  à  même  de  connaître  un  peu  les  artistes  étrangers  ;  on  a  voulu 
lui  en  faire  un  grief,  en  alléguant  qu'en  France  on  devait  avant  (oui 
favoriser  l'art  français,  c'est  vrai,  et  personne  n'est  plus  chauvin  que  nous 
à  cet  égard,  et  personne  n'apprécie  mieux  que  nous  à  sa  haute  valeur  notre 
admirable  Ecole  Nationale  de  gravures,  la  première  du  inonde  à  l'heure 
présente  ;  mais  de  là  à  exiger  qu'il  faille  impitoyablement  frapper  d'ostra- 
cisme tout  ce  qui  n'est  pas  français,  jamais  !  nous  serons  au  contraire  à  ce 
sujet  d'un  internationalisme  enragé,  parce  que  nous  estimons  qu'en  agissant 
ainsi,  on  excitera,  en  la  créant,  une  émulation  aussi  salutaire  que  féconde. 
Ch.  Hessèle  l'a  parfaitement  compris,  et  dernièrement  encore,  en  février 
1899,  il  faisait,  au  Kunsthalle  de  Bàle,  une  exposition  d'estampes  originales 
où  brillaient  en  vedette  les  noms  de  nos  premiers  artistes  qui  s'appellent  : 
Buhot,  Bracquemond,  Jeanniot,  Desboutin,  Lepère,  Boilvin,  Béjot,  Helleu, 
Fantin-Latour,  etc.,  montrant  ainsi  combien  il  avait  à  cœur  de  prouver  à 
l'étranger  la  valeur  de  nos  compatriotes. 


472  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Sous  la  signature  de  Clément  Janin,  l'éminent  et  distingué  écrivain  d'art, 
la  Gazelle  des  Beaux-Arts  de  février  1902  a  public  un  article  consacré  a 
l'exposition  des  artistes  allemands  désignés  en  tête  de  cette  note. 

Terminons  en  disant  que  les  catalogues  que  Ch.  Ilessèle  publie  pour  ses 
expositions  sont  fort  intéressants,  et  qu'ils  sont  à  conserver  ainsi  que  les 
cartes  d'invitations  illustrées  qu'il  a  coutume  d'envoyer  pour  la  circonstance. 


KOOPMAN   (Augustus-B.) 

Ailiste  américain  de  valeur  qui  avait  exposé  chez  Georges  Petit  en  1898 
une  très  intéressante  série  de  pointes  sèches  et  de  monotypes,  parmi  ces 
derniers  que  nous  ne  mentionnons  qu'à  titre  de  curiosité,  car  ce  n'est  pas  à 
proprement  parler  de  la  gravure,  nous  citerons  :  L'Aube  —  Les  Amoureuses  — 
Femme  Joyeuse  —  La  Lumière  —  Le  Bain  —  Le  Crépuscule,  et  dans  les 
pointes  sèches  :  Cabaret  à  Yolcndam  —  Dame  à  l'Ombrelle  —  Port  de 
l' Atlantic  Citg. 


LAFFITTE 

Le  Soir  à  Ault-Onival.  —  La  lune  à  l'horizon;  à  droite  des 
collines,  des  barques  qui  rentrent  ;  le  ciel  s'est  dégagé,  clair  au- 
dessous  «le  la  lune  qui  se  reflète  dans  l'eau,  la  înoiianl  d'argent. 

Eau-forte  en  couleurs  imprimée  dans  la  gamme  bleue;  60  épreuves. 

Portrait  de  sa  Mère.  —  A  mi-corps  et  de  face,  la  lète  enveloppée 
d'une  sorte  de  mantille  à  peine  indiquée,  les  yeux  légèrement  cligno- 
tants, le  chef  un  peu  incliné  à  droite,  le  modèle  regarde  devant  lui. 

Belle  pièce  excutée  au  repérage. 


LAING  (Frank)' 

Le  Grand  Bassin  à  Anvers.       Sur  le  premier  plan  à  gauche,  un 
chaland  ;  au  fond,  occupant  le  milieu  de  l'estampe,  un  grand  bàlimenl  ; 

.i  droite,  des  navires  el  des  maisons.  Dans  le  coin  gauche  inférieur: 

(iront!  bassin  Anvers.  F.  I. 


<   l>riiilrr-griivrur  rcossnis. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  47ÎJ 

Quai  de  la  Râpée.  —  A  droite,  vapeur  et  chaland  au  quai  ;  au 
fond,  un  pont,  et  à  gauche,  des  maisons. 

Vue  générale  d'Anvers.  —  Occupant  tout  le  premier  plan, 
l'Escaut  et  des  roseaux  ;  au  tond  de  l'estampe,  la  ville  d'Anvers.  Dans 
le  coin  inférieur  droit  :  Anvers.  Frank  Laing  1S94. 

Rue  du  Commerce  à  Dundee,  Ecosse.  —  La  rue  avec  son 
mouvement  d'allées  et  venues;  à  l'extrémité  de  celle-ci,  la  mer,  avec 
un  bateau  à  vapeur,  forme  le  fond. 

Petite  pièce  extrêmement  blonde  et  curieuse,  dans  laquelle  le  cuivre  a  été 
à  peine  égratignè,  c'est  une  esquisse,  une  simple  indication  pourrait-on  dire! 

Sur  l'Escaut.  —  Le  fleuve  avec  ses  roseaux  et  ses  plantes  aqua- 
tiques ;  au  fond  à  droite,  un  bouquet  d'arbres. 

The  Tidal  bassin.  Dundee.  —  Un  bassin  à  flot  avec  ses  steamers 
au  milieu  et  ses  constructions  au  fond  ;  sur  le  premier  plan,  un  canot 
à  l'arrière  duquel  est  assis  un  homme  de  profil  tourné  à  gauche  ;  à 
droite,  presque  à  toucher  ce  canot  :  F.  Laing. 

Citons  encore  :  Aiilcuil  —  L'Eglise  de  Saint-Aignan  à  Chartres  —  Les  deux 
Moulins  à  Charcnton  —  Tayport  luirbour  —  Edinbury  Castle  —  Louise  (pointe 
sèche)  —  Le  Modèle  (pointe  sèche)  —  Les  Forges  d'Ivrg  —  Sainl-Etienne-du- 
Mont  —  La  petite  Eve  (pointe  sèche)  —  Porta  delta  Caria,  Venise,  etc.,  etc. 

Toutes  ces  eaux-fortes  sont  traitées  avec  infiniment  de  légèreté,  elles  n'en 
sont  pas  moins  très  solides  et  très  colorées;  la  distinction  de  métier  de  leur 
auteur  les  rend  très  séduisantes,  et  dans  une  exposition  il  est  impossible  de 
passer  devant  elles  sans  s'y  arrêter.  —  En  novembre  181)8,  il  y  eut  chez 
Ilessèle  une  exposition  très  complète  de  tout  ce  qu'avait  à  peu  près  fait 
l'artiste  à  cette  époque,  on  avait  réuni  là  73  numéros. 


LALANNE  (Maxime) 


Né  à  Bordeaux  le  27  novembre  1827,  mourut  à  Paris  le  6  août  1886.  Ce 
fut  un  très  fin  et  très  distingué  graveur  d'architecture  et  de  paysages 
aux  horizons  brillants  et  clairs,  il  avait  un  sentiment  très  exact  de  la 
perspective,  et  quelques-unes  de  ses  eaux-fortes  sont  presque  aussi  jolies 
que  des  Seymour  Haden.  Le  Département  des  Estampes  possède  un  œuvre  ' 


!  Mais  le  plus  lieau  est  à  la  Biafiof/irifii?  île  Sew-York,  330  pièces  données  par  M.  Averr. 


474  DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME    SIÈCLES 

très  remarquable  du  bel  artiste  disparu,  il  lui  fut  donné  par  sa  veuve.  La 
première  page  de  ce  volume  donne  la  nomenclature  (les  pièces  qui  y  sont 
contenues  —  150  en  états  divers  —  avec  des  numéros  d'ordre,  ce  sont  ces 
numéros  dont  nous  nous  servirons  pour  les  pièces  que  nous  allons  décrire 
ou  simplement  mentionner. 

Il  y  eut  plusieurs  expositions  de  l'œuvre  du  Maître  :  la  première  eut  lieu 
le  5  juillet  1.S74  dans  la  galerie  du  Cercle  artistique  et  littéraire,  au  29  de  la 
Chaussée-d'Antin ;  la  seconde,  dans  la  même  année,  à  Bordeaux;  la  troisième, 
à  Marseille,  en  1875,  et  enfin  une  dernière  chez  F.  Keppel,  à  New-York,  en 
février  189G.  Il  devait  y  en  avoir  une  à  Londres  en  18SG,  mais  elle  n'eut  pas 
lieu,  l'artiste  étant  décédé  précisément  à  cette  époque.  Du  reste,  les 
maîtresses  pièces  qui  y  devaient  figurer  furent  acquises  par  Keppel  à 
Mme  Lalanne,  et  on  les  retrouva  à  l'exposition  de  1896  que  nous  venons  de 
mentionner  plus  haut.  —  Voir  II.  Béraldi,  tome  IX,  Paris  1889. 


Rue  des  Marmousets  ',  1863  (1).  —  La  rue  étroite  avec  ses 
hautes  maisons,  au  fond  de  laquelle  on  aperçoit  quelques  person- 
nages ;  sur  le  tout  premier  plan,  au  milieu  de  la  rue,  une  femme  vue 
de  dos,  et  près  d'elle  à  droite,  un  petit  coq.  Dans  le  bas  du  coin  droit, 
dans  la  partie  gravée  :  Lalanne. 

La  pièce  est  superbe  mais  à  la  condition  de  l'avoir  en  l«r  état,  c'est-à-dire 
avant  toutes  lettres  et  avant  ta  légende  :  C'est  de  tems  immémorial... 

Vue  prise  du  pont  Saint-Michel  (6).  —  De  ce  pont,  on  aperçoit 
au  fond  de  l'estampe  le  Pont-Neuf  et  le  Louvre;  au  premier  plan  à 
gauche,  en  contrebas  sur  le  quai,  des  pêcheurs  à  la  ligne.  Toute  la 
partie  droite  des  quais  est  éclairée  ;  celle  de  gauche  est  dans  l'ombre. 
Dans  le  coin  inférieur  gauche  :  Lalanne. 

A  avoir  avant  toutes  lettres  —  comme,  du  reste,  toutes  les  eaux-fortes  <\u 
Maître  -  celles  publiées  par  Cadart  ou  autre  iwee  la  lettre  sont  absolument 
sans  valeur.  Cette  pièce  est  peut-être  la  plus  belle  de  l'œuvre,  elle  est  de 
premier  ordre. 


Démolition  de  la  Rue  des  Ecoles  (7).       Au  fond  de  l'estampe, 

de  hautes  maisons  dont  certaines  sont  violemment  éclairées;  sur  les 
premiers  plans,  charrettes,  pierres,  etc.  A  droite,  sur  un  mur  qui  est 
dans  l'ombre,  on  lit  :  Manuel  de  la  gravure  éi  Veau- forte*. 


1  Notons  également  /."  Rue  tic  i,i  Tonnellerie,  maison  <l<*  Molière. 

'  Nous  croyons,  sans  cependant  rafHnneri  irue  celle  légende  n'exltte  pas  au  1"  etni. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  475 

Bordeaux  (8).  —  Tout  le  premier  plan  est  occupé  par  la  Gironde 
avec  ses  navires  ;  au  fond,  la  ville  se  silhouette  avec  ses  quais.  Sur  le 
premier  plan  à  droite,  une  guérite  près  d'une  construction  en  bois. 

Mentionnons  encore  comme  très  remarquables:  Richmond  (?)  —  Démo- 
litions pour  le  percement  du  boulevard  Saint-Germain  (2)  —  Bords  de  la 
Tamise  (54)  —  La  Seine  à  Bezons  (57)  —  A  Barcelone  (00)  —  Dans  le  Port  de 
Bordeaux  (61)  —  A  Cussct  (Allier)  (62)  —  A  Conccrncau  (i)G)  —  A  Troiwillc 
(99)  —  Rue  de  Morlaix  (106)  —  Vieux  Quartier  de  Vitre  (125)  —  Port  de 
Troiwillc  (132  et  139). 

La  vente  de  l'atelier  de  l'artiste  eut  lieu  le  11  juin  1888.  Une  autre  vente 
eut  lieu  en  mars  1890,  son  œuvre  grave  sur  papier  du  japon,  environ 
173  pièces,  fut  adjugé  1000  francs. 


LATOUCHE  (Gaston) 

La  Grève  des  Mineurs.  —  Une  foule  d'ouvriers,  hommes  et 
femmes,  viennent  de  quitter  les  usines  que  l'on  voit  à  gauche  ;  un 
travailleur  porte  un  petit  drapeau  sur  lequel  est  écrit  :  Du  pain.  Dans 
le  bas  à  gauche  :  A  Emile  Zola. 

La  dédidace  :  .1  Emile  Zola  n'existant  qu'au  1"  étal,  c'est  avec  cette 
mention  qu'il  faut  avoir  la  pièce,  c'est-à-dire  avant  qu'elle  n'ait  disparue 
sous  les  nouveaux  travaux  qui  ont  assombri  la  planche.  C'est  à  l'occasion 
de  Germinal  que  M.  Latouche  a  exécuté  cette  pointe  sèche  qui,  fort  belle  cl 
tirée  seulement  à  10  exemplaires,  est  par  conséquent  extrêmement  rare. 


LEANDRE   (Charles) 

Séverin  dans  "  chand  d'habits  ".  —  Le  marchand  d'habits 
appuyé  sur  son  bâton,  un  ballot  sur  l'épaule,  débouche  du  fond  de 
la  rue  à  gauche,  se  dirigeant  à  grands  pas  vers  Pierrot  qu'il  ne  voit 
pas  encore  et  qui  est  là,  pendu  à  un  réverbère,  vêtu  de  blanc  et  coiffé 
de  son  serre-tête  noir;  il  est  fortement  éclairé  par  la  lumière  du  bec 
de  gaz  qui  se  devine  au  fond  de  la  ruelle  sombre.  Dans  le  bas  du 
coin  gauche  :  C.  Léandre  96. 

C'est  à  coup  sûr  un  des  pins  beaux  morceaux  de  noir  et  blanc  de  notre 
époque;  celte  lithographie,  traitée  avec  une  étonnante  sobriété,  est  absolu- 
ment saisissante  ;  on  ne  peut  la  voir  s;ms  s'y  arrêter  longuement. 


47(3  DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Banc  d'Œuvre.  —  Assis  sur  un  banc  d'église,  un  vieil  homme 
de  profil  à  droite  ;  devant  lui,  assis  également,  son  compagnon  à 
lunettes  qui  s'est  endormi  un  livre  entrouvert  sur  ses  genoux.  Dans 
le  coin  gauche  inférieur:  C.  Léandre  97. 

Admirable  estampe,  d'une  magistrale  allure,  qui  classe  l'artiste  hors  de  pair. 

Vierge  Normande.  —  A  mi-jambes  de  trois  quarts  à  droite,  une 
plantureuse  et  jolie  lille  est  debout,  les  yeux  baissés,  sa  fine  tête  aux 
bandeaux  plats  est  légèrement  inclinée  à  gauche,  la  chemisette  qui  a 
glissé  laisse  voir  le  sein  droit  et  le  bras  complètement  nus;  un  Amour 
est  au-dessus  d'elle.  Dans  la  marge  de  droite,  croquis  de  tète,  et  dans 
le  coin  droit  inférieur,  un  curé  se  dirigeant  vers  la  droite  ;  enfin  dans 
la  marge  du  bas,  très  discrètement  esquissé,  un  troupeau  avec  son 
berger  et  son  chien;  le  soleil  sombre  à  l'horizon. 

Si  Léandre  a  du  sang  de  romantique  dans  les  veines,  il  a  aussi  et  surtout 
du  sien  propre,  et  ses  lithographies,  douées  et  vaporeuses  comme  des 
cheveux  de  femme,  ont  —  dans  l'impeccabilité  de  leur  dessin  —  quelque 
chose  de  Qottant  et  d'enveloppé  qui  donne  à  l'œil  In  sensation  (pie 
produirait  à  la  main  un  cchcvcau  de  soie. 

Signalons  encore  :  Le  Modèle  —  La  Femme  au  Guerrier.  —  Lire  dans 
La  lievue  Illustrée  le  numéro  du  15  mai  1002,  d;ins  lequel  un  délicat  de  la 
plume,  M.  Féli  Gautier,  a  su  mettre  en  relief,  dans  un  slylc  plein  de 
couleur,  la  jolie  figure  d'artiste  qu'est  Léandre.  N'oublions  pas  de  men- 
tionner encore  à  ceux  qui  collectionnent  les  adresses,  celle  charmante  qu'a 
faite  l'artiste,  pour  M.  Louis  Bonny,  le  distingué  joaillcr  expert  prés  de  la 
Cour  d'appel,  23,  rue  de  Clichy  :  Une  jort  jolie  femme  au  corsage  noir 
décolleté,  assise  de  l'ace  (levant  une  table  chargée  d'objets  d'art  précieux. 

Lire  le  numéro  de  L'Album  consacré  à  l'artiste,  avec  préface  de  Lucien 
Puech,  ainsi  que  celui  de  La  lievue  Illustrée  du  lô  mai  1002,  avec  note  de 
Féli  Gautier. 


LEGRAND  (Louis)1 

L'Heure  de  la  Chauve-Souris  (Hamiro  l.">).       Dans  une  immense 
plaine  labourée,  un  vieux  paysan  s'achemine  vers  la  gauche,  la  faulx 


'  Nous  recommandons  d'une  façon  absolument  particulière  le  beau  catalogue  Illustré  qu'a 
consacre  à  l'artiste  M.  E.  Hamiro.  Paris.  II.  Floiiry,  18%;  c'est  un  modèle  du  genre,  tnut 
par  sa  science  que  par  ^'>n  esprit.  Le  classement  très  rationnel  se  décompose  ainsi  :  Les 
Rustiques  Les  Fémintnci  Les  Fantaisistes  Les  Danseuses  Les  Mystiques  —  Illustrations 
et  vignettes  diverses  Lithographies.  Il  y  a  là  ll2numéros  décrite)  loul  rceuvre  de  l'artiste 
|usqu'cn  1896.  Toutes  nu  presque  loutcs  les  estampes  du  Mai  ire  sont  des  eaux-fortes  aquatinlées 
•  11  ii"ii   mi  en  couleur. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  477 

sur  l'épaule  ;  une  fillette  à  sa  droite  l'accompagne,  une  serpe  à  la 
main  ;  elle  est  penchée  en  avant,  fléchissant  sous  le  poids  d'un  gros 
hallot  d'herbes  coupées  qu'elle  porte  sur  le  dos  ;  la  nuit  tombe. 
Derrière  eux,  vient  voleter  la  chauve-souris.  Au  tond  de  l'estampe,  se 
profilent  à  l'horizon  un  clocher  et  des  chaumières. 

Au  2=  état  seulement  apparaît  la  chauve-souris,  et  au  3^-  et  dernier,  dans 
l'intérieur  même  de  l'estampe  en  bas  à  droite,  la  remarque  volante,  un 
lièvre  s'enfuyant  vers  la  droite. 

On  entend  par  remarque  volante,  une  remarque  qui  n'est  point  gravée 
sur  la  planche  originelle  —  comme  cela  a  lieu  habituellement  —  mais  bien 
sur  un  cuivre  ou  zinc  mobile,  petite  plaque  généralement  épaisse  de 
quelques  millimètres,  qui  permet  de  varier  la  place  où  on  l'imprime.  La 
remarque  volante  produit  toujours  par  la  pression,  au  verso  du  papier, 
comme  une  sorte  d'estampage  ou  de  gaufrage,  parce  que  généralement  on 
coupe  le  cuivre  au  ras  du  trait  extérieur  que  délimite  le  motif  sans  laisser 
de  témoins.  —  3  étals. 

La  planche  appartient  à  M.  Gustave  Pellet,  éditeur. 

Corruption  (30).  —  Une  femme  nue,  vue  de  dos,  s'est  agenouillée 
craintive,  mais  confiante  dans  la  séduction  de  ses  charmes,  devant 
un  juge  d'instruction  revêtu  de  sa  robe  et  coiffé  de  sa  toque  ;  il  est 
assis,  la  main  gauche  sur  le  code,  ses  genoux  frissonnent  au  contact 
de  la  tête  de  la  jolie  pécheresse  qui  s'y  est  venu  reposer.  A  gauche,  le 
Christ  apparaît  nimbé.  En  bas  à  droite  :  Corruption  et  les  initiales  L.  L. 
—  3  états. 

Premier  Pas  (46).  —  Une  porte  s'ouvre  à  droite,  livrant  passage 
à  une  vieille  femme  tenant  dans  la  main  droite  un  petit  sac  ;  une 
adorable  fillette  habillée  en  danseuse  la  précède,  le  bras  droit  de 
l'enfant,  allongé  et  raidi  contre  la  porte,  semble  barrer  le  passage  à  la 
vieille.  A  droite,  au  bas  de  la  porte  :  Louis  Legrand,  et  plus  bas  encore 
du  même  côté,  parallèlement  au  trait  carré  à  l'intérieur  de  l'estampe  : 
Première  leçon  '.  —  4  états. 

Le  1er  état  est  avant  la  serrure  et  /«  signature.  —  Cette  pièce,  ainsi  que  les 
trois  suivantes,  l'ont  partie  d'une  charmante  série  de  douze,  dites  :  Les 
Petites  du  Ballet !,  dont  voici  les  titres  :   Le  Premier  Pas  —  La  Fille  à  su 


1  M.  Ramiro  indique  :  Premier  Pas  ;  notre  exemplaire  porte  :  Première  Leçon. 

*  Ces  douze  eaux-fortes  ont  été  tirées  avec  remarque  à  25  exemplaires  au  prix  cie  jOO  francs  par 
l'éditeur  G.  Pellet;  elles  sont  depuis  longtemps  épuisées  et  devenues  presque  introuvables 
aujourd'hui,  tant  a  été  grand  leur  succès  au  moment  de  leur  apparition. 


47S  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Tanlc  —  Les  Mioches  —  A  la  Barre  —  La  Monte  Terpsichore  —  Devant  la 
Glace  —  On  se  tourne  —  On  se  retourne  —  Arabesque  ouverte  —  En  nage  — 
L'Habillage  —  3«  acte,  scène  S,  i*  tableau  de  je  ne  sais  quoi. 

La  Fille  à  sa  Tante  (47).  —  A  genoux  sur  un  canapé,  les  jambes 
complètement  repliées  sous  elle  et  absolument  tournée  à  droite,  une 
iillette  suce  un  sucre  d'orge  ;  un  violent  coup  de  lumière  éclaire 
la  portion  de  son  front  et  de  sa  chevelure  au-dessus  de  l'œil  gauebe. 
La  tante,  au  second  plan  et  dans  l'ombre,  est  assise  près  d'elle  et 
tricote.  Dans  le  liant  du  coin  gauche  :  Louis  Legrand.  —  f>  états  '. 

Les  Mioches  (48).  —  Deux  adorables  petites  iillcs  assises  sur  un 
canapé  ;  celle  de  gauebe  étend  sa  jambe  droite  sur  le  bras  de  ce  siège, 
l'autre  a  ses  jambes  ramassées  sous  elle  en  tailleur.  La  signature  : 
Louis  Legrand,  et  la  légende  :  Les  Mioches.    -  10  états  s. 

Devant  la  Glace  (ôl).  -  Deux  danseuses  debout  de  profil  à 
gauebe,  achèvent  de  s'habiller.  Celle  du  premier  plan  serre  la  coulisse 
de  son  corsage  ;  la  seconde  ramène  les  deux  bras  derrière  sa  tète  pour 
arranger  son  chignon.  En  bas  dans  le  coin  gauebe,  vue  de  dos,  une 
femme  en  toilette  de  ville,  coiffée  d'un  chapeau  à  plumes,  se  regarde 
dans  une  glace  et  avec  son  mouchoir  arrange  le  carmin  île  ses  lèvres. 
En  bas  dans  le  coin  gauebe  :  Louis  Legrand,  et  à  droite  la  légende  : 
Devant  la  Glace  '.  —  7  états. 

L'Ami  des  Danseuses  (<>.'!).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  de  trois 
quarts  à  droite,  le  vieux  maître  de  ballet  est  assis,  le  violon  appuyé 
sur  la  cuisse  droite,  il  raconte  quelques  gaudrioles  sans  doute  aux 
deux  danseuses  qui,  assises  à  droite  sur  un  canapé,  se  penchent  en 
avant,  le  regardent  et  l'écoutent  d'une  oreille  attentive;  elles  sont 
fortement  éclairées.        2  états  ♦. 


1  M.  luuniro  n'en  signale  que  quatre,  parce  qu'il  omet  de  mentionner  celui  où  la  remarque 
/  ne  dame  et  an  monsieur  monocle  dans  l'a>it   gauche,    est    supprimée   el  remplacée   pur  lu 
légende  :  La  fille  u  ta  tante. 

*  La  remarque  <-si  :  /.<-  lieutenant  Goguel  fumant  sa  pipe,  a  l'avant-dernler  état, 

i  i:i  remarque  esl  :  Une  pâtre  de  chauisom,  n  l'avant-dernier  état, 

'  Nous  rmyuns,  -.uns  imiu  luis  l'uiiinni'i .  qu'il  existe  encore  d'autres  états  que  les  deux  seuls 
mentionnés  par  .M.  Raniiro,  N'uus  possédons  un  ,1,  / .  ,  (,  nipiafrei  awinl  la  signature  ri  nvec 
lu  remarque  i>o/,m/.'  d  la  tite  d'éléphant. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  479 

Mater  Inviolata  (63).  -  Une  mère  de  profil  à  droite  avance 
tendrement  ses  lèvres  sur  la  joue  droite  du  bébé  qu'elle  tient  entre 
ses  bras.  L'enfant  est  de  trois  quarts  à  gauche  et  l'une  de  ses  petites 
mains  s'appuie  sur  le  cou  de  la  maman.  A  droite,  les  initiales  de 
l'artiste  :  L.  L.  —  9  états. 

La  planche  appartient  à  M.  (1.  Pellet.  —  Cinq  épreuves  ont  été  acquises 
par  l'Etat  pour  des  Musées. 

Le  Fils  du  Charpentier  (07).  —  A  droite,  debout  et  vu  de  dos, 
un  charpentier  en  vêlements  de  travail  troués  et  rapiécés,  la  scie 
reposant  à  terre  le  long  de  la  jambe  droite,  contemple  son  jeune  fils 
nu  que  sa  mère  tient  devant  lui,  demi-couché  sur  une  pile  de 
planches.  Un  arbre  à  l'épais  feuillage  croît  à  l'angle  de  la  maison  qui 
est  derrière  eux.  Au  second  plan,  un  cheval  paît  dans  la  prairie, 
tandis  qu'à  l'horizon  se  profile  un  village  sur  une  colline.  La  femme 
est  nimbée,  une  mèche  de  cheveux  noirs  s'épand  sur  son  épaule 
droite,  la  gauche  sur  laquelle  la  chemise  a  glissé  est  nue,  son  regard 
exprime  l'extase.  —  10  étals. 

11  existe  des  épreuves  avec  une  remarque,  sur  cuivre  mobile,  occupant 
toute  la  largeur  de  l'estampe,  représentant  une  charrue  et  des  moutons. 

La  Divine  Parole  (68).  —  Le  Christ  est  assis  à  droite  de  l'estampe 
de  profil  à  gauche  ;  près  de  lui,  deux  femmes,  l'une  est  couchée  à  ses 
pieds,  l'autre  presse  sa  main  droite  qu'elle  baise  avec  amour.  Au 
fond,  deux  cygnes  glissent  majestueux  sur  la  surface  d'un  lac  ;  dans 
le  ciel  à  gauche,  une  éclaircie.  —  7  états. 

M.  Ramiro  nous  apprend  que  G.  Pellet,  à  qui  appartenait  la  planche,  en  a 
fait  les  tirages  suivants  : 

15  parchemin,  sans  remarque,  à  300  francs  —  20  japon,  sans  remarque,  à 
200  francs  —  10  hollande,  sans  remarque,  ù  200  francs,  et  enfin  50  hollande, 
avec  remarque,  à  150  francs. 

Spleen.  —  Assise  sur  un  sopha  de  trois  quarts  à  droite,  près  de 
la  balustrade  d'un  balcon,  le  coude  gauche  appuyé  sur  un  coussin,  le 
bras  droit  allongé  le  long  du  corps  qu'il  soutient  sur  ce  siège,  en 
faisant  saillir  l'épaule,  une  jeune  femme,  l'air  profondément  mélan- 
colique, semble  rêver.  Le  sein  droit  est  nu  et  derrière  la  tête  légère- 
ment rejetée  en  arrière,  on  dislingue  les  feuilles  d'un  palmier.  La 


480  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

femme  regarde  de  face.  Dans  le  haui  du  coin  droit,  des  toits,  des 
cheminées  et  l'église  du  Sacré-Cœur  avec  ses  échafaudages.  A  gauche 
dans  le  coin  inférieur  :  Louis  Legrand. 

Nous  ne  pouvons  indiquer  de  numéro  d'ordre  pour  cette  pièce  qui  est 
postérieure  au  catalogue  lîainiro.  Il  existe  îles  épreuves  en  noir  et  en 
couleurs;  ces  dernières  sont  extrêmement  curieuses,  le  coussin  et  la  jupe  ont 
le  nacré  et  le  chatoiement  de  la  soie,  nous  avouons  ne  connaître  aucune 
estampe  donnant  à  l'œil  une  sensation  aussi  sincère  dans  le  rendu  de 
l'étoffe. 

Beau  Soir.  —  Sur  le  bord  de  la  mer  qui  s'étend  à  perte  de  vue 
devant  elle,  une  femme  de  marin,  de  profil  à  droite,  donne  le  sein  à 
l'enfant  qu'elle  lient  demi-nu  sur  ses  genoux  ;  son  mari,  coiffé  d'un 
béret,  se  penche  vers  elle  pour  l'embrasser  ;  près  d'eux,  une  vache. 
Dans  le  bas  du  coin  gauche  de  l'estampe,  un  losange,  dans  lequel 
est  le  monogramme  de  l'artiste  accompagné  d'une  étoile  à  droite  '. 

Pièce  admirable,  d'une  poésie  douce  et  pénétrante,  gravée  en  1900.  LU 
chef-d'œuvre!  épuisé  quelques  jours  après  son  apparition. 

Joie  maternelle.  -  Une  femme  du  peuple,  en  coiffe,  vue  à  mi- 
corps  et  assise  de  profil  à  droite,  sent'  dans  ses  bras,  en  l'embrassant 
follement,  son  tout  jeune  enfant  ;  le  visage  souriant  du  bambin  qui 
regarde  de  face  est  violemment  éclairé. 

Le  Calvaire.  La  tête  à  gauche  dans  un  rayonnement,  le  Divin 
Crucifié  est  tombé  à  la  renverse,  les  bras  étendus  ;  il  est  soutenu  par 
sa  Mère  qui  se  penche  sur  lui  ;  la  poitrine  du  Sauveur  des  hommes 

est  violemment  éclairée;  par  terre,  à  gauche,   la  couronne  d'épines. 

Une  épreuve  d'un  tirage  exceptionnel  figurait  en  1903  au  Salon  de  la 
Société  Nationale  des  Beaux-Arts  et  captivait  tous  les  regards. 

Signalons   encore,   dans  des  ordres   d'idées   bien   différents,   les   pièces 

suivantes  : 

Avant,  on  j'ai  peur  qu'on  nous  voie      Après       La  Femme  au  Parapluie 
Réflexions  indiscrètes        Le   Travail  et   ta  Paresse  —  Beauvoir   —    Profils 
Parisiens*.   Mentionnons    également   la    délicieuse   carte    d'invitation    que 
l'artiste  adressa  à  ses  amis  lors  de  l'exposition  de  son  œuvre  chez  Bing,  en 


■  C'est  une  .!.••.  premlèroi  pièces  où  appui  ill  cette  signature  monogramme;  l'arUilc  avait 
auparavant  coutume  d'écrire  son  nom  en  entier. 

i      m  ni  ni  s. a, ni  .1,-  la   Société  Nationale  en   1903;  ri1  n'est  qu'au  :t   étal  que  la  femmi 
renvoie  la  fumés  de  sa  cigarette. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  481 

avril  1896,  qui  représente  :  une  mignonne  danseuse  de  7  à  8  ans  entourant  de 
ses  petits  bras  une  colonne,  toute  intimidée  de  la  venue  de  deux  pompiers 
de  service  qui  lui  adressent  la  parole;  devenue  très  rare. 

Terminons  en  disant  que  Louis  Legrand  est  un  des  artistes  les  plus  en  vue 
de  notre  époque  et  que  son  œuvre,  d'une  haute  et  puissante  saveur,  parle 
assez  éloquemment  par  lui-même  sans  qu'il  soit  besoin  d'y  ajouter  des 
commentaires  qui  n'en  sauraient  augmenter  la  portée. 

Bien  qu'en  dehors  de  notre  sujet  et  du  but  qui  nous  occupe,  nous  nous 
permettrons  de  signaler  ici  de  l'artiste  deux  des  plus  curieuses,  des  plus 
admirables  et  des  plus  extraordinaires  publications  de  notre  temps,  la 
première  surtout  : 

Le  Livre  d'Heures',  petit  in-4°  contenant  13  eaux-fortes  et  200  dessins  dans 
le  texte. 

Tiré  à  160  exemplaires  numérotés:  250  francs  (épuisé). 

La  Faune  Parisienne,  in-4°  contenant  21  eaux-fortes  —  10  en  couleurs  au 
repérage,  7  a  la  poupée,  4  en  noir  —  plus  40  dessins  sur  bois  dans  le  texte. 

Tiré  à  130  exemplaires  numérotés  :  500  francs. 

Tout  ce  primitif  du  XIXe  siècle,  comme  l'appelle  M.  Ramiro,  est  dans  ces 
pages  qui  eussent  a  elles  seules  suffi  pour  l'immortaliser.  Nous  recom- 
mandons d'une  façon  toute  particulière  aux  amateurs,  les  pièces  que  nous 
venons  de  mentionner  et  surtout  Le  Livre  d'Heures  qui  est  vraiment  une 
magistrale  chose. 


LEGROS   (Alphonse) 

Thomas  Carlyle  (Malassis  33).  —  Vêtu  de  noir  de  face  et  à 
mi-corps  ;  le  nez,  les  pointes  de  la  barbe,  le  côté  gauche  du  col  ainsi 
que  la  mèche  de  cheveux  qui  est  sur  la  tempe  sont  vivement  éclairés; 
le  personnage  a  la  main  droite  appuyée  sur  le  cadre  qui  l'entoure. 

Ce  portrait  est  une  aquatinte  ;  il  en  existe  un  autre  où  le  modèle  est  c'ôitfé 
d'un  chapeau  à  large  bord,  c'est  une  eau-forte  teintée  et  reprise  à  la  pointe 
sèche. 

Cardinal  Planning  (43).  —  A  mi-corps,  de  trois  quarts  à  droite 
et  regardant  dans  cette  direction,  le  vénérable  prélat  tient  dans  ses 
deux  mains  appuyées  sur  une  balustrade  un  livre  entr'ouvert. 

L'esquisse  île  cette  estampe  a  été  gravée  à  l'eau-forte  et  terminée  à  la 
pointe  sèche.  Il  existe  trois  états  ;  le  2e  a  été  tiré  à  100  épreuves  par 
W.  Thibaudeau,  à  Londres,  où  l'artiste  habite  depuis  18G3. 


'  Gustave  Pellet,  éditeur  de  ces  deux  volumes,  ci-devant  9,  quai  Voltaire,  et  actuellement 
51,  rue  Le  Peletier,  s'est  t'ait  une  spécialité  de  l'œuvre  de  l'artiste  ;  c'est  à  sa  grande  obligeance 
que  nous  devons  d'avoir  pu  réunir  ici  les  renseignements  que  nous  venons  de  donner,  aussi 
l'assurons-nous  de  notre  vive  gratitude. 

31 


482  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Procession  dans  une  Eglise  espagnole  (49).  --  Un  intérieur 

d'église  ;  au  second  plan,  le  dais  et  une  procession  se  dirigent  vers 
la  gauche  ;  sur  le  tout  premier  plan  de  ce  côté,  deux  prêtres  sont 
assis,  l'un  a  son  livre  appuyé  sur  ses  genoux  ;  à  gauche,  deux  sonneurs. 

Dans  cette  pièce,  qui  est  fort  belle  et  de  grande  allure  dans  le  3*  état, 
les  sonneurs  n'existent  plus  ;   ils   ont   été   remplacés   par   des  personnages 

agenouillés. 

La  Lecture  de  l'Office  (1)4).  —  A  mi-corps,  de  prolil  à  gauche, 
un  prêtre  revêtu  des  habits  sacerdotaux,  les  mains  jointes,  lit  dans  le 
missel  ouvert  devant  lui  sur  un  pupitre  posé  sur  le  coin  de  l'autel. 
Dans  le  coin  gauche  supérieur  :  .4.  Leyros  1S68. 

Le  Manège  (75).  —  Attelé  à  un  manège,  un  cheval  blanc  tourne 
de  gauche  à  droite  ;  au  premier  plan  à  droite,  trois  moines,  celui  qui 
i'sl  debout  a  un  livre  ouvert  entre  les  mains;  dans  le  coin  gauche 
supérieur:  Le  Manège,  et  dans  l'inférieur  île  ce  même  côté:  A.  Leyros. 

Etat  non  décrit  de  cette  estampe  célèbre  dans  l'œuvre  de  l'artiste,  que 
nous  avons  relevé  dans  la  collection  A.  Barrion. 

La  Charrue  (SI).  --  Une  plaine  immense  et  nue  s'étend  à  perte 
de  vue;  à  gauche  au  premier  plan,  une  charrue  avec  ses  deux 
chevaux  qu'un  paysan  penché  en  avant  est  en  train  de  dételer  ;  près 
de  lui  à  terre,  son  fouet  et  un  sac.  A  l'extrême  horizon  la  silhouette 
indécise  d'un  paysan  à  cheval  qui  s'éloigne,  lui  bas  à  droite  :  A.  Leyros. 

Le  Mouton  retrouvé  (80).  —  A  gauche  de  l'estampe,  un  berger 
est  agenouillé  prés  de  son  mouton  qu'il  vient  de  retrouver  mort,  son 
(bien  fidèle  est  près  de  lui,  sa  sacoche  et  sa  houlette  sont  à  terre.  En 
bas  à  droite  :  A.  Leyros. 

Pièce   fort   recherchée,  dont  le   1"   étal,  très  rare,  avanl   la  signature,   n'a 
été  tiré  qu'à  Ht  exemplaires. 

La  Mort  du  Vagabond  (89).  -  I'rès  d'un  grand  arbre  morl  qui 
s'incline  fortement  à  gauche,  un  vieux  mendiant  pieds  nus,  j;il  à  terre, 
à  demi  renversé  contre  un  buisson,  sa  besace  sur  laquelle  sa  main 
gauche  est  appuyée,  est  près  de  lui  ;  il  pleut,  lui  bas  dans  le  coin 
droit  :  A.  L. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  IS.'I 

Le  Paysage  à  la  Mare  (107).  —  A  gauche  sur  le  premier  plan, 
une  mare  ;  à  droile  près  d'un  bouquet  d'arbres,  une  chaumière  au 
toit  blanc  derrière  laquelle  est  une  meule  de  foin. 

Cette  estampe,  qui  est  gravée  beaucoup  plus  finement  que  n'a  généralement 
coutume  de  le  faire  l'artiste,  a  été  publiée  au  2<?  état  dans  :  Fifty  impressions 
of  10  Etchings  '. 

Le  Foyer  (llti).  —  Devant  un  l'eu  qui  pétille  dans  l'àlre,  deux 
hommes  causent  entre  eux,  pendant  qu'une  femme  à  gauche  travaille 
à  l'aiguille.  Au  fond  de  la  chambre,  un  lit. 

La  Mort  et  le  Bûcheron  (142).  —  Dans  un  bois,  la  serpe  à  la 
main,  un  vieillard  coiffé  d'un  bonnet  de  coton  est  en  train  de  soulever 
un  paquet  de  bois  ;  à  droite,  vue  de  dos,  la  Mort  lui  apparaît  la  faulx 
à  la  main.  Des  rayons  filtrent  sur  le  dos  du  vieux.  En  bas  dans  le 
coin  gauche  :  A.  Legros. 

dette  pièce  lut  publiée  dans  L'Art  en  octobre  187G. 

Bonhomme  Misère  (173).  —  Dans  un  pauvre  intérieur,  autour 
d'une  table  qu'éclaire  une  chandelle  et  sur  laquelle  un  verre  et  un 
pain  sont  placés,  trois  hommes  sont  assis  ;  une  servante  se  penche 
vers  eux,  semblant  les  interroger;  l'homme  qui  est  près  d'elle,  joint 
les  mains,  les  yeux  levés  au  ciel.  Dans  la  marge  en  bas  à  droite  :  A.  L. 

Les  Faiseurs  de  fagots  (Béraldi  182).  —  Près  d'un  talus  sur- 
monté d'un  têtard  à  gauche,  un  homme  penché  en  avant  est  en  train 
de  couper  du  bois  avec  sa  serpe,  la  femme  qui  l'accompagne  tient 
dans  ses  bras  un  fagot  ;  à  droite  par  terre,  deux  autres  sont  liés. 

Eau-forte  aquatintée. 

Citons  encore  comme  très  remarquables  :  Les  Bouleaux,  effet  de  matin  — 
Le  Mur  du  Presbytère  —  Le  Long  de  ta  Rive  —  Le  Pré  ensoleillé  —  Dans  les 
Bois  —  Le  Coup  de  Vent  —  L'Ambulance. 

Comme  nous  le  disions  plus  haut,  Alphonse  Legros  habite  l'Angleterre 
depuis  1863  ;  il  fut  longtemps  professeur  de  gravure  à  l'école  de  South 
Kensington  de  Londres,  et  commença  à  s'adonner  a  cet  art  en  1837. 

Malassis  et  Thibaudeau  firent  son  catalogue  en  1877  et  y  relevèrent 
168  pièces  ;   plus  tard,   Henri  Béraldi  le  continua  et   le  tome   IX    de   son 


*  C'est-à-dire,  une  des  estampes  d'un  recueil  de  10  pièces,  tiré  à  M  exemplaires. 


484  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

ouvrage  porte  à  258  le  nombre  des  estampes  du  Maître.  En  juin  1900, 
M.  L.  Bénédite  lit  une  exposition  de  l'œuvre  au  Luxembourg,  et,  dans  la 
très  intéressante  introduction  qu'il  consacre  à  l'artiste,  il  nous  apprend 
qu'à  l'heure  actuelle  le  total  des  pièces'  s'élève  exactement  à  572.  La  plus 
grande  partie  sont  des  eaux-fortes,  quelques-unes  relevées  île  pointe  sèche, 
de  burin  ou  d'aquatinte  ;  on  ne  compte  que  50  pointes  sèches,  3  burins, 
3.'i  lithographies  et  4  essais  de  crayon,  procédé  .Mac  Lure  et  Macdonald. 

Deux  autres  expositions  beaucoup  moins  importantes  avaient  précédé 
celle  du  Luxembourg  :  l'une  avait  eu  lieu  chez  Durand-Ruel  vers  1894, 
l'autre  chez  Bing  en  mars  1898. 

De  nombreux  articles  lurent  consacrés  au  Maître,  rendant  justice  à  son 
talent  ;  nous  citerons  entre  autres  : 

Burty,  The  Academg,  22  juillet  1870  —  Th.  Gueulette,  Gazette  des  Beaux- 
Arts,  avril  187G  —  Clément  Janin,  L'Estampe  et  l'Affiche,  mars-avril  1898  — 
et  enfin  L.  Bénédite,  La  Revue  de  l'Art  ancien  et  moderne,  mai  1900. 

Le  plus  bel  œuvre  existant  de  A.  Legros  est  actuellement  aux  mains  de 
M.  T.-G.  Arthur  qui  habite  Carrick  House,  à  Ayr,  en  Ecosse;  le  délicat 
collectionneur  en  a  su  réunir  les  pièces  dans  des  conditions  de  beauté  et 
d'états  tout  à  fait  remarquables.  —  A  Paris,  M.  Etienne  Moreau-Nélaton 
en  possède  également  une  collection  sans  rivale. 


LEHEUTRE  (Gustave) 

Le  Canal  de  la  Villette.  -  Le  canal  avec  les  tout  premiers 
plans  vides  de  travaux  ;  à  droite,  une  gabarre  avec  un  mât,  et  derrière 
celle-ci  le  quai  avec  des  maisons;  au  fond  de  l'estampe,  les  charpentes 
de  vastes  magasins.  Dans  le  bas  à  droite  :  (i.  Leheutre  1892. 

Cette  pointe  sèche  est  tout  à  fait  des  débuts  de  l'artiste  et  elle  accuse  une 
hésitation  et  une  naïveté  de  métier  qui  n'est  point  pour  nous  déplaire,  elle 
a  le  charme  des  premiers  bégaiements  de  l'enfant  et,  partant,  toute  sa  poésie, 
c'est  donc  une  pièce  à  retenir  de  sa  toute  première  manière,  elle  est,  du 
reste,  d'une  irisii/nc  rareté,  n'ayant  été  tirée  qu'à  12  exemplaires  seulement. 

Impasse  CambeY  à  Troyes.  Une  ruelle  légèrement  montante, 
aux  vieilles  constructions  d'inégale  hauteur,  dans  laquelle  on  aperçoit 
à  gauche,  longeanl  les  maisons,  trois  personnages;  à  l'angle  du  fond 
de  cette  impasse,  toujours  à  gauche,  m1  détache  la  silhouette  d'une 
église  ;  sur  le  mur  de  la  maison  du  premier  plan  à  droite,  une  plaque 
indicatrice  sur  laquelle  on  lit:  Impasse Gambey,  Dans  le  coin  inférieur 
gauche  :  (î.  Leheutre  1896. 


'  i  ii  catalogua  <!<■  l'œuvre  complet  eil  en  préparation. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  4.S5 

Cette  petite  eau-forte  étroite  et  haute,  traitée  pour  ainsi  dire  au  trait,  est 
d'une  remarquable  synthèse,  elle  est  un  peu  l'enfant  chéri  de  l'artiste,  une 
de  ses  pièces  favorites.  Il  la  faut  avoir  avec  la  signature.  Très  rare  et  tirée 
à  24  exemplaires. 

La  Passerelle  au  bord  du  Canal  à  TroYes.  —  Une  passerelle 
à  droite  de  laquelle  est  une  maison  devant  laquelle  est  piqué  un  saule 
aux  branches  minces  et  effeuillées  ;  à  gauche,  légèrement  esquissés, 
des  arbres  et  des  maisons. 

Pointe  sèche  d'une  admirable  précision,  gravée  en  1898  et  tirée  à 
20  exemplaires.  —  L'artiste  est  actuellement  en  pleine  possession  de  son 
talent;  très  jeune,  car  il  est  né  en  18G1,  il  travailla  fort  longtemps  chez 
Humbert,  Gervex  et  Carrière,  mais  ne  prit  jamais  conseils  de  personne  pour 
la  gravure.  A  chaque  nouvelle  planche,  il  oublie  ses  essais  antérieurs  et  se 
laisse  aller  aux  impressions  du  moment,  à  tel  point  que,  lorsqu'il  la 
commence,  il  la  trouve  toujours  grosse  d'imprévus  et  de  diffieultueux 
problèmes,  comme  s'il  n'avait  encore  jamais  gravé. 

Dans  nos  causeries  sur  son  art,  il  nous  disait  qu'il  employait  tantôt  l'eau- 
forte,  tantôt  la  pointe  sèche;  que  quelquefois  son  humeur  impatiente  lui 
faisait  délaisser  la  première,  dont  le  travail  est  plus  long  et  moins  prime- 
sauticr,  mais  que  les  ressources  des  deux  procédés  lui  paraissant  presque 
infinies  il  en  usait  avec  le  même  plaisir.  Quant  aux  états  sur  lesquels  nous 
l'interrogions,  travaillant  presque  toujours  dehors  et  sur  nature,  jusqu'aux 
détails  les  plus  ténus,  il  se  borne  à  l'atelier  à  un  simple  nettoyage  ou  ébar- 
bage  de  la  pointe  sèche,  et  après  avoir  vu  une  ou  deux  épreuves  de  sa 
planche  nature,  il  garde  ces  exemplaires  d'essai  dans  sa  collection,  et  si  la 
planche  ne  lui  convient  pas,  il  préfère  la  recommencer  plutôt  que  d'y  refaire 
des  remaniements  longs  et  très  aléatoires  comme  réussite,  trouvant  inutile 
de  fatiguer  ses  cuivres  par  des  transformations  qui  constituent  alors  les 
seuls  urais  états. 

A  l'heure  actuelle,  il  a  gravé  67  numéros,  parmi  lesquels  deux  planches  en 
couleurs,  simples  pointes  sèches  en  noir  rehaussées  d'une  seconde  planche 
coloriée  à  la  poupée  et  venant  en  quelque  sorte  par  dessus  la  planche  mère  ; 
plus  trois  lithographies  en  couleurs  à  plusieurs  pierres  se  superposant.  Le 
tirage  de  ses  planches  est  très  limité  :  10,  12,  20,  25,  quelques-unes  même  à 
1,  2  ou  5  exemplaires,  et  50  pour  les  grandes  pièces.  Ajoutons  que  l'artiste 
est  un  modeste,  qui  semble  ignorer  absolument  les  délicieuses  choses  qu'il 
produit  et  que  son  nom  figurera  parmi  ceux  des  artistes  les  plus  appréciés 
de  notre  siècle. 

La  Chaumière  en  contre-bas.  —  Une  chaumière  au  long  toit, 
pente  sur  la  gauche,  bâtie  en  contre-bas  d'une  route  sur  laquelle 
chemine  une  femme  qui  s'éloigne,  un  panier  ou  un  ballot  passé  au 
bras  droit. 

Eau-forte. 


480  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Port  au  Bois  à  TroYes.  —  Un  canal  assez  étroit  sur  lequel 
flottent  des  pièces  de  bois  assemblées  en  radeau.  Des  deux  côtés  de 
la  rive,  des  maisons,  et  au  fond,  à  gauche,  une  église  avec  sa  tour 
carrée  surmontée  de  deux  petites  tourelles.  Au  premier  plan,  à  droite, 
un  personnage  debout  accoudé  sur  le  parapet  en  1er  d'une  passerelle. 
A  gauche,  la  signature. 

Cette  pointe  sèche,  la  plus  importante  «le  L'œuvre,  est  le  chef-d'œuvre  de 
l'artiste.  C'est  une  pièce  hors  pair.  Il  la  Faut  avoir  avant  la  signature,  et  dans 
cet  état,  dont  il  n'existe  que  10  épreuves,  elle  est  éblouissante. 

On  donne  quelquefois  comme  pendant  à  cette  pièce  :  L'Ecluse  du  Tréport  — 
A  recueillir  encore:  Le  Canal  à  Troyes,  pointe  sèche  à  >S  épreuves,  planche 
détruite  —  La  Chaumière  au  bord  de  l'eau,  pointe  sèche  —  La  Ruelle  Saint- 
Jean  à  Trônes,  pointe  sèche,  il  faut  l'avoir  avant  la  signature  —  La  Marne  à 
Lagny,  eau-forte  —  Le  nouveau  l'ont  à  Lagny,  cnu-forte  et  pointe  sèche  — 
Le  Canal  d'Eu,  effet  tic  soir,  eau-forte  —  La  Rue  de  l'Isle  à  Troues,  litho- 
graphie en  couleurs  —  La  Maison  dit  Garde  —  Les  Bateaux  parisiens  à 
Auteuil  :  deux  pointes  sèches  qui  figurèrent  au  Salon  de  1902,  deux  bijoux, 
et  enfin  Les  Bords  de  la  Rresle,  petite  pointe  sèche  Urée  à  2(1  épreuves, 

joijau  sans  prix  qui  peut  aller  de  pair  avec  les  plus  jolis  morceaux  de , 

mais  nous  nous  sommes  juré  de  ne  jamais  établir  de  parallèle  entre    les 
artistes  contemporains,  ne  violons  pas  notre  serment. 

En  janvier  1897,  la  Gazette  des  Beaux-Arts  lui  a  consacré  un  article  sous  la 
signature  R.  .M.,  lise/.  Roger  Marx. 


LEPÈRE  (Auguste) 

Un  catalogue1  de  l'œuvre  gravé  de  Lepèrc  étant  en  voie  de  préparation 
par  les  soins  intelligents  «le  M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau,  «le  Nantes,  son 
ami  intime,  nous  nous  abstiendrons  de  tout  commentaire  sur  un  artiste  qui 
est  aussi  notre  camarade  et  qui  compte  parmi  les  plus  marquants  et  les  plus 
intéressants  «le  notre  époque.  Le  préfacier  saura  dire  tout  ce  qu'il  y  a  de 
couleur  cl  de  primesaul  dans  cet  œuvre,  et  mettre  aussi  en  relief  les  qualités 
précieuses  de  métier,  «le  mouvement,  «le  «'(imposition  et  d'originalité  qu'il 
est  si  rare  et  si  difficile  «le  rencontrer  réunies. 

Quant  à  nous,  dont  la  tache  est  plus  modeste,  nous  nous  bornerons  a 
signaler  quelques-unes  «les  pièces  les  plus  remarquables  et  les  plus 
recherchées  tant  en  eaux-fortes,  qu'en  bois  ou  en  lithographies;  mais, 
disons-le  «le  suite,  l'enfant  chéri  «le  l'artiste,  c'est  /<■  bois-';  c'est  pai'  lui  qu'il 
a  débuté,  «'est  à  lui  qu'il  revient  encore  avec  un  métier  nouveau,  c'est-à-dire 


«  Catalogue  raisonné  ci  descriptif  avec  Illustrations,  tiré  a  un  très  petit  nombre  d'exemplaires. 

Nninii    p|in.  in  .|it'  m  un  1 1.  ■  >  1 1 1  <  ■  1 1  «  il  m  m  \a  8lécle(  toutes  les  planches  ont  été  exécutées 

mu  bots  <lf  /('/,  *•«  Dieu  sali   -'il  5  en  avait  d'une  exquise  délicate 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  487 

bois  au  canif,  élargissement  du  dessin,  suppression  des  demi-teintes  et 
tendances  très  accentuées  d'exprimer  avec  un  simple  trait,  en  exécutant  le 
moins  de  travaux  de  graveurs  possible. 

Séance  de  Nuit  au  Parlement.  —  C'est  le  soir,  le  Parlement 
est  éclairé,  les  aiguilles  du  cadran  de  la  tour  marquent  9  heures 
moins  cinq  ;  sur  la  place,  à  droite,  quelques  personnages,  mais 
surtout  des  voitures,  les  unes  circulant,  les  autres  stationnant, 
attendant  la  sortie  des  députés  ;  presqu'au  milieu  de  l'estampe,  deux 
femmes  semblent  héler  un  handsom  qui  s'éloigne  ;  tout  à  fait  à 
gauche,  une  autre  femme  se  dirige  de  ce  côté  ;  le  ciel  est  nuageux. 
Dans  le  bas  du  coin  gauche  :  A.  Lepère  ex  se. 

Ce  bois  qu'il  faut  avoir  en  fumé*,  et  dont  il  n'existe  guère  que  8  ou  10 
épreuves,  est  le  plus  beau  connu,  le  plus  beau  qui  soit  au  monde,  il  n'y  a  ici 
aucune  espèce  d'exagération,  de  camaraderie,  de  réclame  ou  d'emballement, 
c'est  le  chef-d'œuvre  des  chefs-d'œuvre.  Nous  en  possédons  un  exemplaire 
tiré  sur  papier  pelure  d'une  insurpassable  beauté. 

Exposé  en  1891,  aux  Peintres-Graveurs,  chez  Durand-Ruel,  nous  fûmes 
tellement  impressionné  à  sa  vue  que  nous  ne  primes  même  pas  le  temps  de 
finir  le  tour  de  la  salle  ;  nous  sortîmes  brusquement  de  l'exposition  et, 
sautant  dans  une  voiture,  nous  tombâmes  chez  l'artiste  qui  habitait  alors 
rue  des  Chanoinesses,  où  nous  nous  rendîmes  acquéreur  de  cette  merveille 
aujourd'hui  absolument  introuvable,  quelque  soit  le  prix  qu'on  en  pourrait 
proposer. 

Nous  avons  le  profond  regret  de  ne  l'avoir  pas  vu  figurer  à  l'exposition 
de  la  Gravure  sur  Bois,  si  intéressante,  qui  a  eu  lieu,  en  mai  1902,  à  l'Ecole 
Nationale  des  Beaux-Arts,  quai  Malaquais  ;  il  eut  fait  pâlir  ceux  des  siècles 
passés  et  présents.  —  L'artiste  est  Grand-Prix  de  l'Exposition  de  1900. 

Les  Pêcheurs  de  Crevettes.  —  Deux  pécheurs  dans  une 
chaloupe,  nu-pieds  et  debout  ;  l'un  est  à  l'arrière,  godillant  des  deux 
mains  ;  l'autre  sur  l'avant,  occupé  à  lever  un  filet.  Sans  signature. 

Bois  au  canif,  le  1"  état  est  tiré  à  G  épreuves,  dont  l'une  en  nos  mains; 
des  épreuves  existent  aussi  en  camaïeu,  c'est  beau  comme  un  bois  du 
seizième.  —  Planche  détruite. 

La  Rue  Galande.  —  C'est  le  14  juillet;  à  l'entrée  de  la  rue,  un 
mât  de  cocagne  est  planté,  auquel  un  homme,  le  torse  nu,  est  en 
train  de  monter,  poussé  par  un  de  ses  compagnons  ;  au  premier  plan 
à  droite,   une   femme  vue  de  dos  ;   au   dernier  plan,   de   nombreux 


'  Nous  disons  en  fume,  car  l'épreuve  courante  est  de  beaucoup  moins  belle, 


488  DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

badauds  font  cercle  pour  voir  le  grimpeur.  Aux  croisées,  des  curieux 
et  des  drapeaux.  Une  partie  du  bas  de  la  maison  qui  fait  le  coin  est 
dans  l'ombre,  le  haut  est  fortement  éclaire.  Sans  signature. 

Cette  admirable  eau-forte  aquatintée,  qui  rappelle  par  sa  vigueur  un 
dessin  à  l'encre  de  chine  sous  trait  de  plume,  n'existe  à  l'état  d'épreuve  hors 
ligne  qu'à  7  ou  8  exemplaires  ;  après  ce  tirage,  le  grain  s'est  effacé  et  la 
planche  a  baissé  brusquement.  Le  plus  bel  exemplaire  connu  est  dans  notre 
portefeuille.  —  Pièce  de  la  dernière  rareté  en  premières  épreuves. 

Une  Partie  de  Jacquet.  —  Sur  une  table  au-dessous  d'une 
suspension,  dont  on  ne  voit  que  la  partie  basse,  la  femme  et  le  fils 
de  l'artiste  font  un  jacquet  ;  la  femme  appuyée  sur  le  coude  droit 
vient  de  renverser  le  gobelet,  et  tous  deux  attentifs  regardent  le 
nombre  5  que  marque  le  dé.  Sans  signature. 

liois  au  canif  en  couleurs  à  l'eau. 

L'Eté.  —  Vue  de  dos  de  trois  quarts  à  gauche,  une  femme  nue, 
à  la  chevelure  flottante,  appuie  sa  main  droite  sur  le  tronc  d'un  gros 
arbre  planté  sur  le  bord  de  l'eau  ;  cette  main  tient  une  poignée  de 
cheveux.  A  gauche,  au  dernier  plan,  de  l'autre  côté  du  fleuve,  on 
distingue  la  silhouette  d'un  dôme.  Sans  signature. 

Eau-forte  en  couleurs  très  fortement  mordue  à  trois  planches,  40  exem- 
plaires. Il  existe  une  autre  planche  presque  similaire  mais  en  noir  et  de 
heaucoup  supérieure,  elle  porte  en  haut,  au  milieu  de  l'estampe,  en 
grosses  lettres  fantaisistes  :  Paris  Eté  ;  le  1er  état,  tiré  à  5  exemplaires,  est 
hors  pair. 

A  quatre  Nains.  —  Femme  et  enfant  de  profil  à  droite,  assis 
devant  un  piano,  exécutent  un  morceau  ;  derrière  eux,  une  croisée 
par  laquelle  vient  la  lumière.  Sans  signature. 

bois  au  canif  en  couleurs  à  l'eau. 

On  déchiffre.  -     Mère  et  fillette  vues  de  dos,  devant  un  piano 
qu'on  devine;  la  mère  a  la  main  gauche  levée  cl  posée  sur  le  cahier 
de  musique  indiquant  les  notes  qu'elle  suit  du  doigt.  Sans  signature. 
Eau-forte. 


La  Seine  au   Pont  d'Austerlitz.  --  La  Seine  à  droite,  et  sur 
une  passerelle,  une  femme  de  trois  quarls  à  gauche  luttant  contre  le 


DIX-NEUVIEME    ET    VINGTIEME    SIÈCLES 

vent  ;  au  second  plan,  très  à  gauche,  une  femme  pousse  devant  elle 
son  éventaire  chargé  de  légumes  ou  de  fleurs.  A  droite,  dans  le  coin 
inférieur  :  A.  Lepère. 

Bois  d'une  exquise  finesse  qu'il  faut  avoir  en  1er  état,  c'est-à-dire  avec  le 
nuage  à  droite. 

Au  Coin  du  Pont  aux  Doubles.  —  Au  pied  de  la  butte  qui  se 
silhouette  haute  et  silencieuse,  au  dernier  plan,  voiture  et  personnages; 
au  premier  plan,  dans  le  coin  gauche,  un  chiffonnier  dort  couché  au 
pied  d'un  hec  de  gaz  allumé  ;  à  quelques  pas  de  lui,  la  hotte  sur  le 
dos,  la  lanterne  à  la  main,  tirant  la  jambe,  un  de  ses  copains  fait  sa 
tournée.  Dans  le  haut  du  coin  droit  :  A.  Lepère.  —  Eau-forte  et 
pointe  sèche. 

La  Sortie  de  l'Ecole.  —  Sur  un  étroit  chemin  bordé  par  des 
marais  salants  à  droite,  des  enfants,  garçons  et  filles,  s'éloignent 
regagnant  leur  logis  ;  à  l'horizon  à  droite,  des  moulins  à  vent.  Sans 
signature.  —  Eau-forte  très  profondément  mordue. 

La  Prière.  —  Sœurs  de  Saint-Vincent-de-Paul  en  prière;  celle  du 
tout  premier  plan,  dont  la  figure  de  profil  a  droite  est  complètement 
dans  l'ombre,  tient  un  livre  ouvert  de  la  main  gauche  et  appuie  la 
droite  sur  un  parapluie.  A  gauche,  le  monogramme  de  l'artiste  se 
détache  en  blanc.  —  Bois  au  canif. 

La  Procession  '.  —  Au  fond  de  l'estampe  à  droite,  la  Cathédrale 
de  Nantes  dans  laquelle  rentre  la  procession  ;  la  place  est  noire  d'un 
monde  que  l'on  devine  plutôt  qu'on  ne  le  voit,  car  le  clergé  le  masque 
en  occupant  tout  le  premier  plan  dans  le  mouvement  tournant  qu'il 
exécute.  A  gauche,  le  dais  sous  lequel  est  le  Saint-Sacrement  devant 
lequel  les  thuriféraires  viennent  de  s'arrêter.  Dans  le  groupe  agenouillé 
qui  occupe  le  coin  gauche  inférieur  de  l'estampe,  l'artiste  a,  par 
une  délicate  attention,  reproduit  le  profil  à  droite  de  M.  A.  Lotz- 
Brissonneau.  Dans  le  haut  du  coin  droit,  sur  un  oriflamme,  on  lit  : 
A.  Lepère  inv.  se.  Nantes  1901. 


'  Cette  planche  fut  commandée  à  l'artiste  par  M.  A.  Lotz-Brissonneau, 


490  DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME    SIÈCLES 

liois  nu  burin  en  couleurs  d'une  crâne  et  superbe  ordonnance  qui  demeu- 
rera parmi  les  plus  belles  planches  qu'ait  gravées  l'artiste.  Sans  parler  des 
4  états  en  noir  de  la  planche  du  trait  dont  il  a  été  tiré  en  tout  34  fumes  tant 
sur  japon  que  sur  hollande,  disons  que  de  la  planche  définitive  en  couleurs 
il  y  a  eu  :  2  épreuves  avec  la  dédicace  dégagée  pour  le  promoteur  de  la 
planche;  10  épreuves  avec  remarque  —  tète  d'enfant  de  chœur  tenant  un 
encensoir  en  bas  à  droite  —  numérotées  de  1  à  U)  et  signées  à  la  main; 
70  épreuves  sans  remarque  de  1  à  70  également,  signées  à  la  main,  et  enfin 
'2ô  exemplaires  de  présent  dans  lesquels  la  signature  a  été  enlevée  de 
l'orillammc  et  imprimée  en  bas,  à  droite,  à  l'encre  typographique. 

Le  Braconnier.  —  Un  genou  en  terre,  vu  de  dos  et  tourne  à 
droite,  au  milieu  de  dunes  plantées  de  sapins,  le  braconnier  vient  de 
tirer  un  coup  de  feu,  comme  on  en  peut  juger  par  la  fumée  qui  n'est 
pas  encore  dissipée.  Au  loin,  la  mer  s'étend  à  perte  de  vue.  —  Bois 
au  canif  en  couleurs. 

La  Vague.  —  Elle  vient  de  déferler  sur  le  rivage  et  se  retire 
emportant  dans  ses  replis  moelleux  toutes  les  couleurs  du  prisme, 
toutes  les  irisations  de  l'arc-en-ciel. 

Les  Japonais  sont  nos  maîtres  incontestés  dans  la  gravure  sur  bois  en 
couleurs,  mais  nous  certifions  que  la  présente  estampe  peut  rivaliser  de 
beauté  avec  les  leurs. 

L'artiste  a  l'ait  de  ce  bois  au  canif  plusieurs  essais  de  tirage,  les  uns  avec 
l'encre  typographique,  les  autres  avec  des  routeurs  à  l'eau  ;  ces  dernières 
oïd  donné  des  résultats  d'une  incomparable  supériorité. 

Un  Enterrement  au  Marais  vendéen.  —  Sur  l'un  des  nombreux 

canaux  qui  eiilrccoupenl  le  marais,  une  barque  se  dirige  vers  la 
gauche,  elle  porte  un  cercueil  recouvert  d'un  drap  blanc  au  pied 
duquel  une  femme  agenouillée  est  prosternée  de  profil  à  droite  ;  à 
l'arriére  de  cette  barque,  que  conduit  à  la  perche  un  homme  debout, 
doux  femmes  et  un  enfant  sont  assis;  d'autres  barques  sillonnent  le 
canal,  et  sur  la  rive  se  voient  les  nombreux  amis  et  parents  du 
défunt  ;  au  loul  premier  plan  à  droite,  un  homme  cl  une  femme, 
un  chapelet  à  la  main,  prient.  Au  fond  de  l'estampe,  une  chaumière 
et  un  pont.   Dans  le  coin   inférieur  droit  :  A.  Lepére  S'-.Jeiui  -de-Mont 

1901.    -  Eau-forte. 

Citons  encore  au  hasard  de  nos  souvenirs:  En  route  pour  le  Salon,  bois 
inédit,  rarissime;  La  Hue  de  la  Mnnlaipie-S(unte  tieneviéi'e.  un  bois  adorable, 
bijou  sans  prix  —  Convalescence)  Déjeuner  en  forêt;  Le  Bassin  des  Tuileries, 
bois  en    couleurs         Une   dernier  sur  l'eau.   Hue   Pirouette;  Saint  Sémrin  ; 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  491 

Le  Quai  de  l'Hôlel-de -Ville;  La  Seine  au  quai  de  la  Râpée;  Coucher  de  Soleil , 
Aux  Fortifications,  porte  du  Pré-Saint-Gervais ;  Le  Débardeur  au  quai  de  la 
Gare;  L'Enlèvement  des  Neiges,  eaux-fortes  —  Doux  Sommeil;  Chiffonniers 
sous  le  pont  Marie,  lithographies. 

Voir  :  H.  Béraldi,  tome  IX,  Paris  1889  —  Roger  Marx,  Gazette  des  Beaux- 
Arts,  octobre  189G  —  Gabriel  Mourey,  The  Studio,  décembre  1897  — 
E.  Ramiro,  L'Œuvre  et  l'Image,  novembre  1900.  —  Maints  articles  lui  ont  été 
consacrés  par  divers  dans  L'Estampe  et  l' Affiche. 

Ajoutons  que  les  trois  plus  belles  collections  existant  de  l'œuvre  de 
l'artiste  sont  celles  de  M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau,  de  Nantes  ;  de 
M.  Bellinac,  de  Saint-Elienne  (Loire),  et  de  M.  Claude  Lafontaine,  à  Taris; 
la  première  est  absolument  unique  et  sans  rivale.  On  en  jugera,  du  reste,  par 
le  catalogue  que  nous  venons  d'annoncer  et  qui  se  prépare  actuellement. 


LEYS   (Baron  Henri) 


Ne  à  Anvers  en  1815,  mort  en  1869.  Son  œuvre  gravé  est  peu  considérable, 
mais  il  se  recommande  par  une  couleur  et  un  métier  extrêmement  pitto- 
resques ayant  beaucoup  d'analogie  avec  la  manière  de  Rembrandt.  Sa 
première  eau-forte  fut  gravée  en  1831. 

Ph.  Burty  lui  a  consacré  un  fort  joli  article  dans  la  Gazette  des  Beaux- 
Arts  de  mai  18G6,  tome  XX.  —  Voir  également  H.  Béraldi,  tome  IX,  1889,  qui 
mentionne  20  pièces  de  ce  Maître  amateur.  Le  Musée  Plantin  Mordus  s'est 
rendu  acquéreur  de  9  cuivres  originaux  de  l'artiste  et  en  a  fait  dernièrement 
tirer  quelques  exemplaires  sur  papier  à  la  main  et  sur  chine  qu'il  vend 
GO  et  75  francs  ;  ils  sont  contenus  dans  un  portefeuille  mesurant  44  sur 
32  centimètres. 


Les  Archers  (Béraldi  10).  —  Une  galerie,  dans  laquelle  défile 
de  droite  à  gauche  la  corporation  des  archers  diversement  habillés  ; 
trois  d'entre  eux  portent  un  arc  '  ;  lé  personnage  penché  en  avant, 
qui  est  sur  le  tout  premier  plan  à  gauche,  n'est  indiqué  qu'au  trait  ; 
le  bas  de  l'estampe  représente  une  balustrade  sur  laquelle  un  des 
archers,  vêtu  de  blanc,  appuie  sa  main  gauche.  L'archer,  que  l'on 
aperçoit  en  noir  et  coiffé  d'un  bonnet,  près  du  pilier,  est,  dit-on,  le 
portrait  très  ressemblant  de  l'artiste  lui-même. 

Le  1er  état  est  au  fond  blanc  et  avec  les  figures  des  personnages  moins 
travaillées  que  dans  les  états  suivants.  Cette  estampe  est  un  fragment  du 
tableau  :  Marguerite  d'Autriche  reçue  par  le  serment  des  archers  d'Anvers  ;  le 


l  Et  non  un  cierge,  comme  l'a  écrit    par   erreur    Henri    Béraldi    et   comme   on  le   croit 
généralement. 


492  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIECLES 

cuivre  original  fut  apporté  à  Paris  par  Félix  Bracquemond,  et  Salmon 
l'imprimeur  en  tira  pour  la  Gazette  des  Beaux- Arts  un  nombre  d'exemplaires 
correspondant  strictement  au  nombre  des  abonnés. 

Vente  :  Michelin,  avec  Intérieur  de  Luther  à  Wittemberg,  2  pièces  avant  la 
lettre,  .")  francs. 

La  Rencontre  (13).  —  Au  milieu  de  l'estampe,  un  groupe  de 
personnages  ;  l'un  d'eux,  celui  de  gauche,  s'incline  en  tendant  la 
main  à  celui  qui  se  trouve  à  droite.  Au  fond,  des  maisons. 

("elle  pièce  est  extrêmement  rare.  M.  Barrion  la  possède  avec  la  signature 
autographe  de  l'artiste. 

Vente  :  Burty,  01  francs. 

Publication  des  Edits  de  Charles-Quint  (14).  —  Dans  une 
sorte  de  cabaret,  des  hommes  et  des  femmes  sont  rassemblés  ;  un 
homme  et  une  femme  au  premier  plan  debout  l'un  près  de  l'autre, 
semblent  écouter  attentivement  la  lecture  des  edits  ;  l'homme  a  les 
bras  croisés  et  le  pied  gauche  en  avant. 

Vente  :  Burty,  80  francs. 

Institution  de  la  Toison  d'Or  (15).  —  Au  dernier  plan  et  au 
fond  à  gauche,  une  tribune  remplie  de  personnages  ;  au  pied  de  cette 
même  tribune,  des  hérauts  d'armes  embouchent  leur  trompette.  La 
partie  droite  de  l'estampe  est  vide  de  travaux,  En  bas  à  droite: 
//.  Legs. 

Il    existe    des  épreuves  sans  la   signature.    Cette   pièce  la   pins    rare    de 
l'œuvre  est  extrêmement  curieuse  et  exécutée  tout  à  fait  en  griffbnis. 

Un  Conventicule  de  Réformés  (16).  —  Debout  et  assis  autour 
d'une  table,  des  hommes  et  des  femmes  écoulent  le  pasteur  qui  est  à 
droite  et  qui  leur  adresse  la  parole. 

Vente  :  Burty,  (il  francs. 

