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Circa 1? 50
A travers
Cinq Siècles
de Gravures
190?
Gustave Boorcard
Membre d'honneur de la Société de
Peintres - Graveurs français ♦ ♦ ♦
Membre d'benneur de la Société des
Peintres - Lithographes ♦♦♦♦♦♦
A travers
Cinq Siècles
de Gravures
i? 50-190?
<> <► <>
LES ESTAMPES CÉLÈBRES
♦ RARES OU CURIEUSES ♦
♦ ♦ ♦ ♦
PARIS
GEORGES RAPILLY
MARCHAND D'ESTAMPES DE
LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
♦ ♦ 9, Quai Malaquais, 9 ♦ ♦
♦ ♦♦♦♦♦ 190? ♦♦♦♦♦♦
■
7i- '
Avant-Propos
Le but absolument défini de cet ouvrage — qui aurait
aussi bien pu se rubriquer Les meilleures Estampes des
meilleurs Maîtres — est la mise en vedette des gravures
les plus remarquables de toutes les écoles et de tous les
temps.
A l'heure où la matière collectionnable ancienne agonise
et où la difficulté à se la procurer devient de plus en plus
grande, nous avons jugé opportun d'attirer d'une façon toute
spéciale l'attention des amateurs sur les pièces les plus rares
et les plus recherchées, afin de les mettre à même de ne pas
les laisser échapper lorsque l'occasion se présentera.
Nous tenons à bien spécifier que c'est surtout au point de
vue de la collection que nous nous sommes placé ici, enten-
dant par là que notre objectif a été avant tout, pour la partie
ancienne, le signalement de la pièce cotée et classée — conti-
nuant ainsi les errements de nos devanciers — c'est-à-dire
éliminant à dessein certaines estampes qui, à tort ou à
raison, ont été et sont encore de parti pris tenues à l'écart.
Nous confessons néanmoins nous être souvent laissé aller à
mentionner quelques pièces qui, toutes délaissées qu'elles
étaient, avaient eu le don de nous séduire.
VI AVANT - PROPOS
Quant à la partie contemporaine originale — la seule
dont nous nous occupons — nous devons reconnaître que
dans celle-là nous ne relevons pour ainsi dire que de nous-
même. Si donc, quelquefois un peu bruyant dans nos éloges,
nous avons été d'une extrême sobriété dans nos critiques,
c'est que — sans émettre la prétention ridicule d'attribuer à
nos jugements une portée qu'ils ne sauraient avoir — nous
avons estimé que pour se prononcer sur la valeur d'un vin,
il fallait au moins permettre au temps de développer en lui
les qualités que seule la bouteille était à même de lui donner.
Or, la bouteille, ici, c'est le recul, la comparaison, la perspec-
tive, c'est en un mot le jugement froid et assagi qu'on ne
doit porter sur une œuvre que lorsque l'emballement et la
première impression ont disparu pour faire place à une étude
plus: tranquille et plus approfondie du sujet.
Ce sont ces considérations, avec beaucoup d'autres, qui
nous ont déterminé à être muet sur les prix pratiqués en
ventes publiques pour les oeuvres d'artistes vivants ou pour
celles récemment écloses, car nous ne nous reconnaissons pas
le droit d'impressionner faussement peut-être les amateurs et
de porter préjudice à des artistes, en venant indiquer des cotes
qui. quelquefois absolument étrangères à la valeur de la pièce,
lu mettent à la merci des hasards heureux ou malheureux
d'une adjudication.
Ne pouvant invoquer les mêmes raisons et redouter sur-
tout les mêmes conséquences pour les pièces anciennes, nous
n'avons pus hésité un instant à mettre sous les yeux des
acheteurs, les prix pratiqués dans les ventes publiques durant
ces vingt-cinq dernières années, ils trouveront là des renseigne-
ments précieux qui constitueront de véritables critériums.
Un des cilles absolument neuf de notre travail celui
aussi OÙ la critique pourra se donner plus libre cours — a été
la sélection que nous avons dû opérer dans l immense pro-
AVANT -PROPOS VII
duction française et étrangère de ces dernières années. Nous
ne nous dissimulons pas la délicatesse de la tâche et tenons
à dire hautement que nous avons agi avec la plus entière
indépendance, sans obéir à aucun sentiment de camaraderie,
sans subir aucune influence, nous avons naïvement cueilli la
fleur dont le parfum nous a grisé, dont la couleur nous a
séduit. Si d'aventure, nous avons omis quelques pièces de
valeur, qu'artistes et amateurs nous le pardonnent, car il n'y
a eu aucune mauvaise intention de notre part, mais simple-
ment ignorance ou oubli. Et maintenant, nous nous deman-
dons, profondément anxieux, si la postérité ratifiera nos
préférences et donnera une indiscutable valeur à des appré-
ciations purement personnelles ; le point d'interrogation se
dresse, nos fils ou nos neveux se chargeront d'y répondre.
Nous avions caressé un projet qu'à notre grand regret,
nous n'avons pu mettre à exécution ; il s'agissait d'établir une
liste très précise des amateurs des deux mondes avec leur
adresse et la nature de leur collection, des difficultés insur-
montables nous ont forcé d'y renoncer ; les marchands d'abord
qui auraient pu nous aider le plus puissamment, se sont
retranchés carrément derrière le secret professionnel, allé-
guant le mécontentement qu'ils causeraient à leurs clients
s'ils se permettaient de dévoiler leur personnalité ; beaucoup
d'amateurs ensuite ont feint d'ignorer les noms de leurs
confrères, d'autres ont manifesté le désir qu'on ne parlât ni
d'eux, ni de leur collection. Il eut été pourtant désirable et
très opportun, croyons-nous, de pouvoir établir entre les ache-
teurs une sorte de franc-maçonnerie qui leur eut permis, se
connaissant, de se renseigner les uns les autres ou d'échanger
leurs doubles à l'occasion ; on en a jugé autrement, force est
donc de nous incliner en exprimant à nouveau nos regrets.
Puisque nous venons de parler des collectionneurs, disons
aussi que quelques-uns d'entre eux nous ont instamment prié
VIII AVANT- PUOI'OS
de ne pas mentionner — bien que la plupart du temps ce soit
le secret de Polichinelle — certaines pièces précieuses ou
rares qui se trouvent en leur possession ; nous le leur avons
promis; on voudra donc bien pour cette fois ne pas mettre sur
le compte de l'ignorance, ce qui n'est que le respect de la
parole donnée.
Il est de tradition de s'excuser près du lecteur de ses
erreurs, de ses défaillances, plus que tout autre nous éprou-
vons ce besoin, car personne mieux que nous ne craint
d'avoir entrepris un travail au-dessus de ses forces ; c'est
maintenant qu'il est terminé qu'il nous apparaît dans toutes
ses imperfections, n est-il pas un proverbe qui dit : « Qui trop
embrasse, mal étreint » et n'avons-nous pas trop embrassé ! !
On sera donc indulgent, très indulgent même, et pour le
style quelquefois par trop familier et pour les répétitions '.
les mêmes accouplements de mots qui, dans un travail
d'aussi longue haleine, reviennent inévitablement sous la
plume, et surtout pour les bourdes colossales qui, entaillant
probablement ce volume, dérideront les plus neurasthéniques.
Que de fois n'aurons-nous pas pris le Pirée pour un homme .
que de fois, passant près de la rose, n'aurons-nous pas cueilli
le chardon, délaissé le chef-d'œuvre pour la médiocrité...
Indépendamment de notre objectif spécial — la mention
des (grandes pièces collectionnables — nous avons donné,
comme on pourra le voir, maints renseignements sur les états,
collections, ventes, classements, n\archands, livres relatifs à la
matière, etc., etc., en un mot, et quelque incomplet que
soit ce travail — et il l'est par son essence même, puisque
■ mises en garde n'étalent malheureusement p.is superflues, car nous venons
■ ii trop tard poui y porter remède que relativement aux titres
ii donner aux gravures, nous avons, pages 158 el 100, fait les mêmes réflexions el dans
m i peu prés Identiques; ce n'était pourtant pas le rns d'appliquer le bit
repetita plat en t.
AVANT -PROPOS IX
ce n'est qu'un triage, qu'une sélection — nous avons la
conscience d'avoir mis aux mains du collectionneur tout ce
qu'il lui fallait pour aller plus loin et pousser à fond son
étude.
Et maintenant, qu'il nous soit permis de remercier bien
vivement — nous ne pouvons malheureusement les nommer
tous — ceux qui de près ou de loin ont été nos collaborateurs
assidus et courtois et particulièrement parmi les conservateurs
de cabinets d'estampes : MM. Bouchot et Courboin de la
Bibliothèque Nationale, Sydney Colvin et O'Donoghune du
British Muséum, Dr Lippmann, Dr R. Schône de Berlin,
Dr Max Lehrs de Dresde, Dr W. Schmidt de Munich,
D' Lichwtwark de Hambourg , J. Schônbrunner et Dornhbffcr
de Vienne, van der Kcllen d'Amsterdam. Hymans de
Bruxelles, Somof de Saint-Pétersbourg, Frank Weitenkampf
de Neiv-York, Yves Gilman de Boston, Ettore Pais de Naples,
A. Venturi de Rome, John Beavan secrétaire du Burlington
Club, Harold Child secrétaire de la Royal Society of Pointer
Etchers and Engravers ; les grands collectionneurs Sir Seymour
Haden, baron Edmond de Rothschild et son si aimable biblio-
thécaire M. Hector Silvy, MM. Beurdeley, comte Gilbert des
Voisins, Rouart, Delà fosse, Giacomelli, Usslaub, A. Lotz-
Brissonneau notre ami et concitoyen, Gerbeau, H. Béraldi.
comte Matheus, Dr H.-H. Meier de Brème, H.-S. Theobald
de Londres, John Wordie de Glasgow, M. et Mmc Atherton
Curtis et Avery de New-York; MM. les commissaires-
priseurs P. Chevallier et M. Delestre ; MM. les libraires et
marchands d'estampes de Paris, Danlos, Dumont, Gosselin,
Hessèle, Kleinmann, Mme Salvator Mayer, Paulme, Pellet ;
Rapilly et Edouard Rahir qui, avec une bonne grâce sans
égale ont mis à notre disposition leur richissime bibliothèque
de livres d'art ; Roblin, Edmond Sagot, ainsi que leurs
confrères étrangers Colnaghi et Gutekunst de Londres, Artaria
X AVANT -PROPOS
de Vienne, Halle de Munich. Meder de Berlin, Mensing
d'Amsterdam, Deman de Bruxelles, Wunderlich & Kennedy,
Frederik Keppel de New-York, H. -G. Gutekunst & Wilhem
Gaiser de Stuttgart ; nous devons vraiment à tous ces
Messieurs une mention bien spéciale car ils ont poussé pour
nous la complaisance jusqu'à ses extrêmes limites.
Un dernier mot; puisse ce volume écrit un peu en égoïste
pour y revivre des heures de griserie et de charme en refai-
sant les étapes parcourues et déjà lointaines, apporter à ceux
qui nous feront l'honneur de nous lire les mêmes sensations
de jouissance, et réveiller chez eux des souvenirs pleins de
magique attirance qui, aussi doux qu'une caresse, aussi
troublants qu'un baiser, sont comme le sourire de la vie:
c'est le vœu le plus ardent de l'auteur.
G. B.
^fS^*àf
CAUSERIE SUR LA GRAVURE
à bâtons rompus
L'.'.rt est la fleur éternelle dont les pétales
embaumés se dispersent au souffle du temj>s,
enivrant quiconque les recueille et les respire.
Nous ne venons point aujourd'hui refaire l'historique de la
gravure et la suivre pas à pas dans son évolution à travers les âges,
nous ne nous sentons point armé pour cela, cette tâche a du reste été
remplie avec compétence et autorité par nombre d'illustres devan-
ciers dont la consultation sera infiniment supérieure à la nôtre.
Nous en causerons donc sans la moindre prétention à l'érudition,
tout à fait à la bonne franquette, tremblant même de voir se repro-
duire sous un autre aspect quelques-unes des gaffes auxquelles nous
faisions allusion dans notre avant-propos ; nous essayerons simple-
ment d'en présenter les différentes phases sous une sorte de vue
panoramique, si nous pouvons nous exprimer ainsi, en en donnant
la physionomie générale, brève et sommaire. Nous éviterons par là de
noyer nos grandes lignes dans des minuties de détails qui ne feraient
qu'en atténuer la netteté, en alourdir les contours.
Cet exposé sera suivi de renseignements nombreux et variés qui,
classés chacun sous une rubrique particulière, rendront les recherches
faciles et compléteront ce travail. La plupart des choses énoncées ici,
n'auront certes point toujours le mérite de la nouveauté ou le piquant
de l'inédit, mais elles seront comme les indispensables points de
suture servant à rattacher entre elles les grandes généralités de la
gravure que nous avons tenu à mentionner.
LES PROCEDES
Les voici dans leur ordre chronologique simplement énoncés et
sans entrer dans des détails de technique que ne comporte point la
nature de notre programme.
XII PHKFACE
Gravure sur bois. — La gravure sur bois ou en relief est le plus
ancien des procédés, on ignore absolument à quelle époque exacte il
remonte, et quant aux estampes millésimées telles que: La Vierge et
F Enfant Jésus entourés des quatre saints de 1418 et le saint Christophe de
1423, les dates en sont très discutées et très discutables; elles peuvent
avoir été mal lues, mal imprimées ou même parfaitement truquées, il
n'y a donc point à en taire sérieusement état. Toute autre ebose est
du fameux bois de Protat, découvert près de l'ancienne abbaye de La
Ferté-sur-Grosne en Saône-et-Loire, sur lequel M. Henri Bouchot a
écrit son savant et si intéressant volume: Un Ancêtre de la gravure
sur bois. Il appert maintenant et d'une façon pour ainsi dire irrécu-
sable, que ce xylographe fut taillé en Bourgogne aux environs de 1370 '.
L'éminent écrivain — peut-être le mieux informé de notre généra-
tion sur la matière — a su lui reconstituer son état civil, d'après les
documents et les présomptions les plus valables, et se basant sur
maints détails: costumes, vouge1 du soldai, inscription en lettres
onciales1 de la banderole, etc., reculer ainsi par ses révélations
lumineuses, de près de cent ans les origines de la gravure. Au
commencement du xvi" siècle, on vit apparaître les gravures dites
en clair-obscur ou camaieu; ces estampes obtenues par un ingénieux
procédé de planches superposées reproduisaient avec une étonnante
fidélité en monochromie ou en polychromie les dessins des .Maîtres;
la perfection en était telle que souvent même elles furent [irises pour
des originaux. A la lin de ce siècle, le bois avait vécu.
Manière criblée, dite encore interrasile, presque contemporaine
de la gravure sur bois, procédé bâtard toujours resté mal défini ; on
opérait sur métal à l'aide de creux, relief, évidement, pour n'obtenir
qu'une grossière image.
Gravure sur métal en creux. — Pas plus que pour le bois ou
la manière criblée, on ne peut assigner une date précise à cette
découverte ; La Paix de Florence de Maso Finiguera 1452, est aussi
bien discutée que la date de 1446 inscrite sur La Flagellation — une
des pièces de la série des 7 dites La Passion ' actuellement à Berlin —
quanl à l'eau-forle, même mystère que pour le burin5, c'est au
commencement du xvi" siècle qu'elle lit timidement son apparition,
I dtfférenli ments complémentaires qui nous ont fait Inscrire sur
notre volume !■■ millésime un peu audacieux peut-être, mais tr. s vraisemblable, do 1350.
'■ Sorte de lance dont étaient porteurs les hommes d'oi nus de celte époque.
d'uni (orme bien spéciale, usitées au temps de Jean 11 el de Charles V.
plétemenl el bien avant 1380, comme on a pu s'en convaincre par l'examen
approfondie! isui les pierres tombales.
•
■ par© '" ni mi I l'aide di ci i Instrument
PREFACE XIII
ayant quelques disciples, Le Parmesan, Andréa Schiavone en Italie,
Wenceslas d'Olmutz et Durer en Allemagne et un vieux maître
hollandais à monogramme ' dont le nom est resté inconnu et qui
pourrait bien en être le véritable inventeur.
On ne sait donc rien d'absolument positif, et on n'en saura
probablement jamais davantage sur les origines de ces découvertes,
aussi Renouvier l'a-t-il fort judicieusement fait remarquer en écrivant :
« Plus on parvient à connaître d'estampes incunables, plus on est
persuadé que l'origine de la gravure est un fait complexe qui ne
saurait être précisé, quant au procédé, à l'inventeur, au pays, à la
date ; tous les documents n'aboutissent qu'à des généralités, des
hypothèses. »
Ce ne sont donc pas plutôt les Italiens que les Allemands qui en
sont les inventeurs. Nous le répétons, on n'en sait rien, et certains
écrivains d'aujourd'hui vont jusqu'à dire que les vrais primitifs en
toute chose ont été les Hollandais. Firmin Didot avait formé naguère
le curieux projet de réunir à Paris, en un immense congrès typogra-
phique, toutes les personnalités françaises et étrangères s'occupant
de l'estampe ; chacun y serait venu apportant ses documents et on y
eut discuté l'origine de la gravure, chaque nation ayant été mise à
même d'y faire valoir ses revendications. Il ne fut malheureusement
pas donné suite à ce dessein.
Manière noire. — Procédé dit aussi mezzotinte ou manière anglaise
inventé en 1642, par Louis Siegen et exploité par le Prince Rupert.
Gravure en couleurs. — Inventée en 1739 par Jacques-Christophe
Le Rlond de Franckfort, le Roi lui accorda un Privilège en 1740.
L'impression se faisait à l'aide de plusieurs planches à repérage ;
Debucourt, Janinet, Descourtis et quelques autres s'en sont particu-
lièrement servis en le perfectionnant.
Gravure en manière de crayon. — C'est de 1750 à 1755 que les
français Ronnet et Demarteau — on dit même que c'est ce dernier
qui en est exclusivement l'inventeur — le mirent en pratique ; la
roulette y joue le principal rôle et les dessins reproduits à l'aide de ce
procédé le sont avec une telle perfection, que sous verre les gravures
qui en résultent pourraient être prises pour les véritables originaux.
Cent ans plus tôt, vers 1656, Jean Lutma en avait usé, mais n'ayant
pas de roulette, il se servait d'un marteau ou maillet d'où le nom de
opus mallei.
< En 1895, M. Lehrs, le très érudit conservateur du Musée de Dresde, a publié chez
Hiersemann. à Leipzig, un important travail sur cet artiste, en voici le titre:
Der Meister VY/ V\ f'" Kupferstecher der zeit Caris des Kiihncnn. ce qui veut dire :
^
Un maître graveur du temps de Charles Le Téméraire.
XIV PREFACE
Gravure en manière de lavis. — C'est J.-B. Leprince qui le lit
connaître en 1768, on désigne aussi ce procédé sous le nom d'aquatinte ;
on assure que le véritable inventeur était Saint Non et que Leprince
n'en fut que le propagateur.
Lithographie. — Inventée par Aloys Senefelder en 1798, comme
il l'atteste lui-même, et non en 1796 comme on le croit généralement,
ce procédé ne prit vraiment son essor que vers 1816 ' ; ses dérivés
furent la chromolithographie qui débuta aux environs de 1848 chez
Lemercier, et se perfectionna chez Engelman ; l'Angleterre nous avait
devancés de quelques années.
De tous les procédés, le bois est sans conteste celui qui supporte le
mieux les exagérations de tirage ; une planche menée avec soin, peut
facilement tirer 4000 à 5000 épreuves, sans que ces épreuves subissent
de différence et sans qu'elles accusent les traces de fatigue de la
planche ; un bois robuste à tailles épaisses et à gravures larges, peut
même aisément fournir 10000 exemplaires et mieux, surtout si l'on
tire à sec — c'est-à-dire sans mouiller le papier — moyen du reste
abandonné depuis longtemps ; le papier lui aussi joue son rôle et
suivant qu'il est doux ou rugueux, mince ou épais, il vient contribuer
au plus ou moins d'usure de la planche. La lithographie au point de
vue de la robustesse est à peu près dans le même cas que le bois et,
délicatement menée, son tirage peut au moins égaler le tirage de ce
dernier. Il n'en est pas de même de la gravure en taille-douce — burin
et eau-forte — le cuivre, quand il n'est pas aciérê s'entend, s'use vite et
l'on en constate facilement le surmenage par la faiblesse des épreuves ;
quant à la pointe sèche, c'est un déjeuner de soleil, lorsqu'on a tiré
une vingtaine d'épreuves la planche est généralement Unie au point
de vue de la belle épreuve, les barbes ou plutôt les ébarbes comme on
devrait plus régulièrement dire, étant parties, tout s'est évanoui.
DES ECOLES
On a coutume de classer les estampes en quatre écoles : Italienne »,
Allemande, française et Néerlandaise, l'Espagne ne compte pas avec
ses deux seuls artistes Ribera et Goya, et l'Angleterre n'entre vrai-
ment en scène qu'au xvm* siècle.
' Lire In tris claire et 1res Intéressante préface <lr 11. Béraldl qui se trouve en tetc (lu cala-
logui de 1/ cpotllioa générait tir la Lithographie qui eul lien en 1891, quai Malaquais.
» Elle se subdivise en école florentine, ombrienne, romaine, vénitienne el milanaise, on y
joint quelquefois la pileuse école bolonaise ou îles ('.arraches, celle de la décadence.
PREFACE XV
Ce furent l'Italie et l'Allemagne qui eurent les prémices de la
gravure, à moins toutefois que ce ne soient les Pays-Bas ; des études
se poursuivent, patientes et lentes, qui apporteront peut-être de
curieuses révélations destinées à révolutionner et bouleverser des
classifications restées inattaquées jusqu'à ce jour ; qui sait même si
la France reléguée au second plan dans la découverte de la gravure
ne viendra pas à son tour faire entendre ses revendications en les
appuyant pièces en mains !
Quoiqu'il en soit les xve et xvie siècles furent exceptionnellement
brillants chez les deux premières nations. L'Italie, en suivant à peu
près l'ordre chronologique, débuta avec ses primitifs ' Finiguera,
Mantegna, Baldini, Mocetto, Brescia, Robetta, Peregrini da Cesena,
pour continuer avec Campagnola, Raimondi, Le Maître au Dé,
Cesare da Sesto, Del Porto, Mazuoli, Vico, Antoine de Trente,
Fantuzzi, Meldolla, Baroche, Bonasone, Ghisi, Rota, et finir avec
Pelligrini, Tempesta, Guido Reni, etc. . . L'Allemagne avec le Maître
aux Banderoles, le Maître de 1466, Zagel, Wolgemuth, Bocholt,
Schongauer, Meckenen, Glockenton, Durer, Burgmair, Wetchlin,
Cranach, Jost Amman, Baldung, Aldorfer, les Beham, Pencz, Alde-
grever, Binck, Brosamer, Lauthensach, Solis, etc., et quelques
rares maîtres au xvne siècle, tels que Lucas Kilian, Merian et Hollar.
Quant aux deux autres écoles, Française et Néerlandaise, aux xve
et xvie siècles, leurs artistes sont beaucoup moins nombreux et nous
dirons même bien moins connus, nous citerons cependant pour la
première, Duvet dit le Maître à la Licorne, Jean Cousin, Léonard
Thiry, René Boivin, Beatrizet, Etienne Delaulne, et pour la seconde,
Le Maître de 1480 dit du cabinet d'Amsterdam, le Maître à la Navette,
Dirck van Staaren, le Maître à l'Ecrevisse et Lucas de Leyde, celui-ci
étoile de toute première grandeur et enfin Claas, Matsis et les Wierix.
Mais voici venir le xvne siècle, alors ces deux nations brillent d'un
éclat comparable à celui de leurs illustres devancières, la France
avec ses Thomas de Leu, Jean Rabel, Léonard Gaultier, Pierre Firens,
Pierre Daret, Claude Gellée, Michel Lasne, Claude Mellan, Jacques
Callot, Abraham Bosse, N. Cochin, Nanteuil, Picart, Pitau, Masson,
Morin, les Audran, Edelinck, Leclerc et les Drevet. .. Les Pays-Bas
avec les Bolswert, Crispin de Passe, Rubens et son école ', Pontius,
Vorsterman, Soutman, Sompel ; Jacques Matham, Van Dyck,
1 On nomme primitifs tous les artistes qui vécurent et travaillèrent jusqu'à la fin du xv siècle,
et vieux ^faitres ceux qui existèrent pendant le xvi\
8 C'est au commencement du xvn" siècle que l'autonomie artistique de la Flandre et de la
Hollande — si nous pouvons nous exprimer ainsi — se révéla d'une façon absolument tranchée
et caractéristique ; en Flandre avec Rubens et en Hollande avec Rembrandt vers 1030.
Disons, en général, que l'école des Pays-Bas brilla aussi par son admirable indépendance et
qu'elle sut échapper à l'influence que les écoles Allemande et Ralienne ne cessèrent d'exercer
l'une sur l'autre.
XVI PREFACE
Blœmart, Rembrandt et ses élèves, Lievens, Vliet, Virbeecq, Bol,
Rottermondt, Savry, de Coninck; puis enfin '.I. Muller, Visschcr,
Hoos, Marc de Bye, Suyderhoef, Berghem, Porter, Bega, Stoop,
Backhuizen, van Ostade, Waterloo, Karel Dujardin, Swanewcldt,
Ruysdaël, Everdingen, Zeeman, van Dalen, Dusart, van de Velde,
Homyn de Hooghe, etc.
Voici enfin le xvmc siècle; les trois grandes écoles Italienne,
Allemande et Néerlandaise n'existent plus qu'il l'état de souvenir,
mais l'école Française demeure et continue ses brillantes traditions
avec cette admirable pléiade de graveurs — interprètes il est vrai pour
la plupart qui se nomment: Cars, Daullé, Lebas, Fessard, Cochin,
Saint-Aubin, Aliamet, Demarteau, Ficquet, Savart, Gratcloup, Lemire,
Beauvarlet, Fragonard, Bonnet, de Gbendt, Choffart, de Longueil,
de Launav, Voyez, Massard, Tilliard, Masquelier, Moreau le jeune,
Gaucher, Vidal, Duclos, Lcbeau, Patas, Ponce, Wattcau, Dequevau-
villei. Miger, Janinet, Sergent, Guyot, Tresca, Lecœur, Chapuy,
Debucourt, Voysard, etc., puis l'école anglaise qui vient jeter à son
tour sa note éclatante avec ses habiles traducteurs: Dixon, Earlom,
Watson, Valentine Green, Smith, Kealing, Dickinson, Ward, Dun-
karton, Mac Ardell, Simon, Houston, Faber. ..
En résumé : xve et xvic siècles, apogée des écoles Italienne ' et
Allemande, qu'à tort ou à raison on a coutume d'appeler les écoles
mères, et de quelques rares mais excessivement remarquables artistes
du xv de l'école Néerlandaise — XVII" siècle, disparition complète des
deux premières écoles au profil des Néerlandaise et Française qui
brillent du plus vil éclat XVIIIe, éclipse totale de l'école Néerlan-
daise ; l'école Française subsiste seule et se continue glorieuse,
marchant de pair avec l'école Anglaise qui nait et atteint dès ses
débuis à son incomparable renommée.
Nous n'avons point à rechercher ici à quelle école la suprématie
doit être attribuée, c'est une affaire de goût et d'appréciation et les
diseussions qu'on pourrait avoir à cet égard seraient purement
oiseuses et ne convaincraient personne; quant à nous, comme
métier, séduction de procédé — et dans la collection ce qu'il y a de
vraiment intéressant, c'est le beau morceau — nous n'hésilons pas à
reconnaître une écrasante supériorité dans son ensemble à l'école
Allemande; a l'exception de quelques virtuoses Italiens de primo
Cartello il est vrai, mais peu nombreux, nous trouvons la technique
de ces artistes lourde, poncive et monotone. On voudra bien nous
accorder qu'en musique comme en gravure, dans une création ou
■ d'or delà fMHlmnoa Itnllrnno romm<inçn ver» 147(1 avec Laurent le Magnifique, pour
ir terminer »»ec (lapluir! en 1j20.
PREFACE XVII
dans une interprétation, l'instrument joue son rôle indiscutable,
eh bien, si nous ne craignions de risquer une comparaison cpii pourra
sembler quelque peu saugrenue, nous dirions que l'allemand joue du
violoncelle et l'italien de la clarinette, marquant ainsi nettement
et matériellement l'abîme qui sépare pour nous les sensations
éprouvées.
Pendant les XVe et xvi* siècles, les sujets gravés furent pour ainsi
dire, à l'exclusion de tous autres, ceux ayant trait à l'ancien et au
nouveau testament, ainsi qu'aux scènes mythologiques ; le bois et le
burin jouèrent seuls leur rôle dans ces interprétations, et il y avait à
ces époques fort peu d'états '.
C'est au XVIIe siècle seulement avec les maîtres Hollandais qu'appa-
raissent les marines et les paysages.
Aujourd'hui comme aux premiers siècles, les estampes ne portent
pas de titre * et souvent même pas de signature et on n'abuse plus
des états comme au xvne et au xvme.
Il est curieux de constater que les deux grandes écoles Allemande
et Italienne — les deux écoles mères comme on se plait à les nommer —
n'existent plus comme école contemporaine, la dernière surtout.
A l'heure qu'il est il n'y a plus à avoir de grande envergure que les
écoles Française, Anglaise et Américaine 3, ce qui ne veut pas dire,
entendons-nous bien à cet égard, car c'est loin de notre pensée,
que l'Allemagne, la Hollande, la Belgique et la Suède ne comptent
pas de très grands artistes, cela signifie tout simplement que la
production de ces pays étant relativement très limitée, ne constitue
pas un ensemble pouvant prétendre, croyons-nous, au titre d'école.
1 Chacun sait qu'on entend généralement par état les différentes transformations que subit
une planche île la première à la dernière épreuve; ce mot, état, ne peut cependant pas toujours
être pris dans cette acception et s'appliquer à toute modification apportée au cuivre dans le
cours tic son impression. Sir Francis Seymour Haden l'a si bien compris qu'il a appelé trial
proofs — épreuves d'essai — les exemplaires que de temps en temps l'artiste juge opportun de
tirer de sa planche pour se rendre compte de l'avancement de ses travaux. Il fait fort judi-
cieusement remarquer que ces exemplaires répondent exactement aux épreuves soumises à
l'auteur qui vient faire imprimer son manuscrit tandis que le 1" état correspond seul à
l'œuvre finie, c'est-à-dire à la première édition du livre; les états qui suivent sont donc comme
autant de nouvelles éditions.
On a souvent abusé de l'édition — de l'état voulons-nous dire — aux xvir et xvnr siècles, et
toutes les particularités de : avant les noms des artistes, auee les noms des artistes à la pointe,
ai'ant toutes lettres, avant les armes, avant la dédidaee, auee les armes mais avant la dedieaee, etc.,
n'étaient que des moyens commerciaux bien transparents qui devaient exciter le désir de la
possession et par suite occasionner une majoration de prix.
2 Au début de la gravure, les sujets ne portaient aucune rubrique, c'est Ilartsch, le premier
descatalogueurs, qui leur donna celles qui servent à les désigner et qu'ils conservent encore
aujourd'hui.
3 Presque tous les artistes Anglais et Américains portent en leur œuvre les traces indélébiles
des manières de Seymour Haden et de Whistler, ces puissants génies ont tellement impressionné
leurs compatriotes, que ceux-ci, inconsciemment hantés par eux, arrivent difficilement à
s'affranchir d'une technique qui les a si profondément séduits.
XVIII PI\KFACF.
Si les gravures datent duxrv* ou du xve siècles, l'idée de les collec-
tionner ne prit guère naissance que vers 1625; c'est l'abbé de
Marolles qui le premier — et avant que tout cabinet public y ait
songé - s'occupa de les réunir, et ce n'est que cent trente ans plus
tard qu'on commença à les inventorier et à en dresser des catalogues '.
Aujourd'hui on peut presque dire que les monographies de tous les
grands artistes sont faites, c'est assez marquer combien la tàcbe se
trouve singulièrement facilitée pour nos collectionneurs.
Les estampes ne deviennent vraiment intéressantes au point de
vue métier ou dessin que dans la seconde moitié du xvc siècle pour
les écoles étrangères; avant cette époque, il faut carrément le
reconnaître, elles ne doivent attirer l'attention que par leur caractère
archéologique ; leur naïveté et leur brutalité leur enlèvent en effet
tout le charme qu'on serait tenté d'y chercher.
En France, ce n'est qu'à partir de la lin du xvic siècle, sous le
règne de Henri IV, qu'on commence à trouver le portrait volant, si
nous pouvons nous exprimer ainsi, c'est-à-dire le portrait détaché,
l'estampe en un mot, car avant celte époque il faisait partie inté-
grante du livre qu'il servait à illuster, représentant la plupart du
temps l'auteur ou le personnage principal du volume en question, les
Maîtres graveurs de cette période étaient alors Jean Rabel, Thomas
de Leu, Léonard Gaultier, etc., etc.
DE LA COLLECTION
En collationnant nos documents nous avons retrouvé quelques
notes adressées à L'Estampe en janvier 1898, relatives à la collec-
tion et au montage «les gravures, nous allons les reproduire ici en y
ajoutant la manière dont nous entendons le classement, cl profiterons
de la circonstance pour formuler quelques nouvelles réflexions, et
hasarder quelques conseils.
Tout d'abord quand on se sent attiré vers l'estampe et que le goût
delà collectionner se révèle, il est avant tout nécessaire de commencer
par apprendre à la connaître, car nous nions absolument le prétendu
flair originel qui met à l'abri des bourdes colossales, au point de vue
art et argent ; il faut donc par un contact incessant faire l'éducation
de l'œil, voir beaucoup dans les cabinets d'estampes, chez les mar-
chands, chez, les amateurs, causer, comparer, demander des avis,
puis enfin quand on commence à posséder son sujet, procéder aux
achats avec prudence, avec timidité. Mais nous ne cesserons de le
répéter, il faut du temps, beaucoup de temps, et se bien persuader
ilter loi irnvaux de Helnoi kon,
PREFACE XIX
que la meilleure maîtresse est l'expérience qui ne s'acquiert qu'à la
longue, lentement et progressivement, car, qu'on se le dise, nul ne
peut arriver d'emblée connaisseur.
A moins de chercher à donner à une collection l'importance d'une
histoire de la gravure, c'est-à-dire s'étendant du xivc siècle à nos jours,
nous estimons qu'il est beaucoup plus sage de se cantonner dans tel
ou tel siècle, on arrive ainsi à limiter ses dépenses et à posséder la
connaissance beaucoup plus approfondie de l'école que l'on exploite.
Inutile de mettre l'amateur en garde contre les pastiches et copies
trompeuses, qui abondent aujourd'hui, on peut presque dire qu'il n'y
a pas une seule estampe de valeur qui n'ait été reproduite ; pour les
écoles anciennes surtout, il y a certaines pièces dont il est prodi-
gieusement difficile de distinguer la copie de l'original sans avoir
ce dernier sous les yeux et comme point de comparaison. Nous
connaissons un photograveur réputé qui, ayant reproduit sur véritable
papier ancien certaines pièces célèbres, était incapable à quelques
années de distance de reconnaître ses copies des originaux ! ! ! C'est
assez dire combien il est mal aisé, même aux plus malins, de ne pas
être quelquefois estampés '.
Un jour que nous interrogions Danlos et lui demandions si vrai-
ment on ne risquait pas quelquefois de se tromper en présence de
certaines gravures : oui quand on achète, jamais quand on revend,
nous répondit-il avec son habituelle franchise, soulignant hautement
par là, qu'ayant eu le temps de se retourner et d'authentiquer la pièce
avec un original, toute erreur n'était plus permise.
Du reste les belles estampes anciennes deviennent tellement rares
et tellement chères, que nous n'hésitons pas à conseiller à l'amateur
qui veut débuter, de se lancer de préférence dans le xixe siècle, il y
trouvera d'admirables choses, de pures merveilles — et nous tenons à
l'écrire très nettement ici — absolument dignes de soutenir la compa-
1 Nos confrères les collectionneurs de Paris, ont sur nous, pauvres provinciaux déshérités,
une incontestable supériorité; d'abord ils voient beaucoup, ils voient tous les jours et. déplus,
ils ont sous la main l'étalon, si le moindre doute les rend hésitants.
Quant à l'éternelle question posée par les jobards — et cette race remonte à la plus haute
antiquité — mais comment donc, cher monsieur, reconnaissez-vous une estampe vraie d'une
estampe fausse ? nous nous contenterons de répondre en leur demandant à notre tour, et vous,
comment pouvez-vous reconnaître le bordeaux du bourgogne? ils comprendront et n'insis-
teront pas davantage.
Nous devons avouer cependant avoir été quelquefois fort surpris de la spontanéité
avec laquelle amateur et marchand n'hésitaient pas du premier coup d'oeil à déclarer
carrément fausse la pièce qu'on venait de leur présenter. En voici l'explication : beaucoup de
ces copies circulent et ont déjà passé entre leurs mains, or il arrive souvent que malgré la
perfection du procédé, il y ait des défaillances, des défauts de cuirasse qu'ils connaissent, et
qui, dans la reproduction, se trahissent par une taille, un chiffre, un point, un rien ajoute ou
supprimé; leur œil va de suite à ces tares qui sont pour eux des critériums, s'ils les retrouvent
ils sont fixés, voilà tout leur secret. Ajoutons qu'il y a cependant des cas où ces points de
repère n'existent pas. c'est alors que la difficulté commence et que t'fxpcrirncc seule jointe nu
savoir peut permettre de se prononcer.
XX PREFACE
raison avec celles qui les onl précédées ; il aura de plus la certitude
d'avoir des pièces ' qui n'auront pas élé truquées et la satisfaction
d'aider des artistes de talent qui vivent de leur pointe, comme nous
vivons de notre plume ou de notre industrie. Les amateurs des écoles
anciennes — ceci peut sembler bizarre — ne soupçonnent pas la
valeur de la production contemporaine, et ils paraissent complètement
ignorer que la personnalité et Voriginalitè n'ont jamais été plus à
l'ordre du jour qu'actuellement ; les écoles, au vrai sens du mol
n'existent plus et l'artiste véritable n'essaie pas comme autrefois de
copier servilement le Maître, il cherche avant tout à être lui-même et à
cela nous ne pouvons qu'applaudir, on juge par là de la variété
pleine de pittoresque que présente un portefeuille de contemporains.
Enfin, quelles que soient les pièces que vous collectionniez,
croyez-nous, ne vous attache/ exclusivement qu'aux œuvres de choix,
la qualité avant la quantité; inévitablement — inconsciemment
pourrait-on dire - au début d'une collection on s'encombre, le désir
d'acheter, de posséder, vous pousse en avant et au bout de quelques
années, comme le Sicambre d'autrefois, on brûle ce qu'on avait adoré,
tout simplement parce qu'au fur et à mesure que l'on collectionne
l'œil s'affine et le goût s'épure, aussi de temps à autre faut-il
procéder à l'émondage du portefeuille et éliminer les pièces qui n'y
étaient entrées que par surprise.
Toutes ces recommandations ne s'adressent, bien entendu, qu'à
l'amateur raffiné, délicat et indépendant qui, fuyant le snobisme
comme la peste, n'a pour objectif que la réunion de pièces pures et
exemptes de toute laie.
Il y a de nombreuses catégories de collectionneurs dont nous
n'essaierons pas de retracer la physionomie: collectionneurs de
documents généraux ou simplement locaux en vue de grouper
des matériaux pour un travail ultérieur, collectionneur par chic,
collectionneur d'occasion glanant sans esprit de suite la pièce qui se
présente et qui le séduit, collectionneur spéculateur et enfin le collée -
neur qui ne veut pas montrer ce qu'il possède; celui-là mérite un
éreintement à graittl orchestre et nous ne cacherons pas (pie person-
nellement nous professons pour lui la plus profonde aversion, ces
oiseaux-là devraient être tenus en rigoureuse quarantaine et par leurs
confrères et par les marchands, nous voudrions qu'on leur vendit
mille Francs ce qui ne vaut pas cent sous ; ce sont d'ignobles avares, des
pochants qu'on nous passe la vulgarité des mots — qui se grisent
seuls, buvant la bonne bouteille sans trinquer avec les camarades ;
égoïstes dans les moelles, ce sont des jouisseurs solitaires, pour ne
Il llcmenl un peut, depuis 20 francs jusqu'à 200 francs, se procurer toute* les plus belles
atanipa du \iv siècle, il n'y ;i que quelques 1res rares pièces 40 à 50, moins peu! être
d'une dizaine <lr Maîtres que noir, pourrions nommer, qui foui exception à cette règle, elles
D00 frnm , ce tien hlffn est du reste fort rarement atteint
PHKFACE XXI
pas nous servir d'une expression plus nerveuse et plus colorée cpii
pourrait choquer nos lecteurs. Aussi conseillons-nous fort à nos amis
de leur fermer rigoureusement au nez leurs portefeuilles ; donnant
donnant, après tout. A ceux qui se reconnaîtraient dans ces lignes,
nous sommes trop polis pour oser dire : Qui se sent morveux se
mouche, nous dirons plus courtoisement: A bon entendeur sarut.
Nous engageons vivement aussi à ne jamais souscrire aux publi-
cations de longue haleine et à échéances périodiques, les meilleures ne
valent rien — toujours au point de vue de la belle épreuve s'entend -
voici généralement ce qui arrive : la planche commandée, terminée,
l'artiste la livre à l'éditeur qui, à son tour, la porte à l'imprimeur avec
ordre de la tirer à 400, 500 ou 600 exemplaires, suivant le nombre des
souscripteurs, on mène cela tambour battant, à la diable, comme le
tirage d'un journal, et la farce est jouée. Ça nous fait l'effet d'un
musicien de talent pressé qui donnerait son Stradivarius à son
concierge en lui disant : je suis obligé de m'absenter et de quitter mes
botes, faites-moi donc le plaisir de jouer mon grand air : le musicien,
c'est le graveur ; le Stradivarius, le cuivre ; le concierge, l'impri-
meur, et les hôtes, les souscripteurs qui sont roulés; car, nous le
répétons, il n'y a pas une seule bonne épreuve dans toutes celles qui
sont ainsi tirées ; nous nous étonnons même que des artistes de
talent se prêtent à de semblables combinaisons qui ne peuvent que
les démonétiser aux yeux des connaisseurs ; il nous a souvent été
donné de voir de ces cuivres mal traités, et nous nous demandons
vraiment comment des graveurs sont assez peu soucieux de leur
réputation pour permettre qu'on abuse ainsi de leur signature.
Nous ne sommes pas davantage partisan de faire ce qu'on appelle
l'œuvre d'un artiste, cela entraîne toujours loin et nous préférons
ne recueillir de lui que les pièces de tout premier plan, on aura
quand même la physionomie de son œuvre dans ce qu'il a de plus
séduisant, de plus délicat.
DU CLASSEMENT
Un amateur doit pouvoir séance tenante retrouver dans ses porte-
feuilles l'estampe qu'il y a déposée; voici donc sans entrer dans de trop
minutieux détails, la façon dont il procédera à son classement.
Au point de vue du matériel, on aura un cartonnier ouvert divisé
en deux parties égales par un montant vertical, se fermant de chaque
côté par deux plates-bandes mobiles formant pilastre ; ce petit
meuble mesurera lm 50 de hauteur, lm65 de largeur et 0m62 de
profondeur ; il contiendra de chaque côté 14 tablettes horizontales
reposant sur crémaillères, ce qui permettra d'y loger 30 porte-
XXII
PRKFACE
feuilles1 ayant les dimensions suivantes: épaisseur du dos, ()m08,
largeur, 0m70, et hauteur, 0m57; chaque carton pouvant contenir
une centaine de pièces, deux de ces meubles abriteront donc dans un
espace très restreint 6000 estampes, chiffre déjà fort respectable.
Les portefeuilles en carton épais et résistant, porteront collée au
dos, sur une large étiquette, une lettre très visible accompagnée d'un
numéro d'ordre
etc., etc.
A
1
A
2
B
1
B
2
B
a
Aussitôt qu'on viendra de se rendre acquéreur d'une estampe, on
l'entrera dans la collection sous deux fiches * ; la première portera le
nom (/c l'artiste et la rubrique de la pièce, la seconde la rubrique et le
nom <lc T artiste.
Vient-on d'acheter par exemple le 15 janvier 1903 Frascati de
Debucourt, avant toutes lettres, pour 1200 francs, immédiatement on
établira deux fiches ainsi libellées :
DEBUCOURT
Frascati (
F 191
)
Avant toutes
ellres
15
Janvier 1903
Carton
B C
D
6
M
M
FRASCATI
Debucourt
Carton — -
6
que l'on placera l'une à la lettre /), L'autre à la lettre F. La capitale F
suivie «lu numéro 196, placés entre parenthèses, signifie que la pièce
est cataloguée sous le numéro 196 dans la monographie de Debucourl
i Quelques portefeuilles supplémentaires cronl nécessaires pour l«-s rares pièces il«- formats
érés et heureusement peu uslt< in \ collccUonnables.
rec i indons «ru m' façon toute particulière ta mai i B ad, 41, rue des
Saints Pères. >> Paris, qui n pris poui devise: L'ordre et la lumière du travail; on trouvera la
ni tout ce qui concerne /-■ < tassement et, entre autres, les précieuses Gchei articulées
mobil F, nu que le pclll meubli péclal au logement di ces Hch
De ■' r le calai éi al.
PRKFACE XXIII
dressée par M. Fenaille et les lettres b c m m ', le prix d'acquisition
1200 fr. Nous avons deux fiches parce qu'il peut arriver quelquefois que
trahi par sa mémoire, on ne se souvienne que de la rubrique d'une
pièce, et qu'on ait oublié le nom de l'auteur; comment par exemple,
pourrions-nous retrouver Frascati s'il nous était demandé et que nous
n'ayions plus présent à l'esprit qu'il était de Debucourt? On le voit
donc pour parer à cet inconvénient la seconde fiche portant la rubrique
est indispensable ; pour les pièces capitales comme celle que nous
venons de citer, elle peut sembler superflue, mais pour les autres
moins connues et dont le nom de l'artiste peut échapper, nous esti-
mons qu'on ne peut s'en passer.
DU MONTAGE
Toujours sur un bristol double à charnière de toile, c'est plus
résistant, moins épais et moins coûteux que le papier de format
double replié sur lui-même. Ce bristol doit avoir une certaine rigidité,
afin que pris à la main il ne fléchisse pas lorsque pour examiner la
gravure on l'éloigné ou on le rapproche de l'œil. Tous seront de
mêmes dimensions bien d'équerre et formant par leur réunion comme
les feuillets d'un album. Nous désapprouvons absolument la façon de
procéder qui consiste à monter à charnière la pièce sur bristol simple ;
l'estampe ainsi fixée, n'est pas protégée, elle est folle pourrions-nous
dire, l'ouverture ou la fermeture seule du portefeuille suffit pour la
soulever et lui faire contracter des plis qui, avec certains papiers, se
redressent difficilement. Les fumés de bois, par exemple, tirés sur
papier pelure ne peuvent absolument pas supporter ce genre de
monture.
Quant à l'ouverture ménagée dans le bristol pour laisser voir
l'estampe, elle devra être assez large pour permettre bien entendu de
voir toute la partie gravée, plus le texte imprimé qui pourrait se
trouver dans la partie inférieure, telles que : lettre, dédicace,
armoirie, etc., quant aux eaux-fortes contemporaines, dont la plupart
pour ne pas dire toutes, n'ont pas de titre, nous laissons simplement
(5 ou 7 millimètres de blanc autour du trait carré.
1 Comme il peut être quelquefois besoin <le ne pas laisser connaître le prix à un marchand
ou à un confrère, nous jugeons utile de l'inscrire à l'aide d'un jeu de lettres conventionnel, tel
que celui-ci par exemple :
bcdtghjklm
12345G7890
on comprendra que g h b g voudra dire 5615 francs, b c d 123, etc., inutile d'ajouter que
toute autre combinaison peut être eboisie par le collectionneur et que nous ne présentons
celle-ci qu'à titre de pure indication.
XXIV
PREFACE
Nous reproduisons ci-contre une estampe toute montée sortant
de notre portefeuille, Kilgaren Castle, la délicieuse eaux-forte de
sir Seymour Hadeu ; la vue de cette pièce nous dispensera d'entrer
dans de nouveaux détails, ceux-ci nous ayant déjà par trop absorbé.
Le trait carré renforcé qui entoure notre pièce simule ici l'ouverture
faite dans le bristol. Il est bien entendu que sur les montures comme
sur les iiches surtout, on peut inscrire toutes mentions aidant à la
reconstitution de l'état civil de la gravure, ceci est l'affaire du collec-
tionneur ; ces notes auront l'avantage de pouvoir être utilisées lors de
la rédaction du catalogue qu'on aurait à dresser en prévision d'une
vente future.
Cabinets d'Estampes Français et Etrangers
Bibliothèque Nationale •
Bibliothèque de l'Arsenal s
Musée Carnavalet 3
Bibliothèque Nationale et spéciale des
Beaux-Arts *
Chalcographie du Louvre, cour Vis-
conti
British Muséum
l'it/w illiam Muséum
Oxford University-Bodleian library
Kupfersticb Kabinet der Kœnigl-
Museen.
Kœnigl-Kupfersticb Kabinel '-
Koenigl-Kupferstich Kabinet
Kunsthalle Hamburj
Albertina
K. K. Hofbibliothek
Rudolflnum
l!i}ks Museum-Prenten Kabinet
Tej 1er Muséum
de Lej de
Bibliothèque royale de Belgique
PlanUn 1
L'Ermitage Impéi
M. Henri Bouchot
M. Gaston Schefer
M. Georges Cain
M. Marcheix
M. Boucher
M. Sidney Colvin
M. H. James
M. A. Macdonald
D1 V. Lippmann
Prof. H Max Lehrs
1) Wilhelm Schmi.lt
Prof. I) Lichtwarfc
M. .1. Schonbrunner
l)1 Dornhoffer
M. F. A. Borovskl
M. .1. Ph. van der Kellen
M. II. Scholten
M. F. G. Waller
MM. !■:. FéUs et H. Hymans
M. Max Rooses
M. A. Somof
l'ai is
Londres
Cambridge
Oxford
Berlin
Dresde
Munich
Hambourg
Vienne
Prague
Amsterdam
Harlem
Leyde
Bruxelles
Anvers
S'-Pétersbourg
1 Un.- Richelieu, 58.
' Rue Sully, 1 h :i. Environ 100000 estompas,
lui. s. s igné, 23 1 "\ Iron i.'jmmjo ettampi s.
• Km- Bonapai le, h. m. Schselcher a légué à l'Ecole environ ex*) gravures; 1.1 iniiliuth .pic
en contient pr. -s de iimmjoo.
P 1. pi de âooooo estampes el dessins, donl une collection de ntellei allemands
unique.
I pas :i proprement parler un cabinel d'estampes, étant donné le /.cfil nombre de pièces
réunies, La Bibliothèque Royale de Bruxelles en possède environ Skhnk).
Environ 200000
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3
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00
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t.
XXVI
PREFACE
Prindsens Palais i M. V. Stelïcnsen
Galleria Nazionalc d'Arte antica e
Gabinetto délie Stampe M.
H. Calcographia M.
Musc» Nazionalc M.
Galleria e Museo Nazionalc M.
Galleria degll Uffizi M.
Bibliotbeca Marucelliana M.
Bibliotbeca Nazionalc M.
Pinacotcca M.
Biblioteca Nazionale M.
H. Galleria e Medagliere Estenseï M.
Tbe New-York public Library M.
Muséum of Fine Ails i M.
le Prof. Adolfo Venturi
Tommasso ili Lorenzo
li- Prof. RUorc Pais
le Prof. Enrico Ridolfl
Nerino Ferri
le chev. A. Bruschi
le baron Potesta
k- cbev. A. Guadagnini
le chev. Aloisi
le D' Ginlio Bariola
Frank Weitenkampf
Benj. Yves (îilman
Copenhague
Home
Naples
Florence
Bologne
Panne
Modéne
New-York
Boston
Parmi les nombreux cabinets que nous venons d'énumérer, le
Département des Estampes de la Bibliothèque Nationale arrive en
toute première ligne, e'esl le plus riche dépôt qui soit au monde ; il y a
là réuni prés de trois millions d'estampes, dessins ou photographies.
Voici quelques notes très brèves • sur cet important établissement
qui est, nous ne saurions trop le répéter, sans rival :;.
C'est en 1(>()7 que remonte son origine, c'est-à-dire après que
Colbeii en eut constitué le premier fond par l'achat des 123000 pièces
de la précieuse collection de Michel de Marollcs, abbé de Villeloin.
Ce dépôt s'augmenta rapidement, soit par des dons, soit par des
achats, dont voici les principaux et les plus remarquables: Don des
portraits de Nicolas Clément, environ 18000 pièces en 1712 — Acqui-
sition du marquis de Beringhen, {Minuit pièces, iconographie et
' Environ Sftooo pièces, parmi lesquelles un ouvre de Durer particulièrement remarquable.
î Nous pouvons signaler encore les cabinet9 moins Importants, croyons-nous, tir : R. Galleria
■ h Torlna qui possède un œuvre remarquable de Ralmondl ; Sfiiseo clvleo di Bassano et enfin le
Mabuplna ili Paola.
' Fondé en 1870.
* Nous recommandons très vivement aux amateurs 1rs trois ouvrages suivants: LeDépar-
lement des Estampes <i la Blbllothi que Nationale, par le V" Henri Delaborde. E. l'ion ri C . Paris.
1875 Le Cabinet des Estampe! de lu Bibliothèque Nationale, par Henri Bouchot E. Dentu, Paris.
1886 Catalogue tommalre du gravures et lithographies composant lu Réserve, par François
rboln,2vol. Paris. G. RapUly, 1800-1001 ; les deux derniers surtout sont les Indispensables
compngi de ccui qui fréquentent notre Département, rédigés avec une haute et Indiscutable
autorité, ils viennent singulièrement faciliter la tache du travailleur qui peut dès lors arriver
I In Bibliothèque avec ses jalons tout plantés, ses grandes lignes tout établii '11 a eu le soin
de te procurer ce* précieux auxiliaires. Aucun cabinet européen ne met en mains des
chercheurs somblobli trum , aucun n'a eu le souci que nous sachions du moins
île faire Imprimer l'inventaire de si richesses, noûYdovo"hs donc être profondément recon-
nos Conservateurs de ainsi venus en aide, cl nous croyons être ici l'écho
lldèlc de tous 1 Icui j imcrclcmenls les plus sincères et les
plUI Mi], .il. ;
seule Dmbreou tableau, l'écla i itabsolumcnl déplorable, l'hiver AS heures 11 y
fait nuit. La médaille sans reuei n'i i i il encori frappée.... 1 1
PRKFACE XXVII
histoire, 1731 — Don Lallemant de Bèze ', topographie et portraits,
15000 pièces, 1753 — Acquisition à la vente P.-J. Mariette 2 de
12504 estampes en 1775 — Acquisition de 728 Rembrandt à la vente du
peintre Peters en 1784 — Acquisition Vivant Denon, dont 1574 Callot
en 1827 — Acquisition Laterrade, près de 20000 pièces sur la Révolu-
tion en 1845 et plus tard en 1863 nouvelle cession de 14000 autres
pièces — Acquisition Debure, 65000 portraits en 1854 — Acquisition
Achille Deveria, 113000 pièces très précieuses pour l'histoire de la
lithographie, en 1858 — Donation Hennin s, collection unique et sans
prix de 14807 pièces très précieuses pour notre histoire nationale ;
on leur a conservé leur classement d'origine, en 1863 — Don A. Rall'et
fils» 3814 pièces de 1869 à 1891. Le cabinet s'enrichit encore par le
dépôt légal qui astreint l'imprimeur à remettre deux exemplaires de
toute planche gravée et imprimée en France ; ce dépôt, on l'a t'ait
ohserver bien des l'ois, est loin de rendre les service qu'on serait en
droit d'en attendre.
Le classement se trouve réparti en 24 séries avec subdivisions
numérotées, qui correspondent aux 24 lettres de l'alphabet. Les séries
les plus intéressantes et les plus consultées par le collectionneur
d'estampes sont les suivantes : E graveurs de toutes les écoles — N les
portraits — O costumes et mœurs — puis viennent ensuite PJ tournois,
carrousels, entrées triomphales, sacres — Pc pompes funèbres, obsèques
royales, et enfin la série Y la bibliographie, c'est-à-dire la nomen-
clature de presque tous les ouvrages publiés sur les arts, c'est une
inépuisable mine d'or pour le chercheur.
Ajoutons qu'en plus des ouvrages de MM. Bouchot et Courboin
que nous venons de mentionner tout à l'heure, on a sous la main
dans la salle de travail comme instruments complémentaires : 13 vol.
répertoires alphabétiques — 3 vol. dispositions méthodiques plus un vol.
de supplément, et enfin 2 vol. des pièces qui sont à la Réserve.
Veut-on par exemple se renseigner sur l'œuvre de Grateloup, on
prend une fiche sur laquelle à la suite de son nom et de son adresse *
on inscrit le nom de l'artiste que l'on fait précéder de la cote Ef 31
sous laquelle il est mentionné au répertoire alphabétique, et l'on remet
son bulletin à l'un des gardiens, ces derniers connaissent admirable-
* Le catalogue dressé par M. Plandrin, n'est pas encore publié.
2 En 1823. croyons-nous, la Bibliothèque se rendit acquéreur à la vente François Regnault-
Delalande, moyennant 700 francs, de neuf portefeuilles annotés par le célèbre collectionneur,
portefeuilles dans lesquels Bartsch puisa de précieux renseignements pour l'établissement de
son colossal ouvrage.
3 Le catalogue en a été rédigé par feu M. G. Duplessis. il contient une table générale fort
utile; 5 vol.. 1877-1884.
* Quand on veut travailler aux Estampes, il faut avoir eu soin préalablement, lorsqu'on n'y
est pas connu, de s'être fait délivrer une carte en s'adressant à l'Administration générale de la
Bibliothèque et en précisant dans sa lettre de demande, la nature de ses recherches; un
étranger doit joindre à sa requête une constatation d'identité établie par son ambassade.
XXVIII
PRKFACK
ment leur départemenl et la communication vous est l'aile séance
tenante avec la plus intelligente célérité. Si, novice encore, on ne sait
comment orienter ses recherches, on n'a qu'à s'adresser ou au
conservateur ou à l'un des bibliothécaires, ces Messieurs mettront à
votre disposition avec la plus exquise bonne grâce et leur expérience
et leur savoir; nous en avons maintes lois abusé, aussi nous permet-
tront-ils de leur en témoigner à nouveau toute notre affectueuse
gratitude et tout particulièrement à MM. Bouchot et Courboin qui
nous ont été si précieux dans le travail que nous présentons au public
aujourd'hui.
Les reliures mobiles en usage au Cabinet des Estampes ont été
introduites par Achille Devéria qui était Conservateur vers le milieu
du siècle dernier, elles sont particulièrement utiles pour faire rentrer
dans leurs séries les pièces qui y manquaient au moment de leur
formation.
A l'heure actuelle, le fonctionnement de noire célèbre Département '
est assuré par un conservateur, six bibliothécaires et sous-bibliothé-
caires, deux surveillants-gardiens et trois relieurs.
Nous croyons intéressant de donner ici les noms des différents
Conservateurs qui se sont succédés depuis l'origine jusqu'à ce jour :
1720-1722 La Hay
1723-1729 L' Advenant
1731-1733 L'Abbé de Chancey
1735-1736 Ch. Antoine Coypel
17i)7-17."iO Delacroix
1750-1792 II. Adrien .loly
1792-1795 M. II. Bounieu
1795-1829 J. Adrien Joly flls
1829-1839 Charles Thévenin
1839-1855 Jean Duchesne aîné
1855-1857 Achille Devéria
1858-1886 Henri Delaborde
1886-1898 Georges Duplessis
1898 H.nri Bouchot
Disons pour en terminer, qu'un atelier de pholoy rapilie est mis à la
disposition des personnes qui ont des estampes à l'aire reproduire et
permettons-nous de leur indiquer comme photographe M. Sauvanaud,
45, me Jacob, qui est presque de la maison.
Marchands d'Estampes Français et Etrangers
Alisi>j
Blhn
Chan
Danlos
Dnmont
170, nu de Rivoli
68, rue Richelieu
20, rue Le l'eletier
15, quai Voltaire
27, rue Ladite
Paris
• Ouvert toute l'année excepté pendant lei 15 Jours qui précèdent PAques, c'cst-A-dlre du
lundi di la Pasilon au mardi di Pflquea do 10 beurei du mutin à l heures de l'apréa midi.
Dupont aine
Girard
Godcfroy-Mayer
Gosselin
Hesséle
Kleinmaiiii
Mayer (Mme Salvator)
Meyer & J. Weil
Moline
Paulme
Pellet
Pierrefort
Rapilly i
Roblin
Rousseau-Girard
Sagot (Edmond)
Sagot (Clovis)
Soccard
Strolin
Vollard
P. & D. Colnaghi & O
R. Gutekunst
Dunthorne
Urban Noseda
Frank. T. Sabin
Obacb & C°
James Rimel & Son
E. Parsons &. Sons
Artaria
Wawra
Josef Pollak
S. Kende
Gilhofer & Ranscbburg
Amsler & Ruthardt - L. G. Meder S;
Albert Colin
H. Sagert
H. G. Gutekunst & W. Gaiser
Alex. Danz
Oswald Weigel
C. G. Bœrner
R. van Zabn & Emil Jaensch
Aumuller
G. Hess
J. Halle
Hugo Helbing
Jacques Rosenthal
PREFACE XXIX
15, rue de Seine Paris
!(, quai Voltaire
15, rue Pigalle
57, quai des Grands-Augustins
13, rue Laffitte
8, rue de la Victoire
5, rue Laffitte
43, rue Laffitte
22, rue Laffitte
10, rue Cbauchat
51, rue Le Peletier
12, rue Bonaparte
9, quai Malaquais
05, rue Saint-Lazare
1, quai \'oltaire
39 llls rue de Châteaudun
4(>, rue Laffitte
20, rue Drouot
24, rue de la Rochefoucauld
6, rue Laffitte
13 & 14, Pall Mail East Londres
16, King street, S'-James' square
5, Vigo street
33, King street, S'-James* square
118, Shaftesbury Avenue
108, New Bond street
53, Shaftesbury Avenue
45, Bromplon Road
I. Kohlmarkt, 9 Vienne
I. Dorotheergasse, li
H. Obère Donaustrasse, 37
1. Gluekgasse, 3
1. Bognergasse, 2
Behrenstrasse, 29 a Berlin
30 a Winterfeldtstrasse
132, Leipzigerstrasse
1 1> Olgastrasse Stuttgart
2, Gellerstrasse Leipzig!
1, Konigstrasse
44, Nûrnbergerstrasse
10, YVaiserhausstrasse Dresde
42, Maximilianstrasse Munich
27/1, Karlstrasse
3" Ottostrasse
21, Liebigstrasse
10, Karlstrasse
t Possède le plus riche assortiment en livres d'art de Paris ; nous en parlons avec connaissance
de cause, car nous avons, pourrions-nous dire, mis indécemment à contribution son aimable
propriétaire qui a été pour nous d'une complaisance qui dépasse tout ce qu'on peut Imaginer,
aussi, lui adressons-nous l'expression de notre vive gratitude.
- Nous nous faisons un plaisir en même temps qu'un devoir de signaler aux amateurs de
livres traitant des arts, les deux grandes librairies de cette ville : A. Twietmever. 1U Gellerstrasse
et Karl W. Hicrscmann, 2 Konigstrasse. Ces maisons publient des catalogues.
XXX
PRÉFACE
Ludwig Hosenthal
Emll Hirscfa
Prestcl
Frederik Muller & O — Mcnsing Sr
H. W. P. de Vries
Van Stockum & fils
Martinus Nijhoff
E. Deman
Dietrich& C
Velten
Skandinavisk Antiquariat
Frederick Keppel & Cfi <
II. Wnnderlicb & C"
C. Klakner
W. Schauss & C"
Bonaventure
W. K. Vickery
Albert Houllier
16, Hildegardstrassc
6, Karlstrasse
10, Doelenstraat
146, Singe]
ii(i, Ruitenhof
18, Nobelstraal
86» rue de la Montagne
:>2, Montagne île la Cour
Perspective de Ncwski
35, Bredgade
20 Kast. l(i tb strect
220, Fiftli Avenue
7, West Twenty Eight strect
201, Fifth Avenue
6, West Thirty Third strect
236, Post street.
Munich
Frankfort-sur-
le-Mein
Amsterdam
La Haye
Bruxelles
S'-Pétersbourg
Copenhague
New-York
San-Francisco
Chicago
Imprimeurs en taille-douce et en lithographie
Ardail, Porcabœuf
Delâtre
l.c roy
Wittmann
Belfond i Imprimerie Engelmann
Duchatel Imprimerie Minot
.Iules Chéret — Imprimerie Choix
Clôt
Ducourtieux & Huillard, photo-
graveurs
Goulding
Stengel & C
Gustav Fischer
O. Felsing i
Stengel & 0
A. Pisani
Blechinger ^ Leykanf
S. Czeiger
.1. I.owy
187, rue Saint-Jacques
102, rue Lepic
32, rue Boursault
10, rue de l'Abbaye
16, rue Nansouty
34, rue des Martyrs
20, rue Bergère
33, rue' du Cherche-Midi
Paris
57, rue de Seine
—
53, Shepherd's Bush road
London
Elisabethenstrasse
Berlin
32, Wilhemstrasse
—
8, Schonebergerstrasse
—
Gabelsbergerstrasse
Dresde
16, Mayerhofgasse
Vienne
16, Waisenbausgasse
—
13, Alleegasse
—
15, Parkgasse
—
i a Londi i ' - Strect, Adelphie \ Pai la 27, quai de l'Horloge.
'tu- [es familiers appellent Henry dans l'intimité. Les imprimeries Engelmann, Minot,
Chah el Clol sonl des Imprln litl iphlques. Nous n'avons mentionné ici que 1rs
principaux établissements auxquels s'adressent l< raveurs pour le tirage de leurs
planches, cuivres ou pierres,
"est l'imprimeur <!<■ In Cour.
PRKFACE
XXXI
K. K. Hof & Staats Druckerei i 16, Rcnnweg
Rœloffzen, Hùbner & Van Sautcn
L. Van Lcer & O
Kinnel & Voigt Canal strcet
Vienne
Amsterdam
New-York
Commissaires - Priseurs
Paul Chevallier
Maurice Delestre
Cbristie Manson & Woods
Sotheby, Wilkinson & Hodge
I3angs & C"
10, rue Grange-Batelière Paris
5, rue Saint-Georges
8, King Street S'-James' square London
13, Wellington Street, Strand
93, Fifth Avenue New-York
Il n'y a qu'en Angleterre et en Fiance où le cornmissaire-priseur
intervient dans les ventes publiques. En Angleterre, il agit seul ; chez
nous, il est toujours doublé d'un expert qui est la plupart du temps
un marchand d'estampes ' ; en Allemagne, c'est l'expert seul qui
vend sans le concours de cet officier ministériel.
En France, les acquéreurs ont à payer en sus du prix d'adjudi-
cation, 10 °/0 ; en Allemagne, 5 °/0 ; en Angleterre, rien.
Les commissaires-priseurs sont très nombreux à Paris et à
Londres, et nous n'avons nommé ici que les seules grandes charges
s'occupant spécialement des estampes 3.
La question de la confection des catalogues est une grosse affaire,
très délicate, très épineuse ; le rédacteur n'ayant pas toujours ses
coudées franches, en ce sens qu'il est talonné par le vendeur — qui
est très porté à faire annoncer que tous ses poulets sont chapons —
et par sa conscience d'expert avec laquelle il ne peut, ni ne doit
transiger.
Il faudra donc se défier un peu des désignations indiquées, et
quand on lira belle épreuve, bonne épreuve, se bien persuader que
c'est une méchante épreuve courante et tout ce qu'il y a de plus ordi-
naire. Ce ne sera donc vraisemblablement que lorsque les qualificatifs
* Imprimeurs de la Cour et de l'Etat.
2 Pas toujours cependant, car depuis deux ou trois ans, certaines ventes sont faites par
M. Loys Delteil. qui n'est qu'artiste-graveur, 22 rue des Bons-Enfants.
3 Ce qui ne veut pas dire que toutes autres ventes leur soient interdites. M. Paul Chevallier,
au contraire, a le monopole, pourrait-on dire, de toutes les grandes ventes sensationnelles du
jour: tableaux, objets d'art, ameublements, etc.. etc., il vient de donner tout dernièrement
encore un magistral coup de marteau dans la colossale vente de M"" C. Lelong, dont les six
premières vacations ont produit 9.139.409 francs. M. Chevallier est un galant homme dans
l'acception la plus délicate du mot. qui sait avec une courtoisie sans égale faciliter la tâche au
travailleur, aussi, l'en remercions-nous cordialement ici ainsi ({lie son charmant confrère
Maurice Delestre.
XXXII PRÉFACE
très belle, admirable, superbe épreuve seront employés, qu'on sera en
droit de croire que ces mots sont sincères et ont la valeur qui doit
leur être réellement attribuée.
Nous avouons éprouver quelque Faible pour la façon dont sont
rédigés les catalogues français et allemands, tous deux donnent au
moins des détails extrêmement précieux pour le provincial ou l'étranger
qui n'ayant pas le loisir d'examiner les portefeuilles ou d'assister
à la vente, peut alors sur ces bases en écrire à son marchand et
donner avec connaissance de cause une commission en rapport avec
la valeur de l'objet décrit.
Nous nous plaisons à reconnaître la sincérité avec laquelle sont
dressés ceux de MM. Danlos, Gutckunst & Gaiser, Amsler & Rutbardt,
Artaria et Halle', Sagot, Duinont et Rapilly, pour ne citer que ceux
les plus répandus et que nous connaissons le mieux.
Souvent les catalogues des grandes ventes d'Allemagne sont
illustrés, en France, très rarement, et en Angleterre, jamais. Les
Allemands ont la très bonne coutume de mettre en italique gras les
remarques d'états ou de conditions exceptionnels faites sur la pièce
annoncée, afin d'attirer l'attention île l'amateur sur ces particularités ;
1rs Anglais, au contraire, mettent en grandes capitales la rubrique des
estampes les plus remarquables de la collection, puis généralement
ils mentionnent l'état, mais la condition pour ainsi dire jamais; on le
voit, c'est d'une sécheresse d'indication vraiment désespérante de
laconisme. On ne se douterait guère quand on a dans les mains les
catalogues d'apparence si modeste des ventes Holford et Blyth 5 par
exemple, que celles-ci ont produit la première i 28119 ■', et la seconde
î 21717'.
Ceux qui ne sont pas initiés aux ventes s'étonnent souvent de voir
qu'on ne suit pas toujours l'ordre des numéros du catalogue, la raison
est tout simplement qu'on cherche à vendre les gros morceaux quand
l'adjudication bat son plein vers les ,'i ou 1 h. -, c'est-à-dire au moment
où les gros amateurs se trouvent réunis et commencent à s'échauffer,
on essaie aussi autant que possible de varier les ouvres vendues,
pour tenir toujours le public en baleine et éviter de le fatiguer par
une suite souvent monotone d'un Maître peu ou point intéressant.
i Ce dernier t'occupe plus spécialement du ivm' siècle qui devient 1res en faveur en
Allemagne.
- Pour celle-ci unedea plusgrosses ventesde ces dernières années— on avait négligéVa
mise en vedette des pièces les plus Importantes. en ne les inscrivant même pas en grandes
. apitoies.
' C'est-à-dire 7H2'J75 francs.
' C'est-à-dire 542925 francs.
i i Ulemagne les ventes commenccnl le matin A ;> heures et demie pour reprendre à
m ei de l'aprcs midi.
PREFACE
XXXIII
Les grandes ventes publiques ont lieu généralement à Paris,
Londres, Berlin, Munich, Vienne et Stuttgart; chaque année M.Wilhem
Gaiser, le très aimable et très érudit associé de H. -G. Gutekunst en
fait une en mai dans cette dernière ville, mais avant l'adjudication
il prend la peine de passer par Paris, Londres, Vienne, Berlin et
Dresde pour communiquer aux amateurs et aux marchands les pins
belles pièces de son portefeuille.
A l'heure présente, il ne reste plus rien des grandes collections '
formées depuis ces 50 ou 60 dernières années, l'énorme plus value
pour les pièces belles et rares a été telle, que presque tous les
amateurs ont voulu en profiter et se sont empressés de réaliser.
Nous croyons intéresser nos lecteurs en leur donnant ci-dessous
une liste des ventes publiques de leur origine à nos jours. Nous
l'avons établie à double entrée — ordre chronologique et alphabé-
tique — afin de faciliter leurs recherches.
Aperçu des Ventes d'Estampes Françaises et Etrangères
les plus remarquables '-'
ORDRE CHRONOLOGIQUE
166G Marolles a (abbé de).
1734 Six (W.).
1739 Hermann.
1739 Mortemart (duc de).
175'2 Chubéré.
1753 Sloan * (Hans).
1754 Tonnemann.
1755 Chabannes (comte de).
1755 Burgy s (A. de).
1756 Fleury (abbé de).
1757 Heinecken.
1757 Virtue (G.).
1758 Christ.
1758 Basan.
1759 Le Prince.
17(30 Pond (A.).
1760 Astley (sir Jacob).
1761 Huquier.
1765 Walraven.
1766 Quarré de Quintin.
1766 Héricourt (d').
1768 Chiquet de Champre-
nard.
1769 Roussel.
1 Nous devons cependant signaler celle, très remarquable, conservée par M. Franc d! F"
Rasilio, de Trieste; elle se compose d'environ 4000 pièces des écoles italienne et française.
"- Toutes les ventes énumérées ci-dessus sont loin d'avoir la même importance, il en est
même un certain nombre qui. fort modestes dans leur ensemble, ne doivent d'être mentionnées
ici qu'à cause de quelques pièces rares ou hors ligne qui s'y étaient égarées.
' Cette collection admirable acquise par Louis XIV, pour 2G000 livres, sous le ministère
Colbcrt, constitua le premier fond du Département des Estampes. Il y avait là 123000 pièces
contenues dans 400 grands volumes et 120 petits, parmi lesquelles 17300 portraits, 3150 images
de la Vierge, 224 Rembrandt, portraits et caprices fort curieux, disait le collectionneur qui avait
consacré quarante ans à réunir ces merveilles.
i Collection acquise par The British Muséum qui fut également le premier fond de cet
important dépôt.
5 Réunion de Rembrandt remarquables, commencés à recueillir en 1728.
XXXVI
PREFACE
1859 Leblond.
1804 Raifé.
1871 Relier.
1X59 Férol.
1864 Delacroix (E.).
1872 Weigel.
1859 Mayor.
1864 Villestreux (de la).
1872 Tougard.
1859 Laterrade.
1864 Marshall.
1872 Gihaut.
1859 Defer.
IMiV Bruynincky.
1872 Buignet.
1859 Villot.
1805 Desperet .
1872 Villestreux (île la).
1860 Drugulin.
1865 Corneillan (de).
1872 Persigny (duc de)
18 taffet.
isi>."> Camberlyn.
1872 Durazzo.
(860 Le Blanc (Ch.).
1866 Wellesley (Rév*).
1872 Mecklemburg (B<"> de)
18(50 Tillin.
1806 Kat (de).
1872 Soleil.
18(i0 Gervaise.
1866 Puttick.
1872 Rochonx.
180') .lolmson.
1SG6 Leblanc.
1873 Morel de Vindé.
1801 Lajariette.
1806 Dubois.
1873 Forget.
1801 Smith (G.).
I866 Oudct.
1873 N'iel.
1801 Scarisbrick.
I866 Drugulin.
1873 Jefferys.
1861 Naumann.
1807 Davalet.
1873 Gigoux.
1801 Gildemeester.
1867 Posonys (A.).
1873 Howard.
1801 Sotzmann.
1867 Pelletier.
1873 Palla.
1801 Arozarena.
1807 Harrack (comte).
1875 Galichon (E.).
1861 Rietschel.
1867 Pricc.
1875 Villot.
1861 Soleirol.
1868 Cape.
1875 Paillet.
18G1 Parguez.
1868 Van (1er Helle.
1875 Kalle.
1861 Grevedon.
1868 Marochetti (baron).
1875 Guichardot.
1861 Vans Os.
1868 Hippisley.
1875 Gouverneur s.
1861 Filipi.
1868 Langlais.
1876 Hcrzog.
1861 Dreux.
1868 Puibusque (M"") s.
1876 Combes.
1862 Hawtrey.
1868 Slade* (Félix).
1876 Burty «.
1862 Jourdan.
1868 Palmer.
1876 Liphart.
1862 Boulanger.
1869 AlferolT.
1876 Hume.
1862 Simon.
1809 Lefort.
1876 Rose (J. A.).
1862 Poggioli.
1869 Blakhuysen.
1877 Sensier (A.).
1862 Clark il). !(.).
1869 Le Cauchois-Féraud.
1877 Behague.
1862 Vrchintoff.
1870 Hourlier.
1.^77 Heimsoeth.
1863 De la Combe (colonel).
1S70 Dûpper.
1877 Martin (E.).
I 6 P. I). de Lyon i
1870 Brentano Hii kenstoeb
IS77 Biberstein.
nabi
(M*
1877 Didot.
I864 Aussanl .
1S71 Santarelli.
1878 Danby-Seymour.
I864 Daniel (G.).
1871 Dromont.
1S7S Roth.
1 Ce tt. .nui on, Pierre Dclcr.
: Réunion «le Durer exceplionnellc.
■■ Ci-lie collection '!•■ gravures historiques, donl lo catalogue lui dresi é en 1860, se composait île
'J2~:< pièce ni presque exclusivement l'histoire d'Angleterre, elle rat achetée aux
héritiers par Danlos el Delisle en 1867, Di la revendirent dans son entier A M- Noseda,
marchande de Londres, qui, 6 son imir. en lit une venir publique en ;» ri] 1868 par le ministèi e
il. Sotheby el l
• i tonné nu Brilish Muséum.
\ nlel de chambre de Monseigneur le duc d'Aumoie.
« Vendue n Londres comme celle de ihtm.
PREFACE
XXXVII
1878 Burty.
1882 Oppermann.
1888 Marcelin.
1878 Rignon.
1883 Tesseire.
1888 F. G.
1879 Michel.
1S83 Wibirals (docteur).
1888 Glairon.
187!) Meaume.
1883 Grifflths.
1889 Webster.
1879 Drugulin.
1883 LabauolT (prince).
1889 Bercnd.
1879 Knowles.
1884 Clément de Bis.
1889 Decloux.
1879 Garnier.
188* Dent.
1889 Hedouin.
1879 Sieurin i.
1884 Geller.
1889 Klinkosch.
1879 Bonnomct deVedreuil.
1884 Fountaine.
1890 Piot (E.).
1879 Wolff.
1884 Monnerot.
1890 Blaisot (M11-).
1879 Ensenberg.
1884 Vignères3-
1890 Destailleur.
1879 Laperlier.
1885 Lihatchef.
1890 Marquis».
1879 Cannenburg (de).
1885 Cheney (Ed.).
1890 Gardien.
1880 Schloesser.
1885 Beurnonville (B™ de)
1891 Moignon.
1880 Walferdin.
1885 Béraudiére (C'« de la)
1891 Haden (Seymour).
1880 Mahérault.
1885HocquartdeTurtot(0)
1891 Burty.
1880 Roth.
1885 Lchmann.
1891 Bavard.
1880 Wasset.
1885 Hebich t.
1891 Kinnen.
1880 Michelot.
1885 Vico.
1891 ChampOeury.
1881 Jacquemart.
1886 Verloren van Themaat.
1891 Bérard.
1881 Berthier (comte).
1886 Cuzcko.
1891 Salicis (de).
1881 Loftie.
1886 Loizelet (M»>«).
1892 Hulot.
1881 Mailand.
1886 Biegeleben.
1892 Fisher.
1881 Rivet de Malval.
1886 Adington.
1892 YVogram.
1881 Saint-Geniès.
1886 Retberg.
1892 Belenet.
1881 Michelot.
1887-88 Chaloner Smith.
1892 Bardiu.
1881 I.obanow Rostowski.
1887 Couches (de).
1892 Hutchinson (J. H.).
1SS1 Muhlbacher.
1887 Allemand.
1892 Baudet.
1881 Sackville Balle.
1887 Meaume.
1892 James.
1881 Viollet le Duc.
1887 Malinet.
1S92 Drake.
1881 His de la Salle.
1887 WiIson(J. W.).
1892 Michel.
1882 Beresof.
1887 Lalanne.
1893 Ferdinand (le Roi).
1882 Dubois du Bais.
1887 Martin.
1893 Aylcsford.
1882 Kaminski.
1887 Jacquinot.
1893 M. P.
1882 Lefilleul.
1887 Aubin.
1893 Gouzien.
1882 MartineaudesChesnais
1887 Buccleuch (duc de).
1893 Holfords.
1882 Corneillan (de).
1888 Roth.
1893 W. H.
1882 Bcckford.
1S88 Bonnardot.
1893 Geoffroy Dechaume.
i Composée exclusivement de vignettes.
2 Exclusivement de Van Dyck.
* Le marchand d'estampes ; il y eut 37 ventes consécutives qui commencèrent le
3 novembre 1884 pour ne se terminer que le 13 juin 1880.
* Le catalogue ne mentionnait pas ce nom, et désignait le vendeur comme un amateur
Hambourgeois bien connu : il y avait de fort beaux Durer.
5 Ce n'était pas une vente d'estampes, mais il s'y trouvait une suite hors ligne du Monument
du Costume de Moreau et de Frcudedcrg, c'est à ce titre que nous avons cru devoir la
mentionner.
6 Cette collection, absolument hors ligne, esi la plus remarquable de celles passées en ventes
publiques depuis 10 ans; les 144 Rembrandt firent à eux seuls 450000 francs, el les 689 numéros
du catalogue produisirent 702075 francs! î
\\\\ III
PRÉFACE
1891 Bouvenne.
1894 Stogdon (J. C).
1894 G. (de).
1894 Bérard.
1895 Destailleur.
1895 Galichon (L.).
1895 Ducoin.
1895 Hamerton.
1895 Angiolini i .
1895 Malcolm».
1895 Huth.
1895 Shearwood.
1895 Bird.
1896 Ali aria.
1896 Iloltzer.
1896 Parr (prince).
1896 Pavic.
1896 Gentien.
1896 Cuzcko.
1896 Cope.
1896 Hollandt.
1897 Goncourt.
1897 Tricon.
1897 Bouillon.
1897 Piat.
1897 Pichon (baron i
1898 Courtry.
1898 Michelin.
1898 Casimir Périer.
1898 Conquit .
1898 Straeter.
1898 Whitehead.
1898 Sallet (de).
1898 Greppe.
1899 Mène.
1899 Lebrun.
1899 Ligaud.
1899 Battig.
1899 Pommer-Esche.
L899 V".
1900 Cornill d'Orville.
1900 Heredia.
1901 Edgcumbe.
1901 RiggaU.
1901 Defer-Dumesnil.
1901 Esterhazy (comte).
1901 Lacroix.
1901 Fordham.
1901 Blyth.
1901 Reiss.
1901 Sligo.
1901 Bonfield (G. R.).
1901 Ilanscn.
1901 Hosenberg.
1901 Normanton.
1901 Clark.
1901 Schultze.
1901 Frcnch.
1904 Runnenberg-Detmold.
1901 Pochet.
1902 Pochet.
1902 Jourdier & Kinnen.
1902 Zilcken.
1902 Patelier.
1902 Mallet.
1902 Dreux (H.).
1902 Lee Warner.
\<m II. G.
1902 F. de L... (baron).
1902 Waldburg - Wolfegg
(prince).
1902 Beaufoy (H. H.).
1902 Stern (J.).
1902 Save (E. G.).
1902 Tollemactae.
1902 Arenberg (duc d').
1903 H. L. N.
1903 Lelong(M"»c).
1903 Tscbarnera. (de).
1903 H. L. N. *.
1903 Houx (L.).
1903 Tissot.
ORDRE ALPHABÉTIQUE I
Ackennann
1844
' Angiolini
1895
Aubin
1887
Adington
1866
ArchintoS
1862
Audran
1771
AlferoO
1869
Arenberg uluc d'
1902
AussanI
1864
Alibert
1803
■ Arozarena
1861
' Aylesford
1893
Allemand
IX.X7
Artaria
1896
Allen Barnard
1789
Astlcy
1760
' Collection extrêmement remarquable dana laquelle dea éléments étranger! furoni
néanmoins introduits, entre aulres les admirables nielles de Grandi.
î Collection acquise par le Brlttth Vuitum moyennant 6251 francs,
J Exclusivement composée de Rembrandt.
* C'est la \ ente d,- M-- Leroy.
i Nous avons fait précéder d'un astérlque toutes lis ventes les plus remarquables.
PREFACE
XXXIX
Bammeville (de)
1854
' Buckingham (duc d
2) 1834
Cuzcko
1886
Bardin
1892
Buignet
1872
Cuzcko
1896
* Barnard (J.)
1798
Buldet
1780
Basan
1758
Bure (de)
1854
Basan
1798
* Burgy (A. de)
1755
Damery (de)
1774
Batli (marquise de)
1826
' Burty
1876
Danby Seymour
1878
Battig
1899
' Burty
1878
Daniel
1864
Baudet
1892
' Burty
1891
' Danser Nijmann
179S
' Bayard
1891
Busclic
1857
Dargenville
1779
Beaufoy
1902
• Daulby
1800
' Beckford
1882
Davalet
1867
* Behague
1877
David
1859
Belenei (comte de)
1892
Cabre
1850
' De bois
1844
Bérard (E.)
1891
Cambcrlvn
186.,
Dccloux
1889
Bérard (Cli.)
1894
Cancel Montlirmin
1798
Defer
1859
' Béraudière (C'° de 1:
) 1885
Cannenburg (de)
1879
' Defer Dumesnil
1901
Bércnd
•1889
Cape
1868
Dcllorcnne
1849
Beresof
1882
Carter
1784
' De la Combe (colonel) 1863
Berthier (comte)
1881
Casimir Périer
1898
' Delacroix (E.)
1864
Bertin
1854
Chabannes (Clc de)
1755
Delaunay (B.)
1814
Bervic
1822
' Chaloner Smith 1887-1888
Delbccq
1845
' Beurnonville (B"" de
1885
Champfleury
IS9I
Delessert
1852
Biberstein
1877
Channey
1794
Delorme
1777
Biegclebcn
1886
Chardin
1780
' Dent
1884
Bindley
1819
Charlet
1845
Desperet
1865
Bird
1895
Cheney
1885
Dcspcreux
1823
' Blackbum
-1786
Chiquetde Champre
Destailleur
1890
Blaisot
1819
nard
1768
Destailleur
1895
Blaisot (M"»)
1890
Christ
1758
Détienne
1807
Bliss
1858
Chubéré
1752
' Didot
1877
Blytb
1901
' Cicoguara (comte)
1837
Dighton
1806
Blokhuysen
1869
Clairon (M»«)
1773
Dodd
1810
Bonneld
1901
Clark
1862
Donegal
1800
Bonnardot
1888
Clark
1901
Dowsdeswell
1809
Bonnomet de Ve-
' Claussin
1844
' Drake
1892
dreuil
1879
Clément de Bis
1884
Dreux
1861
Boucher de Crève-
Clément père
1845
Dreux
1902
cœur
1845
Coehorn
1802
Dromont
1871
Bouillon (J.)
1897
' Cope
1896
Drugulin
1860
Boulanger
1862
Combes
1876
Drugulin
1866
Boulle
1804
Combrouse
1857
Drugulin
1879
Boulle
1817
Couches (de)
1887
Druon
1833
Boutourlin (O de)
1841
Conquet
1898
Dubois
1846
Bouvenne
1894
Corneillan (de)
1865
Dubois
1866
Boydell
1818
Corneillan (de)
1882
' Dubois du Bais
1882
Brandes
1794
" Cornill d'Orville
1900
Ducbesne aîné
1855
Brentano - Birkcns-
Courtry
1898
Ducoin
1895
toek (M™)
1870
" Cracherode
1799
Dupper
1860
Bruynincki
1864
Crébillon
1777
• Durand (Edme)
1820
Brydges
1815
Crochard
1832
' Durand (Edme)
1836
Buccleucb (duc de)
1887
Crozat
1773
' Durazzo
1872
XL
• Edgcumbe 1901
Einsicdcl de Reibers-
dorf 1833
Ensenberg 1879
Es... (prince d') 1839
• Esdaile 1810
Esterhazy [comte d') 1901
Ferdinand (Roi de
Portugal) 1893
Férol 1859
' F. de L... (I5«°) 1902
F. G. 1888
1-ilipi 1861
• Fisher i 1892
Fleury (abbé de) 1 75f »
Flippart 1792
Fonnereau 1810
Fordham 1901
Forget 1873
Forster 1858
Fountaine 188-i
French 1901
Frics (comte de) s 1823
G- (de) 1894
Galiclion (E.) 1875
Galichon (L.) 1895
Gardien 1««»
Garnier 1879
Geller I88i
' Gentien 1896
Geoffroy-Dechaume 1893
Gervaise 1860
Gigoux 1873
Cillant 1872
Gildemeester 1861
Glairon 1888
Gravelot 1773
Grawe 1804
Greppe 1898
Grevedon 1861
PREFACE
Griffiths
1883
Huquier
1761
' Concourt
1897
Hutchinson
1892
Gouverneur
1875
[luth
1895
Gouzien
1893
Grose
1770
' Guichardoi
" Gulston
1875
1810
Ibbot
1818
' Guyotdc Villeneuve
1900
Jacquemart
1881
' Hadcn (Seymour)
Hall Baillie
' Hamerton
1891
17! 17
189.-.
Jacquinot
James
Jcfl'cn s
Johnson
1887
1892
1873
1860
Hansen
Harford
1901
1857
Jourdan
' Jourdier >!>. Kinnen
1862
1902
Harrack (comte) 1867
Hawkins 1850
Mautrcy 1862
Hchich 1885
Hedouin 1889
Heimsoeth 1877
Heinecken 17.~>7
Henneville 1858
Heredia 1900
Hérieourt (d') 1766
llcrmann 1739
Ikizog 1876
Hibberl 1809
Hippisley 1868
His de la Salle 1856
His de la Salle 1881
H. G. 1902
11. L. N. 1903
Hocquart de Turtot
(comte) 1885
Holford 1893
Hollan.lt 1896
Holtzer 1896
Ilooghc 1773
Hourlier i«7n
' Howard 1873
1 Hulol 1892
' Il n me 1876
Hunin 1821
Kallc 1875
Kaminski 1882
Karehcr ls::,
Kat(de) 1866
Kcllcr 1871
King 1808
Kinnen 1891
Klewitz 1850
Klinkosch 1889
Knight 1841
Knowlcs 1879
Labanoff (prince) 1883
Lacombe 1857
Lacroix 190I
Lajariette 1861
Lake 1808
Lalanne 1887
I.allemant de Betz 1771
Langlais IS68
Laperlier 1879
Laterrade is:.s
Laterrade 1859
Laurent
' Ain preml 'i cet ouvrage le nom a été, par erreur, orthographli /
' Au verso des estampes du célèbre amateur viennois se remarquait souvent la signature de
son conservateur / Kcchbcrgcr.
Bibliothèque où se trouvaient des Callot, des Ftcquel et des GmMoup bon ligne,
PREFACE
XU
Lebas
1783
Massard
1822
P. D. de Lyon
1863
Le Blanc
1860
Maurel
1855
Pelletier
1867
Leblanc
1866
Mayor
1800
Persigny (duc de)
1872
Leblond
1859
Mayor
1859
' Peters
1779
Lebrun
1899
Meaume
1879
Petzold
1843
Le Cauchois-Féraud
1869
Meaume
1887
Piat
1897
Lee Warner
1902
Mecklemburg (B»n de
1872
Pichon (baron)
1897
Lefilleul
1882
Ménars
1836
" Pierri Benard
1838
Lefort
18G9
' Mène
1899
Piot
1890
Legendre
1770
Michel
1879
Pissaref
1850
Lehmann
1885
Michel
1892
Ploos Van Amstel
1810
Lelong Mme)
1903
' Michelin
1898
" Pochet
1901
Le Prince
1759
' Michelot
1880
" Pochet
1902
Leroux de Lincy
1855
' Michelot
1881
' Poggi
1836
Lesueur
1849
Moench
1832
' Poggioli
1862
Ligaud
1899
' Moignon
1891
" Pôle Carew
1835
Lihatchef
1885
Moitte
1780
Pommer-Esche
1899
Liphart
1876
Monnerot
1884
Pond
1760
Lobanow Rostowsky
1881
Morcl de Vindé
1795
Portland (D*"» de)
1786
Loftie
1881
More] de Vindé
1873
Posanyi
1867
Logette
1817
Mortemart (duc de)
1739
Potowski (comte de)
1820
Loizelet (Mme)
1886
M. P.
1893
' Price
1867
Longueil
1792
' Muhlbacher
1881
* Puibusquc (Mme)
1868
' Murray
1800
Purling
1800
Musgrave
1800
Puttick
1866
Maberley
1851
Magnancourt (C,e de;
1846
Naumann
1861
Quarré de Quintin
1766
Mahérault
1880
Neymann
1776
Mailand
1881
• Nlel
1873
Malcom
1895
Norblin
1858
Maliuet
1887
' Normanton
1901
Rafïet
1860
Mallet
1902
Raifé
1864
Mangin
1810
Rambcrg
1863
Marcelin
1888
' Oppermann
1882
' Reiss
1901
Marcenay de Guy
1811
■ Ottley
1837
' Retberg
1886
Marcus
1779
Otto
1851
' Révil
1830
Mariette
1775
Oudet
1866
• Révil
1838
Mark Sykes
1824
Richard son
1813
Marmol (del)
1794
Rietschel
1861
Marochetti (baron)
1868
Paar (prince)
1781
• Rigal
1817
Marolles (abbé de)
1666
' Paar (prince)
1854
Riggall
1901
Maron
1832
Paar (prince)
1896
Rignon
1878
Marquis
1890
' Paignon Dijonval
1816
" Rivet de Malval
1881
Marshall
1864
Paillet
1875
Rivoli (duc de)
1839
Martelli
1&58
• Palla
1873
' Robert Dumesnil
1826
Martin (E.)
1877
• Palmer(W.).
1800
Rochoux
1872
Martin
1887
" Palmer
1868
Roscoe
1816
Martineau des Ches
' Parguez
1861
Rose
1876
nais
1882
Patelier
1902
Rosenberg
1901
Masquelier
1853
' Pavie
1896
• Roth
1878
III *
XI.I1
PRKFACE
Roth
Roth
Roussel
Roux (L.)
1880
1888
1769
1903
Runnenberg-Detmold 1901
' S. i 1856
Sackville-Balle 1881
Saint-Aubin (A. de) 1808
Saint-Aubyn (Lady) 1866
Saint-Genics 1881
Salé 1812
Salicis (de) 1891
Sallet(de) 1898
Sandby 1799
Santarelli 1871
Saye 1902
Scarisbrick 1861
' Scbloesser 1880
Schnltze 1901
' Scitivanx (de) 1843
Sensier 1877
Servat 1778
Shearwood 1895
' Sieurin 1879
' Simon 1862
■ Six 1734
■ Slade 1868
Sligo 1901
• Sloan 1733
Smith 1849
Smith 1861
• Soleil 1872
Soleinne 1844
• Soleirol 1861
Sotzmann 1861
Standy 1845
Steenberghen 1787
Stephens 1788
Stem 1902
SternTighe 1799
Stem Tighe 1815
Stogdon 1894
Stowe 1849
Straeter 1898
Surugue 1772
Sylvestre 1811
Szwykowski 1859
Téaldo 1859
Tesseirre 1883
Thane 1819
Thane 1846
Thibaadeau (comte) 1857
Thorel 1853
Tiffin 1860
Tissot 1903
Tollemache 1902
Tonnemann 17.Vi
Tougard 1872
Tournier 1773
Townley 1818
Townley 1828
Trémont (baron de) 18.Y.!
Tresca 1815
Tricou 1897
Tscharner (de) 1903
Tyssen 1802
V" « I899
Valois (de) 1801
Van den Zande L855
Van der Dussen 1774
VanderHelle 1868
Van Ilulthem 1&16
Van Hustenbout 1790
Van Leyden 1805
Van Os 1861
Van Puten 1829
Verloren van Ther-
maat 1886
Verstolk de Soelen 1847
Véze (baron de) l>v.r>.">
Vico 1885
Vignères 1881
Villars (de) 1857
Villestreux (de la) 1864
Villestreux (de la) 1872
Villenave 1848
Villot 1859
Villot 1875
Viollet le Due 1881
Viitue 1757
Vivant-Denon 1826
Vïvarès 1781
Volpato et Morghen 1822
Waldburg ■
(prince)
Walferdin
Walpole
Walraven
Wasset
Watelet
Watson
Weber
Weber
' Webster
Weigel
Weigel
Weigel
Wellesley
Wellesley
West
W. II.
Whitehead
' Wibiral
Wilkins
Wilson
Wilson
Winkler
Wlassof
Wogram
WolfT
Woodburn
Ysidore
Zileken
Wolfegg
1902
1880
1842
1765
1880
1786
1784
1852
1856
1889
1842
1845
1872
1858
1866
1773
1893
1898
1883
1825
1838
1887
1805
1825
1892
1879
1855
1778
1902
' C'est la vente Delberguc-Cormont.
Ilection exclusivement composée de Meryon, propriété de M. Bédouin,
graveur, qui la possédait depuis prés de 10 ans.
le ii. rc du
PREFACE XLII1
Restaurateurs d'Estampes
Paul Vigna 74, rue de Seine Paris
W. Clay i 17, Cromwell Avenue, Highgate Londres
F. Petzold 307, Linzerstrasse Vienne
Saintleben s Konigl Kupferstich Cabinet Dresde
J. A. Boland s 203, Kerkstraat Amsterdam
Il nous est impossible de passer sous silence le nom de Vir/na et
de ne pas consacrer ici quelques lignes à une de nos plus marquantes
célébrités contemporaines.
C'est vers 1840 qu'Auguste Vigna père, artiste-peintre, élève de
Ch. Louis Muller, sur les conseils de son oncle, le libraire Abry,
commença à s'occuper de la restauration des manuscrits, il y ajouta
bientôt, en la créant \ la réparation des livres anciens ; raccommo-
dages des feuilles déchirées ou trouées, lavage des vieux textes et des
vieux bois, toutes opérations singulièrement délicates. Il eut alors
pour clients les amateurs les plus distingués de son temps, tels
que : MM. de Lignerolles, Taschereau de la Bibliothèque Nationale,
de Behague, de Canay, etc., etc., il se trouva même, bien incons-
ciemment — nous n'avons pas besoin de le dire — mêlé à la fameuse
et retentissante affaire Libri.
En 1873 il mourut des suites d'une maladie contractée pendant le
terrible hiver du siège de Paris.
Son fils, Paul Vigna, resté seul avec sa mère, décédée il y a cinq
ans, continue actuellement et avec le même succès la maison de son
père en s'adonnant personnellement 5 et d'une façon toute spéciale à la
restauration des estampes anciennes, pièces en couleurs, dessins,
aquarelles et gouaches du xvme siècle; il sait avec une virtuosité sans
égale redonner le ton à ces couleurs si fragiles que le temps a fanées
et pâlies, délicate besogne qu'il n'accomplit pas — il le confesse
lui-même — sans trembler.
Il faut avoir vu comme nous, ces anémiées, ces eblorotiques
rendues à la santé, à la vie, maintenant pleines de fraîcheur et de
' Restaurateur du British Muséum.
2 Restaurateur du Cabinet Royal d'Estampes.
3 II est attaché au Musée de cette ville.
* Avant lui cette profession n'existait pas.
5 Au début de sa vie il songea un instant à se faire médecin, ce qui le força à étudier la
chimie et l'aida puissamment dans sa nouvelle carrière.
XUV PRKFACE
séduction, pour se rendre compte de l'habileté prodigieuse qu'a
déployée l'émineni artiste, qui — c'est le revers de la médaille — ne
peut même pas, quand il retrouve ses anciennes pensionnaires, dire à
leur nouveau père d'adoption : « C'est moi le médecin qui a guéri ton
entant, c'est moi le jardinier qui a embelli ton parterre, en redonnant
à la Qeur qui se mourrait ses premières et vives couleurs... Quelque
modeste qu'on puisse être, il doit parfois sembler dur de ne pouvoir
jouir de son triomphe, et cependant, dans l'occurrence, ne vaut-il
pas mieux qu'il en soit ainsi, et que l'artiste ait le courage de sacrifier
son orgueil à la vanité de son client, en songeant à la désillusion que
elle/ ce dernier pourraient faire naître des confidences.
M. Vigna n'est pas seulement un réparateur hors ligne, il est, de
plus, un graveur et un artiste extrêmement habile qui a gravé en cou-
leurs, à t'aide de quatre planches à repérage — procédés Janinet et
Debucourt — Les Amours de Psyché et de Cupidon ' édité par lielin
en 1899 ; il a donné surtout la mesure de son talent en reproduisant
en grandeur de l'original et avec une incomparable maestria le beau
portrait de Marie-Antoinette s, par Janinet, avec son cadre mobile.
A une personnalité aussi marquée, n'était-il pas naturel de payer
le tribut d'hommages qui lui est si légitimement dû.
Un petit conseil bien pratique en passant: il arrive quelquefois
que l'on ait besoin de redresser une pièce froissée, le plus simple poul-
ies estampes imprimées en noir est de les mettre à tremper dans de
l'eau chaude, très chaude même, en ayant soin — c'est ici que nous
attirons tout spécialement votre attention — de mettre toujours la
partie gravée face au fond de la cuvette, on évitera ainsi de voir venir
se déposer sur la gravure les silicates de chaux qui se produisent dans
l'eau en ébullition et qui pourraient par leur contact avec les noirs en
atténuer la beauté; inutile aussi de dire qu'on doit toujours essuyer la
pièce avec un linge doux, afin d'en enlever la poussière, avant de
l'immerger. Quand on retire l'estampe de l'eau, on l'assèche à l'aide
de papier buvard et on la met sous presse, le temps nécessaire, entre
deux bristols rigides. Notre presse à nous, bien rudinientaire, se
compose d'une plaque de marbre aux coins arrondis mesurant
70 centimètres sur 55, épaisse île trois centimètres, avec quatre trous
par lesquels passe une cordelette qui nous permet de la saisir en eu
facilitant le mouvement, et de dois poids de '20 kilos qui servent à la
charger.
Ajoutons encore que pour régulariser les marges d'une estampe
nous usons d'une règle plaie en acier, d'un Iranchet bien trempé et
d'une plaque de verre d'une épaisseur de 8 millimètres, sur laquelle
nous posons la gravure.
' Deux volumea de 20 gravure* tirés .i 250 exemplaires.
» Tiré :> L'un exemplaires.
PREFACE
XEV
Quelques-unes des expressions techniques les plus fré-
quemment employées dans les Catalogues de ventes
allemands, anglais et français.
Le petit vocabulaire qui suit sera, croyons-nous, de quelque utilité
aux amateurs qui, peu versés dans la connaissance des langues
allemande et anglaise, sont appelés cependant par leur goût ou leur
passion pour l'estampe à suivre sur catalogues les grandes ventes
étrangères; il leur en facilitera la lecture en leur permettant de se
rendre compte à peu près des conditions d'état, de conservation ou de
rareté dans lesquelles la pièce leur est présentée. Si notre traduction
n'est pas toujours absolument littérale, nous pouvons du moins
affirmer qu'elle correspond exactement au sens des termes employés :
Collection.
Etati.
Œuvre.
Epreuve.
Epreuve d'essai.
Premier tirage.
Ancienne.
Bonne.
Belle,
Admirable.
L'niquc.
Rare.
Très rare.
De la dernière rareté.
De la plus grande beauté.
Epreuve d'artiste.
Pièce capitale du Maître.
Sans le titre.
Avec la lettre.
Avant la lettre.
Avant toute lettre.
Avec la lettre grise.
Avec la lettre tracée.
Sammlung.
Zustand.
Werk.
Abdruck.
Probedruck.
Ganz frùher Abdruck s.
Aller Abdruch.
Guter.
Schoner.
Vorzuglicher, trefflicher.
l'nieum.
.Sel te n.
Sehr selten.
Von ausserster Seltenhcit t.
Von grosser Shonhcit.
Kûnstlerdruck.
llauptblatt des Mcistcrs.
DcrTitelfehlt.
Mit der Schrift.
Vor der Schrift.
Vor aller Schrift.
Nadelschrift,
Mit Nadelschrift.
Collection.
State.
Work.
Proof.
Trial proof 2.
Early proof.
Ancient priât.
Good.
Fine.
Of great brilliancy.
Unique.
Rare.
Vcry scarce.
Of the greatest rarity.
In matchless condition.
Artist's proof.
The artist's masterpiece.
Withoutthe tittle.
With the letter.
Before the letter.
Without any letters.
With open letter.
Whit etched letters.
< Premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, etc.. se disent eu allemand et en
anglais : Ers ter, zweiter, dritter, vierter, fùnfter; f'trst, second, tkird, fourth, fifth, etc.
* Désigne surtout une épreuve d'artiste; l'exemplaire courant ou de tirage se dit prtnt.
» Ou encore: Erster Abdruck.
* Ou : Von den grossten Seltenheit,
XLVI
PRÉFACE
Avec les armes.
Avant les armes.
Avec la dédicace.
Avant la dédicace.
Avec l'inscription.
Avant L'inscription.
Avec l'adresse.
Avant l'adresse.
Avec le numéro.
Avant le numéro.
Avant le trait carré.
Avant la retouche.
Avant le millésime.
Avec les noms des artistes.
Avant les noms des artistes.
Avec les noms à la pointe.
Avec la planche sale.
A\ ec la bordure fine.
Avant la bordure renforcée.
Epreuve non terminée.
,\\ ec marge.
Sans marge.
Petite marge.
Grande marge.
Toute marge.
Marge du cuivre.
Coin.
Filigrane.
Coupée au trait carre.
Coupée à l'ovale.
Couper en haut.
Coupée en bas.
Coupée à droite.
Coupée a gauche.
Pleine de barbes.
On peu tachée.
Tachée d'humidité.
Froissée,
In peu rognée.
Endommagée.
I «géremenl rognée.
Restaurée au côté droit
Restaurée au côti ; tuchi .
Raccommodée.
Petite déchirure.
Doublée.
Non décrite.
Mit den Wappen.
Vor den Wappen.
Mit der Widmung.
Vor der Widmung.
Mit der Unterselirilt.
Vor der Unterschrifl.
Mit der Adresse.
Vor der Adresse.
Mil der Nommer.
Vor der Nommer.
Vor der Einfassunglinie.
Vor der l'eherarheituog.
Vor der Jahres/.ahl.
Mit den Kunstlcrnamen.
Vor den Kunstlcrnamen.
Mit den Kunstlcrnamen in
Nadclschrift.
Mit Plattenschmutz '.
Mit der feinem Einfassungs-
linie.
Vor Versterkung der Einfas-
sung.
l'nvollcndcter Alidruck.
Mit Rand.
( Ihne Rand.
Mit Randchen.
Mit viel Rand.
Mit vollem Rand.
IMallenrand.
Ecke.
Wasserzeichen.
Am Stichrande heschnitten !.
Lin das Oval ausgeschnitten.
Oben versehnitten.
t'nten versehnitten.
Rechts versehnitten.
Links versehnitten.
Mit viel (irat.
Leichtfleckig».
Sloek fleckig.
Bcrleben.
l'.twas versehnitten.
Beschadigt.
Lclcht versehnitten.
Rechts am Rande ergànzt.
Links am Rande ergànzt.
LTnterlegt.
IlisS.
Aufgezogen.
i nbeschrieben.
With the arms.
Before the arms.
With the dedication.
Before the dedication.
With the inscription.
Before the inscription.
With the adress.
Before the adress,
With the number.
Before the number.
Before the square Une.
Before the retouch.
Before the date.
With the artist's naines only.
Before the artist's oame.
With the etehed names.
Witli the uncleaned plate i.
With the square Une slighlly
traced.
With the square Une thicklv
traced.
LTnfinished proof.
With margin.
Without margin.
Small margin.
Ample margin.
Ail margin.
Copper plate's margin.
Corner.
Watermark.
Cul lo the square Une.
Cut to the oval.
Cut at top.
Cut at hottom.
Cul on the rlght.
Cut on the iett.
l'ull of burrs.
Slighty staiued.
l 'oxj .
Rubbed.
Bather cut.
Damaged.
Slighthy cut.
Itepaired on Ihc riglil side.
Bepaired on the h 11 suie.
Mended.
Mighl lorn.
Baekeil. laid.
Undescrlbcd.
i Ou : MU tchmutzigen Platterandorn ou en anglais : Btforc (lie cleaning o/ tfie finie
i m dit encore m< der Blnfassungtllnle bachnllten.
' Se dit aussi en allemand min -in el en anglais tpotttd OU encore tpolttd.
PREFACE
XLVII
Nulle part décrite.
Inconnue.
Même qualité.
Le plus bel exemplaire connu.
Suite de...
Pendants.
Collection.
Gravure sur cuivre.
Eau-forte.
Eau-forte pure.
Pointe sèche.
Burin.
Vernis mou.
Bois.
Nielle.
Lithographie.
Clair obscur.
Manière criblée.
Manière noire '.
Aquatinte.
Pointillé.
Gravure en couleurs.
Encadrée.
Sur chine.
Sur japon.
Estampes en lot.
Supplément.
Nirgends beschrieben.
Unbekannte.
Ebcnso.
Das schonste bckannte Exem-
ptai*.
Folge von...
Gegenstùcke.
Sammlung.
Kupferstich.
Radirung.
Aetzdruck.
Kalte Nadel.
Grabstichcl.
Vernis mou.
Ilolzschnitle.
Niellum.
Lîthographien.
Hclldunckel.
Schrotblatt.
Schabkunst,
Aquatinta.
Punktiert.
Abdruck in Farben î.
Gcrahmt.
Auf chinesischem Papier.
Auf japanischem Papier.
Convolute.
Nachtrag.
Not any where described.
l'nknown to.
Same condition.
The finest proof in existence.
Set of...
Pair, companion.
Collection.
Engraving on copper.
Etching.
Pure etching.
Dry point.
Une engraving. pure Une.
Soft ground.
Woodcut.
Niello.
Lithography.
Chiaroscuro.
Manière criblée.
Mezzotinto,
Aquatint, mez/.olinto.
Slipple.
Colour piints.
Framed.
On India paper'.
On japan paper.
Misceîlaneous lot of engra-
vings.
Supplément.
Des Expositions. — Exception faite des expositions annuelles
'des Salons, de la Société des Peintres Lithographes, de la Société des
Peintres-Graveurs français et des Expositions Universelles de 1889 et
de 1900, voici les sept qui ont eu lieu à Paris durant ces vingt-cinq
dernières années :
Gravures anciennes et modernes exposées en 1881 au Cercle de la
Lihrairie, intéressante quoique, en somme, assez pauvre, en tout
240 numéros — Exposition de Gravures du Siècle en 1887, chez G. Petit ;
très remarquable, 291 numéros — Exposition générale de la Litho-
graphie à l'Ecole des Beaux-Arts en 1891, fort belle, classification par
ordre chronologique, 1000 numéros — Cinquième Exposition Interna-
tionale de Blanc et Noir, au Champ de Mars en 1892, à l'exception des
376 estampes japonaises de tout premier ordre prêtées par MM. Bing
' Dite aussi quelquefois manière anglaise.
s Ou encore Farbdrneke.
3 Nous devons constater ici que dans les catalogues anglais on se sert indifféremment des
mots India paper on Japan paper pour designer les Rembrandt sut japon.
XLVIII PREFACE
et Vever, la partie rétrospective était plutôt faible, les écoles française
et anglaise du xvme siècle principalement ne pouvaient être plus
piteusement représentées; il eut été bien préférable, selon nous, de ne
pas faire d'exposition, on eut ainsi évité de fausser l'esprit du public,
car en lui mettant sous les yeux ces méchants résidus de portefeuilles,
on ne pouvait que lui donner une piètre idée d'un art auquel on était
censé vouloir l'initier — Le Centenaire de la Lithographie, 1795-1895,
très belle réunion — extrêmement instructive — d'estampes françaises
cl étrangères fort bien groupées ; elle eut lieu au Champ de Mars et
contenait 1.531 numéros, représentant les œuvres d'environ sept cents
artistes; on y avait adjoint une section relative à la litbograpbie
industrielle qui la complétait fort heureusement — En 18% eut lieu, à
l'Ecole des Beaux-Arts, VExi>osilion Nationale de l'Eau-forte Moderne,
rien de particulier à y signaler, elle élail même, disons-le franche-
ment, très banale. Enfin, en mai 1902, dans le même bâtiment, nous
eûmes la liés belle Exposition de la Gravure sur Bois.
En l.SUcS, à Londres, au South Kensington Muséum, on avait réuni
une merveilleuse collection de 2.254 lithographies françaises et
étrangères obligeamment prêtées par tous les amateurs de marque
tels (pie: M. et Mme Atherton Curtis. MM. .1. Pennell, T. Way,
A. Reid, W. Simpson, Legros, F. E. Hulme, W. Day, F. Goulding,
W. Strang, F. L. Emanuel, F. Vincent Brooks, Montagne Marks,
Ch. Iloline, etc., etc., ainsi que par The Art National Library; The
Company of the Butterfly avait envoyé, une sélection de Whistler
absolument hors ligne: tous avaient tenu à honneur de rehausser
l'éclat de celle exposition en confiant aux organisateurs les pièces les
plus précieuses de leurs portefeuilles.
Terminons par un souhait respectueusement exprimé, celui de
voir un peu plus d'élan en France dans les sphères officielles pour
tout ce qui touche à la gravure, nous ne voudrions ici incriminer
personne, mais nous somme forcé de constater qu'on utilise bien peu
nos immenses richesses artistiques; il serait pourtant bien facile de
faire de temps en temps des expositions - au quai Malaquais par
exemple de l'œuvre des grands Maîtres-Graveurs français et
étrangers. MM. Benedite et G. Gain semblent heureusement vouloir
entrer dans cette voie, aussi, leur adressons-nous nos plus sincères
compliments, ainsi que ceux des amateurs dont nous nous faisons
ici le chaleureux interprète. Serait-ce devenir trop exigeant (pie de
demander aussi aux grands Cercles artistiques de Paris, qui comptent
tant de personnalités distinguées, d'organiser à l'instar du Burlington
Fine Arts Club, de Londres, des expositions' annuelles d'artistes
vivants, ces derniers s'en montreraient particulièrement flattés et
seraient heureux de mettre à la disposition du Comité les pièces les
i Celles faites jusqu'ici par ce Club i :;■••-» 1 1 presque touli - affectées .i des Maîtres anciens,
PRKFACE XUX
plus précieuses de leur œuvre; nous sommes persuadé que ces expo-
sitions seraient bien accueillies et qu'elles aideraient puissamment à
la création de nouvelles couches de collectionneurs.
Record des prix en ventes publiques. — Voici les pièces qui,
dans chaque école, ont obtenu jusqu'à ce jour le prix le plus élevé
soit en France, soit à l'étranger :
Ecole Allemande :
Saint-Gérome au Saule, de Durer (B 59), vente Cornill d'Orville
15.000 francs.
Ecole Néerlandaise :
Rembrandt au Sabre et à l'Aigrette de Rembrandt (B 23), vente
Holford 50.000 francs.
Ecole Italienne :
Pierre Arélin, par Baimondi (B 513), vente Howard 19.500 francs.
Ecole Anglaise :
Afrs Carnac, par J.-B. Smith (Sm 31), vente Edgcumbe 30.450 francs.
Ecole Française :
L'Oiseau ranimé, de Debucourt (F 9), vente Lelong 9.200 francs.
Ecole du XIX* siècle :
L'Abside, de Méryon (W 22), vente de Salicis 3.125 francs.
Au sujet de la vente publique d'une collection vraiment importante
et précieuse — nous ne parlons pas, bien entendu, des fatras qu'on
rencontre si souvent en Province — qu'on nous permette de donner
le conseil de faire toujours la vente à Paris et non dans sa ville ; si l'on
agissait autrement, les marchands avertis se rendraient bien à la
vente, mais sentant qu'ils ne trouveront pas de contre-partie chez les
amateurs — ces derniers n'existant pas dans la région, ou ayant hésité
à se déplacer dans la circonstance — ces marchands, disons-nous,
s'arrangeraient entre eux pour ne pas se concurrencer et révisionner
ensuite ; vous recevriez de ce fait un coup de fusil de première classe
qu'il faut éviter à tout prix et contre lequel nous avons cru de notre
devoir de vous mettre expressément en garde.
Etat du marché. — A l'heure qu'il est, voici, pour employer un
terme commercial — car, après tout, l'estampe est une marchandise
comme une autre — la physionomie de son marché.
L PREFACE
On ne recherche plus dans les écoles anciennes que les pièces
originales, c'est-à-dire celles des primitifs et des peintres-graveurs;
l'école italienne a cependant, il faut bien le reconnaître, considé-
rablement baissé, l'allemande et surtout la néerlandaise tiennent la
corde; le XVIIe siècle français, un instant délaissé, commence à
remonter vivement. On se porte plus que jamais sur le xvin"
fiançais et anglais, ce dernier a fait un bond ascensionnel énorme
depuis quatre ou cinq ans; on s'arrache les romantiques, et les
contemporains, entrant carrément en scène, sont vigoureusement
recherchés, c'est le moment de les recueillir, car certains s épuisent et
le Ilot monte avec la rapidité d'un cheval au galop.
Ecole Allemande
^rw^^^ ^rt^^^ ^rW^^^ ^F*^^* ^^f^^^ 1 ^^Jk ^^JL ^^JC ^^J^. ^^J^.
ÉCOLE ALLEMANDE
ALDEGREVER (Henri)
Né à Soest, en Westphalie, en 1502, est mort vers 1558. Elève de Durer,
le plus fameux des petits Maîtres ', a gravé tous les genres ; ses ligures
rappellent souvent celles du Maître, mais où il a surtout excellé, c'est dans
la gravure d'ornementation et dans la reproduction des pièces d'orfèvrerie.
La collection Mariette était particulièrement riche en son œuvre, plus
de 289 pièces ; sur ce nombre figuraient une centaine de vignettes. Il a aussi
fait quelques très rares bois.
Hàtons-nous de dire que les quelques pièces que nous allons mentionner
ici, sont généralement recherchées, et que la plupart sont d'une très grande
finesse et fort intéressantes.
La Vierge assise, l'Enfant Jésus dans ses bras(Barlsch55). —
La Vierge est au pied d'un arbre, à droite ; en bas sur une pierre,
du même côté, le monogramme et la date 1527.
Ventes? : Fischer, 187 — En avril 1893 et en mai 1900, par H. -G. Gutekunst,
219 et 162.
Tarquin et Lutèce (72). — Tarquin violentant Lutèce. En bas
à droite, le monogramme et le millésime 1539.
Le 1er état est fort rare, il est avant le nom de G. Pencz qui se trouve
au-dessus du monogramme dans le 2fi état — A la vente Angiolini, un 1er état
fut adjugé 104 francs.
1 On a coutume de classer sous la dénomination de petits Maîtres de l'école de
Nuremberg et de la Basse-Allemagne les artistes dont les noms suivent : Aldegrever, Altdorfer,
Ilans Scbald Beham, Barthélémy Beham, Jacob Binck. Virgile Solis, Henri Gœrting et Pencz ;
ils étaient ainsi appelés, parce que tout d'abord, ils imitaient les grands maîtres et qu'ensuite
les formats des pièces qu'ils gravaient étaient fort réduits. Nous n'avons fait qu'indiquer les
principaux ; beaucoup d'autres, dont certains connus seulement par des monogrammes.
peuvent être encore rangés dans cette catégorie,
- Faisons observer une fois pour toutes que, pour les estampes qui ont passé par une série
de ventes successives, nous ferons suivre le nom du vendeur purement et simplement du
chiffre obtenu à cette vente sans y ajouter le mot franc, qui par sa répétition deviendrait
fastidieux en surchargeant inutilement notre texte. Disons aussi que le prix indiqué est celui
de l'adjudication en salle, c'est-à-dire sans la majoration d'un pourcentage variable et toujours
payable par les acquéreurs.
1
1 ECOLE ALLEMANDE
La Nuit (180). — Sur un lit, dans une pose abandonnée, une
femme nue est endormie. En liant à droite, le monogramme et la
date 15Ô3. On lit aussi : Nox cl Amor. Au bas, une tablette avec le
litre : Die Nacht.
Pièce rarissime qui est une eopie en contre-partie de l'estampe de
II. -S. Beham.
Guillaume, duc de Juliers (181). — De trois quarts à droite,
à mi-corps, âgé de 24 ans. En haut à droite, ses armoiries; du même
côté, à mi planche, le monogramme de l'artiste. En haut, on lit :
Von (jolies. . . et sur une pierre, au bas de l'estampe : Bis duo lustro. . .
Pièce capitale et de toute rareté : 1"' état, celui décrit — 2e, dans le bord
supérieur de la pierre on lit: In imaginent... — 3e, on a ajouté au bord
inférieur de la pierre des mots grecs.
Ventes: Liphart, .'illi— Angiolini, 1er état 388.
Le Poignard au couple nu (2">(.)). — Un poignard dont la poignée
et la gaine sont ciselées; sur cette dernière, à gauche, un homme nu
tenant un écusson ; à droite, une femme également nue, une sorte de
trompette de Renommée à la main.
Morceau de tout premier ordre adjugé vente Vico 120 francs, l'épreuve
avait ses témoins; à une adjudication des doubles de Berlin, en mars 1886,
un exemplaire fut payé 164 francs.
Portrait de Knipperdoling (183). — A mi-corps et de trois quarts
à droite, lui haut, on aperçoit une main armée d'un glaive dans une
couronne de laurier. En dessous, le monogramme de l'artiste. En
haut dans la marge; Waerlutftich . . . et au bas ; Ignotus millis... et
le millésime 1536.
Ce morceau foH rare a été copié par Jean Muller et par le Maître au
monogramme N. N W.
Il existe des épreuves avant la retouche, c'est-à-dire avant le trait vertical
échappé sur le bonnet, ce sont celles-là qu'il Faut rechercher de préférence.
Veides: Liphart, 313 — Didot, 2â() — Knowles. (wniil la retouche, 501,
épreuve provenant de la collection Mariette avec sa signature au verso et
la date 1669,
Citons encore : Le Souvenir de la Mort (134) - Portrait du Moitié à 55 ans
d.S'.i) et Titus Manlius (ï'i), curieuse pièce où ligure une guillotine, ce qui
prouve une fois de plus, el comme on le croil souvent à tort, que ce n'est
poinl le Docteur Guillotin qui fut l'inventeur «lu fatal instrument.
ECOLE ALLEMANDE
ALTDORFER (Albert)
Né en Bavière, à Aldorf en 1488, mourut à Ratisbonne en 1538. On
l'appelle quelquefois le petit Albert. 11 a gravé sur bois et sur cuivre
environ 100 pièces. Il fait partie des petits Maîtres. Son monogramme est
presque semblable à celui de Durer dont il fut l'imitateur. Il appartient à
l'Ecole de Nuremberg ou de la Basse-Allemagne.
Génie sur un cheval de bois (Bartsch 46). — Un enfant ailé esl
à cheval sur un bâton qu'il tient de la main gauebe, ayant un fouet
dans l'autre main; il se dirige vers la droite et semble galoper.
A droite, le monogramme.
Extrêmement rare, un exemplaire fut adjugé, en avril 1894 par II. -G.
Gutekunst, à Stuttgart, 1G8 francs.
La grande Fortune (59). — Debout sur une boule qui porte le
monogramme de l'artiste et le millésime 1511, une femme nue, ailée,
soutient un enfant qui, les yeux bandés, s'apprête à monter sur des
échasses.
Vente Straeler, 2G0 : pièce d'une extrême finesse et superbe de condition.
Paysage aux deux grands Pins (70). — Un pays de montagnes
aux pieds desquelles on voit des arbres et des usines. Vers la droite,
au premier plan, mais presque au milieu de l'estampe, se profilent
deux sapins très rapprochés. En haut à gauche, le chiffre de l'artiste.
Pièce de toute rareté, adjugée en 1894 par H. -G. Gutekunst, 296, et à la
vente Angiolini, 156.
L'Orgueil. - Presque de face, une femme est assise sur un
dragon, elle tient dans la main droite un miroir dans lequel se reflète
son visage, et dans la gauche, une sorte de corne d'abondance. Sous
le pied gauche de la femme, le monogramme de l'artiste.
Estampe inconnue à Bartsch, mais signalée par Passavant (99), extrême-
ment rare, adjugée en 1894 par H. -G. Gutekunst, 419 francs.
La Femme au Chandelier (P 104). — A mi-corps et nue, les
cheveux en coup de vent sur la droite, une femme tient dans la main
gauche un chandelier qu'elle semble éloigner d'elle. Sous le chandelier,
le monogramme.
Rarissime, adjugée en 1894 par H.-G. Gutekunst, 500 francs
4 ECOLE ALLEMANDE
L'Enfant ailé à l'Ecusson. — Ramassé sur lui-même el penché
à droite, un enfant ailé tient dans ses mains un écusson sur lequel est
gravé le monogramme du Maitre.
Rarissime, adjugé à la vente précédente 500 francs. Inconnu à Harlscb et
Passavant.
La Foi. — Assise de profil, à droite, près d'une maison qui fait le
fond de l'estampe, une femme tient île la main gauche un ciboire
qu'elle appuyé sur ses genoux. A droite à ses pieds, le monogramme
et du même côté, dans le coin supérieur, la date 1506.
Cette petite pièce, d'une exquise linesse, qui mesure 01 millimètres en
hauteur et 37 en largeur, est de la dernière rareté, sinon unique. Elle a
échappe, croyons-nous, à tous les iconographes et est par conséquent,
non décrite avant nous. En avril 1894, 11. -G. Gutekunst en adjugea un
exemplaire 575 trams.
AMMAN (Jost)
Né à Zurich en 1538, mort à Nuremberg en 1591? Dessinateur extrême-
ment fécond, a laissé un œuvre gravé considérable, près de 1300 pièces,
l'oit intéressant au point de vue documentaire sur son époque. Il avait
quatre ou cinq monogrammes différents dans lesquels entraient toujours les
lettres A et J ou /. Il a, croit-on, gravé lui-même ses bois.
Le catalogue de son œuvre a été dressé par C. Becker en 1854, et par
Andressen.
Jacqueline de Montbel. comtesse d'Entremont. — La deuxième
femme de Coligny est vue jusqu'aux genoux, dans une bordure ovale,
entourée d'emblèmes mortuaires. En bas, la date 1583.
Ce portrait, qui fait pendant à celui <le Gaspard de Coligny, est d'une
extrême rareté sinon unique, il a été gravé dix ans plus tard que ce dernier,
il passa à la vente Behaguc où il fut adjugé 1000 lianes.
Il est demeuré inconnu à Bartsch et à Passavant, nous ignorons si Becker
el Andressen l'ont signalé.
Vue de la place Saint-Marc, à Venise (Bartsch 27). — La vue
est prise au moment où le Doge assiste à une procession avant de
monter à boni du Buccentaure pour procéder aux cérémonies des
épousailles de l'Adriatique.
Celle grande pièce gravée sur bois et composée de 11 morceaux réunis
est d'une extrême rareté, un exemplaire l'ut payé à la vente Didot 260 francs.
ECOLE ALLEMANDE
BALDUNG (Hans)
Ne en Souabe vers 1470, mort à Strasbourg en 1552. Ami de Durer, dont il
rappelle la manière, a surtout gravé sur bois — 80 pièces environ — et
7 ou 8 eaux-fortes ; il appartient à l'école de la Haute-Allemagne. On
l'appelait aussi Grùn.
Hercule et Omphale Passavant (5). — Tous deux sont nus et
assis l'un près de l'autre sur un banc: Hercule tient sa massue de la
main droite et enlace Omphale de son bras gauche qu'il a passé
autour de sa taille.
Pièce sans signature, mais attribuée à l'artiste d'une façon presque
positive. Celte eau-forte rarissime fut adjugée 225 francs à la vente Liphart,
et 625 le 16 mai 1900 par H. -G. Gutekunst ; elle provenait de chez Mabcrly
et était d'une irréprochable condition.
Le Christ en croix. — A droite de la croix, la sainte Vierge
soutenue par saint Jean ; à gauche la Madeleine à genoux essuyant
ses larmes. Dans le coin droit, une tablette portant le monogramme
de l'artiste H. B. G.
Cette gravure sur bois, dont un exemplaire admirable figurait à l'Exposition
de la gravure sur bois en 1902, est d'une insigne rareté, elle est imprimée
en clair obscur, sur fond brun, et mesure H. 372 mm — L. 260"»". Une
épreuve passa à la vente Didot où elle fut adjugée 1030 francs.
BEHAM (Hans-Sebald)
Né à Nuremberg en 1500, mort a Francfort en 1550, frère et élève de
Barthélémy. Artiste de grand talent, mais libertin. Ses dessins d'ornements
étaient extrêmement précieux pour les orfèvres de son temps. Il avait deux
monogrammes, l'un avec les initiales H. S. P., l'autre avec H. S. B., ce qui
a établi quelque confusion dans son œuvre. Il grava sur bois presque autant
que sur cuivre, son œuvre se compose d'environ 271 burins et 207 bois. Il
reçut des leçons de Durer. — Il a été catalogué par Aumûller en 1881.
La Vierge à la tête de Mort (Bartsch 20 — Aumûller 22). — La
Vierge présente le sein à l'Enfant-Dieu endormi sur une table, elle est
à mi-corps et de profil à gauche, près d'elle une tète de mort et un
sablier.
Estampe très rare qui est une copie d'après celle de Barthélémy. Une
épreuve fut adjugée en avril 1894 par H. -G. Gutekunst, 237 francs.
() ÉCOLE ALLEMANDE
Cimon nourri par sa fille (B 75 A S4). — Enchaîné et assis
par terre, Cimon prend le sein que sa fille lui présente en le pressant
de la main droite. Sur une colonne à droite de l'estampe, on lit : Ich
leb von der. . . En haut à gauche, une lahlelte au monogramme avec
la date 154 'i.
Cette estampe est une copie d'après celle de Barthélémy. Il y a des
épreuves avant l'inscription sur la colonne, l'une de celles-ci s'est vendue
125 francs à la vente Angiolini. Il existe ."> pièces de cet artiste portant le
même titre, mais de dimensions et de conception toutes différentes.
Lucrèce (B78 — A87). — Tenant le poignard qu'elle va se plonger
dans le sein, Lucrèce assise à terre et nue enlace de son bras droit le
tronc d'un arbre qui se trouve à gauche. En haut à droite, une
tablette avec la date lôlO et en bas à terre, du même cote, le mono-
Une épreuve du 1« état dit au fond blanc, c'est-à-dire avant que les
bâtisses de droite n'aient été indiquées, fut adjugée à la vente Angiolini,
200 francs ; pièce de toute rareté.
La Vierge au Perroquet (B 19 — A 21). — L'Enfant Jésus est
soutenu par sa mère qui est assise, il regarde un perroquet qu'elle a
sur la main droite auquel elle présente une pomme. En haut à droite,
on lit: S. Mario, et à gauche, le monogramme et lô'i'.K
Cette pièce a été gravée d'après Barthélémy, mais en contre partie. Mlle est
fort recherchée en l'r état, c'est-à-dire ai\mt le pointillé dans les chairs et
les contre-tailles dans les ombres des plis de la robe.
Ventes: Knowles, 89 — Seldoesser, 69 — Oppermann, 84 — Vico, 39. —En
avril 1891 par II. -C. Gutekunst, 102.
Trajan et la Veuve (B 82 A *.il). Au milieu de l'estampe,
une femme prosternée devant l'Empereur à cheval, vient l'implorer
en lui demandant de châtier le meurtrier de son fils. Sur la tablette
«lu haut de l'estampe on lit: Imp. Traianas... Ccesar..., le mono-
gramme et la date 1537.
11 existe des épreuves (ouait le millésime, elles sont d'une insigne rareté.
l'une d'elles fut vendue en avril 1891 par H.-G, Gutekunst, 110 francs.
Combats des Grecs et des Troyens (B 69 A 7.S). - Les uns
à pied, les autres à cheval se combattent armés de piques et de
KCOLK ALLKMANDK
massues. A gauche, ou lit : Krichen ; à droite : Droioner. Eu haut à
droite, le monogramme.
Cette pièce, une des plus belles de l'œuvre, est une copie dans le même
sens, du Maître au monogramme Rv. B. Un exemplaire du 1er état, avant les
troisièmes tailles sur le fond, fut adjugé 116 francs à la vente Vico.
La Femme se baignant les pieds (B 207 — A 225). — Nue et
assise sur un banc, elle se regarde dans un miroir suspendu à gauche
sur un mur, elle vient de retirer son pied gauche d'un baquet. Deux
enfants sont près d'elle, l'un d'eux tient dans sa main droite une
branche de feuillage. En bas à gauche, le monogramme.
Copie d'après Barthélémy, à laquelle l'artiste a ajouté les deux enfants;
elle est de la dernière rareté.
Ventes : Vico, 310 — En mai 1900 par H. -G. Gutekunst, 350.
Les trois Baigneuses (B 208 — A 226). — Dans une étuve, trois
femmes nues ; l'une, très grosse, est assise à droite, le pied gauche
dans un baquet.
De toute rareté ; copie d'après Barthélémy. Un exemplaire vente Vico,
309 francs.
La Femme nue couchée sur le dos (B 215 — A 71). — Elle est
comme l'indique son titre, près d'elle un enfant, au loin un homme
sauvage rampant. En haut à gauche : S. Iohanes Chrisostomus, plus
bas, le monogramme.
Cette estampe est quelquefois rubriquée La Pénitence de saint Chrysostome.
Un exemplaire vente Vico, d'un 1" état, avant l'inscription, le monogramme
et le nuage, de la plus insigne rareté, fut adjugé 225 francs; à la même
vente, un 2e état, avant le monogramme et le nuage, 38 francs.
Les trois Médailles sur fond noir (B 222 — A 282). — La
première, un écu, ou l'agneau1 bondissant; la seconde, partie fusée et
au lion ; la troisième, un cor de chasse. Le monogramme est placé
entre la deuxième et la troisième médaille.
Pièce de la plus insurpassable rareté, qui manque à presque toutes les
collections. Un superbe exemplaire provenant de la collection Peter Lély
fut adjugé à la vente Vico 626 francs. Il existe aussi une autre planche sur
fond noir de trois petites Armoiries (Passavant 271) qui sont de la même
rareté, elle figurait à la vente Vico également.
i lit non le cheval, comme le dit Bartsch.
8 ÉCOLE ALLEMANDE
La Mort surprenant une femme endormie (B 14(3 — A 159). —
Au fond à droite, la mort vient surprendre une femme couchée et
nue sur un lit, dans une pose très abandonnée. En bas à droite, on
lit : 0 die Stund ist aus. En haut, le monogramme et la date 1548.
Copie en contre -partie d'après Barthélémy.
Ventes : Knowles, 114 — En mai 1900 par H. -G. Gutekunst, 281.
Les sept Planètes (inconnu à B — P 1S1-187 — A 223-229). —
Voici la description très sommaire, mais suffisante pour les distinguer,
de ces sept planètes :
Le Soleil, un roi traîné dans un char à deux chevaux ; Saturne,
par deux dragons; la Lune, par deux jeunes filles ; Mars, par deux
loups ; Mercure, par deux coqs ; Jupiter, par deux paons ; Vénus, par
deux colombes.
Tous ces bois portent clans le 1^ état des vers allemands et la première
adresse de : Albrecht Glockendon Illuminist Prima Augusti 1531.
Dans cet état qui est rarissime, une seule pièce passa à la vente Angiolini;
elle y fut adjugée 625 francs.
Des épreuves postérieures ont paru sans les vers. Ne pas confondre ces
pièces, avec celles des sept Planètes plus un titre (15 120) sur cuivre de
composition absolument différente.
Nous allions cité et mis en vedette les pièces les plus typiques et les
plus rares de l'œuvre, quand nous aurons encore signalé : J.es petits Danseurs
de noce (B 166-177 — A 179-190), suite de 12 pièces difficiles à trouver
réunies ; Adam et Eve (B 1 — A 1) avec le ciel sans contre-tailles et La
Mélancolie (B 144) qu'il faut avoir avant le millésime 1539 et le monogramme.
Une Exposition de l'œuvre des Bchain eut lieu au Burlington Fine Arts
Club en 1877.
BEHAM (Barthélémy)
Né à Nuremberg en 1502, mort à Rome en 1540. Cet intéressant et fort
habile petit Maître a travaillé à Rome chez Raimondi. Il était peu prodigue
de son monogramme, son œuvre d'environ 80 pièces n'est pas très commun.
Il a été catalogué avec soin par Aumuiler en 1881.
Génie tenant un écusson (Bartsch 52 — Aumuiler 66). — Un
Génie ailé sonne du cor en soutenant un écusson de la main gauche.
En haut, une tablette blanche.
Petite pièce rare et délicate, adjugée en mai 1900 par II. -G Gutekunst,
687 lianes.
ÉCOLE ALLEMANDE 9
Les trois Femmes nues et la Mort (B 42 — A 53).— La Mort a
saisi par les cheveux celle qui se trouve à droite ; ces femmes sont des
sorcières.
Adjugée en mai 1900 par H.-G. Gutekunst, 131 francs.
L'Amour en postillon (B 32 — A 25). — Assis sur un globe dans
l'espace et se dirigeant vers la gauche, le petit Dieu tient dans ses
mains un bâton qui doit lui servir d'aviron pour traverser le ciel. En
haut à droite, 1520.
Très rare.
Ventes : Liphart, 75 — Vico, 112.
Portrait de Charles V (B 60 — A 100). — Il est en buste de trois
quarts à droite, coiffé de la toque et ayant au cou le collier de la
Toison d'or. En haut à gauche le monogramme ; en bas dans la
tablette : Progenics divum, etc.
Très rare et très recherchée. 1" état avec le fond blanc ; 2e avant le
monogramme ; 3e avec celui-ci, état décrit.
Ventes : En avril 1893 par H.-G. Gutekunst, avant le monogramme, 711,
rarissime — Knowles, 1» état, 390 — Schloesser, 251 — Oppermann, 250 -
Seymour Haden,250, de chez Alferofï— Straeter,256 — \Valdburg\Volfcgg,462.
L'Avare et la Femme qui avorte (B 38 — A 48). — Un homme
est nu, debout, un crapaud sur l'épaule ; il tient une bourse de chaque
main ; près de lui, une femme se lamente de la naissance d'un
avorton. En haut de l'estampe une tablette dans laquelle on lit :
Ecclesiast. 6. Spricht, etc. . .
Les premières épreuves n'accusent pas les muscles des reins de la femme.
En avril 1893, adjugé par H.-G. Gutekunst, 275 francs.
Le Cours du Monde (B 3!) — A 49). — A gauche de l'estampe et
demi-nue une femme, la Justice, dort enchaînée, à ses pieds un agneau,
à ses côtés un enfant ; à droite un renard ou un loup, une épée dans
la gueule, donne la chasse à une oie. Dans le haut du milieu de
l'estampe, on lit : Der Welt Lauf 1525.
En avril 1893 à Stuttgart, H.-G. Gutekunst vendit un exemplaire avant
l'inscription, 600 francs. Cet état est d'une insigne rareté.
Un graveur anonyme a fait une copie de cette pièce avant l'inscription et
avant le millésime.
10 ÉCOLE ALLEMANDE
Cléopâtre (B 12 — A 16). — Près d'un arbre, dans la campagne,
Cléopàtre demi nue se fait piquer par un serpent. En haut à droite,
Cleopatra, et plus bas, /.ï2f.
1" état avant le millésime et le nom ; 2fi avec le nom sans le millésime ;
3c celui décrit.
Ventes : Vico, '!<■ état, 101 — Fischer, même état, 26.
A mentionner encore : Les quatre Tètes de Mort (H 28 — A 38), très rare ;
Le Paysan dansant et la Paysanne (H 72 — A C0), très rare.
BINGK (Jacob)
On ignore le lieu de sa naissance, on suppose cependant qu'il reçut le
jour à Cologne vers 1490 et qu'il mourut à Kœnigsberg vers 1560. On sait
peu de chose sur sa vie, il habita, dit-on, assez longtemps Copenhague.
Son œuvre est d'environ 1 12 pièces, dont deux bois. D'un talent très simple,
il copia en s'assiniilant avec une curieuse fidélité toutes ou presque toutes
les œuvres de ses devanciers et des Maîtres ses contemporains. Sa taille
originale quand il ne copie pas est un peu grêle et maigre. — Son mono-
graphiste est Aumùller.
Le Sauveur (Bartsch 14). — Debout, tenant dans sa main gauche
l'évangile ouvert, il bénit de la dexlrc, à ses pieds le globe terrestre.
A gauche le monogramme, en bas de l'estampe, sous le globe. En
haut, à droite et h gauche, des ornements dans les coins.
Forl belle et rare pièce adjugée en avril 1894 à une vente faite à Stuttgart
par II. -G. Gutekunst, 644 francs.
Saint Georges à cheval (23). - Tenant un drapeau, armé et
revêtu de sa cuirasse, saint Georges à cheval se dirige vers la gauche
ayant à ses pieds le dragon qu'il vient de tuer ; ce dernier gît sur le
dos. lui haut, le monogramme.
Pièce délicate et rare adjugée vente Vico, 151 lianes.
La jeune Femme et le Fou (Passavant 117). -- Une jeune
femme se défend contre un homme qui, placé à sa droite, essaie de
lui passer la main sous les jupons. En haut, le monogramme.
Restée inconnue à Bartsch, un exemplaire fut adjugé en avril 1893 par
II. -G. Gutekunst, 362 francs.
ÉCOLE ALLEMANDE 11
Charles Quint. — Il est en buste et tourné de profil à droite, la
lèvre et le menton sont proéminents. En bas, en gros caractères :
Carolus Cœsar, et dans le haut du coin gauche, le monogramme.
Celte estampe qui n'avait pas encore été décrite avant nous, est restée
inconnue à Barlsch, Passavant et Aumïïller; elle est de la plus insigne
rareté et mesure H. 36"»" — L. 29'"™. Une épreuve fut adjugée en avril 181)3
par H. -G. Gutekunst, 225 francs.
La Vierge et l'Enfant Jésus.
Celte pièce, inconnue des iconographes, est extrêmement rare; dans
l'auréole qui nimbe la Vierge on lit : Nostra Siniora de Belen ; elle mesure
H. 100'"»' — L. 61'""'.
En mai 1900, H. -G. Gutekunst l'adjugea en vente publique, 108 francs.
L'Autel (B56). — Un jeune homme nu est assis de profil à droite
au pied d'un autel antique sur lequel un enfant et une femme viennent
de poser deux vases remplis de fleurs. Entre les jambes de l'homme,
une tablette avec le monogramme de l'artiste Jacques Binck.
Pièce ronde, gravée parait-il, d'après un dessin de Raphaël sous la direction
de Marc Antoine.
A la vente du prince Waldburg-Wolfegg en 1902, un exemplaire fut
adjugé 336 francs.
C'est par erreur que le catalogue a porté cette estampe comme étant
gravée par Hans Sebald Beham et comme inconnue à Bartsch ei à Passavant.
Le monogramme dont elle est revêtue ne laisse aucun doute à cet égard.
Bartsch, Hubert et Rost ainsi que Le Blanc la classent du reste à J. Binck à
qui elle appartient réellement. Aumùller sous le n« 211 et Pauli sous le
n° 1387 l'ont à tort également attribuée à H. -S. Beham. Nous tenions àfaire
cette rectification qui a son importance, d'autant que les monogrammes des
deux artistes en cause, sont faciles à distinguer l'un de l'autre ; il n'en est
pas de même de celui de Baldung Grûn qui peut facilement être pris pour
celui de Binck.
Mentionnons encore de l'artiste les belles pièces suivantes: La Justice
(B 57) ; Le Vendeur d'œufs (B 70) ; Le Berger (B 76).
BOGHOLT (Frantzvon)
On ne sait rien de sa vie, on le croit né à Bocholl vers 1134, on ignore
quand il mourut. Très habile graveur, il est peut-être même le maître de
Mecken. Il imita souvent Martin Schône qu'il copia et fut un rellet de l'école de
Van Eyck. Son œuvre, très rare, comporte une soixantaine de pièces, qu'il
12 ÉCOLE ALLEMANDE
signait souvent de ses initiales F. V. B. ; quelques-unes évoquent comme
métier le souvenir ilu Maître de 1466.
Le Jugement de Salomon (Bartsch 2). — Au milieu de l'estampe,
assis sur son trône, le Roi tient son sceptre de la main gauche, il vient
de prononcer la sentence qu'il souligne de la main droite. La mère
qui est à droite est agenouillée devant l'enfant mort, l'autre donne
la main à l'enfant vivant. Le Roi est environné de ses courtisans.
Celte gravure, tle la dernière rareté et qui manque même au Département
des Esttimpcs, est considérée comme une des pièces capitales du xv siècle.
Ventes : Vico, 1025 — Holford, 2500; exemplaire superbe, de la collection
Esdaile — Ângiolini, 1201. — En mai 1900 par II. -G. Gutekunst, 975.
L'Annonciation (3). — A gauche, la Vierge à genoux; près d'elle
à droite, l'ange, un sceptre dans la main gauche et bénissant de l'autre,
lui annonce qu'elle va être mère du Sauveur. Au fond une chambre,
à droite un siège et à gauche un rideau. En bas au milieu de
l'estampe, les initiales F. V. B.
Au moins aussi rare (pie la précédente, si ce n'est davantage, manque à
presque Imites les collections publiques, même à la nôtre. — A la vente
Liphart, un exemplaire fut adjugé 1937 francs.
Saint Georges (33). — Le saint armé et cuirassé galope à droite,
l'épée haute pour achever le dragon qui gît à ses pieds, transpercé
par la lance qui s'est brisée en le frappant. Au fond, un paysage où
l'on aperçoit une femme et un mouton.
Pièce fort rare; le V* état porte les initiales /•". V. II. et le 2' la signature
de Israhel van Meckenen ; un exemplaire de cet étal futadjugé en avril 1894
par H.-G. Gutekunst, 1002 francs.
Mentionnons encore: saint Mathieu (12), rarissime gravure adjugée à la
vente du prince Waldlnirg-WoHVgg, 537 francs, el saint Christophe, pièce
inconnue à Bartsch, dont le British Muséum possède un exemplaire.
BURGMAIR (Hans)
Le Vieux ci le Jeune
Les œuvres de ces deux artistes — le père et le fils — se confondant les
unes avec les autres, on considère ces deux graveurs comme ne luisant
qu'une seule et même personne. Le père naquit vers 1171 el mourut en
ÉCOLE ALLEMANDE 13
1543? Le fils vivait en 1550, ils sont bien plus intéressants par leurs bois
que par leurs eaux-fortes. — Ch. Le Blanc mentionne 644 bois.
Maximilien Ier (Barlsch 32). - - L'Empereur, armé de toutes
pièces, est à cheval et tourné vers la gauche. Au-dessous du pied droit
de devant du cheval, on lit : Jost de Negker. La date qui est sur la
banderolle à terre, sous le ventre de la moulure, n'est exprimée
qu'avec trois chiffres : 15 8. C'est 1508 qu'il faut lire. Dans un
cartouche blanc en haut de l'estampe, on lit : Imp. Cœs. Maxime. Aug.
C'est un clair obscur dont la couleur dominante est le rouge brique. Pièce
capitale extrêmement rare.
Ventes : Lipbart, 1250 — Didot, 1025 — Oppcrmann, toute première épreuve,
avec adresse et millésime, d'un ton vert jaunâtre, 4388, probablement
unique ; dans les secondes épreuves en camaïeu rouge, on voit à la place
du 0 du millésime, un trait en biais de la grandeur des autres chiffres, trait
qui dans les derniers tirages a été transformé en chiffre 1.
Femme montée sur le dos d'un homme (73).
A la vente Emile Galicbon, un très bel exemplaire de ce bois, avec marge
et entouré d'une bordure , particularité qui a échappé à Bartsch et à
Passavant, fut adjugé 215 francs.
Saint Georges (231). — Saint Georges à cheval se dirigeant à
droite. En haut : Diims Georgius. . .
Une très curieuse épreuve de ce bois si rare, passa à la vente Holford,
elle était sur parchemin, retouchée et rehaussée d'or; elle fut adjugée
3000 francs, et provenait de la collection Esdaile.
Jeune Femme poussant des cris et fuyant la Mort qui tue
son amant (40).
Très rare, clair obscur à trois planches, adjugé, vente Liphart, 437 — vente
Scbloesser, 750; il provenait de la collection Liphart, élait en brun et portait
au bas l'adresse de : Jost de Negker :u Augspurg. Vente Fischer, 375.
GRANAGH LE VIEUX (Lucas Sunder, dit)
Né a Kronach en 1472, mort à Weimar en 1553 ; ses œuvres, des bois
surtout, se confondent avec celles de son fils, qui lui est de beaucoup
inférieur. Leur monogramme était un dragon, dont les ailes étaient verticales
pour le père, et horizontales pour le fils ; ils y ajoutaient quelquefois leurs
initiales L. C, séparées ou entrelacées, qu'ils plaçaient souvent aussi dans
14 ÉCOLIî ALLEMANDE
une tablette. Nous ne pouvons malheureusement pas ici, cela dit une l'ois
pour toutes, reproduire les monogrammes ou entrer dans les détails de
leurs descriptions, nous renvoyons le lecteur aux dictionnaires de Brulliot
ou de Xagler. — A été catalogué par Schuchardt.
Le repos en Egypte (Barlsch 3). — Assise au pied d'un arbre,
la Vierge entourée d'anges, donne le sein à L'Enfant Jésus. En bas à
droite, une tablette avec le dragon, les initiales et la date 1509.
Bois extrêmement rare qui existe aussi en clair obscur à 2 planches.
Ventes : Didot, 185 — Schloesser, 256, et en clair obscur, 337 — Angiolini, 17.
La Confrérie de sainte Ursule. — Au milieu de l'estampe, le
Christ sur la croix, et sur la poutre transversale de celle-ci, deux
plateaux suspendus ; dans celui de gauche le démon, dans le droit un
groupe d'âmes humaines. En haut à droite, quatre anges avec des
instruments de torture, à gauche un prêtre officiant. Au milieu en
bas, un navire avec des saints et des dignitaires ecclésiastiques, et
devant eux, une table avec hosties et calice; à droite un évêque, à
gauche un prince en pied, au-dessus les armes de Saxe. Sous l'estampe,
un texte allemand de quinze lignes, se terminant par ces mots :
Solicite lôbliche, etc. ; c'était les régies et privilèges de la confrérie de
Branau, en Bavière.
Ce bois d'une iiisi</nc rareté, s'il n'est pas unique, n'a été décrit nulle part,
il mesure II. 575mB1 — !.. l.'iô""». Un exemplaire fut adjugé à la vente
Angiolini, 1600 francs.
Vénus accompagnée de l'Amour (113). — La déesse es! nue et
regarde Cupidon qui essaye son arc. Une inscription : Ad Imaginent
Venais.
Ce bois de 1505 est au l" étal, avec la ligne droite sur l'épaule gauclic de
Vénus, ligne retouchée et arrondie dans les épreuves postérieures.
Ventes . Howard, 32 — Liphart, 37 — Didot, en clair obscur à 2 planches, 720,
très rare — Fischer, l" état, 20.
Martin Luther (6), Le réformateur esl en buste, de profil à
gauche, coiffé d'un haut bonnet.
Cuivre, donf les épreuves sont rarissimes.
Ventes Mai 1000 par II. -G. Gutekunst, 406 - Schultze, 705.
ÉCOLE ALLEMANDE 15
Saint Christophe (58). — Le saint revêtu d'un ample manteau,
porte l'Enfant Jésus sur son épaule, il vient d'atterrir sur la rive
gauche ; il a dans sa main une branche d'arbre qui lui sert de bâton.
Derrière lui, des rochers et la campagne, et à gauche, un arbre dans
les branche duquel trois écussons armoriés sont suspendus. Tout à
fait à droite, un ermite sort de sa retraite, une lanterne à la main.
Ce bois superbe figurait à l'Exposition de la gravure sur bois en 1902.
Mélanehton. — En buste, de trois quarts à droite. A gauche et
au-dessus de son épaule, le monogramme au dragon. Dans le haut :
Viva imago. . . En bas, vingt-deux vers latins, sur deux colonnes,
signés : Henricns Mollerus Hessus 1560.
Cette très rare estampe sur bois, qui est positivement de Cranach le Jeune,
a échappé à Barlsch, Passavant et Hcller, elle est par conséquent non
décrite ; elle mesure H. 237 mm — L. 190mm. Un exemplaire passa à la vente
Didot où il fut adjugé 105 francs. Ne pas confondre cette pièce avec celle
décrite par Passavant sous le ;i" il, où le personnage est revêtu d'un
vêtement avec fourrure.
DURER (Albert)1
Né à Nuremberg le 20 mai 1471, mort dans cette ville le 6 avril 1528. C'est
le plus grand génie de l'Allemagne. Aucun pays, aucune école ne peut
mettre en ligne un aussi sublime artiste. Ses burins ont un éclat et une
souplesse merveilleuse. Les cuivres et les encres dont il se servait
donnaient à ses épreuves un reflet argentin très particulier que ne purent
jamais obtenir les plus habiles graveurs de son époque, tels que les Martin
Schône, les Lucas de Leyde, etc. Il fut un des premiers en Allemagne à se
servir de l'eau-forte dont l'inventeur est peut-être Wenceslas d'Olmutz, ou
plutôt un vieux maître néerlandais à monogramme, dont le nom est resté
ignoré.
Son œuvre se compose de 110 à 115 pièces sur cuivre et d'environ
220 bois, qu'il dessina mais qu'il ne grava pas-
Dans ses débuts — ceci est un critérium — la lettre A de son monogramme
avait presque la forme ordinaire de cette lettre, ce n'est que plus tard qu'il
adopta l'écartement des jambages, qui lui permit de remplacer le petit d
qui s'y trouvait primitivement intercalé, par sa majuscule.
Les premières épreuves étaient généralement tirées sur papier filigrane
à la tête de bœuf, à la grande couronne, aux deux tours, et à la balance
dans le cercle.
1 Consulter : Œuvre de Albert Durer, reproduit et publié par Arnaud Durand, texte par
G. Duplessis, à Paris, chez Rapilly.
16 ÉCOLE ALLEMANDE
L'artiste voyagea beaucoup ; à 35 ans il partit pour l'Italie et à 49 ans
pour les Pays-Bas ; il a laissé des relations de ses voyages.
Parmi les nombreux ouvrages consacrés au glorieux artiste, les plus
importants sont ceux de : Ileller 1831, B. Haussmann 1861, Ralf von
Belbergi 1871, et Moriz Tbausing traduit par G. Gruyer en 1878. MM. E.
Galiclion et Charles Ephrussi ont également écrit de très remarquables
études dans la Gazette des Beaux-Arts sur ce peintre-graveur.
Trois expositions île l'œuvre du Maître sont a noter : la première, en
1869, eut lieu au Burlington Fine Ails Club, en même temps que celle de
Lucas de Leyde ; la seconde, en 1889, au Muséum Fine Arts de Boston,
exposition fort complète extraite des collections de M. H. -S .Sewal, de
New- York, et de celle de Gray, appartenant au collège de Harvard ; le
catalogue était précédé d'une savante notice de feu M. S.-R. Kœbler, le
distingué conservateur de ce musée, et enfin la troisième, au Grolier Club
de New-York en 1897, peut-être la plus remarquable des trois, dont le
catalogue illustré, devenu introuvable aujourd'hui, fut strictement limité au
nombre des membres de ce cercle; il se vendait 10 dollars.
Les plus belles collections formées de l'œuvre du Maître furent celles de
Verstollc île Soelen, llebich, Rctberg, Didot, et très dernièrement celle de
Cornill d'Orvillc2; toutes sont aujourd'hui dispersées.
Les Offres d'amour(Retberg2 — Bartsch93 — Heller891).— Dans
la campagne, assis l'un près de l'autre et tournés à droite, un vieillard
tête nue entoure de son bras droit la taille de la femme qui est à
ses côlés ; celle-ci avance la main gauche, sollicitant l'argent que
va lui donner son compagnon. Derrière eux un château situé sur une
colline, et à droite de la composition, un cheval attaché à un arbre.
Au bas et au milieu de l'estampe, le monogramme du Mailre.
Cette pièce est quelquefois rubriquée Juda et Thamar ou encore Berlhold
Tacher et Anna Pfinzing, allusion à un vieux scandale qui eut lieu à
Nuremberg; la lettre A du monogramme est étranglée à son sommet, comme
nous l'avons déjà fait remarquer plus haut, dans les premières pièces
gravées — Il en existe une copie en contrepartie.
Ventes : E. Galiclion, 300 — Didot, 150 — Knowlcs, sur papier au P gothique,
312, provenant de chez Alferoff — Oppermann, 63 — Cope>, 170 — Cornill
d'Orville, papier au 1' gothique, 100.
i C'est l'ordre chronologique adopté par cet écrivain que nous avons suivi dans la nomen-
clature des pièces que nous citons.
s Les 448 numéros qui la composaient, bois compris, atteignirent près de 180.000 francs.
s La collection de l'.dw in n. Cope, de Philadelphie, lui vendue par les soins Intelligents de
M. Stnnlslaus V. Henkcls en mal 1896; c'était une des plus importantes collections d'Amérique,
ses trois cal ilo " contenaient 3187 numéros. Il n'y avait pas. a proprement parler, de pi< ces
rares ou hoi ligni niais parmi cell cl trouvait une réunion il'' portraits de Napoléon I"
cl de Washington telle qu'li serait impossible d'en reconstituer une semblable aujourd'hui.
ÉCOLE ALLEMANDE 17
La Sainte Famille au Papillon ' (R 3 — B 44 — H 643). — Assise
sur un rustique banc de bois, ayant derrière elle fleuve, bateau,
montagne et maison, la Vierge de face regarde à gauche. Elle tient
l'Enfant Dieu sur son bras droit, et l'élevant à la hauteur de sa tète,
semble lui parler. En haut de l'estampe, sur les nues, le Père Eternel
cl le Saint-Esprit, dans un rayonnement au-dessus de la tète de la
Vierge. En bas au milieu de l'estampe, le monogramme, et tout à
fait à droite par terre, un papillon.
Cette estampe fut très probablement gravée par l'artiste en 1494, lors de
son voyage à Venise. E. Galichon est absolument d'accord avec Retberg
pour la considérer comme un.e des premières gravures signées du Maître,
qui n'a pas encore acquis la souplesse de burin qu'il nous montrera plus
tard. — De la série des Vierges, au nombre de 16, nous signalerons seulement
les plus rares et les plus recherchées.
Ventes : Howard, 210 — Didot, 200, avant la planche retouchée, c'est-à-dire
avec l'ombre sur la joue de la Vierge — Knowlcs, 115 — Oppermann, 77 —
Hebich, 250 — Straeter, papier à la tète de bœuf, 219 — Cornill d'Orville,
papier au P. gothique, 425.
Meckenen l'a gravée en contre-partie et l'a signée.
L'Enfant prodigue (R 5 — B 28 — H 477). — Dans une cour de
ferme, un genou en terre, les mains jointes, de profil à droite, les
yeux désolés et levés au ciel, le personnage est au milieu des pour-
ceaux qu'il garde ; au fond les bâtiments de la ferme, et en bas de
l'estampe, le monogramme de l'artiste.
Il existe une copie trompeuse, qui est plus rare que l'originale, et qui
lui est peut-être supérieure ; elle est très facile à reconnaître, en ce que
tes trois lucarnes de la haute maison, à droite de l'arbre, se trouvent toutes
sur une même ligne horizontale, ce qui n'existe pas dans l'originale, où elles
chevauchent légèrement.
Cette estampe, encore de début — vers 1500 — présente une très grande
incorrection de dessin dans la jambe droite, qui est pliée ; on se demande
comment elle se rattache au tronc. — Le dessin original à la plume est
au British Muséum.
Ventes : Didot, 510, de la collection Brentano — Knowles, 187 — Schloesser,
250, sur papier au P gothique — Oppermann, 125 — Griffiths, 231, des cabinets
Mariette et Beckford — Buccieuch, 475 — Artaria, 240 — Straeter, 325 -
Cornill d'Orville, 419 — Stern, 1469, de la collection Enzenberg.
1 Ou encore ci /« Sauterelle.
18 ÉCOLE ALLEMANDE
Saint Jérôme en pénitence (R 8 — B Gl — H 776). — Aux pieds
de rochers abrupts que couronnent des arbres et une chapelle dont
on aperçoit le toit et le clocher, le saint le torse nu, à gauche de
l'estampe, est à genoux de trois quarts à gauche, priant devant un
crucifix planté dans le rocher; sa main droite serre un caillou dont il
va se frapper la poitrine. Son lion fidèle est couché à droite. En bas
au milieu de l'estampe, le monogramme.
Cette pièce lui gravée en 1514. Il en existe des copies trompeuses, une
entre autres, dans laquelle la touffe d'herbe de droite, qui se trouve sur la
pierre qui est au premier plan à gauche, compte 5 brins d'herbe, au lieu de
3 ou 4 qui existent dans l'originale.
Ventes : E. Galichon, 220 — Didot, 325, avant la retouche, c'est-à-dire avant
le trait sur la montagne de droite, elle était sur papier au P gothique et
provenait de la vente Debois où elle fut adjugée 101 francs — Sehloesser, 300 —
Oppermann, 182, au P gothique — Grifflths, 212 — Straeter, état Didot, 375 —
Cornill d'Orville, 156 — Hansen, 106.
La Vierge aux cheveux longs liés avec une bandelette '
(R 9 — B 30 — H 489). — Sur un croissant et dans un rayonnement, la
Vierge, la tête penchée à gauche, les cheveux épars sur les épaules
et retenus sur le sommet par une bandelette presque invisible,
tient l'Enfant Jésus nu sur le bras droit. En bas sous le croissant, le
monogramme.
l'ni' des plus séduisantes pièces de la série. — Il existe des copies. La
meilleure est celle où l'on distingue nettement les cinq doigts de la main
gauche que l'Enfant Jésus a placée sur la pomme, alors que l'originale
n'en laisse voir que trois.
Ventes : Didot, 2120, peut-être la plus belle connue ; elle provenait de chez
Verstolk de Soelen — Knowles, 875, sur papier à la tête de bœuf; elle
provenait également de chez de Soelen ; était-ce l'exemplaire de Didot, nous
l'ignorons. Constatons néanmoins l'énorme écart sur deux pièces superhes
vendues à deux ans de distance!! Sehloesser, sur filigrane à la tète de
bœuf, 012 — Oppermann, 25 — Fischer, 1275 — Cornill d'Orville, sur papier
à la haute couronne, 575.
La Vierge allaitant l'Enfant Jésus (R 52 — B 34 — H 5(54). -
Assise dans la campagne, de lace la lête penchée à droite, la Vierge
donne le sein à l'Enfant Dieu qu'elle enveloppe d'un regard plein de
tendresse; sur l'un des montants de la barrière à laquelle elle est
1 Ou /." i terge au Croissant sans la couronne.
ÉCOLE ALLEMANDE 19
adossée, à droite, un petit oiseau'; à gauche, sur une tablette
suspendue, le millésime 1503-, et en bas, sur la pierre qui est au
premier plan, le monogramme.
Il existe au Cabinet de Berlin une épreuve antérieure sans le millésime.
Ventes : Guichardot, 980 — Didot, 800 — Knowles, 1125, elle provenait de
chez Guichardot et passe pour une des plus belles connues— Schloesser, 276 —
Oppermann, 100 — Buccleuch, 325 — Fischer, 1150 — E. Galichon, 245 -
Artaria, 1180 — Cornill d'Orville, 750 — Prince Waldburg Wolfegg, 3150.
Les Armoiries à la tête de Mort (R 53 — B 101 — H 1022). —
Dans un écusson, une tète de mort de face penchée à gauche et
timbrée d'un casque tourné à gauche et surmonté d'un vol, accom-
pagné de lambrequins; à gauche debout, une femme les yeux baissés
que cherche à embrasser une sorte d'homme sauvage appuyé sur une
trique dans la fourche de laquelle est passée une lanière de cuir qui
soutient les armoiries. Sur la pierre où repose l'écusson, le millésime
1503, et sur celte pierre à droite, une tablette avec le monogramme.
C'est une admirable pièce fort recherchée, à laquelle on donne quelquefois,
mais rarement, le nom de la Fiancée mourante. La main droite de la femme
qui relève sa robe est très mal dessinée, on dirait que la première phalange
des quatre doigts est coupée. — Il existe une copie très trompeuse, mais facile
à reconnaître ; dans la bande de la partie presque horizontale avoisinant
l'ouverture du casque, il y a cinq têtes de clous dans l'originale, tandis que
dans la copie on en compte six.
Ventes : E. Galichon, 2150 — Liphart, 375 — Didot, 920 — Oppermann,
1470, sur papier à la haute couronne — Griffiths, 387 — Hebich, 1387 —
Buccleuch, 1450 — Seymour Haden, 1275 — Fischer, 1050 — Holford, 1875,
sur papier à la haute couronne — L. Galichon, 500, de chez Didot —
Destailleur, avec les Armoiries au Coq, 401 — Artaria, 340, papier à la tète
de bœuf — Hollandt, 194 — Straeter, 2781, la perte de la collection, provenait
de chez Holford — de Sallet, 1443 - - Cornill d'Orville, 2037 - Defer
Dumesnil, 400 — Schultze, 250.
La Nativité3 (R54 — B2 — H 127). — Dans une maison en ruine, à
droite saint Joseph remplissant un vase avec le seau d'eau qu'il
vient de tirer du puits ; à gauche, dans la partie du logis qu'a respecté
1 Ce qui. quelquefois, fait appeler celle pièce La Vierge au Chardonneret.
- A l'exception de la date 1497 inscrite aux quatre Femmes nues (R 21). Cette date est la
première remarquée sur les estampes du Maître.
' Dénommée quelquefois aussi La petite Treille.
20 ÉCOLE ALLEMANDE
la démolition, la Vierge à genoux adorant l'Enfant Jésus. Tout en
haut à gauche, suspendue à une potence, la tablette avec le mono-
gramme et le millésime 1504.
Dans son journal de voyage au Pays-Bas, l'artiste appelle cette pièce
Noël. L'épreuve du Département des Estampes de Paris est éblouissante — Il
existe des copies: celles de Jérôme Wierix (1566) et de J. Hopfer sont les
plus remarquables, ainsi que celle d'Adrien Muber; Montagna l'a gravée
aussi, mais en contre-partie, elle est loin d'avoir la linesse de l'originale.
Ventes : E. Galichon, 700 — Lipbart, 374 — Didot, sur papier à la tête de
bœuf, 305 — Knowles, .'!75 — llebich, 544 — Buccleuch, 800 — Fischer,
1225 — Angiolini, 250 — Artaria, GG0 — Straeter, 3200, la seconde perle de
la collection, le plus bel exemplaire connu — Cornill d'Orville, 787.
Adam et Eve (R. 55 — RI — H 116). — Dans le paradis terrestre,
debout el nus le corps de face, ils se regardent : Adam à gauche, Eve
à droite; celle-ci présentant de la main droite la pommeau serpent
enroulé autour de l'arbre du bien et du mal. Sur la branche feuillée
où Adam appuyé la main droite, est un perroquet au-dessous duquel
est suspendue une tablette sur laquelle on lit : Albert? Durer Norîcus
Faciebat, et le monogramme. Le monogramme très petit est à gauche
du millésime 1504 et sur la même ligne. A leurs pieds, des animaux;
au fond, des arbres et des rochers.
C'est une des pièces capitales de l'œuvre, elle est devenue excessivement
nue.
La découverte de la statue de l'Apollon du Belvédère qui eut lieu à la lin
du xv siècle en Italie, produisit une immense excitation; l'artiste en fut
lui-même fortement impressionné et le dessin de son Adam s'en ressentit.
Au premier état, l'écorce de l'arbre sous l'aisselle gauche d'Adam n'a pas
encore une crevasse longitudinale de 1~> millimètres, à droite de la grande
fente qui descend jusqu'au pied du tronc. A Vienne, dans la collection
Albertine (?) et au British Muséum, il y a une ('preuve non terminée, c'est-à-
dire qu'il n'y a d'achevé que la jambe droite d'Adam el nue partie du fond,
le reste esl au trait1 ; on a dit aussi qu'il existait un état avant l'inscription
sur la tablette, mais ceci nous paraît fort douteux ; malgré nos recherches
nous n'avons pu découvrir de collections possédant un semblable
exemplaire.
Les belles épreuves sont sur papier </ la tête de bozu) , celles sur celui aux
deux tours sont généralement inférieures.
Il existe des copies.
Ventes: Howard, superbe épreuve, 1475 E. Galichon, sur papier à la tête
(ii- bœuf, 2990 ■ Lipbart, loi état à la tète de bien!', un des /dus beaux
i Cctlc épreuve provenant <!<■ In collection Ottlej . lut acquise en 1836 par le British Muséum.
ÉCOLE ALLEMANDE 21
connus, 2500 - Didot, à la tête de bœuf, 3100 - Knowles, 212 —
Schloesser, 1<* état à la tète de bœuf, 812 — Oppermann, 2'' état a la tête
de bœuf, 962 — Griffiths, 4750 du cabinet Verstolk de Soelen — Hebich,
1« état, 2110; 2e état également à la tête de bœuf, 525 — Buccleuch, 825 —
Seymour Haden, à la tète de bœuf et avec la signature de Mariette, 2500 —
Fischer, sur papier à la tête de bœuf, épreuve d'une exceptionnelle beauté,
10250, provenait des collections Barnard, Maberley et Hawkins — Holford,
2500 — Destailleur, 460 — Artaria, 1er état papier à la tête de bœuf, 1220 -
Straeter, 1700 — Bàttig, 731 — de Sallet, filigrane tête de bœuf, 4000 -
Cornill d'Orville, 2^ état même filigrane, 1075 — Defer Dumesnil, 2^ état,
720 — Loyd, épreuve doublée, 1000.
La Vierge au Singe (R 88 — B 42 — H 628). — La Vierge nimbée
est assise sur une sorte de banc de bois; l'Enfant Jésus nu, sur ses
genoux, joue avec un oiseau ; à leurs pieds, un singe accroupi est
enchaîné ; un fleuve bordé de montagnes s'étend derrière eux, ainsi
qu'une petite construction. En bas au milieu de l'estampe, le mono-
gramme.
C'est de beaucoup, selon nous, la plus remarquable pièce de la série des
Vierges ; Durer l'a gravée, croit-on, en contre-partie d'après un dessin de
Wolgemut. Marc Antoine l'a copiée d'après Durer, en reproduisant sans
pudeur, le monogramme de l'artiste.
Le premier état se reconnaît au museau du singe qui est très noir ; le
second aux deux traits échappés, l'un sur le ne: du singe, l'autre presque
perpendiculaire sur son dos; le cuivre existe encore, mais nous ignorons
qui le détient à l'heure actuelle.
Ventes: E. Galichon, 1» état sur papier à la tète de bœuf1, 510 — Guichardot,
615, provenant du cabinet de .1. Saint-Aubin — Didot, 300 — Schloesser,
337 — Oppermann, 256 — Griffiths, 187, de chez Pierre Vischer, où elle fut
adjugée 152 en 1852 — Fischer, 475 — Gutekunst, 714 — Destailleur, 541 -
Cope, 120 — Straeter, à la tête de bœuf, 1875, sans doute le plus bel
exemplaire connu — Cornill d'Orville, 2012, superbe épreuve.
L'Oisiveté (R 116 — B 76 - II 854). — Sur un siège élevé, la tète
reposant sur un coussin, un homme sommeille tandis qu'un démon à
l'aide d'un soufflet lui glisse dans l'oreille des pensées lubriques, que
viendra encore aiguiser à son réveil une femme nue placée près de
lui. En bas à gauche, un enfant ailé — l'Amour — s'essaye sur des
échasses ; au milieu de la partie inférieure de l'estampe, le mono-
gramme.
• Il existe des premières épreuves sur papier filigrane <i /a croix : particularité qui a échappé
à Hausmunn.
22 ÉCOLE ALLEMANDE
Cette pièce est quelquefois désignée sous la rubrique Le Songe ou Le
Songe du Docteur. Rainiondi l'a encore copiée en y mettant le monogramme
de Durer. Cette estampe fort joliment gravée, n est jamais vendue à sa
valeur.
Ventes : E. Galichon, 500, au recto et au verso on lit la signature de
Mariette — Liphart, 220 — Didot, 335 — Knowles, au filigrane de la tète de
bœuf, 213 — Oppermann, 115 — Retberg, même filigrane, 650 — Fischer, 300 —
Artaria, 200 — Straeler, 202 — Cornill d'Orville, papier au V gothique, 314 —
Schullze, 537.
Saint Georges à cheval (R 120 — I? 54 — H 746). — Arme de
pied en cap le saint à cheval est tourné vers la droite et de profil, la
télé dans un rayonnement, l'étendard en travers de la selle incline à
gauche, le dragon est étendu à ses pieds, sur le dos, la lête dirigée
vers la droite. En bas au milieu de l'estampe, une tablette avec le
monogramme et la date 150S qui primitivement était 1505.
Il y a des copies trompeuses — Il existe, croyons-nous, chez le baron
E. de Rothschild un pastiche en contre-partie, dans lequel le dragon ne
figure pas et où l'on distingue en bas à gauche, sur le terrain, un monogramme
aux lettres R. A. M.
Ventes : E. Galichon, 460 — Didot, 510, de chez J. de Saint-Aubin —
Knowles, 12G — Oppermann, 170 — Straeter, sur papier à la liante cou-
ronne, 500 — Cornill d'Orville, 037.
Cette estampe est fort rare.
La grande Fortune (R 124 — B 77 — H 839). — Sur un nuage,
au-dessous duquel dans un pays montagneux se déroule un Oeuve
sur le bord duquel est bâti un village — celui d'Eytas patrie de Durer
dit la légende — une femme nue ailée de profil à droite est montée
sur un globe, elle tient dans la main droite un vase ressemblant à un
ciboire et dans la gauche une bride et des mors, le long voile dont
elle est enveloppée passe sous son bras gauche et flotte au vent
derrière elle. Dans le bas du coin droit, le monogramme.
Ce 1" état esi caractérisé par un trait perpendiculaire échappe qui se
trouve au-dessous du pont, el |>:n- une série de points dans le ciel à gauche;
dans le 2« état, ce Irait n'existe plus, mais dans les belles épreuves on
distingue encore la suite de points entre les deux Ilots du voile à gauche,
points qui devaient sans doute indiquer les contours d'un nuage, et qui
dans les dernières épreuves ont complètement disparu.
Celte estampe, dont on ne s'explique guère le sens allégorique, est
quelquefois encore dénommée : Némésis ; La Pandore . /." Tempérance.
On la rencontre assez fréquemment, mais les belles épreuves sont encore
assez raies; celle du Département des Estampes, qui est avec le trait échappe .
est admirable. — Il existe des copies en contre-partie.
ÉCOLE ALLEMANDE 23
Ventes : Howard, 394 — Liphart, 600 — Dklot, sur papier à la grande
couronne, 515 — Retberg, même filigrane, 515 — Buccleuch, 250 —
Fischer, 575 — Ilolford, 450 — Aylesford, 394 — Hollandt, 506 — Gutekunst,
862, très bel exemplaire — Hollar, 200 -- Destailleur, 255 — L. Galichon,
305 — Artaria, 170 — Straeter, papier à la haute couronne, 375 — Cornill
d'Orville, à la grande couronne royale, 1»' état, 575 ; même papier, 2° état,
437, avec la signature de Mariette — Hérëdia, même filigrane, 610.
Enlèvement d'AniYmone (R 125 — B 71 — H 801). — Au pied
d'une vaste colline hérissée de châteaux forts, la mer; Amymone nue
est couchée sur le dos d'un Dieu marin qui l'enlève nageant vigou-
reusement vers la droite; à gauche sur le rivage, le père désespéré
accourt les bras étendus vers elle. En bas au milieu de la marge, le
monogramme.
Dans son journal, Durer l'appelle la Merveille de la mer [dus MeeranmderJ .
Cette estampe est fort belle et peut être obtenue à des prix relativement
doux. Dans les premières épreuves, on dislingue des égratignures dans le
ciel.
Veilles : Guichardot, 135 — E. Galichon, 135 — Didot, 92 — Oppermann,
200, avec les égratignures — Hebich, sur papier à la haute couronne, 90 —
Fischer, 225 — Cornill d'Orville, 387.
Les effets de la Jalousie (R 126 — B 73 — H 815). — Au bas de
l'estampe à gauche, au pied d'un bouquet d'arbres, une femme nue
est couchée entre les jambes d'un satyre qui tient de la main droite la
mâchoire d'un animal quelconque ; tous les deux regardent à droite
une femme debout, qui un bâton levé s'apprête à les frapper ; un
homme nu coiffé d'un coq va parer le coup; à droite encore un
enfant, l'Amour sans doute, s'enfuil un oiseau à la main, transparente
allusion d'une virginité perdue. Au fond de l'estampe, montagnes et
château fort. En bas au milieu de la composition, le monogramme.
Cette pièce est quelquefois aussi appelée Le grand Salyrc ou Le grand
Hercule ou même simplement Hercule, comme la désigne l'artiste lui-même
dans son Journal de voyage aux Pays-Bas. Il existe à Vienne, dans la
collection du duc Albert de Saxe, une épreuve d'essai dans laquelle le bouquet
d'arbres et la femme debout sont seuls termines, le reste n'est esquissé qu'au
trait. Le sujet est toujours reste inexpliqué, quelques-uns y voient une
allégorie sur le cocuage.
Il a été fait de cette pièce des fac-similés en photogravure pour la Société
Internationale de Chalcographie.
Ventes : Howard, 262 — Galichon, 360 — Didot, 495 — Hebich, sur papier
à la haute couronne, 250 — Fischer, 144 — Aylesford, 262 — Schloesser,
162 — L. Galichon, 73 — Angiolini, 70 — Bouillon, 125 — Straeter, 255 —
Cornill d'Orville, sur papier à la haute couronne, 210.
24 ÉCOLE ALLEMANDE
Saint Eustache (R 127 — B 57 — H 727). — Au bas d'une colline
boisée que couronne un cbâteau fort, le saint en costume de chasseur,
son cheval arrêté près de lui, est à genoux de profil à droite, les bras
levés en signe d'admiration à la vue d'un cerf qui se dirige vers lui,
l'animal a an crucifix entre ses bois. A gauche un cours d'eau avec
une petite passerelle en pierre. Sur le tout premier plan, quatre chiens,
et sous celui du milieu, le monogramme.
Cette estampe — la plus grande de l'œuvre — est souvent aussi désignée
sous la rubrique de saint Hubert, mais comme l'artiste l'a lui-même
dénommée, saint Eustache, dans son Journal de voyage aux Pays-Bas. Nous
ne voyons pas pourquoi on se permettrait de la débaptiser; nous lui avons
donc conservé ce titre.
Les belles épreuves sont extrêmement rares; elles ont été tirées sur
papier à la grande couronne, au pichet et à la tête de bœuf. Il existe des
copies trompeuses — En 182G, le cuivre original était aux mains de
M. Joseph Redtendarher de Kirelulorf.
Ventes : E. Galichon, 25,")0 — Liphart, sur papier à la haute couronne,
deux exemplaires, l'un à 025, l'autre à 750 — Didot, même filigrane, 1700 —
Knowlcs, 875 — Schloesser, 1000 — Oppermann, 205, à la haute couronne —
Grifiiths, 2025 -- llebich, 1056 — Retbcrg, à la haute couronne, 1202 —
Buccleuch, 342 — Hulot, 600 — Fischer, à la haute couronne, 1200 —
Holford, 3700; exemplaire superbe — Aylesford, 325 — Destailleur, 400 —
L. Galichon, l'exemplaire de Didot, 1850 — Copc, 438 — Artaria, 500 —
Bouillon, l'exemplaire de Schloesser, 560 — Straeter, 1012 — Cornill
d'Orville, à la haute couronne comme le précédent, 825 — Lacroix, une
épreuve tirée sur soie, 205 — Ilansen, 381.
La Véronique (R 167 — B 64 — H 167). - La sainte debout et
de face, la tête auréolée, tient de ses deux mains écartées le voile qui
a gardé l'empreinte des traits du Sauveur. En haut dans le coin
gauche, le monogramme, el au-dessus 1510.
Celte toute petite pièce n'es! connue que par deux exemplaires existant
en originaux, l'un se trouve à l'Albertine, l'autre est à Dresde dans la
collection du Roi de Saxe, Fréderik Auguste II ; c'est d'après Thausing
la première pointe sèche qu'ail gravée l'artiste.
Il en existe une copie sans valeur, gravée par Aloys l'etiak. - Passavant
affirme à tort que celle pièce est un nielle; c'est une erreur, car ni le mono-
gramme, ni la date ne sont renversés à l'impression.
Saint Jérôme (Il 196 B59- Il 770). Dans une anfractuosile
de rochers, le sainl de profil à gauche esl assis, les mains jointes
tournées vers un crucifix à gauche, son coude repose sur des livres
placés sur la planchette qui lui sert d'appui. A droite un saule, et à
ÉCOLE ALLEMANDE 25
ses pieds un ruisseau sur le bord duquel à gauche est couché un lion
endormi. Sur le rocher de gauche, le monogramme, et tout en haut au
milieu de l'estampe, le millésime 1512.
Celte estampe, dite aussi le saint Gérôme au Saule, est une des plus
admirables planches de l'œuvre, c'est une pointe. sèche renforcée de burin ;
les exemplaires avec les barbes sont pour ainsi dire introuvables. Au British
Muséum on en conserve une épreuve tirée avant Vébarbage, dans laquelle le
monogramme est pour ainsi dire illisible, ce qui a l'ait dire à Passavant
qu'il n'existait pas, parce qu'il avait disparu sous les barbes. Bartsch, à tort,
considère cette pièce comme une eau-forte, le doute n'est cependant pas
permis ! Dans les dernières épreuves, la planche est tellement usée que
le crucifix a disparu. — Il existe une copie trompeuse.
Ventes : Didot. 4500, un des plus beaux exemplaires connus fut acheté
par M. Meder — Oppermann, 25, de chez Gawet — Fischer, 1575 —
Aylcsford, 210 — Destailleur, G00 — De Sallet, 575 — Cornill d'Orville,
une éblouissante épreuve pleine de barbes, 15000.
Les Armoiries au Coq (R 198 — B 100 — H 1020). — Un écusson
au lion rampant, timbré d'un casque tourné à droite, entouré de
riches lambrequins, est surmonté d'un coq aux ailes déployées et
chantant. En bas à droite, le monogramme.
Cette pièce, bien supérieure suivant nous aux Armoiries à la tête de
Mort', malgré sa moindre importance, est peut-être le morceau le plus
admirable de l'œuvre; i7 est impossible d'aller plus loin comme métier, nulle
pièce ne lui est comparable, il faut avoir vu la merveilleuse épreuve du
Département des Estampes, et surtout celle de la vente Cornill d'Orville,
la plus belle connue, pour se demander par quel prodige l'artiste a pu
arriver à donner à son casque ces éclats de métal qui en font une œuvre
d'art qui ne sera jamais surpassée. On ignore l'année où l'ut gravée cette
estampe ; Retberg suppose qu'elle le fut vers 1512 et Thausing en 1503.
Ventes : Liphart, 2G9, sur papier filigrane à la cruche, avec la signature
de Mariette, Paris 1775 — Didot, 300, de chez Marshall — Knovvles, sur
papier à la haute couronne, 125; un autre exemplaire, sur papier à la
cruche, 250 — Schloesser, 213 — Oppermann, 201, de chez Schloesser —
Buccleuch, G75 — Fischer, toute première épreuve avant la planche nettoyée
et avant le renforcement du trait carré, 500 -- Holford, 325 — Destailleur,
avec les Armoiries éi la tête de Mort, 101 — L. Calichon, 295, de chez Didot —
Angiolini, 291 — Artaria, à la haute couronne, 100, et un autre exemplaire,
430 — Bouillon, 2uo, de chez Donnadieu — Straeter, 294, de chez Koller —
De Sallet, 381 — Cornill d'Orville, sur papier à la haute couronne royale,
4850, précieux et admirable exemplaire — Schultze, 287 — Dreux, 800 —
Stern, 350.
1 Et pourtant, comme on peut s'en convaincre, elle se vend incomparablement moins cher
que Les Armoiries d la tête <!<■ Mort, niais ça ne se raisonne pas, c'est de tradition. Oh ! tradition,
que d'idioties on commet en ton nom ! ! !
26 ÉCOLE ALLEMANDE
Le Cheval de la Mort (R 203 — B 98 — H 1013). — Dans un site
rocheux et planté d'arbres rabougris, un guerrier casqué et armé se
dirige à cheval vers la gauche, derrière lui à droite un animal
fabuleux tenant du cerf et de la licorne l'accompagne, serrant dans sa
griffe une hallebarde. A gauche, la Mort à cheval le regarde et lui
montre un sablier que surmonte un cadran. Entre les jambes du
cheval du guerrier un chien et un lézard. Tout au fond de l'estampe,
un château fort couronne une colline escarpée. Dans le bas du coin
gauche de l'estampe sous une tête de mort, une tablette portant le
monogramme, au-dessus duquel le millésime 1513 précédé de la
lettre S.
Une des pièces capitales de l'œuvre, extrêmement recherchée. Quant à la
lettre S qui précède la date, aucune explication satisfaisante jusqu'ici n'a
pu être donnée; on y a vu, les uns l'initiale du baron de Siekin^en ou de
Sleplian Paumgârtner, les autres la première lettre de Sanguineus ', car on
suppose aussi que Durer avait eu l'intention de faire une série de planches
représentant Les quatre Tempéraments, théorie très à l'ordre du jour a cette
époque, et que. les deux autres estampes La Mélancolie et saint Jérôme dans
sa cellule faisaient partie de celte suite; nous estimons pour notre part que
ces suppositions sont puremenl gratuites, et nous préférons tout naïvement
admirer ces productions merveilleuses, plutôt que de cherchera en éclaireir
le côté resté mystérieux.
Cette pièce est encore connue sous les dénominations : Le Mariage ,
L'Homme mondain , Le Chevalier, la Mort et le Diable ; ou tout simplement
sous la rubrique l'n Cavalier qui lui fut donnée par Durer lui-même dans
son Journal de voyage aux Pays-Bas — Il existe des copies.
Ventes : Liphart, deux exemplaires, dont l'un, d'une qualité exceptionnelle,
fut vendu seul 1600 — Didot, 560 — Knowlcs, une des plus belles existantes,
2126 — Oppermann, 177.") - Schloesser, 1637, superbe — Griffiths, 562, de
chez Mariette — Hebich, 925 — Retberg, 1150 avec les témoins' — Buccleueh,
1312 — Seymour Eïaden, 1775, de chez Brooke — Fischer, 2500, de chez
Saint-Aubin ■ Holford, 3625 Aylesford, 237 - Destailleur, 900 —
Angiolini, 1250 — Artaria, 780 Straeler, 12(52 — De Sallet, 1023. provenait
de chez Liphart — Cornill d'Orville, 562.
La Vierge au pied de la muraille (R 205 — B 40 — H 610). —
Adossée au pied des remparts d'une ville forte, à gauche de laquelle
serpente un cours d'eau, la Vierge est assise de trois quarts à gauche
i Ou celle de Sm/m.s.
» Particularité extrêmement rare ;i rencontrer dans les estampes des vieux Maîtres. Durer,
m| mi avait coutume de tirer ses cuivres en j laissant de grandes marges ; mais le goût de
l'époque était toujours de les abattre el même de rogner jusqu'au irait carré ces estampes.
ÉCOLE ALLEMANDE 27
tenant l'Enfant Jésus serré dans ses bras, elle porte un trousseau de
clefs à sa ceinture. A droite sur le pan du mur à mi-hauteur de
l'estampe, 1514 et le monogramme.
La pièce est extrêmement poussée. — Se défier des copies, d'une tout
particulièrement, qu'on ne peut guère reconnaître qu'en ayant sous les yeux
l'originale pour la confronter; dans la copie, le i du millésime est plus
petit et différent de forme, le D du monogramme est également moins
grand, il n'y a pas aussi de parties ombrées dans la portion de l'écriteau
qui est sous le monogramme.
Ventes : E. Galichon, 280 — Didot, 110, avec la signature de Mariette
datée de 1660 — Oppermann, 56 — Schlocsser, 262 — Fischer, 269 —
Angiolini, 380 — Cornill d'Orville, 319.
Saint Jérôme dans sa cellule (R 208 — B 60 — H 756). — Au
fond de la pièce qui reçoit le jour de gauche par deux vastes croisées
à verres ronds le saint est assis, écrivant sur un pupitre posé sur sa
table de travail, sa tète est dans un rayonnement et son épaule droite
vivement éclairée. Derrière lui un sablier et son chapeau pendu au
mur; des coussins, des sandales, des livres, une tète de mort... un
renard et un lion couchés et dormant sur le premier plan complètent
le tableau. Sur le parquet à droite, le monogramme et 1514.
On a accusé avec juste raison l'artiste ne n'avoir qu'un seul plan et
d'avoir absolument négligé les valeurs ; reconnaissons ici cependant, que la
profondeur de la pièce est assez scrupuleusement accusée. Disons aussi en
passant, que la dénomination dans sa cellule est impropre, le mot cellule
impliquant l'idée d'une pièce petite et nue ; or, ici ce n'est nullement le cas,
car la pièce est spacieuse, presque luxueusement meublée et de ce fait
extrêmement intéressante au point de vue de l'ameublement de l'époque.
Les premières épreuves sont tirées sur papier à la haute couronne et les
dernières sur papier filigrane au pichet (ou à la cruche). Les copies sont
nombreuses. Heller en signale, croyons-nous, treize.
Ventes : E. Galichon, 400 — Liphart, 525 — Didot, 300 — Knowles, 2125,
épreuve absolument hors ligne, une des plus belles connues ' — Schlocsser,
437 — Oppermann, 451 — Hebich, 462 — Buccleuch, 919 — Seymour
Haden, 2750 — Fischer, 412 — llolford, 3250 — Aylesford, 412 — Destailleur,
360 — Artaria, 610 — Straeter, 656 — Cornill d'Orville, 1000 — Schultze,
1500, provenait des doubles de Berlin — Hausen, 756 — Stern, 1912.
i La collection de cet amateur avec celles de Seymour-Haden, llnlford, Retberg et surtout
Cornill d'Orville peuvent être considérées comme renfermant les plus beaux Durer connus;
elles étaient cependant inférieures encore à celles de Verstolk de Soelcn qui acquit les siens en
1824 à la vente du comte de Vries ; cette réunion de Durer avait été originellement formée par
Abraham Ortelius qui. a sa mort en 1598, la légua à son héritier Jacques Collius.
28 ÉCOLE ALLEMANDE
Les écarts énormes des prix ci-dessus montrent à quel point ta belle
épreuve est appréciée ; il y a là un enseignement qui, plus aujourd'hui que
jamais, a sa valeur et peut se résumer en ces mots : N'hésitez jamais à
payer le gros prix l'épreuve exceptionnelle; si vous êtes spéculateur, vous
y trouverez profit tôt ou lard ; si vous êtes simple collectionneur, une
grande satisfaction en songeant qu'on vous enviera la perle que vous n'avez
pas voulu laisser échapper.
La Mélancolie (R 209 — B 74 — H 840). — Songeuse la tête
laurée de profil à gauche, une femme ailée est assise au milieu
d'instruments de toutes sortes, le coude gauche est appuyé sur son
genou, sa main droite tient un compas ouvert, un chien est couché à
ses pieds; près d'elle à sa droite un enfant assis, écrit; tout à fait à
gauche en haut de l'estampe, la mer avec une comète qui semble y
sombrer, un arc-en-ciel et une chauve-souris fantastique tenant une
banderolle sur laquelle on lit : Melencolia S I. Sur la marche où la
femme est assise, le monogramme, et au-dessus 1~>11 peu apparent.
On trouve assez facilement cette pièce en bonne épreuve, c'est ce qui
explique pourquoi, quoique merveilleusement belle, elle n'atteint jamais
les prix de certaines estampes inférieures de qualité, mais infiniment
plus rares.
Il y a plusieurs copies trompeuses, entr'autres une fort remarquable et
presque aussi belle que l'originale, elle est gravée par un inconnu et ne
porte ni monogramme, ni signature, mais on la reconnaît facilement en ce
que la grande clef du trousseau qui pend à la ceinture a quatre croisillons
au panneton, tandis qu'il n'en existe que trois dans l'originale. Dans la copie
de Jérôme Wierix, le signe ressemblant à un S qui se trouve entre le mot
Melencolia et le / n'existe pus.
On croit reconnaître dans ce portrait, la femme de l'artiste, Agnès Frey
merveilleusement belle, mais inquiète et violente.
On a cherché aussi ce que pouvait signifier le signe /. Thausing y voit le
numéro 1 de la première planche pour la suite des quatre Tempéraments;
Passavant mieux inspiré, croyons-nous, donne la seule explication plausible
en considérant ce signe comme un /, ce qui voudrait alors dire : Mélancolie
fuis; /étant la seconde personne de l'impératif du verbe latin Ire qui signifie
aller, fuir.
Au temps de Durer, cette estampe avec sept autres composant une
feuille entière se vendaient un QorinlM
Ventes: Howard, épreuve d'une incomparable beauté, 1000 E. Galichon,
960 - Liphart, 568 - Didot, 1000 Knowles, 1312, provenait de chez
Howard Oppermann, 120 — Hébicb, 500 — Buccleuch, 650 — Fischer, 975,
de chez Woodburn — Holford, 1550 Hollar, 17;> — Destailleur, 120 —
L. Galichon, 600 - Àngiolini, 305 — Artaria, moi - Straeter, 1000 —
De Sallet, 269 Heredia, 308 - Cornill d'Orville, s 1 1 — Schultze, 319 —
Ilansen, 629.
ÉCOLE ALLEMANDE 29
La Sainte Famille (R 222 — B43 - H 648). — De face, assise au
milieu de l'estampe sur un banc gazonné, la Vierge tient sur ses
genoux l'Enfant Jésus nu ; à gauche au second plan, saint Joseph vu
à mi-corps. Derrière la Vierge à droite, trois autres personnages; tout
au fond de l'estampe au trait, une montagne avec tour et maison. Ni
date, ni monogramme.
Celle pièce exécutée à Venise pendant son voyage se ressent de l'influence
italienne ; c'est une pointe sèche dont les bonnes épreuves sont extrêmement
rares, le cuivre ayant été très superficiellement attaqué ; une des caracté-
ristiques des beaux exemplaires, est la vigueur des traits de la tour.
Le 1« état est avant les rayures sur le visage de la Vierge.
Ventes : Liphart, lL,r état, 1100 — Didot, même état, 000, de la collection
Arozarena où elle fut adjugée 655, elle était avec toutes ses barbes —
Hebich, 156 — Hulot, 1m état, 900 — Fischer, 1025 — Mol lord, 2755 —
Gutekunsl1, exemplaire d'une insurpassable beauté, 4250 — Artaria, 1er état,
520 — Cornill d'Orville, 219.
La Vierge couronnée par les Anges (R226 — B39 — H 547). —
Assise sur une large pierre dans la campagne et adossée à une forte
barrière, la Vierge de face la tête penchée à droite, tient l'Enfant Jésus
sur ses genoux et une pomme dans la main droite. Deux anges
descendus du ciel s'apprêtent à lui poser une couronne sur la tête.
En bas dans le coin droit de l'estampe, le monogramme et 1518.
Ventes : E. Galichon, 225 — Didot, 100 — Schloesser, J26 — Cornill
d'Orville, 906.
Thausing fait remarquer que cette estampe appartient à la mauvaise
période de Durer (1513-1520) qui négligeait ses gravures, trop occupé par
les dessins de ses bois pour la publication de l'Empereur Maximilien — La
série des Vierges de petit format sont moins faciles à rencontrer que celles
de format supérieur, pour celte raison que les premières furent pour la
plupart intercalées dans les livres d'heures d'où elles ne sortirent plus.
Le Crucifix (R 227 — B 23 — H 435). — Sur la croix, la tête
penchée à droite dans un rayonnement, le Christ est entouré à droite
par la Vierge et deux saintes femmes, à gauche par saint Jean derrière
lequel est un homme d'arme portant un bouclier. A genoux, la
Madeleine tient embrassé le pied de la croix. Ni monogramme, ni date.
Très petite pièce ronde rarissime dite : le Pommeau d'épée ou la Plaque de
chapeau de l'Empereur Maximilien /•' . C'est un nielle sur plaque d'or ; c'est
i Vente faite en avril 1894.
30 ÉCOLE ALLEMANDE
la plus petite pièce gravée par le Maître. Klle mesure 37 millimètres de
diamètre. On suppose qu'elle fut exécutée en 1518. Les lettres INEJ sont
renversées comme dans toutes les nielles. La copie qui en existe est si
remarquable, qu'on la confond souvent avec l'originale. Du reste, Bartsch
et Passavant ne sont pas d'accord sur celle qui est l'original ou sur celle
qui est la copie.
Venles : Liphart, original de Passavant, 2887 — Didot, 300, avec un autre
exemplaire original de Bartsch, 200 — Hébich, 756 — Retberg, 1025 —
Buccleuch, 925 — Holford, 150; dans ces cinq ventes, sont les originaux de
Passavant — Artaria, de Passavant, (illO ; de Bartsch, 120 — Cornill d'Orville,
de Bartsch, 131 — un autre exemplaire d'une exceptionnelle beauté, original
de Passavant, provenant de chez Verstolk de Soelen, 1237.
Le Crucifiement (R 253 — Passavant 109 — H 2250). —Au milieu
de l'estampe, le Christ de face sur l'arbre de la croix, à droite saint
Jean debout les mains jointes et les j'eux levés au ciel, à gauche la
Vierge entourée des saintes femmes. La Madeleine est agenouillée au
pied de la croix qu'elle tient embrassée, près d'elle tète de mort et
ossement. Au fond de l'estampe Jérusalem, et à droite des rochers
couronnés par un château fort, dans le ciel des anges. Près de la tête
de mort, le monogramme de l'artiste, sur le terrain presque au milieu
un peu à droite.
Cette pièce, d'une insigne rareté, est inconnue à Bartsch ; elle est gravée
au trait pur et semble être le décalque d'un dessin et une préparation de
planche. Retberg, Passavant et Ephrussi la croient de Durer; Heller et
Thausing la répudient.
Passavant nous apprend qu'une copie en a été faite par Xussbiegcl, et
qu'il y a deux étals : l'un avant le monogramme, l'autre avec le monogramme;
mais ce dernier n'esi pas placé comme dans l'original, il est à gauche, près
du manteau de la Vierge.
Ventes : Didot, 75 — Retberg, co/iie avant le monogramme, C2 — Cornill
d'Orville, sur papier au petit globe, 02 — Defer Dumcsnil, l« état avant le
monogramme et sur papier aux armes d'Amsterdam, 150.
Cette estampe au point de vue artistique est sans valeur.
Erasme d'Amsterdam (R 206 — B 107 — H 1047). — Dans son
cabinet de travail entouré de sis livres, vêtu d'un ample vêtement et
coiffé d'un bonnet qui lui cache les oreilles, Erasme debout vu à
mi-corps de trois quarts à gauche, écrit sur on pupitre, la main
gauche tient un encrier. Sur la table à gauche, un vase avec des fleurs
el en haut du même côté une large tablette où on lit : Imago Erasmi...
MDXXV1 el le monogramme en dessous.
ÉCOLE ALLEMANDE M
Ce portrait est superbe et supérieur de beaucoup à tous les autres faits
par Durer ; tout porte à croire que c'est un des derniers cuivres qu'il a
gravés, peut-être même le dernier.
Faisons remarquer que le portrait de Joachim Patenicr (B 108) n'a jamais
été gravé par l'artiste, mais bien d'après son dessin par Cornélius Coït ' ;
on ne s'explique guère qu'on ait voulu attribuer celte pièce de tout second
plan au grand artiste ; elle est tellement éloignée de sa manière que le
doute n'est pas permis.
Ventes : Guieliardot, 150 — Liphart, sur papier aux deux lys dans un
écu, 750 — Didol, 810 — Oppermann, 200 — Bucclcuch, 500 — Fischer, 446 —
Hollandt, 381 — Aylesford, 194 — Artaria, 590 — De Sallet, 394 — Cornill
d'Orville, 1112 — Schultze, 256 — Prince Waldburg Wolfegg, 275.
Saint Jérôme (R supp'3 — B 62 — H 782). — Un genou en terre,
la tête dans un rayonnement, le saint de trois quarts à droite, prie
devant un crucifix ; derrière lui son chapeau et ses vêtements sont
accrochés, à ses pieds son lion fidèle. Au dernier plan à droite, on
aperçoit une petite maison qui semhle renversée tant elle est penchée
à gauche. La lumière vient de droite.
Cette petite estampe ronde de la dimension d'une pièce de deux francs
n'est qu'attribuée au Maître. Bartsch, Heller et Passavant la croient gravée
par l'artiste, Haussmann en doute, Thausing et Betberg supposent que
Durer n'en a fait que le dessin. Quoiqu'il en soit, ce nielle, car c'en est un,
est d'une insigne rareté, on n'en connaît que cinq originaux qui sont à
Paris, Dresde, Amsterdam, Brème et Vienne à l'Albertine. — Il y a plusieurs
copies qui sont sans valeur, une entre autres est de Aloys Petrak, de Vienne,
il l'a du reste signée : A. Petrak Cop.
Ne pas confondre cette pièce avec celle de même titre, ronde également,
mais un peu plus grande (R supp1 12 — B 115) qui est gravée sur bois et
représente le saint la tète auréolée, à genoux tourné à gauche, il est au
pied d'un arbre où sont appuyés un christ et un livre, dans la campagne
derrière lui son lion est couché, et tout à fait au fond de l'estampe à droite,
on aperçoit un cerf debout. Cette estampe est rarissime ; à la vente Cornill
d'Orville elle fut adjugée 650 francs.
Le Jugement de Paris (R supp' 4 — B 65 — H 793). — Dans la
campagne, demi couché à gauche de l'estampe et semblant assoupi,
Paris armé en guerre — ce qui n'est guère le fait d'un berger — semble
peut se soucier des trois déesses nues qui sont à sa gauche ; un
vieillard placé derrière, lui présente une pomme. La lumière vient
de droite.
' Thausing émet un avis opposé, il croit que le graveur est Egidius Sadeler.
32 ÉCOLE ALLEMANDE
Ce nielle de petite dimension et de forme ronde reste toujours discute,
Bartsch, Ileller, Passavant et Haussmann l'acceptent ; Retberg et Thausing
le rejettent. Le seul exemplaire original connu est à l'Albertine de Vienne.
Petrak en a fait une copie tju'il a signée. Il y a eu aussi une gravure sur bois
de cette pièce avec linéiques modifications (B 134), elle est fort rare et fut
adjugée à la vente Cornill d'Orville le prix coquet de 2000 francs.
Le titre même donné par Bartsch à cette estampe est certainement erroné,
ca ne peut être en effet le berger Paris, puisque le personnage représenté
ici est un guerrier, c'est plutôt comme le dit Passavant un incident de la
légende du moyen âge relative à Alfred III, roi de Mercie. On raconte que
dans une visite que ce dernier fit à Guillaume d'Albanac, il remarqua ses
trois filles merveilleusement belles, le père croyant s'apercevoir qu'il
désirait faire de l'une d'elles sa maîtresse, les fit venir toutes nues et força
le Iioi à en prendre une pour épouse ("est la scène reproduite dans
l'estampe que nous venons de décrire.
Le grand Courrier (I\ supp1 5 — B 81 — H 1098). — Sur un
cheval, lancé à plein galop vers la droite, un homme coiiïé d'un
bonnet se retourne un fouet dans la main gauche. Au dernier plan à
droite, une montagne sur le sommet de laquelle se silhouette un
clocher pointu.
Encore une pièce douteuse qui est considérée par ceux qui l'admettent
comme une des toutes premières estampes du Maître, elle est en tous cas
extrêmement peu intéressante comme métier et comme sujet, Bartsch y voit
la même technique que dans Le Violent (B 1 — B 92 — H 893).
11 n'y a que deux originaux de connus, l'un est à la Bibliothèque Impériale
de Vienne, l'autre à Dresde où il est classé aux anonymes. Petrak en a fait
une copie qu'il a signée de son monogramme A. P accolés.
Nous avons mentionné les cuivres les plus rares et les plus recherchés
du .Maître, nous allons maintenant indiquer quelques bois, mais comme
nous envisageons surtout l'œuvre de Durer au point de vue gravure et non
au point de vue dessins, nous passerons rapidement sur les bois qu'il n'a
fait que dessiner en confiant, connue on le sait, l'exécution à un praticien
habile et consommé qui se nommait Jérôme Heseh dit Hieronymus.
La Colonne (U supp!' 14 — H 129). Grande pièce sur quatre
feuilles, la hase représente deux Génies ailés et le haut un chapiteau
sur lequel est assis un suivre.
Celle estampe, d'une insigne rareté, a échappé, croyons-nous, aux
investigations de Thausing; elle manque à presque toutes les collections
publiques ou privées, elle a p.issé à la vente Cornill d'Orville et y fui
adjugée 3312 francs; elle était ili\nc beauté merveilleuse et rappelait par sa
netteté et sa tinessc un dessin à la plume. Le papier était filigrane au chien.
Elle était sans date, ce qui caractérise une toute première épreuve ; celle de
Berlin est avec le millésime de 1517.
ÉCOLE ALLEMANDE 33
L'Apocalypse de saint Jean (R 27-42 — B 60-75 — H 1652-1667).
Rare et admirable suite de 16 pièces qui furent adjugées à la vente
Cornill d'Orville 7837 francs ; c'était la première édition publiée en 1498,
de condition et de beauté exceptionnelles. Le titre n'apparut pour la
première fois que dans l'édition de 1511.
La Vie de la Vierge (R 63-82 — B 76-95 - H 1692-1711).
Suite de 20 pièces qui peuvent être considérées comme le chef-d'œuvre
des bois de l'artiste. Passavant semble croire que Durer s'y consacra de
1501 à 1510. Il existe trois éditions : le premier tirage, sans texte, fleur de
bois est d'une insurpassable beauté, les exemplaires bien complets sont pour
ainsi dire introuvables, même dans les collections les plus célèbres ; les
estampes sont tirées sur papier à la grande couronne et à la balance dans
un cercle. — Voici quelques prix pour de toutes premières épreuves :
Ventes : Didot, 2020 — Galichon, 1600, de chez John Barnard — Artaria,
580 — Straeter, superbe exemplaire relié en maroquin, provenant des
collections Stosch et sir Joshua Reynolds — De Sallet, 1443 — Çornill
d'Orville, 3375, état et condition exceptionnels.
Durer parle souvent de la vente de ces pièces dans son Journal de voyage,
il cédait quatre suites pour un florin ! ! La grande Passion, L'Apocalypse
se vendaient sur le même pied.
A remarquer que les belles premières épreuves de bois sont toujours
exemptes de ces petites piquelures blanches qui proviennent des trous de
vers ; celles qui en présentent, sont à rejeter.
Les Saints Patrons de l'Autriche (R 219 — B 116 — H 1880). -
Ils sont au nombre de huit debout l'un près de l'autre, leurs noms en
latin au bas de l'estampe sur une banderolle sont les suivants en
allant de gauche à droite : Quirin, Maximilien, Florian, Sévérin,
Coloman, Léopold, Poppo et Otto. Ni date, ni monogramme.
Cette pièce est d'une insigne rareté en 1" état, c'est-à-dire avant que les
deux saints Poppo et Otto aient été ajoutés ; elle manque à presque toutes
les collections. Le 2? état, après l'adjonction des deux saints, porte en tête
une inscription commençant par ces mots : Ad Sanctos Austriœ. . . puis un
poème latin de 10 lignes, c'est l'édition de 1517.
A la vente Cornill d'Orville, un superbe exemplaire de 1er état fut adjugé
1325 francs.
Le Triomphe de l'Empereur Maximilien (R 218 — B 139).
Superbe suite de huit planches que l'on croit avoir été dessinées sur le
bois même par Durer. On en compte quatre éditions qui sont :
i™ édition de 1522 sans le Privilège.
2c — avec le Privilège : Cum Gralia et Privilegio Csesaree Maiestatis.
3'- — 1523, avec explications latines.
4e — 1589, dernier tirage sur les originaux. L'édition de 1609 de Ileller,
publiée à Amsterdam, est une copie exécutée par Liefrinck.
3
34 ÉCOLE ALLEMANDE
On connaît les principaux graveurs qui travaillèrent à cette suite, leurs
noms ayant été consignés au dos des blocs de bois à cette époque, ce
sont : Jérôme Andréa, Claus Seman, Wolfgang Resch, William et Cornélis
Liefrinck, Hans Franck, Jan de Bom, Alexius Lindt et Jost Necker.
On exécuta à Vienne, ces dernières années, des retirages sur les bois
originaux, et en 1886, au Musée de Boston, on en fit une exposition.
Ventes : Didot, exemplaire admirable de la première édition, 4050 —
Cornill d'Orville, deuxième édition, 2612; exemplaire de toute fraîcheur.
Mentionnons encore quelques gros prix obtenus pour les très beaux et
très rares bois suivants, passés à la vente Cornill d'Orville :
Les Armoiries de Durer (15 160) ; dans un écusson, un triple monticule sur
lequel repose une porte ouverte à deux battants, l'écu est timbré d'un casque
au-dessus duquel, dans un vol, se profile à droite le buste d'un nègre coiffé
d'un bonnet ; le tout est surmonté d'un cartouche contenant le monogramme
accompagné du millésime 1523; de riches lambrequins entourent l'écu;
pièce rarissime adjugée 1137 — Saint Sébald sur une colonne (P 185), 2375 —
La Tête du Christ couronnée d'épines (P 192), 875 — L'Homme attaqué par-
la Maladie vénérienne (P 198), 2750 — Le Christ présenté au Peuple (P 174),
grande estampe représentant le Sauveur debout de face à mi-jambes,
attaché à une colonne, les mains sont enchaînées, il est entre deux
bourreaux qui, brutalement, entr'ouvent le manteau dont il est revêtu. En
haut du coin droit, la date 1521 ; pièce de la dernière rareté, adjugée 4075.
FALGK (Jérémias)
Artiste habile, né à Dantzig en 1629, mort en 1729, a gravé un peu de tous
les genres — 150 pièces environ — nous ne retiendrons de lui que le beau
et rarissime portrait de :
Copernic.
Un exemplaire superbe fut adjugé à la vente Behague, 100 francs; il était
avant toutes lettres.
Nous pouvons encore citer: Louis XIII, en habit de chasse et à cheval,
adjugé à la même vente, 99 francs.
FURSTENBERG (Théodore Gaspar de)
Tête de saint Jean-Baptiste sur un plat (Smith 1). — La tète
du saint est de trois quarts à gauche, les yeux sont clos et les
cheveux bouclés. Du centre du nimbe qui est à gauche part un rayon
en forme de vrille dirigé perpendiculairement vers sa lète. En bas
ÉCOLE ALLEMANDE 35
dans le coin gauche, on lit : Theod. Casp. à Furstenberg. Pinxit et
sculpsit.
Manière noire de la dernière rareté dont un exemplaire fut vendu le
23 avril 1894 par H. -G. Gutekunst, 631 francs.
HOLBEIN (Hans le jeune)
Né à Augsbourgi vers 1497, mort à Londres de la peste en 1543. Un des
artistes les plus considérables de l'école allemande, a gravé ou plutôt
dessiné nombre de morceaux pour l'illustration de livres, bordures,
ornementation de lettres, marques d'éditeurs, etc., mais s'est surtout
immortalisé par son impérissable Danse des Morts dont les bois ont été
gravés par Hans Lùtzelburger, quoique certains d'entre eux portent la
signature du Maître. — A noter que les bois gravés en Angleterre par les
artistes de ce pays sont de beaucoup inférieurs à ceux gravés à Baie.
Signalons le beau portrait suivant, d'après le Maître, gravé par H. Lùtzel-
burger dit Franck graveur hors pair.
Erasme de Rotterdam (Passavant 57). — Ce catalogueur le
décrit ainsi : Figure entière, debout, tourné vers la droite et tenant la
main droite sur un Terme, au-dessous d'un arc richement orné. Du
haut, pend une tablette avec, l'inscription : E R. ROT. Dans un
compartiment au-dessous, une inscription imprimée en caractères
mobiles, qui varie suivant les différents états, savoir :
1er état 2 lignes de texte.
2« — 4 lignes de texte.
3e — 4 lignes de texte, mais avec d'autres caractères et au-dessous :
Erasmi Rollerdami effigies. . . Indication souvent enlevée pour
truquer la pièce et la faire passer pour un 2= état.
4e — Epreuve moderne sans inscription, le bois est au Musée de Bâle.
Ventes : Schloesser, 2e état, 26 — Oppermann, 70.
HOLLAR (Wenceslas)
Né à Prague en 1607, mort à Londres, en prison en 1677. Dessinateur et gra-
veur dont les eaux-fortes sont souvent très poussées et très finies. Il eut pour
maître, Mérian. De son vivant ses estampes se vendaient mal et ce fut toujours
un besogneux. Il se distingua d'une façon très marquée dans le rendu des
1 D'autres disent à Bâle, ce qui nous semble plus vraisemblable. Il a généralement pour
monogramme deux H séparés et sur le même plan, ou deux H presque accolés avec une seule
barre horizontale les rassemblant, formant comme un (rois en chiffre romain coupé par une
barre horizontale, ou enfin un H sur la barre transversale duquel est à cheval un autre petit H.
36 ÉCOLE ALLEMANDE
fourrures, dans les coquillages, les animaux, les insectes; ses figures étaient
moins bonnes. Son œuvre qui se monte au chiffre considérable d'environ
2800 pièces fut catalogué par Virtue de Londres, d'abord en 1745, puis une
seconde fois en 1759, et enfin par Parthey, à Berlin, en 185.'i ; il y a dans ce
dernier volume, 2'Xi pièces de décrites. Les deux premiers sont en anglais,
le troisième en allemand.
En somme, artiste tiès remarquable, très probe, très sincère de métier,
très recherché de nos jours, surtout en Angleterre, mais n'atteignant
jamais cependant de gros prix. Une exposition des pièces les plus intéres-
santes de son œuvre eut lieu en 1875 au Burlington Club de Londres.
Le plus bel œuvre existant actuellement est celui du British Muséum, il
est à peu près complet et fut acheté en grande partie à sir Hans Sloan, qui
le tenait de la veuve île l'artiste.
Le Portail de la Cathédrale d'Anvers (Parthey 824). — Une
procession rentre dans l'église ; sur la place à gauche, une fontaine
près de laquelle se hallent des chiens; quelques personnes dissé-
minées sur la place; jusle en face la porte de l'église, un carosse à
deux chevaux se dirigeant vers la droite.
Celle très belle pièce, grand in-folio en hauteur, doit être recherchée
surtout en 1" état, c'est-à-dire, avant les conlrc-lailles sur le toit de la
maison qui est a droite, et avec une seule ligne au bas de la planche :
Prospectus turris... et à gauche en bas: Wenceslaus Ilollar delineavit et
fecit lli'i'.). Aux épreuves postérieures il y a trois lignes commençant par :
Anterpiae. . .
Ce cuivre a passé en Angleterre, la marge du bas a été coupée et on lit
dans le haut: The Cathedral Chwch of Antwerp.
Ventes: Behague, 1" état, 200 — Oppcrmann, même état, 201 — Bouillon,
115— Loyd, 125.
La Nef de la Chapelle Saint-Georges (P 1079).
C'est un bijou île /inesse qui est devenu très rare.
Une Anglaise en costume d'hiver (P 1999).
I He rare épreuve de cette estampe, une des meilleures de l'artiste fut
adjugée à la vente Angiolini, 81 lianes.
Le Lièvre pendu (P 2058). - Il est pendu par une patte de
derrière près d'un panier de gibier, à droite un chien vient le flairer.
D'après Pierre Boel.
Pièce presque célèbre qu'il faut avoir en /" état, c'est-à dire avec le nom
de l'artiste et le millésime 16t9. Au 2» état on a substitué au nom du Maître
celui de J. Le l'outer e.v. Au 3" état le nom de l'artiste a été rétabli, mais
sans l'année.
ÉCOLE ALLEMANDE 37
LadY Catherine Howard (P 1721).
De toute rareté ; elle est appuyée sur une lable, à mi-jambes. — Il en passa
un exemplaire à la vente Seymour Haden avant le terrain ombre et avant
tontes lettres. C'était une des quatre épreuves connues. Dans les états posté-
rieurs la planche a été coupée.
LadY Elizabeth Sherley (P 1503).
Gravé d'après Van Dyck, d'une excessive rareté dans tous ses états. Le
British Muséum en possède deux épreuves non terminées et une autre avec
le nom et l'adresse de Stent.
Jeune Homme jouant de la mandoline. — Le musicien est
assis près d'une croisée ouverte à travers laquelle on aperçoit une
tour et quelques navires. »
De la plus insigne rareté ; c'est peut-être la pièce la plus séduisante de
l'œuvre. Il n'en existe que deux exemplaires connus, l'un est au British
Muséum, l'autre chez M. A. Morrisson. — Parthey ne la connaissait pas.
Mentionnons encore pour en terminer : L'Ecce Homo, d'après Le Titien ;
Le Christ en croix, d'après Van Dyck ; sa série des Manchons (P 1945-1952) ;
des Coquillages (P 2187-2221) qui sont d'exquises merveilles et de plus de
grandes raretés ; Les quatre Saisons, en pied (P 60G-609), ne pas les confondre
avec celles à mi-corps qui sont bien inférieures.
