the ppesence of this Book
n
the]. m. kelly liBRARy
has Been maôe possiBle
thRouqh the qeneRosity
of
Stephen B. Roman
From the Library of Daniel Binchy
Digitized by the Internet Archive
in 2011 with funding from
University of Toronto
http://www.archive.org/details/revueceltiqu35pari
REVUE CELTIQUE
t,0
LreRARY
l/J
k— ^
'*/?
<>
^ CE£^>
/
FONDÉE
PAR
H. GAIDOZ
18701885
CONTINUÉE PAK
H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE
1886-1910
o
6
&
DIRIGEE PAK
J. LOTH
Professeur au Collège de France
AVEC LE CONCOURS DE
G. DOTTIN E. ERNAULT J. VENDRYES
Doyen de la Faculté des Professeur à l'Université Chargé de cours
Lettres de Rennes de Poitiers à l'Université de Paris
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNIQUES ET DU CONTINENT
Année 1 9 1 4 . — Vol. X X X Y
PARIS
LIBRAiRIE ANCIENNE H. CHAMPION
Edouard CHAMPION
), QUAI MALAQUAIS (6e)
19 I.|
Téléphone Gobelins 28 20
EDITEUR
La réduction de la Revue Celtique dédie ce volume de la
collection à
M. ERNST WINDISCH
qui accomplit en 1914 la soixante-dixième année de son âge.
NOTES
SUR LE
PARLER BRETON DE CLÉGUÉREC
(morbihan)
S'il est banal de répéter que, derrière la façade régulière du
vannetais écrit, il y a la bigarrure pittoresque de tous les lan-
gages parlés, il l'est peut-être moins de dire que l'observateur
est bien placé à Pontivy pour le constater une fois de plus.
Les citadins n'y parlent guère le breton, il est vrai : ils
l'ignorent totalement ou ne l'emploient que d'une façon
incorrecte, quand ils y sont forcés par le souci de leurs inté-
rêts commerciaux ; mais l'apport bretonnant est sans cesse
renouvelé dans cette ville, point de jonction de divers pays
qui lui envoient les journaliers et les servantes dont elle a
besoin. Et si vous allez, par exemple, aux sermons du Carême,
vous aurez le spectacle assez curieux d'une foule de femmes
aux coiffes diverses — à quoi l'on reconnaît leurs paroisses
respectives — serrées au pied d'une chaire du haut de laquelle
un orateur prêche en un idiome conventionnel que toutes
comprennent, mais que nulle d'entre elles, qu'elle vienne de
Noyai, de Guern, de Cléguérec, du pays de Baud un peu plus
éloigné ou de la région bas-vannetaise de Séglien-Guémené,
ne parle, à vrai dire.
Nous pensions que cette proximité ou, pour ainsi s'expri-
mer, cette présence constante du territoire linguistique à
explorer devait être mise à profit, quand la lecture de certains
cahiers de vers1, en fixant notre attention sur le parler de
i. Le 2 mars 1912 mourait à Pontivy un ancien instituteur, M. Julien
Jouanno, né à Kerfulus en Cléguérec le 24 septembre 1840. Pendant toute
une période de son existence — de 1862 à 1873 — il avait pris soin de
consigner en vers bretons les faits qui lui semblaient importants de sa vie
Revue Celtique, XXXV. 1
2 E. Thibault.
Cléguérec, chef-lieu de canton situé à u km. i 2 au nord-
ouest de Pontivy, nous a donné l'idée d'aller l'étudier sur
place, de compléter et de classer des notes déjà prises.
Xous n'ignorons pas que l'aire des phénomènes linguistiques
signalés plus loin ne se laisse pas strictement circonscrire,
qu'ils se retrouvent presque tous dans le pays entier de Clé-
guérec (canton moins Malguénac un peu écarté et surtout les
paroisses bas-vannetaises de Séglientt de Silfiac), que certains
d'entre eux aussi sont communs à cette région et aux régions
limitrophes dont les parlers forment ainsi quelques-uns des
anneaux de la longue chaîne ininterrompue des dialectes bre-
tons ; mais nous avons tenu à signaler, chaque fois que nous
pouvions la discerner, toute différence entre le breton de
Cléguérec-paroisse ' d'une part et le vannetais littéraire tel qu'il
est établi nommément dans les ouvrages classiques généraux
(Grammaire de MM. Guillevic et Le Goff, irC édition, diction-
naires des mêmes et de M. Ernault) d'autre part — sans nous
embarrasser d'autre règle, car notre prétention ne pouvait
dépasser celle d'établir un parallèle entre les deux langages.
PHONETIQUE
A part quelques modifications très légères, la notation est
celle que M. Loth a exposée dans les Annales Je Bretagne, n1'
de janvier 1896.
Les voyelles sont i c a 0 11 ti (on français) œ {ai franc.).
privée ou même de la vie publique. Ces cahiers de l'excellent homme, qui
n'ont aucune valeur poétique, qu'assez peu d'importance documentaire.
donnent en revanche des renseignements précieux sur le breton de Clégué-
rec, qui lui revenait sans cesse sous la plume, car il connaissait mal le van-
netais littéraire.
1. 11 convient de dire qu'a l'intérieur même de la commune de Clégué-
rec, il existe des variétés linguistiques. De plus le parler se transforme :
sous l'influence grandissante du français, il perd des mots : les jeunes gens,
qui ont beaucoup plus de relatious qu'autrefois avec les autres paroisses,
en admettent les usages linguistiques et réagisseut contre les particularités
anciennes. Ils disent, par exemple, plutôt myçcb que myacb, tille. (Voir plus
loin. 1
Notes sur le parler breton de Cléguêrec' }
Le signe au-dessus de la voyelle indique la longue, " la
brève.
souscrit marque l'ouverture, . souscrit marque la ferme-
ture. L'absence de signe diacritique marque que la voyelle
est moyenne, pas assez caractérisée pour être notée des signes
ouvert ou fermé. L'e sans aucun signe souscrit correspond à e
franc, dans \e, petit.
Le ~ marque la nasalisation de la voyelle qu'il surmonte
Q — franc, in, œ — franc. //;/, etc.).
y est Yi consonne (franc, yeux).
w est Vu consonne (franc. b«is).
■w est Vu consonne (franc, oui).
Pour les consonnes, tous les signes employés ont la valeur
du français. A remarquer que s représente toujours Ys du
franc, soleil et que s = franc, ch dans cheval.
Quant à la spirante dentale sonore, elle est marquée par </.
C'est à peu près le th communément appelé doux de l'an-
glais.
h représente une aspiration assez taible ; h est donc, par
application de la convention suivante, à peu près semblable à
ch palatal allemand dans \ch, Echo ; ch est l'aspiration forte (un
peu moins cependant que ch guttural allemand dans Nac/?t,
ch du gallois).
Le v souscrit marque la palatalisation : k (prononciation
locale à Pontivy du franc, cœur), g (pron. loc. de gueule), d
(franc. Dieu), t (franc, riens). De" même on a représenté par
n le gn franc, de grogner, par /, 17 mouillée qu'on entend
dans certaines parties de la France dans le mot bou/7/on. Le
plus fort degré de la mouillure et de la palatalisation peut se
marquer par la consonne affectée de „ et suivie de y.
La petite lettre mise à droite d'une autre en haut veut indi-
quer un son à peine entendu. L'on a mis entre parenthèses
les lettres qui tombent accidentellement ou facultativement,-
et, d'ordinaire, entre crochets les quelques mots ajoutés à un
mot-exemple pour l'encadrer et l'expliquer mieux.
L'accent tonique est indiqué par un accent aigu sur la
voyelle qui le porte; quand il y a lieu, un accent tonique
secondaire est marqué par un accent grave
4 E. Thibault.
Des différences de notation pour Le même mot corres-
pondent à des divergences réelles de prononciation : c'est que
le mot fut prononcé diversement par diverses personnes ou
influencé par des contextes différents, ou, si la différence
porte spécialement sur un son, c'est que, d'habitude, il est
intermédiaire entre les deux sons marqués par les lettres prises
isolément. Parfois les signes diacritiques ont pu n'être pas
répétés quand il ne s'agissait plus, en citant un mot, d'il-
lustrer directement telle ou telle modification phonétique.
Les vocables du vannetais littéraire sont écrits, hormis des
cas très rares, suivant l'orthographe ordinaire des derniers livres
classiques de ce dialecte.
Cl. = [parler de] Cléguércc.
V. = Vannetais littéraire.
En générai on ne relèvera que les cas où Cl. et V. dif-
férent.
A. — Voyelles et diphtongues.
I. — a.
a bref (V . e) : Cl. a tendance à ouvrir IV de V. au com-
mencement et dans le corps des mots; il le pousse même à peu
près constamment jusqu'à a devant r. Les jeunes, surtout
dans le sud-est de la commune, réagissent contre cette ten-
dance qui frappe les autres Bretons de Pontivy et les porte à
railler.
gïùarhèn, vendre; kaeh, avoine ; ar me loch, après moi ; myach,
fille ; nacb, force.
kam, trémie; legarnaî, étince.ler; Iwarn, renard; spam, des
épines; starn, métier [de tisserand], harnais; tarn : V. lerù,
taureau reproducteur ; en tarutts, le lendemain ; ne vam, n'im-
porte .
PwarSQ, il y a longtemps; parsô, curé.
arw, sillon-; en ariï'eu, le chêne; bariveu, bouillir; hibarév,
âpre; kandariu. cousin; kanitariu, cousine.
askern, des os, etc., etc.
Le mot ker ou kir devient lui-même kar parfois dans le sens
Notes sur le parler breton de CUguèrec. )
de village et toujours en composition dans les noms propres
de lieux.
âesaived e pet ber gar-ma,
il a été élevé dans ce village;
Kargrïst, Kergrist; Karfeles, Kerfulus. [ par K palatal ; noms
de lieux.]
Remarque. — De même Cl. présente a dans al, stal : con-
jonction V. èl, comme ;
dans les formes du présent d'habitude de bet, être, devant m
et n,
bân ou ban, ire pers. sing. ; bam, ire pers. plur. ; ban(t),
3e pers. plur. ;
et dans la particule démonstrative maÇn), ci :
daman, par ici ; hinan, celui-ci ; breman, maintenant.
aw : A Cl, ce que V. écrit au est généralement une diph-
tongue âw ou âo.
irâwk, avant ; pavot, garçon ; fâwt, faute, etc.;
stal mi fâwt, comme il faut.
Remarque. — Quand l'accent ne porte pas sur la diph-
tongue — devant une désinence ou en construction syntac-
tique — la deuxième partie semble prendre de l'importance
au détriment de la première et l'on entend à peu près o,
potréi, des garçons ; fotœw, des fautes;
petre jo toch ? que voulez-vous ?
Une remarque analogue peut être faite dès à présent pour
d'autres diphtongues qui, devant une désinence, se réduisent
presque à un son simple. Cf. plus loin :
[en in e] nêyj, l'oiseau vole,
et [/ ma /] nexjâ(J), il est en train de voler.
Cl. a gardé aiv dans :
awtrù, monsieur.
â : Cl. nasalise a dans :
âde, là; (l'on entend aussi aïnt);
à ne, enclume;
mais dit aniver ou anïbir, génisse.
Remarques. — i) L'on dit à Cl.
6 E. Thibault.
awal et non hâval, semblable ;
haniy bel et non hânîbet, ne... personne;
kàiinj, chanter, mais •///- ganen, un chant.
(Cette dénasalisation semble générale quand l'accent quitte
la voyelle nasale et se porte sur une syllabe assez sonore. Cf.
râ, grenouille, plur. rànet,
mais i ma i sa", il est en train de sonner [du biniou j, et sone'r,
sonneur [de biniou] ;
dihœn, éveillé, et dihunede, il est éveillé;
ur mis, un mois, et mijât, [durée d'un] mois ;
kestçu, des châtaignes, et ur gestenên, une châtaigne.)
2) 11 relève plutôt de l'étude du vocabulaire de signaler :
Cl. tâwçl pour V. tioèl, sombre.
0. — e, œ.
è (V. a bref) : Souvent là où V. présente a bref, Cl.
(comme le bas-vannetais et une partie du haut-vannetais) a ê,
surtout en terminaison ah, ah, al, al, mais aussi au commen-
cement et dans le corps des mots.
biskwech, jamais; givech, pire; nibech, nu; piuech, cuit.
benek, quelconque; direk, devant; perek, pourquoi ; Nqivlyçk,
Neulliac [localité].
(1 et ercl, autre ; kernel rel, autant, pareille chose ; givel, mau-
vais, funeste.
defaet, vêtements; liel, langue.
in çrben, à la rencontre; eriw, arrivé; (g)çsel3 aile; esten,
étendre.
bugele, des enfants; gelwèn, appeler; grçtat, promettre ; peli-
kel, palette à retourner les crêpes; reslelat, râteler.
segrèn, chagrin; sekèn, mâcher; sesèn, appuyer, etc., etc.
Cl. dit vf, oui, pétrel quoi? mais nitra, rien.
A la fin des mots Cl. a souvent f très ouvert, alors que V.
note ê. Il convient de remarquer qu'il ne diphtongue pas cet
f final comme le font certains parlers vannetais.
ke, regret; kloge, cuiller à pot; lice, cuiller; le, veau; pe,
paiement, salaire; re, trop ; se, robe d'enfant, etc.
Notes sur le parler breton de Cléguêree. 7
ye-ya bref (V. e) : A V. ë (disons dès maintenant que la
règle s'applique à e et e brefs) correspond bien d'une façon
générale Cl. yç (par ouverture yà. Voir I.)
i° à l'initiale,
yâch, neige; [gwin]ye'k, [vinjaigre ;
2° après la plupart des consonnes, notamment b, p, v, d, I,
m, ih, parfois/, / et r, qui deviennent palatales,
byék, bouche ; bu pyék, votre bouche ; i vyek, sa bouche [à
lui]; dyebçij ou gyebên, manger; dyék, dix (mais triâek, treize;
pyardek, quatorze, etc.) ; intyermât, enterrement; myach, fille;
erwyach, la fille; lyén, étang.
Mais cette diphtongaison est restreinte, car elle ne se fait
guère qu'au commencement des mots. Elle n'a généralement
pas lieu devant n, non plus devant r et s suivis d'une autre
consonne ni en terminaison :
peu, tête; l'on ne diphtongue pas non plus dans ar me lach,
après moi ; nach, force ; parsô, curé ; ariù, sillon ; barwet, bouilli ;
est, moisson; fenest, fenêtre; rest, corbeille; test, témoin;
reâek, courir; NeâeJeJc, Noël; lônet, des animaux; mabek,
gendre, etc..
Nota. — Cest 17 voyelle qui semble être intercalé entre la
consonne et Yç dans fiést, fête, sorte de danse ; piét, combien;
pied er e? quelle heure est-il ?
De cette diphtongaison l'on peut rapprocher sans doute la
palatalisation beaucoup plus générale de g, k, puisqu'elle a lieu
constamment devant ë (par ouverture a), même en terminai-
son :
[/ hà de] garhet [je vais] marcher; lach, avoine ; karti, tré-
mie ; et de même begek, bêta, benêt ; gufeen, col, etc.;
mais nous aurons à reparier de ce phénomène au conso-
nantisme.
Relevons dès maintenant pour e et e brefs soumis aux mêmes
règles :
yes, facile; ir mxes, dehors; er ger, la maison, le chez soi.
On dit : un yer klà, un air malade,
mais un er, une heure (IV étant long).
kesl, quête; myern, même; rxcJiu, des raisins; tyciu, chaud ;
mots où Cl. ë correspond généralement à Y. ë.
S /•:. Thibault.
Rk.marq.ues. — i) Quelques verbes à radical en a ont à
Cl., sous l'influence de désinences, modifié cet a en e à cer-
taines formes de leur conjugaison, quand \'a n'est pas en syl-
labe tonique :
me lar, je dis; mais lerdt, 2e pers. plur. de l'ind. prés, et de
l'impér.j part, passé ;
min kar, je l'aime; mais pem behe krrc't, si j'avais voulu.
Dans le verbe Içrct, dire, Ton ne trouve plus Va radical qu'à
la 3e personne singulier de l'indicatif présent. Les formes de
ce verbe — qui prêtent à confusion avec celles de lêrât, déro-
ber — sont communes à Cl. et à Neulliac, mais le peuple
distingue les deux parlers en constatant dans celui de Cl. la
fréquence de Va : V. ç (voir I.)
2) De même Cl. a en e la 3e pers. sing. du conditionnel et
le pronom suffixe de la 3e pers. plur. : V. é = e,
megarehe, j'aimerais, je voudrais;
dehç, à eux.
3) La diphtongue est très ouverte dans le participe passé
Cl. de monet, aller,
eyt ou ayi : V. oeit, allé.
a,) Cl. affecte un son simple ç très ouvert à V. ci dans :
sëch, sept ; ëch, huit ;
(D'ailleurs la terminaison ouverte aÇ) réduit V. ci presque à
un son simple dans :
/>/f'vy\/(/), crier [peu employé à Cl.]; )içyja(l), voler; skl(vjç(l),
traîner, etc. Voir I aw, Remarque.)
à ce que V. écrit parfois ac dans :
1er, voleur ;
à V. ea dans :
ehi'is, affreux ; preb, paix;
et le suffixe c(a)h,
madelech, bonté ; râtelech, royaume, etc. ;
(mais voir III i pour le correspondant Cl. de V. leah.*)
e (V. ï) : Cl. a encore, comme le bas-vannetais, f qui, en
V., est passé à i dans la terminaison iù = i:i\
beib, vivant; bewen, lisière, bordure ; dreïi*y coqueluche;
gwew, sauvage; krç:ï\ tort; te.wt gros, épais, etc. ;
ce qui donne tout naturellement
Notes sur le parler breton de Clëguérec. 9
bavas, nourriture; krewat, devenir fort, etc.
Ve a persisté aussi dans :
mçren, goûter de quatre heures; reâek, courir; steren, étoile;
et s'emploie de préférence à i dans quelques monosyllabes en
. V. ir et is, i%,
giues, truie ; per, des poires; pes, des pois ; spes, clair, etc. ;
de même dans :
gule, vide.
Remarques. — i) Pour V. es initial : Cl. yes voir plus haut
à yë.
2) Cl. e est resté fermé, alors que Y. présente e = e muet
dans :
bèt, monde.
3) Cl. affecte un son simple (' à V. rte'dans
Skoler ou shder, maître d'école ;
et les mots analogues. LY tombant souvent dans ces mots est
remplacé par une vague semi-voyelle; Ve paraît alors diph-
tongue :
skule?, maître d'école.
e final (V. e) : Dans certaines finales Cl. a fréquemment
un son intermédiaire entre e et e : V. é pour marquer la 3e
pers. sing. de l'imparfait de tous les verbes :
m cm bive, j'avais ; me 1ère, je disais;
la finale de la particule démonstrative se, là, des monosyllabes
me pron. me, moi; pe conjonct. ou et adj. interrog. quel; re,
pron. plur. ceux; (e)ù/e, aussi;
anese, comme ça; dè(ii)me, à moi; nette, alors; pe paivd 0
hibll quel garçon, qui êtes- vous ? er re-ma, ceux-ci;
quelques terminaisons,
are, de nouveau; bugele, des enfants; eme, dit[-il]; gelé, lit ;
en eyl er gile, l'un l'autre.
Remarques. — 1) Comme toute la région de Pontivy, Cl.
a un e analogue à la 3e pers. sing. de l'indicatif présent de bet,
être,
kl an e, il est malade.
2) De même Cl. forme en e ou q> très ouvert les pronoms
suffixes de la f1-' personne du pluriel que V. écrit e= e,
ro /•• Thibault.
genem, avec nous,
dohem, envers nous.
D'ailleurs V. ë en terminaison em semble être constamment
a Cl. e ou <r très ouvert tendant plus ou moins à o (cf. Cl.
arœm ou drom : Y. arem, airain ; CX.gorem : V. goarem, garenne ;
Cl. myem : V. tnemb, même; Cl. pem rai : V. pemb real, cinq
réaux, vingt-cinq sous; Cl. [veut ou [yoin : Y. tuent, chaud).
C'est là, sans doute, le son qu'on trouve à la ire personne
pluriel de l'imparfait et du conditionnel. Quant à la 2K pers.
plur. de ces mêmes temps, elle est en o.
à très ouvert bref (Y . // ouvert) : Ce son très ouvert bref œ,
nous l'avons à Cl. non seulement en terminaison em, mais
généralement dans les monosyllabes ou en syllabe accentuée
là où V. note d'ordinaire // bref,
brœk, bruyère; brœm, brouillard ; bnrsk, brusque ; khyt, bar-
rière; krœst, croûte ; fœst, fût; glœp, mouillé; hysk, envie;
mœt, muet, privé de raison ; rœsl, rude; tœt ou ////, des gens;
<rr(e)h, ordre religieux;
daftœm, amasser; dispœt, dispute; menœt, minute;
et aussi dans des mots où il correspond à autre chose qu'à
V. u,
grès, vite, abondant; heUyr. suie; kest, quête; /// fuyn. sus-
pendu ; piysk, poisson, etc.
Remarques. — i) Cl. a Le même son en fin de syllabe
dans :
ietœ ou sete, voilà.
2) En syllabe non tonique ou dans un monosyllabe non
accentué dans la phrase Cl. affaiblit presque en œ ou e divers
sons du V. écrit :
begûl, petit pâtre ; beiœn, tabac ; deskèn, apprendre ; deil'èn,
pondre; elet, foyer; gelé, lit; hehyr, suie; kenèn, ail; kestèn,
des châtaignes; ledit, cendre; meîèn, jaune; iiiesér, métier;
ineni'ig, mie; pelig, bassin ; sebén, soupe; sedél, écuelle;
seii'i, "des fraises; lerél, jeter; tevâni, auberge; vejèl, vigile.
pe pehe pour a p'hu pehe, si vous aviez ;
er pawl, bagyeâçou de klà ? est-ce que le garçon est malade ?
avalœiv e âo ou de. il v a des pommes, etc., etc.
Noies sur le parler breton de Clégûérec. 1 1
œ accentué (V. ce) : Quant à Cl. a-, il est long et plutôt
fermé :
bœch, vache; dœr, eau; du, peur; ^ar, des chèvres; krcês,
creux ; lœr, (un) livre, etc.
L'on remarquera que, dans gar et hrr, Cl. œ correspond à
V. é ou i -f- v.
œ bref : Devant d et / il est ouvert et bref, suivi d'un court
w. Alors V. eu représente à Cl. œw dans :
fœïi't, fente; mœivl, bélier; sœivt, des vaches, etc. ;
et dans la désinence du pluriel :
lut, père : tadœiv, des pères.
L'on a aussi le même son dans :
Cl. incew : V. inean, âme.
èÇV. è) : A Cl. l'on entend souvent la nasale de c alors que
V. a une voyelle pure ou du moins présente diverses graphies
pour la nasale. Ainsi Cl. présente constamment ç : V. é fermé
long dans en final :
ahèn(J), des bœufs; dm, homme; dnsèn, douzaine; gurèn,
lutter; halèn, sel; kapitèn, capitaine ; 'l'en, lire ; mm, pierre ;
plèn, plat; pwen, peine; vèn, flasque, etc., etc.;
mais la nasalisation disparaîtra généralement devant une dési-
nence (Voir I a) :
pwen, peine; pwenyçn, peiner.
A côté de cela, l'on a mènœiv, [2, 3, 4] pierres, pluriel occa-
sionnel de mèn, pierre.
L'on dit :
men-gor, chevreau,
et nous verrons (III t) qu'à V. en, oiseau, correspond Cl. in.
Remarques. — 1) Cl. ê : V. e,
raâèn, fougère.
2) Cl. è : V. i,
àkèn, chagrin ; borèn, borgne ; glçu ou Mèn, genou (mais
dœwluï);kabusçn, capucin (plur. kabusènet) ; kèn, adv. [ne] plus ;
korèn, de travers ; mahènet, estropié, etc. ;
mais Cl. dit nielin et non melèn, moulin ;
mitin et non mitèn, matin, comme à Baud.
\2 E Thibault.
3) Cl. è : V. écrit in, graphie française, dans :
jardrèn, jardin; près, prince ; lardren, sardine, etc.
.|) Cl. è : Y. (•/ dans les terminaisons que V. écrit ein,
par exemple à l'infinitif, et que Noyai, entre autres communes,
prononce en :
kanen, laver;
même correspondance dans le substantif
kèn, dos.
5) Cl. è : V. écrit emdans :
pîp, peb er, cinq, cinq heures;
mais on dit :
pi'in rai, pem shvit, cinq réaux, cinq écus ;
pemdçk, quinze.
6) Cl. è : V. en en syllabe radicale, dans :
(h)èt, chemin; prew, ver; pwlt, point; trek, aigre; wês,
phalange (du doigt).
7) Cl. è : V. écrit an ou ean dans :
nèn, ciel ; r(Jj)èn, crin.
Pour le correspondant Cl. de V. inean, voir plus haut œ
bref.
(V nasalise. A Cl. l'on a la nasale de œ (cf. français //;/)
dans :
brà'i, poitrine; dihcèn, éveillé (mais dihunei)', dilœn, lundi;
drœjet, en chaleur, dévergondé; hlœjar, perdrix; pfœn, des
prunes; pœs, puits; sœk, sucre; yœn, jeûne, etc.
III. — i.
ï'il' (V. nu) : Cl. semble présenter constamment Pw3 alors
que V. offre êù en terminaison :
[kwçt] biew, bouleau; blieiv, des cheveux ; kaniew, toison;
li'w, lieue ; miew, ivre ; ri'û[cn], gelée ; swVïb, suif, etc.
Remarque. — A V. r, écrit ea, correspond de même Cl.
Xe ou /" dans : .
li'ch ou li*ch, lait.
i (V. (') : Cl. a i à la fin de quelques mots généralement
monosyllabiques, alors que V. présente d'habitude é ou h :
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 13
i, particule verbale et conjonction : que, possessif : son,
prépos. dans, et ses composés in, ir; mi, conjonct. que; anwir,
génisse; bir, broche, et même adj. court; bli-y, année; i hà
d'er gir, je vais à la maison, chez moi; il, ange; in, oiseau;
kaâiuir, chaise; kir-, cher, coûteux; lir, cuir; Qj)wir, sœur;
et surtout dans certains pluriels,
bibir, des bâtons; kegi(r\), des coqs ; kihir, des chats ; tiyîÇr),
des maisons; yir, des poules, etc.
Remarques. — 1) Dans le mot bli>', par exemple, ïi est
bien l'aboutissant de é très fermé, puisque l'on dit encore ble
dans les expressions toutes faites,
ur ble so, il v a un an ;
er ble(a)-ma, cette année-(ci).
L'on entend aussi loin dans l'expression pléonastique
ben bin cnvach, pour demain ;
et de même
kin, aussi (comparatif).
2) Vi terminant le mot est généralement prolongé par une
sorte d'^(6'?): (Ji)aniy, celui; li>, maison ; er bli'\ l'année;
et peut-être même parfois par une très légère aspiration qui
expliquerait le féminin de ni?, neveu : nihxés, le comparatif de
kri, crû, cruel : krihyoch; mais le féminin de ki, chien, est
hyis.
3) Cl. réduit à i le Y. ni dans :
er mihà, le plus; niihoch, plus.
Il est vrai qu'il dit en revanche hibisal pour V. bûchai, crier.
-|) Cl. a i dans :
inù, un ;
et dans le pronom infixe de la y pers. sing. masc. : V. en, er,
min kar, je l'aime.
ï : L'on entend à Cl. ï (peut-être suivi de n ou d'une sorte
de g) dans :
mï(n)s, mois ; er mis erel, le mois prochain (mais ur mi"-
jal, la durée d'un mois); ining, tiède;
mais Yi semble pur dans :
hivis, chemise de femme;
vi(n)s, vis.
i i E. Thibault.
IV. — (>, u (iv, iv).
o, u (Y. <.)) : Cl. a tendance à fermer encore davantage Yo
fermé long de V. Devant la plupart des consonnes cet o se
diphtongue curieusement (■//" ou m?) et parfois arrive presque
à u en fin de syllabe et devant r :
hoch, verrat ; kloch, cloche; pçch, cour;
blu°t, mou; gru°s, gros, massif; ku°ch, vieux; lu°j, cabane
[de sabotier]; morhuH, marteau; mu(r)hat, probablement;
pu°t, pot ; ru°t, roue; su°t, sot; sku°l, école.
hâvu, purin; bôw, particule affirmative : si ;brç ou bru, pays;
gu, taupe; gwcfsç ou gwarsu, il y a longtemps.
digur en ur, la porte est ouverte ; mûr, mer; fur, panse.
Khmarquk. — Là encore, en syllabe non tonique, la diph-
tongue revient vers la voyelle simple : er poâœûf, les pots ; en
doryqsw, les portes, etc.
{) bref : L'c» ouvert et bref à V. l'est aussi à Cl.
dçrn, main (mais plur. deûrn); lyçch, courtil; loch, tourte
de pain.
Parfois le son de cet o se rapproche un peu de db plus ou
moins ouvert devant /;, ch ; ;// :
dlçh ou dlœh, truite ;yœch, tas; klom ou klœm, pigeon m,sklçm,
nœud.
Remarques. — i) A Cl. les formes de la conjugaison de
/'(•/, être, ne sont pas allées jusqu'à // comme en V. ; elles sont
en o souvent très ouvert, quand l'accent tonique ne l'affecte
pas. (Voir le dernier exemple de IL/' très ouvert bref, Remarque
2.)
me (/;', je suis; /;/*' wç, je serai.
De même Cl. dit :
/v// inç, pour lors ;
et garde Yo bref des mots comme
Pàlekost, Pentecôte.
Cependant l'adjectif possessif est à la 2e pers. plur. bit, votre,
et à la 3e pers. plur. //, leur.
2) Cl. dit :
poâer, quatre, féminin.
Notes sur le parler breton de CUguérec 1 3
3) Cl. 0 : V. an dans :
komos, commencer.
4) Cl. 0 : V. a dans :
motech, servante ; Spinot, des groseilles.
u (V. //) : Cl. u : V. 11 dans :
ur, un, le (article); um ou um et un, particule réfléchie;
awlru, monsieur; bîigat, lessive; bugele, des enfants; sudart,
soldat ;
et même :
iûsentil (malgré tœt, gens), des messieurs, etc.
Remarques. — 1) Cl. dit :
daman, par ici; mais dede,par là; dehôn ou duhon, par là-bas.
2) Cl. dit :
skriviw : V. skriit, écrire.
0 : Cl. 0 : V. an dans :
beleyô, des prêtres ; Zjj'à", vite; kôsort, garçon d'honneur ;
il 10, un.
Remarques. ■ — 1) Cl., ainsi qu'une grande partie du ter-
ritoire vannetais, termine en ô le pronom suffixe delà 3e pers.
du sing. masc. Alors Cl. ô : V. o(it),
dehô : V. dehou, à lui.
2) Pour le reste, sauf réserve faite à I â, Remarque sur la
dénasalisation, l'usage de Cl. coïncide avec celui de V.
•iv, iv : Nous retrouverons w, w au consonantisme. Disons,
dès à présent, que V. écrit les diphtongues oa, oé, oné, oui.
Cl. dit généralement wa, zve, wi comme dans:
klwar, frais ; fzyer, foire; spiui, liège, etc;
parfois we dans :
Irwet, pied ;
\eriw e in\ ïuçl, [il est arrivé en | âge ;
aâibe, aiguille ; amber^ génisse, ^etc.
(Cf. pour cette dernière prononciation comme assourdie la
corresDondance de V. uà Cl. œ. Voir II et aussi plus haut IV
de xnrh, tas; klom, pigeon, etc.).
[6 E. Thibault.
B. — Consonnes.
Il est quelques faits, — que l'on trouve d'ailleurs isolément
dans beaucoup d'autres parties du territoire vannetais, —
dont l'ensemble domine le consonantisme de Cl. et lui
assigne une forme générale .
I. Ainsi la plupart des consonnes précédant certaines
voyelles de la série palatale se joignent intimement, pour ainsi
dire, avec elles, la langue s'appuyant au palais pendant l'ar-
ticulation. Il en résulte les phénomènes que nous avons déjà
rencontrés (Voir A II, xç-xa l'rcf.) :
a) de ce qu'on pourrait appeler l'iotacisation intervenant
après certaines consonnes pour diphtonguer parfois les
voyelles brèves e, e, e et a développement de V . ç en ye, xç, \y et
ya. Assez peu étendu, ce phénomène est pourtant caracté-
ristique de Cl. parmi les autres parlers de la région de
Pontivy. Il a déjà été relevé au vocalisme. S'y reporter pour
les exemples (Voir A II, yè-ya bref.);
/') de la mouillure affectant l surtout dans les combinaisons
gl, bl, kl devant e, e, e, œ, //, même a,
Ixén ou l(x)çn, étang; mais on dit letat, insulter;
awglen, lavoir ; glqzp, mouillé ; re hlœp, trop mouillé;
klach ou klach, chercher ; / hà de glach, je vais chercher ;
glas ou glas, vert; glaw ou glaw, pluie;
f) delà palatalisation proprement dite affectant h, chtx sur-
tout g, k à peu près constamment devante, ç, e et a développe-
ment de V. ç, <r, /', //, quand les voyelles palatales ne sont
pas suivies de m ou de n. Le k, g est aussi très palatalisé dans
la terminaison ik, ig,
niiljxrl, des filles ; pefoyœw, des pièces.
er chyi, le chien; i ta chyawl, le soleil vient.
gùfo, des lièvres; er ger3 la maison, le chez soi; re gir, trop
cher ; gwiryone, vérité ; i hâ de garket, je vais marcher.
kcslni, deschâtaignes; farts i des cerises; knrç, vicaire; feach,
avoine.
peivik, riche; pifr, pie; un tamife, un petit morceau, un peu
(pi. lamigivïi1) ; etc., etc.
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 17
Remarques. — 1) Cependant Cl. ne palatalise le g ni dans
get, ni dans les combinaisons de cette préposition avec le pro-
nom, ni dans les pluriels en gœib autres que ceux en
igqew, ni dans le mot digçr, ouvert.
k n'est pas palatalise devant la terminaison ϕb du pluriel ;
il ne l'est pas non plus dans ke, regret; kemener, tailleur ; kement,
autant ; kemeret, prenez ; ken ou kin, aussi ; kenœiu, des noix, etc.
(Dans les cinq derniers mots Ye est suivi, en effet, de m ou
de m.)
Il l'est dans :
piW), grand.
/; n'est pas palatalise dans :
hthet, des éclairs.
2) Dans le mot Klegerek, Cléguérec, le g s'est confondu avec
y et l'on entend Kleyerek. De même nwgçt, tumée, se rap-
proche parfois de moyet ; /w(/) glas, mare verte, a donné
Pidyas, Puyas [nom de lieu].
On relèverait peut-être le même phénomène dans le suf-
fixe ig suivi d'une désinence et c'est sans doute par suite d'une
confusion analogue, mais agissant en sens inverse, que le corres-
pondant Cl. de Y. eau, il, est devenu ye, dye, gye.
II. Il y a à CL, comme ailleurs, assimilation — comme
fusion — entre eux des sons juxtaposés :
la consonne forte devenant douce devant une voyelle,
la consonne faible devenant forte après une autre consonne
forte,
pèp, mais pm çr ; nlâk, mais pè(p) vlâh : cinq, cinq heures,
cinq sous ;
saïùeT, levé, mais saïbeo çch, vous êtes levé ; dçij, à moi,
mais hre(f) rèn, dites-moi; uœr, eau, mais glœp-Tœr, ruisse-
lant ;
Bihà, petit, mais kwi(f) vihâ, bonnet sous la coiffe ; Bras,
grand, mais hê (/) ou hc vras, grand route;
yes, facile, mais ye& e, c'est facile;
Benek, quelconque, mais drai(Jz) ?enek, quelque petite chose;
Guk, gorge, maisûfra(£) Kuk, mal à la gorge; etc., etc.;
mais on dit à Cl. :
ech De, huit jours (et non pas eih Te).
Revue Celtique, XXXV, 2.
iS /:. Thibault.
D'ailleurs la règle n'est pas absolue. L'on dit, par exemple :
de se(t) Dài ebet, il n'y a personne,
presr c, c'est prêt; etc.
Remarque. — Il arrive qu'une forme occasionnelle détrône
la forme primitive originelle. C'est ainsi qu'on va jusqu'à dire
- par fausse analogie, sans doute, zvec[tnen i] çch pet ? où
avez-vous été ? et en généralisant, —
klâ we Ft'/, il fut malade;
beâ c pet sitdarl, il a été soldat.
Ces remarques générales faites, l'on peut relever dans le
parler de Cl . les particularités suivantes sur les consonnes :
d — â intervocalique — ~.
Cl. a, d'une façon constante, à intervocalique à l'intérieur
des mots ou, en construction syntactique, à l'intérieur d'une
phrase, là où V. présente d ou, d'autres tois, ~. Pour pronon-
cer ce â la langue reste en arrière des dents ; cela est vrai sur-
tout du d qui correspond à V. % et qui sonne parfois, surtout
chez les enfants, presque comme r ou n. (Cf. Cl. hiïtiw,
aujourd'hui : V. hiriit, hiuiù; praâcew ou prarœw, des prés; cr
suhœ ma da ou ra, la semaine qui vient, prochaine; a?âe ou
a>iie, là.) Il semble bien aussi aller de temps en temps jusqu'à ^.
aâwer, aiguille ; bodeew, des tourîes; gedo, des lièvres; haden,
semer; logoden, souris; pedèy, prier.; praâœw, des prés ; rectçk,
courir; sadorn, samedi; iectçl, écuelle.
bed es, il v a ; eycbn me, pour moi ; faseâ ou, je suis fâché ;
mal bras e âoeh, il est grand temps pour vous; pe fotehe âçch,
si vous vouliez ; et même me do, je suis.
aâeyt, asseyez- vous; bidqeiù, anneau; fodrl, tossé ; kradeu,
griller; leâœw, remède; rodel, instrument à étendre la pâte des
crêpes.
Remarqua. — i) L'on dit :
dœwâeh, douze; tridek, treize; bweâek, seize; mais pyardçk,
quatorze; pemdek, quinze; tià"dek, dix-neuf ;
car, en effet, le d n'est pas ici intervocalique.
2) Les formes Cl. brectek : V. bréreg, beau-frère et peseren
ou peseâemV . peche\en, pèche [fruit], témoignent sans doute du
flottement entre r. ./ et occasionnellement ;.
Notes sur le parler breton de Clêguèrec. 19
3) Nous retrouverons très fréquemment ce <f (parfois 0Pro"
venant du / (d) au chapitre des mutations.
4) Surtout en syllabe non accentuée, il arrive que le d
intervocalique tombe complètement :
sœlat : V. chitdellad, écuellée ;
ya am : V. la dam, oui dame, oui certes.
Comparer aussi Cl. prêg ou prêk à V. predeg, sermon.
En revanche d et d persistent à Cl. dans des mots où ils
ont disparu en V.
budal, sourd; brandelqew, béquilles; bredi, corbeaux; et,
peut-être, dimeâèn, marier (dans certaines chansons).
5) ^ final peut tomber :
\de se] kal : V. \nen des chet] kal%, [il n'y en a pas] beau-
coup ;
surtout en construction syntactique :
via fal, via wal : V. bla^ fal ..., mauvaise odeur, bonne
odeur.
4(i)-iQ)-[gh-h-ch].
Le d palatalisé se confond parfois avec ,i,r,
brèdi ou bregi, des corbeaux ;
d'en dyas ou d'en gyas, en bas.
La forme geben s'est même substituée à dyebèn, manger,
et le verbe se conjugue régulièrement sur cette nouvelle
forme.
V. goarigeh, loisir, est à Cl. gorgyçch ou gordyech.
(Remarques. — 1) Nous avons vu plus haut que g, entre
deux voyelles, pouvait par occasion se changer en y. En
revanche et de même, ainsi que nous le disions, que Cl.
emploie dye, gye pour V. eau,
il dit aussi badegen ou badeyen pour V. badéenl, baptême;
Imgyoch ou budyoch (V. boiiiorh), chevreuil.
2) Nous verrons au chapitre des mutations que, dans
certaines positions, le g non palatalisé devient spécialement
guttural,
er ghat, le lièvre.)
De même k arrive à ne plus guère se distinguer de /, surtout
devant e,
tyem ou feyem, chaud; infxrnuàt ou ink\rnnàf, enterre-
ment ;
20 }•'.. 'Thibault.
a^yen ou atyen, cependant, tout de même.
Rhmarq.ues. - r) Cl. ne connaît que la forme :
toriganet : V. korriganed, korrigans, lutins.
2) Au chapitre des mutations nous verrons que le k initial
se change parfois en ch qui, pâlatalisé, tend un peu vers s.
Ce ch, nous le rencontrerons lors même que /; est étymo-
logique danscertaines constructions syntactiques :
i la chyawl, le soleil vient.
De plus signalons dès à présent l'aspirée /.' se plaçant
devant la voyelle dans certains cas. Cf. l'expression
iiicij me ncuô : V. mé me muni, moi tout seul, moi-même.
v — / — w — w.
Cl. a parfois à l'intérieur des mots entre voyelles la bila-
biale w ouiù, là où V. écrit v,
ûwal, semblable; ewit, pour; sewi, des fraises; etc.
Re.marq.ues. — 1) Cl. a Viu (// consonne) entre voyelle
et / dans :
gawlot, fourche;
Yïu entre r et voyelle dans :
Karwes, Carmes [nom propre de lieu].
L'influence de w(w) explique aisément les contractions actu-
elles :
Cl. gwel : \'. govél, forge; Cl. gor, plur. gœr : Y gavr, pi.
géur, chèvre; Cl. lœr : V leur ou livr, [un] livre.
En revanche, dans Cl. genewer : Y. genvér, janvier, un <■ est
venu appuyer le ïv.
De plus, Cl. dit :
h%vu : V. anho, purin.
2) Pour ces mêmes consonnes en construction svntactique,
voir le chapitre des mutations. Disons dès maintenant
que Cl. a souvent /, w, w là où V. a uniformément v.
3) Le w final, tombé à V. après une nasale, l'est aussi en
général à Cl. et ne reparait pas toujours devant une dési-
nence. Ex.. :
iu là, veut, pi. intàyô.
Cependant l'on dit :
inœw, âme ; prèib, ver.
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 21
j
Le groupe V. %i est à Cl. y (généralement après e et /) :
ilijœû', des églises; krejœw, des chemises; hwejœw, des
croix; laburijÔ, des ouvriers; lejiw, lessive; marhaâijo, des
marchands; parefœw, des paroisses; //r/af et Irejadur, con-
trat de louage pour la durée du travail agricole et l'ouvrier
engagé par ce contrat; etc., etc.
Remarques. — 1) L'on dit aussi (en dehors du groupe
S)!
a bajœiï) bras, à grands pas; kawjœw ou kaw%œw, des paroles ;
pwej, poids, plur. pwejœw;
mais l'on dit :
a%iar ou aâiar, de dessus, mutation de diar.
2) Il arrive que, d'une façon générale, le j prenne la place
du â intervocalique. L'on entend :
ajeyt ou adeyt, asseyez-vous ;
bijabonen ou bidabonen, taon ;
lejœw ou Icâœii', remède.
3) Le groupe ~/ se présente le plus souvent dans les plu-
riels et précédant les désinences eu et on ; donc les formes
V. i~ieit et i~ion sont à Cl. ijœïv et ijo. (Voir formation du plu-
riel.)
s, s.
Cl. suit l'usage général et prononce s (alors que V. écrit
s) devant p, 1 . Il fait de même souvent devant h :
spam, des épines ; spes, clair ; spiyen, épingle ; guspin,
gamin .
starn, métier [de tisserand]; stçren, étoile ; estent, étendre.
mêmes Ira, de même.
(L'on peut même entendre — en construction syntac-
tique — 1ère mes loch, je vous ai dit, remplaçant l'ordinaire
Jere me tochï)
biskwech ou biskwech, jamais ; skolç : V. skolaér, maître
d'école ;
et — mais rarement —
isméel pour ismêet, effrayé.
2 2 /-.'. Thibault.
D'ailleurs sh a fait presque toujours place devant e, i et ni
à s,
siirch, fatigué ; sinà, grenouille ; swiy, répandre ;
(l'on dit pourtant skel, échelle) ;
en construction svntactique aussi. Par conséquent les tour-
nures
n'en des ket, ne hues kel, il n'a pas, vous n'avez pas,
et d'autres analogues sont devenues :
nen de set, ne ibt set, etc.
Remarques. — i) Pour les cas où /, en construction svn-
tactique, devient s, voir mutations :
hu saii', votre cheval ;
bu sardrên, votre jardin.
2) Par généralisation, sans doute, Cl. dit en toutes posi-
tions :
tibwçsat, chasser; tibwesûr, chasseur.
Disons, par occasion, que Cl. a :
sirèy (V. cherreiri), ramasser,
et prononce sas le pluriel de foi, chien, que V écrit chas.
I, r.
Cl. confond assez souvent ces deux consonnes, emploie
l'une pour l'autre ou les deux concurremment,
(a)el : V. aer, couleuvre; Inidal, sourd ; rai, rare.
keryô, des mouches ; krwç : V. khuer, crible ; Margenek,
Malguenac (localité]; meriô, trèfle ; meryô, des fourmis.
atia(J) et ana(r), souffle; deryaw et delyaw ou delyar, feuil-
lage; melit et merit, mérite.
[fceltri, Jtertri et même feentri, famine (Voir plus loin ///-;/) j
etc.
Dans les groupes //.', rh, après une voyelle, ou bien / et r
passent souvent après l'aspiration au milieu des mots :
echlwe, clé; gochlèf}, laver; gochlet, matelas;
ou bien / et r tombent complètement; c'est le cas le plus
fréquent — et général après a — à la fin des mots :
débet, vêtements; yach, bourse.
bçch (V. borh), bourg; gach, talus; keich, avoine; ar me
loch, après moi ; lyoch, courtil; mach : V. mark et mouialh,
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 23
étalon et merle; myech ou myach, mihyet, fille, filles; uach,
force, etc.
Il est vrai que, devant une terminaison, / et r réapparaissent
d'ordinaire :
yalchat ou yarchat, [contenu de la] bourse; fearbek, champ
d'avoine; etc.
Même hors de ce groupe, au milieu des mots, IV n'existe
pas dans :
adrâ, derrière ; ebet, aucun ;
ou s'effrite dans gwa'so, il y a longtemps ; sorl -se, cela.
Mais c'est surtout à la fin des mots, dans le langage cou-
rant, après une voyelle et spécialement après e, i, a que / et r
tombent presque régulièrement.
Après e, i et //,cesdeux consonnes sont alors remplacées par
un son vague, difficile à noter, prolongeant la voyelle qui
précède ou formant comme une diphtongue avec elle (Voir
A III /, Remarque 2.),
harha(J\ aboyer; !ievja{l), voler [oiseauj; skra'impa(l),
hennir.
awe(V) e ra, il fait du vent; de(J), des feuilles; ebe(l), pou-
lain ; Meke(l), Michel.
lanbi(l), ajonc; lô i'i{l), vilaine bête.
inaw(l), mauve ; pikoÇ), grand; pu(J), mare.
— ana(r), souffle.
aiiufeÇr), temps ; i hâ d'er ge{r), je vais chez moi ; hâteÇf),
moitié; bàteleQ), chandelier; korveÇr), hibou; mese(r), métier.
¥&(/), des chats; klehiÇr), des cloches; yi(f), des poules.
i bâcle Wu(f), je vais à Mur-de-Bretagne [localité]; maga-
(fu(r), nourriture ; plijaâu(f), plaisir; etc.
Remarque. — Il arrive même que Cl. n'ait plus guère
conscience de 17 ou de IV primitif, puisqu'il ne le rétablit pas
toujours devant une désinence :
collectif de(l) ou plur. ordinaire delyœib, des feuilles.
(Il est vrai qu'on dit aussi delyq'iu, d'où sing. delyqeiOen,
[une| feuille. Il s'agit là, sans doute, d'une confusion avec
delyaiv.')
hâteleÇr), chandelier ; mese(r), métier, plur. bàtele'yœïb,
mes~fyœw.
24 E. Thibault.
D'autres fois — considérant que la terminaison vague e?
est d'ordinaire une réduction de er — il lui arrive, par
scrupule et fausse analogie, d'ajouter indûment un r à des
mots terminés en e ou /', disant par occasion :
aâibcr, aiguille ; çchlwer, clé \kalwer et kelweryô, charpentier,
charpentiers;
même :
kçÇf) (V. ké), regret ; klogçr, cuiller à pot; et newer, nou-
veau.
;• /;;/
liai.
Uvulaire, fortement roulé, semble accompagné d'une légère
aspiration à Cl. dans :
r(b)à, grenouille ; r(h)èn, crin ; r(b)îila(l), rouler; R(Jj)wà,
Rennes, etc.; et aussi dans m(h)e, de nouveau.
Signalons pour m Cl. kom% : V. kon\, causer.
Cl. n remplace V. / dans :
anema, anese, anehôn, comme ceci, comme cela ;
partois aussi dans hentri : V. kertri, hellri, tamine.
A Cl. Yn semble se substituer à V. à dans :
kole tant : V. kohîé terit ou tarù, taureau reproducteur;
peut-être parfois à â : V. ^ dans :
âne ou Sde, là.
Remarques. — i) Palatalisé d'ordinaire, il termine le pro-
nom personnel de la ire pers. sing. dans les expressions :
de(n)-men e : V. dein mé é, c'est ci moi;
men eive : V. me eue, moi aussi ;
men me hcnà, moi tout seul, moi-même.
Il sonne dans la syllabe initiale de :
indâ : V. édan, sous; intâ, veuf;
mais ne s'entend pas dans :
biivçh, outil ; lisrrxtyiï, draps de lit ; Neâekk, Noël ; peibijc,
riche.
Cl. est parfois indécis sur l'emploi de n dans quelques mots
tels que :
nech ou çrb, nid :
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 25
hâve mes (n)çhyœiv, j'ai trouvé des nids ;
aâive ou nadibe, aiguille.
(Cf. Cl. làdonen : V. andonen, andain.)
2) n final partage le sort de certaines autres finales à
Cl. : il tombe assez souvent ou est à peine entendu dans :
gurè(n), lutter ; halè(n), sel; lyè(n), toile;
surtout en construction syntactique,
dè(n)-me, à moi ; er miti(ii)-ma, ce matin; etc.
Après à final, n sonne parfois légèrement :
nà", faim ; râ", grenouille.
Si, après 0, il est muet à la fin des mots, il reparaît devant
une désinence ou, en construction syntactique, devant une
voyelle :
inô, un, mais mar a inônih, plus d'un sans doute ;
prene mes inôn eïve, j'en ai acheté un, moi aussi ; etc.
REMARQUES COMPLÉMENTAIRES SUR LES VOYELLES,
DIPHTONGUES ET CONSONNES.
En passant en revue le vocalisme de Cl. nous avons remar-
qué (voir A II.) que, de même qu'une voyelle peut se dégra-
der en syllabe non tonique, elle peut aussi le faire en con-
struction syntactique, lorsque le mot, dont elle fait partie, ne
porte point l'accent de la phrase, puisque le parler populaire
ne s'occupe guère que de la phrase à l'exclusion du mot :
er païut, ha gye do ou dz klâ? est-ce que le garçon est malade ?
stal pE pebe : V. èl p'hon pehé, comme si vous aviez.
Bien plus les voyelles peuvent encore disparaître complète-
ment avec les consonnes qui les accompagnent (surtout avec
d et v intervocaliques), donc avec des fragments de mots ou
même, nous le verrons plus loin, des mots entiers :
selat : V. chudellad, écuellée ;
dadoch : V. devadoh, vers vous, chez vous ; dehat ou dahat :
V. devéhat, tard ; guel : V. govél, forge; kàneâen : V. haniveden,
araignée; etc., etc.
Il arrive aussi que les sons de deux voyelles juxtaposées se
rapprochent l'un de l'autre par l'interposition d'une tierce
voyelle ou la modification de l'une d'elles :
trawàset (tra ou treu aset), assez ;
26 E. Thibault.
diwçhi (dihoallef), prenez garde ; dioiel (diwesel, diùacheî),
les deux ailes;
i iven ou i uuyii ou i wen : V. é oen, j'étais.
Cl. supprime aussi parfois la voyelle initiale,
bach (abarli), dedans ; 'n hu Jçele : V. en hou kulé, dans votre
lit; ';/ •///■ cernât : V. en ur cernant, en se lamentant; wictoch
pour eiuidoch, pour vous; etc.
Ces élisions et contractions sont extrêmement fréquentes à
Cl. où l'on rencontre, pour les voyelles, surtout l'élision de e
à peu près atone disparaissant, pour ainsi dire, entre deux
syllabes.
(A cette élision de e l'on peut ramener, sans doute, la sup-
pression du verbe substantif dans les phrases du tvpe :
[yen/ er plat, le plat est chaud ;
rôd er gôt, le compte est rond ;
et celle de e final dans les formes du verbe bel, être, ce qui
tend presque à établir deux conjugaisons parallèles,
i hu'ii pet ou i hwe pet, il ou elle avait été, il ou elle fut;
mem bugulenet ou mem bzve gulenet, j'avais demandé.)
Mais l'on relève aussi d'autres chutes de vovelles :
( e : bohrw : V. boelleu, des boyaux ; goâigenœw : V. goedigen-
neu, des boudins ; gol bel : V. goal ou goel bel, très loin ; krâ-
puhen : Y. kranpoêhen, crêpe ; kniel : V. krouéet, créé ; kuhet :
Y. koéhel, tombé; sarat : V. charriât, charroyer; etc., etc.
a : golen : V. goalen, verge; gorem : V. goarem, garenne;
koris : V. koarei^, carême.
i : àpi(~ô : Y. unpoiti~oii, poison; ker'kej : V. karrikel,
brouette ; mar'nadœiv : V. marinadeu, culottes.
(La particule verbale i se supprime parfois :
ma tàj nuviel, il faut que j'aille ;
çch i hzuon eive ? vous y allez, vous aussi ?)
n : drâi : V. durant, pendant.
w : en ander-ma(n) : V. en anderù-men, cet après-midi.
Quant aux consonnes doubles des terminaisons V., elles se
simplifient constamment en une consonne simple dure :
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 27
burap, agréable ;fasip, tout à fait semblable; fenest, fenêtre;
Jîastet, écrasé ; fonap, vite; kâp, chambre; sis{t), cidre; [gye]
vep : V. \ean e\ %èbr, il mange ; yôt, oncle ;
et ne reparaissent généralement pas devant une désinence.
L'on dit bien au pluriel potret, des garçons ; mais, à côté de
cela, l'on ne connaît que les formes burapoch, plus agréable ;
fenestœù.*, des fenêtres ; fonapoch, plus vite ; gyebpi : V. dêbrein,
manger ; kàpœw, des chambres ; yôtet, des oncles.
Cl. — comme tout parler populaire — fait encore bien
d'autres élisions et contractions difficiles à codifier : les procli-
tiques se fondent avec le mot suivant ou disparaissent (la néga-
tion ne étant presque toujours supprimée, la préposition se
contractant souvent avec l'article) ; les terminaisons, verbales
ou autres, sont réduites :
anewi des : V. aneonid en des, il a froid ; gleive ket ? : V. ne
çleuel ket ? n'entendez-vous pas ?
arvri : ar er vri, sur la lisière du champ; ger ivam : V. or/
ervam, avec la mère;
bed ès awe(î) : V. bed es aiiêl, il v a du vent; iv e" des : V.
ivet en des, il a bu ; ur sopina sis : V. ur chopinad cbistr, un
verre de cidre ; sir en ur : V. cherret en or, fermez la porte ;
keme-se : V. kement-sé, cela ;
marsehat : V. marséerhat, très probablement; nwerâ kehqt :
V. nhouian ket erhat, je ne le sais certes pas;
pa se tréma : V. ne pas chef irémen, pas par ici ; près ker : V.
prest kaer, tout prêt, préparé; etc., etc.
Comme nous le disions déjà plus haut, avec la voyelle dis-
paraît souvent un mot entier, peu important, il est vrai :
(/) ma thj monçt : V. é ma ret d'ein monet, il faut que j'aille.
po ke bara ? V. ri hou pou ket bara ? vous n'aurez pas, vous ne
voulez pas de pain ? etc.
La métathèse intervient aussi pour modifier le langage.
Elle présente un important phénomène, celui qui met l'aspi-
ration avant l'articulation au lieu de la laisser après celle-ci
(voir plus haut /. r pour les exemples); elle forme à Cl. très
normalement :
berder, des frères ; Bertonet, des Bretons ; freyur, filleul ;
kerdaj, croire; kôpern, comprendre; pernèn, acheter; etc.;
et arrive même, avec la fantaisie individuelle, à faire
28 E. Thibault.
premoch de pfmçch : V.penmoh, cochon;
perdeben de penderben, d'un bout à l'autre, complètement; etc.
11 convient de signaler encore :
les contusions souvent bizarres qui se produisent entre les
mots :
giùir(J])olô : V. guenholon, septembre (confusion avec gwir,
vrai?); ilaves : V. intanvé^ et déformation du français enton-
noir, veuve et entonnoir; kalô-gwâ: V. kalan-gouian,
novembre (confusion avec kalô, cœur); kupap (confusion avec
le franc, capable), capable, habile ;
la pénétration de l'un par l'autre :
golol (de golo influencé sans doute par la terminaison du
mot franco-breton volet, couvercle), couvercle ;
l'incertitude qui règne sur des formes voisines les unes des
autres,
adile, naâwe, aiguille; ech, nech, nid; piponel : V. pouponel,
poupée ; skopèn etsklopen, cracher;
la fréquence du pléonasme :
a gos le berek? pourquoi ? (littéralement à cause de pourquoi ?)
/v// Un arwach, pour demain (répétition de ben) ;
la gaucherie d'expression (le mot qui ne vient pas est rem-
placé par hauiY, hanial. Cf. français machin, machiner);
l'emploi déconcertant du mot français de préférence au
vocable breton et cela, d'habitude, sous sa forme la plus
vulgaire et triviale :
me(ui) bulom dans le sens de mon mari;
barabà (du nom propre Brabaui), charrue moderne (genre
Brabant);
er vapœr, la machine à battre (à vapeur);
kuyô, timide ; lagut, eau-de-vie ; sândut, sans doute, probable-
ment, évidemment; saset, censément, pour ainsi dire; etc., etc.
Quand on aura considéré tout cela, on se persuadera sans
peine que, déjà dans sa forme extérieure, celle des mots —
abstraction faite d'ailleurs et du vocabulaire spécial inconnu
de V. (il est peu étendu) et des quelques variantes grammati-
cales — , le parler de Cl. est assez loin du V. littéraire. Ceux
qui l'emploient reconnaissent eux-mêmes qu'il est un peu
inculte et « brutal » : kri-pa$t} tout cru.
(A suivre.) E. THIBAULT.
THE BREAKING OF Ê IN SCOTCH GAELIC
The treatment oflrish e before a broad consonant has been
recently discussed by Quiggin, Revue Celtique XXXIV, 61 ff.
The object of this paper is mainly to supplément his by fur-
nishing a considérable number of examples of the change from
one dialect; and, sofaras possible, to establish what the condi-
tions are under which the change takes place. In the Irish dialects,
with the one or two exceptions mentioned by Quiggin p. 61,
the change from e to a, with preceding palatalisation, was
completed long ago. In Scotland, however, the original sound
oie is quite gênerai. For that reason an examination of the
treatment ofëin one of the Scotch dialects is more likelv to
throw some light on the history ofthesame vowel in Ireland.
As to the date of the 'breaking' in the later countrv, it seems
dilfîcult to secure any data. The spelling of borrowed Irish
names is not less conclusive than the use of the digraph ea.
The latter proves nothingas to the pronounciation oîe. At the
présent dav fear is written in Scotland, but the pronouncia-
tion ot rhe word is fer; there is, so far as I can see, nothing
to show that the early use of the digraph in Ireland is any
more signilicant ior the actual sound of the vowel. The a
merely indicated the timbre of the following consonant.
It is scarcely conceivable that an examination of rhyme in
mid. Irish verse can help to décide whether the change in
the pronounciation of e had already taken place. But a
point for considération is this. Till the sixteenth century
intercourse between the Gaelic-speaking population of Ire-
}o /. Fraser
land and Scotland was very close. They had certainly only
one literature, their poets were trained in the same schools,
and the différences in the spoken language must hâve been
even fewer and slighter than they are now. If the 'breaking'
of c had at that time been anything like gênerai in Ireland,
it seems difficult to suppose that it should not hâve spread to
the dialects in Scotland. As it is, it seems most likely that the
change of c to à in the Scotch dialects took place quite inde-
pendently of that in Ireland. If anv weightcan be attached to
this argument, \ve should hâve to put at least the completion
of the change in the latter country ata comparatively late date.
In the following I shall give a fairlv complète list of words
containing l (representing of course both original ë and
'umlauted' /) from mv own dialect. Where there is no sta-
tement to the contrary it will be understood that the pronouncia-
tion referredtois that current in that dialect (N. Inverness-Shire).
It is commonly statcd that in Scotland ë before a dark con-
sonant is pronounced as an open c,^'. Pedersen VergJ. Gramm.
I, 40. This is very lar from being the case. The actual state
of affairs is much more complicated. We can distinguish the
pronounciation ot ê as 1) / (closed), 2) ç (open), 3) 0, 4).'//,
5) ç(closed), in (with verystrong palatalisation of the prece-
ding consonant), and 6) e (open).
1 . — È ij
m
tneas 'judgmeant, esteem', •< mess. Hère, oï course, there
can be no question of the influence of the old -u of the stem
ending. It is equally impossible that the change oft' to i can
hâve been duc to the geminated s following, for the influence
of ss on a preceding vowel is quite dirïerent. cf. 3 below. It
is tempting to suppose that the pronounciation of the word is
due to theanalogy offios 'knowledge' . The two words belong
to the same category ot" ideas. and analogical interférence
would be ail the easier on account of the similarity of the
genitve case ot the two words, measa, feasa, at an earlier
1. In the Island of Lewis the follovins; words hâve .111 open /'.
The breaking oj ë in Scotch Gaelic. ji
period. This explanation, however, though satislactory tor
meas, will not serve inthe case of other words in which l lias
been treated similarly.
meas 'fruit' <C mess can scarcely owe its % to the analogy 01
meas 'opinion'; nor does any other form suggest itself which
could haveserved as a model.
measa Svorse' (often written phonetically miosa) < messa,
might, as Bergin suggests to me, owe its pronounciation to
the compound misde.
measg, measgach 'mix', ameasg 'among' <C mesg-, is a déci-
sive case. Hère there is no apparent possibility of analogical
interférence. We musttherefore say thatcin asyllable beginn-
ing with m andclosed by ss, orby a consonant group beginn-
ing with s, becomes i.
lu meadhon 'middle' < medôii the same change takes place .
This is not the regular development of ë betore dh, but the
character oFthe following syllable makesthe example unique,
so thatit is difficult to say whether the représentation of tfis
normal or not. It is true that there is no apparent source of
analogical influence.
2. — • É becomes o (open), perhaps through the stages
an, -in, before a medial labial spirant ' : deambau d'ÔJii 'devil',
seabhag sçjIc 'hawk', sleamhuin sïçdn 'slippery', treabhadb trçzk
'ploughing', leabharïm 'book'.
In sleamhuin the apparently earlier stage slau- is still heard.
In leabhar /''//- is the commonest pronounciation. Probably in
both cases the / is responsible. In reamhar râuzr 'thick,
fat', too, to the initial consonant is due the rétention of the
-a-. In treabhadb, it is true, -r- had no such effect, but we can
explain the divergence by supposing that only voiced /' had
the etïect of preventing the change to o. There is one ex. ot
ë >> o before r : searg 'wïther' sçrçk.
3. — - E becomes o (the sound in Eng. Hall) betore a
i. In the cases under 2, 3 and 4 where e is followed by a spirant, the
change in the qualitv of the vowèl is. of course, due partly to the spiran-
tisation oi the followins consonant.
32 /. Fraser.
medial voiced spirant guttural or sucha spirant followed by /
(the vowel being lengthened in the latter case) : leaghadh
lifrk 'melting', teaghlach t'olay 'househould'.
In seangan içyan 'ant', teanga foyi, sreng, strç-f 'string', the
development is the same '.
The pronounciation of meadhg 'whey' wavers between this
and the following class.
4. — E becomes i du before dh :
feadh jpu 'among' ', feadhainn fijnih 'some. The same deve-
lopment of ë is found in bl'eoghan bbun 'milking' <C blegon,
meadhg mijuk 'whey', and, as lias been said, in leabhar 'book'.
In meadhg it may be regular ; in the other cases it is difficult
to account for.
The same treatment of ë is found in certain words
before geminated /, geall g'Jitl 'promise', seall &ul 'look',
steall stdul 'splash'. In meall 'deceive', meall 'lump', on the
other hand, we hâve au, cf. p. 36. The diphthongisation
of broken e is regular before // as before un when final or
when another consonant follows, that is in a closed syl-
lable. So, meall miaul 'deceive', meallta miaultd 'decei-
ved', ceann kaitn 'head', but mealladh niiahk 'deceiving',
ceannach kanayw 'buying'. In open syllables we hâve no
diphthong. The same rule holds in geall, seall, steall too,
but the vowel in open syllable is not a but 0 (closed),
ghealladh içkk 'would promise', sealladh'soljk 'sight', stealladh
st'obJc 'splashing'. The analogy of the treatment ofë before nn
as in teann l'a nu 'light', teannadh t'aipk 'tightening' seems to
indicatethat the character of the initial consonant is notres-
ponsible for the différence of treatment. I hâve no explana-
tion to offer.
5. — In a number of words ë has become e (closed) :
a) before s ( <C old ss), or a consonant group beginning
'. . In ceangal the pronounciation i> ftçil (with open nasalised 0).
The breaking of è in Scotch Gaelic. 3 3
with s : cleas cfeat', deas 'right', cas 'waterfall', easbuig 'bishop',
feasda 'for ever', feasgar 'evening', fleasgach 'young man',
freasdal 'providence', seas 'stand', seasg 'dry', teas 'heat', treas
'third'.
The change does not take place in leas 'need' in ruig a leas
'require', where e is open .
b) before a voiced stop ' except final d, beag 'small', beadradh
'fondling', breab 'kick', eadar 'between', eag 'notch', eagal,fea-
gal 'fear', eagîais 'church', feadan 'whistle' 2, freagar 'answer',
geadas 'pike', leag 'throw down', teagamh 'doubt', teagaisg
'teaching' 5.
E before finale seems to remain open normally, so in cead
'permission', cncad 'groan', nead 'nest'.
6. — We now corne towhat is by far the commonesttreat-
ment of e\. e. as e (open) or ia. In the cases mentioned in 5
there is scarcely any variation. Hère, on the other hand, in a
certain number of words, the current pronounciation wavers
between e and ia. It is onlv hère that 'breaking', properly
speaking, has taken place, or is taking place. To a certain extent,
in this classof words the progress of the process can be easily
followed .
There are three groups of words tobe dealt with, a) those in
which only e (open)occurs, b) those in which only ia occurs,
andc) those in whicli the pronounciation varies between e and
a broken sound.
a) Only e is found in : beau 'woman', beau 'touch', beat ha
'life', bleath 'grind', breac 'speckled', breamas 'mischief, breath
'judgment', cead 'permission', ceap 'last', ceathramh 'fourth',
cheana 'already', cleath 'pôle', cncad 'groan', creathal 'cradle',
eanchainn 'brain', /mr'man', fearann 'land', gearan 'complaint',
1 . That is a historical voiced stop . In the modem language ail thèse
sounds hâve been unvoiced.
2. And/tWon theanalogy of feadan.
3. InBreatain wehave a solitary example ot> before a breathed stop (now
y/). In leaba with l'a insteadof?, thevowelis due to the plural leapaichean.
Revue Celtique, XXXI'. 5
] \ J . Fraser.
lean 'ibllow', /ga^need', leath 'half , leathan 'broad'j leal cwith
you', meanbh-'smsXY , mear 'active', mearachd 'mistake', nead
'nest', neamh 'heaven', peathraichean 'sisters', sean ' 'old',
sreath 'row', streap 'climb'.
b) ë is la only in : bealach cpass', bealaidh 'broom', bealtuin
'Beltane', beann 'peak', beannachd 'blessing', /".w// 'gap', ceard
'craftsman', cealg 'treachery', ceanas, ceanalta 'kind', ceann
'head', ceannach 'buy', cearc 'lien', cearcal 'hoop', ceatr 'left',
ceart 'right, ceatharnacb 'troop', dealachadh 'parting', dealan
'lightning', dealbh 'picture', deall càew',dearc 'berry', dearc'see',
dearbh 'certain', dearg 'red', deantag 'nettles', dearsag 'glare',
eabbra 'Hebrew', cala 'swan', eaîadh 'skill', eallach 'burden',
(d)eallag 'bat', earb 'rob',earball 'tail', earrach 'spring', earraid
'tip-staf, earrann 'part', feannag 'hooded crow', fearg 'anger',
fearn 'aider', jearr 'better', geai 'white', geamhradh 'winter',
gearr c short', gleann 'glen', greann 'scow\',leanabh 'child', îean-
nan 'lover', meall'âeceive, meann (kià', sealbh 'possessions', sealg
'hunting', searbh 'bitter', speal cscy the', teann 'tight', tearôlra.te:
The above lists furnish material for some very clear infer-
ences. But before a detailed examination of the examples is
made, attention must be called to certain forms which throw
some light on the cause of 'breaking'. The forms which I now
proceed to examine belong to a class ol words in which the
change from e to a is actually taking place. For the word
(i)steach, now for the most part monosyllabic, there are two
pronounciations, stç, and i/V/with very strong palatalisation of
t. Such a pronounciation as stçy is not known. The reason is
quite clear. The word for housein this dialect is declined : n.
a. sg. tç, g. sg. tri, d. sg. tri. Equally commonly the d. sg.
/p/is used for the n. a. sg., just as in the W. Cork dialect the
dat. sg. tigh, pronounced tig, is used for the nominative and
accusative. In the Scotch dialect which we are examiningthe
old nom. sg. teach lias lost its final spirânt on the analôgy o\
thegen. and dat. sg. where slender gh is regularly silent.
That this is so is proved by another peculiarîty of the form
le. The/ should properlv be slender, but in this word it lias
not gotthe excessively palatalised pronounciation which cha-
i. l'or sean- in compounds cf. p. 37.
The breaking of è in Scotch Gaciic. 35
racterises slender t in this dialect '. Hère again the nominative
has been influenced by the genitive and dative taighe, taigh
which préserve the old vocalisation found in the Wûrzburg
Glosses. The adverbial si' ach shows the normal development. .
The word was isolated from the noun paradigm and escaped
its influence both in respect of palatalisation and of the loss
of the final spirant. The form sic must be considered to be
a new formation basedon then. n. sg., and,so far as the loss of
the final spirant is concerned, supported by the other adverb
(i)slaigh slPi, Svithin'.
This example, as well as some others, show that normally
c before*:/./ becomestf with strong palatalisation of the prece-
ding consonant. This effect of the breathed guttural spirant
on a preceding vowel must be taken closely in conjunction
with another. It is well known that in unaccented syllables
the vowel written a is 2. To this rule there is an exception.
When a represents an old long vowel as in the terminations
-ag and -an representing earlier -ôc and -an, a retains its
quality though, of course, shortened. Thus ârâu 'bread',
(Munster (a)rân), crânàk 'churn', (Munster, çranog). But
there is yet another exception, a retains is qualiry before final
ch. Hère the parallel treatment in Munster Irish is very strik-
ing. In the latter group of dialects the gênerai rule of accen-
tuation for disyllabic word s is that the accent falls on the
final syllable when it is long, otherwise on the first syllable,
thus câpil 'horse' but g(f)ran 'complaint'. But when the final
syllable is -achit takes the accent, even when the first syllable
is long, thus tuirseach, lursây 'weary'2. The reason doubtless
is that the spirant ch allows the voice to rest on it and thus
produces the efïect of a group of consonants. The same fact
accounts for the 'breaking' of c before this spirant in Se. Gae-
lic. In steach, t is slender, ch is broad. Butfor the greater part of
1 . Similarly strong palatalisation is of course found in other Scotch dia-
lects, in Ireland,e. g. in Connaught and, as Quiggin tells me, in Manx.
2. In regard to this point I hâve had the advantage of examining the
collections of Professor Loth who will shortly publish, Rev. de Phonétique,
1913, a detailed study of the accent in a W. Cork dialect. For the similar
treatment of final vowels in Donegal cf. Quiggin, A Dialect of Donegal,v>.a.
36 /. Fraser.
the time the syllable takes to pronounce the tongue is in the
position for cb, y. Thus ail that is left of the original vowel
of the syllable is the palatalisation of /. Where, as in tç, the
spirant has disappeared, the e remains.
We may therefore expect to fïnd thatë has become a before
a consonant or consonants which permit the voiee to rest on
them (excluding the groups mentioned on p. 37). This is
actually the case as an examination of the examples given
above will show. Quiggin mentions /. c. some groups of
consonants and double consonants before which the change
takes places. A iuller list is given hère.
E is broken to la before :
a) nn ' : banni, canin, feann, gleann, greann.
b) rr : cearr, carrait, gain, dearrsadh 2.
c) m : beam, fearn.
d) rc : ceaic, Icare, dearc.
e) rt : ccart.
t) rd : ceard.
g) rg : dearg, fearg \
h) rb : ccarb, carb (roe), carb (trust).
i) rbh : dearbh, scarbb.
h) / : bcalach, cala etc.
1)// : nicalladb, eallach etc. d. p. 52.
m) // : bcaltitin, tlcall.
n) Ibh : dealbb, scalbb.
o) Ig : sealg, cealg.
p) mhr : geamhradh.
q) bhr : Eabbra.
It will not be necessary to classify the cases in which
'breaking5 does not take place. We can lay down the rule
that breaking does not take place before single consonants.
1. Thcre is also diphthongisation as before //, see p. 32.
2. In hearradh barak 'shearing' there is no trace of palatalisation or ot
i al ter b. It is probable that this is due to the analogy of barr 'top'.
3. In searg 'wither' we laave the pronounciation sorok.
The breaking of ë in Scotch Gaelic. 37
The only exception is in the case of /, et. Quiggin, /. c. On
the other hand 'breaking' is regular before consonant groups
which contain /or r. It fails to take place before only one
such group, i. e. thr, ceathramh 'fourth', peathraichean 'sisters',
and hère, since th is always silent, there is properly no group
at ail'. Real exceptions to the rule that 'breaking' takes place
under the conditions indicated are rare, and capable of
explanation.
a) For the group ng, as in sreang fstring' seangan 'ant',
cf. p. 32.
b) Leann 'aie' l'un. The spelling hère conceals the stem
lind-,
c) Before ;/ breaking takes piace in ceanàs 'affection', cea-
nalta 'kind', leanabh 'child'. Leanabh, with l'a- could be
explained as due to the analogy of leannan 'lover'. Analogy,
however, hardly accounts for ceanas, ceanalta. We can, per-
haps, explain both words by starting with ceanalta. Hère the
second syllable consists, to ail intents and purposes, of /,
k'anltd. Thus e of the first syllable is really followed bv a
consonant group ni. From ceanalta the broken vowel would
naturally be adopted in ceanas. The influence of ceannsa,
also, may be suggested. 'Vowel -breaking' before n is also
lound in some compounds of seau- 'old'. In the compound
words seanathair 'grand-father', seaninhathair, senevar, 'grand-
mother' sean- has ç. In seanbhean sanavan, in spite of the
svarabhakti vowel, 'breaking' takes place. As is indicated
below, p. 38, it is not quite clear whether svarabhakti
prevents breaking. If it does not, ç in seaninhathair will be due
to the analogy of seanathair. If it does, the 'breaking' in
seanbhean will corne from that in seanduine where no svara-
bhakti vowel would be inserted. Other compounds like sean-
bhaik seneval could be explained in a similar wav. In com-
pounds of beau-, like beanaltruîm bandltfom, where 'breaking'
is regular, the absence of the i after b-, cf. beannachd biaiiayk,
suggests the influence of old ban-.
d) In one word ceatharnach 'one of a cet ht ni, warrior'
breaking seems to take place before ih, v. sup. But hère as in
ceanaltas, I suspect that 'breaking' has been regularly produ-
j 8 /. Fraser.
ceci by a consonant group. In rapid speech ail trace of
the hiatus representing th disappears, and the word is pra-
ctically a disyllable Martiay ; in a form like this the change of
e to ici is regular, cf.fearn, fiant.
e) In meanbh- 'small' which is used only in compounds,
there isno breaking. Svarabhakti is regular, as in meanbhchui-
leag, meneyul'ak 'midge'. This example stands exactly on the
same footing as eanchainn eneyinwherea\so there is no breaking,
as a rule. How are \ve to reconcile the treatment of e hère before
aconsonant followed bvsvarabhakti with that in dearg d'arak,
cred' , searbh sara 'bitter'? Examples like dealbh d'ala 'likeness',
sealbh sala must of course be kept apart, for hère \ve hâve e
followed bv / which produces 'breaking' when standingalone,
cf. cala 'swan' iah. The nature of the following consonant
alone is not sufficient to account for the différence of treat-
ment, for /' and n, alike, produce no effect on the preceding
vowel. We must hère take into account the gênerai character
of the svarabhakti vowel. It will be noticed that in dearg
d'arak 'red' searbh sara 'bitter', the svarabhakti vowel is a, in
meanbhchuileag mené-, eanchainn ' eue- it is e. As in Welsh it
assumes the qualitv of the preceding vowel 2. This makes it
clear that in dearg, searbh 'breaking' antedated the insertion of
the svarabhakti vowel. In eanchainn, meanbhchuileag no break-
ing takes place because the svarabhakti vowel was inserted at
an earlier period than in dearg etc. This mav havebeen due to
the character of the groups, ny, nvy, or, which is more
likely, to the position ofthe groups in the words.
7. — In the following words the pronounciation still
wavers :
beachd 'opinion', cleachd 'accustom', gleachd 'wrestlc', seachd
'seven', sneachd 'snow', teachdaire 'messenger'; creach 'raid',
i. In enchainn 'brain' we have£, rarely m- In the groups rb, rbh, Ibh
the svarabhakti vowel bas not prevented 'breaking which mav therefore be
presumed to antedate it. For 'breaking' before svarabhakti, see p. 37.
2. ItshoulJ beobserved that the svarabhakti vowel takes a stress equal
at least to that ofthe preceding vowel. Hence in ttila 'swan' the last vowel
is j, in searbh it is a. In ainm e nçffl 'name' the second vowel seems to be
the more stronglv stressed of the two.
The breaking of è in Scotch Gaelic. 39
deach 'wenr, drcach fappearance'3 each 'horse', seach 'beyond ;
beartach 'wealthy', neart 'strength' ; leac 'stone', leapaichean
cbeds\
There are four groups hère which must be noticed separa-
tely, though in the case of ail of them the product of 'break-
ing' is iô rather tban ta.
a) Before -chd the broken vowel is the commoner,
b) Before -ch : cr each, drcach, both of them being compara-
tively rare words, the older pronounciation with e is by far
the commoner; in drcach for which collas is commonly used,
'breaking' is al m os t quite unknown. In both words when
'breaking' doestake place the resuit is (J)a. This is due to the
preceding r.
c) Beartacb, mari hâve generally e, in case of ' breaking '
(/)('». It is not quite clear how the invariable la ol ceart is to be
explained '.
d) In leac, leapaichean, both pronounciations are about
equally common. This probably represents the most récent
advance made bv the processof 'breaking', and it issignificant
that it should take place in words beginning with /. In leal
'with you' there is no 'breaking'. This is perhaps due to the
same cause as kept the ë in leasïn the phrase ruig a leas 'need'
from becoming closed. In both leal and leas 1 is lenated,
and both words are, farther, alike in that they are weaklv
stressed.
J. Fraser.
1. É of cert remains onlv of gestr < an ceart uair, where r lias disap-
peared.
SOME POINTS OF SIMILARITY
JN THE
PHONOLOGY OF WELSH AND BRETON
INTRODUCTION
In this paper an attempt has been made to classify, as far
as was possible, the points of similarity in the phonological
development of Welsh and Breton, as they appear in thèse
languages since the time of the séparation of the Bretons in
the jth. -7 th. centuries1. The majority of the various chan-
ges naturally comprises those of the Middle and Modem
periods of both languages. The written documentary remains
of the earlier period (8 th.-o, th. centuries) of Welsh, Cor-
nish and Breton possess so close a resemblance to each other
as to lead at first to the supposition that they belonged to one
branch only, until Bradshaw pointed out the criteria by which
they could be distinguished :.
Some of the phenomena hère noted date from an earlier
period (as, e. g., § 1), others appearing for the first time
later in continuous texts and in isolated words from the Bre-
ton Charters. Most ofthe peculiarities ofphonology to which
référence is made, date, however, from the middle and later
periods. In some cases both languages in the middle period
offer certain particular points of resemblance which disappea-
red later in the course of further development from one or
both languages (as, e. g., § 9).
1 . For a full discussion of the émigration of the Bretons to Brittany see
Loth, L'émigration bretonne en Armorique du Ve au VIIe siècle Je noire ère,
Paris, 1883. See also Zimmer, Auf welchem Weg kamen die Goidelen vont
Kontinent nach Irland} (Berlin, 1912), pp. 13-17.
2. For thèse see Loth, op. cit., p. 89.
Introduction. 41
A noteworthy feature of both languages is the treatment of
borrowed Romance words, and in this respect a comparati-
vely wide field of investigation is afforded by the fact that
both borrowed without restraint from their neighbours.
Numerous dialect peculiarities hâve beennoted. For the Bre-
ton dialects, the various articles which haved appeared from
time to time in the volumes of the Revue Celtique, as well as
the grammars of the Breton dialects, hâve been taken as
authorities for the remarks made thereon in the paragraphs
in which they occur. Various Welsh and Breton texts and
dictionaries to which access could be found, hâve been
perused, as will be noted from the list of abbreviations.
It has been deemed simpler to arrange the examples accor-
ding to the nature of the peculiarity they illustrate, and
not according to the date of their appearance or their place in
the historical development of the languages.
CONTENTS
I. — Vowels, §§ i-io.
Initial vowel before sp, st,sk. — Change and interchange of
vowels. — Swarabhakti-vowels. — Syncope of vowels.
IL— Diphthongs, §§ ir-14.
Diphthongization of simple vowels. — Diphthongization of
vowels before g(e, cb(e. — ai ol loanwords. - oi ofloan-
words.
§ 15. Simplification of Diphthongs.
§ 16. Contraction of Vowels and Diphthongs.
§ 17. Haplology.
III. — Consonants, §§ 18-8 s .
§§ 18-24. Changes in initial Consonants.
§ 25. Changes in medial Consonants.
§§ 26-29. Changes in final Consonants.
§§ 30-48. Other Consonantal changes.