Jeune  Femme  assise  (18).  -  Elle  est  sur  un  banc,  dans  un 
intérieur,  tournée  à  droite  ;  la  main  gauche  sur  le  dossier  du  banc,  la 
droite  retombant  sur  son  tablier. 

N'ayant  pu  rencontrer  cette  pièce,  nous  en  avons  emprunté  la  description 
à  Béraldi;  on  la  rubrique  quelquefois  aussi  :  Marguerite  à  V  Enlise. 

Vente  :  Burty,  2  épreuves,  20  francs, 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  49Î1 

L'Imprimeur  Plantin  (10).  --  Arias  Mentanus  examine  avec 
attention  la  feuille  imprimée  que  lui  présente  Plantin  qui  est  à  droite, 
ce  dernier  a  encore  sous  le  bras  gauche  un  paquet  d'épreuves.  Deux 
amis  accompagnent  Mentanus. 

Cette  estampe,  beaucoup  plus  poussée  que  les  autres,  est   absolument 
remarquable. 

Ventes  :  Anonyme,  en  188G,  sur  papier  ancien,  1G  —  Burty,  trois  épreuves 
dont  une  avec  la  signature,  87  —  Michelin,  sur  japon,  4L). 


LHERMITTE  (Léon) 


Notons  de  l'admirable  peintre  les  trois  eaux-fortes  suivantes,  gravures 
sincères,  saines  et  fortes  : 

La  Cathédrale  de  Rouen,  publiée  en  juin  1884  par  Arthur  Tooth  &  Sons  — 
Intérieur  de  Saint-Maclou  —  La  Visite  pastorale  —  Le  Marché  aux  Poissons. 


LUIGINI  (F.) 

La  Femme  au  Coucou.  —  Une  hollandaise  debout  vue  de  dos, 
en  train  de  remonter  une  pendule  accrochée  au  mur  à  droite.  Par 
une  petite  croisée  à  gauche,  on  aperçoit  la  mer  et  un  navire. 

Jolie  [eau-forte  en  couleurs,   tirée  à  25  exemplaires  seulement,  devenue 
extrêmement  rare. 


LUNOIS  (Alexandre) 

La  Fosse  commune;  les  dernières  prières.  —  Devant  une 
fosse  béante  à  droite,  un  prêtre  debout  de  profil  à  droite,  récite  les 
dernières  prières.  A  sa  gauche,  debout  aussi,  le  fossoyeur  appuyé  sur 
sa  pelle.  Derrière  lui,  la  famille  éplorée,  deux  petits  enfants  et  leur 
mère  sans  doute,  un  mouchoir  à  la  main,  étouffe  ses  sanglots. 

Admirable  et  saisissante  lithographie  en  noir,  tirée  à  40  épreuves. 

La  Hollandaise  de  Vollendham.  —  Assise  de  profil  à  droite 
sur  une  haute  chaise  près  de  sa  croisée,  une  jeune  femme  songeuse  a 
cessé  de  tricoter. 


494  DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Cette  pièce  en  noir  est  considérée  comme  le  chef-d'œuvre  de  l'artiste, 
c'est  elle  surtout  qui  le  mit  tout  à  l'ait  en  vedette;  il  n'en  existe  que 
.)  épreuves,  la  pierre  ayant  cassé  après  ce  court  tirage  ;  elle  avait  été 
achetée  par  L.  Duniont,  l'éditeur,  à  l'Exposition  des  Peintres-Graveurs 
français  en  1890. 

Une  Evocation  chez  les  Spirites.  —  Trois  personnages  vus  de 
dos  occupent  le  milieu  d'une  pièce  où  une  lampe  est  allumée  ;  devant 
eux,  la  vision  vêtue  d'une  gaze  transparente  et  légère  semble  s'élever; 
un  cinquième  personnage  est  endormi  dans  un  fauteuil,  les  mains 
croisées  sur  les  genoux,  la  tête  penchée  à  gauche. 

Tirée  à  20  épreuves  d'essai  en  noir  ;  pierre  effacée. 

Le  Menuet.  —  Dans  un  salon  où  les  musiciens  sont  à  gauche, 
deux  jeunes  femmes  esquissent  le  pas  du  menuet  en  costume  du 
xviii0  siècle. 

Pièce  en  couleurs  à  30  épreuves;  pierre  effacée.  —  Il  existe  quelques 
exemplaires  d'essai  sur  japon  pelure.  On  dît  que  ce  sont  des  portraits;  la 
scène  se  passe  chez  M.  Ménard  Dorian. 

Intérieur  Hollandais.  —  Deux  jeunes  femmes,  l'une  de  trois 
quarts  à  droite,  l'autre  de  profil,  sont  assises  l'une  en  l'ace  de  l'autre, 
devant  une  croisée  dont  l'un  des  côtés  est  ouvert  ;  celle  de  droite  a 
sur  les  genoux  un  pot  contenant  une  tulipe.  A  travers  la  fenêtre 
ouverte  on  aperçoit  à  droite  un  moulin  à  vent. 

Superbe  pièce  en  noir,  une  des  plus  belles  si  ce  n'est  la  plus  belle  de 
l'œuvre.  Il  la  faut  avoir  avant  la  rectification  des  marges  et  l'adjonction  du 
nom  de  l'imprimeur. 

Avant  la  Danse.  —  Quatre  danseuses  espagnoles  assises  se 
détachent  sur  un  fond  bleu,  violemment  éclairées  par  une  lampe. 

Pièce  en  couleurs  tirée  à  lu  épreuves;  pierres  effacées.  —  Cette  estampe 
a  pour  pendant  Bailarinas  flamencas,  tirée  à  90  épreuves. 

Le  Colin-Maillard.  —  Des  jeunes  lilles  jouant  au  colin-maillard 
sous  les  ombrages  d'un  parc. 

Pièce  en  couleurs,  superbe,  tirée  à   10  épreuves.  Pierres  effacées. 

Danseuse  Espagnole  remettant  son  soulier. 

Le  titre  seul  nous  dispense  de  la  description  de  cette  pièce  en  imitation 
de  pastel  d'un  œil  tout  particulier  et  devenue  fort  rare. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  49") 

Citons  encore  :  Au  Burero  —  Yamina-benl  si-Djelloul  —  Au  bord  du 
Zuidersée  —  La  Buveuse  d'Absinthe  —  Le  Départ  pour  la  Chasse  ù  courre  — 
L'Embarquement  —  Pénombre  '  —  Les  Tisseuses  de  Burnous  —  La  Raquette  — 
Les  Galeries  supérieures  du  Thééitre  Beaumarchais,  si  soyeuses  et  si  enve- 
loppées, etc.,  etc. 

L'artiste,  dont  nous  venons  de  donner  un  très  faible  aperçu  de  l'œuvre, 
est  un  jeune,  né  en  plein  centre  de  Paris,  au  coin  des  rues  Montorgueil  et 
Montmartre.  Il  commença  à  dessiner  dès  l'âge  de  5  ans,  et  il  conserve 
encore  les  croquis  de  chevaux  et  d'omnibus  qu  il  faisait  place  Sainte- 
Eustache  d'après  ceux  du  chemin  de  fer  Saint-Lazare.  Entré  à  l'Ecole  de 
dessin,  les  modèles  de  M"«  Ducollet  —  les  éternelles  feuilles  de  chêne  avec 
deux  prunes  —  eurent  le  don  de  l'écœurer,  et  un  jour,  refusant  net  de 
continuer,  il  revint  chez  son  père  auquel  il  déclara  qu'il  voulait  être 
peintre;  mais  comme  il  fallait  avant  tout  apprendre  à  dessiner  il  rentra 
chez  Sirouy,  un  ami  de  la  famille,  il  avait  quatorze  ans  et  demi  ;  un  an  plus 
tard,  il  le  quittait,  s'étant  brouillé  avec  la  mère  de  son  patron  qui  lui 
reprochait  de  mal  balayer  l'atelier!!! 

De  nouveau  livré  à  lui-même,  très  débrouillard  et  ne  voulant  pas  être  à 
charge  aux  siens,  il  s'installa  au  Louvre  et  là  travailla  comme  un  nègre; 
quand  il  n'était  pas  au  Musée,  il  faisait  de  la  lithographie  de  commerce 
chez  un  parent,  de  6  heures  à  8  heures  du  matin,  et  de  5  heures  à  minuit  ; 
il  gagnait  de  deux  francs  cinquante  à  trois  francs  par  jour. 

Il  venait  d'avoir  16  ans,  quand  il  se  décida  à  faire  deux  lithographies  pour 
le  Salon  ;  à  ce  moment,  deux  amis  de  son  père,  à  qui  il  fut  présenté,  eurent 
une  influence  décisive  sur  son  avenir,  Buttin  et  Lhermitte;  ces  messieurs 
s'intéressèrent  à  l'énergique  et  intelligent  garçon,  Butin  lui  donna  à  repro- 
duire Le  Pécheur  d'Anguilles,  et  Lhermitte  Le  Pot  de  Vin  ;  ces  lithographies 
figurèrent  au  Salon  de  1882  et  lui  valurent  une  mention  honorable. 

L'époque  du  volontariat  arriva,  mais  il  fallait  trouver  quinze  cents  francs, 
c'était  dur!  Paul  Mantz,  alors  directeur  des  Beaux- Arts,  lui  sauva  la  vie, 
ayant  remarqué  son  envoi  au  Salon,  il  le  lit  venir,  lui  demanda  à  voir  ses 
dessins,  ses  études,  et  séduit  par  le  tempérament  d'artiste  du  jeune  homme 
qui  lui  conta  son  histoire,  il  lui  confia,  moyennant  1200  francs,  la  repro- 
duction de  La  Paye  des  Moissonneurs,  de  Lhermitte.  Sur  ces  entrefaites  il 
passa  un  concours  pour  entrer  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts  et  fut  reçu;  il  resta 
quinze  jours  à  l'Ecole,  où  son  indépendance  et  ses  principes  d'art  se 
trouvaient  mal  à  l'aise.  11  partit  pour  le  régiment,  oit,  dans  ses  loisirs,  il 
continua  à  peindre  et  à  dessiner  et  obtint  une  médaille  au  Salon  de  1883; 
voilà  ses  débuts. 

Cependant  la  lithographie  le  hantait  toujours;  il  s'informa,  s'enquit  près 
des  imprimeurs  de  ce  que  ses  devanciers  avaient  fait,  fouilla,  chercha,  mais 
en  réalité,  apprit  peu  de  choses  et  sentant  que  s'il  restait  dans  l'ancienne 
formule  il  n'arriverait  à  rien,  il  quitta  carrément  les  chemins  battus  et 
commença  à  introduire  du  lavis  dans  ses  pierres.  Il  se  mit  à  l'œuvre  et  un 
jour  il  arriva  chez  Belfond  avec  une  petite  pierre  toute  au  lavis,  l'imprimeur 
s'y  intéressa,  y  mit  tout  son  savoir  et,  aidé  des  conseils  de  l'artiste,  obtint 


1  Tirée  à  '20  épreuves  ;  ne  pas  la  juger  sur  le  spécimen  affreux  paru  dans  l'Artiste. 


49(i  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

une  épreuve  dont  le  tirage  Fut  complètement  satisfaisant;  cette  lithographie 
n'était  mitre  que  Les  Pèlerins  (FEmmaûs  ■  dont  un  exemplaire  figura  à 
l'exposition  des  Peintres-Graveurs  en  1890,  et  où  elle  fut  très  remarquée. 

A  partir  de  ce  jour,  il  lit  ses  lithographies  comme  on  fait  une  aquarelle, 
en  délayant  de  l'encre  lithographique  dans  un  godet  et  en  lavant  largement; 
c'est  ainsi  qu'il  obtient  ses  estampes  si  chaudes,  si  pittoresques  et  si 
enveloppées  qui  ont  —  on  peut  le  dire  —  toute  la  saveur  d'un  original, 
mais  il  y  a  là  un  tour  de  main  dont  lui  seul  a  le  secret.  De  plus,  quand  il  le 
juge  nécessaire,  il  n'hésite  pas  à  adjoindre  le  crayon  au  lavis;  mais  ce  qu'il 
ne  l'ait  jeûnais,  c'est  de  retoucher  ses  pierres  ;  telles  elles  sont,  telles  en 
sortent  les  épreuves  ;  tout  le  charme  primesautier  du  morceau  est  là. 

Son  oeuvre  est  déjà  fort  considérable,  il  nous  avoue  avoir  l'ait  plus  de 
15000  litho  sur  lesquelles  —  très  sévère  pour  lui-même  —  il  en  détruisit 
plus  de  2600,  parmi  lesquelles  plusieurs  d'une  certaine  importance  qui  ne 
lui  plaisaient  pas.  Ses  dernières  créations  sont  des  Scènes  Espagnoles 
pour  Pellet,  et  à  l'heure  actuelle  où  nous  écrivons  ces  lignes,  il  est  en  train 
de  faire  pour  Edmond  Sagot  :  Un  jour  d'Exposition  au  Bon  Marché. 

Son  premier  succès  —  et  il  fut  considérable  —  eut  lieu  au  moment  où 
parut  La  Hollandaise  de  Vollendham  dont  nous  avons  déjà  parlé  plus  haut; 
il  se  continua  avec  :  L' Adoration  nocturne  —  L'Hippodrome  —  Les  Tisseurs 
de  Burnous,  pièces  en  noir.  Depuis,  La  Buveuse  d'Absinthe  —  Pénombre  - 
La  Raquette,  et  les  autres  estampes  que  nous  avons  déjà  décrites  et 
mentionnées,  l'ont  placé  au  premier  rang  des  peintres-lithographes  de 
notre  époque.  Sa  renommée  va  toujours  grandissant  '  et  la  vente  l'ochet, 
qui  eut  lieu  en  février  1902,  fut  pour  son  œuvre  un  triomphe. 

Comme  nous  l'interrogions  sur  les  estampes  en  couleurs  et  que  nous 
paraissions  nous  étonner  un  peu  de  la  préférence  qu'il  semblait  accorder  à 
ces  dernières  :  «  Ne  croyez,  [tas  cela,  répliqua-t-il  vivement,  la  lithographie 
en  couleurs  ne  m'a  jamais  donné  de  vraies  satisfactions,  le  noir  et  le  blanc, 
il  n'y  a  que  ça,  et  le  jour  où  j'aurai  mis  sur  une  planche  en  couleurs  tout 
ce  que  je  voulais  y  mettre,  ce  jour-là  j'aurai  fait  ma  dernière  pierre,  » 
précisant  nettement  son  peu  de  goût  pour  ces  estampes  —  dont  on  abuse 
vraiment  aujourd'hui  —  mais  voulant  affirmer  néanmoins  que  sa  ténacité 
viendrait  à  bout  de  difficultés  qu'il  sentait  encore  invaincues. 

Toujours  à  la  recherche  de  procédés  nouveaux,  l'artiste  vient  de  graver1 

sur  pierre  au  diamant  les  deux  fort  jolies  pièces  suivantes  : 

L'Espagnole.  --  Une  jeune  l'einnie  de  trois  quarts  regarde  de 
l'ace,  elle  est  deboul  dans  l'entrebâillement  d'une  porte,  la  main 
droite  est  appuyée  sur  la  hanche  et  le  bras  gauche  allongé  horizon- 
talement s'arc-boute  contre   le   mur;  un  courant  d'air  imprime  une 


'  in.  a  douze  épreuves!  0  mm-  Japon  el  B  iur  papier  vert 
»  il  lui  in.   chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en  18%. 
'  i .  v  1 1er  ii  mari  1903. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  497 

légère  envolée  au  jupon  dont  toute  la  partie  droite  est  violemment 
éclairée. 

Le  1er  état  est  au  simple  trait,  le  2«  semble  ombré  à  l'aquatinte? 

Les  Fiancés  de  Cordoue1.  --  Au  tout  premier  plan,  sur  un 
tertre  occupant  le  milieu  de  la  composition,  une  jeune  femme  est 
assise  de  trois  quarts  à  droite,  elle  regarde  de  face;  un  homme  de 
profil  à  gauche  est  à  demi-couché  à  ses  pieds,  son  coude  droit  s'appuie 
sur  les  genoux  de  sa  fiancée  qu'il  contemple  amoureusement,  il 
tient  entre  ses  doigts  une  cigarette.  Dans  le  coin  droit  inférieur  de 
l'estampe,  des  chardons  ;  derrière  le  couple,  un  fleuve,  et  au  tout 
dernier  plan,  la  silhouette  de  Cordoue  qu'inondent  les  rayons  d'un 
soleil  couchant.  En  bas  à  gauche  :  A.  L.  1903. 

Le  1er  état  n'est  exprimé  qu'au  simple  trait,  a  part  quelques  ombres  sur 
le  chapeau  et  la  ligure  de  l'amoureux,  ainsi  que  sur  le  pont  qui  est  à 
l'avant-dernier  plan  ;  clans  cet  état,  la  main  gauche  que  l'homme  appuie 
par  terre  n'existe  pas. 

Ces  deux  estampes,  tout  premier  et  curieux  essai  d'un  procédé  nouveau, 
sont  en  plusieurs  états  aux  mains  de  M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau  qui  les 
tient  directement  de  l'amabilité  de  M.  Lunois. 

Terminons  en  disant  que  le  coup  décisif  de  la  vie  de  l'artiste  fut  la 
bourse  de  voyage  '  qu'il  obtint  en  1888  ;  avec  les  quatre  mille  francs  qu'elle 
lui  procura,  il  parcouru l  successivement  pendant  dix-huit  mois  la  Belgique, 
la  Hollande,  l'Algérie,  le  Maroc,  revint  par  l'Espagne,  rapportant  de  cette 
tournée  de  la  couleur  plein  les  yeux,  du  talent  plein  les  mains. 

La  Revue  de  l'Art  ancien  et  moderne  lui  consacra,  sous  la  signature  de 
M.  E.  Dacier,  en  décembre  1900  et  janvier  1901,  une  très  intéressante  étude. 


MAC   LAUGHLAN  (Donald   Shaw) 

The  Coppersmith  \  —  Deux  ouvriers  à  gauche  sur  le  tout  pre- 
mier plan  ;  l'un  est  assis,  l'autre  est  debout  et  vu  de  dos  en  train  de 
couper  une  tôle  à  la  cisaille.  Au  fond  de  l'atelier  dans  l'ombre,  on 
distingue  un  troisième  ouvrier  debout  et  de  face. 


1  Ou  Los  Xovios  île  Cortloba.  ce  qui  est  plus  couleur  locale. 
-  Ces  bourses  ont  été  instituées  en  1881. 
1  Le  Chaudronnier. 

32 


498  DIX-NEUVIÈME  KT  VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Pont  Louis-Philippe.  Le  pont  occupe  la  plus  grande 
partie  gauche  de  l'estampe,  et  dans  les  airs,  plane  un  ballon.  Le  ciel 
est  1res  clair. 

Le  Charbonnier.  —  Sur  le  premier  plan,  à  gauche,  des  piles 
de  sacs  de  charbon  violemment  éclairés,  derrière  lesquels  se  tient  le 
charbonnier  en  train  d'en  dégager  un  pour  servir  sans  doute  sa 
pratique,  une  femme  qui  est  dans  sa  boutique,  accompagnée  d'une 
petite  fille  vue  de  dos.  Sur  une  planchette  à  gauche,  au-dessus  des 
sacs  empilés  près  d'une  colonne  montante,  un  chat  est  endormi.  Sur 
le  devant  de  la  composition,  dans  le  coin  droit  inférieur,  un  chien 
tourné  à  gauche  est  couché. 

Pièce  superbe  dont  les  distributions  de  lumière  sont  rendues  avec  une 
science  et  une  maestria  sans  pareilles. 

La  Rue  Mouffetard.  —  L'entrée  de  la  rue,  grouillante  de 
populace,  avec  la  façade  de  la  grande  maison  de  droite  fortement 
éclairée  ;  sur  tout  le  premier  plan  de  ce  même  côté,  un  groupe  de 
trois  femmes  ayant  à  gauche  un  enfant,  et  à  droite  un  petit  chien. 

La  Petite  Forge.  —  Une  boutique  de  maréchal-ferranl  dont  les 
murs  sont  plongés  dans  la  pénombre;  dans  le  fond,  qu'éclaire  un 
jour  tamisé,  on  aperçoit  un  cheval  tourné  à  droite  et  deux  ouvriers; 
celui  qui  esl  à  gauche  esl  à  l'étau,  l'autre  à  la  forge. 

Voici  deux  pièces  Urées  à  petit  nombre,  qu'il  ne  faut  à  aucun  prix  laisser 
échapper;  elles  révèlent  dans  Uni-  simplicité  de  grande  allure  un  tempérament 
d'artiste  tout  à  fait  hors  ligne.  —  C'est  chez  !..  Dumont  que  vous  pourrez 
vous  les  procurer,  s'il  en  reste  encore,  car  il  est  le  dépositaire  attitré  de 
l'œuvre  du  séduisant  peintre-graveur  américain. 

La  Chiffonnière  ou  Intérieur  de  Chiffonnier.  Dans  un 
misérable  taudis,  une  vieille  femme  assise  au  milieu  de  sacs  de 
chiffons,  semble  dormir;  le  jour  vient  d'une  lucarne  qui  esl  à  gauche; 
au  plafond,  des  guenilles  sont  suspendues;  dans  le  coin  droil 
inférieur,  deux  rais. 

Cette  eau-forte,  une  des  autres  pièces  capitales  de  l'<cu\  re,  qui,  i\n  premier 

coup,  a  classé  notre  artiste  pariai  eeu\  les  plus  en   vedelle  de  nuire  heure, 

figurait  en  l'.iiili  au  Salon  de  la  Société  Nationale;  elle  y  lut  lies  particu 
lièrement  remarquée. 


DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME   SIÈCLES  499 

Né  au  Canada  en  187G,  M.  1).  Shaw  Mac  Laughlan  s'est  fait  naturaliser 
citoyen  des  Etats-Unis;  c'est  au  début  de  189!)  qu'il  commença  à  graver; 
cette  année-là,  il  fit  trois  cuivres.  Depuis  cette  époque,  il  s'adonne  avec 
passion  à  l'art  si  empoignant  de  l'eau-forte  ;  il  n'eut  jamais  de  professeur 
et  travailla  quelque  temps  seulement  à  Boston  sous  la  direction  de 
.M.  E.  W.  1).  Ilamilton. 

Les  Maîtres  qui  l'impressionnèrent  le  plus  vivement,  lurent  Durer, 
Méryon,  Whistler  et  Rembrandt,  mais  jamais  ces  artistes  n'exercèrent  la 
moindre  influence  sur  sa  manière  ;  il  est  demeuré  toujours  et  absolument 
lui-même.  De  son  œuvre  très  varié  et  très  sincère,  se  dégage  déjà  une  haute 
et  puissante  saveur  d'originalité,  et  on  est  en  droit  de  tout  attendre  de  ce 
jeune  peintre-graveur  auquel  le  plus  brillant  avenir  est  réservé  ;  c'est  donc 
avec  le  plus  chaud  enthousiasme  et  la  plus  inébranlable  confiance  que  nous 
saluons  eu  lui  le  Maître  qui,  encore  peu  connu  aujourd'hui,  sera  célèbre 
demain. 

L'artiste  airectionne  les  papiers  pelure  vieux  japons  et  les  vergés  minces  ; 
il  ne  donne  généralement  qu'une  marge  de  quelques  millimètres  à  ses 
eaux-fortes  qu'il  signe  rarement  sur  le  cuivre,  mais  toujours  au  crayon 
parallèlement  au  trait  carré,  et  en  caractères  fort  ténus. 

Parmi  la  quarantaine  de  pièces  qu'il  a  déjà  à  son  actif,  nous  attirerons 
encore  d'une  façon  toute  spéciale  l'attention  du  collectionneur  sur  les 
suivantes  : 

Les  Tanneries  —  Le  Pont  Saint-Michel  —  Saint-Sulpice,  côté  gauche  et 
côté  droit  ;  2  planches  —  La  Ruelle  des  Pêcheurs  à  Boulogne-sur-Mer  — 
Quai  de  FHôtel-de -Ville  à  Paris  —  Notre-Dame'  —  Le  Port  de  Boulogne- 
sur-Mer  —  La  Cite  —  La  Forge  des  Carmélites  —  La  Cour  des  Gobelins  — 
Le  Quai  des  Orfèvres  —  Mill  Stream,  toute  petite  pointe  sèche,  tirée  à 
3  épreuves  seulement  —  A  Charenlon  —  A  Rouen. 


MANET   (Edouard) 

Peintre  plus  encore  que  graveur,  est  né  en  1833  et  mort  le  30  avril  1883;  il  a 
fait  quelques  eaux-fortes  pleines  de  vigueur  et  d'accent,  on  pourrait  presque 
dire  de  violence  et  de  fougue,  à  ces  titres  elles  ne  sont  pas  sans  saveur. 

Le  Guitarero,  18(51  (B  2).  —  Coiffé  d'un  chapeau  crânement 
posé  sur  son  serre-tête  blanc,  le  guitarero  est  assis  sur  un  banc  de 
bois  rustique  de  trois  quarts  à  droite,  il  regarde  de  face,  la  tête 
légèrement  penchée,  son  pied  gauche  ne  touche  pas  terre,  il  chante 
en  pinçant  de  son  instrument  ;  près  de   lui  à  gauche,  une  cruche 


l  Au  1"  état,  le  premier  plan  est   vide  de  travaux  ;  aux  suivants,  il  y  a  un  fiacre  et  des 
personnages. 


f>0<)  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

d'eau.  Dans  le  coin  droit  supérieur:  Ed.  Manet.  et  en  bas  à  droite: 
Imp.  Delâtre,  Paris.  —  Le  1er  état  est  au  fond  clair. 

C'est  la  pièce  capitale  de  l'œuvre  avec  la  suivante  qui  est  fort  belle. 

La  Femme  au  Bain  (9).  —  Dans  une  pièce  sombre,  une  femme 
très  éclairée  est  assise  sur  un  sopba  de  trois  quarts  à  droite,  elle 
ramène  son  peignoir  sur  sa  poitrine  et  regarde  de  l'ace;  derrière  elle 
et  à  sa  gauche,  une  femme  dans  la  pénombre  s'apprête  à  lui  passer  sa 
chemise.  L'éclairage  du  fond  de  la  pièce  qui  est  très  faible  vient  par 
une  ouverture  grillagée. 

Citons  encore:  Lola  de  Valence,  en  danseuse,  eau-forte  comme  les  pièces 
ci-dessus.  Mentionnons  aussi,  pour  l'acquit  de  notre  conscience,  une  litho- 
graphie polychrome  qui  jouit  d'une  certaine  célébrité  :  Le  Polichinelle,  dont 
un  exemplaire  à  la  vente  Mallet  vient  délie  adjugé  42  francs,  et  62  à  celle  de 
Pochet,  sur  japon  mince;  il  n'y  en  a,  paraît-il,  que  25  épreuves,  quelques 
exemplaires  fort  rares  existent  en  noir;  ;i  la  vente  Burty  en  1891,  l'œuvre 
gravé  et  lithographie  presque  complet  en  premières  épreuves  fut  adjugé 
1500  lianes.  —  Voir  Béraldi,  tome  IX.  Paris  1889. 


MAUD   (Pierre) 

Approche  d'Orage  —  Paysage  du  Bourbonnais. 
Deux  eaux-fortes  en  couleurs  ne  manquant  pas  d'accent. 


MAURIN   (Charles) 

Femme  se  coiffant.  Nue  jusqu'à  la  ceinture,  elle  esl  assise  de 
trois  quarts  à  droite,  les  veux  baissés,  en  train  de  s'arranger  les 
Cheveux  du  CÔté  aVoi/,  La  planche  esl  encadrée  d'une  large  bordure 
d'environ  trois  centimètres  ornée  de  Heurs  ;  celte  bordure  est  obtenue 
par  un  grain.  Dans  le  haut  du  coin  gauche,  à  l'envers  :  Ch.  Manrin  /.S'.1'/. 

Pièce  d'un  merveilleux  dessin. 

Femme  à  sa  toilette.  Complètement  nue  et  vue  de  dos,  une 
femme  devant  sa  glace,  les  bras  levés,  arrange  sa  coiffure  ;  une  niècbe 
de  cheveux  pend  cidre  ses  deux  épaules. 

Une  de  ses  meilleures  pièces  en  couleurs,  celles  <lr  bon  tirage  sont  1res 
rares. 


DIX-NEUVIÈME    F.T    VINGTIÈME    SIÈCLES  Ô01 

La  Première  Toilette.  —  Dans  un  boudoir  qu'éclaire  une 
fenêtre  placée  au  fond  de  l'estampe,  deux  femmes  ;  une  debout  à 
gauche  de  profil  à  droite,  en  déshabillé  lient  un  miroir  dans  lequel 
elle  se  regarde  en  arrangeant  sa  coiffure,  derrière  elle  sa  toilette 
chargée  de  flacons  ;  une  de  ses  amies  assise  à  droite  est  occupée  à  se 
laver  les  pieds  dans  une  cuvette.  A  l'espagnolette  de  la  croisée  on  a 
suspendu  un  réticule. 

Fort  jolie  pièce,  délicieuse  quand  elle  est  bien  tirée.  Signalons  son  premier 
morceau  en  couleurs  avec  repérage:  Femme  arrosant,  et  la  très  remarquable 
pointe  sèche  tle  ses  débuts:  Vue  de  Montmartre,  rarissime,  ainsi  que  l'eau- 
forte  :  Saint-Ouen  vu  de  Montmartre,  aussi  rare.  Terminons  en  mentionnant 
encore  comme  pièces  en  couleurs  :  Folies-Bergères  —  La  Jarretière  —  Dans 
la  Loge  —  Aux  Champs-Elgsées  et  enfin  parmi  les  études  de  nu  qu'il  a  faites 
à  la  pointe  sèche,  celte  petite  merveille  de  finesse  et  de  dessin  :  Une  femme 
nue  attachée  par  le  dos  ci  un  arbre,  les  cheveux  épars  et  regardant  «  droite. 

L'artiste  est  extrêmement  habile  et  ses  pièces  en  couleurs,  pleines  de 
séduction,  sont  fort  en  vogue. 


MEISSONNIER  (Ernest) 

Peintre  célèbre  né  à  Lyon  en  1813,  mort  à  Paris  en  1891,  a  fait  quelques 
eaux-fortes  qui  sont  recherchées  par  certains  amateurs,  voici  les  principales: 

Le  grand  Fumeur  —  Le  petit  Fumeur  —  Le  Siège  de  Dcrg-op-Zoom  —  Les 
Apprêts  du  Duel  '  —  //  Signor  Annibal  —  Le  Violon  —  L'Aigle  *  —  Monsieur 
Polichinelle. 

Quitte  à  passer  pour  très  irrespectueux  envers  la  mémoire  du  Maître  —  ce 
dont  nous  nous  défendons  —  nous  avouerons  n'attacher  aucune  espèce 
d'importance  à  ces  petites  fadaises  essentiellement  impersonnelles;  ce  sont 
des  choses  veilles,  sans  accent,  et  pour  nous,  complètement  muettes,  on  nous 
permettra  d'être  comme  elles.  Nous  sommes  convaincu,  du  reste,  que 
beaucoup  de  gens  pensent  tout  bas  ce  que  nous  croyons  devoir  confesser 
tout  haut3.  Ajoutons  que  ces  réflexions  ne  s'adressent  exclusivement  qu'aux 


1  Ou  L'Homme  à  Vèpée. 

*  Gravé,  croyons-nous,  en  septembre  1800. 

3  Quand  on  songe  qu'à  la  vente  Burty,  en  1891,  on  a  payé  :  Le  Violon,  1"  élat,  315  francs  — 
Le  Petit  Fumeur,  225  —  Les  Retires,  épreuve  d'essai  avec  crayons  de  couleurs.  350  —  Monsieur 
Polichinelle,  tourné  à  droite.  156  —  et  Les  Apprêts  (tu  Duel,  1000  francs  I  !!!  On  en  demeure 
bleu,  en  constatant  qu'à  la  même  époque,  à  la  vente  de  Salicis  on  rechignait  pour  payer 
578  malheureux  francs  un  admirable  exemplaire  tic  La  Morgue  de  Méryon  eu  1"  état  et 
dcdieaec  I  Ajoutons,  pour  être  loyal,  que  les  prix  pratiqués  à  la  vente  Burty  sont  des  prix 
d'exception. 

Notons  encore  et  quant  même,  pour  les  enthousiastes,  une  autre  petite  pièce  non  décrite  : 
La  Fuite  d'un  Abbé,  qui  fut  adjugée  à  la  vente  Burty  150  francs. 


502  DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME    SIÈCLES 

eaux-fortes,  car  si  l'œuvre  peint  manque  un  peu  d'émotion  dans  son 
ensemble  il  est,  certes,  des  pages  qui  ne  sont  pus  sans  grandeur  et  devant 
elles  nous  nous  inclinons. 

Une  exposition  de  l'œuvre  gravé  de  l'artiste  eut  lieu  à  Londres  en  février- 
mars  1891,  chez  Obach  et  (>>,  l'année  même  de  son  décès.  —  Voir  Henri 
Béraldi,  tome  X.  Paris  1890. 


MENZEL  (Adolf)1 

Peintre-graveur  célèbre  que  nous  avons  le  très  vif  regret  de  ne  pouvoir 

présenter  aux  collectionneurs  car,  malgré  nos  démarches,  il  nous  a  été 
impossible  de  nous  procurer  ses  lithographies  et  eaux-fortes  qui  sont  déjà 
d'une  excessive  rareté  même  en  Allemagne.  Le  grand  collectionneur  de 
Brème,  le  docteur  Meier,  possède  son  œuvre  au  complet.  Un  catalogue 
raisonné  et  descriptif  de  l'œuvre  de  Menzel  a  été  rédigé  par  M.  Dorgeloh. 

Une  exposition  des  œuvres  de  l'artiste  eut  lieu  à  Paris  du  21!  avril  au 
15  juin  1885,  il  y  avait  fort  peu  d'eaux-fortes  et  de  lithographies  ;  en 
revanche,  beaucoup  de  dessins,  aquarelles,  gouaches,  avec  quelques 
peintures. 


MERYON   (Charles) 

Fils  naturel  d'un  médecin  anglais  Charles-Lewis  Mérvon  et  de  Narcisse 
Chapoux,  danseuse  à  l'Opéra,  naquit  à  Paris  le  23  novembre  1821,  et  mourut 
fou,  à  l'asile  de  Charcnton,  le  1 1  février  1868,  ses  restes  reposent  dans  le 
cimetière  de  Charcnton-Saint-Maurice. 

Son  ancien  camarade,  le  capitaine  «le  vaisseau  de  Salicis,  lui  lit  élever 
une  pierre  noire  rectangulaire  supportée  par  quatre  dés  de  pierre  blanche, 
une  lame  de  cuivre  y  fut  encastrée  et  Félix  Bracquemond  y  grava  le  nom 
de  l'illustre  disparu,  son  monogramme,  ainsi  qu'une  tète  de  mort,  des 
flambeaux  éteints  et  des  outils  de  peintre-graveur;  par  une  délicate  el 
tendre  attention,  il  y  reproduisit  aussi  les  armes  de  la  Ville  de  Paris  telles 
que  Mérvon  les  avait  inventées  et  dessinées  lui-même. 

Charles  Mérvon  est  la  plus  grande  figure  de  notre  siècle;  en  tant  que 
peintre-graveur,  c'est  un  colosse.  Ne  relevant  que  de  lui-même',  ne  se 
rattachant  à  aucune  tradition,  à  aucune  origine,  il  a  engendré  des  chefs- 
d'œuvre.  Sa  couleur  et  sa  technique  sont  empreintes  d'une  telle  originalité 
qu'aucun  artiste  n'a  tenté  de  l'imiter  '.  On  assure  qu'il  gravait  de  bas  en  haut, 


i  Ne  à  Brcslau  on  1815. 

>  Quelques  leçons  bu  point  de  vue  métier  lui  furent  données  par  l'aquafortiste  Eugène  Bléry. 

1  Nous  déftom  tin  artiste  quoiqu'il  soit,  français  ou  étranger)  de  reproduire  »!»■  façon  n 
pouvoir   donner   l'Illusion   de  l'original    /."    Vorgut,  /.••  Ponl-au-Change  ><u   l.,<  Une  de  la 
rtxércatderlt I  N'est-ce  p:i s  consacrer  a»-  ce  lui  l'inaurpassable  génie  <iu  Maître,  quand  fin   * 
songe  que  l<"*  plus  grands  artistes,  Rembrandt  ri  Durer  eux-mêmes,  onfrété  pastichés  souvent 
.l'un.-  manière  telle,  que  quelquefois  la  "•;»■   valait  l'original. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  503 

faisant  observer,  disait-il,  que  les  ouvriers  n'avaient  pas  coutume  de 
commencer  les  maisons  par  les  toits,  et  que  tout  être  qui  voulait  entre- 
prendre quelque  chose  songeait  d'abord  à  s'assurer  de  la  stabilité  de  ses 
pieds. 

L'œuvre  de  l'artiste  n'est  pas  très  considérable.  Burty,  dans  son  dernier 
catalogue  (1879),  compte  97  numéros,  et  Wedmore  dans  le  sien  (2e  édition, 
1892),  95  seulement.  Toutes  ses  eaux-fortes  n'ont  pas  la  même  saveur,  tant  s'en 
faut,  c'est  surtout  et  avant  tout  l'incomparable  série  des  23  Vues  de  Paris  qui 
l'ont  immortalisé  i  ;  dans  les  pièces  de  tout  premier  plan  que  nous  allons 
décrire  et  analyser  tout  à  l'heure,  il  convient  surtout  de  signaler  comme 
d'insnrpassable  maîtrise:  La  Tour  de  l'Horloge  —  La  Morgue  —  Le  Pont  au 
Change  —  L'Abside  —  La  Rue  des  Mauvais-Garçons  —  Le  Stryge  et  La  Rue  de 
la  Tixéranderie.  Celles-ci,  nous  le  disons  haut  et  net,  supportent  la  compa- 
raison avec  les  Maîtres  de  n'importe  guelle  époque,  de  n'importe  quel  siècle  ;  il 
est  idiot  et  souverainement  injuste  de  ne  payer  cher  que  les  artistes  morts 
depuis  un,  deux,  trois,  quatre  ou  cinq  cents  ans;  il  y  aura  donc  éternel- 
lement des  gogos  qui  donneront  5000  francs  comme  un  sou  du  Damier  au 
fond  blanc,  de  Rembrandt,  et  qui  lésineront  pour  payer  GO  louis  une  Morgue 
ou  une  Abside.  Voilà  pourtant  où  nous  mène  le  snobisme  à  outrance,  ces 
choses-là  ont  le  don  de  nous  exaspérer,  et  quand  nous  entamons  ce  chapitre 
nous  sentons  que  nous  deviendrions  facilement  enragé,  mais  passons,  car, 
hélas  !  nous  ne  changerons  rien  à  ces  choses  qui  vivront  aussi  longtemps 
que  la  bêtise  humaine... 

L'œuvre  est  souvent  d'un  classement  très  difficile,  parce  que  les  états  sont 
d'abord  quelquefois  assez  nombreux  et  que,  non  seulement,  il  y  a  des 
épreuves  d'essai  avant  tout  état,  mais  encore  de  ces  épreuves  après  des  états 
bien  caractérisés,  qui  viennent  alors  jouer  le  rôle  d'épreuves  d'essai  inter- 
médiaires entre  les  états.  Aussi,  voyons-nous  sans  cesse  dans  les  différentes 
monographies  ou  dans  les  catalogues  de  vente  des  classifications  d'états  qui 
ne  concordent  pas  entre  eux. 

L'artiste  employait  pour  ses  tirages  toutes  sortes  de  papiers,  mais  il 
affectionnait  particulièrement  un  papier  verdâtre  fabriqué  au  temps  du 
Directoire  et  au  commencement  du  premier  Empire,  les  épreuves  de  ce 
tirage  sont,  nous  le  savons,  recherchées  de  préférence;  il  peut  évidemment 
exister  une  certaine  symphonie  entre  les  verts  et  les  noirs,  mais  les  lumières 
semblent  mal  s'en  accommoder,  nous  estimons  donc  que  souvent  même 
des  épreuves  sur  japon  ou  demi-lin  de  hollande  sont  supérieures;  il  n'y  a 
point  là,  du  reste,  de  règles  générales  à  invoquer,  c'est  la  pièce  sous  les 
yeux  et  par  comparaison  qu'on  peut  seulement  se  prononcer  sur  la  beauté 
et  la  supériorité  de  l'épreuve. 

Notons  en  passant  que  les  premiers  états  —  nous  entendons  par  là  le  1er  ou 
le  2*  —  sont  seuls  intéressants  et  colicctionnables,  et  qu'encore  il  existe  des 
différences  énormes  dans  les  tirages  même  de  ces  premiers  états,  on  peut 
dire,  du  reste,  d'une  manière  générale  que  les  réellement  belles  épreuves  sont 
excessivement  rares.  Les  derniers  étals  sont  à  rejeter  impitoyablement,  aussi, 


1  Victor  Hugo  écrivait  :  Le  Souffle  tic  l'immensité  traverse  l'œuvre  de  Méryon  et  fait  de  ses  eaux- 
furies  plus  que  des  tableaux des  visions!  et  Burty:  fM  poésie   intime  cl  suprême  du  vieux 

Paris 


.">()4  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

mal    avisé    serait    celui    qui    voudrait   juger    l'œuvre    sur    ces   détestables 
échantillons. 

Les  plus  belles  collections  formées  de  l'œuvre  de  l'artiste  lurent  celles  de 
Jules  Niel,  Burty',  Hirscli,  Sensier,  Wasset,  de  Salicis,  Hedouin,  toutes 
maintenant  dispersées;  celle  si  complète  de  Sir  F.  Seymour  Haden  est  passée 
en  Amérique*;  à  l'heure  actuelle,  celles  de  M.  15.  Bernard  Macgeorge,  de 
Glasgow,  et  de  M.  H.  S.  Theobald,  de  Londres,  sont  sans  rivales,  la  première 
provient  en  grande  partie  de  chez  le  Rév.  J.  J.  Ileywood;  viennent  ensuite 
celles  également  très  remarquables  de  MM.  S.  I'.  Avery'  et  Howard 
Mansfield,  de  New -York,  The  British  Muséum,  M.  .lames  Knowles,  le 
Département  des  Estampes,  Henri  Béraldi,  comte  Malheus,  Alfred  Beurdeley, 
M.  et  M1"1-  Atherton  Curtis,  de  New-York,  et  Alfred  Barrion,  de  Bressuire. 

Ht  maintenant  pour  en  terminer  et  avant  de  donner  un  index  biblogra- 
phique  qui  aura,  nous  l'espérons,  quelque  intérêt  pour  les  collectionneurs, 
qu'on  nous  permette  —  car  nous  ne  saurions,  certes,  mieux  dire  —  de 
reproduire  ici  les  dernières  lignes  si  expressives  du  magistral  article  que 
Ph.  Burty  consacrait  à  l'artiste,  vivant  encore,  dans  la  Gazelle  des  Beaux- 
Ails  de  juillet  18G3  : 

«  Enfin,  faut-il  le  redire?  nous  nous  sommes  senti  pris  d'un  attachement 
■<  inexprimable  pour  cette  nature  délicate  et  froissée  à  laquelle  la  destinée 
»  a  versé  à  pleines  mains  les  angoisses,  pour  cette  originalité  loyale  qui 
»  traverse  notre  école  sans  se  rattacher  à  aucune  tradition,  pour  ce  talent 
»  sobre  et  puissant  qui  ne  regarde  qu'en  soi  et  autour  de  soi,  et,  dans  nos 
»  temps  d'exagérations  impatientes,  ne  se  pose  ni  en  maître  suprême  ni  en 
»  victime  incomprise,  pour  ce  poète  enfin  qui  a  si  bien  compris  et  chanté 
»  Paris,  l'âme  de  la  France.  » 

Index  Bibliographique  : 

L'œuvre  de  M.  Charles  Méryon,  par  Ph.  Burty'  (Gazelle  des  Beaux- Arts. 
juin-juillet  1863). 

Ktchings  and  Etchers,  par  Hamerton.  Boston,  187(5. 

Charles  Meryon  Sailor,   Engraver...  translated  from  the  French  of  Ph. 

Burty  by  Marcus  B.   lluisli.   London,   187!). 


i  Vendue  a  Londres  du  'il  avril  mu  2  mai  1876,  elle  formait  un  ensemble  de  217  pièces  en 
différents  étals  '■  ' 

i  l.iic  futacqutse  par  mm.  H.  Wunderllch  &  C*,  de  New-York,  qui  en  liront  l'exposition  en 
Janvier  rjtn  ;  il  y  avait  aussi  quelques  dessins. 

3  Le  a  mai  1900,  dans  un  élan  de  louchante  générosité,  H.  S.-P.  Avery  lit  don  à  la  Biblio- 
thèque <ii-  New- York  sa  ville  natale  —  de  sa  superbe  collccUon  d'estampes  modernes 
contenue  dans  104  portefeuilles  el  formant  le  total  respectable  de  it.v.t  pièces!!  Il  y  a  là  dos 
suites  précieuses  el  IrréconsUtuobles  de  l'œuvre  complet  de  Brncqucmond,  Buhot,  Miss  Cassait, 
Corot,  Daublgny,  Desboulln,  Seymour  Haden,  Leys,  Méryon,  ZUcken,  Whistler,  etc.,  etc... 
L'aimable  collecUonneui  nous  a  très  galamment  adressé  une  délicieuse  plaquette  illustn  e, 
r|ui  n'est  autre  que  le  catalogue  dos  estampes  cl  dos  livres  d'art  qu'il  a  (hit  établir  poui 
remettre  à  la  Bibliothèque  en  même  temps  que  ce  cadeau  princier, 

•  Ce  premier  catalogue  ne  contenait  que  W  pièces. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  505 

About  Echings,  par  Sir  F.  Seymour  Haden.  London,  1879. 

Burlington  Fine  Arts  Club.  Exhibition  of  a  sélection  from  tbc  work  of 
Charles  Meryon.  London,  1879. 

A  descriptive  Catalogue  of  a  collection  of  drawings  and  etchings...  by  Ihe 
Rev.  J.  J.  Heywood,  London,  1880. 

Notes  et  souvenirs  sur  Charles  Méryon,  par  Aglaiis  Bouvennc.  Paris,  1883. 

Catalogue  of  the  Etched  Work  of  Ch.  Méryon.  Frederick  Keppel  &  C". 
New -York,  1886. 

Les  Graveurs  du  xix"  siècle,  tome  X,  par  Henri  Béraldi.  Paris,  1890. 

Meryon  and  Meryon's  Paris,  par  Frederick  Wedmorc.  Londres,  1892  '. 

A  Catalogue  of  Etchings  ami  drawings  by  Ch.  Meryon  exhibited  at  the 
Grolier  Club?.  New -York,  1898. 

A  Catalogue  of  Etchings  by  Meryon;  exposition  de  l'œuvre  faite  à  Londres 
en  novembre-décembre  1902,  chez  MM.  Obach  &  C",  avec  une  introduction 
de  M.  F.  ^Vcdmore. 

Rue  Pirouette  aux  Halles,  1860  (H  24  —  W  30).  --  Petite  rue 
bruyante  avec  ses  boutiques  et  ses  hautes  maisons,  autour  desquelles 
les  passants  vont,  viennent  et  causent  ;  une  voiture  tourne  à  l'un  de 
ses  coins,  et  des  hommes  s'entretiennent  à  la  porte  d'un  cabaret  avec 
une  nourrice  et  son  enfant. 

l'i  état.  —  Avant  toutes  lettres,  même  avant  les  lettres  C.  M.  et  L.  qui  se 
trouvent  sur  la  gaine  d'une  cheminée  à  droite. 

2?  état.  —  Avec  le  litre  Rue  Pirouette  1SG0  et  les  initiales  C.  .1/.  et  L.  et  les 
inscriptions  sur  le  mur  à  droite  :  Jamet  M<1  Maire,  Bains  de 
Mer,  etc... 

3e  état.  —  On  a  ajouté  à  droite  :  Laurence  (tel,  Méryon  scnlp  et  Delàtre 
imp  R.  S.  J.  26Y>  ;  les  initiales  C.  M.  et  L.  ont  disparu  de  la 
cheminée  ;  on  lit  de  nouvelles  inscriptions  sur  le  mur  de 
droite,  telles  que  :  Aux  Noces  de  Cana,  Martinga,  etc..  ;  le 
titre  est  maintenant  Rue  Pirouette  aux  Halles  1860. 

F-  état.  —  Epreuve  de  tirage  avec  encore  de  nouvelles  modifications  aux 
inscriptions  précédentes  qui  sont  converties  en  :  Aux  Noces 
de  Gamaches,  Sacoche,  Cousin,  etc.. 

Au  Grolier  Club,  en  1898,  on  avait  exposé  une  très  curieuse  épreuve 
portant  sur  le  mur  à  droite  :  Aux  Noces  de  Gamaches,  etc..  et  sur  le  haut 


'  La  première  édition  parut  en   1879. 

'  Cette  exposition  est  la  plus  complète  et  /«  plus  remarquable  qui  ait  été  faite  de  l'œuvre  de 
l'artiste  jusqu'à  ce  jour,  et  le  catalogue,  qu'accompagnent  des  notes  extrêmement  intéressantes 
sur  les  états,  est  rédigé  avec  une  rare  compétence. 


506  DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

du  mur  du  coin  gauche  :  Laarance  et  Ménjon  ;  cette  dernière  particularité 
a  échappé  à  Burty  et  à  Wedmore.  —  Il  existe  aussi  des  épreuves  d'essai  très 
rares  avant  les  noms  des  artistes  en  bas  sous  le  trait  carré,  et  avant  que  le 
mot  Jamet  qui  est  sur  le  mur  ait  été  effacé. 

Cette  estampe  gravée  d'après  un  mauvais  dessin  de  Laurance  est  extrême- 
ment séduisante,  mais  elle  dénote  un  changement  de  métier  de  l'artiste  ;  le 
burin  y  joue  un  rôle  considérable.  —  Le  cuivre  existe  encore,  mais  nous 
ignorons  quel  en  est  le  détenteur. 

Ventes  :  Sensier,  25  -  Wasset,  2«  état,  105  —  Viollet-le-Duc,  2-  état,  92  — 
De  Salicis,  même  état,  31  —  V",  16. 

Le  Stryge  (Burty  37  —  Wedmore  7).  —  Appuyé  sur  ses  coudes, 
tenant  sa  tèle  dans  ses  deux  mains,  le  Vampire  de  Notre-Dame  de 
prolil  à  gauche  regarde  Paris  qui  s'étend  au-dessous  de  lui  el  les 
corbeaux  qui  volettent  à  gauche  ;  la  tour  Saint-Jacques  émerge  au 
milieu  de  l'estampe. 

1er  état.  —  a  gauche  :  C.  Ménjon  del.  scalp  MDCCCLIH  (renversé);  à 
droite  :  A.  Delâtre,  imp.  Rue  de  la  Buchcric  (S,  et  les  deux 
vers  :  Insatiable  vampire...  Dans  cet  état,  le  cuivre  a  été 
légèrement  rogné. 

2c  état.  —  Le  cuivre  encore  rogné  à  nouveau,  et  les  deux  vers  effacés. 

3e  état.  —  Avec  le  titre,  mais  toutes  autres  lettres  effacées,  à  l'exception 
des  ('..  M.  à  l'intérieur  de  l'ovale. 

1«  état.  —  On  a,  au-dessous  de  l'ovale,  ajouté  en  petites  capitales  la  nou- 
velle adresse  de  l'imprimeur  :  A .  Delâtre.  Imp.  R.  S1  Jacques  265 
et  le  AT°  1  auprès  des  lettres  ('..  M.  à  l'intérieur  de  l'ovale. 

Il  existe  quelques  épreuves  d'essai  avant  toutes  lettres,  mais  avec  le  ('..  M. 
sur  une  cheminée  à  toucher  l'intérieur  de  l'ovale  ;  dans  cet  état,  la  planche 
n'a  pas  encore  été  coupée  de  5  millimètres  sur  le  coté  droit. 

Ventes  :  Sensier,  |ei  et  2'  états,  deux  pièces,  90  —  Wasset,  épreuve  d'essai 
sur  papier  vert,  51)11;  la  même,  sur  papier  vert,  mais  en  2'  état,  225;  la 
même,  en  3'-  état,  160  —  Viollet-le-Duc,  1"'  état,  papier  verdàtre,  211); 
21'  état,  96  —  De  Salicis,  avec  les  vers,  mais  avant  (pic  la  planche  ne  lut 
coupée  ',  sur  papier  \  en  I  fit  ce.  650  ;  avec  les  vers  et  la  planche  coupée,  212  ; 
les  vers  effacés,  17.">  —   Michelin,  275  —  V"',   1er  état,  papier  verdàtre,  665. 

Celte  pièce  est  la  première  de  la  suite  des  EaUX-Fortes  sur  Paris  MDCCCLU.  — 
M.  II.  S.  Théobald,  de  Londres,  en  possède  une  merveilleuse  épreuve  d'un 
étal  inconnu  jusqu'à  ce  jour,  car  elle  est  sur  papier  vert,  avant  toutes  lettres 


i  C'csl  certainement  une  erreur  «lu  catalogucur,  car  L'étal  ai-  la  planche  /i"/i  coupée  est, 
ne  noua  t'indlquona  plus  haut,  avant  toulu  i,  : 

■  C'est  •■""s  cette  Initiale,  <i"'  n'esl  pas  celle  de  son  nom,  qu'eut  lieu  le  i  novembre  1899,  la 
vente  de  M.  Hédouln,  rnrr  atnd  du  graveur  Edmond  Hédouln;  il  possédait  cette  collection 
depuis  une  quarantaine  d'années;  il  y  nvall  il''  fort  belles  pièces. 


2<= 

état. 

3* 

état. 

4c 

état. 

5" 

état. 

DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  507 

et  avant  le  C.  M.,  particularités  qui  sont  signalées  ici  pour  la  première  fois 
et  (pie  nous  tenons  de  l'obligeance  de  l'étninent  collectionneur  chez  qui 
l'œuvre  entier  de  Méryon  se  trouve  dans  des  conditions  de  beauté  et  de 
rareté  absolument  exceptionnelles. 

Le  Petit  Pont  (B  38  —  W  8).  —  Le  pont  avec  ses  trois  arches  ; 
à  gauche,  les  hautes  maisons  du  quai  du  Marché-Neuf  que  dominent 
encore  les  tours  de  Notre-Dame  ;  à  droite,  le  quai  très  éclairé  s'éten- 
dant  sous  le  pont. 

lirétat.  —  Avant  C.  M.  dans  le  haut  du  coin  droit,  et  avant  le  trait  indi- 
quant la  ligne  de  la  marge  du  bas. 

Avec  C.  M.  sans  aucune  lettre,  mais  la  ligne  du  bas  tracée. 

Avec  le  titre  :  Le  Petit  Pont  H  publié  par  l'artiste,  dans  le  bas 
du  coin  gauche  ;  et  à  droite  :  A.  Delâtre,  Rue  S1  Jacques  111. 

Avec  les  lignes  traversant  le  ciel  et  partant  du  coin  droit. 

Le  titre  Le  Petit  Pont  est  maintenant  en  petites  capitales  ;  on  a 
ajouté  1850  et  le  numéro  2. 

Ventes  :  Sensier,  le'  état,  67  ;  une  autre  épreuve,  60  —  Wasset,  1"  état, 
sur  japon,  170  —  Viollct-lc-Duc,  2"  état,  115  —  De  Salicis,  avec  la  marge 
sale,  sur  papier  verdàtre,  375  ;  la  même,  la  marge  nettoyée,  18,50  —  V", 
2<=  état,  sur  papier  verdàtre,  200. 

M.  H.  S.  Théobald  possède  une  épreuve  d'un  état  non  décrit  qui  doit  èlre 
intermédiaire  entre  le  21-1  et  le  fr  de  Wedmorc,  avec  C.  M.  dans  le  coin,  et 
au-dessous  Le  Petit  Pont  légèrement  gravé,  mais  sans  autres  lettres. 

Cette  pièce  est  presque  toujours  fortement  encrée,  ce  qui  en  atténue 
beaucoup  la  beauté.  —  Elle  figura  au  Salon  de  1850. 

L'Arche  du  Pont  Notre-Dame,  1850  (B  39  —  W  9).  —  La  vue 
est  prise  à  la  hauteur  de  l'eau,  une  femme  est  sur  un  bateau,  un 
ouvrier  suspendu  à  une  corde  fait  des  travaux  de  maçonnerie,  et  à 
travers  l'arche  on  aperçoit  les  montants  de  hois  de  la  vieille  pompe, 
ainsi  qu'un  pont  et  des  tours. 

l"état.  —  Eau-forte  pure  avant  toutes  lettres. 

2"  état.  —  Dans  le  bas  du  coin  gauche:  C.  Méryon,  del.  sculp.  Imp.  Rue 
Ne  S'-Elicnne-du-Mont,  26,  et  dans  l'autre  coin  :  Paris  1853. 

3e  état.  —  C.  M.  dans  le  coin  du  haut,  le  litre,  et  les  autres  inscriptions 
maintenant  effacées. 

4e  état.  —  La  première  adresse  est  remplacée  par:  A.  Delàlre,  Imp.  Saint- 
Jacques,  265,  et  le  numéro  3. 

Wedmorc  considère  notre  1"  état  comme  un  état  d'essai  dont  les  épreuves, 
dit-il,  sont  rares  mais  peu  intéressantes  ;  tel  n'est  pas  notre  avis,  et  celle 


508  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

(|itc  possède  M.  Théobald  est  loin  d'être  sans  intérêt;  nous  avouons 
cependant  préférer  de  beaucoup  celle  avec  l'adresse  Rue  Saint-Etienne- 
dii-Mont. 

Ventes:  Sensicr,  deux  épreuves  avant  et  avec  la  lettre,  34  —  VioUet-le-Duc, 
2e  état,  sur  papier  verdâtre,  110  —  Wasset,  même  état,  même  papier,  170  — 
De  Salieis,  sur  papier  verdâtre,  1«  état,  350;  avec  la  lettre,  '25  —  Michelin, 
'!'■  état,  sur  papier  ancien,  .'55',)  —  V",  même  état,  sur  papier  verdâtre,  200. 

La  Galerie  de  Notre-Dame,  1853  (B  40  —  W  10).       La  galerie 
avec  ses  colonnettes  au  pied  desquelles  des  corbeaux  qui  ont  apporté 

des  brindilles  de  toutes  sortes  s'apprêterd  à  faire  leur  nid,  un  oiseau 
arrive  à  tire  d'aile  de  la  gauche  pour  les  rejoindre,  un  autre  vient  de 
se  poser  les  ailes  encore  ouvertes  sur  une  murette.  A  travers  les 
colonnettes  on  aperçoit  le  ciel  et  la  ville  de  Paris. 

1"  état.  —  Dans  le  bas  du  coin  gauche:  C.  Mérgon,  del.  sculp.,  1853,  et,  à 
droite,  Tmp.  Rue  Av  S^-Etienne-du-Mont,  26. 

'!<•  état.  —  Les  inscriptions  primitives  sont  effacées,  on  lit  maintenant  le 
litre:  Lu  Galerie  N.-D.,  ainsi  que  C.  M.  dans  le  haut  du  coin 
gauche;  on  a  ajouté  aussi  entre  les  deux  colonnetles'de  droite 

cinq  minuscules  corbeaux. 

'.)•■  état,  —  Avec  l'adresse  de  l'imprimeur:  A.  Delâtre,  R.  S'  Jacques  265, 
dans  le  bas  du  coin  gauche,  et  le  chiffre  '/. 

Il  y  a  des  épreuves  d'essai  non  terminées  où  le  corbeau  qui  vole  entre  les 
deux  colonnettes  de  gauche  est  presque  blanc,  le  ciel  l'est  également,  et  une 
partie  de  la  vue  de  la  ville  est  incomplète;  d'autres  épreuves  existent 
encore  avec  le  corbeau  blanc,  mais  le  ciel  et  la  vue  de  la  ville  plus  avancés 
que  dans  l'essai  précédent. 

Nous  signalons  cette  pièce  parce  qu'elle  est  assez  recherchée,  mais  nous 
confessons  pour  elle  notre  peu  d'enthousiasme,  elle  nous  a  toujours  paru 
sèche  et  aigre  d'après  la  nature  même  du  sujet  ;  les  prix  généralement 
intérieurs  auxquels  elle  se  vend  semblent  du  reste  nous  donner  raison  dans 
une  certaine  mesure.  On  remarquera  que  le  1"  état  seul  est  intéressant. 

Ventes  :  Sensier,  1«  état,  10;  2«,  12  —  Viollet-le-Duc,  1"  état,  155;  avec  la 

Lettre,  sur  chine,  33  Wasset,  la  état,  sur  papier  verdâtre,  270  —  Clément 
de  liis,  1er  état,  50—  De  Salieis,  1er  état,  avec  une  dédicace  au  collectionneur, 
375;  la  même,  sur  papier  verdâtre,  325  Michelin,  1«'  étal,  .'dn  ■—  Y '", 
Ici  état,  sur  papier  verdâtre,  200. 

La  Rue  des  Mauvais-Garçons  (B  41  —  W  11).  -     Une  rue  ou 

pour  plus  proprement  parler       car  leCÔté  droit  de  la  rue  n'exisle  pas 

deux  maisons  basses  à  l'aspcd  sombre  dont  les  fenêtres  sonl  défendues 
par  de  solides  barreaux  de  1er,  devant  lesquelles  passent  deux  femmes  ; 
l'une  d'elle  porte  un  volumineux  paquet  suspendu  à  son  bras  droit. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  509 

Sur  la  première  maison,  le  numéro  12  en  gros  caractère.  Dans  le 
haut  de  l'estampe,  douze  vers  commençant  par  ces  mots  :  Quel  mortel 
habitait. . . ,  et  au-dessous  :  Paris  mars  LIV. 

1er  état.  —  Avant  les  douze  vers. 

2»  état.  —  Avec  les  vers  et  :  Méryon  Imp.  Rue  Ne  S'-Hlicnne-du-Mont  20 

à  droite  dans  l'intérieur  de  l'estampe  et  parallèlement  au 

trait  carré  perpendiculaire. 

Celle  estampe  est,  à  coup  sûr,  d'une  rare  pénétrance,  mais  de  là  à  la 
considérer,  au  dire  de  certains,  comme  la  maîtresse  pièce  de  l'œuvre,  on 
nous  permettra  de  le  discuter.  Nous  admirons  sans  réserve  son  énergique 
synthèse,  mais  cette  qualité-là  même,  qui  t'ait  sa  principale  séduction,  se 
trouve  considérablement  infirmée,  suivant  nous,  de  ce  que  l'artiste,  trop  à 
l'étroit  par  son  sujet  même,  n'a  pu  faire  jouer  ces  lumières  et  ces  reflets  qui 
donnent  une  si  singulière  puissance  à  son  œuvre  ;  il  manque  donc  quelque 
chose,  et  c'est  là  précisément  ce  qui  rend  incomplète  la  sensation  que  nous 
éprouvons. 

Des  écrivains  de  race,  des  critiques  d'art  fiançais  et  étrangers  —  dont 
nous  respectons  infiniment  les  jugements  —  se  sont  emballés  sur  cette 
estampe  et  en  ont  encore  diézé  l'effet  par  la  magie  de  leur  style.  Ils  parlent 
d'une  des  plus  formidables  compositions  de  l'artiste...  d'une  rue  à  l'aspect 
sinistre...  d'une  exécution  singulièrement  fièrc  et  puissante...  de  ce  chef- 
d'œuvre  de  vérité  mystérieuse,  semblable  éi  une  bouche  qui  se  fait  comprendre 
sans  parler!...  et  on  s'est  laissé  aller  à  leur  emboîter  le  pas;  mais  qu'on 
tente  une  expérience,  et  cherchant  à  ne  relever  que  de  soi-même,  oubliant 
pour  un  instant  tout  ce  qui  a  été  dit  sur  la  matière,  on  mette  cette  estampe 
sur  table  en  l'encadrant  de  :  La  Morgue,  Le  Pont-au-Change  et  L'Abside,  on 
verra  à  laquelle  restera  l'avantage  de  la  comparaison  !  I  Quoiqu'il  en  soit  — 
et  que  l'on  comprenne  bien  notre  pensée  —  nous  ne  venons  point  ici 
décrier  une  admirable  pièce,  mais  nous  étonner  seulement  qu'on  la  veuille 
placer  à  un  rang  que  ne  justifie  réellement  pas  son  importance.  —  Une 
esquisse  originale  à  la  mine  de  plomb  existe  dans  la  collection  de 
M.  et  Mme  Atherton  Curtis,  de  New -York. 

Cette  Rue  des  Mauvais-Garçons  n'existe  plus  aujourd'hui  «  ;  elle  a  été 
remplacée  par  la  rue  Grégoire-de-Tours  dont  elle  occupait  la  partie  nord 
avant  1846,  la  portion  sud  l'était  jadis  par  la  ruelle  de  la  Tuerie,  de  la 
Boucherie,  de  la  Voirie  et  ensuite  du  Cœur -Volant  qui  a  élé  absorbée  à 
son  tour  par  ladite  rue  Grégoire-de-Tours. 

On  conserve  encore,  au  Musée  Carnavalet,  la  pierre  à  peu  près  intacte 
portant  l'inscription  :  Rue  des  Mauvais-Garçons  et  le  N°  19  qui  était  le 
numéro  de  quartier. 

Nous  devons  ces  détails  très  précis  à  l'obligeance  de  l'éininent  écrivain 
du  Vieux  Paris  2,  le  marquis  de  Rochegude,  dont  l'érudition  n'a  d'égale 
que  l'exquise  courtoisie. 


'  Xe  pas  la  confondre  avec  la  rue  actuelle  de  même  nom.  qui  commence  au  44  de  la  rue  île 
Ilivoli  et  finit  au  3  de  la  rue  de  La    Verrerie. 

s  Lire  son  intéressant  petit  volume  :  Guide  pratique  ii  travers  le  vieux  Paris,  publié 
dernièrement  chez  Hachette  et  C1'. 


510  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  28  avril  1902,  une  épreuve  de  1*»  état,  sur  japon,  passa  à  la  salle 
Drouot,  à  une  vente  laite  par  Loys  Delteil  —  nous  étions  présent  —  elle  l'ut 
adjugée  à  Edmond  Sagot  pour  900  francs,  plus  les  Irais. 

Les  huit  vers  —  l'espace  eut  manqué  pour  inscrire  les  douze  —  étaient 
écrits  à  l'encre  ;  en  mettant  la  pièce  sur  table,  malgré  la  note  du  catalogue, 
on  n'osa  pas  garantir  que  l'écriture  fut  de  Méryon  ;  mais,  depuis,  ayant  eu 
l'occasion  de  la  comparer  avec  celle  de  nombreuses  lettres  de  l'artiste, 
nous  croyons  pouvoir  affirmer  hautement  et  en  toute  franchise  qu'elle  était 
bien  celle  de  l'illustre  graveur.  Ce  n'est  pas,  il  est  vrai,  l'écriture  courante, 
ordinaire  de  sa  corresponeance,  et  bien  que,  dans  le  cas  qui  nous  occupe, 
son  écriture  soit  légèrement  bàtardée,  connue  celle  de  quelqu'un  qui  veut 
gagner  de  la  place,  l'examen  comparé  et  attentif  de  la  conte.vture  des  lettres 
ne  nous  laisse  aucun  doute  sur  sa  paternité.  La  signature  surtout,  tout  en 
ne  portant  pas  le  paraphe  habituel  qui,  dans  la  circonstance,  eut  rompu 
l'harmonie  et  choqué  l'œil,  la  signature,  disons-nous,  est  tout  particulière- 
ment saisissante. 

Quelques  jours  après  cette  vente,  ayant  rendez-vous  à  Paris  avec 
Frederick  Iveppel,  nous  en  causâmes  ;  deux  heures  après,  il  était  chez 
Sagot  où  nous  le  retrouvions,  enlevant  la  pièce  que  la  particularité  que 
nous  venons  de  signaler  rend  ainsi  doublement  précieuse;  mais,  hélas! 
voilà  encore  un  beau  morceau  que  nous  ne  reverrons  jamais. 

Comparez  le  prix  payé  avec  ceux  des  ventes  suivantes  : 

Ventes  :  Wasset,  250  -  Viollet-le-I)uc,  105  -  De  Salicis,  2G8  -  V",  220. 

La  Tour  de  l'Horloge  au  Palais  de  Justice  (B  42  —  W  12).  - 
Au  premier  plan,  le  Pont-au-Change  très  éclairé  sous  l'arche  droite 
duquel  passe  un  chaland  ;  au  second  plan,  le  Palais  de  Justice  occu- 
pant toute  la  partie  gauche  de  l'estampe. 

1» état.  _  Avant  toutes  lettres,  l'encadrement  n'est  pas  encore  terminé, 
le  trait  du  bas  seul  est  indiqué  ;  dans  le  haut  du  coin  droit, 
les  initiales  C.  M. 

2  état.  —  Avec  le  titre  :  La  Tour  de  l'Horloge  et  Publié  par  l'artiste,  dans 
le  coin  gauche,  et  Tmp.  A.  Delàtre,  H.  S'  Jacques  111,  dans  le 
droit. 

li'  état.  —  Le  titre  est  maintenant  écrit  en  petites  capitales  et  des  rayons 
de  lumière  viennent  frapper  le  Palais. 

!•  état.  —  Les  mots  :  Publié  par  l'artiste  ont  disparu.  L'adresse  de  l'impri- 
meur est  en  très  petites  capitales  sous  le  titre,  et  le  N"  5 
dans  le  bas  du  coin  gauche. 

Il  existe  île  tris  rares  épreuves  d'essai  avant  l'encadrement  et  avant 
les  initiales  ('..  M.  '  —  Wcdmore  lait  remarquer  avec  juste  raison  que  les 


1  Une  épreuve,  dona  cea  condition!  ri  d'une  beauté  exceptionnelle  sur  japon  pelure,  \  lenl 
d'être  adjugée  1760  francs  -i  M-  Gerbeau,  dans  une  vente  anonyme  faite  »  Parie  1*?  ï  l  mars  1903, 
par  le  ministère  a.-  mm.  Paul  Chevallier  ri  Danlos.  Noua  noua  permettons  d'adresser  an  a.  Ucal 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  511 

différentes  modifications  apportées  par  Méryon  à  sa  planche,  entr'autres 
l'introduction  des  rayons  lumineux  enlève  à  la  vision  toute  sa  tranquillité 
en  venant  ainsi  rompre  l'harmonie  pénétrante  de  son  le»'  état. 

Ventes  :  Sensier,  1er  état,  50  —  Wasset,  1e1  état,  sur  papier  verdâtre,  280  ; 
la  même,  avec  la  bordure,  150  —  Viollct-le-Duc,  l(r  état,  155  —  Clément  de 
Ris,  même  état,  sur  papier  verdâtre,  130  —  De  Salicis,  épreuve  d'essai 
avant  V encadrement,  sur  papier  verdâtre,  550;  la  même,  avec  encadrement, 
81  ;  la  même,  A'-  état,  12. 

Tourelle  de  la  rue  de  la  Tixéranderie  (B  4,5  —  W  13).  - 
Au  coin  de  la  rue  du  Coq,  une  élégante  tourelle  bâtie  en  encorbelle- 
ment que  semblent  se  désigner  deux  personnages  adossés  à  une 
balustrade  en  fer  qui  causent  ensemble  ;  non  loin  d'eux,  passe  un 
cavalier  ;  au  pied  de  la  tourelle,  une  porte  contre  laquelle  se  tient 
debout  une  femme.  Une  vigne  vierge  grimpe  le  long  du  mur. 

1er  état.  —  Avant  toutes  lettres,  même  avant  le  C,  M.  dans  le  haut  du  coin 
droit. 

2e  état.  —  Avant  toutes  lettres,  mais  avec  CM.  dans  le  haut  du  coin  droit. 

3e  état.  —  Avec  le  titre  :  Tourelle,  rue  de  la  Tixéranderie,  démolie  en  1Sj1 
et  A.  Delâtre,  imp.  R.  S'  Jacques  365  et  le  AT°  C  ;  la  femme 
près  de  la  porte,  qui  semble  nue,  au  l«r  et  2»  états,  est 
maintenant  complètement  drapée. 

4?  état.  —  Le  chiffre  G  a  été  effacé  et  on  a  encore  retouché  le  vêtement 
de  la  femme. 