KRUG (Louis)
Mort à Nuremberg vers 1430, a gravé une vingtaine de pièces, signait
souvent d'une cruche entre ses initiales L et K, ce qui le fait désigner sous
la rubrique le Maître à la cruche.
L'Homme de Douleur. — Jésus-Christ debout, à mi-corps, sur
un fond parsemé d'étoiles ; il est couronné d'épines et lient un roseau
dans ses mains croisées. En haut à droite : Ecce Homo. En bas au milieu
de l'estampe qui est entouré d'un encadrement, le monogramme.
Bois inconnu à Bartsch et à Passavant, mais mentionné par Leblanc. Un
exemplaire adjugé C30 francs à la vente Delacroix.
La Nativité (Bartsch 1). — Sur le tout premier plan au milieu
de l'estampe, un berceau dans lequel est couché l'Enfant Jésus et
autour duquel sont agenouillés la Vierge, saint Joseph et des anges.
Un berger vient d'arriver à gauche et s'arrête appuyant ses deux
mains sur son bâton. Au fond, une construction en ruines à travers
38 ÉCOLE ALLEMANDE
l'arche de laquelle on distingue sur un petit tertre, bergers et moutons.
Sur un pilier à droite, le monogramme au-dessus de la tête de la
Vierge, et l'année 1516.
Nous croyons, sans toutefois l'affirmer, avoir vu un exemplaire sans le
millésime. — Le cuivre existe et il y a des retirages.
MAIR DE LANDSHUT (Nicolas-Alexandre)
Né, croit-on, en Bavière et mort vers 1520. Très fin graveur, mais en
somme de second plan, qui, dit Passavant, couvrait ses estampes d'une
teinte gris verdàtre ou brunâtre pour les rehausser ensuite par des lumières
à l'aide de couleurs opaques blanches ou jaunes, cherchant ainsi à rendre
l'aspect de ses propres dessins.
Certains de ses bois en clairs -obscurs rappellent beaucoup ceux de
Pilgrim. Son œuvre est très difficile à se procurer, ce n'est guère la que
son seul mérite.
Samson portant la porte de Gaza (Bartsch 2 — Samson se
dirige à gauche vers la montagne d'Hébron, ayant sous chaque bras
un des battants de porte de la ville de Gaza, il est poursuivi par deux
soldats armés de piques. En bas à gauche : MAIR.
Pièce de toute rareté ; une épreuve provenant de la collection Durazzo fut
adjugée à la vente Angiolini 676 francs.
MAITRE (L: g 1466
Dit le Maître de U66', parce que inconnu autrement, ses estampes
portaient ce millésime. Les uns le croient originaire de Cologne, d'autres de
Salins, de Valencicnncs, de Lorraine ou même des Pays-Bas ; Nagler opine
pour qu'il soit né à Munich ; la vérité est, qu'a l'heure actuelle, on n'en sait
absolument rien. On a dit aussi qu'il s'appelait Engelbrechtzen, ou Stcrn,
ou Stechm ou encore Erhard Schoen, à cause des initiales gothiques E. S.
dont il usait souvent, lui somme, même mystère pour son nom que pour
sa naissance, l'n fait se dégage, dont on s'est encore exagéré L'importance,
c'est la question des papiers filigranes dont il se servait et qui provenaient
de la Haute-Allemagne : à la tête de bœuf avec L'étoile sur la tige ; à la tète
i II y n on encore de nombreux autres Maîtres au millésime; les principaux sont ceux dp :
MU 1423 1430 1437 1489 1441 1451 1457 1458 1481 1484 (dit aux Ban-
deroUes) iit'.i 1480 (du Cabinet d'Amsterdam) 1511 1515. Hais les deux plus Importants
sont, sans conteste, ceux de 1 188 el i i • ■ I ISO.
ÉCOLE ALLEMANDE 39
de bœuf avec la rose sur une tige ; la grappe de raisins ; la grappe avec
une croix; l'ourson; le P. gothique; le soleil, etc.. mais là encore, la
certitude que les deux contrées Allemagne et Pays-Bas, usaient souvent des
mêmes filigranes, ne permet pas d'en tirer de sérieuses conclusions quant à
la nationalité de l'artiste.
Ses pièces datées 1465 et 1467 sont très inégales, parce qu'on suppose
qu'un certain nombre devaient être exécutées par ses élèves, tels que le Maitre
au jeu de cartes, le Maitre à l'alphabet, etc.. Souvent peu correct, il est
d'une naïveté pleine d'originalité et on peut dire de lui qu'il est le premier
artiste dont les œuvres aient eu de la séduction ; d'un métier bien à lui,
dit Bartsch, il faisait les nez minces, les prunelles claires, les cheveux
serpentants, les doigts et les pieds très allongés, les vêtements bordés d'un
rang d'étoiles entre deux bandelettes ; ses arbres étaient en forme de boule,
taillés comme autrefois les orangers en caisse qui bordaient nos pelouses.
Un fait à noter: il ne croisait jamais ses tailles en losange. Somme toute, très
grande figure d'artiste, burin extraordinairement net faisant ressembler
certaines de ses pièces à de fins dessins à la plume.
Son œuvre comprend 200 et quelques pièces, c'est le cabinet de Munich
qui en détient la plus riche réunion avec celui de Dresde. Ces estampes
sont très rares et fort cher.
Saint Jean-Baptiste (Passavant 165). — Nous empruntons la
description de cette patène à Passavant, n'ayant pu voir la pièce :
Il est assis dans un paysage rocailleux, au milieu de l'estampe,
entouré d'un cercle. On voit autour quatre médaillons avec les sym-
boles des évangélistes et quatre avec les pères de l'église, tous
bordés de riches rinceaux et de feuillages. Dans les banderolles qui
contiennent les noms des évangélistes, on voit encore le signe s,
et dans le médaillon de saint Jérôme, le millésime 1466.
Les belles épreuves doivent avoir une marge, les exemplaires postérieurs
ont le millésime entre deux traits perpendiculaires qui forment pour ainsi
une parenthèse non cintrée.
Cette pièce ronde d'une insigne rareté, est possédée par le British Muséum,
YAlbertine de Vienne et le Cabinet de Dresde.
Ventes* : Fischer avant les deux traits perpendiculaires, 875, du cabinet
Maberly — Vico, 1100 — Angiolini, 625 — de Sallet, 1312.
Le Bouffon. — Sur un petit tertre rocailleux, un bouffon coiffé
du bonnet traditionnel est debout et de face — il louche — et gesticule.
Le bras gauche est revêtu d'une manche presque collante, tandis que
1 En 1852 à la vente Pierre Vischer de Baie, une épreuve fui adjugée 1000 francs, nous
constatons avec surprise que les prix pour cette estampe n'ont pas suivi la marche ascension-
nelle, générale.
40 ÉCOLE ALLEMANDE
celle de l'autre bras présente un long pli tombant orné en bas d'une
petite boule ; à sa ceinture, est passé une bourse et une flûte ; par
terre à ses pieds, un petit chien et une cornemuse. Au-dessus de sa
tète, une banderolle aux deux extrémités roulées.
Cotte pièce qui mesure II. 125™'" — L. 73»"" est non décrite et de la plus
grande rareté . un exemplaire avant l'inscription sur la banderolle, et un
l«w état sans doute, fut adjugé à la vente Vico, 550 francs, la conservation en
était parfaite.
Un Quatre de la couleur des fleurs.
Telle est la rubrique donnée à une pièce représentant quatre fleurs
différentes et faisant partie du grand jeu de caries dont parle M. Max Lehrs
(page 17, n« 17) dans son ouvrage sur les jeux de cartes des vieux Maîtres
allemands conservés dans le Cabinet île Dresde.
Celte pièce restée inconnue a Bartscb et à Passavant est d'une insigne
rareté, elle fut adjugée à la vente Vico, 600 francs.
La Sainte Famille (P 106). — Dans une sorte de tryptique à
portion cintrée qu'encadrent deux colonnes torses, on aperçoit au
milieu la Vierge et sainte Anne assises sur un petit tertre jonché de
fleurs où se voient des oiseaux. A gauche debout, saint Joseph portant
une branche de lys ; à droite également debout, saint Joachim. Sur le
premier plan de proportion réduite, un chartreux et un religieux
agenouillés; le premier a un livre ouvert à la main; le second vêtu
d'un long manteau, lient un rosaire. Au tout dernier plan dans un
paysage à gauche un château, et à droite une mosquée profilent leur
silhouette. Les quatre personnages et l'Enfant Jésus sont auréolés.
Une épreuve d'une rare beauté et probablement unique provenant de la
collection Heimsôth passa à la vente Vico et fut adjugée (>:i7 francs. Elle
était en !•' étal, at'tinl les inscriptions dans les auréoles et avec une belle
marge.
Le musée Wallraff-Richartz à Cologne en possède une épreuve de 2- état
avec les inscriptions.
La Vierge debout avec l'Enfant Jésus marchant sur le
Serpent.
Pièce non décrite mesurant II. 1 12""" — !.. 77""", adjugée vente Vico, 50 IV ;
elle portait encore des traces d'ancienne enluminure.
Saint Jean l'Evangéliste. Debout, un calice à la main.
Pièce n<m décrite de foute rareté mesurant II. Iii2'"'" -L. SB""»; vente
Vico, 250 francs.
ÉCOLE ALLEMANDE 41
La Véronique (P 178). — Debout, de face et nimbée, la tète
entourée d'un turban, le corps légèrement penché à gauche, la sainte
femme les yeux baissés tient devant elle le mouchoir qui porte
l'empreinte de la face du Sauveur. Deux anges agenouillés à droite et
à gauche en soulèvent les coins.
En avril 1891, à Stuttgart, H. -G. Gutekunst en adjugea en vente publique
un exemplaire d'une irréprochable beauté, 5950 francs.
Jésus dépouillé de ses vêtements par deux soldats, à droite
la Vierge et saint Jean.
Petite pièce ronde mesurant 3 centimètres de diamètre, non décrite ; elle
fut vendue par II. -G. Gutekunst de Stuttgart, 67 francs.
Le Sauveur (B 84). — A mi-corps de face, revêtu de son manteau,
la tète dans un rayonnement et légèrement penchée à droite, le divin
Maître tient dans sa main gauche le globe terrestre surmonté d'une
croix, et bénit de la dextre, dont l'index et le majeur sont levés. Sur
la ligne à la hauteur des yeux, on lit : Sanctas Salfjldor et tout en haut
dans la partie cintrée qui encadre la gravure, le millésime 7467 entre
les deux lettres E. S.
A la vente Angiolini une épreuve d'insigne rareté et de beauté exceptionnelle
fut adjugée 4000 francs.
Le Saint Suaire (B 86). — Deux saints soutiennent le précieux
suaire, celui de gauche est revêtu d'un manteau bordé d'étoiles. Au
milieu de l'estampe en haut, les clefs de l'église que surmonte une
tiare. En bas entre les deux lettres E. S., le millésime H67.
Ventes : Angiolini, 2125 — Hulot, épreuve doublée, 450.
Le Guerrier et la Femme à l'Étendard (B 91). — Ils sont sur
le même plan et debout tous les deux ; la femme à gauche presque de
face, la tête ornée de feuillages, légèrement penchée à droite, tient
dans la main gauche le casque du guerrier et dans l'autre un étendard
dont la hampe repose à terre. Le guerrier qui est à droite, tourné à
gauche et vis-à-vis de sa compagne, soulève de sa main droite
légèrement la jupe à longue traîne de cette dernière et appuie son
autre main sur son bouclier qui touche à terre. Les jambes de ce
guerrier revêtu de son armure, sont très écartées.
Pièce de la dernière rareté dont un exemplaire de la plus grande fraîcheur
atteignit à la vente Angiolini le prix énorme de 7012 francs.
42 ÉCOLE ALLEMANDE
La Visitation (P 119). — Sur un sol jonché de cailloux et de
fleurs, sainte Elisabeth saisil la main de la Vierge qui est à gauche de
l'estampe. Au fond à droite, se profile un château fort et on aperçoit
au tout dernier plan, un tertre sur lequel est un arbre mort. Les deux
femmes sont vêtues de longs manteaux, se font face et leurs têtes
apparaissent dans un rayonnement.
Dans cette estampe, les bras et les mains sont d'une maigreur de
décharnées. — Un exemplaire à la vente Angiolini fut adjugé 3687 francs.
La Vierge (P 139). — Dans une chambre ornée à droite d'une
sorte de lavabo et d'une tablette, on aperçoit à gauche près de la
fenêtre d'un autel, la Vierge en prières. En haut deux écussons armoriés
et le millésime 1467 entre les deux lettres E. S.
Vente : Angiolini, un exemplaire d'une éblouissante beauté 32f>() francs.
La Vierge (P 143). — Assise et auréolée presque de face, la tête
légèrement penchée à droite, sous un riche baldaquin la Vierge tient
l'Enfant Dieu nu sur ses genoux et tourné à gauche, il porte le monde
dans la main gauche et la hampe d'un étendard dans la droite. De
chaque côté du trône trois anges, l'un à droite agenouillé soutient un
des pans du manteau de la Vierge. En haut de chaque côté sur le
chapiteau de la colonne droite, deux autres anges de dimension plus
réduite soulèvent le rideau du baldaquin. Au-dessus de la tête de la
Vierge, une couronne royale que surmonte une colombe, personnifiant
le Saint-Esprit. Dans la partie cintrée de l'estampe tout en haut du
baldaquin, le millésime 1467 entre les lettres E. S.
Fort belle pièce et rare estampe, dont la tète de la Vierge qui est
démesurément grosse gâte l'harmonie. En la décrivant, Passavant a omis de
mentionner la présence de l'Enfant Jésus sur les genoux de sa mère.
A la vente Angiolini une épreuve d'une insurpassable beauté fut adjugée
G387 francs.
Saint Jean dans l'île de Pathmos (P 161). — Dans la campagne,
assis et tourné de trois quarts à gauche, saint Jean écrit, la tête
légèrement relevée, semblant chercher l'inspiration, un aigle est près de
lui à gauche. Au second plan derrière lui à gauche, une montagne à
pic au sommet de laquelle est bâti un château fort ; à droite un bois
épais où se jouent un lion et un cheval. Au dernier plan au bas d'un
ÉCOLE ALLEMANDE 43
tertre, saint Cristophe ' portant l'Enfant Jésus sur ses bras, s'apprête
à traverser un fleuve. Tout en haut de l'estampe un peu à gauche,
dans un rayonnement, la Vierge tenant l'Enfant Dieu dans ses bras,
à droite le millésime 7467 entre les initiales E. S.
Vente : Angiolini, 4062 francs.
Saint Michel tuant le Dragon. — Il tient dans sa main droite
son épée et dans la gauche un étendard, le dragon gît à ses pieds. Le
saint est revêtu d'un justaucorps sur lequel est jeté un large manteau.
Pièce non décrite, mesurant H. 134>nra — L. 83m'", adjugée à la vente
Angiolini 987 francs ; très rare.
Saint Judes Thadée et saint Simon (P 72). — Saint Simon lit,
la main droite posée sur une scie, tandis que saint Judes a le bras
gauche appuyé sur une croix.
Pièce rarissime adjugée à la vente Louis de Paar, 1512 francs.
Ars moriendi : Tentation diabolique.
Pièce inconnue à tous les iconographes et sans doute unique, adjugée
vente Didot, 980 francs. — Attribuée au Maître.
A noter encore : Les Marie d'Einsiedlen (B 35 et 36), pièces capitales ainsi
que Samson tuant le lion (B 5).
Le Cabinet de Vienne — collection du Prince Charles commencée vers
1787 — possède une Nativité représentant : à terre au milieu de l'estampe
dans un rayonnement l'Enfant Jésus, et à genoux près de lui à droite la
Vierge, à gauche saint Joseph, derrière eux deux bœufs dans une étable, au
fond à gauche, deux femmes dont l'une tient une lanterne. Dans le lointain
Bethléem et dans les airs un ange avec une banderolle. Pièce unique,
croyons-nous.
MAITRE A L'ANCRE
On ne sait rien de cet artiste qui travaillait vers 1480. Il relève de l'école
de Martin Schône et son œuvre ne compte que 6 pièces. Il signait d'une
ancre placée entre les lettres B H.
' Voici l'explication de la scène du saint Christophe si souvent reproduite aux xv et xvr siècles.
On raconte, dit la légende, que le saint avait fixé sa demeure sur le bord d'un torrent, et que
solide et vigoureux, il avait coutume de passer les voyageurs d'une rive à l'autre. Or, il advint
qu'un soir de tempête, un enfant frappa à sa porte lui demandant de le conduire sur l'autre
rive. Le saint s'empressa de satisfaire à son désir, le mit sur ses épaules et entra dans le
torrent, mais sentant la charge devenir de plus en plus lourde a mesure qu'il avançait, il
s'écria : O enfant que tu es pesant ! Ne t'en étonne pas, répliqua ce dernier : tu portes celui que
porte le monde.
44 ÉCOLE ALLEMANDE
Le Christ en croix (Passavant 6). — Le Christ est crucifié entre
les deux larrons; la croix sur laquelle il est attaché est plus élevée
que les deux autres et ses deux bras dominent la tête des deux
voleurs. Au-dessus de la tête du Sauveur, l'inscription INRI. Les
deux larrons ont les bras attachés et passés par dessus les bois de la
croix qui sont ronds. Au bas de la croix même sur laquelle le Christ
est attaché, le monogramme.
Le fort bel exemplaire superbe de fraîcheur, qui est au Département des
Estampes, provient de la vente Debois où en 1844 il fut payé 580 francs.
La Vierge assise sur un banc de gazon (Bartsch 4). — Sur un
banc de gazon recouvert de planches de bois, la Vierge tournée à
gauche tient sur ses genoux l'Enfant Jésus à qui elle oliïe une pomme
de la main gauche. Au fond un château entouré d'eau. En bas le
monogramme.
A la vente Arozarena en 1861, un 1er état non décrit avant la retouche et
avant que la tête de la Vierge et de l'Enfant Jésus aient été entourées de
rayons poussés très au noir, fut adjugé 700 francs ; il provenait de chez
YVilson et Esdaile. — Pièce de toute rareté, manque au Département des
Estampes.
MAITRE A LA NAVETTE
C'est Jean de Cologne qui est ainsi dénommé et encore improprement,
car l'inst ru nient dont il signait n'est point une navette, on n'a jamais pu
définir d'une façon certaine ce qu'il était. On l'appelle aussi quelquefois
Zwott parce qu'il signait ses pièces de ce nom écrit en gothique. C'est un
fort bel artiste dont l'œuvre est recherché.
Les trois Rois (Bartsch 1). — Assise au milieu de l'estampe
ayant debout derrière elle saint Joseph, la Vierge soutient l'Enfant
Dieu sur ses genoux; les trois rois sont présents qui lui présentent
l'un une coupe, l'autre un vase d'or et le troisième une boite de
même métal ; au fond l'élable. En haut au milieu de l'estampe, Zwott
et en bas, la prétendue navette.
Pièce fort rare.
Ventes: Didot, 400 — En avril 1 Si)3 par II. -G. C.utekimst, 375 — Angiolini,
637 — L. Galichon, 360.
Saint Georges (B 111). Armé d'une lance, le saint combat le
dragon qui est dans les airs et le lue. || est sur son cheval dans une
rivière, à gauche un rocher sur lequel une femme avec un agneau
ÉCOLE ALLEMANDE 45
est agenouillée et prie les mains jointes. On aperçoit une grotte
devant laquelle est un second dragon et deux têtes de mort. En haut
au milieu de l'estampe, Zivott et la navette.
Un exemplaire à la vente Holford fut adjugé 6625 francs à M. Métier de
l'ancienne maison Amsler et Ruthardt de Berlin.
Le Christ sauveur du monde. — Le Christ est debout entouré
de banderolles.
Un exemplaire de cette rarissime pièce non décrite vente Vico, 760 francs ;
elle était, croyons-nous, avant les inscriptions sur les banderolles et
mesurait H. 99 ra™ — L. 66""».
La Prise de Jésus-Christ (B 4). — A la droite de l'estampe,
entouré d'hommes d'armes qui le brutalisent, le Christ se penche
pour recoller l'oreille de Malthus que Pierre vient d'abattre d'un coup
de sabre. Au fond, on aperçoit Judas donnant le baiser de trahison.
Pièce capitale et rarissime.
Ventes : Vico, sur papier au P gothique, 969 — Angiolini, 750.
Le Christ montré au peuple (Passavant 20). — Près de Pilate
qui se lave les mains dans une salle, le Sauveur revêtu du long
manteau de pourpre apparaît dans un état de prostration profonde,
un chien assis complète la scène.
Pièce d'une insigne rareté, adjugée vente Angiolini, 862 francs.
Sainte Anne assise sur un trône (B 15).
De la dernière rareté, adjugée vente Liphart, sur papier à la tète de
bœuf, 2802 francs.
Le Calvaire (B 6). — Au milieu de l'estampe, le Christ en croix
entre les deux larrons. Une sainte femme et saint Jean soutiennent la
Vierge pendant que Magdeleine se lamente. Une foule de Juifs
entourent la croix. En haut, Zwott.
Vente Arozarena en 1861, un exemplaire provenant de chez Edme Durand
fut adjugé 910 francs.
MAITRE A LA SYBILLE
On ne sait rien sur ce Maître qui ne signait jamais ses estampes et qui
ne les datait pas davantage. On l'a ainsi nommé parce que sa principale
pièce est la suivante :
46 ÉCOLE ALLEMANDE
La SYbille et Auguste (Passavant 1). — Au milieu de l'estampe,
la Sybille debout un petit chien à ses pieds, montre à l'Empereur
Auguste la Vierge et l'Enfant Jésus qui sont dans le ciel. L'Empereur,
un sceptre dans la main gauche, regarde de profd. Au dernier plan,
une ville et une rivière.
Cette pièce, de la dernière rareté, est l'œuvre capitale de l'artiste qui n'en
a produit que six autres. — Une répétition de cette planche a été gravée en
contre-partie, et on y a omis le petit chien.
Ventes : Vico, 1000 — Angiolini, 825.
MAITRE au monogramme B. M.
On ne sait rien de sa vie ; son faire absolument allemand fait songer à
Martin Schône. Il est né, suppose-t-on, vers 1480. Son monogramme
affectait quatre formes différentes et ne peut être confondu avec celui de
Benedetlo Montagna.
Le Jugement de Salomon (Bartsch 1). — Sur un trône au
milieu de l'estampe, le sceptre à la main, les yeux baissés, entouré de
sa cour, l'enfant mort étendu à ses pieds, le Roi va juger ; à droite, les
deux mères, l'une est agenouillée ; à gauche, le bourreau s'apprètant
le glaive en main à couper en deux l'enfant vivant que tient dans ses
bras un homme. En bas au milieu de l'estampe, les initiales de
l'artiste.
Cette très importante pièce est de la plus insigne rareté ; elle est fort
intéressante mais vraiment un peu gâtée par la façon absolument horrible
dont sont dessinées les mains de tous les personnages, entre autres celles
du roi et de la mère agenouillée.
Ventes : Didot, 1er état avec le petit nuage dans le haut à gauche, 1000, de
chez Gawet — Liphart, même état, sur papier à la haute couronne, 1876 —
Defer Dumesnil, même étal, 1700.
Le Corps de Jésus-Christ descendu de la croix (Passavants). —
N'ayant pu nous procurer la gravure, nous en empruntons la descrip-
tion à Passavant : Le corps est étendu sur les genoux de la Vierge
et sa tète est soutenue par saint Jean debout à gauche, tandis que la
Madeleine lui baise la main droite, derrière elle se trouve une autre
femme et vis-à-vis une troisième les mains jointes. Le fond représente
un paysage plein de rochers avec un lleuvc et une ville, l'n crâne et
une couronne d'épines sont à terre, et au-dessous le monogramme.
Vente Didot, .">< n ► francs; rarissime.
ÉCOLE ALLEMANDE 47
MANIERE CRIBLÉE
Les estampes de cette manière sont extrêmement rares et généralement
grossières et dénuées de tout intérêt artistique ; on sait qu'elles étaient
presque les contemporaines des premiers bois ; M. Delaborde a essayé
d'établir d'une façon peu claire à nos yeux, en faisant jouer des combinaisons
de cycle solaire, nombre d'or, comput, etc., que c'est en 1406 que furent
gravés Le Portement de Croix et la Sainte Face dont le Département des
Estampes se rendit acquéreur en 1869.
Comme il est indispensable d'avoir au moins un spécimen de ces
gravures, ne serait-ce qu'à titre de pure curiosité, nous conseillons
d'essayer de se procurer la suivante, qui est une des plus belles du genre
qu'il nous ait été donné de rencontrer et qui est extrêmement typique.
Elle semble avoir été gravée vers 1460 et nous devons ajouter qu'elle est
malheureusement delà dernière rareté. On ignore à qui en attribuer lapaternité.
Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie. —
La Vierge Marie assise occupe le milieu de l'estampe, la tête auréolée
légèrement penchée à droite, ayant l'Enfant Jésus nu sur ses genoux ;
sainte Catherine un glaive à la ceinture est à gauche et à genoux, elle
est tournée vers l'enfant qui lui tend les bras. Cinq autres personnages
les entourent, deux à gauche et trois à droite, deux portent des palmes.
Le fond de l'estampe est une sorte de treillage tapissé de branches et
de feuillages. Le double trait qui délimite la gravure est parsemée
d'étoiles. Tous les personnages portent leur nom inscrit dans leur
auréole. Sainte Catherine et sainte Dorothée sont assises l'une à
gauche l'autre à droite, sur des bancs qui semblent être en briques,
leurs vêtements sont en pointillé.
Cette pièce mesure H. 270™'" — L. 190 "ini.
Ventes : Vico, 1375 — Angiolini, 1325. Ces deux exemplaires portaient
encore des traces de coloris de l'époque.
MEGKENEN (Israël van)
On ignore où et quand il naquit ; tout ce que l'on sait, c'est qu'il mourut
à Bocholt vers 1503 ; aucune particularité de sa vie n'est connue. Ils étaient
deux, le père et le fils, mais c'est ce dernier seulement qui grava. Son
œuvre, composé de 250 à 280 pièces, est extrêmement intéressant au point
de vue documents, costumes, scènes de mœurs ; il y a des morceaux tout
à fait supérieurs et qui dénotent un ouvrier consommé, mais pas très
original cependant. Il a copié beaucoup de pièces d'après différents Maîtres :
48 ÉCOLE ALLEMANDE
Durer, le Maître E. S., le Maître de UNO, mais surtout d'après Schône, dont
il subit l'influence «l'une façon très marquée et très nette. L'artiste signait
généralement de ses initiales I. Y. M. en caractères gothiques un peu
fantaisistes, quelquefois simplement Israhel, ou Tsrahel Y. M., deux fois
seulement il écrivit son nom en toutes lettres ; c'est le premier graveur,
dit Zani, qui inscrivit son prénom avant son nom patronymique.
Judith (Bartsch 4). — A droite de l'estampe, Judith mettant dans
un sac tenu par une servante la tôle d'Holopheme qu'elle vient de
tuer dans sa tcnle ; à gauche, château fort, canons, et guerriers se
combattant. En bas et du même côté : Israhel V. M.
Fort belle et très rare estampe, adjugée vente Holford 1950 francs et
vente Angiolini' 137; cette dernière avait été restaurée et laissait à désirer.
Danse d'Hérodiade (9). — Allant de gauche à droite, en costume
allemand du XVe siècle, une longue théorie de personnages de la cour
d'Hérode, hommes et femmes deux par deux dansent et marchent au
son d'instruments dont jouent trois musiciens montés sur une sorte
de colonne à pans coupés, ils se dirigent vers une table où se tient le
Roi, qui vient de recevoir la tète de saint Jean-Baptiste dont Hérodiade
avait obtenu la mort. Au fond à gauche, la scène de la décollation.
Au milieu du bas de l'estampe : Israhel V. M.
dette grande et curieuse pièce est fort rare ; elle peut être considérée
comme l'œuvre capitale du Maître; un exemplaire à la vente Oppermann
fut adjugé 1137 francs.
La Naissance de la Vierge (31). — Sur un lit, au fond à gauche,
sainte Anne est étendue ; sur le premier plan du même côté, une
femme qui a un trousseau de clefs pendu à sa ceinture, essuie la
Vierge qui vient de naître et (lui sori du bain ; dans la pièce, au milieu
d'ustensiles de cuisine, des femmes vaquent au soin du ménage. En
bas dans le milieu de la marge: Israhel Y. M.
('.elle fort belle estampe qui, avec les t\eu\ suivantes, lait partie de la
remarquable série des 12 pièces dite : /.(.• Vie île ld Vierge (30-41), fui
adjugée (175 francs à la vente Didot.
L'Annonciation (34). -- L'ange Gabriel à gauche, tenant un
bâton autour duquel s'enroule une banderolle où on lit : A ve gracia
plena, se présente à la Vierge qui est agenouillée à droite de l'estampe
i La collection de cel amati ux était partlculli rcmenl i Ictae en asin re de l'artiste.
ÉCOLE ALLEMANDE 49
el qui se retourne pour écouter. Par une fenêtre on aperçoit la scène
de la Visitation. En bas au milieu de la marge : Israhel V. M.
A la vente Angiolini, une épreuve d'une beauté et d'une fraîcheur
exceptionnelles fut payée 1202 francs.
Le Massacre des Innocents (38). — A gauche de l'estampe,
assis sur son trône, Hérode assiste impassible au massacre des
enfants; des femmes pleurant, sont à genoux devant lui au milieu des
pauvres innocents qui gisent à terre inanimés. Au fond à droite, la
fuite en Egypte. En bas sous le trait carré : Israhel V. M.
Pièce extrêmement typique et autrement intéressante, suivant nous, que
celle si vantée de même nom, gravée par Marc Antoine. En avril 1891, un
exemplaire superbe fut vendu par H. -G. Gutekunst 732 francs ; à la vente
Griffiths, une épreuve ordinaire fut payée 337.
La Vierge, saint Bernard et sainte Catherine (45 et P 242). —
Dans une sorte de temple, la Vierge est assise de face et, les yeux
baissés, regarde en coulisse — si l'expression ne semblait pas trop
irrespectueuse dans la circonstance — saint Bernard qui est à sa
droite en adoration de profil à droite, elle presse sa mamelle droite
dont le lait va rejaillir sur la figure du saint. L'Enfant Jésus nu est
placé sur un coussin de trois quarts à droite et demi couché devant
sa mère qui le soutient du bras gauche, il passe une bague dans le
doigt de sainte Catherine. Derrière la Vierge, un tapis est suspendu ;
saint Bernard tient une crosse d'abbé et sur une banderolle on lit :
Monstrate ee matre >. En bas dans la tablette les initiales /. V. M.
Cette estampe pourrait aussi s'appeler : Le Mariage mystique de sainte
Catherine ; elle est rarissime, une épreuve fut adjugée à la vente du prince
Waldburg-Wolfegg 2175 francs.
La Vierge immaculée (49). — Debout sur un croissant, la
Vierge tient de la main gauche l'Enfant Dieu et de l'autre un crucifix,
deux anges supportent la couronne qui est au-dessus de sa tête, deux
autres dans l'espace sont près d'elle, l'un joue de la guitare, l'autre de
l'orgue. A ses pieds deux archanges combattant chacun un démon.
Dans le bas une légende latine commençant par : Omnes maculavit. . .
et : Israhel V. M. A" 1502.
* Et non : Mostru te ee matre, comme l'indique par erreur Passavant.
50 ÉCOLE ALLEMANDE
Un exemplaire d'une beauté remarquable de celte très rare pièce existe
au Département des Estampes. — En avril 1893, H. -G. Gutekunst en fit adjuger
une épreuve G01 francs.
Saint Stéphane (94). — De profil à gauche sur un terrain
fortement pente, agenouillé les mains jointes et les yeux levés vers
le ciel, le saint est en but aux six bourreaux qui sont en train de le
lapider ; celui de l'extrême droite se fait enlever son vêtement pour
être plus à l'aise sans doute. A gauche un château fort, et aux tous
derniers plans, les silhouettes de trois autres châteaux. En haut au
milieu de l'estampe, et au-dessus du personnage qui tient un gros
caillou dans ses bras levés, les initiales /. M.
C'est par erreur que Bartsch l'appelle saint Etienne, c'est bien saint
Stéphane qu'il faut lire. — Une admirable épreuve de cette rareté fut
adjugée à la vente Angiolini 1900 francs.
Une Partie de Jeu (114). — Assis l'un en face de l'autre à une
table de jeu, une femme montre à son partenaire la figure qu'elle tient
à la main ; un vase à rafraîchir avec un pot et une fiole complètent le
tableau.
Rare estampe adjugée 12li2 francs à une vente faite par H. -G. Gutekunst,
en mai 1900, à Stuttgart.
La Sainte Famille (148). — Sainte Anne assise sur un trône
reçoit l'Enfant Jésus des mains de la Vierge. Au-dessus d'eux le Saint-
Esprit, et Dieu le Père plus haut encore. Près de Marie, saint Joseph
à gauche, et à droite trois saints debout près de sainte Anne. En bas
au milieu de l'estampe, /. A/., et en haut dans le trait cintré, Bocholt;
à gauche un petit écusson aux armoiries de Meckenen, à droite un
second écusson faisant pendant, est vide.
Au Département des Estampes, l'exemplaire est aux deux écussons blancs. —
Cette pièce, une des plus rares et des plus capitales de l'œuvre, fut adjugée
à la vente Vico 1312 francs, elle était d'une insurpassable beauté; une autre,
en l« état et avant beaucoup de travaux, atteignit 000 francs a une vente
faite par H.-G. Gutekunst en mai 191)0; elle provenait de la collection
Durazzo.
La Mort de Lucrèce (lb\8). — Tarquin ayant ravi l'honneur de
Lucrèce, celle-ci se donne la mort en présence de son époux Collatin
et des premiers citoyens de Home ; elle est environnée de ses femmes
ÉCOLE ALLEMANDE 51
qui sont à gauche de l'estampe comme elle; Collalin est à droite. En
bas au milieu de la pièce, on lit : Israhel V. M., et dans la marge la
légende latine : Pro nece lucretie, etc.
Ventes : Aylesford, 225 — En mai 1894, par H. -G. Gutekunst, une épreuve
merveilleuse fut vendue 1087 — Angiolini, 912 — En mai 1900, par H. -G.
Gutekunst, un exemplaire de la dernière rareté avant la légende fut
adjugé 1050.
Homme et Femme en habits de voyage (171). — Homme et
femme marchant; l'homme a le bras gauche sur le dos de sa compagne,
il est coiffé d'un bonnet de voyage et a un couteau passé à la ceinture,
la femme a la tête recouverte d'un voile. Au-dessus d'eux des
banderolles. En bas au milieu, /. M.
Pièce très rare, adjugée vente Griffiths 200 francs, et en mai 1900 par
H. -G. Gutekunst, 862.
La Chanteuse et le Joueur de guitare (174). — Tous deux
sont assis ; la femme à gauche avec un cahier de musique, l'homme à
droite accompagnant avec sa guitare la chanteuse. Au milieu de la
marge, les initiales /. M.
Très rare ; adjugée à la vente Didot 440, et à deux autres ventes, en
avril 1893 et mai 1900 par H. -G. Gutekunst, 668 et 194 francs.
Le Joueur d'orgue (175). — Sur une table est placée un orgue
dont joue un homme qui est à droite, les soufflets sont manœuvres
par une femme assise. En bas au milieu de la marge, les initiales /. M.
Très rare.
Ventes : Didot, 450 — Angiolini, 1650 ; l'épreuve était éblouissante —
H.-G. Gutekunst, 600 — Waldburg-Wolfegg, 950.
Le Moine et la Religieuse (176). — Une religieuse tenant dans
ses mains jointes un long rosaire, suit un moine qui, un bâton dans
la main gauche, se dirige vers la droite et se retourne pour la regarder.
En bas au milieu de la marge les initiales /. M.
Pièce rare.
Ventes : Schloesser, 813, de la collection Alferoff — Vico, 350 — H.-G.
Gutekunst, 437 — De Sallet, 500, sur papier à la cruche.
Le Concert instrumental (178). — Assise à gauche, une femme
joue de la harpe, tandis qu'à droite, un homme pince de la guitare,
52 ÉCOLE ALLEMANDE
ayant à ses pieds la boite de l'instrument demi ouverte. Au milieu
de la marge en bas, les initiales /. M.
Très rare.
Ventes : Didot, 430 — Liphart, 613 — Angiolini, 1562 ; d'une beauté
exceptionnelle — H. -G. Gutekunst, 1006 — Schultze, 150.
L'Officier et sa Maîtresse (182). — A gauche de l'estampe, un
jeune homme vêtu d'un manteau et l'épée au côté, semble causer avec
une jeune femme de profil qui est en face de lui et qui relève sa robe
par derrière. En bas au milieu de l'estampe /. M.
Pièce rarissime dont une épreuve fut adjugée à Stuttgart, en mai 1900,
par H. -G. Gutekunst, 762 francs.
La Fileuse (183). — Assise à droite et de profil une femme file,
près d'elle et d'une armoire un homme est là, revêtu d'un manteau.
En bas à gauche : /. V. M.
Ventes : Knowles, sur papier au P gothique, 289 — En mai 1900 par
H.-G. Gutekunst, une admirable épreuve, 1750.
Enfants jouant (188). — Sept enfants se livrent à des jeux
divers, dont deux à droite remplissent un vase d'eau. En bas de ce
côté, /. M.
Ventes : Knowles, 313 — Angiolini, 875 ; superbe exemplaire.
Le Rinceau au Couple amoureux (205). — Au milieu d'entre-
lacs et d'ornements, une jeune femme est assise ayant un épagneul
sur ses genoux ; un jeune homme lui offre une pomme de la main
gauche. Au-dessus d'eux une banderolle avec la signature : Israhel V. M.
Pièce de la dernière rareté.
Ventes : Oppermann, sur papier au P gothique, 1450 — Holford, 1775 —
En avril 1894 par H.-G. Gutekunst, 1875.
La grande Crosse d'Evêque (B sup1 139). — Une crosse tournée
à gauche, de style gothique et extrêmement ornementée; dans la
partie formant une espèce d'entablement, au-dessus duquel se dessine
l'arceau d'une sorte de tabernacle, on aperçoit la Vierge couronnée
debout et de face tenant dans ses bras l'Enfant Jésus, elle a les yeux
baissés. Très au-dessus, et dans la partie où la courbure va bientôt se
produire, on distingue trois statuettes, à gauche saint Pierre, au
milieu un saint tenant une banderolle, et à droite un évèque ; à gauche
ÉCOLE ALLEMANDE 53
de ces trois personnages, s'accrochant à une partie courbe, un Génie
ailé soutient de sa main gauche un écusson aux armes de l'artiste.
A gauche de la hampe : Israhel, et en face à droite : V. M.
Cette estampe imprimée sur deux feuilles est une fort belle pièce ; mais
on demeure bouche bée quand on a vu payer 13800 marcks soit 17250 francs ! ! !
l'exemplaire qui passa à la vente Angiolini. L'épreuve était, il est vrai, avec
sa marge et d'une beauté parfaite, mais le prix atteint n'en est pas moins
hors de toute proportion avec la valeur réelle, quand on songe qu'une
estampe de Durer, le Maître des Maîtres, n'a jamais dépassé, que nous
sachions du moins, le prix déjà coquet de 15000 francs. Admettons qu'on
ait payé la rareté, c'est la seule excuse à invoquer, et passons.
Sainte Hélène. — La sainte est debout, presque de face et
dirigée vers la droite, la tête couronnée et la main gauche appuyée
contre une croix, elle tient un livre sous le bras droit. Dans la partie
supérieure au-dessous de la traverse de la croix, on lit : Sancta Helena.
Cette pièce inconnue, croyons-nous, à presque tous les iconographes est
d'une insigne rareté, elle mesure H 121mm _ L 72ram.
En 1865 un exemplaire passa à la vente Camberlyn; il y fut adjugé 78 francs.
MEIER (Melchior)
Graveur de la fin du xvf siècle, d'un métier très fin, dont la fort belle
pièce suivante est au Département des Estampes.
Saint Guillaume (P 3). — Guerrier debout et de face, le casque
empanaché de volumineuses plumes blanches, le poids du corps
repose sur la jambe droite, la main gauche s'appuie sur un bouclier
armorié qui est à terre, et la droite sur une lance. Il est ceint d'une
écharpe blanche que fait flotter le vent. Au fond de l'estampe, colline,
ville et rivière. En bas dans la tablette : M M se et excudit in friburgi
helvet, et sous le trait carré : Miles an Monacus, etc.
Superbe et intéressante estampe, le personnage tout particulièrement est
une merveille de finesse.
MULLER (Frédéric)
Né à Stuttgart en 1786, mort en 1816, au château de Sonnenstein, près
Pirna. Ce n'est pas un vieux Maître, comme on le voit par ces dates, mais
nous tenions à le mentionner cependant, à cause de la pièce suivante, qui,
très délaissée aujourd'hui, a eu son heure de célébrité au point de vue de
la haute cote.
54 ÉCOLE ALLEMANDE
La Madone de Saint-Sixt.
A la vente Thorel, en 1853, l'un des cinq exemplaires connus avant toutes
lettres et avant l'auréole autour de la tète de la Vierge fut adjugé 2250 francs,
elle venait de chez Révil ; à la même vente, un autre exemplaire avant la
lettre, mais avec le titre : Madona di S. Sisto, etc., et les noms des artistes
en lettres tracées, sur chine, fut payé 1319 francs; il provenait de la collection
Debois où, en 1844, il fut adjugé 1300 francs.
Celte estampe fut gravée sur le dessin de M"»' Seidelman, d'après le
tableau en hauteur de Raphaël qui se trouve dans la galerie de Dresde.
PENCZ (Georges)
Né a Nuremberg en 1500, mort à Breslau en 1550. Graveur de grand
talent, voyagea en Italie où il connut Marc Antoine. On affirme que
Le Massacre des Innocents a été gravé sans le chicot par notre artiste et
d'une manière supérieure à celle de Raimondi. On croit aussi que
Les Prisonniers de Jules Romain, attribués à Cihisi, sont de Pencz. — Son
œuvre est d'environ 125 à 130 pièces, presque toujours de petit format et
souvent trop encrées.
Le Triomphe de Bacchus (Bartsch 92). — Bacchus couronné
de pampres dans un char auquel est attelé un centaure, se dirige vers
la gauche ; il est précédé de deux autres centaures et deux satyres.
Au bas au milieu de l'estampe, le monogramme ' sous le pied droit
du centaure qui traîne le char qui est poussé par un personnage avec
un casque.
Estampe d'une insigne rareté. — Un exemplaire, vendu en avril 1893 par
II. -O. Gutekunst, atteignit 1GG francs.
Jean Frédéric de Saxe (B J26). - A mi-corps de face et
légèrement tourné à droite dans une bordure ornée de quatorze
écussons de son pays. En bas sur une pierre : Spes mea. . ., le mono-
gramme et 1543.
Très rare estampe, considérée comme le chef-d'œuvre du graveur.
Ventes : Liphart, 150 — Schloesser, 237 — Vico, 237 — Oppermann, 150 —
En mai 1900 par H. -G. Gutekunst, 107.
I Un /' dnns le pied duquel Ml passée la boucle supérieure d'un G.
ÉCOLE ALLEMANDE 55
RUPRECHT von der PFALZ (Prince)'
Né à Pragues en 1619, mourut à Londres en 1682 ; c'est lui qui exploita la
découverte faite par Louis de Siegen — voir ce nom. — A gravé une douzaine
de pièces environ en manière noire, et toutes fort rares. Il se servait de quatre
à cinq monogrammes très différents les uns des autres. 11 a aussi gravé
quelques eaux-fortes. — Voici de lui une pièce devenue introuvable.
Le Bourreau tenant la tête de saint Jean-Baptiste (Smith 2). —
A mi-jambes de profil à droite, la tète couverte d'un mouchoir blanc,
une corde nouée autour de la taille, le bourreau tient par les cheveux,
élevée dans sa main droite, la tète de saint Jean qu'il regarde. A gauche
derrière le bourreau, enroulée à une croix, une banderolle sur laquelle
on lit : Ecce Agnus Dei, etc. La main droite et la figure du bourreau
sont violemment éclairées, la main gauche qui ne se voit pas, masquée
par le corps, tient un glaive sur la lame duquel on distingue difficile-
ment une couronne avec les lettres R P F et la date 1658. Au bas de
l'estampe, une mince ligne blanche occupant toute la largeur de la
pièce, dans laquelle quelques lettres illisibles et oblitérées où l'on croit
pouvoir distinguer Sp.
A la vente des doubles du prince YValdburg-Wolfegg, en mai 1901, un
exemplaire fut adjugé l'énorme somme de 7875 francs !!
SCHONGAUER (Martin)2
Né à Colmar (?) en 1420 où il mourut en 1488 disent les uns, en 1499 disent
les autres. Surnommé Martin Sch'one par les Allemands et le beau Martin
par les Français. Cet artiste qui est un des plus haut cotés de l'école
allemande jouit d'une réputation immense et méritée. Ses figures ont plus de
distinction que celles de Durer, il a surtout su poétiser ses Vierges
auxquelles malheureusement il a souvent donné des doigts démesurément
grêles et effilés. Son art, dans lequel on perçoit nettement le reflet de l'école
de Van Eyck, est superbe et sans défaillance. Contemporain du Maître
de 1466, son influence fut considérable sur son époque. Il ne datait jamais
ses estampes qui étaient presque toutes entourées d'un trait carré, mais il
i Dit en France : Le Prince Rupert. *■
2 Consulter : Œuvre de Martin Schongauer. reproduit et publié par Amand-Durand. texte
par G. Duplessis, à Paris, chez Rapilly.
56 ÉCOLE ALLEMANDE
les signait généralement de son monogramme, un M et un S entre lesquels
était un signe composé d'une croix qu'enveloppait par le bas à gauche, une
courbe formant un peu plus du quart du cercle ; il fut un des premiers qui
usa d'un chiffre comme signature.
Il eut pour maître un Flamand nommé Roger Van der Weyden.
Son œuvre se compose de 110 pièces. — Dans une notice sur le Maître,
faite par feu Duplessis, celui-ci attire l'attention des collectionneurs sur les
13 pièces suivantes, qui n'ayant pas été gravées par lui, portent néanmoins
son monogramme apposé par des éditeurs peu scrupuleux, afin d'en faciliter
la vente.
La Nativité (B. t. vi, p. 167, n" 2) — Le Christ en croix (P. t. n, p. 112, A) —
Le Corps de Jésus descendu de la croix (B. t. vi, p. 107, n° 2) — Les quatre
saintes femmes au tombeau de Jésus il', t. n, p. 113, B) — Jésus au milieu de
six anges (B. t. VI, p. 169, n° 9) — La Vierge debout [B. t. vi, p. 172, n» 11) —
Sainte Catherine (B. t. vi, p. 172, n°?) — Une des Vierges sages (B. t. vi, p. 174,
n» 14) — 3 figures à mi-corps sur une même planche (B. t. vi, p. 174. n° 15) —
Portrait de M. Luther, en haut de la planche : M. Lugter — Les Armoiries de
l'Évêque de Wurstzbourg — Un Eléphant (B. t. vi, p. 175, n» 15) — Un Reliquaire
(P. t. n, p. 113, C). — On estime qu'il existe en plus des pièces mentionnées
ci-dessus, 90 estampes qui portent sa marque, mais qui ne sont que des
copies.
Emile Galichon, en 1859, et le Dr Alfred von Wurzbach de Vienne, en 1880,
lui ont consacré de très intéressantes études.
Les estampes du Maître se raréfient de jour en jour, bientôt elles
deviendront introuvables, et les prix montent en raison de leur rareté.
Nous allons extraire les morceaux les plus rares et les plus appréciés de
cet œuvre magistral entre tous. Disons pour n'y pas revenir qu'elles portent
toutes en bas au milieu de l'estampe, le monogramme de l'artiste.
La Vierge recevant l'Annonciation (Barlsch 2). — Debout et
de face, les yeux baissés et la tète légèrement inclinée à gauche, la
Vierge, la main droite ramenée sur la poitrine et la gauche tombant le
long du corps, un livre demi-ouvert entre les doigts démesurément
longs, se recueille confuse. Sur le premier plan à gauche, un lys
dans un vase.
Ventes : Vico, 700 — Oppermann, 1025 — Ilolford, 2350 — Angiolini, 1512 —
De Sallet, 1000, sur papier à la prtitc couronne— Battig, même papier, 1255.
L'Annonciation (.'!). -- Agenouillée à droite de l'estampe près
d'une chaise à coussin, la Vierge devant un lit que masque un rideau,
la tète nimbée, de face et penchée à gauche, prèle l'oreille à l'ange qui
derrière elle vient lui annoncer qu'elle allait être mère du Sauveur.
A gauche sur le premier plan dans un vase, un lys; au fond dans un
rayonnement, le Père Eternel.
ÉCOLE ALLEMANDE 57
Il existe de cette admirable pièce une des capitales de l'œuvre, de
nombreuses copies entre autres par Meckenen.
Ventes : Didot, 820 — Vico, 1375 — Straeter, sur papier au P gothique, 625.
La Nativité (4). — Dans une construction de style ogival en
ruines, à droite la Vierge est agenouillée les mains jointes devant
l'Enfant Jésus couché par terre ; saint Joseph debout, une lanterne et
un bâton de voyage à la main, contemple la scène. Un âne et une
vache à droite, à gauche trois bergers, et tout en haut dans le coin
droit de l'estampe, des anges soutenant une banderolle.
Pièce admirable — a été copiée.
Ventes : Liphart, 1250 — Didot, 1800 — Griffiths, 235, de chez Bammcvillc
était faible — En 1894 par H.-G. Gutekunst, 2064 — Galichon, 1450, de chez
Didot — Angiolini, 375 — Battig, 450 papier au P gothique — Schultze, 637 —
Prince Waldburg-Wolfegg, 637.
La Nativité (5). — Dans une étable, la Vierge nimbée de profil à
droite, les mains croisées sur la poitrine, adore l'Enfant Dieu couché
nu sur une botte de paille, l'âne et la vache sont près de lui. Au fond
de l'estampe on aperçoit saint Joseph et une femme qui arrivent,
dans le ciel trois anges tenant une banderolle.
A été copiée par Meckenen.
Ventes : Didot, 175 — Knowles, 1375 — Vico, 1537.
L'Adoration des Rois (6). — Assise de face à gauche de l'estampe,
tenant l'Enfant Jésus nu sur ses genoux, la Vierge abritée sous un
édifice en ruines reçoit les Mages venus de l'Orient, l'un d'eux vêtu d'un
long manteau est à ses pieds, il vient de lui remettre un coffret précieux
qu'elle lient dans sa main gauche. On voit à gauche émerger la tèle
de l'âne et de la vache, sur le tout premier plan un chien tourné à
gauche, au-dessus du toit une étoile scintillante.
Superbe et très rare pièce. — Les épreuves qui portent le millésime 1482
sont à rejeter impitoyablement, l'artiste qui s'est permis de retoucher la
planche usée l'ayant perdue par sa maladresse.
Ventes : Liphart, 812 — Didot, 1700, de chez Esdaile et Thiers — Holford,
875 — L. Galichon, 1750, de chez Didot — Straeter, papier à la petite tète
de bœuf, 2325 — Defer Dumesnil, 45 — Schultze, 106.
La Fuite en Egypte (7). — Occupant le milieu de l'estampe, la
Vierge montée sur un âne, l'Enfant Jésus sur ses genoux, attend que
saint Joseph ait cueilli des dattes aux branches du palmier que les
58 ÉCOLE ALLEMANDE
anges font ployer devant lui pour les mettre à la portée de sa main.
A gauche trois lézards, un par terre et deux autres sur le tronc du
dattier.
Une des pièces les plus séduisantes de l'œuvre par la poésie de sa
composition, ne semble pas appréciée à sa juste valeur, si on en juge par
les prix plus que modestes qu'elle atteint aux ventes publiques.
Ventes : Liphart, 1600, sur papier à la petite tète de bœuf — Didot, 490 —
Schloesser, 587, sur papier au P gothique — L. Galichon, 1050, l'exemplaire
de Didot — Battig, 775 — Reiss, 875, de la collection Scarisbrick.
Le Baptême du Christ (8). — Au milieu de l'estampe, demi-nu
dans les eaux du Jourdain, le Christ reçoit le baptême de saint Jean
qui, à genoux, lui impose la main droite sur la tête, derrière le
Sauveur un ange est debout. Au-dessus de la tète du divin Baptisé,
le Père Eternel et le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe.
Il existe une copie en contre-partie.
Ventes : Didot, 180 — Oppermann, 375 — Angiolini, 825 — Battig, 156 —
Schultze, 119.
Le Portement de Croix (21). — Succombant sous le poids d'une
immense croix, le divin Maître couronné d'épines est tombé, il se
dirige vers la droite et est entouré de bourreaux dont l'un à gauche le
lire brutalement par la corde qui lui ceint les reins. Devant la croix,
près d'un guerrier à cheval, la Vierge aux regards attristés assiste à
cette scène cruelle. Sur le premier plan, deux chiens à gauche.
Grande pièce admirable et célèbre à nombreux personnages. L'exemplaire
du Département des Estampes est de qualité exceptionnelle. — Plusieurs copies
existent, entre autres par Wenceslas d'Olmutz et van Mcckenen.
Ventes : Liphart, 1250 — Didot, 260, mauvaise épreuve doublée —
Schloesser, papier au F gothique, 887 — Griffiths, 800, des collections
Scitivaux, Debois et Bammeville — Straeter, 825, papier à la petite tète de
bœuf - De Sallet, 2250 — Defer Dumesnil, 235 - Hansen, 76 — Stcrn, 1165,
légèrement restaurée.
Le Christ en Croix (21). — Le divin Sauveur de face est crucifié, à
gauche la Vierge défaillante est soutenue par saint Jean, deux saintes
femmes sont près d'elle. A droite, vu de dos et assis par terre, un de
ses bourreaux l'injurie la main droite levée vers lui, du même coté un
groupe de soldats, dont l'un porte une éponge au bout d'un long bâton.
Au fond, des montagnes; à terre, sur le premier plan à gauche, une
tète de mort.
ÉCOLE ALLEMANDE 59
Ventes : Liphart, 1125, papier au P gothique — Didot, 255 — Holford,
1150 — En 1894 par H.-G. Gutekunst, 1762 — L. Galichon, 660, de chez
Alferoff — Straeter, 519, papier à la petite tète de bœuf.
Jésus-Christ en Croix (25). — Au milieu de l'estampe, le divin
Sauveur vient d'expirer sur la croix, la tête est retombée sur la
poitrine, quatre anges recueillent dans un calice le précieux sang qui
coule des mains, du côté et des pieds. A gauche, la Vierge debout, les
bras croisés sur la poitrine, la tête baissée ; à droite, saint Jean prie
un livre fermé entre les mains. Au pied de la croix, un tibia, une tète
de mort ; au fond, des arbres, collines et maisons.
Très rare et merveilleuse pièce. — Une épreuve unique sans doute, avant
que le feuillage de l'arbre s'étendant sur le bras de la Vierge à gauche
ait été effacé, figurait à l'exposition Dutuit en 1869.
Ventes : Didot, 1950 — Vico, 1487 — Holford, 1650 — En 1894 par H.-G.
Gutekunst, 1937 — L. Galichon, 830, de chez Didot — Reiss, 2375, de la
collection Festetics.
Jésus-Christ en jardinier apparaissant à la Madeleine
(26). — Agenouillée à la gauche de l'estampe sur un tertre, sainte
Madeleine de profd à droite étend la main vers le Christ qui lui
apparaît à droite, tenant un étendard. Au fond, une haie, un arbre et
des collines.
Il existe des copies.
Ventes : Didot, 710, de chez Marshall — Fischer, 950 — Angiolini, 812.
La Vierge au Perroquet (29). — Vue à mi-corps la Vierge
soutient devant elle, assis sur un coussin, l'Enfant Jésus nu, il a un
perroquet sur la main gauche et une poire dans la droite. La Vierge
de sa main droite feuillette un livre appuyé tout à fait à gauche sur
le mur.
Plusieurs copies, une entre autres de Weneeslas d'Olmutz. — Cette
estampe est la première qu'ait gravée le Maître, dit le docteur Alfred von
Wurzbach, dans son intéressant travail sur l'artiste.
Ventes : Didot, 310 — Schloesser, 762 — En 1886, à la vente des doubles
de Berlin, il9.
La Mort de la Vierge (33). — Sur un lit à baldaquin dont le
rideau de gauche est relevé, la Vierge de face est couchée agonisante,
le corps légèrement soulevé par des coussins placés derrière elle ; les
60 ÉCOLE ALLEMANDE
apôtres l'environnent et saint Jean qui est à droite se penche vers elle
et lui met un cierge dans la main droite. Sur le devant du lit, à terre
un riche chandelier ciselé; à gauche, deux apôtres agenouillés lisent
dans un livre de prières sur lequel l'un d'eux a posé ses lunettes.
Nous considérons cette pièce comme une des plus belles de l'école
allemande, elle est extrêmement recherchée et de composition magistrale.
E. Galichon, dans la Gazelle des Beaux-Arts de septembre 1859, en donne
les états suivants1 :
1" état — Avant le trait échappé qui coupe le pied du second personnage
agenouillé ù droite.
2,¥ état — Avec ce trait.
3« état — La planche est brutalement retouchée en maints endroits,
notamment sur la ligure de l'apôtre qui est le plus près
du trait carré à gauche.
Ventes : E. Galichon, 1305 — Liphart, G312, sur papier à la petite tête de
bœuf — Didot, 2000 ; elle provenait de chez Camberlyn où elle avait été
adjugée 455, elle faisait primitivement partie du cabinet Brisart et avait
quelques petites restaurations — Knowles, sur papier à la petite tête de
bœuf, 750 — Scbloesser, 0262, de chez Liphart — Oppermann, 1510 —
Griffiths, 1237, de chez Brooke — Des doubles de Berlin, 755 — Fischer,
merveilleux exemplaire sur papier à la petite tète de bœuf, provenant
de chez Hawkins, 7500 — L. Galichon, 105, de chez E. Galichon —
Angiolini, 375 — Straeter, sur papier à la petite tête de bœuf, considéré
comme probablement le plus bel exemplaire connu, la perle de la
collection, 6000».
La Tentation de saint Antoine (47). — Il est enlevé dans les
airs par des démons aux formes fantastiques; pendant que les uns
cherchent à lui arracher ses vêtements, d'autres armés de hâtons et
de massues vont le frapper; il demeure impassible. A droite un bout
de rocher.
Pièce capitale et très rare, copiée par Meckcncn et Bocholt. On raconte
— ce qui nous paraît terriblement fantaisiste — que Michel-Ange fut
tellement impressionné par la beauté de cette pièce qu'il s'en inspira pour
son tableau. — Le lir état est avant les tailles croisées dans le ciel.
Ventes : Liphart, 4350 Didot, 1" état, 1100 — Knowles, 1200, de chez
Didot — Griffiths, 470, avec les témoins ; elle provenait de la vente Yischer
où, en 1852, elle avait été adjugée, fait curieux a enregistrer, 540 - Fischer,
1 Nous Ferons remarquer que le Maître comme 'lu reste tous les Primitifs et il peut
presque être considéré comme tel n'avall jamais pour ainsi dire (fêtais.
3 Un exemplaire au moins aussi beau futadjugén la vente Arozarena 2700 francs; il venait
de chez John
ÉCOLE ALLEMANDE 61
en un l" état non décrit, c'est-à-dire avant que la draperie sur la hanche
droite du saint ne soit terminée et avant les taches noires sur l'aile droite
du démon, etc., 1125 — Angiolini, 600 — Straeter, 2125; exemplaire
éblouissant — Battig, 1035, de chez Alferoff.
Jacques le Majeur (53). — Combat de guerriers à cheval et
armés de lances dans un défilé montagneux ; le Saint Patron de
l'Espagne, presque au milieu de l'estampe, est aussi à cheval, il se
dirige vers la droite brandissant son glaive de la main droite, il
excite ses soldats contre les Sarrazins. Au tout premier plan à gauche,
un cheval couché dont la croupe non terminée est vierge de failles,
ainsi qu'un bouclier qui est à terre, et qui est resté blanc. Au milieu
de l'estampe, sous le cadavre d'un soldat gisant à terre décapité, le
monogramme.
Grande pièce d'une insigne rareté. — Au 2« état, un artiste inconnu
a placé dans le ciel an cartouche, revêtu d'une inscription. — On croit
communément que cette estampe est la dernière du Maître, se basant sur
ce fait, qu'elle n'est pas terminée, ce qui n'est point une preuve.
Ventes : Didot, 200 — Holford, 1275 — Angiolini, 1832.
La Véronique (66). — Debout et de face, les bras écartés tenant
le voile où est empreinte la face du Sauveur, la sainte coiffée d'une
sorte de turban porte la tête légèrement inclinée à gauche.
Il existe des copies de cette petite pièce, qui n'est intéressante que par
son extrême rareté.
Ventes : Didot, 705 — L. Galichon, 340.
Le Petit Sauveur (67). — Debout et laissé demi-nu par l'envolée
du manteau qu'il a sur l'épaule, l'Enfant Jésus bénit de la main
droite, portant un monde dans la gauche.
Petite pièce tout à fait insignifiante mais rarissime, a été copiée par
Meckenen.
Ventes : Didot, 50 — Dans les doubles de Berlin, 1250.
L'Homme de Douleur (69). — Vu dans l'encadrement d'une
fenêtre de style ogival, le Christ est debout de face, la tête dans un
rayonnement est couronnée d'épines, le torse est nu et les bras sont
croisés sur la poitrine ; à gauche la Vierge de profil à droite pleure, à
droite saint Jean un livre entr'ouvert dans la main droite, soutient le
62 ÉCOLE ALLEMANDE
coude du Christ de la main gauche ; au-dessus de ces trois person-
nages des anges prient. Sous l'entablement de la croisée indiqué par
un pointillé espacé, le monogramme.
Dans le 2* état, la planche ayant été rognée, le monogramme a disparu
et a été reporté prés du pan du vêtement de la Vierge. — On suppose que
cette estampe est la seconde qu'a gravée l'artiste.
Ventes : Didot, l»r état, 1055 ; 2- état, 100.
Dieu couronnant la Sainte Vierge (72). — Assis sur un trône,
la tète dans un intense rayonnement, le Christ de profil à gauche, le
monde sur ses genoux, un sceptre dans la main droite, pose la
couronne sur la lète de la Vierge qui, velue d'un long manteau, est
agenouillée à gauche les mains jointes et la tète nimbée. Derrière elle
un ange debout appuie son avant-bras droit sur le montant du trône,
afin d'arranger le coussin qui y est placé.
Admirable estampe, une des plus belles de l'œuvre.
Ventes . Liphart, 500 — Didot, 220 — Schloesser, exemplaire de tonte
beauté, avec des barbes dans les ombres, sur papier filigrane aux armes
avec trois fleurs de lys, 1937 — Aux doubles de Berlin, 519 — L. Galichon,
600, provenant de la collection Debois où elle fut adjugée 350; elle sortait
de eliez Hobert-Dumcsnil — Straeter, toute première épreuve, avant toutes
retouches, particulièrement sur les mains et la robe de la Vierge, 2937;
provenait de chez Schloesser ; on la considère comme une des plus belles
connues.
La Crosse (106). — Dans la volute complètement fermée de la
crosse, la Vierge aux longs cheveux épandus sur le dos est assise
tenant l'Enfant Dieu debout et nu sur ses genoux; à gauche un ange
joue de la guitare, à droite un autre de l'orgue. Sous le pied de la
Vierge un petit cartouche resté blanc. Dans un des pans du fût de la
crosse très bas et à peine visible, le monogramme.
D'une insigne rareté.
Ventes : Didot, 1210 — Vico, 2125, sur papier au F gothique.
L'Encensoir (107). — Le litre nous dispense de toute description.
A été copiée par Meckencn.
Ventes : Didot, 250; était remargée — Vico, 1187, sur papier à la haute
couronne — Angiolini, 062 — De Sallet, 1000, même papier — Battig, 50G,
papier à la petite tète de boeuf.
Notons pour en terminer: La série bien connue des Vierges qui comprend :
cinij Vierges sages, six Vierges folles, toutes en pied, sauf une des Follet qui
ÉCOLE ALLEMANDE 63
est à mi-corps. Le mouvement de la lampe qu'elles portent à la main
indique les cascades de leur vertu, et la couronne jetée à terre la perte de
leur innocence ; pièces bien insignifiantes ainsi que : Deux Hommes marchant
de compagnie (B 90) et Les Cochons (B 95), toutes deux de la dernière rareté,
adjugées à la vente Didot, la première 615 francs, la seconde 755, prix
absolument ridicules. — Le Maître a aussi gravé d'admirables rinceaux
d'ornements.
STOSS (Veit)
Né à Cracovie en 1447, mort à Nuremberg en 1542 (?) Il appartient à
l'école de la Haute-Allemagne ; son œuvre — une douzaine de pièces — est
extrêmement rare. D'une grande finesse, mais sans sécheresse cependant,
ses estampes, souvent mal dessinées, ont leurs contours très accusés. Il
signe généralement d'un monogramme qui affecte quelques légères modifi-
cations, se composant toujours d'un F gothique et d'un S ordinaire entre
lesquels est une marque de tailleur de pierres.
La Vierge près du Corps de Jésus, derrière elle saint Jean
(Bartsch 2). — La Vierge vue de profil, embrasse le corps du Sauveur
qui vient d'èlre descendu de la croix, elle le soutient de la main droite.
Saint Jean vêtu d'un ample manteau, enlève la couronne d'épine du
divin Crucifié. En bas presque au milieu de l'estampe, le monogramme
de l'artiste, la lettre S est renversée.
Un exemplaire de cette pièce superbe, qui est de la dernière rareté, fut
adjugé à la vente Angiolini 3387 francs.
A signaler encore : La Vierge debout avec l'Enfant Jésus (3).
WEGHTLIN (Hans ou Johann)
On ne sait rien ou fort peu de sa vie. Il travaillait à Strasbourg de 1510
à 1520 et il y mourut.
C'est cet artiste extrêmement remarquable pour lequel l'Allemagne reven-
dique l'honneur de l'invention des clairs-obscurs.
On le nommait aussi souvent le Maitre aux bourdons croisés ou Pilgrim,
qui veut dire Pèlerin, parce que le bourdon est le bâton de voyage sur
lequel s'appuie le pèlerin, et qu'il se servait de ce signe, qu'il plaçait entre
les lettres Io et V.
Il ne procédait pas pour ses clairs-obscurs par teintes, comme Ugo da
Carpi, mais bien par hachures superposées.
Une étude intéressante a été publiée sur ce Maître par von H. Loedel
en 1863.
Son œuvre est très rare et du plus haut intérêt ; il fait quelquefois songer
à celui de Balduns.
64 ÉCOLE ALLEMANDE
«
La Vierge assise dans un jardin (Bartsch 2). — La Vierge
tient sur ses genoux l'Enfant Jésus qui feuillette un livre ; à leurs
pieds s'ébattent trois lapins. Au-dessus d'eux dans le ciel, deux anges
soutiennent une couronne. Au milieu de l'estampe la mer, à droite
rochers et château fort, à gauche arbres et rochers.
Il existe au Département des Estampes un exemplaire merveilleux de ce
rarissime clair-obscur à deux planches; il est d'une conservation telle, qu'on
le dirait sortant de la presse. — A la vente Didot, une épreuve portant la
signature de Mariette fut payée 610 francs.
La Tête de Mort (B 6). — Elle est de face et placée dans une
sorte de niche rectangulaire avec cette inscription au-dessus :
Mundanae foelicilatis gloria. Sur un entablement et de chaque côté de
la partie cintrée qui y figure, deux Amours sont assis ; celui de gauche
semble pleurer. En bas à gauche, le monogramme.
Clair-obscur à deux planches, d'une insurpassablc rareté ; un exemplaire,
vente Didot, adjugé 1 180 francs.
Orphée (B 8). — Assis de face, nu et regardant à gauche, il est
entouré de bêles fauves, cerfs, biches, oiseaux qu'il charme au son de
son violon. En haut au milieu et au-dessus de sa tête, dans une
tablette : Orpheus vales. En bas à gauche dans un oval, le chiffre.
Supcrhc clair-obscur très rare à deux planches.
Ventes : Didot, 250; il provenait de la vente Vischer en 1852, où il fut
adjugé 31 — Grifliths, superbe épreuve, 1775, de la collection Hcckford.
Alcon de Crête (B 9). — Dans la campagne, Alcon vient de
délivrer son fils d'un serpent monstrueux qui le tenait enlacé sur le
bord d'un ruisseau, en le tuant d'une flèche qui lui traverse la télé.
Dans l'arbre au pied duquel est Alcon, une (ablette est suspendue par
un ruban avec une inscription commençant par: Alcon empiétas. . .
En haut, une autre tablette avec un texte latin explicatif. En bas à
gauche, un cartouche entre les jambes d'Alcon avec le chiffre du
graveur.
Clair-obscur à deux planches, aussi rare (pie les précédents.
Ventes : Didot, 780, du cabinet Mariette - Hulot, 800 — Holford, 325 —
En avril 1894 par H.-G. Gutekunst, 312.
ÉCOLE ALLEMANDE 65
Un Cavalier armé de toutes pièces (B 10). — Il est accompagné
d'un hallebardier qui est à pied. En bas, le monogramme.
Clair-obscur à deux planches, très rare.
Ventes : Didot, 245 — Defer Dumesnil, 400.
WENCESLAS D'OLMUTZ
Aucune particularité de sa vie n'est connue, il vivait à la fin du xve siècle.
Il a copié beaucoup de pièces d'après Durer et Martin Schône et il cherchait
à imiter tout particulièrement ce dernier. Son œuvre se compose d'une
soixantaine de pièces qui sont très rares à rencontrer.
Le Christ en Croix (Barlsch 12 — Passavant 59). — Au milieu
de l'estampe, le Christ crucifié, la draperie qui recouvre ses hanches
flotte à gauche. De ce côté la Vierge revêtue d'un manteau, les quatre
saintes femmes, et saint Jean à droite debout un livre à la main. En
bas au milieu de la pièce, un W.
Un exemplaire de cette rarissime estampe fut adjugé 1200 francs à la
vente Didot.
Notons encore : Roma Capul Mundi, pièce satyrique d'un grotesque
inexplicable, portant le millésime : Janvarii 1496 — L'Annonciation, pièce
non décrite, dit le catalogue de la vente Fischer où elle fut adjugée G00 francs.
ZAZINKER (Martin)1
Nous croyons que l'identité de ce graveur, qui florissait vers 1500, n'a
jamais été bien établie et que certaines confusions naissent autour de
son nom et de ceux de Zinck, Zagel et peut-être même de Zundt ; des
similitudes de monogrammes viennent encore augmenter l'obscurité qui
enveloppe l'œuvre de ces graveurs ; nous avouons pour notre part n'avoir
eu ni le temps ni la facilité de tirer la chose au clair ; nous mentionnerons
donc timidement les pièces suivantes qui nous ont paru intéressantes,
déclinant toute responsabilité d'attribution de paternité. Son faire est sec
et très gothique.
Le Grand Bal (Bartsch 13). — Au fond de l'estampe le duc
de Bavière assis à une table avec une dame joue aux cartes, trois
couples se promènent dans la salle ; à droite sur le devant un
1 D'autres disent Mathieu.
66 ÉCOLE ALLEMANDE
courtisan et une dame, du même côté quatre musiciens dans une
tribune, à gauche deux autres jouant, l'un de la flûte, l'autre du
tambour dans une tribune faisant également pendant à la première,
etc., etc. Au fond, un page apporte un gobelet couvert d'une serviette.
En bas au milieu, le monogramme M. Z., et le millésime 1500 au-
dessus de la tète du duc.
Ventes : Liphart, 564 — Angiolini, 101 — H. -G. Gutekunst, 252.
L'Embrassement (15). — A gauche dans un cabinet, une jeune
femme est embrassée par un homme de qualité vu de dos ; au-dessus
d'une fenêtre à droite 1503 et le chiffre de l'artiste à l'envers sur une
tablette appuyée contre le mur.
Ventes : E. Galichon, 720 — Knowles, 269 — Vico, 187 — L. Galichon, 200 ! !
c'était l'exemplaire de E. Galichon — Angiolini, 200.
La Pensée de la Mort (17). — Une femme nue de face est debout
sur une tète de mort, elle regarde à droite, ses longs cheveux frisottants
sont épandus sur son épaule, elle tient dans sa main droite un cadran
solaire. Au fond la campagne, et près de la tête de mort le monogramme
de l'artiste.
Fort belle pièce finement gravée.
Signalons encore : Le Martyre de suint Sebastien (4), adjugé 400 francs
a la vente LJehague.
ZUNDT (Mathias)
On sait tort peu de choses sur ce graveur qui mourut, croit-on, vers 1586;
il signait de son nom tout entier ou de ses initiales .1/. Z.
Nous ne connaissons de lui que le rarissime portrait de Charles IX
(Passavant 8) qui fut adjugé à la vente Behague 490 francs; le Hoi était
représenté à mi-corps, tète nue, de profil et revêtu de son armure; au
bas de l'estampe, on lisait : Charles IX, roy de François, l'an de grasse
XVIII. M.D.I.XYIII.
r
Ecole Française
ÉCOLE FRANÇAISE
AUDRAN (Gérard)
Né à Lyon le 2 août 1640, mort à Paris le 25 juillet 1703, artiste d'une
habileté énorme, appartenait à une belle famille de graveurs. Il est un peu
délaissé aujourd'hui, dans son œuvre catalogué par Robert Dumesnil et
contenant 215 numéros, nous ne mentionnerons que sa suite si populaire :
Les Batailles d'Alexandre1 d'après Charles Lebrun qui se compose de :
Le Passage du Granique (57), 4 cuivres ; Bataille d'Arbelle (58), 4 cuivres ;
Porus blessé, amené devant Alexandre (59), 4 cuivres; Entrée d'Alexandre
dans Babylone (60), 2 cuivres. Ces pièces que leurs grandes dimensions
rendent d'un maniement difficile, s'encadrent généralement. Elles sont
moins recherchées qu'autrefois, les cuivres existent du reste à la Chalcographie
du Louvre 2, c'est dire que les épreuves avec la lettre sont sans valeur, à
moins cependant qu'elles ne soient d'ancien tirage, c'est-à-dire avec le
nom de Goyton* très apparent, dans ce cas la série vaut de 250 à 300 francs.
Quant à la suite avant la lettre, inutile d'en parler, elle est introuvable — et
manque même au Département des Estampes — elle vaudrait aujourd'hui
de 500 à 600 francs ; il y a longtemps déjà, à l'époque où elle était prisée,
elle fut adjugée 1300 francs dans une vente publique ; la pièce isolée est
sans intérêt au point de vue collection.
BEATRIZET (Nicolas)
Né sans doute à Lunéville vers 1515 et mort vers 1660 à Rome. Il passa la
plus grande partie de sa vie en Italie, aussi son faire est-il si italien que
Passavant, à tort cependant, n'a pas hésité à le classer dans cette école,
quoique à la suite de son nom il ait ajouté de Lorraine.
' On y joint généralement la pièce dite La Tente de Darius (R-D 42), 2 cuivres, du même
peintre et gravée par G. Edelinck, qui complète la suite.
2 Les 5 pièces s'y vendent 180 francs.
s C'était le graveur de lettres, dont le nom se trouvait à côte des légendes donnant au bas des
estampes l'explication de la composition.
70 ÉCOLE FRANÇAISE
Nous ne retiendrons de lui que le beau et rare portrait de :
Henri II (Robert Dumesnil 40). — En buste de profil à gauche,
dans un encadrement ovale orné de deux Génies ailés portant les
armes de France. Dans la bordure ovale : Henricus II Gallorum. . . , en
bas à gauche : N. B. LOT. F. 1556, et à droite : P. R. inv.
Le 1" état est avec la date 1556, le second avec celle de 1558, de plus
l'inscription P. R. inv. a été effacée. On le croit gravé d'après L. Penni.
Ventes : Behague, 2e état, 170 — Didot, 1er état, 80 ; 2<-, 150 — Guichardot,
!<"■ état, 255.
BOSSE (Abraham)'
Né à Tours vers 1602, mort à Paris le 14 février 1676. C'est un artiste
extrêmement intéressant, fécond et spirituel, dont l'œuvre très précieux
au point de vue documentaire, le place au premier rang de son époque. On
l'a surnommé à juste titre l'historiographe de Louis XIII. Le catalogue a été
dressé par Georges Duplessis, l'ancien conservateur du Département des
Estampes, il a relevé 1505 pièces ; malgré l'intérêt puissant qui s'attache à
ces estampes, elles se tiennent toujours dans des prix fort modérés.
Nous nous permettrons cependant une légère critique qui nuit un peu à
l'œuvre au point de vue métier ; Bosse gravait un peu sec, et Le Blond son
éditeur, faisait souvent par trop encrer ses planches, mais ceci n'infirme
en rien les brillantes qualités du célèbre aquafortiste qui nous occupe
ici, et dont nous allons mentionner quelques-unes des pièces les plus
séduisantes et les plus recherchées'.
Le Siège de la Motte (G D 1220). — Accompagné d'un gentil-
homme, le maréchal de la Force à cheval dirige le siège. Sur une
draperie en haut de la planche, on lit : Le Siège de la Motte; au bas
une légende expliquant le mouvement, puis : A. Boudan excud.
auec Priuilège — A. Bosse sculp.
Ventes : Behague, 275 — Mailand, 31 — Berard, 14.
L'Infirmerie de l'Hôpital de la Charité à Paris (G D 1266). —
Dans une vaste pièce, séparée en deux par un large couloir, des lits sont
rangés de chaque côté, les malades qui y sont couchés reçoivent les
1 \ écrll un traité toujours curleui a consulter: De ht manière <!>• graver d Veau-forte ei nu
burin el <!<■ lu gravure en manière noire. Nouvelle édition. Paris. Jombert, 1746.
s Bosse avait lui-même rédigé un catalogue de ses propn ouvrages, qui parut sous le nom
de son libraire, Pierre Dcshayes.
ÉCOLE FRANÇAISE 71
soins de moines et de dames de la Cour. Sur le tout premier plan et
au milieu de la composition une table recouverte d'une nappe blanche
sur laquelle sont placés les plats pour ces malades. A gauche, un
moine agenouillé en train de prendre quelque chose dans un vase pour
le mettre dans l'assiette qu'il tient à la main. En haut : L'Infirmerie de
l'Hospital. . . En bas : A. Bosse jn et fe et 16 vers : Vous aurez beaucoup
mérité; et sous ceux-ci: à Honorable et vertueuse Dame Françoise
Robin. . .
Pièce extrêmement intéressante, adjugée ventes : Behague, 245 — Didot,
60 — Mailand, 17.
Le Bal (G D 1400). — Entourés de personnages qui causent entre
eux, et au milieu de la composition un jeune homme et une jeune
fille se tenant par la main s'apprêtent à danser. Au bas de la planche :
Le Blond excud. auec Priuilège du Roy — A. Bosse jn et fec, puis
16 vers : Qui ne désireroit estre tout. . .
Le bel état est avant les vers. — Vente Behague, 255, pièce rare et
charmante ; à la vente Guichardot, une épreuve avec les vers fut payée
16 francs, 69 à celle de Mailand, et 112 à celle de Bérard avec l'adresse de
Le Blond.
Les quatre Ages de la Vie (G D 1046). — Motif d'éventail
composé de quatre médaillons sous lesquels on lit : Aage d'or, Aage
d'argent, Aage d'airain, Aage de fer, gravé par Bosse en 1638. Ces
sujets avaient été gravés primitivement en plus grand format sous
les rubriques : L'Enfance, L'Adolescence, La Virilité, La Vieillesse
(1078-1081).
Ventes : Behague, 250 — Didot, 237 — Baron Pichon, 300 ; pièce très rare
gravée sur une seule feuille, en forme d'éventail.
L'Hôtel de Bourgogne (G D 1268). — Entre un Français et un
Espagnol occupant les deux extrémités de la composition, à gauche
Turlupin mettant la main dans la bourse de son voisin, à droite gros
Guillaume accompagné d'une femme. Sur la corniche en haut : Ostel
de Bourgogne. En bas la signature de Bosse, l'adresse de Le Blond
et 20 vers : Que ce théâtre est magnifique. . .
Ventes : Behague, 85 — Mailand, 72 — Bérard, 20, avec l'adresse de
Le Blond.
72 ÉCOLE FRANÇAISE
La Galerie du Palais (G D 12G7). — Tout le fond de l'estampe
est occupé par des livres, bibelots, dentelles, éventails, boites,
cartons, etc., etc., et les premiers plans par des acheteurs hommes et
femmes qui se font montrer ces divers objets ; on voit à gauche
une levrette, et au milieu de la composition un caniche tondu en
lion. Au-dessus de l'estampe le titre : La Galerie du Palais, et dans
la marge en bas, 16 vers : Tout ce que l'art humain a jamais..., la
signature de Bosse et l'adresse de Le Blond.
Au 2e état, le nom de Bosse est suivi de son adresse : Demeurant sur le
pont N.-Dame, au Pélican. — Si nous ne devions avoir qu'un seul Bosse,
c'est celui-là que nous voudrions posséder, la pièce est délicieuse. — A la
vente Behague, on l'adjugea 175 francs, et à celle de Mailand, 150.
Les Vierges sages et les Vierges folles1 (G D 43-49).
N° 43. — Dans un vaste appartement, une table occupe le milieu de
la composition, sur cette table un livre ouvert appuyé sur une croix.
A gauche, deux femmes sont assises et s'entretiennent des mystères
de la croix, à droite trois autres lisent. En bas le titre : Les Vierges
sages ; 16 vers commençant par ces mots : Ces belles vierges que tu
vois. . . puis la signature de l'artiste et l'adresse de Le Blond.
N° 44. — Le soir, dans une chambre éclairée par cinq lampes
antiques posées sur une table à gauche, près d'un livre appuyé sur
une croix, les cinq femmes paraissant endormies2 sont groupées de
profil et de trois quarts à droite, devant une cheminée au feu qui
éclaire et pétille, un chat est près d'elles. En bas le titre : Les Vierges
sages, et 16 vers commençant par : Nul vain objet ne peut distraire. . .
puis le nom de l'artiste et l'adresse de Le Blond.
N" 4"). — Sur le seuil d'un temple, le Seigneur dans un rayonnement
se dirige vers les cinq femmes qui arrivent de la gauche, elles tiennent
chacune une lampe allumée à la main ; on remarque deux colonnes
à droite sur lesquelles on distingue les figures de la Foi et de la
Vérité. En bas le titre : Les Vierges sages, et 16 vers commençant par :
Ces Vierges d'un abord si doux... puis le nom de l'artiste et l'adresse
de Le Blond.
' Les trois Sages portent les n" 43, 14, 45 ; les quatre Folles 40. 47. 48. 49.
' Contrairement cependant i Ce qu'en dis. -ni lea vers Cclles-cy raisonnent et veillent
les 16 vers sont sur quatre colonnes occupant toute la largeur de la marge.
ÉCOLE FRANÇAISE 73
N° 46. — Dans un somptueux appartement quatre femmes jouent
aux cartes, lisent ou font de la musique pendant qu'une cinquième au
fond se regarde dans une glace. En bas le titre : Les Vierges folles,
16 vers commençant par: Tu vois comme ces vierges folles..., le nom
de l'artiste et l'adresse de Le Blond.
N° 47. — Devant une cheminée quatre femmes sont endormies, une
cinquième repose à gauche au fond de la composition, assise, le coude
droit appuyé, dans le coin gauche par terre une lampe éteinte. En bas
16 vers : Ces Vierges au lieu de veiller. . . et l'adresse de Le Blond.
N° 48 ' . — A gauche le portique d'un temple, des marches duquel
descend une vierge qui pleure parce que l'on n'a pas voulu l'y recevoir,
ses quatre compagnes semblent surprises et atterrées et celle de
l'extrême droite ne peut retenir ses larmes. Au fond la campagne.
Au bas le titre : Les Vierges folles; 16 vers : O qu'une âme a de mal. . .
et l'adresse de Le Blond.
N° 49. — Les dix vierges sont réunies dans un temple, la lampe à
la main, elles obéissent à la voix qui filtre dans le rayon partant du
haut de l'estampe à gauche, sur lequel on lit : Sorte: voicy l'espous. Pas de
titre, mais 16 vers : O que de saints rauissements... et l'adresse Le Blond.
Très jolie suite qu'il est encore assez rare de trouver complète.
Ventes : Behague, 100 — Guichardot, 56 ; manque le n» 46 — Mailand, 70.
Parmi les nombreuses autres estampes dignes d'être signalées, citons
encore : Les Œuvres de Miséricorde 2 (50-56), suite de 7 pièces extrêmement
remarquables, adjugées vente Bebague, 145 — La Noblesse française à
l'Eglise (1319-1331), suite de 13 pièces des plus recherchées et des plus
intéressantes, adjugée à la même vente3 700 francs et 400 à celle de
Mailand — Les Sept Péchés capitaux (218), rarissime * — Les Quatre Saisons
(1055), pour écran, très rare ; vente Bebague, 200 francs — Les Cinq Sens
(1071-1075), même vente, 200 francs, avec l'adresse de Melchior Tauernier —
Les Métiers (1391-1397), suite de 7 pièces, avec les adresses de Le Blond
et de Melchior Tauernier; même vente, 140 francs, et 50, vente Bérard —
Le Français et son Laquais (1406), rare ; vente Behague, 260 francs — A la
vente Destailleur, en 1895, trois volumes contenant 297 pièces de l'artiste
furent adjugés 1505 francs.
1 Cette pièce est la plus remarquable de la série.
' Dont voici les titres : Donnez ri manger ri ceux qui ont faim — Donnez ri boire ri een.r qui
ont soif — Loger les pèlerins — Visiter les prisonniers — Visiter les malades — Vestir les nuds —
Ensevelir les morts.
3 II manquait les n" i et il.
* Nous en connaissons un exemplaire chez M. Eugène Boismen, architecte distingué et
savant bibliophile de Nantes.
74 ÉCOLE FRANÇAISE
CALLOT (Jacques)
Né à Nancy en 1593, mort dans cette ville en 1635. — Artiste aussi habile
qu'original, qui habita longtemps l'Italie et trouva un puissant patronage
dans Corne II de Médicis. Son œuvre, composé en partie de petites pièces
et de nombreuses suites, est extrêmement considérable, il dépasse
1500 numéros; il a touché à tous les genres : théologie, histoire, portraits,
usages, mœurs, paysages, grotesques, batailles, fêtes, etc., etc..
Dès 1804, J.-H. Green publia à Londres son catalogue, mais le meilleur
et le plus complet de beaucoup, le seul qui fasse autorité, est celui de
Meaume de Nancy, Paris, 1860. Il est divisé en trois parties et en deux
volumes ; la première contient la biographie, la deuxième l'œuvre, la
troisième les pièces douteuses. Malgré l'extrême valeur d'art de certaines
pièces du Maître, elles n'atteignent jamais de gros prix, nous pourrions
même presque dire que l'œuvre est un peu délaissé aujourd'hui. Ses eaux-
fortes ont une netteté et une vigueur de burin qui leur donnent un œil très
particulier ; on considère que son talent atteignit son apogée de 1612
à 1622. — Consulter aussi dans la bibliothèque des Merveilles le volume
que lui a consacré Henri Bouchot. — Le Maître eut un imitateur, Stéphane
La Belle, dont le catalogue fut fait par .lombert ; la plupart de ses cuivres
existent encore. — Les très belles épreuves ne sont pas communes.
La Foire de Gondreville (Meaume 623). — Sous un immense
arbre aux robustes branchages placé au deuxième plan à droite de
l'estampe, de nombreux personnages dansent et causent. Sur le tout
premier plan à droite dans le bas de l'estampe, des joueurs s'amusent
aux boules, près d'eux et plus à droite un personnage est couché sur
le dos, la tète à gauche, dans une charrette à deux roues dont les
brancards reposent à terre. A droite et à gauche de la composition,
des maisons.
I"1" état. — Avant le nom de l'artiste sur le terrain à gauche en dedans
du trait carré.
2° état. — Avec le nom, mais avant l'adresse d'Israël Sylvestre.
3« état. — Avec l'adresse.
Cette pièce, qui porte aussi le nom de Les Joueurs de boules ou encore de La
petite Foire, est une des plus délicates de l'artiste ; clic fut gravée en Lorraine.
Ventes : Didot, t« état, 250, de la collection Camberlyn, où elle fut
payée 106 — Guichardot, 1er état, 128 — Meaume, !•' état, avec la signature
autographe de Callot et au verso celle de P. Mariette 166."), adjugée 120 ;
la même, 2' état, 30 — Chartener', même état, 205, avec la signature
autographe de Callot.
i Ce n'étail pas un.' vente d'estampe*, mail bien de livres.
V
ÉCOLE FRANÇAISE 75
La Tentation de saint Antoine ' (139).
Grande pièce fantastique et curieuse que nous trouvons pour notre part
peu intéressante. Le 1er état, avec 6 rosettes dans les armoiries au lieu de 27,
est fort rare. — Cette pièce a été copiée par Pierre Picault, dans le sens de
l'original, et en contre-partie par Pacot et par J.-C. Baur. — C'est, croit-on,
la dernière gravée par Callot.
Ventes : Chartener, 3« état, avec les 21 rosettes et avant le trait échappé,
30 — Malinet, 26 — Casimir Périer, 3e étal, 41 — Defer Dumesnil, même
état, 38 — Lacroix, avec le trait échappé très apparent, 87.
Le Grand Rocher (616). — Un rocher au milieu de la mer et un
aigle apprenant à ses petits à regarder fixement le soleil, une bande-
role avec une inscription latine commençant par ces mots : Nec
imbellem féroces. . .
Pièce excessivement rare, dont un exemplaire à la vente Chartener fut
adjugé 18 francs.
La grande Foire de Florence ' (624).
Il n'existe que trois épreuves connues du lor état, c'est-à-dire : avant deux
écussons aux armes de Bondelmonli qui sont à droite et à gauche de la
dédicace Serenissimo Cosmo... et avant les mots in Firenze qui sont dans
les autres états en bas à droite.
Une de ces épreuves figura à l'exposition Dutuit en 1869, elle avait été
acquise en 1862 à la vente Simon, moyennant 375 francs — A la vente
Behague, la réplique réduite fut adjugée en 1« état 81 francs, c'est-à-dire
avant le nom de l'éditeur Israël Silvestre — Vente Meaume, 1" état,
première planche, 59 francs.
~-
Les Supplices (665).
Cette estampe, une des plus remarquables du Maître, fut gravée à Nancy,
elle représente les châtiments des criminels à Florence.
Ventes : Didot, 2° état, avec la correction au mot meschant écrit meschans
dans le 1" étal, mais avant l'adresse d'Israël Silvestre, 44 — Behague,
l«r état avant la correction, la tour carrée du milieu à gauche ainsi que la
1 II y a une seconde pièce de même rubrique, un peu plus grande ; sur le premier plan
on y voit des démons qui boivent, et au milieu une rivière qui traverse la composition.
2 Dite encore La Foire de l'Imprunetta. parce qu'elle se tenait à la fête de saint Luc. le
18 octobre, devant l'église de l'Imprunetta. — Il existe une deuxième planche réduite, qui
n'a pas d'écussons aux deux coins de la terrasse.
76 ÉCOLE FRANÇAISE
statuette de la Vierge dans une niche a l'angle de la rue au fond à droite,
apparaissent très distinctement, 121 ' — Meaume, 2' état, 82.
L'Eventail • ou l'Ecran (017).
A la vente Chartener, 89 francs ; à celle de Meaume, 61 ; fort jolie pièce
qui a été copiée par François Collignon — Une autre copie se reconnaît à
ce que dans le bas à droite le mot fec n'existe pas après Jacomo Callot —
Une copie sur bois existe par Eckman ; nous ne l'avons jamais vue.
Les grandes Misères de la Guerre (564-581).
Suite de 18 pièces recherchées. — Le 1" état, très rare, est avant les vers
et les numéros, mais avec le nom d'Israël ; le 2<~, avec vers et numéros ;
le 3e, avec le nom d'Israël Silvestre effacé.
Ventes : Behague, 2<- état, 245 — Meaume, 2« état, 100 — Casimir Périer,
même état, g. m., 75 — Defer Dumesnil, même état, 425 — Lacroix, même
état, 181.
La Noblesse (673-684).
Suite de 12 pièces.
Ventes : Meaume, 1^ état, 100 — Casimir Périer, 1er état, avant l'adresse
et les numéros, 70 — Defer Dumesnil, même état, 200.
La Carrière ou la rue Neuve à Nancy (621).
Ventes : Didot, 1« état, avant l'adresse de Silvestre, 120 — Behague,
même état, 'J2 — Malinet, même état, 55.
Le Parterre ou le,Jardin de Nancy (622).
Cette pièce se vend à peu près le même prix que la précédente.
Signalons encore comme insignement rares doux pièces : Le petit Prêtre'
(154) — La Sainte Famille (67), estampe unique sans doute et sans nom
d'artiste, qui Bgurail en 1869 à l'exposition Dutuit, et Pièce de Dédicace à
Cosme de Mcdicis (882; — A la vente Hulot, en ÎN'.IJ, l'œuvre du Maître,
composé de 1150 pièces, fut adjugé 2570 francs — En 1826, le baron Vivant
i Le i en 1856, a la vente Mis de la Salle, il Était de US francs,
haut on I I dans une banderole : Battaglla del R 1 c </<■/ fte Tinta... Cette pièce,
qui représente un feu d'artifit Plorei entre deui ponts, est renfermée
dans un cartouche en forme d'éventail, ce qui la lut désigner sous oc nom.
j Ou /.<■ Porte-Dieu; petite pièce qu'affectionnait particulièrement l'artiste, ce qui lit même
dire qu'il en portail le cuivre pendu t mi boutonnière; aussi les épreuves avant la marque
du trou Bont-ellefl Insignement rai
ÉCOLE FRANÇAISE 77
Denon avait réuni un des plus beaux œuvres de CaUot, il l'avait payé
1950 francs, il provenait de chez Zanetti — En 1900, à la vente Guyot de
Villeneuve, un volume contenant 45 pièces fut adjugé 1000 francs ; à cette
même vente, Les Misères et les Malheurs de la Guerre, 16 pièces avant la
lettre, firent 950 francs, et 18 pièces en 2<? état, 500.
CASA (Nicollo délia)
Ce graveur au burin, que la désinence de son nom porterait à classer
dans l'école Italienne, est Français. Il est né en Lorraine au commencement
du xvie siècle, affirme Didot. Son œuvre se compose de 5 pièces qui sont
des portraits ; celui que nous allons mentionner est de la dernière rareté.
Henri II (Didot 209). — Le Roi est debout à mi-jambes de profil
à gauche, il porte cuirasse, sa main droite tient un sceptre et s'appuie
sur un casque, tandis que la gauche repose sur son bouclier. En bas
on lit : Hem-icus II Francor Rex Eta XXVIII 1547.
Une épreuve, malheureusement très abîmée au verso, passa à la vente
Didot, elle y fut adjugée néanmoins 1550 francs à Noséda de Londres,
croyons-nous, auquel elle avait été commissionnée ; elle provenait de la
collection de M. Niel qui l'avait reçu de New-York. Malgré de fortes
présomptions pour que ce portrait soit de l'artiste, il ne lui est cependant
qu'attribué ; Ottley, le célèbre écrivain d'art anglais, y voit plutôt la main
puissante de Benvenuto Cellini ; en tous cas, ce portrait relève absolument
de l'école de Marc Antoine.
DELAULNE (Charles-Etienne)
Né à Paris ou à Orléans en 1518, mort à Strasbourg en 1595; surnommé aussi
Stéphanus, à cause de ce nom dont il usait souvent pour signer ses estampes.
Son œuvre très varié : nouveau testament, histoire profane, sujets allégo-
riques, mythologiques, dessins d'ornementation, portraits, ceux-ci au nombre
de quatre seulement, comporte, suivant Robert Dumesnil et Duplessis,
443 numéros ; le format en est généralement de dimensions restreintes.
L'artiste, extrêmement habile, a gravé avec une finesse extrême bon nombre
de pièces ; on sent là le premier métier de Delaulne qui débuta par être
orfèvre.
Nous croyons que cet artiste, malgré sa grande maîtrise, n'est pas très
collectionné.
Voici de lui quelques portraits, qu'il faut avoir comme précieux spécimen
d'un métier fort brillant et rappelant, comme le dit R. Dumesnil, la manière
de Campagnola dans l'art de finir les estampes ou pointillé.
78 ÉCOLE FRANÇAISE
François II. duc de Guise. — Dans un cadre sculpté, à mi-corps,
vu de profil, il est tourné à droite et tète nue. Revêtu d'une armure,
la main gauche tient le bâton de commandement, et le bras droit
s'appuie sur un casque empanaché. Au-dessous dans la bordure :
Franciscus Dux A. Guisia.
Pièce anonyme, très rare, attribuée au Maître, qui n'est mentionnée ni
dans Robert Dumesnil et Duplessis, ni dans Ch. Le Blanc.
Ventes : Bebague, 225 — Didot, 105.
Henri II (R D 311). — Dans un ovale entre le double trait duquel
on lit : Henricus II Galliarum Kex, le personnage est en buste revêtu
de son armure et tourné à gauche.
Portrait très rare — réduction du n" 310 — qui fut adjugé 150 francs à la
vente Didot.
Ambroise Paré (R D 313). — A mi-corps tète nue, tourné à
droite, il regarde de face. Le pan de manteau jeté sur l'épaule masque
en partie son vêtement, son cou est garni d'une fraise, il porte barbe
et moustaches. Dans une tablette en haut on lit : Anno \jEtatis, 72|
1582, et au-dessous, S. F.
Cet état est le premier. Dans le second, sur le ciel à droite, ou lit :
/. L. R. Excudit. — Pièce très rare, adjugée vente Didot, 310 francs.
Nous ne saurions passer sous silence : Les douze Mois de l'Année (225-230);
comme invention et exécution, ce sont de véritables bijoux1, l'artiste
n'avait-il pas du reste été orfèvre 1 Mars, Avril, Juin, Août et Octobre
sont tout particulièrement remarquables, ainsi que : fiellonc (361) — Apollon
(371) — Hercule (373) — Le Péché du premier Homme (428) — La Mort
d'Abel (429), qui ont l'apparence de véritables nielles.
DREVET (Pierre)1
Né à Loire le 20 juillet 1663, mort à Paris le 9 août 1738. Admirable
graveur de portraits, dont quelques-uns peuvent aller de pair avec ceux de
Nanteuil, Edelinck, Morin et Masson. Nous ne parlerons pas des quelques
sujets religieux que lui ou les siens ont traités, s'ils sont d'une rareté
1 Adjugé en épreuves de i" étal Le prix dérisoire de -i francs A la vente Bérard en is'.h.
\ cette \ ente, Les Armoiries de Strasbourg, pièce non décrite, portant le monogramme du Maître,
lui payée 210 francs.
3 Consulter le catalogue raisonné : Les Drevet (Pierre, Pierre fmbert et Claude), par Ajnbrolse
Plrmln-Dldol. Paris, 1876.
ÉCOLE FRANÇAISE 79
insigne, ils sont aussi inférieurs de qualité. C'est l'œuvre de Pierre Drevet
qui est de beaucoup le plus considérable, Firmin-Didot y relève 225 pièces.
Voici les portraits les plus avidement recherchés des collectionneurs :
Jacques-François-Edouard Stuart (F D 13). — Dans un ovale
équarri, presque de face à mi-corps, les cheveux longs et bouclés,
cravate de dentelles, il porte sur la poitrine le grand cordon en sautoir
et les insignes de l'ordre de la Jarretière. Au-dessus de l'ovale, une
banderole sur laquelle on lit : Ick Dien.
Cette estampe est d'après Largillière; on ne connaît que deux exemplaires
avant la lettre ,■ l'un qui est au Département des Estampes, l'autre qui fut
adjugé à la vente Didot 695 francs.
Christine-Caroline de Wurtemberg (F D 28). — Dans un
ovale équarri sur un socle, elle est à mi-corps, tète nue, vue de face,
tournée à droite, les cheveux bouclés tombent sur les épaules, le bras
droit est demi-nu, le corsage orné de perles est échancré et laisse
entrevoir la naissance des seins, le vêlement qu'elle a sur les épaules
est doublé d'hermines. A gauche une draperie, sur le socle un
cartouche armorié timbré d'une couronne ducale.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, l'écusson ou cartouche est en
blanc, état non décrit, unique sans doute1, 955; avant toutes lettres, 1« état,
790, grandes marges — Didot, 1>'' état, 880, un des trois connus.
Louis XV (F D 58). — Il est enfant et assis sur son trône, tête
nue, de trois quarts, vêtu du manteau royal, son sceptre à la main,
les pieds reposant sur un coussin. Les cheveux sont longs, à son cou
pend l'ordre du Saint-Esprit. En bas à gauche : Peint par Hyacinthe
Rigaud ; à droite : Gravé par Pierre Drevet 1723, et au milieu sur la
tablette : Louis Quinze.
Ventes : Behague, épreuve avant toutes lettres, la seule connue, 2405 ; elle
est citée dans le catalogue Paignon-Dijonval sous le no 7465 ; la même, avec
la lettre, 180 — Didot, même état, 60.
Louis XIV (F D 55). — Il est debout, revêtu du manteau royal, de
trois quarts à gauche, la longue perruque dont il est coiffé forme
deux boucles au-dessus des sourcils, il porte un maillot, jarretières
' Il on existe un exemplaire a» Département îles Eslumpes, serait-ce celui-là. nous l'ignorons.
80 ÉCOLE FRANÇAISE
au-dessous du genou et l'épée au côté. La main gauche repose sur la
hanche. Sur un meuble recouvert d'un tapis fleurdelysé sont placés
les apanages de la royauté. Derrière lui un fauteuil. Dans l'encadre-
ment à gauche : Hyacinthe Rigaud Pînxit ; à droite : P. Drevet sculpsit,
et sur la tablette : Louis le Grand.
Le le» état, qui manque aux Estampes, se distingue particulièrement, dit
Firmin-Didol, en ce qu'il est avant la suppression d'une boucle de cheveux
au-dessus de l'œil droit et avant l'augmentation du mollet droit. Roth et
Dutuit la possédaient; ce sont les deux seules épreuves connues.
Ventes : Behague, 55 — Didol, 3' état, 120 — Mailand, 2'- état, avant les
contre-tailles sur la colonne, 116, la seule connue1.
Duc de Villars (F D 12I5). — Revêtu de son armure, il est vu à
mi-jambes, la croix du Saint-Esprit pend au grand cordon qu'il porte
en sautoir et que sa main gauche appuyée sur sa hanche tient relevé.
Il a dans sa main droite étendue le bâton de commandement. Au
fond de la composition à droite une bataille, celle de Denain, qu'il
gagna en 1712. En bas du cadre, ses armoiries timbrées de la couronne
ducale. Sous le trait carré à gauche : Peint par Hyacinthe Rigaud, et à
droite : Gravé par P. Drevet.
La seule épreuve de 1" état connue, c'est-à-dire 'ion terminée, avant toutes
lettres et avant les trophées dans les angles du haut, etc., est actuellement
à Londres, chez M. Morrison ; elle provenait de la collection Marshall.
Ventes : Behague, -F et dernier état, avec l'inscription de G lignes, 23 —
Didot, 2e état, épreuve terminée avant toutes lettres et avant les trophées,
1000; c'est un des trois exemplaires connus, les deux autres sont aux
Estanyws et à ['Albertine ; 3'- étal, avec l'inscription de 9 lignes, 79;
1' état, 12 — Mailand, 3« état, 101 ; I- état, 26.
A mentionner encore comme fort remarquables : Keller (76) — Madame
Relier (77) — Boileau Despréaux (24) — Louis Phelypeaux (83) — François
de Troy (120).
DREVET (Pierre-Imbert)
Fils du précédent, né à Paris en 1007, mort le 27 avril 1739; héritier des
qualités de son père, ses œuvres sont souvent confondues avec celles de ce
dernier. Firmin-Didot relève 33 pièces dans son catalogue, dont 24 portraits.
1 Dans lr catalogue il'- la rente Didol en 1877, -.nus le n* 1118, on signale l'exemplaire de
?• iini comme étant untqaei il est actuellement ru Département des B$tampt$.
ÉCOLE FRANÇAISE 81
Jacques-Bénigne Bossuet (F D 12). — Debout et de face, tète
nue, il regarde à gauche, la main droite éteudue est appuyée sur un
livre posé debout sur une table au pied de laquelle gisent épars
d'autres volumes, sa main gauche tient sa barrette pendant négli-
gemment le long de son surplis. Le poids du corps porte sur la jambe
gauche, derrière lui deux colonnes avec draperie soutenue par des
cordons à glands, à droite un fauteuil. Sur le signet d'un des in-folio
qui est au pied de la table on lit : Graué par P. Drevet. f. s., et sur le
dos d'un autre volume placé verticalement : Peint par H. Rigand. En
bas sous le cadre à gauche : Hyacinthus Rigaud pinxit ; à droite :
Petrus Drevet sculpsit 1723 ; au milieu une longue légende: Jaeobus
Benignas... Cette inscription est coupée en deux par un écusson
armorié surmonté d'un chapeau d'évêque et d'une couronne de baron.
Le 1er état, dit au fauteuil blanc', c'est-à-dire avant les troisièmes tailles
horizontales sur le dos du fauteuil, avant les dates de naissance et de
mort, avec les mots écrits Constorianus et Trecenses et sans la virgule après
le mot prœceptor. Dans cet état, fleur de cuivre, la tête et les mains sont
modelées avec une perfection et une finesse inouïes ; il y a là une science
de l'outil qui permet la comparaison avec n'importe quel Nanteuil,
n'importe quel Edelinck ; c'est un admirable chef-d'œuvre/.
Le 2e état est avec les dates de naissance et de mort ; le 3e avec les mots
rectifiés et écrits Consislorianus et Trecensis, la virgule existe après
prœceptor ; le 4e avec les tailles au fauteuil, et le dernier état conforme au
précédent, avec cette différence cependant qu'après Hyacinthus Rigaud
pinxit, il y a quelquefois un, deux, trois, jusqu'à huit points qui signifiaient,
croit-on, qu'il y avait eu cent, deux cents, etc., épreuves tirées de cet état.
En somme, il n'y a d'intéressant à recueillir que les trois premiers états. —
Le cuivre existe encore et se trouve chez A. Bernard fils, 1 rue des
Grands- Augustins.
Ventes : Behague, 2e état, 700 ; 4e état, avant les points, 110 — Didot,
2e état, épreuve laissant un peu à désirer, 500 ; la même, 4e état, 150 ;
la même, en copie contemporaine, mais presque introuvable, 20 — Mailand,
4e état, avant les points, 195 — Defer Dumesnil, même état, 175.
Cardinal Dubois (F D 15). — Vêtu d'hermine et presque souriant,
il est assis de trois quarts à droite, il regarde de face, la main droite
1 Cette désignation au fauteuil blanc, n'implique pas toujours le 1" état, l'épreuve est encore
au fauteuil blanc au 2' et au 3' état ; ce n'est seulement qu'au 4' qu'apparaissent les troisièmes
tailles qui viennent assourdir le petit effet de lumière presque imperceptible qui existe tout à
fait au haut du dossier du fauteuil.
2 Dont les deux seules épreuves connues sont : l'une au Département des Estampes, don de
His de la Salle, le 27 mai 184G ; l'autre à l'Alberttne de Vienne.
6
82 ÉCOLE FRANÇAISE
ramenée sur les genoux tient sa barrette, l'autre est appuyée sur la table
avec une adresse portant : Au Roy. Derrière lui une draperie relevée.
A gauche: Peint par Hyacinthe Rigaud. A droite : Gravé par P. Brevet
1724. Sous le cadre, écusson armorié et : Guillaume Cardinal Dubois. . .
Le 1" état, qui est de toute rareté, est avant le médaillon renfermant les
armoiries ; il n'existe que deux exemplaires connus, celui de la vente Didot
et celui de VAlbertine.— La planche se trouve actuellement chez A. Bernard.
Ventes : Behague, 32 — Didot, 1er état, 1000, provenant de chez Camberlyn
à la vente duquel elle fut adjugée 220, les armes et la lettre étaient exécutées
a la plume ; la même, en 2<-' et dernier état, 26.
Adrienne Lecouvreur (F D 24). — A mi-corps dans un médaillon
lézardé reposant sur un socle ; de face les yeux levés au ciel, cheveux
relevés sous un long voile avec deux tresses retombant sur l'épaule
gauche; pendants d'oreilles en forme de poire, robe de velours noir
décolletée. Dans les mains une urne funéraire contenant les cendres
de Pompée, elle la presse contre sa poitrine et dans ce mouvement
l'ait glisser le bas de sa manche qui découvre le bras gauche jusqu'au
coude. Dans la tablette ce quatrain : C'est peu de voir icy . . .
Le 1er état est avant toutes lettres ; il n'existe, dit-on, que quatre épreuves
de cet état ' ; le 2« avec la faute, c'est-à-dire au dernier vers avec le mot
« modèle » écrit model, et le 3e avec la faute rectifiée.
Ventes : Behague, 2= état, 260 ; 3<= état, 45 — Didot, 1« état, 1010, la lettre
était écrite à la main; 2« état, 180; troisième état, 41; Muhlhacher, 2e étal,
101 — Defer Dumesnil, même état, 80.
DREVET (Claude)
Neveu de Pierre et cousin de Pierrc-Imbcrt, né en 1705 et mort à Paris
le 23 décembre 1781. N'a fait que neuf portraits et six autres sujets religieux
et profanes; c'est un artiste fort habile, qui néanmoins est loin d'avoir la
valeur de ses deux parents.
Comte de Zinzendorf (F D 15). — Souriant, debout et de l'ace,
il regarde à gauche, il est vu à mi-jambes, ayant au cou l'ordre de
la Toison d'Or; la main droite est sur la hanche, l'autre s'appuie
i Celles >;■ Didot, <lu Département iet Ettampa, ilu BrtlUh Ifaieitm el de VAlbertine.
ÉCOLE FRANÇAISE 83
sur sa toque qui est posée sur un socle près duquel est un vase, d'où
sort une flamme qui s'allume sous le souffle d'une tête d'ange ailé.
Les armoiries et une légende: Philippus Ludovicus Cornes... En bas
à gauche : Hyacinthns Rigaud. . . , et à droite : Claudius Drevet. Sculpsil.
Parisis.
Ventes . Behague, 2e état, avant toutes lettres, mais avec la bordure où
la place des armoiries est réservée, 351 ; avec la lettre, 25 — Didot, 1<^ état',
avant toutes lettres, avant les armes dans la marge, avant le cadre, avant
l'achèvement des armoiries et la devise Agitatci Clarescit sur le vase du
socle, 610 ; le même, 3e état, 46.
HenriOswald*(FD 12).
Un état non décrit par Firmin-Didot, qui n'en connaît qu'un seul avec la
lettre, a passé à la vente Behague ; il était avant l'inscription sous le trait
carré: Hanc efflgiem. venerationis. . . et fut adjugé 705; épreuve unique
sans doute.
DUVET (Jean)
Né à Langres en 1485, dit Le Maître à la Licorne, à cause de cet animal
fabuleux qu'on remarquait souvent dans ses compositions. Son œuvre se
compose d'environ 75 pièces.
Il est bon d'avoir dans une collection quelques spécimens de notre plus
ancien graveur ou tout au moins d'un de ceux que nous considérons
comme tel, car grâce aux travaux qui se poursuivent actuellement,
lentement mais sûrement, nous sommes convaincu que certains Maîtres à
monogrammes ou à millésime, considérés jusqu'à présent comme Italiens,
Allemands, Hollandais ou Flamands, feront retour à notre école
Saint Sébastien, saint Antoine et saint Roch (Robert
Dumesnil 20). — Debout et de face, la tète auréolée, saint Sébastien,
demi-nu, le bras droit levé, est adossé à un arbre; un ange descendant
du ciel lui dépose une couronne sur la tête. A gauche, saint Antoine,
une clochette dans la main droite, un livre entrouvert dans la gauche.
A droite, saint Roch et son chien. Entre saint Sébastien et saint Roch,
on aperçoit un ange debout de profil à droite.
1 Les deux autres exemplaires connus sont au Département des Estampes et dans la collection
Roth ; nous ignorons qu'est devenu ce dernier.
8 La planche existe chez A. Bernard.
84 ÉCOLE FRANÇAISE
Cette estampe est une pièce fort curieuse et pleine d'allure qui frise à
s'y méprendre un dessin à la plume; une épreuve fut adjugée à la vente
Angiolini 194 francs.
Jésus chassant les Vendeurs du Temple (R D suppl' 4). —
Près d'une colonne du temple, le Christ le bâton levé, se dirige vers
la gauche, il vient de renverser deux vendeurs dont l'un est encore
sur le dos. Parmi les autres personnages, on en remarque un au
second plan et au milieu de la composition, qui est assis à une table,
la tète coiffée d'un chapeau et la main droite appuyée.
Un exemplaire de cette rare estampe fut payé 550 francs à la vente
Angiolini.
EDELINCK (Gérard)
Né à Anvers en 1627, mort à Paris en 1707; comme son confrère van
Schuppen, nous le condidérons comme un des nôtres. Il est avec Nanteuil
le plus grand de nos burinistes. Son œuvre, catalogué par Robert Dumesnil,
se monte à 339 pièces, dont 200 portraits. — Ne pas le confondre avec ses
deux frères Jean et Gaspard-François ou avec son fils Nicolas.
Philippe de Champaigne (R D 164). — A mi-corps, au pied
d'un arbre dans la campagne, il regarde légèrement vers la gauche,
la main droite tient un rouleau de papier portant 1668, et la gauche
maintient le manteau jeté sur l'épaule. Au fond et au milieu de la
composition un clocher, et tout à fait à droite une église. Dans la
marge : Philippus de Champaigne. . ., puis à gauche : Se ipse pinxit, el
à droite : G. Edelinck sculpsit. 1676. Cum pri. R.
C'est un fort beau morceau, celui que préférait l'artiste dans son œuvre;
le public amateur ne semble pas être du même avis, car il ne le paye pas,
quand il passe en vente. Le l11 état est avant le trait échappé, c'est-à-dire
avant le trait qui est presque perpendiculaire sur le ciel et les feuilles à
gauche de la composition, soit à mi-hauteur entre le tronc du petit arbre
et le dos du personnage a 5 millimètres du pan du manteau et a 00 du bord
de l'estampe.
Le Département des Estampes possède une épreuve d'essai unique sans
doute, avant la lettre et avant les contre tailles sur le troue d'arbre près la
tête du personnage ; elle provenait de la collection Scitivaux et fut payée
1350 francs, prix énorme pour l'époque.
Ventes : Behague, I" état, 72 — Didot, même étal, 155.
ÉCOLE FRANÇAISE , 85
Keller (R D 229). — Tourné à droite et à mi-jambes, il est dans
son atelier, la main droite qui tient un compas s'appuie sur un canon.
Par une fenêtre qui est au fond à droite, on aperçoit la campagne et
une ville fortifiée. En bas à gauche : de Largillière pinxit, et à droite :
Edelinck seul. C. P. R.
Le 1" état est avant les noms des artistes. — Il existe des épreuves
où à l'aide d'une lame mobile on a ajouté... Jean-Jacques Keller,
commissaire, etc...
Ventes : Guichardot, 1" étal, 48 — Behague, même état, 245 — Didot, état
non décrit et rarissime, il est avant toutes lettres et avant le paysage dans
le fond à droite, 210; il provenait de la vente Camberlyn où il fut adjugé 51.
Desjardins (R D 182). — Debout de face, il regarde à gauche, le
col déboutonné d'une fine chemise laisse entrevoir le cou, la main
gauche demi-ouverte fait un geste, tandis que l'autre s'appuie sur
une tête de bronze d'un des captifs du monument de la place des
Victoires. A droite une draperie soulevée laisse apercevoir la
campagne. Dans la marge: G. Edelinck sculp. Martinns. . . Cum.
Privil. ? Régis.
Ce portrait très rare, d'après H. Rigaud, est à notre humble avis le
chef-d'œuvre de l'artiste.
Ventes : Behague, le> état, avant toutes lettres, 1005 — Didot, même
état, 1020.
Nathanael Dilger (R D 185). — En buste dans un ovale équarri
de trois quarts à droite, portant longue barbe et longs cheveux, il
regarde de face, le manteau rejeté en arrière permet de voir le pour-
point et le col blanc. Dans la tablette : Ncdhanael Dilgerus Aetal.
circiter 75, et à droite : G. Edelinck sculps. eu. P. R. 1683.
Superbe et très rare estampe, adjugée vente Didot, 100 francs, provenait
de chez Marshall, et 165 francs à celle de Behague, elle portait au dos cette
mention : Donné à Charles Edelinck par moy Edelinck ; voici une pièce
superbe rendue encore plus précieuse par son annotation, et on ne la paye
que 165 francs ! ! comment s'expliquer ça ?
La Sainte Famille d'après Raphaël ' (R D 4). — Assise de
profil à droite, la Vierge reçoit dans ses bras l'Enfant Jésus nu
sortant de son berceau, derrière elle saint Joseph ; à droite saint Jean
1 Le cuivre est conservé à la Chalcographie.
86 ÉCOLE FRANÇAISE
et sainte Anne, et en face de la Vierge un ange debout qui lui
répand des fleurs sur la tête.
Il n'existe que trois épreuves sans aucune lettre; la première, celle du
cabinet des Estampes, provient de chez le duc de Buckingham à la vente
duquel, en 1834, elle fut adjugée 73 livres sterlings, c'est-à-dire 1825 francs;
elle avait été primitivement chez le prince de Rubrempré qui fit sa vente
en 1765, où Paignon-Dijonval Tacheta ; plus tard, Morel de Vindé, son
héritier, vendit la collection entière au marchand anglais W'ooitburn ', qui
à son tour la céda au duc de Buckingham ; la seconde est à Vienne, après
avoir traversé successivement les collections Borduge, duc de Saxe Teschen,
et celle de son héritier le prince Charles ; la troisième à Berlin.
Cette estampe, dite La Vierge de François f«r, bien délaissée aujourd'hui,
a eu son heure de célébrité ; voici quelques prix d'épreuves de 2« état,
c'est-à-dire avant les armes de Colbcrt, qui viendront corrober notre
assertion :
Ventes : Debois, 605 — Thorel, 1160 s — Didot, 240 — Dreux, 100.
On pourra joindre encore : John Drtjden (187) — Le Prince de Galles (211) —
Louis XIV (231) — Marquise de Montespan (278).
FIRENS (P.)
Nous signalerons de cet artiste, d'origine flamande, qui est né à Paris
vers le commencement du xvi« siècle, dit Le Blanc, les deux superbes et
rarissimes portraits suivants :
Louis XIII et Anne d'Autriche. — Le premier, jeune, est vu à
mi-corps, il est dirigé vers la droite et revêtu du manteau royal; dans
la bordure ovale qui l'entoure on lit : Ludovicas XIII Dei Gratin...
En haut de chaque côté, les armes de France et de Navarre, et en bas
dans un cartouche, un quatrain commençant par ces mots: Grand roy...
La seconde, vue à mi-corps, jeune également, est de trois quarts, les
cheveux sont relevés sur le devant, el sur sa tête repose une couronne.
Elle est vêtue d'une robe semée de Heurs de lys, el elle porte un
collier de perles avec brillants. Dans l'ovale : D. Anna d'Austria. . .
Adjugés n la venir Behague 200 lianes el ;'i celle de Didot 50; à cette
dernière vente, elles manquaient de fraîcheur et étaient avant le texte. —
Pour plus amples détails, voir Didot : Les Graveurs de Portraits en France,
tome I", pages 247, 248, 249.
1 Qui paya 120000 francs celte collection.
1 Acquise par Colnagln de Londres.
ÉCOLE FRANÇAISE 87
Marie de Médicis. — A mi-corps, en costume de veuve dans
une bordure armoriée en haut et en bas, sur laquelle on lit : Marie
de Médicis, Royne de..., et dans la tablette du bas, un quatrain
commençant par ces mots : Combien que ce soleil. . . , 1610.
Adjugé vente Behague 220 francs.
FORNAZERIS (Jacques de)
Les uns le croient Italien et né à Turin, les autres Français et né à Lyon;
il travailla entre 1590 et 1620. Notre programme ne s'étendant pas aux
recherches biographiques, nous ne faisons qu'enregistrer et passons. Nous
le trouvons pour notre part un peu sec et incolore, cependant nous
signalerons le rarissime portrait suivant :
Henri IV (R D 42). — En buste, grandeur presque nature, de
trois quarts à droite sur un fond fleurdelysé, un manteau bordé
d'hermines recouvre son pourpoint, il porte au cou le cordon de
l'ordre du Saint-Esprit. Dans la marge un quatrain commençant par
ces mots : On ne peut rien treuuer de semblable au soleil. . .
Adjugé à la vente Didot 500 francs.
GAULTIER (Léonard)
On ne sait rien ou presque rien sur la vie de cet artiste qui naquit à
Mayence vers 1550, travailla à Paris et mourut après 1628. 11 n'a point
encore été dressé de catalogue raisonné et descriptif de son œuvre ; Robert
Dumesnil ne mentionne même pas son nom. Le Blanc signale 162 pièces ;
c'est surtout dans le portrait que s'est spécialisé notre artiste; il est l'auteur
de la suite dite Chronologie collée', série de 144 petits portraits des hommes
illustres de son temps. Le graveur signait soit d'un monogramme, soit de
son nom entier. — Il eut pour continuateur J. de Fornazeris, Cl. Mallery et
Granthomme.
Louis XIII (Le Blanc 124). — En pied, enfant, et de face, il est
monté sur un coussin, à sa droite une table recouverte d'un tapis
fleurdelysé, à sa gauche on aperçoit un berceau, derrière lui une
' Rubrique qui ne veut absolument rien dire, et dont on n'a encore pu jusqu'à présent
établir la signification. A la vente Didot. cette suite complète fut adjugée 300 francs. Les
estampes de cet artiste en général ne se vendent que de très petits prix ; le nombre de celles
qui atteignent ou dépassent 400 francs est extrêmement limité.
88 ÉCOLE FRANÇAISE
chaise, dans la main droite un hochet, dans l'autre une branche de lys ;
sur les draperies relevées de chaque côté et qui l'encadrent, un écusson
armorié et une tablette dans le haut de laquelle on lit : Porlraict au
naturel de Monseigneur. . ., et dans la marge 8 vers sur deux colonnes :
Tous les Coniurateurs de l'Empire françois... Dans les doubles traits
de l'encadrement à gauche : L. Gaultier fecit, et à droite : /. Le Clerc
excu.
Fort joli portrait finement gravé et très rare, adjugé à la vente Behague
112 francs.
Louis XIII (L B 122). — Enfant, debout et de face dans un
appartement dont le fond est tapissé de fleurs de lys, le jeune roi,
près duquel on voit un petit chien, appuie sa main droite sur une
table, où sur un coussin sont placées les insignes du pouvoir, la
couronne et le sceptre. Derrière le monarque un siège, et à droite et à
gauche, des tentures. En haut de l'estampe : Louis XIII Roy de France
et de Navarre, et dans la tablette du bas un quatrain : Ce Prince en qui
reluit. . .
Rare estampe, adjugée 200 francs à la vente Behague.
Marie de Médieis (L B 128). — En pied, debout et de face, la
main droite pend le long du corps et tient un mouchoir, l'autre est
appuyée à plat sur une table recouverte d'un tapis à ses armoiries
aux quatre coins desquelles figurent un M surmonté de la couronne
royale, table sur laquelle un livre est posé ; à droite et à gauche de la
composition des draperies, celle de droite est relevée. En haut de
l'estampe dans une étroite tablette rectangulaire occupant toute la
largeur de la pièce, on lit : Marie de Médieis Roy ne Rege. . ., et en bas
dans la tablette: Voicy le vrai pourtraict. . ., et sur le parquet en
mosaïques à gauche : L. Le Clerc excud. avec Privilège du Roy, et à
droite : L. Gaultier scalp. 1610.
Le plus beau portrait du personnage, très rare.
Marie de Médieis (L B 130). — Dans un ovale équarri, à mi-
corps de trois quarts à gauche et regardant de face, la reine porte une
large collerette de dentelle tuyautée et des pendants d'oreilles en
forme de poire, les cheveux relevés cl crêpés sont ornés d'une étoile
sur le devant et d'une branche de fleurs sur le côté droit, le corsage
est agrémenté d'un collier de perles à quatre rangs. Dans l'ovale :
ÉCOLE FRANÇAISE 89
Marie de Médicis..., dans la tablette un quatrain: Si le ciel veult
donner. . . En bas à gauche : L. Le Clerc excu., au milieu : Avec
Privilège du Roy, et à droite : L. Gaultier fecit 1610.
Très rare ; adjugé vente Behague 365 francs, avec le tracé des lignes
très apparent, et vente Didot 26.
Marie Stuart. — A mi-corps de trois quarts à droite, elle regarde
de face, un crucifix pend sur sa poitrine, elle porte une large collerette
et des pendants d'oreilles en forme de poire. Au-dessus de sa tête :
La feu Roy ne d'Ecosse, en bas un quatrain : Je neus point de pareille
en ma beauté divine..., et au-dessous à gauche le monogramme
suivi du mot fecit, et à droite : P. Gourdelle excu.
Nous croyons cette pièce fort rare, nous n'en avons vu qu'une épreuve
un peu pâle au Département des Estampes, et elle n'est mentionnée ni par
Didot dans les Graveurs de Portraits en France, ni par Le Blanc. — Les
portraits du personnage sont du reste peu communs ; la collection de
Mme Adolphe de Puibusque en contenait 47. — Une intéressante notice sur les
portraits de l'infortunée reine fut publiée en 1860, à Saint-Pétersbourg, par le
prince Alexandre Labanoff qui en possédait la plus belle collection connue.
Louis XIII et Elisabeth de France (L B 120). — Tous deux
enfants, debout et de face. Louis est à gauche, coiffé d'un chapeau à
plumes, il tient une lance dans la main droite et appuie la gauche
sur un socle où est posé un casque empanaché. Elisabeth tient dans
sa main droite une branche de laurier qu'elle élève vers un vase
contenant un lys et autour duquel volettent des abeilles, ce vase est
posé sur un socle faisant pendant à celui sur lequel est le casque. Au
fond de l'estampe deux colonnes avec draperie à travers lesquelles on
distingue la mer avec des vaisseaux et un dauphin couronné. En
haut de la composition, dans une bande occupant la largeur de la
pièce, on lit : Les heureuses et fatales devises de Monseigneur le Dauphin
et de Madame fûle unique de Henri HII Roy de France et de Navarre ; et
dans la marge du bas, dans quatre cartouches à coins armoriés,
16 vers, à raison de quatre par cartouche : La mer est calme et les vents
irrités. . . Sous le socle de la colonne de droite : L. Gaultier fecit 1604,
et tout à fait dans le bas de l'estampe entre les deux traits carrés :
/. de Fonteni.
Pièce extrêmement curieuse et de toute rareté, à laquelle on ne fit
cependant guère honneur à la vente Behague, puisqu'elle n'atteignit qu'avec
peine 36 francs, 246 à celle de Didot et 40 à celle de Bérard.
90 ÉCOLE FRANÇAISE
Sacre et Couronnement de Marie de Médicis, 1610.
Vente Didot, avec la légende explicative, 200 francs, très rare; sans la
légende, 80.
GELLEE (Claude dit Le Lorrain)1
Né à Chamagne, dans les Vosges, en 1600, mort à Home en 1682. Son
œuvre se compose de 44 eaux-fortes, eaux-fortes pures, pourrait-on dire,
car il s'est à peine servi de la pointe ou du burin. Il y en a quatre ou cinq
de vraiment intéressantes, les autres ne méritent guère d'être collectionnées.
Les premiers états seuls sont à rechercher; toutes les épi cuves qui portent
des numéros dans la marge inférieure sont à rejeter impitoyablement, les
cuivres étant éreintés.
L'artiste est aussi l'auteur du Liber Veritatis, 200 planches de la grandeur
des originaux ', gravées en manière de lavis > par Earlora et publié en
quatre volumes par Boydell au commencement de 1777. Ce livre que n'avait
pas voulu acheter Louis XIV, malgré les instances du cardinal d'Eslrées,
ambassadeur à Rome, le fut par le duc de Devonshire, auquel du reste
John Boydell le dédia. — Une exposition de l'œuvre du Maître a eu lieu
en 1872 au Burlington Fine Arts Club.
La Danse au bord de l'eau (Robert Dumesnil fi). — Sur le bord
de l'eau, au premier plan et au milieu de l'estampe, un homme et
une femme se tiennent par la main et dansent, l'homme est à gauche ;
derrière eux à droite deux vaches et deux chèvres jouant ensemble.
A gauche cinq personnages dont deux assis sur un tronc d'arbre. La
partie droite de la composition représente un moulin à eau adossé à
des arbres, au fond des collines.
Pièce très rare.
Ventes : Knowles, 2c état, avant le numéro, mais avec le nom du Maître,
les bords de la planche sont sales, 376 — Griffiths, l" état, 525 — Stracter,
1" étal, avant le nom et le numéro, 750, de chez Griffiths — Angiolini,
même état, 1075.
I Consulter : Eau.r-forles, reproduites et publiées par Arnaud Durand, texte do G. Duplessis.
chez G. Rapilly, Paris.
- C'étaient des dessins en bistre rebâtisses de blanc. Comme Golléfl taisait très mal les
figures qui se trouvaient dans ms paysages, il avait recours pour les dessiner à Philippe
t. mi i "ii i Jai quei I ourtola dit te Bourguignon.
* Ce sont des manières noires.
ÉCOLE FRANÇAISE 91
Le Bouvier1 (R D 8). — Sur les bords d'une petite rivière
serpentant à travers la campagne et dans laquelle s'abreuve un
troupeau à gauche, un berger est assis à droite tourné de trois quarts
à gauche, il a un bâton entre les jambes et il sonne de la trompe.
Derrière lui un grand arbre isolé, et devant lui de l'autre côté de l'eau
un gros bouquet d'arbres dans l'éclairci desquels on aperçoit une
habitation. Au fond de l'estampe des collines joliment éclairées.
Pièce jouissant d'une grande célébrité : il y a 4 états, le 1« qui est de la
plus insigne rareté, est avec le 2?, les seuls dignes d'être recueillis.
1er état. — Sans aucune inscription.
2e état. — Avec l'inscription dans la marge à droite : Claudius in. et. f.
Romse 1636. . . et avant le chiffre 4 dans la marge de gauche.
3e état. — Avec l'inscription et avec le chiffre 4.
4e état. — Le petit oiseau, qui était très visible dans l'arbre de gauche le
plus proéminent, a disparu pour ainsi dire sous un nuage.
Ventes* : Guichardot, 3" état, 585 — Straeter, 2e état, 1375; c'est un des
plus beaux connus ; il provenait de chez Kalle — Defer Dumesnil, 3e état,
330 — Reiss, épreuve truquée, dans laquelle le k avait été gratté, vendue
néanmoins 675 — Dreux, 2e état, 1310 ; il provenait de la vente Camberlyn
où en 1865, il avait été adjugé 30 francs II
La Danse sous les arbres (R D 10). — Dans la campagne, au
milieu de l'estampe, des villageois dansent au son d'un biniou dont
joue un homme assis sur un gros et long tronc d'arbre abattu à droite ;
près de ce musicien cinq personnages. A droite à l'horizon indication
de collines, à gauche dans une éclaircie deux vaches.
Très rare ; le dernier état n'a qu'un seul oiseau dans le ciel au lieu de trois.
Ventes : Guichardot, 2'- état, avec le n° 6 dans la marge à gauche, 210 —
Straeter, 1« état, avant le numéro, c'est le bel état, 950, de la collection
Seymour Haden — Dreux, épreuve remargée, 235.
Le Soleil levant (R D 15). — Au premier plan des bateaux et
des appontemenls de planches qu'installent des pêcheurs. A gauche
un arc de triomphe non loin duquel émerge une branche d'arbre très
feuillée ; au fond, des collines à peine indiquées et le soleil levant,
c'est là qu'est concentré tout l'intérêt de la pièce.
Duplessis compte 6 états, mais il y en a réellement 7.
1 Ne pas confondre cette pièce avec Le Chevrier (19), absolument inférieure et de toute autre
composition.
2 En 1862, à la vente .Tourdan, un exemplaire avant le i fut adjugé 310 francs ; il provenait
de la collection Vallardi.
92 ÉCOLE FRANÇAISE
Ventes : E. Galichon, état non décrit, antérieur au premier, et avant le
C. L. sur la planche qui est en travers sur le milieu de la composition
et avant les travaux sur l'arc de triomphe à gauche, probablement unique,
1,800 — Straeter, l" état, avant le nom et le numéro 11, un des plus
beaux connus, 1887 — Defer Dumesnil, 3" état, avant le numéro et avec
l'inscription, 350.
Notons encore pour mémoire : Les Sept Chèvres, dont il n'existe qu'une
épreuve de l" état au British Muséum, c'est-à-dire avec les 7 chèvres sur
la même planche, particularité qui a échappé et à Robert Dumesnil et à
Duplessis lui-même, qui ne signalent que les épreuves aux Trois Chèvres (26)
et aux Quatre Chèvres (27), provenant du cuivre qui a été coupé.
LASNE (Michel)
Né à Caen vers 1595, mourut à Paris le 4 décembre 1667. — Quoique cet
artiste ne soit pas un graveur de tout premier plan, nous ne pouvons
le passer sous silence à cause de l'extrême rareté de son beau portrait
d'Anne d'Autriche, pièce presqu'introuvable et que ne possédait même
pas, croyons-nous, Firmin-Didot. L'artiste signait généralement de son
monogramme : un M et un L accolés.
Anne d'Autriche. — La reine est jeune et en pied, revêtue d'un
somptueux costume dans une bordure carrée au haut de laquelle on
lit : Anne d'Austriche, reine de France et de Navarre. Au bas un
quatrain commençant par: Sa Majesté royale et la libre nature. . .
Un superbe exemplaire fut adjugé 501 francs à la vente Behague.
Nous noterons encore un autre portrait également rare : D. Margarita
D. Auslria, dont une épreuve fut payée 175 francs à la même vente.
LECLERC (Sébastien)
Né à Metz en 1637, mort à Paris en 171 1. — Son œuvre est considérable,
près de 700 pièces. — Son catalogue a été fait par Charles-Antoine Jombert,
en deux volumes en 1774, et par Edouard Meaunie en 1S77.
Les trois pièces les plus rares sont : Entrée d'Alexandre dans Babylonc
(Jombert, 285) — L'Académie des Sciences cl des Beaux-Arts (263); le bel état
est, avant toutes lettres et avant le squelette du cerf, la grande écaille de
tortue et le tatou — Les Tireurs de Nantes à l'Arquebuse (86); les bonnes
i Dans li- 1" état, la Me d'AleSffltdre Mt VTU de profil, c'est l'étal recherché el tiré il petit
nombre ; dnns le 2\ on l'a retoucher el mise de face.
ÉCOLE FRANÇAISE 93
épreuves sont très rares ; le cuivre a été retouché et gâché par Garreau qui
y a inscrit : Regravé par Garreau 1694 ; ces exemplaires sont sans valeur.
En 1887, à la vente d'Edouard Meaume de Nancy, le catalogueur de l'œuvre,
5 portefeuilles contenant 3842 pièces — collection des plus complètes —
furent adjugés 2045 francs.
LEU (Thomas de)
Né en 1580' à Paris, mort, dit-on, vers 1612 ou 1620, c'est un de nos
premiers et de nos plus brillants burinistes ; il peut aller de pair avec nos
plus grands graveurs, tels que : Nanteuil, Edelinck, Masson, Drevet, etc.,
mais d'un métier absolument différent de ces artistes et rappelant plutôt
l'école allemande ou flamande dans sa technique ; il fait souvent songer
aux Wiérix dont il possède l'exquise finesse. Il était élève de Jean Rabel.
Il n'a pas fait que des portraits 2, et a traité avec une égale maîtrise
les sujets religieux. — Robert Dumesnil mentionne dans son catalogue
507 pièces, gravées soit par lui-même, soit sous sa direction. — C'est un
œuvre absolument abordable et d'un bon marché excessif, étant donné
sa valeur; on l'admire, mais on ne le paye pas. Les prix varient de 25 à
500 francs, encore ceux qui atteignent ce dernier chiffre — et ils sont peu
nombreux — doivent-ils être de conditions exceptionnelles. — Voici
quelques-uns des portraits les plus rares et les plus recherchés :
René Chopin (R D 339). — Dans un ovale équarri à mi-corps,
il regarde presque de face, les cheveux sont courts sous le bonnet à
cornes dit chaperon, la barbe rasée, mais vieille de quelques jours,
commence à repousser ; il porte une collerette tuyautée. Le vêtement
brodé qui est entr'ouvert laisse voir le pourpoint boutonné. Dans l'ovale :
Renat Choppinus, œtatis 60, an. 1597. Dans le haut du coin gauche en
dehors de l'ovale, des armoiries. Dans la marge du bas deux lignes
de légende : Haud sculptoris. . ., et au-dessous : Thomas de Leu. fe.
Un exemplaire, provenant de chez Mariette, passa à la vente Didot et fut
adjugé 75 francs.
François Ier (R D 372). — Presque de face dans un ovale équarri
à mi-corps, il regarde devant lui, le cou très dégagé par l'échancrure
1 Toutes ces dates, 1580 et 1612 ou 1620. sont absolument fantaisistes ; une seule chose semble
certaine, c'est qu'il fut baptisé en juillet 1606 ; l'acte officiel a été relevé et publié dans
Le Cabinet de l'Amateur.
2 Presque tous — au nombre de 213 — sont de très petits formats avec 4 vers dans la marge
du bas ; quelques planches, atrocement retouchées et dénaturées, ont été entourées de
l'encadrement du marchand éditeur Odieuvre; ce sont des non-valeurs.
94 ÉCOLE FRANÇAISE
du vêtement porte le collier de l'ordre de Saint Michel. Dans l'ovale :
François Ier..., et dans la tablette un quatrain commençant par:
L'Italie creint Encore. . . et Thomas de Leu. Fe. et excudit.
Vente Didot, 180 francs.
Louise de Budos, duchesse de Montmorency (R D 463). —
Elle est à mi-corps dans un ovale équarri de trois quarts à droite,
large collerette, corsage et manches garnis de perles. Dans l'ovale :
Loise de Budos famme de M. le Conestable. àagée de 21 an. En bas
4 vers dans la marge: La Beauté d'Agariste. . . et Tho. de Leu. Fe.
Daigaliers.
Portrait ravissant, assez rare.
Charles de Lorraine, duc du Maine (R D 448). — En buste
presque de face dans un ovale équarri, il est tête nue, le cou entouré
d'un large fraise. Dans l'ovale : Charles de Lorraine..., et dans la tablette
4 vers: Vraiment ion failliroit..., et Thomas de leu. Fec et excudit.
Vente Didot, 500 francs ; superbe pièce.
Charles II de Bourbon (R D 321). — Dans un ovale équarri en
buste, la barrette sur la tête, il est de trois quarts à droite et regarde
de ce côté, le manteau entr'ouvert laisse voir la fourrure en hermine,
ainsi qu'un cordon passé au cou soutenant une croix qui vient couper
l'ovale du médaillon. Dans la bordure, le nom et dans la marge un
quatrain, puis Thomas de Leu. Fe : et Excu.
Le portrait très rare de ce Cardinal et roi des Ligueurs existe au
Département des Estampes dans un état non décrit, c'est-à-dire avant toutes
lettres. — A la vente Didot, un exemplaire dans l'état que nous venons de
décrire fut adjugé 305 francs.
Elisabeth de Bourbon, reine d'Espagne (R D 361). — Dans
un ovale équarri dont les écoinçons sont ornés de branches de roses,
la toute jeune reine — elle est enfant — est debout de face, la main
droite caressant un perroquet qui est sur une table recouverte
d'un tapis placée près d'elle. Dans l'ovale : Pourtraict de Madame
fille unique de Henri III! Roy de France et de Navarre. . . Dans la
tablette 4 vers: Princesse dont le deux honorons...', et entre le 2* et
3e vers en caractères plus petits : Thomas de Leu fe, Johan Blasmez pinx.
Pièce charmante et curieuse.
ÉCOLE FRANÇAISE 95
Henri de Lorraine, duc de Guise (R D 381). — A mi-corps de
trois quarts à droite, il regarde de ce côté, la tête est nue et le cou
enserré dans une collerette à fraise. Dans l'ovale : Henry de Lorreine. . .,
puis dans la marge un quatrain; Engeance de l'Herebe. . . et Thomas
de Leu. Fe : et excu.
L'état que nous venons de décrire est, suivant nous, le 2', contrairement
à ce qu'atteste Robert Dumesnil, ou plutôt G. Duplessis, volume onze,
pages 111, 112, qui considère comme le 2e celui où existent les vers : D'un
prince valeureux tu vois ici l'image . . .
Ayant eu sous les yeux les deux exemplaires constituant les deux états
dont nous venons de parler, nous avons fait cette remarque, que celui que
nous avons décrit était très fini, plein de vigueur et de fraîcheur, tandis que
l'autre avec les vers : D'un prince..., quoiqu'ayant l'apparence d'une
planche usée et pâlotte devait être un 1" état, parce que la collerette était
blanche et indiquée au simple trait, ainsi que la barbe et les cheveux, qu'il
n'y avait point encore d'ombres portées et qu'enfin il y avait une sorte de
critérium dans les deux traits échappes < qui se trouvaient dans l'ovale, l'un
venant effleurer la lettre R dans Henry, l'autre passant entre la même lettre
et ÎT du même nom.
Nous concluerons donc, en disant que, pour nous, le ï" état est avec les
vers : D'un prince valeureux tu vois... et le 2« avec ceux-ci : Engeance de
l'Herebe, et des Horreurs nuittalles. . .
Henri IV (R D 409). — Dans un ovale équarri avec les écoinçons
ornés d'armoiries et de fleurs de lys, le Roi est de trois quarts à droite
regardant presque de face, il porte une collerette et un chapeau orné
d'une aigrette que retient un bijou, le manteau jeté sur les épaules
laisse entrevoir le pourpoint et le cordon de l'ordre du Saint-Esprit.
Dans l'ovale on lit : Henry IIII Roy de. . ., et dans la tablette 4 vers :
Ce monarque français tout..., et Thomas de Leu. fe. F. Quencl pinxit.
Parmi les 24 portraits du roi Henri IV, gravés par l'artiste, nous
considérons celui-ci comme de beaucoup le meilleur.
Jean Lullier (R D 447). — Dans un ovale équarri, écoinçonné
d'armoiries, le personnage est à mi-corps debout et de face, la main
gauche ramenée sur la hanche, il est nu tête, le cou enserré dans une
collerette. Dans l'ovale: Iehan Luillier conseiller d'estat..., en bas
4 vers : Parmi le trouble. . . , et Thomas de Leu. fe.
» Les traits échappés, comme l'indique leur désignation, proviennent d'un faux mouvement
et sont presque toujours effacés dans l'état suivant, c'est ce qui nous incite à supposer
qu'existant dans un état non terminé, qui doit être le 1", ils ont été supprimés dans l'état
postérieur qui a été terminé et qui est le 2".
96 ÉCOLE FRANÇAISE
C'est une admirable estampe dont une épreuve, avant les vers, fut payée
200 francs à la vente Didot.
A mentionner encore : Servin (486) — Charles de Bourbon, comte de
Soissons (188) ; vente Didot, 300 — Henri III de France (393) — Marie de
Médicis (150) — Charles III, cardinal de Bourbon (500), dont un état non
décrit, avant toutes lettres, fut adjugé à la vente Didot 400 francs — Duc de
Nemours (167); un 1" état, aux cheveux relevés sur le devant, 460 francs,
vente Didot — Jeanne d'Albret (422); même vente, 1er état, 150 francs —
Sébastien Rouilliard, pièce rarissime et inconnue à Dumesnil, gravée d'après
Daniel du Moustier, fut adjugée 200 francs à la même vente.
Beaucoup de portraits ont passé chez Odieuvre qui en a fait des retirages
qui sont sans aucune espèce de valeur.
MASSON (Antoine)
Né à Loury, près d'Orléans, en 1636, mort à Paris le 30 mai 1700. Encore
un burin merveilleux ; son œuvre se compose de 68 pièces sur lesquelles
on compte 62 portraits, suivant Robert Dumesnil. — Voici ceux particu-
lièrement recherchés des amateurs.
Guillaume de Brisacier (R D 15). — Dans un ovale équarri
reposant sur une tablette, le bas de l'ovale orné de branches de
laurier, le personnage est de trois quarts à gauche regardant de face,
les cheveux très légers et grisonnants s'épandent sur les épaules, il
porte fine moustache et mouche, et son cou est enserré dans une
large collerette de dentelle, dont la blancheur est encore dièzée par le
manteau noir vigoureusement ombré. Sur l'appui de l'ovale à gauche :
N. Miynnrd Auenonensis Pinxit, et à droite : Ant. Masson sculpebat 166-i.
Dans la bordure on lit : Guillaume de Brisacier secrétaire des Comman-
demens de la Reijne 16(14.
Le 1er état est avant les noms et la qualité du personnage ; le 2*-' avec ses
noms et qualités, mais ainsi orthographiés : Brisasier et Segretaire ; le 3»
Brisacier est correctement écrit, mais la faute est restée à Segretaire ; le 4«
est celui décrit.
Le chef-d'œuvre du Maître ; le U' état, est rarissime.
Vente* Behague, 2« état, 145 — Didot, 1« état, 305< ; 2" état, 73; 3>- état,
17 — Malinet, 2« état, 155.
Henri de Lorraine, comte d'Harcourt' (R D 34). — Debout à
mi-jambes, il est revêtu de sa cuirasse et tourné à gauche, l'oreille de
1 l» i " '•' !"'•• " '•-. eai ' " 1844 .i la vente Deboit, cel étal fUI payé 130 francs.
' \ :ni ... éti gravée par Jean Morln d'aprea Ph. de Champe
ÉCOLE FRANÇAISE 97
ce côté est ornée d'une perle, sur la table qui est près de lui sont
déposés deux brassards et un casque empanaché, il tient dans sa
main gauche un bâton de commandement. Dans le haut de l'estampe
à gauche : N. Mignard, Aveni. Pin. Anto. Masson, sculp., 1667. Dans la
marge un quatrain : L'Honneur qu'il s'est acquis. . .
Pièce connue sous le nom du Cadel à la perle, qu'il faut avoir en 1»'' état,
c'est-à-dire avant le h dans la marge à gauche, près du trait carré du haut
d'un entablement, au-dessous de la naissance d'une voûte, et avant la taille
échappée sur le fond près des cheveux, lors de la retouche de la planche.
Il existe de cette estampe un état d'essai de toute rareté, dont nous ne
connaissons que deux exemplaires ; l'un se trouvait, en 1819, dans la
collection de M. Wlassoff, chambellan de l'Empereur de Russie, à Moscou,
l'autre chez M. Dutuit i, à l'exposition duquel il a figuré en 18G9, au Palais
de l'Industrie. Dans cet état de nombreux travaux n'existaient pas encore
sur le pommeau de l'épée et la ceinture, et l'épreuve portait en bas à droite
l'inscription Masson sculp. et cxcudit qui fut plus tard remplacée par celle
de Poilly.
Ventes: Guichardot, l" état, 110 — Behague, même état, 145 — Didot,
2e état, 95 — L. Galichon, même état, 145, provenait de chez Didot.
André Le Nostre (R D 55). — Presque de face et tourné à gauche
en faisant un geste, il regarde de ce côté. Dans la marge : André Le
Nostre, Coner du Roy. . ., et plus bas à gauche : Peint par Carie Marat
ad lùuum, et à droite : Masson ciel, et sculp.
Le l«f état, unique sans doute, est avant toutes lettres et avant les mèches
de cheveux volants qui retombent sur le front et avant le deuxième pli sous
le menton. Il fut adjugé à la vente Didot 410 francs.
Denis Marin de la Chataignerave (R D 50). — Dans un ovale,
il est de trois quarts à gauche, il avance la tête et regarde à droite.
Dans la bordure de l'ovale: Dionisius Marin... et Ant. Masson ad
vivum . . . 1672.
Ventes : Behague, 1<« état avant toutes lettres, 700, rarissime — Didot,
2e état avec le portrait de Médavy -, deux pièces, 40.
Olivier Lefèvre d'Ormesson 3 (R D 58). — De trois quarts à
droite, il regarde de face dans un ovale orné en bas d'un écusson
1 Qui l'avait payée en 1812 la somme de 300 francs.
2 A la vente Behague, une épreuve de 1" état, avant tontes lettres, de ce portrait seul lut payée
240 francs.
3 Ce très beau portrait ne monte jamais en vente publique.
98 ÉCOLE FRANÇAISE
armorié d'où partent des branches d'olivier et de lys. Autour de la
bordure: Olivarius. . . , sur l'appui : Ant. Masson ad viuum, Pinge et
sculpebal 1665.
Ventes : Behague, 30 — Didot, l" état, la figure est moins travaillée, 44 —
Malinet, l« état, 24.
Jacques-Nicolas Colbert (R D 19). — Dans un ovale décoré à
sa base d'un écusson armorié d'où partent des branches de lys et
d'oliviers où s'enroulent des serpents, le personnage de trois quarts à
gauche regarde de face. Dans la bordure : Jacobus Nicolaus. . ., et sur
la tablette d'appui à gauche : Ant. Masson ad viuum, et à droite : pinge
et sculpebat 1670.
Ventes : Behague, état non décrit avant toutes lettres, 405, rarissime —
Didot, même état, 190.
A signaler encore : Gui Patin (59) — Charles Patin (60) — et le Portrait de
l'artiste, d'après Mignard (1), dont un exemplaire d'un état non décrit, c'est-à-
dire: avant que le cartouche du bas ne soit orné de feuilles d'olivier et
avant l'inscription : Né à Orléans et est mort âgé de 66 ans et avant les
mots: P. Mignard Trecensis, fut adjugé à la vente Behague 555 francs;
l'épreuve courante, à celle de Didot, n'avait fait que 22 fr. et 5 fr. 50 à celle
de Malinet. — Pierre Dupais (25), superbe estampe dite l'Homme à la chaine,
dont 2 états non mentionnés par Bobert Dumesnil , passèrent à la vente
Van den Zande en 1855. 1er état, avant que la planche n'ait été retravaillée
au burin, notamment sur le visage et les cheveux du personnage •.
2<? état, la planche est reprise et il existe maintenant un trait échappé vers
le haut de la droite, partie sur les tailles horizontales, partie sur la marge
du cuivre.
MELLAN (Claude)
Dessinateur et graveur au burin, élève de Simon Vouet, né à Abbeville en
1598, i t à Paris en 1688. L'artiste s'est singularisé dans la pièce bien
connue dite Lu sainte Face de Jésus-Christ en la gravant entièrement et
grandeur nature à l'aide d'un seul trait circulaire et sans solution de conti-
nuité commençant a l'extrémité du nez et se renflant selon le besoin du
modèle jusqu'à complet achèvement de la face et des fonds. C'est une
simple acrobatie graphique que nous enregistrons à titre de curiosité, l'art
y étant complètement étranger.
Le catalogue de l'œuvre a été dressé par À. de Montaiglon. Abbeville 1856.
i Provenait des cabinets Daudet el Claussln.
ÉCOLE FRANÇAISE 99
MORIN (Jean)
Né vers la fin du xvi* siècle, mort le 3 juin 1650. Un peu à l'instar de Van
Dyck il usa du pointillé pour le modelé des chairs du visage. Son œuvre
catalogué par Robert Dumesnil comporte 108 pièces parmi lesquelles on
relève 49 portraits. C'est à ces derniers auxquels il doit surtout sa
renommée.
Guido Bentivoglio (R D 43). — Dans un octogone équarri en
buste, il est de trois quarts à droite et regarde dans cette direction,
du vêtement boutonné jusqu'en haut émerge un large col en toile
souple, il porte les cheveux ras et la barbe entière et courte, le front
est très dégagé. Dans la bordure : Guido Bentivolus. . ., et en bas dans
les angles : Antoine Van Dyck pinx an 1623. I. Morin seul. cum.
priu. Reg.
Ce portrait qui est le plus beau qu'ait signé l'artiste, existe au Département
des Estampes, avant toutes lettres, c'est-à-dire avant les inscriptions mention-
nées ci-dessus. Jusqu'à présent on n'en connaît pas d'autres exemplaires
de cet état, il provenait de la collection Beringhen et fut acquis en 1731.
L'aspect de ce portrait n'est point celui d'un burin, mais bien plutôt celui
d'une eau-forte ou d'un dessin à la plume.
Ventes: Guichardot, 90 — Behague, 135 — Didot, 90, de la collection
Marshall — Malinet, 47.
Le Cardinal Mazarin (R D 68). — Dans un octogone presque de
face, il regarde devant lui. Dans la bordure : Eminentissimus Iulus. . .,
dans les angles en bas : Ph Champaigne pinx. I. Morin seul. cum.
priu. Régi...
Contrairement à ce qui se produit généralement, le 1er état est avec les
inscriptions ci-dessus mentionnées, au 2« état elles ont été effacées ; le fait
est à noter, car il pourrait induire le collectionneur en erreur.
Ventes : Behague, épreuve de 1" état avant de nombreux travaux,
notamment avant les tailles diagonales sur le carnaval, 550 — Didot, 36.
Antoine Vitré (R D 88). — Dans un carré, regardant de face et
tourné à droite, la main est posée sur un appui où sont placés un
composteur, des caractères d'imprimerie et une feuille imprimée.
A droite en haut : Ml. 60, et sur l'appui le nom du personnage, et au-
dessous à gauche : P. Champaigne pin., et à droite : Morin sculp. cum.
pri. Re.
Ventes: Behague, avant les tailles croisées sur les cheveux, 155 —
Didot, 26 — Malinet, état Behague, 6.
KM) ÉCOLE FRANÇAISE
Braehet de la Milietière (K D 48). -- Dans un encadrement
octogonal de trois quarts à droite, il regarde à gauche. Dans la
bordure : Théophile Braehet. . ., et dans les angles du bas à gauche :
Ph. Ghampaigne pinx., et à droite : /. Morin seul. cum. priu. Régis.
11 Tant choisir les épreuves avec les barbes de la planche. Ces exemplaires
sont de beaucoup plus brillants que les autres. Au Département des
Estampes il y a une épreuve avant toute inscription, qui provient de la
Bibliothèque Mazarine qui la céda en 1861.
Ventes : Didot, 12.
NANTEUIL (Robert)
Né à Reims en 1630 ', mort à Paris le 10 décembre 1678, élève de Nicolas
Reguesson. C'est le plus grand graveur original s de portraits au burin que
nous ayons eu en France. On ne peut aller plus loin comme métier. Cela
tient vraiment du merveilleux. A ce sujet nous nous sommes toujours
demandé, comment et pourquoi, payant 30, 40 et 50000 francs un portrait
de Rembrandt, n'a-t-on jamais pu dépasser 1800 francs * pour un de ceux
du Maître qui nous occupe. Evidemment les métiers sont absolument
différents, mais dans l'espèce ses portraits originaux vont de pair avec ceux
de Rembrandt, il y a là de véritables chefs-d'œuvre qui sont l'orgueil et la
gloire la plus pure de notre Ecole, comment le répétons-nous, ne leur
rend-on pas le même et suprême hommage, il y a là une criante et honteuse
injustice que nous demandons au temps de réparer.
Robert Dumesnil catalogue 235 planches du Maître, se décomposant en
216 portraits et 18 sujets divers qui, eux, sont inférieurs aux effigies.
L'artiste a fait, paraît-il, un journal où il consignait les dates des portraits
au fur et à mesure qu'il les gravait. Florent Le Comte assure l'avoir
consulté vers 1698. Robert Dumesnil avoue n'avoir jamais eu la bonne
fortune de pouvoir se le procurer.
Souvent N'anteuil faisait suivie son millésime d'une sorte de S horizontal
suivi de un ou de plusieurs points ou virgules à droite, cela constituait des
états. Le portrait de Louis XIV (156) et du marquis de Longueil (166) en sont
des exemples.
I H des plus beaux œuvres formés fut celui de Armand Rertin, rédacteur
en chef des Débats; il fui adjugé en 1854 à sa vente, au duc d'Aumont,
5700 francs. Il provenait de la réunion des collection Louis-Philippe4 et
A. Donnadicu.
1 Certains biographes disent en 1623.
» Car & peu près portraits ont été gravi I > propres dessins, crayons ou pastels.
' Et encore ceux-là sont-Us excessivement peu nombreux, et d'étal el de condition inren-
COiltrableMt pourrait-on dire silemotétail Irançais <n finirai un peut avoir un N'anteuil
Irréprochable de ! aSOOlrani ent même au-dessous de ces prix.
' Ail j i es. En 1769 a la rente Coyi "\. 166 portraits ae vendirent 4 .•.<<»•> l'un dans
l'autre! Il La vente Gouverneur en 1876 i " \<< i sentait une très Intéressante réunion.
ÉCOLE FRANÇAISE 101
Tous les portraits de Nanteuil sont pour ainsi dire à recueillir, mais
voulant opérer une sélection, nous en prendrons une quinzaine seulement
parmi les plus rares et les plus précieux.
Pomponne de Belièvre (R D 37). — Dans un ovale équarri à
mi-corps de trois quarts à droite, il regarde presque de face, le
vêtement est garni d'hermine et le derrière de la tête est recouvert
d'une calotte. Le médaillon repose sur une tablette que viennent
couper des armoiries. Dans l'ovale : Pomponius de Bellièvre. . .
Cet admirable portrait, considéré comme le chef-d'œuvre du Maître, est
gravé d'après Charles Le Brun. Le 1er état, qui est d'une insigne rareté, est
avant le crochet, après le point qui suit le mot sculpebat. — On le désigne
généralement sous la rubrique Le Pomponne, ne pas le confondre avec celui
d'après Champaigne (36).
Ventes: Behague, 2« état, 165 — Didot, 1er état ', 1390, sans marge, de la
collection Marshall — Dreux, épreuve de 2e état avec une petite tache de
rousseur, 1420 !! !
Colbert (R D 74). — Ruste grandeur presque nature dans un
ovale équarri, écoinçonné de trois C entrelacés, le personnage est de
trois quarts à gauche regardant de face, les cheveux un peu longs
tombent sur les épaules, le col est garni d'une large dentelle à jour.
Dans la bordure ovale : Joannes Baptisia. . ., et dans le bas: R. Nan-
teuil ad vivam sculpebat. . . 1668.
Il y a 6 portraits du personnage. Celui-ci, qui est admirable, est le plus
recherché.
Ventes : Gouverneur , un 5e état non décrit avec le chiffre 24 sous
l'armoirie, 7 — Didot, 5e état, 105 — Behague, 2e état, avec le trait-d'union
après sculpebat, 801.
Louis XIV (R D 156). — Dans un ovale équarri, grandeur nature
en buste tourné à gauche, il regarde de face, revêtu de son armure
que vient couper 1 echarpe blanche. Dans la bordure ovale : Ludo-
vicus XI1II. . . et R. Nanteuil ad vivum. . . 166b.
Dans le \" état qui est fort rare, après le point qui suit 1664, on voit le signe
qui ressemble à un s couché horizontalement, mais sans qu'au-dessus de
ce signe se trouve la virgule ou plutôt l'accent aigu qui apparaît à droite au
2« état.
Ventes : Gouverneur, 161 — Behague, 600 — Didot, 400 : toutes épreuves
de ler état.
i A la vente Debois en 1844, cet état fut adjugé 190 francs.
102 ÉCOLE FRANÇAISE
Louis XIV (R D 161). — En buste grandeur nature tourné à
gauche et regardant de face, il est revêtu de son armure avec le cordon
bleu en partie masqué par l'écharpe blanche, il est dans une bordure
de laurier posée sur une peau de lion. Cette bordure est au-dessus
d'une sorte de cartel-bouclier contenant les conclusions d'une thèse.
De chaque côté deux médaillons ; dans celui de gauche on lit :
Uncrescunt obice vires, et dans celui de droite : Summum abrupisse
dolebit, sur la banderole qui les réunit on voit écrit : OfJ'erebat. . .,
puis sur la base du bouclier : Has Thèses Deo..., et enfin sur le
piédouche : Nanteuil ad vivum. . . 1672.
Pièce rare en deux cuivres, dite : <i la peau ou aux pattes de lion.
Ventes : Behague, 530 — Didot, 3" état avec la thèse, 1810.
La Mothe Le Vayer (R D 143). — Dans un ovale équarri, à
mi-corps de trois quarts à gauche regardant de face, il porte un large
col blanc. Dans la tablette sous l'entablement où repose le médaillon :
Franciscus Mothaeus. . . a studiis 1661, et à gauche: Nanteuil ad vivum,
et à droite : Delin et sculpebat.
Cet admirable portrait fut adjugé 1100 francs à la vente Didot, il était en
Ie'' état, c'est-à-dire avant les deux guillemets qui accompagnent l'année 1661,
il provenait de la vente Debois où il avait été payé 201 francs. A la vente
Gouverneur le dernier état fut adjugé 37 francs.
Jean Loret (R D 150). — Dans un ovale équarri reposant sur un
socle, en buste de trois quarts à gauche et regarde de face ; il porte
fine moustache et est coiffé d'une calotte. Les cheveux longs retombent
sur un large col blanc garni de dentelle. Dans l'ovale : Iean Loret. . .,
à gauche sur l'entablement : Nanteuil ad vivum. à droite : Del et
sculpebat 1658, et dans la tablette un quatrain : C'est, icy, de Loret . . .
Le 1« état de cette merveille ne porte qu'un seul point après le millésime,
il est insignement rare ; le 2e état porte un crochet après le point, et il n'y a pas de
virgule après le nom de Loret dans le premier vers ; le 3° état a cette virgule.
Ventes Gouverneur, 2'- état, épreuve signée de Mariette, 66; 3<- état, 28 —
Behague, 2'- état, 125 — Didot, lei état, 1100; 2« état, 25; 3" état, 12.
Marie-Louise de Gonzague (R D 164). — Tournée à droite elle
regarde de face ; dans la bordure de l'ovale on lit : Louijse-Marie de
Pologne..., et sur le socle a gauche: Juste pinvit, et à droite:
/?. Nanteuil sculpebat 1653, en dessous un quatrain : Telle et plus Belle
encor. . .
ÉCOLE FRANÇAISE 103
Ventes : Gouverneur, 12 — Behague, 1er état, avant la rosette autour du
point en forme de losange, 655 — Didot, même état, 1010, il provenait de la
vente Camberlyn où il avait été adjugé 151 en 1865.
Mentionnons encore : Louis Dauphin de France (R D 163), l«r état,
Behague, 690 francs — Vicomte de Turenne (223), vente Gouverneur, 2e état,
440; 4e état, 190 — Didot, 2» état, 710; 3«, 155; 4e, 250 — Behague,
2e état, 990. Le 1er état qui est unique et qui est plutôt un essai, a passé dans
la collection Revil — Cardinal Mazarin (183) — Louis XIV (157) — Paul de
Gondi (217) — Messire Charles Paris d'Orléans, comte de Saint-Paul... (219),
d'après Ferdinand, gravé en 1660, qui est peut-être supérieur encore, selon
nous, à ceux considérés comme étant les plus beaux de l'œuvre ; c'est une
pure merveille ; et enfin Gaspard de Daillon du Lude, portrait demeuré
inconnu à Robert Dumesnil et même à Duplessis puisqu'il ne figure pas au
supplément du Peintre-Graveur qu'il a continué et revisé. Voici du reste la
description de cette rarissime estampe : il est tourné à gauche et regarde
de face dans une bordure ovale armoriée, au bas sur la console du support
on lit : Nanteuil ad vivum pingebat et sculpehat 1661 ; et dans la bordure :
Gaspard du Lude, Albiensis episcopus ac dominus temporalis. — Nous n'avons
relevé ce portrait dans aucune vente, sauf dans celle de Bertin où il passa
en 1854.
NOLIN (J.-B.)
Molière. — L'illustre écrivain est assis sur une chaise, il tient
un livre dans la main gauche et une plume dans la droite, la pointe
dépasse le bord de l'estampe. — Gravé en 1685 d'après Mignard.
Un exemplaire de ce portrait célèbre et rarissime, avant la lettre en
2e état et avant le pilastre quadrangulaire avec socle dans le fond, sur
lequel dans les états suivants le cartel est suspendu, fut adjugé à la vente
Decloux, 1401 francs. — Il n'existe qu'une épreuve du 1er état.
Nolin ou Nolink qui a gravé ce portrait travaillait au milieu du xvne siècle.
C'était surtout un artiste ornemaniste.
POILLY (François de)
Né à Abbeville en 1623, mort en 1693, c'est un buriniste extrêmement
habile, très délaissé aujourd'hui ; c'est surtout dans ses Vierges qu'il s'est
surpassé.
Nous noterons de lui : La Nativité ; La Fuite en Egypte, d'après Le Guide,
et La Vierge au Linge, d'après Raphaël, cette dernière est surtout recherchée
par l'Amérique, mais avant les contre-tailles sur le linge que soulève la
Vierge pour laisser voir le divin Enfant à saint Jean.
104 ÉCOLE FRANÇAISE
Le portrait de Bossue t, d'après Mignard, très rare . Marie-Thérèse de France,
d'après Beaubrun, et Philippe de France, duc d'Orléans, qu'il faut avoir avant
les mots N. Poillg exe. sur le listel de la bordure, tous portraits superbes
valant de 125 à 200 francs.
Pour une cause que nous ignorons, Robert Dunicsnil a omis de mentionner
le nom de cet artiste, dont le catalogue divisé en trois parties et contenant
236 pièces avec un numérotage recommençant pour chaque série, a été
dressé par H. Hecquet en 17.72; malheureusement, ce tout petit volume est
sans table, les recherches sont donc de ce fait rendues très difficiles.
SCHUPPEN (van)
Artiste d'une rare habileté, né à Anvers en 1623, mais ayant passé sa vie
en France. Il est mort à Paris en 1802, nous le considérons donc comme un
des nôtres. 11 était élève de Nanteuil '.
Il a gravé d'après tous les peintres célèbres de son époque : Ch. Le Brun,
J. Nocret, de Troy, Beaubrun, P. Mignard, X. de Largillière, etc., et aussi
d'après Nanteuil et ses dessins. Nous mentionnerons comme portraits
tout à fait hors ligne et fort rares :
Jean- François de Gondi, adjugé vente Behague, ! 12 francs — De la Reunie.
d'après Mignard 1685, avant toutes lettres et non terminé. 185, rarissime —
et son chef-d'œuvre Antoine-François Van der Meulen, d'après Largillière
1685, une merveille avant toutes lettres payée 550.
TR0UVAIN (Antoine)
Né à Montdidier en 1656, mort à Paris le 18 mars 1708, très bon artiste,
grave généralement un peu gros, mais quand il le veut sait néanmoins le faire
avec beaucoup de Bnesse comme il l'a prouvé dans maints portraits tels
que: Houasse, Habert, Delphine, Berlin, Denise Le Petit, Cattiope de la
Tremouille, etc.
Nous allons donner la description encore inédite, croyons-nous, de la
remarquable et célèbre suite des 6 pièces en travers dite : Les Appartements
du llm Louis XIV, dont le format est [e petit in-folio.
Premier appartement. Les Billes : Dans une pièce au milieu
«le laquelle est une sorte «le billard au-dessus duquel est un lustre
allumé, se trouvent réunis jouant aux billes, à gauche : M. le duc
d'Anjou «I M. le duc de Berry ; à droite : M. le prince de Galles tournant
le dos et M. le comte de Brionne. Cinq autres personnages complètent
1 il lui ni' .uiiinuiiiic |c l\ ut Nanteuil,
ÉCOLE FRANÇAISE 105
la scène. Au bas et au milieu de l'estampe on lit : Premier appartement,
et au-dessous : Gravé par A. Trouvain rue Saint-Jacques au Grand
Monarque atenant les Mathnrins avec privil. du Roy 1694.
Seconde chambre des appartements. — Les Cartes : Assis
autour d'une table, à gauche : Monseigneur vu de dos, Mme la princesse
de Conty, douairière ; à droite : M. le duc de Bourbon, Mme la duchesse
de Bourbon, M. de Vendôme, grand Prieur de France, accompagnés
de deux autres personnages, jouent aux cartes ; des bougies allumées
sont sur la table. Au bas de l'estampe et au milieu de la marge sous
le trait carré on lit : Seconde chambre des apartemens, et : Gravé à
Paris. . .
Troisième appartement. — Le Billard : Autour d'un billard
occupant presque le milieu de la composition : Le Boy, Monsieur,
M. le duc de Chartres, M. le comte deThoulouze, M. le duc de Vendôme,
M. d'Armagnac, M. de Chamillart et un autre personnage sont en
train de faire des carambolages. En bas au milieu de l'estampe sous
le trait carré : Troisième appartement, et l'adresse : Gravé. . .
Quatrième chambre des appartements. — Le Théâtre : A
gauche de l'estampe, debout, M. le duc de Bourgogne ayant assis à sa
gauche : Madame, Mme la duchesse de Chartres, Mme la duchesse du
Maine, Mme la princesse de Conty ; à droite de l'autre côté de la
composition : Mademoiselle et M. le duc de Chartres, celui-ci est sur
le premier plan ; deux autres personnages et un orchestre de cinq
musiciens placés en haut à gauche dans une loge ; un lustre est
allumé dans la pièce. En bas au milieu de l'estampe sous le trait
carré : Quatrième chambre des apartements, et : Gravé. . .
Cinquième chambre des appartements1. — Le Concert: A
gauche une table, sur laquelle des bougies sont allumées et de ce même
côté dans une loge élevée des personnages ; l'un d'eux joue d'une sorte
de flûte, d'autres tiennent des rouleaux de musique ; en face de ces
musiciens, sont assises à droite cinq dames de qualité ayant debout
derrière elles trois jeunes seigneurs paraissant écouler le concert.
En bas dans le milieu de la marge sous le trait carré : Cinquième
chambre des apartemens, et : Gravé. . .
1 Cette pièce et la suivante — contrairement à ce qui existe clans les quatre précédentes — ne
portent jamais dans la marge les noms des personnages.
106 ÉCOLE FRANÇAISE
Sixième chambre des appartements. — Le Buffet : Devant un
buffet placé au fond de l'estampe et chargé de fruits, plats et gobelets,
six personnages. Deux domestiques, dont l'un à gauche vu de dos va
remettre une corbeille de fruits sur la table, tandis que l'autre qui est
presque au milieu de la pièce, remplit le verre d'un seigneur qui, une
canne dans la main droite, est tourné de trois quarts à gauche. En
bas de l'estampe au milieu sous le trait carré : Sixième chambre des
apartemens, et : Gravé. . .
On a coutume d'ajouter à cette suite la pièce suivante qui est fort rare :
La Famille de Lorraine. — Au fond d'un appartement on
aperçoit un escalier à gauche vers lequel se dirigent deux personnages,
un homme et une femme. Sur le premier plan à gauche, un gentil-
homme le chapeau à la main droite et de profil à gauche, montre du
doigt une carte déployée sur une table recouverte d'un lourd tapis
qui est au milieu du salon, et autour de laquelle cinq personnages
sont réunis. De chaque côté de l'estampe à droite et à gauche, des
piédestaux supportant des urnes. Dans la marge du bas à gauche :
P. Grafait pinxit, et le nom des cinq personnages : \. M. le duc de
Lorraine né en 1679. — 2. M""' la duchesse de Lorraine née en 1676,
mariée le 10 septembre 1698. — 3. Le Prince Charles, Evesque d'Osna-
bruch, né en 1680. — 4. Le Prince Joseph né en 1685. — 5. Le Prince
François né en 1689. — Se vend à Paris chez Trouvain, etc. . .
On rencontre encore assez facilement ces pièces isolées, mais réunies elles
sont de la dernière rareté. Klles sont très précieuses au point de vue
costumes et ameublements.
Ventes : Behague, les 7 pièces en condition superbe, 2505 — Didot,
5 pièces, la sixième manque, 1650 — Destailleur, les 6 pièces toutes en
grandes marges, sauf la seconde, superbes épreuves, 3900; La Famille de
Lorraine, 101 — Baron Picbon, 1", 2>', !• et 5", soit l pièces, 1200; la
3' réduite et en contre-partie publiée chez E. Guérard, 99; La Famille de
Lorraine, 181 — Dcfcr Dumcsnil, la .'!• chambre, 360.
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École Hollandaise
et Flamande
ÊMÊMiiMÊM
ECOLE HOLLANDAISE & FLAMANDE
BERGHEM (Nicolas)
Né à Harlem en 1624 où il mourut en 1683 ; peintre animalier avant tout,
a néanmoins traité quelques sujets de genre rustique. — Son œuvre se
compose d'une soixantaine de pièces très rares à rencontrer en belles
épreuves. — Ses maîtres furent J. van Goyen et P. -F. de Grebber. — Le
premier catalogue de son œuvre fut fait par Henri Winter, en hollandais,
en 1767 ; voir également Bartsch, Weigel et Dutuit.
Les trois Vaches au repos (Bartsch 3). — Deux sonl couchées
et une est debout. A droite une bergère et un berger — ce dernier vu
de dos — sont assis près d'un grand arbre ; à gauche un bouc, et dans
l'éloignement un pâtre, des animaux et des fabriques ; à droite un
mouton couché ; à gauche un vieux tronc d'arbre au premier plan.
En haut à gauche : À'. Berghem fe.
1er état. — Le tronc renversé au premier plan est tout blanc '.
2? état. — Avant le nom de Berghem, et le petit nuage au-dessus du
bouquet d'arbres, les travaux de pointe sèche ne sont pas
encore ébarbés, mais il n'y en a pas encore sur les
montagnes, une des vaches couchées a de fortes taches
noires sur le dos, provenant des barbes.
3e état. — Encore avant le nom, mais avec le nuage, et travaux de pointe
sèche sur les montagnes.
4e état. — Avec le nom.
5« état. — Avec le nuage.
C« état. — Avec l'adresse de Fr. de Widt excudit.
Ventes : Liphart, 2e état, 437 — Guichardot, 3e état, 405 — Knowles,
2« état, indiqué 1er par erreur, 1125, de chez Arozarena et Alferoff —
1 C'est une éprouve d'essai dont nous croyons qu'il existe un exemplaire au Britisli Muséum
<|iii possède un fort bel œuvre de l'artiste provenant de la collection Sheepshands ; une autre
épreuve de cet état a ligure en 1869 à l'Exposition Dutuit.
110 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Schloesser, 3e état, 200, avec les bords de la planche sales — Oppermann,
2« état, 531 — Bouillon, 2e état, 115; 3e état, 130 — Straeter, 2e état, peut-être
le plus bel exemplaire connu, provenait du cabinet Delaraotte-Fouquet, 1656.
Le Joueur de cornemuse (4). — Le joueur cause avec un
paysan qui, vu de dos et monté sur un âne, se dirige à droite vers deux
vaches et un mouton, plus loin un pâtre conduisant son troupeau, et
dans 1 eloignement, des montagnes et des arbres. En haut à gauche :
N. Berghem fe.
Cette estampe, dite Le Diamant, est considérée comme la pièce capitale de
l'œuvre ; elle est rare.
1er état. — Eau-forte pure, avant le nom de Berghem ; unique.
2e état. — Retouchée à la pointe, mais encore avant le nom.
3e état. — Avec le nom.
Ventes : E. Galichon, 400 — Liphart, 2e état, sur papier à la folie, un des
plus beaux exemplaires existant, 1218 — Schloesser, 2e état, papier aux
armes d'Amsterdam, avec de légères barbes, 263 — Oppermann, 2e état,
312 — Bouillon, dernier état, 85 — Straeter, 2e état, provenant du cabinet
Delamotte-Fouquet, 1150.
Le Retour des Champs (5). — Nu-tête, assis sur un âne, un
homme se dirige vers la gauche, une femme portant un panier sur la
tête le suit, une chèvre et un mouton les précèdent. Sur le devant de
l'estampe, cinq moutons au repos. En bas à gauche : Berghem 1664.
Pièce rare, dite La Perle ; on la dénomme quelquefois aussi : L'Homme
monté sur un âne.
Ventes : Liphart, 2e état, dit au ciel blanc, 569 — Knowles, même état, 839,
de la collection Verstolk de Soelen — Schloesser, les bords de la planche
sales, 144 — Oppermann, au ciel blanc, 812 — Bouillon, même état, 235 —
Straeter, même état, 839.
Notons encore La Vache qui s'abreuve (B 1), belle pièce fort rare, dont
un exemplaire du 1" état, avec le nom de l'artiste en gros caractères et le
millésime 1080, fut adjugé à la vente Oppermann 419 francs. — Les
estampes du M;iitre ressemblent souvent à celles de son compatriote Jean
Vischer ; on les peut facilement confondre.
BOLSWERT (Schelte à)
On croit qu'il naquit à Bolswert vers 1586, il mourut en 1586. — Artiste
au burin d'une très grande habileté. On raconte que Rubcns retouchait au
crayon ou au pinceau ses premières épreuves, ce qui permettait au graveur
de reprendre son cuivre et de donner ainsi plus de fidélité à son Interpré-
tation. Son œuvre dépasse 201) pièces. — Il a été catalogué par Schneevoogt.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 111
Le Christ à l'Eponge ' . — Le Christ crucifié recommande sa
mère à saint Jean ; près de deux hommes à cheval on en voit un
troisième qui présente au Sauveur, à l'extrémité d'une longue perche,
une éponge. Dans la marge du bas deux lignes du verset de saint Jean,
et encore en dessous deux autres lignes de dédicace à : François de
Moncada, suivie des mots : Observantiae ergo, etc..., à gauche sous
cette dédicace: S. A. Bolswert sculp., au milieu : Cum. Privilegio. . .,
à droite : Martinus van den Enden excudit, et dans l'estampe même
sur la terrasse, tout en bas à gauche : A Van Duc Pinxit.
Voici les quatre états que nous connaissons de cette pièce :
1er état2. — Avant toutes le'ttres, avant la couronne d'épines sur la tête du
Christ et avant l'ombre portée devant le gros orteil de
l'homme qui présente l'éponge, saint Jean a la main sur
l'épaule de la Vierge.
2e état. — La main de saint Jean ne s'appuie plus sur l'épaule de la
Vierge, mais il n'y a pas encore d'ombre portée devant l'orteil.
3e état. — La main de saint Jean est remise sur l'épaule de la Vierge, et
la signature de Van Dyck est toujours sur la terrasse, mais
à droite ; le verset de saint Jean est en une seule ligne et
n'est plus suivi de la dédicace à : François, etc..
4>- état. — La main de saint Jean sur l'épaule a été de nouveau supprimée ;
le reste, comme à l'état décrit.
Le cuivre original existe encore au musée Plantin Moretus, à Anvers ; on
en fait des tirages et l'exemplaire se vend 30 francs.
Ventes : Didot, un des deux exemplaires en 1er état, 2050 — A la vente
Debois, en 1843, une épreuve de 2° état fut adjugée 305; elle repassa en 1862
à la vente Simon et fut payée 135.
Le Couronnement d'Epines. — Un bourreau présente au
Sauveur un roseau, pendant que les autres le saluent dérisoirement
du nom de Roi des Juifs. Dans la marge du bas en une seule ligne,
un verset de saint Mathieu: Plectentes coronam de spinis..., au-
dessous une dédicace : Nobilissimo et..., à gauche: Ant. van Dyck
pinxit, et au-dessous : S. à Bolswert fecit, à droite : Martinus van den
Enden excudit. cum Privilegio.
Très remarquable estampe, gravée d'après un tableau passé en 1775 de
l'abbaye aux Dunes à Bruges dans la collection du roi de Prusse; actuellement
à Fostdam. — Les premières épreuves sont avant les contre-tailles au
vêtement et à la jambe gauche du deuxième soldat debout à droite.
1 La toile originale est à Gand, dans l'église Saint-Michel.
' Deux exemplaires connus seulement, l'un au Département des Estampes, l'autre chez Dutuit,
qui figura à son Exposition en 1869.
112 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Ventes Schloesser, avec l'adresse de van den Enden et les contre-tailles,
152, de chez limitant) — Bouillon, état Schloesser, 162 — Defer Dumesnil,
1er état, 122.
Le Serpent d'airain.
Superbe estampe, d'après Huhens, dont un exemplaire, avant que le cintre
qui sépare les armes de l'estampe ait été raccordé au burin, et avant
l'adresse de G. Hendricx, fut adjugé 200 francs à la vente Scliloesser. —
Il existe une copie en contre-partie.
BOSCH (Hieronymus)
Né en 1450 disent les uns, en 1 170 affirment les autres, mort en 1518 ; on
le nommait aussi Agnen de Bois le Duc. — A gravé une quinzaine de
pièces dont l'une des plus curieuses et des plus insignement rares est :
Saint Christophe (Passavant 10). — Sur la mer couverte d'êtres
et d'animaux absolument fantastiques, saint Christophe les dominant
tous de sa haute stature s'avance au milieu d'eux se dirigeant vers la
gauche, muni d'un bâton sur lequel il s'appuie de ses deux mains.
Il porte ainsi sur son épaule le Sauveur qui tient un monde dans sa
main droite, sa tète est auréolée et derrière lui se déroule une longue
banderole tout en haut de l'estampe portant une légende en caractères
gothiques commençant par ces mots: Christofore ste virtutis... Sur
un rocher à gauche, un ermite tourné à droite ouvre une lanterne. Au
fond de l'estampe à gauche el à droite un château fort ; loul près de
ce dernier sur un étendard le nom de l'arliste Bosche en mêmes
caractères que ceux de la légende. Dans le coin droit inférieur de
l'estampe, un enfant à demi-couché sur le dos pleure en but aux
tracasseries d'une multitude de petits hommes grotesques. Entre les
jambes de saint Christophe un énorme homard.
In superbe exemplaire passa à la vente Angiolini, il fut adjugé
1689 lianes. — Les oeuvres de ce Maître sont toutes rarissimes, et il ne
s'en rencontre pour ainsi dire jamais dans les ventes publiques.
DELFF (Willem-Jakobsz)
Né à Délit en 1580, moi l en 1638; graveur de portraits estimés. Nous
signalerons a titre de spé< imen du talent de L'artiste La très curieuse et très
rare estampe :
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 113
Guillaume d'Orange le Taciturne. — Assis et vu à mi-jambes,
la tête couverte d'un chapeau, le personnage est vêtu d'une robe
doublée de fourrure, la main droite tient le bàlon de commandement,
la gauche repose sur la garde de son épée. Au fond à droite, la salle
des gardes du palais. Gravé d'après van de Venne 1623.
Vente Behague, 405 francs ; rarissime.
DU HAMEEL (Alaert)
On ne sait rien sur cet artiste de la fin du xvc siècle que Barlsch, ù tort
suivant nous, met aux Allemands. Ses estampes peu nombreuses — une
dizaine peut-être — sont d'une rareté telle qu'on les peut presque dire
introuvables.
Mentionnons particulièrement la suivante qui est fort curieuse :
Le Jugement dernier (Bartsch). — Au milieu de l'estampe le
Sauveur est assis sur un arc-en-ciel, les pieds reposant sur un monde ;
à gauche dans le lointain, le chemin du ciel ; au fond à droite, l'enfer.
Dans les airs deux anges sonnent de la trompette qu'entoure une
banderole sur laquelle on lit : Hec est (lies, quem fecit Dominus.
Il nous faut remonter à la vente Arozarena, en 18G1, pour en voir passer
un exemplaire qui s'adjugea 610 francs. — Il existe une copie moderne.
EVERDINGEN (Alaert van)
Né à Alkmaar en 1621, mort à Amsterdam en 1675. Il séjourna longtemps
en Norwège et reproduisit de nombreux sites de ce pays : torrents,
rochers, bois, chutes d'eau, paysages frustes et sauvages, cabanes de
bûcherons1, etc., etc.. Ses pièces sont sans date, mais généralement
signées des initiales A. V. E. Les états sont nombreux, ils varient de 2 à 7,
mais il y en a presque toujours 2 ou 3 ; les premiers sont fort rares. Une
particularité à noter : au fer état de la planche, le cuivre est à angles aigus,
tandis qu'aux suivants ces angles sont arrondis.
Bartsch a catalogué 163 pièces, et Drugulin en 1873 en mentionne 167.
Dutuit est le dernier écrivain d'art qui en ait fait la monographie, elle est
extrêmement détaillée, il en signale également 167 pièces.
1 11 a aussi illustré de 57 planches le poème allemand du Keynier : Les Fourberies du Renard.
8
114 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Sans être un artiste hors pair, quelques pièces du Maître sont dignes
cependant de figurer dans le portefeuille d'un amateur à titre de spécimens.
Nous conseillerons les suivantes qui sont les meilleures et les plus rares :
La Rivière en bas du grand rocher (Dutuit, 44) — Marine à travers le rocher
percé (47) — La Femme regardant la nacelle (75) — La Butte (1001, rarissime —
La Cascade près du moulin à eau 1102), pièce capitale de l'œuvre.
Le graveur avait l'habitude de retoucher ses ciels au burin, ce qui les
alourdissait, et aussi de reprendre souvent ses animaux à la pointe sèche ;
c'est avant ces retouches qu'il faut avoir les épreuves. Le métier de l'artiste
rappelle quelquefois de loin celui de Ruysdaël. Ce graveur a aussi produit
quelques pièces en manière noire.
La plus belle réunion de l'œuvre a été formée par Auguste Straeter d'Aix-
la-Chapelle ; à sa vente en 1898, certaines pièces ont atteint 500 francs. Les
collections Liphart, Knowles et Oppermann étaient aussi assez intéressantes
par le choix des pièces importantes qui s'y trouvaient représentées.
GOLTZIUS (Henri)
Né à Mulbrecht en 1558, mort à Harlem en 1617. Artiste d'un talent
merveilleux et d'un métier absolument indépendant et libre; entendant
sans cesse vanter les œuvres de ses devanciers, il résolut de montrer qu'il
pouvait aussi bien faire, et grava six pièces qu'on est convenu d'appeler ses
six chefs-d'œuvre ', mais qui sont loin de mériter cette réputation et sur
lesquelles il faudrait bien se garder de juger l'artiste ; elles eurent pourtant
à leur époque un grand succès, passèrent pour des originaux et furent
vendues comme tels. Il grava aussi quelques beaux bois.
Il eut comme principaux élèves Jacques Matbam, Jean Muller et Jean
Saenredam, ce dernier surtout, le pasticha d'une façon telle qu'on y
retrouvait toutes les qualité du Maître et qu'on hésitait souvent a qui
attribuer la paternité de certains morceaux, tant était grande la servilité
de l'imitation. L'œuvre qui se compose d'environ 325 pièces, sujets bibliques,
allégories et portraits surtout, a été catalogué par Bartsch et par Wcigel.
Catherine Decker (B 210). — La vieille femme tournée à gauche
est assise dans un fauteuil, en face d'une table; à travers la croisée
ouverte qui esl près d'elle on aperçoit un paysage. En bas, quatre vers
d'Horace : Damnosa quid. . .
i Savoh ■: L'Annonciation, dnm le goût de Rnphaél ; La Vititaiton, dans celui du Parmesan;
L'Adoration i/es Bergen, genre Bassan ; Lu Circtntristmi. in:iniere de Durer; L'Adoration tics Rois.
goûl de l.. de Leyde; l^i Sainte Famille, manière de Baroche. Os prétendu* chefs-d'œuvre.
gravés en 1598 el 1594, ne dépassent pas dans les ventes 350a 900 francs 1rs six ensemble, et
are f m util qu'ils soient en 1" état, c'est-à-dire avant le numéro et l'adresse de Vlsscher; n'est-ce
pas i.i la confirmation absolue de notre appréciation. Ajoutons qu'à la vente Berard en ihw.
la suit Hun ,futpayé< les épreuves étalent belles.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 115
Ventes : Didot, 1er état, avant la lettre et les travaux du fond, 295 ; avec la
lettre, mais avant les éraillures sur la planche, 75.
Goltzius (B 172). — Presque de face en buste grandeur nature
légèrement tourné à gauche ; le vêtement est bordé d'une fourrure,
une fraise entoure le cou et la tête est coiffée d'une calotte. En bas :
Hendric Goltius et des armoiries à tête d'aigle. En haut à gauche du
cintre, une tète de César couronné ; à droite, trois torches.
Il existe au British Muséum un fer état, sans doute unique, dans lequel la
tête, la barbe et la fraise sont seules gravées, le reste est fait à la plume. —
Le 2e état est avant Hendric. . .
Pièce très rare.
Ventes : Didot, avant toutes lettres, 720 — Holford, avant l'inscription,
412 — Vendu en 1894 par H.-G. Gutekunst, 443 — En 1900 par le même, 812.
Henri IV (B 173). — En buste tourné à gauche, tête nue, et décoré
du Saint-Esprit et de Saint-Michel. En bas quatre vers : Ce grand
Roy, etc. . .
Ventes : Behague, 1" état, 305 — Holford, 1er état, avec l'adresse de P. van
Houve, 156 — Vendu en 1894 par H.-G. Gutekunst, 387 — Angiolini, 45.
Le Jeune Frisius avec son Chien (B 190). — L'enfant essaie de
monter sur un gros chien de chasse et tient sur le poing droit un
oiseau de proie, un faucon sans doute. Au fond dans un paysage, un
gros arbre. En bas quatre vers latins : Quid tabula. . .
Au 1er état, la tête de l'enfant n'est pas terminée ; nous croyons qu'une
épreuve de cet état rarissime figurait dans la collection de Fries et de
Verstolk. — Se défier de 5 ou 6 copies qui existent. — Cette estampe est
généralement connue sous la dénomination du Chien de Goltzius.
Ventes : Liphart, 150 — Behague, 280 — Didot, 200 — Straeter, 1143 ; cet
exemplaire, le plus beau connu, portait la signature de Mariette et provenait
des collections Esdaile et Holford — Seymour Haden, 287 — Lacroix, 116.
Le Joueur de cornemuse.
Cette eau-forte, gravée sur étain, est restée inconnue aux iconographes ;
un exemplaire passa à la vente Seymour Haden où il fut adjugé 31 francs ;
il provenait des doubles du Musée d'Amsterdam. — Rarissime.
Noël de la Faille (B 212). — A mi-corps dans un ovale, un
général entouré de trophées, appuyé une main sur son casque, l'autre
sur son épée. Dans l'ovale : H. G. fec. Leges lueri. . .
11(5 ÉCOLK HOLLANDAISE ET FLAMANDE
A la vente Knowles K/i élut non décrit fut adjugé 020 francs ; il était avant
la lettre, avant les armes et avant que les soldais du fond aient été gravés,
cet exemplaire sans doute unique provenait de la collection Verstolk de
Soelen, il avait passé croyons-nous par le cabinet de Fries. Il existe aussi
des épreuves extrêmement rares avant l'inscription dans l'ovale et avant
l'adresse de Herman Adolfz, un de ces exemplaires fut adjugé à la vente
Didot, 105 francs.
Vénus, Bacchus, Cérès et Cupidon. — Sur un tertre, tournée
vers la gauche, Vénus est couchée au pied d'un arbre, elle se retourne
vers Bacchus qui est assis derrière elle le bras droit étendu et un
verre à la main. Sur le devant, Cérès vue de dos, tient une corne
d'abondance, et Cupidon assis près du genou gauche de Vénus,
souffle sur un feu qui éclaire cette scène. En bas à gauche, le mono-
gramme de Goltzius, et dans la marge une inscription commençant
par ces mots : Cum Bacchi et Cercris.
Cette jolie pièce ronde est de toute rareté, elle est restée inconnue à
Bartsch et à Weigel, une épreuve passa à la vente Schloesser où elle fut
adjugée 231 francs.
Johannes Zuremus (H 189). — Assis à mi-corps de trois quarts
à droite il regarde de face, il est nu-tête et vêtu d'un vêtement bordé
de fourrure, il tient un livre entr'ouvert dans les mains. Le front est
chauve, la barbe longue, épaisse et frisottante. Tout en haut de
l'estampe : Johannes Zuremus A0 Aetat 71 Domini SS. A droite des
armoiries. En dedans du trait carré et sous la main gauche : H. G. fecit.
Dans la tablette quatre vers : Corporis effigiem. . .
La tête et le front avec ses rides sont d'un modelé admirable. C'est dans
cette pièce et dans la suivante qu'il taut juger l'artiste, il est difficile de le
surpasser comme métier. Nous n'infirmerons en rien ce que nous avons dit
plus haut de son talent dans les quelques lignes de notice que nous lui
avons consacrées, en constatant cependant avec étonnement qu'un artiste
de cette trempe ait pu signer certaines grandes pièces d'une banalité
désespérante, telles que par exemple: Les trois Statues antiques de Rome
il! l (3 1 15) 1 1 Les Romains illustres par leur valeur (\i 93-103).
Rebecca (lî ?). — Dans un ovale équarri dont les écoinçons sont
ornés, eux du haut : de deux personnages assis, celui de gauche
jouant de la mandoline, celui de droite — une femme — chantant en
tenant un cahier de musique dans la main gauche, et ceux du bas, de
deux paons, une jeune femme es! debout, à mi-jambes, de trois
quarts à gauche cl regardant de face. Le cou est serré dans une large
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 117
fraise, la main droite ramenée à la hauteur de sa ceinture et la gauche
appuyée sur une tête de mort près du missel qui est sur la tahle placée
devant elle. Derrière elle au fond de l'estampe, la campagne avec des
personnages, des constructions et des collines à l'horizon. Dans l'ovale
on lit en exergue : Rebecca qualis, qaalis aut parens..., et au milieu
dans un cartouche ombré sous le médaillon : H. Goltzius fecit 1589 (?)
Ces deux portraits — genre dans lequel excelle l'artiste — sont actuellement
exposés dans la salle de travail du Département des Estampes, ils appar-
tenaient, si notre mémoire ne nous trahit pas, à Mariette dont ils portent
la signature avec la date 1G67. Le premier de ces deux portraits fut adjugé
à la vente Didot, 22 francs 1!! Il y avait deux exemplaires de deux états
différents, dont l'un était en 2« état avant l'écusson, l'épreuve était superbe,
dit le catalogue, que nous devons croire. Voilà de douloureuses anomalies,
on n'apprécie pas un bijou comme celui que nous venons de décrire,
puisqu'il atteint avec peine 22 francs, mais en revanche on s'emballera et
on paiera le prix idiot de 1500 à 2000 francs La petite Bohémienne Espagnole
de Rembrandt qui ne vaut pas quatre sous; bravo les amateurs !!!
Hercule tuant Cacus (B 231). — Dans une caverne, vu de trois
quarts à droite, Hercule lève des deux mains sa massue pour achever
Cacus qui gît à terre sur le dos. Dans la partie gauche de l'estampe on
lit perpendiculairement : H. Goltzius Inv (?)
Très beau clair-obscur dont une épreuve figura à l'Exposition de ta Gravure
sur bois en 1902.
HEUSCH (Wilhem de)
Né à Utrecht en 1638 (?); on ignore l'année de sa mort. Il séjourna assez
longtemps en Italie où il travailla. C'est un peintre-graveur surtout paysagiste
et animalier; il a produit peu : une quinzaine de pièces environ.
Les plus rares sont : Les deux Arbres sur le bord du chemin (Dutuit 13),
estampe de la dernière rareté inconnue à Bartsch et à Weigel dont un
exemplaire fut vendu en avril 1894 par H. -G. Gutekunst, 825 francs, et
Le Dessinateur (Bartsch 1), adjugé à la vente Oppermann, 189 francs, avant
le millésime, 1er état.
HONDIUS (Henri)
Il naquit, croit-on, à Dussel en Brabant vers 1573 et mourut à Leyde à
l'âge d'environ 72 ans ; il eut pour maître Jean Wierix dont il chercha du
reste à imiter le style. Son plus beau portrait est le suivant qui est d'une
extrême rareté. On sait peu de chose sur cet habile artiste qui était surnommé
Le Vieux, pour ne pas le confondre avec un autre graveur du même nom,
né presque à la même époque à Londres.
118 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Vladislas. — Le roi de Pologne est à cheval et se dirige vers la
droite ; les crins de l'animal sont tressés et retenus par des rubans
qui traînent jusqu'à terre. Au fond de l'estampe des soldats se livrent
bataille.
Un superbe exemplaire de ce grand in-folio passa à la vente Behague, il
était de condition parfaite et y fut adjugé 710 francs.
JEGHER (Christophe)
Né à Anvers en 1620, on ignore la date de sa mort. C'est à tort qu'il a été
classé par quelques-uns dans l'Ecole allemande. Graveur sur bois de talent,
il a su interpréter souvent avec bonheur de magistrales compositions de
S. Rubens.
Nous attirerons l'attention des collectionneurs sur les belles pièces
suivantes : Le Repos en Egypte, en clair-obscur; Silène ivre; Jésus tenté dans
le désert, toutes d'après Rubens, et dont de fort beaux spécimens figuraient
à l'Exposition de la Gravure sur bois en 1902.
KAREL DUJARDIN
Né à Amsterdam en 1635, mort à Venise en 1678. Peintre graveur animalier
paysagiste, élève de Berghcm et de l'otter, a environ une cinquantaine
d'eaux-fortes a son actif.
Mentionnons parmi les meilleures: /.<\s Mulets (Bartsch 2), Le Goujat et les
deux Anes (10), très rare, un exemplaire de 1"' état, av;ml le numéro,
atteignit à la vente Straeter 257 francs ; L'Ane entre deux moutons (32)
LEYDE (Lucas de) '
Né à Leydc en 1101, disent les biographes — date très probablement
erronée — et mort en 1533. Artiste de tout premier ordre, une des gloires
de l'Ecole des Pays Bas, classé absolument à tort par Bartseh, et sans qu'on
puisse se l'expliquer, aux vieux Maîtres allemands, tome VU, page 331. Il
oui pour maître son père el Cornélius Engelbrecktsen.
Son œuvre se compose de 177 pièces sur cuivre et de 32 sur bois. 11 signait
presque toujours ses pièces de son initiale /. et il les datait. Les états
i Consulter : Oùtvre de Lucas de Leyde reproduit et publie par Am.ind Durand, texte de
<,. f > 1 1 1 • I lie/ FI r|,|ll\ .
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 119
n'existent pour ainsi dire pas dans son œuvre. Les estampes du Maître sont
rares, et extrêmement difficiles à rencontrer en très belles épreuves,
certaines sont gravées avec une exquise finesse, telles que : Suzanne et les
vieillards (B 33), Le moine Sergius (B 126), Dalila coupant les cheveux à
Samson (B 25), etc. ; d'autres, au contraire, le sont d'une taille beaucoup plus
large et grossière comme, par exemple : La Charilé (B 129), Le Porlemenl de
Croix (B 64), etc., etc. Voici les plus intéressantes et les plus recherchées :
Abraham renvoyant Agar (Bartsch 17). — A gauche, Abraham
la tête couverte d'un bonnet à oreilles, debout de profil à droite, un
bâton dans la main gauche, remet à Agar une cruche que celle-ci
saisit des deux mains ; Ismaële qui est devant elle les regarde,
emportant un petit paquet qu'il tient dans ses bras. Sur le premier
plan un chien, qui ressemble à un cochon. Au fond, un paysage avec
des maisons, et Sarah assise tenant par la main Isaac. Au bas et au
milieu de l'estampe, l'initiale L.
Cette pièce dite La grande Agar, gravée, pense-t-on, vers 1508, est d'une
insigne rareté, elle manque même au Département des Estampes. Nous n'en
connaissons que les 5 exemplaires suivants : chez le baron Edmond de
Rothschild, à Amsterdam, au British Muséum, et deux à la Bibliothèque
Impériale de Vienne.
Ne pas le confondre avec une pièce portant le même titre, mais plus
petite, et datée de 1516 (B 18), d'une tout autre composition et dans laquelle
Abraham est tête nue.
David jouant de la harpe devant Saùl (27). — Assis sur un
trône, coiffé à l'orientale, le vieux roi Saùl une sorte de lance dans
la main gauche, écoute David qui à gauche, face à lui, joue de la
harpe; des hommes d'armes les entourent. Au bas de l'estampe, la
lettre L à l'envers.
L'épreuve du Département des Estampes est superbe de fraîcheur et de
tirage, ce qui est fort rare, car l'artiste employait souvent de mauvais
papier et des encres très pâles, ce qui, joint à un travail de gravure peu
creux, ne donnait qu'un nombre très limité de belles et vigoureuses
épreuves.
Ventes : Guichardot, 175 — E. Galichon, 620, sur papier au P gothique —
Liphart, même papier, 1562, probablement le plus bel exemplaire connu —
Didot , 100 — Knowles, l'exemplaire provenant de Liphart, 1437 —
Aylesford, 275 — Vendu par Gutekunst en 1894, une superbe épreuve, 975.
Esther devant Assuérus (31). — A gauche, Assuérus est assis
sur son trône, de trois quarts à droite ; il est penché en avant tenant
son sceptre de la main droite et donnant la gauche à Esther qui
120 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
s'agenouille humblement devant lui, suivie de ses deux femmes. Au
fond de l'estampe, des personnages assistent à cette scène. En bas et
presque au milieu de l'estampe, L. 1518.
Vîntes : E. Gatichon, 450 — Knowles, sur papier à la Licorne, 101 —
Aylesford, 212.
L'Adoration des Mages (37). — Assise près d'un pilastre à la
gauche de l'estampe près de saint Joseph, la Vierge de profil a droite
légèrement penchée en avant tient l'Enfant Jésus nu sur ses genoux.
Celui-ci la tète dans un rayonnement reçoit d'un Mage agenouillé à
ses pieds un coffret qu'il entrouvre; derrière lui à droite, une longue
théorie de porteurs de présents. Sous le pied de saint Joseph, la
lettre L. et de l'autre côté au bas de l'estampe, 1513.
Cette admirable pièce, d'une insurpassable beauté au Département des
Estampes, est une des plus rares de l'œuvre. Elle fut reproduite par
Goltzius, avec quelques légères variantes dans ses Six chefs-d'œuvre.
Ventes : Didot, 090 — Knowles, 020 — Eisher, 1400 — Aylesford, 775 —
L. Galichon, 000 — Angiolini, 109.
Le Repos ou Retour d'EgYpte (39). — La Vierge est assise à
droite, sa jambe gauche qui est nue sort de dessous sa jupe; elle
regarde saint Joseph qui, debout à sa droite, est appuyé sur un bâton ;
entre eux deux au deuxième plan, l'Enfant Jésus nu et de trois quarts
à droite fait sentir une fleur à la Vierge. Au fond de l'estampe, des
arbres, des rochers, et au pied d'un de ces arbres un moine en prières
devant une image qui y est accrochée. Sur une pierre dans le coin
gauche, la lettre L.
Cette pièce est unique, le seul exemplaire connu, gravé vers 1508, est
actuellement à Vienne; il provient, croyons-nous, de la collection du comte
du Frics qui la possédait encore en 1808. Ne pas confondre celte pièce avec
Le liepos en Egypte (38) adjugé 150 francs à la vente Didot.
Jésus présenté au Peuple (71). — Sur une place bordée de
maisons à laquelle on accède par un escalier qui est à gauche, le
Christ est amené à une barre pour être présenté au peuple. Il est
couronné d'épines, a les mains lices et demi-nu, est conduit par deux
bourreaux. Scène avec très nombreux personnages. — Au bas de
l'estampe et très à droite sur une grosse pierre près de laquelle sont
deux enfants, on lit : /.. 1510.
Ventes'. Knowles, 625 - Fisher(?) - Aylesford, 650 Straetér, sur
papier au P gothique, superbe exemplaire, 1112.
ÉCOLE UOLLANDAISE-ET FLAMANDE 121
Le Retour de l'Enfant prodigue (78). — Sur un tertre au pied
d'un bosquet où se trouvent réunis quelques personnages, l'enfant
prodigue arrive se dirigeant vers la gauche ; il met un genou en terre
devant son père qui s'avance pour le recevoir. A gauche en face de la
maison, un groupe de quatre personnes ; sur le premier plan, un chien.
Au fond à droite, des montagnes et quelques constructions. Au bas
de l'estampe dans un cartouche, la lettre L.
Ventes : E. Galichon, 3500, magnifique épreuve de chez le prince de Paar —
Liphart, 137 — Knowles «, 1612 — Aylesford, 400 — Angiolini, 131 — Defer
Duiuesnil, 300, légèrement épidermée.
La Sainte Famille (85). — Assise et adossée de face au pied d'un
gros arbre sur un tertre, la Vierge a à sa droite l'Enfant Jésus et
saint Joseph ; celui-ci présente à Marie une poire, elle en a déjà une
dans la main droite que cherche à lui prendre son fds. A une des
branches mortes de l'arbre est suspendu un cartouche portant un L.
Au fond de l'estampe, arbres, collines et constructions.
Ventes : E. Galichon, 620 — Liphart, 519, sur papier au Serpent — Fisher,
775, de chez Hawkins — Vendu en 1900, par Gutekunst, 394.
Pièce extrêmement rare.
Conversion de saint Paul (107). — Sur un chemin dont une
partie est bordée par un gros rocher, le saint la tête basse et devenu
aveugle, se dirige vers la droite soutenu par deux hommes et suivi
d'un nombreux cortège de guerriers. L'homme de gauche, sur lequel
il s'appuye, tient son cheval par la bride. Au premier plan, un
homme d'armes tient en laisse deux lévriers. Au fond à gauche,
Saùl renversé de sa monture, est aveuglé par un faisceau de rayons
obliquant de droite à gauche. Au bas de l'estampe dans une petite
tablette, L. 1509.
Pièce superbe, une des plus rares de l'œuvre; le 2e état est avec l'adresse :
In insigni anrei fontis Martini Pétri excu.
Ventes : E. Galichon, sur papier au P gothique, 1350 — Knowles, même
papier, 500 — Oppermann, 50 — Vico, 1450 — Lacroix, 430.
1 A la fin de la vente Knowles on a adjugé — provenant d'une succession anonyme — l'œuvre
presque complet de Leyde.
122 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
La Tentation de saint Antoine (117). — Assis prés d'un arbre,
de trois quarts à droite, une main levée et l'autre — la gauche — posée
sur un livre ouvert, le saint semble parler à une femme à la longue
ceinture qui vient lui apporter un vase précieux. Les cornes qui
ressortent du bonnet qui la coiffe, indiquent clairement que Satan
s'est métamorphosé en femme pour le tenter. Sur la pierre du premier
plan on lit : L. 1509.
Ventes: E. Galichon, 1500, sur papier au P gothique — Knowles, 300 —
Bouillon, 125 — Schultze, 181.
Marie-Madeleine se livrant au plaisir du monde (122). —
Presque au milieu de l'estampe quoique légèrement à gauche, Marie-
Madeleine la tète dans une auréole, relève délicatement sa jupe et se
dirige vers la droite donnant la main à son danseur qui nu-tête tient
son chapeau à plumes dans la main gauche. De nombreux person-
nages animent cette scène. Au pied du gros arbre de droite, deux
musiciens, l'un joue du tambour, l'autre de la flûte; près de ces
musiciens, on distingue un personnage couronne de lauriers, dont le
nez est extraordinaire, il est à droite du tronc d'arbre. Au fond de
l'estampe, une chasse où Marie-Madeleine est aperçue poursuivant un
cerf. Au bas de l'estampe dans un cartouche : 1~>19 L.
Cette pièce justement célèbre est le chef-d'œuvre du Maître. Le 2c état
porte l'adresse de Martini Pétri. — Il existe une mauvaise copie de cette
estampe dans le même sens que l'original, et aussi une contre-partie portant
l'adresse de: Mallerac ex : Henri-Chemont.
Ventes : E. Galichon, une épreuve d'une beauté exceptionnelle fut adjugée
8500; un autre exemplaire ordinaire, 105 — Liphart, 1250 — Didot, 2400 —
Knowles, 1062 - Seymour Haden, 152.") — Fisher 1 10 — Aylesford, 462 —
Ilolford, 3200 — L. Galichon, 2060, exemplaire de chez Didot.
Le moine Sergius tué par Mahomet1 (12P>). — Au premier
plan à droite, un visé sur le dos, Sergius gît à terre, la gorge coupée;
à gauchi' Mahomet (?) assis et coiffé à l'orientale semble dormir,
pendant qu'un homme d'armes vient en rampant lui enlever de la
main droite son épée. Une gourde est suspendue au gros arbre devant
la maisonnette du dernier plan à droite. Près du bouquet d'arbres de
i rectifie ainsi le titre: Mahomet et le moine Serouii lue. \ noire tour nous
propouriom celui-ci : Mahomet tt la mort du moine Sergliu, qui serall plut frani
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 123
gauche, un groupe de personnages causant. Dans le coin gauche
inférieur de l'estampe dans un cartouche, un L, et en dehors 1508;
le 5 est renversé. *
Cette estampe est une œuvre admirable; la tradition veut que cette pièce
fut gravée par l'artiste à l'âge de H ans ! ! nous nous refusons à le croire,
parce que rien ne prouve que le Maître fut vraiment né en 1494, comme on
se plaît à l'enregistrer. Les prix qu'elle obtient dans les ventes sont rela-
tivement modestes, nous en ignorons la raison.
Ventes : Liphart, 106 — Knowles, 244 — Fisher, 2i2 — Aylesford, 875.
Le poète Virgile suspendu dans un panier (136). — Au
premier plan tout à fait à gauche de l'estampe, un groupe de trois
enfants : deux sont assis ; celui qui est debout tourne le dos et
montre du doigt un panier suspendu le long du mur d'une maison
adossée à une tour, dans lequel on a mis le poète Virgile. Sur la droite,
un portique, devant lequel quelques personnages causent et regardent.
Dans le coin gauche de l'estampe sur une grosse pierre : L. 1525.
Pièce assez recherchée quoique très médiocre suivant nous.
Ventes: Liphart, 194, sur papier au P gothique — Didot, 600 —
Knowles, 312 — Schloesser, sur papier au P gothique, une des plus belles
connues, 1250 — Grifïïths, 245, de chez Maberly — Aylesford, 125 — Par
Gutekunst en 1894, superbe, 419 — Bouillon, 11 — De Sallet, 41.
La Laitière (158). — Au milieu de l'estampe, une vache en
travers, la tète tournée à gauche, est tenue par un paysan à l'aide
d'une corde ; une villageoise venant de droite, un chapeau d'une
main, un seau de l'autre, s'avance pour la traire. Au fond, on aperçoit
deux autres vaches. En bas au milieu de l'estampe, un L dans un
cartouche, et le millésime 1510.
Superbe et très rare estampe, dont il existe une copie dans le même sens.
Ventes: Didot, 250 — Knowles, 339 — Fisher, 325 — Aylesford, 125 -
Defer Dumesnil, 1280 — A la vente Pierre Fisher, de Bâle, en 1852, un
exemplaire fut adjuge 3 fr. 50 ! !
L'Espiègle (159). — Cheminant vers la gauche et suivi d'un âne
chargé d'un panier portant des enfants, un paysan, une hotte sur le
dos avec deux autres enfants, joue de la cornemuse, tandis que sa
femme l'accompagne tenant la bride de l'âne, avec un autre enfant sur
l'épaule ; devant eux et les précédant dans leur marche, un bambin
124 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
un bâton à la main droite et un hibou sur l'épaule. Au premier plan,
un chien. Sous la branche de l'arbre qui est à droite, 1520, et l'initiale L.
Cette pièce, d'une valeur et d'un intérêt très secondaires, est cependant
célèbre et recherchée surtout à cause de son insigne rareté. Il n'en existe
guère que 5 ou G exemplaires, dont un au Département des Estampes,
provenant du cabinet de Marolles; un à Vienne et un autre à Amsterdam.
La planche fut perdue et dès 1G44 elle était introuvable. C'est à cette époque
que Hondius en publia une copie sans valeur du reste; deux autres copies
trompeuses furent encore faites, l'une de celles-ci se reconnaît à ce qu'il
n'existe qu'un seul caillou entre la queue et la jambe de derrière de l'âne,
l'autre au texte hollandais de trois lignes qui est au bas de l'estampe.
A la vente Aylesford une épreuve doublée, avec une autre légèrement
animée et quatre copies furent payées 2â6 francs, et en avril 1894, M. H. -G.
Gutekunst, de Stuttgart, en adjugea un superbe exemplaire 21)00 francs.
Portrait de Maximilien (172). — A mi-corps de trois quarts à
gauche, coiffé d'un large chapeau, au cou le collier de la Toison d'Or,
l'empereur tient dans la main droite un rouleau de papier. Sur la
corniche du bâtiment qui est derrière, dans la partie cintrée, on
aperçoit un petit personnage tenant un cartel avec l'initiale L. et le
millésime 1520. Sur l'entablement où s'appuie Maximilien, une
draperie à franges avec armoiries de l'aigle à deux tètes.
Pièce très rare et très recherchée . Il existe une copie en contre-partie.
Ventes: Didot, 1720, de la collection ïhiers — Knowles , 1750 —
Aylesford, 225 — Gutekunst, de Stuttgart, 381.
Notons ;mssi pour mémoire : 1" Jésus en prière éi la montagne des Oliviers
(B 66), petite pièce ronde gravée à l'eau-forte, cataloguée par Rartsch à
l'œuvre de l'artiste, mais indiquée par Passavant comme n'ayant pas été
exécutée par Leyde, ce n'est, suivant lui, qu'une copie du il" .~>7, c'est-à-dire
d'une des pièces rondes de la suite des neuf dite : La Passion de Jésus-Christ .
un exemplaire passa à la vente Bouillon et fut adjugé 19 Francs. — 2" La
Femme <m rouet, c'est un bois non décrit et inconnu à Bartsch et Passavant,
représentant, assise dans une chambre, une jeune femme à son rouet,
il i n bas à droite, un enfant tenant une pelote de fil, le tout dans un riche
encadrement d'architecture, en haut i\eu\ dauphins fantastiques, en basane
tablette blanche Pièce de toute rareté mesurant en hauteur 35 centimètres
et en largeur 23 centimètres 1 2; un exemplaire passa à la vente Angiolini
OÙ il fut adjugé 632 francs.
Parmi les plus beaux œuvres formés, mentionnons : celui (\u baron Vivant
i ii mm 1 1826), il était presque complet el provenait du cabinet A. M. Zanetti ;
celui de la Bibliothèque Impériale de Vienne, admirable et complet,
probablement le i>ius bel existant, formé principalement des collections
PI van Vmstel, Mariette, de Saint-Yves e( du comte de Fries; celui
i\u Département des Estampes, où cependant quelques épreuves laissent a
ili iici- comme qualité; celui du The British Muséum qui, en 1849, reçut de
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 125
M. Henry James Brooke les plus beaux spécimens de sa collection pour se
compléter, et enfin la collection du baron Edmond de Rothschild.
Le faire de Lucas de Leyde rappelle un peu celui de Durer, mais il est loin de
l'égaler. — A rejeter les épreuves portant l'adresse de Martini Pétri, elles sont
sans valeur. — Les belles estampes du Maître sont fort rares, une exposition
de son œuvre eut lieu au Burlington Fine Arts Club en 1869, en même temps
que celle de Durer.
MAE S (Peter)
Dit Le Vieux
Naquit à Harlem vers 1656 et fut élève de Nicolas Berghem.
L'Adoration des Bergers. — L'Enfant Jésus est couché sur un
linge étendu sur de la paille ; il est entouré par la Vierge agenouillée
les mains jointes, un ange et deux bergers. Derrière l'ange, saint Joseph
est debout, et au second plan, derrière la Vierge, l'àne et le bœuf.
Au fond à gauche, des maisons ; à droite dans le lointain, l'annon-
ciation aux bergers. Le sujet est entouré de bordures et on lit : Nativitas
Iesu Christi. P. Maës Fecit ; puis plus bas au milieu : Jan busemcher
ecxcudit (sic), et dans le coin droit, le monogramme de l'artiste, P. M.
Extrêmement rare estampe qui a échappé à Bartsch. — Un exemplaire
passa à la vente Didot où il fut payé 30 francs.
MAITRE A L'ECREVISSE
Les renseignements manquent complètement sur cet artiste ; Zani le croit
Hollandais et du premier tiers du xvie siècle, Brulliot le suppose d'origine
italienne. Son monogramme était un crabe ou une écrevisse, ce qui l'a fait
quelquefois nommer Krebs. Notons une curiosité de métier : Des tailles très
serrées parsemées de petits points. — Son œuvre comporte une cinquantaine
de pièces qu'il tirait avec une encre très pâle.
La Vierge assise (Passavant 34). — L'Enfant Dieu entoure de
ses bras le cou de sa mère qui l'embrasse ; la tète de celle-ci est
ornée de perles. En bas, l'écrevisse. Quelquefois dans les dernières
épreuves on trouve le monogramme de Diirer au-dessus de l'écrevisse.
Pièce très rare.
Le Calvaire (P 29). — Au premier plan, sur de très grandes
croix occupant toute la hauteur de l'estampe, le Christ crucifié entre
les deux larrons ; celui de gauche est monstrueusement obèse. Entre
126 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
les deux croix de gauche, la Vierge de profil à droite est tombée
évanouie dans les bras de saint Jean. Deux cavaliers et des hommes
armés sont à droite, commandés par un personnage vu de dos. Au
fond de l'estampe de ce même côté, une porte de fortification en
ruines, à gauche, Jérusalem. Un vent violent fait incliner un arbuste
mort qui se trouve au troisième plan, et flotter la draperie qui voile
la nudité du divin Crucifié. Sans signature.
Cette estampe extrêmement curieuse est lu plus rare de l'œuvre ; un fort
bel exemplaire passa à la vente Angiolini où il fut adjugé 1300 francs.
La Nativité (Bartsch 3). — L'Enfant Jésus est couché dans une
auge, adoré par la Vierge qui les mains élevées est de face et à
mi-corps ; trois anges sont à gauche, et saint Joseph à droite également
à mi-corps et en adoration. Au fond, l'élable dans une construction
en ruines, près de laquelle on distingue à droite une bergère, et à
gauche un paysan. Sans signature.