§§ 30-33. Initiallv, §§ 34-48. Medially and tinally.
§§ 49-61. Addition of Consonants.
§§ 49-51. Prothesis; §§ 52-)). Epenthesis ; §§ 56-61.
Hpithesis.
§§ 62-80. Loss ot Consonants.
§§62-64. Initiallv; §§6 5-72. Medially ;§§ 73-80. Finally.
§ 81. Metathesis.
§ 82. Some exceptional Cases of Mutation (aspirate and
nasal) in Breton corresponding to Welsh.
§ 83. Palatalisation of Consonants in Welsh and Breton.
ABBREVIATIONS
A. f. C. L. = Archiv. fur celtische. Lexicographie .
B. Civsc. ■= Gweledigaethau y Bardd Cwsc (éd. J. Morris
Jones).
Br. = Breton ; M. Br. — Middle Breton ; O. Br. == Old
Breton.
Br. Gl. = Old Breton Glosses (Stokes), Calcutta 1879.
Br. GL O. = The Breton Glosses al Orléans (Stokes),
1886.
C. Coch. Mss. = The Cefn Coch Mss. (Fisher).
Cym. Lien Cxmr. = The publications of Cymdeithas Lien
C y ni r 11.
D. G. = Barddoniaeth Dafydd ah Givilym (Jones and
Owen).
E. — English ; M. E. = Middle English ; O. E. = Old En-
glish ; N. E. = New English.
E. E. P. = Early English Pronunciation (Alexander J. Ellis).
Fr. =■ French ; O. Fr. = Old Freneh.
/. Goch = Gwaith Iolo Goch (Charles Ashton).
Indg. Forsch. = Indogermanische Forschungen.
L. Ch. = Loth's Chrestomathie bretonne; L. Ch. (M. Br.
Chart.) = The Middle Breton Charters given in L. Ch.
L. Ch. (V.). = Vocabulary to L. Ch.
L. E (H.). = Lexique étymologique des termes les plus usuels
du breton moderne, par V. Henry.
Le Gon. = Le Gonidec's, Dictionnaire français-breton.
L. G. C. = Gwaith Lewis Glyn Cothi.
Le Clerc = Grammaire bretonne du Dialecte de Tréguier, par
l'abbé Le Clerc.
Lib. Land. = Liber Landavensis (The Book of Llanddv).
M. Br. H. = Middle Briton Hours (Stokes).
44 Parry- Williams .
Mab. = The Mabinogton (Rhys and Evans, Oxford).
M. A. = TheMyfyrian Archaiology of Wales.
M. Br. (E.) = Ernault's Dictionnaire étymologique du breton
moyen, at the end of his édition of Le Mystère de Sainte Barbe.
Medd. Mydd. = Meddygon Myddfai (Welsh Mss. Society).
O. Ir. = Oldlrish.
Ped. = Pedersen's Vergleichende Graminatik (vol. I); Ped.
n = tt*.voi. ii.
R. C. = Revue Celtique.
R. B. H. == The Red Bookof Hergest (Rhys and Evans).
Tr. — Troude's = Nouveau dictionnaire français et breton.
V. and Yann. = Vannes. V. (Ch.) and Vann. (Ch.) =
Châlons, Dictionnaire breton-français du diocèse de Vannes.
Trég. = Tréguier.
W. = Welsh; M. W. = Medkwal W. ; O. YV. = Old
Welsh; N. W. = North Wales; S. W. = South Wales;
U.S.— Wiliam Salesbury's Welsh-English Dictionary.
W. Llyn. = Barddoniaeth Wiliam Llxn (J. C. Morrice).
VOWELS
1. — InW.,both in native and in borrowed words, the
initial consonantal groups sp, st, sk, developed, presumably
in the M.W. period, a prothetic vowel, as was the case in
late Latin and further in French and Italian. The rule in
Welsh is the exception in Breton ; in the former branch the
vowel is invariably y (= ?), but the few examples in point in
Breton show a variation. The supposed cases ol this in
Breton are O. Br. esceilenn ' (gl. cortina), regarded as being
cognate with Mod . Ir. sgâil. sgâile, 'shadow',where the prothe-
tic vowel is e, and O. Br. istomid2 (gl. trifocalium), cognate
with W. ystefaig, where the vowel appears as i. It is remar-
kable that the language which first shows traces of it.should
drop it altogether, whereas the other, with no vestiges of it
in its earliest forms, made such cases of prothesis its gênerai
rule.
In M. Br. there appears a word ascolènn 'thistle' (W. ysgal-
Ipn, Cornish askelku, Yann. oskalm) which is regarded as
being identical with O. Br. scal (gl. carduumque). This a,
however, with the a in the Cornish word, seems to be a
doubtful case.
Traces of the same tendency possibly appear in the variant
forms of the M. Br. words start and squeut (Mod. Br. stard,
skeitd). In M. Br. (E.) there is an early form estart, but it is
counted in the verse as one syllable ; and the Vann. (Ch.)
form of M. Br. squeut seems to be esquet or hesquet.
In iMod. W., when the accent falls on the third syllable
i . Berne Glosses.
2. In the O. Br. Charters, see L. Ch., p. 142. It is suggested (ibid.,
p. 525) that it is to be read iscomid, and a W. esgemyddis compared.
46 Parry-Williams.
from the beginning ofa word, the tendcncy is to drop the
regular protheticj', e. g. sgrifennu or scrifennù for ysgrifennu
'to write', sgolhaig for ysgolhaig 'a scholar'. In the Mod. W.
dials. the tendency is to drop the y in ail cases, except when
it is accented, e. g. ysgub 'a broom, besom'but sgubo 'to brush
with a besom', ystum 'form, pose' but stumiau 'grimaces', etc.
2. — Original / appears in Mod. W. as y, i. e. when unaf-
tected by a following pre-historicT/, in which case it becomes e.
In Cornish and Br. it appears generally as c (Cornish having
y in some cases). The O. Br. had however forms in i where
O. W. would also hâve i. There are also in O. Br. traces of e
from /due to the féminine à- ending, the forms tuiiii (masc.)
and mien (fem.) being found side by side in the 9th. c. See
R. C. 8 pp. 168 sqq.
The indécision with regard to the tate of early / is apparent
in W. and Br., especially in the various dials. and in the
loanwords of both languages. The O. W. i has many forms
in M. W., /, e, y and y (/ and e being found as a rule in the
earlier M. W. texts though later such forms as brodyr, broder;
llythyr, llyther; Merchyr, Mercher1, are fairly common). In the
Mod. W. dials. again we meet withsuchs formsas eue ïoyxiki,
dent for dyua, Dinbech for Dinbych,ydrach(or edrych. The Mod.
W. forms hâve generally y, though in the literarv language
wordslike ennill for ynnill, gwerydd for gwyryf also occur. Cf.
also Mod. W. gresyn, M. W.gryssyn (glyssyn).
M. Br. has forms with i (rare) and c corresponding to the
/-forms of C). Br., e. g. L. Ch. (M. Br. Chart.) Eues- and
Inisiau, W. ynys; c\. Hytherguent, with hyther = bedr, he;r of
M. Br.
Later in the Mod. Br. dials. we find fluctuations. The dial.
of Vann. has verv often a prédilection for /, where the dial.
of Léon has e, e. g. Vann. I>ihne, ivein, ini~ (iniss), pisk, gwi-
nir, stirenn for Léon beo, eva(jjT), eue.;, pesk, gwetier, sterenn.
This, however, mav be a late change. For the change or e to
i in the Vann. dial. of Sarzeau See R. C. 3, p. 47; and in
the dial. of Quiberon, R. C. 16, p. 325.
1 . Mercber mav owe its final -er to Gu'euer.
Similarity in the Phonology oj Welsh and Breton. 47
A paraïlel but reverse change is apparent in the case ofmany
loanwords in W. and Br. In W. we get the e of Romance
words appearing as y, (a) Pretonic : dyfosiwn 'dévotion' B.
Cwsc (W. S. has defosiwn, as commonly in Mod. W.), dyciae
'decay'; (b) Post-tonic : kweifyr sayethe 'a quevar' W. S.,
M.E. quiver ; cweryl M. E. querel(e); dagyrÇW. S.) 'dagger';
— myn as plur. of E. man in porthmyn, iemyn, etc. ; tocyn
' token' ; Ystyvyn (R. B. H.) 'Stephen' ; (c) accented e > y
before n, r, s '■ bryst M- E. bresie, trysor M. E. trésor, syrkyn
M.E. jerkyn, syndal 'sendal'.
In Br. also the e of French words appears occasionally as
v before 5 or // : na ystiman netra 'je n'estime rien' R. C. 25,
p. 340; d'am yscusim 'de m'excuser', R. C. 25, p. 106; ynte-
ret 'enterré'. R. C. 27, p. 22. Cf. also marichal 'maréchal',
R. C. 3, p. 196 ;ar re yminantan 'les plus éminents',\R. C. 26
p. 110.
3. — In the various Brythoniclanguages original u appears
as an u- sound in some cases, and as 0 in others. As a raie
W. has w except when a long a originallyfollowed (in which
case in appears as 0). The same rule applies to Br., the u-
forms being prédominant ; but in some of the early forms as
well as in some ot the Mod. dials. 0 is found side bv side
with the u- form. On the other. hand, the rule in Cornish
demands the 0- form.
The same variation appears in loanwords Irom Lat. In cer-
tain cases the Lat. ô has the 0- and //- forms in W. as well as
in Br. :
Lat. sôiius, W. sien, son ; Br. soiui. sou;
Lat. pondus, W. pion ; Lat. columba, W. colomen, Br. koulm.
Again, original t> in some words develops into a //- sound
in W. and Br. :
W. Iwrch, Br. loin c h, O. Ir. tore; W. iwrch, Br. îourch,
Cornish xoirh.
The Br. ounnen (W. oniicu cash-tree') is regarded as being
merely a dialectal pronunciation (Vendryes, R. C. 30,
p. 209).
The folio winy are exs. ot the intermin»lin>r of 0- and u-
.|S Parry- Williams.
forms in W. and Br. in native and borrowed (Lat.) words :
M. Br. brout (Mod. Br. broud, O. Br. brot, W. brwd)
'ardent'; con, coun (W.cwii cdogs'); cof(f), coujf(\V. cof
'memory'); coganl, cougani (W. ceugant) 'certain'; colon,
calaoun (W. calon ' heart ') ; crouc (W. crog ' cross ') ; crom
(adj.) 4bent', croumaf ' to bend ' (W. crivm, crymu); goçaff,
gou%aff(W. goddef ' to suffer') ; dorn ' hand ' (Mod. Br. Léon
dourn, W. ifewH 'fist') ; w/ (Vann. /<>///, W. /m-J) ; loncaff,
louticaffÇW. llyncu); rodoed, roudoe\ (W. rhodmydd); Sadorn,
Sadourn (W. Sadwrn); lou, toun (W. /o// 'tone, tune ') ; areft-
diagon, archdiagoun (Mod. Br. arriagon, W. archddiagon,
archiagorî) ; moch (Mod. Br. mouc'h, W. moch).
The M. Br. Charters (L. Ch.) bave calloch, callouch ; goni-
doc (M. Br. also gounidec, W. gweinidog) ; /?oc£, /;c//r/; (W.
hwch) ; moalcQj), moualch (W. mwyalcti) \ soult (O. Br. 50//,
W. swllf) ; cf. O. Br. w/ (gl. (a)eruginem, W. rhwd 'rust').
Mod. Br. hashont (W. bwni); blonec, blounhec(W. bloneg).
In the Mod. Br. dials. the 0- and //- forms fluctuate conside-
rably. For a list of words having 0 in Léon and ou in Vann.;
words having 0 in Vann. and in the Catholicon, but ou in
Léon, see R. Ci, p. 215. See also ibid. list of words having
0 in Léon but u (i. e. //) in Vann. Thèse exs. bave w in W.
See also note in R. C. 16, p. 186.
In the Romance loanwords in W. and Br. the cases in this
categorv to be dealt with are those containing a short close 0.
This seems to appear in W. invariably as // (written a*), in
Br. mostlv as // (written ou) aud occasionallv as c) side by
side with the ou {ci. Meyer-Lûbke, Grammatik der romanischen
Sprachen, I, p. 133 ' Im Westen wird 0 vor Nasalen y.u 011,11;
so schreiben die mittelalterlichen Urkunden und Handschrif-
ten '). Exs. in point from Br. are :
M. Br. (E.) courtes, cortes 'courtois', fourni, fiinn ' forme',
tourmani ' tonnent', moundenn, monden, mundain ' mondain'.
L. Ch. (F.) has connue" congé' (ijth. c.),counlriulon ' contrats'
(l7th. c), milioun ' million' (ijtb. c). Le Gon. rond, round
' rond', Tr. îoud, lod (Vann. loi) Mot'. Cf. R. Ci, p. 196
ar masouner* le maçon', p. 214 Kleier Fouesnant a respount
Mes cloches de F. répondent '. À'. ('. ], p. 192 Lost ar c'hog
er poud* la queue du coq dans le pot '.
Similariiy in the Phonoîogy of Wdsh and Breton. 49
The cases among the Romance borrowings in W. are very
numerous. As already mentioned W. has iv. The M. E. and
Fr. forms hâve sometimes 0, sometimes //and sometimes both,
in words where W. has only w\ The sound in E. and Fr.
was probably between the high-back-round and the mid-back-
round, or really an extra-labialised 0- sound. As a rule in
Norman-Fr. the fluctuation was between 0 and //, showing
the doubtful nature of the sound ; but generally Norman-Fr.
has // to correspond to the 0 of O. Fr. Exs. in W. : barwn
' baron ' M.E. baron, bantn, baroun, O. Fr. banni, -on; backwn
twrch' bacon' (W. S.) M. E. and early N. E. bacoun, bakon,
O. Fr. bacon ; cnuper ' crupper' M. E. croper(e), later croit père,
O. Fr. cropiere; trwmp ' a trump, trumpet 'M.E. trompe, trumpe
Fr. trompe ; and many others.
Further, in M. E. there are words having 0- and //- forms,
whereas the Fr. forms are conrined to //. This arose from a
gênerai confusion in M. E. and early N. E. between 0 and //. 0
being sometimes used for // merclv as an orthographical
device to avoid confusion when the // ot O. E. came in con-
tact with certain letters in MSS. It was originally a device ol
Fr. (see Horn, Historische Neuenglische Grammatik, Vol. I,
Again,wehave proofs ot the 0- timbre ot the /(-sounds ofM.
E.and early N..E. French writersof the i6th.and 17th.cs.com-
pare E. u with their native Fr. 0- sound (see Horn, Untersu-
chungen jur Neitengliscben Laittgeschichte, chap. 4). Hence we
may gather that the early E. short 0 had a l close ' quality in
some cases, and that the E. short u had likewise an 'open'
quality under certain circumstances.
Moreover, some words having only 0- forms in E. appear
in W. with -w, e. g. cnuc 'pail ' (W. S. crwcb), E. crock, M. E.
broche; aut ' a cot ', M. E. cot, O. Fr. cot; iwmon (W. S.) (pi.
izumyn, as in Hywell Swrdwal, who has humynn) ' a yeo-
man ' ; M. E.yoman ; swnd, szunt ' sand', M. E. sondée) ; waîwrt
'wall-wort ', M.E. -au/7.
So, whereas in W. loanwords the forms generally accepted
are the w- forms, in Br. we find traces of both forms, as
seen from the above exs.
Revue Celtique, XXXI'. 4
>o Parry-Wîlliams.
W . however, isnot without its exs. of fluctuation :
botzun, botwn, bwtiun, botwm 'a button ', D. G., p. 57.
Nid ananwyl dwyn anerch | O fotymau siamplau serch.
C. Charlymaen, p. 50, lias bwitwii, and this is also the mod.
Gwentian form by the side of Venedotian bwtwm Çboliuin),M.
E. botoun, botone, O. Fr. Z>i>/M,Mod. Fr. bouton ; clwpa, rlopa'a.
club ', M. E. clobbc, clubbe ; comffordd ' comfort ', comffyrddus
(cyffyrddus), ' comfortable ' (W . S. bas hunffivrtb ' conforte',
hvnffwrddîo ' tocounforte'); concwest ' conquest ' and hvnhwest
(W. S.), O. Fr. conquest(e) ; also concwerio and aunczuerio ' to
conquer'.
Note. — Tbere are, of course, in W. many loanwords Irom
E. with the pure 0- sound, without variations in w.
We bave seen above how some Br. words hâve 0 in the
dial. of Léon {on in other Br. dials.) but hue (i. e. //) in the
dial. of Vann. (A\ C. 1, p. 215). This phenomenon may be
compared with the appareance in W. loanwords from E. of
11 (i. e. W. //) where we would regularly expect an w. In
thèse words we hâve, as a rule, a liquid or a nasal (/, ///, // or
;•) following the //, e. g. bulas by the side of bwlas, E. bullace
(earlv E. had 0- and -u forms) : buliwns in D. G., p. 432 by
the side of the commoner iorm bwliwns E. bullions; burgyn ' a
carcase ' from E. morkin ; ait m D. G., p. 149 and in some
Mod. W. dials. by theside of cwt (the Common N. W. form),
E. col ; sunt-ur ' ' a kind of sundy gravel ', M. E. sonde 'sand '
et. W. swnd; s/nu (and swrri) 'a somme' {W. S.), also in
D.G., p. 148, Mod. E. sum.
4. - - The interchange of a ando is of common occurrence
in W. and Br. as in other languages.
a) The change of 0 to a appears in native words in the
lorras developed from earlier guo {or still earlier no-), and is
supposed te> be a case of delabialization after the labial u (see
Ped. § 26, 4), e. g. W. gwallofi ' to pour ', Ir. fohiiii ' em-
pty ', W. gwasgod (earlier gwasgawd. as in Goronwv Owain)
' shelter, shade',Br. gwasked, Ir. foscad ; W. gwala (and iwala
( >r possibly from E. cinàer.
Similarity in the Phonolog) of Welsh and Breton. 51
' enough, galore ') ' enough ', Br. gwalcb (and a zualcbj ; Br.
giualcbi, W. golchi, O. Ir. folcaim. Cf. W. diguadef in Lib.
Land., hter dioddef ; gwared, O. Ir. fo-rethim; giuadn, Ir. fol ba.
In Pembrokeshire gwagar is heard for the commoner go.gr,
gogor 'sieve '.
Corresponding to O. Ir. for there appears in M. W. a
form guar, e. g. in Lib. Land. guar ir hen rit ' above the old
ford '.
Occasionally the change appears in words borrowed from
Lat. : W. carrai (O. W. corrut), Br. korre-ênn. Lat. corrigia ;
W. manach (rnonacb, mynach), Br. manacb, moiiacb, Ir. ma-
nacb, Lat. monacbus.
In some of theMod. W. dials. (in parts ofN. W. e. g.) 0
tends to become a (often in connection with w) in such words
ascyivad or auad = cyfod 'arise ', dîuad = dyfod ' to corne',
piavareb = pig-fforeb; lyivad = tyicod' sand ', gwman = guy-
iiion ' sea-weed ', paratoi = parotoi ' to prépare ', Methadus
' Methodist'.
In addition to the exs. cited above, the following Br. forms
may be mentioned : M. Br. priadele^ ' marriage', cf. W.priod
1 husband, wife ', priodi ' to marry ' Br. pried, priei ' spouse ' ;
M. Br. (E.) rigal, rigol ' rigole '; Vann. (Ch.) sam 'somme,
voiture ', spatulamancc ' spatulomancie ' in R. C. 12, p. 383 ;
vacabant ' vagabond ' in R. C. 11, p. 310, but vacabont
on p. 308. The last two exs. may be due to vowel assimi-
lation.
b) The opposite change of a to 0 is, however, much com-
moner in W. and Br.
It is found in some Lat. loanwords, e. g. W.morthuyl (and
dial. marthivï), Br. morypl, Lat. marlellus; Br. korai^ÇW.
Y Garazuys), Lat. Ouadragesima.
It appears also in some native words, in W. mostly in the
dials. e. g. N. W. afol=afal ' apple ' ; gofol = gofaî, ' care ' ;
diofol = diofal ' careless ' ; S. W. g rondo = gwrando ' listen '.
Cf. Mod. W. do for M. W. el-wa; Mod. W. 0 (prep.) and 0
(voeative particle) for M. W. a l, Br. a.
1. In M. W. the forms d and 0 occur, and arc probably two originally
separatc prépositions.
)2 Parry- Williams.
In Br. the tollowing ma}- be instances of the change, M. Br.
(E.) onnoer(annoen), dim. onneric (W. anner)\ hogos (W. agos
' near '); boguen (Jjouguen),' but ' (W. bageri); holen 'sait'
(W.halen, V. (Ch.) haléne, halein); tort ' belly', O. Br. tar,
Ir. tarr. Cf. buoniq 'sun ', #. C. 16, p.2i2(W. &##») ; Trég.
iiiomui, p\. mommo t mother ', Tr. (W. manï). Yann. hzs àmo-
//(//, M. Br. amanen (W. ymenyn); gorik, garik = gavrik (L.
C/j.). For other words in which the dial. of Vann. tends to
favour an o where the Léon dial. lias a, see R. C. i, p. 89
sqq.
The sâme change is apparent in some loanwords from
Romance in W. and Br., the former having a goodly number
of exs.
In Br. : M. Br.(E.) dongerus ' dégoûtant ', <C Fr. dangereux ;
orsaill ' batterie ', = àrsaill, assaill, ■< Fr. assaillir ; sirop
' estrep(étrape)'.
In W. : In the W. loanwords from E. cases of this change
are very fréquent, and some of very early date. The alterna-
tion between a and 0 occurs also in E. itself at an early period.
The ' back ' a of primitive Germanie was changed early to x;
but an exception was that a before nasals was preserved, e. g.
lang, uaiiia. There was a tendency to write this sound with o,
as long, noma. It is uncertain whether this 0 means really a
very broad a- sound. O. E. had probably the ' low ' sound ot
a (as in Fr. patte) before nasals, andpossibly the c in uoma etc.
is an attempt to indicate this broad, deep a- sound. It lias also
been re^arded as a labialized sound, a ' low ' a with a slight
narrowing of the lips. But in O. E. the practice of ' rounding '
(/ before nasals disappeared, only to reappear later in M. E.
(see Sweêt's Hislory of English Soumis, p. 54).
Most of the W. exs. with 0 are probably from the M. and
N. E. periods. In the majority of cases E. had two forms. in 0
and a, but we hâve, however, some instances where there do
not seem to be 0- forms inE.,e.g. pesoiit, lytenont.
It is not before the nasals ui, 11, ng only that this (' appears
in W., for we hâve traces of it before / and r.
A few W. exs. are :
bîowmon (blewmon, blazumon), F. bloman, now obsolète ;
Simïlarity in the Phonalogy of Welsb and Breton. 53
Englont (Jnglont), ' England ' ; Ysgotîont ' Scotland ' ; fuslioh
'fustian', also early E. fustion ; garlond (garloni) ' garland';
Early E. garlandÇe) and garlond(e); -mou '-man' in manywords
hangmon, porthmon, hengsmon, pli sinon, etc.; lytenont Qijf tenant,
lutenant) ' lieutenant ';/>d5w// ' peasant ' ; tenant* tenant'; ram-
pont (rampaunî) ' rampant ', Early E. rampaunt (Fr. rampant);
Roloud ' Roland' ; reioi ' real' ; deiol ' dial '. In W. dial. hospi-
tol , ' hospital ', spectol ' spectacles ' (occurs also in B. Cwsc).
hongian ' hang' Early E. hong-, hang- ; honsel 'a handsel ',
hansel', M. E. handsel, hanselle; more ' a mark (coin) ', M. E.
mark(c) ; ongl 'angle'; pour 'a mound, hillock', E. bank,
M. E. banke, bonkke ; slond 'stand', M. E. partie, stonden, stan-
den ; rhonc ' rank (adj) ', M. E. ranc, rouke.
Whether the sound denoted by 0 and a in Early E. was a
pure 0- sound may be a moot point, but there is no doubt
about the purity of the sound as an 0 in the W. représenta-
tives of the E. word s.
5. — The change oie to a in certain positions is of fréquent
occurrence in W. and Br. This is évident in native as well as
borrowed words. Some very early examples are :
W. adar ' birds ', adain ' wing ', O. Br. attanoc (adj.), root
*pcl- ; M. W. adaued (later edau, edafedd) ' thread' ; W. alarch
O. Cornish elerhe (rf. Ir. elà) ; W. Br. tan (O. Ir. Une); W.
dala (Mab., Kulhwch ac Olwen) ' sting'(0. Ir. delg).
The same change appears in Lat. loanwords in W. and Br.
(as well as in Cornish) ; W. sarph ' serpent ', O. Br. Bot-Sar-
phin ; W. Calan1 ' New Years Day ', M. Br. qualan ; W. car-
char, tafarn, Padarn, ystarnu, etc. (see Ped., § 124, 6).
As a rule the change takes place when the e is followed
immediately by n, r (or /).
Cases in Br. :
In some cases in Br. this change seems to be a dial. pecu-
liarity, for we find in certain words that the dial. of Léon
favours the e- for m whereas Vann. leans towards the a-
form.
Thèse words hâve //, r or v following the vowel.
1. Late Latin, however, lias also a forra kiihiinlac.
54 Parry- William s.
Léon : kefniden, bemdt^ kenderv, keniterv, menez, ere> serch,
evit ; Vann. kanivedenn, bamàeXj» kanderv (candérhue), kaniterv
(caniterhîte), mane (mannf), arl, cl.uirj. aveit (sec R. C. i,
p. 87).
For the change of er to ar in Br. in native and borrowed
words, sqqR.C. 25, p. 266; 26, pp. 65, 71, 73; 27, pp. 252.
Other exs. in Br. loanwords are (c before /, ;//, ;/, s) :
M. Br. (E.) ambuig 'embûches '; asquipet (O. Fr. esquiper);
assaign ' enseigne ' ; astandart (O. Fr. es le 11 dard) ; garredon
(O. Fr. gueiredori) ; kalander ' calendrier ' ; missal ' missel ' ;
sarmant f serment'; sarmon 'sermon'; talant1 (Lat. talen-
tiini); vanaeson ' venaison' ; vandangaff (vendangaff) ' vendan-
ger ' ; a mail l ' email '.
Cf. further aslennet 'étendu' (Lat. extend-ere), R. C 1,
p. 120; ampire ' empire ',R.C. 25, p. 320; kanastel (O. Fr.
canestel), L. E. (H.) ; ritital' rituel Mr. ; dale' délai '(i6th.c.)
L. Ch. (F.).
Cases in W. (generally before r, n, /) :
Note. — A somewhat similar change before ;• took place
in F. also, when c (open) followed by a final r or r -f- cons.
btcame a before the end of the M . E. periody e. g. sterre >
star, kerven >• carve. This change, hovvever, was not univer-
sal in E.
W. adargop (adargop-we), O. and M. E. aiiercoppe. (The W.
form may be due to the influence of W. adar ' birds ');Adfanl
'Advent' (in its spécial' Christian' meaning); pwyntmani
' appointaient', E. (15 c.) pointment, et. O. Fr. poyntement ;
Siarom (in W. Ltyn) ' Jérôme' ; Siaspar ' Jasper '; ffardial
' fardel' ; ffristial, E&ûy E. fristclle ; tranket trenket, W. S.;
Syvarn ' Severn' (in L. G. C, p. 463, E savodd deutu
Syvarri). Chwalcys in M. A., p. 324,? < M. E. welkes
1 whclks ' ; IhiuiaisW. S. ' varnish', M. E. vernysche (also W.
berneîs, bernais).
Cf. S. W. ariôd (erioect), hala (Juda, bel).
6. — The mute or half-mute c in loanwords in W. and
Br. :
1 . In O. Fr. also hilant .
Similarity in the Phonoîogy of Welsh and Breton. }>
The e in question is generally a final e, but exs. of médiat
e are found.
The treament of the finale in Br. is manifold (see R. C. 8,
p. 526).
1) It falls offaltogether, Br. chas, Fr. chasse;
2) It becomes e, Br. finesse, Fr. finesse; Br. rkw, Fr.
3) It becomes a, Br. finesa, Fr. fine.se; Br. promesa, Fr.
promesse ; Br. blaveoJa, Fr. blavéole.
In a few personal names it seems
4) To become #« in Trég., Annan, Barban (see i?. C. 9,
P- 379)-
For the form -es of Fr. we find in Br. the ending es pre-
served, e.g. :
M. Br. (E.) baetes ' bettes' (Trég. boeles, for which seei?. C.
16, p. 220); botines 'bottines'; perles 'perles'; in R. C. 9,
p. 200 carotes 'carottes'. Cf. also M. Br. (E.) botes ' souliers '
(W. bolas-att <C M. E. botes); Mod. Br. almandes, aimantes
for M. Br. almandes.
Note. — There seems to be an ex. of s as plur. suffix in a
native word in R. C. 4, p. 66, mesk anndrens ' au milieu des
épines ' (W. drain ' thorns ').
Cases of medial half-mute e are fréquent in Br. ; it assumes
the form a as a rule.
L. Ch. (V.) Allamaign 'Allemagne ' ; M. Br. (E.) autra-
mant (and autremant) ' autrement '; paeamant, oignamant; M
Br. mandamant, familiaramant; M. Br. (E.) has vanegloar
' vaine gloire ', but later (R. C. 9, p. 379) the from vœnagloar
is found. Further, we hâve gant ma halabarden ' avec ma halle-
barde ', R. C. 25, p. 422 ; fasilamant ' facilement ', R. C. 6,
p. 84 ; kog a lur a lur ' le coq chante à la lurelure, R. C. 5 ,
p. 191 ; suramant ' sûrement', R. C. ri, p. 61 ; fansamant 'à
tort ', Fr. faussement ; sakramaùl ' sacrement ' Le Gon. ; comman-
damant 'commandement', A. fi. C. L., I, p. 218.
The treatment of the half-mute e in W. in the loanwords
from E. or Anglo-Fr. :
The final unaccented ë of M. E. appears in W. in a num-
56 Parry-Wiîliams.
ber of cases as a. As in the case of e in final unaccented syllables,
this final e was an obscure sound in E. Indeed in final syllables
this sound was not always denoted by e, but often (and espe-
cially in Wyclif's Bible) by y, i, u (? for //), e. g. mannis,
locustus, (>/>v//.(FormoreaboutthisM. E. sound seeSweet's His-
tory of E. Soumis, p. 52). W. bicra (and bicre), M. E. biche
'skirmish' (the W. word found in L. G. C. andi?. B. H., II,
p. 300); Zw/tf ' bull ', M. E. bulc (bole, bulle); çwpa (Medd.
Mydd., p. 347) 'cup' O. and M. E. cuppe; ystola offeiriat
' stoole ', W. S. Mod. E. stole.
The M. E. plur. ending -es assumes in W. generally two
forms, -as and -ys, indicating the obscure nature of the vowel.
bot as (some kind of footwear; also botys, both forms being
regarded as sing. in W. Cf. the Br. forms in -es above, where
in M. Br. (E.) the sing. forms of the Fr. words are given as
équivalents ofthe Br. forms) ? M. E. botes; cocas' cogs' (of a
wheel) ? M. E. cogges; syartrysseit in R. B. H. II, p. 335
* charters ' (W. having really a double plur. form); baedys
(? <C bacdsys) L. G. C. ' badges ' ; cecys {W . S lias kekysseu
' keckes '); betys, M.E. betes ; ffigys ' figs ', M. E. fygges. Cf.
W. Charlas (R. B. H. II, p. 379) ' Charles '; Fflandras} <
Flandres ' Flanders '. M.W. taplasQ < M. E. tables").
1. — The change oiato tfseems to occur occasionally in W.
and Br. :
Possible Br. exs. are :
L. Cb. (V-) ebar~(abar^) ; ennui (a Vann. form) for aman;
etawÇatao) 'always'; de (da} poss. pron.); M. Br. (E.) lias
merc ' marque ', rem]1 ' rang' (Vann. (Cb.) ranc, renc, pi. ran-
geu); scarleq (and squarlac) ' écarlate ' ; L. E. (A.) gives
Vann. tes, M. Br. tas < Fr. tas; M. Br. (E.) squerb, Fr.
cebarpe; L. Cb. (F.) seuclou, Fr. sangles.
Some doubtful exs. in W. are :
Aires ' An-as' L. G. C. p. 105 ; breewesi ' breaktast ' ; pinegl
1 pinnacle5 (in W. Llyn) ; pitfel 'a pytfall \ W. S.\ berfa
1. O.Fr. however, lias renc.
Similarity in the Phonology of Welsb and Breton. 57
c a barrow ', M. E. barewe, barwe ; clec 'clack ' ; rheng and rhenc
• row, rank ', and others.
Forms like W. passes, potes (' passage, pottage ') seem to
show the simplification of a diphthong. The E. -agtfgenerally
>> aes (or ais) in W., this in the above cases being monoph-
thongized to es.
Cf. M. Br. (E.) trecc or traescc, Mod. Br. lre~, ? < Fr. trace
If so, the séries of changes would be ace >> aes >> es > ë(.
The M. Br. chenchaff ' changer' is another example. Cf. feççon
in R. C, 12, p. 167, by the side of faeçon in R. C. 12, p. 33
,w7c/.v ' changer ' of Mod. Br., and L.Ch. gress, grac%, grœce
' grâce '.
8. — The ' dulling' of/ in some words in W.and Br. :
M. Ernault in his review {R. C. 4,©-- 465 sqq.) of ' L'ori-
gine des voyelles et des consonnes du Breton moderne de
France (dialecte de Léon), par d'Arbois de Jubainville (Mé-
moires de la Soc. de linguistique de Paris, t. IV, 3 e fasc, pp. 239,
272)' criticises the remark that ï in some Br. words became
11 (i. e. il) before // and r. The words bur~nd ' miracle ' (M.
Br. ber^iit, Vann. berhut) and munud* menu' (Vann. menut)
are, the savs, no adéquate proof of this change. He regards
them as exs. of ' régressive ' assimilation, and compares « léon.
Initiai, pétun, fubu,-fibu, cbouibit, moucherons, lugitstr, ligus-
trum, inii-iir, nin~iil, mesure... » L'inverse a lieu en léon.
dans fiixjiiU, fusil, en trécorrois dans hit un, lutin, //////, utile:
en vann. dans bugnl == bugel, berger... Le pet. Tréguier nous
fournit, dans hichen, kuchen et kitchun, les trois degrés par où
ont dû passer des mots tels que hirust, chorister, Tréc.duvun,
devine; cornouaillais hurunat = choiiirinat, hennir. L7 se sera
d'abord changé spontanément en u, comme dans possubl, bor-
rubl, terrubl... »
But granting, however, that assimilation accounts for some
of the forms in //, there are others for which this explanation
does not hold good, e.g. the last cases mentioned above, pos-
subl, etc. And when we take kiichnn, kiirust, and duvun as exs.
of assimilation, there is then to be explained the appearance of
the first u, which came from /'. Assimilation would not
5 8 Parry-ÎVilliams.
explain kuchen, *korust and *devunl (thc two last being hypo-
thetical forms antécédent to kitnisl and duvun).
A similar change is to be found in \Y., where in niany cases
we find it (or y) wherewe would regularly expect i. The pro-
nunciatîon of thc u and y in W. would neçessarily dépend on
the period. This change of i to y (//) is seen more especially
in the W. loanwords from E. or Anglo-Fr. The ' dulling ' of
the /-sound occurs mainly before /, n, r, s, which gcnerallv
hâve this effect on neighbouring vowels, e. g. coblyn E. 'go-
blin '; azugrym, M. E. augrim \pàpurs papyr, M. E. paph ; pen-
Ins ' a pentice or penthouse ', M. E. peutis, pentys ; Suollul,
' Snodhill ', in L. G. C, p. 56; Su/ni, ? 'civil ', in IobMSS.
p. 327; vuttlîo ' to victual \ in C. Coch MSS., p. 41, M. E.
vi taille; ffrynd 'friend', early E.jrind(e); Woc'nyllocke'(W.
S.) i. e. ' hillock ' ; munud (mynud, munyd) ' a minute',
M. E. mi mite, mynut; mursen (earliest ex. in D. G.) ? <C E. vir-
gin;pustol, C. Coch. MSS., p. 71 and elsewhere, found even
in i6th. c, ' a pistol ' ; puni ' a pint ', in Medd. Mydd.
9. — Svarabhakti-Vowels in W. and Br. :
The developmentof a Svarabhakti-vowel is more peculiar to
W. than to Br. Indeed, it is generally regarded as quite foreign
to the latter, but Br. is notwithout traces of it even from the
earliest period, like W. itself. The prothetic vowel before s +
cons. {p. t. /r), which is regular in W. from early times and
of occasional occurrence in O. Br. also, mav be regarded as a
Svarabhakti-vowel (see §1).
But the commoner form of thus, vi/. the insertion of a
vowel between certain consonants (the second being gen-
erally one of the liquids /, ;//, n, /) is operative to a consid-
érable extent in W., and is not entirelv unknown to Br.,
although in the latter it is more of an exception than a rule.
Exs. from O. W. and O. Br. are possibly O. W . cenitolaidou
gl. natalis, (M. W. kcncdxl, Mod. W. cenedl), O. Br. datoîa-
ham (M. Br. </</-/, M. W.dadyl, Mod. W. dadï)tO. W. tara-
ter (Mod. W. taradr).
In M. W . y was an extremely common epenthetic vowel,
1. To âuvun another antécédent form *duvin might be postulated.
Similarity in the Phonology oj Welsh ami Breton. 59
and exs. of it are légion. By some this is not regarded as a
full vowel, but as a sort of glide between the consonants.
Against this view ma37 be adduced the form hoedel found in
the Mabinogion (Breuddwyd Maxen) 'hoedel nac einyoes nid
oes ida6 ara danat'. Hère we may hâve an ex. of the fréquent
intercharge of e and y, as in Merchyr, Mercher, brodyr, broder,
llythyr, llyther. (See above§2.) Theforms Cydyzual, Dyfnawal,
Tùdawal, by the side of the commonei Cydwal, Dyfnwal,
Ttldwai appear at first sight to contain an epenthetic vowel,
but they may possibly be due to a variation in the seat of the
accent, which in thèse cases may hâve fallen on the composi-
tion-vowel. See Y Cymmrodor, Vol. XVIII, p. 7. Forms like
dala, bêla, bola, boly by the side of dal, bel, bol may supply
exs. of epenthetic vowel between the / and the disappeard g.
Cf. dala 'a sting' in Kulhwch ac Olwen, the O. Ir. delg, and
gwyryj, gwerydd, by the side of gwyrf (l'irgo) ; also M. W.
kivryf, Mod. W. civnu from cwrwf (O. Ir. coirtn); M. Br.
delecb for delcb from delchell.
In words with final consonant-groups, of which the last
was /, m, n, or /■, there were two possibilities of easing the
pronunciation. Either a vowel was developed between the
two last consonants, or the last consonant was dropped alto-
gether, this being fairly easy in the case of liquids. In W. (i.
e. in the spoken language and in the dialects generally, where
thèse changes more often take place) the rule seemsto be, if a
change be made at ail, —
1) In monosyllables to insert a svarabhakti-vowej, gen-
erally of the same colour as that in the preceding syllable.
2) In dissyllabic and polysyllabic words to drop the final
liquid, because the addition of a vowel would necessitate the
shifting of the accent.
e.g. 1) dial. cefen (cefn), ofon and ofan (ofn), ochor (pchr),
cylyn (E. kilfi), llyfyr (Jlyfr), sicir (sicr), ystalwm (erstalm, M .
W. talynî); civlwm, for * nul ni, is a literary form; in M. W.
clwni.
2) arad (aradr)3 palad (paladr), vineg or vinag (vinegr ' vi-
negar'), Cydwalad or Divalad (Cadwaladr), perig (perygt), hud-
dig (buddxgl).
6o Parry-Williams .
In Br., on the other hand, when a change does take place,
i-t is generally the dropping of the final liquid that occurs,
even in monosyllables as well as polysyllables, e. g. :
lest (W. llestr), niesl (inestr, Fr. maître), eoni (eontr, \Y. ewy-
ihr), frênes l (M. Br. fenesir), pot(potr).
One or two doubtful exs. in M. Br. are cagal (? W. cagl,
cagàt)i euffur (euffr) 'œuvre'; (hère, however, the group ffu
may be only another wayôf writing //) ; charoigun 'charogne' ;
delech for delch ; gêner Fr. genre.
Cf. M. Br.H. dilivaraff (Fr. délivrer); M. Br. (F.)cbaudoii-
ron (Fr. chaudron) ; L. E. (H.) burutel 'blutoir' (O. Fr.
Mutel), paiastr (O. Fr. (em)plastre); kalafati (Fr. calfater)
Ir., perisil (Fr. persil) Tr. cf. W. posibilrwydd (from posibï).
In Mod. Br. in such words as ialch, aonalc'h, an epenthetic
or glide-vowel is said to be perceptible between the liquid and
the final consonant.
Note : The common practice of dropping the final liquid
in such cases as the above mentioned has led to the addition
of an unetymological / or r in some words, see §§ 56, 58 and
K. C, 31, p. 515.
In the use of the svarabhakti vowel W. approaches nearer
to Br. in the practice of inserting this vowel in initial conso-
nantal groups ; in the Vann. dia.1. more especially in Br., in
W. in some standing literarv tonus and also in some words
found in early texts.
Br. exs. : M. Br. (E.) quenechen,kenech(knech) 'mountain',
M. Br. (E.) barat (O. Br. brat, W. brad); Vann. has dele, deîi
'debt', deleour (pi. delerion) 'debtor'. quenêûen (pi. queneu)
'nut', darask (and drask) 'a thrush', kanso 'fleece' (W*. cnu or
cnitf). The Léon forrri <////-, 'a trout', is in Cornouaille duluf.
In the M. Br. Chart. (L. Ch.) there seems to be an isolated
instance, viz. Tenon (-Eve!) by the side of the commoner form
tnou, Iran . In Mod. Br. Tcnoit-Evel is Temtel. M. Br. has
knoen and kanouenn plur. kanôu (W. cneuen, plur. enau).
W. exs. :•
M. W. dylyed Vlaim, night', dylyedawg 'noble', dylyu and
delèù 'to deserve, to owe', Mod. W. dyled (and dlid, dyléd),
cf. Vahn. dele; tynô 'dale' (Br. troti\ tnou). In some fa i ri y
Similariiy in the Phonology oj Welsh and Breton. 61
early texts the following forms are found, — tolodi (tlodi, also
Mod. W. tyiawd and tlaïud, chvwd (dial.)), Goroec (Groeg),
taramiuy (jramwy), cynawd (annuel), oi bylegid (pi blegid); cf.
colloquial pyriodi (priodi).
10. — Syncope of Vowelsin W. and Br. :
The suppression of unaccented vowels (both pre-tonic and
post-tonic) is a common process in W. and Br. Some exs. of
early date are W. crydd, drws (Br. hère, kereonr, Ir. cairem, Ir.
durits). Instances of this disappearance of unaccented vowels
are common in ail the Brythonic languages, in medial as well
as in initial syllables, being due to the influence of the old
Brythonic accent.
The effect ofthe accent on pre-tonic syllables, however, is
particularly évident in Mod. W. and in the Br. dial. of. Vann.,
where the modem rule demands the accent on the last syl-
lable, as was probably the gênerai rule in Brythonic generally
at an earlier period.
Vann. has clom (Léon koulm) as well as coloni, W. c(o)hm-
en; Vann. clom 'knot' (W. cwlwm, M. W. clwni) and sclom;
see V. (C/j.) s. v.
In the Mod. W. spoken language this loss of a vowel is
exceedingly common, e. g.
Clanmai (Calanmai = Calau Mai), Clangaeaf (Calcm gacaf),
cjonna (calonnau),cnebrwng or cnebrwn (cynhebrwng), spydu (di-
hyspyddu), mrynion (morynion), cnegwarth (cciniogiuertJj), sleinsio
(<C sialeinsio E. challenge), cf. p'ie Çpa le), p'rai (pa rai), cly-
mu (from cwlwni), gwlâu for gwelaau plur. oîgwely, * givc-
la.
Note : Another instance ofthe loss of a vowel in W. and
Br. is mentioncd in Ped. § 42, An m. 1, -- « Nach dem tu
geht im Br. hàufig ein Vokal (anf dem Wege der Assimila-
tion) verloren :
Br. eontr fOheim' ; eon 'Schaum', abr. euonoc ; iiaoun. Selte-
ner tritt dies im C. ein : c. banl br. heol, c. caïur 'Riese' gall.
Kajapor.. . . »
Other W. exs. of a loss of this kind would be the dial .
forms.
62 Parry-fVilliams.
wllys (eiuyllys), wddu (awyddti), twchu (jeivychii), newddion
Qtewyddion), twnnu (lyiuynnit), twsu (tywysii), Sulgwn (Sulg-
îuyii), Llanwnda (from Llan -f- Gwyndaf), Llanrwst (<C Llan
wrwst = Llan Gwnvsl, cf. O. Br. Uuorgost, Uurgosi). Cf.
Mod. W. diwrnod for M. W. àiwarnàwà\ S. W. has still di-
warnod.
The loss of a post-tonic vowel occurs in such forms as W.
gweld, mynd for gweled, myncd, and in Br. mont, monet ; dont,
donet.
DIPHTHONGS
11. — Diphthongization of simple vowels, unaffected by i
or/ in the next syllable :
A. Original à and ô were both treated in Brythonic as ô,
which underwent the same treatment as L. ô in spécial cases
in loan-words. In W. this developed into a diphthong aiu in
accented syllables. This change is mostly peculiar to W., but
there are a few traces of similar diphthongization in Br., e.g.
O. Br. lau (gl. armum), Br. penao^1 chow' Trég. penôs (W.
naivs), laosk (Lat. laxus, Ped. § 32. 2.)
Probable examples of this diphthongization in W. and Br .
loanwords from Lat. are : W. azur, O. Br. ann-aor (gl. quan-
doquidem), Lat. hôra; W. nawn, Lat. noua.
B. Later exs. of diphthongization in the historv ofW. and
Br. .
1) In afewwords W. andBr. hâve developed a diphthong
from // (i. e. Br. and early W. ù -sound) before ch, e. g. W.
buwch (but pi. buchod ; also bûches, a collective form), Br. bioc'h,
buoch. Cf. W. Hivch, by side ol M. W. itch, and uchcl ; Ihnuch
csnow-drift', but lluchio 'to hurl'; cuwch 'frown', cuchio 'to
frown'. In Dywlâis the dyw- stands for dit 'black' = *dub-,
A similar diphthongization of an w-sound is évident also in
some loan-words in W. from E. or Anglo-Fr. The earlier form
ol the diphthong is uw in W. O. E. had the sound il (O. E.
y), and this survived in M. E. especially in the South-West.
But it was from Fr. that most of the cases of il came over to
H. In E. itself the sound underwent the foUowing develop-
1. M . Br. penaus, pénaux (L. Ch 1
64 Parry-Williams.
ment, fi -ci -iit -in (the Mod. E. pronunciation). But though
the diphthongization began in E. before the end of the 1 5 th .
c, the û itself was also preserved side by side with the diph-
thong. Hence the W. ma may be a development of the ù pure
or a reflection in W. of the processof diphthongization taking
place in E. itself.
Exs. :
buwl 'a mule', in W. Llyns Geiriadur; fluzuet ' a flûte' W.
S. ; luivl 'a lute', W. S. ; miwsig, musig, muzusig 'musie', found
in W. as early as D. G. (p. 370, Ymysg llu'n gwau miwsig
lion); rhniu 'rue", in Medd. Mydd., siwgr 'sugar' (found in
D. G. p. 83, siwgr ar win iddyn segr \xen);ysprnu>s 'spruce',
W. S.
2). Other cases of diphthongization are more or less com-
mun in Br. and W.
Before^; (for d or f) in Br. we And in some words ci, w hère
c would be expected to appear, e. g. Br. dei% (W. dxdd), fei^
(W. ffydd), nci~ (W. uyth), Brci~ (W. Bryth-on).
Where ai (earlier et) appears in W. as the resuit of Umlaut,
Br. has generally c, but before % again the diphthong ci app-
ears in the words prei% (W. praidd),hci; (W. haidd), blci\ (W.
blaidd). Cf. also Br. cil (W. ail), leil (W. mil). By the side
of Trindet we get Br. an Dreindel (\Y. y Drindod); and in L.
Ch. (M. Br. Chart.) the form Roc~ in Roc;-ijnocdoit is found
for the usual Ros. In M. Br. saffroen stands for Fr. safran.
Similar cases of diphthongization are noticeable also in
Mod. W. (chiefly dial., and mostlv in monosvllables as in
Br.), e. g.
maen (mari), does {dos 'go thou'), tu-hwynl (tu-hwnf), ffoes
(Jfôs), bacs (bas), braen (bran), gwlaen (gwlân). Cf. heiddiw
(Joeddyui), gloewyn byw (gloyn byiu ' butterfly'), gweudyn
(giuydu).
In some E. loanwords in W. the E. à is occasionally diph-
thongized, e. g :
Sgaer (E. sharc), spacr (E. sparc). In sglaits (E. slates) the
diphthong may be a reflection of the E. diphtongization of a
in such words. The old W. form is ysglatus.
Similarity in the Phonology of IVelsh and Breton. 65
Other cases of diphthorigization in E. loanwords seem to
be W. dantailh 'a delicacy', M. E. danteth, danlith; cofaint,
cwfaint1 'a convent', M. E. covent (from Anglo-Fr. covent,
cuvent), as in D. G. p. 31e 'Pwl gwfaint, pobl o gyfoed', R. B.
H. II, p. 335, 'ac y dechreuwyt coueint y manachlawc gaer
llion'; twnuwuiint, t-wnici maint (Mab.) 'a tou marnent', M. E.
iournement ; (lurueimant occurs in M. A. p. 134J.
3). The W. and Br. diais. exhibit other peculiarities of pro-
nunciation.
In the Vann. dial. ofSarzeau e becomes e/ betore a vowel, at
the end of words and before //, m ; e. g. leies (W. lliaws),
leien or lujain (W. Uiain), hei (W. ht). — R. C. 3, p. 47.
In the Br. dial. of Quiberon also, ou and 0 are occasionally
diphthongized. 'Open' 0 becomes on, 'close' 0 becomes oiui, e.
a
din couoeh 'old man' (Léon den caQ; ascouorn (Léon
ascourn) ; coarn 'corner' (Léon corn) ; hast 'tail' (Léon lost).
— R. C. 16, p. 323.
Diphthongization in hiatus (as in Vann. dial.) is not un-
known to the W. dials., e. g. in parts of N. Wales.
lleian (Jlioin), dreuan ohono (druan ohono), treiog (jriog,
triag, 'treacle'), pleuan (pluen), ffeuan {ffdcn) ; in Cardigan-
shire euos (cos), euog {eog 'salmon'). The //-glide after the 0,
before / in such E. words as poil, bold, bold has developed into
a full diphthong in W. poiulio, powld (dial.); howld (dial).
12. — A common source of diphthongization in W. and
Br. is that of vowels followed by a palatal-dental-spirant, voi-
ced or voiceless (or followed by n or r -f- 'à dental-spirant),
in loanwords from E. and Romance. IV. S., in his W. Dictio-
nary (i6th. c), has a noteaboutthe pronunciation of the W.
a, to this effect, —
« ... Neyther yet as it is pronounced in English, when it
commeth before ge, //, sh, tch. For in thèse wordes and such
other in Englyshe, domage, héritage, language, ashe, lashe,
watch, calme, call, a is throught to décline toward the sound
1. In the M. W. texts cwfent and cwfeint occur, plur. cwfennoed; the
form with the diphthong may be a direct borroving from Lat. conventio.
Revue Celtique, XXXV. i
66 Parry-Williams.
of thèse diphthonges ai, au, and the wordes be read in thys
wys, domaige, heritaige, languaige, waitche, caulme,
caul. ... ».
In another place, when dealing with the sound sh of E.,
W. S. says :
« sh in dyfod ar ol bocal vn (iss) y galwantvegys hynasshe
aiss, 'onnen'; wasshe waiss 'golchi'. Ac yn pa ryw van bynac
ar air i del, ssioval neidyr gyffrous a wna, nid yn anghyssyllt-
pell o y wrth swn y llythyr hebrew a elwir schin... ».
Then we hâve Palsgrave's note(£\ E. P. p. 120, note):
« Also ail words in the trench tongwhich in writtyng end
in-age shall in redvng and spekyng sound an i between a and
g, as though that a were this diphthong ai, as for langage,
etc. . . ».
The great number of Romance words in W. and Br. prove
this tendenev towards diphthongization, and they hâve de-
signated this in the written forms of the words as full diph-
thongs. But in the case of W. and Br. the same thing hap-
pens with 0, tt, e (and ï) in such positions.
Though we hâve external proofs of this onlv from the
i6th. c, yet there are indications ofthe diphthongization even
earlier in W. borrowings from Romance, e. g. in D. G. and
Mo Goch (14-15 es.), and later in L. G. C.
In some of the Fr. dials. at an earlv date, the a before g
in the ending -âge was also 'palatalized'. The ending is often
written aige (and ege). In the 1 5 th . c. it was found occasio-
nally in the dial. of Paris, but was later discarded. (See
Meyer-Lùbke, Historische Grammatik der Fran^ôsischen Sprache,
§102.)
Exs. of this diphthongization in W. :
a) a : braens 'branch' (in W. LlvnlII. 62 cArglwydd ystaens
o vraens&m fric'; C. Goch MSS. p. 335 'Braens o Edwin brins
ydoedd')j baeds 'badge' IV. S.; caets 'cage1 (D. G. 'Cact> eu-
raid fal coed sirian'; W. S. has kaits ederyn 'cage'); ferneis-
win 'vernage (wine)' ; mails 'matche' //'. S.; maniais 'van-
tageJ W. S.; mortgaeds 'mortgage' W. S.; oraits (oraens)
'orange'; potacs 'potage' W. S.; orlayds 'clock' W. S., {W.
Llvns Geiriadiir lias 01 lais 'doc\ and I). G. has also. 'Orlais
Similarity in the Phonology of Welsh and Bit Ion. 67
goch ar irlas gaine'. In M. E. orloge, orlage) ; saeds 'sage' W .
S. ; taeds (bach gwn) 'a tache' W. S. ; toitsment 'attachement'
W. S.
b) e : kleinsio pen hoyl 'clenche' W. S. (M. E. clenchen.
cleinsio is a common W. dial. forni); veinsians 'vengeance' W.
S. (M. E. vengeance, vengeauncè); fleitsier 'fletcher' W. S. (M.
E. flécher, fletcher}; treinskur '. 'a trencher' CD. G. p. 204
'Trwn sor ffals, treinsiwr ffug'. M. E. trencher. In Iolo Goch
p. 315 we get traensiwr, — 'Beth a fynnai erfai wr | eithr
arianswch a traenswir ?'); Freiss 'fresshe' W. S.; in Medd.
Mydd. p. 204 'Cais bysgod ffrais'. In Mod. W. dial. sleinsio
(for sialeinsid) E. challenge.
c) ï : ? bernais 'varnish' in D. G. p. 103 'Delw o bren
gwern dan fernais'. W. S. bas harnais and verneis 'ver-
nyssche'. M. E. vernisch, vernysche ; ysgarmes (? for ysgarmais
or ysgarmeis by monophthongization), sgannes in Z.. G. C.
p. 155, M. E. skirmischen (verb).
d) 0 : broitsio 'broche' W. S., (L. G. C., however, lias
brosio and brosiiur); loydsio 'lodge' W. S. (also in Mod. W.
dials); orloes, M. E. orloge 'a horologe' (Z). G. has kG\vrd-
dlef telyn ac orloes'); Roesser, Roessier 'Roger' ; Antioys (?
Irom Antioch, pronounced with a spirant ch) in Lives of the
Cambro-British Saints (Buchedd Margret) p. 222 'y dinas
Antioys'.
e)] // : bivysmânt 'bushment, ambushment', Iolo Goch
p. 133, 'Gwna vwysmant, bid trychant trwch' ; bwysel (and
mwysefy 'a bushel'; bivytsiet 'a bougette' W. S.; brzuiss 'a
brusshe' W. S. (briuyssio 'to brush') M. E. brusshc ; dwynsiwn
'a dungeon' in C. Coch Mss. p. 424 'yn dalgrwn i'r dwyn-
siwn du' ; twyts 'touche' W. S., (tivytsio 'to touch' in C. Coch
MSS. p. 177 'ac nid oedd, gwna dy weddi | air yno i'th
dwylsio di').
Exs. of this diphthongization in Br. ' :
a) a : In L. Ch. the following occur, — corn aig 'courage \
1. As there are forms without the dinlithontr bv the side of the dinh-
68 Parry- Williams.
davantaig (and davantag) 'davantage', imaich 'image', outraig
'outrageusement', personnaig 'personnage'. In M. Br. (E.) the
following, — arraig bras 'une grande rage', bevraig 'breu-
vage', bisaig (visàg, visaig) 'visage', chaing 'échange', domaig
(znàdoumag) 'dommage', faig (znàfeâch), Fr. fâcher, heritaig
'héritage', imaig (and imag) 'image', langaig 'langage', paig
(and pag) 'page', potaig 'potage', messaiger (and messager)
'message', raig 'rage'. Tr. has kraihehat 'cracher avec effort'.
Exs. of this diphthong are very numerous.
b) e : This, when diphthongized, sometimes takes the
torme ai. L. Ch. privilaig and privilaich 'privilège'; M. Br.
(E.) has ampeig 'obstacle' (but ampecbaf "empêcher'), breig
'trouble' (? from Fr. brèche), rebeig 'reproche' (O. Fr. rebecher
'se rebecquer'). In R. C. 8, p. _|68 collaichou 'collèges'.
c) / : In R. C. 10, p. 33 we find a form seyg (ho seyg hit
'votre siège, à vous'), which seems to show some kind of
diphthongization of the vowel. The common form of the
word in Br. is sich.
d) 0 : M. Br. (E.) has boroloig (and horollog) 'horloge' ;
loigeaff 'loger' (but log 'loge'); poence (and ponce, with epen-
thetic //) 'pouce'. In R. C. 8, p. 242 soingis (from Fr. verb
songer) and p. 244 pan soingaff 'quand je réfléchis'.
e) // : M. Br. (E.) ambitig 'embûches' ;ci. R. C. 10, p. 23
'me gray rez, emezaff | Ainbaig do distragaf (je leur tendrai
des embûches pour les perdre).
f) ou : V. (Ch.) has louiss 'louche'. The M. Br. form
seems to be loes (M. Br. (E.) s. v. loes 'louche', van. lues du
!. luscus). Cf. R. C. 3, p. 72, 'Ruijenn deuz ann no/ | Glao
antionoz' {Rongeur au ciel le soir, de la pluie le lende-
main).
Br. shows diphthongization also of vowels followed bv gn
thongi/.cd forms, thèse apparent c.iscs of diphthongization niav be merely
orthographical. Besidcs, the modem Br. forms hâve no diphthongs in this
case, as a rule. Such a form, howewer, as M. Br. chenchaf (Fr. changer)
seems to point to some influence of the consonant on the preceding vowel.
Cf. '7.
Similarity in the Phonoîogy of TVehh and Breton. 69
in the Fr. originals, e. g. M. Br. (E.) cigoing 'cigogne', com-
paignun 'compagnon', groign 'grogner', Bourgoing (and Boitr-
goign, Bourgouinn) 'Bourgogne', roingnenn 'rogne'; Spaing
'Espagne'. In L. Ch. AVamaigu ' Allemagne', yvraignour
'ivrogne'. Cf. R. C. 7, p. 338 'Rac nispairgnein hanni' (car je
n'épargnerai personne) in the Vann. dial. Cf. M. W. Bwlwyn
Boulogne.
13. - - The Diphthong #z of loanwords in W. and Br. :
A. In Br. :
In O. Fr. the diphthongs ai, ci were kept distinct, but in
Norman Fr. they fell together, becoming 'open' ci.
The monophthongization of ai through 'open' ci to
'open' c took place very early in Fr., but the process worked
earlier in certain cases than in others. It appears to hâve
taken place earlier before double than before single conso-
nants. In the I2th. c. final ai seems to hâve been pronounced
as 'close' c or 'close' ei; but final aie kept the diphthong even
up to the i6th. c. (see Meyer-Lùbke's Hisiorischc Grammatik
lier Fran^ôsischen Sprache, § 90).
The same takes place in the history of nasalised ai and ci.
By the middle of the I2th. c. thèse had fallen together (see
Meyer-Lùbke, op. cit., § 91).
In the Br. loanwords from Fr. the sound appears in the
forms aeand e from the M. Br. period. How far^was apure
diphthong it is not easy to say. Even in early M. Br. in
native Br. words the diphthong ae appears as e, e. g. L. Ch .
(M. Br. Chart.) inaci, met (W. mael- 'prince'), inaen, mai
W. maen 'stone'), macs, mes (W. mots 'field'), kaer, ker (W.
caer). In the Mod. Br. dials. the change is very common; for
the ac ot Léon the dial. of Trég. has e (e), e. g. L. flacr, Tr.
vlcr ; L. sac, Tr. %i. In the Vann. dial. also the change to c is
uni versai.
Troude in his dictionary says : « AE. Cette finale se pro-
nonce corameflfe'en français. C'est une diphtongue bretonne »,
and he cites such words as pae (Fr. paye), rae (Fr. raie) as
exs.
In some Br. texts œ and even ai occasionally appear, R.
70 Parry-Wïlliams .
C. i,p. uo aigl 'aigle'; M. Br. (E.) ivrav'ïvraië' ; aform like
M. Br. (E.) boettes 'bettes' seems to show that ae was used to
dénote a vowel sound.
i) The following are exs. o(. Br. ne (<•) corresponding to
Fr. ai.
M. Br. (E.) has aegr 'aigre', aegraj] 'aigrir', aer 'air', aes
(ae%) 'aisément', appaesajj 'apaiser', apotiquaer 'apothicaire',
bilen {vilain, villuin) 'vilain', cabiden (capiten, cabileti) 'capi-
taine', cheiieten 'cheuetaine', certen 'certain', daes 'dais', débo-
îter 'débonnaire', clefaet 'de fait', dent 'daim', essae 'essayer',
faet 'hit' , fres 'frais' (also M. Br. fresq), gai *gaiJ, germen 'ger-
main', humen (humaeii) 'humain', imparfet 'imparfait', lelu
'laitue', maestr (mœstr, mestr, mest) 'maître', monden (moun-
denn, mundain) 'mondain', necesser 'nécessaire', noter 'notaire',
ordiner 'ordinaire', panesen 'panais', pae 'paie', paeamant 'paie-
ment', palaes 'palais', oracson (oresoti) 'oraison', raeson 'raison',
saeson 'saison', soliter 'solitaire', souden 'soudain', vicaer
'vicaire', vaen 'vain', vanaeson 'venaison', dalae {cîale) 'délai'.
In L. Ch. œr 'air de musique', reson, raeson, raison, rayson
'raison' and others. In M. Br. H. afer 'affaire', saler 'salaire'.
In A. L. C. p. 606 cambre « toile fine, de Cambray ».
In M. Br. veriien Fr. verveine, e represents Fr. ei; in M. Br.
assaign {L. C/j.) Fr. enseigne, ai represents Fr. ei.
2) Before / mouillée the Fr. ei, ai appear in the Br. forms
of the wordsas ai almost invariably.
Exs. : In M. Br. (E.) amaill 'émail', apparaill 'appareil',
bitaill (bylayÏÏ), O. Fr. vitaille, boutaille 'bouteille', moraill
'moraille', parail 'pareil', taill 'taille', marvaill 'merveille'. In
R. C. 8, p. 90 tenail/en 'tenailles', R. C. S, p. 2^0 vaillant
'vaillant'.
In M. Br. the forms appareil and appareil! occur by the side
of the commoncY apparaill. Cf. M. Br. (E.) Ireill botta m 'treil-
lis de fer'.
Before gn of Fr. the ai appears in Br. as ai, as in M. Br.
(E.) brabaing 'bréhaigne'; cf. M. Br. assainit 'enseigne'.
B. InW.J:
The early M. E. diphthongs ai (O. E. œg) and « (O. E.
Similarity in the Pbonology of Welsb and Breton. 71
eg~) te 1 1 together under ai in the i4th. c. in pronunciation.
(See E. E. P. pp. 378, 119, and Horn's Historische Neueii-
glische Grammatik, vol. I, p. 96). Thesame holdsgood for the
et and ai of Romance words in E. The development of the
pronunciation of M. E. ai, ei may be seen from this table
given in E. E. P. (where the double vowel means a long
vowel). —
Aod. spelling
I4th. c.
iéth. c.
I7th. c.
i8th. c.
ai, ay
ai
ai, a ni
irai, ee
eei, ee
(rain, way)
ei, ey
ai
ei, eei, ai
eei, ei
eei, ee, ii
(vein, obey)
The chief diffîeulty in ascertaining the exact pronunciation
of the W. représentatives of thèse E. diphthongs lies in the
fact that in such texts as the Mabinogion and the Bruts (R.
B. i7.) the ai of Mod. W. is generally represented by ei.
How far this represents the real sound of the diphthong it is
difficult to tell, as the tendency among scribes was to becon-
servative in the matter of spelling, even when the sounds had
undergone a change. In W .S. (early i6th. c.) the diphthong
was, with a few exceptions (e. g. medlei, palffreï), expressed
by ai. As the texts of the works of the W. poets of the
médiéval period are comparatively late, and hâve undoubted-
ly undergone considérable change, an examination of them
would afford little clue to the exact pronunciation . Such lines
as the following in the works of D. G.
p . 88 Un arghwrfom yn llmio
and p. .211 Ac with eichwrtow gmiaw
having cC)mghanedd lusg' would seem to point to some resem-
blance between the ei of a W . word like lleisio (from liais)
and the diphthong in the M. E. (Romance) word corteis (cor-
teys, curtais, curtays). In E.,at any rate, the diphthong, as
we hâve seen, was at this time pronounced ai, and it may
hâve been so in W., though frequently written ei, and though
the 'Cynghanedd' seems to demand the sound oiei to answer
to the ei of the W. word. In such cases of 'cynghanedd lusg',
however, the actual identitv of sound may not hâve been
~i Par ry- Williams.
absolutely essential. Such isthe case according to the modem
rules pf 'cynghanedd'.
Taking a line like the one found in M. A. p. 307 :
Cadair ffair ffydd cedawl ufydd ced alafedd,
we seem to bave an internai rhyme between cadair and ffair.
If so, we mayexpect the pronunciationof the ai tobe the same
inboth words. The diphthongin ffair, iffrom M. E.,must bave
been pronounced ai. Cadair is from Lat. cathedra, and thustheat
must bave been pronounced ei at one stage of itsdevelopment.
In M. W. MSS. it would bave been ei; butas tins poem in
the M. A. dates from the same period, and as cadair rhymes
with ffair (with ai pronounced ai), we may gather that the ci
in M. W. MSS. in some cases, at least, represented the pro-
nunciation ai, or, at any rate, some sound approaching to
it.
According to its position (though not always regularly) this
ai- sound of E. is represented differently in theW. loanwords.
In the folio wing cases, (1) when final in monosyllables, (2)
when followed immediatelv by a vowel in the next syllable,
(3) when comingbefore /, ;/, /', s, it appears in W. as ae (ax\
a sound which bas today, and probably even at a fairly early
period, the sound of W. au. In monosyllables this W. diph-
thong had a long élément, au. When the monosyllables are
lengthened by the addition of an ending containing a 'front'
sound, the ae becomes ei, e. g. pacut, peintio (to paint) ; traen
(dial., 'a drain'), treinio (to drain). Cf. W. gwaedd (a shout)
but gweiddi (to shout).
In ail other cases the diphthong appears as ai {ci), and occa-
sionally as e. The ei appears in accordance with the rule of
Mod. W. in such words as main, meinion. W. S. is not
always consistent, for he bas mcdlci, but rwmnai ; ciurleis, but
malais. Where the Mod. W. bas ei, however, he too has ei, e.
g. ciurteisi, maleisns, twnieiod .
Exs. :
1) W. words with ae :
baeh (dial., 'shot') M. E. bail, hayle; mael 'gain', early E.
Similarily in the Phonology of Welsh and Breton. 73
maile, Mod. E. mail ; yslaer 'stair'; aer eair\ M. E. eir, ayre;
aer 'heir', M. E. eire, eyr, ayr; aesel 'verjuice', M. E. aisel,
eisil ; awmael (pwmaeï) 'enamel', M. E. aumayl; bat 'bay-tree'
(in Medd. Mydd., p. 249), M. E. bayle, baie; baeart 'bayard',
M. E. bayard ; balaen (balain, bahn, malaerî) 'Milan-steel',
early E. Melayne, Mylleyn ; berfaen (ferfàen) 'vervain', M.. E .
verveyne ; ditaen 'dittany', early E. dyteyne, dytayne; ffrae 'a
quarrel', E. fray; tnaentumio 'maintain', M. E. maintenÇe),
maynlyn(e); paemant 'payment', M. E. payment, paiement ;paent
'paint'; pi a en 'plain' ; siamberJayn 'chamberlayne' IV. S.;tae-
liwr (also teilkur, ieiler) in D. G. p. ic, ca tailor' ; trafael
'travail, travel'.
2) Words with ai (et), in W. :
atwrnai attorney', M. E. att(o)urney, attornai; baili, beili
'bailirF ; batail 'battle', M. E. batayle, bataille; bitain 'betony',
early E. betayne (W. has also betain) ; bitail 'victuals', M. E.
vitaille ; bilain 'villain' ; caivsai 'a causey, causeway', M. E.
causei ; clai 'clay', M. E. clai, clei; daim (L. G. C. p. 46,
'Harri ei glaini rhoi i gler' ; IV. Llyn in his Geiriadur has
claimio, but B. Cwsc has cleiinio, like Mod. W.) 'claim', M. E.
chyme, clàyme ; czvmpeini 'company', M. E. compagnie ; cwrtais
'courteous', M. E. corteis, curtais; ffair 'fair', M. E.feire,feyre ;
ffivrnais 'furnace', M. E. furneise, foÇn)rnays(e) ; hacnai 'hack-
ney' (W . S. hachneï), M. E. hakenai, hak(e)nei ; harnais 'har-
ness', M. E. harnais, hameis ; lefain 'leaven', M. E. levain(e);
lifrai 'livery', M. E. liverei, liveray ; medlai 'medley' {W. S.
medlei) ; nwtlai, mwtlai 'motley' ; mwnai 'money', M. E.
moneye, monaye; pal ff rai 'palfrey' (JV. S. palffrei) M. E. palefrai,
palefrey ; simnai 'chimney', M. E. chymneye; siwrnai 'journey',
M . E. lomee, jnrneie.
3) Words with e in W. :
balen (by the side of balaen, balain, inalaen, see above (2))
'Milan-steel', Early E. 'melayne ; bargen (by D. G. 'Beth a dal
anwadalu | Wedi'r hen fargen a fu ?'), by side of bar gain,
M. E. bargaxne, bargevne ; prije sel 'privy seal' W. S., (but
L. G. C. p. 262, pryfai sel), M. E. privei, privay ; siambrlen
'chamberlain' in D. G. p. 117, 'Siambrlen y feinwen yw fo\
~.\ Parry-Williams.
(but IV. S. at a later period has siamberlayn, see above (i)),
M. E. chamberleîn, chamberlayne, O. Fr. Chamberlain, chamber-
len ; //vhv/ 'travail, travel' in M. ^. p. 287 b, but with travael
in the very same poem, M. E. travail; wassel 'wassail' in
L. G. C. p. 13 'val rhoi wassel, but in L. G. C. p. 81 egovyn
wassaeV, M. E. wasseyl, wasbayl.
Note : — In the W. dials. the diphthong is régularly
monophthongised, e.g. simne, or j/mna for simnai ; siwrne,
siwrna for siwrnai (see §15).
14. — The Diphthong oi of loanwords in W. and Br. :
In native words O. Br. oi became M. Br. oe and Mod Br. oe,
oa, oue. Thèse diphthongs generally represent the W. oe and wy
(and occasionally ne). In W. oc and wy sometimes interchange
e.g. boenyn and hwynyn *a snare\ In dials. cwyltb may be heard
(or coelio 'tobelieve'. In the Romance loanwords W. and Br.
show marked similaritv in their treatment of the diphthong.
A. In Br. :
The O. Fr. a-diphtong developed first into oi. This oi fell
together with copen' oi, even as early as the I2th. c. The
exact pronunciation of this oi, however, is not known. But
the next development seems to hâve been to oi (? proving
that the 0 was 'close'). In the 1 3 th . c. this alternâtes with a
form oai. The pronunciation oc (or rather ité) is the common
one in the subséquent centuries, till the pronunciation ua
appears. Traces of this are found even in the i6th. c. (Sec
Meyer-Lûbke's Historische Grammatik, § 83).
The forms met with in the Br. words are primarily oe, later
oa (where 0 stands probablv for an //- sound. See Ernault's
Petite Grammaire Bretonne, p. 3).
It may be remarked hère that the forms oe, ne, oue alternate
frequentlv in the Br. texts and dictionaYies, e.g. in the native
words — M. Br. (E.) argoc^, argoueç, aroe\, arue\ (W. arwyddi) ;
clouet, pi. cloedou (W. clwxd); d. does, ducs (W. dwys).
In the Vann. dial. oue, <w/ generallv appear where the Léon
dial. has oe, oue.
Similarity in the Phonology of Welsh and Breton. 7 S
1) Fr. oi = Br. oe (oa). — For the interchange of oe and
oa in M. Br. see R. C. 11, p. 364.
Exs. : In M. Br. (E.) anipoeson 'poison', from Fr. empoison-
ner; angoes 'angoisse'; appoeaff 'appuyer'; appoentajf 'appoin-
ter'; boest 'boîte'; chamoes 'chamois'; choas 'choix'; coant, O.
Fr. coint ; coeff, 'coiffe' ; foar 'foire', (i?. C, I, p. 122, un foar
gaer) ; meritoer 'méritoire' ; parroes 'paroisse ; poenc%pn 'poinçon';
pressoer 'pressoir'; poeson 'poison'; refectoer 'réfectoire'; voetur
'voiture'; poent 'point'. In L. Ch. occur choaset 'choisi'; gloar
'gloire'; vanegloer 'vaine gloire'; victoar 'victoire ; joa 'joie' ;
and many others .
2) Fr. oi = Br. 011e :
In M. Br. (E.) foueti 'foin' occurs. In R. C, S, p. 90 we get
'vn moue^ (une voix) ; M. Br. has scruytouer by the side o.t
scruiîoer, scritol 'écritoire'.
3) oi stands for Fr. oi in one word, M. Br. (E.) coing or
coinn 'coin'.
4) oae stands for Fr. oi in one or two cases, — M. Br. (E.)
coae.nl (coent, coant) for O. Fr. coint, and Troae (Troc) 'Troie'.
Hère, however, the ae may be for e.
5) The Fr. oi appears in a number of Br. words as e (and
ae).
By the side of the development of Fr. oi mentioned above,
thisdiphthong had also another development through uê(\x\ù\
'open' e) to 'open' e. This change cannot be satisfactorily
explained. (See Meyer-Lùbke's Historiche Grammatik der Fran-
Zpsischen Sprache § 84.) Reflections of this are found in Br.
loanwords, where the Fr. oi is represented by e1. But by the
side of this e there occur also forms with ae. Whether this ae
représenta an 'open' e, or is really a diphthong alternating with
ae ( as is not uncommon) is uncertain. It may be mentioned
however, that in Fr. in the dial. of Ile de France nasalised ai
is rhymed with nasalised oi from the 13 th. c. (See Meyer-
1. The West Fr. forms were ei, e. The Br. forms may then be due to
thèse or to the otlier development of oi.
~G Parry- William t.
Lûbke op. cit. § 91 and § 84). The e of Br. can hardlv be a
monophthongized form of oe, because oe when monophthongi-
zed becomes (gener'ally in final svllables) 0 in Br., e.g. M. Br.
nadœ\, Mod. Br. //(?(/(>;; M. Br. baradoe^, Mod. Br. barado~. In
M. Br. it rhymes with -c/c.s' and -<v.
Exs. with e and ae in Br. :
M. Br. (H.) parres (by side of parroes) 'paroisse'; presser
(by the side of pressoer) 'pressoir' ; cernes 'cervois' ; courtes,
cortes 'courtois' ; damesel, demesel (Mod. Br. dime^eï) 'damoi-
selle' ; hachedenês 'hachedénoise' ; deuer 'devoir'; lesen 'loi',
from Fr. lois ; lesir 'loisir' ; maner 'manoir' ; noter 'notoire' ;
esplel 'exploit'; esper 'espoir'; veturier 'voiturier'.
achaeson O. Fr. achoison ; aer (fém. aères) 'héritier', O. Fr.
hoir ; Benaei 'Benoît' ; brae 'broyé' ; esmae 'émoi' ; laesen 'loi'
(cf. lesen above).
Note : -- For interchange of ac and oe, (ai and ot) cf. M.
Br. charaig and charoigun 'charogne' ; fac and foi 'fi' ; Geruœs
'Gervais'.
B. In W. :
Ellis in his E. E. P. says that the ai (oy) of Mod. E. words
was pronounced ui in the I4th. c. Horn in his Historische
Neuenglische Grammatik, Vol. 1, p. 100, says, « Oi, ni.
Die me. Wôrter mit oi-tii sind fast aile franzôsischen Urs-
prungs. Die Doppelheit oi-ui finden wir bei den frùh-neuen-
glischen Orthoepisten wïeder : sie entscheiden, allerdings,
mit betrachtlichen Schwanken, zwei Gruppen von YVôrtern,
eine mit oi, eine andere mit ///'. Es scheint môglich, dass afrz.
ci die Quelle von me. oi ist, wâhrend afrz. oi me. ui ergab. »
On p. 209 he gives a table containing —
M. E. i)th. c. i6th. c
oi (joy) oi oi
ni Çboil) ui ui, •'/'
See further E. E. P. p. 399.
With a tew exceptions, appearing mostlv in ÏIr. S., the
iyth. c.
i8th. c.
i9th
ci
oi
!1;'
■>i
n-oi
oi.
Similarity in the Phonology of JVelsb and Breton. 77
W. words hâve wy eorrespônding to tins diphthong of. E. In
M. W. the y in wy is = W. u ; in 5". W. it is = i.
1) Exs. with wy :
Anwyntio 'anoint' (L. G. C. p. 288 Yntau Tomas 'nwyn-
tiwyd a gras) ; apwyntio 'appoint', M. E. apointÇe), apoyntÇè) ;
asswyn} from M. E. asoyne; brwylio 'broyle' W. S. ; bwi a
vydd with ancor 'boy' IV. S., Mod. E. buoy ; ffivyl ? from
E.foiî \fwyn brath ac aryf 'foyne' IV. S., M. E. foynÇe) ; llwyn,
Iwyn 'loin' {W . S. lias llwyn ar gic 'A loyne'), M. E. loyne ;
pwynt 'point' (D. G. p. 141 Pwyntiaù afrwydd drwy'r flwyd-
dyn) ;piuyutio, an aphetic form oïappwyntio 'appoint' ;pwyntel,
pwyntil 'pencil, pointel', M. E. poyntil, poyntell; pwyntmant
'pointment, appointment' (D. G. p. 49 F r nant lie' r oedd
pwyntmant per) ; pwysi 'a posy', Early E. poysie ; sbwylio
(spivylio) 'to spoil' (Cym. Ll. Cym. II. p. 22. A sbwyliodd
lawer sten a stwnt ; p. 26, a spwyliodd lawer ffenestr wen);
wynwyn (gwynwyn) 'onions' (Medd. Mydd, p. 173. giuynwyn)
M. E. oynoîi-
2) Exs. with oe (py) :
Kloystr 'cloister' (/. Goch p. 175 Kloysir Westmustr) ; coe-
ten, coetan 'a quoit', M. E. coyte ; voydio 'voyde' II. S., M. E.
voiden ; oystreds fïedder 'oystreche ffedder' W. S., i.e. ostrich
feather, M. E. oystryche ; oestyr 'oyster' IF. S., (Medd. Mydd.
p. 165 Cymer gregyn oestrys) M. E. oistre, oystre. There is
also a form wstrys (? for wystrys), which mav be for M. E.
oistres, or the variant M. E. form astres. The form poynt occurs
by the side of pwynt 'point' in Proffwydoliaeih Sibli Ddoeth
p. 276, 'pwynt blaenllym vegis poynt scorpion'.
15. — Simplification of Diphthongs in W. and Br. :
The process of monophthongizing diphthongs is very préva-
lent in W. and Br. in their later history. In the written lan-
guage it may be commoner in Br. than in W., but in the
mod. dials. ol the latter it is extremely marked.
A. In Br. :
1) In accented syllables.
a) ae. Even in M. Br. there are traces of the monophthongi-
;S Parry-H illiams.
zation of this diphthong. In L. Ch. (M. Br. chart.) mel and
mail 'prince' (W. mael-), men and maen 'store' (W. maen), mes
and maes, 'field' (W. maes'), bel undhael 'generous' (W. hael).
Cf. M. Br. (E.) elgue^ 'chin' (W. aelgeÇr)th).
In dial. of Léon it occurs in such words as J;e~onr (M. Br.
quaeçour, O. W. caitoir, Mod. W. cedor), bclek (M. Br. bae-
lec).
It is the gênerai rule in the dials. ofVann. and Trég. (For
the latter see Le Clerc's Grammaire bretonne du dial. de Trég.
§ 12). V. er, Léon, aer, M. Br. a%r; V. ker, Léon kaer, M.
Br. ca^r; V. men, Léon mean, M. Br. maen (men)(W. maen).
Trég. vler, %ê, les = Léon ftaer (flear), sae, lae\ (lea~) ; Léon
mae is in Trég. me.
Before r in the dial. of Vann. a (not e) appears in dareit
(M. Br. dation, Léon daerou).
b) ao. Hère again Trég. shows a simple vowel for the diph-
thong of Léon.
Léon, taol, kaol, penao{, paotr are in the dial. of Trég. toi,
kôl, penb\, pôtr.
In R. C. 4, p. 66 \ve ûnàglo 'rain', which is M. Br. glan,
Léon glao, Vann. glaiï, W. glaic.
The an of Fr. appears sometimes as an, sometimes as 0. In
Fr. itself there are traces of the <>- pronunciation from the
14 th. c, but there is évidence that it was a diphthong even
in the i6th. c. (See Meyer-Lûbke's Historische Gram. der
Fntn~. S [vache, § 92).
an occurs in M. Br. (E.) antramanl 'autrement'; L . Ch.
a canss là cause' Çd. R. C, 9, p. 348, ha ma oun caus 'c'est
moi qui suis cause'); faut 'faute' (M. Br.fanlt).
0 occurs in R. C, 24, p. 266 evit an deboch(\xu la débauche);
R. C, 9, p. 162 oemantin 'augmenter'; R. C, 9, p. 198 ar
somon 'le saumon'.