M.  II.  S.  Théobald  nous  signale  une  particularité  qui,  croyons-nous,  n'a 
encore  jamais  été  consignée;  elle  consiste  en  un  trait  échappé,  à  droite  de  la 
tourelle,  obliquant  dans  la  direction  de  la  fenêtre  du  premier  étage,  où  un 
drap  est  étendu  pour  sécher  ;  ce  trait  n'existe  que  dans  les  toutes  premières 
épreuves  du  2?  état;  l'artiste  s'en  étant  aperçu,  le  fit  effacer.  Le  collectionneur 
nous  fait  remarquer  que  ce  trait  est  plus  large,  plus  accentué  à  sa  base,  ce 
qui  dénote  que  l'échappée  s'est  faite  de  bus  en  haut,  c'est-à-dire  partant  de 
la  croisée  vers  la  tourelle  ;  les  trois  ou  quatre  épreuves,  ajoute-t-il,  où  il  a 
remarqué  cette  particularité,  étaient  dures  et  aigres,  et  la  planche  n'avait 
pas  dû  encore,  comme  on  dit  :  commencer  à  tirer. 


acquéreur  nos  plus  sincères  félicitations,  convaincu  qu'il  chérira  encore  davantage  son  joyau. 
lorsqu'il  apprendra  ce  qui  va  suivre  : 

La  veille  de  la  bataille  —  nous  voulons  dire  de  la  vente  —  nous  en  causions  avec  notre 
ami  et  concitoyen  Alphonse  Lotz-Brissonneau,  un  enragé  comme  nous,  et  sachant  qu'une  telle 
pièce  est  un  moulun  d  cinq  pattes  qu'il  ne  fallait  à  aucun  prix  laisser  échapper,  nous  lui 
conseillâmes  d'enlever  coûte  que  coûte  le  morceau  et  de  le  pousser  jusqu'à  cent  louis  ;  comme 
il  ne  demandait  qu'à  marcher,  nous  l'y  décidâmes  aisément.  Dés  le  lendemain,  un  peu 
pressé,    il  téléphona  sa  dépêche  à  l'adresse  de  Danlos,  15,  quai  Voltaire  ;  la  jeune  personne 

de  service  entendit  et  transmit  15,  bouleuard  Voltaire A  4  heures  et  demie,  le  télégramme 

revenait  avec  la  mention  :   Inconnu  an  boulevard  Voltaire Tableau! II  qu'on  ne  saurait 

précisément,  dans  la  circonstance,  intituler  :  Les  Gailc's  iln   Téléphone, 


512  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Les  belles  épreuves,  même  en  l«w  et  '!•■  états,  sont  extrêmement  rares;  nous 
possédons  le  plus  bel  exemplaire  connu  du  2«  état;  il  lut  donné  par  Méryon 
lui-même  à  M.  Geoffroy  Dechaume,  du  cabinet  duquel  il  provient.  C'est 
Edmond  Sagot  qui  nous  le  vendit  ;  ce  jour-là,  nous  éprouvâmes  une  de  nos 
plus  douces  joies  de  collectionneur  !  !  11  existe  des  épreuves  sur  chine 
collé.  —  Cette  pièce  figura  au  Salon  de  1852. 

Ventes  :  Sensier,  40  —  Wasset,  sur  papier  verdâtre,  275  ;  la  même  sur 
chine  (?)  —  Viollet-le-Duc,  175  —  De  Salicis,  145  —  Clément  de  Ris,  99, 
sur  papier  verdâtre  —  V",  310.  —  Toutes  ces  pièces  étaient  en  2'   état. 

Saint-Etienne-du-Mont  (H  44  —  W  14).  —  Au  fond  do  l'estampe, 
on  aperçoit  la  façade  de  l'église  ;  à  gauche,  le  collège  de  Montaigu 
actuellement  détruit  ;  à  droite,  un  coin  du  Panthéon  auquel  travaillent 
des  ouvriers  montes  sur  des  échafaudages. 

1er  état.  —  Avec  les  initiales  C.  M.  dans  le  haut  du  coin  droit.  L'ouvrier 
qui  est  debout  sur  les  plus  basses  planches  de  l'échafaudage 
et  près  du  réverbère  lève  les  bras  pour  recevoir  un  étai. 

21'  état.  —  La  tête  et  les  bras  de  l'ouvrier  précité  sont  presque  effacés. 

3^-  état.  —  Les  liras  sont  repris  et  paraissent  bien  dégagés  de  la  tète. 

4'1  état.  —  Sur  le  Panthéon  qui  est  à  droite,  on  lit  :  S^-Etiennc-du-Mont  et 
l'ancienne  Bibliothèque  S^-Geneuiève ,  les  pierres  sont  ombrées 
par  des  lignes  diagonales  et  non  perpendiculaires. 

5'-  état.  —  L'inscription  du  Panthéon  est  modifiée,  on  y  lit  :  S^Etienne-du- 
Monl  et  l'ancien  Collège  de  Montaigu,  et  à  gauche,  sur  une 
des  affiches  apposées  au  mur  du  collège  :  A.  Delàtre, 
imprimeur  :  taille-douce,  eau-forte,  rue  S1  Jacques  36ô  ;  la 
planche  porte  le  chiffre  /,  dans  le  bas  du  coin  gauche. 

Il  existe,  dans  la  collection  de  M.  lî.  B.  Macgcorge,  de  Glasgow,  unv 
épreuve  d'essai  sans  doute  unique,  c'est  une  eau-forte  pure  de  la  planche 
avant  qu'elle  ne  lut  coupée,  c'est-à-dire  mesurant  en  hauteur  et  en  largeur 
environ  37  millimètres  «le  plus  que  dans  les  états  postérieurs;  dans  celle 
épreuve,  la  composition  est  pleine  de  lumière  ;  cet  exemplaire  provenait  des 
cabinets  lîurly  et  Hev.  .1.  .1.  llcywood  et  de  Salicis  (?);  il  figura  à  l'exposition 
que  lit  de  l'œuvre  du  Maître  The  Burlington  Fine  Arts  Club  en  1879. 

A  celte  même  exposition,  on  remarquait  une  autre  curieuse  épreuve 
d'essai  avec  la  planche  réduite,  mais  avant  les  initiales  C.  M.;  dans  le  haut 
du  coin  droit,  la  lumière  a  disparu  et  l'effet  est  tout  autre.  —  Cette  estampe 
a  ligure  au  Salon  de  1852. 

Ventes  :  Sensier,  1"  état,  35  —  Wasset,  même  état,  sur  papier  verdâtre, 
250;  sur  japon,  150  —  Viollet-le-Duc,  même  état,  165  —  Monnerot,  même 
état,  80  —  De  Salicis,  avant  la  planche  réduite  et  avant  les  initiales,  202  ;  la 
même,  1"  état,  sur  papier  verdâtre,   120. 

La  Pompe  Notre-Dame,  1852  (M  45  W  15).  Au  milieu  de 
l'estampe,  la  Pompe  Notre-Dame  avec  ses  nombreux  pilotis;  à  droite, 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  513 

derrière  les  maisons  du  premier  plan,  émergent  les  tours  Notre-Dame, 
au-dessus  desquelles  passe  un  vol  d'oiseaux.  Sur  la  Seine,  un  petit 
bateau  dans  lequel  des  pécheurs  lèvent  leur  carrelet. 

l»état.  —  En  bas,  écrit  à  rebours  :  C.  Méryon  f  R.  N"e  St-Etienne-da- 
Mont,  26,  à  droite,  et  1852  à  gauche. 

2"=  état.  —  En  bas  à  gauche:  C.  Méryon  f>.  Imp.  R.  Ne  Si-Etienne-du- 
Mont,  26,  et  à  droite  1852. 

3"  état.  —  On  a  ajouté  sous  le  coin  gauche:  Publié  par  L'Artiste  ;  au  milieu 
La  Pompe  Notre-Dame,  et,  sous  le  coin  droit,  Imp?  A.  Delàlre, 
Rue  S'-Jacques,  176. 

4"  état.  —  L'inscription  :  Publié  par  L'Artiste  effacée  ;  C.  Méryon  D.  S. 
ajouté  dans  le  haut  du  coin  droit;  le  titre  en  capitales  au- 
dessous  1852,  et  l'adresse  île  Delâtre  dans  le  coin. 

5"  état.  —  Dans  le  haut  du  coin  droit  :  C.  Méryon  D.  S.  est  remplacé  par 
C.  M.,  l'adresse  de  Delâtre  est  R.  S'- Jacques,  265,  et  on  a 
ajouté  le  chiffre  8  dans  le  bas  du  coin  gauche. 

Une  épreuve  d'essai  d'eau-forte  pure,  avant  toutes  lettres,  appartenant  à 
M.  W.-G.  Rawlinson,  a  ligure  à  l'exposition  faite  de  l'œuvre  de  Méryon  par 
The  Burlington  Fine  Arts  Club  en  1879. 

Une  autre  épreuve  d'essai,  probablement  unique,  passa  à  la  vente  Burty  qui 
fut  faite  à  Londres  en  1876,  c'était  une  eau-forte  pure  avec  la  signature 
renversée. 

Dans  les  épreuves  d'essai,  le  fdel  des  pécheurs  est  complètement  blanc. 
Cette  même  estampe,  chose  curieuse,  a  figuré  deux  fois  au  Salon  en  1853  et 
en  1855. 

Ventes  :  Sensier,  1er  état,  48  —  Wasset,  une  épreuve  sur  chine,  avant  la 
planche  réduite,  avant  toutes  lettres  et  avant  le  trait  carré,  état  non  décrit, 
480;  la  même,  1"  état  et  avant  les  travaux  de  pointe  sèche  dans  le  ciel,  216  — 
Viollet-le-Duc,  1er  état,  100  —  Monnerot,  l"  état,  63  —  De  Salicis,  1«  état,  sur 
papier  verdâtre,  400;  2e  état,  250  —  V"',  1er  état,  papier  verdâtre,  650. 

Le  Pont-Neuf  (B  47  —  W  17).  —  Vue  des  trois  dernières  arches 
du  Pont-Neuf  encore  surmontées  par  des  constructions  semi-circu- 
laires qui  servaient  de  boutiques  ;  à  droite,  s'élève  la  haute  cheminée 
de  la  Monnaie;  à  gauche  sur  la  Seine,  un  bateau  avec  des  rameurs. 
La  vue  a  dû  être  prise  de  la  berge,  au  pied  du  pont  à  droite. 

L'état.  —  En  bas  dans  le  coin  gauche:  C.  Méryon,  del.  scalp.  1853;  à 
droite,  Imp.  A.  Delâtre,  rue  de  la  Bucherie,  N°  C,  et  les  8  vers 
sur  deux  colonnes  commençant  par  :  Ci-git  du  vieux  Pont- 
Neuf,  etc.. 

2<-'  état.  —  La  planche  a  été  retouchée  ù  la  pointe  sèche  et  les  vers  effacés, 
mais  de  telle  façon  qu'on  les  devine  encore. 

33 


514  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

3e  état.  —  Il  y  a  de  lourds  nuages  dans  le  ciel,  la  haute  cheminée 
de  droite  et  quelques  figures  du  centre  du  pont  ont 
disparu,  les  maisons  du  centre  également  ont  été  redessinées 
et  rapetissées.  Toutes  les  inscriptions  effacées  et  remplacées 
par  le  seul  titre  Le  Pont-Neuf  en  hautes  et  minces  capitales. 

4«  état.  —  Le  titre  est  actuellement  en  petites  capitales  et  suivi  du  millé- 
sime 7S.Î01,  en  bas:  A.  Delâtre,  Imp.  R.  S'- Jacques,  265;  C.  M. 
dans  le  haut  du  coin  gauche  et  le  chiffre  9  dans  le  bas  du 
même  coin. 

Il  existe  des  épreuves  d'essai  d'eau-forte  pure;  avant  le  ciel  et  avant  que 
les  maisons  du  centre  aient  été  terminés;  la  haute  cheminée  a  droite 
n'existe  pas,  non  plus  que  les  oiseaux  dans  le  ciel,  il  n'y  a  pas  de  fumée 
sortant  des  cheminées  et  le  trait  carré  du  bas  n'est  pas  encore  tracé.  —  Une 
des  belles  pièces  de  l'œuvre. 

Ventes  :  Sensier,  avec  la  cheminée  et  avant  les  vers,  47;  avec  les  vers,  36  — 
Wasset,  eau-forte  pure  avant  toutes  lettres,  sur  japon,  2G0;  avec  le  nom  de 
l'artiste,  la  date,  l'adresse  de  l'imprimeur,  mais  avant  les  vers,  sur  papier 
verdâlre,  93;  avec  le  titre,  la  cheminée  de  la  Monnaie  et  les  maisons  du  fond 
modifiées,  38  —  Viollet-le-Duc,  état  Wasset,  avant  les  vers,  149;  la  même, 
avec  le  titre,  la  cheminée  effacée  cl  les  maisons  du  tond  modifiées,  sur 
chine,  21  —  Monnerot,  avec  le  nom  de  l'artiste  et  l'adresse  de  l'imprimeur, 
43  —  De  Salicis,  épreuves  d'essai  avant  toutes  lettres  et  avant  la  fumée  de  la 
cheminée  de  la  Monnaie,  75;  avec  l'adresse  et  avant  les  vers  sur  papier 
vert,  350;  avec  les  vers,  100;  sans  les  vers,  52;  la  cheminée  de  la  Monnaie 
est  enlevée  et  le  titre  est  en  grandes  capitales,  15;  a\'ec  le  X"  9  et  le  titre  en 
petites  capitales,  6. 

Le  Pont-au-Change  (IJ  48  —  W  18).  —  Occupant  tout  le  milieu 
de  l'estampe,  le  pont  à  l'extrémité  gauche  duquel  s'élève  le  ballon 
Speranza  au  milieu  des  nuages  ;  à  droite,  le  Palais  de  Justice  se 
profilant  parallèlement  au  quai  ;  au  fond  à  droite  et  à  gauche,  des 
constructions,  et  par  le  milieu  du  travers  du  ponl,  la  silhouette  du 
bâtimeni  de  la  Pompe  Notre-Dame.  Sur  la  Seine,  un  bateau  vers 
lequel  un  homme  se  dirige  en  nageant.  Sur  le  pont,  au-dessous  du 
ballon,  se  meut  une  foule  compacte. 

1"  état.  —  Avec  le  ballon  Speranza  s'élevant  à  gauche,  le  nom  et  l'adresse 
de  Méryon  el  le  millésime  MDÇCCLIIII;  il  j  a  dans  cet  état 
des  reprises  au  burin. 

2'    état.   —   Le  ballon  a  disparu;  on  voit  maintenant   le  croissant  et  un  vol 

d'oiseaux  de  proie,  le  titre  Pont-au-Change,  et  C  M  dans  le 
haut  du  coin  gauche. 


'  c  .■  doll  être  une  erreur  purement  matérielle  de  l'ai  tlite,  car  <>n  ne  peut  l'expliquer  cette 
date,  étant  donné  m1"-  l<-  premier  étal  porte  t-<-il<-  »!<■  t8SS. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  515 

3e  état.  —  Le  vol  d'oiseaux  a  disparu,  plusieurs  petits  ballons  apparaissent. 

4^  état.  —  Certains  ballons  ont  été  ellacés,  d'autres  ont  été  ajoutés,  tels 
par  exemple  que  ceux  portant  le  nom  de  :  Vasco  de  Gaina, 
l'Asmodêe,  etc...;  la  planche  porte  le  N°  10  et  l'adresse  de 
A.  Delàtre,  Imp.  R.  S.  Jacques  265. 

Cette  estampe  célèbre,  cpii  figura  au  Salon  de  1852,  est  une  des  plus 
admirables  de  l'œuvre  ;  les  belles  épreuves  de  l1'1  état,  le  seul  à  rechercher, 
sont  blondes,  si  nous  pouvons  nous  exprimer  ainsi. 

M.  B.  B.  Macgeorge,  de  Glasgow,  qui  possède  la  plus  belle  collection 
existante  de  Méryon,  a  bien  voulu  nous  écrire  —  ce  dont  nous  le  remercions 
vivement  ici  —  pour  nous  signaler  une  curieuse  épreuve  d'essai,  avant  le 
ballon  Speranza,  les  spectateurs  sur  le  pont,  la  Tour  de  la  Pompe,  les  bâtiments 
à  distance,  mais  avec  le  Palais  de  Justice  ;  cette  pièce,  sans  doute  unique. 
provenait,  croyons-nous,  du  cabinet  du  Rev.  .1.  .1.  Heywood,  dont  la  collection 
passa  en  bloc  entre  les  mains  du  célèbre  collectionneur  écossais. 

Il  existe  encore  d'autres  épreuves  d'essai,  avec  le  ciel,  les  bâtiments  et  le 
ballon,  mais  avant  toutes  lettres.  Les  deux  essais  que  nous  signalons  là  sont 
rarissimes.  —  Une  des  plus  belles  épreuves  que  nous  connaissions  est  chez 
M.  Alphonse  Lotz-Brissonneau,  de  Nantes,  qui  l'acheta  chez  Edmond  Sagot. 

Ventes  :  Sensier,  1«  état,  avec  le  ballon  Speranza,  60  —  Wasset,  même 
état,  sur  papier  verdâtre,  300  —  Viollet-le-Duc,  même  état,  340  —  Monnerot, 
même  état,  195  —  De  Salicis,  essai,  avant  le  ciel  et  le  fond  derrière  le  pont, 
400  ;  la  même,  1er  état,  plus  la  planche  des  28  vers  :  Léger  aérostat,  ô  divine 
Espérance...  qui  devaient  accompagner  cette  estampe,  825  —  V"',  l«r  état, 
745  —  Le  l'1'  février  1902,  à  une  vente  faite  par  Rapilly,  un  exemplaire  de 
Ie''  état,  sur  papier  ancien,  fut  adjugé  1120  francs. 

La  Morgue  (B50  —  W  20).  —  Un  quai  adossé  à  de  hautes  maisons, 
et  sur  ce  quai  à  gauche,  un  noyé  que  deux  hommes  soutiennent  et  trans- 
portent à  la  morgue;  une  femme,  dont  le  corps  est  rejeté  en  arrière  en 
signe  de  violent  désespoir,  est  accompagnée  d'une  petite  fille  et  assiste 
à  cette  scène;  vers  elles,  accourt  un  sergent  de  ville;  au-dessus  de  ce 
quai,  sur  le  parapet,  des  curieux  accoudés  regardent  l'accident  ; 
au-dessous,  des  bateaux  à  laver. 

Cette  estampe,  aussi  célèbre  que  la  précédente,  si  elle  ne  l'est  davantage, 
est,  selon  nous,  la  pièce  la  plus  précieuse  de  l'œuvre  ;  le  génie  de  l'immortel 
artiste  s'y  révèle  dans  son  extraordinaire  puissance,  dans  son  insurpassable 
magie.  Les  belles  épreuves  sont  extrêmement  rares  ;  il  en  est  une  de  2e  état 
chez  M.  Alfred  Barrion,  de  Brcssuire,  que  nous  considérons  comme  une 
des  plus  belles  connues.  —  Cette  pièce  a  été  tirée  à  l'encre  noire  et  aussi  j 
l'encre  brune. 

Il  y  a  des  épreuves  d'essai  dans  lesquelles  le  sergent  de  ville,  le  groupe, 
la  fumée  qui  sort  des  cheminées  ne  sont  qu'indiqués  sans  être  modelés; 
d'insigne  rareté.  Il  existe  en  plus  deux  cuivres  :  L'Hôtellerie  de  la  Mort,  géné- 
ralement imprimés  sur  une  même  feuille  qui  contient  G2  vers  pour  cette 


516  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

pièce,  commençant  par  ces  mots:  Venez,  venez,  passants,  etc..  Burty  et 
Wedmore  affirment  que  l'impression  est  en  deux  couleurs  ;  à  l'exposition  de 
l'œuvre  de  Méryon,  au  Grolier  Club,  à  New-York,  en  janvier  et  lévrier  1898, 
nous  pouvions  noter  aussi  qu'une  épreuve  datée  à  l'encre  :  Paris,  25  janvier 
1855,  par  l'artiste  lui-même,  était  en  noir.  —  Voici  les  états  de  Lu  Morgue 

1er  état.  —  Avant  toutes  lettres. 

2e  état.  —  En  bas  à  gauche  :  C.  Méryon  del,  sculp  MDCCCLIV,  et  à  droite  : 
Imp.  Rue  Neuve,  S'-Etienne-du-Mont  N°  26. 

3>-  état.  —  Avec  le  titre,  puis  sur  les  maisons  :  Sabra  dentiste  du  peuple, 
Hôtel  des  Trois  Balances  meublé,  et  dans  le  haut  du  coin 
gauche,  le  monogramme  de  l'artiste. 

4'  état.  —  La  planche  porte  le  N°  11  dans  le  coin,  et  on  a  ajouté  l'adresse 
de  A.  Dcléûre,  imp.  R.  S1  Jacques  205. 

5  état.  -  On  a  ajouté  imagerie  religieuse,  exportation,  sur  un  autre 
bâtiment. 

De  tous  ces  états,  les  deux  premiers  seuls  sont  à  retenir  ;  les  autres  sont 
sans  valeur.  —  A  voir,  au  Cabinet  des  Estampes,  un  des  beaux  exemplaires 
connus  de  cette  pièce.  --  M.  cl  M""'  Atherton  Curtis  possèdent  l'esquisse 
originale  à  la  mine  de  plomb  et  une  admirable  épreuve  de  celle  estampe. 

Ventes  :  Sensier,  2^  état,  19  ;  la  même,  >  état,  13  —  Wasset,  épreuve 
d'essai,  avant  le  nom  de  l'artiste,  avant  la  bordure,  et  avant  les  ombres 
ajoutées  à  la  fumée,  42.");  2'  état,  160  —  Viollet-lc-l)uc,  2'-  état,  160  —  Monnerot, 
même  état,  105  —  De  Salicis,  épreuve  d'essai,  avant  l'achèvement  du  trait 
carié,  12(1;  la  même,  en  l'r  état,  avec  celle  dédicace  au  crayon  :  A  Monsieur 
Gustave  Salicis,  son  1res  dévoué,  ~>7<s  ;  cet  exemplaire  csl  actuellement  dans 
I..  collection  de  M.  II.  S.  Théobald;  avec  la  lettre,  35  -  V",  2-  état,  200 
A  la  vente  anonyme  du  14  mars  1003,  où  passa  La  Tour  de  l'Horloge,  une 
épreuve  de  La  Morgue,  qui  était  avant  les  inscriptions,  fut  adjugée  900. 

L'Abside  de  Notre-Dame  de  Paris  (15  52  W  22).  -  La 
Cathédrale  est  vue  par  derrière  du  pont  de  la  Tourelle;  à  gauche,  le 
ponl  aux  Choux  el  des  maisons;  sur  le  premier  plan  à  droite,  des 
bateaux  el  une  charrette  attelée  de  deux  chevaux  chargeant  du  sable. 

I"  état.   —  Avant  toutes  lettres.  —  Rarissime. 

2«  état.  —  A  gauche  :  <:.  Méryon  del  sculp  MDCCCLIV.  el  à  droite  :  Imp. 
Rue  Neuve,  Si-Etienne-du-Mont  26. 

y  état.    -  Le  millésime  a  été  effacé. 

4'-  état.  —  Avec  le  litre  :  L'Abside  de  Notre-Dame  de  Paris. 

■  i>  état.  —  Avec  le  monogramme   dans   le    haut   du    coin   gauche,   et   le 

Chiffre   t2  dans   le   coin   du    lias  du    mè coté. 

Encore    un    chef-d'œuvre    d'une    admirable    maîtrise    cl    extrêmement 

recherché,   peut -être    même    le    plus  recherché  de   l'œuvre.  Il  existe  (le 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  517 

nombreuses  épreuves  d'essai,  telles  que  :  eau-forte  pure,  avant  le  ciel  et 
les  bâtiments  au  delà  du  pont  ;  la  Cathédrale  n'est  pas  terminée  —  d'autres 
plus  avancées,  avant  que  le  ciel  à  droite  ne  soit  terminé  et  sans  le  trait 
carré  du  haut  —  d'autres  avec  le  ciel  terminé,  mais  encore  sans  le  trait 
carré  du  haut  avec  les  bords  de  la  planche  sales. 

Cette  pièce  a  figuré  au  Salon  de  1855. 

Les  deux  premiers  états  sont  seuls  à  rechercher.  M.  Théobald  en  possède 
une  merveilleuse  épreuve  portant  cette  dédicace  de  la  main  de  l'artiste,  à 
l'encre  :  A  Monsieur  Niel,  faible  témoignage  d'affection  et  de  reconnaissance. 
C.  Mcryon.  —  Chez  H.  Béraldi,  une  autre,  également  admirable,  dédicacée  : 
.1  mon  Maître  Dlérij.  —  M.  et  M>»e  A.  Curtis  possèdent  un  exemplaire  de 
2e  état,  un  des  plus  beaux  connus,  si  ce  n'est  le  plus  beau. 

Une  curiosité  à  noter:  L'Abside  n'a  jamais  été,  que  nous  sachions,  tirée 
sur  papier  verdàtre;  le  fait  est,  du  reste,  confirmé  par  M.  Wedmore. 

Ventes:  Sensier,  état  terminé  avant  toutes  lettres,  95;  la  même,  2'  état, 
53  —  Wasset,  avant  la  lettre  et  avant  les  retouches  sur  les  maisons  du 
fond  à  droite,  460  —  Viollet-le-Duc,  1"  état,  325  —  Monnerot,  2c  état,  269  — 
De  Salicis,  1er  étal,  avec  dédicace,  3125,  actuellement  chez  M.  Théobald;  la 
même,  2?  état,  553  —  Michelin,  état  vente  Wasset,  sur  papier  verdàtre, 
1020  —  V",  avec  le  nom  de  Méryon  et  l'adresse  de  l'imprimeur,  200. 

La  Tourelle  de  Marat  (B  55  —  W  24).  —  A  gauche,  la  tourelle, 
au  pied  de  laquelle  débouche  à  droite  une  carriole  attelée  d'un  cheval 
blanc  conduit  par  deux  femmes  ;  à  droite,  des  maisons  formant 
l'entrée  de  la  rue  ;  au  premier  plan,  de  nombreux  personnages  allant 
et  venant. 

I"  état.  —  Avec  le  ciel,  le  trait  carré  du  haut  est  cintré  au  milieu,  le 
Fiat  Lux  est  inscrit  sur  le  livre  tenu  par  la  Vérité  qui  descend 
des  cieux,  ainsi  que  le  mot  Cabal  sur  la  tourelle;  avec  le  titre 
Tourelle  dite  de  Moral  et  la  légende:  Sainte  inviolable  vérité... 
et  Imp.  Pierron,  R.  Montfaucon,  1,  Paris. 

2^  état.  —  Le  titre  changé  en  :  Tourelle,  rue  de  l'Ecole  de  Médecine,  22, 
Paris. 

31'  état.  —  Les  figures  dans  le  ciel  sont  'elfacées  et  remplacées  par  deux 
oiseaux,  au  titre  on  a  ajouté  le  millésime  MDCCCLXI. 

4''  état.  —  On  a  ajouté  Gazette  des  Beaux-Arts. 

Il  y  a  plusieurs  épreuves  d'essai  présentant  entre  elles  des  différences  fort 
sensibles;  dans  son  intéressant  catalogue  descriptif  de  l'œuvre  du  Maître, 
M.  Wcdmorc  en  mentionne  huit  qui  furent  distribuées  par  Méryon  à  divers 
collectionneurs,  elles  étaient  sur  fin  japon,  numérotées  et  datées  par  le 
graveur;  une  des  plus  caractéristiques  était  celle  de  M.  Macgeorge,  où  l'on 
voyait  dans  la  carriole  une  femme  et  un  enfant  au  lieu  des  deux  femmes 
qui  se  trouvent  toujours  dans  tous  les  autres  états. 

M.  Théobald  nous  signale  également  la  sienne  qui  était  la  dernière  ;  elle 
portait  le  AT°  S  et  la  date  7  juin,  il  la  tient  de  M.  Wedmore;  elle  provenait  de 


518  DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

la  collection  Wasset  :  il  possède  encore  une  autre  curieuse  épreuve  d'état 
intermédiaire  entre  le  second  et  le  troisième,  ayant  dans  le  haut  du  coin 
droit  les  initiales  C.  M.  renversées  dans  un  cercle,  les  deux  oiseaux,  mais  sans 
aucune  autre  lettre. 

Au  Burlington  Fine  Arts  Club,  en  1879,  figurait  une  très  intéressante 
épreuve  d'essai  du  second  état  appartenant  à  Sir  F.  Seymour  Haden  qui  la 
tenait  directement  de  Méryon;  elle  portait  le  titre  :  Tourelle,  rue  de  V Ecole 
de  Médecine,  22,  Paris,  les  figures  avaient  disparu  du  ciel  et  étaient  remplacées 
par  la  tète  de  Charlotte  Corday  dessinée  au  crayon,  le  trait  carré  du  haut 
n'était  plus  cintré  au  milieu,  le  monogramme  était  effacé,  et  les  deux  oiseaux 
n'avaient  point  encore  été  introduits  dans  le  ciel. 

Au  Grolier  Club,  en  1898,  on  avait  exposé  une  épreuve  avant  toutes  lettres, 
dans  laquelle  la  ligne  du  haut  du  trait  carré  était  redressée,  les  figures 
remplacées  par  des  oiseaux;  le  ciel  chargé  de  lourds  nuages,  avec  des  rayons 
traversant  le  monogramme  de  l'artiste  dans  le  haut  du  coin  droit;  ces  parti- 
cularités avaient  échappé  à  Hurty  et  à  Wedmore. 

Il  est  inutile  de  dire  combien  sont  rares  de  pareilles  épreuves  qui  ne  sont 
peut-être  tirées  qu'à  l'état  d'unité. 

Ventes:  Sensier,  épreuve  d'essai  avant  le  ciel  et  le  mut  ('.abat  sur  la  tourelle 
et  avant  les  mots  Fiai  Lux  sur  le  livre  ouvert  que  tient  la  Justice,  102;  avant 
la  lettre,  mais  avec  les  ligures  effacées  dans  le  ciel,  la  bordure  du  haut  est 
encore  cintrée  et  le  ciel  non  terminé  à  la  place  où  étaient  les  ligures,  32; 
avec  la  lettre,  12  —  Wasset,  épreuve  d'essai,  état  Sensier,  200,  sur  japon;  avec 
le  ciel  terminé,  la  bordure  tracée,  avec  Cabat  sur  la  tourelle,  mais  avant 
Fiat  Lux.  avant  toutes  lettres,  170  —  De  Salicis,  1er  état,  avec  le  titre  Tourelle 
dite  de  Marat,  30;  la  même  avec  le  titre  Tourelle  de  l'Ecole  de  Médecine,  avec 
une  dédicace,  1<S. 

Nés  prix  que  nous  venons  de  donner  étant  ceux  de  ventes  déjà  très 
anciennes  renseigneront  fort  peu  l'amateur  sur  la  cote  des  Méryon 
d'aujourd'hui,  qu'il  sache  donc  que  les  belles  pièces  de  cet  artiste  se  sont 
tellement  raréfiées  qu'il  n'en  passe  pour  ainsi  dire  plus  en  ventes  publiques, 
et  que  si  d'aventure,  de  loin  en  loin,  il  s'en  présente,  elles  varient  en 
premiers  états  de  600  à  3000  francs  et  même  quelquefois  davantage. 

Quand  on  songe  qu'en  1886,  à  Londres,  The  Fine  Arts  Society  affichait  les 
prix  suivants  dans  son  catalogue:  I.e  volume  &.' Eaux-fortes  sur  Paris, 
1137  lianes  et:  La  Pompe  Notre-Dame ,  210  —  L'Abside,  262  —  Le  Strgge, 
105  —  Le  Pont  au  Change,  202  —  La  Morgue,  180 Ml  -  La  Rue  de  la  Tixé- 
randerie,  131  —  La  Rue  des  Mauvais-Garçons,  78 1 1 1  —  La  Tour  de  l'Horloge, 
10."),  toutes  ces  pièces  en  premier  étal;  on  se  demande,  inquiet  et  lier  à  la 
luis,  si  dans  quelques  vingt  ans  l'œuvre  de  notre  immortel  et  glorieux 
artiste  n'atteindra  pas  les  hauts  prix  pratiqués  pour  les  grands  Maîtres  de 
notre  XVIII'  siècle  et  pour  ceux  des  écoles  allemande  cl  hollandaise. 


MILLET  (Jean-François) 

Bel  et  grand  artiste  peintre-graveur       peintre  surtout  —  né  a  Gruchy, 

petil    village   de  la   côte   normande,   le    I   octobre    INI  I,   mort    à   Uarhi/on   le 
20  janvier    1895.    C'était    un    rustique,    dans   la    belle   et    haute   acception    du 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  519 

mot  ;  ses  dessins,  plus  encore  peut-être  que  ses  toiles,  ont  le  don  de  nous 
émouvoir  profondément.  —  Son  œuvre  gravé,  fort  recherché,  est  peu 
considérable,  en  tout  trente-quatre  pièces  se  décomposant  comme  suit  : 
21  eaux-fortes  —  3  lithographies  —  3  bois  —  et  2  gravures  sur  verre. 

Son  catalogue  fut  dressé  par  Alfred  Lebrun;  il  est  à  la  fin  du  livre  d'Alfred 
Sensier  :  La  Vie  et  l'Œuvre  de  J.-F.  Millet,  Paris,  Quantin,  1881.  Frederick 
Keppcl  en  a  donné  une  très  intéressante  traduction,  avec  additions  et 
rectifications,  en  1887  ;  il  a  été  puissamment  aidé  dans  ce  travail  en  ayant 
sous  les  yeux  l'œuvre  complet  du  Maître  qu'il»achcta  à  M.  Lebrun  en  1880, 
avec  la  promesse  formelle  que  cette  collection  ne  serait  jamais  morcelée  ; 
une  exposition  en  fut  faite  dans  les  galeries  de  l'acheteur,  à  New -York,  le 
15  février  1887. 

En  septembre  1801,  I'h.  Burty,  dans  la  Gazelle  des  Beaux- Arts,  avait  déjà 
catalogué  11  pièces  du  Maître,  et,  en  187(i,  Piedagnel,  dans  :  J.-F.  Millet, 
Souvenirs  de  Barbizon,  s'en  était  également  occupé.  —  Voir  Béraldi,  tome  X, 
Paris,  1890. 

Un  des  plus  beaux  œuvres  du  Maître  se  trouve  dans  les  cartons  d'un 
homme  charmant  entre  tous,  M.  H.  Giacomelli  ;  l'admirable  vieillard  '  — 
peut-être  le  plus  séduisant  de  tous  nos  aquarellistes  —  nous  écrivait,  il  y  a 
quelques  jours,  qu'il  avait  été  pris  de  la  passion  de  la  belle  image  depuis 
l'âge  de  15  ans;  elles  coûtaient  à  ce  moment  dans  les  trente  à  quarante  sous, 
quelquefois  moins  et  ne  se  vendaient  guère!!  il  sut  en  profiter,  aussi 
possède-t-il  à  l'heure  présente  une  des  plus  belles  collections  existantes  de 
l'époque  romantique,  et  ce  en  épreuves  comme  on  n'en  rencontre  plus. 

La  Couseuse,  1855  (Lebrun  1U).  -  -  En  sabots,  elle  est  assise 
de  trois  quarts  à  droite  près  de  sa  fenêtre,  les  jambes  croisées,  elle 
coud.  —  Un  seul  état,  sans  signature. 

Ventes  :  Sensier,  l"  état,  sur  vieux  papier,  38  —  Hédouin,  sur  chine,  10. 

Paysan  rentrant  son  fumier,  1855  (12).  —  Il  pousse  devant  lui 
sa  brouette  chargée  de  fumier  et  s'apprête  à  la  faire  franchir  une 
porte  qui  est  à  gauche  ;  sa  bêche  est  posée  sur  sa  brouette.  Dans  le 
coin  droit  inférieur  :  J.-F.  Millet,  et  dans  celui  de  gauche  :  Paris, 
Imprimé  par  Aug.  Dclàlre. 

Le  1er  état,  gravé  en  1855,  est  sans  l'adresse  de  Dclàtrc. 

Ventes  :  Sensier,  lor  état,  sur  vieux  papier,  40  —  Hédouin,  sur  chine 
avec  l'adresse  de  Delàlre,  00  —  Michelin,  épreuve  d'artiste,  149. 

Les  Glaneuses,  1855  (13).  —  Trois  femmes  au  premier  plan  en 
train  de  ramasser  les  épis  qui  sont  à  terre  ;  deux  sont  très  penchées 


1  II  est  né  en  1822!  On  ne  s'en  douterait  guère  à  la  vue  de  son  écriture  si  ferme  et  si  fuie, 
et  moins  encore  à  la  verdeur  de  son  esprit,  à  la  sensibilité  île  son  cœur. 


520  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

en  avant,   la   troisième   se   tient  presque  droite.    Au   tond,  meules, 
paysans  et  charrettes. 

Le  1"  état  est  sans  signature. 

Ventes  :  Sensier,  2^  état,  avec  l'adresse  de  Delàtre,  68  —  Goncourt,  même 
état,  90;  la  même,  sur  japon,  80. 

Les  Bêcheurs  (14).  —  Sur  le  premier  plan,  deux  hommes  tournés 
à  gauche  ;  celui  de  droite  enfonce  la  pelle  avec  son  pied,  tandis  que 
l'autre  étale  la  terre  qu'il  vient  de  soulever.  Derrière  eux,  une  hutte, 
et  très  à  gauche  par  terre,  leurs  vêtements  et  leurs  chapeaux. 

Au  1«  état,  dans  le  haut  du  coin  droit,  un  pelit  nuage  au-dessus  duquel 
est  la  signature  de  J.-F.  Millet.  Le  2p  état,  qui  est  unique,  paraît-il,  est  au  ciel 
blanc  et  avant  toutes  lettres  ;  le  3e  avec  le  ciel  refait  ainsi  que  le  petit  nuage 
à  peine  visible,  et  le  i<-  avec  l'adresse  de  Delàtre. 

Ventes  :  Sensier,  4''  état,  57  —  Hédouin,  avec  l'adresse  de  Delàtre,  sur 
chine,  100  —  Courtry,  3'-  état,  sur  chine  collé,  135  —  Michelin,  même  prix. 

La  Veillée,  1<S5G  (15).  --  Un  lit  à  gauche,  pas  loin  duquel  deux 
femmes  assises  cousent  près  d'une  lampe. 

('.clic  planche,  tirée  sur  zinc,  est  trop  mordue  et  très  confuse;  elle  n'est 
intéressante  que  par  son  extrême  rareté.  —  Il  en  existe  une  mauvaise 
contrefaçon. 

Ventes  :  Sensier,  52  —  Courtry,  sur  japon,  115  —  Iîouvcnne,  40. 

La  Cardeuse,  1862  (l(i).  —  Femme  assise  de  trois  quarts  à  droite, 
occupée  à  carder  ;  derrière  elle,  un  rouet  ;  sa  tète  est  enveloppée  d'un 
mouchoir  noué  sur  le  front;  près  de  son  pied  gauche,  un  panier 
contenant  de  la  laine  cardée.        Sans  signature. 

C'est  cette  pièce  qui,  dit-on,  est  restée  toute  une  nuit  dans  le  bain 
d'acide  —  ce  que  nous  avons  peine  à  croire  —  et  qui,  par  conséquent  trop 
mordue,  ne  fut  jamais  publiée.  Les  épreuves  en  sont  donc  extrêmement 
rares;  un  des  plus  beaux  exemplaires  connus  se  trouve  dans  la  collection 
A.  Barrion,  il  provenait  de  la  vente  I. essore  où  il  lut  adjugé  330  francs; 
c'est  une  admirable  pièce,  malgré  le  prétendu  malheur  qui  lui  est  arrivé. 
I.llc  est  actuellement  détruite. 

Ventes  .  Sensier,  état  unique,  300  —  Courtry,  sur  chine,  300. 

La   Gardeuse   d'Oies.    1<S(>3  (17).  --  Debout   de   trois  quarts  à 

droite  sur  le  bord  d'une  mare,  elle  regarde  une  oie;  son  bras  gauche 

éloigné  de  son  corps  à  angle  droit  s'appuie  contre  un  arbre,  l'autre 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  521 

est  ramené  sur  la  hanche  :  derrière  elle  au  fond  de  l'estampe,  quelques 
maisons  et  des  arbres.  —  Sans  signature. 

Pointe  sèche  très  rare,  ce  n'est  guère  que  son  seul  mérite. 

Ventes  :  Sensier,  sur  chine  volant,  30  —  Bouvcnnc,  en  histre,  sur  chine 
volant,  80. 

La  Grande  Bergère,  18G2  (19).  —  A  droite  de  l'estampe  et 
tournée  à  gauche,  ayant  derrière  elle  une  colline  plantée  de  jeunes 
arbres,  une  bergère  tricote  un  bas  en  gardant  ses  moutons,  accom- 
pagnée d'un  chien  noir.  La  plaine  est  inondée  de  soleil  et  au  loin  un 
village  se  profile  à  l'horizon.  Signé  à  gauche  :  J.-F.  Millet. 

Keppel  nous  apprend  que  cette  planche  devait  être  publiée  par  Cadart 
auquel  elle  ne  plut  pas;  il  pria  l'artiste  de  la  reprendre,  ce  qu'il  fit  en 
donnant  sa  démission  de  membre  de  la  Société  des  Aquafortistes. 

La  Fileuse,  1868  (21).  —  Debout  de  trois  quarts  à  droite,  en 
sabots,  coiffée  d'un  chapeau  de  paille,  la  quenouille  passée  sous  le 
bras  gauche,  elle  file;  derrière  elle  sur  la  colline,  ses  chèvres 
paissent.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :  J.-F.  Millet. 

Il  existe  une  épreuve  d'essai  où  l'œil  droit  de  la  fileuse  n'est  pas  terminé, 
ce  qui  la  fait  paraître  borgne  et  où,  tout  à  fait  dans  le  haut  du  coin  gauche, 
on  distingue  cinq  petites  tailles  ou  hachures  qui  disparaissent  au  second  état. 

Cette  planche  qui  est  détruite  servit  à  illustrer  Sonnets  et  Eaux-Fortes  (1869) 
publiés  par  Lemerre. 

Tous  les  cuivres  qui  ne  turent  pas  détruits,  à  l'exception  de  celui  appar- 
tenant à  la  Gazette  des  Beaux-Arts  :  Femme  faisant  manger  son  enfant  (18), 
paru  en  septembre  1861,  sont  la  propriété  de  M'»*  veuve  Millet. 

Ventés:  Sensier,  50  —  Burty,  71  —  E.  L.,  1er  état,  65;  la  même,  20  — 
Hédouin,  33  —  Courtry,  hr  état  ('?). 

Où  donc  est-il  ?  (22).  —  Une  jeune  femme  vêtue  de  noir,  l'air 
désolé,  est  assise  de  profil  à  gauche  contre  la  balustrade  d'une 
terrasse  sur  laquelle  elle  appuie  son  coude  droit  ;  son  regard  anxieux 
semble  interroger  l'horizon  ;  ses  deux  enfants  debout  près  d'elle, 
s'appuient  sur  ses  genoux. 

Le  seul  exemplaire  existant  de  cette  lithographie,  qui  doit  être  de  1848,  est 
actuellement  à  New- York,  chez  M.  et  Mme  Athcrton  Curtis;  il  fut  acheté  avec 
la  musique,  la  forte  somme,  par  Frederick  Keppel  pendant  l'été  de  1886. 
Cette  estampe  devait  servir  de  titre  à  une  romance;  clic  est  reproduite 
dans  le  catalogue  de  Keppel  qui,  tiré  à  250  exemplaires,  est  épuisé  depuis 
longtemps.  —  A  la  vente  Bouvcnnc  il  a  passé  une  copie  de  cette  Lithographie  ; 
copie  tirée  à  trois  exemplaires  seulement,  avant  toutes  lettres. 


")22  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  Précaution  Maternelle  (25).  —  A  la  porte  d'une  ferme,  une 
femme  relève  la  chemise  d'un  garçonnet  pour  lui  permettre  de 
satisfaire  un  petit  besoin  ;  à  droite,  adossée  au  mur,  sa  sœur,  les  bras 
ballants,  le  regarde  étonnée.  A  gauche  de  la  porte,  deux  pelles 
appuyées  au  mur.  Dans  le  coin  gauche  inférieur  à  l'envers  :  J.-F.  Millet. 

Très  l'are  estampe  gravée  sur  verre;  les  épreuves  sont  généralement  tirées 
sur  un  papier  jaunasse  à  l'air  parcheminé. 

De  grande  tenue  et  de  sobre  allure,  les  eaux-fortes  de  Millet  sont  rares  et 
recherchées;  cependant,  dans  leur  admirable  synthèse,  on  nous  accordera 
qu'elles  n'évoquent  point  la  sensation  d'aurores  mouillées  ou  des  âpres 
chaleurs  de  midi,  dont  nous  parle  Paul  Mantz  au  sujet  des  toiles  du  Maître. 


MOREAU-NELATON  (Etienne) 

Dieu  fait  fumer  la  cheminée  du  pauvre.  —  In  chemin  de 
village  au  milieu  duquel  une  sœur  de  charité  s'avance  un  panier 
passe  au  bras  gauche.  Derrière  elle  à  droite,  une  haie  basse;  à 
gauche,  une  palissade,  et  au  second  plan,  des  chaumières;  au  fond. 
des  arbres,  lui  bas  à  droite,  la  légende  :  Dieu  fait  fumer,  elc. . . 

La  Promenade  des  Religieuses.  Cinq  filles  de  Saint- Vincent- 
de-Paul  se  dirigent  en  file  indienne  vers  la  droite,  elles  ont  leurs 
mains  enfouies  dans  leurs  larges  manches.  A  gauche,  se  silhouette 
une  église.  Sans  signature. 

L'Ange  du  Souvenir.  —  Un  cimetière  dont  un  ange  nimbé 
arrose  les  tombes  ;  au  fond,  l'église  du  village.  Sans  signature 

Ces  pièces  sont  empreintes  d'une  poésie  douce  et  pénétrante;  le  métier  de 
l'artiste  a  quelque  analogie  avec  celui  de  Legros,  et  surtout  de  Millet.  C'est 
de   la    bonne  gravure,   simple   et    sévère,   mais  de   fort   belle  tenue  et  pleine 

d'accent,  elle  séduit  el  émeut,  n'est-ce  pas  le  plus  beau  compliment  qu'on 
puisse-  faire  à  un  artiste. 


MORIN    (Louis) 


Bien  plus  dessinateur  el  illustrateur  que  graveur,  il  Faut  avoir  cependant 
du  délicieux  el  sympathique  artiste  quelques-uns  des  mille  menus,  faire- 
pari  de  naissance,  de   baptême  OÙ  il  a  dépensé  à  profusion  son  esprit  el  son 

cœur,  "M  se  les  procurer,  voila  le  hic?  En  les  lui  demandant,  peut-être  en 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  523 

reste-t-il  encore!  A  ajouter  deux  délicieuses  eaux-fortes  entrevues  à  l'expo- 
sition organisée  par  Vollard  en  juin  189G  :  Le  Menuet  et  Fclc  sur  une  place 
publique. 


MULLER'   (Alfred) 

Promenade  à  Hyde  Park.  —  Au  tout  premier  plan  et  occupant 
le  milieu  de  l'estampe,  des  femmes  causent  et  des  enfants  jouent  ; 
à  gauche,  au  second  plan,  une  voiturette  qu'une  femme  pousse 
devant  elle,  et  à  droite,  un  cheval  de  profil  à  gauche  qu'un  cocher 
tient  par  la  hride.  Au  fond  de  l'estampe,  se  silhouettent  quelques 
constructions.  Sans  signature. 

Editée  par  Ed.  Sagol,  une  des  meilleures  estampes  en  couleurs  de  l'artiste, 
son  succès  a  été  considérable.  —  Existe  aussi  avec  le  titre  gravé. 

Le    Moulin -Rouge.    —    Le    joyeux   établissement   de   la   place 
Blanche  est  brillamment  éclairé  ;  c'est  le  soir,  sur  le  trottoir  en  face, 
des  femmes  vont  et  viennent. 
Pièce  bien  typique,  qui  n'a  pas  eu  moins  de  succès  que  la  précédente. 

Les  trois  Sœurs.  —  Devant  un  piano  ouvert,  trois  femmes  ;  les 
deux  de  gauche  sont  debout  et  celle  de  droite  qui  est  assise  est  vue  de 
dos  ;  celle  du  milieu  est  si  violemment  éclairée  qu'elle  paraît  vêtue  de 
blanc. 

Voici  un  admirable  morceau  de  noir  et  blanc  qui  me  séduit  autrement, 
je  le  déclare,  que  les  pièces  en  couleurs,  mais  ces  dernières  sont  à  la  mode  : 
on  en  vend  dix  de  celle-ci  contre  une  de  celle-là;  qu'y  l'aire?  tous  les 
raisonnements  seront  impuissants  pour  conjurer  le  mal  ;  or,  il  faut  avant 
tout  qu'un  artiste  contente  son  public  ;  il  le  l'ait,  rien  à  dire. 

Un  mot  pour  finir  :  nous  nous  permettons  respectueusement  d'attirer 
l'attention  de  l'artiste  sur  ses  formats  qu'il  exagère  quelquefois  un  peu  ; 
pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  sa  belle  pièce  Le  Ru  d'Osny  -  est  immettable 
en  portefeuille;  mais  c'est  pour  encadrer,  nous  dira-t-on;  c'est  possible, 
mais  l'acheteur  hésitera  tout  de  même  à  s'en  rendre  acquéreur,  parce  que  son 
miroitier  lui  demandera  trop  cher  et  qu'il  perdra  d'un  côté  ce  qu'il  croira 
avoir  gagné  de  l'autre;  donc  les  formats  modestes,  le  petit  in-folio,  45  sur  34, 


<  L'éditeur  attitré  de  Millier  est   Pierrefort,   12,   rue  Bonaparte;  l'œuvre  de  l'artiste,  déjà 
considérable,  s'y  trouve  chez  lui  à   peu  prés  au  complet. 
3  fui  veut  dire  Ruisseau. 


524  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

voilà  pour  nous  un  maximum ,  voyez  les  Anglais  —  gens  pratiques  —  les 
Seymour  Haden,  les  GoflF,  les  Whistler,  jamais  ils  ne  dépassent  une  moyenne 
de  20  sur  15;  ils  sont  dans  le  vrai,  et  le  collectionneur  l'apprécie  hautement; 
la  jouissance  de  l'œil  se  décuple  sur  une  petite  pièce. 


OSTERLIND   (Allan) 

Danseuses  Espagnoles.  —  Doux  danseuses  côte  à  côte  exécutent 
d'ensemble  un  pas  ;  elles  ont  îles  castagnettes  ;  celle  du  premier  plan 
ouvre  la  bouche,  elle  chante. 

Il  existe  une  autre  planche  où  il  y  a  Irais  danseuses  au  lieu  de  deux.  — 
Ces  pointes  sèches,  éditées  chez  L.  Dumont,  sont  les  débuts  de  l'artiste 
suédois;  il  y  a  des  tirages  où  les  épreuves  sont  rehaussées  de  couleur. 
Nous  avons  encore  remarqué,  au  Salon  de  1903  de  la  Société  Nationale,  une 
jolie  pointe  sèche  en  couleurs  :  Le  Retour  à  la  Fontaine. 


OVERBECK 

Le  Pont  dans  la  Lande.  -  Un  ruisseau,  au  bord  duquel  on 
aperçoit  au  premier  plan  à  gauche  un  bouleau,  et  au  second  plan  un 
bouquet  d'arbres  sombres  et  touffus;  le  fond  de  l'estampe,  derrière 
l'arche  du  pont,  est  fortement  éclairé  ainsi  qu'une  partie  du  ruisseau. 
Le  ciel  esl  tourmenté. 

Superbe  eau-forte  en  travers,  d'un  artiste  allemand,  sur  le  compte  duquel 
nous  n'avons  malheureusement  aucun  renseignement.  Nous  avions  vu  cette 
estampe  chez  Ilessèlc  et  elle  nous  avait  frappé  par  sa  beauté;  c'est  à  ce 
titre  que  nous  la  signalons. 


PENNEL  (Joseph) 


Nous  eussions  voulu  parler  avec  connaissance  «le  cause  de  cet  artiste  très 
haut  cote  en  Amérique  et  en  Angleterre  où  il  habite  maintenant,  mais  nous 
n'avons  jamais  eu  la  bonne  fortune  de  tenir  une  seule  de  ses  pièces  entre 
lis  mains.  Nous  savons  cependant  qu'en  Septembre  1893,  il  détruisit  un 
grand  nombre  de  ses  cuivres  et  parmi  ceux-ci  les  suivants,  dont  les  épreuves 
s.-  raréfient  rapidement  et  demeurent  extrêmement  recherchées. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  Ô25 

On  the  Arno  —  Pilot  town,  La  —  Yesterdag  and  to  day  in  Venice  —  An 
American  Venice  —  Dclow  Atlantic  City  —  In  the  Twilighl  —  Templar  — 
Chelsea'  —  Office  of  Punch  —  At  Lgnchburg,  Virginia. 

Nous  n'ignorons  pas  que  l'Amérique  possède  une  pépinière  de  peintres- 
graveurs  très  remarquables  tels  que  :  Otto  Bâcher,  Slephen  Parrish,  Charles 
Plaît,  F.  S.  Church,  Thomas  et  Peter  Moran,  Franck  Diweneck 2,  Slattford, 
Norlhcote,  M>'s  Thomas  Moran,  Charles  A.  Vanderhoof,  Miss  Edith  Loring 
Pierce  —  Miss  Mary  Nimmo  Moran,  etc..  Comme  leurs  œuvres  sont  très  peu 
répandues  en  Europe,  en  France  tout  au  moins  —  en  avares,  ils  gardent 
leurs  trésors  —  il  ne  nous  a  pas  été  permis  de  les  voir  et  de  les  examiner. 
Qu'ils  ne  nous  accusent  donc  point  de  les  tenir  de  parti-pris  à  l'écart,  mais 
que,  bien  au  contraire  —  nous  le  disons  hautement  —  ils  reçoivent  nos 
profonds  regrets  de  n'avoir  pu  les  présenter  à  nos  collectionneurs  français 
qui  les  eussent  accueillis,  nous  en  sommes  convaincu,  avec  le  plus  cordial 
empressement.  Hélas  !  pourquoi  Frederick  Keppel  n'est-il  pas  près  de  nous, 
il  nous  eut  ouvert  ses  portefeuilles  avec  sa  libéralité  habituelle  et  nous  y 
eussions  puisé  à  pleines  mains  les  documents  pour  la  plus  grande  joie  de 
nos  lecteurs. 

C'est  au  mois  de  mai  1890,  à  un  de  nos  Salons  annuels,  que  nous  fûmes 
présentés  l'un  a  l'autre  par  un  ami  commun,  hélas  disparu,  le  regretté  Félix 
Buhot  ;  depuis  cette  époque,  les  relations  sont  demeurées  cordiales  et 
charmantes  et  nous  avons  trouvé  l'érudit  marchand  d'estampes  américain  — 
poète  à  ses  heures  et  délicat  écrivain  d'art  '  —  toujours  sur  notre  chemin 
quand  il  s'est  agi  de  nous  être  agréable.  Maintes  fois  nous  l'avons  importuné 
par  des  demandes  de  renseignements,  toujours  nous  avons  rencontré  chez 
lui  la  même  inlassable  obligeance. 

Frederick  Keppel  *  est  d'une  activité  dévorante,  il  n'est  pas  une  vente  un 
peu  importante  à  laquelle  il  n'ait  assisté,  il  parcourt  l'Europe  et  les  deux 
Amériques  comme  nous  parcourons  un  quartier  de  Paris,  il  prend  le 
paquebot  comme  nous  prenons  le  Métro,  et  nous  aurons  tout  ilit  en  vous 
apprenant  qu'il  tient  le  record  de  la  traversée  de  l'Atlantique  qu'il  a  déjà 
faite  6'i  fois!!! 


1  11  y  a  ileux  planches  ditférentcs.'une  grande  et  une  pelite.  L'œuvre  gravé  de  Pennell  peut  se 
diviser  en  quatre  parties  ou  suites  :  1"  La  série  des  vues  de  Philadelphie  ;  2'  de  la  Nouvelle- 
Orléans  :  3U  d'Italie  (1883);  4*  de  Londres  (1801).  Il  a  t'ait  aussi  quelques  lithographies,  entre 
autre  Le  Brouillard,  paru  dans  l'Estampe  originale,  8"  livraison  1894;  à  ce  propos,  disons  qu'il 
est  l'auteur,  en  collaboration  de  M*'  Elizabeth  Robins  Pennell.  d'un  important  traité  paru  à 
New-Vork  en  1898.  intitulé:  Lithographg  and  Lithographers.  —  The  Art  Journal  de  Londres  lui  a 
consacré  de  très  élogieux  articles  dans  un  de  ses  numéros.  En  1891,  une  exposition  de  son 
œuvre  eut  lieu  chez  Keppel,  à  New-York.  L'artiste  a  eu  la  médaille  d'or  à  l'Exposition  de  1900. 

-  A  fait  une  suite  de  Vues  de  Venise,  parmi  lesquelles  Le  Quai  des  Esclauons  est  parti- 
culièrement  réputé. 

3  Notons  qu'il  parle  décrit  le  français  avec  une  pureté  qui  a  toujours  fait  notre  admiration  : 
il  travaille  du  reste,  en  ce  moment,  à  une  curieuse  plaquette  franco-américaine  intitulée  : 
l'itfalls  for  translalors  —  Pièges  pour  les  traducteurs  —  qui  mieux  que  tout  ce  que  nous 
saurions  dire,  prouvera  avec  surabondance  à  quel  point  il  possède  les  finesses  et  les  nuances 
les  plus  subtiles  de  notre  langue. 

+  La  raison  sociale  de  sa  maison  de  commerce  est  :  Frederick  Keppel  &  C*.  20.  Easl 
16  St.,  Union  Square,  New-York.  C'est  vers  18G3  que  Frederick  Keppel  —  descendant  du 
célèbre  amiral  anglais  —  débuta  dans  l'estampe  ;  il  avait  environ  19  ans.  Ses  associés  et  amis 
sont  à  l'heure  présente  MM.  Fitz-Roy  Carrington.  trésorier,  et  David  Keppel.  son  fils  et  secrétaire. 


526  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Pour  vous  donner  une  idée  de  l'amour  qu'il  professe  pour  son  métier, 
dans  lequel  il  est  passé  virtuose,  qu'on  sache  que  depuis  1883  jusqu'en 
avril  1902  il  a  l'ait  76  expositions  dans  ses  galeries,  sur  lesquelles  ',W>  ont  été 
spécialement  affectées  à  la  gravure;  les  artistes  les  plus  célèbres  y  ont 
Qguré,  tels  (pie:  Sir  Seymour  Eiaden,  Whistler,  liuhot,  Lalanne,  Le»ros, 
Zorn,  de  Gravesande,  PenneU,  Raffet,  Cameron,  Helleu,  Jacque,  Koopman,  etc. 
On  comprendra  donc  combien  précieuse  a  été  pour  nous  la  connaissance 
de  ce  galant  homme  dont  nous  nous  honorons  d'être  l'ami. 


PISSARO    (Camille) 


Chef  de  l'Ecole  impressionniste,  a  gravé  quelques  pièces,  vraies  eaux- 
fortes  de  peintre,  pleines  d'indépendance  et  de  couleur  dont  il  Faut  retenir  : 

La  Grand'Mère  —  La  Gardeuse  d'Oies  —  Rue  Domicile  à  Rouen  —  Soleil 
couchant,  aquatinte  —  Foire  de  Saint-Martin  (Pontoise),  manière  ^rise  — 
Récolte  des  Pommes  de  terre,  très  rare  —  Prairie  et  Moulins  —  La  Masure, 
aquatinte. 

Sun  lils  Lucien  qui  habile  Londres  a  fait  aussi  quelques  eaiix-lorles  et 
quelques  bois,  nous  avons  le  regret  de  ne  pas  les  connaître;  nous  savons 
cependant  que  les  bois  suivants  sont  réputés  et  recherchés  :  Dispute  —  La 
Visite  —  Au  Café-Concert  —  La  Bonne. 


PIVET  (Léon) 

Coq.  -      Un  coq   blanc  avec   la   crête   rouge,   tourné  à  droite, 
grandeur  presque  nature. 

Très  intéressante  pièce  tirée  en  couleurs  à  35  épreuves  avec  planches  de 
repérages  et  en  gaufrage. 


POTTER  (Louis) 

Portrait  de  Miss  Y"'-        Dans  un  médaillon  rond,  près  d'une 
lampe,  une  femme  à  mi-corps  est  assise  de  profil  à  gauche,  un  livre 

ouvert  cuire  les  mains. 

Très  belle  pièce  en  couleurs  tirée  à  50  épreuves.      A  signaler  encore  :  Le 
Marché  aux  Fromages  à  Alkmaar  et  Volendam  type. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  527 


PUVIS   DE   CHAVANNES 


Signalons  du  Maître  à  titre  d'extrême  rareté,  puisqu'il  n'en  existe  que 
quatre  exemplaires  :  Le  Retour  île  Chasse  (1862).  Nous  en  connaissons  deux 
épreuves,  l'une  chez  M.  Alexis  Rouart  >,  l'autre  chez  Hessèlc.  Nous  confes- 
serons que  c'est  plutôt  une  curiosité  qu'une  œuvre  d'art,  le  célèbre  et 
merveilleux  artiste  s'est  immortalisé  autrement  que  par  cette  eau-forte  et 
les  quelques  autres  qu'il  a  gravées  comme  passe-temps  dans  une  heure  de 
loisir. 


RAFFAELLI   (Jean-François) 

Genevilliers.  —  Au  premier  plan,  deux  poules  et  un  homme 
chargé  d'un  ballot  passé  sur  l'épaule  gauche;  il  vient  de  franchir  une 
clôture  formée  par  des  piquets  et,  le  bâton  à  la  main,  s'apprête  à 
gravir  la  butte  qui  est  devant  lui.  A  droite,  la  Seine  avec  ses  îlots. 
Sans  signature. 

Pointe  sèche  tirée  à  40  épreuves. 

Le  Terrain  vague.  —  Sur  une  butte  dénudée  près  d'une  maison- 
nette, un  cheval  isolé  tourné  à  droite  ;  sur  le  premier  plan  à  gauche, 
près  d'une  clôture  légère  à  demi-démolie,  une  vieille  femme  tenant 
un  gros  sac  posé  devant  elle  à  terre  ;  autour  d'elle,  un  chien,  des 
poules,  un  autre  sac  et  un  balai. 

Eau-forte  en  couleurs  imprimée  en  deux  planches;  c'est  une  des  premières 
pièces  qu'a  gravées  le  Maître,  elle  est  devenue  à  peu  près  introuvable,  l'artiste 
a  vendu  la  dernière  100  dollars  à  une  Américaine,  soit  500  francs. 

Mendiant  assis.  —  A  gauche  sur  un  tertre  et  semblant  succomber 
sous  le  poids  de  la  fatigue,  un  vieux  mendiant  s'est  assis  sur  le  bord 
du  chemin,  la  main  droite  fouille  la  poche  du  veston,  tandis  que  la 
gauche  s'appuie  sur  un  bâton  ;  devant  lui  par  terre,  un  volumineux 
ballot. 

Cette  superhe  eau-forte  en  noir,  légèrement  aquatintée,  est  aussi  quelquefois 
désignée  sous  la  rubrique  Sur  le  Chemin. 


1  Donné,  croyons-nous,  dernièrement  au  Département   îles  Estampes. 


•VicS  DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

The  old  LadY's  garden.  —  Debout  et  de  face,  les  deux  coudes 
appuyés  sur  le  balcon,  une  vieille  dame  regarde  par  dessus  ses 
lunettes,  tenant  de  ses  deux  mains  un  petit  arrosoir  avec  lequel  elle 
vient  de  rafraîchir  la  caisse  et  les  quelques  pots  de  fleurs  qui  sont 
devant  elle. 

Une  des  très  jolies  pièces  de  l'œuvre,  pointe  sèche  en  couleurs,  tirée  à 
1(X)  épreuves  à  l'aide  de  cinq  planches  en  repérage. 

L'Homme  et  son  chien.  --  Un  homme  en  chapeau  mou,  un 
chemineau  sans  doute,  en  pied,  manchot  de  la  main  gauche,  s'appuie  de 
la  main  droite  sur  un  bâton  ;  il  tient  en  laisse  un  chien  au  poil  hérissé. 

l'ointe  sèche  en  couleurs  à  trois  planches;  un  exemplaire  unique  et  de 
toute  beauté,  avec  deux  croquis  dans  les  marges,  est  actuellement  chez  le 
comte  Matheus,  un  amoureux  de  L'œuvre  du  Maître. 

Au  bord  de  l'eau.  —  Sur  le  bord  d'une  rivière  sinueuse,  une 
femme  est  debout,  son  chien  à  ses  côtés  ;  derrière  elle,  un  arbre  isolé, 
Au  fond  de  l'estampe,  presqu'au  milieu  de  la  composition,  on  aperçoit 
un  clocher  pointu  de  village.  —  Pointe  sèche  en  couleurs. 

C'est,  croyons-nous,  vers  1880  (pie  l'artiste  a  commencé  à  graver;  ses 
débuts  turent  ceux  d'un  Maître  et,  sans  coup  férir,  sans  tâtonnement  pour 
ainsi  dire,  il  se  classa  parmi  les  graveurs  les  plus  typiques  de  notre  époque. 
11  apporta  dans  cet  art,  encore  nouveau  pour  lui,  ses  exquises  qualités  de 
peintre  et  de  raffiné,  son  œil  lin,  sa  vision  nette  et  probe  avec  un  métier 
absolument  neuf,  évitant  les  contre-tailles,  en  renflant  tout  simplement  son 
trait  sinueux  et  vertical  à  l'endroit  précis  où  devaient  se  dessiner  Us 
ombres-;  il  donna  ainsi  à  ses  eaux-fortes  et  à  ses  pointes  sèches  un  aspect 
singulièrement  pittoresque  et  original  tranchant  avec  toutes  les  formules, 
toutes  les  techniques  employées  jusqu'à  ce  jour. 

Nous  citerons  encore:  Sur  le  liane  —  La  Promenade  du  Dimanche  — 
Paysage  (l'Automne  A  votre  Saute  ;  1  eaux-l'ortes  en  couleurs,  et  L'Actrice 
en  scène  —  La  Houle  aux  grands  Arbres  (une  perle)  —  L'Arbre  jaune  (tics 
recherché);  I!  pointes  sèches  également  en  couleurs. 

Voir  Béraldi,  tome  XI,  Paris  1891  —  The  Studio  de  juin  1901  -  L'Estampe 
et  l'Affiche,  article  de  Georges  l.ccomtc,  en  octobre  (?)  189cS.  —  L'artiste  a  eu 
la  médaille  d'or  a  l'Exposition  de  1900. 


RAFFET  (Denis-Auguste-Marie) 

Né  à  Paris  le  J  mars  1804,  mort  a  Cènes  le  16  lévrier  1860.     -    Un  des  plus 

grands  artistes  dont  s'honore  notre  pays,  le  merveilleux  metteur  en  scène 
de  l'Epopée,  l'impérissable  évocateur  de  Napoléon  !■',  le  sublime  Français 
en  un  mot  qui  sut  chanter  no-,  gloires  pour  nous  consoler  de   nos  detaites. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  529 

Il  faut  lire  les  admirables  lignes,  si  vibrantes  et  si  françaises,  que  Béraldi 
lui  a  consacrées,  pages  01-02-03-04,  dans  son  tome  XI  et  que  malheureusement 
un  texte  déjà  trop  chargé  nous  fait  regretter  de  ne  pouvoir  reproduire  ici. 

Un  catalogue  très  intéressant  et  devenu  fort  rare,  fut  dressé  en  1S02  <  par 
les  soins  de  M.  Giacomelli,  qui  possède  un  œuvre  du  Maître  absolument 
irréconstituable  aujourd'hui. 

La  collection  la  plus  complète  existante  se  trouve  au  Département  des 
Estampes;  elle  fut  donnée  par  la  famille  de  l'artiste  et  se  compose  de 
29  volumes,  plus  un  autre  volume  de  poitrails  à  l'aquarelle,  des  chefs- 
d'œuvre  !  —  M.  Joseph  Pennell  en  possède  aussi  une  fort  belle  sélection. 

Voici,  dans  cet  œuvre  colossal,  les  pièces  les  plus  recherchées  et  les  plus 
rares  : 

Dernière  Charge  des  Lanciers  Rouges  à  Waterloo  (G.  388).  - 
Sur  un  tertre  à  gauche  au  dernier  plan  de  l'estampe,  l'Empereur 
à  cheval  tourné  à  gauche  suit  anxieux  le  mouvement  tournant 
qu'opèrent  ses  lanciers  avec  l'impétuosité  du  désespoir.  A  droite, 
dans  le  coin  inférieur,  une  cantinière  à  genoux,  les  mains  jointes,  les 
yeux  levés  au  ciel,  el  près  d'un  canon,  un  blessé  auquel  un  camarade 
fait  boire  un  coup  à  sa  gourde. 

Très  rare. 

Carré  enfoncé  (399).  —  Nombreux  et  pressés,  les  cuirassiers  se 
ruent  sur  un  carré  de  fantassins  autrichiens  qui  est  à  gauche,  à  demi- 
masqués  par  la  fumée  de  la  poudre,  et  qu'ils  cherchent  à  envelopper. 
Au  fond  à  droite,  un  arbre  se  silhouette.  En  bas  : 

De  quel  éclat  brillaient  dans  la  bataille 
Ces  habits  bleus  par  la  Victoire  usés. 


Béranger. 

Némésis  (120).  —  Assise  presque  nue  sur  un  cheval  fantastique, 
les  cheveux  épars,  elle  dévore  l'espace  dans  une  course  affolée,  se 
dirigeant  vers  la  droite,  en  étreignant  dans  sa  main  une  poignée  de 
serpents.  Derrière  elle,  légèrement  indiqués,  une  borde  de  spectres 
enveloppés  dans  leurs  linceuls.  Devant  elle,  la  silhouette  indécise  du 
Palais-Bourbon. 


i  Voir  aussi  :  Raffet,  sa  vie  et  ses  œuvres,  par  A.  Bry,  Paris  1X71  ;  Raffet  et  snu  œuvre,  par 
Armand  Dayot,  Paris.  May  s.  d. 

34 


530  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  i>lus  belle  épreuve  connue,  twanl  toutes  inscriptions,  chez  M.  Alexis 
Rouait.  —  Les  premiers  tirages  sont  rarissimes  ;  ils  sont  tirés  avec  cache  '. 

A  la  vente  Moignon,  deux  épreuves,  sur  papier  jaune,  adjugées  241  francs; 
à  Mène,  avec  cache,  220  ;  à  celle  de  Mallet,  une  épreuve  avec  cache-lettres, 
130  ;  sans  cache,  98.  —  Cette  pièce,  qui  est  une  affiche,  lut  laite  pour 
les  Satires  de  Barthélémy. 

Craonne,  1814  (158).  —  Par  une  nuit  noire,  qu'assombrit  encore 
l'épaisse  fumée  d'une  chaumière  incendiée,  Napoléon  enveloppé  de  la 
redingote  grise  et  tourné  vers  la  gauche,  traverse  un  marécage  au  pas 
de  son  cheval  ;  à  droite,  le  cadavre  d'un  fantassin. 

Etant  arrivé  trop  tard  à  la  vente  Mallet,  où  elle  fut  adjugée  -130  francs, 
nous  en  avons  emprunté  la  description  à  Giacomelli  chez  qui  elle  est 
maintenant  ;  c'est  une  pièce  unique,  la  seule  connue,  sur  chine,  sans  aucune 
lettre  ;  le  Département  des  Estampes  n'en  possède  qu'une  reproduction  en 
fac-similé  par  Emile  Bry.  —  L'épreuve  qui  vient  de  passer  a  la  vente  Mallet 
provenait  de  la  collection  Moignon,  où,  avec  Le  Rêve  et  une  élude  pour 
Le  Rêve,  elle  fut  adjugée  15  francs!!!  Cette  pièce  était  la  première  pensée 
de  la  suivante  : 


Ils  grognaient,  mais  le  suivaient  toujours(414).  —  L'Empereur 

sur  son  cheval  blanc  suivi  de  son  étal-major,  se  dirige  vers  la  gauche, 
il  est  pensif;  derrière  lui,  les  grognards  avec  le  chien  du  régiment, 
sous  la  pluie  qui  fouette,  allongent  le  pas  pour  le  suivre.  Au  fond  de 
l'estampe  sur  un  tertre  à  droite,  se  profile  un  moulin  à  vent. 

l'âge  sublime  !  Extrêmement  rare. 

Retraite  du  Bataillon  sacré  à  Waterloo  (80).  Dans  un  nuage 
de  fumée,  les  grenadiers  de  la  Garde  se  sont  formés  en  bataillon 
carré,  abritant  au  milieu  d'eux  leurs  drapeaux,  leurs  aigles  et  leur 
Empereur  qui  est  là,  impassible  sur  son  cheval  blanc  tourné  à 
gauche.  Le  sol  est  jonché  de  cadavres  et  de  chevaux  de  l'ennemi.  En 
lias  dans  le  coin  droit,  entre  les  jambes  écartées  d'un  soldat  tombé 
sur  le  dos  :  l\<ij]êl  1885, 

La  pierre  s'étant  brisée,  il  n'y  a  guère  eu  de  tiré  que  150  épreuves. 


1  i  lette  particularité  esl  i  uotei ,  car  généralement  le  cache  n'est  qu'un  truquage  qui  l'emploie 
nii\  .ni.  quand  ii  pierre  ou  le  cuivre*  commençant  ;i  s'user,  on  essaie  de  refaire  uni-  \  Irglnlul 
ii  l'estampe.  On  veut  ainsi  faire  croire  qu'elle  est  d'un  tirage  antirieur  A  In  lettre  en  masquant 
celle-ci, 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  531 

Ventes  :  Burty,  70  —  Moignon,  deux  épreuves,  102  chaque  —  .Mène,  278  — 
Mallet,  deux  épreuves,  l'une  1res  fraîche,  340;  l'autre,  avec  des  mouillures, 
220  —  Dreux,  sur  chine  coupe,  224  —  Vente  anonyme,  11  juin  1902,  par 
Danlos,  260  —  Roux,  sur  chine,  160  ;  épreuve  tachée. 

La  Revue  nocturne  (429).  --  Sabres  au  clair  cl  crins  au  vent, 
cuirassiers,  chevaux  dans  une  charge  désordonnée  se  précipitent 
vers  la  gauche,  suivant  les  officiers  qui  les  excitent,  tandis  qu'au 
dernier  plan,  au  milieu  de  l'estampe,  dans  une  clarté  d'apothéose, 
se  détache  imprécise  la  silhouette  de  l'Empereur  à  cheval  ;  à  gauche, 
la  lune  à  demi-voilée.  Dans  la  marge  : 

Et  à  minuit  de  sa  tombe 
Le  chef  se  lève  et  sort, 
A  pas  lents  il  s'avance. 
Suivi  de  son  état-major. 

Seidlitz. 