Ventes : Ilolford, 875 — Par H. -G. Gutekunst en 189-1, une épreuve
admirable, 1961, morceau de la plus grande rareté.
La Purification de la Vierge (Bartsch 4). — Dans un temple à
droite, la Vierge est à genoux ; elle tient l'Enfant Jésus dans ses bras.
Sur le tout premier plan à gauche près d'un pilier, un personnage vu
de dos, tient un cierge allumé. Dans le bas du coin droit, Yccrevisse.
Estampe rarissime et curieuse, un bel exemplaire fut adjugé 380 francs à
la vente Arozarena, il provenait des collections W'ilson et F.sdaile.
MAITRE A L'ETOILE
On ne sait rien de sa vie ; il vécut entre 1522 et 1544. Il s'appelait Dirk
van Star, mais on le désigne plus communément sous le nom du Maître a
l'Etoile. Il signait d'une étoile placée entre un D et un V.
Le Déluge (Bartsch 2). — Un ciel noir dont les nuages crèvent en
pluie inondant une plaine au milieu de laquelle se dresse un grand
arbre à la tête feuillue, près duquel se dirige allant vers la droite, un
boninie demi-nu poussant devant lui une brouette. Une multitude de
personnages allblés gagnés par l'inondation se sauvent sur un radeau
ou essayent de monter sur un toit à droite; tout à fait à gauche de
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 127
l'estampe, un groupe danse en rond. En bas à gauche au-dessus d'un
chien de profil à droite, le monogramme du maître avec la date 15H.
Pièce extrêmement curieuse, rappelant le faire de Lucas de Leyde, adjugée
376 francs à la vente Liphart.
Saint Luc peignant la Vierge (9). — La Vierge est assise par
terre, à droite, ayant l'Enfant Jésus sur ses genoux ; saint Luc fait son
portrait. Un bœuf est couché aux pieds du peintre. Sur une sorte de
siège qui est à gauche, on lit le chiffre de l'artiste, et en bas au milieu :
1526 IN. IVLI. 28.
Vente : Didot, 130 francs.
MAITRE au monogramme -L- Cz.
Artiste très habile des dernières années du xv siècle, dont on ne connaît
ni le nom, ni la vie. Bartsch le classe aux Allemands, Passavant aux
Hollandais. Nous nous rangeons à l'opinion de ce dernier. A gravé une
dizaine de pièces.
Le Christ tenté par le Démon (Bartsch 1). — Dans la campagne,
le Christ à gauche drapé dans un ample manteau, de profil à droite,
sa main droite qui s'est dégagée de dessous son vêtement souligne du
geste sa parole, car il semble répondre au démon qui est à droite
adossé à un énorme rocher ; ce dernier a pris pour le tenter la forme
d'un être fantastique aux jambes de coq et aux mamelles pendantes.
Au fond de l'estampe, des arbres, des collines et des maisons. En bas
au milieu de la pièce, le monogramme.
L'exemplaire qui figure au Département des Estampes est de condition
exceptionnelle.
Le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean (Passavant4). —
Le Christ en croix au milieu de l'estampe, entre la Vierge à gauche et
saint Jean à droite. Au fond à droite, des maisons ; au pied de la croix
une tête de mort près de laquelle on voit le monogramme de l'artiste.
La physionomie de la Vierge et de saint Jean paraissent singulièrement
jeunes.
Cette petite pièce ronde est d'u/ie insigne rareté. Un exemplaire est à
Berlin, le seul autre connu fut adjugé à la vente Didot, 1G05 francs.
128 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Saint Georges tuant le Dragon (P 7). — Le saint à cheval,
couvert de son armure, s'avance vers la gauche tirant son épée du
fourreau pour achever le monstre hlessé grièvement et gisant sur le
dos, le cou traversé d'une tlèche. A gauche au second plan, dans une
grotte deux petits dragons, et à droite, une femme1 en prière à genoux
les mains jointes. Au fond, couronnant une hauteur, un château fort.
Pas de signature.
Cette estampe est fort rare, elle donne presque l'illusion d'un dessin à la
plume. Un exemplaire qui passa a la vente Angiolini l'ut adjugé 1000 francs.
MAITRE DES JARDINS D'AMOUR
On ne sait absolument rien de ce Maître dont l'œuvre révèle un travail
d'orfèvre aux eernures ou contours fortement accusés; il appartient à
l'école de Van Eyck et l'exécution des 6 gravures *- que nous allons mentionner
semble avoir eu lieu, dit Passavant, vers 1460; ajoutons qu'elles sont d'une
excessive rareté. Les voici : Saint Georges — Saint Eloi — Le grand Jardin
d'amour — Le petit Jardin d'amour — L'Homme sauvage sur une licorne —
La Femme sauvage sur un cerf.
Il vient de paraître, cliez Karl-W. Hiersemann de Leipzig, une importante
étude sur le Maître, Der Meister der Liebesgarten, par M. Max Lehrs, le
savant conservateur du cabinet de Dresde; ignorant malheureusement pour
nos travaux la langue allemande, nous ne pouvons en donner l'analyse.
MAITRE DES SUJETS TIRÉS DE BOCCACE
L'artiste est ainsi dénommé parce qu'il a gravé plusieurs sujets tirés des
ouvrages de cet écrivain. Son faire est serré et délicat, il rappelle un peu
Israël van Meckenen dont on suppose même qu'il est l'élève.
i ( in n'csl absolument pas d'accord sur la personnalité de cette femme qui apparaît toujours
dans la reproduction de la scène de saint Georges tuant U dragon. Les uns y voient l'impureté,
i utres le <i< nu .h. cm ii Princesse Alexandre, d'autres enfin, tels que M. Ernest Hello dans sa
te des Saints, la Princesse Marguerite. Il raconte que ce dragon énorme habitait un
lac aux onvlrom de Beyrouth dont il la il sas pour se précipiter sur lis hommes. On lui
pendant deux brebis par jour, mais celles-ci s'étanl épuisées, on consulta alors l'oracle
qui répondit qu'il lui (allait des créatures humaines Urées au sort. La Bile du mi lui désignée,
on la coi tu une brebis la où le dragon devail la prendre, mais Saint Georges, ayant
frappe mortellement l'animal, ordonna a la jeune Bile de •! a r sa ceinture, de la passer
oui il ù cou du mon lire et de le ramener dans la cité, disant au Roi, que s'il voulait croire
en Dieu 11 nchi eraltli dragon : le monarque e convertit sur le champ et avec lui vingt mille
lu nés.
i volume de M. Mai Lehrs reproduit en phototypte 28 pièces de ce Maître, ce qui portes
crolri' que les dernières recherche! ""i amené des nouvelles découvertes dans l'œuvre que
mai' viiiiuis de signaler.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 129
Ses pièces sont de la plus insigne rareté ; nous pouvons nous tromper,
mais nous ne nous souvenons pas en avoir vu passer en ventes publiques,
à l'exception de celles du Département des Estampes, acquises aux collections
Delessert et Delbecq. — Passavant mentionne 25 pièces.
En voici deux extrêmement curieuses qui sont du reste aux Estampes, à Paris.
L'Auteur écrit l'Histoire de nos premiers Parents (Passa-
vant 4 — Bartsch 72). — Dans un étrange intérieur, assis de trois
quarts à droite, devant un pupitre, une plume à la main posée sur un
livre ouvert, l'auteur regarde Adam et Eve qui se présentent à lui
complètement nus, la main sur la feuille de vigne qui cache leur
sexualité, ils baissent les yeux, et la femme surtout paraît particulière-
ment intimidée; derrière eux à droite deux chiens1 jouent ensemble.
Sur les murs sont représentées des scènes de l'Ancien Testament,
entr'autres à droite, l'Ange une épée à la main chassant Adam et Eve
du Paradis terrestre. Sans date, ni signature.
La Mort de Régulus* (P 8). — Sur des tonneaux, une sorte
d'estrade est dressée, on y a étendu un homme nu sur des planches
hérissées de clous et on l'attache avec des cordes ; il est entouré
d'hommes d'armes ; son chapeau et ses vêtements sont jetés sur cette
estrade. Par terre touchant presque le trait carré, trois cailloux à
peine ombrés. Au fond de l'estampe, deux personnages sont à des
fenêtres et assistent à cette scène. Sans signature, ni date.
Le Voyage d'un Iconophile, page 323, parle des deux pièces décrites
ci-dessus. — A l'exposition Dutuit, en 1869, figurait Le Duel, pièce non
décrite, de la dernière rareté, et considérée comme pendant à : Le Roi et
l'Homme mort (P 5).
MAITRE DU CABINET D'AMSTERDAM
Artiste de l'école de van Eyck, sur le compte duquel on ne sait pour
ainsi dire rien. Très habile et de premier ordre, il traita avec un égal
bonheur les sujets les plus divers, sacrés et profanes. Le musée d'Amsterdam
possède, croyons-nous, 80 pièces du Maître ; elles sont toutes d'une extrême
rareté et proviennent de l'héritage du baron de Leyde en 1806. — On le
désigne aussi quelquefois sous le nom du Maître de 1480.
1 Barlsch dît : Un chien et un singe.
3 On désigne aussi cette pièce sous la rubrique plus claire, selon nous, de : L'homme mis à
la torlion et décapité à Bruges l'an 1402.
9
130 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Les Stigmates de saint François (Passavant 36). — Le saint
est à genoux, tourné à gauche, les yeux fixés sur un crucifix muni de
six ailes qu'on aperçoit dans les airs. Devant lui, un petit livre
terme ; plus loin, le frère Elie endormi. Dans le fond, au bord d'un
fleuve à droite, un rocher surmonté d'un château.
Estampe rarissime île l'école ilu Maître, si elle n'est de lui-même, dont un
exemplaire fut adjugé à la vente Camberlyn 205 francs; il en existe des
copies.
La Vierge debout (P 9). — La Vierge est debout de face, sur un
croissant, la tète auréolée d'éloiles et couronnée ; elle tient l'Enfant
Jésus sur le bras gauche, et un livre de la main droite qui sort des plis
de son manteau ; elle a les yeux baissés et la tète penchée à droite.
Fort belle pièce.
Saint Georges (P 25). — Au pied d'une colline que couronne un
château fort, saint Georges tue de son épée le dragon qui est renversé
sur le dos à droite de l'estampe ; derrière lui, une femme est debout
tenant par la bride le cheval du guerrier; dans le ciel, un vol de cinq
oiseaux.
Estampe superbe rappelant par sa finesse un dessin à la plume.
MOREELSE (Paul)
Artiste graveur sur bois, ayant fort peu produit, et de modeste notoriété,
naquit à Utrecht en 1Ô71 et y mourut en 1038.
Nous n'hésitons pas cependant ù le mentionner, car il y avait de lui, à
l'Exposition de la Gravure sur bois, le superbe clair-obscur que nous allons
décrire ici :
L'Amour dansant avec deux Femmes. — L'Amour tient par
la main deux femmes costumées h l'antique; il regarde celle qui est
à sa droite ; par terre dans le coin gauche, est déposé son carquois,
sous lequel on lit : /'. Morelse 1612. La femme de droite tient sa jupe
qu'elle relève de ses deux mains ; celle de gauche laisse voir ses
jambes Dues qui se sont découvertes dans le mouvement de la danse.
En liant de l'estampe, au-dessus d'ornements représentant une tète
de bouc et une chauve-souris encadrées de deux singes, quatre lignes :
Aligerum trahit hiepueram, . .
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 131
MULLER (Jean)
Elève de Gollzius, de la vie duquel on sait fort peu de chose, naquit vers
1570. Très habile graveur de portraits, d'un métier très synthétique et très
sommaire.
L'Archiduc Albert, d'après Rubens (Bartsch 62).
Une épreuve d'essai, avec la tête seule terminée, unique sans doute, fut
adjugée à la vente Didot, 440 francs.
Christian IV, d'après Rémy Rit (61).
Une épreuve : avec la tête et le fond seulement terminés, vente Didot,
465 francs ; un autre état, le 2e, non décrit, avec le portrait et la partie
gauche entièrement terminés, 500 francs ; un 3« état, non décrit également,
la planche complètement terminée, et avant toutes lettres, 325 francs, et
enfin l'épreuve de tirage, 22 francs.
0 STADE (Adrien van)'
Né à Lubeck en 1610, mourut en 1685. — Son œuvre se compose de
51 pièces reproduites par Aman Durand. Artiste intéressant et original, s'est
appliqué à reproduire avec une rare fidélité les scènes populaires de danse,
cabarets, tabagies, etc., ses figures sont toujours lourdes, vieillottes et
courtes; on le croit élève de Franz Hais. Ses eaux-fortes comportent en
moyenne deux ou trois états, quelquefois davantage, tels, par exemple, que
Le Goûté et Le Charcutier qui en comptent six, le classement en est fort
difficile. Il n'y a d'intéressant que les premiers états et les pièces dites à la
bordure fine, c'est-à-dire avant que le trait carré qui entoure l'estampe ait
été renforcé au burin. Les premiers états à l'heure qu'il est sont extrêmement
rares. Le catalogue de l'œuvre de l'artiste a été établi par Bartsch, par
Faucheux en 1862, et enfin par E. Dutuit; ce dernier est admirablement bien
fait, cependant nous lui reprocherions presque d'être un peu trop touffu, il
y a là des descriptions d'états qui atteignent jusqu'à quarante-cinq lignes ! !
La Famille (Faucheux 46). — Dans l'intérieur d'une chaumière,
une femme assise à droite donne à manger à un enfant qu'elle tient
dans ses bras; derrière elle, un homme debout coupe du pain. Autour
d'une table, deux enfants, dont l'un présente quelque chose à un
i Consulter: Eaux-fortes de van Oslade: 51 planches gravées a L'eau-forte, à Paris chez Rapilly.
132 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
chien. Au fond de l'estampe, un lit, près duquel on distingue les
premières marches d'un escalier et des ustensiles de cuisine dissé-
minés. En basa droite: A. V. Ostade 1647.
Ventes: Guichardot, avec la coulure d'eau-forte en bas à droite, 920; avec
les trois marches de l'escalier presque blanches, et le trait carré très
légèrement indiqué, 470; 2« état, 400 — E. Galichon, C00, eau-forte pure,
même état que celui vendu 470 à la vente Guichardot — Knowles, 1" état,
764, provenant de chez Marshall et Alferoff — Didot, même état, 350 —
Oppermann, même état, 376 — Fisher, 575 — L. Galichon, 285, de chez
Didot — Straeter, 394, toutes ces épreuves en 1" état — Dreux, à la bordure
fine, 95.
La pièce capitale de l'œuvre.
Le Peintre dans son atelier (32). — A gauche, assis dans son
atelier devant son chevalet dont la toile est violemment éclairée par
la gauche, un peintre coiffé d'un haut bonnet a près de lui à droite un
banc sur lequel est posé un livre ouvert et par terre un autre livre
fermé. Au dernier plan à droite, un escalier tournant, sous lequel on
aperçoit deux enfants broyant des couleurs, ainsi qu'une malle
ouverte. Dans la marge un quatrain en latin: Pictor Apelœa . . .
Signé A. V. Oslade fecit.
1" état. — Avant le quatrain.
2e état. — Le mot Auferet du quatrième vers est écrit Auferret.
3e état. — Le mot est corrigé.
4« état. — Le bonnet est diminué.
.">•■ état. — Le montant du bas qui soutient l'escalier est strié de tailles
perpendiculaires et porte : .4. V. Oslade fecit cl excud.
Ventes: Guichardot, 1«", 2e et 3« états, de Faucheux, croyons-nous,
vendus 2600, 1100 et 980; il y avait à cette vente 11 exemplaires différents
de cette pièce — Knowles, 2° état de Faucheux, 437 — Oppermann,
51-- état, 277 — Fisher, 925 — Angiolini, avec le haut bonnet et avant les
hachures sur la table du chevalet et avant la troisième taille sur les deux
premières marches de l'escalier, 600 — Straeter, avant le quatrain, 637,
rarissime , avec la correction au mot Auferret, 500.
Cette estampe est extrêmement rare. — Il existe à Amsterdam une épreuve
unique dans laquelle le banc, sur lequel est le livre du peintre, est remplacé
par un tonneau.
La Dévideuse à la porte de sa maison (25). — Sur le seuil de-
là porte d'une maison que décore une luxuriante vigne à droite, une
femme est assise dévidant sa quenouille ; une poule picore devant
elle, et un homme vu presque de dos, un bâton à la main, cause avec
elle ; derrière l'homme est un seau. En bas à droite : A. V. O.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 133
Ventes : Guichardot, 1er état, 115; 2e état, 92 — Fisher, 1" état, 662 —
Straeter , épreuve , croyons-nous , avec le seau qui est derrière l'homme
presque blanc et l'absence de nombreux travaux tels, par exemple, que les
cercles qui entourent ce seau, exemplaire probablement unique, 1875.
Paysan payant son écot (42). — Dans une auberge, un groupe
de personnages assis boivent et causent entr'eux. Au fond de la pièce
près d'une vaste cheminée à droite, un tabouret sur lequel une
cruche est posée ; à gauche sur le premier plan, une femme légèrement
penchée en avant, reçoit l'argent qu'un homme qui est en face d'elle
lui met dans la main. En bas à droite : A. V. Ostade.
Ventes : Guichardot, état non décrit par Faucheux, intermédiaire entre le
l«r et le 2e, 300 — Oppermann, 4e état, 74 — Buccleuch, 300, même état —
Fisher, 1050, même étal — Straeter, avant les contre-tailles sur le dos et sur
le jupon de la femme qui reçoit l'argent, et avant celles sur les linges
pendus au fond de la pièce à gauche, 2562 : épreuve unique sans doute, car
on ne la connaît pas dans les cabinets de Vienne, Harlem, Amsterdam,
Paris ou Londres.
La Danse au cabaret (49). — De nombreux personnages sont
réunis dans un cabaret ; au milieu de l'estampe, l'un d'eux danse, son
chapeau sous le bras droit ; derrière lui, un violoneux assis sur la
table, sous laquelle on aperçoit un chien. A droite, un couple assis se
lutine ; à gauche, une femme et un homme un pichet à la main
descendent un petit escalier ; près d'un homme debout de trois quarts
à droite, une femme est assise ayant dans sa main un gobelet que
prend un enfant. Sur le tout premier plan, un escabeau renversé et
un homme assis tournant presque le dos. En bas à droite : A. V. Ostade
fecit et excud.
Ventes . Guichardot, 4e état, 460 — Didot, 80 — Knowles, 1« état, c'est-à-
dire avant les travaux de pointe sèche, 781 — Schloesser, même état, 850, de
chez Kalle — Oppermann, 443 — Fisher, 5e état, 462 — Straeter, épreuve
provenant de la vente Simon, avant les travaux de pointe sèche sur les
ombres, 1287 — Rosenberg, 116, avec la bordure fine — Hansen, 62, sur
papier aux armes d'Amsterdam.
Cette estampe, très finement gravée, est remarquable surtout par sa jolie
distribution de lumière, comme format c'est la plus grande pièce de
l'œuvre.
Le Goûté (50). — Dans l'intérieur d'une ferme, autour d'une
table, quatre hommes, et une femme à droite, près de celle-ci un
chien, et l'entrée d'une cave dont l'un des battants de la porte est
134 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
fermé. L'homme de gauche est debout un verre à la main ; près de la
chaumière tout à fait à gauche, deux enfants et des cartes éparses sur
le sol. La lumière vient de droite. En bas dans le coin gauche :
A! Ostade, et dans la marge deux vers latins de Tibulle : Securx
reddamus.
Ventes : (îuichardot, eau-forte pure, la draperie qui est sur le manteau de
la cheminée n'a qu'une seule taille, la petite tille qui boit a an bonnet sur la
tête, avant les vers, 1600; avec les eontre-tailles sur la draperie, 1500; avec
les vers, 460 — Oppermann, avec la bordure fine, 101 — Griffiths, avant les
vers, 50 — Buccleuch, avant les vers, 925 — Fislier, 525, de chez Hawkins —
Straeter, avant les vers, 725 • — Hansen, 75 — Rosenberg, 110.
Le Charcutier (41). — Devant une ferme, au milieu de l'estampe,
un paysan à genoux sur le porc étendu par terre qu'il vient de tuer,
fait couler le sang de l'animal dans une poêle que tient une femme
placée près de lui. A droite, deux enfants près d'une pompe; à
l'extrême gauche, un paysan debout de profil à droite, regarde la
scène, plus trois autres assistants ; en tout huit personnages. Au bas
à gauche, A/ Ostade.
Petite pièce ronde. Le 1" état à l'eau-forte pure est de toute rareté, une
partie du ciel est blanche, mais il n'y a pas d'éclairage; c'est au 2" état
surtout qu'apparaît la scène de nuit vraiment saisissante, la caractéristique
de cet état est que le bonnet est presque blanc, ainsi que le bras et la jambe
droite du paysan qui est debout tout à fait à gauche.
Ventes : Guichardot, 180 — Oppermann, 90 — Fisher, 187, de chez
Guichardot — Straeter, 356.
Les Pécheurs (26). — Dans la campagne, un canal avec un pont
de bois, sur lequel est un pêcheur à la ligne, ayant près de lui un
garçonnet portant un panier. Au fond à gauche, un grand arbre ; à
droite, maison et personnages. Dans le bas à droite dans l'eau : A. V. 0.
Ventes : Guichardot, tout 1" état, de nombreux traits échappés perpen-
diculaires coupent le deuxième poteau à gauche sur lequel repose le pont,
le ciel est blanc, la bordure est fine; de toute rareté, 1165 — 2'' état, les
traits échappés oui été effacés et tics travaux ont été exécutés dans le
ciel, 210 — Oppermann, 2« état, 94 — Straeter, sur papier à la folie, 150 —
Rosenberg, sur même papier, 2" état, 77 — Dreux, avec la bordure fine, 330.
' a cette vente, le dessin original, sépla smis trall de plume, lui adjugé 837 francs. Ceci nous
suggère en passant la remarque suivante, que les dessins originaux dis peintres-graveurs
ms sont bien n ipayi qu leui beaux états d'eau-forte. Rembrandt en sel on exemple
particulièrement frappant; le enti Dldot ses dessins atteignirent péniblement 17, 30. 70...
380 francs, tandis que sis eaux-fortes s'enlevèrent allègrement A 2.000, 3.900... cl 17.000 francs II
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 135
Notons encore comme extrêmement rares, quoique bien peu intéressantes
cependant: Le Coup de couteau (19) dont le 1" état, eau-forte pure, fut adjugé
760 francs à la vente Guichardot, et 1375 à la vente Knowles, et
L'Epouitleuse, que l'on considère comme douteuse, gravée selon Dutuit, par
W. Basse, d'après Isaac van Ostade.
Parmi les plus beaux œuvres du Maître, citons ceux formés par : Van den
Zande, un ancien administrateur des douanes, vendu en 1855; Auguste
Simon, un tourangeau, vendu en 1862; Guichardot le marchand d'estampes,
cette collection admirable comprenait 364 pièces en différents états — elle
provenait en partie de chez Verstolk de Soelen où elle avait été adjugée
4420 francs — à sa vente elle fit modestement plus de 57000 francs ! ! et enfin
dernièrement celui du docteur Auguste Straetcr vendu en 1898, l'œuvre
était complet, il ne lui manquait que L'Epouitleuse , encore est-il probable
qu'il l'avait écartée à dessein vu son peu d'authenticité. Actuellement les deux
plus belles réunions de van Ostade se trouvent chez le baron Edmond de
Rothschild et au musée Teyler, à Harlem.
Les premières épreuves, les seules qu'il faille recueilli, sont claires de ton,
et les meilleures impressions sont souvent tirées avec une encre légèrement
brune. Le Maître a eu de nombreux imitateurs, parmi les principaux nous
pouvons citer Cornélius Bega, Brauwer et Dusart, tous leurs personnages
étaient laids, canailles, vulgaires et mal bâtis.
Au commencement du xvmc siècle les cuivres étaient aux mains de
Bernard Picart qui les publia, à Amsterdam, vers 1720, sous ce titre :
Œuvre complet d'Adrien van Ostade, peintre célèbre, inventé et gravé par
luy même.
POTTER (Paul)'
Né à Enkhuizen en 1625, mort à Amsterdam en 1654, peintre-graveur
animalier dont les 20 eaux-fortes qui forment l'œuvre sont assez recherchées ;
nous nous sommes toujours demandé pourquoi? car c'est d'un poncif et
d'une banalité désespérante. Il a eu comme imitateur Marc de Bye.
Mentionnons néanmoins, pour les enragés que cela peut intéresser, les moins
mauvaises et les plus rares.
Le Vacher2 (Bartsch 14). — Sur le premier plan, trois vaches
couchées et deux debout, une de celles-ci, celle de gauche, vue
absolument de dos. A droite sur un tertre dont une partie est boisée,
le vacher poussant devant lui trois vaches à l'aide d'un bâton qu'il
tient de ses deux mains. Dans le coin inférieur gauche : /. Paulus Potier.
In et fecit A" 1643.
1 Consulter : Eaux-fortes de Paul Potter. reproduites et publiées par Amand Durand, texte
par G. Duplcssis, à Paris, chez G. Rapilly.
3 Ne pas confondre cette estampe avec celle de Le Berger (B 15).
13T) ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Dutuit rubrique cette estampe, la première qu'ait gravée l'artiste, Vue
d'une Prairie. Il existe au British Muséum la seule épreuve connue du
1er état, la vache couchée à gauche a la tète tournée à droite et le dos
presque blanc, elle provient du cabinet de Fries; la signature et la date
n'existen\. pas dans le coin gauche. Il y a des épreuves avec l'adresse de
de Wit et d'autres avec celle de P. Schrnck. — Le cuivre existe encore et a été
publié en 1866 dans la Gazette des Beaux-Arts.
Ventes : Schloesser, la planche coupée avant l'adresse, 66 — Oppermann,
même état, 138.
La Tête de Vache (16). — Au-dessus d'une barrière en bois
entrecroisés, la tête d'une vache de profil à gauche. Au second plan,
également à gauche, un tronc d'arbre.
Pièce rarissime, dont il existe 5 ou 6 copies, entre autres par Bartsch,
A. Schouman, Claussin, J. Bemme
Ventes : Didot, 760, provenant de chez AlferofF — Straeter, 875 t ! ! Certes,
voilà de l'argent qui pourrait être mieux placé, car cette somme est
vraiment hors de proportion avec la valeur d'art de l'estampe.
La Vache couchée près de l'arbre (17). — La bête est couchée
la tête tournée à gauche, regardant de face, entre un petit bouquet
d'arbres à droite et un gros tronc à gauche ; dans le ciel, trois oiseaux.
Sans signature.
Il existe une copie par Bartsch. — A la vente Aylesford une fort belle
épreuve fut adjugée 700 francs.
Enregistrons enfin une pièce de la dernière rareté, rubriquée Le Zabucaia
(B 18), qui représente de profil à gauche, un singe à longue queue
accroupi au pied d'un arbre et mangeant un fruit; à gauche, sur le ciel, en
gros caractères Zabucaia et, à droite, touchant le trait carré : Panlus Potter
fecit 16.Î0. Il existe un 1" état au Musée d'Amsterdam avant le nom de
l'artiste et le millésime.
REMBRANDT (Harmensz van Rijn)'
Né à Leyde le 16 juillet 1606», mort à Amsterdam le 8 octobre 1669, il était
fils d'un meunier et eut pour maîtres, dit-on, J. van Swanenburch et Pierre
Lastman. Nous ne nous étendrons pas en lignes dithyrambiques sur
' Consulter: Œuvre de ncmbrandi. reproduit el publié pur Arnaud Durand, n Paris cher
n.ïj>i!ly.
' Celte date esl dfacufaMe, puisque l'épreuve: Rembrand au chapeau rond ri nu manteau
brodé (BarUefa 7), de Holford, portail de !•• main de l'artiste une note Indiquant qu'en mm il
avall M aiUi
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 137
l'insurpassable Maître, chacun sachant qu'il demeure le géant de la gravure.
Aucun artiste n'a tenté les iconographes autant que l'immortel Hollandais,
douze catalogues ont été faits de son œuvre gravé. Les voici dans leur ordre
chronologique :
Le premier fut dressé par Gersaint, le marchand d'estampes, qui s'aida
de la collection du graveur Jacques Houbraken qui avait appartenu au
bourgmestre Six, l'ami de Rembrandt, malheureusement il mourut avant
d'avoir pu le mettre au jour, le manuscrit fut alors acquis par Helle et
Glomy qui le complétèrent en scrutant avec soin les collections de Marolles,
Beringhen, Coypel, Julienne, Potier et le Cabinet des Estampes, et le
publièrent en 1751, il fut traduit en anglais par T. Jefferys et parut à Londres
l'année suivante. En 1756, Pierre Yver en donna un supplément rectifié. Les
autres furent faits par Daniel Daulby en 1796, Bartsch en 1797, Josi en 1816,
le chevalier de Claussin < en 1824-1828, Wilson en 1836, Blanc en 1859-1861,
Ch.-H. Middleton en 1878, Dutuit en 1882*, Rovinsky » en 1890 et enfin von
Seidlitz en 1895 ♦.
Nous ne saurions passer sous silence la très remarquable Etude mono-
graphique de l'œuvre gravé de Rembrandt 5 et Rembrandt authentique et
apocryphe (1896), publiés par l'éminent peintre-graveur sir Francis Seymour
Haden, nous y renvoyons le lecteur, c'est du plus puissant intérêt. Il y
verra entre autres choses curieuses, la classification de l'œuvre du Maître
en trois périodes bien distinctes.
La première période de 1628 à 1639 — eau-forte pure — où on rencontre
de nombreux portraits de lui-même, de sa mère et de sa femme, puis la
série des fameuses pièces fausses, avec preuve à l'appui, nous citerons
parmi celles les plus connues et des plus populaires : La fuite en Egypte
(Ch. Blanc 25), d'après le dessin de Lastman, de Bol probablement; Le Ron
Samaritain (41), par Bol ou Rottermondt ; La grande Résurrection de Lazare
(48), où il semblerait que Bol et Lievens ont travaillé; La grande Descente de
' Il y a là une classification du travail en 7 procédés qui est d'une adorable naïveté, d'autant
que l'auteur cherche à les expliquer, après avoir dit plus haut en parlant du Maître.... « dont il
est en grande partie l'inventeur et qu'il parait n'avoir voulu transmettre à personne, puisqu'on
assure même qu'il avait la précaution de s'enfermer quand il gravait ou imprimait ses
planches. »
s II a fait reproduire l'œuvre complet dans ses dimensions originales.
3 A aussi reproduit toutes les pièces dans leurs états successifs en 1000 pholotypies sans
retouche : il a suivi les numéros de Bartsch. en face desquels il a mentionné ceux de Gersaint,
Claussin, Wilson, Blanc, Dutuit et Middleton. C'est, selon nous, le meilleur catalogue actuel du
Maître.
* Dans les catalogues de ventes publiques on se reporte généralement, en France, pour les
numéros, à Bartsch, Claussin et Ch. Blanc; en Allemagne à Bartsch et en Angleterre à Wilson.
Les catalogues les plus prisés aujourd'hui sont ceux de Dutuit, Rovinsky et Seidlitz, tous
sont dressés par groupement de sujets similaires, il n'y a que celui de Middleton qui suit le
seul ordre rationnel de classement, l'ordre chronologique.
5 Elle fut rédigée pour servir d'introduction au catalogue d'une exposition des eaux-fortes du
Maître classées pour la première fois par ordre chronologique, exposition qui fut organisée sous
la haute direction de sir Seymour Haden. au Burlington Fine Arts Club en 1877. II y eut là, dit
M. Gonse, un intéressant échenillage qui émut fortement M. Dutuit qui, du reste, en parla
longuement dans son travail. — A consulter encore le bel ouvrage de M. Emile Michel,
Rembrandt, sa vie, son œuvre, son temps, Paris, Hachette, 1893, ainsi que les différentes éditions
de Vosmaer.
138
ECOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Croix (56), par Lievens; La Fortune contraire (81), sans doute par Bol;
Ecce Homo (52), par Lievens ; Saint Jérôme en méditation (77), par Bol (?) ;
Le Peseur d'or (189), dont la tête et les épaules seules sont du Maître;
Rembrandt dessinant d'après le modèle (157), ces deux pièces de Bol
probablement; Les trois Têtes orientales (173-28S-289), de Lievens, etc.
La période moyenne de 1G40 à 1G49 — eau-forte et pointe sèche — avec les
admirables paysages: Les trois Arbres (315); Vue d'Omt'al (312); Campagne
du Peseur d'or (334); L'Homme au lait (316); Paysage aux trois Chaumières
(318); La Pièce aux cent Florins (49); Docteur Fauslus (84); Paysage à la
Tour (324); La Grotte et le Ruisseau ou l'Abreuvoir (331).
Enfin, la dernière période, 1650 à 1661 —pointe sèche — c'est la plus belle;
il ne fait plus le paysage, sauf un seul : Le Bouquet de Bois (323), mais en
revanche il grave des merveilles : Lulma (182), Tholinx (188), Les Deux
Haarings (178-179), Le Christ présenté au Peuple (51), Les Trois Croix (53).
Un autre peintre-graveur de talent, M. Alphonse Legros, un Français qui
habite depuis longtemps l'Angleterre, que nous avons consulté quelquefois
et qui nous a aimablement répondu comme on le verra plus loin, s'est
aussi beaucoup préoccupé de Rembrandt surtout au point de vue métier;
sur les 363 pièces qui sont censées constituer l'œuvre du Maître, il n'en
trouve que 71 d'indiscutables ; les voici avec les numéros d'ordre de Dutuit :
19 Rembrandt et sa femme.
20 Rembrandt au bonnet orné d'une
plume.
21 Rembrandt appuyé.
22 Rembrandt dessinant.
32 Rembrandt gravant sur une plan-
che haute et étroite.
1 1 David en prières.
45 Tobie le père aveugle.
16 L'Ange qui disparaît devant la
fille de Tobie.
50 La Nativité.
52 La Circoncision.
66 Saiule Famille au chat.
67 Jésus au milieu des Docteurs.
68 Jésus discutant avec les Docteurs
la loi.
71 La petite Tombe.
77 La Pièce aux cent florins.
83 Jésus présenté au Peuple.
85 Les Trois Croix.
89 Descente de Croix (esquisse).
90 Descente de Croix (effet de nuit).
94 Les Disciples d'Kmniaùs.
99 Saint Pierre.
107 Saint Jérôme1 (goût de Durer).
113 Médée.
121 Petite Bohémienne.
126 Jeu du Kolf.
127 La Synagogue des Juifs.
129 Le Charlatan.
131 Le Paysan avec femme et enfant.
132 Juif à grand bonnet.
135 Le Joueur de cartes.
143 Paysan et Paysanne marchant.
153 Le Cochon.
154 Le petit Chien endormi.
166 Vieille Mendiante.
172 Mendiants à la porte d'une maison.
192 Les Baigneurs.
193 Académied'hommc assis a terre.
200 Jupiter et Antiopc.
205 Le Pont de Six.
206 Vue d'Omval.
207 Ancienne vue d'Amsterdam.
209 Paysage aux trois Arbres.
210 L'Homme au lait.
21 1 Les deux Maisons à pignon pointu.
215 Paysage à la Tour carrée.
216 Paysage au Dessinateur.
1 11 .liste dnns l'œuvre 7 Saint Jérôme.
ECOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
139
219 Le Bouquet de Bois.
220 Paysage à la Tour.
221 La Grange à foin et le Troupeau.
222 La Chaumière et la Grange à
foin.
223 La Chaumière au grand Arbre.
224 L'Obélisque.
225 La Barque à la Voile.
229 La Chaumière •*"' uirée de plan-
ches.
230 Le Moulin de Rembrandt.
231 La Campagne du Peseur d'or.
232 Canal avec les Cygnes.
234 L'Abreuvoir de la Vache.
254 Renier Ansloo.
259 Faustus.
263 Clément de Jonghe.
265 Jean Lutma.
267 Bourgmestre Six.
269 Jean Silvius.
273 Homme sous une treille.
277 Homme avec chaîne et croix.
280 Vieillard à barbe carrée.
282 Jeune Homme assis réfléchissant.
322 Buste de jeune Homme au trait.
344 Jeune Fille avec panier.
352 Grilfonnements avec taillis, che-
val, etc.
Il considère qu'on en pourrait peut-être ajouter encore 42, mais il n'en
désigne pas les numéros.
Quant à nous, suivant nos pointages et d'après les appréciations de gens
compétents et autorisés, nous estimons que l'œuvre authentique du Maître
peut se monter de 160 à 180 pièces ; il y a loin de là aux 363 ! environ,
qu'on a cherché à lui faire endosser.
Les élèves du Maître furent nombreux, trois surtout sont considérés
comme ses meilleurs, ou tout au moins comme ceux ayant eu avec lui des
attaches plus marquées, ce sont : Bol2, Lievens3 et van Vliet l ; le premier
et de beaucoup le meilleur, pastichait merveilleusement Rembrandt ; le
second retouchait ses eaux-fortes au burin, et le troisième — dont le
métier était sans style — se faisait remarquer souvent par sa violence dans
ses effets d'ombre et de lumière. Il faut encore citer parmi ses disciples :
Philippe de Coninck, Rottermondt, Savry, de Poorter, de Wedt, J. Backer,
Flinck, van den Eckout et Verbeecq.
Les plus belles collections anciennes de l'œuvre du Maître furent — en
suivant à peu près l'ordre chronologique — celles de l'abbé de Marolles,
Zoomer, Six, Halling, Maas, Molewater, Jacques Houbraken, puis plus
récemment, celles de Zanetti, Sloan, Burgy, Mariette, Peters, Barnard,
Cracherode, van Leyden, Denons, Pôle Carew, Wilson, Debois, Verstolk
de Soelen", Didot, Slade, Abraham Hume, Griffiths, Buccleuch, sir Seymour
i Bartsch en relève 375. Claussin 365, Wilson 366, Blanc 353 et Middleton 329. — On estime que
le nombre de ses tableaux s'élève à environ 550, tous dispersés de par le monde ; une trentaine
seulement sont restés en Hollande. - On sait qu'il n'a jamais gravé ses toiles.
' Son œuvre, 19 pièces.
3 Son œuvre, 71 pièces.
* Son œuvre, 92 pièces.
s A sa vente en 1826, dirigée par Duchesne aîné, l'œuvre mis sur table fut retiré faute
d'enchères suffisantes.
« Collection admirable dispersée à Amsterdam en 1847, les Rembrandt seuls atteinrent
80000 florins. Toute la fine fleur des cabinets Dumesnil, Pôle Carew, Denon, Wilson, Six, etc....
s'y était donné rendez-vous. Le catalogue de cette vente en 3 parties est de la dernière rareté,
nous n'avons pu nous le procurer qu'après quatre ans de recherches incessantes chez R.-W.-P.
de Vries, libraire à Amsterdam.
140 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Haden, Rovinsky ', Holford, Straeter et Artaria, toutes dispersées à l'heure
qu'il est.
A Moscou, il existe encore une admirable réunion de l'œuvre de l'artiste;
elle appartient à M. MassalofT, qui, croyons-nous, achète toujours et ne
laisse jamais échapper la belle pièce quand il lui est encore donné de la
rencontrer.
Parmi les expositions les plus intéressantes qui ont été faites, il faut
citer celles du Burlington Fine Arts Club 1877, Musée de Boston 1887,
Galeries de Wunderlich et C° en 1888, à New -York, et enfin celle du
British Muséum' en 1899, de beaucoup la plus remarquable. Constatons
douloureusement qu'en France, où nous possédons les plus beaux
Rembrandt du monde, nous sommes encore à attendre la nôtre...
Les dépôts publics les plus importants sont, dans l'ordre de leur
richesse : Paris, Londres, Vienne, Amsterdam et Dresde.
Nous ne parlerons pas des copies très nombreuses qui existent dans
l'œuvre du Maître, quelques-unes, il faut l'avouer, sont désespérément
trompeuses. Dès l'année 1768, La Chronique de Saint-James signalait au
public les pastiches que faisait un Anglais qui habitait Bruxelles à cette
époque.
Basan a publié un recueil de 85 pièces provenant des planches originales,
auxquelles il a ajouté, gravé par lui et Watelet, 35 copies des planches les
plus rares du Maître, soit en tout 120 pièces. — Ces cuivres, dispersés à
l'heure présente, ont été à un moment la propriété du fonds Jean ; les
épreuves qui en proviennent sont sans valeur.
Disons pour en terminer que la question des états demeure toujours
d'une extrême difliculté, au moins pour certaines pièces; il faut absolument
avoir les exemplaires sous les yeux pour pouvoir constater et saisir les
différences, quelquefois infimes, qui n'apparaissent même souvent que la
loupe à la main. — Les classifications variant avec les catalogueurs, il faut
faire suivre l'état indiqué du nom de l'iconographe, si l'on désire bien
préciser dans l'esprit de l'amateur la pièce en question, car le 3* état de
Wilson peut être différent de celui de Bartsch et celui de Bartsch ne pas
correspondre du tout à celui de Rovinsky ou de von Seidlitz.
Rembrandt au chapeau rond et au manteau brodé (H 7 —
Cl 7 — W 7 — Bl 211 — D 7). — A mi-corps, tourné de trois quarts
à gauche, la tète de face, les yeux dirigés légèrement à droite, l'artiste
très jeune et imberbe est coiffé d'un chapeau rond au bord très roulé
sur la droite, il semble être appuyé sur le bras gauche, dont la
main fermée et gantée sort du manteau brodé. Le cou émergé d'un
large col blanc, la figure esl éclairée de droite à gauche. Dans le haut
du coin gauche de l'estampe : lit 1681.
' L'auteur <ln catalogue <iul, h u mort, en Bl don au Mutée de l'Ermitage, h Sjiint-PHtTsboura.
' il existe de cette exposition un peUI guide inj lali du \>\u\ haut tntirit, annoté pnr le
distingué conservateur, M. Sldnej Colvin, il le i.uti avoir.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 141
1er état. — La tète, les cheveux et le chapeau seuls, sont très légèrement
gravés; le bord du chapeau à gauche est sans contre-tailles
obliques dans la partie ombrée.
2e état. — Avec les contre-tailles. Au Dritish Muséum il existe une épreuve
où le reste du corps est dessiné à la pierre noire par le
Maître; en haut, à droite, on voit le cintre d'une fenêtre,
puis l'artiste l'a signée dans le fond à gauche avec ce même
crayon, ajoutant : MT 27 ' anno 1G31.
L'épreuve de cet état provient, croit-on, de la collection de sir Hans Sloane
acquise par le Musée en 1753.
Il existe des copies.
Ventes : Hume, avec la date, 380 — Didot, l'œil gauche a été redessiné,
600 — Schloesser, 1120 — Oppermann, 5G2 — Buccleuch, avant les broderies
au manteau, 625 ; avec la date, 1050 — Gutekunst, 1875 — Artaria, la fraise
est avant la dentelle, 220.
Rembrandt appuyé (B 21 — Cl 21 — W 21 — Bl 234 — D 21.) —
A mi-corps, tourné de profil à droite, la tête complètement de face, le
bras gauche appuyé sur un parapet, l'artiste aux longs cheveux
frisottants et épars sur les épaules vous regarde. Il porte moustache,
et son bonnet de Mezzetin est crânement posé sur l'oreille. En haut,
dans le coin gauche : Rembrandt, f. 1639.
Ce portrait, un des plus rares du Maître, est de ceux qui a été le plus
souvent reproduit par les différents procédés 2, on le considère comme
un des plus beaux. M. Sidney Colvin assure que l'attitude et le motif de
ce portrait ont été empruntés par Rembrandt à celui de Castiglione par
Raphaël.
Il n'existe que deux états : le 1er, dans lequel le cordonnet ourlant la
partie inférieure du bonnet est plus court sur la droite, et le 2e, dans
lequel le cordonnet ayant été rallongé, va rejoindre la naissance des
cheveux au-dessus de l'œil gauche. Il y a, parait-il, des épreuves truquées
de ce 2e état, dans lesquelles le nom de l'artiste a été effacé.
Se défier des copies dont il existe un grand nombre.
Ventes : Liphart, le.- état, 375 — Hume, le.- état, 656 — Didot, 1er état, 5730 ;
2e état, 900 — Schloesser, 363 — Oppermann, 331 — Buccleuch, 1er état,
3375 — Webster, 2e état, 800 — Seymour Haden, 1er état rehaussé par
' Ou Si, on n'est pas absolument sur de ce dernier chiffre, en tous cas ce n'est pas 28 comme
l'affirme Blanc.
* Et truqué, hélas I avec une précision merveilleuse, à telle enseigne que tout dernièrement
— nous garantissons expressément le fait, car nous étions présent — un exemplaire de ce
portrait, devant passer en vente publique, fut présenté à un de nos plus fins connaisseurs
en estampes anciennes qui le déclara nettement authentique, mais, que doutant encore, le
marchand vendeur alla le porter au Département des Estampes où, après une minutieuse
confrontation, il fut reconnu faux. Ceci dit, pour constater une fois de plus, combien la
connaissance parfaite des estampes est hérissée de difficultés.
142 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Rembrandt, 625 ; 2» état, 2275 — Fisher, 1er état, 2050 — Hulot, 2" état, 655 —
Gutekunst, 1" état avec marge, 4325 — Artaria, 2e état, 160 — Straeter,
2» état, 1287 — Heredia, 2e état, 339 — Defer Dumesnil, 880 — Hansen,
1« état, sur papier à la fleur de lys, 4137 — Rosenberg, 169, en 2e état.
Rembrandt dessinant (15 22 — Cl 22 — W 22 - Bl 235 — D 22). —
De l'ace, coiffé d'un chapeau et vous regardant, l'artiste est assis à une
table, dessinant sur un cahier de feuilles blanches très éclairées
appuj'ées sur un livre. A gauche une croisée laissant entrevoir un
paysage ; en haut de la croisée une banderole sur laquelle est écrit :
Rembrandt f. 7645.
Au 1er état il n'y a ni millésime, ni signature. La pièce est extrêmement
difficile à classer, Bartsch mentionne 4 états, mais Blanc et Rovinsky en
donnent 10. Le bel état est celui où se trouve la banderole où sont inscrits
le nom et l'année, mais avant le paysaye,\u main gauche n'étant ombrée que
tt'nne seule taille.
Le paysage n'est pas de la main de Rembrandt. Il faut beaucoup de bonne
volonté pour reconnaître dans ce portrait celui du Maître, car il n'a aucune
espèce de ressemblance avec ceux faits antérieurement ou postérieurement ;
ceci, du reste, n'a rien qui nous étonne, et nous pourrions citer comme
exemple les six cents et quelques portraits de l'infortunée reine Marie-
Antoinette, parmi lesquels il n'y en a pas dix qui lui ressemblent, ou plutôt
qui se ressemblent entre eux, les artistes y apportant souvent une fantaisie
extraordinaire qui enlève à l'œuvre toute espèce de sincérité. — La planche
existe encore.
Ventes : Didot, avant le paysage et avant les manchettes ombrées, 1000 —
Griffiths, même état, 625 — Buccleuch, même état, 2000 — Webster, même
état, 1425 — Artaria, 480; une autre épreuve du bel état, 1320 — Straeter,
avec le paysage, 104.
Rembrandt au sabre et à l'aigrette (B 23 — Cl 23 — W 23 —
B1232 — D23). — De trois quarts à droite, vu jusqu'aux genoux et très
ventru, l'artiste est coiffé d'un petit bonnet de fourrure portant une
aigrette blanche fixée par un gros diamant. Les cheveux sont crépus et
l'oreille droite est ornée d'une perle. Il porte un justaucorps à brande-
bourgs, la main gauche s'appuie sur un sabre et le poing droit est
posé sur la hanche. A droite de l'estampe : Rembrandt f. 163t.
On ne connaît que quatre épreuves du U'état*, c'est-à-dire avec la planche
rectangulaire. Ces épreuves se trouvent actuellement ainsi réparties: au
Département <lrs Estampes, provenani du cabinet Peters qui l'avait payée
1XU0 lianes et la revendit à notre merveilleux dépôt eu 17iS.~> avec nombre
' Il existe une toptt mim valeur pu I umono.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 143
d'autres pièces ; au Biïtish Muséum, elle passa par le cabinet Denon où elle fut
achetée par Verstok de Soelen et acquise par le Musée à la vente de ce
dernier en 1847, pour la somme de 1805 florins, soit environ 4300 francs ;
au Musée d'Amsterdam, provenant de la collection van Leyden, en 1805 (?) ;
enfin la quatrième fut adjugée 50000 francs à la vente Holford en 1893, c'est
le prix le plus élevé atteint jusqu'ici par une estampe, elle avait passé
successivement par les cabinets Muilman, Georges Andrew, Ploos van
Amstel et Josi qui la vendit en 1810, à lord Aylesford, 9187 francs en dernier
lieu.
Au 2e état la planche est réduite en ovale avec quatre oreilles, et au 3e et
dernier, l'ovale est complètement régularisé.
Avec une loupe très puissante et une attention extrême on peut, au
1er état lire dans le haut du coin gauche Rembrandt f. et, au-dessous 163b, la
date surtout a été gravée avec une telle légèreté qu'il faut être prévenu et la
connaître pour la pouvoir déchiffrer.
Ce portrait, qui n'est rien moins que séduisant, est fort rare, on suppose
que c'est le portrait du Maître, mais cette assertion est purement gratuite et
ne repose sur rien, c'est un portrait de pure fantaisie très probablement.
On n'en connaît pas d'épreuve tirée sur japon ; à cette occasion, qu'il
nous soit permis d'élucider ici un point relatif au mot japon ; on voit
souvent dans les monographies et les catalogues : épreuve sur chine,
épreuve sur japon. Or, à notre époque, le différence entre ces deux sortes
de papier est absolument tranchée, il ne viendra à l'idée de personne de
confondre l'une avec l'autre; du temps de l'artiste, nous ignorons s'il en
était autrement, tout ce que nous pouvons dire, c'est que nous n'avons
jamais vu d'épreuves du Maître tirée sur ce que nous appelons le chine de
nos jours, nous estimons donc que Rembrandt se servait de deux japons,
l'un épais et jaunâtre, l'autre plus mince et plus blanc, c'est de ce dernier
dont on veut parler, quand on dit sur chine '.
Ventes : Didot, 600 — Knowles, 475 — Schloesser, 328 — Griffiths, 450 —
Buccleuch, 1650 - Holford, 1" état, 50000!!! — Artaria, 700; 3<-> état, 80 -
Straeter, 769 — Hansen, 206 — Rosenberg, 112. — Tous ces prix sont pour
des 2es états, à moins d'indications contraires.
Agar renvoyée par Abraham (B 30 — Cl 37 — W 37 — Bl 3 —
D 37). — A la porte de sa demeure, le pied droit sur la première
marche, Abraham richement vêtu, le corps de face, mais regardant à
droite, congédie Agar qui s'éloigne de ce côté en s'essuyant les yeux avec
son mouchoir, elle est accompagnée du petit Ismaél que l'on voit de
1 Nous croyons, du resle, que le papier de chine ne fut importé en Europe que vers 1750. on
s'en servit fort peu à cette époque, puisqu'il n'existe pas une seule gravure de l'Ecole dite du
XVIIIe siècle tirée sur ce papier, quelquefois cependant on en lit usage pour des titres de livres
qu'on collait sur un feuillet de papier. M. Didot imprima, vers 1770/73, un livre entier sur
chine, La Dame de Neaers; mais on peut voir que l'emploi en était très restreint. C'est à l'époque
de la Restauration surtout qu'il entra réellement dans la consommation, et encore fut-il
promptement détrôné par un simili beaucoup plus propre et plus égal.
144 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
dos sur le tout premier plan à droite. De la fenêtre du logis, Sarah
assiste à cette scène. Près d'Abraham, un chien sort de la maison.
Dans le haut du coin droit de l'estampe on lit : Rembrandt f. 1637.
Cette petite pièce, une des plus séduisantes de l'œuvre, est extrêmement
difficile à rencontrer en belle épreuve, c'est-à-dire avec toutes ses barbes.
Deux admirables exemplaires passèrent aux ventes Didot et Knowles, celui de
cette dernière, un des plus beaux connus, provenait des collections Barnard
et Esdaile. — M. A. Legros semble douter de son authenticité, elle a été faite,
nous écrit-il, d'après un beau dessin de Rembrandt que j'ai vu. — Ne pas
confondre cette estampe avec les deux autres portant le même titre (Bartsch
31-32) d'une conception toute différente, et bien gratuitement attribuées
à Rembrandt.
11 n'y a qu'un seul état. — Il existe des copies.
Ventes : Guichardot, 200 — E. Galichon, 290 — Liphart, 325 — Hume, 612 —
Didot, 800 — Knowles, 312 — Hebig, 340 — Schloesser, 252 — Oppermann,
90 — Buccleuch, 200 — Hulot, 135 — Holford (?) — Artaria, 102 —
Straeter, 505.
Le Triomphe de Mardochée (B 40 — Cl 44 — W 44 — Bl 12 -
D 48). — A cheval, un sceptre à la main et se dirigeant vers la gauche,
Mardochée richement vêtu est désigné au peuple qui l'entoure, par
Aman ; à gauche, un homme d'armes à genoux ; à droite à un balcon,
Esther et Assuérus ; à travers une porte cintrée on aperçoit au fond
l'esquisse d'un temple. Sans date ' et signature.
Le 1"' état seul avec toutes ses barbes est intéressant, le 21' est sans valeur,
la planche ayant été maladroitement retouchée. C'est une fort jolie pièce,
presque au trait, mais pleine de couleur. Quant à sa date, on l'ignore
absolument, Wosmaer la croit exécutée entre 1640 et 1645, Middleton
au contraire opine pour l'année 1657; ce sont des suppositions purement
gratuites et fantaisistes ne se basant sur rien de sérieux; il est bien plus
simple de dire carrément qu'on n'en sait rien, c'est du reste, de mince
importance. M. A. Legros range cette pièce dans les douteuses.
A la vente Emile Galichon, en 1875, il en passa une épreuve d'une qualité
exceptionnelle, c'était une Heur de cuivre, où les barbes du haut ù gauche,
donnaient ces merveilleuses taches de velours rappelant les beautés du
crayon lithographique, celle de la vente Schloesser pouvait seule lui être
comparée.
Ventes : Guichardot, Gl — E. Galichon, 850 — Liphart, 262 — Hume.
262 — Didot, 790 — Knowles, 187 — Schloesser, 626 — Oppermann, 337 —
Buccleuch, 997 — Webster. 200 - Seymour Haden, 825 — Hulot, 550 —
L. Galichon, 100 — Artaria, 100 — Bouillon, 200 — Cope, 150.
Il existe des copies.
' Dates présumées, paraissant les plus vnlaainblabltt, 1GJ2-Itjj4.
ECOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 145
L'Annonciation aux Bergers (B 44 — Cl 48 — W 47 — Bl 17 —
D 49). — La nuit dans la campagne ou l'on distingue des arbres et
un pont, une gloire d'anges apparaît dans une lumineuse clarté, un
de ces anges plus grand que les autres montre du doigt le ciel,
terrifiant par son apparition les bergers et leurs troupeaux qui fuient
épouvantés. La partie basse de l'estampe est seule éclairée, le reste
est dans une profonde obscurité. En bas à droite : Rembrandt f. 1634.
Il n'existe que deux épreuves de let étal, sans nom ni date et avec les
bergers, les anges et les animaux au simple trait ; elles se trouvent : l'une
au Brilish Muséum de la collection Cracherode; l'autre au Musée de Dresde.
Dans le 2e état, également fort rare, on voit portées au premier plan de
nombreuses ombres, ainsi que dans la gloire d'anges, et un violent coup
de lumière sur le grand ange, les brandies supérieures des arbres sont
encore blanches. Il n'existe également que deux exemplaires connus de cet
état: l'un au Brilish Muséum, provenant, croyons-nous, du cabinet Denon,
acquis en 1848, est retouché par l'artiste à l'encre de Chine pour souligner
les ombres qui devaient être ajoutées ; l'autre au Musée d'Amsterdam.
Au Louvre, sous le n° 2372, il existe un tableau du peintre hollandais
Govaert Flink, rappelant quelques-uns des détails de la scène que nous
venons de décrire ; l'artiste a dû certes s'inspirer de Rembrandt.
Ventes : Liphart, 443 — Hume, 1800' — Didot, 255 — Schloesser, 500 —
Oppermann, 50 — Buccleuch, 2125 — Webster, 350 — L. Galichon, 305 —
Bouillon, 650 — Straeter, 2862 ; cette épreuve superbe avait été achetée à la
vente Buccleuch, provenant de chez Hawkins — Defer Dumesnil, 85 —
Rosenberg, 2525.
La Fuite en Egypte (B 53 — Cl 57 — W 58 — Bl 26 — D 58). —
Montée sur un àne se dirigeant vers la gauche, la Vierge Marie s'enfuie
conduite par saint Joseph qui, muni d'une lanterne, éclaire la route
en tenant la monture par la bride. En bas à droite : Rembrandt fecit
1651 ; le 6 est renversé.
Effet de nuit très intense dans lequel on ne distingue guère que la
lanterne. — Nous ne mentionnons cette petite pièce de second plan que
pour signaler un curieux état qui a passé en 1896 à la vente Artaria : les
personnages et l'àne n'étaient ombrés que d'une seule taille, présentant
beaucoup de parties blanches ; les jambes de derrière de l'àne étaient
parallèles et se touchaient, et la lèvre de saint Joseph était très proéminente;
ce morceau très rare fut adjugé 800 francs. — Blanc dit qu'il existe des
épreuves truquées dans lesquelles on a introduit un croissant qui n'a
jamais existé dans aucun état.
Il existe une copie en contre-partie.
1 C'est une épreuve du 4° et dernier état, fort belle, dans laquelle on aperçoit distinctement tes
arches du pont, ceci est un critérium.
1U
146 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
La Fuite en Egypte, dans le goût d'ELZHEiMEH (B 56 — Cl 60 —
W 61 — Bl 29 — D 61). — La Vierge montée sur un àne que conduit
saint Joseph, tient l'Enfant Jésus enveloppé dans son manteau, ils
descendent en se dirigeant vers la gauche une colline à pente douce ;
derrière eux à droite, au deuxième plan, s'élève un houquet d'arhres,
l'autre colline vers laquelle ils s'acheminent est très hoisée ; au fond
de la vallée où serpente une rivière, des coteaux et deux tours. Sans
date, ni signature.
Cette estampe fort rare est très recherchée, elle sort absolument de la
manière ordinaire du Maître. — Voir notre note à Hercule Seghers.
Il n'existe que deux épreuves du 1" et du 2e' état. Ces deux états sont,
croyons-nous, chez le baron Edmond de Rothschild; le Brilish Muséum
possède l'autre épreuve du 1er, et le Musée Rijks d'Amsterdam, celle du 2e.
Le Musée d'Amsterdam possède encore une épreuve unique d'un 5e (?) état
avec trois tours au lieu de deux dans le lointain.
Ventes : Liphart, 532 — Hume. 2« état (?), à droite le bouquet d'arbres est
couvert de feuilles, tandis qu'au 1" état il y a plusieurs places restées
blanches dans le feuillage, 577 — Didot, 250 — Schloesser, 2e état de Blanc,
les noirs de l'estampe sont, dit-on, obtenus à la pierre ponce, 1000 —
Oppermann, 344 — Buccleuch, 1" état sur parchemin, 2875, cette pièce
provenait de chez Ilawkins; une autre épreuve du 21' état, avec le feuillage
terminé au dernier arbre de la touffe droite, fut adjugée 2500 francs, elle
provenait de la collection Denon — Webster, G25 — Hulot, 250 — Holford,
3500 — Artaria, avec la teinte de lavis produit par l'emploi de la pierre
ponce, 610 — Straeter, 844 — Hansen, 218, de chez Aylesford et Artaria.
Jésus prêchant ou la petite Tombe (B 67 — Cl 71 — W 71 -
Bl 39 — D 71). — Au milieu de l'estampe, adossé à une colonne, les
yeux baissés, les bras étendus et levés, Jésus Christ prêche, entouré du
peuple. Au premier plan, un petit enfant est couché à plat ventre, sa
toupie près de lui, et tout à fait à gauche au tout premier plan, un
homme vu presque de dos est debout, coiffé d'un turban et vêtu à
l'oriental. Sous les pieds du Sauveur, une partie restée planche faisant
songer au couvercle d'une tombe. Sans date ', ni signature.
Le cuivre de cette estampe était la propriété d'un ami de Rembrandt
nommé La Tombe, d'où la dénomination, comme la pièce est petite, de :
Lu petite La Tombe, puis enfin, par corruption, de : /.</ petite Tombe, pour
la raison donnée dans la description ci-dessus.
' Date présumée, ic">l.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 147
Cette pièce est une des plus séduisantes de l'œuvre, mais il faut l'avoir
ù la manche noire, c'est-à-dire dans l'état où la manche de l'homme de
gauche vêtu à l'oriental est encore couverte de barbes.
L'exemplaire qui est au Département des Estampes et qui provient de la
collection Peters a été falsifié par le grattage de la toupie ; cet effaçage, très
habilement pratiqué, a-t-il été fait par Peters ou par le premier propriétaire
de l'estampe? nous ne saurions nous prononcer. Rovinsky signale encore
des exemplaires traqués au British Muséum et à celui de Cambridge, mais les
falsifications sont autres que celles de la toupie.
Dans une des ventes faites par Robert Dumesnil il a passé un très curieux
état dans lequel le cuivre, non ébarbé, ne laissait apercevoir ni les mains du
Christ, ni la tête de l'homme au turban placé au second plan, tout à fait à
gauche; cet exemplaire, très probablement unique, était sur japon.
M. Colnaghi, de Londres, acheta le cuivre original en 1830, il avait précé-
demment appartenu à Pierre Norblin.
Il existe des copies en contre-partie.
Ventes : Guichardot, C80 — E. Galichon, 1100 — Liphart, C25 — Didot,
399 — Knowles, 612 — Hebich, 800 — Schloesser, 625 — Oppermann, 569 —
Buccleuch, 775 — Webster, 760 — Seymour Haden, 800 — Fisher, 206 —
Hulot, 300 — Holford, 776 — L. Galichon, 330 — Artaria, deux épreuves,
324 et 292 — Bouillon, 130 — Straeter, 3375, le plus bel exemplaire connu —
Heredia, 155 — Rosenberg, 750 — Hansen, sur papier à la cloche, 294.
Tous ces exemplaires étaient ù la manche noire, mais le plus merveilleux
de tous était sans contredit celui de Straeter.
La grande Résurrection de Lazare (B 73 — Cl 77 — W 77 —
Bl 48 — D 79). — A gauche, vu presque de dos et monté sur la pierre
qui recouvrait le tombeau, le Christ, la main gauche étendue, ordonne à
Lazare qui était dans le cercueil de se lever. Derrière le Sauveur, un
groupe de six personnages, dont l'un debout les mains jointes regarde
le ressuscité et, saisi d'épouvante, semble vouloir prendre la fuite.
Devant le tombeau, d'autres personnages, entr'aulres près de Marthe,
un homme effrayé se rejetant brusquement en arrière ; Marie, sœur
de Lazare, penchée en avant les bras levés au ciel semble éperdue de
bonheur. Au-dessus de cette scène dans le cintre de l'estampe, on
voit accrochés des draperies, des armes et un turban. Le rocher et
Lazare sont violemment éclairés par la lumière venant de droite. A la
hauteur de la poitrine du Christ on lit : Rt. v. Ryn f. Sans date, mais
on suppose qu'elle fui gravée vers 1632-34.
Cette pièce, grand in-folio en travers, n'a point été gravée par le Maître
qui, croit-on, l'a seulement dessinée ou composée; on suppose que l'exé-
cution en a été faite par Bol et Lievens. — Blanc, contrairement à ce que
nous venons de dire, est convaincu qu'elle est du grand artiste et l'admire
dans des lignes absolument dithyrambiques.
148 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Il y a dix ou onze états, très difficiles à classer, les épreuves à retenir
sont celles où l'homme effrayé est avant le bonnet ; elles sont rares.
La planche existe encore et a été retravaillée au 7« état. — Il y a de
nombreuses copies, une entre autres extrêmement trompeuse du i<? état par
Uenon, reconnaissablc au trait vertical ajouté après la lettre f, particularité
qui n'existe pas dans l'original.
Ventes : Liphart, le veillard barbu, à droite au fond, dont on voit la tête
près de la main de V Homme épouvanté, a un turban au lieu de la calotte plate
de l'état précédent, 187 — Hume, les deux petites figures à droite de l'Homme
épouvanté ont été brutalement retouchées, 918 — Didot, 170 — Schloesser,
450 — Oppermann, 612, japon — Ruccleuch, l'Homme effrayé a la télé nue,
3375 - Webster, 375 — Holford, 3125 — Artaria, 280 — Straeter, 500 —
Hansen, 756, de chez Poggi — Rosenberg, 394.
Jésus guérissant les malades (B 74 — Cl 78 — W 78 — Bl 49 —
D 77). — Debout et de face, la tète dans un rayonnement, le Christ au
milieu de l'estampe tourne le dos à une sorte de voûte; autour de lui,
le peuple et des malades, parmi lesquels une femme se dirigeant vers
lui portant un enfant dans ses bras, une autre est étendue par terre ;
plus loin, un enfant dans un berceau placé sur une brouette, et près
de lui un vieillard s'appuyanl sur un bâton, le bras droit soutenu par
une vieille femme. Tout à l'ail à droite, un âne dont on aperçoit le
cou et la tête penchée en avant. Ni date, ni signature.
Michel et Seidlitz supposent qu'elle fut gravée en 1649, Rovinsky en 1650.
Cette admirable pièce, le morceau-roi de l'œuvre est vulgairement connu
sous la dénomination de La Pièce aux cent florins, en anglais The hundird
Guildcr J'riiit, en allemand Hundertguldenblatt. On donne comme origine à
cette désignation deux versions : la première, c'est qu'a l'époque même et
du vivant de Rembrandt on la payait déjà cent florins, la seconde — écrit
Gersaint — c'est qu'à Rome un marchand échangea avec l'artiste un lot
d'épreuves de Marc Antoine estimé cent florins, contre un des exemplaires
de Jésus guérissant les malades.
La planche au 3e état a été reprise et éreintéc ' par le capitaine Guillaume
lînillîf, graveur-amateur, qui l'acheta, très oxydée, en 1775 du graveur
anglais Grecnwood, il en tira cent épreuves, dont quelques-unes sur japon,
puis la coupa en quatre morceaux dont il tira encore quelques exemplaires.
Il n'existe que H épreuves de /"" élal. c'est-à-dire avant les contre-tailles sur
le cou de l'une. — Voici les noms des différents Cabinets où elles se trouvent
actuellement :
A Paris, au Département dis Estampes, provenant de chez le peintre Peters ;
chez M. Dutuit, sur japon, à grandes marges, il l'acheta à la vente Palmer
en mai 1868 et la paya 27500 francs, elle en avait coûté au vendeur 29500;
• Tel n'eal cependant pu l'avli de Bartsch, qui en considère ii"> épreuves commr étant
aussi belles « | > i « ■ iiiii-, ] > i . » \ < - 1 1 . 1 1 1 1 (ii- in planche avant les retouchée,
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 149
voici les différentes collections par lesquelles avait passé cette épreuve en
suivant l'ordre chronologique: Jean Petersen Zoomer, Zanetti, Denon,
Woodburn, Wilson, Verstolk de Soelen ', Smith, et enfin Price2; c'est peut-
être un des seuls exemplaires dont on ait pu noter le passage à travers les
nombreux cabinets sans en jamais perdre la trace : à Vienne à la Bibliothèque
Impériale, provenait de la collection du prince Eugène de Savoie et acquise
par Charles VI vers 1736; à Berlin, de chez le duc de Buccleuch; à Amsterdam»,
portant une note manuscrite de Petersen Zoomer en hollandais et dont voici
la traduction : Don de mon respectable ami Rembrandt en échange de la Peste
de Marc Antoine; au British Muséum, deux exemplaires sur japon de nuance
différente, provenant des collections Hans Sloane et Cracherode, l'un est
retouché à l'encre de chine par une main inconnue. La dernière et huitième
fut adjugée à la vente Holford, c'est le plus bel exemplaire connu, il est sur
japon. Holford, en juin 1840, l'avait payé 231 livres sterlings, soit 5775 francs,
cette pièce avait passé par les cabinets Esdaile et Hibbert. Au temps de
Rembrandt cette pièce se vendait dans les 210 francs. En 1873, Léopold
Flameng en a fait une très belle copie, le prix avant la lettre était de
100 francs et sur japon de 200 francs. T. Worlidge et d'autres anonymes
l'ont également reproduite.
Cette estampe étant très particulièrement intéressante, nous allons remonter
plus haut dans les ventes, et donner les prix d'exemplaires des 1ers et
2es+ états à partir de la vente Burgy en 1755, en suivant comme toujours
l'ordre chronologique.
Ventes : Burgy, 175 — Barnard, 827 — Hilbert, 1025 — Pôle Carew, 4095 —
Esdaile s, 1er état, 5775 — Debois, 2800 « — Verstolk de Soelen, 3600',
1er état — Johnson, 4000 — Simon, 3050 — Price, 1« état, 29500 — Palmer,
1er état, 27500 — E. Galichon, 9600» — Liphart, 1912 — Hume, 5380» —
Didot, 8550 — Schloesser, 5125 — Oppermann, avant la retouche de Baillie,
475 — Griffiths, 7625 i" — Buccleuch, 1er état, 32500" — Webster, 4e état,
■ A sa vente en 1847, elle fut adjugée 1600 florins, soit 3G00 francs ! ! !
2 Price l'avait acquise en novembre 1847 pour 5000 francs.
3 II y a en plus à Amsterdam une maculatiire de cet état, mais nous ne la mentionnons ici
que pour mémoire, cette pièce étant sans aucune valeur artistique. On sait qu'au xvir siècle,
quand on avait fini le tirage d'un cuivre, avant de le ramasser, on le huilait et que pour vider
les tailles on retirait une dernière épreuve qui servait à envelopper cette planche permettant
au besoin de la retrouver sans avoir la peine de la développer, le côté imprimé du papier
étant à l'extérieur. C'est cette mauvaise impression que l'on désignait sous le nom de maculature.
* Les ventes où il n'y a aucune mention sont de 2' état.
5 L'acquéreur était Colnaghi de Londres.
6 L'épreuve avait 4 centimètres de marge efprovenait de la collection Revil, 1838.
' Provenait des collections Denon et Wilson.
8 Provenait du cabinet Aylesford avec 4 centimètres de marge et sur japon.
9 Sur japon avec 4 centimètres et demi de marge de la collection Pôle Carew.
1° Avait passé par les collections Dr. Roy, Josi, sir Thomas Lawrence, Harding et Maberly.
11 Sur japon épais avec cette curieuse note au dos de J. Barnard, que nous traduisons :
Cette estampe qui appartenait à M. Paul Painter fut vendue dans la collection de ses estant/ies
pour £ 26.jf5.6 à M. IJudson Painter le 2.> auril HdG, elle était alors considérée comme la plus belle
existant en Angleterre; elle est actuellement à Berlin.
150 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
65' — Seymour Haden, 4250* — Fisher, 18500' — Hulot, G100» — Holford,
1" état, 43700; 2? état, 32250 — L. Galichon, 14550 — Angiolini, 381 —
Artaria, 8000 5 — Bouillon, retouché par Baillie, 102 — Straeter, 11875* —
Battig, 8875 " — Hansen, avant la retouche, sur papier à la Heur de lys,
712 — Loyd, 7000, sur japon de chez Esdaile et Galonné.
Nous rappelons que le fer état indiqué par- Bartsch n'est, à proprement
parler, que le '2e ; du reste, n'était la question de rareté du l" état, beaucoup
de connaisseurs donnent la préférence au 2<", considérant que dans celui-ci
la pièce est bien plus à l'effet; un des exemplaires de ce 2e état, provenant
de la collection Malcolm, est d'une insitrpassable beauté, il se trouve
actuellement au British Muséum. A Nantes, le Musée Dobrée possède un
exemplaire de 2e état également superbe, c'est un des plus beaux que nous
ayons vus.
Jésus présenté au Peuple (B 76 — Cl 80 — W 80 — Bl 51 —
D83). — Sur la terrasse élevée d'un prétoire flanquée de deux bâtiments
et dominant la foule qui se presse à ses pieds, le Christ debout de lace,
les mains liées et entouré de soldats, est montré au peuple par Pilate
qui est à sa droite appuyé sur un pilastre, un long roseau à la main.
Au-dessus de la porte à droite : Rembrandt f. 1655.
Dans l'état où se trouvent lu signature et le millésime, les épreuves sont
à rejeter, la planche étant complètement usée.
Les belles épreuves de cette grande planche en travers, admirable pointe
sèche, sont extrêmement recherchées.
Au Jer état, c'est-à-dire avant que la planche ne fut réduite en hauteur*,
lorsqu'on la rencontre sur japon, elle esl toujours avec une bande collée
dans le haut, le format de cette sorte de papier étant plus petit que le
cuivre, a obligé d'en user ainsi pour obvier à cet inconvénient.
Le classement de cette pièce, dont Bovinsky mentionne !) états, est
particulièrement difficile ; elle semble être une réminiscence de celle de
Lucas de Leyde (B 71).
Ventes : E. Galichon, tout fer clal avant la balustrade indiquée sur le
haut à droite, Vombre du bâtiment de droite n'est pas encore portée sur
• Cei exemplaire retouché pnr Baillie, portait an dos en anglais l'inscriplion suivante de
J, Barnard dont voici la traduction: Donné ri mol par le capitaine William Batllle le 7 décembre
Vùb. J. 11.
' Sur japon, provenait du cabinet Monroe.
' Un de* plus beaux exemplaire* connus, provenait îles collections de Pries, Verstolk et Price.
« Provenait de riiez Dldot ; pourquoi pns de i".iKi trancs de laisse j mystère !
* Sur japon, un ilrs plus beau < < onnui.
« Cet exemplaire qui provient de la collection GrMDths avait Oguré à l'exposition du
Burlington Fine Arts Club en istt. il peut être considéré comme un det puis beaux connut.
7 Exemplaire snprrhr ayant une marge de 30 sur 11 millimètres, surjapon fort, provenait
du cabinet i hlermann,
" Elle mesurait initiale nient 886™ et après la coupure 859"".
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE loi
celui qui fait face, où l'on aperçoit deux figures à une croisée, il n'y a pas
de contre-tailles sur la cuisse de l'homme placé à l'extrémité gauche de la
terrasse et séparé de Pilate par un socle ; la femme qui regarde à la croisée
du bâtiment de gauche a le visage clair, 4700 — Liphart, avec le groupe en
bas du perron, 1087 — Hume, avec les trois hommes à bonnet sur le seuil
de la porte du bâtiment de gauche, 1125 — Didot, 1er état sur japon, 2905;
le même, avant la balustrade au-dessus des fenêtres du corps de logis à
droite, 625 — Oppermann, avant l'enlèvement des figures au pied de
l'estrade, 1032 — Buccleuch, lei état sur japon, 28750, venait de chez
Hawkins ; autre état, de la même provenance, 1875 — Seymour Haden,
Ie1 état sur japon, 25000, des collections Reynolds, Festeticz et Galichon —
Hulot, avant l'effaçage des figures au-dessous de la plate-forme ', 580 —
Holford, 1er état sur japon, 31250, un des plus beaux exemplaires connus,
provenait de chez Aylesford — Angiolini, 025 — Artaria, avec la balustrade
au-dessus des fenêtres à droite, l'homme au bonnet noir qui sort de la porte
à droite est allongé, ses pieds portent sur la huitième marche, avant les
tailles verticales dans l'ombre profonde de la fenêtre au fond à droite,
l'épreuve a ses barbes et est sur japon, 1300; autre état, avec le nom et
l'année, toutes les figures sous la plate-forme sont effacées, 850 — Straeter,
état de la vente Hume, 812 — Rosenberg, sur japon, 1687.
Le pendant de cette estampe sont : Les trois Crois..
L'Ecce Homo (B 77 — Cl 82 — W 82 — Bl 52 — D 84). — A gauche
de l'estampe, Pilate le bras droit étendu, harangue le peuple, un homme
à genoux tient le roseau qu'il va tout à l'heure présenter au Sauveur,
qui est debout, le torse nu et revêtu du manteau rouge, les mains
enchaînées, près d'un dais à la porte d'un temple, exposé aux regards
de la multitude, et entouré de satellites. Un homme à gauche regarde
cette scène d'une fenêtre ouverte. En bas à gauche : Rembrandt f. 1636,
Cum privile.
M. Sidney Colvin nous apprend que cette estampe reproduit en contre-
partie, avec quelques légères modifications, une grisaille peinte par le
Maître, naguère en possession de lady Eastlake et actuellement à la
National Gallerg. Cette gravure est en grande partie exécutée au burin, et,
n'en déplaise à M. Ch. Blanc qui y voit là une des pièces les plus consi-
dérables du Maître, nous dirons hautement et nettement qu'elle n'est pas de
Rembrandt, et nous ajouterons même que c'est une mauvaise pièce, sèche et
dure, où rien ne vient révéler la superbe indépendance de métier de
l'admirable artiste; nous gagerions que si l'on soumettait à vingt collec-
tionneurs d'estampes, un portefeuille de Rembrandt authentiques, auxquels
l'oeuvre du Maître serait — faisons-en l'invraisemblable hypothèse —
complètement inconnu et dans lequel on aurait glissé l'estampe en question,
' Nous avons employé indistinctement, leur donnant le même sens, les mots : terrasse,
perron ou plateforme.
152 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
les vingt collectionneurs arrivés devant cette dernière s'écrieraient tous
comme un seul homme : mais ce n'est pas du même artiste, tant leur œil,
ébloui par les merveilles antérieurement entrevues, serait choqué d'une
différence de métier si apparente et si brutalement accentuée. Cette expé-
rience purement mécanique, oserions-nous dire, ne deviendrait-elle pas
concluante, créant un indiscutable critérium qui rejetterait une fois pour
toutes et sans appel une estampe qui ne peut avoir droit de cité dans un
œuvre aussi magistral que celui qui nous occupe.
Certains connaisseurs l'attribuent à des élèves ou imitateurs du Maître,
tels que : Bol, van Vliet, Livens, ou Salomon Koninck. — Cette pièce rare
est aussi rubriquée le Christ devant Pilule.
Il en a été fait des copies.
Ventes : Liphart, avant les contre-tailles sur la figure du Juif qui est au-
dessous de celui qui tient le roseau, 1018 — Didot, même état, 600 —
Oppermann, avant l'allongement du manteau du Christ, 4312, ce doit être
un 2e état; la même, avant l'adresse, 375 — Griffiths, état Liphart, 900 —
Artaria, la jambe du Christ est allongée, 240 — Straeter, état Liphart, 469.
Les trois Croix '(B 78 — Cl 81 — W81— B15;> — D85). — Au milieu
de l'estampe, le Christ en croix entre les deux larrons ; saint Jean à
droite de la croix baise les pieds du Sauveur, la Vierge évanouie est
entourée des saintes femmes ; sur le premier plan, deux personnages
s'enfuyant vers la droite ; à gauche dans un groupe, un vieillard
défaillant se relire soutenu par quelques personnes ; un chien s'enfuie
près de ce groupe ; à gauche de la croix du milieu, des hommes
d'armes à cheval. Des rayons obliques inondent les crucifiés. Toute
une partie à droite et à gauche de la croix du milieu, n'est indiquée
(lii'nii trait, et partant violemment éclairée. En bas à gauche :
Rembrandt f. 1653.
Cette pièce rare est une des plus impressionnante qu'ait signée le Maître,
il s'en dégage une poésie intense d'une incomparable magie. La signature
et la date ne ligurent que dans les derniers états, les premiers sont clairs,
les derniers, à partir du troisième, sont sombres, c'est celui-ci, croyons-
nous, qui est le plus apprécié par sir Francis Seymour lladen qui considère
que c'est là le véritable ell'ct que cherchait à atteindre l'artiste, M. Middleton,
au contraire, estime que cet effet a été détruit, la planche ayant été gâtée
par une main étrangère; pour notre part, nous n'hésitons pas à nous ranger
de l'avis de sir Seymour Haden qui a senti que Rembrandt s'était inspiré
du passage des Evangiles: a Alors, depuis la sixième jusqu'à la neuvième
heure, l'obscurité se répandit sur toute la terre et le voile du temple se déchira
du haut en bas, lu terre trembla, les ruchers se fendirent i et l'a rendu avec
une saisissante émotion.
' i tu <■>■ Christ entre li i rfeiu larrom
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 153
Cette grande estampe en travers, qu'il ne faut pas confondre avec la
petite pièce ovale : Jésus-Christ en croix entre les deux larrons (B 79) fait
pendant à : Jésus présenté au peuple.
Il existe des copies.
Ventes : Hume, la tête du vieillard défaillant n'est plus au trait mais est
ombrée, 551 — Didot, épreuve sur parchemin, 1er état, avant 1 ebarbage de
la planche, le nom et l'année, 1100; autre état, le 3e, croyons-nous, avant le
changement dans la composition, qui consiste en ce que : de lourdes et
perpendiculaires ombres viennent obscurcir la scène, principalement des
deux côtés, les figures du milieu et du premier pian à gauche sont presque
effacées, le groupe à cheval, à gauche de la croix centrale, a été complètement
modifié, le centurion est maintenant copié, dit M. Sidney Colvin, d'après
une médaille italienne de Vittore Pisano, et derrière ce groupe on voit se
cabrer un cheval tenu en bride ; le nom et la date sont presque invisibles
tant la planche est sabrée par des balafres de pointe sèche non ébarbée, ce
qui rend cet état (le 4" ?) extrêmement confus, 7050 ' — Schlocsser, 1«' état
sur parchemin, 3750 — Oppermann, avant l'adresse, 275 — Buccleuch,
1er état, la tête du vieillard défaillant est au trait, 7250; autre état, 975 —
Seymour Haden, !?>■ état sur parchemin, 2000 2; 3e état, 950 — Hulot, 355 —
Holford, 5000 — Artaria, avec le nom, la date et la tête ombrée de l'homme
défaillant, 4120 3 — Straeter, 1er état, 769, exemplaire de Didot.
Ch. Blanc signale un état avec l'adresse de Frans Carelse dont il n'existe,
parait-il, qu'un exemplaire connu qui se trouve au British Muséum.
La grande Descente de Croix * (B 81 — Cl 83 — W 83-84 —
Bl 56 — D 88). — Inondé de rayons obliques qui éclairent d'une façon
terriblement tragique cette scène admirable et sublime, un homme
penché sur le bras droit de la croix, soutient le linceul dans lequel
les personnages placés au pied de cette croix reçoivent le corps du
divin Crucifié, qu'un homme monté sur une échelle soutient de son
bras gauche. Sur le côté gauche de l'estampe, debout au premier
plan, appuyé sur un bâton, la tête entourée d'un turban, Joseph
d'Arimathie ; au fond de la composition, on aperçoit Jérusalem. En
bas et au milieu sous le trait carré : Rembrandt f. cum pryvl0 1633.
Cette estampe fait pendant à L'Ecce Homo (B 77). — Il y a eu deux
planches ; la première trop chauffée fit éclater le vernis. Le Maître la grava,
fit mordre, et ne s'aperçut qu'au tirage de l'accident ; il n'existe que trois
l Provenait de la collection Arozarena où elle fut adjugée le 12 mars 1861 à Paris, 1861 francs ! !
elle sortait des cabinets Aylesford et Hawkins.
- Une bizarrerie des enchères, cet exemplaire était celui de la vente Schloesser à laquelle il
avait était adjugé 3750 francs !
1 Provenait de la célèbre collection Verstolk de Soelen.
* Ce motif, dit M. Sidney Colvin, est à peu de chose prés la reproduction en contre-partie du
tableau fait par Rembrandt pour le Prince Frédéric Henry, toile qui est actuellement à Munich.
154 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
exemplaires de cette planche; à Paris, de la collection Beringhen ; au
Rritish Muséum et à Amsterdam. Elle est très confuse, et dans cet état porte
comme signature au bas : Rembruni (sic) /"' 1633.
La seconde, un peu plus grande, a subi quelques modifications ; quoiqu'en
disent Bartsch, Wilson, Blanc et le docteur Hofstede de Groot d'Amsterdam,
ce deuxième cuivre n'est certes point de Bembrandt — il est trop propre-
ment exécuté, dirait Mariette — mais bien plutôt, comme le pense sir
Seymour Haden, de Jean Livens.
Ce cuivre, très poussé et très travaillé au burin, sort absolument de la
technique habituelle du Maître; quoiqu'il en soit, c'est un beau morceau, de
conception magistrale, digne de figurer dans un portefeuille de l'œuvre de
l'artiste.
Voici les états de cette seconde planche :
l«=r état. — Très peu d'ombre sur les jambes des deux hommes qui
reçoivent le corps du Sauveur — unique à Amsterdam.
2e état. — Les jambes sont recouvertes d'une nouvelle taille.
Se état. — Avec l'adresse : Amslelodumi Hendrickus Vlenbwgensis
excudebat.
4« état. — L'adresse précédente remplacée par celle de : Justus
Dankerts.
5« état. — Cette dernière adresse est pincer, mais elle apparaît encore
un peu cependant.
Ventes : Liphart, 875 — Hume, 815 — Schloesser, 287 — Griffiths, 1250 —
Buccleuch, 750 — Artaria, 340 — Bouillon, 435 — Straeter, 975 — Hansen,
3° état, 291.
Tous ces exemplaires sont avant l'adresse, sauf celui d'Hansen. — Ne pas
confondre cette pièce avec celle plus petite et de même rubrique (B 57). —
Il existe une copie portant la mention : Che: Moncornet.
Le Bon Samaritain ' (B 90 — Cl 94 — W 95 — Bl 41 - D. 75). -
Au bas d'un perron auquel conduit un large escalier tournant, un
cheval, la tète dirigée à gauche, duquel en descend un homme demi-nu,
le chef enveloppé d'un bandeau. Sur ce perron le bon Samaritain
s'entretient avec l'hôtelier; à droite en bas, une servante puise de
l'eau. Le cheval est tenu par la bride par un jeune garçon, et un chien
est accroupi de profil à droite au premier plan. Au haut de l'escalier,
une croisée à gauche sur laquelle est accoudé un personnage à toque
à aigrette, vu à mi-corps cl contemplant la scène. En bas au milieu
de la marge : Rembrandt inventor et fecit t633.
La conception est du Maître, mais il n'en a pus exécuté la gravure; sir
Seymour Haden y venait la main de Bol; quelques critiques la croit
i il rxisip mu' r<>i<h- trompeuse dans laquelle on ;i omis l'un des oiseaux perché sur une
brnncho d'arbre n droite.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 155
cependant de Rembrandt dans son ensemble avec quelques additions de ses
élèves, tels que le chien, le baril, etc.. à notre humble avis, cette estampe
est apocryphe, l'ouvrier absorbe ici complètement l'artiste qui disparait
entièrement devant un travail de métier auquel, certes, ne se serait jamais
astreint Rembrandt.
Un tableau de même composition, mais en contre-partie et sans le chien,
se trouve dans la collection Wallace. Claussin considère cette pièce comme
une des plus belles de l'œuvre, Rlanc est surpris de sa célébrité, ne la
trouvant ni une des meilleures comme conception, ni une des mieux
gravées; Blanc a raison, et on la paie toujours t-op cher pour ce qu'elle
vaut.
A la vente Thorel, en 1853, il passa un exemplaire de 1"< état contenant
dans la marge de droite des attaques de burin et un essai de paysage , cette
pièce, unique sans doute, fut adjugée 2100 francs à M. Colnaghi de Londres;
elle provenait de la collection Debois, où elle avait été vendue 1800 francs.
Au 1er état, la queue du cheval est blanche et le mur clair; au 2«, la queue
est ombrée, mais le mur est resté blanc. La date du 1" état doit être 1632,
ainsi que l'indique une note manuscrite de l'artiste sur l'exemplaire de cet
état qui est à Amsterdam.
Ventes : Liphart, 2e état, 312 — Hume, 787 — Didot, 1850 — Schloesser,
437 — Oppermann, 2e état, sur papier à la folie, 125 — Buccleuch, 1500 —
Webster, 975 — Hulot, 1020 — Artaria, 2" état, 300 — Bouillon, 910 —
Straeter, 1250 — Hansen, 255, de chez Thiermann.
Tous ces exemplaires sont en 1" état, sauf celui d'Artaria.
Il existe plusieurs copies ; la plus commune est celle où le graveur a omis
l'oiseau qu'on aperçoit en l'air à droite en haut de l'estampe près d'un autre
oiseau perché sur une branche sèche.
Le Retour de l'Enfant prodigue (B 91 — CI 95 — W 96 — Bl 43 —
D 76). — Sur le seuil d'une maison à gauche, l'enfant prodigue demi-nu
ayant jeté près de lui son bâton de voyage, tombe à genoux dans les
bras de son père qui le reçoit en pleurant ; deux serviteurs sortent
par une porte de droite lui apportant des vêtements, tandis que sa
mère à gauche, entrouvrant le volet d'une croisée placée au-dessus de
la lête du vieillard, contemple cette scène émouvante. Sur la marche :
Rembrandt, f. 1636.
Cette petite pièce est charmante, et nous nous étonnons de ce qu'on lui
fasse si peu d'honneur dans les ventes; elle est assez commune, mais il faut
l'avoir chargée de barbes, les épreuves provenant de la planche usée étant
sans valeur. — M. A. Legros affirme qu'elle n'est pas du Maître.
Ventes : Kalle, 171 — E. Galichon, 100 - Liphart, 312 - Didot, 105 —
Oppermann, 116 — Webster, 29 — Hulot, 65 — Angiolini, 70 — Artaria, 45 —
Rosenberg, 87.
11 existe des copies en contre-partie.
156 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
La Mort de la Vierge (B99 — Cl 102 — W 104 — Bl 70 — D 102). —
Sur un lit à baldaquin placé sur une estrade très basse, entourée de
nombreux personnages, la Vierge étendue de gauche à droite est
expirante, les deux bras sont hors du lit et la tête est légèrement
penchée à droite sur l'oreiller que soulève saint Jean '. Un médecin
consulte le pouls gauche, pendant que les saintes femmes qui sont
autour du lit se lamentent ; à gauche un grand prêtre, la tète coiffée
de la mitre, ayant près de lui un enfant de chœur portant une longue
crosse. Sur le tout premier plan du même côté, un personnage vu
presque de dos est assis à une table recouverte d'un tapis et sur
laquelle est un grand livré ouvert. Au-dessus du lit à droite, une
gloire d'anges légèrement esquissée. Tout à fait à droite, de lourdes
draperies, et au tout premier plan se profile un fauteuil. Au bas à
gauche : Rembrandt f. 1639.
Admirable et superbe pièce dont toute la partie principale, la Vierge et le
lit ne sont indiqués qu'an trait, donnant ainsi par cette sobriété de moyens
une puissance d'un effet extraordinaire qui synthétise encore, en la dièzant,
la scène sublime que l'artiste a reproduite. — M. A. Legros considère cette
estampe comme douteuse.
Au 1er état, le fauteuil de droite du premier plan est très légèrement
ombré ; au 2'1 il l'est complètement, dans les belles épreuves les essais de
pointe dans la marge du bas subsistent encore; au 3t- — la planche existe
encore — toutes les barbes et les essais de pointe ont disparu.
La différence de prix entre le l'r et le 2<= état sont extrêmement consi-
dérables, comme on peut s'en convaincre par les chiffres suivants :
Ventes : Guichardot, 1" état, 1020 — Liphart, 2" état, 551 — Didot, 2- état,
195 Schloesser, 1" état, 4250 — Oppcrmann, 106 — Webster, 2« état,
115 — Hulot, 2'1 état, 485 — Holford, 3625, merveilleux 1« état, provenant
de la collection Aylesford ■ — E. Galichon, 2« état, 275 — Cope, 2= état, 300 —
Straeter, 2« état, 169.
Il existe des eoj>ies en contre-partie.
Saint Jérôme écrivant (B 103 — Cl 100 -- W 108 — Bl 74 -
I) 106). — Au premier plan, un immense tronc d'arbre très ombré
1 I-'t /to/t saint \n*rph, comme I»' suppose .1 torl Blanc ; le mari do la Vierge était mort
longtemps avant elle, il l'était même avant Jësus-I Ihrlst.
i Il y cul uni' vente Aylesford en 1893, peu Emportante, ce n'est pas de celle-là dont nous
voulons parler Ici, mais bien de celle à i'omlable que • ■ • le célèbre collectionneur vers 1847
n Woodbunii oui paya la collection en bloc 75000 francs . ce <l< i nier revend il à l loi lord 17 pi<
pour 88000 francs, parmi celles-ci Bgurall le Rembrandt au labre <t <• Vaigntte, et le reste I
Hawklns et au marchand Smiili rpii. a son tour, vendit le solde au Brllhh Muséum pour
75000, le prii qu'avait coûté le tout I
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 157
derrière lequel émerge à gauche une tête de lion ' ; au second plan,
saint Jérôme assis et écrivant, son chapeau est près de lui, le saint
qui a des lunettes est de profil à gauche, devant lui une tête de mort
assez mal indiquée. A gauche au bas de l'estampe : Rembrandt f. 76*45.
Cette pièce est dite : Saint Jérôme au tronc d'arbre. Le 1er état est avant le
nom et le millésime; le 2? avec ces indications. L'estampe ne semble pas
terminée, il la faut avoir avec ses barbes, elle est fort rare.
Ventes : Hume, 2° état, 412 — Didot, même état chargé de barbes, 530 —
Schloesser, même état, 375 — Oppermann, 212 — Buccleuch, 1er état, 1375 —
Seymour Haden, 1er état sur japon, 775, provenant de la collection Camesina
et Arozarena — Hulot, 2e état, 285 — Holford, 1er état sur japon, 1525, de chez
lord Aylesford — Artaria, 2e état, 90 — Rosenberg, 200.
Saint Jérôme, dans le goût d'Albert Durer2 (B 104 — Cl 107 —
W 109 — BI 75 — D 107). — Assis sur un tertre le coude gauche appuyé,
le saint coiffé d'un large chapeau est tourné à gauche et lit ; à droite
le lion son fidèle compagnon vu de dos sur une roche surplombant un
torrent ; à gauche, derrière le saint, un gros arbre fortement branché;
au second plan à droite un pont, et au fond des fabriques et un couvent
à tour carrée ; le milieu du tertre vide de travaux. Pas de signature.
C'est une admirable pièce rare et du plus haut intérêt, elle n'est pas
terminée; saint Jérôme est indiqué au trait, la figure seule et le chapeau
sont travaillés. On ignore l'année où elle a été gravée ; Middleton suppose
que ce fut en 1G53, Vosmaër en 1650 ; ce doit être vraisemblablement vers
cette époque, car Rembrandt se servait beaucoup de la pointe sèche de 1650
à 1661. Il faut l'avoir avec ses barbes. On n'en connaît que deux états :
ler état. — Le pilier gauche du pont est formé par /ro/.9 traits. Très rare.
2e état. — Le pilier a été renforcé de deux autres traits.
1 La légende raconte qu'au désert le saint avait retiré une épine de la patte d'un lion qui,
reconnaissant, le suivait partout et ne le quittait plus; c'est ce qui explique la présence de
l'animal dans toutes les estampes consacrées à saint Jérôme.
2 Dans le goût d'Albert Durer 1 1 Voici certes une désignation singulièrement fantaisiste, et
nous nous étonnons vraiment de ce que vient faire ici Albert Durer, c'est sans doute à sa
pointe sèche (B 59) que l'on veut faire allusion. Cependant, le style de l'estampe qui nous
occupe est du plus pur style italien comme le reconnaît sir Seymour Haden dans About
Etchings, le dessin qui est du Titien fut adjugé en 1865, à la vente du docteur Wellesley
d'Oxford, par MM. Christie à M. Locker Sampson, il différait de notre eau-forte en ce que
le lion n'existait pas et que le saint était remplacé par une Vénus couchée.
Mais, comme il est de tradition de répéter ce : dans le goût d'Albert Durer, nous sommes
parfaitement convaincu que ce que nous venons de dire sera considéré comme nul et non
avenu, nous ne nous faisons pas la moindre illusion à cet égard et les catalogueurs futurs
continueront à l'enregistrer comme par le passé ; nous avons cru cependant faire notre devoir
en signalant aux collectionneurs cette vaste bourde qu'on réédite depuis tantôt 150 ans, car ce
furent Gersaint Helle et filomy qui, les premiers, dans le premier catalogue de l'œuvre du
Maître (1751), se servirent de cette comparaison ; Bartsch et les autres emboitèrent le pas sans
le moindre souci de la vérité.
158 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Ventes : Kalle, 900 — E. Galichon, 1" état sur japon, 2605 — Liphart, 501 —
Hume, 750 — Didot, 1" état, 2100 — Schloesser, 2400 — Hebich, 750 —
Oppermann, 337 — Grifflths, sur japon, 700 — Buccleuch, 1er état, 3100';
2e état, 400 — Seymour Hadcn, 1er état sur japon, 1450 — Hulot, 325 —
L. Galichon, 570 — Arlaria, le» état avec de grosses barbes dans la crinière
du lion, 1240; 2= étal, 460 — Bouillon, 195 — Straeter, 1662, sur papier à la
folie. — Bosenberg, 2» état, 681, de chez Galichon.
Toutes les ventes où les états ne sont pas mentionnés sont des 2" états.
Ne pas confondre cette pièce et la précédente avec les cinq autres de
même rubrique (B 100 — 101 — 102 — 105 — 106).
Saint François à genoux (B 107 — Cl 110 — W 112 — Bl 78 —
D 109. — L'ermite est à genoux, de profil à gauche, au pied d'un gros
arbre ; il prie devant un crucifix à gauche cpii s'élève au milieu du bois
masqué par le gros arbre, les mains jointes sont posées sur un livre
ouvert. La partie droite de l'estampe n'est qu'esquissée, on aperçoit,
avec une réelle bonne volonté, un autre religieux de profil à droite, et
coifî'é d'un capuchon, à genoux, appuyé sur une traverse de bois, priant
également avec un livre. Tout en haut à droite, une chapelle bàiie sur
les rochers qui occupent toute la partie droite de l'estampe. En bas du
même côté dans une petite bande : Rembrandt f. 1657, et plus bas en
caractères plus gros et comme écrits avec une plume d'oie, cette
même inscription qui vient empiéter sur les premiers caractères
très légèrement tracés.
11 y a deux états : dans le 1er, la figure du saint est peu ombrée et
l'inscription Rembrandt f. 1657 n'est pas répétée, toute la partie à droite de
l'estampe est restée blanche, et tout le haut du corps du saint se détache
vigoureusement sur un fond blanc complètement vide de travaux. Le 21' état
est celui décrit. — On suppose que dans cette composition l'artiste a dû
s'inspirer de quelques Maîtres italiens tels que Le Titien, Giorgione ou
Campagnola. L'estampe est superbe et une des plus rares de l'œuvre ; à
rejeter celles où les barbes n'existent pas.
Ventes : Kalle, sur japon, un des plus beaux connus, 2260 - Liphart, 1025 —
KiKiwks, sur papier à la Heur de lys, 1187 — Didot, sur japon, 2420 —
Schloesser, 375 — Buccleuch, 1 ' état, 2750; 2« état, 2500, les deux exem-
plaires provenaient de chez Hawkins — Seymour Iladcn, 1750 - Hulot,
lei état sur japon, 1050, provenait de la vente Arozarena » - Holford,
2' état (?), 2400 — Artaria, même état, 820 — Bouillon, 85, épreuve sans
barbes — Straeter, l« état, 2312, épreuve du cabinet Kalle.
' Provenait 'i ■ i ollei Lion Di bol 1 1 Hawkins; a lu prem elle lui adjugée 905 francs,
(ni elle lui adjugée iwi francs.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 159
Le Tombeau allégorique (B 110 — Cl 112 — W 114 — Bl 80 —
D 111). — Un tombeau au pied duquel gît un homme renversé sur le
sol, les bras étendus; sur le tombeau, un socle portant un écusson
au-dessus duquel deux génies ailés et de face sonnent de la trompette,
ils tiennent une gerbe sur laquelle est perché entre eux deux, un oiseau
aux ailes déployées. Dans les hachures du bas de l'estampe à droite :
Rembrandt f. 1658 k
Cette pièce est fort peu intéressante, nous ne la mentionnons qu'à cause
de son insigne rareté. — On la désigne en Hollande sous le nom de Le Phénix,
et on y voit une allusion à la statue du duc d'Albe renversée en 1577.
Ventes : Didot, sur japon, 2820 — Buccleuch, 875 — Hebich, 2550 — Artaria,
1340, du cabinet Aylesford.
La Médée (B 112 — Cl 113 - W 116 — Bl 82 — D 113). — Dans
un temple à colonne, musiciens et nombreux personnages à gauche ;
au milieu de l'estampe, sur une estrade, Jason et Creuse agenouillés
devant un évêque qui, la crosse dans la main gauche, les bénit de la
droite. Sous un baldaquin tout à fait à droite, on distingue la statue
de Junon assise ayant près d'elle son paon. Vers l'escalier qui occupe
le milieu de l'estampe et dans la pénombre, on voit s'avancer deux
personnages. Dans la marge du bas de l'estampe, quatre vers en
hollandais et Rembrandt f. 1648.
Cette pièce, qui devait illustrer une tragédie écrite par Jean Six, est fort
peu intéressante, mais recherchée cependant. En voici les états :
1er état. — Avant la couronne sur la tête de Junon et le rallongement de
la robe de Médée.
2e état. — Avant la couronne, mais la robe est rallongée.
3e état. — Avec la couronne et la robe rallongée.
4e état. — Avec le nom de l'artiste, la date et les vers.
5e état. — La marge où étaient les vers est coupée.
Ventes : Liphart, 4" état, 187 — Didot, 1er état, 710 — Schloesser, 1« état,
762 — Oppermann, 127 — Hebich, 1er état, 650 — Buccleuch, 4« état, 800 —
Webster, Ut état, 625 — Seymour Haden, 1er état sur japon, 775 — Holford,
1er état, 800 — Artaria, 3e état, 620 — Bouillon, 4e état, 100 — Straeter, 2e état,
919, du cabinet Aylesford — Bosenberg, 4e état, 130.
Il existe des copies.
1 Cette date presque illisible est discutée. Bartsch donne 1650. Claussin 1G59. Blanc 1G48,
Rovinsky 1650. Middleton 1658; muni d'une loupe puissante nous avons examiné cette date
avec un soin extrême, le 4 ou le 5 paraîtraient discutables, mais ayant revu scrupuleusement
nombre de pièces bien millésimées par l'artiste et comparé ces deux chiffres, nous pouvons
affirmer arec certitude, d'accord avec Middleton. que c'est bien 1C5S qu'il faut lire.
160 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
La petite Bohémienne Espagnole (B 120 — Cl 122 — W 124 —
BI 83 — D 121). — A l'entrée d'un bois, deux femmes se dirigent vers
la droite. La vieille duègne ou bohémienne est à gauche, elle est
encapuchonnée et munie d'un long bâton qu'elle tient de la main
gauche et semble s'appuyer sur le bras droit de la jeune fdle. Le
premier plan à droite devant les deux femmes, est vide de travaux.
Sans signature, gravée probablement vers 1648.
Cette petite estampe devait servir d'en-tête à la tragédie de Préciosa, de
Cervantes, dit Blanc, ou à la nouvelle La Gitanilla, dit Datait, ce qui nous
parait plus plausible. Quoiqu'il en soit, disons-le carrément, cette estampe
ne vaut pas un clou, mais le monde est ainsi fait, et il y a des collectionneurs
qui enfourchent des dadas quelques rosses qu'ils puissent être, et c'est le
cas pour celui-ci. On se cabre quand on les voit payer les prix qu'on va
lire; c'est sans doute cette mention de Bartsch : « Un morceau extrêmement
rare et du bon temps de Rembrandt » qui a donné le coup de fouet et fait
s'emballer le cavalier; il est fâcheux, vraiment, d'obéir ainsi à la chambrière
et de n'avoir pas assez de bras pour arrêter le coursier.
Ventes : Hume, 1750 — Didot, 1960 — Hebich, 2200 ! ! 1 - Buccleuch, 1500 -
Seymour Haden, 1225 — Hulot, 785 — Holford, 1125 — Artaria, 940 —
Straeter, 1887.
Une copie a été faite par Bassan. — Nous n'avons mentionné cette pièce
qu'à cause de son extrême rareté.
Le Vendeur de mort aux rats (B 121 — Cl 123 — W 125 —
Bl 95 — D 122). — A gauche, à la porte d'une maison, un vieillard, le
bras droit en écharpe, est en train d'acheter de la mort aux rats à un
marchand ambulant qui se présente à lui, un sabre au côté, un haut
bonnet sur la tèle,*un rat sur l'épaule gauche et une longue perche au
bout de laquelle sont pendus d'autres rats à un panier rond ; un enfant,
une boite à la main, accompagne le vendeur; à gauche de la porte un
gros tonneau défoncé ; au dernier plan à droite, une silhouette de
chaumière. En bas de ce côté : Ii' 1632; le 3 et le 2 sont renversés.
Au 1« état, dont il n'existe (pie deux exemplaires connus, au ISrilisb
Muséum et à Dresde, /'/ n'y a point de tailles sur le bouquet de branches cpii
émerge de la maison au-dessus du panier rond du vendeur; au 2,j état, ces
tailles existent.
("est une fort jolie pièce qui est très recherchée : planche habile, dit
M. Legros, mais qui nu rien du style et de la vigueur du Maître. — Il existe
des copies.
Ventes : Didot, 810 - Knowles,400 Schloesser, 384 — Oppermann, 380 —
Hebich, 370 — Buccleuch, 70 - Webster, 50 — Bosenberg, 300 - Dreux, 300.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 161
Le Cochon (B 157) Le Chien endormi (B 158) — La
Coquille ' (B 159).
Nous mentionnons ces pièces à cause de leur insigne rareté, quoiqu'elles
n'aient vraiment rien de bien particulier qui les puisse désignera l'attention
publique ; les deux premières sont remarquablement bien gravées, nous
n'hésitons pas à le constater ; quant à la dernière qui, trouvée dans la boîte
d'un marchand des quais, serait délaissée pour quarante sous si on n'en
connaissait l'extrême rareté, on la voit adjugée ■ modestement dans les ventes
publiques 4 à 5000 francs, quand passe un des quatre exemplaires connus
du 1" état au fond blanc ; on en demeure baba, et l'on se demande rêveur,
s'il n'y a pas un traitement spécial pour les gens atteints d'hystérie artistique;
la famille devrait intervenir et les faire soigner, elle y trouverait certes
son compte ! !
Trois Mendiants à la porte d'une maison (B 176 — Cl 173 —
W 173 — Bl 146 — D 172). — Un vieillard, le bras gauche en écharpe,
coiffé d'un haut bonnet, sur le seuil d'une porte à gauche de l'estampe,
donne l'aumône à trois mendiants ; un enfant vu de dos, un homme,
et une femme qui porte un enfant sur son dos. En bas à droite :
Rembrandt f 1648.
Jolie pièce qui doit être recherchée avec ses barbes. — Il existe des copies.
Ventes : Guichardot, 1905 — Didot, 820 — Oppermann, 2« état, 241 —
Knowles, 409 - Hebich, 500 — Buccleuch, 725 - Hulot, 220 - L. Galichon,
1er état, avant les contre-tailles sur le mur près du nez du maître de la
maison, 600 — Artaria, même état, sur japon, 400 — Bouillon, 135 —
Hansen, sur papier à la fleur de lys, 419.
Le Lit à la Française (B 186 — Cl 183 — W 183 — Bl 283 —
D 183). — Sur un lit à baldaquin et à colonnes courtes, un homme et
une femme 3 se rappellent le précepte de l'Evangile : Croissez et
multipliez, et le mettent chrétiennement en pratique. Près d'eux, une
petite table recouverte d'un tapis, sur laquelle sont déposés un verre
et un plateau ; la toque à plumes de l'amoureux est posée sur une des
colonnes du lit. En bas de l'estampe à gauche : Rembrandt f 1646.
Pièce de toute rareté*, nombre d'épreuves ayant été anéanties à cause du
sujet ; la mal n'est du reste pas grand, la pièce étant fort médiocre. La
1 Dite encore : Tigre ou Damier.
» Ventes : Hume, 1" état, 5000 — Buccleuch. 1" état, 4625 ; 2- état, 1000 francs !
3 Celle-ci a quatre bras.
* Elle est considérée par certains comme n'étant pas du Maître.
162 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
planche a été coupée deux fois, voici les différentes dimensions dans ses
trois états :
l>r état. — Hauteur 150"»" — Largeur 22G •<""
2- état. — Hauteur 126 ■""> — Largeur 226 "»"
3e état. — Hauteur 126 """ — Largeur 176 ""»
Les belles épreuves ont leurs barbes. — 11 existe une copie moderne en
contre-partie.
Ventes: Didot, 3010, de chez Esdaile1 — Schloesser, 1510, de chez
Alferoff — Buccleuch, 1470, de chez Didot, 50% de baisse!!! — Hulot,
92."), elle provenait de chez Arozarena — adjugée 401 — qui la tenait de la
vente Férol — Artaria, 1000.
Toutes ces épreuves étaient du 2? état.
Le Moine dans le blé (B 1S7 — Cl 184 — W 184 — Bl 152 —
D 184). — Dans les blés, une sandale s'étant échappée de son pied,
un moine dans une posture qui l'ait supposer qu'il ignore complètement
le commandement de Dieu : L'œuvre de chair ne désirera qu'en mariage
seulement; à gauche de l'estampe, une cruche, et au tout dernier
plan, la silhouette d'un paysan qui s'éloigne. Sans signature.
Toute petite pièce sans aucune valeur, si ce n'est sa 1res grande rareté,
pavée des prix vraiment scandaleux. Le catalogue de Burgy (1755) l'a
rubriquée : Le joli manœuvre du Moine dans le bled. — Il faut l'avoir avec ses
barbes. — Il en existe une copie, reconnaissable à une ligne qui est parallèle
au bas de l'estampe.
Ventes: Didot, 1900 — Hebich, 700 — Buccleuch, 720 — Hulot, 445 —
Artaria, 450
L'Espiègle (B 188 — Cl 185 — W 185 — Bl 153 — D 185). —
Au coin d'un bois à gauche, une bergère est assise gardant son
troupeau et tressant une couronne ; à ses pieds, couché à plat ventre,
un patour, un hibou sur l'épaule, joue de la flûte, jetant un regard
indiscret sous les jupes légèrement retroussées de la femme; le berger
a posé sa houlette contre un vieux tronc d'arbre. Au milieu du bas de
l'estampe : Rembrandt f 16i2.
1" état. — Avant le nom et l'année et avec l'ombre au-dessus du chapeau
de la bergère.
2e état. — Avec le nom et l'année, l'ombre ell'acée.
3e état. — L'ombre est rétablie.
4e état. — I.a tête, qui existe aux trois dais précédents, et que l'on voyait
dans les arbres, à la hauteur de la houlette, a disparu.
i Cette épreuve avall prlralllvem par les cabinets J. Ilnrnan! et Hlbbert, elle fui
adjugi .in de i Andréa.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 163
Cette pièce, très rare, est extrêmement poussée. — Il existe des copies en
contre-parties.
Ventes : Liphart, 712 — Didot, 720 — Schloesser, 1225, provenant de
Liphart — Oppermann, 125 — Hulot, 1300, de chez Didot — Artaria,
4e état, 300 — Hansen, 62 — Prince Waldburg Wolfegg, 1612.
Toutes ces épreuves sont du 2? état, à l'exception de celles d'Artaria.
La Femme devant le poêle (B 197 — Cl 194 — W 194 - Bl 161 -
D 194). — A gauche de l'estampe, tout le haut du torse nu, une femme
de profil à droite, les yeux baissés, le bras droit appuyé sur sa
chemise, est assise près d'un poêle, la tête nue. Sur le tuyau on lit :
Rembrandt f 1658.
La pièce n'est pas fameuse, le nu étant le seul point faible de Rembrandt ;
elle est cependant assez recherchée, mais il faut l'avoir avant la clef* au
poêle et avec le bonnet, ou tout au moins, avec le bonnet et avec la clef.
Ventes: Liphart, sur japon, avant la clef avec le bonnet, 487 — Didot,
même état sur japon, 870 — Schloesser, même état, 751 — Oppermann, sur
japon, 326 — Buccleuch, même état, 1100; sans le bonnet, 425, toutes deux
de chez Hawkins — Webster, sans la clef, 412; sans le bonnet, 425 —
Hulot, état Liphart, sur japon, 500; avec la clef et sans le bonnet, 410 —
Artaria, état Liphart sur japon, 800 — Heredia, sur japon, 200 — Prince
Waldburg Wolfegg, 2512.
La Femme à la Flèche (B 202 — Cl 199 — W 199 — Bl 166 —
D 199). — Complètement nue, vue de dos, assise sur sa chemise, la
tête légèrement tournée à gauche, la jambe droite ramenée sous elle,
une femme tient dans sa main droite levée une flèche la pointe en
haut ; à ce bras est un bracelet ; à gauche de l'estampe une draperie.
Dans le coin gauche en bas : Rembrndt (sic) f. 1661, la lettre a manque
el le d est renversé.
Rovinsky donne les trois états suivants :
1er état. — Avant les contre-tailles sur la joue gauche.
2« état. — Avant les contre-tailles sur le bas de la chemise.
3<= état. — Avec ces contre-tailles.
Cette estampe est rarissime, c'est la meilleure figure nue de Rembrandt ;
dans le 1er et le 2e état le nom et la date sont à peine visibles. Cette pièce est
la dernière qu'ait gravée le Maître.
Ventes: Didot, 280 — Knowles, fort chargée de barbes; 1er état, le nom de
Rembrandt, repris plus tard à la pointe sèche, est à peine lisible, 806, de
i La clef D'apparait qu'au 4' état.
104 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
chez Vv'olterbeck — Schloesser, même état que Knowles, 476 — Buccleuch,
1er état, 1250 — Webster, 787, de chez le comte de Fries et de Verstolk —
Seymour Haden, état vente Knowles, 1050 — Artaria, 1" état, 581 ; 2e état, 375;
3' état, 350.
Vue d'Omval (B 209 — Cl 206 — W 206 — Bl 312 — D 206). —
A gauche de l'estampe, un bouquet d'arbres au pied duquel deux
personnages sont assis et difficiles à distinguer dans la pénombre ;
à droite au second plan, occupant tout le reste de l'estampe, un fleuve
devant lequel un homme est debout tournant le dos et regardant
passer un bateau qui se dirige vers la gauche, abritant sous sa tente
des personnages. Sur la rive opposée, maisons, moulins et barques.
En bas dans le coin droit : Rembrant (sic) f 1645.
Estampe très remarquable, difficile à rencontrer en belle épreuve; le cuivre
a mal mordu et certaines parties reprises à la pointe sèche donnent des noirs
vraiment par trop accusés qui nuisent à la beauté de la pièce. Au 1" état,
tout en haut dans le coin, on remarque des essais de pointe qui ont presque
disparu au 2" — de toute rareté.
Rovinsky dit qu'il existe des dernières épreuves où les deux personnages
de la pénombre ont été remplacés par un enfant qui fait des bulles de savon
et une carte sur laquelle est écrite : Leven-2.
Ventes : Hume, 1100, de chez Barnard — Didot, avec le fond et les bords
sales, 950, de chez Marshall — GrifTiths, de chez Debois et Brook, 375 —
Buccleuch, 1100, toute première épreuve — Webster, 900 — Hulot, avant la
planche nettoyée, 500 — Holford, 8000, épreuve admirable — Artaria, état
avec les essais de pointe dans le coin du haut, et des barbes sur le nom de
Rembrandt, sur papier à la folie, 2000, provenait du cabinet de Festeticsz —
Bouillon, 170 — Straeter, 2875, de la collection Hebich — Reiss, 1100.
Le Paysage aux trois Arbres (B 212 — Cl 209 -- W 209 -
Bl 315 — D 209). — Au premier plan à droite d'un paysage plat au
clair horizon qui forme le fond de l'estampe, mais au ciel chargé
d'orage à gauche, trois gros arbres mêlant leur feuillage se détachent
sur un tertre sombre au pied duquel, dans une mare à gauche, un
homme et une femme pèchent à la ligne ; à travers les arbres on
aperçoit une charrette se dirigeant vers la droite. Dans le haut du coin
gauche, «les rayons exécutés au tire-ligne simulent une pluie d'orage.
Sous la touffe de joncs de la mare, au tout premier plan, on lit très
difficilement à gauche : Rembrandt /'. 1643.
On distingue, en y prêtant beaucoup d'attention, tout à Fait à droite dans
la pai tie basse la plus ombrée <lr l'estampe, diin personnages assis. Quant au
prétendu fantôme, i ensé vu dans la partie claire du ciel presqu'au milieu de
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 165
l'estampe, c'est une pure fantaisie de cerveau malade qui l'a créé, est-ce
qu'on a pas toujours fait dire aux nuages et aux cloches tout ce que l'on
voulait ! I il n'y a donc rien dans cette pièce que ce que Rembrandt y a
voulu mettre, car, à son époque, on n'avait point encore inventé le petit jeu
de : Où est le chat :' et : Cherchez la bergère !
Cette estampe admirable est le plus merveilleux paysage qu'ait gravé le
Maître, et il est ajuste titre célèbre entre tous. Il n'existe qu'un seul état,
mais les exemplaires sont souvent très différents de beauté, le tirage jouant,
on le sait, un grand rôle dans la qualité de l'épreuve, les premiers présentent
des barbes dans le ciel.
Quoique cher, elle n'est pas payée à sa valeur, quand on la compare à
certaines autres pièces très inférieures et qui, malgré cela, atteignent des
prix très sensiblement supérieurs. L'épreuve du Déparlement des Estampes
acquise en 1816 fut payée 150 francs ! Rovinsky affirme que le fond et les
ombres sont teintées à la fleur de soufre, l'éminent directeur du Cabinet des
Estampes d'Amsterdam, M. van der Kellen, opinerait plutôt pour la pierre
ponce douce ; quant à nous, ayant examiné à la loupe différentes épreuves,
nous n'hésitons pas à croire que ces teintes, extrêmement légères, ont été
obtenues à l'aide d'un grain de résine ou de fleur de soufre, elles n'existent
du reste que dans les toutes premières épreuves, et encore d'une façon fort
peu marquée.
Ventes: Howard', 1675 — Liphart, 3812 — Hume, 3000 — Didot, 2000 —
Knowles, 2625, de chez Marochetti — Schloesser, 2137, un des plus beaux
connus — Griffiths, 3125, de chez Maberley — Buccleuch, 4125, de chez
Hawkins — Webster, 2225 — Seymour Haden, 3700 — Hulot, 1000 — Holford,
4250 — Angiolini, 981 — Artaria, 1400 — Straeter, 6000, admirable exemplaire
de chez Hebich — Miller Whitehead, 2000 — Battig, 3075», de chez Buccleuch,
sur papier à la folie — Defer Dumesnil, 2100, épreuve doublée — Rosenberg,
2262, sur papier aux fleurs de lys — Reiss, de la collection Johnson, 5875.
Il existe de nombreuses copies par Novelli, L. Maroy, Baillie, R. Byron, etc.
L'Homme au lait (B 213 — Cl 210 — W 210 — Bl 316 — D 210). -
A droite de l'estampe, sur une route, un homme portant à l'aide d'une
traverse qui est sur ses épaules deux bidons de lait, un chien court
près de lui, il est vu de dos et s'éloigne ; à sa droite la mer sans
borne avec des navires ; en contre-bas à gauche de l'estampe, bouquet
d'arbres, chaumière et mare avec un canot ; de ce même côté gauche
à l'horizon, une légère silhouette de collines. Sans signature.
Pièce rare et recherchée avec ses barbes. — Il n'existe que deux états :
1" état. — Avant les collines indiquées à l'horizon — rarissime.
2e état. — Avec les collines.
' Un fait curieux à signaler, c'est que dans cette collection très remarquable, il n'existait que
ce seul échantillon du Maître.
5 Acheté par le docteur Elischer de Budapest.
166 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Ventes : Hume, 2° état. 682 — Liphart, 2e état, 625 — Didot, même état,
1720, superbe exemplaire de chez Bôhn — Knowles, 1050 — Schloesser,
1625 — Buccleuch, le» état, 5125, de chez lord Aylesford et Hawkins; 2e état,
1000 — Webster, 1025 — Hulot, 925, sur japon, de chez Esdaile — Holford,
1" état sur japon ', 3625, de chez lord Aylesford; 2« état (?) — Angiolini, avec
barbes sur japon, 812 — Artaria, 1er état, 310!!! 2>- état, sur papier à la
folie, 882.
Il existe des copies.
Le Paysage aux trois Chaumières (B 217 — Cl 214 — W 214 —
Bl 318 — D 214). — Sur le bord d'une route qui occupe la gauche de
l'estampe, trois chaumières presque sur la même ligne perpendi-
culaire; à droite sur le lout premier plan du même côté, un grand
arbre très feuille et très branchu. Dans le bas du coin gauche :
Rembrandt f. 1650. Le cuivre est cintré par le haut.
Voici les états :
1er état. — Le devant de la première chaumière n'a qu'une seule taille
perpendiculaire et la pièce n'est pas terminée; il y a des
parties blanches sur la route — rarissime.
2e état. — La pièce est terminée, il y a une contre-taille sur le toit de la
troisième chaumière.
3e état. — Contre-taille sur le devant de la première chaumière.
Encore un des meilleurs paysages, rare et très recherché qu'il faut avoir,
inutile de le répéter, comme toutes les pointes sèches avec ses barbes.
M. A. Lcgros dit que cette pièce peu! être du Maître, mais néanmoins il laisse
planer un doute sur son authenticité. — Il existe des copies: une ancienne, est
surtout particulièrement trompeuse.
Ventes: Guichardot, 1280 — E. Galichon, 1200 — Liphart, 912 — Hume.
825 — Didot, .> état très chargé de barbes, 1000 - Schloesser, 1000 — Hebieh,
.'(•■ état, 12(in - Buccleuch, l ■■' état, 6875, de chez Hawkins — Webster, 3« état,
1250 — Ilolfonl, 1er étal, 6S75; 2« état, 2500, toutes deux de chez lord
Aylesford — Artaria, 2« élat, 870 — Stracter, 1er état sur japon, 5500, de chez
Weber.
Le Paysage à la Tour carrée (B 218 — Cl 215 -- W 215 —
Bl 319 I) 215). — Au milieu d'un petit hameau — Baarep, sans
doute — (jui s'étend sur la gauche, on aperçoit une cour carrée ; une
barrière de bois montant sur le premier plan à droile, occupe plus des
deux tiers de l'estampe. Dans le bas du coin droil : Rembrandt f. KiôO.
C'est une pièce rare et très recherchée, nous la notons à ce litre, éprouvant
pour elle fort peu d'emballement ; du reste, nous croyons qu'on en revient
i i [uol < de 1500 francs pour te mime extmptàlrt 7 Cruelle énigme 1 1
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 167
un peu et, à moins de qualité exceptionnelle, les prix auraient plutôt
tendance à fléchir.
Le l'-r état, dans lequel le mur de l'arche du pont qui est à droite de la
tour présente une partie claire et une partie ombrée, n'existe qu'à trois
exemplaires ; ils se trouvent au Brilish Muséum, au Musée d'Amsterdam et,
croyons-nous, chez le baron Edmond de Rothschild.
Ventes : E. Galichon, avant le trait échappé qui coupe le nom de Rembrandt
aux lettres br, 850 — Liphart, 512 — Hume, 446 — Didot, 610, très chargé
de barbes — Knowles, 375 — Schloesser, 462 — Buccleuch, 1" état sur
japon, provenant de chez Hawkins, 7375 — Huloi, 300 — Holford, 1er état,
3250, de chez lord Aylesford — Artaria, 670, dernier état — Bouillon, 420,
avec la planche sale — Straeter, tout le mur est ombré, 2e état, 544, de chez
Camberlyn, où elle fut adjugée 251 — Hansen, de chez lord Aylesford et
Chambers Hall, 862.
Ne pas confondre cette estampe cintrée par le haut avec Le Paysage à la
Tour (B 223) dont nous nous occuperons tout à l'heure.
Le Canal (B 221 — Cl 218 — W 21S — Bl 322 — D 218). -
Quelques chaumières entourées d'arbres sur le milieu de l'estampe, et
une à gauche, derrière laquelle on distingue un bateau à la voile ; sur
le devant, un petit canal qui fait le coude à gauche ; dans le fond à
l'horizon, un village avec son église. Sans signature.
Pièce très rare, très cher, mais d'un médiocre intérêt ; Middleton et von
Seidlitz la croient gravée vers 1652. Le 1« état est nu fond sale et à la
planche non ébarbèe ; le 2<= est ébarbé. — Il existe des copies.
Ventes : E. Galichon, épreuve hors ligne chargée de barbes, 2000 —
Didot, 980 — Oppermann, 100 — Hebich, 1000 — Buccleuch, 3000, de chez
Hawkins — Wesbster, sur japon, une des plus belles connues, 3125, du
cabinet Verstolk de Soelen — Hulot, 405 — Artaria, 16S0 — Straeter, 1887,
de chez Weber — Reiss, 1500.
Le Paysage à la Tour (B 223 — Cl 220 — W 220 — Bl 324 -
D 220). — A droite d'un bouquet d'arbres peu élevés, une chaumière,
et au dernier plan une tour surmontée d'un dôme ; au pied de cette
tour à gauche, est accolée une construction plus basse. Le tout
premier plan à droite de l'estampe, vide de travaux. Sans signature.
Très rare, très cher, très apprécié. — On croit que c'est le petit village
où naquit la seconde femme de Rembrand ; c'est cette raison sans doute
qui fait rechercher la pièce, plus encore que sa véritable valeur artistique.
Nous n'ignorons pas que tous les paysages de Rembrandt sont très chers ,
mais il n'est vraiment pas rationnel de voir payer cette petite pièce des
prix atteints difficilement par l'admirable Paysage aux trois Arbres; on
devrait cependant comprendre qu'il n'y a pas de comparaison possible
entre ces deux estampes, et que la dernière que nous avons mentionnée
16cS ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
est de cent coudées supérieure à La Tour , mais tous les raisonnements
tombent devant l'entêtement du collectionneur qui est un peu — honni soit
qui mal y pense, car nous sommes de la confrérie — très fortement mouton
de Panurge en consultant beaucoup plus le goût du jour que le sien propre;
on arrive ainsi, par une obstination que rien ne saurait justifier, à maintenir
des cotes tout à fait hors de proportion avec la valeur de l'objet.
Etant donné les gros prix pratiqués, nous croyons devoir donner les
différents états de cette estampe pour payer au moins avec connaissance
de cause :
1er état. _ La tour est surmontée d'une petite coupole terminée en pointe,
dans le ciel à gauche de longues hachures zèbrent la planche
et une tache d'acide ronde apparaît dans le coin droit.
2e état. — La coupole existe encore, mais les taches noires et longues
produites par les hachures ont été effacées ; elles sont encore
un peu visibles cependant.
3e état. — Coupole et taches ont disparu.
Ventes : Kalle, 3« état, 1287 — Hume, 2« état, 5750 — Didot, 2<= état, 730 —
Hebich, 2- état, 510 — Schloesser, 3<= état, 500 - Grimths, 1er état, hors
ligne, 7500, achetée par M. Dutuit — Buccleuch, 1« étal, 6500; 3e état,
1175 — Webster, 3? état, 825 — Seymour Haden, 1er état sur fin japon, 4550 ;
3e état, 1275, de chez Kalle — Hulot ('?), 700 — Artaria, 3e état sur papier à
la folie, du cabinet Verstolk, 1400 — Straeter, 3e état, 006, de la vente Debois
où elle fut adjugée 166.
11 existe des copies.
La Chaumière et la Grange à foin (B 225 - Cl 222 — W 222 —
Bl 327 — D 222). — Au milieu de l'estampe, une chaumière, à gauche
de laquelle se trouve une grange à foin vide, sous laquelle est remisée
une charrette ; à droite de la chaumière, un petit pont, que traversent
une paysanne et son chien. Un enfant assis pèche dans le ruisseau sur
lequel le pont est établi, près de lui un autre enfant tient un panier.
Au fond, très légèrement silhouettés, un château et des arbres ; à
gauche, une ville avec moulin et clochers. En bas dans le coin droit :
Rembrandt f. Ui'il.
Ventes Kalle, 800 — E. Galichon, 1510 - Hume, 2021 — Liphart, 511 -
Didot, 1420 — Hebich, 1150 — Schloesser, sur papier à la Heur île lys, un
des plus beaux connus, 1875, provenant de chez Debois, adjugé 272, qui le
tenait du cabinet Poggi - Oppermann, 762 — Buccleucb, 1750, de chez
Hawkins — Webster, 2100, superbe — Seymour Haden, 950 — Fisher, 1275 —
Holford, 1875 — L. Galichon, riiC> Artaria, épreuve de 13""" plus haute
que les épreuves courantes, pleine de barbes, 1170 — Bouillon, 280 —
Straeter, une des />liis belles connues, 5500, de chez Hume — Dcfcr
Dumcsnil, 050 — Rosenberg, 2000, de chez Verstolk, Barnard et Buccleuch —
rlansen, 687 — Dreux, 1550.
Très belle pièce dont il existe des copies.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 169
Le Verger et la Grange (B 230 — Cl 227 — W 227 — Bl 330 —
D 227). — Tout à fait à gauche, une maison couverte en chaume, puis
un verger à droite de cette maison ; également à droite, dans une
allée indiquée par des piquets, un homme un bâton sur l'épaule
s'éloignant. Tout au fond et dans le berceau formé par les arbres, un
personnage à cheval, très difficile à distinguer. Sans signature.
Estampe rarissime, ne figurant même pas à l'exposition qui fut faite de
l'œuvre du Maître en 1899, au British Muséum. — La planche au 1" état
mesurait en largeur 204™"i\ et au 2e 162ra">; quant à la hauteur, elle n'a pas
variée et est restée de 90""» dans les deux états.
Ventes : Didot, 2" état, 1980 — Schloesser, 2500, de chez Didot — Holford.
4250, de chez lord Aylesford.
Le Moulin de Rembrandt (B 233 — Cl 230 — W 230 — Bl 333 —
D 230). — A gauche de l'estampe, un moulin à vent sur le premier
plan; au second plan, presque accolée, une chaumière carrée couverte
en tuiles ; à droite, la campagne nue. Dans le bas du coin droit :
Rembrandt f. 1641.
Nommé à tort Le Moulin de Rembrandt, ce n'est point là que naquit le
Maître, mais bien à Leyde. Dans toutes les épreuves on remarque des
craquelures dans le ciel, cela tient au vernis qui a crevé pendant la morsure,
ces craquelures s'atténuent au fur et à mesure du tirage, dans les toutes
premières épreuves elles sont plus accentuées.
Il existe plusieurs copies; l'une, entre autres, gravée en 1844 par une femme
amateur atteint une telle perfection qu'elle donne, dit Maberley, l'illusion
de l'original.
Ventes: E. Galichon, 600 — Didot, 410 — Schloesser, 263 — Oppermann,
126 — Hebich, 400 - Grifflths, 305 — Buccleuch, 650 — Webster, 300 —
Seymour Haden, 1725 — Holford, 525 — L. Galichon, 195 — Artaria, 900, les
craquelures sont très apparentes et il y a des barbes sur la date et le nom
de Rembrandt — Bouillon, 175 — Straeter, 1150 — Rosenberg, 250 — Hansen,
1462, de chez Verstolk et Buccleuch.
La Campagne du Peseur d'or (B 234 — Cl 231 — W 231 —
Bl 334 — D 231). — Grand paysage plat en largeur, sans caractère,
à gauche à l'horizon, un village avec une église qui le domine;
très à gauche du rideau d'arbres qui occupe le milieu de l'estampe,
une tour ronde surmontée d'une girouette. Dans le bas du coin
gauche : Rembrandt 1651.
C'est la campagne de Uytenbogaert, l'ami de Rembrandt; c'est une grande
esquisse fort recherchée et extrêmement rare, traitée d'une façon très
sommaire à la pointe sèche. Il y a des tirages sur japon jaune chargés de
170 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
barbes qui sont très beaux; nous trouvons la pièce lia peu surfaite, surtout
quant au prix.
Ventes : E. Galichon, 700 — Liphart, 1312— Didot, 1100 — Knowles, 825 —
Hebich, 630 — Scbloesser, 1000, une des plus belles connues — Oppermann,
chargée de barbes, 1062 — Buccleuch, sur japon, 5250, de la collection
Hawkins — Webster, 2800, sur japon, chargée de barbes — Holford, même
condition, 1S0O — Artaria, 660 — Straeter, 975, de chez Coppenrath —
Rosenberg, 1181, sur papier aux Qeurs «le lys, de chez Camesina, Coppenrath
et Straeter — Rciss, 1725.
Citons encore pour mémoire les paysages suivants qui, malgré leur
moindre importance, sont dune extrême rareté : Le Paysage a la Vache
(B206). — Les deux Maisons avec pignons pointus (B214) que l'on ne rencontre
guère que lavé à l'encre de chine, ce qui avait fait croire un instant que
celte pièce, ainsi que quelques autres, étaient des dessins originaux; il en
résulta même qu'au début de leur apparition ils furent vendus comme tels.
On alla jusqu'à dire que c'était une supercherie de Rembrandt exécutée
dans le but bien déterminé de tromper les amateurs; ceci n'a jamais été
prouvé et reste à l'état de pure hypothèse. — La Terrasse (B 216). — Le
Canal à la petite Barque iB 210). — Le grand Arbre iB 241). — Le Pécheur
dans une liarquc iB 243). — Le Paysage au Canal (B 241). — La Maison basse
sur le bord du Canal' (B 245). — Le Pont de Bois (15 246). — Le Paysage aux
Palissades (B 247». — Le Paysage non fini (B 255). — Le Paysage aux deux
Pécheurs, signalé dans le catalogue Denon et inconnu à Bartsch et à Blanc;
disons encore en un mot que presque tous les paysages de l'artiste sont très
rares et très chers.
Faustus (B 70 — CI 2fi7 — W 272 — 151 84 — D 2Ô9). — Debout
dans son laboratoire, tourné vers la droite, coiffé d'un bonnet,
vivement éclairé et vêtu d'une longue robe, le docteur légèrement
penché en avant, les deux mains appuyées sur sa table, interroge
anxieux les signes cabalistiques qui lui apparaissent sur la fenêtre
placée au milieu du fond de l'estampe. Derrière lui, une lèle de mort,
et devant lui sur le premier plan, un globe terrestre, des papiers et un
gros livre à fermoir. Sans signature*.
Superbe pièce dont le cuivre existe encore. — Le 1«' état est avant la troisième
taille sur le livre à fermoir et le travail de pointe sèche sur l'épaule droite.
Ventes : E. Galichon, 1« état sur chine, 850 — Kallc, 637 — Liphart, 812 —
Didot, 550 — Schloesser, 251 — Oppermann, 2» état. 350 — Buccleuch. sur
■apon, 1375, de chez Hawkins Webster, 600 — Fisher, 210 — Gutekunst,
i II n'en existe, parall a. que troti exemplaire, l'un :iu liritislt Muuum, l'autre o Amsterdam,
et un troisième adjuge- t la vente Webl 1er 0000 francs, il provenait tic chez lord Aylcsford.
1 i.i plupart du temps on assigne des dates aux pièces qui n'en ont pas, nais les avis sont si
partagés et 1 [uelquel ni entre les différents catalogueurs, que nous crayons
m préférable di te les relater Ici, tellement cela noue semble hypothétique!
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 171
2e état, 310 — L. Galichon, 380 — Artaria, très chargée de barbes, 820 —
Straeter, 1262, provenait du cabinet de Fries — Rosenberg, 2<-- état, 375.
Toutes les épreuves ci-dessus sont de 1er état, sauf indication contraire.
Il existe une copie.
Le vieux Haaring (B 274 — Cl 271 — W 276 — Bl 178 — D 261). -
Assis de face dans un fauteuil, la main droite ramenant son manteau
à la hauteur de la ceinture, et l'autre pendant négligemment, le vieil
homme aux chevaux bouffants et grisonnants recouverts d'une calotte
regarde de face. Il est vêtu d'un justaucorps avec un large col blanc
serré par une cordelière d'où pendent deux glands. Derrière lui, est
une large croisée grillée avec un rideau à gauche. Ni signature,
ni date '.
Il y a trois états :
1" état. — Epreuve d'essai unique qui se trouve à VAlbertine de Vienne,
provenant de la collection Barnard. Ce n'est guère qu'une
esquisse; le rideau, à gauche, tombe droit sans empiéter par
un pli sur la croisée, l'expression du visage n'est pas la même
que dans les états suivants.
2e état. — Avant le châssis qui se trouve au milieu de la grille de la
croisée et avant l'empiétement du rideau.
3« état. — Avec le châssis et avec le rideau émergeant sur la croisée.
C'est sans conteste le plus beau des portraits, c'est le chef-d'œuvre des
chefs-d'œuvre du genre, laissant loin derrière lui celui de l'avocat Tholing que
nous allons mentionner tout â l'heure. 11 est extrêmement rare en 2« état.
M. Alphonse Legros, l'éminent peintre-graveur, consulté par nous sur ce
portrait, n'hésite pas à le déclarer carrément faux; nous nous contentons
d'enregistrer son opinion, désolé de notre désaccord.
Ventes : Hume, 6375 — Didot, 2900, une autre épreuve sur parchemin, du
même état, peut-être unique dit le catalogue, 300! — Hebich, 2'- état, 5500 —
Buccleuch, 1750, de chez Hawkins — Holibrd, 4750 — Angiolini, 2e état (?),
8515 — Artaria, 2740 — Straeter, 2? état, 6625, de la collection Danby Seymour,
l'épreuve était exceptionnelle.
Les épreuves ci-dessus dont l'état n'est pas indiqué étaient, croyons-nous,
du dernier état. — Il existe une copie.
Jean Lutma (B 276 — Cl 273 — W 278 — Bl 182 — D 265). -
Tournant le dos à une croisée, assis presque de face dans un fauteuil
sur le bras duquel il s'appuie, la tète coiffée d'une calotte de velours,
le célèbre orfèvre tient dans sa main droite une statuette; sur la table
' Date présumée, lOôf».
172 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
à droite, on aperçoit un marteau et un plat d'argent ; la tète souriante
et fine se détache suprêmement distinguée. A droite dans le haut de la
croisée : Rembrandt f. 1656, et au-dessus de la tahle du même côté :
Joannes Lutma. . . écrit par une main étrangère.
Le 1« état, très rare, est avant la croisée, les noms de Rembrandt, de
Lutma et la date; le 2« état est avec la croisée et les inscriptions ci-dessus
mentionnées. C'est un pur chef-d'œuvre et un des plus beaux, et surtout un
des plus séduisants portraits gravés par le Maître; malheureusement cette
admirable planche a été abimèe, et on en a fait ce qu'on appelle le 2<? état
qui n'est pas, affirme M. A. Legros, de la main de Rembrandt. Il y a encore
un 3<" état très mauvais, mais excessivement rare, dont il existe une épreuve
au Musée d'Amsterdam, elle provient de la planche réduite à 185'""", elle
faisait initialement en hauteur 198»"".
Ventes : K. Galichon, 1" état sur japon, 3600 — Hume, même état, 3875, de
chez Ilibbert — Didot, même état sur japon, 3'.)(>0, venait de chez Camberlyn,
où elle fut adjugée 2005 — Knowles, 1« état, 4400, de chez Hawkins; 2» état,
750 — Webster, sur vélin fin, 1« état, 800, de chez Hawkins — Seymour
Haden, 1er état, 4250 — Fisher, 3» état, 105 — Hulot, 1" état sur japon, 3700.
provenait de chez Didot — Holford, 1«' état non terminé, l'eau-forte ayant
mal mordu, dit le catalogue, 425, de la collection Rarnard ; le même état,
4500 — Angiolini, 1" état, exemplaire superbe, 0250 — Artaria, 1" état,
2000; 2« état, 121) — Bouillon. l«r état, chargé de barbes, 2620 - Straeter,
1" état, 1375, des collections Six et Festcticsz — Defer Dumesnil, 2'- état, 590,
épreuve signée au verso P. Mariette, 1008 — Rosenberg, 2« état, 225 —
Hansen, 2fi état, 315.
Ephraïm Bonus (H 278 — Cl 275 — W 280 — Bl 172 — D 256). -
Coiffé d'un chapeau à larges bords, le manteau sur l'épaule laissant
voir un ample col blanc, portant moustache et barbiche, Ephraïm Bonus
descend se dirigeant vers la droite un escalier, sur la rampe duquel il
appuie la main droite dont l'index est orné d'une bague. En bas du
coin droit . Rembrandt f. \GM .
(".cite estampe est dite aussi Le Juif éi In rampe, elle est célèbre et rare,
mais c'est une réputation usurpée et, suivant nous, c'est un des moins bon
portrait gravé par l'artiste. M. A. Legros trouve la planche très lurfule, mais
ne tu croit pas de Rembrandt. Du l,r état, dont la caractéristique la plus
marquante est la bague noire, il n'c\isic que trois exemplaires connus, ils
sont actuellement: l'un au British Muséum, acquis en 1817, à la vente
Verstolk de Soelen, pour 1650 florins, soit environ 3,.it>u lianes, après avoir
passé par les cabinets Denon, Wilson; l'autre au .Musée d'Amsterdam,
quand au troisième, il passa à la vente Holford en lN'.Hi.
('.h. Blanc reste plein d'admiration devant la réflexion que ce portrait a
suggérée à Wilson dans le catalogue qu'il a fait de l'œuvre du Maitre où il
dit : ■ // semble réfléchir sur la maladie d'un de ses clients i, el il ajoute,
diézant encore la note : On dirait, en effet, qu'il délibère s'il ne remontera
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 173
pas l'escalier! » Nous ne partageons pas l'emballement de l'éminent écrivain
d'art sur ce morceau que nous trouvons raide et sans accent.
Les prix suivants donneront cependant raison sur nous à l'ancien
directeur des Beaux-Arts.
Ventes : Kalle, 1700 — Liphart, 1437 — Hume, 2300 — Didot, 1550 —
Schloesser, 850 — Hebich, 1375 — Griffiths, 1900, de chez Maberley — Prince
LobanotT, 2940 — Buccleuch, 3000 — Webster, 2500, superbe épreuve
provenant de Verstolk — Seymour Haden, 2170, de chez Gevers — Holford,
1er état, 48750, de chez lord Aylesford — Gutekiu.st, 450 — Angiolini, 1875 —
Artaria, 1490 — Straeter, 2002, provenant de chez Alferolf, c'est un des plus
beaux exemplaires connus ; il avait passé successivement par les collections
Camesina, Wolterbeck, de la Motte-Fouquet, van den Zande, Godefroy de
Caen, Molasse, et enfin Alferoif, d'où elle provenait en dernier lieu.
Cette estampe n'a jamais été tirée sur japon.
Jean Utenbogardus (B 279 — Cl 277 — W 281 — Bl 190 —
D 272). — Dans un ovale sur un cuivre octogonal, assis dans un
fauteuil, presque de face, coiffé d'une calotte, le cou entouré d'une
fraise, le célèbre prêcheur lient de la main gauche le livre ouvert qui
est sur une table. A droite on distingue plusieurs volumes posés les
uns sur les autres sans symétrie. En dehors de l'ovale à gauche en
haut: Rembrandt /'., et à droite: 1635; en bas quatre vers latins :
Quem praemirari plèbes. . .
Voici les différents états signalés par M. Sidncy Golvin :
1er état. — La planche est rectangulaire mesurant 249 »»» sur 186 m'"; le
col est presque blanc, l'expression de la bouche et des
yeux est grave et triste, la face modelée par des ombres
légères.
2e état. — Unique, de nombreux travaux ajoutés dans la face viennent
altérer l'expression de la bouche et des yeux, le col est
terminé.
3« état. — L'épreuve est terminée et le cuivre rogné en octogone ; les
travaux additionnels, qui ne sont pas de la main du Maître,
consistent principalement dans les ombres portées sur le
rideau et dans la partie à gauche et la plus basse de la
planche. La signature et la date apparaissent dans les deux
angles du haut, ainsi que les quatre vers de Hugo Grotius
dans la marge du bas.
On ne connaît du 1er état que trois exemplaires: à Amsterdam, au British
Muséum et le troisième qui passa à la vente Buccleuch; cet état n'a pas été
tiré sur japon.
Ventes : Didot, dernier état, 710 — Buccleuch, 1er état, 32000 — Schloesser,
1712 — Oppermann, 350, sur japon — Artaria, 600 — Straeter, '.'AVJ. —
Rosenberg, 450, de chez Seymour Haden, Aylesford et Straeter.
174 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMAND!;
Utenbogaert (B 281 — Cl 278 — W 283 — Bl 189 — D 271). —
De trois quarts à gauche, la tête tournée à droite coiffée d'une large
toque et portant un vêtement garni de fourrures, Utenbogaert est
assis devant une table, au-dessus de laquelle une balance est
suspendue ; sur cette table des sacs d'écus et un livre ouvert sur
lequel il écrit. Il remet de la main gauche un sac à un jeune garçon,
qui un genou en terre près de lui va remplir le baril qui est à sa
droite. Au fond, on aperçoit deux personnages à mi-corps. Sur le
premier plan, une malle et des barils. Dans le bas de l'estampe à
gauche et en dehors de la partie gravée : Rembrandt f. 1639.
Cette pièce est aussi dénommée Le Peseur d'or ou Le Banquier. Nous ne
nous associons point à l'enthousiasme que professe pour elle Bartsch qui la
qualifie a d'un des plus beaux et des plus rares portraits qu'ait fait
Rembrandt, très fini dans toutes ses parties et dont l'etfet est admirable. »
D'abord il n'y a de gravé par l'artiste que la tête et les épaules, le reste est,
tout porte à le croire, l'œuvre de Bol, nous ne nous expliquons guère que
l'œil de Bartsch, si exercé, n'ait pas senti l'énorme différence qui existait
entre la technique du Maître et celle de l'élève.
Dans le 1er état, dit au visage blanc, la tète du receveur n'est exprimée qu'au
trait. Cet état est extrêmement rare ; au 2= état la tête est ombrée ', une copie
en a été faite par le capitaine Baiîlie, on lit dans la marge du bas : Scilieel
unprobte... et son monogramme W. B. entrelacés à droite. Le3e état ne-porte
ni la date ni le nom, ils ont été effacés; il y a eu, dit Blanc, des épreuves
tirées sur un faux japon très cassant.
Bovinsky affirme qu'il y a eu des '>- états falsifiés. — Le cuivre existe
encore. — Un anglais, Jacques Hazard, a fait une copie différente de l'original,
en ce que le livre sur lequel écrit le peseur d'or ne présente aucune écriture.
Ventes: Lipharl, 331 - Hume, 2' étal sur japon, 572 — Didot, l<w état,
6500, de ehe/ Marshall, la même, retouchée par Baillie, 305 Sçhlocsser,
2' état, liés veloutée, sur vieux japon, 1750 - Grifflths, 825 (le Mabcrley —
Buccleuch, 1" état, 4000, de Chez Hawkins - Webster, sans nom ni date,
provenant de chez Hippisley, 650, probablement unique dit le catalogue» —
L. Galichon, avant les tailles perpendiculaires entre les jambes du jeune
garçon agenouillé, 590 -- Arlaria, même état, 260 — Bouillon, même état,
C10 - Sliaeler, 2« étal. [062, ,1e chez Allen. If.
Le Grand Coppenol (B 283 - CI 280 - W 28.') -- Bl 17Ô
D 258). — Assis et vu à mi-corps, de trois quarts à ilroilc, coiffé d'une
calotte, large col blanc souple, il regarde presque de face; ses deux
' Les bonnes épreuves Boni chargées </•' barbes.
! C'est, croyons-nousi l'exemplaire aul a ûguré au Burlington luit' Arti ('.lui' en 1877.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 175
mains tiennent une feuille de papier blanc, une plume d'oie est
passée entre l'index et le majeur de la main droite, son manteau
entr'ouvert laisse voir son justaucorps. Derrière lui se profile une
colonne à gauche. Sans signature, ni date ; on suppose en 1661.
1er état. — La planche mesure 335""» en hauteur sur 281 """ en largeur;
elle n'est pas terminée et est au fond blanc et avant l'achè-
vement de la manche droite et des deux mains.
2e état. — Terminée; un rideau forme le fond à gauche, remplaçant la
colonne, la manche est ombrée, mais demeure plus claire
que le reste du corps.
3e état. — Le bras et la manche ont reçu de nouvelles tailles qui les ont
assombris.
4* état. — A droite, dans le haut du rideau, les plis ont été retravaillés.
5e état. — La planche est coupée et les vers hollandais calligraphiés en
l'honneur du Maître et du modèle ont disparu.
Clausin a dit qu'au 1er état la colonne qui est à gauche n'est légèrement
ombrée que jusqu'au milieu de sa hauteur — ce qui laisse clairement entendre
que le reste est demeuré blanc — or, semblable particularité n'a encore
jamais été confirmée, c'est une erreur qu'a rééditée Ch. Blanc et qu'il importe
de détruire complètement. Cette pièce n'est intéressante que dans le 1er état —
dont Basan a fait une copie moins haute d'un centimètre environ que
l'estampe originale — et dans le 2»' état.
Il n'existe du 1« état que deux exemplaires connus, l'un au Département
des Estampes, provenant de la collection Beringhen, l'autre à Amsterdam,
sortant de chez Verstolk de Soelen à la vente duquel il fut adjugé
2687 francs.
Ventes : Liphart, 3c état, 369; un autre état sur japon, 887 — Hume, 5e étal,
1275 — Didot, 4e état, 650; 5e état, 30 — Schloesser, 3e état, marge de 5lul"
aux trois côtés et 14"»" en bas, les bords sales, 987, de chez Ackermann,
Festeticsz, Arozarena et Kalle — Buccleuch, 2e état sur japon au fond blanc,
29750, des collections Esdaile, Verstolk et Hawkins ; 3e état, 3250; 4e état,
2125 — Webster, 4e état, de chez Barnard, Hibbert et Willcox — Fisher,
4e état, 625, de Howard et Danby Seymour — Holford, 2e état, de Wilson,
33975, mais réellement le 1er, dit le catalogue, provenait de la collection
Aylesford — Artaria, 225, de chez Faccioli, avant la planche coupée —
Reiss, sur japon, 4e état, 875, de chez Esdaile — Loyd, 3e état, 1950.
L'avocat Tholinx1 (B 284 — Cl 281 — W 286 — Bl 188 —
D 270). — Assis de face dans un fauteuil, il regarde d'un air songeur ;
la tête, recouverte d'un chapeau à larges bords légèrement relevés,
est un peu enfoncée dans les épaules ; le large col est blanc et la
barbe du menton taillée en carré. Il a devant lui une table chargée de
Ou encore le Docteur l'etrus van Toi, ce qui semble plus vraisemblable.
176 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
livres, dont l'un est ouvert ; il tient un lorgnon de sa main droite qu'il
ramène vers lui, les deux avant-bras sont appuyés sur les montants
du fauteuil. A droite derrière lui, on aperçoit trois bouteilles; sur le
justaucorps du personnage un vêtement fourré. Le fond de l'estampe
est blanc. Sans signature, ni date.
If état. — La barbe est irrégulière et divisée en deux parties, le coude
droit n'est pas arrondi.
2° état. — La barbe a été régularisée et taillée en carré.
3« état. — La partie claire qui se voit sur la poitrine est ombrée de
deux tailles.
De tous les portraits — une des plus belles planches de Rembrandt, nous
écrit M. A. Legros — c'est incontestablement et de beaucoup le plus rare',
on peut même dire qu'à l'heure actuelle il est absolument introuvable, toutes
ou à peu près toutes les épreuves sont encore chargées de barbes, la planche,
perdue croit-on, ayant été fort peu tirée. Cependant — et voilà qui va
sembler infirmer cette assertion — il passa à la vente Didot une fort
mauvaise épreuve, elle avait été payée 20 francs par lui et avait appartenu
au comte de Noé.
Du tir état on ne connaît que quatre exemplaires: au British Muséum, don
du Hev. C. M. Cracherode en 17'J'J; au Musée d'Amsterdam; au Département
des Estampes, provenant de la collection Peters, et enfin celui adjugé à la
vente du Rev. John Griffiths, qui avait successivement passé par les cabinets
Rechberger, de Frics et Six.
A la vente Verstolk de Soelen une épreuve du lir état fut adjugée
330 florins, et un autre exemplaire «le 2» état, aux bords raboteux et chargé
de barbes, 1800 florins, il provenait de chez Harnard et Pôle Carew ;, à la
vente de ce dernier elle avait été adjugée 5500 francs.
On suppose que cette estampe fut gravée entre 1654 et 1056, on n'en
connaît qu'une seule épreuve sur japon. — 11 existe plusieurs copies, une
entre autre extrêmement remarquable par le capitaine liaillie.
Ventes : Hume, 12750 — Didot, 1120, épreuve faible, celle achetée 20 fr. —
Griffiths, 1er état, 38000— Buccleuch, 2- état, 2 , de chez Hawkins — Hulot,
780, provenant de chez Didot — Holford, 13250, de chez lord Aylcsford.
Le bourgmestre Six (B 285 - Cl 282 W 287 151 184 -
D 2G7). — Il est debout, presque de face, en culotte courte, et adossé
à une croisée entourée de rideaux d'où vient la lumière ; il lient dans
ses deux mains sa tragédie I.<i Médée, qu'il lil avec attention , ses
cheveux gris et bouffants s'épandenl sur ses épaules, les cordons à
glands de son col sont dénoués. A sa droite dans l'ombre, on aperçoit
' Notre Mu en possède une superbe épreuve.
- il l'ovnll achetée en 1809, ■■* lo vente Hlbbert, u
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 177
son épée et son baudrier ; en face de lui sur une chaise à coussin à
glands, quelques livres sont posés. Sous le trait carré à droite en bas
de l'estampe : Rembrandt f. 1647, et à gauche : Jean Six JE 29.
1er état. — Il existe à la croisée une sorte d'appui venant à la moitié de la
hauteur de l'épaule du modèle, et il n'y a ni nom, ni date.
2« état. — L'appui a disparu, et dans la date 1647 les chiffres 6 et 4 sont
renversés, on lit à droite, le nom de Rembrandt sous le trait
carré près de ces chiffres.
3e état. — Les chiffres sont redressés et dans la marge à gauche, on a
ajouté : Jean Six, JE 29.
Le 1er état n'existe qu'à deux exemplaires, à Paris, acheté 864 francs à la
vente du comte de Chabannes en 1755, et à Amsterdam. Ce portrait est
célèbre, le personnage étant un ami de Rembrandt.
Nous ne partageons pas l'enthousiasme du public relativement à cette
estampe, parce que nous estimons que dans la circonstance le Maître n'est
pas resté lui même, il a momentanément abdiqué son indépendance, et pour
plaire au modèle il a, n'en doutez pas, obéi à des instructions qui ont
paralysé sa liberté en le faisant descendre au simple rôle d'ouvrier
exécutant, l'outil domine dans ce portrait, et la tête seule — partie certes la
plus intéressante du morceau — tout admirablement modelée qu'elle soit,
est loin de nous donner, comme l'a judicieusement fait observer M. Dutuit,
la physionomie d'un homme de 2.9 ans, c'est bien plutôt un vieillard que
nous présente l'artiste, ce seul fait est une tare qui vient corroborer nos
critiques.
On rencontre de fort belles épreuves, même en 3e état, celle par exemple
du Département des Estampes, est superbe.
Le cuivre existe encore dans la famille, et se trouve actuellement chez le
professeur Jhr. Dr. J. Six, Heerengracht à Amsterdam, il figura même à
une exposition qui y fut faite en 1876, croyons-nous.
En février et mars 1892, au Cincinnati Muséum Association, un des plus
beaux exemplaires connus fut exposé.
Il y a quatre ou cinq copies, entre autres une de Basan et l'autre de
François Novelli ; cette dernière que nous n'avons pas vue est, paraît-il,
supérieure. — Marcelin Desboutin l'a aussi, croyons-nous, gravé.
Ventes : Liphart, 3« état, 650 — Hume, 3e état, 6750, superbe épreuve
provenant de chez Josi — Didot, 2e état, 17000', elle provenait de la vente
Arozarena où elle fut adjugée 5251 francs, elle portait au verso la signature
de dom Artaria, et sortait du cabinet de Férol où elle fut vendue 5150 francs,
c'était un exemplaire de qualité exceptionnelle — Schloesser, 3« état, 1876 —
Griffiths, 2'- état, 12625, de chez Harding et Maberley — Buccleueh, 2« état,
12500, de la collection Hawkins — Seymour Haden, 3" état, 9750, de chez
Hume - Holford, 2- état, 9500, de chez Lord Aylesford ; 3" état, 6375 -
L. Galichon, '!•■ état, 12050, la plus belle connue dit M. Dutuit dans son
manuel, provenait de chez Arozarena et Didot — Artaria, 3« état, 900 — Beiss,
3" état sur japon, 13500, des collections Barnard, Astley, Hibbert et Aylesford
' En 1S60, Didot l'avait payée C250 francs ; voilà ce qu'on peut appeler un placement de père
de famille.
12
178 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
La grande Mariée Juive (B 340 — Cl 330 — W 337 — Bl 199 —
D 329). — Assise presque de face, quoique légèrement tournée vers la
gauche, tète nue, ses longs cheveux épandus sur les épaules et retenus
sur le front par une bandelette, la femme de l'artiste — car on
suppose que c'est elle — tient dans sa main gauche un rouleau de
papier, tandis que l'autre s'appuie sur le bras du fauteuil où elle est
assise ; à gauche, une table chargée de livres. Tout à fait sur le côté
gauche de l'estampe et parallèlement au trait carré qui est perpen-
diculaire, on lit avec une extrême difficulté en écriture renversée :
R 1634 ou 1635, il est absolument impossible de savoir si c'est un 4
ou un 5 ; on opine généralement cependant pour 1634.
Très beau morceau, très rare et très poussé, tout porte à croire que des
élèves de Hembrandt ont travaillé à ce cuivre. — M. A. Legros affirme que
ce portrait n'est pas du Maître, quelques-uns veulent y reconnaître Saskia
van Ulenburg, la seconde femme de l'artiste, la jolie frisonne qu'il avait
épousée en 1634.
Dans le 1" état, tout le vêtement et le bas de la planche sont restés blancs ;
ni les mains, ni les jambes du personnage n'existent encore, il n'est vu que
jusqu'à la ceinture, et le bas de la planche est complètement vide de
travaux, le buste et le haut du fond sont seuls terminés, toute la poitrine
est restée blanche et l'ombre projetée par le personnage est très accusée ; cet
état est superbe, mais d'une insiyne rareté, une épreuve a figuré au Cincinnati
Muséum Association, en février-mars 1892. — Il y a une trentaine d'années,
croyons-nous, sir Seymour Haden en paya un exemplaire 4000 francs
à Clément.
Ventes : E. Galichon, 3« (?) état avec le point noir très apparent sur la
joue gauche, 640, de chez Arozarena — I.iphart, 575 — Hume, 850 — Didot,
1" état, 1005, provenait de chez Bernard ; 3'' état, 1500, de chez Esdaile —
Knowles, 443, sur papier à la fleur de lys, de chez Brentano — Schloesser,
sur papier à l'aigle impérial, 051 — Buccleuch, 1« état, 3750; 2'' état, les
mains et la robe sont blanches, extrêmement rare, 6500, les deux exemplaires
venaient de la collection Hawkins — Webster, 3« état, 825, de chez Didot,
prés de 50 °/o de baisse!! — Seymour Haden, 1« état, 1500, de chez
llippislc ■> Holford, 1'' état, 1375 — L. Galichon, 3« état, 260 - Artaria,
les assises ou ciment des pierres sont marquées sur le pilier droit, c'est un
l'- état, 260 — Rosenberg, 175.
Nous eussions pu allonger considérablement la liste que nous venons de
produire mais nous estimons que les 56 pièces décrites suffiront amplement
à donner la physionomie exacte de l'œuvre admirable dont elles sont
L'expression exquise et délicate. Si, cependant, il nous était loisible de
choisir parmi les joyaux qui constituent cet écrin, voici les trois diamants
de toute première grandeur que nous n'hésiterions pas à en détacher:
La Pièce aux cent florins Le Paysage aux trois arbres — Le Vieux Haaring,
qui synthétisent merveilleusement les trois genres : scène biblique, paysage
et portrait auxqui I adonna l'artiste avec une égale maestria,
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 179
RUBENS (Pierre-Paul)
Né en 1577, mort en 1640. Des graveurs de premier ordre travaillèrent
sous sa direction, les plus célèbres furent Bolswert, Pondus, Worslermann
Suyderhoff, Soutmann, Witdouck, etc.. Cette école, dite de Rubens, produisit
plus de 500 planches. C'étaient surtout les dessins plutôt que les tableaux
qui étaient interprétés par ces Maîtres. Un œuvre très remarquable et abso-
lument irréconstituable aujourd'hui fut mis sur table à 30000 francs à la vente
de l'ancien marchand d'estampes Henri Lacroix, en février 1901, n'ayant
pas trouvé acquéreur il fut retiré ; il est actuellement au Musée de Berlin.
Il y avait là également des œuvres des Maîtres de son école, Van Dyek,
Jordaens, etc., au nombre de 1480 pièces renfermées dans 23 portefeuilles.
Notons pour mémoire, à cause de sa rareté, car elle est à nos yeux sans
valeur, la seule eau-forte qu'ait, dit-on, gravée le maître lui-même :
Sainte Catherine (Dutuit 15). — Debout sur les nues et vue de
face, la sainte appuie la main gauche sur le glaive qui est posé sur la
roue de son martyre, la droite tient une palme.
Ventes : E. Galichon, 130 — Didot, S0 — Angiolini, 91 — Rosenberg, 45.
Le catalogue des estampes gravées d'après Rubens a été fait par R. Hecquet
en 1751, et par C. Cr. Woorhelm Schneevoogt en 1873.
RUYSDAËL (Jacques)*
Né en 1630, mort en 1681 à Harlem. On ne sait rien de sa vie. L'artiste a
signé une douzaine d'eaux-fortes pittoresques fort recherchées.
Voir ses catalogueurs : Bartsch, Weigel, et Emile Michel qui publia sur le
Maître et son école une brochure en 1890 à la Librairie de l'Art.
Voici les quatre pièces les plus remarquables de son œuvre.
Le Petit Pont (Bartsch 1). — A gauche adossée à des arbres, une
chaumière au toit à demi défoncé, devant celle-ci est une mare dans
laquelle est tombé un tronc d'arbre à droite; du même côté au second
plan, un petit pont, que traverse un homme suivi de son chien se
dirigeant vers la droite. A la porte de la chaumière, on distingue une
' Consulter : Eaux-fortes de Jacques Ruysdaél reproduites et publiées par Arnaud Durand,
texte par Duplessis, à Paris, chez Rapillv.
180 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
femme à mi-corps et de profil à gauche ; dans le ciel à droite, un vol
de six oiseaux. Sous le trait carré et à la hauteur du tronc d'arbre
tombé : ./. Riujsdaël f.
Cette estampe, qui est loin d'avoir la célébrité des Voyageurs dont nous
allons parler tout à l'heure, est certainement une des plus intéressantes de
l'œuvre, et supérieure suivant nous et de beaucoup, à celle que nous venons
de nommer.
Ventes : Liphart, 15, du cabinet Esdaile -- Knowles, sur papier à la
folie, 250, de chez Kat — Oppermann, eau-forte pure avant le ciel et avec la
planche sale, 376; autre état, avant que les travaux à la pointe sèche aient
disparu, 125.
Les Voyageurs (4). — Venant de gauche deux hommes et une
femme précédés d'un chien — on les distingue à peine — se dirigent
vers la droite, côtoyant un terrain inondé et boisé. A gauche de
l'estampe, un gros chêne aux fortes ramures, et à droite près des
voyageurs, un arbre à moitié déraciné, incliné à gauche et dont les
branches baignent dans l'eau. Dans le coin inférieur de l'estampe:
Ragsdaël.
Pièce célèbre plus encore, suivant nous, par sa rareté que par sa valeur
d'art. Il est très curieux de noter combien il est difficile de faire revenir
le public amateur sur le jugement porté sur une estampe, si une pièce de
second plan est cotée de premier, c'est pour toujours. La contre-partie existe
également, et l'on peut suivre dans les ventes des morceaux de premier
ordre délaissés et obtenus à vil prix : anomalies que rien ne saurait expliquer I
Il y a deux états bien caractéristiques1 : dans le 1«, le ciel a droite n'est
indiqué que par de légers travaux, et le nuage ovale ombré de hachures
n'existe pas, tandis qu'il apparaît au 2''. — Il y a une copie.
Ventes : Liphart, sur papier à la folie, 675 — Knowles, 2» état, 1ÛÛÛ, de
chez Dupper — Straeter, avant le nuage, 2562, c'est le plus bel exemplaire
connu, il provenait de la collection Detmold.
Le Champ de Blé (5). — A gauche un champ de blé, à droite
des arbres, dont l'un très grand et très touffu se détache très vigou-
reusement presque au premier plan. Tout en haut dans le coin droit :
Ruysdaël je, et en bas du même côté: F. V. W. excud,, c'est-à-dire
Francisais van WyiHjaerde excudit.
Estampe très recherchée et fort rare surtout en premières épreuves,
c'est-à-dire sans nom, ni adresse.
» Notre Ifu Dobi I Nantei po séde un exemplaire de chaque état; le premier, avant U
nuage, lui ncqul . en 1856 A la vante Hli de la Salle el payé 980 franoi, il eet tuperbe.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 181
Ventes : Liphart, avant nom et adresse, 700 ; avec ces mots, 625 — Knowles,
état intermédiaire entre le 1er et le 2e état avec la bordure fine mais avant le
nom et l'adresse, 751 — Schloesser, eau-forte pure, 1" état avant la bordure.
le nom du Maître et l'adresse, 425 — Oppermann, même état et condition,
750 — Straeter, même état, 1937 — Bâttig, 500 — Defer Dumesnil, 120,
mauvaise épreuve.
Les Trois Chênes (6). — A gauche d'un tertre couronné par un
bouquet de trois chênes, une mare sur laquelle nagent deux canards ;
au pied de ce monticule, du bois abattu. Au milieu de la marge du
bas : J. Ruysdaël in. f. 1649. Le 4 est à l'envers.
Très rare. — Il existe une copie trompeuse dans laquelle la letttre n de in
est un u.
Ventes : Lipbart, 539 — Didot, 101 — Oppermann, avant le ciel nettoyé,
330 — Fisher, 52, épreuve un peu coupée — H. G. Gutekunst, en 1894 adjugé
215 — Straeter, superbe exemplaire, 2000, de la collection Kalle.
SAGHTLEVEN (Hermann)
Né à Amsterdam en 1609, mort à Utreeht en 1685, élève de van Goyen, s'est
particulièrement distingué comme paysagiste et peintre de mœurs rustiques.
Son nom est orthographié aussi quelquefois des manières suivantes :
Saft-Leven, Zaehlleven ou Zaftleeven.
Le Grand Arbre (Bartsch 28). — A droite de l'estampe, un grand
arbre très touffu qui penche vers la gauche ; sur un tertre occupant le
milieu de la pièce, un homme est assis parlant à un autre personnage
qui traverse le chemin devant lui, l'homme assis étend la main droite,
il a près de lui un compagnon qui s'appuie sur un bâton.
Cette rare estampe est la pièce capitale de l'œuvre.
Ventes : Knowles, 375 — Oppermann, 257 — Angiolini, 162.
La Porte des Femmes blanches à Utreeht (29). — Une petite
rivière à une entrée de ville; à droite, des arbres et des maisons;
à gauche au deuxième plan, séparé des maisons ci désignées, un
chàleau. Au tout premier plan, un homme faisant baigner deux
chevaux, il est monté sur l'un d'eux. Dans le coin gauche inférieur
sous le trait carré , le monogramme ; au milieu la rubrique de
l'estampe : De Wittervroawen - poort, et à droite : A° 1646.
A la vente Knowles, un fort bel exemplaire de ce rare morceau fut adjugé
225 francs, il était en !"■ état, c'est-à-dire avant le ciel chargé de nuages.
182 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
SEGHERS (Hercule)
Né à Utrecht vers 1590, mort en 16 10 ' croit-on? Elève de Gillis de
Conincxloo d'Amsterdam, absolument méconnu de son temps et fort peu
répandu du nôtre, est un artiste paysagiste qui trouva la manière d'imprimer
ses œuvres en couleurs. Decamps dans sa vie des peintres hollandais
raconte qu'un jour il porta à un marchand une planche où il avait mis tous
ses soins à graver un admirable paysage, et que ce dernier n'eut pas honte
de lui en offrir le prix du cuivre, lui conseillant de faire de sa planche des
boites à mettre du tabac à fumer. Découragé, il s'adonna à l'ivrognerie et
se tua un jour en tombant dans son escalier.
Il n'usait, nous apprend M. Sidney Colvin, le distingué conservateur du
British Muséum, que d'une seule planche et d'une seule couleur bleue, verte,
brune ou blanche et produisait de très riches effets de ton en tintant ses
papiers, soit avant, soit après l'impression, il se servait de papiers coloriés
jaune, brun ou gris bleu et couvrait aussi son papier blanc ou chamois
d'un fond lavé d'aquarelle ; ses méthodes de coloration variaient avec
chaque impression. Rembrandt l'admira et l'étudia beaucoup.
A la vente de W.-P. Knowles qui eut lieu à Francfort-sur-le-Mein en 1879,
l'estampe suivante de cet artiste, d'après Elsheimer :
■i Tobie traînant un poisson de la main gauche est accompagné par un ange. Ils
» dirigent leurs pas vers la gauche et descentlent une petite colline, au second plan
» un paysage laisse entrevoir un horizon coupé par une rivière et renfermé entre
» deux montagnes garnies de bouquets d'arbres ».
fut adjugée 5000 francs à Clément pour un amateur dont nous respecterons
ici l'anonymat.
Cette estampe n'existe qu'à deux exemplaires, l'autre est à Amsterdam. —
A la mort de Seghers le cuivre fut acquis par Rembrandt qui s'en servit
pour sa Fuite en Egypte (B 56) ; il enleva les figures de Tobie et de l'ange et
les remplaça par celle de la Vierge montée sur un àne à côté duquel marche
saint Joseph, en ajoutant nu deuxième plan une grande touffe d'arbres.
Au 1" état, on aperçoit très bien encore des repentirs qui ne sont autres
que les ailes de l'ange. La montagne et la partie occupant le devant à
gauche n'ont pour ainsi dire pas élé modifiées.
Le Masée de Dresde possède 20 pièces de l'artiste, et le Dritish Muséum, 11 ;
ces dernières furent acquises en 1835 de la collection Sheepshanks.
SIEGEN DE SECHTEN (Louis)
Hollandais de naissance, mais allemand d'origine, naquit en 1609 et mourut
vers 1680, il est l'inventeur incontesté maintenant, du procédé dit manière
noire ' qu'il découvrit vers 1610 et qui fut exploité par le Prince Rupert.
i Dates absolument (neerfainef, car d'autres biographe! le font naître en 1825 el mourir eu îfiT.v
i Manière noire se dit en anglais tltixollnlo el en allemand Schabkuiut. — Lire: Histoire de
la gravure en manière notre, pai Léon de] tborde, i l Inslquc la préface el les note»
er Smith ;Bj Itoto portraits, etc., i vol., Londres, 1878-1883.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 183
Nous ne pouvons nous étendre longuement ici sur le procédé en lui-
même, nous sortirions de notre programme, disons simplement que la
planche est grainée au moyen du balancement d'un instrument qu'on
appelle berceau, et que les lumières s'obtiennent à l'aide d'un outil dit
racloir qui opère sur le cuivre comme le ferait un crayon blanc sur une
feuille de papier noir. L'ancien graveur procédait par ombres, de Siegen au
contraire procède par clairs ; l'un, a-t-on dit judicieusement et pour établir
nettement par une comparaison la différence de la technique, se servait du
crayon blanc, l'autre du crayon noir.
Ce procédé, tout nouveau qu'il fut, prit difficilement son essor et ce n'est
guère, chose curieuse à enregistrer, que près de cent ans plus tard qu'il
commença à être remis en honneur, surtout et très particulièrement en
Angleterre — ce qui fit même qu'on l'appelle souvent manière anglaise —
tant il s'y était vigoureusement implanté en établissant une suprématie
définitive sur tous les autres pays. C'est surtout de 1750 à 1810 qu'il y battit
son plein, du reste nous y reviendrons lorsque plus tard nous nous
occuperons de l'École anglaise et que nous signalerons ses artistes.
Contentons-nous de dire qu'en dehors de ce pays il n'y eut que
l'Allemagne et les Pays-Bas à utiliser le nouveau procédé.
La France ne compte guère que : Sébastien Barras, André Bouys, Louis
Bernard, Henri Gascar, Sarrabat et L. Lombart, tandis que l'école
néerlandaise possède, en suivant à peu près l'ordre chronologique, des
artistes de premier ordre, tels que : Wallerant Vaillant, Abraham Blooteling,
Gérard Valck, Jan van Somer, Peter Schenck, Dirck Maas, Carel de Moor,
Nicolas Verkolje, Jacob Gole, Cornelis Dusart, A. van Halen, Picter Louw...
et l'Allemagne : prince Bupert, Gaspar de Furstenberg, Jean van der
Bruggen, David Loggan, Jean-Jacob Kremer, Jodocus Bickart, Hermann-
Hendrick Quiter, Paul Multz, Benjamin Block, André Wolfgang, Henri
Popp, Christoph Lederwasch, Christoph Veigel, Christoph Heiss, Bernard
Vogel, George Kilian, les Haid, etc., pour ne citer que les plus marquants
de ces deux nations.
On peut compter dans toutes les écoles environ 350 artistes qui usèrent
du procédé, parmi ceux-ci une soixantaine employèrent des monogrammes,
lesquels bien entendu, se détachent toujours en blanc dans la gravure.
L'œuvre de Siegen se compose, croyons-nous, de 9 pièces, toutes
extrêmement rares ; voici celles qui nous ont semblé les plus dignes
d'attirer l'attention :
Amélie-Elisabeth Landgravine de Hesse (Smith 1). — En
buste, le corps tourné de trois quarts à gauche et regardant de face,
les cheveux bouclés sont épandus sur les épaules que recouvre une
large collerette unie et empesée, le derrière de la tête est couvert par
un voile de crêpe retombant sur le dos. Au-dessous du portrait, un
texte de cinq lignes commençant par ces mots: Amelia Elisabetha. . .,
puis en bas à droite de cette légende : Ao Dnj cIo.Io.c.xlil. Le cuivre est
cintré par le haut.
184 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
C'est le premier portrait gravé par ce procédé. Siegen le data de 764?
et en tira un nombre d'épreuves extrêmement limité qu'il offrit à ses amis
et à quelques hauts personnages : c'est le 1" état, qui est de toute rareté.
L'année suivante, la planche fut livrée à l'éditeur qui, pour la rajeunir,
si nous pouvons nous exprimer ainsi, au moment de sa publication, ajouta
un /, ce qui la millésima 1643 : c'est le 2' état, qui est encore assez rare ;
un exemplaire de cet état passa à la vente Griffiths et fut adjugé 325 francs;
précédemment, à la vente Didot, une épreuve de 1« état avait été payée
205 francs.
Eléonore de Gonzague (2). — En busle, le corps de trois quarts
à gauche et regardant de face, décolletée, une broche damier avec un
pendentif est fixée sur une berthe de fine guipure, à la naissance des
seins, au cou un collier de grosses perles à un simple rang. Cheveux
frisés avec boucles retombant sur le cou. Sur la tète, une couronne
posée très en arrière avec un bijou en l'orme de poire revenant sur le
front, à la naissance des cheveux et de la raie.
Cette estampe, gravée en 1643, est rarissime mais peu séduisante. — Un
exemplaire fut adjugé en avril 1894, à Stuttgart, par M. H. -G. Gutekunst,
1750 francs ; c'était un 1« état, avant l'inscription et les boucles de cheveux
sur le front.
Guillaume, prince d'Orange, comte de Nassau (3). — Très
jeune, à mi-corps, de trois quarts à droite, il regarde de face, on
aperçoit le haut de l'armure du bras droit, les cheveux très épais
couvrent presque le front et viennent par derrière s'épandre sur un
large col blanc garni d'une fine guipure. Au bas de l'estampe, sur
une seule ligne occupant toute la largeur, un lit : Guilhelmus D. G.
princeps... MDCXLIIII.
Superbe portrait, très rare, adjugé .'(125 francs par 11. -G Gutekunst, en
avril 1894
Augusta-Maria. fille de Charles Ier d'Angleterre (4). —
A mi-corps, décolletée, presque de face et regardant légèrement à
droite, les cheveux sont bouclés et retombent de chaque côté sur les
épaules, le chignon comme le cou est orné d'un rang de perles. Un
bijou avec pendentif en forme de poire est fixé sur le devant de la
berthe, à la hauteur de la poitrine. Au bas de l'estampe, sur une seule
ligne occupant la largeur du cuivre : Augusta-Maria-Caroli. . .
Rare. — Un exemplaire fut adjugé en avril 1801, par H. -G. Gutekunst,
3375 francs ; le modèle n'est pas séduisant
ECOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 185
Citons encore les autres pièces gravées par Siegen : L'Empereur
Ferdinand III qu'il faut avoir en l" état, c'est-à-dire avant le monogramme
et la répétition du millésime 1654 ; saint Bruno ; La Sainte Famille ; saint
Jérôme et saint Ignace de Loyola.
Les gravures en manière noire ont un peu le même aspect que celles
obtenues par l'aquatinte ; la technique est, on le sait, essentiellement
différente, et un œil tant soit peu exercé ne pourra se tromper sur le
procédé.
Parmi les pièces de divers autres artistes, de la dernière rareté, mention-
nons : Sir Thomas Isham, d'après Lély, par David Loggan, 3 exemplaires
connus. — Barbara, duchesse de Clcveland et sa fdle, par Henri Gascar,
5 exemplaires. — Princesse Anne-Sophie de Hanovre, par Bernard Lens,
2 exemplaires.
SUYDERHOEF (Jonas)
On ignore la date de sa naissance et de sa mort, on croit cependant ne
pas trop s'éloigner de la vérité en leur assignant les années 1600-1670. On
ne sait également rien de sa vie ; c'est à Leyde probablement qu'il naquit.
Il était élève de Soutmann.
Graveur habile, son catalogue fut dressé par J. Wussin en 1862, et traduit
en français en 1863, par M. H. Hymans, le très distingué conservateur de la
Bibliothèque Royale de Bruxelles, auquel nous sommes heureux d'adresser
ici nos respectueux remerciements pour l'amabilité et le savoir avec lesquels
il a bien voulu répondre aux renseignements que nous lui avons demandés
dans maintes circonstances.
Wussin relève 130 pièces ; 101 portraits et 29 sujets divers. — Çh. Le Blanc
en mentionne 136.
René Descartes (Wussin 23).
Nous mentionnons ce portrait parce que à la vente Didot il en passa un
état non décrit, avant l'adresse de P. Goos, il fut adjugé 235 francs ; très rare.
Jean Koets (48).
Un l«r état non décrit, avant le nom R. Koets Pins, en bas à gauche de
l'ovale, adjugé à la même vente 150 francs ; très rare.
Les Syndics (102). — Les quatre syndics coiffés de chapeaux à
larges bords sont assis dans une salle ornée de niches avec statues,
lorsqu'entrant à gauche, le chapeau dans la main droite, l'avocat
Corneille van Davelaer vient anoncer l'arrivée de la reine de France.
Cette belle estampe servait à illustrer un volume publié à Amsterdam
en 1639, intitulé : Blyde Inkomst. . . van Maria de Médicis, etc., elle fut gravée
d'après Keyser. — Au Cabinet des Estampes, il existe une épreuve de l"état
186 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
avant les noms des artistes, quatre exemplaires seulement sont connus, le
nôtre fut acquis en 1812 à Amsterdam, moyennant 600 francs.
Ventes : Liphart, 82 — Oppermann, 100 — Griffiths, 78 — Bouillon, 18.
La Paix de Munster (103). — Debout, autour d'une table
recouverte d'un lourd lapis, les très nombreux plénipotentiaires et
ambassadeurs se trouvent réunis, attentifs à la communication d'un
texte qui va leur être donné, car les deux personnages qui tiennent ce
texte ont encore la boucbe fermée. Les personnages qui sontàgaucbe
ont levé la main droite. Sur la table, différents objets dont un coffret ;
sur le mur tout à fait à gauche, une planche rectangulaire est
accrochée et on y lit : Pax optima rerum. En bas, en dedans du trait
carré à gauche : Geraert ter Durch pinxit. A droite : Jouas Suyderhoef
scnlpsit. En dehors du trait carré, dans toute la longueur de l'estampe
sur trois lignes : Icon exactissima, qua ad vivum. . .
Grande et belle pièce célèbre, malheureusement tirée unpeusec et presque
toujours trop encrée. 11 faut tâcher de l'avoir en l«* état avant toutes lettres,
ou en 2'" état avec la lettre, mais avant le nom des artistes.
Ventes : Behague, 1000, le plus bel exemplaire connu — Bouillon, 76, de
chez Esdaile — Dcfer-Dumesnil, 165.
Les Joueurs de trictrac (123).
A la vente Guichardot, un exemplaire de 1« état avant toute adresse fut
adjugé 230 franes ; la pièce est gravée d'après van Ostade.
VAN DE VELDE (Adrien)
Né à Amsterdam en 1637 où il mourut en 1692; habile graveur animalier
et paysagiste. — Son œuvre compte une vingtaine de pièces.
La Porte du bourg (Bartsch 18). — La place d'une bourgade
avec sa porte occupe le milieu de l'estampe ; à gauche quatre paysans
sont assis à la porte d'un cabaret, près d'une grande table, ils semblent
saluer un homme, une femme et un garçon qui arrivent accompagnés
«le deux àncs et de deux moulons, la femme est moulée sur l'âne,
l'homme et le jeune gars sont à pied, lui haut à gauche: A, V. Velde
/'. 1653 . le 3 est renversé.
Une épreuve fort belle fut adjugée en 1894 par H. -G. Gutekunst, 500 francs;
C'est de toute rareté.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 187
Le Paysan à cheval (21). — Un paysan à cheval, enveloppé de
son manteau et coiffé d'un large chapeau rond, se dirige vers la
gauche, il est suivi d'un autre paysan qui a son bâton sur l'épaule et
derrière lequel marchent bœuf, mulet et trois personnages ; au fond,
une chaumière entourée d'arbres devant laquelle passe un berger avec
son troupeau. En haut à droite : A. V. Velde 1653.
Très rare.
VAN DER MEER DE JONGE
Elève de Nicolas Berghem, naquit vers l'an 1656 et mourut en 1706. Son
œuvre est fort mince, 8 ou 10 pièces au plus.
La Brebis debout (Bartsch). — Dans la campagne, au pied d'un
gros arbre à gauche, une brebis occupant le milieu de l'estampe est
debout la tête à droite, tétée par son agneau ; derrière elle un autre
petit est couché, et à droite au premier plan deux autres moutons.
Un exemplaire d'un état inconnu à Bartsch et à Weigel a passé à la vente
Oppermann où il fut adjugé 502 francs ; il était avant les tailles sur la tète
de la brebis qui est debout et avant les tailles diagonales sur l'ombre du
coin inférieur à droite. Rarissime, peut-être même unique, nous ne le
signalons qu'à titre de curiosité, car la brebis a l'air en bois tant les jambes
sont raides et mal dessinées.
VAN DYCK (Antoine)'
Né à Anvers le 22 mars 1599, mort à Londres le 9 décembre 1641. Le
meilleur élève de Rubens, peintre fameux entre tous par la distinction de sa
facture, le merveilleux de son coloris, a gravé lui-même 19 portraits à l'eau-
forte ; ces pièces, dont il n'a exécuté de sa main que les têtes, sont extrêmement
rares et recherchées, il les faisait terminer par des artistes de grand talent
qui se nommaient de Jode, Galle, G. Hondius, Schelte à Bolswert, Vorsterman
et Pontius. Ces trois derniers surtout étaient de métier très supérieur. Voici
les noms des 19 personnages dont il a reproduit les traits :
Jean Breughel — Pierre Breughel — Antoine Cornelissen — Van Dyck —
Erasme — François Franck — Momper — Adam Noort — Paul Pontius —
' II y a quelques années une des plus belles collections de l'œuvre se trouvait à Philadelphie,
chez M. Henry C Léa. — Consulter: Eaux-fortes d'Antoine van Dyck. reproduites et publiées
par Amand-Durand, texte par G. Duplessis, à Paris, chez Rapilly.
188 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Jean Snellincx — François Snyders — Jast Suttermans — Antoine Triesl —
Lucas Vorsterinan — Guillaume de Vos — Paul de Vos — Jean Wael —
Jean Wawerius — Philippe Leroy.
Il a, de plus, gravé : Le Christ au Roseau, et Le Titien et sa Maîtresse.
Il est vraiment extraordinaire de constater que ce peintre des suprêmes
élégances, n'ait pas gravé an seul portrait de femme, lui qui vivait dans ce
milieu raffiné de la cour de Charles [«' d'Angleterre, où fréquentaient les
beautés les plus orgueilleuses de cette époque; il a craint, sans doute, d'être
impuissant à rendre et la blancheur de leurs gorges et la troublance de leurs
yeux, et il a demandé à la magie de son pinceau ce que l'cau-forte lui eut
certainement refusé.
Il existe cependant une suite de dix portraits dite Les Comtesses dr Van
Dgck; mais Pierre Lombart qui les grava est un artiste de second plan, qui
se montra traducteur sec et incolore, aussi ces burins ne sont-ils point à
recherchés parles collectionneurs. Il est fâcheux vraiment que le Maître ait
eu un aussi pauvre interprète pour populariser les traits de cette fine fleur
de l'aristocratie anglaise qui se nommait les comtesses : Anna Carr de Bedfort,
Lucie et Marguerite de Carlisle, Anne-Sophie de Carnavon, Élizabeth de
Castlehavcn, Elizabeth de Devonshire, Rachel de Middlesex, Pénélope
Xaunton et Pénélope Herbert de Pembrockc, Dorothée de Sunderland.
Huit iconographes se sont particulièrement occupés de l'artiste, les
voici, d'après l'ordre chronologique : William Hookham (".arpenter, de
Londres' (1811); Hermann Weber, marchand d'estampes à Bonn (1852);
von Szwykowski (1859); G. Duplessis (1874); le docteur Wibiral (1S77), ce
dernier, qui avait une collection - très intéressante et presque complète de
l'œuvre du Maître, est, croyons-nous, le plus consulté aujourd'hui, malheu-
reusement, d'une prolixité dont on aurait supposé que fut née la clarté, il
n'est résuté souvent que la confusion la plus grande. Signalons aussi une
chose unique et tout à fait extraordinaire dans un catalogue raisonné...
l'auteur a omis tout simplement de décrire les pièces mentionnées ! ! Eugène
Dutuit (1881); Alfred Michiel (1881), et enfln .Iules Guiffrey (1882).
L'œuvre gravé de Van Dyck au point de vue des états et des éditions de
son Iconoijraphie ' est singulièrement compliqué, essayons de jeter un peu
de lumière au sujet de ces derniers en disant que les éditeurs de ces
planches ont été nombreux, et que le premier est Martinus van den Enden,
d'Anvers, les poitrails avec cette adresse sont au nombre de SO. La plus
grande partie de ce fond passa vers Kilt à Gillis Ilcndric.r, d'Anvers
également, qui porta au nombre de 100 les portraits de cette Iconographie
connue alors sous le nom de La Centurie. Un petit nombre de planches
allèrent chez d'autres éditeurs tels que : .1. Meyssens et Fr. van de
Wvngaerde.
Van den Kndcn marquait ses cuivres de ses noms; Gillis Hendricx de ses
initiales Ci. II; son premier successeur les effaça soigneusement, et les
cuivres sont absolument sims adresse.
' Traduit par L. Hymani en IMS, a Anvers.
' Vendue à Vienne en Mars 1883, par Wawra.
' imncs prtnclpum, Vtrorum doclorum, plctor. . . numéro centum, Antwerp Gttlei ilrndricx.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 189
La plupart de ces cuivres, au nombre de 128, furent vendus en 1851 à la
Chalcographie • du Louvre, pour 2500 francs, par un marchand de Liège
nommé van Marke qui au lieu de recevoir cette somme en espèces, fut payé
en estampes de la dite Chalcographie. Disons en passant que, dès avant cette
cession, les portraits de van Oort, Friest et Wawerius avaient donné lieu à
des truquages.
En résumé voici, d'après nos recherches, comment se peuvent classer les
éditions de l'Iconographie (Icônes principum, etc.).
Ire édition. — Le titre ci-dessus avec l'adresse de Martin van den Enden.
2e édition. — Le titre ci-dessus avec l'adresse de Gilles Hendricx ou ses
initiales.
3« édition. — Les initiales enlevées, le titre changé en : Le Cabinet des
plus beaux portraits... Anvers, Yerdussen. Sans date.
A' édition. — Sur le titre, au lieu d'Anvers, il y a Bruxelles 1728.
5^ édition. — Le titre est encore modifié et on lit : Iconographie ou vie
des hommes illustres du XVIIe siècle... Amsterdam 1159.
Disons aussi que le collectionneur ne doit rechercher dans l'œuvre de
Van Dyck, que les premiers états d'eau-forte des portraits qui sont gravés de
la main même du Maître ; les autres sont sans intérêt.
Voici, dans la série des 19 gravés par lui, les 7 qui sont les plus inté-
ressants, ces portraits sont fort recherchés, nous le répétons, mais person-
nellement nous devons confesser — quitte à nous faire conspuer — qu'ils
n'ont pas le don de nous emballer, nous n'y pouvons trouver l'originalité,
la vie, le modelé, le relief, cet accent, en un mot, que nous rencontrons si
puissant chez ceux de Rembrandt, de Nanteuil, Edelinck, etc.
Jean Breughel5 (Wibiral 1). — A mi-corps, de trois quarts à
gauche, la tête est nue presque de face, le nez un peu fort, les yeux
profonds, forte moustache, barbiche en pointe, le cou orné d'une
collerette, la main droite a ramené le manteau sur la poitrine.
l«état. — La tète est terminée, le fond est blanc. La ligne du bas qui
servira d'encadrement existe seule à la pointe.
'2fi état. — Avec le fond, l'encadrement terminé à la pointe.
3e état. — Dans la marge du bas, au burin : Joannes Breughel, mais
avant les initiales G. H.
4« état. — Avec les initiales.
5e état. — Les initiales effacées.
Les deux premiers états sont introuvables ; on s'accorde à croire que les
états d'eau-forte étaient tirés à 100 exemplaires seulement, mais c'est une
pure supposition ; dans tous les cas, ils sont excessivement rares. — Le
cuivre existe encore.
* La chalcographie vend aujourd'hui 130 francs la collection complète des 120 portraits. Les
planches isolées varient de 60 centimes à 5 francs.
* Dît de Velours.
190 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Ventes : Liphard, 2e état, 364 — Schloesser, même état, 387 — Mailand,
même état, 345 ; l'exemplaire était signé au verso P. Mariette 1672 —
Oppermann, 1" état, 512 — Wibiral ', 2" état, 522, de chez Schloesser —
Griffiths, l«f état, 450, de chez Dclessert — Wolff, 2fl état sur papier aux C
entrelacés, 512 — Straeter, 4e état, 115 — Bàttig, 1" état, 331.
Pierre Breughel-' (2). — A mi-corps, de trois quarts à droite, la
tète nue et de face, le cou entouré d'une collerette, moustache et
barbiche, un manteau sur les épaules laissant entrevoir seulement la
main droite.
1er état. — Avant toutes lettres, la tète seulement terminée, au bas de
l'estampe tracée brusquement une ligne sous laquelle sera
la légende.
2e état. — Avec la lettre : Pelrus Breughel... mais avant les initiales G. H.
3« état. — Avec ces initiales.
4- état. — Le mot de la légende : Prospectuum a été remplacé par Actionum.
5« état. — Les initiales G. H. ont été effacées.
La planche existe encore.
Ventes : Liphart, 1er état, 625 ; 3= état, 75 — Didot, avant toutes lettres,
500 — Knowles, 1" état, 389 — Griffiths, 1er état, 150 — Wibiral, 1" état,
402 — Wolff, 1er état, 575, papier aux deux C entrelacés — Buccleuch,
l'œuvre gravé par le Maître lui-même, c'est-à-dire 21 pièces — il y manquait
les portraits de Cornelissen, Snyders, Triest et Waverius — relié en cuir de
Russie, fut adjugé 8750 francs ù Meder de Berlin ; nous ignorons si c'était
pour son compte ou s'il était commissionué.
Antoine van Dyck (4). — La tête seulement de trois quarts à
droite, indiquant par son mouvement (pic l'artiste tournait presque le
dos, fine moustache et petite mouche courte, cheveux frisants.
1er état. - Eau-forte pure, avant toutes lettres, un simple trait indique
le collet du vêtement qui n'existe pas ; nun décrit et
rarissime.
'J' état. — Terminé par Jacques Neeffs ; sur le socle où est posé le buste,
on lit sur le piédestal une inscription de 10 lignes : Icônes
principum... à gauche en bas, on lit: Jm- Neeffs sculpsit,
et dans un cartouche : Antwerpiœ (Hllis Hendricx e.vcudit
A" tG'iS*. — Très rare.
état. — A» et 1645 sont effacés.
i l.;i t-oili't-iinn du (lm-icur \vil>ii:il i-t.iii exclusivement composée de van Dyck, crlle du
iim leur il. Wolii l'était en majeure partie.
DU d'Enfer, peintre de diableries,
i C'esl Le portrall <iui, dans cel i tat, sert it'- Frontispice .i la première édition de '■■ Hendricx.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE li)l
4* état. — L'adresse de G. Hendriex remplacée par celle de : Henricus
et Cornélius Verdussen excudiint et au lieu du numéro cenlum
on lit : Numéro centum et Viginti quatuor. — Planche remaniée
et très mauvaise.
Ventes : Liphart, 2e état, 262 — Oppermann, 2c état, 275 — Griffiths,
1" état, 1312 — Wibiral, 2<= état, 420 — Wolff, 1er état sur papier aux
deux G entrelacés, 2650, un des plus beaux exemplaires connus — Seymour
Haden, même état, 1250 — Holford, même état, 1875 — Straeter, 2* état,
300 — Dreux, 1er état, 310.
François Franck (6). — A mi-corps, de face, enveloppé dans
son manteau d'où émerge la main gauche, il est vêtu d'un justaucorps
boutonné très haut et laissant apparaître un large col de chemise ;
à la gauche du personnage, une colonne rectangulaire.
1" état. — Eau-forte pure, avant toutes lettres, avant le trait carré, la
tête seule est gravée.
2e état. — Travaux du fond enlevés au burin, la colonne apparaît ainsi
que le trait carré à peine indiqué dans le bas.
3e état. — Avec le titre : Franciscus Vranx... et avant les initiales G. H.
4e état. — Avec les initiales.
5« état. — Le nom Vranx est écrit Franck.
6e état. — Les initiales sont effacées.
Le 1er état est tellement rare qu'on peut presque le considérer comme
introuvable.
Ventes : Liphart, 403 — Didot, 480 — Oppermann, 508 — Wibiral, 442 -
Wolff, 256 — Straeter, 256. — Toutes ces estampes sont du 2e état.
Philippe Le Roy (Wibiral, page 69). — A mi-corps, tourné de
trois quarts à droite et regardant de face, avec cependant une légère
tendance des yeux à gauche, les cheveux frisants aux tempes, avec
une houpe ou mèche relevée sur le milieu du front, fine moustache et
barbiche.
Il existe 0 états ; le 1er est une eau-forte pure, avec une tache de morsure
d'acide à droite, à la hauteur de la barbiche de laquelle elle est distante
d'environ douze millimètres ; il n'y a de gravé que la tête et une partie de
la poitrine, cette tache a disparu au 2e état. — Insigne rareté.
Le Département des Estampes en possède un exemplaire superbe exposé
dans la salle de travail ; il porte à l'encre cette note manuscrite du temps :
Philippe le Roy anno 1631 peint par Van Dyck.
Ventes : Liphart, 4e état, 400 — Didot, 1er étal, 230 — Mailand, mauvaise
épreuve doublée, 45, exemplaire coté i« état par Wibiral, et 2e par Duplessis —
Oppermann, avant toutes lettres, avant la cbaîne d'honneur, et avant les
armes, particularités inconnues à Wibiral, 258; de toute rareté — Wibiral, 72 —
Wolff, 1er état, 1506, sur papier aux deux C entrelacés — Holford, même
état, 725 — Angiolini, même état, 1002 — Straeter, 2« état, 694.
192 ÉCOLE HOLLANDAISE KT FLAMANDE
Ecce Homo dit Le Christ au Roseau (Wibiral, p. 68). — A droite
debout de face à mi-corps, le torse nu, les mains liées, la tête cou-
ronnée d'épines et dans un rayonnement, le Christ l'air attristé, le
corps légèrement incliné, regarde à gauche le roseau que lui remet un
bourreau, entre eux deux un homme d'armes casqué de profil à droite,
avec une lance dont on ne voit que la hampe dans la main droite.
I" état. — Eau-forte pure. — Deux exemplaires connus, au British Muséum
et chez le duc de Devonshire.
2° état. — Reprise par Wosterman, croit-on, avec en bas quatre vers,
commençant par : Ecce slat . . .
3>-- état. — Les mots Cum privilégia sont suivis de Régis et de l'adresse
de : A. Bon Enfant exca.
4* état. — L'adresse de A. Bon Enfant effacée; et à la suite de van Dyck,
on lit : Invenii et fecit aqua forti.
5e état. — Avec l'adresse de J.-P. Le Bas, etc. . .
Ventes : Howard, 4<= état, 73 — Liphart, 2e état, 312 — Didot, 2* état, 60 —
Griffiths, 10G, de chez Maberley — Wibiral, avant que les mots... et fecit
aqua forti aient été ajoutés, 126 — Bouillon, 3e état, 135.
Le Titien et sa Maîtresse (Wibiral, p. 69). — A droite de
l'estampe, à mi-corps, le visage presque de face, le corps de trois
quarts à gauche, le corsage au revers fourré laissant voir le cou par
son décolletage carré, la jolie Laure de Diante ' a le coude gauche
appuyé sur une cassette de forme cubique renfermant une tète de
mort, pendant qu'à gauche le vieil artiste, la tète coiffée d'une calotte,
le bras droit reposant sur un entablement, de profd à droite, la
contemple amoureusement.
1er état. — Eau-forte pure avant toutes lettres, toute une partie droite du
cou et de la joue et de l'épaule de la femme restée blanche. —
Epreuve unique au British Muséum provenant de la collection
Cracherode.
La partie blanche reprise, mais encore avant toutes lettres. —
Rarissime.
Avec les quatre vers: Ecco il bclvcder. . . et la dédicace: Al
molto illustre . . .
Sous la dédicace: Titian itweidor... et A. Bon Enfant exctt.
L'adresse de A. Bon Enfant effacée.
Ventes: Howard, lr état, 40 E. Galichon, > fiai, 330, de chez Bertin,
où elle fut payée 255 en 1854 — Liphart, 3« état, 250 — Didot, 3" état, 100 —
i Seconde femme du duc de Ferrure Mphonie l . el d'abord u mnîtrease el non celle du
i itien comme l'Indique m lorl le titre de l'ettampe.
•±r
état.
3«
étal.
4'
état.
>
état.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 193
Schloesser, 2e état, 564 — Oppermann, même état, 294 — Wibiral, même
état, 187 — Wolff, 3e état, 181 — Bouillon, même état, 52.
Citons pour terminer le portrait de Don Emanuel Frockas Perera et
Pimentel (W 47) dont an état inconnu à Wibiral, c'est-à-dire avant toutes
lettres et avant la planche coupée1, passa à la vente Oppermann où il fut
adjugé 500 francs et 737 à celle de Wolff.
Une intéressante exposition de l'œuvre fut faite par F. Keppel à New-York
en 1897, le catalogue était précédé d'une courte introduction de M. Atherton
Curtis.
VISSGHER (Gornélis)
Il y eut plusieurs Vischer, mais le plus célèbre, celui qui nous occupe ici
est Cornélis ou Cornélius, il naquit à Harlem vers 1610 et mourut en 1670.
Son œuvre qui est considérable, 200 pièces environ, est assez recherché,
certains morceaux en états exceptionnels, il est vrai, atteignent parfois de
gros prix dans les ventes, nous en citerons quelques-uns ; ce sont les
portraits qui dominent.
Il a eu de nombreux catalogueurs, les principaux sont : Hecquet 1751,
William Smith 1864, Wussin 1865, Wessely 1866 et Dutuit 1885.
Gellius de Bouma (Smith 89 — Wussin 8). — Assis et vu
jusqu'aux genoux, tourné à droite et regardant de face, il porte une
longue barbe blanche et une tête pleine d'expression émerge d'une
large collerette empesée, la main droite tient le pan de son manteau ;
à sa droite est une table sur laquelle se voit un grand livre ouvert, et
près d'un écriloire et d'une plume un petit papier sur lequel on lit :
C. de Vischer ad vivum deli et sculp., écrit en trois lignes. Dans la
marge : Gellius de Bouma, et au-dessous quatre vers latins et quatre
vers hollandais, et à la suite : J. Visscherius.
Ce portrait, qui est la pièce capitale de l'œuvre, est connu dans le monde
des estampes avec celui de Vinius et de Ryck sous la rubrique : Les grandes
Barbes .
Le le état qui est rarissime est dit au livre blanc, c'est-à-dire que le feuillet
de gauche du livre, dont le coin est relevé, est tout blanc, et que celui
de droite n'a pas encore les tailles indiquant les lignes d'écriture. Le 2e état
est avec l'écriture sur le feuillet du livre, mais avant l'adresse : Tôt Amsterdam
by Johannes, etc... et avant le millésime 1656. Aux épreuves du dernier état,
l'adresse et l'année sont effacées, et le tirage, très faible alors, a été géné-
ralement fait sur un papier plus épais que celui dont on s'est servi pour les
états précédents.
1 Elle mesurait initialement 191™" sur 253"".
13
194 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Ventes: Liphart, 2* état, 100 — Didot, 1er état, 805, provient de la vente
Debois où, en 1845, il fut adjugé 510; le même, en 3e état, 100 — Schloesser,
2e état, 201 — Oppermann, même état, 189 — Griffiths, même état, 125 —
Aylesford, même état, 200 — Straeter, même état, 1000, provenait de chez
Griffiths — Defer Dumesnil, avec le millésime, 175 — Loyd, au livre blanc,
2525 francs.
Willem de RYck (Sm 115 — W 40). — Assis, à mi-corps, il
regarde de face, la main gauche ramenée sur la poitrine, la barbe est
très longue, la tête est coiffée d'une calotte.
Le l«r état avant le titre et avant les douze vers est extrêment rare.
Ventes : Didot, 2e état de Smith, 350 — Straeter, provenant de chez Didot,
725, mais classé 4« état par Dutuit.
Vinius (Sm 126 — W 53). — Vu à mi-jambes et assis, il a le
coude appuyé sur une table et tient de la main gauche un papier
couvert d'écritures, derrière lui des armures et des carabines. Au
milieu de l'estampe à gauche en deux lignes : Corn Visscher — Delinea
et sculp. ; au-dessous sur un ballot on lit 1650, et sur un tonneau
A° 2500, et sur un autre tonneau placé derrière le fauteuil, 1000 ff.
Cette estampe est dite : L'Homme au pistolet. — Il existe un état extrêmement
rare qui est le 2e, croyons-nous, il est avant la lettre, avec A» 2500, mais
avant le chiffre 1000 qui est sur le tonneau, derrière le fauteuil.
Ventes : Didot, 2<-- état, provenant de chez Révil et Verstolk de Soelen,
1510 — Griffiths, 306, de chez Verstolk, mais sans désignation d'état.
La Fricasseuse (Sm 42 — W 162). — Une femme est assise
devant une cheminée, ayant près d'elle un vieillard qui allume sa
pipe et un enfant qui tient un beignet. Une jeune iille est debout
derrière le vieux ; des ustensiles de cuisine et un chat sur un rouet
complètent le tableau. En bas à gauche : Corn. Vischer Inv. et sculp.
Le 1er état est avant l'adresse de Cl. de Jonghe. — C'est une des meilleures
pièces de l'artiste.
Ventes : Howard, avec l'adresse, 80 — Liphart, même état, 62 — Griffiths,
avant l'adresse, 220 — Straeter, même état, 111, de chez Ilolford.
Le Marchand de mort aux rats (Sm 43 — W 160). — Accom-
pagné d'un chien et d'un petit garçon qui, au bout d'une perche,
porte des rats pendus, le marchand coiffé d'une casquette et vu de
ace présente un morceau de sa drogue; sur sa manche droite court
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 195
un de ces rongeurs ; sa main gauche s'appuie sur la boite qu'une
courroie suspend à son côlé. Dans le haut du coin droit, au-dessus
de la tète du gamin : C. Wisscher inv. et sculp.
C'est encore une des bonnes pièces du graveur qui vaut dans les mêmes
prix que la précédente ; un 1er état avant la lettre, avant les mots Inv. et sculp.
et les armes d'Amsterdam, passa à la vente Schloesser ; il y fut adjugé
575 francs.
A rejeter les épreuves portant l'adresse de F. de Witt qui est le dernier et
6e état.
Signalons pour finir le très beau morceau : Les Violonneurs (Sm 80 — W 161).
VLIEGER (Simon de)
Très joli graveur, de la vie duquel on ne sait pour ainsi dire rien ; on
le croit né à Amsterdam en 1G02. Il s'adonna aux paysages, marines et
scènes champêtres ; environ une vingtaine de pièces. Il signait souvent des
lettres S. D. V.
La Langue de terre (Bartsch 4). — Une presqu'île plantée
d'arbres est baignée par une large rivière sur les bords de laquelle on
aperçoit à droite des maisons entourées d'arbres. Dans cette rivière
un bateau est amarré à un arbre à gauche ; à droite il y a deux
canards près desquels on voit les lettres S. D. V. f. '
Eau-forte de la dernière rareté qui manque au Département des Estampes.
Ventes: Kalle, 127 — Knowles 1er état non décrit d'eau-forte pure, avant le
ciel, avant le numéro 2 au coin supérieur gauche, avant la lettre F derrière
la lettre V du monogramme, et avant les travaux au burin sur le grand arbre
au milieu de la langue de terre, 425 francs, exemplaire de la collection
Mecklenburg ; la même, 2« état, 140 — Straeter, sur japon de la collection
Isendoorn, 169.
Le Bourg ' (9). — A gauche de l'estampe des maisons au bout
desquelles deux gros arbres ; à droite un gros arbre sous lequel un
cheval s'abreuve dans une auge et un homme tirant de l'eau d'un
puits. Au milieu de l'estampe, bœufs et charrette attelée de deux
chevaux se dirigeant vers la gauche ; devant la charrette, un mendiant
1 Ou Le Vieux Bourg, fait pendant à L'Auberge; une épreuve rarissime de cette dernière pièce
ui>a;i( le fond tracé, figurait à l'exposition Dutuit en 1869.
196 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
à la jambe de bois, son chapeau à la main, son chien près de lui. En
bas à gauche, sous le trait carré très légèrement tracé à la pointe :
S. de Vlieger.
Ventes : Liphart, l«f état d'eau-forte pure avant le fond au milieu, les
arbres et le mur n'existent pas, on ne voit qu'un seul arbre a côté des
maisons, et la couverture de la charrette est blanche, rarissime, 200 —
Knowles, même état, 550 — Oppermann, sur papier à la folie, 2« état, 112.
VORSTERMAN (Lucas)
Né a Anvers en 1578', mort à Bommcl en 1067. Graveur d'une habileté
consommée, peut-être le meilleur élève de Rubens, a gravé environ
150 planches, dont la moitié sont des portraits.
Citons suivant nous son chef-d'œuvre, d'après van Dyck ; la figure de la
Vierge est admirable d'expression.
Le Christ mort. — Le Sauveur est couché au pied de la croix où
il vient d'expirer, la face encore angoissée par la douleur et le sang
s'échappant du flanc droit, il est étendu de gauche à droite soutenu
par sa Mère qui, les yeux au ciel les bras étendus, prie. Les anges
arrivent de la gauche, l'un a les mains jointes, l'autre les bras
étendus. Sur le premier plan à droite, deux clous et la couronne
d'épiites sont à terre. Au fond à droite on aperçoit un temple et dans
le ciel trois têtes d'anges.
Le U1' état est avec le titre en deux lignes, avant le mot Régis et avant
l'adresse du graveur ; le 41-' et dernier état est avec l'adresse de Honenfant.
Mentionnons encore la superbe Descente de Croix, d'après Hubens, dont
un exemplaire de lci état, c'est-à-dire avant L'adresse de Corn, van Merlen.
atteignit 375 francs à la vente Didot.
WALLERANT-VAILLANT
Ne à Lille en 1G23, mort à Amsterdam en 1077. Un des premiers graveurs
en manière noire. Son œuvre est assez considérable et se monte a prés
de 250 pièces ; il a touché un peu à tout : portraits, sujets bibliques,
mythologiques cl allégoriques; il a même l'ait quelques paysages.
i CctI iphes le Boni naître A Gueldre en 1580 ; c'est bien entendu de Vbrslerman ilii
h Vit h ' donl nous parlons Ici, cl non de son fils.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 197
Il a été catalogué par Wessely avec annotations et amplifications de
Ver Loren van Themaat à Utrecht, en 1865.
Parmi les portraits les plus rares qu'il ait gravés, citons celui de
Madame Vaillant : Assise à mi-corps sur une chaise, les bras croisés à la
hauteur de la ceinture, la jeune femme est de trois quarts à droite et
regarde de face. Les cheveux sont séparés par une raie médiane, elle porte
des bandeaux plats, presque à la Boticelli ; le lobe de l'oreille est orné
d'un bijou en forme de poire.
On ne collectionne guère l'œuvre de cet artiste bien monotone et bien
peu intéressant.
WATERLOO (Antoine)
Né à Amsterdam ou à Utrecht vers 1618, mort en 1662 (?) — On ne sait rien
de sa vie. Paysagiste réputé, il a rendu avec infiniment de sincérité les
bois, les étangs, les rochers et tout particulièrement le feuillage ; on croit
qu'il faisait mordre très légèrement ses cuivres à l'eau-forte et redonnait
ses valeurs à l'aide du burin, ce qui souvent produisait des lourdeurs qui
venaient s'accentuer encore quand l'usure du tirage faisait évanouir les
délicatesses de l'eau-forte. Ses figures étaient mauvaises, et ses pièces
presque toujours de petit format.
Il n'y a pas dans son œuvre, qui se compose de 130 à 140 pièces, de
morceaux absolument hors ligne, mais nous estimons qu'il est bon d'avoir
quelques spécimens de l'artiste dans une collection ; il y a aussi un choix
très attentif à faire au point de vue du tirage, qui est parfois très inégal.
Notons que les premiers états sont excessivement rares.
Le Rocher percé (Bartsch 3).
Un état unique, non décrit par Dutuit, c'est-à-dire avant le numéro et le
nom, a passé à la vente Straeter où il fut adjugé 294 francs.
Les Voyageurs au bord du grand chemin (98).
Un tout 1" état, à la même vente, adjugé également 294 francs.
Le Fauconnier et le Chasseur (104).
A la vente Liphart, une épreuve de tirage, c'est-à-dire un dernier état, fut
adjugé 21 francs, tandis qu'un tout 1" état, à la vente Straeter, monta
jusqu'à 331 francs ; ces énormes écarts de prix, constamment remarqués
dans les adjudications, montrent bien aux amateurs que les conditions
d'état, de marge, de conservation ont une influence considérable sur la
valeur marchande de la pièce. Ceci dit surtout pour certains provinciaux -
honni soit qui mal y pense — qui sont absolument étonnés de voir qu'on
ne voudrait pas leur payer quatre sous certaines estampes qu'ils possèdent,
et qu'ils viennent de voir coter des prix qui leur paraissent absolument
fabuleux.
198 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
Le Moulin (119).
Un des paysages les plus rares de l'œuvre. Le 1" état est au toit presque
blanc et avant le trait échappé qui descend de l'arbre vers le moulin.
Paysage avec le Prophète de Juda (133).
Rarissime estampe adjugée à la vente Liphart 375 francs et 351 à celle
d'Oppermann en épreuves d'essai, c'est-à-dire avant les travaux sur les
jambes du prophète, ce qui les fait paraître nues.
Les collections Liphart, Oppermann et Straeter étaient particulièrement
riches en œuvres de cet artiste.
WIERIX (Jean, Jérôme et Antoine)
Selon Alvin, qui a fait en 18CG un catalogue extrêmement remarquable de
l'œuvre de ces artistes — 2055 pièces1 y sont mentionnées — Jean était né
en 1549, Jérôme en 1553, quant à Antoine, on ne connaît que la date de sa
mort en 1C24.
On avait longtemps cru que ces graveurs étaient natifs d'Amsterdam,
Alvin a prouvé qu'ils étaient Anversois. Ils tiennent une place considérable
dans l'histoire de la gravure de leur pays, où ils rayonnèrent de 1562 à 1618.
Jérôme est généralement considéré de beaucoup supérieur à ses frères, la
question est fort discutable cependant, et nous n'osons nous prononcer, il
reste acquis néanmoins que tous trois étaient des artistes d'une rare valeur.
Ils ont tous été graveurs originaux, et aussi traducteurs de nombreuses
compositions de Martin de Vos, de Durer — plus de 10 pièces, dont certaines
copies tellement habiles qu'elles peuvent presque donner le change à l'œil le
mieux exercé — de Leyde, de Raimondi, de Pencz, de Martin Schône, etc..
La perfection de leur métier, particulièrement dans les pièces de format
réduit, permet de les comparer aux petits maitres allemands. Mais c'est
surtout dans les portraits où ils sont tout simplement admirables.
Les éditeurs des Wierix étaient presque tous des Anversois. à l'exception
des Visscher qui étaient Hollandais.
A noter surtout :
Henriette Balzac d'Entragues (Alvin 1860). - - En buste de
trois quarts à droite, collerette tuyautée, pendants d'oreilles en forme
de poire, trois plaques de bijoux dans les cheveux avec une aigrette
de plume, une torsade de perles au chignon placée sur le haut de la
tête, le corsage garni de rangées de perles. En bas dans la marge.
1 Le rnlnlnRup de In vente Didol lignais Ifi pc.rlr.iil>; qui onl échappé aux recherches de
l'émlnenl conservateur de la Bibliothèque Royale d<- Bruxelles.
ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE 139
quatre vers: Tout le beau des beautez, etc..., et à gauche dans la
tablette où sont les vers : Hieronymus Wierx sculp in Septembre
anno 1600, on lit à droite : Avec privil. : du Roy. Harman Adolfz excu-
debat Haerlemensis.
Ventes : Didot, l" état, non décrit, avec l'adresse de : Paul^ de ta Houve
excudebat, au pallaes à Paris, 1160, fut acheté, croyons-nous, par Loizelet —
Behague, 685.
Catherine de Bourbon (1872).
Ventes : Didot, 1er état, non décrit, avec l'adresse de P. de la Houve, 400 —
Behague, 600, même état.
Henri III. — En buste coiffé d'un toquet à aigrette, de trois
quarts à gauche et regardant de face. En bas un quatrain : Peintre
afin que ton art. . ., et : Joan = Wirix seul. : auec preuilège, etc. '
Ce portrait du roi de France, extrêmement rare et non décrit, est en
contre-partie et de même grandeur que celui décrit par Alvin sous le
numéro 1918, qui lui, est gravé par Jérôme et considéré comme la perle de
l'œuvre.
Ventes : Didot, 1« étal, avaid l'inscription : Ilanry 3^ Roy de France en
haut de la planche et avec l'adresse de Paul** de la Houve au-dessous des
vers, 680, acheté par Dutuit — Behague, le même, 660 — Angiolini, celui
décrit par Alvin, 312.
Jacques Ier d'Angleterre et sa femme Anne de Danemark
(1956). — Tous deux debout, le roi à gauche, la reine à droite. En
bas à gauche les armes d'Angleterre et la légende : Jacobus et Anna. . .
Johan Wiricx f. et ex. cum gratia. . .
Rarissime estampe des deux portraits sur la même feuille, adjugée à la
vente Behague 455 francs — Didot, 400.
Marie de Médicis (1978). — En buste de Irois quarts à droite,
regardant presque de face, collerette, plaque au cou avec pendentifs,
boucle d'oreille forme poire retenue aux oreilles par un nœud de
diamant. Dans la marge quatre vers: Princesse dont le nom..., à
gauche de ce vers : Joan Wierix sculpsit 1600, et à droite : Avec privil.
du Roy Harman Adolfz excudebat Haerlemensis.
i Le dernier état est avec l'adresse de Ilenricus Hondins.
200 ÉCOLE HOLLANDAISE ET FLAMANDE
L'état décrit ci-dessus n'est pas donné par Alvin, il ne mentionne que
celui avec l'adresse de : La Houue au Palais.
Vente : Didot, 400.
Guillaume d'Orange, le Taciturne (1992). — En pied, en
cuirasse et tête nue, il tient en main le bâton de commandement ; en
haut à gauche les armoiries ; sur la table à droite où s'appuie la main
du prince, son casque et son gantelet. Sans aucune inscription.
Portrait de la dernière rareté dont un exemplaire, à la vente Didot, fut
adjugé 510 francs.
Les Wierix eurent un élève nommé Jean Valdor qui, paraît-il, exagéra les
qualités de finesse et de soyeux de ces Maîtres; nous enregistrons purement
et simplement le nom de cet artiste dont il ne nous a jamais été donné de
voir les œuvres.