Note : — ■ For the dial. interchange ot an, 0, a sec À'. C,
16, p. 220.
c) oc(oa, oua).
Traces of simplification appear in M. Br. (E.) toem 'hot,
warm' and tom ; livmaff and tomaif 'to warm' (W. twym,
Similarity in the Phonoîogy of Welsh and Breton. 79
lioymo); in L. Ch. (M. Br. chart.) rouant and roant for O-
Br. roiant; cf. also offÇouaff) 'I am', Mod . Br. onn, by the
side of W. ivyf, and M. Br. ros 'he gave' (from reiff cto give")
by the side of roas, reas, W. ;7w« (from rhoddi, rhoi 'to give')-
In one case oe = e, M. Br. lou^r Mod. Br. /o^r, pi. Urou (W-
llawdr 11 od mit).
In the dial. of Trég. <7 appears for the oa of Léon ; Léon
bloa = Trég. blâ (W. bhuydd from blwyddyri).
d) ou.
In M. Br. Chart. (L. Ch.) pou (with a diphthong) lias a bye-
form po (O. Br. po« from Lat. pagus, W. /><///). Other M. Br.
forms in proclisis are peu, pe.
c) ci.
In Br. liai 'loyal', if it is, accordingto L. E.(H.), borrow-
ed from O. Fr. teial, ci bas become e. But the form léal
appears in Fr. up to the iyth. c.
2) In unaccented syllables.
a) ae.
In the dial. of Vann. e generally appears for ae. In Br. -e~
corresponds to the W. -aeth in substantives. In Br. balan,
banal (M. Br. bala-u), balan (M. Br. ala\n) a appears in the
unaccented syllable, whereas in other cases it would be ae.
Cf. eut by the side of esae from Fr. essai ; ema cis' W. y mac.
b) oe.
The M. Br. oe generally becomes in later Br. 0. M. Br.
nadoe^j Mod. Br. nado% ; M. Br. baradoes, baradoe^, and bara-
dos, Mod. Br. barado- ; M. Br. cadoer, Mod. Br. kador (W.
cadair); M. Br. parroes (parres), Mod. Br. /w/v~ (i?. C, 12,
p. 204 en he barrou~ 'dans sa paroisse') ; M. Br. patrimon by
the side of patrimoen, Fr. patrimoine ; M. Br. scritol by the
side ot scruitaer, scruytouer, Fr. écritoire ; M. Br. cantoell, Mod.
Br. /vï/>//(>/ (cf. M. Br. cantoller by the side of cantoellcr 'chan-
delier') ; M. Br. ystoar, histor, hyslor, Fr. histoire; M. Br.
henoe^, henoa^, heno% (W. -noclh). Cf. M. Br. mor^ol (R. C,
3, p. 64 gand he vorxolion 'avec ses marteaux') with W. mor-
thwyl. For,' in such cases in the dial. of Batz, see R. C, il, p. 357.
8o Parry-Williams .
c) The O. Br. pi. ending ou, whiçh wasa diphthong, like the
W. ou (Mod. W. au) is a monophthong in Mod. Br. (Léon
ou, Trég. o); Vann. <•// is still a diphthong.
B. In W. :
Diphthongs arc commonly monophthongized in the W.dia-
lects.
i) In accented syllables.
In this case the exs. are mainly monosyllables with a long
élément in the diphthong.
a) ae.
gwâd (gicaed: Williams Pantycelyn has -âd rhyming with it) ;
Sir Gâr (iox Sir Gaer-fyrddin 'Carmathenshire') ; trâdznd whâr
in S. W. (ioïtraed and chwaer). In N. W. ma is used for mat
before consonants. In S. W. blân (blacn), drân (draeri), etc.
In words of more than one syllable the following forms
occur in N. W. :
ri ua r (claear), duar (daear), goriwaràd (gorhuaered), hyrïlig
(haerllug), huar (haerarrî).
b) oc.
In S. W. oc > ô in such words, as crôs {crocs, 'vhich is
rhymed with -ôs by Williams Pantycelyn), ddô (dcloc), llôr
(îloer), on (peu), etc .
In words other than monosyllables cogio (? from coegio) and
oddwn (for œddwrî).
c) wy.
In N. W. giur (jgwyr), ubw (-bu'y), pîv (wy). In words of
more than one syllable there are forms like Iwiuo (tiuxiuo),
mwar duon (mwyar duori), twmpath (M. W. twynpath).
d) «.
cerch, cyreh (ccirch) ; Rhyl is supposed to stand for \r Hyl=
yr Hcil i. e. 'the sait-places' ; gwerglodd (gweirglodd), isio
(eisieu), istu, iste (eistedd), >ii(n)Jio (ueitlio), pidio (peidio). Ct.
O. W. caitoir gl. pube, Mod. W. cédor. In S. W. giric is
heard for geiriau.
Similanty in the Phonology of Welsh and Breton. 81
e) yw.
cliuad or clîved (clyiued), cwad (from cywad from cyiuod from
cyfod), dwad Qiywed), rwsitt (rywsut), rhiubath, rhwbeih (rhyio
beth), slwan (for slywen for llysywen).
f) oiu .
rwlio (for rowlio from E. roÏÏ), Wan (Ozuain). The M. W.
gorffoiuys is in Mod. W. gorffiuys or gorffzuyso.
2) In unaccented syllables.
a) ae, (au).
In Gwynedd generally a ; in other districts (except Glamor-
gan, which has a) it is e :
caffal, caffel (caffaet) ;gadal, gadel (gadael) ; gafal, gafel(gafael);
marchogath, -eth (marchogaetb). In N. W. Caemarfon is pro-
nounced Cymarfon or Cynarfon.
au (especially in pi. endings) undergoes the same change as
ae, as both hâve the same pronunciation.
b) ai, (ci).
In Gwynedd it becomes usually a, clsewhere mostly e :
cadar, cader (cadair) ; bigal, bigel (bugaiï) ; cyflath, cyfleth
cyflaith ; dima, dime (aimai) ; fealla (feallai), as in ail verbal
forms in -ai; simdda. sinidde (simddai or simnai 'chimney') ;
siiurna, siwrne (siiurnai 'journey'). Cf. Mod. W. erioed for
M. W. eiryoet.
The diphthongization seems to be not of ai but of the ear-
lier ci in such N. W. forms as :
bychin (bychain, pi. of bychari); crill (erailï) ; ifinc (ieuainc,
pi. of ieitanc); llygid (llygaid, pi. of llygad). Cf. the literary
forms bustych, pi. of bustach ; tywyrch, pi. of tywarchen. The
endings -ais, aist ofthe Aorist hâve the forms -as, -ast; -es,
-est ; -is, -ist in différent localities.
c) zuy.
cannwll (canmoyll) ; inorion and morwm (morwyn) ; neithiwr
(also literary, for neithkuyr) ; ydiu (ydwyf 'I am').
à)oe.
In the pi. ending-fl^W it is pronounced 0 in the spoken
language; ydoedd is pronounced ydodd, and eisoes, eisos.
Revue Celtique, XXXV. 6
82 Parry-Williams.
e) yw.
gwrw (guryiu); banw pi. bnivod (for benyw ben\wodT)
'female'.
f) Forms like llazueroedd (from llawer) and newyddion (from
nezuydd) are sometimes pronounced llwerodd, nwddion, with
the w as vowel in both cases.
16. - Contraction of Vowels in W. and Br. :
Examples of contraction, often arising from the loss of an
intervocalic consonant or h, are fairly common in W. and
Br.
A. In Br. :
In R. C., 7, p. 308, the following exs. of contraction are
given : — M. Br. goanac 'hope' (W. gofynag); Léon gouet ,
Vann. gosere 'a streamlet' (W. gofer); Léon diouerel 'to be
deprived of, Tréi.»,. divoeret (W. diojeraf); Vann. plêc (in the
compound tréss-plec 'pillow'), Léon pluek, M. Br. pluffec (W.
plu-og, with /)/// for plnf); M. Br. coabrennou (counted as 3
syllables) 'clouds', couffablen in the Catbolicon, for *couff-
çàbren .
To thèse may be added :
M. Br. (E.) douar, doar (counted as one syllable) 'earth' ;
Mod. Br. hit, for M. Br. quehii (cf. M. Br. chart. L. Ch. kehe-
deull) =\V. cybyd , cyd ; L. G7>. (M. Br. Chart.) ham bv the
side of houarn, O. Br. hoiarn, W. baearn (S. W. ham); and
bernin,0. Br. hoiernin,W. baïernin; et. M. Br. //<-, //V</, Fr.
laïque, W. //n;^ (the Br. word, like the W., may be from
Lat. laicus) ; 1 rég. /v/// for Léon pehini.
B. In W.
Lib. Lànd. bei (O. W. /W.v/ hirmain 'as far as the stone') ;
Mod. W. cjd for cybyd (Lib. Land. cihil); cael by the side of
caffael (M. W. û//.v/, <-</<•/, caffael, caffet) ; M. W. cabat and
,v// ; Mod. W. câdd cafodd\ cawd caftvydd; ceis refais;
Similarity in the Pbonoîogy o] IVclsh and Breton. S 3
côd = cyfod ; dôd = dyfod ; dwyno = difiuyno ; daer = daear
(M. W. dayar, dayr); dôf = deuaf ; dallt (dial.) = deall
(M. W. dyalî) ; gwâdd = gwahodd ; gaeaf, cf. O. W.gaem ; fow
(S. W.) = foo/ ; barn (S. W.) = haearn ; L/y« = £/ey« ;
niwl = nifwl ; pa/m from h\x. pavôn-is ; /w/)7/ (N. W.) =
tywyll ; tivlhuch ; tyiuylhvch ; teyrn for téjyîrw ; Cymraeg == Cxm-
râeg (cf. Z). G. Hyd yr a'r iaitli Gymrâeg A hyd y tyf
hadau teg.).
The denominative suïïix-hau stands for ha-u (cf. O. W.
yscamnhegini). The M. W. sarhaad or sarhaat is in Mod. W.
sarhâd. From the W. loanword from E., bcrfa, there is a deri-
vative berfâd, from the loanword copà a pi. form copâu.
Mod. W. croen seems to stand for *crohen or crochen ; cf.
Br. krochenn. In N. W. gwlâu stands for gwelaau plur. of gwela,
which must hâve existed by the side oî~g$uely. In the modem
E. dial. of Cheshire goda still exists.
17. — Haplology in W. and Br. :
A. In Br. :
M. Br. be^ 'thou art', for *be%e^ ; marvoad for moarvad =
me a oar er vad 'I know well' (Ped. § 224). In R. C, 31,
p. 136, two other Br. exs. are given : Br. (Trég.) helibini
(in such an expression as moud helibini 'aller à qui mieux
mieux') for helipebini (== ? e ry peb-inï) ; Br. (Trég.) hïb de
'capable of, with hâb for kapabl ou hapapl, from Fr. capable.
The place-name Rostrenen (M. Br. Chart. Ros-draeneri, Ros-tre-
nen, W. rhos, draenen) is pronounced Rostren.
B. In W. :
caf 'I get, shall hâve', may be for cafaf by haplology, or
iromea-af through the loss of fbetween vowels ; cf. Br.
(L. Cb.) cafaf 'je trouve'. But M. W. has also caffaf by the
side oîcaf, which seems to point to two separate formsof the
Verb. The différent forms of cael and gafael hâve been dealt
with at length by Prof. Thurneysen in Ein Freibnrger Fesl-
gruss %um funfund^wan^igjàhrigen Doctorjiibilàum (Hermann
Osthoff), qum 14. August 1894. Constinobî 'Constantinople'
84
Pair y- Williams.
occlus in M. A. p. 328 ; in Campait Charlymàen the torm
Corstinobyl is fourni. In the Mod. M. W. dial. the following
forms are used, ■ — para for papuraii 'papers' ; pasa or pasu
for pzurpasa, pwrpasu 'to intend', from E. purpose ; tysan for
talysen, singulative form of lalws from E. 'tatoes = potatoes ;
sciai or seiad for *soseiat, *soseiad from E. society. Cf. N. W.
dv/z/M for diddyfnu 'to wean'.
(To /v contïnued).
T. Parry-Williams-
ÉTYMOLOGIES.
I. IRLANDAIS SEG (SF.D) « CERF », SEGAS « FORÊT ».
L'animal sauvage tire souvent son nom delà « forêt », qui
est son habitat naturel. C'est un fait bien connu par le latin
siîuâticus « sauvage », dérivé de sihta, et aussi par le lituanien
medinis « sauvage » dérivé de médis « arbre », cf. lette mesch
« forêt » (v. Bezzenberger, ap. Stokes, Urk. Spr., 280). Le
celtique offre un exemple analogue dans le mot irl. fiad f.
« gibier »,gall. gîuydd, bret. goue% « sauvage », évidemment
apparenté au mot gaulois uidu-, irl. fid (gén. fedo) « bois »,
gall. gzuydd, bret. gwe^ « arbre ». Il s'agit d'une alternance
\ueid-o-, *wid-u-, ou plutôt *weidh-o-, *widh-u-, d'après le
témoignage du germanique (v. isl. viâr, v. h. a. witu, v. angl.
wudu) ; et la racine est sans doute celle du lituanien vidas
« intérieur, milieu » et du latin dïuidô (voir Pedersen, Vgl.
Gr., I, 41 et in), la forêt constituant un hinterland, une
région intermédiaire à deux territoires habités (cf. O. Schra-
der, Reallexikon, p. 307).
Le sens ancien de l'irlandais fiad, confirmé par le britto-
nique, est « sauvage ». Il s'est maintenu en composition :
fiadmila « animaux sauvages » (S. Corm. p. 53, n° 646, éd.
K. Meyer). Mais le mot a été de bonne heure appliqué à dési-
gner le gibier (d'où gearr-fiadb « *petit gibier, lièvre »), et
plus particulièrement le cerf ou le daim. C'est le sens que
lui donnent les dictionnaires de l'irlandais moderne, tel celui
de Dinneen : fiadh, g. fiaidh, a deer, a stag'.
1. Mon auditeur M. Morgan Watkio me signale que dans la version
galloise de Bown o Hamtwn, le mot cerf coraunt du texte français (Boeve
de Haumtone, v. 1645, éd.Stimming) est rendu par gwyd huàyn (v. 1 ,S 1 2 )
(S6 /. Vendryes.
Cela invite à imaginer une évolution de sens analogue
pour le mot seg « cerf», comparé au mot segas « forêt ». Le
mot seg est attesté dans le Sanas Cormaic : ség A. oss al laid
(p. 102, n" i i68,éd. K. Mever),etdans le glossaire d'O'Clery :
segh À. agh allaidh (Rev. Celt., V, 45). La quantité longue
n'est rien moins que sûre, et la comparaison du gallois
indique même la quantité brève. Le gallois répond en effet à
l'irlandais seg par le mot hydd « cerf», qui suppose un/ bref
ancien, devenu e bref en irlandais par métaphonie. La diffé-
rence des consonnes ne saurait faire difficulté. C'est du côté
de l'irlandais qu'est la divergence, et une divergence de type
bien connu, dont j'ai donné plusieurs exemples dans la Zeit-
schrift fur celtische Philologie, t. IX, p. 292. La forme correcte sed
est d'ailleurs attestée en irlandais : on la trouve par deux fois,
pourvue indûment d'un signe de longue, dans un des manus-
crits du Sanas Cormaic (sed, sédguine); et M. Kuno Meyer m'en
signale en outre les exemples suivants : sed .i. o.f.f(LecanGloss.,
A. CL., I, 56, § 266); sed A. oss À. adh allaid (Côir Anmann,
§ 142 ; Irische Texte, III, 348); sed-graîg « troupe de cerfs »
L. U. 83 b 6 (Tog. Br. Dâ Derga, § 28, R. Celt., XXII, 34
et 431); et le composé sédguine (Z.f. Celt. Pbil., VI, 258,
20; Ir. Texte, III, 22, 2 ; Rawl. B 502, 141 a ; Silva Gadelica,
II, 462, 28), d'où sedguinech (Ir. Texte, III, 49, 5). Enfin, il
faut rappeler le dérivé segainn, dans bansegainn « doe » (//".
Texte, III. 438), lui-même attesté peut-être isolément dans un
poème du Dindsenchas(Ath Cliath, v. 32 ; Ed. Gwynn, Poems
front the Dinds., p. 22).
Nous sommes amenés ainsi à poser pour le celtique un
mot *sido- désignant le cerf. Or, l'irlandais a pour la forêt un
mot segas (seghais dans la Buile Suiblmc, p. 1 20 ; seaghas dans les
dictionnaires modernes) qui contient vraisemblablement le
même radical *sid- suivi d'un suffixe entraînant la métaphonie
« bête sauvage ». Ce n'est qu'une spécialisation de sens toute naturelle.
Parmi les aniueiUit gwyllt du R. B. I, 166, 16 et 24 figure le cerf, ha nu,
ib. 167, 4. Je rappelle enfin qu'en français la « biche » tire son nom de
bestia; c'est la bête sauvage par excellence, comme le « sanglier » est l'ani-
mal solitaire (sitigiilaris).
Étymologies. 87
de 17 en e1 . Ce radical devait par lui-même désigner à l'ori-
gine l'endroit sauvage, la forêt ; il aura pris le sens de gibier,
puis de cerf, par une évolution sémantique analogue à celle
qu'attestent les mots fid etfiad.
Toutefois, la question se complique si l'on fait avec Macbain
(Etym. Dict., 2e éd., p. 325) entrer en ligne de compte les
mots irlandais sidht\.sidhcann « venison », écoss. sithiorin « id. ».
\Ji de ces mots est long par opposition à la voyelle brève des
mots précédents2. Pour maintenir le rapprochement, il faut
admettre, à côté du radical *sid-, un radical *sïd- qui aurait eu
le même sens.
Or, cette conclusion se trouve de façon inattendue confir-
mée par d'autres langues. Solmsen a montré que le latin silua
pouvait sortir d'un ancien *siloua, fém. d'un adjectif *silouos
« pourvu de bois », dont le simple serait *sidâ « bois, forêt ».
Mais à ce *sidà supposé, le grec répond par Izx (pour *loz)
« forêt », avec un ï long, et l'on a en Italie même le Sîla
salins du Bruttium, qui présente aussi la quantité longue
(v. Indogerm. Fschg., XXVI, 109 et suiv.). Il y aurait donc
lieu de poser pour le latin, le grec et le celtique un élément
radical *sïd- ou*sïd-« endroit sauvage, forêt », auquel se ratta-
cherait le nom celtique de la bête sauvage, du cerf.
II. IRLANDAIS FIACH « CORBEAU ».
Puisque M. Marstrander a prouvé que le mot irlandais fiach
« corbeau » était anciennement disyllabe (Festskrift A If Torp,
1. M. Kuno Meyer m'informe que l'existence de ce mot comme nom
commun lui est suspecte; il est en tout cas sûrement attesté comme nom
propre, Segais, g. na Segsa, désignant une colline, au pied de laquelle la
Boyne prend sa source (O'Mulconrv's Gloss., dans A. C. L., I, 273 et 319);
ce nom propre apparaît plusieurs fois dans le Dindshenchas (Rev. Celt. XV,
334 et XVI, 149 : E. Gwynn, Metr. Dinds., III, p. 130, 1. 31, p. 288, 1.
25). Est-ce lui qui figure aussi dans le nom d'un mètre irlandais, sitaiiinn
Segsa « corde de Segais », mentionné par M. Kuno Meyer, Ueber die atteste
irische Dichtung, I, p. 58?
2. Dans le glossaire d'O'Mulconry (n° 851, A. C. L., I, 273), on lit:
sidhin À. dam allaid, sidin immorro osfeoil, mais sans signe de longueur.
Je ne sais comment il faut interpréter le sieng (pis-fheoil) de VOided mac
nUisnig, 1. 160 (Ir. Texte, II. 2, p. 128 et 180).
88 /. Vendryes.
p. 248), il faut renoncer au prototype *weiko- imaginé par
Wh. Stokes (Urk. Spr., 263) et à l'étymologie, d'ailleurs très
douteuse, qui s'y rapportait '. En revanche, il y a des chances
pour que le mot contienne le suffixe -acb, si développé en irlan-
dais comme suffixe d'adjectif : on sait que ce suffixe, qui
remonte à *-âko- a des correspondants dans la plupart des
langues indo-européennes, où il est fort répandu (Brugmann,
Grdr., 2e éd., II, 2, p. 499).
Le mot fiach serait donc à l'origine une épithète, dont on
aurait fait le nom de l'oiseau : phénomène très fréquent, et
qui n'est pas pour étonner en celtique, puisque les noms du
corbeau y sont en général à la fois récents et nombreux.
Un des traits les plus nets qui caractérisent le corbeau dans
les légendes celtiques, c'est sa voracité. Le corbeau dépeceur
de cadavres joue un rôle si considérable dans les récits de
combat en Irlande et en Galles, qu'il est même devenu le
svmbole d'une divinité guerrière (v. A. Reinach, R. Celt.,
XXXIV, p. 258). « Pâture de corbeau, proie de corbeau »,
cette formule revient à plusieurs reprises dans le lyrisme
épique d'Aneirin : hvyt brein, bud e vran (p. 7, 12 éd. Evans),
kynt e vude vran nogyt e allawr « proie du corbeau avant l'au-
tel » (p. 2, 9), kynt e. vwyt y vrein noc y argyurein « pâture
des corbeaux avant l'exposition funèbre » (p. 1, 7); cf. p.
20, 5, p. 23, 9, etc.
En Irlande, sous le nom de bodb (Imdb) ou de crû fecbtà
« corneille de guerre » (cf. v. h. a. walahraban et scandin.
val-ravn ap. K. Meyer, Conlr., p. 5^2), l'oiseau est sans cesse
associé à l'idée du combat. L'auteur de la Tâin mentionne la
joie des corbeaux à se repaître de cadavres (éd. Windisch,
1. 2389), leur cruauté (1. 15 18): « tu ne trouveras pas
devant toi un guerrier plus rude. . . ni un corbeau plus avide
de chair », dit quelque part Fergus â Medb en parlant de
Cuehullin(L. U. 58b 30 : nifairgêbasuardochindlaechbas ansum,
... nâ fiach bus féoilchairiu ; éd. Strachan-O'Keeffe, 1. 349).
La version du Book of Leinster (61 h 47) substitue dans le
1. Déjà M. Kuno Mever avait indique l'emploi de fiach comme disyllabe
dans la vieille poésie irlandaise (a Primer of Irish Met ries, p. 1 1).
Êtymologies. ^9
même passage un loup au corbeau (niairgem and fà[e]l badfuil-
chuiriu « nous ne rencontrons pas là un loup plus avide de
sang », éd. Windisch. 1. 849). Or le loup est par excellence
l'animal vorace (v. H. Hubert, R. Celt., XXXIV, 3, n. 3).
Dans la Togail Bruidne Da Derga, § 35 (R. Celt., XXII, 39)
on lit dans une description de combat : sasaâ fiach, fothad
m-bran « rassasiement, pâture de corbeaux », àquoi Wh. Stokes
compare justement la phrase islandaise : fyrrvildàk. . . hrafna
scdhja à hrœiim thimun « j'aimerais mieux repaître les corbeaux
de ta chair » Helga Kvij>a Hundingsbanal, str. 44 (éd. Bugge).
Or, on rencontre dans plusieurs langues indo-européennes,
y compris le celtique, une racine *wes- qui signifie « s?
repaitre ». Elle avait été jadis, sous la forme vas-, signalée
en sanskrit védique : anu vclvase (R. V., VIII, 4, 8) et vâstoh
(ibid., I, 174, 3), mais dans les deux cas M. Oldenberg rejette
cette identification (Rgveda, I, 171 et II, 79). En revanche,
malgré l'autorité de M. Bartholomae, c'est bien à la racine
*wes- « se repaître » qu'il faut, semble-t-il, rattacher zd
vâstrtm « fourrage », vastra « gueule » et quelques autres mots
iraniens (cf. Uhlenbeck, Etym. Wtb. dcr altind. Sprache, p.
278). En germanique la même racine est abondamment
représentée : got. ivisan « se donner du bon temps » wiXpn
« faire bombance » (so ivizpndà r, TTraxaXwux), anda-ivi^ns
èdiamov, waila-iui^ns « bonne nourriture » (cf. Streitberg, /. F.,
XXII, 308), v. isl. vist •< nourriture », v. h. a. zuist «Lebens-
unterhalt », v. angl. unst « sustenance, food, luxury ». En
latin, il faut probablement rattacher b. la même racine le verbe
uescor « je me repais », quitte à expliquer par *uë-esco-, comme
fait M. Niedermann (L F., X, 251), l'adjectif uêscus, dans le
sens tout différent de « maigre, difficile sur la nourriture ».
Il n'y a pas en celtique de verbe correspondant; car les
formes dofeotar «ils mangèrent » L. L. 291 b 20, dootar, -dotar
« id. », duaid « il mangea », que Wh. Stokes rattachait à la
racine *wes- (JJrh. Spr., 278), ont reçu à la fois de M. Thur-
neysen (Hdb., I, 395) et de M. Pedersen (Vgl. Gr., II 524)
une explication différente. Mais il n'est guère possible de
croire avec ce dernier (ibid., II, 559) que le mot fes,feis « fes-
tin, beuverie » soit un emploi particulier du mot feis « fait de
90 /. Vendrves.
dormir, de passer la nuit ». Dans le Saltair na Kami, [ri fds
signifie « pour manger » tout simplement (v. 1563, 1571).
Des locutions comme do chathim fessi Temrach (L. U., 52 a
17), do thomailt fesse Temrach (Z. C. P., III, 4, § 7), im-
pliquent pour le mot fes le sens de « repas, festin » '.
Et d'ailleurs il est important de noter que ce mot f es est
appliqué au corbeau dans un passage en vers de la Tain :
b'iait colla [0 chosaib
biait brain for branfesaib
« il y aura des corps foulés aux pieds,
les corbeaux seront à leurs festins ».
C'est là du moins le texte du Book of Lecan, 54 a 5 (éd.
Strachan-O'Keeffe, I.2077), confirmé par le Bookof Leinster,
79 a 24, betit brain ri brainessu (= brain-fessu). La leçon du
Lebor na hUidre, branfossaib, ne donne aucun sens satisfaisant.
On peut donc imaginer pour le nom du corbeau un ancien
adjectif *wes-âko- « vorace », d'où fiach sortirait régulièrement.
Le passage de e à / en hiatus a été admis par M. Thurnevsen
(Hdb., I, 46-47) et par M. Hessen (Z. /. Celt. PhiL, IX," 72)
pour expliquer siur « sœur » et niât « descendant » ; fiach de
*wesâko- fournirait de ce fait un meilleur exemple, car les deux
autres mots, comme on sait, admettent une explication dif-
férente (cf. Indog. An^., XXVII, 19). Toutefois, pour fiach,
l 'hypothèse d'un î long issu d'ancien e long n'est pas exclue;
un prototype *wës-âko- présenterait l'état allongé de la racine.
Le suffixe -ach, issu de *-âko-, n'est plus employé en irlan-
dais que joint à des substantifs : calbach « batailleur » de cath
ou gortach « affamé » de gorte. De même en gallois le suffixe
-a-wg (John Morris Jones, op. cit., p. 256) ; en grec, le
suffixe -:*•/.(;)- s'ajoute aussi de préférence à des noms (sub-
1. Il faut peut-être séparer de l'irlandais fes le gallois dirwest « jeune »
que Wh. Stokes v rattachait. Le mot, attesté en vieux-gallois sous la forme
diruesliat gl. ieiunam, mais qui n'est pas brittonique commun, parait à
M. J. Morris Jones, composé de dir- préfixe augmentatif et d'un mot em-
prunté au vieil-anglais fasten « jeune » (a Conip. Gramm., 1, p. 266); on
notera que le nom germanique du jeune a de bonne heure passe en slave.
v. si. postû.
Êtymologies. yi
stantifs ou adjectifs) ; ainsi dans ïépâxoç ou ispaç « épervier »
de iepbq, tJ.Oç/.oç « singe » de *tuQcç « laid » (cf. lat. foedus).
Mais en latin, le suffixe -âc- s'est particulièrement développé
après des racines verbales, c'est-à-dire comme suffixe primaire:
absiinax, audax, bibax, capax, dicax, fallax, ferax,fugax,furax,
loqitax, mendax, morax, mordax, petax, procax, rapax, sagax,
salax, scquax, sonax, tagax, toiax, (pcr)uirax, uomax, uorax,
etc. Et il y a en irlandais un ou deux exemples du même type :
ainsi larrach « tremblant » de *trs-âko-, peut-être sinnach
« *puant » d'où « renard » (Rev. Celt., XXXII, 239) et
scethacb « dégoûtant, qui fait vomir » (O'Dav., 1489 dans
A. /. Celt. Lex., II, 462) de scethim « je vomis », dont le
rapport sémantique est toutefois différent. Le mot fiach, de
*w}s-âko?} pourrait appartenir à la même catégorie.
Un autre nom irlandais du corbeau, fang (ap. Windisch,
Tain bô Cnnlngc, p. 354) est évidemment à rapprocher du
gallois gwanc etgivang « voracité »,gwancus « vorace ». Ce
rapprochement confirme dans une certaine mesure l'étymolo-
gie proposée ici pour fiach.
J. Vendryes.
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I. G. Dottin. Manuel d'Irlandais moyen. — II. Kuno Meyer,
Ueber die àlteste irische Dichtung. — III. E. Gwynn, The metrical
Dindshenchas, part III. — IV. H. Grôhler, Ueber Ursprung und
Bedeutung der franzôsischen Ortsnamen, I. — V. H. Steinbekger,
Ilirlanda von Bretagne. — VI. J. Loth, Les Mabinogion, 2e édition. —
VII. Marquis de Bellevui:, Le camp de Coetquidan. — VIII. Le
même, Paimpont, 2e édition. — IX. F. Sagot, La Bretagne romaine.
1
Georges Dottin. Manuel d'Irlandais moyen, 1. Grammaire xxvij-
301 p.; II. Textes et glossaire, xxviij-264p. pet. 8°. Paris, Cham-
pion, 191 3.
Nous annoncions dernièrement la publication prochaine de cet
ouvrage, dont le premier volume était imprimé depuis quelques
mois. L'impression du second volume vient seulement d'être ter-
minée, et le tout est mis en vente en cette fin d'année 191 3. Ce sont
les étrennes de M. Dottin aux celtistes, des étrennes d'une rare
valeur, dont on peut résumer l'importance en disant que cet
ouvrage est unique en son genre. Ce n'est pas employer une for-
mule banale que le louer de combler une lacune : il est exactement
le premier manuel qu'on possède pour étudier le moyen-irlandais.
Depuis quelques années, les moyens d'étude ne font pas défaut à
ceux qu'attire le vieil-irlandais. D'autre part, l'irlandais moderne,
grâce à plusieurs grammaires pratiques et à quelques descriptions
scientifiques de parlcrs locaux, est aisément abordable. Mais pour
les textes qui vont du XIIe au XVIe siècle, c'est-à-dire pour les textes
en moyen-irlandais, on n'avait jusqu'ici rigoureusement aucun
instrument de travail.
Ce moyen-irlandais est d'ailleurs un chaos, à beaucoup d'égards.
Bibliographie. 9}
Au point de vue littéraire, on commence seulement à faire le
triage des textes, à en établir les rapports et la filiation, à classer
les différentes versions des légendes. C'est un travail délicat, que
M. Thurnevsen réussit, comme on sait, dans la perfection et dont il
a fourni déjà plusieurs modèles. Au point de vue grammatical, on
ne possède pour le moven-irlandais que quelques monographies
sur des questions de détail, mais pas de travaux d'ensemble,
encore moins de répertoires. C'est la lexicographie, grâce à MM. Win-
disch et K. Meyer et grâce à Atkinson, qui a été poussée le plus
loin ; et pourtant on n'a pas encore ce dictionnaire complet, tou-
jours attendu et dont l'achèvement se fera sans doute longtemps
attendre.
Pour donner à son œuvre plus d'utilité pratique, M. Dottin l'a
fort sagement limitée. Il s'est borné à dépouiller un certain genre
de textes, les textes religieux du Leabhar Breacc, ceux-là mêmes
dont M. Atkinson a donné une édition célèbre avec un si précieux
glossaire. Ces textes ont en effet l'avantage de présenter en général
une langue homogène, moins artificielle, moins embarrassée d'ar-
chaïsmes, moins pénétrée de souvenirs littéraires que la langue
des récits épiques, plus rapprochée par conséquent de la langue
parlée. Il n'est pas sans intérêt de rappeler que le fameux Lebor na
bUidre, écrit avant 1106, renferme à côté de morceaux épiques, de
tour fort archaïque, un texte religieux, la Vision d'Adamnan, dont
la langue est déjà très voisine des homélies du Leabhar Breaçc.
Comme les textes religieux s'adressaient au peuple, que c'étaient
des œuvres de propagande et d'édification, toute recherche en est
bannie; la langue en est simple, claire et facile, pour de l'irlandais.
C'est la grammaire de cette langue que M. Dottin a composée. Il
dit lui-même avec juste raison que son manuel peut servir com-
modément d'introduction à l'étude de l'irlandais en général ; en
effet, par une progression toute naturelle, l'étudiant passera de la
langue des textes religieux à la langue des textes épiques, et par
celle-là il gagnera peu à peu le vieil-irlandais, dont il pourra plus
aisément aborder alors les difficultés. L'ouvrage a donc une valeur
pratique de premier ordre : c'est un guide où l'auteur conduit le
novice comme par la main à travers les premières broussailles qui
marquent la lisière de la forêt : plus tard viendront les longues
courses sous bois et les ascensions périlleuses.
Les qualités pédagogiques de M. Dottin sont si éclatantes et
d'ailleurs si unanimement reconnues qu'il nous en coûte peu de
signaler ici un défaut dont elles s'accompagnent et qui en font
pour ainsi dire le revers. On connait la façon de procéder du savant
9.| Bibliographie.
auteur. 11 en a donné dans son Manuel de l'antiquité celtique un
exemple illustre, qui n'a pas laissé de choquer certains esprits
systématiques. M. Dottin est avant tout l'ennemi des systèmes;
son érudition très souple refuse de s'enfermer en des constructions
rigides, bâties sur un plan méthodiquement arrêté. Quand il expose
des faits, il s'interdit d'ajouter rien de lui-même à ce que fournit
la réalité, si diverse et variée qu'elle soit. Les lois générales, qui
permettent de relier les phénomènes et aussi d'établir entre eux
des différences de valeur et de proportion, ne l'intéressent pas. Il
y trouve je ne sais quoi de subjectif, qui l'inquiète. Il a un parti
pris d'être aussi impersonnel que possible, de se borner au rôle de
miroir fidèle, qui reflète et n'interprète pas. Cette disposition
d'esprit, qui est en un certain sens un défaut, se retrouve naturel-
lement dans sa grammaire du moyen-irlandais. Bien que le moyen-
irlandais des textes religieux ait une régularité beaucoup plus
grande que celui des textes épiques, on y rencontre cependant bien
des contradictions, des disparates et des exceptions. Mais les excep-
tions ont pour M. Dottin la même valeur que la règle, une valeur
concrète. Son principe est de donner au lecteur tout ce qu'il a
relevé sur ses fiches, et de répartir sa matière en de petites clas-
sifications purement extérieures, sans chercher toujours à établir
un lien entre elles. Par exemple, il signale à la fois et sur le même
plan, p. 28, la combinaison de te en ce qui est normale après l'ac-
cent, et celle de //'en (/avant l'accent qui n'est attestée que dans
le verbe aderim « je dis » et par ailleurs ne s'explique pas. Il ne faut
donc pas chercher dans son exposé les grandes lois phonétiques et
morphologiques, en lesquelles se résume l'évolution de l'irlan-
dais: il ne nous présente que des faits, des séries de faits juxta-
posés, et parfois rien que de la poussière de faits.
L'exposé se recommande d'ailleurs d'un bout à l'autre par l'exac-
titude et la précision. C'est à peine si l'on trouve à relever quel-
ques erreurs ou omissions. Ainsi p. 73, dans le § 102, M. Dottin a
oublié de mentionner l'usage si fréquent de la préposition à forme
pronominale devant l'article : trit in Jouis « à travers la porte »,
toiiiih in imper « devant l'empereur » (cf. K. Celt., XXXII, p. 147,
n. 3 et p. 336). — P. 93. 1. 1, air « sur lui » ne vient pas de ur
(on aurait aire), mais de for (air = fuir). —P. 75, la règle du ' J
n'est loin d'être absolue : on lit in grian P. H. 2696, do chriaid in
talman, P. H. 5994, et il semble qu'après préposition l'article soit
généralement exprimé (isiu tahnain, frisin ngréin). — Parfois aussi,
la rédaction des règles laisse à désirer; en cette même page 75,
l'auteur aurait dû marquer l'étroit rapport qui unit la règle du '" b
Bibliographie. 95
à celle du 5 a 20; elles dépendent l'une de l'autre. A la page 12},
§ 204, la règle que le subjonctif « s'emploie comme optatif» sera
bien peu claire à ceux qui n'ont jamais étudié la grammaire
grecque. P. 217, la règle du § 321 est franchement incompréhen-
sible; on n'en pourrait rien tirer si les exemples ne venaient indi-
quer la pensée de l'auteur.
Le choix de textes qui forme le second volume de l'ouvrage est
appelé, pour les raisons indiquées plus haut, à rendre les plus
grands services. L'auteur a mis en tète une bibliographie sommaire
des textes du moyen-irlandais publiés jusqu'ici ; ce qui sera fort
instructif pour les apprentis celtistes. Les textes qu'il reproduit
lui-même sont tous tirés du Leabhar Breacc ; ils sont cependant
suffisamment variés pour donner une juste idée des divers aspects
delà littérature religieuse. De cette littérature, M. Dottin dans sa
Préface exagère peut-être un peu l'intérêt ; sans doute il ne pouvait
moins faire, sous peine de décourager ses lecteurs. Mais qui-
conque a pratiqué si peu que ce soit les textes épiques, si vivants,
si colorés, si originaux, ne peut s'empêcher de sentir la médiocrité
des productions hagiographiques, dont le fond est en général aussi
plat que la forme est misérable. Il faut toutefois reconnaître que
M. Dottin, pour faire valoir sa matière, en a choisi les morceaux
les plus intéressants ; il les a de plus réduits à de justes dimen-
sions et coupés assez court pour qu'on ne sente pas le défaut prin-
cipal de cette littérature, qui est la longueur et la monotonie.
Les textes sont accompagnés de notes réparties en deux séries.
Il v a d'abord des notes critiques offrant les variantes tirées
d'autres manuscrits pour les textes qui sont contenus dans plu-
sieurs. Il y a de plus des notes explicatives, surtout grammaticales.
Celles-ci donnent lieu à quelques critiques. Tout d'abord, certains
enseignements qu'elle fournissent auraient dû trouver place dans
la grammaire; par exemple ce qui est dit à la note 3 de la page 75
sur l'idiotisme conid for gôi ata « que c'est menteur qu'il est », ou
à la note 25 de la page 6 sur la forme eat « eux » (reproduite
moins clairement p. 41, n. 12). Au lieu de faire intervenir l'ana-
logie de labra. p. 90, n. 12, pour expliquer rada et Juin, il suf-
fisait de renvoyer à la grammaire, p. I0l,§ 162, 2. Souvent aussi,
les notes donnent simplement une traduction libre du texte sans
fournir à l'étudiant le moyen d'interpréter la valeur des mots : ainsi
p. 23, n. 9, il ne suffisait pas d'expliquer cid dai da-m par « que
me veux-tu?» ou p. 119, n. 2, atbertha fris par « était son nom »
(cf. p. 18, n. 3), ou encore p. 78, n. 4, doberàd do par « à lui
donner •• ; cette dernière traduction risque même d'induire en
96 Bibliographie.
erreur. P. 46, u. 9, di-a fins « pour savoir » demandait un mot
d'explication ; etdemêmep. 51, n. 1, co ruai lais « qu'il t'emporte
avec lui », puisqu'il n'y a pas de pronom infixé. Ce ne sont là que
des vétilles, mais qui ont leur importance dans un manuel destiné
à des débutants. Il y a même dans les notes quelques erreurs de
fait. Ainsi, p. 4, n. 28, il est faux de dire que tomlid est « plus
correct » que dostnelid ; l'impératif est toujours deutérotonique
quand il v a un pronom infixé. P. 69, n. 1, expliquer sinne par
« nous sommes » est d'une concision exagérée, mais expliquer
ditu par « nous avons » est une erreur, en contradiction avec l'en-
seignement même de la grammaire, p. 242. Enfin, p. 94, n. 2, in
est donné, par un singulier lapsus, comme un ancien article neutre.
A la page 106, 1. 14, il faut lire dergmartra et à la page 128, sup-
primer l'appel de note 4. En revanche, à la page 262, au sujet de
c/c ////.;, on pouvait ajouter comme référence p. 133, 1. 17.
Dans le glossaire, manque le mot airem « laboureur » (airemun,
p. 129, 1. 2) et p. 171, la forme cenglaid devait être donnée
comme une 2e pers. du pluriel (v. p. 92, 1. 3). Le principal
reproche qu'on pourrait adresser à ce glossaire se rapporte à la
façon dont les mots sont coupés ou transcrits : on lit par exemple
p. 203 for-ai-langatar, alors que le texte povtefo-r-ailangatar (p. 128)
et la note 2 au texte fo-roe-langatar : il fallait choisir. Mais la trans-
cription surtout prête le flanc à la critique. C'est une décision peu
heureuse qu'a prise l'auteur de conserver dans le glossaire l'aspi-
ration initiale des mots du texte. Cela ne peut que troubler les
débutants et leur donner sur le phénomène de l'aspiration des
idées fausses. 11 arrive même à l'auteur d'enregistrer sous forme
« aspirée » un mot qui a dans le texte sa forme normale : chrabuid,
p. 178, alors qu'on lit cend crabuid, p. 119, 1. 4. Ces menues taches
disparaîtront à la seconde édition.
J. Vexdryes.
Il
Kuno Meyer. Ueber die atteste irische Dichtung, I. Rhythmische
alliterierende Reimstrophen. Berlin, 1913, 61 p. 4" (extrait des
Abhandlungen der kôn. preuss. Akademie der Wissenschaften,
Phil.- hist. Classe, N. 6).
Cette plus ancienne versification irlandaise, dont M. Kuno
Meyer entreprend l'étude, est restée jusqu'ici à peu près méconnue.
Bibliographie. 97
Sans doute on en soupçonnait l'existence, et des celtistes comme
MM. Windisch, Thurneysen,Rhys, sans parler de M. Kuno Meyer
lui-même, avaient eu l'occasion d'en rencontrer çà et là des spé-
cimens attardés. Mais on ignorait tout de ses principes et de ses
règles. C'est qu'elle était en vigueur antérieurement au vnc siècle
de notre ère, époque où remontent les plus anciens documents de
la versification syllabique à rime finale, inspirée de modèles romans,
qui devait dominer tout le développement de la poésie irlandaise
au moyen-âge. La versification dont M. Kuno Meyer s'occupe ici
est d'un type tout différent. Elle ne repose pas sur le nombre
des syllabes, mais entièrement sur l'accent des mots qui ne joue
qu'un rôle secondaire dans la versification ultérieure. Elle com-
prend des séries de « Langzeilen », séparées en deux par une
coupe. En outre, elle comporte, comme élément essentiel, l'alli-
tération, mais une allitération d'un genre spécial, qui consiste en
ce fait que le phonème initial d'un mot doit se répéter à l'initiale
du mot ou d'un certain nombre de mots suivants, jusqu'à ce
qu'une nouvelle allitération introduise une nouvelle série qui
comprend également deux ou plusieurs mots1. Toutefois le mot
initial de chaque poème est en dehors des séries d'allitération. On
peut citer comme type de ce genre de poésie la strophe suivante :
flada nôib, nûall trén,
triar athar iiasal ôingeirie,
abb noihiime nèl.
« seigneur saint — cri puissant —
noble trinité du père de l'enfant unique,
abbé du saint ciel de nuages ».
Mais dans la pratique, le principe de l'allitération admet un
certain nombre de tempéraments qui facilitent l'exécution des
poèmes ; ainsi on fait allitérer « pour l'œil » l'initiale d'une
syllabe tonique et celle d'une syllabe atone. M. Kuno Meyer
désigne ce genre d'allitération du nom de « liaison » (Bindung).
La liaison admet en outre l'équivalence des sourdes et des sonores,,
de sorte que c et / peuvent allitérer respectivement avec g et d.
1. En lisant dans le travail de M. Kuno Meyer l'exposé si précis des
règles de cette versification irlandaise, on ne peut s'empêcher de songer à
la versification du saturnien latin. Il y a en gros entre les deux certaines
analogies frappantes ; mais il serait sans doute vain de chercher à les
poursuivre dans le détail .
Revue Critique, XXXI'. 7
98 Bibliographie
Elle se complique souvent aussi de l'emploi de la rime intérieure ;
enfin, certaines conventions spéciales peuvent en atténuer la
rigueur. C'est en somme un jeu très subtil et très compliqué, dont
M. Kuno Meyer nous donne pour commencer quatre échantil-
lons.
Il s'agit de quatre poèmes, dont les trois premiers portent le
titre de fursundund « illumination, éclaircissement » ; ce mot se
rapporte au caractère des poèmes, consacrés à développer des
généalogies princières, à célébrer des princes et des dynasties iç
yévoç, comme dit Appien (de reb.Gallicis, cap. 12). Le quatrième
a le même objet, s'il ne porte pas le même titre ; il est vrai que
les héros qu'il célèbre appartiennent au Munster, et non plus au
Leinster, comme ceux des trois premiers. Tous quatre sont formés
de strophes, contenant chacune deux Langzeilen, dont l'étendue
varie suivant les poèmes. La langue en est fort archaïque et four-
mille de particularités curieuses. M. Kuno Meyer en donne une
traduction, sauf pour le second poème, qui ne comprend guère
que des noms propres et des chevilles: il en donne surtout un
abondant commentaire, historique et philologique, rempli, comme
toujours, de détails fort instructifs.
J. Vendryes!
III
Edward Gwynn. The Metrical Dindshenchas, Part III. Dublin, [913,
x-562 p. 8° (Todd Lecture Séries, vol. X), 7 s. 6 d.
M. Edward Gwynn se consacre depuis de longues années à
une entreprise fort méritoire, qui est l'étude et la publication du
dindshenchas. On sait qu'il faut entendre sous ce nom une col-
lection de légendes se rapportant aux noms de lieux : dind-senchas
« topographical lore », comme traduit M. Kuno Meyer (Contrib.,
p. 654), de d'uni « ville » et senchas « histoire », ou « antiquité ».
C'est un genre littéraire, qui a eu beaucoup de succès dans l'Ir-
lande du Moyen âge. Il se présente sous deux formes, en vers et
en prose. Le dindshenchas en prose a été publié par Whitley Stokes
aux tomes XV et. XVI de la Revue Celtique ; l'illustre celtiste avait
pris pour base la version que contient le manuscrit de Rennes,
mais il y avait joint des suppléments tirés du Book of Lecan ut du
Book of Leinster; des notes abondantes éclaircissaient le texte et
ajoutaient à la traduction ; enfin un triple index, des noms de lieu,
Bibliographie. 99
des choses et des mots complétait ce savant travail (t. XVI,
p. 284). Le même Whitlev Stokes a édité dans Folk-lore, t. III,
p. 467-516 la version du dindshenchas d'Oxford et dans Folk-lore,
t. IV, p. 471-497 la version du manuscrit d'Edimbourg.
Le dindshenchas en vers est conservé plus ou moins intégrale-
ment dans quatorze manuscrits, parmi lesquels le Book of Leinster
fournit le texte le plus important et aussi le plus complet. M. Ed.
Gwynn qui a fait sa spécialité du dindshenchas en vers, a pris
comme base le texte du Book of Leinster, mais, voulant faire une
édition critique de ce texte, il a pris soin de donner en note les
principales variantes des autres manuscrits. Sous le titre Poems
from tbe Dindshenchas il publiait en 1900 un recueil de morceaux
choisis, édités d'après ce principe, avec traduction anglaise et
vocabulaire. C'était un prélude à une publication plus vaste, qui
devait comprendre le dindshenchas en son entier. Cette publica-
tion a commencé en 1903, par un volume de 82 pages, qui con-
tenait six poèmes ; elle se continua en 1906 par un volume de
108 pages, où dix-huit poèmes étaient insérés. Le troisième
volume, que nous annonçons aujourd'hui, s'est fait attendre sept
ans, mais il est beaucoup plus considérable que les précédents,
puisqu'il compte 562 pages et comprend 85 poèmes. Néanmoins,
nous ne sommes pas encore au ternie de l'entreprise. M. Gwynn
suit dans son édition l'ordre des morceaux en prose publiés par
Whitley Stokes : le poème sur LochErne, par lequel se termine ce
troisième volume, correspond au numéro 80 de Whitley Stokes,
lequel numéro 80 est le dernier que contienne le tome XV de la
Revue Celtique. Il reste donc à publier tous les poèmes correspon-
dant aux morceaux en prose insérés au tome XVI de notre Revue.
Or, les morceaux de ce tome sont numérotés de 81 à 130, sans
compter les deux suppléments, qui portent à 161 le chiffre total
des divisions du dindshenchas en prose. Il faut espérer que
M. Gwynn ne nous fera pas trop attendre la fin du dindshen-
chas en vers. Comme ce texte a pour l'histoire de la langue un
réel intérêt, chacun sera impatient d'en voir paraître le dernier
volume, qui doit contenir en outre un index général et un
glossaire ; si bien que le beau travail de M. Gwynn ne sera
pratiquement utilisable que lorsqu'il sera achevé.
Pour le moment, il faut chercher les renseignements nécessaires
à l'intelligence des poèmes dans les notes placées en queue du
volume. Elles sont abondantes et touchent à la fois à la grammaire,
au vocabulaire, à l'histoire et à la géographie. Elles éclairen
très suffisamment les obscurités du texte, qui, en dehors
ioo Bibliographie.
quelques difficultés de langue, résultent surtout de perpétuelles
allusions. L'auteur du dindshenchas en vers, que la tradition
prétend être le filé Ainairgen fils d'Amalgaid, s'adressait évidemment
à des auditeurs au courant des faits : plus d'une fois, en entamant
une de ses histoires, il pouvait dire que chacun en général la
connaissait déjà, rochùala câch co coitchenn. Mais la majorité des
celtistes modernes n'est probablement pas dans ce cas : à ceux-
là les notes de M. Gwvnn, senchas saidbir, comme aurait dit le
poète irlandais lui-même, fournissent les connaissances dont ils
ont le plus besoin.
]. Yendryes.
[V
Hermann Grohler. Uebcr Ursprutig und Bedeutmig der fran\ôsischen
Ortsnamen. Iter Teil. Heidelberg, Winter, 1913, xxiij-377 p. 8°.
M. 10. (Sammlung romanischer Elementar-und Handbùcher,
Vte Reihe, 2ter Band).
On pouvait s'attendre à l'apparition prochaine d'un livre comme
celui-ci. Après l'achèvement du monumental Sprachschaty de
M. Alfred Holder, il était fatal que quelqu'un s'efforçât de dégager
de cet amas colossal de matériaux les éléments d'une étude slt la
toponomastique française. C'est là l'objet que s'est proposé
M. Grohler, déjà auteur d'un programme sur les noms de lieu
français tirés de noms de peuples gaulois (Breslau, 1906). Il s'at-
taque cette fois a l'ensemble des noms de lieu de notre pays.
Après une introduction, où il indique les sources et expose l'aspect
ethnographique du problème, il passe en revue les noms ligures,
ibères, phéniciens, grecs, enfin gaulois. Ces derniers, qui occupent
de beaucoup la plus grande place dans l'ouvrage, sont suivis des
noms préromains d'origine inconnue et des noms de lieu qui
contiennent des noms d'homme latins. Tout cela ne forme qu'une
première partie. La seconde doit comprendre les noms de lieu
d'origine germanique et enfin ceux qui sont proprement romans
ou français.
La matière est immense. Pour la traiter convenablement, il {al-
lait des aptitudes assez variées. M. Grohler qui est probablement
un bon romaniste, puisqu'il se recommande du patronage d'un
maître comme M. Mever-Lùbke, manque évidemment de prépara-
tion linguistique générale et n'a en particulier des choses cel-
Bibliographie. 101
tiques qu'une connaissance très imparfaite. Ce que fournit sur les
les langues celtiques le Sprachschat~x de M. Holder, n'est pas, il
s'en faut de beaucoup, la meilleure partie de ce magistral ouvrage ;
c'est pourtant là que M. Grôhler semble avoir puisé toute sa
science celtique. Aussi rencontre-t-on dans son livre plus d'une
hypothèse insoutenable ou qui ne répond plus à l'état de la science.
Un celtiste n'aurait guère aujourd'hui l'idée de rattacher au nom
des Vivisci le mot irlandais feb (sur ce dernier v. Thurneysen,
Handbuch, p. 182 et Pedersen, Vgl. Gramm., I, 75) ou au nom
d'Avenches le comique ewn, ail. eben. En rapprochant, p. 326, le
thème bodio- de l'irlandais buaid « victoire », M. Grôhler mécon-
naît les lois élémentaires du vocalisme celtique ; car bodio-, si l'on
en croit la forme latinisée badio-, devait avoir un 0 bref; c'est sans
doute le répondant de l'irlandais buide « jaune ». Il est question,
p. 130, d'un mot irlandais buta « Hutte » ; c'est botb f. qu'il faut
lire. M. Grôhler aura pris pour une forme irlandaise le prototype
imaginé par Wh. Stokes (Urk. Sp., p. 178). Les adjectifs cunos
« haut », connos « rusé » rondos « rouge », etc. que M. Grôhler
enregistre bravement sans astérisque n'ont malheureusement qu'une
existence théorique. Parler, p. 179, d'un mot breton tigern qui
serait l'équivalent du *Tigcrnos gaulois, mais ne signifierait plus
que « tète, bout », n'est sans doute que le résultat d'une lecture
trop prompte et mal comprise d'un article de Zimmer. Voici qui
est plus grave. P. 33e, se trouve une énumération des localités
qui portent le nom de Vienne ; l'auteur ne sait que faire de Vienne-
la-Ville (Marne), qui dans l'itinéraire d'Antonin est indiquée
Axuena; il n'a pas vu que ce Vienne, écrit Viaisne, en vieux français,
sort de Viens Axuennae ; ce qui pourtant saute aux yeux.
De pareilles bévues dénotent une fâcheuse inexpérience des
questions traitées. Mais il y en a qui sont aussi l'indice d'une
méthode peu sûre d'elle-même. On trouve cité, p. 11, gall. *ver-
110s « Erle » et p. 146 gall. verna « Erle » ; il fallait dire gallo-lat.
iierna, puisque le mot figure dans le Corpus des glossateurs latins.
Ayant trouvé dans le Sprachschatz de M. Holder l'interprétation
de l'élément Blauo- (de *Blano-ialum « Bléneau ») par la racine-
bhlan- (sic) du grec cpXav (sic) « sprudeln, schwellen », M. Grôh-
ler reproduit telle quelle, p. 194, cette hypothèse de haute fantai-
sie. En revanche, bien qu'il mentionne, p. 85, l'explication que
donne M. Holder du nom de ville Lutetia, issu par haplologie de
Lucotecia, il réédite, p. 159, la vieille explication de Zeuss (Lutetia
rattaché à lutum « boue »), que l'existence de Aojxotsx-.:/. rend
nécessairement caduque. Évidemment M. Grôhler n'a pas voulu
1D2 Bibliographie.
faire grâce à ses lecteurs d'une seule de ses fiches. Et ce désir l'a
entraîne parfois à des bavardages inutiles : à quoi bon les
remarques de la p. 159 sur la famille de Luynes, de la p. 144 sur
Nogent-le-Rotrou », ou de la p. 193 sur Beaune-la-Rolande ? Cela
n'a rien à faire avec les noms gaulois .
En revanche, il y a des lacunes.
Dans un aussi vaste sujet, on ne peut, sans excès de sévérité,
reprocher à l'auteur celles qui tiennent à une insuffisance de sa
documentation. Et cependant, il est regrettable que M. Grôhler
n'ait jamais songé à consulter par exemple les Mémoires de la
Société de Linguistique, qui figurent pourtant sur les rayons de la
bibliothèque de Breslau. Il y aurait trouvé çà et là des indications
dont il pouvait tirer parti, et qui étaient même de nature à lui évi-
ter des erreurs, ainsi p. 102 sur le nom de la ville de Melun et
p. 326 sur le prétendu Mellosedum (v. M. S. L., XIII, 225), p.
341 sur Cularo er les noms de ce type (v. M. S. L., XIII, 387),
p. 161 sur Nemours, Limours et ce qu'il appelle IV « inorganique »
(v. M. S. L., XIII, 390), etc. Il parle p. 332 d'une certaine inter-
prétation de Segustero que d'Arbois de Jubainville aurait proposée
dans la Revue Celtique, XXVII, 118 ; ce n'est pas exact. Du reste
bien qu'il cite à l'occasion la Revue Celtique, M. Grôhler ne l'a
dépouillée que superficiellement ; ce qu'il dit de Virotutis, p. 182,
devait être complété par la mention d'un article publié ici même
il y a quelques mois (t. XXXIII, p. 257). Enfin, il aurait trouvé
dans la Revue Celtique, t. XII, p. 391, la référence à la note de
M. Thurneysen sur le mot •ialo- {Zeiisch. f. rom. Pbil., XV,
p. 268) ; il se borne à l'enregistrer p. 120, sans indiquer sa source,
qui est sans doute uniquement le Sprachschatz de M. Holder2.
Les lacunes les plus graves sont celles qui proviennent de la
méthode même que l'auteur s'est imposée. Comme il ne s'inté-
resse qu'aux noms de lieu conservés aujourd'hui en France, il en
a négligé un bon nombre qui ont encore, quoique disparus, une
importance aux yeux du linguiste. Ainsi, en parlant du mot *riton
1 . A propos de ce nom, M. Grôhler formule la règle suivante, qui
manque singulièrement de netteté et de précision, pour un romaniste :
« Altfranzôsisch hat der Artikel oit die Bedcutung des Determinativums,
wahrend der Genitiv unbezeichnet bleiben konnte ».
2. P. 147, le nom de Vernou se rencontre plus au Nord que dans les
départements d'Indre-et-Loire (et non Maine-et-Loire) et de Loir-et-
Cher ; il y a une commune de Vernou en Seine-et-Marne. P. 171, 1. 10,
lire Seine-et-Oise au lieu de Seine-et-Marne.
Bibliographie. 103
(mieux *>////-) « gué », p. 140, il a oublie Ritumagus, auj. Rade-
pont, dans l'Eure. De même, il ne parle pas du nom des Vocontii
et par suite ne signale pas le rapprochement si ingénieux proposé
par M. Dottin entre ce mot et le nom de nombre tricontis
(C. I. L., XIII, 2494) ; le paragraphe de la page 94 sur le nom
des Tricorii et des Petrucorii aurait gagné à être allongé du nom
propre Vocorio et appelait naturellement une étude d'ensemble des
mots dont le premier terme est un nom de nombre. Mais
M. Grôhler répugne aux généralisations : il se borne à des
remarques de détail spéciales à chaque nom, alors que le grou-
pement des faits peut seul conduire à des conclusions solides.
Même au point de vue phonétique, il dédaigne les comparaisons
qui éclairent et fortifient à la fois ; il est étrange qu'à propos du
nom du Rouergue, Rutenicus, p. 73, il n'ait pas songé à citer
Chanturgue, de Cantobennicus : il s'agit pourtant là d'un nom de
lieu qui n'a point péri.
Le principal défaut du livre n'est pourtant pas dans ces détails
qu'une seconde édition corrigerait aisément. Il est dans la préoc-
cupation constante de l'auteur de donner la signification des noms
étudiés. C'est là un des objets du livre que le titre même avoue un
peu naïvement. Or, aux yeux d'un linguiste, les recherches de
toponomastique n'ont aucun intérêt si elles sont seulement diri-
gées vers la détermination du sens des noms. Voulant "coûte que
coûte fournir pour chaque mot un certain sens, il n'hésite pas à
enregistrer ou à admettre des rapprochements parfaitement vains
et sans portée. On a déjà vu plus haut des échantillons de sa
méthode. Il y en a bien d'autres. A quoi bon rappeler par
exemple que tel ou tel érudit a expliqué le premier élément de
Melbodium par le grec ixéÀaç, qui serait en gaulois représenté par
*inclcmos, puisque ce melanos n'est en tout cas nulle part attesté !
P. 116, trouvant dans l'Itinéraire d'Antonin un nom de lieu
Pctromantalum, du pays des Veliocasses, M. Grôhler ajoute ingénu-
ment : Sollte Mantalos die Bedeutung «. Kreuzweg » gehabt haben,
so dass Petromantalum lat. Quadruvium entspràche ? L'hypothèse
est absolument en l'air et n'a d'ailleurs aucun intérêt : mais elle
est caractéristique de la méthode de l'auteur et de ses préoccupa-
tions.
En résumé, l'ouvrage paraît manquer à la fois de personnalité
et de maturité. C'est un travail d'élève, entièrement de
seconde main. L'auteur était insuffisamment armé pour faire la
critique des matériaux qu'il réunissait. Il ne domine pas son sujet;
il n'a pas ce sentiment de la mesure et des proportions qui ne
104 Bibliographie.
s'acquiert que par une longue pratique des choses. Son excuse est
dans la difficulté même de la tâche : il n'est rien de plus délicat,
de plus dangereux même que la toponomastique. Toutefois,
comme un répertoire, même imparfait, est toujours utile, on doit
savoir gré à M. Grôhler de celui qu'il a composé ; il pourra rendre
des services, en attendant mieux.
J. Vendryes.
V
Hermann Steinberger, Untersuchungen ^ur Entstébung der Sage
von Hirlanda von Bretagne soiuie \u dcu ihr am nâchsteii vcr-
wandten Sagen. Mùnchener Dissertation, 1913, 72 p. 8°.
La légende d'Hirlanda de Bretagne ne nous est connue que par
l'ouvrage du Père Jésuite René de Cerisiers, Les Irais estais de l'in-
nocence (Paris, 1640, chez Camusat), dont elle forme la troisième
et dernière partie. On en trouvera un résumé dans un article de
R. Kôhler publié dans la Revue Celtique, t. I, p. 222. L'ouvrage
du P. de Cerisiers a été souvent réimprimé en français et traduit
en diverses langues. Comme Kôhler l'a reconnu, l'histoire d'Hir-
landa de Bretagne est exactement celle de Sainte Tryphine, dans
le mystère breton Sainte Tryphine et le roi Arthur, rédigé au
xviie siècle et publié par Luzel en 1863. La marche du récit et les
épisodes sont semblables ; seuls les noms des personnages dif-
fèrent totalement. M. Hermann Steinberger s'est proposé d'étudier
la formation et l'origine de cette légende, en comparant le récit
du P. de Cerisiers et le mystère breton entre eux et avec d'autres
légendes similaires. Il s'agit d'un thème bien connu, répandu
dans la plupart des littératures, celui de la femme innocente accu-
sée par traîtrise d'un crime abominable, condamnée sur de fausses
apparences et finalement sortant victorieuse des épreuves et des
embûches préparées contre elle. C'est l'histoire de Geneviève de
Brabant et de Berthe aux grands pieds, c'est celle aussi du comte
de Toulouse (ou de Barcelone) et de l'Impératrice d'Allemagne,
du chevalier au cygne, d'Hélène et d'Octavien (cf. Rei'. Celt.,
XXXII, 237). Par divers côtés elle se rattache à d'autres légendes
encore. M. Steinberger montre fort justement qu'il n'y a rien
d'absolument original dans la légende d'Hirlanda ; ce n'est pas
une légende bretonne, c'est une légende à la fois germanique et
romane combinée de plusieurs éléments rapportés d'ailleurs. C'est
Bibliographie. 105
à étudier la valeur et l'origine de ces éléments qu'il consacre sa
dissertation.
On peut en louer la disposition générale et l'économie. Elle est
bien composée, bien conduite, nourrie d'une érudition précise et
variée. Les conclusions en paraissent solides, même s'il y avait à
reprendre au tableau généalogique un peu compliqué par lequel
l'ouvrage se termine. On notera que M. Steinberger approuve
l'opinion de R. Kôhler, suivant laquelle le nom de Hirlanda vien-
drait de ce que la princesse était d'Irlande ; en fait, dans le mys-
tère breton, Tryphine est donnée comme originaire d'Hibernie.
Souhaitons à quelque savant d'Irlande de nous découvrir, si pos-
sible, l'ascendance de cette princesse.
J. Vendryes.
VI
J. Loth, Les Mabinogion du Livre rouge de Hergest avec les
variantes du Livre Blanc de Rhydderch, traduit du gallois avec
une introduction, un commentaire explicatif et des notes critiques.
Deuxième édition, entièrement revue, corrigée et augmentée.
Paris, Fontemoîng, 191 3, 2 vol. de 437 et 479 pages, 8°.
Lorsque parut en 1889 la traduction des Mabinogion de
M. J. Loth, la Revue Celtique l'annonça au public avec empresse-
ment et lui rendit aussitôt, par la plume autorisée de MM. G. Dot-
tin et Em. Ernault, un juste hommage (v. tome X, pp. 151, 25e,
et 370). Depuis, l'importance de cet ouvrage s'est affirmée de
jour en jour. Ce n'était pas seulement la mise en français d'une
des œuvres les plus célèbres de la littérature galloise, le moyen
fourni aux romanistes d'établir entre les littératures du moven âge
une comparaison précise basée sur une interprétation sûre du
texte gallois. Dans l'histoire -des études celtiques, qui seules nous
intéressent ici, la traduction de M. J. Loth marquait une date
importante, car c'était la première fois que le texte gallois lui-
même était soumis à une critique rigoureusement philologique .
La traduction anglaise de Lady Guest, si attrayante qu'elle soit
à beaucoup d'égards, avait un peu trop les mérites qui firent le
succès des « belles infidèles » de Perrot d'Ablancourt ; tout y était
sacrifié au désir d'enjoliver le récit, d'y répandre des grâces hon-
nêtes et de le rendre digne à la fois de la jeunesse et des gens de
goût. C'était une oeuvre d'éducation et de récréation. M. J. Loth
ro6 Bibliographie.
a fait œuvre de science. Au moment même où il préparait sa tra-
duction française, l'établissement du texte gallois était singulière-
ment facilité par la publication du Red Book of Hergest, que
venaient d'achever MM. Rhys et J. G. Evans. Il profita amplement
de cette publication, corrigeant sur bien des points le texte dont
s'était servie Ladv Guest, proposant des interprétations nouvelles
suggérées par l'étude d'un texte meilleur. En outre, grâce à une
connaissance approfondie de la langue et de la littérature galloises
du moyen âge, il donnait dans ses notes un commentaire abon-
dant qui éclaircissait un grand nombre des difficultés linguistiques
et historiques du texte. Enfin il exposait dans l'Introduction ce
que l'on pouvait savoir alors sur la formation des Mabinogion,
sur leur place dans la littérature du Moyen âge. Tout ce beau tra-
vail, qui faisait grand honneur à la science française, fut apprécie
partout comme il le méritait.
Mais avec le temps, il était devenu arriéré. A mesure que, par
la publication de nouveaux textes, on connaissait mieux le moyen-
gallois, plusieurs détails de la langue des Mabinogion se préci-
saient et s'éclairaient. En outre, l'activité des romanistes et des
médiévistes qui se portait de plus en plus vers l'étude des sources,
en partie grâce à l'impulsion donnée par M. Loth lui-même, ren-
dait nécessaire une mise au point nouvelle des questions traitées
dans l'Introduction. Enfin, ce lut un événement capital que la
publication paçM. J. G. Evans en 1909 de la version contenue
dans le Livre Blanc de Rhydderch : la Revue Celtique (v. t. XXXI,
106) a signalé en son temps l'importance de cette publication, qui
permettait de rectifier sur bien des points la version du Livre
Rouge et fournissait des données nouvelles et précieuses à l'étude
de la composition des Mabinogion (v. notamment la thèse de
miss Mary Williams sur la composition du roman de Peredur).
La deuxième édition de la traduction de M. Loth a donc exigé-
une révision complète et minutieuse du texte, une refonte géné-
rale de l'Introduction et des notes. Elle a sur bien des points tout
l'intérêt de la nouveauté. Les dimensions en ont été sensiblcmen
accrues. L'introduction, par exemple, a passé de 26 à 80 pages ; on
y trouvera le résumé critique des derniers travaux parus sur la date
et la formation des Mabinogion, sur le développement du cycle
arthurien, sur le rapport des récits gallois avec la littérature du
continent. Il n'y a pas lieu d'entrer ici dans le détail de ces ques-
tions. Les idées de M. Loth sont bien connues de nos lecteurs :
ils en ont eu la primeur au cours des années précédentes, et
notamment dans ces Contributions à l'étude des romain de la 'table
Bibliographie. 107
ronde, qui ont paru ici-même avant d'être réunies en volume. La
traduction, revue d'un bout à l'autre, a été en maint endroit
corrigée et améliorée. Des notes critiques, pour lesquelles la ver-
sion du Livre Blanc devait être naturellement utilisée, nous né
dirons qu'un mot : elles réservaient à M. Loth une tâche fort
agréable. En comparant les deux versions, il lui arrivait en effet
souvent de rencontrer dans le Livre Blanc des variantes qu'il
avait lui-même proposées jadis sous forme de conjectures : c'est
pour un philologue l'épreuve la plus sûre et la satisfaction la plus
flatteuse.
J. Vendryes.
VII
MarquisdeBELLEVUE. Le camp de Coetquidan, anciens monuments et
seigneuries qui existaient sur son territoire et vues lithographiées.
Paris, Champion, 191 }.
Cette belle publication arrive à son heure : le champ de tir de
Coetquidan va être agrandi, ce qui occasionne l'expropriation de
3000 hectares de terrain. Or, sur sur ce terrain, il y a des monu-
ments préhistoriques et gallo-romains, des chapelles, des croix, des
châteaux et manoirs exposés à disparaître. Aussi M. de Bellevue a-t-il
obéi à une pensée pieuse et fait œuvre du bon Breton en nous
donnant l'historique et la description de ces souvenirs d'un passé
parfois bien lointain.
L'Association bretonne, h Société archéologique d'Ille-et- Vilaine, le
Conseil général du Morbihan, ont émis le vœu que l'Administra-
tion de la Guerre et les pouvoirs compétentsdéfendentet protègent
ces monuments par des épaulements et des clôtures contre tout
risque de destruction ou de déprédation : espérons qu'il sera
entendu.
Les landes de Coetquidan s'étendent sur une région des plus
pittoresques, entre Beignon et Porearo, Gueret Augan (Morbihan),
au sud de l'antique forêt de Paimpont ou de Brocéliande. L'auteur
(p. 8) croit qu'à l'époque romaine, ce territoire a aussi servi de
camp. Les raisons qu'il en donne sont simplement étymologiques
et bien hasardées : Alcam, Campénéac, Campel, et le village de
Valescamp en Guer, renfermeraient tous le mot camp. Pour Alcam,
c'est impossible : si on suppose une origine romane à ce mot, on
en eût sûrement, au ixe siècle, le nom Al-camp. Le rapport entre
Alcam et Augan n'est pas facile à établir : dès 11 31 on trouve
Algan (Rosenzweig, Repert. arch.). Il me semble probable que Alcam
10S Bibliographie.
doit être lu Alain. Campéréac est un nom de fundus tiré d'un
nom d'homme et est identique à Champignê, Champigny ; la forme
la plus ancienne est Kemperiac. Campel peut venir de Campel-
lus, lr. Champeau : je ne connais pas les formes anciennes
de ce nom. Quant à Valescamp, il est écrit Valescan. Un camp
romain véritable de cette importance eût laisse des traces
inffaçables et des restes importants.
M. de Bellevue est un guide bien informé, des plus agréables à
suivre. 11 nous a non seulement donné la physionomie de bon
nombre de chapelles et manoirs curieux, mais encore beaucoup
de légendes et traditions qu'il eût été fâcheux de laisser se perdre.
Il n'a qu'un tort, c'est de céder trop facilement au prurit étymolo-
gique :
p. 8 '.Coêtquidan serait Coet-Idan, au-desous du bois : impossible,
et de plus la construction est anti-bretonne. Le second terme -quidan
a dû être Guidait : qui est assourdi par le t de Coèt.
p. 13 : Brambellé serait Bro-Belleeb, le pays du prêtre, ou Bran-
Bellen, le terrain de Bellen. Bran dans toute cette zone et dans le
vannetais, en général, représente bren, brin, colline : les
exemples abondent. Quant à Belle (on écrit auj. Brambelay), je
n'en sais pas le sens, mais en tout cas, ce ne peut-être Belkc'b : il
faudrait au moins Beïïec ; Bellen ne vaut pas mieux.
p. 34 : L'auteur croit que le château de Bois-du-Loup est Yaula
Coet-louh résidence de Nomenoc. Coit-louh (et non Coet-louh) paraît
être représenté aujourd'hui par Coctleu, en S'-Congard, mais la
terminaison ne concorde pas. Il n'est pas impossible que Bois-du-
Loup soit une traduction de Coet-louh. Plusieurs louh ou louch ont
été remplacés par -loup. Le Pas-du- Loup dans la forêt de Paimpont
désigne un étang. Ce qui est embarrassant pour Coitlouh, c'est la
graphie ou au ixe siècle : on attendrait -luh ou luch qui se trouve
en effet dans le cart. de Redon ; aussi Coëtleu ne doit-il pas être
rejeté. Coyboh de 886 n'existe pas sous cette forme : c'est Coetbot.
p. 55 Rohermau ne peut signifier le pays des Rochers. Tout ce
qu'on peut dire, c'est que la première syllabe représente roe'b,
rocher.
p. î&Bernéan : au lieu de Lis-Bron-Even il faut lire Lis-Bron-Eivin :
le lis (cour aux retranchements circulaires) du Mamelon cPEwin.
Brou, bren, sont devenus fréquemment Ber- en construction :Bernilis
en Moustoir-Remungol pour Bren-ilis. Ewin, Ewen a perdu w
comme Meiueii est St. Mcen '.
1 . Bernéan se prononce semble-t-il iferm'H CC. Bellamy, La Foirl de Brèdri-
liant, p. 55).
Bibliographie. 109
p. 58 Je ne sais si Trécesson est sur l'emplacement de Lisuisonn
(et non Lis-Wisson), mais sûrement les deux noms sont différents.
Je ne connais pas Tréb-Wisson. Il faut lire aussi Riwalt au lieu de
Risvalt.
Ces légères taches n'enlèveront rien à l'intérêt de l'ouvrage.
D'ailleurs l'auteur n'a aucune prétention au titre de celtiste ni
même de bretonnant.
J. Loth.
VIII
Marquis de Bellevue. Paimpont, seconde édition, revue et augmentée
avec vues lithographiques. Paris, Champion 191 3.
Cet ouvrage, en ce qui concerne les seigneurs, chàtellenies,
fondations religieuses de la région de Paimpont, sera, pour l'époque
du moyen âge, consulté avec fruit. Ce qui en rendra toujours l'usage
délicat, c'est que l'auteur n'indique pas ses sources. Un index des
noms d'hommes et de lieux eût été fort utile.
Pour les périodes anciennes, antérieures au xne siècle, surtout
ce qui concerne la Forêt druidique, la Forêt enchantée, à peu près tout
serait à critiquer. Je n'insisterai pas, ayant pour le talent d'écri-
vain et l'érudition de l'auteur, et sa personne, la plus grande estime.
Il est clair que M. de Bellevue n'est pas au courant de la littérature
scientifique concernant les anciens Celtes et les Romans de la Table
Ronde. Les étymologies fâcheuses, également, n'y manquent
pas.
J. Loth.
IX
F. Sagot. La Bretagne romaine. Paris, Fontemoing. 1911. xviij-417
p. 8°. 12 fr.
Malgré un très grand nombre de travaux de détail, l'histoire de'
l'île de Bretagne pendant l'occupation romaine était encore à
écrire1. M. Sagot a donc fait une œuvre des plus utiles, en réunis-
1. Roman Britain de Scarth (collection Early Britain : la 2e éd. est de
1887) est un livre élémentaire et plein de lacunes. La Roman Britain de
Conybeare est plus récente (collection Early Britain 1903). Mais d'après un
bon juge (Haverfield, Athenaeum, 1903 (II), p. 197), c'est un travail d'ama-
teur.
HO Bibliographie.
sant tout ce que les auteurs de l'antiquité, l'épigraphie et l'archéo-
logie peuvent nous apprendre sur cette histoire. Il a poussé le
scrupule jusqu'à aller examiner lui-même les vestiges si nom-
breux de l'occupation romaine. Dans une œuvre aussi vaste, mal-
gré la conscience de l'auteur, quelques lacunes, des erreurs
mêmes étaient inévitables. Elles ne sont pas d'ailleurs de nature à
diminuer la valeur de son travail: il constitue un répertoire com-
mode et des plus utiles pour tous ceux que ce vaste sujet inté-
resse.
p. 14. D'après l'auteur, au Ier siècle de notre ère, les Romains croient
encore au continent britannique. J'avoue ne pas comprendre ce que
l'auteur a voulu dire. Assurément les auteurs de l'antiquité connais-
saient assez mal la situation de l'île. Ils se trompent tous sur sa situa-
tion, c'est ainsi que Ponponius Mêla, Vibius Sequester, l'Itinéraire
d'Antonin, désignent sous le nom d'océan britannique, la mer com-
prise entre l'île de Bretagne et la Loire, voire même jusqu'aux Pyré-
nées. Dans la bibliographie de l'auteur, justement au point de vue de
la cartographie, et aussi de l'histoire, j'ai été surpris de ne pas
voir figurer l'ouvrage de Pearson, Historical maps of England.
Le premier chapitre de la première partie est consacréà l'ethno-
graphie de la Bretagne. L'auteur, avec quelques restrictions, suit
M. d'Arbois de Jubainville et John Rhys. Il ne dit qu'un mot des
pré-Celtes, et il a raison. Les premiers habitants Celtes de l'île
seraient des Goidels : c'est l'opinion courante. Elle a été combattue
par Zimmer dans une œuvre inachevée, qui n'a paru qu'après sa
mort : Auf ivclchcn JVege kamen die Goideleu vom Kontineut nachlrland
(Berlin 19 12 : tiré des Abb. du K. P. A.) Ils seraient venus en
Bretagne, d'après l'auteur, au VIe ou vnc siècle avant notre ère. Ce
sont là des assertions en l'air. Dans ces questions, le dernier mot
est à la linguistique et, à son défaut, à la préhistoire, en y com-
prenant avec prudence l'anthropologie.
Avant Varrivèe des Gallo-Bretons, d'après l'auteur, la plus grande
partie de l'île de Bretagne aurait été occupée par des Gaëls. Sur
quoi repose une assertion d'une telle conséquence ? Sur un docu-
ment trouble dont la partie la plus ancienne peut remonter au
Xe siècle de notre ère, le Glossaire de Cormac. Quant au lait que
Glastonbury des Gaëls serait une preuve de cette occupation, c'est à
peu près aussi sérieux que si on soutenait que le Nord de la France
a été occupé par des Irl ndais, parce que Péronne a été qualifié de
Peronna Scottorum : c'est l'afrluence des moines irlandais qui a valu à
Glastonbury et à Péronne ce qualificatif. Quant à la légende dont
cm trouve l'écho dans Cormac, elle a peut-être quelque fondement
Bibliographie. 1 1 r
historique: c'est un écho des incursions des Scots et Pietés pendant
l'occupation romaime.
Les Gallo-Bretons vers 400 auraient apporté le fer dans l'île.
Ils n'ont pas plus apporté le fer que les Goïdels n'ont apporté le
bronze. Le fer a fait son apparition dans l'île au ix-vme siècle
avant J.-C, quoiqu'il n'y soit devenu d'un usage courant que 3
0114 siècles après (Montélius, The Chrouology of the Briiish Bronze
âge (Procecdings of the bHt. Ac. 1909, p. 97 et suiv.). Quant aux
Goidels, s'ils sont venus dans l'île vers le vn-vie siècle avant notre
ère, ils n'ont pu y apporter le bronze qui était connu dans l'île
de 2000 à 1800 ans avant J.-C.
M. Sagot paraît admettre comme un dogme l'opinion de John
Rhys qu'il y aurait eu de forts groupements de peuples gaéliques,
au moment de la conquête romaine, dans une grande partie de
l'ouest, sud-ouest, et même dans le nord de l'île ; la plupart des
celtistes ne partagent pas cette théorie. L'étude des noms de lieux
lui est nettement défavorable. Il n'est pas niable qu'il n'y ait eu des
établissements plus ou moins durables de Gaëis en Galles, et sûre-
ment en Ecosse, pendant l'occupation romaine. Une émigration
des Dési d'Irlande, qui occupaient une partie du sud-est de l'Ir-
lande, dans le sud du pays de Galles, paraît sûre. A la fin du
ive siècle et au début du vc, le sud du pays de Galles était occupé
par des Gaëls, d'après Xennius ; ils en ont sûrement été chassés
par les Bretons, vers cette époque, d'après le témoignage du même
historien, dont les sources sur ce point sont dignes de foi (sur ces
faits, cf. Kuno Meyer, Early Relations between Gacl and Brythons
dans Transactions of the Society of Cymmrodorion, 1897, p. 59 et
suiv.). En revanche, il y avait des populations bretonnes en
Irlande, notamment les Menapii et les Briganles.
P. 11. L'auteur cite, sans s'y arrêter, l'opinion de Tacite sur
l'ethnographie des habitants de l'île : les Silures viendraient d'Es-
pagne, les Calédoniens de Germanie, les Bretons de Test de la
Gaule. Il aurait dû, au lieu d'opposer à Tacite le dogme goidelique
à propos des Silures, montrer pourquoi l'opinion de Tacite ne
peut faire autorité. Comme je l'ai fait remarquer, et d'autres avec'
moi, la théorie ethnographique repose sur une erreur de cartogra-
phie.
L'auteur a adopté pour les noms de peuples et d'hommes cel-
tiques un usage qui paraissait à peu près abandonné : c'est de les
donner avec une terminaison française : il dit Caratac, Galgac,
Prasutag, Cogidwnn, Scgontiaqiies, etc., au lieu de Caratacus, Gaha-
cus, Prasutagus, Cogidumnus, Segontiaci, ne paraissant pas se dou-
H2 Bibliographie.
ter que ces dernières formes représentent exactement les formes
celtiques, exception faite de u pour o.
P. 14-15. Ce que nous dit l'auteur du caractère des Bretons insu-
laires est tout à fait insuffisant. Leur caractère est assez facile en
somme, jusqu'à un certain point, à déterminer d'après la résistance
qu'ils opposèrent aux Romains, et la faillite de la romanisation de
l'île. La résistance des Bretons fut autrement longue que celle des
Gaulois, et ne fut jamais entièrement brisée. Je renvoie d'ailleurs
à ce sujet M. Sagot à Tacite qui parait avoir été bien renseigné.