M.  Alexis  Rouart  possède  une  épreuve  de  cette  pièce  admirable  et  célèbre, 
avant  le  double  trait  carré  qui  entoure  l'estampe  ;  c'est  une  épreuve  d'essai 
de  la  dernière  rareté. 

Ventes  :  De  Concourt,  45  —  Michel,  290  —  Casimir  Périer,  15  —  Mallet, 
65  —  Dreux,  60  ;  toutes  ses  épreuves  étaient  sur  chine. 

Combat  d'Oued-Alleg  (<S2).  —  Des  bataillons  de  fantassins  aux 
rangs  drus  et  serrés  couvrent  la  plaine,  ils  se  dirigent  au  pas  de 
course  vers  la  droite.  Au  tout  premier  plan,  un  soldat  tombé  sur  le 
dos,  un  fusil,  et  un  tambour  couché  à  plat  ventre  près  de  son 
instrument. 

Il  y  a  un  état  non  décrit  dans  lequel  le  mot  maréchal  est  écrit  en  toutes 
lettres.  Une  épreuve  existe  au  Département  des  Estampes,  une  autre  a  ligure 
à  la  belle  exposition  que  fit  Keppel  en  1894  >,  dans  laquelle  beaucoup  de 
pièces  turent  prêtées  par  M.  et  M"»-  Atherton  Curtis.  —  Notons  aussi  un  3e  état 
non  décrit,  portant  rue  du  Bac  au  lieu  de  rue  Favart. 

Ventes  :  Moignon,  1«  tirage,  sur  chine,  51  —  Michel,  3e  état,  31  —  Mène, 
sur  chine,  sans  lettre,  56  —  Mallet,  1er  tirage,  avec  rue  Favart,  85  —  Dreux, 
sur  chine,  48. 

Le  Réveil  (.Sô).  —  Ballant  la  charge  au  milieu  de  l'estampe,  un 
tambour  debout  de  trois  quarts  à  droite,  voit  se  lever  autour  de  lu 


i  Une  exposition  avait  déjà  eu  lieu  eu  France  en  1892. 


532  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

ses  compagnons  morts  qui  reprennent  les  armes.  Dans  la  marge  du 
bas  :  Le  Réveil,  et  des  vers  commençant  par  ces  mots  :  La  caisse  sonne 
étrange. . . 

Vrilles  :  Michel,  3«  état,  40  —  Moignon,  78  —  Mène,  2^  état,  130  —  Goncoui  i, 
sur  chine,  42  —  Mallet,  2e  état,  sur  chine  court,  avec  le  titre  lin  et  avant 
que  le  numéro  de  l'adresse  n'ait  élé  reporté  en  avant  du  nom  de  la  rue,  130; 
la  même,  avec  la  grande  lettre,  3'-  tirage,  30  —  Roux,  sur  chine,  avec 
marge,  42. 

Le  1'-'  tirage  est  avant  les  vers  et  avec  le  titre  en  grandes  lettres  au  double 
trait. 

1813  (.il).")).  —  Au  milieu  de  l'estampe  sur  le  tout  premier  plan, 
l'Empereur  sur  son  cheval  blanc  qui  l'ail  un  écart  sous  le  crépitement 
de  la  Fusillade,  il  est  suivi  de  son  état-major  dans  ce  terrain  détrempé 
et  marécageux. 

Il  existe  des  épreuves  avant  la  signature. 

L'Œil  du  Maître  (372).  —  Descendu  de  cheval,  debout  presque 
de  face,  regardant  à  gauche,  une   main   derrière   le  dos  l'autre 

ramenée  sur  la  poitrine  tient  une  lorgnette  l'Empereur  revêtu  de  la 
légendaire  redingote  grise  est  près  du  feu  d'un  bivouac,  il  inspecte 
l'horizon,  son  cheval  est  derrière  lui  à  droite,  tenu  par  un  guide.  Les 
cuirassiers  chargent  à  gauche. 

Lutzen  (340).  —  L'Empereur  vient  d'arrêter  son  cheval  près  d'un 
officier  blessé  gisant  à  terre  qui  lève  la  main   vers  lui.  A  droite, 

l'épaisse  fumée  de  la  bataille  laisse  entrevoir  arbre,  colline  et  clocher 

d'église. 

Le  Rêve  (.S(i).  C'est  le  soldai  devenu  fossoyeur,  il  dort  dans  un 
cimetière  dont  les  tombes  sont  chargées  de  couronnes  et  d'emblèmes 
guerriers.  Il  fait  clair  de  lune. 

Une  épreuve  de  celte  rarissime  estampe  Fut  adjugée  à  la  vente  Mallet 
07  francs;  c'était  un  essai  sur  blanc  avant  toutes  lettres  et  avec  les 
salissures  (te  la  pierre  ,   à   la   vente   Mène,  elle  avait   fait  37   lianes. 

Beaucoup  des  pièces  que  nous  venons  de  décrire  se  trouvent  dans  des 

séries  d'albums  dont  la  plupart  ont  été  édites  par  Gihaut. 

Toutes  les  estampes  du  Maille  doivent  être  acquises  en  premier  tirage  . 
c'est  une  condition  sine  qua  non.  Signalons  aussi  la  rarissime  Vivandière. 
adjugée  63  lianes,  vente  Mené  ;  on  n'eu  connaît  que  Irais  épreuves,  la 
planche  s'élant   lnisée. 

Du  reste,  nous  ferons  remarquer  que  si  l'œuvre  de  Raffet,  au  point  de 

vue  de   la   grandeur  du   Style  et   du    souille  de  l'inspiration,  est  absolument 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  533 

hors  de  pair,  nous  devrons  aussi  faire  observer  qu'au  point  de  vue 
purement  lithographique,  ce  n'est  pas  ici  qu'il  faudra  venir  chercher  la  belle 
épreuve  avec  ses  clartés  et  ses  noirs  veloutés',  comme,  par  exemple,  ceux 
que  l'on  rencontre  chez  Delacroix,  Deveria  ou  Isabey.  Serait-ce  que  les 
sujets  mêmes,  avec  la  multiplicité  des  personnages,  n'auraient  pas  prêté  à 
des  distributions  de  lumière  un  peu  vigoureuse,  cela  nous  l'ignorons, 
toujours  est-il  qu'on  est  obligé  de  constater  que  toutes  ces  estampes  —  connue 
celles  de  Charlel,  du  reste  —  sont  grises,  pédotlcs  et  monochromes  et  que  les 
richesses  du  crayon  lithographique  y  l'ont  complètement  défaut  ;  c'était, 
parait-il,  du  reste,  un  parti-pris  chez  l'imprimeur  Aug.  Bry  d'avoir  en 
horreur  les  épreuves  un  peu  montées  de  ton;  Raffet,  nous  dit  M.  Giacomelli, 
s'en  plaignait  quelquefois;  mais,  par  bonté  d'âme,  il  n'osa  jamais  se  séparer 
de  Bry  pour  recourir  à  Bertauts. 

Notons  encore  comme  rarissime  :  Les  Drapeaux,  adjugés  135  francs,  vente 
Mallet,  et  une  seconde  épreuve,  répétition  de  la  précédente,  avec  cette 
différence  que  :  la  cravate  d'un  drapeau  de  gauche  est  soulevée  par  le  vent , 
adjugée  10U  francs. 


RALLI   SCAMARANGA  (Théodore) 

Croquis   de   Charretier.  Assis   presque  de   face,   les  yeux 

baissés,  les  épaules  couvertes  d'un  manteau,  il  est  en   sabots,  un 
chapeau  mou  sur  la  tête,  un  bûlon  entre  les  jambes.  —  Planche  biffée. 

Canal  de  Saint- Maurice.  -  C'est  le  soir,  sur  le  canal  bordé 
d'arbres  des  deux  côtés,  une  barque  à  droite  au  second  plan.  — 
Planche  biflëe. 

A  noter  encore  :  Plage  de  Murtigues  —  Rue  de  l'Ile  et  Martiga.es  —  Chemin 
de  Colline. 

L'artiste,  très  jeune  —  il  a  28  ans  —  ne  fait  guère  que  des  vernis  mous  , 
son  tirage  dépasse  rarement  25  épreuves,  l'œuvre  est  intéressant  et  à  suivie; 
il  existe  presque  complet  chez  le  comte  Gilbert  des  Voisins,  à  Paris. 


RANFT  (Richard) 

L'Automne  en  Marne  ;  les  Canotiers.  —  Canotiers  et  femmes 
dans  un  bateau  ;  celle  qui  est  à  l'avant  a  les  deux  bras  levés  derrière 
la  tète  pour  consolider  son  chignon  ;  à  gauche,  une  de  ses  amies 
s'apprête  à  embarquer.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :  Richard  Ranft. 


*  Une  seule  fait  exception  :    Xcmcsis:  les   noirs  du  cheval  et  des  cheveux  sont  superbes. 


534  DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Le  Bal  paré.  -  Vêtu  de  noir,  la  perruque  blonde,  coiffé  d'un 
bicorne  et  portant  lunette,  un  danseur  frénétique  serre  de  près  une 
blonde  capiteuse  outrageusement  décolletée  qui,  de  la  main  droite, 
soulève  prestement  des  dessous  d'une  fraîcheur  immaculée.  A  droite, 
une  autre  jolie  fille  lui  fait  vis-à-vis.  Au  fond,  danseurs  et  danseuses 
se  trémoussent  vigoureusement. 

La  Nuit  de  Noël.  —  Au  fond  de  l'estampe,  des  maisons  et  des 
ponts  couverts  de  neige.  Au  premier  plan,  le  long  du  quai,  se  dirigeant 
vers  la  droite,  une  petite  femme  aux  cheveux  jaunes,  aux  longs  gants 
noirs,  nue  sous  sa  cape  brun  rosé  au  collet  relevé,  est  accompagnée 
par  un  pierrot  qui  lui  fait  une  déclaration  brûlante,  que  pensive,  elle 
semble  écouter  avec  la  plus  profonde  indifférence.  Dans  le  bas  du 
coin  gauche  :  Richard  Ranft. 

Cette  pièce  —  un  adorable  bijou  —  est,  à  coup  sur,  unv  des  plus  délicates 
de  l'œuvre  d'un  artiste  essentiellement  habile,  primesautier  et  original.  — 
M.  Richard  Ranft  est  Genevois;  né  en  1862,  il  vint  se  fixer  à  Paris  en  1880, 
où,  en  dehors  de  quelques  voyages  à  l'étranger,  il  a  définitivement  élu 
domicile.  Peintre  avant  tout, ce  n'est  qu'en  1894  qu'il  lit  son  premier  cuivre; 
il  le  grava  en  noir,  ainsi  que  quelques  autres  fort  peu  nombreux,  mais  la 
couleur  l'attirait  ;  il  s'y  mit  résolument  et,  à  l'heure  actuelle,  il  a  gravé  une 
soixantaine  de  planches.  A  part  deux  ou  trois  tirées  (in  repérage,  l'artiste 
imprime  à  lu  poupée  ,  il  y  trouve  une  harmonie  générale,  une  douceur  de 
couleur  et  de  travail  qu'on  atteint  très  rarement  par  l'autre  procédé  qui, 
souvent,  donne  des  duretés  et  comme  unv  sorte  de  découpage  au  patron 
peu  agréable.  11  constate  que,  malheureusement,  les  bons  tireurs  à  la  poupée 
sont  très  rares;  pour  y  remédier,  il  établit  lui-même  le  bon  à  tirer  sur  ses 
presses  ;  la  recherche  de  ce  bon  à  tirer  donne  souvent  des  étals  parfois 
très  nombreux,  on  n'arrive  pas  de  suite  du  premier  coup,  certaines  planches 
en  nécessitent  jusqu'à  15  ou  20  ;  par  contre,  quelquefois  la  bonne  épreuve 
s'obtient  rapidement.  Une  fois  qu'elle  est  acquise,  il  la  remet  à  l'éditeur  qui 
lait  tirer,  mais  il  porte  lui-même  le  cuivre  chez  l'imprimeur  et  assiste  au 
tirage  pour  éviter  les  longs  tâtonnements  à  l'ouvrier  et  l'aider  à  interpréter 
son  bon  :'i  tirer. 

Il  nous  racontait  que,  par  deux  lois,  il  s'était  livré  lui-même  au  tirage 
complet  de  50  épreuves,  mais  il  ajouta  vivement  (pie  jamais  il  ne  recom- 
mencerait, car  dès  qu'il  ne  voyaii  plus  de  difficultés  de  recherches,  l'intérêt 
pour  lui  s'évanouissait.  11  tire  ;i  très  petit  nombre,  de  lin  à  50  épreuves 
au  plus. 

Ses  estampes  sont  disséminées  un  peu  partout  :  chez  nous,  en  Suisse,  en 
Allemagne,  en  Autriche,  dans  des  écoles  professionnelles  ;  il  j  en  a  au 
Kensington   Muséum  cl   sepl   ;m   Musée  i\u  Luxembourg. 

Jamais  ce  peintre-graveur  n'a  cherché  ;'<  se  spécialiser;  les  titres  d'estampes 

que  noir,  allons  mentionner  tout   ;i   1  heure  le  prouveront  surabondamment. 

(i  Je  trouve  tant  d'intérêt  A  la  nature  et  au  factice  —  nous  disait-il,  dans 
un  langage  aussi  pittoresque  et  coloré  que  sis  gravures  —  qu'une  redoute 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  535 

masquée  me  séduit  autant  qu'un  ruisseau  paisible  en  plein  champ,  et  que 
d'un  patinage  à  Hyde  Park  je  passe  très  bien  à  un  vieux  bateau  de  halage 
des  bords  de  la  Marne  »  ;  tout  l'artiste  est  dans  cette  confession.  Jeune  et 
amoureux  de  ce  qui  l'entoure,  il  sait  l'éclairer  de  la  magie  de  sa  pointe,  de 
l'originalité  de  son  esprit. 

Les  Cerises.  —  Une  jeune  femme  à  la  chevelure  noire  et  au 
profil  d'une  exquise  distinction,  est  debout  tournée  à  droite  sous  un 
cerisier,  en  train  d'en  cueillir  les  fruits.  Elle  est  vêtue  d'une  sorte  de 
blouse  en  étoffe  extrêmement  légère,  serrée  à  la  taille,  laissant  deviner 
la  peau.  Les  bras  sont  nus  et  la  gorge  à  demi-découverte.  Dans  le 
coin  inférieur  gauche  :  Richard  Ranfl. 

Encore  une  estampe  fort  jolie  ;  quand  elle  est  bien  tirée,  elle  est  d'une 
douceur  de  ton  infinie. 

Le  Salut  de  TEcuvère.  —  Dans  la  piste  d'un  cirque,  un  clown  à 
la  face  béate  vient  présenter  au  public  une  jolie  écuyère  qu'il  tient 
par  la  main  suivant  le  geste  traditionnel.  La  pointe  des  seins  de  la 
jeune  femme  saillent  en  dehors  du  corsage. 

Exquise  !  ! 

Toutes  les  estampes  ci-dessus  sont  en  couleurs  ;  ne  pouvant,  hélas!  toutes 
les  décrire,  contentons-nous  de  citer  encore  parmi  les  meilleures  : 

L'Anglais  aux  Folies- Bergères  —  Le  Pas  difficile  —  La  Loge  —  L'Eté  — 
La  Neige  —  Le  Brouillard  du  matin  —  Le  Maréchal- Ferrant  —  Le  Port 
Breton  —  Vision  d'Espagne  —  Le  Chemin  de  Halage  —  La  Nuit  en  Marne  — 
Répétition  de  Ballet  (2  planches)  —  Les  Masques  —  Les  Baigneuses,  etc.,  etc. 


RASSENFOSSE  (Armand) 

Elève  de  Eélicien  Rops,  dont  il  rappelle  quelquefois  la  manière,  c'est  le 
dessinateur  impeccable  des  Fleurs  du  Mal,  de  Charles  Beaudelaire,  qu'il  a 
illustrées  en  1899  pour  Les  Cent  Bibliophiles. 

Nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de  voir  son  œuvre  au  complet  chez  son 
ami  le  comte  Gilbert  des  Voisins  qui,  avec  une  bonne  grâce  dont  nous  ne 
saurions  trop  le  remercier  ici,  s'est  fait  un  plaisir  de  nous  en  faire  les 
honneurs.  Dans  cette  visite,  trop  courte  hélas!  —  car  à  Paris  le  temps  vous 
éperonne  et  c'est  un  pas  de  course  perpétuel  —  nous  avons  noté  comme 
particulièrement  intéressantes  : 

Salomé  dansant.  —  De  trois  quarts  à  gauche  et  regardant  de 
face,  l'air  attristé,  elle  danse  nue  sous  une  tunique  transparente  qui, 


536  DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

s'ouvrant  encore,  permet  d'admirer  l'impeccabilité  de  ses  tonnes  ;  les 
bras  et  les  jambes  sont  cerclés  de  bracelets,  les  cheveux  flottent  sur 
les  épaules  et  chaque  main  lient  une  rose. 

Délicate  petite  pointe  sèche  en  couleurs  d'un  irréprochable  dessin. 

Blonde.  —  Assise  ei  nue  de  trois  quarts  à  gauche  el  regardant  de 
face,  elle  élève  dans  un  mouvement  gracieux  ses  bras  au-dessus  de  sa 
tête,  tordant  sa  luxuriante  chevelure. 

Pièce  en  hauteur  et  étroite  d'un  admirable  modelé.  Pointe  sèche  et 
roulette. 

Le  Nouveau  Modèle.  —  Une  jeune  temme  au  torse  nu  et  coiffée 
d'une  toque  de  profil  à  gauche,  s'agenouille  sur  une  chaise,  la  jupe 
retenue  à  la  ceinture  n'est  pas  encore  tombée. 

Vernis  mou. 

Sortie  de  Bal.  —  Une  jeune  femme  à  l'air  assez  provoquant  vue 
de  clos  et  s'éloignant.  Kllc  se  retourne,  retroussant  ses  jupes  jusqu'à 
la  jarretière. 

Joli  vernis  mou  en  noir  et  en  couleurs;  le  premier  est  de  beaucoup 
supérieur,  mais  il  le  Faut  avoir  avec  les  7  croquis  dans  la  marge  à  droite  et 
à  gauche. 

A  noter  encore  :  La  petite  Sorcière  —  La  Tricoteuse  —  La  belle  Hollandaise  — 
Portrait  de  Rops  —  Etudes  brutales,  trois  femmes  nues,  pointe  sèche.  - 
L'artiste  a   un  certain   faible  pour-  le  vernis   mou  et  l'aquatinte,   nous  le 
préférons  dans  ses  pointes  sèches  où  nous  trouvons  son  métier  plus  indé- 
pendant et  plus  coloré;  il  a  sa  place  marquée  dans  tous  les  beaux  portefeuilles. 


RENOUARD  (Paul) 


L'artiste  que,  dans  s. m  langage  pittoresque,  Béraldi  a  surnommé  le  .luif- 
Errant  de  l'illustration,  car  on  se  l'arrache  de  .Monaco  a  Londres,  de  Dublin 
.1  New-York,  pour  croquer  avec  la  maestria  el  l'esprit  qu'on  lui  sait  les  évé- 
nements du  jour,  s'esl  beaucoup  occupé  de  théâtre  ;   il  a  gravé  deux  albums 

qui  ont  fait  sa  réputation  et  qu'il  faut  avoir:  A  l'Opéra*,  :>u  eaux-fortes 
tirées  à  250  exemplaires,  chaque  épreuve  signée  de  l'artiste  après  le  tirage, 
el  La  Danse,  collection  de  ~"  estampes  transposées  en  harmonie  de  couleur 


Publié ch«  H'.ii.ihi  en  issi. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLKS  537 

publiée  chez  Ch.  Tallandicr.  N'omettons  pas  encore  de  signaler  une  grande 
et  superbe  pointe  sèche  intitulée  :  Saint- James's  Park  et  les  trois  belles 
eaux-fortes  tout  à  fait  remarquables  exposées  au  dernier  Salon  de  la  Société 
Nationale  et  devant  lesquelles  on  faisait  cercle  :  Gestes  de  M.  Deschanel. 
A  l'Opéra:  Sarabande  des  Barbares  et  Un  pas  d'Examen,  puis  les  pièces  plus 
anciennes  :  L'Escalier  de  la  Danse  —  Après  la  Leçon  —  Danseuse  au  Piano  - 
Le  Comparse, 


RIVIERE  (Henri) 

La  Marche  à  l'Etoile.  —  En  lisière  de  bois  éclairée  par  la  lune, 
une  vieille  femme  courbée  sous  le  poids  du  fagol  qu'elle  a  sur  les 
épaules,  se  dirige  vers  la  gauche  en  s'appuyant  sur  son  bâton.  Dans 
le  coin  droit  inférieur  :  Henri  Rivière. 

L'Enterrement.  -  Tout  en  haut  de  l'estampe  à  gauche,  un 
cercueil  s'éloigne  suivi  d'une  longue  théorie  de. parents  et  d'amis 
dont  les  parapluies  sont  ouverts,  car  il  pleut  à  plein  temps.  Dans  le 
bas  du  coin  droit  :  Henri  Rivière. 

Ces  eaux-fortes,  retouchées  à  la  pointe  sèche  et  imprimées  avec  des  encres 
un  peu  couleur  vert  de  gris  du  plus  joli  effet,  sont  extrêmement  pittoresques, 
elles  remontent  déjà  à  une  douzaine  d'années  et  sont  difficiles  à  rencontrer. 

L'artiste,  qui  a  un  talent  très  original,  est  de  fort  grande  réputation,  chez 
nous  il  s'est  créé  une  place  absolument  à  part  parmi  les  meilleurs  Maîtres 
de  notre  époque,  et  nous  sommes  heureux  de  constater  ici  que  chaque  jour 
accroît  sa  renommée.  C'est  en  1890,  à  la  suite  de  son  exposition  aux  Peintres- 
Graveurs  français  chez  Durand-Ruel  que  nous  eûmes  le  plaisir  de  faire  sa 
connaissance,  ses  œuvres  avaient  fait  sensation  par  leur  saveur  nouvelle  et 
nous  tînmes  à  le  complimenter  chaudement  et  profiter  de  l'occasion  pour 
nous  rendre  acquéreur  de  celles  qui  nous  avaient  le  plus  séduit. 

L'année  suivante,  à  la  même  société,  il  exposait  trois  lithographies  en 
couleurs  qui  sont  trois  chefs-d'œuvre  nous  avons  nommé  :  Le  Pont  des 
Saints-Pères  —  La  Place  de  la  Concorde  et  Le  Bas-Meudon,  introuvables 
aujourd'hui.  Signalons  encore  comme  pièce  capitale  son  bois  en  couleurs 
Pardon  de  Sainte-Anne  La  Palude,  exposé  à  la  Société  Nationale  au  Salon  de 
1891,  puis  encore  :  Départ  de  bateaux  il  Treboul  —  Un  Enterrement  à 
Treslaou  —  Baie  de  la  Fresnaye  (Saint -Vast)  —  Embouchure  du  Trieux 
(LoguivgJ. 

Ces  dernières  années  il  a  publié  chez  Eugène  Verneau,  8,  rue  de  la  Folie- 
Méricourt,  trois  suites  de  lithographies  en  couleurs,  estampes  surtout  créées 
au  point  de  vue  décoratif  et  qui  sont  éminemment  suggestives  :  Les  Aspects 
de  la  Nature,  douze  compositions  —  Paysages  Parisiens,  huit  compositions  — 
La  Féerie  des  Heures,  seize  compositions.  Bien  que  ces  pièces  ne  soient  pas 
tout  à  fait  du  domaine  du  portefeuille  et  de  la  collection  nous  avons  cru 
devoir  les  signaler.  —  L'artiste  a  obtenu  la  médaille  d'or  à  l'Exposition  de  1900. 


;Î38  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 


ROBBE  (Manuel) 

L'Enterrement.  —  Six  personnages  entourent  un  cercueil  recou- 
vert d'un  drap  mortuaire  noir  el  blanc  ;  ils  se  dirigent  vers  la  droite. 

Pièce  en  noir  fort  remarquable,  mais  les  très  bonnes  épreuves  sont  rares-. 
r.elle  qui  figurait  à  l'Exposition  de  1900  était  exceptionnellement  belle. 

Le  Divan.  —  Deux  femmes  en  chemise  ;  celle  qui  est  sur  le  divan 
a  conservé  ses  bas  et  ses  souliers;  l'autre  qui  est  assise  près  d'elle  à 
droite  sur  le  parquet  a  encore  son  pantalon  ;  la  façon  dont  elle 
regarde  son  amie  ne  laisse  planer  aucun  doute  sur  ses  intentions! 

Tirée  à  7  épreuves.  —  Planche  en  couleurs  détruite. 

Intérieur  d'Artistes.  —  A  gauche,  une  femme  tète  nue  vue  de 
dos,  est  assise  à  un  piano  où  elle  déchiffre,  pendant  qu'une  de  ses 
amies  qui  arrive,  coiffée  d'un  large  chapeau  et  le  cou  entouré  d'une 
mousseline  blanche,  s'occupe  à  chercher  un  morceau  sur  le  casier  à 
musique. 

Pièce  en  couleurs  d'un  effet  délicieux  dans  les  beaux  tirages. 

La  Critique.  —  Jeune  femme  debout  de  profil  à  droite,  chapeau 
avec  plume  aigrette,  un  gros  nœud  de  mousseline  blanche  autour  du 
cou,  le  bras  pendant  le  long  du  corps,  est  censée  regarder  le  tableau 
qui  est  devant  elle,  mais  dont  on  ne  distingue  qu'une  silhouette 
indécise  ;  à  ses  pieds,  une  boite  à  couleurs,  une  palette  et  des 
pinceaux. 

La  Belle  Estampe.  Dans  un  atelier,  au  pied  d'un  chevalet  sur 
lequel  est  placée  une  esquisse,  deux  jeunes  femmes  en  train  de 
regarder  des  gravures  dans  un  portefeuille;  elles  sont  toutes  deux 
vues  de  dus,  celle  de  gauche  esl  accroupie,  celle  de  droite  esl  debout 
el  légèrement  penchée  en  axant. 

La  Femme  au  long  manteau.  Dans  la  campagne-,  près  d'un 
arbre  confusément  indiqué  el  qui  est  derrière  elle,  une  jeune  femme 
lui  i  jolie  esi  debout,  le  corps  complètement  de  profil  à  gauche,  elle 
regarde  de  lace  el  esl  coiffée  d'un  chapeau  plat,  elle  porte  un  long 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  539 

vêtement  qu'elle  relève  légèrement  de  sa  main  droite  dégantée  ;  elle 
semble  se  diriger  vers  la  gauche.  A  son  cou,  un  nœud  de  mousseline 
de  soie  blanche. 

Cette  pointe  sèche  est  en  noir,  il  en  existe  cependant  quelques  épreuves, 
croyons-nous,  tirées  en  couleurs  où  les  cheveux  sont  blonds;  cette  planche 
a  été  éditée  chez  Pierrefort,  et  les  deux  précédentes  chez  Ed.  Sagot;  en 
licites  épreuves,  bien  venues,  nous  les  considérons  comme  étant  peut-être 
les  trois  plus  charmantes  pièces  de  l'œuvre. 

Le  Marché  aux  Fleurs.  —  Au  second  plan,  une  gentille  jeune 
femme  porte  la  main  droite  à  son  chapeau,  elle  vient  d'acheter  à 
deux  femmes  du  peuple  qui  vendent  des  fleurs  sur  une  petite 
charrette,  un  bouquet  qu'elle  tient  dans  sa  main  gauche. 

Les  pièces  que  nous  venons  de  décrire  sont  toutes  en  couleurs.  Signalons 
encore  les  suivantes  qui  sont  fort  intéressantes  :  L'Amateur  d'Estampes  - 
Fille  de  Brasserie,  très  rare,  tirée  à  10  exemplaires  —  Les  Ravaudcuses  — 
La  Fumeuse  —  La  Coquette  —  L'Eté  —  La  Balançoire  —  Le  The.  Nous  nous 
permettons  d'attirer  d'une  façon  toute  spéciale  l'attention  sur  le  tirage  qui 
joue  un  rôle  très  important  dans  la  pièce  en  couleurs,  il  existe  des  diffé- 
rences énormes  d'une  épreuve  à  l'autre;  à  l'amateur  de  bien  comparer  entre 
eux  les  exemplaires  avant  d'en  faire  l'acquisition. 

The  Studio  de  décembre  1902,  sous  la  signature  de  Gabriel  Mourey,  a 
consacré  un  article  à  ce  très  séduisant  artiste. 


RODIN  (Auguste)' 

Portrait  de  Victor  Hugo  (Béraldi  1).  —  La  tête  seule  de  trois 
quarts  à  droite.  Dans  le  coin  droit  inférieur,  il  existe  un  croquis  de 
trois  quarts  à  droite  également,  el  à  toucher  ce  croquis  à  gauche,  une 
autre  tète  à  l'envers  à  peine  indiquée  au  simple  trait.  Au  bas  des 
zébrures  de  la  pointe  à  gauche,  et  à  toucher  le  col,  les  initiales  A.  R.  - 
—  1er  état. 

C'est  en  1°''  état,  avec  ces  craquetons,  qu'il  le  faut  avoir  et  en  fleur  de  cuivre 
avec  ses  barbes ,  c'est  alors  la  plus  admirable  pointe  sèche  qui  se  puisse 
rêver,  et  nous  le  disons  très  net,  il  n'existe  pas  au  monde  un  autre  portrait, 


1  Lire  les  arlicles  consacrés  aux  pointes  sèches  du  Maître  par  Roger  Marx,  dans  La  Gazette 
des  Beaux-Arts  de  mars  1902.  et  par  Walter  Sliaw  Sparrow  dans  le  Studio  du  même  mois  1903. 

'  Dans  les  épreuves  de  tirage,  c'est-à-dire  avec  la  lettre,  ces  initiales  ont  disparu  et  on  lit  très 
légèrement  gravé  et  prcscpjo  effacé  :  A.  liodin.  ri  rebours,  tout  à  l'ait  au  bas  des  hachures  et  à  la 
hauteur  de  la  poitrine. 


Ô4U  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

fut-il  de  Rembrandt  lui-même,  qui  lui  puisse  être  comparé.  Le  nez,  le  front, 
l'oeil  droit  surtout,  avec  sa  profondeur  et  sa  vie,  sont  d'un  incomparable 
modelé.  L'artiste  qui  signe  une  pareille  chose  est  un  génie.  Le  nombre  des 
exemplaires  en  est  Fort  limité,  un  des  plus  beaux  existants  est  chez  noire 
ami  Frantz  Jourdain  qui  le  lient  de  Kodin  lui-même.  Nous  en  connaissons 
six  autres,  l'un  chez  M.  Henri  Béraldi  qui  l'acquit  à  la  vente  de  Goncourl 
pour  240  francs,  l'autre  chez  M.  Alfred  Beurdeley  qui  le  paya  430  à  celle  de 
G.  Pochet  en  mars  1902,  les  quatre  derniers  chez  MM.  Alexis  Rouart,  comte 
Matheus,  Roger  Marx  et  Hessèle. 

Ce  portrait  fut  publié,  croyons-nous,  dans  un  des  numéros  de  L'Artiste 
en  1885,  avec  la  lettre. 

Portrait  de  Victor  Hugo  (2).  —  Le  masque  est  de  face,  la  lête 
1res  légèrement  inclinée  à  droite,  et  dans  le  coin  droit  inférieur  il  y  a 
un  croqueton  du  modèle  d'e  Irois  quarts  à  gauche  ;  pas  d'initiales. 
—  1"  état. 

Quoique  fort  beau,  est  peut-être  inférieur  au  précédent,  il  a  été  publié 
sans  le  croqueton  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts  de  mars  188'.).  Il  fut  gravé 
comme  le  précédent  en  1885. 

Les  planches  de  ces  deux  portraits  de  Victor  Hugo  sont  usées  —  les  barbes 
ayant  disparu  —  les  épreuves  sans  croquis  qui  en  proviennent  maintenant 
sont  sans  valeur;  dernièrement,  cependant,  on  a  voulu  leur  refaire  une 
virginité  en  y  gravant,  en  manière  de  remarque  dans  le  coin  gauche  inférieur, 
un  petit  Amour,  c'est  dommage  ! 

Portrait  de  Henry  Becque  (4).  -  Trois  masques  sur  le  même 
plan  :  celui  de  gauche  est  de  profil  à  droite,  celui  du  milieu  presque 
de  lace,  et  celui  de  droite,  de  trois  quarts  à  gauche.  Derrière  le  masque 
de  droite,  les  initiales  de  l'artiste  :  A.  H. 

Plus  brutale  et  plus  nerveuse  que  les  portraits  d'Hugo,  cette  pointe  sèche 
gravée  en  1887,  n'en  est  pas  moins  une  merveilleuse  estampe  où  l'on  sent 
comme  le  coup  de  pouce  du  statuaire  modelant  la  glaise  et  taisant  naître  le 
souille  et  la   vie  sous  ses  doigls.   Nous  possédons  une  des  toutes  premières 

épreuves,  celle  que  Rodin  dédia  à  Champfleury,  elle  est  admirable. 
L'Estampe  originale,  dans  sa  livraison  de  avril-juin  1893,  a  publié  ce  portrait, 

mais  hélas!  avec  le  cuivre  tellement  éreinté  et  usé  qu'il  eut  été  bien  préfé- 
rable de  s'abstenir  de  le  faire.  Voilà  ce  qui  nous  l'ait  répéter  qu'on  ne  doil 
juger  une  ouvre  gravée  que  sur  les  belles  épreuves. 

Printemps.  Une  femme  nue,  debout  et  de  lace,  esl  assaillie 
par  des  Amours  qui  volciieiii  auiour  de  sa  tête,  elle  s'efforce  de  les 

écarter  de  la  main  gauche. 

Cette  pointe  sèche  du  Maître,  que  vienl  de  publier  la  Gazelle  des  Beaux- 
Arts  dans  son  numéro  de  mars  1902,  lut  gravée  en  1888. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  541 

On  en  a  l'ait  les  tirages  suivants  : 

50  exemplaires  sur  parchemin,  signes,  1U0  francs. 
50  —  sur  chine,  50  francs. 

50  —  sur  japon,  50  francs. 

Mentionnons  encore  du  Maître  :  Antonin  Proust,  18S8;  Bellone,  1885;  La 
Ronde,  1884,  et  La  Sphère,  1885,  qui  sont  les  huit  seules  pointes  sèches 
exécutées  par  l'artiste.  Ajoutons  que  les  cuivres  n'ont  pas  été  détruits  et  qu'ils 
sont  actuellement  encore  en  la  possession  de  leur  auteur. 


ROPS  (Félicien) 


L'artiste  est  né  à  Namur  en  IS'Sô  et  est  mort  le  23  août  1898  à  sa  propriété 
de  la  Demi-Lune,  a  Essonnes,  en  Seine-et-Oise.  Rops  est  à  coup  sur  la 
physionomie  la  plus  curieuse  de  ce  siècle,  il  y  occupe  une  place  absolu- 
ment à  part,  en  raison  même  de  la  nature  de  son  œuvre.  Nous  avouons  ne 
pas  nous  sentir  de  force  à  mettre  en  relief  comme  elle  le  mérite  cette 
ligure  à  la  fois  si  puissante  et  si  originale,  aussi  nous  contenterons-nous 
tout  simplement  de  renvoyer  nos  lecteurs  au  numéro  sensationnel  de  La 
Plume  où  des  sommités  littéraires  qui  se  nomment  Huysmans,  Peladan, 
Champsaur,  Mirhcau,  Camille  Lcmonnier...  se  sont  donné  rendez-vous 
pour  venir  à  tour  de  rôle,  dans  un  style  plein  tle  magie  et  de  charme, 
analyser  l'homme  et  son  œuvre. 

Quant  à  nous,  nous  nous  bornerons  à  constater  que  la  dominante  de 
l'œuvre  est  erotique  et  que  pour  une  pièce  chaste  que  l'auteur  a  exécutée  il 
en  a  signé  vingt  qui  ne  l'étaient  pas. 

Nous  sommes  loin  d'être  bégueule  et  pudibond,  tant  s'en  faut,  et  si  nous 
risquons  volontiers  un  œil  devant  un  jupon  qui  se  retrousse  ou  un  corsage 
qui  se  dégrafe,  nous  nous  cabrons,  violent  et  emporté,  quand  on  nous 
met  en  présence  de  pièces  telles  que  :  Sainte  Thérèse,  L'Ange  Gabriel, 
Sainte  Madeleine,  Amour  de  Prêtre,  et  surtout  God  of  the  Molhcr  Superior  qui 
n'a  même  pas  pour  elle  le  mérite  de  l'esprit  —  et  Dieu  sait  pourtant  si  Rops 
en  manquait!  —  Nous  demeurons  vraiment  stupéfait  en  songeant  qu'un 
artiste  de  cette  trempe  soit  descendu  à  si  basse  besogne  et  se  soit  vautré 
dans  ces  souillures;  faites  dire  à  l'Amour,  qui  dès  lors  perd  ce  nom  pour 
devenir  sadisme,  hystérie,  rut,  fornication,  inceste,  turpitude,  priapisme  ou 
bestialité,  tout  ce  que  vous  voudrez,  si  tel  est  votre  mauvais  plaisir,  mais 
les  faire  endosser  à  la  Divinité,  halte-là!  c'est  l'Arche  sainte,  on  ne  touche 
pas.  Les  siècles  ont  passé,  et  nous  en  sommes  encore  à  connaître  le  nom 
d'un  artiste  qui  ait  osé  salir  de  sa  bave  visqueuse  et  impudique  ce  que 
l'humanité  croyante  vénère  à  genoux,  Dieu  et  la  Sœur  de  charité,  ces  deux 
étoiles,  les  plus  pures  et  les  plus  scintillantes  de  son  ciel. 


'  La  Plume,  N-  172.  15  juin  18%.  —   Voir  aussi  le  N°  271  ilu  12  novembre  1898  de  la  Revue 
Encyclopédique  Larousse. 


")42  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Et  maintenant  cjiu-  nous  avons  balayé  ces  immondices,  passons  à  l'œuvre 
si  magistral,  si  étrange,  si  pétri  d'esprit  et  parfois  si  troublant,  en  donnant 
au  hasard,  sans  suivre  l'ordre  des  catalogues,  les  morceaux  les  plus  mar- 
quants et  les  plus  rares,  avouant  par  avance  notre  impuissance  à  décrire 
certaines  pièces  dont  le  mystérieux  concept  échappe  à  notre  analyse  et 
commençons  par  la  série  des  Sataniques,  une  des  choses  les  plus  absolument 
extraordinaires  que  le  Ljénie  humain  ait  enfantées  : 

Satan  semant  l'ivraie  (II.  page  174').  Chaussé  de  sabots  et 
coiffé  d'un  chapeau  breton,  Satan  aux  jambes  décharnées  se  dirige 
vers  la  droite,  marchanl  à  grands  pas  et  jetant  à  travers  l'espace,  à 
pleine  main,  des  embryons  de  femmes  nues.  Il  passe  en  ricanant 
au-dessus  de  Paris,  posant  son  pied  droit  sur  les  tours  de  Notre-Dame. 
A  droite,  la  lune  émerge  des  nuages. 

L'Enlèvement  (p.  17â).  —  Satan  enlève  dans  les  airs  une  femme 
qu'il  a  empalée  avec  le  balai  du  sabat,  elle  est  nue  et  pantelante  sur 
son  dos  puissant. 

L'Idole  (p.  17ô).  —  Sur  le  péristyle  d'un  temple  en  rotonde,  une 
femme  nue  grimpe  à  pleins  bras  le  long  de  la  statue  de  Satan  auquel 
elle  se  donne.  En  bas  à  droite,  un  éléphant  est  couché.  A  droite  et  à 
gauche,  fermant  l'hémicycle,  deux  immenses  phallus  allumés. 

Le  Sacrifice  (p.  17(>).  Nue  et  couchée  à  la  renverse  sur  la 
pierre  du  sacrifice,  elle  est  violée  par  un  être  fantastique  qui  la  brise 
et  l'anéantit,  demi-pamée  d'horreur  et  de  volupté. 

Le  Calvaire  (p.  17(5).  —  Dehoul,  de  face  cl  nue,  la  femme  étend 

ses   liras,   et   dans   un   spasme    d'angoissante    volupté,    étranglée    par 

l'enroulement  de  ses  propres  cheveux,  elle  vient  appuyer  sa  tête  sur 
les  parties  raidies  de  Satan  crucifié.  Autour  d'eux,  une  rangée  de 
cierges  allumés. 


'  M.  Ramlro  n  décrit  l'œuvre  gravé  de  Rops  dans  trois  catalogues.  Voici  l'ordre  il,-  leur 

apparil :  l  e premier  (1887), 502 eaux-fortes;  le  second  (1891),  184  lithographies  ;  le  supplément 

(1805),  175  eaux  fortes.  L'artiste  :iy:nit  continué  à  graver  après  ces  i  poques,  <>n  peut  vue  hésiter, 
considérer  que  Bon  oeuvre  global  est  d'environ  un  mlttlei  de  pièces.  Le  premier  catalogue  ne 
donnant  pas  aux  estampes  qu'il  conUcnl  il" -s  nui Le  i  tassement,  nous  indiquons  simple- 
ment la  pnge  où  elles  Boni  décrites  quand  nous  1rs  menUonnons;  pour  les  autres  nous 
indiquons  le  mu 

i  .  .  cal  dogues   ""i  des l<  les  du  genre,  tls  pourraient  presque  être  mis  dans  1rs  mains  de 

i.i  plus  pudique  Jeune  Qlie  du  faubourg  Salnl  Germain,  lanl  l'auteur  :i  su  mettre  de  dlscréUon, 
d'espril  ri  de  tact  ru  décrivant  dans  un  style  d'une  irréprochable  chasteté,  les  estampes  de 
l'érotl  m-  le  plus  échevelé  el  quelquefois  le  plus  révoltant. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  ~>4.'> 

Ces  cinq  pièces  sont  des  vernis  mous.  On  y  joint  souvent  :  Le  Sphinx 
(p.  129),  Satan  créant  les  Monstres  (p.  173)  et  Les  Monstres'  (p.  17:i).  On  ne 
sait  pourquoi,  dit  Ramiro  dans  son  catalogue,  l'artiste  les  a  éliminées,  elles 
en  sont  la  préface  logique  et  nécessaire. 

L'Experte  en  dentelles  (p.  40).  —  Près  de  sa  croisée,  assise  de 

profil  à  gauche,  coiffée  du  coquet  bonnet  des  Frisonnes,  la  dentellière, 

jeune  encore,  tient  sa  loupe  dans  la  main  droite  ;  sur  ses  genoux,  un 

entre-deux  de  dentelle.  En  bas  à  droite  :  F.  Rops  76*. 

Pointe  sèche  et  vernis  mou  ;  le  catalogue  décrit  seulement  le  l"  état  avec 
la  figure  de  l'experte  jeune.  Les  belles  épreuves  en  sont  fort  rares  et  chères. 
La  planche  rapidement  fatiguée,  a  été  reprise  et,  de  jeune,  le  modèle  est 
devenu  vieux.  C'est  en  ce  dernier  état  qu'il  a  été  adjugé  09  francs,  vente 
Tricou,  et  80,  vente  Pochet. 

La  Dame  au  Carcel  (p.  71).  —  En  chemise  et  demi-nue,  vue  de 
l'ace  à  mi-corps,  gantée  de  noir,  une  rose  dans  les  cheveux,  les  bras 
levés  au-dessus  de  la  tète  —  l'œil  est  merveilleux  —  dans  un  mouve- 
ment d'arrangement  de  chignon  ;  elle  a  tout  le  flanc  gauche  violemment 
éclairé  par  la  carcel  qui  est  à  droite. 

Superbe  vernis  mou  qu'il  faut  avoir  en  1^  état  avec  les  trois  croquis,  c'est- 
à-dire  avant  la  coupure  du  cuivre  ;  dans  ces  conditions,  vente  Pochet, 
180  francs  ;  même  vente,  2e  état,  en  deux  tons,  avec  une  note  manuscrite  de 
Rops  sur  la  marge,  150. 

La  dernière  Maja  (p.  104).  —  Elle  est  assise  devant  une  table 
d'auberge  sur  un  banc,  vue  de  dos,  les  épaules  nues,  elle  joue  de  la 
guitare,  la  jupe  retroussée  laisse  entrevoir  le  mollet  gauche  et  le  pied 
droit. 

Eau-forte  et  pointe  sèche,  dont  il  existe  un  8''  état  non  décrit.  Vente 
Pochet,  G'- état,  signée  en  marge  un  croquis  à  la  plume  de  Rops,  accompagné 
du  mot  Mercedes,  96  francs.  Le  dessin  original,  au  crayon  noir,  superbe, 
chez  M.  Ch.  Delafosse. 

Ma  Grand 'Tante  (p.  135).  —  Assise  de  côté,  légèrement  à  droite, 
l'épaulette  glissée  de  la  chemise  laisse  voir  l'épaule  gauche  et  la  gorge, 
les  mains  sont  allongées  sur  les  genoux,  elle  est  coillée  d'un  bonnet 
orné  d'un  large  ruban  de  velours  noir  et  regarde  de  lace.  Dans  le  bas  : 
A  Grand 'Tante,  son  petit  neveu  F,  R. 

Pointe  sèche  et  vernis  mou,  2'1  état,  vente  Pochet,  20  francs. 


1  Le  dessin  original  merveilleux  est  chez  M.  Ch.  Delafosse. 


544  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Planches  d'études. 

Tous  ces  griffonnis,  essais,  esquisses,  sont  d'une  extrême  rareté;  notons 
surtout  celles-ci,  d'un  intérêt  tout  spécial  :  L'Avocat  (p.  160),  vente  Pochet, 
signée,  15  francs;  Olla  podrida  (p.  162),  vente  Pochet,  deux  épreuves  sur 
japon,  21-  et  3''  états,  40. 

Planches  d'ensemble  '. 

Ici  pas  de  choix  à  faire  pour  ainsi  dire,  tout  est  à  signaler  comme  états 
des  pièces,  rareté  et  valeur  : 

La  Femme  ù  la  tête  de  mort  (p.  411)  —  L'Oracle  du  Hameau  (p.  79),  vente 
Pochet,  136  francs  —  L'Histoire  de  la  sainte  Chandelle  (p.  112)  —  Le  Cochon 
nimbé  (p.  413)  —  Mon  Grand-Oncle  (p.  97)  —  Jean  Vandyrendouck  (p.  92)  — 
Clos  du  Roy  (p.  63);  il  existe  un  état  non  décrit  et  antérieur  à  celui  signalé 
par  Ramiro,  dans  lequel  la  planche  n'est  pas  encore  divisée  par  les  traits 
horizontaux  et  où  les  figures  de  la  case  inférieure  n'existent  pas  —  Question 
d'Orient  (p.  116)  —  La  Vieille  éi  l'Aiguille  (p.  S3)  —  La  Grève  (p.  117),  etc.,  etc. 

On  peut  encore  faire  figurer  aux  planches  d'ensemble  : 

Séparés  (p.  119)  —  La  petite  Bretonne  (p.  129)  —  Le  Droit  au  Travail 
(p.  165)  —  Le  Droit  éi  l'Assistance  (p.  166)  —  Lu  Chute  d'un  Ange  (p.  2U5)  — 
Tout  bonheur  que  la  main  n'atteint  pas...  (suppl.  597).  C'est  le  2e  état  de 
Chute  d'un  Ange. 

L'Homme  à  la  Pipe  (H.  503). 

Deux  épreuves  connues:  une  dans  la  collection  de  M.  (".h.  Delafosse; 
l'autre  adjugée,  à  la  vente  Pochet,  109  lianes  à  M.  Le  Barbier  de  Tinant  ; 
elle  provenait  de  chez  M.  Bonvoisin  (dit  .Mars),  qui,  il  y  a  quelques  années, 
céda  en  bloc,  de  gré  à  gré,  sa  collection  à  Gustave  Pellel  ;  il  possédait  des 
épreuves  de  qualité  exceptionnelle. 

La  Femme  au  Miroir  (11  539). 

D'une  extrême  rareté;  une  épreuve  unique  du  2'-  état,  portant  au  verso 
l'inscription  suivante  :  Tirée  à  Namur par  F.  Rops,  rue  Neuve,  le  /■•'  Xbre  1865, 
7h21  soir  /'''  Ernest  Pearson,  adjugée  72  lianes,  vente  Pochet.  Ces  deux 
dernières  pièces  ne  sont  pas  d'un  très  grand  intérêt. 

L'Incantation  (U  540).       Au  milieu  d'un  merveilleux  laboratoire 
du  moyen-âge,  un  vieux  docteur  esl  assis  dans  un  fauteuil  de  profil  a 

droite,  il  esl  coiffé  d'une  Calotte  et  ses  deux  mains  reposent  sur  le 
grand  in-folio  qui  esl  devant  lui  il  sur  lequel  on  lit:  Compendium 
maleficomm. . . ,   în-folio   reposant   sur   une  grande  glace    brisée  d'où 


'   i  outei  ces  planchea  ton!  en  général  rarlulma. 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  545 

s'échappe  une  femme  belle  de  jeunesse  et  de  nudité,  coiffée  d'une 
cornette  dont  elle  soulève  le  voile  de  la  main  droite.  Le  savant  est 
entouré  de  précieux  objets  d'art,  de  fioles  et  de  cornues  ;  le  jour  vient 
par  un  vitrail  qui  est  à  gauche.  Tout  à  l'ait  dans  le  coin  intérieur  de 
ce  même  côté,  un  chat  joue  avec  une  tète  de  mort,  près  de  laquelle  et 
sur  la  couverture  d'un  livre  entr'ouvert,  on  lit  :  Félicien  Rops. 

La  belle  ordonnance  de  cette  pièce,  désignée  quelquefois  aussi  sous  le 
nom  de  Evocation,  en  fait  à  coup  sur  une  des  plus  belles  pièces  de  l'œuvre. 
La  plupart  des  épreuves  sont  malheureusement  tirées  très  noires  ;  il  faut  les 
rejeter,  pour  ne  recueillir  que  celles  d'un  noir  bistré,  infiniment  supérieures  ; 
cette  estampe  au  vernis  mou  est  un  agrandissement  de  celle  qui  servait 
d'illustration  à  Son  Altesse  lu  Femme  d'Uzanne  ;  elle  fut  adjugée  8G  francs  à 
la  venie  Holtzer  ;  56  à  celle  de  Tricon  et  vient  d'atteindre  23U  à  celle  de 
Mallet,  sur  japon,  signée. 

Cendrillon  (R  577)  —  Satisfaction  '  (R  578)  —  Porteuse  de 
Poissons  (R  579). 

Ces  trois  pièces  sont  surtout  remarquables  comme  spécimens  d'eaux- 
fortes,  où  la  figure  principale  est  entourée  de  nombreux  croquis;  adjugées 
à  la  vente  Pochet  95,  48  et  110  francs. 

Le  Vol  et  la  Prostitution  dominant  le  Monde  (p.  122).  —  Sur 
une  calotte  de  sphère  symbolisant  le  monde,  une  fille  aux  pieds  de 
chèvre,  au  masque  singulièrement  bas  et  canaille,  est  debout  demi-nue 
de  trois  quarts  à  gauche,  elle  regarde  à  droite,  elle  porte  une  main  à 
son  chignon  ;  derrière  elle,  un  voleur  quelconque  au  chapeau  cabossé 
haut  de  forme,  aux  pieds  de  bouc,  essaie  de  lui  arracher  son 
dernier  voile. 

Superbe  eau-forte,  adjugée,  sur  japon  et  signée,  vente  Pochet,  42  francs  ; 
à  la  vente  Tricou  précédemment  elle  avait  fait  28. 

Plénipotentiaire  (R  557).  —  Assise  en  chemise,  de  profil  à 
droite,  les  épaules  nues,  une  fille  coiffée  d'un  chapeau  posé  en  arrière 
sur  des  cheveux  en  broussailles,  tient  un  éventail  dans  la  main 
gauche  et  écoute  une  vieille  qui,  à  droite  devant  elle,  souligne  d'un 


1  Nous  en  connaissons  un  nuire  état  non  décrit  eu  dehors  des  s  signalés,  le  voici  :  au  de  m 
du  Yankee,  griffonnage;  au-dessous  de  la  petite  femme  nue.  une  tête  de  femme  coiffée  d'un 
bonnet  avec  les  épaules  à  peine  esquissées  et  l'inscription  chaleur;  enfin,  dans  la  marge 
inférieure,  une  série  de  tètes  esquissées.  Un  exemplaire  de  cet  état  fut  adjugé  30  francs  vente 
Tricou. 


,r)4(5  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

geste  de  la  main  les  propositions  qu'elle  lui  formule  et  qui  semblent 
loin  d'être  honnêtes.  lui  lias  à  gauche  :  F.  H.  89. 

Cette  pointe  sèche  fut  adjugée,  vente  Tricou,  27  francs,  1"  état,  avant  la 
signature,  et  U>  à  ta  vente  Pocbet. 

Bourgeoisie  (p.  149).  --  Une  femme  mûre  —  c'est  le  fruit  de 
l'extrême  été  en  buste  de  trois  quarts  à  droite,  les  seins  luxuriants 
hors  du  corsage,  regarde  (levant  elle,  orgueilleuse  de  sa  beauté.  Au 
bas  de  la  planche  :  Bourgeoisie. 

Pointe  sèche,  adjugée  vente  Pochet,  64  francs  ;  c'est  l'exemplaire  signalé 
par  Ramiro  dans  son  catalogue,  avec  les  vers  de  Paul  Arène;  à  la  vente 
précédente  Tricou,  une  épreuve  portant  le  mot  Bourgeoise,  manuscrit,  avait 
fait  4G  francs. 

Satyriasis  (p.  191).  -  Renversée  sur  le  dos,  une  femme  com- 
plètement nue  est  violée  par  un  satyre  monstrueux. 

Pointe  sèche  merveilleuse  de  fougue  et  de  dessin,  très  rare. 

Les  Adieux  d'Auteuil  (p.  18).  —  Près  d'un  piédestal  dans  le 
bois  de  Boulogne,  deux  femmes  s'embrassent  sur  la  bouche  avant  de 
se  séparer;  la  plus  jeune,  une  fillette,  est  nu-tête.  On  aperçoit  une 
voiture  qui  attend  à  gauche.  Dans  le  coin  inférieur:  Félicien  Rops, 
Auteuil  1869. 

Eau-forte  et  aquatinte,  donnée  en  prime  par  le  journal  Les  Beaux-Arts, 
publié  à  Saint-Nicolas,  dans  les  Flandres  ;  vente  Pochet,  17  francs,  sur 
papier  japon,  signée;  c'est  rarissime  ,  une  épreuve  de  1"  état,  retouchée  à  la 
mine  de  plomb,  avait  fait  12  francs  à  la  vente  Tricou. 

L'Oracle  du  Hameau  (p.  79).  —  Un  vieux  paysan  en  casquette, 

assis  sur  un  escabeau  de  trois  quarts  à  droite  et  regardant  devant  lui, 
souligne  du  geste  l'histoire  qu'il  raconte  ;  sa  main  gauche  est  appuyée 
sur  son  genou.  Sur  le  même  cuivre,  mais  en  retournant  la  planche: 
/.a  Paysanne  </</  Bourbonnais  (p.  <S7).  —  Femme  assise  sur  une  chaise 
de  profil  à  droite,  les  mains  croisées  sur  les  genoux,  dans  une  attitude 
de  rêverie,  le  corps  légèrement  penché  en  avant  ;  derrière  elle,  tracées 
à  la  pointe  les  lettres  :  E.  pr.  I.  T. 

Introuvables,  réunies  sur  la  même  planche  ;  à  la  vente  Pochet,  un  1«  état, 
signé,  sur  japon,  dans  ces  conditions  adjugé  136  francs  ;  c'est  le  seul  qui 

ait  été  vu  depuis  plus  i\e  vingt  ans  en  vente  publique;  même  vente,  même 
ét:it,  avec  une  lettre  de   Rops  en   marge,   lli,  cl  un  2'-  étal,  après  la  coupure 

du  cuivre,  19,  si^né.  M  Ch.  Delafosse  possède  nn  merveilleux  exemplaire 
de  l"  état. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  547 

Ma  Fille Monsieur  Cabanel  !  (p.  189).  —  Souriante,  une 

vieille  femme  debout  à  gauche  —  orgueilleuse  de  sa  maternité  !  — 
est  censée  présenter  au  Maître  invisible,  sa  lille  complètement  nue. 
Celle-ci,  plate  comme  une  laite,  n'a  conservé  que  son  chapeau,  ses 
bas,  ses  bottines  et  son  gant  de  la  main  gauche  ;  elle  baisse  timide- 
ment les  yeux,  rougissante  sous  ce  costume  de  présentation  qu'elle 
est  encore  peu  habituée  à  porter. 

Une  des  eaux-fortes  la  plus  adorablement  spirituelle  de  l'artiste. 

A  noter  encore  parmi  les  pièces  les  plus  remarquables  ou  les  plus  rares  : 

En  prenant  le  The  <  (p.  32),  vente  Pochet,  135  francs,  2<-  état,  avec  note  de 
Rops  et  Poulet  Malassis  —  La  plus  belle  fille  du  monde  ne  peut  donner  que  ce 
qu'elle  a  (p.  196)  —  Le  quatrième  Verre  de  Cognac,  simple  et  naïve  photo- 
gravure '-,  et  sur  laquelle,  bien  que  ce  soit  du  procédé,  il  est  absolument 
permis  de  s'extasier  ;  le  dessin  original  est  chez  M.  Rodrigues  —  Peuple 
(R  550),  pointe  sèche,  vente  Pochet,  40  —  L'Amour  dominant  le  Monde  (non 
cataloguée),  deux  pièces  avec  remarque,  dont  une  en  couleurs,  vente 
Pochet,  75  —  Nubilité  (p.  201),  vernis  mou,  une  des  plus  jolies  de  l'œuvre  — 
Modernité  (p.  143),  pointe  sèche,  vente  Pochet,  4e  état 3,  avec  le  monogramme 
et  la  date,  mais  avant  la  lettre,  40  —  La  Vieille  et  l'Aiguille  (p.  83),  vente 
Pochet,  1GG  —  La  Cantinière  des  Pilotes  (R  572),  photogravure  et  vernis 
mou,  vente  Pochet,  50  —  Juillet*  (p.  131)  —  La  Femme  au  Corset  noir 
(p.  17cS),  toute  petite  pièce  en  aquatinte  —  Pigeon  vole  (p.  11),  avant  la 
planche  coupée,  rarissime  —  La  Stoekin  (p.  15)  —  Xephten  (p.  17),  le  2e  état  — 
La  Vieille  Masken  (p.  90),  !<"'  état  introuvable  —  Impudence  (p.  187)  —  Le 
Major  est  si  difficile  (p.  194)  —  La  Femme  au  Cochon,  etc.,  etc. 

N'oublions  pas  les  belles  lithographies  suivantes  :  L'Ordre  règne  à  Varsovie 
(R  173),  vente  Pochet,  111  —  La  Médaille  de  Waterloo  (R  172),  Pochet,  deux 
épreuves,  58  —  Chez  les  Trappistes  (R  178),  rare,  Pochet,  100  —  Les  Diables 
froids,  d'une  insigne  rareté  et  non  cataloguée  par  Ramiro,  un  exemplaire  a 
été  possédé  par  M.  Pochet,  nous  ne  l'avons  pas  retrouvé  à  sa  vente,  c'est, 
avec  la  très  célèbre  pièce  :  Un  Enterrement  au  Pays  Wallon*  (R  111),  une  des 
plus  intéressantes  lithographies  de  Rops. 


1  II  existe  un  état  intermédiaire  non  décrit  entre  le  1"  et  le  2',  c'est-à-dire  avant  aucune  ombre 
sur  le  flacon  d'acide,  la  nappe  et  la  théière. 

2  Cette  pièce,  neuf  fois  sur  dix,  passe  dans  les  ventes  pour  un  vernis  mou  ;  elle  a  été  tirée 
par  Ducourtiaux  et  Huillard,  57,  rue  de  Seine;  comme  reproduction,  c'est  tout  bonnement 
admirable. 

a  II  existe  un  3'  état  bis  non  décrit  où  le  mot  Académie  est  inscrit  sur  la  banderole  au  lieu 
de  Modernité. 

*  L'aquarelle  originale  est  citez  M.  Alphonse  Lnlz-Brissonneau  de  Nantes. 

5  Devant  une  tombe  que  le  fossoyeur  à  droite  est  en  train  de  recouvrir  de  terre,  le  veuf  et  son 
petit  garçon  vus  de  dos  écoutent  les  dernières  prières  que  murmurent  le  curé  du  village 
accompagné  de  ses  deux  vicaires;  une  vieille  femme  près  du  porte-croix,  la  grand'inére  sans 
doute,  semble  atterrée;  à  gauche,  vu  de  prolil,  un  enfant  de  chœur  asperge  de  son  goupillon  un 
chien  qui  le  regarde.  Une  haie  vide  occupe  le  dernier  plan,  rompant  la  ligne  d'horizon  ;  tout 
à  fait  à  gauche,  deux  hommes  et  une  femme  causent  entre  eux.  Scène  de  quatorze  person- 
nages. —  Vaut  de  400  à  000  francs. 


548  DIX-NEUVIÈME  ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Voici  des  renseignements  très  incomplets  et  souvent  fort  confus  sur  un 
œuvre  que  nous  n'avons  fait  qu'effleurer  et  qui,  de  par  son  essence  et  la 
complication  de  ses  planches,  demanderait  une  étude  approfondie,  que  ne 
comporte  malheureusement  pus  le  programme  relativement  très  restreint 
que  nous  nous  sommes  tracé  pour  chaque  artiste,  nous  espérons  cependant 
avoir  planté  quelques  jalons  qui  pourront  servir  à  guider  les  collectionneurs. 

La  collection  la  plus  belle  existant  actuellement  et  sans  rivale  des  œuvres 
gravées  de  Rops  est  celle  de  M.  Ch.  Delafosse1,  il  nous  en  a  fait  les 
honneurs  avec  la  plus  exquise  bonne  grâce,  et  nous  tenons  de  son  amabilité 
et  de  son  érudition  la  plupart  des  documents  que  nous  avons  consignés  ici, 
nous  axions  à  cœur  de  l'en  remercier  publiquement,  en  l'assurant  «le  notre 
profonde  gratitude. 

En  mars  18SG,  à  la  vente  J.  Noilly,  un  album  composé  de  15!»  eaux-fortes 
fut  adjugé  22X0  francs-';  les  122  premières  avaient  été  réunies  par  Poulet 
Malassis,  c'étaient  de  toutes  premières  épreuves  de  1803  à  1809,  le  reste 
avait  été  recueilli  par  le  vendeur,  ("est  à  cette  vente  que  l'Album  des  cent 
croquis,  aquarelles,  plume,  fusain  ou  crayon,  monta  jusqu'à  15000  lianes,  il 
fut  retiré  par  le  vendeur.  —  Voir:  H.  Béraldi,  tome  XI,  Paris,  1891  ;  Certains, 
de  Huysmans,  page  77,  Paris,  Tresse  et  Stock,  1889. 


ROUX-CHAMPION   (Victor-Joseph) 

Le  Pont  Marie.  —  A  droite  du  pont,  les  quais,  des  gabares 
amarrées,  des  maisons  et  des  arbres  ;  sur  la  cale,  des  travailleurs,  des 

tas  de  sable;  loulest  dans  l'ombre,  sauf  la  cale  où  est  le  sable,  qui  est 
légèrement  éclairée. 

Pièce  en  couleurs  tirée  à  2.")  épreuves;  c'est  la  première  gravée  par  l'artiste. 

Après  le  Marché  à  Quimperlé.  —  Sur  la  place,  dont  les  maisons 
oui  leurs  façades  1res  vivement  éclairées,  des  paysans  causent  ;  à 
droite,  deux  charrettes.  Au  fond  de  l'estampe,  l'église  émerge  haute 
et  détachée. 

Estampe  traitée  avec  beaucoup  de  liberté  et  de  transparence  ;  Ks  belles 
épreuves  bien  lin'es  ont  la  \aleur  d'aquarelles  originales.  L'artiste,  qu'il  faut 

suivre,  est  de  la  pléiade  des  jeunes,  ses  débuts  remontent  à  1899,   il  est  né  à 

Chau I  (Haute-Marne).  Il  a  encore  gravé   comme  pièces  marquantes:   i.c 

l'union       Bretonnes  à  Saint-Guénolé. 


i  \  L'exception  toutefois  di  .  lithographies  qu'il  n'a  pas  recueillies.  Celle  »!<■  M.  Pochel  qu'on 
vient  de  vendre  était  La  plus  riche  coUection  en  i  >•  'i»1-.  Legrand  et  artistes  <  ontunpoFiiinst  qui  ;>ii 
m  ou    i    m  m  i    m  M      con  '      l 'était  une  réunion  superbe  el  «le 

qualité  vraiment  hors  pair. 

■  a  M.  ijuiir  Paul,  L'expert  bien  connu. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  549 


ROY  (Marcel-Pierre) 

Parmi  les  jolies  eaux-fortes  en  couleurs  de  cet  artiste  nous  signalerons 
les  suivantes  :  Moulin  Bruges  —  Quai  du  Rosaire  —  Quai  des  Bateliers  —  Rue 
Mole  qui,  toutes,  figuraient  à  l'Exposition  universelle  de  1900;  la  dernière 
mentionnée  est  surtout  extrêmement  pittoresque.  Le  tirage  est  limité  géné- 
ralement à  15  ou  20  épreuves,  c'est  dire  qu'elles  seront  promplement 
épuisées. 


SCHIESTI  (Mathœus) 


Remarqué  au  Salon  de  1902,  à  la  Société  Nationale  des  Beaux-Arts,  les 
lithographies  en  couleurs  suivantes  qui,  quoique  un  peu  lourdes,  ne 
manquent  pas  d'un  certain  caractère  et  méritent  d'attirer  très  sérieusement 
l'attention.  —  L'artiste  est  Bavarois. 

Ulrich  von  Liechtenstein  —  Le  Moine  —  Sainl-ChrislofJ'. 


SCHULLER  (J.- Charles) 

Remarqué  encore  au  Salon  de  la  Société  Nationale  de  1901  une  jolie 
eau-forte  en  couleurs,  La  Basse-Cour,  de  l'artiste  qui  est  Alsacien;  c'est  la 
seule  estampe  que  nous  ayons  vue  de  ce  Maître  dont  les  débuts  permettent 
de  supposer  que  les  œuvres  seront,  croyons-nous,  rapidement  classées. 


SOMM  (Henri) 

Artiste  plein  d'esprit  et  de  talent,  a  fait  une  série  de  calendriers  extrê- 
mement jolis,  le  premier,  celui  de  1878,  est  devenu  fort  rare,  les  autres  sont 
datés  des  années  1879,  1881,  1882,  1890,  1891.  11  y  a  aussi  tous  ses  menus, 
programmes  et  invitations  qui  doivent  être  collectionnés,  car  parmi  ces 
petits  riens  fugitifs,  il  existe  de  véritables  merveilles;  le  tout  est  exclusivement 
traité  à  la  pointe  sèche.  Ajoutons  qu'actuellement  l'artiste  a  abandonné  la 
gravure  pour  s'adonner  complètement  au  dessin  d'illustrations. 


SPENCE  (Robert) 

Notons  de  cet  habile  artiste  qui  est  Anglais,  Un  Pardon  en  Bretagne,  petite 
pointe  sèche  d'une  extrême  finesse  qui  figura  au  Salon  de  la  Société  Nationale 
en  1898. 


550  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 


SPRINKMANN  (Th.) 


L'artiste  est,  croyons-nous,  de  Hambourg  ou  de  Munich;  il  a  un  métier 
toul  à  l'ait  particulier;  ses  eaux-fortes  sont  vigoureusement  grainées  et  ont 
presque  des  aspects  de  vernis  mou;  le  graveur  procède  par  paquets  noirs 
profonds  et  chargés  qu'il  sait  merveilleusement  éclairer,  nous  n'en  voulons 
pour  exemple  que  ces  deux  intéressantes  estampes  :  Saint-Gervais  et  Suint- 
Etienne-du-Mont. 


STEINLEN  (Théophile) 

Dans  la  Neige  et  le  Vent.  —  Dans  une  rue  désert*  un  homme, 
les  deux  mains  dans  les  poches,  s'avance  d'un  pas  hâtif,  le  vent 
souffle  et  la  neige  qui   tombe  l'a  couvert  de  ses  blancs  llocons. 

50  épreuves. 

Les  Amoureux.  -  Ils  sont  tous  deux  assis  sur  un  banc,  l'un 
près  de  l'autre  —  c'est  la  nuit  —  l'homme  qui  est  à  droite  enlace 
de  ses  bras  la  femme  qu'il  embrasse.  Un  bec  de  gaz  éclaire  leurs 
visages. 

Vernis  mou  tiré  à  -10  épreuves. 

La  Rentrée  du  Travail.  -  C'esl  le  soir,  hommes  et  femmes 
longent  les  maisons  qui  occupent  le  fond  de  l'estampe;  au  second 
plan,  un  tombereau  attelé  de  deux  chevaux  se  dirige  vers  la  gauche  ; 
celui  qui  est  au  timon  est  blanc.  Un  chien  court  sur  le  premier  plan. 

Le  Conciliabule.  --  A  un  coin  de  rue,  deux  pierreuses  avec 
leurs  marions  causent  entre  eux,  d'un  coup  à  l'aire  sans  doute;  la 
ligure  des  gueuses  est  éclairée. 

Chanteurs  des  Rues.  —  Dans  un  carrefour,  le  soir,  violemment 
éclairés,  chanteur,  violoniste  et  guitariste  sonl  entourés  de  badauds 
qui  lis  écoutent. 

Eaux-fortes  remarquables  d'un  artiste  d'une  habileté  énorme  qui,  après 
avoir  commencé  par  la  lithographie,  s'adonne  a  l'eau  forte  et  à  la  pointe 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  ;").">  1 

sèche  depuis  1897  i.  Il  a  retrouvé  dans  ce  nouveau  métier  les  succès  qu'il 
avait  recueillis  dans  l'ancien.  Il  a  également  signé  quelques  pièces  en 
couleurs  parmi  lesquelles  Le  Départ  an  Lavoir  —  Le  Retour  du  Lavoir  —  La 
Blanchisseuse  sont  les  meilleures.  —  L'œuvre  peint  et  dessiné  de  l'artiste 
l'ut  exposé  à  la  Bodinière  en  mai  1894. 
Lire  le  numéro  de  L'Album  consacré  à  Steinlen,  préface  de  Lucien  Puech. 


STOEM  DE  GRAVESANDE  (Charles) 


Certains  Maîtres  perdent  à  vieillir  et  se  voient  délaissés,  on  murmure 
dans  un  soupir  de  tristesse  en  passant  devant  leur  œuvre:  Hélas!  ce  n'est 
plus  la  belle  première  manière.  .  .  Tel  n'est,  heureusement,  pas  le  cas  de 
l'artiste  qui  nous  occupe,  car  jamais  peut-être  il  n'a  été  si  haut,  et  jamais 
peut-être  nous  n'avons  été  aussi  vivement  impressionné  que  par  les 
dernières  pointes  sèches  qu'il  a  envoyées  au  Salon  de  1902  de  la  Société 
Nationale.  Il  y  a  là  surtout  trois  études  de  Dunes  de  Scheveningae  qui,  au 
point  de  vue  sobriété  et  synthèse,  sont  supérieures  à  tout  ce  que  l'artiste  a 
signé  jusqu'à  ce  jour.  C'est  fait  absolument  de  rien,  et  on  demeure  émerveillé 
en  songeant  que  quelques  lignes,  quelques  arbres  rabougris,  quelques 
touffes  de  lichen  ou  plantes  de  falaise  donnent  à  l'œil  ébloui  la  sensation 
complète  de  relief,  d'espace,  d'ondulation  et  de  couleur.  C'est  quelque 
chose  comme  une  musique  céleste,  un  concert  de  rêve  qui  serait  produit 
sans  instruments.  Il  nous  a  été  donné  de  voir  bien  des  choses  en  gravures 
depuis  tantôt  vingt-cinq  ans,  nous  avouons  rarement  avoir  été  aussi  complè- 
tement empoigné  que  par  celles-ci.  —  L'artiste  a  obtenu  la  médaille  d'or  à 
l'Exposition  de  1900. 

Son  œuvre  est  fort  considérable.  M.  Richard  Priée  en  a  établi  le  catalogue 
en  1887,  il  comprenait  déjà  240  numéros;  en  1888,  H.  Béraldi,  tome  VII,  le 
portait  à  257;  à  l'heure  présente,  mai  1903,  il  compte  exactement  461  pièces, 
nous  tenons  ce  chiffre  du  Maître  lui-même,  toutes  exclusivement  composées 
île  paysages  et  de  marines  très  variées  de  métier. 

Mentionnons  parmi  les  meilleures  :  La  Meuse  ci  Dordrechl  —  Jetée  de 
Flessingue  —  La  Lagune  prés  de  Chiogga  —  Brise-Lames,  pointe  sèche  - 
L'Epave  —  Un  Bouquet  de  Roses,  tour  de  force  de  métier,  12  épreuves, 
rarissime  —  Effets  de  Neige  dans  les  Dunes  —  Canal  près  La  Haye.  L'artiste 
a  aussi  quelques  lithographies2  à  son  actif.  En  dehors  de  l'exposition 
organisée  à  Boston  en  1887,  Frederick  Keppel  en  a  fait  une  autre  à 
New-York  en  1889,  le  catalogue  contenait  une  copieuse  préface  de  R.  Priée. 
En  mai  1903  l'artiste,  se  trouvant  à  Paris,  en  profita  pour  exposer  quelques 
jolies  pièces  chez  Durand-Ruel. 