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Ecole Italienne
ECOLE ITALIENNE
ANDRÉANI (Andréa)
Surnommé aussi Mantuano, naquit vers 1541 et mourut à Rome en 1623,
graveur sur bois et en clair-obscur d'une grande habileté. On raconte qu'il
acheta de nombreuses planches qu'il retoucha et signa, il faut donc se défier
de certaines pièces auxquelles on lui attribue à tort la paternité.
Parmi ses très beaux clairs-obscurs nous signalerons :
Jésus mis au tombeau (B II. 24). — Dans une anfractuosité de
rochers près de la Vierge évanouie à droite et soutenue par une sainte
femme, un apôtre saisit le Christ sous les bras pour le mettre au
tombeau, dont la pierre qui est près de lui, est éclairée par le rayonne-
ment de la tête du divin Maître. En bas dans le coin gauche : Raffda
Reggio. . . 1585.
Précieuse estampe ayant figuré à l'Exposition de la Gravure sur bois en
deux épreuves de colorations différentes.
L'Enlèvement d'une Sabine (B VI. 1). — Un homme est debout
de profil à gauche, il tient dans ses bras nerveux une femme qui se
débat; près de lui, un autre homme agenouillé de trois quarts à
droite. Dans le coin gauche inférieur, on lit dans la partie blanche
qui est réservée : Rapta Sabina. . .
Figurait à la même exposition ; pièce d'après Jean de Bologne 7584.
L'Adoration des Mages (B II. 4). — La Vierge Marie assise de
face, les yeux baissés, au pied d'une colonne près d'une grange, tient
l'Enfant Jésus dans ses bras, ils sont entourés de bergers et de mages
qui apportent des présents. A droite, trois anges descendent du ciel.
En bas, on lit : Luvin inv.
204 ÉCOLE ITALIENNE
Ce clair-obscur, un des plus merveilleux qu'il nous ait été donné dé voir,
est gravé d'après Luvini, il est d'une puissance telle que ses blancs
ressemblent à des rehauts de gouache.
ANONYME FLORENTIN DU XVe SIÈCLE
Saint Sébastien. — Le saint est debout et de face attaché à un
tronc d'arbre, ses pieds ne touchent pas terre ; quatre archers, deux à
droite, deux à gauche sont tout près de lui et lui décochent des
flèches ; du côté gauche, un vieillard est assis de profil à droite et
semble aussi avoir dans les mains une arbalète. A la hauteur des épaules
du saint, on lit sur une ligne horizontale à gauche : S. Scbastiane. et
à droite : Ora pronobis. Au-dessus de lui, deux anges viennent poser
sur sa tète la couronne du martyr, celui qui est à droite a une palme
dans la main gauche. Au-dessus d'eux et dominant cette scène, le
Père Eternel. Dans le haut du coin gauche de l'estampe, le soleil (?)
dans le droit, la lune (?) La pièce est entourée d'une bordure
d'environ deux centimètres, agrémentée d'arabesques. En dedans de
celte large bordure, entre les deux traits carrés de la marge du bas,
deux lignes de texte commençant par ces mots : Ob. secro. te. béate.
Sebastiane. . ., et se terminant par : amen.
Pièce extrêmement typique et curieuse restée inconnue jusqu'à ce jour. Le
seul exemplaire que nous connaissons passa à la seconde vente du prince
Waldburg-Wolfegg, où il fut adjugé -10G2 francs.
ANTOINE DE TRENTE
Artiste graveur en bois et clair-obscur, né vers 1508, que l'on croit être le
même (pie Antoine Fantuzzi ; malgré de grandes divergences d'opinion à
cet égard appartient à ce que l'on est convenu d'appeler l'Ecole de Fontai-
nebleau i. Il a beaucoup gravé d'après Le Parmesan, et sa pièce la plus
' On donne ce nom i la pléiade d'artistes qui, sous François I". se trouvaient réunis à m
cour particulièrement pour procéder à la décoration du palais de cette ville. Ces graveura
subirent directement l'influence italienne des Maitres Le IViin.tliee el Le Rosso, chefl de cette
école, et de Le Parmeaan, L, ivnni. La Romain j ils se nommaient — pour ne citer que i. .
principaux — Fanlu//i, l.i nnanl ïlniv, René Boyvln, Ruggtery, !>■ dcl Rarhiere. Miguon.
pécheSi Bonnelonne, Augustin le Vénitien, Gbiftl, Vlco, Boliaidne, efc ftc... An . Société
treJiéoIoyfaos du G&Unalt a publie sm cette école dea articles du plus haut intérêt sous la
signature de M. HerbeL \ la vent.- do la bibliothèque Destallleur en 1896, un recueil conte-
nant 542 estampes en Irois volumes fut adjuge .'Wno h
ÉCOLE ITALIENNE 205
remarquable est, suivant nous : Le Martyr de saint Pierre et de saint Paul
(B IV. 28) d'après ce Maître, dont cinq épreuves de colorations différentes
figuraient à l'Exposition de la Gravure sur bois.
BALDINI (Baccio)
Orfèvre et graveur, né à Florence en 1436, mort dans la même ville à une
date inconnue. Il est considéré comme un des plus beaux primitifs italiens,
bien que sa manière soit extrêmement sèche et raide; il se faisait aider par
Sandre Botticelli, dont souvent il gravait les dessins, mais, comme tous deux
ne signaient jamais, il est fort difficile, pour ne pas dire impossible, d'en
établir la paternité d'une manière irréfutable. — L'œuvre se compose
d'environ 120 à 125 pièces.
L'Adoration des Mages (Passavant 96). — La Vierge avec
l'Enfant Jésus est assise devant l'étable, le divin Sauveur bénit un
vieux mage prosterné devant lui, les mains étendues à terre ; saint
Joseph sur le devant appuie sa main gauche sur sa joue. A gauche,
la suite des rois au milieu desquels on aperçoit un guerrier à cheval ;
au premier plan, un gros chien, un chat tigre et de nombreux
personnages.
Rarissime estampe adjugée, vente Galichon, 2000 francs.
Les sept Planètes (P 61-67).
Il est presque impossible de rencontrer ces sept pièces réunies, le Dépar-
tement des Estampes les possède cependant à /« Réserve dans des conditions
superbes de conservation. On croit que les originaux furent dessinés par
Botticelli, mais on en est cependant pas positivement sûr. A la vente
Angiolini la seule planète Jupiter fut adjugée 8125 francs.
David vainqueur de Goliath (P 94). — Au milieu de l'estampe
au premier plan, Goliath tombé la face contre terre, la tête à gauche,
les mains en avant ; près de lui à gauche, David tenant son glaive à
deux mains s'apprête à lui couper la tête ; derrière eux l'armée des
Israélites combattant celle des Sarrazins. Au fond à droite des collines,
et à gauche une ville forte entourée de murailles et de tours crénelées.
Sur le fourreau vide du géant qui pend à sa ceinture, on lit : Golias,
et sur le vêtement de son vainqueur : David.
Petit in-folio en travers qui est d'une rareté insigne et qui manque même
au Département des Estampes.
206 ÉCOLE ITALIENNE
A la vente Angiolini il en passa un exemplaire superbe d'un état non décrit,
c'est-à-dire avant les noms de Golias et de David; il fut payé 11000 francs.
On peut le considérer comme unique, nous ne le connaissons dans aucune
collection publique ou privée.
Une autre pièce curieuse du Maître est : Allégorie sur la lutte de l'urbanité
contre la rude grossièreté, qui peut-être, étant donnée la précision du dessin,
est de Sandro Uotticelli.
BARBARY' (Jacopo de)
Dit aussi le Maître au caducée parce qu'il signait souvent ses estampes
d'un caducée. Les uns le classent aux Flamands5 comme Renouvier, d'autres
dans l'école de Nuremberg comme Passavant et Bartsch, d'autres, enfin,
comme Emile Galicbon et M. Charles Ephrussi, le considèrent comme un
primitif de Venise, ce qu'il est réellement suivant nous, son faire étant
absolument italien. On ne sait rien de sa vie ou presque rien, il travailla à
Nuremberg, où on l'appelait Jacob Walk, et passa fort jeune à Venise. Il
commença à graver dès les toutes premières années du xvk siècle, une
trentaine de pièces en tout, finement exécutées, puis deux ou trois bois,
croit-on.
En 1890, la Société internationale Chalcographique a publié une notice par
M. Paul Kristeller où sont mentionnées les pièces gravées par X. Wilborn
d'après Jacopo de Barbary. L'œuvre du Maître qui nous occupe est très rare.
Vénus (Bartsch 12 — Galichon 14). — La déesse vue à mi-jambes,
les cheveux épandus sur les épaules, se contemple dans un miroir
convexe qu'elle tient dans la main gauche. En bas à droite, le caducée.
Très rare estampe, provenant de chez Marshall, adjugée 000 francs à la
vente B. Galichon.
Satyre jouant de la cornemuse (B 14 — G 19). — Dans un pli
de terrain, un l'aune jonc de la cornemuse pondant que son compa-
gnon assis sur une souche se désaltère à une outrp remplie de vin.
En haut à droite, le caducée.
Les premières épreuves de cette rare gravure sont sur papier èi la couronne.
l'u exemplaire fut adjugé, à la vente Galichon, 000 francs.
1 l.i i consulter ! Bmlle GaUchon, Extrait de M Gazette des Beaux-Arte, Parla, istîi
Charles Bphrussli Notée BiQQraphinuee*;, Paris, Jomiust. ISTG Jtictth <l< Harbarl et Albert Durer.
pai le ■ omt< \ i '!• ' sndUto, Bruxelles, van Trlgt, 1881.
» l'uni qui beaucoup de ses planches furent I i n Hollande al sur papiers filigranes
aux fabriques néerlandaises ! /" main, ta grande couronne, le /' bouroiiionoft, etc., ce «|tii ne
prouve rien Zanl ;i été Jusqu'à dire qu'il i tall peu! i Ire Fronçait .'.'.'
ÉCOLE ITALIENNE 207
Phœbus et Diane (B 16 — G 16). — Le Dieu nu el debout de
profil à droite sur la sphère du inonde semée d'étoiles, un carquois en
bandouillère, s'apprête à darder une flèche dans l'espace ; près de lui
à droite, Diane et un cerf. Dans le haut du même côté, le caducée.
Pièce rarissime mais mal dessinée dont un exemplaire, à la vente
E. Galichon, atteignit 1620 francs. Il existe des épreuves sur papier à la tète
de bœuf. — Cette estampe a été copiée par Jérôme Hopfer.
Le grand Sacrifice à Priape (B 19 — G 21). — Un enfant
présenté par sa mère offre une couronne de gazon au Dieu Priape ;
une branche de myrte se consume dans un vase devant sa statue,
deux femmes complètent le tableau. A gauche à mi-branche d'arbre,
le caducée et une tablette.
C'est très probablement la reproduction d'un bas-relief: adjugé à la vente
E. Galichon 1080 francs et à celle de Didot 50.
Mars et Vénus (B 20 — G ?).
Adjugé 710 francs à la vente Didot.
Saint Sébastien (Passavant 27 — G 9). — De face, nu jusqu'aux
genoux, adossé à un arbre une draperie voilant sa nudité, le saint a
les bras levés au-dessus de la tête et serrés par un nœud coulant, les
yeux sont noyés dans l'infini. Sans caducée.
Cette estampe, imprimée sur papier au P bourguignon, est de la dernière
rareté, une épreuve fut adjugée 4105 francs à la vente Emile Galichon.
La Femme au Miroir bombé. — Elle est nue de face et regarde
à gauche, les cheveux flottants sur l'épaule droite, un chapeau à
plumes sur la tête. Dans sa main droite elle tient un miroir et un
voile qui, en passant dans sa main gauche, cache sa nudité. En bas
à droite, une boule et des quilles.
Pièce rarissime et inconnue aux iconographes qui fut adjugée à la vente
E. Galichon 1205 francs.
Citons encore, ne pouvant tout décrire : Les trois Supplices (B 17), rare
pointe sèche adjugée 1025 francs à la vente Seymour Haden — La Sainte-
Famille sous une treille (B 4). Ventes : Guichardot, 290, Schloesser, 1250,
Angiolini, 825 — Cléopàtre (P 28), vente Holford 675, et enfin son grand bois
si rare en six planches: Vue perspective de Venise en l'an 1500, adjugé en
1er état à la vente Angiolini 1000 francs.
208 ÉCOLE ITALIENNE
BRESCIA (G.-A. de)
Artiste appartenant à l'école de Padoue, on ignore les dates de sa
naissance et de sa mort, il llorissait au commencement du xvi" siècle, son
métier varie beaucoup, tantôt s'attachant à la manière de Durer, tantôt au
contraire, pastichant Raimondi et Mantegna ; il est peu original, ce qui
n'empêchent pas les soixante et quelques estampes qu'il grava d'être rares
et recherchées.
La Vierge avec des Saints (P 33). — Assise dans une niche,
la Vierge offre une grenade à l'Enfant Jésus qui est sur les genoux de
sainte Anne ; sainte Hélène est à gauche et saint Michel à droite. Au
has trois inscriptions d'une ligne chacune. Sans signature.
Pièce rarissime adjugée à la vente E. Galichon 7700 francs.
Hercule tuant l'Hydre de Lerne (B. 12). — De face, debout et
nu, son manteau soulevé de ses épaules comme par un vent violent,
Hercule étreint de la main gauche l'hydre de Lerne qui est enroulée à
son bras, la gueule ouverte et menaçante, il la fixe levant sur elle
sa main droite armée d'un bâton. Sous la queue de l'hydre les lettres
/. F. T., et sur le côlé droit de l'estampe : Divo Hercules. . .
Bartsch et Passavant attribuent tous deux cette pièce à Hrescia, malgré la
signature I. F. T., nous ne nous reconnaissons pas la compétence suffisante
pour nous prononcer. Un exemplaire vente E. Galichon 1200 francs.
La Sainte Famille (H 5). — L'Enfant Jésus est debout sur les
genoux de la Vierge au milieu de l'estampe ; à gauche sainte Elisabeth,
cl saint Jean qui offre une fleur à l'Enfant Dieu. Pas de signature.
h, licieu.se pièce adjugée: vente Fislier 762; Holford :i(>75.
CAMPAGNOLA (Dominique)
Appartenant à l'école de Lombardie et de Padoue, cet habile et grand
artiste naquit en 1181, et mourut à Venise en 1550, <>n ledit Mis du sculpteur
Jérôme Campagnola. Il a lait quelques bois, mais c'est surtout à ses gravures
sur cuivre qu'il doil sa célébrité On croit qu'il eut pour maître Le Titien.
Son œuvre est d'une trentaine île pièces.
ÉCOLE ITALIENNE 209
Douze Enfants dansant (Passavant 16 — E. Galichon 15). —
Douze garçons et filles se tiennent par la main. A gauche, un garçon
de profil avec une petite fille qui lève le bras gauche ; de ce même
côté, un autre garçon qui joue du tambourin. Au milieu du bas de
l'estampe, dans un cartel carré, on lit : Dominicus Càpagnola 1517.
Rarissime et délicate pièce en travers, le chef-d'œuvre du Maître, d'après
Le Titien sans doute, dont un exemplaire imprimé à l'encre rouge fut
adjugé 3700 francs à la vente E. Galichon. — L'épreuve du Département des
Estampes est imprimée en noir. — Vente Reiss 625 francs.
Vénus (E G 14). — Adossée à un bouquet d'arbres, la déesse
nue, de trois quarts à droite, est assise dans la campagne sur un pan
d'étoffe ; le coude droit supporte le poids du corps et la main gauche
s'allonge sur la cuisse droite qui est atrocement dessinée. Au fond
à droite, une route aboutissant à des maisons. Dans le coin gauche
inférieur sur un cartouche : .DO. CAMP. 1517.
A la vente Reiss un bel exemplaire de cette rarissime estampe fut adjugé
725 francs.
La Danse des Demoiselles. — Quatre femmes demi-nues et
vêtues de tunique flottante et transparente dansent en se tenant par
la main, celle du milieu de la composition est vue de dos.
Très rare et très remarquable estampe pleine de séduction, restée inconnue
à tous les iconographes.
Paysage avec un Village (P 24).
Pièce inconnue à Bartsch, dont un des rarissimes exemplaires atteignit le
prix de 3625 francs à la vente Reiss en 1901. — On en trouve des épreuves
de tirage moderne.
CAMPAGNOLA (Jules)
Cet artiste est considéré ajuste titre, comme le plus célèbre des Campagnola,
il naquit à Padoue en 1482 et mourut à une date restée ignorée. Son faire
rappelle un peu celui de Mantegna ; son œuvre, très recherché, comporte
une vingtaine de pièces, il en a gravé quelques-unes en se servant du maillet,
procédé dit opus malei. Il appartient à l'école de Venise. — Ottley a l'ait son
catalogue ainsi qu'Emile Galichon.
u
21(1 ÉCOLE ITALIENNE
La Samaritaine (Bartsch 2 — Galichon 2). — Le Christ, près
d'un puits orné de deux têtes de béliers, s'adresse à la Samaritaine
qui s'avance pour puiser de l'eau après avoir posé son vase sur la
margelle ; à droite un tronc d'arbre, au loin des îles et des monuments
se reflétant dans l'eau, une tour carrée domine ces constructions du
milieu desquelles elle s'élève.
Une des pièces capitales et très rares de l'œuvre. Le 1er état est avant les
taches dans le ciel à droite de la tour. — Un exemplaire fut adjugé à la vente
E. Galichon 2300 francs, il avait une grande marge.
Ganymède (B 5 — G 6). — S'envolant vers la gauche, l'aigle
emporte sur son dos, dans l'espace, Ganymède qui est terrifié de voir
au-dessous de lui, mer, montagnes et maisons.
Rare estampe, gravée suppose-t-on, d'après Mantegna. Dans le 1er état on
lit en haut à droite Iulius Compagnola, dans le 2e, le mot Antenoreus a été
ajouté sous le nom de l'artiste. Le paysage est celui de la Vierge au Singe,
de Durer. — Un exemplaire, vente E. Galichon, 1900 francs.
Le jeune Berger (B 6 — G 8). — Un jeune berger est assis sur
un tertre dans une pose alanguie, son bras droit est appuyé sur une
souche et il a cessé de jouer de sa flûte double. A droite dans un creux
ou repli de terrain, apparaît la tête d'un vieillard. Au fond, paysage
et montagne.
E. Galichon considère cette pièce exquise comme le chef-d'œuvre du
Maître, à sa vente elle fit 2250 francs.
Le Daim enchaîné (P 15).
De toute rareté, exécutée uu maillet et adjugée 725 francs à la vente
Angiolini.
Le jeune Homme contemplant une tête de mort (P 12 —
G 10). — Assis au milieu de rochers, demi-nu et drapé dans un
lambeau d'étone, le coude gauche appuyé sur un tronc d'arbre, la
main ramenée sur la tête, l'homme songe, il est de profil à droite, les
yeux mi-clos et baissés regarde la tète de mort qui est à ses pieds.
Au fond à droite, des maisons. Au lias de l'estampe une inscription
de deux lignes à peine lisible se terminant par le mot rapit.
Superbe burin enveloppé à la pointe sèche, très rare.
ÉCOLE ITALIENNE 211
Sainte Geneviève (P 10 — G 4). — Demi-nue, assise dans une
anfractuosilé de rochers, elle donne le sein à son enfant. Au fond à
droite, un homme à longue barbe et à quatre pattes — comme on dit
familièrement — des constructions et des collines. Dans le coin
gauche supérieur : Julius Campagnola Antenoreus.
Pièce aux contours très cernés et exécutée pour ainsi dire presque au trait.
Le jeune Berger (P5 — G 12). — Sur le tout premier plan, assis
ou plutôt couché sur le dos la tête à gauche, un berger joue du
chalumeau qu'il tient dans la main gauche, derrière lui une chèvre et
un mouton. Au fond, des maisons et des arbres légèrement indiqués,
et dans le haut du coin droit : Julius Câpagnola.
Jolie estampe très finement gravée, l'exemplaire du Département des
Estampes est fort beau. — Il existe une copie en contre-partie.
Le vieux Berger (B 7).
Pièce de la dernière rareté gravée avec une grande finesse, dans le haut
du coin droit le monogramme. Un exemplaire superbe fut adjugé par
H. -G. Gutekunst, en avril 1893, le gros prix de 4737 francs. — Il existe
des copies par Augustin le Vénitien.
Saint Jean-Baptiste (B 3). — Il est debout de face dans un
paysage, la bouche demi-ouverte, la main droite relevant le pan de
sa tunique, la gauche tenant une coupe à la hauteur du sein gauche.
Il regarde à gauche. Au fond, arbres, montagnes et maisons ; à gauche,
des moutons et deux bergers.
Pièce très curieuse comme métier, le paysage et certaines parties du
vêtement du personnage donnent à l'oeil la sensation du procédé litho-
graphique ; c'est, croyons-nous, la seule estampe de l'œuvre traitée ainsi.
Ventes : Liphart, 500 — Didot, 250 — Fisher, toute première épreuve,
800 - Defer Dumesnil, 505.
CANALETTI' (Antonio)
Né à Venise en 1697, il y mourut en 1768. Les eaux-fortes — vue d'Italie —
de ce Maître sont admirables, faites de rien pourrait-on dire, elles ont de par
leur sobriété même une saveur et une couleur absolument personnelles.
Elles sont peu communes et malgré cela le prix n'en est jamais très élevé. Ce
n'est qu'excessivement rarement qu'il en passe en ventes publiques, ce qui
' He son vrai nom C«/io/c dit aussi Canuletlu.
212 ÉCOLE ITALIENNE
laisserait croire qu'elles sont peu collectionnées, nous nous expliquons
difficilement le fait, ces estampes étant, nous le répétons, d'un pittoresque sans
égal ; mais hélas! en matière collectionnable il ne faut s'étonner de rien. . .
Parmi celles que nous recommandons tout spécialement aux délicats nous
mentionnerons : Aie Porte del Dolo — Al Dolo — La Piera del Bando
(palais ducal Piazetta) — Le Preson — Le Procuratie nioue e S. Ziminian —
Le Porte del Dolo — Pra délia Valle, et surtout ces deux chefs-d'œuvre:
Mestre et La Torrc di Malghera.
A la vente Malinet, en 1887, vingt-cinq eaux-fortes Vues de Venise et
Environs, avant les lettres et les numéros au bas a droite, furent adjugées
176 francs; à celle de Lacroix, en 1901, trente-deux pièces plus le titre, dont
quelques-unes avant les numéros, atteignirent 265 francs. On le voit on les
a pour rien, nous engageons donc vivement à profiter des occasions.
CARRACHE (Les)
Augustin-Annibal et Ludovic, artistes de la décadence italienne dont l'œuvre
terriblement monotone et triste, n'est pas selon nous, digne d'arrêter
l'attention du collectionneur. Des trois cents et quelques pièces qui le
composent, nous n'en retiendrons qu'une, mais celle-là magistralement belle.
Portrait du Titien (Bartsch 154). — En buste de profil à gauche,
la tèle coiffée d'une calotte, il est revêtu d'un vêtement de fourrure
laissant entrevoir son pourpoint, il porte toute sa barbe. En bas dans
la tablette, une légende commençant par ces mots: ///",0 et Rmo...,
et dans le coin droit : 1587.
Cette estampe est l'œuvre d'Annibal. Le 1" état est avant l'inscription
Titiani Vecellii. . ., il est fort rare.
Ventes : Didot, 1er état, 600 — Holford, même état, 750 — Angiolini, même
état, 687 — Defer-Dumesnil, dernier état, 80.
FINIGUERRA (Maso)
Le plus célèbre des niellears italiens, naquit à Florence en 1426 et mourut
vers 1 170. Il ne fut pas l'inventeur de la gravure comme on l'a dit à tort,
mais bien le premier ou l'un des premiers ù avoir imprime sur papier la
planche gravée.
On le considère généralement1 comme l'auteur du plus beau nielle
i Nous disons généralement, car quelques écrli nus d'art tels que ttumohr et tout dorolèro-
ment Eugène Durait m- refluent i lui en attribuer la paternité ; ce dernier, croyons-nous, ne
voulant point ajouter fol au prétendu p dément de cette pièce *'•*'< ilm-ins ii\n î livre r. ti.-uirrs
mentionna i dans les archives \ \ de 1 163 du syndicat îles marchands île Florence,
ÉCOLE ITALIENNE 213
imprimé connu, La Paix de Florence, 1452, représentant L'Assomption de la
Vierge ' (Duchesne 129) ou à plus proprement parler, Le Couronnement de
la Vierge. Ce nielle — nous parlons de l'épreuve — est la merveille des
merveilles et malgré l'extrême finesse de certains burins allemands, nous
n'en connaissons aucun qui lui puisse être comparé.
La plaque d'argent originale — le nielle lui-même — est aujourd'hui au
Musée Bargello de Florence, et pèse dit Dutuit 107 grammes et la monture
en vermeil qui l'entoure 1 k 073. Il existe deux exemplaires d'empreintes en
soufre : l'un, qui provient de chez le marquis Durazzo, fut acquis en 1872,
croyons-nous, par le baron Edmond de Rothschild ; l'autre, qui sort de
chez le marquis de Serati 2 et de chez le duc de Buckingham, est actuelle-
ment au British Muséum depuis 1835.
On s'est longtemps demandé, et certains se le demandent encore, si les
épreuves sur papier étaient tirées directement sur le nielle lui-même — sur
le métal, la planche en un mot — ou sur l'empreinte en soufre. Notre opinion
est depuis longtemps faite sur ce sujet ; elles étaient tirées directement sur
le nielle lui-même3. Il ne doit subsister l'ombre d'un doute à cet égard, la
fragilité du soufre d'abord, n'eut pas permis ce tirage, et ensuite l'épreuve
qui en eut résulté, eut été loin de présenter la finesse et la netteté qui sont
l'apanage des gravures provenant des nielles. Bartsch néanmoins a eu la
naïveté de soutenir le contraire, en affirmant que Le Couronnement de la
Vierge qui nous occupe, avait été tiré sur l'empreinte en soufre de Sérati.
Eh bien 1 qu'on nous passe le mot, nous allons coller Bartsch et cela d'une
façon absolument irréfutable, en lui disant que : si l'épreuve avait été tirée
comme il l'assure, la légende et les noms des saints ne seraient pas écrits
à rebours comme ils le sont sur l'épreuve en question, mais bien ci l'endroit,
ce qui n'est pas.
Qu'on veuille bien nous lire avec attention et contrôler scrupuleusement
les opérations suivantes qui, dans l'esprit de Bartsch, ont dû être ainsi
faites :
Sur la plaque qui n'est pas encore niellée, mais gravée seulement, la
légende et les noms des saints sont écrits en caractères non renversés, on
coule du soufre sur cette plaque, l'empreinte qui en résulte présente ces
caractères renversés — ceci n'est pas discutable — on encre alors le soufre
et l'épreuve qui en résulte donne les caractères redressés. On voit donc la gafTe
colossale faite par réminent iconographe qui étant du bâtiment aurait bien
dû s'en abstenir ! ! Ajoutons — chose vraiment curieuse à constater — que
jusqu'à présent personne encore, parmi ceux qui ont combattu son assertion,
n'a songé à donner la raison péremptoire et sans réplique que nous
venons d'exposer, raison qui eut clôt victorieusement les débats en
annihilant tous les commentaires ultérieurs qui auraient pu se produire.
1 Voir Duchesne aîné. Essai sur les Sielles, Paris, Merlin. 1826. Cet écrivain remarquable fut
conservateur de notre Département des Estampes de 1839 à 1855.
' Il avait été acheté à Malte en 1813 par un capitaine anglais qui le vendit 150 livres sterlings
à Colnaghi qui, à son tour, le céda pour 250 livres au duc de Buckingham.
3 Nous ne voulons pas dire pour cela, qu'exceptionnellement des essais de tirage sur le
soufre n'aient pas été tentés, mais nous nous refusons à croire que les épreuves en provenant
fussent présentables.
214 ÉCOLE ITALIENNE
C'est l'abbé Zani qui, à la fin de 1797, découvrit la précieuse pièce dans la
collection du Département des Estampes, elle provenait de chez l'abbé
de Marolle, dont le cabinet avait été commencé avant tous les autres
cabinets d'Europe. On s'étonne qu'une pièce de cette importance n'existe
qu'à l'état d'unité. En 1841, Robert Dumesnil avait cru en trouver une
seconde épreuve dans la Bibliothèque de l'Arsenal, mais elle était apocryphe.
L'année suivante un autre exemplaire fut présenté à Colnaghi de Londres,
mais c'était une seconde épreuve de celle rencontrée par Robert Dumesnil.
En 1802, Pauquet en a fait une copie et Antoine Roggerone également aux
frais du marquis Durazzo, mais en y inscrivant Anrus au lieu de Anbrus.
Nous prévenons les amateurs que l'encre dont on se servait pour imprimer
les nielles — comme du reste presque toutes les estampes de l'école
italienne — n'étant pas très fixe, il faut éviter de les metttre dans l'eau,
surtout dans l'eau chaude, car on risquerait de les détériorer.
Les nielles — ce sont des estampes dont nous parlons — sont très rares,
de petites dimensions, de tailles très nettes et très fines, le fond toujours ou
presque toujours noir1, et les inscriptions quand il y en a, en caractères
renversés*. On peut estimer à environ 1200 le nombre de nielles connus exis-
tant; les plus riches collections sont celles du baron Edmond de Rothschild,
du British Muséum et du cabinet de Dresde. Il est rare de rencontrer
plusieurs exemplaires d'un même nielle; les nielles italiens sont infiniment
supérieurs aux allemands et beaucoup plus recherchés que ces derniers.
L'Assomption (Duchesne 129). — Assise sur un trône de profil
à gauche dans le milieu du haut de l'estampe, les mains croisées sur
la poitrine, la Vierge est couronnée par le Sauveur qui porte sur sa
tète le bonnet des Doges. Au-dessous de celte scène à genoux saint
Augustin et saint Ambroise et nombre d'aulres saints et saintes.
Dans le haut de l'estampe à droite, sous l'espèce de portique où a
lieu le couronnement, des anges sonnent de la trompette ; la partie
correspondante à gauche n'est pas terminée et est assez confusément
indiquée au trait ; dans la banderole que tiennent les anges au-dessus
du cinlre du portique, on lit écrit à rebours : Assumpta esl Maria
incelum ave exercitas angeloram, également à l'envers Agosti et Anbrus
sur le collet des vêtements des deux saints précités.
Pièce unique et superbe cintrée par le haut, d'une conservation merveilleuse
contenant environ 43 personnages. — Elle est exposée dans la salle de travail
du Département des Estampes,
' Quand le fond est blanc c'est que lu pièce n'était pas terminée, ceux-là sont une exception.
' Il en existe cependant avec les inscriptions en caractères à l'endroit, mais ce nous scinlilc
alors plutôt être de simples petites estampes que des nielles, c;ir le nielle métal nvnit toujours
ses légendes en caractères non ruioeratt, étant un objet dont la destination n'éUlit point d'être
reproduit par l'impression. I.i-s nirll.'s qui serraient d'ornements remontent nu vu* siècle, ils
disparurent complètement de 1515 a 1520.
ÉCOLE ITALIENNE 215
L'Adoration des Mages (D 32).
Cet admirable nielle d'une importance inusitée mesurant : H. 168mm —
L. 100mm, passa à la vente E. Galichon où il fut adjugé 4100 francs; il est
actuellement au Département des Estampes.
Voir plus loin à la rubrique Nielles.
FRANCIA' (Jacopc)
Artiste appartenant à l'école de Bologne, né en 1450, mort dans la même
ville en 1517. Son œuvre est peu considérable, une vingtaine de pièces
environ ; la manière du maître rappelle quelquefois celle de Marc Antoine.
Il a aussi gravé 7 à 8 nielles.
La Vierge et l'Enfant Jésus sur des nuages. — La Vierge,
la tète auréolée tournée à gauche, est assise sur des nuages, ses pieds
reposent sur le croissant, l'Enfant Jésus assis sur son bras droit donne
sa bénédiction, tenant de sa main gauche une banderole sur laquelle
on lit : Ego sum, nolite timere.
Pièce rarissime demeurée inconnue à Bartsch, dont il ne faut recueillir
que les premières épreuves, c'est-a-dire avant la signature /. F. et l'inscription
incomplète .
Un fort bel exemplaire fut adjugé à la vente Liphart 1137 francs.
La Sainte Famille (B 2). — La Vierge est assise à droite, elle
tient l'Enfant Jésus debout dans une cuvette dans laquelle une femme
s'apprête à verser de l'eau. Près de cette femme on remarque un singe
et un enfant assis ; à travers la porte de la chambre où se passe cette
scène on aperçoit un paysage et un passant au milieu de ce paysage.
Très rare estampe; une épreuve, vente E. Galichon, adjugée 670 francs.
LIPPP (FraFilippo)
Primitif né en 1412 et mort en 1469 à Spoleto où il est enterré dans la
cathédrale ; il a longtemps travaillé à Florence et a été un des premiers à
exercer l'art de la gravure en Italie, malheureusement son métier est sec, il
grava presque toujours au trait et ses ombres n'ont qu'une seule taille. Son
œuvre peu considérable est fort recherche et se paie très cher.
1 Ou Francesco Raibolini.
» Consulter : Fra Filippo Lippi par Edward C. Strutt, London. George Bell & Sons, 1901.
216 ÉCOLE ITALIENNE
L'Annonciation (Passavant 1). — Dans le temple, dont la colonne
occupe le centre de l'estampe, à gauche l'ange à genoux de profil à
droite, vient annoncer à Marie qui se détourne vers lui en se penchant,
qu'elle va être la mère du Sauveur ; tout à fait à droite, le pupitre
devant lequel elle était debout. Sans signature.
Cette estampe exécutée presqu'au trait est excessivement rare, une épreuve
passa à la vente E. Galichon et y fut adjugée 3305 francs.
Le Christ présenté au Peuple (P 7). — Assis au milieu de
l'estampe devant la porte d'entrée du temple, le Christ, les yeux
bandés, est entouré de soldats et de peuple ; un personnage placé
derrière lui s'apprête à le frapper, pendant que d'autres sont à genoux
devant lui. Sans signature.
Rarissime, le 1" état est avec la couronne d'épines, un exemplaire fut
adjugé 3505 francs à la vente E. Galichon.
La Présentation au Temple (P 4). — A l'entrée du Temple,
saint Siméon au milieu de l'estampe tient l'Enfant Jésus dans ses
bras; à droite la Sainte Vierge; à gauche saint Joseph apportant deux
colombes. Sans signature.
Vente : E. Galichon, 1005 francs.
La Vierge entre deux Anges (B 3). — Au milieu de l'estampe,
la Vierge est assise de face, la tête penchée à gauche, elle tient dans
sa main un rouleau de papier à demi déployé et son bras droit
soutient Jésus nu debout sur ses genoux ; saint Jean enfant genou en
terre offre au Sauveur un agneau. A droite et à gauche deux anges
debout jouent de la musique, celui de droite porte sur la poitrine les
initiales M. A. Sur le tout premier plan de chaque coté de la compo-
sition des lapins gambadent. Au milieu dans un cartouche sur
trois lignes on lit : Dive Marie Virgini. Au fond un fleuve et des
constructions. Sans signature.
L'estampe qui est à la Réserve est superbe, c'est la plus belle pièce de
tout l'œuvre.
Le Triomphe de la Renommée (P 75, page 71). — Sur une
sorte de caisse rectangulaire entourée de tous les peuples du monde
et traînée par deux éléphants, se dresse une pièce d'orfèvrerie
surmontée d'un disque an milieu duquel la Renommée est assise de
ÉCOLE ITALIENNE 217
face tenant un glaive nu dans la main droite et le Dieu de l'amour
dans la gauche ; derrière elle, une montagne ; à droite et à gauche de
ce médaillon dans le haut de l'estampe, des nuages.
Un superbe exemplaire de cette très rare estampe fut adjugé en avril 1891
à Stuttgart par H.-G. Gutekunst, 3135 francs.
LONGHI (Giuseppe)
Artiste fort habile, né à Monza en 1766, mort à Milan en 1831. Ses estampes
eurent leur heure de célébrité il y a une quarantaine d'années ; elles sont,
croyons-nous, un peu moins recherchées aujourd'hui; à moins de tous
premiers états et de conditions de beauté exceptionnelles, on les délaisse.
Nous en citerons deux des plus remarquables.
La Madeleine lisant dans le désert (Le Blanc 14).
Pièce superbe gravée en 1810 pour MM. Artaria de Mannheim, moyennant
75000 francs, d'après Le Corrège ', adjugée à la vente Holford, 1425 francs ;
elle était en 1" était avant les armes et seulement avec les noms des artistes.
Le Mariage de la Vierge (L B 4).
Tirée à 1200 épreuves numérotées de 1 à 1200 pour les souscripteurs, il y
en eut douze cents autres sans numéro, toutes avec l'adresse de Bardi
l'imprimeur ; elles sont recherchées seulement avec cette adresse, celles
portant le nom de Lissant sont à rejeter. Estampe gravée d'après Raphaël
en 1820, les premiers états sont de toute rareté. — A la vente Holford, un
3e état sur japon avec les vers tracés à la pointe fut payé 500 francs.
La planche fut retouchée par Marri, les derniers états sont reconnaissables
par le monogramme qui est sur le temple.
MAITRE A LA RATIERE
On ne sait rien de cet artiste, né à la fin du xv« siècle. Certains le
classent dans l'école néerlandaise, d'autres comme Bartsch et Passavant le
considèrent comme italien. Il s'appelait Nadat ou Na Dat, mais est plutôt
connu sous la rubrique du Maître ci la Ratière, parce que la plupart de
ses estampes portaient une souricière dans laquelle une souris s'apprêtait
à rentrer. Il gravait fin.
< Dont la toile originale est à la galerie de Dresde.
218 ÉCOLE ITALIENNE
La Vierge et sainte Anne (Bartsch 1). — Assise dans une sorte
de niche centrale entre deux portiques cintrés, la Vierge de face à
droite a l'Enfant Jésus sur ses genoux, sainte Anne à gauche de profil
à droite regarde le groupe divin. Sous leurs pieds, un cartouche
portant une légende commençant par ces mots : Gratia ex qua...
A travers le portique de gauche on aperçoit un herger et son troupeau,
à travers celui de droite, un vieillard couché au pied d'un arbre.
Au-dessus des scènes vues à travers les portiques, deux anges
descendent du ciel tenant chacun une tablette ; dans celle de gauche
on lit: Recli ad et dans celle de droite: Fili davit Sur le
carrelage en damier du temple en bas à droite, la ratière.
Très rare et belle pièce finement gravée.
Ventes : E. Galichon, 1er état avant l'adresse de Salamanca, 1700, provenait
de la collection Durand — Didot, 100 — Oppermann, 115.
Les Enfants monstrueux (P 3). — Dans un bois, à travers
1 eclaircie duquel on aperçoit la mer, deux enfants s'amusent, l'un est
à quatre pattes ayant sa sœur sur son dos ; ils sont dos à dos, la tète
de la fille est à droite, tandis que la tète du frère est à gauche. Sur un
gros arbre qui est à gauche, une tablette portant une inscription
commençant par ces mots : Quos desianatos. . . , et au pied de ce même
arbre : Nadat et la ratière, et tout à fait à droite sur une pierre les
initiales T. N. '
Les deux Armées (B 2). — Deux armées de cavaliers, dont les
soldats sont munis de lance et d'étendard qu'ils tiennent perpendi-
culairement, sont en présence. Sur le tout premier plan à gauche un
canon avec des boulets, et au milieu de la composition au deuxième
plan deux personnages face à face semblant se menacer, leur toque
est ornée de plumes. Au milieu de l'estampe : 1530 Nadat et la ratière,
et au-dessus : Ant Sal exe.
Cette pièce qui est fort belle est dite aussi La Bataille de Charles le Hardi —
A la vente Holford, un l" état avant la date et l'adresse fut adjugé 775 francs;
très rare.
' Lettres dont on n'n jnmais pu expliquer In slgnidcntion.
ÉCOLE ITALIENNE 219
MAITRE au monogramme M.
La Mort surprenant une Femme nue (Bartsch XV, p. 541). —
Une femme nue de trois quarts à droite tourne la tête pour se voir
dans une glace placée derrière elle ; elle lève son bras droit au-dessus
de sa tête, tandis que du gauche elle esquisse un mouvement qu'elle
essaie de rendre gracieux. Au fond de l'estampe à gauche, la mort un
sablier à la main ricane en la regardant ; par terre une roue debout
et une aile. Au bas de l'estampe, entourée d'un double trait : Mortalia
facta peribunt, puis dans un cartouche, une grosse lettre M.
Pièce fort belle et fort rare, dont un exemplaire existe au Département des
Estampes ; on la croit gravée d'après Michel Ange.
MAITRE au monogramme P. P.
Ou Martino da Udine surnommé Pellegrino da San Daniele, appartient à
l'école de Lombarilie. On le suppose élève de Jean Bellini, il naquit vers
1470 et mourut vers 1545. Il fut un des premiers, si ce n'est le premier, à se
servir de ce procédé au pointillé dit opus mallei. Son œuvre est peu consi-
dérable, une dizaine de pièces environ.
La Puissance de l'Amour (B 3 — P 4 ')• — Au milieu de
colonnes, socles, piédestaux, etc., on voit à gauche de face un
homme et une femme nus montés sur un entablement, l'homme les
yeux levés au ciel lui présente un coffret ; à leurs pieds un homme nu
également est assis sur un cheval profilant à droite ; à terre deux
enfants couchés près d'un vase occupant le milieu de l'estampe ;
nombreux autres personnages assis, couchés et debout ; tout à fait à
gauche un homme à genoux tourné de ce côté élève dans ses deux
mains une statuette. Près du vase occupant le milieu de la compo-
sition, les deux lettres P. P. avec un paraphe dans le bas.
Composition allégorique bizarre aussi difficile à décrire qu'à saisir. Elle
est d'une excessive rareté. — Il y a deux états, dans le l" le bas des lettres
des P n'existe pas, dans le 2e les deux P et le paraphe sont nettement
indiqués.
1 Passavant la rubrique : Le Triomphe de Séléne.
220 ÉCOLE ITALIENNE
Ventes : Howard, 1« état, 2275 — Lipliart, 2« état, 275 — Didot, avant la
retouche, c'est-à-dire avant la disparition de la figure du cavalier qui est
dans le croissant, 155 — Angiolini, même état, 1190.
MANTEGNA* (Andréa)
Un des artistes les plus considérables de l'école italienne, naquit en 1431
à Padoue, et mourut à Mantoue en 1506. Il fut un des premiers graveurs
sur cuivre de son pays, ses tailles sont grosses et obliques, ses cernures ou
contours brutalement accusés, les valeurs n'existent pour ainsi dire pas et
les plans sont absolument sacrifiés, c'est sec et dur, l'encre souvent bistrée
dont il se sert est d'un œil peu agréable, le dessin laisse aussi quelquefois
à désirer, en un mot son métier est loin de nous séduire, il manque com-
plètement d'originalité, ce n'est sans doute pas l'opinion générale et les
prix auxquels on verra que certaines estampes ont été adjugées ne seront
pas pour nous donner raison. Son œuvre est peu considérable, 20 à 30 pièces
environ, beaucoup lui sont gratuitement attribuées qui doivent être rejetées ;
Zoan Andréa et Brescia rappellent sa manière, et les œuvres de ces artistes
peuvent être confondues avec celle du maître qui nous occupe. Jamais
Mantegna ne signait ses pièces, que l'on rencontre très rarement en belles
conditions de conservation.
La Flagellation (Bartsch 1). — Demi-nu à gauche de l'estampe,
le Christ est attaché par les mains liées derrière le dos à une des
colonnes du temple, le corps faisant face à droite ; il regarde derrière
lui le bourreau qui le flagelle ; au-dessus de sa tête une auréole. Deux
autres bourreaux armés de verges et des hommes d'armes complètent
cette scène.
Il existe une copie de cette estampe dans laquelle le sol au lieu d'être dallé
comme dans l'original est na.
Ventes : E. Galichon, 200 — Liphart, 162 — Schloesser, 182, de chez
Esdaile — Reiss, 5625, exemplaire exceptionnel provenant de chez Renesse —
Breidbach et Marshall.
La Sépulture (2). — En face d'une grotte, deux apôtres el deux
saintes femmes mettent le Christ dans son cercueil. Sur le premier
plan la Vierge évanouie est soutenue par deux saintes femmes, saint
Jean à droite vu de dos pleure ; sur un lerlre les trois croix.
1 i nsiiltcr: Œuvre d'Andréa Manle^na reproduit el publié par Aninnd Durand, texte par
!.. Duplessis. i l'aris. ehe* Kapillv.
ÉCOLE ITALIENNE 221
Dans cette estampe en hauteur, de laquelle il existe de nombreuses
copies, Ja figure de la Vierge est beaucoup trop jeune, elle accuse à peine
20 ans, et l'on sait qu'à cette époque elle avait dépassé la cinquantaine.
La Descente de Croix (4). — Au pied de la montagne, la croix,
de laquelle deux disciples montés sur des échelles descendent le
divin Crucifié ; celui de gauche soutient sur son épaule le corps du
Sauveur, à gauche la Vierge est évanouie dans les bras des saintes
femmes ; en face de la croix, debout et vue de dos, Marie-Madeleine
les bras étendus ; à droite saint Jean ; les autres disciples et des
hommes d'armes complètent le lableau. Au fond de l'estampe se
profilent les murs de Jérusalem.
Pièce célèbre, mais d'une extrême raideur, les nuages ressemblent à des
rochers et le ciel à la mer. Nous avons beau faire tous nos efforts, il nous
est impossible de nous laisser aller à ces admirations de tradition que rien
ne saurait justifier. — Une épreuve sans le ciel existe à l'Albertine.
Le Christ descendant aux limbes (5). — Jésus-Christ vu de
dos, un étendard dans la main gauche, s'apprête à descendre aux
limbes dont la porte brisée est éparse sur le premier plan ; à gauche,
un homme nu debout tient une immense croix ; à droite, également
nus et debout, Adam, Eve et Abel ; au-dessus du portique qui forme
l'entrée des limbes, deux êtres fantastiques sonnent de la trompe.
Estampe très rare, une des bonnes de l'œuvre.
Ventes : Liphart, 375 — Griffiths, 135 - Fisher, 750 — Angiolini, 250 —
Reiss, 900, des collections de Fries et Marshall.
La Vierge dans la grotte (9). — Dans une grotte, la Vierge
assise de trois quarts à gauche, l'Enfant Jésus dans ses bras, est
entourée d'une légion d'anges, elle reçoit les hommages d'un vieillard
à gauche pendant que saint Joseph à droite est appuyé sur son bâton.
Ces deux personnages ainsi que le bas et le haut de la grotte sont restés
blancs, la planche n'ayant pas élé terminée '.
Superbe et de grande allure, cette rarissime estampe est la perle de l'œuvre
elle est de couleur un peu bistrée.
Ventes : Liphart, 4937 — Defer Dumesnil, 1220.
Ce qui laisse à penser que ce cuivre est le iternier gravé par l'artiste.
222 ÉCOLE ITALIENNE
Combat de Dieux marins ' (B 17-18).
lTe planche : Au second plan à gauche, une horrible mégère nue aux
seins pendants tient dans sa main gauche une tablette où se lit le mot
lnvid au-dessus d'un griffonnage illisible ; elle semble exciter à la
lutte les dieux marins qui se battent au milieu des plantes aquatiques,
montés sur des chevaux fabuleux ; celui de gauche va frapper son
adversaire avec trois poissons qu'il tient dans sa main droite.
2e planche : Au milieu de roseaux et de plantes marines, deux
tritons se combattent; celui de gauche cherche à parer les coups avec
le squelette d'une tête de cheval dont il se sert comme bouclier, il
porte en croupe une femme nue à l'air effrayée.
Ventes': Didot, C8 - Holford, 1250 - L. Galichon, 100 - Par H.-G.
Gutekunst, 312 — Reiss, 3625, de chez Sykes, Maberley et Marshall.
Les deux Paysans (Passavant 24). — Celui de gauche est debout
de face regardant à droite, le coude gauche appuyé sur le bâton qu'il
tient de la main droite ; celui de droite semble entrer dans une pièce
invisible à droite en soulevant son chapeau de la main gauche, il a
son bâton dans la droite.
Pièce de toute rareté, mesurant H. 149»"" — L. 107 mm, restée inconnue à
Bartsch, dont il existe trois autres épreuves à Berlin, à l'Albertine et au
British Muséum. — Un exemplaire passa à la vente Emile Galichon et y fut
adjugé G05 francs.
Le jeune Prisonnier (P 25). — Debout de profil à gauche, le
corps de trois quarts à droite, un homme très jeune porte sur son
épaule gauche un joug garni de ses accessoires, il traîne un boulet à
ses pieds entravés.
Pièce allégorique rarissime que l'on désigne quelquefois sous la rubrique
de Lu Servitude . le graveur anglais Vivarès en a fait une copie.
A noter encore: Les Eléphants portant des torches; Soldats portant des
trophées, 2 planches (H 12-13), dont uni' copie a élé faite par Brescia.
1 Deux planches en travers, dont la seconde a élé copiée par I). Hopfer.
* Tous ces prix sont pour la planche t8 leuleinent.
ÉCOLE ITALIENNE 223
MAZZUOLI (dit Le Parmesan)
Cet artiste naquit à Parme en 1503 et mourut à Casalmaggiore en 1540 ;
il ne fut point comme on l'a supposé un instant l'inventeur de l'eau-forte,
mais seulement un des premiers à savoir se servir du procédé et à lui faire
rendre ce qu'il pouvait donner sans le secours de la pointe ou du burin.
Son œuvre peu important du reste, se borne à 15 ou 20 pièces fort rares à
rencontrer en belles épreuves provenant de planches originales qui n'ont
point été retouchées.
Signalons comme particulièrement intéressantes : La Mise au Tombeau
(B 5) — Judith (B 1) — L'Amour dormant (B 11), très rare — Les deux
Amants (B 14), rare.
MELDOLLA' (Andréa Schiavone, dit)
Né en 1520, mort en 1582. Nous trouvons cet artiste extrêmement intéres-
sant, très curieux d'allure et de métier, il ne rappelle en aucune façon la
manière italienne et possède une indépendance et une liberté d'outil qui en
fait un tempérament très original à nos yeux ; il avait coutume de retoucher
presque toujours ses eaux-fortes à la pointe sèche, qu'il ébarbait malheu-
reusement un peu trop, ce qui leur enlevait de la couleur et de la puissance.
On a trouvé avec juste raison qu'il faisait songer au Parmesan dans
certaines pièces. — Son œuvre est considérable, 200 estampes environ ;
elles n'atteignent jamais de gros prix quoiqu'asser rares en général, nous
ajouterons même pour être sincère, qu'elles ne sont pas très recherchées,
laissant souvent à désirer au point de vue du dessin.
La Circoncision (Bartsch 13). — La Vierge tient sur une table
l'Enfant Jésus à qui le grand prêtre pratique l'opération de la circon-
cision, il est accompagné d'un acolyte. Au fond à droite, la tête de
saint Joseph apparaît; près de la Vierge une servante portant sur la
tête un vase et un plat ; de profil à droite une autre femme la main
sur la poitrine, et enfin à gauche deux hommes, l'un jeune, l'autre
vieux vus à mi-corps. En haut de l'estampe le monograme de l'artiste.
Fort rare.
Le Retour de l'Enfant prodigue. — Il est agenouillé à gauche
aux pieds de son père qui se penche pour le presser sur son cœur.
1 Consulter : Stanley's édition 0/ Bryan's Dictionnary — Dictionnaire de Bryan, édition de
Stanlev.
224 ÉCOLE ITALIENNE
Une femme vue de dos lui ajuste un vêtement sur les épaules. La
scène se passe devant une habitation ; deux autres personnages
assistent à cet émotionnant retour.
Estampe de toute rareté demeurée inconnue à tous les catalographes ;
Bartsch et Passavant eux-mêmes ne la mentionnent pas; un exemplaire a
passé à une des ventes Robert Dumesnil.
Le Jugement de Paris (B 80). — Assis à droite de l'estampe et
tourné à gauche, le berger — ayant derrière lui le dieu Mercure —
remet la pomme à Vénus près de laquelle se réfugie l'Amour, ils sont
entourés de nombreux personnages, et des chèvres sont couchées à
leurs pieds. Dans le ciel on voit, au haut de l'estampe, des dieux et
des déesses.
Pièce capitale de l'œuvre, d'après le Parmesan. — Une épreuve à la vente
Griffiths, la plus belle connue, dit M. Ford, de la collection duquel elle
provenait, fut adjugée 46 francs ; elle avait passé par le cabinet Lloyd. Nous
la trouvons mal dessinée.
L'Enfant Jésus dans son berceau (B (52). — L'Enfant Dieu est
dans son berceau entouré de six personnages ; l'un d'eux, celui qui
est debout à gauche, tient dans sa main une sorte d'urne qu'il élève.
Le monogramme ' est sur le siège qu'occupe la Vierge.
Estampe pleine de couleur et de liberté, rappelant un peu un dessin à
la plume.
Signalons encore deux pièces fort rares : La Présentation au Temple (B 11),
d'après le Parmesan, et L'Adoration des Mages, estampe inconnue à presque
tous les iconographes, dont un exemplaire passa à la vente Griffiths, où il
fut adjugé 16 francs ! !
M0CETT0 (Girolamo)
Primitif de Venise, né vers 1454, élevé de Jean Bellini. — Son œuvre
extrêmement rare se compose d'une vingtaine de pièces qu'il signait
quelquefois de Hierongmus Mordus quand il n'employait pas un mono-
gramme assez compliqué et en lettres renversées. Il accuse toujours les plis
des vêtements par une ligne dure et encrée, ainsi que tous les contours en
général, ce qui donne de la lourdeur à ses estampes ; quelques-unes cepen-
dant sont exemples de ces défauts et gravées avec plus de finesse.
' Nous croyons que l'épreuve de fa Rherve n'en porte pai, cependant noua n'owna l'affirmer,
ÉCOLE ITALIENNE 225
Triomphe de Neptune (Passavant 13 — E. Galichon 13).
Estampe très rare gravée sur deux feuilles :
lre planche : Un triton suivi de deux chevaux marins ; sur le dos de
l'un d'eux Galatée, derrière celle-ci un second triton portant sur sa
croupe une néréide, puis un dauphin ayant un enfant sur son dos,
puis enfin deux autres enfants tenant par les cornes des chimères.
2e planche : Deux tritons, l'un portant un trident, l'autre soufflant
dans une corne..., et enfin Neptune sur la poupe d'un navire fouettant
les chevaux marins qui le traînent.
Ventes : E. Galichon, épreuve rognée, 2605 — Angiolini, 331.
La Vierge sur un trône (Bartsch 4 — Gai 8). — Assise de face
sur un trône dont le dossier est orné de deux cornes d'abondance, la
Vierge tient un livre entr'ouvert de la main droite et soutient de la
gauche l'Enfant Jésus qui est sur ses genoux. Au fond de l'estampe
un treillage et une haie de rosiers. Sans signature.
L'exemplaire qui est à la Réserve est superbe de fraîcheur et de conser-
vation. L'épreuve de la collection E. Galichon, exemplaire d'essai non
terminé avant la haie de rosiers, maintenue par le treillage qui clôt l'enceinte,
fut adjugé 3900 francs.
Le Baptême du Christ (B 2 — Gai 6). — Au milieu de l'estampe
le Christ, les mains presque jointes, est debout dans le Jourdain à
gauche sur le bord du fleuve. Saint Jean verse de la main droite de
l'eau sur la tète du Sauveur. Sur l'autre rive à droite, trois anges, les
mains jointes, prient ; deux d'entr'eux tiennent sur leurs bras le
manteau de leur divin Maître. Au fond de l'estampe on aperçoit le
fleuve serpentant au milieu des collines. Tout en haut de la compo-
sition, le Père Eternel, dans un nuage les bras étendus, domine la
scène. Sans signature.
Superbe pièce pleine d'allure et d'accent, dont un exemplaire provenant de
la collection Wellesley fut adjugé à la vente Fisher, 3100 francs ; très rare.
Bacchus (B 6 — Gai 12). — Couronné de pampres et tourné à
droite, Bacchus nu est assis par terre la tète appuyée dans la main
gauche, tandis que la droite lient un vase d'où s'échappe le vin. Au
fond, un pont et une ville au pied de collines. Sans signature.
Le 1« état est avant les constructions à gauche, entre l'arbre et le bord
de la gravure. Une épreuve vente E. Galichon, 3150 francs.
22(> ÉCOLE ITALIENNE
Judith (B 1 — Gai 4). — A gauche près d'un arbre, Judith tient
de la main droite la tète d'Holopherne qu'elle met dans un sac qu'une
servante tient de ses deux mains. Au tond un paysage et à droite un
château fort. Sans signature.
Le 1er état est avant le paysage, le dessin est, croit-on, de Mantegna.
Ventes : Griffiths, 325 — Defer Dumesnil, doublée, 360 - Reiss, 3000.
MONTAGNA (Benedeto)
Florissait au commencement du vrv siècle, et gravait plus finement que
Mantegna ; il a fait une soixantaine d'estampes qu'il signait souvent de ses
initiales ou de son nom tout entier orthographié de façons différentes. Il
appartenait à l'école de Lombardie et de Padoue. Il a cherché quelquefois
à imiter Durer dont il a gravé en contre-partie la Nativité, mais il est loin
d'égaler ce maitre.
L'Enlèvement d'Europe (Bartsch 23). — Au bord d'une rivière,
une femme à califourchon sur un taureau couché et sur la tête
duquel elle dépose une couronne ; près d'elle à droite deux autres
personnages debout. Au fond de l'estampe maisons et collines. Dans
le haut de la composition à gauche : Benedeto Montagna.
Extrêmement rare. — Ventes : E. Galichon, 1000 — Didot, 300.
L'Homme à la Flèche (B33). — Debout et de face complètement
nu ayant jeté sur l'avant-bras droit une draperie qui passe derrière
son dos et qu'il retient de la main gauche, le personnage tient dans
cette main une flèche pointe en bas. Derrière lui à droite le tronc d'un
gros arbre, et à gauche un petit monticule. En haut dans une tablette
à gauche : Benedeto Montagna.
Les belles épreuves de 1« état, c'est-à-dire avant le petit monticule qui est
à gauche, sont extrêmement rares, un exemplaire dans cette condition fut
adjugé à la vente E. Galichon, 2705 francs. — L'épreuve de la Reserve,
quoique fort belle, est avec le monticule.
Saint Jérôme et un autre saint travaillant aux Evangiles. —
Saint Jérôme est debout appuyé contre le tronc d'un arbre, sa main
gauche tient un livre avec le doigt sur le feuillet qui fait l'objet de sa
ÉCOLE ITALIENNE 227
méditation. Son compagnon assis à droite sur les débris d'une
corniche semble dormir. Derrière un rocher, est bâtie la cabane du
patriarche à laquelle on parvient par un escalier taillé dans le roc.
Cette pièce n'a jamais été décrite, elle est donc d'une insigne rareté, une
épreuve passa à la vente E. Galichon où elle fut adjugée 2000 francs.
Vénus (P 49). — Complètement nue, debout et de face, de longs
cheveux ondulés épandus sur les épaules, la déesse, la bouche
entr'ouverte, les yeux levés au ciel, tient dans la main droite qui pend
le long de sa cuisse, un miroir ; tandis que la gauche est levée dans
un geste de surprise. En haut à gauche on lit : Vénus.
Pièce qui n'a guère de mérite que son extrême rareté ; les parties ombrées
du corps le sont par des tailles excessivement fines. — A la vente Angiolini
un superbe exemplaire fut payé 1000 francs.
Le Berger qui joue de la flûte (B 27). — Genou en terre et
tourné de profil à gauche il joue de la flûte, ses moutons sont près
des arbres au fond de l'estampe. En bas au milieu de la pièce les
initiales M. B.
Pièce presque introuvable. — A la vente Angiolini un exemplaire avant
toutes retouches, notamment avant le trait diagonal sur la colline qui est
derrière, fut adjugé 562 francs.
A noter encore la très rare estampe La Famille du Satyre (B 17), adjugée
à la vente du Prince Waldburg Wolfegg, 206 francs.
MORGHEN1 (Raphaël)
Elève de Jean Volpato, né à Naples en 1760, il mourut à Florence en 1833,
c'est un buriniste d'une habileté consommée. La plus belle collection de
son œuvre se trouve au British Muséum qui l'acheta à M. Colnaghi en 1842.
Elle avait été formée par Jacob Tanna qui habitait le palais Priuli à Venise,
il y fut aidé par l'ami intime de Morghen, le signor Abrizi. A la mort du
signor Tarma, ses héritiers vendirent la collection entière à Luigi Bardi
qui l'augmenta encore, et finalement la céda à M. Colnaghi, le grand
marchand londonien que nous venons de nommer tout à l'heure, et dont
l'importante et très honorable maison subsiste encore. Les pièces les plus
remarquables de cet artiste, presque notre contemporain, sont : La Trans-
' Le catalogue en a été dressé par ordre chronolopique par M. Palmerini.
228 ECOLE ITALIENNE
figuration et La Vierge à la Chaise, d'après Raphaël ; Le Char de l'Aurore,
d'après Le Guide, et sa fameuse estampe :
La Cène.
D'après Léonard de Vinci, dont la fresque orne le réfectoire des Pères
Dominicains à Milan. Voici à titre de curiosité quelques prix remontant à
une cinquantaine d'années ; on verra que contrairement aux estampes
célèbres, ces prix n'ont pas suivi la marche ascensionnelle ordinaire.
Ventes : Debois1, avant la lettre, seulement les armes, la dédicace et le
nom des artistes tracés, 2030 — Thorel, l'exemplaire de chez Debois, 1930 —
Johnson d'Oxford, avant toutes lettres, avec les armes mais au plat blanc*,
7900 — Archintoff de Milan, même état, 8400 — Poggioli de Libourne, même
état, 6875 — Simon, épreuve d'essai avant l'inscription, avant les armes et la
dédicace, au plat blanc sans les lettres R M sur ce plat, 575 — Camberlyn,
état Debois, on y a joint Le Char de l'Aurore, les 2 pièces, 1705 — Oppermann,
avant la lettre et avec la dédicace en grands caractères tracés, 1750 ; la
même, avant la virgule à la suite de vobis et avant le point sous le nom du
graveur, 241 — Defer Dumesnil, avant la virgule... t. m., 265 — Loyd, au
plat blanc, 5000; la même avant les mots Amen dico vobis... mais avec les
armes et la dédicace à l'eau forte, 675.
NADAT ou NA DAT
Voir : Le Maître à la Ratière, page 217.
NIGOLETTO DA MODENA
On ne sait rien de sa vie, si ce n'esl qu'il florissait au commencement du
xvi' siècle. Il rappelle Mantegna et appartient à l'école de Padoue. Il a à son
actif 80 à 90 pièces et quelques nielles. Ses estampes sont rares.
Saint Antoine (Galichon 17). — Le saint précédé d'un cochon
s'achemine vers la gauche, s'appuyant sur une béquille munie d'une
clochette ; derrière lui on aperçoit un portique inachevé avec pilastres
surmontés de cartouches ; dans celui de gauche sous des tailles perpen-
diculaires on dislingue les lettres O.D.N. qui signifient Opusdi Nicoleto.
Estampe inconnue a Bartsch et Passavant, de toute rareté, adjugée vente
E. Galichon, 700.
1 Qui ;i '-U li'-u en avril el noi embre 1844, '-i avril 1845 '-t non en t8U comme on Le dll souvent
par en eux, parce que la couverture el le t i « r- r ■ du catalogue portent ce dernier millésime.
» Il n'y :i que il exemplalm de connus ; le /'lut i'si devant le troisième personnage, en allant
de droite :i gauche.
ÉCOLE ITALIENNE 229
Hercule terrassant un Centaure (G 20). — Hercule, le genou
posé sur les reins d'un centaure renversé et qui s'enfuyait vers la
droite, frappe de sa massue son ennemi qui lève en vain une main
suppliante. A droite aux branches desséchées d'un arbre, un cartouche
dans lequel on lit : Divo Erculi.
Mêmes réflexions qu'à l'estampe précédente, adjugée vente Galichon, 905.
La Vestale Lucia ' (P 86 — G 59). — Une écharpe lui ceint le
front et flotte autour d'elle, elle se dirige demi-nue vers la droite
tenant de ses deux mains un crible plein d'eau ; derrière elles des
plantes aquatiques. En haut au milieu de l'estampe dans un cartouche
suspendu par des rubans, le monogramme ombré par des tailles.
Un exemplaire de 1er état passa à la vente E. Galichon et y fut adjugé
1950 francs, il était avant le monogi-amme ombré, c'est-à-dire avant les
lettres A7. D. M.
Vénus et l'Amour (B 47 — G 58). — A gauche de l'estampe,
debout nue et de face, la déesse couronnée et chaussée de cothurnes
tient dans sa main gauche une flèche et dans la droite une pomme ;
à ses pieds à droite, l'Amour nu est couché et endormi appuyé sur le
coude gauche. Derrière la déesse une sorte de temple en ruines à
travers desquelles, au fond de l'estampe, on aperçoit la mer, un
bateau et, au dernier plan, des montagnes. Au haut du pilier près
duquel est la déesse on lit : Vénus.
Ventes : E. Galichon, 1305 — Angiolini, 169.
Sainte Catherine (P 84). — A droite, à l'entrée d'un riche
portique, la sainte est debout, la main gauche qui relève sa robe,
porte une palme, le coude repose sur un bouclier, la droite tient une
longue épée pointe en terre ; à ses pieds une roue brisée et un livre
ouvert. Au premier plan sur la base d'un socle à droite, on lit en gros
caractères : Nicoleto da Modena.
Vente : Angiolini, 775. — Très rare.
Saint Sébastien. — Le saint demi-nu de face, regardant à droite,
est ligotté au pied d'une colonne quadrangulaire qui occupe le milieu
de la composition et semble appartenir à un temple en ruines.
i Ou Tucia ou encore La Sybille de Cumes.
230 ÉCOLE ITALIENNE
Derrière lui un canal bordé à droite et à gauche de constructions.
En haut à droite au-dessus de la tète du martyr, sur une légère poutrelle
est un oiseau, duquel se dégage un rayonnement ; il regarde le saint
dont le corps est transpercé de cinq flèches. Sans signature.
Pièce d'une insigne rareté, inconnue à tous les iconographes, H. 248 m"" —
L. 171 "'m. — Un superbe exemplaire fut adjugé à la vente Angiolini,
3762 francs.
NIELLES
Nous nous contenterons de donner ici quelques pièces avec leurs prix
dans trois ventes importantes. — Voir Finiguerra, page 212.
Adoration des Mages '. — La Vierge assise près d'un pilier
richement orné, présente l'Enfant Jésus à l'adoration des mages; à
droite saint Joseph, et dans le lointain un berger ; à droite la théorie
des rois se tient près d'une porte cintrée.
Une épreuve de ce nielle en forme de losange mesurant FI. 60 «"» — L. 46 '»"',
passa à la vente E. Galichon où elle fut adjugée 160 francs, les figures se
détachaient sur un fond Fjleu. — Pièce non décrite.
Mercure debout (Duchesne 217).
Vente : E. Galichon, 805 francs, elle provenait du cabinet Sykes.
Une Femme avec trois hommes et un satyre (D 242).
Même vente, l" état, avec la touffe d'herbes entre les jambes de l'homme
qui porte trois têtes d'animaux, la toulle exprimée par deux feuilles, 605 ;
le 2« état, la touffe d'herbes a quatre feuilles, 50.
Pyrame et Thisbé (D 289).
Même vente, 005 francs; l'encre d'impression a une teinte verdâtre.
Artaxerce recevant la tête de Cyrus (I) 262).
Même vente, 700 francs ; sur l'estrade du donc on lit Cirro.
' A lu venta Martclli dp Florrncc qui rul lieu n Pnri* en 1R58, celte pièce ou une autre portant
la même rubrique, l'ut adjugée 1600 franc».
ÉCOLE ITALIENNE 231
Arabesques avec un Satyre allaitant deux enfants (D 362).
Vente : Angiolini, 1" état, 62 ; 2<- état, avec le fond terminé, 625, par
Peregrini.
Le Triomphe de l'Amour (Passavant 643).
Vente : Reiss, 2048 francs, provenait de chez Wellesley.
Allégorie sur la Navigation (D 303).
Même vente, 2750 francs, de chez Wellesley, au bas on lit les initiales
0. P. D. C, ce qui signifie Opéra Peregrini da Cesena.
Le Sacrifice à Mars (D 221).
Même vente, 2400 francs de chez Wellesley ; on suppose que c'est de
Peregrini également.
PAGANO (Matteo)
Graveur sur bois dont on ne sait rien de la vie, si ce n'est qu'il habitait
Venise vers le milieu du xvf siècle. Nous signalerons de lui la grande
pièce suivante imprimée sur huit feuilles et qui est de toute rareté ; on
croit qu'elle est du Titien ou du Tintoret.
Procession du Doge de Venise (Passavant 98). — Le Doge
s'avance à travers la ville suivi des ambassadeurs et des autorités
civiles. On remarque beaucoup de spectateurs et surtout des femmes
aux fenêtres. En haut sur une tablette on lit : In Venetia par Matthio. . .
Un exemplaire passa à la vente Didot et y fut adjugé 1780 francs.
PEREGRINI DA CESENA'
Orfèvre et nielliste de l'école de Bologne, on ignore la date de sa naissance
et de sa mort, on suppose qu'il était élève de Francia, tant sa manière
rappelle souvent celle de ce maître.
Le Triomphe de Mars et de Vénus (Duchesne 220). — Sur un
char se dirigeant vers la gauche et conduit par deux lions que guide
1 Voir Essai sur les nielles, gravures des orfèvres florentins rfu XV' siècle, par Duchesne amc.
Paris, 1826.
232 ÉCOLE ITALIENNE
un homme nu, Vénus demi-nue est assise, tournée à droite, sur les
genoux de Mars autour du cou duquel elle a amoureusement passé
son bras gauche. Sur ce même char, devant le couple, l'Amour les
yeux bandés, le carquois sur l'épaule, l'arc dans la main droite, est
montée sur un globe où l'on distingue la lettre P. Deux personnages
derrière ce char soutiennent les chaînes qui lient le Dieu et la Déesse,
tandis que deux autres tout à fait devant à gauche précèdent le cortège.
Ce nielle en travers qui mesure 95 »»n sur 62 '■"" est de la dernière rareté.
Il y a deux états; dans le 1« la figure ([ni est dessinée debout sur le bouclier
de Mars est indécise et la lettre P est mal formée ; dans le 2e, cette figure est
précisée et le P bien indiqué.
Il se trouve un 1»' état chez Dutuit et au Département des Estampes ',
mais l'épreuve qui se trouve dans notre dépôt national est de couleur
bleuâtre ; le 2« état que nous possédons également est en noir. — Cette
pièce existe aussi à la Bibliothèque Impériale de Vienne et au British Muséum.
Un exemplaire passa à la vente Liphart et y fut adjugé 1187 francs.
POLLAJUOLO (Antoine)
Primitif de Florence, né en 1433 et mort à Rome en M98, orfèvre et graveur
très distingué dont les œuvres fort peu nombreuses — 3 à 4 pièces — sont
devenues pour ainsi dire introuvables. Leur conservation laisse aussi
généralement beaucoup à désirer, presque toujours elles sont restaurées
ou doublées.
Les Gladiateurs (Bartsch 2). — Composition de dix figures
représentant des hommes complètement nus se combattant avec des
haches et des glaives recourbés ; deux sont déjà tombés à droite et à
gauche de l'estampe et en train d'être achevés par leur adversaire.
Derrière l'homme de l'extrême gauche qui décoche une flèche avec
son arc, on distingue une tablette suspendue à un des arbustes qui
forment le fond de l'estampe et sur laquelle on lit, inscrits sur quatre
lignes, ers mois : Opus Antnnii. Pollaioti Florentini. Des boucliers et
des fourreaux sont épais sur le sol.
Pièce d'une finesse de tailles admirable, à laquelle cependant on pourrait
reprocher la cernurc un peu trop accusée des contours. — Cette estampe
de toute rareté est suivant nous la pièce capitale de l'artiste.
I Oui possède ù lu Rrsrrtv 1W nielles de CCI ai liste, plus 13 douttUX >|ui ne lui sont qu'attributs.
ÉCOLE ITALIENNE 233
Ventes : Howard, 400 — E. Galichon, 310 — Liphart, 81, en mauvais
état — L. Galichon, 300 — Defer Dumesnil, doublée et restaurée, 145.
A citer encore : Hercule combattant les géants (B 3), dont une épreuve
existe non terminée au British Muséum. Sur le fourreau de l'épée du dieu,
une inscription est gravée.
PORTO (Giovani-Battiota del)
Dit aussi le Maître ci l'Oiseau, parce qu'il avait coutume de mettre un
oiseau devant les lettres /. B. ' dont il signait ses pièces. 11 fiorissait au
tout commencement du xvf siècle et son œuvre se compose d'une vingtaine
de cuivres et d'une dizaine de bois très finement gravés. Il appartenait à
l'école de Modène.
Léda et ses enfants (Bartsch 3 — Galichon 7). — Léda est
représentée assise avec ses quatre enfants et allaitant Hélène.
Clytemnestre, le pied sur le dos d'un cygne, montre un papillon
qu'elle vient de prendre. Castor et Pollux luttent avec l'oiseau qui les
culbute, et saisit la main de l'un d'eux dans son bec. Au fond, un
temple et une rivière où se baignent des cygnes. A gauche sur une
tablette à fond noir, le monogramme de l'artiste en blanc.
Ventes : E. Galichon, 400 — Didot, 490 — Schloesser, 437.
Le Crucifiement.
Une épreuve de ce bois absolument inconnu à Bartsch, Passavant ou
Galichon passa à la vente Fisher où elle fut adjugée 775 francs ; on la
considère comme le seul exemplaire existant.
Saint Sébastien attaché à un arbre. — Sur le bord d'une
rivière à laquelle il tourne le dos, le saint demi-nu le corps de face
penché à gauche et regardant à droite, est attaché à un gros arbre.
La main gauche est fixée par une corde au-dessus de sa tête auréolée,
la droite est passée derrière son dos. Un rayon lumineux filtre à droite
à travers l'arbre. Sur la rivière on aperçoit deux barques avec des
rameurs. Au pied du saint un carquois et un arc, et à droite au-dessus
du trait carré le monogramme de l'artiste dans l'intérieur de l'estampe.
< Ne pas le confondre avec un maîlre allemand peu connu qui signait aussi de ces mêmes
initiales.
234 ÉCOLE ITALIENNE
Ce clair-obscur n'est point décrit, et il est tellement rare qu'on peut le
considérer comme probablement unique. — En avril 1894, H. -G. Gutekunst
en vendait un superbe exemplaire qui fut adjugé 1131 francs; il mesurait
H. 182 '"»i — L. 122 nwu.
RAIMONDI (Marc-Antoine)
Né à Bologne vers 1488 et mort dans cette ville aux environs de 1530.
Nous parlerons très brièvement de cet artiste qui, à un moment donné, a été
considéré comme l'étoile de première grandeur, l'astre radieux et rayonnant
de l'école italienne. On est revenu et on en revient tous les jours ■ — on n'a
mis que quatre cents ans à s'en apercevoir!! Nous nous demandons
comment même pareille réputation a pu être usurpée à ce point. Son œuvre
tout entier, à part quelques rares pièces, est d'une monotonie désespérante,
c'est vculc, incolore et poncif. Ce n'est point un graveur original, mais un
reproducteur servile des dessins de Raphaël' et c'est à ce seul fait d'avoir
été comme le pâle reflet du Maître, qu'il doit d'avoir jouit d'une renommée
imméritée dont n'est pas digne à coup sûr un simple ouvrier, un pur
interprète. On est même surpris de voirBartsch — qui intitule son catalogue
Le Peintre-Graveur — mentionner un artiste qui n'est pas un peintre-graveur.
Le célèbre iconographe a cédé au mouvement d'admiration de commande
de son époque, ce qui nous attriste en nous étonnant. Nous sommes
heureux et fier de nous rencontrer du reste avec la plus haute personni-
fication de l'autorité, en matière de gravures — sir Seymour Haden — qui
lui aussi confesse n'avoir jamais éprouvé pour Marc-Antoine qu'une
admiration très relative.
Quoiqu'il en soit l'artiste a fait école, il a eu des djsciples, quelques-uns
même valurent mieux que lui, les Ghisi par exemple ; les autres furent pour
ne citer que les principaux : Eneas Vico, Marc de Ravenne, le Maître au De,
Bonasone, Martin Rota, Cartaro, les Carrache et Tcmpesta, etc.. — Consulter
le consciencieux travail que lui a consacré le vicomte Henri Dclaborde',
Paris, Librairie de l'Art, 18X7.
Nous allons donc signaler ici sans les décrire — nous ne nous en sentons
pas le courage — les pièces généralement recherchées en les faisant suivre
de quelques notes, remarques ou réflexions qui pourront intéresser les
* Notons cependant qu'il existe encore quelques envoûtés irréductibles qui s'obstinent à le
pousser dans les ventes, mais hAtons-nous d'ajouter qu'ils sont heureusement fort rares, ceci
itit en passant pour le bon goût de la corporation des collectionneurs.
» On raconte même que c'était Raphaël qui. île sa propre main, traçait sur (s cutort les
contours de ses dessins pour plus de justesse. Que restait-!] alors a l'actif du malheureux
Marc-Antoine, si on lui livrait la besogne a ce point mâchée, qu'il n'.i\ .iil plus qu'a la sabrer di-
ses lailles horribles el brutales.
: Muse ii noter, ce catalogue. (H| une somme énorme d'érudition <t (le travail a t t.
dépensée, us conffenf aucune description des estampes qui y sonl mentionnées! c'est in une lacune
: ible qu'on ne saurai! s'expliquer.
ÉCOLE ITALIENNE 235
amateurs de plus en plus clairsemés du Maître1. Disons aussi que Marc-
Antoine a copié certaines pièces de Durer, telles que : La Vierge au
Papillon — Les Offres d'Amour — La Dame à cheval et l'Ecuyer — Seigneur
et Dame à la promenade — La Vierge au Singe, en contre-partie — Le Retour
de l'Enfant prodigue, également en contre-partie — et que toutes ces
estampes sont d'une telle rareté qu'elles manquent même au Département
des Estampes.
Parmi les grands écrivains admirateurs de l'artiste il faut citer :
MM. de Laborde, Vitet et Alvin, ce dernier classe l'œuvre de Raimondi en
quatre manières et les analyse ainsi :
« La première : avant 1506, dure, roide et maigre ; exemple : Pyrame et
Thisbé. — La deuxième : 1506-1510, plus souple et plus pure ; on sent
l'influence allemande et flamande : Mars et Vénus ; Les Grimpeurs. — La
troisième : 1510-1520, la période Raphaëlienne, correction et grâce du dessin :
Lucrèce ; Le Massacre des Innocents. — La quatrième : après la mort de
Raphaël, il conserve les qualités acquises : Le Martyr de saint Laurent ».
Ajoutons qu'après cette mort, il travailla pour Jules Romain et Raccio
Randinelli.
Quant à la fameuse histoire des Postures ou Amours des Dieux et Déesses,
en Ralien / Modi, prétendue suite de 20 pièces erotiques, d'après les dessins
de Jules Romain et sonnets de l'Arétin, c'est un peu comme Madame Renoiton,
on en parle toujours mais on ne les voit jamais. On raconte cependant que
l'Arétin les dédia à Raptiste Zatti dans sa lettre du 11 décembre 1537, et que
ces dessins furent gravés à l'insu de Romain. On dit aussi, qu'un marchand
d'estampes, nommé Jollain de la rue Saint-Jacques à Paris, ayant cru
trouver les cuivres originaux, les acheta 100 écus pour les détruire, mais
qu'il fut trompé n'ayant affaire qu'à des copies. On dit encore qu'à la vente
de Pierre-Jean Mariette en 1775, l'œuvre du graveur composé de 724 pièces
contenu dans trois volumes fut adjugé 4600 livres et que les 20 postures "- s'y
trouvaient. On dit enfin — car il faut que nous abrégions tous ces racontars —
qu'à la fin du règne de Louis XVI, alors que M. Joly était conservateur du
Cabinet du Roi, on vint les lui offrir pour 80 louis d'or, et que pendant
qu'il allait consulter le Roi, le duc de Cumberland de passage à Paris en
ayant eu vent les lui souleva, et qu'à l'heure présente 9 de ces estampes se
trouvent au Brilish Muséum, mais ce ne sont que de simples fragments,
montrant seulement les têtes ou les parties supérieures du corps, qui ont été
indubitablement coupées dans la suite originale du Maître. Nous tenons
ces derniers détails de l'obligeance du savant et distingué conservateur
adjoint du British Muséum, M. Freeman O'Donoghue, que nous remercions
respectueusement ici. — Raviera était l'imprimeur du Maître, et Antonio
Salamanca son éditeur.
' Car nous n'osons imaginer qu'aujourd'hui — battit-on la caisse à la faire crever — on
vendrait, comme en 1843 à la vente Debois. 150 pièces en détail, la somme énorme de
H700 francs 1 !
5 Elles y sont réellement cataloguées sous le H" 38. page 225, ainsi que dix autres petites pièces
du même genre, le tout en épreuves de la plus grande beauté et presque toutes avant le nom
de Salam (lisez Salamca). Passavant dit qu'en 180! il en a été fait une copie sous la rubrique :
Collection de 2/ groupes libres.
236 ÉCOLE ITALIENNE
Adam et Eve ' (Bartsh 1).
On considère cette rare gravure qui est sans signature, comme une des
premières faites à Rome. On a fait judicieusement remarquer combien
il était grotesque d'avoir placé des muisons dans le paradis terrestre.
Ventes : Didot, 1900 — Fisher, 1« état sur papier à la sirène, 750.
Le Massacre des Innocents (B 18).
Pièce dite au chicot, c'est-à-dire avec la tête du sapin dominant un groupe
d'arbres tout à l'ait à droite de l'estampe, au-dessus de la femme qui tient
son enfant sur son bras gauche et qu'un homme frappe au sein d'un coup
de poignard — Passavant nie qu'elle soit du maître, il l'attribue à Pencz,
trouvant qu'elle ressemble comme métier à ses Triomphes du Pétrarque —
On compte trois états : h avant l'inscription du nom de Raphaël sur le
piédestal à gauche et avant le monogramme ; 2* avec ces inscriptions ;
3e la planche reprise et retouchée; elle est actuellement dans la collection
Malaspina à Milan. — Kn 1820, on en a fait tirer des épreuves dont un exem-
plaire existe au Département des Estampes, la planche est complètement
usée, il n'y a plus que le trait, les ombres n'exislent plus. — Le dessin
original de Raphaël est au British Muséum.
Ventes : K. Galichon, 415 — Liphart,505 — Didot, 1" état, 400 — Griffiths,
1250 — Fisher, 250 — Holford, 4750, de la collection Lely — L. Galichon,
l'exemplaire de chez Didot, 320.
Le Massacre des Innocents (B 20).
Sans le chicot, mais aussi rare que la précédente. Il y a eu et il y aura des
discussions sans fin relativement à ces deux pièces ; on n'a pu et on ne
pourra jamais se mettre d'accord sur leur véritable paternité. Nous ne
rééditerons point ici les théories plus ou moins oiseuses qui ont été mises
en avant et qui ont fait cruellement mentir le proverbe: De ta discussion
jaillit la lumière. Pour notre part, nous dirons simplement qu'elles sont
aussi mauvaises l'une que l'autre ; généralement, cependant, on préfère celle
avec le chicot. L'état à rechercher est celui avant l'adresse de Salamanca et
avant les tailles sur les ombres des maisons.
Ventes : E. Galichon, 1050 — Liphart, 587 — Didot, 300 — Knowles, 175 —
Griffiths, 1(137, de chez Dcbois, Verstolk et Hawkins — Haden, 500 —
Fisher, 525 — Angiolini, 375 — Sallet, 11)4 — Def'cr Dumesnil, 135.
La Cène (B 26).
Cette estampe est dite /.<< pièce des Pieds parce qu'ils paraissent tous sous
la table. Une répétition de cette gravure a été faite par Marc de Ravennc,
qui y a mis son monogramme à droite.
Ventes: E. Galichon, 1150— Didot, 500 — Schloesser, 200 — Angiolini, 469.
i Sauf Indication contraire, lea gravures que nous allons mentionner soin d'après Raphaël.
ÉCOLE ITALIENNE 237
La Descente de Croix (B 32).
Vente : E. Galichon, 2000.
Saint Paul prêchant à Athènes (B 44).
Ventes : E. Galichon, 3005 — Didot, 180 - Fisher, 1150 — Waldburg
Wolfegg, 1137.
Notre-Dame à l'Escalier (B 45).
Ventes : E. Galichon, 4705, avec marge — Didot, 370 — Schloesser, 187 —
Fisher, 37, copie non décrite où les maisons ont un étage de plus que dans
l'original ou dans les autres copies signalées par Bartsch — Angiolini, 106.
La Vierge allaitant l'Enfant Jésus (B 60).
Ventes : Liphart, 575 — Knowles, état non décrit dans lequel on distingue
le petit doigt de la main gauche de la Vierge qui retient l'Enfant Jésus sur
ses genoux, cette main est plus grosse que dans le 2e état, 2500, de la
collection Brentano.
La Vierge au Palmier (B 62).
Ventes : E. Galichon, 3500 — Didot, 500 — Fisher, de chez Hawkins ? —
Holford, 1025.
Le Martyr de saint Laurent (B 104).
Estampe gravée d'après Baccio Bandinelli, une des dernières productions
de l'artiste et la plus grande comme format, qu'il faut avoir avec les deux
fourches dans la main du bourreau qui étend le saint sur le gril, elle est
extrêmement rare dans cet état et fut adjugée 1000 francs à la vente Didot
en 1852 ; à celle de Benjamin Delessert, elle lit 2110 francs.
Jésus bénissant (B 113).
Pièce dite sans aucune espèce de raison Les cinq Saints, puisqu'il n'y a
que le Père Eternel, deux saints et deux saintes. — Elle a été aussi gravée
par Henriquel Dupont.
Ventes : E. Galichon, 1300 — Fisher, 450 — Angiolini, 281.
Sainte Cécile (B 116).
Il faut l'avoir dans l'état dit au Collier, c'est-à-dire avec l'ombre portée sur
le cou.
Ventes : E. Galichon, 2950, de chez His de la Salle — Liphart, 2031 —
Didot, 200 — Schloesser, 2000, sur papier très mince à l'ancre — Fisher,
412 — Par H. -G. Gutekunst en 1894 à Stuttgart, 1375 — Bouillon, 445 —
Par H.-G. Gutekunst en 1900 à Stuttgart, 780.
238 ÉCOLE ITALIENNE
Le Jugement de Paris' (B 245).
C'est une des meilleures pièces du Maître; celle qui est aux Estampes fut
donnée par M. Simon, elle provenait du cabinet Debois où elle avait été
accpjise moyennant 3350 francs plus les 5 o/o, elle avait passé précédemment
par les cabinets Pierre Lély, van Puten et Kevil où en 1838 elle fut payée
1399 francs.
Ventes : E. Galichon, avec les traces de pierre ponce sur le terrain, 6705,
de la collection Ratticr -- Didot, 800 — Schloesser, sur papier mince
filigrane aux ciseaux, une des plus belles connues, provenait d'un' échange
avec le Département des Estampes de Paris, 3626 — Griffiths, 762 — Fisher,
362 — Angiolini, 756 — Par H. -G. Gutekunst en 1900 à Stuttgart, 975.
Satyre surprenant une Nymphe (B 319).
Ou La Nymphe du Printemps et le Satyre, d'après un maître inconnu,
adjugé à la vente E. Galichon, 2410 francs, avant la retouche.
La Poésie (B 382).
Ventes: E. Galichon, l,r état, avant l'inscription dans la tablette, 2500;
on n'en connaît que 3 épreuves, celle-ci et celles de Dutuit et du Brilish
Muséum — Didot, 300 — Schloesser, 1000, avec l'ombre large sur la joue de
la poésie, sur papier mince au cor de chasse dans un cercle — Fisher,
575 — Holford, 525.
Le Serpent parlant à un jeune homme (B 396).
De toute rareté, adjugé vente E. Galichon, 4000 francs.
La Peste (B 417).
C'est suivant nous une des meilleures de l'œuvre et une de celle qui se
vend cependant le moins cher.
Ventes : Liphart, 150 — Didot, 605 — Holford, avant les inscriptions sur
le rayon de lumière à gauche et sur le piédestal, 950.
Les Chanteurs (B 468).
Pièce douteuse, d'après peut-être le dessin du Maître lui-même; maigre
cette incertitude elle fut payée à cause de sa rareté sans doute, 7005 francs à
la vente Galichon.
Les Grimpeurs (B 487).
D'après un carton de Michel Ange pour la guerre de Pise ; chose curieuse
à constater, le paysage du fond est le même que celui de Lucas de Leyde
i a la vente Johnion d'Oxford, >-ti isiso, il fol adjugé loooo francs!
ÉCOLE ITALIENNE '239
dans l'estampe Sergius tué par Mahomet, il y avait deux ans que cette pièce
était gravée.
Ventes : E. Galichon, 3600 — Didot, 400 — Schloesser, 2500 — Fisher,
1275 — Holford, 800, du cabinet Mariette.
Pierre Arétin (B 513).
Ce portrait finement buriné est considéré généralement comme la maîtresse
pièce de l'œuvre, il est d'une excessive rareté. M. Delaborde en donne deux
états. On suppose que cette estampe a été gravée d'après Le Titien.
Ventes : Howard, épreuve avant le monogramme, avant les ornements de
la coiffure et avant la troisième et autres lignes de l'inscription : Non manus
artificis.. ., 19500!!! à MM. Colnaghi, pour qui? pour un amateur qui,
croyons-nous, désire garder l'anonymat ; c'est une des deux épreuves connues,
l'autre est au British Muséum — E. Galichon, 3505 ' — Didot, 325 —
Prince Waldburg Wolfegg, 3812.
La Carcasse (B 426).
On ignore de qui est la composition, et on n'est même pas sûr que cette
pièce ait été gravée en entier par Marc-Antoine. Les initiales A. V. qui
existent sur le cornet dans lequel souffle le jeune garçon à cheval sur un
bouc qui galope, tout à fait dans le coin à gauche de l'estampe, fait supposer
qu'elle est due au burin d'Augustin le Vénitien. — M. Delaborde nous apprend
que le cuivre existe encore et est conservé à Cobourg dans la forteresse.
Ventes : Oppermann, 37, épreuve doublée — Fisher, 100.
Lucrèce prête à se percer le sein. — Elle est assise à la
gauche de l'estampe, vue de trois quarts, dirigée vers la droite, la
tête tournée à gauche ; elle tient un poignard de la main gauche.
H. 112™» — L. 72 mm.
Cette estampe absolument banale et poncive de la plus grande rareté
sinon unique est restée inconnue à tous les iconographes, y compris
M. Delaborde ; A la vente Arozarena en 1861, elle fut adjugée 300 francs,
elle provenait de la collection de Sir Master Sykes. — Ne pas la confondre
avec Lucrèce se donnant la mort (B 192), cette basse médiocrité dont
M. Delaborde fait un si pompeux éloge.
En 1868 une exposition de l'œuvre de l'artiste fut faite au Burlington Fine
Arts Club.
1 On savait que M. Emile Galichon était très friand et très admirateur de l'école italienne,
c'est ce qui fait que le public, se fiant au goût délicat du collectionneur, n'hésitait pas à payer
toujours plus cher ce qui sortait de son portefeuille, il y trouvait une garantie dont il voulait
profiter.
240 ÉCOLE ITALIENNE
ROBETTA'
Bel artiste de l'école llorentine qui ilorissait au commencement du
xvi' siècle ; il était orfèvre et grava beaucoup d'après les dessins de
Lippino Lippi, surtout après la mort de ce dernier. C'est toujours un peu sec,
mais ça ne manque pas quelquefois cependant, d'une certaine beauté. Les
mains laissaient malheureusement souvent à désirer. Il signait R. B. T. A.
Hercule étouffant Antée (Bartsch 22). — Au milieu de rochers,
Hercule, nu de profil à droite, étreint vigoureusement contre sa
poitrine Antée qui, soulevé de terre, essaye de se dégager en arebou-
tant son bras droit sur la tête du dieu, tandis que de l'autre il lui
saisit le bras. Dans le haut de l'estampe à droite, des nuages ; dans le
bas du même côté, au pied d'un arbre mort, un enfant nu à demi-
couché.
Pièce de la plus insigne rareté, l'exemplaire de la Reserve est superbe.
Ventes : Fïsher, 625 — Par H. -G. Gutekunst en 1893 à Stuttgart, 1200 —
Angiolini, 900.
La Vierge (B 12). — Dans une campagne accidentée, la Vierge
est assise ayant l'Enfant Jésus tourné à gauche sur ses genoux, lui
présentant de la main droite un petit oiseau. Au fond de l'estampe,
rivière et collines. En bas au milieu de la composition : R. R. T. A.
Estampe rarissime.
Ventes : E. Galichon, de chez Sykes, 580 — Griflilhs, 1" état non décrit,
l'auréole de la Vierge csi sans muons, il n'y a pas de nimbe à l'Enfant Jésus,
et la jambe droite de la Vierge n'est pas indiquée au-dessous du genou, elle
doit être reployée sous la cuisse, ;i.'i7.-> ; la même avec ces modifications, 150;
toutes deux provenaient de chez Pierre Vischer où elles avaient été vendues
en 1852, la première 282, la seconde 108.
Adam et Eve avec leurs enfants (B 4). - Tous deux assis et
les yeux baissés, Adam à gauche et Eve à droite; celui-ci la bêche
entre les jambes, celle-là un de ses enfants sur ses genoux, l'autre
assis a droite sur une pierre. Au fond, un fleuve, des collines, et tout
i i ii lalnei plècei du Maître portent radreuc d'Antonio M«mn«.
ÉCOLE ITALIENNE 241
à fait à gauche, une petite maisonnette que l'on dirait empruntée à
Durer. Sans signature.
Rare et curieuse pièce très finement gravée et fort belle.
Ventes : E. Galichon, 90 — Schloesser, C62 ; c'est l'exemplaire Galichon —
Fisher, 62 — Angiolini, 230.
L'Adoration des Rois (B 6). — Entre deux arbres, entourée
d'anges, la Vierge est assise et auréolée, elle tient l'Enfant Jésus sur
ses genoux et est environnée d'une multitude qui lui apporte ses
hommages. Au fond, on aperçoit une rivière encaissée dans de hautes
collines. En bas à droite, sous la calotte d'un des mages qui est
déposée par terre, on lit : Robetla.
L'épreuve qui est à la Réserve est d'une fraîcheur telle, qu'on jurerait
qu'on vient de la tirer; la pièce est finement gravée.
Ventes : E. Galichon, 80 — Liphart, 37, de chez Otto — Vico, 125 -
Angiolini, 31,
La Vieille et les deux Couples amoureux (B24). — Au milieu
de l'estampe, une vieille femme nue aux mamelles pendantes a à sa
droite et à sa gauche un couple nu, homme et femme, qui se tiennent
par la taille ; près du couple de gauche, un Amour nu est assis par
terre tenant un oiseau. Au fond de l'estampe, silhouette d'une ville et
de colline. Pas de signature.
SESTO ' (Caesare da)
Artiste inconnu ;\ Barlsch et a Passavant, qui appartenait à l'école
milanaise et sur lequel on sait très peu de chose. Nous citerons de lui
une pièce excessivement rare qui passa à la vente E. Galichon où elle fut
adjugée 700 francs, c'était :
La Décollation de saint Jean-Baptiste. — En pleine campagne
sur le bord de la mer, le bourreau s'apprête à remettre au fourreau
l'épée avec laquelle il vient de décapiter saint Jean-Baptiste qui
s'affaisse en inondant la terre de son sang. Hérodiade précédée de
Salomé emporte en s'enfuyant vers la gauche la tête du saint sur un plat.
1 Voir la Gazette des Beaux-Arts, tome XVIII, page 550.
1G
242 ÉCOLE ITALIENNE
UGO DA CARPI
Naquit à Carpi en 1450? et mourut à Home vers 1520. — Les Italiens ont
voulu eu faire l'inventeur des clairs-obscurs, c'est une erreur profonde, car
son premier l>ois ne date que de 1516, lundis que ceux de Lucas Cranach ',
saint Christophe et Vénus et l'Amour sont monogrammes et millésimés 150C>,
il fut seulement le premier ou un des premiers Italiens à se servir «lu
procédé. Il eut de nombreux imitateurs parmi ses compatriotes, les plus
connus furent: Boldrini, Antoine </<' Trente, Fantuzzi, Joseph-Nicolas de
Vicence, Andréa Andréani de Mantoue, Gallas, etc. Sa manière était complète-
ment différente de la technique allemande, il travaillait avec deux planches,
ses figures obtenues par teintes plates sans contour accusé, avaient des
dégradations de couleur et de tons si habiles, qu'Hélait presque impossible
à l'oeil d'en distinguer la juxtaposition.
A l'Exposition de la Gravure sur bois en 1 002, il y avait quelques fort
beaux spécimens de l'œuvre du Maître, nous avons remarqué surtout :
David coupant la tête de Goliath,* d'après Raphaël
(Bartsch I. 8). — Goliath gil loul de son Ion» étendu par terre sur
le ventre, David le genou droit sur lui s'apprête à lui couper la tète
avec son glaive qu'il tient des deux mains. A droite et à gauche de la
composition, tentes et guerriers; Au fond la campagne. Au bas au
milieu de l'estampe: Raphaël Urbinas.
Il y avait deux exemplaires de colorations différentes.
Diogène, d'après PARMESAN (15 IV. 1(1). — Il est assis de trois
quarts à droite près de son tonneau, un livre ouvert à ses pieds; on
aperçoit un poulet plumé qui s'enfuit. En bas: Franciscus Parmesano.
Celle estampe que nous avons admiré en trois épreuves de colorations
différentes, est rangée parmi les pièces capitales du Maître.
A noter encore: /.(/ Descente de Croix, d'après Raphaël (H II. 22). —
La Surprise, d'après Le Parmesan (B \. 10)
VINCI (Léonard de)
L'immortel et sublime artiste, auteur de La Cène, l.n Joconde et de tant
d'autres impérissables chefs-d'œuvre, est né à Vinci en 1452 et mort en
France, à Cloux, près d'Amboise, en 1519.
'C'est donc i l'Allemagne, avec se» Jean Ulrtc Pllgrlm, Jt>^t de Necktr d'Augibourg, <i<-
i faut attribuer la paternité. G rvalenl presque toujours deS à 4pUweb.es.
ÉCOLE ITALIENNE 243
On suppose qu'il a gravé lui-même quelques eaux-fortes et on lui attribue
entr'autres, la planche dite des Quatre Cavaliers*. C'est, sur le même
cuivre, une esquisse au trait fort sommaire, et il faut le dire sans grand
accent, de quatre cavaliers dans des attitudes différentes sur des chevaux
qui se cabrent; la conception en est banale et le rendu sans originalités.
Cette estampe que l'on considère comme unique, mais qui n'est, nous le
répétons, qu'attribuée' à Léonard de Vinci, passa à la vente Angiolini
en 189.") et y fut adjugée 9100 maries, soit 1 1 375 francs!!! elle fut trouvée
chez un marchand d'objets d'art de Milan nommé Vallardi, et est actuel-
lement au British Muséum. On nous permettra d'ajouter que le prix payé
est absolument hors de proportion avec l'importance et la valeur artistique
de ce croquis.
Enregistrons encore à cette même vente : <\v\.\x femmes à mi-corps, les
seins nus, tenant de leurs deux mains une pomme à la hauteur de la
ceinture, et se profilant l'une sur l'autre à droite, qui furent payées
ÔÛ00 francs ; cette pièce unique et inconnue jusqu'à ce jour, mesurait :
II. 158 mm _ L. 83 "»" ; puis, une vieille femme en buste, au masque de
polichinelle, de profil à droite, coiffée d'un colimaçon sur lequel est assis
un Amour tenant en laisse à l'aide d'un fil, l'escargot qui montre sa tète et
tire ses cornes. La vieille mégère est sans bras et ses seins émergent du
corsage, H. 162 mm _ L. 84""", adjugé 3062 francs. Répétons que ces deux
pièces sont douteuses, nous ne les mentionnons du reste qu'à cause de leur
prix quasi fantastiques et à titre de pure et rare curiosité, ce n'est pas
là-dessus, certes, qu'il faudrait juger le génie qu'était Léonard de Vinci.
1 Etude certainement l'aile on vue de la statue équestre qu'il devait élever au duc François
Sforza, mais que la mort du prince empêcha d'exécuter.
- La reproduction très fidèle, grandeur île l'originale, en est faite dans le catalogue Angiolini.
et en réduction page 223. dans le Léonard </c Vinci de Eugène Mùntz, Paris, Hachette, 1899.
J On pourrait être moins timide, ce nous semble, et les inscrire carrément a l'actif du Maître,
le doute ne semblant guère permis quand on voit les esquisses similaires, et authentiques
celles-là, conservées à la bibliothèque de Windsor.
r
Ecole Anglaise
XVIII' SIÈCLE
ECOLE ANGLAISE
XVIMe SIECLE
Nous avons déjà dit un mot à Siégea sur la manière noire ou mezzotinte,
procédé qui caractérise d'une façon si spéciale l'école anglaise du xvme siècle,
nous n'aurons donc que quelques mots à ajouter, particulièrement sur les
artistes qui l'ont employée dans ce pays et à les appuyer de quelques
réflexions.
Tout collectionneur doit se munir de l'indispensable ouvrage anglais de
John Chaloner Smith ' : British mezzotinto Portraits "-, 4 parties en 5 vol.
1878-1883, plus le portefeuille de même format contenant 125 portraits en
réduction1. C'est un catalogue admirablement rédigé où 3800 portraits et
350 sujets de fantaisie dans lesquels on croit retrouver la ressemblance de
personnages de marque, sont décrits avec concision et clarté ; on peut
assurer qu'à l'exception de quelques pièces, tous les portraits gravés
existants y figurent avec leurs différents états, c'est complet. On a ajouté
également la série dite des Ihimorous, dont les litres seuls sont indiqués
avec le numéro correspondant au catalogue Laurie et Whittle, successeurs
de Robert Sayer, dont il sont extraits et que ce dernier publia en 1795. Ces
estampes sont au nombre de 365, elles existent tantôt en noir, tantôt en
couleurs, beaucoup sont sans nom de graveurs, elles sont intéressantes et
précieuses au point de vue documents ; celles en noir se vendaient un
shilling et celles en couleurs deux shillings.
Le nombre des graveurs signalés est d'environ 210; il a omis le nom de
Samuel Cousins, ce qui ne laisse pas que de nous étonner, car le titre de
son ouvrage dit textuellement: « Descriptive Catalogue of thèse
engravings, from the introduction of the art to tlie earlg part of the présent
cenlurij » ce qui signifie: Catalogue descriptif de ces gravures depuis l'intro-
duction de cet art jusqu'aux premières années du présent siècle ; or, Cousins
est né en 1801 cl mort en 1887 !
1 Son admirable collection fut dispersée et vendue en plusieurs fois par Sotheby et C°
de 1890 à 1896.
- 11 cite aussi les principales pièces des premiers graveurs en manière noire étrangers, mais
est muet sur toute pièce exécutée au pointillé, ne s'êlanl point occupe de ce dernier procédé.
:1 Chose curieuse à noter, aucun des portraits qui font fureur actuellement, tels que ceux
de: Ladica Waldegrave, Af" Cornac, Duchesse <lc Rutland, Lady Bampfylde, etc., n'y est
reproduit, le goût d'alors n'était pas celui d'aujourd'hui.
24S ÉCOLE ANGLAISE
Des travaux précédents similaires avaient déjà été faits ; l'un par
II. Bromlcy en 171)3, l'autre plus détaillé — il y avait 7 vol. — par
J. Granger, 1804-1806, mais le classement était fait par personnages au lieu
d'être comme il l'est ici par graveurs.
Parmi les graveurs anglais en manière noire les plus célèbres et les plus
appréciés, citons en suivant, selon nous, l'ordre de leur mérite : J. Dixon,
J. Watson, T. Watson, W. Dickinson, J. Ward, S. Cousins, Valcntine Green ',
W. Ward, J.-R. Smith, W. lYther — .1. Dean, G. Keating, .T. Mac Ardcll —
W. Sharp, R. Earlom, R. Houston, John Jones, Dunkarton, etc.
Ceux qui ont le plus gravé sont : John Faber Junior, -119 pièces ; J. Smith,
2.S7; J.-R. Smith, 21)11; Mac Ardell, 201; J. Watson, 1G7 ; Y. Green, 163;
W. Dickinson, '.).">.
Les peintres qui ont été le plus reproduits sont: d'abord Reynolds, puis
Kncller, Lely, Romney, T. Hudson, Hoppner et Gainsborough.
La belle et brillante période de la manière noire fut de 1730 à 1X10 ;
Mac Ardcll fut le premier graveur qui remit le procédé en honneur, et
Samuel Cousins le dernier artiste qui en usa.
A l'heure qu'il est un vent de folie souille en Angleterre sur les estampes
en manière noire, les prix atteints en ventes publiques dépassent tout ce
que l'imagination la plus dévergondée peut rêver — nous n'avons pas
besoin de dire que les pièces qui bénéficient de ces faveurs exagérées —
sont, en l,v état, tirées en noir et dans des conditions de marge, de conservation
et de fraîcheur absolument exceptionnelles. On verra plus loin les prix
obtenus aux grandes dernières ventes Ilulth, Edgeumbe, Normanton et Blyth,
cette dernière surtout tient le record; 3-16 numéros ont produit 21717 livres
sterling, c'est-à-dire 542925 francs ; mais les anglais sont patriotes, certaines
pièces n'ont jamais quitté l'Angleterre et ils onl juré qu'elles n'en sortiraient
jamais, l'argent dans la circonstance devient donc une quantité absolument
négligeable.
Nous avouons pour noire pari ne guère comprendre pareil emballement
el ces prix si hors de proportion avec la valeur artistique de l'objet. 11 y a
dans celle école, nous le reconnaissons sans peine, d'exquises et délicieuses
estampes, mais on ne peut nier néanmoins que le procédé par lui-même
ne soit terriblement monotone et, de plus, essentiellement impersonnel; que
CC soit gravé par Watson ou Ward, par Larloni ou par Green, nous vous
délions d'en voir la différence. On confessera donc, que dans de telles
conditions, une collection exclusivement composée de manière notre est loin
d'avoir la séduction d'une réunion de pièces présentant les diversités
d'aspect que donnent l'eau-forte, la pointe sèche, le bois, le vernis mou et
même le burin.
Faisons observer que tous les premiers étals sont imprimés en noir cl que
lorsque la planche commence à s'user, ce qui arrive très vite-, on la tire en
i M a paru dernièrement n [lais B. QuarUch une monographie très complète
de cet artiste par Alfred Whitman.
■ il ne but gui i < compter plus de 30 a 10 èpram es do l" état, c'est-à-dire d'exemplaire* (leur
de cuti ! ' ■<" ■ -i que les portraits m réputés ■ l « - : La Ducheeee <!<■ BuUand, U ' Carnac, badg
Bampfylde, etc... n'exl - couleur! originalement loul au moins ; il ne noua a, du Béate,
jamaisété 'I de li volt autrement qu'en n
ÉCOLE ANGLAISE 249
couleurs pour masquer ses faiblesses. Notons aussi — bizarrerie des collec-
tionneurs — que si les portraits ne sonl recherchés et surpayés qu'en noir,
les sujets de fantaisies ne le sont, au contraire, qu'en couleurs.
En 1881, The Burlington fine Arts Club, toujours à la tète du mouvement
artistique de son pays, fit une très remarquable exposition de gravures en
manière noire depuis son origine jusqu'à nos jours, puis une seconde en
1902', cette dernière ne faisait figurer que les portraits de 1750 à 1830. Nous
ne pouvons passer sous silence une inexplicable omission, celle de l'œuvre
du célèbre artiste Samuel Cousins; comment se fait-il qu'un graveur de cette
envergure ait été encore oublié? nous disons encore parce qu'il en fut
de même en 1881. Le catalogue de cette exposition avait une préface
de M. W.-G. Rawlinson extrêmement intéressante, il nous apprenait de
curieuses choses sur la technique, le tirage, les états, les prix qu'on payait
naguère une planche pour un portrait au xvm» siècle, prix qui variaient,
suivant les dimensions, entre 500 et 1250 francs, et qu'aujourd'hui on ne
pourrait obtenir à moins de 3700 et G000 francs et souvent davantage, il
mentionnait aussi le procédé de l'aciérage- qui, pouvant se répéter indéfi-
niment, refait pour ainsi dire chaque fois une nouvelle virginité à la planche,
à ce point que MM. Graves et O lui ont assuré avoir pu tirer d'un même
cuivre aciéré sept ou huit fois, trois cents épreuves d'artistes, et plus de
10.000 épreuves courantes et ce, sans fatigue apparente de la planche.
Entre ces deux expositions, une troisième avait pris place en 18SG, c'était
celle de l'œuvre à peu près complet de James Mac Ardell.
En 1900, les amoureux des belles estampes ont pu admirer à leur aise au
Pavillon Royal d'Angleterre la collection ultra sélect de 21 portraits les plus
célèbres gracieusement prêtés par lord Cheylesmore».
Signalons aux amateurs le complément obligé de Chaloner Smith,
c'est-à-dire : Eighteenth century colour prints, an essay on certain stipple
engravers and their ivork in colour, par Julia Erankau, London 1900 l. ("est
un volume fort instructif, illustré de 52 planches avec un texte explicatif
passant en revue les différents procédés au pointillé depuis son origine.
Ce procédé n'est vraiment séduisant qu'en couleurs, en noir il est abomi-
nable. Les artistes qui s'en sont servis avec le plus d'habileté sont surtout :
llarlolozzi, T. Collyer, J. Collyer, R.-S. Macuard, C. Knight, \V. Nutter,
T. Gaugain, L. Schiavonetti, C. Wilkin et P.-W. Tomkins.
' Dans la première exposition, qui contenait 138 pièces. le classement avait été Tait chronolo-
giquement par noms de graveurs, avec une notice biographique sur chacun d'eux ; dans la
seconde, qui comprenait 101 pièces, on avait au contraire, procède au classement par le nom
des personnages auxquels on avait également consacré une petite note biographique, sans pré-
judice de celle donnée aux artistes, qui avait été placée à la lin du catalogue. — Les plus belles
collections de portraits actuellement en Angleterre sont chez le duc de Devonshire, le comte île
Hardwick et le comte de Stanford.
'Inventé par Salmon et Garnier vers 1853 ou 18G0 ; c'est de cette époque que datent les
galvanos.
3 Décédé en mai 1302, l'éniinenl amateur a t'ait don au lirilisli Muséum de sa collection
composée d'environ H000 portraits qu'il avait commencé à réunir vers 1870.
* Nous pouvons ajouter encore : Masters o[ Mezzolint, par M. Alfred Whitman, du Brilish
Muséum, publié chez George Bell & Sons de Londres. — M. Whitman est encore l'écrivain
distingué du très intéressant volume The Print-Collector's llandbook.
LCOLE ANGLi
Mentionnons, pour en terrainei . les estampes en manière noire suivantes
pu rachètenl leur laideur i »=> r une insigne rareté: Lady Xeville, d'après
Pooley, par S. Leader, deux exemplaires connus Charles /". d'après Van
Dyck, par H. Etobinson, exemplaire unique — William Bullock, par T. Johnson,
cinq exemplaires M™ Cibber, d'après Hudson, par John Faber, quatre exem-
plaires — William King, d'après Dalh, par Thomas Beard, deux exemplaires.
El maintenant, passons en revue les plus délicates gravures de cette école
qui, à l'heure qu'il est, tient presque la tête du marché quant aux prix payés.
BEECHEY (William, d'après)
1753-1839
Childrcn at Play (Smith <>). — Dans la campagne, quatre enfants
tous tournés vers la droite — trois filles et un garçon — ce dernier,
debout, s'apprête à décocher une Qèche en bandant son arc, il a
près de lui par terre, au tout premier plan, son chapeau sur lequel
deux flèches sont posées. Sous le trait carré à gauche, Painted by
W. Beechcy ; à droite, Engraved />;/ Th. Pari;. Au milieu, Chidren ni
Play, et au-dessous en dernière ligne, Published by Pari; 1/!)1 '.
Estampe en couleurs très rare.
Vvnlrs: En 1901, par .1. Halle, antiquaire à Munich, 2000, avec la lettre
ouverte — C. .1. et G. K., 1380.
BIGG (W.-R. d'après)
1755-1828
The Romps- (par W. Ward). - Dans une salle de pensionnat
où jouent sept fillettes, la maîtresse entre à droite cl réprimande
vertement une élève qui, en renversant une table, a répandu l'encrier
sur sa robe. Au fond de la pièce, une cheminée.
' Disons une fols pour toutes, que les estampes anglaises portent généralement, comme l<".
du ■ ' île, ■.mis li' irnll carré : n gauche le nom ilu peintre, a droite celui du graveur, au
milieu de la marge I'1 litre, cl en plus, cl en dernière ligne, ce qui n'a lieu que plus rarement
chez "■ u , h i i r. diti ur avec le quanllémc du moi-, ri l'année de la publication. Nous ne
reproduirons point m i etenso, toutes ces inscriptions qui surchnrgeralenl notre texte el
absoi i.i i i contenterons d'indiquer seulement en français les dates
de publications intéressantes au point de vue chronologique. Nous ajouterons, que le
prem i '!' manière! noirci, toujours extrêmement rare, esl vierge il'' toutes ces inscrlpuons
el ■ ' Imprimé i n noir.
I '■ bruyanlt.
ÉCOLE ANGLAISE 253
Truants ' (par T\" VVard) Un professeur gronde de: enfants
quj avaient accusé un pelil paysan d'avoir dérobé des fruits.
Fort jolies estampes en couleurs se faisanl pendants.
Ventes: Comte Esterhazy; the Romps, 700; Ihe Truants, 400 — Par Halle,
les deux pièces, !)7.~> — C. .1. cl (i. K., les deux, 1580.
A Lady and herchildren reeving a Cottager -(parlîarlolozzi3).
Devant une humble chaumière, une pauvre femme est agenouillée,
son enfant dans ses bras, elle reçoit la visite d'une riche châtelaine
accompagnée de ses deux enfants et d'un domestique nègre qui porte
son vêlement et son ombrelle. Au premier plan à gauche, un petit
chien aboie.
Pièce en couleurs au i>oiiilillé qui n'est pas très commune, adjugée vente
G., 65 francs ♦.
Saturday morning favourite chickens going to market 3
(par J. Burke). — Devant une chaumière des fermiers et leurs enfants
sont rassemblés ; à droite un âne et son ànon, et près d'eux une
marchande de poulets accroupie tendant la main pour recevoir son
argent sans doute. A droite s'étend la campagne.
Pointillé en couleurs charmant, une épreuve à la vente Esterhazy fut
adjugée 182 lianes.
Shipwreek'd Sailor boy telling his story to a cottage tloor* 6
(par T. Gaugain). — Venant de la droite, nu-pieds, un bâton à la main,
un petit mousse échappé d'un naufrage, raconte son histoire à trois
femmes et deux enfants qui sont à la porte d'une chaumière à gauche.
La campagne se déroule à droite.
Pointillé en couleurs dont un exemplaire fut adjugé ;'i la même vente
166 francs. — Cette pièce existe aussi gravée par J. Schmitz.
i L'Ecole buissonnière.
- i'nc Dame et ses enfants secourant nnc paysanne.
3 A la même époque que ce maître, vivait un contrefacteur qui, pour donner le change,
copiait servilement l'artiste et signait Bartoloni, se défier de ne pasticheur déshonnête.
1 A cette venle faite par Bouillon le 10 mai 1894, le catalogue dil par erreur, croyons-nous,
gravé par J.-H. Smith.
3 Le samedi matin les poules favorites allant an marché.
R Un Mousse naufrage raconte son histoire « /a ;)or/c d'an cottage.
252 ÉCOLE ANGLAISE
The Sailor's Orphans or the Y°un9 Ladie's subscription '
(par Ward).
Une épreuve en couleurs à la vente C. J. et (1. K., 920 francs; à la même
vente, une épreuve en noir avec son pendant The Soldier's widow or School
boifs collection-, par Dunkarton, l'ut adjugée 2.">0 francs.
COSWAY (Richard, d'après)
1740-1821
Mr* Fitzherbert (par J. Condé). — Elle est assise de face au pied
d'un gros arbre, la main droite étendue horizontalement sur un tertre
gazon né, la gauche tenant un livre entr'ouvert ; son chien est près
d'elle à gauche qui la regarde, et derrière elle on aperçoit deux ramiers
sur une branche. Publié en 1792.
Pointillé en couleurs recherché et très rare.
Ventes: Defer IHunesnil, ôlO — Baron F. de L., 1937 - A Londres, le
19 février 1902, adjugé 2835.
The fair Moralist and lier Pupil (par Bartolozzi). — Une jeune
femme coiffée d'un grand chapeau à plumes légèrement incliné à
gauche, est assise de face sur un canapé, son bras gauche est étendu
sur le dosier de ce siège, près d'elle un jeune enfant debout s'appuie
sur ses genoux, feuilletant un livre que sa mère lient dans sa main
droite. Publié en 1787.
Rare pointillé en couleurs représentant M Hbrdïng et son /ils.
Ventes: Par Halle, 1G00 — Baron F. de L., avec la lettre grise, 106.
COSWAY (Maria, d'après)
1760-1825
M" Cosway (par V. Green) — Smith 20. — A mi-corps, de trois
quarts à gauche el regardant de face, elle est assise dans un fauteuil,
les liras noises, à son cou un velours noir où pend une croix.
Publié le 1" septembre 17.H7.
Ventes Ligaud, .'MO - Baron F. de L., 950 — C. J. et G. K , 1180.
' 1rs Orpheltm iiu marin <«i lu quèlt de» feami femma,
i Vcuvt du ioldat ou la collecte du écolier*.
ÉCOLE ANGLAISE 253
Georgiana Duchess of Devonshire (par V. Green) — S 30. —
Sortant d'un nuage derrière lequel apparaît le ciel où scintillent
quelques étoiles, elle semble descendre sur la terre ; elle est de face,
un croissant dans les cheveux, le bras droit levé vers le ciel qu'elle
vient de quitter. En bas cinq vers. Publié le 1er janvier 1783.
Jolie pièce dont il faut rejeter les épreuves portant le titre Cynthia ainsi
que l'adresse 14 Percy street Bedford square.
DAYES (Ed., d'après)
A Promenade in S'-James's Park (par F.-D. Soiron).
Cette jolie et très rare estampe publiée en janvier 1793, fut adjugée avec
.4;i airing in Hyde park, par Gaugain en 179G, à la vente Blyth, IG27 lianes ;
à la vente C. J. et G. K., ces deux mêmes pièces atteignirent 3000 francs ;
An airing... seule fit 1510 francs. Cette dernière estampe à une vente
anonyme faite le 14 mars 1903, fut adjugée 3000 francs.
A la vente de M"** C. Lelong, A Promenade. . . avec A Tea Garden furent
adjugés 5900 francs.
Nous n'avons fait qu'entrevoir ces gravures, ce qui nous prive d'en
donner la description, leur souvenir n'étant pas assez présent à notre
mémoire.
DOWNMAN (John, d'après)
? -1824
Lady Duneannon (par Barlolozzi, 1788). — Elle est dans un
ovale, vue à mi-corps et coiffée d'un large chapeau empanaché.
Un rare exemplaire de cette pièce en couleurs fut adjugé à la vente
C. J. et G. K., 780 francs, avec la lettre grise, et 755 à une vente anonyme
faite le 14 mars 1903.
Duchess of Richmond (par T. Burke, 1797). — Dans un ovale,
à mi-corps, assise de trois quarts à gauche, elle regarde de ce côté,
un fichu sur les épaules vient se nouer sur la poitrine.
Ventes : Ligaud, en couleurs, 700; en noir, 91 — C. J. et G. K., 920,
encadré mais ta marge inférieure manquait — Baron F. de L., 1400.
2.">1 ÉCOLE ANGLAISE
Miss Farren (par J. Collyer). — En l)iisle dans une bordure
ovale, de profil à droite et à mi-corps. Publié le 14 février 1788 '.
Très rare.
Ymles : Ligaud, 1245, épreuve remargée — ('.. J. et (1. K , encadrée et en
bistre, S( 10 - Baron F. de I.., 1450,
Miss Kemble (par J. Jones). — Dans un ovale, à mi-corps, de
lace et assise les bras croisés, elle regarde à gauche ; derrière elle de
ce côté, une branche d'arbre feuillée. Publié en 17S4.
Ne pas confondre ce portrait avec celui gravé par le même artiste d'après
Reynolds (Smith 42) — Les quatre estampes ci-dessus décrites sont toutes
des pointillés.
L'n exemplaire fut adjugé par Halle, 425 francs.
ENGLEHEART (G. d'après)
1752-1829
MIS Mills (par J.-R. Smith) — Sin 108. — Elle est assise, tournée
à gauche et regarde de face. Elle est coiffée d'un grand chapeau
orné de plumes et tient une lettre dans la main droite. Public le
18 décembre lT.si;.
Ymlrs: A Londres, le 18 avril 1898, un exemplaire, 1575 — Ligaud, 2010,
avec une grande marge; la même, avec une petite marge et un coloris
différent, 210.
GAINSB0R0UGH (d'après)
1727-1788
M"1' Bacelli (par John Jones). — De l'ace, elle danse, la télé
inclinée sur l'épaule droite, la main droite à la taille, la gauche
suivant le mouvement de la cadence. Dans le coin de l'estampe
on lit : S ignora Bacelli. Au fond s'étend la campagne. Publie le
.'> lévrier 17.SI.
i Noua croyon: . tant l'affirmer, qu'il > ;i ou un r< llragi daté do ianvli >r /
un. i rhon rouçh lus i.i/r mi. i Worki par V • Arlhan Bell, publié A I i
i Bell ,x Sun*.
ÉCOLE ANGLAISE '2f>.">
A rejeter les épreuves portant la date du l'i juin 1811. Ne pas confondre
aussi ce portrait avec celui d'après Reynolds, gravé par notre artiste (Sm 6),
où elle est dans un ovale de trois quarts ù droite regardant de face et tenant de
la main droite, à la hauteur de son visage, le masque qu'elle vient d'enlever.
Un exemplaire superbe de la ravissante pièce que nous venons de décrire
figurait au Pavillon Britannique à l'Exposition de 1900.
Ventes: Gentien, 260— Blyth, une belle épreuve adjugée 12G0 francs.
Her Royal Highnessthe DuchessofCumberland(parV.Green)
Smith 31. - - Debout au pied d'une colonne, de face, regardant à
droite. La main gauche — une vraie main de duchesse, tant elle est
fine et fuselée — s'appuie sur le dossier d'un fauteuil, la gauche pend
le long du corps, soutenant les plis du long manteau doublé d'hermines
dont elle est revêtue ; le cou se dégage gracieux d'un corsage légère-
ment échancré. Au fond, de lourdes draperies laissent entrevoir à
gauche, au tout dernier plan, deux tours très élevées.
Adorable pièce qu'il faut avoir en 1er état, c'est-à-dire avec la date de
publication du 1" janvier 1783 et non avec celle du le»' janvier 1790 publiée
par Brydon et qui est de beaucoup inférieure, lîromley croit pouvoir affirmer
que la tète seule est de Gainsborougb et que le reste est de Cosway.
Mrs Richards (par J. Spilsbury) — Sm 35. — Dans un ovale, à
mi-corps et tournée à droite, elle regarde de face. La coiffure est basse
quoique les cheveux soient relevés, elle porte des boucles d'oreilles,
un collier de perles avec une collerette de dentelles à petits volants
laissant entrevoir un peu de la poitrine. Au corsage, un bouquet que
retient la main gauche. Publié le 20 septembre 176S.
On ne connaît qu'un exemplaire avant les inscriptions.
HAMILTON (W. d'après)
1751-1801
Morning (par P.-W. Tomkins). — A la porte d'une ferme, à
gauche, une femme liait une vache, deux autres femmes sur le
premier plan portent l'une un seau de lait, l'autre un joug ; à droite,
deux enfants dont l'un boit un bol de lait. Au fond, dans une ferme,
un autre baratte.
256 ÉCOLE ANGLAISE
Evening ' (par le même). — Un troupeau de moutons rentre à
droite ; à gauche, une femme est à genoux, et presqu'au milieu de
l'estampe, un homme et une femme sont debout, l'un joue de la musette,
l'autre tient une houlette; un chien est près d'eux. Au fond la campagne.
Jolis pointillés en couleurs publiés le i juin 17S9 se faisant pendants.
The Shepherdess of the Alps! (par J. Eginton 1792). — Assise
dans la campagne au pied d'un gros arbre, de trois quarts à droite,
elle regarde dans cette direction, les mains jointes sur les genoux, un
bâton en travers sur le bras droit, elle garde ses moutons qui sont à
droite. Au fond, des collines.
Cette estampe au pointillé ne justifie point, suivant nous, par sa valeur
artistique les liants prix qu'on va lire:
Ventes par Halle, 1UG2 — Baron F. de L., 1250.
HOPPNER1 (John, d'après)
1758-1810
The children Douglas1 (par J. Ward) — Stn 14. — A droite, un
petit garçon debout tourné à droite regarde de face, il est coiffé d'un
chapeau à plumes et porte un large col blanc ; au centre, une fillette est
assise sur un banc, regardant fixement devant elle ; derrière elle, sa
sœur aînée; une autre jeune Bile à genoux et appuyée sur son bras droit,
parle à la petite fille. Au fond, la campagne. Publié le 1er mars 1799.
Children bathing r (par le même) — Sm 27. — A gauche, un jeune
garçon debout tourné à gauche regarde de face, il porte un large col
blanc cl déboutonne sa jaquette; sur le bord d'un ruisseau deux
autres enfants assis et à demi-déshabillés. Au fond, la campagne.
Publié le 1" avril 1799.
(les deux estampes qui se l'ont pendants sont rares et extrêmement
recherchées à la vente Blyth elles furent adjugées 9450.
i Lé Soir.
- La Bergi r.- du I
J L'artiste * gravé '<</ minu deux ou trois mezzotlntes.
* l.'- Bous-Utre est Juvénile ntlrenwnl -i1" itgnifle Inuuemenl <i" feunt
• i nfanti i baignant,
ÉCOLE ANGLAISE 257
Daugthers of Sir Thomas Frankland (par W. Ward) — Sm 38. —
Assises toutes deux dans la campagne, de trois quarts à gauche, un
portefeuille d'estampes entre elles deux sur leurs genoux ; la jeune
femme du deuxième plan a passé son bras gauche sur l'épaule de sa
sœur qu'elle regarde de face, un chien est couché sur leurs jupes
devant elles. Publié le 1er mars 1797.
C'est à coup sûr une des plus ravissantes pièces de l'école anglaise et l'on
comprend facilement les sacrifices pécuniaires qu'on s'impose pour la
posséder.
11 faut noter qu'au 4e état, c'est-à-dire avec le titre The Sisters, elle est
infiniment moins séduisante quoique parfaitement digne encore de retenir
l'attention du collectionneur.
Ventes : Hulth, en 1" état, 9975 — Le 18 février 1898 à Londres, 1er état,
9500 — Blyth, 4e état, 3281.
Lady Charlotte Gréville (par Young) — Sm 29. - Elle est
assise sur un banc de gazon et caresse un jeune chien en regardant à
gauche. Elle a un ruban dans les cheveux et les manches de sa robe
sont étroites. Au fond, la campagne.
Délicieuse et rarissime estampe.
Ventes : Le 6 juin 1898 à Londres, 1100 — Blyth, 1" état, 2625 — C. .1. et G. K.,
4100, épreuve encadrée et signée au verso par le graveur.
Mrs Parkyns (par Ch. Wilkin 1795). — Debout dans la campagne,
de trois quarts à gauche, elle regarde de face. Elle est légèrement
décolletée, coiffée d'une toque à plumes, un collier de perles au cou,
un mantelet de dentelle sur les épaules, et la main gauche qui pend
le long du corps tient un mouchoir de poche.
Pièce au pointillé.
The Right Honble Lady Anne Lambton and FamilY (par
Young) — Sm 46. — Debout et regardant à droite, elle a le coude
appuyé sur un piédestal ; près d'elle sa fille qui arrange le sabre de
son frère aîné. Deux autres enfants complètent la scène, l'un d'eux
a le pied droit déchaussé. Au fond, la campagne. Publié le 6 avril 1799.
Une fort belle épreuve atteignit à la vente Blyth, 5250 francs.
Lady Mildniay and Child (par W. Say 1803). — La jeune femme
est nu-tête, de trois quarts à gauche, regardant de face, le bras gauche
17
258 ÉCOLE ANGLAISE
demi-nu pend le long du corps, retenant une écharpe légère; sa fillette
déchaussée est assise sur un socle rectangulaire, elle se penche vers
elle, enlaçant son cou de ses bras. Derrière elles, une balustrade.
Très rare . un exemplaire — qui n'est pas cité dans Smith — fut adjugé
vente Blyth, 9450 francs.
Sallad Girl (par W. Ward) — Sm 47. — Jeune fille légèrement
tournée à gauche et regardant de face, elle porte un bonnet et
un fichu et lient dans les mains un panier île salade. Publié le
10 février 1783.
A contemplative Youth ' (par G. Hodges) -- Sm 4. — Assis
à droite et tourné à gauche, il regarde de face, les yeux levés au ciel,
les mains appuyées sur les genoux. Au fond, la campagne. Publié
le 3 avril 17SG.
Ces deux estampes qui ne semblent cependant pas se faire pendants,
furent adjugées ensemble à la vente ('.. .1. et <1. K., 3350 francs: la première
qui est 1res rare, était avec la faute, cVsl à-dire avec le mot écrit Sailad ;
la seconde en 2'- étal, avant les inscriptions effacées.
The setting Sun ' (par.!. Young) — Sm27. — Dans la campagne
à gauche de l'estampe, au pied d'un bouquet d'arbres, une jeune
femme, le genou gauche en terre, soutient de son bras droit une
lillelte à laquelle de la main droite elle indique le soleil qui sombre à
l'horizon. L'enfant rejetée légèrement en arrière, lève la main gauche
à la hauteur de ses yeux pour se les protéger contre la clarté de l'astre
mourant. Devant elles, un petit garçon debout, le corps de profil à
gauche, regarde de face. Publié le 'il janvier 1790.
Cette délicieuse estampe représente les enfants Godsale dans le parc de
[SCO) d, dans le !■ lintsliire.
Ventes l'.n 1901, par Halle, 2812 - Baron F. de I... 3850.
Duehess of York (par W. Dickinson) — Sm 94. — Dans un parc,
au pied de grands arbres, la duchesse est debout, de trois quarts à
gauche et regardant de face, sa main droite s'appuie sur une balus-
trade, l'autre est ramenée sur sa hanche, un pelil chien la regarde;
• .l'.i |,i Reynoldi.
" / Soleil couchant.
ÉCOLE ANGLAISE 25(J
derrière elle trois demoiselles d'honneur, l'une d'elle relève la traîne
de sa jupe. Publié le 1er décembre 1795.
Rare et charmante pièce adjugée à la vente du baron F. de L., 012 lianes.
Sophia Western (par J.-R. Smith). — La jolie jeune femme
— très probablement assise — est vue à mi-corps, de face, les bras
croisés sont sans doute appuyés sur le montant d'une croisée, les
brides qui parlent de derrière le chapeau viennent se rejoindre sur la
gorge demi-nue, la tète est légèrement inclinée à gauche, les oreilles
sont ornées de boucles en forme de poire.
Miranda ' (par W. Ward). — Au pied de rochers à gauche,
bordés par la mer à droite, la jeune femme est debout, bras et tète
nus, un simple ruban dans ses cheveux épars, le corsage fortement
échancré laisse entrevoir la naissance du sein droit. Elle est de trois
quarts à gauche, regardant de face, son bras droit est étendu vers le
rocher, un vent violent soulève ses jupes et l'ample vêlement qui
recouvre ses épaules. Derrière elle le flot avec son écume blanche, et
au loin sur la mer un alcyon.
Pièce en couleurs délicieuse mais de la dernière rareté qui semble, ebose
extraordinaire, ne pas exister en noir, car Smith n'en t'ait pas mention.
Une fort belle épreuve dans la collection de M. Frank T. Sabin, de
Londres. — Le Connaisseur* nous apprend qu'un exemplaire superbe existe
dans la collection de lord Cheylesmore et qu'il fut payé par le grand collec-
tionneur 1000 francs ; il ajoutait que dernièrement un marchand lui en
proposa un autre beaucoup moins beau, dont il demandait modestement
(i.")0 livres sterling, soit 1G2.~>0 francs.
A citer encore: Duchess of Bedford (par S.-W. Reynolds), adjugé vente
Blyth 4625 francs — M" Benwell (par W. Ward), Sin 7, publié le 7 mai 1783,
adjugé vente Ligaud, en couleurs, 1850 francs.
KAUFMANN (Angelica, d'après)
1740-1807
Lady Rushout and Daughter (par Thomas Burke). — Dans la
campagne, assise et presque de face au pied d'un gros arbre, la
1 C'est M" Michael Angelo Taylor.
3 Périodique mensuel anglais avec texte français r! illustration dont le 1 ■ numéro, a paru en
septembre 1901. Actuellement le texte français es! supprime.
260 ÉCOLE ANGLAISE
délicieuse jeune femme a près d'elle debout à sa droite sa fillette qui
tient dans ses mains écartées une guirlande de fleurs.
Une épreuve de cette rare et fort jolie pièce au pointillé en couleurs fut
adjugée à une vente faite en 1901 par Halle, !>37 francs.
LAWRANSON (W. d'après)
?
LadY at Haymaking (par J.-R. Smith) — Sm 183. — Une jeune
femme coiffée d'un grand chapeau, debout et regardant de face,
s'appuie sur une fourche; à droite, une charelle chargée de foin;
au fond, la campagne. Publié le 8 octobre 1780.
Palemon et Lavinia (par le même) — Sm 184. — Au pied d'un
gros arbre, au bas de la terrasse d'un château qu'on aperçoit au fond
de l'estampe, un jeune homme presse tendrement la main d'une jeune
Bile qui est à sa droite et qui baisse timidement les yeux. Au dernier
plan à gauche, on distingue un autre couple. Publié le 10 novembre 1780.
Pièces se faisant pendants.
MIS Edwards (par J.Jones) — Sm 24. -- A mi-corps, de trois
quarts à droite, regardant de face, les bras croisés sur une sorte
d'entablement, elle tient dans sa main droite une lettre ouverte et
s'appuie sur un manchon, un manteau de gaze légère est jeté sur ses
i paules. Publié le lô mai 1780.
LAWRENCE (Thomas, d'après)
1769-1830
Miss Farren (par Bartolozzi, 17(.)'J). Kile est dans la campagne,
debout de trois quarts, et se dirige vers la gauche, elle regarde de
l.i ce, enveloppée dans un manteau bordé île fourrures, sa main gauche
pend le long de son corps, tenant un énorme manchon.
Joli pointillé très: rme et fort recherché
Ventes: Hollandt, 706 Le 5 décembre 1898, ;ï Londres, 5500 Blyth,
2650 Baron l de I. , avant toutes lettres, 906 — Cl. et G. K, en bistre
avec la lettre grise et une grande marge, 1300.
ÉCOLE ANGLAISE 261
Master Lambton (par Samuel Cousins, 1827). — Assis de face
sur un rocher battu par la mer et dominant les flots, l'adorable et
délicieux enfant vêtu de velours, la main droite appuyée sur le roc,
la gauche soutenant sa tète nue aux cheveux frisottants, regarde le
ciel, les yeux perdus dans l'infini ; sa jambe droite est repliée sous la
gauche, une collerette souple et échancrée laisse voir le cou. Publié
le 26 mars 1827.
La séduction du modèle, l'habileté extraordinaire du graveur « font de ce
portrait la plus magnifique estampe qu'on puisse rêver, c'est une des perles
de l'école anglaise qui en compte de nombreuses.
Il existe un état de tirage postérieur et bien moins recherché avec l'adresse
de Colnaghi son. — Celte estampe a aussi été gravée par Geo-H. Philipps, elle
est sans valeur pour les collectionneurs.
M. Algernon Graves et M. E.-C. Lcggett, tous deux marchands d'estampes,
de Londres, et amis personnels de Cousins' possèdent de cet artiste des
raretés dont ils ne se sépareraient à aucun prix. — M. Pycroft d'Exeter a
publié sur cet artiste une monographie tirée à très petit nombre et devenue
actuellement absolument introuvable.
Ventes : En juin 1895, à Loiylres, un '!<• état 866 — Par Halle, avant la
lettre, 981 — Blyth, même état, 3780 — C. J. et G. K., même état, 920 —
Loyd, même état, 1875 — A une vente anonyme faite par Danlos le
14 mars 1903, une épreuve sans indication d'état fut adjugée 470 francs.
Marquise d'Exeter (par S.-W. Reynolds, 1803). — Assise dans
un parc, sur un canapé, de trois quarts à gauche, elle regarde de face,
son bras droit replié s'appuie sur le dossier du siège ; son chien est
couché à sa droite. Au fond de l'estampe, dans une éclaircie, on
aperçoit une maison.
Extrêmement rare et recherchée fut adjugée 812 francs à la vente du baron
F. de L.
Elizabeth Countess Grosvenor (par S. Cousins). — A mi-corps
de face, regardant de trois quarts à droite, vêtue d'une robe de
mousseline transparente laissant voir les bras et deviner la naissance
de la gorge sous l'échancrure du corsage, l'idéale jeune femme, les
cheveux noirs ramenés en accroche cœur sur les tempes et sur le
1 En 1872 l'artiste fit don de son œuvre presque complet au British Muséum.
* Samuel Cousins, dont F, Keppel fit une exposition de l'œuvre en 1899, est un contemporain,
car 11 est né en 1801 et mort en 1887; il peut être absolument assimilé comme métier à ses grands
devanciers du xvnr siècle, c'est dire assez en quelle haute estime nous le tenons.
262 ÉCOLE ANGLAISE
front, a ramené sa main gauche à la hauteur de sa ceinture. Publié
par Colnaghi et C" en 1833.
Les traits d'une finesse exquise et la suprême distinction du personnage
(ont de ce portrait une estampe (fane rare séduction. — Un \" état à la vente
Blyth atteignit 1365 francs; ce même portrait, gravé par II. -T. Greenhead, à
la vente ('.ope, de Philadelphie, 1000 francs. — Notons encore Coantess Gower
and Child par le même qui, à la même vente, fut adjuge lâOO francs en
1" état.
LELY (Peter, d'après)
1617-1680
The Beauties of Windsor ' (par T. Watson) — Sm 5.
Suite de six portraits de femmes, connue sous la dénomination Les Beautés
de Windsor, savoir :
Duchess of Cleveland — Countess of Northumberland — Countess ofOssory —
Duchess of Richmond — Coantess of Rochester — Lady Whitmore.
Adjugé vente Blyth, avant la lettre, 21Ô0;" vente baron I". de L. 400, avec
la lettre.
Lady Grammont (par Mac Ardell) — Sm 91. — A mi-jambes,
assise et regardant de face, les cheveux sont courts et bouclés, la
main gauche tient une palme. Au dernier plan, une colonne et un
fragment de roue. Sur le mur, le monogramme du peintre.
Cette superbe estampe, où le modèle semble être représenté en sainte
Catherine, est dite aussi Lu Belle Hamilton. — Il faut rejeter le .'>•■ et dernier
état, c'est-à-dire celui qui porte la mention : Sold bu l4'. Fischer ut the Golden
Head..., la planche est usée. Un bel exemplaire de 1' état avant toutes lettres
fut adjugé a la vente Blyth, 1800 francs.
Eleonora Gv/yiine (par 11. -H. Quiler). — Assise au pied d'un
arbre, de face et regardant devant elle. 1 échancrure de la chemise
laisse voir les seins nus, elle a sa main gauche appuyée sur la tête
d'un mouton qu'elle a entouré d'une guirlande de Heurs. Kn bas.
deux vers anglais commençant par : The Sculptor part M dont. . ■
Cette estampe ni manière noire, qui est fort laide, est de la plus insigne
rareté, elle n'a point été signalée par Chaloner Smith, et Jnmes Holberl
i Le peintre Lelj exécuta n toiles sout c litre, dont les 6 que nous venons de mentionner
lurent seules gra>
ÉCOLE ANGLAISE 263
Wilson ne la possédait pas dans sa collection. Une épreuve qui passa à la
vente du baron F. de L fut adjugée 506 francs. Le graveur Quiter est né
dans la Frise vers 1620, et mourut fort vieux au commencement du
xviii» siècle.
MORLAND (Georges, d'après)
1763-1804
Artiste fort intéressant dont les compositions de genre — chasses, scènes
rustiques, etc. — sont extrêmement gracieuses et recherchées; il a souvent
eu comme interprète son beau-frère W. Ward, un graveur de grand talent.
Dancing Dogs ' (par Gaugain). — A gauche de l'estampe, une
jeune femme est assise au pied d'un gros arbre devant une maison,
un enfant est sur ses genoux et les deux autres qui sont près d'elle
regardent des chiens habillés que font danser deux personnages, l'un
est armé d'un fouet, l'autre joue de la musette.
Guinea Pigs ° (par le même). — A la porte d'un cottage à droite,
une jeune femme avec ses deux fillettes regardent un paysan qui,
genou en terre et de profil à droite, vient de sortir de son panier
trois petits cochons d'Inde; son bâton et son chapeau sont près de lui.
Ces deux pièces en couleurs se font pendants.
Ventes : Par Halle, 1656 — Baron F. de L., 1356.
The contented Waterman 3 (par W. Ward). — Une chaumière
sur le bord de l'eau devant laquelle sont quatre personnages: une
femme assise et cousant, une (illelle jouant avec sa poupée, un homme
jeune tenanl une longue pipe et un autre plus âgé assis et vu presque
de dos, un pichet à la main qu'il appuie sur son genou gauche. Au
tout premier plan à droite, la tète d'un porc sortant de son auge.
Jack in the Bilboes ' (par le même ). — Sur le bord d'un quai,
accoste une barque que tire par une chaîne un homme qui est à terre
' Chiens dansant.
* Cochons d'Inde.
3 Le Marinier satisfait.
* Ce titre, dont nous avouons ne pas saisir exactement la signification, mais qui doit vouloir
dire Jack dans les fers, fait sans doute allusion à la situation du personnage de la chanson
célèbre de Dibbins intitulée : My Poil and my Partner Joe; d'où cette estampe et la précédente
sont tirées.
264 ÉCOLE ANGLAISE
et dans laquelle se trouvent Irois personnages: un homme et une
femme jeunes assis à l'arrière, et un homme debout les mains jointes,
l'anxiété peinte sur le visage, dont vont s'emparer deux autres hommes.
Pièces en couleurs se taisant pendants adjugées par Halle, 625 francs.
A Party Angling ' (par Heating). — Dans un bateau, à l'ombre
de grands arbres, six personnages, dont deux femmes, sont en train
de pécher à la ligne ; celui qui est sur l'avant du bateau est penché
en avant et s'efforce de faire entrer dans son épuiselle le poisson qui
est au bout de la ligne et que vient de prendre son voisin.
The Anglers Repast5 (par W. Ward). — Dans la campagne où
nos pêcheurs viennent de débarquer pour prendre leur repas, une
nappe est étendue par terre; à droite, le domestique nègre qui est
dans le bateau qui accoste, passe une bouteille au gentleman qui est
de ce coté et qui a un plat sous le bras droit.
Ces deux estampes qui se font pendants ont été publiées en 1789, elles
sont adorablement jolies et tout à fait hors pair, elles sont rares et fort
enviables.
Ycnlc.s : Par Halle, en noir, les deux, 1337; les mêmes, en couleurs, 3725 —
Le 11 juin 19U1, à Londres, en noir, 1312; en couleurs 3675 — Baron F. <lc L.,
en couleurs, 4344.
A Visit to the Boarding School ' (par W. Ward). - Deux
femmes sont assises à droite de l'estampe : celle du premier plan est
coiffée d'un large chapeau à plumes cl a une boite de fruits sur les
genoux, elle regarde la porte qui est en face d'elle, et par laquelle
entre sa fille (pie la maîtresse d'école lui amène par la main, et au
devant de laquelle se précipite son petit frère sans doute; tout à fait
à gauche, deux fillettes regardent curieusement celle scène.
A Visit to the Child at nurse ' (par le même). — Une grande et
élégante jeune femme au large chapeau à plumes suivie de sa petite
Bile, vient (rentrer dans une modiste chambre, cl penchée en avant.
1 l.:i Partie ,ir pèche.
' i Repcu de pi i heure.
' Vnt Vielle .i fa peiulon,
' l'w Vielle d l'en fanl en nourrice.
ÉCOLE ANGLAISE 26Ô
va prendre dans ses bras son enfant qui est dans ceux de la nourrice
assise; de profil à gauche, derrière celle-ci, une petite fille dort sur
un lit où elle a été portée tout habillée ; un quatrième enfant assis sur
le premier plan à gauche, joue. Au milieu de l'estampe, on voit
une petite charelte à deux roues à laquelle est attelé un petit cheval
de bois.
Délicieux pendants en couleurs au moins aussi séduisants que les deux
pièces précédentes.
Veilles : Dccloux, 545 — G., la seconde, 225 — Le 21 mars 1900 à une vente
anonyme par Danlos, la seconde seulement, 1020 — Le 11 juin 1901, à
Londres, les deux, 2153 — Lacroix, les deux 260, mais en très mauvais état —
Par Halle, les deux en noir, 1169; les mêmes en couleurs, 4475 — Baron
F. de L., les deux en couleurs, 3037 — Les deux en couleurs adjugées le
25 novembre 1902, à Londres, 3281.
Morning or the benevolent Sportman ' (par J. Grozcr). —
Dans la campagne à gauche de l'estampe, deux paysans leur enfant
et leur chien sont assis près d'une petite hutte; un second enfant plus
âgé s'est levé et s'approchant d'un chasseur à cheval qui arrive de la
droite suivi de son porte carnier et de ses trois chiens, lui tend son
chapeau dans lequel le sportman jette une pièce de monnaie. Au tout
premier plan à droite, un âne est couché.
Evening or the Sportman Return -'(par le même). — Le chasseur
arrivant de gauche est descendu de son cheval dont la bride est passée
à son bras droit qui tient le fusil, tandis que de l'autre il montre à sa
femme et à ses enfants qui sont à la porte du cottage, un faisan.
Le fils aine assis tout à fait à droite sur le premier plan, montre un
lièvre à un de ses frères. En face de l'habitation à gauche, une grange
et quatre chiens autour du chasseur.
Pendants en couleurs publiés en 1795 et adjugés 2S19 francs à la vente du
baron F. de L., ils étaient avec la lettre tracée.
Délia in the CountrY3 (par J.-R. Smith, 1788). —Jolie, elle est
assise dans un parc au pied d'un arbre, de trois quarts à droite, la
tète complètement de profil est baissée sur le livre ouvert qu'elle tient
1 Le Malin on le Chasseur bienveillant.
i Le Soir on le Retour du chasseur.
3 Délia dans la campagne.
266 ÉCOLE ANGLAISE
dans sa main gauche ; clic est coilTée d'un large chapeau de feutre et
une écharpe de dentelle couvre ses épaules. Sous le litre, 8 vers sur
deux colonnes commençant par ces mots: At lenght froin Toum the
peerless Maid. . . Publié à Londres, le 10 février 1788. . .
Charmante pièce ovale au pointillé en couleurs adjugée 1450 francs à la
vcule Ligaud.
The Tavern Door ■ (par J.-R. Smith). — Deux femmes à la porte
d'une taverne, celle de gauche coiffée d'un large chapeau, le poing sur
la hanche, semble en vouloir défendre l'entrée à un homme qui la
regarde, la cravache passée sous les bras croisés, dans une altitude
menaçante ; derrière lui arrive une petite fille, un bidon d'une main,
un papier de l'autre.
Ravissante pièce au pointillé en couleurs.
The Public House Door f (par \V. Ward). — Un chasseur suivi
de ses deux chiens, son fusil dans la main droite, un lapin dans la
gauche, franchit le seuil d'une maison qui est à gauche, pendant que
son compagnon attache son cheval à un gros arbre au pied duquel
est une table circulaire où ont été déposés une pipe et un verre.
Un exemplaire en noir niais avant la lettre, en 1901, fut vendu par Halle,
.r>31 francs.
Blind Mail Buff ' (par W. Ward). — Scène de colin-maillard à
laquelle prennent pari huit enfants, parmi lesquels une jeune Bile les
yeux bandés qui étend ses deux bras vers la droite, un jeune garçon
accroupi qui lui touche le pied de sa main droite, et une fillette qui
s'apprête à lui présenter un chien qu'elle soulève dans ses bras.
Children nutting ' (par E. Dayes). — Devant une ferme, des
enfants en train de cueillir des noisettes ; la petite Bile qui esl à droite,
lève les bras pour en atteindre dans une branche qu'elle tire à elle;
1 i a porte de la rai
' / a porte de FAubt
i U Colin Valllard.
' Enfants cueillant det noisette».
ÉCOLE ANGLAISE 267
au premier plan derrière elle, un pelit garçon assis examine celle
qu'il a dans la main.
Ventes: En 1901, par Halle, la seconde avec Childrcn birds nestings' (par
Ward), 1437 — Baron F. de L., les deux décrites, 1250.
Rural Amusement- (par J.-R. Smith). — Une jeune femme au
grand chapeau à plumes, tournée à droite, un chien près d'elle, arrose
des arbustes.
Rustic Employment ■' (par le même). — Une jeune femme au
grand chapeau à plumes, tournée à gauche, un panier dans la main
gauche, donne de la main droite des graines aux poules qui sont
autour d'elle.
Nous signalerons ces deux pendants en couleurs publiés en 1788 et abso-
lument médiocres, à cause de leur rareté et du prix scandaleux — 4950 francs —
auxquels ils ont été adjugés à la vente du baron F. de L.
Notons, par contre, deux autres délicieuses pièces: Saint James Park cl
A Tea Garden adjugées le 5 décembre 1898, à Londres, 2300 francs, et le
4 mars 1902, dans la même ville, 2363, toutes deux gravées par F. D. Soiron.
NORTHCOTE (J. d'après)
1746-1831
A Young L'ady encouraging the low Comedian * (par J.-R.
Smith 17S7). — Accompagnée de sa fdlette, une élégante jeune femme
de profil à droite, jette une pièce de monnaie dans le chapeau d'un
petit garçon assis avec son singe sur l'épaule ; effrayée par la vue de
cet animal, l'enfant se réfugie dans le giron maternel.
A une vente anonyme faite par Danlos le 24 mars 1900, celte délicieuse
pièce en couleurs fut adjugée 1120 francs; le 11 juin 1901, à Londres, elle
atteignit 1375, et Halle de Munich, la vit pousser jusqu'à 2337.
Visit to the Grand Mother= (par J.-R. Smith) — Sm 185. -
Une vieille dame est assise à gauche, un chat près d'elle, un panier à
1 Enfanls cherchant des nids.
- Amusement <lc la campagne.
• Occupation de la campagne.
* Une jeune femme encourageant un comédien de bas étage.
3 La Visite à la grand'mcrc.
268 ÉCOLE ANGLAISE
ouvrage à ses pieds; à droite une jeune femme lit, pendant que
derrière elle une autre jeune femme coiffée d'un chapeau à plumes,
coud. Publié le 14 mai 1785.
On donne comme pendant à celte pièce Visit lo the grand father, par et
d'après J.-R. Smith '.
Ventes: G., les deux pièces 125 — Lacroix, les deux pièces en noir, 500 —
Par Halle, les deux mêmes en noir, !),">().
OPIE (J. d'après)
1761-1807
Almeria (par J.-R. Smith) — Sm 10(i. — A mi-corps, assise de
profil à gauche et regardant de face, elle est coiffée d'un immense
chapeau de feutre noir orné d'un nœud de ruban sur le devant, les
mains sont croisées sur les genoux; au cou, un nœud de mousseline
blanche formant une sorte de collerette plate; les cheveux ondulés et
frisottants s'épandent sur les épaules. Au bas, deux vers commençant
par ces mots : Not onlij hère. . .
Ce charmant portrait en couleurs, i>nblié le 72 mai //<S'7, n'est autre que
celui d'Elizabelh Meymot, il est extrêmement recherchent à différentes ventes
anonymes faites à Londres, il obtint les gros prix suivants : 2.S mais 1901, en
noir, I T.sr> lianes — 30 avril même aimée, en noir, 2205, et en couleurs,
5900 francs — 25 novembre 1902, en couleurs, 5512.
PETERS (William, d'après)
? -1814
The Fortune Teller? (par J.-R. Smith) — Sm 186. — De profil
à droite, une bohémienne a pris la main d'une élégante jeune femme
coiffée d'un ample chapeau, et levant vers elle l'index gauche, lui
prédit un avenir joyeux sans doute, car la jolie interrogatrice sourit.
Derrii re elle, un petit garçon un doigt sur les lèvres, semble se
moquer de sa crédulité. Publié le 22 mai 17.SC).
1 Voir ce nom.
ECOLE ANGLAISE
The Gamesters ' (par W. Ward) — Sm 97. — Au milieu de la
composition, un jeune homme à une table tient ses cartes à la main,
à gauche un vieil homme s'appuie sur son épaule, et avec sa main
droite désigne une carte qu'il a dans la main, tandis que de la gauche
il la signale à l'adversaire de droite qui lui montre l'as de carreau.
Publié le 22 mai 1786.
Estampes en couleurs extrêmement jolies qui se font pendants.
Ventes; La première, adjugée le 6 juin 1898, à Londres, 1575 — Ligaud,
la même, 200 — Le 14 mai 1901, a Londres, les deux pièces 2887 — Blyth,
la seconde, seule avec une autre pièce, 145.
Sophia (par J. Hogg). — Dans un médaillon, elle est assise de
face, les jambes reployées sous elle, un râteau dans la main droite,
la gauche appuyée sur un panier qui est près d'elle ainsi que deux
bouteilles, la tête est légèrement penchée à gauche.
Assez recherchée, quoique vraiment peu intéressante. — Adjugée le G juin,
à Londres, 1050, et à la vente Ligaud 350, tirée en bistre.
Love in her eye sits playing2 (par J.-R. Smith) — Sm 187. —
A mi-corps, de face et regardant de même, la tête légèrement inclinée
à droite, coiffée d'un large chapeau à plumes, des boucles de cheveux
sur le cou, le bras gauche orné d'un bracelet de perles et ramené sur
la poitrine, une gaze légère sur les épaules, derrière elle une lourde
draperie, la jeune femme sourit. Publié le 1er mai 1778.
Ventes : Hollandt, 350 — Ligaud, 405.
Lydia (par W. Dickinson) — Sm 95. — Une rieuse et jolie fille
est couchée dans son lit sur le dos, la tête coiffée d'un coquet bonnet
de nuit, elle regarde de face ; les draps rejetés en avant laissent voir
les seins complètement nus.
Les bonnes épreuves ont été publiées le 1" décembre 1716, il y a eu des
retirages le 10 juillet 1824 qu'il faut rejeter.
Ventes : G., 160 — Deux exemplaires de celte gracieuse estampe en noir
passèrent à la vente Ligaud, ils furent adjugés, l'un avec les noms des
artistes en grands caractères, 75 francs, l'autre, avec ces noms en petites
lettres, 50 francs.
1 Les Joueurs.
s L'Amour se joue dans ses yeux.
270 ÉCOLE ANGLAISE
Notons encore : Much ado nboul nothing ' et The Merrij wives of Windsor'1,
suite de quatre estampes au pointillé tirées de scènes de Shakspeare, qui sont
extrêmement jolies, elles peuvent valoir ensemble de ISOO à 2U00 francs (?)
et sont difficiles à trouver réunies.
RAMBERG (d'après)
Hésitation (parWard). — Assise de trois quarts à droite, devant
une petile table ronde où elle repose son coude gauche et sur laquelle
on voit un encrier el du papier à lellre, elle regarde presque de face ;
la main droite qui lient la plume, pend négligemment dans un
mouvement d'abandon plein de grâce, elle songe..., un chapeau-
bonnet recouvre une abondante chevelure.
Temptation (par le même). — Accoudée à un balcon, une jeune
femme semble regarder dans une rue invisible mais qui se devine, sa
main droite lient un éventail et elle porle un fichu menteur qui
découvre légèrement la gorge ; à sa gauche, un chien est couché près
d'une lourde portière.
Fort jolis pointillés en couleurs qui se font pendants.
REYNOLDS ' (Sir Joshua, d'après)
1723-1792
M" Abinyton ' (par T. Walson) — Sm 1. — Debout de face, elle
regarde à gauche, sa coiffure est haute, sa main droite tient un
masque et son coude s'appuie sur une sorte de piédestal; au tond,
la campagne. Public le 17 août 17(59.
Ventes: Mailand, 71 - (1., avant la lettre, 111(11» - I.e t.". janvier 1901, à
Londres, 1987 - Blyth, 11G2 — Le 16 juin 1902, à Londres, 7ô76.
' Beaucoup de bruit pour rien.
s Les JoyeuseM Commères de Windsor.
i I.e catalogue <!<• son œuvre gravé a été rail en 1874 par Ifamllton, i n très Intéressant article
lui :i nussl 'ii consacré par Frederick Keppel dans le numéro de janvier is'.n du Serlbner's
ifagastne (page 93) K la vente Cnslmtr-Périer, s uvre gravé par Samuel-William Reynolds,
n r du Roi, | > 1 1 1 • 1 ■ • par s.-\v. Reynolds Bayswater en Juillet 1820, recueil de :is;i pièces
écs :i l'aquatinte en toutes pi épreuves n toulei n renfermé dans qu
volumes demi reliure, lui adjugé 1035 fi
• Ou : I lu Comlt
ÉCOLE ANGLAISE 271
Lady Bampfylde (par T. Watson) — Sm 2. -- Debout dans la
campagne, de face et regardant à gauche, elle a le coude droit appuyé
sur une murette en pierre, une écharpe en gaze légère est sur ses
épaules, une sorte de turban orne sa haute coiffure, et un corsage
légèrement échancré permet de voir son cou qu'entoure un collier de
perles. A droite, ne dépassant pas la hauteur du mur, un lys à longue
tige aux fleurs épanouies. Publié le 1er mai 1779.
Ravissant portrait extrêmement rare et recherché en 1*» état. — La toile
originale se trouve actuellement chez le baron Alfred de Rothschild.
Ventes: Blyth, 23100 — Edgambe, 12G00 - Le 30 avril 1901, à Londres,
12600 — Le 11 juillet même année, même ville, 9187 — Le 10 juin 1902, a
Londres, 9175 — Critchley, en 1902, à Londres, 9187 — Toutes estampes
superbes et de /« état,
The Honnie M,s Beresford, M,s Gardiner, The Right Hon^
Anne Vicountess Townshend (par T. Watson 177C) — Sin G. -
Dans la campagne, trois femmes occupées à enguirlander de fleurs
une statue de l'Hymen sans doute, posée sur un socle en forme de
gaine qui lient une torche entre ses bras. La femme de gauche
— M,ne Beresford — est à genoux de profil à droite, en train de passer
des fleurs à celle qui est à sa gauche, agenouillée sur le banc qui est
près du socle. La troisième enfin, celle qui se trouve tout à fait à
droite, est debout une urne à ses pieds.
Il faut rejeter les épreuves qui portent le titre : A sacrifice to Hymen. —
Cette estampe existe aussi en reproduction moderne.
Ventes: Mailand, 78 — Blyth, 11550 — Le 4 juillet 1901, à Londres, un
2« état, 2806 — Le 16 juin 1902, même ville, 12850.
Elisabeth Duchess of Buceleugh and Daughter (par J. Watson)
Sm 10. — Assise dans la campagne au pied d'un gros arbre, la
duchesse de trois quarts à droite, tient dans ses bras sa fille qui,
debout et de face, s'appuie sur ses genoux ; à gauche une table,
à droite un griffon et un autre chien sautant sur sa robe. Au fond,
des arbres et des champs.
Vente : Blyth, 7875 francs.
Lady Elizabeth Compton (par V. Green) — Sm 27. — Dans un
parc, debout et regardant de face, ayant au cou un collier de perles,
elle a la main gauche sur la hanche et l'autre appuyée sur un mur.
Publié le 1er décembre 1781.
Vente: Blyth, 3413 francs.
272 ÉCOLE ANGLAISE
LadY Betty Delmé and Children (V. Green) — Sm35. — Assise
de face flans la campagne au pied d'un gros arbre, elle regarde devant
elle, elle a passé son bras gauche sur les épaules de ses deux enfants
qui se serrent près d'elle ; le petit garçon qui est de trois quarts à
droite, a un petit grillon couché à ses pieds, que la fillette regarde en
souriant d'un air attentif. Publié le 1er juillet 1779.
Une des plus jolies scènes de famille qui se puisse rêver. — Estampe
extrêmement recherchée dont il faut rejeter les épreuves portant la date de
publication d'avril 1790. — Le cuivre doit encore exister, car il fut vendu le
23 avril 1844, lorsque Richardson se sépara de sa collection.
Ventes: Blyth, 1" état, 21120 — Le 16 juin 1002, à Londres, un 2>- état l'ut
adjugé 4575 — Le 18 mars même année, à Londres, lw état, 0825.
Lady Hamilton (par J.-R. Smith) — Sm 75. — Dans la campagne,
à mi-corps, de profil à droite, elle regarde de face, la tète est couronnée
de Heurs, elle esquisse un sourire le doigt de la main droite mali-
cieusement appuyé sur sa bouche, une longue mèche de cheveux
retombe sur ses épaules. Publié le 6 septembre 1784.
Cette femme s'appelait Emma Harl de son nom de fille, mais c'est sous
la rubrique de la gravure, A Bacchante, que Smith l'a cataloguée: elle
était, dit-on, d'une beauté merveilleuse et comme telle exhibée par un
charlatan nommé le 1)> Graham ; de nourrice qu'elle était autrefois, clic
devint grâce à ses charmes et par son mariage, lady Hamilton. — Il faut avoir
l'étal avec la première adresse, <S'3 Oxford Street et rejeter ceux portant
.'{/ King street Covent Gardai. — M. Gosselin fils, graveur et marchand
d'estampes du quai des Grands-Augustins, très épris de la manière nuire, en
a fait une intéressante reproduction, il a aussi consacré un long article sur
ce procédé dans l'Estampe du 15 décembre 1901, et est entré dans des détails
techniques t ré s précieux pour les amateurs de ce genre de gravure.
Ventes : Le (i juin 1898, à Londres, 2075 — Ligaud, en couleurs, 800
Le 2 mai 1901, à Londres, 1175 — Blyth, 0300 — Normanlon, 8138 — Baron
F. de L., avec la 2 adresse, 1000.
Jane Countess of Harrington (V. Green) — Sm (12. — Dans un
parc, de prolil à droite et se dirigeant de ce côté, elle porte dans sa
main gauche une couronne de fleurs, retenant de la droite une ceinture
légère que le venl fait flotter, des boucles de cheveux tombent sur son
cou légèrement décolleté. Publié le 1" juin l7.so.
Vente: Blyth, 5250 francs.
Lady Elizabeth Herbert nnd Son (par .1. Dean) Sm 11.
Elle est assise dans la campagne et regarde à gauche son lils qui lui
ÉCOLE ANGLAISE 273
touche le menton de sa main gauche, elle a son bras droit appuyé sur
une pierre qui est derrière l'enfant. Publié le 1er février 1779.
Ventes: Blyth, 7875 — Normanton, 1068.
Mrs Haie (par J. Watson) — Sm 69. — Dans la campagne,
décolletée, bras nus, rayonnante de jeunesse, une rose au corsage,
chaussée de cothurnes, elle esquisse un pas. Derrière elle, deux enfants
frappent sur un triangle, pendant qu'à droite deux autres encore
jouent, l'un de la flûte, l'autre des cymbales. Au deuxième plan, un
groupe de danseurs à droite. En bas : L'Allégro.
Il existe une 2? planche gravée également par J. Watson, avec de
nombreuses mais légères modifications, et une 3« par Corbutt (Sm 36).
Ventes : Mailand, 130 - Blyth, 525.
Mrs Payne Galwey and Son (par J.-R. Smith) — Sm 133. —
De profil, les yeux baissés et l'air attristé, elle se dirige vers la gauche,
son fds sur son dos. L'enfant a sa main droite passée au cou de sa
mère et regarde de face. Publié le lor février 1780.
Cette estampe est extrêmement rare.
Ventes : Par Halle, 1062 — Le 31 juillet 1901, à Londres, 1675 — Esterhazy,
450 — Blyth, 7613 — Baron F. de L., 812.
Lady Caroline Howard (par V. Green) — Sm G8. -- Elle est
assise par terre et regarde à gauche un bouquet dans lequel elle prend
une rose. Elle est vêtue d'un ample manteau. Au fond, la campagne.
Publié le 7 décembre 1778.
Extrêmement rare.
Ventes: Normanton, 11550 — Le 4 juillet 1901, a Londres, 5250 — Baron
F. de L., 475.
Miss Jacobs (par J. Spilsburg) — Sm 21. — Assise de profil à
droite, la gorge découverte, le coude droit appuyé sur le bras du
fauteuil, elle tient des fleurs sur ses genoux, elle baisse les yeux et
son cou est orné d'un collier de perles. Publié le 1er janvier 1762.
Vente : Blyth, 4463 francs.
Miss Frances Kemble (par J. Jones) — Sm 42. — Elle regarde
en bas à gauche et porte un ruban autour du cou et un bonnet avec
18
274 ÉCOLE ANGLAISE
un double plissé. Au fond, un paysage de montagnes. Publié le
23 mars 1784.
I):ms le 1m état, qui est avant toutes lettres et avec le bonnet au simple
plissé, le personnage est habille de blanc, tandis que dans le 2e il est habille
de noir.
Ventes : Huth, 2« état, 1785 — Edgcumbe, 2t> état, 2411 — Fordham, 1^ état,
4069 — Hlyth, 1« état, 3938; 2'- état, 2573 — Le 16 juin 1902, à Londres,
lei état 4050.
Elizabeth Duchess of Manchester and Son (par .1. Watson) —
Sm 97. — A la campagne sous de grands ombrages, elle est assise, un
croissant au Iront, une lance dans la main, elle se penche en avant à
gauche. Elle cherche à enlever l'arc à son lils qui personnifie l'Amour
et qui est couché au pied d'un arbre ; le bambin souril, son carquois
est auprès de lui. Au fond, la campagne.
A la vente Ulytli un exemplaire fut adjugé 28NS francs — Le Département des
Estampes en possède une épreuve superbe avant la lettre. — l'iéce liés rare.
M,s Musters (par C.-H. Hodges) — Sm 25. — Elle est en Hèbé
sur un nuage, tournée à droite et regarde de face, elle tient une coupe
de la main gauche dans laquelle un aigle se désaltère et qu'elle
remplit de la main droite. Publié le 20 octobre 1785.
Vente : Hlyth, 0038 francs.
M- Musters (par J.-R. Smith) — Sm 120. — Debout de profil à
gauche, elle regarde de face et cueille des fleurs qui sont devant elle,
au-dessus de la balustrade d'une terrasse sur laquelle elle se trouve;
à gauche, son chien la regarde. Au fond, la campagne. Publié le
27 avril 177'.».
La toile originale se trouve actuellement chez Lord Leconfield.
Ventes: Sligo, 6956 — Blyth, 9'.i7."> — En mars 1902, même prix que vente
Blyth.
M- Pelham feeding Chickens (par \Y. Dickinson) — Sm 59. —
Debout et de lace, elle prend dans un crible qui est sous son bras,
des graines pour jeter aux poules qui sont devant elle; un pigeon
arrive en volant pour se joindre à celles ci. A gauche au fond, un
étang derrière lequel on aperçoit des fermes. Publié le 8 mai 1775.
ÉCOLE ANGLAISE 275
Il n'existe, croyons-nous, qu'un seul état de celte estampe. — La toile
originale est actuellement chez le comte de Yarborough.
Ventes : Huth, 8137 — En mai 1895, à Londres, 3125 — Le 1« mars 1898, à
Londres, 11035 — Riggal, 750(1 — Blyth, 8531.
Lady Catherine Pelham Clinton (parJ.-R. Smith) — Sm 43. —
Une fillette debout et de face regarde tout à l'ait à droite, pendant que
de sa main droite elle laisse tomber des graines qu'elle a prises
dans son tablier relevé, aux poulets qui sont à sa gauche. Au
tond de l'estampe, s'étend la campagne avec un petit lac. Publié le
1" février 1782.
A la vente Blyth un 1" état tut adjugé à 24G75 francs!!! C'est un prix de
folie, pour une gravure qui est du dernier ordinaire. Comme c'est triste de
voir ainsi gaspiller l'argent pour des pièces tout à fait d'arrière plan, et
comment, si l'on est de sang-froid, peut-on se laisser aller à un pareil
emballement que rien ne saurait justifier.
Mary Isabella Duchess of Rutland (par V. Green) — Sm 115. —
Dans un parc, en pied, de face, haute coiffure avec turban et plumes,
la jolie jeune femme regarde à droite, le coude gauche est appuyé et
la main droite pend négligemment le long du corps, à demi perdue
dans les plis de la robe ; la jambe gauche est légèrement repliée et le
pied dépasse la jupe, son vêtement doublé d'hermines a glissé de
l'épaule droite qu'il laisse découverte. Publié le 1er juillet 1780.
Délicieuse et ravissante pièce qu'il faut avoir au moins en 2* état,
c'est-à-dire avec l'adresse : 2!) Newman strcet Oxford street et non avec celle
de Charing Cross 13.
A la vente Blyth un exemplaire d'une beauté exceptionnelle atteignit le prix
fabuleux de 1000 guinées', c'est-à-dire 26250 francs !!! L'année suivante, le
19 février 1902, à une vente faite par MM. Christie, Manson and Woods,
une épreuve d'égale beauté et de même état eut de la peine à atteindre
000 guinées, soit 15750 francs, chiffre néanmoins fort honorable. On raconte
que cette pièce avait été trouvée dans la boutique d'un marchand de
campagne et payée 15 shillings par un amateur qui, à cette époque, n'en
soupçonnait pas lui-même la valeur.
Le 10 juin 1902, à une vente anonyme faite à Londres, une épreuve de
2e état fut adjugée 44G2 francs.
La toile originale fut détruite par l'incendie, en 1810, au château de
Belvoir.
1 Dans son intéressante préface du catalogue de la dernière Exposition an Burîington-Club
(1!>02) L'érudit M. W.-G. lïawlinson nous apprend que celle pièce et certaines autres de même
valeur étaient publiées à l'époque aux prix de là shillings pour les épreuves d'artistes, et
de 5 shillings 6 pence pour les exemplaires de lirage courant.
27(5 ÉCOLE ANGLAISE
Mrs Carnac (par J.-R. Smith) — Sm 31. — Dans la campagne,
debout, ayant de gros arbres derrière elle, le corps de face, elle
regarde à droite ; elle porte une haute coiffure avec des plumes et un
corsage décemment échancré, une large ceinture lui enserre la taille,
la main gauche est ramenée sur la hanche enfouie dans les plis de la
jupe, la droite pend le long du corps ; pleine de grâce et de séduction,
elle semble sourire. Publié le 10 juin 1778.
Peut-être plus séduisante encore que la précédente, celte estampe, de la
dernière rareté1, lui adjugée en avril 1901 à la vente Edgcumbe, en !«' état,
11G0 Ruinées, soit 30450 francs; c'est le chiffre le plus extravagamment élevé
obtenu par une estampe quelle qu'elle soit — exception faite pour les
Rembrandt — depuis tantôt cinq cents ans qu'on en vend. On a beau essayer
de s'accoutumer aux gros prix, ceux-là surprennent toujours, d'autant que
c'est absolument factice, c'est du soufflé. Allez donc avec votre exemplaire —
si vous en possédez — chez les marchands des deux mondes et demandez-
leur ce qu'ils vous en offriraient, nous serons heureux d'avoir la réponse.
La même année, le 1 juillet 1901, un autre exemplaire vint sur le marché,
on le paya 11700 francs; voilà déjà un progrès sensible-. A la vente Mailand
un exemplaire de dernier état, très ordinaire, fut adjugé 135 lianes, nous ne
signalons, bien entendu, ce prix qu'à titre de renseignement et il n'entre
nullement dans notre pensée d'établir un parallèle entre ce prix et les pré-
cédents, cet état étant sans aucune valeur artistique. Le 10 mars 1902 une
épreuve de 1" tirage atteignit, à Londres, 300 francs. La 1" adresse de la
pièce que nous venons de décrire est : 10 Bateman's Buildings Soho square ,
l'autre est : 18 New Bond street, elle est à rejeter. — Il existe aussi des épreuves
modernes, mais l'amateur ne peut s'y tromper.
La toile originale esl actuellement chez lady Wallace, elle fut achetée en
1861 par lord Hcrtl'ord et payée 14953 francs.
Emily Mary Countess of SalisburY (par V. Green) — Sm 1 16. —
Sous un grand arbre dans la campagne, le corps de profil à gauche,
elle se dirige de ce côté, regardant de face. Klle glisse sa main gauche
dans un long gant pendant qu'un petit épagneul court devant elle,
jouant avec le volant de sa robe qu'il a saisi dans sa gueule. Publié le
l,r décembre 1781.
Ventes: Blyth, 10813— Le 19 février 1902, à Londres, même 1er état que
vente Blyth, 13125 - Le 10 murs même année, un 2« état fut payé 3875.
The Right Honourable Lady. Talbot (par V.Green) Sm 128.
Tournée à gauche, elle regarde de face, sa main droite est posée sur
1 Elle ne (lgurall ml me poa dnni la collection Blyth.
i a'oteroni \k\s cependant asiurer d'une /ai ■"< foi m I mi me ■ lai
ÉCOLE ANGLAISE 277
le vase qui est sur un autel à gauche et duquel se dégage de l'encens ; au
fond une colonne cannelée, et à gauche une statue de Minerve. Publié
le 1er mai 1782.
Vente : Blyth, 5513 francs.
Ladies Elizabeth Laura, Charlotte Maria, Anne Horatia
Waldegrave (par V. Grcen) — Sm 133. — Toutes trois assises devant
des colonnes que masquent presque de lourdes draperies, elles tra-
vaillent autour d'une petite table ronde, celle de droite qui brode au
tambour est Lady Horatia. Au fond à droite, la campagne. Publié
le 1er décembre 1781.
Pièce délicieuse. — A rejeter les épreuves où l'adresse est effacée. — Existe
en tirage moderne.
Ventes : Mailand, 100 — Le 18 lévrier 1808, à Londres, 8250 — Blyth, 13125 —
Edgcumbe, 10500 — Fordham, 2» étal, 3038 — Sligo, 9712 - Le 16 juin 1902,
à Londres, 1<- état, 4075.
Guardian Angels (par C.-H. Hodges). — Vus tous à mi-corps ;
à droite, un tout petit enfant de trois quarts à gauche, que deux anges
enlacent de leurs bras ; l'aile gauche de l'ange qui est au milieu, se
déploie pour abriter le chérubin. Au-dessous d'eux, le ciel et les
nuages. Publié le 30 mars 1786.
Très rare pointillé très doux de ton.
Ventes: Mailand, avec la lettre tracée, 110 — C. J. et G. K., avec les
inscriptions à la pointe, en couleurs, 1700 — Baron F. de L., 262.
Lady Georgia Spencer Duehess of De vonshire (par Barlolozzi).
De trois quarts à gauche et penchée en avant, elle est dans un parc,
la main droite appuyée sur une balustrade en pierres et regardant de
face, plumes dans les cheveux, cou et bras nus, le bras gauche pend
le long du corps.
Une épreuve avant toutes lettres existe au Département des Estampes, elle
fut donnée par le frère de la duchesse. — A la vente DeTer Dumesnil, un
l" état avant toutes lettres de ce pointillé tiré en bistre fut adjugé 680 lianes
à Colnaghi.
David Garrick between Tragedy and ComedY (par Ed. Fisher,
17G2) — Sm 20. — Presque de face, le célèbre acteur est tiraillé par la
Comédie à gauche qui lui sourit, et par la Tragédie à droite qui d'un
278 ÉCOI.F. ANGLAISE
geste olympien, semble lui montrer le ciel ; la première a l'air
provocant et mutin, la seconde impassible et sévère; il semble fort
bésitant.
Ce sont M""- Slieridan et Abington <]iii personnifient la Tragédie et la
Comédie. — En mars 1000, dans une vente anonyme faite par Danlos une
épreuve ordinaire fut adjugée 185 francs, tandis qu'à celle île Blytb, un état
(wunl Id lettre atteignit 2573 francs
The Honourable Miss Bingham (par Barlolozzi). — A mi-corps
de trois quarts à gauche, elle regarde de face, coiffée d'un grand
chapeau posé sur le côté, une boucle de cheveux tombant sur l'épaule;
les bras ramenés sur les genoux ne laissent pas voir les mains.
Pointillé en couleurs.
Ventes . Mailand, 26 — Blyth, 2-' état en bistre, 383 — Baron F. de L., en
couleurs, 3450.
Misses Crewe (par J. Dixon) — Sm 12. — Au pied d'un arbre,
à mi-jambes, toutes deux regardant à gauche, les deux sœurs se.
tiennent enlacées; l'aînée, celle de droite, a une corbeille de fleurs
passée au bras gauebe. Publié le 30 septembre 17<S2.
Un exemplaire, vente Blyth, 180(1 francs — Vente Kdwin IL Cope, à
Philadelphie, avant le titre, 1000, très rare. — Il existe des épreuves en tirage
moderne.
Georyiana Duchess of Devonshire (par V. Green) — Sm 37. —
Elle regarde de l'ace et se dirige vers la gauche pour descendre les
marches d'un perron sur la balustrade duquel elle appuie la main
droite, les cheveux sont relevés avec plumes. Au fond la campagne,
et à l'extrême gauche un tertre sur lequel est une statue sur un socle.
Publié le 1" juillet 1780.
Dans cette estampe nous ferons remarquer combien les mains sont mal
dessinées. — La (Inclusse liait tellement jolie, qu'un jour un balayeur la
voyant passer, s'avança vers elle pour lui demander la permission d'allumer
sa pipe an feu de sis veux. — La toile originale est actuellement la propriété
ilu comte Spencer.
Ventes: Mailand, 1X0 - Le I juin 1001, à Londres, 1628.
Lady Caroline Priée (par J. Jones) Sm (H. A mi-corps de
profil à gauebe, elle regarde de lace et porte un spencer (?) à double
collet et au cou un fichu de mousseline blanche, les cheveux sont
poudrés. Publié le ,'i juin 17KH,
ÉCOLE ANGLAISE 279
Pièce que nous considérons comme très ordinaire, mais que nous
mentionnons néanmoins à cause du prix de 1988 francs qu'elle atteignit à la
vente Blylh ; elle avait été précédemment payée 1050 francs à Londres le
5 décembre 1898.
Diana Viscountess Crosbie (par W. Dickinson) — Sm 14. —
Dans la campagne, regardant de face, l'air étonnée, elle se dirige
précipitamment vers la droite ; le bras gauche est étendue et la main
droite soulève légèrement sa seconde jupe. Publié le 20 septembre 1779.
Cette estampe est extrêmement recherchée.
Ventes : Mailand, 81 — Par Halle, 1787 — Normanton, 1er état, 15200.
Lady Smyth and Children (par F. Bartolozzi, 1789). — Elle est
assise au pied d'un gros arbre, le corps de face, regardant à droite,
elle est coiffée d'un large chapeau plat orné de plumes, ayant devant
elle ses trois enfants, deux fillettes qui soulèvent de terre, en le
prenant par sous la jambe, leur petit frère.
Pointillé absolument charmant.
Ventes: Mailand, 32 — Blyth, 1901.
Jane Countess of Harrington (par le même). — Au pied d'un
fût de colonne dans la campagne, de trois quarts à droite, elle retient
par la jupe sa petite fille qui est debout près d'elle, sur le banc où
elle est assise ; derrière elle, son second enfant a posé sa main droite
sur son épaule.
Pointillé rare.
Ventes: G., avec la pièce précédente, 535 — Le 18 avril 1898, à Londres,
1850 — Par Halle, 3475; avec la pièce précédente, 1887 - Blyth, 280 -
Baron F. de L., 562.
The Honble Miss Monckton (par John Jacobe) — Sm (3. — Assise
dans un parc, de trois quarts à droite, elle regarde de face, le coude
gauche appuyé sur un piédestal où est posé un vase sur lequel sont
sculptées des figures à demi-cachées par le feuillage ; un king Charles
est couché à ses pieds. Légèrement penchée en avant, l'index appuyé
sur la lèvre, elle semble rêver en souriant.
A une vente faite en 1901 par Halle, il a passé un curieux état qui n'a été
décrit ni par Hamilton, /!/' par Smith, il était avec le nom des artistes et:
London Publ /si of Januarg 1770 by John Jacobe and M^ Slcdgcs, Henrielta
street Covent Garden and Dickinson and Walson w 1ÔH New Bond strect , il
280 ÉCOLE ANGLAISE
fut adjugé 1250 francs. A la vente du baron F. de L. ce même exemplaire,
croyons-nous, ne lit que 95G francs. Le 10 décembre 1902, un fort bel
exemplaire à Londres atteignit 23025 francs ! ! ! — La toile originale est
actuellement chez M Monckton.
LadY Henrietta Herbert (par V. Grcen) — Sm 04. — A mi-
jambes, clic est tournée à gauche et regarde de face, haute coiffure
et longs gants. Au fond la campagne, à droite des arbres. Publié le
16 octobre 1778.
Il faut rejeter les seconds tirages qui ont été publiés le 1" janvier 1779.
Ventes: N'ormanton, 1" état, 11288 — Edgcumbe, même état, 5011.
Signalons encore: Lailij Sarah Bunbury (par E. Fischer, 1766), Sm 0;
adjugé, vente lilyth, 3019 francs — M" Bonfoy (par Mac Ardell, 1755). Sm 23 —
Ltuiij Cockburn and lier C.hildrcn (par Ch. Wilkin, Ie' décembre 1791), très
rare pointillé qui vaut, avant le titre, dans les 1200 francs — Caroline,
countess of Carliste (par J. Watson). Sm 23, charmant — Masler John Crcwe.
en Henri VIII (par .1. H. Smith). Sm 47; adjugé, vente Blyth, 2625 francs —
Miss Fronces Harris (par .1. Crozer).
RICHMOND (G., d'après)
Elizabeth Fry (par S. Cousins). — Elle est debout, de face,
coiffée d'un bonnet blanc, un châle sur les épaules, la main gauche
ramenée à la hauteur de la ceinture, le bras droit pendant le long du
corps. A droite au fond, on distingue seulement le pied d'une colonne
ronde, dont le fût n'est pas achevé '.
Une épreuve de ce rare portrait passa à la vente Edwin R. ('.ope, à
Philadelphie, il était sur chine avant l'inscription et avec le nom des artistes
à la pointe et fut adjugé 510 dollars, soit 2550 francs.
R0MNEY (G., d'après)
1734-1802
Caroline Duchess of Malborough (par J. Joncs) — Sm 53. —
Elle est debout, regardant légèrement à droite, une boucle de cheveux
tombe sur l'épaule droite, le corsage est un peu ouvert, elle s'appuie
1 Tout au moins dani l'exemplaire <ic i:i vente, dont nous donnom le prix.
ÉCOLE ANGLAISE 281
sur une sorte de piédcslal ; au fond à droite, on dislingue dans
l'éloignement un bâtiment en forme de rotonde. Publié le 30 juillet 1791.
Vente : Blyth, 2625 francs.
Louisa Lady Stormount (par J.-R. Smitb) — Sm 159. — Elle
est assise, les bras croisés et regarde à gauche. Publié le 18 mai 1780.
Vente : Blyth, 4331 francs.
Miss Francis Woodley (par J. Walker) — Sm 19. — Dans la
campagne, de face, elle regarde à gauche, le coude droit est appuyé
sur un piédestal et la main soutient le cou, la gauche pend négli-
gemment le long du corps. Publié le 10 décembre 1781.
Il faut rejeter les épreuves qui portent la date du 72 décembre 1781.
Vente : Blyth, 4138 francs.
Emma Lady Hamilton (par J. Jones). — Assise dans un
fauteuil, de trois quarts à gauche, elle regarde de face ; le bras droit
est ramené sur les genoux et le menton repose dans la main gauche.
Elle est coiffée d'un grand chapeau autour duquel est passé un large
ruban qui semble là pour le maintenir contre le vent qui le pourrait
enlever. Publié le 29 décembre 1785.
Pièce au pointillé.
Ventes : Le 5 décembre 1898, à Londres, 4450 — Ligaud, avant la lettre,
grande marge, 1750, en noir; la même, en couleurs, 410 — Le 10 juin 1902,
à Londres, 1" état, 6125.
Miss Ann Parr (par J. Dean) — Sm 20. — A mi-corps, complète-
ment de profil à gauche, elle regarde de face, la coiffure est un peu
haute, une boucle de cheveux retombe dans le cou, la robe est claire
avec semis de petites fleurs. Publié le 5 février 1778.
Cette estampe est très rare, un exemplaire, à la vente du baron F. de L.,
atteignit 312 francs.
Lady Hamilton' (par Thomas Cheesman, 1789). — Assise de
profil à droite et regardant de face, elle est devant son rouet et tient
i As Ihe Spinster dite Lu Piteuse.
282 ÉCOLE ANGLAISE
le fil de sa quenouille dans la main gauche ; à ses pieds, une poule et
ses poussins.
Fort joli pointillé adjugé, à la vente Fonlham 3301 francs, et 6168 en
juin 1902.
Lady Isabella Hamilton (par J. Walker) — Sm 6. — Sur les
marches d'un perron sans doute, et adossée à un gros arbre, elle est
debout de profil à gauche et regarde de face ; le corsage est décolleté,
le bras gauche demi-nu pend le long du corps, la main tient un livre,
le coude droit s'appuie sur une balustrade invisible. Au fond à gauche,
la campagne et des montagnes à l'horizon. Publié le 6 mars 1782.
Estampe fort jolie, rare et recherchée, dont un exemplaire de fw état fut
adjugé le 11 juillet 1901, a Londres, 11025 francs.
Nature (par J.-R. Smith) — Sm 76. — Vue à mi-corps de trois
quarts à gauche, elle est souriante et regarde de face, elle a sous son
bras gauche un king chartes ; le corsage ouvert laisse entrevoir la
naissance des seins, elle est nu-tête. A gauche au fond, la campagne.
En bas. cinq lignes de légende : Flush'd bg llie sjiiril ofthe génial year. . .
Un exemplaire de ce charmant portrait, qui n'est autre que celui de
Emma Hait, fut adjugé, à la vente lluth, 5250 francs.
Miss Cumberland (par .J.-R. Smith) — Sm 4'J. — Les mains
enfoncées dans son manchon, elle se dirige vers la droite et regarde
de face, elle est coiffée d'un vaste chapeau dont les brides se rattachent
sous le menton. Publié le 30 décembre 1779.
Le l«f état est, croyons-nous, avant toute inscription, il est rarissime;
le 2e, avec l'adresse : .Y II) Bateman's Buildings Soho square; le 3'', avec la
nouvelle adresse : 'iH New Bond streel, épreuves à rejeter.
Venter, lluth, 2» état, 2125 — Le même état, vendu le 15 janvier 1901, à
Londres, 6562 — G. Beaufoy, même état, 3360.
A mentionner encore: Henriella countess of Warwick (par J. M. Smith).
Sm 171 The Seanutress, portrait île Lady Hamilton, par Cheesman, 1787
Children of Earl Goiver (par J. R. Smith), publié le 20 août 1781. Sm 68 —
Elizabeth countess ofDerbg (par J. Dean), publié le 24 mai 1780. Sm 7.
1 Celle collection, vendue en février 1902, produiill 116.725 franc*.
ÉCOLE ANGLAISE 283
ROWLANDSON (Thomas, d'après)
1756-1827
Le Vaux Hall (gravé par Robert Pollard, aquatinte par F. Jukcs,
le 28 juin 1785). — Dans un jardin, de noirbreux personnages vont
et viennent, écoulant une chanteuse debout de trois quarts à droite,
un cahier de musique à la main ; derrière elle, est un orchestre.
Pièce extrêmement rare en épreuve ancienne — toujours alors imprimée en
bistre — elle vaut, suivant état et condition, de 500 à 800 francs. Il en existe,
paraît-il, des réductions in-4°; le regretté Jules Uouillon et Paul Roblin en
vendirent chacun leur exemplaire le 10 janvier et le 22 avril 1895, il ne
nous a pas été donné de les voir. — Le cuivre existe.
SMITH (J.-R., d'après)
1752-1812
Thoughts on MatrimonY (par W. Ward, 1786). — Une ravissante
jeune femme assise de trois quarts à droite, à mi-corps, regarde de
face, le coude droit est appuyé sur le bras du fauteuil et la main
soutient le menton, une lettre est dans la main gauche. Elle est coiffée
d'un large chapeau et son vêtement est rejeté en arrière sur le dos
du fauteuil.
Joli pointillé ovale en couleurs.
Ventes: Decloux, 253 — Ligaud, 455 — Baron F. de L., avec Louisa, les
deux pièces 3000.
Miss Thompson (par Jane Thompson) — Sm 2. — Assise dans
la campagne, des perles dans les cheveux, un jabot frisé autour du
cou, elle regarde à gauche.
Vente : Ligaud, en couleurs, 1220 francs.
The Widow's Taie ' (par W. Ward) — Sm 102. — Assise près
d'une table à droite, une veuve raconte à son amie placée en face
L'Histoire tic la Vctwe.
2N4 ÉCOLE ANGLAISE
d'elle, son histoire. Derrière cette amie, une petite tille est debout.
La veuve a la main gauche gantée. Publié le 2 juin 17.S',).
Ventes: Gentien, avec The Disaster, la première 610, la seconde 500 —
Lacroix, 400 — J. C. et G. K., avec The Disaster, les deux pièces 2900; à la
même vente, The Widow's talc seul 1600.
Visit to the Grand Father ' (par J.-R. Smith) — Sm 101. —
Un vieillard est assis, près de lui est une fillette avec un cheval de
bois; à gauche, une dame amène avec elle un garçon et une petite
Bile. Publié le 12 janvier 1788.
On donne comme pendant à cette pièce : Visit to the Grand Mother, d'après
Northcote, gravé également par J. R. Smith. — Voir Norlhcote.
Ventes : Dccloux, les deux pièces avec marge, 425 — Lacroix, les deux
pièces, 500 — C. J. et G. K., les deux sans marge, 410.
What you will (par J.-R. Smith).
Un exemplaire de cette très rare estampe gravée en 1791 fut adjugé, vente
Dccloux, 3S7 francs, superbe de qualité, 605 à la vente Ligaud, 2020 à celle
de .1. ('.. et G. K. et 3950, en mars 1903, par Danlos, c'était an tout premier
tirage, avec le nom du maître écrit sous le trait carré au milieu de l'estampe.
The Promenade at Carlisle HouseJ (par le Maître, 17.S1). —
La Duchesse de Devonshire et Lady Duncannon occupent le milieu
de la composition, l'une est de profil, l'autre de face, elles se dirigent
vers la droite. Derrière elles, plusieurs personnes prennent le llié autour
d'un guéridon. A droite, debout et coiffé d'un tricorne, un homme
appuyé sur sa canne, regarde les deux femmes qui s'avancent vers lui.
Ventes: Bebague, en noir et avec les lettres Iraeées. 530 — Muhlbacher,
avant taule* lettres, 620 — Decloux, même état, 995 — Destailleur, même
état, 905 -- Blyth, état Behague, 1100.
STUART (C.-G., d'après)
1754-1828
George Washington Esq,c (par .lames Fischer). — A mi corps,
di' trois quarts à gauche, il regarde de face, le cou enserré dans une
haute cravate blanche à rabat île dentelles. En bas, on y lit : From
1 La Visite au grand-père.
' Gosaelln Mis en vend la reproduction l!S francs. Il en existe uns autre copie.
ÉCOLE ANGLAIS!-: 28")
the original Picture in the possession of J. Seb, de Franco Esq. of
Devonshire square London — Publîsh'd bu P. Fische, april 10"' 1S01.
Celte estampe, qui est de la plus insigne rareté, a échappé à tous les
iconographes, même a Baker; il y a quelques années, J. Halle, le grand
marchand d'estampes de Munich, en possédait une épreuve dont il demandait
450 marks, soit 562 francs. Elle manquait à la précieuse collection du
D> Charles E. Clark, si remarquable par la réunion de portraits des
Américains célèbres, et en particulier de ceux de Washington, qui fut vendue
a Boston, en janvier 1901, par le ministère de MM. C. F. Libbie et C° de cette
ville.
TURNER (Joseph-Mallord-William)
Célèbre peintre paysagiste anglais né à Londres en 1775, mort à Chclsea
en 1851 ; c'est donc, on peut presque dire, un contemporain. Sa place est ici
marquée par son recueil Liber Studioram, dont le plus bel exemplaire connu
est celui du British Muséum. Il fut formé par John Pye, graveur de grand
talent et ami intime du peintre, auquel il fut acheté en 1SG9; il avait mis plus
de cinquante ans à le réunir.
Cette publication devait avoir primitivement 100 planches, mais pour des
causes qu'on ignore, il n'en parut que 70 ' plus un frontispice -'. C'est en 1807
qu'on commença à les publier par série de cinq pièces, en 1819 c'était terminé.
Le catalogue en a été dressé par M. W. G. Rawlinson à Londres en 1878.
Voici comment procédait l'artiste : il faisait et terminait complètement ses
dessins à la sepia, puis gravait lui-même les contours de ces derniers au
trait seulement et donnait la planche à terminer en mezzotinle à des graveurs
de profession '. Huit planches cependant furent entièrement exécutées de
sa main, et trois autres mezzotintées seulement, l'eau-forte n'était pas de lui.
La curiosité du procédé consiste dans la combinaison de l'eau-forte et de la
mezzotinte sur une seule planche, et dans l'usage d'une encre brune et
chaude qui donne à l'estampe, en le rappelant, la saveur du dessin original.
Malheureusement, ces cuivres étaient très délicats et baissaient rapidement
au tirage, après environ vingt-cinq épreuves il les fallait retoucher et c'était
presque toujours le Maître qui le faisait lui-même.
Au début de la publication, le graveur Charles Turner devait tout graver
et s'occuper du placement de cet œuvre, mais par suite de difficultés
survenues il fut remercié, et l'artiste créateur devint alors son propre éditeur.
Dans le Turncr's liber Sludiorum c'est le paysage qui domine, les quelques
sujets d'architecture ou de genre qui s'y rencontrent sont en infime minorité.
Ce recueil est le pendant, pourrait-on dire, du Liber Veritatis de Claude
' Sur lesquelles. 1G sont sans titre.
- Vingt autres restèrent inachevées à l'état d'eau-forte et ne lurent jamais publiées, elles sont
rarissimes; l'une d'elles surtout, The Tirantes near Kingston, est introuvable et ne figura même
pas à l'Exposition qui eut lieu tle l'œuvre au Burlington Fine-Arts Club en 1S72.
3 Qui se nommaient : C. Turaer, W. Say, H. Dunkarton, T. Hodgetts, .J. C. Easling, W. Annis.
G. Clint, F. C. Lewis, IL Dawe. Th. Luplon, S. W. Reynolds, tous graveurs en mezzotinte.
28() ÉCOLE ANGLAISE
déliée dit Le Lorrain. Mais l'œuvre de Tuilier est infiniment supérieur et
tle beaucoup plus rare; les épreuves varient, suivant état et conditions, de
50 à 1800 francs '. Nous devons noter cependant que ce recueil est fort
déprécié depuis quelques années et (pie l'engouement un peu factice dont il
avait joui a considérablement diminué.
Une première exposition du Liber Studiorum eut lieu, en janvier 1888, au
Grolier-Club de Xew-York, et une seconde en niai-juin 1000, à lu Bibliothèque
publique de cette ville. M. J. Iwine Smith, d'Kdimbourg, possède une
collection très remarquable et pour ainsi dire complet? de cette suite.
WARD (James, d'après)
1769-1859
The Citizen's Retreat '- (par W. Ward). — Devant un cottage,
une jeune femme très éclairée, entourée de son mari et de ses enfants,
ilonne à manger à des poules. Au deuxième plan à gauche, un porc
sort de son é table, Publié en 179G.
Selling Rabbits' (par le même). — Dans un intérieur rustique,
contre le mur duquel à gauche on aperçoit des cages à poules; un
paysan tient dans ses deux mains, un lapin qu'il cherche à vendre à
une vieille femme. A gauche, un chien se profile; à droite et parterre,
deux lapins sur le premier plan. Cinq autres personnages complètent
le tableau.
Deux manières noires extrêmement jolies et recherchées se faisaient pendants.
Ventes : G., 155 — Le 10 avril 1001, à Londres, 1312 - Baron F. de L , 712.
The Daipy Farm' (par et d'après .1 Ward). — A gauche sous
un gros arbre, une grange, devant laquelle est une charrette dans
laquelle une femme est montée ; au milieu de l'estampe, un métayer
remplissant de lait une sorte de grand bidon ou récipient ; à droite de
la ferme, des vaches et une femme en train de traire l'une d'elles.
Une des plus jolies pièces rustiques de l'école, en manière noire également,
et au moins aussi séduisante que les précédentes.
i i ■ ■•> j p > ix hirenl pratiqué! <n mon is.st :i In première vente du <l»r de Bueeleueh. Ajoutons,
pour mémoire, qu'un artiste contemporain, M. Short. ;i reproduit [un- ce procédé plusieurs
planches du Maître si aussi quelques dessina Inédits cl ce, avec une maestria • i ti i (nil le plu»
i i and honneur ;i son talent.
* /.h Retraite du citadin,
■ t.n Vente tir* Initias.
• La Laiterie.
ÉCOLE ANGLAISE 287
WHEATLEY (Francis d'après)
1747-1801
The Full of the HoneY Moon ' (par L. Laurie). — Un homme
est assis à une table, dans un fauteuil de trois quarts à droite, il vient
de s'endormir devant la lettre qu'il a écrite ; la bougie qui était dans
le flambeau est consumée, mais fume encore. Derrière lui, la gorge
demi-nue, une femme s'approche pour saisir la lettre en question.
The Wane of the Honey Moon '■ (par le même). — Une femme
est assise de trois quarts à droite sur un canapé et vient doter son
masque, un homme à ses genoux la saisit par la taille et détourne la
tète, elle le regarde d'un air étonné, son tricorne et son masque sont
à terre près de lui.
Ces deux manières noires qui se font pendants, très curieuses au point de
vue du costume, ont été publiées en 1789.
Ventes : Par Halle, les deux pièces, C25 — Baron F. de L., 562.
The Disaster ' (par W. Ward) — Sm 104. — A gauche, un piano
ouvert avec un cahier de musique, et devant ce piano, un fauteuil sur
le dos duquel un vêtement est jeté ; à droite, une jeune femme et une
fillette atterrées de voir par terre, renversée par le chat, une cage de
laquelle un serin s'est envolé ; derrière elles, une croisée ouverte
laissant apercevoir le paysage. Publié le 26 juillet 1789.
Pièce extrêmement séduisante en couleurs.
Ventes: J. C. et G. K., avec The Widow's taie (Voir J. R. Smith), deux
pièces, 2900 — Baron F. de L., 77ô — Par Danlos, le UT mars 1902, vente
anonyme avec The Widow's taie, deux superbes exemplaires en couleurs,
4200 francs.
The Return from Coursing '. — Deux cavaliers rentrent à leur
château, à la grille duquel ils sont attendus par une jeune femme
avec ses deux enfants, A gauche, au premier plan, un porteur de
gibier avec deux lévriers ; à droite, deux paons montés sur un banc
circulaire.
1 La Pleine Lune de Miel.
- Le Dêelin de la lune de miel.
1 Le Désastre.
* Retour de lu ehasse à courre.
288 ÉCOLE ANGLAISE
The Return from Shooting '■ — Sous des arbres en bordure de
bois, trois cavaliers dont l'un est descendu de son cheval ; un des
gardes accroupi est en train de passer une laisse au collier d'un des
chiens qui occupent le premier plan. Le gibier jonche le sol. Au fond,
la campagne.
Fort jolis sujets de chasse au pointillé en couleurs, se faisant jiendants,
d'après Wheatley et W. HamUton, gravés par A. Cardon et Hartolozzi, adjugés
à la vente du baron F. de L. 1702 francs.
The Cries of London -.
Suite de 13 planches en couleurs, dont les noms suivent, cri reniement
recherchées et rares à trouver réunies et de belle qualité. Ces estampes
valent fort cher comme on va pouvoir en juger:
Strawberries, scarlet Slrawberries par Vendramini.
OUI chairs to mend »
Fresh gathered peas, young hastings »
Uni spice Ginger bread, smoking hot »
Knives, seissors and razors lo grind »
A new lovesong onhj ha' penny a pièce par Cardon.
Round and sound five pence a pound u[ Duke sherries »
Do ijou wani ang matches »
Scie mackrel, new mackrel par Schiavonetti.
Sweet china oranges, swect china »
Mil!; below maids »
Two bunches a penny »
Turnips and canots par Gaugain.
I
Ventes: Voici quelques-uns des prix atteints pour la série complète en
couleurs pendant l'année 1901 à Londres , V.i'Ml — 21212 — l.r>750. Le 11 juin
de cette même année, une série d'une insurpassable beauté fut poussée en
vente publique jusqu'à 26250 francs ! ! ! Ce prix, assez coquet cependant, ne
parut pas suffisant au vendeur qui la lit retirer A Munich, par le ministère
de I. Halle, 11819 - Baron F. de L„ 21625. Quand on songe qu'en 1891, à la
vente Kinnen, la suite complète lut adjugée 3100 francs, quel chemin par-
couru ! A la vente Blyth elles n'atteignirent que le chiffre de 3150, mais elles
étaient tirées en bistre, parlant infiniment moins intéressantes,
A Londres voici, pendant l'année 1902, les derniers prix pratiqués : 11287 —
9712 - 18375 et 20I7;> lianes.
The itinérant Potters' (par J. W'hessell). — Sur une roule
à travers la campagne, un potier et sa femme cheminent, ils sont
accompagnés d'un âne qui porte leur marchandise. L'homme est vu
de dos et la femme qui le suit se détourne pour regarder.
i Retour de la chaut d tir.
» Les cris >/.• Londres. D existe une réimpression de celte suite qui se paye dani les ISO A lsu IV.
Les J '"/i. m QjnbuianU
ÉCOLE ANGLAISE 289
The Woodman's Return ' (par le même). — Sur le premier plan,
un bûcheron portant sur ses épaules un fagot au bout d'un bâton ;
près de lui à droite, sa femme, son chien et deux enfants. Au fond
à gauche, des moulons sont couchés.
Charmantes estampes se faisant pendants, elles sont — si notre mémoire
est fidèle — au pointillé.
WRIGHT (Joseph, d'après)
1734-1797
A Blaeksmith's Shop3 (par Richard Earlom) — Sm 47. —
Un atelier de forge; sur l'enclume, une pièce de fer rouge que deux
liommes sont occupés à marteler ; l'ouvrier du deuxième plan qui
lient la pièce de la main droite est violemment éclairé. Sur le premier
plan à droite, un vieillard et deux enfants regardent les forgerons.
Publié le 25 août 1771.
Nous avons mentionné cette estampe en manière noire, comme un spécimen
du summum d'effet que peut donner ce procédé, il y a là une puissance
d'éclairage dont la vigueur serait, croyons-nous, difficilement surpassée. —
A la vente Kinnen une épreuve fut adjugée 90 francs.
Nous sommes heureux de signaler parmi les collectionneurs français de
cette gracieuse époque un très galant homme, M. George Usslaub, l'aimable
administrateur délégué des Docks libres et Magasins généraux de Marseille,
qui possède environ 4000 pièces des différents artistes français et étrangers
des xve, xvf, xvue et xvni1-' siècles, il a, entre autre, su réunir l'œuvre à peu
prés complet de Jean Morin en épreuves superbes; les amateurs provin-
ciaux sont trop rares pour qu'on ne se fasse pas un plaisir île mentionner
leurs noms et de les donner en exemple.
1 Le Retour du bûcheron.
- /.(( Boutique thi forgeron.
r^^-r
îu
École Française
XVIII' SIECLE
ÉCOLE FRANÇAISE
XVIIIe SIECLE
Ayant déjà traité, avec toute l'ampleur nécessaire, croyons-nous, le
xvm<= siècle dans nos précédents travaux2 et tout particulièrement dans le
dernier1, nous avons hésité un instant à le faire encore figurer ici, mais
voulant présenter aux amateurs un tout complet et sans solution de conti-
nuité à travers les âges, et ne pas faire mentir notre titre, nous avons jugé
à propos de ne pas l'exclure de notre étude. Néanmoins, nous avons été
obligé d'être plus bref et avons, à dessein, éliminé certaines pièces inté-
ressantes, mais de second plan qui ne devaient pas trouver leur place dans
une réunion de morceaux ultra sélect. Nous avons profité de la circonstance
pour rectifier quelques erreurs, compléter certains renseignements, et
signaler les ventes importantes de ces dernières années. Nous nous sommes
aussi particulièrement étendu, comme on vient de le voir, sur l'école
anglaise si en faveur aujourd'hui, et avons scrupuleusement mentionné la
plupart de ses belles estampes, portraits et genre, si ardemment convoitées.
BAUDOUIN • (Pierre-Antoine, d'après)
1723-1769
Les Amants surpris (par ChoITart, 1767) — B 3. — Une fille est
surprise par sa mère dans une chambre de ferme, demi-nue, elle
pleure, la tète dans sa main; l'amoureux s'enfuit pendant ce temps-là,
oubliant par terre son chapeau.
i H a paru dernièrement à Londres un intéressant travail de Lady Oilke intitulé : Frcnch
Engrauers and Draughtsmen of tlie XVIII' Ccntury ; c'est-à-dire Graveurs et Dessinateurs français
<ln X 17//' siècle.
ï Les Estampes ilu XVIII' siècle ; avec une préface de Paul Eudel. Paris. Dentu, 188ô : épuisé —
Les Françaises du XVIII' siècle; avec une préface du baron Roger Portalis, en collaboration de
feu notre ami le marquis de Granges de Surgères. Paris, Dentu, 1887.
I Dessins, gouaches, estampes et tableaux du XV1I1' siècle. Paris. Morgand. 1893.
♦ Voir le catalogue de son œuvre, par Emmanuel Bocher, Paris, 1875. — Nous avons suivi
l'ordre alphabétique adopté par l'écrivain, en ayant soin de grouper cependant les pièces
qui se font pendants.
294 ÉCOLE FRANÇAISE
Les Amours champêtres (par Choffart, 1767) — B 8. — Deux
femmes, l'une assise, l'autre debout à la porte d'une ferme, regardent
deux pigeons qui se becquettent ; d'une croisée au-dessus d'elles, un
gars les observe.
Le Jardinier galant (par Helman, 1778) — B 25. — De trois
quarts à gauche, assis près d'un puits, un jeune garçon embrasse une
fillette; derrière eux, sur un perron à droite, une autre fille les épie.
Marchez tout doux, parlez tout bas (par Choffard, 1782) —
B 30. — Dans une chambre de ferme, une jolie fille debout, en
chemise, fait signe du doigt à un jeune gars qui entre par une croisée
à droite, de ne pas faire de bruit. A gauche, une porte entr'ouverte
laisse voir les parents couchés et dormant.
Suite de quatre pièces; la dernière n'a jamais de titre, il en existe une
réduction en couleurs, par. Met/, intitulée L'Eveillé. La gouache originale sous
la rubrique La Fille mal (/ardre, fut adjugée le 1-t juin 1900, à la vente du
marquis de H., 5030 francs.
Ventes . Behague, la seconde, 61; la première, t. m.1, par Haiieston, 35; la
troisième, eau-forte non terminée, avec la tablette blanche, 455; la même,
avec ta lettre g. ni., '.)!); la dernière, avant toutes lettres, avec la tablette
blanche, 505 — Muhlbacher, la deuxième, le' état, eau-forte pure, 225; la
même, par Harleston, non entièrement terminée, 11"); la première, en 1>-'- état,
350; la troisième, eau-forte pure, 245; la dernière, 58 — Hocquart, la
première, avant toutes lettres avec les armes, 50 - Decloux, la première,
g. ni., 61 — Destailleur, la première, g. m., 18; la troisième, g. m., 75 —
Bavard, la première, avant toutes lettres, 35; la troisième, eau-forte pure,
llti; la même, avec la lettre, 7.'i; la dernière, avant toutes lettres, mais avec
les armes, 340 — Bayard, la dernière, t. m., 120 — Bardin, la troisième,
g. m., 70.
Le Bain (par N.-F. Regnault) B10. — Deux caméristes en train
de sortir leur maîtresse du bain, celte dernière est tournée de trois
quarts à gauebe ; par terre, au premier plan à droite, une éponge
dans une cuvette plaie.
Pièce en couleurs à laquelle on donne comme pendant Le Lever, par et
d'après Regnault. — Voir ce nom.
i La marge jouant, comm i le Mil, un grand nMc an point de vue marchand, dans 1rs
estampes du wiii siècle de l'école française, nous l'Indiquerons généralement, par tes
lions suivantes : ■ m., sans marge p. m., petite marge g. m., grande marge t. m.
loule marge - m, v„ marge \ I
ÉCOLE FRANÇAISE 295
Ventes : Beliague, les deux pièces, 190 — Wasset, les deux, 265 —
Muhlbacher, Le Bain, avant toutes lettres, 385 — Hocquart, les deux, 360 —
Aubin, les deux, 495 — Destailleur, les deux, 1050 — Bayard, les deux, 321 —
Belenet, les deux, remargées, 405 — Josse, Le Bain, g. m., 530 — Patellier,
Le Bain, 200 — Lelong1, les deux, 1500 — Leroy3, les deux pièces, s. m.,
405 — Léon Boux, Le Bain seul, t. m., 580.
Le Carquois épuisé (par N. de Launay) — B 11. — Un jeune
seigneur est assis à gauche sur un canapé dans une altitude alanguie,
près d'un lit défait ; il cause avec une jolie jeune femme en deshabillé
galant ; devant la cheminée qui est à droite, un écran ; par terre au
premier plan, son épée. Sur un socle, l'amour dont le carquois
est vide.
Les Soins tardifs (par N. de Launay) — B 45. — Un jeune gars
el une fraîche villageoise se lutinent dans un grenier; ils sont surpris
par la mère qui y monte par une échelle.
Pièces se faisant pendants. — A la vente de Goncourt, la gouache originale
des Soins tardifs qui provenait de la collection Tondu (1865) fut acquise au
prix de 3750 francs par M. Gaston Menier, croyons-nous. Une réplique ou le
même exemplaire, nous l'ignorons, fut adjugé le 11 janvier 1900, à la vente
du marquis de B., 4950 francs.
Ventes : Behague, Le Carquois, état d'eau-forte, le carquois n'existe pas, à
sa place est une touffe de roses, 805; le même, avant la lettre et les armes,
380 — Les Soins tardifs, avant les armes, 389 — Muhlbacher, Le Carquois,
avant la lettre, avec le cartouche blanc avant le carquois renversé ■>, non
décrit, 400 — Les Soins tardifs, eau-forte, avant toutes lettres et l'enca-
drement ornementé, 295; la même, avant toutes lettres et avec la tablette
blanche, 245 — Hocquart, Le Carquois, avant toutes lettres et avec la tablette
blanche, 310; Les Soins tardifs, même état, 175 — Decloux, Le Carquois, 210 —
Destaillenr, Le Carquois, état d'eau-forte, 250; le même, avec la lettre, g. m.,
190; Les Soins tardifs, 2>' état, 150, avec la lettre, t. m., 182 — Kinnen, Le
Carquois, eau-forte pure, 130; avant toutes lettres, 340 — Pavie, Le Carquois,
eau-forte pure, 230 — Gentien ♦, Le Carquois, avant la lettre, avec le cartouche
blanc, 530; Les Soins tardifs, même état, 355 — Goncourt, Le Carquois, eau-
forte pure, 380; avec la lettre, g. m., 275 — C. J. et G. K. s, Le Carquois,
avant toutes lettres et avant le carquois renversé, non décrit, 920 — Lacroix,
Les Soins tardifs, g. m., 86.
1 II n'y avait à cette vente qu'une cinquantaine d'estampes de très belle qualité et presque
toutes encadrées.
s Collection vendue sous les initiales II. I,. N.. toutes les estampes étaient encadrées.
3 Qui n'existait ainsi que dans l'état d'eau-forte.
* Petite collection dont les ~ù numéros de toute première qualité, ont produit 6tl05 francs.
B Initiales de MM. Jourdier e( Kinnen. collection délicate et précieuse dont les 11.3 numéros
firent lliôliSj francs.
296 ÉCOLE FRANÇAISE
Le Chemin de la Fortune (par Voyez Major) — B 14. — Une
vieille femme soulève la jupe d'une danseuse dont la jolie jambe ravit
de joie un musicien et un vieillard qui sont présents.
Ventes : Behague, lLf état, le corset de la danseuse est ouvert, g. ni., 560 —
Wasset, le corset est ferme, 90 — Muhlbacher, lir état, 260 — Decloux,
2 état, loi — Destailleur, 1* état, 180 — Bayard, 1« état, g. m., 100; 2« état,
60 — Concourt, 1" état, 500.
Le Coucher de la Mariée (eau-forte de Moreau le jeune, burin
de Simonet) — B 16. — Dans une chambre à coucher extrêmement
luxueuse, à droite, un lit dans lequel s'apprête à monter la jeune
épousée ; une femme près d'elle, lui murmure quelques mois à
l'oreille ; son mari, en robe de chambre, est à ses genoux. Trois
soubrettes complètent le tableau.
Ventes : Behague, avant toutes lettres avec les armes, g. m., 665 —
Wasset, 1er état, eau-forte pure, 3200 — Maherault, même état, 2205 —
Muhlbacher, même état, avec une note manuscrite de Moreau, pense-t-on,
disant: on a tiré 2'i épreuves de cette eau-forte, 2015; 3« état, avant toutes
lettres, 1220 — Decloux, avec la lettre, t. m., 310 — Kinnen, avant toutes
lettres et avec les armes, 1450 — Gentien, même état, g. ni., 1800 — Pavie,
eau-forte pure. 000 — Defer Dumesnil, 165 — Guyot de Villeneuve, avant la
lettre et avant les armes, g. m.. 1220 — Lacroix, 241 — C. J. et G. K., avant
toutes lettres, avec les armes, g. m., 1550 — Patellier, 235, marges — Leroy,
160 — Léon Boux, ni., 360.
Le Danger du tête-à-tête (par Simonet) — B 18. — Près d'une
cheminée, une jeune femme est assise, la gorge découverte, clic
repousse mollement l'amoureux qui est à ses pieds, dans une posture
suppliante.
Ventes: Behague, avant toutes lettres et avant l'encadrement ornementé,
2' état, t*. m., 305 Destailleur, même état, .">lo Bavard, avec la lettre, 92
Gentien, 2 état, i. m., 295 Goncourt, même état, 385 — Ligaud, même
état, 17.". C. J. cl (i. K., même état, 375.
L'Enlèvement Nocturne ' (par N. Ponce) - B 20. — Au pied
du mur d'un couvent, se dresse une échelle au bas de laquelle un
jeune homme reçoit dans ses bras une jeune Bile; sur le mur, une
autre femme est à califourchon. Une voilure attelée de deux postiers
attend à gauche ; deux autres chevaux avec un cavalier sont à droite.
> Le cuivre est chez Gossclln fila 57, quai dei Grand lugusUns ainsi que ceux de ;
■ ntlnelle en </<7<'"'-
ÉCOLE FRANÇAISE 297
Ventes : Behague, avant la lettre, t. m., 225 — Roth, 1er état, eau-forte
pure, 460 — Muhlbaeher, même état, 396 — Decloux, avec la lettre, 65 —
Destailleur, 2« état, avant la lettre, mais avec les noms des artistes, 420 —
Pavie, eau-forte, avant toutes lettres, avant les armes, 150 — Gentien, avant
la lettre, 385 — Goncourt, avant la lettre, avec les armes, t. m., 685 —
Ligaud, 390 — Lacroix, avant toutes lettres, 200 — Palellier, m., 170.
L'Épouse indiscrète ' (par N. de Launay, 1771) — B 21. — Dans
une chambre à coucher, l'épouse blottie à droite derrière des matelas,
surprend son mari qui a renversé sur le lit sa femme de chambre.
Veilles : Behague, avant la dédicace avec le titre et les armes, 3<' état,
300 — Roth, même état, 399; avec la lettre, 155 — Wasset, eau-forte pure
sans aucune lettre, 1100 — Muhlbaeher, même état, 500; 2« état, avant lettre,
armes et dédicace, 500, c'est le bel état ; 3'' état, 210; le titre est alors Les
Indiscrets — Goncourt, eau-forte pure, 400 — C. J. et G. K., 4'' état, 250.
Le Fruit de l'Amour secret - (par Voyez Junior) — B 23. —
Une jeune femme qui vient d'accoucher, tourne le dos à un lit dont
les rideaux sont fermés ; à droite, près d'une croisée, son amant
auquel elle tend la main ; une amie vue de dos, la console ; la sage-
femme passe le nouveau-né à un homme qui entre par une porte
à gauche.
Ventes: Behague, avant toutes lettres, avant les armes, 1er état, 360 —
Muhlbaeher, état non décrit avant toutes lettres, avant les armes et avant
que l'expression de l'accouchée ait été modifiée, 320 — Goncourt, avant toutes
lettres mais avec les armes, 2L' état, 195.