Ce qui montre d'ailleurs que les Romains ne se faisaient pas d'il-
lusions sur les difficultés d'une conquête à laquelle César et Auguste
avaient renoncé, c'est que la campagne sous Claude commença
avec des forces très imposantes : environ 70.000 hommes, et non
50.000 comme le dit M. Sagot (p. 33)'.
Dans son bistorique détaillé de la conquête, l'auteur accorde
vraiment trop de place aux amplifications, à la rbétorique de Dion
Cassius.
P. 124. Nous retrouvons l'occupation de presque toute la Bre-
tagne dans la deuxième moitié du 111e siècle, d'après le Glossaire
de Cormac.
L'auteur, avec raison, attache une grande importance aux fouilles
archéologiques. Aussi ai-je été surpris de ne trouver aucune men-
tion de deux importantes trouvailles faites à Callcva (Silchester),
et Yiroconium (Wroxeter). Elles en disent long sur les luttes que
les Romains et les villes romaines ont eu à subir au ive siècle. A
Calleva, une aigle romaine arrachée de sa hampe a été trouvée
sous un amas de bois carbonisé : elle a sans doute été abandonnée
à la suite d'une catastrophe que l'histoire ne mentionne pas-. A
Viroconium, trois cadavres ont été trouvés dans un hypocauste :
celui d'un homme âgé ayant à sa portée 133 pièces de monnaie
enfermées dans un coffret de bois, et ceux de deux femmes : il
s'agit sans doute d'habitants réfugiés là lors de la prise de la ville,
on ne saurait dire à quel moment : les monnaies sont de l'époque de
Constantin 5.
P. 171-173. L'auteur a raison de se rangera l'avis Haverficld en
ce qui concerne le mur d'Antonin : à savoir que le vallum et les
forts au nord des Cheviots ont été abandonnés au plus tard vers
1. Cf. Hûbner, Eine rômische Annexion, Deutsche Rundschau, 1879.
2. Gomme, Romaiio-btïl. Remains, p. 121 : Les monnaies romaines trou-
vées en cet endroit sont de Vespasien.
5. Gomme, loc. cit.. p. 274.
Bibliographie. 113
180. J'avais déjà fait remarquer {Mois latins, p. 11-12), que le seul
empereur nommé dans les cinquante inscriptions trouvées sur son
emplacement est Antonin le Pieux. La Notifia Dignitatum Imperii,
qui nous donne la liste officielle des postes occupés par les Romains
au commencement du Ve siècle, ne mentionne aucune des stations
du mur d 'Antonin.
P. 244. Le fait le plus significatif de l'histoire romaine en Bre-
tagne, est assurément la grande révolte de 364 à 368. Théodose,
pour arriver à Londinium, est obligé de livrer bataille. L'auteur
croit que les déserteurs dont il est question dans les édits de Théo-
dose sont des Romains. Le contraire me paraît probable. Théodose
promet l'impunité à tous ceux qui avaient abandonné la cause romaine.
Il ne s'agit ni des Pictcs ni des Scots qui n'en avaient cure. Peut-
être certains auxiliaires sont-ils en cause. Mais ces édits visent pro-
bablement aussi les Bretons insurgés. Nous savons d'ailleurs que
les Areani qui avaient trahi la cause romaine, à ce point que Théo-
dose se débarrassa d'eux, étaient des indigènes : Areani représente
en celtique arjano-s, garde : cf. irl. aire, vigilia (Whitley Stokes,
Urkelt. Sprachschati, p. 171). Il y avait aussi des Cornovii parmi
les troupes auxiliaires des Romains en Bretagne.
P. 24e. L'auteur, sur le seul témoignage d'Ammien Marcellin,
avance que l'armée insulaire se vit adjoindre, en 371, un corps
d'Alamans Bucinobantes commandés par leur roi Fraomarius, élevé
à la dignité de tribun. J'ai déjà fait remarquer (Mots latins, p. 57)
que ni les inscriptions ni la Notitia Dignit. ne font mention d'eux
en Bretagne. S'ils y ont été envoyés, ils n'y ont pas fait un long
séjour.
En revanche, ils apparaissent en Orient dans la Notitia (VI, 17,
5-8, éd. Otto Seeck).
P. 276. La citation que fait M. Sagot de mes Mots latins est
inexacte. Il me fait dire que les termes empruntés par les Anglo-
Saxons au latin des écoles et des monastères sont loin d'égaler
en portée les mots latins d'origine ou purement celtiques qu'ils
doivent aux Gaulois. Or (Mots latins, p. 30 et non 17-18), je dis :
aux Celtes, et non aux Gaulois. Cette citation aurait d'ailleurs dû
être complétée par ce que je dis à la page précédente : les mots
latins empruntés par les Anglo-Saxons sur le continent et qui leur
sont communs avec les autres Germains, sont infiniment plus
importants que ceux que nous venons d'énumérer (les mots latins
empruntés dans l'île).
P. 289. A propos du bronze, l'auteur est mal renseigné. Pour
toutes ces questions de mines et de métaux, il eût dû se référer
Revue Celtique, XXXV. S
I 14 Bibliographie.
aux ouvrages traitant de la Bretagne préhistorique, notamment à
ceux d'F.vans.
P. 365. Llandrinoll en Galles : il n'y a pas de localité de ce
nom. Il s'agit probablement de Llandrindod.
Au chapitre 11 de la IVe partie (activité économique), l'auteur
s'occupe des relations commerciales de l'île. Il nie semble ignorer
l'Irlande. Or on y a trouvé de nombreuses monnaies romaines et
d'autres objets indiquant des relations importantes avec la Bre-
tagne.
M. Sagot parait avoir ignoré l'inscription grecque de Brougb-
under-Stanmore, qui a cependant provoqué de nombreuses disserta-
tions et même fait supposer à des savants connus et justement
renommés qu'il y avait, en Bretagne, un peuple de Cimmerii1.
La lacune la plus grave dans ce volumineux ouvrages, c'est
qu'après l'avoir parcouru d'un bout à l'autre, on ignore, en réalité,
la conditions des personnes et des terres sous la domination
romaine. L'auteur ne connaît que la Bretagne officielle. Il eût fallu
pour atteindre la vraie Bretagne une étude que l'auteur n'a pas voulu
faire : étudier les lois galloises, les lois anglo-saxonnes, se rendre
compte de la valeur des emprunts même linguistiques faits aux
Romains par les Bretons et les Anglo-Saxons, ou au moins résu-
mer en faisant preuve de critique, les travaux qui ont paru sur ces
sujets.
Une autre critique qui se lie à la précédente, c'est que l'auteur ne
s'est guère préoccupé que de l'archéologie classique en quelque sorte.
Or, il y a eu des fouilles intéressantes dans des fuinuli et des retran-
chements indigènes à l'époque romaine. L'auteur semble ignorer
ce côté si important de son sujet.
J. I.OTH.
1. J. Luth. Rev. Celt., XXX. 584.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. Deux notices sur d'Arbois de Jubainville. — II. M.
Holger Pedersen nommé professeur ordinaire. — III. M. T. Gwynn
Jones lecteur à Aberystwyth . — IV . M . T . Parrv-W illiams docteur en
philosophie. — V. Suite du Grundriss de M. Brugmann. — VI. Article
de M. C. Marstrander dans les Mélanges Alf Torp. — VII. Notice
sommaire des bronzes antiques du Louvre, par M. A. de Ridder. -
VIII. A. Foucher, Le couple tutélaire dans la Gaule et dans l'Inde. —
XI. L. Herrieu et M. Duhamel, Chansons populaires du pays de
Vannes, 2me série. — X. Livres nouveaux .
I
A la liste que nous avons précédemment publiée (t. XXXI,
p. 527) des notices nécrologiques consacrées à d'Arbois de Jubain-
ville, il faut joindre deux nouvelles notices, les plus longues
sans doute dont la mémoire du regretté savant ait été l'objet.
L'une a paru en 19 12 dans le Bulletin de la Société nationale des
Antiquaires de France (56 pages 8°), et est due à M. Emile
Chénon ; l'autre a été lue à l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres dans la séance du 13 juin 191 3 par M. A. Morel-Fatio et a
été depuis publiée à part en une brochure de 54 pages in-40. M.
Chénon et M. Morel-Fatio ont succédé à d'Arbois de Jubainville,
l'un à la Société des Antiquaires, l'autre à l'Académie des Inscrip-
tions.
M. Emile Chénon a joint à sa notice un index bibliographique.
Cet index est précieux en ce qu'il corrige et complète sur plu-
sieurs points celui qu'a publié ici-même M. Paul d'Arbois de
Jubainville, archiviste du département de la Meuse (t. XXXI I,
p. 45e et suiv.). Ce dernier avait arrêté la bibliographie de son
père au chiffre de 238 numéros, qu'il faut même réduire à
23$, puisque le n° 177 fait double emploi avec le n° 130, le
n° 212 avec le n° 214, et que, d'autre part, sous les n°s 56 et 63 il
i i6 Chronique.
s'agit d'un seul et même travail publié dans deux périodiques dif-
férents ; en outre, au n° 29, on corrigera sainte Geneviève en
sainte Germaine. La bibliographie de M. Chénon compte
422 numéros : l'augmentation s'explique par plusieurs raisons.
D'abord, M. Chénon a enregistré les comptes rendus publiés dans
le Journal des Savants (cinq en tout) ; ensuite il a tenu compte de
plusieurs périodiques qu'avait négligés M. Paul d'Arbois, comme
Y Annuaire de F Aube, les Mémoires de la Société d'agriculture,
sciences et arts de l'Aube, la Revue des Sociétés savantes de la France
et de l'Étranger \ le Moyen-Age, la Revue d'anthropologie', enfin, il a
fait des dépouillements plus complets, reprenant par exemple la
Revue archéologique depuis l'origine, alors que M. Paul d'Arbois n'y
a relevé aucun des articles antérieurs à l'année 1868 ; et tandis que
M. Paul d'Arbois n'a retenu que six des communications de son
père à l'Académie des Inscriptions, M. Chénon en donne une liste
complète, qui dépasse la cinquantaine.
En revanche, M. Chénon a laissé de coté les articles publiés
dansla Romania, lacune regrettable qu'il faudra combler à l'aide de
la bibliographie de M. Paul d'Arbois.
II
« Comme tout le monde s'y attendait, c'est M. Holgcr Pedersen,
professeur extraordinaire, qui succède à Yilhelm Thomsen dans la
chaire de grammaire comparée. Holger Pedersen est un de ces êtres
étranges qui collectionnent les langues. Combien en sait-il ? Je
l'ignore, mais je sais qu'il était déjà étourdissant en 1885,
lorsqu'au début de ses études, il apparut à l'université. Comme il
venait de Ribe, le vieux Siesbye1 l'appelait toujours « Ripensis »,
et Ripensis écrivait des dissertations latines phénoménales : il avait
toujours les tournures les plus recherchées, les constructions les
plus élégantes. Il faisait, en grec, des jeux de mots dont Gertz
riait cordialement, de son rire célèbre, gloussant et silencieux.
Nous autres, jeunes philologues, nous étions bien aises quand
nous nous tirions, sans nous rompre les reins, des pièges les plus
grossiers, mais Holger Pedersen, avec son air pesant et réfléchi,
Holger Pedersen, le fils d'un instituteur de l'autre bout du pays,
était la souplesse même, quand il fallait se faufiler parmi les écueils
1. Oscar Siesbye est mort le 21 décembre 191 3, à l'âge de quatre-vingt-
un ans. C'était un philologue classique Je grand mérite et une des figuies
les plus originales de son temps.
Chronique. 117
de la grammaire. Le' bruit se répandit bientôt qu'il s'adonnait
décidément au celtique et que les langues slaves étaient néanmoins
sa spécialité. L'arménien, l'albanais, le basque, il ramassait tout.
Légèrement voûté, il avait l'aspect lourd ; mais s'il apercevait à
travers ses lunettes quelque dialecte perdu dans un coin de l'Europe,
vlan ! il se jetait dessus et ajoutait triomphalement une langue de
plus à sa collection. On ne peut s'empêcher de demander : qu'y
a-t-il gagné ? Une réputation énorme dans toute l'Europe, et un
maigre traitement. A L'âge de trente-trois ans, Holger Pedersen
obtint une maîtrise de conférences de deux mille couronnes. Il en
serait resté là jusqu'à maintenant, si de l'étranger on n'était venu
le chercher, lui et toutes ses langues. On ne pouvait tout de même
pas laisser échapper cette collection unique de dialectes d'Europe
et d'Asie, et on lui donna une chaire de professeur extraordinaire.
Aujourd'hui enfin, à quarante-six ans, le voilà professeur ordinaire!
Vive donc la science! ».
C'est de cette taçon humoristique et pittoresque, dont nous
devons l'adaptation française à l'obligeance d'un ami, que le
journal Politiken de Copenhague annonçait, le 21 novembre der-
nier, la promotion à l'ordinariat de M. Holger Pedersen. La Revue
Celtique joint ses félicitations à celles que le savant professeur n'a
pas manqué de recevoir à cette occasion.
III
Nous apprenons qu'un « lectorship » de littérature galloise vient
d'être créé à l'University Collège d'Abervstwvth et confié à M. T.
Gwynn Jones. Ce nom a déjà été signalé dans la Revue Celtique
comme celui de l'auteur d'un recueil de morceaux choisis de
Daniel Owen (t. XXXII, p. 211). Mais il a d'autres titres à la
gloire. M. T. Gwynn Jones (né en 1871 dans le Denbighshire) est
un écrivain gallois fort apprécié, comme prosateur eteomme poète.
On lit dans un recueil récent de poètes gallois : As scholar, poet,
critic, and prose writer Gwynn Jones takes a high rank, and he is .
certainly one of the most brilliant, not onlv of the poets of the
new school, but of ail living Welsh writers. » Son œuvre la plus
célèbre en vers s'intitule Ymadawiad Arthur (« The Passing of
Arthur »), et M. W. J. Gruffydd a pu dire dans Y Encyclopaedia
Britannica, V, p. 649 : « In the Old mètres, two poets stand out
prominent above ail others, J. Morris Jones and T. Gwynn Jones.
The Aivdl i Famou of the former and the Ymaàaxuïaà Arthur of
i i 8 Chronique.
the latter, gave reason to believe that Welsh poetry was only
entering on its golden period ». Mais tous ces jugements s'ef-
facent devant celui désir Edward Anwyl qui appelle M. T. Gwynn
Jones « one of the ablest of modem European poets, a writer oi
rare genius » (The Celtic Reviezu, IX, 169).
IV
Le travail de M. T. Parrv-Williams dont nous avons commencé
ci-dessus (p. 40-84) la publication a été préparé à Fribourg-en-
Brisgau sous la direction de M. Thurneysen. 11 a valu à son
auteur le grade de docteur en philosophie, après une soutenance
publique qui a eu lieu le 28 février 191 3.
Au plus grand profit de la science linguistique, M. Karl Brugmann
poursuit la seconde édition de son Gnuidriss Jer vérghichenden
Grammatïk der indogermanischen Sprachen : l'ouvrage n'est pas seu-
lement corrigé et mis au courant, il est entièrement refondu et
prend un aspect tout nouveau, considérablement élargi, où les
questions de valeur et d'emploi des formes sont mêlées à la mor-
phologie proprement dite. Du second volume ont déjà paru deux
parties, en 1906 et en 1911, et qui contiennent respectivement 688
et 997 pages. Voici qu'une troisième partie commence, dont nous
avons déjà la première livraison (Strassburg, Trùbner, 191 3, vin-
496 p.). Cette troisième partie est consacrée au verbe : l'auteur y
étudie laformation des thèmes de présent, d'aoriste et de partait.
C'est toujours la même information scrupuleuse, la même per-
fection dans l'exactitude et la précision. On sait de quel respect
d'Arbois de Jubainville entourait M. Brugmann : ce magistral
Grundriss était un de ses livres de chevet. Il eût certainement aimé
à donner au nouveau volume un témoignage public d'admira-
tion.
Peut-être aussi eût-il chicané l'auteur sur l'interprétation propo-
sée p. 25 du gallois cigleu « j'ai entendu ». M. Brugmann pose
comme prototype de cette forme *cu-clou- (— skr. çuçrâvà) et ren-
voie au tome I de son ouvrage, § 938, 1. 11 faut d'abord corriger
ce renvoi en § 783, 3, où m. gall. ciglef comme irl. cùala est en
effet expliqué par *cucloua. Mais on doit critiquer aussi le fond
même de la doctrine : 1'/ gallois ne peut ici représenter qu'une
Chronique. i 1 9
ancienne longue ; c'est donc de *cûcloua qu'il faut partir. M. Morris
Jones remarque dans sa Comparative Grammar, p. 372, qu'on ne
peut donner à 17 de ctglef (cigleu) la valeur de y en moyen gallois ;
déjà M. J. Loth avait indique que *cùcloiia s'imposait comme pro-
totype du gallois cigleu(R. Celt., XVIII, 92). On peut toujours,
avec Strachan, comparer les parfaits sanskrits tûtâva de taviti « il
est fort » etjûjuvuh de jâvate « il excite ».
VI
M. Cari Marstrander a donné à la Feslskrift AlfTorp des Kleine
irisebe Beitràge (p. 240-252), où se trouve mainte suggestion utile à
retenir. — Il rapproche le mot Tiveden, nom d'une forêt en Suède,
de l'irlandais dé-fid « bois sacré « et admet un prototype commun
*deiuo-uidu-s, qui suppose une pratique religieuse commune aux
deux peuples. — Il signale deux faits de calque du Scandinave en
irlandais (piast — ormr, fuaigfbe = syja). — Il rattache au gaulois
larinca, taringa « clou en fer » (Holder et Du Cange) l'irlandais
tairuge, employé aujourd'hui encore et attesté au moyen âge avec
le même sens (L. U. 80 a 25, cona tbair[n]gib ; B. B. 451 b 25,
a tairmeda). — La préposition doeburn u- « vers » serait la forme
proclitique du substantif lochaim « marche, chemin » à l'accusatif.
— Le mot indas « façon, manière » sortirait de *ind-àss « croissance
intime »; cf. àss n. « croissance » Mon. Tall. 15e, 8. — Le vieil-
irlandais aicc, naicc serait représenté aujourd'hui par faic « quelque
chose, rien». — Le mot aire « haie, barrière» et «fardeau » serait,
comme imbe, à rattacher à la racine verbale *fen- (v. Pedersen, Vgl.
Gr., 11,517). — Dans derdan «mauvais temps, tempête », on aurait
derd « tempête » (I.r. Text. III, 86) -f- sur « temps ». — Dans
menmarc « passion »,le second terme de composition serait non
pas serc (v. R. Celt. XXXIII, 501) mais arc, infinitif de arcu « je
prie ». — Dans anfad « tempête », il faut voir la particule priva-
tive et le mot fétb « mer calme » (Ml. 125 d 1 1 ; L. L. 230 b 12 ;
L. U. 129 a 5). — Le mot fiach « corbeau » étant anciennement
disyllabique.l'étymon *ueiko-, généralement adopté, est sans valeur
(v. ci-dessus, p. 87). — - Les mots féru et luibne au sens de « bou-
clier » s'expliqueraient par le fait qu'il y avait des boucliers en
bois d'aune, féru (l'un est conservé au National Muséum de
Dublin, n° 273) et en écorce {luibne de *lubb- « écorce », cf. v. si.
lubimi). — On aurait le même suffixe -aiw, -eng non seulement
dans crobang « poignée » (Z. C. P., IX, 293), mais aussi dans
120 Chronique.
deleng « jeune porc » de deiî et dans asclang « fardeau, charge » de
ascall, axai, ochsal « aisselle » ; crobangel asclang sont en tout cas
étroitement unis, l'un désigne ce que l'on tient dans la main (croV),
l'autre ce que l'on porte sous l'aisselle. — Signalons enfin quelques
observations, sur le vocalisme de cumaing « il peut », cumachtae,
sur l'origine des prétérits pluriels en -datai- et sur les pronoms
infixes et suffixes.
VII
La maison Gaston Braun, concessionnaire depuis 191 2 de l'édi-
tion officielle des Musées nationaux, vient de mettre en vente une
Notice sommaire des brotrxcs antiques du Louvre, rédigée par M.André
de Ridder (Paris, 1913, 143 p. 8°, avec 64 planches, 1 fr. 50).
La Gaule romaine est représentée dans cette collection par
quelques grandes œuvres (les nos 26, 28-29, 36-37, 39, 47, 49,
64, 74), parmi lesquelles l'Apollon provenant de Lillebonne
(n° 37), et aussi par une cinquantaine de petites pièces (nos 1042-
1093). Mais il n'y a rien là dedans qui se place hors de pair. Les
bronziers gallo-romains, comme le dit très bien M. de Ridder,
p. 86, n'ont pas un art original ni indépendant; ils ont puisé aux
sources de l'art grec et de l'art romain. Quel que soit leur talent,
ils n'ont pas su faire œuvre plus personnelle que les littérateurs
gallo-romains : et l'on sait que Sidoine Apollinaire n'est pas plus
gaulois que Sénèque n'est espagnol ou Apulée africain. Les
bronzes gallo-romains pâtissent nécessairement du voisinage des
œuvres venues directement de la Grèce ou de Rome.
Toutefois il serait injuste de juger sur le Louvre seul le travail
de nos vieux bronziers gallo-romains. Ils sont mieux représentés
ailleurs. Les œuvres qu'en possède le Louvre le cèdent en nombre
et en importance à celles qu'on voit réunies par exemple au Musée
de Lyon. Celui-ci s'enorgueillit à juste titre d'oeuvres comme
l'Orateur, trouvé à Coligny, la Fortune, la Victoire ailée, le Satyre
criophore, même le Jupiter. Et on peut admirer isolément dans
d'autres musées de province des pièces de premier ordre, dont le
Louvre n'a pas l'équivalent : ainsi le Jupiter du Yieil-Evreux (au
musée d'hvreux), ou l'Apollon de Yaupoisson (au musée de
Troyes), ou l'Hermaphrodite de Sion (au musée d'Epinal), aux-
quels il faut joindre la superbe tête trouvée dans le Vistre, à Nîmes,
et la Minerve de Besançon, aujourd'hui au Musée Condé. Rappe-
lons enfin que le musée de Saint-Germain possède quelques
Chronique. 121
bronzes intéressants et qu'à Paris même le musée Dutuit, avec la
trouvaille des Fins d'Annecy, et surtout le Cabinet des Médailles
avec l'Esclave Ethiopien de Chalon-sur-Saône, le Guerrier combat-
tant de Vienne ou le Satyre dansant, complètent d'une manière
fort heureuse la collection du Louvre.
Sur cette dernière, la notice de M. de Ridder oriente parfaite-
ment : elle est claire, précise, élégante ; elle contient assez de
détails techniques pour satisfaire la curiosité des savants, elle a tous
les agréments qu'il faut pour plaire aux artistes et aux lettrés.
VIII
Puisque nous parlons sculpture et art classique, il faut signaler
à nos lecteurs l'article qu'a donné à la Revue archéologique (191 2,
t. II, p. 241-249) M. A. Foucher sur le Couple tulélaire dans la
Gaule et dans ïlnde. Ce titre a de quoi étonner; mais il exprime
justement très bien l'étonnement qu'un indianiste comme M. Fou-
cher a éprouvé lui-même en rencontrant dans l'art gallo-romain
des figures de connaissance. Le motif du couple tutélaire, qui
revient si fréquemment dans le Recueil général de M. Espérandieu,
avec des attributs caractéristiques, encore qu'assez variés, est
également répandu dans l'art gréco-bouddhique du Gandhâra :
Sucellos etNantosvelta y portent le nom de Pântchika et de Hâritî,
mais la disposition générale des deux couples dans les monuments
où ils figurent, leur attitude, leur place respective, même leurs
attributs sont trop semblables pour qu'on ne songe pas à une com-
munauté d'origine. M. Foucher a illustré son article de deux repro-
ductions dont la juxtaposition est frappante. Naturellement il n'y a
pas à imaginer d'influences directes entre la Gaule et l'Inde. Les
ressemblances observées ici s'interprètent beaucoup plus simple-
ment par le fait que les sculpteurs se sont inspirés de modèles sem-
blables, à Alesia comme à Peshawer. M. Foucher lui-même a éta-
bli que l'art du Gandhâra a emprunté sa technique à l'art hellénis-
tique. L'art gallo-romain de son côté dérive de l'art gréco-romain.
Il y avait donc, aux premiers siècles de l'ère chrétienne, une sorte de
xotvq artistique, apprise à l'école des Grecs, et qu'on parlait d'un
bout du monde antique à l'autre bout.
IX
MM. Loeiz Herrieu et Maurice Duhamel viennent de publier une
deuxième série de leurs Chansons populaires du Pays de Vannes
122 Chronique.
(Paris, Rouart, Lerolle et O, 191 3, p. 61-120; 2 fr. 50). Comme
dans la série précédente (v. Rev. Celtique, t. XXXIY, p. 105),
chaque chanson est accompagnée de sa mélodie. Les mélodies sont
peut-être moins originales et moins expressives que dans la pre-
mière série. Quant au texte breton des chansons, il montre de
façon frappante à quel degré le dialecte vannetais est rempli de mots
français : on n'y trouve pas seulement des adjectifs, des substantifs,
des verbes empruntés à date plus ou moins récente, mais aussi des
particules, comme la négation, qui passent d'ordinaire pour faire
partie du matériel grammatical personnel à chaque langue : un
vers comme le suivant est à cet égard bien instructif :
ha eau des larei d'ein ne pas en digorein
et il a dit à moi de ne pas l'ouvrir.
De fait, la négation pas figure dans le Dictionnaire breton-français
du dialecte de Vannes de M. Emile Ernault. Mais employer ne pas
paraît vraiment parler français on breton.
X
Parmi les publications nouvelles, nous relevons l'édition suivante
d'un texte bien connu des celtistes :
Sir Perceval of Gales, herausgegeben von J. Campion und F.
Holthausen. Heidelberg, C. Winter, 191 3, xv-144 p. 8° (Alt- und
Mittelenglische Texte, Bd 5).
Le texte, qui compte 2.288 vers, est précédé d'une introduction et
suivi de notes explicatives et d'un court glossaire.
Annonçons aussi la fin du magistral ouvrage de M. Holger
Pedersen, Vergleichende Gràmmatik der keltischen Sprachen. La
deuxième et dernière partie du tome II, pages 353-8^2, a paru en
novembre 191 3. Nous en reparlerons sous la rubrique Biblio-
graphie.
Il sera également rendu compte ultérieurement des deux ouvrages
qui suivent :
Bibliographv of Irish Philologv and of printed Irish Literature
Dublin, 191 3.
O. H. Fynes-Clinton, Welsh Yocahularv ofthe Bangor district.
Oxford, 191 3.
J. Vendryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. — I. Zeitschrift fur Celtische Philologie. -- II. The Celtic
Review. — III. Annales de Bretagne. — IV. Revue de Bretagne. —
V. Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
lettres. — VI. Indogermanische Forschungen. — VII. Mémoires de la
Société de Linguistique
M. Thurneysen a donné à la Zeitschrift fur celtische Philolo-
gie (t. IX, fascicule 3) une importante étude sur die Ueberlieferung
der Tâin bô Ci'iailnge (p. 418-443). Trois heureuses circonstances
l'ont déterminé, dit-il, à l'entreprendre : l'achèvement de la publi-
cation dans Eriu de la version du Book of Lecan, la publication
par M. Windisch de la version fragmentaire contenue dans le Ms
Egerton 1782 (v. Rcv. Celt., XXXIV, 233), et surtout la décou-
verte qu'a faite M. R. I. Best de trois mains différentes dans le
Lebor na hUidre (v. ibid., 235). Le fait est qu'on a maintenant les
moyens de débrouiller la formation de cet ensemble un peu chao-
tique qu'est le texte de la Tâin ; mais pour y réussir, il faut une
maîtrise dont peu de celtistes sont pourvus. M. Thurneysen excelle
dans les entreprises de ce genre. Il étudie ici l'une après l'autre la
version LU et la version LL. La première est conservée à la fois
dans le Lebor na h-Uidre, l'Egerton 1782 et le Yellow Book of
Lecan, qui ne sont pas copiés l'un sur l'autre, mais représentent
trois copies indépendantes d'un archétype commun, avec çà
et là certaines additions particulières. La seconde version est
surtout connue par le Book of Leinster ; mais on la trouve
aussi en d'autres manuscrits qui supposent également l'existence
d'un archétype, dont le texte du Book of Leinster ne serait lui-
même qu'une copie. Les deux versions LU et LL une fois
\2.\ Périodiques.
établies et distinguées, M. Thurneysen les ramène à une seule.
Pour lui, la seconde est directement et exclusivement sortie de la
première. « Die LL-Version ist durch Vereinheitlichung aus der
LU- Version, wie sic auch uns handschriftlich vorliegt, hervorge-
gangen. Sie stellt also nicht die Bearbeitung einer Sonderquelle
oder einer àlteren Gestalt der LU- Version dar; auch làsst sich
nicht nachweisen, dass sie neben der LU-Version abweichende
Fassungen gekannt und beigezogen bat » (p. 426). lu p. 436 :
« Die LU-Version ist fur uns zunàchst die absolut àlteste Ges-
talt der Sage, die einzige Grundlage fur aile andern Fassungen,
die wir kennen. » Le tableau généalogique dessiné p. 441 résume
d'une i:\con frappante les résultats de l'étude si importante de
M. Thurneysen.
Dans le même ordre d'idées, on lira aussi avec intérêt un court
article de M. Lucius Gwynn sur the two Versions oj Tochmarc Êtâine
(P- 353-35 63 ; cet article est daté de Fribourg en Brisgau. Les deux
versions en cause sont celles du Lebor na h-Uidre et du Ms. Eger-
ton. M. Gwynn considère la version Egerton comme une compila-
tion datant du xne ou xme s. L'auteur de cette compilation s'est
borné à délaver l'ancien récit représenté par la version de L. U. ;
mais il y a en outre interpolé un morceau emprunté à la Togaiî Bruidne
Dâ Derga et ajouté un autre morceau, directement inspiré du Dind-
shenchas de Râth Crûachan.
M. Kuno Meyer continue, au cours du même fascicule, ses pré-
cieuses publications de textes inédits. Sans parler de deux petits
poèmes tirés des MSS. Addit. 30. 5 12 et Laud 615 (p. 470 et 486),
il nous donne cette fois les « synchronismes » du MS. Laud 610
(p. 471-485) et surtout le curieux texte intitulé Bailc Bricin « Vision
de Bricin » d'après les MSS Harleian 5280 et Egerton 1782 (p.
449-457). Bricin ou Bricine, abbé de Tuaim Drecain (auj.Tomre-
gan, près Bannyconnell, à cheval sur les comtés de Cavan et de
Fermanagh), flofissait dans la première moitié du vir siècle. Un
soir de Pâques, qu'il était dans sa cellule, il oublia de se rendre à
l'église. Un grand bruit frappa ses oreilles : c'était celui de la
troupe céleste célébrant la Pàque. Alors il invoqua le Seigneur, le
priant de lui envoyer un ange qui lui apporterait des nouvelles
célestes : un ange arriva en effet, rendit visible aux yeux de Bricin
le ciel et la céleste troupe autour du trône divin, et accepta de lui
dénombrer les chrétiens qui seraient admis dans l'église de Dieu
jusqu'à la fin du monde. En particulier, Bricin lui demanda d'indi-
quer les « fils de vie » (maie bethad) qui gagneraient le ciel. Cela
introduit une longue énumération. qui constitue tout le morceau,
Périodiques. 125
On y trouve naturellement un grand nombre de noms propres, qui
exigeraient un commentaire historique fort développé.
M. T. O'Maille a donné au même fascicule une intéressante
étude sur Sortie Cases of de-Lenition in Irish (p. 341-352). Il s'agit
de faits sporadiques et en partie dialectaux qui appartiennent à la
période du moyen-irlandais : par exemple rg(h) et rch deviennent
rc en syllabe inaccentuée, quand ces groupes sont de position anté-
rieure (ou de valeur mince, slender) ; de même ng(h) et nch
deviennent ne, etc. C'est un sujet tout neuf, dont M. O'Maille donne
un aperçu très exact, avec sa finesse et sa précision habituelles.
M. J. Pokorny revient, p. 444, sur l'étymologie qu'a donnée
M. Marstrander du mot iress « croyance ». Comme ce dernier, il
ne croit, pas que le mot irlandais contienne une forme redoublée
de la racine *sthâ. Il pose comme prototype *pare-sthâ-, ce qui s'ac-
corde tout à fait avec l'iranien parast « adorateur ». Mais *pare-sthâ-
devait donner aras, ou tout au plus aires par influence analogique
des autres cas de la flexion, où IV était palatale sauf au génitit
pluriel. Si l'on a iress, c'est par contamination de cet aires et d'une
forme irus de *perô-stbd-.
M. J. Baudis, qui fait sa spécialité des enquêtes grammaticales,
publie, p. 380-417, les résultats de celle qu'il a entreprise sur l'em-
ploi des substantifs verbaux en irlandais (,;//;// Gebrauch der Verbal-
tiomina im irischen). Ce sont des listes d'exemples méthodiquement
classés, dont l'auteur dégage une théorie générale sur le dévelop-
pement de l'infinitif celtique.
Signalons enfin : un texte publié par M. F. Liddell, un poème
sur les rois de Connaught, tiré du MS. Rawlinson B 502 (p. 461-
469), avec traduction anglaise ; et de M. Oluf Kolsrud, une étude
sur the Celtic Bisiiops in the Isle of Mau, the Hébrides and Orhneys
(P- 357-379)-
II
Dans The Celtic Review (vol. IX, nos 33 et 34), M. Mackinnon
continue son édition de thé Gaelic version of the Thebaid of Statius,
pp. 16-33 et p- 1 12-127. Le morceau précédent s'arrêtait un peu
après le discours d'Atalante (chant IV, v. 344) ; nous sommes con-
duits cette fois jusqu'au vers 498 du chant V, où se termine le
grand récit d'Hypsipyle.
A signaler dans ces deux mêmes numéros, un travail de M. A.
Macdonald sur Some knotty points in British Eibndlogy (p. 1-1 5 et
97-1 11); dans le n° 33, un article de M. A. W. Wade Evans sur
126 Périodiques.
The Romani in the o Excidium Britlaniae » (p. $5-40), ei dans le n°
34, le texte d'un discours prononcé à l'Irish Literary Society de
Londres par M. Alfred Percival Graves sur Ireland's Share in the Folk-
song Revival (p. 128-148).
Enfin, on lira avec intérêt dans le n° 34, p. 151-156, le bel éloge
eonsacré par M. Mackinnon à un poète écossais, Neil Macleod,
mort le 6 septembre 191 3 à l'âge de 70 ans. « It may, I think, be
safely affirmed, dit-il p. 153, that since Duncan Mac Intyre died
(1724-1812), no Gaelic poet took such firm hold of the imagina-
tion of Highlanders as Neil Macleod was able to do ». Le fait est
qu'il fut très populaire et que le recueil de ses œuvres, intitulé
Clarsach an Doire « la Harpe du bocage » publié en 1883, atteignit
en 1909 sa quatrième édition. Neil Macleod était originaire de
l'île de Skye.
Comme appendice aux nos 33 et 34 de The Cellic Review, se
trouve la suite de la Concise Oh! Irish Grammar de M. J. Pokorny.
C'est d'abord la dernière partie de la phonétique, comprenant le
traitement des semi-voyelles, voyelles et diphtongues indo-euro-
péennes en irlandais ($§ 111-126) et l'exposé des alternances voca-
liques(§§ 127-13 1). Ensuite commence la morphologie, avec la
flexion de l'article et du nom (§§ 132-148). Dans le chapitre des
alternances, § 129, M. Pokorny rapproche de l'irlandais si!
« semence » le parfait grec àsico/.a, qu'il interprète par *sesôka,
accordant ainsi la préférence à une vieille étymologie qui devrait
être définitivement abandonnée (v. Boisacq, Dict. Êtym., p. 369).
Dans les Annales de Bretagne, t. XXIX, n° 1 (novembre 1913).
M. G. Esnault continue, p. 79-116, son édition des œuvres de Le
Laé. Il indique à la tin quelques citations latines, dont il n'a pu
découvrir la provenance, parmi lesquelles « ante ciucs ergo miseri ,>
qu'il donne pour un commencement d'hexamètre. Si c'est là un
commencement d'hexamètre, l'auteur n'en doit pas être cherché
parmi les contemporains d'Auguste, car cet auteur connaissait bien
mal la prosodie latine : le mot dues a un i long et par suite la
première moitié du vers est fausse ; félicitons-nous peut-être de
ne pas connaître la seconde.
IV
Notre collaborateur, M. Ernault, est revenu dans la Revue de
Bretagne (191 3, p. 1 [~- 1 5 2) sur cette Poésie officielle eu moyeu-breton,
Périodiques. 127
à laquelle il avait déjà consacré un article (v. Rev. Cell., XXXIV,
p. 482 et suiv.). Ayant eu le loisir d'examiner à la Bibliothèque
Nationale le manuscrit qui avait appartenu au notaire François
Doublart (c'est le numéro n 533 du fonds français), il y trouva la
poésie en question sous une forme plus rapprochée de l'original,
encore que fort altérée par un scribe qui ne savait guère le breton.
Et cela l'a conduit à préciser ou à corriger quelques-unes de ses con-
jectures.
V
M. J. Loth a entretenu Y Académie des Inscriptions de la question
des archétypes des romans de la Table Ronde à propos de l'Ystoria
Tristan, sur laquelle nos lecteurs ont été renseignés dans le tome
précédent, p. 365 et suiv. La communication de M. Loth figure
dans les Comptes rendus des séances de l'année 191 3, p. 92 et
suiv. On y trouvera les mêmes idées que dans l'article précité de
la Revue Celtique, mais sous une forme plus brève, et sans les textes
sur lesquels s'appuie la discussion.
VI
Le tome XXXII des Indogermanische Forschungen ne renferme
aucun article spécialement consacré à nos études, et en parcourant
la liste des mots étudiés à la fin du volume on constate que les
langues celtiques y occupent une place très restreinte. Elles ne sont
guère utilisées que pour mémoire, et figurent dans des com-
paraisons depuis longtemps établies. Dans un article sur le vieux-
prussien, M. E. Lewy a commis deux ou trois rapproche-
ments qui ne semblent pas nouveaux, mais qui n'en sont pas
meilleurs: v. pruss. alkîns < nùchtern » et irl. olc » mauvais »
(p. 160), v. pruss. manga « Hure » et irl. meng « tromperie »
(p. 163), skr. gaijdâh, m. « joue, bosse » et irl. gleuu « vallée »
(p. 166). Cela n'a guère d'intérêt pour l'étymologie celtique.
Au cours d'un long article sur des questions de vocalisme indo-
européen, p. 228, M. Hirt reproduit le rapprochement du grec
/.oaVjç « Band, Schleife » et de l'irlandais connu « protection » (qu'il
écrit, je ne sais pourquoi, kouini). L'irlandais comm est attesté dans
une phrase que cite M. Kuno Meyer (Coule, p. 446), où il est
glosé par coimhéd « protection » : tabar coin dfiu « donne-nous pro-
tection ». C'est une autre forme du mot coiniin, abondamment
attesté au sens de « couverture, protection, vêtement » et qui est
vraisemblablement un thème en -/-. Ces mots ont-ils rien à faire
avec le grec x.oy.Vvc, je ne le garantirais pas.
128 Périodiques.
Ce qu'on peut garantir, en revanche, c'est que M. Holthausen a
eu tort, p. ;34, de ranger dans la même famille irl. loth « boue »,
gall. lludedic « boueux » et le nom gaulois de Lutèce, qu'il écrit
Lutetia. Bien que cette étymologie puisse se justifier aujourd'hui
encore par l'état trop fréquent des rues de Paris, il faut y renoncer;
elle a contre elle la forme ancienne Aouxotoxia (Strabon) ou
AsuxoTExia (Ptolémée), et M. Holder a eu raison de supposer
(t. II, col. 301) que la forme ordinaire Lulecia (mieux que Lutetia)
sortait par haplologie de Lucotecia. Il est vrai que l'étymologie
admise par M. Holthausen n'est pas neuve, puisqu'elle remonte
àZeuss ; mais depuis la publication de VAltceltischer Sprachschat^eWe
devrait être définitivement bannie de tout travail sérieusement fait.
Vil
MM. Sylvain Lévi et Meillet ont terminé dans le fascicule 6 du
tome XYIII des Mémoires de la Société de Linguistique leurs
Remarques sur les formes grammaticales de quelques textes eu tokharien
B (p 381-423). Les précédentes étaient relatives aux formes
verbales (cf. Rev. Celtique, t. XXXIV, p. 129) ; celles-ci se rap-
portent aux formes nominales. Nous avons ainsi l'exposé complet
des résultats d'un travail de déchiffrement et d'interprétation, qui
fait le plus grand honneur aux deux savants linguistes. Grâce à
eux le tokharien a définitivement pris place dans la linguistique
indo-européenne ; on peut désormais l'utiliser pour la comparai-
son. A vrai dire, le nom v -est beaucoup plus maltraité que
le verbe: de l'ancienne flexion nominale de l'indo-européen, il ne
subsiste presque rien : « l'état auquel est parvenu à cet égard le
tokharien à l'époque où a été fixée la langue est à peu près le
même que celui des langues romanes, de l'anglais ou du persan ».
MM. Lévi et Meillet, qui terminent par cette phrase leur savante
étude, eussent pu ajouter : « ou des langues celtiques, et notam-
ment du gallois ». Ils ont justement fait appel, p. 396, à la compa-
raison du gallois pour montrer comment les thèmes nominaux se
sont conservés en tokharien comme de simples parties consti-
tuantes de la formation du pluriel. On sait que ce phénomène est
abondamment attesté en gallois ; c'est la seule trace qu'on y trouve
aujourd'hui des anciens thèmes nominaux du celtique (v. J. Mor-
ris Jones, a Jlrelsb Grammar, p. 198 et suiv.).
J. Yendkyes.
Le Propriétaire-Gérant, Edouard CHAMPION.
MAÇON, PKOTAT FRÈRES, IMPRIMEURS
NOTES
SUR
LES TEXTES D'IVONET OMNES
i. A la 3e variante du 2e texte (Rev. Celt. XXXIV, 242-
246), vu peut se lire v[e]n ou vtt[en]. An vu he guen « la vue
de sa joue » ne serait pas impossible comme construction, cf.
Rev. Celt. XXXII, 260, 261.
2. Le 4e texte (p. 246) finit par « ha quar ». Map paraît y
avoir le sens général de « garçon » (cf. P 262, etc.).
3. Au 5e hauibe~ou rappelle a ve%ou en 1532, Une poésie offi-
cielle enmoy. bret. § 3, 19; ro^be^ou, Maistre Vathelin, R. C.
XVI, 193, 194. Voir §7. — Suruguen et suluguenn sont seuls
constatés, ce qui dément même une étymologie populaire
d'après sulya, suilha (cf. § 27). Je chercherai plus loin (§23
et suiv.) si suru- peut venir de *saru- sans influence analo-
gique (cf. sur acide). — Le panais est un mets caractéristique
du Léon, cf. Gloss. 459.
4. Au 6e, karantit, costit riment, je crois, zgaret, prêt du vers
suivant (qui pouvait finir par me àest je l'atteste). Cf. spirit,
r. et, xve s.,R. C. XX, 394, 397 (etReuis Rennes XXXII, 284).
Des archaïsmes en -//(/;) sont contredits par be~ou; des dim. en
-ic, par la paléographie (cf. aiuoric ioliuic) et la phonétique.
Il y a plutôt échange des suffixes qui alternent dans triste^ et
tristet, lauarezet lauaret, etc. Gloss. 544, 545 ; peut-être sous
la suggestion de la rime, cf. ar garanted l'amour, r. et, Ba>\a~
Brei\ 421. — Ohe- à son, est pour och he, cf. och pep pirill de
tout péril P 193 (forme non relevée au Glossaire-index) ; ouch
dans C b (Dict. étym.), ouch, oc h D, Gloss. 454. — Uam- pour
mamau. vocatif serait un archaïsme unique; mieux vaut sup-
Revue Celtique, XXXV. 9
130 E. Ernault.
pléer ua m(am) ma mère, tf. va, v. 1. Ceci nous ramène
encore au Léon ; le moy. bret. a toujours ma, sauf dans les
Amourettes dit vieillard, où Pel. n'a pu introduire va, employant
lui-même ma.
5. Dans hiat altro Hilarius « santé, guérison, seigneur
Hilaire ! » xne s., Loth. Ami. de Bret. VII, 243, je soupçonne
une transcription abrégée (avec réminiscence latine ?)de *iahat,
moy.br. yachat guérir.
6. Dans le premier texte (Rev. Celt. XXXIV, 249, pi. III),
Ve de ameus se confond avec 0, comme si le scribe avait déjà
pensé à mous. Mais il n'y a là, je crois, qu'un accident graphique,
dont IV de be, à la 3e phrase (p. 244, pi. I), montre l'origine.
C'est une petite bavure de la plume, produite en appuyant trop
sur la boucle qui, par une inadvertance contraire, est absente
dans le humas de la 4e phrase (pi. II) ; ce qui donne, cette fois,
une forme dV voisine de c. L'hypothèse d'une variante amous
n'aurait aucune probabilité : il a fallu une influence exotique
intense, chez Dumoulin, pour lui faire confondre graphique-
ment les deux sons (avec un troisième, u ; cf. Rev. Celt. XXX,
281).
7. Atnoric est le seul exemple, en moy. breton, d'un 0 dans
cette famille de mots, cf. Gloss. 27 ; 325, 1. 4. On trouve lan-
gourus et langoreux langoureux; gluebour et gluebor humidité ;
vigour et vigor vigueur (lisouregue% paresse, van. lijor espace,
Notes d'étym. n° 16; mod. sechour et sechor sécheresse). Enor
honneur, <w ancre (cf. M 1505) ne présentent ou qu'en van. ' ;
mor mer, dor porte, Font en cornouaillais. Sur dour eau, b. van.
dor, écrit au xvc s. doir par un Allemand, voir Rev. Celt.
XXXII, 2, 282.
8. L'archaïque indan était appuyé par le synonyme dindan,
aussi letrouve-t-on au XVIIIe siècle {Gloss. 211) et plus tard.
D. Le Pelletier cite deux exemples de endan pôan (lire poau)
sous peine, en moyen bret. Il donne : « Indan, Dessous. Je
n'ai appris cet adverbe que de M. Roussel, qui disoit que c'est
mettre dessous pour hausser, élever et appuyer». Rel ms. porte
1 . Eor est à Ouessam teur(D. Malg.) : cf. moy. br. orror et oneur hor-
reur; rigor et rigueur, van. rigour rigueur, etc.?
Notes sur les textes d'Ivonet Omnes. 131
« indan v : dindon dessous ». Le P. Maunoir a àidan sous, didan
neuor par cœur, didanna mettre dessous ; le P. Grégoire de Ros-
trenen dindan, didan, endan, dindan, èhdan sous, dessous, van.
didan, dedan, edan dessous ; a %indan, a endan de dessous, amâ
a indan ci-dessous; an dindan le dessous; un didan-doùar p.
didauou-douar souterrain ; Le Gonidec dindan, didân, indan,
ihdân, end an adv. et prép. (H. de la Villemarqué a ajouté
dân, tan, adan ; adan-hesous eux, Bar%a\ Brei^ 50 est noté comme
archaïque, p. lxvii). On dit à Beuzec-Cap-Sizun dindahn, à
Ouessant dignehn, digrièn oxyton (Annales deBret. XVII, 135 ;
XXV, 226) ; en haut Tréguier dindahn, dinahn, oxyton, cf.
Gloss. 32, 40. Il est possible que dian evor (dire) par cœur Gr.
soit une variante de didan evor ib. (cf. Gloss. 164). Cette forme
serait dissimilée de didan ou de dinan, ou bien proviendrait
de *di%an, cf. van. a ^an de dessous (corniq. a thati), kas de
Xfin er hoèdeu envoyer sous bois, dans un bois, drè %an dorn en
sous-main, en cachette. Un ^tombait ainsi dans le moy. bret.
dioitguet, part, de di^oen apporter ; mod. diqmguen et diouguen
rapporter Maun. ; Gr. id. apporter, p. di~ouguet et diouguet.
Pel. a dioughen « apport, et aussi apporter », et (v. doughen)
« Di^oughen, et par contraction Dioughen, apporter » ; Rel ms.
h Di^ouhen porter, apporter, ferre devehere Diiçouhet evioch en
distro vous serez porté au retour, ou en Retournant, ou pour
Retourner, Revenir » (ces /; sont erronés, pour gh, qu'on lit
en tête de l'art, (doughen) ; sur le prétendu part, doit, donné
comme ancien par Grég., voir Gloss. XXII. Grég. a aussi dou-
guen, ha disouguen porter et rapporter, p. douguet, ha disougaet,
avec s doux = ^ français, cf. M 2624. Une semblable chute
de - est attestée plus tard dans daouarn mains Maun., « daôu-
{om, et par corruption Daouarn » Pel., « Daouarn, mains.
Dornou, Daou~ourn [,] ho daouarn ho daou vos deux mains »
Rel ms., van. deourn, etc., cf. Gloss., 192, 193. Sur dedan
dans le Credo du XVe s., voir Rev. Celt. XX, 189, 395.
En van. P. de Châlons donne « didan ou dédan, et mieux
^«dessous » (auj. dindahn Loth) ; au dict. ms. edan. didan
sous, didan dessous, a %edan, a ^an de dessous (a^edan, v. « souf-
fler ») ; un didan douar un souterrain; l'A. édan, didan sous;
édan, éundan, didan dessous, enn-édan le dessous.
r 32 E. Èrtiault.
Dindan est expliqué avec doute par *di endan, Z1 680 ;
Henry le regarde comme provenu de didân par assimilation.
Il y a eu plutôt deux composés, *di-tan, didan (gall. moy. y
dan), et*in-tan, *entan (corniq. yn dan) qui se sont combinés
diversement en indan, endan, dindon.
9. Il y a une rime intérieure admissible, bien qu'elle tombe
une syll. trop tôt, dans le vers Me rt///eus vn amonc.
10. Il en est de même à la fin du 5e texte, si on le décom-
pose en vers de 7 et de 6 syll. : Panesen ha s/<-n*-guen | ham-
bezou dtf///-(m)eren.
1 1 . Le 6e texte, contenant plus de 2 vers, nous renseigne sur
la transformation des rimes finales en rimes internes (§5), ce
que ne peut faire le distique de 1472 (Rev. Celt. XXXI, 72).
Dans le Credo de 1456, il n'y a qu'un indice du fait, ce qui
n'est pas étonnant, d'après les conditions où la pièce a été com-
posée (XX, 394, 397.399)-
12. Il est possible que l'auteur ait pensé à la variante gua-
rant, qui donnerait un système plus riche de rimes intérieures :
Mai hamguar-ant va kar-ant-h. Pour la rime portant sur 2
syll., cf. Fortuit importun-us so doet/w he //.v-aig, Une poésie
officielle en moy. bret., § 4, 5 ; Miroiter 1688, 2603.
13. Il est curieux d'observer la répartition des /.>, dans les 3
variantes du 2e texte. La première avait d'abord omis celui de
he ; on peut y voir l'indice d'une prononciation faible, qui nous
ramène encore au dialecte de Léon. La seconde met seule cette
lettre dans hamlouenas et dans hanegarat. Pour hatiiloneuas, c'est,
je crois, une affaire d'analogie (peut-être purement graphique),
d'après les cas comme inar baingnorant ; il est également abu-
sif dans... suruguen hambe%ou3 ne semblant justifiable que quand
uni n'était précédé ni du sujet ni du complément direct. Cf. ha m
be~et /.M' que je l'aie J 132 b ; hauiconffbet souvenez-vous de moi
B 494 (et ha~ ve~et aie J 141 b, voir Gloss. 6, 47).
Quant à hanegarat, c'est une métathèse graphique sans doute,
due à un scrupule étymologique, les 2 variantes annegarat (3e)
et anegarat (ic) étant phonétiques, pour ann hegarat, dont 1'/.'
ne s'entendait qu'en d'autres constructions. Cf. Rev. Celt.
XXXII, 283, 284.
14. Une autre indication relative à 17; léonais se trouve
Notes sur les textes aVIvonet Omnes. 133
dans la transcription francisée eues celui-là, près de Lander-
neau en 1543, cf. Rev. Celt. XV, 150-152; mot écrit alors
par ailleurs henne^, hene^, f. honne\ (auj. à Beuzec-Cap-Sizun
éné^, Francès), La variante moderne henhe citée Gloss. 316 ne
prouve pas ~ doux (dli), n'étant qu'une déformation acciden-
telle suggérée par la rime. Le van. henneh, f. honneh Cha!.,
henneh, honneh Ch. ms., henéh « celui-là (près) », f. honéh l'A.,
henneh f. honeh, n. henéh, heneah cela Gr., auj. henneh, hanneh
f. honneh Grani. Guillevic-Le Goff 2e éd. 35, à Houat hénéc'h,
à Hédic haniéch Loth Chrestom. 377, b. van. hinec'hLoth, éd.
de Chai, indiquent un ~ dur (//;). L'explication de hernie^ par
*henne-se Z2 396 est donc inadmissible.
Il y a pourtant aussi des formes en s. Chai, donne encore
hennés, f. honés que M. Loth regarde comme étrangers au van.,
mais qui sont confirmés par Ch. ms. : hennés, bonnes, par
Grég., qui a en van. honés, et parle sous-dialecte du Croisic,
qui dit seulement enneis, bonnets :kamered enneis udboch pre-
nez celui-là pour vous; houneis eo a fou nie roneik c'est celle-là
qui sera ma femme, Bureau ms. Le plur. en ce parler est seule-
ment er ré-%é; le moy. bret. avait an re se et renés (M 206),
comme le tréc. (ar) re-~e, (ar) ré-nes de nés (plus) près. La dis-
tinction de henne^ et d'un hen-nes qui répondrait à enneis est
moins facile à faire en tréc. et en léon. Pour ce dernier, Grég.
n'écrit que hennés f. bonnes, n. bennes, comme nés proche, va re
nés, van. me re nés mes proches.
L'explication de henne^, henneh par henn-guene^ « celui avec
toi », Pedersen Vgl. Gr. II, 194, suppose que c'est une inno-
vation armoricaine. Le mot rappelle pourtant le v. gall. hun-
noid, hunnuid m.,hinnoid n. ; binnuitb m., hunnuith f., hinnith
n. et pi. Mais M. Pedersen est d'accord avec M. J. Morris Jones
A Welsh grammar, Oxford 1913, p. 295, 299, pour voir là
une finale dh, que tous deux expliquent, d'ailleurs, très diffé-
remment, par le sanscrit ïha ainsi et par un suffixe -iyo-.
Quoi qu'il en soit, un //; se montre dans l'ancien gall.
ynoeth, ynaeth là, formes tirées de *eno-k-t-, *enâ-k-t-, ib. 432,
et devenues yno, yna. De là hon yna, bwna, celui-ci, f. bon yna,
hona, n. hyn yna, byna, p. 295 ; comiq. henna, f. honna ; van.
henna, hennan, f. honnan Ch. ms., hennan f. honan, bond Gr.
134 /'• Ernault.
henna, hennen, hannen, f. honna, bonnen Gramm. Guillevic-Le
Goff 35, etc., Gloss. 316. Le bret. heunc~, henneh, heneah
répondait régulièrement à un ancien *hen~(e)naeth, quasi gall.
*hwn ynaeth.
15. Le mot lac est certainement incomplet pour lacat ; je
crois qu'il en est de môme de vu pour v(e)n ou vu(en), uam
pour ua mu m (ce qui donne une autre rime intérieure : Mani-
ant), dameren pour dam meren ; on a omis des signes d'abré-
viation (cf. M 460). Sur des omissions semblables, cf. Rev.
Celt. XX, 395, 398; Une poésie officielle en moy. bret. § 3 (v. 3,
6), 25, 29.
16. Lac(at) las est peut-être un composé déforme ancienne,
comme en gall. llygadlas = « qui a l'œil bleu », cf. pen-
gamtn « qui a la tête penchée », Penven « qui a la tête
blanche », etc. Rev. Celt. XV, 388; Gloss. 474, 475. Pour
la suppression du g adouci, cf. dou glin, douglin, doulin, mod.
daoulin genoux. On pourrait aussi se demander si lac(at)
n'est pas ici employé comme féminin : il a ce genre dans
quelques sous-dialectes (cf. Gloss. 350; Mêm. Soc. ling.
VII, 387, 432, etc.), où l'on dit lagad chlas.
17. Dans louenas, ou est diphtongue (pzu), contrairement
à mous, hambe~ou, da vont. Cette contradiction est conforme à
l'orthographe des xve-xvie s., qui sur le second point avait
déjà subi l'influence française.
18. D'après l'explication probable, Vu se prononçait dans le
premier guen (blanc) et était muet dans le second (joue), qu'on
aurait noté gen en vieux breton. Ce nouvel exemple de
l'influence de l'écriture française se montre sûrement dans
boguen et surit guen.
On peut se demander si le premier u était prononcé par le
scribe ou, comme en Tréguiereten Galles, ou //comme en Léon
et en Vannes. Il est difficile de savoir si les deux variantes exis-
taient déjà.
Une question semblable se pose pour l'initiale de v(e)n ou
vu(eri), qui est if en Trég., ù en Vannes, v en Léon.
19. Dans ha quar (4e texte), il est probable que Vu repré-
sente ou. On trouve au xvie s. goar doux, gouar heureux. Le
renforcement de g après le mot ha(c) se montre encore dans
haquarredon et récompense M 292.
Notes sur les textes cFIvonet Omnes. 135
20. Le 3e texte enrichit le breton moyen de deux mots,
jusqu'ici insuffisamment attestés, cf. Gloss. 432,437.
D. Le Pelletier donne: « Mous, dans un vieux Dictionnaire,
est Fient, en Latin Fimus. Et selon M. Roussel Stercus. Davies
met Mivs, Fastidus, putidus, vapidus, rancidus, spurcus, hirco-
sus. C'est peut-être le même mot que Moùei, puanteur » ;
« Moùe~, Puanteur... Mofu\us, puant... Ce mot est de Léon,
ainsi que je l'ai appris de M. Roussel... Ceci est une dépen-
dance du précédent Moilès » ; « Moûés ou Moùess, Humide,
moite, qui est un peu mouillé. Moûesder, humidité. Davies
écrit Mwyd, Humectatio... Mwyth, Mollis... Mwythus , et Moë-
thus, mollicellus, delicatulus... » ; « Mousein, au pays de
Vannes, veut dire Vessir...de Moiie^, puanteur... »
Roussel ms. porte seulement : « moues humide, moite, qui
est un peu mouillé » ; « moue^, puanteur, mauvaise odeur.
moue^iis, puant qui rend une mauvaise odeur ».
Le Nomenclator traduit, p. 28, grouin d'un porc groùin vn
ouch, pe gant hiny e\ àiscar an bemou mous (= . . . avec lequel
il défait les tas d'ordures).
En van. Châl. a « mousein vêner, vessir » ; au dict. ms.
mous vesse, mousour (vesseur), mousein vessir ; l'A. wow^(flatus),
mou^e m. pi. -%eu; mouférr f. -%eréss ; mousein; Grég. mousér
pi. y on, y an, f. mouserès pi. ed; mousein.
Henry regarde le van. mours excrément humain (Grég.)
comme altéré de mous. M. G. Esnault, Danve^ geriadur, Quim-
per 191 3, p. 25-27, distingue deux mots différents : l'un
d'origine brittonique, van. mou^, répondant au gallois mws
puanteur, puant (cf. Loth, Rev. Celt. XX, 348 ; Walde Latein.
etym. Wœrterb. 2 v. mulier, mustus), l'autre emprunté au franc.
mousse au sens populaire ou argotique d'« excrément », d'où
mours, et aussi en argot rochois war ar béous (1867) ou de-
dans la campagne, sur la rue, dehors, proprement « sur la
crotte », la diphtongue provenant d'une prononciation mëeûs
mousse, usitée en gallo. Ma comparaison du mot rochois avec
beauselenn bouse peut être trop lointaine ; resterait à examiner
le rapprochement plus topique de bans f., en bas Léon litière
qu'on met dans la cour et dans les chemins à pourrir pour faire du
fumier Gr., en haut breton ///; vau, Gloss. 55, 56. J. de la
i}6 E. Ernault.
Passardière cite « baos et maos, vaux », Rev. de Bretagne, août
1910, p. 92 ; D. Malgorn donne à Ouessant^;/ or vao^ la porte
de derrière la maison, Ann. de Bref. XXV, 294 (et bè^êll, à
l'île de Sein beadel bouse, 206).
Les notes manuscrites de l'ah. Estienne, qui contiennent des
observations sur le breton de Trélevern, plus ou moins faus-
sées quelquefois par la préoccupation étymologique, portent :
« Bewoui de bevan nourrir... Campagne. Toi, le^el war ar be-
wou% jeter, abandonner à la campagne c. à d. dehors ». Selon
l'ab. Bourdellès, « ce mot vient des matelots et des bateaux ».
Une déformation bizarre de moues! humide est en haut Trég.
mouésp qui a pris la finale du syn. gîoep. Il a pu se produire
bien d'autres croisements, entre les mots qui, à des degrés
divers, rappellent mous pour le sens et pour la forme.
21. Grég. donne boguennpl. ou ramas, assemblage de plu-
sieurs choses ; entortillement de cheveux (syn. de treççadur
bUau); Le Gonidec hôgen f. pi. -miou ramas, assemblage,
amas de diverses choses ; bôgenna ramasser, faire un assem-
blage, un ramas de plusieurs choses , sTroude hogenn f.,
bogenna. Henry identifie hôgen = « fait de rapprocher, addi-
tion » à hôgen mais, = « au surplus » ; ce qui est au moins
exagéré. Haguen, Cathell 22, doit être une faute. La rime de
hoguen en on V 31 est douteuse. On lit hoguen mais Maun.,
boguen, hegon Gr., hoghen, hegon. mais, cependant, néanmoins,
pourtant Pel., « hoghen, hoghon, hegon. mais, cependant, néan-
moins, pourtant, v : hoghoun pourtant» ReI ms., hôgen, hegon
Gon. Troude regarde à tort hegon comme van., le mot
manque à ce dialecte (et à Beuzec-Cap-Sizun, Ouessant,etc).
Il répond au moy. gall. hagen, v. gall. hacen mais cependant.
Son vocalisme semble avoir été influencé par celui de hogos
près, presque. M. Morris Jones indique, p. 443, cf. 441, la
possibilité d'une explication de hacen par *aggiseni, locatif d'un
comparatif de *aggos pour *at-ghos-, composé de *at, mais, lat.
at. Le gall. agos près viendrait d'un autre *aggos-, formé de
même de *ad à, lat. ad. M. Pedersen, qui garde la comparai-
son du 1. angustus, I, 161, pencherait vers un emprunt du
brittonique à l'irlandais (oeus, acus, accus près, ocuis, ocus,
acus et). La citation de hogo^, au Dict.ctxm., se rapporte à J (et
Notes sur les textes d'Ivonet Omîtes. 137
non M) 185 ; cette variante unique doit être une faute. Maun.
a bogos, hogosic presque; Gr. hogos, hogosicq, gosicq (cf. Gloss.
325); Pel. « Hogos et Hegos : et selon M. Roussel, Ogos et
Egos, Presque, approchant de, près de. Hogos wen, presque
blanc... Hogosic, presque tout-cà-fait, il s'en faut si peu que
rien »; « Egos, Presque. Egos ven, presq ue blanc. M. Roussel
vouloit que ce fût pour Eghis ». Pel. reconnaît n'avoir
« jamais lu dans ses anciennes pièces ni Egos, ni Hegos » ; il
regarde ogos comme le meilleur, « quoique Egos, ou Hegos
soit bon ». Ceci s'appuie sur des analyses étymologiques
insoutenables. Rel ms. porte, après l'art, hoghen : « hagos, Agos,
hogos. presque, approchant de, près de. Agos collet, presque
perdu » (article influencé par le gall. agos, cité par Pel. ?) ; et
à son ordre alphabétique : « Ego~ presque vieux » (méprise
pour egos «)-?). Le Gon. ne fait pas la mutation dans bôgo~
marô presque mort; il a aussi hégos, peut-être d'après Pel.
Troude attribue au cornouaillais hogos, hogo%, hegos, au cor-
nou. et au tréc. go~ik : go^ik maro. Du Rusquec ajoute go~ ou
ko% presque, ko% échu presque fini, presque terminé, et à ce
propos cite, entre autres, a go^ anciennement. C'est le sens des
composés de co% avec un participe, cf. Dict. étym. et Gloss.
22. Sur le panais (5e texte), d. encore ce proverbe d'Oues-
sant (D. Malgorn, v. « péz » : Pe\ ha pane% — Boued Moîene^ ;
— Pe^ ha fa — Boued Eusa (Des pois et des panais, nourriture
de Molenes ; pois et fèves, nourriture d'Ouessant).
23. Suruguen n'était connu que sous la forme suluguenn
pain cuit sous la cendre Cath., mod. id. pi. ou Grég. Si quelque
autre mot a aidé au changement d'r en /, d'ailleurs fréquent
(cf. Gloss. 636, 637) ce serait 5/// dimanche.
La comparaison que M. Loth a faite de l'adj. gall. sarug est
convaincante, cf. kra^en f. pi. -nnou rôtie, tranche de pain rôti,
Gon., etc., de kra^ sec. Mais on peut se demander si une asso-
ciation populaire avec le mot.wr sur, acide (Gloss. 669) n'est
pas nécessaire pour expliquer le premier u.
Bien que cette voyelle soit fort envahissante de sa nature,
elle fait d'ordinaire changer un a précédent, non en u, mais
en e, cf. M 1689. Il y a très peu d'exceptions, comme : le petit
trécorois rukun répugnance, dégoût, moy. br.rancun, rencun,
138 E. Ernault.
recun rancune, indignation, cf. Gloss. 560. Pel. donne « Renaui,
Selon M. Roussel, et l'usage de Léon et Cornwaille, est Hor-
reur, frayeur, répugnance, aversion », qu'il tire avec raison
du fr. rancune; Rel ras. « Rencun, Rancune » ; Grég. recun,
rèncun, van. rancu, rancun rancune.
24. Un rapport semblable peut se trouver entre dastum, des-
tina ramasser Gloss. 146 et la forme qu'on lit Rel ms. : « tru-
buill comme adverbe signifie avec excès, excessivement, supé-
rieurement, a faire peur, a faire trembler, tud a yoa trubuill "en
em çustumet il sétoit Ramassé du monde à faire peur, pour dire
une quantité prodigieuse ». Mais à l'ordre alphabétique il n'y a
que « Dastum v : destum », et chez Pel. « Dastumi, Amasser,
ramasser... J'ai lu dans un vieux Dictionnaire Dastum, embal-
ler, recueillir... » Maun. donne dastum amasser, assembler;
Grég. dastum, dastumi, destum, destumi, déstumi, van. dastum,
dastumein amasser, accumuler, assembler, rallier, ramasser,
recueillir, cueillir, moissonner, compiler ; dastum pi. ou, van.
eu, eu amas, ramas, recueil, compilation, collection, collecte,
cueillette, ralliement; dastumer p. -éryen, dastumèr p. yen celui
qui amasse, qui accumule, dastumer p. -érxen cueilleur et dés-
tttmcr p. yen compilateur ; Troude dastum, destum m. amas,
assemblage. A Ouessant destum amasser (D. Malg.) ; Trég. en
em dastum se réunir; mad e war an destum il est bon pour
amasser, pour sa poche (Even). Il est possible que dans le
ms. Vu de -ustumet soit un écho purement machinal des trois
u qui précèdent. Il faut pourtant noter que Bullet donne, à
son ordre alphabétique, « Dustum-Etre-E-Diurech, accoller.
B. » qui doit venir d'une source assez ancienne (mod. dastum
être e givrée h accueillir entre ses bras).
25. L'accumulation des // peut expliquer aussi tnbut dans
Une poésie officielle en moy. bret.v. 1 : Ma hanofrescq mescq tut
hep tubut eu Brut-us « mon vrai nom parmi les hommes, sans
conteste, est Brutus », bien que les 4 ms. concordent. Le bret.
moderne n'a que tabut dispute; un vers de rédaction certaine-
ment ancienne, cité Rev. Celt. XX, 244, a la même locution
(Ji)ep tabut (rimant à Bm/-oc). Le mot se trouve aussi dans
deux cantiques du Doctrinal, cf. Arcb. f. celt. Lexikogr. I, 378,
578, 626.
Notes sur les textes d'Ivonet Omnes. 139
26. Paluhenn pesseau, paluhat pesseler Gloss. 456, 457, 377,
378, ont dans la langue mod. a ou e: « peluchen s. f. paisseau,
peluchât pesseler, ar goa^ed a ve% 0 vraheat hag ar merched 0
peluchât » (les garçons sont à broyer et les filles à pesseler)
Mil. ms.
Un mot déforme voisine n'a que a et u : palnchet pulvérisé,
foudroyé, palumet (lin) desséché, brûlé, puluchet, pulluchet,
pitlufret brûlé, puchuilkt consumé, détruit peu à peu, Gloss.
456, 457; « Pulluc'h subst. f. brûlure, ce qui est entièrement
consumé, er balluch a %o en am^er » (litt. une brûlure est dans
le temps); « pulluchi v. a. et n. brûler, consumer, ce mot est
très fort et a le sens de réduit entièrement en cendre lorsqu'on
parle d'un objet, tan gwall a %p bet eno, ha pulluchet eo bernent
ho doa an dudkei^ » (l'incendie a été là, et tout ce qu'avaient les
pauvres gens a été réduit en cendres), « après devi, brûler, il
reste parfois autre chose que de la cendre, loshi c'est brûler,
être ardent, sentir l'effet pénible du feu ; poa^a, brûler, cuire
de manière à détacher la peau ou les chairs, suilla brûler, rôtir,
flamber, passer au feu ». Pour compléter la synonymie, ajou-
tons : tana brûler, être ardent Pel., « tana donner la question,
par le feu brûler, allumer, tana ar biben, allumer la pipe »,
« tana, tant, échauffer, tanet t va %reit, mes pieds sont échauf-
fés » ReI ms., tana ur redonner une touche de feu à quelqu'un,
tana e dreid, rei an touich-tan ou rei touichou-tan , da un tor je-
teur « donner la gêne, ou la question du feu à un criminel »
Gr. ' , etc. ; eîïtana tyur re-bennac, entana ur remettre le feu sur
quelqu'un, faire un incendie Gr., etc. (tangiualla incendier,
dans le Geriadur Bihan... de M. Jaffrennou, doit être un
néologisme).
1. Cf. son article rôtir. L'a.uteur traduit « Gène, la question du feu » :
an touich-tan, qistion an tan, ar guistion-dan, « âls, tdnar. id ë, tan-ardant».
Pel. donne : « Tana, Dans le Nouv. Diction, est Donner la question, par le
feu, selon la coutume du Parlement de Bretagne, où l'on brûle les pieds en
les approchant peu à peu du brasier, à mesure que l'on veut contraindre
le criminel ou accusé d'avouer ce dont on l'accuse et ses complices. Fure-
tiere, qui en fait venir le Fr. Tanner, molester', etc. l'a mal écrit Tanar,
inconnu à tous nos Bretons, même à M. Roussel ». Le Dict. de Trévoux
porte : « Taner vient de tanar, mot Celtique ou Bas-Breton, qui signifie
géhenne ». Furetière a dû prendre ce mot au « Nouv. Diction. » cité par
140 E. Ernault .
Il n'est pas sûr que ce groupe soit d'origine identique au pre-
mier ; il est possible que Va s'y soit introduit par l'influence de
celui-ci. Malgré l'absence d7, on est tenté de partir de peur- ou
ùur--\- litc'h, ci.lucheJenn, luvedenn éclair Gloss. 377.
Un 3e groupe est formé par pullucha, pitUuchat p. et briser,
réduire en petits morceaux Trd, pullucha « c'est bruller, con-
sumer réduire en poudre et en poussière. Pulluchei e voe
kement ira a chellas an tan kregi enn-han » (tout ce que le feu
put atteindre fut réduit en poudre) Mil. ms. Cet exemple
montre une association d'idées avec puttuc'hi, mais pullucha
est confirmé par la variante « pu~uilla. S1 Pol et environs, cas-
ser, ou briser en mille morceaux, se dit d'un objet en terre,
verre ou autre matière ». On peut comparer brein pu^nl « tout
à fait pourri », que Grég. donne avec bretn-pe^el; moy. bret.
pG(el blonce ; peren pt\ell poire molle Maun., « pe^ell, mou,
comme ce qui est pourri, et même pourri Lôr pe~ell, Ladre
pourri, pourri de Lèpre, peren pe~ell, poire molle, presque
pourrie » Re! ms., lovr-pe^el p. lovrc\en-pe~el « ladre verd, ou
ladre confirme » Gr., h. tréc. poué^el (poire) blette, à Beuzec-
Cap-Sizun pe\êl, d'où pè^élat devenir blette (Francès) ; cf.
Gloss. 485. Un doit provenir de la première syllabe, d~. u~uilh
suie, cà Ouessant, etc., M 2332; sugullou traits des chevaux
(Ouessant), etc. De*pi^ell-, *pê~ell-} Cf. v. fr. « char sorce-
mée communément ou pe^ellouse en langue » (1297) viande
d'un animal qui a des pustules sur la langue (sorcemé, sour-
samé = ladre, ulcéreux, particulièrement en parlant de la
viande de porc, God.)
27. Le mot d'Ouessant pêsuilhadénn grillade de poisD. Malg.
est différent. Il a l'air d'un composé ancien de pe\ pois, avec
*su!yadenn grillade. Mais il peutaussi être dérivé d'une expression
pt\ suilh pois grillés, comme en franc, charcuterie de char
cuite. Gr. donner/?/; brûlé ; Rel ms. «Suill, est L'action de la
Pel. ; il lui a machinalement donné une terminaison romane d'infinitif,
tout en le traduisant par un nom ; cette série d'erreurs a produit le pré-
tendu mot ancien relevé par Grég., qui l'a doté encore d'une étvmologie
fantastique. Ce « Nouveau Dictionnaire » est assez souvent cité, mais
vaguement, par Pel., qui nous dit, v. cos, qu'il « met... Cosni, caducité;
quoiqu'il soit fait vers le pays de Vannes ».
Notes sur les textes d'ivonet Omnes. 14 ï
flamme qui grille et la chose qui est grillée» ; Gon. sûlm. « ce
qui est un peu rôti, ... brûlé à l'extérieur » ; choue\ ar su\
(odeur de brûlé) ;Trd snill m. odeur de brûlé, de roussi. Il est
curieux que, dans le Midi, la chaleur du foyer soit assimilée à
celle du soleil, comme en breton, mais sans que la comparaison
ait cessé d'être sentie : faire souleia Ion fricot mettre la broche, li
canso souleiado (il aime) le rôt, dôu souleia (donnez-moi) du
rissolé (Mistral '). Cf. avel \uïïl vent brûlant, etc., Rev. Celt.
XII, 414, 415 ; « morsill et morsuill, vent brûlant, lequel est
nuisible aux fruits de La terre et particulièrement aux fleurs
des arbres » ; « Snilla, Rôtir un peu, bruller, flamber,
griller. Il se dit de tout ce qui est un peu grillé de la
flamme, approchée de trop près, du pain roussi par dessus
par la grande chaleur du four, des menues herbes etc. qu'un
vent brûlant flétrit, d'un poulet passé au feu » ReI ms. Pel.
donne : « Snilla, Rôtir la chair, la faire cuir (57V /) au feu sans
eau. Le Nouv. Diction, porte Snilla, rôtir un peu ». Ceci
encore n'est pas vannetais de forme. Suein, donné en ce dia-
lecte par Henry, Lex. 257, est une faute pour suilhein. L'A.
donne souillein flamber de la volaille ; brûler à la flamme pour
ôter le duvet; rôtir (un bâton) ; griller, chauffer trop ; hâler ; cet
ou a dû être favorisé parla réminiscence du mot souiller. Ch.
ms. a moursoùillein brûler quand c'est un mauvais vent qui
brûle ou grille ; un aiïel moursouillus un vent brûlant ; « Haler
moursoùillein pour des arbres ». Cf. sillek (grain maigre et)
raboteux Est 18, silkkoh (grain) plus raboteux L. el lab. 42,
variante de suilhek brûlé par le soleil. Hors de Van., Gr. a
le dérivé suilhadur action de rôtir.
28. Nep prêt jamais, est ailleurs en moy. bret. nepret, cf. M
2588. Gr. donne nepred « jamais, parraport autems présent».
Cette restriction est ici contredite par le contexte, indiquant
quelque promesse faite sous condition. D'après son étymolo-
gie, « en aucun temps », l'expression était indifférente à cet
égard; en fait, elle se rapporte au futur, B 37; au condition-
nel, N 1 1 1 2, J 88 b ; au passé 28, B 51.
1. Les variantes soulia, souliado, sont expliquées comme venant de sou-
leia-. La forme du Bas-Maine soulaj ardeur du soleil (Dottin, Gloss.),
paraît se rattacher directement au lat. sol.
142 /*.'. Ernauît.
29. La syllabe finale va (Rev. Celt. XXXIY, 243, 247) sur
laquelle on serait tenté de greffer du breton, est en réalité ra,
écho de et cetera ; la reproduction photographique donnée au
Bull, de ÏAcaà. des Inscr. et Belles -Lettres, 19 13, p. 26, en
montre un autre exemple à la suite d'une ligne exclusivement
latine.
E. Ernault.
QUESTIONS DE GRAMMAIRE
ET DE LINGUISTIQUE BRITTONIQUE
(Suite)
II
LE CORNIQUE MODERNE
TRAITS PRINCIPAUX DE SA PHONETIQUE ET DE SA SYNTAXE.
Introduction :
Ce qu'il faut entendre par corniqjje moderne.
A ne prendre que les textes, seul Giureans an bys, The
Création of the world, écrit vers i6n, représenterait le cor-
nique moderne par certains traits qui se retrouvent, en effet,
dans ce qui nous reste de la langue à une époque postérieure.
On les trouve ainsi énumérés par Whitley Stokes, dans son
édition de Gwreans, p. ex. :
i° La vovelle e devient souvent a : carenga pour kerenge.
2° //; et gh (ch) à l'intérieur du mot et à la finale, sont
muets et sont en conséquence échangés l'un pour l'autre :
inarth, cheval, segh (pour seth, flèche).
3° m(mni) est devenu bm : m'abm, mère.
4° n(n/z)est devenu du : radn, part.
5° g doux pour s est plus fréquent : canhagôzue, messagers.
6° : quelques faits d'orthographe plutôt que de prononcia-
tions : a) e inorganique à la fin des mots : baive uiabe, et mon
fils ; gwreage, femme — b) i pour // : idn, un, et //;/ — c)ea
pour ê ' : eall, ange ; luheage, doux — d) oo et oe pour ô : oole,
pleurer ; boes être, etc.
7° L'infixation pronominale est moins fréquente ; me ew
i . ta marque aussi le timbre plutôt que la longueur.
1^4 /• Loth.
bernois, je suis appelé, au lieu de ym gylwyr (passage corres-
pondant dans YOrigo mundi).
8° Les emprunts anglais sont en beaucoup plus grand
nombre.
Ces traits, dont quelques-uns se montrent déjà dans Beunans
Meriasek, appartiennent bien aussi au comique postérieur.
Mais ce sont là des caractères que j'appellerai superficiels; et à
ce point ce vue, mon ami Henri Jenner a raison, dans son
Handbooh (p. x-xi) de dire que la différence entre le comique
moyen et le comique moderne était plus apparente que réelle.
Et de fait, dans la langue littéraire, elle ne devait pas être grande.
Il est très probable que si nous possédions un drame cor-
nique de la tin du xvne siècle, la langue de ce drame ne diffé-
rerait guère de celle de Gwreans. Mais il y avait à côté de la
langue littéraire, la langue purement populaire. C'est de cette
langue qu'il connaît si bien que nous parle Henri Jenner
quand, après avoir très justement apprécié les rapports
du comique moyen et moderne littéraire, il ajoute qu'il faut
cependant mettre à part la dernière période de la langue,
lorsque la langue survivait seulement dans la bouche des per-
sonnes les moins instruites : ce qu'on appelle des corruptions
était dû en grande partie à des différences d'orthographe, à
un manque d'appréciation des consonnes finales presque inaudibles,
et à l'intensification de tendances phonétiques existant à une époque
beaucoup plus ancienne. C'est la langue de la dernière période
obéissant sans contrainte à ses tendances et lois phonétiques
que j'appellerai comique moderne. Il est clair toutefois que, du
moment qu'une langue est écrite, s'il existe quelques textes
antérieurs connus des écrivains, ils subiront consciemment
ou inconsciemment l'influence de la tradition. Nous n'avons
donc jamais, ou à peu près jamais, la langue populaire comique
entièrement pure. Mais elle se présente avec des traits suffi-
samment caractérisés dans toute la littérature qui va depuis
1667 (The Story of John of Chy-an-Hzvr) jusqu'à la fin, et dont
tous les documents sont énumérés par H. Jenner (Handbook,
p. 33 et suiv.). Ce qui doit d'ailleurs nous rassurer, c'est
l'incapacité de l'homme qui, pour tous ses contemporains,
connaissait le mieux le comique au xvme siècle, John
Questions de grammaire et de linguistique brit tonique. 145
Keigwin, à comprendre le comique moyen de Pascon et
de Gwreans. En revanche, il ne faut se servir qu'avec précau-
tion des œuvres d'Edward Lhwyd. D'abord, il a utilisé le
texte et les traductions de Keigwin. Ses sources sont de
diverses valeurs : il nous les indique dans la Préface de son
Archaeologiap. 222 ;il a entendu des mots comiques prononcés
par les habitants de Saint-Just-in-Penwith ; des notables (Kei-
gwin, Estwik, Jenkins, Boson) lui en ont fourni un bon
nombre ; enfin, il a tiré la plus grande partie de sa connaissance
du comique, de trois livres comiques traduits en anglais par Kei-
gwin, le plus savant homme, sans conteste, en comique. Le cor-
nique moyen est donc mêlé chez Lhwyd au comique moderne.
Si on peut se fier à sa transcription pour les mots qu'il a
entendus lui-même, il n'en est pas tout à fait de même pour
ceux qui lui ont été fournis. Les textes qu'il avait sous les yeux
étaient remarquablement incorrects. Aussi, les contradictions,
les erreurs et les notations fausses ne sont que trop fréquentes
dans son œuvre. Trop souvent, il a recours à l'analogie
d'après le gallois (et même le breton). Ce fait n'avait pas
échappé aux Comishnen. Dans une lettre conservée dans les
Gwavas mss. (Brit. Mus. Add. ms. 28. 554, p. 45) Boson (si
je ne me trompe) dit à son interlocuteur en parlant de
Lhwyd : na algia ea clappia na scrcffa Curuooack pocarra why ;
Thera moy gembrack peath rig ea gweele, « il ne pouvait parler
ni écrire le comique aussi bien que vous; ce qu'il a fait était
plus gallois. » Il y a notamment de graves erreurs de syntaxe
qui lui sont venues du gallois et qui prouvent qu'il n'a
pas beaucoup conversé, en comique, avec les gens du peuple.