1  C'est  Ed.  Kleinmann,  le  très  courtois  et  aimable  marchand  d'estampes  du  S  tue  de  la 
Victoire,  dont,  par  parenthèse,  la  nièce  vient  aussi  de  débuter  agréablement  dans  la  gravure, 
qui  a  eu  la  vente  des  tout  premiers  essais  de  Steinlen. 

2  Auxquelles  il  a  donné  le  nom  de  Algraphies,  telles  que:  Crépuscule  a  Hambourg  Marée 
montante  à  Flessingue  —  Jardin  en  hiver  en  Hollande,  qui  figurèrent  au  Salon  de  1897  de  la 
Société  Xationale  des  Beaux-Arts. 


ÔÔ2  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 


SUNYER  (Joachim) 

Blanchisseuse.  --  Une  femme,  un  ballot  sur  l'épaule  et  le  poing 
droit  sur  la  hanche,  traverse  une  rue  en  se  dirigeant  vers  la  droite  ; 
c'est  la  nuit,  son  visage  est  éclairé;  d'autres  personnages  circulent. 
la  maison  de  gauche  esl  dans  l'ombre. 

Rue  Caulaincourt.  —  Gens  du  peuple  assis  sur  un  banc  ;  le 
vieux  qui  est  au  premier  plan  et  de  profil  à  droite,  s'appuie  sur  un 

bâton. 

Rue  des  Abbesses.  —  Une  femme  penchée  en  avant,  un  paquet 
sur  l'épaule,  traverse  une  rue,  se  dirigeant  vers  la  droite,  du  côté  où 
une  marchande  d'oranges  ou  de  légumes  pousse  devant  elle  une 
baladeuse. 

Toutes  ees  eaux-fortes  en  couleurs,  tirées  généralement  en  repérage  à 
25  ou  30  épreuves,  ont  une  saveur  très  particulière,  elles  sont  absolument 
différentes  de  celles  obtenues  par  le  même  procédé  et  l'artiste,  qui  est 
Espagnol,  y  a  apporté  une  note  très  hardie  et  très  crânement  originale.  On 
peut  encore  citer  :  La  Hue  Rodier  et  Au  Moulin-Rouge,  une  des  plus 
typiques. 


SYRGE  (Edouard  Millington) 

Nous  avons  eu  occasion  de  voir  au  Salon  de  li)02  —  Société  des  Artistes 

Français  —  quelques  eaux-fortes  originales  de  ce  graveur  anglais  dont  la 

lonnalité  nous  a  frappé,  nous  les  signalons  aux  collectionneurs,  elles 

sont  dignes  de  leurs  portefeuilles,  elles  étaient  rubriquées:  La  Bretagne  — 

Saint-Geroais   -  Quai  de  la  Râpée. 


TISSOT  (Jean-Joseph) 

Louise.  Jeune  femme  à  l'air  triste  el  songeur  vue  a  mi-corps 
de  trois  quarts  à  droite:  elle  est  nu-tête,  deux  boucles  repentirs 
retombent  derrière  le  cou,  au  col  blanc  un  médaillon  est  suspendu.  A 
la  hauteur  de  l'épauleà  gauche:  James  Tissot  1861,  et  j  droite:  Louise. 

bas,  un  quatrain  commençant  par  ces  mots:  Ma  bouche  est  mi 

écrin  meuble  tle  perles  /iues,  el  signé:  André  le  Moyne;  le  </  est  renversé. 


DIX-NEUVIÈME    ET    VINGTIÈME    SIÈCLES  553 

Cette  pièce,  très  rare,  la  première,  croyons-nous,  gravée  par  l'émincnt 
artiste,  a  échappé  à  Béraldi  qui  ne  l'a  pas  cataloguée;  elle  n'est  pas 
mentionnée,  du  reste,  davantage  dans  la  plaquette  illustrée  (1886)  non  mise 
dans  le  commerce  et  précédée  d'une  prélace  de  Charles  Yriartc,  où  l'artiste 
lui-même  a  donné  la  nomenclature  de  ses  eaux-fortes,  manière  noire  et 
pointes  sèches,  avec  leurs  prix. 

La  Tamise  (Béraldi  13).  —  A  l'arrière  d'un  bateau,  un  homme  et 
deux  femmes  mollement  étendues  s'abritenl  de  leurs  ombrelles  ;  près 
d'eux,  un  chien  est  couché  et  l'on  aperçoit  sur  le  premier  plan  les 
collerettes  argentées  de  trois  bouteilles  de  Champagne.  La  Tamise 
est  sillonnée  de  navires.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  :  J.-J.  Tissot  1S76. 
—  La  planche  est  détruite. 

Le  Veuf  (21).  —  Dans  l'allée  luxuriante  et  ombreuse  d'un  jardin, 
un  homme  en  grand  deuil  et  jeune  encore,  s'avance  coiffe  d'un 
chapeau  mou,  tenant  dans  ses  bras  sa  fillette  revêtue  d'un  grand 
sarreau  blanc.  —  Sans  signature. 

La  planche,  gravée  en  1875,  est  actuellement  détruite. 

Une  Histoire  ennuyeuse  (2ô).  —  Adossée  à  une  fenêtre,  à 
travers  laquelle  on  aperçoit  la  Tamise  avec  ses  bateaux,  une  adorable 
jeune  fille  de  face,  coiffée  d'un  bonnet  à  la  Charlotte  Corday  serré  par 
un  volumineux  nœud  de  velours,  les  coudes  sur  la  table,  les  mains 
croisées  gantées  de  mitaines,  tourne  la  tête  à  gauche,  ennuyée 
d'écouter  le  personnage  qui  est  à  droite  et  qui,  la  main  étendue  sur 
les  cartes  posées  devant  eux  sur  une  table,  semble  lui  expliquer  ses 
campagnes.  Dans  le  bas  du  coin  droit,  les  initiales  de  l'artiste  à  peine 
lisibles.  —  Planche  détruite. 

Cette  estampe,  devenue  très  rare,  fut  gravée  en  1878;  c'est  à  coup  sûr  une 
des  plus  séduisantes  de  l'œuvre. 

Octobre  (20).  —  Au  milieu  d'une  étroite  allée  jonchée  de  feuilles 
mortes,  une  jeune  femme  coiffée  d'un  large  chapeau,  vêtue  de  noir, 
un  livre  sous  le  bras  droit,  relève  délicatement  sa  robe,  se  dirigeant 
vers  la  droite  ;  elte  tourne  gracieusement  la  tète  du  même  coté. 
Sans  signature. 

Plus  de  charme  peut-être  encore  que  dans  la  pièce  précédente;  cette 
estampe,  dont  le  tirage  est  épuisé,  fut  gravé  également  en  1.S7.S. 


554  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

Mavourneen  (27).  —  A  mi-corps  de  profil  à  gauche,  coifléc  d'un 
large  chapeau,  un  hoa  autour  du  cou,  la  jeune  femme  a  les  mains 
fourrées  dans  son  manchon.  Au  has,  dans  le  coin  droit  :  J.-J.  Tissut  1877. 

Cette  pièce,  dont  le  tirage  est  épuise  et  même  la  planche  effacée,  croyons- 
nous,  est,  d'un  commun  accord,  considérée  comme  la  meilleure  et  la  plus 
recherchée  de  l'œuvre,  elle  est  fort  rare  et  pleine  de  séduction. 

Soir  d'Eté  (47).  —  Dans  la  campagne,  une  jeune  femme  assise 
dans  une  rocking-chair,  le  cou  est  entouré  d'une  dentelle  noire  et  la 
tète  repose  dans  une  attitude  allanguie  sur  un  oreiller,  elle  regarde  à 
gauche.  Dans  le  has  du  coin  gauche  :  J.-J.  Tissât  1S81. 

Samedi  matin  (63).  —  A  mi-corps,  tout  en  noir,  un  énorme 
nœud  de  tulle  autour  du  cou,  une  jeune  femme,  un  livre  de  messe  à 
la  main,  se  dirige  vers  la  droite.  Dans  le  coin  du  has  à  droite  : 
J.-J.  Tissul  1883. 

Le  Banc  de  Jardin  (66).  —  Sur  un  banc  sur  lequel  sont  jetés 
des  fourrures,  une  jeune  femme  est  assise  de  profil  à  droite,  elle 
regarde  avec  une  expression  d'infinie  tendresse  un  délicieux  gamin, 
son  (ils,  qui  est  à  cheval  sur  le  dos  du  banc,  il  presse  la  main  de  sa 
mère  dans  les  siennes  et  regarde  franchement  à  gauche,  il  est  coiffé 
d'un  béret  d'où  s'échappe  sa  blonde  et  épaisse  chevelure.  Derrière  la 
mère  on  dislingue  étendues,  ses  autres  enfants,  deux  mignonnes 
fillettes.  Dans  la  marge  du  has  du  coin  gauche  :  ./.-./.  Tissol. 

Celte  estampe  en  manière  noire  gravée  en  1N,X:;,  esl  devenue  introuvable  . 
lorsqu'elle  parut,  l'auteur  la  vendait  15(10  francs  en  avant  lettre. 

liien  n'est  plus  séduisant  que  cette  scène  de  famille  prise  sur  le  vil,  et  rien 
n'égale  la  distinction  et  la  finesse  des  traits  des  personnages. 

L'œuvre  gravé  se  compose  de  71  pièces,  toutes  ou  presque  toutes  ayant 
trait  à  des  sujets  anglais.  Obligé  de  faire  comme  dans  chaque  œuvre  une 
sélection,  nous  en  avons  détaché  les  pièces  ci-dessus  qui  sont  considérées 
comme  étant  les  plus  remarquables  de  la  collection  de  ce  peintre-graveur 
de  grand  talent. 

Ces  lignes  étaient  écrites  quand  une  lettre  de  faire  part  nous  arrive, 
nous  annonçant  la  mort  de  l'artiste  distingué,  auteur  immortel  de  la  Vie  de 
N.-S.  Jésus-Christ,  qui  s'éteignit  le  s  avril  1902,  à  l'âge  de  ti")  ans,  en  son 
abbaye  de  Buillon,  dans  le  Doubs.  Nous  le  connaissions  personnellement, 
c'était  même  un  de  nos  concitoyens,  aussi  n'est-ce  pas  sans  une  émotion 
sincère  que  nous  enregistrons  celle  douloureuse  nouvelle  qui  a  causé  dans 
le  monde  des  arts,  OÙ   il  était  aimé,  une  profonde  impression. 

I.a  vente  (le  son  atelier  a  eu  lieu  les  '.I  cl  III  juillet  1903;  environ   1800  pièces 

de  son  œuvre  gravé  ont  été  jetées  sur  le  mai clié,  produisant  awv  quinzaine 


DIX-NEUVIEME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  555 

de  mille  francs;  c'est  le  moment  d'en  acheter,  avis  aux  collectionneurs.  Un 
lot  de  14  planches  fut  également  adjugé,  et  trouva  acquéreur  à  755  francs. 
Voici  quels  étaient  ces  cuivres:  Mistress  G.  Bowles  —  Le  petit  Nemrod  — 
L'Ambitieuse  —  Ces  Dames  des  chars  de  l'Hippodrome  —  Sans  Dot  —  La 
Mystérieuse  —  La  plus  jolie  femme  de  Paris  —  L'Enfant  prodigue  '  — 
L'Eventail  —  L'Hiver  ou  Promenade  dans  la  Neige  —  Garden  Parti)  d'enfants. 


TOULOUSE  LAUTREC  (Henri  de) 


Naquit  à  Albi  en  1864  et  y  mourut  en  septembre  1901.  Une  exposition  très 
importante  de  l'œuvre  du  curieux  artiste  eut  lieu  aux  Galeries  Durand-Ruel 
du  14  au  31  mai  1902,  elle  comprenait  113  toiles,  4  aquarelles,  25  dessins  et 
58  de  ses  plus  intéressantes  lithographies.  Quelques  jours  auparavant 
l'ouverture,  Le  Figaro  consacrait  un  numéro  illustré  spécial2  reproduisant 
les  morceaux  les  plus  marquants,  il  avait  chargé  Arsène  Alexandre  d'en 
écrire  l'histoire,  ce  dont  s'acquitta  avec  son  talent  habituel  le  distingué 
critique  d'art. 

En  février  de  la  même  année,  la  vente  de  feu  C.  Pochet  avait  réuni  à  peu 
près  au  complet  l'œuvre  lithographie  3  du  Maître,  ce  fut  une  providence 
pour  les  collectionneurs  qui  se  ruèrent  sur  ces  estampes  et  se  les  dispu- 
tèrent à  des  prix  encore  inconnus  jusqu'à  ce  jour.  L'ensemble  des  Lautrec 
produisit  la  coquette  somme  de  3994  francs,  sans  compter  les  10  %  d'usage. 
Voici,  du  reste,  les  pièces  les  plus  recherchées  avec  les  prix  auxquels  elles 
fui  eut  adjugées  >  : 

Jeanne  Granier 

Yvette  Guilbert  assise 

Jane  Hading 

La  Goulue  et  sa  sœur 

L'Anglais  au  Moulin-Rouge 

Lavallière 

Lender  debout 

Lender  saluant 

Lender  et  Brasseur 

Meyer  et  Yahne 


1  Quatre  cuivres. 

-   Avril  1902,  numéro  145. 

3  Stern,  de  chez  Ancourt,  était  l'essayeur  attitré  de  Lautrec. 

*  Afin  de  pouvoir  insérer  sur  une  seule  ligne  le  litre.  les  notices  accompagnant  la  pièce,  el  le 
prix,  nous  avons  été  quelquefois  contraint  par  les  exigences  typographiques  d'avoir  recours 
aux  abréviations  suivantes  :  p.  —  tir.  —  num.  —  Sig.  —  déd.  —  ép.  —  ex.  —  timb.    -  coul.  —  dif.  — 
n.  /'lie.   —  couv.  —  qui  voudront  dire:  pièce  —  tirée  —  numérotée  —  signée        dédiée 
épreuve  —  exemplaire  —  timbrée  —  couleurs  —  différentes  —  non  publiée  —  couverture. 


Trois  p.  dif.  déd. 

118  fi 

•ancs 

N.  pub.  ép.  déd. 

80 

» 

Deux  p.  dif.  déd. 

80 

» 

Celte  p.  el  la  suivante 

35 

» 

Cette  p.  et  la  précédente 

35 

» 

Sur  japon 

20 

» 

Deux  ép.,  une  en  coul.  sig. 

50 

» 

Deux  p.  timb.  et  num. 

40 

» 

En  sanguine  sur  japon,  timb. 

49 

» 

Numérotée  et  timbrée 

73 

» 

556 


DIX-NEUVIEME   ET   VINGTIEME    SIECLES 


Miss  Bedferd  de  face 

Miss  Redferd  de  profil  i 

Miss  Redferd  de  profil  - 

Miss  Redferd,  toilette  de  ville 

A  la  Souris 

Amazone 

Antigone 

Au  Théâtre 

Bar 

Blanche  et  Noire 

Chanteuse  légère 

Chanteuse  en  matelot 

Chez  la  Gantière,  1898 

Clownesse  au  Moulin-Rouge 

La  danse  au  Moulin-Rouge 

Débauche 

Kilos  (  l"  série) 

En  Mer 

Fntrc  Sportmen 

Idylle 

Le  Liseur,  1898 

Le  Sommeil 

Viennoise 


Epreuve  d'essai 

Japon,  avec  dédicace 

Ep.  d'état,  nom.  et  limb. 

Deux  ép.,  une  limb.  et  iiuin. 

Numérotée  cl  signée 

Avec  dédicace 

Deux  ép.  en  2  tons  limb. 

('.oui.  tir.  à  12  ex.,  timb.  sig. 

Sur  japon 

Japon,  signée,  numéroter 

Signée.  Fort  rare 

Deux  ép.  d'essai 

Trois  ép.  dont  ?  sig. 

Tir.  à  20  ex.,  sig  et  nom. 

Tir.  à  20  ex.,  sig.  el  num. 

Deux  ép.,  une  sur  soie  sig. 

Dix  ép.  avec  coud,  et  7  doubles 

Deux  é;t.  sig.  el  num. 

Non  publ.,  chine,  déd. 

Tir.  à  15  ex.,  num.  et  sig. 

Ai'ee  remarque  et  déd. 

Tir.  à  1?  ex.,  num.,  sig. 

Tir.  a  11  ex.,  num.,  sig. 


65  francs 

34 

» 

21 

» 

35 

» 

30 

» 

39 

» 

34 

» 

75 

» 

42 

» 

102 

» 

70 

» 

70 

» 

08 

» 

75 

» 

75 

» 

42 

» 

200 

» 

47 

» 

38 

» 

96 

» 

32 

» 

60 

» 

75 

» 

Indépendamment  de  ces  pièces  capitales,  l'artiste  ;i  fait  une  multitude  «le 

menus,  programmes,  titres  de  romances  qui,  malgré  leur  moindre  importance, 
n'en  constituent  pas  moins  de  précieuses  curiosités. 

Deux  articles  ont  été  consacrés  à  Lautrec  par  M.  André  Rivoire  dans  la 
Revue  de  l'Art  Ancien  et  Moderne,  le  premier  en  mars,  croyons-nous,  et  le 
second  en  ;i\i  il  1902. 


VAN   HOUTEN   (Barbara  M11") 


Non-,  avons  remarqué  à  la  section  hollandaise  de  l'Exposition  de  1900,  les 
œuvres  de  M"«  van  Houten,  nièce  de  Mesdag,  qui  se  recommandent  par  leur 

caractèn  ninei i  ni  personnel  .  l'artiste  aborde  les  différents  genres 

avec  ii 1 1  égal  bonheur  et  nous  ;i\ous  éié  particulièrement  frappé  par  ses 
eaux-fortes:  Pagsages,  Tournesols  et  oiseaux,  pièces tiréesè  tort  petit  nombre, 
non  mises  dans  le  commerce. 


i  Ponch<  c  <ii  avant. 
Penchée  en  tu  i 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  557 


VAN   RYSSELBERGHE  (Théo) 


Demandant  des  renseignements  sur  l'œuvre  gravé  de  l'artiste,  il  y  a  déjà 
quelques  années,  voici  la  jolie  lettre  que  nous  reçûmes;  elle  émane  d'un 
spirituel  compatriote  du  Maître  qui  nous  avait  déjà  documenté  sur  .lames 
Ensor.  —  Voir  ce  nom  : 

«  Peintre  et  dessinateur  d'un  grand  pittoresque  d'oeil,  a  une  patte  des 
»  plus  remarquables,  se  tient  on  ne  peut  mieux,  et  en  dehors  des  rares 
»  poitrails  et  dessins  et  de  quelques  eaux-fortes  et  affiches  très  savoureuses 
»  —  un  passe-temps  —  travaille  depuis  un  an  et  demi  à  une  grosse  œuvre 
»  qui  fera,  je  crois,  du  bruit.  Trente  ans,  treize  ou  quatorze  ans  de  métier, 
»  une  facilité  extraordinaire  à  réussir  ce  qu'il  veut  et  voudra,  je  pense  de 
»  belles  choses.  A  fait  pour  l'éditeur  Dcman  quelques  ornements  de  livres 
»  que  ledit  éditeur  a  trouvés  presque  toujours  exquis.  A  son  actif,  (i  ou 
»  7  eaux-fortes  tirées  à  20  épreuves  et  qu'il  vend  de  25  à  80  francs  suivant 
»  importance,  s'en  fiche  au  reste,  car  il  n'attend  pas  la  rentrée.  » 

Citons  deux  fort  jolies  pièces;  la  première  est  une  eau-forte,  la  seconde 
une  pointe  sèche  :  Le  Café-Concert  —  Dancing  Girls. 


VEBER  (Jean) 

La  Fortune  qui  danse.  —  A  gauche,  un  vieux  forain,  le  bras 
droit  passé  dans  une  roue,  s'appuie  sur  un  bâton,  poussant  devant 
lui  vers  la  droite  une  femme  nue  qu'il  lient  par  une  chaîne,  à  l'instar 
des  montreurs  d'ours  ;  celle-ci,  la  tête  empanachée,  un  bandeau  sur 
l'œil  gauche,  personnifie  la  Fortune,  elle  a  les  deux  bras  passés 
derrière  le  dos  sur  un  bâton  qui  repose  sur  ses  épaules,  elle  marche 
en  se  dandinant  ou  plutôt  en  dansant.  Dans  la  pénombre,  au  second 
plan,  des  personnages  assis  les  regardent  ;  l'un  d'eux,  le  premier  à 
droite,  bat  du  tambour. 

Admirable  lithographie  en  couleurs  qui  peut  aller  de  pair  avec  Les  Lutteuses 
que  nous  allons  décrire  tout  à  l'heure. 

La  Boucherie.  —  Un  étal  de  boucher  à  la  porte  duquel  Bismark 
est  debout,  de  face,  les  poings  sur  les  hanches,  flanqué  de  ses  deux 
chiens  favoris  ;  les  viandes  exposées  proviennent  de  l'horrible  tuerie 
de  1870-71.  Ce  sont  des  bras,  des  troncs,  des  tètes,  des  foies  humains. 


558  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Les  Lutteuses.  —  Deux  femmes  nues,  la  brune  plus  petite  a 
ceinturé  la  rousse  qui  cherche  à  se  dégager  dans  un  effort  désespéré; 
autour  d'elles,  des  éclopés,  des  cuis-de-jatte,  suivent  les  péripéties  de 
la  lutte.  Dans  le  bas  du  coin  droit,  un  plateau  qui  reçoit  les  sous  et 
les  pièces  de  monnaies  qu'ont  jeté  les  spectateurs. 

Voilà  le  morceau  roi  de  la  lithographie  en  couleurs  du  vingtième  siècle; 
il  peut  être  mis  en  parallèle  avec  n'importe  quelles  pièces  de  la  merveilleuse 
époque  romantique;  elles  ne  le  tomberont  pas,  car  il  n'a  rien  à  redouter 
de  la  comparaison  ;  couleur,  anatomie,  mouvement,  dessin,  préciosité  du 
crayon,  toul  y  est  et  a  un  diapason  qui  ne  saurait  être  surpassé.  —  Dix 
épreuves  d'essai,  à  trois  remarques  dans  la  marge,  et  dix  autres  avec  deux 
remarques  seulement,  la  tête  d'homme  ayant  été  effacée,  lurent  tirées  avec 
un  soin  tout  particulier;  elles  sont  éblouissantes  ;  en  reste-t-il  encore  chez 
Ed.  Sagot,  nous  l'ignorons?  en  tous  cas,  qu'on  s'en  enquière  et  qu'on  ne 
les  y  laisse  pas,  l'avenir  vous  le  ferait  regretter.  —  Celte  estampe  reproduit 
deux  tableaux  du  Maille;  il  a  pris  à  l'un  le  fond,  à  l'autre  le  groupe  des 
lutteuses;  l'une  de  ces  toiles  est  actuellement  à  Moscou,  chez  M.  Morozoff. 
N'oublions  pas  de  mentionner  encore  :  L'éternelle  Convoitise  »  —  L'Etoile*  — 
Bataille  de  Dames  —  La  Justice  protège  la  Fortune. 

Une  exposition  de  Jean  Veber  eut  lieu  en  mars  1897  chez  Georges  Petit. 
Anatole  France  terminait  les  quelques  lignes  de  préface  qu'il  lui  avait 
consacré  dans  le  catalogue  par  ces  mots  :  e  Jean  Veber  est  spirituel  et 
ingénieux,  plein  de  grâce  et  de  poésie,  original  de  cent  façons,  et  surtout  il  est 
peintre.  « 


VIALA  (Eugène) 

Le  Soir  dans  la  Lande.  Trois  gros  arbres  sur  le  premier 
plan.  Au  fond,  la  campagne  indécise,  empourprée  des  lueurs  du  soleil 
qui  sombre  à  l'horizon. 

Humbles  Terres.  Dans  la  nuit  brune,  un  pont  et  une  rivière 
sinueuse  coulant  au  pied  d'une  colline  à  droite  ;  la  rivière  seule  esl 
éclairée. 

Eaux-fortes  eu  couleurs  aussi  curieuses,  sans  doute,  que  l'artiste  que 
nous  n'avons  pas  l'honneur  de  connaître,  mais  qui,  celles,  ne  doit  être  ni 
un  banal,  ni  un  impersonnel  à  en  juger  par  la  série  de  '-•">  estampes  qu'il  a  inti- 
tulées: De  l'encre,  de  l'acide  et  de  la  souffrance,  cl  que  M.  Roger  Miles  ;i 
honoré  d'une  préface. 


1  D^nt  il  :i  été  lire  5  exemplaire*  avec  remarque, 
lquefol8  rubrlquée  nussl  Voêt,  croyons  nous. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  559 


VIBERT  (Pierre-Eugène) 

Le  Miroir,  1902.  --  Dans  la  campagne  à  gauche  de  l'estampe, 
une  femme  nue  couchée  sur  le  côté  droit,  recroquevillée  sur  elle-même, 
la  tète  renversée  en  arrière,  regarde  un  homme  nu  qui  est  penché  sur 
elle.  Au  deuxième  plan  à  droite,  une  autre  femme  nue  également, 
debout  de  trois  quarts  à  droite,  les  bras  au-dessus  de  la  tête,  semble 
s'étirer  ;  au  fond  de  l'estampe,  un  nuage  éclairé  par  la  lune  sans 
doute,  se  reflète  dans  une  flaque  d'eau. 

Ce  bois  qui  est  fort  beau  et  tiré  en  noir,  figurait  à  la  superbe  exposition 
de  la  gravure  sur  bois  qui  cul  lieu  quai  Malaquais  en  mai  1902,  sous  la 
présidence  île  notre  éminent  ami  Auguste  Lepère,  le  premier  boisier  de 
l'époque.  Notons  en  passant  que  les  graveurs  sur  bois  d'estampes 
originales  —  nous  ne  parlons  ni  de  vignettes,  ni  d'illustrations  —  sont  extrê- 
mement peu  nombreux  à  l'heure  présente. 


VIDAL  (P.) 

La  Dame  de  chez  Maxime.  —  Dans  un  restaurant,  une  femme 
debout  de  trois  quarts  à  droite  près  d'une  table  regarde  à  gauche 
en  remettant  son  gant.  Au  fond,  un  garçon  aide  le  monsieur  à  remettre 
son  pardessus. 

Eau-forte  en  couleurs  charmante  et  bien  vécue. 

VIEILLARD  (Maurice) 

Fin  de  Jour.  —  La  nuit  tombe,  un  vieil  homme  rentre  ses  trois 
chevaux  qu'il  tient  par  la  bride,  ils  se  dirigent  vers  la  droite  ;  trois 
becs  de  gaz  viennent  d'être  allumés,  piquant  la  nuit  de  leur  clarlé. 

Eau-forte  en  couleurs  très  remarquable  dont  il  n'existe  que  24  épreuves, 
qu'il  faut  avoir  parce  qu'elle  dénote  un  vrai  tempérament  d'artiste. 

VILLON  (Jacques) 

Bibi  la  Purée.  —  Une  femme  assise  dans  un  fauteuil  est  vue  de 
dos  ;  près  d'elle,  un  vieux,  chauve,  assis  également  de  profil  à  gauche, 
le  visage  crispé,  a  la  main  posée  sur  une  brosse  à  cirage. 


560  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

Bernadette.  —  Les  jambes  croisées,  assise  de  face  sur  un  canapé, 
la  main  droite  appuyée,  la  gauche  ramenée  sur  la  hanche,  le  corsage 
blanc,  coiffée  d'un  chapeau  à  plumes,  celte  femme  semble  être 
dans  le  plus  complet  ahurissement. 

La  Femme  au  Mannequin.  -  Une  femme  assise  dans  un 
fauteuil  de  profil  à  gauche,  ayant  voulu  passer  son  boa  au  cou  d'un 
mannequin,  l'a  renversé;  elle  cherche  à  le  relever,  son  manchon  esl 

à  Une  près  d'elle. 

Mentionnons  encore  ces  autres  estampes  qui  sont  fort  intéressantes:  Ohé! 
la  Classe      Cabaret  de  Nuit  —  L'Ombrelle  rouge      Sur  un  Banc. 


VO GELER   (Heinrich) 

Frûhlingh  '.  -  Au  premier  plan,  dans  un  bois  de  jeunes 
bouleaux  aux  troncs  élancés  et  dépourvus  de  branches,  une  jeune 
fille  vue  de  dos  est  assise,  elle  regarde  une  petite  cage  suspendue 
assez  haut  sur  un  arbre  à  droite  et  sur  laquelle  est  perché  un  oiseau. 
On  aperçoit  au  Fond  de  l'estampe,  à  travers  les  arbres,  une  chaumière. 
La  composition  est  délimitée  par  un  trait  carré,  et  les  marges  de 
droite,  de  gauche  et  du  bas  sont  ornées  de  branches  cl  de  lleurs 
entremêlées.  Dans  le  coin  inférieur  gauche  :  //.  V. 

Liebe  -.  Un  homme  et  une  femme  vus  de  dos  sont  assis  l'un 
près  de  l'autre  sur  un  banc,  leurs  regards  embrassent  la  vaste  plaine 
qui  s'étend  devant  eux.  La  femme  appuie  amoureusement  la  tête 
sur  l'épaule  du  bien-aimé  qui  esl  à  sa  gauche.  Sur  le  loul  premier 
plan  de  ce  même  côté,  quelques  arbres  effeuillés  et  une  femme  à  la 
longue  robe,  aux  larges  manches,  joue  de  la  harpe.  Dans  le  coin 
droit  inférieur  :  //.  V. 

L'Annonciation.  L'ange  à  droite,  de  profil  à  gauche,  avec 

une  mandoline  ('.').  s'incline  vers  la  Vierge  qui,  auréolée,  esl  assise  à 
sa  droite.  Au  fond,  on  aperçoit  une  chaumière. 


'  îx  Printemps. 
"  L'Amour. 


DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  5(51 

Au  Mois  de  Mai.  —  Deux  vieux  vus  de  dos  sont  assis  côte  à 
côte  sur  un  banc,  ils  regardent  des  chaumières  qui  apparaissent  à 
travers  les  frondaisons  nouvelles  ;  image  de  la  vie  d'antan. 

Toutes  ces  eaux-fortes,  provenant  d'un  cuivre  à  peine  égratigné,  sont 
bien  un  peu  monochromes,  mais  le  métier  en  est  joli,  et  la  facture  distinguée 
conserve  toujours  ce  caractère  hiératique  —  qui  n'est  pas  sans  charme  — 
dont  se  départit  difficilement  l'Ecole  allemande.  Vogeler  fait,  croyons-nous, 
partie  d'un  jeune  groupe  bien  vivant  dont  les  principaux  artistes  sont  : 
Otto  Modersolm,  Hams  Am  Ende,  Cari  Vinnen  et  Fritz  Mackensen. 


WALTNER  (Charles) 

Ayant  exclu  de  notre  programme  les  graveurs  traducteurs  de  ce  siècle, 
nous  eûmes  été  profondément  désolé  d'être,  de  ce  fait,  obligé  de  passer  sous 
silence  le  nom  de  Charles  Waltner,  l'un  des  plus  habiles  artistes  de  notre 
époque,  s'il  n'avait  eu  l'heureuse  idée  de  signer  la  délicieuse  eau-forte 
originale  dont  nous  donnons  ici  la  description.  Qu'il  nous  soit  permis 
néanmoins  de  regretter  de  le  voir  se  cantonner  —  malgré  son  extrême 
maîtrise  —  dans  l'interprétation  pure,  quand  on  songe  à  ce  qu'il  nous 
donnerait  si,  brisant  les  chaînes  d'une  prison  dans  laquelle  il  doit  se  trouver 
quelquefois  singulièrement  à  l'étroit,  il  ouvrait  des  ailes  qui  le  porteraient 
si  facilement  aux  sommets.  —  L'artiste  est  Grand-Prix  de  gravure  de 
l'Exposition  de  1900. 

Une  Liseuse.  —  Assise  sur  un  grand  canapé  très  orné,  une 
jeune  femme  lit.  Au  fond  de  la  pièce  qui  est  dans  l'ombre,  on  aperçoit 
un  tableau  et  un  grand  coffre  en  bois  sculpté  sur  lequel  des  vases 
sont  posés.  Dans  le  haut  à  droite,  la  signature. 

Le  cuivre  a  été  donné  par  le  célèbre  artiste,  en  1898,  à  la  Société  des  Amis 
de  VEau-Forte.  —  Il  y  a  deux  états. 

Cette  estampe  est  un  composé  assez  complexe  de  burin,  d'eau-forte,  de 
pointe  sèche,  etc.,  le  graveur  a  obtenu  par  des  procédés  longtemps  cherchés 
et  de  lui  seul  connus  des  veloutés  dans  les  gris  clairs  et  des  transparences 
extraordinaires  dans  les  tons  les  plus  noirs  qui  concourent  au  plus 
merveilleux  effet. 


WATSON  (Gharles-J.-R.-E.) 

Nous  avons  l'infini  regret  de  ne  pouvoir  nous  étendre  sur  l'œuvre  de  cet 
artiste  anglais  de  beaucoup  de  talent,  car  nous  n'avons  fait  qu'entrevoir 
quelques-unes  de  ses  eaux-fortes,  et  dans  des  conditions  de  rapidité  telles 

36 


562 


DIX-NEUVIEME   ET   VINGTIKMK    SIECLES 


qu'il  ne  nous  a  pas  été  loisible  de  les  pouvoir  décrire;  nous  avons  noté 
cependant  : 

Swcdedale,  pointe  sèche  —  Vespers,  pointe  sèche  —  Richmond,  Yorkshire  — 

Flowcr  Market,  Paris  —  Piazzu  Guilio  Cesare  qui  sont  d'une  jolie  vision. 


WHISTLER  (James  Me  Neill) 

Avant  d'entrer  dans  la  description  des  pièces  de  l'œuvre  du  célèbre  artiste, 
nous  allons  commencer  par  donner  la  classification  par  ordre  chrono- 
logique îles  quatre  importantes  suites  qu'il  a  gravées,  avec  les  numéros' 
établis  par  Wedmore  dans  la  dernière  édition  publiée  chez  Colnaghi  &  O, 
en  1899.  Nous  croyons  apporter  ainsi  un  peu  de  lumière  dans  un  œuvre  qui 
compte  près  de  400  pièces*  et  être  utile  aux  collectionneurs.  —  The  French 
et  The  Venice  sets  sont  infiniment  supérieures,  selon  nous,  au  Thames  set 
qui,  elle,  est  sèche,  positive  et  d'une  préciosité  inutile. 


The  French  Set  :  12  pièces  publiées  en  1858 


4  Liverdun. 

5  La  Rètameuse. 

6  En  plein  Soleil. 

7  The  unsafe  Tellement. 

8  La  Mère  Gérard. 

1 1  Streel  at  Sauerne. 


13  Liltle  Arlhnr. 

14  La  Vieille  aux  Loques. 

15  Annie. 

16  La  Marchande  de  Moutarde. 

18  Fumelte. 

19  The  Kitchen. 


The  Thames  Set  :  16  pièces  publiées  en  1871  '. 


35  Thames  Warehouses. 

36  Westminster  Bridge. 

37  Limehonse. 

39  Tgzac,  Whiteley  &  C". 

III  Black  Lion   Wharf. 

Il  The  Pool. 

42  Thames  Police. 

44  The  Lime  Hunier. 


48  Becquet. 

60  Rotherhithe  on  Wapping. 

63  The  Forge. 

67  Millbqnk. 

72  The  liltle  Pool. 

79  Cadogan  Pier. 

80  Old  Hungerford  Bridge. 

85  Chelsea  Bridge  and  Chnrch. 


1  Numéros  '(ui  ne  se  suivent  [His  toujours,  connue  on  pourra  le  remarquer. 

'■  m.  Wedmore  n'en  mentionne  que  268. 

1  Imprimées  pai  DeUIre  sous  ce  Ulre  :  Douze  eaux-forla  d'après  nature  par  Jamu  Whislttr. 
Imp.  Deldïre,  rue  Ss/œques,  111,  Paris,  no».  1858.  t  mon  vieil  ami  Segmour  Haden.  tirée  1 
un  tréi  petit  nombre,  cette  suite  fut  émise  au  prix  de  deux  gainées. 

1  Cette  suite,  Initialement  publiée  par  MM,  BUIi  .\  Green,  rat  achetée  par  Keppel,  il  y  a 
quelques  annéesa  A  ITie  Fine  t  »  i  Sot  "  <>i  .  il  lit  tlrsitnri  r  les  planches  q ni  reprirent  alors  toute 
leur  finesse  et  .tonnèrent  au  tirage,  qui  en  fut  util  pat  Gouldlng,  des  épreuves  Infiniment 
tupirleurts  nui  précédentes. 


DIX-NEUVIEME    ET   VINGTIEME    SIECLES 


503 


The  Venice  Set  :  12  pièces  publiées  en  1880 


149 

The  Utile  Venice. 

150 

Nocturne. 

151 

The  little  Mast. 

152 

The  little  Lagoon 

153 

The  Palaces. 

155 

The  Doorwag. 

155 

The  Piazetta. 

156 

The  Traghetlo. 

157 

The  Riva. 

158 

Two  Doorwags. 

159 

The  Beggars. 

160 

The  Mast. 

The  Venice  Set  :  20  pièces  publiées  en  1886 -. 


161 

Doorwag  and  Vine. 

174 

Lobster  Pots. 

162 

Wheehvright. 

175 

The  Riva  {N°  2J. 

163 

San  Biago. 

176 

Drurg  Lane. 

164 

Bead-Slringers. 

177 

The  Balcon  g. 

165 

Turkegs. 

178 

Fishing  Bout. 

166 

Fruit  Stall. 

179 

Ponte  Piovan. 

167 

San  Georgio. 

180 

Garden. 

168 

Nocturne  Palaces. 

181 

The  Rialto. 

169 

Long  Lagoon. 

182 

Long  Venice. 

170 

Temple. 

183 

Furnace  Nocturne 

171 

The  Bridge. 

184 

Quiet  Canal. 

172 

Upright  Venice. 

185 

Salute  :  Daivn. 

173 

Little  Court. 

187 

Lagoon  :  Noon. 

Voici  maintenant  la  description  de  quelques-unes  des  eaux-I'orles  les 
plus  remarquables  de  ces  séries  et  de  quelques  autres  prises  en  dehors  de 
ces  suites  qui,  par  leur  beauté,  attirent  puissamment  l'attention  du 
collectionneur  : 

Street  at  Saverne  (Wedmore  11).  —  La  rue  est  déserte,  il  l'ait 
clair  de  lune  ;  les  maisons  à  gauche  sont  les  unes  violemment 
éclairées,  les  autres  plongées  dans  une  ombre  profonde  ;  sur  le  mur 
à  droite  dont  la  silhouette  se  profile  très  mince,  une  lanterne  allumée 
est  suspendue. 

Une  superbe  épreuve  dans  notre  collection  avant  l'adresse  de  Delâtre.  - 
Il  en  existe  sur  papier  verdàtre. 


'  A  cent  exemplaires,  par  The  Fine  Art  Society,  à  1250  francs. 

î  A  trente  exemplaires,  par  Dowdeswell.  il  1250  francs  ;  les  21  sujets  vénitiens  furent  gravés 
en  1880  et  les  5  sujets  anglais  plus  tard;  le  tout  imprimé  par  Whistler  lui-même,  tiré  nature 
et  sans  retroussage. 


564  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  Vieille  aux  Loques  (14).  —  Assise  de  profil  à  droite  dans 
une  misérable  chambre  aux  murs  de  laquelle  sont  suspendus  les 
menus  ustensiles  de  ménage,  la  vieille  a  le  dos  tourné  à  la  cheminée, 
la  lète  penchée  et  les  deux  mains  sur  les  genoux.  La  partie  droite  de 
la  planche  présente  une  large  partie  blanche  et  vide  de  travaux  dans 
toute  sa  hauteur,  ainsi  de  la  partie  gauche,  mais  avec  une  bande  bien 
moins  large.  Dans  la  grande  marge  de  droite  :  Whistler,  la  lettre  s  est 
renversée. 

Il  en  existe  sur  papier  jaune. 

La  Marchande  de  Moutarde  (16).  -  Sur  le  seuil  de  la  porte 
d'une  boutique,  une  petite  fillette  debout  de  profil  à  droite,  cl  au  fond 
du  magasin,  une  vieille  femme  de  profil  à  gauche,  coiffée  d'un  bonne! 
blanc,  en  train  de  cuisiner;  sur  l'étagère  qui  est  devant  elle,  des  pois 
sont  posés. 

Le  1er  état,  qui  est  fort  rare,  est  avec  l'adresse  de  Delâtre,  le  2«  est  sans 
eette  adresse. 

The  Rag  Gatherers  '  (17).  —  Dans  le  quartier  Moulu-lard,  une 
pauvre  chambre  de  chiffonniers  dans  le  coin  sombre  de  laquelle  on 
distingue  un  lit  défait  et  une  petite  table.  A  droite:  Whistler  18;~>8. 

Le  t«  état,  sans  personnage,  est  d'une  insigne  rareté;  au  2e  état  on  voit  un 
jeune  garçon  et  une  jeune  Bile  assise  sur  le  lit. 

The  Kitchen  -  (19).    -  Une  vieille  femme  au  fond  de  la  pièce  se 

tient  près  d'une  croisée.  A  droite  sur  une  table,  des  rangées  d'assiettes. 
Curieux  effet  d'ombre  et  de  lumière  qui  ensoleille  la  cuisine. 

Le  1"  état  est  avant  l'adresse  de  Delâtre;  le  2'  avec  cette  adresse  el  le  .':■ 
csi  avec  </cs-  travaux  de  pointe  sèche  sur  le  mur  épais  qui  entoure  la  croisée. 
Planche  détruite. 

Westminster  (.'!<>).         La  Tamise  occupe  tout  le  premier  plan  ; 
tout  à  fait  à  gauche,  la  silhouette  d'un  bout  de  barque  el  des  hommes 
baignant  leurs  chevaux  ;  à  droite,  un  steamer  et  une  barque,  el  tou 
au  fond,  le  pont  avec  Westminster  au  boul  à  gauche.  Dans  le  coin 
gauche  inférieur:  Whistler  1859. 


'  L<     Chlffonnien 
-  La  Cu 


DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCXES  565 

Dans  le  1er  étal,  qui  est  très  rare  et  le  plus  intéressant,  on  remarque  quatre 
très  fines  lignes  horizontales  au-dessus  du  toit  du  Parlement,  à  droite  des 
tours.  —  Planche  biffée. 

Tyzac,  Whiteley  &  C°  (39).  -  -  Sur  le  tout  premier  plan,  un 
chaland  avec  un  matelot  assis  de  face  ;  à  gauche,  des  maisons,  sur 
l'une  d'elles  on  lit  :  Tyzac,  Whiteley  &  C°  ;  au  fond,  des  bateaux. 
Dans  le  coin  :  Whisller  1859.  Pièce  rubriquée  quelquefois  Eagle  Wharf. 

Black  Lion  Wharf  (40).  —  Au  fond  de  l'estampe,  un  quai  bordé 
de  maisons  ;  derrière  l'une  d'elles,  à  gauche,  s'élève  une  cheminée 
d'usine  ;  sur  celle  qui  se  trouve  à  l'extrême  droite,  on  lit  :  Blac  (sic) 
Lion  Wharf.  Sur  le  tout  premier  plan,  un  chaland  dans  lequel  est  un 
matelot  assis  de  profil  à  droite.  Dans  le  coin  inférieur  :  Whisller  1859. 

Pièce  célèbre  et  fort  recherchée. 

Long-Shore  Men  '  (43).  —  Des  matelots  sont  attablés  à  boire, 
celui  de  gauche  qui  est  au  premier  plan  fume  sa  pipe  et  est  de  profil 
à  droite,  celui  qui  est  au  milieu  de  l'estampe  tourne  le  dos  à  la  table 
sur  laquelle  son  coude  droit  est  appuyé,  il  semble  parler.  A  droite, 
on  distingue  une  femme  et  un  enfant.  A  droite  :  Whisller  1859. 

The  Lime-Burner  2  (44).  —  Une  entrée  de  magasin  ;  au  fond  de 
celui-ci,  une  ouverture  par  laquelle  on  distingue  des  navires  ;  au 
deuxième  plan  à  droite,  des  échelles  et  un  homme  debout  en  casquette 
adossé  au  mur,  il  a  le  bras  gauche  appuyé  sur  un  baril.  En  bas  à 
droite  :  Whistler  1859.  —  Planche  biffée. 

Billingsgate  (45).  —  Sur  le  premier  plan,  un  chaland  sur  lequel 
plusieurs  personnes  sont  debout  et  assises  ;  à  gauche,  des  maisons 
bordant  le  quai  ;  à  droite,  rangées  les  unes  contre  les  autres,  une 
dizaine  de  barques  à  un  mât  ;  au  fond  de  l'estampe,  un  pont. 
Presque  au  milieu  de  l'estampe  en  bas  :  Whisller  1859. 

Dans  le  l»1'  état,  qui  est  fort  rare,  l'homme  de  gauche  qui  est  en  face  d'un 
autre  homme  est  nettement  de  profil,  tandis  que  dans  le  2e  état  il  est  de 
profil  perdu. 


i  Les  Débardeurs. 

2  Le  Brûleur  de  Chaux, 


566  DIX-NEUVIÈME   ET    VINGTIÈME    SIÈCLES 

Paris  :  The  Isle  de  la  Cité  (55).  —  L'Ile  de  la  Cilé  ;  derrière 
ses  hautes  maisons,  on  distingue  la  fine  silhouette  des  tours  de  Notre- 
Dame.  A  gauche  :  Whistler,  Dec.  1859,  et  Paris,  de  la  galerie  d'Ap. 

La  vue  fut  prise  au  Louvre  de  la  galerie  d'Apollon.  Wedmore  la  signale 
comme  d'une  extrême  rareté,  ajoutant  qu'elle  n'a  pour  ainsi  dire  jamais 
passé  en  vente  publique  et  qu'elle  est  d'un  métier  tout  à  fait  différent  de 
celui  de  l'époque  où  elle  fut  gravée,  et  qu'elle  se  rapproche  plutôt  de  la 
technique  des  années  postérieures. 

Rotherhite  (60).  —  A  l'entrée  d'une  rivière,  sous  une  sorte  de 
construction  en  bois,  dont  on  aperçoit  le  pilier  à  gauche,  deux 
matelots  coiffés  d'une  casquette  sont  assis  et  fument.  Des  maisons 
s'étendent  à  droite  sur  la  rive.  Sur  le  bord  du  bateau  qui  est  à  gauche, 
on  lit  :  Whistler  1860. 

Nous  avons  vu  un  exemplaire  de  cette  eau-forte  dans  la  collection  de 
M.  Beurdeley,  un  bateau  blanc  et  avant  que  le  vêtement  d'un  des  matelots  fut 
ombré  ;  cette  dernière  particularité  a  échappé  à  M.  Wedmore.  —  Etat  rarissime. 

The  Forge1  (63).  —  Un  intérieur  de  forge;  à  gauche,  le  patron 
fait  rougir  une  barre  de  fer;  à  droite,  près  de  lui,  une  enclume  avec 
ses  deux  aides  qui  attendent;  l'un  de  ceux-ci  s'appuie  sur  son  marteau 
qui  est  posé  sur  cette  enclume;  derrière  eux,  trois  autres  personnages; 
au  fond,  près  de  la  forge,  on  aperçoit  une  tète  de  femme.  Dans  le  bas 
du  coin  droit  :  Whistler  1861. 

Planche  célèbre  dont  le  cuivre  biffé  est  aux  mains  de  Keppel.  Cette 
merveilleuse  pointe  sèche  est  extrêmement  rare  avec  tontes  ses  barbes;  sans 
celles-ci,  elle  est  sans  valeur,  et  c'est  la  plupart  du  temps  cependant  ainsi 
qu'on  la  rencontre. 

The  Storm5  (77).  —  Sous  un  ciel  menaçant,  un  homme  précipite 
sa  marche.  A  droite  :  Whistler  1861.  —  Pointe  sèche  fort  rare. 

Chelsea  Wharf  (SI).  -  A  quelque  distance  des  bords  pentes 
d'une  rivière,  des  bateaux  ;  à  droite,  derrière  eux,  quelques  maisons  ; 
sur  celle  qui  est  la  plus  à  droite,  sur  un  poteau,  on  lit  :  Chelsea  Wliarf. 
Sur  la  rive,  une  charrette  et  un  cheval.  Au  fond  à  gauche,  un  pont  et 
des  arbres  à  peine  esquissés. 

Cette  adorable  eau  forte  lui  gravée  en  18G3. 


'  ta  Forge. 
*  VOrage. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  Ô67 

The  Model  Resting  '  (87).  —  Debout  de  face  et  enveloppée  dans 
son  manteau,  une  jeune  femme,  presque  une  fillette,  un  ruban  dans 
les  cheveux,  attend  de  reprendre  la  pose. 

Pointe  sèche  d'une  grande  rareté,  sans  signature.  Le  cuivre,  qui  est  à 
peine  égratigné,  est  ébarbé,  ce  qui  donne  à  la  pièce  un  aspect  d'une  exquise 
finesse;  c'est  vers  1870  qu'on  pense  qu'elle  fut  gravée. 

Whistler's  Mother-  (88).  —  Une  vieille  dame  dans  une  posture 
légèrement  penchée. 

M.  Wedmore  l'apprécie  en  ces  termes  :  une  légère  mais  exquise  pointe 
sèche  pleine  d'expression  tendre  et  raffinée.  —  Le  seul  exemplaire  connu  est 
aux  mains  de  M.  Menpes. 

Fanny  Leyland  (94).  —  Une  jeune  fille  aux  cheveux  abondants 
et  flottants  est  assise  de  profil,  les  mains  posées  sur  les  genoux  ;  elle 
porte  un  vêtement  vague  et  long.  On  lit  très  superficiellement  tracé 
à  gauche  :  Fanny  Leyland. 

Pointe  sèche  très  rare,  gravée  en  1873. 

Tillie  :  A  Model  (102).  --  Une  fille  nue  penchée  en  avant,  les 
mains  entre  ses  genoux.  —  Pointe  sèche  très  rare  gravée  en  1873. 

The  Model  lY'ng  down  3  (107).  —  Une  mince  et  élégante  jeune 
fille  légèrement  vêtue  est  couchée,  elle  lève  au-dessus  de  sa  tête  son 
bras  droit  qui  est  nu.  Au-dessus  d'elle,  quelques  écrans  japonais  sont 
accrochés. 

Le  seul  exemplaire  probablement  connu  de  cette  pointe  sèche  est  chez 
M.  Menpes. 

London  Bridge  (123).  —  On  aperçoit  d'en  bas  une  des  arches  du 
pont  de  Londres  sur  lequel  passe  un  wagon  chargé  de  sacs  et  sur 
lequel  est  un  homme.  A  travers  cette  arche  on  distingue  des  bateaux, 
et  sur  le  premier  plan  un  bateau  à  la  rame  avec  deux  personnages. 
Sans  signature.  —  Très  rare  pointe  sèche. 

Battersea  :  Dawn  *  (125).  —  Au  point  du  jour  et  se  dégageant 
des  brouillards  de  la  Tamise,  apparaît  Battersea.  Derrière  de  noin- 


'  Le  Re/ms  du  Modèle. 

2  La  Mère  de  Whistler. 

3  Le  Modèle  eouehè. 

i  Battersea  :  L'Aurore. 


Ô68  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

breux  steamers,  on  distingue  la  niasse  confuse  des  cheminées  et  des 
toits.  Sur  le  premier  plan,  quelques  barques  ;  dans  le  ciel,  le  mono- 
Pointe  sèche  rarissime. 

The  Muff  '  (12(5).  --  Une  jeune  femme  est  assise  et  regarde  à 
droite  ;  son  chapeau  est  orné  de  plumes  ;  elle  a  la  main  sur  son 
vêtement  garni  de  fourrure  et  l'autre  passée  dans  son  manchon. 
A  droite,  le  monogramme.  —  Très  rare  pointe  sèche. 


Battersea  Bridge  -  (141).  -  Une  barque  à  pleines  voiles  se 
dirige  vers  un  pont  construit  avec  des  piles  de  bois.  A  gauche,  à  une 
certaine  dislance,  des  maisons.  A  droite,  le  monogramme. 

The  Large  Pool  '<  (143).  —  Neuf  barques  sont  alignées  le  long 
d'un  quai  en  bois  ;  quelques  navires  au  milieu  du  courant  et  des 
maisons  de  chaque  côté  de  la  rivière.  A  gauche,  le  monogramme.  — 
Planche  gravée  en  1870. 

Nocturne    (150).  L'entrée    du    grand   canal,   effet   de   nuit, 

l'horizon  est  encore   lumineux;  Venise   se   silhouette   imprécise;   à 
gauche,  un  trois-mâts.  —  Le  cuivre  à  peine  égratigné  ;  superbe. 

The  Doorway  l  (154).  -  Au  pied  des  dernières  marches  d'un 
admirable  portique  baignées  par  la  mer,  une  jeune  fille  se  penche  en 
avant  dans  l'attitude  d'une  personne  qui  va  se  laver  les  pieds  ou 
puiser  de  l'eau.  En  haut,  sous  le  portique,  un  magasin  où  l'on 
aperçoit  des  personnages. 

The  Beggars5  (159).  —  A  l'entrée  d'une  sorte  de  passage  voûté, 
au  premier  plan  à  droite,  deux  mendiantes,  une  vieille  femme  et  sa 
fille  debout  de  trois  quarts  à  gauche.  Au  fond,  on  distingue  trois 
autres  personnages,  deux  femmes  portant  de  l'eau  et  un  homme  vu 
de  dos  qui  s'éloigne. 


1  Le  Manchon. 
s  Le  Pont  il  Battersea. 
1  Le  Grand  Etang. 
»  La  Porte  <  ochére. 
s  Les  Mendiants, 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  569 

Cette  pièce  et  la  précédente  peuvent  prendre  rang  parmi  les  plus  belles 
eaux-fortes  existant  au  monde.  Ce  sont  les  deux  plus  brillants  joyaux  de 
l'œuvre  du  Maître  et  nous  comprenons  facilement  la  réponse  de  Sir  Seymour 
Hadcn  qui,  il  y  a  quelques  années,  interrogé  sur  ce  qu'il  ferait  s'il  était 
obligé  de  se  séparer  de  ses  Rembrandt  ou  de  ses  Wliistler,  répondit  sans 
hésiter  :  Mes  Rembrandt  partiraient  les  premiers. 

M.  Wedmore  signale  en  la  possession  de  Wliistler  une  épreuve  d'essai  sans 
les  ligures,  mais  simplement  avec  un  vieillard  à  barbe  blanche  à  la  place  qui 
devait  être  occupée  plus  tard  par  la  vieille  femme. 


Fruit  Stall  '  (166).  —  Sur  le  bord  du  canal,  où  deux  barques 
sont  amarrées,  une  boutique  de  marchande  de  fruits  abritée  sous 
une  tente  ;  à  gauche,  une  femme  est  debout,  tenant  un  enfant  dans 
ses  bras. 

Dans  les  dernières  épreuves,  l'ombre  de  la  lente  sur  le  mur  est  considé- 
rablement atténuée;  dans  les  épreuves  d'essai,  elle  est,  au  contraire, 
vigoureusement  accusée,  et  les  figures  que  l'on  voit  à  la  porte  cochère  ne 
sont  pas  les  mêmes  que  celles  qui  existent  dans  l'état  terminé. 

Long  Venice =  (182).  —  La  mer  et  les  premiers  plans  vides  de 
travaux  ;  au  fond,  la  silhouette  de  la  ville  avec  quelques  bateaux  et 
poteaux  indiquant  l'entrée  du  canal.  Le  palais  ducal  est  à  gauche. 

L'artiste  s'est  aussi  adonné  ces  dernières  années  à  la  lithographie;  nous 
avons  eu  occasion  d'en  voir  quelques-unes  exposées  au  Champ  de  Mars 
en  1894  ;  signalons  entre  autres  :  La  Danseuse  —  La  Fille  couchée  —  La 
Songeuse  —  Vitré  —  Les  Perrons  au  Luxembourg,  qui  n'ont  point  été 
mentionnées  dans  Wedmore5,  pas  plus,  du  reste,  que  les  autres  lithographies 
du  Maître. 

Wliistler  est  une  des  personnalités  les  plus  considérables  du  monde  de  la 
gravure;  nul  n'a  su,  comme  lui,  dans  un  métier  d'une  distinction  et  d'une 
aristocratie  suprêmes,  donner  aux  choses  leur  aspect,  leur  esprit  et  leur 
âme,  et  dans  ses  Venise,  où  il  s'est  montré  d'une  abréviation  si  superbe,  il  a 
su  trouver  le  dernier  mot  de  l'art. 

Nous  gardons  de  l'homme  que  nous  avons  eu  l'honneur  d'approcher  un 
ineffaçable  souvenir,  et  nous  ne  pouvons  nous  rappeler  sans  émotion  et 
sans  charme  l'après-midi  délicieuse  passée  chez  lui  rue  du  Bac,  en  mai  1893, 


'   Une  Boutique  de  Fruits  en  plein  vent. 

*  Le  long  de  Venise. 

'  Un  catalogue  spécial  a  été  consacré  par  M.  Way  aux  lithographies  du  Maître;  il  en 
mentionne,  croyons-nous,  environ  130.  Ces  pièces  nous  sont  malheureusement  pour  la  plupart 
inconnues. 


570  DIX-NEUVIÈME   KT   VINGTIÈME    SIÈCLES 

en  compagnie  de  Georges  Rodenbacb  et  de  Stéphane  Mallarmé,  liélas!  morts 
tous  deux  '. 

Bien  que  n'ayant  point  à  nous  occuper  de  l'artiste  comme  peintre,  nous 
ne  résistons  pas  au  désir  de  citer  quelques-uns  des  portraits  les  plus 
sensationnels  qu'il  ait  signés  et  mentionnerons  particulièrement  ceux  de 
Théodore  Duret,  La  Princesse  du  pays  de  la  Porcelaine,  Miss  Alexander, 
Thomas  Carlyle,  et  surtout  celui  de  sa  mère  —  an  pur  chef-d'œuvre  -— 
actuellement  à  notre  Musée  National  du  Luxembourg,  à  Paris.  Coiffée  d'un 
simple  petit  bonnet  de  linge  dont  les  brides  retombent  de  chaque  côté,  la 
vieille  et  respectable  femme  est  assise  complètement  de  profil  à  gauche, 
l'air  un  peu  triste;  sa  pure  silhouette  s'enlève  fine,  distinguée  et  précise  sur 
le  fond  de  la  toile,  les  mains,  ramenées  sur  les  genoux,  tiennent  un 
mouchoir,  et  les  pieds  reposent  sur  un  tabouret. 

Les  plus  belles  collections  de  l'artiste  se  trouvent  actuellement  à  la 
Bibliothèque  publique  de  New-York,  266  pièces,  chez  MM.  Mortimer, 
Menpes,  H.  S.  Théobald,  Iî.  B.  Macgeorge,  J.  Cox-Cox,  M.  et  M'"'  Curtis,  de 
New-York;  A.  Harrion,  A.  Beurdeley,  et  Ch.  Le  l-'recr,  de  Détroit. 

Les  eaux-fortes  de  Whistler  sont  en  général  très  rares,  les  pièces  de 
premier  plan  et  les  suites  complètes  sont  devenues  absolument  introuvables  ; 
il  y  a  très  peu  d'états;  le  monogramme  du  Maître  est  un  papillon,  en  anglais 
Buterflg.  Voilà  les  noms  des  marchands  chez  qui  on  peut  le  plus  facilement 
se  procurer  les  eaux-fortes  de  l'artiste:  Dumont,  à  Paris;  Keppel  et 
Wunderlich,  à  New-York;  H.  Gutekunst  et  Colnaghi,  à  Londres. 

Le  premier  catalogue  lut  établi  en  1871  par  Ralph  Thomas;  le  second  par 
Wedmore  en  1886,  et  le  troisième  par  le  même  auteur  en  1899.  Voir  aussi 
II.  Béraldi,  tome  XII,  Paris  1892.  Les  articles  publiés  sur  Whistler  sont 
tellement  nombreux  que  nous  préférons  nous  abstenir  que  d'essayer  de  les 
mentionner,  notons  cependant  celui  que  lui  consacra  M.  Joseph  Pennel  en 
lévrier  189")  dans  The  Daily  Chroniclc. 

Une  exposition  très  complète  de  son  œuvre  —  eaux-fortes  et  lithographies  — 
eut  lieu  à  New-York,  chez.  Ilermann  Wunderlich  &  ('.",  en  1890  cl  en  1898. 
L'artiste  est  Grand-Prix  de  ['Exposition  de  1900. A  l'heure  où  nous  écrivons, 
MM.  II.  Wunderlich  cY  (>,  de  New-York,  viennent  de  publier  un  supplément  — 
tiré  à  135  exemplaires,  prix  2  dollars  et  demi  —  au  catalogue  de  Wedmore 


i  Nous  ne  nous  doutions  guère,  quand  nous  écrivions  ces  lignes,  que  nous  aurions  a 
enregistrer,  quelques  mois  plus  tard,  la  morl  du  célèbre  artiste,  décédé  subitement,  d'une 
maladie  de  cœur,  m  aelsea,  le  vendredi  17 juillet  1903;  c'esl  une  perte  immense  pour  1rs  arts 
dont  il  était  une  des  plus  hautes  et  (les  plus  glorieuses  personnifications. 

Whistler  naqull  vis  is:ti  a  Lowell,  dans  les  Etats  de  Massachussets ;  sou  père,  le  major 

i .  orge  Washington  Whistler,  était  ingénieur,  et  sa  mère  appartenait  a  la  famille  Winans,  de 

Baltimore.  Il  vécut  longtemps  à  Londres,  niais  adorait  Paris  où  il  lit  de  lon^s  ,t  Fréquents 

us;  aussi    les  Anglais   I'-  eonsiil.ivnl  ils  rumine  n  French-Amertcan.    Il   lut   lies   lie  avec 

il"  .'-ni  et  eut.  en  is7s,  un  retentissant  pi  oeê  qu'il  gagna  du  reste  avec  le  célèbre  critique 
Ruskin  et  pour  lequi  I  on  loi  alloua  le  farthing  «le  dommages  et  intérêts  qu'il  demandait 

Bien  qu'il  eut  la  réputation  d'être  d'un  caractère  difficile  et  d'un  commerce  peu  agréable, 
Il  avait  su  si  créei  des  amitiés  très  chaudes  et  1res  fidèles.  Quant  a  nous  qui  ne  le  vimes  qu'en 

passant,  il  est  vrai,  nous  confessons  avoir  rarement  rencontré  un  homme  de  dlstlnc i 

plus  parfaite  et  d'abord  plus  séduisant;  c'était  un  charmeur  qui  avait  les  allures  du  grand 
seigneur  dans  le  s. -us  le  plus  aristocratique  <n\  moi. 

Voici,  dans  son  format  et  dans  son  texte  intégral,  la  lettre  de  faln  part  qui  Ait  adret  sce  ■<  ses 
amis  par  la  Société  Internationale  da  Sculpteurs,  Peintres  et  Graveun  dont  U  était  le  Président  : 


DIX-NEUVIEME   ET   VINGTIEME    SIÈCLES 


571 


The  International  Society  of  Sculptors, 
Painters  and  Gravers 


TELEGBAPHIC    ADDRESS    : 

"    PÏLORUS,    LONDON 


I^,    BUCKINGHAM   Si  REET, 

Strand.  London,  W.  C. 
July  21  st,  iyo) 

The  Council  regret  to  inform  you  of  the 
deaih   of  our   Président, 

James  Me  Neill  Whistler, 

Officer  of  the  Légion  of  Honottr, 

Commander  of  the  Order  of  Crown  of  Italy, 

Chevalier  of  the  Order  of  St  Miehael, 

Hon.  Mendier  of  the  Royal  Académies  of 

St.  Luke,  Rome,  Munich  and  Drcsden 

L  L.  D  University  of  Glasgow, 

etc..    etc.. 

on  Friday,  July  17  th.,  1903,  at  74,  Cbeyne  Walk, 
Chelsea. 

The  Funeral  will  take  place  at  the  Old 
Church,  Chelsea,  on  Wednesday,  the  22  nd,  at 
11  a.  ni.  and  the  interment  at  Chiswick. 


I 


JOSEPH   PENNELL. 
Hon.  Sec  (pro.  tem) 


572  DIX-NEUVIÈME    ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

par  un  Amateur  '  ;  il  y  a  là  104  pièces  de  plus  que  dans  la  dernière  édition 
de  Wedmore,  et  quelques  états  additionnels  à  ceux  précédemment  décrits. 
Dans  quelques  courtes  lignes  de  préface,  le  nouveau  catalogueur  reconnaît 
qu'il  existe  encore  un  certain  nombre  de  planches  à  retrouver  et  à  décrire, 
et  ajoute  qu'il  serait  heureux  de  recevoir  toutes  communications  qui 
pourraient  lui  être  faites  à  cet  égard.  Parmi  les  plus  grandes  raretés  de 
l'œuvre,  il  cite  : 

Nora  Quinn  (307).  -  -  L'esquisse  d'une  jeune  femme  en  pied, 
assise  sur  un  banc,  tournée  à  gauche  et  regardant  de  face.  Elle  est 
coiffée  d'un  chapeau  et  a  les  mains  croisées  sur  ses  genoux.  Le 
papillon  est  placé  à  gauche  de  l'estampe,  aux  deux  tiers  de  la  hauteur 
de  la  planche. 

Un  Aigle  (3(59).  —  Il  est  perché  sur  une  branche  d'arbre  et 
regarde  à  droite.  Le  papillon  est  placé  à  gauche  au  milieu  de  la 
planche. 

Ces  deux  estampes  —  dont  les  numéros  sont  ceux  du  catalogue  de 
l'Amateur  —  se  trouvent  chez  le  grand  et  célèbre  new-yorkais,  M.  Howard 
Manslield,  qui  possède  une  des  plus  riches  collections  d'eaux- fortes 
modernes  qui  soient  au  monde. 

Mentionnons  à  notre  tour,  et  pour  en  terminer,  les  quelques  pièces 
suivantes  qui  ont  échappé  aux  recherches  de  M.  Wedmore  et  de  V Amateur, 
et  qu'il  est  presque  impossible  de  se  procurer  aujourd'hui  :  Scaffolding  — 
Dieppe  —  The  Fish  Market,  Ostende  —  Nash's  fruit  Slwp  —  Au  Sixième 
The  Square  House,  Amsterdam  —  Doorwaij  Montresor  (fj  —  Dry  Dock, 
Soutlutmpton  —  Little  Rag  Shop  (fj  —  Landing  Sta</e.  Cowes  —  Barber  Shop, 
Chelsea  —  lu  the  Pari:,  London  —  Little  Green-Grocer  Shop  —  Salvalion 
Armg  —  Maunder's  fish  Shop  —  The  Japanese  Dress  —  Fishing  Quag,  Ostend. 


WILLETTE  (Adolphe) 

Les  Funérailles.  —  Dans  la  brume,  l'Empereur  à  cheval  trisle- 
nit'iil  penché  sur  sa  monture,  chevauche  dans  la  neige,  entouré  de 
ses  soldais,  ils  se  dirigent  vers  la  gauche.  La  Mort,  dont  le  tambour 
est  endeuillé,  les  précède  e1  bat  le  rappel. 

Grande  et  superbe  lithographie  qu'il  faut  avoir  avec  la  balafre,  c'est-à-dire 
avant  le  report. 


»  Le  trop  modeste  écrivain  qui  Bigne  On  Amateur  n'est  autre  <|u<-  l'érudit  M.  Kennedy, 
associé  <(<'  la  grande  maison  m.  Wunderllch  &  C",  de  Ne^  York,  qui  vient  d*acquérir  tout 
dernièrement  en  Angleterre  un  des  plus  beaux  œuvres  existant  du  Mattre;  il  en  a  été  dressé 
im  précieux  petil  catalogue  qu'il  est  tndl  pen  table  de  p  di  !  I  ■  estampes  ont  i  té  exposées 
dans  leurs  galeries  de  la  Cinq me  Ai  venue. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  f>7.'5 

L'Enfant  Prodigue.  —  Pierrot  est  assis  devant  une  table,  sa 
lampe  près  de  lui,  quand  soudain  une  glace  pendue  au  mur  au-dessus 
de  cette  table,  lui  révèle  l'entrée  de  son  fils  qui  arrive  par  derrière  lui, 
tombant  à  genoux  les  mains  tendues  et  suppliantes. 

Pièce  admirable  qu'il  faut  tâcher  d'avoir  sur  chine  avant  le  nom  de 
l'imprimeur,  on  possédera  alors  un  pur  chef-d'œuvre,  nous  soulignons  ce 
qualificatif  car  il  est  loin  d'être  exagéré. 

Parmi  les  nombreuses  lithographies  ayant  servi  à  illustrer  les  chansons 
de  Delmet  ou  autres,  il  faut  recueillir  : 

Intimité  —  Soir  d'Amour  —  Pierrot  pendu  —  Tout  simplement  —  La 
Blanchisseuse  du  Paradis  —  Matin  —  Aubade  —  Tourne  mon  Moulin  - 
Vilannelle  —  Joli  Mai  —  Les  petits  Pavés  —  Petit  Chagrin  —  Le  vieux 
Mendiant  —  Le  Passé  qui  file  —  Vœu  —  Pourquoi  —  L'Epingle  d'or...  —  Le 
Biuser...  —  Ah!  les  Affaires  sont  les  Affaires'  —  Dis-moi,  mon  Pierrot,  quand 
lu  seras  failli  m'aimeras-tu  encore?  —  La  belle  Etoile  —  La  Sérénade 
triste,  etc.,  etc.  et,  pour  finir,  une  charmante  estampe  que  nous  appellerons 
Le  iVu  00,  le  nom  nous  échappant,  et  qui  représente  :  Une  adorable  petite 
femme  rentrant  le  soir  chez  elle  une  chandelle  allumée  (i  la  main  ;  elle  est 
accompagnée  d'un  horrible  marlou,  et  introduit  la  clef  dans  la  serrure  d'une 
porte  sur  laquelle  est  inscrit  en  gros  caractère  90. 

Il  y  a  dans  les  pièces  que  nous  venons  de  mentionner  des  perles  de 
l'orient  le  plus  rare,  ce  sont  des  joyaux  de  portefeuille  d'un  artiste  qui  est 
une  de  nos  plus  marquantes  célébrités  contemporaines. 


WITSEN   (W.) 

Artiste  hollandais  dont  nous  avons  remarqué  a  l'Exposition  de  1900 
quelques  fort  belles  eaux -fortes  parmi  lesquelles  nous  avons  particu- 
lièrement noté  :  Le  Niemomarlh  à  Amsterdam  —  Tour  à  Amsterdam  — 
Vieilles  Maisons;  nous  croyons  même  que  certaines  ont  été  publiées  par 
Wisseling  &  O,  d'Amsterdam. 

Le  peintre-graveur  a,  paraît-il,  signé  quelques  vues  de  Londres  par  le 
brouillard  ou  par  la  neige  qui  sont  du  plus  puissant  effet,  nous  avons  eu  le 
regret  de  ne  pouvoir  nous  les  procurer.  —  L'artiste  a  obtenu  la  médaille  d'or 
à  l'Exposition  de  1900. 

W0GNER  (T.-P.) 

Bien  curieuse  nature  d'artiste  qui  nous  semble  d'une  extrême  originalité 
à  en  juger  par  la  lithographie  que  nous  allons  décrire  et  qui  est  loin  d'être 
banale. 


1  Qu'il  faut  avoir  sur  chine  avec  la  signature  autographe. 


f>74  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  Loge  des  Clowns  ;  Intimité.  —  Un  clown  est  debout  dans 
sa  loge  en  train  de  se  poudrer  devant  une  glace  à  trois  côtés  ;  derrière 
lui,  une  clownesse  aux  genoux  d'un  autre  clown  assis  un  éventail  à 
la  main  ;  près  d'eux,  une  malle. 


ZILCKEN   (Ph.) 

Johanna.  -  Une  jeune  fille  assise  et  tête  nue,  dont  le  cou  se 
dégage  d'un  corsage  légèrement  entr'ouvert,  est  complètement  de 
profil  à  gauche,  les  cheveux  sont  très  ombrés  et  les  épaules  en  pleine 
lumière. 

Cette  belle  pièce,  mélangée  «le  pointe  sèche  et  de  vernis  mou,  lut  gravée 
le  29  octobre  1887. 

0  Chaos  éternel.  —  Une  jeune  fille,  les  seins  nus,  les  cheveux 
en  désordre,  est  étendue  sur  un  sopha. 

Superbe  pointe  sèche  dont  le  sujet  est  emprunté  au  Rollu  de  Musset  : 
()  chaos  éternel,  prostituer  l 'enfonce . . . 

Signalons  de  Ph.  Zilcken,  un  des  plus  délicats  peintres-graveurs  de  l'Ecole 
hollandaise,  les  pièces  suivantes,  dont  plusieurs  figurèrent  aux  Peinlres- 
Graveurs  français  et  a  New-York,  dans  l'exposition  que  fit  F.  Keppel  en  1891 
du  Etching  Club  of  Holland.  L'artiste,  qui  est  en  plus  un  écrivain  d'art 
extrêmement  distingué,  a  le  don  des  langues;  il  parle  avec  une  pureté 
extraordinaire  le  français,  l'anglais  et  l'allemand.  Il  vient  de  publier  en 
français,  chez  I-'lourv,  une  plaquette  :  .Souvenirs,  contenant  d'intéressantes 
notes  sur  Félix  liuhot  et  Bauer  : 

Petite  Mendiante  —  Souvenir  d'Algérie  —  Sur  la  Schie  —  Riki  — 
A  Delftshaven  —  My  Studio  —  Ruelle  du  More,  Alger. 

Un  catalogue  malheureusement  trop  sommaire  de  l'œuvre  de  l'artiste  fut 
dressé  en  1890,  par  A.  PU;  il  mentionne  201  pièces.  —  Voir  II.  liéraldi, 
tome  MI.  Paris,  1892. 