Le Goûter (par Bonnet) — B 24.
On joint cette pièce en couleurs généralement aux trois autres de
J.-B. Muet : Le Déjeuner, le Dîner, le Souper, gravées par le même artiste.
Ventes : Pavie, les quatre, 450 — C. J. et G. K., 410.
Le Lever (par Massard, 1771) — B 29. — Une jeune femme
demi-nue, assise sur son lit, regarde un chat qui s'y trouve près d'elle.
Deux servantes l'entourent; l'une lui donne ses pantoufles, l'autre lui
passe un peignoir. A droite, un paravent.
1 A la vente de Goncourt In gouache originale provenant de chez Taignon-Dijonval fut adjugée
2j1(i(i francs à M. Edmond Veil Picard.
' La gouache originale à la vente Henri Jossc fut adjugée 4650 lianes, elle reparait a la vente
Muhlbaeher en 1890 où elle ne fait que 3100.
29cS ÉCOLE FRANÇAISE
La Toilette (par M. l'once, 1771) — H 48. — De profil à droite,
debout devant sa toilette, une jeune femme se fait lacer son corset par
sa soubrette, pendant qu'elle cause à un jeune seigneur assis à droite.
Ces deux estampes se font pendants, — En 1898, à la vente Marmontel, la
gouache originale du Lever fut adjugée 11500 francs; La Toilette 10000. Un an
j)lus tard, à celle de Muhlbaclier ', elles reparaissent et atteignent chacune
10000 francs —A la vente de Goncourt le croquis à la plume, lavé d'aquarelle,
avait fait 1000 francs.
Ventes : Behague, Le Lever, '!■■ état, eau-forte avant l'encadrement, le litre
en capitales yrises, les noms des artistes à la pointe, 900; les deux avec la
lettre, g. ni., 150 — Rolh, Le Lever avant le changement d'adresse, c'est-à-dire
avec l'adresse de M Baudin au lieu de celle de Basan, f état, g. m., 1G3;
La Toilette, 3» état, avec la tablette ombrée, le nom des artistes sans aucune
lettre, 199 — Muhlbacher, Le Levée. 1" étal, eau-forte pure et avant l'enca-
drement ornementé, 745; état d'eau-forte plus avancé encore avant toutes
lettres, 000 — Decloux, les deux pièces avec l'adresse de M11" Baudouin,
!• état, 370— Bavard, La Toilette avant la lettre, t. m., C00; Le Lever, 4e état,
110 — Genlieii, les deux pièces, 4e état, 520 — Goncourt, Le Lever avant
toides lettres, t. m., 730; La Toilette, 4'- état, 108 — Lacroix, les deux pièces,
1 état, 500 — Defer Dumesnil, Le Lever avant la lettre, 200 — C. J. et G. K.,
Le Lever avant la lettre, 1050 — Léon Houx, les deux pièces, 330.
Le Matin (par de Gbendt) — B 315. — Dans une chambre, sur un
lit, couchée sur le dos, les seins nus, la chemise relevée, une femme
dort ; un abbé entre par une porte à gauche, la regarde, et essaie d'en
masquer la vue à l'enfant qui raccompagne, avec le pan de son
manteau.
Le Midi (par le même) — 1} 33. - A l'entrée d'une serre aux
riebes treillages, à gauche, une jeune femme assise, à deini-pàméc,
le corps rejeté en arrière, a laissé tomber le livre qu'elle lisait, sa main
gauche s'est égarée sous sa jupe; par terre à droite, son ombrelle ouverte.
Le Soir (par le même) 15 10. — A gauche, une jeune femme
toute nue est en train de se faire essuyer par sa camériste, quand
soudain par une porte entrouverte à droite, la tète d'un homme
apparaît ; la seconde femme de chambre s'efforce de maintenir la
porte en repoussant l'indiscret.
i Celle admirable collection lui dispersée <lu I.", au lf mai 1809. Bile contenait nu choix
précieua des œuvres lis plus remarquables 'lu xvui' siècle : tableaux, dessins, gouaches,
miniatures, marbrei ce lui un triomphe el pour l'amateur raffiné qui :i\:iii mi les réunir el
pour i'- distingué commissaire pi I •■ ur, M. Paul Chevallier, m"' avec son habileté coulumlêra
enleva son public h t ■ t produire > 1 1 vente la coquette somme de; 1.726.700 francs '■ ■
ÉCOLE FRANÇAISE 299
La Nuit (par le même) — 13 35. — Au pied d'un tertre, dans un
parc, un homme a renversé une jeune femme sur le dos, le corsage
dégrafe laisse voir le sein gauche ; l'amoureux est près de l'enlacer.
A gauche sur un socle, une statue de l'amour. La lune éclaire
cette scène.
Les quatre gouaches originales furent adjugées à la vente Muhlbacher
8000 francs. A la vente de Goncourt, Le Malin, aquarelle sur trait de plume,
fit 7100 francs.
Ventes : Behague, les quatre avant la lettre, avec la tablette blanche ' Le
Matin et Le Soir sont avant le changement, c'est-à-dire que les parties de la
femme ne sont absolument pas voilées par la chemise ou la draperie, 705 —
Muhlbacher, les quatre, état Behague, 495 — Mailand, les quatre, état
d'eaux-fortes avant toutes lettres, deux de ces étals ne sont pas décrits pour
Le Malin et Le Midi; dans Le Soir, la femme nue a un bonnet sur la tète,
3200 — Dubois du Hais, les quatre avant toutes lettres, Le Matin et Le Soir
avant le changement, 510 — Ilocquart, les quatre avec les tablettes blanches,
Le Matin el Le Soir avant le changement, 070 — Destailleur, les quatre pièces,
état Ilocquart, 600; les mêmes, dernier état, 200 — C. J. et G. K., Le Matin
avant la draperie, 145; Le Soir, même état, 115 — Patellier, les quatre pièces,
400 francs.
Le Modèle honnête (eau-forte de Moreau, burin de Simone!) —
B 34. — Dans un alelier, un peintre assis dans un fauteuil, se retourne
émerveillé à la vue d'une superbe fille nue et confuse qu'une vieille
femme cherche à cacher de son manteau.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, 215 — Both, eau-forte pure, 399 —
Mahérault, eau-forte pure, 1510; état terminé, 170 — Decloux, avec la lettre,
65 — Destailleur, eau-forte pure, 320; avant toutes lettres, avant les armes,
2« état, 060 — Gentien, 2'- état, g. m., 510 — Goncourt, eau-forte pure, 145;
2^' état, 365 — Ligaud, 2e état, 840 — Lacroix, 4' état, avant la dédicace,
335 — Defer Dumesnil, 2" état, 410.
Mentionnons encore la jolie suite de quatre pièces: Perretle (par
Guttcnberg), Marton (par N. Ponce), Jusque dans la moindre chose' (par
Masquclier), Sa taille est ravissante (par Lebeau) qui, dans le bel étal avant
toutes lettres, valent de 300 à 400 francs. Le Curieux (par Malœuvre) vaut,
suivant état, de 250 à 300 francs, le h> état d'eau-forte pure, où le curieux a
un habit boulonné et non un rabat, est rarissime, à la vente Behague elle fut
adjugée 435 francs. Le Rendez-vous (par Bonnet), en imitation de pastel, pièce
ravissante assez rare, fut adjugée à la vente Houx 115 francs.
1 Dans cet état. c'est /.<* Midi qui est la pièce la plus rare.
' Il existe un étal non décrit, entre le 2' et le 3'. avec la tablette ombrée et le nom des artistes,
mais sans inscription dans la tablette, c'est fort rare; une épreuve passa à la vente Defer
Dumesnil et fut adjugée 285 francs.
300 ÉCOLE FRANÇAISE
BERNARD (d'après)
?
Madame Létine (par La Live). — En busle, gracieusement
tournée de trois quarts à droite, elle est vue de face dans un médaillon
ovale entouré de guirlandes de roses et surmonté d'une couronne,
dans un encadrement rectangulaire avec tablette inférieure. Elle est
coiffée d'un petit bonnet dont les brides sont nouées sous le menton,
sa robe de chambre est garnie de fourrures. A gauche, sous le trait
carré: Bernard p., et à droite: La Live se... Au bas, un quatrain
commençant par ces mots : Tendre, sensible, heureuse mère. . .
Délicieuse estampe d'une excessive rareté dont Veau-forte certainement
d'Augustin de Saint-Aubin, fut terminée au burin par La Live de July. — Un
fort bel exemplaire passa à la vente de Concourt où il fut adjugé 3CU francs.
BOILLY ' (Louis-Léopold, d'après)
1761-1845
Les estampes en couleurs d'après ce Maître sont en grande hausse depuis
surtout quatre ou cinq ans, quelques-unes sont assez intéressantes, mais
leur valeur artistique ne justifie pas toujours les prix parfois exagérés
qu'elles atteignent. Elles existent toutes en noir et en couleurs', la plupart au
pointillé.
La Comparaison des petits pieds (par Chaponnier). — Une
femme assise à gauche, a croisé sa jambe droite sur son genou
gauche pour se déchausser et comparer son pied avec celui de son
amie qui, debout devant elle les seins nus, a relevé sa jupe; derrière
elle, un homme à genoux se dissimule, cherchant à en voir davantage.
L'Amant favorisé (par le même). — Au fond de la chambre, un
lit de coin, et sur le premier plan à gauche, une jeune femme debout,
la gorge demi-nue. se précipite sur la porte qu'elle cherche à main-
i Consulter le très intéressant volume que Lui o i o i i é M. Henry HarrlssOi Paris 1806,
iui "np plus harmonieuses se palenl toujours plus cher,
ÉCOLE FRANÇAISE ,'501
tenir de ses deux mains, pendant que le galant s'esquive par celle qui
se trouve à l'extrémité de la pièce, emportant souliers et vêlement.
Pièces faisant pendants, la seconde parut en juin 1792 au prix de 9 livres.
Ventes : Behague, avant la lettre, 50 — Muhlbacher, avant la lettre en
noir, 95; en couleurs, 100 — Decloux, en réduction publiée chez Fillon et
Valmont, m., 23G — Bayard, en réduction, 110 — Mn><= o., en réduction par
Goùy, 200, g. ni. — Ligaud, en réduction par Goiiy, la première seulement
43 francs — Lacroix, la seconde avec : Ah! qu'il est joli, 220 — C. J et G. K.,
les deux en réduction ovale par Alix, encadrées, 810!! — Leroy, les deux
pièces 490, en réduction par Alix — La Comparaison seule avant la lettre,
par Chaponnier, g. ni., 135.
On la tire aujourd'hui ' (par Tresca). — Près d'une porte
entrebaillée à gauche, une jolie jeune femme, la gorge demi-nue,
entoure de son bras droit la taille d'un homme qui lient dans sa main
une liasse de billets de loterie. Au fond de la chambre, une femme
assise devant une glace se peigne.
Ventes : Behague, avec la lettre en couleurs, G2 — Muhlbacher, 31 —
Aubin, avant la lettre, G2 — Kinnen, en couleurs, 100 — Ligaud, en
noir, 28 — Lacroix, avant la lettre, restaurée, 52 — Boux, avant la lettre, 85.
Le Prélude de Nina (par Chaponnier). — Assise devant un
piano, une charmante femme décolletée se retourne vers son accom-
pagnateur, un jeune violoniste qui la baise sur la bouche. Au fond de
la pièce, un lit.
Ventes : Behague, avant la lettre, 37 — Muhlbacher, même état, 45 —
Decloux, même état, 105 — Kinnen, même état, 45; réduction ronde en
bistre, par de Goiiy, 68 — Ligaud, 108 — Pavie, avant la lettre, 90 -
Patellier, avec m., 135 — Boux, 45.
La Douce Résistance- (par Tresca). — Un jeune homme en
costume Directoire, presse tendrement dans ses bras une jeune lille
qui, une guitare à la main, le repousse mollement ; près d'eux, un
pupitre renversé, et au fond de la pièce, une porte vitrée par laquelle
une servante curieuse regarde ces ébats.
1 Voilà, certes une des plus jolies pièces de l'œuvre qui n'esl pas cotée à sa valeur, en revanche
on paiera bêtement 276 francs et 355 francs ! aux ventes du 29 novembre 1899 et à l:i vente
Ligaud : La Douce Impression de l'Harmonie et Suite de la Douce Impression de l'Harmonie,
par Wolff, deux juteuses estampes s'il en fut.
5 Existe en réduction ronde par de Goùy.
.'i()2 ÉCOLE FRANÇAISE
Ventes: Muhlbacher, avant toutes lettres, les noms des artistes ;i la pointe
en noir, 31 — Kinnen, en couleurs, 145 — Ligaud, en couleurs, g. m., 700 —
Lacroix, 59 — l'atellier, état Muhlbacher, g. ni., 220, en noir, croyons-nous.
Citons encore, à titre de renseignement, quelques prix pratiqués à la vente
Ligaud sur les pièces suivantes en couleur:
L'Amour couronné (par Cazenave), avant la lettre, 100 francs— Le Cadeau,
Qu'elle est gentille (par Bonnefoy), les deux pièces, 200 — La Dispute de la
Rose, La Rose prise (par Eymar et Cazenave), la première avant toute
adresse, 345 — L'Evanouissement (par Tresca), 98 — L'Optique* (par
Cazenave), 365, et hâtons-nous de dire que ces pièces de dernier plan ne
valent pas plus de 40 à 50 francs l'une dans l'autre, et encore est-ce pour
nous un grand maximum. Les Boilly n'ont jamais vu se pratiquer sur eux
les luiuts prix; qui donc aujourd'hui y met le feu, nous sommes encore à
nous le demander?
B0REL (Antoine, d'après)
1743- ?
La Bascule (par A. Leveillé, 1785). — Une foire de village ;
à gauche de l'estampe, une bascule, au bout de laquelle une femme
tombée à la renverse les jupes retroussées est relevée par un jeune
homme. A droite dans le coin de la pièce, un groupe de quatre
personnages assis.
Le Charlatan (par le même). — Devant des baraques de forains,
un charlatan ayant devant lui une petite table pliante chargée de
noies, débite son boniment aux nombreux personnages qui l'entourent,
pendant qu'une jeune femme qui lui fait face à une certaine distance,
glisse un billet au jeune homme qui est derrière elle. Très à gauche,
une pièce d'eau avec une barque contenant quatre personnes.
A hi vente Mu1i1I>;icIht, les deux aquarelles originales furent adjugées
10(10 francs, elles provenaient de la vente Richard Lion où elles avaient été
payées 3350 francs.
Ventes Behague, La Bascule avant le nom du graveur, 160 Muhlbacher,
les deux avec la lettre, 405 - Aubin, les deux mêmes étals, 100 Bavard,
les deux avant toutes lettres, avant la bordure, 302 — Pavie, les deux, 350 —
Budel, La Bascule, 250 Ligaud, les deux, 500.
i Cette pièce > la vente PaleUler vient de faire 490 franci !
ÉCOLE FRANÇAISE 303
B0SI0 (D.-S. d'après)
?
La Bouillotte '. — Autour d'une table, de nombreux personnages
jouent à la bouillotte ; à gaucbe, une jeune femme debout, arrange
ses cheveux dans la glace, pendant qu'un des invités lui prend la
taille, lui montrant du doigt la pendule.
Ventes : Behague, 155 — Mulilbaclier, 85 — Wasset, en noir, 30; coloriée,
80 — Aubin, 185 — Decloux, 1C5 — Kinnen, 114 — Heredia, 110 — Roux,
coloriée, 250.
Bal de Société. — Deux salles de bal séparées par une colonnade;
à gauche, trois musiciens à demi-cachés par une des colonnes. Au
tond, des danseurs exécutent un quadrille. Au premier plan à gauche,
un grand monsieur demande une danse à une dame ; à droite, trois
personnages l'ont un tour de salle ; plus à droite encore, quatre jeunes
filles assises ; au-dessous d'elle, une dame et un arlequin causent
ensemble.
Ventes : Behague, t. m., 216 — Muhlbacher, 160 — Dubois du Bais, avant
toutes lettres, rarissime, 350 — Destailleur, état d'eau-forte, 30.
Le Bal de l'Opéra.
Ventes : Behague, t. m., 130 — Muhlbacher, 115 — Kinnen, 152 — Baudet,
75 — Roux, coloriée, 230 ; en noir, 165.
On joint à ces pièces généralement comme formant série, L'Escamoteur el
La Lanterne Magique, cette dernière, la plus rare des cinq, qui déjà ne sont
pas communes, vaut de 150 à 200 francs. Elles existent en noir et coloriée -\
BOUCHER (François, d'après)
1703-1770
La Toilette de Vénus (par Janinet, 1783). — Assise de face, la
déesse est nue, une colombe à ses pieds, une aulre entre les bras.
Trois Amours l'entourent, l'un d'eux lui arrange sa coiffure.
1 Gosselin iils, 57, quai des Grands-Augustins, en a fait une jolie reproduction ainsi que du
liai de l'Opéra, du Bal de Société et de La Lanterne Magique. Il les vend 2J francs la pièce.
2 Notons une fois pour toutes que généralement, à tort ou à raison, car ce sont un peu des
subtilités. On appelle estampes en couleurs au xvnr siècle celles provenant de plusieurs
cuivres, et coloriées celles obtenues autrement, c'est-à-dire à la poupée, an ponce ou au patron.
304 KCOLE FRANÇAISE
Pièce en couleurs dont l'état le plus recherché, quoique le plus commun,
est celui où se trouvent les trois Amours ; celui où l'Amour qui peigne n'existe
pas, est de beaucoup, cependant, le plus rare.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, 500 — Decloux, t. m., 030 —
Dcstailleur, 370 — Pavie, avant la lettre, 855 — Baudet, avant toutes lettres,
encadrée, 665 — Lignud, 440.
La Bouquetière galante (par Tilliard). — Dans un jardin, au
milieu de buissons de roses légèrement esquissés, elle est debout, la
taille svcltc et élancée, coill'ée d'un petit bonnet, elle porte attachée à
sa ceinture devant elle, une corbeille de fleurs que recouvre presque
son tablier retroussé, les bras sont demi-nus, elle ofïre un bouquet.
Le corsage ouvert en carré, laisse entrevoir la gorge.
Pièce de la dernière rareté, l'oit jolie.
Ventes : Behague, 250 — Decloux, G05 — Concourt, t. ni., 1000 — Ligaud,
500 — Leroy, 1010.
Madame de Pompadour (par Bonnet). — En buste, la tête
penchée à droite, le corps tourné de trois quarts de ce côlé, elle
regarde dans cette direction, elle est décolletée et les cheveux sont
légèrement relevés et ornés.
Pièce en manière de crayons, délicieuse et de toute rareté, qui donne
l'illusion absolue d'un dessin original ; une belle épreuve à la vente de
Goncourt fut payée 550 francs.
Notons en passant que les Boucher interprétés en imitations de pastel par
L. Bonnet, sont en train de monter fortement — voila certes un mouvement
ascensionnel dont le besoin ne se faisait guère sentir — un Portrait déjeune
fille, remargé, fut adjugé 1 120 francs, et une Tête de Flore, 2800, à une vente
anonyme faite par Danlos, le 11 mars 1903.
GHALLE (Michel-Ange, d'après)
1718-1778
The officions waiting Woman ' (par Chaponnier). — Une fort
jolie fille à plat ventre sur son lit, la chemise retroussée, les bras
appuyés sur son oreiller, attend le lavement que va lui administrer
t La Femme de Chambré eomptaUanle, Au mole de Février isu.*>. Edmond Lorilc nous
écrli iii qu'il in possédai! lu gouache originale . lignée el datée! dana le cadre de l'époque.
ÉCOLE FRANÇAISE 305
une accorte soubrette qui, de la main droite, fait signe de ne pas
bouger à un galant indiscret qui entre par la porte à gauche.
Il existe de cette estampe une réduction assez rare gravée par de Goùy,
sous le titre Chu-u-u.
Ventes : Behague, avant la lettre, avant le nom du peintre, tirée en bistre,
les figures et les chairs seules coloriées, 409, rarissime ; avant la lettre en
noir, 82 — Muhlbacher, avec la lettre en noir, 41 ; coloriée, 76 — Decloux,
avant la lettre, 165 — Destailleur, même état, 110 — Kinnen, épreuve
coloriée, 110 — Bayard, état de la vente Behague, 155 — Pavie, la réduction
de Goùy, avec Coucou, réduction de Dors, Dors de Regnault, par le même
graveur, 2 pièces en couleurs, 201 — Pichon, avant la lettre et avant le nom
du peintre, 130 — Patellier, avant la lettre, 170.
L'Amant surpris (par Descourtis). — Dans une luxuriante
campagne, un jeune homme est assis de face en train de lire des
lettres, quand soudain une femme le surprend par derrière en lui
appliquant ses deux mains sur les yeux.
Les Espiègles (par le même). — Deux jeunes femmes complète-
ment nues, viennent de prendre un bain, elles sont assises sur des
rochers, près d'une cascade et lisent. Pendant ce temps, deux gamins,
à l'aide d'une ligne, cherchent à leur dérober leurs vêtements ; ils ont
déjà réussi à accrocher un soulier qu'ils enlèvent.
Pièces en couleurs se faisant pendants.
Ventes : Saint-Geniès, avant la lettre, 305 — Muhlbacher, avant toutes
lettres, seulement les noms des artistes à la pointe, 310 — Aubin, état
Muhlbacher, 410 — Decloux, 255 — Bayard, 245 — Ligaud, 360 — Pichon,
la première, 241 — Lacroix, pièces restaurées, 250 — C. J. et G. K., la
première seule, sans marge et encadrée, 710 — Roux, les deux pièces, 810.
La Ruelle (par Malapeau). — Demi-nue et sortant de son lit, une
jeune femme est lutinée par un jeune homme qui lui prend le sein
gauche en cherchant à lui enlever son dernier voile, sa chemise.
Ventes : Behague, avant la chemise rallongée, avant toutes lettres, t. m.,
rarissime, 309 — Muhlbacher, même état, 210 — Bayard, même état, 130 ;
avec la lettre, 32.
CHARDIN (Jean-Baptiste-Siméon, d'après)
1699-1779
Certaines pièces de l'artiste sont recherchées en épreuves d'état, mais en
général l'œuvre est délaissé en exemplaires avec la lettre, il y en a cependant
de charmantes parmi lesquelles nous citerons : Le Benedicite (par Lepicié) —
20
306 ÉCOLE FRANÇAISE
La bonne Education (par Le Bas) — Jeu de l'Oye, Les Tours de cartes, pendants
(par Surugues fils) — La Maîtresse d'école (par Lepicié) — Les Amusements
de la vie privée (par Surugue). — Voir le catalogue qu'en a dressé Emmanuel
Bocher, Paris 1870.
CHARLIER (d'après)
Florissait vers 1780
Vénus en réflexion — Vénus désarmant l'Amour.
Deux pièces en couleurs, par Janinet, rares et recherchées quoique sans le
moindre intérêt comme, du reste, la plupart des sujets mythologiques,
valent avant toutes lettres de 150 à 200 francs.
GOCHIN1 (Noël, par)
La Foire de Guibray.
Cette très grande estampe est gravée d'après un dessin de Chauvel (1G58),
cette foire avait lieu en Normandie près de la ville de Fallaize. — La pièce
est d'une insigne rareté, elle fut adjugée ventes : Didot, 100; Destailleur »,
avec trois autres pièces, 300 — H. G., 400.
COYPEL Ch.-A. (d'après)
1694-1752
Adrienne Lecouvreur (par P.-J. Drevet). — A mi-corps, dans
un médaillon lézardé reposant sur un socle, elle est de face, les yeux
levés au ciel, les cheveux relevés sous un long voile avec deux tresses
retombant sur l'épaule gauche, pendants d'oreilles en forme de poires,
robe de velours noir décolletée. Elle serre contre sa poitrine, une
urne funéraire contenant les cendres de Pompée. Dans la tablette, un
quatrain : C'est peu de voir ici/. . .
I Dit Le Vieux, né 11 Troyes en 1662, mort n Venise en 1693; il s'en suit, que cette estampe
aurait dû être classée au xvn ilécle et non Ici. Nous signalons cette erreur, que le collectionneur
aura lui-même redressée, noi mmes convaincu.
» a lu vente de la Bibliothèque en I
ÉCOLE FRANÇAISE 307
On assure qu'il n'existe que quatre épreuves connues du 1<* état; le 2« état
a le mot modèle écrit model dans le quatrième vers du quatrain.
Ventes : Behague, 2e état, avec la faute, 260 — Didot, l<->'' état, 1010 —
Muhlbacher, avec la faute, 161 — Concourt, 3« état, 38.
DAGOTY (Le Chevalier Louis-Charles)
?
Trait de Bienfaisance de la Reine Marie- Antoinette.
Pièce en manière noire, rarissime, adjugée vente Behague 280 francs;
vente Bardin 90 francs.
Portrait de son frère. — A mi-corps de trois quarts à droite,
coiffé d'un chapeau rond à bords légèrement relevés, un col blanc
souple, il regarde de face ; sa main gauche tient sa palette et la droite,
trois pinceaux ; la bouche entr'ouverte laisse apercevoir les dents.
En bas sous ce portrait, on lit ' : Portrait d'Edouard Dagoty inventeur
de la gravure en cbleurs né à Paris Van 1745 mort ù Florece T8 maj 1783.
Pcnt par Kanchsius gravé et dessiné par Lasinio - Imprimé par Labrelis.
Quoique indiqué gravé par Lasinio, on est convaincu qu'il l'est par l'artiste
lui-même, il est excessivement rare; nous avons eu occasion d'en voir un
superbe exemplaire chez Roblin.
Ventes : Defer Dumesnil, 1350 — Prince Waldburg Wolfegg, 1362 — Par
J. Halle, à Munich, 2062.
Mme la Comtesse du Barry. d'après Drouais 5. — Assise à sa
toilette, elle prend une tasse de chocolat que lui présente son négrillon
Zamore.
Ventes: Muhlbacher, en couleurs, 250; en noir, 255 — Ligaud, en noir,
très rare, 900, c'est un l«r état.
Marie- Antoinette.
Un portrait de la Reine, attribué à Jacques Fabian Dagoty, passa à la
vente du baron F. de L., à Munich, il fut adjugé 3187 francs. Un autre
portrait du personnage existe gravé par Dagoty l'aîné, en pied, debout, la
1 Nous avons respecté l'orthographe.
2 A la vente Muhlbacher en 1899 l'original attribué à Drouais fut adjugé 3020 francs.
308 ÉCOLE FRANÇAISE
main appuyée sur une sphère, très rare ; nous en connaissons deux
épreuves, l'une chez M. Henri Béraldi, l'autre chez notre regretté ami le
marquis de Surgères.
Marie-Antoinette (par J.-F. Gautier Dagoty). — A mi-corps de
face, les cheveux relevés sont ornés de perles, plumes et aigrette, la
tête est légèrement tournée vers la gauche, deux longues boucles de
cheveux retombent sur le devant du corsage très légèrement décolleté
et garni d'une guimpe. Un manteau fourré d'hermines est jeté sur les
épaules.
Estampe en couleurs en imitation de pastel qui n'est qu'attribuée à Dagoty ;
rarissime, mais pas belle. Un exemplaire était coté en février dernier (1902),
chez M. Halle, de Munich, 2500 marks, soit 3125 francs, il était dans son
cadre originale et d'une fraîcheur, paraît-il, exceptionnelle.
Marie-Antoinette (attribué au même). — De face à mi-corps,
dans un ovale tronqué, la Reine regarde devant elle, les cheveux sont
relevés et ornés de plumes blanches. Le corsage décolleté est agré-
menté d'une guimpe et d'une guirlande de lis et de roses. Deux
boucles de cheveux retombent sur les épaules que recouvre en partie
le manteau fleurdelysé.
Pièce en couleurs de la dernière rareté. Les portraits de Marie-Antoinette
ont beaucoup haissé depuis une vingtaine d'années, les gros amateurs qui
les collectionnaient tels que : Lord Ronald Gower et MM. G. Peck, Ducoin,
Behague, etc. ne s'en occupent plus ou ont disparu. Nous croyons savoir
que M. Paul Debrou, conseiller général du Loiret, possède actuellement une
fort belle réunion de portraits de la Heine, ainsi que H. Béraldi.
DANLOUX (d'après)
1745-1809
Princesse de Lamballe (par Ruotte). — Dans un médaillon
ovale, de profil à gauche, les cheveux sont frisés, le corsage est
montant avec un iichu menteur.
Pointillé en noir et en couleurs, assez rare.
Ventes: Behague, avant toutes lettres en couleurs, 200— Goncourt, même
état, 91.
ÉCOLE FRANÇAISE 309
DEBUCOURT' (Louis-Philbert, par)
1755-1832
Le Juge ou la Cruche cassée (Fenaille 1) — 3 états. — Dans un
intérieur rustique, à droite, une vieille femme furieuse tient au collet
un jeune garçon qui vient de casser la cruche à sa fille ! ! ! Cette
dernière, placée entre son père et sa mère, semble fort peu émue de
l'accident. Son père montre au plus jeune des deux juges qui sont
assis, l'objet fêlé en question. Très à gauche de l'estampe, au second
plan, près d'une porte ouverte, deux femmes et un homme causant.
L'eau-forte seule est du Maître, et encore est-elle restée inachevée, la
planche fut terminée par Leveau *. — Pièce fort rare.
Ventes : Vignères, 57 — Baudet, avec une autre épreuve plus avancée,
100 — Goncourt, 202. Tous ces prix sont pour l'eau-forte.
Suzette mal cachée ou les Amants découverts (4) — 1 état. —
Au milieu d'une chambre, une vielle femme de profil à gauche et
enveloppée d'un châle, écarte brusquement les rideaux d'un lit défait
qui est à droite et devant lequel, en chemise et demi-nue, sa fille
surprise se tient confuse, debout, les yeux baissés ; derrière la mère,
le galant à genoux, les mains jointes, implore son pardon, pendant
que par la porte qui est à gauche, entre le père ajustant ses lunettes.
La Porte enfoncée ou les Amants poursuivis 3 (5) — 1 état. —
Au fond de la chambre à droite, une porte enfoncée par laquelle
viennent d'entrer précipitamment le père et la mère de la jeune fille
qui, demi-nue, s'enfuie avec son amoureux par une porte qui se
trouve à gauche. La mère furieuse montre le poing aux deux coupables,
le père tombé par terre à plat ventre, esquisse le même geste à leur
adresse.
' Consulter le très remarquable et très complet catalogue qu'a consacré à l'artiste M. Maurice
Fenaille. Paris. Librairie Morgand, Edouard Rahir et C'\ successeurs, 1899, où il signale
577 pièces gravées. Dans la nomenclature des pièces que nous donnons ici, nous suivons l'ordre
chronologique adopté par l'écrivain en groupant cependant celles qui, publiées à des dates
différentes se font pendants; le nombre des états mentionnés sont ceux indiqués par M. Fenaille.
2 II vient de paraître chez Durel, Paris, un fort volume sur la vie et l'œuvre de l'artiste par
l'éminent écrivain d'art, M. Jules Hédou, de Rouen.
3 Quelquefois désignée sous la rubrique La Fille enlevée.
310 ÉCOLE FRANÇAISE
Ces deux très mauvaises aquatintes ovales en couleurs en travers, gravées
en 1785, qui se font pendants, n'ont pour tout mérite que leur insigne rareté.
La première en noir, la seconde en couleurs passèrent à la vente de F. ', elles
y furent adjugées 2300 francs; c'est Paul Roblin, l'aimable marchand
d'estampes, qui en faisait la vente; il s'empressa de nous les signaler avec
sa bonne grâce habituelle sachant combien nous sommes friand de
documents concernant les raretés ou les états non décrits. Ce même jour il
vendit dans cette même collection, pour la somme de 575 francs, une autre
pièce du Maître avant toutes lettres : Petite fille jouant avec un chat, au
moins aussi rare que les deux précédentes, car nous ne la connaissions pas,
et elle a échappé aux recherches si scrupuleuses de M. Fenaille. A la vente
A. Josse, sous la rubrique La Fille enlevée qui n'est autre que La Porte
enfoncée, cette estampe atteignit 2S00 francs. Profitons de l'occasion pour
redresser une erreur que nous avons commise dans notre dernier volume :
Dessins, gouaches, estampes, etc., page 144 en attribuant à Debucourt une
pièce intitulée La Visite à la Pension dont on n'a pas encore jusqu'à présent
réussi à découvrir l'existence; deGoncourt l'avait signalée simplement dans
l'Art du XVIII* siècle comme mentionnée dans le catalogue d'une vente faite
le 13 décembre 1857. C'est peut-être tout bonnement la jolie pièce du Maître :
Jouis tendre Mère*— qui pourrait aussi bien par la nature du sujet s'appeler
Visite à la Pension — qui a provoqué celte équivoque.
Les deux Baisers, 1786 (7) — 3 états. — De profil à gauche, assis
dans un fauteuil, un vieillard, les jambes croisées, un king chartes
sur les genoux, regarde avec intention la toile qui est devant lui sur
un chevalet où il est représenté embrassant une jeune femme ; celle-ci
qui est derrière lui, profite du moment pour glisser un billet doux au
jeune peintre qui lui baise la main.
Ventes : Behague, avec la lettre, 601 — Muhlbacher, avant toutes lettres,
3000 — Aubin, avec la lettre, 920 — Decloux, même état, 2005 — Destailleur,
même état, 1750 — Kinnen, même état, 1420 — Gentien, avant toutes lettres,
avec le nom de l'artiste à la pointe, 9120 J — Concourt, avec la lettre, 2420 —
Ligaud, 920 — C. J. et G. K., encadrée, 3300 — Baron F. de L. », 2700 —
Leroy, 20X0, sans marge.
Notre Musée Dobrée de Nantes en possède une épreuve de 2° état
éblouissante el telle que nous n'en avons encore jamais rencontré de pareille.
En février 1787, moment de sa mise en vente, cette pièce était cotée 6 livres.
' Le 13 murs 1899 — Chose curieuse il y avait eu déjà une rente de !•'.... en avril l.ssi où ces
deux pièces avalent été adjugées 200 francs ! ! Quel chemin parcouru depuis cette époque,
- Le 22 décembre 1902. à la vente du Comte de L... dont Loys Deltell étall l'expert, il a passe
une épreuve d'un étal encore non signalé jusqu'Ici dans lequel Le moi jouit est écrit fout.
' c'est le plus htm/ prix enregistré en rente publique Jusqu'à ce Jour pour une estampe
n nncalse.
1 Vente (rii Important! latte le 2 juillet 1903, s Munich par les soins intelligents de J. Halle,
antiquaire de cette ville, il y avait la de superbes pièces de l'École française et anglaise du
XVIII" si' il.-.
ECOLE FRANÇAISE 311
Le Menuet de la Mariée, 1786 (8) — 6 états. — A la campagne,
au milieu de nombreux paysans et invités, la jeune mariée esquisse
un pas avec le vieux bailli, pendant que son époux, debout à droite
près de son père, contemple la scène d'un air béat.
La Noce au Château, 1789 (21) — 4 états. — En plein air, à
gauche, au bas de l'escalier du château, le nouveau marié danse avec
la châtelaine, pendant que sa jeune femme passe son bras sous celui
de son père ; derrière eux, des musiciens, et à gauche et à droite, des
paysans et des paysannes. On aperçoit à gauche, près de la grille,
un carrosse.
Deux estampes en couleurs se faisant pendants, la première est moins
rare que la seconde. M. Fenaille a relevé pour la première fois une parti-
cularité restée complètement inaperçue jusqu'ici dans le Menuet de la Mariée
c'est le grand mât dit Mai, qui s'élève à gauche et au haut duquel est
suspendue une couronne au 2? état, mât qui a été supprimé au 3? comme on
peut s'en convaincre par la trace très légère qui en subsiste encore dans le
ciel. Le catalogueur a aussi fait remarquer qu'après la date 1786 il existe
après le point réglementaire quelquefois un point ou deux en plus ', ce qui
caractérise un deuxième ou troisième tirage après l'état définitif; les estampes
qui ont ces points sont donc de qualité inférieure à celles précédemment
tirées, d'autant plus que la planche reprise a encore subi certaines
modifications, dit M. Fenaille, telles que effaçage des plis de la tente qui
abrite l'estrade, retouches à la roulette de l'habit du bailli, etc..
En décembre 1896, nous eûmes l'occasion de voir chez Roblin une très
curieuse petite pièce en couleurs de Debucourt qui n'est pas mentionnée par
M. Fenaille, elle représentait seulement la jeune mariée et le vieux bailli
esquissant leur pas; l'exemplaire superbe et à toute marge était certainement
une épreuve d'essai que nous considérons comme unique. Le possesseur
l'avait payée 39 francs 1 croyons-nous.
Ventes: Behague, 2? état, 3505 — Muhlbacher, Le Menuet, 1er état, 1960;
La Noce, 2P état, 1605; la même, avant toutes lettres en noir, 500 — Hocquart,
remargées, 1900 — Aubin, avec la lettre, 1400 — Destailleur, Le Menuet,
avant toutes lettres, le nom du Maître à la pointe, 1410; la même, en noir,
340 — Kinnen, avec la lettre, 1305 — Baudet, encadrées, 1600 — Pavie,
Le Menuet, avant toutes lettres et les armes, 1605 — Gentien, 2300 —
Goncourt, Le Menuet, avec la lettre, 860 — Ligaud, Le Menuet, 800 —
C. J. et G. K., les deux, premier tirage, la première avant les retouches
dans le ciel, 2000 — Baron F. de L., les deux, 4375 * — Patellier, Le Menuet,
5e état, 680 — Roux, la première seule avec un seul point après la date,
1555 francs.
1 Cette particularité n'est pas nouvelle et Debucourt n'en est point l'inventeur. Déjà au commen-
cement du xvnr siècle en 1723, Pierre-Imbert Drevet en avait usé dans son portrait de Bom.net.
5 Nous voyons avec orgueil l'Allemagne payer chez elle nos chefs-d'œuvre plus cher que
nous ne les payons chez nous.
312 ÉCOLE FRANÇAISE
L'Oiseau ranimé, 1787 (9) — 2 états. — Deux jeunes femmes
sont debout, près d'un lit placé à gauche dans une chambre à coucher ;
celle de droite a dégrafé son corsage et regardant son amie en souriant,
semble lui montrer le petit oiseau qu'elle vient de placer entre ses
deux seins opulents pour essayer de le ranimer. Au premier plan à
droite, une table ronde, et au fond de la pièce, un piano sur lequel un
cahier de musique est ouvert.
Délicieuse pièce en couleurs de la dernière rareté, ardemment recherchée
des collectionneurs; aujourd'hui un exemplaire avant la lettre, marge vierge
et de toute fraîcheur, vaut 10000 à 12000 francs. Quelques catalogues de
vente indiquent comme particularité que la jeune femme qui tient l'oiseau a
les seins découuerts, c'est de la superfétation, ça n'existe pas autrement.
Ventes : Muhlbacher, avant la lettre, 1500 — Aubin, même état, 1800 —
Decloux, 2400 — Concourt, même état, 5320 — Le 11 juin 1902, dans une
vente anonyme faite par Danlos, une épreuve de 2" état fut adjugée 6200 —
C. J. et G. K., épreuve habilement remargée, 4050 — Leroy, 800' — Lelong,
92001 !! et l'épreuve était loin d'être exceptionnelle.
Promenade de la Galerie du Palais Royal, 1787 (11) —
A états. — La galerie remplie de nombreux personnages allant et
venant, quelques-uns en costumes grotesques ; presqu'au milieu de
l'estampe, se dirigeant vers la droite, un petit garçon ayant sous le
bras un gros carton rond, suivi d'un chien et précédé d'une femme
ayant dans la main droite un volumineux manchon. Au fond, les
boutiques portant les numéros 162, 163, 16%, 165, 166. En bas, sous le
trait carré à gauche, la date 1787.
Cette admirable pièce en couleurs, qui est la perle de notre xviif siècle,
ne porte dans aucune de ses parties, soit le nom, soit la signature du
Maître, quoiqu'étant indubitablement son œuvre.
Absolument supérieure à la Promenade publique, mais supérieure de toutes
façons, et comme conception et surtout comme gravure, nous ne pouvons
vraiment pas comprendre comment on lui préfère toujours cette dernière.
Il y a là un manque de goût qui nous semble terriblement choquant ; nous
voudrions essayer de dessiller les yeux des amateurs, mais nous craignons
bien de D'être point entendu, et nous aurons la tristesse de voir continuer
à payer 5000 ou 0000 francs une Promenade, quand une Galerie atteindra
péniblement 2500, 3000 francs au plus. Voilà de ces anomalies singulières
et malheureusement trop fréquentes chez les collectionneurs ; nous tenions
à les signaler] parce que nous voudrions qu'on y portât remède, mais,
hélas! les moutons de Panurge ne sont p;is morts ! et nous prêchons dans
le désert.
i L'épreuve n'était pas enUére.
ÉCOLE FRANÇAISE 313
Les deux beaux états sont : le 1er avant toutes lettres1, et le 2e avec un
seul des numéros, le 166, sur une boutique. Le dernier état, qui est de
beaucoup le moins bon, porte : Imprimé par Chapiuj au lieu de Emprimé. . .
et a deux points après 1737 au lieu de un seul.
Ventes : Behague, avec la lettre, 530 — Muhlbacher, même état, 1575 * —
Hocquart, 2e état, 1000 — Aubin, 3e état, exemplaire superbe, 1787 —
Decloux, 2e état, remargée, 1500 — Destailleur, avec la lettre, 1100 — Pavie,
avant les numéros, 675 — Gentien, même état, 1400 — Goncourt, avec la
lettre, 870 — Ligaud, même état, 1120 — Lacroix, 1160 — C. J. et G. K.,
3° état, avec les numéros et le mot Emprimé, 2600 — Baron F. de L., 2e état,
3687, condition exceptionnelle de beauté — Vente anonyme, 14 mars 1903,
faite par Danlos, 1920 — Lelong, 2450 ; un autre exemplaire, 1900.
La Promenade publique, 1792 (33) — 3 états K — De nombreux
personnages se promènent dans une allée de marronniers, sur le
premier plan ; à gauche, un gandin assis sur une chaise, semble
tomber à la renverse en saluant; au milieu de l'estampe, une table
ronde entre deux chaises, l'une est couchée par terre, sur l'autre est
une rose oubliée ; à l'extrémité droite, une autre table autour de
laquelle devisent un groupe d'hommes assis. Au dernier plan,
légèrement à gauche, un précieux de l'époque mollement étendu sur
quatre chaises. Dans le bas du coin droit et à l'intérieur du trait
carré : D. B. 92.
Ventes : Behague, tout 1er état, avant toutes lettres et avant D B et 92,
900, rarissime — Muhlbacher, 2e état, avant la lettre, g. m., 1380 — Hocquart,
avec la lettre, 665 — Aubin, même état, 1105 — Jacquinot, 725 — Decloux,
état Behague, 5700 — Destailleur, état Behague, 6300 * ; exemplaire en noir,
le seul connu, 5000 5 ; avec la lettre, 900 — Kinnen, état Behague, 5000 —
Baudet, 2e état, avant la lettre, mais la signature en bas et le millésime,
marge et encadré, 2465 — Pavie, 2e état, 1035 — Galichon, 3e état, 1100 —
Gentien, exemplaire de Kinnen, 4020 ; le même, 2e état, 2650 ; le même, en
noir, unique, 2000 — Goncourt, avec la lettre, g. m., 1675 — Ligaud, 3e état,
780 — Guyot de Villeneuve, encadrée, 1520 — Lacroix, 3e état, 1520 —
C. J. et G. K., 1520 — Baron F. de L., 3275, superbe; le même, 1337 —
Lelong, 2700, avec l'adresse de Depeuille.
1 D'une insigne rareté, nous n'avons jamais eu la bonne fortune d'avoir pu le rencontrer, et
s'il n'était pas signalé par M. Fenaille, nous nous permettrions d'en douter.
» A une vente faite en 1862 cette estampe fut adjugée 134 francs et la Promenade publinue 121,
ces prix sont follement exagérés disait à cette époque la bonne Revue Universelle des Arts...
3 C'est par erreur que nous avions signalé un état avec l'adresse de Debueourt. M. Fenaille n'n
jamais eu l'occasion de relever cette particularité.
* Cet exemplaire admirable, marge vierge, avait été vendu par Gosselin 1300 francs.
5 L'acquéreur était M. Gentien, à sa vente en 1896 elle ne fit que 2000 francs ! !
314 ÉCOLE FRANÇAISE
Il existe de cette estampe des épreuves tirées à la poupée sur le cuivre
original au commencement du xixc siècle ; elles sont infiniment supérieures
à toutes les reproductions modernes, on les cote 200 francs.
Promenade du Jardin du Palais Royal, 1787 — 4 états. —
Le café de la Rotonde avec ses tentes et ses arbres et de nombreux
personnages allant et venant; au milieu de la composition, de trois
quarts à droite et regardant à gauche, une femme portant un immense
chapeau, se promène, une longue canne à la main ; à gauche, un
enfant accourt nu-tête vers sa mère, tandis qu'à l'extrémité droite, un
personnage coiffé d'un bicorne, prend une femme par la taille.
Cette estampe en couleurs, comme vient de le prouver M. Fenaille, n'est
ni dessinée ni gravée par Debucourt. On suppose que l'auteur est Claude-
Louis Desrais, et on est sûr que le graveur est Le Cœur. A la vente
Destailleur en 1896, le dessin, sépia et plume, fut adjugé 4300 francs. Nous
avons cru devoir porter cette pièce à l'œuvre du Maître, parce qu'elle fait
partie quand même de ce qu'on est convenu d'appeler Les Trois Promenades.
C'est la plus rare.
Ventes : Behague, 600 — Muhlbacher, 1300 — Hocquart, 655 — Aubin,
675 — Decloux, 1800; en réduction par un artiste inconnu, 270 —
Destailleur, 705; à l'état d'eau-forte, fort rare, 105 — Kinnen, 705 — De G.,
réduction en manière de lavis, rarissime, 725 — Pavie, 675, état d'eau-forte
pure, avant le changement dans la coitFure de la femme qui est au second
plan, assise et accoudée à une table derrière le premier arbre de gauche,
84 — Concourt, 1300 — Lacroix, 1520 — C. J. et G. K., avant-dernier état,
c'est-à-dire Imprimé par Aumont, au lieu de Imprimé par Landié, 2550 —
A une vente anonyme faite le 14 mars 1903, avant la retouche dans la
coiffure, 2230.
Heur et Malheur ou la Cruche cassée, 1787 (12) — 3 états. —
Près d'une fontaine jaillissante sur le mur de laquelle une bergère est
debout et accoudée, tenant de la main gauche une cruche fêlée, un
jeune gars est à genoux, la regardant d'un air tendre en saisissant la
cruche. Par terre, un râteau et l'habit de l'amoureux ; à gauche de la
fille, un mouton.
L'Escalade ou les Adieux du matin, 1787 (13) — 3 états. —
Sur le devant d'une cour de ferme, un jeune gars s'apprête à franchir
un petit mur qui est à gauche ; il y a déjà posé la main droite,
enlaçant de son bras gauche la taille de son amoureuse qu'il embrasse
sur la bouche. La fille dont les seins nus saillent du corsage donne un
morceau de pain au chien qui est près d'elle. Au fond de la pièce,
sur une poutre transversale, un chat blanc est couché.
ÉCOLE FHANÇAISE 315
Ventes : Behaguc, L'Escalade, 1" état, avant toutes lettres, avec la
signature dans le coin inférieur gauche de la partie gravée, g. m., 4950,
rarissime ; Heur, avant toutes lettres, avec la signature en bas à gauche
sous le trait carré, 860 — Muhlbaeher, L'Escalade, avec la lettre, 500; Heur,
même état, petite marge, 390 — Aubin, les deux, 1255 — Decloux, les deux
en 2e état, 5500 — Destailleur, les deux avec la lettre, 1280 — Kinnen, même
condition, 1250 — Baudet, encadrées, 1185 — Galichon, 1000 — Pavie,
1340 — Gentien, 2» état, belle marge, 4150 — Ligaud, Heur seule, 245 —
C. J. et G. K., les deux pièces encadrées, 1150 — Lelong, les deux pièces, 2600.
Le Compliment ou la Matinée du Jour de l'An, 1787 (15) —
5 états. — Assis à gauche sur un canapé, un grand-père ' et une
grand'mère tournés à droite, écoutent le compliment que leur débite
un petit garçon accompagné de sa sœur, que viennent d'amener
leurs parents qui se tiennent derrière eux. Au fond de la pièce, un
vieux domestique en livrée portant un plateau. Un placard enlr'ouvert
à gauche, laisse entrevoir des jouets, entr'autres un polichinel. Un
chien gambade devant les enfants.
Les Bouquets ou la Fête de la Grand'Maman, 1788 "- (16) —
4 états. — Assise de face près d'une petite table ronde, une grand'mère
se retourne à gauche pour embrasser sa petite fille qui lui apporte un
bouquet, le grand-père qui est derrière la grand'mère se penche en
avant, la main gauche appuyée sur le dos du fauteuil. A gauche, le
père, la mère et le petit frère et à droite au dernier plan, une servante
complètent le tableau.
La particularité des points après les dates, signalée précédemment, joue
encore ici son rôle. — Les tirages en noir des Bouquets sont rarissimes.
Ventes : Behague, épreuve de 2>' état, 500 — Muhlbaeher, Le Compliment
en 1er état, Les Bouquets en 2e, 3000 — Aubin, avec la lettre, très g. m., 710 —
Decloux, avec la lettre, 450 — Destailleur, 2>- état, 1400 — Kinnen, avec la
lettre, 400 — Baudet, même état, encadrées, 590 — Pavie, les deux pièces,
735 — Ligaud, Le Compliment seul, 190 — Lacroix, les deux, 985 —
Patellier, les deux, rognées à l'ovale, 480 — C. J. et G. K., les deux, avant
les marbrures de l'encadrement 3, 1680 — Vente anonyme du 14 mars 1903, les
deux, 1000 — Lelong, Le Compliment seul, 620 — Boux, Les Bouquets,
3e état, avec un seul point après la date, 605.
1 La main droite du grand-père esl atrocement dessinée.
» Cette estampe et la précédente quand elles parurent en septembre 1788 étaient cotées
6 livres chaque.
3 Ces deux estampes sont des ovales équarris.
316 ÉCOLE FRANÇAISE
La Rose, 1788 (17) — 4 états. — Dans un parc, un jeune homme
de profil à gauche est à genoux devant une jeune femme assise à
laquelle il offre une rose que celle-ci semble repousser. On voit
derrière la jeune femme, une statue de l'Amour qui s'apprête à lancer
une flèche. Au bas dans la marge, 14 vers sur deux colonnes : C'est
l'âge qui touche à l'enfance. . . par Le Chcr de P.
La Main, 1788 (18) — 4 états. — Au bas des marches d'un perron,
dans un parc, une jeune femme assise de trois quarts à gauche, se
laisse baiser la main gauche par un jeune homme, son autre main
qui pend le long du corps, tient une rose. En bas, sur deux colonnes,
24 vers commençant par : Quand on aime bien, l'on oublie, par le
même auteur que dans l'estampe précédente.
Estampes en couleurs, faisant pendants. — Les points après la date
existent encore pour ces deux pièces.
Ventes : Behague, t. m., 1900 — Muhlbacher, 2200 — Decloux, 3500,
extrêmement fraîches — Destailleur, 2300 — Kinnen, 2^ état, avec le titre et
les vers, mais avant l'adresse, le nom de l'artiste à la pointe à gauche, est
entre le 1" et le 2° trait carré, 3285 — Gentien, les vers ont été coupés,
2120 — Concourt, les deux pièces, La Rose en \" état, c'est-à-dire avant
toutes lettres, rarissime, 3510 — Ligaud, La Main, 1000 ; La Rose, 620 —
C. J. et G. K., La Main1 seule avec la première adresse, celle de l'auteur;
la seconde est celle de Depeuille, 1750. — Vente anonyme du 14 mars 1903,
les deux, adjugées 2200 — Lelong, La Main seule, 1600.
Almanach National, 1791 (26) — 4 états.
Au haut de la planche, au milieu de l'estampe, il existe un médaillon
avec le portrait de Louis XVI, et l'inscription : Louis XVI, roi des Français;
on s'est plu à raconter qu'il existait un état où le portrait du Roi avait été
remplacé soit par des attributs révolutionnaires, soit par une simple
marbrure du médaillon, c'est une pure invention; nous avons consulté
toutes les sommités de la gravure à cet égard, amateurs et marchands,
personne ne l'a jamais va.
L'explication de ce que représente cette estampe est au bas de la planche.
Cet almanach n'existe pas avec le calendrier imprimé sur l'estampe elle-même,
mais il existe séparément. Paul Roblin l'a possédé il y a quelques années,
on le colle alors sur la place marbrée qui lui était réservée; il est rare à
rencontrer.
Ventes: Rehague, 211 — Wasset, avant toutes lettres en noir, 158 —
Muhlbacher, 350 — Aubin, 399 — Decloux, 555 — Destaillcur, épreuve en
i Pour La Rose, 11 existe également des épreuves avec l'adresse de Depeuille.
ÉCOLE FRANÇAISE 317
noir, les inscriptions sont à la pointe, 80 — Kinnen, 260 — Baudet, 550 —
Galichon, 1010 — Pavie, avant toutes lettres, 505 — Leroy, 1300, sur le
cartouche destiné à recevoir le calendrier on remarquait des griflbnnis et
une étude de tête de vieux.
La Rose mal défendue, 1791 (27) — 4 états. — Près d'un lit, un
jeune homme essaie de prendre la rose à une jeune femme qui semble
résister ; par terre, le chapeau et le gant de l'amoureux ; à droite, un
fauteuil qui a été renversé dans la lutte.
La Croisée (28) — 4 états.
N'ayant pu, à notre grand regret, revoir cette pièce en temps utile pour
apporter certaines modifications à la description faite dans notre dernier
volume Dessins... Nous renvoyons le lecteur au travail de M. Fenaille.
Disons qu'encore ici les points après les mots : Dessiné et gravé qui se
trouvent à gauche sous le trait carré indiquent des tirages successifs. Ces
deux pièces sont considérées comme se faisant pendants, elles marquent dans
la technique du Maître un changement très notable, on sent à l'œil que le
métier n'est plus le même et qu'il a été profondément modifié.
Ventes: Behague, La Rose mal défendue, avec le titre et le nom du Maître
à la pointe, 245; la même, en noir, 140; la même, réduction en noir, par
Bonnemain, publiée chez Depeuille, 51 — Muhlbacher, La Croisée, 1«- état
avant toutes lettres, en noir, g. m., dans cet état le jeune homme est sur
l'échelle, la substitution des enfants n'a point encore été faite, très rare, 605 ;
la même, en noir, avec la lettre, 61; en couleurs, 152; La Rose mal défendue,
avant toutes lettres, la femme a les seins découverts, en noir, 330; la même,
en noir, titre et nom à la pointe, 105; en couleurs, 220; en réduction, 140 —
Decloux, La Rose mal défendue, en noir, 1er état avant les retouches, 160 ; en
réduction, t. m., 160 — Aubin, La Croisée, 205 — Kinnen, La Rose mal
défendue, 95; en réduction, 60; La Croisée, 155 — Baudet, La Rose mal
défendue, 305; La Croisée, 85 — Gentien, La Rose mal défendue, 1510 —
Ligaud, la même, 290 — J. C. et G. K., La Rose mal défendue, s. m., encadrée,
660 — Patellier, cette dernière pièce 2« état mais remargée, 500 — Roux,
La Rose mal défendue seule, 310; la même, en réduction, par Bonnemain,
90 — La Croisée, 2» état, avec l'adresse de l'auteur, 300; les états suivants
sont avec celle de Depeuille.
Lise poursuivie (29) — 2 états. — A gauche, un jeune homme
vu à mi-corps, sort d'un fossé pour s'élancer à la poursuite d'une
paysanne qui se sauve, ayant une corbeille de fleurs sur la tête.
Le Songe réalisé (30) — 1 état. — Un jeune homme se soutenant
à une branche d'arbre, s'approche d'une jeune fille endormie pour
contempler son visage. A droite, une fontaine.
318 ÉCOLE FRANÇAISE
Ces pièces se font pendants et sont tirées généralement en noir, elles sont
extrêmement rares; elles valent suivant état et condition de 400 à 600 francs
les deux. M. Fenaille ne mentionne qu'un état aux deux pièces ci-dessus, il
a omis de mentionner à Lise poursuivie celui excessivement rare de avant
toutes lettres, dont un exemplaire a passé à une vente anonyme faite
par Danlos le 11 juin 1002, à Paris, où il fut adjugé 400 francs.
Frascati (196) — 3 états. — Le grand salon de cet établissement
célèbre, le soir ; de nombreux promeneurs élégants y circulent, et de
chaque côté, des consommateurs sont assis à de petites tables. On
distingue à droite quatre musiciens.
Cette estampe, très recherchée comme document de l'épocpae, devient
fort rare', ce n'est plus l'ancienne manière du Maître avec plusieurs
planches, mais une simple eau-forte aquatinlée et coloriée. C'est bien
Debucourt qui l'a gravée, mais quoique tout porte à croire qu'il en est
également le dessinateur lien ne permet de l'assurer formellement. Le
dessin original, largeur 0.340, hauteur 0.245, acpjarelle sur trait de crayon
figurait au catalogue Morgand n° 40 en mars 1807, il était coté 2500 francs ;
il a été reproduit en couleurs dans Le Directoire, de Paul Lacroix.
Ventes : Behague, 080 — Muhlbacher, 2'' état avant toutes lettres, m., 1000 —
Michelot, 3^' état avec la lettre en noir, 700 — Mailand, t. m., 910 —
Destailleur, 500 — Kinnen, 555 — Baudet, g. ni., encadrée, 810 — De G., avant
toutes lettres, 600 — C. J. et G. K., encadrée, t. m., 1430.
Nous pouvons encore citer comme pièces intéressantes mais de second
plan cependant : L'Oiseau privé (51), gravé au pinceau, vaut de 100 à
180 franes ; // est pris ' (34) ; Elle est prise (35), les deux 300 à 400 francs, et
comme extrême rareté à trouver réunies les 52 pièces coloriées in-8° : Modes
et manières du jour à Paris à la fin du XVIII» siècle et au commencement
du XIX» (71 à 122), gravures à l'eau-forte imprimées en noir et coloriées à la
main, publiées par La Mêsangère, valant actuellement 2500 à 3000 francs la
collection complète — La Réprimande* (159) — Son Altesse Royale Madame
la duchesse d'Angoalême consolant l'aveugle de Sichon (333), estampe
insignement rare, nous n'en connaissons que quatre exemplaires, un chez
M. Fenaille, un chez M. Fould et les deux autres chez M. Maurice de la
Rochcmacé, château de la Roche, a Couffé (Loire-Inférieure); c'est une
aquatinte coloriée. Il existe aussi quelques fort belles pièces d'après Carie
Vcrnet, tels que: Calèche se rendant au rendez-vous de chasse (181) — La
Course | 156) Fin de la Course (157), etc.. qui, en bel état de conservation,
et ai'imt huiles lettres, sont d'un superbe effet décoratif et valent de 800 à
1200 francs.
1 Le 1" étal a» Irait, esl dans la collection ilu baron Kdmond do Rothschild, 11 est rarissime.
» Qu'il faut avoir avec le poisson dans la main droite de la Femme, ce qui prèle alors ù une.
grossière équivoque.
Qui n'eel qu'attribuée suivant M. Pénalité.
ÉCOLE FRANÇAISE 319
Notons, du reste, que beaucoup de pièces en couleurs de la mauvaise
époque du Maître — c'est-à-dire après 1792 — accusent un mouvement
ascensionnel très marqué, nous ne pouvons que déplorer cette erreur que
rien ne saurait justifier et qui ne peut être attribuée qu'à la pénurie de plus
en plus marquée des estampes en couleurs.
C'est chez M. Gerbeau qu'il nous a été donné de voir les plus beaux
Debucourt qui soit au monde, l'aimable collectionneur qui est un raffiné
dans ce que le mot a de plus pur et de plus vrai, nous en a fait les honneurs
avec une grâce charmante. Nous avons vu là, chez lui, une réunion
d'estampes des xvnie et xix^ siècles absolument seins rivale. Ce n'est pas à
la quantité que vise cet amateur au regard si fin et si exercé, c'est à la
pureté de la pièce et à sa rareté; que ce soit en estampes, en japonisme ou
en faïences, tout ce qu'il possède est d'une exceptionnelle beauté, qu'il nous
permette de lui dire ici que nous n'oublierons jamais la matinée passée
rue Poussin, et que notre œil ébloui et charmé en gardera toujours la
radieuse et ineffaçable vision.
DESRAIS (Claude-Louis, d'après)
1746-1816
La Promenade du Boulevard des Italiens ou le Petit
Coblentz, avril 1797 (par E. Voysard). — Quinze personnes occupent
le bas de l'estampe ; au milieu, une femme assise tient sur ses genoux
un enfant, pendant qu'un autre enfant la caresse. Un petit chien est
devant elle sur une chaise, aboyant contre une merveilleuse qui tient
un éventail. A droite sur un magasin, on lit : Café Petite Glacière.
Les épreuves de 1" état, qui sont fort rares, sont avant les feuilles et le
cinquième arbre à droite .
Ventes : Behague, 101 — Muhlbacher, g. m., 120 — Pavie, 1er état, 120.
Le Signal du Bonheur (par Mixelle).
Ventes: Decloux, 50 — C. J. et G. K., avant la lettre, 320, très rare. —
Pièce en couleurs.
Les Nouveaux Epoux (par Mixelle).
Pièce en couleurs égrillarde, assez rare, vaut de 250 à 300 francs.
DROUAIS (François-Hubert, d'après)
1728-1775
Portrait de la Dubarry (par Beauvarlet). — Dans un médaillon
ovale équarri, assise en costume de chasse, le corps un peu penché
320 ÉCOLE FRANÇAISE
en avant vers la droite, elle regarde de face ; elle a des mouches sur
le visage et son jabot de dentelle légèrement enlr'ouvert laisse
deviner la gorge.
Une particularité très curieuse à signaler, c'est que, contrairement à ce
qui se passe toujours, ce n'est pas V avant-lettre qui est la moins commune,
mais bien l'épreuve avec la lettre qui est de la dernière rareté > ; il faut l'avoir
en l" état avant toutes lettres avec salissures de burin dans les marges, seul
état apprécié.
Ventes: Behague, 2e état avant la lettre, t. m., 445 — Muhlbacher, 2* état,
275 — Decloux, 2^* état, 195 — Ligaud, avec la lettre, 3« état, 137 — Goncourt,
avant la lettre, g. m. 455 — Defer Dume^nil, 1er état, 900 — C. J. et G. K.,
2' état, 520; 1« état, 600.
Le même personnage (par Gaucher2). — Dans un tout petit
médaillon ovale équarri très orné, à mi-corps de face, elle porte un
peignoir décolleté et regarde de face.
Les deux seules épreuves connues du l«r et du 2* état eau -forte pure et eau-
forte plus avancée sont chez M. Béraldi. Les avant toutes lettres seules
désirables valent 500 à 600 francs.
DUGOURE (d'après)
?
Le Lever de la Mariée (par Trière). — Intérieur Louis XVI, une
soubrette ouvre les rideaux d'un lit. Au milieu de la composition, la
mariée assise près de son père et de son mari ; deux servantes
mettent de l'ordre sur la table de toilette. Entre la jeune femme et la
soubrette qui est à gauche, un chat ronronne.
Cette estampe sert quelquefois de pendant au Coucher de la Mariée, de
Baudouin, dont elle est loin d'avoir le charme et la valeur. On la paye de
150 à 400 francs suivant état et conditions.
' Quoique la meilleure marché.
s Les premiers états seuls de ce graveur sont de beaux tirages, les cuivres mous dont il avait
l'habitude de se servir baissant de suite, les derniers sont sans valeur. — Voir les l'rançuises du
XVIII- siècle. Paris. Dcntu, 1887. écrit en collaboration de notre cher et regretté ami le marquis
de Granges de Surgères.
ÉCOLE FRANÇAISE 321
EISEN (Charles, d'après)
1720-1778
Le Jour (par Patas). — Dans un luxueux intérieur, une vieille
femme est assise, vue presque de dos de trois quarts à droite, elle
regarde sa fille sans doute, qui debout au milieu de la composition,
donne sa main à baiser à son fiancé ; derrière eux, trois autres
personnages. A droite, sur le tout premier plan, un chien est couché.
Au bas, deux vers : Egards, tendresses. . .
La Nuit (par Patas). — Un lit au fond à gauche, et assis au milieu
de la composition, les nouveaux époux. Une femme de chambre est
en train de deshabiller la mariée. A droite, une table de toilette près
de laquelle une seconde soubrette ramasse une robe. En bas, deux
vers : La Nuit du mariage. . .
Ventes : Behague, avant toutes lettres, 505 — Muhlbacher, même état, 415 —
Aubin, même état, t. m., 1600 — Decloux, t. m., 345 — Destailleur, Le Jour,
avant toutes lettres, 270 — La Nuit, avant la lettre, 300; les deux avec la
lettre, 140.
Les Désirs satisfaits — La Vertu sous la garde de la
fidélité (par Patas).
Pendants assez recherchés, mais seulement en avant lettre, valent alors
250 à 300 francs.
Comtesse de Mareilles de Létancourt (par deLongueil, 1765 —
Panhard, 40). — Une femme habillée à l'antique — Vénus sans doute —
est assise sur une balustrade au pied d'un socle sur lequel est un
brûle-parfum, elle tient entre ses mains, un médaillon qu'elle enguir-
lande de roses et dans lequel est le portrait de la jeune comtesse. Au
dernier plan, un temple grec, et au-dessous du portrait, deux Amours
— dont l'un tient une torche renversée — supportant des écussons
accolés de Mareilles et de Létancourt recouverts en partie d'un voile
funèbre et timbrés d'une couronne ducale. Sous le trait carré à
gauche : Ch. Eisen del 1764, et à droite : De Longueil sculp 1765. En
bas, huit vers sur deux colonnes : L'art ne peut exprimer. . .
21
322 ÉCOLE FRANÇAISE
Nous ne connaissons d'état de cette remarquable et fort rare estampe que
celui décrit ci-dessus. Une épreuve passa à la vente de Goncourt et y fut
adjugée 200 francs.
FICQUET' (Etienne)
1719-1794
Artiste d'une habileté énorme et d'une préciosité qui n'a de comparable
que celle de Grateloup. Son œuvre est considérable, il a été admirablement
analysé par Portalis et Béraldi. Dans son catalogue, Faucheux mentionne
176 portraits, plus deux douteux ou apocryphes. Parmi les chefs-d'œuvre du
graveur, citons tout spécialement les suivants, au hasard de la pensée, et
sans nous préoccuper d'un ordre chronologique quelconque, et profitons-en
pour relater aussi quelques portraits dont certaines particularités ont
échappé à Faucheux, particularités relevées dans la collection Guyot de
Villeneuve, réunion superbe de 87 pièces en deux volumes, adjugée à sa
vente 14000 francs :
Madame de Maintenon, 1759 (93) s ; deuxième planche, chef-d'œuvre de
l'artiste, les épreuves recherchées sont sur papier double — Eisen (51), le bel
état o la perruque et « la main blanche, ainsi que celui non décrit avec la
signature au bas à droite : E. Ficquel 1761, au lieu de E, Ficquet sculpsit. —
Boileau (18) — Van der Meulcn (96) — Louis V (89), avant le nom du dessi-
nateur Boisot, inconnu a Faucheux — Molière (101), les noms des artistes
sont en gros caractères, épreuve dite à la grande lettre, état inconnu à
Faucheux — La Mothe Le Vayer (84) — La Fontaine (61), le bel état au
ruisseau blanc — Louis XV (91), rarissime — Chencviérc (31), 1" état, à l'eau-
forte, dans un ovale avant l'encadrement, état inconnu à Faucheux —
Hossuet (20), il y i états au lieu des 2 mentionnés par Faucheux, les
épreuves avec la lettre sont les plus rares, le nom de Rossuct est sur la
tablette, mais sans le nom des artistes — Madame de Mironton (100), avec la
tablette blanche, état inconnu à Faucheux — Crébillon (37) — Jean-Jacques-
Rousseau (132) — Jean-Baptiste-Rousscau (131) — Pierre Corneille (34) —
Descaries (39), etc., etc.
Mettons en garde les amateurs contre les portraits suivants, dont les
cuivres existant à Paris, il est fait des tirages au fur et à mesure des besoins
de la vente, planches éreintées ou revirginisées : de Chennevières, Cicéron,
Corneille, Crébillon, Descartes, La Fontaine, M'"? de Maintenon, Molière,
Montaigne. Regnard. J.-B. Rousseau, J.-J. Rousseau, Vadé et Voltaire.
• Son catalogue a été fait par Faucheux. Paris. 1804. il y avait joint la description des œuvres
de Savart et Grateloup. Cette monographie originale est devenue trèl rare, heureusement que
publiée dans la Revue l'niverselle des Arts, on en a fait des tirages spéciaux paginés comme
la Remit' elle-niénif.
' Numéro du catalogue Faucheux. — La classement des étala est souvent furt difficile, l'artiste
i n ;ibusall un peu, certaines pièces en avalent jusqu'à huit.
ÉCOLE FRANÇAISE 323
FRAGONARD ' (Honoré, d'après)
1759-1806
L'Armoire (eau-forte du Maître). — Deux amoureux cachés dans
une armoire, y sont surpris par leurs parents courroucés; la fille
pleure, et le gars tout penaud baisse les yeux, ramenant contre lui son
large chapeau à la hauteur de la ceinture.
Elle existe en contre-partie gravée par Robert de Launay, et en manière
de lavis par Campion ». Cette pièce qui par le nom de son auteur et son
sujet, semblerait devoir être très recherchée, laisse le collectionneur assez
froid ; il faut l'avoir tout au moins avant l'adresse de Naudet ; suivant état
elle vaut de 30 à 200 francs. — Le dessin original provenant du cabinet
Varanchon est actuellement chez le baron Edmond de Rothschild.
Les Hasards heureux de l'Escarpolette ' (par N. Delaunay). —
Une jeune femme dans une escarpolette, installée dans un arbre aux
puissantes ramures, est balancée par son vieux mari qui est derrière
elle et ne voit pas, tapis dans le feuillage par terre, un amoureux qui
profile de l'envolée des jupes pour jeter un coup d'œil indiscret; une
mule s'est échappée du pied droit de la femme.
Les états à rechercher sont suivant nous : le 2e avant toutes lettres et
avant les armes ; le 3e, avant la dédicace ; le 4e, avec la dédicace et la faute
au mol escarpolette, écrit escarpolettes comme du reste à l'état précédent.
Tous ces états sont avec la planche carrée.
Ventes : Behague, 3e état, 700 — Roth, avec la faute sans autre désignation,
C00 ; 5e état, 326 ; avec la planche ovale, marge vierge, 230 — Walferdin,
G15 — Muhlbacher, eau-forte pure, avant toutes lettres et avant le fleuron où
sont les initiales de Fragonard, 1000; 3* état, 700 — Decloux, avec la faute
et avant YH avant Fragonard dans le bas à gauche, 700 — Gentien, 3" état,
900 — Goncourl, eau-forte pure, avant toutes lettres, 240 — Lacroix, avant
la lettre et bien avant le fleuron, 685; avec la planche carrée, 540; une autre
du même état, 390 — Patellier, 3e état, avant la dédicace, 800 ; la même, avec
la faute, 4e état, doublée, 355 — Leroy, t. m., 980 — Roux, m., 665.
1 Consulter le remarquable ouvrage du baron Roger Porlalis. Honoré Fragonard, Paris.
J. Rothschild. 1889.
2 Uyaunétat rarissime, avant toutes lettres où lechapeau indispensable cependant n'existe pas.
3 M. Henry Lemoine, 17. rue Pigalle, l'a fait regraver avec infiniment de perfection.
324 ÉCOLE FRANÇAISE
La Fontaine d'Amour — Le Songe d'Amour (par Regnault).
Estampe se faisant pendants ; la première est charmante, quant à la
seconde, c'est d'un style pompier de première classe, aussi est-elle absolu-
ment délaissée. A la vente Lacroix, les deux pièces furent adjugées 480 francs.
Le Songe était avant la lettre ; deux autres exemplaires avec la lettre grise
atteignirent 245 francs.
L'Amour — La Folie (par Janinet).
Petites fadaises qui se payent encore assez cher, malgré qu'elles soient
dénuées de toute valeur artistique.
Ventes : Muhlbacher, avant toutes lettres, les noms des artistes à la pointe
seulement, 565 — Destailleur, avec la lettre, 420 — Bayard, 441 — Gentien,
g. m., 700 — C. J. et G. K., très g. m., fraîcheur immaculée, 1910 —
Lelong, 1950.
La Chemise enlevée ' (par Guersant). — Une jeune femme
demi-nue sur son lit, auquel un Amour cherche à arracher sa
chemise, son dernier voile ; la femme est couchée sur le flanc gauche.
Au pied du lit, une torche renversée.
Nous n'avons jamais rencontré cette estampe qu'avec la lettre.
Ventes : Behague, g. m., 550 — Muhlbacher, g. m., 430 — Decloux, 155 —
Pavie, g. m., 280 — Concourt, 60 — Lacroix, remargée, 42.
Ma Chemise brûle (par Legrand).
Cette estampe existe aussi coloriée, elle vaut suivant état de 60 à 180 francs.
En 1898, à la vente du marquis de Chenue vières le dessin original à la
sépia fut adjugé 16600 francs.
La Gimblette (par Bertony). — Couchée demi-nue sur un lit en
désordre, une petite femme à l'air émoustillée tient sur ses jambes en
l'air et demi-ployées, un carlin.
Ventes Muhlbacher, avant toutes lettres, avant les armes et avant la
draperie qui cachent les parties de la femme, 121; avant toutes lettres, mais
avec la draperie, 100 — Kinnen, avant la draperie, 107— L. Galichon, avant
la draperie, 127 — Pichon, une pièce en couleurs la rappelant, signée à la
plume Albane Dagoty, 2100, rarissime; celle de Bertony, 50 — Concourt,
avant les armes et avant la dédicace, 35.
i Quand cette estampe parut en juin 1787. son prix de publication ctail de 3 livres.
hCOLE FRANÇAISE 325
A noter encore comme pièces gracieuses et très connues du Maître, mais
atteignant des prix relativement modestes: La bonne Mère, par N. de Launay;
Le Verrou ' — Le Contrat (par Blot) — Le Verre d'eau — Le Pot au lait (par
Ponce) — Les Pétards — Les Jets d'eau (par Auvray). Il y a aussi une suite «
tout à fait charmante de cinq pièces ovales équarris en travers intitulées :
Les Beignets — Le petit Prédicateur — L'Education fait tout — Dites donc s'il
vous plail — L'Heureuse fécondité, toutes gravées par Nicolas de Launay; il
faut tâcher de les avoir avant la dédicace, le cuivre est alors dans sa fleur et
les épreuves en sont souvent éblouissantes. Il existe en agrandissement des
épreuves en couleurs de Dites donc s'il vous plait, par Gautier Dagoty, elles
sont d'une rareté extraordinaire. Un exemplaire passa à la vente Delacroix,
où il fut adjugé 480 francs. A la vente de Goncourt le dessin original en
bistre de cette gravure fut payé 12000 francs par M. Gaston Menier, croyons-
nous. A noter encore deux pièces : La Curiosité et La Nature gravées toutes
deux par Gérard et qui sont introuvables.
FREUDEBERG (Sigismond, d'après)
1745-1801
Dessinateur de la première série du célèbre Monument du Costume (1774)
dont voici les douze titres 3 avec les noms de leurs graveurs :
Le Lever (Romanet) — Le Bain (Romanet) — La Toilette (Voyez Major) —
L'Occupation (Lingée) — La Visite inattendue (Voyez Major) — La Promenade
du Matin (Lingée) — Le Boudoir (Malœuvre) — Les Confidences (Lingée) —
La Promenade du Soir (Ingouf) — Soirée d'Hyver (Ingouf Junior) —
L'Evénement au Bal (Duclos et Ingouf Junior) — Le Coucher (Duclos et
Bosse).
Cette première suite est inférieure au point de vue artistique aux deux
autres de Moreau le jeune qui la complètent. La pièce détachée est toujours
intéressante, mais au point de vue du collectionneur c'est l'acquisition en
bloc de la série qui s'impose; si on est patient on pourra néanmoins
attendre l'occasion pour la former, mais c'est quelquefois long, songez donc,
trente-six pièces à acheter une à une...
1 Le dessin original provenant de la collection Varanchon est actuellement chez le baron
Edmond de Rothschild.
* On peut y joindre encore du même graveur et du même format : La Gaieté conjugale — La
Félicité villageoise d'après Freudeberg — L'Enfant chéri — Le Bonheur du Ménage d'après
Le Prince — Le Poète Anacréon d'après Haudouin — La Gaieté de Silène d'après Bertin — L'Abus
de la Crédulité d'après Aubry — Les Regrets mérités d'après M"' Gérard — C'est Papa d'après Van
Gorp. Ces 14 estampes figuraient au catalogue Morgand, n* 40, en mars 1897. dans une demi-
reliure oblongue du xvm* siècle, elles y étaient cotées 500 francs.
3 Quelqufois on joint au Monument du Costume de Moreau le jeune, édition de Neuwied-sur-
le-Rhin, L'Heureuse Union (Bosse) et Les Mœurs du Temps (Ingouf aîné), cette dernière estampe
quand le privilège et la bordure ont disparu prend le titre de La Surprise.
326 ÉCOLE FRANÇAISE
Mentionnons à titre de curiosité — car c'est en dehors de notre
programme — les prix de quelques-uns des dessins originaux passés dans
les ventes de ces dernières années : Le Bain, à la sépia, vente Josse
5400 francs ; L'Occupation, une première pensée à l'encre de chine, vente
Decloux 1050; La Visile inattendue, sépia rehaussée de blanc, vente Josse
2100 francs!! il l'avait payée à celle de Mailand 4550; Le Boudoir, bistre sur
traits de plume, vente Concourt 6000; Soirée d'Hijver, sépia rehaussée de
blanc, vente Josse 2150, il l'avait achetée à Mailand 2220; L'Evénement au
Bat, sépia, adjugée vente Josse 1250, à celle de Behague il l'avait payée 1550;
Le Coucher, bistre sur traits de plume, adjugé, à la vente de Concourt, à
M. Muhlbucher 7100 et revendu à la vente de ce dernier 8200; Les Mœurs du
temps, gouache, adjugée vente Josse 1250, elle avait été payée 4000 à la vente
Behague '. — Voici les prix obtenus pour les trois suites (Freudeberg et Moreau
le jeune) dans les ventes importantes de ces dernières années :
Behague, la première suite avec quinze feuilles de texte, titre compris,
avant les numéros, texte et estampes, marges vierges, 2100 ; la deuxième suite
avec le privilège, marge vierge, 1700. A la vente de la bibliothèque de ce
même amateur, la première suite, texte et gravure avec la tablette blanche,
t. m., 6520; la deuxième et la troisième suite, texte' et planche avant la
lettre, 17100 — Roth, première suite, avant les numéros, t. m., 7000; la
deuxième suite, avec le privilège, t. m., 2810; la troisième suite, avec la
lettre, 505 — Muhlbacher, première suite, avec quinze feuilles de texte...
c'est-à-dire état Behague, 4000; la deuxième suite, avec le privilège, marge
vierge, 2450; la troisième suite, avec le privilège, marge vierge, 3200 ; vingt-six
pièces — deuxième et troisième suites — de l'édition de N'euwied-sur-le-Rhin,
700 — Aubin, première série, avant les numéros, 1100 — Marquis3 les trois
suites, épreuves reliées de toute fraîcher, 14800 — Destailleur, les trois
suites en un volume avec le texte, les Moreau sont avec le privilège, on y a
joint Les Mœurs du temps et l'Heureuse Union, 12000; la deuxième suite
réduite, avec le titre, 1015 — Millier, les trois suites, exemplaire non rogné,
les Moreau avec le privilège, les Freudeberg avant les numéros, 10200 — Le
Barbier de Tinan, la deuxième suite en réduction, avec le privilège, et le
quatrain, 1205 — De la Béraudière, la même, exemplaire broché, non rogné
et le titre gravé qui est rarissime, 1000 — Bardin, deuxième et troisième
suites, avec le privilège, non ébarbées, 4750 — Guyot de Villeneuve, les trois
suites dans un seul volume maroquin rouge avec dentelles, dos orné reliure
de Cuzin, non rogné, avec le litre si rare de la troisième suite, les Freudeberg
avant les numéros, les Moreau avec le privilège, 21000'; même vente, la
deuxième suite en réduction, 905.
Le Petit Jour (par N. de Launay). — Dans un élégant intérieur,
une jolie jeune femme, la gorge demi-nue, est debout le dos tourné à
' A la venu de la bibliothèque en issu (celle îles estompes ont Hou on 1877).
» On ne connaît que i exemplaires contenant le texte si rare de la S* lutte.
\ ente telle en îton.
* Cet exemplaire d'une fraîcheur et d'une conservation exceptionnelles resté dans les couver-
tures ortgtnalei fut trouvé chez un marchand Hollandais.
ÉCOLE FRANÇAISE 827
la cheminée, en train de se faire habiller par sa camériste, pendant
qu'un jeune seigneur assis devant elle les jambes croisées dans un
fauteuil, lui tient des propos galants.
Ventes : Behague, eau-forte avant toutes lettres et avant les armes, les
panneaux du fond décorés d'ornements supprimés dans la suite, 700; avant
la lettre, avec la tablette blanche, les noms des artistes à la pointe, 480 —
Wasset, avec la lettre, 200 — Muhlbacher, eau-forte état Behague, 710; avant
la dédicace, 481 — Hocquart, avec la lettre, g. m., 210 — Decloux,
200 — Kinnen, 195 — Bayard, 200 — Gentien, 480; une autre épreuve,
255 - Patellier, 305.
La Leçon de Clavecin — La Leçon de Guitare (?)
Pièces au trait et coloriées, extrêmement rares. — Le dessin original à l'encre
de chine de La Leçon de Clavecin fut adjugé, à la vente Decloux, 1100 francs ;
il était encadré.
Ventes : Muhlbacher, 400 — Decloux, 310 — Destailleur, 160 — Baudet,
327 - De G., 135 - Josse, 340 - Pavie, 315 - C- J. et G. K., 300 -
Leroy, 220.
GARNERAY (F.-J., d'après)
1787- ?
Le Roman (par Mixelle). — Près d'un feu qui flambe et protégée
par un paravent qui est derrière elle, une jeune femme accoudée sur une
table, lit un roman ; entre ses jambes, que la jupe relevée laisse voir,
un chat la queue en l'air gratte de sa patte le pied droit de sa
maîtresse.
Le Matin (par Mixelle). — A cheval sur un bidet et coiffée d'un
bonnet, de profil à gauche, une femme se livre à des soins de toilette
intime.
Pièces en couleur, rarissimes, surtout à rencontrer réunies, la première
parut en septembre 1789.
Ventes : Muhlbacher, Le Roman est avant le jupon rallongé, 210 — Aubin,
état Muhlbacher, 200 — Decloux, Le Roman en noir, 85 — Baudet, épreuves
encadrées, 600 — Josse, état Muhlbacher, 710 — Ligaud, Le Roman seul
avant le jupon rallongé, 310 — Pavie, état Muhlbacher, 1000 — Pavie, même
condition, 860 — Leroy, 720.
328 ÉCOLE FRANÇAISE
GAUCHER' (Charles-Etienne)
1741-1804
Couronnement de Voltaire sur le théâtre français, le 30 mars
1778 (P et B 18).
Le bel étal est celui avec les armes, la dédicace à M">« de Villette et
l'adresse chez l'auteur rue Saint-Jacques, etc., à rejeter celui portant
adresse de Naudet. Cette estampe est un bijou ainsi que : Charles Le Kormanl
du Coudrai] (98) — Fortunée Briquet (29) — Madame du Barri/ » — Baronne
de Xoyelles (125) — Comtesse de Carcado (34) — Marie-Antoinette (110),
adorable vignette, d'après Moreau le jeune, pour les Annales du régne de
Marie-Thérèse, par Fromageot, 1775 — Madame Roland (Ml). — Toutes ces
pièces se recommandent d'une façon très particulière à l'attention de
l'amateur, étant donnée la valeur exceptionnelle du Maître qui les a gravées
et dont la spécialité était le portrait, mais surtout la vignette.
GRATELOUP3 (Jean-Baptiste de)
1735-1817
Les portraits de Grateloup sont d'absolues merveilles de finesse, aucun
artiste non seulement ne l'a égalé, mais aucun ne l'a même approché; ses
estampes — si l'accouplement de ces mots ne semblait pas hurler — ont
pour l'œil l'aspect d'adorables miniatures en manière noire*.
Grateloup cessa de graver en 1771, comme l'atteste sa correspondance en
mars 1809 avec M. Joly, conservateur des Estampes à Paris; il tirait
lui-même ses cuivres, trouvant que les imprimeurs ne le faisaient pas à sa
satisfaction. On peut dire que son procédé est resté inconnu, il gravait sur
acier, croit-on, et la dimension de ses planches ne dépassait pas celle d'une
grande carte de visite.
L'œuvre ne se compose que de neuf portraits que voici, avec le numé-
rotage du catalogueur Faucheux :
1. Bostuet, en pied d'après II. Rigaud.
2. Bostuet, en buste » II. Rigaud.
.'!. Descartes » F. Hais.
' Consulter : Charles-Etienne Gaucher par le baron R. Portalis et Henri bralbel, Paris.
Morgand <-t l'atout. 1879.
* M. I iTtri Bèraldl possède l'une des deux épreuves connues de l'eau-forte; t'éminent
écrivain d'art a do reste an polnl de vue il.- la qualité, 1res probablement lu y/a* richi collection
existante on portraits des xvn- et wiir- siècle, dont il a sn réunir près de 16000 pièces !
j Voir le catalogue dressé de son muvre par Faucheux, l'ai is. 1864.
' il Tant prendre uni' loupe pour distinguer las tailles, a l'œil un elles sont tellement
invisibles qu'on se croirait en présence d'un véritable lavis.
ÉCOLE FRANÇAISE 329
4. John Drycien d'après G. Kncller.
5. Fénelon » J. Vivien.
6. Advienne Lecouureur » Ch. Co3'pel.
7. Montesquieu » I. Dassier.
8. Melchior de Potiynac i> H. Rigaiul.
9. J.-B.- Rousseau » .1. Aved.
Le premier portrait gravé est celui de Poliynac en 1765, le dernier celui de
Bossuet en pied en 1771.
Mis Portalis et Béraldi nous apprennent qu'un des plus beaux œuvres
formés, le fut par l'intendant militaire Le Cauchois Féraud, il le tenait de la
famille de l'artiste, et contenait les neuf portraits en vingt états différents,
plus trois pièces du Dr de Grateloup, neveu du Maître, le tout fut adjugé
5200 francs en octobre 1869 au libraire Fontaine ; cet œuvre est actuellement,
croyons-nous, dans la collection du Prince Alexandre Bibcsco. — A la vente
Chartener', le Bossuet en pied*, sur chine, t. m. et avant la date, fut adjugé
185 francs, il provenait de chez Robert Dumesnil. A la vente L. Galichon les
neuf pièces 410 francs. Enfin, en 1900, à la vente Guyot de Villeneuve, les neuf
portraits en différents états formant seize pièces montées sur bristol en un
volume in -4°, furent adjugés 2920 francs, ils furent rachetés, croyons-nous,
par un membre de la famille. Cette collection, de condition exceptionnelle,
avait été composée par le graveur lui-même qui en avait fait hommage au
comte de Montalivet, alors ministre de Napoléon 1er. H y avait là un portrait de
Polignac d'un état inconnu à Faucheux, c'est-à-dire avec la lettre AT redressée
mais avant le cadre, état intermédiaire entre le 2e et le 3e. Cette estampe, qui
est un bijou, ne satisfaisait pas cependant complètement l'artiste parait-il ;
c'était un de ses premiers essais.
Nous avons découvert au Département des Estampes un portrait de femme
d'après Grimou qui n'est pas mentionné dans Faucheux, ni dans Béraldi et
Portalis, en voici la description : Dans un ovale sans aucun ornement, une
jeune femme à mi-corps de trois quarts à gauche regarde de face, elle porte
une collerette de linon tuyautée souple et une plume à la toque. En haut de
l'ovale: Grimou pinxit, en bas: J. B. G. Aquensis sculp. Il y avait une
seconde épreuve plus pâle, nous supposons que le cuivre avait dû être passé
au charbon de bois additionné d'eau-forte.
GREUZE (J.-B., d'après)
1725-1805
La Philosophie endormie ' (eau-forte de Moreau le jeune,
burin de Aliamet). — Assise dans un fauteuil, légèrement rejetée en
i En 1885.
2 Ce portrait est considéré comme son chef-d'œuvre, dans celui en buste la main est trop grande.
' A l'exception de cette pièce, de La Cruche cassée et de La Laitière, les Greuze sont peu
recherchés avec la lettre, ils n'ont d'intérêt pour l'amateur qu'en avant lettre. — Les associés de
l'artiste. Massard. Plipart, Levasseur et Gaillard, signaient quelquefois au verso et à l'encre leurs
épreuves, les collectionner de préférence comme étant de tirage supérieur.
330 ÉCOLE FRANÇAISE
arrière, le dos soutenu par un large oreiller, une jeune femme coiffée
d'un bonnet est endormie, son bras droit s'appuie sur une table
chargée de livres, un chien est sur ses genoux et l'on voit à ses pieds
un tambour à broder.
Ventes: Didot, g. m., 115 — Maherault, eau-forte avancée, 390 —
Muhlbacher, eau-forte avant toutes lettres, le corsage est boutonné jusqu'au
cou, plus tard il a été ouvert et laisse apercevoir la chemise, 400; avant la
dédicace, 205 — Mailand, eau-forte état Muhlbacher, 700; avant la dédicace
et l'adresse d'Aliamet, 120 — Kinnen, même état, 180 — Bayard, avec la
lettre, t. m., 122 — Pavie, avant toutes lettres, 265 — Goncourt, 51' —
Lacroix, 110 — Defer Dumcsnil, le corsage est boutonné, très rare, 660 —
Roux, états d'eau-forte imprimés au recto et au verso de la même feuille,
230 francs.
La Cruche cassée (par Massard).
Trop connue pour la décrire, est toujours fort recherchée à cause même
de sa popularité, mais surtout en avant lettres.
Ventes: Roth, eau-forte pure, 450; avec la lettre, marge vierge, 282 —
Muhlbacher, avant toutes lettres, la tablette non terminée, 1401 ; autre état
signé au verso, 410 — Marquis, avant la lettre, 855 — Kinnen, même état,
g. m., 1500 — Destailleur, épreuve signée au verso, 165 — Bayard, épreuve
signée par Massard, marge vierge, 200 — Goncourt, avant toutes lettres et
avant la tablette non terminée, 420 — Greppc, eau-forte avancée, 250 —
Lacroix, avec la lettre, 140 — Defer Dumesnil, signée au verso par Greuze
et Massard, 140 — C. J. et G. K., avant l'adresse de Greuze signée au verso,
des artistes, 375 — Roux, 190.
La Laitière (par Levasseur). — Coiffée d'un bonnet, la tête
penchée un peu à gauche, la gorge légèrement découverte, une jeune
femme, le bras appuyé sur le cou d'un cheval, regarde de face;
elle tient une mesure à lait.
Ventes: Behague, avec la lettre, 95 — Roth, même état. g. m., 127 —
Muhlbacher, avant toutes lettres cl avant la tablette, 150; avec le titre, le
nom des artistes sans aucune autre lettre, g. m., ion - Malinet, avant toutes
lettres, 360 — Destailleur, avec la lettre, 140— Kinnen, avant toutes lettres,
g. m., 1010 — Lacroix, remargée, 142.
Signalons la jolie pièce de La petite Fille au Chien, par Porporali, qui,
avant toutes lettres, vaut dans les 800 ;'i 10(1(1 francs — L'Oiseau mort, par
Fliparl, et /." Tricoteuse endormie, par Jardinier, qui, avant toutes lettres, se
payent de 200 à 300 francs.
Mentionnons aussi la seule eau-forte gravée par le Maître lui-même, La
jeune Savoyarde : De face et la tète légèrement penchée à droite elle regarde
par terre, les bouts de son fichu noués par devant, viennent rentrer dans
l'ouverture de son corsage, elle est coiffée d'une marmotte attachée sous le
ÉCOLE FRANÇAISE 331
menton. Sous le trait carré à gauche dans le coin l'initiale G de l'artiste
Pièce de la plus insigne rareté gravée en 116."), nous ne l'avons jamais vue
passer en vente. Un exemplaire existe dans la collection de M. Eugène
Boismen, de Nantes. — On lui attribue quelquefois aussi une tétc de jeune
femme, mais sans preuve.
HIGKEL (Antoine, d'après)
Marie-Antoinette (par S. Malgo). — Elle est assise sur un
canapé, de trois quarts à droite, le coude droit repose sur un coussin
placé sur un guéridon. Les cheveux sont relevés et ornés de plumes,
un long voile retombe par derrière, un bouquet est fixé à droite sur le
haut du corsage qui est légèrement échancré. Au fond de l'estampe à
droite, on distingue, mais difficilement, le buste de Louis XVI sur un
fût de colonne. Dans la marge du bas : Peint d'après nature. . .
Pièce en manière noire publiée à Londres le P' mars 1794. — Cette estampe
est laide et les bras, trop grêles, sont mal dessinés; intéressante seulement
par sa rareté, elle peut valoir de 500 à 600 francs.
Princesse de Lamballe (par le même). — La jolie et infortunée
princesse, un fichu de dentelle jeté sur les épaules, est assise de profil
à droite devant un petit bureau en train d'écrire une lettre, elle
regarde presque de face, le coude droit est appuyé et sa main tient
une plume d'oie ; elle semble réfléchir; sur le bureau, un petit vase
de fleurs est posé devant elle. A gauche, une draperie près de laquelle
est une colonne surmontée d'un buste.
Estampe également en manière noire mais de beaucoup supérieure à la
précédente et d'une insigne rareté, elle fut publiée à Londres en 1793 et peut
valoir de 500 à 800 francs. — La toile originale a figuré à l'exposition de l'Art
français en mai 1888.
HOIN1 (Claude, d'après)
1750-1817
Madame Dugazon (par Janinet, 1787). — Assise sur un banc
dans un parc, le corps de trois quarts à droite légèrement penché en
l Consulter la belle étude que lui a consacrée dans la Gazette des Beaux-Arts du 1" décembre
1809, le baron Roger Portalis le savant écrivain d'art notre ami.
332 ÉCOLE FRANÇAISE
avant, elle regarde à gauche, une main est appuyée sur le banc,
l'autre tient négligemment une branche de roses. Au cou, un fichu
de tulle ; dans les cheveux bouclés, une rose. Son manteau est jeté
sur un des bras du siège. Au fond, la campagne avec un pont et une
montagne ; à droite, une grille.
Elle est représentée dans son rôle Nina ou La Folle par amour : Hélas .'
hélas ! le bien-aimé ne revient pas ! Estampe en couleurs fort recherchée
et rare.
Ventes : Muhlbacher, avant toutes lettres et la marge vierge, rarissime dans
ces conditions, 3350 — Hocquart, avant toutes lettres, 600 — Pavie, avant
toutes lettres, t. m., 1900 — C. J. et G. K., avant la lettre, dans un cadre
ancien, 800.
JANINET (François, par)
1752-1813
Rose Bertin '. — Dans un ovale presque de face, cheveux
bouclés et étages surmontés d'une mousseline formant bonnet, un
fichu jeté sur les épaules vient se nouer sur un corsage décolleté.
Très rare et remarquable pièce en couleurs sans nom de personnage.
Ventes: Michelot, avant toutes lettres, 106 — Muhlbacher, seulement le
nom de l'artiste à la pointe, 350 — Vignères, 320 — Roth, marge, 320.
Marie-Antoinette. — A mi-corps dans un médaillon, elle regarde
de face, les cheveux sont relevés, ornés de plumes, de perles et de
rubans avec une aigrette de diamants ; deux boucles frisées retombent
sur les épaules ; le corsage en pointe est orné sur le milieu d'un lys
brodé, il est décolleté et orné de pierreries, les manches sont agré-
mentées de volants de dentelles, et sur les épaules le manteau royal
doublé d'hermines et fleurdelysé est jeté.
Cette pièce en couleurs est accompagnée d'un encadrement mobile orne-
menté or et bistre que l'on fixe à l'aide de charnières sur le côté gauche de
l'estampe. — Extrêmement recherchée.
Ce portrait a été reproduit en réduction par Boussod, Valadon et C'1', dans
le bel ouvrage La Reine Marie- Antoinette, de M. Pierre de Nolhac.
Ventes: Hehaguc, avec la lettre, 420 — Muhlbacher, avant toutes lettres et
avec l'encadrement mobile, 2850; avec la lettre et l'encadrement 700 —
1 Marchande do modes de Mnrie-Antoinelte.
ÉCOLE FRANÇAISE 333
Labéraudière, mêmes conditions, 405 — Roth, sans le cadre, t. ni., 1300; le
cadre en bistre, 600 — Pavie, avec le cadre mobile, 1300 — G., avec le
cadre, 1250 — Ducoin, avec le cadre, 520 — Rothi, avec le cadre, 1520 —
Gentien, avec le cadre, 1520 — Goncourt, avec le cadre, 750.
JAZET (J.-P.-M.)
Voir au xix' Siècle.
KRANZINGER (d'après)
?
Marie-Antoinette (par Louis Bonnet). — Dans un médaillon
fixé sur une tablette rectangulaire et reposant sur un socle, la Reine
est à mi-corps, tournée de trois quarts à gauche et regardant de face,
coiffure demi-haute avec de grosses nattes roulées derrière la tète, un
épais nœud de ruban sur un corsage décolleté, un collier de perles et
un manteau de fourrure. Dans la tablette : Marie-Antoinette II Sœur de
VEmpr Archiduchesse née à Vienne le 2 Novre 1755 ; puis sous le trait
carré : Gravé par Louis Bonnet. . .
C'est un des portraits les plus rares de la Reine, peut-être même le plus
rare, il est en imitation de pastel et de format in-12. — Il existe en contre-partie
par le même artiste.
Ventes: Ducoin, 570 — Decloux, 296; le même, en contre-partie et en noir,
90 — Goncourt, avant toutes lettres, 700; le même, en contre-partie, 145.
LAGRENÉE (J.-J., d'après)
1740-1821
L'Oiseau privé (par Janinet). — Sous son chapeau un jeune
paysan est censé tenir sur ses genoux un oiseau que des petites filles
examinent avec curiosité.
Nous ne la connaissons qu'en avant-lettre, elle vaut, selon sa conservation,
150 à 200 francs.
1 Deuxième vente en 1896; celle précédemment mentionnée était de 1888, il y en avait encore
eu une autre en 1878.
334 ÉCOLE FRANÇAISE
LANGRET' (Nicolas, d'après)
1690-1743
Signalons particulièrement: Les quatre Saisons — Les quatre Ages de la
Vie — Les quatre Heures du Jour — Le Repas Italien (par Le Bas) — Le Jeu de
Colin-Maillard — Le Jeu des quatre Coins — Le Jeu de Pied de Bœuf — Le Jeu
de Cache-Cache Mitoulas — La Conversation — La Partie de Plaisir — La
Visite Matinale, une des plus jolies. En somme, œuvre quelquefois inté-
ressant mais peu recherché et de petits prix, bien peu de pièces dépassent
150 francs et encore ces dernières sont-elles fort rares.
LAVEREINCEï (Nicolas, d'après)
1737-1807
Les estampes d'après ce Maître, dont quelques-unes en couleurs, sont parmi
les plus recherchées de notre école. — M. Bocher en relève soixante-trois,
plus dix attribuées. Certaines atteignent des prix fort élevés comme on va
pouvoir en juger, parmi celles-ci il y en a d'adorablement jolies.
Ah ! laisse-moi donc voir (par Janinet) — B 2. — Dans un
parc, un couple se dirige vers la gauche, l'homme a posé son
chapeau sur le priape d'une statue de Silène, ce qui lui vaut de la
part de sa compagne l'apostrophe qui lait le litre de la gravure.
Pièce en couleurs.
Ventes: Behague, avec la lettre, t. m., 240 — Hoth, 1«' état avant toutes
lettres, 400 — Muhlbachcr, même état, t. m., 1100 — Decloux, avec la lettre,
m., 240; sous le titre Dois d'Amour, sans doute le 3L' étal de Bocher, où le
côté libre a disparu pour faire place à un portrait qu'un amant aurait disputé
usa belle, avec le Bosquet d'Amour, deux pièces, G3 — Destailleur, avec la lettre,
t. m., 305 — Kinnen, même état, 225 — Pavie, avant toutes lettres, t. in., 065 —
Bayard, avant toutes lettres, 220 — Baudet, t. m., 325 — Josse, l'exemplaire
de Muhlbacher, 600 !! — Pichon, 125 — Gentien, avec la lettre, t. m., 250 —
Ligaud, avec la lettre, extrêmement fraîche, 515 — Patellier, g. m., 300 avec la
lettre — Houx, '■'•'■>'>■
> Voir le catalogue de M. Emmanuel Hocher, l'nris. 1877 el à Eloge de Lancrct par J. J. Guiffrcy.
Paris, Hnpillv. I, <l.
» Consulter te catalogue établi par E. Bocher. I'uris. 1875. — Nous suivrons l'ordre alphabé-
tique adopté par le lympatblqtie écrivain, en groupant cependant celles qui se font pendants.
ÉCOLE FRANÇAISE 335
Ah ! quel doux plaisir (par Copia) — B 3. — Près d'un bois,
un jeune homme et une jeune femme les jambes écartées. . . s'oublient
sur une botte de paille, l'amoureux tient à deux mains la tête de la
femme qu'il embrasse sur la bouche.
Je touche au bonheur (par Copia) — B 34. — Assis l'un près
de l'autre dans la campagne, un jeune homme a laissé sa main
s'égarer sous les jupons d'une jeune femme ; sa canne et son chapeau
sont près de lui.
Pendants au pointillé en couleurs, extrêmement rares.
Ventes: Muhlbacher, 905 — Aubin, 285 — Decloux, 440 — Bayard, la
première seule, en bistre, 15.
Les Apprêts du Ballet (par Tresca) — B 4. — Des danseuses
s'habillent ; celle de gauche, vue de dos, esquisse un pas ; une, au
milieu, se fait lacer par l'habilleur; à droite, une autre se fait coiffer.
La gouache originale fut adjugée à la vente Josse, 3900 francs.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, les noms des artistes seulement, en
noir, 305; avec la lettre, coloriée, g. ni., 380 — Muhlbacher, état Behague
avant toutes lettres, 321 — Hocquart, même état, 115 — Decloux, 176 —
Destailleur, t. m., 150 — Kinnen, avant toutes lettres, 160 — Bayard, état
Behague avant toutes lettres, 67 — Baudet, encadrée, 122 — Patellier, en
bistre, 2? état, 155.
L'Assemblée au Concert (par Dequevauviller) — B 5. — Dans
un salon somptueux, de nombreux personnages sont réunis pour
faire de la musique. A gauche, plusieurs femmes assises ou debout se
laissent courtiser par un abbé ; au milieu de l'estampe, une femme
au clavecin accompagnée par un violoncelliste; à droite, un homme
assis devant son pupitre, joue de la flûte.
L'Assemblée au Salon (par Dequevauviller) — B 6. — Dans un
riche salon, à gauche, une femme assise et lisant, un abbé et une
dame jouent au trictrac; près de la cheminée plus loin, un jeune
seigneur cause avec une femme assise ; à droite autour d'une table,
cinq personnages jouent aux cartes ; enfin sur le premier plan, deux
chiens gambadent.
Fort jolies pièces se faisant pendants. — Les deux gouaches originales qui
avaient été achetées par M. Muhlbacher 25000 francs furent adjugées à sa
vente 61000 francs!! elles provenaient de chez M. de la Béraudière; nous
croyons qu'elles sont actuellement chez M. G. Boin.
336 ÉCOLE FRANÇAISE
Ventes: Behague, avant la dédicace, t. ni , 520; L'Assemblée au Salon,
eau-forte pure, 455 — Roth, eau-forte pure, 1550 ; 2* état, avec le titre, mais
avant la dédicace, 760 — Wasset, l'Assemblée au Salon, eau-forte pure, 1520 —
Muhlbacher, la première, eau-forte pure, 280; la seconde, même état, 305;
les deux avant la dédicace, 745 — Decloux, avec la leltre, 450 — Destailleur,
même état, 400; la seconde, eau-forte pure, 235; Kinnen, avant la dédicace,
800; avec la lettre, g. m., 620 — Bayard, la première, avant la dédicace, mais
avec les armes, état non décrit, 375 — Pavic, la première, eau-forte pure,
200 — Gentien, avant la dédicace, 1400 — Goncourt, état d'eau-forte, s. m.,
78; la seconde, avant la dédicace, 310 — Pichon, 425 — Ligaud, la première,
325 — Lacroix, encadrées, 745 — C. J. et G. K., la seconde, avant la dédicace
encadrée, 1000 — Patellier, 550.
L'Aveu difficile ' (par Janinel) — B 8. — Une jeune femme
assise à sa table de toilette éclairée par une croisée à gauche, se
retourne vers une amie qui, une rose dans la main droite, l'air
attristé, vient lui faire une confidence ; un petit chien jape à leurs
pieds. Sur le fauteuil de gauche est une guitare.
La Comparaison (par Janinet) — B 12. — Deux jeunes femmes,
l'une assise, l'autre debout, près d'une petite table sur laquelle est
une glace, comparent l'opulence de leurs seins.
L'Indiscrétion (par Janinet) — B 30. — Devant un lit, une
femme assise se penche pour saisir une lettre qu'une amie debout
près d'elle semble vouloir lui dérober.
Suite en couleurs extrêmement recherchée.
Ventes : Behague, la première avant toutes lettres, seulement Janinet a la
pointe sous le trait carré, 2' état, 505; la deuxième, avant toutes lettres, 585 ;
la troisième, état de la première, 455 — Roth, la première, même état que
Behague, 505; la deuxième, avec la lettre, g. m., 205; la troisième, 2* état,
on voit le pied de la femme assise, Janinet à la pointe sous le trait carré,
299 — Muhlbacher, la première, avant toutes lettres, la robe de la femme
qui est debout est ici Mas, jusqu'à ce jour on ne la connaissait que bleue,
3000; 2e état, 1090; la seconde, avant toutes lettres, 610; la même, réduite
par Chapuy, avec quelques changements dans les détails, 150; la troisième,
toute première épreuve, seulement Janinel à la pointe, avant toutes lettres,
le pied el les boucles de cheveux de la femme assise n'existent pas encore,
1500 — Decloux, la première, avant toutes lettres, avant le troisième pied du
fauteuil où est la guitare, 1" état, 2045; la seconde, avant toutes lettres, 855;
avec la lettre, 440; réduite par Chapuy, 150; la même, par Partout, 100; la
troisième, état Muhlbacher, 1905 — Kinnen, la première, état Decloux, 4550; la
i A été gravés on réduction par Chapuy d'aprèl Drion souj le titre La Hrponre embarrassante,
adjugée v.nic Decloux 1 lit lin ne».
ÉCOLE FRANÇAISK 337
deuxième, avant toutes lettres, 555; la même, par Partout ', 80; la troisième,
état Muhlbacher, marge vierge, 2000 — Pavie, la première, avec la lettre,
390; la seconde, avec la lettre, 450; La Réponse embarrassante et La Compa-
raison, par Chapuy, les deux, 325 — Gentien, La Comparaison, marge vierge,
460; L'Indiscrétion, avant toutes lettres, seulement les noms des artistes à la
pointe, 1200 — Goncourt, la première marge du cuivre 1" état, 3020; la
seconde, m., 500 ; la troisième, état Muhlbacher, 1500 — Ligaud, L'Aveu
difficile, 350; la troisième, 550 — C. J. et G. K., la première, avant le double
filet servant d'encadrement, état non décrit, grande marge, la seule épreuve
connue, condition superbe, 7000 2 ; la même, en 1" état, 2200; la même,
avant toutes lettres, 1620 ; la seconde, avant toutes lettres, 1620 ; la même,
encadrée, 950 ; la troisième, avant toutes lettres, 2250 — Patellier, La Com-
paraison, m., 685 — Vente anonyme du 14 mars 1903, L'Indiscrétion, 3000;
La Comparaison, 1550 — Lelong, L'Aven difficile, 1950; La Comparaison, 1900;
L'Indiscrétion, 2500 — Roux, les deux premières, 2870.
La Balançoire mystérieuse — Les Nymphes scrupuleuses
(par Vidal) — B 9-42.
Pendants. — 11 faut avoir la première avant le flot et la seconde avant la
guirlande ; dans cet état, elles valent de 350 à 400 francs. A la vente Lacroix
dans ces conditions elles ont fait 480 francs ; précédemment a la vente
Heredia elles n'avaient atteint que 305. — On rencontre quelquefois des
épreuves des Nymphes scrupuleuses coloriées.
Le Billet doux (par N. de Launay) — B 10. — Dans un riche
intérieur, une vieille femme assise à gauche près d'une cheminée, est
en train de parcourir un cahier de musique, pendant que le jeune
homme qui lui adresse la parole, tend la main derrière lui pour
recevoir le billet que lui glisse une jeune femme occupée à broder
à droite.
Qu'en dit l'abbé (par N. de Launay) — B 51. — Une jolie femme
en négligé galant, la gorge demi-nue, assise à sa toilette, se retourne
pour regarder une bande de tapisserie qu'on montre à un abbé qui
est à gauche. Scène de neuf personnages.
La gouache originale du Billet doux fut vendue le 17 décembre 1900 par
Paul Roblin, 5500 francs, elle était parfaitement authentique et mesurait
27 centimètres de hauteur sur 20 de large. — Ces deux pièces se font
pendants.
i Gravée en conlre-partie format ovale avec litre anglais The Comparaison et 4 vers, fut
publiée à Londres en 1787.
' Elle était clans un cadre ancien Louis XVI en bois sculpté et doré.
22
338 ÉCOLE FRANÇAISE
Ventes : Behague, la première, eau-forte pure, 1« état, te chut qui dorl au
])ied de la jeune femme n'existe pas, 101 ; la même, avant la lettre, 405 ; la
seconde, 1" état, eau-forte pure, avant le changement dans l'expression des
personnages, 401 ; la même, avant toutes lettres et avant les armes,
2« état, 400 ; la même, avant la lettre seulement, le titre et les noms des
artistes, t. m., 355 — Wasset, la première, li< état, 2300, avec la lettre, 155;
la seconde, avec la lettre, 130 — Muhlbacher, la première, eau-forte pure,
160 ; la même, 2» état, t. m., 510 ; la seconde, 1" état, avec quelques grill'onis
à droite sous le trait carré, représentant des arbrisseaux au bord de l'eau,
920, rarissime ; la même, état d'eau-forte plus avancé, 800; la même, 2' état,
980; la même, avec les armes, le titre, les noms des artistes sans autre
lettre, 3'- état, 550 — Mailand, épreuves avec la lettre, 250 — Dccloux, la
première, 185; la seconde, 3« état, 640 — Dcstailleur, la première, l'1 état,
350 ; les deux 405 — Kinncn, t. m., 4S5 — L. Galichon, la première, 360 —
Pavie, la première, eau-forte pure,?; la seconde, eau-forte avancée, avant
toutes lettres et avant les armes, 355 — Concourt, la première, eau-forte
pure, sans le chat, 140 ; la même, 2« état, avec les armes et au-dessus de tes
armes dans un nuage te Hillel doux en capitales grises, le nom des artistes
sans autres lettres, 300; la seconde, eau-forte, 245 — Piclion, 310 — Heredia,
les deux, la première est avec la lettre grise, 770 — Ligaud, 215 — Lacroix,
la première, remargée au trait carré, 90; la seconde, avec graveur du Roi,
I' état, 125 — C. .1. et G. K., la première avec la lettre grise, 2e état, la
seconde en 4« état, les deux m. vierges, 700; la première avec le Billet doux
dans le nuage en capitales grises, g. m., dans un superbe cadre ancien, 920 —
Patellier. les deux avec la lettre, 290 — Vente anonyme du 14 mars 1903,
Le Billet doux, le litre en capitales grises, g. m., 1220.
Le Bosquet d'Amour (par Chapuy) — H 11. -- Trois femmes
réunies dans un bosquet, l'une est assise par terre; sur un socle à
gauche près d'elles, une statue de l'Amour.
La Promenade au Bois de Vincennes (par Chapuy) — B50. —
Trois jeunes femmes dans un bois, celle qui esl à gauche, porte une
ombrelle ; un chien gambade près d'elles.
Pièces en couleurs se faisant pendants et extrêmement recherchées'. —
A la vente Muhlbacher, l'aquarelle de Lu Promenade fut adjugée 4750 et
celle du Bosquet, 3550, elles provenaient toutes dcu\ de la collection Audouin.
1 Voici, iclon nous, comment nous établissons les états du Bosauel d'Amour, dont 3 seule-
mcnl sont menUonnés par M. Bocher.
i" étal : avant toutes lettres.
2" étal : avec le titre : \jt Bosquet d'amour el redresse de Gamble et Coi'/jW.
:i' étal : avec le titre : Les trm\ S'ritn au l'un de Saint Cloud, opanl l'adresse ches CanslaiiMn.
i étal : avec ce même titre et l'adresse.
'.h II lit :i /.H PrOmt M.i./r III 'i- et il M III titre et e lin lige en celui lie : /.,-> GfttCCJ /"" 'tëll lltlfS ail
BoU de Vincennes.
ÉCOLE FRANÇAISE 339
Ventes : Roth, sous le titre Les trois Sœurs. . ., avant l'adresse, 3e état, 035 ;
la seconde en 2e état, t. m., 765 — Muhlbacher, Le Bosquet, avant toutes
lettres, 320; la même, le titre changé, t. ni. 005; Les Grâces, t. m., 050 —
Deeloux, Les Grâces, 445 — Deslailleur, les deux pièces, Les trois Sœurs,
3^ état, 1585 — Pavie, les deux, 1750 — Kinnen, Les trois Sœurs, 4e état, 158 —
Baudet, les deux en 1* état, g. ni., encadrées, 2510.
La Consolation de l'absence (par N. de Launay) — B 14. —
Une jeune femme assise tient de la main droite un médaillon qu'elle
contemple ; à droite sur un canapé, une mandoline, et devant elle,
un pelit bonheur du jour sur lequel une cafetière et une tasse sont
posées.
L'Heureux Moment (par N. de Launay) — B 28. — Assise sur
un canapé, la gorge demi-nue, une jeune femme se laisse tendrement
enlacer la taille par un jeune seigneur à genoux près d'elle. Un pelit
chien à gauche sur le canapé.
Les Soins mérités (par R. de Launay) — B G0. — Une jeune
femme tient sur ses genoux, un petit chien dont elle relève la queue,
pendant qu'une vieille servante s'apprête à lui donner un lavement.
Voici les prix sur lesquels on peut généralement tabler pour chacune de
ces pièces, suivant états et conditions, bien entendu : La Consolation, de 100
à 700 ; L'Heureux Moment, mêmes prix ; Les Soins, 00 à 250, c'est la moins
estimée de beaucoup, tant à cause du sujet que du graveur Robert de
Launay qui est très inférieur à son frère Nicolas. — A la vente Muhlbacher,
la gouache originale, La Consolation de t'absence, fut adjugée 20000 francs,
et celle de L'Heureux Moment, 13200 ; une première pensée de ce sujet
attribuée au Maître, aquarelle gouachée fut le même jour adjugée 1120 francs.
Une petite réduction de La Consolation de l'absence sous la rubrique :
The happy Resemblance, gravée au pointillé par C. Taylor, fut publiée à
Londres en 1780; un exemplaire fut vendu par Danlos en mai 1898.
Le Coucher des Ouvrières en modes (par Dequevauviller) —
B 16. — Dix ouvrières dans un dorloir se déshabillent ; les unes
lisent, cinq autour d'une table se tirent les cartes, une autre non
encore dévêtue, cherche dans un tiroir de commode.
Le Lever des Ouvrières en modes (par le même) — B 36. -
Dans une pièce qui reçoit le jour par la droite, neuf ouvrières se
lèvent ; à gauche, trois complètement habillées sont près d'un lit où
l'une d'elle est encore couchée. Au milieu, deux autres demi-nues
310 ÉCOLE FRANÇAISE
causent ensemble ; enfin à droite, deux sont assises à une table,
pendant qu'une troisième lit une lettre que vient de lui apporter un
petit commissionnaire.
L'Ecole de Danse (par le même) — B 22. -- Des femmes sont
réunies dans une chambre qui reçoit le jour par deux vastes fenêtres
qui sont à gauche et entre lesquelles »i\ violoneux est assis sur une
table ; à droite, une danseuse esquisse un pas, pendant qu'une autre
rajuste sa jarretière, le pied droit posé sur un tabouret.
A la vente Muhlbacher, la gouache originale de L'Ecole de Danse fut
adjugée 31500 lianes; a la vente Josse, celle du Lever des Ouvrières en modes
atteignit 8900 et celle du Coucher, -1705, toutes deux provenaient de la
collection du baron d'Ivry.
Ventes : Behague, Le Lever, avant l'adresse de Bance qui est celle du
dernier état, 250; Le Coucher, 3« état (?), 209 ; L'Ecole, l- état, avant la lettre
avec le nom des artistes à la pointe, 455; Muhlbacher, Le Coucher, avec le
titre et les noms des altistes sans aucune lettre, 100 ; Le Lever, eau-forte pure,
190, en 2e état, avant toutes lettres, 340, avec la lettre, 107 ; L'Ecole de Danse,
état Hehague, 225 — Decloux, Le Lever et Le Coucher, le titre, le privilège
el les noms des artistes sans aucune lettre, marge, 390; L'Ecole avec
l'adresse du graveur, 87; Le Lever, épreuve en bistre réduite, 76 —
Destailleur, Le Lever et Le Coucher, étal Decloux, 250, les mêmes avec la
lettre, g. m., 185; Le Lever, épreuve coloriée au pointillé ii la roulette par
J.-B. Compagnie, avant la dédicace, l(i — Pavîe, Le Lever, par Lecœur, 220 —
Goncourt, Le Lever et Le Coucher, élat Decloux, t. m., 280 — Heredia, ces
deux mêmes avec l'adresse du graveur, 415 — Roux, Le Lever et Le Coucher,
avec l'adresse de Dcquevauviller, 277.
Le Déjeuner anglais — La Leçon interrompue (par Vidal) —
M 17-35.
Ces pièces en couleurs peuvent valoir, les deux avec la lettre, 300 à
iiiii francs et 600 à 700 avant toutes lettres; mais tout cela n'est que très
approximatif, tant de facteurs venant exercer leur influence, tels que marge,
fraîcheur, état, etc. . .
Le Déjeuner en tête-à-tête IJ 18. — Une jeune femme assise
sur les genoux d'un jeune homme, a passé son bras droit dans sa
chemise entrouverte et l'embrasse sur la bouche.
L'Ouvrière en dentelles II 45. — Dans un modeste intérieur,
un jeune homme assis dans un fauteuil, lient enlacé dans ses bras,
une jeune ouvrière qui le regarde les yeux baisses. A gauche, une
table et une porte entrebâillée.
ÉCOLE FRANÇAISE 341
Ces petites pièces en couleurs sans nom d'artistes, sont d'une absolue
rareté et e.vlre'mement jolies, nous venons de les revoir chez Roblin en
épreuves délicieuses.
Ventes : Muhlbacher, remargées, 707 — Hocquart, avant toutes lettres,
1600 — Aubin, même état, 1715 — Bérend, même état, 1550 — Pavie, 2500
(".. .1. et G. K., Le Déjeuner, seul, 600 — Roux, Le Déjeuner anglais, en noir,
285 — Leroy, L'Ouvrière en dentelles, 650.
Le Directeur des toilettes (par Voyez aine) — 15 21. - Une
jeune femme que sa camériste est en Irain de coiffer, laisse examiner
par un jeune abbé avec son lorgnon une pièce d'étoffe qu'elle a sur
les genoux. Trois marchandes à la toilette avec leurs cartons,
attendent leur tour.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, 485, avec la lettre, m., 305 —
Michclot, avec la lettre, 126 — Muhlbacher, avant toutes lettres, t. m. 1150 —
Hocquart, même état, t. ni., 260 — Destailleur, 130.
L'Elève discret (par Janinet) — B23. — Allongée sur un canapé,
les jambes écartées, une jeune femme coiffée d'un chapeau, fait signe
de la main gauche à un petit chien qui fait le beau devant elle. Sur le
premier plan par terre, un livre ouvert.
Pauvre Minet que ne suis-je à ta place (par Janinet) —
B 47. - Une jeune femme assise sur un canapé, tient sur ses genoux,
un chat qu'elle caresse ; par terre à gauche, un livre.
Pièces en couleurs absolument surfaites. — La gouache originale de L'Elève
discret fut adjugée à la vente Muhlbacher, 2050 francs, nous la retrouvons,
croyons-nous, un an plus tard, le 14 juin 1000, à la vente du marquis de B.
où on la paya 4000.
Ventes: Muhlbacher, L'Elève, 755; Pauvre Minet, 800 — Hocquart, les
deux avant toutes lettres, les seules épreuves connues, 1600 — Decloux,
épreuves éblouissantes, t. m., 3005 — Josse, épreuves superbes, t. m., 1705.
Ha! le joli petit chien (par Janine!) — B 27. — Assise à gauche
devant un métier à broder, une jeune femme pousse une exclamation
en voyant entrer une de ses amies un petit chien sous le bras.
Le petit Conseil (par Janinet) — B 48. — Assise de profil à
gauche à une petite table, une jeune femme écrit, semblant interroger
du regard l'amie qui est debout devant elle, les bras croisés.
342 ÉCOLE FRANÇAISE
Estampes en couleurs médiocres, mais fort recherchées, elles sont payées
des prix absolument ridicules quand on les rencontre bien pures — Le
11 mai 1901, Paul Roblin vendit, gravé par Janinct, croit-on, un petit
médaillon représentant une jeune femme assise et écrivant — l'une des
femmes du l'élit conseil — estampe inconnue à MM. lîoclier, baron Portalis
et Béraldi, elle était avant toutes lettres et mesurait 65 millimétrés y compris
le double filet, et fut adjugée 410 francs. — A la vente Mublbacher, une
esquisse, aquarelle et encre de chine de: Ha ! le joli petit Chien, atteignit
•100 francs.
Ventes : Behague, la première, t. m., 330; la seconde, g. m., 255 —
Mublbacher, la première, 1180 ; la seconde, 11G0 — Dccloux, les deux, 805;
.S";7 m'aime il viendra ■ et Elle ne s'etail jias trompée -, 190 ; les mêmes en
bistre, les mains et les figures seules sont en couleurs, 85 — Bércnd, les
deux pièces, 920 — Kinnen, les deux, marge vierge, 1505 — Bayard, 001 —
Bardin, marge vierge, 3500 — Jossc, même condition, 3200 — Pavie, 615;
.S"/7 m'aime... et Elle ne s'était..., .'Î50 — (ientien, 550 — J. C. et G. K.,
encadrées, 1200 — Fontenay, la première, 420 — Leroy, Le petit Conseil,
toute marge, 1005.
Jamais d'accord (par Denargle 3) — B32. — Une femme debout
à gauche, tient sous son bras, un chai qu'elle montre à une amie
assise de profil à gauche qui tient un chien ; les deux animaux
semblent vouloir sauter l'un sur l'autre.
Le Serin chéri (par Denargle) — B 59. — Une jeune femme
assise à gauche près d'une cheminée, vient d'ouvrir une cage placée
sur une table devant elle, d'où s'est échappé un serin qui s'est allé
poser sur la gorge de l'amie qui est debout près d'elle à droite.
Estampes en couleurs se faisant pétulants. — A la vente Mublbacher, la
gouache de Jamais d'accord fut adjugée 1580 francs, et celle du Serin
chéri. 1550.
Ventes : Behague, la première, 115 — Roth, la seconde, eau-forte pure au
trait, 380 Wasset, épreuves s. ta., 250 — Michelot, la première sous le
titre La Petite Guerre par Mixelle avec quelques variantes, 121 — Mublbacher,
la première, 300; la seconde, 190 — Decloux, 550 — .losse, 805 — Pavie,
1555 - Gentien, 805 — C. J. et G. K., 1150.
La Marchande à la toilette (par Vidal) — B 37. — Au milieu
de l'estampe, une jeune femme en négligé du malin est assise presque
i Réduction en contre-partie ovale du Petit Conseil nvec quelques modlflcaUons, lignée 1>. V.
' Pendant de la précédente el réducUon de roui avex la clef... malt il a trouve la serrure
d'apréa Borel.
igramme de Legrand, mouvait graveur de deuxième catégorie, signataire de ces deux
pièces tnepteâ qui m anmolns r.ini do l'nrgcnl ; <m s'esl toujours demandé pourquoi '.*
ÉCOLE FRANÇAISE 343
de face, en train de faire admirer à sa cainériste un bijou en forme de
poire qu'une marchande debout à droite et de profil à gauche, vient
de lui apporter. Sous le fauteuil qui est à gauche, un chien endormi.
La Soubrette confidente (par Vidal) — B 61. — Une jeune
femme assise devant sa table, tient dans sa main droite une lettre
que vient de lui apporter sans doute une vieille femme debout à
gauche ; la servante est penchée sur le dossier du fauteuil derrière sa
maîtresse qui s'est retournée pour lui demander un conseil.
Pièces faisant pendants. — Nous avons vu chez Marius Pauline, l'érudit
et si distingué marchand d'estampes de la rue Chauchat, dont l'amabilité
pour nous est inlassable et chez qui nous avons trouvé maints renseigne-
ments curieux consignés dans ce volume — nous avons vu disons-nous —
une réduction de la Marchande à la toilette en contre-partie imprimée en
couleurs à la poupée, épreuve unique sans doute, sans aucune lettre et qui
peut être attribuée à Legrand ; le 24 mars 1900, elle fut adjugée 480 francs.
Ventes : Behague, la première seulement les noms des artistes, 255 ; la
deuxième, avant toutes lettres, 2" état, 490 ; la même avant la dédicace,
31' état, 205, avec la lettre, 91 — Roth, la première, eau-forte pure, 490, avec
la lettre, 113; la seconde, m. v., 271 — Muhlbacher, la première, eau-forte,
état non décrit dans lequel on lit sous le Irait carré à la pointe La Chaussée,
320 ; la même, 2^ état avec titre et armes sans autre lettre, 395 ; la deuxième,
eau-forte pure, 305 ; la même, 3e état avec le titre avant la dédicace, 205 —
Destailleur, la seconde, 150; la première, t. m., 160 — Kinnen, la seconde
en 3» état avec le titre, les armes, les noms des artistes, 255 — Lacroix, les
deux pièces, 200 — C. J. et G. K., la première, m. v., 230 ; la seconde,
m. v., 200.
On y va deux (par Benossi) — B 44. — Bras dessus bras dessous,
une jeune femme et un jeune homme — ce dernier ayant une canne à
la main — se dirigent vers un bosquet où se voit une statue de
l'Amour.
Epreuve en couleurs dont il existe aussi des tirages en bistre.
Ventes : Wasset, 105 — Muhlbacher, avec 77 n'est plus temps ', toutes deux
avec l'adresse de Joly remplacée plus tard par celle de Renard, t. m., 980 —
Decloux, les deux mêmes pièces sans désignation d'adresse, 150 -
Destailleur, On y va, seul, avec la première adresse, 200 — Bayard, la même
avec la première adresse, 225 ; avec la seconde adresse, 36 — L. Galichon,
les deux avec la première adresse, 285 — Gentien, avec la première
adresse, 520 — Pavie, les deux en bistre, 230 — Greppe, avec Pauvre Minet
que ne suis-je ci ta place, 61.
1 Une jeune femme à l'air désolé, est assise au pied d'une statue de l'Amour, à ses genoux
Un homme semble lui demander pardon en la saisissant tendrement par le bras gauche,
344 ÉCOLE FRANÇAISE
Le Restaurant (par Déni) — B 53. — Dans un séduisant intérieur,
une jeune femme demi-étendue sur un canapé à gauche, cause
tendrement en prenant une tasse de café avec un jeune seigneur qui
l'a enlacée de son bras droit ; devant eux, une servante vue de dos à
droite, apporte à l'amoureux un réconfortant ! Sur un fauteuil à
gauche, son épée est appuyée la pointe en l'air.
Cette estampe rare est en noir, mais il y a aussi des épreuves en couleurs.
Elle existe aussi en contre-partie sous la rubrique Le Consommé. La pièce
que nous venons de décrire, n'est recherchée qu'en avant toutes lettres avec
le titre éi ta pointe ; elle vaut alors, suivant conservation, de 300 à 500 francs.
Le Retour à la Vertu (chez Vidal) — B 55. — Une jeune femme
assise sur son lit, se laisse prendre tendrement la main par un jeune
homme à genoux près d'elle, pendant que repentante déjà, elle regarde
un buste, celui de son mari, sans doute.
Pièce en couleurs de la dernière rareté, adjugée 160 francs avec toute sa
marge à la vente Aubin, et à celle de Ligaud, remargée, 145. — Elle n'est
pas bien intéressante, sa rareté seule la fait rechercher. — A la vente du
comte Jacques de Iîryas, l'aquarelle originale atteignit 2050 francs.
Le Colin-Maillard, 1789 (par Lecœur) — B app. 1. — Un jeune
couple se dérobe sur la terrasse d'un château, poursuivi par un
homme aux yeux bandés qui cherche à le saisir. Au fond de l'estampe,
un jet d'eau, et près du couple, un chien sur un banc à gauche.
Pièce en couleurs fort rare qui n'est qu'attribuée à Lavcreince.
Elle existe aussi avec ce titre Le Bandeau favorable.
Ventes: Muhlhacher, cau-lbrte pure. 190; avant toutes lettres, .Y.!0 ; avec
le titre Le Bandeau... 115 — Dubois du liais, avec ce titre, 246; avec le litre
Le Colin-Maillard avant toutes lettres, mais avec les armes, [255 Decloux,
avec le titre Le Colin-Maillard, avec les armes et la dédicace à M»« la
Princesse de Craon, sous la bordure: Gravé par Louis-F. Lenteur* en 1783,
adjugé 2080 Bayard, la même, avant toutes lettres, mais avec les armes.
1255 - Baudet, avec le titre Le Bandeau..., 360 — Gentien, avant toutes
lettres, mais avec les armes, très fraîche, 1250 — Ligaud, remargée, 150 —
('.. .1. et Ci. K., sans marge, encadrée, 950.
Le joli Chien ou les petits Favoris (par ?) — B app. t. —
Couchée sur le dos et demi-nue. une jeune femme dans un lit tient
sur sa jambe un petit chien auquel elle présente une gimblette;
■ C'est Indubitablement une erreur »lu graveur de Lellrei oui dei -ni . . i ire /.<• Cour.
ÉCOLE FRANÇAISE 345
à gauche, table de nuit avec un chandelier; par terre, des pantoufles,
un livre ouvert ; à droite, un fauteuil sur lequel des vêtements sont
jetés, et de ce côté au fond de la pièce, un paravent.
Pièce en couleur ovale, réminiscence de la Gimblette île Fragonard,
à laquelle on fait dans les ventes un honneur qu'elle est, certes, loin de
mériter.
Ventes : Behague, avant toutes lettres et avant la réduction en ovale de la
planche1, 270 — Muhlbacher, eau-forte pure dans le goût de Dequevauviller,
dans cet état un homme est caché derrière les rideaux regardant la femme,
300; la même, avec la planche ovale au pointillé, 111 ; avant toutes lettres et
la planche carrée, il n'y a encore qu'an chien, 1105; autre état, non décrit,
avec le titre Les petits Favoris, les noms des artistes Lawreince pinx,
Chapuy scalp, et l'adresse de Jotij... il y a alors deux chiens sur le lit, 505 —
Dubois du Bais, avant toutes lettres, le titre Les Petits Favoris et an seal
chien, 800; la même, en ovale gravé par Bertaud, 100 — Hocquart, état
Muhlbacher adjugé 1105 francs, payé ici 580! — Aubin, avec le titre Le joli
Chien, pointillé ovale par Legrand, 160 — Kinncn, état Muhlbacher précité,
510 — Baudet, état Dubois du Bais, avec un seal chien, 755 — Josse, avant
toutes lettres et avec un seal chien, 1025 — Gentien, même état, 000 —
Pavie, 345 — C. J. et G. K., état Josse, 460, épreuve remargée.
Le joli petit Serin -,
Ventes . Aubin, 200 — Decloux, avec La petite Guerre3, 500 — Kinnen, les
deux mêmes, 700 — Josse, Le joli petit Serin seul, 905.
Le Financier.
En avril 1897, à la vente de M1"' O., cette pièce en couleurs, d'après
Lavereince, inconnue jusqu'à ce jour, et gravée dans le goût de Sergent ou
de Guyot, fut adjugée 1200.
Nous pourrions encore citer les pièces suivantes, quoique, selon nous,
d'un intérêt secondaire : Le Roman dangereux (Hclman), B 56, dont la
gouache originale fut adjugée, à la vente Muhlbacher, 7200 francs — L'Inno-
cence en danger (Caquet), 31 — Eh ! vile, l'on nous voit, B app. 3, et Si tu
voulais, B app. 8, en couleurs, par Le Coeur, rarissime, valant 600 ou
700 francs les deux, elles ne sont qu'attribuées à Laveirence, et enfin cette
autre attribution : Xon,je ne veux pas voir, gravé par Chapuy, composition
ovale de trois ligures, adjugée 95 francs à la vente Pavie.
I Dans cet état les parties de la femme ne sont pas voilées.
- Ne figure pas au catalogue Bocher, n'est qu'attribuée à Lavereince et pourrait bien être
gravée par Mixelle, De toute rareté, nous n'avons pu nous la procurer pouria décrire.
' La même pièce que Jamais d'accord avec quelques variantes.
346 ÉCOLE FRANÇAISE
LEGŒUR (Louis, à Paris, chez)
Une promesse... Aht laissez donc, 1787 — Néant à la
Requête, 1788.
Pièces en couleurs assez rares valant, les deux, dans les 300 à 400 francs.
Gare à l'eau. — Sur la droite de l'estampe, on aperçoit deux
femmes renversées; sur l'une d'elles qui a les jambes en l'air et les
jupons retroussés, un homme se précipite, pendant qu'une troisième
qui est à gauche, saisit un broc pour arroser ce que montre la femme
aux jambes en l'air.
Pièce en couleurs de toute rareté valant dans les 250 francs.
LONGUEIL' (Joseph de, par)
1730-1792
Les Dons imprudents (P 33). — Près de sa table de toilette,
assise de trois quarts à droite, une jeune femme est en train de
couper avec des ciseaux une longue mèche de cheveux à un jeune
homme à genoux devant elle, elle est aidée dans cette besogne par sa
camériste qui est debout à sa gauche ; une large fenêtre à gauche
éclaire cette scène.
Le Retour à la Vertu (P .54). — Dans un riche intérieur, sur un
lit de repos, un jeune homme est assis près d'une femme qui, la gorge
demi-nue et le coude droit appuyé sur un coussin, se lamente.
Pendants eu couleurs recherchés, d'après Borel, croit-on. — Il existe aussi
des épreuves en noir.
Ventes: Pavie, avant toutes lettres, m., 1005 — PichOD, avant toutes
lettres, en noir, li.V» Ligaud, la première, avant toutes lettres, 150; la
deuxième, avec la lettre, 365 — C. J. et G. K., les ilcux, mêmes états et
conditions, l loo.
i Consulter te catalogue établi p:ir Panhard, Parla, Horgand et Patoul, mwi.
ÉCOLE FRANÇAISE 347
LEMOINE (d'après)
1688-1737
Mademoiselle D. ' (par Janinet 1779). — Elle est assise devant
sa toilette dont le miroir reflète son profil. La main gauche appuyée
sur la table tient une lettre, l'autre pend le long du corps tenant un
bouquet de roses. Le corsage est décolleté avec un fichu de mousse-
line, et les cheveux relevés sont retenus par des rubans.
Estampe en couleurs que l'on rencontre rarement avec la planche carrée
qui l'entoure, on la trouve presque toujours rognée à l'ovale avec un cadre
rapporté. Elle existe aussi en noir ; le dessin original aux crayons noir et
de couleurs fut adjugé 70(10 francs à la vente Muhlbacher.
Ventes: Behague, avec la planche carrée, 140 — Wasset, avant la lettre et
la planche carrée, 250 — Muhlbacher, avec la bordure non découpée, -100 —
Michelot, même condition, g. m., 360 — L. Galichon, même condition, 390 —
Pavic, avec la bordure découpée et encadrée, 1010 — Goncourt, découpée à
l'ovale, 910 — C. J. et G. K., découpée à l'ovale et reportée sur un cadre ;\
fond vert où se trouvent imprimées toutes les inscriptions, 3020 — Leroy,
découpée à l'ovale, 1000.
LIOTARD J.-E., (d'après)
?
Mademoiselle Lavergne (par Daullé et Ravenet). — Assise
dans une chaise à mi-jambes de trois quarts à gauche, lisant une
lettre ; le corsage est en pointe et lacé sur le devant, les manches avec
revers de brocard relevées jusqu'au coude ; au cou, un velours où
pend une croix.
Belle pièce rare adjugée, vente Didot, 300 — Behague, 251 — Muhlbacher,
130 — Goncourt, 153. — Elle est restée inconnue à Delignières.
MARCENAY DE GUY^ (Antoine de)
1724-1811
Graveur amateur dont M. L. Morand vient de relever avec soin 71 pièces
se décomposant en 31 portraits et 40 sujets divers, dans lesquels les
i Portrait de Rosalie Dullié.
' Le catalogue de son œuvre vient d'être fait par M. Louis Morand, Paris. liapilly, 1901 ;
tirée à 700 exemplaires, cette intéressante plaquette se raréfiera promptement.
348 ÉCOLE FRANÇAISE
paysages dominent; 21 morceaux sont d'après lui-même, les 50 autres
d'après divers.
Parmi les plus remarquables nous retiendrons:
Comte de Mirabeau (2i — Henri Le Grand « 14 1 — Vicomte de Turennc (33) —
Stanislas Auguste, d'après Bacciarelli (2!)), grave presque avec la finesse d'un
Ficquet, mais d'un métier tout différent, car il se sert i\e points pour modeler
le visage — Le Maréchal de Villars (34), avec quatre paysages sur le même
cuivre, très rare - L'Amour fixé, d'après Le Brun, gravé en 1763 (48).
A la vente Guichardot, en 1875, l'œuvre formé sans doute par l'artiste
lui-même, fut adjugé 1000 francs et acheté par Destailleur ; à sa vente,
en 1895, les 65 pièces plus quelques dessins firent 1200 francs.
M0REAU le jeune' (Jean-Michel, par et d'après)
1741-1814
C'est le merveilleux dessinateur des deuxième et troisième suites du
Monument du Costume1, dont voici les titres avec le nom des artistes cpii les
ont gravées et les numéros du catalogue Bocher.
Deuxième Suite
La Déclaration de la Grossesse (Martini) — B 1348.
Les Précautions (Martini) — lî 134*.).
J'en accepte l'heureux Présage (Trière) — R 1350.
N'ayez pas peur, ma bonne amie (llelninn) — 15 1351.
C'est un fils, Monsieur (Baquov) — I? 1352.
Les petits Parains (Baquoy, l'eau-forte; Patas, le burin) — I? 1353.
Les Délices île la Maternité (Ilelnian) — 15 1354.
L'Accord parfait (Helman) — B 1355.
Le Rendez-vous pour Marin ((',. Gtitlenbcrg) -- B 135(5.
Les Adieux (15. de Launay) — B 1357.
La Rencontre au Bois de Boulonne (H. Guttenberg) — B 1358.
La Dame du Palais de la Heine (Martini) — 15 1359.
i Consulta tel italogue du Maître établi par M K. Bocher. Paris, Morgand et Fatout, 1882 —
.-linsi que relui de MM. baron Roger Portails et Henri Bcraldl, Paris, ist'.i; même libraire.
> Voir Freudeberg, page B26, pour /.» première suite.
ÉCOLE FRANÇAISE 340
Troisième Suite
Le Lever (Halbou) — B 1360.
La petite Toilette (Martini) — B 1361.
La grande Toilette (Romanet) — B 1362.
La Course des Chevaux (H. Guttenbeig) — B 1363.
Le Pari gagné (Camligue) — B 1364.
La Partie de Whist (Dambrun) — B 1365.
Oui ou non (Thomas) — B 1366.
Le Seigneur chez son Fermier (Delignon) — B 1367.
La petite Loge (Patas) — B 1368.
La Sortie de l'Opéra (Malbeste) — B 1369.
Le Souper fin (Helman) — B 1370.
Le Vrai Bonheur (Simone!) — B 1371.
Voici les prix atteints par les dessins originaux de ces suites dans ces
dernières années : C'est un fds. Monsieur, 21500 francs, et La petite Toilette,
22500, adjugés tous deux le 22 avril 1899 par le ministère «le M. Paul
Chevallier. Un catalogue reproduisait par le procédé Dujardin ces deux
merveilles > qui furent trouvées chez la Princesse Radziville, ù Nantes,
par M. Maris, un artiste peintre aussi aimable que fureteur qui, doué
d'un flair tout spécial, les signala à M. Ferdinand Jacob, le marchand de
curiosités de la rue de Chàteaudun, qui les paya 8000 francs les deux; et
dire que nous, qui avions réussi à retrouver la trace de presque tous les
autres originaux5, les avions là sous la main, à notre porte... n'est-ce
pas le comble de la guigne. Enfin ! tant mieux pour Messieurs Maris
et Jacob. — Vente Muhlbacher: Les Délices de la Maternité, 31000 francs;
une première pensée de ce dessin, au crayon noir et à la sanguine
rehaussé de blanc, 15200; Le Seigneur chez son Fermier, 1900. En mai 1896
nous nous trouvions à Paris chez Morgand qui nous apprit que de Berlin on
venait d'envoyer en communication l'original du Rendez-vous pour Marhj
dont on demandait 22000 francs plus 10 »/„ ,\e commission, le prix fut
trouvé trop élevé, et on le retourna; en est-il revenu, nous l'ignorons? Le
20 octobre 1895 nous avons reçu une lettre fort aimable de M. F.. Fhlers,
professeur à l'Université de Gottingen, nous avisant que le dessin original
île La grande Toilette, bistre sous trait de plume signé et daté de 1777, se
' Sépias, d'une conservation exceptionnelle, et supérieures aux Moreau de Berlin.
2 Car à l'heure qu'il est, nous connaissons le nom de tous les possesseurs des 36 dessins
originaux qui constituent Le Monument du Costume, à l'exception cependant de ceux tle
La Promenade du matin de Freudeberg. de La Course de Chevaux et tle La Sortie de l'Opéra de
Moreau. si toutefois ils existent encore et n'ont pas été anéantis, ce que l'on peut craindre.
350 ÉCOLE FRANÇAISE
trouvait dans sa collection. — On peut dire que, suivant conditions très
variables de marges et de fraîcheur, les eaux-fortes de ces deux séries
valent — la pièce — 800 à 000 francs; les avant-lettre, 500 à 600; aoec
privilège, 100 à 180; avec la lettre, 40 à G0 ; ce sont-là, bien entendu, des
ù peu près exprimés seulement pour donner une idée de l'échelle des cotes.
Ayant déjà relaté les prix d'adjudication des trois séries à I-'reudeberg nous
renvoyons à ce Maître.
Le Bal Masqué — B 200 — Le Festin Royal — B 201.
Pendants gravés par le Maître — Le Bal eut lieu le 23 janvier 1872 ; Le Festin,
le 21 janvier 1781. — Les deux pièces en («><;/ii lettre valent dans les 100 à
500 francs, avec la lettre, 100 à 140. — On peut y joindre les deux pièces
suivantes ', elles sont en travers et se font pendants : Arrivée de la Reine à
l Hôtel de Ville [M 202) et Le Feu d'Artifice (B 203).
Exemple d'humanité donné par Madame la Dauphine,
le 16 octobre 1773 (Eau-forte de Martini, burin de (iodefroy) —
B 244. — Tète nue, la Dauphine entourée de seigneurs et de piqueurs
à cheval, s'avance pour consoler une pauvre vieille en larmes dont le
mari a été blessé par le cerf que l'on chassait ; près d'elle, deux
enfants et deux femmes. Un valet tient à gauche deux chiens couplés.
lui avril 1891), nous vîmes chez Koblin un dessin du Maitre d'une toute
autre interprétation ; il était à la plume, relevé de gouache et lie lavis sur
papier blanc; il fut vendu 1500 francs.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, 200 ; avec la lettre, 105 — Wasset,
eau-forte pure, 185 — Maherault, avant toutes lettres, 260 — Muhlbacher,
eau-forte avec une note du Maître manuscrite, 205 — Destailleur, avant la
lettre, 350 — Bavard, eau-forte, 250; avant la lettre, mais avec les armes,
.">• état, 325 — Goncourt, avec la lettre, g. ni., 50.
A noter encore : Couronnement de Voltaire (par Gaucher) - B 200 — La
Cinquantaine, 1771 (par U' Maitre) - B 210 — vente Goncourt, 285. — La Revue
du Roi éi la plaine des Sablons, dont le dessin original, encre de chine sur
trait de plume, fut adjugé 29000 francs à M. Chauchard à la vente de Goncourt.
MOUCHET (F., d'après)
1750-1814
Les Chagrins de l'Enfance (par Lecœur). — Dans un intérieur,
une femme à gauche, de prolil à droite, une guitare dans la main
i l.rs dessins originaux »!<• cea deux plécea el ii«-s deux précédantes, npporUennenl a
M. Delnroche Vornet, Lit ont figuré i i i \|"< Ition ■ ( )toriê-Antoinette et ton i>-mits qui eut lieu
a la galerie Sedelmeyer i n 1894
ÉCOLE FRANÇAISE 351
gauche, lève le bras droit' à la vue d'un petit serin envolé d'une
cage placée sur une table ; une fillette près d'elle, lève aussi les bras
au ciel. A droite, dans le coin de l'estampe par terre, les poupées
de l'enl'ant.
Pièce en couleurs assez recherchée, quoique très médiocre. — En mars 1890,
Marius Pauline nous en montra une curieuse épreuve avant le trait carré,
avant le fleuron, et autres particularités dans les couleurs et dans la direction
de l'oiseau envolé ; il l'avait trouvée à Paris chez un marchand.
\ 'entes : Behague, avec la lettre, 58 — Decloux, avant la dédicace et les
armoiries changées, 171 — Kinnen, avant la dédicace, avec un croquis de
paysage et une cage comme armoiries, 110; avant la dédicace et avec les
armoiries de la duchesse de Bourbon, 150 — Wogram, même état, 200 —
Ligaud, 2'- état, avec la dédicace et les armoiries remplaçant le lleuron
primitif, m., 680 — C. J, et G. K., 1" tirage, avec la dédicace à la duchesse
de Bourbon et avant que ses armoiries aient été remplacées par un lleuron,
m., 840.
PRUDHON (P. P.)
Né à Cluny (Saônc-et-Loire) en 1758, mort à Paris en 1823. Dans le
catalogue qu'en a dressé Edmond de Concourt, en 1876, chez Bapilly, il
relève de la main du Maître onze pièces, dont 7 eaux-fortes et 4 lithographies.
Le morceau le plus recherché est Phrosinc et Mélidor, dont il faut avoir le
1'-' état, l'eau-forte pure de l'artiste lui-même ; il n'en existe, parait-il, que
3 épreuves connues: chez Mis de la Salle, E. Galichon* et Eudoxe Marcille.
A la vente du premier, en 1850, elle fut adjugée 05 francs à Dutuit; disons à
ce sujet, que c'est par erreur que, dans notre dernier volume Dessins,
Gouaches, Estampes, etc., nous avons page 156, signalé cette épreuve comme
étant de second état, c'est bien du premier que nous devions dire. — Nous
ignorons actuellement où sont passés les exemplaires Galichon et Marcille.
REGNAULT (Nicolas-François, par)
1746- ?
Le Lever. — Debout de l'ace au milieu de sa chambre à coucher,
une femme demi-nue caresse son chien qui est à sa droite sur une
chaise, pendant qu'une camériste va lui passer sa chemise et qu'une
1 Ce bras droit est êpouvantablement dessiné — Nous avons vu un état avant le titre mais
avec un quatrain : 11 eut îles peines pour chaque âge..., état rarissime.
î A sa vente en 1875 elle fut adjugée 3G0 francs.
352 ÉCOLE FRANÇAISE
autre à droite chauffe quelque chose devant la cheminée. Au fond de
l'estampe, un lit.
Pièce en couleurs servant de pendant au Bain d'après Baudouin, gravé
par le Maître. Rare et recherchée. Les deux pièces valent avec la lettre dans
les 600 francs, et en avant lettre, 1200 à 1500; a la vente Léon Roux, deux
beaux exemplaires avec la lettre atteignirent 880 francs.
RIGAUD (H., d'après)
Elisabeth de Couy (par Daullé ') — Delignières 69. — Rigaud
est assis devant son chevalet une palette à la main, sur ce chevalet
dans un médaillon le portrait de sa femme Elisabeth de Gouy à mi-
corps, décolletée et regardant à droite. Au fond, un pilier et de
lourdes draperies.
Fort belle pièce, dont un exemplaire île 3<- état fut adjugée 101 francs à la
vente Hehague.
SAINT-AUBIN1 (Charles-Germain de, par)
1721-1786
Les Papiloneries humaines.
Suite de douze pièces en deux séries, dont voici la composition:
Première série en travers de 1 à 0 : Le Titre - Le Bain — Le Papillon
danseur de corde — Les Joueurs de Daines — Le Blessé — La Brouette.
Deuxième série en hauteur de 7 à 15 : Le Titre —- Les Papillons en scène —
Les Papillons dansant — Le Duel — Le Papillon jaloux — La Toilette.
Ces estampes sont d'une insigne rareté et nous ne connaissons aucune
collection qui les ait pu réunir toutes les douze. La première série est plus
rare que la seconde.
Malgré les recherches scrupuleuses laites par Prosper de Haudicour pour
se procurer Le Blessé il ne put y réussir et c'est M. Danlos qui, le premier,
en donna la description dans le catalogue de la vente Destailleur, et puisque
le nom du sympathique doyen des marchands d'estampes parisiens vient de
' Voir Jean Daullé par Em. Dellgnleres, Paris, Rapllly, 1873 — Ce portrait est classé dans le
catalogue Delignières A ■:• rubrique Rigaud.
1 \ t.i \tnii- il'. ii.,,i;r. ./ /'.iMrinu d<- du n. Dcstailleur en 1890. un précieux album des
Dtutiu du Saint-Aublns qui en contenait -3."> <u-s trois frères, plus -ci tic leurs parente, nu
adjugé j.sihhi franc
ÉCOLE FRANÇAISE 353
passer sous notre plume, qu'il nous soit permis d'en dire ici quelques mots
qui seront comme un tribut d'affection et de reconnaissance payé à sa
courtoisie, à son savoir.
L'homme est d'une distinction parfaite, le marchand d'une rare compé-
tence, voila plus de quarante ans qu'il s'occupe de gravures, et il a été
mêlé a tout ce qui touche à l'estampe depuis cette époque, non seulement
en France, mais encore à l'étranger; pas une grande vente à Londres,
Stuttgart, Munich ou Berlin à laquelle il n'ait assisté, luttant sous le feu
des enchères, soit pour son propre compte, soit pour celui de tiers qui,
confiant en son indiscutable savoir, n'avaient pas hésité à le commissionner
pour les gros morceaux qu'on allait disperser. Ah ! s'il voulait causer,
entr'oiwrir seulement le tiroir aux souvenirs, que d'anecdotes, que
d'histoires, que de curieux dessous de cartes il nous pourrait révéler,
mais, esclave du secret professionnel, il est sur ce terrain-h\ muet comme
la tombe ; ayant quelquefois essayé, en sondeur indiscret, de le forcer
dans ses derniers retranchements, nous sommes forcé d'avouer que nous
avons toujours été repoussé avec perte, ce n'est point un reproche que
nous lui adressons ici, mais au contraire un hommage que nous rendons
à son tact et à son extrême réserve.
Né en 1839 — c'est un enfant de la balle — il sortait de pension en 1855
et entrait chez son père, qui se retira onze ans plus tard en 1866; c'est à ce
moment qu'il s'associa Delislc qui le quitta pour raison de santé en 1890.
Depuis cette époque il est resté seul et continue les affaires, hésitant
toujours à quitter des clients dont beaucoup sont devenus des amis. C'est
lui qui, durant ces vingt-cinq dernières années, a dirigé avec sa haute
compétence nos plus grandes ventes publiques parmi lesquelles nous
pouvons citer au hasard de notre mémoire celles de Didot, Behague,
Muhlbacher, Destailleur, Goncourt, etc., etc., c'est lui encore — nous en
gardons le ferme espoir — qui fera celles que nous réserve l'avenir.
Ventes : Destailleur, les six pièces de la première série, 450 ; cinq de la
seconde, 145.
SAINT-AUBIN ' (Jacques-Gabriel, par)
1724-1780
La Vielleuse. — Dans la campagne, une jeune fille debout et de
profil, joue de la vielle de la main gauche. Le titre est gravé et sous
le trait carré on lit : Gab. de Sl-Aubin pinxit.
Voici une pièce absolument inconnue jusqu'à ce jour et que nous croyons
être le premier à signaler aux amateurs. Nous n'en connaissons qu'un
exemplaire qui se trouve actuellement chez M. Eugène Boismen, de Nantes.
4 Consulter : Le Peinlie-Graveur français continué par Prosper «le li.iudicour, 2 vol., Paris.
1859-1861.
23
3.">4 ÉCOLE FRANÇAISE
Allégorie sur la Convalescence du Dauphin (P de B 3).
Adjugé à la vente Destailleur, 1G5 francs ; c'était un 1" état, dans lequel
l'ombre de la balustrade de l'escalier n'est indiquée que par des tailles
horizontales.
Allégorie au Mariage du Dauphin, depuis Louis XVI (PdcB4).
Même vente, l" état, adjugé 125 francs ; 2e état, 30 — le 1er état est avant
toutes lettres et on lit à gauche sous le trait carré : Composé et gravé à l'eau
forte par Gabriel de Si-Aubin, et à droite : en mai 1771 ; tandis qu'au 2^ état
il y a : Gabriel de Si-Aubin del et scalp, et à droite : Eau-forte de May 1711.
Pièce allégorique sur l'Erection de la Statue de Louis XV
sur la place du même nom (P de B 6).
A la vente Destailleur, une épreuve unique, retouchée par le Maître
lui-même a la plume et au lavis, fut adjugée à M. Josse 1500 francs ; à sa
vente elle ne lit que 1400. A cette même première vente, l'état d'eau-forte de
cette estampe, avant la signature et avec A Louis le Bien -Aimé sur le
piédestal, 355 ; la même, avec la signature et la dédicace disparue, 230.
Six Vues de l'Incendie de la Foire de Saint-Germain
(Pde B7-12).
Cette suite de Six Vues sur une même planche, disposées par trois sur
ilcux rangs est, croyons-nous, impossible à trouver réunies. A la vente
Destailleur, les 3e, 4H, 5'' et G* furent adjugées 1204 francs, et à celle de
Baudet, la 4'- et la 5^ le furent pour 308.
Spectacle des Tuileries' (P de B 13-14).
Ventes: Muhlbacher, le 1* état non décrit, avant toutes les retouches a la
pointe sèche et avec des travaux au crayon indiqués par le Maître, 300; la
même, moins les retouches, 145; la deuxième vue, avant les retouches à la
pointe et avant les mots novembre 1760 et année des fruits a la suite du nom
de l'artiste — Destailleur, les deux vues retouchées par le maître, 2050 ; à la
vente de Josse Jqui les avait achetées, elles Cirent 2105, elles avaient été
retouchées par le Maître seize ans après leur apparition, ainsi que l'atteste
une note écrite par l'artiste lui-même sur la première pièce — Concourt,
les deux vues sur la même planche, 720.
Le Charlatan (Pde B lf>).
Pièce d'une rareté extrême.
' On déligne quelquefois) '■". iIimii pirers sou* lu rubrique: l.t.\ C.lialit s — l.e Tonntau il'arrotage :
ce sont deux vue. de même grandeur iur un« nul planche.
ÉCOLE FRANÇAISE 355
Ventes : Destailleur, 1«' état, à la caisse blanche de la voiture du char-
latan, 350 — Josse, même état, 200 — Defer Dumesnil, 1« état, 140.
La Foire de Bezon, près Paris (P de B 17).
Adjugée vente Josse, 220 — Concourt, 100.
La Fête d'Auteuil (P de B 18).
Ventes : Destailleur, 295 — Baudet, 320 — Josse, 500 — Concourt, 405.
Le Salon du Louvre en l'année 1753 (P de B 19).
Ventes : Destailleur, lc>' état avec la première date 7753, la seconde est
celle de 1767 écrite en chiffres romains, 450 — Josse, exemplaire de
Destailleur, 355.
L'Adresse de Perier, marchand quincaillier (P de B 24).
Estampe de toute rareté et absolument délicieuse, adjugée vente Des-
tailleur, 300 ; de Concourt, 215.
A la vente Destailleur en 1896, le dessin original à la plume avec rehauts
de sépia et encre de chine signé G. D. S. A., fut adjugé 2050 francs.
Notons une particularité bizarre et très curieuse à constater; les œuvres
du Maître sont rares et intéressantes ; eh bien ! contrairement à tout ce qui
se passe pour des œuvres qui leur sont contemporaines, elles seules ont
une tendance marquée à baisser, cela demeure pour nous inexplicable et
inexpliqué. — Réparons un oubli en signalant encore du maître, Le Retour,
petite pièce de la grandeur d'une carte de visite qui fut adjugée 67 francs à
la vente Destailleur, elle fut achetée par Josse à la vente duquel nous ne la
retrouvons point, elle doit être unique.
SAINT-AUBIN ' (Augustin de, par et d'après)
1736-1807
La Baronne- de *** (Louis-Emilie) — B 7. — En buste de profil
à droite dans un médaillon ovale équarri reposant sur une tablette,
les cheveux noués avec un ruban, deux boucles retombant sur les
épaules, elle est décolletée en carré.
' Consulter le catalogue dressé par M. E. Bocher, Paris. Morgand et Fatout, 1879, dont nous
suivons les numéros pour notre classement.
* Voir : Les Françaises du X VIII' siècle.
356 ÉCOLE FRANÇAISE
La Marquise de *** (Adricnnc- Sophie) — B 173. — De profil à
gauche, coiffée d'un chapeau dont la garniture de dentelles retombe
en avant, elle est aussi dans un médaillon ovale équarri reposant sur
une tablette, elle porte des boucles d'oreilles et au cou un ruban aux
bouts retombants sur la poitrine.
Pendants extrêmement recherchés gravés par lu Maître lui-même.
Ventes : Behague, 2« état avant les adresses et le nom de l'artiste, 410 —
MuhllKicher, avant toutes lettres et de légers travaux, états non décrits, 3000 ;
:isant l'adresse et avec le nom à la pointe, t. m., (i(M) — Hocquart, même état,
1)1)0 — (îoncourt, 1er état, eau-forte pure, avant toutes lettres et avant la
bordure, 2600; les mêmes terminées avant les adresses, m., 310 — C. J. et
G. K., encadrées et {«. m., 510.
Tableaux des Portraits à la mode (par Courtois) — B 378. -
De nombreux personnages se promènent ; au milieu de l'estampe,
deux personnages portant de longues cannes, l'un a un tricorne,
l'autre une casquette ; à gauche, un homme nu-tête présente une fleur
à une femme ; à droite, deux autres personnages porteurs d'énormes
perruques, assis et vus de dos. Au fond, des saltimbanques et des
liles de voitures complètent ce tableau animé.
La Promenade des Remparts de Paris (par Courtois) -
B 382. — Sur un boulevard planté de deux rangées d'arbres où vont
et viennent de nombreux personnages, on remarque au milieu de la
composition, un homme coiffé d'un tricorne entre deux femmes
auxquelles il donne le bras ; tout à fait à gauche, un marchand de
coco qui s'éloigne ; à droite, un enfant et une femme à genoux prenant
des pommes dans un panier, et non loin d'eux plus à droite, des
consommateurs assis à une table devant laquelle joue une vielleuse.
Pendants délicieux et exlrêment recherchés. — A la vente Josse, le dessin
original à la plume lavé de bistre et rehaussé de blanc, fut adjugé 14500 Fr. ;
à la vente Destajlleur, la première pensée de cette composition à la mine de
plomb signée et datée 1760, l'ut adjugée à M. Muhlbacher 3300, et revendue à
s:i vente, 3520.
Ventes: Behague, avec la lettre, 335; la première, avant toutes lettres,
203 Muhlbacher, la première, eau-forte pure, dans cet état la planche
plus grande, mesure 327 °« sur 1 1 12 "«, g. m., 705 j la seconde, eau-forte
avancée, avant toutes lettres, mêmes dimensions (pie la précédente, 505;
les deux, 805 Destailleur, sans désignation, les deux, .')7."> ; la seconde,
avant toutes lettres, !)â — Josse, t. m., .ït(! - l'avic, 385 - (ientien, la
seconde seule avant tontes lettres, (il(l (ioneourt, la menu' en eau-lbrle
pure, 120; les deux, axant toutes lettres, 1200] Lacroix, les deux, 2.V> —
(',. .1. et il. K., les deux marges vierges, 550.
ÉCOLE FRANÇAISE 357
Le Bal paré (par J. Duclos) — B 402. — Dans un élégant salon
ruisselant de lumière, des couples dansent. Au fond à gauche, un
orchestre dans une sorte de loggia. Au premier plan à l'extrême droite
dans le coin de l'estampe, debout, une femme et un homme en train
de causer près d'une portière en tapisserie.
Le Concert (par Duclos) — B 403. — Dans un salon en forme
de rolonde éclairé par quatre fenêtres garnies de stores bouillonnes,
de nombreux personnages assis et debout entourent et écoutent des
musiciens groupés autour d'un piano qui est au fond de la salle ;
presque sur le premier plan à gauche, un personnage penché en
avant et de trois quarts à droite, feuillette un cahier placé sur un
tabouret.
Pièces se faisant pendants, très recherchées, les derniers états sont souvent
tirés sur papier épais et rugueux. — Se défier des contrefaçons dont certaines
sont déconcertantes de fidélité et de trompe l'œil.
Ventes : Behague, épreuves de 3e état avant l'adresse de Ohercau et les
mots Graveur du Roy. . . à la suite du nom de Saint-Aubin pour la première,
et avec les mêmes remarques mais de 2e état pour la seconde, 1050 ; Le Bal,
eaux-forte avant toutes lettres et avant l'encadrement, mais le nom des
artistes à la pointe, 585; la même avant toutes lettres et avant l'encadre-
ment, état plus avancé, 890 — Wasset, Le Concert, avant toutes lettres et
avant l'encadrement, 6205 — Michelot, épreuves avec la lettre, 480 —
Muhlbachcr, avant toutes lettres et avant l'encadrement et travaux dans les
fonds, 120(10; les mêmes états, Behague, 2000; Le Bal, eau-forte, 1205;
Le Concert, eau-forte, 2905 — Hocquart, avant l'adresse de Chereau, 1005 —
Destailleur, même état, 1140 — Kinnen, même état, 1300 — L. Galichon,
même état, 1930 — Pichon, même état, 1250 — Gentien, g. m., 920 —
Concourt, avant l'adresse de Chereau, 12G0 — Lacroix, Le Bal, eau-forte
pure, 200 — Defer Dumesnil, la même avant toutes lettres et avant l'enca-
drement, t. m., 2950 ; Le Concert, avec la lettre, 230 — Patellier, les deux
avec l'adresse de Chereau, 450 — Lelong, même état, les deux pièces, 600.
The first corne best served (par Sergent) — B 404. — Un jeune
garçon monte au grenier et y découvre un couple endormi, les
vêtements en désordre.
The place to the first occupier (par Sergent) -- B 405.
Une bouteille à la main, un jeune gars monte au grenier par une
échelle, la fille qui l'y a précédé lui désigne du doigt un couple qui y
est déjà installé.
358 ÉCOLE FRANÇAISE
Pendants en bistre et en couleurs gravés en 1786, peu intéressantes
suivant nous, valent les deux de 300 à 600 francs suivants état et conditions.
Au moins soYez discret (par le Maître) — B 406. — Dans un
ovale équarri, une jolie jeune femme à mi-corps de prolil à droite,
met son doigl sur sa bouche, invitant au silence l'amant qui est censé
être devant elle ' ; elle est coiffée d'un coquet bonnet à tuyaux, le sein
gauche délicieux dans sa ferme rondeur sort complètement du
corsage. Sous l'ovale, un petit médaillon avec un Amour au-dessus
duquel on lit finement écrit dans le médaillon même : // ne voit pas
le précipice.
Comptez sur mes serments (par le Maître) — B 407. — Dans
un même ovale, un homme à mi-corps, une rose au gilet, le corps de
face, se penche à gauche et regardant de ce côté, porte sa main droite
à ses lèvres pour envoyer un baiser à celle qu'il vient de quitter. Sous
l'ovale, le même petit médaillon avec l'Amour s'envolant et ces mots:
// emporte la rose.
Délicieuses estampes' pleines de séduction et de charme. — Le dessin
original de Comptez sur mes serments, mine de plomb légèrement aquarellée
sur la ligure, fut adjugé à la vente Goncourt 18500 francs à M. Muhlbacher
qui, à sa vente, le vit atteindre 22500.
Ventes : Behague, avant toutes lettres, seulement le nom du maître à la
pointe, t. m., 315 — .Muhlbacher, même état et condition, 500 — Aubin,
même état, 17.") — Destailleur, même état, 560 Kinuen, même état, 435 —
Bavard, même étal, 1260 — Gcntien, même état, 850 — Goncourt, la
première, seule avant toutes lettres seulement Aua. de Saint-Aubin. . . à la
pointe, 100.
La Jardinière (par Phelipeaux et Morrel) - 15 410 — La
Savonneuse (par .Julien et Morrel) — B 417.
Pièces en routeurs se faisant pendants, nous les mentionnons par acquit
de conscience puce que les amateurs les recherchent avant toutes lettres cl
les paient en moyenne dans cet état de 800 à 1000 francs les deux, prix
essentiellement ridicules cl que rien ne peut, ni ne vient justifier ; à la venu
Pavie, avant toutes lettres, elles flrenl Mu francs, ci a celle de Patellier, avec
la lettre, elles atteignirent (i.Sll lianes.
1 Celui de l'estompe 'i»i rail le pendant : Compta lur mei itrmenU.
ÉCOLE FRANÇAISE 359
SAVART* (Pierre)
1737- ?
Louis XVI — Marie-Antoinette.
Gravés tous deux sur le même cuivre en buste, mais dans des encadre-
ments séparés, la Reine de profil à droite, le Roi — Louis-Auguste — de
profil à gauche.
Bien que le portrait de Louis XVI porte la mention gravée : Dessiné et
gravé par Afl'e M.-R. Savart sous les yeux de M. son frère, tout porte à croire
que la tète seule est du Maître et les ornements de la sœur.
Ces minuscules estampes que l'on rencontre quelquefois séparées quoique
gravées sur le même cuivre, sont de la plus grande rareté, autant presque
dire qu'elles sont devenues introuvables.
Ventes : Martin, les deux pièces séparées, 281 — Behague, les deux sur la
même feuille, 230.
A ajouter encore parmi ses meilleurs: Richelieu, Buffon, d'Alembert et
Bayle également très rares.
SERGENT : (Antoine, par)
1751-1838
Il est trop tard, 1789. — Dans un intérieur de campagnard à
droite, une fille à genoux, la gorge demi-nue, les jupes retroussées, à
laquelle sa mère est en train d'administrer une violente correction,
pendant que le père qui entre par la porte du fond, menace d'un
bâton le galant qui à gauche se sauve au grenier par une échelle près
de laquelle se trouvent un tonneau, un van, un fléau et une hache.
Estampe en couleurs assez recherchée quoique médiocre.
Ventes : Behague, avec la lettre, 225 — Muhlbacher, avant la lettre, 5(10,
très rare dans cet état — Aubin, même état, g. m., 505 — Decloux, avec la
lettre, 285 — Destailleur, avant la lettre, 150 — Baudet, avec la lettre, t. m.,
300 — Gentien, même état, 290 — Ligaud, avec la lettre, 215 — C. J. et G. K.,
avec la lettre, 180, remargée — Patellicr, avec la lettre, 210.
1 Voir le catalogue de l'œuvre dressé par Faucheux, Paris, 1864 — Ensemble 33 portraits,
dont 3 douteux, plus la planche de Diane et Endymian — L'artiste rappelle par son métier
Ficquet, mais il est infiniment moins fin que Grateloup; il a souvent eu recours au très habile
r.honard pour l'ornementation de ses portraits.
3 L'œuvre d'Antoine Sergent-Marceau a été légué en partie par sa famille au Département
des Estampes,
360 ÉCOLE FRANÇAISE
Marie-Thérèse-Charlotte de France. — Dans un ovale équarri,
vue jusqu'à la ceinture, la fille de Louis XVI - le seul homme de la
tamille a-t-on dit quelque part — de trois quarts à droite, regarde de
face, le corsage légèrement décolleté en carré laisse voir le cou ; sur
la tête une mantille se renouant sur la poitrine. En bas dans une
tablette : Marie-Thérèse-Charlotte de France, etc. . . puis au-dessous
entre les doubles traits carrés : Publié à l'occasion du passage. . .
par Chr. de Mechel graveur.
Jolie pièce en couleurs assez rare.
Ventes : Behague, avant toutes lettre, ni., '200 — Muhlbacher, 50 — Lelong,
avant la lettre, 680.
SWEBAGH-DESFONTAINES (J.-F.-I., d'après)
1679-1823
Le Caffé des Patriotes, 1792 (par.l.-B. Morrel).
Estampe en couleurs, au 1er état les deux grenadiers ont des bonnets à poil
et l'estampe porte l'adresse de J.-Ii. Morrel ; au 2« état, les bonnets sont
remplacés par un casque plat et un bonnet phrygien el l'adresse de Iieancc.
\.c 1er état vaut de 250 à 300 francs et le 2* (le 100 à 150.
Le Bal de la Bastille — Le Serment Fédératif (par Lecœur).
Pièces en couleurs rares, les deux, environ 700 à 800 Francs.
Promenade de Longchamps, an X, — Une promenade plantée
d'arbres où circulent de nombreux personnages, les uns son! assis,
debout, à cheval et en voilures. Au milieu de la composition, un
homme est assis tête nue, il serre tendrement la main d'une jeune
femme qui es! placée prés de lui.
On ignore qui ;i gravé cette pièce coloriée qui se vendait chez Martine! et
que sa rareté fait rechercher, ainsi que son aidait documentaire, elle vaul
dans les 350 à loo lianes Gosselin lils l'a reproduite avec habileté.
TAUNAY (Nicolas-Antoine, d'après)
1755-1830
La Noce de Village (par Descourlis). lai l'ace de tentes
provisoirement installées ci se m s lesquelles des buveurs sont al tablés.
ÉCOLE FRANÇAISE 361
une jeune mariée esquisse un pas avec un personnage coiffé d'un
tricorne ; à droite au fond, des musiciens sur une estrade ; au premier
plan, assise de face, une femme ayant un enfant sur ses genoux, et
au milieu de la composition, deux gamins se querellant près d'un
chien attelé.
La Foire du Village (par le même). — Sur une estrade à droite,
Arlequin et Pierrot font la parade ; non loin d'eux, une femme leur
tournant le dos tient par la main un enfant déguisé en pierrot; sur le
premier plan, un jeune garçon joue du tambour; à gauche de
l'estampe, deux chiens.
La Rixe (par le même). — Auprès de ruines et de l'arche d'un
pont, un groupe d'hommes ; un soldai tenant dans ses hras une
femme évanouie, a mis l'épée à la main, cherchant à se précipiter sur
un adversaire qui, lui aussi, a dégainé, mais qu'un autre cherche à
retenir.
Le Tambourin (par le même). — Deux hateleurs dans un parc,
font danser devant quelques personnages, deux chiens habillés, l'un
en marquis, l'autre en vieille femme ; un singe est assis sur le dos
d'un chien regardant à gauche. Le hateleur qui est à droite, joue du
chalumeau et du tambourin.
Suite en couleurs fort estimée ; les deux premières sont infiniment
supérieures aux autres qui sont tout à fait de second plan.
Le tableau original de La Rixe fut adjugé à la vente Decloux 7800 francs.
Ventes : Beliaguc, avant toutes lettres, 1500 — Martin, les deux premières
en réduction, t. m., 75 — Saint-Gcniès, mêmes conditions, 136 — Muhlbachcr,
état Behague, 2605; La Rixe, en noir, 100; les deux premières en réduction,
coloriées, t. m., 140 — Hocquart, état Heliague, 3100 — Decloux, avec la
lettre, 950 ; les deux premières avec la lettre et les armes, 21' état, 700 ; les
mêmes en réduction, t. m., en noir, 139, coloriées, 195 — Bérend, 630 -
Destailleur, 955 — Kinnen, les quatre, les deux premières en 2^' état, 900 —
Ligaud, 980 — De Fontenay, 1195 — lleredia, les deux premières seules,
2e état, 1030 ; La Rixe, avant toutes lettres, 500 — G. J. et G. K., La Rixe,
avant toutes lettres, 580 — En mars 1903, à une vente anonyme, les quatre,
1800; même vente, les deux premières seules, 510 — Lclong, les quatre
pièces, épreuves de deuxième tirage, 1680 ; Le Tambourin seul, 580.
A la vente Baudot, en novembre 1894, il a passé une pièce en couleurs
gravée par Descourtis, rubriquée Devinez, qui fut adjugée 800 francs; nous
signalons cette estampe sans la connaître.
362 ÉCOLE FRANÇAISE
VAN GORP (d'après)
?
Ah ! qu'il est joli î — Le Déjeuner de Fanfan (par Malles).
Intéressantes petites pièces en couleurs valant les deux, suivant état et
conditions, de l.">o à 600 Francs.
VANLOO (G. d'après)
1705-1765
Madame de Pompadour ' (par Ansclin). — A mi-corps dans
un cadre, de trois quarts à droite, clic regarde presque de face, le
chapeau renverse en arrière et maintenu par des brides sous le
menton, laisse le front complètement découvert, le corsage très
échancré est avec des nœuds de rubans sur l'épaulette. Le bras droit
tient un panier fleuri et la main gauche une fleur. Le titre La Belle
Jardinière, Me de Pompadour, et au-dessous : Gravé d'après le tableau...
Admirable portrait de la célèbre courtisane dont voici les états:
l" état. — Eau-forte pure.
2^ état. — Avant toutes lettres, avec le cadre.
3e état. — Avant la lettre et avant le nom des artistes au burin.
I'- état. — Celui décrit.
Le premier état qui est rarissime mais moins intéressant cependant que
le 2e et le 3e, passa à la vente David en 1X59 et y fut adjugé 1 1» francs!! —
Herzog, .'('• étal, 1120 — Behague, même état, t. m., 500 — Muhlbacher,
mêmes conditions, 490 — Concourt 2'' état, 300 — Defer Dumesnil, avant la
lettre, g. m., 820.
VERNET (Antoinc-Charles-Horace, dit Carie, d'après)
1758-1836
La Danse des Chiens (par Levachez lils). Au milieu de
l'estampd entouré de badauds qui le regardent, un bateleur coiffé
i La toile originale élail •■" 1803 chex llarlui Pauline, elle figura celle même année »
l'Exposition de* Cent cluft-d'œuvre.
ÉCOLE FRANÇAISE 363
d'un bicorne et drapé dans un large manteau, fait passer un chien
dans un cerceau en levant son bras armé d'un fouet ; il est accom-
pagné de deux acolytes, l'un fait la quête, l'autre joue en même
temps de la flûte et du tambour. Sur le premier plan, un chien attelé
à une petite charrette, ronge un os qu'un roquet lui dispute.
Estampe en couleurs très recherchée et devenue rare, portant encore le
titre de Dogs dancing, a été reproduite par Gosselin Fils. — Elle vaut avec
la lettre de 100 à 500 francs, et avant tontes lettres bien pure avec une marge
vierge, elle peut atteindre 800 à 900 francs, cet état est rarissime. — A la
vente Lacroix, une belle épreuve avec la lettre a fait 550 francs.
VIGÉE-LEBRUN (Madame, d'après)
1755-1842
Marie -Antoinette (par Alix). — Dans un médaillon ovale
équarri reposant sur une tablette, à mi-corps de trois quarts à gauche
regardant de face, toque de velours avec aigrette posée sur ses
cheveux relevés, robe de velours décolletée avec fichu de linon blanc
croisant sur la poitrine.
Estampe en aquatinte très rare et recherchée, adjugée vente Decloux avec
le portrait de Louis XVI, 860, et vente Gentien, avant la lettre, g. m., 505.
Marie -Antoinette (par B. Roger). — En pied et en grand
costume de cour, tournée légèrement à gauche et regardant de trois
quarts à droite, haute coiffure avec toque ornée de plumes, perles et
aigrette, robe à paniers, décolletage laissant entrevoir la naissance
des seins.
C'est le portrait type par excellence de la belle et malheureuse Reine ; il
est bien de Madame Vigée-Lebrun, et non de Iîoslin le Suédois, comme on
a toujours pris l'habitude de le répéter'. — Le cuivre avait été acheté par
Blaisot il y a une trentaine d'années, 830 francs; à sa vente en mai 1892, il
fut racheté par Dupont aîné qui le paya 630 francs et chez qui il est
actuellement. — Les épreuves avant la lettre, le nom de Chardon et le
millésime 1828 sont pour ainsi dire introuvables ; à la vente Muhlbacher, un
de ces exemplaires fut payé 300 francs.
' Voir Iss Françaises du XVIII' siècle, pages 241 à 245.
364 ÉCOLE FRANÇAISE
VILLENEUVE (chez)
Marie-Antoinette. - Portrait dans une lanterne, le médaillon
porte en exergue : Marie-Antoinette, la Médicis du 18e Siècle, et au-
dessus du trait carré de la marge supérieure de l'estampe, cetle
légende: La Panthère autrichienne..., et dans la marge inférieure, îles
lignes ignobles commençant par ces mots: Celte affreuse messalint. . .
Pièce en bistre fort rare ayant pour pendant Le Traître Louis XVI — Les
deux valent de 300 à 400 francs.
WATTEAU ' (Antoine, par et d'après)
1684-1721
L'Enseigne (par Aveline). Des dames de qualité et des
gentilshommes sont réunis dans la boutique d'un marchand où des
emballeurs sont occupés à retirer des tableaux d'une caisse, pendant
que les acheteurs ou les curieux examinent l'intérieur «lu magasin.
Pièce célèbre et rare que l'on rencontre toujours avec un pli au
milieu du papier.
Ventes . Behague, avant Imites lettres, avant de nombreux changements
notamment sur la porte vitrée du fond. 625 — Didot, avec la lettre, 170 —
liotli, marge vierge, 139 — Muhlbacher, étal Behague, 950.
L'Embarquement pour Cythère (par Tardieu ). Sur un
tertre, au pied d'arbres aux puissantes ramures, à gauche, la statue
de Vénus entourée d'Amours, et quelques personnages assis ou
deboul par groupes en train de causer ou de se l'aire la cour; à droite
en contre-bas de ce petit monticule, d'autres personnages entourent
une galère au nuit de laquelle montent des Amours. Au tond, la mer
et des montagnes.
Fort belle estampe très connue, comme la précédente on la rencontre
toujours avec un pli dans le papier. I Uc existe :i l'étal d'eau-forte pure
avant toutes lettres, m;iis est rarissime dans cel état.
i Consulter : Catalogue ralëonnè ./.■ rarupre */<• Waiteau pur Ed. de Goncourt, Paris. RepUly.
] st.".. el ■ .lui de Robert Dumesnll.
ÉCOLE FRANÇAISE 365
Ventes : Behaguc, t. m., 205 — Muhlbacher, 100 — Maiinet, 178 — Goncourt,
eau-forte pure clans un cadre ancien, 000.
L'Assemblée Calante (par Le Bas).
Pièce recherchée, vaut avec la lettre, 90 à 100 francs, et en avant lettre,
160 à 200 ; à la vente de Goncourt, une épreuve fut adjugée en avant lettre,
215 francs.
La Leçon d'Amour (par Dupuis).
Une des jolies pièces de l'œuvre; en état courant, G0 à 80 francs; en état
d'eau-forte pure qui est extrêmement rare, elle vaut de 150 à 200 francs;
une épreuve à la vente de Goncourt atteignit, 210 francs.
La Toilette (par P. Mercier). — Une femme de chambre apporte
à sa maîtresse qui se lève, un bassin et une éponge.
Pièce de toute rareté, adjugée en état d'eau-forte pure à la vente de
Goncourt, 215 francs, c'était l'exemplaire île Bebague qui avait été adjugé
alors 135 francs. — A la vente de Vèze, en 1854, elle fut payée 170.
La Troupe Italienne (par le Maître).
A la vente de Goncourt, un rarissime exemplaire à l'état d'eau-forte pure,
fut adjugé 700 francs; il fut acheté par Defer Uumesnil et revendu 010.
A cette vente Defer Dumesnil, une très précieuse eau-forte non décrite et
très probablement du Maître lui-même, représentant : « Watleau peignant
son ami de Julienne jouant du violoncelle dans un parc » fut adjugée 1350 fr.,
estampe unique sans doute, qui a été gravée en contre-partie par Tardieu.
Dans son ouvrage, Ed. de Goncourt affirme qu'il n'y a que 9 eaux-fortes
exclusivement de la main de Watteau et pures de toutes retouches de
Thomassin ou de Simonneau, les voici : La Troupe Italienne — Recrue
allant joindre le Régiment — 7 figures de mode : L'Homme accoudé, Le
Promeneur vu de face, L'Homme appuyé, Le Promeneur vu de profil, La
Femme marchant à gauche, La Femme marchant au fond, La Femme assise.
Adonis (par Scolin?). — L'acteur occupe le milieu de la compo-
sition, il est debout, une rose dans la main droite ; quatre nymphes
sont couchées à droite au pied d'un buste de Pan ; à gauche, une
fontaine avec une statue de Naïade; un peu plus loin, l'amoureux
l'ait une déclaration à une Isahelle assise que surprend Crispus qui
l'ait un geste.
Petite pièce d'une insigne rareté que nous n'avons relevée qu'à la vente de
Vèze en 1851 où on l'adjugea avant la lettre mais avec le privilège, 51 francs,
on la suppose gravée par Scotin. — 11 existe une copie en contre-partie par
Probst, chez Wolff à Augsbourg, avec quatre vers allemands et latins.
366 ÉCOLE FHANÇAISE
Les Comédiens comiques (79) Les Rendez-vous comiques (80).
Ces deux pièces en couleurs gravées par Janinct, jadis peu recherchées,
viennent de l'aire en vente publique le 14 mars 1903, la coquette somme de
920 francs, c'est pour elles beaucoup d'honneur ; mais l'estampe en couleurs
gagne tous les jours du terrain et il faudra bien s'accoutumer a ces prix.
WILLE Fils (Pierre-Alexandre, d'après)
1748-1821
L'Essai du Corset (par Dennel). — Une adorable petite femme
debout de face et regardant à droite, se fait lacer son corset devant
un vieux qui, assis à sa gauche une tabatière à la main, regarde d'un
œil plein d'admiration une gorge ronde et ferme. A droite, une fenêtre
éclaire la scène.
Dédicace d'un Poème épique (par le même). — Près de son lit,
assise de profil à droite, la même jolie femme, la gorge nue, le coude
droit appuyé sur un guéridon, prend une tasse de café en écoutant
un vieillard qui lui lit un poème ; près d'elle, une servante prête une
oreille attentive à cette lecture ; à droite, un petit chien.
Ces pièces qui se font pendants sont extrêmement gracieuses; elles ne
sont pas rares avec la lettre el valent les deux de 60 à 80 francs, mais avant
toutes lettres elles sont assez difficiles à rencontrer et leur cote varie entre
200 ei 300 francs. — De Goiiy a fait une jolie petite réduction en couleurs et
eu contre-partie de L'Essai du Corset, elle vaut une soixantaine de francs et
n'est pas commune.
Dix-neuvième
et Vingtième Siècles
ARTISTES FRANÇAIS & ETRANGERS
DIX-NEUVIÈME & VINGTIÈME SIÈCLES
ARTISTES FRANÇAIS & ÉTRANGERS
ANGELVY
Coq et Poule. — Devant une cour de ferme, près d'un baquet,
un coq et une poule blanche picorent dans la paille, le coq est au
premier plan ; tous deux sont tournés à gauche.
Cette petite eau-forte en couleurs, encrée à la poupée, est d'une délicatesse
absolument exquise, c'est d'un métier si fin et si curieusement poussé,
qu'on pourrait la qualifier de véritable miniature ; l'artiste a un faire
absolument précieux et personnel, et nous ne nous rappelons rien dans
l'espèce qui puisse lui être assimilé.
Surprise. — Encore dans une cour de ferme, deux poules et un
coq — celui-ci au dernier plan — près d'un lapin crevé couché sur le
flanc droit.
Aujourd'hui que l'estampe en couleurs est plus en faveur que jamais —
on en vend dix contre une en noir — ce que nous ne pouvons que déplorer,
nous croyons utile de dire quelques mots des deux procédés — la poupée et
le repérage — dont on se sert pour les imprimer. Nous en avons longuement
causé avec un des plus habiles artistes de l'heure actuelle et voici en
substance le résumé de cette conversation.
Un œil exercé peut d'une façon absolue et formelle distinguer à première
vue une épreuve provenant d'un cuivre encré à la poupée, d'une épreuve
provenant d'un tirage à repérage ou à plusieurs planches ; aucun tireur de
chez Wittman, Porcabœuf, Delàtre, etc. — tireur en couleur s'entend — ne
s'y trompera.
L'épreuve obtenue à la poupée ne présente généralement ' pas les trous
du repérage — trous absolument semblables à des piqûres d'épingles
l Quelquefois, mais très rarement cependant, une épreuve h la poupée présente ces trous, ce
n'est donc pas un critérium absolu, néanmoins un homme du métier ne pourra les confondre
l'une avec l'autre, nous le répétons.
24
;$70 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
traversant le papier — qui se voient sur celles provenant d'un tirage à
plusieurs planches. — Une planche à la poupée est presque toujours tirée
d'un seul coup, quelquefois cependant elle passe deux fois sous la presse ;
dans certains cas très rares, elle y passe même trois fois. Le second coup
est pour lui donner, comme disent les imprimeurs, un jus, sorte de teinte
neutre qui enveloppe et harmonise le tout.
L'épreuve au repérage est ordinairement plus dure, moins souple et,
chose étrange, moins riche de couleurs. Pour obtenir une épreuve, il y a
un cuivre pour les rouges, un pour les jaunes et un pour les bleus, etc..
Ces couleurs restent parfois pures ou tombent les unes sur les autres pour
obtenir de nouveaux tons. Ainsi, un cuivre encré jaune tombera sur un
cuivre encré bleu, afin d'obtenir un vert, pour rendre, par exemple, un
lac avec des arbres autour, mais ce mariage n'est pas toujours heureux.
Seulement, dans le travail du repérage, l'ouvrier tireur a sa besogne toute
mâchée, il n'a pas à intervenir, tandis que, dans la planche à la poupée, il
lui faut du goût et un tour de main très spécial. Il n'y a pas vingt ouvriers à
Paris qui sachent arriver a l'effet complet d'une planche à la poupée, où les
tons viennent les uns par dessus les autres et se mélangent sur un seul
cuivre. L'artiste, s'il est consciencieux, doit toujours assister au tirage des
premières épreuves.
On tire en ce moment (août 1902), chez Pierrcfort, d'après les toiles de
la National Gallery, une série de douze Turner qui est la chose la plus
rude que l'on ait faite dans le métier; ce tirage se fait à la poupée, mais ce
que ça a coûté de temps et de soins avant île l'établir est quelque
chose d'inimaginable!! la chose serait impossible a réaliser par l'autre
procédé.
Le repérage qui séduit tant les éditeurs, à cause de la facilité à le faire
tirer, est loin de mériter la faveur dont il jouit. Notre ami nous racontait
qu'il avait vu un jour tirer une planche au repérage d'un des artistes
connaissant à fond la partie, mais que le repérage ayant joué dans le
report d'un cuivre sur l'autre, il était devenu impossible, malgré les
trous conducteurs, d'obtenir une épreuve convenable. Cinq ouvriers
habiles s'y essayèrent en vain, et leurs efforts furent sans succès. Pour
un millimètre peut-être, un œil, un trait du nez n'apparaissaient pas à
sa place sur le papier, cela faisait trois yeux, trois nez, etc., désagrément
cruel pour tout autre qu'an phénomène de la fête de Neuilly, ajoutait-il
spirituellement.
Certains ouvriers— Le cas est rare — ont la mauvaise habitude de repérer,
en tàtant le co//i du cuivre sous le papier avant de faire passer sous le
rouleau.
Quant à la question de célérité dans le tirage, iniiis noyons que le travail
au repérage estjde beaucoup plus long que celui a la poupée.
Pour nous résumer et conclure, notre humble avis est qu'une épreuve à
la poupée est supérieure en fondu et en harmonie ô celle au repérage, qui
toujours manque un peu d'enveloppe et de velouté, niais nous confesserons
Cependant avoir vu des épreuves a plusieurs planches bien exécutées
qui, elles aussi, ne manquaient pas de séduction.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 371
BAERTSOEN (Albert)
Artiste belge dont nous signalerons les eaux-fortes suivantes : Vieux Pont
(Flandre) — La Route zélandaise — Vieux Quai (Flandre) — Veere, soir
(Zélande) ; tirées à 25 épreuves, elles se raréfieront promptement — The
Studio, si notre mémoire est fidèle, en a reproduit quelques-unes.
BAUER (M.)
Artiste hollandais de beaucoup de talent, né à La Haye, fut très remarqué
à l'Exposition de 1900 où il exposa une fort belle série d'eaux-fortes un peu
dans la manière de Rembrandt ; parmi les plus typiques : Cortège de
Pèlerins au Caire — La Reine de Saba — Le Matin au bord du Gange
(extrêmement curieuse) — Les Eléphants — La Jeunesse inaltérable et la Vie
éternelle.
En 1891, F. Keppel exposa 8 eaux-fortes de cet artiste qui fait partie du
Club des Peintres-Graveurs hollandais ; il est Grand-Prix de gravure de
l'Exposition de 1900.
BÉJOT (Eugène)
Le Pont Alexandre. — La Seine au premier plan et presque
vide de travaux, sauf à droite un bateau à laver portant Lessive 776,
plus loin le pont dans toute sa longueur et à sa gauche la tour Eiffel ;
au fond à droite, le Trocadéro se profile avec ses tours. Dans l'estampe
à gauche : Eug. Bejot Paris 1901. Pont Alexandre.
Chambre des Députés. — Le pont de la Concorde et à son
extrémité le Palais-Bourbon ; sur le premier plan, un pêcheur à la
ligne accoudé au parapet en fer, il est vu de dos ; près de lui, un
curieux le regarde ; un troisième personnage à droite qui est vu de
profil, complète le tableau. En bas : Eug. Bejot, Paris 1901. Chambre
des Députés.
L'artiste s'est principalement adonné aux Vues de Paris ' dont il a pris,
avec un rare bonheur, tous les coins pittoresques et intéressants, il en a
1 11 vient de paraître de l'artiste chez Lahure : Du l au XX. Les Arrondissements Je Paris, une
jolie suite de vingt eaux-fortes originales d'un puissant intérêt; cette publication a été honorée
d'une préface de Jules Claretie, ce sont de précieuses notes pour l'avenir qui par leur sincérité
ont la valeur de véritables documents historiques.
372 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
également croqué quelques-uns à Londres qui ne manquent pas de charme;
il compte aussi à son actif quelques lithographies.
Nous le féliciterons vivement aussi d'un détail qui ne manque pas
d'importance, et dont lui sauront un gré infini les collectionneurs et les
marchands, c'est d'avoir eu souci de mettre à la pointe, dans l'intérieur
même de l'estampe, la rubrique de son sujet. — Il faut le collectionner.
BELLEE (Léon de)
Peintre et graveur breton, mort jeune et sur lequel nous n'avons
malheureusement aucuns renseignements précis ; talent sobre et vrai,
dessinateur excellent et distingué, il exposa aux Peintres-Graveurs français
en 1890; nous n'en retiendrons que la pièce suivante qui est un pur
chef-d'œuvre ; c'est une eau-forte de la dimension d'une grande carte de
visite ; nous ne saurions trop le répéter, c'est un bijou qui vaut un petit
Rembrandt.
Un Chemin à Saint-Cast. — Un étroit sentier longeant un
coteau à pic et à gauche ; à droite au second plan, quelques arbres
élevés et défeuillés, au pied desquels se silhouette le toit d'une
chaumière en contre-bas, Le ciel est blanc. Sous le trait carré dans le
bas du coin gauche : H. L. de Bellée 1871.
Nous en possédons un superbe exemplaire, c'est une eau-forte pure, tirée
nature et d'un art extrêmement élevé ; nous la croyons particulièrement
rare, mais faisons cependant nos réserves relativement à la rubrique sous
laquelle nous venons de la désigner. — L'œuvre gravé de l'artiste est très
restreint et fort peu connu.
BERTON (A.)
Etude de Femme nue. — Jeune femme nue couchée sur un lit,
le corps repose sur le côté gauche, elle est accoudée, le menton
appuyé dans la main gauche, la jambe reployée sous elle, le bras
droit allongé sur la cuisse, elle regarde presque de face.
Nous signalons cette eau-forte d'un artiste très jeune et encore, croyons-
nous, peu connu, parce qu'elle dénote un joli tempérament de graveur et
«|u étant Min premier essai elle a Ole tirée à un nombre absolument restreint.
Particularité : l'artiste est sourd-muet.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 373
BESNARD (Paul-Albert)
La Mère malade. — Assise dans son lit et tournée de trois
quarts à gauche, la jeune femme, la tête recouverte d'un mouchoir,
regarde sa petite fille qui lui apporte une cuvette qu'elle tient de ses
deux mains ; son frère est derrière elle, penché en avant sur le bras
du fauteuil qui est au pied du lit, il regarde cette scène. Au fond de
l'estampe, des tentures.
Nous possédons une épreuve signée et dédiée du l»r état, tirée à
3 exemplaires, dans lequel la mère, le lit, l'oreiller, les draps, les mains
de la fillette et la cuvette ne sont indiqués qu'au trait. — Dans cet état,
les enfants, la petite fille surtout, est adorable. Cette eau-forte, merveilleuse
de couleur, est une des plus belles pièces contemporaines. La planche fut
gravée en 1891, mais, lorsque l'artiste voulut la terminer, il la perdit ; c'est
de lui-même que nous tenons ce détail.
Les Enfants de l'Artiste. — En hauteur sur trois plans diffé-
rents et presque sur la même perpendiculaire, la tête des trois enfants
du célèbre peintre. Le portrait de la petite fille de profil à droite est
placé entre ses deux frères, celui qui est au-dessus d'elle est de trois
quarts regardant de face, celui au-dessous est comme elle de profil à
droite. Sur ce cuivre, on remarque encore à droite une autre tête de
la fillette qui, restée inachevée, n'a pas été effacée. Le bas du coin
droit de l'estampe délimité par deux traits est vide de travaux.
Notre exemplaire provient de la vente de Burty auquel il fut dédié
en 1890. C'est une œuvre d'art d'une extrême distinction ; il y a là des
valeurs de noirs tout à fait extraordinaires et puissants comme de la couleur.
Dans les Cendres. — Une femme est assise presque de face sur
la pierre d'un foyer, elle est penchée en avant et ses bras posés l'un
sur l'autre, s'appuient sur ses genoux, les jambes sont écartées et les
mains et le visage sont violemment éclairés ; la lumière vient de droite.
Jeune Fille à la barre (?) — Elle est debout, le corps de profil
à gauche et regarde presque de face, appuyée sur une barre.
l" état. — Au trait, à part les cheveux qui sont ombrés ; le fond est
blanc ainsi que la barre sur laquelle] le modèle appuie la
main gauche.
374 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
2fi état. — La planche est terminée, et le fond très noir ; un coup de
lumière sur le milieu de la barre, à la hauteur de la cein-
ture de la fillette, éclaire merveilleusement la composition.
Rêveuse <?> — De profil à gauche et semblant assise, une femme
penchée en avant, laisse porter tout le poids de son corps sur ses
bras qu'elle appuie sur ses genoux. Son regard se perd dans l'infini.
? ? ? — Une femme est assise dans un fauteuil tout en bois
dont le haut dossier dépasse sa tête, elle est complètement de face et
regarde droit devant elle, l'avant-bras droit est allongé sur le bras du
fauteuil, le gauche est accoudé. Une collerette blanche légèrement
esquissée, dégage le cou de la femme. Les plis de la robe sont
merveilleusement accusés.
La plus haute expression d'un sentiment vague. Une
danseuse de profil à droite, faisant une pointe sur le pied droit, lève
très haut la jambe gauche.
Nous mentionnons cette petite pièce à cause de son extrême rareté pour
les collectionneurs qui font l'œuvre du Maître.
Etude de Nu. — De trois quarts à droite et regardant de face,
les jambes croisées, une femme tient embrassé le dossier du fauteuil (?)
sur lequel elle est assise.
? ? ? - Au fond de l'estampe, un lit très haut sur lequel
une jeune femme vue de dos, vient de déposer un enfant; sur le
premier plan, une chaise sur-laquellc une serviette est jetée.
La Morte couchée. Une femme est couchée de face, la
chemise vague aux manches courtes laisse le cou complètement
dégagé, la tèle repose sur l'oreiller rejetée violemment en arrière,
la bouche est entrouverte; les mains sont jointes dans le raidissement
de douleur des bras allongés.
L'état que nous venons de décrire est le premier. Dans le second, les bras
ont disparu sous les travaux d'ombre, qui font un merveilleux repoussoir
avec le blanc île la chemise, la planche est là véritablement à l'effet. Cette
estampe et les précédentes sont toutes d'admirables eaux-fortes de peintre,
pleines de couleur et d'accent, elles prennent rang parmi les plus magistrales
productions de notre époque et sont les jo\au\ des portefeuilles qui les
contiennent. L'artiste esl Grand-Prix de gravure «If L'Exposition de 1000.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 375
BEURDELEY (Jacques)
Les Vieux Murs. — A gauche, une haute maison commencée à
démolir et dont les murs sont soutenus par des étais ; sur le premier
plan à droite, un ouvrier vu de dos est monté sur un échafaudage.
Rue Saint-Severin. — A gauche, des maisons, et à droite, une
partie de Saint-Severin avec la grille qui l'entoure ; vers le milieu de
l'estampe, deux femmes arrêtées causent entre elles ; celle de droite
porte un enfant dans ses bras.
La Rue des Prêtres Saint-Severin. — Des enfants entrent et
sortent de l'école ; à droite, une mère arrêtée parle à son fils.
La Rue d'Ecosse ' . — Une maison à gauche, devant l'allée de
laquelle une femme vue de dos et tournée à droite est assise, parlant
à un homme debout devant elle ; un peu plus loin à droite, un groupe
de trois enfants jouant.
Galeries de l'Odéon. — Des bouquineurs en train de fureter ;
l'un d'eux à droite, en chapeau à haute forme, est penché en avant,
la main sur un volume.
Citons encore : Maisons et fumée — Le Pont de l'Europe — Le Sacré-Cœur
(effet de nuit) — Lavoirs de l'Hôtel-Dieu à Provins.
L'artiste qui est un tout jeune homme — il a à peine 28 ans — a commencé
à graver il y a deux ans environ, il n'a pris de leçons d'aucun maître, et
dans son œuvre naissant on sent déjà percer une personnalité. Il imprime
chez Delâtre environ une trentaine d'exemplaires par chaque planche, il tire
ses épreuves en deux fois avec le même cuivre pour obtenir des ombres plus
intenses ; il encre à la poupée, et, généralement, n'a pas deux épreuves
absolument semblables d'aspect.
BLANC (Paul)
Le Passage difficile (Blanc 3). — Appuyé sur deux énormes
crosses, un infirme descend un escalier taillé dans le roc, avec toutes
les précautions que demande la circonstance.
Eau-forte pure.
1 Cette estampe par la similitude du lieu fait songer à La Rue des Mauvais Garçons de Méryon ;
c'est une des meilleures pièces du jeune artiste.
376 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le Singe (20). — Un vieux mendiant, son singe sur les genoux,
est assis par terre. Le singe met la main dans l'assiette de soupe
qu'une jeune fille apporte au vieux.
Eau-forte pure.
La Conversation (48). — Une femme assise, devant elle un
gosse, la culotte déchirée.
Eau-forte relevée de pointe sèche seulement.
L'artiste a un métier qui ne ressemble en rien au métier de ses confrères,
à ce titre, il mérite de figurer dans une collection de contemporains. Il
accuse lui-même trois manières bien distinctes: Eau-forte pure — Eau-forte
relevée de pointe sèche — Eau-forte, pointe sèche et aquatinte ; mais, en
tout cas, nous le répétons, d'une formule très spéciale. Ses sujets sont
Les Mendiants, il en sort peu. En janvier 1897 son œuvre se composait de
112 pièces, l'artiste avait alors 60 ans.
BONINGTON (Richard-Parker)
Elève de Legros, né à Nottingham en 1801, mort à Londres en 1828,
s'adonna surtout à la reproduction des monuments par le procédé litho-
graphique et y excella.
Le catalogue de son œuvre gravé et lithographie fut rédigé avec soin par
Aglaùs Bouvennc en 187.'i; plus tard, Germain Hediard en donna un second
qui ne comprenait que les lithographies ; il fut publié, croyons-nous, tout
d'abord dans L'Artiste.
Béraldi, dans Le tome II de ses Crâneurs, mentionne G8 numéros. Nous
attirons l'attention très spéciale du collectionneur sur les pièces suivantes
qui sont absolument remarquables, mais n'atteignent cependant jamais de
gros prix.
La Rue du Gros Horloge à Rouen, 1824.
Fut adjugée dernièrement, a la vente Mallet, 20 francs et à celle de Dreux
10 francs, sur chine.
L'Architecture du Moyen Age.
Première pensée: Deux enfants, l'un assis, l'autre debout à gauche
sur hs nia relies d'une porte d'architecture gothique, dont le vantail
descellé repose à droite contre la baie.
Il n'existe, paraît-il, que deux épreuves connues, collections l'arguez et
Lacombe; à la vente de ce dernier cabinet, l'exemplaire avant toutes lettres
fut adjugé 50 lianes.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 377
Epreuve définitive : Deux enfants jouent avec un chien sur les degrés
d'une porte gothique murée, dont le vantail descellé est appuyé à
gauche. On lit dans le remplissage de la baie : Architecture du moyen
âge R.-P. Bonington (Lith. de Feillet).
Il existe des épreuves sur chine, papier blanc et teinté.
Eglise Saint-Gervais et Saint-Protais à Gisors.
Vue de Bologne. — La vue est prise dans l'intérieur de la ville ;
au second plan, très éclairée, une place qui semble devoir servir de
marché. Au fond, une tour carrée haute et grêle.
Cette pièce est la seule eau-forle connue du Maître, les épreuves en sont
fort rares et on ne les rencontre guère qu'en Angleterre ; c'est le
15 octobre 1828 que MM. Colnaghi la publièrent. Burty et Villot en
possédaient chacun un exemplaire, celui de Burty provenait de la collection
Van Os, on les crut longtemps les deux seuls connus. A la vente Lacombe
une épreuve fut adjugée 57 francs; la plupart des belles pièces de cet artiste
furent achetées par le prince de Mctternich, ambassadeur d'Autriche à Paris.
En mars et avril 1901, le docteur H. -H. Meier, de Brème, prêta ses
Bonington et ses plus belles lithographies pour une exposition qui eut lieu
à Leipzig; précédemment déjà, en 1881, il avait fait, à la Galerie Nationale de
Berlin, une exposition d'eaux-fortes de nos Maîtres français, en collaboration
de feu Thibaudeau, de Londres, qui, lui, s'était occupé des gravures
anglaises. Le docteur Meier est un collectionneur au goût sûr et délicat qui
réunit les eaux-fortes et lithographies originales modernes de tous les pays, il
possède une collection unique au monde qui compte près de 60000 estampes.
Cette collection ne sera jamais dispersée et, un jour venant, elle deviendra,
croyons-nous, la propriété du cabinet de Brème.
BOTTINI-ZEE
Cabinet particulier. — Assis l'un près de l'autre, presque dos à
dos, un homme et une femme, cette dernière ayant un chapeau qui
ressemble à un bonnet phrygien, sont servis par un garçon qui,
penché en avant, s'avance discrètement un plat à la main. — 40 épreuves.
Bar d'Esthètes. — Devant un comptoir, trois hommes, deux
femmes et le garçon, le verre à la main, en train de boire; au fond
de l'estampe, une croisée à petits carreaux d'où vient le jour.
378 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La collaboration de ces deux artistes — Bottini, dessinateur, Van der
Harry Zee, graveur sur bois — est si intime que nous avons cru devoir
réunir leurs deux noms sous la rubrique Bottini-Zee. Ces bois ont une
saveur absolument spéciale et sont surtout intéressants par leur tache, leur
couleur; ils paraîtront lâches, très lâches même de dessin, mais ceci est
absolument voulu et c'est ce qui en fait la particularité, ils sont gravés au
canif, procédé très à la mode aujourd'hui et d'un œil absolument différent
par conséquent de ceux traités, par exemple, par Pannemaker et Pisan.
La Femme à la Rose. — Une femme est allongée sur un canapé,
la tête à droite, accoudée sur le bras gauche, elle a une rose dans les
cheveux et une autre dans la main droite étendue le long du corps,
la pièce est sombre, la joue droite seule est éclairée.
La seule eau-forte faite par ces artistes. — Toutes ces pièces sont de couleurs
généralement différentes, les encres étant renouvelées â chaque tirage ;
imprimées à très petit nombre, elles sont vite épuisées, c'est surtout chez
Klcinmann, qui en a fait sa spécialité, qu'on a le plus de chance de les
rencontrer.
BOUTET (Henri)
L'Essai du Corset. — Une petite femme <à l'air émoustillé, vue
de trois quarts à gauche, a peine à agrafer un corset noir contre
lequel se révoltent ceux que l'on veut faire prisonniers.
Le mouvement est fort gracieux; cette pointe sèche est la plus jolie qu'ait
signée l'artiste, il l'a faut avoir en 1" étal.
Deux expositions de l'œuvre de Boulet ont été laites au Salon des Cent,
31, rue Bonaparte, en mai-juin 1895 et en ('?); le catalogue de la première
contenait une préface de l'artiste lui-même, pleine d'humour. — Voir :
II. Béraldi, Les Graveurs du XIX* siècle, tome II, 1885 — Léon Mailard,
Henri Boulet, graveur et pastelliste, 2 vol., Paris, Floury, 189-1-1895.
Houtet a créé un genre, à ee titre il doil Qgurer dans ce recueil. C'est de
lui qu'un écrivain très spirituel et très humoriste — M. Hippolytc Devillers —
a dit dans un numéro de L'Estampe rubrique Camées Express :
« Il a croqué plus de Parisiennes que Croqaemitaine de petits
» enfants. . . . Il les croque laides crues, le monstre ' en robe, en pantalon, en
» chemise , quelquefois moins icelle .... Eleusis avait ses mystères ; les
» corsets n'en ont plus pour Henri Boulet .... ceux de nos sphgnges
» parisiennes s'ouvrent pour lui comme des grenades mènes (l'expression est
» délicieuse!). . . . D'autres dessous que ceux de la politique l'attirent, et
» quand il s'égare dans le labyrinthe des préférés, en bon classique, il n'en
» sort qu'en se hâtant lentement. ...»
On ne peul mieux dire.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 379
BOUTET DE MONVEL (Bernard) .
Un jeune Homme en 1899. — En face d'une croisée à petits
carreaux multicolores, un tout jeune homme coiffé d'un chapeau à
haute forme est debout, la fleur à la boutonnière, la canne dans la
main droite; il est chaussé de souliers vernis très luisants.
Cette estampe en couleurs, comme toutes celles, du reste, que nous allons
décrire, est la première qu'ait gravée l'artiste, il avait 17 ans ! Bon chien
chasse de race, dit le proverbe, c'est donc bien prophétiser que d'assurer
que le fils occupera, lui aussi, dans son art, la place si distinguée que son
père a su conquérir dans le sien, la peinture.
Les Hâleurs. — Le long d'un étroit canal, deux hommes se
dirigent vers la gauche, hàlant à la cordelle un chaland ; le canal et
le ciel seuls sont légèrement éclairés, le reste est dans l'ombre ; de
l'autre côté de l'eau, on aperçoit des arbres et des maisons basses.
Pièce très typique imprimée avec planches de repérage comme presque
toujours, et en teintes plates; ce procédé, qu'on peut accuser d'un peu de
lourdeur quelquefois, est souvent assez heureux, il donne à certains sujets
un accent, qu'une transparence dans les teintes ne saurait rendre avec
autant d'énergie. Il y a cependant, nous devons le reconnaître, dans les
estampes ainsi traitées, moins de souplesse et moins d'enveloppe que dans
celles où l'on procède par la dégradation des nuances, c'est donc une
manière dont il ne faudrait peut-être pas trop abuser, elle deviendrait
facilement monotone.
Le Bar. — Un lad vu de dos et accoudé près d'un bar, derrière
lui sur le tout premier plan, un bouledogue assis de trois quarts à
droite. On distingue les bouteilles et les verres sur le comptoir.
A droite de l'épaule du jeune garçon et à gauche de sa casquette, une
partie violemment éclairée. Dans le bas du coin gauche, on lit à
l'envers : Boutet B. de Monvel 1901.
A citer encore : La Marchande de Légumes — Avant l'Orage ■ — Départ pour
la Chasse.
I Nous la mentionnons, bien que le jeune artiste nous ait dit n'en être pas du tout satisfait ;
elle rappelle un peu Les Hâleurs, que nous préférons du reste nous aussi.
380 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
BRAGQUEMOND (Félix)
Léon Cladel (Béraldi 21). — Assis devant sa table, la main
droite tenant une cigarette, s'appuie sur une feuille de papier blanc,
le bras gauche est passé sur le dossier de la chaise, et autour du
poignet s'enroule une lanière de cuir qui soutient un bâton. Le
personnage aux longs cheveux et à la barbe blanche est coiffé d'un
chapeau mou, il songe.
C'est un des plus beaux portraits qu'ait signé le Maître, il devient fort rare
et ne porte la signature de l'artiste qu'au 3e et dernier état. Nous engageons
vivement le lecteur à consulter le catalogue de l'œuvre de l'artiste par
H. Béraldi : Les Graveurs du XIXe siècle, tome III et IX [supplément], où
810 numéros sont décrits.
Le Haut d'un battant de porte (110). — Sur une porte de
grange, quatre oiseaux sont crucifiés, une pie, une chauve-souris et
deux éperviers ; un cartouche est fixé par un clou sur cette porte et
on y lit un quatrain commençant par ces mots : Ici tu vois tristement
pendre. . .
M. Alfred Barrion en possède une admirable épreuve dédiée à
Mme O'Connell ; clic est, croyons-nous, du 4c état avec la planchette et le
quatrain. C'est une des pièces célèbres du xix" siècle qui, très avidement
recherchée, se raréfie tous les jours.
Les Sarcelles (111). — Dans un marais, des sarcelles prennent
leurs ébats, six vienent île prendre leur vol et sonl loin dans le ciel ;
la septième, celle de droite, est à peine au-dessus des roseaux, allant
rejoindre les autres s'envolant vers la gauche.
Le bel état est celui portant le titre et à gauche, sous le trait carré,
Inw. Delâtre, rue Bièvre, 19, et dans le haut du coin droit liracquemond . il
n'y a eu que 30 épreuves de tirées.
Les Perdrix (112). — Au pied d'un tertre dénudé, ayant à droite
un bouquet d'arbres, une compagnie de perdrix ; une de celles du
tout premier plan, la tète haute, semble rappeler; quelques autres
ont déjà pris leur vol.
Cette pièce est d'une curieuse couleur el d'un métier qui, quoique un peu
sec, est loin d'être banal, à ce titre elle doit entrer dans le portefeuille du
Collectionneur. Elle est fort rare.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 381
Margot la Critique (113). — Sur une mappemonde dont on ne
voit qu'une partie, une pie est posée, les ailes déployées, le bec ouvert,
les pattes écartées, elle tient dans celle de droite une plume d'oie. Sur
la calotte de la sphère, on lit : Paris, Musée, Opéra, etc. Sur le fond de
l'estampe, une légende de 13 vers commençant par : Un jour Margot
Critique au noir plumage.
Inutile de rechercher le 1er état qui est avant le tilre et les vers, car il n'en
existe que deux exemplaires. Le 2e, celui que nous venons de décrire, est
tiré à 50 épreuves seulement.
Toutes les pièces que nous pourrions appeler du Bracquemond de la
première manière — et par cette dénomination tous les collectionneurs nous
comprendront — sont à l'heure actuelle extrêmement rares, elles sont dans
des portefeuilles qui les gardent jalousement, et on ne les voit faire leur
réapparition sur le marché que de loin en loin, quand un amateur se
décide à faire sa vente.
A rejeter au point de vue beauté d'épreuves tout ce qui provient de chez
Cadart ou de chez L'Artiste.
Le Corbeau (115). — Vieux et cassé, se tenant difficilement sur
ses pattes très écartées, un corbeau se repose près d'une potence ;
derrière lui, d'autres oiseaux se pressent à la file sur les montants
d'un autre gibet.
Nous avons eu l'occasion d'en voir une superbe épreuve chez M. Alfred
Barrion, elle est d'un état non décrit par Béraldi qui doit être entre le 1" et
le 2e état, c'est-à-dire : avant toutes lettres, mais ai>ec le ciel. Au 2e état, il y
a un quatrain au bas du gibet commençant par ces mots : Cri funèbre,
sombre plumage. La pièce est admirable.
Le Canard (116). — Un paysage avec un grand ciel plein de
canards qui s'échappent dans toutes les directions. Au fond, sur la
ligne de terre, l'inscription : Horizon politique. Au premier plan,
s'élançant vers le spectateur, les ailes étendues et dépassant le trait
carré, un grand canard ; au-dessus du trait carré, on voit le haut des
lettres du mot Journal qui donne la signification de la pièce. Signé
Bracquemond dans l'angle supérieur gauche.
N'ayant pu en son temps nous procurer cette pièce qui est d'une insigne
rareté, nous nous sommes permis d'en emprunter la description à
M. Béraldi.
Les Taupes (134). — Dans la campagne, dix taupes pendues à
une branche morte de peuplier piquée en terre. A gauche au fond de
l'estampe, le taupier qui s'éloigne, en emportant encore quatre autres
382 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
pendues à une gaule. Sur une pierre blanche à gauche, un quatrain :
Aux Ramilles du peuplier, etc., et dans le haut du coin droit:
Bracquemond inv. et fec.
Une épreuve de 1er état avant la re-morsure et avec la pierre blanche qui
est à gauche dans le coin, et avant les vers : Aux Ramilles du peuplier... se
trouve dans la collection de M. Alfred Barrion. C'est la seule qu'il nous ait
été donné de voir dans cet état, nous la mentionnons donc à titre de très
rare curiosité. Il n'a été tiré de cet état que 4 ou 5 exemplaires.
M. Bracquemond nous écrit à ce sujet que sa première morsure fut trop
courte, que les taupes étaient toutes grises et que leur valeur se confondant
avec les valeurs du paysage, il fut obligé tout simplement de faire remordre
ses taupes.
Les Canards l'ont bien passé (154). — Sur le bord d'une
rivière à gauche, un personnage debout, coiffé d'une casquette et vu
de profil à droite. Il est appuyé sur sa canne et surpris par une pluie
battante, il regarde l'autre rive vers laquelle se dirige une partie de la
bande de canards qui est à ses pieds. Dans la marge, une portée de
musique notée : Les canards l'ont bien passée.
Très rare.
La Volaille plumée (155). — Sur un fond blanc, un poulet
plumé est pendu par la tète à un crochet.
De toute rareté, car il n'en existe que six épreuves.
L'Inconnu (174). — Sur le bord d'un étang peuplé de plantes
aquatiques, un canard, le cou tendu, suit une tortue qui se dirige
vers la gauche. Dans le bas du coin gauche (?), l'initiale B.
La Nuée d'Orage (219). Dans un champ séparé d'un petit bois
à gauche par une barrière, six oies à droite semblent se consulter sur
le parti à prendre.
("est une magistrale estampe de laquelle M. Béraldi donne onze états;
le premier est au ciel blanc, mais le septième est selon nous le plus carac-
téristique, la nuée a gauche est extrêmement poussée au noir avec une
partie blanche a droite que traversent des rayons de soleil, il pleut
violemment.
Le Vieux Coq (222). - Debout et complètement de prolil à
droite, un vieux coq sur la lisière d'un champ de seigle dans une
attitude méditative.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 383
Ceci est une des plus belles pièces de notre école française du xix^ siècle,
c'est d'un insurpassable métier. Les trois premiers états sont tellement rares,
qu'il faut presque renoncer à se les procurer ; quant au quatrième, tiré à
200 épreuves par MM. Dowdeswel de Londres en 1882, il est encore, certes,
très digne de faire honneur aux cartons d'un collectionneur difficile et
délicat.
Roseaux et Sarcelles (224). — Dans un étang, au milieu duquel
émergent quelques touffes de roseaux clairsemés, des sarcelles
prennent leurs ébats ; six séparées de leur bande gagnent le large,
laissant après elle un sillage très marqué.