Quoi qu'il en soit, en nombre de cas, pour la prononciation
sincère du comique, son témoignage est précieux. Il est cor-
roboré par d'autres et même par la prononciation actuelle des
noms de lieux. Dans l'étude qui suivra le présent travail, je
relèverai les erreurs dans lesquelles est tombé cet homme
d'une science si remarquable pour son temps et qui a rendu
au celtique de si inoubliables services.
Le comique moderne, tel que je l'ai délimité plus haut,
offre un phénomène unique dans les langues celtiques, car le
breton lui-même, si près des sources populaires, a subi forte-
Revue Celtique, XXXV. 10
146 J. Lotb.
ment l'influence de la tradition écrite : au moment où il était
en voie de disparition, pas un seul texte comique suivi n'avait
étc imprime. Aussi trouve-t-on, dans ce qui nous reste du cor-
nique populaire, les tendances phonétiques de la langue déve-
loppées avec une liberté complète ; l'agent d'évolution princi-
pal, l'accent, y exerce son action sans contrainte : aussi avons-
nous l'impression, quand on compare cette langue à celle des
Mystères, cependant si rapprochée dans le temps, d'une évo-
lution presque subite et d'une incroyable rapidité. En réalité,
la langue semi-littéraire plus conservatrice des Mystères, a
dissimulé pour une part importante l'évolution qui se pour-
suivait dans le langage populaire.
Outre les textes qui servent de base à cette étude et dont
on trouvera rénumération plus bas, dans la liste des abré-
viations, je m'appuie, en dehors des questions de syntaxe
naturellement, sur la prononciation actuelle des noms de
lieux et de terres en Cornwall. Comme l'a montré Henri
Jenner dans son Hamibook et diverses publications ', l'accent
dans les noms de lieux est resté à la même place qu'à l'époque
où la langue existait. L'accent est, en général, sur la pénul-
tième dans les mots de deux syllabes ; dans les composés, c'est
sur l'épithète : Tre véan, mais Hén-drea ; Chy-tân, Tre-jagu.
L'article, les prépositions, restent atones ou disparaissent. Ce
fait s'explique assez facilement. L'anglais est beaucoup moins
destructeur des noms comiques que ne l'est le français des
noms bretons. Dans les dissyllabes, l'accent est à la même
place. Dans les composés où l'accent est sur le second terme,
comme Tre-véan, le sens n'étant pas senti, Ire a la valeur
d'une particule atone. Enfin, dans nombre de noms de lieux
anglais composés, l'accent est sur le second élément : Torquay,
(pron. Tô-kt), New York, Netvhâven, Boscâstle, Southâmpton,
etc. '. Quoi qu'il en soit, la conséquence de ce fait important,
est que nous pouvons actuellement étudier l'accent comique
avec ses effets sur le vivant: nul besoin ici de reconstitution :
1. Cornish Place- natnes (reprintjrom n° LVI Journal oj the Ro\<il Institu-
tion ot Cornwall) — Cornish Place-names, a lecture given .// the Trurochurch
Iustitute, Décembre 6, 1910 (Truro Diocesan magasine).
2. Cf. Jespersen, A modem English Gratnmar, p. 152-154.
Question de grammaire et de linguistique brittonique. 147
la langue survit vraiment dans ce domaine, il est vrai, bien
restreint. Il était néanmoins à prévoir que l'anglais exercerait
son influence d'une façon nuisible à la pureté de la tradition,
en particulier dans le vocalisme. Les voyelles, dans le voisinage
de / ou r qui sont articulés comme en anglais, ont modifié
leur timbre et leur quantité. Rosmergî se prononce Ros-môge;
Bos-worlas se prononce B^ôks etc. La prononciation a aussi,
dans certains cas, une tendance à se modeler sur la forme
écrite et suivant les lois de l'anglais : prà\ (pré), écrit pra^e,
se prononce/?/?"? ; brâ%, grand, brë% ; or, de nombreuses graphies
au xvne et xvme sièclesprouvent que â dans ce cas, se pronon-
cerait à peu près comme 0. Kelinack (endroit à fougère), en S'-Just,
se prononce Kdlâinsc. Et quand il s'agit de noms de champs et
terres, il n'est pas rare que le fermier ou propriétaire actuel ne
les connaisse que par la forme écrite. J'ai pu, par l'intermédiaire
d'amis comme le Rév. Taylor de Saint-Just en Penwith, et
Henri Jenner, entrer en relation avec des personnes offrant
toutes les garanties possibles au point de vue de la sincérité
de la proonciation dans la région de Land's End et du cap
Lizard ' .
Outre les noms de villages, j'ai eu à ma disposition les
noms de terres et champs portés au cadastre des paroisses
grâce a l'obligeance de Rév. Taylor et de ses aimables con-
frères du clergé anglican. Ce cadastre a été rédigé vers 1843
et porte le titre qui en indique le but de : Apportionment of
tbe Renl-charge in lieu of tithesin the parish of... J'ai pu constater
que plusieurs reposent sur des documents de la fin du xvme
siècle, en tout ou partie. A Penzance, dans l'étude de
Mr Cornish, avoué, qui avait mis ses documents à ma dis-
position, j'ai pu copier les noms de champs et terres non
seulement de paroisses mais aussi de manors ; certains docu-
ments, par exemple, ceux qui concernent les manors de Tre-
gaminion en Morvah, Bossigern en Zennor, remontent à 1782.
Je donne les transcriptions phonétiques des noms de villages et
de terres dont j'ai pu vérifier la prononciation. Pour abréger,
je fais suivre ces noms ou termes simplement du nom
1. J'ai aussi des remerciements à adresser à ce sujet à MM. Thomas et
Shepherd, de Mullyon.
148 /• Loth.
de la paroisse. Un nombre respectable des terres ou champs
ont conservé des termes comiques, au moins dans le sud.
Dès qu'on s'avance vers le nord, si les noms de villages sont
comiques en grande partie, les champs sont anglais. J'ai
constaté le fait pour Redruth même qui n'est cependant qu'à
quelques lieues de Penzance. A Helston, en Trigg, tous les
noms de champs sont anglais, quoique les noms de villages
soient, en majorité, comiques. Voici les noms de paroisses
dont j'ai relevé le cadastre : Saint-Just en Penunth, Sennen,
Burxan, Sx-Levan, Sancreed ', Mullyon (et les environs), Mad-
dron, Gwinear, Forrabury, Liskeard, Blisland, Phillach, Endel-
lion, S^-Cohimb minor, Bodmin, Guîval, Sx-Erth (anciennement
Sx-Ergli), S'-Hilary, Ludgvan, Redruth, Maraifon, S^-Ives,
Paul, Uny Lelant. J'ai relevé aussi la prononciation de noms
de lieux en Morvah, Zennor etc. J'ai pu également avoir la pro-
nonciation de mots comiques en usage encore, particulière-
ment chez les mineurs, grâce à l'amabilité de M. Williams,
town-counsellor, de S'-Just ; ces termes ont, en général, été
publiés, principalement par Jago, et dans YEnglish Dialectal
Dictionary de Wright 2.
Voici la liste des autres documents dont je me suis servi :
John-Tshei-an-Hivr : The story of John ofChy-an-Hur, écrit
vers 1667 3.
Lhwyd; Grammar (dans YArchaeologia), Préface (en cor-
nique), ibid., Vocab. (ibid. : Comparative vocabularx of the ori-
ginal langnàges of Great Britain and Ireland).
Genèse 3 (3e chapitre de la Genèse : publié par moi avec
trad. et commentaire dansi?t'i7^ celt., XXIII, p. 172).
Mathieu 2, 4 (2e et 4e chap. de S' Mathieu : ibid. p, 193,
185).
Comm. Dieu (Commandements de Dieu : 2 versions : Revue
Celt. XXIV, p. 1).
1 . Prononcez Saucr?s.
2. Au point de vue comique, il v a de bonnes transcriptions dans ce
dictionnaire, avec quelques erreurs.
2. Voir Jenner, HanJbool;, p. 33. Je me sers de la version de Lhwyd.
Il v en a deux autres. Celle des Gwavas Mss. a une orthographe dif-
férente. Lhwyd se sert de son orthographe phonétique propre.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 149
Nebbaz Gerriau (Nebbai Gerriau dro tho Curnoack; c'est
l'œuvre de John Boson de Newlyn, né en 1655, mort entre
1720 et 1745 ; l'ouvrage a été écrit 1700. Comme le dit
Henry Jenner, ce court traité a un grand intérêt, parce que
l'auteur, homme instruit, n'avait, comme il le dit lui-même,
appris que l'anglais dans son enfance, etavaitfini par acquérir
une connaissance sérieuse de la langue parlée de son temps,
sans avoir jamais eu sous les yeux aucun document littéraire cor-
nique. Ce traité a été imprimé avec une traduction anglaise
dans le Journal of the Royal Institution of Cornwall. Le texte
est assez défectueux ' .
Addit. mss. (Additional mss. 28.554, British muséum): c'est
la collection connue sous le nom de Givavas mss., faite par
William Gwavas de 1709 à 1736. Les morceaux dont je me
sers ont paru en grande partie dans Y Archaeologia de Pryce.
Quelques-uns sont inédits (Jenner, Handbook, p. 36.4, p.
38.15 ; 39.18; p. 41. 1, 2, 3, 4, 5).
Je n'ai pas négligé la lettre malheureusement si courte de
William Bodener, laquelle par sa date, 1776, a une grande
importance ( J. Loth, Archiv fur Celt. Lexic. 1898).
J'ai remplacé les transcriptions phonétiques de Lhwyd
{Arch. p. 225) par des signes plus usités, d'une impression
facile et aussi plus exacte ; par exemple, un de ses a, celui de
ail, mail, je l'exprime par 0 (très ouvert) ; j'exprime son v
(money, b/rd) par ô dans certains cas, généralement par d. Le
schwa a des valeurs diverses : c'est un son à peine perceptible
dans des cas comme Bi^ôhs qui est devenu B^ôhs et Zôhs.
Dans d'autres cas, c'est une voyelle moyenne, très difficile
à déterminer, dont le timbre varie suivant les consonnes qui
la suivent ou qui la flanquent 2. A la finale, et aussi dans
certaines particules prétoniques à la fin de la syllabe, cet e
confine à a assourdi : (da pour dd\ ma pour ma).
1 . On lit dans le Journal : Copy of a ms. in Cornish and English from
the mss. of Dr Borlase, who observes on the cover : « N. B. — I bad this
Ms. from Mr. Ustick vicar of Breage », in whose writing it therefore pro-
bably is. Ustick mourut en 1760. Cf. Jenner, Handbook p. 32.
2. Cf. e dit muet français (Rousselot et Laclotte, Précis de prononciation
française, pp. 35-36; 101-104); cf. Jespersen, Engl. Gr. p. 423. i;,|.
PREMIERE PARTIE
LES TRAITS CARACTÉRISTIQUES DU CORNIQUE MODERNE
CHAPITRE I
Ceux qui sont dus à l'accent.
L'accent comique est un accent énergique, intense, accom-
pagné d'élévation de la voix. En dehors de l'hiatus et de la
contraction, il n'ya pas à proprement parler devoyelle longue
dans les polysyllabes, excepté dans les composés dont l'accent
est sur le second terme monosyllabique. Dans ce der-
nier cas, la loi est la même que dans les monosyllabes. Dans
les monosyllabes la voyelle est longue, comme en gallois et
en breton1, lorsque la voyelle est suivie d'une seule consonne
ou de deux consonnes réduites à une spirante, / excepté. Les
prétoniques et posttoniques sont toutes altérées ; leur voyelle
disparaît ou est réduite autant que les lois de la prononciation
et les nécessités de l'articulation comique le permettent ;
la syllabe ou même le mot prétonique peuvent disparaître
lorsque le sens n'exige pas impérieusement leur main-
tien.
Dans les monosyllabes, les lois sont les mêmes qu'en cor-
nique moyen ; aussi n'insisterai-je sur ce point que pour cons-
tater leur accord .
Quantité des voyelles dans les monosyllabes
§§ i : A. La voyelle, lorsqu'elle nest pas suivie de deux nasales
(primitives ou provenant de nasale + consonne assimilée) ou
liquides2 est longue. Les spirantesc/;, th représentant des occlu-
i . En breton, les monosyllabes terminés par une gutturale ont, en
général, la voyelle plutôt brève : kic et non klg.
2. Pour rr, il semble qu'il y ait eu la même réduction de la consonne
qu'en breton : voir plus bas.
Questions de grammaire et. de linguistique brittonique. 151
sives doublés ; s représentant deux s, sont précédées d'une
voyelle longue; la spirante v, de même. Il en est de même en
gallois, et en breton, en exceptant toutefois dans cette der-
nière langue r ' .
La longueur chez Lhwyd est exprimée par le circonflexe.
Elle l'est plus rarement dans les autres textes, mais on peut
facilement la reconnaître à d'autres traits : i° au redou-
blement de la voyelle (taan, feu); 20 à la présence d'une
voyelle non étymologique à la suite de la voyelle accentuée
(jnoar, mer ; tues, gens), quand ce genre de graphie (ea, oa)
n'indique pas le timbre ; 30 à la présence à la finale d'un e non
étymologique2 ; 40 au fait que la consonne finale est une
occlusive sonore (mâb,wheg etc.); 50 pour /final, à la diphton-
gaison (nei nous, hivei, vous, niaise/ (ehee), toi).
i° voyelles finales : elles donnent l'impression d'une longue:
irê dans Bottrea — prî : weal pry (S'-Just) : weal (prononcé wîl,
hwïï) a le sens de travail et aussi de mine {travail de miné).
— brè : carn-brea ;
— kè : Pedn kee, le bout du champ (Mullyon) ; Carnkee
(S*-Levan) ;
— grê : Dor an grey, la terre des chevaux (Gulval) ;
— ry, donner, Nebb. Gerr. (forme régulière de l'infinitif,
en moyen comique).
La finale en l long, en dehors de cas comme ry, a une
tendance à se diphtonguer devant les voyelles ou à la finale
réelle .
fsi = chee, toi (= //), mais tsey, tsôy, maison : Lhwyd :ts~yi :
y = i ou ô bref : Tsey dn dur, en Penzance (Chy an dower) ;
chef, Connu. Dieu, 6.2: choy, 3.2; choyé 7. 2 ; agoye(àh maison)
7-2; nei, nous (Lhwyd 252, 14); Add. mss. 95, whei, vous,
Comni. Dieu 6-2, ailleurs whye, Add mss. 236 : hye (elle);
Math., 2, 200, 18, engye(cux), ibid . , 195,5.
1. Partout on prononce car, voiture, pour carr. Le timbre pour e -\- rr
indique que la réduction de la consonne et l'allongement de la voyelle ne
sont pas anciens : on prononce bçr court, et non iêr, excepté en certains
points de Haute-Cornouaille (Faouet) ; mais bçr, broche.
2. C'est un fait d'orthographe anglaise ; sur son origine, v. Sweet,
History of Engl. Sounds, p. 208, 766, 767, d. Jespersen, A Mod. Engl. Gr.,
p. 193. 6. 26 (6).
152 /. Loth.
Devant les consonnes, on prononce i : Tsigwtdn (Chyg-
ividden); à la finale, en composition, en polysyllabes, de
même : bod/'i1, étable a bœufs (boiudgy).
2° voyelles suivies d'occlusives : crïb, crête de rochers, crête,
faîte (Lhwyd, p. 53, culmen : krîb ty) : The Greeb en Morvah,
The Greab, rochers en Sennen .
— crig, tertre, butte : Pari; Creeg (Buryan);
The creeg (Sennen); Creeg Mullyon (Mullyon); Trecreeg
(Endellion) ; Trencreeh (S'-Col . min . ) ;
— Grigg, bruyère (Sancreed) ;
- hwêg (Lhwyd) 47; ivheage, Add . mss . 3, 138;
têg (ib, 50. 2); teage, Comm. Dieu 3. 2. ; îeege, Mathieu 4,
187.8;
angôgle coucou (Lhioyd 52. 3);
glêb, madidus (Lhwyd 53 . 1) ;
môç, fumus (Lhwyd 62-1) ;
gwreg, gwreage, Add. mss. 136; Comm. Dieu 8-1 ; greage,
Add. mss . 136 ;
— drogg,Add. mss. 13e; droeg, ibid. 4; drooge, ibid. 115;
droage, ibid. 130; drôg, Genèse 182. 19;
— gwage, vide, Mathieu 4, 186. 2 ;
— mâbe, ibid. 187. 6; maab 187. 6; mab-leean clerc,
Nebb. Gerr.
— reeg (gu'reeg)> *1 fi1' -Mtf^-'- 2- T95- 7 5 r*££> MM.
G^;r .
— fôg, blowing house (Pryce) ;
30 voyelle suivie d'une spirante.
a) spirante dentale : côth : Dor coth, terre vieille (Buryan) ;
Dor coath (Sl-Levan); cooth, Nebb. Gerr. — an tee\ goth,
les vieux, Nebb . Gerr.
— pïth, puits 2 — mscêth, le bateau (Mullyon) (scath, bateau) ;
— kâth (Lhwyd, 47. 1);
gwd m gûd (Wele gooth, Mullyon; le champ à l'oie) ;
— rtd, rouge, Park Reeth (Sr-Just) ;
1. Il est vrai que la composition n'étant plus sentie, on a l'accent sur la
pénultième.
2. Ce mot est en usage dans des comtés anglais du sud. Il est d'origine
anglaise (Wright, Engl. Dial. Dicl.).
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 1 5 3
— peatb an bea%e, biens du monde, Add. mss . 136 ;
— bêd, tombe (Lbwyd, 149. 1); beath, Nebb. Gerr. ;
— dètb, pour (dèd), Comm. Dieu. 7, 1 ; 8, 1 ; deeth (ibid.
8- 2);
— blootb (blôd), Add. ms. 137, 147; bîoath, Nebb. Gerr.
Après /-, la spirante dentale avait disparu .
40 voyelle suivie d'une spirante gutturale. La gutturale sourde
(cb), qui avait disparu de bonne heure après r, en moyen-
cornique, a totalement disparu en comique moderne. A la
finale, la voyelle qui la précède est longue :
flôh (Lbwyd, 53 . r) ; an flô, l'enfant, Math. 2, 196. 8 ;
mo pour môch, porcs ; ma (moe) bouse, (après le boudgy, étable
à bœufs en Sl-Just, d'après Williams); Pari; m mç (Park an
Moe, en Gulval) ;
— givre, pour gwrach : crow\ m wrè (Croivs an ivraugh, la
croix de la sorcière, Buryan) ;
— se, sec (sêcb, ^ècb) : Park vtnttn se le champ de la fon-
taine sèche (Park venton sea) en Mullyon ;
— whea, six (Nebb. Gerr.) et un peu plus loin zuheath ;
wbee, Comm. Dieu 6.2. Il n'est pas rare, dans les noms de
lieux, de rencontrer th à la finale pour un ancien cb, et, ce qui
est plus regrettable, d'entendre prononcer ce th : Rospetb, en
Ludgvan, aujourd'hui prononcé Rospetb, se prononcerait, en
réalité, Rospê : c'est anciennement Rospegb pour Ros-becb (le
petit Ros). Le nom propre Trembath, tiré d'un village de
Morvah, se prononce correctement Tdmbè, la demeure d'un
Bech (le Petit). Dans le village même, on emploie l'équivalent
Tre-vidn (Treveari) ;
— an tacklow maa, ces choses-ci, Add. mss . 45 ; — gwreage
dah, Add. mss., 136.
50 voyelle suivie d'une spirante labiale v :
gôv : Hal an gove moar (Gulval) ; Toi dn gôv (Tal an gove,
près du forgeron, Mullyon; gôv (Lbiuyd 58. 1).
— nêv, ciel (Lhwxd 45 . 2); neave, Comm. Dieu 3.4; neve (ibid.
3, 1); neave, Add. mss. i$8;Nebb. Gerr., neeve; Math. 2, 198.
13, id. ; Genèse 184. 24, id. ;
1. Gur. 1426: leaf Qèv).
iS4 /• Loth.
— leauf, voix {Genèse 3, 177. 8); leanve (Jbid. 178. 10).
— crevé, fort, Add. mss. 137; kreave, ibid. 138;
— eave, lui, Add. mss. 138;
— hâve, wave, été, hiver (Genèse, 3. 130) \gwave, hâve, Add.
mss . 4
— />m> ou priv', ver, serpent : an hager-breeve, Genèse 3.
175, 1,1.
Au lieu de trev, habitation, village, on trouve fréquemment
tre, dans les noms de lieux, en composition devant des con-
sonnes, ou même à la finale, comme en moyen-cornique :
tre, dre, à la maison (cf. Lhwyd : tri, drê, at home ; adrê,
homeward, p. 248). Dans les noms de lieu, je citerai Hendrea
(Hen-drè),Bottrea (Sancreed). Cf. Genèse, 184-3 : devana^ea,
il l'envoya. — Cf. la, main, dans doo-la, deux mains
{Mathieu 4. 187, b).
6° voyelle suivie de s, z : sous l'accent, la spirante provenant
de /, d final, se prononçait ts, dj, lorsque la voyelle était
palatale ou qu'il y avait eu avant la consonne un élément
palatal (en cas de diphtongue) : Lhwyd 2^1. 1 : lùdfh (lûdf),
gris; gûd^h, sang, ibid. et 144. 1 ; même après une voyelle
non-palatale, le % final se rapprochait de / (£) ou dj, lorsque
le comique vivait encore, comme l'indiquent certaines graphies :
treath an haa^e chee ha ee haage hie, entre ta semence (race) et
sa race à elle (Genèse 3. 177. 6) 2. Des graphies significatives
dans les textes et les noms de lieux en moyen-cornique,
prouvent qu'il ne s'agit pas ici d'une fantaisie de scribe.
Aujourd'hui, on entend plutôt ^ à la fin des monosyllabes,
et la voyelle est longue : prê^, pré (pra^è); cn\, milieu : non
(dn on : gon) grè^, la lande ou pâture vaine du milieu (S'-Just);
crïi (Mullyon), Park creis (Sl-Levan 5). Il y a eu, outre une
évolution fort possible, influence de la forme écrite sur la
prononciation .
1. C'est un t ouvert très voisin de e : Gwreans, preaf 502 ; preve 335 ;
breyf 191 9 ; preif 909 ; pryf 181 7.
2. Sur l'origine ou les origines de la fricative ts, ts, </^, <//, voir
Deuxième partir.
3. Henri Jenner a entendu prononcer crfdj : vpiLm grÇdj, la fontaine du
milieu.
Questions de grammaire et de linguistique brittoniquc. 155
— Carn Glû% *, S'-Just .
— brao^ 2, enormis, pedn brâo^(Lhwyd 46 . 2). Dans les noms
de terres, brô^ et brow^ a souvent le sens d'ajoncs, brindilles à
brider {Park bros, Sl-Just); cf. browsian, crumbs (JLhwyd, 90)
— glâ\ : Carn gla^e (S'-Just); Pen-gla^e (Maddron) .
— boa-i, ètre(Math. 2, 198, 15) ; boa^e, Add. mss . ; boaçe,
Genèse, ij6. 5 ; tha voa^e, ibid. 176. 6;
— tl^: an tee^goth, les vieilles gens, Nebb. Gerr. 7.
— di%: Pdhn dï%, trou ouvert dans une mine à la suite
d'une explosion : il est allé dans le à\ équivaut à : il est allé
à une grande profondeur ; Park an dice (Phyllack) ; Poldice en
S'- Yves (d'après Hobson Mathews, a Histaryof Salves, 1890).
Sur ce mot, J. Loth, Revue Celtique, 1914.
— vose fossé : kelli vose (Camborné); vô^ 5 widn (Foes ividden,
Burvan) ; vous doivn (Liskeard) : pron . vô~.
— gla%e neave, le pays du ciel {Add. mss. 134).
— bré%, jugement, ibid. 195 ;
— an bea^e, le monde, ibid . 136; be%e 130.
— leaXj profit, Add. mss . 135;
— - boo^e, nourriture, Genèse 17 6. 6.
— rose, donna, ibid. 179. 12, et a roiu^e ijj. 6.
— • roo^e, filet; Math. 4. 191. 18; tha droo^e, ton pied,
ibid. 187, 66.
— doa~, venir: a toa~e meas 189. 14 en venant dehors;
nioa~e, aller, 191. 4; doa~e, Math. 2. 196. 9 {Nebb. Gerr.:
mose, dose).
— brexe, esprit (ita bre^e, dans mon esprit), Nebb. Gerr .
(gall. bryd);
70 voyelle suivie de n, m : la quantité dépend de la valeur de
n, m. Pour m simple, comme il devient v, il n'est pas en
question. Après n simple, la voyelle est longue, qu'elle soit
ou non le résultat d'une contraction, en exceptant les mots
proclitiques.
1. Il est peu probable que glu^ représente le gallois ghuys. Il s'agit pro-
bablement de gîos (dung for fuel).
2. Il est possible qu'il y ait eu, dialectalement, une diphtongaison ; cf. le
bas-vannetais : braw% et bra\ ; id. à Groix
3. 0 dans vos est ouvert et bref; la quantité est modifiée par la composi-
tion.
156 /. Loth.
kôn, caena. (Lbwyd, 48, 3).
drên, sentes (ibid. 148, "Ç)\drayn(Tren drine, Zennor).
drén : Park drean (S'-Just) ;
Un, froid (Llwyd 3, 2).
tane, feu (Add. ins., 130); an taan ibid., 95).
dean (Genèse 3. 179, 12) ; Lbwyd 231. 1 : dên, now dean :
il s'agit de l'orthographe ' — ; deane (Add.ms. 138).
— doen, porter Genèse 3. 181. 16 : (Lbwyd 217. 2) a ton (ou1
ton, en portant) ; doone (Mathieu 4, 187, 6).
gun, moor, parfois gôn avec un 0 légèrement nasal, écrit le
plus souvent goon (gall. giuain,v. gall. -guoin, bret. gônetyôn).
— in : croft nean (Mullyon) = croft m ï«).cf. Park nean
(S'-Levan); Park an nean (ST-Hilary); Park nean (Buryan).
C'est probablement le pluriel de on, agneau2.
— mèn, pierre : mean, Comm. Dieu 3.2: id. Add. ms. 142 ;
Malb. 4. 187, 6 ; Lbwyd 243, 1 : 5o\ mén, plur. wmz.
— o-m (desséché ?) : Carn Green (Sl-Just) .
— glêne, laine (Add. ms. 136) : il semble donc que devant
11, a allongé ait eu une tendance à se prononcer e.
8° voyelle suivie de /, r : a) voyelle -J- / :
hwîl stèn, mine (travail) d'étain (S'-Just) : cf. Lbwyd : hwêl
stean, fodina.
— gwèl et gwil (confusion avec Irwlï), champ : ve% angzœale
hors du champ (Add. ms. 170) : fréquent dans les noms de
terres : Gweladré, (Mullyon) = gwel adre (Smithforge back
field) ; Gitel Bennett (Buryan) ; Gweal style (S'-Just) ; guel todn
(todn =tonn, terre en jachère), gweele (Genèse 3. 181. 18) :
moyen-corn . guel ; dans les chartes du xive s. guael.
gwil, taire \tbeiueele (Genèse 180-14); giveel, Nebb. Gerr;
tbo iveel, ibid. 5.
1. On doit considérer è de den comme ouvert ; jamais on ne trouve de
graphie indiquant une voyelle tendant vers i. En bas-vannetais, où e est
long et fermé, dans quelques endroits, la prononciation nasale indique e
ouvert : dèn : è =z couvert nasal (in français).
2. Llwyd (2, -i)a été induit en erreur par les graphies du moyen-cor-
nique, quand il donne oan, agnus, comme comique et armoricain : oan est
armoricain en exceptant le vannetais qui conserve oen ; le comique est
cm.
3. Gwreans : gwyle 2424 (v. errata) 103, 1452; gwyell 1594, 2149;
f?e«y// 1239 \Gwreans a encore gui : guîe 260, ;8i.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. t<yj
geel, gil, faire (gui en moyen-cornique) : Mathieu 4. 191.
1 9 ; Lhwyd 246 . 2 : do il ou wil .
— givèl, 3 e pers. sg.de voir : meawele, Nebb. Gerr; Lhwyd
evazvyl, wêl l (246, 3).
b) voyelle suivie de r : r final, actuellement, a exactement
la valeur de r final anglais :
for long se prononce hid (s a à peu près la valeur de ô bref:
kin hère (kïn hid) en Mullyon . - Boiugy heere (Ludgvan),
rétable aux bœufs longue.
— mer, grand : m& (Parkmeer, Mullyon); Brevis (Breavear.
— Tregiffian veer (en Sl-Just).
— %pert colère (angl. soi-), Genèse 3, 180, 15.
— iar dans mab-iar, poulet (fils de poule) est encore en usage
à S'-Just : on prononce mabp (le souvenir de la composition
est perdu).
— môr, mer : more, Comm. Dieu 7, 1 et 2 ; maure, Add.
ms . 4. 136; more, Nebb. Gerr.
— kêr, cher (Addit. mss. 3).
— ber, veru (Lhwyd 172, 2).
— gër, mot :gear (Add. mss. 10. 115) : geer, Math. 4. 186.
4 ; geere (Math . 2. 198. 13); geer, Nebb . Gerr .
— ôr, sait : hyeoare, elle sait (Add. mss. 136).
— fïr, sage : feere (Genèse ij6. 6).
— tôr, ventre : tha doer (Genèse 180-14).
— dôr, terre ; dôr côth 2 (Buryan) ; dôr diw (dor deiu : S'-Just);
than doer (Genèse 188. 9); en hor (Comm. Dieu 3. 1); doar
(Math. 2. 197. 11); an nore (Genèse 3, 182. 17; tha noare
(ibid. et 184, 23); han oure et la terre (Comm. Dieu. 7. 2).
— stêr, étoile : an steare (Math. 2. 196-7)
— sir : seere, exactement (Math. 2. 196-8).
— tir dans moldeer (mildlr), mille de terre, Nebb, Gerr.
Quelques graphies semblent indiquer, au commencement
du xvme siècle, un son de transition due à la prononciation
de r.
1 . Lhwyd, à la 2e pers. du sg., donne ti a wyl ou ti a weli : cette forme
prouve que Lhwyd se règle, non sur l'usage comique, mais l'usage gallois.
2. Mais der vieyiuc (Buryan).
158 /. Loth.
Pour voyelle + r devenue finale par la chute d'une spirante,
voir B :
9° Voyelle suivie de r -f- consonne :
a) Le seul cas à examiner est celui de r -f- n : en effet, les
occlusives après r sont spirantes, ainsi que m devenant v ;
or spirante et v dans cette situation ont disparu, ne laissant
de trace que dans le timbre et la quantité vocaliques. Pour
le groupe r -\- f, je ne connais que les exemples du moyen-
comique.
La voyelle suivie de r + n est allongée aux dépens de r.
Le fait est net pouro : sôrn, coin, dans Bssorn, Bosôrn (= Bot-
sorn en S'-Just) '.
— volL'n,fom : Park anvowrnen Buryan: prononcé à peu près
vçwn : Lhwyd 62, 2 vorn, furnus. — Park an vorn (Sl-Erth).
Il n'est pas sûr que, dans ce cas, on soit en présence d'une
influence anglaise. Cette prononciation existe en Bretagne; je
l'ai constatée à Lignol, près Guémené-sur-Scorff (Morbihan) :
cçrn se prononce à peu près côn, avec un son de transition
entre 0 et n, donnant l'impression d'un ô très bref.
Après une voyelle palatale, r est moins atteint, et la voyelle
n'est guère allongée :.$/>{•/ 7/, les ronces (The speam en Sl-Just).
— Park dn vern (an va me, S'-Just); Park an - vern (Paul) :
différent de gwem, aulnes (fréquent comme noms de lieu et
terre). Cam, dans les noms de lieux en composition, art à peu
près bref, et on entend r : Cam Bras, Camgla^e, Camgreen,
Cam a weiban (S^Just).
Dans sorti, vorn, il reste une trace de l'ancienne quantité :
c'est queo est ouvert.
io° : voyelle a, 0 suivie de / -\- s (^) : elle estallongée et son
timbre est modifié.
als, falaise, se prononce çl\ : l est vélaire; le mot est géné-
ralement écrit aul% et même onl~ ' : wheal aul% en Sr-Just ; an
anl~, Nebb. Gerr. — Hçw( 9tt ol{ en Sennen, écrit iHousen olls.
1. Cf., Le Sourit, commune des environs de Pontivy (Morbihan); cf.
gall. sivrn. ,
2. Cf. breton mern, pâture.
3. Il faut d'ailleurs admettre une sorte de diphtongaison entre 0 et/
vélaire : Lower Park owels, Gweal guurra vurh (S«-Levan).
Questions de grammaire et de linguistique brittonique, 159
Cette prononciation se constate dans des graphies de Lhwyd:
awltra(i^). 2), susceptor, Godfather ; aultrûan Godmother.
-mowl^e, bélier (Lhwyd 27, 2).
Dans les polysyllabes, il en est de même : môgc dans Ros-
mergy en Zennor.
La voyelle palatale reste brève, et /est intact : wel%, herbe :
Parkwels (xMullyon); Gwels en drea (Gulval); Gweelze mer
(Redruth.)
il0 voyelle suivie de rr primitif est allongée et rr rédujt :
bêr, court : revêr, trop court (Lhwyd 223).
Dans la composition syntactique, ber avait e bref et un
autre timbre : v. plus loin Deuxième partie pour la pronon-
ciation de r au paragraphe des consonnes. Il est probable que
e devait être ouvert. C'est le cas pour ber en breton (fer), en
exceptant certains points de la Haute-Cornouaille où e a fini
par devenir fermé (bêr), conformément à la loi des voyelles
longues.
Au contraire, // n'est pas réduit, au moins au point de pro-
voquer un allongement dans la voyelle précédente. On n'a
pas l'impression d'être en présence d'un / prolongé, mais la
voyelle est brève. La différence est dans la quantité de la
voyelle comme le prouvent d'ailleurs de nombreuses graphies
en moyen comique : tol,pol(d. Lhwyd 212, 26).
B. — La voyelle est brève dans les monosyllabes :
i° Quand elle est suivie de deux consonnes, en exceptant
r, / -f- consonnes, dans les cas précisés plus haut, les spirantes
provenant de deux consonnes th, ch, s(%) final.
gwidn, blanc (Erra widden ' sillon blanc; Chygwidden, maison
blanche, Saint-Just, etc.) ;
lidn, étang (Lidden en Saint-Just) ;
— cabm, courbe (Lhwyd 223);
Looe gabm (LuGabm) en Mullyon (étang courbe);
— bidn, contre (er bydn,warbydn): bidn moare, contre la mer.
(Add. mas s. 23e).
— crqbn2 : Trencrom et Trecrobben en Ludgvan : -Nangrob)i
(Sennen) ;
— Htbn, chaud (Lhwyd 231. 1, tubm);
1 . Erra pour çro, sillon.
2. Ciobn a été précédé par crobm.
ièo y. Loth.
lobn = louim, nu : ivoou lobben (Ludgvan);
— todn : toâden field (Saint-Just) ; v. plus haut.
Cf. Peu crond meadoiv (Liskeard).
— niedn, 3e pers. sg. présent : me a vedden, je veux, Nebb-
Gerr.; me vedn geel, je ferai (Math. 191. 19);
- tidn = tynn : pywn tidn, expression en usage à Saint-
Just (Williams) dans le sens de très délicat, difficile à faire : pour
pur yn tinn.
- :v)u~ (gzvius, vent), trou de ventilation dans les mines
{Williams : Saint-Just);
— nans, vallon.
2° La voyelle est brève, dans les mots empruntes, suivie d'occlu-
sive sourde : bat (dormouse : Pryce), — coc, canot (JLbwyd 53),
— cot, cutt, court (Williams, Lexicon), etc.
30 En composition syntactique, la voyelle longue suivie de n
est brève ; n simple est traité comme nn et devient dn :
idngear da, un seul mot bon (Add. mss., p. 10) '.
— in, dans, est arrivé à it, et après avoir passé par *ïdn : et a
phokkat, dans ma poche (Lhvyd 253. 35 — et eye ollas, dans son
foyer (Add.ms. 136); etachee(ynat ty), en toi (Add. mss. 115);
— ettagon colonow en nos coeurs (Comm. Dieu);
— et ago doola, dans leurs mains (Mathieu 4. 187, 6); d.
hodda, hedda= hodna, hedna, de honna, henna.
40 La voyelle suivie d'un r ou / simple par suite de la dis-
parition de ch, th, d ou v final, conserve son timbre ancien;
hor, bélier : Parle an hoar 2 (Paul); — hor (Llnvyd 18. 17 ;
Ireg (demeuré) an hor (Sl-Creed);
cor, bière (Add. ms. 136); Llnvyd II. 3, id.;
err, neige (Llnvyd 250. 3) ;
— pôr (porth) port (cf. Llnvyd 29. 1); Por Lidden, (Saint-
Just) : pron. Pç-lédn.
— mer, fille (Comm. Dieu 7. 1);
— />?'' (Perih)> buisson : Little Per doivn (Buryan). Pcr-cullas
1. Cf. Gwreaus, 6.6 : yn idn dewges, en une seule divinité : udn spyes
1 769 ; //J« venyn 2213 ; ;/</// aï// 1753 ; in udn Dm 6. 11. Pour ce phé-
nomène, cf. Henn-rit, Henn-lann, Henn-pont (Bodk of Llandav, éd. Rhys-
Evans, pp. 73, 80, 275, 208).
2. La graphie Imr dans C/vv <//; Hur ne paraît pas exacte.
Questions de grammaire et de linguistique brit tonique. 1 6 1
(S.-Çol. minor) = Perth golas, buisson du bas; cf. Per noath
buisson nu, (Buiran).
— vçr (Jord), chemin : vor, tranchée du sillon (Buryan);
vçr Eglis (Saint-Just); an vor noiveth, an vor goth (JLhwyd 252.
167); vor ar ail, par un autre chemin (Math. 2. 197, 12);
— carr (kerrf) : angye eath carr... vor arall, ils s'en allèrent
par un autre chemin (Math. 2. 197, 13); eath carr (ibid. 197.
12). La graphie caar (ibid. 2. 196, 9) est donc vraisemblable-
ment fautive.
Carr se prononçait sans doute car ou ker avec k non pala-
tal; cf. Gwreans 120. 8 : ke in ker, va-t-en; the doen in ker, le
porter dehors, 2427; deen ny in kerth partons, 1383.
§§2. L'accent dans les polysyllabes.
La voyelle accentuée est brève, quelle soit suivie a" une ou de plu-
sieurs consonnes ; les prétoniques ou posttouiqites sont toutes réduites
ou disparaissent, quelle que soit leur quantité .
A. — Voyelle accentuée. Le redoublement, dans l'orthographe,
de la consonne qui suit immédiatement la voyelle accentuée,
est un indice sûr de la brièveté de cette voyelle : il n'a pas
d'autre signification. C'est encore un trait emprunté à l'ortho-
graphe anglaise. Le changement de n, m en dn, bm indique
aussi une voyelle brève précédente, ou abrégée. L'orthographe
du comique moderne est ici celle du comique moyen, en géné-
ral.
Bdtâhc (Botallach, Saint-Just); èro1 widn (Erra zviddeu,
Saint-Just); dn dérds, la porte (Parle an duras, Saint-Just). -
N<>1séra(Nantcherrow % Saint-Just). — Hefovènïdn (Saint-Just :
Haie venton) : venton, fontaine, pour haie v.,plus bas. — Parc
pu èbdl (Parle an able, le champ du poulain Buryan). -
Pednd ventdn, le bout de la fontaine (Pedn venton , Sennen). —
Parle mefon (Carn mellon, Mullyon) ; Porth mellm, ibid.). : nieLm,
moy. corn, melyn, jaune.
1 . Ou ëra ; les 0 final venant de w consonne forment syllabe. Le cor-
nique ne distingue pas entre tuhin et wënn.
2. Nantcherrow est pour Nans-carow : en 1674, Nant carroiv ;cf. Penkerrow
en Helston in Trigg (Trigg pour Triger, le Tricurius pagus de la vie de
saint Samson). Parte an iarrow (Saint-Just) est peut-être pour Pari; an
derow : dçro).
Revue Celtique, XXXV. 11
162 /. Loth.
- vêlai, moulin : fréquent, écrit généralement velîan ;
vefon nowdth'. Vellan noweth (Burvan); niellai //t'i:r//.>(Phillack);
velldn noeth (Saint-Yves);
Peu meta le bout du mont, {Peu menor, Burvan);
— Ludpn = Ludgvan ;
- IV il lierais le champ des parents, {ïfcal Kerens, Mul-
lyon) ;
- Carnélç (Carnellow, en Zennor : colline pierreuse) ;
isdn {u~ion, husksofeorn. : Williams^ Saint- Just).
— Toi davds (Trelodavas l, Buryan);
— Boskomm (Boscawen woon, Buryan);
- Penorac (Mullyon) : oiue, endroit aux frênes.
Nit n orac (Noon onackœmmon, Saint-Just) : nun = an woon ;
Binâhc {Bennallack, Buryan), genêtaie ; cf. Park Bunuel
(Saint- Levan) ;
— Bçlâncdn (Bolankau, village de Buryan);
— Bnânhth - {Bosanketh, Buryan);
- Boscrigdn ou Bascrigm {Boscriggan, Saint-Just);
— Park m gârJc, le champ du rocher, {Park an garraek,
Burvan) ; CàrJeh't~{Carrick Gloose, Mullyon);
— Rdniàpc (Kenidjack, village en Saint-Just);
- Cçdra wili {Codna wielgi, Buryan): çodna, cou ;
-'dnun gômp9s {La lande unie : Noon gumpas, Ludgvan);
woon gampus (Saint-Just) ;
-flegi (High, Lower degga, Ludgvan), dîme;
- Diras le (Dinas la, Saint-Ives; Hobson Matthews,
Saint-Ives);
— H al durX {Hal towrack, Buryan);
— Hql 2 vénton {Ella venlon, Sennen);
— vettn gé ' {Fenton gay, Buryan) ;
i . Toi davas signifie le trou aux brebis : il y a eu probablement change-
ment étymologique ; Trelodavas, si la forme est sincère, représente vrai-
semblablement : Tre-lo-davas, l'habitation de l'étang (lo, loch) à la brebis.
Cf. Parkan Devas, Park au deves (Saint-Hilary) le champ aux brebis.
2. L'accentuation et la prononciation prouvent que an ne peut être l'ar-
ticle ; de plus la prononciation sourde de s indique un second terme com-
mençant par une consonne {sahkethï).
3 . gè pour ke, champ en clos, je pense.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 163
— wâvis (Givavas field, Sennen) ! ;
— Lof rôda = Lan-frodo 2 (Lafrowda, Saint-Just);
— Mçrdps (morraps, Mullyon) 5 ;
— mdrijm et mâjdn, fourmi 4 (Engl. Dict. dict.) ;
— Nandjiyl (Nariji^el, pour nansi^el, le vallon bas.
— Ro^odjcm, le tertre au bœuf (Rose udgeon, Mullyon); cf.
Rose udgeon, Saint-Hilary;
— çgo s dur, la caverne à l'eau (Mullyon) ;
— pâdp paw, quatre pattes, lézard (Williams, Saint-Just) :
pedwar et pedeir sont confondus.
— pedrdli-mow (Engl. Dial. Dict. : pedrack-mow, round mow
of the same diameter throughout the rick of corn buildon the
stabble field) 6 ;
— spérnm, endroit aux ronces (Giueal Spernon, Saint-
Just); Sparnon (Buryan);
— sténPc, endroit à étain (stannack, stannick; Saint-Just,
Sancreed) ;
— wobs: Parle ivollas, le champ d'en bas (Mullyon) : conti-
nuellement opposé à warra, en haut (Parle ivarra, Sancreed.
Ros cïtdden (Gulval) : cudden, pigeon sauvage, bret. cudon.
Les graphies des textes modernes ainsi d'ailleurs que celles
du moyen comique sont d'accord avec la prononciation
actuelle.
Conim. Dieu 2. 1; 5. 1 gerrio ; hannaw, nom, 5. 2.
Genèse 3 : lavarra^e, il dit 174. 1 ; 175. 4 ; givella-, voir, 176.
1. Pour givavod habitation d'hiver; cf. gai. hafod, habitation d'été.
2. Pour nant-frodoiv, le vallon aux sources. Il y en a beaucoup, en effet,
dans ce quartier de Saint-Just. Il y a eu changement du sing. en pluriel.
Le Rév. Taylor me communique, en effet, ces formes :
Lafrowden (frudetl ou frqden, source) 1597; Laffrowden 1601 ;Laffrodor
1657. Le nom est complètement altéré en 1694 : Lafradwen, puis Larrad-
vjtn en 1726. Cf. Lafloivder en Mullvon.
3 . Engl. Dial. Dict. : morreps, morrébs, low lying pasture over the sea.
En effet, la tn;r y influe.
4. Lhwyd 61. 1 : murryan. C'est un terme de tendresse qu'emploie un
père pour sa fille en bas âge, en certains endroits duCornwall.
5. ogo = gall. gogov ; il y a une autre forme vogç pour viçgq : Gui
vaugoe en Sennen .
6. pedrac est dérivé depetr- : cf. gallois pedry-, quadrangulaire et parfait
(v. J. Loth, Les vases à quatre anses).
164 /• Loth.
6; gerres (fgerres), ouvert 177. 7; lebben, maintenant 174.
1 ; e a wellû%} il vit, 194. 23 — ■ cm vennen, la femme, 174. 1 ;
175. 2 ;
Mathieu 4 : lavarra^ 186. 3,6; — e houncn, lui-même,
186. 4 ; 187. 6; — tha houncn 187. 6 ; — a« gerryow 192. 20;
— a wella~ 191. 21 ; — golloiu, lumière, 190. 16; cf. Lhwyd,
gôlow, 253. 42
Mathieu 2 : genne\, né, 194. 1 ; — devanna^, envoya, 196.
8; — wella\ (gall. chwîlw), rechercher, 196. 8; whella\ 200.20,
— giuella~, voir. La graphie ra^r, filets (//W. 191. 19), si
elle est exacte, indiquerait une influence de roo%e (singulier).
Nebb. Gerr. : wolla^, en bas — lavarra^ — ginne- ubba, né
ici — nebbas, peu — mean orrol, autre pierre — an collan, le
cœur — parre^, prêt.
war egilla, sur l'autre — gwella^, voir.
Add. mss. : tha ihonnen toi-même 115 — tha varrow, a mort
115 — bennen, femme, 13e — dirra, durer, 13e — gu~hollan
ivhy, votre sel à vous.
— stynnorian, mineurs d'étain, 10 — gerryow 139 — kolon-
now, cœur, ibid. — lavirrians, travail, 136 — olla^, foyer,
136 — en gulla^en be%e, au fond du monde, 130.
Cf. John Tsheian fliror (Lhwyd) : leddàrn, voleurs, 25 1 .17 —
giuilli, lit, 23 — metten, matin, 28 — néb onnen, quelqu'un, 26
— meppig, petit enfant, 44 — giuella^, voir.
Dans Gwreans, les occlusives sont souvent redoublées : deb-
br\, manger, 836. 181 3, 845 — debbrys, mangé, 147. 3 —
ybborn, ciel, 83. De même, dans les autres textes : Beau. Mer. :
dadder, bonté, 205, 210; laddron 2059 — Pascon : dadder j, lad-
dr.on 192. 4; 90. 4; 229. 1 ; 184. 4.
Pour les autres consonnes, le système est le même.
(A suivre.}
J. Loin.
SUR LES
PRÉSENTS IRLANDAIS
DU TYPE GUIDIM
Le type le plus ordinaire de présent dans les racines qui
fournissent des présents radicaux est le type de présent thé-
matique attesté par skr. bhârâmi, gr. yi?M, got. haïra, v. irl.
do-biur, etc. C'est ce type qui a dû être le plus courant à la
fin de la période indo-européenne, et c'est celui qui a dû
dominer dans les verbes radicaux durant toute la partie la
plus ancienne de la période de développement propre des
divers dialectes indo-européens antérieurement à l'époque
historique. Mais toute racine indo-européenne ne fournissait
pas un présent thématique; telle racine, *ed- « manger », par
exemple, ne fournissait qu'un présent athématique; telle
autre, *dhê- « poser », par exemple, ne fournissait qu'un
aoriste par suite de son sens et ne se prêtait à fournir un présent
qu'à l'aide d'un redoublement. Les cas de ce genre se tra-
duisent dans les diverses langues indo-européennes par la
disparition de ces racines dans beaucoup de langues, ou par
l'emploi de formations dérivées destinées à suppléer au présent
thématique manquant. L'une des formations qui suppléent
ainsi à l'absence d'un présent thématique est l'itératif ancien
du type skr. patâyati, gr. xoTéojAat ; ce type de présents a tan-
tôt la valeur itérative et tantôt la valeur causative ; on ne
pourra faire état ici que des cas où il n'a pas valeur causa-
tive. Ainsi lat. mulçeô remplace un présent athématique (v.
M. S. L., XVII, p. 60 et suiv.). En grec pocpéo) est le présent
d'une racine qui fournit l'aoriste supplétif arbi au présent
arménien Jmpem« je bois» ; le lituanien a des présents d'autre
i66 A. Meillet.
formation, avec des vocalismes différents : surbià et srèbin,
coexistence qui suffirait à elle seule à suggérer l'idée que
*srebh- était de type athématique en indo-européen ; la
forme latine est sorbeô. De la racine *prek-, on a v. si. pro-
sitû et lit. prâsxp « il demande »; l'absence ancienne d'un pré-
sent thématique est indiquée par l'extension du présent en
*-ske- : skr. pfechâti, v. pers. prsa- (persan pursam avec -s-
répondant à skr. -çch-\ lat. poscô, arm. harçi « j'ai interrogé »
(d'où le présent harçanem), v. h. a. forskôn ; le vocalisme -er-
du lit. persan « je demande (une femme en mariage) » suffit
à en indiquer le caractère secondaire en face de l'infinitif
pifs^ti ; le vieil irlandais a, de son côté, une forme aussi
récente, avec un autre vocalisme, arco (v. Pedersen, VergJ.
Gramm., II, § 658, p. 457). A côté de got. fitgkjan, on aftdg-
kjan et lat. longea ; mais aucun présent thématique n'est
attesté.
Ce procédé a tenu certainement une place notable dans le
développement des verbes irlandais; car il en subsiste à
l'époque historique plusieurs restes (qui seront cités ici en
renvoyant aux paragraphes de la Vergleichende Grammatik de
M. Pedersen).
gonim « je blesse, je tue » (Pedersen, § 746), cf. v. si.
gonili, lit. ganyti en face de skr. hdnti, et zd jainti; le présent
athématique n'est conservé qu'en indo-iranien ; le grec l'a rem-
placé par ôetvw et le latin par -fendu (of-fendô,dè-fendo) ; le pré-
sent thématique lit. genù, v. si. %enç (infln. gùnatt) résulte d'un
développement secondaire.
guidim « je demande, je prie » (Pedersen, § 749), cf. gr.
-oOéo) ; la plupart des langues n'ont pas le présent de cette
racine; l'iranien a recouru à une forme à suffixe -ye- : v. pers.
jadiyùmiy « je demande », zd jatàyehi « tu demandes » ; seul,
le lituanien paraît avoir développé un présent thématique
gedù « j'ai deuil de ».
guirim « je chauffe » (Pedersen, § 740); l'existence d'un
subjonctif forgera ne suffit pas à établir celle d'un présent
fo-geir, étant donnée l'indépendance du subjonctif vis-à-vis
de l'indicatif irlandais; il n'y a de présent thématique de
cette racine que dans le présent raregr. 8lpw; l'arménien a )ef~>
Les présents irlandais du type guidim. i6j
nmn « je m'échauffe », et le slave goritû « il brûle » (infinitif
goret /).
tuilim « je dors » (Pedersen, § 853), dont M. Bezzenberger
a rapproché, sans doute avec raison, v. si. toliti « apaiser » ; cf.
sans doute aussi arm. thoium « je laisse » (de *tol-nu-). Le
gr. ïtXyjv est bien éloigné pour le sens ; en tout cas, il ne
saurait être question d'un présent thématique ; car ttilo
est une création de grammairiens, sur le subjonctif archaïque
tidaui.
tuigim « je couvre » (Pedersen, § 852), cf. v. isl. ftekia, v.
h. a. decchen ; le grec a, il est vrai, jtîyoj, et le latin tegô; mais
la forme sanskrite sthagati que donnent les grammairiens ne
saurait être ancienne, et l'absence de correspondant germa-
nique à lat. tegô et gr. a-é^ui suffit à rendre suspecte l'antiquité
de ce présent thématique; il est frappant que le lituanien ait
stê'giu dont Yè indique nettement l'existence d'un présent athé-
matique, analogue à êsti. Le g du skr. sthagayati ne saurait
être ancien si le verbe est radical ; ce doit être un dénomina-
tif, et l'on se demandera si v. irl. tuigim et v. isl. fekia ne
seraient pas aussi des dénominatifs tirés du substantif attesté
par brittonique to, v. h. a. dach, v. isl. fak ; c'est ainsi que
Whitley-Stokes paraît avoir envisagé les choses (Sprachsrhat^,
p. 127), et le futur v. irl. intiiigfet, cité par M. Pedersen, 1.
c, n'a pas le caractère d'un futur radical. S'il en est ainsi, il
demeure remarquable que la flexion, sans doute athématique,
de *stheg- dans le présent ait entraîné en sanskrit, en
germanique et en celtique l'emploi d'un dénominatif au lieu
de l'ancien présent radical. La racine *stheg- n'avait sans doute
pas de parfait en indo-européen ; il n'est attesté un parfait ni
en sanskrit, ni en grec (où même l'aoriste êcre^a semble peu
ancien); si un parfait avait existé en germanique, il aurait
sans doute suffi à provoquer la formation d'un présent thé-
matique, comme il est arrivé pour got. itan par exemple ;
quant au latin, la formation de têxi paraît bien indiquer qu'il
n'y avait pas d'ancien parfait ; le prétérit v. irl. ro-d-toig, qu'on
lit Thés., II, 294, 14, est sans doute une création de l'irlan-
dais ; M. Pedersen ne cite pas d'autre exemple de cette forme.
Il y a nombre d'autres exemples dont on ne peut faire état
i6S A. Meillet.
ici, soit parce que la racine ayant un a radical, le vocalisme
o ne saurait apparaître, ainsi pour bâidim, ràidim, soit parce
que l'étymologie est inconnue, ainsi pour cuiriur, ou con-
testée, ainsi pour -osaiîci « ilouvre », soit enfin parce qu'il s'agit
de véritables causatifs, ainsi pour Inaidim, luigim>suidim, sâidim.
Le fait que, à côté des itératifs cités ci-dessus, certaines
langues offrent des présents radicaux thématiques ne doit
pas tromper sur l'état de choses indo-européen : le type de
présent radical thématique a continué de se développer durant
la période ancienne des divers dialectes indo-européens; cer-
taines langues, comme le germanique, ont assurément créé
beaucoup de formes nouvelles de ce genre. Mais on conçoit
que l'existence d'une forme itérative ayant un sens voisin de
celui du présent radical ait empêché le développement d'un
présent thématique en quelques cas ; c'est cequi est arrivé sans
doute dans les exemples irlandais cités ci-dessus.
A. Meillet.
NOTES
SUR LE
PARLER BRETON DE CLÉGUÉREC ■
(morbihan)
GRAMMAIRE
(Là encore on a suivi pas à pas la grammaire de MM. Guil-
levic et Le Goff.)
ACCENT TONIQUE
L'accent tonique, à Cl., est sur la dernière syllabe :
forsét, obligé ; kalét, dur ;
selewét, sirét (impératif), écoutez, ramassez.
Toutefois — en construction syntactique — il arrive que
la syllabe finale d'un mot (adjectif, participe, verbe à divers
temps) soit élidée complètement ou presque. C'est alors la
pénultième qui porte l'accent, un accent secondaire, il est vrai,
l'accent principal du groupe étant sur un mot qui vient
après :
jbrse(t) mât, bien obligé ;
kàled e beiuèn (accent principal du groupe sur la 2e syllabe de
bewen), il est difficile de vivre;
(ne) glèïveQ) két ? n'entendez-vous pas ?
Il semble aussi que, dans certains mots, les deux dernières
syllabes soient à peu près également accentuées :
disparti, séparation, limite; labur, travail.
MUTATIONS
I. Par spiration. — Elles se font à Cl. suivant l'habitude
de V., / devenant â :
k p t
me chalô, me fawt, me âat,
mon cœur, mon garçon, mon père ;
i. Voir ci-dessus, p. i et suiv.
170 E. Thibault.
gye me char, me fil, me dago,
il m'aime, me bat, m'étranglera ;
er chok, er paiol, en lat,
le coq, le garçon, le père.
Mais bon (employé en toutes positions), adj. possessif :
notre, et pron. personnel : nous; in (employé en toutes posi-
tions), pron. personnel : le, ne provoquent aucune muta-
tion :
k p 1
hôn kalô, bon pawt, hôn lat,
notre cœur, notre garçon, notre père ;
gye hôn kar, hôn pil, hôn tago,
il nous aime, nous bat, nous étranglera;
min kar, in pil, in tago,
je l'aime, le bats, l'étranglerai.
La mutation du k en ch ou /; se fait aussi à Cl. devant les
noms féminins pluriels de personnes après l'article défini :
er chaneredet , er chwi^inereâej , er chanilarïi'et,
les laveuses, les cuisinières, les cousines.
Remarques. — i) C'est probablement la présence de 17 ou
de Vu, amenant la palatalisation, qui rapproche un peu de S la
spirante initiale dans :
er chyi, le chien; er chyifc, la viande ; er chyurç, le vicaire.
2) Remarquer que, parfois après une voyelle, ou bien la
petite aspiration initiale devient plus énergique :
i ta chyawl, le soleil vient, voilà du soleil
(On dit aussi i ta en hyawl avec l'article) ;
ou bien une aspiration nouvelle légère s'établit au commen-
cement d'un mot :
me henô ou hino, moi seul, moi-même.
(Cependant Cl. s'arrête là, dit hn(s) inô, vous-même, et ne
déduit point- bu henô par mutation, vous-même, comme le
bas-vannetais.)
Peut-être ce phénomène s'est-il produit par imitation de
celui qui fait réapparaître detempsen temps la spirante finale
Notes sur le parler breton de Clégiiérec. iji
de l'adj. possessif i, son (se rapportant à un possesseur fémi-
nin) devant une voyelle. En effet, il semble bien que l'on
entende :
i echlwe, sa clé ; i aniuer, sa génisse [à lui] ;
mais :
i hechlwe, sa clé; i banïoer, sa génisse [à elle].
3) Signalons, dès maintenant, la mutation (dont nous par-
lerons plus loin) de g initial en gh ; elle pourrait, en effet,
être classée dans les mutations par spiration.
Voir plus loin aussi les mutations après les noms de
nombre.
II. Par affaiblissement. — Avant d'entrer dans le détail de
ces mutations, disons qu'à Cl. l'affaiblissement de
M est la bilabiale W ou W,
tandis que celui de B est généralement V comme à V.
m : mam : er wam, la mère ; meser : i wekr, son métier [à
lui];
monet : i hâ de wonet, je vais aller.
b : bach : er vach, le bâton ; bis : ivis, son doigt [à lui] ;
bwech : i vwech, sa voix [à lui].
L'on dit pourtant :
bo : pe îuo bras, quand il sera grand;
(mais c'est peut-être, pe 0 pour pe vo bras, la chute pure et
simple du v).
L'affaiblissement du à est â ou ^ (voir plus bas) :
ne âalhà ou ialha ht, je ne tiens pas ; i ^ele ou ctele, sa dette
[à lui].
Ceci observé, l'on peut constater que l'usage à Cl. est, dans
ses grandes lignes, conforme à celui de V. Cependant il s'en
distingue en deux points importants :
a) le d initial — dans les noms féminins singuliers — devient
^ après l'article (qui garde alors la terminaison r) ; après en ou
in ur, signe du participe présent, le d initial de l'infinitif subit
la même transformation :
ur lâtehn, une dentelle; ur ~evalen, une descente, une
pente.
172 E. Thibault.
L'on dit aussi :
'a ur lemât, ~eval , -iïpittal, en se lamentant, descendant, se
disputant.
Ce phénomène n'empêche pas le d de tomber parfois au
singulier comme en V. (mais on retrouve cette lettre au plu-
riel) :
en ur, la porte, plur. en dçryœw ;
en anOen, le chêne, plur. en derwesat.
On dit :
ilre en dœw (et non tire en nœw), entre les deux.
b) Après l'article le g initial d'un substantif féminin singu-
ier, au lieu de devenir h ou de tomber complètement comme
en V., devient très guttural. Cette aspiration particulière
peut se noter gh, surtout devant a et o, u :
er gbacb, le talus; er gbar, la jambe; er ghat, le lièvre; er
ghaivlot, la fourche ; ur ghor, une chèvre ; er gJnt ou er ivu, la
taupe.
Cf. er Ghalœwet ou er Galœïvel . les Gallos, etc.
L'on entend :
kement a hyeâô ou ghyeâô, autant de lièvres.
Mais l'on dit, à peu près comme à V. :
er bwecb, la fois; er Jribes ou Jriùis, la truie;
et, par ailleurs, suivant l'usage général :
en diil'ar, les deux jambes; i (Ji)ar, sa jambe [à lui]; etc.
Remarques. — i) L'affaiblissement a lieu au pluriel à
l'initiale des noms féminins de personnes (sauf cependant pour
le &qui devient plutôt (r)/; : voir plus haut, mais on entend
aussi :
erganeredet, les laveuses);
begules, jeune bergère, plur. er veguledet ;
viagères, nourrice, plur. er wagerectet, etc.
2) Les adjectif bihâ, petit ; bras, grand : braih, beau, et mat,
bon, sont bien ceux dont l'initiale mute le plus souvent, mais
d'autres encore comportent cette mutation qu'il est difficile
de codifier aussi strictement que le fait la grammaire de V.,
car l'usage est variable. On dit :
dru, gras : er re dru, les gras; given, blanc : er re ïven, les
blancs; krew bras ou vras, très fort ;
Notes sur le parler breton de CUguérec. 173
pel bras ou vras, très loin ;
ilijœw bras ou vras, de grandes églises.
D'ailleurs la mutation par affaiblissement n'est pas toujours
faite. Elle n'affecte jamais le verbe talèn, valoir :
petre tal dçch? combien cela vaut-il pour vous ? Combien
l'estimez-vous ?
ta ke bwen : V. ne dal ou tal ket er boén, cela ne vaut pas la
peine; et l'on entend :
i hà de m(f) snâart, je vais être soldat.
(C'est probablement que l'on fait la mutation par affaiblisse-
ment sur la forme défectueuse Pet de l'infinitif.)
D'autre part, Ton fait parfois la mutation par affaiblissement
après la conjonction mar, si :
mar hiïel, mar ganiet, mar gom~, s'il voit, si vous offrez, s'il
cause; etc.
et l'on dit, sans raison apparente :
pep, mais Bep mis, mp sehœn, chaque mois, chaque semaine ;
Mèn, mais er ixèn, les pierres, ur yœch \xèn, un tas de
pierres ;
uerch, mais fwer \xejch, foire de mars ; Maria, mais Itrô
varia, madame Marie [la sainte Vierge]; etc.
3) Voir plus loin pour les mutations après les noms de
nombre.
III. Par renforcement. — Là encore Cl. présente un phéno-
mène important : après /, signe du participe présent ou parti-
cule verbale, et mi, conjonction, que :
B devient F,
M devient W, W précédé d'une aspiration : HW , HIV.
1 b : fàrbotat, fetenèn, fivitat i Jônet, il est en train
. ' de bavarder, fumer, donner à mangera ses bestiaux ;
/ ma 1
i m : hvalèn, hwerwel, hwonet (honet), il est en
train de moudre, mourir, aller.
I b : farbotehç, fetenehe, ftvitehe i lônet, je voudrais
, \ qu'il bavardât, tumàt, donnât à manger à ses bes-
me çarene ) \ &
5 . - ( tiaux ;
m : hiuakhe, hivariuehe, je voudrais
qu il moulut, mourut.
L'usage, parfois, est assez flottant et l'on entend
174
E. Thibault.
b : gençchi IriOèij Qèij) cerus = avec vous je serai heureux.
Après h ii, pron. personnel : vous, ou adjectif possessif :
votre, ; initial devient s :
so-se nhu ièyna ket, cela ne vous gêne pas ;
hu filet, votre habit ; etc.
L'on entend aussi :
v : hu rakâs,vos vacances ; hu velus, votre velours; hu ?yolô,
votre violon.
Mutations après les noms de nombre ou les concernant.
L'on dit :
masc.
dœw
f.
kok
coq
zcik
paii't ti> gwil blâk dèn meâul
garçon maison fête sou homme mesure
bawl âP (hjuril(y.ïem.2)vlâk dèn weâul
ou zen
diw
\ tri
\ f<>
m. ch...
f. ch...
\ pyar m. ch...
poâer f. A'...
kaneres pife
laveuse pie
ganeres bijx
p...
p...
p...
tevarn gat-gwalen bach dot
auberge lièvre-verge bâton porte
devarn (Jj)gt-(Ji)ivakn vach zgr
pep
hwecb
sech
ech
10 dyek, etc.
9 naw c h
p...
p...
â...
â..,
â..,
^(v.rem.3)
^(v.rem.3)
p... t.
b..
h..
b..
b..
p..
b
d..
d..
d..
d..
d...
mam
mère
ira m
m...
m...
m...
m...
m...
m...
m...
Cl. mute les premiers nombres ordinaux et dit :
en drivet dèn, le troisième homme; en dervet mwes, la troi-
sième femme ;
er byarvei dèn, le quatrième homme ; er beâervet ou boâervet
iiiiuçs, la quatrième femme;
er bempet dèn, le cinquième homme.
De même que l'on a er byarvej, l'on a aussi :
er biejvej, le quantième?
Remarques. — 1) Le p est intact dans :
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 175
er poâer myach, les quatre filles.
2) La mutation par affaiblissement du g ne se fait pas tou-
jours après dœiv :
dœiv Gai, deux Gallots; diviv calât, deux maris.
3) Le g se durcit parfois en k après pèp, cinq :
pçp kivech, cinq fois;
de même après dyek, dix :
dyek \wech, dix fois.
ARTICLE
Nous venons de voir, au chapitre des mutations, que l'ar-
ticle er, ur, le, un, est employé à Cl. même devant les substan-
tifs féminins singuliers commençant par ~, mutation du d :
er, ur xàtelen, la, une dentelle;
er, urçevalen, la, une descente; etc.
Répétons aussi que l'article se contracte parfois avec certaines
prépositions :
ar vri = ar er vri, sur la lisière (du champ) ;
ber vudst : V. barh er vouistr, dans la boite ;
surtout avec get, avec :
ger wam : get er vam, avec la mère; etc., etc.
Remarque. — Cl. emploie in un devant les infinitifs com-
mençant par une voyelle, in w(r) devant ceux qui ont une
consonne à l'initiale, pour rendre le participe présent :
'// un eriw, en arrivant ;
'n ur leret, en disant.
SUBSTANTIF
Genre. — Le genre du substantif ne donne lieu qu'à peu
de remarques.
Sont féminins les mots suivants de la langue religieuse :
er bâter, le pater ; ergredo, le credo; er grusefi, le crucifix.
Si
dnioni, graisse ; kohoui, vieillesse ;
sont féminins, en revanche :
er melkoni, la mélancolie,
est masculin.
i-6 E. Thibault.
Le mot pech, pièce, morceau, employé dans le sens des
expressions :
ur pech [a baïul, a ïùyech], un fort gars, un beau brin de
fille,
devient occasionnellement féminin :
diiv bech, deux brins de filles.
L'on entend aussi :
er Gôsey : français conseil.
Nombres. — Le parler de Cl. marque bien une tendance à
régulariser les pluriels en les ramenant à (y)qew ou et :
biïbeh, outil, plur. biiuinycyïu;
g"or, chèvre, plur. gœr, mais aussi goret et gorœw\
lwarn, renard, plur. kuarnœvj ; les vieux disent Iwern au
pluriel ;
motech, servante, plur. motehyet ;
mais, en général, il offre les mêmes pluriels que le V. Rappe-
lons seulement (Voir plus haut, Phonétique B /) qu'il change
le s, % final en ; avant d'ajouter œw, là où V. se contente
d'ajouter en ou, plutôt, presque toujours ieu :
Cl. jœw : V. %ieu.
a bajœib bras, à grands pas; kaws, mot, parole, pi. kawjqsw ;
ilis, église, plur. ilijœw; krwes, croix, plur. krwejqsw ; etc.;
et que, là où le V. classique présente au pluriel i^ion, Cl. a la
forme ijô :
gunijô ou guniyô, des journaliers ; laburijô, des travailleurs ;
marhadijô, des marchands ; tavarnijô ou tevamijo, des auber-
gistes ; etc.
Citons cependant :
ejô, bœuf, plur. ahçl ; gat, lièvre, pi. geâô; kaliùe, charpen-
tier, pi. keliveriô et kalvijô; 1er, voleur, pi. ltryb~\ Xwer^ bas
| vêtement], pi. lertrib; niach, merle, pi. mon' ; trïOet, pied, pi.
trïueyt ;
et les pluriels collectifs en al et {e)'sal :
kçrdat, des cordes, pi. de korden; krehat pi. de krohen, peau ;
en avalesat, les pommiers ; en dérives" at, les chênes.
Rappelons aussi que tyâçk, pluriel de kadek, est le terme
collectif employé de préférence à rôset, chevaux (le plur. de
kadek, jument, est kaâekenei), et que la terminaison du pluriel
(i)çr se réduit à peu près à P :
Notes sur le parler breton de Cléguêrec. 177
bach, bâton, pi. bihP; falh, faux, pi. fihiy; kach, chat, pi.
kihiy ; kok, coq, pi. kegiy; etc.
ADJECTIF
a) qualificatif.
Nous parlerons, au chapitre du verbe, des comparatifs et
superlatifs si intéressants des participes passés.
Disons, dès maintenant, que ken ou kin, adverbe, aussi,
servant à former le comparatif d'égalité, s'emploie en toutes
positions aussi ' bien devant une consonne que devant une
voyelle.
Il convient peut-être de signaler les expressions compara-
tives :
gwech eiuit gwech , de pire en pire;
et l'emploi du substantif boch : littéralement bouc, dont Cl.
(imitant Malguénac, prétendent les habitants), commence à
faire un adjectif :
rey(f) ten un tam, inô boch, donnez-m'en un morceau, un
gros.
On pourrait rapprocher de cet emploi de boch celui, ana-
logue, de pech en parlant d'animaux et de choses :
pehyœiv {«(/)/ c'en est, des beaux! des belles!
Remarque. — Les anciens de Cl. ne traitaient pas l'adjec-
tif miew : V. mèù, ivre, autrement que le reste des adjectifs et
disaient d'une femme :
mieïv e, elle est ivre (cf. V.'mêùÈzë).
b) numéral.
Pour les formes de l'adjectif numéral cardinal se reporter à
la Phonétique. Voir aussi plus haut les mutations après les
noms de nombres.
Remarquer l'expression :
[un tèbr, ur vôbonen] a vlàk, [un timbre, un gâteau (bon-
bon)] d'un sou,
dans laquelle l'adjectif numéral cardinal n'est pas exprimé.
PRONOM
a) Pronoms personnels.
Ceux de la première série sont les mêmes qu'en haut-van-
Revuc Celtique, XXXV. 12
178 E. Thibault.
netais littéraire. Pourtant, à la y personne du singulier mas-
culin, l'on dit :
gyê, il, et non eau ;
à la 3e personne du pluriel :
gi, ils, et non ind.
Sauf dans l'expression :
me Dur, me sekuret, mon Dieu, venez à mon secours,
me, moi, suit toujours l'impératif :
belieÇl} me, suivez-moi.
Remarque. — Pour Yn peut-être euphonique (?) qui suit
parfois ce pronom me et le joint(?) à un autre mot, voir Phoné-
tique B ///-;/, Remarque 1.
Ceux de la deuxième série sont aussi les mêmes. Toutefois,
à la 2e personne du sing. qui n'est que très rarement
employée, on ne connaît que la forme te ;
in, le, remplace constamment er et ne provoque aucune
mutation ;
hôn, nous, s'emploie en toutes positions.
Pour ceux de la troisième série, le parler de Cl. emploie
assez indifféremment les formes en 0 ou celles en e et en i (de
préférence à celles en a, à peu près inconnues).
Cependant :
dohçn, envers moi, plutôt que dohon ou aussi souvent;
eïûidèn, pour moi, plutôt que ewidçn ou aussi souvent.
A la 3e pers. sing. masc. il se sert de hô : aneho. dehô, de
lui, à lui ;
à la 3e pers. pluriel, il se sert de hç : X . hé.
Entre la conjonction stal, comme, et le pronom de la irc et
de la 2e pers. l'on intercale d'ordinaire d :
staldçch, comme vous.
Ne pas confondre :
eïvidon ou eiùidon et ewitô, pour moi et pour lui ;
staldon ou staldon et stalto, comme moi et comme lui.
Rappelons le son de e dans :
dohem(j>), genem, envers nous, avec nous (voir Phonétique
A II e : c final, Rem. 2).
b) Adjectifs et pronoms possessifs.
me, mon, s'emploie presque uniquement de préférence à em,
mem, mm :
Notes sur le parler breton de Clègiiérec. 179
de mefen, à ma tète; me brer, mon frère ; mè dwàter, mon
tablier.
ha, ton, est, semble-t-il, inconnu ; bon, notre, s'emploie en
toutes positions — (]])ani, dans le pronom possessif, s'emploie
régulièrement, la forme défectueuse kani étant ignorée. L'on
dit :
hus àni, le ou la vôtre,
et, par analogie :
Ims re (ou bu re), les vôtres.
c) Adjectifs et pronoms démonstratifs.
Les particules
V. men, ci; se, là; hont, là-bas;
sont à Cl. iua(n); 5e(n); bon;
et donnent les formes :
hinan, celui-ci; binech et binon, celui-là;
bunan, celle-ci ; hunech et hunôn. celle-là; etc.
A signaler l'emploi envahissant du démonstratif so(rt)-sc,
(littéralement cette sorte, cette espèce), ceci, cela, s'appliquant
même aux personnes :
so-se âo mat! c'est bon, voilà qui est bon !
so-se we tut ! c'étaient là des gens !
inô a so-se, un comme ça.
Remarque. — n de ma(ii) sonne un peu dans la locution :
en dra man dra, telle ou telle chose;
(Yn précédant un d, mais l'on n'entend que ma dans :
ir lecb ma lech, en tel ou tel endroit.)
L's de se ne devient pas toujours â après une voyelle :
en dra-de ou se, cette chose-là; mais er re-se, ceux-là; m ^-s^,
ce jour-là.
d) Adjectifs et pronoms interrogatifs et exclamatijs.
L'on dit :
peGebet, pecemen, mais peKen, combien.
er pietved pch? le combien êtes-vous; quel rang avez-vous ?
piet vie ocb hiui? quel âge avez-vous? littéralement combien
d'années êtes-vous ?
et même :
i8o /'•:. Thibault.
pe banw och hwi ? littéralement : quel nom êtes-wusï com-
ment vous appelez- vous ?
mais, plus ordinairement :
ùiet vie e iues ? pe anw e wes ?
combien d'années, quel nom avez-vous ?
e) Pronoms relatifs.
Comme en V. mi, conjonction, que, peut remplacer parfois
le pronom relatif. Si l'on entend d'ordinaire :
en ani e gom~à dohtô, celui à qui je parle,
il n'est pas impossible d'entendre aussi :
en ani mi hom^à dohtô
(ou même : en ani megom\a dohtô).
er re mi sôjet bihànà, ceux à qui vous pensez le moins;
er pech miwen, ce que j'étais; etc. ;
cl. lech mi, là où :
Kleyerek, lech mi bon gànet, Cléguérec où je suis né.
Grâce à une sorte d'inversion, l'on arrive aussi, avec les
verbes bet, être; monet, aller et donet, venir, aux locutions
suivantes :
er pech i bon i leret, ce que je suis en train de dire ;
er pech i hà de leret, ce que je vais dire ;
er pech i ta a leret, ce que je viens de dire.
f) Adjectifs et pronoms indéfinis.
(Ji)ani, personne, s'emploie aussi pour les animaux et les
choses et signifie alors aucun :
gibele wes er lônet ? Pa, me se givelet ani anehe.
avez-vous vu les animaux? Non, je n'en ai vu aucun.
gibele wes i bradœiv? Pa, me se givelel ani anche.
avez-vous vu ses prés? Non, je n'en ai vu aucun.
chaque, tout se dit fréquemment sel :
sel tawl, chaque coup, chaque tois ;
sel diiv er, toutes les deux heures.
peb, chaque, donne, comme à V. :
bamde, chaque jour, tous les jours;
mais :
bemnus, chaque nuit.
Notes sur le parler breton de Cléguèrec. 181
(Cf. V. bAtnno{.)
Rappelons le pléonasme :
tu rach, tous.
Le mot ol, tout, d'ailleurs peu connu, se place difficilement
avant l'article :
tut en dut, rach en dut, mais en ol dut, tous les gens.
Beaucoup de se dit souvent lo(d) ker : littéralement un bon
lot;
un certain nombre de, dam :
lo(d) ker a dut, beaucoup de gens ;
lo ker anehe., beaucoup d'entre eux ;
dam anehe, un certain nombre d'entre eux.
kal^, beaucoup, ne s'emploie guère qu'avec la négation :
(nen) de se kal(% anehe), il n'y en a pas beaucoup ;
pa se kal, pas beaucoup.
On se rend souvent par gi, ils :
gi lar (nen) de ke wach eriiu, l'on dit qu'il n'est pas encore
arrivé.
l'un l'autre : en eyl er gile.
VERBE
Verbe substantif bel, être (V. bout).
CONJUGAISON PERSONNELLE
Temps simples.
SINGULIER PLURIEL
irc pers. 2e pers. 3e pers. irepers. 2e pers. 3epers.
(à peu près
inconnue)
Indicatif présent on [w^] e ont och inQ)
ou en(f)
Présent d'habitude bân be bain bet ban(t)
Imparfait wen lue wem woch wen(t)
ou wom
Imparfait d'habitude beâen beâe beâem bedoch bedçn(t)
(très peu employé)
Passé défini remplacé par le plus-que-parfait ou l'im-
parfait :
i82 E. Thibault.
kentech i vue (pe) inbanet, aussitôt il fut publié.
Futur bçii ho hccin beet bèn(t)
Conditionnel behen behe behcm behgch behenÇt)
ou behom
(ce dernier temps ne subit jamais la contraction.)
Impératif hct, soyez,
(peu connu)
Temps composés.
Passé indéfini on bet ou pet, etc.
Plus-que-parfarfait iven bel — etc.
Futur passé ben bet — etc.
Conditionnel passé behen bet — etc.
CONJUGAISON IMPERSONNELLE
Présent me do, etc.
etc., etc.
Remarques. — i)Nous avons déjà remarqué (voir Phoné-
tique, Remarques complémentaires) que, notamment devant
bet, pet, Ye final de we tombe assez souvent.
La même observation s'applique à bet, avoir :
dech i u pe inbanet, hier il fut publié ;
dech (e)n d(e)wu [ou du] (pe) leret, hier il dit.
Par extension d'un cas particulier (voir Phonétique B. Con-
sonnes. Observations générales) la forme vet du participe passé
est employée en toutes positions, sauf à l'initiale :
bed on pet, me do pet, j'ai été.
2) Puisque l'infinitif est non bout, mais bet, l'on dit empha-
tiquement bed on pet, j'ai été, etc., et de même bed es (à l'ex-
clusion de be ^0) dans l'expression impersonnelle il y a.
3) Rappelons la suppression fréquente de la 3e pers. sing. e
de l'indicatif présent :
klân hu tat, votre père est malade.
(Voir Phonétique, Remarques complémentaires.)
4) Il semble que la forme ma précédée de i puisse parfois
être employée dans le sens général de il, elle est, hors des locu-
tions signifiant se trouver dans 1111 lieu, dans un état :
i makôsort, il est garçon d'honneur [noce] ;
i ma stal 1er ou lir, c'est, il ou elle est comme du cuir.
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 183
Q. i luu sitdart, il était soldat; i fin klâ, je serai malade;
etc.
De plus, elle est employée exclusivement dans les proposi-
tions conjonctives :
a goste mi ma klâ (non a garni men de), parce qu'il est
malade.
5) Les formes du présent d'habitude sont employées, mais
elles sont assez souvent remplacées par le présent ordinaire :
doned e rèn, mar be ker en amder,
je viendrai, si le temps est beau ;
pe don ou pe van klâ, i fâ dies,
quand je suis malade, je suis d'humeur difficile.
(Ceci s'applique à bet, avoir.)
6) A signaler l'emploi de la conjugaison impersonnelle
dans :
er pech e do gibelà genen e b-o en wiyœzo,
(à la rigueur :
erpech e do giudâ genfn i ma en ïviyœïu e),
ce que j'aime le mieux, ce sont les œufs.
La conjugaison du verbe qui correspond à avoir se déduit
naturellement de celle de bet comme en V. A l'infinitif on
emploie de préférence à toutes les autres la forme bet, rempla-
cée parfois par kavet (littéralement trouver).
Petre fo toch hibi kavet ? Que voulez -vous ? Que cherchez-
vous ?
Cl. affectionne pour ce verbe la forme emphatique et préfère
à
meme{s) avalœio, gye des avalœw, j'ai, il a des pommes,
be me(s) avalœw, be'« des avalœw, j'ai, il a des pommes.
Verbe régulier karçn, aimer.
CONJUGAISON PERSONNELLE
Temps simples.
SINGULIER PLURIEL
irepers. 2e p. 3e p. ire pers. 2e pers . 3e pers.
manque
Indicatif présent karâ kar karàm karet karan(t)
184 E. Thibault.
Imparfait haren kare harem karçch haren (/)
ou karom
Passé défini (3e pers. sg. haras
seulement)
Futur haren kàro karéem kar^et karèn(t)
Conditionnel karehçn harehe karehem karehôch kafebenÇt)
ou karehom
Impératif haram harel
Temps composés.
Passé indéfini kare(t) ou kere(î) mes, etc.
CONJUGAISON IMPERSONNELLE
Présent me gar, etc.
etc.. etc.