Le  plus  lui  œuvre  connu  de  l'artiste  est  ù  la  Bibliothèque  publique  de 
New -York  :  02.")  pièces,  don  de  M.  S. -P.  Averv.  —  M.  Zileken  a  vendu  ses 
collections  a  La  Haye  le  13  mai  1902. 


ZORN  (Anders) 

Intérieur  d'Omnibus  Parisien.  --  C'est  la  nuit  ;  au  premier 
plan,  un  élégant  troltin  est  assis  de  trois  quarts  à  gauche,  un  carton 
rond   sur  les  genoux,   sa  joue   est   éclairée    par   un    violent    coup   de 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  575 

lumière.    Du    même    côté    et    dans    le    fond,    d'autres    personnages 
remplissent  la  banquette  sur  laquelle  ils  sont  assis.  Sans  signature. 

La  Femme  à  la  Voilette.  —  A  mi-corps,  assise  de  face  dans  un 
fauteuil,  la  main  gantée  de  blanc,  le  coude  droit  appuyé  sur  un  des 
bras  de  ce  siège,  Mme  Dayot  —  suprêmement  distinguée  —  est  coiffée 
d'un  chapeau  à  large  bord  que  maintient  une  voilette  ;  autour  du  cou 
est  un  boa  ;  le  modèle  regarde  de  face.  Dans  le  haut  du  coin  droit  : 
1S  Zorn  90. 

Voici  l'histoire  de  ce  portrait,  telle  qu'elle  nous  fut  contée  par  M.  Armand 
Dayot,  l'aimable  inspecteur  des  Beaux-Arts  : 

«  Ma  femme  était  en  visite  chez  Mme  Zorn  ;  séance  tenante,  le  Maître, 
»  charmé  par  l'arrangement  de  sa  toilette  et  surtout  par  la  forme  du 
»  chapeau,  l'invita  à  poser,  et  directement  sur  le  cuivre,  en  une  séance  de 
»  2  heures  à  peine,  il  fit  ce  petit  chef-d'œuvre.  La  Femme  à  la  Voilette  fut 
»  tirée  à  M  exemplaires,  puis  la  planche  détruite.  » 

Les  Musées  de  Berlin,  de  Dresde,  du  Luxembourg  à  Paris,  ainsi  que 
celui  de  Stockholm,  en  possèdent  un  exemplaire  ;  ce  dernier  Musée  paya 
le  sien  500  francs. 

M.  Alfred  Barrion  a  dans  ses  cartons  une  épreuve  sur  japon  d'une  beauté 
merveilleuse  ;  elle  lui  fut  donnée  par  M.  Armand  Dayot  lui-même. 

Zorn  et  sa  Femme.  —  L'artiste  vu  à  mi-corps  est  assis  devant 
une  table  et  regarde  presque  de  face,  sa  main  droite  tient  une  pointe, 
et  la  gauche  une  épreuve.  Derrière  lui,  Mme  Zorn,  à  la  physionomie 
singulièrement  douce  et  sympathique,  est  debout,  la  main  gauche 
ramenée  négligemment  sur  la  hanche,  elle  regarde  devant  elle,  c'est- 
à-dire  légèrement  à  droite.  Dans  le  coin  droit  inférieur  :  18  Zorn  90. 

Maya.  —  Assise  presque  en  pied  et  de  face,  la  jeune  femme  fort 
jolie,  les  épaules  et  les  bras  nus,  regarde  devant  elle  ;  les  jambes  sont 
croisées  et  les  mains  jointes  sur  les  genoux;  autour  du  cou,  un  boa 
de  fourrure  à  deux  têtes,  l'une  pendant  à  droite,  l'autre  à  gauche. 

Peut-être  la  plus  jolie  pièce  de  l'œuvre,  absolument  hors  pair  ! 

Le  Réveil.  —  Une  jeune  fille  très  grassouillette  est  couchée  dans 
un  lit,  la  tète  à  droite,  elle  s'étire  en  s'éveillant  ;  le  bras  gauche  nu 
pend  hors  du  lit  dans  un  joli  mouvement  d'abandon.  Dans  le  coin 
inférieur  gauche  :  Zorn. 


T)7C>  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

La  Lecture.  —  Dans  un  intérieur,  une  femme  adossée  et  assise 
de  profil  à  droite,  lit  à  hante  voix  à  un  homme  coiffé  d'une  casquette, 
assis  à  gauche  et  fumant  sa  pipe.  En  has  dans  le  coin  droit,  la 
signature  et  la  date  18!)  (sic). 

Dimanche  matin.  —  Dans  une  mansarde,  deux  jeunes  filles 
sont  en  train  de  s'habiller  ;  celle  du  premier  plan,  de  profil  à  gauche, 
a  le  torse  nu,  elle  est  penchée  sur  une  cuvette  qui  est  posée  sur  une 
chaise,  une  serviette  est  jetée  sur  le  dos  de  celle-ci  ;  la  seconde  de 
profil  à  droite,  se  coiffe  en  se  regardant  dans  une  petite  glace  ;  tout  au 
fond,  on  distingue  une  troisième  personne  accroupie.  Sans  signature. 

Comte  de  Rosen.  --  Tète  nue,  à  mi-corps  de  face,  et  regardant 
à  gauche,  le  modèle  a  l'air  très  distingué  et  très  jeune,  malgré  une 
précoce  calvitie  ;  au  fond,  une  estampe  piquée  au  mur  avec  une 
punaise  ;  à  la  hauteur  du  coude  droit  :  Zorn. 

Madame  S***.  —  Assise  de  profil  à  gauche,  à  mi-corps,  elle  esl 
coiffée  d'un  chapeau  et  enveloppée  d'un  manteau  ;  la  main  gauche 
appuyée  sur  le  hras  d'un  fauteuil  pend  négligemment  tenant  une 
lettre.  Sans  signature. 

Verlaine.  —  A  mi-corps,  coiffé  d'une  calotte,  le  coude  droit 
appuyé,  le  curieux  écrivain  regarde  de  face.  Sur  l'appui  :  Zorn  95. 

Très  rare. 

Irlandaise.  —  A  mi-corps,  les  traits  énergiques  et  sauvages,  une 
jeune  fille,  les  cheveux  en  broussailles,  regarde  de  face;  le  corps  est 
tourné  de  trois  quarts  à  droite.  Le  fond  à  gauche,  brutalement  ombré 
derrière  elle,  fait  un  heureux  repoussoir  avec  la  partie  de  droite 
restée  presque  blanche.  Dans  le  has  à  gauche,  on  lit  difficilement 
sous  les  tailles  :  18'M  (?)  Zorn  New-York. 

Renan.  -  De  trois  quarts  à  gauche,  devant  une  table  chargée 
de  livres,  le  modèle,  le  corps  affaissé  il  rejeté  en  arrière,  s'appuie 
le  coude  gauche  sur  le  liras  du  fauteuil  dans  lequel  il  s'isl  assis 
—  on  pourrait  presque  dire  il  s'est  effondré.  Il  regarde  à  gauche. 
Dans  le  coin  inférieur  gauche  :  Zorn  1892. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  577 

Ce  portrait  —  un  de  ceux  qui  se  vendent  le  plus  cher  —  fut  exposé  aux 
Peintres-Graveurs  français  en  1892,  chez  Durand-Ruel  ;  voici  ce  qu'en  dit 
The  Century  Illuslrated  Monlhhj  Magasine  de  New-York  dans  le  numéro 
d'août  1893,  consacré  à  l'artiste  sous  la  signature  de  M""'  G.  Van  Rensselacr  ; 
nous  traduisons  presque  littéralement  : 

« Il  fut  fait  dans  le  cabinet  de  travail  de  Renan  en  avril  1892. 

»  Un  ami  vint  me  trouver,  dit  Zorn,  et  me  demanda  de  faire  le  portrait  du 
»  Maître,  à  l'eau-forte.  Celui-ci  s'assit  —  il  était  très  malade  —  pendant  qu'il 
»  s'installait,  je  l'observais,  je  pris  mon  cuivre  et  le  dessinai.  Je  lui 
»  demandai  alors  si  cette  pose  était  une  de  celles  qu'il  affectionnait 
»  d'habitude.  Ma  foi  non,  répondit-il,  je  ne  m'assieds  que  rarement  ainsi.  Sa 
»  femme  entra  et  me  dit:  Vous  l'avez  pris  dans  la  perfection,  il  est  toujours 
s  ainsi  quand  il  sait  qu'on  ne  l'observe  pas,  elle  en  était  ravie.  Son  fils,  un 
»  artiste,  vint  à  son  tour  et  lit  la  même  réflexion.  Il  fut  convenu,  ajouta 
»  Zorn,  qu'à  mon  retour  de  Suède  je  ferai  le  portrait  à  l'huile  de  l'écrivain; 
»  mais,  hélas  !  deux  mois  après  il  était  mort.  » 

Miss  Olga  B.  —  Debout  à  mi-corps,  adossée  sans  doute  à  une 
portière,  la  jeune  femme,  coiffée  d'un  chapeau  avec  la  voilette  ramenée 
sur  la  figure  et  un  vêtement  sur  les  épaules,  regarde  de  trois  quarts  à 
droite.  Dans  le  bas  et  au  milieu  de  l'estampe  :  Zorn  1892. 

Le  Toast  dans  la  Idun  '.  —  Légèrement  de  trois  quarts  à  droite, 
un  verre  dans  la  main  droite,  un  cigare  dans  l'autre,  une  longue 
barbiche  blanche  s'épendant  sur  le  devant  de  la  chemise,  M.Wieselgren 
s'avance  pour  parler  ;  derrière  lui,  on  aperçoit  à  gauche  quatre  autres 
personnages.  Dans  le  bas  de  l'estampe  formant  tablette  dans  loule  la 
largeur,  une  inscription  à  peine  lisible  commençant  par  ces  mots  : 
Milsbrand  Key  Wœrn,  etc..  J.  Idun  1892,  et  tout  à  l'ail  à  droite, 
presque  à  la  hauteur  de  la  main  qui  tient  le  cigare  :  Zorn  1893. 

La  Valse.  —  Le  soir,  dans  un  salon,  au  premier  plan  à  gauche, 
un  couple  valse  ;  très  à  droite  dans  l'ombre,  on  distingue  une  autre 
danseuse  à  la  robe  noire,  mouchetée  de  blanc  ;  de  ce  même  côté,  une 
lourde  et  sombre  draperie  forme  le  fond  de  l'estampe  où  une  lampe 
est  allumée  ;  toute  la  partie  gauche  est  très  éclairée  et  on  y  aperçoit 
des  couples  qui  tourbillonnent.  Dans  le  coin  gauche,  en  dehors  de  la 
partie  gravée  et  dans  la  marge  :  Zorn  1891. 

Cette  pièce,  une  des  plus  caractéristiques  de  l'œuvre  avec  Intérieur 
d'Omnibus  Parisien,  figura  aux  Peintres-Graveurs  français,  chez  Durand- 
Ruel,  en  1893. 


La  Idun  ou  La  Déesse  de  la  Jeunesse  est  une  Société  scientifique  et  artistique  de  Stockholm. 

37 


578  DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES 

C'est  en  1891  ([lie  l'émincnt  artiste  suédois,  très  jeune  encore,  car  il  est  né 
en  18G0,  exposa  pour  la  première  l'ois  dans  cette  galerie;  nous  n'avons  pas 
besoin  d'ajouter  qu'il  y  l'ut  très  remarqué.  Son  métier  est  extrêmement 
curieux  et  personnel,  et  son  trait  long  et  sabré,  sans  méthode  apparente,  n'a 
rien  île  commun  avec  la  technique  courante;  confuses  au  premier  abord, 
ses  estampes  mises  au  point  —  c'est-à-dire  à  la  bonne  distance  de  l'œil  — 
deviennent  nettes  et  précises  et  l'on  est  étonné,  si  l'attention  se  prolonge, 
de  voir  s'en  dégager  mille  détails  qu'un  examen  superficiel  eut  laissé 
complètement  ignorés. 

Le  Billard.  —  Une  jeune  femme  à  mi-corps  et  merveilleusement 
éclairée  s'apprête  à  faire  un  carambolage. 

Le  Matin.  --  En  pied  et  assise  en  chemise  sur  une  chaise,  une 
jeune  femme  de  trois  quarts  à  droite  est  près  d'une  croisée. 

Rosi  ta  Mauri.  -■  Debout  de  trois  quarts  à  gauche  et  regardant 
de  face,  la  célèbre  danseuse  a  la  main  gauche  sur  le  bouton  d'une 
porte  qui  est  à  gauche.  Dans  le  bas  du  coin  droit  :  Zorn  1889. 

•  La  Femme  au  Chien.  -  Assise  de  face  et  regardant  de  même, 
tête  nue,  une  femme  en  robe  vague  et  légèrement  décolletée,  le  coude 
droit  appuyé  sur  un  coussin,  a  près  d'elle  un  chien  assis  à  gauche, 
lui  bas  :  London  1898  Zorn. 

Négresse  debout.  En  pied,  debout  de  trois  quarts  à  droite  et 
sans  voile,  elle  a  les  bras  croisés  cachant  sa  nudité;  sur  le  mur  à 
droite,  son  ombre  portée.  Dans  le  bas  du  coin  gauche  :  Zorn  New-York 
1901. 

Effet  de  Nuit1.  —  Un  intérieur  de  restaurant  ou  de  café  au  fond 
duquel  se  silhouettent,  légèrement  indiquées  au  Irait,  des  tables  et 
des  chaises;  à  gauche,  au  tout  premier  plan,  une  polie  aux  lourdes 
draperies,  près  de  laquelle  se  tient  debout  de  face  et  vêtue  d'un  collet 
de  fourrure,  l'œil  perdu  dans  le  vague,  une  femme  à  l'air  distingué 
mais  souverainement  mélancolique,  une  soupeuse  sans  doute!  Dans 
le  bas  à  droite  :   Zorn. 

Cette  eau-forte  sans  date  qui  figura  au  Salon  de  1896  est  la  première 

planche.  Il  en  existe  une  seconde  dalée  1897,  plus  grande  et  en  contre-partie  ; 

clans  cette  dernière,  la  figure  de  la  femme  est  beaucoup  plus  éclairée  ainsi 
que  le  collet  de  fourrure;  le  terrain  à  gauche,  presque  vide  de  travaux. 


•  Lo  ] tu Inoli   flguri   n  In  galerie  de  Furstenberg  a  Gottcnbourg. 


DIX-NEUVIÈME   ET   VINGTIÈME    SIÈCLES  579 

porte  d'une   i'açon   assez  accentuée  l'ombre  d'une   marquise  invisible  sous 
laquelle  s'abrite  la  jeune  femme. 

Citons  encore:  Servante  Suédoise  —  Gerda,  II.  —  Femme  au  piano  chantant 
(superbe)  —  La  Fumeuse  —  Saint-Gaudens  et  son  modèle  —  La  Joueuse  de 
Guitare  (étude  de  nu),  etc.,  etc. 

MM.  Frederick  Keppel  &  C°  firent  dans  leur  galerie,  à  New-York,  une 
exposition  des  tableaux  et  des  eaux-fortes  de  l'artiste;  une  intéressante  intro- 
duction de  M.  Fitz  Roy  Carrington,  en  tète  du  catalogue,  présentait  M.  Zorn 
au  grand  public  américain  et  nous  apprenait  qu'd  avait  eu  pour  maître  son 
ami  et  compatriote  Axel  Haig,  le  célèbre  graveur  de  cathédrales,  qui  se  fit 
un  plaisir  de  lui  enseigner  les  principes  si  variés  du  séduisant  métier 
d'aquafortiste.  The  Studio  d'avril  1898,  sous  la  signature  de  M.  Cari  G.  Laurin, 
lui  a  aussi  consacré  un  article.  L'artiste,  Grand-Prix  de  gravure  de  l'Expo- 
sition de  1900,  est  une  des  figures  les  plus  caractéristiques  et  des  plus 
puissantes  de  notre  époque,  son  œuvre  —  une  centaine  de  pièces  environ  — 
d'allure  magistrale  et  superbe,  frise  les  sommets;  les  épreuves,  tirées  nature 
et  sans  truquage,  sont  de  pures  merveilles.  Un  conseil  :  bourrez-en  vos  cartons 
à  quelques  prix  que  ce  soit.  La  plus  belle  collection  de  Zorn  connue  est 
chez  M.  Alfred  Beurdeley,  elle  peut  être  considérée  comme  unique,  tant  par 
le  nombre  que  par  la  qualité. 

L.  Dumont,  27,  rue  Laffite,  possède  la  plus  grande  partie  de  l'œuvre  de 
l'artiste,  c'est  donc  chez  lui  qu'on  pourra  se  procurer  le  plus  facilement  les 
rares  et  belles  épreuves  qui  se  raréfient  de  jour  en  jour. 


Errata   et   Addenda 


Page  32  Ligne  25,  lisez  :  il  n'y  a  que  trois  originaux  ;  nous  avions  omis 

de  mentionner  celui  du  Département  des  Estampes. 

Page  83  A  Duvet,  nous  avions  oublié  de  mentionner  l'œuvre  ta  plus 
importante  :  L'Apocalypse  figurée  (H  I)  27-49)  qui,  en  1891, 
à  la  vente  des  livres  Destailleur,  tut  adjugée  7000  lianes. 

Page  160        Ligne  21,  lisez  :  Basait,  au  lieu  de  :  Dassan. 

Page  235        Ligne  47,  lisez  :  Salamanca,  au  lieu  de  :  Salamca. 

Page  120  A  Fantin-Latour,  nous  avons  omis  de  signaler  la  belle  collection 
de  M"»-  Kdwin  Edwards, 

Page  447        A  la  dernière  ligne,  lisez  :  '/.i  centimètres,  au  lieu  de  :  54. 

Page  507        Ligne  12,  lisez  :  par  L'Artiste,  au  lieu  de  :  —  par  l'artiste. 

Page  510       Ligne  31,  lisez  :  par  L'Artiste,  au  lieu  de  :  —  par  l'artiste. 


Table  des  Artistes 


cités  dans  cet  Ouvrage 


Table  des   Artistes 


cités  dans  cet  Ouvrage 


♦  ♦♦♦♦♦ 


Pages 

Agnen  rie  Bois-le-I)uc 112 

Aklegrcver 1 

Aliamet 329 

Alix 301  363 

Altdorfer 1  3 

Amman 4 

Ani  Ende 561 

Andersen 414 

x\ndréa  (Jérôme) 34 

Andréani 203  242 

Angelvy 369 

Annis 285 

Anselin  362 

Antoine  de  Trente 204  242 

Aubry 325 

Audran 69 

Augustin  le  Vénitien 204  239 

Auvray 325 

Aveline 364 

Bacciarelli 348 

Backer 139 

Baertsoen 371 

Baillie  (G.) 148 

Baldini 205 

Baldung 5 

Bandinelli 235 

Baquoy 348 

Barba ry 206 

Barbiere  (del) 204 

Barras 183 

Bartolozzi 249,  251, 

252,   253,   258,  277,   278,  279  288 

Basan 140  160 

Baudouin 293  325 

Bauer  371 

Baur  75 

Beard    250 

Béatrizet  69 


Pages 

Beaubrun 104 

Beauvarlet 319 

Bcechev 250 

Bega..: 135 

Beham  (B) 1  8 

Beham  (H.-S.) 1  5 

Béiot  371 

Bcllée(de) 372 

Bellini 219 

Bemme  136 

Benossi 343 

Berghem 109 

Bernard 183  300 

Bertin 325 

Berton 372 

Bertony   324 

Bcsnard 373 

Beurdclcy 375 

Bickart 183 

Bigg 250 

Binck  1  10 

Blanc 375 

Blasmez 94 

Bloek 183 

Blooteling 183 

Blot 325 

Bocholt 11 

Boel  (P.) 36 

Boilly 300 

Bol  ....    137,  138,  139,  147,  152  154 

Boldrini  242. 

Bolswert  (Slielte  a). . .   110,  179  187 

Boni  (Jan  de) 34 

Bonasone 204  234 

Bonington  376 

Bonnefoy 302 

Bonncione 204 

Bonnet 297,  299,  304  333 

Borel 302 

Bosch  112 


;>,s4 


NOMS    DES    ARTISTES 


Pages 

Bosio 303 

Bosse 70  325 

Botticelli 205 

Bottini-Zee 377 

Boucher 303 

Boutct 378 

Boutet  de  Monvel 379 

Bouys ■ 183 

Boyvin 204 

Bracquemond 380 

Brawer 135 

Brescia 208 

Brion 336 

Buhol  384 

Burgmair 12 

Burke   251,  253  258 

Callot 74 

Cameron  385 

Camligue 349 

Campagnola  (D.) 208 

Campagnola  (J.) 158  209 

Canale"   211 

Canals 387 

Caquet 345 

Cardon  288 

Carelse  153 

Carie  Marat 97 

Carrache  (les) 212  234 

Carrière 288 

Cartaro 234 

Casa 77 

Cassatt  (Miss) 388 

Cazenave  302 

Chahine 390 

Challe  304 

Champaigne  (de) . . .    84,  96,  99  100 

Chaponnïer 300,  301  304 

Chapuy 336,  338  345 

Chardin 305 

Charlet  395 

Charlier 306 

Chauve]   306 

Cheesman 281  282 

Cbéret 390 

Chollart 293  294 

Claussin 136 

Oint 285 

Cochin 306 

(  loleman :i97 

Collignon 76 

Collyer(J.) 249  254 

Collyer  (T.) 249 

Cologne  (J.  de) il 

Cornlé  252 

Coninck 139  152 


Pages 

Copia 335 

Coroenne 397 

Coït 31 

Cosway  (M.) 252 

Coswav  (H.) 252 

Courtois  (Ph.) 90 

Courtois 356 

Cousins 247,248,261  280 

Coypel  306 

Cranach  242 

Cranaeh  le  Vieux 13 

Crozer 280 

Dagotv 307  308 

Daih  . 250 

Dambrun 349 

Danloux  308 

Daubigny 397 

Daullé.. 347  352 

Daumier 398 

Dawe 285 

Dayes 253  266 

Deân 218,  272,  281  282 

Debucourt 309 

Decamps 398 

Degas 400  442 

Delacroix 4113 

Delâtre 406 

Delaulne 77 

Dclaunav 106 

Delavallee  407 

Dell!' 112 

Delignon 349 

Denargle  342 

Déni 344 

I  lennel    366 

Dequevauviller 335  339 

Desboulin Iu7 

Descourtis 305  360 

I  lésiré-Lucas 409 

Despéches 204 

Desrais 314  319 

Detouche 409 

Deveria 410 

Dezaunay 413 

Dicki  nson 2 18,  258,  274  279 

Dillon 413 

Dionisius-Marin 97 

Dirk  van  Star 126 

Dixon  (J.) 218  278 

Doré  III 

Drevel  (Cl.) 82 

Drevet  (l'.-I.) 80 

Drevel  (P.-J.) 306 

Drouais 307  319 

Duclos 325  357 


i   Dit  <  anatetli  ou  Canalttto, 


NOMS    DES   ARTISTES 


585 


Pages 

Dugoure 320 

Du  Hamccl 113 

Dulac 415 

Dunkarton 248,  252  285 

Dupont 415 

Dupuis 364 

Dusart 135  183 

Durer  15 

Duvet   83 


Earlom 248  289 

Easling 285 

Eckman 76 

Ecole  de  Fontainebleau 204 

Edelinck 84 

Eginton 256 

Eisen 321 

Eliot 416 

Engelbreehtzen 38  118 

Engleheart 254 

Ensor  416 

Everdingen 113 

Eychenne 417 

Eymar 302 


Fabcr 218  250 

Falck  (Jeremias) 34 

Fantin-Latour 418 

Fantuzzi 204  242 

Ficquet 322 

Finiguerra 212 

Firens 86 

Fischer 277,  280  284 

Flameng 149 

Flinck 139 

Flipart   330 

Forain 420 

Forel 421 

Fornazeris  (de) 87 

Fortuny 422 

Fragonard 323 

Francia 215  231 

Franck 34  35 

Freudeberg 325 

Fullwood 423 

Furstcnberg 34  183 


Gabriel 423 

Gaillard   423 

Gainsborough  248  254 

Galle 187 

Gallus 242 

Garnerav  326 

Gascar.T 183  185 

Gaucher 320,  328  350 

Gaugain 249,  251,  263  288 

Gaultier  (L.) 87 

Gautier  Dagotv 325 


Pages 

Gavarni 427 

Gellée 90 

Gérard  (M">) 325 

Gericault 428 

Géricault 428 

Ghendt 298 

Ghisi 54,204  234 

Gillis  de  Conincxloo 182 

Giorgione 158 

Godefroy 350 

Godin   430 

Gœneutte 431 

Gœrting 1 

Goff 432 

Gole 183 

Goltzius 114  115 

Gottlob 437 

Gourdelle 89 

Goûy  301 

Govacrt  Flinck 145 

Goya 437 

Granthomme 87 

Grateloup 328 

Green  (V.)  248,  252,  253,  254,  271, 

272,  273,  275,   276,  277,   278  280 

Greenhead 262 

Greuze 329 

Grimou 329 

Groux  (de) 439 

Grozer 265 

Guérard 439 

Guersant 324 

Guignard 441 

Guttenberg 299,  348  349 

Haden 137  442 

Haig 456 

Haid 183 

Halbou  349 

Hamilton 255  288 

Heating 264 

Heins  . . . .- 456 

Heiss 183 

Helleu 457 

Helman 294,  345,  348  349 

Henriquel-Dupont 237 

Herkomer 460 

Hervier 460 

Heseltinc 462 

Heusch  H7 

Hickel 331 

Hieronynms 32 

Hodges 258,  274  277 

Hodgetls 285 

Hoin 331 

Holbein  (H.)  35 

Hollar  (\V.) 35 

Hondius 187 

Hopfer •••  207 

Hoppner 248  256 


586 


NOMS    DES    AUTISTES 


Pages 

Houbraken 137 

Houston 248 

Huard  462 

Hurtson 248  250 

Huct 463 

Ingouf  aîné 325 

Ingouf  junior 325 

Ingres 464 

Isabey 464 

Jacobe 279 

Jacque 465 

Janmet  ....    303,  306,  324,  331, 

332,  333,  334,  336,  341,  347  366 

Jardinier 330 

Jazel 333  468 

Jean  de  Bologne 203 

Jeanniot 469 

Jegher 118 

•Iode 187 

Johnson 250 

Joncs  (J.) 

218,  254,  258,  273,  278,  280,  281 

Jost  de  Necker 212 

Jourdain 469 

Jukes 283 

Juste 102 

Karel  Dujardin 118 

Kauffmann 259 

Kcating 248 

Kilian 183 

Kœpping 170 

Kollwitz 470 

Koopman  472 

Kneller 248 

Knight 249 

Kranzinger 333 

Krebs 125 

K  renier 183 

Krug 37 

Lafflle 472 

Lagrenée 323 

Laing 172 

Lalanne  173 

La  Live 300 

Lancret 331 

Largillière  de) 79  .s;> 

Lasne 92 

Lastman  136  137 

Latouche  175 

Launnv  (X.  de) 

295,   296,    323,    325,    326,    337  339 

Launay  (lt.  île)  339 


Pages 

Lauri 90  287 

Lavereince  334 

Lawranson 260 

Lawrence 260 

Leader  250 

Lcandre 475 

Lebas 306,  334  364 

Lebeau  299 

Le  Bourguignon 90 

Lebrun  69,  104  318 

Lcclerc 88,  89  92 

Lecceur,  314,  344,  345,  346,  350  360 

Lcderwascb   183 

Legrand 324,  343,  345  477 

Legros,   138,  144,  155,  156,  160  481 

Le  Guide 103  228 

Lehcutrc   484 

Le  Lorrain 90 

Lély 185,  248  262 

Lemoine 347 

Lcns 185 

Le  Parmesan 204,  223  224 

Lepère   486 

Lépicié 306 

Le  Pouter 36 

Le  Primatice 204 

Leprince  325 

Le  Romain 204 

Le  Rosso 204 

Le  Tintoret 231 

Le  Titien 37,  158,  209  231 

Leu  (de) 93 

Levasscur 330 

Leveau 309 

Léveillé    302 

Lewis   285 

Levde 118  150 

Levs 191 

Lhermitte  493 

Liefrinck  (W.) 33  34 

Liefrinck  34 

l.ievens  ....     137,  138,  139,  117  152 

Lingée 325 

Lindt 34 

Liotard 347 

Lippi 215  210 

Lo^gan 183  185 

Lombart 183 

Longbi   217 

Longueil 321  316 

Louw 183 

Luigini  (93 

I.imois 193 

Lu  pion   285 

Lùfzelburger ■'!•"> 

Luvini 204 

Maas 183 

Mac  Aidell 218,  262  280 

Mac  Laughlan 197 


NOMS    DES    AUTISTES 


Ô87 


Pages 

Macuard 249 

Macs 125 

Mair  de  Landshut 38 

Maître  au  monogramme  b.  m..  46 

Maître  au  monogramme  m.  ...  219 

Maître  au  monogramme  n.  n  w.  2 

Maître  au  monogramme  p.  p.  .  219 

Maître  au  monogramme  rv.  b..  7 

Maître  à  l'Alphabet 39 

Maître  à  l'Ancre 43 

Maître  à  la  Cruche 37 

Maître  à  la  Navette 44 

Maître  à  l'Etoile 126 

Maître  à  l'Ecrevisse 125 

Maître  à  la  Licorne 83 

Maître  à  l'Oiseau 233 

Maître  à  la  Ratière 217 

Maître  à  la  Sybille 45 

Maître  au  Caducée 206 

Maître  au  Dé 234 

Maître  au  Jeu  de  Cartes 39 

Maître  aux  Bourdons  croisés. .  63 

Maître  des  Jardins  d'Amour. . .  128 
Maître  des  Sujets  tirés  de  Boc- 

cace 128 

Maître  de  1466 38 

Maître  de  1480 129 

Maître  du  cabinet  d'Amsterdam  129 

Malapeau 305 

Malbeste 349 

Malgo 331 

Malléry 87 

Malles 362 

Malœuvre 299  325 

Manet 499 

Manière  Criblée 47 

Mantegna 210  220 

Mantuano 203 

Marc  de  Bve 135 

Marc  de  Ravenne 234  236 

Marcenav  de  Guy  347 

Marri  .." 217 

Martini 348,  349  350 

Martino  da  Udine 219 

Masquelier 299 

Massard 297  330 

Masson 96 

Matham 114 

Maud 500 

Maurin 500 

Mazzuoli 223 

Mechel  (de) 360 

Meckenen  (Van) 17,47  57 

Meier 53 

Meissonnier 501 

Meldolla 223 

Menzel 502 

Mercier 365 

Méryon 502 

Michel  Ange 238 

Mignard 96  104 


Pages 

Mignon 204 

Millet 518 

Mixclle 319  327 

Mocetto 224 

Modersolm 561 

Montcornet  154 

Montagna 226 

Moor  (de) 183 

Moreau  le  j"»  296,  299,  328,  329  348 

Moreau-Nélaton 522 

Morcelse 130 

Morghen 227 

Morin  (J.) 96  99 

Morin 522 

Morland  263 

Morrct 358  360 

Mouchet 350 

Moustier  (du) 90 

M"  Mills 251 

Muller  (J.) 2,  114  131 

Muller  (F.) 53 

Muller 523 

Multz 183 

Nadal 217 

Nanteuil  100 

Necker  ( Jost)  34 

Nicoletto  da  Modena 228 

Nielles 230 

Nocret 104 

Nolin 103 

Northcote 267 

Nutter 249 

Olmutz  (W.  d') 58  65 

Opie 278 

Ostade  (Van) 131 

Ostcrlind 524 

Overbeck 524 

Pacot 75 

Pagano 231 

Park 250 

Parmesan  (Le) 242 

Patas 321,348  349 

Pellegrino  da  san  Daniele 219 

Pencz  1  54 

Pennel 524 

Penni 204 

Peregrini  da  Cesena 231 

Petit  Albert  (Le) 3 

Peters 268 

Pether 248 

Pétrak 31  32 

Phelipeaux 358 

Picanet  75 

Pilgrim 63  242 

Pissaro  (C.) 526 


588 


NOMS    DES    ARTISTES 


Pages 


Pivet 

526 
526 

Poillv 

103 

Pollnjuolo 

232 

Pollard 

283 

Ponce  

296, 

297, 

299 

325 

Poolev 

250 

Poorler 

139 

PODI) 

183 

Porporati 

330 

Porto 

233 

Pottcr 

135 
179 

55 

526 

Pontius  (P.) 

Prince  Rnperl  . . . 
Prudhon  

487 
182 
351 

Puvis  de  (lliavaniifs  . . 

5?7 

Quenel 

95 

Quitcr 

183 

262 

Raffaëlli 

527 

Raffel 

528 

Raimondi 

234 

Ralli  Scamaranga 

533 

Ramberg 

270 

Ranfl 

533 

Raphaël 

Rassenfosse 

85, 

103, 

228 

242 
535 

Ravenct 

347 

Regnault 

Rémy  Rit 

294, 

305, 

324 

351 
136 
131 

Renouant 

536 

Rcsch 

32 

Reynolds 

Reynolds  (S.-W.) 
Rigaud               80, 
Rivière 

248,  2.")!,  270 
81,  82,  83,  85 

285 
261 

352 

537 

Robbe  

538 

Robetta 

210 

Robinson 

•'.".il 

Rodin   

539 

Etoffer 

303 

Rops 

54 
325 

235 

3  19 
511 

Rota 

•'31 

Roux-Champion  . 

137 

139 
5  l<S 

Rowlandson 

•>83 

Roy   

519 

Rubens  

11(1, 

131, 

179 

196 

Ruimieri 

204 

Ruotte 

308 

Ruprechl 

55 

Ruysdaël 

179 

Sachtleven 

181 

m 

Pages 

Sal't-Leven 181 

Saint-Aubin  (J.-G.  de) 353 

Saint-Aubin  (A.  de) 355 

Saint-Aubin  (C.-G.  de) 352 

Sarrabat 183 

Savart 359 

Savrv 139 

Say.. 257  285 

Schenck  183 

Schiavone 223 

Scbiavonetti 249  288 

Scbiesti 549 

Schmitz 251 

Schoen  (E.) 38 

Scbongauer 55 

Scbouman  136 

Schuller 549 

Schuppen  (van) lui 

Seghers 146  182 

Senian  (Claus) 34 

Sergent 357  359 

Sesto 241 

Sharp 248 

Short 286 

Sicgcn  (L.  de) 55  182 

Silvestre 76 

Sinionet 296,  299  319 

Smith  (J.-R.) 273,  274, 

275,   276,   280,   281,   282,   283  284 

Soiron 253 

Solis 1 

Somni 549 

Soutmann 179 

Spence  549 

Spilsburg 255  273 

Sprinkmann 550 

Stechm  38 

Steinlen   550 

Stent   37 

Stephanus 77 

Slern  38 

Storm  de  (iiavesandc 551 

Sloss   63 

Sunder   13 

Sun  ver   552 

Surugue 306 

Suyderhoef 179  185 

Swanenburch 136 

Swebach  Desfontaines 360 

Sj  rge 552 

Tardieu 364 

Taunay 360 

4  empesta 234 

Thiry 201 

Thomas 349 

Thompson  (Jane) 283 

Tilliard 304 

Tissol 552 

Tomkins 249  255 

Toulouse  I.autrec 555 


NOMS    DES    ARTISTES 


589 


Pages 

Tresca 301,  302  335 

Trière 320  348 

Trouvain 104 

Troy  (de) 104 

Turner 285  370 

Ugo  da  Carpi 242 

Valek 183 

Valdor 200 

Van  de  Velde 186 

Van  de  Venne 113 

Van  den  Eckout 139 

Van  der  Bruggen 183 

Van  der  Meer  de  Jonge 187 

Van  der  Weyden 56 

Van  Dyek....    37,  99,  111,  187  250 

Van  Eyck 55 

Van  Gorp 325  302 

Van  Goyen 181 

Van  Haîen 183 

Van  Houten 556 

Vanloo 362 

Van  Rysselberghe 557 

Van  Somer 183 

Van  Vliet 139  152 

Veber 557 

Veigel 183 

Vendramini 288 

Verbeeeq 139 

Verkolje 183 

Vernet  (Carie) 362 

Viala 558 

Vibert 559 

Vicence  (de) 242 

Vieo 204  234 

Vidal. . .    337,  340,  342,  343,  344  559 

Vieillard 559 

Vigée-Lebrun  363 

Villeneuve 364 

Villon 559 

Vinci  (de) 242 

Visscher 193 

Vlieger 195 

Vogel 183 

Vogeler 560 

Vorsterman 179,187  196 

Voyez  major 296,  325  341 


Pages 

Voyez  junior 297 

Voysard 319 

Walker 281  282 

Wallerant-Vaillant 183  196 

Waltner  561 

Ward  (J.) 248  256 

Ward  (W.) 248, 

251,  252,  257,  258,   259,  263, 

264,  266,  269,  270,  283,  286,  287 

Watelet 140 

Waterloo 197 

Watson  (J.)-  248,  271,  273,  274  280 

Watson  (T.) 248,  262,  270  271 

Watteau 364 

Wechtlin 63 

Wedt  (de) 139 

Wheatley 287 

Whessell 288 

Whistler 562 

Widt  (de) 109 

Wierix 198 

Wilborn  206 

Wilkin 249,  257  280 

Willette 572 

Wille  fils 366 

Witdouck 179 

Witsen 573 

Witt  (F.  de) 195 

Wogner 573 

Wolff 301 

Wolfgang  Resch 34 

Wolfgang  (A.) 183 

Worlidge 149 

Wright 289 

Young 257  258 

Zachtleven 181 

Zaftleeven 181 

Zagel 65 

Zazinker 65 

Zilcken 574 

Zinck 65 

Zorn 574 

Zundt 65  66 

Zwott 44 


Liste  des  Estampes 

citées  dans  cet  Ouvrage 


Liste  des   Estampes 

citées  dans  cet  Ouvrage 


♦  ♦♦♦♦♦ 


Pnges 

A;igc  d'airain 71 

Aage  d'argent 71 

Aage  de  fer 71 

Aage  d'or 71 

Abandonnée  (1') 409 

A  Barcelone 475 

A  blacksmith's  shop 289 

Abraham  renvoyant  Agar 119 

Abreuvoir  (V) 138 

Abreuvoir  de  la  vache  (1') 139 

Abroconias  et  Anthia 424 

Abside  de  Notre-Dame  (T) 516 

Abus  de  la  crédulité  (1') 325 

A  by-road  in  Tipperary 445 

Acacia  (ï) 417 

Académie  des  Sciences  et  des 

Beaux-Arts  (I') 92 

Académie     d'homme     assis     à 

terre 138 

Accord  parfait  (1') 348 

A  Charcnton 499 

A  contemplative  youth 258 

A  Concarneau 475 

A  collage  window 446 

Actrice  en  scène  (T) 528 

A  Cusset 175 

Adam  et  Eve 8,  20  23G 

Adam  et  Eve  avec  leurs  enfants  240 

A  Delftshaven 574 

Adieux  (les) 348 

Adieux  d'Auteuil  (les) 546 

Adolescence  (1') 71 

Adonis 365 

Adoration  des  bergers  (Y)    114  125 

Adoration  des  mages  (1') 

120,  203,  205,  215,  224  230 

Adoration  des  rois  (1') ....    57  241 

Adoration  nocturne  (Y) 496 

Adresse  de  Louis  Bonny 476 

Adresse  de  Périer  (1) 355 


Pages 

Adriennc  Lccouvreur,   82,  306  329 

A  dutch  ilamsel 387 

Afliches  illustrées  (les)  397 

Agar  renvoyée  par  Abraham. .  143 

A  gipsy  camp  123 

A  highland  piper 428 

Ah  !  laisse-moi  donc  voir 334 

Ah  !  les  affaires  sont  les  affaires  573 

Ah  !  quel  doux  plaisir 335 

Ah  !  qu'il  est  joli 301  362 

Aigle  (1') 501 

A  la  barre 178 

A  lady   and  lier  children  ree- 

ving  a  cottager 251 

A  la  gloire  du  chat 109 

A  Lancashire  river 45 1 

A  la  porte  du  jardin 106 

A  la  souris 556 

A  l'audience  121 

Alembert  (d') 359 

Alexandre  Dumas 110 

Aie  porte  del  Dolo 212 

Alcon  de  Crête 61 

Al  Dolo 212 

Alfred  Stevens 392 

Allégorie  au  mariage  du  Dau- 
phin    35 1 

Allégorie  sur  la  convalescence 

du  Dauphin 354 

Allégorie  sur  la  lutte  de  l'ur- 
banité contre  la  grossièreté  206 
Allégorie  sur  la  navigation  . . .  231 

Almanach  du  chai  noir 396 

Almanacb  national 3)16 

Almeria 268 

A  Lowland  river 386 

Amant  couronné  (1') 109 

Amant  îles  danseuses  (I) 396 

Amant  favorisé  (T) 300 

Amant  surpris  (1) 305 

38 


594 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Amants  surpris  (les) 293 

Amateur  de  peintures  (T) 158 

Amateur  d'estampes  (T) 539 

Amazone 550 

Ambitieuse  (T) 555 

Ambroise  l'are 78  M)2 

Ambulance  (D 483 

Amélie  Elisabeth  Landgravine 

de  liesse 183 

American  bar 392 

Ami  des  danseuses  (1) 178 

Amis  du  saltimbanque  (les) . . .  384 

A  îiivslY  dav  436 

Amour  (T).. 324 

Amour  couronné  (T) 302 

Amours  champêtres  (les) 294 

Anioui-     dansant     avec     deux 

femmes   (1) 130 

Amour  de  prêtre 511 

Amours  des  dieux  et  des  déesses  235 

Amour  dominant  le  monde  (ï)  517 

Amour  dormant  (T) 223 

Amour  en  postillon  (1') 0 

Amour  fixé  (T) 318 

Amoureuses  (les) 172 

Amoureux  (les) 550 

Amusements  de  la  vie  privée  (les)  306 

Anachorète   122 

An  airing  in  llvde  parle  253 

An  American  Venice >25 

Ancienne  vue  d'Amsterdam...  138 

André  le  Xostrc 1)7 

Ane  entre  deux  moutons  (1')  ..  118 

Anémones  (les) 118 

A  new  love  soin.; 288 

Angèle 169 

Angélique  à  sa  fenêtre 107 

Ange  Gabriel  (1')  511 

Ange  qui  disparaît.  . .  (T) 138 

Ange  du  souvenir  (T) 522 

Anglais  aux  Folies-Bergères  (T)  535 
Anglais  au  Moulin-Rouge  (T). . 

Anglaise  en  costume  d'hiver..  36 

Anna  Carr  de  Bedfort 188 

Anne  d'Autriche 8(i  02 

Anne  Sophie  île  Carnavon  ....  188 

Annie 502 

Anniversaire  d'i no 

Annonciation  (I  i 

12,  ix,  56,  65,  m,  210  560 

Annonciation  aux   bergers  (T)  1 15 

Antigone 556 

Antoine-François  van  der  Meulen  lui 

Antoine  Vitré oo 

Antonin  Prousl 'il 

Appartements  'lu  Roi  Louis  \l\  (les)  lui 

A  party  angling 201 

Apocarj  pse  de  saint  Jean  (T). .  33 

Apollon 78 

Après 1811 

Après  la  leCOD   537 


Pages 

Après  le  marché  à  Quimper  ..  548 

Apprêts  du  ballet  (les) 335 

Apprêts  du  duel  (les) 501 

Approche  d'orage 500 

A  promenade  in  S'-.lames  Park  253 

A  quatre  mains 188 

Arabe  veillant  le  corps  de  son 

ami 122 

Arabesque  avec  un  satyre  allai- 
tant deux  enfants." 231 

Arabesque  ouverte 178 

Arbre  jaune  (1') 18 

Archers  (les) 191 

A  Arnemmunden 157 

Arche  du  pont  Notre-Dame  (1  )  507 

Archiduc  Albert  (1') 131 

Architecture  du  moyen  àj<e  (1')  376 

A  river  in  Ireland 151 

Armoire  (T) 323  13.2 

Armoiries  à  la  têle  de  mort  (les)   19  25 

Armoiries  au  coq  (les) 25 

Armoiries      de      l'évêque      de 

Wurstzburg  (les) 50 

Armoiries  de  Strasbourg  (les)  78 

Armoiries  de  Durer  (les) M 

Ars  moriendi  :  Tentation  dia- 
bolique    18 

A  Rouen 199 

Arrondissements  de  Paris  (les)  '  7i 
Artaxerce    recevant   la   tète   de 

Cyrus 

Artillerie    à    cheval    changeant 

de  position 129 

A  scottisfa  twilight 

Aspects  de  la  nature  (les! 

Assemblée  au  concerl  (]') 

Assemblée  au  salon  (T) 

Vssemblée  galante  (1) 165 

Assomption  (1') '311 

A  studv  on  the  river 'l'est i    . 

A  SUnset   in  Ireland I  17 

A  tea  garden   253  207 

A  Tessenderlo 

\  Thames  backwater 123 

Al  l.v nchbui g,  Virginia 

A  travers  chants 3.90 

A  travers  la  porte loi 

A  Trouville 173 

Aubade 573 

Aube  (T) 172 

Auberge  (T) 195 

Au  bu  ni  de  l'eau 528 

Au  bord  du  Zuydersée 195 

Au  burero 195 

Au  calé-concert 520 

Au  coin  du  feu I  ■! 

Au  coin  du   pont  aux   Doubles  189 

Augusla-Maria,  fille  de  Charles  I"  18  1 

Au  moins  soyez  discret 858 

Au  mois  de  mai 61 

Aumône  ( l'i 396 


LISTE    DES    ESTAMPES 


595 


Pages 

Au  Moulin-Rouge 552 

Au  quartier  latin 397 

Au  sixième 572 

Autel  (T) 11 

Auteuil 473 

Au  leur  écrit  l'histoire  de  nos 

premiers  parents  (Y)  129 

Au  théâtre 390  55G 

Aux  fortifications 491 

Aux  Champs-Elysées 501 

Auxilium  Christianorum 115 

Aux  Trois  Quartiers 390 

Avant  la  danse 494 

Avant,  ou  j'ai  peur  qu'on  nous 

voit 480 

Avant  l'orage 379 

Avare  et  la  femme  qui  avorte (1')  9 

Aveu  difficile  (Y) 330 

A  visil  to  the  boarding  school  264 

A  visit  to  the  child  at  nurse  . .  204 

Avocat  (Y) 544 

Avocat  Tholinx 175 

A  votre  santé 528 

A  water  meadow 444 

A  young  lady  encouraging  the 

low  comedian   207 

Bacchus 225 

Haie  de  la  Fresnaye 537 

Baigneurs  (les) . .'. 138 

Baigneuses  (les) 398,420  535 

Bain  (le). . . .    29  I,  325,  352,  420  472 

Baiser  (le) 573 

liai  (le) 71 

Bal  à  la  Chaussée  d'Antin 428 

Bal  de  la  Bastille  (le) 360 

Bal  de  l'Opéra  (le) 303 

Bal  de  société  (le) 303 

Bal  masqué  (le) 350 

liai  paré  (le) 357  534 

Balançoire  (la) 539 

Balançoire  mystérieuse  (la)...  337 

Ballons  rouges 414 

Banc  de  jardin 554 

Banc  d'oeuvre  (le) 470 

Banquet  des  Imprimeurs-Litho- 
graphes    390 

Baptême  du  Christ  (le) 58  225 

liar  (le) 379  550 

Bar  d'esthètes 377 

Barbara,  Duelr-  de  Cleveland 

et  sa  tille 185 

Barber  shop,  Chelsea 572 

Baronne  de. . .  (la) 355 

Baronne  de  Noyelles 328 

Barque  à  la  voile  (la) 139 

Barques  échouées 417 

Bascule  (la) 302 

Basse-cour  ;  la) 549 


Pages 

Bassin  des  Tuileries  (le) |>.io 

Bas-Meudon  (le) 537 

Batailles  d'Alexandre  (les) 09 

Bataille  d'Arbelle 09 

Bataille  de  dames 558 

Bataille  de  Chai  les  le  Hardi  (la)  218 

Bataillon  en  marche 4G9 

Bateaux  parisiens  à  Auteuil . . .  186 

Battersea  bridge  507 

Battersea  dawn  567 

Battersea  reach  US 

Bayle 359 

Bazaar  Cairo t:;."") 

Beau  mignon 396 

Beau  soir 480 

Beauvoir   180 

Bead  Stiingers 563 

Bêcheurs  (les) 520 

Becquet 502 

Beignets  (les) 325 

Belle  estampe  (la) 538 

Belle  étoile  (la) 573 

Belle  Ilamilton  (la) 202 

Belle  Hollandaise  (la) 536 

Belle  Jardinière  (la) 302 

Bellone 78  541 

Below  Atlantic  City 525 

Benedicite  (le)...." 305  409 

Benvenuto  Cellini 77 

Berger  (le) 11  135 

Berger  d'Ostic 456 

Berger  qui  joue  de  la  tlùtc  (le)  227 

Bernadette'. 560 

Berthold  Tucher  et  Anna  Pfin- 

zing 10 

Bertin loi 

Bibi  la  Purée 559 

Billard  (le) 105  578 

Billes  (les)  104 

Billet  doux  (le) 337 

Billingsgate 505 

Black'  Lion  Wharf 502  505 

Blanche  et  noire  550 

Blanchisseuse  (la) 551  552 

Blanchisseuse  du  paradis  (la)  573 

Blessé  (le) 352 

Blind  man  butl 200 

Blonde 530 

Bohémiens  (les) 397 

Boileau-Despréaux 80  322 

Bois  d'amour  (le)  331 

Bonheur  du  ménage  (le) 325 

Bonhomme  Misère 183 

Bonne  (la)  520 

Bonne  éducation  (la) 300 

Bonne  mère  (la) 325 

Bon  Samaritain  (le) 151 

Bordeaux 175 

Bonis  de  la  Bresle  (les) 180 

Bords  de  la  Tamise 475 

Bosquet  d'amour  (le)  ... .    334  338 


Mi\ 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Bossuet 104,322  328 

Boucherie  (lu) 557 

Boudoir  (le) 325 

Bouffon  (If) 39 

Bouillotte  <la) 303 

Bouleaux  (les) 4,S3 

Boulevard  à  Ostende 117 

Bouquet  (le) 428 

Bouquet  de  bois  (le) 138  139 

Bouquet  de  roses 120 

Bouquetière  galante  (la) 304 

Bouquets    ou    la    fête    de   la 

grand'maman  (les)  315 

Bourg  de) 195 

Bourgeoisie 546 

Bourgmestre  Six  (le} 139  17(i 

Bourreau  tenant  la  tête  de  s;iinl 

Jean-Baptiste  (le; 55 

Bouvier  (le) 91 

Boxeurs  (les) 130 

Brachet  de  la  Milletière MO 

Braconnier  (le) 403  490 

Bras  roulé 395 

Breaking  up  of  the  Agamemnon  152 

Brebis  debout  (la) 187 

Breughel  (J.) 189 

Breughel  (P.) 190 

Brentford  Ferry 150 

Bretagne  (la)... 552 

Brighton's  beach 436 

Brise-lames 551 

Broad  street  Sterling 387 

Brouette  (la) 352 

Brouillard  «lu  malin 535 

Unîmes  du  malin 383 

Buffet  (le) km; 

ISull'on 359 

Bureau  du  commissaii  c 

Buste  de  jeune  homme  au  trait  139 

Butte  (la) 114 

Buveuse  d'absinthe  (la) 195 

Cabarel  à  Volendara 172 

Cabaret  de  nuit  560 

Cabinet  particulier 377 

Cadeau  (le) 302 

Cadel  à  la  perle 97 

Cadogan  pier  562 

Café-concei  t  (le) i 

Caffée  des  Patriotes  (le) 360 

Calais  pier 153 

(  lalcche  se  rendant  au  i  endez- 

vous 318 

Calliope  de  la  Trimouillc lui 

:  alvaire  de) 15,  125,  180  542 

d'or  (la)    138  169 

Campement  de  chiffonniers  ..  395 

Canal  (le) 167 

i  itc  bai  que  (le) ..  170 


Pages 

Canal  de  la  Villette  (le) 484 

Canal  à  Troyes  (le) 486 

Canal  d'Eu  (le) 186 

(  anal  avee  les  cygnes 139 

Canal  de  Saint-Maurice 533 

Canal  près  La  Haye 551 

Canard  (le) 3.S1 

(  aiiard  surpris 383 

Canards  (les) 389 

Canards  l'ont  bien  passé  (lesi  382 

Cannon  street  station 434 

Canotiers  (les) à;;:; 

Canonniers   près  d'une   pièce 

en  batterie 395 

Cantinière  des  pilotes  (la)  ....  517 

Cantique  des  créatures  (le)  .  . .  115 

Caporal  blessé...  (le) 396 

Caprices  des) 437 

Carrasse  (la) 239 

Cardeuse  (la) 520 

Cardigan  Bridge 150 

Cardinal  Dubois 81 

Cardinal  Manning 181 

Cardinal  Ma/arin 99  103 

Caresse  (la) 388 

Carmagnole  (la) 470 

Carmen i  1 1 

Carnage  de) 139 

Caroline  Countess  of  Carlisle  280 
Caroline    Duchess    ol    Malbo- 

rough  2X0 

Carquois  épuisé  (le) 295 

Carré  enfoncé 529 

Carrière    ou    la    rue    Neuve    à 

Nancy  (la) 7(i 

Cascade  pies  du  moulin  (la)  .  .  114 

Caries  (les) 105 

Casquette  plage 396 

Catalogue  Abel  Pilon 397 

Cathédrale  (la) 416 

Cathedral  churcn  of  Anlwerp  (the)  36 

Cathédrale  de  Lausanne  (la). .  122 

Cathédrale  de  Rouen  (la) 193 

Catherine  de  Bourbon 199 

Catherine  Decker il  i 

Cavalier  (le) 163 

Cavalier  (  un  ) 26 

Cèdre  du  Liban  (le) 398 

Ccndi  illon 545 

Cène  (la) 228,  236  212 

Centurie  (la) 188 

Cercle  funambulesque 397 

Cerises  des) 

(  es  dames  des  eliars 555 

C'est  papa   325 

C'est  un  lils,  Monsieur 348 

Ceux  qui  passent III 

Chagi  ms  de  l'enfance  des». . . . 

Chambardement  (le) 139 

Champ  de  blé  (le) 180 

Chambre  des  députés 371 


LISTE    DES    ESTAMPES 


597 


Pllges 

Chandelier 428 

Chanson  des  joujoux 396 

Chant  du  soir 416 

Chanteurs  (les) 238 

Chanteurs  des  rues 550 

Chanteuse  en  matelot 556 

Chanteuse     et    le    joueur    de 

guitare  (la) 51 

Chanteuse  légère 556 

Chanteuse  de  café-concert  ...  403 

Chat  noir  sur  un  journal -141 

Charbonnier  (le; 41)8 

Charcutier  (le) 131  132 

Charlatan  (le) 302  354 

Char  de  l'Aurore  (le) 228 

Charing  Cross  bridge 433 

Charité  (la) 119 

Charles  I"'   250 

Charles  IX  66 

Charles  II  de  Bourbon 94 

Charles  de  Bourbon 96 

Charles  de  Lorraine 94 

Charles  Patin 98 

Charles-Quint 11 

Charrue  (la) 482 

Chartres 387 

Château  Bouge  (le) 391 

Chaumière  (la) 463 

Chaumières  (les) 417 

Chaumière  au  bord  de  l'eau  (la)  486 

Chaumière  au  grand  arbre  (la)  139 

Chaumière  en  contre-bas  (la)  485 

Chaumière  et  la  grange  à  foin  (la)  139  168 

Chaumière  entourée  de  planches  (la)  139 

Chelsea 525 

Chelsea  bridge  and  church  . . .  562 

Chelsea  wharf  566 

Chemin  de  colline    533 

Chemin  de  halage  (le).  .  . .    450  535 

Chemin  de  la  fortune 206 

Chemineau  (le) 391 

(3iemi.se  enlevée  (la) 324 

Chcncvièrc   322 

Cheval  attaqué  par  un  lion  . . .  430 

Cheval  de  la  mort  (le) 26 

Cheval    sauvage    terrassé    par 

un  tigre  404 

Chevalier,  la  mort  el  le  diable  (le)  26 

Chevrier  (le) 01 

Chez  la  gantière 556 

Chez  l'équarisseur 441 

Chez  les  trappistes 547 

Ch.   Le  Normant  du  Coudray  328 

Chien  endormi  (le) 161 

Chiffonnière  (la) 498 

Chiffonniers  sous  le  pont  Marie  491 

Children  at  play 250 

Children  bathing 256 

Children  nutting 266 

Children  of  earl  Gower 282 

Chinon 387 


Pages 

Christ  à  l'éponge  (le) 111 

Christ  au  roseau  (le) 192 

Christ  aux  outrages  (le) 439 

Chrisl   descendant  aux  limbes  (le)  221 

Christ  en  croix  (le)  5,  37,  44,  58  65 
Christ  en  croix  entre  la  Vierge 

et  saint  Jean  (le) 127 

Chrisl  montré  au  peuple  (le)  45 

Christ  mort  (le) 106 

Christ  présenté  au  peuple  (le) 

34,  138  216 

Christ  sauveur  du  monde  (le)  45 

Christ  tenté  par  le  démon  (le)  127 

Christian  IV 131 

Christine-Caroline  de  Wurtem- 
berg    79 

Chronologie  collée 87 

Chute  dans  un  escalier 402 

Chute  d'un  ange 544 

Chu-u-u 305 

Cigale  (la) 132 

Cigarette  (la) 410,  457  469 

Cimon  nourri  par  sa  fille 6 

Cinq  saints  (les) 237 

Cinq  sens  (les) 73 

Cinquantaine  (la) 350 

Circoncision  (la) 138  223 

Cirque  Fernando  (le) 414 

Cité  (la) 409 

Clair  de  lune  à  Tolède 456 

Clair  de  lune  sur  les  falaises. .  III 

Claque  (la) 414 

Clément  de  Jonghe 139 

Cléopàtre 10  207 

Clos  du  Boy 544 

Clownessc  au  Moulin-Bouge  . .  556 

Cochon  (le) 138  161 

Cochon  nimbé  (le) 544 

Codions  (les)  63 

Colbert  101 

Colin-maillard  (le) 344  404 

Colonne  (la) 32 

Combat  de  deux  chevaux  gris 

pommelés  420 

Combat  île  dieux  marins 222 

Combat   îles  Crées  cl  des  Trovcns  6 

Combat  d'Oued-Alleg '. . . .  531 

Combat  du  Giaour  et  du  Pacha  (le)  404 

Combe  Bottom 445 

Comédiens  comiques  (les)  ....  366 

Comparaison  (la) 336 

Comparaison  des  petits  pieds  (la)..  300 

Comparse  (le) 537 

Compliment  ou  la  matinée  du 

jour  de  l'an  (le) 315 

Comptez  sur  mes  serments  . . .  358 

Comte  de  Mirabeau 348 

Comte  de  Bosen 576 

Conile  Lepic 408 

Comte  de  Zinzendorf 82 

Comtesse  de  Carcado 328 


598 


LISTK    DES    ESTAMPES 


Pages 

Comtesse  de  Mareillesde  Létan- 

court 321 

Concert  (le) 105  357 

Concert  instrumental  (le) .">l 

Conciliabule  (le) 550 

Confidence  (la)  109 

Confidence  à  la  nuit  111) 

Confidences  ilesi 325 

Confrérie  de  Sainte  Ursule  (la)  1 1 

Conjuration  (la) 171 

Consignes   pendant   la   corvée 

de  quartier  îles) 396 

Consolation  <lc  l'absence  (la)..  339 

Conte  île  grand'mère 109 

Contemporaine  (la) lin 

Contrat  lie)  325 

i  Convalescence 490 

(Conversation  (l:u  331  37C> 

Conversion  île  saint  Paul 12! 

Convoi  (le) 396 

(Convoi  funèbre  an  boulevard 

Clichj  381 

Copernic 31 

Coq   526 

Coq  blanc  (le) 170 

Coq  et  Poule 369 

Coq  noir  (Ici 170 

Coquette  (la) X','.) 

Coquillages  (les) 37 

Coquille  (la) 161 

Corbeau  de) 3S1 

(Corbeaux  (les) 462 

(Corbeaux  dans  la  neige  (les)  ..  111 

(  "i  beaux  pendus 441 

Corneille  (P.) 322 

Cornelissen 187 

Corps  de  Jésus-Christ  descendu 

de  la  croix  (le) 16 

Corruption    177 

Cortège  de  pèlerins  au  Caire..  371 

(Coucher  (le) .325 

Coucher  de  la  mariée  (le) 296 

(Couchei-  de  soleil  191 

(Coucher  de  soleil  en  Tippcrary  I  18 

Coucher  de  soleil  sur  h  s  varechs  1 1 1 

i  oui  ber  des  ouvrières  en  modes  (le)  339 

Coucou   

Countess  Gowcr  and  child  ...  262 

(  lounless  of  Ossory 262 

Countess  of   Northumberland  202 

Countess  of  Rochester 202 

(Coup  de  couteau  (le) 135 

Coup  de  vcnl  (le) I7n  183 

(  our  des  Bons-Enfants  (la)....  387 

(  Cour  des  Gobclins  (la) 199 

Couronnement  d'épines  (le). . .  lit 

i  oui  onm  menl  de  Voltaire  (le)  350 

'  ours  du  monde  (le) 9 

Course  (la) 318 

(  nui  ses  de  chevaux  des» 3 19 

Coui  te  el  bonne 507 


Pages 

Couseuse  (la)  510 

<  ïraonne  530 

Crébillon 322 

Credo  lie) 115 

Crépuscule  (le)  113  472 

Crépuscule  à  Hambourg 551 

Critique  (la) 538 

Croisée  (la) .517 

Croquis  de  charretier 333 

Croquis  de  tètes 392 

Crosse  (la) 02 

Cruche  cassée  (la) 550 

Crucifiement  (le) 30  233 

Crucifix  (le) 29  580 

Curieux  (Ici 299 

(Curiosité  (lai 325 

Cynthia 253 

Daim  enchaîné  do 210 

Dalila    coupant   les   cheveux  à 

Samson 119 

Dame  à  l'ombrelle 172 

Dame  à  cheval  et  1  écuyer  (la)  '.'.:.> 

Dame  au  châle  rouge 170 

Dame  au  earcel  liai 513 

Dame  aux  cygnes I 

Dame  de  chez  Maxime  (la)....  259 

Dame  de  jadis 170 

Dames  de'  la  halle  (les) 128 

Dame  du  palais  de  la  Reine  (lai  518 

Damier  (le) 101 

Dancing  girls   557 

Danger  du  tète-à-tète  do 290 

Dans  la  loge 501 

Dans  la  neige  et  le  vent i50 

Dans    le    tramway    de    l'assy- 

I. ouvre Iu7 

Dans  les  bois 183 

I  (ans  les  brisants 1 1 1 

Dans  les  cendres 575 

I  l.ilis  h  s  coulisses    128 

Dans  l'escalier  109 

Dans  le  port  de  Bordeaux  ....  ■ 

Dans  les  dunes  de  Knocke  .  .  .  .  157 

Danse  an  bord  de  l'eau 90 

Danse  au  cabaret  (la) 133 

Danse  au  Moulin-Rouge  (la) . . .  550 

I i.inse  d'1  lérodiade 

Danse  des  chiens  (la) 

Danse  des  demoiselles  lia)  ...  .  209 

I  lanse  des  morts  liai 35 

I  (anse  sous  les  arbres  (la)  ....  91 

Danseuse  lia) 09 

Danseuse  au  piano 557 

Danscusi  espagnole  remettant 

son  soulier loi 

Dansi uses  dans  leur  loge 103 

Danseuses  espagnoles 521 

Daudet 5.s.s 


LISTE    DES    ESTAMPES 


599 


l'nges 

Daughtèrs  of  sir  Thomas  Fran- 

kland 257 

David  coupant  la  tète  de  Goliath  242 

David  Garrick  between 277 

David  en  prières 138 

David  jouant  de  la  harpe  de- 
vant Saûl 119 

David  vainqueur  de  Goliath  . .  205 

Débardeur  (le)  491 

Débarquement  en  Angleterre  (un)  384 

Débauche 55G 

Déclaration  de  la  grossesse  (la)  348 
Décollation  de  saint  Jean-Bap- 
tiste (la) 241 

Dédicace  d'un  poème   épique  360 

Degas 408 

Degas  par  lui-même 402 

Déjeuner  anglais  (le)  340 

Déjeuner  en  tète-à-tètc  (le). . . .  340 

Déjeuner  de  Fanfan  (le) 362 

Déjeuner  en  forêt 490 

Delà  Reynie 104 

De  l'encre,  de  l'acide 558 

Délia  in  the  country 2G5 

Délices  de  la  maternité  (les)  . .  348 

Delphine 104 

Déluge  (le) 120 

Démolition  de  la  rue  des  Ecoles  474 
Démolition  pour  le  boulevard 

Saint-Germain 475 

Denise  Le  Petit 104 

Denis  Marin  de  la  Chataigne- 

raye 97 

Départ  au  lavoir  (le) 551 

Départ  de  bateaux  à  Tréboul  537 

Départ  pour  la  chasse 370 

Départ  pour  la  chasse  à  courre  495 
Dernière  charge  des  Lanciers 

Rouges 529 

Dernière  étape  (la) 462 

Dernière  maja  (la) 543 

Descartes 322  328 

Descente  de  croix  138,190,221,237  212 

Désirs  satisfaits  des) 321 

Desjardins 85 

Dessinateur  (le) 117 

Dessins  de  Watteau  au  Louvre  458 
Destruction  of  old  chain  pier 

Brigton 434 

Deux  amants  (les) 223 

Deux  arbres   sur  le   bord   i\u 

chemin  (les) 117 

Deux  armées  (les) 218 

Deux  baisers  (les) 310 

Deux  chaumières  (les) 463 

lieux  grenadiers  île  Waterloo  (les)  396 
Deux    hommes    marchant    de 

compagnie 63 

Deux    maisons    avec    pignons 

pointus  (les) 138  170 

Deux  moulins  à  Charenton  (les)  473 


Pages 

Deux  paysans  (les) 222 

Deux  routes  (les) 422 

Deux  sœurs  (les) 413  418 

Devant  la  glace 469  478 

Dévideuse   à   la   porte    de   sa 

maison  (la)  132 

Devinez 361 

Diables  froids  (les) 547 

Diamant  (le) 110 

Diana  Viscountess  Crosbie....  279 

Diane  chasseresse 120 

l)i:ine  et  Kndymion 359 

Dibersion  de  Espana 138 

Dieppe 572 

llieu  couronnant  la  Sainte- Vierge  02 
Dieu   l'ait   fumer  la  cheminée 

du  pauvre 522 

Dimanche  malin   570 

Dinah  Samuel 397 

Diogène   242 

Directeur  des  toilettes  (le)  ....  341 

Disciples  d'Einmaûs  (les) 138 

Dis-moi,  mon  Pierrot 573 

Dispute 520 

Dispute  de  la  rose  (la) 302 

Distribution  de  soupe 39! 

Dites-donc,  s'il  vous  plait 325 

Divan  (le) 538 

Divine  parole  (la) 479 

Division  de  place  (la) 438 

Dix-huit  cent  treize 532 

Docteur  Faustus 138 

Docteur  Petrus  van  Toi  (le)  ..  175 

Dogs  dancing 363 

Dom  Prosper  Guéranger 425 

Doua  Damiana 411 

Don  Emanue]  Frockas  et  Pin- 

sentel 193 

Dons  imprudents  (les) 316 

Dormeurs  (les) 391 

Dorothée  de  Sunderland  188 

Doorway  and  vine 563 

Doorway  Montrcsor 572 

Dors,  Dors 305 

Douce  impression  de  l'harmonie  (la)  301 

Doucement  mère  Michel 396 

Douce  résistance  (la) 301 

Doux  sommeil 491 

Douze  enfants  dansant 209 

Douze  mois  de  l'année  (les). . .  78 

Downman 253 

Do  you  want  any  matches. . . .  288 

Drapeaux  (les) 533 

Drcvet  (P.) 78 

Droit  à  l'assistance  (le) 544 

Droit  au  travail  (le) 511 

Drury  Lane ,l,:; 

Dryburgh 385 

Dry  dock,  Southampton 572 

Duchess  of  Bedford 259 

Duchesse  Colonna  (l;i) 107 


600 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pagrs 

Duchess  ol'  Cleveland 202 

Duchessof Richmond....    233  262 

Duchess  of  York 258 

Duc  de  Nemours 96 

Duc  de  Yillars 80 

Duel  (Ici 129  352 

Dumas  père 121 

Dunes  de  Schenevingue  (les)..  551 

Duo  d'amour 119 

Duo  des  Troyens 119 

Earlv  morning  Richmond  ....  141 

Ebat  matinal  1 109 

Ecce  Homo  (T)...    37,  138,  151  192 

Ecluse  du  Tréport  (T) 486 

Ecole  de  danse  d'i 340 

Ecran  (1*) 76 

Edinburg  castlc 173 

Education  fail  tout  d'i 325 

Effet  île  lune  à  Monaco 441 

Effet  de  nuit 578 

Effet  'le  soir 397 

Effets  de  la  jalousie  llesi 23 

Effets  de  neige  dans  les  dunes  551 

Egham  Lock 442 

Eglise  de  Benerville  (T) 170 

Eglise  de  Coulans  (T) 406 

Eglise  de  S>-Aignan  à  Chartres  473 

En  !  vite  l'on  nous  voit 345 

Eisen 322 

Eldorado  396 

Eléphant  (un) 56 

Eléphants  des) 371 

Eléphants  portant  îles  torches  (les)  222 

Elève  discret  (T) 341 

El  lainoso  americano  Mariano 

Ceballos 138 

Elles 556 

Elisa  Mercœur 411 

Elizabeth  Countess  of  Derby..  282 

Elizabeth  Countess  Grosvenor  261 

Elisabeth  de  Bourbon 91 

Elizabeth  de  Castlehaven 188 

Elizabeth  de  Devonshire 188 

Elisabeth  de  Gouy 352 

Elizabeth  Duchess  ofBuccleugh 

and  Daughter 271 

Elizabeth  Duchess  of  Manches- 
ter and  Son 274 

Elizabeth  Fry 280 

Eléonore  de  Gonzague  184 

Eleonora  Gwynne 262 

Elle  est  prise" 318 

l.llcn  el  sa  grand'mcre 158 

Embarquement  (F) 495 

Embarquement  pour  Cylhère  (!')..  364 

Embouchure  du  Tneux 537 

I anbi  asseoient  d'i 66 

Emma  Lad)  I  [amilton 281 


empereur  Ferdinand  III 

•anily-Mury  Countess  ol  Salis- 
bury 

encensoir  d') 

enfance  (F) 

allant  ailé  à  l'écusson 

enfant  chéri  d') 

•".niant  dessinant 

Enfant  Jésus  dans  son  berceau  d'| 

allant  prodigue  (1).  . .     17,  555 

■allants  de  Albert  l'.csnard  (les) 

•"niants  jouant 

■allants  monstrueux  des) 

Enfoncé  Lafayette 

enlèvement  I  i'  I 

enlèvement  d'Amymone 

Enlèvement  d'Europe  d'i 

enlèvement  des  neiges  (1')  .... 

enlèvement  d'une  Sabine 

enlèvement  nocturne  d> 

En  mer 397 

'-n  nage 

ai  plein  soleil 

•ai  prenant  le  thé 

-ai  Provence 

•ai  route  pour  le  marché 

ai  roule  pour  le  salon 

enseigne  (T) 

enterrement  (T) 537 

ïntre  sportmen 

Entrée  d'Alexandre  dans  Bain  - 

loue 69 

Entrée  de  clowns 

Epave  d) 

Epouilleuse  d) 

Environs  de  bois 

Environs  de  Gravesend  

Environs  de  Smyrne 

Ephraïm  Bonus 

Epingle  d'or  d') 

Epouse  indiscrète  d') 

Erasme 

Erasme  d'Amsterdam 30 

Escalade  ou  les  adieux  du 
matin  d'). 


scalier  de  la  danse  d'i. 

scamoteur  (T) 

spagnole  d) 

spana. 


sprits  des  villes  molles   des) 

spiègle  d'i 123 

spiègles  desi 

ssai  du  corsel  d'i 366 

sther  devant  Assuérus 

table  à  chèvi  es 

lé  d'i 188,  535 

tel uelle  convoitise  (Il 

toile  d'i 

toile  de  Bethléem  d'i 

toiles  des) 

lude  de  femme  nue 


Pnges 

185 

276 
62 
71 
4 
325 
384 
221 
573 
373 
52 
218 
399 
542 
23 
226 
491 
203 
296 
556 
478 
562 
547 
423 
107 
490 
361 
538 
556 

92 
397 
551 
135 
170 
38  i 
101 
172 
573 
297 
187 

35 

314 
537 
303 
496 
396 
384 
162 
305 
378 
119 
156 
539 
558 
558 
(56 
396 
372 


LISTE    DES    ESTAMPES 


601 


Pngcs 

Etude  de  nu 374 

Etude  pour  l'Eve 420 

Etudes  brutales 536 

Etudes  d'enfants 428 

Evanouissement  (1') 302 

Eve 420 

Evénement  au  bal  (1') 325 

Evening 25G 

Eveningorthesportmanreturn  264 

Eventail  (1') 76  555 

Evocation  d'Erda 419 

Evocation  de  Kundry 419 

Exemple  d'humanité  donné...  350 

Experte  en  dentelles  (F) 543 


Faire -part    naissance    Hélène 

Béraldi 396 

Faire- part    naissance     M.    I. 