Brumes du Matin (779). — Dans une clairière semée de genêts
et de bruyères et encore toute ouatée par une brume matinale, de
nombreux faisans se livrent au gagnage, des bouleaux légèrement
esquissés agrémentent cette scène empreinte d'une pénétrante poésie
rustique.
Cette estampe dessinée de main de Maître et qui figura à l'Exposition
Universelle de 1889, fait partie du cahier de 6 eaux-fortes éditées par
Lemercier : La Nuée d'Urage — Les Mouettes — Roseaux et Sarcelles — Les
Hirondelles — Canard surpris ; elle est de beaucoup la plus séduisante de
cette série, mais si ce n'est plus le Bracquemond première manière, c'est
toujours du Bracquemond qui a su et saura conserver intacte cette supré-
matie et cette puissance qui la fait surnommer à juste titre le Prince de
ieau-forte.
Semaine Russe (sans numéro1)- -- Campé fièrement sur ses
ergots puissants, un coq gaulois de face, lance à plein gosier le cri
de Vive le Tzar, gravé en haut de l'estampe à gauche. En bas à droite ;
A mon ami Ch. Roger. Semaine Russe. Octobre 1S93. Bracquemond.
M. Léonce Benedite, le distingué conservateur du Musée National du
Luxembourg, a pris l'intelligente initiative de faire périodiquement, dans
ce local, des expositions de nos principaux peintres -graveurs français;
celle de Bracquemond fut la première, elle eut lieu en février-juillet 1897,
d'autres ont déjà suivi et suivront; au moment ou nous écrivons ces lignes
s'ouvre celle de Buhot.
En mars 1901, MM. Tooth and Sons exposèrent, dans leur local du
boulevard de la Madeleine, 29 pièces de l'artiste.
1 Le catalogue Bracquemond fut complété par un supplément en 1889 ; cette estampe, gravée
en 1893, n'y pouvait donc pas figurer.
384 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le plus bel œuvre existant actuellement du célèbre Maître se trouve à la
Bibliothèque publique de New-York, il comprend 873 numéros, don de
M. Samuel Putman Avery'. — Félix Bracquemond est Grand-Prix de gravure
de l'Exposition de 1900.
BUHOT (Félix)
Né à Valognes en Normandie en 1847, mort à Paris, 19, quai de Bourbon,
dans sa 51^ année, le 26 avril 1898 ; il repose dans le vieux cimetière de
Boulogne-sur-Seine. Nous ne reviendrons pas sur ce qui a déjà été dit de
l'admirable artiste disparu et nous renverrons simplement, pour plus
amples détails au catalogue que nous avons dressé de son œuvre en 1899 »,
nous détacherons seulement les quelques estampes suivantes qui sont
absolument de tout premier ordre et dignes de soutenir une comparaison
victorieuse avec n'importe quelle gravure contemporaine. Nous suivons
l'ordre chronologique et les numéros de notre catalogue, nous nous
abstiendrons de toute réflexion ou critique pour chacune de ces pièces qui,
nous le répétons, sont des morceaux d'une insurpassable maîtrise et c'est la
quintessence même de l'œuvre que nous allons donner là :
Le Réveillon (67) — Pluie et Parapluie (68) — Une Matinée d'Automne' (71) —
Les Gardiens du logis ou les Amis du Saltimbanque (76) — Une Matinée d'hiver
au quai de l'Hôtel- Dieu (123) — L'Hiver ci Paris ou la Neige « Paris (128) —
La place Pigalle en 1878 (129) — Un Débarquement en Angleterre * (130) —
Une Jetée en Angleterre (132) — La Traversée (143) — Les Voisins de
campagne (148) — Les petites Chaumières (149) — Les grandes Chaumières
(150) — Westminster palace et Westminster bridge; pendants (155-156) —
Environs de Gravesend (157) — Matinée d'Hiver sur les quais (158) — Convoi
funèbre au boulevard Clichy (159) — Les Esprits des villes mortes (160) — La
Taverne du Bagne (163), un exemplaire à la vente Pochet vient d'être adjugé
240 francs - La Falaise (165) - Les Oies (166) — Enfant dessinant (182),
lithographie.
La vente Pochet a remis en lumière toutes les belles pièces de l'immortel
artiste qui accusent rénorme plus-value d'au moins 60 °/o. Il arrivera pour
Buhot ce qui est arrivé pour les eaux-fortes de Méryon; aujourd'hui elles
sont abordables, sous peu de temps elles auront décuplé; avis donc aux
amateurs qui devront profiter du conseil, il est sincère et désintéressé.
» l'arini les gros collectionneurs américains, citons encore au hasard de nos souvenirs :
MM. Howard Manslield. Plerponl Morgan, E. 11. Holden, D. M- N. SlnulTer. M- et M" Athcrlon
Curtis. \Y. s. Cartel-. \V. !.. Andrews. W. T. llavemeyer, tous de New-York ; C Eliot Norton,
de Boston: A. !.. Nnthingham, de Princeton; W. I). Event, de Newnrk ; Roberts. de Phila-
delphie; James K. Scrippi et Ch. L. Freer. de Détroit, etc. - Nous aurons du reste l'occasion
de citer à nouveau quelques-uns de ces noms dans le cours de cet ouvrage.
» Félix Iluhot. peintre-graveur. Paris. I'iourv. 1890.
• Dite aussi Le Chasseur matinal ; l'Artiste l'a reproduite en lithographie.
* Qu'il faut avoir avec la marge tymphoni <ju. ,1, ,/ aie lu- . rarissime, la plus belle euu-lorte de
peintre qu'il pilier être donne ti un collectionneur de contempler.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 385
A l'heure où nous écrivons — juin 1902 — une Exposition de l'œuvre de
l'artiste est ouverte au Luxembourg; le catalogue illustré contient une
préface de M. Benedite, le distingué conservateur du Musée, qui a su très
délicatement y faire revivre l'homme et l'artiste.
Les pièces exposées sont fort joliment encadrées, le passe-partout gris-bleu
capote de soldat qui les entoure est d'un effet charmant, il y a là surtout
une Falaise et un Vieux chantier à Rochester, tels que nous — qui connaissons
cependant bien l'œuvre — n'en avons jamais rencontré de pareils; ces
exemplaires sont éblouissants. Le cher garçon nous disait souvent du reste :
« J'ai dans mes cartons des épreuves comme on n'en a jamais vues ». Il y
tenait beaucoup, et souverainement modeste qu'il fut, il se les cachait à lui-
même, refusant de les montrer et de s'en séparer à aucun prix. — Nous
croyons posséder, au point de vue de la qualité, un des plus beaux œuvres
connus de l'artiste '.
De très nombreux articles lui ont été consacrés tant en France qu'à
l'étranger, parmi les plus importants citons H. Béraldi, tome IV, Paris 1S86 —
Philippe Burty, The Harpe r s Magasine, février 1888 2 — Octave Uzanne, dans
Le Livre, mars 1888 — Le Voltaire du 16 juillet 1896, sous la signature de
M. Roger Marx — Léonce Benedite, Magasin Pittoresque, 15 janvier 1899 —
Raymond Bouyer, L'Estampe et l'Affiche, février-août 1899 — Raymond
Bouyer, Gazette des Beaux-Arts, avril 1902, etc., etc.
GAMERON (David-Young)
Siena. — Une rue de Sienne étroite et courte aux maisons élevées,
toute la partie gauche très violemment éclairée avec quelques points
sombres cependant. Au premier plan, un personnage est adossé au
contre-fort de la maison de gauche. Sur le terrain, une large et
symétrique tache d'ombre produite par les maisons de droite. Au pied
de la colonne de ce même côté, la signature.
Une des eaux-fortes les plus puissantes et les plus typiques de l'œuvre
qui fait involontairement songer à Méryon, ainsi que la suivante.
Westport. — Un quai avec ses maisons à gauche et quelques
promeneurs ; au fond de l'estampe, d'autres maisons, des mâts de
navires et un hangar. Sur le premier plan en contre-bas de ce quai,
' M. Léon Schùck, de Marseille, et Louis Morin. de Paris, possèdent quelques très beaux
spécimens du grand artiste disparu.
* La même année, F. Keppel qui avait pour lui une réelle affection — bien réciproque
d'ailleurs — faisait à New- York une exposition de ses œuvres, exposition qui eut un succès
colossal.
25
&S6 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
un homme et une femme vus à mi-corps causent ensemble. A gauche
la silhouette d'un escalier, au pied duquel un poteau de réverbère,
contre lequel un homme tourné à droite est assis. Pas de signature.
Veroniea, a ma id of Italy. — Belle tète altière de profil à droite
d'une fille d'Italie au xve siècle; en bas dans le coin gauche : D.-Y.
Cameron 1895.
Fort belle eau-forte qui rappelle singulièrement la Béatrice d'Esté, de
Léonard de Vinci, dont le tableau est à l'Ambrosienne, à Milan.
Vale of Clyde. - La Clyde avec ses bords aux bois touffus qui
se reflètent dans ses eaux. Sur le premier plan à droite, deux grands
arbres dépouillés de leurs feuilles, sous eux : D.-Y. Cameron.
Le Crucifix. — Un intérieur d'église — Saint-Maclou de Rouen —
au fond de laquelle un vitrail très éclairé sur lequel se détache une
croix avec le divin Sauveur crucifié ; au pied de la croix, deux anges.
En bas dans le coin gauche : D.-Y. Cameron.
Pièce superbe dans l'exécution de ses détails.
A Lowland River. — Une petite rivière aux eaux tranquilles,
aux bords sombres et boisés, s'enfonce entre deux collines ; le soleil
se couche au fond de l'estampe, dorant de ses derniers rayons le
milieu de la rivière dont un oiseau rase la surface d'un vol rapide.
Cette petite pointe sèche, d'une admirable maîtrise, est d'une extrême
rareté, elle n'a été tirée qu'à 6 exemplaires.
The Flower Market. — Au fond de l'estampe et en occupant le
milieu, des tentes en plein vent autour desquelles des femmes sont
en train d'acheter des fleurs. A gauche au tout premier plan, une table
sur laquelle est un pot de fleurs.
The Palace. Stirling Castle. La cour du palais que se dispose
à quitter une femme venant à gauche; au fond, le palais avec un
escalier à droite y accédant et ; 1 1 1 bas duquel on aperçoit des person-
nages s'apprêtanl à le gravir. Dans le bas de l'estampe, la légende en
gros caractères: The Palace, Stirling t'.astlc — et au-dessus du trait
qui encadre cette inscription'à droite: D.-Y. Cameron 189S.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 387
L'œuvre très remarquable de Cameron s'élève aujourd'hui à environ
200 pièces, presque toutes sont des eaux-fortes pures, très peu de pointes
sèches; il les tire lui-même à 30 ou 50 épreuves; peu d'états généralement,
le strict nécessaire pour voir où il en est de son travail, mais sans aucune
arrière-pensée de créer des raretés de ce fait. Il touche indistinctement à
tous les sujets qui le frappent et le séduisent, s'avouant cependant quelque
préférence pour les vieilles maisons dont il sait taire parler les pierres
avec un rare bonheur.
Nous avons eu l'honneur de la présenter aux collectionneurs français en
décembre 1899 dans la Gazette des Beaux-Arts grâce à l'amabilité de
M. Ephrussi, et nous avons été bon prophète en prédisant à l'artiste le
succès qui l'attendait, car à l'Exposition de 1900 on rendit hommage à son
talent en lui décernant la médaille d'or. Citons encore parmi les pièces les
plus connues et les plus recherchées : The Smithy — The Gargoytes of the
Stirling palace — Palace of the Stuarts — Dryburgh — La cour des Bons-
Enfants à Rouen — Broad street Stirling — Queen Anne's gâte, Saint-James
Park, London — La Rue du Petit-Salut à Rouen, et, comme insignes raretés :
The Y. Amsterdam — Palazzo Dario — Windmill — Landscape with threes et
A Dutch Damsel.
Une fort belle exposition de son œuvre eut lieu à New- York, chez
M. Keppel, en 1895, une autre chez M. R. Gutekunsti, à Londres en 1898, et
une troisième, très complète, cette même année, à Glasgow, chez
MM. Connell et Sons.
The Studio a, dans son numéro de septembre 1895, consacré quelques
lignes au très intéressant peintre-graveur écossais.
CANALS (R.)
Promenade après la Course. — Le champ de course occupe
tout le fond de l'estampe, on y voit chevaux et promeneurs ; au
premier plan, presqu'au milieu de l'estampe, un groupe de quatre
femmes se dirigeant vers la gauche ; près d'elles, un lévrier. A gauche
dans le coin, assise par terre, une marchande d'oranges avec son
panier. Au second plan, deux voitures se dirigeant du même côté que
les quatre femmes.
Pièce en couleurs très curieuse, où l'artiste, qui est Espagnol, a bien su
marquer sa personnalité. A noter encore Les Mendiants, ou Une Rue à
Barcelone.
1 M. Richard Gutekunst est l'éditeur d'une série de unes sur Londres, de Cameron. parue il y
a peu de temps, ainsi que des très belles pièces suivantes : Chartres — Chinon — Loches —
Rue des Filles-de-Bieu à Angers qui sont ses dernières créations. — Le catalogue de l'oeuvre de
l'artiste, par M. Frederick Wcdmore, vient de paraître chez l'éditeur précité, il est tiré à
155 exemplaires et se vend une guinée.
388 DIX- NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
CARRIÈRE (Eugène)
Parmi les plus belles lithographies du célèbre peintre nous mettrons en
première ligne celles de Madame Carrière, de Daudet et de Verlaine, ce sont
trois chefs-d'œuvre, il faut y joindre également celles de Concourt, Puvis de
Chavannes et Rodin.
Ces lithographies ont absolument le même œil que les peintures, elles
possèdent au suprême degré cet effacé, ce flou qui, sans exclure le modelé,
donnent à l'oeuvre un caractère immatériel d'une incomparable séduction.
L'artiste est Grand-Prix de l'Exposition de 1900.
CASSATT (Miss Mary)
Le Repos '. — Une femme assise de face, ayant un petit enfant
sur ses genoux, regarde à droite ; la main gauche de la mère tient la
droite du bébé.
La Glace "-. — La femme debout tient à son cou le même petit
enfant, sa silhouette se reflète dans une glace placée derrière elle.
La Caresse '. — Assise de profil à gauche, une femme tient
sur ses genoux un bébé qui, dans un geste d'adorable tendresse, fait
une caresse sur la joue droite de sa maman.
De nombreuses études d'enfants ont été faites par Miss Cassât qui depuis
près de vingt ans habite Paris. Elle est née aux Etats-Unis, à Pittsburg, et,
au début de son séjour parmi nous, a pris conseil de Degas, croyons-nous,
pour la peinture et la gravure. Son œuvre gravé, le seul dont nous ayons à
nous occuper ici est peu considérable, une quarantaine d'estampes environ,
eaux-fortes, vernis mou, pointes sèches, pièces en couleurs, ces dernières
tirées pour la plupart sur une seule planche au moyen d'un fond de gravure
où les tons plats sont appliqués en plusieurs fois. 11 y a aussi une suite de
dix sujets différents très intéressants4 ; l'artiste se sert aussi quelquefois de
plusieurs planches avec repérage. Les trois pièces que nous venons de
signaler sont en noir, presque au trait, mais c'est d'un métier tout a fait
l-l- ' 1 lires doDnéf par nous à ces pièces qui, croyons-nous, n'en ont p:is.
' I dites chez Durand Ituel. en IX9I, . I h mes ; sent épulsél depuis longtemps et devenus
Introuvables. Voici la rubrique de ci i lo sujets : Bain d'enfant - /.a Lampe — Intérieur d'un
Tramway paêsani un i>unt La Lettre — Jeune i'emnie essuyant sa robe — La Toilette —
il;,,, i nfanl nus l.u Visite Etude
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 3cS9
supérieur où règne la connaissance approfondie de la femme et de l'enfant.
Toutes les estampes de Miss Cassât sont très rares, leur note absolument
originale et personnelle en font des morceaux d'une saveur toute spéciale.
Nota : ne signe jamais ses planches autrement que manuscritement.
Les Canards. — A l'avant d'un bateau, deux femmes assises
ayant entre elles une petite fille debout, sont en train de donner à
manger à des canards qui nagent autour du bateau, elles sont
tournées vers la gauche.
Superbe eau-forte en couleurs, faite à l'aide de plusieurs planches donnant
l'illusion d'une aquarelle; d'un œil très différent des estampes obtenues par
procédé similaire, l'eau et les canards sont d'un faire particulièrement
curieux. — Très rare.
Les Marionnettes. — Une jeune femme assise de face, tient
sur ses genoux un bébé qu'elle regarde et auquel elle fait du jeu avec
ses mains, mouvement que l'enfant cherche à imiter en esquissant
un sourire.
Pièce en couleurs absolument hors ligne ; l'œil de l'enfant est extraordinaire
de mobilité et de vie.
Sous la Lampe. — Deux femmes sont assises autour d'une table;
celle de gauche, presque de face, travaille ou tricote (?), devant elle
une paire de ciseaux ouverts ; celle de droite, de profil à droite, lit
un journal ; une lampe est entre elles deux.
Eau-forte aquatintée ' superbe; il y a là un effet d'éclairage merveil-
leusement rendu.
C'est chez M. Alexis Rouart qu'il nous a été donné de voir cette pièce. Le
célèbre amateur possède une des plus merveilleuses collections d'estampes
de Paris — 7.000 à 8.000 pièces — état et condition de beauté tout à fait
exceptionnels. C'est surtout en incunables de la lithographie et en école
romantique, qu'il amasse depuis plus de trente années, qu'il est particu-
lièrement riche; il y a entre autre un œuvre de Devéria qu'il serait
absolument impossible de reconstituer aujourd'hui, des Isabey, des
Géricault, des Charlet, des Decamps, des Iluet, des Raffet, des Bonington,
des Delacroix à faire rêver, enfin toute la lyre! sans oublier les Degas, les
seuls et uniques qui se puissent voir à Paris, et les Japonais représentés par
leurs incomparables chefs de file Hokoussaï, Outamaro, Toyokouni,
Hiroshighe, etc.. Il est impossible de rencontrer plus de courtoisie et de
bonne grâce que chez cet amateur délicat et éclairé, il est la Providence des
« Croyons-nous, car la mémoire nous fait défaut cl nos unies sont muettes à cet égard.
390 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
travailleurs, aussi pouvons-nous assurer que si jamais l'amabilité quitte la
terre ce sera chez lui qu'elle ira se réfugier, quant à nous, nous ne saurions
oublier les heures trop brèves passées en compagnie de ce galant homme
et la bonne grâce avec laquelle il nous a ouvert ses portefeuilles et
répondu avec sa haute compétence aux innombrables questions qu'exigeait
le travail auquel nous nous livrions.
Au Théâtre. -- Assise au théâtre, dans une loge de profil à
gauche, une jeune femme, la lorgnette dans la main droite, est censée
regarder la scène qui est devant elle, mais invisible ; le coude gauche
s'appuie sur le bras du fauteuil.
Admirable vernis mou (?) de toute rareté.
Joueuse de Banjo. - - Une jeune femme est assise de face, la
tète de trois quarts à droite, elle joue du banjo ; derrière elle est une
fillette qui appuie ses bras sur l'épaule de la musicienne et l'écoute
avec attention ; leurs deux têtes semblent se toucher.
Peut-être la plus jolie pièce en couleurs qu'ait signée Miss Cassât; quelle
science il y a dans ce morceau si simple en apparence, et quelle personnalité
de métier s'y révèle !
CHAHINE (Edgar)
Un Gueux. Debout presque de face, adossé à l'angle d'une
maison, les deux mains dans les poches de son pantalon, coiffé d'une
casquette, un foulard autour du cou, le vieux, la tête complètement
tournée à droite, regarde par terre.
Tirée à 'J.') exemplaires en noir et en couleurs; cette estampe, eau-forte
et pointe sèche, enveloppée d'un grain varié, est faite de main de maître, la
face du vieux mendiant est d'une expression merveilleuse et d'un modelé
superbe. Elle fui exposée au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en
1899, c'est, croyons-nous, une des premières œuvres de l'artiste, elle le mit
en lumière et le classa sans coup férir parmi les Maîtres les plus intéressants
et les plus curieux de notre heure. C'est le cas ou jamais de dire avec uno
légère variante: n Dans les âmes bien nées le talent n'attend pas le nombre des
années », car l'artiste, Arménien de naissance, mais Parisien dans les
moelles, compte à peine 2~> ans. Voici donc un œuvre qu'il faut suivie et
récolter, car déjà beaucoup de pièces sont épuisées; disons pour mémoire
que l'artiste a reçu la médaille d'or à l'Exposition de 1900. C'est un amoureux
fou de son métier, et, dans sa modestie très naïve et tirs franche, nous
l'entendîmes s'écrier un jour: « .le commence à peine à comprendre mon
ail, mais je ferai quelque chose d'ici peu de temps, ou j'y laisserai ma
peau ... Saluons sa \aillaiiee cl son talent et remercions-le du fond du cœur
des joies qu'il nous donne
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 391
La Négresse. — Assise de trois quarts à droite, les bras appuyés
sur les genoux, une vieille négresse, la tête enveloppée dans son
féradgé, regarde de face. La jambe droite qui émerge de dessous le
jupon laisse entrevoir son bas blanc. Au fond de l'estampe à droite,
les bains de Brousse.
Eau-forte grainée.
Le Chemineau. — Chaussé de sabots, un petit ballot passé dans
un bâton sur son épaule, un chemineau à la longue barbe inculte et
blanche, se dirige vers la droite. Derrière lui, la campagne avec
quelques arbres clairsemés.
Admirable pointe sèche très enveloppée. Pièce déjà classée et célèbre, ainsi
que la suivante.
Le Château Rouge. — Autour d'une table, trois personnages,
un homme entre deux femmes. L'homme dort, la tête et les bras
appuyés sur la table; la vieille femme coiffée d'un bonnet à longues
brides nouées et pendantes, qui est à sa gauche, semble en faire autant,
la tête soutenue par son bras droit accoudé ; sur la table un bol et
sa cuiller, et au tout premier plan, un panier à couvercle à deux
anses. Tout au fond de l'estampe, une longue théorie de miséreux
allant et venant dans l'établissement.
Nous possédons l'épreuve unique sur japon qui a été tirée avant l'aciérage.
Il faut voir avec quelle merveilleuse couleur la pointe sèche a su rendre le
bonnet et ses brides, les plis du vêtement de l'homme couché, et quelle
science tout à fait extraordinaire l'artiste a apportée dans la distribution de
lumière qui éclaire les personnages des derniers plans.
Les Dormeurs. — Un banc sur lequel un jeune garçon et deux
vieilles femmes sont assis et endormis. Le gamin penché en avant à
droite, dans l'attitude du sommeil, occupe le premier plan ; les deux
femmes sont dos à dos derrière lui.
Eau-forte aquatintée.
Distribution de soupe. — A droite au premier plan, un
mendiant debout et de face, les mains dans les poches de son
pantalon, semble attendre son tour. Derrière lui, occupant toute la
largeur de l'estampe, de nombreux pauvres sont massés pour recevoir
à tour de rôle la soupe qu'on leur va distribuer d'un restaurant dont
on aperçoit la porte à gauche.
Pointe sèche pure.
392 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
American Bar. — Deux femmes, une brune et une blonde, sont
assises près d'un comptoir, en train de consommer et d'attendre le
client ; la brune, de trois quarts à gauche, qui occupe le premier plan,
a le cou entouré d'un boa de plumes blanches qui se détache en
vigueur sur sa robe noire; la blonde a entr'ouvert un collet noir qui
laisse apercevoir son corsage blanc, elle regarde de face et sourit.
Entre elles deux, faisant repoussoir à leur jeunesse, un peu effacée,
une amie, une vieille garde qui se rend toujours et ne meurt jamais !
Au fond de l'estampe, des consommateurs.
Pointe sèche.
L'Italienne '. — Une jeune femme jolie et distinguée aux
bandeaux plats, est assise de trois quarts à droite, elle est vêtue d'un
corsage de velours noir que met encore en valeur un grand collet
blanc négligemment rejeté en arrière ; son chapeau de velours noir
aussi est orné de deux plumes de même couleur et d'un ornement
brillant.
Nous possédons de cette pointe sèche un exemplaire unique lire sur chine,
il est d'une beauté tout à fait exceptionnelle.
La Vieille Femme. — Un panier passé au bras droit, la tète
recouverte d'un mouchoir blanc, légèrement penchée en avant et
regardant à gauche, une vieille femme se dirige péniblement vers la
droite, en s'appuyant au mur de la main gauche. Derrière elle, on
aperçoit des enfants, et au fond de l'estampe, des roulottes de forains.
Croquis de Têtes.
Sur une même planche, nombreux croquis de tètes; les plus importants,
ceux des trois vieilles occupant le milieu et les deux coins de l'estampe
sont extrêmement remarquables. — Il n'en a été tiré que 40 épreuves.
Alfred Stevens. — Assis de face dans un fauteuil en une pose
abandonnée, le corps penché à gauche, le vieux et célèbre peintre
belge appuie sur la table qui est devant lui s:i main droite entre les
doigts de laquelle est une cigarette à demi-consumée, l'autre main est
allongée sur la cuisse. La tête se détache en vigueur dans un relief
de camée sur le dossier du siège fortement ombré.
i C'etl le portrait de M" Ilnron.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 393
Cette admirable pointe sèche pure a été publiée dans le numéro d'avril 1900
de la Gazelle des Beaux-Arts. Voici en quels termes flatteurs M. Roger
Marx l'apprécie :
« La chevelure fine, soyeuse, épandue en flocons d'argent,
» couronne le masque fouillé à plaisir, qui s'enlève en clarté sur le jais de
» l'entour : opposition heureuse entre la douceur et la force, entre la taille
» et la tache qui fait ressortir la précision du détail physionomique et met
» en valeur l'intérêt d'un modèle amoureusement suivi et inscrit dans toutes
» ses inflexions. Pleine de saveur, en dépit des abréviations voulues, la
» fruste indication de l'ample vêtement, du linge mou, de la cravate nouée
» avec une apparente négligence, et aussi la pose de la main où la cigarette
» s'éteint entre les longs doigts amaigris, achèvent de donner le prestige du
» style à cette image d'un Maître glorieux par un graveur perspicace et
i) originalement doué »
On ne saurait mieux dire et souligner d'une façon supérieure les qualités
de métier et de style qui caractérisent une œuvre belle entre toutes.
La Marchande des quatre saisons. — Sur un quai de Paris,
poussant devant elle sa charrette, une marchande, la tète penchée en
avant, se dirige vers la gauche. De l'autre côté de l'eau, une partie
des maisons sont éclairées par le soleil ; c'est l'hiver.
Louise France. — A mi-jambes de face, les deux mains dans les
poches de son tablier, les cheveux en broussailles frisottants sur le
front, au cou un nœud de velours noir tourné légèrement à gauche,
l'intelligente artiste regarde devant elle, esquissant un imperceptible
sourire, la tète est légèrement penchée à droite.
Ce portrait surpasse en beauté tout ce que l'on peut imaginer; la facture
de l'artiste s'est encore élargie et assouplie et il est arrivé à une intensité de
modelé et de vie tels qu'il serait, croyons-nous, impossible de les dépasser.
Chahine séduit sans doute par le caractère du modèle, en a fait un second
également à la pointe sèche, mais la tête seulement, grandeur presque
nature, il vaut le premier s'il ne lui est encore supérieur, puis un troisième
en pied, en couleurs1, avec planches de repérage; la fine comédienne est
représentée dans le rôle de M"* Fouquier du Père Goriot, qu'elle créa au
Théâtre Libre. — L'éditeur de ces chefs-d'œuvre est Edmond Sagot.
Puisque le nom de Sagot vient de se glisser sous notre plume, qu'il nous
soit permis de dire quelques mots du très connu marchand d'estampes.
C'est en 1880 qu'il quitta définitivement la librairie pour entrer à L'Art où
il s'initia aux beautés de la gravure qui de suite le passionnèrent; il y resta
trois ans, puis s'établit en chambre, 53, rue d'Argout ; trop à l'étroit, il passa
18, rue Guénégaud et s'y installa, c'est là que nous le connûmes. A cette
' Il existe aussi tiré en noir.
394 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
époque il rencontra Aglaûs Bouvenne et Bracquemond dont les conseils lui
furent d'un précieux secours. Il voyait souvent ce dernier qui venait
presque quotidiennement, pour y faire tirer ses planches, à l'imprimerie
Lemercier où Bouvenne avait la direction de la taille-douce. Il connut
successivement Fantin et Lunois, dont il édita la première lithographie,
Le Faucheur (salon 1887) qui valut à l'artiste sa bourse de voyage. En 1886,
il s'occupa d'affiches — art encore ignoré ou tout au moins presque ignoré —
et particulièrement de celles de Chéret, il acquit alors la collection de
Bracquemond, lança, avec l'entrain qu'on lui connaît, cet article nouveau
qui fut une véritable révélation et publia en 1891 son catalogue d'affiches
illustrées, dont il prépare une seconde édition en y joignant une partie
Estampes, dont le mouvement a pris chez lui un développement extrêmement
considérable de 1891 à 1902.
De 1887 à 1894, il s'occupe d'une façon très particulière de Buhot, Fantin ■,
Bops, Lunois, François Courboin*; cette année-là, il franchit la Seine,
quitte sa tranquille petite rue Guénégaud, qu'il regrette quelquefois et dont
il parle avec attendrissement, pour venir s'installer définitivement 3Qbis rue
de Châteaudun où nous le trouvons actuellement.
Vallotton, sur sa demande, lui lit un bois qui servit de couverture à son
catalogue N" 35, décembre 1892, il le transforma en adresse tirée à plus de
cent mille exemplaires et s'en sert présentement encore comme d'étiquette;
d'autres artistes lui avaient fait ou lui firent diverses adresses, tels que :
Willette, une lithographie; Alexandre Charpentier, le sculpteur, un gaufrage
qui malheureusement ne put être utilisé en raison de l'épaisseur de son
relief; Lunois, trois lithographies différentes; Botlini, une lithographie en
couleurs; Banft, une eau-forte; Chahine, deux pointes sèches, et Helleu
l'affiche qui lui sert d'enseigne qu'il lit reproduire sur bois en deux couleurs.
Certaines de ces pièces sont charmantes et nous les recommandons aux
collectionneurs de menus, programmes, etc..
Il a édité successivement les œuvres de: Banft, Chahine, Helleu, Lalïite,
Manuel Robbe, A. Millier, P. Dupont, Darbour, Bracquemond, Désiré Lucas,
A. Lepère, Ch. Maurin, Ch. Dulac, Vallotton, Steinlen, Lunois, Dezaunay,
Maud, Sunyer, les affiches de maints artistes, les Paris-Âlmanachs, de
Dillon (1" année), G. Meunier (2). A. Lepère (3e) et rédigé les catalogues des
ventes de Bajon, Hedouin et Geoffroy-Dechaume.
Edmond Sagot a complètement abandonné le livre pour l'estampe moderne
qu'il cultive avec une passion grandissante, c'est un érudit doublé d'un très
lin connaisseur et d'un élégant écrivain. Amoureux d'un métier qu'il connaît
dans ses coins les plus retirés, il n'achète dans les ventes que le beau
morceau qu'il sait royalement payer, dédaignant le fretin dont il ne veut à
aucun prix. Très à la caille i\u goût et des manies de chacun de ses clients,
il a toujours dans sou arrière-boulique un sanctuaire — un carton de
réserve ou dort — mouton à cinq pattes la pièce délicate et recherchée
du collectionneur.
« il est l'éditeur 'lu catalogue Pantin Latour, par Germain Hédlard, - parties, 1892-1899.
> Peintre-graveur llluttrateur d'un très grand talent ; il es) sous-bibliothécaire au Département
dei Estampe» el i rédigé avec un.- rare compétence le Catalogue lommalrt det ijiiwiars et
, -. compotant lu Biseroe, 2 vol. In-e>, Paris, EtaplUy, 1900, Prix: i» francs, C'est un
ouvrage extrêmement !"•■' 'Jeu < .
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 395
Sagot est un vibrant, un chaud, un allumeur et un allumé, mais un
allumeur convaincu et sincère : il faut le voir présenter la belle pièce, non
pas en marchand qui veut vendre, mais bien plutôt en virtuose et en
dilettante charitable qui veut avant tout faire partager une émotion qu'il
ressent profondément lui-même.
Et son magasin, quel bijou — c'est la jolie fille de Paris qui raccroche —
et nous vous défions de passer sur son trottoir sans vous y arrêter tant sa
montre est alléchante! Nous, nous ne faisons pas que de nous y arrêter, nous
y entrons et nous nous y grisons dans des causeries sans fin avec le maître
de céans dont nous partageons la passion envahissante; il n'y a plus alors
ni marchand, ni client, il y a deux amateurs, deux amoureux qui causent
de leurs maîtresses, qui s'emballent l'un sur l'autre, regardant, examinant,
comparant, échangeant leurs idées, développant leurs théories, deux
passionnés, en un mot, qui viennent là de vivre les plus douces heures de
leur journée.
Nous connaissons Sagot depuis plus de quinze ans — les plus belles pièces
de nos portefeuilles viennent de chez lui — nous avions depuis longtemps
à cœur de dire en quelle haute estime nous tenions l'homme et le marchand,
l'homme pour sa courtoisie, le marchand pour sa valeur; voilà qui est fait.
Mentionnons encore : Vieille Mendiante à l'église — Un Couple — Lérand
dans le rôle de Rodin du Juif-Errant — Campement de Chiffonniers —
Un Coin de rue dans le quartier des Grandes-Carrières — Les Lutteurs, deux
planches : Une Prise — Bras roulé à terre ; à l'heure actuelle, l'œuvre gravé
comprend environ une centaine de pièces. — Parmi les articles qui lui ont
été consacrés citons : Léon David dans la Revue d'Art, 1900, p. 168 — Clément
Janin, L'Estampe et l'Affiche, août 1899 — F. Wedmore, The Studio, juin 1901,
et G. Mourey, dans la même publication, en décembre de la même année.
CHARLET (Nicolas-Toussaint)
Né à Paris le 20 décembre 1792, mort à Paris le 29 décembre 1845. L'œuvre
est tellement touffu — plus de 1200 pièces — que nous ne saurions mieux
faire que de renvoyer le lecteur au catalogue qu'en a fait le colonel de la
Combe en 1856, catalogue dont le manuscrit d'une seconde édition était
terminé à sa mort, mais que ses fils, croyons-nous, refusèrent de faire
publier. — Voir également celui de Béraldi, tome IV, Paris, 1886.
Charlet, c'est le peintre de la vie courante du soldat, de cette vie d'intimité
au jour le jour qu'il sut rendre avec toute sa couleur, toute sa sincérité,
c'est aussi l'évocateur puissant de l'imposante figure de l'Empereur, c'est
enfin le fantaisiste qui croque le fait divers, soulignant le tout de ses
immortelles légendes.
Quelles pièces citer dans un pareil œuvre, nous avouons un peu notre
embarras, car le choix est immense ; nous n'en donnerons que quelques-
unes, les plus populaires, n'ayant pas eu le loisir de pousser très loin une
étude qui pour être un peu complète, eut absorbé un temps considérable :
Cannonniers près d'une pièce en batterie (Lacombe 23), unique, adjugée
100 francs — Le Soldat Français (74) — L'Instruction militaire (83) — Les
396 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Consignés pendant la corvée de quartier (99) — Doucement Mère Michel (101) —
Siège de Saint- Jean-d' Acre (106), rarissime, 2 ou 3 épreuves seulement —
Napoléon au bivouac (9) — Le Grenadier manchot (51) — L'Aumône (87),
pièce très connue et célèbre — Le Caporal blessé et son chien lui léchant sa
blessure (09), rare — Le Grenadier de Waterloo (38), rare — Les deux Grenadiers
de Waterloo (40) — La Mort du Cuirassier (14) — La Pièce de canon enlevée
(52) rarissime — Le Voilà — Les Maraudeurs — Le Convoi, etc. . .
Voici les quatre plus beaux œuvres qui ont été formés du Maître :
collection Parguez (1861), adjugée 2700 francs, il ne manquait que 41 pièces,
encore étaient-elles peu intéressantes; collection colonel de la Combe, 1863,
adjugée à M. Lafaulotte, 5300 francs, elle avait coûté plus de 6000, c'est la
plus complète connue avec celle de Destailleur, 1890, adjugée 1950 francs à
Morgand et celle de Moignon, 1891, d'environ 1300 pièces, vendue à
M. Grosjean, 1400 francs ! ! quelle baisse. Ils ont un peu repris à la vente
Mallet, mais jamais ils n'atteignent, ni n'atteindront la cote des Raffet. —
En janvier 1903, le catalogue n^ 120 de G. Lemallier signalait un œuvre
exceptionnel du Maître, 1390 lithographies en 35 volumes, il en demandait
5000 francs.
CHÉRET (Jules)
De la joie, du soleil, du mouvement, de la vie, de la nervosité, de la
jeunesse, du printemps, de la volupté, des poussières d'ailes de papillon,
des irisations d'arc-en-ciel, du frisson, de la magie et du rêve, de la race et
de la distinction poussés à leur ultime puissance; voilà faiblement exprimé,
l'œuvre du Maître insurpassable qu'est Jules Chéret.
Les affiches ne rentrant pas dans noire programme, nous nous conten-
terons de mentionner un peu au hasard de nos souvenirs, les petites pièces
suivantes qui sont de la quintessence d'art, d'un art troublant et raffiné
dont on ne trouve l'équivalent chez aucun Maître, chez aucune nation.
L'artiste est Grand-Prix de l'Exposition de 19i>().
Titres de Musique, Menus, Faire Part, Programmes,
Couvertures de Livres :
Eldorado — - Chanson des Joujoux — Espana — Les Œufs de Pâques —
Myrtille (avec la faute Myrtil) — Polonia (en noir, bistre et couleurs) —
Tararaboum — Les Pantins roses — Valse des Hlondcs — Valse des Brunes —
Marche joyeuse — L'Ile heureuse — Gitanella.
Société des Proies (14 mai 1882) — 32' Banquet de la Chambre Syndicale
des Imprimeurs Lithographes — 34" d« — Menu Roger Marx — La Vrille.
Faire pari de naissance Hélène Béraldi (10 juillet 1891) — Marie-Thérèse
Déliant (24 mars 1889).
Aux Trois Quartiers (Hiver 1887-88) — Casquette plage — Halle aux
Chapeaux — Le Mois théâtral.
Almanach du Chat Noir (1891) — Le Plaisir (Paris illustré) — L'Amant des
Danseuses — Les Etoiles — Beau Mignon — A travers chants — Le Bureau
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 397
du Commissaire — Catalogue Abel Pilon — Cercle Funambulesque — Courte
et Bonne (celle non publiée) — Dinah Samuel — En Mer (avec la faute,
c'est-à-dire avec Bonneteau au lieu de Bonnetain) — Entrée de Clowns —
Fantaisie (Courrier français) — La Femme — La Gomme — Graine d'Hori-
zontale — Pariserinnen — Paris qui rit — La Plume — Au Quartier Latin —
Roman incohérent — Pantomime Ballet — Théâtre libre — Les Femmes de
Paris — Kempis — Les Bohémiens — Ukotill — Pierrot sceptique —
Galipettes — Mon petit premier — Les Affiches illustrées (Maindron) — Pile de
Pont, etc., etc.
Qu'il faut avoir en épreuves d'essai telles que les possédait M. Madaré,
chef d'atelier et dessinateur de lettres, qui fut pendant quatorze ans le
collaborateur assidu de Chéret.
La plus belle collection existante de ces petites pièces se trouve chez le
marquis de Biron.
En décembre 1889, une exposition de l'œuvre du Maître eut lieu aux
galeries du Théâtre d'application, 18, rue Saint-Lazare.
COLEMAN (W.)
Joueuse de Flûte. — Assise, nue au bord d'un lac, une jeune
femme de profil à droite, joue de la flûte à l'ombre de grand arbres ;
à terre près d'elle, une gourde à gauche et les initiales : W f c.
Jolie de dessin et très distinguée de facture.
COROENNE (Jules-François)
Nous avons remarqué aux salons de la Société Nationale, l'envoi de cet
artiste de talent presque inconnu des collectionneurs et des marchands et
qui fait ses débuts ; nous croyons devoir attirer l'attention très spécialement
sur ces deux eaux-fortes : Effet de Soir (1899) — Les Rémouleurs à Tende, en
Italie (1901).
DAUBIGNY (C.-F.)
Né en 1817, mort en 1878, a gravé quelques jolies petites pièces bien
proprettes, mais manquant un peu d'originalité et d'accent, il y en a
cependant de charmantes, mais ça ne dit pas grand'chose, ça n'emballe pas.
En 1875, Frédéric Henriet a publié le catalogue de son œuvre gravé. Voir
aussi Béraldi, tome V, Paris 1886.
398 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le Cèdre du Liban (16). — Sur un petit monticule, un cèdre
aux lourdes ramures ; au premier plan, le long d'une clôture légère,
une bonne ayant un entant dans ses bras et une dame avec une
ombrelle. A gaucbe au dernier plan, des constructions.
Il faut l'avoir avec la remarque : deux chats dans an grenier se battant en
face d'un rat. Adjugé, dans cet état, 100 francs à la vente Geoffroy Dechaume.
A noter encore : Temps d'orage ' (46) — Les Baigneuses * (49) — L'Incendie
de la Ferme (53), trois épreuves connues — Parc à Moutons (86) — Les
Vendanges (107), qu'il faut avoir avant le nettoyage des marges et avec des
essais de pointe dans la marge du bas, adjugé, vente Michelin, 35 francs.
En somme, œuvre très modérément recherché. L'Artiste — nous parlons
de la Revue — a publié un assez grand nombre de pièces du Maître.
DAUMIER (Honoré)
Né à Marseille le 26 février 1808, mort à Valmondois en 1879. Penseur et
philosophe caricaturiste, peintre et lithographe, l'artiste disparu est, dans le
genre, une des plus curieuses figures qui ait traversé le monde. Son œuvre
lithographique comporte environ 5.000 pièces, il est tout entier, dit Béraldi,
dans La Caricature, L'Association mensuelle et le Charivari.
La plus belle collection existant actuellement appartient à M. Ernest
Maindron; une autre fort intéressante, propriété de M. Gcoffroy-Dechaume,
fut adjugée en bloc à sa vente, en 1893, pour 3205 francs, elle contenait
environ 3.500 pièces. — Le catalogue de l'œuvre a été rédigé par Champtleury,
Paris 1878, tiré à cent exemplaires, il est devenu très rare. Voir aussi
H. Béraldi, tome V, Paris 1886, et d'Arsène Alexandre, la superbe étude qu'il
lui a consacrée en 1888.
En 1878, une exposition des tableaux et dessins du Maître eut lieu chez
Durand-Ruel, fort peu de lithographies y figuraient.
En mai 1901, une superbe exposition, très complète alors, fut faite quai
Malaquais, au Palais de L'Ecole des Beaux-Arts. M. Gustave Geffroy consacra
a cette époque au grand artiste un très intéressant article dans La Revue de
l'Art ancien cl moderne.
Le Ventre Législatif' (Béraldi '!). Ils sont là trente-cinq
personnages, ministres et députés conservateurs autour de l'hémicycle
s'étageant en amphithéâtre, dans des attitudes variées et typiques,
(■claires par le jour qui tombe de la coupole.
1 Aiijuj',' -"" li. "I m' s en 1 ' dut ;ivec lu t>U- ilu lïl'rirr ; h es rare.
' A in même vanta, 160 Eruncs ; il existe Ibrl peu d'épreuves.
' 18" dessin de la Lithographie mensuelle, Janvier i*-'ii : liili. de Becquet.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 399
Au premier rang: Guizot, Persil, Thiers, d'Argout (au long nez
chaussé de lunettes), de Rigny, etc., et à droite, debout, accoudé
devant eux et regardant à gauche, Prunelle, puissant personnage
symbolisant le type du lutteur au repos.
Au deuxième rang : Podenas, Royer Collard, Odier, Fruchard,
Delessert, etc.
Au troisième rang : Vatout, de Keratry, Johivet. . .
Au quatrième et dernier rang : Viennet, Potaille, Etienne, etc.
Tout à fait à droite, derrière Prunelle, les initiales de l'artiste : H. D.
Ventes: Burty, 211 — Veuve Millet, 90 — Champfleury, 102 — Mène, sur
chine, 241 — Goncourt, 195.
Ne vous y frottez pas ' (4). — Fièrement campé sur ses jambes
écartées, un typo vigoureux coiffé du petit bonnet de papier légendaire,
les manches de la chemise retroussées, les poings fermés, occupe le
milieu de l'estampe, dans l'attitude d'un gaillard résolu à faire
respecter ses droits. Il est tourné à gauche, regardant Louis-Philippe
qui se dirige vers lui, poussé par l'un, retenu par l'autre et armé de
son éternel parapluie dont il semble le menacer. A droite, culbuté
déjà, Charles X que deux souverains réconfortent. Par terre en
exergue aux pieds du typo : Liberté de la Presse. Dans le coin gauche
inférieur : H. D.
Ventes : Burty, deux épreuves sur chine, 99 francs chaque — Champfleury,
60 — Mène, 80 — Goncourt, 140.
Enfoncé LafaYette..., attrape mon vieux * (5). — Sur un tertre,
debout, de trois quarts à droite, un personnage, sorte de croque-mort
personnifiant Louis-Philippe, est vêtu de noir et coiffé d'un chapeau
à haute forme avec un crêpe. Il joint les mains à la hauteur de son
visage — ou plutôt se les frotte dans un geste hypocrite — et semble
pleurer en voyant défiler à gauche le corbillard de Lafayette que suit
une foule nombreuse et émue. A droite, une tombe avec une croix
dans les bras de laquelle est passée une couronne. Au dernier plan,
encore la multitude et le cimetière du Père-Lachaise.
Ventes : Burty, deux épreuves sur chine, 90 et 107 — Champfleury, 102 —
Mène, une chine, 175 — Goncourt, sur chine, 245.
1 20' dessin de la Lithographie mensuelle, mois de mars ÎH'M ; lith. de Delaunois.
» 21- dessin de la Lithographie mensuelle, mois de mai 1831 ; lith. de Delaunois.
400 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La Rue Transnonain ' (6). — Au milieu d'une mansarde en
désordre, près d'un fauteuil renversé à droite, un homme en chemise
gît à terre, mort ; il est étendu sur le dos et arraché brutalement sans
doute de son lit, sa main droite tient encore crispée le drap qui le
couvrait ; sous lui, son enfant étouffé ; à gauche dans la pénombre,
une femme étendue sans vie barre la porte. Tout à fait à droite, dans
le coin de l'estampe, la tète grimaçante d'un vieillard tué lui aussi.
Un coup de lumière violent répandu sur le lit et l'homme en chemise,
éclaire cette scène de massacre ; des taches de sang maculent le
plancher. Dans le coin gauche inférieur : H. D.
Ventes: Burty, deux épreuves sur chine, 135 et 129 — Champfleury, 90 —
Mène, 190 — Goncourt, 235.
Les quatre pièces que nous venons de décrire sont de purs chefs-d'œuvre,
la dernière surtout est peut-être la plus admirable chose qu'ait donnée la
lithographie. Nous nous étonnons des prix relativement très modestes
qu'atteignent dans les ventes publiques ces estampes, quand on songe que
des Géricault ont dépassé 500 francs et 1000 francs 1 1 Ah! oui, diront les
gogos, mais celles-ci n'étaient tirées qu'à six exemplaires... Il y a partout une
fière différence de conception et de hauteur d'idées entre: Deux chevaux qui
se battent ou Artillerie à cheval, et les morceaux superbes que nous venons
de mentionner. Oh! cruelle et étrange bêtise humaine...
DECAMPS (Alexandre-Gabriel)
Né à Paris le 3 mars 1803, mort à Fontainebleau le 22 août 1860. A touché
un peu à tout, genre, paysages, sujets de chasse, architecture, voir même
la caricature. Le catalogue de son œuvre a été dressé par Adolphe Moreau
en 1879; il comporte vingt planches gravées, eau-forte, vernis mou de 1 a 20 ;
cent lithographies de 1 ;'i ll)0; treize bois de 1 à 13, toutes pièces originales;
nous omettons de signaler les autres pièces qu'il a gravées d'après divers, ou
que divers ont gravé d'après lui et qui sont mentionnées dans ce catalogue.
Voir aussi Béraldi, tome V, Paris 1880.
Les eaux-fortes et les vernis mous sont de beaucoup plus difficiles à
rencontrer que les lithographies; il y a là des pièces extrêmement inté-
ressantes qui classent l'artiste parmi nos meilleurs Maitres, citons celles qui
nous ont paru les plus dignes d'être collectionnées :
i 24' dessin ili- la Lithographie mensuelle, mois d'avril 1X34 ; lilli de Ueluunols. — Existe auui
eu eouleur. car une de ces épreuves liguni en 1888 à l'Exposition des Maitres français de lu
caricature.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 401
La Joueuse de Vielle (M 7). — Elle est debout et de face,
les jambes légèrement écartées, jouant de la vielle de la main gauche.
Dans le haut de l'estampe à gauche, une tète d'âne de profil au simple
trait ; à droite, silhouette de garde française.
Eau-forte pure rarissime.
La Vieille Mendiante (10). — Une vieille femme vue de dos, la
tète légèrement penchée en avant s'appuie sur le bâton qu'elle a dans
la main droite ; à son bras gauche est passé un panier. En bas dans
la perpendiculaire du bâton, le chiffre 45 '.
1« état. — On n'aperçoit pas encore dans le fond, à gauche, la maison et
les arbres à droite; les marges sont sales et présentent des traces d'essai de
vernis mou et de pointe sèche. Une seule épreuve connue a passé chez
Jadin '.
2e état. — Avec arbres et maisons, mais les marges n'ont pas été nettoyées
Deux épreuves seulement collection Jadin et Triqueti K
A la vente Mahérault, un 1er étal adjugé 122 francs.
Environs de Smyrne (12). — Un petit lac entouré de bois et de
collines à l'horizon ; au premier plan, un chien s'avance pour s'y
désaltérer ; à gauche sur un tertre, un kiosque adossé à un massif
d'arbres ; sur la route qui borde le lac à gauche, une femme ayant un
paquet sur la tête, tient un enfant par la main ; près d'eux, les
initiales D. C.
Ce vernis mou rarissime fut gravé en 1839, il passa à la vente Burty*, à
Londres, en 187G, et fut adjugé à celle de Moignon 49 francs.
Le Singe feuilletant un gros livre (14). — Un singe accroupi
de profil à droite, feuillette le livre qu'il a par terre devant lui et sur
lequel il a posé sa patte droite ; ce livre est appuyé sur un gros
encrier. Dans le bas de la marge à droite, au trait, un homme vêtu
d'un long vêtement. Dans le haut deux chiens se regardent, le corps
1 Ce chiffre 45, placé au bas des pièces les plus remarquables et bien en vue, fait allusion,
dit Moreau, à la Société des 45 qui fut constituée en 1832 à la suite d'un bal masqué où toute
la bande de Decamps portait — on ne sait pourquoi — ce chiffre sur l'épaule. Cette Association,
ajoute le conteur, ne dépassa jamais 12 à 15 membres.
-~a Nous ignorons ce qu'elles sont devenues à l'heure qu'il est.
* A la dernière vente Burlj', en mars 1891, un œuvre exceptionnel et irréconstituable lut
adjugé en bloc 3050 francs.
26
402 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
du bouledogue qui est à gauche n'est pas terminé, il n'y a que la tête.
En retournant la feuille de l'estampe : un pont de bois très élevé sur
le fleuve qu'il traverse. Au premier plan, deux canards.
Eau-forte de la dernière rareté, ainsi que Un Chien de Chasse (13). Cette
dernière pièce est moins intéressante, elle fut adjugée, avec les marges sales,
à la vente Moignon GO francs.
Dans les lithographies qui sont de beaucoup moins attrayantes, suivant
nous, mentionnons néanmoins: Ambroise Paré (6) — Une Visite à l'Hôlel-
Dieu (9) — Le Garde-Chasse, pas rare mais amusante, et enfin cette belle
pièce: Chiite dans un escalier (98): un jeune homme à plat ventre au bas
d'un escalier dont il est tombé porte la main gauche à son visage; au haut
de cet escalier une servante accourt une lumière à la main. Sur la dernière
marche de gauche à peine lisible : Decamp.
DEGAS (Edgar)
Les eaux-fortes et les lithographies de cet artiste sont de la dernière
rareté et tirées généralement à deux <ui trois exemplaires ; nous ne connais-
sons à en posséder que MM. Alexis Rouart et Manzi.
M, Rouait a bien voulu nous autoriser a donner les quelques descriptions
sommaires qu'on va lire.
Degas, par lui-même à 22 ans, 1857. — Debout à mi-jambes,
coiffé d'un chapeau mou au fond peu élevé, l'artiste porte toute sa
barbe, moustache et collier ; il est de trois quarts à gauche et regarde
de face, le bras pend le long du corps, légèrement ramené en avant.
Tache d'acide au-dessus du chapeau et dans presque tous les bords de la
planche. — Deux exemplaires d'états différents.
Portrait de Joseph TournY. le graveur. - Le graveur est assis
devant sa table, le corps de profil à gauche, regardant de face, il est
coiffé d'un béret, les bras croisés sont ramenés sur la table. Dans la
marge du bas, une tête de moine.
Eau-forte presque au trait, la face seule est ombrée; c'est une œuvre de
jeunesse, exécutée à Rome en l.sr>7.
Femme enjambant sa baignoire. Nue el vue de dos, elle
sort du bain, à droite sa femme de chambre tient le peignoir qu'elle
lui va mettre sur les épaules. Du même côté, une cheminée sur
laquelle deux vases sont posés. Eau-forte.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 403
La Visite au Louvre. — Une femme assise à gauche et de profil
à droite, un catalogue à la main, regarde en l'air. Une autre femme —
une amie sans doute — est en contemplation devant le tombeau
étrusque. Elle est debout, vue de dos et s'appuie sur son parapluie
qu'elle tient de la main gauche éloignée du corps ; le bout du parapluie
repose par terre.
Parmi les nombreux états de cette eau-forte, il en est un extrêmement
curieux d'aspect, le second, tiré à trois épreuves avec les deux femmes
gravées sur un fond absolument blanc.
Danseuses dans leur loge. — Deux danseuses sont dans leur
loge ; celle de gauche est debout et de profil à droite, l'autre est assise
sur un canapé en face. Les contours de la tète, du bras et du soulier
de celle qui est debout, sont exécutés à la pointe sèche. — Eau-forte.
Effet de gris d'une délicatesse exquise.
Chanteuse de Café-Coneert. — Sur la scène qui est à peine
indiquée, une femme de profil à gauche, vue à mi-jambes, souligne
son chant en esquissant un geste de la main gauche qu'elle porte en
avant — c'est le genre Béca qui fit fureur à l'époque — le bas de la
planche vide de travaux. — Lithographie.
Femme s'essuyant. — Elle est nue, debout de trois quarts à
gauche et fortement penchée. Elle s'essuie la hanche ; le mouvement
qu'elle vient de faire en se baissant — un peu brusque sans doute —
a entraîné la chevelure éparse qui retombe en avant ; près d'elle, une
chaise longue capitonnée.
Lithographie sur papier pelure, tirée à 3 épreuves.
Sortie de Bain. — Vue par derrière et nue, une femme, les
cheveux sur le dos, est en train de se les faire peigner par sa camériste
qui est à sa droite. Toutes deux sont debout. — Lithographie.
Si nous ne nous sommes pas étendu davantage sur ces œuvres et si nous
nous sommes abstenu de toute réflexion, c'est que nous connaissons
l'horreur profonde qu'éprouve M. Degas à être mis en scène. Nous ne
pouvions pas cependant écrire un livre sur la matière où son nom ne fut
pas mentionné, les amateurs ne nous l'eussent jamais pardonné. Qu'il nous
excuse donc d'avoir un peu violé la consigne, car il eut été vraiment trop
404 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
cruel d'en priver un écrivain qui lui exprime ici et sa profonde reconnaissance
et sa sincère admiration. — C.-W. Thornlev a reproduit en lithogruphies
quelques toiles du Maître.
Voir: II. Béraldi, tome V, Paris, 1886 — Certains de Iluysmans, Paris,
Tresse et Stock, 1889.
DELACROIX (Ferdinand-Victor-Eugène)
Elève de Guérin, naquit à Charenton-Saint-Maurice, près Paris, le
26 avril 1798 et mourut a Paris le 13 août 1863. Chef de l'Ecole romantique,
méconnu de son temps, il peut être considéré comme un des plus grands
artistes dont s'honore notre pays.
Son œuvre est considérable comme peintre, aquafortiste et lithographe ;
il a touché à tous les genres et y a su conserver toujours son imposante
individualité.
Deux catalogues de son œuvre existent : le premier, par Adolphe Moreau,
Paris, 1878 ; le second, plus complet, par Alfred Robaut ; nous donnons le
numérotage des deux iconographes ci-dessus désignés pour les pièces que
nous allons mentionner. Voir aussi H. Réraidi, tome V, 1886; mais, au
point de vue estampes — le seul qui nous occupe — c'est bien plus comme
lithographe que comme aquafortiste que l'artiste est intéressant.
Le Combat du Giaour et du Paeha (Moreau 9 — Robaut 203). —
Le Giaour à cheval, tourné vers la droite, vient de désarçonner son
adversaire ; celui-ci gît à terre et son cheval a pris la fuite. Au fond,
des collines.
Au 1«» état, il y a, dans la marge inférieure, des croquis représentant une
tête de lévrier et une étude pour la figure du pacha ; au 2« état, ils ont été
effacés; épreuves à rejeter. — Relie lithographie.
Ventes l'arguez, 1er état, 37 - Gihaut, 30 - Rurty, 82 - Villot, 40 —
Moignon, 220 — Bouvenne, 1" état, 98.
Cheval sauvage terrassé par un Tigre (M 10 ■- R 288). -
Le cheval esl à terre, renversé, la tète tournée vers la droite, il essaie
tlt se relever en rassemblant désespéré] m ut sous lui ses quatre pieds,
tandis que- le tigre lui maintient la tête sous sa patte puissante et le
mord cruellement à l'épaule. En bas à gauche: Eug. Delacroix fec. ;
à droite : Lith. de Ch. Motte 76*26' , et au milieu : Chenal sauvage terrassé
par un tigre.
Robaul mentionne les quatre états suivants de celte lithographie :
l«r état. Avec des salissures sur les quatre marges (</.•■ toute rareté,
5 ou (i épreuves).
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 405
2e état. — Avec des salissures sur la marge de gauche.
3e état. — Aucune salissure sur les marges, et sans lettre comme dans les
états précédents.
4e état. — Celui décrit.
Ventes : De la Combe, 2e état, 150 — Dubois, 61 — Langlais, 165 — Villot,
3* état, 47 — His de la Salle, sur chine, 282 — Moignon, 1er état, sur chine,
430 — Champfleury, même état et conditions, 840 — Bouvenne, avant toutes
lettres, sur chine, 408 — Mallet, exemplaire de Bouvenne, avec les salissures
sur les quatre marges, 470 ; actuellement chez le comte Matheus.
Lion de l'Atlas (M 42 — R 309). — Dans une caverne, un lion
couché, la tète tournée à gauche, est en train de dévorer un lièvre
qu'il tient entre ses pattes. En has à droite : Delacroix fl ; au milieu :
Lion de l'Atlas, puis au-dessous de ce titre à gauche : à Paris, chez
H. Gaugain et Cie , rue de Vaugirard, N° 34- ; et à droite: Imp. lith. de
H. Gaugain, rue Vivicnne, N°2; sous le titre, le timbre sec triangulaire
de l'imprimeur E. Ardit à Paris.
Le 1er état sans aucune lettre est rarissime ; le 2?, celui que nous venons
de décrire, et le 3e est sans le timbre triangulaire de E. Ardit. Nous croyons
donc que H. Béraldi a fait une erreur en disant que le 2e état est avec le
titre et sans nom d'imprimeur.
Ventes : Dubois, 1er état, avec le Tigre Royal, 41 — Soleil, même état, 23 —
Moignon, 1er état (?), 100 ; les deux, même vente, sans désignation d'état,
300 — Burty, sans désignation d'état, 65 — Mallet, avec le Tigre Royal, la
première en 3e état, la seconde en 2e état, 290.
Tigre Royal (M 43 — R 310). -- - Un tigre mollement étendu, la
tète tournée à droite est allongée par terre entre les deux pattes
écartées ; derrière lui s'étend le désert onduleux. Sous le trait carré à
droite: Delacroix del' ; au milieu de l'estampe, le Tigre Royal;
au-dessous, en bas à gauche : à Paris, chez H. Gaugain et Cie, rue de
Vaugirard, N° 34-; et à droite: Imp. lith. de H. Gaugain, rue de
Vaugirard, N° 2, à Paris ; sous le titre, le timbre sec triangulaire de
E. Ardit, à Paris.
Le 1er état sans aucune lettre est rarissime ; le 2e >, celui que nous venons
de décrire, et le 3e porte en bas à gauche : A Paris, chez H. Gaugain et O,
rue de Vaugirard, N° 34; à droite: Delacroix fec, imp. lith. de H. Gaugain,
rue Vivienne, N° 2 et le titre au milieu.
' 11 existe un état non décrit intermédiaire entre le 1" et le 2', c'est-à-dire sans les adresses de
l'imprimeur et de l'éditeur; il est fort rare.
KM» DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Cette pièce et la précédente se font pendants, le 3e état, qui n'est pas
revêtu de l'estampille de E. Ardit, est à rejeter.
Ces deux lithographies peuvent être considérées, avec le Cheval sauvage
terrassé par un Tigre, connue les plus admirables estampes sorties de l'Ecole
dite de 1830, elles sont sans rivales, c'est le summum atteint par le procédé
inventé par Aloïs Senefclder, elles laissent loin, très loin derrière elles tous
les Géricault du monde, et cependant elles n'ont jamais atteint dans les
ventes publiques les prix parfois vraiment exagérés de ce dernier.
Ventes : Delacroix. 1« état, 50 francs; 2e état, 21 francs.
Un des plus beaux œuvres connus du Maître fut celui rassemblé par Ph.
Burty, à sa vente, en mars 1891, il fut adjugé en bloc 6500 francs.
DELATRE (Eugène-Alfred)
A la porte du jardin. — Une petite fille debout et de face,
appuie sa main droite sur le barreau de la grille en bois d'un jardin,
l'autre main qui pend négligemment le long du corps, tient une fleur.
C'est, paraît-il, le portrait de la fille de l'artiste.
Les Pommiers. - Une femme tient par la main une petite
fille, elles sont vues de dos et s'éloignent en passant entre deux
pommiers en fleurs.
Jolie pièce en couleurs très douce et très estompée, l'artiste est un
habile manieur de cuivre, qui a de qui tenir; son père, le célèbre Auguste
Delâtre, ayant tiré toutes les belles planches de Méryon, Whistler, Seymour
Haden, Bracquemond, etc.; c'est en parlant de lui que Seymour lladen
disait un jour : Si Rembrandt revenait sur la terre, c'est à Delâtre qu'il
confierait ses tirages. — A citer : Le Portrait de son Père — Le Pont Solferino
(effet de nuit) - L'Eglise de Contons — Vieille Femme aux Chats (salon de
'M''.'.) - Le Moulin de l'EpaU, etc.; ers estampes sont tirées tantôt à la poupée,
tantôt en repérage. — l.a plus belle collection des Delâtre se trouve à la
Bibliothèque de New- York, don de M. Avery.
DELAUNAY' (Jules-Elie)
Signalons à titre de pure curiosité deux eaux-fortes de l'éminenl peintre,
les seules qu'il ait gravées.
Né A Nantea ■■" 1828, morl > P«i la en 189t.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 407
Portrait de Gounod '. — Il est de profil à gauche à mi-corps,
les bras sont croisés sur la poitrine et la main droite y presse la
partition de Faust. Le portrait se détache sur un fond de feuillage à
peine indiqué. Dans la marge du bas, trois remarques : une muse
couronnée de laurier, un torse d'homme nu et une tête d'homme à la
longue barbe faisant songer à Meissonnier.
Le cuivre est la propriété de M. Alphonse Lotz-Brissonneau, de Nantes,
qui possède également une autre planche : le Portrait de Delaunay* par lui-
même. — Ces pièces sont des raretés, et nous n'avons jamais eu connaissance
qu'elles aient été publiées ; elles étaient donc absolument inconnues du
public et des collectionneurs jusqu'à ce jour.
DELAVALLÉE (Henri)
Quelques fort bonnes pièces traitées pour la plupart en vernis mou,
aquatinte et eau-forte telles que :
La Rue du Hameau- Le fèvre — Angélique à sa fenêtre — Le Ramassent- de
bouts de cigares — - Pont des Saints-Pères ta nuit — Dans le Tramway de
Passy-Louvre — En route pour te Marché.
Nous voyons avec regret que l'artiste, qui est de Reims et dont les débuts
(1891) avaient été très remarqués, n'expose plus depuis de longues années,
nous déplorons de le voir se tenir ainsi à l'écart.
DESBOUTIN (Marcelin)
L'Homme à la Pipe (Béraldi 1). — C'est le portrait de l'artiste
lui-même, grandeur presque nature, coiffé d'une toque et la pipe à
la bouche ; il est tourné à droite et regarde de face. En bas, son
monogramme M. D.
Cette pointe sèche, dont les vraiment bonnes épreuves sont très rares, fut
médaillée au Salon de 1879.
La Duchesse Colonna (14). — Elle est assise à mi-corps de
profil à droite, coiffée d'un chapeau rond, le corsage légèrement
1 II a été tiré 25 avant lettres, 5 parchemins. 10 japon, 10 hollande.
* Retrouvé en août 1902 chez un des héritiers. — Le cuivre rayé est déposé à la Bibliothèque
de Nantes. On a tiré 14 avant lettres, 25 avec la lettre et 5 épreuves de la planche biffée.
408 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
ouvert et les mains croisées sur les genoux. En bas à droite :
M. Desbontin.
Portrait superbe, un des plus beaux de l'œuvre.
Degas. - Le célèbre peintre est debout en chapeau à haute
forme, en pied de trois quarts à gauche, la main droite (?) sur la
hanche, il regarde à droite à la cantonnade.
Très rare et très intéressant.
Madame Valentin (27). — Assise dans un fauteuil Voltaire de
trois quarts à droite, regardant de face, la jeune femme coiffée d'un
petit chapeau, les cheveux épandus sur les épaules, a le coude droit
appuyé sur le bras du fauteuil.
Dans l'épreuve que nous avons sous les yeux elqui appartient a M. Alfred
Barrion, la tête seule semble terminée, et dans le bas du coin droit le nom de
l'artiste est écrit à l'envers. Nous ignorons s'il existe des états postérieurs.
La Femme au sopha (?) — Couchée demi-nue sur un sopha, la
tète à gauche, le coude droit appuyé sur un oreiller, un nœud retenant
les cheveux sur le cou, elle regarde à droite. Sans signature.
De toute rareté, une épreuve est dans la collection Barrion. — Xon men-
tionnée par II. Béraldi ; peut-être la pièce est-elle postérieure à son catalogue.
Leroy. — Le Maître imprimeur de trois quarts à droite, regarde
de face, il esl devant sa presse dont il actionne la roue. Au fond de la
pièce, épinglées au mur, des épreuves. Sans signature.
Pièce extrêmement rare non mentionnée par II. Béraldi, peut-être pour la
même raison que précédemment énoncée.
Le Comte Lepic (20). — Assis sur une chaise, un chevalet à sa
droite, il esl vu de face, la jambe droite passée sur la gauche est
retenue par ses mains croisées '.
Tous les poitrails faits par iH'sboulin sont extrêmement remarquables,
pleins d'accent et de grand caractère: en juillet-août 1889, une exposition
de son œuvre gravé fut laite clic/. Durand-Ruel ; le catalogue contenait
i Dans lei premlèrti épreuves seules, croyons-nous, il asiate une remarque, uns (Ma de i ha n
<l;ms le bai il ii coin droit en dedans du irait carn
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 409
150 numéros et était précédé d'une préface de Emile Zola. — Voir H. Béraldi,
Les Graveurs du XIXe siècle, tome V, Paris, 1886, et le Supplément, tome IX,
Paris, 1889, qui porte à un total de 168 numéros l'actif de l'œuvre.
Nous venions d'écrire ces lignes quand nous apprenons la mort, a Nice,
19 février 1902, du grand et vieil artiste, une des figures les plus connues
et les plus sympathiques du monde de la gravure. Il avait 78 ans et était
Grand-Prix de gravure à l'Exposition de 1900. — On vient d'ouvrir une
exposition de son œuvre — décembre 1902 — à l'Ecole des Beaux-Arts,
quai Malaquais. Il y avait la : 109 portraits divers à la pointe sèche, plus
11 de lui-même dont un en lithographie, la seule qu'il ait jamais faite;
33 sujets divers originaux, 24 gravures de reproductions, entr'autres les
5 Fragonard de Grasse ; Le Surprise, Le Rendez-vous, La Confidence, L'Amant
couronné, L'Abandonnée, ce qui portait à 154 numéros l'œuvre gravé exposé,
c'est-à-dire presque au complet.
Un catalogue illustré spécial, avec une jolie préface de M. Georges
Lafenestre, le distingué conservateur du Musée du Louvre, a paru au
moment de l'exposition. L'œuvre du regretté artiste va être prochainement
et successivement exposé à Munich, Hambourg et Berlin.
DESIRE-LUCAS
Conte de Grand'Mère. — Dans une modeste chaumière, assise
sur un banc de bois, de profil à gauche, une vieille femme appuyée
sur un bâton, à l'instar des fées de légende, raconte une histoire à
ses trois petits enfants qui sont devant elle. La scène se passe dans
un demi-jour, mais un coup de lumière éclaire la main et la nuque
de la vieille, ainsi que les visages des enfants et la partie du mur à
laquelle ils tournent le dos. Dans le coin gauche inférieur : Désiré-
Lucas.
Cette fort belle lithographie a paru chez Sagot, le 3 janvier 1902 :
l'épreuve que nous y avons vue portait comme remarque dans la marge
une petite fdle mangeant sa soupe. — A signaler encore : Le Benedicite.
DETOUCHE (Henri)
Ebat matinal. — Une adorable petite femme demi-nue à la
frimousse éveillée, regarde de face, la tête est sur l'oreiller et sa main
droite est ramenée sur ses cheveux en désordre. Dans le bas du coin
gauche : Henry Detouche.
Très délicate aquatinte ; 30 épreuves.
410 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
A la Gloire du Chat. — Une jeune femme en rouge, debout de
trois quarts à droite, embrasse un chat noir qu'elle tient dans ses
bras. Tout autour d'elle, du haut en bas de l'estampe, des chats dans
toutes les positions. Dans la marge du bas, le titre, et dans le coin
gauche inférieur : Henry Detouche. — 40 épreuves.
Mais où le charmant artiste se révèle dans toute sa personnalité, ce sont
dans les belles études qu'il nous a rapportées d'Espagne, telles que :
Famille de Gitanes — Sevilla — Gitane dansant — Andalousie — La Cigarette —
Schoras à la Corrida, etc., etc., si pleines de couleur, de mouvement et de
vie, suite qu'il a modestement intitulée : Impressions d'Espagne.
DEVERIA' (Achille)
Né à Paris le (> février 1800, où il mourut le 25 décembre 1857. Œuvre
extrêmement intéressant et touffu, à coup sûr un des plus séduisants de
l'époque romantique, qu'il faut voir chez M. Alexis Rouart qui le possède en
épreuves absolument merveilleuses et exceptionnelles; e'est, du liste, la
plus belle collection connue, elle est sans rivale. Oh! les heures de griserie
que nous avons passées à la parcourir, elles demeureront pour nous
inoubliables !
Il ne faut pas voir une pièce clc Deveria, il faut voir Vœaore en entier,
c'est là seulement qu'on le peut juger, alors il est incomparable. Consulter
particulièrement de II. Béraldi le tome V et le supplément tome IX, l'artiste
est là présenté de main de maître; plus de 450 portraits lithographies par
Deveria y sont décrits, sans compter ceux simplement énonces.
La belle période de l'artiste fui de 1828 à 1835. A l'heure présente les
Deveria comme, du reste, toutes les pièces de l'Ecole romantique, montent
d'une façon formidable, la vente Mallet (avril l'.)02) donne le branle;
seulement on ne paie cher que les morceaux rares et beaux, le second plan
se donne; du reste, le goût s'est tellement épuré, durant ces vin OU
trente dernières années, qu'à quelque genre qu'elles appartiennent en
curiosité, les choses hors Hune sont sans prix, tandis que les autres, nous le
répétons, ont baissé de 50 à 60 pour cent.
Parmi les portraits qui nous ont le plus frappé nous signalerons
La Contemporaine. 1833 (15 13).
Avec la légende : Comme nous passons et comme je suis pass
Alexandre Dumas. 1830(16). - Très jeune, assis de face sui an
canapé, le coude ilroil appuyé sur un coussin, l'autre liras éloigni
i L'artiste FUI conservateur du Départ un ui( des Bstampt . do 185
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 411
corps également appuyé, le pied droit croisé sur le gauche, le pantalon
remonté laisse voir la tige de la botte. En bas: Alexandre Dumas —
Deueria — Litho de Ch. Motte.
Adjugé 52 francs à la vente Mallet.
Victor Hugo (24). — A mi-corps, assis de face, gilet blanc, col
noir, les deux bras écartés s'appuient sur ceux du fauteuil. En bas :
Victor Hugo — Deveria 1820 — Litho de C. Motte.
Mme Lemercier (28). — Elle est endormie sur un sopha, en
toilette de bal, le coude droit appuyé sur un coussin, soutient sa tète
et le bras gauche écarté du corps repose sur un autre coussin.
On raconte qu'un jour Deveria étant au bal chez Lemercier, son imprimeur,
la femme de ce dernier, se sentant fatiguée, s'étendit sur un sopha et s'y
assoupit ; l'artiste passant devant elle la trouva si jolie dans cette pose
abandonnée qu'il la croqua sur-le-champ; c'est à cette circonstance toute
fortuite que nous devons cet adorable portrait. M, A. Rouart en possède
une épreuve auant toutes lettres ; c'est de la dernière rareté.
Ne pouvant tout décrire , nommons au hasard de nos souvenirs :
Mme Huerta, un bijou adjugé 95 francs vente Mallet — Af" H. C. Smithson —
La Malibran — Elisa Mercœur — Mme Eckerlin — Léon Noël — Dona
Damiana — MU<= Alexandrine Noblet — Afie Pacini — Mme Schlesinger —
Mme C. Roqueplan — Mme Campan — Marie-Lœtitia Bonaparte — Joséphine
Tascher de la Pagerie — Mérimée. Et les délicieux poitrails de sa famille :
Jlfmes Achille, Marie, Berthe, Cécile, Laure, Eugène Deveria, dont beaucoup
font partie de la délicieuse suite Les Heures du Jour, suite très recherchée,
rare et cher; à signaler encore : Le Goût Nouveau, Galerie fashionable, deux
autres très intéressantes séries.
Souvent au bas de certains exemplaires on lit le mot modèle, c'est le
synonyme de notre Bon à tirer d'aujourd'hui; ces épreuves sont donc à
retenir car elles sont doublement précieuses portant en elles le certificat
d'authenticité et de beauté que vient de leur délivrer le Maître en les
apostillant.
Deveria, comme beaucoup d'autres, a commis quelques délicates petites
polissonneries', mais c'est un simple incident si passager dans sa glorieuse
vie d'artiste qu'on ne devrait même pas le mentionner, lui surtout, qui a
toujours su faire respirer à ses femmes un parfum de bonne compagnie,
i Dont certaines — il faut bien le reconnaître sans bégueulerie — sont d'exquises et
d'adorables voluptés ; à ceux qui n'ont pas eu l'occasion de voir les originaux, nous
conseillerons de se procurer le fascicule 7 — il y en a 8 — du Décolleté et du Retroussé, quatre
siècles de gauloiserie, 1500-1870, par John Grand Carteret ; il y a là quelques reproductions
choisies, parmi les moins osées, il est vrai, soulignées par un texte peu banal, où l'érudit
écrivain raconte, avec un esprit dont il garde le secret, l'amour et la volupté pendant plus de
quatre cents ans.
412 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
nous dirions presque de chasteté, si rare à rencontrer à notre époque, où le
type canaille et débraillé tend à s'affirmer de la façon la plus triste et la
plus crapuleuse.
La plupart des lithographies de Deveria sont en noir, mais il y en a aussi
beaucoup de coloriées au pinceau portant ce coup de gommage luisant dont
le rellet est si désagréable à l'œil lorsqu'on examine l'estampe sous un
certain angle, sous un certain jour. Disons à ce propos que ce gommage n'a
jamais été appliqué que sur le genre lithographie-crayon dit Estampes /'mes.
et que son but est de conserver éclat et lustre aux tons — aux laques
surtout — qui, sans cela, se terniraient du l'ait de l'embu, c'est, en somme,
l'effet du vernis sur la peinture à l'huile, et du vernis à l'alcool sur les
chromolithographies. L'usage de ce dernier vernis, à appliquer sur l'ensemble,
serait évidemment préférable, mais il n'est possible, à moins de préparations
subsidiaires et trop onéreuses, que sur papier couché, lequel est incompatible
avec l'enluminure, car la détrempe et le Frottis auraient vite dilué le
couchage.
Puisque nous causons lithographie, profitons-en pour déraciner un préjugé,
une croyance auxquels, comme tant d'autres, nous avons longtemps souscrit,
à savoir : qu'une épreuve /leur de pierre était de beaucoup supérieure à
toutes autres ; disons simplement que c'est une erreur profonde, car nous le
tenons des gens du métier. Dans un tirage lithographique bien conduit, la
millième ou trois millième épreuve ne doit donner aucune différence avec
les premières venues; quelquefois même ce sont ces premières épreuves qui
laisseraient plutôt à désirer, si, d'après le dessin ou les difficultés de travail
il ne convient d'arriver à l'encrage en plein que progressivement sous peine
d'empâter. Cela ne veut pas dire que toutes les épreuves sont de beauté
égale, tant s'en faut, mais cela ne tient pas î\ leur numéro de tirage, c'est ce
que nous tenions à préciser. Les toutes premières épreuves dites d'essai, ne
sont donc pas de ce fait les meilleures, mais les collectionneurs les recherchent
avidement néanmoins, parce que, tirées à très petit nombre, elles deviennent
promptement un objet de rareté '.
1 Nous venions d'écrire ces lignes, quand, à un de nos voyages à Paris, nous eûmes
l'occasion de recauser encore de celte fameuse el 1res embrouillée question de /leur de pierre
qui, si simple qu'elle puisse paraître en apparence, ne laisse pas que d'être singulièrement
compliquée. Il semble donc résulter que ce que nous venons de dire plus haut s'applique à
In lithographie commerciale tirée a la machine a nombre presque illimite, plutôt qu'à la
lithographie délicate de collectionneur, pourrait-on dire, tirée avec soin A la presse A bras.
Quoiqu'il en soit et en déclinant toute compétence personnelle au point de vue de la
technique du méUer - voici le résume aussi concis qui' possible de la conversation que nous
avons eue avec un «1rs rois du procède lithographique :
En principe, une pierre laite par un artisie qui Va attaquée franchement, tirée par un bon
imprimeur, doit rournir nu nombre de bonnes épreuve» relativement considérable, exemple :
Daumler, Houllleron, Gavarni, Raflet; nous avons vu une i'^nf épreuve du Combat d'Oued-
Mii'i par ce dernier artiste, qui était encore très belle.
Bien laite et bien tirée, il ne peut pas, ffnedoi ter de différence entre la centième et la
premiers épreuve, volU moi est clair.
POU une lithographie faite Min. Iru<iue. la dénomination de fleur île pierre, c'i'st une Haolll .
v nui encoi g qui - "■| Limpidi •
Mais ce qui a donné naissance a cette sxpj-euion, c'est que certains artistes ont fait de la
lithographie en timides; leur travail ne se soutenant pas A la préparation, Innl fiehe le camp, et
alors, pour ccui la, il n\ a même pas "ih ' preuve qui donne le dessin primitif, au contraire,
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 413
Attirons encore l'attention sur ces écrins charmants qui contiennent d'ines-
timables joyaux : Les Heures du Jour — Le Goût Nouveau, etc., mais
croyez-nous, prenez un jour votre Bêraldi sous le bras et allez passer
quelques heures au Département des Estampes, nous vous garantissons que
vous n'aurez pas perdu votre journée.
DEZAUNAY (Emile)
Peintre nantais, habitant actuellement Paris, s'est mis ces temps derniers
à faire quelques eau-fortes en couleurs généralement à planches de repérages,
nous signalerons la suivante qui nous a séduit parce que, sobre et sincère,
elle donne la note fidèle de l'atmosphère où elle a été produite.
Les deux Sœurs. — Une jeune fille de Quimper est assise de
face, tenant sur ses genoux sa petite sœur ; à sa gauche coule une
rivière, et au fond de l'estampe on aperçoit une chaumière.
DILLON (Patrice)
L'Ondée. — Sous l'arche d'un pont, des gens surpris par la pluie
se sont réfugiés ; dans le coin droit, un parapluie ouvert et renversé,
plus on tire, plus ça s'évanouit, tandis qu'une pierre bien attaquée est plus belle et rend mieux
à la dixième qu'à la première, pour se maintenir telle jusques et au delà de la centième dans un
parfait état.
Mais, nous ne saurions trop le répéter, tout ceci dépend d'un habile imprimeur qui, par sa
façon d'encrer, sait maintenir une pierre en bon état.
Il peut la tirer en peu de temps s'il encre trop lourdement, mais la pierre alors s'égalise et les
demi-teintes montent au ton noir ; pour réparer sa maladresse, il passe de l'acide aux endroits
qu'il juge trop lourds, le ton baisse il est vrai, mais le travail se désagrège, se lâche, et les
demi-teintes deviennent des salissures sans modelé : pour lui alors, la fleur de pierre n'est pas un
mythe, car. au bout de quelques épreuves, la pierre n'existe plus. Hélas ! ajouta en soupirant
notre interlocuteur, que d'imprimeurs de nos jours auxquels arrivent de semblables
mécomptes ! et puis, continue-t-il. la couleur leur a donné le coup de grâce, malgré les
apparences. Retenez bien ceci, nous dit-il en terminant : à l'heure qu'il est. il n'y a pas un
seul bon tirage en couleurs.
Malgré cette sévérité d'appréciation et en manière de conclusion, disons à notre tour qu'il
ne faut pas hésiter, lorsqu'on veut se rendre acquéreur d'une pièce en couleurs, à s'en faire
montrer de nombreux exemplaires et à les comparer avec attention, on prendra alors la
meilleure et l'on se dira : j'ai là une fleur de pierre. Musset n'a-t-il pas écrit quelque part
dans La Coupe et les Lèvres :
Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse.
Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
En résumé, à tort ou à raison, on désigne sous la rubrique fleur de pierre, une épreuve de
qualité et de tirage exceptionnels ; qu'on ne nous en demande pas davantage, procurez-vous là
et n'en parlons plus.
414 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
près duquel une jeune fille appuyant sa tète dans ses deux mains se
lamente désolée de ce fâcheux contretemps. Dans le parapluie : Dillon.
Il existe de cette spirituelle et fine lithographie quelques épreuves avec
cette remarque : Un polichinelle, les bras ouverts et tourné à droite.
Le Cirque Fernando. — Vue d'une partie de l'hémicycle du
cirque avec femmes et enfants ; sur le tout premier plan, un homme
en chapeau à haute forme se détache en vigueur.
Ohé 1 — Le long d'une palissade sur le bord d'un fleuve, de
nombreux personnages sont rassemblés ; quelques-uns d'entre eux,
faisant un porte-voix de leurs deux mains, hèlent un passeur invisible.
Derrière eux sur la rive, une rafale balaie les jupes des femmes qui
se trouvent dans cette partie éclairée de l'estampe. Sur un poteau à
gauche : Au Passeur.
C'est à coup sûr la plus délicieuse pièce de l'œuvre; traitée dans une
gamme extrêmement enveloppée et douce, c'est un régal pour l'œil.
Méritent encore d'être signalées les lithographies suivantes : La Claque —
Parapluies — Ceux qui passent — Sandiviches — Manège à vapeur — Dallons
rouges.— L'artiste, homme charmant autant que modeste, signe quelquefois
du pseudonyme Anderson.
DORÉ (Gustave)
Né à Strasbourg le (i janvier 1833, mort en 1883. Illustrateur d'une extraor-
dinaire fécondité, nous ne retiendrons de son œuvre que la pièce suivante
dont nous donnons la description :
La Rue de la Vieille-Lanterne (Béraldi 69). — Gérard de Nerval
à droite, est pendu au barreau d'une croisée ; la rue est remplie de
visions et la Mort avec une trompette de Renommée semble annoncer
aux cieux cet événement. Derrière l'écrivain, son âme est symbolisée
par un être vaporeux dont la mort prend possession. Dans le coin
inférieur gauche: G. Dore, et à droite dans la partie claire du bas de
l'estampe, celle légende :
L'éternité profonde
Souriait dons vos yeux.
Flambeaux éteints du monde
Hallumez-Dous aux cieux.
o. N.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 415
Lithographie d'un romantisme échevelé, fort curieuse, traitée presque
entièrement au grattoir; c'est à l'aide de cet instrument qu'on a pu obtenir
ces demi-tons pleins de souplesse et de transparence qui donnent à cette
estampe une si jolie enveloppe. — Assez rare.
La collection du docteur Joseph Michel, neveu de l'artiste, dispersée en
mars 1892, était particulièrement riche en œuvre du Maître.
Voir Henri Béraldi, tome VI, 1887.
DULAG (Charles)
Artiste d'un immense talent mort fort jeune, s'est immortalisé par Le
Cantique des Créatures, suite de huit lithographies in-folio originales repré-
sentant des paysages d'une pénétrante poésie, elles sont tirées en différents
tons; la couverture du portefeuille est de Belville et le texte de Charles Clair.
Il avait commencé un autre album, Le Credo, resté inachevé, cinq pièces
seulement ont été tirées. Il existe chez Sagot un agrandissement du Vent >
tiré, croyons-nous, à 4 ou 5 épreuves qui est d'une des plus belles choses
qu'il nous ait été donné de voir.
Voici les quelques lignes qui annonçaient ces publications, elles sont
écrites par l'artiste lui-même :
« Ces quelques planches sont le résultat de mes premières recherches.
» Elles inaugurent une suite de Paysages dans lesquels je cherche à exprimer
» les émotions fugitives que donnent les divers aspects de la nature. Idéaliser
» le plus possible sans pourtant dénaturer les formes réelles, tel est mon
» but. J'espère intéresser les amateurs à cette tentative d'un artiste convaincu
» et les voir accueillir avec bienveillance.
» Mon confrère et ami Simas a bien voulu revêtir ce recueil d'une de ses
» gracieuses compositions ; j'ai tout à gagner à pareille enseigne ».
Commencées en juin 1892, elles furent terminées en avril 1893? Nous
attirons l'attention très particulièrement sur : Stella Malutina — Spiritus
Sanete Deus — Jesu via et vila noslra... — Auxilium Chrislianorum... les mots
manquent pour pouvoir caractériser comme ils le méritent ces sublimes
Cantiques qui, dans une merveilleuse synthèse, répètent un éternel
Hosanna!
Notons encore: Sœur Marie-Magdeleine, tante de l'artiste, assise et en pied,
le corps de trois quarts à gauche regardant de face, les mains croisées sur
les genoux. Fort belle lithographie tirée sur teinte.
DUPONT (P.)
L'Outillage. — Sur le bord de la seine, au fonds de l'estampe,
chalands, ouvriers, charrettes, etc., et sur le tout premier plan, un
cheval dételé tourné à droite et mangeant dans sa musette, l'animal
1 On désigne quelquefois ainsi, croyons-uous, la pièce dont le vrai titre est: Spiritus Sanete Deus.
416 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
puissamment modelé est bien mis en valeur par l'absence complète
de travaux tout autour de lui dans l'estampe. A gauche, on lit :
L'Outillage.
Très beau burin robuste et nerveux qui, par certains côtés, rappelle un
peu la manière d'Albert Durer, nous osons espérer que l'artiste ne se
froissera pas de la comparaison, c'est un hommage rendu à son talent que
nous avons eu souvent l'occasion d'apprécier en parcourant son œuvre chez
Ed. Sagot.
Garçon d'Ecurie. — Trois chevaux se profilent de front, traver-
sant le pont de Sully en se dirigeant vers la gauche ; le garçon qui les
mène est monté sur celui du milieu. De l'autre côté du pont, on
aperçoit les maisons. Dans le bas du coin droit : L'Attelage — Garçon
d'écurie.
Voilà une flère et belle eau-forte pleine de liberté et d'allure qu'il ne faut
pas hésiter à mettre en portefeuille. L'artiste a eu la médaille d'or a
l'Exposition de 1900.
ELIOT (Maurice)
La Romance du Printemps. — Dans la campagne, debout de
trois quarts à droite, une jeune femme tient dans sa jupe qu'elle
relève légèrement de sa main gauche, quelques fleurs des champs.
Au bas, le titre et Maurice Eliot.
Jolie lithographie douce comme un sourire d'avril, ainsi que cette
autre intitulée Chant du Soir.
ENSOR (James)
La Cathédrale. — La cathédrale occupe tout le fond de l'estampe;
les pn mieis plans jusqu'aux pieds de ce monument sont remplis par
une foule bariolée d'une compacité extraordinaire qui se dirige vers
la droite ; quelques bannières émergent de cette multitude. Dans le
haut du coin droit : Ensor /<s'«%".
Eau-forte tout à Fait curieuse, extraordinaire et spéciale — qu'il faut avoir —
n'ayant absolument rien de commun avec le déjà vu. Peut-être [pourrait-on
l'assimiler à un dessin esquissé d'une plume extrêmement line, en traits
tenus, saccadés el rompus, d'une jolie encre, blonde, transparente et
ambrée. Le cuivre esl à peine mordu. Un jour, nous la montrâmes a
OIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 417
Bracqueniond qui l'examina avec autant d'attention que de surprise et parut
très étonné de l'originalité de son aspect. Cette estampe, tirée a petit nombre,
est déjà célèbre.
Les Patineurs. — Sur une prairie inondée et glacée, qu'encadrent
des arbres au premier plan, des patineurs aux silhouettes tant soit
peu fantastiques, rappelant des ombres chinoises, se livrent à leur
plaisir favori ; quelques-uns sont tombés sur la glace. Le ciel est très
sombre et chargé de neige. Dans le coin inférieur droit : Ensor.
Il y a quelques années, ayant eu besoin d'avoir différents renseignements sur
l'artiste dont les œuvres nous avaient si vivement frappé par leur originalité,
nous écrivîmes à un de ses compatriotes, un érudit et un sympathique fort
connu dans le monde du livre — dont on nous permettra de taire le nom —
qui nous répondit dans une formule semi-télégraphique, colorée et concise,
les lignes suivantes que nous ne résistons pas à reproduire ici :
« James Ensor, environ 34-35 ans ', peintre de coloris et de composition
» étranges, talent désorbité et curieux; se rattache à Breughel le Vieux dont
» l'œuvre le hante visiblement, même sous les productions modernistes.
» Griffe le cuivre d'une façon parfois maladroite, mais toujours d'inté-
» ressante originalité, quelques marines et coins de paysages très savoureux.
» Natif d'Ostende, habite tantôt cette ville, tantôt Bruxelles. A gravé environ
» 116 pointes sèches et eaux-fortes ».
Parmi celles-ci nous pouvons mentionner encore : Le Verger — Les
Chaumières - Réverbère — Femme Flamande — Boulevard ci Oslende —
Mariakerke — Barques échouées, et les pointes sèches : Sous Bois — L'Acacia —
Rue du Bon-Secours èi Bruxelles, très remarquable : toutes pièces ayant
ligure chez Bing, rue de Provence, en 1896. A ce sujet, un petit reproche à
l'aimable directeur-propriétaire de L'Art Nouveau, pourquoi a-t-il cessé ces
expositions d'estampes qu'il savait choisir avec un tact si délicat, tout le
monde y trouvait son compte, artistes et amateurs. C'est dommage 1
En 1899, La Plume a consacré un numéro spécial extrêmement intéressant
à cet artiste, une vingtaine d'écrivains de talent y ont collaboré; c'est à lire,
car la physionomie à facettes si curieuse du graveur y est éclairée d'une
façon fort remarquable et fort pittoresque à la fois.
EYGHENNE (Gaston)
Le Papillon jaune. — Sur une branche d'églantier en fleurs, un
scarabé au reflet métallique, près duquel volette un papillon qui
cherche à se poser; un autre papillon est à droite, et au bas de
l'estampe un bourdon.
1 II en a aujourd'hui 41 ans. croyons-nous.
27
418 DIX- NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Curieuse pièce d'un métier toul à fait nouveau, où à l'aide d'un gaufrage
spécial l'artiste a essuyé de diéser encore le relief (|ue les videurs pouvaient
donner aux objets.
Il a apporté en plus de ce procédé une habileté de main exceptionnelle et
des effets de coloration absolument délicieux, nous n'en voulons pour
preuve que ses jolies planches: Le Papillon noir — Les Anémones — La
jeune Fille vêtue de noir.
L'artiste est mort à Germain-en-Laye le 13 mai 1902 d'une angine de
poitrine, en pleine jeunesse, il avait à peine 25 ans!
FANTIN-LATOUR (Henri)
Parmi les plus belles lithographies du jour et les plus avidement recher-
chées, celles de Fantin occupent à coup sûr un des premiers rangs; elles
ont un aspect absolument spécial et demeurent inimitables avec leur joli
pailletage argenté. Elles sont toujours en noir, il n'en existe aucune en
couleur. Tantôt elles sont crayonnées directement sur la pierre, tantôt, et
c'est le cas le plus fréquent, elles sont dessinées sur papier de report.
Le tirage en est Tort limité ; quelques épreuves d'essai, 2, 3, 7 ou 8, sans
nom d'imprimeur ; puis 25, 30, 50 ou 100 — ce dernier chiffre très rarement
atteint — pour les autres étals', dont le nombre ne dépasse jamais quatre.
Il arrive souvent qu'une même rubrique s'applique à plusieurs cuivres, ainsi le
Duo des Trogens qui compte (1 plancbes en est un exemple; malgré les
diverses modifications qui y sont apportées, il est difficile de ne pas les
confondre quelquefois l'une avec l'autre, et il arrive fatalement que des
erreurs se glissent dans leurs désignations.
L'œuvre actuel du célèbre artiste est d'environ 150 pièces. M. Germain
Hédiard', dans deux catalogues très remarquables, en a l'ait h' minutieux
inventaire. Le premier a paru en septembre 1892 avec 106 pièces: mi litho-
graphies, et 2 eaux-fortes : Les Deux Sieurs et Un Morceau de Sihumimn .
le second, en janvier 1899, avec un supplément de 12 autres lithographies.
Nous regrettons que cette monograpbie, très claire et très sobre, manque
de table ; l'absence de cette dernière rend les recherches fort pénibles,
nous faisons des vœux pour que celte lacune soil promptement comblée.
Les poèmes de Berlioz, Wagner, Schumann, Brahms, Weber et llossini,
qu'il a si merveilleusement interprétés, nous étant malheureusement tota-
lement inconnus dans leurs détails, nous avouons notre incompétence pour
la description des pièces qui les représentent, et renvoyons purement et
1 M. Hédlard considère que chaque rôle qu'on ajoute <>u qu'on retranche quelque chose a une
planche il y :i conititutton d'étal. Par épreuve» d'eual, il entend celles que l'artiste fait tirer
devanl lui pour éprouver la pierre el régler le tirage. Toul cela esl ton Juste el devérlté
absolue.
' Sous la rubrique U i Ifaffn rfi la Lithographie, in nia. \t publié : Bonlngton l'util Hnet
— Decampi - (.'. Roqueplan — II. Vernet — Charte! - J. Dupré Hun — John Lewli Brown.
DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES 419
simplement au catalogue pour celles qui nous paraissent les plus capitales
et que nous allons mentionner ici :
Gœtterdœmmering ; Siegfried et les Filles du Rhin (1"- et 2e planches, 31-51) —
Evocation de Kundru ('!••, planche 43), admirable 1 1 ! — Scène première de
Rheingold (8) — Duo des Troyens (l'« et 2e planches, 10-22)— Une Mélodie de
Sclmnvtnn (32) — Prélude de Lohengrin (39) — Poèmes d'Amour (58) —
Confidence éi la Nuit [Roméo et Juliette) (82) — Evocation d'Erda (54) — Duo
d'Amour (G6), etc., etc., tout y esi sublime et on ne saurait où s'arrêter.
Citons encore en dehors de l'interprétation de ces compositions musicales
les quelques morceaux suivants qui sont de purs chefs-d'œuvre :
Le Génie de la Musique (35). — Une femme, Génie ailé, s'envole
aux cieux, emportant avec elle un cartouche où sont inscrits les
noms de: R. Schumann, H. Berlioz, R. Wagner. J. Brahms. - A ce
cartouche sont joints une couronne et une palme.
L'Anniversaire (7). — Au fond de l'estampe, à droite d'un
houquel de cyprès, on aperçoit le tombeau de Berlioz sur la pierre
duquel le nom est gravé. Sur le tout premier plan, se sont groupés
les divers interprètes de son œuvre dans des attitudes attristées. Au
milieu d'eux, la Muse est debout et vêtue de noir, elle désigne de la
main gauche le monument du Maître, et lient dans la droite un
rouleau demi-déployé sur lequel on lit: Harold, Roméo et Juliette...
Dans le haut du coin droit, un Génie accroche des guirlandes ; en bas
du même côté, un homme à mi-corps et vu de dos apporte une
couronne d'immortelles.
Hélène (95). — C'est le triomphe de la beauté. — Au milieu d'un
paysage romantique aux vallées suivies de cours d'eaux, à l'horizon
lointain de cimes neigeuses, sous la clarté laiteuse de la lune dont
l'orbe tout grand monte dans le ciel, à gauche de la lisière d'un bois,
Hélène est allongée blonde et souriante dans sa lumineuse nudité ;
à sa gauche, s'envole l'Amour ; tout autour d'elle se pressent amou-
reusement tous les hommes jeunes ou vieux, sages ou conquérants,
prêtres ou soldats, artistes ou poètes, qu'à travers les âges a vaincu
sa beauté. Tout-à-coup au premier plan, Faust et Méphistopbélès
derrière lesquels apparaît le haut de la ligure volante d'un ange.
Telle est la belle description qu'en a l'ait M. Benedite dans le catalogue de
l'Exposition des œuvres de l'artiste qui eut lieu par ses soins au Luxemhourg
en juin 1899, catalogue qui, en mars 19113, a paru illustré dans Les Artistes
de tous les temps publié par la Librairie de l'Art ancien et moderne.
420 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Terminons on mentionnant encore : Solitude (40) — Elude pour l'Eve
(117) — Eve (126) — Diane Chasseresse (103) — Bouquet de Roses (26) — Nuit
de Printemps (47) — Les Baigneuses (37-38-125-130) — Sara ta Baigneuse
(11), etc., etc. Voir: //. Bératdi, tome VI, Paris 1S87 — The Century Magasine
de mai 1900, avec reproductions et texte de Frederick Keppel — L'Estampe
il l'Affiche, par Raymond Bouyer, lévrier et mars 1898.
Les trois plus belles et plus complètes collections de Fantin-Latour que
nous connaissions sont en Amérique; l'une appartient à M. Ch. L. Freer, de
Détroit (Michigan), l'autre, don de M. S. P. Avery ', est actuellement à la
Bibliothèque publique de New- York, elle comprend 1G0 pièces, et la troisième
est aux mains de M. et M"" Curtis, de la même ville.
M. et M"" Alherton Curtis, que nous avons eu la bonne fortune de
rencontrer cette année à Paris, sont des passionnés île l'estampe; d'un
éclectisme raffiné et de large envergure, ils possèdent toutes les écoles —
des primitifs aux contemporains — et collectionnent tout ce que [es peintres-
graveurs les plus célèbres ont produit, c'est-a-dire les estampes originales;
ils négligent avec raison les gravures de reproduction, aussi ont-ils relati-
vement peu de choses en xvm° siècle, cette époque, à part les Debucourt,
Moreau le jeune et Saint-Aubin, étant particulièrement pauvre en graveurs
originaux.
l'ait curieux a noter, les aimables et distingués collectionneurs ne se
rendent acquéreurs d'une pièce que lorsqu'elle plaît à l'un et à l'autre, il
n'entre jamais dans leur collection — une des plus réputées d'Amérique —
un seul morceau qui n'ait été agréé par le mari et la femme; n'y a-t-il pas là
une communion d'idée charmante qui symbolise dans sa délicate synthèse
l'union parfaite de deux âmes d'élite.
La plupart des estampes réunies par le charmant couple ont été récoltées
à Paris, c'est au moment de l'Exposition de 1X89 qu'ils commencèrent leurs
recherches et c'est de cette année que date leur collection qui se monte
déjà à plus de 'iOOO pièces de qualité tout à fait hors pair. Très désireux de
faire jouir de leurs richesses les amateurs environnants, M. et M"" Curtis
organisent de temps en temps «les expositions d'estampes dans leur jolie
propriété de Mount-KisCO, ce qui lait, nous n'avons pas besoin de le dire,
les délices des New-Yorkais. Ajoutons que M. Curtis est l'auteur d'un ouvrage
très estimé: Some Masters of Lithography, publié à New-York en 1897.
FORAIN (J.-L.)
Le Bain. — Au Fond à gauche une baignoire, à droite u\\ lit el
.m- le tout premier plan une fille nue qui :i encore la jambe droite
chaussée de son lias noir, clic est debout en train de retirer l'autre:
près d'elle à terre, une pantoufle. Dans le coin droit inférieur : /•'.
■ / he Century illuttrated de New \><> i sous la signature de VVUllam A. i offln,
on numéro de décembre 1890, un Intéressant article sui M, S. P. Vvery qui est une di
physlonomli ili pli inui el les plus sympathiques de New-York.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 421
Très rare lithographie, tirée à 12 épreuves. — L'artiste est une de nos
célébrités contemporaines ; dessinateur merveilleux, il sait, dans une
admirable synthèse, en deux coups de crayon, vous croquer une scène,
vous camper un personnage. — Son œuvre demeurera, comme ceux de
Daumicr et de Gavarni ; n'oublions pas de noter ses légendes à l'emporte-
pièce qui viennent encore, dans leur brièveté, donner un colossal relief à
un graphique cependant singulièrement expressif par lui-même.
La Saisie. — Une femme vue de dos en chemise et rajustant son
pantalon; près d'elle, un huissier, la serviette sous le bras, s'apprête à
sortir en lui jetant un coup d'œil lubrique.
Curieuse et fort rare lithographie qu'il faut avoir avant la légende :
Ah! si tous les huissiers étaient comme vous!! délicieuse dans sa profonde
naïveté. A noter encore : A l'Audience, rarissime, tirée à 10 épreuves.
Le Quart d'Heure de Rabelais. — Dans un cabinet particulier,
un garçon aide un client à remettre son pardessus, pendant qu'à
gauche dans la glace, une femme rajuste sa voilette.
Eau-forte devenue introuvable. — Voir le numéro de L'Album consacré
à l'artiste, avec préface de Lucien Pucch.
FOREL (Alexis)'
Saint-Prex. — Une rue au fond de laquelle se détache sur
un ciel merveilleusement clair, un modeste clocher de village. On
aperçoit à l'extrémité de cette rue, deux paysans. En bas à gauche :
A. Forel, et à droite : S{-Prex ISSi.
Le Moulin à Vent. - Dans le Finistère, un moulin donl les
ailes sont tournées à droite et au pied desquelles est un cheval.
A gauche au premier plan, un talus. Pas de signature.
Moulin à vent d'Esquibien. — Sur un tertre dominant la mer,
un moulin à vent ; dans le ciel à gauche, le soleil voilé par un petit
nuage noir — sorte de stratus éclaire la mer de ses rayons. A droite,
une colline. Pas de signature.
1 Ne à Lausanne en Suisse.
422 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La Lande. Au milieu d'une lande, dont le toul premier plan
est une mare bordée de roseaux, deux chaumières entourées d'arbres
malingres et rabougris. Au tond à gauche, se profilent des sapins.
Dans le coin droit inférieur: A. Forel 85.
Les pièces que nous venons de décrire ont été traitées par l'artiste avec
un sentiment d'une exquise poésie. Il a su rendre a miracle le charme si
pénétrant et si mélancolique à la Ibis de notre chère Bretagne. Il y a là
des qualités de morsure et de couleur absolument remarquables; les ciels
surtout sont peut-être les plus merveilleux qu'ils nous aient été donnés de
voir en gravure ; nous ne connaissons pas un artiste qui lui puisse être
comparé pour ce détail.
Des raisons de santé ont rappelé M. Forel en Suisse, sa patrie; l'ayant
perdu de vue de ce fait, nous ignorons s'il a continué à graver.— A recueillir
encore dans son œuvre : La Lande par un grand vent — Les- deux Roules —
Vue d'un Quai de Paris i — La Cathédrale de Lausanne.
L'artiste a exposé aux Peintres-Graveurs français en 1890. — Voir II. Béraldi,
tome 17. Paris, 1887.
FORTUNY (Mariano)
Né en Espagne en 1838, mort à Home en 1871. — Œuvre liés peu
considérable, 2!) eaux-fortes seulement, dont nous ne retiendrons que les
suivantes qui sont liés remarquables :
Arabe veillant le corps de son ami (Béraldi 1) — Kabyle mort (2).
A la vente Goncourt, ces deux pièces lurent adjugées 245 lianes; deux
superbes exemplaires dans la collection (U\ comte Matheus.
Anachorète (10).
Vrnte Courtry, sur japon, avec les marges sales, 80 francs. — Un exem-
plaire hors pair, collection comte Matheus.
A la vente Courtry, 2U pièces, c'est-à-dire l'œuvre complet de l'artiste, sur
chine volant, en épreuves d'essai, avant lettre ou litre à la pointe, tut
adjugé 360 lianes. Vente Mène, l'œuvre, 260 liane-..
Mentionnons encore : Idylle (l) — La Victoire (■">>.
Voir- : II. Béraldi, tome 17. Paris, 1887 Baron Davilliers, Paris, 1887.
' lutremcnl an /. peltl brai de la Se/ne vu du quai >'.•> Grandi- lagtutlnt • I Ri)
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 423
FULLWOOD (John)
Peintre-graveur très coté en Angleterre, peu connu à Paris où il a
rarement exposé ; il est difficile de se procurer son œuvre en France et
même quelquefois en Angleterre, beaucoup de ses cuivres ayant été publiés
en Amérique.
Parmi les pièces les plus désirables, nous mentionnerons :
A Scoltish Twilight — The Swallow's Haimt — A Gipsij Camp (vue prise
près de Paris) — A Thames Backwaler (publié en Amérique) — The Song
of Autumn, admirable eau-forte dont il fut tiré seulement 40 épreuves
imprimées sur japon lin, après quoi le cuivre fut brisé en autant de morceaux
que d'épreuves, et chaque pièce vendue était accompagnée d'une de ces
fractions.
L'œuvre est assez considérable et doit se monter à environ 150 à 180 pièces.
GABRIEL (J.-J.)
Nous signalons aux amateurs les délicates petites eaux-fortes suivantes
entrevues aux salons de la Société Nationale ; certains n'excèdent pas les
dimensions d'une grande carte de visite :
En Provence (1896), série de 9 pièces — Venise (1898) — Marseille —
Martigues (1903); elles sont, croyons-nous, peu connues, mais très dignes
néanmoins d'attirer l'attention du collectionneur.
GAILLARD (Claude-Ferdinand)
Né à Paris le 5 janvier 1834, il mourut à l'hôpital Saint-Jacques le
19 janvier 1887. On l'ensevelit dans la robe de bure des Franciscains — tiers-
ordre de Saint-François — auquel il était affilié sous le nom de frère Marie-
François-de- la-Crèche; l'enterrement eut lieu le 21 janvier à Saint-Sulpice;
ce jour-là l'art français fil une perte irréparable. II était élève de
L. Cogniet.
Dessinateur impeccable, coloriste merveilleux, inventeur d'une technique
absolument sienne, Gaillard est un incomparable virtuose dont l'œuvre
demeurera à jamais immortel.
Le Département des Estampes possède l'œuvre complet du graveur. Le
catalogue de Béraldi, tome VI (1887), mentionne 81 pièces de l'artiste.
Plusieurs expositions de ses tableaux, dessins et gravures, furent faites,
l'une à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts l'année même de sa mort en
mars 1887, avec une notice de M. L. de Ronchaud, et l'autre au Musée
424 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Xiilional du Luxembourg en 1898 par les soins de son conservateur,
M. L. Benedile, qui écrivit une intéressante préface en tête du catalogue.
Une troisième eut lieu au Grolier Club de New-York en novembre 1900,
exposition très complète où figurèrent 9 numéros inconnus1 à Béraldi, ce
qui porte l'œuvre entier du Maître à 93 pièces.
Voici, selon nous, les quatre pièces qui a elles seules eussent suffi pour
établir sa renommée :
(L'Homme à l'Œillet - (Béraldi 25). — A mi-corps de trois quarts
à gauche, regardant de face et coiffé d'un large chapeau rond posé
très en arrière, la bouche légèrement entr'ouverte, le personnage
porte un vêtement à parements et collet de fourrure; à la cordelière
qui lui passe au cou pend une croix et une clochette, les deux mains
écartées sont ramenées à la hauteur de la poitrine, la droite à l'annu-
laire de laquelle est une bague, tient un œillet.
Au point de vue gravure, comme à tous les autres du reste, c'est le chef-
d'œuvre drs chefs-d'œuvre, pas un Maître, pas une école n'a approché de cette
formule, il n'y a donc aucune espèce de comparaison à essayer d'établir
cidre ce métier et celui des devanciers. Les tailles sont tellement fines et
serrées, surtout dans la partie du vêtement qui recouvre la poitrine et
l'épaule gauche que l'on serait fortement tenté de supposer qu'un nuage
d'aquatinte est venu aider le graveur, or, il n'en est absolument rien;
examinez le travail à l'aide d'une forte loupe, vous n'y verrez que de la
taille, de la ligne — qu'il fallait l'œil extraordinairement subtil du graveur
pour pouvoir tracer — mais aucun truquage, aucune sauce, aucune super-
cherie, du burin pur dans son honnête et merveilleuse naïveté, mais un
burin exceptionnel, manié avec une maîtrise, une dextérité, une sûreté
sans égales et inconnues jusqu'à ce jour.
On demeure véritablement stupéfié de la puissance du modelé de la face
et des mains, et l'émotion vous élreint poignante et douloureuse quand on
songe (pie l'artiste, auteur de tant d'admirables choses, n'est plus, et qu'il a
quitté la vie au moment même où prêt encore à enfanter des chefs-d'œuvre,
il allait continuer sa marche en avant comme dans le rayonnement d'une
merveilleuse apothéose 1 I.a Gazette des Beaux-Arts, tome I, 1809, en a
publié le sixième et dernier état, les premiers tirages sont encore très
beaux.
lin avril 189!!, à la vente de M. I'., faite par Dumonl, un exemplaire
admirable d'un état terminé, mais avant In signature <i lu pointe, et quelques
bavures en dehors du trait carré, lut adjugé 1150 lianes; à cette même vente,
un deuxième exemplaire sur chine, avec la signature à la pointe, à droite,
i Savoli : Une Académie de vieil Homme — Trois sujets sur un mémo cuivre: Abrocomai
et Inthla; Tattlen; humus père — Portrait 'l'un jeune Homme Ttte d'Enfant sourtani
Portrait de Raphall Portrait d'Homme Portrait de M
D'après lo tableau de Van Eyck du Musée de Berlin; on a dit que peinture el gravure
n \ ; i i < ■ 1 1 1 été enlevées en dix |i
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 425
sous le trait carré et signé avec cette mention : Dernier état avant l'aciérage,
tiré et 6 exemplaires, fut adjugé 560; et enfin un troisième exemplaire,
également sur chine avec la signature au milieu de la marge du cuivre et
signé 1872, atteignit 580 francs; à la vente Courtry, un avant lettre fut payé
82 francs.
Notons en passant que Charles Blanc jugea cette estampe inacceptable pour
la Gazette des Beaux-Arts !! ! Moralité: Jugez-donc par vous-même et, une
fois pour toutes, ne soyez à la remorque de personne, et souciez-vous des
critiques comme de Colin-Tampon; si vous vous rencontrez avec eux, ça va
bien, si c'est le contraire, ne vous en préoccupez pas davantage, nous le
répétons, ne relevez que de vous-même. Quand vous goûtez un vin pour
l'acheter par exemple, qui est-ce qui déguste? qui est-ce qui apprécie? vous,
n'est-ce pas; eh bien! en art ce doit être la même chose, jamais il ne faut
agir par procuration.
La Tète de Cire du Musée de Lille (36). — Buste de femme
tourné de trois quarts à gauche, le modèle regarde en bas el sourit.
Nous signalerons cette pièce pour l'acquit de notre conscience, la sachant
généralement très admirée, mais nous confesserons — ayant l'habitude de
dire toujours notre pensée — la goûter fort peu ; nous la trouvons, qu'on
nous passe le mot bien irrévérencieux, fadasse et sans couleur. Nous avons
dit tout à l'heure que nous n'avions cure des appréciations d'autrui ; nous
affirmons donc notre dire, quitte à nous faire conspuer, en passant pour
un prétentieux, ce dont cependant nous nous défendons vivement. —
Publiée dans la Gazelle des Beaux-Arts, tome XVII, 1878. — Il y avait eu une
première planche où la ligure était de face, elle fut refusée et non publiée ;
une épreuve de cette planche fut exposée au Grolier Club en novembre 1000.
Dom Prosper Guéranger (38). — En buste, le corps de trois
quarts à gauche, l'abbé de Solesme est revêtu de son babil monacal à
capuchon, la lête est coiffée d'une calotte, les yeux sont perçants, les
narines frissonnantes, il regarde bien de face, à son cou est passée
une cordelière qui retient une croix.
D'un tout autre métier que L'Homme ci l'Œillet, ce portrait n'en est pas
moins un des plus beaux qui soit au monde ; la physionomie mâle et
singulièrement énergique du célèbre moine est rendue avec un relief et
une intensité de vie si extraordinaire qu'il sciait impossible de les dépasser. —
Publié dans la Gazelle des Beaux-Arts, tome XVIII, 1878.— Les états sont fort
nombreux; II. Béraldi en mentionne treize ; le plus beau et le plus recherché
est l'avant-dcrnicr, au Jond uni. Le 1« mai 1900, à une vente faite par Danlos,
un exemplaire avant la lettre, signé et encadré, fut adjugé 200 francs.
Le comte Matheus en possède une épreuve au fond blanc ; c'est peut-être
le plus bel exemplaire connu ; il porte une dédicace de l'immortel artiste. Il
nous a été donné de l'admirer chez cet amateur courtois et érudit qui a su
réunir une des collections les plus réputées de Paris, en Maîtres du
xix1' siècle, romantiques et contemporains, et une collection Napoléonnienne
sans rivale et irréconsliluubtc aujourd'hui.
42(5 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
C'est cette gravure qui réveillant un l'eu, qui sans doute dormait sous la
cendre, alluma la passion de la collection chez notre ami Alfred Barrion,
de Bressuire; qu'on nous permette d'en raconter l'histoire.
C'était en 187!), par une radieuse matinée de printemps, Barrion flânait
sur le quai des Grands-Augustins, à Paris, quand, arrivé au 53 bis, à la
hauteur du magasin de I.. Dumont>, il s'arrêta machinalement pour jeter
un coup d'œil sur la montre, soudain son regard l'ut arrêté par L'estampe
en question ; il entra, l'examina avec soin, en demanda le prix et, sans
marchander, s'en rendit sur-le-champ acquéreur, Dumont, avec son tlair
habituel, sentant qu'il était en lace d'un délicat à en juger par le choix qu'il
venait de faire, Un demanda s'il était collectionneur ; sur la réponse
négative de notre ami, il ajouta : eh bien, Monsieur, laissez-moi vous
montrer autre chose et permettez-moi de vous envoyer de temps en temps
un carton en communication, vous me retournerez ce qui ne vous plaira
pas, ou vous ne prendrez rien si d'aventure le lot n'est pas à votre
convenance.
L'étincelle avait jailli sous le marteau ; à l'heure actuelle — il y a de cela
'J!i ans — Barrion a 8000 estampes en portefeuilles. C'est dans cette maison
hospitalière et charmante, regorgeant d'objets d'art originaux des plus
grands artistes de notre époque — bronzes, terre cuite, ivoire, faïences,
dessins, peintures, etc. — que nous avons puisé presque tous les documents
qui nous ont servi à établir notre école du xix,é siècle. Durant plusieurs
étés, nous allâmes nous installer chez ce raffiné qui nous donna une
chambre contigué au Cabinet des Estampes; les jours étaient longs, des
quatre heures et demie du matin nous étions à la besogne, travaillant là
dans ce calme et ce silence si appréciables pour ce genre d'éludés, ayant
siius la main le maître de céans érudit et serviable qu'à chaque instant
nous mettions à contribution, soit pour un renseignement, soit pour un
conseil; nous avons vécu là des heures de paradis!
Nous tenons donc à dire ici bien haut la reconnaissance affectueuse (pie
nous lui gardons et à signaler aux amateurs une des collections les plus
complètes et les plus choisies (pic nous connaissons.
Car ici toutes les épreuves sont de qualité absolument exceptionnelle,
chose rare à rencontrer en province, il laid le reconnaître. Indépendamment
des estampes originales, il a rassemblé, avec un soin judicieux, nombre de
gravures d'interprétation ; il y a joint — corollaire indispensable — tous
li", livres illustrés remarquables de l'époque. Sa collection présente donc
une physionomie complète et fidèle de la gravure au xix*' siècle: but auquel
tendaient tous ses efforts... Et voilà comme quoi, une fois de plus encore,
le proverbe: L'occasion fuit le larron, a trouvé son application dans sa
plus heureuse acception !.
[■tellement L'7. rue Laffitte.
i Ces Ugni i lali "i êi rlle» depuis longtemps, lorsque, le il mal 1003, une dépêche vint nous
n« i ' i' déi ' ■• <!'■ notre ami. Une mil" h. i i uelle le tenall alité depuis plusieurs moi-. <l< i:i.
nous nous étions toujours pris A espérer; il étnll jeune encore, el les soins tendres el
dévoués de sa sœur M** Tadleu n'étalent-lls pas In pour relever nos connues? (.'est à Paris.
nous liions pour nos travaux, m1"" nous lui acheminé le télégramme, trop tard, hélasl pour
nous permettre d'assister 6 la cérémonie funèbre et d< conduire à i i dernier* demeure ; ' il
i|i\om <|iie nous pleurons el auquel nous adressons ici un suprême adieu.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 427
La Sœur Rosalie (48). — Complètement de face et en buste, la
Révérende Mère regarde droit devant elle, des yeux noirs et profonds
illuminent sa physionomie sévère mais douce, et la lumière qui filtre
à travers la large cornette éclaire le visage qu'elle modèle et enveloppe
d'une façon merveilleuse. Une guimpe blanche recouvre la poitrine.
La su'ur Rosalie, fille de Saint-Vincent-de-Paul, est célèbre par ses
œuvres de charité ; elle était née Jeanne-Marie Rendue et décorée de la
Légion d'honneur ; elle mourut en 1856. Nous ne rééditerons pas ici les
éloges que nous venons de décerner aux portraits précédents, celui-ci est
absolument digne de ses devanciers.
II. Béraldi en décrit 29 états; nous en possédons une épreuve aux yeux
noirs sur chine collé, sans signature et avec la remarque, la tète de saint
Vincent de Paul de face, au milieu de la marge inférieure ; elle nous fut
choisie par M. Burney, l'élève préféré du Maître, c'est la plus belle qu'il
nous ait été donné de rencontrer.
M, Loys Delteil a consacré deux intéressants articles à l'artiste, dans
L'Estampe et l'Affiche de janvier-février 1898. — M. C. de Beaulieu, Paris,
1888, a écrit une intéressante plaquette sur le Maître. — M. Gonse, dans le
numéro de mars 1887 de la Gazette des Beaux-Arts, a également rendu
hommage au Maître disparu.
GAVARNI (Guillaume-Sulpice Chevallier, dit)
Né à Paris le 13 janvier 1804, rue des Vieilles-IIaudriettes, 5, il y mourut
le 24 novembre 1866.
Puissant peintre des mœurs de son époque, il s'est immortalisé et par
l'esprit de ses légendes et par la fécondité de son crayon. Son œuvre,
kaléidoscope vivant, compte plus de dix mille pièces, composé surtout de
séries ou suites. Peu de morceaux isolés ou particulièrement caractéristiques
émergent de cette imposante réunion, aussi cst-il fort difficile de conseiller
un choix, une sélection raisonnéc dans ce colossal inventaire.
Nous renvoyons donc les curieux de cette œuvre si vécu et si français a:
Béraldi, tome VII, Paris 1888 — Edmond et Jules de Goncourt: L'Homme et
l'Œuvre, Paris 1873 — Armelhaut ' et Rocher : Catalogue raisonné, Paris 1873,
ils y trouveront groupés tous les documents nécessaires à la mise en relief
d'une figure si sympathique et si profondément originale.
Béraldi nous apprend que les deux nombres réunis par un trait-d'union
qui se trouvent souvent sur ses lithographies, comme, par exemple, 33-11
signifient que c'est la onzième lithographie de l'année 1833. Le premier
nombre est donc l'année, le second le numéro d'ordre de l'année.
' Anagramme de Mahérault,
42S DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Si nous voulions faire mettre en portefeuille quelques pièces de l'artiste,
voici celles que nous conseillerions:
Hertz, banquier anglais, vente Moignon 80 francs, rarissime — Portrait du
Prince Napoléon — !!["<<■ Montigny, même vente, épreuve d'essai, rarissime,
.")() lianes — Chandelier — Mélanie Waldor — Henry Monnier, 1810 — Les
Daines de la Halle — La Loge à l'Opéra — Les Forts de la Halle — Le premier
île l'An chez fourrier — Le Bouquet — A Highland Piper — Gavarni et la
cigarette — Raymond la Garrigue — il/""' de Viefoille — Bal et la Chaussée-
d'Antin' — Dans les Coulisses — Eludes d'Enfants — Satan, 1850 — La
Lanterne magique, 1850 — Posa Bonheur, rarissime.
A la vente Mahérault, en 1880, l'œuvre du Maître fut adjugé 12000 francs,
c'était le plus beau et le plus complet connu ; Conquet acquit pour 3750 francs
celui de la vente Destailleur, il comprenait 2190 pièces et avait été formé
par Mis de la Salle, il était contenu clans seize volumes reliés.
A la vente de Goncourt, ami intime du Maître, l'œuvre, comprenant
2021 pièces, fut adjugé 5150 lianes; il était incomplet, il est vrai, mais en
revanche toutes les pièces rares s'y trouvaient, la plupart en épreuves de
premier tirage et dans des conditions parfaites de conservation. Il y avait
surtout des avant lettre sur chine tirées à 5 ou 0 épreuves auxquelles ne
ressemblent en rien les feuilles du tirage courant, certaines contenaient
aussi des notes manuscrites de la main de Gavarni extrêmement inté-
ressantes et pleines de cet esprit que l'illustre artiste jetait à pleines mains
dans ses légendes.
Le 2:i avril 1003, une matinée de gala, organisée par la Société des Peintres
Lithographes, fut donnée a l'Opéra-Comique au bénéfice ^u monument à
élever à l'illustre disparu; le programme était imprimé en couleurs sur
dix éventails différents, signés des noms célèbres de : Maurice Eliot, Patrice
Dillon, Abel Faivre, Forain, Charles Léandre, Louis Morin, Jules Chéret,
Maurice Neumont, .1. Grûn, Georges Redon, le verso de ce programme était
d'Abel Truchet.
On avait, par une délicate attention, songé aux collectionneurs, cl une
série de 10 exemplaires sans texte avait été tirée pour eux et mise en réserve;
cette suite, qu'il nous a élé donné de voir fiiez Sagot, est devenue déjà fort
difficile à se procurer; elle vaut, croyons-noilS, une centaine de francs.
Nous recommandons surtout aux amateurs ceux île: Forain, Neumont,
Faivre, Léandre, Redon et, très particulièrement, le bijou qu'a signé Eliot:
1 ne jeune femme assise de trois quarts à droite, le coude appuyé sur un
coussin, regardant passer des couples î n::i ►, elle est décolletée et coiffée d'un
chapeau à larges bords qui abrite son délicieux visage.
GERICAULT (Théodore)
Né ;i Rouen en 1791, mort à Paris en 1824. Élève de <".. Verne) et de Guérin,
Son œuvre lithographique se compose de 102 pièces exécutées de tMT à 1824,
plus une sculi' et unique eau-forte: Vn cheval gris pommelé de irais quarts.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 429
L'artiste s'adonna particulièrement à la reproduction de scènes militaires
et à des études de chevaux; ses principaux imprimeurs turent Engelman,
Delpech, Motte, Vilain et C. Hullmandel, à Londres.
Le catalogue de son œuvre fut fait par Ch. Clément, Paris 1879. Voir aussi
H. Béraldi, tome VII, 1888, et la Gazette des Beaux- Arts, tome XX, 186G.
Combat de deux Chevaux gris pommelés dans une écurie
militaire (Clément 11). — Ils se mordent au cou en se cabrant au
milieu d'une écurie, le garde d'écurie en bonnet de police accourt à
droite et cherche à les séparer en les frappant avec un balai. Dans
l'ombre au premier plan, éveillé par ce tapage, un hussard couché
sur la paille les regarde en jurant. A gauche, une tête de cheval au-
dessus de la mangeoire.
Celte pièce, un peu surfaite, est d'une insigne rareté. On croit qu'il n'en
existe en tout que J épreuves: Une sur papier blanc qui a passé par les
collections Jamar et de Triqueti; deux sur papier jaunâtre, l'une aux
Estampes provenant de chez Bruzard, l'autre chez Moignon, à la vente
duquel elle fut adjugée 500 francs, elle venait de chez H. Bellangé qui, en
1863, l'avait payée 550. Les deux autres imprimées à deux teintes, l'une a
appartenu à I lis de la Salle, l'autre à Parguez, à sa vente elle fil 5G0 francs,
il l'avait payée la somme énorme de 1500 à l'imprimeur Motte qui lui avait
affirmé qu'elle était unique; une de ces deux épreuves est actuellement au
Département des Estampes. Or, on suppose que l'imprimeur voulut faire,
sans consulter l'artiste, des essais à deux teintes, mais que la pierre cassa
dès les premières épreuves et qu'il lui livra seulement celle tirée à une seule
teinte, gardant les autres dont il disposa pour divers collectionneurs. Les
épreuves sur papier teinté sont de beaucoup plus harmonieuses de ton,
elles constituent de véritables dessins; une se trouvait à la vente Moignon,
elle y fut adjugée -175 francs.
Artillerie à cheval changeant de position (Cl 15). -- Des
soldats du train arrivent au galop, conduisant une pièce de canon
attelée de quatre chevaux et se présentent de face.
Celte estampe, célèbre dans l'œuvre, n'a été tirée qu'à G exemplaires;
voici les collections qui les ont possédées, nous ignorons où elles se
trouvent à l'heure présente : Aux Estampes — Ilis de la Salle qui l'acheta
200 francs, en avril 1861, à M. Dauvin — Mène, qui la paya 235 à la vente
Parguez — Langlais, qui la vit adjuger à sa vente, en 18G8, au duc d'Aumale
455 francs, elle était faible de tirage — Moignon, qui l'acheta à Gihaut
10(10 francs le 16 février 18GG, c'est la plus belle connue, elle est coloriée à
l'aquarelle par Gerieault lui-même qui lui a l'ait subir de nombreuses modi-
fications, ainsi le bas de la tète du cheval vue de face a été refaite
entièrement, le museau rond dans la lithographie a été allongé avec un blanc
mis dessous pour détacher la tète, le pied du cavalier est droit dans l'étrier
au lieu d'être relevé. Gihaut aîné avait acheté celte pièce 50 francs dans une
vente en 185G, à la vente Moignon elle fut adjugée 1005. Cette pièce est signée
de l'artiste, à droite, au grattoir — Pils en a fait deux copies.
430 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Cheval attaqué par un Lion (Cl 100). - Un cheval tourné à
gauche se cabre sous l'étreinte d'un lion qui lui laboure la poitrine de
ses griflés.
Deux exemplaires sont seuls connus: l'un est aux Estampes, l'autre, qui
était chez Moignon, l'ut adjugé à sa vente 700 francs, c'était une épreuve
(/'essai qui portait de la main du Maître dans la marge de droite : plus noir ;
lépieuve qui a suivi, après l'ordre exécuté, est moins bonne, la finesse du
dessin s'en est trouvée considérablement amoindrie. Cette lithographie est
admirablement belle.
Citons encore connue extrême rareté : Trompette de lanciers (Cl A) dont il
n'existe que deux épreuves, une aux Estampes, et l'autre dans la collection
Triqueti, et : Gros cheval t/ris pommelé vu de trois quarts (Cl 101), la seule
et unique eau-forte qu'ait l'ait mordre le Maître, quatre épreuves connues,
une aux Estampes provenant de chez Bruzard, et trois autres qui ont
passé par les cabinets de Triqueti (île chez Jamar), Gigoux et Moignon, à la
vente de ce dernier collectionneur elle Fut adjugée 50 francs. L'épreuve du
Cabinet des Estampes doit être une épreuve d'essai, car elle porte dans le haut
à droite une tête de femme, remarque qui a disparu dans les épreuves
postérieures.
Pendant son séjour à Londres, en 1821, l'artiste composa une suite de
13 lithographies (le titre compris), dite Suite dllullmandcl qui en était
l'imprimeur; on les trouve assez facilement isolées mais très rarement
réunies et en bonne condition, à la vente Moignon cette suite de qualité
exceptionnelle, à toute marge, l'ut adjugée 600 francs.
Mentionnons pour en terminer: Les Boxeurs (Cl 9), superbe pièce, un peu
surfaite cependant, adjugée à la vente l'arguez 96 lianes; Moignon, 171 ;
Mallet, en '!•■ état, 155, et enfin Dreux, 180, avec marges; les vraiment belles
épreuves sont très rares.
Le (i niai 1872, a la mort de M. Thavcr, sénateur, ancien Directeur général
des l'osles, M. Moignon acheta 800 francs à son héritier sa collection; le
défunt, particulièrement lié avec Ccricault, n'avait que des épreuves de
choix, essai, 1er état, toutes pièces publiées par Cihaut et M"" llulin et
encore sous leurs couvertures originelles.
Les plus belles collections de l'oeuvre de Cericault lurent formées par
llis de la Salle, liru/.ard (passée toute entière au Cabinet des Estampes),
Constantin des plus belles chez, feu le duc d'Aumale), Jamar (acquise par
de Triqueti) et Thavcr ci-dessus nommé. Ces belles pièces de tète sont
presque introuvables aujourd'hui. Notons que Gericault est très inférieur a
son contemporain Delacroix.
GODIN (Georges)
Soleil levant sur la neiye. - A gauche sur un petil tertre, une
chaumière en ruine ; à droite une rangée d'arbres hauts cl grêles qui
bordent un chemin que gravit une charrette. Au fond, le soleil se lève.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 431
Julie pièce en couleurs que Ch. Ilessèle a publié sous la rubrique Effet
de Lune, erreur qu'il nous charge de rectifier.
Citons encore du graveur qui est jeune et très ardent sur les questions
d'art' : Nuit calme — Retraite aux Flambeaux (une de ses premières) — et
Le Christ, pièce extrêmement curieuse, relative à l'affaire Dreyfus, tirée
à 5 exemplaires ; elle est devenue fort rare ; dernièrement nous avons eu
l'occasion d'en voir une épreuve chez Hessèle.
M. Godin ne tire jamais à plusieurs planches, mais toujours à la poupée ;
il préfère aussi le zinc au cuivre.
GŒNEUTTE (Norbert)
Né à Paris en 1854, mort à Auvers-sur-Oise le S novembre 1894. Laisse
un œuvre gravé d'environ 200 pièces; a touché un peu à tous les génies
avec un égal bonheur, en y donnant une note originale, reflet sincère d'un
caractère éminemment primesautier et sympathique. Ses dessins sont aussi
très particulièrement remarquables, il y tenait beaucoup et s'en dessaisissait
difficilement; c'est lui qui disait un jour a M. Antonio Proust : « Je
renoncerai un jour à faire de la peinture, parce que cela change de mode ;
le crayon suffit, parce que le crayon reste, au milieu des variations du
goût, l'éternel traducteur des éternelles beautés. »
Parmi ses meilleures eaux-fortes et pointes sèches, nous mentionnerons :
A travers la porte. — Une jeune femme à travers une porte
entrebaillée regarde à gauche.
La Place de la Concorde. Une jeune femme vue de dos
monte dans sa voiture ; elle tient une ombrelle fermée dans sa main
gauche. Au fond à gauche, on aperçoit l'obélisque. Sous la colonne
du réverbère qui est à droite : Norbert Gœneatle.
Au Coin du Feu. — Etendue sur un canapé, les jambes croisées,
la tète à gauche, une jeune femme semble dormir, le pied droit est
soulevé. Au fond de la cheminée le feu brille. Sans signature.
Le Pont-Neuf. — Le pont avec son mouvement de piétons et de
voilures ; à gauche, la statue de Henri IV. Sans signature.
Lire sa revue : Le Mouvement esthétique, curieuse publication qui parait quatre lois par an.
432 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
L'Armoire (?) — Une jeune femme vue de dos, vient d'ouvrir un
petit meuble en hauteur dont elle tire un livre, que d'après son
attitude, elle semble en train de regarder. Sans signature.
Le Marché de Dinan. — A gauche de l'estampe, le marché avec
ses arches devant lequel circulent les achetcuscs. En bas à gauche :
Norbert Gceneutte - Dinan et une date illisible.
A signaler encore : Le Rialto — Moud — La Cigale — Guérard regardant
une épreuve.
Voir H. Béraldi, lonie VII, Paris, 1888. — Une exposition de l'œuvre de
l'artiste eut lieu à l'Ecole des Beaux-Arts en 1895 et la vente de son atelier
lui faite en décembre 1897, mais il n'y figurait aucune pièce gravée. — La
plus belle collection existante de Gœneutte — 364 pièces — est a la
Bibliothèque de New-York, don de M. Avery.
GOFF (Colonel Robert C.)
Summer storm in the Itchen Valley. — Lue prairie et sur le
tout premier plan, un étier bordé à droite de roseaux du milieu des-
quels s'élève un petit arbre touffu ; au dernier plan de ce même coté,
trois petites ebaumières très basses aux toits blancs tout près d'un
rideau d'arbres ; à gauche, une barrière rustique derrière laquelle
paissent des vaches ; la prairie est bornée par une rangée d'arbres à
l'épais feuillage. Un vent violent soufflant de gauche à droite, disperse
dans le ciel un vol d'oiseaux, secoue les arbres et courbe les roseaux.
A l'horizon, se profile indécise la silhouette de collines. Dans le coin
gauche inférieur: II. Go fj' 1892.
Nous considérons cette eau-forte connue la perle de l'œuvre, il est
impossible de rendre avec plus de sobriété, mais aussi avec' plus d'énergie,
la rafale. L'éminent artiste, qui compte parmi les premiers de l'Angleterre,
a quitté l'armée depuis une vingtaine d'années, il consacre son temps aux
arts qu'il aime avec passion, il est membre de la Royal Society of Pointer-
Etchers and Engravers, de Londres, où il expose régulièrement chaque
année. Son œuvre absolument personnel est déjà considérable ci compte
150 pièces; ce qui séduit ci charme chez cet artiste, c'esl la simplicité;
point de supercheries de métier, l'eau-forte tirée nature, mais néanmoins
puissante, souple ci colorée. Il envoya en 1890', à la deuxième exposition
1 \ [u'i ii 1892
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 433
de la Société de Peintres-Graveurs français, quelques pièces qui turent très
remarquées, ce qui lit dire a Pli. Burty :
«... Ici, un artiste nouveau venu, qui se sert habilement de la pointe
» sèche, complète les effets vigoureux et sans tricherie des aquarellistes, des
» peintres de marine ses compatriotes, par une visée particulière. Les levers
» de brouillards, les mouvements d'atmosphère animant les falaises, les
» moires argentins traînant sur la mer au pied des rochers, sont le lot du
» colonel R. Goff ».
Grand voyageur et pêcheur enragé de saumons, il ne manque jamais de
noter le site qui le frappe, aussi son œuvre est-il singulièrement intéressant
et varié; il s'imprime généralement lui-même, mais si le temps vient à lui
manquer, il confie ce soin au célèbre imprimeur de la Royal Society of
Painler-Elchers and Engravers, Frederick Goulding, 53Shcpherd's Bush Road.
Wild Ducks, evening : Avington Parle. — Une mare couverte
de roseaux de laquelle s'élèvent à droite trois canards, un quatrième
est encore à l'eau. Au fond, des arbres et une sorte de vanne ou barrage
en bois. Dans le coin intérieur droit : R. Goff 1893.
Charing Cross Bridge. — Le pont de Cbaring Cross sillonné de
locomotives, occupe toute la partie gauche de l'estampe; derrière lui,
s'étend la ville avec ses hautes cheminées et ses monuments ; à droite,
la Tamise sur laquelle on aperçoit deux barques. Sur le tout premier
plan, légèrement esquissé, le quai, des arbres, des hansoms, etc., et
à droite, une grille en forme de rotonde ; près de cette grille, très
légèrement gravé : R. Goff.
Middlebourg. Hollande. - A droite, la rivière très éclairée
avec deux bateaux à la voile ; à gauche, une large route ombreuse et
tournante plantée d'arbres, au milieu de laquelle sur le tout premier
plan, un homme et une femme se sont arrêtés pour causer ; une
charrette attelée d'un cheval vient vers eux. Dans le bas du coin
gauche : R. G.
Il y a dans cette pièce une distribution de lumière absolument merveil-
leuse et c'est ici qu'on peut se rendre compte des valeurs, de la puissance
des noirs et des blancs ; un peintre avec sa palette n'arriverait pas à ce
degré d'intensité, ou tout au moins il ne le saurait dépasser. Cette eau-forte
est donc de tout premier ordre et a noter très spécialement dans l'œuvre.
Neweastle-on-TYne. — A droite de l'estampe, la rivière Tyne,
avec ses docks et ses bateaux à vapeur qui la sillonnent, s'étend à
perte de vue ; à gauche, ses quais et ses maisons. Le ciel est très noir,
28
434 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
sauf dans le milieu de l'estampe où il existe une éclaircie. Dans
le bas du coin gauche, à peine lisible, on lit gravé à la pointe :
R. Gojfl89à.
Cannon street Station. - La Tamise occupe tout le premier
plan de la partie droite de l'estampe ; au second plan, un bateau à
vapeur descend le fleuve remorquant deux gabarres, il vient de
passer sous le pont qui aboutit à droite à la station de Cannon street.
Au fond, le ciel est très clair. Dans le bas du coin gauche : R. Gojf.
Cette estampe qui est une pointe sèche pure, exécutée un peu dans le
même sentiment que la précédente eau-forte et pointe sèche, est certaine-
ment une des pins belles pièces de noire époque ; nous ne parlons ici, comme
toujours du reste, que de l'épreuve de tirage exceptionnel et nous ajouterons
qu'elles sont rares de celte qualité.
Sussex Fields. — Une prairie ceinturée de collines, dans laquelle
paissent des vaches ; sur le sommel de la colline gauche qui est dans
l'ombre, quelques arbres; au flanc de celle de droite, un moulin à
vent violemment éclairé et dont les ailes sont orientées à gauche.
Une bordure de roseaux légèrement esquissée semble indiquer un
ruisseau qui va se perdre à gauche dans la prairie. Dans le coin
gauche inférieur : R. G.
Westminster. — Au tout premier plan à gauche, la Tamise avec
quelques barques amarrées au quai; dans le fond, la silhouette impo-
sante de Westminster et du Parlement. La partie droite de l'estampe
représente la Tamise s'étendant à perte de vue sans qu'on aperçoive la
rive droite. Dans le bas du coin gauche au pied de la construction en
bois qui l'orme une portion d'estacade : R. Go f)' 1900.
Destruction of old chain Pier, Brighton. A droite, les quais
de Brighton sur lesquels la foule est accourue pour voir se briser par
la tempête les chaînes et la vieille jetée qui est à gauche ; à l'extrémité
de ces quais on aperçoil la ville dont la masse sombre se détache
nettement sur un ciel très clair. Au fond à gauche, deux eslacades et
le ciel noir comme i\r l'encre déversant une pluie dilu\ ienne. Dans le
bas du coin droit de l'estampe, encadré d'un vigoureux Irait, on Ml
cette inscription : Brighton. Chain. Pier. Opened. ','.'>'. Noo. 1823.
Destroged. Rij. South. Easterlg. Gnle. I, Dec. 1896.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 435
Pièce d'un accent superbe, quelquefois peut-être un peu trop encrée; il
faut donc choisir les beaux exemplaires qui alors sont admirables.
Valley of the Itchen, above the Osier Bed. — Un tertre à pente
raitle couronné d'un bosquet touffu qui occupe tout le milieu de
l'estampe, et au-dessus duquel on aperçoit un vol d'oiseaux ; à gauche,
formant l'horizon, des collines. Le tout premier plan de l'estampe est
vide de travaux. Dans le coin droit inférieur à la pointe : Valley of Ihe
Itchen — R. Goff.
The South Cône. — Des vagues tumultueuses occupent toute
l'estampe; à droite au fond, se détache en vigueur une estacade en
bois. En bas dans le coin droit : The South Cône. R. Goff.
Storm driven. — Une prairie au milieu de laquelle serpente un
ruisseau bordé d'arbres que couche et secoue un épouvantable vent
d'orage, la pluie tombe à l'horizon ; à gauche, un troupeau de
moutons que garde une bergère, s'est mis à l'abri sous un chêne.
Dans le bas du coin gauche : R. Goff. 1901.
Pièce d'une sauvage beauté, traitée — on devrait plutôt dire sabrée —
avec une infernale maestria.
Bazaar Cairo. — Devant un bazar où s'étalent toutes sortes de
marchandises, quelques arabes sont rassemblés. La partie du milieu
de l'édifice est violemment éclairée, tandis que celles de gauche et
de droite, cette dernière plus particulièrement, sont plongées dans
l'ombre. Dans le bas du coin droit : R. Goff 1S98.
The Nile at Assouan. — Le Nil bordé de rives à pic à gauche, et
de collines à droite, avec des rochers au milieu. Entre la rive gauche
et les rochers à fleur d'eau, une petite barque au premier plan. Au
bas de l'estampe séparée de la partie gravée par un trait, la légende
suivante qui occupe toute la largeur de la pièce : // ftotos through old
hushed Egypt and ils sands, Like some grave mighty thought theading '
a dream. Reigh Haut. Assouan 1S97. R. Goff.
1 Une erreur matérielle a l'ait écrire theading, quand c'est thveading qu'il l'aut lire. Voici lu
traduction de celte légende : // coule <i travers la vieille Egypte endormie et ses tables, comme
quelque grave et puissante pensée suivant le cours d'un rêve.
436 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
The Mouth of the Thames. -- Un petit tertre montueux qui
longe un étroit sentier traversé par une barrière rustique que vient de
franchir un homme qui s'éloigne. Le tout premier plan à droite est
très embroussaillé et la Tamise que l'on voit s'étendre à perle de vue
occupe tout le reste de ce côté de l'estampe. Dans le coin gauche
inférieur : Ii. G.
Nous en possédons une épreuve sur japon que nous considérons avec
celle de Camion street Station, qui est également dans notre collection,
comme les plus beaux exemplaires connus. — Nous nous sommes rendu
acquéreur de ces deux perles à l'Exposition des Peintres-Graveurs français
qui cul lieu chez Durand-Ruel en 1890, où nous les avions remarquées.
Brighton's Beach. — A gauche, le rivage sur lequel le Ilot vient
mourir; au second plan, une sorte de barrage en bois qui s'avance
dans la mer; à l'horizon une estacade, et à droite la silhouette
délicatement esquissée de la ville de Brighlon. Dans le coin inférieur
droit: R. GojJ.
Cette petite pièce, qui est de la dimension d'une grande carte de visite,
fui gravée en 1891. Elle est d'une exquise finesse.
The Sun's last rays. — Une barrière en planches et une marc
légèrement éclairée et plantée de roseaux occupe le premier plan.
A droite, le soleil disparait à l'horizon, derrière la plaine qui s'étend
à l'infini, mélancolique cl sombre ; à gauche, on aperçoit une tour,
celle d'une église sans doute. Dans le coin droit inférieur : /?. GoffWOl.
One of London Highways. — La Tamise et un pont en 1er très
cintré sous l'arche duquel vient de passer un chaland ayant une voile
à son arrière et se dirigeant vers la droite. De l'autre côté du pont à
gauche, la ville avec ses hautes constructions et ses cheminées
fumantes. Dans le bas du coin droit : R. Go jf 1898.
Cette pièce qu'on eut très bien pu baptiser A misty Daij — un jour de
brouillard — est extrêmement curieuse, car elle rend à souhait el avec une
absolue sincérité une de ces journées brumeuses si fréquentes au climat
londonien. L'artiste a su fixer l'impalpable . elle a, en outre, une saveur toute
particulière de difficulté de métier vaincue de la plus habile façon; toute la
planche est noyée par un retroussage (l'une exquise <■! transparente légèreté
rompue de ci de là de quelques touches lumineuses. Le cuivre a été préparé
très légèrement à l'eau-forte, puis terminé el enveloppé à la pointe sèche ;
le tirage, rendu lies difficile pour donner complètement l'effet, n'a pu
fournir qu'un nombre très restreint d'épreuves, la planche n'ayant été
attaquée que 1res superficiellement.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 437
Citons pour terminer comme pièces encore très intéressantes et très
remarquables : Peat Moss Banavie (Seotland) — Saint Cross Winchester —
A Study on the river Test (Hampshirej — The light-house Shoreham — The
Pool Aldrington [SussexJ.
L'éminent artiste, absent au moment de l'Exposition de 1900, avait eu le
regret de ne pouvoir exposer, les collectionneurs et ses amis en ont éprouvé
une cruelle déception.
Ses eaux-fortes sont encore assez difficiles à se procurer en France, mais
en s'adressant à Robert Duntborne, son dépositaire, 5 Vigo strcet, à Londres,
nous croyons qu'on les pourrait aisément avoir en communication.
GOTTLOB (Fernand-Louis)
La Dame aux Cygnes. — Dans un parc, sur le bord d'un étang,
une jeune femme se promène se dirigeant vers la droite, sa main
gauche tient un réticule et un livre ; ce dernier est vivement éclairé ;
derrière elle, des cygnes glissent sur l'eau nageant vers la gauche.
Superbe lithographie.
Signalons encore : Le Marché aux Cochons et Les Filles de Nuit à Paris,
deux lithographies également remarquables, la dernière surtout.
GOYA (y Lucientes-Francisco)
L'artiste naquit le 31 mars 1746 à Fuentetodos, petite ville de la province
de l'Aragon, et mourut à Iiordeaux le 16 mars 1828. Plein de fougue et
d'originalité, il s'est rendu particulièrement célèbre par ses scènes de
Tauromachie ' (33 pièces), Les Caprices 2 (80 pièces), et Les Malheurs de la Guerre
(80 pièces) '. — L'œuvre gravé ne compte guère qu'environ 278 numéros,
beaucoup sont de second plan ; nous ne nous occuperons, selon notre
programme, que des pièces de tète.
Index bibliographique : Goya, par Laurent Matheron, Paris 1858 — Goya,
par Ch. Yriarte, Paris 1867 — Francisco Goya, par Paul Lefort, Paris 1877 —
Les Graveurs du xrx<= siècle, tome VII, Béraldi, Paris 1888 — Goya, par
P. Lafond, Paris 1900.
» La première édition est sans titre, la seconde avec le titre fut adjugée en 1805, vente Des
tailleur, 180 francs.
- Il y a deux tirages, le premier se distingue par la couleur de l'encre qui est plus rousse ;
un exemplaire de ce tirage, en 1805. à la vente DestaiUeur, fut adjugé 440 francs.
3 Ces trois séries sont des eaux-fortes aquatintées. La seule collection complète connue des
Malheurs tle la Guerre a été et est peut-être encore chez M. Carderera. à Madrid ; les cuivres
existent. — Un exemplaire d'ancien tirage, en 180,"), vente Destailleur, fut adjugé 300 francs ;
il provenait de chez Paul de Saint-Victor.
438 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIECLES
Le Supplicié par le Garrot (Lefort 24<>). — Assis sur l'escabeau
fatal presque de face, les pieds nus, les mains liées dans lesquelles
est passé un crucifix, le condamné grimace sous les douleurs que lui
l'ont éprouver la terrible pression du garrot. Un cierge allumé est à
gauche.
Nous avons mentionné, pour l'acquit de notre conscience, cette pièce dite
célèbre, malgré le peu d'enthousiasme que nous professions pour clic. Les
anciennes épreuves en sont 1res rares.
Le Joueur de Guitare (24<S). — De nombreux personnages
écoutent un guitariste qui chante; un marchand de rafraîchissements,
la gourde sur le dos, s'arrête aussi pour prêter l'oreille. A gauche,
un homme avec deux bœufs se dirige de ce côté. Sur le tout premier
plan, deux entants sont couchés par terre. Au fond, se profile un
château-fort et derrière le groupe du milieu émerge un homme à
cheval. En bas, à gauche, sur une pierre, on lit inscrit en gros
caractères : Goya.
Cette eau-forte, qui ne semble pas terminée, est en travers et la plus
giandc, croyons-nous, qu'ait gravée le Maître. Nous en avons vu un superbe
exemplaire chez M. Barrion. Elle est d'une insurpassable rareté; on la dit
tirée à 3 exemplaires seulement. Le British Muséum en possède une épreuve.
El famoso Americano Mariano Ceballos (272). — L'arène est
entourée de spectateurs ; à gauche, l'Américain armé d'une lance,
monté sur le taureau qui rue, se dirige vers la droite sur un autre
animal qui s'avance. Dans la marge du bas, le titre ; à gauche, le
mot : Déposé, et à droite : Lith. de Gaulon.
Le Picador enlevé sur les cornes du Taureau (273). — Au
milieu de l'estampe, un cheval est tombé; le taureau a le pied droit
posé sur lui et vient d'encorner le picador; à gauche, un homme à
cheval, armé d'une lance, pique le taureau. Au fond, à gauche, un
groupe de spectateurs et un cheval.
Dibersion de Espaha (274). — Dans l'arène entourée de specta-
teurs, quatre taureaux ; celui de gauche, qui est au premier plan, se
précipite sur les étoffes qu'on lui jette sur les cornes.
La Division de Place (27.")). L'arène entourée de spectateurs
est séparée en deux par une barrière de madriers sur laquelle un
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 439
homme est à cheval ; de chaque côté, un toréador est aux prises avec
un taureau ; dans la portion de l'arène de gauche, au fond, un cheval
mort est couché près d'un autre qui est debout.
Les quatre dernières pièces que nous venons de décrire sont désignées sous
la rubrique Les Taureaux de Bordeaux, parce que ces lithographies furent
imprimées en 1825 dans cette ville. Il est extrêmement difficile, pour ne pas
dire impossible aujourd'hui, de trouver ces quatre pièces réunies. M. Alfred
Barrion en possède une suite superbe, les n°s 272 et 275 sont même avant
toutes lettres, ne portant que le nom de Goya dans le coin de l'estampe.
A la vente .Moignon, trois de la suite — le n° 274 manquait — furent
adjugées 400 francs; les trois mêmes, à la vente de Concourt, atteignirent
350 francs.
GROUX (Henry de)
Les lithographies suivantes, aux compositions étranges mais pleines d'ori-
ginalité, sont à recueillir, elles dénotent un très curieux tempérament
d'artiste, bien lui-même et pas banal : Le Christ aux Outrages — La Vigne
abandonnée — La Veillée de Waterloo — Le Sommeil d'Eve — Le Carnage —
Le Chambardement — Quand les Bourgeois dorment.
C'est un grand artiste disait quelque part Arsène Alexandre. ... « parce
que si on lui donnait des murailles à couvrir, murailles de palais ou de
temple, ou de campo santo, ou de n'importe quel édifice plus moderne où
doivent se réunir des hommes, il ferait naître, aux regards de ces hommes
et devant leur esprit, des compositions profondément émouvantes, poétiques
et d'une extraordinaire envolée. »
GUERARD (Maurice-Henri)
Naquit à Paris en 1S4G et y mourut 4, avenue Frochot, le 24 mars 1897.
L'artiste que nous avions le plaisir de connaître et que nous aimions, fut
un des plus habiles manieurs de cuivre de notre époque, c'est lui quUzannc
appelait dans un langage imagé le cordon bleu de l'eau-forte. Son œuvre est
très considérable ; dans son tome VU des Graveurs, en 1888, H. Béraldi
mentionne déjà 602 pièces; ajoutons que dans ce nombre beaucoup de pièces
sont de peu d'importance.
Guérard est l'inventeur de la pyrogravure; il désignait tout simplement
sous le nom de Panneaux au fer chaud les jolies productions qu'engendrait
son tisonnier.
Quatre expositions de son œuvre eurent lieu : l'une en 1887, Galeries
Bernheim jeune; les autres en 1891 et 1896, au Théâtre d'Application, rue
Saint-Lazare (actuellement La Bodinière), et à New- York, en décembre de
cette même année, aux American Art Gallerics, mais à celte dernière ne
figuraient pas d'eaux-fortes.
440 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Dans la préface qui précède le catalogue de 1891, M. Roger Marx vient
délicatement souligner les qualités de notre artiste. En voici quelques
extraits :
« Toutes les roueries il les connaît,
» tous les procédés il les met en usage sous l'attaque de son burin,
» plus volontiers violent que tendre, le métal mis à nu, sillonné de rides,
» reflète les tourments d'une imagination irrassasiée de nouveau, il dit le
» réel et le rêve, le funèbre et le comique, l'absurde et le charmant
» il dit la vie des ports, des quais, des gares, les aspects de Paris et de
» Venise, montre la mer sous des clartés lunaires, la campagne par la neige,
» Londres dans le brouillard. Ici encore la particularité de ces spectacles île
» nuit ou de brume est soulignée, précisée par le ton approprié du tirage
» par l'encre grise ou bleue »
Le pauvre artiste, dont la santé très délicate ne se soutenait que par une
dose d'insurmontable énergie, avait, croyons-nous, le pressentiment qu'il
mourrait jeune, car il grava lui-même, vers 1870, un grand cuivre qui est sa
lettre de faire-part, ainsi conçue :
Vous ('ics prié d'assister aux Convoi, Service el Enterrement de Maurice-
Henri Guérard, peintre-graveur à l'eau-forte el Maître imprimeur, décédé en
son domicile, éi Paris, éi l'étge de ans, qui se feront aujourd'hui courant,
à midi. De la pari de ses parents cl amis.
De Profundis !
Sous ce texte était gravé un cadavre étendu sur le dos, la tète à droite. La
lettre Y de : Vous êtes. . . était portée par la Mort qui chevauchait appuyée
sur une pointe sèche.
Celte pièce est devenue fort rare , il existe des tirages sur papier foncé
avec lettres rouge et argent.
Le Moulin de la Galette (Béraldi 133). - Le célèbre moulin a
lis ailes tournées vers la gauche; la butte sur laquelle il est liàti
projette son ombre sur le terrain au tout premier plan. Le ciel est
nuageux. Sans signature.
Nous possédons de celte pièce, tirée généralement en bistre, un 1' élat
unique en couleurs obtenu à l'aide de plusieurs planches. L'exemplaire est
tellement beau que, le montrant un jour à Buhot, celui ci émerveillé s'écria:
« Si j'avais imprimé une telle épreuve, je ne m'en serais jamais dessaisi. »
Le Quai de la Gare à Dieppe (III). Au fond de l'estampe, on
aperçoit à gauche une forêl de mais, et à droite le quai, le long
duquel s'alignent les grues qui servent au chargement et déchargement
des marchandises. Une drague occupe le devant de la composition.
La lune qui brille à droite se reflète argentée dans le miroir des eaux
clapotantes. Dans le bas du coin droit : //. Guérard. Dieppe.
Effet de nuit d'une grande intensité, imprimé en bleu, tiré en noir, il eut
été impossible d'obtenir anv vision d'un elfet aussi puissant et aussi sincère.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 441
Les Corbeaux dans la neige. — Il y a deux planches pouvant
se faire pendants. Dans l'une et l'autre, il y a six corbeaux —
grandeur presque nature -- dans différentes altitudes; l'une est
signée dans le bas du coin gauche : H. Guèrard : l'autre, celle où les
six corbeaux sont en deux groupes de trois oiseaux, est sans signature.
La planche, complètement usée, ne tire plus. Les premières épreuves de
cette merveilleuse pointe sèche, lorsque le cuivre est dans toute sa fleur,
sont d'admirables estampes qu'il ne faut à aucun prix laisser échapper si le
hasard vous les fait rencontrer, mais elles sont devenues fort rares'. Nous
en possédons deux exemplaires dédicacés d'une éblouissante beauté.
Mentionnons encore comme très intéressantes : Corbeaux pendus — Le
Chai noir sur un journal — Carmen — Tête de Tigre — Effet de Lune à
Monaco — Locomotive, etc..
GUIGNARD (Gaston)
Nous ne pouvons passer sous silence l'exposition si remarquable de
monotypes que cet éminent artiste lit en juin 1901, chez Arthur Tooth
et Sons, boulevard des Capucines, puisque certains collectionneurs d'estampes
à l'heure actuelle leur ouvrent leurs portefeuilles. Il y avait là des morceaux
de tout premier ordre et d'une incomparable séduction ; nous citerons parti-
culièrement :
Le Coucher de Soleil sur les varechs — Les Sapins dans la neige — Le
Taureau — Meules en feu — Clair de Lune sur les falaises — Les Marécages —
Chez l'Equarrisseur — Grande Marée par la lune — Dans les Brisants.
Interrogé par nous sur son procédé, M. Guignard, avec sa bonne grâce
habituelle, a bien voulu se prêter à cette petite interview. Voici donc
comment il opère :
Sur une plaque de cuivre ou de zinc il peint un sujet quelconque, pour
lequel il emploie des couleurs à l'huile ordinaires, généralement du noir
d'ivoire, de la terre de Sienne brûlée ou naturelle, du bleu de Prusse, et
c'est tout, couleurs transparentes avec le moins d'épaisseur possible. Le
tableau rapidement composé — car il faut éviter que la couleur sèche —
est mis sous presse, et l'impression sur papier, japon ou autre, donne
l'épreuve, l'épreuve unique, le monotype. Quant à avoir deux exemplaires
semblables il n'y faut pas songer, le coup de presse enlevant sur la plaque
la couleur liquide qui est toute en surface. Le procédé est, comme on le
voit, de la dernière simplicité, mais présente cet avantage qu'il est la repro-
duction fidèle de la touche de l'artiste. Le métier disparait complètement et
et l'écrasement du rouleau donne des trouvailles souvent inattendues et
quelquefois délicieuses.
1 En mai 19*12. nous en rencontrâmes chez Hesscle deux superbes exemplaires; ils n'ont
pas dû y rester longtemps.
442 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Ajoutons, mais ceci sans toutefois l'affirmer, que c'est M. Degas qui, le
premier, usa de ce procédé dont il serait en quelque sorte l'inventeur,
procédé charmant mais où la gravure brille absolument par son absence.
Il existe, bien entendu, des monotypes polychromes et monochromes;
c'est à ces derniers que nous donnons de beaucoup la préférence.
HADEN (Sir Francis Seymour)
Thames Fishermen (Drake 11 — Kœhler1 17). — La Tamise
avec ses rives parsemées de bouquets d'arbres s'éloigne vers le fond
de l'estampe en décrivant plusieurs coudes. Dans une barque amarrée
à droite dans les roseaux, deux pêcheurs ; l'un est debout et tient une
ligne; l'autre est assis. A droite, dans l'éloignement, un vol d'oiseaux.
On the Thames F. S. Haden 1859.
Cette estampe, eau-forte et pointe sèche, est extrêmement rare ; elle figura
au Salon de 1859 sous la rubrique Vue prise de la Tamise et sous le N" 36<">7.
C'est la première œuvre du Maître qui, croyons-nous, fut exposée en France,
elle y produisit une profonde sensation dans le monde artistique. — La
planche est détruite.
Mytton Hall (1) 13 — K 22). — Une allée ombreuse de vieux ifs
conduit à la porte cintrée d'un ancien château violemment éclairée.
Sur le premier plan, deux gros boulets en pierre. Seymour Haden 1859.
Quelques épreuves d'essai sans signature. Le l«r état, que 'nous venons de
décrire, a été publié dans Etudes à l'eau-forte sous le N" 21. Cette admirable
pointe sèche, d'une insigne rareté et dont le cuivre est détruit, représente la
maison de plaisance d'Henri VII, elle était louée pendant la belle saison par
Sir Seymour Haden qui se livrait à la pèche de. saumon dans la petite
rivière Kibble qui passait non loin de la.
Egham Lock (D 15 — K 27). — La vue est prise dans un endroit
où la rivière s'étrangle pour passer à une écluse en bois qui occupe
le milieu de l'estampe. Les deux rives sont boisées et au tout dernier
plan on aperçoit un arbre touffu dont le mirage dans l'eau est rompu
par le courant. En bas, à gauche ; Egham-Lock. Seymour Haden.
Celte eau-forte fut gravée en 1KÔ9 et reproduite dans la Gazette des Hcaux-
Arts, tome XVII, en 1801 et publiée dans Etudes à l'cau/orle sous le N"23. Le
i Numérotage établi dam la Cataloqnr <\c l'inn rr fin Mnilre expose À Boston en mnrs-mni 1RW.
Chaque rim portail un numéro différent.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 443
\n état est avec le ciel et la signature ; le 2« sans la signature et au ciel
blanc ; au 3e état, la planche a été terminée en manière noire, et quelques
épreuves seulement en ont été tirées, car la planche a été perdue, croyons-
nous. Le l"r état seul est recherché ; il est assez rare.
Sub tegmine... (D 1(5 — K 31). — Au premier plan à droite, un
homme coiffé d'un chapeau à haute forme est couché à l'ombre de
deux gros arbres ; à sa droite, le terrain est inondé de lumière. Au
fond de l'estampe, un homme et une femme sont assis l'un près de
l'autre. En bas, à gauche : Greenwicli Park, 1S59. Seymour Haden.
Eau-forte et pointe sèche rarissime, car la planche n'a guère tiré en tout
qu'une trentaine d'épreuves. Au 1» état, le nom de l'artiste n'existe pas
encore. — Planche détruite.
Fulham (D 18 — K 38). — Des maisons le long de la rivière, et
au fond de l'estampe l'église de Fulham avec ses deux tours; à droite,
un pont. A gauche, sur le tout premier plan, très vigoureusement
accusés, des arbres. Fulham. S. H.
Cette très jolie eau-forte et pointe sèche fut gravée en 1859, elle est
actuellement épuisée et fort rare ; au 1er état, qui fut puhlié dans les
premiers numéros de : Eludes à l'eau-forte, sous le N° 6, on lit : Seymour
Haden. Fulham ; et seulement Fulham S. H. dans les tirages postérieurs de
ces Etudes. Il existe des épreuves portant les mots : Sculpsit et Fulham sur
la Tamise ; elles sont à rejeter, car elles proviennent de la planche usée,
et ces addenda n'ont jamais été autorisés par l'artiste.
On the Test (D 19 — K 42). — Le soleil vient de disparaître à
l'horizon derrière les collines ; au milieu de l'estampe, on distingue
un pont rustique qui met en communication les deux rives d'une
tranquille petite rivière bordée à gauche par de grands arbres touffus.
A droite, sur le terrain nu de la berge, un troupeau de moutons.
Dans le coin droit : Seymour Haden.
Cette pointe sèche, que Burty appelle Le Crépuscule, dans son catalogue,
est une des plus merveilleuses pièces de l'œuvre, il s'en dégage une poésie
d'une intensité pénétrante et d'un charme indélinissahle ; nous nous
étonnons qu'elle n'ait pas la réputation du Sunset in Ireland, Calais Fier,
Shere Mill Pond, etc., et nous venons ici attirer sur elle l'attention d'une
façon toute particulière et revendiquer hautement la place qu'elle doit
occuper dans le groupe des pièces célèbres. — Le comte Matheus en
possède un admirable exemplaire. — Cette estampe, ainsi que la suivante,
A Water Meadow, furent gravées toutes deux le même jour en 1859, la
première le soir, et la seconde en plein midi,
444 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
A Water Meadow (I) 20 — K 4(>). — Kn plein midi, une prairie
bordée d'arbres, avec un bouquet de "peupliers se détachant sur la
droite; sur le tout premier plan, une maie avec des roseaux, et à
gauche les débris d'une vieille écluse dont le bois semble vermoulu.
Au tout dernier plan à gauche, se profilent, à peine esquissées, des
collines. Sans signature.
Il existe îles épreuves d'essais extrêmement rares dans lesquelles l'eau D'est
pas encore indiquée; dans les premières on lit la date 1859, dans les autres
ce millésime a été effacé. Cette estampe est particulièrement aimée «le
sir Seymour Haden qui nous a fait hommage d'un superbe exemplaire déli-
catement retouché au crayon par lui-même. Cette eau-forte est quelquefois
désignée sous le titre La Prairie, ou encore La Prairie inondée. Il existe une
épreuve d'essai marquée Romseg Meadows.
Early Morning Richmond (D 21 — K 52). — Une plaine tout
ensoleillée s'étend à gauche derrière une rangée d'arbres qui traversent
obliquement la composition. Sur le premier plan, d'autres arbres
projettent leurs ombres sur le chemin. F. S. Haden 1S59.
Cette eau-forte et pointe sèche est devenue fort rare, surtout en l«r état.
Dans le 2« état, qui a été publié dans Etades à Veau-forte sous le N» in, la
signature a disparu et a été remplacée par: The lark al heiwcn's unie sings'.
Planche détruite.
The Mouth of a brook (I) 24 — K 58). — En plein été, sous
un bois, de jeunes chênes et de hauts genêts qui se penchent, se
croisent cl l'ont un pont de verdure; un ruisseau coule lentement,
mystérieusement au milieu des roseaux et des joncs. Dans le bas du
coin gauche, à peine lisible : S. Haden 1S.~><).
Cette eau-forte pure est tellement rare qu'il nous a été impossible de nous
la procurer, nous avons donc été forcé <\'en emprunter la description
à l'h. lîuity. Sur l'exemplaire qui figurait à l'exposition de l'œuvre du
Maître en 1896, au Muséum <>/' Fine Arts de Boston, on lisait au dos, de la
main de Sir Seymour Haden, la note suivante : « La plus rare et une de mes
meilleures planches. Sir W. Drake en possède une épreuve ainsi que le British
Muséum , je crois qu'il en existe une quatrième, mais je n'en suis pas sur » ».
Après avoir lire ces I exemplaires, ou retoucha la planche, on lit remordre,
mais l'opération n'ayant pas réussi, le cuivre lui perdu, on en tira néanmoins
une épreuve dans laquelle on distingue à droite le tronc île deux arbres.
i L'alouette chant» d i" porte 'lu ciel,
'Nous venons d'npprondre que e'eal bien quatre exemplaire! 'i"i existent: troh jonl
ii lui Ile ni aux l liât i i nia
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 445
Ne pas confondre cette estampe avec la pointe sèche tic même rubrique
(Dr. 25) qui est une répétition de la précédente dans la disposition générale,
mais d'un effet tout différent; tirée à 8 exemplaires.
A By-Road in Tipperary (D28 — K68). — A peine tracée sur le
gazon et le terrain blanc, la roule passe sous la voûte que forment en se
croisant les branches presque horizontales d'un bois de frênes cente-
naires. Dans le lointain, entre la ligne des troncs tachetés, on aperçoit
des champs, des maisons et une colline basse. Seymour Haden 1SG0.
N'ayant pu rencontrer cette pièce d'une insigne rareté, nous avons
encore dû en emprunter la description à Burty. Un exemplaire sur
japon et encadré passa à la vente Michelin en 1898, il fut adjugé 1320 francs,
plus les frais; c'était une épreuve d'une beauté éblouissante. Au 1" état
seulement, on aperçoit sur la route une charrette qui s'éloigne ; elle a été
effacée dans l'état suivant;
Cette eau-forte et pointe sèche, dont il n'a guère été tiré qu'une
quarantaine d'épreuves, figura au Salon de 1804 (N° 2993) sous la rubrique :
La Route traversant la Forêt. Elle fut prise, tle même que A Sunset in Ireland,
dans le parc du vicomte Hawarden, c'est-à-dire dans un des sites les plus
séduisants de ce merveilleux comté de Tipperary.
Combe Bottom (D 29 — K 72). — Au premier plan à droite, sur
un terrain sablonneux, deux lapins enrayés par leur ombre ; au fond
de l'estampe, un bois. S. Haden Shere.
L'état que nous venons de décrire est le l" état, celui qui fut, en 1805,
publié dans les premiers numéros de : Eludes à l'eau- forte.
Il y a de nombreuses épreuves d'essai — cinq, croyons-nous — dans les
premières, les lapins n'existent pas. A l'exposition du Musée de Boston déjà
mentionnée, figuraient deux exemplaires d'essai non signalés par Drake ;
en voici la description :
1° Une colline occupe le premier plan, s'élevant de gauche à droite,
elle est couronnée de sombres buissons ; le sommet lui-même de
cette colline est fortement ombré pour faire opposition à la partie du
milieu qui est très lumineuse. On ne voit rien encore de la charrette
et du cheval suivis par un homme à pied. Dans le bas du coin
gauche, on lit: F. S. Haden. fl 1860, et dans celui de droite: Combe
Bottom Going up to fold, suivi d'une autre inscription, une signature
sans doute, rendue très difficilement lisible par les indications de
gazon qui la viennent complètement masquer.
2° La colline avec son couronnement de buissons à droite a disparu ;
la signature du coin gauche est devenue Seymour Haden ; l'inscription
de droite subsiste encore, mais apparaît beaucoup plus pâle.
44(i DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Cette toute petite pièce est un bijou ; faite de rien, elle n'en est pas moins
d'une extrême séduction. Elle est de toute rareté, aussi engageons-nous
vivement le collectionneur qui la rencontrera à ne la laisser échapper
à aucun prix. On la désigne quelquefois aussi sous le nom de La Garenne ;
c'est une pointe sèche et eau-forte.
A Cottage Window (D 33 — K 80). — A travers une fenêtre, on
aperçoit des roses en treillis et l'église d'un village. Sur le seuil de la
croisée, un chat blanc est en train de faire sa toilette avec sa patte.
Cette pièce — eau-forte et pointe sèche — qui n'a pas eu de tirage
régulier, est absolument introuvable ; il en existe peut-être 4 a 5 épreuves,
pas davantage. Au second essai, la planche a été coupée et : S. Huden 1S00
ont été ajoutés. — Elle est actuellement détruite.
Shere Mill Pond ' (D 35 — K 83). — Tout le premier plan de
l'estampe est occupé par une large nappe d'eau donnante dans
laquelle les arbres qui l'entourent viennent se refléter. A gauche, des
plantes aquatiques, des constructions basses, des peupliers dominant
de toute leur hauteur les arbres derrière lesquels ils s'élèvent et une
silhouette de cheminée de fabrique émergeant à droite des peupliers ;
tout au fond, on distingue la toiture d'un moulin à eau ; à droite, une
masse sombre d'arbres très touffus, et sur le tout premier plan, un
fouillis de roseaux d'où s'envole un canard. Dans le coin inférieur:
Seymour Haden 1860.
Cette pièce, qui se raréfie tous les jours, est célèbre à l'instar des plus
fameux Rembrandt ; c'est une admirable eau-forte dont cinq exemplaires
d'états différents lurent exposés au Muséum of Fine Arts de Boston en 1896 ;
nous croyons intéressant de les mentionner ici :
1" Epreuve d'essai (a) de Drake; c'est-à-dire, avant la signature, les
peupliers à droite et l'introduction du canard. Exemplaire retouché, la
retouche comportant un grand vol d'oiseaux dans le ciel.
2" Epreuve d'essai ,/>' de Drake; cet auteur indique ainsi le titre dans le
bas du coin gauche : Shere Mill Pond, quand dans l'épreuve exposée ici
on lit : Shere mill pond , de plus, il y a dans le bas du coin droit : Seymour
Hadetl ISIil). ce que Drake à omis de signaler; le ciel et le canard existent.
L'épreuve est retouchée et porte la mention : /" état avec le ciel.
3° Etat non décrit, marqué t" étal. La désignation Shere mill pond, qui se
trouve dans le bas du coin gauche, a été effacée puis remise, mais alors le
premier mot Shere est seul lisible.
• La grandi plancha, car il en existe une petite (Or. îi) qui est une réduction île la
précédente. — a l'expa^iiiou * l r- L'oeuvre i New*York, en l'jai. il y avait une copte de la grande
planche par Barry.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 447
4u 2" état publié de Drake ; toutes traces d'inscription dans le bas du
coin gauche ont disparu. — C'est l'état publié sous le Nu 21 dans Etudes
à I eau- forte ; le ciel a été ell'acé, et dans le coin droit intérieur on lit :
Seymour Haden 1860.
5U Etat non décrit par Drake. — La signature du bas du coin droit a été
ellacée. — On a écrit sur cette épreuve : Planche remordue et immédiatement
détruite, ou plutôt biffée, ce qui revient au même.
Le 1" état publié de Drake, qui ne figurait pas à cette exposition, est
avec le ciel et avec la signature et le millésime dans le coin droit inférieur.
Il n'existe que 2 ou 3 épreuves connues avant le canard et on ignore
absolument où elles sont actuellement '. — Le cuivre biffé est actuellement
entre les mains de M. Frederick Keppel, de New-York. Sir F. Seymour
Haden lui en fit cadeau, il y a quelques années, avec sa pointe, longue
barre d'acier ronde, mesurant initialement 18 pouces « anglais et réduite
maintenant, après 40 ans de merveilleux travaux, à la moitié de sa
longueur. — Cette estampe est surtout connue en France sous la rubrique :
L'Etang au Canard.
The Letter (D 41 — K 99). — Une femme vêtue de noir, avec une
chemisette blanche, s'appuie contre une porte entrouverte, la main
retombe le long du corps, tenant une lettre. On lit dans le coin, en
caractères renversés : Seymour Haden 1863.
Cette pointe sèche n'a été tirée qu'à 3 exemplaires ; deux sans la lettre
dans la main, et un avec cette lettre. — Burty dénomme cette pièce :
Tristesse.
A Sunset in Ireland (D 44 — K 106). — C'est le soir, une petite
rivière aux bords gazonnés serpente limpide et calme au milieu d'un
bois aux arbres sombres et touffus. Au tout premier plan, l'eau très
transparente est violemment éclairée ; à droite, une partie de la
prairie est sans arbre, et près de la rive, une perche émerge de l'eau ;
à l'horizon, au-dessus des bois, des oiseaux dans le ciel très légèrement
esquissés ; tout à fait à gauche sous les arbres, deux personnages vus de
dos s'éloignant. Dans le coin gauche inférieur : Seymour Haden 1803.
Qu'on veuille bien nous permettre d'évoquer ici un très agréable souvenir
et de faire revivre une histoire qui, si elle ne fait point honneur à notre
discrétion, nous sera pardonnée — nous l'espérons du moins — en raison
de la franchise avec laquelle nous allons la conter :
C'était en 1888, nous revenions de Paris où nous avions eu l'occasion
d'examiner un merveilleux œuvre du Maître, fortement impressionné et
1 Un exemplaire d'essai, unique sans doute, avec le ciel et le canard, a ligure à l'Exposition
laite par The Grolier Club à New-York, en avril et mai 1902.
* Soit environ 54 centimètres.
448 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
n'écoutant que notre enthousiasme, nous écrivîmes sur l'heure une lettre
aussi chaude que respectueuse à l'éminent artiste, lui demandant hum-
blement s'il serait assez aimable de vouloir bien échanger la moindre de ses
eaux-fortes contre le méchant volume — Les Estampes du XVIIIe sièele —
que nous venions de publier. La lettre était à peine partie que nous nous
sentîmes épouvanté de notre audace, il était trop lard... La semaine ne s'était
pas écoulée que nous recevions — jugez de notre surprise et ajoutons de
notre joie — en même temps que quelques lignes charmantes A Sunsel in
Ireland sur peau de vélin d'une insurpassable beauté, rendu plus précieux
encore par un mol de gracieux envoi dans la marge. Nous en lûmes et en
demeurons encore confondu et, malgré les années écoulées, nous sommes
heureux de remercier encore du fond du cœur et publiquement ici le grand et
sublime artiste qui a bien voulu détacher pour nous le plus pur et le plus
rare joyau d'un écrin riche entre tous, et l'assurer de l'éternelle recon-
naissance que nous lui gardons pour l'exquise et continuelle jouissance
qu'il a bien voulu nous procurer.
L'état que nous venons de décrire est celui publié dans Etudes à l'eau-forte
sous le X" lô. Une épreuve de cette pointe sèche figura au Salon de 18G4 sous
le X" 2991 et sous la rubrique : La Rivière au milieu du parc. Cette estampe,
/</ i>lus rare de l'œuvre, est d'un classement fort difficile; Drake, y compris
les épreuves d'essai, compte 9 états, et il doit être incomplet, car à l'Expo-
sition de Boston figuraient trois états non décrits, ce qui porterait finalement
à 12 leur nombre définitif. Dans les trois premières épreuves d'essai, le bâton
— ou la perche — planté dans l'eau à droite n'existe pas encore. On désigne
quelquefois cette pièce sous la rubrique: Coucher de Soleil en Tipperaru. Le
cuivre de cette estampe, pour laquelle nous jetterions par dessus bord tons
les paysages de Rembrandt, est actuellement biffe et se trouve en Amérique.
Une épreuve admirable de cette estampe en L' état — l'exemplaire de
Burty — est aujourd'hui dans la collection du comte Matheus qui possède,
du reste, un des plus beaux œuvres du Maître.
Battersea Reach (D 45 — K 114). — La Tamise à Battersea. Au
premier plan, deux flâneurs le long du parapet ; au milieu du courant,
un certain nombre de barques amarrées ensemble; à droite, les fau-
bourgs de la ville avec l'église el le toit rond d'une fabrique; au fond,
un pont occupant toute la largeur du fleuve, et sur la gauche, presque
au premier plan le long du quai, deux grands mais où sont amarrés
des bateaux. Tout à fait dans le haut du coin gain lie : OUI Cliclsea,
Segmoar Haden 1863, et immédiatement au-dessous de cette autre
ligne : Oui of Whisller's window.
(.'est ce 1e' état que nous venons de décrire qui a été reproduit dans le
xviir volume de la Gazette des Beaux-Arts en 1864; cette planche extrê-
mement mordue fut tirée à Londres par Delâtre. Dans le 2« étal qui fut
publié dans Eludes à Veaa-forte sous le N '-!, l'inscription de gauche
OUI Chelsea, etc., a été effacée et remplacée à droite par : Battersea Reach,
Seymour Haden, de plus, on aperçoit un ballon qui s'élève au-dessus du
ponl du chemin de fer, en haut de l'estampe.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 449
Nous avons eu occasion de voir dans la collection de M. A. Barrion un
exemplaire de 2" état, avec un homme assis avec son singe sur le parapet du
tout premier plan, au lieu et place de l'homme debout adossé contre le dit
parapet, particularité qui n'avait encore jamais été signalée, A l'exposition
faite par Frederick Keppel, à New-York, en 1901, il y avait aussi deux
curieuses épreuves, l'une avec un singe et un chat, l'autre avec deux singes;
il y figurait également un 3« état non décrit par Drake, dans lequel de
nombreux travaux étaient ajoutés dans le ciel ; une fumée plus épaisse sortait
aussi des cheminées. Le 1*' état de cette eau-forte est extrêmement rare, ainsi
que le 2e, la planche s' étant brisée avant que le tirage n'en fut terminé.
Whistler' s House, Old Chelsea (D 47 — K 118). - A marée
basse, sur la vase, nombre de bateaux brisés, allèges, barques à
charbon sont à sec. A gauche, Lindsay Row, et au delà sur la droite,
l'église de Old Chelsea et Battersea Bridge. Une étoile ressemblant à
un petit soleil indique les cheminées de la maison de Whistler.
Quelques personnages parmi lesquels les deux plus avancés s'ache-
minent vers la rivière, armés de perches. Dans le bas du coin gauche :
Whistler s House al Old Chelsea, Seyniour Haden, f an : 1863.
Cette eau-forte, dont la planche est détruite, fut publiée sous le N" 8 dans
Etudes à l'eau-forte. Les épreuves d'essai avant l'étoile sont rarissimes. Sir
Seyniour Haden a dit quelque part que le dessin de cette planche, dont il
prit un soin infini, lui donna énormément de mal, particulièrement dans le
raccourci des barques, et qu'au tirage les épreuves baissant rapidement, il
fut forcé de détruire la planche avant qu'elle n'eut donné son quantum
normal.
Newcastle in EmlYn (D âô — K 129). — Sur le bord pente de
la rivière Teivy, dans le South Walcs, deux vaches sont couchées
à droite. Au fond de l'estampe, sur le sommet d'une colline boisée
derrière laquelle le soleil se lève, on aperçoit une maison carrée.
Dans le haut du coin droit : Newcastle in Emlun. Setjmour Haden.
Dans l'état d'essai, la maison carrée n'existe pas. — Cette eau-forte, qui fut
faite en 18G4, parut dans Etudes à l'eau-forte sous le N« 20. C'est une très
intéressante petite pièce gravée en manière de grifl'onnis, très séduisante dans
sa simplicité ; c'est la maison de Benjamin Davis. — Planche détruite.
Kilgaren Castle (D 58 — K 138). - A droite, sur le sommet
d'une colline au liane complètement dénudé, les ruines d'un vieux
château fort. Au pied de la colline, serpente une rivière ; sur la berge
gauche, au bois touffu et sombre faisant un puissant contraste avec
la rive opposée qui est violemment éclairée, on distingue des person-
2>J
4.")0 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
nages ayant leur coracle' sur le dos. Dans le bas du coin gauche:
Kilgaren Castle 11 Aug. 1864.
Gravée dans la même manière que la pièce précédente, elle est peut-être
plus remarquable encore dans sa merveilleuse synthèse, c'est fait de rien, et
cependant ça y est! On y sent la "rifle puissante du lion.— Planche détruite.
Cardigan Bridge (D GO — K 142). — Près de la mer, la rivière
Teivy ; à droite, les murs blancs d'un village, et à gauche, le soleil
qui se couche derrière les collines. Puis l'inscription : From the Bridge
<it Cardigan. Aug 17. 1864.
Cette eau-forte fut publiée dans Etudes à l'eau-forte sous le N'u 1G. — Drake
raconte que l'artiste grava J autres planches dans cette même journée du
17 août.
Brentford Ferry (D 66 — K 161). — Une rivière dont la rive est
bordée d'arbres touffus et près desquels, au tout premier plan, on
voit quatre étais soutenant les terres. Au tond à gauche, un petit
bouquet d'arbres se reflètent dans l'eau. Dans le bas du coin gauche:
Brentford Ferry. Seymour Haden 1864.
11 existe une épreuve d'essai tirée à deux exemplaires seulement, dans
laquelle on distingue an banc de mise au milieu de la rivière. Le l«r état a
été publié dans Etudes ù Veau-forte sous le N° 14. Dans les toutes premières
épreuves seulement, croyons-nous, on voit dans le haut du coin gauche à la
pointe sèche : Tu Whistler. — Flanche détruite.
The Towing Path - (D 67 -■ K 163). A droite, sur le bord
d'une paisible rivière, au milieu de laquelle est une île boisée, une
dame se promène tenant un chien en laisse. Dans le coin droit
inférieur : The Towing Path, et dans le coin droit supérieur :
Seymour Haden 1864.
Il y a plusieurs épreuves d'essai; dans la dernière, c'est-à-dire dans celle
qui précède le l01 état régulier, on lit Ilanwton Court à gauche dans le coin
inférieur et pas encore The Towing Path; mais cet essai n'est pas a l'effet et
est beaucoup moins avancé que le vrai Ie' état définitif, ainsi, par exemple,
l'ombre projetée par la femme n'existe pas.
' Le coracle est une sorte il»' pelil bateau \ critahlc coquille tic- noix - dont ie servent les
p i m tndlgi nés du pays de Galles pour pécher on traverser un peUt «huis d'eau ; a est lait
d'une carcasse d'osier recouverte en cuir et est extrêmement léger.
* ht Chemin de llulmje ou Lu Promenade au bord «/<- l'eau.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 451
L'état que nous avons décrit est le premier et celui publié dans Eludes à
l'eau-forte sous le N° 4; dans le second et dernier, la femme a été effacée et
remplacée par an second chien.
Cette pointe sèche est fort belle, cependant nous sommes obligé de
confesser que la présence de la femme encombre vraiment un peu trop la
composition par l'importance qu'on lui a réservée, sa suppression eut été,
croyons-nous, de beaucoup préférable. Sir Seymour Haden en avait eu du
reste comme un vague pressentiment, car dans îe catalogue de l'Exposition
de New- York, en 1901, nous lisons au-dessous de cette pièce la curieuse
note suivante, écrite de sa main, que nous traduisons presque littéralement:
« M. Haden a toujours considéré celle planche comme une de ses meilleures,
» cependant il doit avouer qu'il semble être le seul de son opinion. Est-ce la
» faute du chien ou celle de la dame, il l'ignore, toujours est-il que la pièce
» est peu appréciée. »
A River in Ireland (D 82 — K 193). — Elle traverse, paresseuse
et cristalline, un de ces grands parcs où les arbres croissent librement
pour la paix des oiseaux, l'ébattement des écureuils, le plaisir des
yeux. A droite, sur la berge, une barrière rustique marque la
séparation du parc avec la campagne au fond de laquelle on aperçoit
quelques maisons. A gauche : Seymour Haden 1864; le 4 est renversé.
N'ayant pu voir cette rarissime eau-forte, nous en avons emprunté la jolie
description à Ph. Burty. Le 1« état que nous venons de décrire a été tiré à
32 exemplaires seulement; le 2<-, dans lequel un pécheur, la ligne sur l'épaule,
s'apprête à passer la rivière de droite à gauche, n'existe probablement qu'à
deux épreuves. La planche fut détruite, et Drake affirme que l'épreuve tirée
et emportée subrepticement à Paris disparut au moment même où on allait
la mettre en vente; il pourrait bien se tromper, car nous voyons un
exemplaire sur chine volant de cet état passer à la vente Louis Galichon en
mars 1895, où il fut adjugé 610 francs; un timbre humide, maladroitement
placé sur la partie gravée, venait gâter la condition de l'estampe.
Signalons aussi une épreuve d'un état non décrit, c'est-à-dire avec deux
pêcheurs, qui passa à la vente Michelin en avril 1898 et qui fut adjugée
410 francs.
Sunset on the Thames (D <S3 — K 1U4). — La soleil sombre à
l'horizon qu'il éclaire de ses rayons. Au milieu de la rivière, une
barque, dont les voiles sont carguées, descend avec le Ilot. Dans le
bas du coin gauche : Seymour Haden ad nat 1865.
Le bel état, est le l1' que nous venons de décrire, où les rayons
sombres qui étaient autour du soleil ont été effacés, et où les deux rayons de
gauche présentent entre eux un intervalle de blanc très accentué. Dans le
2« état, l'intervalle blanc a disparu sous de nouveaux travaux, et des stratus
se forment à l'horizon. Le 1er état a été publié sous le N° 5 dans Etudes à
Veau-forte, il est devenu extrêmement rare. Cette pièce, par sa beauté est a
1Ô2 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
maîtrise, se recommande hautement aux collectionneurs; nous la leur
signalons donc d'une façon toute particulière. Il existe un > état, que Drake
n'a pas mentionné, dans lequel on aperçoit dans le coin droit inférieur
un jeune garçon à lu nage. — Planche détruite.
Horsley's Cottages (D 90 — K 217). — A droite, des arbres, et au
fond, des chaumières ; à gauche sur le premier plan, vide pour ainsi
dire de travaux, à part quelques indications d'herbes, un taureau la
tête tournée à droite. Dans le coin droit inférieur: Seymour lladen.
Cette eau-forte et pointe sèche, gravée sur zinc en 18C5, est extrêmement
séduisante. — Il existe des épreuves d'essai où, à droite, se promène un
sportman ; d'autres épreuves sont sans le taureau et le sporlman et avec,
dans le bas du coin droit : Willesley. S. lladen ÎSG't ; d'autres enfin portent
l'inscription : Cottages behind Horsleu Home. S. Iluden dans le coin gauche
intérieur; les mots Willesley, etc., sont alors effacés.
Old Chelsea Church (D 99 -- K 240). — La Tamise à Chelsea ;
à gauche, la vieille église et Battersea Bridge ; au centre, une partie
du vieux palais hollandais connu sous le nom de Lindsay Row ; à
droite, des arbres et des madriers sur un débarcadère ; des gabares
descendent avec le flot : Old Chelsea. Seymour lladen.
Cette eau-forte et pointe sèche publiée par The Etching Club après la
réduction du cuivre l'ut gravée en 1865, elle est d'une extrême rareté. Il
existe une épreuve d'essai unique où sur une barque qui est à droite on lit :
The llerthe Luure of Paris ; il y a encore deux états d'essai en plus de l'état
définitif publié (pue nous venons de décrire. — Planche détruite.
The three Sisters (I) 1 1G — K 283). - Sur un premier plan
sablonneux et très éclairé ont poussé quelques fougères ; à droite,
trois gros arbres dépouillés de leurs feuilles, celui qui est le plus en
avant est luise et fortement incliné sur la droite; un sous bois
accidenté forme le fond de l'estampe. Dans le bas du coin droit :
.S. lladen.
(.elle eau-forte lut gravée en 1SG8.
Breakiny up of the Ayamemnon (I) 128 — K 32")). — Le vieux
navire démantelé est converti en ponton; il occupe le milieu de
l'estampe, l'avant tourné à gauche vers (ireenwich ; le soleil est
indiqué sur l'estampe par un simple cercle. Très à gauche, presqu'au
dernier plan, le grand bateau The Dreadnought et l'hôpital de
Grecnwich. Dans le coin inférieur <lu même cédé : Seummir lladen /<S'70.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 453
Une des pièces célèbres de l'œuvre. — Il existe des épreuves d'essai où on
a ajouté sur le premier plan à droite une grosse pièce de bois, ainsi qu'une
église avec sa tour carrée tout près de l'oreille de l'ancre. Dans le 1" état
la poutre a disparu et l'église à l'horizon a été remplacée par une cheminée
qui fume. Il existe une épreuve d'essai non décrite dans laquelle la grosse
pièce de bois ainsi que l'église vue à distance ont été effacées, à la place de
l'église on aperçoit une ligne de rivage et de nuages.
Calais Pier (U 140 — K 380).
Ayant eu le regret de ne pouvoir nous procurer cette' pièce rarissime.
gravée d'après le tableau de Turner qui est à la National Gallerij, nous ne
pouvons en donner la description. La planche était préparée pour la
mezzotinte, mais le but ayant été, croyons-nous, dépassé, clic fut publiée
en eau-forte. Il n'y a guère en tout (prune centaine d'exemplaires, épreuves
d'essai et d'états compris. Gravé en 1874.
The Keep (D 151 — K 411). — Au fond de l'estampe, à droite, la
silhouette d'un château en ruine ; au milieu, deux vaches, et sur le
premier plan à gauche, un arhrc près du tronc duquel on lit :
Seymour Haden 1S77. Le nom Haden, qui est sur le tronc même, est
illisible.
Windsor (D 183 — K 484). — De l'anse où les élèves d'Eton ont
coutume de se baigner, on aperçoit la tour et les vieux murs du
château ; sur la rivière, une barque est à l'ancre. Deux enfants à
droite s'apprêtent à entrer dans l'eau. Seymour Haden 187S.
Cette eau-forte, dont la planche est détruite, n'a guère été tirée qu'à cent
trente et quelques exemplaires y compris les épreuves d'essai et les états
réguliers. L'esquisse en fut faite, un peu imprudemment, par l'artiste sur le
pont même du chemin de fer, légèrement inquiet de se voir dérangé de son
travail par l'arrivée soudaine d'un train.
Greenwich (D 184 — K 501). — Tout le milieu de la composition
est occupé par la façade de l'hôpital ; dans la partie gauche, on
distingue des navires avec leur haute mâture, leurs pavillons et la
silhouette des maisons de Greenwich. Sur la Tamise, des bateaux
louvoyent ; un charbonnier ' ayant en coupe une barque est ancré
au milieu du courant. Le soleil baisse. Seymour Haden 1S79.
Cette eau-forte, dont la planche est détruite, a de très nombreuses
épreuves d'essai et seulement deux états réguliers de publication ; elle est
comme la précédente rare et recherchée.
i Steamer spécialement affecté au transport des houilles.
4Ô4 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
A Lancashire River (Ht raidi 191 — K 523). — La rivière occupe
tout le premier plan et s'en va se perdre à gauche au milieu de rives
hautes et escarpées ; celle de droite est très hoisée. A l'extrême gauche,
on aperçoit des bateaux et des lilets qui sont étendus pour sécher.
Des vaches sont à l'eau et d'autres sont dispersées sur une petite
presqu'île, du même côté. Il y a des nuages dans le ciel, à droite et
à gauche, avec un espace clair entre eux cl une indication de pluie à
gauche. Dans le coin droit inférieur : Seymour Haden 1SS1.
Pièce très remarquable et fort recherchée, tirée à 10~> exemplaires dont
.5 d'essai.
River Test at Long Parish (Béraldi 198 -- K 552). — Une
rivière occupant le plan de gauche et celui du milieu, le côté droit
se trouve masqué par l'élévation de la berge sur Inquelle croissent
deux arbres et des fougères. Au centre de la composition, un long
pont de bois — au delà duquel on aperçoit des fermes — traverse la
rivière. Plus loin encore, et occupant tout le fond, une forêt. Dans
le ciel, de brillants nuages blancs, et dans le bas du coin gauche :
Seymour Haden 1S8?.
Nous eussions pu mentionner encore beaucoup d'autres pièces remar-
quables, mais nous avons été forcé de nous limiter; nous estimons cependant
avoir donné, dans ce choix tout restreint qu'il soit, la physionomie générale
et lidèlc d'un œuvre magistral et merveilleux entre tous. Pour les curieux et
les amoureux du Maître — un des plus puissants des temps modernes', dont
le nom, brillant comme un météore, illumine l'horizon de notre siècle d'une
incomparable clarté — nous allons indiquer les principales sources où ils
pourront puiser les documents complémentaires qui leur seraient nécessaires,
s'ils tenaient à pousser plus loin leurs investigations:
L'œuvre de M. Francis Seymour Haden par Pli. Burty ,G<i:ellc des Beaux-
Arts, (orne XVIII, 1864.
' Voici ce qu'écrivait le regretté Paul Mante en 1888, au moment ou l'artiste venait d'être
Grand-Prix de l'Exposition universelle, récompense la plus élevée qui hit fui renouvelée li
celle <i< 1000: ■ ... Mais toutes les eaux-fortes des graveurs anglais palissent devant ceUes de
M. Seymour Haden. C'est vraiment lui le Maître. Il est esscnUcllcment paysagiste et il exprime
.i miracle la transparence des eaux dormantes, le mouvement des ciels tumultueux, les beUes
découpures que les, arbres dessinent .i l'horizon. Artiste au travail libre, il Invente et
renouvelle ses procédés pour traduire plus fidèlement l'impression que lui donne la nature.
et tes résultats qu'il obUenl sont délicats et superbes, il ;» des noirs veloutés qui valent ceux de
Rembrandt. » - Sir seymour Haden est président de la Société Royale des Peintres-Graveurs
tic I ■noires. Il lut créé !'■ ni en 1894,
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 455
A descriptive catalogue of the etched work of Francis Seymour Haden
by Sir William Richard Drake ', London 1880.
Catalogue of Etchings by M>' Seymour Haden exhibited by F. Kcppcl,
New- York 1883.
Les Graveurs du xix' siècle par Henri Béraldi, tome VIII, Paris 1889.
Catalogue of Francis Seymour Haden... First part: The complète etched
work... Hermann Wunderlich et C", New-York 1890.
Muséum of Fine Arts l'rint Department : Catalogue of a collection of
Etchings by Francis Seymour Haden formerly the privatc property of the
artist, Boston 1896 '.
Fine Prints by Frederick Wedmore, London 1897.
Catalogue of a second exhibition ' of Etchings... by Sir Francis Seymour
Haden. P. et D. Colnaghi et O, London 1901.
Catalogue of an exhibition of Etchings by Sir Seymour Haden. Frederick
Keppel et C», New- York 1901.
Catalogue of Etchings, Dry points and Mezzotints by Sir Francis Seymour
Haden. Exhibited » at The Crolier Club, april-may 1902.
Sir Seymour Haden, Painter Etcher, by Frederick Keppel, New-York (s. d.).
Ajoutons qu'à l'heure actuelle l'œuvre complet de l'artiste s'élève à
233 pièces — nous tenons le renseignement de Sir Seymour Haden lui-même —
mais plusieurs, une quinzaine peut-être, ne sont qu'ébauchées; la dernière
planche: The Iltiunt of the Mosquelo , fut exécutée en 1897; c'est une
mezzotinte. — Un supplément au catalogue de Drake paraîtra bientôt, nous
l'espérons du moins, car le manuscrit en est complètement terminé, l'auteur
est M. Henri Nazeby Harrington, de Birkenhead ; il comprendra non
seulement les planches terminées, mais encore celles manquées ou
fragmentaires.
La plus belle collection existante du Maître est à la Biblothèque publique
de New-York, elle fut gracieusement offerte par son propriétaire, M. Samuel
Putman Avery en 1901, et se compose de 308 pièces; quant au British Muséum,
il ne possède rien de son illustre artiste, n'est-ce pas un véritable
comble!!! aussi chcrche-t-il à rattraper le temps perdu en rachetant,
à n'importe quels prix, les beaux exemplaires qui se présentent. En
i II contient la description de lSô pièces; la vente du catalogueur eut lieu en mars 1892;
inutile d'ajouter que c'était un des œuvres les plus complets qui aient été formés jusqu'ici.
' Catalogue rédigé avec une haute compétence par le distingué conservateur M. Sylvester
Rosa Kœhler. actuellement décédé. — Cette collection avait été vendue à M. Hermann
Wunderlich de New- York, en 18S9.
» Il y avait eu un catalogue antérieur qui. tiré avec trop de précipitation, contenait quelques
erreurs; elles furent rectifiées dans cette seconde édition.
* Cette exposition peut être considérée comme la plus eomiilcle et la pins parfaite de l'œuvre
de l'illustre Maître qui ait été présenté jusqu'à ce jour. Le catalogue, qui contient environ
554 pièces en différents états, est un modèle de concision et de clarté. Il a été rédigé par
M. Kennedy, de l'importante et honorable maison Wunderlich & C° de New- York.
456 DIX-NEUVIÈME F.T VINGTIÈME SIÈCLES
En 1865-66, il fut public en France, sous la rubrique : Eludes à l'eau-forte,
un portefeuille avec texte <lc liurty contenant '2.') planches; on avait annoncé
primitivement qu'il y aurait 250 exemplaires, mais il n'y en a eu réellement
que ISO, certaines planches ayant baissé rapidement ne purent fournir le
tirage, dette publication, dédiée à M""' Seymour Iladen, très délicatement
par l'h. Burty, est devenue Tort rare. Delàtrc, à qui l'impression des
épreuves avait été confiée, s'en acquitta avec un soin tout particulier.
HAIG (Axel-Herman)
Peintre graveur d'infiniment de talent, originaire de l'île Gotland, en
Suède, mais domicilié depuis de longues années en Angleterre, expose
depuis très longtemps à Paris, à la Société des Artistes français; de son
œuvre déjà fort considérable, nous ne retiendrons que les pièces suivantes
qu'il faut avoir, car elles sont de tout premier ordre :
Clair de Lune à Tolède — Intérieur de la Cathédrale de Rurgos — Retour de
Foire éi Pampelune — Notre-Dame de Reims — Le Port de Stockholm le soir —
Saint-Marc de Venise, et enfin ses dernières : Sur le grand Canal éi Venise —
L'Etoile de Bethléem — La place de la Constitution éi Séville — Wisbij, ile de
Gotland, etc., etc.
L'artiste a obtenu la médaille d'or à l'Exposition de 1900.
HEINS (Armand)
Etable à Chèvres (1888). - Dans une étable, une chèvre est
couchée ;'i gauche avec cinq chevaux. Très vif éclairage à droite.
Berger d'Ostie (1891). — De trois quarts à droite et coiffé d'un
large chapeau, un berger légèrement penché en avant, la main droite
sur son bâton, regarde par l'embrasure d'une croisée.
Sous la Neige (1900). Des cabanes à dcmi-enscvclics occupent
tout le fond de t'estampe ; sous une sorte de hangar à gauche (?) on
aperçoit une vieille près d'une petite charrette. A droite, dans l'amon-
cellement des neiges, on voit émerger le haut d'une cheminée. Dans
le bas à gauche: .1. Heim 1900.
A Tessenderlo (1.SN7). A gauche, îles arbres; à droite, dans
un terrain vague el escarpé, un berger avec son troupeau ; au fond
de l'estampe, un village avec son église.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 457
Très bonnes pièces tirées nature, un peu de retroussage quelquefois, mais
rarement cependant. M. Paul Bergmans a déjà numéroté les eaux-fortes île
l'intéressant artiste belge — 1G8 pièces environ — mais sentant l'importance
de l'œuvre de son compatriote, il est en train d'en établir le catalogue
complet raisonné et descriptif.
A signaler encore : Dans les Dunes de Knoeke — Le vieux Cheval —
Maisonnettes au Zoele — A Arnemmunden, etc., etc.
HELLEU (Paul)
Les Tanagra du Louvre. — Une jeune femme vue de dos et
penchée en avant, les mains derrière le dos, examine avec attention
les statuettes placées devant elle et qui sont tirées en sanguine.
Jeune Femme à la barre. — Assise de face, les bras croisés et
appuyés sur une barre, une jeune femme regarde devant elle.
The Studio. - Une jeune femme assise de profil à droite et
coiffée d'un chapeau, tient sur ses genoux, The Studio; elle regarde
devant elle.
Jeune Femme au buste de Marie-Antoinette. — Vue de dos,
une jeune femme assise devant une cheminée, se penche en avant
pour arranger le feu. Sur la cheminée, entre deux vases, le buste de
la Reine Marie-Antoinette.
La Femme au Divan. — Demi-couchée et appuyée sur ses
coudes, la tète de profil à gauche, une jeune femme, le chapeau sur
la tète, lit le volume qu'elle a placé debout contre le dossier du divan.
La Cigarette. — Etendue ou plutôt demi-couchée de face sur
un canapé dans une pose alanguie, le poids du corps reposant sur le
coude droit, une jeune femme, la cigarette aux lèvres, le regard perdu
dans l'infini, semble rêver.
Un exemplaire de celte estampe — qu'a reproduit le Studio — passa à la
vente de Goncourt où des circonstances particulières, que la discrétion
nous interdit de dévoiler, la firent monter jusqu'à 650 francs. Elle est
actuellement introuvable.
La Femme aux Saxe. — Debout de profil à droite, une jeune
femme est accoudée sur une console où deux figurines de Saxe sont
placées.
4Ô8 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Les Dessins de Watteau au Louvre. — Une jeune femme vue
de dos, une longue ombrelle de la main gauche sur laquelle elle
s'appuie, se penche en avant pour examiner les dessins du Maître
placés sur la cimaise devant elle.
Whistler. — Assis à mi-corps et de face, la tête appuyée sur la
main gauche qui est passée sur le dossier de la chaise, le célèbre
artiste, le monocle dans l'œil, sourit ; de ses cheveux souples et
frisottants, émerge la légendaire mèche blanche.
Cette pointe sèche est on pur chef-d'œuvre et la plus admirable qu'ait
jamais gravée l'artiste. C'est en 1897, après un déjeuner à Paris en
compagnie de MM. Forain et Holdini — nous tenons ces détails de M. Hclleu
lui-même — que ce portrait, frappant de ressemblance, fut fait directement
sur le cuivre; très emballé par son modèle, l'artiste y déploya une ardeur
extraordinaire, en une heure et demie il était achevé, Whistler était
rayonnant. Vingt épreuves seulement furent tirées, inutile d'ajouter qu'elles
s'enlevèrent en quelques jours et qu'elles sont devenues aujourd'hui
introuvables, car ceux qui les ont les gardent précieusement. Le dernier
exemplaire fut cédé par M. Hellcu pour n»7/c francs à M. H. Dunthorne, le
marchand d'estampes de Londres, 5 rue Vigo. Nous en avons revu un autre
en mai 1902, chez Dumont, il en demandait 1200 francs et encore, semblait-il
ne s'en séparer qu'à regret. Le comte Mathcus en possède une superbe
épreuve.
Jeune Femme à la croisée. — Une jeune femme vue de trois
quarts à droite, se penche à u\\ balcon, semblant faire le geste d'appeler.
Ellen et sa Grand'Mère. - Un piano se profilant à gauche,
devant lequel sont assises une grand'mère et sa petite fille déchiffrant
à quatre mains ; la fillette occupe le premier plan.
Dans le I« étal qui n'a été tiré qu'à 6 exemplaires, le piano n'est pas
ombré et le cadre accroché au mur dans le haut du coin gauche n'existe
l<as, ;iinsi que «le nombreux travaux.
L'Amateur de Peintures. Une jeune lemme vue de trois
quarts et coiffée d'un chapeau semblable un peu à ceux que l'on porte
à Nice, c'est-à-dire extrêmement plat, s'est arrêtée devant un tableau
accroché au mur; elle vient de droite, et sa main gauche qui a rejeté
son vêtement en arrière, est appuyée sur sa hanche.
Ne pas la confondre aVCC Les Dessins <li- Watteau au [.ouvre.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 459
Méditation. — Absolument de face et couchée sans doute — car
on ne voit guère que la taille — une jeune femme tète nue, le menton
appuyé dans ses deux mains, les yeux perdus dans l'espace, semble
rêver.
Tirée en sanguine.
La Femme au Collet de fourrure. — Jeune femme debout, de
trois quarts à droite et regardant de face ; elle est vêtue d'un ample
collet de fourrure, le chapeau est plat et la main droite soulève
légèrement sa jupe. Elle se dirige vers la droite.
l'ointe sèche très remarquable imprimée en deux tons afin d'obtenir le
blond des cheveux.
L'œuvre de Helleu est extrêmement considérable, en novembre 1901
l'artiste nous écrivait : « J'ai fait aujourd'hui ma quinze cent quatrième
planche d'après nature », c'est, on le voit, un travailleur acharné et infa-
tigable, distingué et féministe jusques aux moelles, il sait mieux que
personne rendre dans une adorable synthèse, la femme avec sa grâce, son
aristocratie et son charme troublant.
Détail caractéristique, le Maître ne signe jamais ses cuivres, mais toutes
ses épreuves portent en marge son nom manuscrit, de plus, il ne rubrique
jamais ses sujets, et comme toutes ses pointes sèches sont des études de
femmes, quand on en veut causer entre amateurs ou marchands, il est
souvent fort difficile de s'entendre, des confusions naissent inévitablement, et
c'est là, il nous faut l'avouer, un très grave inconvénient. On nous fait
remarquer, avec juste raison, (pie la plupart de ces études étant des
portraits, il serait difficile, ou tout au moins délicat de dévoiler la person-
nalité des modèles en les nommant, nul plus que nous ne comprend que
l'anonymat soit respecté, mais l'artiste pourrait néanmoins nous aider
considérablement en griffonnant dans un coin de l'estampe soit une rose,
un œillet, une violette, un brin de muguet, un papillon, une aheillc, un
scarabée, une coccinelle, etc., etc., on dirait alors la femme à la rose, à
l'abeille... toute méprise serait évitée, toute erreur interdite.
Les titres que nous avons donnés ci-dessus sont ceux sous lesquels les
pièces sont généralement cataloguées. Le nombre des épreuves est très limité,
une vingtaine d'exemplaires en moyenne, quelquefois même moins.
Laurent Dumont, 27 rue Laffite, s'est fait une spécialité de l'œuvre de
l'artiste, c'est chez lui qu'on peut se procurer les plus beaux spécimens
du Maître, nous en avons vu là d'états et de qualité absolument hors ligne ;
nous profitons de l'occasion pour remercier l'aimable marchand d'estampes
qui nous a toujours ouvert si libéralement ses portefeuilles, et chez lequel
nous ne manquons jamais d'aller passer quelques heures quand nos
travaux nous appellent à Paris.
En 1896, 1898 et 1900 Frederick Keppel et O firent de très complètes
expositions des pointes sèches et des dessins de l'artiste dans leur galerie de
460 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
New-York. The Sludio a maintes fois entretenu ses lecteurs île ce Maître au
talent si français, et dernièrement encore La liante Illustrée de novembre 1900
lui consacrait un intéressant article sous la signature de M. Gabriel Mourey.
Au point tic vue document on peut consulter: Le Catalogue des pointes
sèches d'Helleu, Paris, imprimerie Lemcrcier, 1897; ce sont (10 reproductions
héliogravées des pointes sèches du Maître, la couverture de cet in-folio est
ornée du portrait de l'artiste par Uoldini. Il y a quelques mois, Paul Ilelleu
vient d'offrir au Département des Estampes cinquante épreuves choisies
parmi les meilleures de son œuvre, voilà un bon exemple donné à ses
confrères et nous serions heureux de les voir l'imiter.
HERKOMER (H.)
Une vieille Femme. — La lète seulement, coiffée d'un bonnet
noir, elle regarde presque de face, la joue gauche est vigoureusement
éclairée. Dans le coin droit supérieur: H. Herhonicr op : 7 1878.
Eau-forte tout à fait hors ligne, d'une beauté d'expression véritablement
extraordinaire, la seule pièce qu'il nous a été donné de voir de l'artiste
dont, malheureusement, nous ignorons complètement l'œuvre, qui doit être
de ([iialilé supérieure à en juger par cet important spécimen.
HERVIER (Adolphe)
Né en 1821, mort en 1879; un artiste délicieux qui n'est encore à l'heure
présente connu que d'un nombre infime de délicats, à peine si on le collec-
tionne! et Dieu sait cependant les petites merveilles qu'il a enfantées; ses
lithographies surtout comptent des chefs-d'œuvre. Malheureusement toutes
ces pièces sont sans litre ce qui rend très difficile leur présentation, citons-en
néanmoins quelques-unes au hasard, en essayant de donner une description
qui, nous le craignons bien, sera de peu d'utilité pour le collectionneur.
A ce propos, qu'il nous soit permis de déplorer profondément l'exécrable
habitude qu'ont les artistes de ne jamais rubriquer leurs œuvres. Comment
voulez-vous qu'on s'y reconnaisse, quel moyen existe-t-il entre le marchand,
l'amateur et l'artiste de s'entendre quand on veut signaler, demander telle
ou telle pièce sans litre - surtout quand ce sont des paysages. — On ne se
doute pas des difficultés présentes et surtout futures que créera ce mutisme —
lâchons le mot — cette incurie. — Quand vous ave/, des enfants vous leur
donne/ des noms, n'est-ce pas, eh bien! de grâce, messieurs les artistes,
faites-en donc autant pour vos œuvres; c'est nu bon conseil que nous vous
donnons, croyez-nous, suivez-le.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 4(51
? — Une femme vue de dos, devant une cour de ferme, t'ait
marcher devant elle un petit enfant, pendant qu'une autre femme
accoudée à une porte de la ferme la regarde. Une échelle à droite est
appuyée sur la maison. — Très joli vernis mou.
? — Une barque à marée basse est à sec, l'avant tourné vers
la terre ; à gauche, un cheval est debout près de cette barque dans
l'ombre qu'elle projette. — Vernis mou (?).
? — Un tertre sur lequel est bâti un moulin dont les ailes sont
tournées à droite ; des maisons l'avoisinent ; à gauche, deux porcs
mangent dans un baquet; par terre à droite, une meule en pierre. —
Eau-forte.
? — Au fond de l'estampe, des maisons ; sur le premier plan
d'une place de village, une femme tient un enfant par la main ; un
gosse joue du tambour en faisant sauter avec son pied des marion-
nettes ; un autre vient d'écrire au-dessus de sa tête le nom ù'Hervier;
enfin à l'extrême droite, une femme balaie. — Eau-forte.
Mentionnons encore les deux lithographies suivantes — toujours sans
titre — mais qui sont d'exquis bijoux; elles font partie d'un album de
12 planches publiées par A. Latouche à Paris, rue Neuve-Saint-Augustin, 25;
qui avait pour titre : Lithographies artistiques composées et dessinées par
A. Hervier, il coûtait 10 francs, chaque planche valait 20 sous. A la vente
Mallet elles viennent d'être adjugées 15 francs! c'est pas payé.
? — Au fond de l'estampe, une chaumière basse, près de
laquelle à droite croît un arbre dont les branches viennent frôler le
toit. Sur le seuil de la porte de gauche, une femme avec un enfant
ayant devant eux un homme debout; à l'autre porte, deux femmes.
Sur le premier plan, des poules et deux cochons au pied de l'arbre.
Le ciel est sombre, sauf une éclaircie à droite au-dessus de la
chaumière.
? — Une chaumière, dans laquelle rentre une vieille femme
accompagnée d'un petit garçon, elle tient un panier dans la main
droite, elle est suivie par une autre vieille femme qui porte un enfant
sur son dos ; à l'avant- dernier plan à gauche, une meule à aiguiser
près de laquelle on voit une poule et une terrine. A gauche : Hervier.
Voir H. Béraldi, tome VIII, Paris 1889, et empruntons-lui, pour finir, la
description d'une des pièces les plus curieuses de l'œuvre, La Tempête, que
lli'2 DIS-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
nous avons cherche en vain. « A droite, une vieille maison à pan de bois,
« au bas de laquelle est le mur d'un quai. Sur le mur on voit une femme
» debout. Plus à droite sont d'autres constructions, et l'on distingue deux
» personnages qui remontent emportant un noyé. Toute la partie gauche de
» l'estampe est remplie par un ciel sombre et par la mer furieuse qui vient
» battre le mur du quai. »
Cette eau-forte aquatintée est de la dernière rareté, elle existait dans lu
collection Champfleury qui avait dû s'en défaire, car nous ne la voyons pas
figurer à sa vente en janvier 1891. — L'éditeur Joly, 19, quai Saint-Michel, a
publié en 1888 un album d'IIervier composé de 4li planches.
HESELTINE (Arthur)
Nous ne connaissons malheureusement de ce peintre-graveur, qui est
célèbre en Angleterre, que les pièces suivantes: L'Orage — Les Corbeaux —
La Dernière Etape qui nous frappèrent aux Salons de la Société Nationale en
1898 et 1899. Un article lui fut consacré dans la Gazette des Beaux-Arts de
mars 1897. L'artiste, au goût lin et délicat, est un grand collectionneur
d'estampes.
HUARD (Charles)
Neige à Bel-Air. — Une route bordée do maisons, qui tourne à
droite et le Ion» desquelles marche une femme en noir. — Eau-forte
en noir.
Vieille Femme reprisant. — Elle est assise de trois quarts à
droitcà sa fenêtre à travers laquelle on aperçoit des navires et se livre
au reprisage. — Eau-forte en noir.
Petit Café à Soldats. - Trois soldats, deux assis, un debout,
font leur commande à la bonne qui, debout près d'eux, et vue presque
de dos de trois quarts à gauche, les écoute tenant deux bouteilles
dans la main gauche. Eau-forte en couleurs.
1res intéressant altiste, très sincère, très humoriste, dessine beaucoup
plus qu'il ne grave, restera comme une ligure de notre époque, c'est un liés
jeune qui travaille et produit beaucoup. Une de ses dernières eaux toiles et
des plus importantes est celle-ci :
Intérieur de Paysans. Près du lover, une femme est assise
de lace; à sa gauche, une table sur laquelle est un pichet et une
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 4G3
écuelle, un paysan coiffé d'un chapeau de paille, s'y est accoudé ;
sous la table, un panier. La femme est éclairée.
Voir de L'Album le numéro consacré à l'artiste, préface de Lucien Puech.
HUET (Paul)
Né en 1804, mort en 1869. Paysagiste lin et délicat, a produit des eaux-
fortes et des lithographies absolument hors pair, mais il a comme tant
d'autres omis, hélas! de leur donner des titres; nous attirerons tout parti-
culièrement l'attention sur les troix eaux-fortes suivantes auxquelles nous
attribuerons des dénominations fantaisistes; peut-être même font-elles partie
de la superbe série du Cahier des Six publié en 1835 par Rittner et Goupil ',
le temps nous a manqué pour établir cette confrontation et nous avouons
humblement notre ignorance à cet égard; il existe un nouveau tirage fait
par Salmon qui est très inférieur, à la vente Hedouin il fut adjugé 40 francs,
il manquait un numéro, l'impression était sur japon.
Le Cavalier. — A gauche, un vaste marais, et à droite, une route
bordée d'arbres, sur laquelle est jeté un petit pont de pierres qu'un
cavalier venant de droite va franchir.
Ruisseau sous bois. — Un ruisseau, dont les quelques pierres
du milieu produisent des cascatelles, sort d'un bois touffu ; les deux
gros arbres du premier plan qui sont inclinés à gauche, au-dessus du
ruisseau, sont fortement éclairés.
La Chaumière. — Une chaumière à gauche, sous les ramures
d'un arbre séculaire, devant laquelle sont arrêtés des enfants et des
paysans ; entre les deux du premier plan, un chien est couché ; dans
le lointain, à droite, sur un tertre, on distingue les ruines d'un
château (?).