Remarques. — 1) Cl. termine parfois — assez rarement —
la 3e pers. sing. de l'indicatif présent par a (comme le bas-
vannetais) :
gye rikh gober, il faut qu'il fasse ;
ne say ou nesayk het, il ne saute pas; nevarn(a) Jçet, n'im-
porte ;
confond donc alors les verbes à terminaison ordinaire avec les
verbes du type hikat, mettre. En revanche, ceux-ci semblent
avoir souvent, notamment à l'impératif, la simple terminai-
son et au lieu de eyt :
laked en dra-se ar en dawl, impératif, mettez cela sur la
table ;
de fee wach lakeyt, participe, ce n'est pas encore mis.
Pour le changement de a en e qui peut se présenter au par-
ticipe passé de karein, aimer, et qui a envahi la conjugaison
de leret, dire, voir Phonétique A II.
2) Le subjonctif formé du futur précédé de re n'est guère
usité et c'est le simple futur qui en tient place :
Dwe hu pardono, rekôpàso ! Que Dieu vous pardonna, vous
le rende ! (littéralement : vous récompense).
3) Phénomène curieux, à Cl. le participe passé faisant par-
tie d'un temps composé admet le comparatif et le superlatif :
me mam en dur me fdetoch, fileta, c'est ma mère qui me bat-
tit davantage, qui me battit le plus;
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 185
so-seen dwe me sehetâ, c'est ce qui m'étonna le plus ; etc.
Ces formes sont, il est vrai, moins courantes que les expres-
sions ordinaires :
me niam en dwe me filet er gzvehâ, littéralement : c'est ma
mère qui me battit le pis ; etc.
4) Les infinitifs à Cl., ont des terminaisons assez variées.
Certes, la terminaison en (et non en comme à Noyai, par
exemple) est envahissante :
anewèn, nommer; gyebèn, manger; geliOèn, appeler, etc. ;
mais on trouve à côté :
al : legarnal, étinceler ; sôjal, penser.
at : akoat ou âkuat, oublier ; le)'rat, voler, dérober.
el : kwebêl, tomber; lemej (part, lamet), ôter ; leshel, lais-
ser.
et : ànazvet, connaître; deleyet, devoir; gel 'et, pouvoir; havet,
trouver; kebet ou kuhet, cacher ; miret, empêcher; pli jet, plaire ;
talet, valoir;
et d'autres terminaisons encore :
gorto~ (part, gorteyt), attendre ; gurên, lutter; hiberhin, rire ;
keni, offrir; koms, causer; prèk, prêcher; etc., etc.
L'infinitif s'emploie assez souvent pour remplacer un impé-
ratif vague dans le langage familier :
pa Se fasèn ! ne vous fâchez pas, ne nous fâchons pas !
et, avec le sens du participe passé, dans les expressions :
diiu er e pasèn, il est deux heures passées ;
pasen tregbt, plus de trente.
5) La forme en er de la 3e pers. sing. de l'indicatif présent
est la seule forme passive subsistante. Elle est, elle-même, sou-
vent remplacée par la forme active avec gi, ils, ou un autre
pron. personnel.
A côté de :
aman i hiver tut, ici l'on trouve tout ;
dre man i he(r) un tulat biônoch, par ici l'on va beaucoup
plus vite ;
l'on trouve :
gi lar i ma klà, ils disent, Ton dit qu'il est malade ;
aman bïvi gav tut, ici vous trouvez, l'on trouve tout ; etc.
La tournure impersonnelle de sens passif, formée de l'auxi-
i S6 E. Thibault.
liaire het, être, et du participe passé, rend souvent à Cl. le
franc, on :
servije(t) wo ? l'on servira ? faut-il servir?
Cette tournure, jointe a un pronom personnel, remplace
l'actif fréquemment :
de kewich servije tèn, je n'ai pas encore servi;
alumed (e) hu kolœw doch, vous avez allumé votre chandelle ;
domed e gençch, vous avez, avez-vous battu [votre grain] ?
6) Les formes du conditionnel passé V. en xani %en sont
inconnues à Cl. et l'on dit :
ne gredà het i tey ou tehe, je ne crois pas qu'il vienne ;
ne gredâ ht i lero ou lerehe, je ne crois pas qu'il dise [littéra-
lement : dira, dirait] ;
suivant que l'on veut indiquer une probabilité plus ou moins
grande.
7) La particule e : V. e s'entend toujours à Cl. a l'imparfait,
au plus-que-parfait et au futur du verbe substantif :
klàn e w: (/>.'/), klâ e wj, il était, il fut, il sera malade.
La particule i : V. e se supprime parfois, mais elle subsiste
toujours sous la forme in devant um, un, particule réfléchie :
mar a ivech (j)n uni drôpâ, parfois je me trompe.
Cet emploi ne s'est pas étendu abusivement à la conjugai-
son impersonnelle comme dans certaines parties du territoire
vannetais et Ton dit :
m'um drap (ailleurs me nhum dronp), je me trompe.
Il est vrai qu'on peut entendre :
(;/?c) mes mïn drôpet, je me suis trompé.
8) Les formes de monet, aller, et de donet, venir, se con-
fondent souvent :
a pe dâ, quand je vais et quand je viens.
Quant aux formes avec i à l'initiale :
V. ape ian, quand je vais,
elles semblent inconnues à Cl. bourg.
Le participe passé de nionet, aller, est eyt.
9) Remarquer dans la conjugaison de drehel, tenir, la forme
dey, tenez, à l'impératif :
dey er plat, tenez le plat.
Ne pas confondre avec deyd er plat, le plat est arrivé, on a
apporté le plat.
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 187
Cette forme n'exclut pas dalhet : dalhet huki, retenez votre
chien.
10) La conjugaison de gut, savoir, est devenue complète-
ment régulière en partant de gwir à la 3 e pers. sing. de l'indi-
catif présent :
gwiret, participe passé : su, etc.
Ne pas confondre :
ne wirâ ket de gut, je ne sais pas,
avec :
ne tuera ket de giuerèn, traire, je ne trais pas.
11) Le verbe défectif qui n'a laissé que l'expression eme,
dit, disent, ne s'emploie guère qu'à la 3e pers. du singulier et
du pluriel de l'indicatif présent. Il peut être remplacé par des
locutions :
aldoch hwi ) ,, , ,.
, .. • \ suivant vous, d après vous, dites-vous.
mest-o-hvji \ ' r '
12) Rappelons la contraction :
i ma toch, il faut que vous...,
dans l'expression impersonnelle red e, il est nécessaire, il faut,
employée d'ailleurs concurremment au verbe rikèn (régulier et
non défectif), devoir :
ne riha ket gober en dra-se, il ne doit pas faire cela.
ADVERBE
Outre les différences phonétiques déjà indiquées, il convient
de signaler pour les adverbes la fréquence plus ou moins
grande de leur emploi, de dire par exemple qu'à Cl. Ton se
sert plutôt de d'er lin, en haut, que de d'er lue, de pihir de
préférence à pegours, quand, etc.
elkent est à Cl. akyen, cependant.
V. elma, elsé : Cl. anema, anese, comme ceci, comme cela,
ainsi.
kenklus, aussi bien, autant, devient une sorte d'adjectif attri-
but avec le sens général d'aussi bon :
er bleat wo ke(t) kenklus, la récolte ne sera pas aussi bonne,
aussi abondante :
ur sort signifie le même, pareil :
er bretô de ke ur sort, le breton n'est pas le même ;
i88 /:. Thibault.
et, tout comme mêmes tra, correspond à tout aussi bien,
kôpernen e rà ur sort ou mêmes tra,
je comprends tout aussi bien ;
à quand même, maigre tout,
peibik e wo ur sort ou mêmes tra,
il sera riche malgré tout.
ha nitra : non plus :
en dèn-ma ha nitra, cet homme-ci non plus, pas davantage.
ha rach : aussi, en plus (français local : et tout) :
glaw ha rach, de la pluie aussi.
haiikctâ : à qui mieux mieux, à l'envi.
pasemât (français pas seulement) = non seulement, ne paraît
guère que dans les locutions pasemâÇt) te et pasemât mi (voir
Prép.et Conjonction.)
Pour la quantité beaucoup se rend la plupart du temps par
ur yœch ; gude, (J)stroch remplacent souvent muioh aveit, plus
de:
gude tri si e ives, vous avez plus de trois défauts ;
(f)stroch eii'idèn = d'autres que moi ;
(i)strpch eïvid inô = plus d'un.
Citons le composé trawaset, assez, et la forme :
de se bihâ = il n'y en a pas peu, il n'en manque pas, il y en
a assez.
ken ou Vin, aussi, s'emploie en toutes positions. Constatons,
à propos de ce mot, que l'on dit bien d'une façon absolue :
nen don ket ken su°t-se, je ne suis pas si sot ;
mais que l'on n'emploie pas ken, lorsque le second terme de
la comparaison est exprimé :
nen don feetsu°t aset ewit gober, je ne suis pas si sot que de faire,
je ne suis pas assez sot pour faire.
ken meyt, seulement, pas plus de, est contracté en kemeyt,
souvent employé.
na dàjer (franc.) signifie /'/ s enfant de beaucoup.
de fce ken bras staldoch iriui, na dàjer, il n'est pas aussi grand
que vous, il s'en faut.
[/;/] leurs : à temps, de bonne heure, tôt, admet le compa-
ratif et le superlatif :
erii'ce kursoch, il est arrivé plus tôt, de meilleure heure;
Motes sur le parler breton de Cléguérec. 1È9
kursâ giuelà, le plus tôt sera le mieux.
Les particules d'affirmation et de négation sont :
ye, oui;
rie)', non.
bow, si, exclut geou.
Dans l'interrogation, Cl. se sert parfois de ha, est-ce que,
qui suit alors le substantif :
Pier e dey ? ou Pier ha gye dey ? Pierre viendra-t-il ?
L'on peut aussi signaler les locutions adverbiales :
( ahanema, d'ici; anon, là-bas.
de lieu < a koste, à côté.
( ar d'er lèn, vers le haut.
ar dro ter er, vers trois heures.
, ) ben ino, pour lors (dans le futur),
ce temps , . i?*'i*
1 ahanema ino, d ici la.
de ben er bli, l'année prochaine, etc., etc.
PRÉPOSITION
a, de, ne devient que rarement^ devant l'adjectif possessif.
On dit plutôt :
a i vuam que ag i wam, de sa mère.
A Cl. c'est a qu'on emploie après miret, dibzi'enet, empêcher;
après kutàt, content, ingorto, dans l'attente de, l'on se sert de
a ou de de.
La forme bedik, jusqu'à, est préférée à betag.
La préposition composée bç, avec l'article : ben, ber, dans,
qui est envahissante :
be Kleyerek, à Cléguérec;
ber vwist : V. barh er voujstr, dans la boîte,
n'a cependant pas détrôné complètement in, dans, qui s'em-
ploie en toutes positions :
me gred in Diue, je crois en Dieu ;
in ker, en ville; in kowesyô, en confession; etc.
La vieille forme hervit, revit : V. rêvé, selon, subsiste.
V. ardran, derrière, est à Cl. adrâ ; i ta(l) kèn remplace
souvent cette préposition :
i tal kèn en tP\ derrière la maison.
190 E. Thibault.
Après avoir rappelé les contractions des prépositions avec
l'article, signalé les formes civil : V. aveit, pour ; keneibit : V.
kenevê, si ce n'est, sans :
keneûridon, disent les vieux, ^
keneiïridèn, disent les jeunes, ) '
l'emploi de de gavet : V. tréma, vers, chez :
i hâ de gavet me handarw, je vais chez mon cousin ;
i hà daâoch, je vais chez vous ;
de gotà, à cause de :
goiâ de ou te me dqt, à cause de mon père ;
de la locution pasemât te, sans compter, en plus de :
pasemàt te mefwèn, en plus de ma peine, de mon mal, no-
nobstant mon mal ;
il ne restera plus guère à noter, sans doute, que l'emploi de la
préposition ar, sur, dans certaines locutions :
ar me nach, de toute ma force;
gye laburaren de, il travaille de jour
(Ne pas confondre ar en de avec Ira en de, tout le jour) ;
ar gorv er sehœn, sur la semaine [opposé à : le dimanche] ;
et celui de la locution a kostç dans le sens de à côté de, en com-
paraison de :
a kostç dçch, à côté d'hier, en comparant avec la journée
d'hier.
CONJONCTION
A signaler l'emploi exagéré, abusif de nag qui, d'autre part,
est tout à fait justifié dans :
nag ifehçch klà, quand même vous seriez malade;
et dans :
fia bra% e gye! comme il est grand !
celui de ke, car, remplaçant rak inusité. Sont à peu près syno-
nvmes a gos mi, gotà mi et palmor mi, parce que :
ke gye we klà ou a goste mi we klà, car, parce qu'il était
malade, etc.
Cl. pendegwi, pendegu : V. pendèguir, puisque.
Notes sur le parler breton de Clêgttcrec. 1 9 ï
penaïus ou petws, comment, remplace très fréquemment la
conjonction e :
gye lar penos..., il dit que...
Quant à al : V. èl, comme, il fait souvent place à stal ; V.
èl men dé, comme, tel qu'il est, est à Cl. {st)al vie de.
dœstÇoti) a parfois à Cl. le sens de savoir si :
dœsloh me(s) gye lakeyt bemfiset ? savoir si je l'ai mis, peut-
être l'ai— je mis dans ma poche ?
Il est très couramment employé dans le sens de malgré :
dœstoh mi ma klâ, malgré, bien qu'il soit malade.
A propos de mi : V. ma, disons que cette conjonction a un
emploi assez imprécis. L'on dit de même :
ha bed i ma klâ ou ha be(f) mi ma Ma,
bien qu'il soit malade.
pasemât mi arrive au même sens de bien que en passant par
l'intermédiaire non seulement, mais encore :
pasemàt mi ma miew, i ma fal ewe, non seulement il est ivre,
mais de plus il est méchant ;
pasemât mi bon klâ, i ma tèn lalnirai, non seulement je suis
malade, bien que je sois malade, il me faut encore travailler.
Il paraît bien que l'on dise :
ken splan ken nelâ ket selet dohtô,
et non :
ken splan mi, etc., si brillant je que ne puis le regarder.
L'on dit :
ingorto mi tey ou ke nen dey, en attendant qu'il vienne.
L'on dit à Cl. :
sel abiloch mi ma ou sel mihoch mi ma abil, plus il est habile ;
a bwen mi wen deyd in ti)', pe. . . à peine étais-je entré que ;
kement a nach al (i}î)en dwe, tant de force il avait.
Cl. emploie l'expression givech ha monet : en même temps
que d'aller, tant que d'aller, puisque vous y alle~.
L'on dit aussi :
gwech ha pen det te Bôdi, puisque vous allez à Pontivy.
Rappelons qu'après mar, si, la mutation par affaiblissement
se fait parfois (Voir plus haut aux Mutations).
mar be ou marïbe, s'il est;
par suite, peut-être, d'une confusion possible de mar avec ma,
192
E. Thibault.
mi (cf. : mar ou ma karet, si vous voulez). L'on emploie cette
conjonction mar après l'expression an em (s, j'ai peur :
(vu em es mar da, mar dehe, j'ai peur qu'il ne vienne ;
mais on dit aussi :
œn em es mi tehe.
A Cl. :
si\ ! chut !
(A suivre.}
INTERJECTION
E. Thibault.
THE MONASTERY BISHOPRICS
OF CORNWALL
The chief interest of Celtic Christianitygathers around the
monastery-bishopric and the abbot bishop who ruled it. In
the sixth century the religious life had become much more
than a counsel of perfection. In Ireland the church was almost
exclusively monastic. In Wales St. German is said to hâve
founded a monastery during his second visit. Iltut whom he
ordained priest was the founder of Llantwit the great school
of monks whence came Samson, Paul Aurelian and possibly
Gildas and David.
At the outset it is necessary to guard against the under
current of thought which connects Celtic monasticism with
one or other of the great religious orders. The earliest of
thèse orders — that of St. Benedict — was not established
until about A. D. 529 and was not introduced into Britain
until St. Augustine's arrivai in A. D. 597. At the interview
between Augustine and the Welsh bishops in 603 Dinoot
abbot of Bangor-Iscoed was among the strongest opponents
of compromise. Celtic monasticism owed nothing to St.
Benedict or to St. Augustine. When therefore we read the
statement of a shrewd and learned writer like Sir John Maclean
that « St. Petrock founded his monastery at Bodmin adopting
the rule of St. Benedict " and when we recall an admission
by the same writer that Petrock was educated at the great
monastery of Clonard towards the end of the fifth or at the
beginning of the sixth century i. e. presumably betwêen
490 and A. D. 510 and therefore before the Bénédictine order
Revue Celtique, XXX V. 1 5
194 T. Tayîor.
was founded, we réalise how miscbievous this under current
of thought may prove.
There is no évidence that any early monastic foundation in
the Celtic world was established in accordance with the Béné-
dictine discipline. Celtic monasticism was quite definitely sut
generis. The mission of St. German in 429 and 447 probably
laid the foundations of it in Britain.
Ithadachievedsomeofits greatest victories beforeSt. Augus-
tine of Canterbury was born. Paul Aurelian, the Welsh monk,
established the monastery bishopric of Léon in A. D. 530 :
Samson a compatriot the similar foundation at Dol inA.D. 565 :
T'utwal olBritish Dumnonia wasabbot before he became abbot-
bishopof Treguier in thesame century. In Ireland the monas-
tery ofClonard was founded before the Bénédictine order came
into existence. St. Patrick was a eontemporary ofSt. German.
Celtic Christianity while it was practically independent of
Rome ' became intensely monastic. There is nothing therefore
to lead us to regard the canons of St. Petrock, St. Piran, St.
Stephen, St. Keverneand St. Probus, mentionedin Domesday
Book, as subject to the discipline of St. Benedict. Such évi-
dence as we possess tends to continu the contrary opinion.
What has been said ofthe order of St. Benedict applies with
çireater force tothat of St. Augustine, the Black Canons, whose
earliest foundation in England dates from A. D. 1108, that
is, 22 years after Domesda}* Book was compiled. Abbot Gas-
quet truly says the clergy of every large church, as being
subject to rule, were called canons. The rule of St. Augustine
was not introduced at Bodmin until the time of Bishop
William Warelwast (1 107-1 136) *.
1. Comwall's independence of Rome implied neither répudiation ol" nor
sccL>>ion tVom the Roman church. It was merely the temporarv suspension
of outward communion with Latin Christianity as the resuit of political
eventswhich had placed Cornwall in a state of isolation.
2. The statement is based upon the assumption that the decrees of Pope
Léo III were as vnoperative in Cornwall as they were in Wales and Ire-
land. It should be needless to warn the reader against confounding Augus-
tine of Canterbury with the bishop of Hippo. The latter is said to hâve
sanctioned certain régulations for the religious Iife which subsequently
became known as the rule of St Augustine. In the middle of the ninth
The monastery bishoprics of Cornivall. 195
Under the strong pressure exerted by monastic expansion
the governmental character of episcopacy became attenuated.
This was especially the case in Ireland and in those churches
which owed their foundation to Irish missions. The multi-
plication of bishops tended to dégrade the office. It is impos-
sible to read the accounts of monastic rule as developed by
St Bridget at Kildare and by the Irish mission at Iona and of
the mechanical and subsidiary part which the bishops were
called upon to play in the drama without being aware of the
subversion of one of the fundamental marks of episcopacy.
The présent writer lias found but slight évidence of this
disastrous policy in Wales and Brittany. There the abbot
bishop is seen as the ruler of a monastery or of a tribe. Inn-
umerable monasteries had no bishop at ail. The présence of a
bishop gave to the monastery the éléments of permanence
and priority. The Breton and Welsh monastery bishoprics
hâve in many instances survived as bishoprics up to the pré-
sent time solely, as it would seem, owing to their earlyepis-
copal character.
The distinction between the Irish and British conception
of episcopacy must be borne in mind when we attempt, to
reconstruct the ecclesiastical institutions of Cornwall. It has
been shown that the relation between Cornwall and Brittany
was that of mother and daughter. Between Wales and Corn-
wall the relation, though probably less close, was far closer
than that between Ireland and Cornwall. It is therefore more
than probable that while the abbot-bishop was everywhere a
distinguishing feature of Celtic Christianity there was hère,
in thiscounty, no such perversion of the episcopal office as
century Pope Léo III made this rule obligatory upon ail the clergv who
had not embraced some other rule . Had the monks of St Petrock been in
outward communion with western Christendom they would probablv bave
become canons, regular or secular, of St Augustine and, in that case and in
that sensé only, Sir John Maclean's statement mighthave been permissible.
But in that sensé the words had no meaning in the sixth century when St
Petrock founded the Cornish community. Augustine of Canterbury was a
Bénédictine monk and the canons regular introduced bv bishop Warelwast,
known as Black canons, belonged to one of the three great orders which
sdrang from the rule attributed to his great namesake the Bishop of Hippo.
196 'l . Ta\lor.
to give rise to a body of episcopi vaganies 01 whom we read
in connection with Ircland and Irish missions'.
That Cornwall possessed bishops is certain and that they
ruled monasteries is equally certain, diocesan bishops
being, during the period under considération, practically
unknown to the Celtic world. History helps us little as regards
Cornwall. We know that in A. D. 664 two British bishops
(duobus de Brittonum gente episcopis), whom Mr. Haddan
considers to hâve been Cornish, assisted Wini, the Saxon
bishop of Wessex, in the consécration of St. Chad 2.
Gildas, the Jeremiah of Britain, whose de E.xcidio is stated to
hâve been written in the sixth century introduces us to an
ecclesiastial System which, in respect of its main features
differs hardly if at ail from that with which we are
familiar but which both surprises us by the évidence of its
progress and alarms us by the extent of its perverseness.
Gildas speaks of the clergy « intruding themselves into the
preferments of the church yea rather buying the saine at a
high rate » and « after the example of Simon Magus buying
the office of a bishop or of a priest ». There was therefore
already in the sixth century, if the traditional date of the
de E.xcidio be aecepted, a gradation not only of dignity but also
of office and émolument, for which, without Gildas' évidence,
we should hardly hâve been prepared. The denunciations of
Gildas hâve been held to apply to the civil rulers and the
secular clergy only 3 but there seems to be no good reason for
accepting this hypothesis unless we read into the sixth cen-
tury conditions which are found at a later period. It is impor
tant and sufficient for us to know that the British church was
highly organised and comparatively wealthy at this time.
To suppose, however, that Celtic monasteries were large
solid structures of stone with cloisters, refectories, dortors
and the like is to mistake the économie conditions of the
period and of the countries under review. To associate the
1. Dom Gougaud speaks of them as Evêques déclassés et errants (Chré-
tientés, p. 219).
2. Haddan and Stubbs, Councils, I, 124.
v Gougaud, Chrétientés, p. 67.
The monastery bisboprics of Cornwal . 197
Celtic bishop with a durable and spacious cathedral church is
almost as grotesque an anachronism as to represent St Lucy
( who died in the year 3.03) as they do in the sailors' church
at Naples, apparelled in a modem court dress with a tiara of
gems and a necklace of beautiful pearls.
The Celtic monastery has been compared to a pioneer set-
tlement. It consisted of a congeries of detached cells each
suitable for the habitation of one or more monks. The cells,
like the churches of the period, were commonly of wood
sometimes ofstone. It is therefore, after the lapse ofso many
centuries, usually futile to seek for traces of them. Of exis-
ting Christian remains of the Celtic period in Cornwall the
most noteworthy and interesting are the granité crosses and
those monuments especially which bear the Chi-rho mono-
gram. The chapels at Perranzabuloe, at Gwithian and at Ma-
dron are also of this date, the two former probably owing
their préservation to the sand which buried them and the
latter to the healing virtues of the waters of the holy well
which flow through it '.
Having shown that the Celtic conception ofepiscopal juris-
diction was definitely monastic as opposed to the Roman
which, at an early period, had become diocesan, it is neces-
sary to fix approximately the date at which, in Cornwall, the
former gave place tothe latter. Upon the solution of the pro-
blem dépends the character to be assigned to the four
Celtic bishops, Kenstec, Conan, Daniel and Comoere whose
names are disclosed in certain authentic documents and are
given in the Truro Diocesan Kalendar.
In Brittany, a more progressive country and less isolated
than Cornwall, the change was violently efFected by the
patriot Nominoë in the year 849. In Ireland the dio-
cesan system was not adopted until 11522. Wales submitted
to the jurisdiction and discipline of Canterbury in 1207. It is
certain therefore that Cornwall, more opposed to Saxon
1. To this period Mr Jenner would also assign the dwellings at Chy-
sauster which may indeed, as hesuggests, hâve been St Gulval's nunnery.
2. Stokes, Ireland and the Celtic Church, p. 347.
198 T. Taylor.
influence than any of the others, did not accept the diocesan
system until thedays ofEgbert (836). There is good reasonto
believe that the change took place much huer. Kenstec's
letter to Archbishop Ceolnoth (833-870) states explicitly
that his bishopric was monastic {Ego Kenstec... [ad] episcopa-
lem sedem in gente Cornubia in monasterio quod lingua Brettonum
appel lalur Dinuurin electus, etc. ').
The next bit of historical évidence is that of Asser the
adviser of King Alfred to whom Alfred in 884 committed
Exeter cum omni parochia quae ad se pertinebat in Saxonia et in
Cornubia2. The précise nature of the commission isuncertain.
If the giftwas made after Asser became bishop of Sherborne
it probably involved the oversight of Devon and of that por-
tion of Trigg in Cornwall where Alfred's possessions were
situated. There is nothing to lead us to conclude that the
Celtic Christianity of Cornwall was to be affected by it.
A very distinct advance, in intention if not in achievement,
was made when in 909 Archbishop Plegmund constituted
the see of Crediton. To Eadulf the bishop were given three
vills in Cornwall — « Pollton, Coelling and Landuuithan
from which year by year he might visit the Cornish people in
order to extirpate their errors. For in times past, as far as pos-
sible, they resisted the truth and were not obedient to the
apostolical decrees ». Pollton and Landuuithan are unques-
tionably Pawton in St Breock and Lawhitton. Coelling pré-
sents some difficulty because Domesday Book and ail subsé-
quent records represent Callington (with which it h as been
identified) as ancient demesne of the Crown. It is possible
however that before the Norman Conquest Coelling may
hâve been surrendered to the King or hâve been exchanged
for another holding 5.
How far Eadulf was successful it is again impossible to say.
A conquered race does not readily surrender its traditional
religious customs. One of the most instructive records of the
1. Haddan and Stubbs, Coiuicils, 1,675.
2. Ibid., I, 676.
3. It is even possible that Coelling may be Callestock in Perranzabuloe.
The canons of lixetcr had lands in that parish in the twelfth century,
The monastery bishoprics of Cornivall. 199
Jewish captivity is that which préserves the pedigrees of the
priests who were themselves to préserve and perpetuate the
priestly succession '.
Athelstan's policy (925-940) of excluding theCornish from
Exeterand confining them within the limits of their own pro-
vince does not at first sight point to improved relations bet-
ween the two races. His conquest of the whole of Cornwall
may be accepted as fact and also his grant of lands to the
church of St Buryan. Perhaps the most important act of his
life, so far as Cornwall was concerned was, in the words of
Leland, « to set up one Conan to bebishopin the church of
St German » . The statement even if copied from what he regar-
ded as a trustworthy document would hâve carried little weight
as coming from a writer who lived 600 years after the event
had not Bishop Conan been found signing charters, undoub-
tedly authentic, between the years 931 and 934. Moreover
the name Conan is Celtic and occurs frequently in Cornish
place names. I am inclined to think that the Bishop Donan
whose name is appended to the St Buryan charter is a
transcriber's mistake for Bishop Conan 2. The question
naturally suggests itself, how was it possible for a people
smarting under récent defeat to accept the religious minis-
trations provided by their conqueror ? Close upon a centurv
had elapsed since the décisive battle of Hengestisdun and
during the interval doubtless a considérable portion or
the Cornish had corne to accept the Saxon supremacy.
Athelstan's mission may hâve been, generally speaking, paci-
fie though involving punishment to the disaffected and rebel-
lious.
In choosing a Cornishman and one probably already a
bishop for the see of St Germans he would be acting in a con-
ciliatory spirit, especially if he, at the same time, recognised
the traditional type of Cornish Christianity. There is no rea-
son to interpret his action as involving a departure from it.
1. Ezra VII ; Nehemiah XII.
2. Donan however is a Celtic name (See Loth, Rev. CelL, XXIX, 277).
For the purpose of the argument which is hère put forward it would hâve
been more convenient to hâve distinguished between them.
200 T. Tàylor.
An interesting note is given by Haddan and Stubhs ' which
calls attention to the signature of one Mancant, a bishop, to
a charter of 932 to which also Bishop Conan's name is appen-
ded. The learned editors rightly conjecture that Mancant was
a Cornish bishop (Mancant, or more correctly Maucant).
Coeval Cornish bishops are just what we should expeçt to find
in the tenth century 110 less than in the sixth.
Quite the most valuable extant document of Cornish
Christianity however is the List of Mamtmissions on the Boà-
min Gospels which dates from the year 942 and carries us
almost to the middle of the eleventh century. From this pre-
cious manuscript we gather that there were during that period
ihe following bishops in, or connected with, Cornwall, —
(1) Athelgea[rd] possibly bishop of Crediton, (2) Comoere
contemporary with Edgar (958-975) (3) Wulfsige of a
slightly subséquent date (4) Burthwold mentioned in Cnut's
charter and described by William of Malmesbury as uncle ot
Living or Lyfing the penultimate bishop of Crediton. Char-
ters also disclose two additional bishops, — Ealdred
(993-997) and Aethelred (ioor). Of thèse Comoere Wulfsige
and Ealdred are identified by Mr Haddnn with Bodmin
and Burthwold with St Germans. Comoere's name is
Celtic; the rest of the names are Saxon. But the impor-
tant point is that they are ail, except possibly the first
contemporary with, though not identical with bishops of
Crediton, in other words, sorae measure ot independence
continued to exist between the Saxon see and the see or sees
of Cornwall. There is nothing toshow that, before the days
of Wulfsige (967) i. e. until within 80 years of Leofric the
first bishop of Exeter, the greater part of Cornwall was
not Celtic both in religion and language. The change ot
ecclesiastical organisation was made at a period much later
than is commonly supposed 2.
1. Connais I, 979.
2. In the west of Cornwall there are indications in Domesday Book
(1086) of the récent introduction of Saxon place-names, e. g. in Edward
the Confessor's time it can hardly be a coïncidence that Aluuarton (hodie
Alvérton) was the holding of Aluuar.
The tnonastcry bishoprics oj Çormuall. 201
The charter of King Aethelred to Bishop Ealdred (994)
seems to point to a period of transition. He gives to Bishop
Ealdred episcopal jurisdietion in the province of Cornwall
that it (the province?) may be free and subject to him and
his successors, « that he may govern and rule his diocèse
(parochiain) in the same way as other bishops who are
in his realm, both the monastery Qocus} and the domain
(j-egimeii) of St. Petrock being under the control of him
and his successors ». If the English conception of dioce-
san jurisdietion had been generally known and allowed in
Cornwall there would hâve been no need to require the sti-
pulations contained in the concludingparagraph. Ealdred was
to administer the see of St. Petrock on English lines. History
does not tell us what 'vas, in the meanwhile, happening at
St. Germans ; but twenty four years later (in 10 18) we meet
with a grant of lands, in Landrake and Tiniel, by King Cnut
to Burhwold bishop of St. Germans; the Landrake lands were
to be held by the bishop du ring his life and after his death
they were to be held for the good of the soûls of him and
the King. The Tiniel lands were to be used as the bishop
thought fit. It is interesting to note that thèse lands were not
annexed to the bishopric but continued to be held by the
prior of St. Germans until the dissolution of the priory in the
sixteenth century.
Atthe time of Cnut's grant Cornwall had practically lost its
independence both civil and ecclesiastical. Ail the witnesses
to his charter, twenty seven in number, bear Saxon names.
Burhwold died in or about A. D. 1043. Lyfing his
nephew who had become bishop of Crediton in 1027 was in
pursuance of an arrangement made long before betwreen him
and King Cnut, allowed to hold both sees. On Lyfing's
death, in the third year of the Confessor's reign (1046) Leo-
fric the King's chaplain was appointed to the united bishopric
(episcopatum Cridionensis ecclesiae atque Cornubiensis provinciae)
and the see transferred to Exeter. Papal sanction was obtai-
ned for the transaction three years afterwards.
By his charter of ratification, dated 1050, Edwrard the Con-
fessor transfers the Cornish diocèse which had formerly been
202 T. Taylor.
assigned to a bishop's see (episcopali solid) in memory of Bles-
sed German and in vénération of Petrock, this, with ail
parishes lands etc., he transfers to St Peter in the city ot
Exeter. The absence of clear définition in the last paragraph is
sufficiently obvious : no clearer définition was possible. There
had been hitherto no Cornish diocèse in the English and
Roman acceptation of the word. There had been bishops
both at Bodmin and at St Germans within living memory
holding lands and exercising jurisdiction but the monastic tie
was still probably stronger than the diocesan.
Yet it was obviously important, now that Exeter was to be
the seat of ecclesiastical government for the two counties,
that ample provision should be made for the great bishop who
was to occupy it. Exeter lacked lands, books and almost every
church ornament ; so stated Pope Léo in his letter to King
Edward. Accordingly the King not only gave to it lands of
his own but he provided for the transfer of ail that could
under any reasonable pretext be claimed for its support. In
effect, he made it possible for the Exeter bishopric to dérive
nearly one half of its entire revenue from Cornish monastic
lands. But the endowment of the see of Exeter requires a
chapter to itself.
Tho. Taylor.
L'AVENTURE DE MAELSUTHAIN
C'est une curieuse aventure, qui renferme plus d'un détail
piquant. O' Curry s'en est servi dans ses Lectures on the Manu-
script Materials oj ancient Irish History (Dublin, 1861), où il en a
donné p. 76 une traduction anglaise, et p. 529 le texte irlan-
dais emprunté au Liber Flavus Fergusiorum, manuscrit copié
en 1435 '. Le texte qui suit est tiré du Manuscrit de Paris
(fonds celtique, n° 1), f° 44 v° a. Bien qu'il diffère à peine du
texte donné par O'Curry, il a paru utile de le publier à nou-
veau, à cause de l'intérêt qu'il présente au point de vue de
l'histoire hagiographique. Les variantes essentielles (notées
O'C.) ont été enregistrées au bas des pages. On y a joint une
traduction française.
Le récit porte dans le Manuscrit de Paris un titre qui lui
convient assez peu. Sans parler de l'erreur de chiffre relevée
ci-dessous, il contient cette inexactitude d'attribuer le princi-
pal rôle aux trois Domnall, alors que c'est Maelsuthain qui est
le personnage important du récit.
TEXTE IRLANDAIS
BETHA NA tri 2 DoMNtf// INNSO.
[TJriar mac fogluma ' tangat^r o Choindire do denum alei-
gind dinnsaig/d an[m]charat Briain meic Cendehid À. Maôl-
1. Ed. Gwynn, Proceed. of the R. Irish Acad., XXVI, C, n° 2 (Mardi
1906), p. 19.
2. Le manuscrit a . IIII. au lieu de .III. Le chiffre quatre a été probable-
ment amené ici par la dernière phrase du récit.
3. foglainntig O'C. au lieu de »ic fogliuna,
204 /• Vendryes.
suthain O Cerbuill d'Hoganacht Lâcha Léin, arbahe ecnaidi
baferr inaimsir. Isa|m]lrt/W roboi intriar sin 7 isiat comaéssa ',
comdealba 7 oen ainm forra .i. Domnall intainm; 7 robktar
immorro tribliadna icfoglaim occa.
Icinn mmbliadan autem adubratar fnanaiti : isâillinn, arsiat,
dul cor/ce inniarusâhv// 7 cotir 2 iuda coro imthidsit arcosa
cech cowair roimtiginslanicid italmam. Itubairt intaite : Nireg-
thai no cofagbaithi luag mo saethair oc|~u]msa, arsé. Adubnz-
ta[r] nadalt[a]da : Nifuilagaind ni dobermais âuit, uht bernait
tribMadna eli acdén[u]m umaloiti 3 d«/t, mad ail leat. Nihàil,
arsé; acht tabr[ai]d mo bretha fein dam, no dogen bar nes-
caine. DoWram, arsiat, dia roib acaind . Ronaissc forro fosois-
A cela ancoimdid. Ragthai, arsé, isin cornai 4 'sâil lib, 7 bid riiarb
sib an aenfec/tf arïnturus ; 7 isibreath cuingimsi oruibsi : cin-
dularnem iarnécaib daib, «ocotistai chugumsa artûsdiainnis >
dam cafad mosa[e]gal 7 coroindisiu 6 infagaim mochuid
dochendsâ " incoimded. Geallmaitne d///tsi sin 8 ahucht ancoim-
ded, arsiat.
Roimthigsit 7 rucsat bentachtam léo onaide 9 7 rosfacsrtt
bennar/rtain aice d'idiit. Rosirsit d^no indom[u]n IO, cach conaxt
dochualatar cm/ doimthear/jf 7 roncatar autem fadeôid coiaru-
sâWem 7 fuaradar bas ann inoen techl 7 rohadnaicid conanoir
moir infijarusalew.
Tanicd[a]no Michel arcairigil oDiaar &cend. Itdu(f°44 v°b)-
brudar : Niragham no cuslanaighem in mbreithir " t[u]csn//
friarnoidi tosoïscêla Crist. Imthig/d, ar intaingil, 7 indisid do
v'ibWadna coleth aice dosaeg/// 7 adul aniîrinn iarsin cob/v/th ;
berthar d[a]no breath fair illô bratha12. Inndis duinn, arsiat,
1. cotncruth O'C.
2. isintir O'C.
3 . aç omhuloid O'C.
4. Rachaidh, arsé, in conair O'C.
5. innisiti O'C.
6. co ro innisdi O'C.
7. anfaghaim ce'nnsa O'C.
8. «« »t «m O'C.
9. 0 «a notât O'C.
10. dano indomun mq. dans O'C.
1 1 . breath O'C.
i2. Iarsin berus an breath allô bratha fair O'C.
L'aventure de Maelsuthain. 205
cid ma.curlh.ar inifn/w hé. Artri fathaib, arintaingil .i. aramét
tôirces r incanôin 7 amét donmnaib fer frisi coimraicmf 2 7
artregud indaltusa.
Ise immorro fâth imartreigsim intaltus : .i. [macj 5 maith
robui aicce, . i . Maelpat/vric a ainm side. Rosgab galar bais in-
mac. Rogab intaltus {osed)t inathimmcill ardàig cowabud marb
inm^c. Nirtharbaig doibsim sin, uair ba marb inmtfc acétôir.
Idubrt/Vt Maelsuthain nach gebad indaltus tri bithu inadeagaid
sinonach facaid 4 anoiracCn'^5 fair;7 nidasonair tue Dia don
altus cenamrtcsom doslanugz^/, acht robferr lais inmac dibeith
et/V muinntir nime naittV muinntir taXman.
Robui Maelsuthain secht mbliadna cenaltas dogabrt//. Iarsin
ta.nca.tar atriur dalta doacallrtw Màiltsuthain ixechtaib tricolum
ngel, rohVso[m] fâilti friû, 7 adubairt : Dia bar mbethu, adal-
tada inmaine 6, inn[ijsidh dam fbt ma saegiril 7 infagbaim
fochraicc. Atat, arsiatsom, tribWadna dosaegal zcat 7 dobet[h]
anifrâm cobrath iarsin. Cid mambeinn ~ anifhYm, arséisim.
Artrifathaib, arsiat, 7 roindisetar na tri fatha adubrmnar
romaind .
Nibafir modulsa anifrinn, arsé, uair natrihuilcsin itâ acamsa
gusaniu nibiait ocwmsa 8 oso[m]amach ; 7 treiefetsa nahuilc
sin, 7 logfaid Dia damsa iat, amail rogeall fein intan atrubairt :
Impietas impii inquâcumqwe hora conuersus fue[r]it non noce-
bit. Nidingen dan[o] cialla uaim fein isin canoin, acht amail
dogeb 9 isnaleabraib diadaib. Nicoimrec f/i mnâi tir10 cenber
beô ; gebat d[a]nosaltir cechlai 7 dogén cet slec/;/ain cech lai ll.
Secht mbliadna itû genaltus dogabail ; gebatsa altus iosecht
1. toircer Ms ; torrees O'C.
2. do mhnaimh frisid coimricenn O'C. La traduction mot à mot de notre
texte est « quantité de femmes d'hommes ».
3. mac ajouté d'après O'C.
4. tre bithumh 0 nach facaid O'C.
5. ac Dia O'C.
6. Les six mots qui précèdent manquent dans O'C.
7. ou inanibeinn ? pour imambeinn.
8. Le texte d'O'Curry répète deux fois aiiiu, nibiad ocumsa.
9. amail twgeibl).
10. Mot à mot « avec femme d'homme ».
11. ..diadhuibh. Gebad dna céd shehtain cech lai O'C.
2oé /. Vendryes.
cech lai, cenbam ' beo ; 7 dogén tredenus cecha sec/;/maine.
Denaidsi d[a]n o toc/;/ doc/wm nime, arsé ; 7 ticid illô inet-
ser/;/a doinn[i]sin scél dam. Ticfamait, arsit.
Dochuzdar atriur fointuarusgb<7/7 a-'/na 7 robc;;iMr/;/sa[tJ do
7 rohendachtsom doibsem. 1116 d[a]no aeitser/;/a tangadar a
trhir fondeilb 2 cétna.; robm^ach câchdib diachéili 7 rofiarfad
in inunn 5 mobrethsa 4 indiu ôDia > 7 anlâ aile tangabair
domagallfl/m. Nihinannim/z/orro, arsiat; uair rotaisbenad dûinne
tinfldsaarnim, 7 islôrlinne 7 tard lôrlatsaiar na riac/j/ain afea-
bus 6. Tangamairne aniu amail rogeallsamarne ardocewdsa ;
7 tar lind aniu aramus inait sin, corabair afreacnarcus " Dé,
indaontaid nanoem trinoidi 7 muinnt/Vi nime combrath 8.
Issann sin rothinoilit sacairt 7 clérig imda cuiçe; 7 rohon-
gadh hé 7 nirscarstft adaltada fris no côndeachatar acc//;rar 9
àochîim n/;;/e.
Issé ascrebtra inf/Vmaithsin atd [in] inis Faithlinn isineclfl/j
fos, 7 r[e]l.
TRADUCTION
VIE DES TROIS DOMNALL.
Trois étudiants partirent de Coindire 10 pour s'instruire auprès
du directeur de conscience de Brian Mac Cennétig11, qui était
1. cen bed O'C.
2. tuaruscbail O'C.
3. i m 11 11 11 Ms.
4. ma beathasa O'C.
5. ac Dia O'C.
6. « ?«w linnidh afheabus O'C.
7. fracracus O'C.
8. ('(» />m/ «a mbreath O'C.
9. a cethrar mq dans O'C.
10. auj. Connor, dans le comté d'Antrim.
1 : . C'est Brian Mac Cennélig, roi de Munster à la fin du xc siècle (v. A'.
ci-//., XVII, 3 39 et- s., 347, 349, 351 et ss.), plus souvent appelé Brian
Borunta, du nom de la ville de Bôrime (Bôraime, Bôruma, Bôroma), auj.
Béai Bôrumha, sur la rive dr. du Shaunon, à env. 1 mille au N. de Killaloe ;
cf. K. Meyer, Eriu, IV, 71 etss. Il porte le nom de Brian naBanbaa
Borumi dans un poème de Cuan hua Lothchàin (m. 1024), publié dans la
L'aventure de Maelsuthain. 207
Maelsuthain O'Cerbuill, d'Eoganacht de Loch Léin : ; car
c'était lui le meilleur sage de ce temps. Voici comment étaient
ces trois étudiants : ils avaient même âge, même figure et
même nom, Domnall. Ils restèrent trois ans a étudier auprès
de Maelsuthain.
Au bout des trois ans voici qu'ils dirent à leur maître : « Nous
avons le désir d'aller jusqu'à Jérusalem, dans la terre de
Judée, afin que nos pieds passent par chacun des chemins par
lesquels a passé le Seigneur sur la terre. » Le maître répon-
dit : « Vous n'irez pas avant d'avoir laissé entre mes mains le
salaire de mes peines. » Les élèves reprirent : « Nous n'avons
rien à te donner; mais nous pouvons rester trois autres années
à ton service, si cela te plaît. » — « Cela ne me plaît pas,
dit-il ; mais accordez-moi la décision2 que je vais dire, ou bien
Z. f. celt. Pbil., V, 23 et celui de Brian in bùair dans un poème de Gilla
na Naem hua Duindsléibe (m. 1160), conservé dans le Book of Leinster,
33 a 30. On sait que le mot bôroma désigne aussi un fameux tribut imposé
aux habitants du Leinster par le roi suprême Tuathal Techtmar qui vivait
au 11e siècle de notre ère (voir d'Arbois de Jubainville, Catalogue, p . 46, et
Wh. Stokes, R. celt., XIII, 32-124). M. J. Loth a comparé le mot bo-ronu,
interprété comme « bétail (= argent) de Rome » à l'anglo-saxon Rom-feoh
« id. », par lequel on désignait en Angleterre depuis le ixe siècle le denier
de Sl-Pierre. Il a pu se produire en tout cas en Irlande une confusion par
étvmologie populaire entre les deux mots.
1. Maelsuthain Ua Cerbaill, « grand savant d'Irlande et roi d'Eoga-
nacht de Loch Léin », comme disent les Annales d'Ulster (ardsûi Erenn 7
ri Eoganachta Locba Léin), mourut, d'après ces mêmes Annales, en l'année
1010. On trouvera un poème de lui publié par M. K. Meyer dans la Zeit-
schriftfiïr eeltische Philologie, t. V, p. 499. Eoganacht de Loch Léin estunnom
tribal mentionné ailleurs, notamment dans le F élire bùi Gormdin, note au
i2novembre(éd. Stokes, p. 216-217), dans le Liber Hymnorutn (éd. Bernard-
Atkinson, t. II, p. 9 et 109) et dans la vie de saint Findchua (Stokes, Lires
of saints Jrom thc Book of Lis more, p. 235); la tribu descendait d'Eogan Mor,
roi de Munster au 11e siècle.
Loch Léin est l'ancien nom des lacs de Killarney, dans le comté de Kerry ;
v. Wh. Stokes, The Rennes Dindsenchas in Rev. Celt., XV, 45 1 , et Ed. Gwynn
The Metrical Dindshenchas, III, 260 et 524. C'est dans ces lacs que se trouve
l'île appelée Inisfallen (Inis Fâithlcnn), siège du célèbre monastère dont il
est question à la fin de ce récit.
2. Cf. co titca tù breth mo beôilféin damha until thou grant me thc sen-
tence of my own lips » Comperi Monpdin, in The Voyage of Brdn, éd. K.
Meyer, p. 63, 1. 8.
2o8 /. Fendrxcs .
je vous maudis. » — « Nous l'accorderons, dirent-ils, si nous
le pouvons. » Il les fit s'engager sur l'évangile du Seigneur.
« Prenez, dit-il, le chemin que vous désirez ; vous mourrez
tous trois en même temps dans le voyage ; et voici la demande
que je vous adresse : c'est de ne pas aller au ciel après votre
mort sans être venus d'abord vers moi pour me dire quelle
longueur aura ma vie1, et si j'obtiendrai ma part d'indul-
gence du Seigneur. » — « Nous te le promettons, par le
sein du Seigneur », dirent-ils.
Ils partirent, emportant la bénédiction de leur maître, et
lui laissant la leur. Ils parcoururent le monde, suivant tous
les chemins où ils entendaient dire que le. Christ avait passé;
et ils atteignirent enfin Jérusalem, où ils trouvèrent la mort
en même temps ; on les enterra à Jérusalem avec grand hon-
neur.
L'archange saint Michel 2 vintleschercherdela partdeDieu.
Mais ils lui dirent : « Nous n'irons pas sans avoir accompli la
promesse que nous avons donnée à notre maître sur l'évan-
gile du Christ. » — « Partez donc », dit l'ange, « et informez-
le qu'il a encore trois ans et demi à vivre et qu'il ira en enfer
après cela, éternellement. Jugement sera porté sur lui au jour
du jugement. » — « Informe-nous », dirent-ils, « pourquoi
il sera jeté en enfer. » — « Pour trois raisons », dit l'ange :
« pour la quantité d'interpolations qu'il a introduites dans le
canon ; pour la quantité de femmes avec lesquelles il a eu
commerce, et pour avoir abandonné l'altus 3. »
La raison pour laquelle il avait abandonné l'altus était lasui-
vante : il avait un bon enfant, nommé Maelpatric. Une maladie
i. Ci. fol saiquil gl. diuturnitatem Ml. 145 de), etbidsefotasaeguil « ce
sera la longueur de sa vie » Tain bô Cûalnge, 1. 1768 (L. L. 71 a 13).
2. L'archange saint Michel est le messager ordinaire de Dieu vers les
hommes ; d. un épisode de la vie de Colum Cille, Zeitsch. f. celt. Phïl.
IX, 265.
3. Il s'agit de l'hymne Al tus prosator, attribué par la tradition à Colum
Cille. Cet hymne, conservé dans sept manuscrits, a été en dernier lieu
édité par J. H. Bernard et R. Atkinson dans The Irish Liber Hymnorutn
(Henry Bradshaw Society, London, 1898), t. I, p. 66 et suiv., avec une
étude très complète et une traduction anglaise au t. II, p. 140-169. Le texte
L'aventure de Maelsuthain. 209
mortelle s'empara de cet enfant. Il chanta l'altus sept fois autour
de lui pour que l'enfant ne mourût pas. Cela ne leur servit
de rien, car l'enfant mourut sur le champ. Maelsuthain déclara
qu'il ne chanterait plus l'altus de sa vie, à cause qu'il ne voyait
pas que le Christ fît honneur a ce chant. Pourtant ce n'était pas
par déshonneur ' pour l'altus que Dieu n'avait pas guéri son
enfant, mais bien parce qu'il trouvait meilleur d'avoir cet enfant
dans la famille du ciel que dans la famille de la terre .
en est assez difficile et fourmille de termes qui rappellent les Hisperica
famina. Il avait été auparavant plusieurs fois édité, notamment par Colgan,
Trias Thaumaturga, t. Il, p. 473 (1647) et par J. H. Todd, Book ofhymns
ofthe Ancient Churchof Ireland, t. II, p. 201-251 (Irish Archaeological and
Celtic Society, 1869). Mais l'édition d'Atkinson a lait perdre leur valeur
aux éditions antérieures, y compris celles de Boucherie (Revue des Lingues
romanes, t. VII [1875] p. 12, avec une addition t. XIV [1882], p. 293), de
Cuissard (Revue celtique, t. V, p. 205) etc. ; cf. R.celt., VII, 237.
Il est assez remarquable que la littérature hagiographique de l'Irlande
passe à peu près sous silence l'Altus de Colum Cille. . Il n'en est pas ques-
tion dans les vies de Colum Cille qu'a publiées Wh. Stokes (Three middle
Irish Homilies, Calcutta, 1877, p. 90-125 et Lives of saints from the Book oj
Lismore, p. 20-33) ni dans celle, beaucoup plus développée, que MM. R.
Henebry et A. Kelleher ont publiée dans la Zeitschrift fur celtische Philolo-
gie, t. III, IV, V et IX. La seule allusion à YAltus que signale Atkinson,
en dehors de l'aventure de Maelsuthain, est dans le poème inédit du Ms.
Laud 615 intitulé Mesca Coluim Cille, sorte de vision extatique de Colum
Cille à l'heure de sa mort (v. Reeves, Adamnani Vita Columbaé,
p. lxxix-lxxx); on y lit cette strophe :
mo altus ainglidhe go naoimh
1110 easparta dia dardaoin
Mo ainhra ag righ an esca glan gle
annso fagbhaim tar meise.
« mon Altus saintement angélique,
mes Vêpres du jeudi,
mon Amhra au roi de la pure lune brillante,
voilà ce que je laisse après moi. »
Serait-ce, comme le suppose Atkinson, d'après une suggestion de la préface
(p. 146), que l'Altus contenait des doctrines qui n'étaient pas très ortho-
doxes ? On comprendrait alors qu'il fût tombé en discrédit et qu'un lointain
disciple de Colum Cille ait éprouvé le désir de composer cette histoire pour
le remettre en faveur.
1 . Le mot esouoir « déshonneur » se rencontre dans la vie de Colum
Cille, Z. f. celt. Phil., III, p. 524 dern. ligne ; gén. esonora, ibid., p. 544,
I.3.
Revue Celtique, XXXV. 14
2io /. Vendryes.
Màelsuthain resta sept ans sans chanter l'altus. C'est alors
qu'arrivèrent les trois élèves pour entretenir Màelsuthain ; ils
avaient la forme de trois colombes blanches ; il leur fit bon
accueil et leur dit : « Salut à vous ', ô gentils élèves, dites-
moi la longueur de ma vie et si j'obtiendrai récompense. » —
«Tu as, dirent-ils, encore trois ans à vivre, et tu seras ensuite
éternellement en enfer. » — « Pourquoi serais-je en enfer »,
dit-il . — « Pour trois raisons », dirent-ils, et ils lui expo-
sèrent les trois raisons que nous avons données plus haut.
« Il n'est pas vrai que j'irai en enfer, » dit-il, « car ces
trois vices qui sont sur moi aujourd'hui n'y seront plus désor-
mais; je les abandonnerai et Dieu me les pardonnera comme
il l'a promis lui-môme quand il a dit : L'impiété de l'impie ne
lui nuira pas, en quelque jour qu'il se convertisse 2. Je ne
mettrai aucun sens venant de moi-même dans le canon, mais
[je l'interpréterai] tel que je le trouverai dans les livres divins.
Je n'aurai aucun commerce avec une femme tant que je
serai vivant. Je lirai le psautier chaque jour et je ferai
chaque jour cent génuflexions. Voilà sept ans que je suis sans
chanter l'altus ; je le chanterai sept fois par jour tant que je
serai vivant, et je ferai trois jours de jeûne par semaine.
Retournez donc au ciel, » dit-il, « et venez au jour de la
mort pour me donner des nouvelles. » — « Nous viendrons »,
dirent-ils .
Ils repartirent tous trois dans le même équipage 3, après
l'avoir béni et avoir reçu sa bénédiction . Le jour de sa mort,
ils revinrent tous trois sous la même forme. Ils échangèrent
des bénédictions, puis il leur dit : « Mon jugement est-il le
même aujourd'hui de la part de Dieu que l'autre jour où vous
vîntes m'entretenir ? » — « Il n'est pas le même, » dirent- ils ;
« car on nous a montré ta place dans le ciel ; sa dignité nous
i. Cf. Dia do betha « salut à toi » m. à m. « Dieu (soit) ta vie », Vision
de Tondale, éd. K. Meyer et V. H. Friedel, p. 101, chap'. vin, 5. C'est
par Dia do beatha qu'est traduit Auc (Maria) dans la salutation angélique
(Luc, I, 28). La Bibliography de Best(v. ci-dessous, p. 225) mentionne,
p. 145, trois poèmes qui commencent par Dia do betha. Dans VEchtra Nerai,
1. 113, on lit fo Dia do betho (R. celt., X, 222).
2. Ezéchiel, chap. XXXIII, §12.
3. Le mot tuarascbail signifie proprement « description ».
L 'aventure de Maelsutbain. 211
satisfait et te satisfera quand tu y seras arrivé. Nous sommes
venus vers toi aujourd'hui comme nous te l'avons promis ;
viens avec nous aujourd'hui jusqu'à cette place, afin que tu
sois en la présence de Dieu, en l'unité de la sainte Trinité et
de la famille céleste jusqu'au jugement. »
C'est alors que se rassemblèrent autour de lui des prêtres
et des clercs en grand nombre ; il reçut l'extrême-onction, et
ses élèves ne le quittèrent pas jusqu'à ce qu'ils partirent tous
les quatre vers le ciel.
Les écrits de cet excellent homme sont encore à Inisfallen
dans l'église, etc.
J. Vendryes.
UN
RAPPROCHEMENT CELTO-OMBRIEN
On sait que les dialectes osco-ombriens ont gardé parfois
mieux que le latin les mots du vieux fonds italique com-
mun et présentent ainsi avec les autres langues indo-euro-
péennes des correspondances de vocabulaire dont le latin n'a
plus trace. Par exemple on ne retrouve qu'en osco-ombrien
le pendant italique du mot irlandais tuctth, gotique ftiuda, qui
est le nom occidental de la « cité ». L'ancien radical ner-
« fort, viril » conservé dans l'irlandais ncrt et le gallois nerth
« force » ne se rencontre sur le sol de l'Italie qu'en sabin
(Nero), en ombrien (nerf « principes », nerus « principibus »)
et en osque (jier « uir », nerum « uirorum »). Inversement
le nom du magistrat en osque (ineddiss « iûdex », d'où medi-
cim « iûdicium », medicatinom « iûdicàtiônem »)et en volsque
(medix) contient comme premier terme un élément qui n'a
le même sens qu'en irlandais (tnidiur « je juge »).
A ces exemples bien connus, on peut sans doute joindre le
suivant.
Pour désigner la loi, à côté du mot dliged qui signifie pro-
prement « obligation, dette » et appartient au vocabulaire
du Nord-Ouest (v. Meillet, Dialectes indo-européens, p. 21),
l'irlandais a un autre mot d'extension plus restreinte : c'est
ad (.i. dliged, Laws IV, 4, 17; cf. Be^. Beitr., XIX, 39 et
Arch. f. ce! t. Lcx., I, 66 et III, 171). On en a tiré ada « lé-
gal, juste, convenable » ', employé substantivement au sens
1. Cf. ni bd bada ri con uni m hi Temraig « un roi avec défaut (physique)
ne convenait pas à Tara », L. U., 50 b 34 ; ni bada do 1110 menmain apairi
romnet « mon cœur ne mérite pas le tour que j'ai subi(?) », Lee. 124 b 10.
Un rapprochement celto-ombrien . 213
de « prérogative, droit >■>, et adas, com-adas « juste, conve-
nable » ' formé avec un suffixe -asto- sur l'origine duquel ren-
seigne M. Pedersen, Vgl. Gr., II, 21. L'adjectif adas est traduit
par « bon » dans le glossaire de O'Clery (adbas .i. maith) ;
suivant le dictionnaire de O'Reilly, que M. Dinneen ne fait
sans doute ici que reproduire, adbas aurait en irlandais
moderne le sens de « bien, prospérité ». En brittonique, le
même adjectif est attesté sous sa forme simple et composée :
gall. addas et cyfaddas ; en v. gallois clmadas gl. par (deux
fois), et en v. breton camadas gl. habilis (v. Loth, Voc. vieux-
breton, pp. 72 et 64) 2.
Whitley Stokes a proposé successivement pour ces mots
deux étymologies inacceptables. Suivant l'une (Kuhn und
Schkicbcr's Beitrâge, VIII, 330), le radicale- représenterait la
racine *sed- de l'allemand Ge-set% ; suivant l'autre, il représen-
terait une racine *pad-, celle de l'allemand fassen.
L'ombrien fournit, semble-t-il, un rapprochement plus
satisfaisant.
Il est frappant de constater en effet que le radical ad- se
rencontre avec un sens voisin du sens celtique dans le rituel
ombrien : arsmor « ritus, institutiones », a r manu (lire
ar m a mu), arsmahamo « ordinamini », arsie « sancte »,
arsier « sancti ». Dans tous ces mots le son r (rs) représente
un d ancien (von Planta, Grammatik der oskisch-umbr . DiaL,
I, 294). Il est vraisemblable qu'une trace du même radical se
conserve en latin dans la vieille formule ita te amata capio,
par laquelle le pontife saluait la vestale nouvellement consa-
crée (Walde, Etym. Wtb., 2e éd., s. u.).
Nous avons affaire ici à un terme du vocabulaire religieux
'&*
1. Cf. adas Wb. 5 d 35 ; contactas Wb. 8 b 1 ; bid adas duit « il te sera
convenable » L. U., 67 a 36; in troscud trath bas n-adas « le jeûne au temps,
où il est de régie », Ériu, II, 65, 9.
2. M. J. Loth me signale les exemples suivants en gallois ancien : met
y bâtas « c'est l'hydromel qui leur convient » Bl. Book, éd. Ev., p. 48, 16 ;
graivn adas « dignes de grain » (en parlant des chevaux de Gereint), Bl.
Book, éd. Ev., p. 73, 6 et Red Book, ap. Skene, II, p. 276, 20; dofyn
eigyawn adas « méritant l'Océan profond (pour être noyés) », B. of Tal.,
ap. Skene, II, p. 152, 13 .
214 J- Vcniryes.
commun aux Italiotes et aux Celtes. Seulement le mot s'est
de bonne heure laïcisé en celtique ; et c'est le sens de « con-
venance », d'« appropriation » qui subsiste seul dans les déri-
vés ada, adas (com-adas).
Il est possible que les mots adma « instruit, sage, avisé » et
adim (ou adcm, v. Thurneysen, Hdb., I, iéo) « instrument,
appareil » sortent aussi de la même racine avec un suffixe
en -m- comparable à celui de l'ombrien.
J. Vendryes.
CORNOVIANA
(suite) '
VII
LAVALOW
La sincérité de cette forme n'est guère douteuse, en raison
même de son étrangeté. Lhwyd (Arch., 10, col. 3 5231, 2) dit
qu'il n'a pas remarqué d'autre exemple de cette corruption; il l'a
tiré d'une traduction de la Genèse, I, 7 1 .
Quelle en est l'origine ou plutôt la cause ? J'avais toujours
pensé que c'était une dissimilation de n de l'article : 'lavalow
pour 'n avalùiu : devant les mots commençant par une voyelle
a (d) de l'article disparaît même dans l'écriture ; aujourd'hui
noon pour an un = au gun (féminin), le marais, bas-fond
marécageux, lande. Ma supposition était juste. Un champ, en
Camborne, porte le nom de Giueaklavdlan, à décomposer
en GiveaJ cl avellan pour GweaJ en avallun, le champ du pom-
mier (Tithes Apport ioinnent. On prononce sans doute : Gwel
lavalhu).
VIII
LES GLOSES A SMARAGDUS SONT CORNIQ.UES
J'avais montré par des arguments tirés de la forme des mots
dans YArchiv f. Ce! t. Lexic. (III, 250-256) que les gloses à
Smaragdus devaient être comiques, contrairement à l'opinion
de M. d'Arbois de Jubainville qui les croyait bretonnes. J'en
1. Voir Revue Celtique, t. XXXIV, p. 181.
2ié /. Lot h.
avais, dans les gloses même, une preuve décisive, qui m'avait
échappé. On y trouve, en effet, golent, pleps1. C'est indubi-
tablement Galant, paroisse (plebs) sur la rivière de Fowey, où
se trouve la célèbre église de S'-Sampson . Le scribe était sans
doute de cet endroit. J'avais enlevé au comique les Gloses de
Voxon. post, pour les restituer au gallois {Revue Celt., XIV, 70).
Je lui restitue définitivement les gloses à Smaragdus en les
enlevant, chose plus méritoire, au breton. Ma conscience est
tranquille.
J. Lot h.
1. La glose golent porte en effet sur pleps (v. Arch. f. Celt. Lex., III.
252), et non sur prex comme le croyaient M. d'Arbois de Jubainville (Rei\
Celt., XXVII, i)3) etM. Ernault (tbid., XXVIII, 54).
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I. J. Morris Jones, a comparative Welsh Grammar, I.
— II. P. W. Joyce, Irish Names of places, III. — III. National Library
of Irelaxd, Bibliography of Irish Philology and Literature. — IV. R.
Thurneysen, Die Kelten in ihrer Sprache und Literatur. — V. O. H.
Fynes-Clintùn, The Welsh Vocabulary of the Bangor district. — VI.
Eben Fardd, Awdl Dinistr Jérusalem. — VII. Karl Schumacher, Ver-
zeichniss der Abgùsse und wichtigeren Photographien mit Germanen-
Darstellungen.
J. Morris Jones, A Welsh Grammar, historical and comparative, I
(Phonology and Accidence). Oxford, Clarendon Press, 1913.
xxvij-477 p. 8°. 13 s. 6 d.
Au début du mois de juillet dernier, l'honorable Society of Cym-
mrodorion était en fête : le 3, à 8 h. du soir, il y avait banquet au
Trocadero Restaurant, Piccadilly Circus; le.4, de 8 h. 1/2 à 11 h.,
réception et garden-party à Whitehall, 11 Downing Street, chez
le Chancelier de l'Echiquier, M. Lloyd George, député de Carnar-
von Boroughs. Le signataire de ces lignes, qui avait reçu l'hon-
neur d'une invitation à cette double solennité, eut un vif regret de
ne pouvoir s'y rendre. Il s'agissait de célébrer un événement des-
tiné à faire époque dans l'histoire de la philologie galloise, un évé-
nement qui est apparu comme un événement national, l'achève-
ment par M. Morris Jones de la première partie de sa Welsh Gram-
mar.
Depuis de longues années, M. Morris Jones annonçait ce grand
ouvrage. On savait qu'il y travaillait toujours, même après l'avoir
terminé, qu'il le remaniait, le refondait, qu'il en changeait le plan
et l'économie, qu'il y introduisait des remarques nouvelles, des-
218 Bibliographie.
exemples recueillis au cours de ses lectures, des références aux tra-
vaux dernièrement publiés. Parfois, il en dévoilait quelques par-
ties à ses élèves de l'University Collège de Bangor, et il essayait
sur eux la valeur pédagogique de sa méthode ; mais il hésitait tou-
jours à livrer son manuscrit aux typographes. Enfin, l'ouvrage a
paru, ou du moins le premier volume, relatif à la Phonétique et à
la Morphologie, c'est-à-dire, pour parler anglais, à la « Phonology »
et à 1' « Accidence ». Le second volume sera consacré à la syn-
taxe. 11 est une question que chacun se posera d'abord : Ce pre-
mier volume répond-il à ce qu'on en attendait d'après le nom de
l'auteur ? mérite-t-il l'accueil si flatteur qu'il a reçu de l'autre côté
du détroit ? On peut répondre oui sans hésiter.
C'est la première étude complète dont la langue galloise soit l'ob-
jet. L'auteur nous dit dans sa préface qu'il ne voulait d'abord
écrire qu'une grammaire descriptive du gallois moderne : mais à
mesure qu'il avançait dans cette tâche, les limites de son sujet recu-
laient devant lui. Il a été peu à peu conduit à embrasser tout le
gallois, depuis les origines jusqu'à nos jours, à mêler par consé-
quent l'histoire à la description, à expliquer le présent par le passé,
à rechercher les lois qui ont transformé les sons et les mots. De là
les deux épithètes qui définissent cette grammaire : elle est histo-
rique et comparative.
Pour faire l'histoire du gallois, M. Morris Jones était mieux pré-
paré que tout autre. Gallois de naissance, et natif d'Anglesey, terre
galloise par excellence, il n'a jamais cessé d'étudier sa langue ; il en
connaît tous les secrets, toutes les ressources, étant lui-même un
des meilleurs écrivains, en vers et prose, de l'heure présente. Il s'est
intéressé à toutes les questions qui s'y rapportent, orthographe et
versification, grammaire proprement dite etlexicographie. Il domine,
peut-on dire, son sujet de tous les points de vue. Jusqu'ici, si l'on
met à part sir John Rhys, qui n'a d'ailleurs jamais publié d'exposé
systématique de la grammaire galloise, ce sont surtout des étran-
gers qui se sont occupés de l'histoire du gallois ; il était excellent
qu'un savant dont le gallois est la langue maternelle bâtît l'œuvre
d'ensemble dont tous les linguistes avaient besoin. M. Morris Jones
d'ailleurs n'oublie pas ce qu'il doit à ses devanciers; il mentionne,
pour leur rendre un hommage mérité, le nom desZeuss, des Stra-
chan, des Pedersen.
Il y a pourtant dans ses références une lacune dont plus d'un
s'étonnera et que nous signalerons tout de suite pour n'en plus
parler. Un nom figure à peine dans la bibliographie du début et
reste à peu près absent du corps de l'ouvrage. C'est celui du seul
Bibliographie. 219
linguiste qui eût été, je crois, capable avec M. Morris Jones d'en-
treprendre cette grammaire ; qui en tout cas depuis plus de 30 ans
n'a guère laissé passer d'année sans publier sur la langue galloise
d'utiles et fécondes observations : c'est celui de M. J. Loth.
Nos lecteurs, habitués à rencontrer le nom de M. Loth dans tous
les cahiers de notre Revue apprendront avec stupeur que M. Mor-
ris Jones a ignoré les articles de la Revue Celtique signés de ce nom
et notamment les Remarques et additions à l'Introduction de Strachan,
parues d'ailleurs aussitôt après en volume, où il y a sur la phoné-
tique et la morphologie du moyen-gallois tant d'enseignements
précis basés sur des recherches personnelles. Le champ de la phi-
lologie galloise est assez vaste pour que deux — ou plusieurs —
travailleurs y puissent récolter sans se nuire. M. Morris Jones, qui
apporte lui-même à l'histoire du gallois une contribution person-
nelle si abondante, pouvait, sans se diminuer, tenir compte de celle
d'autrui. Par exemple, il n'eût été que juste de mentionner p. 339
que l'explication delà forme ducb est de M. Loth (R. Celt., XX,
79) et de rappeler son nom p. 429 à propos de la particule ry sur
laquelle il a publié une copieuse étude (v. R. Celt., XXIX et
XXX). Sur le comparatif d'égalité, p. 243, la doctrine de M. Loth
(R. Celt., XVIII, 392) méritait d'être exposée aussi bien — si ce
n'est mieux — que celles de Zimmer ou de Stern.
Le regret que peuvent causer ces omissions fâcheuses n'at-
faiblira pas les justes éloges que nous devons à tout ce qui con-
cerne en cet ouvrage l'histoire du gallois. Cette partie est à louer
d'un bout à l'autre ; elle est nourrie d'une érudition considérable,
elle fournit une masse de faits dispersés jusqu'ici dans une foule
d'ouvrages malaisés à consulter, et pour une bonne part emprun-
tés même à des textes encore inédits. M. Morris Jones a eu la bonne
fortune de pouvoir utiliser par exemple les éditions que prépare
M. J. Gwenogfryn Evans. Le travail de dépouillement qu'il a
accompli est considérable ; jamais un si grand nombre de maté-
riaux n'avaient été rassemblé. Il en a dégagé une doctrine dont
l'exposé est bien conduit, clair, méthodique. A tous égards,
M. Morris Jones historien de sa langue a bâti une oeuvre solide
et qui sera durable.
Il a voulu faire plus encore et, pour couronner cette œuvre, se
donner le luxe d'y ajouter des développements d'ordre linguistique.
C'est un bel hommage qu'il rend ainsi à la grammaire comparée.
Le désir qu'il a eu de se mettre au courant des derniers travaux est
des plus méritoires. C'est M. Pedersen sans doute qui lui a inspiré
ce désir; mais il ne s'en est pas tenu aux théories de M. Pedersen,
2 2o Bibliographie.
il a consulté aussi V Allant de M.Hirt, et l'Introduction de M. Meillet.
Ces trois éminents linguistes ont chacun une personnalité très accu-
sée, mais bien différente. Une synthèse de leurs doctrines pourrait
être un platassez savoureux. Tirer dechacun d'eux quelquesformules
pour les plaquer dans un chapitre de grammaire galloise produit par-
fois un singulier effet. Quelque soin qu'ait mis M. Morris Jones à
s'assimiler les théories linguistiques, ce qu'il en a tiré ne cons-
titue en somme que des hors-d'œuvre, et sa doctrine même
n'est pas toujours bien assurée. On est tenté parfois de souhaiter
moins d'indo-européen, moins de reconstructions hypothétiques.
Le malheur est que M. Morris Jones a généralement emprunté
surtout à ses modèles ce qu'il y a dans leurs hypothèses de har-
diesses contestables : on sait qu'il en trouvait à prendre chez
M. Hirtet chez M. Pedersen. Il reproduit la théorie des « bases »
de M. Hirt, p. 78-85, et s'ensertpour expliquerle vocalisme gallois.
Il s'attarde à exposer, p. 155-159, les alternances consonantiques de
l'indo-européen ! C'est une matière dont M. Pedersen a souvent
tiré un heureux parti ; mais il convient de n'y toucher qu'avec d'ex-
trêmes précautions. Il n'y a rien de commun entre les alternances
vocaliques qui font partie du système morphologique de la langue
et les alternances consonantiques, qui ne sont que le résultat d'ac-
cidents particuliers et pour tout dire des exceptions. Si l'on érige
en règle la possibilité de ces alternances, autant renoncera faire de
l'étymologie méthodique.
Emporté par son admiration pour les constructions linguistiques,
M. Morris Jones s'est mis à en faire lui-même; mais son imagina-
tion trop vive l'a desservi ; le grain de fantaisie qui se mêle fré-
quemment chez les savants anglais aux raisonnements les mieux
déduits a germé chez lui en une riche moisson. Il a en phonétique
des idées singulières. Ainsi il suppose p. 125 que dans certains
mots le p indo-européen est devenu / en celtique, et il cite une
dizaine d'exemples de ce changement que nul n'avait soupçonné
jusqu'ici. Mais le plus extraordinaire est qu'il y a un mot au moins
où le p indo-européen est à la fois tombé et devenu /; c'est *porko-
qui est en irlandais représenté par orc et par tore. Inutile de dire
qu'il s'agit de deux mots différents (cf. F. Sommer, 1. F., XI, 91)
et qui n'ont peut-être pas exactement le même sens (ata tore sechi
tnbliàdân and; ... orc beec... L. U., 100 a 42). Quant aux autres
mots de la liste, ils n'y figurent que grâce à des étymologies inven-
tées pour les besoins de la cause et qui ne reposent sur rien.
C'est en matière d'étymologieque M. Morris Jones aies trouvailles
les plus déconcertantes. Discuter toutes les hypothèses qu'il pré-
Bibliographie. 22 1
sente serait une entreprise trop longue et bien inutile. Il suffira
d'en donner quelques exemples. Pour expliquer epil « offspring »
ebrwydi « quick », il suppose gratuitement, p. 125 et 267, l'exis-
tence d'un préfixe eb- issu de *ek-no- ! Il rattache p. 154 myned
« aller »à la racine du lat. ueniô par une série d'intermédiaires qui
n'ont aucune vraisemblance. P. 160, il établit un rapport égale-
ment invraisemblable entre teimlo et le latin tangere (où la nasale
n'appartient pas à la racine!). Pour expliquer arogleu « parfum »
(p. 146), dxddfu « dévaster » (p. 147), perth « buisson » (p. 149),
allwedd « clef» (p. 150), elor « civière » (p. 188), et tant d'autres
mots, il ne recule pas devant des reconstructions qui appartiennent
au domaine de la fantaisie pure. Il y a beaucoup d'étymologies dans
son livre ; en l'absence de tout dictionnaire étymologique gallois,
on fera bien de toujours contrôler sévèrement celles qu'il donne ;
plus d'une devrait être supprimée.
Sur certains points en revanche, il y a des insuffisances et même
des lacunes. Si estimable que soit la préparation linguistique de
l'auteur, elle ne l'a pas préservé de certaines erreurs. Il confond
par exemple la différenciation et la dissimilation, appelant de ce
dernier nom le changement de camdda en canfa (p. 179) ou le pas-
sage demr- à br-(p. 164). Il ne distingue pas suffisamment p. 38
et 88 l'interchange de wa et de iuo en gallois du changement pan-
brittonique de wo en iva qu'à établi M. Pedersen, 1. 1, p. 34 : et il
expose p. 130 d'une façon bien confuse le traitement de la gut-
turale vélaire aspirée en gallois. Parlant p. 334, § IX (1), de l'em-
ploi du présent en fonction de futur, il l'attribue à un phénomène
d'analogie proprement gallois; la grammaire comparée lui ensei-
gnait que ce même emploi est attesté dans bien des langues, et
notamment en gaélique d'Ecosse (Pedersen, II, 305), et qu'il s'agit
là d'un fait général qui se rattache à la question des aspects du
verbe. P. 384, à propos de la formation des verbes dérivés en -ha-,
la doctrine de l'auteur est bien compliquée, et l'on ne voit pas trop
comment il la concilie, soit avec l'irlandais, soit avec le latin ; il
pouvait s'inspirer des réserves si prudentes de M. Thurneysen,
Hdb.,l, 315
La première des lacunes à reprocher à l'auteur concerne juste-
ment l'irlandais. L'irlandais n'occupe pas dans ce livre comparatif
la place qui lui revient. On est tenté à chaque instant d'y faire appel
pour donner aux règles plus de précision et d'extension à la fois.
Ainsi à la page 177, là où il est question du traitement -y (-«) de la
spirante gutturale après r et /, on s'attendait à voir citer les mots
irlandais arg, bolg, deîg, selg à côté du gallois eiry cira (bret. crc'h),
222 Bibliographie.
boly, dala (v. ci-dessus, p. 53), hela, ou le breton aivalc'b à côté
du gallois givaly gwaia. La comparaison s'imposait et rendait
les faits beaucoup plus clairs. — A la page 42e, au lieu d'une étv-
mologie bien fantaisiste sur la particule neu, n'eùt-il pas été plus
à propos de dire que l'irlandais en a l'équivalent sous la forme no
(v. Pedersen, II, 290) ? — P. 30e, a propos de l'emploi de e-ben
en breton comme féminin de e-gile « l'autre », il devait être men-
tionné que l'irlandais emploie de même le mot sétig, féminin
de cèle; ainsi benaid cend ceachtair de in dâ 'maille fri araile combo
liath ceachtar de de inchind a séitche « il frappe l'une contre l'autre la
tête des deux servantes au point que chacune d'elle fut grise de la
cervelle de l'autre » Lee. 52 b 12 ; tanîc buden aile and dana isin
tulaig cétnai Slemuin Mide, tanaiseda séitche eter lin 7 chostud 7 tim-
ihaige « il vint encore une autre troupe sur la même hauteur en
Slemain de Meath; elle était la seconde après l'autre (buden, f.)
par le nombre, l'apparat et le costume» L. L. 97 b 1 (= TBC,
5204). — P. 224, l'irlandais derb-brathir (derb-siur) « the real bro-
ther (sister) of the blood » devait être cité à côté de eefudenu, cyf-
nitberw.
Plus étrange encore que la rareté de l'irlandais est celle des
autres dialectes brittoniques, si étroitement apparentés au gallois.
Dans cette grammaire comparée, où ils fournissaient sur bien des
questions des données indispensables, ils sont à peine utilisés.
M. Morris Jones évite visiblement de s'aventurer sur le domaine
comique ou sur le domaine breton ; l'abstention est regrettable.
Ainsi page 92, à propos de la métaphoniede a en e devant i bref, il
fallait citer le breton armoricain, où justement cette métaphonie
n'existe pas et qui présente par conséquent l'ancienne voyelle con-
servée, par exemple dans halec « saule », radenn « fougère » en face
du gallois helyg, rhedyn (v. J. Loth, Mots Latins, p. 100 et 105 et
R. Celt., XIY,7o). — P. 194, l'auteur signale des « traces de l'usage
du duel » dans legallois deurudd « joues » dwyfrona. seins » ou dwy-
hnuo. mains » ; il ne dit pas qu'il s'agit d'un procès commun aux trois
dialectes brittoniques, où le duel a été, non pas conservé, mais en
quelque sorte recréé d'une façon identique, bien qu'indépendante:
breton daoulagad « veux »,daoulin «genoux », diskouarn « oreilles»,
diskoa « épaules», etc.
L'absence de l'irlandais et du breton est surtout sensible dans les
rapprochements étymologiques. La connaissance de ces langues
aurait évité à l'auteur bien des hypothèses inadmissibles ou aurait
au contraire confirmé ses doctrines. A propos par exemple de l'éty-
mologie de myned dont nous avons déjà parlé, il était indispensable
Bibliographie. 223
de signaler que suivant Strachan, Stories from Tiiiu, p. 122, on
aurait l'équivalent de myiied, bret. monet « aller » dans l'irlandais
-muinither (ebrôn .i. iarnd, ... ima-muinither meirg « fer, ... autour
duquel vient la rouille », San.Corm. 536, p. 44K. M.). — P. 24e,
je ne sais sur quoi repose la doctrine que le breton giuaz « pire »
suppose, pour le gallois giuaeth, -voe- et non -vae-, ce qui exclu-
rait l'hypothèse d'un primitif *wakto- ; mais ce primitif est con-
servé dans l'irlandais/tfcZ;/ (v. le rapprochement de M. Kuno Meyer
cité dans la R. Celt., t. XXXIV, p. 485). — P. 81, 1. 29, il ne
suffisait pas de rapprocher hagr « laid » de gr. xxpoç, lat. tiens, en
supposant postiche l'aspiration initiale du mot gallois. Le vieux-
breton ar-ocr-ion gl. « atroces » et le breton akr (bakr) « hideux »
nous montrent qu'il y a dans ces mots une autre difficulté : le
traitement de la gutturale intérieure. C'est un indice qu'il ne fal-
lait pas négliger; cf. V. Henry, Lexique, p. 4 et 156, Pedersen, I,
125 et 429.
On pourrait multiplier les exemples de ce genre. Nous nous
bornerons à réunir en terminant quelques observations sur des
faits de détail. P. 3. C'estune fâcheuse bévue de prêter à M. Thur-
neysen exactement la doctrine contraire à celle qu'il défend au sujet
des inscriptions ogamiques de Grande-Bretagne, et d'entamer à ce
sujet une discussion avec lui. M. Morris Jones a lu trop vite le pas-
sage du Kelioromamsches, p . 7 . — P. 154, §100, III (3), l'hypothèse
que la forme ail remonte à un *aliôs accentué sur la finale est abso-
lument gratuite. Cette influence de l'accent est inexplicable, et
l'hypothèse ne dit pas de quel accent il s'agit (ton indo-européen?
accent préceltique ?). Il est beaucoup plus simple d'expliquer ail
anc. eil, par *alis(*alid) puisque ces dernières formes existent spo-
radiquement en latin. — P. 163,5 (2)> joindre aux exemples
cités mwyaid, anc. buyeid B. B. p. 8, 11 Evans. — P. 177, § 110.
1. ajouter clefydeu C. M., p. 39, 1. 1, cleuydeii C. M. p. 40, 1. 11 ;
cleuydawt, R." B. I, 113, 28 et cf. Nettlau, R. Celt., IX, 74. —
P. 180, le mot gl 'a if doit être un emprunt au français. — P. 189,
§ (2), il fallait citer la forme Catamanus qui est attestée, ainsi que
Botcatman (v. Holder, I, col. 838). — P. 193, l'article celtique
sort de*sindo- et non de *seudo-. — P. 197, sur la forme biw qui
n'est pas seulement galloise, mais aussi comique (tneinbiw) et bre-
tonne (plas er biw à Coray), voir maintenant J. Loth, R. Celt.,
XXXIV, 144. —P. 208, I. 18, la forme mackwyf se lit W. B. col.