Delzant 396 

Faiseurs  de  fagots  (les) 483 

Falaise  (la) 384 

Famille  (la) 131 

Famille  de  gitanes 410 

Famille  de  Lorraine  (la) 106 

Famille  du  satyre  (la) 227 

Fanny  Leyland 567 

Fantaisie 397 

Fauconnier  et  le  chasseur  (le)  197 

Faustus 139  170 

Féerie  des  heures  (la) 537 

Félicité  villageoise  (la) 325 

Femme  (la) 397 

Femme  à  la  llèche  (la) 163 

Femme  à  la  tête  de  mort  (la)  544 

Femme  à  la  rose  (la) 378 

Femme  à  sa  toilette 500 

Femme  à  la  voilette  (la) 575 

Femme  assise  (la) 365 

Femme  arrosant 501 

Femme  au  bain 500 

Femme  au  chandelier  (la) 3 

Femme  au  chien  (la) 578 

Femme  au  cochon  (la) 547 

Femme  au  collet  de  fourrure.  459 

Femme  au  corset  noir  (la) ....  547 

Femme  au  coucou  (la) 493 

Femme  au  divan  (la) 457 

Femme  au  guerrier  (la) 476 

Femme  au   long  manteau   (la)  538 

Femme  au  mannequin  (la)....  560 

Femme  au  miroir  (la) 544 

Femme  au  miroir   bombé  (la)  207 

Femme  au  parapluie  (la) 480 

Femme  au  piano  chantant ....  579 

Femme  au  sopha  (la) 408 

Femme  aux  Saxe  (la) 457 

Femmes  de  Paris  (les) 397 

Femme  devant  le  poêle  (la) . . .  163 

Femme  enjambant  sa  baignoire  402 


Payes 

Femme    faisant    manger    son 

enfant  521 

Femme  joyeuse 472 

Femme  flamande 417 

Femme  marchant  à  gauche  (la)  365 

Femme  marchant  au  fond  (la)  365 
Femme  montée  sur  le  dos  d'un 

homme 13 

Femme  nue  assise 470 

Femme  nue  couchée  sur  le  dos  (la)  7 

Femme  se  baignant  les  pieds  (la)  7 

Femme  se  coiffant 500 

Femme  regardant  la  nacelle  (la)  114 

Femme  sauvage  sur  un  cerf  (la)  128 

Femme  s'essuyant 403 

Fiancés  de  Cordoue  (les) 497 

Pileuse  (la) 52 

Fille  à  sa  tante  (la) 478 

Fille  couchée  (la) 569 

Fille  de  brasserie 539 

Filles  de  nuit  à  Paris  (les) 437 

Fille  enlevée  (la) 309 

Fils  du  charpentier  (le) 479 

Financier  (le) 345 

Fin  de  la  course 318 

Fin  du  jour 559 

Fishing  boat 563 

Fishing  quay  Ostend 572 

Fénelon 329 

Festin  royal  (le) 350 

Fête  d'Auteuil  (la) 355 

Fête  sur  une  place  publique..  523 

Flagellation  (la) 220 

Flower  Market 562 

Foi  (la) _4 

Foire  de  Bezon  (la) 355 

Foire  de  Gondreville  (la) 74 

Foire  de  Guibray 306 

Foire  de  l'Imprunetta  (la) 75 

Foire  de  Saint-Martin 526 

Foire  de  village  (la) 361 

Folie  (la) 324 

Folies  -  Bergères 501 

Fontaine  d'amour  (la) 324 

Forêt  et  le  soleil  (la) 470 

Forge  aux  deux  ouvriers  (la). .  467 

Forge  des  carmélites  (la) 499 

Forges  d'Ivrv  (les) 473 

Forts  de  la  halle  (les) 428 

Fortunée  Briquet 328 

Fortune  qui  danse  (la) 557 

Fosse  commune  (la) 193 

Fourberies  du  renard  (les) 113 

Foyer  (le) 483 

Français  et  son  laquais  (le)  ...  73 

Franck 187  191 

François  I«r 93 

François  II,  duc  de  (iuise 78 

François  de  Troy 80 

Frascati 318 

Fresh  gathered  peas 288 


G02 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Fricasseuse  (la) 194 

Friest 189 

Fruit  de  l'amour  secret  (le) . . .  297 

Fruit  stall 563  569 

Frûhlingh 560 

Fuite  d'un  abbé  (la) 501 

Fuite  en  Egypte  (la) 

57,  103,  137,  115,  116  182 

Fulliam 4-13 

Fumeuse  (la) 539 

Furnaee  nocturne 563 

Fu  mette 562 

Fumeuse  (la) 579 


Gabriel  Cortois  de  Pressigny..  164 

Gaieté  conjugale  (la) ". . .  325 

Gaieté  de  Silène  (la) 325 

Galerie  du  Palais  (la) 72 

Galerie  fashionable 411 

Galerie  Notre-Dame  (la) 508 

Galeries  de  l'Odéon 375 

Galeries  supérieures  du  théâtre 

Beaumarchais  (les) 495 

Galipettes 397 

Ganymède 210 

Garçon  d'écurie 416 

Garde  chasse  (le) 402 

Garden 563 

Garden  party  d'enfants 555 

Gardeuse  d'oies  (la) 520  526 

Gardiens  du  logis  (les) 384 

Gare  à  l'eau 3 16 

Garenne  (la) 446 

Gaspard  de  Coligny 4 

Gaspard  de  Haillon  du  Lude..  103 

Gavarni  à  la  cigarette 428 

Gellius  de  liouma 193 

Genevilliers 527 

Génie  de  la  musique  (le) 419 

Génie  sur  un  cheval  de  hois  . .  3 

Génie  tenant  un  écusson s 

George  Washington  Esqra 2.81 

GeorgianaduchessofDevonsnire253  27s 

Gerda  II'"' 579 

Gestes  de  M.  Deschanel 537 

Gimblette  (la) 324 

Gitane  dansant I  II) 

Gilanclla 396 

Glace  (ho 3,s,s 

Gladiateurs  des) 232 

Glaneuses  (les) 51!) 

God  ofthe  mother  superior  ..  541 

Gœtterdœmmering 119 

i  tomme  (la) 397 

Goujat  el   les  deux  ânes  (le).  .  .  I  IX 

Goût  nouveau  (le) III 

l. é  (le) 131,  132  297 

(.i  .lias  parisiennes  au  hois  de 

\  incennes  (les) 338 


Pages 

Graine  d'horizontale 397 

Grand  arbre  (le) 170  LSI 

Grand  bal  (le) 65 

Grand  bassin  à  Anvers  (le). . . .  472 

Grand  Coppenol  (le) 174 

Grand  courrier  (le) 32 

Grand  Fumeur  (le) 501 

Grand  hercule  (le) 23 

Grand  jardin  d'amour  (le) 128 

Grand'mère  (la) 526 

Grand  rocher  (le) 75 

Grand  sacrifice  à  Priape  (le)..  207 

Grand  satyre  (le) 23 

Grande  Ayar  (la) 119 

Grande  bergère  (la) 521 

Grande  bergerie  (la) 466 

Grande  crosse  d'évéque  (la)  ..  52 

Grande  descente  de  croix  (la)  137  153 

Grande  foire  de  Florence  (la)  75 

Grande  fortune  (la) 3  22 

Grande  marée  par  la  lune  ....  441 

Grande  mariée  juive  (la) 178 

Grande  résurrection  de  Lazare  (la). . 

137  117 

Grande  toilette  (la) 349 

Grandes  barbes  (les) 193 

Grandes  chaumières  des) 381 

Grandes  misères  de  la  guerre  (les)  76 

Grande  à  foin  et  le  troupeau  (la)  139 

Greenwich 153 

Grenadier  de  Waterloo  (le)  ...  396 

Grenadier  manchot  (le) 396 

Grève  (la) 544 

Grève  de  mineurs  (la) 175 

Griffonnements  avec  taillis  ...  139 

Grimpeurs  (les) 235  238 

Grotte  et  le  ruisseau  (la) 138 

Guardian  angels  277 

Guérard  regardant  une  épreuve  432 
Guerrier  et  la  femme  à  l'éten- 
dard (le) Il 

Gui  Patin 98 

Guido  Bentivoglio w 

Guillaume  de  Brisacier 96 

Guillaume  d'Orange..   113,  181  200 

Guillaume,  duc  de  .luliers  ....  2 

Guinea  pi^s 263 

Guiteraro  (le) 499 

Haberl 101 

Habillage  d') 178 

lia  !  le  joli  petit  chien 311 

Hâleurs  des) 379 

Halle  aux  chapeaux 396 

Haut  d'un  battant  de  porte  de)  380 
Hasards    heureux    de    l'escar- 
polette (les) 323 

Hélène 419 

Henri  II 70,  77  78 


LISTE    DES    ESTAMPES 


603 


Pages 

Henri  III 199 

Henri  III  de  France 96 

Henri  IV 87,  95  115 

Henri  de  Lorraine 95  96 

Henri  Legrand 348 

Henry  Monnier 428 

Henri  Oswald 83 

Henriette  Balzac  d'Entragues  . .  198 

Henrietta  conntess  of  Warwick  282 

Hercule 23  78 

Hercule  combattant  les  géants  233 

Hercule  et  Omphale 5 

Hercule  étouffant  Antéc 240 

Hercule  terrassant  un  centaure  229 

Hercule  tuant  Cacus 117 

Hercule  tuant  l'hydre  (te  Lcrne  208 

Héron  (le) 463 

Her  royal  highness  the  duchess 

of  Gumberland 255 

Hertz 428 

Hésitation 270 

Heure  de  la  chauve-souris  (1'). .  476 

Heures  du  jour  (les) 411 

Heur  et  malheur,  ou  la  cruche 

cassée  314 

Heureuse  fécondité  (1') 325 

Heureuse  union  (T) 325 

Heureux  moment  (l-) 339 

Hirondelles  (les) 383 

Histoire  de  la  sainte  chandelle  544 

Hiver  (T) 555 

Hiver  à  Paris  (1') 384 

Hollandaise  de  Vollendham  (la)  493 

Homme  accoudé  (T) 365 

Homme  à  la  chaîne 98 

Homme  à  l'œillet  (1') 421 

Homme  à  la  Ilèche  (Y) 226 

Homme  à  la  pipe  (T) 407  544 

Homme  appuyé  (Y) 365 

I  lomme  assis  sous  une  trcillc(l')  139 
Homme  attaqué  parla  maladie 

vénérienne  (T) 34 

Homme  au  lait  (1') 138  165 

Homme  au  pistolet  (1') 194 

Homme  avec  chaîne  et  croix  (1')  139 

Homme  de  douleur  (1')  ....  37  61 
Homme  et  femme  en  habits  de 

voyage 51 

Homme  et  son  chien  (Y) 528 

Homme  mis  à  la  lorlion....  (1')  129 

Homme  mondain  (Y) 26 

Homme  monté  sur  un  âne  (1')  110 
Homme    sauvage  sur  une    li- 
corne (1') 128 

Hondius 116 

Horsley's  cottages 452 

Hôtel  de  Bourgogne 71 

Hôtellerie  (1') 467 

Hôtellerie  de  la  mort  (1') 515 

Hot  spice  ginger  bread 288 

Houassc 104 


Pages 

Humbles  terres 558 

Humorous 247 

Idylle 422  556 

Idvllc  d'été 470 

Ile"  heureuse  (1') 396 

Il  est  pris 318 

Il  est  trop  tard 359 

Il  signor  Annibal 501 

Ils  grognaient,  mais  le  suivaient 

toujours 530 

I  modi 235 

Impasse  Gambey 484 

Impressions  d'Espagne 410 

Imprimeur  Plantin  (1') 493 

Imprudence 547 

Incantation  (Y) 544 

Incendie  de  la  ferme  (1') 398 

Inconnu  (1') 382 

Indiscrétion  (ï) 336 

Infirmerie  de   l'hôpital   de  la 

Charité 70 

Innocence  en  danger  (1') 345 

Inondation  (1') 463 

Institution  de  la  Toison  d'or. .  492 

Instruction  militaire  (T) 395 

Intérieur  d'artistes 538 

Intérieur  de  la  cathédrale  de 

Burgos 456 

Intérieur  d'omnibus  parisien . .  574 

Intérieur  de  paysans 462 

Intérieur  de  S'-Maclou 493 

Intérieur  hollandais 494 

In  the  parle,  London 572 

In  the  twilight 525 

Intimité 573 

Irlandaise 576 

Italienne  (1') 392 

Jack  in  the  bilboes 263 

Jacqueline  de  Montbel 4 

Jacques  I'>   d'Angleterre  et  sa 

femme  Anne  de  Danemark  199 

Jacques  Bénigne  Bossuet 81 

Jacques  -  François  -  Edouard 

Stuart 79 

Jacques  le  majeur 61 

Jacques-Nicolas  Colbert 98 

Jamais  d'accord 341 

Jane  conntess  ofllarrington  272  279 

Jane  Hading 555 

Jardin  en  hiver  en  Hollande.  551 

Jardinière  (la) 358 

Jardinier  galant  (le) 294 

Jarretière  (la) 501 

Jean  Vandyrendouck 514 

Jeanne  Granier 555 


cul 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Jeanne  d'Albret 96 

Jean-François  de  Gondi 104 

Jean-Frédéric  de  Saxe 51 

Jean  Koets 185 

Jean  Loret 102 

Jean  Lnllier 95 

Jean  Lutma 139  171 

Jean  Silvius 139 

J'en  accepte  l'heureux  présage  348 

Jésus  au  milieu  îles  docteurs  . .  138 

Jésus  bénissant 237 

Jésus  chassant  les  vendeurs  du 

temple 84 

Jésus-Christ  en  croix 59 

Jésus-Christ  en  jardinier  appa- 
raissant    59 

Jésus    dépouillé    de    ses   vête- 
ments    11 

Jésus  en  prière  à  la  montagne 

des  Oliviers 124 

Jésus  guérissant  les  malades..  118 

Jésus  mis  au  tombeau 203 

Jésus    prêchant,   ou    la  petite 

tombe  1 10 

Jésus  présenté  au  peuple 

120,    138  150 

Jésus  tenté  dans  le  désert 118 

Jésus  via  et  vita  nostra 115 

Jetée  de  Flessinguc 551 

Jetée  en  Angleterre  (une) 381 

Je  touche  au  bonheur 335 

Jets  d'eau  (les) 325 

Jeu  île  cache-cache  mitoulas  (le). .  331 

Jeu  de  colin-maillard  (le) 331 

Jeu  de  l'oye 306 

Jeu  de  pied  de  bœuf  (le) 334 

Jeu  îles  quatre  coins  (le) 31!  1 

Jeu  du  koll'(le) 138 

Jeune  berger  (le) 210  211 

Jeune  Femme  à  la  barre 457 

Jeune  femme  à  la  croisée I5.S 

Jeune  femme  au  buste  de  Marie- 
Antoinette  457 

Jeune  femme  assise 192 

Jeune  femme  et  le  fou  (la) 10 

Jeune  femme  poussant  des  cris  13 

Jeune  Hlle  à  la  barre 373 

Jeune  Bile  avec  panier 13!) 

Jeune  Bile  vêtue  île  noir  (lai..  IIS 

Jeune  Frisius  avec  son  chien  (le). .  115 
Jeune  homme  contemplant  une 

tête  île  mort  (le) 210 

Jeune  homme  jouant  de  la  man- 
doline    37 

Jeune  homme  assis  réfléchissant  . .  139 
Jeunesse  inaltérable  et  la  vie 

éternelle  (la) 371 

Jeune  prisonnier  (le) 222 

Jeune  savoyarde  (la) 330 

Joconde  (la) 242 

Johanna 574 


Pages 

Johannes  Zuremus 115 

John  Dryden 8C  329 

Joie  maternelle 480 

Joli  mai 573 

Joli  manœuvre  du  moine  dans 

le  bled  (le) 162 

Joli  petit  chien  (le) 3  11 

Joli  petit  serin  (le) 345 

Joséphine  Tascher  de  la  Pagerie  . .  411 

Joueur  de  cartes  (le) 138 

Joueur  de  cornemuse  (le)  110  115 

Joueur  de  guitare  (le) 438 

Joueur  d'orgue  (le) 51 

Joueurs  de  boules  (les) 71 

Joueurs  de  dames  (les) 352 

Joueurs  de  tric-trac  (les) 180 

Joueuse  de  banjo 390 

Joueuse  de  11  ù te 397 

Joueuse  de  guitare  (la) 57!) 

Joueuse  de  vielle  (la) 401 

Jouis,  tendre  mère 310 

Jour  (le) 321 

Juda  et  Thamar 10 

Judith 48,  223  220 

Jugement  dernier  (le) 113 

Jugement  tic  Paris  (le). .  31,  221  238 

.Jugement  de  Salomon  (le). .  12  10 

Juif  à  grand  bonnet 13S 

Juillet 517 

Jupiter  et  Antiope 138 

Jusque  dans  la  moindre  chose  299 

Justice  (la) 11 

Justice  protège  la  Fortune  (la)  558 


Kabyle  mort 422 

Keller 85 

Kempis 397 

Kilgaren  casile 449 

Knives  scissors  and  razors. . . .  288 

Lady  al  Haymaking 201) 

Lady  Bampfylde 2»  i 

Lady  Betty  Delmeand  children  272 

Lady  Caroline  Howard 273 

Lady  Caroline  Pricé 278 

Lad}  Catherine  Howard 37 

Lady  Catherine  l'elham  Clinton  273 

Lad}  Charlotte  Greville 257 

Lady  Cocburnand  lier  children  280 

Lady  Duncannon 

Lad}  Elizabeth  Corupton 271 

Lad}  Elizabeth  Herbert  and  son  272 

Lady  Elisabeth  Sherley 37 

Ladj  Georgia  Spencer 277 

Lad}  Grammoni 202 

Lad}    llamilton 272  2X1 

Lad}  Henrietta  Herbert 280 


LISTE    DES    ESTAMPES 


f>05 


Pages 

Lady  Isabella  Hamilton 282 

Lady  Mildmay  and  child 257 

Lady  Neville. 250 

Lady  Rushout  and  daughter..  259 

Lady  Sarah  Bunbury 280 

Lady  Smith  and  children 279 

Ladies . . .  Waldegrave 277 

Lady  Whitmore 202 

La  Fontaine 322 

La  Goulue  et  sa  sœur 555 

Lagoon-Noon 563 

Lagune  prés  de  Chiogga  (la)..  551 

Laitière  (la) 123  330 

L'allégro 273 

La  mère  Gérard 562 

La  Mothe  Le  Va  ver 102  322 

Lande  (la) ' -122 

Lande  par  un  grand  vent  (la).  .  -122 

Landing  stage,  Cowes 572 

Landscape  with  tlirecs 387 

Langue  de  terre  (la) 195 

Lanterne  magique  (la) 428 

La  piera  del  Bando 212 

La  plus  belle  fille  du  monde. . .  547 

La  Stockin 547 

La  torre  di  Malghera 212 

Lavallière 555  ■ 

Lavoirs  de  l'Hôtel-Dieu  à  Provins. .  375 

Leçon  d'amour  (la) 365 

Leçon  de  guitare  (la)    327 

Leçon  de  clavecin  (la) 327 

Leçon  interrompue  (la) 340 

Lecture  (la) 576 

Lecture  de  l'office  (la) 482 

Léda  et  ses  entants 233 

Le  juge,  ou  la  cruche  cassée. .  309 

Le  long  de  la  rive 483 

Le    marché    aux    fromages    à 

Alkmaar 526 

Lender  debout 555 

Lender  et  Brasseur 555 

Lender  saluant 555 

Le  numéro  90 573 

Léon  Cladel 380 

Léon  Noël 411 

Le  Pomponne 101 

Le  porte  del  Dolo 212 

Le  Preson 212 

Le  procuratie  nioue  e  S.  Zi- 

minian 212 

Lérand 395 

Leroy 408 

Le  Titien  et  sa  maitressc 192 

Lettre  de  faire-part  H.  Guérard  440 

Lever  (le)..  294,  297,  325,  349  351 

Lever  de  la  mariée  (le) 321) 

Lever  de  lune 470 

Lever  des  ouvrières  en  modes  (le)  339 

Le  voilà 396 

Liber  veritatis 90 

Liebe 560 


Pages 

Lièvre  pendu  (le) 36 

Limchouse  562 

Lion  de  l'Atlas 105 

Lise  poursuivie 317 

Liseur  (le) 550 

Lit  à  la  française  (le) 101 

Little  Arthur 502 

Liltle  court 503 

Little  green  grocer  shop 572 

Little  rag  shop 572 

Liverdun  562 

Lobsler  pots 563 

Loches 387 

Locomotive 441 

Loge  (la) 535 

Loge  à  l'Opéra  (la) 428 

Loge  des  clowns  (la) 574 

Lola  de  Valence 500 

London  bridge 507 

Long  lagoon 563 

Long  shore  men 565 

Long  Venice 563  569 

Louis  V 322 

Louis  XIII 34,  86,  87  88 

Louis    XI11    et     Elisabeth    de 

France 89 

Louis  XIV. .  79,  80,  100,  101,  1112  103 

Louis  XV 79  322 

Louis,  dauphin  de  Fiance....  103 

Louis  XVI 359 

Louis  Phclypcaux 80 

Louisa  Lady  Stormount 281 

Louise 473  552 

Louise  de  Budos 94 

Louise  France 393 

Love  in  lier  eye  sits  playing..  209 

Lucie  île  Carlisle 188 

Lucrèce 6  235 

Lucrèce  prête  à  se  percer  le 

sein 239 

Lucrèce  se  donnant  la  mort  . .  239 

Lumière  (la) 472 

Lutma 138 

Lutteurs  (les) 395 

Lutteuses  (les) 558 

Lut/.en 532 

Lu \  ter 56 

Lydia 269 

Ma  chemise  brûle 324 

Madame  Achille  Déveria 411 

Madame  Bacelli 251 

Madame  Berthe  Deveria 411 

Madame  Campan III 

Madame  Carrière 288 

Madame  Cécile  Deveria 411 

Madame  de  Maintcnon 322 

Madame  de  Miramon 322 

Madame  de  Viefville 128 


606 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Madame  du  Barry 328 

Madame  Dugazon 331 

Madame  Lckerlin 111 

Madame  Eugène  Dévéria 111 

Madame  Huer  ta 411 

Madame  Relier 80 

Madame  la  comtesse  du  Barry  307 

Madame  Lame  Dévéria 411 

Madame  Lemercier 41 1 

Madame  Létine 300 

Madame  Marie  Dévéria 111 

Madame  Montigny 428 

Madame  de  Pompadour. . .  304  362 

Madame  Roland 328 

Madame  Roqueplan 411 

Madame  S'" 570 

Madame  Schlésinger 111 

Madame  Vaillant 197 

Madame  Valeiltin 408 

Madeleine  lisant  dans  le  désert  217 

Mademoiselle  A.  Noblet 411 

Mademoiselle  D 347 

Mademoiselle  Lavergne 347 

Mademoiselle  Pacini 411 

Madone  de  Saint-Sixt  (la) 51 

M.iiille...  Monsieur Cabanel..  517 

Ma  grand'tante 543 

Main  (la) 310 

Maisons  à  S'-l'icrrc-dc-Mannc- 

ville 470 

Maison   basse  sur  le    bord    du 

canal  (la) 170 

Maison  du  garde  (la) 103  480 

Maisonnettes  au  Zoete 157 

Maisons  et  fumée 375 

Maîtresse  d'école  (la) 300 

Major  est  si  difficile  (le) 517 

Malade  (la) 469 

Malheurs  oie  la  guerre  (les)...  437 

Manchons  îles) 37 

ManègeQe) 482 

Manège  a  vapeur 414 

Maraudeurs  (les) 31)0 

Marchand  de  moi  l-aux-rals  de)  101 

Marchande  à  la   toilette  (la)..  .  342 

Marchande  de  légumes  (la)...  .'170 

Marchande  de  moutarde  (la). .  502  564 

Marchande  des  qualre-saisons  (la)  303 

Marche  a   l'éloile  (la) 537 

Marche  joj  euse 396 

Marché  aux  cochons  (h') 437 

Marché  aux  fleurs  (h') 539 

Marché  aux  poissons  (le) 193 

Marché  de  Diuan 152 

Mai  chez    tOUl    doux 201 

Marécages  des) lit 

Maréchal  de  Villars(le) 348 

Maréchal  l'errant  (le) 535 

Marée  montante  a  Flessinguc  551 

Margarita  d'Austria 02 

Margot  la  critique 381 


Pages 

Marguerite  de  Carlislc 188 

Mariage  (le) 20 

Mariage  de  la  Vierge  (le) 217 

Mariage    mystique    de    Sainte 

Catherine  d'Alexandrie....  47 

Mariakerke 417 

Marie-Antoinette  ....   307,  308, 

328,   331,  332,   333,  359,   303  364 

Marie  d'Einsiedlen  (les) 43 

Maric-Lœtitia  Bonaparte lll 

Marie  de  Médicis...   87,  88,  90  199 

Marie-Louise  de  Gonzague —  102 
Marie-Madeleine  se  livrant  au 

plaisir  du  monde 122 

Marie  Stuart 89 

Marie-Thérèse  de  France 101 

Marie-  Thérèse-  Charlotte     de 

France ■ 360 

Marine  à  traversle  rocher  percé  H  I 

Marionnettes  (les) 389 

Marne  à  Lagny  (la) 180 

Marquis  de  Longueil 100 

Marquise  de. . .  (la) 550 

Marquise  d'Exeter 201 

.Marseille 125 

Mais  et  Vénus 207  255 

Martigues 423 

Martin  Luther 14 

Marton 299 

Martyre  de  Saint  Pierre  el  de 

Saint  Paul  (le) 205 

Martyre  de  S»  Laurent  (le)..  235  257 

Martyre  de  Saint  Sébastien  (le)  (iO 

Mary-lsabella  Duchess  ofRutland. .  275 

Masques  (les) 535 

.Massacre  do-  Innocents  (le)  49,235  230 

Master  John  Crewe 280 

Master  Lambton 201 

Masure  (la) 520 

Mater  inviolata 179 

Matin 573  57.S 

Matin   de) 298  827 

Matin  au  bord  du  Gange  (le).  .  371 

Matinée  d'automne  (une) 384 

Matinée    d'hiver    au     quai    de 

l'Hôtel-Dieu 384 

Matinée  d'hiver  sur  les  quais. .  384 

Maud 132 

Maunder's   lish  shop 572 

Mavourncen >5  I 

Maximilien  I" 13 

Maya' 75 

Médaille  de  Waterloo  (la) .517 

Médavy 97 

Médée  (la) '■"'*  '■'■' 

Méditation 159 

Meei  wunder  nias) 25 

Mélanchton 15 

Mélancolie  (la) 8  28 

Mélanie  Waldor 128 

Melchior  île  Polignac 329 


LISTE    DES    ESTAMPES 


607 


Pages 

Mendiant  assis 527 

Mendiants  (les) 387 

Mendiants    à    la    porte    d'une 

maison 138 

Menu  Roger  Marx 396 

Menuet  (le) 194  523 

Menuet  de  la  malice  (le) 311 

Mercure  debout 230 

Mère  malade  (la) 373 

Mérimée 411 

Merveille  de  la  mer  (la) 23 

Mestre 212 

Métiers  (les) 73 

Meules  en  l'eu 111 

Meuse  à  Dordrecht  (la) 551 

Mcyer  et  Yahne 555 

Middlebourg 433 

Midi  (le) 298 

Mille  below  maids 288 

Millbank 5G2 

Mill  stream 499 

Mioches  (les) 178 

Miranda 259 

Miroir  (le) 559 

Mise  au  tombeau  (la) 223 

Misères  et  les  malheurs  de  la 

guerre  (les) 77 

Miss  Ann  Pair 281 

Miss  Crewe 278 

Miss  Cumberland 282 

Miss  Farren 254  260 

Miss  Frances  Harris 280 

Miss  Frances  Kemble 273 

Miss  Francis  Woodley 281 

Miss  Kemble 254 

Miss  Jacobs 273 

Miss  Olga  B 577 

Miss  Rcdferd 556 

Miss  Thompson 283 

Mislress  G.  Bowles 555 

Modèle  (le) 473  476 

Modèle  honnête  (  le) 299 

Modernité 547 

Modes  et  manières  du  jour  . . .  318 

Modistes  (les) 469 

Mœurs  du  temps  (les) 325 

Moine  (le) 549 

Moine  dans  le  blé  (le) 162 

Moine  et  la  religieuse  (le) 51 

Moine  Sergius  lue  par  Mahomet  (le)  122 

Moine  Sergius  (le) 119 

Mois  théâtral  (le) 396 

Molière 103  322 

Môme  Terpsichorc  (la) 478 

Momper 187 

Mon  grand'oncle 544 

Mon  petit  premier 397 

Monsieur  Polichinelle 501 

Monstres  (les) 543 

Montesquieu 329 

Moulin  (le) 198 


Pages 

Moulin  à  vent  (le) 421 

Moulin  à  vent  d'Esquibien 421 

Moulin  de  la  butte  Montmartre  467 

Moulin  Bruges 519 

Moulin  de  l'Epau 106 

Moulin  de  la  Galette  (le) 110 

Moulin  de  Rembrandt  (le)  139  169 

Moulin  Rouge  (le) 523 

Morgue  (la) 515 

Morning 255 

Morning     or    the    bcnevolenl 

sportman 265 

Mort  d'Abel  (la) 78 

Mort  de  la  Vierge  (la) 59  156 

Mort  de  Lucrèce  (la) 239 

Mort  de  Rcgulus  (la) 129 

Mort  du  cuirassier  (la) 396 

Mort  du  vagabond  (la) 482 

Mort    surprenant    une    femme 

endormie  (la) 8 

Mort    surprenant    une   femme 

nue  (la) 219 

Morte  couchée  (la) 374 

Mort  et  le  bûcheron  (la) 183 

Mouton  retrouvé  (le) 182 

M"  Abington 270 

M"  Benwell 259 

M"  Bonfoy 280 

Mrs  Carnac 276 

Mrs  Cibber 250 

Mrs  Cosway 252 

Mrs  Edwards 260 

M«  Fitzherbert 252 

Mrs  Haie 273 

M«  Musters 274 

Mrs  Parkyns 257 

Mrs  Payne  Gahvey  and  son...  273 

Mrs  Pelham  feeding  chickens  . .  274 

Mrs  Richards 255 

Much  ado  about  nothing 269 

Mulets  (les) 118 

Mur  du  presbytère  (le) 483 

Myrtille 396 

Mystérieuse  (la) 555 

My  studio 571 

Mytton  Hall 442 


Naguère 469 

Naissance  de  la  Vierge  (la) 48 

Napoléon  au  bivouac 396 

Nash's  fruit  shop 572 

Nathanael  Dilger 85 

Nativité  (la) 

19,37,  43,  57,  1113,   126  138 

Nature 282 

Nature  (la) •  •  325 

N'ayez  pas  peur  ma  bonne  amie  3 18 

Néant  ù  la  requête 34(5 

Nef  de  la  chapelle  S'-Georges  (la)  36 


W)S 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Négresse  (la) 391 

Négresse  debout 578 

Neige  (la) 535 

Neige  à  Bel-Air 402 

Neigea  Paris  (la) 384 

Némésis 22  529 

Nephten f>47 

Ne  vous  y  frottez  pas 399 

Newcastle  in  Emlyn 1 19 

Ne\vcastle-on-Tyne 433 

New  maekrel 288 

Niemomarth  à  Amsterdam  (le)  573 

Noblesse  (la) 76 

Noblesse  française  à  réglise(la)  73 

Noce  au  château  (la) 311 

Noce  de  village  (la) 360 

Nocturne 503  508 

Nocturne  palaces 503 

Noël  de  la  Faille 115 

Non,  je  ne  veux  pas  voir 345 

Noort 187 

Nora  Quinn >72 

Notre-Dame 199 

Notre-Dame  à  l'escalier 237 

Notre-Dame  de  Reims 156 

Nouveau  modèle  (le) 536 

Nouveau  pont  à  Lagny  (le)...  180 

Nouveaux  époux  (les) 319 

Nubilité 547 

Nuée  d'orage  (la) 382 

Nuit  (la) 2,  298  321 

Nuit  calme 431 

Nuit  de   Noël   (la) 534 

Nuit  de  printemps 120 

Nuit  en  Marne  (la) 535 

Nymphes  scrupuleuses  (les)..  337 

Obélisque  (T) 139 

Occupation  il') 325 

()  chaos  éternel  ! 574 

Octobre 553 

Œil  du  maître  d') 532 

Œufs  de  Pâques  (les) 396 

Œuvres  de  miséricorde  (les)  .  73 

Office  of  Punch 525 

Officier  cl  sa  maîtresse  (1')....  52 

Offres  d'amour  (les) 10  235 

Ohé! 414 

Ohé  !  la  classe 560 

Oies  (les) 381 

Oiseau  mort  (!') 330 

Oiseau  privé  (y) 318  333 

(  lis)  au  ranimé  d') 312 

Oisiveté  (!') 21 

Old  chairs  h.  mend 288 

ohl  Chelsea M8 

Old  Chelsea  chiirch 152 

(  >ld  HungCl  ford  bridge 502 

OU\  ni     l.t  lc\  rc    d'<  Iriucssoii  .  .  97 


Pages 

Olla  podrida 511 

Ombrelle  rouge  (1') 560 

On  déchiffre 488 

Ondée  (Y) 113 

One  of  London  llighways  ....  430 

On  la  tire  aujourd'hui 301 

On  se  retourne 478 

On  the  Arno 525 

On  the  Test 113 

On  y  va  deux 313 

Optique  (D 302 

Oracle  du  hameau  (Y)  ....  511  540 

Orage  (1') 402  407 

Ordre  règne  à  Varsovie  (1')  . . .  517 

Orgueil'G") 3 

Orphée 04 

Où  donc  est-il  '? 521 

Oui  ou  non 319 

Outillage  (Y) 415 

Ouvrière  en  dentelles  (Y) 340 

Paix  de  Munster  (la) 180 

Palace  of  Stuarts 387 

Palazzo  Dario 387 

Palemon  et  Lavinia 260 

Pandore  (la) 22 

Pantins  roses  (les) 590 

Pantomime-ballet 597 

Papillon  danseur  de  corde  (le)  352 

Papillons  dansant  (les) 352 

Papillons  en  scène  (les) 352 

Papillon  jaloux  (le) 352 

Papillon  jaune  (le) 117 

Papillon  noir  (le) 118 

Papiloneries  humaines  (les). . .  552 

Parapluies 111 

Parc  à  moutons 398 

Pardon  (le) 518 

Pardon  de  S*»-Anne-la-Palude  537 

Pari  gagné  (le) 349 

Pariserinnen 397 

Paris  qui  rit 397 

Partie  de  jeu  (une) 51) 

Parlie  de  plaisir  (la) 334 

Partie  de  whisl  (la) 349 

Pas  difficile  (le) 555 

Passée  difficile  (le) 375 

Passage  du  Granique  de  i 09 

Passé  qui  Me  do 575 

Passerelle  au  bord  du  canal,  a 

Troyes  (la) 185 

Passion  de  .lésus-Chrisl  (la)...  124 

Patineurs  (les) 117 

Paul  de  Gondi  103 

Pauvre  minet  (pie  ne  suis  je  à 

ta  place 341 

p.i\  e  des  moissonneurs  (la). . .  195 

Paysage  a  la  mare  (le) 183 

Paysage  à  la  lour  (le) 138  107 


LISTE    DES    ESTAMPES 


609 


Pn^es 

Paysage  à  la  tour  carrée  (le)  13S  1R6 

Paysage  à  la  vache  (le) 170 

Paysage  avec  le  prophète  de 

Juda 198 

Paysage  avec  un  village 209 

Paysage  au  canal  (le) 170 

Paysage  au  dessinateur 158 

Paysage  aux  deux  grands  pins  3 

Paysage  aux  deux  pécheurs  (le)  170 

Paysage  aux  palissades  (le)  . . .  170 

Paysage  aux  trois  arbres  (le). .  164 
Paysage  aux  trois  chaumières  (le) 

138  1GG 

Paysage  d'automne 528 

Paysage  du  Bourbonnais 500 

Paysage  non  fini  (le)  170 

Paysages 415 

Paysages  parisiens 537 

Paysan  à  cheval  (le) 187 

Paysan  avec  femme  et  enfant  138 

Paysan  dansanl  et  la  paysanne  (le)  10 

Paysan  et  paysanne  marchant  138 

Paysan  payant  son  écot 133 

Paysant  rentrant  son  fumier..  519 

Paysanne  du  Bourbonnais  (la)  546 

Paysans  (les) 471 

Peàt  Moss  Banavie 137 

Péché  du  premier  homme  (le)  78 

Pêcheur  d'anguilles  (le) 495 

Pêcheurs  (les) 133 

Pêcheurs  de  crevettes  (les)  . . .  487 

Peintre  dans  son  atelier 132 

Pénitence    de    saint    Chrysos- 

tome  (la) 7 

Pénélope  Herbert  île  Pembroke...  1,S8 

Pénélope  Xaunton 188 

Pénombre 195 

Pensée  de  la  mort  (la) 66 

Perdrix  (les) 380 

Perrette 299 

Perrons  au  Luxembourg  (les)  569 

Peseur  d'or  (le)  138 

Peste  (la) 238 

Pétards  (les) 325 

Petit  calé  à  soldats 462 

Petit  chagrin 573 

Petit  chien  endormi  (le) 138 

Petit  Coblentz  (le) 319 

Petit  conseille) :;il 

Petit  fumeur  (le) 501 

Petit  jardin  d'amour  (le) 128 

Petit  jour  (le) 326 

Petit  nemrod  (le) 555 

Petit  pont  (le) 179  507 

Petit  prédicateur  (le) 325 

Petit  prêtre  (le) 76 

Petit  sauveur  (le) 61 

Petite  bohémienne  (la) 138 

Petite  bohémienne  espagnole  (la). .  160 

Petite  bretonne  (la) 544 

Petite  Eve  (la) 173 


Pages 

Petite  fille  au  chien  (la) 330 

Petite  foire  (la) 74 

Petite  l'orge  (la) 198 

Petite  loge  (la) 349 

Petite  mendiante 574 

Petite  sorcière  (la) 536 

Petite  toilette  (la) 319 

Petite  tombe  (la) 138  116 

Petite  treille  (la)  19 

Petite  ville  (la) 468 

Petites  chaumières (les)  384 

Petites  du  ballet  (les) 477 

Petits  danseurs  de  noce  (les). .  8 

Petits  favoris  (les) 311 

Petits  parrains  (les) 3 18 

Petits  pavés  (les) 573 

Peuple 517 

Phénix  (le) 159 

Philippe  de  Champaigne 81 

Philippe  de  France 104 

Philippe  Le  Roy  191 

Philosophie  endormie  (la)....  329 

Phœbus  et  Diane 207 

Phrosine  et  Mélidor 851 

Piazza  Guilio  Cesare  502 

Picadore  enlevé  sur  les  cornes 

du  taureau  (le) 438 

Pièce  allégorique  sur  l'érection 

de  la  statue  de  Louis  XV  . .  351 

Pièce  aux  cent  florins  (la)  138  148 

Pièce  de  canon  enlevée  (la). . .  396 
Pièce  de  dédicace  à  (Bosnie  de 

Médicis 76 

Pièce  tles  pieds  (la) 236 

Pierre  Aretin 289 

Pierre  Dupuis 98 

Pierrot  pendu 573 

Pierrot  sceptique 397 

Pigeon  vole 517 

Pile  de  pont 397 

Pilot  town  La 525 

Place  de  la  Concorde  (la)  131  587 
Place    de    la    Constitution,    à 

Séville(la) 456 

Plage  de  Martigues 583 

Place  Pigalle  (la) 381 

Plaisir  (le) 890 

Plaque  de  chapeau  (la) 29 

Plénipotentiaire 545 

Pluie  et  parapluie 881 

Plume  (la) 597 

Plus  haute  expression  d'un  sen- 
timent vague  (la) 374 

Plus  jolie  femme  de  Pans  (la)  555 

Poème  d'amour 119 

Poésie  (la)  238 

Poète  Anacréon  (le) 525 

Poète  Virgile  suspendu  dans  un 

panier  (le) 123 

Poignard  au  couple  nu  (le)  ...  2 

Polichinelle  (le) 500 


610 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Polonia  396 

Pommiers  (les) 106 

Pommeau  d'épée  (le) 29 

Pompe  Notre-Dame  (la) 512 

Pomponne  de  Belièvre 101 

Pont  Alexandre  (le) 371 

l'ont  au  Change  (le) 514 

l'ont  de  bois  (le) 170 

l'ont  dans  la  lande  (le) 524 

l'ont  de  l'Europe  (le) 375 

l'ont  de  Si\  (le) 138 

l'ont  des  Saints-Pères  (le) 537 

l'ont  des  Saints-Pères  la  nuit..  107 

Pont  Louis-Philippe  (le) 198 

l'ont  Marie  (le) 548 

Pont-Neuf  (le) 131  513 

Pont  Saint-Michel  (le) 109 

Pont  Solferino  (le) 406 

Ponte  l'iovan   563 

Port-au-Bois,  à  Troyes  (le). . . .  486 

Porta  délia  Carta... 473 

Portail  de  la  cathédrale  d'An- 
vers   36 

Port  breton  (le) 535 

Port  de  l'Atlantic  City 172 

Poil  (le  Boulogne-sur-Mer 199 

Port  de  Stockholm  (le) 456 

Port  de  Trouville 175 

Porte  enfoncée  (la) 309 

Portement  de  croix  (le) 58  119 

Porte  des  femmes  blanches,  à 

Utrecht  (la) 181 

Porte  dn  bourg  (la) 186 

Porteuse  de  poissons 515 

Portrail  de  ('.liai  les  V 9 

Portrait  de  Delaunay 107 

Portrait  de  Gounod  107 

Portrait  de  II.  Aldegrever 2 

Poitrail  de  Joseph  Tournv  ...  102 

Toi  trail  de  Knipperdoling ....  2 

Portrait  de  la  Dubarry 319 

Portrail  de  Henry  Becque....  540 

Portrait  de  Luther 56 

Portrait  d'un  jeune  homme...  124 

Portrait  de  Maximilien 121 

Portrait  de  Miss  Y"' 526 

Portrait  de  M Laffite 172 

Portrait  de  Mp  de  Ségur 121 

l'orirait  de  Raphaël 121 

Portrait  de  Rips i36 

Portrail  du  Titien 212 

Poi  trait  de  Victor  Hugo  . .  539  540 

Portrait  de  Whistler 158 

Portrait  <\^  prince  Napoléon..  128 

Porus  blessé 09 

Postures  (les) 235 

l'ol  au  lait  (le)  325 

Pot  de  vin  (le) 195 

Pourquoi  573 

l'ia  délia  Yalic 212 

Prairie  el  moulins 520 


Pngc» 

Précautions  (les) 3 18 

Précaution  maternelle  (la) 522 

Pré  ensoleillé  (le) 183 

Prélude  de  Lohengrin 119 

Prélude  de  Nina  (le) 301 

Premier  de  l'an  chez  l'ouvrier  (le)  128 

Premier  pas 177 

Première  toilette  (la) 501 

Présentation  au  temple  (la)  216  221 

Prière  (la) 189 

Prince  de  Galles  (le) 80 

Princesse  Anne  Sophie  de  Ha- 
novre    1 85 

Princesse  de  Lamballe 308  331 

Printemps 510 

Prise  de  .lésus-C.brisl  (la) 15 

Procession  (la) 189 

Procession  dans  une  église  es- 
pagnole    482 

Procession  du  doge  de  Venise  231 

Profils  parisiens 180 

Promenade  à  Hyde  Park 523 

Promenade    au    bois   de   Vin- 

cennes  (la) 338 

Promenade  au  bord  de  l'eau  (la). .  450 

Promenade  au  jardin  turc  ....  168 

Promenade  après  la  course...  387 

Promenade  dans  la  neige 555 

Promenade  dans  la  galerie  du 

Palais-Royal  (la). 312 

Promenade     de     Loncliamps, 

an  X 360 

Promenade  des  religieuses  (la)  522 
Promenade    des    remparts    de 

Paris  (la) 356 

Promenade  du  boulevard   des 

Italiens  (la) 319 

Promenade    du    dimanche  (la)  528 
Promenade  i\u  jardin  du  Palais- 
Royal  (la)..' 31  I 

Promenade  du  matin  (la) 32.) 

Promenade  du  soir  (la) 325 

Promenade  publique  (la) 313 

Promeneur  VU  de  lace  (le)....  305 
Promeneur  vu  de  profil  (le)  ..  365 
Publication  des  éditsde  Charles- 
Quint  192 

Puissance  de  l'amour  (la) 219 

Purification  de  la  Vierge  (la)..  126 

Puvis  de  Chavannes 388 

Pyrame  et  Thisbé 230  235 

Quai  de  la  gare  à   Dieppe  (le)  1111 

Quai  de  la  lîapée 173  552 

Quai  de  l'Hôtel-de-YilleàParis  191  199 

Quai  des  Bateliers 519 

Quai  des  Orfèvres 199 

Quai  du  Rosaire >49 

Quand  les  bourgeois  dorment  139 


LISTE    DES    ESTAMPES 


1)11 


Pages 

Quart  d'heure  de  Rabelais  (le)  421 

Quatre  âges  de  la  vie  (les).  71  334 

Quatre  cavaliers 243 

Quatre  chèvres  (les) 92 

Quatre  heures  du  jour  (les).. .  334 

Quatre  saisons  (les) 37,  73  334 

Quatre  tètes  de  mort  (les) 10 

Quatrième  verre  de  cognac  (le)  547 

Queen  Anne's  gâte 387 

Qu'en  dit  l'abbé 337 

Question  d'Orient 544 

Quiet  canal 563 


Rachel  de  Middlesex 188 

Radoub  d'une  barque 464 

Ramasseiir  de  bouts  de  cigares  (le)  407 

Raquette  (la) 495 

Ravaudeuses  (les) 539 

Raymond  la  Garrique 428 

Rebecca 115 

Récolte  de  pommes  de  terre..  520 
Recrue  allant  rejoindre  le  régi- 
ment   305 

Réflexions  indiscrètes 480 

Regrets  mérités  (les) 325 

Reine  de  Saba  (la) 371 

Reliquaire  (un) 56 

Rembrandt  appuyé 138  141 

Rembrandt   dessinant   d'après 

le  modèle 138 

Rembrandt  gravant 138 

Rembrandt    au    bonnet    orné 

d'une  plume 138 

Rembrandt   au  chapeau  rond 

et  au  manteau  brodé  . .  136  140 
Rembrandt  au  sabre  et  à  l'ai- 
grette    142  156 

Rembrandt  dessinant 138  142 

Rembrandt  et  sa  femme 138 

Rémouleurs  à  Tende  (les)  ....  397 

iîencontre  au  bois  de  Roulogne  (la)  348 

Rendez- vous  (le) 299  409 

Rendez-vous  pour  Marly  (le)..  348 

Renan  570 

Rencontre  (la) 492 

Rendez-vous  comiques  (ies)  . .  366 

René  Chopin 93 

René  Descartes 185 

Renier  Ansloo 139 

Rentrée  du  travail  (la) 550 

Repas  italien  (le) 334 

Répétition  de  ballet 535 

Réponse  embarrassante  (la). . .  336 

Repos  (le) 388 

Repos  en  Egypte  (le) 14  118 

Repos  ou  retour  d'Egypte  (le)  120 

Réprimande  (la) 318 

Restaurant  (le) 344 

Rétameusc  (la) 502 


Pages 

Retour  à  la  fontaine,  (le) 524 

Retour  à  la  vertu  (le) 34  1  340 

Retour  au  lavoir  (le) 551 

Retour  au  port  (le) 164 

Retour  de  chasse 527 

Retour  de  foire  à  Pampelune  .  456 
Retour  de  l'enfant  prodigue  (le) 

121,155  223 

Retour  de.;  champs  (le) 110 

Retraite  aux  flambleaux 431 

Retraite  du  bataillon  sacré  à 

Waterloo 530 

Rêve  (le) 532 

Réveil  (le) 531  575 

Réveillon  (le) 384 

Réverbère 117 

Rêveuse 37 1 

Révolte  des  tisserands  (la). . . .  171 
Revue  du  Roi  à  la  plaine  des 

Sablons  (la) 350 

Revue  nocturne  (la) 531 

Rialto  (le) 132 

Richelieu  359 

Richemond 475  562 

Riki 574 

Rinceau  au  couple  amoureux  (le)..  52 

River  Test  at  Long  Parish 454 

Rivière  en  bas  du  grand  Rocher(la)  114 

Rivière  au  milieu  du  parc  (la)  418 

Rixe  (la) 301 

Rocher  percé  (le) 197 

Rodin 3.S8 

Roi  et  l'homme  mort  (le) 129 

Roma  caput  mundi 65 

Roman  (le) 327 

Roman  dangereux  (le) 345 

Roman  incohérent  397 

Romance  du  printemps  (la). . .  416 
Romains    illustres     par    leur 

valeur  (les) 115 

Ronde  (la)  541 

Rosa  Bonheur 428 

Rose  (la) 316 

Rose  Rertin 332 

Rose  mal  défendue  (la) 317 

Rose  prise  (la) 302 

Roseaux  et  sarcelles 383 

Rosita  Mauri 578 

Rotherhithe  on  wapping. .  562  560 

Round  and  sound  live  pence..  288 

Rousseau  (J.-B.) 329 

Rousseau  (J.-J.) 322 

Route  aux  grands  arbres  (la). .  528 

Route  traversant  la  forêt  (la)..  445 

Route  zélandaise 371 

Ru  d'Osny  (le) 52:; 

Rue  Caulaincourt 552 

Rue  Damiette  à  Rouen  526 

Rue  Grcnier-sur-1'Eau 190 

Rue  Mole 519 

Rue  Mouffetard  408 


(.12 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Hue  Pirouette 190 

Hue  Pirouette,  aux  Halles 505 

Hue  Rodier 532 

Hue  Saint-Severin 375 

Hue  Transnonain  (la) 100 

Hue   de   la    Montagne-Sainte- 
Geneviève  190 

Hue  de  la  Vieille-Lanterne  (la)  111 

Hue  d'Ecosse  (la) 375 

Rue  de  l'Ile,  à  Martigues 533 

Hue  de  l'Isle  (la)....' 186 

Hue  de  Morlaix 175 

Hue  des  Filles-de-Dieu 387 

Rue  des  Marmousets 171 

Hue  des  Mauvais -Garçons  (la)  508 

Hue  des  Abbesses 552 

Hue  des  Prêtres- Saint-Severin  375 

Hue  du  Bon-Secours,  à  Bruxelles  117 

Hue  du  Commerce,  à  Dundee  473 

Hue  du  Gros-Horloge, à  Rouen  37(5 

Hue  du  Hameau-Lcfèvre 107 

Hue  du  Petit-Salut  (la) 175 

Hue  Galandc  (la) 18/ 

Ruelle  (la) 305 

Ruelle  du  More,  Alger 571 

Ruelle  des  ['relieurs,  à  Boulogne(la)  199 

Ruelle  Saint-Jean  (la) 486 

Ruisseau  sous  bois 163 

Rural  amusement 267 

Rustic  employment 207 


Sacrée  t  couronnement  deMaric 

de  Médicis 90 

Sacré-Cœur  (le) 375 

Sacrifice  (le) .712 

Sacrifice  à   Mars  (le) 231 

Sainl  Antoine 228 

Saint  Bruno 185 

Saint  Christoff .719 

Sainl  Cross  Winchester 13, 

Sainl  Eloi 128 

S>-Eticnne-du-Mont...   173,  .712  .7.70 

Saint  Eustache 21 

Sainl  Françoise  genoux 158 

Sainl  Gaudens  et  son  modèle. .  579 

Saint  Georges..  12,  13,  il,  128  130 

Saint  Georges  a  cheval....  lo  22 

Saint  Georges  tuant  le  dragon  128 

Saint  Gervais 550  .'.72 

Sainl  Gervais  et  sainl  Protais 

à  Gisors 377 

Sainl  Guillaume »3 

Saint  Ignace  de  Loyola 185 

Sainl  James's  park 267  .737 

Saini  Jean  Baptiste 39  211 

Sainl  Je lans  l'Ile  «le  Palhmos. .  12 

Sainl  Jean  I  Evangéliste W 

Sainl  Jérôme 24,  31,  138  185 

Sainl  Jérôme  au  tronc  d'arbre  1-77 


Pages 

Saint  Jérôme  dans  le  goût  d'Al- 
bert Durer 157 

Sainl  Jérôme  dans  sa   cellule  27 

Saint  Jérôme  écrivant 156 

Saint  Jérôme  en  méditation..  138 

Saint  Jérôme  en  pénitence...  18 
Saint  Jérôme  cl  un  autre  saint 

travaillant  aux  évangiles  . .  22G 
Saint  Judes   Thadée    et   saint 

Simon 13 

Saint  Luc  peignant  la  Vierge..  127 

Saint   Marc  de  Venise 456 

Sainl  Mathieu 12 

Sainl  Michel  tuant  le  dragon..  43 

Saint-Ouen  vu  de  Montmartre  501 

Sainl  Paul  prêchant  à  Athènes  237 

Sainl  Pierre 138 

Saint  l'rcx 121 

Saint  Sébald  sur  une  colonne  31 

Saint  Sébastien 201,  207  220 

Saint  Sébastien    attaché    à    un 

arbre 233 

Saint  Sébastien,  saint  Antoine 

cl  saint  Hocb 83 

Saint  Sévérin 190 

Saint  Stéphane 50 

Saint  Suaire  (le) 11 

Saint  Sulpice 199 

Sainle  Anne  assise  sur  un  Irône  17 

Sainte  Catherine 179  220 

Sainle  Cécile 237 

Sainle  Face  de  Jésus-Christ  (la)  98 
Sainte  Famille  (la)..   29,    lo,  .70 

70,   85,     111.    121,    185,    208  21.7 

Sainte  Famille  au  chat 138 

Sainle  Famille  au   papillon...  17 

Sainte  Famille  sous  une  treille  da)  207 

Sainte  Geneviève 211 

Sainte  Hélène .7:; 

Sainle  Madeleine .711 

Sainle  Thérèse 511 

Saints  patrons  de  L'Autriche  (les)..  55 

Saisie   (la) 121 

Sallad  girl 2.78 

Salomée  dansant 

Salon  du  Louvre  en  17.75  (le)..  355 

s.duie  :  Dawn 503 

Salut  de  l'écuyère  (le) 55.7 

Salvation  army 572 

Samaritaine  (là) 210 

Samedi  malin 551 

Samson  portant  la  porte  de  Gaza  38 

San ison  tuant  le  lion 43 

San  BiagO 503 

Sanilw  iches III 

San  Georgio 503 

Sans  dot 55 

Sapins  dans  la   neige  (les) III 

S.  A.  H.  M"-  la  Un.  h  i  d'Angouie 

consolant  l'aveugle  de  Sichon. .  318 

Sarcelles  (les) 380 


LISTE    DES    ESTAMPES 


013 


Pages 

Sara  la  baigneuse 120 

Sarabande  des  Barbares 537 

Sa  taille  esl  ravissante 299 

Satan 128 

Satan  créant  les  monstres....  543 

Satan  semant  l'ivraie 542 

Sataniques  (les) 542 

Satisfaction 545 

Saturday  morning  favorites...  251 

Satyre  jouant  de  la  cornemuse  20G 

Satyre  surprenant  une  nymphe  23<S 

Satyriasis 51G 

Sauveur  (le) 10  -11 

Savonneuse  (la) 358 

Scaffolding 572 

Scène  première  de  Rheingold  419 

Séance  de  nuit  au  Parlement. .  187 

Sébastien  Rouilliard 96 

Seigneur  chez  son  fermier  (le)  349 
Seigneur  et  dame  à  la  prome- 
nade (le) 235 

Seine  à  Bezons  (la) 175 

Seine  au  pont  d  Austerlitz  (la)  488 

Seine  au  quai  de  la  Râpée  (la)  491 

Selling  rabbits 286 

Semaine  russe 383 

Senoras  a  la  corrida 410 

Séparés 544 

Sept  chèvres  (les) 92 

Sept  péchés  capitaux  (les). .. .  73 

Sept  planètes  (les) -S  205 

Sépulture   (la) 220 

Séi  énade  triste  (la) 573 

Serin  chéri  (le) 342 

Serment  fédératif  (le) 360 

Serpent  d'airain  (le) 112 

Serpent  parlant  à  un  jeune  homme  238 

Servante  suédoise 579 

Servin 96 

Servitude  (la) 222 

Sévérin  dans  :  ...  "  Chand  d'habits  "  475 

Sévilla 410 

Shere  mill  pond 446 

Shipwreck's  sailor  boy  tclling  251 

Siège  de  Berg-op-Zoom  (le) . . .  501 

Siège  de  la  Motte  (le) 70 

Siège  de  Saint-Jcan-d'Acre. . . .  306 

Siegfried  et  les  filles  du  Rhin  419 

Siena 285 

Signal  du  bonheur  (le) 319 

Silène  ivre 118 

Singe  (le) 376 

Silice  feuilletant  un  gros  livre  (le)  401 

Sir  Thomas  Isham 185 

Six  vues  de  l'incendie  de  la  foire 

de  Saint-Germain 354 

Sncllincx 188 

Snyders 188 

Société  des  protes 390 

Sœur  Rosalie  (la) 127 

Soir  (le) 298  466 


Pages 

Soir  à  Ault-Onival  (le) 472 

Soir  d'amour 573 

Soir  dans  la  lande  (le) 558 

Soir  d'été 551 

Soirée  d'hyver 325 

Soins  tardifs  (les) 295 

Soldat  français  (le) ^95 

Soldats  portant  des  trophées..  222 

Soleil   couchant 526 

Soleil  levant  (le) 91 

Soleil  levant  sur  la  neige 430 

Solitude !20 

Sommeil  (le) 55(1 

Sommeil  d'Eve  (le) 139 

Songe  (le) 22 

Songe  d'amour  (le) 324 

Songe  du  docteur  (le) 22 

Songe  réalisé  (le) 317 

Songeuse  (la) 509 

Sophia 269 

Sophia  Western 259 

Sortie  de  bal 536 

Sortie  de  l'école  (la) 489 

Sortie  de  l'Opéra  (la) 349 

Sortie  de  bain 103 

Soubrette  confidente  (la) 343 

Souper  fin  (le) 349 

Sous  bois 417 

Sous  la  neige 150 

Sous  la  lampe 589 

Souvenir 470 

Souvenir  d'Algérie 574 

Souvenir  de  la  mort  (le) 2 

Spectacle  des  Tuileries 354 

Sphère  (la) 541 

Sphinx  (le) 543 

Spiritus  Sa'netc  Deus 115 

Spleen 179 

Stanislas  Auguste 348 

Stella  malutina 415 

Stigmate  de  Si  François  (les). .  130 

Storm  driven 135 

Strawberries 288 

Street  at  Saverne 562  563 

Stryge  (le) 506 

Sub  tegmine 443 

Suite  de  la  douce  impression. .  301 

Suite  dïlullmandel 130 

Summer  storm    in   the   lichen 

valley 432 

Sunset  on  the  T liâmes 451 

Supplices  (les) 75 

Supplicié  par  le  garrot  (Ici 138 

Sur  la  plage -109 

Sur  le  banc 528 

Sur  le  chemin 527 

Sur  l'Escault 175 

Sur  le  Grand  Canal 456 

Sur  la  Schie 574 

Sur  un  banc 50(1 

Surprise 212,   325,  309  409 


(>14 


LISTK    DKS    ESTAMPES 


Pages 

Susscx  liclils 434 

Sultermans 188 

Suzanne  et  les  vieillards 119 

Suzette  mal  cachée 30!) 

Swaledale 5G2 

Sweel  china  oranges 288 

Sy  bille  de  Cumes  (la) 229 

Sybille  et  Auguste  (la) 46 

Synagogue  des  juifs  (la) 138 

Syndics  (les) 18."> 


Tableaux    des    portraits  à    la 

mode 356 

Tallien 424 

Tambourin  (le) 301 

Tamise  (la) 553 

Tanagra  du  Louvre  (les) l.">7 

Tanneries  (les) 499 

Tararaboum  396 

Tarquin  et  Lutèce 1 

Taupes  (les) 381 

Taureau  (le) 111 

Taverne  du  bagne  (la) 384 

Ta  y  port  barbour 473 

Tempérance  (la) 22 

Templar 525 

Temple 563 

Temps  d'orage 398 

Ti  mptation 270 

Tentation  de  saint  Antoine  (la) 

00,  7.")  122 

Terrain  vague 527 

Terrasse  (la) 170 

Tête    de    cire    du    musée    de 

Lille  (la) 125 

Tête  d'enfant  souriant 121 

Tète  de  mort  (la) (il 

Tête  de  saint  Jean-Baptiste  sur 

un  plat 34 

Tête  de  tigre ni 

Tête  de  vache  (la) 130 

Tête     du     Christ     couronnée 

d'épines  (la) 34 

!  liâmes  lishermen   112 

rhames  police f>i;2 

Thames  warehouses  562 

Thé  (le) 539 

Théâtre  (le) 105 

Théâtre  libre 397 

The  anglers  repast 201 

The  balcony .Mil! 

The  beauties  of  Windsor 202 

The  beggars  563  568 

The  bridge 503 

The  children  Douglas 250 

I  he  citizen's  retreat 286 

The  comic  muse 270 

The  contented  watermann....  263 

i  lu-  coppersmith 197 


Pages 

The  cries  of  London  288 

The  dairv  farm 280 

The  disaster 287 

The  doorway 503  508 

The  l'air  moralisl  and  lier  pupil  252 

The  liisl  corne  best  served. . . .  357 

The  lish  market,  Ostende 572 

The  llower  market 386 

The  l'orge 502  560 

The  fortune  teller 268 

The  full  of  the  honcy  moon  ..  287 

The  gamesters 269 

The  gargoylcs  of  Stirling  palace  . .  387 

The  happy  rcseniblanee 339 

The  haunt  of  the  mosqueto. . .  155 
The  HonM« Beresford,  M«Gar- 

diner 271 

The  Ilonourable  Miss Bingham  278 

The  Honi'i"  Miss  Monckton. . . .  279 

The  isle  de  la  Cité 500 

The  itinérant  potters 288 

The  iapanese  dress 572 

The  keep  453 

The  kitehen   562  501 

The  large  pool 508 

The  lelter 117 

The  light-house  Shoreham  ...  137 

The  lime  burner 562  565 

The  littlc  lagoon 563 

The  little  mast 503 

The  little  pool 502 

The  little  Venice 503 

The  mast   563 

The  merry  wives  of  Windsor  270 

The  mode!  lying  down 507 

The  mode!  resting 567 

The  mouth  of  a  brook 1 1 1 

The  mouth  of  the  Thames  ....  436 

The  mulf 568 

The  Nile  at  Assouan 135 

The  officions  waiting  woman.  .  304 

The  old  laily's  garden 528 

The  palaees 563 

The  palace  Stirling  Castle  ....  380 

The  pia/.etta  503 

The  place  to  the  lirst  occupicr  357 

The  pool 502 

The  pool  Aldrington 137 

The  promenade  at  Carliste  house. •  284 

The  public  house  door 200 

The  rag  gatherers 16  l 

The  return  from  coursing  ....  287 

The  return  from  shooting  ....  288 

The  Rialto 563 

The   Right  1 1 < >  1 1  '■■    Ladj  Anne 

I.amblon  and  familv 257 

The   Right   Honourable   Lady 

Talbot 270 

l'be  Riva 503 

The  romps  250 

The  sailor's  orphans 252 


LISTI'.    DES    ESTAMPES 


615 


Pages 

The  seamstress  282 

The  setting  sun 258 

The  shepherdess    of  the  Alps  250 

The  sistcrs 257 

The  smithy 387 

The  soldier's  widow 252 

The  sont;  of  autumn 123 

The  south  Cône 435 

The  square  house,  Amsterdam  572 

The  storm  566 

The  studio 157 

Tlu-  sun's  last  rays 136 

The  swallow's  haunt 423 

The  tavern  door 266 

The  three  sistcrs 452 

The  Thidal  bassin 47IÎ 

The  towing  path 450 

The  traghetto 5(5:! 

The  unsafe  tenement 502 

The  wane  of  Ihe  honey  moon  287 

The  widow's  taie  283 

The  woodman's  return 289 

The  Y.  Amsterdam 387 

Tholinx 138 

Thomas  Carlyle 481 

Thoughts  on  matrimony 283 

Tigre  (le) ' 161 

Tigre  royal 105 

Tillie 507 

Tireurs  de   N'ailles   à   l'arque- 

buse  (les) 92 

Tisseuses  de  burnous  (les) 495 

Titus  Manlius 2 

Toast  dans  la  Iilun  (le) 577 

Tobie  le  père  aveugle 138 

Toilette  (la) 298,  325,  352  365 

Toilette  de  Vénus  (la) 303 

Tombeau  allégorique  (le) 159 

Tour  à  Amsterdam 573 

Tour  de  l'horloge  (la) 510 

Tourelle  de  la  rue  de  la  Tixe- 

randerie 511 

Tourelle  de  Marat  (la) 517 

Tourne  mon  moulin 573 

Tours  de  cartes  (les) 300 

Tout  bonheur  que  la  main  ...  511 

Tout  simplement 573 

Trait    de    bienfaisance    de    la 

reine  Marie-Antoinette 3u7 

Traître  Louis  XVI  (le) 301 

Trajan  et  la  veuve 0 

Transfiguration  (la) 227 

Travail  et  la  paresse  (le) 480 

Traversée  (la) 384 

Tricoteuse  (la) 530 

Tricoteuse  endormie  (la) 330 

Triomphe  de  Bacchus  (le)  —  51 

Triomphe  de  l'Amour  (le) 231 

Triomphe  île  l'empereur  Maxi- 

milien  (le) 33 

Triomphe  de  Mardochée III 


1  ■ 

Triomphe  de  Mars  el  de  Vénus  (le)  231 

Triomphe  de  Neptune 225 

Triomphe  de  la  Renommée  (le)  210 

Tristesse 17(1 

Troisième  acte,  scène  8 478 

Trois  arbres  (les) 138 

Trois  baigneuses  (les) 7 

Trois  chênes  (les) 181 

Trois  chèvres  (les) 92 

Trois  croix  (les) 138  152 

Trois  femmes  naos  cl  la  i I  (les)  9 

Trois  médailles  sur  final  noir  (les)  7 
Trois   mendiants    à    la    porte 

d'une  maison 101 

Trois  petites  armoiries  (les)  . .  7 

Trois  lois  (les) Il 

Trois  statues  antiques  île  Rome  (les)  115 

Trois  supplices  (les) 207 

Trois  sieurs  (les) 523 

Trois  sœurs  au  parc  de  Sainl- 

Cloud  (les) 338 

Trois  tètes  orientales  (les) 138 

Trois  vaches  au  repos  (les)  . . .  109 

Trompette  de  lanciers 130 

Troupeau  de  moutons 108 

Troupeau  de  porcs 100 

Troupe  italienne  (la) 303 

Truants 251 

Tueur  de  cochon  (le) 166 

Turkeys  503 

Turnips  and  carrots 288 

T\vo  DUnches  a  penny 288 

Two  doorways 563 

Tyzae,  YYhitèley  and  <"."..    502  505 

Ukotill 397 

Ulrich   von  Liechtenstein 519 

Un  aigle 572 

Un  bouquet  de  roses .>.>l 

L'n  cavalier  armé  Je  toutes  pièces  05 
Un  cheval  gris-pommelé    de 

trois  quarts 128  130 

Un  chemin  a  Saint-Casl 372 

Un  chien  de  chasse 102 

Vi\  coin  de  rue  dans  les  Gdc 

Carrières 395 

Un  conventicule  de  Réformés  192 

Un  couple 395 

In  enterrement  à  Trestaou...  537 
Un  enterrement  au  pays  Ven- 
déen   199 

Un  enterrement  au  pays  Wallon  •>!/ 

lue  académie  de  vieil  homme  121 

Une  évocation  chez  lesspirites  191 
Une  femme  avec  trois  hommes 

et  un  satyre 230 

Une  histoire  ennuyeuse 553 

Une  liseuse 50) 

Une  mélodie  de  Schuniann. . .  119 


(il  fi 


LISTE    DES    ESTAMPES 


Pages 

Une  partie  de  jacquet 488 

Une  prise 395 

Une  promesse.  —  Ah!  laisse/. 

donc 346 

Une  rue  à  Barcelone li.ST 

Une  vieille  femme 1G0 

Une  visite  à  l'Hôtel-Dieu 102 

Un  gueux 390 

Un  jeune  homme  en  1899 379 

Un  morceau  de  Schumann. ...  ILS 

Un  pardon  en  Bretagne 549 

Un  pas  d'examen 537 

Un  pont  en  Auvergne 463 

Un  quatre  de   la  couleur   des 

Heurs 40 

Qtenbogardus 17!'. 

Utenbogaert 171 

Upright  Venice .">G3 


Vai  he  couchée  près  de  l'arbre  (la)  136 

Vache  qui  s'abreuve  (la) 110 

Vacher  (le) 135 

Vague  (la) 190 

Vale  of  Clyde 38G 

Valley  of  the   Itchen 135 

Valse  (la) 577 

Valse  des  blondes 396 

Valse  des  brunes 396 

Van  (1er  Mculen .'122 

Van  Dyck 190 

Vaux-Hall  (le) 283 

Van  Oort 189 

Veere 371 

Veillée  (la) 520 

Veillée   de  Waterloo  (la) 139 

Vendanges  des) 398 

Vendeur  d'œufs  (le) il 

Vendeur  de  mort-aux-rats  (le)  160 

Venise 121! 

Ventre  législatif  (le) 398 

Vénus.... 20G,  209  227 

\  i  nu-. |>:i;_'iirr    ili:    I'  \iniiur.  .  1  I 

Vénus,  Bacchus,  Cérès  el  Cupirion  1 16 

Vénus  désarmant  l'Amour 306 

Vénus  en  réflexion 

Vénus  cl  l'Amour 229  212 

Verger  (le) U7 

Verger  et  la  grange  de) 169 

Verlaine 388  576 

Veronica 386 

Véronique 21,  Il  (il 

Vei  re  d'eau  de) 325 

Verrou  (le) 325 

Vertu  sous  la  garde  de  la  fidélité  <  la  >  3-_'i 

Vespers 562 

Vestale   l.ucia  (la) 229 

Veuf  de) 553 

Vicomte  de  Turenne 103  3  ix 

Victoire  (la) 122 


Pages 

Victor  Hugo....- 111 

Vie  de  la  Vierge  (la) 33 

Vieillard  à  la  barbe  carrée...  139 

Vieille  à  l'aiguille  (la) 544  5  17 

Vieille  aux  Impies  (la)....  562  âlil 

Vieille  femme  (la) 392 

Vieille  femme  aux  chais 106 

Vieille  femme  reprisant 162 

Vieille  Maskers  (la)  54" 

Vieille  mendiante 138  101 

Vieille  mendiante  à  l'église  ...  395 
Vieille    et    les    deux    couples 

amoureux  (la) 211 

Vieillesse  (la) 71 

Vielleuse  (la) 353 

Viennoise 556 

Vierge  (la) 12  2 tu 

Vierge  a  la  chaise  (  la  ) 22S 

Vierge  à  la  tête  de  mort  (la)  . .  ."> 

Vierge  allai  tant  l'Enfant  Jésus  (la)  IN  237 

Vierge  assise  (la) 125 

Vierge  assise  dan.  un  jardin(la)  (il 
Vierge    assise,    l'Enfant    Jésus 

dans  ses  bras  (la) 1 

Vierge  assise  sur  un  banc  de 

gazon  (la) Il 

Vierge  au  chardonneret  (la)...  19 
Vierge    au     croissant    sans    la 

couronne  (la) 18 

Vierge  au  linge  (la) 103 

Vierge  au  palmier  (la) 237 

Vierge  au  papillon  (la) 235 

Vierge  au  perroquet  (la) ... .  G  59 

Vierge  au  pied  Je  la  muraille  (I.:)  26 

Vierge  au  singe  (la) 21  235 

Vierge  aux  cheveux  longs IN 

Vierge  avec  des  saints  (la)  ....  208 

Vierge  couronnée  par  les  anges  (la)  29 

Vierge  dans  la  grotte  (la) 221 

Vierge  debout  ('la) 130 

Vierge    debout    avec    l'Enfant 

Jésus  (la) G3 

Vierge    debout    avec   l'Enfant 

.lésus  marchant  sur  un  ser- 
pent (la) lu 

Vierge  de  François  I< !  (la) ....  86 

Vierge  entre  deux  anges  (la)  .  .  216 

Vierge  et  l'Enfant  Jésus  (la). ..  Il 
Vierge  et  l'Enfant  Jésus  sur  des 

nuages  (la) 215 

Vierge  et  sainte  Anne  (la) 2I.S 

Vierge  Immaculée  (la) 19 

Vierge  normande I7(i 

Vierge  près  du  corps  'le  Jésus  (la)  (13 

Vierge  recei  anl  I  \ incialion  (la) 

Vierge,  saint  Bernard  et  sainte 

Catherine  (la) 19 

Vierge  sur  un  tronc  (la) 225 

Vierges  folles  (les) 02  72 

Vierges  sages  (les) 62  72 

Vieux  berger  (le) 211 


LISTE    DES    ESTAMPES 


()1  7 


eux  bourg  (le) 

eux  chantier  à  Rochester  . . 

eux  cheval  (le) 

eux  coq  (le) 

eux  Haaring  (le) 

eux  mendiant  (le) 

eux  murs  (les) 

eux  pont 

eux  quai , 

eux  quartier  de  Vitré 

gne  abandonnée  (la) 

llanelle 

nius 

oient  (le) 

olon  (le) 

olonneurs  (les) 

rilité  (la) 

sion  d  Espagne 

site  (la) 

site  à  la  pension  (la) 

site  au  Louvre  (la) 

site  inattendue  (la) 

site  matinale  (la) 

Site  pastorale  (la) 

sitation  (la) 

sit  to  the  grand  l'allier 

sit  to  the  grand  molher. . . 

tré 

vandière  (la) 

adislas 


œu 

oisins  de  campagne  (les)  .... 

olaille  plumée  (la) 

ol  et  la  prostitution  dominant 

le  monde  (le) 

olendam  type 

oyageurs  (les) 

oyageurs  au  bord  du  grand 

chemin  (les) 

rai  bonheur  (le) 

rille  (la) 


Pages 

195 
385 
157 
382 
171 
573 
375 
371 
371 
475 
439 
573 
194 

32 
501 
195 

71 
5!  15 
526 
310 
403 
325 
334 
41)3 

42 
284 
207 
569 
532 
US 
57!  ! 
384 
382 

515 
520 
180 

197 
349 

390 


Pages 

Vue  d'Omval 138  101 

Vue  de  la  place  Saint-Marc...  I 

Vue  d.e  Montmartre 501 

Vue  d'une  prairie 130 

Vue  d'un  quai  de  Taris 422 

Vue  générale  d'Anvers 473 

Vue   perspective  de  Venise  en 

l'an  1500 207 

Vue  prise  du  pont  Saint-Michel  474 


Wawerius 189 

Westminster 134,  562  504 

Westminster  bridge 384 

Westminster  palace 384 

Westport 385 

What  von  will 284 

Wheelwright 503 

Whistler's  house 449 

Whistler's  mother 507 

Wild  ducks,  evening:  Avington 

Park 433 

William  Bullock 251) 

William  King  250 

Willem  de  Rvck 191 

Windmill  . . ." 387 

Windsor 453 

Wisby 156 

Yaminn-bent  si-Djelloul 495 

Yesterday  and  to  day  in  Venice  525 

Yvette  Guilbert  assise 555 


Zabucaia  (le) 

Zorn  et  sa  femme. 