Les eaux-fortes du Maître ne sont jamais signées ; cependant, dans le bas
de la pièce, a droite généralement et à toucher le trait carré, il avait coutume
d'apposer son nom inscrit dans un tout petit rectangle aux angles arrondis.
Parmi les lithographies, la suite la plus recherchée est celle des 7? planches
publiées en 1829 par Ch. Motte.
Le premier catalogue de l'œuvre fut dressé par Ph. Burly en 1869.
M. Germain Hediard a fait celui des lithographies. — Voir aussi H. Béraldi,
tome VIII.
i Elles ne portent que des numéros d'ordre et H. Béraldi les rubrique ainsi : Le Héron (1) —
L'Inondation (2) — La Maison du Garde (3) — Les Deux Chaumières (4) — Le Braconnier (5) —
L'n Pont en Auvergne (G); à la vente de Concourt, en premier tirage sur chine, elles lurent
adjugées 2111 francs.
4(34 DIX-NEL'VIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
INGRES (J.-D.)
Notons pour mémoire et à titre île simple curiosité la seule eau-forte
qu'u it gravée le Maître :
Gabriel Cortois de Pressigny. archevêque de Rennes,
ambassadeur de France à Rome en 1816.
Elle a passé a la vente Dei'er-Dumesnil où elle l'ut adjugée à M. Kennedy
410 francs, elle était munit toutes lettres et portait seulement sous le trait
carré à gauche tracé à la pointe : J. D. Ingres f'ecit Romw.
ISABEY (Jean-Baptiste)
Né en 17C7, mort en 1855. Peintre et lithographe ayant apporté une
couleur dans ses planches qui a été rarement dépassée, nous n'en voulons
pour exemple que :
Radoub d'une Barque à marée basse. — Sur le bord de la
mer, au pied de hautes falaises à pic, des chaumières et deux barques
à sec. Au fond de l'estampe, à gauche, une autre barque que des
pêcheurs sont en train de flamber pour- la radouber.
Admirable pièce devenue extrêmement rare.
Le Retour au Port. - Entre deux estacades, par une mer
houleuse, quatre barques rentrent au port ; trois d'entre elles ont
encore leur voile, celle du tout premier plan a amené la sienne.
La plus belle épreuve connue est, croyons-nous, chez M. Béraldi. A la
vente Moignon elle lit 200 francs, à celle de Mène, une admirable épreuve
d'essai signée, ayant deux croquis dans les marges, atteignit ;î2.">, derniè-
rement, à la vente Mallet elle fut adjugée 'Jtin lianes, elle l'ut acquise par
M. Alfred Beurdeley, c'est là qu'il nous a été donné de la voir.
M. A. Beurdeley peut être considéré à l'heure actuelle comme possédant
une des plus riches collections du inonde en XIX' siècle; on peut presque
affirmer que rien ne lui manque, nous n'exagérons pas en disant qu'il y a là
enfoui dans scs calions In à 12000 pièces, toutes triées sur le voici cl de
qualité irréprochable.
Nous ne parlons pas de ses dessins qui, en\, appartiennent a tous les
temps, à toutes les écoles, depuis les primitifs jusqu'aux contemporains; les
murs de l'escalier de son hôtel de la rue de Clichy — quatre étages — ainsi
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 4C>,">
que ceux de ses appartements en sont tapissés, ils sont tellement rapprochés
sur certains panneaux qu'on ne saurait loger entre eux un timbre-poste.
C'est là encore, que durant de longues heures, nous nous sommes docu-
menté, aide de la plus intelligente cl cordiale façon par le maître de céans,
un passionné doublé d'un érudit auquel rien de ce qui se passe dans le
monde des arts ne demeure étranger. Qu'il reçoive donc ici l'assurance de
notre profonde et affectueuse gratitude pour les jouissances inoubliables
qu'il nous a procurées.
Quelques pièces d'Isabey ont été lithographiées à la manière noire par
L. Sabatier et imprimées à Paris chez Cattier, elles se faisaient remarquer
par leur vigueur et la beauté de leurs noirs.
JAGQUE (Charles)
Né à Paris le 23 mai 1813, mort en mai 1894. Peintre et graveur de sujets
champêtres, animaux, scènes de cabaret et paysanneries. Son œuvre gravé,
très apprécié, est considérable et dépasse 500 pièces. Il y en a de charmantes,
de véritables perles, surtout dans les petits formats. L'artiste, extrêmement
habile manque, suivant nous, d'originalité, nous le trouvons infiniment
supérieur connue peintre où, alors, il est lui-même et tout simplement
merveilleux.
Les trois plus belles collections existantes de l'œuvre du Maître sont chez
M. Giacomelli, le délicieux peintre des oiseaux, chez M. Charles Chincholle ',
l'aimable directeur-propriétaire de L'Estampe, un fanatique du graveur, et
à la Bibliothèque Publique de New-York, don de M. Avery, cette dernière
réunissait 920 pièces.
Le catalogue de l'œuvre, très dur à faire, a été établi par J.-J. Guiffrey, Paris
MDCCCLXVI, avec supplément par un anonyme, Paris M DCCC LXXXIV ;
les classifications laissent beaucoup à désirer, la préface, en revanche,
en est intéressante ainsi que les descriptions d'états. Voir aussi II. Béraldi,
tome VIII, Paris 1889.
Une exposition de l'œuvre, ou plutôt d'une très petite partie de l'œuvre,
de Ch. Jacque eut lieu en 1881 chez Durand liuel, et en 1894 on faisait la
vente de son atelier qui produisit la somme de 391464 francs, disons en
passant que le catalogue était très mal fait au point de vue des gravures,
car on avait complètement négligé de mentionner pour chaque estampe le
numéro correspondant, soit de Guiffey, soit de Béraldi; or, comme beaucoup
de pièces portent les mêmes rubriques, la lecture du catalogue laissait abso-
lument dans l'ignorance de l'eau-forte signalée, le collectionneur éloigné
de Paris qui aurait voulu la commissionner. Kn 1898, M. Keppel taisait de
son côté, à New-York, une fort belle exposition de l'œuvre gravé de l'artiste
où figuraient beaucoup de pièces uniques et non cataloguées.
< Le regretté collaborateur du Figaro est mort dans la nuit du 2-j au 26 août l!*il ; c'est une
sympathique physionomie parisienne qui disparaît.
4()(i DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le Tueur de Cochon (Guiffrey 26). -■ Pendu ;'i gauche sur un
mur, un cochon vient d'être ouvert pur un charcutier; sous la tête de
l'animai esl un billot, et derrière l'homme une échelle est appuyée au
mur. 1844.
Troupeau de Pores (85). - Au pied d'un tertre, au sommet
duquel on aperçoit quelques arbres, s'étend un champ de truffes,
qu'un troupeau de porcs esl en train de fouiller; leur gardien est
près d'eux. A droite, une palissade à demi démolie. A gauche,
l'horizon que masquent des arbres. Dans le ciel nuageux, un vol
d'oiseaux. 1845.
Cette pièce, très connue sous le nom de La Truffière, est considérée
comme le chef-d'œuvre de .lacque, il la faut avoir en 1" état, c'est-à-dire
avec le porc noir au premier plan et les initiales C. J. sur l'avant-dernier
animal ; très rare.
A la veille Mène, deux épreuves d'état au porc noir turent adjugées
260 lianes, à la vente Dreux, cette pièce sur chine avec Femme faisant
rentrer les pores (86) les deux pièces 1 I lianes, à cette même vente La
Souricière (162), sur chine, avec 5 autres pièces turent payées 10 francs.
Le Soir (94). -- Un pastour conduit sis cinq vaches sur une
chaussée avoisinant une mare plantée de roseaux qui abritent des
canards. La nuit vient. Dans le ciel, un vol d'oiseaux. Lu haut, à
gauche : Ch. Jacque 1850.
La Grande Bergerie, 1859 (101). - ■ Un berger à gauche, au
milieu de l'étahle, esl occupé à prendre de la paille pour la litière
dans un râtelier suspendu au plafond par des cordes. L'éclairage
vient par deux fenêtres au fond à droite, l'étahle est pleine de
moutons ; au presque premier plan, un baquet près duquel est uwv
poule. Le long du mur, à gauche, la mangeoire. - l'as de signature.
Voici la pièce la plus incontestablement célèbre. de tout l'œuvre, la seule
qui atteignit ce qu'on peut appeler relativement un gros prix pour une
estampe contemporaine, c'est-à-dire 800 à 1000 francs. Elle a été tirée
exactement à /?.'' exemplaires en y comprenant les '?', épreuves d'essai, la
planche est détruite. Le 1" élat esl une eau-forte pure.
A la vente Mène, une épreuve d'essai, signée an crayon, fut adjugée
'.MU lianes. Nous n'éprouvons pas pour cette estampe l'engouement général,
C'est une belle pièce, mais c'est tout : nous la trouvons sans grande couleur
cl d'un prix absolument surfait qui détonne vraiment avec ceux beaucoup
plus modestes qu'atteignent les autres pièces de cet œuvre. Une épreuve de
condition et d'état exceptionnels est exposée dans la salle d'entrée «lu Dépar-
tement îles Estampes.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 407
A la vente Casimir Périer en 1898, l'œuvre du Maître — un des plus beaux
connus, disait le catalogue — composé d'environ 922 pièces, fut adjugé en
bloc à la Bibliothèque Nationale pour la somme de 1620 francs!! Ça ne les
remet pas à 40 sous l'exemplaire; il est vrai de dire — chose très singulière —
que la maîtresse pièce, La Grande Bergerie, brillait par son absence, elle
était remplacée par une réduction au procédé sans aucune espèce de valeur.
A la vente Moignon, une épreuve auant la lettre, toute marge, fort belle
parait-il, fut adjugée 420 francs.
A la vente Monnerot en 1884, un fort bel œuvre du Maître de 428 pièces
fut adjugé en bloc 790 francs.
L'Orage (249). — Sur le bord d'une maie, près des quelques
arbres qui l'entourent, un cbcval blanc s'est mis à l'abri, la tète est
tournée adroite; il pleut à torrent. 1818.
A la vente de l'atelier de l'artiste, un 1er état, eau-forte pure sur hollande
fut adjugé ICO francs. Cette petite pièce est de toute rareté car elle n'a été
tirée qu'à 6 exemplaires, elle n'est pas gravée tout à fait dans la manière
ordinaire du Maître.
La Forge aux deux Ouvriers (250). — A droite, une l'orge,
devant laquelle un ouvrier est debout, une barre de 1er à la main, il
est vu de dos. Près de lui, son compagnon trempe dans un seau la
pièce qu'il vient de marteler sur l'enclume qui est près de lui ; à
gauche une cloison, et sur le devant deux marteaux. 184-8.
Charmante petite pièce tirée à 20 exemplaires seulement. Au ï« état il
n'existe qu'un seul marteau ; dans les épreuves postérieures il y a un fort
joli travail de roulette, instrument dont abusait un peu l'artiste; c'est vrai
qu'il s'en servait si bien!
Moulin de la Butte Montmartre (260). — La nuit tombe ; sur
la butte que deux femmes gravissent, on aperçoit à gauche le moulin ;
le milieu de l'estampe est occupé par une grande construction.
1848.
Il n'a été tiré cpie 1~> épreuves.
L'Hôtellerie (20Î)). — Dans une cour d'auberge, un voyageur,
vu de dos, est éclairé par le falot d'un garçon d'écurie qui est à droite
en train de donner à boire à ses deux chevaux. Les jambes de
devant de l'un d'eux sont en pleine lumière. 1864.
Cette scène de nuit est fort remarquablement interprétée.
4B8 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Troupeau de Moutons ('210). — Sur un tertre, un berger est
assis à gauche sous un saule; il est tourné à droite, appuyé sur un
bâton, regardant paître le troupeau de moutons qui est à ses pieds.
1864.
Charmante petite pièce.
La Petite Ville (Supplément n° G3). — Une église et un donjon
se profilent sur le ciel clair ; sur la rivière, a droite, deux chalands
avec leurs voiles, et au milieu de l'estampe, sur le tout premier plan,
deux laveuses. En bas : Ch. Jacque ISIS.
Fort délicate pointe sèche.
M. II. Giacomelli possède un millier île pièces de cet artiste en superbes
épreuves.
JAZET (J.-P.-M. par)
1788-1871
La Promenade ^tu Jardin THrc (d'après .l.-.l. de Bzl).
A gauche de la composition, de vastes bâtiments aux murs élevés et
une terrasse plantée d'arbres sur laquelle à droite s'élève un pavillon
chinois, de nombreux personnages circulent ou sont assis ; tout à l'ait
à gauche, une petite voilure dans laquelle sont deux entants, se dirige
vers la droite, puis un portail à grilles au fronton duquel on lit en
lettres gothiques: Jardin Turc: c'était par là, sans doute, qu'on
accédait à la terrasse. A gauche, au bas de l'estampe: .4 Paris chez
Rolland, place des Victoires, n" 10.
Pièce coloriée tus recherchée et devenue rare aujourd'hui, nous ne la
connaissons qu'avec la lettre.
Ventes: Behaguc, t. m., 260 - Muhlbacher, 305 — Aubin, 300 - Decloux,
120 Destailleur, 250 Kinnen, g. m., 310 Pavie, 260 — Lacroix,
encadrée, 330 — Roux, 375.
i Lisez: Jean Joseph </<■ Bel ; c'ei t M Pcnallle qui a découvert enfin le in mu t longtemps rei lé
Ignoré de ce dessinateur \ c'était un peintre de poysoges iu.il.niii' en 1834, et c'est sous
tu h n que ii gravure qui nous occupe n filé déposée A le Bibliothèque Nationale.
DIX-NEUVIEME ET VINGTIEME SIECLES
JEANNIOT (Pierre-Georges)
Les Modistes. — Dans une boutique, au milieu de cartons et de
chapeaux posés sur leur champignon, deux vendeuses debout ; à
gauche, une cliente assise près d'une table sur laquelle est un
chapeau, elle a une ombrelle dans la main gauche. — Eau-forte en
couleurs à 25 épreuves.
Sur la Plage. — Trois femmes sont assises à l'abri de deux
tentes en toile rayée, près du rivage où on aperçoit une quatrième
qui sort du bain ; entre les deux femmes du premier plan, une chaise
sur laquelle une ombrelle est déposée. - - Eau-forte en couleurs à
25 épreuves.
La Malade. — Une jeune femme de profil à gauche est assise
dans un fauteuil en bois recourbé, un pied sur le barreau de la chaise
qui est devant elle, et la main gauche appuyée sur le bras du siège.
Cette description est celle du 1<" état au fond blanc — tiré à 5 épreuves
en noir — les états suivants sont en couleurs avec fond, palissade, arbre,
bord de mer et petit bateau à la voile. — Eau-forte à 25 épreuves.
Devant la Glace. — Une jeune femme debout de profil à droite,
décolletée et bras nus, un gros bouquet passé dans la ceinture, est en
face d'une glace en train d'arranger son chignon ; l'air songeur, une
amie est assise près d'elle, le menton appuyé dans la main gauche.
Charmante épreuve en couleurs, d'une touche délicate et discrète, tirée
à 25 exemplaires ; le 1" état en noir ne l'est qu'à 5.
Mentionnons encore la belle eau-forte du Bataillon en marche; et
Angèlc — La Cigarette — Dans l'Escalier, bois au canif en couleurs plein
d'originalité.
L'artiste a obtenu une médaille d'or à l'Exposition de 1900.
JOURDAIN (Francis)
Naguère. — Une verte prairie bordée par une rivière le long de
laquelle se promène une vieille dame, l'éventail fermé à la main ;
elle se dirige vers la gauche, porte le costume de 1830, cl sa silhouette
470 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
complètement de profil à gauche se reflète dans l'eau. Au fond de
l'estampe, un bois sombre dont la cime s'échancre vigoureusement
sur un ciel clair.
Eau-forte en couleurs que nous considérons comme la pièce maîtresse de
l'œuvre; tirée à -•"> épreuves, au bout de quelques jours elle était épuisée.
L'artiste qui est très jeune — il a à peine 27 ans — a horreur du banal
et du convenu, aussi apporte-t-il dans son art une distinction native et
une originalité de métier qui séduit et captive ; nous sommes donc
convaincu que, le temps aidant, on ne tardera pas à l'inscrire parmi les
Maîtres les plus intéressants de notre heure.
Environs de Blois. — Au fond de l'estampe, sur un terrain
légèrement pente, on aperçoit quelques maisonnettes ; devant elles,
passe la route blanche. A gauche, au premier plan, un arbre isolé.
l'ointe sèche en noir du début de l'artiste — vers 1897 — tirée à
10 exemplaires comme du reste toutes ses premières pièces en noir; celles
en couleurs sont tirées à 25 ou 30. Il y a eu plusieurs éludes portant ce
même titre, mais toutes sont différentes de composition.
A noter encore : Lever de Lune — Dame de Jadis, dite au Châle rouge
(épuisé) — Le Coq blanc — Le Coq noir — Le Coup de Vent — L'Eglise de
Benerville — Maisons à Saint-Pierre de Manneville, etc., etc. — Le Studio
de mars l'.KIl, sous la signature de Gabriel Mourcy, lui a consacré un article.
KŒPPING (Karl)
Peintre-graveur do Dresde, d'un très grand talent, a exposé souvent a
nos Salons annuels de Paris, entre autres à la Société Nationale des Beaux-
Arts, les eaux-fortes originales suivantes :
Idylle d'Eté, 1893— Tristesse, 1895, tirée à 17 épreuves — Souvenir, 18% —
Femme nue assise, 1897.
Il a aussi exposé à La libre Esthétique de Bruxelles dont M. Octave Mans
est le très distingué directeur. En 18(.>7, y figurait un de ses plus beaux
morceaux : La Forêt cl le Soleil. — I. 'artiste est Grand-Prix de gravure à
l'Exposition de mon.
KOLLWITZ (M'"c Kate)
La Carmagnole. A l'entrée d'une rue étroite <>ù sont dressés
les bois de justice, des hommes et des femmes demi-nus dansent
ensemble la carmagnole, pendant qu'à gauche de l'estampe, un
tambour bal le rappel. Knii-l'ortc.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 471
La Conjuration. — Dans une salle de cabaret, autour d'une
table violemment éclairée, des ouvriers sont assis ; l'un d'eux, celui
de gauche, se penche vers ses camarades pour leur parler. Sur la
table, des verres ; au plafond, une lampe est suspendue. — Eau-forte.
Cette scène a été traitée également en lithographie, mais avec quelques
modifications.
Les Paysans. — Dans les airs, une femme nue appelant à la
révolte des paysans qui se dirigent vers la droite en suivant un
drapeau, les liras tendus vers celle qui personnifie pour eux leur
idéale. — Eau-forte.
La Révolte des Tisserands. — Dans une pauvre et misérable
mansarde, une mère abimée de douleur est penchée, la tète dans ses
mains, sur le lit de son enfant mort. Au fond, une lucarne par
laquelle entre le jour. — Lithographie.
Ces scènes — dont l'auteur est, croyons-nous, la femme d'un docteur de
Berlin — sont empreintes d'un réalisme âpre et cruel qui n'est pas sans
grandeur. Au point de vue métier, c'est plein de couleur et d'énergie, et on
ne peut les regarder sans éprouver quelque chose, comme une impression
de saveur nouvelle. En raison même de la puissante personnalité qui se
dégage de ces œuvres, elles ont droit de figurer à coté des pièces les plus
typiques de notre époque.
("est en décembre 1901, chez Charles Hessèle, 13 rue Laffitte, que nous
eûmes l'occasion de voir ces estampes — pour lesquelles nous finies même
spécialement le voynge de Paris — ainsi que celles de Aimer, Greiner,
Jettmar, Klinger, Overbeck, Stauffer-Berne, Wolfl", Faczka, etc., tous
graveurs de race germanique.
A ce sujet, qu'il nous soit permis de féliciter hautement ici l'intelligent
marchand d'estampes et de le remercier vivement de mettre ainsi les
amateurs à même de connaître un peu les artistes étrangers ; on a voulu
lui en faire un grief, en alléguant qu'en France on devait avant (oui
favoriser l'art français, c'est vrai, et personne n'est plus chauvin que nous
à cet égard, et personne n'apprécie mieux que nous à sa haute valeur notre
admirable Ecole Nationale de gravures, la première du inonde à l'heure
présente ; mais de là à exiger qu'il faille impitoyablement frapper d'ostra-
cisme tout ce qui n'est pas français, jamais ! nous serons au contraire à ce
sujet d'un internationalisme enragé, parce que nous estimons qu'en agissant
ainsi, on excitera, en la créant, une émulation aussi salutaire que féconde.
Ch. Hessèle l'a parfaitement compris, et dernièrement encore, en février
1899, il faisait, au Kunsthalle de Bàle, une exposition d'estampes originales
où brillaient en vedette les noms de nos premiers artistes qui s'appellent :
Buhot, Bracquemond, Jeanniot, Desboutin, Lepère, Boilvin, Béjot, Helleu,
Fantin-Latour, etc., montrant ainsi combien il avait à cœur de prouver à
l'étranger la valeur de nos compatriotes.
472 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Sous la signature de Clément Janin, l'éminent et distingué écrivain d'art,
la Gazelle des Beaux-Arts de février 1902 a public un article consacré a
l'exposition des artistes allemands désignés en tête de cette note.
Terminons en disant que les catalogues que Ch. Ilessèle publie pour ses
expositions sont fort intéressants, et qu'ils sont à conserver ainsi que les
cartes d'invitations illustrées qu'il a coutume d'envoyer pour la circonstance.
KOOPMAN (Augustus-B.)
Ailiste américain de valeur qui avait exposé chez Georges Petit en 1898
une très intéressante série de pointes sèches et de monotypes, parmi ces
derniers que nous ne mentionnons qu'à titre de curiosité, car ce n'est pas à
proprement parler de la gravure, nous citerons : L'Aube — Les Amoureuses —
Femme Joyeuse — La Lumière — Le Bain — Le Crépuscule, et dans les
pointes sèches : Cabaret à Yolcndam — Dame à l'Ombrelle — Port de
l' Atlantic Citg.
LAFFITTE
Le Soir à Ault-Onival. — La lune à l'horizon; à droite des
collines, des barques qui rentrent ; le ciel s'est dégagé, clair au-
dessous «le la lune qui se reflète dans l'eau, la înoiianl d'argent.
Eau-forte en couleurs imprimée dans la gamme bleue; 60 épreuves.
Portrait de sa Mère. — A mi-corps et de face, la lète enveloppée
d'une sorte de mantille à peine indiquée, les yeux légèrement cligno-
tants, le chef un peu incliné à droite, le modèle regarde devant lui.
Belle pièce excutée au repérage.
LAING (Frank)'
Le Grand Bassin à Anvers. Sur le premier plan à gauche, un
chaland ; au fond, occupant le milieu de l'estampe, un grand bàlimenl ;
.i droite, des navires el des maisons. Dans le coin gauche inférieur:
(iront! bassin Anvers. F. I.
< l>riiilrr-griivrur rcossnis.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 47ÎJ
Quai de la Râpée. — A droite, vapeur et chaland au quai ; au
fond, un pont, et à gauche, des maisons.
Vue générale d'Anvers. — Occupant tout le premier plan,
l'Escaut et des roseaux ; au tond de l'estampe, la ville d'Anvers. Dans
le coin inférieur droit : Anvers. Frank Laing 1S94.
Rue du Commerce à Dundee, Ecosse. — La rue avec son
mouvement d'allées et venues; à l'extrémité de celle-ci, la mer, avec
un bateau à vapeur, forme le fond.
Petite pièce extrêmement blonde et curieuse, dans laquelle le cuivre a été
à peine égratignè, c'est une esquisse, une simple indication pourrait-on dire!
Sur l'Escaut. — Le fleuve avec ses roseaux et ses plantes aqua-
tiques ; au fond à droite, un bouquet d'arbres.
The Tidal bassin. Dundee. — Un bassin à flot avec ses steamers
au milieu et ses constructions au fond ; sur le premier plan, un canot
à l'arrière duquel est assis un homme de profil tourné à gauche ; à
droite, presque à toucher ce canot : F. Laing.
Citons encore : Aiilcuil — L'Eglise de Saint-Aignan à Chartres — Les deux
Moulins à Charcnton — Tayport luirbour — Edinbury Castle — Louise (pointe
sèche) — Le Modèle (pointe sèche) — Les Forges d'Ivrg — Sainl-Etienne-du-
Mont — La petite Eve (pointe sèche) — Porta delta Caria, Venise, etc., etc.
Toutes ces eaux-fortes sont traitées avec infiniment de légèreté, elles n'en
sont pas moins très solides et très colorées; la distinction de métier de leur
auteur les rend très séduisantes, et dans une exposition il est impossible de
passer devant elles sans s'y arrêter. — En novembre 181)8, il y eut chez
Ilessèle une exposition très complète de tout ce qu'avait à peu près fait
l'artiste à cette époque, on avait réuni là 73 numéros.
LALANNE (Maxime)
Né à Bordeaux le 27 novembre 1827, mourut à Paris le 6 août 1886. Ce
fut un très fin et très distingué graveur d'architecture et de paysages
aux horizons brillants et clairs, il avait un sentiment très exact de la
perspective, et quelques-unes de ses eaux-fortes sont presque aussi jolies
que des Seymour Haden. Le Département des Estampes possède un œuvre '
! Mais le plus lieau est à la Biafiof/irifii? île Sew-York, 330 pièces données par M. Averr.
474 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
très remarquable du bel artiste disparu, il lui fut donné par sa veuve. La
première page de ce volume donne la nomenclature (les pièces qui y sont
contenues — 150 en états divers — avec des numéros d'ordre, ce sont ces
numéros dont nous nous servirons pour les pièces que nous allons décrire
ou simplement mentionner.
Il y eut plusieurs expositions de l'œuvre du Maître : la première eut lieu
le 5 juillet 1.S74 dans la galerie du Cercle artistique et littéraire, au 29 de la
Chaussée-d'Antin ; la seconde, dans la même année, à Bordeaux; la troisième,
à Marseille, en 1875, et enfin une dernière chez F. Keppel, à New-York, en
février 189G. Il devait y en avoir une à Londres en 18SG, mais elle n'eut pas
lieu, l'artiste étant décédé précisément à cette époque. Du reste, les
maîtresses pièces qui y devaient figurer furent acquises par Keppel à
Mme Lalanne, et on les retrouva à l'exposition de 1896 que nous venons de
mentionner plus haut. — Voir II. Béraldi, tome IX, Paris 1889.
Rue des Marmousets ', 1863 (1). — La rue étroite avec ses
hautes maisons, au fond de laquelle on aperçoit quelques person-
nages ; sur le tout premier plan, au milieu de la rue, une femme vue
de dos, et près d'elle à droite, un petit coq. Dans le bas du coin droit,
dans la partie gravée : Lalanne.
La pièce est superbe mais à la condition de l'avoir en l«r état, c'est-à-dire
avant toutes lettres et avant ta légende : C'est de tems immémorial...
Vue prise du pont Saint-Michel (6). — De ce pont, on aperçoit
au fond de l'estampe le Pont-Neuf et le Louvre; au premier plan à
gauche, en contrebas sur le quai, des pêcheurs à la ligne. Toute la
partie droite des quais est éclairée ; celle de gauche est dans l'ombre.
Dans le coin inférieur gauche : Lalanne.
A avoir avant toutes lettres — comme, du reste, toutes les eaux-fortes <\u
Maître - celles publiées par Cadart ou autre iwee la lettre sont absolument
sans valeur. Cette pièce est peut-être la plus belle de l'œuvre, elle est de
premier ordre.
Démolition de la Rue des Ecoles (7). Au fond de l'estampe,
de hautes maisons dont certaines sont violemment éclairées; sur les
premiers plans, charrettes, pierres, etc. A droite, sur un mur qui est
dans l'ombre, on lit : Manuel de la gravure éi Veau- forte*.
1 Notons également /." Rue tic i,i Tonnellerie, maison <l<* Molière.
' Nous croyons, sans cependant rafHnneri irue celle légende n'exltte pas au 1" etni.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 475
Bordeaux (8). — Tout le premier plan est occupé par la Gironde
avec ses navires ; au fond, la ville se silhouette avec ses quais. Sur le
premier plan à droite, une guérite près d'une construction en bois.
Mentionnons encore comme très remarquables: Richmond (?) — Démo-
litions pour le percement du boulevard Saint-Germain (2) — Bords de la
Tamise (54) — La Seine à Bezons (57) — A Barcelone (00) — Dans le Port de
Bordeaux (61) — A Cussct (Allier) (62) — A Conccrncau (i)G) — A Troiwillc
(99) — Rue de Morlaix (106) — Vieux Quartier de Vitre (125) — Port de
Troiwillc (132 et 139).
La vente de l'atelier de l'artiste eut lieu le 11 juin 1888. Une autre vente
eut lieu en mars 1890, son œuvre grave sur papier du japon, environ
173 pièces, fut adjugé 1000 francs.
LATOUCHE (Gaston)
La Grève des Mineurs. — Une foule d'ouvriers, hommes et
femmes, viennent de quitter les usines que l'on voit à gauche ; un
travailleur porte un petit drapeau sur lequel est écrit : Du pain. Dans
le bas à gauche : A Emile Zola.
La dédidace : .1 Emile Zola n'existant qu'au 1" étal, c'est avec cette
mention qu'il faut avoir la pièce, c'est-à-dire avant qu'elle n'ait disparue
sous les nouveaux travaux qui ont assombri la planche. C'est à l'occasion
de Germinal que M. Latouche a exécuté cette pointe sèche qui, fort belle cl
tirée seulement à 10 exemplaires, est par conséquent extrêmement rare.
LEANDRE (Charles)
Séverin dans " chand d'habits ". — Le marchand d'habits
appuyé sur son bâton, un ballot sur l'épaule, débouche du fond de
la rue à gauche, se dirigeant à grands pas vers Pierrot qu'il ne voit
pas encore et qui est là, pendu à un réverbère, vêtu de blanc et coiffé
de son serre-tête noir; il est fortement éclairé par la lumière du bec
de gaz qui se devine au fond de la ruelle sombre. Dans le bas du
coin gauche : C. Léandre 96.
C'est à coup sûr un des pins beaux morceaux de noir et blanc de notre
époque; celte lithographie, traitée avec une étonnante sobriété, est absolu-
ment saisissante ; on ne peut la voir s;ms s'y arrêter longuement.
47(3 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le Banc d'Œuvre. — Assis sur un banc d'église, un vieil homme
de profil à droite ; devant lui, assis également, son compagnon à
lunettes qui s'est endormi un livre entrouvert sur ses genoux. Dans
le coin gauche inférieur: C. Léandre 97.
Admirable estampe, d'une magistrale allure, qui classe l'artiste hors de pair.
Vierge Normande. — A mi-jambes de trois quarts à droite, une
plantureuse et jolie lille est debout, les yeux baissés, sa fine tête aux
bandeaux plats est légèrement inclinée à gauche, la chemisette qui a
glissé laisse voir le sein droit et le bras complètement nus; un Amour
est au-dessus d'elle. Dans la marge de droite, croquis de tète, et dans
le coin droit inférieur, un curé se dirigeant vers la droite ; enfin dans
la marge du bas, très discrètement esquissé, un troupeau avec son
berger et son chien; le soleil sombre à l'horizon.
Si Léandre a du sang de romantique dans les veines, il a aussi et surtout
du sien propre, et ses lithographies, douées et vaporeuses comme des
cheveux de femme, ont — dans l'impeccabilité de leur dessin — quelque
chose de Qottant et d'enveloppé qui donne à l'œil In sensation (pie
produirait à la main un cchcvcau de soie.
Signalons encore : Le Modèle — La Femme au Guerrier. — Lire dans
La lievue Illustrée le numéro du 15 mai 1002, d;ins lequel un délicat de la
plume, M. Féli Gautier, a su mettre en relief, dans un slylc plein de
couleur, la jolie figure d'artiste qu'est Léandre. N'oublions pas de men-
tionner encore à ceux qui collectionnent les adresses, celle charmante qu'a
faite l'artiste, pour M. Louis Bonny, le distingué joaillcr expert prés de la
Cour d'appel, 23, rue de Clichy : Une jort jolie femme au corsage noir
décolleté, assise de l'ace (levant une table chargée d'objets d'art précieux.
Lire le numéro de L'Album consacré à l'artiste, avec préface de Lucien
Puech, ainsi que celui de La lievue Illustrée du lô mai 1002, avec note de
Féli Gautier.
LEGRAND (Louis)1
L'Heure de la Chauve-Souris (Hamiro l.">). Dans une immense
plaine labourée, un vieux paysan s'achemine vers la gauche, la faulx
' Nous recommandons d'une façon absolument particulière le beau catalogue Illustré qu'a
consacre à l'artiste M. E. Hamiro. Paris. II. Floiiry, 18%; c'est un modèle du genre, tnut
par sa science que par ^'>n esprit. Le classement très rationnel se décompose ainsi : Les
Rustiques Les Fémintnci Les Fantaisistes Les Danseuses Les Mystiques — Illustrations
et vignettes diverses Lithographies. Il y a là ll2numéros décrite) loul rceuvre de l'artiste
|usqu'cn 1896. Toutes nu presque loutcs les estampes du Mai ire sont des eaux-fortes aquatinlées
• 11 ii"ii mi en couleur.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 477
sur l'épaule ; une fillette à sa droite l'accompagne, une serpe à la
main ; elle est penchée en avant, fléchissant sous le poids d'un gros
hallot d'herbes coupées qu'elle porte sur le dos ; la nuit tombe.
Derrière eux, vient voleter la chauve-souris. Au tond de l'estampe, se
profilent à l'horizon un clocher et des chaumières.
Au 2= état seulement apparaît la chauve-souris, et au 3^- et dernier, dans
l'intérieur même de l'estampe en bas à droite, la remarque volante, un
lièvre s'enfuyant vers la droite.
On entend par remarque volante, une remarque qui n'est point gravée
sur la planche originelle — comme cela a lieu habituellement — mais bien
sur un cuivre ou zinc mobile, petite plaque généralement épaisse de
quelques millimètres, qui permet de varier la place où on l'imprime. La
remarque volante produit toujours par la pression, au verso du papier,
comme une sorte d'estampage ou de gaufrage, parce que généralement on
coupe le cuivre au ras du trait extérieur que délimite le motif sans laisser
de témoins. — 3 étals.
La planche appartient à M. Gustave Pellet, éditeur.
Corruption (30). — Une femme nue, vue de dos, s'est agenouillée
craintive, mais confiante dans la séduction de ses charmes, devant
un juge d'instruction revêtu de sa robe et coiffé de sa toque ; il est
assis, la main gauche sur le code, ses genoux frissonnent au contact
de la tête de la jolie pécheresse qui s'y est venu reposer. A gauche, le
Christ apparaît nimbé. En bas à droite : Corruption et les initiales L. L.
— 3 états.
Premier Pas (46). — Une porte s'ouvre à droite, livrant passage
à une vieille femme tenant dans la main droite un petit sac ; une
adorable fillette habillée en danseuse la précède, le bras droit de
l'enfant, allongé et raidi contre la porte, semble barrer le passage à la
vieille. A droite, au bas de la porte : Louis Legrand, et plus bas encore
du même côté, parallèlement au trait carré à l'intérieur de l'estampe :
Première leçon '. — 4 états.
Le 1er état est avant la serrure et /« signature. — Cette pièce, ainsi que les
trois suivantes, l'ont partie d'une charmante série de douze, dites : Les
Petites du Ballet !, dont voici les titres : Le Premier Pas — La Fille à su
1 M. Ramiro indique : Premier Pas ; notre exemplaire porte : Première Leçon.
* Ces douze eaux-fortes ont été tirées avec remarque à 25 exemplaires au prix cie jOO francs par
l'éditeur G. Pellet; elles sont depuis longtemps épuisées et devenues presque introuvables
aujourd'hui, tant a été grand leur succès au moment de leur apparition.
47S DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Tanlc — Les Mioches — A la Barre — La Monte Terpsichore — Devant la
Glace — On se tourne — On se retourne — Arabesque ouverte — En nage —
L'Habillage — 3« acte, scène S, i* tableau de je ne sais quoi.
La Fille à sa Tante (47). — A genoux sur un canapé, les jambes
complètement repliées sous elle et absolument tournée à droite, une
iillette suce un sucre d'orge ; un violent coup de lumière éclaire
la portion de son front et de sa chevelure au-dessus de l'œil gauebe.
La tante, au second plan et dans l'ombre, est assise près d'elle et
tricote. Dans le liant du coin gauche : Louis Legrand. — f> états '.
Les Mioches (48). — Deux adorables petites iillcs assises sur un
canapé ; celle de gauebe étend sa jambe droite sur le bras de ce siège,
l'autre a ses jambes ramassées sous elle en tailleur. La signature :
Louis Legrand, et la légende : Les Mioches. - 10 états s.
Devant la Glace (ôl). - Deux danseuses debout de profil à
gauebe, achèvent de s'habiller. Celle du premier plan serre la coulisse
de son corsage ; la seconde ramène les deux bras derrière sa tète pour
arranger son chignon. En bas dans le coin gauebe, vue de dos, une
femme en toilette de ville, coiffée d'un chapeau à plumes, se regarde
dans une glace et avec son mouchoir arrange le carmin île ses lèvres.
En bas dans le coin gauebe : Louis Legrand, et à droite la légende :
Devant la Glace '. — 7 états.
L'Ami des Danseuses (<>.'!). — Au milieu de l'estampe, de trois
quarts à droite, le vieux maître de ballet est assis, le violon appuyé
sur la cuisse droite, il raconte quelques gaudrioles sans doute aux
deux danseuses qui, assises à droite sur un canapé, se penchent en
avant, le regardent et l'écoutent d'une oreille attentive; elles sont
fortement éclairées. 2 états ♦.
1 M. luuniro n'en signale que quatre, parce qu'il omet de mentionner celui où la remarque
/ ne dame et an monsieur monocle dans l'a>it gauche, est supprimée el remplacée pur lu
légende : La fille u ta tante.
* La remarque <-si : /.<- lieutenant Goguel fumant sa pipe, a l'avant-dernler état,
i i:i remarque esl : Une pâtre de chauisom, n l'avant-dernier état,
' Nous rmyuns, -.uns imiu luis l'uiiinni'i . qu'il existe encore d'autres états que les deux seuls
mentionnés par .M. Raniiro, N'uus possédons un ,1, / . , (, nipiafrei awinl la signature ri nvec
lu remarque i>o/,m/.' d la tite d'éléphant.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 479
Mater Inviolata (63). - Une mère de profil à droite avance
tendrement ses lèvres sur la joue droite du bébé qu'elle tient entre
ses bras. L'enfant est de trois quarts à gauche et l'une de ses petites
mains s'appuie sur le cou de la maman. A droite, les initiales de
l'artiste : L. L. — 9 états.
La planche appartient à M. (1. Pellet. — Cinq épreuves ont été acquises
par l'Etat pour des Musées.
Le Fils du Charpentier (07). — A droite, debout et vu de dos,
un charpentier en vêlements de travail troués et rapiécés, la scie
reposant à terre le long de la jambe droite, contemple son jeune fils
nu que sa mère tient devant lui, demi-couché sur une pile de
planches. Un arbre à l'épais feuillage croît à l'angle de la maison qui
est derrière eux. Au second plan, un cheval paît dans la prairie,
tandis qu'à l'horizon se profile un village sur une colline. La femme
est nimbée, une mèche de cheveux noirs s'épand sur son épaule
droite, la gauche sur laquelle la chemise a glissé est nue, son regard
exprime l'extase. — 10 étals.
11 existe des épreuves avec une remarque, sur cuivre mobile, occupant
toute la largeur de l'estampe, représentant une charrue et des moutons.
La Divine Parole (68). — Le Christ est assis à droite de l'estampe
de profil à gauche ; près de lui, deux femmes, l'une est couchée à ses
pieds, l'autre presse sa main droite qu'elle baise avec amour. Au
fond, deux cygnes glissent majestueux sur la surface d'un lac ; dans
le ciel à gauche, une éclaircie. — 7 états.
M. Ramiro nous apprend que G. Pellet, à qui appartenait la planche, en a
fait les tirages suivants :
15 parchemin, sans remarque, à 300 francs — 20 japon, sans remarque, à
200 francs — 10 hollande, sans remarque, ù 200 francs, et enfin 50 hollande,
avec remarque, à 150 francs.
Spleen. — Assise sur un sopha de trois quarts à droite, près de
la balustrade d'un balcon, le coude gauche appuyé sur un coussin, le
bras droit allongé le long du corps qu'il soutient sur ce siège, en
faisant saillir l'épaule, une jeune femme, l'air profondément mélan-
colique, semble rêver. Le sein droit est nu et derrière la tête légère-
ment rejetée en arrière, on dislingue les feuilles d'un palmier. La
480 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
femme regarde de face. Dans le haui du coin droit, des toits, des
cheminées et l'église du Sacré-Cœur avec ses échafaudages. A gauche
dans le coin inférieur : Louis Legrand.
Nous ne pouvons indiquer de numéro d'ordre pour cette pièce qui est
postérieure au catalogue lîainiro. Il existe îles épreuves en noir et en
couleurs; ces dernières sont extrêmement curieuses, le coussin et la jupe ont
le nacré et le chatoiement de la soie, nous avouons ne connaître aucune
estampe donnant à l'œil une sensation aussi sincère dans le rendu de
l'étoffe.
Beau Soir. — Sur le bord de la mer qui s'étend à perte de vue
devant elle, une femme de marin, de profil à droite, donne le sein à
l'enfant qu'elle lient demi-nu sur ses genoux ; son mari, coiffé d'un
béret, se penche vers elle pour l'embrasser ; près d'eux, une vache.
Dans le bas du coin gauche de l'estampe, un losange, dans lequel
est le monogramme de l'artiste accompagné d'une étoile à droite '.
Pièce admirable, d'une poésie douce et pénétrante, gravée en 1900. LU
chef-d'œuvre! épuisé quelques jours après son apparition.
Joie maternelle. - Une femme du peuple, en coiffe, vue à mi-
corps et assise de profil à droite, sent' dans ses bras, en l'embrassant
follement, son tout jeune enfant ; le visage souriant du bambin qui
regarde de face est violemment éclairé.
Le Calvaire. La tête à gauche dans un rayonnement, le Divin
Crucifié est tombé à la renverse, les bras étendus ; il est soutenu par
sa Mère qui se penche sur lui ; la poitrine du Sauveur des hommes
est violemment éclairée; par terre, à gauche, la couronne d'épines.
Une épreuve d'un tirage exceptionnel figurait en 1903 au Salon de la
Société Nationale des Beaux-Arts et captivait tous les regards.
Signalons encore, dans des ordres d'idées bien différents, les pièces
suivantes :
Avant, on j'ai peur qu'on nous voie Après La Femme au Parapluie
Réflexions indiscrètes Le Travail et ta Paresse — Beauvoir — Profils
Parisiens*. Mentionnons également la délicieuse carte d'invitation que
l'artiste adressa à ses amis lors de l'exposition de son œuvre chez Bing, en
■ C'est une .!.••. premlèroi pièces où appui ill cette signature monogramme; l'arUilc avait
auparavant coutume d'écrire son nom en entier.
i m ni ni s. a, ni .1,- la Société Nationale en 1903; ri1 n'est qu'au :t étal que la femmi
renvoie la fumés de sa cigarette.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 481
avril 1896, qui représente : une mignonne danseuse de 7 à 8 ans entourant de
ses petits bras une colonne, toute intimidée de la venue de deux pompiers
de service qui lui adressent la parole; devenue très rare.
Terminons en disant que Louis Legrand est un des artistes les plus en vue
de notre époque et que son œuvre, d'une haute et puissante saveur, parle
assez éloquemment par lui-même sans qu'il soit besoin d'y ajouter des
commentaires qui n'en sauraient augmenter la portée.
Bien qu'en dehors de notre sujet et du but qui nous occupe, nous nous
permettrons de signaler ici de l'artiste deux des plus curieuses, des plus
admirables et des plus extraordinaires publications de notre temps, la
première surtout :
Le Livre d'Heures', petit in-4° contenant 13 eaux-fortes et 200 dessins dans
le texte.
Tiré à 160 exemplaires numérotés: 250 francs (épuisé).
La Faune Parisienne, in-4° contenant 21 eaux-fortes — 10 en couleurs au
repérage, 7 a la poupée, 4 en noir — plus 40 dessins sur bois dans le texte.
Tiré à 130 exemplaires numérotés : 500 francs.
Tout ce primitif du XIXe siècle, comme l'appelle M. Ramiro, est dans ces
pages qui eussent a elles seules suffi pour l'immortaliser. Nous recom-
mandons d'une façon toute particulière aux amateurs, les pièces que nous
venons de mentionner et surtout Le Livre d'Heures qui est vraiment une
magistrale chose.
LEGROS (Alphonse)
Thomas Carlyle (Malassis 33). — Vêtu de noir de face et à
mi-corps ; le nez, les pointes de la barbe, le côté gauche du col ainsi
que la mèche de cheveux qui est sur la tempe sont vivement éclairés;
le personnage a la main droite appuyée sur le cadre qui l'entoure.
Ce portrait est une aquatinte ; il en existe un autre où le modèle est c'ôitfé
d'un chapeau à large bord, c'est une eau-forte teintée et reprise à la pointe
sèche.
Cardinal Planning (43). — A mi-corps, de trois quarts à droite
et regardant dans cette direction, le vénérable prélat tient dans ses
deux mains appuyées sur une balustrade un livre entr'ouvert.
L'esquisse île cette estampe a été gravée à l'eau-forte et terminée à la
pointe sèche. Il existe trois états ; le 2e a été tiré à 100 épreuves par
W. Thibaudeau, à Londres, où l'artiste habite depuis 18G3.
' Gustave Pellet, éditeur de ces deux volumes, ci-devant 9, quai Voltaire, et actuellement
51, rue Le Peletier, s'est t'ait une spécialité de l'œuvre de l'artiste ; c'est à sa grande obligeance
que nous devons d'avoir pu réunir ici les renseignements que nous venons de donner, aussi
l'assurons-nous de notre vive gratitude.
31
482 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Procession dans une Eglise espagnole (49). -- Un intérieur
d'église ; au second plan, le dais et une procession se dirigent vers
la gauche ; sur le tout premier plan de ce côté, deux prêtres sont
assis, l'un a son livre appuyé sur ses genoux ; à gauche, deux sonneurs.
Dans cette pièce, qui est fort belle et de grande allure dans le 3* état,
les sonneurs n'existent plus ; ils ont été remplacés par des personnages
agenouillés.
La Lecture de l'Office (1)4). — A mi-corps, de prolil à gauche,
un prêtre revêtu des habits sacerdotaux, les mains jointes, lit dans le
missel ouvert devant lui sur un pupitre posé sur le coin de l'autel.
Dans le coin gauche supérieur : .4. Leyros 1S68.
Le Manège (75). — Attelé à un manège, un cheval blanc tourne
de gauche à droite ; au premier plan à droite, trois moines, celui qui
i'sl debout a un livre ouvert entre les mains; dans le coin gauche
supérieur: Le Manège, et dans l'inférieur île ce même côté: A. Leyros.
Etat non décrit de cette estampe célèbre dans l'œuvre de l'artiste, que
nous avons relevé dans la collection A. Barrion.
La Charrue (SI). -- Une plaine immense et nue s'étend à perte
de vue; à gauche au premier plan, une charrue avec ses deux
chevaux qu'un paysan penché en avant est en train de dételer ; près
de lui à terre, son fouet et un sac. A l'extrême horizon la silhouette
indécise d'un paysan à cheval qui s'éloigne, lui bas à droite : A. Leyros.
Le Mouton retrouvé (80). — A gauche de l'estampe, un berger
est agenouillé prés de son mouton qu'il vient de retrouver mort, son
(bien fidèle est près de lui, sa sacoche et sa houlette sont à terre. En
bas à droite : A. Leyros.
Pièce fort recherchée, dont le 1" étal, très rare, avanl la signature, n'a
été tiré qu'à Ht exemplaires.
La Mort du Vagabond (89). - I'rès d'un grand arbre morl qui
s'incline fortement à gauche, un vieux mendiant pieds nus, j;il à terre,
à demi renversé contre un buisson, sa besace sur laquelle sa main
gauche est appuyée, est près de lui ; il pleut, lui bas dans le coin
droit : A. L.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES IS.'I
Le Paysage à la Mare (107). — A gauche sur le premier plan,
une mare ; à droile près d'un bouquet d'arbres, une chaumière au
toit blanc derrière laquelle est une meule de foin.
Cette estampe, qui est gravée beaucoup plus finement que n'a généralement
coutume de le faire l'artiste, a été publiée au 2<? état dans : Fifty impressions
of 10 Etchings '.
Le Foyer (llti). — Devant un l'eu qui pétille dans l'àlre, deux
hommes causent entre eux, pendant qu'une femme à gauche travaille
à l'aiguille. Au fond de la chambre, un lit.
La Mort et le Bûcheron (142). — Dans un bois, la serpe à la
main, un vieillard coiffé d'un bonnet de coton est en train de soulever
un paquet de bois ; à droite, vue de dos, la Mort lui apparaît la faulx
à la main. Des rayons filtrent sur le dos du vieux. En bas dans le
coin gauche : A. Legros.
dette pièce lut publiée dans L'Art en octobre 187G.
Bonhomme Misère (173). — Dans un pauvre intérieur, autour
d'une table qu'éclaire une chandelle et sur laquelle un verre et un
pain sont placés, trois hommes sont assis ; une servante se penche
vers eux, semblant les interroger; l'homme qui est près d'elle, joint
les mains, les yeux levés au ciel. Dans la marge en bas à droite : A. L.
Les Faiseurs de fagots (Béraldi 182). — Près d'un talus sur-
monté d'un têtard à gauche, un homme penché en avant est en train
de couper du bois avec sa serpe, la femme qui l'accompagne tient
dans ses bras un fagot ; à droite par terre, deux autres sont liés.
Eau-forte aquatintée.
Citons encore comme très remarquables : Les Bouleaux, effet de matin —
Le Mur du Presbytère — Le Long de ta Rive — Le Pré ensoleillé — Dans les
Bois — Le Coup de Vent — L'Ambulance.
Comme nous le disions plus haut, Alphonse Legros habite l'Angleterre
depuis 1863 ; il fut longtemps professeur de gravure à l'école de South
Kensington de Londres, et commença à s'adonner a cet art en 1837.
Malassis et Thibaudeau firent son catalogue en 1877 et y relevèrent
168 pièces ; plus tard, Henri Béraldi le continua et le tome IX de son
* C'est-à-dire, une des estampes d'un recueil de 10 pièces, tiré à M exemplaires.
484 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
ouvrage porte à 258 le nombre des estampes du Maître. En juin 1900,
M. L. Bénédite lit une exposition de l'œuvre au Luxembourg, et, dans la
très intéressante introduction qu'il consacre à l'artiste, il nous apprend
qu'à l'heure actuelle le total des pièces' s'élève exactement à 572. La plus
grande partie sont des eaux-fortes, quelques-unes relevées île pointe sèche,
de burin ou d'aquatinte ; on ne compte que 50 pointes sèches, 3 burins,
3.'i lithographies et 4 essais de crayon, procédé .Mac Lure et Macdonald.
Deux autres expositions beaucoup moins importantes avaient précédé
celle du Luxembourg : l'une avait eu lieu chez Durand-Ruel vers 1894,
l'autre chez Bing en mars 1898.
De nombreux articles lurent consacrés au Maître, rendant justice à son
talent ; nous citerons entre autres :
Burty, The Academg, 22 juillet 1870 — Th. Gueulette, Gazette des Beaux-
Arts, avril 187G — Clément Janin, L'Estampe et l'Affiche, mars-avril 1898 —
et enfin L. Bénédite, La Revue de l'Art ancien et moderne, mai 1900.
Le plus bel œuvre existant de A. Legros est actuellement aux mains de
M. T.-G. Arthur qui habite Carrick House, à Ayr, en Ecosse; le délicat
collectionneur en a su réunir les pièces dans des conditions de beauté et
d'états tout à fait remarquables. — A Paris, M. Etienne Moreau-Nélaton
en possède également une collection sans rivale.
LEHEUTRE (Gustave)
Le Canal de la Villette. - Le canal avec les tout premiers
plans vides de travaux ; à droite, une gabarre avec un mât, et derrière
celle-ci le quai avec des maisons; au fond de l'estampe, les charpentes
de vastes magasins. Dans le bas à droite : (i. Leheutre 1892.
Cette pointe sèche est tout à fait des débuts de l'artiste et elle accuse une
hésitation et une naïveté de métier qui n'est point pour nous déplaire, elle
a le charme des premiers bégaiements de l'enfant et, partant, toute sa poésie,
c'est donc une pièce à retenir de sa toute première manière, elle est, du
reste, d'une irisii/nc rareté, n'ayant été tirée qu'à 12 exemplaires seulement.
Impasse CambeY à Troyes. Une ruelle légèrement montante,
aux vieilles constructions d'inégale hauteur, dans laquelle on aperçoit
à gauche, longeanl les maisons, trois personnages; à l'angle du fond
de cette impasse, toujours à gauche, m1 détache la silhouette d'une
église ; sur le mur de la maison du premier plan à droite, une plaque
indicatrice sur laquelle on lit: Impasse Gambey, Dans le coin inférieur
gauche : (î. Leheutre 1896.
' i ii catalogua <!<■ l'œuvre complet eil en préparation.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 4.S5
Cette petite eau-forte étroite et haute, traitée pour ainsi dire au trait, est
d'une remarquable synthèse, elle est un peu l'enfant chéri de l'artiste, une
de ses pièces favorites. Il la faut avoir avec la signature. Très rare et tirée
à 24 exemplaires.
La Passerelle au bord du Canal à TroYes. — Une passerelle
à droite de laquelle est une maison devant laquelle est piqué un saule
aux branches minces et effeuillées ; à gauche, légèrement esquissés,
des arbres et des maisons.
Pointe sèche d'une admirable précision, gravée en 1898 et tirée à
20 exemplaires. — L'artiste est actuellement en pleine possession de son
talent; très jeune, car il est né en 18G1, il travailla fort longtemps chez
Humbert, Gervex et Carrière, mais ne prit jamais conseils de personne pour
la gravure. A chaque nouvelle planche, il oublie ses essais antérieurs et se
laisse aller aux impressions du moment, à tel point que, lorsqu'il la
commence, il la trouve toujours grosse d'imprévus et de diffieultueux
problèmes, comme s'il n'avait encore jamais gravé.
Dans nos causeries sur son art, il nous disait qu'il employait tantôt l'eau-
forte, tantôt la pointe sèche; que quelquefois son humeur impatiente lui
faisait délaisser la première, dont le travail est plus long et moins prime-
sauticr, mais que les ressources des deux procédés lui paraissant presque
infinies il en usait avec le même plaisir. Quant aux états sur lesquels nous
l'interrogions, travaillant presque toujours dehors et sur nature, jusqu'aux
détails les plus ténus, il se borne à l'atelier à un simple nettoyage ou ébar-
bage de la pointe sèche, et après avoir vu une ou deux épreuves de sa
planche nature, il garde ces exemplaires d'essai dans sa collection, et si la
planche ne lui convient pas, il préfère la recommencer plutôt que d'y refaire
des remaniements longs et très aléatoires comme réussite, trouvant inutile
de fatiguer ses cuivres par des transformations qui constituent alors les
seuls urais états.
A l'heure actuelle, il a gravé 67 numéros, parmi lesquels deux planches en
couleurs, simples pointes sèches en noir rehaussées d'une seconde planche
coloriée à la poupée et venant en quelque sorte par dessus la planche mère ;
plus trois lithographies en couleurs à plusieurs pierres se superposant. Le
tirage de ses planches est très limité : 10, 12, 20, 25, quelques-unes même à
1, 2 ou 5 exemplaires, et 50 pour les grandes pièces. Ajoutons que l'artiste
est un modeste, qui semble ignorer absolument les délicieuses choses qu'il
produit et que son nom figurera parmi ceux des artistes les plus appréciés
de notre siècle.
La Chaumière en contre-bas. — Une chaumière au long toit,
pente sur la gauche, bâtie en contre-bas d'une route sur laquelle
chemine une femme qui s'éloigne, un panier ou un ballot passé au
bras droit.
Eau-forte.
480 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le Port au Bois à TroYes. — Un canal assez étroit sur lequel
flottent des pièces de bois assemblées en radeau. Des deux côtés de
la rive, des maisons, et au fond, à gauche, une église avec sa tour
carrée surmontée de deux petites tourelles. Au premier plan, à droite,
un personnage debout accoudé sur le parapet en 1er d'une passerelle.
A gauche, la signature.
Cette pointe sèche, la plus importante «le L'œuvre, est le chef-d'œuvre de
l'artiste. C'est une pièce hors pair. Il la Faut avoir avant la signature, et dans
cet état, dont il n'existe que 10 épreuves, elle est éblouissante.
On donne quelquefois comme pendant à cette pièce : L'Ecluse du Tréport —
A recueillir encore: Le Canal à Troyes, pointe sèche à >S épreuves, planche
détruite — La Chaumière au bord de l'eau, pointe sèche — La Ruelle Saint-
Jean à Trônes, pointe sèche, il faut l'avoir avant la signature — La Marne à
Lagny, eau-forte — Le nouveau l'ont à Lagny, cnu-forte et pointe sèche —
Le Canal d'Eu, effet tic soir, eau-forte — La Rue de l'Isle à Troues, litho-
graphie en couleurs — La Maison dit Garde — Les Bateaux parisiens à
Auteuil : deux pointes sèches qui figurèrent au Salon de 1902, deux bijoux,
et enfin Les Bords de la Rresle, petite pointe sèche Urée à 2(1 épreuves,
joijau sans prix qui peut aller de pair avec les plus jolis morceaux de ,
mais nous nous sommes juré de ne jamais établir de parallèle entre les
artistes contemporains, ne violons pas notre serment.
En janvier 1897, la Gazette des Beaux-Arts lui a consacré un article sous la
signature R. .M., lise/. Roger Marx.
LEPÈRE (Auguste)
Un catalogue1 de l'œuvre gravé de Lepèrc étant en voie de préparation
par les soins intelligents «le M. Alphonse Lotz-Brissonneau, «le Nantes, son
ami intime, nous nous abstiendrons de tout commentaire sur un artiste qui
est aussi notre camarade et qui compte parmi les plus marquants et les plus
intéressants «le notre époque. Le préfacier saura dire tout ce qu'il y a de
couleur cl de primesaul dans cet œuvre, et mettre aussi en relief les qualités
précieuses de métier, «le mouvement, «le «'(imposition et d'originalité qu'il
est si rare et si difficile «le rencontrer réunies.
Quant à nous, dont la tache est plus modeste, nous nous bornerons a
signaler quelques-unes «les pièces les plus remarquables et les plus
recherchées tant en eaux-fortes, qu'en bois ou en lithographies; mais,
disons-le «le suite, l'enfant chéri «le l'artiste, c'est /<■ bois-'; c'est pai' lui qu'il
a débuté, «'est à lui qu'il revient encore avec un métier nouveau, c'est-à-dire
« Catalogue raisonné ci descriptif avec Illustrations, tiré a un très petit nombre d'exemplaires.
Nninii p|in. in .|it' m un 1 1. ■ > 1 1 1 < ■ 1 1 « il m m \a 8lécle( toutes les planches ont été exécutées
mu bots <lf /('/, *•« Dieu sali -'il 5 en avait d'une exquise délicate
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 487
bois au canif, élargissement du dessin, suppression des demi-teintes et
tendances très accentuées d'exprimer avec un simple trait, en exécutant le
moins de travaux de graveurs possible.
Séance de Nuit au Parlement. — C'est le soir, le Parlement
est éclairé, les aiguilles du cadran de la tour marquent 9 heures
moins cinq ; sur la place, à droite, quelques personnages, mais
surtout des voitures, les unes circulant, les autres stationnant,
attendant la sortie des députés ; presqu'au milieu de l'estampe, deux
femmes semblent héler un handsom qui s'éloigne ; tout à fait à
gauche, une autre femme se dirige de ce côté ; le ciel est nuageux.
Dans le bas du coin gauche : A. Lepère ex se.
Ce bois qu'il faut avoir en fumé*, et dont il n'existe guère que 8 ou 10
épreuves, est le plus beau connu, le plus beau qui soit au monde, il n'y a ici
aucune espèce d'exagération, de camaraderie, de réclame ou d'emballement,
c'est le chef-d'œuvre des chefs-d'œuvre. Nous en possédons un exemplaire
tiré sur papier pelure d'une insurpassable beauté.
Exposé en 1891, aux Peintres-Graveurs, chez Durand-Ruel, nous fûmes
tellement impressionné à sa vue que nous ne primes même pas le temps de
finir le tour de la salle ; nous sortîmes brusquement de l'exposition et,
sautant dans une voiture, nous tombâmes chez l'artiste qui habitait alors
rue des Chanoinesses, où nous nous rendîmes acquéreur de cette merveille
aujourd'hui absolument introuvable, quelque soit le prix qu'on en pourrait
proposer.
Nous avons le profond regret de ne l'avoir pas vu figurer à l'exposition
de la Gravure sur Bois, si intéressante, qui a eu lieu, en mai 1902, à l'Ecole
Nationale des Beaux-Arts, quai Malaquais ; il eut fait pâlir ceux des siècles
passés et présents. — L'artiste est Grand-Prix de l'Exposition de 1900.
Les Pêcheurs de Crevettes. — Deux pécheurs dans une
chaloupe, nu-pieds et debout ; l'un est à l'arrière, godillant des deux
mains ; l'autre sur l'avant, occupé à lever un filet. Sans signature.
Bois au canif, le 1" état est tiré à G épreuves, dont l'une en nos mains;
des épreuves existent aussi en camaïeu, c'est beau comme un bois du
seizième. — Planche détruite.
La Rue Galande. — C'est le 14 juillet; à l'entrée de la rue, un
mât de cocagne est planté, auquel un homme, le torse nu, est en
train de monter, poussé par un de ses compagnons ; au premier plan
à droite, une femme vue de dos ; au dernier plan, de nombreux
' Nous disons en fume, car l'épreuve courante est de beaucoup moins belle,
488 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
badauds font cercle pour voir le grimpeur. Aux croisées, des curieux
et des drapeaux. Une partie du bas de la maison qui fait le coin est
dans l'ombre, le haut est fortement éclaire. Sans signature.
Cette admirable eau-forte aquatintée, qui rappelle par sa vigueur un
dessin à l'encre de chine sous trait de plume, n'existe à l'état d'épreuve hors
ligne qu'à 7 ou 8 exemplaires ; après ce tirage, le grain s'est effacé et la
planche a baissé brusquement. Le plus bel exemplaire connu est dans notre
portefeuille. — Pièce de la dernière rareté en premières épreuves.
Une Partie de Jacquet. — Sur une table au-dessous d'une
suspension, dont on ne voit que la partie basse, la femme et le fils
de l'artiste font un jacquet ; la femme appuyée sur le coude droit
vient de renverser le gobelet, et tous deux attentifs regardent le
nombre 5 que marque le dé. Sans signature.
liois au canif en couleurs à l'eau.
L'Eté. — Vue de dos de trois quarts à gauche, une femme nue,
à la chevelure flottante, appuie sa main droite sur le tronc d'un gros
arbre planté sur le bord de l'eau ; cette main tient une poignée de
cheveux. A gauche, au dernier plan, de l'autre côté du fleuve, on
distingue la silhouette d'un dôme. Sans signature.
Eau-forte en couleurs très fortement mordue à trois planches, 40 exem-
plaires. Il existe une autre planche presque similaire mais en noir et de
heaucoup supérieure, elle porte en haut, au milieu de l'estampe, en
grosses lettres fantaisistes : Paris Eté ; le 1er état, tiré à 5 exemplaires, est
hors pair.
A quatre Nains. — Femme et enfant de profil à droite, assis
devant un piano, exécutent un morceau ; derrière eux, une croisée
par laquelle vient la lumière. Sans signature.
bois au canif en couleurs à l'eau.
On déchiffre. - Mère et fillette vues de dos, devant un piano
qu'on devine; la mère a la main gauche levée cl posée sur le cahier
de musique indiquant les notes qu'elle suit du doigt. Sans signature.
Eau-forte.
La Seine au Pont d'Austerlitz. -- La Seine à droite, et sur
une passerelle, une femme de trois quarls à gauche luttant contre le
DIX-NEUVIEME ET VINGTIEME SIÈCLES
vent ; au second plan, très à gauche, une femme pousse devant elle
son éventaire chargé de légumes ou de fleurs. A droite, dans le coin
inférieur : A. Lepère.
Bois d'une exquise finesse qu'il faut avoir en 1er état, c'est-à-dire avec le
nuage à droite.
Au Coin du Pont aux Doubles. — Au pied de la butte qui se
silhouette haute et silencieuse, au dernier plan, voiture et personnages;
au premier plan, dans le coin gauche, un chiffonnier dort couché au
pied d'un hec de gaz allumé ; à quelques pas de lui, la hotte sur le
dos, la lanterne à la main, tirant la jambe, un de ses copains fait sa
tournée. Dans le haut du coin droit : A. Lepère. — Eau-forte et
pointe sèche.
La Sortie de l'Ecole. — Sur un étroit chemin bordé par des
marais salants à droite, des enfants, garçons et filles, s'éloignent
regagnant leur logis ; à l'horizon à droite, des moulins à vent. Sans
signature. — Eau-forte très profondément mordue.
La Prière. — Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul en prière; celle du
tout premier plan, dont la figure de profil a droite est complètement
dans l'ombre, tient un livre ouvert de la main gauche et appuie la
droite sur un parapluie. A gauche, le monogramme de l'artiste se
détache en blanc. — Bois au canif.
La Procession '. — Au fond de l'estampe à droite, la Cathédrale
de Nantes dans laquelle rentre la procession ; la place est noire d'un
monde que l'on devine plutôt qu'on ne le voit, car le clergé le masque
en occupant tout le premier plan dans le mouvement tournant qu'il
exécute. A gauche, le dais sous lequel est le Saint-Sacrement devant
lequel les thuriféraires viennent de s'arrêter. Dans le groupe agenouillé
qui occupe le coin gauche inférieur de l'estampe, l'artiste a, par
une délicate attention, reproduit le profil à droite de M. A. Lotz-
Brissonneau. Dans le haut du coin droit, sur un oriflamme, on lit :
A. Lepère inv. se. Nantes 1901.
' Cette planche fut commandée à l'artiste par M. A. Lotz-Brissonneau,
490 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
liois nu burin en couleurs d'une crâne et superbe ordonnance qui demeu-
rera parmi les plus belles planches qu'ait gravées l'artiste. Sans parler des
4 états en noir de la planche du trait dont il a été tiré en tout 34 fumes tant
sur japon que sur hollande, disons que de la planche définitive en couleurs
il y a eu : 2 épreuves avec la dédicace dégagée pour le promoteur de la
planche; 10 épreuves avec remarque — tète d'enfant de chœur tenant un
encensoir en bas à droite — numérotées de 1 à U) et signées à la main;
70 épreuves sans remarque de 1 à 70 également, signées à la main, et enfin
'2ô exemplaires de présent dans lesquels la signature a été enlevée de
l'orillammc et imprimée en bas, à droite, à l'encre typographique.
Le Braconnier. — Un genou en terre, vu de dos et tourne à
droite, au milieu de dunes plantées de sapins, le braconnier vient de
tirer un coup de feu, comme on en peut juger par la fumée qui n'est
pas encore dissipée. Au loin, la mer s'étend à perte de vue. — Bois
au canif en couleurs.
La Vague. — Elle vient de déferler sur le rivage et se retire
emportant dans ses replis moelleux toutes les couleurs du prisme,
toutes les irisations de l'arc-en-ciel.
Les Japonais sont nos maîtres incontestés dans la gravure sur bois en
couleurs, mais nous certifions que la présente estampe peut rivaliser de
beauté avec les leurs.
L'artiste a l'ait de ce bois au canif plusieurs essais de tirage, les uns avec
l'encre typographique, les autres avec des routeurs à l'eau ; ces dernières
oïd donné des résultats d'une incomparable supériorité.
Un Enterrement au Marais vendéen. — Sur l'un des nombreux
canaux qui eiilrccoupenl le marais, une barque se dirige vers la
gauche, elle porte un cercueil recouvert d'un drap blanc au pied
duquel une femme agenouillée est prosternée de profil à droite ; à
l'arriére de cette barque, que conduit à la perche un homme debout,
doux femmes et un enfant sont assis; d'autres barques sillonnent le
canal, et sur la rive se voient les nombreux amis et parents du
défunt ; au loul premier plan à droite, un homme cl une femme,
un chapelet à la main, prient. Au fond de l'estampe, une chaumière
et un pont. Dans le coin inférieur droit : A. Lepére S'-.Jeiui -de-Mont
1901. - Eau-forte.
Citons encore au hasard de nos souvenirs: En route pour le Salon, bois
inédit, rarissime; La Hue de la Mnnlaipie-S(unte tieneviéi'e. un bois adorable,
bijou sans prix — Convalescence) Déjeuner en forêt; Le Bassin des Tuileries,
bois en couleurs Une dernier sur l'eau. Hue Pirouette; Saint Sémrin ;
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 491
Le Quai de l'Hôlel-de -Ville; La Seine au quai de la Râpée; Coucher de Soleil ,
Aux Fortifications, porte du Pré-Saint-Gervais ; Le Débardeur au quai de la
Gare; L'Enlèvement des Neiges, eaux-fortes — Doux Sommeil; Chiffonniers
sous le pont Marie, lithographies.
Voir : H. Béraldi, tome IX, Paris 1889 — Roger Marx, Gazette des Beaux-
Arts, octobre 189G — Gabriel Mourey, The Studio, décembre 1897 —
E. Ramiro, L'Œuvre et l'Image, novembre 1900. — Maints articles lui ont été
consacrés par divers dans L'Estampe et l' Affiche.
Ajoutons que les trois plus belles collections existant de l'œuvre de
l'artiste sont celles de M. Alphonse Lotz-Brissonneau, de Nantes ; de
M. Bellinac, de Saint-Elienne (Loire), et de M. Claude Lafontaine, à Taris;
la première est absolument unique et sans rivale. On en jugera, du reste, par
le catalogue que nous venons d'annoncer et qui se prépare actuellement.
LEYS (Baron Henri)
Ne à Anvers en 1815, mort en 1869. Son œuvre gravé est peu considérable,
mais il se recommande par une couleur et un métier extrêmement pitto-
resques ayant beaucoup d'analogie avec la manière de Rembrandt. Sa
première eau-forte fut gravée en 1831.
Ph. Burty lui a consacré un fort joli article dans la Gazette des Beaux-
Arts de mai 18G6, tome XX. — Voir également H. Béraldi, tome IX, 1889, qui
mentionne 20 pièces de ce Maître amateur. Le Musée Plantin Mordus s'est
rendu acquéreur de 9 cuivres originaux de l'artiste et en a fait dernièrement
tirer quelques exemplaires sur papier à la main et sur chine qu'il vend
GO et 75 francs ; ils sont contenus dans un portefeuille mesurant 44 sur
32 centimètres.
Les Archers (Béraldi 10). — Une galerie, dans laquelle défile
de droite à gauche la corporation des archers diversement habillés ;
trois d'entre eux portent un arc ' ; lé personnage penché en avant,
qui est sur le tout premier plan à gauche, n'est indiqué qu'au trait ;
le bas de l'estampe représente une balustrade sur laquelle un des
archers, vêtu de blanc, appuie sa main gauche. L'archer, que l'on
aperçoit en noir et coiffé d'un bonnet, près du pilier, est, dit-on, le
portrait très ressemblant de l'artiste lui-même.
Le 1er état est au fond blanc et avec les figures des personnages moins
travaillées que dans les états suivants. Cette estampe est un fragment du
tableau : Marguerite d'Autriche reçue par le serment des archers d'Anvers ; le
l Et non un cierge, comme l'a écrit par erreur Henri Béraldi et comme on le croit
généralement.
492 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIECLES
cuivre original fut apporté à Paris par Félix Bracquemond, et Salmon
l'imprimeur en tira pour la Gazette des Beaux- Arts un nombre d'exemplaires
correspondant strictement au nombre des abonnés.
Vente : Michelin, avec Intérieur de Luther à Wittemberg, 2 pièces avant la
lettre, .") francs.
La Rencontre (13). — Au milieu de l'estampe, un groupe de
personnages ; l'un d'eux, celui de gauche, s'incline en tendant la
main à celui qui se trouve à droite. Au fond, des maisons.
("elle pièce est extrêmement rare. M. Barrion la possède avec la signature
autographe de l'artiste.
Vente : Burty, 01 francs.
Publication des Edits de Charles-Quint (14). — Dans une
sorte de cabaret, des hommes et des femmes sont rassemblés ; un
homme et une femme au premier plan debout l'un près de l'autre,
semblent écouter attentivement la lecture des edits ; l'homme a les
bras croisés et le pied gauche en avant.
Vente : Burty, 80 francs.
Institution de la Toison d'Or (15). — Au dernier plan et au
fond à gauche, une tribune remplie de personnages ; au pied de cette
même tribune, des hérauts d'armes embouchent leur trompette. La
partie droite de l'estampe est vide de travaux, En bas à droite:
//. Legs.
Il existe des épreuves sans la signature. Cette pièce la pins rare de
l'œuvre est extrêmement curieuse et exécutée tout à fait en griffbnis.
Un Conventicule de Réformés (16). — Debout et assis autour
d'une table, des hommes et des femmes écoulent le pasteur qui est à
droite et qui leur adresse la parole.
Vente : Burty, (il francs.
Jeune Femme assise (18). - Elle est sur un banc, dans un
intérieur, tournée à droite ; la main gauche sur le dossier du banc, la
droite retombant sur son tablier.
N'ayant pu rencontrer cette pièce, nous en avons emprunté la description
à Béraldi; on la rubrique quelquefois aussi : Marguerite à V Enlise.
Vente : Burty, 2 épreuves, 20 francs,
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 49Î1
L'Imprimeur Plantin (10). -- Arias Mentanus examine avec
attention la feuille imprimée que lui présente Plantin qui est à droite,
ce dernier a encore sous le bras gauche un paquet d'épreuves. Deux
amis accompagnent Mentanus.
Cette estampe, beaucoup plus poussée que les autres, est absolument
remarquable.
Ventes : Anonyme, en 188G, sur papier ancien, 1G — Burty, trois épreuves
dont une avec la signature, 87 — Michelin, sur japon, 4L).
LHERMITTE (Léon)
Notons de l'admirable peintre les trois eaux-fortes suivantes, gravures
sincères, saines et fortes :
La Cathédrale de Rouen, publiée en juin 1884 par Arthur Tooth & Sons —
Intérieur de Saint-Maclou — La Visite pastorale — Le Marché aux Poissons.
LUIGINI (F.)
La Femme au Coucou. — Une hollandaise debout vue de dos,
en train de remonter une pendule accrochée au mur à droite. Par
une petite croisée à gauche, on aperçoit la mer et un navire.
Jolie [eau-forte en couleurs, tirée à 25 exemplaires seulement, devenue
extrêmement rare.
LUNOIS (Alexandre)
La Fosse commune; les dernières prières. — Devant une
fosse béante à droite, un prêtre debout de profil à droite, récite les
dernières prières. A sa gauche, debout aussi, le fossoyeur appuyé sur
sa pelle. Derrière lui, la famille éplorée, deux petits enfants et leur
mère sans doute, un mouchoir à la main, étouffe ses sanglots.
Admirable et saisissante lithographie en noir, tirée à 40 épreuves.
La Hollandaise de Vollendham. — Assise de profil à droite
sur une haute chaise près de sa croisée, une jeune femme songeuse a
cessé de tricoter.
494 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Cette pièce en noir est considérée comme le chef-d'œuvre de l'artiste,
c'est elle surtout qui le mit tout à l'ait en vedette; il n'en existe que
.) épreuves, la pierre ayant cassé après ce court tirage ; elle avait été
achetée par L. Duniont, l'éditeur, à l'Exposition des Peintres-Graveurs
français en 1890.
Une Evocation chez les Spirites. — Trois personnages vus de
dos occupent le milieu d'une pièce où une lampe est allumée ; devant
eux, la vision vêtue d'une gaze transparente et légère semble s'élever;
un cinquième personnage est endormi dans un fauteuil, les mains
croisées sur les genoux, la tête penchée à gauche.
Tirée à 20 épreuves d'essai en noir ; pierre effacée.
Le Menuet. — Dans un salon où les musiciens sont à gauche,
deux jeunes femmes esquissent le pas du menuet en costume du
xviii0 siècle.
Pièce en couleurs à 30 épreuves; pierre effacée. — Il existe quelques
exemplaires d'essai sur japon pelure. On dît que ce sont des portraits; la
scène se passe chez M. Ménard Dorian.
Intérieur Hollandais. — Deux jeunes femmes, l'une de trois
quarts à droite, l'autre de profil, sont assises l'une en l'ace de l'autre,
devant une croisée dont l'un des côtés est ouvert ; celle de droite a
sur les genoux un pot contenant une tulipe. A travers la fenêtre
ouverte on aperçoit à droite un moulin à vent.
Superbe pièce en noir, une des plus belles si ce n'est la plus belle de
l'œuvre. Il la faut avoir avant la rectification des marges et l'adjonction du
nom de l'imprimeur.
Avant la Danse. — Quatre danseuses espagnoles assises se
détachent sur un fond bleu, violemment éclairées par une lampe.
Pièce en couleurs tirée à lu épreuves; pierres effacées. — Cette estampe
a pour pendant Bailarinas flamencas, tirée à 90 épreuves.
Le Colin-Maillard. — Des jeunes lilles jouant au colin-maillard
sous les ombrages d'un parc.
Pièce en couleurs, superbe, tirée à 10 épreuves. Pierres effacées.
Danseuse Espagnole remettant son soulier.
Le titre seul nous dispense de la description de cette pièce en imitation
de pastel d'un œil tout particulier et devenue fort rare.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 49")
Citons encore : Au Burero — Yamina-benl si-Djelloul — Au bord du
Zuidersée — La Buveuse d'Absinthe — Le Départ pour la Chasse ù courre —
L'Embarquement — Pénombre ' — Les Tisseuses de Burnous — La Raquette —
Les Galeries supérieures du Thééitre Beaumarchais, si soyeuses et si enve-
loppées, etc., etc.
L'artiste, dont nous venons de donner un très faible aperçu de l'œuvre,
est un jeune, né en plein centre de Paris, au coin des rues Montorgueil et
Montmartre. Il commença à dessiner dès l'âge de 5 ans, et il conserve
encore les croquis de chevaux et d'omnibus qu il faisait place Sainte-
Eustache d'après ceux du chemin de fer Saint-Lazare. Entré à l'Ecole de
dessin, les modèles de M"« Ducollet — les éternelles feuilles de chêne avec
deux prunes — eurent le don de l'écœurer, et un jour, refusant net de
continuer, il revint chez son père auquel il déclara qu'il voulait être
peintre; mais comme il fallait avant tout apprendre à dessiner il rentra
chez Sirouy, un ami de la famille, il avait quatorze ans et demi ; un an plus
tard, il le quittait, s'étant brouillé avec la mère de son patron qui lui
reprochait de mal balayer l'atelier!!!
De nouveau livré à lui-même, très débrouillard et ne voulant pas être à
charge aux siens, il s'installa au Louvre et là travailla comme un nègre;
quand il n'était pas au Musée, il faisait de la lithographie de commerce
chez un parent, de 6 heures à 8 heures du matin, et de 5 heures à minuit ;
il gagnait de deux francs cinquante à trois francs par jour.
Il venait d'avoir 16 ans, quand il se décida à faire deux lithographies pour
le Salon ; à ce moment, deux amis de son père, à qui il fut présenté, eurent
une influence décisive sur son avenir, Buttin et Lhermitte; ces messieurs
s'intéressèrent à l'énergique et intelligent garçon, Butin lui donna à repro-
duire Le Pécheur d'Anguilles, et Lhermitte Le Pot de Vin ; ces lithographies
figurèrent au Salon de 1882 et lui valurent une mention honorable.
L'époque du volontariat arriva, mais il fallait trouver quinze cents francs,
c'était dur! Paul Mantz, alors directeur des Beaux- Arts, lui sauva la vie,
ayant remarqué son envoi au Salon, il le lit venir, lui demanda à voir ses
dessins, ses études, et séduit par le tempérament d'artiste du jeune homme
qui lui conta son histoire, il lui confia, moyennant 1200 francs, la repro-
duction de La Paye des Moissonneurs, de Lhermitte. Sur ces entrefaites il
passa un concours pour entrer à l'Ecole des Beaux-Arts et fut reçu; il resta
quinze jours à l'Ecole, où son indépendance et ses principes d'art se
trouvaient mal à l'aise. 11 partit pour le régiment, oit, dans ses loisirs, il
continua à peindre et à dessiner et obtint une médaille au Salon de 1883;
voilà ses débuts.
Cependant la lithographie le hantait toujours; il s'informa, s'enquit près
des imprimeurs de ce que ses devanciers avaient fait, fouilla, chercha, mais
en réalité, apprit peu de choses et sentant que s'il restait dans l'ancienne
formule il n'arriverait à rien, il quitta carrément les chemins battus et
commença à introduire du lavis dans ses pierres. Il se mit à l'œuvre et un
jour il arriva chez Belfond avec une petite pierre toute au lavis, l'imprimeur
s'y intéressa, y mit tout son savoir et, aidé des conseils de l'artiste, obtint
1 Tirée à '20 épreuves ; ne pas la juger sur le spécimen affreux paru dans l'Artiste.
49(i DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
une épreuve dont le tirage Fut complètement satisfaisant; cette lithographie
n'était mitre que Les Pèlerins (FEmmaûs ■ dont un exemplaire figura à
l'exposition des Peintres-Graveurs en 1890, et où elle fut très remarquée.
A partir de ce jour, il lit ses lithographies comme on fait une aquarelle,
en délayant de l'encre lithographique dans un godet et en lavant largement;
c'est ainsi qu'il obtient ses estampes si chaudes, si pittoresques et si
enveloppées qui ont — on peut le dire — toute la saveur d'un original,
mais il y a là un tour de main dont lui seul a le secret. De plus, quand il le
juge nécessaire, il n'hésite pas à adjoindre le crayon au lavis; mais ce qu'il
ne l'ait jeûnais, c'est de retoucher ses pierres ; telles elles sont, telles en
sortent les épreuves ; tout le charme primesautier du morceau est là.
Son oeuvre est déjà fort considérable, il nous avoue avoir l'ait plus de
15000 litho sur lesquelles — très sévère pour lui-même — il en détruisit
plus de 2600, parmi lesquelles plusieurs d'une certaine importance qui ne
lui plaisaient pas. Ses dernières créations sont des Scènes Espagnoles
pour Pellet, et à l'heure actuelle où nous écrivons ces lignes, il est en train
de faire pour Edmond Sagot : Un jour d'Exposition au Bon Marché.
Son premier succès — et il fut considérable — eut lieu au moment où
parut La Hollandaise de Vollendham dont nous avons déjà parlé plus haut;
il se continua avec : L' Adoration nocturne — L'Hippodrome — Les Tisseurs
de Burnous, pièces en noir. Depuis, La Buveuse d'Absinthe — Pénombre -
La Raquette, et les autres estampes que nous avons déjà décrites et
mentionnées, l'ont placé au premier rang des peintres-lithographes de
notre époque. Sa renommée va toujours grandissant ' et la vente l'ochet,
qui eut lieu en février 1902, fut pour son œuvre un triomphe.
Comme nous l'interrogions sur les estampes en couleurs et que nous
paraissions nous étonner un peu de la préférence qu'il semblait accorder à
ces dernières : « Ne croyez, [tas cela, répliqua-t-il vivement, la lithographie
en couleurs ne m'a jamais donné de vraies satisfactions, le noir et le blanc,
il n'y a que ça, et le jour où j'aurai mis sur une planche en couleurs tout
ce que je voulais y mettre, ce jour-là j'aurai fait ma dernière pierre, »
précisant nettement son peu de goût pour ces estampes — dont on abuse
vraiment aujourd'hui — mais voulant affirmer néanmoins que sa ténacité
viendrait à bout de difficultés qu'il sentait encore invaincues.
Toujours à la recherche de procédés nouveaux, l'artiste vient de graver1
sur pierre au diamant les deux fort jolies pièces suivantes :
L'Espagnole. -- Une jeune l'einnie de trois quarts regarde de
l'ace, elle est deboul dans l'entrebâillement d'une porte, la main
droite est appuyée sur la hanche et le bras gauche allongé horizon-
talement s'arc-boute contre le mur; un courant d'air imprime une
' in. a douze épreuves! 0 mm- Japon el B iur papier vert
» il lui in. chevalier de la Légion d'honneur en 18%.
' i . v 1 1er ii mari 1903.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 497
légère envolée au jupon dont toute la partie droite est violemment
éclairée.
Le 1er état est au simple trait, le 2« semble ombré à l'aquatinte?
Les Fiancés de Cordoue1. -- Au tout premier plan, sur un
tertre occupant le milieu de la composition, une jeune femme est
assise de trois quarts à droite, elle regarde de face; un homme de
profil à gauche est à demi-couché à ses pieds, son coude droit s'appuie
sur les genoux de sa fiancée qu'il contemple amoureusement, il
tient entre ses doigts une cigarette. Dans le coin droit inférieur de
l'estampe, des chardons ; derrière le couple, un fleuve, et au tout
dernier plan, la silhouette de Cordoue qu'inondent les rayons d'un
soleil couchant. En bas à gauche : A. L. 1903.
Le 1er état n'est exprimé qu'au simple trait, a part quelques ombres sur
le chapeau et la ligure de l'amoureux, ainsi que sur le pont qui est à
l'avant-dernier plan ; clans cet état, la main gauche que l'homme appuie
par terre n'existe pas.
Ces deux estampes, tout premier et curieux essai d'un procédé nouveau,
sont en plusieurs états aux mains de M. Alphonse Lotz-Brissonneau qui les
tient directement de l'amabilité de M. Lunois.
Terminons en disant que le coup décisif de la vie de l'artiste fut la
bourse de voyage ' qu'il obtint en 1888 ; avec les quatre mille francs qu'elle
lui procura, il parcouru l successivement pendant dix-huit mois la Belgique,
la Hollande, l'Algérie, le Maroc, revint par l'Espagne, rapportant de cette
tournée de la couleur plein les yeux, du talent plein les mains.
La Revue de l'Art ancien et moderne lui consacra, sous la signature de
M. E. Dacier, en décembre 1900 et janvier 1901, une très intéressante étude.
MAC LAUGHLAN (Donald Shaw)
The Coppersmith \ — Deux ouvriers à gauche sur le tout pre-
mier plan ; l'un est assis, l'autre est debout et vu de dos en train de
couper une tôle à la cisaille. Au fond de l'atelier dans l'ombre, on
distingue un troisième ouvrier debout et de face.
1 Ou Los Xovios île Cortloba. ce qui est plus couleur locale.
- Ces bourses ont été instituées en 1881.
1 Le Chaudronnier.
32
498 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
Le Pont Louis-Philippe. Le pont occupe la plus grande
partie gauche de l'estampe, et dans les airs, plane un ballon. Le ciel
est 1res clair.
Le Charbonnier. — Sur le premier plan, à gauche, des piles
de sacs de charbon violemment éclairés, derrière lesquels se tient le
charbonnier en train d'en dégager un pour servir sans doute sa
pratique, une femme qui est dans sa boutique, accompagnée d'une
petite fille vue de dos. Sur une planchette à gauche, au-dessus des
sacs empilés près d'une colonne montante, un chat est endormi. Sur
le devant de la composition, dans le coin droit inférieur, un chien
tourné à gauche est couché.
Pièce superbe dont les distributions de lumière sont rendues avec une
science et une maestria sans pareilles.
La Rue Mouffetard. — L'entrée de la rue, grouillante de
populace, avec la façade de la grande maison de droite fortement
éclairée ; sur tout le premier plan de ce même côté, un groupe de
trois femmes ayant à gauche un enfant, et à droite un petit chien.
La Petite Forge. — Une boutique de maréchal-ferranl dont les
murs sont plongés dans la pénombre; dans le fond, qu'éclaire un
jour tamisé, on aperçoit un cheval tourné à droite et deux ouvriers;
celui qui esl à gauche esl à l'étau, l'autre à la forge.
Voici deux pièces Urées à petit nombre, qu'il ne faut à aucun prix laisser
échapper; elles révèlent dans Uni- simplicité de grande allure un tempérament
d'artiste tout à fait hors ligne. — C'est chez !.. Dumont que vous pourrez
vous les procurer, s'il en reste encore, car il est le dépositaire attitré de
l'œuvre du séduisant peintre-graveur américain.
La Chiffonnière ou Intérieur de Chiffonnier. Dans un
misérable taudis, une vieille femme assise au milieu de sacs de
chiffons, semble dormir; le jour vient d'une lucarne qui esl à gauche;
au plafond, des guenilles sont suspendues; dans le coin droil
inférieur, deux rais.
Cette eau-forte, une des autres pièces capitales de l'<cu\ re, qui, i\n premier
coup, a classé notre artiste pariai eeu\ les plus en vedelle de nuire heure,
figurait en l'.iiili au Salon de la Société Nationale; elle y lut lies particu
lièrement remarquée.
DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES 499
Né au Canada en 187G, M. 1). Shaw Mac Laughlan s'est fait naturaliser
citoyen des Etats-Unis; c'est au début de 189!) qu'il commença à graver;
cette année-là, il fit trois cuivres. Depuis cette époque, il s'adonne avec
passion à l'art si empoignant de l'eau-forte ; il n'eut jamais de professeur
et travailla quelque temps seulement à Boston sous la direction de
.M. E. W. 1). Ilamilton.
Les Maîtres qui l'impressionnèrent le plus vivement, lurent Durer,
Méryon, Whistler et Rembrandt, mais jamais ces artistes n'exercèrent la
moindre influence sur sa manière ; il est demeuré toujours et absolument
lui-même. De son œuvre très varié et très sincère, se dégage déjà une haute
et puissante saveur d'originalité, et on est en droit de tout attendre de ce
jeune peintre-graveur auquel le plus brillant avenir est réservé ; c'est donc
avec le plus chaud enthousiasme et la plus inébranlable confiance que nous
saluons eu lui le Maître qui, encore peu connu aujourd'hui, sera célèbre
demain.
L'artiste airectionne les papiers pelure vieux japons et les vergés minces ;
il ne donne généralement qu'une marge de quelques millimètres à ses
eaux-fortes qu'il signe rarement sur le cuivre, mais toujours au crayon
parallèlement au trait carré, et en caractères fort ténus.
Parmi la quarantaine de pièces qu'il a déjà à son actif, nous attirerons
encore d'une façon toute spéciale l'attention du collectionneur sur les
suivantes :
Les Tanneries — Le Pont Saint-Michel — Saint-Sulpice, côté gauche et
côté droit ; 2 planches — La Ruelle des Pêcheurs à Boulogne-sur-Mer —
Quai de FHôtel-de -Ville à Paris — Notre-Dame' — Le Port de Boulogne-
sur-Mer — La Cite — La Forge des Carmélites — La Cour des Gobelins —
Le Quai des Orfèvres — Mill Stream, toute petite pointe sèche, tirée à
3 épreuves seulement — A Charenlon — A Rouen.
MANET (Edouard)
Peintre plus encore que graveur, est né en 1833 et mort le 30 avril 1883; il a
fait quelques eaux-fortes pleines de vigueur et d'accent, on pourrait presque
dire de violence et de fougue, à ces titres elles ne sont pas sans saveur.
Le Guitarero, 18(51 (B 2). — Coiffé d'un chapeau crânement
posé sur son serre-tête blanc, le guitarero est assis sur un banc de
bois rustique de trois quarts à droite, il regarde de face, la tête
légèrement penchée, son pied gauche ne touche pas terre, il chante
en pinçant de son instrument ; près de lui à gauche, une cruche
l Au 1" état, le premier plan est vide de travaux ; aux suivants, il y a un fiacre et des
personnages.
f>0<) DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
d'eau. Dans le coin droit supérieur: Ed. Manet. et en bas à droite:
Imp. Delâtre, Paris. — Le 1er état est au fond clair.
C'est la pièce capitale de l'œuvre avec la suivante qui est fort belle.
La Femme au Bain (9). — Dans une pièce sombre, une femme
très éclairée est assise sur un sopba de trois quarts à droite, elle
ramène son peignoir sur sa poitrine et regarde de l'ace; derrière elle
et à sa gauche, une femme dans la pénombre s'apprête à lui passer sa
chemise. L'éclairage du fond de la pièce qui est très faible vient par
une ouverture grillagée.
Citons encore: Lola de Valence, en danseuse, eau-forte comme les pièces
ci-dessus. Mentionnons aussi, pour l'acquit de notre conscience, une litho-
graphie polychrome qui jouit d'une certaine célébrité : Le Polichinelle, dont
un exemplaire à la vente Mallet vient délie adjugé 42 francs, et 62 à celle de
Pochet, sur japon mince; il n'y en a, paraît-il, que 25 épreuves, quelques
exemplaires fort rares existent en noir; ;i la vente Burty en 1891, l'œuvre
gravé et lithographie presque complet en premières épreuves fut adjugé
1500 lianes. — Voir Béraldi, tome IX. Paris 1889.
MAUD (Pierre)
Approche d'Orage — Paysage du Bourbonnais.
Deux eaux-fortes en couleurs ne manquant pas d'accent.
MAURIN (Charles)
Femme se coiffant. Nue jusqu'à la ceinture, elle esl assise de
trois quarts à droite, les veux baissés, en train de s'arranger les
Cheveux du CÔté aVoi/, La planche esl encadrée d'une large bordure
d'environ trois centimètres ornée de Heurs ; celte bordure est obtenue
par un grain. Dans le haut du coin gauche, à l'envers : Ch. Manrin /.S'.1'/.
Pièce d'un merveilleux dessin.
Femme à sa toilette. Complètement nue et vue de dos, une
femme devant sa glace, les bras levés, arrange sa coiffure ; une niècbe
de cheveux pend cidre ses deux épaules.
Une de ses meilleures pièces en couleurs, celles <lr bon tirage sont 1res
rares.
DIX-NEUVIÈME F.T VINGTIÈME SIÈCLES Ô01
La Première Toilette. — Dans un boudoir qu'éclaire une
fenêtre placée au fond de l'estampe, deux femmes ; une debout à
gauche de profil à droite, en déshabillé lient un miroir dans lequel
elle se regarde en arrangeant sa coiffure, derrière elle sa toilette
chargée de flacons ; une de ses amies assise à droite est occupée à se
laver les pieds dans une cuvette. A l'espagnolette de la croisée on a
suspendu un réticule.
Fort jolie pièce, délicieuse quand elle est bien tirée. Signalons son premier
morceau en couleurs avec repérage: Femme arrosant, et la très remarquable
pointe sèche tle ses débuts: Vue de Montmartre, rarissime, ainsi que l'eau-
forte : Saint-Ouen vu de Montmartre, aussi rare. Terminons en mentionnant
encore comme pièces en couleurs : Folies-Bergères — La Jarretière — Dans
la Loge — Aux Champs-Elgsées et enfin parmi les études de nu qu'il a faites
à la pointe sèche, celte petite merveille de finesse et de dessin : Une femme
nue attachée par le dos ci un arbre, les cheveux épars et regardant « droite.
L'artiste est extrêmement habile et ses pièces en couleurs, pleines de
séduction, sont fort en vogue.
MEISSONNIER (Ernest)
Peintre célèbre né à Lyon en 1813, mort à Paris en 1891, a fait quelques
eaux-fortes qui sont recherchées par certains amateurs, voici les principales:
Le grand Fumeur — Le petit Fumeur — Le Siège de Dcrg-op-Zoom — Les
Apprêts du Duel ' — // Signor Annibal — Le Violon — L'Aigle * — Monsieur
Polichinelle.
Quitte à passer pour très irrespectueux envers la mémoire du Maître — ce
dont nous nous défendons — nous avouerons n'attacher aucune espèce
d'importance à ces petites fadaises essentiellement impersonnelles; ce sont
des choses veilles, sans accent, et pour nous, complètement muettes, on nous
permettra d'être comme elles. Nous sommes convaincu, du reste, que
beaucoup de gens pensent tout bas ce que nous croyons devoir confesser
tout haut3. Ajoutons que ces réflexions ne s'adressent exclusivement qu'aux
1 Ou L'Homme à Vèpée.
* Gravé, croyons-nous, en septembre 1800.
3 Quand on songe qu'à la vente Burty, en 1891, on a payé : Le Violon, 1" élat, 315 francs —
Le Petit Fumeur, 225 — Les Retires, épreuve d'essai avec crayons de couleurs. 350 — Monsieur
Polichinelle, tourné à droite. 156 — et Les Apprêts (tu Duel, 1000 francs I !!! On en demeure
bleu, en constatant qu'à la même époque, à la vente de Salicis on rechignait pour payer
578 malheureux francs un admirable exemplaire tic La Morgue de Méryon eu 1" état et
dcdieaec I Ajoutons, pour être loyal, que les prix pratiqués à la vente Burty sont des prix
d'exception.
Notons encore et quant même, pour les enthousiastes, une autre petite pièce non décrite :
La Fuite d'un Abbé, qui fut adjugée à la vente Burty 150 francs.
502 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
eaux-fortes, car si l'œuvre peint manque un peu d'émotion dans son
ensemble il est, certes, des pages qui ne sont pus sans grandeur et devant
elles nous nous inclinons.
Une exposition de l'œuvre gravé de l'artiste eut lieu à Londres en février-
mars 1891, chez Obach et (>>, l'année même de son décès. — Voir Henri
Béraldi, tome X. Paris 1890.
MENZEL (Adolf)1
Peintre-graveur célèbre que nous avons le très vif regret de ne pouvoir
présenter aux collectionneurs car, malgré nos démarches, il nous a été
impossible de nous procurer ses lithographies et eaux-fortes qui sont déjà
d'une excessive rareté même en Allemagne. Le grand collectionneur de
Brème, le docteur Meier, possède son œuvre au complet. Un catalogue
raisonné et descriptif de l'œuvre de Menzel a été rédigé par M. Dorgeloh.
Une exposition des œuvres de l'artiste eut lieu à Paris du 21! avril au
15 juin 1885, il y avait fort peu d'eaux-fortes et de lithographies ; en
revanche, beaucoup de dessins, aquarelles, gouaches, avec quelques
peintures.
MERYON (Charles)
Fils naturel d'un médecin anglais Charles-Lewis Mérvon et de Narcisse
Chapoux, danseuse à l'Opéra, naquit à Paris le 23 novembre 1821, et mourut
fou, à l'asile de Charcnton, le 1 1 février 1868, ses restes reposent dans le
cimetière de Charcnton-Saint-Maurice.
Son ancien camarade, le capitaine «le vaisseau de Salicis, lui lit élever
une pierre noire rectangulaire supportée par quatre dés de pierre blanche,
une lame de cuivre y fut encastrée et Félix Bracquemond y grava le nom
de l'illustre disparu, son monogramme, ainsi qu'une tète de mort, des
flambeaux éteints et des outils de peintre-graveur; par une délicate el
tendre attention, il y reproduisit aussi les armes de la Ville de Paris telles
que Mérvon les avait inventées et dessinées lui-même.
Charles Mérvon est la plus grande figure de notre siècle; en tant que
peintre-graveur, c'est un colosse. Ne relevant que de lui-même', ne se
rattachant à aucune tradition, à aucune origine, il a engendré des chefs-
d'œuvre. Sa couleur et sa technique sont empreintes d'une telle originalité
qu'aucun artiste n'a tenté de l'imiter '. On assure qu'il gravait de bas en haut,
i Ne à Brcslau on 1815.
> Quelques leçons bu point de vue métier lui furent données par l'aquafortiste Eugène Bléry.
1 Nous déftom tin artiste quoiqu'il soit, français ou étranger) de reproduire »!»■ façon n
pouvoir donner l'Illusion de l'original /." Vorgut, /.•• Ponl-au-Change ><u l.,< Une de la
rtxércatderlt I N'est-ce p:i s consacrer a»- ce lui l'inaurpassable génie <iu Maître, quand fin *
songe que l<"* plus grands artistes, Rembrandt ri Durer eux-mêmes, onfrété pastichés souvent
.l'un.- manière telle, que quelquefois la "•;»■ valait l'original.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 503
faisant observer, disait-il, que les ouvriers n'avaient pas coutume de
commencer les maisons par les toits, et que tout être qui voulait entre-
prendre quelque chose songeait d'abord à s'assurer de la stabilité de ses
pieds.
L'œuvre de l'artiste n'est pas très considérable. Burty, dans son dernier
catalogue (1879), compte 97 numéros, et Wedmore dans le sien (2e édition,
1892), 95 seulement. Toutes ses eaux-fortes n'ont pas la même saveur, tant s'en
faut, c'est surtout et avant tout l'incomparable série des 23 Vues de Paris qui
l'ont immortalisé i ; dans les pièces de tout premier plan que nous allons
décrire et analyser tout à l'heure, il convient surtout de signaler comme
d'insnrpassable maîtrise: La Tour de l'Horloge — La Morgue — Le Pont au
Change — L'Abside — La Rue des Mauvais-Garçons — Le Stryge et La Rue de
la Tixéranderie. Celles-ci, nous le disons haut et net, supportent la compa-
raison avec les Maîtres de n'importe guelle époque, de n'importe quel siècle ; il
est idiot et souverainement injuste de ne payer cher que les artistes morts
depuis un, deux, trois, quatre ou cinq cents ans; il y aura donc éternel-
lement des gogos qui donneront 5000 francs comme un sou du Damier au
fond blanc, de Rembrandt, et qui lésineront pour payer GO louis une Morgue
ou une Abside. Voilà pourtant où nous mène le snobisme à outrance, ces
choses-là ont le don de nous exaspérer, et quand nous entamons ce chapitre
nous sentons que nous deviendrions facilement enragé, mais passons, car,
hélas ! nous ne changerons rien à ces choses qui vivront aussi longtemps
que la bêtise humaine...
L'œuvre est souvent d'un classement très difficile, parce que les états sont
d'abord quelquefois assez nombreux et que, non seulement, il y a des
épreuves d'essai avant tout état, mais encore de ces épreuves après des états
bien caractérisés, qui viennent alors jouer le rôle d'épreuves d'essai inter-
médiaires entre les états. Aussi, voyons-nous sans cesse dans les différentes
monographies ou dans les catalogues de vente des classifications d'états qui
ne concordent pas entre eux.
L'artiste employait pour ses tirages toutes sortes de papiers, mais il
affectionnait particulièrement un papier verdâtre fabriqué au temps du
Directoire et au commencement du premier Empire, les épreuves de ce
tirage sont, nous le savons, recherchées de préférence; il peut évidemment
exister une certaine symphonie entre les verts et les noirs, mais les lumières
semblent mal s'en accommoder, nous estimons donc que souvent même
des épreuves sur japon ou demi-lin de hollande sont supérieures; il n'y a
point là, du reste, de règles générales à invoquer, c'est la pièce sous les
yeux et par comparaison qu'on peut seulement se prononcer sur la beauté
et la supériorité de l'épreuve.
Notons en passant que les premiers états — nous entendons par là le 1er ou
le 2* — sont seuls intéressants et colicctionnables, et qu'encore il existe des
différences énormes dans les tirages même de ces premiers états, on peut
dire, du reste, d'une manière générale que les réellement belles épreuves sont
excessivement rares. Les derniers étals sont à rejeter impitoyablement, aussi,
1 Victor Hugo écrivait : Le Souffle tic l'immensité traverse l'œuvre de Méryon et fait de ses eaux-
furies plus que des tableaux des visions! et Burty: fM poésie intime cl suprême du vieux
Paris
.">()4 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
mal avisé serait celui qui voudrait juger l'œuvre sur ces détestables
échantillons.
Les plus belles collections formées de l'œuvre de l'artiste lurent celles de
Jules Niel, Burty', Hirscli, Sensier, Wasset, de Salicis, Hedouin, toutes
maintenant dispersées; celle si complète de Sir F. Seymour Haden est passée
en Amérique*; à l'heure actuelle, celles de M. 15. Bernard Macgeorge, de
Glasgow, et de M. H. S. Theobald, de Londres, sont sans rivales, la première
provient en grande partie de chez le Rév. J. J. Ileywood; viennent ensuite
celles également très remarquables de MM. S. I'. Avery' et Howard
Mansfield, de New -York, The British Muséum, M. .lames Knowles, le
Département des Estampes, Henri Béraldi, comte Malheus, Alfred Beurdeley,
M. et M1"1- Atherton Curtis, de New-York, et Alfred Barrion, de Bressuire.
Ht maintenant pour en terminer et avant de donner un index biblogra-
phique qui aura, nous l'espérons, quelque intérêt pour les collectionneurs,
qu'on nous permette — car nous ne saurions, certes, mieux dire — de
reproduire ici les dernières lignes si expressives du magistral article que
Ph. Burty consacrait à l'artiste, vivant encore, dans la Gazelle des Beaux-
Ails de juillet 18G3 :
« Enfin, faut-il le redire? nous nous sommes senti pris d'un attachement
■< inexprimable pour cette nature délicate et froissée à laquelle la destinée
» a versé à pleines mains les angoisses, pour cette originalité loyale qui
» traverse notre école sans se rattacher à aucune tradition, pour ce talent
» sobre et puissant qui ne regarde qu'en soi et autour de soi, et, dans nos
» temps d'exagérations impatientes, ne se pose ni en maître suprême ni en
» victime incomprise, pour ce poète enfin qui a si bien compris et chanté
» Paris, l'âme de la France. »
Index Bibliographique :
L'œuvre de M. Charles Méryon, par Ph. Burty' (Gazelle des Beaux- Arts.
juin-juillet 1863).
Ktchings and Etchers, par Hamerton. Boston, 187(5.
Charles Meryon Sailor, Engraver... translated from the French of Ph.
Burty by Marcus B. lluisli. London, 187!).
i Vendue a Londres du 'il avril mu 2 mai 1876, elle formait un ensemble de 217 pièces en
différents étals '■ '
i l.iic futacqutse par mm. H. Wunderllch & C*, de New-York, qui en liront l'exposition en
Janvier rjtn ; il y avait aussi quelques dessins.
3 Le a mai 1900, dans un élan de louchante générosité, H. S.-P. Avery lit don à la Biblio-
thèque <ii- New- York sa ville natale — de sa superbe collccUon d'estampes modernes
contenue dans 104 portefeuilles el formant le total respectable de it.v.t pièces!! Il y a là dos
suites précieuses el IrréconsUtuobles de l'œuvre complet de Brncqucmond, Buhot, Miss Cassait,
Corot, Daublgny, Desboulln, Seymour Haden, Leys, Méryon, ZUcken, Whistler, etc., etc...
L'aimable collecUonneui nous a très galamment adressé une délicieuse plaquette illustn e,
r|ui n'est autre que le catalogue dos estampes cl dos livres d'art qu'il a (hit établir poui
remettre à la Bibliothèque en même temps que ce cadeau princier,
• Ce premier catalogue ne contenait que W pièces.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 505
About Echings, par Sir F. Seymour Haden. London, 1879.
Burlington Fine Arts Club. Exhibition of a sélection from tbc work of
Charles Meryon. London, 1879.
A descriptive Catalogue of a collection of drawings and etchings... by Ihe
Rev. J. J. Heywood, London, 1880.
Notes et souvenirs sur Charles Méryon, par Aglaiis Bouvennc. Paris, 1883.
Catalogue of the Etched Work of Ch. Méryon. Frederick Keppel & C".
New -York, 1886.
Les Graveurs du xix" siècle, tome X, par Henri Béraldi. Paris, 1890.
Meryon and Meryon's Paris, par Frederick Wedmorc. Londres, 1892 '.
A Catalogue of Etchings ami drawings by Ch. Meryon exhibited at the
Grolier Club?. New -York, 1898.
A Catalogue of Etchings by Meryon; exposition de l'œuvre faite à Londres
en novembre-décembre 1902, chez MM. Obach & C", avec une introduction
de M. F. ^Vcdmore.
Rue Pirouette aux Halles, 1860 (H 24 — W 30). -- Petite rue
bruyante avec ses boutiques et ses hautes maisons, autour desquelles
les passants vont, viennent et causent ; une voiture tourne à l'un de
ses coins, et des hommes s'entretiennent à la porte d'un cabaret avec
une nourrice et son enfant.
l'i état. — Avant toutes lettres, même avant les lettres C. M. et L. qui se
trouvent sur la gaine d'une cheminée à droite.
2? état. — Avec le litre Rue Pirouette 1SG0 et les initiales C. .1/. et L. et les
inscriptions sur le mur à droite : Jamet M<1 Maire, Bains de
Mer, etc...
3e état. — On a ajouté à droite : Laurence (tel, Méryon scnlp et Delàtre
imp R. S. J. 26Y> ; les initiales C. M. et L. ont disparu de la
cheminée ; on lit de nouvelles inscriptions sur le mur de
droite, telles que : Aux Noces de Cana, Martinga, etc.. ; le
titre est maintenant Rue Pirouette aux Halles 1860.
F- état. — Epreuve de tirage avec encore de nouvelles modifications aux
inscriptions précédentes qui sont converties en : Aux Noces
de Gamaches, Sacoche, Cousin, etc..
Au Grolier Club, en 1898, on avait exposé une très curieuse épreuve
portant sur le mur à droite : Aux Noces de Gamaches, etc.. et sur le haut
' La première édition parut en 1879.
' Cette exposition est la plus complète et /« plus remarquable qui ait été faite de l'œuvre de
l'artiste jusqu'à ce jour, et le catalogue, qu'accompagnent des notes extrêmement intéressantes
sur les états, est rédigé avec une rare compétence.
506 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
du mur du coin gauche : Laarance et Ménjon ; cette dernière particularité
a échappé à Burty et à Wedmore. — Il existe aussi des épreuves d'essai très
rares avant les noms des artistes en bas sous le trait carré, et avant que le
mot Jamet qui est sur le mur ait été effacé.
Cette estampe gravée d'après un mauvais dessin de Laurance est extrême-
ment séduisante, mais elle dénote un changement de métier de l'artiste ; le
burin y joue un rôle considérable. — Le cuivre existe encore, mais nous
ignorons quel en est le détenteur.
Ventes : Sensier, 25 - Wasset, 2« état, 105 — Viollet-le-Duc, 2- état, 92 —
De Salicis, même état, 31 — V", 16.
Le Stryge (Burty 37 — Wedmore 7). — Appuyé sur ses coudes,
tenant sa tèle dans ses deux mains, le Vampire de Notre-Dame de
prolil à gauche regarde Paris qui s'étend au-dessous de lui el les
corbeaux qui volettent à gauche ; la tour Saint-Jacques émerge au
milieu de l'estampe.
1er état. — a gauche : C. Ménjon del. scalp MDCCCLIH (renversé); à
droite : A. Delâtre, imp. Rue de la Buchcric (S, et les deux
vers : Insatiable vampire... Dans cet état, le cuivre a été
légèrement rogné.
2c état. — Le cuivre encore rogné à nouveau, et les deux vers effacés.
3e état. — Avec le titre, mais toutes autres lettres effacées, à l'exception
des ('.. M. à l'intérieur de l'ovale.
1« état. — On a, au-dessous de l'ovale, ajouté en petites capitales la nou-
velle adresse de l'imprimeur : A . Delâtre. Imp. R. S1 Jacques 265
et le AT° 1 auprès des lettres ('.. M. à l'intérieur de l'ovale.
Il existe quelques épreuves d'essai avant toutes lettres, mais avec le ('.. M.
sur une cheminée à toucher l'intérieur de l'ovale ; dans cet état, la planche
n'a pas encore été coupée de 5 millimètres sur le coté droit.
Ventes : Sensier, |ei et 2' états, deux pièces, 90 — Wasset, épreuve d'essai
sur papier vert, 51)11; la même, sur papier vert, mais en 2' état, 225; la
même, en 3'- état, 160 — Viollet-le-Duc, 1"' état, papier verdàtre, 211);
21' état, 96 — De Salicis, avec les vers, mais avant (pic la planche ne lut
coupée ', sur papier \ en I fit ce. 650 ; avec les vers et la planche coupée, 212 ;
les vers effacés, 17."> — Michelin, 275 — V"', 1er état, papier verdàtre, 665.
Celte pièce est la première de la suite des EaUX-Fortes sur Paris MDCCCLU. —
M. II. S. Théobald, de Londres, en possède une merveilleuse épreuve d'un
étal inconnu jusqu'à ce jour, car elle est sur papier vert, avant toutes lettres
i C'csl certainement une erreur «lu catalogucur, car L'étal ai- la planche /i"/i coupée est,
ne noua t'indlquona plus haut, avant toulu i, :
■ C'est •■""s cette Initiale, <i"' n'esl pas celle de son nom, qu'eut lieu le i novembre 1899, la
vente de M. Hédouln, rnrr atnd du graveur Edmond Hédouln; il possédait cette collection
depuis une quarantaine d'années; il y nvall il'' fort belles pièces.
2<=
état.
3*
état.
4c
état.
5"
état.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 507
et avant le C. M., particularités qui sont signalées ici pour la première fois
et (pie nous tenons de l'obligeance de l'étninent collectionneur chez qui
l'œuvre entier de Méryon se trouve dans des conditions de beauté et de
rareté absolument exceptionnelles.
Le Petit Pont (B 38 — W 8). — Le pont avec ses trois arches ;
à gauche, les hautes maisons du quai du Marché-Neuf que dominent
encore les tours de Notre-Dame ; à droite, le quai très éclairé s'éten-
dant sous le pont.
lirétat. — Avant C. M. dans le haut du coin droit, et avant le trait indi-
quant la ligne de la marge du bas.
Avec C. M. sans aucune lettre, mais la ligne du bas tracée.
Avec le titre : Le Petit Pont H publié par l'artiste, dans le bas
du coin gauche ; et à droite : A. Delâtre, Rue S1 Jacques 111.
Avec les lignes traversant le ciel et partant du coin droit.
Le titre Le Petit Pont est maintenant en petites capitales ; on a
ajouté 1850 et le numéro 2.
Ventes : Sensier, le' état, 67 ; une autre épreuve, 60 — Wasset, 1" état,
sur japon, 170 — Viollct-lc-Duc, 2" état, 115 — De Salicis, avec la marge
sale, sur papier verdàtre, 375 ; la même, la marge nettoyée, 18,50 — V",
2<= état, sur papier verdàtre, 200.
M. H. S. Théobald possède une épreuve d'un état non décrit qui doit èlre
intermédiaire entre le 21-1 et le fr de Wedmorc, avec C. M. dans le coin, et
au-dessous Le Petit Pont légèrement gravé, mais sans autres lettres.
Cette pièce est presque toujours fortement encrée, ce qui en atténue
beaucoup la beauté. — Elle figura au Salon de 1850.
L'Arche du Pont Notre-Dame, 1850 (B 39 — W 9). — La vue
est prise à la hauteur de l'eau, une femme est sur un bateau, un
ouvrier suspendu à une corde fait des travaux de maçonnerie, et à
travers l'arche on aperçoit les montants de hois de la vieille pompe,
ainsi qu'un pont et des tours.
l"état. — Eau-forte pure avant toutes lettres.
2" état. — Dans le bas du coin gauche: C. Méryon, del. sculp. Imp. Rue
Ne S'-Elicnne-du-Mont, 26, et dans l'autre coin : Paris 1853.
3e état. — C. M. dans le coin du haut, le litre, et les autres inscriptions
maintenant effacées.
4e état. — La première adresse est remplacée par: A. Delàlre, Imp. Saint-
Jacques, 265, et le numéro 3.
Wedmorc considère notre 1" état comme un état d'essai dont les épreuves,
dit-il, sont rares mais peu intéressantes ; tel n'est pas notre avis, et celle
508 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
(|itc possède M. Théobald est loin d'être sans intérêt; nous avouons
cependant préférer de beaucoup celle avec l'adresse Rue Saint-Etienne-
dii-Mont.
Ventes: Sensicr, deux épreuves avant et avec la lettre, 34 — VioUet-le-Duc,
2e état, sur papier verdâtre, 110 — Wasset, même état, même papier, 170 —
De Salieis, sur papier verdâtre, 1« état, 350; avec la lettre, '25 — Michelin,
'!'■ état, sur papier ancien, .'55',) — V", même état, sur papier verdâtre, 200.
La Galerie de Notre-Dame, 1853 (B 40 — W 10). La galerie
avec ses colonnettes au pied desquelles des corbeaux qui ont apporté
des brindilles de toutes sortes s'apprêterd à faire leur nid, un oiseau
arrive à tire d'aile de la gauche pour les rejoindre, un autre vient de
se poser les ailes encore ouvertes sur une murette. A travers les
colonnettes on aperçoit le ciel et la ville de Paris.
1" état. — Dans le bas du coin gauche: C. Mérgon, del. sculp., 1853, et, à
droite, Tmp. Rue Av S^-Etienne-du-Mont, 26.
'!<• état. — Les inscriptions primitives sont effacées, on lit maintenant le
litre: Lu Galerie N.-D., ainsi que C. M. dans le haut du coin
gauche; on a ajouté aussi entre les deux colonnetles'de droite
cinq minuscules corbeaux.
'.)•■ état, — Avec l'adresse de l'imprimeur: A. Delâtre, R. S' Jacques 265,
dans le bas du coin gauche, et le chiffre '/.
Il y a des épreuves d'essai non terminées où le corbeau qui vole entre les
deux colonnettes de gauche est presque blanc, le ciel l'est également, et une
partie de la vue de la ville est incomplète; d'autres épreuves existent
encore avec le corbeau blanc, mais le ciel et la vue de la ville plus avancés
que dans l'essai précédent.
Nous signalons cette pièce parce qu'elle est assez recherchée, mais nous
confessons pour elle notre peu d'enthousiasme, elle nous a toujours paru
sèche et aigre d'après la nature même du sujet ; les prix généralement
intérieurs auxquels elle se vend semblent du reste nous donner raison dans
une certaine mesure. On remarquera que le 1" état seul est intéressant.
Ventes : Sensier, 1« état, 10; 2«, 12 — Viollet-le-Duc, 1" état, 155; avec la
Lettre, sur chine, 33 Wasset, la état, sur papier verdâtre, 270 — Clément
de liis, 1er état, 50— De Salieis, 1er état, avec une dédicace au collectionneur,
375; la même, sur papier verdâtre, 325 Michelin, 1«' étal, .'dn ■— Y '",
Ici état, sur papier verdâtre, 200.
La Rue des Mauvais-Garçons (B 41 — W 11). - Une rue ou
pour plus proprement parler car leCÔté droit de la rue n'exisle pas
deux maisons basses à l'aspcd sombre dont les fenêtres sonl défendues
par de solides barreaux de 1er, devant lesquelles passent deux femmes ;
l'une d'elle porte un volumineux paquet suspendu à son bras droit.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 509
Sur la première maison, le numéro 12 en gros caractère. Dans le
haut de l'estampe, douze vers commençant par ces mots : Quel mortel
habitait. . . , et au-dessous : Paris mars LIV.
1er état. — Avant les douze vers.
2» état. — Avec les vers et : Méryon Imp. Rue Ne S'-Hlicnne-du-Mont 20
à droite dans l'intérieur de l'estampe et parallèlement au
trait carré perpendiculaire.
Celle estampe est, à coup sûr, d'une rare pénétrance, mais de là à la
considérer, au dire de certains, comme la maîtresse pièce de l'œuvre, on
nous permettra de le discuter. Nous admirons sans réserve son énergique
synthèse, mais cette qualité-là même, qui t'ait sa principale séduction, se
trouve considérablement infirmée, suivant nous, de ce que l'artiste, trop à
l'étroit par son sujet même, n'a pu faire jouer ces lumières et ces reflets qui
donnent une si singulière puissance à son œuvre ; il manque donc quelque
chose, et c'est là précisément ce qui rend incomplète la sensation que nous
éprouvons.
Des écrivains de race, des critiques d'art fiançais et étrangers — dont
nous respectons infiniment les jugements — se sont emballés sur cette
estampe et en ont encore diézé l'effet par la magie de leur style. Ils parlent
d'une des plus formidables compositions de l'artiste... d'une rue à l'aspect
sinistre... d'une exécution singulièrement fièrc et puissante... de ce chef-
d'œuvre de vérité mystérieuse, semblable éi une bouche qui se fait comprendre
sans parler!... et on s'est laissé aller à leur emboîter le pas; mais qu'on
tente une expérience, et cherchant à ne relever que de soi-même, oubliant
pour un instant tout ce qui a été dit sur la matière, on mette cette estampe
sur table en l'encadrant de : La Morgue, Le Pont-au-Change et L'Abside, on
verra à laquelle restera l'avantage de la comparaison ! I Quoiqu'il en soit —
et que l'on comprenne bien notre pensée — nous ne venons point ici
décrier une admirable pièce, mais nous étonner seulement qu'on la veuille
placer à un rang que ne justifie réellement pas son importance. — Une
esquisse originale à la mine de plomb existe dans la collection de
M. et Mme Atherton Curtis, de New -York.
Cette Rue des Mauvais-Garçons n'existe plus aujourd'hui « ; elle a été
remplacée par la rue Grégoire-de-Tours dont elle occupait la partie nord
avant 1846, la portion sud l'était jadis par la ruelle de la Tuerie, de la
Boucherie, de la Voirie et ensuite du Cœur -Volant qui a élé absorbée à
son tour par ladite rue Grégoire-de-Tours.
On conserve encore, au Musée Carnavalet, la pierre à peu près intacte
portant l'inscription : Rue des Mauvais-Garçons et le N° 19 qui était le
numéro de quartier.
Nous devons ces détails très précis à l'obligeance de l'éininent écrivain
du Vieux Paris 2, le marquis de Rochegude, dont l'érudition n'a d'égale
que l'exquise courtoisie.
' Xe pas la confondre avec la rue actuelle de même nom. qui commence au 44 de la rue île
Ilivoli et finit au 3 de la rue de La Verrerie.
s Lire son intéressant petit volume : Guide pratique ii travers le vieux Paris, publié
dernièrement chez Hachette et C1'.
510 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le 28 avril 1902, une épreuve de 1*» état, sur japon, passa à la salle
Drouot, à une vente laite par Loys Delteil — nous étions présent — elle l'ut
adjugée à Edmond Sagot pour 900 francs, plus les Irais.
Les huit vers — l'espace eut manqué pour inscrire les douze — étaient
écrits à l'encre ; en mettant la pièce sur table, malgré la note du catalogue,
on n'osa pas garantir que l'écriture fut de Méryon ; mais, depuis, ayant eu
l'occasion de la comparer avec celle de nombreuses lettres de l'artiste,
nous croyons pouvoir affirmer hautement et en toute franchise qu'elle était
bien celle de l'illustre graveur. Ce n'est pas, il est vrai, l'écriture courante,
ordinaire de sa corresponeance, et bien que, dans le cas qui nous occupe,
son écriture soit légèrement bàtardée, connue celle de quelqu'un qui veut
gagner de la place, l'examen comparé et attentif de la conte.vture des lettres
ne nous laisse aucun doute sur sa paternité. La signature surtout, tout en
ne portant pas le paraphe habituel qui, dans la circonstance, eut rompu
l'harmonie et choqué l'œil, la signature, disons-nous, est tout particulière-
ment saisissante.
Quelques jours après cette vente, ayant rendez-vous à Paris avec
Frederick Iveppel, nous en causâmes ; deux heures après, il était chez
Sagot où nous le retrouvions, enlevant la pièce que la particularité que
nous venons de signaler rend ainsi doublement précieuse; mais, hélas!
voilà encore un beau morceau que nous ne reverrons jamais.
Comparez le prix payé avec ceux des ventes suivantes :
Ventes : Wasset, 250 - Viollet-le-I)uc, 105 - De Salicis, 2G8 - V", 220.
La Tour de l'Horloge au Palais de Justice (B 42 — W 12). -
Au premier plan, le Pont-au-Change très éclairé sous l'arche droite
duquel passe un chaland ; au second plan, le Palais de Justice occu-
pant toute la partie gauche de l'estampe.
1» état. _ Avant toutes lettres, l'encadrement n'est pas encore terminé,
le trait du bas seul est indiqué ; dans le haut du coin droit,
les initiales C. M.
2 état. — Avec le titre : La Tour de l'Horloge et Publié par l'artiste, dans
le coin gauche, et Tmp. A. Delàtre, H. S' Jacques 111, dans le
droit.
li' état. — Le titre est maintenant écrit en petites capitales et des rayons
de lumière viennent frapper le Palais.
!• état. — Les mots : Publié par l'artiste ont disparu. L'adresse de l'impri-
meur est en très petites capitales sous le titre, et le N" 5
dans le bas du coin gauche.
Il existe île tris rares épreuves d'essai avant l'encadrement et avant
les initiales ('.. M. ' — Wcdmore lait remarquer avec juste raison que les
1 Une épreuve, dona cea condition! ri d'une beauté exceptionnelle sur japon pelure, \ lenl
d'être adjugée 1760 francs -i M- Gerbeau, dans une vente anonyme faite » Parie 1*? ï l mars 1903,
par le ministère a.- mm. Paul Chevallier ri Danlos. Noua noua permettons d'adresser an a. Ucal
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 511
différentes modifications apportées par Méryon à sa planche, entr'autres
l'introduction des rayons lumineux enlève à la vision toute sa tranquillité
en venant ainsi rompre l'harmonie pénétrante de son le»' état.
Ventes : Sensier, 1er état, 50 — Wasset, 1e1 état, sur papier verdâtre, 280 ;
la même, avec la bordure, 150 — Viollct-le-Duc, l(r état, 155 — Clément de
Ris, même état, sur papier verdâtre, 130 — De Salicis, épreuve d'essai
avant V encadrement, sur papier verdâtre, 550; la même, avec encadrement,
81 ; la même, A'- état, 12.
Tourelle de la rue de la Tixéranderie (B 4,5 — W 13). -
Au coin de la rue du Coq, une élégante tourelle bâtie en encorbelle-
ment que semblent se désigner deux personnages adossés à une
balustrade en fer qui causent ensemble ; non loin d'eux, passe un
cavalier ; au pied de la tourelle, une porte contre laquelle se tient
debout une femme. Une vigne vierge grimpe le long du mur.
1er état. — Avant toutes lettres, même avant le C, M. dans le haut du coin
droit.
2e état. — Avant toutes lettres, mais avec CM. dans le haut du coin droit.
3e état. — Avec le titre : Tourelle, rue de la Tixéranderie, démolie en 1Sj1
et A. Delâtre, imp. R. S' Jacques 365 et le AT° C ; la femme
près de la porte, qui semble nue, au l«r et 2» états, est
maintenant complètement drapée.
4? état. — Le chiffre G a été effacé et on a encore retouché le vêtement
de la femme.
M. II. S. Théobald nous signale une particularité qui, croyons-nous, n'a
encore jamais été consignée; elle consiste en un trait échappé, à droite de la
tourelle, obliquant dans la direction de la fenêtre du premier étage, où un
drap est étendu pour sécher ; ce trait n'existe que dans les toutes premières
épreuves du 2? état; l'artiste s'en étant aperçu, le fit effacer. Le collectionneur
nous fait remarquer que ce trait est plus large, plus accentué à sa base, ce
qui dénote que l'échappée s'est faite de bus en haut, c'est-à-dire partant de
la croisée vers la tourelle ; les trois ou quatre épreuves, ajoute-t-il, où il a
remarqué cette particularité, étaient dures et aigres, et la planche n'avait
pas dû encore, comme on dit : commencer à tirer.
acquéreur nos plus sincères félicitations, convaincu qu'il chérira encore davantage son joyau.
lorsqu'il apprendra ce qui va suivre :
La veille de la bataille — nous voulons dire de la vente — nous en causions avec notre
ami et concitoyen Alphonse Lotz-Brissonneau, un enragé comme nous, et sachant qu'une telle
pièce est un moulun d cinq pattes qu'il ne fallait à aucun prix laisser échapper, nous lui
conseillâmes d'enlever coûte que coûte le morceau et de le pousser jusqu'à cent louis ; comme
il ne demandait qu'à marcher, nous l'y décidâmes aisément. Dés le lendemain, un peu
pressé, il téléphona sa dépêche à l'adresse de Danlos, 15, quai Voltaire ; la jeune personne
de service entendit et transmit 15, bouleuard Voltaire A 4 heures et demie, le télégramme
revenait avec la mention : Inconnu an boulevard Voltaire Tableau! II qu'on ne saurait
précisément, dans la circonstance, intituler : Les Gailc's iln Téléphone,
512 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Les belles épreuves, même en l«w et '!•■ états, sont extrêmement rares; nous
possédons le plus bel exemplaire connu du 2« état; il lut donné par Méryon
lui-même à M. Geoffroy Dechaume, du cabinet duquel il provient. C'est
Edmond Sagot qui nous le vendit ; ce jour-là, nous éprouvâmes une de nos
plus douces joies de collectionneur ! ! 11 existe des épreuves sur chine
collé. — Cette pièce figura au Salon de 1852.
Ventes : Sensier, 40 — Wasset, sur papier verdâtre, 275 ; la même sur
chine (?) — Viollet-le-Duc, 175 — De Salicis, 145 — Clément de Ris, 99,
sur papier verdâtre — V", 310. — Toutes ces pièces étaient en 2' état.
Saint-Etienne-du-Mont (H 44 — W 14). — Au fond do l'estampe,
on aperçoit la façade de l'église ; à gauche, le collège de Montaigu
actuellement détruit ; à droite, un coin du Panthéon auquel travaillent
des ouvriers montes sur des échafaudages.
1er état. — Avec les initiales C. M. dans le haut du coin droit. L'ouvrier
qui est debout sur les plus basses planches de l'échafaudage
et près du réverbère lève les bras pour recevoir un étai.
21' état. — La tête et les bras de l'ouvrier précité sont presque effacés.
3^- état. — Les liras sont repris et paraissent bien dégagés de la tète.
4'1 état. — Sur le Panthéon qui est à droite, on lit : S^-Etiennc-du-Mont et
l'ancienne Bibliothèque S^-Geneuiève , les pierres sont ombrées
par des lignes diagonales et non perpendiculaires.
5'- état. — L'inscription du Panthéon est modifiée, on y lit : S^Etienne-du-
Monl et l'ancien Collège de Montaigu, et à gauche, sur une
des affiches apposées au mur du collège : A. Delàtre,
imprimeur : taille-douce, eau-forte, rue S1 Jacques 36ô ; la
planche porte le chiffre /, dans le bas du coin gauche.
Il existe, dans la collection de M. lî. B. Macgcorge, de Glasgow, unv
épreuve d'essai sans doute unique, c'est une eau-forte pure de la planche
avant qu'elle ne lut coupée, c'est-à-dire mesurant en hauteur et en largeur
environ 37 millimètres «le plus que dans les états postérieurs; dans celle
épreuve, la composition est pleine de lumière ; cet exemplaire provenait des
cabinets lîurly et Hev. .1. .1. llcywood et de Salicis (?); il figura à l'exposition
que lit de l'œuvre du Maître The Burlington Fine Arts Club en 1879.
A celte même exposition, on remarquait une autre curieuse épreuve
d'essai avec la planche réduite, mais avant les initiales C. M.; dans le haut
du coin droit, la lumière a disparu et l'effet est tout autre. — Cette estampe
a ligure au Salon de 1852.
Ventes : Sensier, 1" état, 35 — Wasset, même état, sur papier verdâtre,
250; sur japon, 150 — Viollet-le-Duc, même état, 165 — Monnerot, même
état, 80 — De Salicis, avant la planche réduite et avant les initiales, 202 ; la
même, 1" état, sur papier verdâtre, 120.
La Pompe Notre-Dame, 1852 (M 45 W 15). Au milieu de
l'estampe, la Pompe Notre-Dame avec ses nombreux pilotis; à droite,
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 513
derrière les maisons du premier plan, émergent les tours Notre-Dame,
au-dessus desquelles passe un vol d'oiseaux. Sur la Seine, un petit
bateau dans lequel des pécheurs lèvent leur carrelet.
l»état. — En bas, écrit à rebours : C. Méryon f R. N"e St-Etienne-da-
Mont, 26, à droite, et 1852 à gauche.
2"= état. — En bas à gauche: C. Méryon f>. Imp. R. Ne Si-Etienne-du-
Mont, 26, et à droite 1852.
3" état. — On a ajouté sous le coin gauche: Publié par L'Artiste ; au milieu
La Pompe Notre-Dame, et, sous le coin droit, Imp? A. Delàlre,
Rue S'-Jacques, 176.
4" état. — L'inscription : Publié par L'Artiste effacée ; C. Méryon D. S.
ajouté dans le haut du coin droit; le titre en capitales au-
dessous 1852, et l'adresse île Delâtre dans le coin.
5" état. — Dans le haut du coin droit : C. Méryon D. S. est remplacé par
C. M., l'adresse de Delâtre est R. S'- Jacques, 265, et on a
ajouté le chiffre 8 dans le bas du coin gauche.
Une épreuve d'essai d'eau-forte pure, avant toutes lettres, appartenant à
M. W.-G. Rawlinson, a ligure à l'exposition faite de l'œuvre de Méryon par
The Burlington Fine Arts Club en 1879.
Une autre épreuve d'essai, probablement unique, passa à la vente Burty qui
fut faite à Londres en 1876, c'était une eau-forte pure avec la signature
renversée.
Dans les épreuves d'essai, le fdel des pécheurs est complètement blanc.
Cette même estampe, chose curieuse, a figuré deux fois au Salon en 1853 et
en 1855.
Ventes : Sensier, 1er état, 48 — Wasset, une épreuve sur chine, avant la
planche réduite, avant toutes lettres et avant le trait carré, état non décrit,
480; la même, 1" état et avant les travaux de pointe sèche dans le ciel, 216 —
Viollet-le-Duc, 1er état, 100 — Monnerot, l" état, 63 — De Salicis, 1« état, sur
papier verdâtre, 400; 2e état, 250 — V"', 1er état, papier verdâtre, 650.
Le Pont-Neuf (B 47 — W 17). — Vue des trois dernières arches
du Pont-Neuf encore surmontées par des constructions semi-circu-
laires qui servaient de boutiques ; à droite, s'élève la haute cheminée
de la Monnaie; à gauche sur la Seine, un bateau avec des rameurs.
La vue a dû être prise de la berge, au pied du pont à droite.
L'état. — En bas dans le coin gauche: C. Méryon, del. scalp. 1853; à
droite, Imp. A. Delâtre, rue de la Bucherie, N° C, et les 8 vers
sur deux colonnes commençant par : Ci-git du vieux Pont-
Neuf, etc..
2<-' état. — La planche a été retouchée ù la pointe sèche et les vers effacés,
mais de telle façon qu'on les devine encore.
33
514 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
3e état. — Il y a de lourds nuages dans le ciel, la haute cheminée
de droite et quelques figures du centre du pont ont
disparu, les maisons du centre également ont été redessinées
et rapetissées. Toutes les inscriptions effacées et remplacées
par le seul titre Le Pont-Neuf en hautes et minces capitales.
4« état. — Le titre est actuellement en petites capitales et suivi du millé-
sime 7S.Î01, en bas: A. Delâtre, Imp. R. S'- Jacques, 265; C. M.
dans le haut du coin gauche et le chiffre 9 dans le bas du
même coin.
Il existe des épreuves d'essai d'eau-forte pure; avant le ciel et avant que
les maisons du centre aient été terminés; la haute cheminée a droite
n'existe pas, non plus que les oiseaux dans le ciel, il n'y a pas de fumée
sortant des cheminées et le trait carré du bas n'est pas encore tracé. — Une
des belles pièces de l'œuvre.
Ventes : Sensier, avec la cheminée et avant les vers, 47; avec les vers, 36 —
Wasset, eau-forte pure avant toutes lettres, sur japon, 2G0; avec le nom de
l'artiste, la date, l'adresse de l'imprimeur, mais avant les vers, sur papier
verdâlre, 93; avec le titre, la cheminée de la Monnaie et les maisons du fond
modifiées, 38 — Viollet-le-Duc, état Wasset, avant les vers, 149; la même,
avec le titre, la cheminée effacée cl les maisons du tond modifiées, sur
chine, 21 — Monnerot, avec le nom de l'artiste et l'adresse de l'imprimeur,
43 — De Salicis, épreuves d'essai avant toutes lettres et avant la fumée de la
cheminée de la Monnaie, 75; avec l'adresse et avant les vers sur papier
vert, 350; avec les vers, 100; sans les vers, 52; la cheminée de la Monnaie
est enlevée et le titre est en grandes capitales, 15; a\'ec le X" 9 et le titre en
petites capitales, 6.
Le Pont-au-Change (IJ 48 — W 18). — Occupant tout le milieu
de l'estampe, le pont à l'extrémité gauche duquel s'élève le ballon
Speranza au milieu des nuages ; à droite, le Palais de Justice se
profilant parallèlement au quai ; au fond à droite et à gauche, des
constructions, et par le milieu du travers du ponl, la silhouette du
bâtimeni de la Pompe Notre-Dame. Sur la Seine, un bateau vers
lequel un homme se dirige en nageant. Sur le pont, au-dessous du
ballon, se meut une foule compacte.
1" état. — Avec le ballon Speranza s'élevant à gauche, le nom et l'adresse
de Méryon el le millésime MDÇCCLIIII; il j a dans cet état
des reprises au burin.
2' état. — Le ballon a disparu; on voit maintenant le croissant et un vol
d'oiseaux de proie, le titre Pont-au-Change, et C M dans le
haut du coin gauche.
' c .■ doll être une erreur purement matérielle de l'ai tlite, car <>n ne peut l'expliquer cette
date, étant donné m1"- l<- premier étal porte t-<-il<- »!<■ t8SS.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 515
3e état. — Le vol d'oiseaux a disparu, plusieurs petits ballons apparaissent.
4^ état. — Certains ballons ont été ellacés, d'autres ont été ajoutés, tels
par exemple que ceux portant le nom de : Vasco de Gaina,
l'Asmodêe, etc...; la planche porte le N° 10 et l'adresse de
A. Delàtre, Imp. R. S. Jacques 265.
Cette estampe célèbre, cpii figura au Salon de 1852, est une des plus
admirables de l'œuvre ; les belles épreuves de l1'1 état, le seul à rechercher,
sont blondes, si nous pouvons nous exprimer ainsi.
M. B. B. Macgeorge, de Glasgow, qui possède la plus belle collection
existante de Méryon, a bien voulu nous écrire — ce dont nous le remercions
vivement ici — pour nous signaler une curieuse épreuve d'essai, avant le
ballon Speranza, les spectateurs sur le pont, la Tour de la Pompe, les bâtiments
à distance, mais avec le Palais de Justice ; cette pièce, sans doute unique.
provenait, croyons-nous, du cabinet du Rev. .1. .1. Heywood, dont la collection
passa en bloc entre les mains du célèbre collectionneur écossais.
Il existe encore d'autres épreuves d'essai, avec le ciel, les bâtiments et le
ballon, mais avant toutes lettres. Les deux essais que nous signalons là sont
rarissimes. — Une des plus belles épreuves que nous connaissions est chez
M. Alphonse Lotz-Brissonneau, de Nantes, qui l'acheta chez Edmond Sagot.
Ventes : Sensier, 1« état, avec le ballon Speranza, 60 — Wasset, même
état, sur papier verdâtre, 300 — Viollet-le-Duc, même état, 340 — Monnerot,
même état, 195 — De Salicis, essai, avant le ciel et le fond derrière le pont,
400 ; la même, 1er état, plus la planche des 28 vers : Léger aérostat, ô divine
Espérance... qui devaient accompagner cette estampe, 825 — V"', l«r état,
745 — Le l'1' février 1902, à une vente faite par Rapilly, un exemplaire de
Ie'' état, sur papier ancien, fut adjugé 1120 francs.
La Morgue (B50 — W 20). — Un quai adossé à de hautes maisons,
et sur ce quai à gauche, un noyé que deux hommes soutiennent et trans-
portent à la morgue; une femme, dont le corps est rejeté en arrière en
signe de violent désespoir, est accompagnée d'une petite fille et assiste
à cette scène; vers elles, accourt un sergent de ville; au-dessus de ce
quai, sur le parapet, des curieux accoudés regardent l'accident ;
au-dessous, des bateaux à laver.
Cette estampe, aussi célèbre que la précédente, si elle ne l'est davantage,
est, selon nous, la pièce la plus précieuse de l'œuvre ; le génie de l'immortel
artiste s'y révèle dans son extraordinaire puissance, dans son insurpassable
magie. Les belles épreuves sont extrêmement rares ; il en est une de 2e état
chez M. Alfred Barrion, de Brcssuire, que nous considérons comme une
des plus belles connues. — Cette pièce a été tirée à l'encre noire et aussi j
l'encre brune.
Il y a des épreuves d'essai dans lesquelles le sergent de ville, le groupe,
la fumée qui sort des cheminées ne sont qu'indiqués sans être modelés;
d'insigne rareté. Il existe en plus deux cuivres : L'Hôtellerie de la Mort, géné-
ralement imprimés sur une même feuille qui contient G2 vers pour cette
516 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
pièce, commençant par ces mots: Venez, venez, passants, etc.. Burty et
Wedmore affirment que l'impression est en deux couleurs ; à l'exposition de
l'œuvre de Méryon, au Grolier Club, à New-York, en janvier et lévrier 1898,
nous pouvions noter aussi qu'une épreuve datée à l'encre : Paris, 25 janvier
1855, par l'artiste lui-même, était en noir. — Voici les états de Lu Morgue
1er état. — Avant toutes lettres.
2e état. — En bas à gauche : C. Méryon del, sculp MDCCCLIV, et à droite :
Imp. Rue Neuve, S'-Etienne-du-Mont N° 26.
3>- état. — Avec le titre, puis sur les maisons : Sabra dentiste du peuple,
Hôtel des Trois Balances meublé, et dans le haut du coin
gauche, le monogramme de l'artiste.
4' état. — La planche porte le N° 11 dans le coin, et on a ajouté l'adresse
de A. Dcléûre, imp. R. S1 Jacques 205.
5 état. - On a ajouté imagerie religieuse, exportation, sur un autre
bâtiment.
De tous ces états, les deux premiers seuls sont à retenir ; les autres sont
sans valeur. — A voir, au Cabinet des Estampes, un des beaux exemplaires
connus de cette pièce. -- M. cl M""' Atherton Curtis possèdent l'esquisse
originale à la mine de plomb et une admirable épreuve de celle estampe.
Ventes : Sensier, 2^ état, 19 ; la même, > état, 13 — Wasset, épreuve
d'essai, avant le nom de l'artiste, avant la bordure, et avant les ombres
ajoutées à la fumée, 42."); 2' état, 160 — Viollet-lc-l)uc, 2'- état, 160 — Monnerot,
même état, 105 — De Salicis, épreuve d'essai, avant l'achèvement du trait
carié, 12(1; la même, en l'r état, avec celle dédicace au crayon : A Monsieur
Gustave Salicis, son 1res dévoué, ~>7<s ; cet exemplaire csl actuellement dans
I.. collection de M. II. S. Théobald; avec la lettre, 35 - V", 2- état, 200
A la vente anonyme du 14 mars 1003, où passa La Tour de l'Horloge, une
épreuve de La Morgue, qui était avant les inscriptions, fut adjugée 900.
L'Abside de Notre-Dame de Paris (15 52 W 22). - La
Cathédrale est vue par derrière du pont de la Tourelle; à gauche, le
ponl aux Choux el des maisons; sur le premier plan à droite, des
bateaux el une charrette attelée de deux chevaux chargeant du sable.
I" état. — Avant toutes lettres. — Rarissime.
2« état. — A gauche : <:. Méryon del sculp MDCCCLIV. el à droite : Imp.
Rue Neuve, Si-Etienne-du-Mont 26.
y état. - Le millésime a été effacé.
4'- état. — Avec le litre : L'Abside de Notre-Dame de Paris.
■ i> état. — Avec le monogramme dans le haut du coin gauche, et le
Chiffre t2 dans le coin du lias du mè coté.
Encore un chef-d'œuvre d'une admirable maîtrise cl extrêmement
recherché, peut -être même le plus recherché de l'œuvre. Il existe (le
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 517
nombreuses épreuves d'essai, telles que : eau-forte pure, avant le ciel et
les bâtiments au delà du pont ; la Cathédrale n'est pas terminée — d'autres
plus avancées, avant que le ciel à droite ne soit terminé et sans le trait
carré du haut — d'autres avec le ciel terminé, mais encore sans le trait
carré du haut avec les bords de la planche sales.
Cette pièce a figuré au Salon de 1855.
Les deux premiers états sont seuls à rechercher. M. Théobald en possède
une merveilleuse épreuve portant cette dédicace de la main de l'artiste, à
l'encre : A Monsieur Niel, faible témoignage d'affection et de reconnaissance.
C. Mcryon. — Chez H. Béraldi, une autre, également admirable, dédicacée :
.1 mon Maître Dlérij. — M. et M>»e A. Curtis possèdent un exemplaire de
2e état, un des plus beaux connus, si ce n'est le plus beau.
Une curiosité à noter: L'Abside n'a jamais été, que nous sachions, tirée
sur papier verdàtre; le fait est, du reste, confirmé par M. Wedmore.
Ventes: Sensier, état terminé avant toutes lettres, 95; la même, 2' état,
53 — Wasset, avant la lettre et avant les retouches sur les maisons du
fond à droite, 460 — Viollet-le-Duc, 1" état, 325 — Monnerot, 2c état, 269 —
De Salicis, 1er étal, avec dédicace, 3125, actuellement chez M. Théobald; la
même, 2? état, 553 — Michelin, état vente Wasset, sur papier verdàtre,
1020 — V", avec le nom de Méryon et l'adresse de l'imprimeur, 200.
La Tourelle de Marat (B 55 — W 24). — A gauche, la tourelle,
au pied de laquelle débouche à droite une carriole attelée d'un cheval
blanc conduit par deux femmes ; à droite, des maisons formant
l'entrée de la rue ; au premier plan, de nombreux personnages allant
et venant.
I" état. — Avec le ciel, le trait carré du haut est cintré au milieu, le
Fiat Lux est inscrit sur le livre tenu par la Vérité qui descend
des cieux, ainsi que le mot Cabal sur la tourelle; avec le titre
Tourelle dite de Moral et la légende: Sainte inviolable vérité...
et Imp. Pierron, R. Montfaucon, 1, Paris.
2^ état. — Le titre changé en : Tourelle, rue de l'Ecole de Médecine, 22,
Paris.
31' état. — Les figures dans le ciel sont 'elfacées et remplacées par deux
oiseaux, au titre on a ajouté le millésime MDCCCLXI.
4'' état. — On a ajouté Gazette des Beaux-Arts.
Il y a plusieurs épreuves d'essai présentant entre elles des différences fort
sensibles; dans son intéressant catalogue descriptif de l'œuvre du Maître,
M. Wcdmorc en mentionne huit qui furent distribuées par Méryon à divers
collectionneurs, elles étaient sur fin japon, numérotées et datées par le
graveur; une des plus caractéristiques était celle de M. Macgeorge, où l'on
voyait dans la carriole une femme et un enfant au lieu des deux femmes
qui se trouvent toujours dans tous les autres états.
M. Théobald nous signale également la sienne qui était la dernière ; elle
portait le AT° S et la date 7 juin, il la tient de M. Wedmore; elle provenait de
518 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
la collection Wasset : il possède encore une autre curieuse épreuve d'état
intermédiaire entre le second et le troisième, ayant dans le haut du coin
droit les initiales C. M. renversées dans un cercle, les deux oiseaux, mais sans
aucune autre lettre.
Au Burlington Fine Arts Club, en 1879, figurait une très intéressante
épreuve d'essai du second état appartenant à Sir F. Seymour Haden qui la
tenait directement de Méryon; elle portait le titre : Tourelle, rue de V Ecole
de Médecine, 22, Paris, les figures avaient disparu du ciel et étaient remplacées
par la tète de Charlotte Corday dessinée au crayon, le trait carré du haut
n'était plus cintré au milieu, le monogramme était effacé, et les deux oiseaux
n'avaient point encore été introduits dans le ciel.
Au Grolier Club, en 1898, on avait exposé une épreuve avant toutes lettres,
dans laquelle la ligne du haut du trait carré était redressée, les figures
remplacées par des oiseaux; le ciel chargé de lourds nuages, avec des rayons
traversant le monogramme de l'artiste dans le haut du coin droit; ces parti-
cularités avaient échappé à Hurty et à Wedmore.
Il est inutile de dire combien sont rares de pareilles épreuves qui ne sont
peut-être tirées qu'à l'état d'unité.
Ventes: Sensier, épreuve d'essai avant le ciel et le mut ('.abat sur la tourelle
et avant les mots Fiai Lux sur le livre ouvert que tient la Justice, 102; avant
la lettre, mais avec les ligures effacées dans le ciel, la bordure du haut est
encore cintrée et le ciel non terminé à la place où étaient les ligures, 32;
avec la lettre, 12 — Wasset, épreuve d'essai, état Sensier, 200, sur japon; avec
le ciel terminé, la bordure tracée, avec Cabat sur la tourelle, mais avant
Fiat Lux. avant toutes lettres, 170 — De Salicis, 1er état, avec le titre Tourelle
dite de Marat, 30; la même avec le titre Tourelle de l'Ecole de Médecine, avec
une dédicace, 1<S.
Nés prix que nous venons de donner étant ceux de ventes déjà très
anciennes renseigneront fort peu l'amateur sur la cote des Méryon
d'aujourd'hui, qu'il sache donc que les belles pièces de cet artiste se sont
tellement raréfiées qu'il n'en passe pour ainsi dire plus en ventes publiques,
et que si d'aventure, de loin en loin, il s'en présente, elles varient en
premiers états de 600 à 3000 francs et même quelquefois davantage.
Quand on songe qu'en 1886, à Londres, The Fine Arts Society affichait les
prix suivants dans son catalogue: I.e volume &.' Eaux-fortes sur Paris,
1137 lianes et: La Pompe Notre-Dame , 210 — L'Abside, 262 — Le Strgge,
105 — Le Pont au Change, 202 — La Morgue, 180 Ml - La Rue de la Tixé-
randerie, 131 — La Rue des Mauvais-Garçons, 78 1 1 1 — La Tour de l'Horloge,
10."), toutes ces pièces en premier étal; on se demande, inquiet et lier à la
luis, si dans quelques vingt ans l'œuvre de notre immortel et glorieux
artiste n'atteindra pas les hauts prix pratiqués pour les grands Maîtres de
notre XVIII' siècle et pour ceux des écoles allemande cl hollandaise.
MILLET (Jean-François)
Bel et grand artiste peintre-graveur peintre surtout — né a Gruchy,
petil village de la côte normande, le I octobre INI I, mort à Uarhi/on le
20 janvier 1895. C'était un rustique, dans la belle et haute acception du
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 519
mot ; ses dessins, plus encore peut-être que ses toiles, ont le don de nous
émouvoir profondément. — Son œuvre gravé, fort recherché, est peu
considérable, en tout trente-quatre pièces se décomposant comme suit :
21 eaux-fortes — 3 lithographies — 3 bois — et 2 gravures sur verre.
Son catalogue fut dressé par Alfred Lebrun; il est à la fin du livre d'Alfred
Sensier : La Vie et l'Œuvre de J.-F. Millet, Paris, Quantin, 1881. Frederick
Keppcl en a donné une très intéressante traduction, avec additions et
rectifications, en 1887 ; il a été puissamment aidé dans ce travail en ayant
sous les yeux l'œuvre complet du Maître qu'il»achcta à M. Lebrun en 1880,
avec la promesse formelle que cette collection ne serait jamais morcelée ;
une exposition en fut faite dans les galeries de l'acheteur, à New -York, le
15 février 1887.
En septembre 1801, I'h. Burty, dans la Gazelle des Beaux- Arts, avait déjà
catalogué 11 pièces du Maître, et, en 187(i, Piedagnel, dans : J.-F. Millet,
Souvenirs de Barbizon, s'en était également occupé. — Voir Béraldi, tome X,
Paris, 1890.
Un des plus beaux œuvres du Maître se trouve dans les cartons d'un
homme charmant entre tous, M. H. Giacomelli ; l'admirable vieillard ' —
peut-être le plus séduisant de tous nos aquarellistes — nous écrivait, il y a
quelques jours, qu'il avait été pris de la passion de la belle image depuis
l'âge de 15 ans; elles coûtaient à ce moment dans les trente à quarante sous,
quelquefois moins et ne se vendaient guère!! il sut en profiter, aussi
possède-t-il à l'heure présente une des plus belles collections existantes de
l'époque romantique, et ce en épreuves comme on n'en rencontre plus.
La Couseuse, 1855 (Lebrun 1U). - - En sabots, elle est assise
de trois quarts à droite près de sa fenêtre, les jambes croisées, elle
coud. — Un seul état, sans signature.
Ventes : Sensier, l" état, sur vieux papier, 38 — Hédouin, sur chine, 10.
Paysan rentrant son fumier, 1855 (12). — Il pousse devant lui
sa brouette chargée de fumier et s'apprête à la faire franchir une
porte qui est à gauche ; sa bêche est posée sur sa brouette. Dans le
coin droit inférieur : J.-F. Millet, et dans celui de gauche : Paris,
Imprimé par Aug. Dclàlre.
Le 1er état, gravé en 1855, est sans l'adresse de Dclàtrc.
Ventes : Sensier, lor état, sur vieux papier, 40 — Hédouin, sur chine
avec l'adresse de Delàlre, 00 — Michelin, épreuve d'artiste, 149.
Les Glaneuses, 1855 (13). — Trois femmes au premier plan en
train de ramasser les épis qui sont à terre ; deux sont très penchées
1 II est né en 1822! On ne s'en douterait guère à la vue de son écriture si ferme et si fuie,
et moins encore à la verdeur de son esprit, à la sensibilité île son cœur.
520 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
en avant, la troisième se tient presque droite. Au tond, meules,
paysans et charrettes.
Le 1" état est sans signature.
Ventes : Sensier, 2^ état, avec l'adresse de Delàtre, 68 — Goncourt, même
état, 90; la même, sur japon, 80.
Les Bêcheurs (14). — Sur le premier plan, deux hommes tournés
à gauche ; celui de droite enfonce la pelle avec son pied, tandis que
l'autre étale la terre qu'il vient de soulever. Derrière eux, une hutte,
et très à gauche par terre, leurs vêtements et leurs chapeaux.
Au 1« état, dans le haut du coin droit, un pelit nuage au-dessus duquel
est la signature de J.-F. Millet. Le 2p état, qui est unique, paraît-il, est au ciel
blanc et avant toutes lettres ; le 3e avec le ciel refait ainsi que le petit nuage
à peine visible, et le i<- avec l'adresse de Delàtre.
Ventes : Sensier, 4'' état, 57 — Hédouin, avec l'adresse de Delàtre, sur
chine, 100 — Courtry, 3'- état, sur chine collé, 135 — Michelin, même prix.
La Veillée, 1<S5G (15). -- Un lit à gauche, pas loin duquel deux
femmes assises cousent près d'une lampe.
('.clic planche, tirée sur zinc, est trop mordue et très confuse; elle n'est
intéressante que par son extrême rareté. — Il en existe une mauvaise
contrefaçon.
Ventes : Sensier, 52 — Courtry, sur japon, 115 — Iîouvcnne, 40.
La Cardeuse, 1862 (l(i). — Femme assise de trois quarts à droite,
occupée à carder ; derrière elle, un rouet ; sa tète est enveloppée d'un
mouchoir noué sur le front; près de son pied gauche, un panier
contenant de la laine cardée. Sans signature.
C'est cette pièce qui, dit-on, est restée toute une nuit dans le bain
d'acide — ce que nous avons peine à croire — et qui, par conséquent trop
mordue, ne fut jamais publiée. Les épreuves en sont donc extrêmement
rares; un des plus beaux exemplaires connus se trouve dans la collection
A. Barrion, il provenait de la vente I. essore où il lut adjugé 330 francs;
c'est une admirable pièce, malgré le prétendu malheur qui lui est arrivé.
I.llc est actuellement détruite.
Ventes . Sensier, état unique, 300 — Courtry, sur chine, 300.
La Gardeuse d'Oies. 1<S(>3 (17). -- Debout de trois quarts à
droite sur le bord d'une mare, elle regarde une oie; son bras gauche
éloigné de son corps à angle droit s'appuie contre un arbre, l'autre
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 521
est ramené sur la hanche : derrière elle au fond de l'estampe, quelques
maisons et des arbres. — Sans signature.
Pointe sèche très rare, ce n'est guère que son seul mérite.
Ventes : Sensier, sur chine volant, 30 — Bouvcnnc, en histre, sur chine
volant, 80.
La Grande Bergère, 18G2 (19). — A droite de l'estampe et
tournée à gauche, ayant derrière elle une colline plantée de jeunes
arbres, une bergère tricote un bas en gardant ses moutons, accom-
pagnée d'un chien noir. La plaine est inondée de soleil et au loin un
village se profile à l'horizon. Signé à gauche : J.-F. Millet.
Keppel nous apprend que cette planche devait être publiée par Cadart
auquel elle ne plut pas; il pria l'artiste de la reprendre, ce qu'il fit en
donnant sa démission de membre de la Société des Aquafortistes.
La Fileuse, 1868 (21). — Debout de trois quarts à droite, en
sabots, coiffée d'un chapeau de paille, la quenouille passée sous le
bras gauche, elle file; derrière elle sur la colline, ses chèvres
paissent. Dans le bas du coin droit : J.-F. Millet.
Il existe une épreuve d'essai où l'œil droit de la fileuse n'est pas terminé,
ce qui la fait paraître borgne et où, tout à fait dans le haut du coin gauche,
on distingue cinq petites tailles ou hachures qui disparaissent au second état.
Cette planche qui est détruite servit à illustrer Sonnets et Eaux-Fortes (1869)
publiés par Lemerre.
Tous les cuivres qui ne turent pas détruits, à l'exception de celui appar-
tenant à la Gazette des Beaux-Arts : Femme faisant manger son enfant (18),
paru en septembre 1861, sont la propriété de M'»* veuve Millet.
Ventés: Sensier, 50 — Burty, 71 — E. L., 1er état, 65; la même, 20 —
Hédouin, 33 — Courtry, hr état ('?).
Où donc est-il ? (22). — Une jeune femme vêtue de noir, l'air
désolé, est assise de profil à gauche contre la balustrade d'une
terrasse sur laquelle elle appuie son coude droit ; son regard anxieux
semble interroger l'horizon ; ses deux enfants debout près d'elle,
s'appuient sur ses genoux.
Le seul exemplaire existant de cette lithographie, qui doit être de 1848, est
actuellement à New- York, chez M. et Mme Athcrton Curtis; il fut acheté avec
la musique, la forte somme, par Frederick Keppel pendant l'été de 1886.
Cette estampe devait servir de titre à une romance; clic est reproduite
dans le catalogue de Keppel qui, tiré à 250 exemplaires, est épuisé depuis
longtemps. — A la vente Bouvcnnc il a passé une copie de cette Lithographie ;
copie tirée à trois exemplaires seulement, avant toutes lettres.
")22 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La Précaution Maternelle (25). — A la porte d'une ferme, une
femme relève la chemise d'un garçonnet pour lui permettre de
satisfaire un petit besoin ; à droite, adossée au mur, sa sœur, les bras
ballants, le regarde étonnée. A gauche de la porte, deux pelles
appuyées au mur. Dans le coin gauche inférieur à l'envers : J.-F. Millet.
Très l'are estampe gravée sur verre; les épreuves sont généralement tirées
sur un papier jaunasse à l'air parcheminé.
De grande tenue et de sobre allure, les eaux-fortes de Millet sont rares et
recherchées; cependant, dans leur admirable synthèse, on nous accordera
qu'elles n'évoquent point la sensation d'aurores mouillées ou des âpres
chaleurs de midi, dont nous parle Paul Mantz au sujet des toiles du Maître.
MOREAU-NELATON (Etienne)
Dieu fait fumer la cheminée du pauvre. — In chemin de
village au milieu duquel une sœur de charité s'avance un panier
passe au bras gauche. Derrière elle à droite, une haie basse; à
gauche, une palissade, et au second plan, des chaumières; au fond.
des arbres, lui bas à droite, la légende : Dieu fait fumer, elc. . .
La Promenade des Religieuses. Cinq filles de Saint- Vincent-
de-Paul se dirigent en file indienne vers la droite, elles ont leurs
mains enfouies dans leurs larges manches. A gauche, se silhouette
une église. Sans signature.
L'Ange du Souvenir. — Un cimetière dont un ange nimbé
arrose les tombes ; au fond, l'église du village. Sans signature
Ces pièces sont empreintes d'une poésie douce et pénétrante; le métier de
l'artiste a quelque analogie avec celui de Legros, et surtout de Millet. C'est
de la bonne gravure, simple et sévère, mais de fort belle tenue et pleine
d'accent, elle séduit el émeut, n'est-ce pas le plus beau compliment qu'on
puisse- faire à un artiste.
MORIN (Louis)
Bien plus dessinateur el illustrateur que graveur, il Faut avoir cependant
du délicieux el sympathique artiste quelques-uns des mille menus, faire-
pari de naissance, de baptême OÙ il a dépensé à profusion son esprit el son
cœur, "M se les procurer, voila le hic? En les lui demandant, peut-être en
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 523
reste-t-il encore! A ajouter deux délicieuses eaux-fortes entrevues à l'expo-
sition organisée par Vollard en juin 189G : Le Menuet et Fclc sur une place
publique.
MULLER' (Alfred)
Promenade à Hyde Park. — Au tout premier plan et occupant
le milieu de l'estampe, des femmes causent et des enfants jouent ;
à gauche, au second plan, une voiturette qu'une femme pousse
devant elle, et à droite, un cheval de profil à gauche qu'un cocher
tient par la hride. Au fond de l'estampe, se silhouettent quelques
constructions. Sans signature.
Editée par Ed. Sagol, une des meilleures estampes en couleurs de l'artiste,
son succès a été considérable. — Existe aussi avec le titre gravé.
Le Moulin -Rouge. — Le joyeux établissement de la place
Blanche est brillamment éclairé ; c'est le soir, sur le trottoir en face,
des femmes vont et viennent.
Pièce bien typique, qui n'a pas eu moins de succès que la précédente.
Les trois Sœurs. — Devant un piano ouvert, trois femmes ; les
deux de gauche sont debout et celle de droite qui est assise est vue de
dos ; celle du milieu est si violemment éclairée qu'elle paraît vêtue de
blanc.
Voici un admirable morceau de noir et blanc qui me séduit autrement,
je le déclare, que les pièces en couleurs, mais ces dernières sont à la mode :
on en vend dix de celle-ci contre une de celle-là; qu'y l'aire? tous les
raisonnements seront impuissants pour conjurer le mal ; or, il faut avant
tout qu'un artiste contente son public ; il le l'ait, rien à dire.
Un mot pour finir : nous nous permettons respectueusement d'attirer
l'attention de l'artiste sur ses formats qu'il exagère quelquefois un peu ;
pour n'en citer qu'un exemple, sa belle pièce Le Ru d'Osny - est immettable
en portefeuille; mais c'est pour encadrer, nous dira-t-on; c'est possible,
mais l'acheteur hésitera tout de même à s'en rendre acquéreur, parce que son
miroitier lui demandera trop cher et qu'il perdra d'un côté ce qu'il croira
avoir gagné de l'autre; donc les formats modestes, le petit in-folio, 45 sur 34,
< L'éditeur attitré de Millier est Pierrefort, 12, rue Bonaparte; l'œuvre de l'artiste, déjà
considérable, s'y trouve chez lui à peu prés au complet.
3 fui veut dire Ruisseau.
524 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
voilà pour nous un maximum , voyez les Anglais — gens pratiques — les
Seymour Haden, les GoflF, les Whistler, jamais ils ne dépassent une moyenne
de 20 sur 15; ils sont dans le vrai, et le collectionneur l'apprécie hautement;
la jouissance de l'œil se décuple sur une petite pièce.
OSTERLIND (Allan)
Danseuses Espagnoles. — Doux danseuses côte à côte exécutent
d'ensemble un pas ; elles ont îles castagnettes ; celle du premier plan
ouvre la bouche, elle chante.
Il existe une autre planche où il y a Irais danseuses au lieu de deux. —
Ces pointes sèches, éditées chez L. Dumont, sont les débuts de l'artiste
suédois; il y a des tirages où les épreuves sont rehaussées de couleur.
Nous avons encore remarqué, au Salon de 1903 de la Société Nationale, une
jolie pointe sèche en couleurs : Le Retour à la Fontaine.
OVERBECK
Le Pont dans la Lande. - Un ruisseau, au bord duquel on
aperçoit au premier plan à gauche un bouleau, et au second plan un
bouquet d'arbres sombres et touffus; le fond de l'estampe, derrière
l'arche du pont, est fortement éclairé ainsi qu'une partie du ruisseau.
Le ciel esl tourmenté.
Superbe eau-forte en travers, d'un artiste allemand, sur le compte duquel
nous n'avons malheureusement aucun renseignement. Nous avions vu cette
estampe chez Ilessèlc et elle nous avait frappé par sa beauté; c'est à ce
titre que nous la signalons.
PENNEL (Joseph)
Nous eussions voulu parler avec connaissance «le cause de cet artiste très
haut cote en Amérique et en Angleterre où il habite maintenant, mais nous
n'avons jamais eu la bonne fortune de tenir une seule de ses pièces entre
lis mains. Nous savons cependant qu'en Septembre 1893, il détruisit un
grand nombre de ses cuivres et parmi ceux-ci les suivants, dont les épreuves
s.- raréfient rapidement et demeurent extrêmement recherchées.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES Ô25
On the Arno — Pilot town, La — Yesterdag and to day in Venice — An
American Venice — Dclow Atlantic City — In the Twilighl — Templar —
Chelsea' — Office of Punch — At Lgnchburg, Virginia.
Nous n'ignorons pas que l'Amérique possède une pépinière de peintres-
graveurs très remarquables tels que : Otto Bâcher, Slephen Parrish, Charles
Plaît, F. S. Church, Thomas et Peter Moran, Franck Diweneck 2, Slattford,
Norlhcote, M>'s Thomas Moran, Charles A. Vanderhoof, Miss Edith Loring
Pierce — Miss Mary Nimmo Moran, etc.. Comme leurs œuvres sont très peu
répandues en Europe, en France tout au moins — en avares, ils gardent
leurs trésors — il ne nous a pas été permis de les voir et de les examiner.
Qu'ils ne nous accusent donc point de les tenir de parti-pris à l'écart, mais
que, bien au contraire — nous le disons hautement — ils reçoivent nos
profonds regrets de n'avoir pu les présenter à nos collectionneurs français
qui les eussent accueillis, nous en sommes convaincu, avec le plus cordial
empressement. Hélas ! pourquoi Frederick Keppel n'est-il pas près de nous,
il nous eut ouvert ses portefeuilles avec sa libéralité habituelle et nous y
eussions puisé à pleines mains les documents pour la plus grande joie de
nos lecteurs.
C'est au mois de mai 1890, à un de nos Salons annuels, que nous fûmes
présentés l'un a l'autre par un ami commun, hélas disparu, le regretté Félix
Buhot ; depuis cette époque, les relations sont demeurées cordiales et
charmantes et nous avons trouvé l'érudit marchand d'estampes américain —
poète à ses heures et délicat écrivain d'art ' — toujours sur notre chemin
quand il s'est agi de nous être agréable. Maintes fois nous l'avons importuné
par des demandes de renseignements, toujours nous avons rencontré chez
lui la même inlassable obligeance.
Frederick Keppel * est d'une activité dévorante, il n'est pas une vente un
peu importante à laquelle il n'ait assisté, il parcourt l'Europe et les deux
Amériques comme nous parcourons un quartier de Paris, il prend le
paquebot comme nous prenons le Métro, et nous aurons tout ilit en vous
apprenant qu'il tient le record de la traversée de l'Atlantique qu'il a déjà
faite 6'i fois!!!
1 11 y a ileux planches ditférentcs.'une grande et une pelite. L'œuvre gravé de Pennell peut se
diviser en quatre parties ou suites : 1" La série des vues de Philadelphie ; 2' de la Nouvelle-
Orléans : 3U d'Italie (1883); 4* de Londres (1801). Il a t'ait aussi quelques lithographies, entre
autre Le Brouillard, paru dans l'Estampe originale, 8" livraison 1894; à ce propos, disons qu'il
est l'auteur, en collaboration de M*' Elizabeth Robins Pennell. d'un important traité paru à
New-Vork en 1898. intitulé: Lithographg and Lithographers. — The Art Journal de Londres lui a
consacré de très élogieux articles dans un de ses numéros. En 1891, une exposition de son
œuvre eut lieu chez Keppel, à New-York. L'artiste a eu la médaille d'or à l'Exposition de 1900.
- A fait une suite de Vues de Venise, parmi lesquelles Le Quai des Esclauons est parti-
culièrement réputé.
3 Notons qu'il parle décrit le français avec une pureté qui a toujours fait notre admiration :
il travaille du reste, en ce moment, à une curieuse plaquette franco-américaine intitulée :
l'itfalls for translalors — Pièges pour les traducteurs — qui mieux que tout ce que nous
saurions dire, prouvera avec surabondance à quel point il possède les finesses et les nuances
les plus subtiles de notre langue.
+ La raison sociale de sa maison de commerce est : Frederick Keppel & C*. 20. Easl
16 St., Union Square, New-York. C'est vers 18G3 que Frederick Keppel — descendant du
célèbre amiral anglais — débuta dans l'estampe ; il avait environ 19 ans. Ses associés et amis
sont à l'heure présente MM. Fitz-Roy Carrington. trésorier, et David Keppel. son fils et secrétaire.
526 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Pour vous donner une idée de l'amour qu'il professe pour son métier,
dans lequel il est passé virtuose, qu'on sache que depuis 1883 jusqu'en
avril 1902 il a l'ait 76 expositions dans ses galeries, sur lesquelles ',W> ont été
spécialement affectées à la gravure; les artistes les plus célèbres y ont
Qguré, tels (pie: Sir Seymour Eiaden, Whistler, liuhot, Lalanne, Le»ros,
Zorn, de Gravesande, PenneU, Raffet, Cameron, Helleu, Jacque, Koopman, etc.
On comprendra donc combien précieuse a été pour nous la connaissance
de ce galant homme dont nous nous honorons d'être l'ami.
PISSARO (Camille)
Chef de l'Ecole impressionniste, a gravé quelques pièces, vraies eaux-
fortes de peintre, pleines d'indépendance et de couleur dont il Faut retenir :
La Grand'Mère — La Gardeuse d'Oies — Rue Domicile à Rouen — Soleil
couchant, aquatinte — Foire de Saint-Martin (Pontoise), manière ^rise —
Récolte des Pommes de terre, très rare — Prairie et Moulins — La Masure,
aquatinte.
Sun lils Lucien qui habile Londres a fait aussi quelques eaiix-lorles et
quelques bois, nous avons le regret de ne pas les connaître; nous savons
cependant que les bois suivants sont réputés et recherchés : Dispute — La
Visite — Au Café-Concert — La Bonne.
PIVET (Léon)
Coq. - Un coq blanc avec la crête rouge, tourné à droite,
grandeur presque nature.
Très intéressante pièce tirée en couleurs à 35 épreuves avec planches de
repérages et en gaufrage.
POTTER (Louis)
Portrait de Miss Y"'- Dans un médaillon rond, près d'une
lampe, une femme à mi-corps est assise de profil à gauche, un livre
ouvert cuire les mains.
Très belle pièce en couleurs tirée à 50 épreuves. A signaler encore : Le
Marché aux Fromages à Alkmaar et Volendam type.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 527
PUVIS DE CHAVANNES
Signalons du Maître à titre d'extrême rareté, puisqu'il n'en existe que
quatre exemplaires : Le Retour île Chasse (1862). Nous en connaissons deux
épreuves, l'une chez M. Alexis Rouart >, l'autre chez Hessèlc. Nous confes-
serons que c'est plutôt une curiosité qu'une œuvre d'art, le célèbre et
merveilleux artiste s'est immortalisé autrement que par cette eau-forte et
les quelques autres qu'il a gravées comme passe-temps dans une heure de
loisir.
RAFFAELLI (Jean-François)
Genevilliers. — Au premier plan, deux poules et un homme
chargé d'un ballot passé sur l'épaule gauche; il vient de franchir une
clôture formée par des piquets et, le bâton à la main, s'apprête à
gravir la butte qui est devant lui. A droite, la Seine avec ses îlots.
Sans signature.
Pointe sèche tirée à 40 épreuves.
Le Terrain vague. — Sur une butte dénudée près d'une maison-
nette, un cheval isolé tourné à droite ; sur le premier plan à gauche,
près d'une clôture légère à demi-démolie, une vieille femme tenant
un gros sac posé devant elle à terre ; autour d'elle, un chien, des
poules, un autre sac et un balai.
Eau-forte en couleurs imprimée en deux planches; c'est une des premières
pièces qu'a gravées le Maître, elle est devenue à peu près introuvable, l'artiste
a vendu la dernière 100 dollars à une Américaine, soit 500 francs.
Mendiant assis. — A gauche sur un tertre et semblant succomber
sous le poids de la fatigue, un vieux mendiant s'est assis sur le bord
du chemin, la main droite fouille la poche du veston, tandis que la
gauche s'appuie sur un bâton ; devant lui par terre, un volumineux
ballot.
Cette superhe eau-forte en noir, légèrement aquatintée, est aussi quelquefois
désignée sous la rubrique Sur le Chemin.
1 Donné, croyons-nous, dernièrement au Département îles Estampes.
•VicS DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
The old LadY's garden. — Debout et de face, les deux coudes
appuyés sur le balcon, une vieille dame regarde par dessus ses
lunettes, tenant de ses deux mains un petit arrosoir avec lequel elle
vient de rafraîchir la caisse et les quelques pots de fleurs qui sont
devant elle.
Une des très jolies pièces de l'œuvre, pointe sèche en couleurs, tirée à
1(X) épreuves à l'aide de cinq planches en repérage.
L'Homme et son chien. -- Un homme en chapeau mou, un
chemineau sans doute, en pied, manchot de la main gauche, s'appuie de
la main droite sur un bâton ; il tient en laisse un chien au poil hérissé.
l'ointe sèche en couleurs à trois planches; un exemplaire unique et de
toute beauté, avec deux croquis dans les marges, est actuellement chez le
comte Matheus, un amoureux de L'œuvre du Maître.
Au bord de l'eau. — Sur le bord d'une rivière sinueuse, une
femme est debout, son chien à ses côtés ; derrière elle, un arbre isolé,
Au fond de l'estampe, presqu'au milieu de la composition, on aperçoit
un clocher pointu de village. — Pointe sèche en couleurs.
C'est, croyons-nous, vers 1880 (pie l'artiste a commencé à graver; ses
débuts turent ceux d'un Maître et, sans coup férir, sans tâtonnement pour
ainsi dire, il se classa parmi les graveurs les plus typiques de notre époque.
11 apporta dans cet art, encore nouveau pour lui, ses exquises qualités de
peintre et de raffiné, son œil lin, sa vision nette et probe avec un métier
absolument neuf, évitant les contre-tailles, en renflant tout simplement son
trait sinueux et vertical à l'endroit précis où devaient se dessiner Us
ombres-; il donna ainsi à ses eaux-fortes et à ses pointes sèches un aspect
singulièrement pittoresque et original tranchant avec toutes les formules,
toutes les techniques employées jusqu'à ce jour.
Nous citerons encore: Sur le liane — La Promenade du Dimanche —
Paysage (l'Automne A votre Saute ; 1 eaux-l'ortes en couleurs, et L'Actrice
en scène — La Houle aux grands Arbres (une perle) — L'Arbre jaune (tics
recherché); I! pointes sèches également en couleurs.
Voir Béraldi, tome XI, Paris 1891 — The Studio de juin 1901 - L'Estampe
et l'Affiche, article de Georges l.ccomtc, en octobre (?) 189cS. — L'artiste a eu
la médaille d'or a l'Exposition de 1900.
RAFFET (Denis-Auguste-Marie)
Né à Paris le J mars 1804, mort a Cènes le 16 lévrier 1860. - Un des plus
grands artistes dont s'honore notre pays, le merveilleux metteur en scène
de l'Epopée, l'impérissable évocateur de Napoléon !■', le sublime Français
en un mot qui sut chanter no-, gloires pour nous consoler de nos detaites.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 529
Il faut lire les admirables lignes, si vibrantes et si françaises, que Béraldi
lui a consacrées, pages 01-02-03-04, dans son tome XI et que malheureusement
un texte déjà trop chargé nous fait regretter de ne pouvoir reproduire ici.
Un catalogue très intéressant et devenu fort rare, fut dressé en 1S02 < par
les soins de M. Giacomelli, qui possède un œuvre du Maître absolument
irréconstituable aujourd'hui.
La collection la plus complète existante se trouve au Département des
Estampes; elle fut donnée par la famille de l'artiste et se compose de
29 volumes, plus un autre volume de poitrails à l'aquarelle, des chefs-
d'œuvre ! — M. Joseph Pennell en possède aussi une fort belle sélection.
Voici, dans cet œuvre colossal, les pièces les plus recherchées et les plus
rares :
Dernière Charge des Lanciers Rouges à Waterloo (G. 388). -
Sur un tertre à gauche au dernier plan de l'estampe, l'Empereur
à cheval tourné à gauche suit anxieux le mouvement tournant
qu'opèrent ses lanciers avec l'impétuosité du désespoir. A droite,
dans le coin inférieur, une cantinière à genoux, les mains jointes, les
yeux levés au ciel, el près d'un canon, un blessé auquel un camarade
fait boire un coup à sa gourde.
Très rare.
Carré enfoncé (399). — Nombreux et pressés, les cuirassiers se
ruent sur un carré de fantassins autrichiens qui est à gauche, à demi-
masqués par la fumée de la poudre, et qu'ils cherchent à envelopper.
Au fond à droite, un arbre se silhouette. En bas :
De quel éclat brillaient dans la bataille
Ces habits bleus par la Victoire usés.
Béranger.
Némésis (120). — Assise presque nue sur un cheval fantastique,
les cheveux épars, elle dévore l'espace dans une course affolée, se
dirigeant vers la droite, en étreignant dans sa main une poignée de
serpents. Derrière elle, légèrement indiqués, une borde de spectres
enveloppés dans leurs linceuls. Devant elle, la silhouette indécise du
Palais-Bourbon.
i Voir aussi : Raffet, sa vie et ses œuvres, par A. Bry, Paris 1X71 ; Raffet et snu œuvre, par
Armand Dayot, Paris. May s. d.
34
530 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La i>lus belle épreuve connue, twanl toutes inscriptions, chez M. Alexis
Rouait. — Les premiers tirages sont rarissimes ; ils sont tirés avec cache '.
A la vente Moignon, deux épreuves, sur papier jaune, adjugées 241 francs;
à Mène, avec cache, 220 ; à celle de Mallet, une épreuve avec cache-lettres,
130 ; sans cache, 98. — Cette pièce, qui est une affiche, lut laite pour
les Satires de Barthélémy.
Craonne, 1814 (158). — Par une nuit noire, qu'assombrit encore
l'épaisse fumée d'une chaumière incendiée, Napoléon enveloppé de la
redingote grise et tourné vers la gauche, traverse un marécage au pas
de son cheval ; à droite, le cadavre d'un fantassin.
Etant arrivé trop tard à la vente Mallet, où elle fut adjugée -130 francs,
nous en avons emprunté la description à Giacomelli chez qui elle est
maintenant ; c'est une pièce unique, la seule connue, sur chine, sans aucune
lettre ; le Département des Estampes n'en possède qu'une reproduction en
fac-similé par Emile Bry. — L'épreuve qui vient de passer a la vente Mallet
provenait de la collection Moignon, où, avec Le Rêve et une élude pour
Le Rêve, elle fut adjugée 15 francs!!! Cette pièce était la première pensée
de la suivante :
Ils grognaient, mais le suivaient toujours(414). — L'Empereur
sur son cheval blanc suivi de son étal-major, se dirige vers la gauche,
il est pensif; derrière lui, les grognards avec le chien du régiment,
sous la pluie qui fouette, allongent le pas pour le suivre. Au fond de
l'estampe sur un tertre à droite, se profile un moulin à vent.
l'âge sublime ! Extrêmement rare.
Retraite du Bataillon sacré à Waterloo (80). Dans un nuage
de fumée, les grenadiers de la Garde se sont formés en bataillon
carré, abritant au milieu d'eux leurs drapeaux, leurs aigles et leur
Empereur qui est là, impassible sur son cheval blanc tourné à
gauche. Le sol est jonché de cadavres et de chevaux de l'ennemi. En
lias dans le coin droit, entre les jambes écartées d'un soldat tombé
sur le dos : l\<ij]êl 1885,
La pierre s'étant brisée, il n'y a guère eu de tiré que 150 épreuves.
1 i lette particularité esl i uotei , car généralement le cache n'est qu'un truquage qui l'emploie
nii\ .ni. quand ii pierre ou le cuivre* commençant ;i s'user, on essaie de refaire uni- \ Irglnlul
ii l'estampe. On veut ainsi faire croire qu'elle est d'un tirage antirieur A In lettre en masquant
celle-ci,
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 531
Ventes : Burty, 70 — Moignon, deux épreuves, 102 chaque — .Mène, 278 —
Mallet, deux épreuves, l'une 1res fraîche, 340; l'autre, avec des mouillures,
220 — Dreux, sur chine coupe, 224 — Vente anonyme, 11 juin 1902, par
Danlos, 260 — Roux, sur chine, 160 ; épreuve tachée.
La Revue nocturne (429). -- Sabres au clair cl crins au vent,
cuirassiers, chevaux dans une charge désordonnée se précipitent
vers la gauche, suivant les officiers qui les excitent, tandis qu'au
dernier plan, au milieu de l'estampe, dans une clarté d'apothéose,
se détache imprécise la silhouette de l'Empereur à cheval ; à gauche,
la lune à demi-voilée. Dans la marge :
Et à minuit de sa tombe
Le chef se lève et sort,
A pas lents il s'avance.
Suivi de son état-major.
Seidlitz.
M. Alexis Rouart possède une épreuve de cette pièce admirable et célèbre,
avant le double trait carré qui entoure l'estampe ; c'est une épreuve d'essai
de la dernière rareté.
Ventes : De Concourt, 45 — Michel, 290 — Casimir Périer, 15 — Mallet,
65 — Dreux, 60 ; toutes ses épreuves étaient sur chine.
Combat d'Oued-Alleg (<S2). — Des bataillons de fantassins aux
rangs drus et serrés couvrent la plaine, ils se dirigent au pas de
course vers la droite. Au tout premier plan, un soldat tombé sur le
dos, un fusil, et un tambour couché à plat ventre près de son
instrument.
Il y a un état non décrit dans lequel le mot maréchal est écrit en toutes
lettres. Une épreuve existe au Département des Estampes, une autre a ligure
à la belle exposition que fit Keppel en 1894 >, dans laquelle beaucoup de
pièces turent prêtées par M. et M"»- Atherton Curtis. — Notons aussi un 3e état
non décrit, portant rue du Bac au lieu de rue Favart.
Ventes : Moignon, 1« tirage, sur chine, 51 — Michel, 3e état, 31 — Mène,
sur chine, sans lettre, 56 — Mallet, 1er tirage, avec rue Favart, 85 — Dreux,
sur chine, 48.
Le Réveil (.Sô). — Ballant la charge au milieu de l'estampe, un
tambour debout de trois quarts à droite, voit se lever autour de lu
i Une exposition avait déjà eu lieu eu France en 1892.
532 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
ses compagnons morts qui reprennent les armes. Dans la marge du
bas : Le Réveil, et des vers commençant par ces mots : La caisse sonne
étrange. . .
Vrilles : Michel, 3« état, 40 — Moignon, 78 — Mène, 2^ état, 130 — Goncoui i,
sur chine, 42 — Mallet, 2e état, sur chine court, avec le titre lin et avant
que le numéro de l'adresse n'ait élé reporté en avant du nom de la rue, 130;
la même, avec la grande lettre, 3'- tirage, 30 — Roux, sur chine, avec
marge, 42.
Le 1'-' tirage est avant les vers et avec le titre en grandes lettres au double
trait.
1813 (.il).")). — Au milieu de l'estampe sur le tout premier plan,
l'Empereur sur son cheval blanc qui l'ail un écart sous le crépitement
de la Fusillade, il est suivi de son état-major dans ce terrain détrempé
et marécageux.
Il existe des épreuves avant la signature.
L'Œil du Maître (372). — Descendu de cheval, debout presque
de face, regardant à gauche, une main derrière le dos l'autre
ramenée sur la poitrine tient une lorgnette l'Empereur revêtu de la
légendaire redingote grise est près du feu d'un bivouac, il inspecte
l'horizon, son cheval est derrière lui à droite, tenu par un guide. Les
cuirassiers chargent à gauche.
Lutzen (340). — L'Empereur vient d'arrêter son cheval près d'un
officier blessé gisant à terre qui lève la main vers lui. A droite,
l'épaisse fumée de la bataille laisse entrevoir arbre, colline et clocher
d'église.
Le Rêve (.S(i). C'est le soldai devenu fossoyeur, il dort dans un
cimetière dont les tombes sont chargées de couronnes et d'emblèmes
guerriers. Il fait clair de lune.
Une épreuve de celte rarissime estampe Fut adjugée à la vente Mallet
07 francs; c'était un essai sur blanc avant toutes lettres et avec les
salissures (te la pierre , à la vente Mène, elle avait fait 37 lianes.
Beaucoup des pièces que nous venons de décrire se trouvent dans des
séries d'albums dont la plupart ont été édites par Gihaut.
Toutes les estampes du Maille doivent être acquises en premier tirage .
c'est une condition sine qua non. Signalons aussi la rarissime Vivandière.
adjugée 63 lianes, vente Mené ; on n'eu connaît que Irais épreuves, la
planche s'élant lnisée.
Du reste, nous ferons remarquer que si l'œuvre de Raffet, au point de
vue de la grandeur du Style et du souille de l'inspiration, est absolument
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 533
hors de pair, nous devrons aussi faire observer qu'au point de vue
purement lithographique, ce n'est pas ici qu'il faudra venir chercher la belle
épreuve avec ses clartés et ses noirs veloutés', comme, par exemple, ceux
que l'on rencontre chez Delacroix, Deveria ou Isabey. Serait-ce que les
sujets mêmes, avec la multiplicité des personnages, n'auraient pas prêté à
des distributions de lumière un peu vigoureuse, cela nous l'ignorons,
toujours est-il qu'on est obligé de constater que toutes ces estampes — connue
celles de Charlel, du reste — sont grises, pédotlcs et monochromes et que les
richesses du crayon lithographique y l'ont complètement défaut ; c'était,
parait-il, du reste, un parti-pris chez l'imprimeur Aug. Bry d'avoir en
horreur les épreuves un peu montées de ton; Raffet, nous dit M. Giacomelli,
s'en plaignait quelquefois; mais, par bonté d'âme, il n'osa jamais se séparer
de Bry pour recourir à Bertauts.
Notons encore comme rarissime : Les Drapeaux, adjugés 135 francs, vente
Mallet, et une seconde épreuve, répétition de la précédente, avec cette
différence que : la cravate d'un drapeau de gauche est soulevée par le vent ,
adjugée 10U francs.
RALLI SCAMARANGA (Théodore)
Croquis de Charretier. Assis presque de face, les yeux
baissés, les épaules couvertes d'un manteau, il est en sabots, un
chapeau mou sur la tête, un bûlon entre les jambes. — Planche biffée.
Canal de Saint- Maurice. - C'est le soir, sur le canal bordé
d'arbres des deux côtés, une barque à droite au second plan. —
Planche biflëe.
A noter encore : Plage de Murtigues — Rue de l'Ile et Martiga.es — Chemin
de Colline.
L'artiste, très jeune — il a 28 ans — ne fait guère que des vernis mous ,
son tirage dépasse rarement 25 épreuves, l'œuvre est intéressant et à suivie;
il existe presque complet chez le comte Gilbert des Voisins, à Paris.
RANFT (Richard)
L'Automne en Marne ; les Canotiers. — Canotiers et femmes
dans un bateau ; celle qui est à l'avant a les deux bras levés derrière
la tète pour consolider son chignon ; à gauche, une de ses amies
s'apprête à embarquer. Dans le bas du coin droit : Richard Ranft.
* Une seule fait exception : Xcmcsis: les noirs du cheval et des cheveux sont superbes.
534 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Le Bal paré. - Vêtu de noir, la perruque blonde, coiffé d'un
bicorne et portant lunette, un danseur frénétique serre de près une
blonde capiteuse outrageusement décolletée qui, de la main droite,
soulève prestement des dessous d'une fraîcheur immaculée. A droite,
une autre jolie fille lui fait vis-à-vis. Au fond, danseurs et danseuses
se trémoussent vigoureusement.
La Nuit de Noël. — Au fond de l'estampe, des maisons et des
ponts couverts de neige. Au premier plan, le long du quai, se dirigeant
vers la droite, une petite femme aux cheveux jaunes, aux longs gants
noirs, nue sous sa cape brun rosé au collet relevé, est accompagnée
par un pierrot qui lui fait une déclaration brûlante, que pensive, elle
semble écouter avec la plus profonde indifférence. Dans le bas du
coin gauche : Richard Ranft.
Cette pièce — un adorable bijou — est, à coup sur, unv des plus délicates
de l'œuvre d'un artiste essentiellement habile, primesautier et original. —
M. Richard Ranft est Genevois; né en 1862, il vint se fixer à Paris en 1880,
où, en dehors de quelques voyages à l'étranger, il a définitivement élu
domicile. Peintre avant tout, ce n'est qu'en 1894 qu'il lit son premier cuivre;
il le grava en noir, ainsi que quelques autres fort peu nombreux, mais la
couleur l'attirait ; il s'y mit résolument et, à l'heure actuelle, il a gravé une
soixantaine de planches. A part deux ou trois tirées (in repérage, l'artiste
imprime à lu poupée , il y trouve une harmonie générale, une douceur de
couleur et de travail qu'on atteint très rarement par l'autre procédé qui,
souvent, donne des duretés et comme unv sorte de découpage au patron
peu agréable. 11 constate que, malheureusement, les bons tireurs à la poupée
sont très rares; pour y remédier, il établit lui-même le bon à tirer sur ses
presses ; la recherche de ce bon à tirer donne souvent des étals parfois
très nombreux, on n'arrive pas de suite du premier coup, certaines planches
en nécessitent jusqu'à 15 ou 20 ; par contre, quelquefois la bonne épreuve
s'obtient rapidement. Une fois qu'elle est acquise, il la remet à l'éditeur qui
lait tirer, mais il porte lui-même le cuivre chez l'imprimeur et assiste au
tirage pour éviter les longs tâtonnements à l'ouvrier et l'aider à interpréter
son bon :'i tirer.
Il nous racontait que, par deux lois, il s'était livré lui-même au tirage
complet de 50 épreuves, mais il ajouta vivement (pie jamais il ne recom-
mencerait, car dès qu'il ne voyaii plus de difficultés de recherches, l'intérêt
pour lui s'évanouissait. 11 tire ;i très petit nombre, de lin à 50 épreuves
au plus.
Ses estampes sont disséminées un peu partout : chez nous, en Suisse, en
Allemagne, en Autriche, dans des écoles professionnelles ; il j en a au
Kensington Muséum cl sepl ;m Musée i\u Luxembourg.
Jamais ce peintre-graveur n'a cherché ;'< se spécialiser; les titres d'estampes
que noir, allons mentionner tout ;i 1 heure le prouveront surabondamment.
(i Je trouve tant d'intérêt A la nature et au factice — nous disait-il, dans
un langage aussi pittoresque et coloré que sis gravures — qu'une redoute
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 535
masquée me séduit autant qu'un ruisseau paisible en plein champ, et que
d'un patinage à Hyde Park je passe très bien à un vieux bateau de halage
des bords de la Marne » ; tout l'artiste est dans cette confession. Jeune et
amoureux de ce qui l'entoure, il sait l'éclairer de la magie de sa pointe, de
l'originalité de son esprit.
Les Cerises. — Une jeune femme à la chevelure noire et au
profil d'une exquise distinction, est debout tournée à droite sous un
cerisier, en train d'en cueillir les fruits. Elle est vêtue d'une sorte de
blouse en étoffe extrêmement légère, serrée à la taille, laissant deviner
la peau. Les bras sont nus et la gorge à demi-découverte. Dans le
coin inférieur gauche : Richard Ranfl.
Encore une estampe fort jolie ; quand elle est bien tirée, elle est d'une
douceur de ton infinie.
Le Salut de TEcuvère. — Dans la piste d'un cirque, un clown à
la face béate vient présenter au public une jolie écuyère qu'il tient
par la main suivant le geste traditionnel. La pointe des seins de la
jeune femme saillent en dehors du corsage.
Exquise ! !
Toutes les estampes ci-dessus sont en couleurs ; ne pouvant, hélas! toutes
les décrire, contentons-nous de citer encore parmi les meilleures :
L'Anglais aux Folies- Bergères — Le Pas difficile — La Loge — L'Eté —
La Neige — Le Brouillard du matin — Le Maréchal- Ferrant — Le Port
Breton — Vision d'Espagne — Le Chemin de Halage — La Nuit en Marne —
Répétition de Ballet (2 planches) — Les Masques — Les Baigneuses, etc., etc.
RASSENFOSSE (Armand)
Elève de Eélicien Rops, dont il rappelle quelquefois la manière, c'est le
dessinateur impeccable des Fleurs du Mal, de Charles Beaudelaire, qu'il a
illustrées en 1899 pour Les Cent Bibliophiles.
Nous avons eu la bonne fortune de voir son œuvre au complet chez son
ami le comte Gilbert des Voisins qui, avec une bonne grâce dont nous ne
saurions trop le remercier ici, s'est fait un plaisir de nous en faire les
honneurs. Dans cette visite, trop courte hélas! — car à Paris le temps vous
éperonne et c'est un pas de course perpétuel — nous avons noté comme
particulièrement intéressantes :
Salomé dansant. — De trois quarts à gauche et regardant de
face, l'air attristé, elle danse nue sous une tunique transparente qui,
536 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
s'ouvrant encore, permet d'admirer l'impeccabilité de ses tonnes ; les
bras et les jambes sont cerclés de bracelets, les cheveux flottent sur
les épaules et chaque main lient une rose.
Délicate petite pointe sèche en couleurs d'un irréprochable dessin.
Blonde. — Assise ei nue de trois quarts à gauche el regardant de
face, elle élève dans un mouvement gracieux ses bras au-dessus de sa
tête, tordant sa luxuriante chevelure.
Pièce en hauteur et étroite d'un admirable modelé. Pointe sèche et
roulette.
Le Nouveau Modèle. — Une jeune temme au torse nu et coiffée
d'une toque de profil à gauche, s'agenouille sur une chaise, la jupe
retenue à la ceinture n'est pas encore tombée.
Vernis mou.
Sortie de Bal. — Une jeune femme à l'air assez provoquant vue
de clos et s'éloignant. Kllc se retourne, retroussant ses jupes jusqu'à
la jarretière.
Joli vernis mou en noir et en couleurs; le premier est de beaucoup
supérieur, mais il le Faut avoir avec les 7 croquis dans la marge à droite et
à gauche.
A noter encore : La petite Sorcière — La Tricoteuse — La belle Hollandaise —
Portrait de Rops — Etudes brutales, trois femmes nues, pointe sèche. -
L'artiste a un certain faible pour- le vernis mou et l'aquatinte, nous le
préférons dans ses pointes sèches où nous trouvons son métier plus indé-
pendant et plus coloré; il a sa place marquée dans tous les beaux portefeuilles.
RENOUARD (Paul)
L'artiste que, dans s. m langage pittoresque, Béraldi a surnommé le .luif-
Errant de l'illustration, car on se l'arrache de .Monaco a Londres, de Dublin
.1 New-York, pour croquer avec la maestria el l'esprit qu'on lui sait les évé-
nements du jour, s'esl beaucoup occupé de théâtre ; il a gravé deux albums
qui ont fait sa réputation et qu'il faut avoir: A l'Opéra*, :>u eaux-fortes
tirées à 250 exemplaires, chaque épreuve signée de l'artiste après le tirage,
el La Danse, collection de ~" estampes transposées en harmonie de couleur
Publié ch« H'.ii.ihi en issi.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLKS 537
publiée chez Ch. Tallandicr. N'omettons pas encore de signaler une grande
et superbe pointe sèche intitulée : Saint- James's Park et les trois belles
eaux-fortes tout à fait remarquables exposées au dernier Salon de la Société
Nationale et devant lesquelles on faisait cercle : Gestes de M. Deschanel.
A l'Opéra: Sarabande des Barbares et Un pas d'Examen, puis les pièces plus
anciennes : L'Escalier de la Danse — Après la Leçon — Danseuse au Piano -
Le Comparse,
RIVIERE (Henri)
La Marche à l'Etoile. — En lisière de bois éclairée par la lune,
une vieille femme courbée sous le poids du fagol qu'elle a sur les
épaules, se dirige vers la gauche en s'appuyant sur son bâton. Dans
le coin droit inférieur : Henri Rivière.
L'Enterrement. - Tout en haut de l'estampe à gauche, un
cercueil s'éloigne suivi d'une longue théorie de. parents et d'amis
dont les parapluies sont ouverts, car il pleut à plein temps. Dans le
bas du coin droit : Henri Rivière.
Ces eaux-fortes, retouchées à la pointe sèche et imprimées avec des encres
un peu couleur vert de gris du plus joli effet, sont extrêmement pittoresques,
elles remontent déjà à une douzaine d'années et sont difficiles à rencontrer.
L'artiste, qui a un talent très original, est de fort grande réputation, chez
nous il s'est créé une place absolument à part parmi les meilleurs Maîtres
de notre époque, et nous sommes heureux de constater ici que chaque jour
accroît sa renommée. C'est en 1890, à la suite de son exposition aux Peintres-
Graveurs français chez Durand-Ruel que nous eûmes le plaisir de faire sa
connaissance, ses œuvres avaient fait sensation par leur saveur nouvelle et
nous tînmes à le complimenter chaudement et profiter de l'occasion pour
nous rendre acquéreur de celles qui nous avaient le plus séduit.
L'année suivante, à la même société, il exposait trois lithographies en
couleurs qui sont trois chefs-d'œuvre nous avons nommé : Le Pont des
Saints-Pères — La Place de la Concorde et Le Bas-Meudon, introuvables
aujourd'hui. Signalons encore comme pièce capitale son bois en couleurs
Pardon de Sainte-Anne La Palude, exposé à la Société Nationale au Salon de
1891, puis encore : Départ de bateaux il Treboul — Un Enterrement à
Treslaou — Baie de la Fresnaye (Saint -Vast) — Embouchure du Trieux
(LoguivgJ.
Ces dernières années il a publié chez Eugène Verneau, 8, rue de la Folie-
Méricourt, trois suites de lithographies en couleurs, estampes surtout créées
au point de vue décoratif et qui sont éminemment suggestives : Les Aspects
de la Nature, douze compositions — Paysages Parisiens, huit compositions —
La Féerie des Heures, seize compositions. Bien que ces pièces ne soient pas
tout à fait du domaine du portefeuille et de la collection nous avons cru
devoir les signaler. — L'artiste a obtenu la médaille d'or à l'Exposition de 1900.
;Î38 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
ROBBE (Manuel)
L'Enterrement. — Six personnages entourent un cercueil recou-
vert d'un drap mortuaire noir el blanc ; ils se dirigent vers la droite.
Pièce en noir fort remarquable, mais les très bonnes épreuves sont rares-.
r.elle qui figurait à l'Exposition de 1900 était exceptionnellement belle.
Le Divan. — Deux femmes en chemise ; celle qui est sur le divan
a conservé ses bas et ses souliers; l'autre qui est assise près d'elle à
droite sur le parquet a encore son pantalon ; la façon dont elle
regarde son amie ne laisse planer aucun doute sur ses intentions!
Tirée à 7 épreuves. — Planche en couleurs détruite.
Intérieur d'Artistes. — A gauche, une femme tète nue vue de
dos, est assise à un piano où elle déchiffre, pendant qu'une de ses
amies qui arrive, coiffée d'un large chapeau et le cou entouré d'une
mousseline blanche, s'occupe à chercher un morceau sur le casier à
musique.
Pièce en couleurs d'un effet délicieux dans les beaux tirages.
La Critique. — Jeune femme debout de profil à droite, chapeau
avec plume aigrette, un gros nœud de mousseline blanche autour du
cou, le bras pendant le long du corps, est censée regarder le tableau
qui est devant elle, mais dont on ne distingue qu'une silhouette
indécise ; à ses pieds, une boite à couleurs, une palette et des
pinceaux.
La Belle Estampe. Dans un atelier, au pied d'un chevalet sur
lequel est placée une esquisse, deux jeunes femmes en train de
regarder des gravures dans un portefeuille; elles sont toutes deux
vues de dus, celle de gauche esl accroupie, celle de droite esl debout
el légèrement penchée en axant.
La Femme au long manteau. Dans la campagne-, près d'un
arbre confusément indiqué el qui est derrière elle, une jeune femme
lui i jolie esi debout, le corps complètement de profil à gauche, elle
regarde de lace el esl coiffée d'un chapeau plat, elle porte un long
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 539
vêtement qu'elle relève légèrement de sa main droite dégantée ; elle
semble se diriger vers la gauche. A son cou, un nœud de mousseline
de soie blanche.
Cette pointe sèche est en noir, il en existe cependant quelques épreuves,
croyons-nous, tirées en couleurs où les cheveux sont blonds; cette planche
a été éditée chez Pierrefort, et les deux précédentes chez Ed. Sagot; en
licites épreuves, bien venues, nous les considérons comme étant peut-être
les trois plus charmantes pièces de l'œuvre.
Le Marché aux Fleurs. — Au second plan, une gentille jeune
femme porte la main droite à son chapeau, elle vient d'acheter à
deux femmes du peuple qui vendent des fleurs sur une petite
charrette, un bouquet qu'elle tient dans sa main gauche.
Les pièces que nous venons de décrire sont toutes en couleurs. Signalons
encore les suivantes qui sont fort intéressantes : L'Amateur d'Estampes -
Fille de Brasserie, très rare, tirée à 10 exemplaires — Les Ravaudcuses —
La Fumeuse — La Coquette — L'Eté — La Balançoire — Le The. Nous nous
permettons d'attirer d'une façon toute spéciale l'attention sur le tirage qui
joue un rôle très important dans la pièce en couleurs, il existe des diffé-
rences énormes d'une épreuve à l'autre; à l'amateur de bien comparer entre
eux les exemplaires avant d'en faire l'acquisition.
The Studio de décembre 1902, sous la signature de Gabriel Mourey, a
consacré un article à ce très séduisant artiste.
RODIN (Auguste)'
Portrait de Victor Hugo (Béraldi 1). — La tête seule de trois
quarts à droite. Dans le coin droit inférieur, il existe un croquis de
trois quarts à droite également, el à toucher ce croquis à gauche, une
autre tète à l'envers à peine indiquée au simple trait. Au bas des
zébrures de la pointe à gauche, et à toucher le col, les initiales A. R. -
— 1er état.
C'est en 1°'' état, avec ces craquetons, qu'il le faut avoir et en fleur de cuivre
avec ses barbes , c'est alors la plus admirable pointe sèche qui se puisse
rêver, et nous le disons très net, il n'existe pas au monde un autre portrait,
1 Lire les arlicles consacrés aux pointes sèches du Maître par Roger Marx, dans La Gazette
des Beaux-Arts de mars 1902. et par Walter Sliaw Sparrow dans le Studio du même mois 1903.
' Dans les épreuves de tirage, c'est-à-dire avec la lettre, ces initiales ont disparu et on lit très
légèrement gravé et prcscpjo effacé : A. liodin. ri rebours, tout à l'ait au bas des hachures et à la
hauteur de la poitrine.
Ô4U DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
fut-il de Rembrandt lui-même, qui lui puisse être comparé. Le nez, le front,
l'oeil droit surtout, avec sa profondeur et sa vie, sont d'un incomparable
modelé. L'artiste qui signe une pareille chose est un génie. Le nombre des
exemplaires en est Fort limité, un des plus beaux existants est chez noire
ami Frantz Jourdain qui le lient de Kodin lui-même. Nous en connaissons
six autres, l'un chez M. Henri Béraldi qui l'acquit à la vente de Goncourl
pour 240 francs, l'autre chez M. Alfred Beurdeley qui le paya 430 à celle de
G. Pochet en mars 1902, les quatre derniers chez MM. Alexis Rouart, comte
Matheus, Roger Marx et Hessèle.
Ce portrait fut publié, croyons-nous, dans un des numéros de L'Artiste
en 1885, avec la lettre.
Portrait de Victor Hugo (2). — Le masque est de face, la lête
1res légèrement inclinée à droite, et dans le coin droit inférieur il y a
un croqueton du modèle d'e Irois quarts à gauche ; pas d'initiales.
— 1" état.
Quoique fort beau, est peut-être inférieur au précédent, il a été publié
sans le croqueton dans la Gazette des Beaux-Arts de mars 188'.). Il fut gravé
comme le précédent en 1885.
Les planches de ces deux portraits de Victor Hugo sont usées — les barbes
ayant disparu — les épreuves sans croquis qui en proviennent maintenant
sont sans valeur; dernièrement, cependant, on a voulu leur refaire une
virginité en y gravant, en manière de remarque dans le coin gauche inférieur,
un petit Amour, c'est dommage !
Portrait de Henry Becque (4). - Trois masques sur le même
plan : celui de gauche est de profil à droite, celui du milieu presque
de lace, et celui de droite, de trois quarts à gauche. Derrière le masque
de droite, les initiales de l'artiste : A. H.
Plus brutale et plus nerveuse que les portraits d'Hugo, cette pointe sèche
gravée en 1887, n'en est pas moins une merveilleuse estampe où l'on sent
comme le coup de pouce du statuaire modelant la glaise et taisant naître le
souille et la vie sous ses doigls. Nous possédons une des toutes premières
épreuves, celle que Rodin dédia à Champfleury, elle est admirable.
L'Estampe originale, dans sa livraison de avril-juin 1893, a publié ce portrait,
mais hélas! avec le cuivre tellement éreinté et usé qu'il eut été bien préfé-
rable de s'abstenir de le faire. Voilà ce qui nous l'ait répéter qu'on ne doil
juger une ouvre gravée que sur les belles épreuves.
Printemps. Une femme nue, debout et de lace, esl assaillie
par des Amours qui volciieiii auiour de sa tête, elle s'efforce de les
écarter de la main gauche.
Cette pointe sèche du Maître, que vienl de publier la Gazelle des Beaux-
Arts dans son numéro de mars 1902, lut gravée en 1888.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 541
On en a l'ait les tirages suivants :
50 exemplaires sur parchemin, signes, 1U0 francs.
50 — sur chine, 50 francs.
50 — sur japon, 50 francs.
Mentionnons encore du Maître : Antonin Proust, 18S8; Bellone, 1885; La
Ronde, 1884, et La Sphère, 1885, qui sont les huit seules pointes sèches
exécutées par l'artiste. Ajoutons que les cuivres n'ont pas été détruits et qu'ils
sont actuellement encore en la possession de leur auteur.
ROPS (Félicien)
L'artiste est né à Namur en IS'Sô et est mort le 23 août 1898 à sa propriété
de la Demi-Lune, a Essonnes, en Seine-et-Oise. Rops est à coup sur la
physionomie la plus curieuse de ce siècle, il y occupe une place absolu-
ment à part, en raison même de la nature de son œuvre. Nous avouons ne
pas nous sentir de force à mettre en relief comme elle le mérite cette
ligure à la fois si puissante et si originale, aussi nous contenterons-nous
tout simplement de renvoyer nos lecteurs au numéro sensationnel de La
Plume où des sommités littéraires qui se nomment Huysmans, Peladan,
Champsaur, Mirhcau, Camille Lcmonnier... se sont donné rendez-vous
pour venir à tour de rôle, dans un style plein tle magie et de charme,
analyser l'homme et son œuvre.
Quant à nous, nous nous bornerons à constater que la dominante de
l'œuvre est erotique et que pour une pièce chaste que l'auteur a exécutée il
en a signé vingt qui ne l'étaient pas.
Nous sommes loin d'être bégueule et pudibond, tant s'en faut, et si nous
risquons volontiers un œil devant un jupon qui se retrousse ou un corsage
qui se dégrafe, nous nous cabrons, violent et emporté, quand on nous
met en présence de pièces telles que : Sainte Thérèse, L'Ange Gabriel,
Sainte Madeleine, Amour de Prêtre, et surtout God of the Molhcr Superior qui
n'a même pas pour elle le mérite de l'esprit — et Dieu sait pourtant si Rops
en manquait! — Nous demeurons vraiment stupéfait en songeant qu'un
artiste de cette trempe soit descendu à si basse besogne et se soit vautré
dans ces souillures; faites dire à l'Amour, qui dès lors perd ce nom pour
devenir sadisme, hystérie, rut, fornication, inceste, turpitude, priapisme ou
bestialité, tout ce que vous voudrez, si tel est votre mauvais plaisir, mais
les faire endosser à la Divinité, halte-là! c'est l'Arche sainte, on ne touche
pas. Les siècles ont passé, et nous en sommes encore à connaître le nom
d'un artiste qui ait osé salir de sa bave visqueuse et impudique ce que
l'humanité croyante vénère à genoux, Dieu et la Sœur de charité, ces deux
étoiles, les plus pures et les plus scintillantes de son ciel.
' La Plume, N- 172. 15 juin 18%. — Voir aussi le N° 271 ilu 12 novembre 1898 de la Revue
Encyclopédique Larousse.
")42 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Et maintenant cjiu- nous avons balayé ces immondices, passons à l'œuvre
si magistral, si étrange, si pétri d'esprit et parfois si troublant, en donnant
au hasard, sans suivre l'ordre des catalogues, les morceaux les plus mar-
quants et les plus rares, avouant par avance notre impuissance à décrire
certaines pièces dont le mystérieux concept échappe à notre analyse et
commençons par la série des Sataniques, une des choses les plus absolument
extraordinaires que le Ljénie humain ait enfantées :
Satan semant l'ivraie (II. page 174'). Chaussé de sabots et
coiffé d'un chapeau breton, Satan aux jambes décharnées se dirige
vers la droite, marchanl à grands pas et jetant à travers l'espace, à
pleine main, des embryons de femmes nues. Il passe en ricanant
au-dessus de Paris, posant son pied droit sur les tours de Notre-Dame.
A droite, la lune émerge des nuages.
L'Enlèvement (p. 17â). — Satan enlève dans les airs une femme
qu'il a empalée avec le balai du sabat, elle est nue et pantelante sur
son dos puissant.
L'Idole (p. 17ô). — Sur le péristyle d'un temple en rotonde, une
femme nue grimpe à pleins bras le long de la statue de Satan auquel
elle se donne. En bas à droite, un éléphant est couché. A droite et à
gauche, fermant l'hémicycle, deux immenses phallus allumés.
Le Sacrifice (p. 17(>). Nue et couchée à la renverse sur la
pierre du sacrifice, elle est violée par un être fantastique qui la brise
et l'anéantit, demi-pamée d'horreur et de volupté.
Le Calvaire (p. 17(5). — Dehoul, de face cl nue, la femme étend
ses liras, et dans un spasme d'angoissante volupté, étranglée par
l'enroulement de ses propres cheveux, elle vient appuyer sa tête sur
les parties raidies de Satan crucifié. Autour d'eux, une rangée de
cierges allumés.
' M. Ramlro n décrit l'œuvre gravé de Rops dans trois catalogues. Voici l'ordre il,- leur
apparil : l e premier (1887), 502 eaux-fortes; le second (1891), 184 lithographies ; le supplément
(1805), 175 eaux fortes. L'artiste :iy:nit continué à graver après ces i poques, <>n peut vue hésiter,
considérer que Bon oeuvre global est d'environ un mlttlei de pièces. Le premier catalogue ne
donnant pas aux estampes qu'il conUcnl il" -s nui Le i tassement, nous indiquons simple-
ment la pnge où elles Boni décrites quand nous 1rs menUonnons; pour les autres nous
indiquons le mu
i . . cal dogues ""i des l< les du genre, tls pourraient presque être mis dans 1rs mains de
i.i plus pudique Jeune Qlie du faubourg Salnl Germain, lanl l'auteur :i su mettre de dlscréUon,
d'espril ri de tact ru décrivant dans un style d'une irréprochable chasteté, les estampes de
l'érotl m- le plus échevelé el quelquefois le plus révoltant.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES ~>4.'>
Ces cinq pièces sont des vernis mous. On y joint souvent : Le Sphinx
(p. 129), Satan créant les Monstres (p. 173) et Les Monstres' (p. 17:i). On ne
sait pourquoi, dit Ramiro dans son catalogue, l'artiste les a éliminées, elles
en sont la préface logique et nécessaire.
L'Experte en dentelles (p. 40). — Près de sa croisée, assise de
profil à gauche, coiffée du coquet bonnet des Frisonnes, la dentellière,
jeune encore, tient sa loupe dans la main droite ; sur ses genoux, un
entre-deux de dentelle. En bas à droite : F. Rops 76*.
Pointe sèche et vernis mou ; le catalogue décrit seulement le l" état avec
la figure de l'experte jeune. Les belles épreuves en sont fort rares et chères.
La planche rapidement fatiguée, a été reprise et, de jeune, le modèle est
devenu vieux. C'est en ce dernier état qu'il a été adjugé 09 francs, vente
Tricou, et 80, vente Pochet.
La Dame au Carcel (p. 71). — En chemise et demi-nue, vue de
l'ace à mi-corps, gantée de noir, une rose dans les cheveux, les bras
levés au-dessus de la tète — l'œil est merveilleux — dans un mouve-
ment d'arrangement de chignon ; elle a tout le flanc gauche violemment
éclairé par la carcel qui est à droite.
Superbe vernis mou qu'il faut avoir en 1^ état avec les trois croquis, c'est-
à-dire avant la coupure du cuivre ; dans ces conditions, vente Pochet,
180 francs ; même vente, 2e état, en deux tons, avec une note manuscrite de
Rops sur la marge, 150.
La dernière Maja (p. 104). — Elle est assise devant une table
d'auberge sur un banc, vue de dos, les épaules nues, elle joue de la
guitare, la jupe retroussée laisse entrevoir le mollet gauche et le pied
droit.
Eau-forte et pointe sèche, dont il existe un 8'' état non décrit. Vente
Pochet, G'- état, signée en marge un croquis à la plume de Rops, accompagné
du mot Mercedes, 96 francs. Le dessin original, au crayon noir, superbe,
chez M. Ch. Delafosse.
Ma Grand 'Tante (p. 135). — Assise de côté, légèrement à droite,
l'épaulette glissée de la chemise laisse voir l'épaule gauche et la gorge,
les mains sont allongées sur les genoux, elle est coillée d'un bonnet
orné d'un large ruban de velours noir et regarde de lace. Dans le bas :
A Grand 'Tante, son petit neveu F, R.
Pointe sèche et vernis mou, 2'1 état, vente Pochet, 20 francs.
1 Le dessin original merveilleux est chez M. Ch. Delafosse.
544 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Planches d'études.
Tous ces griffonnis, essais, esquisses, sont d'une extrême rareté; notons
surtout celles-ci, d'un intérêt tout spécial : L'Avocat (p. 160), vente Pochet,
signée, 15 francs; Olla podrida (p. 162), vente Pochet, deux épreuves sur
japon, 21- et 3'' états, 40.
Planches d'ensemble '.
Ici pas de choix à faire pour ainsi dire, tout est à signaler comme états
des pièces, rareté et valeur :
La Femme ù la tête de mort (p. 411) — L'Oracle du Hameau (p. 79), vente
Pochet, 136 francs — L'Histoire de la sainte Chandelle (p. 112) — Le Cochon
nimbé (p. 413) — Mon Grand-Oncle (p. 97) — Jean Vandyrendouck (p. 92) —
Clos du Roy (p. 63); il existe un état non décrit et antérieur à celui signalé
par Ramiro, dans lequel la planche n'est pas encore divisée par les traits
horizontaux et où les figures de la case inférieure n'existent pas — Question
d'Orient (p. 116) — La Vieille éi l'Aiguille (p. S3) — La Grève (p. 117), etc., etc.
On peut encore faire figurer aux planches d'ensemble :
Séparés (p. 119) — La petite Bretonne (p. 129) — Le Droit au Travail
(p. 165) — Le Droit éi l'Assistance (p. 166) — Lu Chute d'un Ange (p. 2U5) —
Tout bonheur que la main n'atteint pas... (suppl. 597). C'est le 2e état de
Chute d'un Ange.
L'Homme à la Pipe (H. 503).
Deux épreuves connues: une dans la collection de M. (".h. Delafosse;
l'autre adjugée, à la vente Pochet, 109 lianes à M. Le Barbier de Tinant ;
elle provenait de chez M. Bonvoisin (dit .Mars), qui, il y a quelques années,
céda en bloc, de gré à gré, sa collection à Gustave Pellel ; il possédait des
épreuves de qualité exceptionnelle.
La Femme au Miroir (11 539).
D'une extrême rareté; une épreuve unique du 2'- état, portant au verso
l'inscription suivante : Tirée à Namur par F. Rops, rue Neuve, le /■•' Xbre 1865,
7h21 soir /''' Ernest Pearson, adjugée 72 lianes, vente Pochet. Ces deux
dernières pièces ne sont pas d'un très grand intérêt.
L'Incantation (U 540). Au milieu d'un merveilleux laboratoire
du moyen-âge, un vieux docteur esl assis dans un fauteuil de profil a
droite, il esl coiffé d'une Calotte et ses deux mains reposent sur le
grand in-folio qui esl devant lui il sur lequel on lit: Compendium
maleficomm. . . , în-folio reposant sur une grande glace brisée d'où
' i outei ces planchea ton! en général rarlulma.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 545
s'échappe une femme belle de jeunesse et de nudité, coiffée d'une
cornette dont elle soulève le voile de la main droite. Le savant est
entouré de précieux objets d'art, de fioles et de cornues ; le jour vient
par un vitrail qui est à gauche. Tout à l'ait dans le coin intérieur de
ce même côté, un chat joue avec une tète de mort, près de laquelle et
sur la couverture d'un livre entr'ouvert, on lit : Félicien Rops.