15, 1. 9 et 23 ; c'est un emprunt à l'irlandais. — P. 221, le mot
ewig « biche » a bien un suffixe -ig, mais ce n'est pas un diminu-
tif; cf. R. Celt., XXXII, 477. — P. 301, citer ar neilltu « à part, à
ï±4 Bibliographie.
l'écart » R. B. II, iéo, 1. 24, Buched Dewi, p. 15,1.21. — P. 400,
ajouter ohomi W. B. col. 452, 1. 8 = obomwt R. B. I, 100, 5.
Il suffirait en somme de quelques retouches, qui consisteraient
surtout à'supprimer les détails inutiles, à élaguer les produits d'une
imagination trop féconde, pour faire de ce livre un excellent ins-
trument de travail. Les linguistes avertis devront être indulgents
pour les fantaisies qui le déparent et le prendre pour ce qu'il est
avant tout : un répertoire de faits nouveaux, patiemment recueillis
et bien classés.
J. Vendrves.
II
P. YV. Joyce. TheOrigin andHislory oflrish Nantes oj places, vol. III.
London, Longmans Green andCo., 191 3,x-^>98 p., pet. 8°, 5 sh.
Le premier volume de cet ouvrage parut en 1869, et le second
deux ans plus tard. Le troisième et dernier s'est donc fait attendre
quarante-deux ans. Le sujet est de ceux auxquels l'auteur travailla
toute sa vie; un destin clément lui réserva la joie de voir paraître
ce troisième volume quelques semaines avant sa mort. A vrai dire,
les deux premiers volumes, qui se vendent d'ailleurs à part, forment
presque deux ouvrages séparés et indépendants ; s'ils se complètent
souvent, ils se répètent parfois, et Ton pouvait juger sur chacun
d'eux de la méthode et de la doctrine de l'auteur. Le premier com-
prend quatre parties, consacrées à un exposé général du système
des noms de lieu irlandais, puis à trois études particulières, des
noms de lieu d'origine historique ou légendaire, de ceux qui se
rapportent à des établissements humains et de ceux qui sont tirés
d'accidents naturels. La division était bonne. On la retrouve à peu
près dans le second volume, où elle se fractionne seulement en
vingt-six chapitres différents dont l'objet se laisse en général rame-
ner à Tune des quatre parties du premier. Après cette double publi-
cation, on pouvait croire la matière épuisée. A vrai dire, ce n'est
pas manquer de respect à la mémoire de Joyce que de reconnaître
à ce troisième volume moins d'importance et de nouveauté qu'aux
précédents. Il se compose uniquement d'un lexique, où les noms
de lieu sont rangés par ordre alphabétique : c'est sous une forme, à
certains égards plus commode, une troisième étude sur les noms
géographiques de l'Irlande. Sans doute l'auteur a tenu compte du
livre de M. P. Power sur ihe Place Naines oj Decies, paru en 1907.
Sans doute aussi, il n'a en principe enregistré dans ce lexique que
les noms qu'il n'avait pas spécialement étudiés précédemment. Il y
Bibliographie. 225
a cependant de nombreuses redites. Et cette idée même de faire
un choix des noms à admettre ou à rejeter prête à la critique.
C'est le caractère commun de ces trois volumes qu'ils sont
indépendants sans l'être et se complètent sans former un tout. Il y a un
défaut général dans la conception de l'ouvrage : défaut que les con-
ditions mêmes de sa publication peuvent excuser suffisamment. On
pourrait aussi, en y regardant de près, trouver dans ce troi-
sième volume plus d'un détail à reprendre ; la critique y manque
parfois de fermeté, et la méthode a quelques faiblesses. Mais il ne
convient pas d'insister. Sur une tombe à peine fermée on ne doit
déposer que des fleurs. P. W. Joyce a trop fait pour l'Irlande par
ce labeur opiniâtre, soutenu jusqu'au dernier jour, pour qu'on ne
lui accorde pas les éloges, comme le mérite l'ensemble de son
œuvre, à pleine gerbe.
J. Yendryes.
III
National Library of Ireland. Bibliography of Irish Pbilology and of
printed Irish Literature. Dublin, 191 3. xn-307 p. 8°, 4 sh.
Voici sans contredit un des ouvrages les plus utiles qui aient été
consacrés depuis de longues années à l'Irlande. C'est un répertoire
général de toutes les publications- relatives à la philologie irlandaise
et de toutes les éditions de textes irlandais jusqu'à l'année 1912
inclusivement. Le répertoire s'étend à l'Ecosse ; ainsi le livre du
Doyen de Lismore y est mentionné à la p. 188 et l'édition par
M. Cameron Gillies du Regimcn Sanitatis aux pages 66 et 266.
Même le brittonique et le celtique continental y sont intéressés,
puisque les renseignements du début sur les périodiques et collec-
tions ou sur les recueils d'étymologies se rapportent aux Celtes en
général. Mais c'est naturellement aux « hibernisants » que l'ouvrage
s'adresse avant tout. Ceux-ci devront toujours l'avoir sous la main,
comme un livre de chevet ; il leur épargnera mainte recherche
longue et pénible.
Le plan est fort simple : il y a deux parties, consacrées l'une à la
philologie et l'autre à la littérature. C'est-à-dire qu'on trouve
d'abord (p. 1-73) ce qui concerne lesdictionnaires et les grammaires
de l'irlandais, la phonétique, l'étymologie, la métrique, l'épigra-
phie, les inventaires de manuscrits, y compris les fac-similés, et
les recueils de gloses. Dans la seconde partie, qui est de beaucoup
Revue Celtique, XXXV. 1 >
226 Bibliographie.
la plus longue (p. 74-272) figurent les publications de textes:
textes épiques rangés par ordre de cycles, textes poétiques (lyriques,
religieux, élégiaques, historiques, topographiques, didactiques,
etc.), textes ecclésiastiques (commentaires sur la Bible, règles
monastiques, légendes, visions, vies de saints, homélies, sermons,
etc.), textes juridiques enfin, suivis eux-mêmes d'une liste de
« Miscellaneous », comprenant les textes variés qui ne rentrent pas
sous les rubriques précédentes; tels les proverbes ou les contes
populaires. Pour chaque texte est donnée la liste des éditions, avec
indications bibliographiques précises, et, s'il y a lieu, des traduc-
tions. On appréciera particulièrement dans ce vaste travail si utile
la bibliographie des textes poétiques: c'est la partie la plus neuve
et la plus utile de toutes. Les textes poétiques sont rangés ici dans
le seul ordre possible, qui est en l'absence de titre et souvent de
nom d'auteur l'ordre alphabétique des premiers mots. Jamais pareil
répertoire n'avait été fait, permettant d'embrasser l'ensemble de la
littérature poétique irlandaise dans la mesure du moins où elle a
été éditée. On a seulement laissé de côté la littérature contempo-
raine, qui se répand chaque jour, depuis le Revival des dernières
années, dans nombre de périodiques ou de feuilles locales. Tout
répertoire de cette littérature serait naturellement prématuré : c'est
une littérature qui se fait. Il était fort sage de n'en pas parler.
On reconnaît d'ailleurs d'un bout à l'autre de l'ouvrage l'action
d'une volonté réfléchie, qui en a fort judicieusement établi le plan,
et qui a présidé à la mise en place de chaque détail. C'est un
ouvrage personnel, et qui fait grand honneur à celui qui l'a édifié.
Aussi sera-t-on surpris d'apprendre qu'il ne porte aucun nom d'au-
teur ni sur la feuille de titre ni sur le dos de la couverture. Il est
publié parla National Library of Ireland, tout simplement. C'est
seulement au cours de la préface, signée par M. T. W. Lyster,
Librarian, que nous est révélé le nom du savant « who bas had
entire charge of the production of this Bibliography ». C'est un
nom déjà cher aux études celtiques et qui va le devenir plus encore.
Proclamons-le bien haut : c'est celui de M. Richard Irvine Best. La
bibliographie qui lui a coûté tant de peine figurera dans le catalogue
des bibliothèques parmi les publications anonymes. Il ne faut pas
que les travailleurs qui lui devront tant de profit acceptent cet ano-
nymat. Cette bibliographie doit s'appeler, elle s'appelle déjà la
« Bibliographie de Best ». Chaque celtiste saura ainsi vers qui doit
aller sa reconnaissance '. J. Vendryes.
1 . La bibliographie a été dressée avec beaucoup d'exactitude : on la
Bibliographie. 227
IV
R. Thurneysen. Die Kelten in ihrer Sprache w/d Literatur. 1914
Bonn a. Rh., Friedrich Cohen. 32 p. 8°, 1 M. 20.
Le 27 janvier dernier, jour anniversaire de la naissance de l'em-
pereure Guillaume II, M. Thurneysen était chargé de prononcer à
Bonn un discours académique. Il a pris pour sujet « les Celtes dans
leur langue et leur littérature ». Sur ce sujet, qu'il a fort
adroitement rattaché aux circonstances de la fête, l'éminent pro-
fesseur a composé un très joli discours ; il a su naturellement
se garder des défauts de l'éloquence d'apparat, dont le moindre est
en général la banalité; il a fait au contraire une œuvre originale et
forte, bien capable d'intéresser le grand public et pleine en même
temps pour les spécialistes de vues nouvelles et profondes.
Les linguistes ont affecté longtemps d'ignorer l'histoire des
peuples dont ils étudiaient les langues. Isolant les faits linguis-
tiques de tout contact avec la vie, ils les faisaient servir à des cons-
tructions théoriques, bâties d'après des principes intrinsèques
qu'ils admettaient une fois pour toutes comme articles de foi. On
sait que cette linguistique esotérique a fait son temps. Des livres
comme ceux de M. Meillet sur le grec ou de M. Vossler sur le fran-
çais — que M. Thurneysen propose tous deux en modèles à ses
auditeurs —, prouvent que sur des domaines très différents les
linguistes sont également préoccupés aujourd'hui d'élargir leur
horizon en transformant leur méthode. La méthode nouvelle con-
siste à interpréter les faits linguistiques comme des faits sociaux,
trouvera rarement en défaut. Nous n'avons que quelques légères erreurs
à signalera l'auteur: P. 3, les Mémoires de la Société de Linguistique de
Paris ont commencé à paraître en 1868 ; dans la collection de la Revue
Celtique, la table des tomes XXV-XXX compte 74 pages et non 31. —
P. 15, 1. 31, lire Boronia . — P. 47, de la Graimêar na Gaedhilge, publiée
par les Christian brothers, une quatrième édition revue a paru en 19 10
(x-349 p.). — P. 87, 1. 13 du bas, lire Êriu, V, 201-18. — P. 95, la tra-
duction de la Tdin bô Cùalnge par d'Arbois de Jubainville a été terminée
dans le tomeXXXII de la Revue Celtique en 191 1 ; un troisième et dernier
fascicule en a paru à part en librairie (chez Champion) la même année. —
P. 263, en indiquant l'édition du Dindsenchas d'Oxford et de celui d'Edim-
bourg par Wh. Stokes, il eût été bon d'ajouter que cette double édition a
paru dans Foïk-lore, t. III, p. 467 et t. IV, p. 471. — P. 272, les Mélanges
d'Arbois de Jubainville devaient être rappelés sous la rubrique Collections.
228 Bibliographie.
par les mouvements mêmes de la civilisation ; à voir dans le
développement des langues le résultat d'actions politiques et
sociales. On se flattait il y a quelque vingt ans, de renouveler la
linguistique par l'étude des patois; c'était, croyait-on, retourner
aux sources vives d'où jaillit le langage. « Zuruck zur Natur ! »
était le cri de ralliement. M. Thurneysen raille sans indulgence
l'illusion de ce retour à la nature : l'évolution des patois n'a rien
en soi de particulièrement naturel ; les patois subissent la loi com-
mune à toutes les institutions humaines; ils sont dans l'étroite
dépendance de l'organisation sociale. « Zuruck zur Kultur! » telle
doit être aujourd'hui la devise des linguistes et la formule de leur
méthode.
Si les patois perdent en importance, les langues communes y
gagnent d'autant. C'était une des originalités du livre de M. Meillet
que de réhabiliter les langues communes, et en particulier cette
forme si fréquente de langues communes qu'on appelle les langues
littéraires. Ces langues représentent toujours une certaine commu-
nauté sociale qui domine les parlers locaux ; elles contribuent pour
une part souvent prépondérante à l'extension et aux transformations
du langage: elle servent naturellement de véhicule aux idées direc-
trices de la civilisation. M. Thurneysen ne manque pas de mar-
quer l'importance des langues communes dans le développement
des langues celtiques. Son discours est en quelque sorte le pro-
gramme d'une histoire « externe » de ces langues.
Les caractères linguistiques du celtique se ramènent à deux ou
trois — variabilité des phonèmes initiaux, irrégularité extrême de
la flexion verbale, place du verbe en tête de la phrase — qui suf-
fisent par exemple à distinguer l'irlandais des autres langues indo-
européennes. Mais il n'y a guère là qu'une différence de degré: le
celtique n'a fait que généraliser des détails de structure dont le
principe se trouvait en germe dans l'indo-européen. Tout au plus
la place accordée au verbe dénoncerait-elle — cela même est-il
bien sûr et méritait-il d'être signalé? — un des traits du tempéra-
ment celtique, qui est la vivacité, la promptitude à frapper le
but.
Mais voici qui est plus important et vraiment caractéristique
des rapports qui existent entre la langue et l'état social.
L'Irlande, au temps des plus anciens documents, comprenait un
nombre considérable de groupements isolés, que l'autorité tort
précaire d'un roi suprême n'arriva jamais à réunir: on s'attendrait
donc à trouver autant de dialectes que de clans, et les œuvres
devraient être rédigées dans une langue fort différente suivant
Bibliographie. 229
qu'elles viennent du Nord ou du Midi. Or l'irlandais ancien ne
comporte pas de dialectes ; les différences dialectales que l'on
constate aujourd'hui d'une région à l'autre de l'Irlande ne se
retrouvent pas en moyen-irlandais, au moins dans la période
ancienne. C'est que le moyen-irlandais est à sa manière une langue
commune; c'est une langue destinée à l'usage des poètes et des
savants, c'est une langue écrite, une langue littéraire. L'erreur de
bien des linguistes a été de croire qu'on pouvait écrire comme l'on
parle, et par suite que la langue écrite pouvait reproduire la
langue parlée ; en réalité, on écrit comme d'autres écrivent. La
langue écrite a ses règles, ses usages, son utilité et sa destination
spéciales. Cela ne veut pas dire qu'elle ne subisse çà et là l'in-
fluence de la langue parlée. L'irlandais commun des fili était pro-
mené par eux non seulement à travers l'Irlande, mais aussi à tra-
vers l'Ecosse et transporté aussi dans l'île de Man. Dans les bigar-
rures de son orthographe, on reconnaît sans peine la trace des pro-
nonciations variées qui dans chaque région déformaient la norme de
la langue commune. Toutes ces actions réciproques de la langue
parlée et de la langue écrite, si finement analysées par Al. Meillet
dans son beau livre sur le grec, se laissent également reconnaître en
Irlande.
L'histoire du brittonique n'est pas moins instructive. Elle est
dominée dès le début par un fait de première importance, le con-
tact avec le latin. Ce contact entre une langue de civilisation
aussi générale et un ensemble de parlers « idiomatiques », comme
dit M. Thurneysen (p. 16), a eu pour ces derniers plusieurs graves
conséquences: une transformation du vocabulaire, qui s'est péné-
tré de mots latins; une simplification de la grammaire; un assou-
plissement de la syntaxe. Ce sont là les caractères mêmes du brit-
tonique. Ce dernier diffère de l'irlandais comme pourraient différer
« deux frères, nés tous deux dans le luild west, dont l'un — c'est
l'irlandais — serait resté dans sa patrie sauvage fidèle à ses mœurs,
à son indépendance, tandis que l'autre, introduit dans la civilisation
de l'Est, se serait plié au genre de vie qu'on y mène, en aurait pris
les goûts et le poli » (p. 18). L'histoire des trois dialectes britto-
niques est d'ailleurs assez différente et dépend des conditions
sociales dans lesquelles ils ont été chacun placés. Par exemple, le
voisinage du français a été néfaste au breton armoricain, qui s'est
trouvé réduit à l'état de langue inférieure, réservée aux basses classes
de la population.
Les causés qui ont agi sur la langue ont également dominé l'évo-
lution des littératures. « La littérature celtique et la façon dont elle
230 Bibliographie.
s'est transmise reflètent clairement la destinée des peuples » (p. 23).
Ce n'est pas sans cause que les récits épiques de l'Irlande médiévale
célèbrent la valeur guerrière, la poursuite des richesses, repré-
sentées par des esclaves et des troupeaux, la joie des aventures
jusque dans le pays mystérieux des fées. Un merveilleux tout sem-
blable s'épanouit au long des chroniques que les moines mettaient
par écrit dans le silence des couvents; on en retrouve l'écho jusque
dans les légendes pieuses, dans les vies de saints, si différentes de
l'hagiographie du continent. Tout cela représente la littérature
d'un peuple libre, indépendant, impétueux, ivre de luttes et de
victoires. Quelle différence avec les oeuvres littéraires des époques
ultérieures, où le pays soumis à l'étranger perdit avec sa liberté l'ar-
deur de vivre qui l'animait. On peut déjà faire partir ce déclin de
l'année 1166, quand le roi de Leinster Diarmaid, chassé d'Irlande
par ses rivaux, implora l'aide du roi d'Angleterre Henri II et lui
donna l'occasion d'intervenir dans l'île. C'est la grande date qui
coupe en deux l'histoire de la littérature irlandaise.
La littérature brittonique paraît pauvre en comparaison de sa
grande sœur, surtout dans la Bretagne française et dans le Corn-
wall. Elle a eu pourtant ses légendes et ses traditions épiques,
puisque nous lui devons Arthur, les héros de la Table ronde — et
Tristan. Mais c'est surtout parles adaptations qu'en ont faites les
poètes d'Angleterre ou du continent que nous connaissons ces
belles légendes. Seule, la littérature galloise présente une origina-
lité. Mais en dehors de quelques récits — les Mabinogion — , il n'y a
de vraiment original en Galles que la poésie; et les Gallois sont là
hors de pair. Encore cette poésie est-elle surtout une poésie de
cour, d'église ou d'école : on n'y sent pas le souffle de liberté qui
vivifiait, à ses débuts au moins, la littérature irlandaise.
Quelque chose a manqué aux Celtes, dont l'absence explique à
la fois les vicissitudes de leur langue et les faiblesses de leur
littérature : c'est une unité nationale. Il n'y a jamais eu d'unité
celtique ; on peut croire — à en juger par le résultat des der-
nières tentatives — qu'il n'y en aura jamais. Les Celtes n'ont
pas su mettre en commun, comme d'autres l'ont fait, un idéal
capable d'éveiller en eux le sentiment d'une nation ; ils n'ont créé
d'unité ni politique, ni religieuse, ni linguistique. Au contraire,
leur tempérament individualiste lésa portés à s'isoler, à se démem-
brer et souvent à s'entredétruire. M. Thurneyscn avait beau jeu à
opposer au Celte anarchiste, indépendant, révolté, le Germain
discipliné, respectueux de la hiérarchie et de l'ordre. Sa péroraison,
où l'on sent percer la pointe d'un casque, était tout indiquée. Il
Bibliographie. 231
ne pouvait moins faire que de rappeler par cet exemple si frap-
pant les dangers de l'individualisme anarchique. Ce ne sont pas les
Français, ni les Anglais, je crois, qui le contrediront. Tous deux
connaissent et apprécient les bienfaits de l'unité nationale, réalisée
par un pouvoir central absolu. Mais ils ont su comment on
modère les excès du despotisme, comment on concilie l'ordre et
la liberté ; aussi peuvent-ils considérer, avec une indulgence
mêlée toujours de svmpathie et de pitié parfois, la condition de
ceux qui sont aujourd'hui victimes ou bien d'un esprit de révolte
exagéré ou bien d'une soumission trop passive au bon plaisir de la
force. Le discours de M. Thurnevsen est très suggestif.
J. Yendryes.
V
O. H. Fyxes-Clixtow The JVelsb Vocabulary ofthe Bangor District .
Oxford, Universitv Press. 191 3, xxxj-619 p. 8°, 21 sh.
Cet ouvrage est de beaucoup le plus important qui ait jamais
paru sur la dialectologie galloise. Nous avons annoncé naguère le
glossaire d'un dialecte du Pembrokeshire publié par M. Meredith
Morris (v. Rev. Celt., XXXIII, 360) ; c'était un travail estimable
et fort utile, mais que celui de M. Fynes Clinton laisse bien loin
derrière lui. Celui-ci, par l'ampleur et l'étendue, par la valeur de
a documentation, par le soin apporté aux transcriptions, est de
premier ordre.
L'auteur, qui enseigne le français et la philologie romane à
l'University Collège de Bangor, n'est pas Gallois de naissance. Il a
appris le gallois et nous offre dans cet ouvrage le résultat d'une
enquête qui lui a demandé près de huit ans. Le territoire de l'en-
quête a été très exactement délimité ; il est borné au Nord par la
mer et des autres côtés par une ligne qui, partant de Penmaenmawr,
passerait à Llanfairfechan, Aber, Llanllechid, Bethesda, Rhiwlas,
Pentir pour venir retrouver la mer à Bangor. Sur ce territoire,
M. Fynes Clinton, aidé de quelques informateurs dont il donne les
noms p. m et qui lui servaient de garants, a relevé tous les mots
en usage. Son dessein a été, dit-il dans sa préface, non pas de
compiler le glossaire de tel dialecte du pays de Galles, mais plutôt
de présenter le vocabulaire du gallois parlé tel qu'il est en usage
dans une région particulière. Excellent programme, qui a été
remarquablement exécuté.
2 32 Bibliographie.
C'est bien l'ensemble d'un vocabulaire que fournit cet ouvrage.
L'auteur ne s'est pas contente d'y enregistrer les mots en les tradui-
sant ; il s'est préoccupé de montrer la valeur pratique de chacun
d'eux en citant, s'il y a lieu, de petites phrases, des locutions où
ils figurent. Nous avons ainsi, ce que ne donnent pas en général
les dictionnaires, l'impression d'une langue vivante en activité. La
grammaire, dans la mesure où elle s'occupe de la connaissance des
formes, pénètre ce vocabulaire sans le surcharger; pour les verbes
irréguliers, notamment pour le verbe substantif, sont données les
formes en usage. Les moindres détails de l'emploi des mots sont
mentionnés en bonne place : ainsi pour l'usage des prépositions
qui constitue, comme on sait, dans chaque langue le terrain de
prédilection des idiotismes, pour l'emploi et le rôle des adverbes,
des négations, cet ouvrage fournit d'abondants renseignements,
qui seront utiles aux linguistes.
Le vocabulaire est aussi complet que possible ; il comprend par
exemple les mots techniques relatifs à l'agriculture ou à la taille des
ardoises. Même, l'auteur n'a pas reculé devant l'admission de quelques
mots malsonnants, obscènes ou simplement sales ; c'est une décision
dont il faut le louer, mais qui pouvait, autant que nous en pouvons
juger, être appliquée plus largement. Trop de lexicographes,
par une pruderie mal placée, laissent de côté les mots de ce genre,
qui sont parmi les plus usuels du langage courant. Pour faciliter
le travail des lexicographes et ajouter en même temps à son œuvre
une valeur historique, l'auteur n'a pas craint de fournir çà et là,
par des abréviations entre parenthèses, des références à certains
textes, anciens ou modernes, où figurent les mots qu'il a enregis-
trés. Mais ce n'est là qu'un travail secondaire, ajouté après coup à
un relevé de mots exclusivement limité au langage parlé.
L'auteur a donné des soins particuliers à la transcription. C'est
sous leur forme phonétique que les mots sont enregistrés ; l'ortho-
graphe officielle est donnée après, s'il y a lieu. Le principe adopté
pour la transcription est celui de l'association phonétique, à peu
près celui dont M. Jespersen use dans ses publications. Le prin-
cipe est simple et clair à la fois. Ainsi l'ouvrage n'est pas surchargé
de notations compliquées, qui en rendraient la lecture fatigante,
parfois impossible. Il reste pratique et commode à utiliser jusque
dans la façon, dont il reproduit les sons. L'introduction donne
d'ailleurs à cet égard (p. xi et suiv.) toutes les précisions dési-
rables.
J. Vkndeves.
Bibliographie.
VI
Ebex Fardd, Au'dl Dinistr Jérusalem, wedi ei golygu gan J. Lias
Davies, Gwrecsam (cyn athro yn Ysgol Sir, Llangollen) a T.
Carno Jones, Ysgol Sir, Llangollen, gvda rhagair gan Alafon.
[Ode de la Destruction de Jérusalem, éditée par J. Lias Davies,
de Gwrecsam (ancien professeur à la County School de Llangol-
len) et T. Carno Jones, Je la County School de Llangollen,
avec une préface par Alafon], Gwrecsam, 1912, vn-80 p.
Ebenezer Thomas, plus connu sous son nom bardique d'Eben
%Fardd, tient un rang honorable parmi les poètes gallois du xixe
siècle. Né en 1802 à Tanylan près Llanarmon, au N.-E. de Pwll-
heli (Carnarvonsbire), Eben Fardd se consacra toute sa vie à l'en-
seignement, d'abord à Tudweiliog, où il avait été élève, ensuite à
Clynnog, au S. de Carnarvon, où il mourut le 17 février 1863. Il
obtint de nombreux prix aux concours des eisteddfodau, et notam-
ment par des poèmes dans les mètres fixes (mesurau caethion), où il
excellait. On cite de lui des englyvau qui sont des modèles pour le
rythme et l'harmonie. Il publia une Elégie sur John Jones Talysan
en 1857, et en 1862, des Hymnes; mais ses œuvres complètes ne
furent réunies qu'après sa mort en 1873. M. Lewis Jones a dit de lui
que c'était un 0 ser disgleiriaf llenyddiaeth ddiweddar Cymru « une des
étoiles les plus brillantes delà littérature moderne de Galles », et il
ajoute : F mae paicb s\'u darllen rhwyfaint 0 Gymraeg yn givybod am
ei awdl ar Ddinystr Ierusalem « quiconque lit tant soit peu de gal-
lois connaît son ode sur la Destruction de Jérusalem ».
Cette ode fut composée en 1823 et valut à son auteur au mois
d'octobre de l'année suivante la « chaire » de Powys. Elle reste la
plus célèbre des odes d'Eben Fardd, bien qu'il obtînt avec plusieurs
autres des récompenses non moins flatteuses, notamment à l'eis-
teddfod de Liverpool en 1840 avec une ode sur « Job » et en 1858
à la grande eisteddfod de Llangollen avec une ode sur « la bataille
de Bosworth » ; telles autres odes de lui, comme celles sur la
« Résurrection » ou sur « l'Année » qui ne furent pas couronnées
aux eisteddfodau de Rhuddlan (1850) et de Carnarvon (1862),
passent également aux yeux des connaisseurs pour des compositions
de grand mérite.
L'ode sur la Destruction de Jérusalem compte 471 vers, répartis
en strophes inégales de mètres variés. Le poète feint d'être trans-
porté sur une hauteur d'où il embrasse du regard la ville de Jéru-
234 Bibliographie.
salem tout entière : il en décrit pompeusement la splendeur et
s'attarde en particulier à ce superbe temple qui domine la colline
de Moriah (v. 102 et suiv.). La description est riche en couleur,
abondante, nourrie de souvenirs bibliques. Mais voici tout à coup
l'annonce de la catastrophe. La malédiction divine s'abat sur la ville
qui a refusé de reconnaître son Dieu (v. 170) :
Y grasol Iesu a groeshoeliasant,
am hynnygofid miniawg a y faut ;
un Dini' tin byvjyà ni adnabuani ;
Lhi 0 goeg emcau yn lie gogoniant
Vr Iesu annwyl roisant ; — a bythol
Tragwyddol, ddwyfol lida oddefant.
Ils ont crucifié le gracieux Jésus ;
pour cela ils souffriront (m. à m. boiront) une peine cruelle ;
ils n'ont pas reconnu l'unique Dieu de notre vie :
ils ont donné au doux Jésus en place de gloire
une foule de noms vides ; — éternellement,
perpétuellement, ils subiront le courroux divin.
Le poète assiste alors en imagination à l'arrivée des troupes
romaines, à l'investissement de la ville, à ce siège, un des plus
cruels dont l'histoire ait gardé le souvenir; pour ajouter au pathé-
tique de la scène et rendre le drame plus poignant, il se représente
sur les ruines de la ville, une femme, Rachel, qui crie son déses-
poir dans une lamentation inspirée des prophètes (v. 311 et suiv.).
Enfin, la tour Antonia est prise, le temple est brûlé, détruit ; et le
poème s'achève brusquement, comme il avait commencé, sur une
vision de désespoir et d'horreur. Il v a dans cette poésie beaucoup
de grandiloquence ; les phrases sont tendues, heurtées, abruptes,
surchargées d'adjectifs. Eben Fardd montre une fois déplus com-
bien la poésie galloise se prête à reproduire les modèles bibliques ;
on retrouve chez lui le ton de Jérémie et d'Ezéchiel.
L'édition que donnent de YAwdl Dinistr lerusàlem MM. Lias
Davies et Carno Jones est destinée à l'usage des classes; elle com-
prend une introduction sur la vie du poète et la versification de
son œuvre, sur la chronologie du siège de Jérusalem, et elle se
termine par un glossaire des principaux mots du texte (p. 46-80).
Elle peut servir commodément aux celtistes qui voudraient con-
naître une oeuvre bien représentative de cette poésie d'eisteddfodau,
qui a en Galles tant de succès.
J. Y i:\dryes.
Bibliographie. 235
VII
Karl Schumacher, Ver%_eichnis der Abgùsse und wichtigeren Photogra-
phiai mit Germanen-Darstellungen. Mayence, Wilcken, 1912,
134 p. 8° et 70 illustrations.
Après avoir publié les reproductions et principales photographies
des Gaulois dans l'art antique qu'il a réunies au Musée de Mayence,
K. Schumacher a dû donner une nouvelle édition de ses Germa-
nen-Darstellungen . Trois éditions en quatre ans disent assez haute-
ment l'utilité du pratique et économique opuscule où M. Schu-
macher a catalogué la centaine de figurations de Germains grou-
pées, en copies ou en photographies, dans le Musée qu'il dirige.
Malgré les additions et corrections reçues à chaque édition, il nous
paraît pourtant encore susceptible d'améliorations. Nous nous per-
mettons d'en signaler quelques-unes en vue d'une nouvelle édi-
tion qui ne saurait manquer d'être proche. Ainsi, sur la stèle de
Mayence où un cavalier romain bondit au-dessus d'une tête de
Germain (7), comment croire que le reste du corps de ce dernier
était indiqué en peinture? (M. S. répète cette supposition à la
p. 113). Le cheval pose son pied sur la tête coupée du vaincu
comme le Gaulois pose le sien sur la tête coupée de la Pythie dans
le médaillon de Capoue RA, 1889, I, p. 198). — Quand on parle
d'influence grecque représentée par Apollodore de Damas pourla
Colonne de Trajan, comment revendiquer (p. 8 et 25) pour la même
époque les plaques barbares d'Adam-Klissi où tout dénonce la déca-
dence du temps de Constantin ? (Cf. maintenant les reliefs
lyciens de même style dont M. Weinreich a rendu probable l'ap-
partenance à la fin du 111e siècle). — Pour les guerriers barbares
d'Herculanum (13 b-d), M. S. aurait trouvé des renseignements
dans mes Gaulois dans l'art alexandrin (Monuments Piot, 191 1),
qu'il paraît ignorer (M. S. n'a pas non plus donné de renvois
au t. IV du Répertoire de la Statuaire, p. ex. pour 13 a). Ne
faudrait-il pas aussi rapprocher certains cavaliers nus et barbus,
très semblables, qu'on voit sur des lampes du temps de Tibère (p.
ex, Bonn A 960 ; Trêves 06. 614 e) et qui se distinguent des cava-
liers gaulois (tels celui du Carmel, maintenant au Musée de Berne,
Bull. Ant. France, 1912, p. '256)? — Pour les têtes de Germains à
cheveux réunis en chignon qui forment appliques d'anse dont M.
S. cite des exemplaires de Mayence (22-3) et de Karlsruhe (24),
236 Bibliographie.
on peut ajouter trois pièces semblables à Cologne (Yitr. XIII,
n° 776) et une à Trêves (n° 21456), et sur la question de ces tètes
grotesques il aurait dû connaître l'art, de R. Laurent-Yibert inti-
tule Marianum scutum cimbricum (Mélanges de l'Ecole de Rome,
1908) '. Pourquoi ne parler que de trois des bennes de la Villa de
Welshbillig alors qu'il y en a au moins six qui représentent des
indigènes?
Parmi les tètes de marbre qu'on peut tenir pour celles de Ger-
maines (Ph. 6-7), on pourrait placer celle de Candie (R. A. 191 1,
I pi. VI). Aux petits bronzes, il faudra ajouter, en raison de sa coif-
fure «à la suève », celui du Musée Calvet que je viens de publier
dans les Mémoires de VAcad. de Vauchise 2, et probablement le
& barbare au trophée » du Musée de Berne (Deonna, Indîc. d.
Anl. Suisses, 191 3) et un sujet analogue représenté sur unecuvette
de fourreau (S. Reinach, Rép. de Reliefs, III, p. 525, moulage à
Saint-Germain : l'original est indiqué à tort comme étant à
Zurich ; il est au Musée d'Aarau). — Le relief du Louvre dont le
fond montre la hutte germaine est maintenant très bien publié par
E. Michon, Mon. Piot, 1909, p. 207. M. S. y aurait vu qu'il s'agit
d'une hutte dace, le relief provenant probablement de l'arc du
Forum de Trajan. Cette hutte ronde est, d'ailleurs, encore mieux
figurée sur un des deux grands reliefs de cet arc encastrés dans celui
de Constantin (face latérale Ouest) 3.
Inutile de poursuivre cesaddetida. M. Schumacher sait mieux que
personne que son Catalogue peut encore s'enrichir, et il n'y man-
1. Dans un mémoire du Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 191. (,
je reprends la question des masques grotesques et des monstres anguipèdes
dans l'art gallo-romain de la région rhénane.
2. M. S. n'a pu encore connaître la statuette de Germain prisonnier de
Hannovre (Mannus, 1913411. X) ni celle d'Urmitz (Mannus, 19 14, p. 211);
mais on s'étonne qu'iln'ait pas cité celle de Vienne, publiée dans \tjahrbuch
fur AUertumshinde de 191 1, p. 113.
3. On pourrait aussi multiplier aisément les exemples du motif du bar-
bare foulé aux pieds par le cheval du Romain vainqueur pour les pays non-
rhénans. Ainsi, pour l'Angleterre, voir une stèle de Bath(Haverfield, dans
Victoria History of Somerset, p. 276, fig. 48 : le cavalier est d'une ala Vetto-
num, le barbare est couché sur le dos) et une stèle du Shropshire (Haver-
field, ïbid. Shropshire, p. 266, fig. 16, 5 = CIL, VII, 158 : le cavalier est
d'une ala Thracorum ; le barbare est tombé sur le ventre tenant de la dr.
son épée, de la g. son bouclier ovale à umbo losangique sur lequel il s'arc-
boute). — Pour l'Italie, en dehors des urnes et sarcophages réunis par
Bienkowbki, voir encore S. Reinach, Répertoire de Reliefs, III, p. 206, 260
et 351.
Éibliographie . 237
quera pas. Le plus difficile est d'arriver à distinguer les Germains
des Gaulois et des autres barbares ; des études récentes, comme
celles de M. Fiscber sur leur coiffure et celles de M. Hoefler sur
leur omatologie, qu'on a présentées plus haut aux. lecteurs, pourront
faciliter cette tâche à laquelle le recueil de M. Schumacher, par sa
riche illustration, aura beaucoup contribué. Ajoutons qu'il a inséré
en appendice un très intéressant mémoire sur la Germanie de Tacite
jugée au point de vue des découvertes archéologiques. En contrô-
lant l'historien par ces découvertes, on s'aperçoit qu'il mérite toute
confiance pour la région du Bas-Rhin où il s'appuie sur Pline qui
fut préfet de cavalerie à Vetera, put suivre de près les expéditions
de Pomponius et de Corbulon contre les Chauques et acheva son
Histoire Naturelle comme légat de la Gaule Belgique en 74. Par
contre, Pline ne connaissait que superficiellement le Haut-Rhin et le
Danube et Tacite se ressent de cette moindre compétence de sa
source pour ces régions.
A. Reinach.
CHRONIQUE
Sommaire. — I . Sir Edward Anwyl nommé principal à Caerlleon sur
Wysg. — IL Mort du Rev. Thomas Abbott, bibliothécaire de Trinity
Collège. — III et IV. Travaux de M. P. Diverrés et de Mlle Ella Vetter-
mann. — V. Le tome IX de VEphemeris Epigraphica. — VI. 3e édition
de la Langue bretonne en quarante leçons, par M. F. Vallée. — VII. Suite
des Notennou diwor boni ar Gelted Ko^. — VIII. bidogermanisches
Jahrbuch, tome I. — IX. Rapport sur les progrès de la Welsh National
Library de 1910 à 191 3 . — X. Rev. Paul Walsh, The Flight of the
Earls. — XI. La Concise Old Irish Grammar de M. J. Pokorny. —
XII. L'édition du Spurrell's Welsh-English Dictionary, par le Rev.
J. Bodvan Anwyl. — XIII. School of Irish Learning. — XIV. Ouvrages
reçus.
I
Un événement qui ne manquera pas de causer un vif étonne-
ment, avec beaucoup de regrets, est le départ de sjr Edward Anwvl
de PUniversity Collège d'Aberystwyth. Notre savant collabora-
teur quitte la chaire qu'il occupait depuis vingt-deux ans pour aller,
au mois d'octobre prochain, diriger le Training Collège de
Caerlleon sur Wysg. C'est un poste de confiance; espérons que ce
sera aussi un poste de loisir, et souhaitons que, débarrassé des
soucis de l'enseignement, sir Edward puisse y consacrer de nom-
breux moments à ses travaux personnels ; il y trouvera, pour l'ins-
pirer, le souvenir d'Arthur, genius loci, et le désir de rendre à
l'antique Isca Silurum un peu de sa splendeur et de son éclat pas-
sés.
Il
Le journal Irish Times du 19 décembre 191 3 contient la notice
suivante :
We regret to announce the death of the Rev. Thomas Kingsmill
Abbott, D. D., Litt. D., Senior Fellow and Librarian of Trinity
Chronique. 239
Collège, Dublin. Dr. Abbott died yesterday at bis résidence at Kil-
linev. He bad attained the âge of 84 years, and ail his long life
was devoted to the service of his University.
Dr. Abbott belonged to the old type of Dublin University
scholarship, which embraced many subjects, and embraced them
ail thoroughly. He took his Fellowship in mathematics, but he
was also a sound classical scholar, a profound metaphysician, and
a theologian of wide learning and original thought.
Thomas Kingsmill Abbott was born in Dublin on the 2éth
ofMarch, 1829. At the âge of nineteen be obtained a classical
scholar-ship in Trinity Collège... It was in 1854 that Dr. Abbott
took his Fellowship... Fourteen years later he was appointed to
the Chair of Moral Philosophy in the University of Dublin. He
occupied that position with much distinction until 1872. In 187s
he was elected to the more lucrative office of Professor of Biblical
Greek, and he held this important Chair for thirteen years. From
1879 to 1900 he was Professor of Hebrew.
Dr. Abbott's extensive scholarship was widely recognised. His
essays on the original texts of the Old and New Testaments were
highly appreciated for their critical acumen, as were also his notes
upon St. Paul'sEpistles to the Romans and Philippians. One of his
earliest and most important publications was « Sight and Touch :
an Attempt to disprove the Berkeleian Theory of Vision », wich
appeared in 1864. In this clever work Dr. Abbott argues against
the famous theory of his great precursor in metaphysical studiesin
Trinity — namely, that matter is but the sum ofour sensations, that
it exists for us only in so far as it is perceived by our sensés. It
is not certain how far Dr. Abbott's treatise is to be taken as
expressing his earnest convictions upon this abstruse question.
Through much of his writing there ran a vein of humour which
might not be perceived. His « Eléments of Logic », wich reached
a third édition in 1895, is now a text book in Trinity Collège. Dr.
Abbott's versatility is shown by a list of some other of his works :
« Elementary Theory of the Tides » (second édition, 1901),
« Evangeliorum versio Antehieronymiana » (two vols., 1884),
« Par Palimpsestorum Dublinensium » (1880), « Translation ol
Kant's Theory of Ethics, with Memoir » (sixth édition, 1909),
« Kant's Introduction to Logic » (1886), « Examples of Celtic
Ornament from the Books of Kells and Durrow » (1892), « Do
this in Remembrance of Me » (second édition, 1894), « Com-
mentary on Ephesians and Colossians» (1897), and « Offer This »
(1898). .
j.|o Chronique.
An important part of Dr. Abbott's work xor the University oi
Dublin has yet to be mentioned. In 1887 this notable scholar suc-
ceeded John Kells Ingram as Librarian ofTrinity Collège. For this
position he was especially fitted, as his learning was of an ency-
clopédie character. A great librarian in everv respect, he was
careful in deciding what books were to be retained and what
rejected, and he showed minute care and immense knowledge in
the préparation of catalogues. It was he who was responsible for
the public and spécial catalogues now in the Library, and also for
the publication of a catalogue of its « Incunabula ». The ease with
which students now gain admission to the Library is largely due
to him. To ail persons who had occasion to consult him as Libra-
rian, he was extremely courteous and obliging.
III
Nous apprenons que M. P. Diverrès, dont nous avons annoncé
l'an dernier le doctorat d'Université (v. t. XXXIV, p. 349 et 453),
fait cette année à l'Université de Liverpool un cours — non
rétribué — de breton. 11 poursuit en même temps ses travaux sur la
botanique galloise, à laquelle il se propose de comparer la bota-
nique bretonne, comique et irlandaise. C'est un vaste et beau
sujet, bien digne d'attirer à la fois le médecin et le poète, fàtb-liaig,
qu'est M. P. Diverrès.
IV
On nous annonce en même temps qu'une élève de M. Windisch,
MUe Ella Vettermann, s'occupe de préparer une édition du frag-
ment gallois sur Tristan ; elle doit utiliser pourcela tous les manus-
crits existants, qui sont au nombre de sept.
V
La librairie Georg Reimer, de Berlin, a terminé en 191 3 un
neuvième volume de YEphetneris Epigrapbica. Ce volume contient,
pp. 509-690, une longue série d'addenda au tome VII du Corpus
ïnscrîptionum Laliuarum, lequel est consacré, comme chacun sait,
à la Grande-Bretagne. Le tome VII du Corpus, paru en 1873,
était dû à Huebner : à trois reprises, en 1876, 1877 et 1879, le
même Huebner publia dans YEpbemeris Epigrapbica (volumes III
Chronique . 241
et IV) des suppléments à son œuvre. Un quatrième supplément
fut publié par M. Haverfield en 1889 (Ephem. Epigr., t. MI); et
c'est également M. Haverfield qui est l'auteur du cinquième sup-
plément que nous annonçons aujourd'hui. On y trouvera, avec
d'abondantes corrections ou remarques résultant de nouvelles
lectures d'inscriptions anciennement connues, un grand nombre
d'inscriptions découvertes au cours des vingt-trois dernières années.
M. Haverfield a donné comme terme à son travail d'enquête et de
révision l'année 19 10, et l'ouvrage est daté de septembre
1912.
VI
Il n'y a plus à recommander aux celtistes le petit livre de M. F.
Vallée, la Langue bretonne en quarante leçons, dont deux éditions
successives ont consacré le succès. Mais il convient d'annoncer à
nos lecteurs qu'une troisième édition a paru en 191 2 à Saint-
Biïeuc (Imprimerie Saint-Guillaume, 27, boulevard Charner; 217
p. 8°; 3 fr.).
L'ouvrage a de grands mérites pédagogiques. Il est bien fait
pour familiariser les débutants avec les difficultés de la langue bre-
tonne grâce aune progression sagement calculée. Dès le début il
met le lecteur en présence de petites phrases, où sont appliquées
les principales règles de la langue. L'apprentissage de la gram-
maire se fait donc en même temps que celui du vocabulaire et de
la syntaxe; c'est d'une méthode excellente. Au bout des quarante
leçons, groupées en quatre parties, où l'auteur a enfermé sa
matière, le lecteur est capable de s'exprimer en breton et d'en-
tendre un texte écrit en cette langue ; il en connaît tous les
secrets.
M. Vallée est trop modeste quand il dit dans la préface que son
travail n'a aucune prétention scientifique. C'est bien faire œuvre
de science que d'appliquer à la description d'une langue vivante
une méthode aussi précise et aussi ferme. Mais il y a plus. Quand
la description est faite par un auteur qui possède jusqu'aux
moindres détails le sentiment intime de la langue, elle a en soi,
comme document, une grande valeur scientifique. C'est un système
de faits justes et bien agencés ; c'est l'image même de la réalité.
Aussi, le comparatiste qui voudra rattacher le breton aux autres
langues celtiques trouvera dans le livre de M. Vallée un grand
nombre de points de liaison. Il est intéressant de noter par exemple
à la page 128 le tour breton bloai ar tregont « trente et un ans »
Revue Celtique, XXXV. 16
242 Chronique.
(m. à ni. « an sur trente » sans exprimer « un »), qui a son exact
pendant en vieil-irlandais (v. F. N. Robinson, Rev. Ceil., XXVI,
378). Ce petit ouvrage sans prétention rendra de grands services à
tous les celtistes.
VII
M. F. Vallée a un nom bardique, qui est en même temps un
patronymique, Abhervé; et c'est de ce nom qu'il a signé, avec
M. A. Le Roux (Meven Mordiern, pour les bardes) les Notennou
diwar-benn ar Gelted Kox., 0 istor hag 0 sevenadur, dont nous avons
parlé au tome précédent, p. 351. Cette collection se poursuit; elle
vient de s'enrichir de trois nouvelles brochures, consacrées à la
science et à l'enseignement (n° V), à la langue et à la littérature
(n° VI), à l'art et à l'industrie (n° VII). Les éloges que nous avons
décernés aux précédentes sont toujours de saison. Il y a dans ces
modestes brochures beaucoup de science sous une forme claire et
précise; c'est de la bonne vulgarisation.
La bibliographie qui termine chacun des volumes montre que
les auteurs sont bien au courant de la science et ont puisé aux
meilleures sources. Ils ont consulté d'Arbois de Jubainville et
Bertrand, Salomon Reinach et Jullian, Dottin et Déchelette. Cela
ne veut pas dire qu'il n'y ait sur quelques points des critiques à
leur adresser. Ils paraissent parfois trop enclins à conclure des
Celtes du moyen âge aux anciens Celtes et à combler les lacunes
de l'histoire des seconds par ce que nous savons des premiers.
Ainsi, pour donner idée de l'enseignement des druides, ils rap-
portent les conseils donnés par Cuchullin à son élève Lugaid
Riabnderg dans le fameux récit irlandais intitulé Serglige Conculaind
(//•. Texte, I, 213) ; ils ont bien soin de noter que Lugaid aurait
été roi suprême d'Irlande en l'an 65 de notre ère ; il eût été à
propos d'ajouter que le plus ancien manuscrit du Serglige Con-
culaind est de la fin du xie siècle.
Un défaut plus grave est dans la façon dont sont transcrits les
noms propres de personne du moyen âge irlandais. Ces noms
figurent ici sous une forme vieux-celtique, ou prétendue telle :
ainsi Cormac mac Airt est appelé Korbomaqos maqos Arti ; et
Cuchullin, Se'tantios, à cause de son premier nom Setanta. De
quel droit ces restitutions ? Elles sont d'autant plus choquantes que
pour d'autres noms a été conservée la forme historique, voire
même la plus récente. On lit p. 20 du fascicule V que Corbomaqos
avait Tara comme résidence ; or Tara, c'est en moyen-irlandais
Chronique. 243
Temair, génitif Temrach. Au temps où l'on disait Corbomaqos, le
nom de la ville avait une forme préhistorique, que les auteurs,
non sans bonne raison, ont évité de reconstituer. C'est là une
inconséquence. Voici maintenant une erreur. Lugaid est appelé
Luguadis,à la page 14 du fascicule V. Or le génitif de Lugaid est
Lugdech ; et la forme ancienne en est attestée sans doute sur une
inscription ogamique qui porte Lugudeccas. Le prototype Liiguadis
est donc invention pure. MM. A. Le Roux et Vallée feront bien de
se méfier des prototypes : ils donnent p. 7 de leur fascicule V
comme un des noms celtiques du corbeau le mot vêkos ; et ils
enregistrent p. 45 du fascicule VII le mot cladibos comme nom de
l'épée, d'où gladius, disent-ils, en latin. C'est une double erreur
(v. pour le premier ci-dessus, p. 88) ; il eût mieux valu citer tout
bonnement l'irlandais^?^, et legallois cleddyf dont la forme neprête
pas à discussion.
On alléguera que Liiguadis a été emprunté par les auteurs au
Cours de littérature celtique de d'Arbois de Jubainville (t. V, p. 512)
et que vêkos, cladibos sont conformes à la doctrine de Wh. Stokes.
Il est bien de suivre l'enseignement des ancêtres. Même ce conseil
fait partie des préceptes donnés par Cuchullin à Lugaid Riabnderg :
bat seichmech riagla athardai, en breton : heuilh al le^ennou savet
gant ar gourdadou. Mais cela n'exclut pas l'usage de la critique.
L'ouvrage de MM. Le Roux et Vallée est composé avec beaucoup
d'art. En matière scientifique, l'art est relativement aisé ; c'est la
critique qui est difficile.
VIII
Il s'est constitué en 191 1 une Indogermanische Gesellschaft,
destinée à établir des rapports plus étroits entre les linguistes qui
dans tous les pays travaillent à l'étude comparative des langues
indo-européennes. Le nombre des membres, qui ne manquera pas
de s'accroître encore, atteint déjà le chiffre de 228, dont 34
bibliothèques ou séminaires. Le bureau de la société comprend
deux présidents (MM. Brugmann et Wackernagel) et deux secré-
taires (MM. Streitberg et Thumb) ; il y a en outre un comité de
direction de 29 membres, parmi lesquels figurent deux Fran-
çais, MM. Meillet et Grammont. La cotisation annuelle est de 10
Marks. La société publie un Iudogerinanisches Jahrbuch (chez
Trùbner, à Strasbourg), destiné à compléter et dans une certaine
mesure à remplacer Y Auieiger fur indogermanische Sprach und
Altertumshinde, qui ne contient plus guère que des comptes rendus
2.|.| Chronique.
d'ouvrages. Le premier volume de Vlndogermanisches Jabrbuch,
paru à la fin de 1913, porte la date de 1914. Il comprend trois
parties essentielles : des exposés généraux, consacrés cette année
au tokharien (par A. Meillet) et au nord-aryen (par H. Reichelt);
une bibliographie générale de l'année précédente (19 12 dans le
cas présent) où figurent naturellement les langues celtiques
(p. 1 1 5-1 19) '; enfin des informations variées sur les événements
intéressant la science et les savants. Des renseignements d'ordre
administratif sur la constitution de la société terminent ce premier
volume; en tête se trouve un beau portrait du professeur Leskien,
l'illustre slavisant de Leipzig.
Signalons aux éditeurs deux erreurs fâcheuses. Dans la liste
des auteurs donnée p. 209, sont rangés deux Niedermann, pré-
nommés respectivement M. et N. : il s'agit d'un seul et même lin-
guiste, notre ami le professeur Max Niedermann, dont la person-
nalité n'est pas dédoublée du fait qu'il enseigne à la fois à Neu-
châtel et à Bàle. Pour conserver sans doute un total égal, le Jabr-
buch supprime en revanche, p. 256, un autre linguiste, notre savant
confrère et ami M. Maurice Grammont, devant le nom duquel
figure sinistrement une croix funèbre. Nous avons plaisir à
rassurer nos lecteurs : la santé de M. Grammont est excel-
lente.
IX
La National Library of IVales, dont la Revue Celtique a naguère
annoncé la fondation (t. XXX, p. 322) et l'inauguration (t. XXXII,
p. 364) vient de publier un « Report of the Council on the Pro-
gress of the Library from oct. 19:0 to oct. 191 3 » (Aberystwvth,
19 1 3, 93 p. 8°). Les progrès ont été rapides, tant dans la cons-
struçtion des bâtiments que dans l'aménagement des salles et
l'installation des collections : « the first section of the buildings,
comprising the Great Hall for readers and printed books, and a
portion of the MSS. Department, is now in a forward state, and
will be ready for occupation sometime in the year 1914 ». La
seconde section comprendra « the completion ofthe MSS. Depart-
ment and the block which comprises the Exhibition Galleries, the
Department o( Prints, Drawing, Maps, etc., and on the lower
1. Dans la bibliographie latine, p. 114, a été oublié un article sur « la
langue des defixionum tabcllae de Johns Hopkins University », paru au
tome XXXVI de la Revue de Philologie, p. 203-208.
Chronique. 245
floor the Department of duplicate books available for circulation ».
La moitié environ des constructions projetées seront alors termi-
nées. On en poursuivra l'achèvement peu à peu suivant les besoins
et les ressources : « events hâve proved that the décision of the
Council to provide buildings fora Library which cangrow to large
dimensions was correct » (p. 7). Cette phrase renferme un
enseignement fort sage; soumettons-le aux méditations de tous
ceux qui construisent des bibliothèques.
L'accroissement des collections résulte en partie de dons; 141 18
numéros ont été ajoutés de cette façon au catalogue pendant les
trois dernières années. Mais la ressource principale, qui est
d'un prix inestimable, vient du Copyright Act du 15 décembre
191 1, par lequel le Parlement anglais accordait à la Bibliothèque
le droit de recevoir un exemplaire de toutes les publications
parues dans le Royaume Uni à partir du Ier juillet 1912; de ce
fait la bibliothèque s'est accrue en seize mois de 36480 numé-
ros.
Le Report contient quelques notes sur les principales acquisi-
tions de ces derniers temps, livres rares, éditions princeps, docu-
ments originaux, etc. Quelques reproductions fort bien venues
illustrent cette brochure qui témoigne du zèle éclairé de ceux qui
ont la charge de la bibliothèque, et notamment de sir John
Williams, président du Council, et de l'actif bibliothécaire, M. John
Ballinger.
X
Nous avons reçu de M. Paul Walsh le début d'une publication
qui offre un vif intérêt. Il s'agit d'un récit historique que M. Walsh
intitule The Fligbt of the earls et qui se rapporte à des événements
de l'année 1607. A cette date, Tadhg O Cianâin, chroniqueur de la
famille des Maguidhir d'Ulster, accompagna le comte irlandais
Aodh O'Neill dans sa fuite hors d'Irlande. Deux ans plus tard
environ il consigna par écrit le récit de cette fuite et des pérégrina-
tions qui s'ensuivirent. Le commencement de son récit est con-
tenu dans un manuscrit de 150 pages conservé à la Biblio-
thèque des Franciscains de Dublin. Le reste est perdu. M. Paul
Walsh se propose de publier tout ce que contient le manuscrit en
question. Ce qu'il en donne jusqu'ici forme une brochure de
80 pages 8° publiée en supplément à Y Archivium Hibernicum,
t. IL
On y voit comment Aodh O'Neill, comte de Tyrone, quitta
246 Chronique.
l'Irlande à Raith Maolain (Rathmullen, Co. Donegal) le 14 sep-
tembre 1607 sur un bateau français, accompagné d'un certain
nombre de gentilshommes, parmi lesquels le comte de Tyrconnell,
avec l'intention de se rendre en Espagne. Après mille péripéties,
et au prix de cruellesangoisses causées par la tempête ou la crainte
de rencontrer des vaisseaux anglais, ils arrivèrent à l'embouchure
de la Seine, et débarquèrent à Quillebceuf, le 4 octobre. Il était
temps. Les provisions étaient épuisées : il ne restait à bord, pour
les 91 personnes contenues dans le bateau, que cinq « gal-
lons » de bière (environ 23 litres) et moins d'un baril d'eau.
Tandis que les chefs de l'expédition se rendaient à Lisieux auprès
du gouverneur de Normandie, Henry de Montpensier, le' reste de
la troupe remontait la Seine jusqu'à Rouen, triste voyage où
un violent mascaret leur causa une terreur plus forte que les tem-
pêtes de la mer (v. § ix, p. 21). Passons sur les épisodes qui
suivirent : après des démarches auprès du roi de France ils
obtinrent libre passage, malgré les instances de l'ambassadeur
d'Angleterre, sir George Çarew, qui les poursuivait sans merci ;
mais on leur impose de gagner l'Espagne par les Flandres, alors
espagnoles ; ils quittent Rouen le 1 5 octobre ; passent à La
Boissière, Neufchâtel, Aumale, Poix, Amiens, et arrivent à Arras,
alors en territoire espagnol. De là ils gagnent Douai, Tournas* ,
Nivelles, Bruxelles, où on les reçoit avec grand honneur, Louvain
enfin, où ils sont retenus pendant plusieurs mois et d'où ils ne
partent que le 28 février 1608 pour gagner l'Espagne; le morceau
s'arrête au moment où, après un arrêt à Nancy, ils viennent de
traverser Lunéville et Saint-Dié.
Il y a dans ce récit nombre de détails intéressants. Le narrateur
nous communique ses impressions sur les lieux qu'il traverse.
Il note que la région de Rouen est « le pays le plus plat, le mieux
cultivé et le plus fertile qu'il ait vu depuis son départ d'Irlande ».
II fait de la ville une belle description, ne manquant pas de signaler
la vue superbe qu'on a de la colline qui la domine ; il
remarque p. 27, le pouvoir qu'y exerce la religion catholique
(bûi in creidemh catoilce 7 comachta na beguilsi naoimhe go rooirrderc
rolàidir a Rodbân « the Catholic Faith and power oftheholyChurch
was conspicuous and strong in Rouen »). Il estime qu'Arras est
une plus grande et plus belle ville qu'Amiens (p. 33) et rapporte
le fameux miracle de la Sainte-Chandelle ; il décrit Douai (p. 37),
« vaste capitale aux maisons laides, exception faite des collèges » ;
enfin il s'arrête longuement sur le sanctuaire de Notre-Dame de
Hal (p. 49-53)-
Chronique. 247
Le récit de Tadhg O'Cianâin n'est pas sans intérêt pour la topo-
nomastique. Il a transcrit les noms des villes qu'il traversait tels
qu'il les entendait prononcer. Voici un exemple qui prouve que
ses transcriptions sont, parfois au moins, fidèles et instruc-
tives.
Pour aller de Louvain à Nancy, nos voyageurs passèrent natu-
rellement par Namur, Bastogne, Arlon et Pont-à Mousson ; avant
d'arriver à cette dernière ville, le narrateur mentionne comme
étapes Feilirs, Countflaune et Malatur. Le premier nom et le second
sont du premier coup identifiables. L'un est Fillières, dans le
canton actuel de Longwy; l'autre est Conflans, chef-lieu de
canton de l'arrondissement de Briey, et « fort jolie ville » (baile
roidhess), dit le texte.
Mais M. Paul Walsh ne sait que faire de Malatur ; il déclare
avoir cherché en vain à l'identifier sur la carte. C'est qu'il n'a pas
bien cherché; car il s'agit d'un nom très connu, qui n'est même
hélas! que trop connu. C'est évidemment Mars-la-Tour, prononcé
aujourd'hui dans le pays Ma-lai-tô, ' et écrit souvent Malatour dans
les siècles passés (Malhtour au xve s., Malatour en 1447, Maletour
et Malhtour en 1635, d'après de Bouteiller, Dictionnaire topogra-
phique du département de la Moselle, p. 161). La sifflante finale du
nom officiel est postiche, comme dans le nom de lieu Cinq-Mars,
pour un ancien Saint-Mard (= S an dus Medardus). La liquide r se
se trouvait donc en contact avec la liquide /, c'est-à-dire dans une
position où elle devait facilement s'amuir. Sur les cartes un peu
anciennes de la région de Fontainebleau, et notamment dans
l'Atlas de la généralité de Paris de 1763, sur la carte de l'élection
de Melun, le nom du hameau de Marlotte est écrit Malotte. Les
gens du pays prononcent aujourd'hui Marlotte avec un a
long très ouvert, après lequel il subsiste assez peu de chose de la
liquide.
XI
Nous avons analysé, au fur et à mesure de sa publication dans
The Celtic Review, la Concise Old-Irish Grammar de notre collabor
rateur M.julius Pokorny (v. Rev. Cell., t. XXXIV, p. 101 et 237,
et ci-dessus p. 126). Avant que la publication ne soit achevée,
l'ouvrage paraît en volume, au prix de 5 sh. à Dublin, chez
Hodges, Figgis and Co., et au prix de 5 M. à Halle, chez
M-. Niemeyer. Le dernier cahier de The Celtic Revieiv (n° 35 ;
v. ci-dessous, p. 261) se termine sur le paragraphe 176 de la
248 Chronique.
Grammar, qui correspond à la page 89 du tirage à part. Comme
ce dernier comprend en tout 124 pages, on voit que plus
des deux tiers en ont déjà paru dans The Celtic Rcview.
L'impression d'ensemble est bonne. La doctrine est claire, pré-
cise, suffisamment simplifiée pour être abordable aux débutants.
Nous avons déjà reproché à M. Pokorny de mêler à son exposé
trop de préceltique et trop d'indo-européen. Le reproche sub-
siste. Une grammaire du vieil-irlandais, pour être pratique et ser-
vir d'introduction à la lecture des textes, doit être avant tout des-
criptive et ne contenir de comparaison qu'autant qu'il en faut
pour éclairer les formes et les imposer plus sûrement à la mémoire.
A cet égard, l'excellente Introduction to Early Wélsh du regretté
Strachan pouvait servir d'exemple et de modèle. Comme la
reconstitution du préceltique, sans parler de l'indo-européen, n'a
jamais qu'une valeur hypothétique et varie d'ailleurs suivant les
écoles et les systèmes, il y a dans la Gramtnar de M. Pokornv bien
des détails contestables sur lesquels un linguiste aurait à critiquer.
Il est juste d'ajouter cependant que M. Pokorny s'en tient d'ordi-
naire à la doctrine de M. Thurneysen et par suite qu'on trouvera
en général dans le Handbucb de ce dernier les éclaircissements
nécessaires. Néanmoins nous persistons à croire qu'il eût mieux
valu bannir franchement la plupart des formes reconstituées qui
encombrent sans profit cette Concise Gramtnar. Il y a en revanche
de surprenantes lacunes. M. Pokorny suit le vieil errement qui con-
siste à voir dans la phonétique et dans la flexion des mots le tout
d'une grammaire. Sa phonétique occupe la moitié du livre; l'autre
moitié est remplie par l'« accidence ». C'est-à-dire que nous ne
trouvons dans son livre aucun renseignement ni sur la dérivation
des noms et des verbes, ni sur l'emploi des formes, ni sur l'ordre
des mots et la constitution de la phrase. Tout cela fait pourtant
partie intégrante de la description d'une langue. M. Pokorny pou-
vait sacrifier sans inconvénient quelques détails de graphie ou de
prononciation au profit d'exposés aussi indispensables que ceux
dont nous regrettons l'absence. Ht c'était là pour lui le moyen de
se distinguer davantage de ses modèles — M. Thurneysen et John
Strachan — et de faire plus nettement encore, comme il le dit
p. 2,« his own way ».
Xll
Tout ceux qui ont eu à lire peu ou prou de gallois ont utilisé le
dictionnaire gallois-anglais de William Spurell, qui est entre tous
Chronique. 249
le plus pratique, le moins coûteux, et, sous un petit format, le plus
complet. La première édition en remonte à 1848 ; il y en eut une
seconde en 1859, une troisième en 1866, une quatrième enfin en
1889, toujours sous la signature William Spurrell, qui est en
même temps la raison sociale de la maison d'édition, à Carmarthen.
Une cinquième édition du Spurrell's Welsh-English Dictionary
vient de paraître (Carmarthen, 1914 ; xij-246 p. 8°, 2 sh. 6 d.).
Elle a été préparée par les soins du Rev. J. Bodvan Anwyl, un
poète apprécié, qui s'est entouré de l'assistance de plusieurs philo-
logues, parmi lesquels son frère, sir Edward Anwyl, notre savant
collaborateur.
Cette édition a été complètement revue et refondue. -Parmi les
améliorations pratiques qu'elle présente, signalons l'emploi du carac-
tère gras pour la graphie des mots gallois. Ceux-ci se détachent
nettement des traductions anglaises, et «c'est une commodité de
plus pour le lecteur. Il y a çà et là quelques références ; ce sont
des références à des passages bibliques. M. Bodvan Anwyl s'en
explique dans la préface, p. jx : il a jugé utile de permettre à ses
lecteurs de contrôler avec précision la valeur des mots dans le texte
qui est le plus familier aux Gallois et dont ils se nourrissent depuis
leur enfance, celui de la Bible. Sur l'orthographe, sur les principes
de la définition et de la succession des sens, on consultera les obser-
vations présentées par M. Bodvan Anwyl ; elles sont fort judi-
cieuses et méritent d'être pleinement approuvées.
La principale difficulté était dans le choix des mots à admettre
dans le dictionnaire. L'auteur a scrupuleusement écarté tous les
mots qui ne sont pas attestés dans l'usage et qui n'ont qu'une valeur
de mots de lexique, comme il y en a dans le Dictionnaire d'Owen
Pughe, par exemple ». Le travail de M. Bodvan Anwyl peut servir par
suite à tous les philologues et comparatistes, soucieux de connaître
exactement les ressources du vocabulaire gallois. Il est assez com-
plet d'autre part pour permettre l'interprétation de textes même
1. Ainsi, le mot mebydd « bachelor » a été rayé de la liste ; mais il a
échappé à l'auteur que M. Loth a établi pour ce mot le sens de « professeur »
(v. Rev. Celt., XXXII, 424). — On sait que le gallois courant emploie un-
nombre considérable de mots, notamment de verbes, empruntés à l'anglais
(v. par exemple Rev. Celt., XXXII, 212); M. Bodvan Anwyl paraît en
avoir tenu peu de compte ; il a eu raison, car le compte de ces mots, qui
s'introduisent librement au gré de ceux qui parlent, est impossible à effectuer.
Mais la mesure était malaisée à fixer; des mots comme llekio, tentio, qui
manquent à la liste, avaient autant de droit d'y figurer, semble-t-il, que pasio
ou teinlio, qui ont eu l'honneur d'v être admis.
250 Chronique.
archaïques de la litérature galloise: car on y a fait place à des mots
anciens, sortis de l'usage, en les désignant seulement d'un signe spécial
pour les distinguer des mots usités aujourd'hui. C'est donc un grand
service que l'auteur rend à son pays et à sa langue: grâce à lui,
l'accès aux œuvres poétiques est facilité, et les savants du continent
qui voudront aborder la lecture de collections comme les Caniadau
Cymru ouïes Cywyddau Cymru seront à même d'en saisir aisément
et sûrement le sens. Ce petit dictionnaire peut être chaleureusement
recommandé à la fois aux philologues et aux lettrés.
XIII
Nous recevons le prospectus suivant de la School of Irish Lear-
ning, 122 a St. Stephen's Green, Dublin.
Session 1914. August 10 th. to 28 th.
Course
BY
Professor Osborn Bergix
ON
EARLY MODERN IRISH
particularly Bardic Poetry,
its Language, Mètres, and Style.
Professor Bergin will lecture for two hours daily, Saturday excep-
ted, on the abovesubject, beginning Monday, August 10 th.
Spécimens of the various styles of Bardic Poetry will be read and
explained in class.
Application to attend must be made to the undersigned before
Frîday, August 7 th. The fee for the Course is €.1, payable in
advance.
R. I. Best
Hou. Secretary.
XIV
Nous avons reçu de l'éditeur Constable, à Londres :
John Millington Synge and the Irish théâtre, by Maurice Bour-
geois, xv-338 p. 8° 7 s. 6 d.
Nous rendrons compte ultérieurement de cet ouvrage, ainsi
que de la brochure suivante, qui s'ajoute aux travaux intéressants de
M. Feist :
Chronique. 251
Indogermanen und Germanen, von S. Feist, Halle, Niemeyer,
1914, 76 p. 8°.
Sont également parvenus à la rédaction de la Revue Celtique les
ouvrages suivants :
George Coffey, The Bronze âge in Ireland. Dublin, Hodges,
Figgisand Co. 191 3. xi-107 p. 8°, 6 sh.
Kuno Meyer, Ueberdieâlteste irische Dichtung, II, Berlin, 1914.
J. Vendryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. — I. Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung. — II.
Sitzungsberichte der kôn. preuss. Akademie der Wissenschaften. — III.
Ecclesiastical Review. — IV. Rocznik Slawistyczny . — V. Eriu. — VI.
The Celtic Review. — VII. Gadelica. — VIII. Revue des traditions
populaires. — IX. Folklore. — X. Romania. — XI. Analecta Bollan-
diana. — XII. Bulletin du Musée historique de Mulhouse. —XIII. Mit-
theilungen der praehistorischen Kommission der kais. Akademie der
Wissenschaften. — XIV. Revue historique vaudoise. — XV. Revue du
Bas-Poitou. — XVI. Beitrage zur Anthropologie und Urgeschichte
Bayerns. — XVII. Bericht der rômisch-germanischen Kommission. —
XVIII. Bibliothèque Pro Alesia. — XIX. Journal of the Royal Society
of Antiquaries of Ireland. — XX. Boletin delà Real Academia de la
Historia.
I
M. Hessen, qui a décidément repris son prénom Hans (v. Rev.
Celt., XXXIII, p. 470), publie dans la Zeitschrift fur yerglei-
chende Sprachforschung, t. XLVI, p. 1-24, des Beitrage \ur
altirischen Grammatik, où il y a d'excellentes choses. Dans un pre-
mier morceau, eiu Fall von Dissimilation im Altirischen, l'auteur
montre que le choix entre les deux formes de la particule renfor-
çante démonstrative son et on dépend en vieil-irlandais d'un fait de
phonétique syntactique : on a toujours on quand la particule est
précédée d'une autre particule renforçante commençant par une
s; ainsi atbeirsom on « il dit cela » Wb. 27 c 18. Dans le manuscrit
de Milan, la règle est absolue ; dans celui de Wùrzburg, elle ne
souffre qu'une seule exception : sech cotaneccarsa son «bien que je le
puisse », 14 c 40. En revanche, il n'y a rien à tirer du manuscrit
de Saint-Gall, où la forme on n'est en tout attestée que quatre fois
en regard de plus de quatre-vingts exemples de son. Le second
morceau, die postverbale Lenierung im altirischen, a une importance
plus grande encore. On sait que dans les textes les plus récents
du vieil-irlandais (Ml. et Sg.) se rencontre un procédé syntaxique
Périodiques. 255
qui consiste dans l'aspiration du sujet ou du régime après le verbe.
Ceprocédéest inconnu à l'homélie'de Cambrai et, à trois exceptions
près, aux gloses de Wùrzburg. D'autre part, on ne le rencontre
pas, même dans des textes plus récents, quand il s'agit de locu-
tions consacrées et en quelque sorte stéréotypées : ainsi arco juin
« je demande pardon » (Sait. 2081) ou armuiniur feid « je rends
hommage » (Ml. 36 a i8a, 51 d 20, 61 a 11, 90 a 1, 124 c ié)
s'emploient sans aspiration du régime. Enfin, il y a beaucoup de
cas, dans Ml. ou dans Sg., où l'aspiration ne se produit pas. Un
des premiers mérites du travail de M. Hessen est d'avoir fait le
relevé de ces cas négatifs, très importants pour l'interprétation du
phénomène et qui avaient été jusqu'ici négligés. Il n'est pas dou-
teux que nous ayons affaire à un développement secondaire et
analogique. Reste à déterminer le point de départ de l'analogie.
M. Pedersen avait pensé au verbe copule, après lequel en effet
l'aspiration est de règle en certains cas. Mais le verbe copule ne
suffit pas à expliquer tout. Et M. Hessen a eu bien raison de cher-
cher autre chose. Ce qu'il a trouvé est fort ingénieux. Il suppose
que l'usage est parti du substantif verbal après lequel à certains
cas le mot suivant est normalement aspiré. Ainsi, on aurait dit
dobiur chomairli << je donne conseil » d'après do tabairî chomairîe
« à donner conseil » (Ml. 23 b 1 2), ro céss christ « le Christ a souf-
fert » d'après du chesad christ « à la souffrance du Christ » (Ml. 44
b 2) et même fritcurethar cheill « qui lui rend un culte » (Ml. 41
d 10) d'après recht frecoir cheill « le droit dé cultiver » (Sg. 35 a
11), où cèill est un datif.
Dans le même cahier de la Zeitschrift, M. J. Pokornv publie,
p. 150 et suiw, des Keltische Etxmologieu, dont quelques-unes sont
plausibles. Il explique l'irlandais adaim « j'entends » par *pjdomi
(cf. lat. patrâre, v. angl. fatian, ail. fassen): le gallois annwfn
« autre-monde » comme le « non-monde » (cf. v. isl. ùt-gardr) ;
l'irlandais deu « habile, fort » par *dveno-, cf. lat. bonus ; l'irlandais
ftann « sang » par *vlsnos, cf. lat. uulnus ; l'irlandais indlàidi « il
se vante » par *ind-blâidi (cf. zl\-r[oiw « je bavarde ») ; l'irlandais
réil « clair » comme un postverbal de réhim, emprunté au latin
reuëlâre, conformément aune ancienne hypothèse de M. Thurney-
sen et contrairement à l'opinion de M. Pedersen ; l'irlandais Jcir
« visible » par *hg-ro- (cf. v. angl. lôcian, angl. look); l'irlandais
rù(a)e « héros » par *reu-yo- (lat. ruô, skr. rijôti, gr. opvuiju, ôpo'Jco,
etc.) ; l'irlandais tairthim « chute » par *to-are-tud-mn (cf. doluit
« il tombe » et lat. tundo).
Enfin, p. 155-159, le même M. Pokornv étudie les Irische Per-
2 5-( Périodiques.
sonennamen auf -le und -re . Ce sont les mots du type Coulae, ou
Cathrae : le suffixe -le représenterait un élément *-valyo- et le suf-
fixe -re un élément *-var\o- ou *-voryo- (cf. -verjar en vieil-islan-
dais).
II
M. Kuno Meyer continue dans les Sitzcxgsberichte der kôni-
GLICH PREUSSISCHEN AKADEMIE DER WlSSENSCHAFTEX (i 9 I 3,11e XL1X,
p. 950-959) ses études %ur keltiscben JFortkiiiide (IV). En voici le
détail : 59. L'hypothèse de M. Pedersen que les noms d'agent en -em
supposent -yam- à l'origine est confirmée par l'ogamique VLA-
TIAMI = Flaithim et par le nominatif fôidiam dans l'Amra Cho-
luimb Chille, § 15 (R. Celt., XX, 162). — 60. acerkh f. « domaine»
Sait. 5188 est un composé de crich, comme cocrich. — 61. accal f.
« bon courage » de ad -\- gai, également connu par le Saltair na
Rann, 3547. — 62. gaul. Corobilium, auj. Corbeil (Marne), a un
répondant dans le nom de lieu irlandais Corr-bile, dont le sens est
« arbre impair, c'est-à-dire isolé ». — 63. irl. cadla « cordage » est
un terme nautique emprunté au Scandinave kadali, pi. kadlar. —
64. Le correspondant de l'irlandais loug-phort « Schiffslager, befes-
tigtes Lager » existe en Ecosse dans le nom Loncarty, Luncarty
(Perthshire). — 65. irl. fàenic f. « phénix », emprunt latin. — 66.
irl. Beini-chor, gall. Bau-gor « Reihe von Spitzen ». — 67. Le nom
irlandais de la Grande-Bretagne,^//^', semble à l'origine un indé-
clinable emprunté de Albion; plus tard il a pris la flexion du
nom féminin Minuit. — 68. Le passage de ;/;/ palatal à tig, carac-
téristique du dialecte actuel du Munster, est déjà attesté dans
quelques, anciens manuscrits provenant de cette région. — 69. Le
suffixe de noms de personne -irne est tiré des noms comme Dai-
gerne (de daiger) ou Lassinie (de lassir), mots en -ir combinés avec
le suffixe -;/<'. — 70. Il faut joindre aux mots de la terminologie
grammaticale cumtach « constructio », gnelhech « actif », cèstach
« passif». — 71. Exemples du mot crédem f. « fait de ronger ». —
72-73. On a le correspondant du gaulois Congimia, nom de
femme, dans l'irlandais Congenn et celui du gaulois Virocantus,
nom d'homme, dans le gallois Gwrcant et l'irlandais Ferchéte (Z.
/. celt. Pbil., . VIII, 316, 30), de *Virocantios. — 74. v. irl. riched
n. « ciel », dont l'î est long, remonterait à *~rïgo-sedo-n « séjour
royal », cf. gall. sedd, v. isl. setr. — 75. Corrections à la ire livrai-
son du Dictionarv of the Irish langua^e de M. C. Marstrander en
ce qui concerne les noms propres. — 76. V. irl. rétaire « lecteur »
Périodiques. 255
est un terme liturgique emprunté au vieil-anglais rœdere, avec
influence du suffixe -aire (de lat. -ârius).
III
L'Ecclesiastical Review de Philadelphie publie dans son
numéro de décembre 19 1 3 , pp. 663-673, un article signé George
Metlake et daté de Cologne, Germany, sur Saint Columban and the
peniteniial discipline. Le célèbre missionnaire irlandais ne limita pas
son apostolat aux établissements monastiques placés sous son auto-
rité; il l'étendit au dehors et dirigea la conscience de tous ceux qui
faisaient appel à ses conseils. Ce rôle de directeur de conscience
étant surtout un rôle disciplinaire, il est intéressant de savoir quelles
règles suivait Colomban dans l'admistration du sacrement de
pénitence. Nous avons pour cela un document précieux, la lettre
que le fondateur de Luxeuil adressa au pape Grégoire le Grand. Il y
avait en effet sur ce point plusieurs traditions contradictoires.
M. Metlake étudie d'abord au début de son travail quelles diffé-
rences subsistaient entre l'église d'Irlande et celles du continent au
sujet de la « penitential discipline ». Son objet est de montrer
comment Colomban, installé à Luxeuil et ayant affaire par
conséquent à des Gallo-romains, conserva cependant les tradi-
tions qu'il apportait d'Irlande et qu'il devait sans doute à Gildas et
à Finnian. Le premier pénitentiel irlandais est celui qu'on attribue
à saint Finnian de Magh Bile (auj. Moville, Co. Down)qui mourut
en 588 ou 589. Finnian était un ami de Comgall, qui fut le maître
de Colomban ; c'est de Comgall qu'est la règle dont Strachan a
publié le texte dans Ériu, t. I, p. 192 et suiv. M. Kuno Meyer,
dans les Anecdota from lrish MSS., vol. III, p. 8, a publié sur le
même Comgall un court récit plein d'humour. On retrouve son
influence dans le pénitentiel de saint Colomban, bien que le texte de
celui-ci ne nous soit pas parvenu sous sa forme primitive. Les péna-
lités sont extrêmement rigoureuses, subordonnées naturellement à
la condition sociale des coupables; ainsi pour une même faute, les
prêtres sont punis plus sévèrement que les diacres, les diacres que
les clercs et ceux-ci que les simples laïques. Deux détails du péni-
tentiel de saint Colomban portent la date de l'époque où vivait le
saint. L'un est relatif aux pratiques païennes et idolâtres qui se
perpétuaient encore au vne s. de notre ère dans une partie du ter-
ritoire des anciens Séquanes, aux environs même de Luxeuil.
256 Périodiques.
L'autre concerne l'hérésie Bonosienne ou Photinienne ', qui
remontait à trois siècles, mais conservait des adeptes dans le sud
de la Gaule et en Bourgogne. Saint Colomban usa naturellement
d'une grande sévérité pour préserver ses ouailles de ces deux dan-
gers spirituels. La discipline de saint Colomban donna de si heu-
reux résultats, que les évèques Francs en adoptèrent l'esprit et la
méthode au synodede Chalon-sur-Saône (vers 650). Cela démontre
mieux que tout l'influence acquise par le grand apôtre irlandais.
IV
Nous avons tenu nos lecteurs au courant des théories soutenues
par M. A. Schachmatov sur les anciennes relations des Slaves et
des Celtes et sur la présence de ces derniers aux bords de la Bal-
tique, dans les bassins de la Duna et du Memel (v. Rev. Celtique,
t. XXXII, p. 504 et t. XXXIII, p. 391). Les Vendes (OùeveSoct de
Ptolémée) seraient tout simplement des Celtes, et aussi les Estes,
dont la langue, au dire de Tacite, se rapprochait de celle des Bre-
tons (Aeslu... quibus... lingua Britannicae propior, Germ. 45). Ces
théories, qui ne sont d'ailleurs pas nouvelles2, n'ont pas manqué
de provoquer des discussions de la part des slavisants. Dans le
tome VI [1913] du Roczkik Slawistycxny (Revue Slavistique,
publiée à Cracovie), p. 172-214, M. Max Vasmer prend longuement
à parti M. Schachmatov et lui oppose une série d'arguments qui
rejoignent et fortifient ceux qui ont été présentés ici même dans les
comptes rendus précités. M. Vasmer ne croit pas à la celticité du
1. Pliotin, évêque de Sirmium (en 342) et Bonose, évêque de Sardique
(vers 380) niaient la virginité de Marie et contestaient par suite la divinité
du Christ. Photin condamné au concile de Sirmium (en 351) mourut en
exil vers 366. Bonose fut frappé d'interdit au concile de Capoue (389 ou
390).
2. Déjà en 1881, comme le rappelle M. Buga dans l'article analysé plus
loin, la celticité des Estes avait été soutenue par Keltsch (Nationalitài der
Aisten und Preussen, dans V Altpreussische Monatsschrift, XVIII, 538-605).
Keltsch allait jusqu'à dire que « presque tous les noms de fleuves et de
ruisseaux de Prusse sont encore aujourd'hui celtiques ». Sept ans aupara-
vant, Pierson avait publié dans la Zeilsehrift fur preussische Geschichte und
Landeskunde, t. XI [1874], p. 755-760 un article sur les Spuren des celtischen
in der altpreussischen Sprache ; il v présentait les Estes comme d'origine cel-
tique et expliquait leur langue comme une « Mischsprache » ; quant au
vieux-prussien, il y avait découvert 78 mots qu'il tenait pour des emprunts
au celtique.
Périodiques. 257
nom des Vendes (p. 190); il estime que les prétendues correspon-
dances de vocabulaire établies par M. Schachmatov sont insuffi-
santes à prouver que les Vendes fussent des Celtes (p. 192); il
écarte l'hypothèse de mots celtiques empruntés par les Slaves
(p. 199), et enfin, en ce qui concerne la toponomastique, il con-
damne les rapprochements proposés par M. Schachmatov (p. 206).