150 
575 


Essai  d'un  Index  Bibliographique  ' 


Généralités 


*Le  Peintre-Graveur,  par  Bartseh  >,  21  vol.  et  un  atlas,  1803-1821. 
Supplément  au  Peintre-Graveur  (te  Bartseh,  par  R.  Wcigel,  1843. 

*  Le  Peintre-Graveur,  par  Passavant,  6  vol.,  1860-1864. 

*Le  Peintre-Graveur  Français,  par  Robcrt-Dumesnil,  11  vol.,  1835-1871. 

*  Le  Peintre-Graveur  Français  continué  par  Prospcr  de  Baudicour,  2  vol., 

1859-1861. 
Le  Peintre-Graveur  Hollandais  et  Flamand,  par  van  der  Kcllen.  1800-1873. 
Le  Peintre-Graveur  Hollandais  et   Belge  du   xix1'  siècle,   par  Hippert  et 

Linnig,  2  vol.,  1874-1879. 
Les  Graveurs  Belges,  par  Siret,  1856. 
*Lcs  Graveurs  du  xvm«  siècle,   par'le  baron  Portalis  et  Béraldi,  3  vol., 

1880-1882. 
♦Les  Graveurs  du  xix'  siècles,  par  H.  Béraldi,  12  Vol.,  1885-1892. 
Der  Deutsche  Peintre-Graveur,  oder  die  deutschen  Maler  als  Kuplèrstccher 

von  Andresen,  3  vol.,  1864-1866. 
Die  Deutschen  Maler  Radirer  des  Neunzehnten  Jahrhunderts  von  Andresen, 

8  vol.,  1866-1870. 

Handbuch  fur  Kupfertischsammler von  Andresen,  2  vol.,  1870-1873. 

Manuel  de  l'Amateur  d'Estampes,  par  Dutuit,  6  vol.,  1881-1888. 

*  Manuel  de  l'Amateur  d'Estampes,  par  Ch.  Le  Blanc,  4  vol.,  1854-1889. 
Manuel  de  l'Amateur  d'Estampes,  par  Joubert,  3  vol.,  1821. 
Manuel  de  l'Amateur  d'Estampes,  par  Musseau,  1821. 


1  Nous  avons  marqué  d'un  astérisque  les  ouvrages  absolument  indispensables  a  ceux  qui  font 
de  l'estampe.  —  Nous  eussions  voulu  jeter  un  peu  plus  de  elartc  dans  le  classement  de  cet  index, 
le  temps  nous  a  malheureusement  fait  défaut,  on  voudra  donc  bien  nous  eu  excuser;  nous 
nous  sommes  aussi  borné  à  mentionner  simplement  le  nom  de  l'auteur  et  la  date  de  publi- 
cation de  l'ouvrage,  notre  texte  eut  été  par  trop  chargé  si  nous  y  avions  ajouté  le  nom  de 
l'éditeur  et  le  lieu  de  publication.  —  Une  bibliothèque  bien  complète,  ayant  Irait  à  tout  ce  qui 
se  rattache  à  l'estampe,  comporterait  environ  GII0  à  700  volumes  et  coûterait  15000  à  20000  francs. 

'  I.'éminent  iconographe  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  Vienne  a  particulièrement 
consulté,  pour  mener  à  bien  son  colossal  travail,  les  collections  du  duc  Albert  de  Saxe  Teschen. 
comte  de  Frics,  prince  Paar,  prince  de  Liechtenstein,  prince  Estcrhazy,  comte  de  Harrach  et 
les  notes  manuscrites  laissées  par  Mariette. 


(520  INDEX    BIUUOGKAPHIQUE 

Manuel  de  l'Amateur  d'Estampes,  par  Hcller,  1850. 

Manuel  de  l'Amateur  d'Estampes,  par  Vallardi,  1843. 

Manuel  de  l'Amateur  de  ('.rayures  sur  bois  et  sur  métal  au  xve  siècle,  par 

Schreiber,  1891-1895. 
Manuel  des  Curieux,  par  Huber  et  Rost,  9  vol.,  1797-1808. 
Manuel  d'un  Collectionneur  d'Estampes,  par  J.-G.  de  Quandt.  1853. 
"  Die  Monogrammisten,  von  Naglcr  fortgesetzt  von  Andresen  und  Clans, 

9  vol.,  1881. 

*  Dictionnaire  des  Monogrammes,  par  Brulliot,  3  vol.,  1832-1834. 
Dictionnaire  des  Monogrammes,  par  Christ,  1750. 
Monogrammen  Lexicon,  von  \)'  Stellwag,  1830. 
Dictionnaire  des  Monogrammes,  par  Sellius,  1762. 

Dictionnaire  des  Marques  et  Monogrammes  des  Graveurs,  par  Duplcssis  et 
Bouchot,  1887. 

Collector's  Marks,  by  Louis  Fagan  ',  1883. 

Monogrammen  Lexicon,  par  Heller,  1838. 

Konst-Cabinet  der  Bouw,  schilder. ..,  en  graweerkunde,  par  Lecomte, 
2  vol.,  1745. 

Notice  sur  les  graveurs  qui  ont  laissé  des  estampes  marquées  de  mono- 
grammes, par  Malpé  et  Baverel,  2  vol.,  1807-1808. 

*  Kiinstler-Lexicon,  par  Naglcr,  22  vol.,  1835-1852. 

French  Engravers  and  Draughtsmen  of  thé  .wur  century,  by  Lady  Dilke, 

1902. 
Eighteenth  Century  colour  prints,  by  Mf-  Julia  l-'rankau,  1900. 

*  iii'van's  Dictionary'  of  Pointers  and  Engravers,  latest  and  best  édition, 

revised,  enlarged  and  edited,  by  li.  Graves,  2  vol.,  1899. 
Handbucb  fur  Kupferstichsammler  oder  Lexicon  des  xix  Jahrhunderts, 

von  Apel,  18X0. 
Allgemeines  Kunstler  Lexicon,  von  Julius  Meyer. 
Dictionnaire  des  Graveurs,  par  Basan,  1789. 
Dictionnaire  des  Graveurs,  par  Huber,  2  vol.,  1787. 
Dictionnaire  des  Artistes  dont  nous  avons  les  estampes par  Huber, 

1  vol.,  1778. 
Dictionnaire  des  Graveurs,  par  Heller,  1838. 
Dictionary  of  Painters  and  Engravers,  by  Ottley-1,  1866. 
Dictionnaire  des  Artistes,  par  Heinecken  >,  1  vol.,  1778-1790. 
Duicli  Etchers  of  the  seventeentb  century,  by  L.  Binyon,  1895. 
Dictionary  of  Artistes  ofthe  english  School,  by  Redgrave,  1878. 
Handbuch  fur  Kupferstichsammler  oder  Lexicon  der  Kupferstecher,  von 

Andresen,  i  vol.,  1870-1873. 


i  Précieuse  petite  plaquette  reproduisant  environ  700  mnrques  de  musées,  marchands  h 

.    il lèbn      i  ditéi   i  -'  francs,  il  la  but  payci  aujourd'hui  -    quand  on  lu  trouve 

i  n  francs. 
i  n  y  a  eu  M.'  nombreuses  éditions,  celle  'i  est  Infiniment  supérieure. 

\n.  n n  conservateur  du  British  Muséum. 
'  Conservateur  du  Cabinet  des  estampes  de  Vienne,  mourut  en  disgrâce  ■  "  1800,  parce  qu'il 
s'était  permis,  dit-on,  de  m'  former  une  collection  personnelle. 


INDEX    ISIBLIOGRAPIIIQi'E  021 

Dictionnaire  général  des  Artistes  de  l'Ecole  française,  par  de  la  Chavignerie 
et  Auvray,  2  vol.,  1882-1885. 

A  biographical  Dictionary. . .  of  ail  the  engravers  from  the  earliest  period. . . 

to  the  présent  times,  by  Strutt,  2  vol.,  1785-17SG. 
Sculptura  or  the  history  and  art  of  Calcography  and  engraving  in  Copper. . . 

communicated  by  prince  Rupert  lo  John  Evelyn  Esqrc,  1662, 1700, 1769. 
Notizie  istoriche  degl'intagliatori,  par  Gandellini,  3  vol.,  1771. 
Materiali  per  servire  alla  storia  dell'origine  dell'incisione. . .,  parZani,  1802. 
Enciclopedia  délie  hclli  arli,  par  Zani,  28  vol.,  1819-1822. 
Abeecdario  d'Orlandi,  publié  par  de  Chennevières  et  Montaiglon,  d'après 

les  notes  de  Mariette  ',  6  vol. 

Handbuch  zur  Kupferstichkunde  von  Haake,  1840. 

Notice  of  engravers  and  their  works  heing  the  commencement  of  a  new 
dictionary,  by  W.-Y.  Ottley,  1831. 

*  British  mezzotinto  portraits,  by  .1.  Chaloner  Smith,  5  vol.,  1878-1883. 

English  mezzotinto  portraits,  by  W.-B.  Tiffin,  1883. 

Evan's  Catalogue  of  engraved  British  portraits,  2  vol. 

A  Catalogue  of  engraved  British  portraits  from  F.gbert  the  Great  to  the 
présent  lime,  by  Henry  Bromley,  1793. 

The  best  Portraits  in  engravings,  by  Ch.  Sumner. 

(Catalogue  de  Portraits  gravés  de  personnages  russes,  par  Rovinsky,   1872. 

Histoire  de  l'Iconographie  en  Russie,  par  Rovinsky,  1856. 

Liste  alphabétique  de  Portraits  russes,  par  Wassillschikoff,  2  vol.,  1875. 

Iconographie  Lilloise,  par  A.  Dinaux. 

Iconographie  Bretonne,  par  le  marquis  de  Granges  de  Surgères.  2  vol., 
1888-1889. 

Les  Portraits  du  duc  de  la  Rochefoucauld,  par  le  même,  1882. 

Les  Portraits  gravés  de  Richelieu,  par  le  même,  1889. 

Les  Portraits  de  Charette,  par  le  même,  1886. 

Notice  sur  les  Portraits  de  Marie  Stuart,  appartenant  au  prince  A.  Labanoff, 

2  éd.,  1856-1860. 
Les  Femmes  du  XVIIIe  siècle,  portraits  gravés,  par  le  marquis  de  Granges 

de  Surgères  et  G.  Bourcard,  1887. 
Bibliothèque  historique  de  la  France. . . ,  tome  IV,  contenant  les  portraits 

français,  par  Lelong,  revue  par  Fevret  de  Fontette,  1775. 
Liste  alphabétique  des  Portraits  omis  par  Lelong,  par  Soliman  Lieutaud, 

5  vol.,  1816. 
Liste  alphabétique  des  Portraits  des  personnages  nés  en  Lorraine...,  par 

le  même,  1862. 
Liste  des  Portraits  des  Députés  de  1789,  par  le  même,  1851. 
Recherches  sur  les  personnages  nés  en  Champagne...,  par  le  même,  1850. 
Catalogue  de  la  collection  des  Portraits  français  et  étrangers,  conservée 

au  Département  des  Estampes,  par  Duplcssis  et  continué  par  G.  Rial  -, 

1896-1902. 


i  Les  noies  manuscrites  de  Mariette  contenues  dans  lu  volumes,  croyons-nous,  appartenaient 
à  François  Regnault  Delalande  ;  à  la  vente  de  ce  dernier  en  mars  1825,  elles  furent  acquises  par 
le  Cabinet  des  Estampes,  pour  la  modique  somme  de  700  francs. 

-  Cinq  volumes  sont  parus  chez  Rapilly. 


C>22  INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 

L'Iconographie,  1840-1849. 

Dictionnaire  Iconographique  des  Parisiens,  par  A.  Tardieu,  1885. 

Manuel    de    Bibliographie    biographique   et   d'Iconographie    des   femmes 

célèbres,  par  un  vieux  bibliophile  ',  1892  ;  un  supplément,  1900. 
Iconographie  Lilloise,  par  Arthur  Dinaux. 

Iconographie  delà  Reine  Marie-Antoinette,  par  Lord  H.  Gower,  1883. 
Iconographie  de  Marie-Antoinette,  par  le  baron  de  Yinck,  1878. 
Iconographie  des  Estampes  à  sujets  lestes  et  galants,  par  le  comte  d'I..,  18G8. 
Catalogue  des  Portraits  des  Princes...,  par  Odieuvre,  1742. 

Catalogue  des  Portraits  au  physionotrace  exécutés  dans  les  ateliers  de 
Quenedey. 

Catalogue  îles  Portraits  de  S.  A.  R.  Mt'1  le  duc  d'Aumalc,  au  1er  mai  1829,  4  vol. 

De  la  Gravure  de  portraits  en  France,  par  Duplessis,  1875. 

Les  Graveurs  de  portraits  en  France,  par  Firmin  Didot,  2  vol.,  1875-1877. 

Histoire  du  Portrait  en  France,  par  Marquct  de  Vasselot,  1880. 

Histoire  du  Portrait  en  France,  par  R.  Pinsit  et  J.  d'Auriac,  1884. 

Les  Graveurs  de  portraits  en  France,  par  Alkan  aîné,  1879. 

A  History  of  thc  Art  of  Printing,  by  II. -N.  Humphreys,  1807. 

Nouvelle    manière    de    graver    en    cuivre    des   estampes    coloriées,    par 

.1.  Bylaert,  1772. 
Principia  Typographica,  by  P.-L.  Sotheby. 
Pratical  Treatise  on  the  Art  of  Etching,  by  J.  Ilassell,  1820. 
Die   Anfangc    der    Druckcrkunst    in    Rild    und    Schrift,  von    Weigel    mul 

Zestermann,  2  vol.,  18GG. 

Histoire  Artistique  et  Archéologique  de  la  Gravure  en  France,  par  Ron- 
nardot,  1849. 

The  History  and  Art  of  wood-engraving,  by  W.-A,  Challo,  2  éd.,  1848-1861. 

Quatre  Siècles  de  Gravure  sur  bois,  par  G.  Hirth  et  R.  Muthcr,  1888-1889. 

Traité  historique  et  pratique  de  la  Gravure  sur  bois,  par  Papillon,  3  vol., 
1700. 

The  Masters  of  wood-engravings,  by  W.-J.  Linton,  1889. 
A  Treatise  on  wood  engraving,  by  Jackson,  1839-1801. 
A  History  of  the  Art  of  engraving  in  mezzotinto,  by  J.  Chclsum,  1786. 
Histoire  de  la  Gravure  en  manière  noire,  par  1..  Delaborde,  1839. 
Masters  of  Mezzotinto,  by  A.  Whitman,  1898. 

Abrégé  historique  de  l'origine  et  des  progrès  de  la  Gravure  en  bois  et 
taille  douce,  par  le  major  Ilumherl,  1752. 

Die  Kupferstecherei  od.  d.  Kunst  in  Kupfer  zu  âtzen,  von  Longhï  und 

Bartsch,  1837. 
lissai  sur  l'origine  de  la  Gravure  en  bois  et  en  taille  douce,  par  .lansen, 

2  vol.,  18118. 
lissai  Typographique  sur  l'Histoire  de  la  Gravure  sur  bois,  par  F.  Didot,  185::. 
Un  Ancêtre  de  la  Gravure  sur  bois,  par  H.  Bouchot,  1902. 


i  La  discrétion  nous  oblige  A  ne  pas  dévoiler  le  nom  du  Bnvanl  el  trop  modeste  écrivain 
d'nrl  qui  lient  absolument  A  conserver  l'anonyme,  nous  savons  <|u'il  prépare  un  second 
supplément.  •■<•  qui  portera  alors  :•  troti  le  nombre  de  volumes  de  cet  ouvrage  du  plus  haut 

oit.  i.  i. 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE  623 

Essai  sur  les  Nielles,  par  Duchesne  aîné,  1826. 

Memorie  spettanti  alla  Storia  Calcografia,  par  L.  Cicognara',  1831. 

De  la  Gravure  sur  métal  et  sur  bois,  par  le  même. 

Dictionnaire  des  Arts  de  Peinture,  Sculpture  et  Gravure,    par  Watelet, 

5  vol.,  1792. 
Essai  sur  les  filigranes   des   papiers   employés   en   France   aux   xiv    et 

xv«  siècles,  par  Midoux  et  Matton,  18C8. 

Origine  de  la  Gravure,  par  Humbert,  1752. 

L'Art  d'imprimer  les  Tableaux,  par  J.-C.  Le  Bloi,  175C. 

L'Art  de  graver  au  pinceau,  par  Stapart,  1773. 

L'Art  de  la  Gravure,  par  Fielding,  1845. 

Traité  des  manières  de  graver  en  taille-douce  sur  l'airin,  par  A.  Bosse  -,  1045. 

Découverte  du  procédé  de  Gravure  au  lavis,  par  Le  Prince,  1780. 

Der  Kupferstich,  von  F.  Lippmann,  1896. 

Der  Italicnische  Holzschnitt  im  xv  Jahrundert3,  par  le  même,  1885. 

Etching,  Drypoint,  Mezzotint,  by  H.  Paton. 

Etching  and  Mezzotint  engraving,  by  H.  Herkomer,  1892. 

Eau-forte,  Pointe  sèche  et  Vernis  mou,  par  Aug.  Delàtre,  1887. 

Some  Masters  of  Lithography,  by  Atherton  Curtis,  1897. 

Traité  de  Lithographie  artistique,  par  E.  Duchatel,  1893. 

Traité  théorique  et  pratique  de  la  Lithographie,  par  Engelmann. 

La  Lithographie  à  Rouen,  par  Hédou,  1877. 

L'Art  de  la  Lithographie,  par  A.  Sencf'eldcr,  1819. 

Lithography  and  Lithographers,  by  J.  and  E.  Pennell,  1898. 

La  Lithographie  originale  en  couleurs,  par  Mellcrio,  1899. 

Comment  je  devins  graveur  à  l'eau-forte,  par  le  G'''  Lepic,  1876. 

Traité  de  la  Gravure  à  l'eau-forte,  par  Maxime  Lalannc,  1866. 

Coup  d'oeil  sur  l'Histoire  de  la  Gravure  dans   les   Pays-Bas,   par   Félix 

Stappaerts,  1852. 
Essai  d'une  Bibliographie  de  l'Histoire  de  la  Peinture  et  de  la  Gravure  en 

Hollande  et  en  Belgique,  par  J.-F.  van  Somercn,  1882. 
Les  Merveilles  de  la  Gravure,  par  Duplessis,  1869. 
Procédés  de  la  Gravure,  par  Lostalot. 

Histoire  de  la  Gravure  en  Italie,  en  Espagne,  par  Duplessis,  1880. 
Essai  sur  la  Gravure  de  l'Ecole  italienne,  par  G.  Cumberland,  1827. 
Essay  on  prints,  by  William  Gilpin,  1792*. 
Catalogue  critique  des  meilleures  gravures  d'après  les  Maîtres  les  plus 

célèbres  de  toutes  les  Ecoles,  par  Fusslin,  2  vol.,  1805. 
Des  Estampes  et  de  leur  étude  depuis  l'origine  de  la  Gravure  jusqu'à  nos 

jours,  par  C.  Leber,  1865. 
The  golden  Age  of  Engraving,  by  F.  Keppel,  1878. 


'  C'est  peut-être  le  meilleur  ouvrage  qui  ait  été  écrit  sur  les  nielles. 

2  II  y  a  eu  de  nouvelles  éditions  publiées  en  1701,  174")  et  17.">S. 

1  II  existe  une  traduction  anglaise  éditée  par  B.  Quaritch  en  1889. 

4  Cette  quatrième  édition  a  été  traduite  en  français  en  1800.  par  le  liaron  de  lllumenstein. 


()24  INDEX    BIBI.IOGRAPHIOI  I 

The  modem  disciples  of  Rembrandt  —  What  etchings  are,  by  Frederick 

Keppel,  1888. 
Des  types  et  des  manières  des  Maîtres-Graveurs,  par  J.  Renouvier,  2  vol., 

1853-1855. 
Histoire  de  l'origine  et  des  progrès  de  la  Gravure  dans  les  Pays-Bas  et  en 

Allemagne  jusqu'à  la  lin  du  XVe  siècle,  par  J.  Renouvier,  18C0. 
Histoire  de  l'Art  pendant  la  Révolution,  principalement  dans  les  Estampes, 

par  J.  Renouvier,  2  vol.,  1863. 
Les  Graveurs  de  l'Ecole  de  I-ontainebleau,  par  F.  Herbet,  1896. 
Les  Graveurs  d'Estampes  sur  cuivre  à   Lyon  au  xvik  siècle,  par  Nalalis 

Rondot,  1896. 
Les  Graveurs  sur  bois  à  Lyon  au  seizième  siècle,  par  N.  Rondot,  1897. 
Recherches  sur  les  graveurs  d'Abbeville,  par  E.  Delignières,  1886. 
Les  Graveurs  Troyens,  par  Corràrd  de  Bréban,  1868. 
Gravures  russes  et  leur  provenance  depuis  l'an  1564  jusqu'à  la  fondation 

de  l'Académie  des  Arts,  par  Rovinsky,  1870. 
Estampes  relatives  à  la  Guerre  de  30  ans,  par  J.-A,  Schmidt,  1868. 
Notices  de  quelques  Estampes  très  anciennes,  pas  Asher,  1862. 
Les  anciennes  vues  d'optique,  par  F.  Pouy,  1883. 
A  chronological  séries  ol'  engravers  from  the  invention  of  the  Art  to  lia 

beginning  of  the  présent  century,  1770. 
La    plus  ancienne    Gravure    sur    cuivre     laite    dans    les    Pays-lias,    par 

A.  Pinchart,  1876. 
La  plus  ancienne  Gravure  connue  comme  date,  par  le  11"  de  Reiffenberg, 

181."). 
Estampes  du  xv  siècle,  par  W.  Schmidt,  1886. 
Une  Gravure  de  137',).  Les  Vierges  de  Maastricht  ou  d'Einsielden  de  1166, 

par  Witlert,  1878. 
Les  Artistes  graveurs  en  taille-douce,  par  Tacquenet,  1857. 
La  Gravure  en  Italie  avant  Marc  Antoine,  par  le  Vf  II.  Delahorde,  1883. 
Etching,  engraving  and  other  methods  ol'  printing  pictures,  by  Singer  and 

Straug,  1897. 
La  Gravure,  ses  origines,  ses  procédés,  par  le  V'«  IL  Delahoi  île. 
Histoire  de  la  Gravure  dans  l'école  de  Rubens,  par  II.  Hymans,  1879. 
.Notice  histoi  Lque  mu-  l'art  de  la  gravure  en  France,  par  P. -P.  Choffard,  1804. 

An   iiupiirv  into  the  origin  and   earlv  story  of  engraving,  bv  W'.-J.  Ottley, 
2  vol.",  1816. 

Catalogue  des  Estampes  gravées  d'après  Raphaël,  par  T.  Eulœus,  1819. 

A  Catalogue  of  engravers  who  hâve  been  boni  or  resided  in  Bngland, 

by  Vertue,  i\<.-u\  éditions1,  1763-1782. 
Engraved  Works  of  Captain  Baillie,  1771. 
An  essav  ol  the  utility  oi  collecting. . .  ol  the  ilaliau  Sehool,  b\  ('■    Cumber- 

land,  1827. 
Les  Madrés  ornemanistes,  par  1).  Guilmard,  2  vol.,  1880-1881. 
Engravers  of  Ornament,  by  J,  Marshall,  1869. 


*  Noua  croj  ons,  mai-,  -.mus  l'afQrmer,  qu'il  \  en  ;i  bu  uni-  trolBlàma  en  t 7ij 4 . 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE  G25 

Graveurs  sur  bois  contemporains,  par  Duplcssis,  1857. 

Calcographiana.   The   printsellers    chronicle    and    collectors    guide,    by 

J.  Caulfield,  1814. 
Le  Livre  des  Peintres  et  Graveurs,  par  de  Marolles,  revu  par  Uuplessis, 

1872. 
Manuel  de  l'Amateur  d'illustrations,  par  Sieurin,  18G5. 
Aboul  etchings,  by  F.  Scymour  Iladen,  1879. 
Etchings  in  America,  by  J.-H.-W  Hitchcock,  1886. 
Etchings  and  Etchers.  by  Ph. -Gilbert  Hamerton»,  3«  éd.,  1880. 
The  etcher's  handbook,  by  Ph. -Gilbert  Hamerton,  1871. 
Idée  générale  d'une  collection  complète  d'estampes,  par  Heinecken,  1771. 
Notice  de  quelques  Gopies  trompeuses,  par  Ch.  Le  Blanc,  1849. 
Catalogue  alphabétique  et  par  école  des  estampes  du  tond,  F.  Chereau, 

1778. 
Catalogue  par  ordre  alphabétique  des  planches  du  fond,  H.-L.  Basan,  1802. 
Catalogue  des  estampes  du  fond,  Joubert  fils  et  Ch.  Bance,  1800. 
Catalogue  par  ordre  alphabétique  des  planches  gravées  du  fond,  Jean,  1810. 
Fine  prints,  by  Fred.  Wedmore,  1897. 
Etching  in  England,  by  Fred.  Wedmore,  1895. 
The  Print  Collector,  by  .1.  Maberly,  1844,  et  New-York,  1880. 
Le  Cabinet  de  l'Amateur,  par  E.  Piol,  1842-1816  et  1861-1803. 
Le  Trésor  de  la  Curiosité,  par  Ch.  Blanc,  1857-1858. 
The  Print  Collector's  handbook,  by  Alfred  Whitman,  1902. 
An  Introduction  to  the  study  and  collection  of  ancient  prints s,  by  W.-H. 

Willshire,  1874. 
Les  Estampes  du  xvnn  siècle,  par  G.  Bourcard,  1885. 
Dessins,  Gouaches,  Estampes  et  Tableaux  du  xvme  siècle,  par  G.  Bourcard, 

1893. 
L'Art  au  xviik  siècle,  par  de  Goncourl,  2  vol.,  1880-1882. 
Les  Archives  de  l'art   français  sous  la   direction  de  Chenncvières  et  de 

Montaiglon,  1851-1885. 
Voyage  d'un  Iconophile,  par  Duchesne  aine,  1834. 
Héliogravures,   par   Amand    Durand.   —    400  eaux-fortes  et  gravures  des 

Maîtres  anciens  reproduites  sous  la  direction  de  G.  Duplessis. 
Catalogue  de  l'exposition  des  Gravures  anciennes  et  modernes  au  Cercle 

de  la  Librairie,  le  4  juillet  1881. 
Catalogue  des  Eaux-Fortes  publiées  par  Cadart3,  12  vol.,  1808-1880. 
Etat  civil  des  Artistes  français,  par  Piot,  1873. 
Etat  civil  d'Artistes  français,  par  Herluison,  1872-1873. 
Etat  civil  d'Artistes  français,  par  Huber  Lavigne,  1881. 
Mes  Estampes,  par  H.  Béraldi,  1884. 


1  La  première  édition  publiée  en  18US  esl  devenue  fort  rare,  elle  vaut  environ  150  francs. 

-  II  existe  une  seconde  édition  eu  deux  volumes  parus  en  1877. 

3  Ces  publications  débutèrent  en  1863.  sous  la  rubrique  Société  di's  Aquafortistes,  et  se  conti- 
nuèrent de  180S  en  1880,  sous  le  nouveau  titre  Illustration  Nouvelle;  la  première  période  esl  de 
beaucoup  la  meilleure.  Cette  collection  devenue  rare  contient  5J3  planches. 

■1U 


G2(i  INDEX   BIBLIOGRAPHIQUE 

Estampes  et  Livres,  par  II.  Bérahli,  1892. 

Les  Arts  de  reproduction  vulgarisés,  par  J.  Adeline,  1893. 

Revue  universelle  des  Arts,  23  vol.,  1855-1866. 

Essai  sur  l'Art  de  restaurer  les  Estampes,  par  Bonnardol,  1858'. 

La  Curiosité  en  1899;  revue  des  ventes  publiques  en  France  et  à  l'étranger, 

par  Williamson. 
Index  iconographique,   répertoire  des  ventes   publiques,  par    P.   Dauze, 

1894-1902. 
Les  Ventes  au  xix'  siècle,  par  L.  Soullié,  189G. 
Dictionnaire  des  ventes  faites  en  France  et  à  l'étranger  pendant  les  xvin-' 

cl  xix1'  siècles,  par  le  Dr  H.  Mireur,  1901. 
Art  Sales,  by  George  Redfort,  2  vol.,  1888. 
Art  Sales,  by  J.-IL  Slatcr,  1901-1902. 
L'Estampe  et  l'Affiche,  1897,  1898,  1899. 
L'Epreuve,  1891. 

L'Estampe  moderne,  1897,  1898,  1899. 
L'Eau-Forte,  1903. 

L'Estampe  originale,  1893,  1894,  1895. 
La  Gazette  des  Beaux-Arts,  1859  1903. 
Bévue  de  l'Art  ancien  et  moderne,  1897-1903. 
L'Image,  1896-1897. 
L'Estampe.  1881-1901. 
The  Studio»,  1S93-1903. 
The  Connoisseur,  1901-1903. 
Graphïsche  Kuenste  de  Vienne. 
Ver  Sacrum  de  Vienne. 
Les  Ventes  de  Tableaux,  Dessins,   Estampes  aux  xvn<-  et  xvnr    siècles  ; 

essai  de  bibliographie,  par  Duplessis,  1871. 
Essai  de  bibliographie  relatif  à  l'histoire  de  la  gravure  et  des  graveurs. 

par  Duplessis,  1802. 
Essai  d'une  bibliographie  générale  des  Beaux-Arts,  par  Duplessis,  1866. 
Catalogue  de  la  bibliothèque  d'art  de  Duplessis,  1900. 
Les  Altistes  célèbres',  publiés  sous  la  direction  de  Paul  Leroi. 
Der  Verein  fur  Original-Radirung  zu  Berlin*. 
Catalogue  des  Estampes  de  Hambourg,  1878. 
Catalogue  des  Estampes  de  Copenhague,  par  Thiel,  18G3. 


'  Il  exisir  une  première  édition  beaucoup  moins  recherchée,  publiée  en  1848. 

:  Non-,  recommandons  loul  spécialement  le  numéro  d'été  1902,  Modem  ctchtngs  and  engravings 
European  and  American,  ainsi  que  celui  île  septembre  ioo.t.  pour  la  belle  élude  consacré*  i 
Whistlcr  snus  la  signature  de  A.-l,.  Baldry. 

-»  Parmi  lesquels  nous  filerons  comme  rentrant  dans  notre  programme  :  Audran,  Bary, 
Bosse,  Boucher,  Cnllot,  Canaletto,  Charlet,  Cochln,  Decamps,  Bdelinck,  Fortuny,  Fragonard. 
Gavarni,  Greuze,  Huet,  les  Uoreau,  Prudhon,  RjuTot,  Rembrandt,  Reynolds,  Rnyadael,  les 
Saint-Aubin,  Turner,  Van  Ostade,  Van  île  Velde  el  Watteau. 

i  Société  fondée  à  Berlin,  en  février  1880,  sons  la  haute  direction  île  M.  Paul  Bette,  ayanl 
pour  luit  île  développer  la  producUon  cl  le  goûl  îles  caux-fortes  originales. 


INDEX    BIBLIOGHAPHIQUE  627 

Copies  photographiques  des  plus  rares  gravures  criblées  du  Musée  de 

Munich,  par  Brulliot,  1856. 
Les  Estampes  indécrites  du  Musée  d'Amsterdam,  par  H. -A.  Klinkhamer, 

1857. 
Curiosités    du    Musée    d'Amsterdam,    fac-similé    d'estampes    de    Maîtres 

inconnus  au  xv«  siècle.  Edité  par  Kaiser. 
Les  Nielles  de  la  Bibliothèque  Royale  de  Belgique,  par  L.  Alvin,  1857. 
Documents  Iconographiques  de  la  Bibliothèque  Royale  de  Belgique,  par 

L.  Alvin,  1877. 
Catalogue  des  Estampes  du  Musée  de  Berlin,  par  Wessely,  1875. 
Den  Kgl.  Kobberstiksamling. . .  af  Emil  Bloch.  Kjobenhavn ',  1881. 
Catalogue  des  Estampes  de  Frederic-Augusle  II,  Roi  de  Saxe,  par  Frenzel, 

1854. 
Catalogue  des  Estampes  primitives  allemandes  et  flamandes  au  Bristish 

Muséum,  2  vol,  1879-1883. 
Guide  au  Département  des  Estampes,  au  British  Muséum,  18S5. 
The  Print  Room  of  the  British  Muséum,  1876. 
A  Guide  to  that  portion  of  Prints  bequeathed  to  the  British  Muséum,  by 

Félix  Slade,  1869. 
Handbook    to    the    Department   oi'  prints    and    drawings    in    the   British 

Muséum,  by  Louis  Fagan,  1876. 
A  Guide  to  Drawings,  Prints  exhibited  in  the  second  northern  gallcry  of 

British  Muséum,  1885. 
Introduction    to   a   Catalogue   ol   the  early  italian  prints  in  the   Britisb 

Muséum,  by  R.  Fisher,  1886. 
Index  of  Artists  represerited  in  the  Department  of  Prints  in  the  British 

Muséum.  French  Schools.  1896. 
Catalogue  de  la  Chalcographie  du  Louvre,  1881. 
Documents  sur  l'histoire  du  Cabinet  des  Estampes,  1717-1890. 
Notice  des  Estampes  exposées  à  la  Bibliothèque  du  Roi,  par  Duchesne  aîné  ; 

deux  éditions  en  1819,  une  en  1887,  une  réimpression  abrégée  en  1811, 

et  une  dernière  en  1855. 
Le  Département  des  Estampes  à  la  Bibliothèque  Impériale,  par  Duplessis, 

1860. 
Le  Déparlement  des  Estampes,  par  le  Vto  Henri  Delaborde,  1875. 
Un  coin  de  la  Bibliothèque  Nationale  :  Les  Habitués  du  Département  des 

Estampes,  par  E.  Mobilier,  1892. 

*  Le  Cabinet  des  Estampes,  par  Henri  Bouchot,  1895. 

Inventaires  des  Dessins,  Photographies  et  Gravures  relatifs  à  l'histoire 
générale  de  l'art,  légués  au  Département  des  Estampes,  par  A.  Armand, 
rédigés  par  François  Courboin,  2  vol.,  1895. 

*  Catalogue  sommaire  des  Gravures  et  Lithographies  composant  la  Réserve, 

par  François  Courboin,  2  vol.,  1900-1901. 
Les  deux  cents  incunables  xylographiques  du  Département  des  Estampes, 
par  H.  Bouchot,  1903. 


*  C'est  le  catalogue  du  Musée  de  Copenhague. 


028  INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 


Monographies 


Aliamet.  —  Catalogue  de  l'œuvre  gravé  de  Jacques  Aliamet,  par  Delignières, 

189G. 
Amman.  —  Catalogue  de  l'œuvre  de  Jost  Amman,  par  C.  Beckcr,  1851. 
Audran  (Les).  —  Catalogue  alphabétique  et  par  école  des  planches  gravées, 

par  les  sieurs  Gérard  Audran,  1778. 

—  Notice  sur  Gérard  Audran,  par  G.  Duplessis,  1858. 

—  Les  Audran  peintres  et  graveurs,  par  Ed.  Michel,  1884. 
Auguste  le  Vénitien.  —  Auguste  le  Vénitien  et  Marco  Uente,  parThode,  1881. 


Baruari.  —  Jacopo  de  Barbari,  par  E.  Galichon,  18G1. 

—  Notes  biographiques,  par  Ch.  Ephrussi,  187G. 

—  L'Œuvre...,  par  Kristeller,  1896. 
Bartolozzi.  —  Ilis  lit'e  and  works,  by  A.-W  Tuer,  1881. 

Bartsch.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  J.-A.  Bartsch,  par  Frédéric  Bartsch,  1818. 

Baudet.  —  Etienne  Baudet,  par  R.  Porcher. 

Baudouin.  —  Son  catalogue  raisonné,  par  E.  Bocher,  1875. 

Bavière.  —  Les  Gravures  de  Jean  de  Bavière,  1884. 

Beauvarlet.  —  Catalogue  de  l'œuvre,  par  l'abbé  Deraine,  18(ii). 

—  Le  graveur  Beauvarlet  et  l'Ecole  Abbevilloise,  par  Delignières,  1891. 
Beiiam.  —  Par  Adolf  Bosemberg,  1875. 

Catalogue  of  the  prints  and  etchings  of  Mans  Sebald  Beham,  by 

Loftic,  1877. 
Barthélémy  et  Mans  Sebald,  par  Aumuller,  1881. 

—  Mans  Sebald  Beham,  par  W.  Seibt,  1882. 

Das  Kupferstich   uud    Holzschnittewerk   des   11.  S.    Beham   von 

Seidlitz,  1882. 
Bella.  —  Catalogue  de  l'œuvre  de  Stefano  délia  Bella,  par  C.-A.  Jombert, 

1772. 
Berghem.  —  Son  œuvre,  par  Winler. 
Boissiei   (de).  —  Catalogue  raisonné  de  son  œuvre,  par  l'auteur,  1801. 

—  Catalogue  raisonmié  de  son  œuvre,  chez  Hapilly,  1878. 
Bol.  —  Ferdinand  Bol,  par  le  !>'  P.  Scheltema,  traduit  par  de  Brou. 
BONINGTON.  —  Catalogue  de  l'œuvre  de  lionington,  par  Ag.  liouvenne.  1873. 

Les  Lithographies  de  Bonington,  par  Germain  Hediard. 
Bonnet.  -  Catalogue  d'estampes  dans  le  nouveau  genre  de  gravure,  I7.su. 
liossi  .        Catalogue  de  l'œuvre  d'Abraliam  liosse,  par  Duplessis,  1859. 
BOUCHER.  —  L'Art  du  xvne  siècle,  par  de  Concourt,  18G2. 
Boutet(H.).   -  Graveur  et  Pastelliste,  par  L.  Maillard,  2  vol.,  1894-1895. 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE  629 

Bracquemond.  —  Voir  Henri  Béraldi  :  Les  Graveurs  du  xix«  siècle,  t.  III  et  IX. 
Bramante.   —  Les  Estampes  attribuées  à   Bramante,   par  Courajod  et  de 

Geymûller,  1874. 
Bray  (de).  —  Descriptions  des   Estampes   qui    forment   l'œuvre,    par  Vis 

Blokhuysen,  1870. 
BiuDoux.  —  Etude  sur  sa  Vie  et  son  Œuvre,  par  Delignières,  1893. 
Briot  (F.).  —  Le  Graveur  lorrain,  par  A.  Tuetey. 

Blhot.  —  Catalogue  descriptif  de  son  Œuvre  gravé,  par  G.  Bourcard,  1899. 
Etude  biographique  suivie  du  Catalogue  de  l'Œuvre  gravé,  par 

L.  Benedite. 


Calamatta.  —  Catalogue  de  Calamatta,  par  L.  Alvin. 

Callot.  —  A  Catalogue  of  the  Celebrated  Jacques  Callot,  by  G.  Grecn,  1884. 
lïecberches  sur  J.  Callot  et  Catalogue  de  son  œuvre,  par  Mcaume, 
2  vol.,  1860. 

—  Jacques  Callot,  par  P.  du  Mast,  1875. 

—  Jacques  Callot,  par  Marius  Vachon,  1886. 

—  Jacques  Callot,  par  H.  Bouchot,  1889. 

Cameron.  —  Cameron's  Etchings.  A  Study  and  a  Catalogue,  by  F.  Wedmorc, 

1903. 
Campagnola.  —  Catalogue   de  l'Œuvre  des  Campagnola,  par  E.  Galichon, 

1862-1864. 
Canaletto.  —  Antonio  Canal,  dit  Le  Canaletto,  par  A.  Moureau,  1894. 
Chardin.  —  Son  Catalogue  raisonné,  1876. 
Charlet.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Charlet,  par  de  Lacombe,  1856. 

—  Charlet  et  son  Œuvre,  par  Armand  Dayot,  1893. 
Chodowiecki.  —  Chodowiecki's  Werke  von  Jacoby  senior,  1808. 

Daniel  Chodowiecki's  Sammlitche  Kuperstiche . . .  von  W.  Angcl- 

mann,  1857  '. 
Cochin.  —  Œuvre  de  Ch.  N.  Cochin  fils,  par  Jombert,  1770. 
Colin.  —  Jean  Colin,  graveur  remois  au  xvif  siècle,  par  Max  Sutainc,  1860. 
Cosway.  —  Catalogue  raisonné  of  the  engraved  works,  by  F.  Daniell,  1890. 
Cousin.  —  Etude  sur  Jean  Cousin  suivie  de  notice  sur  Leclcrc  et  Voeriot, 

par  Didot,  1872. 
Cousins.  —  Catalogue  of  bis  work,  by  A.  Graves. 

—  Monographie,  par  Pyeroft  d'Exeter. 

Cranach.  —  Lucas  Cranach's  Leben  und  Werke,  von  J.  Heller,  1854. 

—  Lucas    Cranach's    des    Alteren    und    Werke,    von    Schuchardt, 

1851-1871. 


Daubigny.  —  Son  Œuvre  gravé,  par  F.  Henrict,  1875. 

Daullé.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Daullé,  par  Delignières,  1873. 


•  Il  y  a  eu  un  supplément  on  ISCfi. 


(530  INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 

Daumier.  —  L'Homme  cl  l'Œuvre,  par  Arsène  Alexandre,  1S88. 

—  Catalogue  de  l'Œuvre  lithographie  et  gravé,  par   Champfleury, 

1878. 

Debucourt.  —  L'Art  du  xviii"  siècle,  par  de  Concourt,  1866. 

—  L'Œuvre  gravé,  par  Maurice  Fenaille,  1899. 

Decamps.  —  Sa  Vie,  son  Œuvre,  ses  imitateurs,  par  M.  Chaumelin,  1861. 

—  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Decamps,  par  A.  Moreau,  1869. 

—  Les  Maîtres  de  la  Lithographie,  par  G.  Ilédiard. 
Delacroix.  —  Sa  Vie  et  son  Œuvre,  par  Paul  Mantz,  1864. 

—  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  Piron,  1865. 

—  Catalogue  de  l'Œuvre,  par  Moreau,  1873. 

—  L'Œuvre  complet,  par  Alfred  Robaut,  1885. 

—  L'Gùivre  par  H.  du  Cleuziou,  1885. 

Delff.  —  L'Œuvre  de  W.  .1.  Delff,  par  D.  Franken,  1872. 
Demarteau.   —   Gilles    Demarteau     et     Gilles- Antoine     Demarteau,     par 
J.-F.  Demarteau,  1879. 

—  Catalogue  '  des  Estampes  mises  en  vente  chez  Gilles  Demarteau, 

1883. 

—  Gilles  Demarteau,  catalogue  descriptif,  par  de  Lcymarie,  1896. 
Deruet.  —  Vie  et  Œuvre  de  Cl.  Deruet,  par  Méaume,  1853. 

Note  sur  Claude  Deruet,  par  Albert  Jacquot,  1891. 
Desrochers.  —  Catalogue  des  Portraits  gravés. 
Dietrich.  —  Son  Œuvre,  par  Linck. 

Drevet.  —  Catalogue  de  l'œuvre  des  Drevet,  par  Didot,  1871). 
Durer.  —  Catalogue  de  l'œuvre  de  Durer,  par  un  amateur?,  1805. 

—  Das  Leben  und  die  Werke  Albrecht  Durer's,  von  Joseph  Relier, 

1827. 

—  Albrecht  Durer's  Kupferstische,  Radirungen,  Holzschnitte . . .  von 

Ilaussmann,  1861. 

—  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  F..  Galichon,  1861. 

—  Dis  lilc  and  works,  by  \V.  Scott,  1869. 

—  Durer's  Kupferstiche  und  Holzschnitte,  von  R.  V.  Retberg,  1871. 

—  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  traduit  par  Gruyère,  d'après  M.  Thausing, 

1878. 

Reproduit  en  héliogravure  par  Amand  Durand,  texte  par  Duplessis. 
Duvet.  —  Etude  sur  le  Maître  à  la  Licorne,  par  Julien  de  la  Boullaye,  1876. 
Dyck.  —  Notice  et  Catalogue  de  son  Œuvre,  par  ('.arpenter,  1811. 

—  Catalogue  raisonné,  par  llcrmann  Wcber,  1852. 
L'Iconographie  de  Van  Dyck,  par  Wibiral,  1877. 

—  Sa  Vie,  son  Œuvre,  par  .1.  Guiffrey,  1881. 
Van  Dyck  el  ses  élèves,  par  A.  Miehiels.  18.S2. 

Notice  biographique,  avec 50 reproductions,  par  Max  Rooses,  1902. 

—  Reproduit  par  Amand  Durand,   texte  de  Duplessis. 


1  L'auteur  esl  le  baron  Witter;  édité  chez  Van  Trigl  A  Bruxelles. 

3  Cet  amateur  «".t  l Leppel,  suivant  tes  uns.  ou  M.  Uenge,  suivanl  les  autres. 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE  fi.'!] 


Earlom.  —  Verzeichniss  seiner  Radirungen    und   Schabkunsblâtter,   von 

—  Wessely,  1886. 

Edelinck.  —  Gérard  Edelinck,  par  II.  Delaborde,  1880. 
Everdingen.  —  (Catalogue  raisonne,  par  W.  Drugulin,  1873. 

—  Voir  aussi  Dutuil. 


Faber.  —  Catalogue  de  l'CEuvrc  de  Faber,  par  Ilillemaclicr,  1813. 

Faithorxe.  —  Catalogue  of  the  engraved  work,  by  L.  Fagan,  2  éditions, 
1885-1888. 

Falck.  —  Jérémias  Falck,  par  Block,  1890. 

Faxtin-Latour.  —  Catalogue  de  son  Œuvre,  par  G.  tlcdiard,   1892;  sup- 
plément 1899. 

Fantuzzi.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Fantuzzi,  par  Herbet,  1897. 

Ficquet.  —  Voir  Grateloup. 

Fortuny.  —  Sa  Vie,  son  Œuvre,  par  le  baron  Davillier,  1875. 

Fragonard.  —  L'Art  du  xviir-  siècle,  de  Goncourt,  1805. 

—        Sa  Vie  et  son  Œuvre,  par  le  baron  Roger  Portalis,  1889. 


Gaillard.  —  Ferdinand  Gaillard,  maître-graveur,  par  C.  de  Beaulieu,  1888. 

—  Ferdinand  Gaillard,  graveur  et  peintre,  par  V.  Guillemin,  1890. 
Gainsborough.  —  An  illustratëd  catalogue  of  engraved  portraits  and  lancy 

subjects  painted,  by  Th.  Gainsborough   and   G.   Rommey,   by 
H.  Percy  Horne,  1891. 

—  Gainsborough  et  sa  place  dans  l'école  anglaise,  par  Armstrong, 

traduit  par  Gausscron,  1899. 
Gaucher.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Gaucher,  par  Portalis  et  Béraldi,  1879. 
Gaultier.  —  La  Chronologie  collée. 

Gauvain  (.1.).  —  GraVeur  à  Lyon,  au  xvf  siècle,  par  X.  liondot,  18S7. 
Gavarni.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Gavarni,  par  Mahérault  et  Bochcr,  1873. 

—  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  II.  Delaborde. 

—  L'Homme  et  l'Œuvre,  par  de  Goncourt,  1879. 

Gellée.  —  Catalogue  raisonné  des  Estampes  gravées  à  l'eau  forte,  par  E.  Piot. 

—  Catalogue  des  Estampes  gravées  par  Cl.  Gellée,  par  Méaume  et 

Duplcssis,  1870. 

—  Claude  Gellée,  par  Méaume,  1871. 

—  Claude  Lorrain,  par  Mark  Pattison,  1881. 

—  Par  le  comte  de  Leppel,  1806. 

—  Reproduit  par  A.  Durand,  texte  de  Duplessis. 

Géricault.  —  Etude   et   Catalogue    raisonné   de    l'œuvre,    par   Clément, 

3  éditions,  1866-1879. 
Girardet.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Girardet,  par  Bachclin,  1870. 
Gole.  —  Jacob  Gole,  par  Wessely. 
Goncourt.  —  Les  Eaux-fortes  de  .Iules  de  Goncourt,  par  Ph.  Burty,  1876. 


632  INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 

Goya.  —  Far  Matheron,   1858  —   Yriarte,   1867  —  Lefort,  1877  —  W.  Ro- 
thenstein,  1899  —  Paul  Lal'ond,  1900. 

Grandes  Armoiries  do  duc  de  Bourgogne1  gravées  vers  1467,  par  L.  Alvin, 
1859. 

Grateloup.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Grateloup,  Ficquet  et  Savart,  par 
Faucheux,  186-1. 

Gravelot.  —  L'Art  du  xvni1'  siècle,  par  de  Goncourt,  1868. 

Gravure  au  millésime  de  1118.  —  Quelques  mots  sur  la  gravure  au  millé- 
sime de  1418,  par  de  Brou,  1816. 
Un  dernier  Mot  sur  cette  gravure,  parle  même  auteur. 
Opinion  d'un  bibliophile  sur  l'Estampe  de  1418,  par  de  Leutre,  1816. 

Gravure  au  millésime  de  1467.    —  Notice  sur  cette  gravure  trouvée  dans 
la  bibliothèque  de  Strasbourg,  par  J.-J.  Oberlin. 

Gbeen  (V.).  —  Britisb  Mezzotinters  :  Valentine  Green,  by  Alfred  Whitman, 
1902. 

GREUZE.  —  L'Art  du  xviik  siècle,  de  Goncourt.  1863. 
—        Voir  aussi  Prosper  de  Baudicour,  1859. 


Haden.        a  descriptive  Catalogue  of  the  etched  work  of  Francis  Seymour 

Iladen,  by  William  Richard  Drake,  1880. 
Helleu.  — -  Catalogue  des  pointes  sèches;  imprimerie  Lemercier,  1897. 
Hogartii.  —  Explications  des  gravures  de  Hogarth,  par  Lichtemberg,  1797. 

Works  of  Hogarth,  by  J.  Nichols. 

Works  of  Hogarth,  by  Cooke  and  Davenport,  1821. 

William  Hogarth,  by  Austin  Dobson,  1902. 
HoiN.  —  Par  le  baron  Roger  Portalis,  1899. 
Mollah.  —  A  description  of  the  work,  by  Virtue,  1759. 

Beschreibendes  Verzeichniss  seiner  Kupferstiche,   von   Parthey, 
1853-1854.  Un  supplément  en  1858. 
Hondius.  —  Œuvre  de  Hondius,  par  Block. 
Houbraken.  —  Œuvre  d'Houbraken,  par  Huel,  1877. 
Huet  (P.).  —  Notice  biographique,  etc.,  par  l'h.  Burty,  1869. 

Les  Maîtres  de  la  Lithographie,  par  G.  Eiédiard. 


Isahey  (J.-B.).  —  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  Taigny,  1859. 


Jacqi'e.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  ('.liai  les  Jacque,  par  Guiflrey,  1866,  et 

supplément,  1884. 
Jacquemart.    -   Catalogue  de  l'Œuvre  de  J.  Jacquemart,  par  Louis  Gonse, 

1876,  avec  ni\  appendice  eu  1881. 


'  En  IK78.  A.  Plnchart  publia  une  plaquette  InUtulée  :  Va  dernier  mot  sur  la  deux  plancha 
~  utJ  b  i  gronda  armotiiu  de  Bourgognet 


INDEX-   BIBLIOGRAPHIQUE  <>:>;{ 


Kabel.  —  Van  der  Kabel,  son  Œuvre  peint  et  gravé,  par  de  Cazanove,  1888. 


Lafrensen.  —  Peintre  à  la  gouache,  par  II.  Vienne,  1869. 

Talet  Konsthistorisk  studie  of  Oscar  Levertin,  1899. 
Lalanne.  —  Peintre-dessinateur  et  graveur,  par  Marionneau,  188C). 
Lancret.  —  Son  Catalogue  raisonné,  par  E.  Bocher,  1877. 

—  Son  Eloge  et  Notes  diverses...  réunis,  par  Guiffrey. 

Langot.  —  Catalogue  raisonne  île  l'Œuvre  de  Langot,  graveur  melunois,  par 

Gresy,  1858. 
Lasne.  —  Notice  sur  Michel  Lasne,  par  Arnauldet  et  Duplessis,  1856. 

Le  Graveur  caennais  Michel  Lasne,  par  A.  Decauville-Lachênée. 
Lavereince.  —  Son  Catalogue  raisonne,  par  E.  Bocher,  1875. 
Leci.erc.  —  Sébastien  Leclerc,  par  l'abbé  de  Vallemont,  1715. 

—  Œuvres  de  Sébastien  Leclere,  par  Jombert,  2  vol.,  1771. 

—  Son  Œuvre,  par  Méaunie,  1877. 

Legrand.  —  (Catalogue  de  son  Qùivre,  par  Ramiro,  1896. 
Legros.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  d'Alphonse  Legros,  par  Thibaudeau    et 
Malassis,  1877. 

Lemire.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Lcniire,  par  Hédou,  1875. 

Lemud.  —  Catalogue  de  l'Œuvre,  par  Aglaûs  Bouvenne,  1881. 

Leprince.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Jean  Leprince,  par  Hédou,  1879. 

Levasseur.  —  Œuvre  de  Levasscur,  par  Delignières,  1865. 

Leveau.  —  Notice,  par  Jules  Hedou,  1879. 

Leyde.  —  Catalogue  de  l'Œuvre,  par  Bartsch,  1798. 

Lucas  de  Leyde  et  A.  Durer,  par  W.  Eward,  1884. 

Verzeichniss  seiner  Kupferstiche...  von  D>'  Th.  Vohlbehr,  1888. 

—  Reproduit  par  Amand  Durand,  texte  par  Duplessis. 

Liotard.  —  La  Vie  et  les  Œuvres,  par  Humbert,  Revillod  et  Tinalus,  1897. 
Lippi.  —  Fra  Filippo  Lippi,  by  E.-C.  Slrutt,  1901. 
Longueil.  —  Sa  Vie,  son  Œuvre,  par  Panhard,  1880. 
Ll'nois.  —  Par  Emile  Dacier. 


Maître  a  l'Oiseau.  —  Voir  Porto. 

Maître  au  Caducée.  —  Voir  Barbari. 

Maître  aux  Jardins  d'Amour.  —  Der  Meister  der  Liebes  Garten,  von  Max 

Lehrs,  1893. 
Maître  aux  Banderoles.  —  Der  Meister  mit  den  Bandrollen,  von  Max  Lehrs. 
Maître  du  Cabinet  d'Amsterdam  1480.  —  Société  de  chalcographie,    1891. 
Maître  I.  B.  —  Woodcuts  of  the  Master  I.  B.  vvilh  the  Bird',  by  Lippmann, 

1894. 


•  Le  Maître  à  l'Oiseau. 


6;U  INDEX   lilbLIOGHAPHIQL'E 

Maître  (L:.  <§.,  1466.  —  Quelques  pièces  du  Maître  de  1166,  par  H.  Lœdel, 
1857. 

—  Le  Graveur  de  l'an  1466  et  les  Armoiries  de  Bourgogne,  par  de  Brou. 

—  Die  Spielkarten  der  Meister  E.  S .,  1166,  von  Max  Lehrs,  1891. 
Maître  des  sujets  tirés  de  Boccace.  —  Far  Duplessis,  1879. 

Maître  W.  A.  —  Ein  Kupfersteeher  der  zeit   Karls  des  Kiihnen,  von  Max 

Lehrs,  1895. 
Mantegna.  —  Reproduit  par  A.  Durand,  lexte  de  Duplessis,  187'.). 

—  Sa  Vie,  son  Œuvre,  par  Yriarte,  1901. 

—  Origine  d'une  Estampe  de  Mantegna,  par  Delaborde. 
Marot  (.1.).  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Jean  Marot,  par  Bérard,  1864. 
Marot  (D.).  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Daniel  Marot,  par  Bérard,  1865. 
Marcenav  de  Ghuy.  —  Idée    de    la    Gravure    et    Catalogue    raisonne    de 

l'Œuvre,  par  M.  de  Ghuy,  1764. 

—  Catalogue  de  son  Œuvre,  par  Louis  Morand,  1901. 
Masquelier.  —  Graveur,  par  Lecarpentier,  1811. 

Massé  (J.-B.).  —  Un  Artiste  oublié,  par  Campardon,  1880. 

Masson.    —   Notice    sur     Antoine    Masson,     graveur     Orléanais,    Orléans, 

Herluison,  1866. 
Meissonnier.  —    Etude  sur  sa  Vie  et  son  Œuvre,  par  0.  Gréard,  1897. 
Mellan.  —  Œuvre  de  Claude  Mellan,  par  Montaiglon,  1856. 
Menzel.  —  Das  Werk  Adolf  Menzel;  mit  Text,  von  Max  Jordan  und  Robert 

Dohme,  3  vol.,  1890. 
Méryon.  —  Sailor    engraver    and    etcher,    translated    f'rom    Burty,    by 

M.  B.  Huish,  1879. 

—  Méryon  and  Meryon's,  Paris,  by  F.  Wedmore,  1879. 

—  Une  seconde  édition,  du  même  auteur,  1892. 

Notes  et  Souvenirs  sur  Ch.  Méryon,  par  A.  Bouvcnnc,  1883. 
Miger.  —  Œuvre  de  Miger,  par  Bellier  de  la  Chavignerie,  1856. 
Millet.  —  La  Vie  et  l'Œuvre,  par  Alfred  Sensier,  1881. 

The  Etchings  and  other  Prints  of  J.-F.  Millet  translated  from  the 

french  (A.  Lebrun)  with  additionnai  notes,  by  F.  Keppel  KSN7. 

Moceto.  —  Girolamo  Mocetto,  peintre  ci  graveur  Vénitien,  par  E.  Galichon, 

1859. 
M0REA.ll  le  JEUNE.  —  Notice  et  Catalogue,  par  Béraldi,  1874. 

—  Catalogue  raisonné,  par  M.  Mahérault,  1880. 

—  Catalogue  raisonné,  par  E.  Bocher,  1882. 

Morghen.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Raphaël  Morghen,  par  Palmerini,  1810. 
Morin.  -   Gustave  Morin  et  son  ouvre,  par  .1.  Efedou,  1875. 
MORLAND.  -  Far  B.  Nicholson,  1896.  -  Far  Nclllcship,  1S98. 
Miller.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Muller,  par  Andresen,  1865. 


Nanteuil.  —  Graveur,  par  Joly  lils,  1785. 

Naivlis.  —  Catalogue  de  Michel  Natalis,  graveur  Liégeois,  par  J.-S.  Benier, 

1871. 
Norhun.  —  Œuvre  de  Norblin,  par  Hillemacher,  1848-1877. 


INDEX   BIBLIOGRAPHIQUE  635 


Olmdtz.  —  Wenceslaus  d'Olmutz,  von  Max  Lehrs,  1889. 
Ostade.  —  Œuvre  d'Adrien  van  Ostade,  par  Faucheux,  1862. 

—  Adrian  van  Ostade,  par  Wesscly,  1888. 

—  Reproduit  par  Amand  Durand,  texte  par  Duplessis. 


Passe.  —  L'Œuvre  gravé  des  van  de  Passe,  par  Franken,  1881. 

Perret.  —  Notice  sur  Pierre   Perret,    graveur   belge   du   xvr  siècle,   par 

par  E.  Vander  Straeten,  1861. 
Picard.  —  Catalogue  des  pièces  qui  composent  l'Œuvre  de  B.  Picart. 
Poilly.  —  Œuvre  de  Poilly,  par  Hecquct,  2  éditions,  1752-1865. 
Ponce.  —  Notice  sur  Ponce,  graveur  et  homme  de  lettres,  parMirault,  1831. 

—  Catalogue  de  tableaux,  estampes...  de  feu  Ponce,  par  Duclicsne 

aîné,  1831. 
Porto  (dit  le  Maître  à  l'Oiseau).  —  Par  E.  Galichon,  185'.). 
Potter.  —  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  T.  van  Westrheene,  1867. 

—  Reproduit  par  A.  Durand,  texte  de  Duplessis,  1875. 
Prudhon.  —  L'Art  du  xviir  siècle,  par  de  Concourt,  1861. 

—  Sa  Vie,  ses  Œuvres,  par  Ch.  Clément,  1870-1872. 

—  Catalogue  raisonné  de  l'Œuvre,  par  de  Concourt,  1876. 


Raffet.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Raffet,  par  H.  Giacomclli,  1862. 

—  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  A.  Bry,  2  éd.,  1861-1874. 

—  Raffet  et  son  Œuvre,  par  Armand  Dayot,  1892. 

Raimondi.  —  Les  Antiques  dans  les  Estampes  de  Marc-Antoine,  par  Thode. 

—  Notice  sur  les  Estampes  gravées  d'après  Jules  Romain,  par  de 

Murr,  1865. 

—  Marc-Antoine  Raimondi,  par  Fisher,  1868. 

—  Nouveaux  documents  sur  Marc-Antoine,  par  Benjamin  Fillon,  1880. 

—  Etude  suivie  d'un  Catalogue  raisonné,  par  le  V*«  Dclaborde,  1888. 
Reproduit  par  A.  Durant!,  texte  de  Duplessis. 

Rembrandt.  —  Catalogue  raisonné,  par  Hellc  et  Glomy,  1751. 

—  Supplément  au  précédent  Catalogue,  par  Yver,  1756. 

—  A  descriptive  Catalogue,  by  Daniel  Daulby,  1796. 

—  Catalogue  raisonné,  par  Bartsch,  2  vol.,  1797. 

—  Catalogue  raisonné,  par  de  Claussin,  1824,  et  supplément,  1828. 

—  Bercdeneerde  Catalogus  der  Werken  van  Rembrandt,  door  C.  Josi. 

—  A  descriptive  Catalogue,  by  an  Amateur  (Wilson),  1836. 

—  Lofrede  of  Rembrandt,  door  Immerzeel  junior,  18-11. 

—  Lebcn    und    Werke   des   Malers   und   Radires    Rembrandt,    von 

Nagler,  1846. 

—  Redevoering  over  et  leven  en  de  Verdicnsten,  door  Sclieltema,  1853. 

—  L'Œuvre  complet,  par  Ch.  Blanc,  1859-1861. 
Rembrandt  and  his  Works,  by  John  Burnet,  1859. 
De  vrouvv  van  Rembrandt,  door  W.  Kckolf,  1862. 


636  INDEX    IÎIBUOGRAPHIQUE 

Rembrandt.  —  Ses  Précurseurs  et  ses  Années  d'apprentissage,  par  C.  Vos- 
maer,  1863. 

—  Sa  Vie  et  ses  Œuvres,  par  C.  Vosmaer,  3  éd.,  1863,  1868,  1877. 

—  Notes  on  the  etched  work  of  Rembrandt,  by  Middleton,  1878. 

—  350  planches  reproduites  par  Arnaud  Durand. 

—  The  etched  work  of  Rembrandt  true  and  false,   by  F.  Seymour 

Haden,  1879-18'.];»'. 

—  L'Œuvre  gravé  de  Rembrandt,  par  F.  Seymour  Haden,  1880. 

—  L'Œuvre  complet  de  Rembrandt,  par  Dutuit,  3  vol.  et  un  atlas, 

1883-1885. 
L'Œuvre  gravé  de  Rembrandt,  par  Rovinsky»,  1890. 

—  Sa  Vie,  son  Œuvre  et  son  temps,  par  Emile  Michel,  1893. 

—  Kritisches     Vcrzeichnis     der     Radierungen     Rembrandt,     von 

\V.  Seidlitz,  1895. 

—  Guide  to  an  exhibition  ol  Drawings  and  Etchings  by  Rembrandt, 

by  Sydney  Colvin,  1899. 

Reni.   --   Catalogue  des  Estampes  gravées  à  l'eau-forte,  par  (1.  Rcni,  par 
Bartsch,  1795. 

Reynolds.   —  A  descriptive  Catalogue  ol  ail  the  Prints. ..  engraved  from 
original...,  by  Wheatley,  1825. 
A  descriptive  Catalogue  ofthe  engraved  Works  of  .1.  Reynolds,  by 

E.  Hamilton,  2  éd.,  1874-1884. 
Life  and  Works,  by  sir  Walter  Amstrong,  1900. 
A  History  of  the  works  of  sir  .loshua  Reynolds,  by  Graves  and 
Cronin,  4  vol.,  1899-1901. 

Rochebrune.  —  Les  Eaux-fortes  de  Rochebrune,  par  Ch.  Marionneau,  1865. 
Son  Œuvre,  par  A.  Bonnin,  1888. 

—  Catalogue  descriptif  cl  raisonné  de  l'Œuvre  de  Rochebrune,  par 

II.  Clouziot,  1901. 

Romney.  —  Voir  Gainsborough. 

Rops.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  gravé,  par  E.  Ramiro,  1887. 

Supplément  au  Catalogue  de  l'Œuvre  gravé,  par  E.  Ramiro,  1895 

—  L'Œuvre  lithographie,  par  E.  Ramiro,  1891. 

Rousseaux.  —Catalogue  de  l'Œuvre  d'Emile  Rousseaux,  graveur  d'Abbe- 
ville,  par  Delignières,  1877. 

Rowlandson.  —  The  caricaturist  Rowlandson,  by  J.  Grego,  2  vol.  1880. 

Rubens.  —  Catalogue  des  Estampes  gravées  d'après  Rubens,  parR.  Hecquet, 

1751. 
Estampes  d'après  Rubens,  par  Woorbelm  Scbncevogt,  1873. 
Histoire  de  la  Gravure  dans  l'école  de  Rubens,  par  II.  Ilymans,  1879. 
Les  Graveurs  de  Rubens,  par  Resemberg,  I.s.sîs. 


i  u  '-jisic  une  traducUon  française. 

'  On  a  joint  .ni  texte,  un  nUaa  en  :i  vol.  reproduisant  les  planches  originales  dan-,  ion-,  leurs 
lats    ncr.  ,ii.,  soll  1000  phototypies  sans  retouche,  le  mémo  ouvrage  existe  aussi  avec  deux 

allas,  l'un  classé  d'après  Bartsch,  l'autre  d'après  Middleton  suivant  l'ordre  chronologique. 

Rovinsky  est  a  l'heure  actuelle  la  plus  haute  autorité  en  la  matière. 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE  037 

Rubens  —  L'Œuvre  de  Kubens,  par  iMax  Rooses,  5  vol.,  1886-1892. 
Ruysdael.  —  Reproduit  par  A.  Durand,  texte  par  Duplessis,  1S7S. 


Sablet  (les).  —  Peintres,   graveurs,  etc.,   par  le   marquis  de  Granges  de 

Surgères,  1888. 
Saint-Aubin.  —  Les  Saint-Aubin,  par  de  Concourt,  1859. 

—  Catalogue  d'Augustin  de  Saint-Aubin,  par  Bocber,  1879. 
Saint-Igny.-  —  Graveur  rouennais,  par  J.  Hédou,  1887. 
Savart.  —  Voir  Grateloup. 

Schmidt  (G. -F.).  —  Schmidt's  Werke,  von  L.-l).  Jacoby,  1815. 

—  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Schmidt,  par  A.  Crayen,  1817. 

—  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Schmidt,  par  Wessely,  1887. 

—  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Schmidt,  par  Appell,  1887. 
Schongauer.  —  Martin  Schongauer,  peintre  et  graveur,  par  E.  Galichon,  1859. 

—  Eine  kritische  Untersuchung  seines  Liebe  und  seiner  Werke,  von 

Wurzbaeh,  1880. 

—  Estampes  de  l'école  de  Martin  Schongauer,  par  Duplessis. 

—  Reproduit  par  Amand  Durand,  lexle  de  Duplessis. 
Sharp.  —  A  descriptive  Catalogue  of  his  works,  by  Baker,  1875. 
Silvestre.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  d'Israël  Silvestrc,  par  Faucheux,  1857. 
Strange.  —  Œuvre  de  Robert  Strange,  par  Ch.  Leblanc,  1848. 
Suyderhoef.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Suyderhoef,  par  YVussin,  annoté 

et  augmenté  par  H.  Hymans,  1863. 


Tardieu.  —  Notice  sur  les  Tardieu,  les  Cochin  et  les  Relie,  par  A.  Tardieu, 
1855. 

Thurneysen  (les).  —  Graveur  d'Estampes  lyonnais,  au    xvn«   siècle,    par 

N.  Rondot,  1899. 
Tissot.  —  Eaux-fortes,  manière  noire,  pointe  sèche,  par  Yriarte,  KS.Sti. 
Tory.  —  Geoffroy   Torv,    peintre    et    graveur,    par    Bernard,    2    éditions, 

1857-1865. 
Tschemessof.  —  Graveur  russe,  élève  de  G. -F.  Schmidt,  son  Œuvre,  par 

Rovinsky. 
Tresca.  —  Catalogue  des  planches  gravées,  par  Regnault-Delalande,  1815. 
Turner.  —  Turner's  Liber  Studiorum,  a  Catalogue,  by  Rawlinson,  187.S. 
Notes  on  Liber  Studiorum,  by  Pye,  John  and  Roget,  1879. 


Vaillant  (W.).  —  Werzeichniss  seiner  kupferstiche..,  von  J. -F.  Wessely,  1805. 
—         Le   précédent   Catalogue  annoté  et   amplifié,    par  Ver  Loren   van 

Themaat,  1805. 
Valloton  (F.).  —  Biographie  et  Œuvre,  par  .1.  Mcir-Graclè,  1898. 
Van  de  Velde.  —  L'Œuvre  de  J.  Van  de  Velde,   par  Franken  et  van  der 

Kellen,  1883. 
Varin.  —  Notice  sur  la  Vie  et  les  Œuvres  du  graveur  Amédée  Varin,  par 

Henriet,  1884. 


638  INDEX    BIBLIOGRAPHIUrK 


Varin.  —  Les  frères  Varin,  graveurs  ehalonnais,  par  A.  Bourgeois,  1894. 
Vernet  (H.).  —  Catalogue  de  l'Œuvre  lithographique  d'Horace  Vernet,  1826. 
Vivant-Denon.  —  Catalogue  des  Estampes  gravées  par  Vivant-Denon,  1803 
Visscher.  —  A  Catalogue  olthe  works  of  Cornélius  Visscher,  by  W.  Schmith, 
1864. 
—        Jean  de  Vissclier  und  Lambert  Vischer,  von  Wessely,  1866. 
Verzeichniss  seiner  Kupferstiche,  von  Wussin,  1865. 
VOSTERMAN.  —  Lucas  Vosterman,  par  II.  Ilymans,  1893. 


Waterloo.  —  Anton  Waterloo's  Kupferstiche,  von  Bartsch,  1795. 

—  Antony  Waterloo,  von  Wessely,  1891. 

Wattead  (A.).  —  Catalogue  de  l'Œuvre  d'Antoine  Watteau,  par  de  Concourt, 

1875. 
Wetchlin.  —  Des  Strassburger  Malers...,  von  II.  Lœdel,  1863. 
Whistler.  —  A  Catalogue  of  the  etchings  and  dry  points,  by  Thomas,  1874. 

—  Catalogue  of  lithographs,  by  T.-R.  Way,  1896. 

Whistler's  etchings,  a  study  and  a  Catalogue,  by  Wedmore,  1899'. 

—  Catalogue  of  Etchings,  by  .!.  Me.  N.  Whistler.  Compiled  by  an 

Amateurs,  1902. 
Wiehix.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Wierix,  par  Alvin,  1866-1873. 
Wille.  —  Catalogue  de  l'Œuvre  de  Wille,  par  Ch.  Leblanc,  1847. 

—  Journal  de  Wille,  publié  par  Duplessis,  2  vol.,  1857. 
Wœiriot.  —  Orfèvres  et  graveurs  lorrains,  par  A.  Jacquot,  1892. 
Woollett.  —  A  Catalogue  raisonné  of  the  engraved  works,  by  L.  Fagan,  1885. 


Zu.CKEN.  —  Catalogue  descriptif  des  eaux-loi  les,  par  A.  l'it,  1890. 


'  Une  première  édition  avait  été  publiée  en  1880,  pnr  Thibaudeau. 

i  .   i  le  tuii/iir/nnit  nu  i'nialo(!iic  Wcilmoi»,  rédigé  par  M.  Kennedy. 


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Bourcard,  Gustave 

A  travers  cinèi  siècles  de    *Zù 
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