La belle ordonnance de cette pièce, désignée quelquefois aussi sous le
nom de Evocation, en fait à coup sur une des plus belles pièces de l'œuvre.
La plupart des épreuves sont malheureusement tirées très noires ; il faut les
rejeter, pour ne recueillir que celles d'un noir bistré, infiniment supérieures ;
cette estampe au vernis mou est un agrandissement de celle qui servait
d'illustration à Son Altesse lu Femme d'Uzanne ; elle fut adjugée 8G francs à
la venie Holtzer ; 56 à celle de Tricon et vient d'atteindre 23U à celle de
Mallet, sur japon, signée.
Cendrillon (R 577) — Satisfaction ' (R 578) — Porteuse de
Poissons (R 579).
Ces trois pièces sont surtout remarquables comme spécimens d'eaux-
fortes, où la figure principale est entourée de nombreux croquis; adjugées
à la vente Pochet 95, 48 et 110 francs.
Le Vol et la Prostitution dominant le Monde (p. 122). — Sur
une calotte de sphère symbolisant le monde, une fille aux pieds de
chèvre, au masque singulièrement bas et canaille, est debout demi-nue
de trois quarts à gauche, elle regarde à droite, elle porte une main à
son chignon ; derrière elle, un voleur quelconque au chapeau cabossé
haut de forme, aux pieds de bouc, essaie de lui arracher son
dernier voile.
Superbe eau-forte, adjugée, sur japon et signée, vente Pochet, 42 francs ;
à la vente Tricou précédemment elle avait fait 28.
Plénipotentiaire (R 557). — Assise en chemise, de profil à
droite, les épaules nues, une fille coiffée d'un chapeau posé en arrière
sur des cheveux en broussailles, tient un éventail dans la main
gauche et écoute une vieille qui, à droite devant elle, souligne d'un
1 Nous en connaissons un nuire état non décrit eu dehors des s signalés, le voici : au de m
du Yankee, griffonnage; au-dessous de la petite femme nue. une tête de femme coiffée d'un
bonnet avec les épaules à peine esquissées et l'inscription chaleur; enfin, dans la marge
inférieure, une série de tètes esquissées. Un exemplaire de cet état fut adjugé 30 francs vente
Tricou.
,r)4(5 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
geste de la main les propositions qu'elle lui formule et qui semblent
loin d'être honnêtes. lui lias à gauche : F. H. 89.
Cette pointe sèche fut adjugée, vente Tricou, 27 francs, 1" état, avant la
signature, et U> à ta vente Pocbet.
Bourgeoisie (p. 149). -- Une femme mûre — c'est le fruit de
l'extrême été en buste de trois quarts à droite, les seins luxuriants
hors du corsage, regarde (levant elle, orgueilleuse de sa beauté. Au
bas de la planche : Bourgeoisie.
Pointe sèche, adjugée vente Pochet, 64 francs ; c'est l'exemplaire signalé
par Ramiro dans son catalogue, avec les vers de Paul Arène; à la vente
précédente Tricou, une épreuve portant le mot Bourgeoise, manuscrit, avait
fait 4G francs.
Satyriasis (p. 191). - Renversée sur le dos, une femme com-
plètement nue est violée par un satyre monstrueux.
Pointe sèche merveilleuse de fougue et de dessin, très rare.
Les Adieux d'Auteuil (p. 18). — Près d'un piédestal dans le
bois de Boulogne, deux femmes s'embrassent sur la bouche avant de
se séparer; la plus jeune, une fillette, est nu-tête. On aperçoit une
voiture qui attend à gauche. Dans le coin inférieur: Félicien Rops,
Auteuil 1869.
Eau-forte et aquatinte, donnée en prime par le journal Les Beaux-Arts,
publié à Saint-Nicolas, dans les Flandres ; vente Pochet, 17 francs, sur
papier japon, signée; c'est rarissime , une épreuve de 1" état, retouchée à la
mine de plomb, avait fait 12 francs à la vente Tricou.
L'Oracle du Hameau (p. 79). — Un vieux paysan en casquette,
assis sur un escabeau de trois quarts à droite et regardant devant lui,
souligne du geste l'histoire qu'il raconte ; sa main gauche est appuyée
sur son genou. Sur le même cuivre, mais en retournant la planche:
/.a Paysanne </</ Bourbonnais (p. <S7). — Femme assise sur une chaise
de profil à droite, les mains croisées sur les genoux, dans une attitude
de rêverie, le corps légèrement penché en avant ; derrière elle, tracées
à la pointe les lettres : E. pr. I. T.
Introuvables, réunies sur la même planche ; à la vente Pochet, un 1« état,
signé, sur japon, dans ces conditions adjugé 136 francs ; c'est le seul qui
ait été vu depuis plus i\e vingt ans en vente publique; même vente, même
ét:it, avec une lettre de Rops en marge, lli, cl un 2'- étal, après la coupure
du cuivre, 19, si^né. M Ch. Delafosse possède nn merveilleux exemplaire
de l" état.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 547
Ma Fille Monsieur Cabanel ! (p. 189). — Souriante, une
vieille femme debout à gauche — orgueilleuse de sa maternité ! —
est censée présenter au Maître invisible, sa lille complètement nue.
Celle-ci, plate comme une laite, n'a conservé que son chapeau, ses
bas, ses bottines et son gant de la main gauche ; elle baisse timide-
ment les yeux, rougissante sous ce costume de présentation qu'elle
est encore peu habituée à porter.
Une des eaux-fortes la plus adorablement spirituelle de l'artiste.
A noter encore parmi les pièces les plus remarquables ou les plus rares :
En prenant le The < (p. 32), vente Pochet, 135 francs, 2<- état, avec note de
Rops et Poulet Malassis — La plus belle fille du monde ne peut donner que ce
qu'elle a (p. 196) — Le quatrième Verre de Cognac, simple et naïve photo-
gravure '-, et sur laquelle, bien que ce soit du procédé, il est absolument
permis de s'extasier ; le dessin original est chez M. Rodrigues — Peuple
(R 550), pointe sèche, vente Pochet, 40 — L'Amour dominant le Monde (non
cataloguée), deux pièces avec remarque, dont une en couleurs, vente
Pochet, 75 — Nubilité (p. 201), vernis mou, une des plus jolies de l'œuvre —
Modernité (p. 143), pointe sèche, vente Pochet, 4e état 3, avec le monogramme
et la date, mais avant la lettre, 40 — La Vieille et l'Aiguille (p. 83), vente
Pochet, 1GG — La Cantinière des Pilotes (R 572), photogravure et vernis
mou, vente Pochet, 50 — Juillet* (p. 131) — La Femme au Corset noir
(p. 17cS), toute petite pièce en aquatinte — Pigeon vole (p. 11), avant la
planche coupée, rarissime — La Stoekin (p. 15) — Xephten (p. 17), le 2e état —
La Vieille Masken (p. 90), !<"' état introuvable — Impudence (p. 187) — Le
Major est si difficile (p. 194) — La Femme au Cochon, etc., etc.
N'oublions pas les belles lithographies suivantes : L'Ordre règne à Varsovie
(R 173), vente Pochet, 111 — La Médaille de Waterloo (R 172), Pochet, deux
épreuves, 58 — Chez les Trappistes (R 178), rare, Pochet, 100 — Les Diables
froids, d'une insigne rareté et non cataloguée par Ramiro, un exemplaire a
été possédé par M. Pochet, nous ne l'avons pas retrouvé à sa vente, c'est,
avec la très célèbre pièce : Un Enterrement au Pays Wallon* (R 111), une des
plus intéressantes lithographies de Rops.
1 II existe un état intermédiaire non décrit entre le 1" et le 2', c'est-à-dire avant aucune ombre
sur le flacon d'acide, la nappe et la théière.
2 Cette pièce, neuf fois sur dix, passe dans les ventes pour un vernis mou ; elle a été tirée
par Ducourtiaux et Huillard, 57, rue de Seine; comme reproduction, c'est tout bonnement
admirable.
a II existe un 3' état bis non décrit où le mot Académie est inscrit sur la banderole au lieu
de Modernité.
* L'aquarelle originale est citez M. Alphonse Lnlz-Brissonneau de Nantes.
5 Devant une tombe que le fossoyeur à droite est en train de recouvrir de terre, le veuf et son
petit garçon vus de dos écoutent les dernières prières que murmurent le curé du village
accompagné de ses deux vicaires; une vieille femme près du porte-croix, la grand'inére sans
doute, semble atterrée; à gauche, vu de prolil, un enfant de chœur asperge de son goupillon un
chien qui le regarde. Une haie vide occupe le dernier plan, rompant la ligne d'horizon ; tout
à fait à gauche, deux hommes et une femme causent entre eux. Scène de quatorze person-
nages. — Vaut de 400 à 000 francs.
548 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Voici des renseignements très incomplets et souvent fort confus sur un
œuvre que nous n'avons fait qu'effleurer et qui, de par son essence et la
complication de ses planches, demanderait une étude approfondie, que ne
comporte malheureusement pus le programme relativement très restreint
que nous nous sommes tracé pour chaque artiste, nous espérons cependant
avoir planté quelques jalons qui pourront servir à guider les collectionneurs.
La collection la plus belle existant actuellement et sans rivale des œuvres
gravées de Rops est celle de M. Ch. Delafosse1, il nous en a fait les
honneurs avec la plus exquise bonne grâce, et nous tenons de son amabilité
et de son érudition la plupart des documents que nous avons consignés ici,
nous axions à cœur de l'en remercier publiquement, en l'assurant «le notre
profonde gratitude.
En mars 18SG, à la vente J. Noilly, un album composé de 15!» eaux-fortes
fut adjugé 22X0 francs-'; les 122 premières avaient été réunies par Poulet
Malassis, c'étaient de toutes premières épreuves de 1803 à 1809, le reste
avait été recueilli par le vendeur, ("est à cette vente que l'Album des cent
croquis, aquarelles, plume, fusain ou crayon, monta jusqu'à 15000 lianes, il
fut retiré par le vendeur. — Voir: H. Béraldi, tome XI, Paris, 1891 ; Certains,
de Huysmans, page 77, Paris, Tresse et Stock, 1889.
ROUX-CHAMPION (Victor-Joseph)
Le Pont Marie. — A droite du pont, les quais, des gabares
amarrées, des maisons et des arbres ; sur la cale, des travailleurs, des
tas de sable; loulest dans l'ombre, sauf la cale où est le sable, qui est
légèrement éclairée.
Pièce en couleurs tirée à 2.") épreuves; c'est la première gravée par l'artiste.
Après le Marché à Quimperlé. — Sur la place, dont les maisons
oui leurs façades 1res vivement éclairées, des paysans causent ; à
droite, deux charrettes. Au fond de l'estampe, l'église émerge haute
et détachée.
Estampe traitée avec beaucoup de liberté et de transparence ; Ks belles
épreuves bien lin'es ont la \aleur d'aquarelles originales. L'artiste, qu'il faut
suivre, est de la pléiade des jeunes, ses débuts remontent à 1899, il est né à
Chau I (Haute-Marne). Il a encore gravé comme pièces marquantes: i.c
l'union Bretonnes à Saint-Guénolé.
i \ L'exception toutefois di . lithographies qu'il n'a pas recueillies. Celle »!<■ M. Pochel qu'on
vient de vendre était La plus riche coUection en i >• 'i»1-. Legrand et artistes < ontunpoFiiinst qui ;>ii
m ou i m m i m M con ' l 'était une réunion superbe el «le
qualité vraiment hors pair.
■ a M. ijuiir Paul, L'expert bien connu.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 549
ROY (Marcel-Pierre)
Parmi les jolies eaux-fortes en couleurs de cet artiste nous signalerons
les suivantes : Moulin Bruges — Quai du Rosaire — Quai des Bateliers — Rue
Mole qui, toutes, figuraient à l'Exposition universelle de 1900; la dernière
mentionnée est surtout extrêmement pittoresque. Le tirage est limité géné-
ralement à 15 ou 20 épreuves, c'est dire qu'elles seront promplement
épuisées.
SCHIESTI (Mathœus)
Remarqué au Salon de 1902, à la Société Nationale des Beaux-Arts, les
lithographies en couleurs suivantes qui, quoique un peu lourdes, ne
manquent pas d'un certain caractère et méritent d'attirer très sérieusement
l'attention. — L'artiste est Bavarois.
Ulrich von Liechtenstein — Le Moine — Sainl-ChrislofJ'.
SCHULLER (J.- Charles)
Remarqué encore au Salon de la Société Nationale de 1901 une jolie
eau-forte en couleurs, La Basse-Cour, de l'artiste qui est Alsacien; c'est la
seule estampe que nous ayons vue de ce Maître dont les débuts permettent
de supposer que les œuvres seront, croyons-nous, rapidement classées.
SOMM (Henri)
Artiste plein d'esprit et de talent, a fait une série de calendriers extrê-
mement jolis, le premier, celui de 1878, est devenu fort rare, les autres sont
datés des années 1879, 1881, 1882, 1890, 1891. 11 y a aussi tous ses menus,
programmes et invitations qui doivent être collectionnés, car parmi ces
petits riens fugitifs, il existe de véritables merveilles; le tout est exclusivement
traité à la pointe sèche. Ajoutons qu'actuellement l'artiste a abandonné la
gravure pour s'adonner complètement au dessin d'illustrations.
SPENCE (Robert)
Notons de cet habile artiste qui est Anglais, Un Pardon en Bretagne, petite
pointe sèche d'une extrême finesse qui figura au Salon de la Société Nationale
en 1898.
550 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
SPRINKMANN (Th.)
L'artiste est, croyons-nous, de Hambourg ou de Munich; il a un métier
toul à l'ait particulier; ses eaux-fortes sont vigoureusement grainées et ont
presque des aspects de vernis mou; le graveur procède par paquets noirs
profonds et chargés qu'il sait merveilleusement éclairer, nous n'en voulons
pour exemple que ces deux intéressantes estampes : Saint-Gervais et Suint-
Etienne-du-Mont.
STEINLEN (Théophile)
Dans la Neige et le Vent. — Dans une rue désert* un homme,
les deux mains dans les poches, s'avance d'un pas hâtif, le vent
souffle et la neige qui tombe l'a couvert de ses blancs llocons.
50 épreuves.
Les Amoureux. - Ils sont tous deux assis sur un banc, l'un
près de l'autre — c'est la nuit — l'homme qui est à droite enlace
de ses bras la femme qu'il embrasse. Un bec de gaz éclaire leurs
visages.
Vernis mou tiré à -10 épreuves.
La Rentrée du Travail. - C'esl le soir, hommes et femmes
longent les maisons qui occupent le fond de l'estampe; au second
plan, un tombereau attelé de deux chevaux se dirige vers la gauche ;
celui qui est au timon est blanc. Un chien court sur le premier plan.
Le Conciliabule. -- A un coin de rue, deux pierreuses avec
leurs marions causent entre eux, d'un coup à l'aire sans doute; la
ligure des gueuses est éclairée.
Chanteurs des Rues. — Dans un carrefour, le soir, violemment
éclairés, chanteur, violoniste et guitariste sonl entourés de badauds
qui lis écoutent.
Eaux-fortes remarquables d'un artiste d'une habileté énorme qui, après
avoir commencé par la lithographie, s'adonne a l'eau forte et à la pointe
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES ;")."> 1
sèche depuis 1897 i. Il a retrouvé dans ce nouveau métier les succès qu'il
avait recueillis dans l'ancien. Il a également signé quelques pièces en
couleurs parmi lesquelles Le Départ an Lavoir — Le Retour du Lavoir — La
Blanchisseuse sont les meilleures. — L'œuvre peint et dessiné de l'artiste
l'ut exposé à la Bodinière en mai 1894.
Lire le numéro de L'Album consacré à Steinlen, préface de Lucien Puech.
STOEM DE GRAVESANDE (Charles)
Certains Maîtres perdent à vieillir et se voient délaissés, on murmure
dans un soupir de tristesse en passant devant leur œuvre: Hélas! ce n'est
plus la belle première manière. . . Tel n'est, heureusement, pas le cas de
l'artiste qui nous occupe, car jamais peut-être il n'a été si haut, et jamais
peut-être nous n'avons été aussi vivement impressionné que par les
dernières pointes sèches qu'il a envoyées au Salon de 1902 de la Société
Nationale. Il y a là surtout trois études de Dunes de Scheveningae qui, au
point de vue sobriété et synthèse, sont supérieures à tout ce que l'artiste a
signé jusqu'à ce jour. C'est fait absolument de rien, et on demeure émerveillé
en songeant que quelques lignes, quelques arbres rabougris, quelques
touffes de lichen ou plantes de falaise donnent à l'œil ébloui la sensation
complète de relief, d'espace, d'ondulation et de couleur. C'est quelque
chose comme une musique céleste, un concert de rêve qui serait produit
sans instruments. Il nous a été donné de voir bien des choses en gravures
depuis tantôt vingt-cinq ans, nous avouons rarement avoir été aussi complè-
tement empoigné que par celles-ci. — L'artiste a obtenu la médaille d'or à
l'Exposition de 1900.
Son œuvre est fort considérable. M. Richard Priée en a établi le catalogue
en 1887, il comprenait déjà 240 numéros; en 1888, H. Béraldi, tome VII, le
portait à 257; à l'heure présente, mai 1903, il compte exactement 461 pièces,
nous tenons ce chiffre du Maître lui-même, toutes exclusivement composées
île paysages et de marines très variées de métier.
Mentionnons parmi les meilleures : La Meuse ci Dordrechl — Jetée de
Flessingue — La Lagune prés de Chiogga — Brise-Lames, pointe sèche -
L'Epave — Un Bouquet de Roses, tour de force de métier, 12 épreuves,
rarissime — Effets de Neige dans les Dunes — Canal près La Haye. L'artiste
a aussi quelques lithographies2 à son actif. En dehors de l'exposition
organisée à Boston en 1887, Frederick Keppel en a fait une autre à
New-York en 1889, le catalogue contenait une copieuse préface de R. Priée.
En mai 1903 l'artiste, se trouvant à Paris, en profita pour exposer quelques
jolies pièces chez Durand-Ruel.
1 C'est Ed. Kleinmann, le très courtois et aimable marchand d'estampes du S tue de la
Victoire, dont, par parenthèse, la nièce vient aussi de débuter agréablement dans la gravure,
qui a eu la vente des tout premiers essais de Steinlen.
2 Auxquelles il a donné le nom de Algraphies, telles que: Crépuscule a Hambourg Marée
montante à Flessingue — Jardin en hiver en Hollande, qui figurèrent au Salon de 1897 de la
Société Xationale des Beaux-Arts.
ÔÔ2 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
SUNYER (Joachim)
Blanchisseuse. -- Une femme, un ballot sur l'épaule et le poing
droit sur la hanche, traverse une rue en se dirigeant vers la droite ;
c'est la nuit, son visage est éclairé; d'autres personnages circulent.
la maison de gauche esl dans l'ombre.
Rue Caulaincourt. — Gens du peuple assis sur un banc ; le
vieux qui est au premier plan et de profil à droite, s'appuie sur un
bâton.
Rue des Abbesses. — Une femme penchée en avant, un paquet
sur l'épaule, traverse une rue, se dirigeant vers la droite, du côté où
une marchande d'oranges ou de légumes pousse devant elle une
baladeuse.
Toutes ees eaux-fortes en couleurs, tirées généralement en repérage à
25 ou 30 épreuves, ont une saveur très particulière, elles sont absolument
différentes de celles obtenues par le même procédé et l'artiste, qui est
Espagnol, y a apporté une note très hardie et très crânement originale. On
peut encore citer : La Hue Rodier et Au Moulin-Rouge, une des plus
typiques.
SYRGE (Edouard Millington)
Nous avons eu occasion de voir au Salon de li)02 — Société des Artistes
Français — quelques eaux-fortes originales de ce graveur anglais dont la
lonnalité nous a frappé, nous les signalons aux collectionneurs, elles
sont dignes de leurs portefeuilles, elles étaient rubriquées: La Bretagne —
Saint-Geroais - Quai de la Râpée.
TISSOT (Jean-Joseph)
Louise. Jeune femme à l'air triste el songeur vue a mi-corps
de trois quarts à droite: elle est nu-tête, deux boucles repentirs
retombent derrière le cou, au col blanc un médaillon est suspendu. A
la hauteur de l'épauleà gauche: James Tissot 1861, et j droite: Louise.
bas, un quatrain commençant par ces mots: Ma bouche est mi
écrin meuble tle perles /iues, el signé: André le Moyne; le </ est renversé.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 553
Cette pièce, très rare, la première, croyons-nous, gravée par l'émincnt
artiste, a échappé à Béraldi qui ne l'a pas cataloguée; elle n'est pas
mentionnée, du reste, davantage dans la plaquette illustrée (1886) non mise
dans le commerce et précédée d'une prélace de Charles Yriartc, où l'artiste
lui-même a donné la nomenclature de ses eaux-fortes, manière noire et
pointes sèches, avec leurs prix.
La Tamise (Béraldi 13). — A l'arrière d'un bateau, un homme et
deux femmes mollement étendues s'abritenl de leurs ombrelles ; près
d'eux, un chien est couché et l'on aperçoit sur le premier plan les
collerettes argentées de trois bouteilles de Champagne. La Tamise
est sillonnée de navires. Dans le bas du coin gauche : J.-J. Tissot 1S76.
— La planche est détruite.
Le Veuf (21). — Dans l'allée luxuriante et ombreuse d'un jardin,
un homme en grand deuil et jeune encore, s'avance coiffe d'un
chapeau mou, tenant dans ses bras sa fillette revêtue d'un grand
sarreau blanc. — Sans signature.
La planche, gravée en 1875, est actuellement détruite.
Une Histoire ennuyeuse (2ô). — Adossée à une fenêtre, à
travers laquelle on aperçoit la Tamise avec ses bateaux, une adorable
jeune fille de face, coiffée d'un bonnet à la Charlotte Corday serré par
un volumineux nœud de velours, les coudes sur la table, les mains
croisées gantées de mitaines, tourne la tête à gauche, ennuyée
d'écouter le personnage qui est à droite et qui, la main étendue sur
les cartes posées devant eux sur une table, semble lui expliquer ses
campagnes. Dans le bas du coin droit, les initiales de l'artiste à peine
lisibles. — Planche détruite.
Cette estampe, devenue très rare, fut gravée en 1878; c'est à coup sûr une
des plus séduisantes de l'œuvre.
Octobre (20). — Au milieu d'une étroite allée jonchée de feuilles
mortes, une jeune femme coiffée d'un large chapeau, vêtue de noir,
un livre sous le bras droit, relève délicatement sa robe, se dirigeant
vers la droite ; elte tourne gracieusement la tète du même coté.
Sans signature.
Plus de charme peut-être encore que dans la pièce précédente; cette
estampe, dont le tirage est épuisé, fut gravé également en 1.S7.S.
554 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Mavourneen (27). — A mi-corps de profil à gauche, coifléc d'un
large chapeau, un hoa autour du cou, la jeune femme a les mains
fourrées dans son manchon. Au has, dans le coin droit : J.-J. Tissut 1877.
Cette pièce, dont le tirage est épuise et même la planche effacée, croyons-
nous, est, d'un commun accord, considérée comme la meilleure et la plus
recherchée de l'œuvre, elle est fort rare et pleine de séduction.
Soir d'Eté (47). — Dans la campagne, une jeune femme assise
dans une rocking-chair, le cou est entouré d'une dentelle noire et la
tète repose dans une attitude allanguie sur un oreiller, elle regarde à
gauche. Dans le has du coin gauche : J.-J. Tissât 1S81.
Samedi matin (63). — A mi-corps, tout en noir, un énorme
nœud de tulle autour du cou, une jeune femme, un livre de messe à
la main, se dirige vers la droite. Dans le coin du has à droite :
J.-J. Tissul 1883.
Le Banc de Jardin (66). — Sur un banc sur lequel sont jetés
des fourrures, une jeune femme est assise de profil à droite, elle
regarde avec une expression d'infinie tendresse un délicieux gamin,
son (ils, qui est à cheval sur le dos du banc, il presse la main de sa
mère dans les siennes et regarde franchement à gauche, il est coiffé
d'un béret d'où s'échappe sa blonde et épaisse chevelure. Derrière la
mère on dislingue étendues, ses autres enfants, deux mignonnes
fillettes. Dans la marge du has du coin gauche : ./.-./. Tissol.
Celte estampe en manière noire gravée en 1N,X:;, esl devenue introuvable .
lorsqu'elle parut, l'auteur la vendait 15(10 francs en avant lettre.
liien n'est plus séduisant que cette scène de famille prise sur le vil, et rien
n'égale la distinction et la finesse des traits des personnages.
L'œuvre gravé se compose de 71 pièces, toutes ou presque toutes ayant
trait à des sujets anglais. Obligé de faire comme dans chaque œuvre une
sélection, nous en avons détaché les pièces ci-dessus qui sont considérées
comme étant les plus remarquables de la collection de ce peintre-graveur
de grand talent.
Ces lignes étaient écrites quand une lettre de faire part nous arrive,
nous annonçant la mort de l'artiste distingué, auteur immortel de la Vie de
N.-S. Jésus-Christ, qui s'éteignit le s avril 1902, à l'âge de ti") ans, en son
abbaye de Buillon, dans le Doubs. Nous le connaissions personnellement,
c'était même un de nos concitoyens, aussi n'est-ce pas sans une émotion
sincère que nous enregistrons celle douloureuse nouvelle qui a causé dans
le monde des arts, OÙ il était aimé, une profonde impression.
I.a vente (le son atelier a eu lieu les '.I cl III juillet 1903; environ 1800 pièces
de son œuvre gravé ont été jetées sur le mai clié, produisant awv quinzaine
DIX-NEUVIEME ET VINGTIÈME SIÈCLES 555
de mille francs; c'est le moment d'en acheter, avis aux collectionneurs. Un
lot de 14 planches fut également adjugé, et trouva acquéreur à 755 francs.
Voici quels étaient ces cuivres: Mistress G. Bowles — Le petit Nemrod —
L'Ambitieuse — Ces Dames des chars de l'Hippodrome — Sans Dot — La
Mystérieuse — La plus jolie femme de Paris — L'Enfant prodigue ' —
L'Eventail — L'Hiver ou Promenade dans la Neige — Garden Parti) d'enfants.
TOULOUSE LAUTREC (Henri de)
Naquit à Albi en 1864 et y mourut en septembre 1901. Une exposition très
importante de l'œuvre du curieux artiste eut lieu aux Galeries Durand-Ruel
du 14 au 31 mai 1902, elle comprenait 113 toiles, 4 aquarelles, 25 dessins et
58 de ses plus intéressantes lithographies. Quelques jours auparavant
l'ouverture, Le Figaro consacrait un numéro illustré spécial2 reproduisant
les morceaux les plus marquants, il avait chargé Arsène Alexandre d'en
écrire l'histoire, ce dont s'acquitta avec son talent habituel le distingué
critique d'art.
En février de la même année, la vente de feu C. Pochet avait réuni à peu
près au complet l'œuvre lithographie 3 du Maître, ce fut une providence
pour les collectionneurs qui se ruèrent sur ces estampes et se les dispu-
tèrent à des prix encore inconnus jusqu'à ce jour. L'ensemble des Lautrec
produisit la coquette somme de 3994 francs, sans compter les 10 % d'usage.
Voici, du reste, les pièces les plus recherchées avec les prix auxquels elles
fui eut adjugées > :
Jeanne Granier
Yvette Guilbert assise
Jane Hading
La Goulue et sa sœur
L'Anglais au Moulin-Rouge
Lavallière
Lender debout
Lender saluant
Lender et Brasseur
Meyer et Yahne
1 Quatre cuivres.
- Avril 1902, numéro 145.
3 Stern, de chez Ancourt, était l'essayeur attitré de Lautrec.
* Afin de pouvoir insérer sur une seule ligne le litre. les notices accompagnant la pièce, el le
prix, nous avons été quelquefois contraint par les exigences typographiques d'avoir recours
aux abréviations suivantes : p. — tir. — num. — Sig. — déd. — ép. — ex. — timb. - coul. — dif. —
n. /'lie. — couv. — qui voudront dire: pièce — tirée — numérotée — signée dédiée
épreuve — exemplaire — timbrée — couleurs — différentes — non publiée — couverture.
Trois p. dif. déd.
118 fi
•ancs
N. pub. ép. déd.
80
»
Deux p. dif. déd.
80
»
Celte p. el la suivante
35
»
Cette p. et la précédente
35
»
Sur japon
20
»
Deux ép., une en coul. sig.
50
»
Deux p. timb. et num.
40
»
En sanguine sur japon, timb.
49
»
Numérotée et timbrée
73
»
556
DIX-NEUVIEME ET VINGTIEME SIECLES
Miss Bedferd de face
Miss Redferd de profil i
Miss Redferd de profil -
Miss Redferd, toilette de ville
A la Souris
Amazone
Antigone
Au Théâtre
Bar
Blanche et Noire
Chanteuse légère
Chanteuse en matelot
Chez la Gantière, 1898
Clownesse au Moulin-Rouge
La danse au Moulin-Rouge
Débauche
Kilos ( l" série)
En Mer
Fntrc Sportmen
Idylle
Le Liseur, 1898
Le Sommeil
Viennoise
Epreuve d'essai
Japon, avec dédicace
Ep. d'état, nom. et limb.
Deux ép., une limb. et iiuin.
Numérotée cl signée
Avec dédicace
Deux ép. en 2 tons limb.
('.oui. tir. à 12 ex., timb. sig.
Sur japon
Japon, signée, numéroter
Signée. Fort rare
Deux ép. d'essai
Trois ép. dont ? sig.
Tir. à 20 ex., sig et nom.
Tir. à 20 ex., sig. el num.
Deux ép., une sur soie sig.
Dix ép. avec coud, et 7 doubles
Deux é;t. sig. el num.
Non publ., chine, déd.
Tir. à 15 ex., num. et sig.
Ai'ee remarque et déd.
Tir. à 1? ex., num., sig.
Tir. a 11 ex., num., sig.
65 francs
34
»
21
»
35
»
30
»
39
»
34
»
75
»
42
»
102
»
70
»
70
»
08
»
75
»
75
»
42
»
200
»
47
»
38
»
96
»
32
»
60
»
75
»
Indépendamment de ces pièces capitales, l'artiste ;i fait une multitude «le
menus, programmes, titres de romances qui, malgré leur moindre importance,
n'en constituent pas moins de précieuses curiosités.
Deux articles ont été consacrés à Lautrec par M. André Rivoire dans la
Revue de l'Art Ancien et Moderne, le premier en mars, croyons-nous, et le
second en ;i\i il 1902.
VAN HOUTEN (Barbara M11")
Non-, avons remarqué à la section hollandaise de l'Exposition de 1900, les
œuvres de M"« van Houten, nièce de Mesdag, qui se recommandent par leur
caractèn ninei i ni personnel . l'artiste aborde les différents genres
avec ii 1 1 égal bonheur et nous ;i\ous éié particulièrement frappé par ses
eaux-fortes: Pagsages, Tournesols et oiseaux, pièces tiréesè tort petit nombre,
non mises dans le commerce.
i Ponch< c <ii avant.
Penchée en tu i
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 557
VAN RYSSELBERGHE (Théo)
Demandant des renseignements sur l'œuvre gravé de l'artiste, il y a déjà
quelques années, voici la jolie lettre que nous reçûmes; elle émane d'un
spirituel compatriote du Maître qui nous avait déjà documenté sur .lames
Ensor. — Voir ce nom :
« Peintre et dessinateur d'un grand pittoresque d'oeil, a une patte des
» plus remarquables, se tient on ne peut mieux, et en dehors des rares
» poitrails et dessins et de quelques eaux-fortes et affiches très savoureuses
» — un passe-temps — travaille depuis un an et demi à une grosse œuvre
» qui fera, je crois, du bruit. Trente ans, treize ou quatorze ans de métier,
» une facilité extraordinaire à réussir ce qu'il veut et voudra, je pense de
» belles choses. A fait pour l'éditeur Dcman quelques ornements de livres
» que ledit éditeur a trouvés presque toujours exquis. A son actif, (i ou
» 7 eaux-fortes tirées à 20 épreuves et qu'il vend de 25 à 80 francs suivant
» importance, s'en fiche au reste, car il n'attend pas la rentrée. »
Citons deux fort jolies pièces; la première est une eau-forte, la seconde
une pointe sèche : Le Café-Concert — Dancing Girls.
VEBER (Jean)
La Fortune qui danse. — A gauche, un vieux forain, le bras
droit passé dans une roue, s'appuie sur un bâton, poussant devant
lui vers la droite une femme nue qu'il lient par une chaîne, à l'instar
des montreurs d'ours ; celle-ci, la tête empanachée, un bandeau sur
l'œil gauche, personnifie la Fortune, elle a les deux bras passés
derrière le dos sur un bâton qui repose sur ses épaules, elle marche
en se dandinant ou plutôt en dansant. Dans la pénombre, au second
plan, des personnages assis les regardent ; l'un d'eux, le premier à
droite, bat du tambour.
Admirable lithographie en couleurs qui peut aller de pair avec Les Lutteuses
que nous allons décrire tout à l'heure.
La Boucherie. — Un étal de boucher à la porte duquel Bismark
est debout, de face, les poings sur les hanches, flanqué de ses deux
chiens favoris ; les viandes exposées proviennent de l'horrible tuerie
de 1870-71. Ce sont des bras, des troncs, des tètes, des foies humains.
558 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Les Lutteuses. — Deux femmes nues, la brune plus petite a
ceinturé la rousse qui cherche à se dégager dans un effort désespéré;
autour d'elles, des éclopés, des cuis-de-jatte, suivent les péripéties de
la lutte. Dans le bas du coin droit, un plateau qui reçoit les sous et
les pièces de monnaies qu'ont jeté les spectateurs.
Voilà le morceau roi de la lithographie en couleurs du vingtième siècle;
il peut être mis en parallèle avec n'importe quelles pièces de la merveilleuse
époque romantique; elles ne le tomberont pas, car il n'a rien à redouter
de la comparaison ; couleur, anatomie, mouvement, dessin, préciosité du
crayon, toul y est et a un diapason qui ne saurait être surpassé. — Dix
épreuves d'essai, à trois remarques dans la marge, et dix autres avec deux
remarques seulement, la tête d'homme ayant été effacée, lurent tirées avec
un soin tout particulier; elles sont éblouissantes ; en reste-t-il encore chez
Ed. Sagot, nous l'ignorons? en tous cas, qu'on s'en enquière et qu'on ne
les y laisse pas, l'avenir vous le ferait regretter. — Celte estampe reproduit
deux tableaux du Maille; il a pris à l'un le fond, à l'autre le groupe des
lutteuses; l'une de ces toiles est actuellement à Moscou, chez M. Morozoff.
N'oublions pas de mentionner encore : L'éternelle Convoitise » — L'Etoile* —
Bataille de Dames — La Justice protège la Fortune.
Une exposition de Jean Veber eut lieu en mars 1897 chez Georges Petit.
Anatole France terminait les quelques lignes de préface qu'il lui avait
consacré dans le catalogue par ces mots : e Jean Veber est spirituel et
ingénieux, plein de grâce et de poésie, original de cent façons, et surtout il est
peintre. «
VIALA (Eugène)
Le Soir dans la Lande. Trois gros arbres sur le premier
plan. Au fond, la campagne indécise, empourprée des lueurs du soleil
qui sombre à l'horizon.
Humbles Terres. Dans la nuit brune, un pont et une rivière
sinueuse coulant au pied d'une colline à droite ; la rivière seule esl
éclairée.
Eaux-fortes eu couleurs aussi curieuses, sans doute, que l'artiste que
nous n'avons pas l'honneur de connaître, mais qui, celles, ne doit être ni
un banal, ni un impersonnel à en juger par la série de '-•"> estampes qu'il a inti-
tulées: De l'encre, de l'acide et de la souffrance, cl que M. Roger Miles ;i
honoré d'une préface.
1 D^nt il :i été lire 5 exemplaire* avec remarque,
lquefol8 rubrlquée nussl Voêt, croyons nous.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 559
VIBERT (Pierre-Eugène)
Le Miroir, 1902. -- Dans la campagne à gauche de l'estampe,
une femme nue couchée sur le côté droit, recroquevillée sur elle-même,
la tète renversée en arrière, regarde un homme nu qui est penché sur
elle. Au deuxième plan à droite, une autre femme nue également,
debout de trois quarts à droite, les bras au-dessus de la tête, semble
s'étirer ; au fond de l'estampe, un nuage éclairé par la lune sans
doute, se reflète dans une flaque d'eau.
Ce bois qui est fort beau et tiré en noir, figurait à la superbe exposition
de la gravure sur bois qui cul lieu quai Malaquais en mai 1902, sous la
présidence île notre éminent ami Auguste Lepère, le premier boisier de
l'époque. Notons en passant que les graveurs sur bois d'estampes
originales — nous ne parlons ni de vignettes, ni d'illustrations — sont extrê-
mement peu nombreux à l'heure présente.
VIDAL (P.)
La Dame de chez Maxime. — Dans un restaurant, une femme
debout de trois quarts à droite près d'une table regarde à gauche
en remettant son gant. Au fond, un garçon aide le monsieur à remettre
son pardessus.
Eau-forte en couleurs charmante et bien vécue.
VIEILLARD (Maurice)
Fin de Jour. — La nuit tombe, un vieil homme rentre ses trois
chevaux qu'il tient par la bride, ils se dirigent vers la droite ; trois
becs de gaz viennent d'être allumés, piquant la nuit de leur clarlé.
Eau-forte en couleurs très remarquable dont il n'existe que 24 épreuves,
qu'il faut avoir parce qu'elle dénote un vrai tempérament d'artiste.
VILLON (Jacques)
Bibi la Purée. — Une femme assise dans un fauteuil est vue de
dos ; près d'elle, un vieux, chauve, assis également de profil à gauche,
le visage crispé, a la main posée sur une brosse à cirage.
560 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Bernadette. — Les jambes croisées, assise de face sur un canapé,
la main droite appuyée, la gauche ramenée sur la hanche, le corsage
blanc, coiffée d'un chapeau à plumes, celte femme semble être
dans le plus complet ahurissement.
La Femme au Mannequin. - Une femme assise dans un
fauteuil de profil à gauche, ayant voulu passer son boa au cou d'un
mannequin, l'a renversé; elle cherche à le relever, son manchon esl
à Une près d'elle.
Mentionnons encore ces autres estampes qui sont fort intéressantes: Ohé!
la Classe Cabaret de Nuit — L'Ombrelle rouge Sur un Banc.
VO GELER (Heinrich)
Frûhlingh '. - Au premier plan, dans un bois de jeunes
bouleaux aux troncs élancés et dépourvus de branches, une jeune
fille vue de dos est assise, elle regarde une petite cage suspendue
assez haut sur un arbre à droite et sur laquelle est perché un oiseau.
On aperçoit au Fond de l'estampe, à travers les arbres, une chaumière.
La composition est délimitée par un trait carré, et les marges de
droite, de gauche et du bas sont ornées de branches cl de lleurs
entremêlées. Dans le coin inférieur gauche : //. V.
Liebe -. Un homme et une femme vus de dos sont assis l'un
près de l'autre sur un banc, leurs regards embrassent la vaste plaine
qui s'étend devant eux. La femme appuie amoureusement la tête
sur l'épaule du bien-aimé qui esl à sa gauche. Sur le loul premier
plan de ce même côté, quelques arbres effeuillés et une femme à la
longue robe, aux larges manches, joue de la harpe. Dans le coin
droit inférieur : //. V.
L'Annonciation. L'ange à droite, de profil à gauche, avec
une mandoline ('.'). s'incline vers la Vierge qui, auréolée, esl assise à
sa droite. Au fond, on aperçoit une chaumière.
' îx Printemps.
" L'Amour.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 5(51
Au Mois de Mai. — Deux vieux vus de dos sont assis côte à
côte sur un banc, ils regardent des chaumières qui apparaissent à
travers les frondaisons nouvelles ; image de la vie d'antan.
Toutes ces eaux-fortes, provenant d'un cuivre à peine égratigné, sont
bien un peu monochromes, mais le métier en est joli, et la facture distinguée
conserve toujours ce caractère hiératique — qui n'est pas sans charme —
dont se départit difficilement l'Ecole allemande. Vogeler fait, croyons-nous,
partie d'un jeune groupe bien vivant dont les principaux artistes sont :
Otto Modersolm, Hams Am Ende, Cari Vinnen et Fritz Mackensen.
WALTNER (Charles)
Ayant exclu de notre programme les graveurs traducteurs de ce siècle,
nous eûmes été profondément désolé d'être, de ce fait, obligé de passer sous
silence le nom de Charles Waltner, l'un des plus habiles artistes de notre
époque, s'il n'avait eu l'heureuse idée de signer la délicieuse eau-forte
originale dont nous donnons ici la description. Qu'il nous soit permis
néanmoins de regretter de le voir se cantonner — malgré son extrême
maîtrise — dans l'interprétation pure, quand on songe à ce qu'il nous
donnerait si, brisant les chaînes d'une prison dans laquelle il doit se trouver
quelquefois singulièrement à l'étroit, il ouvrait des ailes qui le porteraient
si facilement aux sommets. — L'artiste est Grand-Prix de gravure de
l'Exposition de 1900.
Une Liseuse. — Assise sur un grand canapé très orné, une
jeune femme lit. Au fond de la pièce qui est dans l'ombre, on aperçoit
un tableau et un grand coffre en bois sculpté sur lequel des vases
sont posés. Dans le haut à droite, la signature.
Le cuivre a été donné par le célèbre artiste, en 1898, à la Société des Amis
de VEau-Forte. — Il y a deux états.
Cette estampe est un composé assez complexe de burin, d'eau-forte, de
pointe sèche, etc., le graveur a obtenu par des procédés longtemps cherchés
et de lui seul connus des veloutés dans les gris clairs et des transparences
extraordinaires dans les tons les plus noirs qui concourent au plus
merveilleux effet.
WATSON (Gharles-J.-R.-E.)
Nous avons l'infini regret de ne pouvoir nous étendre sur l'œuvre de cet
artiste anglais de beaucoup de talent, car nous n'avons fait qu'entrevoir
quelques-unes de ses eaux-fortes, et dans des conditions de rapidité telles
36
562
DIX-NEUVIEME ET VINGTIKMK SIECLES
qu'il ne nous a pas été loisible de les pouvoir décrire; nous avons noté
cependant :
Swcdedale, pointe sèche — Vespers, pointe sèche — Richmond, Yorkshire —
Flowcr Market, Paris — Piazzu Guilio Cesare qui sont d'une jolie vision.
WHISTLER (James Me Neill)
Avant d'entrer dans la description des pièces de l'œuvre du célèbre artiste,
nous allons commencer par donner la classification par ordre chrono-
logique îles quatre importantes suites qu'il a gravées, avec les numéros'
établis par Wedmore dans la dernière édition publiée chez Colnaghi & O,
en 1899. Nous croyons apporter ainsi un peu de lumière dans un œuvre qui
compte près de 400 pièces* et être utile aux collectionneurs. — The French
et The Venice sets sont infiniment supérieures, selon nous, au Thames set
qui, elle, est sèche, positive et d'une préciosité inutile.
The French Set : 12 pièces publiées en 1858
4 Liverdun.
5 La Rètameuse.
6 En plein Soleil.
7 The unsafe Tellement.
8 La Mère Gérard.
1 1 Streel at Sauerne.
13 Liltle Arlhnr.
14 La Vieille aux Loques.
15 Annie.
16 La Marchande de Moutarde.
18 Fumelte.
19 The Kitchen.
The Thames Set : 16 pièces publiées en 1871 '.
35 Thames Warehouses.
36 Westminster Bridge.
37 Limehonse.
39 Tgzac, Whiteley & C".
III Black Lion Wharf.
Il The Pool.
42 Thames Police.
44 The Lime Hunier.
48 Becquet.
60 Rotherhithe on Wapping.
63 The Forge.
67 Millbqnk.
72 The liltle Pool.
79 Cadogan Pier.
80 Old Hungerford Bridge.
85 Chelsea Bridge and Chnrch.
1 Numéros '(ui ne se suivent [His toujours, connue on pourra le remarquer.
'■ m. Wedmore n'en mentionne que 268.
1 Imprimées pai DeUIre sous ce Ulre : Douze eaux-forla d'après nature par Jamu Whislttr.
Imp. Deldïre, rue Ss/œques, 111, Paris, no». 1858. t mon vieil ami Segmour Haden. tirée 1
un tréi petit nombre, cette suite fut émise au prix de deux gainées.
1 Cette suite, Initialement publiée par MM, BUIi .\ Green, rat achetée par Keppel, il y a
quelques annéesa A ITie Fine t » i Sot " <>i . il lit tlrsitnri r les planches q ni reprirent alors toute
leur finesse et .tonnèrent au tirage, qui en fut util pat Gouldlng, des épreuves Infiniment
tupirleurts nui précédentes.
DIX-NEUVIEME ET VINGTIEME SIECLES
503
The Venice Set : 12 pièces publiées en 1880
149
The Utile Venice.
150
Nocturne.
151
The little Mast.
152
The little Lagoon
153
The Palaces.
155
The Doorwag.
155
The Piazetta.
156
The Traghetlo.
157
The Riva.
158
Two Doorwags.
159
The Beggars.
160
The Mast.
The Venice Set : 20 pièces publiées en 1886 -.
161
Doorwag and Vine.
174
Lobster Pots.
162
Wheehvright.
175
The Riva {N° 2J.
163
San Biago.
176
Drurg Lane.
164
Bead-Slringers.
177
The Balcon g.
165
Turkegs.
178
Fishing Bout.
166
Fruit Stall.
179
Ponte Piovan.
167
San Georgio.
180
Garden.
168
Nocturne Palaces.
181
The Rialto.
169
Long Lagoon.
182
Long Venice.
170
Temple.
183
Furnace Nocturne
171
The Bridge.
184
Quiet Canal.
172
Upright Venice.
185
Salute : Daivn.
173
Little Court.
187
Lagoon : Noon.
Voici maintenant la description de quelques-unes des eaux-I'orles les
plus remarquables de ces séries et de quelques autres prises en dehors de
ces suites qui, par leur beauté, attirent puissamment l'attention du
collectionneur :
Street at Saverne (Wedmore 11). — La rue est déserte, il l'ait
clair de lune ; les maisons à gauche sont les unes violemment
éclairées, les autres plongées dans une ombre profonde ; sur le mur
à droite dont la silhouette se profile très mince, une lanterne allumée
est suspendue.
Une superbe épreuve dans notre collection avant l'adresse de Delâtre. -
Il en existe sur papier verdàtre.
' A cent exemplaires, par The Fine Art Society, à 1250 francs.
î A trente exemplaires, par Dowdeswell. il 1250 francs ; les 21 sujets vénitiens furent gravés
en 1880 et les 5 sujets anglais plus tard; le tout imprimé par Whistler lui-même, tiré nature
et sans retroussage.
564 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La Vieille aux Loques (14). — Assise de profil à droite dans
une misérable chambre aux murs de laquelle sont suspendus les
menus ustensiles de ménage, la vieille a le dos tourné à la cheminée,
la lète penchée et les deux mains sur les genoux. La partie droite de
la planche présente une large partie blanche et vide de travaux dans
toute sa hauteur, ainsi de la partie gauche, mais avec une bande bien
moins large. Dans la grande marge de droite : Whistler, la lettre s est
renversée.
Il en existe sur papier jaune.
La Marchande de Moutarde (16). - Sur le seuil de la porte
d'une boutique, une petite fillette debout de profil à droite, cl au fond
du magasin, une vieille femme de profil à gauche, coiffée d'un bonne!
blanc, en train de cuisiner; sur l'étagère qui est devant elle, des pois
sont posés.
Le 1er état, qui est fort rare, est avec l'adresse de Delâtre, le 2« est sans
eette adresse.
The Rag Gatherers ' (17). — Dans le quartier Moulu-lard, une
pauvre chambre de chiffonniers dans le coin sombre de laquelle on
distingue un lit défait et une petite table. A droite: Whistler 18;~>8.
Le t« état, sans personnage, est d'une insigne rareté; au 2e état on voit un
jeune garçon et une jeune Bile assise sur le lit.
The Kitchen - (19). - Une vieille femme au fond de la pièce se
tient près d'une croisée. A droite sur une table, des rangées d'assiettes.
Curieux effet d'ombre et de lumière qui ensoleille la cuisine.
Le 1" état est avant l'adresse de Delâtre; le 2' avec cette adresse el le .':■
csi avec </cs- travaux de pointe sèche sur le mur épais qui entoure la croisée.
Planche détruite.
Westminster (.'!<>). La Tamise occupe tout le premier plan ;
tout à fait à gauche, la silhouette d'un bout de barque el des hommes
baignant leurs chevaux ; à droite, un steamer et une barque, el tou
au fond, le pont avec Westminster au boul à gauche. Dans le coin
gauche inférieur: Whistler 1859.
' L< Chlffonnien
- La Cu
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCXES 565
Dans le 1er étal, qui est très rare et le plus intéressant, on remarque quatre
très fines lignes horizontales au-dessus du toit du Parlement, à droite des
tours. — Planche biffée.
Tyzac, Whiteley & C° (39). - - Sur le tout premier plan, un
chaland avec un matelot assis de face ; à gauche, des maisons, sur
l'une d'elles on lit : Tyzac, Whiteley & C° ; au fond, des bateaux.
Dans le coin : Whisller 1859. Pièce rubriquée quelquefois Eagle Wharf.
Black Lion Wharf (40). — Au fond de l'estampe, un quai bordé
de maisons ; derrière l'une d'elles, à gauche, s'élève une cheminée
d'usine ; sur celle qui se trouve à l'extrême droite, on lit : Blac (sic)
Lion Wharf. Sur le tout premier plan, un chaland dans lequel est un
matelot assis de profil à droite. Dans le coin inférieur : Whisller 1859.
Pièce célèbre et fort recherchée.
Long-Shore Men ' (43). — Des matelots sont attablés à boire,
celui de gauche qui est au premier plan fume sa pipe et est de profil
à droite, celui qui est au milieu de l'estampe tourne le dos à la table
sur laquelle son coude droit est appuyé, il semble parler. A droite,
on distingue une femme et un enfant. A droite : Whisller 1859.
The Lime-Burner 2 (44). — Une entrée de magasin ; au fond de
celui-ci, une ouverture par laquelle on distingue des navires ; au
deuxième plan à droite, des échelles et un homme debout en casquette
adossé au mur, il a le bras gauche appuyé sur un baril. En bas à
droite : Whistler 1859. — Planche biffée.
Billingsgate (45). — Sur le premier plan, un chaland sur lequel
plusieurs personnes sont debout et assises ; à gauche, des maisons
bordant le quai ; à droite, rangées les unes contre les autres, une
dizaine de barques à un mât ; au fond de l'estampe, un pont.
Presque au milieu de l'estampe en bas : Whisller 1859.
Dans le l»1' état, qui est fort rare, l'homme de gauche qui est en face d'un
autre homme est nettement de profil, tandis que dans le 2e état il est de
profil perdu.
i Les Débardeurs.
2 Le Brûleur de Chaux,
566 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
Paris : The Isle de la Cité (55). — L'Ile de la Cilé ; derrière
ses hautes maisons, on distingue la fine silhouette des tours de Notre-
Dame. A gauche : Whistler, Dec. 1859, et Paris, de la galerie d'Ap.
La vue fut prise au Louvre de la galerie d'Apollon. Wedmore la signale
comme d'une extrême rareté, ajoutant qu'elle n'a pour ainsi dire jamais
passé en vente publique et qu'elle est d'un métier tout à fait différent de
celui de l'époque où elle fut gravée, et qu'elle se rapproche plutôt de la
technique des années postérieures.
Rotherhite (60). — A l'entrée d'une rivière, sous une sorte de
construction en bois, dont on aperçoit le pilier à gauche, deux
matelots coiffés d'une casquette sont assis et fument. Des maisons
s'étendent à droite sur la rive. Sur le bord du bateau qui est à gauche,
on lit : Whistler 1860.
Nous avons vu un exemplaire de cette eau-forte dans la collection de
M. Beurdeley, un bateau blanc et avant que le vêtement d'un des matelots fut
ombré ; cette dernière particularité a échappé à M. Wedmore. — Etat rarissime.
The Forge1 (63). — Un intérieur de forge; à gauche, le patron
fait rougir une barre de fer; à droite, près de lui, une enclume avec
ses deux aides qui attendent; l'un de ceux-ci s'appuie sur son marteau
qui est posé sur cette enclume; derrière eux, trois autres personnages;
au fond, près de la forge, on aperçoit une tète de femme. Dans le bas
du coin droit : Whistler 1861.
Planche célèbre dont le cuivre biffé est aux mains de Keppel. Cette
merveilleuse pointe sèche est extrêmement rare avec tontes ses barbes; sans
celles-ci, elle est sans valeur, et c'est la plupart du temps cependant ainsi
qu'on la rencontre.
The Storm5 (77). — Sous un ciel menaçant, un homme précipite
sa marche. A droite : Whistler 1861. — Pointe sèche fort rare.
Chelsea Wharf (SI). - A quelque distance des bords pentes
d'une rivière, des bateaux ; à droite, derrière eux, quelques maisons ;
sur celle qui est la plus à droite, sur un poteau, on lit : Chelsea Wliarf.
Sur la rive, une charrette et un cheval. Au fond à gauche, un pont et
des arbres à peine esquissés.
Cette adorable eau forte lui gravée en 18G3.
' ta Forge.
* VOrage.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES Ô67
The Model Resting ' (87). — Debout de face et enveloppée dans
son manteau, une jeune femme, presque une fillette, un ruban dans
les cheveux, attend de reprendre la pose.
Pointe sèche d'une grande rareté, sans signature. Le cuivre, qui est à
peine égratigné, est ébarbé, ce qui donne à la pièce un aspect d'une exquise
finesse; c'est vers 1870 qu'on pense qu'elle fut gravée.
Whistler's Mother- (88). — Une vieille dame dans une posture
légèrement penchée.
M. Wedmore l'apprécie en ces termes : une légère mais exquise pointe
sèche pleine d'expression tendre et raffinée. — Le seul exemplaire connu est
aux mains de M. Menpes.
Fanny Leyland (94). — Une jeune fille aux cheveux abondants
et flottants est assise de profil, les mains posées sur les genoux ; elle
porte un vêtement vague et long. On lit très superficiellement tracé
à gauche : Fanny Leyland.
Pointe sèche très rare, gravée en 1873.
Tillie : A Model (102). -- Une fille nue penchée en avant, les
mains entre ses genoux. — Pointe sèche très rare gravée en 1873.
The Model lY'ng down 3 (107). — Une mince et élégante jeune
fille légèrement vêtue est couchée, elle lève au-dessus de sa tête son
bras droit qui est nu. Au-dessus d'elle, quelques écrans japonais sont
accrochés.
Le seul exemplaire probablement connu de cette pointe sèche est chez
M. Menpes.
London Bridge (123). — On aperçoit d'en bas une des arches du
pont de Londres sur lequel passe un wagon chargé de sacs et sur
lequel est un homme. A travers cette arche on distingue des bateaux,
et sur le premier plan un bateau à la rame avec deux personnages.
Sans signature. — Très rare pointe sèche.
Battersea : Dawn * (125). — Au point du jour et se dégageant
des brouillards de la Tamise, apparaît Battersea. Derrière de noin-
' Le Re/ms du Modèle.
2 La Mère de Whistler.
3 Le Modèle eouehè.
i Battersea : L'Aurore.
Ô68 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
breux steamers, on distingue la niasse confuse des cheminées et des
toits. Sur le premier plan, quelques barques ; dans le ciel, le mono-
Pointe sèche rarissime.
The Muff ' (12(5). -- Une jeune femme est assise et regarde à
droite ; son chapeau est orné de plumes ; elle a la main sur son
vêtement garni de fourrure et l'autre passée dans son manchon.
A droite, le monogramme. — Très rare pointe sèche.
Battersea Bridge - (141). - Une barque à pleines voiles se
dirige vers un pont construit avec des piles de bois. A gauche, à une
certaine dislance, des maisons. A droite, le monogramme.
The Large Pool '< (143). — Neuf barques sont alignées le long
d'un quai en bois ; quelques navires au milieu du courant et des
maisons de chaque côté de la rivière. A gauche, le monogramme. —
Planche gravée en 1870.
Nocturne (150). L'entrée du grand canal, effet de nuit,
l'horizon est encore lumineux; Venise se silhouette imprécise; à
gauche, un trois-mâts. — Le cuivre à peine égratigné ; superbe.
The Doorway l (154). - Au pied des dernières marches d'un
admirable portique baignées par la mer, une jeune fille se penche en
avant dans l'attitude d'une personne qui va se laver les pieds ou
puiser de l'eau. En haut, sous le portique, un magasin où l'on
aperçoit des personnages.
The Beggars5 (159). — A l'entrée d'une sorte de passage voûté,
au premier plan à droite, deux mendiantes, une vieille femme et sa
fille debout de trois quarts à gauche. Au fond, on distingue trois
autres personnages, deux femmes portant de l'eau et un homme vu
de dos qui s'éloigne.
1 Le Manchon.
s Le Pont il Battersea.
1 Le Grand Etang.
» La Porte < ochére.
s Les Mendiants,
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 569
Cette pièce et la précédente peuvent prendre rang parmi les plus belles
eaux-fortes existant au monde. Ce sont les deux plus brillants joyaux de
l'œuvre du Maître et nous comprenons facilement la réponse de Sir Seymour
Hadcn qui, il y a quelques années, interrogé sur ce qu'il ferait s'il était
obligé de se séparer de ses Rembrandt ou de ses Wliistler, répondit sans
hésiter : Mes Rembrandt partiraient les premiers.
M. Wedmore signale en la possession de Wliistler une épreuve d'essai sans
les ligures, mais simplement avec un vieillard à barbe blanche à la place qui
devait être occupée plus tard par la vieille femme.
Fruit Stall ' (166). — Sur le bord du canal, où deux barques
sont amarrées, une boutique de marchande de fruits abritée sous
une tente ; à gauche, une femme est debout, tenant un enfant dans
ses bras.
Dans les dernières épreuves, l'ombre de la lente sur le mur est considé-
rablement atténuée; dans les épreuves d'essai, elle est, au contraire,
vigoureusement accusée, et les figures que l'on voit à la porte cochère ne
sont pas les mêmes que celles qui existent dans l'état terminé.
Long Venice = (182). — La mer et les premiers plans vides de
travaux ; au fond, la silhouette de la ville avec quelques bateaux et
poteaux indiquant l'entrée du canal. Le palais ducal est à gauche.
L'artiste s'est aussi adonné ces dernières années à la lithographie; nous
avons eu occasion d'en voir quelques-unes exposées au Champ de Mars
en 1894 ; signalons entre autres : La Danseuse — La Fille couchée — La
Songeuse — Vitré — Les Perrons au Luxembourg, qui n'ont point été
mentionnées dans Wedmore5, pas plus, du reste, que les autres lithographies
du Maître.
Wliistler est une des personnalités les plus considérables du monde de la
gravure; nul n'a su, comme lui, dans un métier d'une distinction et d'une
aristocratie suprêmes, donner aux choses leur aspect, leur esprit et leur
âme, et dans ses Venise, où il s'est montré d'une abréviation si superbe, il a
su trouver le dernier mot de l'art.
Nous gardons de l'homme que nous avons eu l'honneur d'approcher un
ineffaçable souvenir, et nous ne pouvons nous rappeler sans émotion et
sans charme l'après-midi délicieuse passée chez lui rue du Bac, en mai 1893,
' Une Boutique de Fruits en plein vent.
* Le long de Venise.
' Un catalogue spécial a été consacré par M. Way aux lithographies du Maître; il en
mentionne, croyons-nous, environ 130. Ces pièces nous sont malheureusement pour la plupart
inconnues.
570 DIX-NEUVIÈME KT VINGTIÈME SIÈCLES
en compagnie de Georges Rodenbacb et de Stéphane Mallarmé, liélas! morts
tous deux '.
Bien que n'ayant point à nous occuper de l'artiste comme peintre, nous
ne résistons pas au désir de citer quelques-uns des portraits les plus
sensationnels qu'il ait signés et mentionnerons particulièrement ceux de
Théodore Duret, La Princesse du pays de la Porcelaine, Miss Alexander,
Thomas Carlyle, et surtout celui de sa mère — an pur chef-d'œuvre -—
actuellement à notre Musée National du Luxembourg, à Paris. Coiffée d'un
simple petit bonnet de linge dont les brides retombent de chaque côté, la
vieille et respectable femme est assise complètement de profil à gauche,
l'air un peu triste; sa pure silhouette s'enlève fine, distinguée et précise sur
le fond de la toile, les mains, ramenées sur les genoux, tiennent un
mouchoir, et les pieds reposent sur un tabouret.
Les plus belles collections de l'artiste se trouvent actuellement à la
Bibliothèque publique de New-York, 266 pièces, chez MM. Mortimer,
Menpes, H. S. Théobald, Iî. B. Macgeorge, J. Cox-Cox, M. et M'"' Curtis, de
New-York; A. Harrion, A. Beurdeley, et Ch. Le l-'recr, de Détroit.
Les eaux-fortes de Whistler sont en général très rares, les pièces de
premier plan et les suites complètes sont devenues absolument introuvables ;
il y a très peu d'états; le monogramme du Maître est un papillon, en anglais
Buterflg. Voilà les noms des marchands chez qui on peut le plus facilement
se procurer les eaux-fortes de l'artiste: Dumont, à Paris; Keppel et
Wunderlich, à New-York; H. Gutekunst et Colnaghi, à Londres.
Le premier catalogue lut établi en 1871 par Ralph Thomas; le second par
Wedmore en 1886, et le troisième par le même auteur en 1899. Voir aussi
II. Béraldi, tome XII, Paris 1892. Les articles publiés sur Whistler sont
tellement nombreux que nous préférons nous abstenir que d'essayer de les
mentionner, notons cependant celui que lui consacra M. Joseph Pennel en
lévrier 189") dans The Daily Chroniclc.
Une exposition très complète de son œuvre — eaux-fortes et lithographies —
eut lieu à New-York, chez. Ilermann Wunderlich & ('.", en 1890 cl en 1898.
L'artiste est Grand-Prix de ['Exposition de 1900. A l'heure où nous écrivons,
MM. II. Wunderlich cY (>, de New-York, viennent de publier un supplément —
tiré à 135 exemplaires, prix 2 dollars et demi — au catalogue de Wedmore
i Nous ne nous doutions guère, quand nous écrivions ces lignes, que nous aurions a
enregistrer, quelques mois plus tard, la morl du célèbre artiste, décédé subitement, d'une
maladie de cœur, m aelsea, le vendredi 17 juillet 1903; c'esl une perte immense pour 1rs arts
dont il était une des plus hautes et (les plus glorieuses personnifications.
Whistler naqull vis is:ti a Lowell, dans les Etats de Massachussets ; sou père, le major
i . orge Washington Whistler, était ingénieur, et sa mère appartenait a la famille Winans, de
Baltimore. Il vécut longtemps à Londres, niais adorait Paris où il lit de lon^s ,t Fréquents
us; aussi les Anglais I'- eonsiil.ivnl ils rumine n French-Amertcan. Il lut lies lie avec
il" .'-ni et eut. en is7s, un retentissant pi oeê qu'il gagna du reste avec le célèbre critique
Ruskin et pour lequi I on loi alloua le farthing «le dommages et intérêts qu'il demandait
Bien qu'il eut la réputation d'être d'un caractère difficile et d'un commerce peu agréable,
Il avait su si créei des amitiés très chaudes et 1res fidèles. Quant a nous qui ne le vimes qu'en
passant, il est vrai, nous confessons avoir rarement rencontré un homme de dlstlnc i
plus parfaite et d'abord plus séduisant; c'était un charmeur qui avait les allures du grand
seigneur dans le s. -us le plus aristocratique <n\ moi.
Voici, dans son format et dans son texte intégral, la lettre de faln part qui Ait adret sce ■< ses
amis par la Société Internationale da Sculpteurs, Peintres et Graveun dont U était le Président :
DIX-NEUVIEME ET VINGTIEME SIÈCLES
571
The International Society of Sculptors,
Painters and Gravers
TELEGBAPHIC ADDRESS :
" PÏLORUS, LONDON
I^, BUCKINGHAM Si REET,
Strand. London, W. C.
July 21 st, iyo)
The Council regret to inform you of the
deaih of our Président,
James Me Neill Whistler,
Officer of the Légion of Honottr,
Commander of the Order of Crown of Italy,
Chevalier of the Order of St Miehael,
Hon. Mendier of the Royal Académies of
St. Luke, Rome, Munich and Drcsden
L L. D University of Glasgow,
etc.. etc..
on Friday, July 17 th., 1903, at 74, Cbeyne Walk,
Chelsea.
The Funeral will take place at the Old
Church, Chelsea, on Wednesday, the 22 nd, at
11 a. ni. and the interment at Chiswick.
I
JOSEPH PENNELL.
Hon. Sec (pro. tem)
572 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
par un Amateur ' ; il y a là 104 pièces de plus que dans la dernière édition
de Wedmore, et quelques états additionnels à ceux précédemment décrits.
Dans quelques courtes lignes de préface, le nouveau catalogueur reconnaît
qu'il existe encore un certain nombre de planches à retrouver et à décrire,
et ajoute qu'il serait heureux de recevoir toutes communications qui
pourraient lui être faites à cet égard. Parmi les plus grandes raretés de
l'œuvre, il cite :
Nora Quinn (307). - - L'esquisse d'une jeune femme en pied,
assise sur un banc, tournée à gauche et regardant de face. Elle est
coiffée d'un chapeau et a les mains croisées sur ses genoux. Le
papillon est placé à gauche de l'estampe, aux deux tiers de la hauteur
de la planche.
Un Aigle (3(59). — Il est perché sur une branche d'arbre et
regarde à droite. Le papillon est placé à gauche au milieu de la
planche.
Ces deux estampes — dont les numéros sont ceux du catalogue de
l'Amateur — se trouvent chez le grand et célèbre new-yorkais, M. Howard
Manslield, qui possède une des plus riches collections d'eaux- fortes
modernes qui soient au monde.
Mentionnons à notre tour, et pour en terminer, les quelques pièces
suivantes qui ont échappé aux recherches de M. Wedmore et de V Amateur,
et qu'il est presque impossible de se procurer aujourd'hui : Scaffolding —
Dieppe — The Fish Market, Ostende — Nash's fruit Slwp — Au Sixième
The Square House, Amsterdam — Doorwaij Montresor (fj — Dry Dock,
Soutlutmpton — Little Rag Shop (fj — Landing Sta</e. Cowes — Barber Shop,
Chelsea — lu the Pari:, London — Little Green-Grocer Shop — Salvalion
Armg — Maunder's fish Shop — The Japanese Dress — Fishing Quag, Ostend.
WILLETTE (Adolphe)
Les Funérailles. — Dans la brume, l'Empereur à cheval trisle-
nit'iil penché sur sa monture, chevauche dans la neige, entouré de
ses soldais, ils se dirigent vers la gauche. La Mort, dont le tambour
est endeuillé, les précède e1 bat le rappel.
Grande et superbe lithographie qu'il faut avoir avec la balafre, c'est-à-dire
avant le report.
» Le trop modeste écrivain qui Bigne On Amateur n'est autre <|u<- l'érudit M. Kennedy,
associé <(<' la grande maison m. Wunderllch & C", de Ne^ York, qui vient d*acquérir tout
dernièrement en Angleterre un des plus beaux œuvres existant du Mattre; il en a été dressé
im précieux petil catalogue qu'il est tndl pen table de p di ! I ■ estampes ont i té exposées
dans leurs galeries de la Cinq me Ai venue.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES f>7.'5
L'Enfant Prodigue. — Pierrot est assis devant une table, sa
lampe près de lui, quand soudain une glace pendue au mur au-dessus
de cette table, lui révèle l'entrée de son fils qui arrive par derrière lui,
tombant à genoux les mains tendues et suppliantes.
Pièce admirable qu'il faut tâcher d'avoir sur chine avant le nom de
l'imprimeur, on possédera alors un pur chef-d'œuvre, nous soulignons ce
qualificatif car il est loin d'être exagéré.
Parmi les nombreuses lithographies ayant servi à illustrer les chansons
de Delmet ou autres, il faut recueillir :
Intimité — Soir d'Amour — Pierrot pendu — Tout simplement — La
Blanchisseuse du Paradis — Matin — Aubade — Tourne mon Moulin -
Vilannelle — Joli Mai — Les petits Pavés — Petit Chagrin — Le vieux
Mendiant — Le Passé qui file — Vœu — Pourquoi — L'Epingle d'or... — Le
Biuser... — Ah! les Affaires sont les Affaires' — Dis-moi, mon Pierrot, quand
lu seras failli m'aimeras-tu encore? — La belle Etoile — La Sérénade
triste, etc., etc. et, pour finir, une charmante estampe que nous appellerons
Le iVu 00, le nom nous échappant, et qui représente : Une adorable petite
femme rentrant le soir chez elle une chandelle allumée (i la main ; elle est
accompagnée d'un horrible marlou, et introduit la clef dans la serrure d'une
porte sur laquelle est inscrit en gros caractère 90.
Il y a dans les pièces que nous venons de mentionner des perles de
l'orient le plus rare, ce sont des joyaux de portefeuille d'un artiste qui est
une de nos plus marquantes célébrités contemporaines.
WITSEN (W.)
Artiste hollandais dont nous avons remarqué a l'Exposition de 1900
quelques fort belles eaux -fortes parmi lesquelles nous avons particu-
lièrement noté : Le Niemomarlh à Amsterdam — Tour à Amsterdam —
Vieilles Maisons; nous croyons même que certaines ont été publiées par
Wisseling & O, d'Amsterdam.
Le peintre-graveur a, paraît-il, signé quelques vues de Londres par le
brouillard ou par la neige qui sont du plus puissant effet, nous avons eu le
regret de ne pouvoir nous les procurer. — L'artiste a obtenu la médaille d'or
à l'Exposition de 1900.
W0GNER (T.-P.)
Bien curieuse nature d'artiste qui nous semble d'une extrême originalité
à en juger par la lithographie que nous allons décrire et qui est loin d'être
banale.
1 Qu'il faut avoir sur chine avec la signature autographe.
f>74 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La Loge des Clowns ; Intimité. — Un clown est debout dans
sa loge en train de se poudrer devant une glace à trois côtés ; derrière
lui, une clownesse aux genoux d'un autre clown assis un éventail à
la main ; près d'eux, une malle.
ZILCKEN (Ph.)
Johanna. - Une jeune fille assise et tête nue, dont le cou se
dégage d'un corsage légèrement entr'ouvert, est complètement de
profil à gauche, les cheveux sont très ombrés et les épaules en pleine
lumière.
Cette belle pièce, mélangée «le pointe sèche et de vernis mou, lut gravée
le 29 octobre 1887.
0 Chaos éternel. — Une jeune fille, les seins nus, les cheveux
en désordre, est étendue sur un sopha.
Superbe pointe sèche dont le sujet est emprunté au Rollu de Musset :
() chaos éternel, prostituer l 'enfonce . . .
Signalons de Ph. Zilcken, un des plus délicats peintres-graveurs de l'Ecole
hollandaise, les pièces suivantes, dont plusieurs figurèrent aux Peinlres-
Graveurs français et a New-York, dans l'exposition que fit F. Keppel en 1891
du Etching Club of Holland. L'artiste, qui est en plus un écrivain d'art
extrêmement distingué, a le don des langues; il parle avec une pureté
extraordinaire le français, l'anglais et l'allemand. Il vient de publier en
français, chez I-'lourv, une plaquette : .Souvenirs, contenant d'intéressantes
notes sur Félix liuhot et Bauer :
Petite Mendiante — Souvenir d'Algérie — Sur la Schie — Riki —
A Delftshaven — My Studio — Ruelle du More, Alger.
Un catalogue malheureusement trop sommaire de l'œuvre de l'artiste fut
dressé en 1890, par A. PU; il mentionne 201 pièces. — Voir II. liéraldi,
tome MI. Paris, 1892.
Le plus lui œuvre connu de l'artiste est ù la Bibliothèque publique de
New -York : 02.") pièces, don de M. S. -P. Averv. — M. Zileken a vendu ses
collections a La Haye le 13 mai 1902.
ZORN (Anders)
Intérieur d'Omnibus Parisien. -- C'est la nuit ; au premier
plan, un élégant troltin est assis de trois quarts à gauche, un carton
rond sur les genoux, sa joue est éclairée par un violent coup de
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 575
lumière. Du même côté et dans le fond, d'autres personnages
remplissent la banquette sur laquelle ils sont assis. Sans signature.
La Femme à la Voilette. — A mi-corps, assise de face dans un
fauteuil, la main gantée de blanc, le coude droit appuyé sur un des
bras de ce siège, Mme Dayot — suprêmement distinguée — est coiffée
d'un chapeau à large bord que maintient une voilette ; autour du cou
est un boa ; le modèle regarde de face. Dans le haut du coin droit :
1S Zorn 90.
Voici l'histoire de ce portrait, telle qu'elle nous fut contée par M. Armand
Dayot, l'aimable inspecteur des Beaux-Arts :
« Ma femme était en visite chez Mme Zorn ; séance tenante, le Maître,
» charmé par l'arrangement de sa toilette et surtout par la forme du
» chapeau, l'invita à poser, et directement sur le cuivre, en une séance de
» 2 heures à peine, il fit ce petit chef-d'œuvre. La Femme à la Voilette fut
» tirée à M exemplaires, puis la planche détruite. »
Les Musées de Berlin, de Dresde, du Luxembourg à Paris, ainsi que
celui de Stockholm, en possèdent un exemplaire ; ce dernier Musée paya
le sien 500 francs.
M. Alfred Barrion a dans ses cartons une épreuve sur japon d'une beauté
merveilleuse ; elle lui fut donnée par M. Armand Dayot lui-même.
Zorn et sa Femme. — L'artiste vu à mi-corps est assis devant
une table et regarde presque de face, sa main droite tient une pointe,
et la gauche une épreuve. Derrière lui, Mme Zorn, à la physionomie
singulièrement douce et sympathique, est debout, la main gauche
ramenée négligemment sur la hanche, elle regarde devant elle, c'est-
à-dire légèrement à droite. Dans le coin droit inférieur : 18 Zorn 90.
Maya. — Assise presque en pied et de face, la jeune femme fort
jolie, les épaules et les bras nus, regarde devant elle ; les jambes sont
croisées et les mains jointes sur les genoux; autour du cou, un boa
de fourrure à deux têtes, l'une pendant à droite, l'autre à gauche.
Peut-être la plus jolie pièce de l'œuvre, absolument hors pair !
Le Réveil. — Une jeune fille très grassouillette est couchée dans
un lit, la tète à droite, elle s'étire en s'éveillant ; le bras gauche nu
pend hors du lit dans un joli mouvement d'abandon. Dans le coin
inférieur gauche : Zorn.
T)7C> DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
La Lecture. — Dans un intérieur, une femme adossée et assise
de profil à droite, lit à hante voix à un homme coiffé d'une casquette,
assis à gauche et fumant sa pipe. En has dans le coin droit, la
signature et la date 18!) (sic).
Dimanche matin. — Dans une mansarde, deux jeunes filles
sont en train de s'habiller ; celle du premier plan, de profil à gauche,
a le torse nu, elle est penchée sur une cuvette qui est posée sur une
chaise, une serviette est jetée sur le dos de celle-ci ; la seconde de
profil à droite, se coiffe en se regardant dans une petite glace ; tout au
fond, on distingue une troisième personne accroupie. Sans signature.
Comte de Rosen. -- Tète nue, à mi-corps de face, et regardant
à gauche, le modèle a l'air très distingué et très jeune, malgré une
précoce calvitie ; au fond, une estampe piquée au mur avec une
punaise ; à la hauteur du coude droit : Zorn.
Madame S***. — Assise de profil à gauche, à mi-corps, elle esl
coiffée d'un chapeau et enveloppée d'un manteau ; la main gauche
appuyée sur le hras d'un fauteuil pend négligemment tenant une
lettre. Sans signature.
Verlaine. — A mi-corps, coiffé d'une calotte, le coude droit
appuyé, le curieux écrivain regarde de face. Sur l'appui : Zorn 95.
Très rare.
Irlandaise. — A mi-corps, les traits énergiques et sauvages, une
jeune fille, les cheveux en broussailles, regarde de face; le corps est
tourné de trois quarts à droite. Le fond à gauche, brutalement ombré
derrière elle, fait un heureux repoussoir avec la partie de droite
restée presque blanche. Dans le has à gauche, on lit difficilement
sous les tailles : 18'M (?) Zorn New-York.
Renan. - De trois quarts à gauche, devant une table chargée
de livres, le modèle, le corps affaissé il rejeté en arrière, s'appuie
le coude gauche sur le liras du fauteuil dans lequel il s'isl assis
— on pourrait presque dire il s'est effondré. Il regarde à gauche.
Dans le coin inférieur gauche : Zorn 1892.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 577
Ce portrait — un de ceux qui se vendent le plus cher — fut exposé aux
Peintres-Graveurs français en 1892, chez Durand-Ruel ; voici ce qu'en dit
The Century Illuslrated Monlhhj Magasine de New-York dans le numéro
d'août 1893, consacré à l'artiste sous la signature de M""' G. Van Rensselacr ;
nous traduisons presque littéralement :
« Il fut fait dans le cabinet de travail de Renan en avril 1892.
» Un ami vint me trouver, dit Zorn, et me demanda de faire le portrait du
» Maître, à l'eau-forte. Celui-ci s'assit — il était très malade — pendant qu'il
» s'installait, je l'observais, je pris mon cuivre et le dessinai. Je lui
» demandai alors si cette pose était une de celles qu'il affectionnait
» d'habitude. Ma foi non, répondit-il, je ne m'assieds que rarement ainsi. Sa
» femme entra et me dit: Vous l'avez pris dans la perfection, il est toujours
s ainsi quand il sait qu'on ne l'observe pas, elle en était ravie. Son fils, un
» artiste, vint à son tour et lit la même réflexion. Il fut convenu, ajouta
» Zorn, qu'à mon retour de Suède je ferai le portrait à l'huile de l'écrivain;
» mais, hélas ! deux mois après il était mort. »
Miss Olga B. — Debout à mi-corps, adossée sans doute à une
portière, la jeune femme, coiffée d'un chapeau avec la voilette ramenée
sur la figure et un vêtement sur les épaules, regarde de trois quarts à
droite. Dans le bas et au milieu de l'estampe : Zorn 1892.
Le Toast dans la Idun '. — Légèrement de trois quarts à droite,
un verre dans la main droite, un cigare dans l'autre, une longue
barbiche blanche s'épendant sur le devant de la chemise, M.Wieselgren
s'avance pour parler ; derrière lui, on aperçoit à gauche quatre autres
personnages. Dans le bas de l'estampe formant tablette dans loule la
largeur, une inscription à peine lisible commençant par ces mots :
Milsbrand Key Wœrn, etc.. J. Idun 1892, et tout à l'ail à droite,
presque à la hauteur de la main qui tient le cigare : Zorn 1893.
La Valse. — Le soir, dans un salon, au premier plan à gauche,
un couple valse ; très à droite dans l'ombre, on distingue une autre
danseuse à la robe noire, mouchetée de blanc ; de ce même côté, une
lourde et sombre draperie forme le fond de l'estampe où une lampe
est allumée ; toute la partie gauche est très éclairée et on y aperçoit
des couples qui tourbillonnent. Dans le coin gauche, en dehors de la
partie gravée et dans la marge : Zorn 1891.
Cette pièce, une des plus caractéristiques de l'œuvre avec Intérieur
d'Omnibus Parisien, figura aux Peintres-Graveurs français, chez Durand-
Ruel, en 1893.
La Idun ou La Déesse de la Jeunesse est une Société scientifique et artistique de Stockholm.
37
578 DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES
C'est en 1891 ([lie l'émincnt artiste suédois, très jeune encore, car il est né
en 18G0, exposa pour la première l'ois dans cette galerie; nous n'avons pas
besoin d'ajouter qu'il y l'ut très remarqué. Son métier est extrêmement
curieux et personnel, et son trait long et sabré, sans méthode apparente, n'a
rien île commun avec la technique courante; confuses au premier abord,
ses estampes mises au point — c'est-à-dire à la bonne distance de l'œil —
deviennent nettes et précises et l'on est étonné, si l'attention se prolonge,
de voir s'en dégager mille détails qu'un examen superficiel eut laissé
complètement ignorés.
Le Billard. — Une jeune femme à mi-corps et merveilleusement
éclairée s'apprête à faire un carambolage.
Le Matin. -- En pied et assise en chemise sur une chaise, une
jeune femme de trois quarts à droite est près d'une croisée.
Rosi ta Mauri. -■ Debout de trois quarts à gauche et regardant
de face, la célèbre danseuse a la main gauche sur le bouton d'une
porte qui est à gauche. Dans le bas du coin droit : Zorn 1889.
• La Femme au Chien. - Assise de face et regardant de même,
tête nue, une femme en robe vague et légèrement décolletée, le coude
droit appuyé sur un coussin, a près d'elle un chien assis à gauche,
lui bas : London 1898 Zorn.
Négresse debout. En pied, debout de trois quarts à droite et
sans voile, elle a les bras croisés cachant sa nudité; sur le mur à
droite, son ombre portée. Dans le bas du coin gauche : Zorn New-York
1901.
Effet de Nuit1. — Un intérieur de restaurant ou de café au fond
duquel se silhouettent, légèrement indiquées au Irait, des tables et
des chaises; à gauche, au tout premier plan, une polie aux lourdes
draperies, près de laquelle se tient debout de face et vêtue d'un collet
de fourrure, l'œil perdu dans le vague, une femme à l'air distingué
mais souverainement mélancolique, une soupeuse sans doute! Dans
le bas à droite : Zorn.
Cette eau-forte sans date qui figura au Salon de 1896 est la première
planche. Il en existe une seconde dalée 1897, plus grande et en contre-partie ;
clans cette dernière, la figure de la femme est beaucoup plus éclairée ainsi
que le collet de fourrure; le terrain à gauche, presque vide de travaux.
• Lo ] tu Inoli flguri n In galerie de Furstenberg a Gottcnbourg.
DIX-NEUVIÈME ET VINGTIÈME SIÈCLES 579
porte d'une i'açon assez accentuée l'ombre d'une marquise invisible sous
laquelle s'abrite la jeune femme.
Citons encore: Servante Suédoise — Gerda, II. — Femme au piano chantant
(superbe) — La Fumeuse — Saint-Gaudens et son modèle — La Joueuse de
Guitare (étude de nu), etc., etc.
MM. Frederick Keppel & C° firent dans leur galerie, à New-York, une
exposition des tableaux et des eaux-fortes de l'artiste; une intéressante intro-
duction de M. Fitz Roy Carrington, en tète du catalogue, présentait M. Zorn
au grand public américain et nous apprenait qu'd avait eu pour maître son
ami et compatriote Axel Haig, le célèbre graveur de cathédrales, qui se fit
un plaisir de lui enseigner les principes si variés du séduisant métier
d'aquafortiste. The Studio d'avril 1898, sous la signature de M. Cari G. Laurin,
lui a aussi consacré un article. L'artiste, Grand-Prix de gravure de l'Expo-
sition de 1900, est une des figures les plus caractéristiques et des plus
puissantes de notre époque, son œuvre — une centaine de pièces environ —
d'allure magistrale et superbe, frise les sommets; les épreuves, tirées nature
et sans truquage, sont de pures merveilles. Un conseil : bourrez-en vos cartons
à quelques prix que ce soit. La plus belle collection de Zorn connue est
chez M. Alfred Beurdeley, elle peut être considérée comme unique, tant par
le nombre que par la qualité.
L. Dumont, 27, rue Laffite, possède la plus grande partie de l'œuvre de
l'artiste, c'est donc chez lui qu'on pourra se procurer le plus facilement les
rares et belles épreuves qui se raréfient de jour en jour.
Errata et Addenda
Page 32 Ligne 25, lisez : il n'y a que trois originaux ; nous avions omis
de mentionner celui du Département des Estampes.
Page 83 A Duvet, nous avions oublié de mentionner l'œuvre ta plus
importante : L'Apocalypse figurée (H I) 27-49) qui, en 1891,
à la vente des livres Destailleur, tut adjugée 7000 lianes.
Page 160 Ligne 21, lisez : Basait, au lieu de : Dassan.
Page 235 Ligne 47, lisez : Salamanca, au lieu de : Salamca.
Page 120 A Fantin-Latour, nous avons omis de signaler la belle collection
de M"»- Kdwin Edwards,
Page 447 A la dernière ligne, lisez : '/.i centimètres, au lieu de : 54.
Page 507 Ligne 12, lisez : par L'Artiste, au lieu de : — par l'artiste.
Page 510 Ligne 31, lisez : par L'Artiste, au lieu de : — par l'artiste.
Table des Artistes
cités dans cet Ouvrage
Table des Artistes
cités dans cet Ouvrage
♦ ♦♦♦♦♦
Pages
Agnen rie Bois-le-I)uc 112
Aklegrcver 1
Aliamet 329
Alix 301 363
Altdorfer 1 3
Amman 4
Ani Ende 561
Andersen 414
x\ndréa (Jérôme) 34
Andréani 203 242
Angelvy 369
Annis 285
Anselin 362
Antoine de Trente 204 242
Aubry 325
Audran 69
Augustin le Vénitien 204 239
Auvray 325
Aveline 364
Bacciarelli 348
Backer 139
Baertsoen 371
Baillie (G.) 148
Baldini 205
Baldung 5
Bandinelli 235
Baquoy 348
Barba ry 206
Barbiere (del) 204
Barras 183
Bartolozzi 249, 251,
252, 253, 258, 277, 278, 279 288
Basan 140 160
Baudouin 293 325
Bauer 371
Baur 75
Beard 250
Béatrizet 69
Pages
Beaubrun 104
Beauvarlet 319
Bcechev 250
Bega..: 135
Beham (B) 1 8
Beham (H.-S.) 1 5
Béiot 371
Bcllée(de) 372
Bellini 219
Bemme 136
Benossi 343
Berghem 109
Bernard 183 300
Bertin 325
Berton 372
Bertony 324
Bcsnard 373
Beurdclcy 375
Bickart 183
Bigg 250
Binck 1 10
Blanc 375
Blasmez 94
Bloek 183
Blooteling 183
Blot 325
Bocholt 11
Boel (P.) 36
Boilly 300
Bol .... 137, 138, 139, 147, 152 154
Boldrini 242.
Bolswert (Slielte a). . . 110, 179 187
Boni (Jan de) 34
Bonasone 204 234
Bonington 376
Bonnefoy 302
Bonncione 204
Bonnet 297, 299, 304 333
Borel 302
Bosch 112
;>,s4
NOMS DES ARTISTES
Pages
Bosio 303
Bosse 70 325
Botticelli 205
Bottini-Zee 377
Boucher 303
Boutct 378
Boutet de Monvel 379
Bouys ■ 183
Boyvin 204
Bracquemond 380
Brawer 135
Brescia 208
Brion 336
Buhol 384
Burgmair 12
Burke 251, 253 258
Callot 74
Cameron 385
Camligue 349
Campagnola (D.) 208
Campagnola (J.) 158 209
Canale" 211
Canals 387
Caquet 345
Cardon 288
Carelse 153
Carie Marat 97
Carrache (les) 212 234
Carrière 288
Cartaro 234
Casa 77
Cassatt (Miss) 388
Cazenave 302
Chahine 390
Challe 304
Champaigne (de) . . . 84, 96, 99 100
Chaponnïer 300, 301 304
Chapuy 336, 338 345
Chardin 305
Charlet 395
Charlier 306
Chauve] 306
Cheesman 281 282
Cbéret 390
Chollart 293 294
Claussin 136
Oint 285
Cochin 306
( loleman :i97
Collignon 76
Collyer(J.) 249 254
Collyer (T.) 249
Cologne (J. de) il
Cornlé 252
Coninck 139 152
Pages
Copia 335
Coroenne 397
Coït 31
Cosway (M.) 252
Coswav (H.) 252
Courtois (Ph.) 90
Courtois 356
Cousins 247,248,261 280
Coypel 306
Cranach 242
Cranaeh le Vieux 13
Crozer 280
Dagotv 307 308
Daih . 250
Dambrun 349
Danloux 308
Daubigny 397
Daullé.. 347 352
Daumier 398
Dawe 285
Dayes 253 266
Deân 218, 272, 281 282
Debucourt 309
Decamps 398
Degas 400 442
Delacroix 4113
Delâtre 406
Delaulne 77
Dclaunav 106
Delavallee 407
Dell!' 112
Delignon 349
Denargle 342
Déni 344
I lennel 366
Dequevauviller 335 339
Desboulin Iu7
Descourtis 305 360
I lésiré-Lucas 409
Despéches 204
Desrais 314 319
Detouche 409
Deveria 410
Dezaunay 413
Dicki nson 2 18, 258, 274 279
Dillon 413
Dionisius-Marin 97
Dirk van Star 126
Dixon (J.) 218 278
Doré III
Drevel (Cl.) 82
Drevet (l'.-I.) 80
Drevel (P.-J.) 306
Drouais 307 319
Duclos 325 357
i Dit < anatetli ou Canalttto,
NOMS DES ARTISTES
585
Pages
Dugoure 320
Du Hamccl 113
Dulac 415
Dunkarton 248, 252 285
Dupont 415
Dupuis 364
Dusart 135 183
Durer 15
Duvet 83
Earlom 248 289
Easling 285
Eckman 76
Ecole de Fontainebleau 204
Edelinck 84
Eginton 256
Eisen 321
Eliot 416
Engelbreehtzen 38 118
Engleheart 254
Ensor 416
Everdingen 113
Eychenne 417
Eymar 302
Fabcr 218 250
Falck (Jeremias) 34
Fantin-Latour 418
Fantuzzi 204 242
Ficquet 322
Finiguerra 212
Firens 86
Fischer 277, 280 284
Flameng 149
Flinck 139
Flipart 330
Forain 420
Forel 421
Fornazeris (de) 87
Fortuny 422
Fragonard 323
Francia 215 231
Franck 34 35
Freudeberg 325
Fullwood 423
Furstcnberg 34 183
Gabriel 423
Gaillard 423
Gainsborough 248 254
Galle 187
Gallus 242
Garnerav 326
Gascar.T 183 185
Gaucher 320, 328 350
Gaugain 249, 251, 263 288
Gaultier (L.) 87
Gautier Dagotv 325
Pages
Gavarni 427
Gellée 90
Gérard (M">) 325
Gericault 428
Géricault 428
Ghendt 298
Ghisi 54,204 234
Gillis de Conincxloo 182
Giorgione 158
Godefroy 350
Godin 430
Gœneutte 431
Gœrting 1
Goff 432
Gole 183
Goltzius 114 115
Gottlob 437
Gourdelle 89
Goûy 301
Govacrt Flinck 145
Goya 437
Granthomme 87
Grateloup 328
Green (V.) 248, 252, 253, 254, 271,
272, 273, 275, 276, 277, 278 280
Greenhead 262
Greuze 329
Grimou 329
Groux (de) 439
Grozer 265
Guérard 439
Guersant 324
Guignard 441
Guttenberg 299, 348 349
Haden 137 442
Haig 456
Haid 183
Halbou 349
Hamilton 255 288
Heating 264
Heins . . . .- 456
Heiss 183
Helleu 457
Helman 294, 345, 348 349
Henriquel-Dupont 237
Herkomer 460
Hervier 460
Heseltinc 462
Heusch H7
Hickel 331
Hieronynms 32
Hodges 258, 274 277
Hodgetls 285
Hoin 331
Holbein (H.) 35
Hollar (\V.) 35
Hondius 187
Hopfer ••• 207
Hoppner 248 256
586
NOMS DES AUTISTES
Pages
Houbraken 137
Houston 248
Huard 462
Hurtson 248 250
Huct 463
Ingouf aîné 325
Ingouf junior 325
Ingres 464
Isabey 464
Jacobe 279
Jacque 465
Janmet .... 303, 306, 324, 331,
332, 333, 334, 336, 341, 347 366
Jardinier 330
Jazel 333 468
Jean de Bologne 203
Jeanniot 469
Jegher 118
•Iode 187
Johnson 250
Joncs (J.)
218, 254, 258, 273, 278, 280, 281
Jost de Necker 212
Jourdain 469
Jukes 283
Juste 102
Karel Dujardin 118
Kauffmann 259
Kcating 248
Kilian 183
Kœpping 170
Kollwitz 470
Koopman 472
Kneller 248
Knight 249
Kranzinger 333
Krebs 125
K renier 183
Krug 37
Lafflle 472
Lagrenée 323
Laing 172
Lalanne 173
La Live 300
Lancret 331
Largillière de) 79 .s;>
Lasne 92
Lastman 136 137
Latouche 175
Launnv (X. de)
295, 296, 323, 325, 326, 337 339
Launay (lt. île) 339
Pages
Lauri 90 287
Lavereince 334
Lawranson 260
Lawrence 260
Leader 250
Lcandre 475
Lebas 306, 334 364
Lebeau 299
Le Bourguignon 90
Lebrun 69, 104 318
Lcclerc 88, 89 92
Lecceur, 314, 344, 345, 346, 350 360
Lcderwascb 183
Legrand 324, 343, 345 477
Legros, 138, 144, 155, 156, 160 481
Le Guide 103 228
Lehcutrc 484
Le Lorrain 90
Lély 185, 248 262
Lemoine 347
Lcns 185
Le Parmesan 204, 223 224
Lepère 486
Lépicié 306
Le Pouter 36
Le Primatice 204
Leprince 325
Le Romain 204
Le Rosso 204
Le Tintoret 231
Le Titien 37, 158, 209 231
Leu (de) 93
Levasscur 330
Leveau 309
Léveillé 302
Lewis 285
Levde 118 150
Levs 191
Lhermitte 493
Liefrinck (W.) 33 34
Liefrinck 34
l.ievens .... 137, 138, 139, 117 152
Lingée 325
Lindt 34
Liotard 347
Lippi 215 210
Lo^gan 183 185
Lombart 183
Longbi 217
Longueil 321 316
Louw 183
Luigini (93
I.imois 193
Lu pion 285
Lùfzelburger ■'!•">
Luvini 204
Maas 183
Mac Aidell 218, 262 280
Mac Laughlan 197
NOMS DES AUTISTES
Ô87
Pages
Macuard 249
Macs 125
Mair de Landshut 38
Maître au monogramme b. m.. 46
Maître au monogramme m. ... 219
Maître au monogramme n. n w. 2
Maître au monogramme p. p. . 219
Maître au monogramme rv. b.. 7
Maître à l'Alphabet 39
Maître à l'Ancre 43
Maître à la Cruche 37
Maître à la Navette 44
Maître à l'Etoile 126
Maître à l'Ecrevisse 125
Maître à la Licorne 83
Maître à l'Oiseau 233
Maître à la Ratière 217
Maître à la Sybille 45
Maître au Caducée 206
Maître au Dé 234
Maître au Jeu de Cartes 39
Maître aux Bourdons croisés. . 63
Maître des Jardins d'Amour. . . 128
Maître des Sujets tirés de Boc-
cace 128
Maître de 1466 38
Maître de 1480 129
Maître du cabinet d'Amsterdam 129
Malapeau 305
Malbeste 349
Malgo 331
Malléry 87
Malles 362
Malœuvre 299 325
Manet 499
Manière Criblée 47
Mantegna 210 220
Mantuano 203
Marc de Bve 135
Marc de Ravenne 234 236
Marcenav de Guy 347
Marri .." 217
Martini 348, 349 350
Martino da Udine 219
Masquelier 299
Massard 297 330
Masson 96
Matham 114
Maud 500
Maurin 500
Mazzuoli 223
Mechel (de) 360
Meckenen (Van) 17,47 57
Meier 53
Meissonnier 501
Meldolla 223
Menzel 502
Mercier 365
Méryon 502
Michel Ange 238
Mignard 96 104
Pages
Mignon 204
Millet 518
Mixclle 319 327
Mocetto 224
Modersolm 561
Montcornet 154
Montagna 226
Moor (de) 183
Moreau le j"» 296, 299, 328, 329 348
Moreau-Nélaton 522
Morcelse 130
Morghen 227
Morin (J.) 96 99
Morin 522
Morland 263
Morrct 358 360
Mouchet 350
Moustier (du) 90
M" Mills 251
Muller (J.) 2, 114 131
Muller (F.) 53
Muller 523
Multz 183
Nadal 217
Nanteuil 100
Necker ( Jost) 34
Nicoletto da Modena 228
Nielles 230
Nocret 104
Nolin 103
Northcote 267
Nutter 249
Olmutz (W. d') 58 65
Opie 278
Ostade (Van) 131
Ostcrlind 524
Overbeck 524
Pacot 75
Pagano 231
Park 250
Parmesan (Le) 242
Patas 321,348 349
Pellegrino da san Daniele 219
Pencz 1 54
Pennel 524
Penni 204
Peregrini da Cesena 231
Petit Albert (Le) 3
Peters 268
Pether 248
Pétrak 31 32
Phelipeaux 358
Picanet 75
Pilgrim 63 242
Pissaro (C.) 526
588
NOMS DES ARTISTES
Pages
Pivet
526
526
Poillv
103
Pollnjuolo
232
Pollard
283
Ponce
296,
297,
299
325
Poolev
250
Poorler
139
PODI)
183
Porporati
330
Porto
233
Pottcr
135
179
55
526
Pontius (P.)
Prince Rnperl . . .
Prudhon
487
182
351
Puvis de (lliavaniifs . .
5?7
Quenel
95
Quitcr
183
262
Raffaëlli
527
Raffel
528
Raimondi
234
Ralli Scamaranga
533
Ramberg
270
Ranfl
533
Raphaël
Rassenfosse
85,
103,
228
242
535
Ravenct
347
Regnault
Rémy Rit
294,
305,
324
351
136
131
Renouant
536
Rcsch
32
Reynolds
Reynolds (S.-W.)
Rigaud 80,
Rivière
248, 2.")!, 270
81, 82, 83, 85
285
261
352
537
Robbe
538
Robetta
210
Robinson
•'.".il
Rodin
539
Etoffer
303
Rops
54
325
235
3 19
511
Rota
•'31
Roux-Champion .
137
139
5 l<S
Rowlandson
•>83
Roy
519
Rubens
11(1,
131,
179
196
Ruimieri
204
Ruotte
308
Ruprechl
55
Ruysdaël
179
Sachtleven
181
m
Pages
Sal't-Leven 181
Saint-Aubin (J.-G. de) 353
Saint-Aubin (A. de) 355
Saint-Aubin (C.-G. de) 352
Sarrabat 183
Savart 359
Savrv 139
Say.. 257 285
Schenck 183
Schiavone 223
Scbiavonetti 249 288
Scbiesti 549
Schmitz 251
Schoen (E.) 38
Scbongauer 55
Scbouman 136
Schuller 549
Schuppen (van) lui
Seghers 146 182
Senian (Claus) 34
Sergent 357 359
Sesto 241
Sharp 248
Short 286
Sicgcn (L. de) 55 182
Silvestre 76
Sinionet 296, 299 319
Smith (J.-R.) 273, 274,
275, 276, 280, 281, 282, 283 284
Soiron 253
Solis 1
Somni 549
Soutmann 179
Spence 549
Spilsburg 255 273
Sprinkmann 550
Stechm 38
Steinlen 550
Stent 37
Stephanus 77
Slern 38
Storm de (iiavesandc 551
Sloss 63
Sunder 13
Sun ver 552
Surugue 306
Suyderhoef 179 185
Swanenburch 136
Swebach Desfontaines 360
Sj rge 552
Tardieu 364
Taunay 360
4 empesta 234
Thiry 201
Thomas 349
Thompson (Jane) 283
Tilliard 304
Tissol 552
Tomkins 249 255
Toulouse I.autrec 555
NOMS DES ARTISTES
589
Pages
Tresca 301, 302 335
Trière 320 348
Trouvain 104
Troy (de) 104
Turner 285 370
Ugo da Carpi 242
Valek 183
Valdor 200
Van de Velde 186
Van de Venne 113
Van den Eckout 139
Van der Bruggen 183
Van der Meer de Jonge 187
Van der Weyden 56
Van Dyek.... 37, 99, 111, 187 250
Van Eyck 55
Van Gorp 325 302
Van Goyen 181
Van Haîen 183
Van Houten 556
Vanloo 362
Van Rysselberghe 557
Van Somer 183
Van Vliet 139 152
Veber 557
Veigel 183
Vendramini 288
Verbeeeq 139
Verkolje 183
Vernet (Carie) 362
Viala 558
Vibert 559
Vicence (de) 242
Vieo 204 234
Vidal. . . 337, 340, 342, 343, 344 559
Vieillard 559
Vigée-Lebrun 363
Villeneuve 364
Villon 559
Vinci (de) 242
Visscher 193
Vlieger 195
Vogel 183
Vogeler 560
Vorsterman 179,187 196
Voyez major 296, 325 341
Pages
Voyez junior 297
Voysard 319
Walker 281 282
Wallerant-Vaillant 183 196
Waltner 561
Ward (J.) 248 256
Ward (W.) 248,
251, 252, 257, 258, 259, 263,
264, 266, 269, 270, 283, 286, 287
Watelet 140
Waterloo 197
Watson (J.)- 248, 271, 273, 274 280
Watson (T.) 248, 262, 270 271
Watteau 364
Wechtlin 63
Wedt (de) 139
Wheatley 287
Whessell 288
Whistler 562
Widt (de) 109
Wierix 198
Wilborn 206
Wilkin 249, 257 280
Willette 572
Wille fils 366
Witdouck 179
Witsen 573
Witt (F. de) 195
Wogner 573
Wolff 301
Wolfgang Resch 34
Wolfgang (A.) 183
Worlidge 149
Wright 289
Young 257 258
Zachtleven 181
Zaftleeven 181
Zagel 65
Zazinker 65
Zilcken 574
Zinck 65
Zorn 574
Zundt 65 66
Zwott 44
Liste des Estampes
citées dans cet Ouvrage
Liste des Estampes
citées dans cet Ouvrage
♦ ♦♦♦♦♦
Pnges
A;igc d'airain 71
Aage d'argent 71
Aage de fer 71
Aage d'or 71
Abandonnée (1') 409
A Barcelone 475
A blacksmith's shop 289
Abraham renvoyant Agar 119
Abreuvoir (V) 138
Abreuvoir de la vache (1') 139
Abroconias et Anthia 424
Abside de Notre-Dame (T) 516
Abus de la crédulité (1') 325
A by-road in Tipperary 445
Acacia (ï) 417
Académie des Sciences et des
Beaux-Arts (I') 92
Académie d'homme assis à
terre 138
Accord parfait (1') 348
A Charcnton 499
A contemplative youth 258
A Concarneau 475
A collage window 446
Actrice en scène (T) 528
A Cusset 175
Adam et Eve 8, 20 23G
Adam et Eve avec leurs enfants 240
A Delftshaven 574
Adieux (les) 348
Adieux d'Auteuil (les) 546
Adolescence (1') 71
Adonis 365
Adoration des bergers (Y) 114 125
Adoration des mages (1')
120, 203, 205, 215, 224 230
Adoration des rois (1') .... 57 241
Adoration nocturne (Y) 496
Adresse de Louis Bonny 476
Adresse de Périer (1) 355
Pages
Adriennc Lccouvreur, 82, 306 329
A dutch ilamsel 387
Afliches illustrées (les) 397
Agar renvoyée par Abraham. . 143
A gipsy camp 123
A highland piper 428
Ah ! laisse-moi donc voir 334
Ah ! les affaires sont les affaires 573
Ah ! quel doux plaisir 335
Ah ! qu'il est joli 301 362
Aigle (1') 501
A la barre 178
A lady and lier children ree-
ving a cottager 251
A la gloire du chat 109
A Lancashire river 45 1
A la porte du jardin 106
A la souris 556
A l'audience 121
Alembert (d') 359
Alexandre Dumas 110
Aie porte del Dolo 212
Alcon de Crête 61
Al Dolo 212
Alfred Stevens 392
Allégorie au mariage du Dau-
phin 35 1
Allégorie sur la convalescence
du Dauphin 354
Allégorie sur la lutte de l'ur-
banité contre la grossièreté 206
Allégorie sur la navigation . . . 231
Almanach du chai noir 396
Almanacb national 3)16
Almeria 268
A Lowland river 386
Amant couronné (1') 109
Amant îles danseuses (I) 396
Amant favorisé (T) 300
Amant surpris (1) 305
38
594
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Amants surpris (les) 293
Amateur de peintures (T) 158
Amateur d'estampes (T) 539
Amazone 550
Ambitieuse (T) 555
Ambroise l'are 78 M)2
Ambulance (D 483
Amélie Elisabeth Landgravine
de liesse 183
American bar 392
Ami des danseuses (1) 178
Amis du saltimbanque (les) . . . 384
A îiivslY dav 436
Amour (T).. 324
Amour couronné (T) 302
Amours champêtres (les) 294
Anioui- dansant avec deux
femmes (1) 130
Amour de prêtre 511
Amours des dieux et des déesses 235
Amour dominant le monde (ï) 517
Amour dormant (T) 223
Amour en postillon (1') 0
Amour fixé (T) 318
Amoureuses (les) 172
Amoureux (les) 550
Amusements de la vie privée (les) 306
Anachorète 122
An airing in llvde parle 253
An American Venice >25
Ancienne vue d'Amsterdam... 138
André le Xostrc 1)7
Ane entre deux moutons (1') .. 118
Anémones (les) 118
A new love soin.; 288
Angèle 169
Angélique à sa fenêtre 107
Ange Gabriel (1') 511
Ange qui disparaît. . . (T) 138
Ange du souvenir (T) 522
Anglais aux Folies-Bergères (T) 535
Anglais au Moulin-Rouge (T). .
Anglaise en costume d'hiver.. 36
Anna Carr de Bedfort 188
Anne d'Autriche 8(i 02
Anne Sophie île Carnavon .... 188
Annie 502
Anniversaire d'i no
Annonciation (I i
12, ix, 56, 65, m, 210 560
Annonciation aux bergers (T) 1 15
Antigone 556
Antoine-François van der Meulen lui
Antoine Vitré oo
Antonin Prousl 'il
Appartements 'lu Roi Louis \l\ (les) lui
A party angling 201
Apocarj pse de saint Jean (T). . 33
Apollon 78
Après 1811
Après la leCOD 537
Pages
Après le marché à Quimper .. 548
Apprêts du ballet (les) 335
Apprêts du duel (les) 501
Approche d'orage 500
A promenade in S'-.lames Park 253
A quatre mains 188
Arabe veillant le corps de son
ami 122
Arabesque avec un satyre allai-
tant deux enfants." 231
Arabesque ouverte 178
Arbre jaune (1') 18
Archers (les) 191
A Arnemmunden 157
Arche du pont Notre-Dame (1 ) 507
Archiduc Albert (1') 131
Architecture du moyen àj<e (1') 376
A river in Ireland 151
Armoire (T) 323 13.2
Armoiries à la têle de mort (les) 19 25
Armoiries au coq (les) 25
Armoiries de l'évêque de
Wurstzburg (les) 50
Armoiries de Strasbourg (les) 78
Armoiries de Durer (les) M
Ars moriendi : Tentation dia-
bolique 18
A Rouen 199
Arrondissements de Paris (les) ' 7i
Artaxerce recevant la tète de
Cyrus
Artillerie à cheval changeant
de position 129
A scottisfa twilight
Aspects de la nature (les!
Assemblée au concerl (]')
Assemblée au salon (T)
Vssemblée galante (1) 165
Assomption (1') '311
A studv on the river 'l'est i .
A SUnset in Ireland I 17
A tea garden 253 207
A Tessenderlo
\ Thames backwater 123
Al l.v nchbui g, Virginia
A travers chants 3.90
A travers la porte loi
A Trouville 173
Aubade 573
Aube (T) 172
Auberge (T) 195
Au bu ni de l'eau 528
Au bord du Zuydersée 195
Au burero 195
Au calé-concert 520
Au coin du feu I ■!
Au coin du pont aux Doubles 189
Augusla-Maria, fille de Charles I" 18 1
Au moins soyez discret 858
Au mois de mai 61
Aumône ( l'i 396
LISTE DES ESTAMPES
595
Pages
Au Moulin-Rouge 552
Au quartier latin 397
Au sixième 572
Autel (T) 11
Auteuil 473
Au leur écrit l'histoire de nos
premiers parents (Y) 129
Au théâtre 390 55G
Aux fortifications 491
Aux Champs-Elysées 501
Auxilium Christianorum 115
Aux Trois Quartiers 390
Avant la danse 494
Avant, ou j'ai peur qu'on nous
voit 480
Avant l'orage 379
Avare et la femme qui avorte (1') 9
Aveu difficile (Y) 330
A visil to the boarding school 264
A visit to the child at nurse . . 204
Avocat (Y) 544
Avocat Tholinx 175
A votre santé 528
A water meadow 444
A young lady encouraging the
low comedian 207
Bacchus 225
Haie de la Fresnaye 537
Baigneurs (les) . .'. 138
Baigneuses (les) 398,420 535
Bain (le). . . . 29 I, 325, 352, 420 472
Baiser (le) 573
liai (le) 71
Bal à la Chaussée d'Antin 428
Bal de la Bastille (le) 360
Bal de l'Opéra (le) 303
Bal de société (le) 303
Bal masqué (le) 350
liai paré (le) 357 534
Balançoire (la) 539
Balançoire mystérieuse (la)... 337
Ballons rouges 414
Banc de jardin 554
Banc d'oeuvre (le) 470
Banquet des Imprimeurs-Litho-
graphes 390
Baptême du Christ (le) 58 225
liar (le) 379 550
Bar d'esthètes 377
Barbara, Duelr- de Cleveland
et sa tille 185
Barber shop, Chelsea 572
Baronne de. . . (la) 355
Baronne de Noyelles 328
Barque à la voile (la) 139
Barques échouées 417
Bascule (la) 302
Basse-cour ; la) 549
Pages
Bassin des Tuileries (le) |>.io
Bas-Meudon (le) 537
Batailles d'Alexandre (les) 09
Bataille d'Arbelle 09
Bataille de dames 558
Bataille de Chai les le Hardi (la) 218
Bataillon en marche 4G9
Bateaux parisiens à Auteuil . . . 186
Battersea bridge 507
Battersea dawn 567
Battersea reach US
Bayle 359
Bazaar Cairo t:;."")
Beau mignon 396
Beau soir 480
Beauvoir 180
Bead Stiingers 563
Bêcheurs (les) 520
Becquet 502
Beignets (les) 325
Belle estampe (la) 538
Belle étoile (la) 573
Belle Ilamilton (la) 202
Belle Hollandaise (la) 536
Belle Jardinière (la) 302
Bellone 78 541
Below Atlantic City 525
Benedicite (le)...." 305 409
Benvenuto Cellini 77
Berger (le) 11 135
Berger d'Ostic 456
Berger qui joue de la tlùtc (le) 227
Bernadette'. 560
Berthold Tucher et Anna Pfin-
zing 10
Bertin loi
Bibi la Purée 559
Billard (le) 105 578
Billes (les) 104
Billet doux (le) 337
Billingsgate 505
Black' Lion Wharf 502 505
Blanche et noire 550
Blanchisseuse (la) 551 552
Blanchisseuse du paradis (la) 573
Blessé (le) 352
Blind man butl 200
Blonde 530
Bohémiens (les) 397
Boileau-Despréaux 80 322
Bois d'amour (le) 331
Bonheur du ménage (le) 325
Bonhomme Misère 183
Bonne (la) 520
Bonne éducation (la) 300
Bonne mère (la) 325
Bon Samaritain (le) 151
Bordeaux 175
Bonis de la Bresle (les) 180
Bords de la Tamise 475
Bosquet d'amour (le) ... . 334 338
Mi\
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Bossuet 104,322 328
Boucherie (lu) 557
Boudoir (le) 325
Bouffon (If) 39
Bouillotte <la) 303
Bouleaux (les) 4,S3
Boulevard à Ostende 117
Bouquet (le) 428
Bouquet de bois (le) 138 139
Bouquet de roses 120
Bouquetière galante (la) 304
Bouquets ou la fête de la
grand'maman (les) 315
Bourg de) 195
Bourgeoisie 546
Bourgmestre Six (le} 139 17(i
Bourreau tenant la tête de s;iinl
Jean-Baptiste (le; 55
Bouvier (le) 91
Boxeurs (les) 130
Brachet de la Milletière MO
Braconnier (le) 403 490
Bras roulé 395
Breaking up of the Agamemnon 152
Brebis debout (la) 187
Breughel (J.) 189
Breughel (P.) 190
Brentford Ferry 150
Bretagne (la)... 552
Brighton's beach 436
Brise-lames 551
Broad street Sterling 387
Brouette (la) 352
Brouillard «lu malin 535
Unîmes du malin 383
Buffet (le) km;
ISull'on 359
Bureau du commissaii c
Buste de jeune homme au trait 139
Butte (la) 114
Buveuse d'absinthe (la) 195
Cabarel à Volendara 172
Cabaret de nuit 560
Cabinet particulier 377
Cadeau (le) 302
Cadel à la perle 97
Cadogan pier 562
Café-concei t (le) i
Caffée des Patriotes (le) 360
Calais pier 153
( lalcche se rendant au i endez-
vous 318
Calliope de la Trimouillc lui
: alvaire de) 15, 125, 180 542
d'or (la) 138 169
Campement de chiffonniers .. 395
Canal (le) 167
i itc bai que (le) .. 170
Pages
Canal de la Villette (le) 484
Canal à Troyes (le) 486
Canal d'Eu (le) 186
( anal avee les cygnes 139
Canal de Saint-Maurice 533
Canal près La Haye 551
Canard (le) 3.S1
( aiiard surpris 383
Canards (les) 389
Canards l'ont bien passé (lesi 382
Cannon street station 434
Canotiers (les) à;;:;
Canonniers près d'une pièce
en batterie 395
Cantinière des pilotes (la) .... 517
Cantique des créatures (le) . . . 115
Caporal blessé... (le) 396
Caprices des) 437
Carrasse (la) 239
Cardeuse (la) 520
Cardigan Bridge 150
Cardinal Dubois 81
Cardinal Manning 181
Cardinal Ma/arin 99 103
Caresse (la) 388
Carmagnole (la) 470
Carmen i 1 1
Carnage de) 139
Caroline Countess of Carlisle 280
Caroline Duchess ol Malbo-
rough 2X0
Carquois épuisé (le) 295
Carré enfoncé 529
Carrière ou la rue Neuve à
Nancy (la) 7(i
Cascade pies du moulin (la) . . 114
Caries (les) 105
Casquette plage 396
Catalogue Abel Pilon 397
Cathédrale (la) 416
Cathedral churcn of Anlwerp (the) 36
Cathédrale de Lausanne (la). . 122
Cathédrale de Rouen (la) 193
Catherine de Bourbon 199
Catherine Decker il i
Cavalier (le) 163
Cavalier ( un ) 26
Cèdre du Liban (le) 398
Ccndi illon 545
Cène (la) 228, 236 212
Centurie (la) 188
Cercle funambulesque 397
Cerises des)
( es dames des eliars 555
C'est papa 325
C'est un lils, Monsieur 348
Ceux qui passent III
Chagi ms de l'enfance des». . . .
Chambardement (le) 139
Champ de blé (le) 180
Chambre des députés 371
LISTE DES ESTAMPES
597
Pllges
Chandelier 428
Chanson des joujoux 396
Chant du soir 416
Chanteurs (les) 238
Chanteurs des rues 550
Chanteuse en matelot 556
Chanteuse et le joueur de
guitare (la) 51
Chanteuse légère 556
Chanteuse de café-concert ... 403
Chat noir sur un journal -141
Charbonnier (le; 41)8
Charcutier (le) 131 132
Charlatan (le) 302 354
Char de l'Aurore (le) 228
Charing Cross bridge 433
Charité (la) 119
Charles I"' 250
Charles IX 66
Charles II de Bourbon 94
Charles de Bourbon 96
Charles de Lorraine 94
Charles Patin 98
Charles-Quint 11
Charrue (la) 482
Chartres 387
Château Bouge (le) 391
Chaumière (la) 463
Chaumières (les) 417
Chaumière au bord de l'eau (la) 486
Chaumière au grand arbre (la) 139
Chaumière en contre-bas (la) 485
Chaumière et la grange à foin (la) 139 168
Chaumière entourée de planches (la) 139
Chelsea 525
Chelsea bridge and church . . . 562
Chelsea wharf 566
Chemin de colline 533
Chemin de halage (le). . . . 450 535
Chemin de la fortune 206
Chemineau (le) 391
(3iemi.se enlevée (la) 324
Chcncvièrc 322
Cheval attaqué par un lion . . . 430
Cheval de la mort (le) 26
Cheval sauvage terrassé par
un tigre 404
Chevalier, la mort el le diable (le) 26
Chevrier (le) 01
Chez la gantière 556
Chez l'équarisseur 441
Chez les trappistes 547
Ch. Le Normant du Coudray 328
Chien endormi (le) 161
Chiffonnière (la) 498
Chiffonniers sous le pont Marie 491
Children at play 250
Children bathing 256
Children nutting 266
Children of earl Gower 282
Chinon 387
Pages
Christ à l'éponge (le) 111
Christ au roseau (le) 192
Christ aux outrages (le) 439
Chrisl descendant aux limbes (le) 221
Christ en croix (le) 5, 37, 44, 58 65
Christ en croix entre la Vierge
et saint Jean (le) 127
Chrisl montré au peuple (le) 45
Christ mort (le) 106
Christ présenté au peuple (le)
34, 138 216
Christ sauveur du monde (le) 45
Christ tenté par le démon (le) 127
Christian IV 131
Christine-Caroline de Wurtem-
berg 79
Chronologie collée 87
Chute dans un escalier 402
Chute d'un ange 544
Chu-u-u 305
Cigale (la) 132
Cigarette (la) 410, 457 469
Cimon nourri par sa fille 6
Cinq saints (les) 237
Cinq sens (les) 73
Cinquantaine (la) 350
Circoncision (la) 138 223
Cirque Fernando (le) 414
Cité (la) 409
Clair de lune à Tolède 456
Clair de lune sur les falaises. . III
Claque (la) 414
Clément de Jonghe 139
Cléopàtre 10 207
Clos du Boy 544
Clownessc au Moulin-Bouge . . 556
Cochon (le) 138 161
Cochon nimbé (le) 544
Codions (les) 63
Colbert 101
Colin-maillard (le) 344 404
Colonne (la) 32
Combat de deux chevaux gris
pommelés 420
Combat île dieux marins 222
Combat îles Crées cl des Trovcns 6
Combat d'Oued-Alleg '. . . . 531
Combat du Giaour et du Pacha (le) 404
Combe Bottom 445
Comédiens comiques (les) .... 366
Comparaison (la) 336
Comparaison des petits pieds (la).. 300
Comparse (le) 537
Compliment ou la matinée du
jour de l'an (le) 315
Comptez sur mes serments . . . 358
Comte de Mirabeau 348
Comte de Bosen 576
Conile Lepic 408
Comte de Zinzendorf 82
Comtesse de Carcado 328
598
LISTK DES ESTAMPES
Pages
Comtesse de Mareillesde Létan-
court 321
Concert (le) 105 357
Concert instrumental (le) .">l
Conciliabule (le) 550
Confidence (la) 109
Confidence à la nuit 111)
Confidences ilesi 325
Confrérie de Sainte Ursule (la) 1 1
Conjuration (la) 171
Consignes pendant la corvée
de quartier îles) 396
Consolation <lc l'absence (la).. 339
Conte île grand'mère 109
Contemporaine (la) lin
Contrat lie) 325
i Convalescence 490
(Conversation (l:u 331 37C>
Conversion île saint Paul 12!
Convoi (le) 396
(Convoi funèbre an boulevard
Clichj 381
Copernic 31
Coq 526
Coq blanc (le) 170
Coq et Poule 369
Coq noir (Ici 170
Coquette (la) X','.)
Coquillages (les) 37
Coquille (la) 161
Corbeau de) 3S1
(Corbeaux (les) 462
(Corbeaux dans la neige (les) .. 111
( "i beaux pendus 441
Corneille (P.) 322
Cornelissen 187
Corps de Jésus-Christ descendu
de la croix (le) 16
Corruption 177
Cortège de pèlerins au Caire.. 371
(Coucher (le) .325
Coucher de la mariée (le) 296
(Couchei- de soleil 191
(Coucher de soleil en Tippcrary I 18
Coucher de soleil sur h s varechs 1 1 1
i oui ber des ouvrières en modes (le) 339
Coucou
Countess Gowcr and child ... 262
( lounless of Ossory 262
Countess of Northumberland 202
Countess of Rochester 202
(Coup de couteau (le) 135
Coup de vcnl (le) I7n 183
( our des Bons-Enfants (la).... 387
( Cour des Gobclins (la) 199
Couronnement d'épines (le). . . lit
i oui onm menl de Voltaire (le) 350
' ours du monde (le) 9
Course (la) 318
( nui ses de chevaux des» 3 19
Coui te el bonne 507
Pages
Couseuse (la) 510
< ïraonne 530
Crébillon 322
Credo lie) 115
Crépuscule (le) 113 472
Crépuscule à Hambourg 551
Critique (la) 538
Croisée (la) .517
Croquis de charretier 333
Croquis de tètes 392
Crosse (la) 02
Cruche cassée (la) 550
Crucifiement (le) 30 233
Crucifix (le) 29 580
Curieux (Ici 299
(Curiosité (lai 325
Cynthia 253
Daim enchaîné do 210
Dalila coupant les cheveux à
Samson 119
Dame à l'ombrelle 172
Dame à cheval et 1 écuyer (la) '.'.:.>
Dame au châle rouge 170
Dame au earcel liai 513
Dame aux cygnes I
Dame de chez Maxime (la).... 259
Dame de jadis 170
Dames de' la halle (les) 128
Dame du palais de la Reine (lai 518
Damier (le) 101
Dancing girls 557
Danger du tète-à-tète do 290
Dans la loge 501
Dans la neige et le vent i50
Dans le tramway de l'assy-
I. ouvre Iu7
Dans les bois 183
I (ans les brisants 1 1 1
Dans les cendres 575
I l.ilis h s coulisses 128
Dans l'escalier 109
Dans le port de Bordeaux .... ■
Dans les dunes de Knocke . . . . 157
Danse an bord de l'eau 90
Danse au cabaret (la) 133
Danse au Moulin-Rouge (la) . . . 550
I i.inse d'1 lérodiade
Danse des chiens (la)
Danse des demoiselles lia) ... . 209
I lanse des morts liai 35
I (anse sous les arbres (la) .... 91
Danseuse lia) 09
Danseuse au piano 557
Danscusi espagnole remettant
son soulier loi
Dansi uses dans leur loge 103
Danseuses espagnoles 521
Daudet 5.s.s
LISTE DES ESTAMPES
599
l'nges
Daughtèrs of sir Thomas Fran-
kland 257
David coupant la tète de Goliath 242
David Garrick between 277
David en prières 138
David jouant de la harpe de-
vant Saûl 119
David vainqueur de Goliath . . 205
Débardeur (le) 491
Débarquement en Angleterre (un) 384
Débauche 55G
Déclaration de la grossesse (la) 348
Décollation de saint Jean-Bap-
tiste (la) 241
Dédicace d'un poème épique 360
Degas 408
Degas par lui-même 402
Déjeuner anglais (le) 340
Déjeuner en tète-à-tètc (le). . . . 340
Déjeuner de Fanfan (le) 362
Déjeuner en forêt 490
Delà Reynie 104
De l'encre, de l'acide 558
Délia in the country 2G5
Délices de la maternité (les) . . 348
Delphine 104
Déluge (le) 120
Démolition de la rue des Ecoles 474
Démolition pour le boulevard
Saint-Germain 475
Denise Le Petit 104
Denis Marin de la Chataigne-
raye 97
Départ au lavoir (le) 551
Départ de bateaux à Tréboul 537
Départ pour la chasse 370
Départ pour la chasse à courre 495
Dernière charge des Lanciers
Rouges 529
Dernière étape (la) 462
Dernière maja (la) 543
Descartes 322 328
Descente de croix 138,190,221,237 212
Désirs satisfaits des) 321
Desjardins 85
Dessinateur (le) 117
Dessins de Watteau au Louvre 458
Destruction of old chain pier
Brigton 434
Deux amants (les) 223
Deux arbres sur le bord i\u
chemin (les) 117
Deux armées (les) 218
Deux baisers (les) 310
Deux chaumières (les) 463
lieux grenadiers île Waterloo (les) 396
Deux hommes marchant de
compagnie 63
Deux maisons avec pignons
pointus (les) 138 170
Deux moulins à Charenton (les) 473
Pages
Deux paysans (les) 222
Deux routes (les) 422
Deux sœurs (les) 413 418
Devant la glace 469 478
Dévideuse à la porte de sa
maison (la) 132
Devinez 361
Diables froids (les) 547
Diamant (le) 110
Diana Viscountess Crosbie.... 279
Diane chasseresse 120
l)i:ine et Kndymion 359
Dibersion de Espana 138
Dieppe 572
llieu couronnant la Sainte- Vierge 02
Dieu l'ait fumer la cheminée
du pauvre 522
Dimanche malin 570
Dinah Samuel 397
Diogène 242
Directeur des toilettes (le) .... 341
Disciples d'Einmaûs (les) 138
Dis-moi, mon Pierrot 573
Dispute 520
Dispute de la rose (la) 302
Distribution de soupe 39!
Dites-donc, s'il vous plait 325
Divan (le) 538
Divine parole (la) 479
Division de place (la) 438
Dix-huit cent treize 532
Docteur Faustus 138
Docteur Petrus van Toi (le) .. 175
Dogs dancing 363
Dom Prosper Guéranger 425
Doua Damiana 411
Don Emanue] Frockas et Pin-
sentel 193
Dons imprudents (les) 316
Dormeurs (les) 391
Dorothée de Sunderland 188
Doorway and vine 563
Doorway Montrcsor 572
Dors, Dors 305
Douce impression de l'harmonie (la) 301
Doucement mère Michel 396
Douce résistance (la) 301
Doux sommeil 491
Douze enfants dansant 209
Douze mois de l'année (les). . . 78
Downman 253
Do you want any matches. . . . 288
Drapeaux (les) 533
Drcvet (P.) 78
Droit à l'assistance (le) 544
Droit au travail (le) 511
Drury Lane ,l,:;
Dryburgh 385
Dry dock, Southampton 572
Duchess of Bedford 259
Duchesse Colonna (l;i) 107
600
LISTE DES ESTAMPES
Pagrs
Duchess ol' Cleveland 202
Duchessof Richmond.... 233 262
Duchess of York 258
Duc de Nemours 96
Duc de Yillars 80
Duel (Ici 129 352
Dumas père 121
Dunes de Schenevingue (les).. 551
Duo d'amour 119
Duo des Troyens 119
Earlv morning Richmond .... 141
Ebat matinal 1 109
Ecce Homo (T)... 37, 138, 151 192
Ecluse du Tréport (T) 486
Ecole de danse d'i 340
Ecran (1*) 76
Edinburg castlc 173
Education fail tout d'i 325
Effet île lune à Monaco 441
Effet de nuit 578
Effet 'le soir 397
Effets de la jalousie llesi 23
Effets de neige dans les dunes 551
Egham Lock 442
Eglise de Benerville (T) 170
Eglise de Coulans (T) 406
Eglise de S>-Aignan à Chartres 473
En ! vite l'on nous voit 345
Eisen 322
Eldorado 396
Eléphant (un) 56
Eléphants des) 371
Eléphants portant îles torches (les) 222
Elève discret (T) 341
El lainoso americano Mariano
Ceballos 138
Elles 556
Elisa Mercœur 411
Elizabeth Countess of Derby.. 282
Elizabeth Countess Grosvenor 261
Elisabeth de Bourbon 91
Elizabeth de Castlehaven 188
Elizabeth de Devonshire 188
Elisabeth de Gouy 352
Elizabeth Duchess ofBuccleugh
and Daughter 271
Elizabeth Duchess of Manches-
ter and Son 274
Elizabeth Fry 280
Eléonore de Gonzague 184
Eleonora Gwynne 262
Elle est prise" 318
l.llcn el sa grand'mcre 158
Embarquement (F) 495
Embarquement pour Cylhère (!').. 364
Embouchure du Tneux 537
I anbi asseoient d'i 66
Emma Lad) I [amilton 281
empereur Ferdinand III
•anily-Mury Countess ol Salis-
bury
encensoir d')
enfance (F)
allant ailé à l'écusson
enfant chéri d')
•".niant dessinant
Enfant Jésus dans son berceau d'|
allant prodigue (1). . . 17, 555
■allants de Albert l'.csnard (les)
•"niants jouant
■allants monstrueux des)
Enfoncé Lafayette
enlèvement I i' I
enlèvement d'Amymone
Enlèvement d'Europe d'i
enlèvement des neiges (1') ....
enlèvement d'une Sabine
enlèvement nocturne d>
En mer 397
'-n nage
ai plein soleil
•ai prenant le thé
-ai Provence
•ai route pour le marché
ai roule pour le salon
enseigne (T)
enterrement (T) 537
ïntre sportmen
Entrée d'Alexandre dans Bain -
loue 69
Entrée de clowns
Epave d)
Epouilleuse d)
Environs de bois
Environs de Gravesend
Environs de Smyrne
Ephraïm Bonus
Epingle d'or d')
Epouse indiscrète d')
Erasme
Erasme d'Amsterdam 30
Escalade ou les adieux du
matin d').
scalier de la danse d'i.
scamoteur (T)
spagnole d)
spana.
sprits des villes molles des)
spiègle d'i 123
spiègles desi
ssai du corsel d'i 366
sther devant Assuérus
table à chèvi es
lé d'i 188, 535
tel uelle convoitise (Il
toile d'i
toile de Bethléem d'i
toiles des)
lude de femme nue
Pnges
185
276
62
71
4
325
384
221
573
373
52
218
399
542
23
226
491
203
296
556
478
562
547
423
107
490
361
538
556
92
397
551
135
170
38 i
101
172
573
297
187
35
314
537
303
496
396
384
162
305
378
119
156
539
558
558
(56
396
372
LISTE DES ESTAMPES
601
Pngcs
Etude de nu 374
Etude pour l'Eve 420
Etudes brutales 536
Etudes d'enfants 428
Evanouissement (1') 302
Eve 420
Evénement au bal (1') 325
Evening 25G
Eveningorthesportmanreturn 264
Eventail (1') 76 555
Evocation d'Erda 419
Evocation de Kundry 419
Exemple d'humanité donné... 350
Experte en dentelles (F) 543
Faire -part naissance Hélène
Béraldi 396
Faire- part naissance M. I.
Delzant 396
Faiseurs de fagots (les) 483
Falaise (la) 384
Famille (la) 131
Famille de gitanes 410
Famille de Lorraine (la) 106
Famille du satyre (la) 227
Fanny Leyland 567
Fantaisie 397
Fauconnier et le chasseur (le) 197
Faustus 139 170
Féerie des heures (la) 537
Félicité villageoise (la) 325
Femme (la) 397
Femme à la llèche (la) 163
Femme à la tête de mort (la) 544
Femme à la rose (la) 378
Femme à sa toilette 500
Femme à la voilette (la) 575
Femme assise (la) 365
Femme arrosant 501
Femme au bain 500
Femme au chandelier (la) 3
Femme au chien (la) 578
Femme au cochon (la) 547
Femme au collet de fourrure. 459
Femme au corset noir (la) .... 547
Femme au coucou (la) 493
Femme au divan (la) 457
Femme au guerrier (la) 476
Femme au long manteau (la) 538
Femme au mannequin (la).... 560
Femme au miroir (la) 544
Femme au miroir bombé (la) 207
Femme au parapluie (la) 480
Femme au piano chantant .... 579
Femme au sopha (la) 408
Femme aux Saxe (la) 457
Femmes de Paris (les) 397
Femme devant le poêle (la) . . . 163
Femme enjambant sa baignoire 402
Payes
Femme faisant manger son
enfant 521
Femme joyeuse 472
Femme flamande 417
Femme marchant à gauche (la) 365
Femme marchant au fond (la) 365
Femme montée sur le dos d'un
homme 13
Femme nue assise 470
Femme nue couchée sur le dos (la) 7
Femme se baignant les pieds (la) 7
Femme se coiffant 500
Femme regardant la nacelle (la) 114
Femme sauvage sur un cerf (la) 128
Femme s'essuyant 403
Fiancés de Cordoue (les) 497
Pileuse (la) 52
Fille à sa tante (la) 478
Fille couchée (la) 569
Fille de brasserie 539
Filles de nuit à Paris (les) 437
Fille enlevée (la) 309
Fils du charpentier (le) 479
Financier (le) 345
Fin de la course 318
Fin du jour 559
Fishing boat 563
Fishing quay Ostend 572
Fénelon 329
Festin royal (le) 350
Fête d'Auteuil (la) 355
Fête sur une place publique.. 523
Flagellation (la) 220
Flower Market 562
Foi (la) _4
Foire de Bezon (la) 355
Foire de Gondreville (la) 74
Foire de Guibray 306
Foire de l'Imprunetta (la) 75
Foire de Saint-Martin 526
Foire de village (la) 361
Folie (la) 324
Folies - Bergères 501
Fontaine d'amour (la) 324
Forêt et le soleil (la) 470
Forge aux deux ouvriers (la). . 467
Forge des carmélites (la) 499
Forges d'Ivrv (les) 473
Forts de la halle (les) 428
Fortunée Briquet 328
Fortune qui danse (la) 557
Fosse commune (la) 193
Fourberies du renard (les) 113
Foyer (le) 483
Français et son laquais (le) ... 73
Franck 187 191
François I«r 93
François II, duc de (iuise 78
François de Troy 80
Frascati 318
Fresh gathered peas 288
G02
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Fricasseuse (la) 194
Friest 189
Fruit de l'amour secret (le) . . . 297
Fruit stall 563 569
Frûhlingh 560
Fuite d'un abbé (la) 501
Fuite en Egypte (la)
57, 103, 137, 115, 116 182
Fulliam 4-13
Fumeuse (la) 539
Furnaee nocturne 563
Fu mette 562
Fumeuse (la) 579
Gabriel Cortois de Pressigny.. 164
Gaieté conjugale (la) ". . . 325
Gaieté de Silène (la) 325
Galerie du Palais (la) 72
Galerie fashionable 411
Galerie Notre-Dame (la) 508
Galeries de l'Odéon 375
Galeries supérieures du théâtre
Beaumarchais (les) 495
Galipettes 397
Ganymède 210
Garçon d'écurie 416
Garde chasse (le) 402
Garden 563
Garden party d'enfants 555
Gardeuse d'oies (la) 520 526
Gardiens du logis (les) 384
Gare à l'eau 3 16
Garenne (la) 446
Gaspard de Coligny 4
Gaspard de Haillon du Lude.. 103
Gavarni à la cigarette 428
Gellius de liouma 193
Genevilliers 527
Génie de la musique (le) 419
Génie sur un cheval de hois . . 3
Génie tenant un écusson s
George Washington Esqra 2.81
GeorgianaduchessofDevonsnire253 27s
Gerda II'"' 579
Gestes de M. Deschanel 537
Gimblette (la) 324
Gitane dansant I II)
Gilanclla 396
Glace (ho 3,s,s
Gladiateurs des) 232
Glaneuses (les) 51!)
God ofthe mother superior .. 541
Gœtterdœmmering 119
i tomme (la) 397
Goujat el les deux ânes (le). . . I IX
Goût nouveau (le) III
l. é (le) 131, 132 297
(.i .lias parisiennes au hois de
\ incennes (les) 338
Pages
Graine d'horizontale 397
Grand arbre (le) 170 LSI
Grand bal (le) 65
Grand bassin à Anvers (le). . . . 472
Grand Coppenol (le) 174
Grand courrier (le) 32
Grand Fumeur (le) 501
Grand hercule (le) 23
Grand jardin d'amour (le) 128
Grand'mère (la) 526
Grand rocher (le) 75
Grand sacrifice à Priape (le).. 207
Grand satyre (le) 23
Grande Ayar (la) 119
Grande bergère (la) 521
Grande bergerie (la) 466
Grande crosse d'évéque (la) .. 52
Grande descente de croix (la) 137 153
Grande foire de Florence (la) 75
Grande fortune (la) 3 22
Grande marée par la lune .... 441
Grande mariée juive (la) 178
Grande résurrection de Lazare (la). .
137 117
Grande toilette (la) 349
Grandes barbes (les) 193
Grandes chaumières des) 381
Grandes misères de la guerre (les) 76
Grande à foin et le troupeau (la) 139
Greenwich 153
Grenadier de Waterloo (le) ... 396
Grenadier manchot (le) 396
Grève (la) 544
Grève de mineurs (la) 175
Griffonnements avec taillis ... 139
Grimpeurs (les) 235 238
Grotte et le ruisseau (la) 138
Guardian angels 277
Guérard regardant une épreuve 432
Guerrier et la femme à l'éten-
dard (le) Il
Gui Patin 98
Guido Bentivoglio w
Guillaume de Brisacier 96
Guillaume d'Orange.. 113, 181 200
Guillaume, duc de .luliers .... 2
Guinea pi^s 263
Guiteraro (le) 499
Haberl 101
Habillage d') 178
lia ! le joli petit chien 311
Hâleurs des) 379
Halle aux chapeaux 396
Haut d'un battant de porte de) 380
Hasards heureux de l'escar-
polette (les) 323
Hélène 419
Henri II 70, 77 78
LISTE DES ESTAMPES
603
Pages
Henri III 199
Henri III de France 96
Henri IV 87, 95 115
Henri de Lorraine 95 96
Henri Legrand 348
Henry Monnier 428
Henri Oswald 83
Henriette Balzac d'Entragues . . 198
Henrietta conntess of Warwick 282
Hercule 23 78
Hercule combattant les géants 233
Hercule et Omphale 5
Hercule étouffant Antéc 240
Hercule terrassant un centaure 229
Hercule tuant Cacus 117
Hercule tuant l'hydre (te Lcrne 208
Héron (le) 463
Her royal highness the duchess
of Gumberland 255
Hertz 428
Hésitation 270
Heure de la chauve-souris (1'). . 476
Heures du jour (les) 411
Heur et malheur, ou la cruche
cassée 314
Heureuse fécondité (1') 325
Heureuse union (T) 325
Heureux moment (l-) 339
Hirondelles (les) 383
Histoire de la sainte chandelle 544
Hiver (T) 555
Hiver à Paris (1') 384
Hollandaise de Vollendham (la) 493
Homme accoudé (T) 365
Homme à la chaîne 98
Homme à l'œillet (1') 421
Homme à la Ilèche (Y) 226
Homme à la pipe (T) 407 544
Homme appuyé (Y) 365
I lomme assis sous une trcillc(l') 139
Homme attaqué parla maladie
vénérienne (T) 34
Homme au lait (1') 138 165
Homme au pistolet (1') 194
Homme avec chaîne et croix (1') 139
Homme de douleur (1') .... 37 61
Homme et femme en habits de
voyage 51
Homme et son chien (Y) 528
Homme mis à la lorlion.... (1') 129
Homme mondain (Y) 26
Homme monté sur un âne (1') 110
Homme sauvage sur une li-
corne (1') 128
Hondius 116
Horsley's cottages 452
Hôtel de Bourgogne 71
Hôtellerie (1') 467
Hôtellerie de la mort (1') 515
Hot spice ginger bread 288
Houassc 104
Pages
Humbles terres 558
Humorous 247
Idylle 422 556
Idvllc d'été 470
Ile" heureuse (1') 396
Il est pris 318
Il est trop tard 359
Il signor Annibal 501
Ils grognaient, mais le suivaient
toujours 530
I modi 235
Impasse Gambey 484
Impressions d'Espagne 410
Imprimeur Plantin (1') 493
Imprudence 547
Incantation (Y) 544
Incendie de la ferme (1') 398
Inconnu (1') 382
Indiscrétion (ï) 336
Infirmerie de l'hôpital de la
Charité 70
Innocence en danger (1') 345
Inondation (1') 463
Institution de la Toison d'or. . 492
Instruction militaire (T) 395
Intérieur d'artistes 538
Intérieur de la cathédrale de
Burgos 456
Intérieur d'omnibus parisien . . 574
Intérieur de paysans 462
Intérieur de S'-Maclou 493
Intérieur hollandais 494
In the parle, London 572
In the twilight 525
Intimité 573
Irlandaise 576
Italienne (1') 392
Jack in the bilboes 263
Jacqueline de Montbel 4
Jacques I'> d'Angleterre et sa
femme Anne de Danemark 199
Jacques Bénigne Bossuet 81
Jacques - François - Edouard
Stuart 79
Jacques le majeur 61
Jacques-Nicolas Colbert 98
Jamais d'accord 341
Jane conntess ofllarrington 272 279
Jane Hading 555
Jardin en hiver en Hollande. 551
Jardinière (la) 358
Jardinier galant (le) 294
Jarretière (la) 501
Jean Vandyrendouck 514
Jeanne Granier 555
cul
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Jeanne d'Albret 96
Jean-François de Gondi 104
Jean-Frédéric de Saxe 51
Jean Koets 185
Jean Loret 102
Jean Lnllier 95
Jean Lutma 139 171
Jean Silvius 139
J'en accepte l'heureux présage 348
Jésus au milieu îles docteurs . . 138
Jésus bénissant 237
Jésus chassant les vendeurs du
temple 84
Jésus-Christ en croix 59
Jésus-Christ en jardinier appa-
raissant 59
Jésus dépouillé de ses vête-
ments 11
Jésus en prière à la montagne
des Oliviers 124
Jésus guérissant les malades.. 118
Jésus mis au tombeau 203
Jésus prêchant, ou la petite
tombe 1 10
Jésus présenté au peuple
120, 138 150
Jésus tenté dans le désert 118
Jésus via et vita nostra 115
Jetée de Flessinguc 551
Jetée en Angleterre (une) 381
Je touche au bonheur 335
Jets d'eau (les) 325
Jeu île cache-cache mitoulas (le). . 331
Jeu de colin-maillard (le) 331
Jeu de l'oye 306
Jeu de pied de bœuf (le) 334
Jeu îles quatre coins (le) 31! 1
Jeu du koll'(le) 138
Jeune berger (le) 210 211
Jeune Femme à la barre 457
Jeune femme à la croisée I5.S
Jeune femme au buste de Marie-
Antoinette 457
Jeune femme assise 192
Jeune femme et le fou (la) 10
Jeune femme poussant des cris 13
Jeune Hlle à la barre 373
Jeune Bile avec panier 13!)
Jeune Bile vêtue île noir (lai.. IIS
Jeune Frisius avec son chien (le). . 115
Jeune homme contemplant une
tête île mort (le) 210
Jeune homme jouant de la man-
doline 37
Jeune homme assis réfléchissant . . 139
Jeunesse inaltérable et la vie
éternelle (la) 371
Jeune prisonnier (le) 222
Jeune savoyarde (la) 330
Joconde (la) 242
Johanna 574
Pages
Johannes Zuremus 115
John Dryden 8C 329
Joie maternelle 480
Joli mai 573
Joli manœuvre du moine dans
le bled (le) 162
Joli petit chien (le) 3 11
Joli petit serin (le) 345
Joséphine Tascher de la Pagerie . . 411
Joueur de cartes (le) 138
Joueur de cornemuse (le) 110 115
Joueur de guitare (le) 438
Joueur d'orgue (le) 51
Joueurs de boules (les) 71
Joueurs de dames (les) 352
Joueurs de tric-trac (les) 180
Joueuse de banjo 390
Joueuse de 11 ù te 397
Joueuse de guitare (la) 57!)
Joueuse de vielle (la) 401
Jouis, tendre mère 310
Jour (le) 321
Juda et Thamar 10
Judith 48, 223 220
Jugement dernier (le) 113
Jugement tic Paris (le). . 31, 221 238
.Jugement de Salomon (le). . 12 10
Juif à grand bonnet 13S
Juillet 517
Jupiter et Antiope 138
Jusque dans la moindre chose 299
Justice (la) 11
Justice protège la Fortune (la) 558
Kabyle mort 422
Keller 85
Kempis 397
Kilgaren casile 449
Knives scissors and razors. . . . 288
Lady al Haymaking 201)
Lady Bampfylde 2» i
Lady Betty Delmeand children 272
Lady Caroline Howard 273
Lady Caroline Pricé 278
Lad} Catherine Howard 37
Lady Catherine l'elham Clinton 273
Lad} Charlotte Greville 257
Lady Cocburnand lier children 280
Lady Duncannon
Lad} Elizabeth Corupton 271
Lad} Elizabeth Herbert and son 272
Lady Elisabeth Sherley 37
Ladj Georgia Spencer 277
Lad} Grammoni 202
Lad} llamilton 272 2X1
Lad} Henrietta Herbert 280
LISTE DES ESTAMPES
f>05
Pages
Lady Isabella Hamilton 282
Lady Mildmay and child 257
Lady Neville. 250
Lady Rushout and daughter.. 259
Lady Sarah Bunbury 280
Lady Smith and children 279
Ladies . . . Waldegrave 277
Lady Whitmore 202
La Fontaine 322
La Goulue et sa sœur 555
Lagoon-Noon 563
Lagune prés de Chiogga (la).. 551
Laitière (la) 123 330
L'allégro 273
La mère Gérard 562
La Mothe Le Va ver 102 322
Lande (la) ' -122
Lande par un grand vent (la). . -122
Landing stage, Cowes 572
Landscape with tlirecs 387
Langue de terre (la) 195
Lanterne magique (la) 428
La piera del Bando 212
La plus belle fille du monde. . . 547
La Stockin 547
La torre di Malghera 212
Lavallière 555 ■
Lavoirs de l'Hôtel-Dieu à Provins. . 375
Leçon d'amour (la) 365
Leçon de guitare (la) 327
Leçon de clavecin (la) 327
Leçon interrompue (la) 340
Lecture (la) 576
Lecture de l'office (la) 482
Léda et ses entants 233
Le juge, ou la cruche cassée. . 309
Le long de la rive 483
Le marché aux fromages à
Alkmaar 526
Lender debout 555
Lender et Brasseur 555
Lender saluant 555
Le numéro 90 573
Léon Cladel 380
Léon Noël 411
Le Pomponne 101
Le porte del Dolo 212
Le Preson 212
Le procuratie nioue e S. Zi-
minian 212
Lérand 395
Leroy 408
Le Titien et sa maitressc 192
Lettre de faire-part H. Guérard 440
Lever (le).. 294, 297, 325, 349 351
Lever de la mariée (le) 321)
Lever de lune 470
Lever des ouvrières en modes (le) 339
Le voilà 396
Liber veritatis 90
Liebe 560
Pages
Lièvre pendu (le) 36
Limchouse 562
Lion de l'Atlas 105
Lise poursuivie 317
Liseur (le) 550
Lit à la française (le) 101
Little Arthur 502
Liltle court 503
Little green grocer shop 572
Little rag shop 572
Liverdun 562
Lobsler pots 563
Loches 387
Locomotive 441
Loge (la) 535
Loge à l'Opéra (la) 428
Loge des clowns (la) 574
Lola de Valence 500
London bridge 507
Long lagoon 563
Long shore men 565
Long Venice 563 569
Louis V 322
Louis XIII 34, 86, 87 88
Louis XI11 et Elisabeth de
France 89
Louis XIV. . 79, 80, 100, 101, 1112 103
Louis XV 79 322
Louis, dauphin de Fiance.... 103
Louis XVI 359
Louis Phclypcaux 80
Louisa Lady Stormount 281
Louise 473 552
Louise de Budos 94
Louise France 393
Love in lier eye sits playing.. 209
Lucie île Carlisle 188
Lucrèce 6 235
Lucrèce prête à se percer le
sein 239
Lucrèce se donnant la mort . . 239
Lumière (la) 472
Lutma 138
Lutteurs (les) 395
Lutteuses (les) 558
Lut/.en 532
Lu \ ter 56
Lydia 269
Ma chemise brûle 324
Madame Achille Déveria 411
Madame Bacelli 251
Madame Berthe Deveria 411
Madame Campan III
Madame Carrière 288
Madame Cécile Deveria 411
Madame de Maintcnon 322
Madame de Miramon 322
Madame de Viefville 128
606
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Madame du Barry 328
Madame Dugazon 331
Madame Lckerlin 111
Madame Eugène Dévéria 111
Madame Huer ta 411
Madame Relier 80
Madame la comtesse du Barry 307
Madame Lame Dévéria 411
Madame Lemercier 41 1
Madame Létine 300
Madame Marie Dévéria 111
Madame Montigny 428
Madame de Pompadour. . . 304 362
Madame Roland 328
Madame Roqueplan 411
Madame S'" 570
Madame Schlésinger 111
Madame Vaillant 197
Madame Valeiltin 408
Madeleine lisant dans le désert 217
Mademoiselle A. Noblet 411
Mademoiselle D 347
Mademoiselle Lavergne 347
Mademoiselle Pacini 411
Madone de Saint-Sixt (la) 51
M.iiille... Monsieur Cabanel.. 517
Ma grand'tante 543
Main (la) 310
Maisons à S'-l'icrrc-dc-Mannc-
ville 470
Maison basse sur le bord du
canal (la) 170
Maison du garde (la) 103 480
Maisonnettes au Zoete 157
Maisons et fumée 375
Maîtresse d'école (la) 300
Major est si difficile (le) 517
Malade (la) 469
Malheurs oie la guerre (les)... 437
Manchons îles) 37
ManègeQe) 482
Manège a vapeur 414
Maraudeurs (les) 31)0
Marchand de moi l-aux-rals de) 101
Marchande à la toilette (la).. . 342
Marchande de légumes (la)... .'170
Marchande de moutarde (la). . 502 564
Marchande des qualre-saisons (la) 303
Marche a l'éloile (la) 537
Marche joj euse 396
Marché aux cochons (h') 437
Marché aux fleurs (h') 539
Marché aux poissons (le) 193
Marché de Diuan 152
Mai chez tOUl doux 201
Marécages des) lit
Maréchal de Villars(le) 348
Maréchal l'errant (le) 535
Marée montante a Flessinguc 551
Margarita d'Austria 02
Margot la critique 381
Pages
Marguerite de Carlislc 188
Mariage (le) 20
Mariage de la Vierge (le) 217
Mariage mystique de Sainte
Catherine d'Alexandrie.... 47
Mariakerke 417
Marie-Antoinette .... 307, 308,
328, 331, 332, 333, 359, 303 364
Marie d'Einsiedlen (les) 43
Maric-Lœtitia Bonaparte lll
Marie de Médicis... 87, 88, 90 199
Marie-Louise de Gonzague — 102
Marie-Madeleine se livrant au
plaisir du monde 122
Marie Stuart 89
Marie-Thérèse de France 101
Marie- Thérèse- Charlotte de
France ■ 360
Marine à traversle rocher percé H I
Marionnettes (les) 389
Marne à Lagny (la) 180
Marquis de Longueil 100
Marquise de. . . (la) 550
Marquise d'Exeter 201
.Marseille 125
Mais et Vénus 207 255
Martigues 423
Martin Luther 14
Marton 299
Martyre de Saint Pierre el de
Saint Paul (le) 205
Martyre de S» Laurent (le).. 235 257
Martyre de Saint Sébastien (le) (iO
Mary-lsabella Duchess ofRutland. . 275
Masques (les) 535
.Massacre do- Innocents (le) 49,235 230
Master John Crewe 280
Master Lambton 201
Masure (la) 520
Mater inviolata 179
Matin 573 57.S
Matin de) 298 827
Matin au bord du Gange (le). . 371
Matinée d'automne (une) 384
Matinée d'hiver au quai de
l'Hôtel-Dieu 384
Matinée d'hiver sur les quais. . 384
Maud 132
Maunder's lish shop 572
Mavourncen >5 I
Maximilien I" 13
Maya' 75
Médaille de Waterloo (la) .517
Médavy 97
Médée (la) '■"'* '■'■'
Méditation 159
Meei wunder nias) 25
Mélanchton 15
Mélancolie (la) 8 28
Mélanie Waldor 128
Melchior île Polignac 329
LISTE DES ESTAMPES
607
Pages
Mendiant assis 527
Mendiants (les) 387
Mendiants à la porte d'une
maison 138
Menu Roger Marx 396
Menuet (le) 194 523
Menuet de la malice (le) 311
Mercure debout 230
Mère malade (la) 373
Mérimée 411
Merveille de la mer (la) 23
Mestre 212
Métiers (les) 73
Meules en l'eu 111
Meuse à Dordrecht (la) 551
Mcyer et Yahne 555
Middlebourg 433
Midi (le) 298
Mille below maids 288
Millbank 5G2
Mill stream 499
Mioches (les) 178
Miranda 259
Miroir (le) 559
Mise au tombeau (la) 223
Misères et les malheurs de la
guerre (les) 77
Miss Ann Pair 281
Miss Crewe 278
Miss Cumberland 282
Miss Farren 254 260
Miss Frances Harris 280
Miss Frances Kemble 273
Miss Francis Woodley 281
Miss Kemble 254
Miss Jacobs 273
Miss Olga B 577
Miss Rcdferd 556
Miss Thompson 283
Mislress G. Bowles 555
Modèle (le) 473 476
Modèle honnête ( le) 299
Modernité 547
Modes et manières du jour . . . 318
Modistes (les) 469
Mœurs du temps (les) 325
Moine (le) 549
Moine dans le blé (le) 162
Moine et la religieuse (le) 51
Moine Sergius lue par Mahomet (le) 122
Moine Sergius (le) 119
Mois théâtral (le) 396
Molière 103 322
Môme Terpsichorc (la) 478
Momper 187
Mon grand'oncle 544
Mon petit premier 397
Monsieur Polichinelle 501
Monstres (les) 543
Montesquieu 329
Moulin (le) 198
Pages
Moulin à vent (le) 421
Moulin à vent d'Esquibien 421
Moulin de la butte Montmartre 467
Moulin Bruges 519
Moulin de l'Epau 106
Moulin de la Galette (le) 110
Moulin de Rembrandt (le) 139 169
Moulin Rouge (le) 523
Morgue (la) 515
Morning 255
Morning or the bcnevolenl
sportman 265
Mort d'Abel (la) 78
Mort de la Vierge (la) 59 156
Mort de Lucrèce (la) 239
Mort de Rcgulus (la) 129
Mort du cuirassier (la) 396
Mort du vagabond (la) 482
Mort surprenant une femme
endormie (la) 8
Mort surprenant une femme
nue (la) 219
Morte couchée (la) 374
Mort et le bûcheron (la) 183
Mouton retrouvé (le) 182
M" Abington 270
M" Benwell 259
M" Bonfoy 280
Mrs Carnac 276
Mrs Cibber 250
Mrs Cosway 252
Mrs Edwards 260
M« Fitzherbert 252
Mrs Haie 273
M« Musters 274
Mrs Parkyns 257
Mrs Payne Gahvey and son... 273
Mrs Pelham feeding chickens . . 274
Mrs Richards 255
Much ado about nothing 269
Mulets (les) 118
Mur du presbytère (le) 483
Myrtille 396
Mystérieuse (la) 555
My studio 571
Mytton Hall 442
Naguère 469
Naissance de la Vierge (la) 48
Napoléon au bivouac 396
Nash's fruit shop 572
Nathanael Dilger 85
Nativité (la)
19,37, 43, 57, 1113, 126 138
Nature 282
Nature (la) • • 325
N'ayez pas peur ma bonne amie 3 18
Néant ù la requête 34(5
Nef de la chapelle S'-Georges (la) 36
W)S
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Négresse (la) 391
Négresse debout 578
Neige (la) 535
Neige à Bel-Air 402
Neigea Paris (la) 384
Némésis 22 529
Nephten f>47
Ne vous y frottez pas 399
Newcastle in Emlyn 1 19
Ne\vcastle-on-Tyne 433
New maekrel 288
Niemomarth à Amsterdam (le) 573
Noblesse (la) 76
Noblesse française à réglise(la) 73
Noce au château (la) 311
Noce de village (la) 360
Nocturne 503 508
Nocturne palaces 503
Noël de la Faille 115
Non, je ne veux pas voir 345
Noort 187
Nora Quinn >72
Notre-Dame 199
Notre-Dame à l'escalier 237
Notre-Dame de Reims 156
Nouveau modèle (le) 536
Nouveau pont à Lagny (le)... 180
Nouveaux époux (les) 319
Nubilité 547
Nuée d'orage (la) 382
Nuit (la) 2, 298 321
Nuit calme 431
Nuit de Noël (la) 534
Nuit de printemps 120
Nuit en Marne (la) 535
Nymphes scrupuleuses (les).. 337
Obélisque (T) 139
Occupation il') 325
() chaos éternel ! 574
Octobre 553
Œil du maître d') 532
Œufs de Pâques (les) 396
Œuvres de miséricorde (les) . 73
Office of Punch 525
Officier cl sa maîtresse (1').... 52
Offres d'amour (les) 10 235
Ohé! 414
Ohé ! la classe 560
Oies (les) 381
Oiseau mort (!') 330
Oiseau privé (y) 318 333
( lis) au ranimé d') 312
Oisiveté (!') 21
Old chairs h. mend 288
ohl Chelsea M8
Old Chelsea chiirch 152
( >ld HungCl ford bridge 502
OU\ ni l.t lc\ rc d'< Iriucssoii . . 97
Pages
Olla podrida 511
Ombrelle rouge (1') 560
On déchiffre 488
Ondée (Y) 113
One of London llighways .... 430
On la tire aujourd'hui 301
On se retourne 478
On the Arno 525
On the Test 113
On y va deux 313
Optique (D 302
Oracle du hameau (Y) .... 511 540
Orage (1') 402 407
Ordre règne à Varsovie (1') . . . 517
Orgueil'G") 3
Orphée 04
Où donc est-il '? 521
Oui ou non 319
Outillage (Y) 415
Ouvrière en dentelles (Y) 340
Paix de Munster (la) 180
Palace of Stuarts 387
Palazzo Dario 387
Palemon et Lavinia 260
Pandore (la) 22
Pantins roses (les) 590
Pantomime-ballet 597
Papillon danseur de corde (le) 352
Papillons dansant (les) 352
Papillons en scène (les) 352
Papillon jaloux (le) 352
Papillon jaune (le) 117
Papillon noir (le) 118
Papiloneries humaines (les). . . 552
Parapluies 111
Parc à moutons 398
Pardon (le) 518
Pardon de S*»-Anne-la-Palude 537
Pari gagné (le) 349
Pariserinnen 397
Paris qui rit 397
Partie de jeu (une) 51)
Parlie de plaisir (la) 334
Partie de whisl (la) 349
Pas difficile (le) 555
Passée difficile (le) 375
Passage du Granique de i 09
Passé qui Me do 575
Passerelle au bord du canal, a
Troyes (la) 185
Passion de .lésus-Chrisl (la)... 124
Patineurs (les) 117
Paul de Gondi 103
Pauvre minet (pie ne suis je à
ta place 341
p.i\ e des moissonneurs (la). . . 195
Paysage a la mare (le) 183
Paysage à la lour (le) 138 107
LISTE DES ESTAMPES
609
Pn^es
Paysage à la tour carrée (le) 13S 1R6
Paysage à la vache (le) 170
Paysage avec le prophète de
Juda 198
Paysage avec un village 209
Paysage au canal (le) 170
Paysage au dessinateur 158
Paysage aux deux grands pins 3
Paysage aux deux pécheurs (le) 170
Paysage aux palissades (le) . . . 170
Paysage aux trois arbres (le). . 164
Paysage aux trois chaumières (le)
138 1GG
Paysage d'automne 528
Paysage du Bourbonnais 500
Paysage non fini (le) 170
Paysages 415
Paysages parisiens 537
Paysan à cheval (le) 187
Paysan avec femme et enfant 138
Paysan dansanl et la paysanne (le) 10
Paysan et paysanne marchant 138
Paysan payant son écot 133
Paysant rentrant son fumier.. 519
Paysanne du Bourbonnais (la) 546
Paysans (les) 471
Peàt Moss Banavie 137
Péché du premier homme (le) 78
Pêcheur d'anguilles (le) 495
Pêcheurs (les) 133
Pêcheurs de crevettes (les) . . . 487
Peintre dans son atelier 132
Pénitence de saint Chrysos-
tome (la) 7
Pénélope Herbert île Pembroke... 1,S8
Pénélope Xaunton 188
Pénombre 195
Pensée de la mort (la) 66
Perdrix (les) 380
Perrette 299
Perrons au Luxembourg (les) 569
Peseur d'or (le) 138
Peste (la) 238
Pétards (les) 325
Petit calé à soldats 462
Petit chagrin 573
Petit chien endormi (le) 138
Petit Coblentz (le) 319
Petit conseille) :;il
Petit fumeur (le) 501
Petit jardin d'amour (le) 128
Petit jour (le) 326
Petit nemrod (le) 555
Petit pont (le) 179 507
Petit prédicateur (le) 325
Petit prêtre (le) 76
Petit sauveur (le) 61
Petite bohémienne (la) 138
Petite bohémienne espagnole (la). . 160
Petite bretonne (la) 544
Petite Eve (la) 173
Pages
Petite fille au chien (la) 330
Petite foire (la) 74
Petite l'orge (la) 198
Petite loge (la) 349
Petite mendiante 574
Petite sorcière (la) 536
Petite toilette (la) 319
Petite tombe (la) 138 116
Petite treille (la) 19
Petite ville (la) 468
Petites chaumières (les) 384
Petites du ballet (les) 477
Petits danseurs de noce (les). . 8
Petits favoris (les) 311
Petits parrains (les) 3 18
Petits pavés (les) 573
Peuple 517
Phénix (le) 159
Philippe de Champaigne 81
Philippe de France 104
Philippe Le Roy 191
Philosophie endormie (la).... 329
Phœbus et Diane 207
Phrosine et Mélidor 851
Piazza Guilio Cesare 502
Picadore enlevé sur les cornes
du taureau (le) 438
Pièce allégorique sur l'érection
de la statue de Louis XV . . 351
Pièce aux cent florins (la) 138 148
Pièce de canon enlevée (la). . . 396
Pièce de dédicace à (Bosnie de
Médicis 76
Pièce tles pieds (la) 236
Pierre Aretin 289
Pierre Dupuis 98
Pierrot pendu 573
Pierrot sceptique 397
Pigeon vole 517
Pile de pont 397
Pilot town La 525
Place de la Concorde (la) 131 587
Place de la Constitution, à
Séville(la) 456
Plage de Martigues 583
Place Pigalle (la) 381
Plaisir (le) 890
Plaque de chapeau (la) 29
Plénipotentiaire 545
Pluie et parapluie 881
Plume (la) 597
Plus haute expression d'un sen-
timent vague (la) 374
Plus jolie femme de Pans (la) 555
Poème d'amour 119
Poésie (la) 238
Poète Anacréon (le) 525
Poète Virgile suspendu dans un
panier (le) 123
Poignard au couple nu (le) ... 2
Polichinelle (le) 500
610
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Polonia 396
Pommiers (les) 106
Pommeau d'épée (le) 29
Pompe Notre-Dame (la) 512
Pomponne de Belièvre 101
Pont Alexandre (le) 371
l'ont au Change (le) 514
l'ont de bois (le) 170
l'ont dans la lande (le) 524
l'ont de l'Europe (le) 375
l'ont de Si\ (le) 138
l'ont des Saints-Pères (le) 537
l'ont des Saints-Pères la nuit.. 107
Pont Louis-Philippe (le) 198
l'ont Marie (le) 548
Pont-Neuf (le) 131 513
Pont Saint-Michel (le) 109
Pont Solferino (le) 406
Ponte l'iovan 563
Port-au-Bois, à Troyes (le). . . . 486
Porta délia Carta... 473
Portail de la cathédrale d'An-
vers 36
Port breton (le) 535
Port de l'Atlantic City 172
Poil (le Boulogne-sur-Mer 199
Port de Stockholm (le) 456
Port de Trouville 175
Porte enfoncée (la) 309
Portement de croix (le) 58 119
Porte des femmes blanches, à
Utrecht (la) 181
Porte dn bourg (la) 186
Porteuse de poissons 515
Portrail de ('.liai les V 9
Portrait de Delaunay 107
Portrait de Gounod 107
Portrait de II. Aldegrever 2
Poitrail de Joseph Tournv ... 102
Toi trail de Knipperdoling .... 2
Portrait de la Dubarry 319
Portrail de Henry Becque.... 540
Portrait de Luther 56
Portrait d'un jeune homme... 124
Portrait de Maximilien 121
Portrait de Miss Y"' 526
Portrait de M Laffite 172
Portrait de Mp de Ségur 121
l'orirait de Raphaël 121
Portrait de Rips i36
Portrail du Titien 212
Poi trait de Victor Hugo . . 539 540
Portrait de Whistler 158
Portrait <\^ prince Napoléon.. 128
Porus blessé 09
Postures (les) 235
l'ol au lait (le) 325
Pot de vin (le) 195
Pourquoi 573
l'ia délia Yalic 212
Prairie el moulins 520
Pngc»
Précautions (les) 3 18
Précaution maternelle (la) 522
Pré ensoleillé (le) 183
Prélude de Lohengrin 119
Prélude de Nina (le) 301
Premier de l'an chez l'ouvrier (le) 128
Premier pas 177
Première toilette (la) 501
Présentation au temple (la) 216 221
Prière (la) 189
Prince de Galles (le) 80
Princesse Anne Sophie de Ha-
novre 1 85
Princesse de Lamballe 308 331
Printemps 510
Prise de .lésus-C.brisl (la) 15
Procession (la) 189
Procession dans une église es-
pagnole 482
Procession du doge de Venise 231
Profils parisiens 180
Promenade à Hyde Park 523
Promenade au bois de Vin-
cennes (la) 338
Promenade au bord de l'eau (la). . 450
Promenade au jardin turc .... 168
Promenade après la course... 387
Promenade dans la neige 555
Promenade dans la galerie du
Palais-Royal (la). 312
Promenade de Loncliamps,
an X 360
Promenade des religieuses (la) 522
Promenade des remparts de
Paris (la) 356
Promenade du boulevard des
Italiens (la) 319
Promenade du dimanche (la) 528
Promenade i\u jardin du Palais-
Royal (la)..' 31 I
Promenade du matin (la) 32.)
Promenade du soir (la) 325
Promenade publique (la) 313
Promeneur VU de lace (le).... 305
Promeneur vu de profil (le) .. 365
Publication des éditsde Charles-
Quint 192
Puissance de l'amour (la) 219
Purification de la Vierge (la).. 126
Puvis de Chavannes 388
Pyrame et Thisbé 230 235
Quai de la gare à Dieppe (le) 1111
Quai de la lîapée 173 552
Quai de l'Hôtel-de-YilleàParis 191 199
Quai des Bateliers 519
Quai des Orfèvres 199
Quai du Rosaire >49
Quand les bourgeois dorment 139
LISTE DES ESTAMPES
1)11
Pages
Quart d'heure de Rabelais (le) 421
Quatre âges de la vie (les). 71 334
Quatre cavaliers 243
Quatre chèvres (les) 92
Quatre heures du jour (les).. . 334
Quatre saisons (les) 37, 73 334
Quatre tètes de mort (les) 10
Quatrième verre de cognac (le) 547
Queen Anne's gâte 387
Qu'en dit l'abbé 337
Question d'Orient 544
Quiet canal 563
Rachel de Middlesex 188
Radoub d'une barque 464
Ramasseiir de bouts de cigares (le) 407
Raquette (la) 495
Ravaudeuses (les) 539
Raymond la Garrique 428
Rebecca 115
Récolte de pommes de terre.. 520
Recrue allant rejoindre le régi-
ment 305
Réflexions indiscrètes 480
Regrets mérités (les) 325
Reine de Saba (la) 371
Reliquaire (un) 56
Rembrandt appuyé 138 141
Rembrandt dessinant d'après
le modèle 138
Rembrandt gravant 138
Rembrandt au bonnet orné
d'une plume 138
Rembrandt au chapeau rond
et au manteau brodé . . 136 140
Rembrandt au sabre et à l'ai-
grette 142 156
Rembrandt dessinant 138 142
Rembrandt et sa femme 138
Rémouleurs à Tende (les) .... 397
iîencontre au bois de Roulogne (la) 348
Rendez- vous (le) 299 409
Rendez-vous pour Marly (le).. 348
Renan 570
Rencontre (la) 492
Rendez-vous comiques (ies) . . 366
René Chopin 93
René Descartes 185
Renier Ansloo 139
Rentrée du travail (la) 550
Repas italien (le) 334
Répétition de ballet 535
Réponse embarrassante (la). . . 336
Repos (le) 388
Repos en Egypte (le) 14 118
Repos ou retour d'Egypte (le) 120
Réprimande (la) 318
Restaurant (le) 344
Rétameusc (la) 502
Pages
Retour à la fontaine, (le) 524
Retour à la vertu (le) 34 1 340
Retour au lavoir (le) 551
Retour au port (le) 164
Retour de chasse 527
Retour de foire à Pampelune . 456
Retour de l'enfant prodigue (le)
121,155 223
Retour de.; champs (le) 110
Retraite aux flambleaux 431
Retraite du bataillon sacré à
Waterloo 530
Rêve (le) 532
Réveil (le) 531 575
Réveillon (le) 384
Réverbère 117
Rêveuse 37 1
Révolte des tisserands (la). . . . 171
Revue du Roi à la plaine des
Sablons (la) 350
Revue nocturne (la) 531
Rialto (le) 132
Richelieu 359
Richemond 475 562
Riki 574
Rinceau au couple amoureux (le).. 52
River Test at Long Parish 454
Rivière en bas du grand Rocher(la) 114
Rivière au milieu du parc (la) 418
Rixe (la) 301
Rocher percé (le) 197
Rodin 3.S8
Roi et l'homme mort (le) 129
Roma caput mundi 65
Roman (le) 327
Roman dangereux (le) 345
Roman incohérent 397
Romance du printemps (la). . . 416
Romains illustres par leur
valeur (les) 115
Ronde (la) 541
Rosa Bonheur 428
Rose (la) 316
Rose Rertin 332
Rose mal défendue (la) 317
Rose prise (la) 302
Roseaux et sarcelles 383
Rosita Mauri 578
Rotherhithe on wapping. . 562 560
Round and sound live pence.. 288
Rousseau (J.-B.) 329
Rousseau (J.-J.) 322
Route aux grands arbres (la). . 528
Route traversant la forêt (la).. 445
Route zélandaise 371
Ru d'Osny (le) 52:;
Rue Caulaincourt 552
Rue Damiette à Rouen 526
Rue Grcnier-sur-1'Eau 190
Rue Mole 519
Rue Mouffetard 408
(.12
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Hue Pirouette 190
Hue Pirouette, aux Halles 505
Hue Rodier 532
Hue Saint-Severin 375
Hue Transnonain (la) 100
Hue de la Montagne-Sainte-
Geneviève 190
Hue de la Vieille-Lanterne (la) 111
Hue d'Ecosse (la) 375
Rue de l'Ile, à Martigues 533
Hue de l'Isle (la)....' 186
Hue de Morlaix 175
Hue des Filles-de-Dieu 387
Rue des Marmousets 171
Hue des Mauvais -Garçons (la) 508
Hue des Abbesses 552
Hue des Prêtres- Saint-Severin 375
Hue du Bon-Secours, à Bruxelles 117
Hue du Commerce, à Dundee 473
Hue du Gros-Horloge, à Rouen 37(5
Hue du Hameau-Lcfèvre 107
Hue du Petit-Salut (la) 175
Hue Galandc (la) 18/
Ruelle (la) 305
Ruelle du More, Alger 571
Ruelle des ['relieurs, à Boulogne(la) 199
Ruelle Saint-Jean (la) 486
Ruisseau sous bois 163
Rural amusement 267
Rustic employment 207
Sacrée t couronnement deMaric
de Médicis 90
Sacré-Cœur (le) 375
Sacrifice (le) .712
Sacrifice à Mars (le) 231
Sainl Antoine 228
Saint Bruno 185
Saint Christoff .719
Sainl Cross Winchester 13,
Sainl Eloi 128
S>-Eticnne-du-Mont... 173, .712 .7.70
Saint Eustache 21
Sainl Françoise genoux 158
Sainl Gaudens et son modèle. . 579
Saint Georges.. 12, 13, il, 128 130
Saint Georges a cheval.... lo 22
Saint Georges tuant le dragon 128
Saint Gervais 550 .'.72
Sainl Gervais et sainl Protais
à Gisors 377
Sainl Guillaume »3
Saint Ignace de Loyola 185
Sainl James's park 267 .737
Saini Jean Baptiste 39 211
Sainl Je lans l'Ile «le Palhmos. . 12
Sainl Jean I Evangéliste W
Sainl Jérôme 24, 31, 138 185
Sainl Jérôme au tronc d'arbre 1-77
Pages
Saint Jérôme dans le goût d'Al-
bert Durer 157
Sainl Jérôme dans sa cellule 27
Saint Jérôme écrivant 156
Saint Jérôme en méditation.. 138
Saint Jérôme en pénitence... 18
Saint Jérôme cl un autre saint
travaillant aux évangiles . . 22G
Saint Judes Thadée et saint
Simon 13
Saint Luc peignant la Vierge.. 127
Saint Marc de Venise 456
Sainl Mathieu 12
Sainl Michel tuant le dragon.. 43
Saint-Ouen vu de Montmartre 501
Sainl Paul prêchant à Athènes 237
Sainl Pierre 138
Saint l'rcx 121
Saint Sébald sur une colonne 31
Saint Sébastien 201, 207 220
Saint Sébastien attaché à un
arbre 233
Saint Sébastien, saint Antoine
cl saint Hocb 83
Saint Sévérin 190
Saint Stéphane 50
Saint Suaire (le) 11
Saint Sulpice 199
Sainle Anne assise sur un Irône 17
Sainte Catherine 179 220
Sainle Cécile 237
Sainle Face de Jésus-Christ (la) 98
Sainte Famille (la).. 29, lo, .70
70, 85, 111. 121, 185, 208 21.7
Sainte Famille au chat 138
Sainle Famille au papillon... 17
Sainte Famille sous une treille da) 207
Sainte Geneviève 211
Sainte Hélène .7:;
Sainle Madeleine .711
Sainle Thérèse 511
Saints patrons de L'Autriche (les).. 55
Saisie (la) 121
Sallad girl 2.78
Salomée dansant
Salon du Louvre en 17.75 (le).. 355
s.duie : Dawn 503
Salut de l'écuyère (le) 55.7
Salvation army 572
Samaritaine (là) 210
Samedi malin 551
Samson portant la porte de Gaza 38
San ison tuant le lion 43
San BiagO 503
Sanilw iches III
San Georgio 503
Sans dot 55
Sapins dans la neige (les) III
S. A. H. M"- la Un. h i d'Angouie
consolant l'aveugle de Sichon. . 318
Sarcelles (les) 380
LISTE DES ESTAMPES
013
Pages
Sara la baigneuse 120
Sarabande des Barbares 537
Sa taille esl ravissante 299
Satan 128
Satan créant les monstres.... 543
Satan semant l'ivraie 542
Sataniques (les) 542
Satisfaction 545
Saturday morning favorites... 251
Satyre jouant de la cornemuse 20G
Satyre surprenant une nymphe 23<S
Satyriasis 51G
Sauveur (le) 10 -11
Savonneuse (la) 358
Scaffolding 572
Scène première de Rheingold 419
Séance de nuit au Parlement. . 187
Sébastien Rouilliard 96
Seigneur chez son fermier (le) 349
Seigneur et dame à la prome-
nade (le) 235
Seine à Bezons (la) 175
Seine au pont d Austerlitz (la) 488
Seine au quai de la Râpée (la) 491
Selling rabbits 286
Semaine russe 383
Senoras a la corrida 410
Séparés 544
Sept chèvres (les) 92
Sept péchés capitaux (les). .. . 73
Sept planètes (les) -S 205
Sépulture (la) 220
Séi énade triste (la) 573
Serin chéri (le) 342
Serment fédératif (le) 360
Serpent d'airain (le) 112
Serpent parlant à un jeune homme 238
Servante suédoise 579
Servin 96
Servitude (la) 222
Sévérin dans : ... " Chand d'habits " 475
Sévilla 410
Shere mill pond 446
Shipwreck's sailor boy tclling 251
Siège de Berg-op-Zoom (le) . . . 501
Siège de la Motte (le) 70
Siège de Saint-Jcan-d'Acre. . . . 306
Siegfried et les filles du Rhin 419
Siena 285
Signal du bonheur (le) 319
Silène ivre 118
Singe (le) 376
Silice feuilletant un gros livre (le) 401
Sir Thomas Isham 185
Six vues de l'incendie de la foire
de Saint-Germain 354
Sncllincx 188
Snyders 188
Société des protes 390
Sœur Rosalie (la) 127
Soir (le) 298 466
Pages
Soir à Ault-Onival (le) 472
Soir d'amour 573
Soir dans la lande (le) 558
Soir d'été 551
Soirée d'hyver 325
Soins tardifs (les) 295
Soldat français (le) ^95
Soldats portant des trophées.. 222
Soleil couchant 526
Soleil levant (le) 91
Soleil levant sur la neige 430
Solitude !20
Sommeil (le) 55(1
Sommeil d'Eve (le) 139
Songe (le) 22
Songe d'amour (le) 324
Songe du docteur (le) 22
Songe réalisé (le) 317
Songeuse (la) 509
Sophia 269
Sophia Western 259
Sortie de bal 536
Sortie de l'école (la) 489
Sortie de l'Opéra (la) 349
Sortie de bain 103
Soubrette confidente (la) 343
Souper fin (le) 349
Sous bois 417
Sous la neige 150
Sous la lampe 589
Souvenir 470
Souvenir d'Algérie 574
Souvenir de la mort (le) 2
Spectacle des Tuileries 354
Sphère (la) 541
Sphinx (le) 543
Spiritus Sa'netc Deus 115
Spleen 179
Stanislas Auguste 348
Stella malutina 415
Stigmate de Si François (les). . 130
Storm driven 135
Strawberries 288
Street at Saverne 562 563
Stryge (le) 506
Sub tegmine 443
Suite de la douce impression. . 301
Suite dïlullmandel 130
Summer storm in the lichen
valley 432
Sunset on the T liâmes 451
Supplices (les) 75
Supplicié par le garrot (Ici 138
Sur la plage -109
Sur le banc 528
Sur le chemin 527
Sur l'Escault 175
Sur le Grand Canal 456
Sur la Schie 574
Sur un banc 50(1
Surprise 212, 325, 309 409
(>14
LISTK DKS ESTAMPES
Pages
Susscx liclils 434
Sultermans 188
Suzanne et les vieillards 119
Suzette mal cachée 30!)
Swaledale 5G2
Sweel china oranges 288
Sy bille de Cumes (la) 229
Sybille et Auguste (la) 46
Synagogue des juifs (la) 138
Syndics (les) 18.">
Tableaux des portraits à la
mode 356
Tallien 424
Tambourin (le) 301
Tamise (la) 553
Tanagra du Louvre (les) l.">7
Tanneries (les) 499
Tararaboum 396
Tarquin et Lutèce 1
Taupes (les) 381
Taureau (le) 111
Taverne du bagne (la) 384
Ta y port barbour 473
Tempérance (la) 22
Templar 525
Temple 563
Temps d'orage 398
Ti mptation 270
Tentation de saint Antoine (la)
00, 7.") 122
Terrain vague 527
Terrasse (la) 170
Tête de cire du musée de
Lille (la) 125
Tête d'enfant souriant 121
Tète de mort (la) (il
Tête de saint Jean-Baptiste sur
un plat 34
Tête de tigre ni
Tête de vache (la) 130
Tête du Christ couronnée
d'épines (la) 34
! liâmes lishermen 112
rhames police f>i;2
Thames warehouses 562
Thé (le) 539
Théâtre (le) 105
Théâtre libre 397
The anglers repast 201
The balcony .Mil!
The beauties of Windsor 202
The beggars 563 568
The bridge 503
The children Douglas 250
I he citizen's retreat 286
The comic muse 270
The contented watermann.... 263
i lu- coppersmith 197
Pages
The cries of London 288
The dairv farm 280
The disaster 287
The doorway 503 508
The l'air moralisl and lier pupil 252
The liisl corne best served. . . . 357
The lish market, Ostende 572
The llower market 386
The l'orge 502 560
The fortune teller 268
The full of the honcy moon .. 287
The gamesters 269
The gargoylcs of Stirling palace . . 387
The happy rcseniblanee 339
The haunt of the mosqueto. . . 155
The HonM« Beresford, M«Gar-
diner 271
The Ilonourable Miss Bingham 278
The Honi'i" Miss Monckton. . . . 279
The isle de la Cité 500
The itinérant potters 288
The iapanese dress 572
The keep 453
The kitehen 562 501
The large pool 508
The lelter 117
The light-house Shoreham ... 137
The lime burner 562 565
The littlc lagoon 563
The little mast 503
The little pool 502
The little Venice 503
The mast 563
The merry wives of Windsor 270
The mode! lying down 507
The mode! resting 567
The mouth of a brook 1 1 1
The mouth of the Thames .... 436
The mulf 568
The Nile at Assouan 135
The officions waiting woman. . 304
The old laily's garden 528
The palaees 563
The palace Stirling Castle .... 380
The pia/.etta 503
The place to the lirst occupicr 357
The pool 502
The pool Aldrington 137
The promenade at Carliste house. • 284
The public house door 200
The rag gatherers 16 l
The return from coursing .... 287
The return from shooting .... 288
The Rialto 563
The Right 1 1 < > 1 1 '■■ Ladj Anne
I.amblon and familv 257
The Right Honourable Lady
Talbot 270
l'be Riva 503
The romps 250
The sailor's orphans 252
LISTI'. DES ESTAMPES
615
Pages
The seamstress 282
The setting sun 258
The shepherdess of the Alps 250
The sistcrs 257
The smithy 387
The soldier's widow 252
The sont; of autumn 123
The south Cône 435
The square house, Amsterdam 572
The storm 566
The studio 157
Tlu- sun's last rays 136
The swallow's haunt 423
The tavern door 266
The three sistcrs 452
The Thidal bassin 47IÎ
The towing path 450
The traghetto 5(5:!
The unsafe tenement 502
The wane of Ihe honey moon 287
The widow's taie 283
The woodman's return 289
The Y. Amsterdam 387
Tholinx 138
Thomas Carlyle 481
Thoughts on matrimony 283
Tigre (le) ' 161
Tigre royal 105
Tillie 507
Tireurs de N'ailles à l'arque-
buse (les) 92
Tisseuses de burnous (les) 495
Titus Manlius 2
Toast dans la Iilun (le) 577
Tobie le père aveugle 138
Toilette (la) 298, 325, 352 365
Toilette de Vénus (la) 303
Tombeau allégorique (le) 159
Tour à Amsterdam 573
Tour de l'horloge (la) 510
Tourelle de la rue de la Tixe-
randerie 511
Tourelle de Marat (la) 517
Tourne mon moulin 573
Tours de cartes (les) 300
Tout bonheur que la main ... 511
Tout simplement 573
Trait de bienfaisance de la
reine Marie-Antoinette 3u7
Traître Louis XVI (le) 301
Trajan et la veuve 0
Transfiguration (la) 227
Travail et la paresse (le) 480
Traversée (la) 384
Tricoteuse (la) 530
Tricoteuse endormie (la) 330
Triomphe de Bacchus (le) — 51
Triomphe de l'Amour (le) 231
Triomphe île l'empereur Maxi-
milien (le) 33
Triomphe de Mardochée III
1 ■
Triomphe de Mars el de Vénus (le) 231
Triomphe de Neptune 225
Triomphe de la Renommée (le) 210
Tristesse 17(1
Troisième acte, scène 8 478
Trois arbres (les) 138
Trois baigneuses (les) 7
Trois chênes (les) 181
Trois chèvres (les) 92
Trois croix (les) 138 152
Trois femmes naos cl la i I (les) 9
Trois médailles sur final noir (les) 7
Trois mendiants à la porte
d'une maison 101
Trois petites armoiries (les) . . 7
Trois lois (les) Il
Trois statues antiques île Rome (les) 115
Trois supplices (les) 207
Trois sieurs (les) 523
Trois sœurs au parc de Sainl-
Cloud (les) 338
Trois tètes orientales (les) 138
Trois vaches au repos (les) . . . 109
Trompette de lanciers 130
Troupeau de moutons 108
Troupeau de porcs 100
Troupe italienne (la) 303
Truants 251
Tueur de cochon (le) 166
Turkeys 503
Turnips and carrots 288
T\vo DUnches a penny 288
Two doorways 563
Tyzae, YYhitèley and <".".. 502 505
Ukotill 397
Ulrich von Liechtenstein 519
Un aigle 572
Un bouquet de roses .>.>l
L'n cavalier armé Je toutes pièces 05
Un cheval gris-pommelé de
trois quarts 128 130
Un chemin a Saint-Casl 372
Un chien de chasse 102
Vi\ coin de rue dans les Gdc
Carrières 395
Un conventicule de Réformés 192
Un couple 395
In enterrement à Trestaou... 537
Un enterrement au pays Ven-
déen 199
Un enterrement au pays Wallon •>!/
lue académie de vieil homme 121
Une évocation chez lesspirites 191
Une femme avec trois hommes
et un satyre 230
Une histoire ennuyeuse 553
Une liseuse 50)
Une mélodie de Schuniann. . . 119
(il fi
LISTE DES ESTAMPES
Pages
Une partie de jacquet 488
Une prise 395
Une promesse. — Ah! laisse/.
donc 346
Une rue à Barcelone li.ST
Une vieille femme 1G0
Une visite à l'Hôtel-Dieu 102
Un gueux 390
Un jeune homme en 1899 379
Un morceau de Schumann. ... ILS
Un pardon en Bretagne 549
Un pas d'examen 537
Un pont en Auvergne 463
Un quatre de la couleur des
Heurs 40
Qtenbogardus 17!'.
Utenbogaert 171
Upright Venice .">G3
Vai he couchée près de l'arbre (la) 136
Vache qui s'abreuve (la) 110
Vacher (le) 135
Vague (la) 190
Vale of Clyde 38G
Valley of the Itchen 135
Valse (la) 577
Valse des blondes 396
Valse des brunes 396
Van (1er Mculen .'122
Van Dyck 190
Vaux-Hall (le) 283
Van Oort 189
Veere 371
Veillée (la) 520
Veillée de Waterloo (la) 139
Vendanges des) 398
Vendeur d'œufs (le) il
Vendeur de mort-aux-rats (le) 160
Venise 121!
Ventre législatif (le) 398
Vénus.... 20G, 209 227
\ i nu-. |>:i;_'iirr ili: I' \iniiur. . 1 I
Vénus, Bacchus, Cérès el Cupirion 1 16
Vénus désarmant l'Amour 306
Vénus en réflexion
Vénus cl l'Amour 229 212
Verger (le) U7
Verger et la grange de) 169
Verlaine 388 576
Veronica 386
Véronique 21, Il (il
Vei re d'eau de) 325
Verrou (le) 325
Vertu sous la garde de la fidélité < la > 3-_'i
Vespers 562
Vestale l.ucia (la) 229
Veuf de) 553
Vicomte de Turenne 103 3 ix
Victoire (la) 122
Pages
Victor Hugo....- 111
Vie de la Vierge (la) 33
Vieillard à la barbe carrée... 139
Vieille à l'aiguille (la) 544 5 17
Vieille aux Impies (la).... 562 âlil
Vieille femme (la) 392
Vieille femme aux chais 106
Vieille femme reprisant 162
Vieille Maskers (la) 54"
Vieille mendiante 138 101
Vieille mendiante à l'église ... 395
Vieille et les deux couples
amoureux (la) 211
Vieillesse (la) 71
Vielleuse (la) 353
Viennoise 556
Vierge (la) 12 2 tu
Vierge a la chaise ( la ) 22S
Vierge à la tête de mort (la) . . .">
Vierge allai tant l'Enfant Jésus (la) IN 237
Vierge assise (la) 125
Vierge assise dan. un jardin(la) (il
Vierge assise, l'Enfant Jésus
dans ses bras (la) 1
Vierge assise sur un banc de
gazon (la) Il
Vierge au chardonneret (la)... 19
Vierge au croissant sans la
couronne (la) 18
Vierge au linge (la) 103
Vierge au palmier (la) 237
Vierge au papillon (la) 235
Vierge au perroquet (la) ... . G 59
Vierge au pied Je la muraille (I.:) 26
Vierge au singe (la) 21 235
Vierge aux cheveux longs IN
Vierge avec des saints (la) .... 208
Vierge couronnée par les anges (la) 29
Vierge dans la grotte (la) 221
Vierge debout ('la) 130
Vierge debout avec l'Enfant
Jésus (la) G3
Vierge debout avec l'Enfant
.lésus marchant sur un ser-
pent (la) lu
Vierge de François I< ! (la) .... 86
Vierge entre deux anges (la) . . 216
Vierge et l'Enfant Jésus (la). .. Il
Vierge et l'Enfant Jésus sur des
nuages (la) 215
Vierge et sainte Anne (la) 2I.S
Vierge Immaculée (la) 19
Vierge normande I7(i
Vierge près du corps 'le Jésus (la) (13
Vierge recei anl I \ incialion (la)
Vierge, saint Bernard et sainte
Catherine (la) 19
Vierge sur un tronc (la) 225
Vierges folles (les) 02 72
Vierges sages (les) 62 72
Vieux berger (le) 211
LISTE DES ESTAMPES
()1 7
eux bourg (le)
eux chantier à Rochester . .
eux cheval (le)
eux coq (le)
eux Haaring (le)
eux mendiant (le)
eux murs (les)
eux pont
eux quai ,
eux quartier de Vitré
gne abandonnée (la)
llanelle
nius
oient (le)
olon (le)
olonneurs (les)
rilité (la)
sion d Espagne
site (la)
site à la pension (la)
site au Louvre (la)
site inattendue (la)
site matinale (la)
Site pastorale (la)
sitation (la)
sit to the grand l'allier
sit to the grand molher. . .
tré
vandière (la)
adislas
œu
oisins de campagne (les) ....
olaille plumée (la)
ol et la prostitution dominant
le monde (le)
olendam type
oyageurs (les)
oyageurs au bord du grand
chemin (les)
rai bonheur (le)
rille (la)
Pages
195
385
157
382
171
573
375
371
371
475
439
573
194
32
501
195
71
5! 15
526
310
403
325
334
41)3
42
284
207
569
532
US
57! !
384
382
515
520
180
197
349
390
Pages
Vue d'Omval 138 101
Vue de la place Saint-Marc... I
Vue d.e Montmartre 501
Vue d'une prairie 130
Vue d'un quai de Taris 422
Vue générale d'Anvers 473
Vue perspective de Venise en
l'an 1500 207
Vue prise du pont Saint-Michel 474
Wawerius 189
Westminster 134, 562 504
Westminster bridge 384
Westminster palace 384
Westport 385
What von will 284
Wheelwright 503
Whistler's house 449
Whistler's mother 507
Wild ducks, evening: Avington
Park 433
William Bullock 251)
William King 250
Willem de Rvck 191
Windmill . . ." 387
Windsor 453
Wisby 156
Yaminn-bent si-Djelloul 495
Yesterday and to day in Venice 525
Yvette Guilbert assise 555
Zabucaia (le)
Zorn et sa femme.
150
575
Essai d'un Index Bibliographique '
Généralités
*Le Peintre-Graveur, par Bartseh >, 21 vol. et un atlas, 1803-1821.
Supplément au Peintre-Graveur (te Bartseh, par R. Wcigel, 1843.
* Le Peintre-Graveur, par Passavant, 6 vol., 1860-1864.
*Le Peintre-Graveur Français, par Robcrt-Dumesnil, 11 vol., 1835-1871.
* Le Peintre-Graveur Français continué par Prospcr de Baudicour, 2 vol.,
1859-1861.
Le Peintre-Graveur Hollandais et Flamand, par van der Kcllen. 1800-1873.
Le Peintre-Graveur Hollandais et Belge du xix1' siècle, par Hippert et
Linnig, 2 vol., 1874-1879.
Les Graveurs Belges, par Siret, 1856.
*Lcs Graveurs du xvm« siècle, par'le baron Portalis et Béraldi, 3 vol.,
1880-1882.
♦Les Graveurs du xix' siècles, par H. Béraldi, 12 Vol., 1885-1892.
Der Deutsche Peintre-Graveur, oder die deutschen Maler als Kuplèrstccher
von Andresen, 3 vol., 1864-1866.
Die Deutschen Maler Radirer des Neunzehnten Jahrhunderts von Andresen,
8 vol., 1866-1870.
Handbuch fur Kupfertischsammler von Andresen, 2 vol., 1870-1873.
Manuel de l'Amateur d'Estampes, par Dutuit, 6 vol., 1881-1888.
* Manuel de l'Amateur d'Estampes, par Ch. Le Blanc, 4 vol., 1854-1889.
Manuel de l'Amateur d'Estampes, par Joubert, 3 vol., 1821.
Manuel de l'Amateur d'Estampes, par Musseau, 1821.
1 Nous avons marqué d'un astérisque les ouvrages absolument indispensables a ceux qui font
de l'estampe. — Nous eussions voulu jeter un peu plus de elartc dans le classement de cet index,
le temps nous a malheureusement fait défaut, on voudra donc bien nous eu excuser; nous
nous sommes aussi borné à mentionner simplement le nom de l'auteur et la date de publi-
cation de l'ouvrage, notre texte eut été par trop chargé si nous y avions ajouté le nom de
l'éditeur et le lieu de publication. — Une bibliothèque bien complète, ayant Irait à tout ce qui
se rattache à l'estampe, comporterait environ GII0 à 700 volumes et coûterait 15000 à 20000 francs.
' I.'éminent iconographe conservateur de la Bibliothèque de Vienne a particulièrement
consulté, pour mener à bien son colossal travail, les collections du duc Albert de Saxe Teschen.
comte de Frics, prince Paar, prince de Liechtenstein, prince Estcrhazy, comte de Harrach et
les notes manuscrites laissées par Mariette.
(520 INDEX BIUUOGKAPHIQUE
Manuel de l'Amateur d'Estampes, par Hcller, 1850.
Manuel de l'Amateur d'Estampes, par Vallardi, 1843.
Manuel de l'Amateur de ('.rayures sur bois et sur métal au xve siècle, par
Schreiber, 1891-1895.
Manuel des Curieux, par Huber et Rost, 9 vol., 1797-1808.
Manuel d'un Collectionneur d'Estampes, par J.-G. de Quandt. 1853.
" Die Monogrammisten, von Naglcr fortgesetzt von Andresen und Clans,
9 vol., 1881.
* Dictionnaire des Monogrammes, par Brulliot, 3 vol., 1832-1834.
Dictionnaire des Monogrammes, par Christ, 1750.
Monogrammen Lexicon, von \)' Stellwag, 1830.
Dictionnaire des Monogrammes, par Sellius, 1762.
Dictionnaire des Marques et Monogrammes des Graveurs, par Duplcssis et
Bouchot, 1887.
Collector's Marks, by Louis Fagan ', 1883.
Monogrammen Lexicon, par Heller, 1838.
Konst-Cabinet der Bouw, schilder. .., en graweerkunde, par Lecomte,
2 vol., 1745.
Notice sur les graveurs qui ont laissé des estampes marquées de mono-
grammes, par Malpé et Baverel, 2 vol., 1807-1808.
* Kiinstler-Lexicon, par Naglcr, 22 vol., 1835-1852.
French Engravers and Draughtsmen of thé .wur century, by Lady Dilke,
1902.
Eighteenth Century colour prints, by Mf- Julia l-'rankau, 1900.
* iii'van's Dictionary' of Pointers and Engravers, latest and best édition,
revised, enlarged and edited, by li. Graves, 2 vol., 1899.
Handbucb fur Kupferstichsammler oder Lexicon des xix Jahrhunderts,
von Apel, 18X0.
Allgemeines Kunstler Lexicon, von Julius Meyer.
Dictionnaire des Graveurs, par Basan, 1789.
Dictionnaire des Graveurs, par Huber, 2 vol., 1787.
Dictionnaire des Artistes dont nous avons les estampes par Huber,
1 vol., 1778.
Dictionnaire des Graveurs, par Heller, 1838.
Dictionary of Painters and Engravers, by Ottley-1, 1866.
Dictionnaire des Artistes, par Heinecken >, 1 vol., 1778-1790.
Duicli Etchers of the seventeentb century, by L. Binyon, 1895.
Dictionary of Artistes ofthe english School, by Redgrave, 1878.
Handbuch fur Kupferstichsammler oder Lexicon der Kupferstecher, von
Andresen, i vol., 1870-1873.
i Précieuse petite plaquette reproduisant environ 700 mnrques de musées, marchands h
. il lèbn i ditéi i -' francs, il la but payci aujourd'hui - quand on lu trouve
i n francs.
i n y a eu M.' nombreuses éditions, celle 'i est Infiniment supérieure.
\n. n n conservateur du British Muséum.
' Conservateur du Cabinet des estampes de Vienne, mourut en disgrâce ■ " 1800, parce qu'il
s'était permis, dit-on, de m' former une collection personnelle.
INDEX ISIBLIOGRAPIIIQi'E 021
Dictionnaire général des Artistes de l'Ecole française, par de la Chavignerie
et Auvray, 2 vol., 1882-1885.
A biographical Dictionary. . . of ail the engravers from the earliest period. . .
to the présent times, by Strutt, 2 vol., 1785-17SG.
Sculptura or the history and art of Calcography and engraving in Copper. . .
communicated by prince Rupert lo John Evelyn Esqrc, 1662, 1700, 1769.
Notizie istoriche degl'intagliatori, par Gandellini, 3 vol., 1771.
Materiali per servire alla storia dell'origine dell'incisione. . ., parZani, 1802.
Enciclopedia délie hclli arli, par Zani, 28 vol., 1819-1822.
Abeecdario d'Orlandi, publié par de Chennevières et Montaiglon, d'après
les notes de Mariette ', 6 vol.
Handbuch zur Kupferstichkunde von Haake, 1840.
Notice of engravers and their works heing the commencement of a new
dictionary, by W.-Y. Ottley, 1831.
* British mezzotinto portraits, by .1. Chaloner Smith, 5 vol., 1878-1883.
English mezzotinto portraits, by W.-B. Tiffin, 1883.
Evan's Catalogue of engraved British portraits, 2 vol.
A Catalogue of engraved British portraits from F.gbert the Great to the
présent lime, by Henry Bromley, 1793.
The best Portraits in engravings, by Ch. Sumner.
(Catalogue de Portraits gravés de personnages russes, par Rovinsky, 1872.
Histoire de l'Iconographie en Russie, par Rovinsky, 1856.
Liste alphabétique de Portraits russes, par Wassillschikoff, 2 vol., 1875.
Iconographie Lilloise, par A. Dinaux.
Iconographie Bretonne, par le marquis de Granges de Surgères. 2 vol.,
1888-1889.
Les Portraits du duc de la Rochefoucauld, par le même, 1882.
Les Portraits gravés de Richelieu, par le même, 1889.
Les Portraits de Charette, par le même, 1886.
Notice sur les Portraits de Marie Stuart, appartenant au prince A. Labanoff,
2 éd., 1856-1860.
Les Femmes du XVIIIe siècle, portraits gravés, par le marquis de Granges
de Surgères et G. Bourcard, 1887.
Bibliothèque historique de la France. . . , tome IV, contenant les portraits
français, par Lelong, revue par Fevret de Fontette, 1775.
Liste alphabétique des Portraits omis par Lelong, par Soliman Lieutaud,
5 vol., 1816.
Liste alphabétique des Portraits des personnages nés en Lorraine..., par
le même, 1862.
Liste des Portraits des Députés de 1789, par le même, 1851.
Recherches sur les personnages nés en Champagne..., par le même, 1850.
Catalogue de la collection des Portraits français et étrangers, conservée
au Département des Estampes, par Duplcssis et continué par G. Rial -,
1896-1902.
i Les noies manuscrites de Mariette contenues dans lu volumes, croyons-nous, appartenaient
à François Regnault Delalande ; à la vente de ce dernier en mars 1825, elles furent acquises par
le Cabinet des Estampes, pour la modique somme de 700 francs.
- Cinq volumes sont parus chez Rapilly.
C>22 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
L'Iconographie, 1840-1849.
Dictionnaire Iconographique des Parisiens, par A. Tardieu, 1885.
Manuel de Bibliographie biographique et d'Iconographie des femmes
célèbres, par un vieux bibliophile ', 1892 ; un supplément, 1900.
Iconographie Lilloise, par Arthur Dinaux.
Iconographie delà Reine Marie-Antoinette, par Lord H. Gower, 1883.
Iconographie de Marie-Antoinette, par le baron de Yinck, 1878.
Iconographie des Estampes à sujets lestes et galants, par le comte d'I.., 18G8.
Catalogue des Portraits des Princes..., par Odieuvre, 1742.
Catalogue des Portraits au physionotrace exécutés dans les ateliers de
Quenedey.
Catalogue îles Portraits de S. A. R. Mt'1 le duc d'Aumalc, au 1er mai 1829, 4 vol.
De la Gravure de portraits en France, par Duplessis, 1875.
Les Graveurs de portraits en France, par Firmin Didot, 2 vol., 1875-1877.
Histoire du Portrait en France, par Marquct de Vasselot, 1880.
Histoire du Portrait en France, par R. Pinsit et J. d'Auriac, 1884.
Les Graveurs de portraits en France, par Alkan aîné, 1879.
A History of thc Art of Printing, by II. -N. Humphreys, 1807.
Nouvelle manière de graver en cuivre des estampes coloriées, par
.1. Bylaert, 1772.
Principia Typographica, by P.-L. Sotheby.
Pratical Treatise on the Art of Etching, by J. Ilassell, 1820.
Die Anfangc der Druckcrkunst in Rild und Schrift, von Weigel mul
Zestermann, 2 vol., 18GG.
Histoire Artistique et Archéologique de la Gravure en France, par Ron-
nardot, 1849.
The History and Art of wood-engraving, by W.-A, Challo, 2 éd., 1848-1861.
Quatre Siècles de Gravure sur bois, par G. Hirth et R. Muthcr, 1888-1889.
Traité historique et pratique de la Gravure sur bois, par Papillon, 3 vol.,
1700.
The Masters of wood-engravings, by W.-J. Linton, 1889.
A Treatise on wood engraving, by Jackson, 1839-1801.
A History of the Art of engraving in mezzotinto, by J. Chclsum, 1786.
Histoire de la Gravure en manière noire, par 1.. Delaborde, 1839.
Masters of Mezzotinto, by A. Whitman, 1898.
Abrégé historique de l'origine et des progrès de la Gravure en bois et
taille douce, par le major Ilumherl, 1752.
Die Kupferstecherei od. d. Kunst in Kupfer zu âtzen, von Longhï und
Bartsch, 1837.
lissai sur l'origine de la Gravure en bois et en taille douce, par .lansen,
2 vol., 18118.
lissai Typographique sur l'Histoire de la Gravure sur bois, par F. Didot, 185::.
Un Ancêtre de la Gravure sur bois, par H. Bouchot, 1902.
i La discrétion nous oblige A ne pas dévoiler le nom du Bnvanl el trop modeste écrivain
d'nrl qui lient absolument A conserver l'anonyme, nous savons <|u'il prépare un second
supplément. •■<• qui portera alors :• troti le nombre de volumes de cet ouvrage du plus haut
oit. i. i.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 623
Essai sur les Nielles, par Duchesne aîné, 1826.
Memorie spettanti alla Storia Calcografia, par L. Cicognara', 1831.
De la Gravure sur métal et sur bois, par le même.
Dictionnaire des Arts de Peinture, Sculpture et Gravure, par Watelet,
5 vol., 1792.
Essai sur les filigranes des papiers employés en France aux xiv et
xv« siècles, par Midoux et Matton, 18C8.
Origine de la Gravure, par Humbert, 1752.
L'Art d'imprimer les Tableaux, par J.-C. Le Bloi, 175C.
L'Art de graver au pinceau, par Stapart, 1773.
L'Art de la Gravure, par Fielding, 1845.
Traité des manières de graver en taille-douce sur l'airin, par A. Bosse -, 1045.
Découverte du procédé de Gravure au lavis, par Le Prince, 1780.
Der Kupferstich, von F. Lippmann, 1896.
Der Italicnische Holzschnitt im xv Jahrundert3, par le même, 1885.
Etching, Drypoint, Mezzotint, by H. Paton.
Etching and Mezzotint engraving, by H. Herkomer, 1892.
Eau-forte, Pointe sèche et Vernis mou, par Aug. Delàtre, 1887.
Some Masters of Lithography, by Atherton Curtis, 1897.
Traité de Lithographie artistique, par E. Duchatel, 1893.
Traité théorique et pratique de la Lithographie, par Engelmann.
La Lithographie à Rouen, par Hédou, 1877.
L'Art de la Lithographie, par A. Sencf'eldcr, 1819.
Lithography and Lithographers, by J. and E. Pennell, 1898.
La Lithographie originale en couleurs, par Mellcrio, 1899.
Comment je devins graveur à l'eau-forte, par le G''' Lepic, 1876.
Traité de la Gravure à l'eau-forte, par Maxime Lalannc, 1866.
Coup d'oeil sur l'Histoire de la Gravure dans les Pays-Bas, par Félix
Stappaerts, 1852.
Essai d'une Bibliographie de l'Histoire de la Peinture et de la Gravure en
Hollande et en Belgique, par J.-F. van Somercn, 1882.
Les Merveilles de la Gravure, par Duplessis, 1869.
Procédés de la Gravure, par Lostalot.
Histoire de la Gravure en Italie, en Espagne, par Duplessis, 1880.
Essai sur la Gravure de l'Ecole italienne, par G. Cumberland, 1827.
Essay on prints, by William Gilpin, 1792*.
Catalogue critique des meilleures gravures d'après les Maîtres les plus
célèbres de toutes les Ecoles, par Fusslin, 2 vol., 1805.
Des Estampes et de leur étude depuis l'origine de la Gravure jusqu'à nos
jours, par C. Leber, 1865.
The golden Age of Engraving, by F. Keppel, 1878.
' C'est peut-être le meilleur ouvrage qui ait été écrit sur les nielles.
2 II y a eu de nouvelles éditions publiées en 1701, 174") et 17.">S.
1 II existe une traduction anglaise éditée par B. Quaritch en 1889.
4 Cette quatrième édition a été traduite en français en 1800. par le liaron de lllumenstein.
()24 INDEX BIBI.IOGRAPHIOI I
The modem disciples of Rembrandt — What etchings are, by Frederick
Keppel, 1888.
Des types et des manières des Maîtres-Graveurs, par J. Renouvier, 2 vol.,
1853-1855.
Histoire de l'origine et des progrès de la Gravure dans les Pays-Bas et en
Allemagne jusqu'à la lin du XVe siècle, par J. Renouvier, 18C0.
Histoire de l'Art pendant la Révolution, principalement dans les Estampes,
par J. Renouvier, 2 vol., 1863.
Les Graveurs de l'Ecole de I-ontainebleau, par F. Herbet, 1896.
Les Graveurs d'Estampes sur cuivre à Lyon au xvik siècle, par Nalalis
Rondot, 1896.
Les Graveurs sur bois à Lyon au seizième siècle, par N. Rondot, 1897.
Recherches sur les graveurs d'Abbeville, par E. Delignières, 1886.
Les Graveurs Troyens, par Corràrd de Bréban, 1868.
Gravures russes et leur provenance depuis l'an 1564 jusqu'à la fondation
de l'Académie des Arts, par Rovinsky, 1870.
Estampes relatives à la Guerre de 30 ans, par J.-A, Schmidt, 1868.
Notices de quelques Estampes très anciennes, pas Asher, 1862.
Les anciennes vues d'optique, par F. Pouy, 1883.
A chronological séries ol' engravers from the invention of the Art to lia
beginning of the présent century, 1770.
La plus ancienne Gravure sur cuivre laite dans les Pays-lias, par
A. Pinchart, 1876.
La plus ancienne Gravure connue comme date, par le 11" de Reiffenberg,
181.").
Estampes du xv siècle, par W. Schmidt, 1886.
Une Gravure de 137',). Les Vierges de Maastricht ou d'Einsielden de 1166,
par Witlert, 1878.
Les Artistes graveurs en taille-douce, par Tacquenet, 1857.
La Gravure en Italie avant Marc Antoine, par le Vf II. Delahorde, 1883.
Etching, engraving and other methods ol' printing pictures, by Singer and
Straug, 1897.
La Gravure, ses origines, ses procédés, par le V'« IL Delahoi île.
Histoire de la Gravure dans l'école de Rubens, par II. Hymans, 1879.
.Notice histoi Lque mu- l'art de la gravure en France, par P. -P. Choffard, 1804.
An iiupiirv into the origin and earlv story of engraving, bv W'.-J. Ottley,
2 vol.", 1816.
Catalogue des Estampes gravées d'après Raphaël, par T. Eulœus, 1819.
A Catalogue of engravers who hâve been boni or resided in Bngland,
by Vertue, i\<.-u\ éditions1, 1763-1782.
Engraved Works of Captain Baillie, 1771.
An essav ol the utility oi collecting. . . ol the ilaliau Sehool, b\ ('■ Cumber-
land, 1827.
Les Madrés ornemanistes, par 1). Guilmard, 2 vol., 1880-1881.
Engravers of Ornament, by J, Marshall, 1869.
* Noua croj ons, mai-, -.mus l'afQrmer, qu'il \ en ;i bu uni- trolBlàma en t 7ij 4 .
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The etcher's handbook, by Ph. -Gilbert Hamerton, 1871.
Idée générale d'une collection complète d'estampes, par Heinecken, 1771.
Notice de quelques Gopies trompeuses, par Ch. Le Blanc, 1849.
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The Print Collector, by .1. Maberly, 1844, et New-York, 1880.
Le Cabinet de l'Amateur, par E. Piol, 1842-1816 et 1861-1803.
Le Trésor de la Curiosité, par Ch. Blanc, 1857-1858.
The Print Collector's handbook, by Alfred Whitman, 1902.
An Introduction to the study and collection of ancient prints s, by W.-H.
Willshire, 1874.
Les Estampes du xvnn siècle, par G. Bourcard, 1885.
Dessins, Gouaches, Estampes et Tableaux du xvme siècle, par G. Bourcard,
1893.
L'Art au xviik siècle, par de Goncourl, 2 vol., 1880-1882.
Les Archives de l'art français sous la direction de Chenncvières et de
Montaiglon, 1851-1885.
Voyage d'un Iconophile, par Duchesne aine, 1834.
Héliogravures, par Amand Durand. — 400 eaux-fortes et gravures des
Maîtres anciens reproduites sous la direction de G. Duplessis.
Catalogue de l'exposition des Gravures anciennes et modernes au Cercle
de la Librairie, le 4 juillet 1881.
Catalogue des Eaux-Fortes publiées par Cadart3, 12 vol., 1808-1880.
Etat civil des Artistes français, par Piot, 1873.
Etat civil d'Artistes français, par Herluison, 1872-1873.
Etat civil d'Artistes français, par Huber Lavigne, 1881.
Mes Estampes, par H. Béraldi, 1884.
1 La première édition publiée en 18US esl devenue fort rare, elle vaut environ 150 francs.
- II existe une seconde édition eu deux volumes parus en 1877.
3 Ces publications débutèrent en 1863. sous la rubrique Société di's Aquafortistes, et se conti-
nuèrent de 180S en 1880, sous le nouveau titre Illustration Nouvelle; la première période esl de
beaucoup la meilleure. Cette collection devenue rare contient 5J3 planches.
■1U
G2(i INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Estampes et Livres, par II. Bérahli, 1892.
Les Arts de reproduction vulgarisés, par J. Adeline, 1893.
Revue universelle des Arts, 23 vol., 1855-1866.
Essai sur l'Art de restaurer les Estampes, par Bonnardol, 1858'.
La Curiosité en 1899; revue des ventes publiques en France et à l'étranger,
par Williamson.
Index iconographique, répertoire des ventes publiques, par P. Dauze,
1894-1902.
Les Ventes au xix' siècle, par L. Soullié, 189G.
Dictionnaire des ventes faites en France et à l'étranger pendant les xvin-'
cl xix1' siècles, par le Dr H. Mireur, 1901.
Art Sales, by George Redfort, 2 vol., 1888.
Art Sales, by J.-IL Slatcr, 1901-1902.
L'Estampe et l'Affiche, 1897, 1898, 1899.
L'Epreuve, 1891.
L'Estampe moderne, 1897, 1898, 1899.
L'Eau-Forte, 1903.
L'Estampe originale, 1893, 1894, 1895.
La Gazette des Beaux-Arts, 1859 1903.
Bévue de l'Art ancien et moderne, 1897-1903.
L'Image, 1896-1897.
L'Estampe. 1881-1901.
The Studio», 1S93-1903.
The Connoisseur, 1901-1903.
Graphïsche Kuenste de Vienne.
Ver Sacrum de Vienne.
Les Ventes de Tableaux, Dessins, Estampes aux xvn<- et xvnr siècles ;
essai de bibliographie, par Duplessis, 1871.
Essai de bibliographie relatif à l'histoire de la gravure et des graveurs.
par Duplessis, 1802.
Essai d'une bibliographie générale des Beaux-Arts, par Duplessis, 1866.
Catalogue de la bibliothèque d'art de Duplessis, 1900.
Les Altistes célèbres', publiés sous la direction de Paul Leroi.
Der Verein fur Original-Radirung zu Berlin*.
Catalogue des Estampes de Hambourg, 1878.
Catalogue des Estampes de Copenhague, par Thiel, 18G3.
' Il exisir une première édition beaucoup moins recherchée, publiée en 1848.
: Non-, recommandons loul spécialement le numéro d'été 1902, Modem ctchtngs and engravings
European and American, ainsi que celui île septembre ioo.t. pour la belle élude consacré* i
Whistlcr snus la signature de A.-l,. Baldry.
-» Parmi lesquels nous filerons comme rentrant dans notre programme : Audran, Bary,
Bosse, Boucher, Cnllot, Canaletto, Charlet, Cochln, Decamps, Bdelinck, Fortuny, Fragonard.
Gavarni, Greuze, Huet, les Uoreau, Prudhon, RjuTot, Rembrandt, Reynolds, Rnyadael, les
Saint-Aubin, Turner, Van Ostade, Van île Velde el Watteau.
i Société fondée à Berlin, en février 1880, sons la haute direction île M. Paul Bette, ayanl
pour luit île développer la producUon cl le goûl îles caux-fortes originales.
INDEX BIBLIOGHAPHIQUE 627
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Munich, par Brulliot, 1856.
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Den Kgl. Kobberstiksamling. . . af Emil Bloch. Kjobenhavn ', 1881.
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A Guide to Drawings, Prints exhibited in the second northern gallcry of
British Muséum, 1885.
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Index of Artists represerited in the Department of Prints in the British
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deux éditions en 1819, une en 1887, une réimpression abrégée en 1811,
et une dernière en 1855.
Le Département des Estampes à la Bibliothèque Impériale, par Duplessis,
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Le Déparlement des Estampes, par le Vto Henri Delaborde, 1875.
Un coin de la Bibliothèque Nationale : Les Habitués du Département des
Estampes, par E. Mobilier, 1892.
* Le Cabinet des Estampes, par Henri Bouchot, 1895.
Inventaires des Dessins, Photographies et Gravures relatifs à l'histoire
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rédigés par François Courboin, 2 vol., 1895.
* Catalogue sommaire des Gravures et Lithographies composant la Réserve,
par François Courboin, 2 vol., 1900-1901.
Les deux cents incunables xylographiques du Département des Estampes,
par H. Bouchot, 1903.
* C'est le catalogue du Musée de Copenhague.
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— L'Œuvre..., par Kristeller, 1896.
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Barthélémy et Mans Sebald, par Aumuller, 1881.
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Das Kupferstich uud Holzschnittewerk des 11. S. Beham von
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Daniel Chodowiecki's Sammlitche Kuperstiche . . . von W. Angcl-
mann, 1857 '.
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— Monographie, par Pyeroft d'Exeter.
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— Lucas Cranach's des Alteren und Werke, von Schuchardt,
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• Il y a eu un supplément on ISCfi.
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— Catalogue de l'Œuvre de Decamps, par A. Moreau, 1869.
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— Gilles Demarteau, catalogue descriptif, par de Lcymarie, 1896.
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— Durer's Kupferstiche und Holzschnitte, von R. V. Retberg, 1871.
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Reproduit en héliogravure par Amand Durand, texte par Duplessis.
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— Reproduit par Amand Durand, texte de Duplessis.
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3 Cet amateur «".t l Leppel, suivant tes uns. ou M. Uenge, suivanl les autres.
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— L'Homme et l'Œuvre, par de Goncourt, 1879.
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Les Maîtres de la Lithographie, par G. Eiédiard.
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Jacquemart. - Catalogue de l'Œuvre de J. Jacquemart, par Louis Gonse,
1876, avec ni\ appendice eu 1881.
' En IK78. A. Plnchart publia une plaquette InUtulée : Va dernier mot sur la deux plancha
~ utJ b i gronda armotiiu de Bourgognet
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i u '-jisic une traducUon française.
' On a joint .ni texte, un nUaa en :i vol. reproduisant les planches originales dan-, ion-, leurs
lats ncr. ,ii., soll 1000 phototypies sans retouche, le mémo ouvrage existe aussi avec deux
allas, l'un classé d'après Bartsch, l'autre d'après Middleton suivant l'ordre chronologique.
Rovinsky est a l'heure actuelle la plus haute autorité en la matière.
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' Une première édition avait été publiée en 1880, pnr Thibaudeau.
i . i le tuii/iir/nnit nu i'nialo(!iic Wcilmoi», rédigé par M. Kennedy.
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A travers cinèi siècles de *Zù
gravures, 1350-1903
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