Après cette critique très poussée, soutenue d'une érudition très
riche, il ne reste pas grand' chose des théories de ce dernier.
Déjà dans le même tome du Roc^nik, p. 1-38, M. Kasimir Buga,
s'inspirant des travaux de M. Schachmatov, avait publié les résul-
tats d'une enquête personnelle sur la question : Kami man Kelten-
spuren au] baltischem Gebiet nachweiseu} Les conclusions en sont
nettement d'accord avec les critiques de M. Vasmer. M. Buga ne
croit pas non plus que les Vendes fussent des Celtes, et la phrase
de Tacite sur les Estes lui paraît signifier seulement que la langue
de ce peuple ressemblait plutôt à une langue celtique qu'à une
langue germanique. Si ce n'est pas là l'expression d'un sentiment
superficiel, analogue à celui qui ferait juger sur de vagues appa-
rences le breton armoricain plus rapproché de l'allemand que du
français, ce peut être le résultat d'une observation très exacte. Les
langues baltiques possédaient, au temps de Tacite, la double série
des occlusives, sourdes et sonores, représentées à ce moment déjà
en germanique par des spirantes et des occlusives sourdes. Ce qui
revient à dire que la différence était dans l'existence d'occlusives
sonores en baltique et de spirantes en germanique ; sans compter
que les occlusives sourdes n'étaient peut-être pas de même nature
dans les deux langues. Le système des occlusives devait en revanche
être le même en celtique et en baltique. Cela permet d'expliquer
la phrase de Tacite, sans conclure à la celticité de la langue des
Estes.
M. Buga a repris un à un tous les noms de fleuves et de lieux
que M. Schachmatov considère comme d'origine celtique; il en
donne la liste, qui est longue, en y ajoutant ses critiques. Aucun
nom ne lui paraît résister à l'examen, sauf un, celui de la Vistule,
Viscla chez Jordanes, plus tard IFixla et Wisla. Seul, le nom de
la Vistule paraît « exclusivement celtique », dit-il, p. 4 ; il est vrai
que p. 28 cette celticité ne lui semble plus que « vraisemblable ».
Sur quoi repose-t-elle ? si j'ai bien compris, sur ce fait historique,
que le bassin inférieur de la Vistule n'a été occupé qu'assez tard
par les populations baltiques, postérieurement en tout cas à
l'époque de Tacite et de Ptolémée. Mais pourquoi le mot *Vistla
serait-il celtique? Y a-t-il donc en celtique des noms de fleuves
Revue Celtique, XXXV. 17
258 Périodiques.
analogues ? La Weser que cite M. Holder (t. III, col. 407) a pour
nom ancien Visurgis, dont le sens, comme l'origine, est inconnu ;
et le nom de Vè\eronce que d'Arbois de Jubainville expliquait par un
prototype ligure Fisuroulio- est un nom de lieu, mais pas un nom
de fleuve (dans le canton de Morestel, Isère). C'est tout à fait arbi-
trairement que M. Holder rattache tous ces mots à une prétendue
racine *ueis- « couler ». Cette racine n'est pas plus attestée en cel-
tique qu'en germanique, en grec ou en latin. On en fait sortir
l'irlandais /;' « poison » qui est le même mot que le latin ulrus, le
grec to; et paraît tiré d'un thème racine, représenté par le sanskrit
vit « excrément », d'où dérive aussi le gallois givyar qui ne désigne
que du sang, et notamment du sang figé, corrompu. Mais tous ces
mots, en y joignant même le nom propre gallois Gwy, nom du
fleuve Wye, justifient-ils l'hypothèse d'une racine celtique *ueis-
« couler » ? Absolument pas. Et même si cette racine était attestée,
s'ensuivrait-il que le nom de la Vistule en fût sorti ? Il ne faut pas
oublier que les noms de fleuve sont en général l'élément le plus
archaïque de l'onomastique, et se renouvellent plus difficilement que
tout autre. En Gaule, c'est une minorité de fleuves qui portent
des noms celtiques. L'énumération de noms comme Elaucr, Icauna,
Liger, Arar, Sonconna, Samara, Mal roua, Sequana, Ledits et tant
d'autres qui s'expliquent mal ou même pas du tout par le celtique,
est à cet égard bien instructive. Il faudrait nous dire pourquoi des
noms celtiques de fleuve se seraient justement conservés sur les
bords de la Baltique, où les Celtes, s'ils y sont venus, n'ont jamais
fait qu'un séjour éphémère. M. Buga relève lui-même, p. 29, sur
le domaine baltique huit noms de fleuve qui présentent un radical
Vas- ou Veis-, N'est-ce pas une raison pour chercher ailleurs
qu'en celtique l'origine du nom de la Vistule ?
V
Le premier cahier du volume VII de Eriu débute par un texte
inédit, publié avec traduction anglaise par M. Kuno Meyer,
Aigidecht Aithirni, « tbe Guesting of Athirne ». Ce texte, tiré du
Book of Leinster, p. 118 a, et du Ms. Harleian 5280 f° 77 a,
paraît remonter, quant à la langue, au XIe siècle. Il contient quatre
jolis poèmes sur les saisons et cinq autres dont l'interprétation est
si malaisée qu'elle a lassé la patiente érudition de Fauteur.
L'article de beaucoup le plus long du cahier est de M. John Mac
Neill et consacré à the au l hors bips and structure of tbe « Aimais of
Tigeruach » (p. 30-113). 11 comprend quinze chapitres, dont le
Périodiques. 259
treizième fournit un résumé des précédents. Le point de départ des
Annales de Tigernach serait un arrangement irlandais de la Chro-
nique d'Eusèbe, telle qu'elle avait été traduite en latin par saint
Jérôme; cet arrangement comportait un supplément, où les événe-
ments étaient poursuivis jusqu'aux environs de l'année 607 (date k
de la mort du pape Sabinien). Il fut introduit dans une Chro-
nique irlandaise, compilée vers 712 et où les événements étaient
rangés à partir de l'année 431. Antérieurement à l'année 974, il
existait deux versions de cette Chronique irlandaise, amplifiée
comme nous venons de le dire. L'une de ces versions fut incor-
porée aux Annales d'Ulster. L'autre devint un des morceaux des
Annales de Tigernach, le morceau qui porte le numéro III.
Chaque version avait d'ailleurs subi indépendamment des additions
ou des abrègements. Pour la partie antérieure à l'année 431, c'est-
à-dire pour la partie « pre-Patrician », puisque Patrice vint évan-
géliser l'Irlande en 432, l'arrangement irlandais de la Chronique
d'Eusèbe conservait la disposition en colonnes ; mais on y avait
introduit dans l'interligne ou en marge des notes additionnelles
tirées de Prosper, d'Orose, d'Isidore, de Bède ; la chronique,
ainsi supplémentée, fut ramenée à des paragraphes réguliers, au
fur et à mesure que des interpolations nouvelles dérangeaient la
symétrie des synchronismes. Le texte prit ainsi avec le temps un
faux air d'Annales, que nous lui trouvons déjà dans le morceau I
des Annales de Tigernach, tiré du MS. Rawlinson B 502 (xne s.)
et qui apparaît également avec de nombreuses additions dans le
morceau II, conservé dans le manuscrit Rawlinson B 488, du
xive siècle. Le morceau I va du temps des prophètes Osée, Araos
et Isaïe (807 av. J.-C. d'après la Chronique d'Eusèbe) à celui d'An-
tonin le Pieux (iéo de l'ère chrétienne) ; le morceau II de 322 av.
J.-C. à 360 après J.-C. Plus tard, ces Annales, d'origine si compo-
site, furent remaniées par un inconnu qui en élimina des détails
étrangers à l'Irlande, y ajouta en revanche des faits irlandais, et
tenta de les ramener à une chronologie systématique. C'est l'état
que nous fait connaître le morceau des Annales de Tigernach que
l'on appelle depuis Stokes le fragment de Dublin, parce qu'il est
conservé dans le MS. H. 1. 18 de Trinity Collège; ce morceau va
de l'an 34 à l'an 378 après Jésus-Christ. Enfin, les Annales de
Tigernach comportent un IVe morceau, comprenant les années
975 à 1 178 de notre ère; c'est la transcription d'une chronique
tenue à jour dans le monastère de Clonmacnois et à laquelle col-
labora Tigernach, qui a donné son nom à l'ensemble. Le travail de
M. Mac Neill est d'une minutieuse exégèse ; il rend caduques les
2éo Périodiques.
indications données par Wh. Stokes dans son édition des Annales de
Tigernach (Rev. dit., t. XVI, p. 374; t. XVII, p. 6, 119, 337; t.
XVIII, p. 9, 150, 267), que M. Mac Neill qualifie d'« unsatis-
factory » (p. 45).
Le même cahier de Ériu contient encore les articles suivants:
de'M. Kuno Meyer une note on Dcbidc rhymeÇp. 10-12) ;deM. Alfred
Anscombe une étude sur les rapports de saint Patrice et de saint
Victricius de Rouen (p. 13-17) ; de M. J. H. Lloyd, une liste de
noms de nombre et de bouts de phrases en irlandais tirés d'un
ouvrage anglais de 1547 (p. 18-25) ; deux notes lexicographiques,
l'une de miss E. Knott sur bô thùir « stall-fed cow », Fled Bricrend,
§9 (p. 26) et l'autre de M. O. Berginsur l'irlandais moderne téora
« limit, border », que la forme ancienne tara- oblige à séparer de
tearmann, gall. tcrfyn (p. 27-29) ; enfin des notes paléographiques
de M. R. I. Best consacrées justement au texte des Annales de
Tigernach du MS. Rawlinson B. 502 (p. 1 14-120).
VI
Il y a dans le numéro 3 5 de The Celtic Review (vol. IX ; January
1914) un article de M. William J. Watson sur Ciuthach (p. 193-
209). Ciuthach est le nom d'un personnage héroïque, un géant
qui joue un grand rôle dans les traditions de l'Ecosse occidentale ;
il n'était pas Gael, et M. Watson le croit d'origine picte. On le
voit figurer dans la légende de Finn, dont il est généralement
l'ennemi ; c'était un séducteur, il enleva Grainne, la maîtresse de
Diarmaid, il enleva aussi Emer, la femme d'Ossian. M. Watson
reproduit deux récits populaires relatifs à Ciuthach et étudie en
même temps le rôle que joue ce personnage dans la toponomas-
tique et dans plusieurs légendes en vers ou en prose du cycle de
Finn. Le nom de Ciuthach est orthographié de façons diverses:
Cithach, Cithich, Ciach, Ciofach, Keith, etc.
M. Mackinnon continue son édition de la Gaelic Version of the
Thebaid of Statius (p. 210-225), qu'il mène cette fois jusqu'à la fin
des jeux donnés en l'honneur d'Archemorus.
Le même numéro de la Review contient, p. 226-246, le texte
d'une conférence faite le 20 juin 191 3 par M. T. W. Rolleston à
l'University Collège de Londres pour fêter le vingt-et-unième
anniversaire de la fondation de l'Irish Literary Society. Le sujet
choisi par le conférencier s'intitule : Tiuenty-one years oj Irish art
and ihought. Il intéressera tous les amis de l'Irlande contempo-
raine.
Périodiques. 261
En appendice (p. 270-288) se poursuit la publication de la
Concise Old-Irish Grammar de M. J. Pokorny, dont nous parlons
dans la Chronique (v. ci-dessus, p. 247).
VII
Dans le fascicule 4 du tome 1er de Gadelica se trouve une série
de textes inédits en irlandais moderne, publiés notamment par le
directeur du périodique, M. T. F. O'Rahilly. Celui-ci a tiré du
MS. 23 D 4 (p. 124) un poème d'amour de 112 vers fort galam-
ment tourné, adressé à une femme « aux seins pointus et brillants »
(p. 239-243 : a bhean na gcioch georrsholus) ; d'après six manuscrits,
il publie p. 244-245 un poème de Seân Clârach (du milieu du
xvme s.) et à la page 246-248, une ballade arthurienne, du
xvne siècle, qui a déjà fait l'objet d'une étude de M. Tom Peete
Cross, dans Modem Philology, X, 289-299 (v. Rev. Celt., XXXIV,
22e); mais M. O'Rahilly y ajoute plusieurs renseignements inté-
ressants.
M. O, J. Bergin termine dans le même fascicule son édition du
Pairlemcnt Chloinne Totnâis (p. 220-235) ; et l'érudit qui signe
Tôrna continue son étude sur la vie et les œuvres du père Eoghan
O'Caoimh (p. 251-259).
A signaler encore : du Rev. G. O'Nolan une note grammaticale
sur l'emploi de nâ dans les « sentences of identification » (p. 237-
238)etduRev. Paul Walsh la publication d'un poème duxvnes.(p.
249-250) : olc mo thuras sonn ô Lundain go Cnoc Samhruidh...
« Infortuné mon voyage de Londres à Summerhill... ».
Avec ce fascicule prend fin le premier volume de Gadelica, un
beau volume de 304 pages, rempli, comme on a pu en juger, de
choses intéressantes et neuves: on y trouve de la précision, de la
méthode, de l'érudition de bon aloi, toutes les qualités en un mot
d'une bonne revue philologique. Ce premier volume fait hon-
neur à l'actif et courageux éditeur de Gadelica, M. T. O'Rahilly.
Il est d'autant plus juste d'en reconnaître les mérites que nous
recevons de fâcheuses nouvelles sur l'avenir de l'entreprise. Ce
qui manque le plus à Gadelica, ce sont des appuis financiers. L'in-
telligence, le zèle et le talent ne suffisent pas à faire marcher une
revue. Il faut encore des capitaux pour payer les frais de l'impres-
sion. M. T. O'Rahilly nous écrit sa tristesse de voir ses efforts si
mal récompensés jusqu'ici : il n'a trouvé, dit-il, que deux souscrip-
2é2 Périodiques.
teurs en France, et un seulement en Allemagne. Cela n'est pas
surprenant, si l'on songe que l'objet de Gadelica est uniquement
l'irlandais moderne et que la plupart des articles ne contiennent
même que l'irlandais. Ce qui peut surprendre davantage, c'est que
cette revue ne trouve pas en Irlande les subsides dont elle aurait
besoin. Un appel imprimé dont nous avons reçu un exemplaire
constate que « outside the city of Dublin Gadelica lias met with
very poor support in Ireland ». Gadelica comptait sur l'appui de
la Gaelic League et des collèges universitaires irlandais : « in each
case the resuit has been profoundly discouraging ». Ce serait pour-
tant aux Irlandais à soutenir Gadelica. Nous souhaitons sincère-
ment à la jeune revue de trouver en Irlande même un Mécène géné-
reux qui lui permette de vivre; elle le mérite.
J. Vendryes.
VIII
La Revue des Traditions populaires renferme toujours des
contributions intéressantes aux études de folklore celtique. Citons
dans le t. XXVIII, aux n° 3, 4 et 6, une série de contes bien
recueillis par M. Frison: on remarquera un joli groupe d'histoires
de sirènes. Plusieurs de ces contes sont construits pour amener un
apophtegme moral, un mot humoristique ou un calembour.
IX
Dans Folklore on trouvera au n° 3 du vol. XXLIII un conte
recueilli dans l'île de Man, à Peel, par M. S. Morrisson sur le
Dooinney-Oie ou homme de nuit, personnage fantastique qui
sonne dans une corne magique et vit dans les cavernes : ses appari-
tions, comme celle des banshees d'Irlande, sont à la fois des
avertissements et des présages.
X
La RoMANiA a publié dans son n° 164 (t. XII, p. 518) un très
intéressant article de M. Huet sur les rapports du Lancclol en prose
avec le roman de Raoul de Houdenc, Méraugis de Portlesguez.
Pour M. Huet qui examine successivement trois épisodes des deux
oeuvres, l'auteur du Lanccloi a dû utiliser Raoul de Houdenc.
Périodiques. 263
XI
Les Analecta Bollandiana contiennent au t. XXXII une série
d'excellents comptes rendus de publications intéressant l'hagiogra-
phie celtique. Dans le fasc. 1, p. 90, on notera les comptes rendus
de l'ouvrage de M. W. Johnson, Byways in British Archaeology, et
de l'ouvrage de Hugh Williams, Chrisiianity in Early Britain. —
P. 94 le P. Moretus discute le travail de M. A. Anscombe, the
Pedigree of Patrick, paru dans Ériu au t. VI (191 1), p. 117 (cf.
Rev. Celt., XXXII, 511). Le P. Moretus rejette la théorie de
M. Anscombe d'après laquelle la légende de l'origine juive de
S. Patrick serait née d'une confusion entre Juifs et Jutes. Il rejette
également les observations apportées par le chanoine Quine sur
l'origine de S. Patrick (Journal of the Watcrford and South East of
Ireland Archaeological Society, t. XIV, 191 1, p. 169). M. Quine
avait prétendu reconnaître le roi Amathée, dont parle la vie de
S. Patrick attribuée à Nennius, dans Y Ammecatus qui figure sur
une inscription latine de Man.
J. Marx.
XII
Le Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 19 12, con-
tient un article de M. L. G. Werner sur Mulhouse et ses environs à
l'époque romaine, p. 1 sqq. : d'une ville romaine, il n'y a pas trace ;
mais d'un peuplement assez dense les environs de Mulhouse ont
fourni des preuves nombreuses, restes de constructions, poteries,
objets de toutes sortes, monnaies. La contrée paraît avoir été
peuplée de la même façon dès la fin de l'âge du bronze (stations
de l'âge du bronze a Riedesheim et Rixheim ; cimetières hals-
tattiens de l'île Napoléon et de Sausheim). — P. 27. Le même auteur
(Note sur une pièce fausse du Musée archéologique'), conteste l'authen-
ticité d'un petit relief, représentant un cavalier terrassant une
femme anguipède, qui fit partie de la collection Dollfus (n° 1005).
Il l'attribue à un faussaire de Rheinzabern.
XIII
M. J. Szombathy publie dans les Mittheilungen der prahis-
TORISCHEN KOMMISSIOX DER KAIS. AkADEMIE DER WlSSENSCHAFTEIN,
Vienne, II, 2, 191 3, un mémoire intitulé Altertumsfunde aus
264 Périodiques.
Hôhlen bei 5' Kan\ian im osterreichischen Kùstenlande. La nécropole de
S1 Kanzian, près Trieste, est la station type de la civilisation halstat-
tienne la plus ancienne. C'est à cette civilisation qu'appartiennent
la plupart des restes trouvés dans la Fliegenhôhle, singulier mélange
d'objets de bronze de toutes sortes, armes surtout, en morceaux,
passés au feu, mêlés à des fragments d'os d'animaux et d'os
humains. Le tout était recouvert de pierres accumulées sans
ordre. Qu'était-ce ? La décharge d'un ustrinum situé près de là en
plein air ? On n'en a pas trace. — La Knochenhohle contenait
cinq squelettes et, près de l'un deux, une situle de bronze, assez
simple, mais portant une inscription. De quelque façon qu'on la
lise (.0. .s. tiiareh ou .0. .s. tiiaroie), c'est aux inscriptions
vénètesou atestines qu'elle fait penser.
XIV
M. J. Gruaz a publié dans la Revue historique vaudoise, 191 3
(Extrait, 116 pages) un article sur le Chasseron et les temples de
montagne. Le musée de Lausanne conserve la plupart des trouvailles
qui, à partir de 1850, ont décelé l'existence d'une station et sans
doute d'un sanctuaire gallo-romain au sommet du Chasseron. La
série des monnaies s'étend de Pompée à Constantin II. L'auteur
rappelle le temple de Jupiter au Grand-Saint-Bernard et la décou-
verte du col de Julier.
XV
La Revue du Bas-Poitou, 1913, nous donne un triple mémoire
du comte Bégouen, des Dr Loevenhard et Charbonnau-Lassay sur
le Souterrain-refuge de la Haute-Fosse de Mouilleron-en-Pareds
(Vendée). Quelques tessons de poterie commune gallo-romaine en
fixent la date première. Ces messieurs étudientleproblème chrono-
logique que ces souterrains offrent à notre curiosité ; ils font
remonter les plus anciens à la fin de l'indépendance gauloise : l'his-
toire de Sabinus et d'Eponine fournit un exemple historique et
une preuve.
XVI
Les Beitrage zur Anthropologie und urgeschichte Baverxs
(XIX,i9i3, 1-2) nous donnent, après un article de M. Fastlinger qui
traite du Volkstamm der Hosi et de l'installation des Bavarois, deux
Périodiques. 265
contributions à l'étude de l'archéologie celtique : H. A. Ried, Ueber
das neueutdeckte Urnengràberfeld in Griïmualdbei Miincben (p. I2sqq. ;
Halstatt A, type céramiques parents du type de Lusace) ; G. v.
Merhart, Gràber mit bemalter Keramik ans Beilngries, Oherpfal\
(p. 37 ; Halstatt C, céramique peinte, claire, blanche et ocre,
décor espacé ; carte de répartition de cette céramique à travers la
Souabe).
XVII
Dans le VIe Bericht der rômisch-germanischen Kommission,
1910-11 (Francfort, 191 3), p. 3 sqq., M. Ed. Anthes s'occupe de
la Ringwallforschung und Verwandtes : les Ringwâlle ont été occupés
en Allemagne par les derniers Gaulois; à signaler l'enceinte des
Heidenlôcher, dans le Palatinat, avec ses caves carrées à murs de
pierres sèches; on les compare aux maisons du Beuvray(p.2i sq.).
M. Anthes traite des Hochàcker (p. 98 sqq.) : datent-ils de l'époque
de Hallstatt ? datent-ils de la Tène ? sont-ils en relation avec les
tumulus et les ustriua hallstattiens ? En sont-ils indépendants ? Les
contradictions se balancent sous la plume du rapporteur. — M. G.
Kropatschek étudie (p. 50 sqq.) Das rômische Landhaus in Deutsch-
land. — W. Schmied, Rômische Forschung in Oesterreich, 1907-1911
(p. 79 sqq.).
M. W. Muller donne une Bibliographie %ur Romisch-Germanischen
Forschung fur die fahre 1910-1911 (p. 182 sqq.) qui peut passer
pour une bonne bibliographie protohistorique, classée par pays.
XVI II
Le premier fascicule d'une nouvelle publication, le Bibliothèque
Pro Alesia, a paru en décembre 1912. Souhaitons-lui bonne
chance, patience et longueur de temps. MM. Louis Matruchot,
professeur de botanique à la Sorbonne, et Jules Toutain, directeur
d'études à l'Ecoles des Hautes-Études, vont présider savamment à
ses destinées. Pour commencer, M. Robert de Launay publie un
mémoire sur La question des effectifs au siège d'AIésia, p. 1-17, effec-
tifs romains et effectifs gaulois ; pour calculer la force de l'armée
de secours et sa composition, l'auteur tient ingénieusement compte
des monnaies perdues par les morts du Mont Rea. Il réduit l'esti-
mation de César à 60000 h. Napoléon s'était arrêté à peu près à
ce chiffre pour des raisons militaires.
2 66 Périodiques.
XIX
The Journal of the Society of Antiquaries of Ireland, 191 3,
XLIII, 31 mars. — Hamilton Hall, The Marshall pedigree (p. 1
sqq.). — G. H. Orpen, The Earldom of Ulster, I, introduction to
the Inquisitions of i}3) (p. 30 sqq.). — W. F. Butler, The Policy of
Surrender and Regrant, I, avec une carte de l'Irlande sous Henri
VIII (p. 47 sqq.). — E. C. R. Armstrong, A Note as to the Time
Heraldry ivas adopted by the Irish Chiefs (p. 66 sqq.).
XX
Le Boletin de la real Academia de la Historia nous donne,
dans son fascicule de janvier 191 3, une note du comte de Cedillo
sur les ruines d'Italica (p. 70) ; un article de M. Enrique Romero
de Torres sur des Inscripciones romanas de Bujalana y Côrdoba(p. 72
sqq.); un autre du R. P. Fidel Fita sur un Sarcôfago romano,bisomo,
de Mérida (p. 85 sqq., une planche), dont la partie conservée
montre un remarquable portrait d'homme.
Dans le fascicule de mars, nous trouvons Una nueva inscripciôn
romana de la provincia de Orense, publiée par M. Marcelo Macias
(p. 387). Dans les Noticias, p. 399 sqq., figurent deux inscriptions,
l'une de Gallegos de Arganan (Vitulus Arreini f., etc.), l'autre de
Urena (Acceicum).
Dans le fascicule de mai, M. Antonio Blâsquez, traite de la Via
Romana de Càdi\ à Sevilla (p. 425 sqq.); le R. P. Fidel Fita publie
une Têsera romana de plomo Extremena (p. 480 sqq.), funéraire ;
M. Juan Sanguino Michel, une note sur des Antigiledades romanas
del cortijo de la Virgines, cerca de Baena, signalées en 1833, particu-
lièrement intéressante pour l'histoire de la famille de Pompée ; le
R. P. Fidel Fita, enfin, un rapport sur les Excavaciones de Numan-
cia (p. 487).
H. Hubert.
NECROLOGIE
P. W. JOYCE
La mort de P. \Y. Joyce, survenue le 7 janvier dernier à
Rathmines, prive l'Irlande d'un de ses scholars les plus méritants.
Né en 1827 à Limerick, Patrick Weston Joyce se tourna de bonne
heure vers la carrière des lettres, obtint les grades de Master of
Arts et de Doctor of Laws et fut dès 1845 attaché comme « offi-
ciai » à la « Commission of National Education ». Membre de la
Royal Irish Academy en 1863, professeur au Government Trai-
ning Collège, puis principal de ce même établissement de 1874 à
1893, il fut l'un des commissaires de la publication des Ancient
Laws of Ireland, une des entreprises les plus importantes de la
philologie irlandaise. Il publia lui-même un nombre imposant
d'ouvrages, consacrés à l'histoire et à l'archéologie de l'Irlande et
qui presque tous atteignirent ou même dépassèrent la deuxième
édition. Les deux plus connus sont a Social History of Ancient
Ireland, en deux volumes (1903 ; v. Rev. Celtique, XXIV, 86),
dont il donna un abrégé en 1906 (2e édition, 1908), et the Origin
and History of Irish Naines of Places, en trois volumes, dont
le premier remonte à 1869 et dont le dernier parut seulement
quelques semaines avant sa mort (v. ci-dessus, p. 224). Ce sont
de bons ouvrages de vulgarisation, où l'érudition sait se rendre
agréable et se mettre à la portée de tous. Joyce, qui s'intéressait
vivement aux progrès de l'éducation populaire, écrivit d'ailleurs à
l'usage des écoles plusieurs manuels estimés : a ChihVs History of
Ireland (down to the death of O'Connell), a short History of Ireland
(down to 1600), Outlines of the History of Ireland (down to 1900),
a Reading book in Irish History, a Concise History of Ireland (down
to 1837), Old Cellic Romances, translated front the Gaelic, etc. La
musique populaire l'intéressait particulièrement : il publia une col-
lection de vieux airs, recueillis par lui-même dans le Sud et l'Ouest
de l'île, sous le titre de Ancient Irish Music : a Collection hitherto
268 Nécrologie
unpublished oj Irish Airs and Songs. Jusqu'à la fin de sa vie, il ne
cessa d'être à la recherche des mélodies populaires. Les questions
linguistiques d'autre part ne le laissaient pas indifférent. Il composa
une petite Grammar of the Irish Language, et l'un de ses ouvrages
les plus originaux est consacré à l'anglais parlé en Irlande (Englisb
aswespeak it in Ireland, 2e éd., 1910). On remarquera que la
plupart de ses publications datent de la seconde partie de sa car-
rière ; il écrivit ses principaux ouvrages à un âge où beaucoup
d'autres auraient profité d'un repos bien gagné ; il termina la plume
à la main une vie consacrée tout entière à l'amour de la science
et de son pays. Dans la préface d'un de ses ouvrages, il faisait, à
l'imitation des vieux narrateurs irlandais, la déclaration suivante :
« The cause of writing this book is to give glory to God, honour
lo Ireland, and knowledge to those who désire to learn ail about
the Old Irish People ». On peut lui rendre cette justice qu'il a
bien rempli sa tâche.
J. Vexdryes.
Le Propriétaire-Gérant, Edouard CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRBitES, IMPKIMKURS
LA VIE LA PLUS ANCIENNE
DE
SAINT SAMSON DE DOL
d'après des travaux récents : REMARQUES et additions1.
La vie la plus ancienne de saint Samson avait été considérée
jusqu'ici par tous les critiques comme le monument le plus
important de l'hagiographie des Brittons (Gallois, Cornish-
men, Bretons-Armoricains), en raison surtout de son ancien-
neté et de son caractère d'authenticité. Elle a été l'objet de
recherches importantes, en particulier, de la part de M. de laBor-
derie. On ne peut dire néanmoins qn'il ait épuisé le sujet ni
qu'il en ait résolu toutes les difficultés : tant s'en
faut.
Les travaux cités ici apportent cà cette difficile mais impor-
tante étude de nouveaux éléments d'investigation, et, à des
points de vue divers, d'utiles contributions .
La seule édition dont on disposât jusqu'ici était, en somme,
celle de Mabillon {Acta ss. ord. s. Bened., saec. I, p. 179 et
suiv.). Le texte en est assez défectueux. Il a cependant été
reproduit intégralement par les Bollandistes {Acta ss., VI,
juillet). La réimpression de ce tome par Palmé (Paris, 1868)
est détestable, et comme le dit l'abbé Duine sans aucune
exagération, cousue de fautes. M. Fawtier a donc rendu aux
études bretonnes et à l'hagiographie en général, un signalé
1 . R. Fawtier, La vie de saint Samson : Essai de critique hagiographique
(Bibl. Ec. Hautes-Etudes, 1912. — Abbé Duine, Histoire civile et politique
de Dol jusqu'en 1789, Paris, Champion, 191 1 (§§ VI, VII, IX); — du
même : Les saints de Domnonée, notes critiques. Rennes. Bahon-Rault,
1013 ; — du même : Compte-rendu critique de la vie de saint Samson, de
R. Fawtier (Annales de Bret . , 191 3, pp. 338-356).
Revue Celtique, XXXV. 18
2~o J. Loih.
service, en nous donnant un texte à la fois plus abordable et
mieux établi. Ce n'est pas une édition critique : l'auteur ne
l'a pas tenté, et je ne peux que l'en louer. Il nous donne le
texte d'un seul manuscrit, du début du xie siècle, avec les
variantes de dix-neuf autres1. La copie dont s'est servi
Mabillon a été retrouvée par l'auteur à la Bibliothèque natio-
nale (ms. latin 11771) : c'est une copie fautive, publiée fauti-
vement, nous dit M. Fawtier (p. 85). L'auteur discute aussi
la valeur des rédactions postérieures de la vie. Il n'attribue
aucune valeur, avec raison, à la compilation galloise du Book
oj Llan Dâv, ni aux passages concernant saint Samson contenus
dans les vies d'Iltut, Dubric, Patern. Puisqu'il a cru devoir
citer et analyser ces fragments, il est regrettable qu'il ait négligé
la Vlla Teliavi dont j'ai donné le texte d'après l'édition de Gwe-
nogvryn Evans du Book of Llan Dav, dans les Annales de Bre-
tagne, avec des notes assez copieuses qui auraient pu lui être
utiles, particulièrement en ce qui concerne Patern et Dewi 2.
M. Fawtier fait trop bon marché de la Vil a du ixe siècle
publiée par Dom Plaine >. C'est un remaniement a coup sûr
du texte de la plus ancienne vie, mais l'auteur avait incon-
testablement a sa disposition des manuscrits plus anciens
que ceux qu'a utilisés M. Fawtier, et pouvant fournir des
variantes utiles pour la constitution du texte, et même
pour la discussion de l'ancienneté de la vie : j'en donnerai
une preuve frappante à propos du nom du comte Guedianus.
De plus, l'hagiographe a utilisé des traditions historiques
qui ne sont pas dépourvues d'intérêt. Comme le fait remar-
quer l'abbé Duine, c'est par cette vie que nous connaissons
les rapports entre l'abbaye neustrienne de Pental, dépendance
de Dol4, et l'abbaye parisienne de Saint-Germain. Aussi
Léopold Delisle a-t-il pu écrire, non sans quelque exagération
toutefois, il faut le reconnaître : « à mon avis, cette deuxième
1. Ms. 195 de la Bibl. de Metz. Sur les recherches de rameur au sujet
des mss. de la Vita S., en Angleterre, Belgique, Allemagne ; v. Ecole pra-
tique des Hautes Études, Annuaire, 1910-1911, p. 117-119.
2. Annales de Bret., IX, Si, 277, 438, X, 66
3. Anal. Boll., VI, 79-80; N2-150.
.j. Histoire de Dol, p. 231.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 271
vie qui a joui d'une grande vogue au moyen âge, n'est guère
moins ancienne ni moins respectableque la première» (Congrès
scient, de France, 27e session tenue à Cherbourg en 1860; II,
1861, p. 158 et suiv.). L'œuvre de l'archevêque Baudry
même n'était pas inutile à consulter, moins pour sa valeur
réelle, que par les variantes qu'elle pouvait présen-
ter.
La question capitale abordée par M. Fawtier est celle de
l'ancienneté de la première rédaction ou, ce qui revient au
même, de la véracité de l'hagiographe. Ce dernier, en effet,
nous dit avoir eu à sa disposition une vie du saint écrite par
Henoc, cousin de Samson, son compagnon dans ses pérégri-
nations : c'est sa source écrite. Il a, de plus, interrogé un
vieillard de l'île de Bretagne, neveu de Henoc, devenu moine
au monastère de Dol, et d'autres personnages religieux qu'il
juge bien informés. Enfin il a lui-même voyagé dans l'île, en
Galles et en Cornwall. Lorsque ses recherches ont été infruc-
tueuses, il l'avoue : nomen nescio (Fawtier p. 135. 38) —
nomen scire non pot ni1 - Samson étant mort entre 560 et
5702, la vie aurait été composée vraisemblablement, en tenant
compte des affirmations de l'hagiographe, dans le premier
quart ou la première moitié du vne siècle. L'auteur connaît
les œuvres de Grégoire-le-Grand mort en 601. MgrDuchesne
a relevé chez lui une expression qu'il emploie d'ailleurs mala-
droitement, mais clairement empruutée aux écrits de ce pape3.
L'abbé Duine en a relevé d'autres 4.
Jusqu'ici les critiques avaient admis la véracité de l'hagio-
graphe.Mgr Duchesne, après avoir établi que la vie avait sûre-
ment été rédigée entre le vne et le ixe siècle, incline à croire
qu'elle l'a été à une époque assez rapprochée du commencement
de cet intervalle '>.
t. Il est au contraire, précis lorsqu'il a une source, sans doute écrite.
Ainsi (éd. Fawtier, p. 123, 36) il nous dit que Samson ne gouverna pas
l'abbaye de Piro plus d'un an et demi (non plus anno et iimidio primatum
tenais).
2. Abbé Duine, Compte rendu, p. 336-337, note 6.
3. Origines du culte chrétien, 3e éd., p. 254.
4. Les saints de Domnonèe, p. 6, note 6.
5. Faetes épisc, 2^ éd., II, p. 381, note. Cl". Ferdinand Lot, Mélanges
d'hist. bret, Paris, 1907, p. 169.
272 /• Loih.
M. Fawtier, lui, est d'avis que la date de la composition
doit être ramenée au vme-ixe siècle. La vie, pour lui, n'a
aucune importance; on n'en peut retirer à peu près rien pour
l'histoire bretonne, sinon que Samson passe à juste titre pour le
fondateur de Dol et de Pental (p. 78); l'hagiographe est un faus-
saire.
Les arguments de M. Fawtier en faveur de cette thèse assez
inattendue sont d'ordre divers.
Il y en a qui n'ont guère d'autre signification que de mettre
en relief l'excessive méfiance de M. Fawtier vis-à-vis de l'au-
teur de la vie. Il a été évidemment, d'avance, fâcheusement
impressionné par le fait même d'avoir affaire à un hagio-
graphe et ce qui plus est, comme il l'avoue sans détour, à un
hagiographe breton (p. 56). Si nos hagiographes méritent une
place d'honneur dans le martyrologe de la critique, c'est
peut-être bien que nos vies de saints sont d'une assez basse
époque ; la vie de Samson mise à part, les deux plus
anciennes ont été rédigées vers la fin du ixe siècle. Il n'est
pas impossible, il est même très probable que nos monastères
devaient en posséder d'autres plus documentées et surtout
plus anciennes. Il est aujourd'hui impossible d'évaluer les
pertes que notre histoire a subies du fait de la destruction de
nos monastères lors des incursions des Scandinaves et même
delà prise de possession de la péninsule par eux. Une faible
partie de nos manuscrits a pu échapper et être emportée à
l'étranger. On a, en appareuce, beau jeu, en taisant table rase
des vies rédigées aux ixe, xe, xie siècles, sous prétexte qu'elles
ne s'appuient pas sur des documents écrits antérieurs, que
leurs témoignages ne reposent que sur ce qu'on appelle avec
une nuance d'ironie, la tradition. Assurément la tradition est
un fleuve trouble aux eaux contaminées. C'est à la critique
d'en clarifier le cours. En ce qui concerne la tradition bre-
tonne armoricaine au ixc- xie siècle, il ne faut pas oublier
qu'elle mérite d'autant plus considération qu'elle est sans cesse
renouvelée par les relations ininterrompues entre la péninsule
armoricaine et la Bretagne insulaire. Du Ve au ixe-xe siècle,
l'Armorique est une dépendance du Cornwall, du pays de
Galles, et, par les monastères, jusqu'à un certain point, de
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 273
l'Irlande, au point de vue moral et intellectuel. Pendant le
ve et viesiècle, les Bretons d'Armorique ne prennent aucune
part à la vie religieuse de la province de Tours dont l'Ar-
morique était une dépendance. Jusqu'au ixe siècle, nos
moines ont la tonsure et le vêtement insulaire. Jusqu'au XIe,
comme l'a démontré Lindsay, nos scribes conservent les
habitudes d'outre-mer. Si on étudie l'organisation du culte
paroissial, particulièrement en Cornwall, on s'aperçoit bien
vite que l'influence a été réciproque des deux côtés du
détroit. D'ailleurs les relations par mer entre le sud-ouest
de l'île, et l'Armorique ont été, on peut le dire, journalières
jusqu'à la fin du moyen-âge. M. Fawtier, lui-même, en somme»
s'incline devant la tradition, quand il accorde que Samson
est le fondateur de Dol et de Pental. Rejetant complè-
tement l'autorité de l'hagiographe, le convainquant de
mensonge, ne reconnaissant pas dans le Samson qui signe
au Concile de Paris, l'abbé de Dol, il ne peut s'appuyer
que sur l'autorité des martyrologes hieronymiens, c'est-à-
dire sur des documents du vme siècle. Si l'hagiographe
n'a pas trouvé à Dol même des documents écrits, force nous
est d'admettre, comme source des martyrolges, l'odieuse tradi-
tion.
Que M. Fawtier se donne la peine de parcourir, je ne dis
pas les vies des saints irlandais, auxquels on pourrait aussi
reprocher souvent une garrulitas qui n'a rien à envier à la
britannica, mais même les vies des saints anglo-saxons, et il
deviendra plus indulgent pour les hagiographes bretons. Je
réponds qu'après cette lecture, il sera moins choqué du carac-
tère légendaire du récit du moine de Dol, dans certains pas-
sages. Comme le fait remarquer l'abbé Duine, ce n'est nul-
lement une raison pour ne pas croire à la sincérité du narra-
teur \ Quoique Grégoire de Tours raconte de pieuses his-
toires de toutes les couleurs, on garde confiance dans sa véra-
cité d'historien, parce qu'on ne saurait reprocher à quelqu'un
d'avoir eu la mentalité de son temps. A ce compte on pourrait
récuser le témoignage d'à peu près tous les hagio-
graphes .
1. Compte rendu, p . 341-343.
274 /• Lotb.
M. Fawtier a contre l'hagiographe des griefs plus précis.
Il aurait voulu nous faire croire, dit-il, à des gesta emendatiora,
lorsqu'il est sûr que cette expression est empruntée à Gré-
goire-le-Grand (p. 75). Mgr Duchesne qui en sa qualité de
Clericus Aletensis ne peut être suspect d'indulgence excessive
pour l'hagiographe Dolois, n'a pas été autrement ému par
cette constatation qu'il a été le premier à faire : c'est tout sim-
plement pour lui une expression incongrue dans le récit. L'abbé
Duine a supposé non sans vraisemblance, qu'il s'agissait, dans
la pensée de l'hagiographe, de la vie rédigée par Henoc, qui
lui, écrivait congru is stilis poli te.
Il est plus difficile de comprendre que M. Fawtier l'accuse
d'avoir pris dans des Litanies les noms des parents du saint
(p. 36, 75). M. Fawtier a mal lu : le texte parle de la messe ' ;
c'est, suivant lajuste remarque del'abbéDuine, une allusion à
la lecture des diptyques : rien n'était plus naturel que la com-
mémoration des parents de Samson à la messe célébrée près
de la tombe du bienheureux 2.
M. Fawtier s'étonne que l'hagiographe ignore le nom du
vénérable vieillard d'outre-mer et sache le nom de son oncle,
Henoc. Il serait plus juste de dire qu'il a oublié Je nous le donner.
Peut-être d'ailleurs l'omission est-elle imputable à un des
manuscrits qui se sont interposés entre la première rédac-
tion et ceux que nous possédons 5 . En tous cas, réplique
l'abbé Duine, si l'hagiographe était un faussaire, il n'aurait
pas eu plus de scrupule à dénommer un neveu qu'un oncle +.
M. Fawtier est encore plus mal inspiré (p. 76) quand il
annonce que l'hagiographe ne sait même pas quel jour est
mort le saint. En supposant qu'il écrivit au vme-ixe siècle,
lui, moine de Dol, rédigeant son récit sur Tordre de son
1. Ed. Favticr, p. 99, s : et in nominibus offerentium utrorumque
parentum nomina singula fuxta sancti Samsonis altare ad missam cantandam
légère quammultis vicibus auiivi.
2. Compte rendu, p. 338.
3. De même, la vie du IXe siècle, publiée par dom Plaine, ne donne
pas F Arx Etri où a séjourné Samson en Irlande (v. plus bas). Or, ce nom
a une réelle importance et devait se trouver dans la relation de
Henoc.
4. Compte rendu, p. 338.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 275
abbé et évêque, ne pouvait ignorer une date sacrée, qui s'était
transmise avec d'autant plus de fidélité qu'elle était sûrement
entrée dans la liturgie du monastère. Le Liber secundus est
justement une prédication pour la magnifica ac sancta annua-
lisque solkmnitas '. La date du V. Kal Aug. devait sans doute
être marquée à Ylncipit de la Vita, dit l'abbé Duine. Il répond à
l'assertion de M. Fawtier par un argument sans réplique.:
« L'ignorance de l'hagiographe sur ce point est impossible,
puisque cet hagiographe, dans l'hypothèse du critique, écrivait
postérieurement aux martyrologes hiéronymiens qui mentionnent
Samson » '.
Un autre indice du défaut d'information de l'hagiographe
pour M. Fawtier (p. 75), c'est qu'il ne sait rien, sauf la fon-
dation de Dol, du rôle de Samson en Armorique, car il ne
nous en raconte qu'un trait qui se passe en France (il s'agit de la
fondation de Pental). On pourrait se contenter de répondre
que beaucoup de vies de saints d'une haute antiquité et d'une
incontestable authenticité sont d'une désespérante pauvreté en
événements historiques. C'est le cas, par exemple, de la vie la
plus ancienne de sainte Brigitte, écrite cependant au vie-vne
siècle. Les hagiographes sont surtout préoccupés d'exalter les
vertus chrétiennes de leurs héros et ont pour but principal,
unique même souvent, l'édification des fidèles. Des événe-
ments de leur temps qui, pour nous, seraient d'un intérêt
passionnant ne les préoccupent pas : et puis à quoi bon en
entretenir leurs contemporains qui les connaissent aussi bien
qu'eux ? M. Fawtier oublie d'ailleurs qu'un peu plus haut
(p. 70), il semble attacher lui-même une grande importance
a un événement historique que nous ne connaissons que par
l'hagiographe : l'histoire de Iudwal, le renversement de
Commor, toute une révolution qui se passe en Armorique. Il est
vrai qu'ici même M. Fawtier croit trouver un argument
nouveau pour justifier sa suspicion à l'égard de la sincérité du
pauvre moine. Comment se fait-il, dit M. Fawtier, que Gré-
goire de Tours n'en parle pas ? Nous savons, en réalité, fort
1. Ed. Fawtier, p. 157. 2.
2. Compte rendu, p. 341.
276 /. Loth.
peu de chose de l'histoire des Bretons, dans son ensemble, à
l'époque même de Grégoire de Tours. Grégoire est assez bien
renseigné sur les événements qui se passent dans le sud-est de
la péninsule, en raison des luttes des Bretons du Vannetais
qui mettent en danger de ce côté la domination franque. Pour
le reste de la péninsule, c'est la nuit si on ne tient pas compte
du récit de notre hagiographe. La Domnonia semble être
restée en dehors des guerres contre les Francs et paraît
reconnaître sans difficulté la' suzeraineté de leurs
rois.
Pour moi, l'adversaire de Iudwal n'est nullement le
Cunomorus de Grégoire, celui qui lutte avec Chramne contre
Clotaire.
D'abord le nom est différent. Tous les manuscrits appellent
le tyran Commorus. Ce nom est composé à l'aide de la parti-
cule intensive com-, jointe directement au nom suivant : cf. Com-
maglo-s donnant Comme! aujourd'hui dans Sainl-Caradec-Trégo-
mel (Morbihan). En contraire C 'uno- ma g l 'os est un nom composé
de deux termes J et a évolué en Con-vel : Plou-gonvel (Finistère).
Iudwal ne peut en aucune façon être identifié avec le Vidi-
maclus de Grégoire de Tours. Vidimaclus, (à lire Fidimaglus
pour un plus ancien Vidu-maglo-s) apparaît seulement en
587, et combat avec Werocus, chef des Bretons du Vannetais
contre les Francs. Sans parler de l'invraisemblence historique,
il y a à cette identification une impossibilité linguistique.
Lorsque le nom complet, à deux termes, d'un personnage
breton, se présente, comme c'est souvent le cas, sous la forme
hypocoristique, c'est le premier terme qui reste avec un suf-
fixe de dérivations qui est le plus souvent -oc; parfois il est
précédé de to- : Brigo-maglos (Briavael en Galles), Brioc
(Saint-Brieuc), To-Brioc (Llan-Dyvriog en Galles). Mais jamais
on ne voit donner au même personnage deux noms dont le
second terme est différent. Que l'on corrige Fidimaglus en
Ind-maghis, ce sera toujours un personnage entièrement diffé-
rent de Iud-wal.
1 . Cutio-, qui a donné le dérivé Cunan, Conan, signifie élevé ; tnaglo-s a
le sens de chef, roi.
La vie la plus ancienne de saint Sainson de Dol. 277
Loin d'affaiblir l'autorité de l'hagiographe, le récit de l'épi-
sode de Iudwal, pour moi, la rehausse singulièrement : il
explique admirablement des faits certains qui sans cela reste-
raient obscurs. La captivité de Iudwal à la cour de Childebert
est un indice que Commor, loin d'être en lutte contre les
Francs, continue à l'égard de leurs rois les traditions de sou-
mission de la Domnonia. Il a sans doute réussi à rendre sus-
pect le prince dont il a tué le père et, par ses artifices, il
se protège contre un retour de la fortune, en le faisant tenir
en captivité à la cour du roi franc. L'intervention de Samson
en faveur du roi légitime auprès du suzerain est une preuve de
la grande autorité qu'il a su acquérir parmi les populations
restées sous le joug du tyran. Il gagne la faveur du roi par ses
qualités personnelles. Dès lors, la fondation de Pental, sur
la basse Seine, par suite de donations royales, n'a rien d'extra-
ordinaire, tandis qu'autrement le voyage même de Samson
est sans cause et la constitution d'une dépendance de Dol, à
l'extrémité opposée de la Neustrie, parfaitement inexplicable.
La part prise par Samson à la lutte victorieuse de Judwal
contre Commor a contribué sans doute à grandir encore la
personne de Samson et à préparer les hautes destinées du
monastère de Dol '.
La question la plus importante soulevée par M. Fawtier
est celle de l'épiscopat de Samson (p, 50 et suiv., p. 63-64).
Il lui dénie la qualité d'évêque en s'appuyant sur deux rédac-
tions du martyrologe hiéronymien.
Dans l'œuvre écrite peu après 772, Samson est appelé con-
fesseur ; dans l'autre qui date de 772 2, et provient de l'abbaye
de Fontenelle, voisine de Pental sur la basse Seine, il est qua-
lifié d'abbé. Je me contenterai de reproduire ici les explica-
tions de l'abbé Duine 3. « De la première rédaction il n'y a
nullement à s'émouvoir. D'autres personnages qui furent
1 . La tendance des rois de Domnonée a été évidemment de donner la
prééminence au monastère qu'ils préféraient et la plus haute juridiction à
ï'abbé-évêque qui le gouvernait. C'est ce qu'avaient fait les chefs gal-
lois.
2. Duchesne, Les anciens calai, ép. de la province de Tours, p. 95,
nota 1.
3. Compte rendu, p. 346-348.
278 /. Lotb.
indubitablement évêques reçoivent purement le titre de con-
fesseurs dans le martyrologe hiéronymien : quelquefois même
on se contente d'y inscrire leur nom '.
« D'ailleurs dans les documents decegenre,il faut toujours
compter avec les oublis de l'auteur et les distractions des
copistes. Ceux qui ont pratiqué les vieux calendriers liturgiques
en savent quelque chose. Mais le second cas, qui s'exprime
dans la formule : DoJo monasterio depositio sancti Samsonis abba-
tîs avait fortement contrarié La Borderie, dont la réponse est
malheureusement ruinée par l'argumentation de M. Fawtier.
De nouvelles remarques s'imposent: il est certain, que dans
ce texte le titre d'abbé est commandé par celui de monastère;
or, pour Dol, cette qualification de monastère étant juste et
notoire au VIIIe siècle, le rédacteur se croit parfaitement en
règle en donnant à Samson la qualité d'abbé 2. Qui oserait sup-
poser que lesmartyrologistes lisaient les vies de tous les héros
qu'ils cataloguaient ? A moins d'être initié aux particularités
ecclésiastiques de la Domnonée, le rédacteur ne pouvait sup-
poser que le chef d'une abbaye eût la dignité épiscopale. Il
devait d'autant moins deviner la vérité sur ce point, qu'au
milieu du vmc siècle, l'évêque du monastère deSaint-Samson
ne songeait guère à parcourir la Neustrie, les Bretons formant
alors un monde à part en hostilité avec les Francs. » L'abbé
Duine ajoute à ce sujet une importante remarque : c'est que
probablement l'archevêque de Rouen considérait à cette époque
le territoire samsonien de Pental comme dépendant de sa juri-
diction. Saint Ouen, archevêque de Rouen, donne l'abbatiat
de Pental à SaintGermer, vers le milieu du VHle siècle. D'après
la vie de Saint Germer, le monastère comptait un grand
nombre de moines, et l'archevêque de Rouen y venait comme
dans une maison soumise à son aurorité 3. Dans une réunion
i. Duine renvoie ici aux Martyrologia hieronymiana contractai la fin du
tome VI. de juin des Actes ss. o. s. Bened., p. 20, 27, 49.
2. Même après les événements du milieu du ixe siècle, et la constitution
à Dol d'un véritable évêché au sens gallo-romain du mot, le titre de menas*
teriùm sancti Samsonis persista pendant toute la durée de l'archevêché bre-
ton (Duine, Histoire civ. et pol. de Dol. p. 244).
3. Vita Geremari, antérieure à 85 1, publiée par Bruno Krusch dans les
Mon. Germ. Hist. script, rer.tneroving. IV, p. 630, n° 8, 10, p. 651, n° 12.
La vie la plus ancienne de saint Sanison de Dol. 279
ecclésiastique de Rouen qui se tint en 688 ou 689, d'après
Mgr Duchesne et où figurait sans doute l'abbé de Pental,
parmi les quatre abbés présents aucun ne porte un nom
breton r.
Ce qui diminue encore la valeur de l'argumentation de
M. Fawtier, c'est que le ms. de 772 n'est qu'une copie qui
représente un travail original des moines de Fontenelle, et il est
fort possible que la rédaction primitive accordât à Samson le titre
d'évêque que lui donnent les versions postérieures du martyro-
loge hiéronymien. A ce propos, l'abbé Duine cite un
exemple bien propre à rendre circonspect, lorsqu'on est en pré-
sence d'omissions de ce genre. Dans un livre d'heures do-
lois de la fin du xivc siècle, on mentionne la fête Gobriani
àbbatis. Or, en ces temps, la légende de Gobrien, reçue à Dol,
racontait positivement que ce saint avait eu le caractère épis-
copal et qu'il fut consacré par l'archevêque de Bretagne.
En fin de compte, il me paraît bien difficile de ne pas
identifier notre saint avec le Samson qui signe parmi les
évêques du concile de Paris tenu entre 556 et 573. Sa présence
à Paris vers cette époque pouvant être considérée comme cer-
taine, aucun autre Samson évêque ne pouvant être signalé en
Gaule à ce moment, ce serait aller contre la vraisemblance
que de le nier.
A la question de l'épiscopat de Samson, se lie celle des abbés-
évêques 2. M. Fawtier nie leur existence- en Gaule, sans excep-
ter la Bretagne, et n'en reconnaît qu'en Irlande. C'est aller
contre l'évidence pour la Bretagne, le Cornwall et le pays de
Galles. Le papa Tigernomalus à qui s'adresse l'hagiographe
est qualifié par lui de : sedis apostolicae episcope. Or, l'hagiographe
est au monastère de Dol ; il nous dit que Samson est inhumé
apud nos (Lib. I, 61 ; cf. 2); Tigernomalus est son chef, son
abbé : c'est sur son ordre, par obéissance, qu'il écrit (Lib. I, 1).
Un autre abbé-évêque de Dol, Leucher, nous est connu. C'est
aussi aller contre toute vraisemblance que de contester l'exis-
tence d'abbés-évêques à Saint Brieuc et Tréguier. Pour Tré-
1. Compte rendu, p. 347, note 2.
2. Sur les réserves à faire sur l'emploi de ce titre, cf. Duine, Compte-
rendu, p. 351, note 1.
28o /. Loth.
guier, les noms actuels ont même force de preuve; le siège
de l'antique monastère, la ville actuelle de Tréguier, n'est
connu en breton que sous le nom de Lan-Dreger (monasterium
Tricorium) ; le pagus, devenu diocèse, s'appelle Treger. Ici nous
touchons du doigt en quelque sorte l'une des formes d'évolu-
tion du monastère en diocèse. Le monastère de Tutwal a été
fondé comme centre religieux d'une tribu ou d'un pagus ', le
pagus Iricorius (v. plus bas à propos du pagus Tricurius du
Cornwall), et a pris son nom. Avec la prédication et les
donations, ce noyau s'est accru et, au ixc siècle, le diocèse était
de fait à peu près constitué : Nomenoe n'aura fait que lui
donner une existence légale. Le bon sens d'ailleurs, à défaut
d'autre raison, indique que près de la moitié de la zone bre-
tonnante n'a pu rester sans évêque du ve au ixe siècle.
En Cornwall, la lettre de Kenstec à l'archevêque Ceolnoth
(833-870) est décisive : Ego Kenslee . . .[ad] episcopakm sedem
in gente Cornubia in monasierio qnod lingita Brettonum appellatur
Dinurrin electus 2. Il me paraît également certain, comme à
l'abbé Duine, que le monastère-évêché de Lan-Alet (Lan-
Aletensis monasterii episcopus) est Sant-Germans 3. Pour plus
de détails, sur les monastères-évèchés en Cornwall, je renvoie
au travail du Rev. Taylor du numéro précédent de la Revue
Celtique sur ce sujet.
bn Galles, il est incontestable qu'à l'époque historique,
c'est l'évêque avec un diocèse et une juridiction définie qui
apparaît : le diocèse est co-extensif avec la principauté. Mais
il y avait eu sûrement une époque où ces abbés de monastères
avaient la dignité épiscopale, sans diocèse. Il y a un écho de
cet état de choses, dans les vies légendaires de saint David,
saint Telia w, saint Patern, comme le fait justement remarquer
Haddan 4. Ce sont sans doute les princes gallois eux-mêmes qui
ont le plus contribué au nouvel état de choses : ils ont tenu à
1 . La constitution du monastère de Dol a été plus laborieuse, parce que
il me semble pas qu'il y ait eu dans le pays de pagus bien défini.
2. Haddan and Stubbs, Councils, I, p. 675. Il faut lire probablement :
Din-uurin : cf. Llan-wrin en Galles.
3. Duine, Compté rend», p. 351, note 1.
4. Haddan and Stubbs, Councils, II, p. 142-149.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 281
ce que l'abbé d'un monastère qui avait leurs préférences eût
l'autorité religieuse sur tout leur royaume, par conséquent sur
les autres abbés de la même zone. Le siège de ces évêques a
toujours été d'abord un monastère, et c'est le monastère qui
constituait le principal centre religieux du diocèse. Le sys-
tème irlandais pur, qui donne le gouvernement aux abbés,
avec des évêques comme subordonnés, remplissant les fonc-
tions épiscopales sans avoir de juridiction, a-t-il existé en Galles ?
C'est possible, mais il n'en est pas resté de traces. Quant à
l'existence d'abbés-évêques, à côté de l'évêque du diocèse, il est
difficile de la mettre en doute, puisque les Lois galloises
signalent sept demeures épiscopales (jeptem sunt domits épiscopales :
Leges Wallicae, XVIII), en Démena. Nous verrons plus loin
que saint Doccu qui a donné son nom à Llan-dochau,
aujourd'hui simple paroisse près Cardiff, était abbé et
évêque.
En somme, aucun des arguments de M. Fawtier examinés
jusqu'ici n'ébranle sérieusement l'autorité de la Vita Sam-
sonis.
J'arrive maintenant à une question que M. Fawtier a abordée
fatalement avec une préparation insuffisante, ce qui a contri-
bué à le rendre quelquefois téméraire, question d'une grande
importance même au point de vue de la véracité de l'hagio-
grapheetdela sûreté de ses sources : celle des noms propres
d'hommes et de lieux.
Le père de Samson s'appelle Ammon ou Amon ; sa mère,
Anna. M. Fawtier est fâcheusement impressionné par le carac-
tère biblique de ces noms (p. 35). Cette impression d'inquié-
tude s'accroît, dit-il, lorsqu'on constate que le miracle qui pré-
cède la naissance du saint, l'histoire de la stérilité de sa mère
Anna, est un simple emprunt à l'histoire d'Anna, mère de la
Vierge Marie (p. 36). M. Fawtier s'est ému bien à tort. Tout
d'abord, une naissance miraculeuse pour des saints est chose
banale, presque obligée. J'irai jusqu'à admettre avec M. Faw-
tier que le nom d'Anna ait induit, non point probablement
Henoc, mais un des admirateurs du saint plus éloigné des
des événements, à crier au miracle pour la naissance tardive de
Samson et à instituer ainsi un parallélisme flatteur pour le
282 ./. Loth.
héros. Mais lorsqu'on regarde de plus près le texte, on s'aper-
çoit bien vite qu'on est en réalité en présence d'un fait qui
n'a rien de surprenant. On a même là, il me semble, une
preuve frappante de la véracité de l'hagiographe ; l'événe-
ment est hors de proportion avec les exagérations du com-
mentaire : l'hagiographe nous donne impartialement l'histoire
vraie et la légende '. En effet, si Ammon et Anna sont inquiets
au sujet de leur postérité, c'est qu'Afrella sœur d'Anna a eu
trois fils, tandis qu'Anna reste stérile, et cependant, nous dit
l'hagiographe, elle n'était pas plus âgée que sa sœur -. D'ail-
leurs ce qui le confirme surabondamment et prouve que les
deux époux n'étaient nullement dans un âge avancé, c'est
qu'après Samson ils curent encore quatre fils et une fille (Lib. [,
p. 29),
Quant au caractère biblique du nom, il cadre parfaitement
avec celui de Samson. On trouve encore aujourd'hui en Bre-
tagne des noms bibliques avec des formes remontant claire-
ment à l'époque du vieux-breton 3. En revanche, il me paraît
certain que c'est une fausse analogie qui a porté, peut-être les
contemporains de Samson, sinon ses parents, ou tout au
moins les gens de la génération suivante, à voir dans les noms
d'Anna et d'Ammon des noms bibliques. Ces noms, en effet,
sont incontestablement celtiques. Ils se trouvent dans plusieurs
inscriptions latines. Holder {Alt. celt . Sprachschat^) à qui je
me contente de renvoyer pour les sources, notamment au
supplément, en donne sous Anna plusieurs exemples. Ce qui
d'ailleurs est, s'il est possible, encore plus démonstratif, c'est
que dans les Généalogies galloises du x° siècle, Anna est
femme de Beli et mère d'Aballach '. Amnio(ii) est également
1. Comme l'a fait remarquer Dom Plaine, l'histoire des verges, qui repose
sur un usage réel et bien brittonique. se retrouve dans la vie de saint
Brieuc (cf. J. Loth, Uèmigr. bret. p. 244. Revue Celt. XI. p. 377, 378).
2. Desperato itaque femini uteri fœtum, nonpro xtatis seà naturae inequa
litate cuiii sua sorore.
3. Salaun (Salamun = Saloniouetu) ; Samqin (Satnsçnern) ; Jegu,
Jagu(Iacôbus) ; Ma^eo, Maheo(Matbeiis); Ma^eas (Maihias). Sawyl = Samuel;
Dewi — David.
4. J. Loth, Mabin. 2^ éd. II, p. 336.
La vie la plus ancienne de saint Sanison de Dol. 283
très conu : Esciggorïx Ammonis f. — Ammo fecit — Ammoni
Drapponis filio '. Il y a même une inscription véritablement
surprenante qui tendrait à faire croire que le couple Am mou-
Anna reposait sur une tradition vieille-celtique (C. I. L. III,
8240) : Anna Sammonis coiux. On peut, en effet, facilement
supposer qu Amman est pour Hammon, forme régulièrement
évoluée, au plus tard, au ve siècle deSammon^ci. dans la vie :
Abfinum mare, à côté de Habrinum = Sabririuni).
Le nom du diacre Henoc n'a rien de biblique; il est d'ailleurs
hors de discussion. Il remonte à un vieux celtique Senàco-s 2,
(irlandais Senachf
Af relia et Umbrafel ou Umhraphel sont moins limpides,
mais n'avons-nous pas dans l'onosmatique celtique ou simple-
ment brittonique, dans des documents plus récents, bon
nombre de noms authentiques, dont le sens et parfois même la
formation nous échappe ? La présence de-/r- dans Aj relia, au vi-
vne siècle, n'a rien de surprenant. Les spirantes évoluées de
consonnes vieilles celtiques se montrent déjà à cette époque:
on a Lunarhi pour Lunarci dans une inscription chrétienne de
Grande-Bretagne {Lunarhi Cocci); Broho-magli pour Brocco-
magli 3 : Fr- remonte ordinairement à- sr- ou -spr. (ou, en com-
position -d -\-pr) : Af relia peut aussi être un nom composé. En
tout cas, il n'est pas plus extraordinaire que Afroc qui apparaît
dans deux chartes du cartulaire de Redon : Kan-afroc en 846,
et Afroc testis 4. Il n'est pas inutile de remarquer que -ëll
(ellâ ou ïllâ) est un suffixe féminin en gallois '>.
Enfin il est possible quAf relia soit le produit d'une mau-
vaise lecture. Je serais tenté de supposer qu'il y a eu dans le
ms. primitif Avrel la pour Aurélia ; Aurelius, Aurelianus étaient
des noms fort connus et honorablement portés chez lesBrit-
tons.
1. La forme Ammwn des hagiogmphes gallois n'est pas ancienne et est
sans autorité. La terminaison -ou, en gallois, conserve son 0 régulièrement.
2. Inscr. Brit. Chr. : Senacus (cf. J. Loth, Chrest., p. 47.)
3. Ibid. 158 ; au vme siècle, on a Brohcmail (]. Loth, Màbin. 2e éd. II,
p. 345, note 4).
4. J. Loth, Chrest, p. 105.
5. La terminaison -ell (si cm est une) n'est pas rare en gallois, et est
féminine.
284 /. Loth.
Umbrafcl me parait à décomposer en ambi-ro-fel-. Le suffixe
vieux-celtique ambi-ro- est largement représenté en britto-
nique, et en irlandais (vieux-goidélique : cmbi-ro-}. En gallois,
le vieux-brittonique et gaulois ambi-, se présente sous deux
formes am-, et ym-. Cette dernière forme est régulière avec
les racines ou thèmes verbaux, notamment avec les substan-
tifs verbaux, mais il y a eu de bonne heure mélange entre
les deux formes : ainsi dans les Lois, emrecholl au lieu d'am-ry-
goll ' (ambi-ro-coll-). Ym se prononce à peu près ôm et se pro-
nonçait sûrement ainsi à l'époque où écrivait l'hagiographe.
Au vnc siècle, on a été fort embarrssé pour exprimer ce son,
comme on l'a été au xie siècle, en Bretagne pour 0 long : en
Bretagne, on l'écrit u ou 0. L'hagiographe a choisi u qui se
rapprochait davantage de ô. La graphie umb- est donc parfaite-
ment justifiée 2. Quant à la forme ta- pour ro-, elle est à cette
époque très régulière. Cf. Catamanus pour Catu-mano-s, (Cad-
van, roi de Powys, fin vie et commencement du vne siècle:
Hùbner, Inscr. Br. ch. ; cf.J. Rhys, Lectures, 2e éd., 160, iéi,
364). Quant à -fel, je ne vois guère de racine de ce genre que
dans le dérivé feleic, qui apparaît dans le Livre de Taliessin
(Skene,F. a.B.\\,\t. 188, 14, 15) et qu'on traduit par prince:
le sens n'en est pas certain. Comme pour Af relia, il est possible
qu'ily ait eu une faute de lecture : umb-ra-sel 3 ou wnb-ra-wel ,
(qui regarde ou qui voit très-bien). Ce nom conviendrait remar-
quablement à la condition des parents de la famille de Samson
qualifiés d'altrices regum. Deux manuscrits portant àltores, je
crois que le manuscrit primitif devait porter altores et altrices
regum, ce qui comprend la famille paternelle et maternelle. Il
est probable, comme l'a supposé M. Fawtier, qu'il faut entendre
par là les dignitaires chargés d'élever les enfants des rois, les
*altravon-es (gallois alltraw, plur. alltrawon).
On remarquera que Umbrafel n'a pas de terminaison, même
1. Ce mot a le sens de perte complète (ap. Sil van Evans, JVelsh Dict.).
2. La forme galloise amra-vael, varié, différent, a été précédée par ani-
ry-vael (ry : prononcez rô) ; c'est un fait d'assimilation peu ancien ; cf. atn-ry-
fus, (im-r\- wedd etc.
3 . Il y a dans le Mab, de Kulhwch un personnage du nom de Sel, fils de
Sel-gi.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 285
latine. Au vne siècle, toutes les finales étaient déjà tombées.
Dans une charte anglo-saxonne de 682, le nom breton d'une terre
en Somerset est Crue Tan, en anglo-saxon CrycBeorb: crue —
*vieux celtique croucio- (irl. crùacli) '.
Le nom du chef des adorateurs de la pierre dressée, en
Cornwall, leur comte, est Giiedianus ou Goedianus dans le ms.
principal de M. Fawtier et même dans les dix-neuf autres. Il
y avait là, à n'en juger que par ces mss., un argument en
faveur de la thèse de l'auteur ; car, Guedianus est une forme
qui ne peut être antérieure au ixe-xe siècle. En Bretagne armo-
ricaine, le iu- initial, ne s'écrit gu-, guu- que vers la fin du
ixe siècle et n'est régulier qu'au xe. En Cornwall, on trouve
w- et giu- au xe siècle. En Galles, la mutation écrite est plus
ancienne. Mais la forme du VIe et vne siècle, comme m'en a
fait souvenir l'abbé Duine à qui j'avais confié mes scupules à
se sujet, se trouve dans le Vita du ixe siècle publiée par Dom
Plaine % et même dans Baudry. Les mss. dont cette vita et
Baudry même se sont servis, étaient plus anciens que les
nôtres. La forme chez eux est Widianus. M. Fawtier, très
atteint par la mode du jour, voit dans cette histoire de Gue-
dianus une légende topographique. Pourquoi ? Parce qu'il y a en
Cornwall, une paroisse de Gwythian ou Saint Givytlgian: or,
Gwythian est dans la hundred du Penurith, dans l'extrême sud et
non dans le pagus Tricurius où a lieu l'événement. Le nom de
Wedian était un nom aussi connu en Bretagne qu'en Cornwall 3.
Isanus est un nom bien connu. Un Isanus apparaît donnant
son nom à un monastère dans Llan-Issan (Book of Llan Dâv,
p. 56, 62, 124, 255, 287) siège d'un évèché, d'après les Lois.
Quant a Atoclius, sa composition n'est pas claire, mais il
n'y a aucune raison de mettre un doute sur sa celticité 4.
1. J. Loth. Le brittonique en Somerset à la fin du VIfc et dans le cours du
Vlîb siècle (Revue Celt. XX, 340.
2. Anal. Boll. VI, p. 169.
3. J.Loth, Les noms des saints bretons p. 45 ; p. 152. Le rapppochement
avecgweddi est à supprimer.
4. Atoclius peut être décomposé en ato- (cf. Ato-biles (Autun), Atoo
(Bourges) ap. Holder, Alt-cel. Spr., suppl.) et Clius peut être pour Clivus
(gai. elyw , = clevos, renommée) ; ou en At-oclius : ocl parait dans ar-ogl,
parfum ; il y a aussi des dérivés en -ocl.
Revue Celtique, XXXV. !9
286 /. Loth.
Le nom de l'abbé-évèque de Dol Tigernomalus, mérite l'at-
tention. C'est en effet, le même nom, avec la même forme,
qui figure dans une inscription chrétienne du Cornwall,
trouvée à Saint-Cubert : les caractères, d'après Hùbner sont
du Vle-vne siècle (Cf. J. Rhys Lectures, 2e éd., p. 403):
Conetoci fili Tigernomalus. On est généralement d'avis que
Tigernomali est pour Tigernomagli (Tigernomaglus est le
nom d'un compagnon de saint Paul Aurélien): tegërno- signifie
chef, maître, et maglo-s, prince, roi. Il n'est pas cependant sûr
que le second terme ici soit maglo-s, en raison de la concor-
dance de la forme comique et de la forme bretonne, évidem-
ment indépendantes Tune de l'autre.
Le mot Privatus par lequel est désigné le premier homme
qu'ait aperçu Samson en débarquant sur le rivage de l'Armo-
rique, a été jusqu'ici considéré comme un nom propre (vidit
ad ostium mansiunculi privatum plorantem. La Vita du ixe
donne Privatum iiominc. Pour M. Fawtier, privatus est un
terme signifiant leude; l'abbé Duine a vainement cherché ce
sens à privatus: ce vocable désigne un particulier, et rien de
de plus '. Privatus, comme nom propre, se trouve souvent
dans le Corpus Inscr. Lut. L'abbé Duine cite en outre l'héré-
tique Privatus ; un Privatus abbé, mentionné dans les lettres
de Grégoire-le-Grand ; un autre Privatus, évêque du Gévau-
dan, mentionné parGrégoire-de-Tours. J'ajouterai que privât us
a donné, en gallois, priod et en breton, pricd, qui appliqué à
l'homme indique l'homme marié et, à la femme, la femme
légitime 2. Je serais tenté d'ajouter virum au texte : virum priva-
tum représenterait exactement le gallois actuel giur priod, homme
marié, mari (Vocabulaire comique du xie siècle : gwr priât),
ce que confirme le contexte. Le privatus, en effet, attend un
secours d'outre-mer pour sa femme atteinte de la lèpre et sa
fille possédée du démon.
Quelques-uns des noms de lieux mentionnés dans la Vie
sont importants, et méritent d'autant plus l'attention qu'on
1. Compte, rendu p. 354 et note 1 ; cf. Fawtier, p. 63, note.
2. En breton, le sacrement de mariage est priedeleç, dérivé de privatus
par un double suffixe.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 287
n'a pu jusqu'ici les identifier. Samson, étant encore en
Galles, accompagne en Irlande des savants irlandais revenant
de Rome (peritissimi Scotti). Pour M. Fawtier, c'est une légende
topographique, parce qu'il y avait en Irlande un monastère,
donné, d'après la Vie, par l'abbé même à Samson en retour
d'une guérison miraculeuse, monastère dont il remet le gou-
vernement à son oncle Umbrafel. Pour M. Fawtier, c'est
l'existence du monastère qui a fait naitre l'histoire des voyages
qui est, par conséquent, une invention (p. 48).
L'hagiographe ne cite qu'un nom de lieu en Irlande ; ce
n'est pas celui du monastère et, à lui seul, il suffit pour
démontrer sa sincérité. Il nous dit que Samson a séjourné in
arce Etri (var. Aetri, Etridè). On l'a cherché de divers côtés.
Le Raith Airthir dans le comté de Meath, proposé par le R. P.
Patrick Moran, ne peut en aucune façon représenter ce nom,
linguistiquement. Il ne convient pas davantage au point de
vue de la situation. Car, d'après le contexte, Yarx Etri est sur
la côte tandis que le Râith airthir est dans l'intérieur des terres.
Il n'y a pas à s'arrêter à l'argument tiré du fait que Balgrif-
fin, paroisse assez voisine de Raith airthir, située dans le
comté de Dublin, a été sous le vocable de Saint- Samson '. Cette
église était dédiée aux saints Samson, Doulech et Stapolin. Or,
comme Balgriffin ou Bally-Griffin doit son nom à la famille
galloise des Grifrin, qui s'y fixa au xme siècle, il est fort pos-
sible que le culte de saint Samson dans cette paroisse ait été
introduit par eux à la même époque 2. M. Fawtier signale un
Cam-Sampson dans le comté d'Antrim, qu'il préférerait; outre
que la situation ne conviendrait guère, cam, qui signifie tas,
amas de rochers, ne traduit nullement arx. Shearman signale
1. L'abbé Duine a signalé le fait d'après O'Hanlon, Lires of lrish saints,
VII, p. 430.
2. Shearman s Loca Patn'ciana, n° X — The comparions of Saint Fiacc
{Journal of the R. S. oj Antiqu. oflrel. XIV (1870), p. 86). Shearman croit
que la dédicace à saint Samson est antérieure au xme siècle sans en donner
de raison. Comme me le fait remarquer R. I. Best, Keeper de l&National
Library, à Dublin, le savant bien connu, Reeves, dont on connaît la scrupu-
leuse exactitude, se contente de signaler le fait : Manoirs oflhe churchof saint
Duilech: Royat soc. of A. Ir. VII (1859), p. 143.
288 /. Loth.
aussi un Bally1 -Samson, dans le sud du comté de Wex-
ford 2.
L'arx Etri est incontestablement Dûn Etair, identification
que m'a suggérée R. I. Best, aujourd'hui le promontoire de
Howth, à l'extrémité de la baie de Dublin, dans un site des
plus saisissants. Le Dûn (arx) était sans doute bâti sur le
Benn Etair (promontoire, pic d'Etar), autour duquel Saint
Columba, dans une touchante poésie, se rappelle avec émotion,
pendant son exil en Ecosse, avoir ramé dans son currach.
Dans le voisinage se trouvait Raith Êdair. Dûn a le sens bien
connu de fort, citadelle, et râih ou Râith, celui de résidence
entourée d'un rempart de terre avec fossé. Dûn Etair est signalé
dans le Livre de Leinster, le Livre de Lecan 5. Le fort d'Etar
joue aussi un rôle dans une saga du cycle de Cûchulinn 4.
Le Râith Edair figure dans l'Index aux Four inasters, d'où
Hogan l'a extrait dans son Ononiasticon Goedelicuni. Étair est
au génitif; Va indique la valeur gutturale du groupe //-. La
forme Étri est vieille-celtique et représente une forme vrai-
ment archaïque d' Etair. La forme priniitive devait être : nom.
Entro-s, génit. Entri : la chute de n dans le groupe -nt-, -nlr-,
amenant l'allongement compensatif de la voyelle précédente
accentuée, est très vieille et antérieure aux textes irlandais
les plus anciens \ Il est possible d'ailleurs qu'un scribe ait
négligé un signe d'abréviation sur Etri (étri). Dûn Etair, par
sa situation, répond admirablement aux données de la Vie.
L'arx Etri était sur les bords de la mer ; Samson s'y
embarque et retourne dans le sud du pays de Galles vento
aquilone; sa navigation dure deux jours. A tout point de vue,
le voyage de saint Samson nous apparaît comme une réalité.
Il n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire. On allait avec la plus
grande facilité de Galles en Irlande et réciproquement. Les
i. Bally représente l'irl. baile, demeure, village, ville, et même monas-
tère.
2. Ibid. et ; On the allie races ofGreat and Lesser Brit'ain (Journal oj the
R. s. a. I. XV (1882), p. 623).
3. Pour les références, Cf. Hogan, Otwmasticou Goedelicum.
4. Whitley Stokes, the Siège o/Hoivlb. (RevueCelt. VIII, 47-64, 1887.)
5. Cf. Thurneysen, Handbuch des Alt-Irischen p. 124, 33, 207.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 289
rapports étaient incontestablement fréquents entre les monas-
tères irlandais et brittons. A l'époque romaine, il y avait encore
au moins deux tribus originaires de l'île de Bretagne, les
Menapii et les Brigantes, en Irlande. Il y a trace d'établissements
permanents des Brittons dans le pays : témoin le Sailchoet de
Cormac, aujourd'hui Solloghond en Tipperary. VEpistola ad
Coroticiim est un témoignage des incursions des Brittons au Ve
siècle. Les rapports étaient, en effet, tantôt amicaux, tantôt
hostiles. J'ai signalé, d'après les annales irlandaises, plusieurs
batailles entre Gaê'ls et Brittons du vie au vme siècle en Irlande,
une dans le voisinage de Dublin même '. Enfin, les Annales
d'Ulster nous signalent, à l'année 822, la destruction par un chef
irlandais d'un monastère d'origine brittonne et peut-être
encore, à cette époque, habitée par des Brittons ou en tout cas,
très fréquenté par eux : Gailinne na mBretan exustum est a
Feidhlimtidh cum tota habitatione sua, cum oratorio. Gai-
linne na mBretan ou Gailinne des Bretons est Gallen, dans la
barronie de Garrycastle en King's County. Le monastère
avait été fondé par Saint Canôc, mieux Mo-chonôg, fils d'un roi
de Bretagne 2.
M. Fawtier rejette l'hypothèse qui identifie le monastère
de l'abbé Piro, en Galles, où Samson a résidé quelque temps,
avec ynys Pyr ou Caldy Island, sur les côtes du Pembro-
keshire. Il en donne des raisons d'ordre topographique qui
paraissent assez plausibles et des raisons d'ordre linguistique.
Il fait justement remarquer tout d'abord que le mot insula,
peut avoir le sens de maison isolée, ce qui est juste. C'était
peut-être un ermitage. M. Fawtier y voit un monastère d'après
ce passage concernant Yinsula : nuper fundata a quodam egregio
viro ; mais dans la Vie, fitndare a un autre sens : celui d'ha-
biter : in cujusdomo, ultra mare, ipse solus Samson fitndaverat *,
Lib. I, 2). Comme le scribe est de langue brittonique, il ne
faut pas oublier non plus quinsula peut traduire le vieux-cel-
1. Les Bretons insulaires en Irlande, Revue celtique XVIII, p. 304.
2. J. Loth, Bretons en Irlande, Revue celt. XXVIII, 417.
3. Ce sens, s'il ne se retrouve pas en territoire non celtique, rappelle
l'irlandais bun-dit, fondement, fondation, résidence, sens qui était courant
en moyen irl. et existe encore. Je ne vois pas d'idiotisme brittonique cor-
respondant.
290 /. Lolh.
tique *inissï, irl. inis, gallois ynys, qui signifie couramment en
Irlande le bord d'une rivière, terrain en bordure de rivière.
Ce sens est également connu en gallois '. La forme linguis-
tique serait un obstacle plus décisif, si les Pyr gallois remon-
taient tous à Porio-s. Or, rien n'est moins démontré. M. Faw-
tier en est cependant si sûr que, pour Porius, il renvoie au Book
of LJan Dàv. Or, on n'y trouve que Mainaitr Pir, aujourd'hui
Manorbeer, en Pembrokeshire (p. 124,255), tandis que l'inscrip-
tion chrétienne du vie-vne siècle, Porius hic jacet, a été trouvée
à Llechldris en Trawsfynydd, dans le nord, près de Festiniog.
Il est très vraisemblable qu'au vie siècle, Piroet Porio-s étaient
encore des noms différenciés dans la prononciation ; on peut
sans doute, à la rigueur, au moins au vne siècle, supposer une
forme Pir ou voisine de Pir évoluée régulièrement de Porio-s,
mais la forme traditionnelle ancienne, à cette époque, devait
être connue. De plus, la graphie Piro, Pironis ne paraît pas
fortuite. Pour avoir l'équivalent, il faudrait trouver en Galles
un nom de lieu où figurât Pyron.
En résumé, on ne peut encore identifier Yermitage ou le
monastère de Piron avec aucun nom de lieu actuel ou connu
du pays de Galles.
Les recherches de M. Fawtier en Cornwall n'ont pas été
plus fructueuses. Ici encore, il a l'esprit hanté par les légendes
topographiques, et puis il est persuadé que Thagiographe ment
en affirmant avoir été lui-même en Cornwall. Chose plus
grave, il ne paraît pas se préoccuper des formes diverses des
noms de lieux dans le cours du temps. Or, en matière hagio-
graphique, la géographie historique est un élément capital
pour la critique.
On met généralement le lieu d'atterrissage de Samson
venant du pays de Galles en Cornwall, à Padstow, sur la côte
ouest, à l'embouchure de la Camel : c'est le seul port véritable
1 . En Glamorgan, me dit M. Morgan Watcyn, ynys est courant dans le
sens de terrain, sur le bord d'une rivière. Et en effet, j'ai moi-même
trouvé l'indication de ce sens pour cette région dans un ms. de Llanover
(181, p. 267. Ce sens a existé, existe peut-être encore en Bretagne: il y a
des enes, ene^en, au milieu des terres.
2. Il v a un Saint Pvr en Monmouthshire.
La vie la plus ancienne de saint Satnson de Dol. 291
à l'ouest, le long de la côte septentrionale. Et puis, il y avait
à Padstow une chapelle dédiée aux saints Cadoc et Samson
d'après une donation de Henri VIII au pape en 1 543-1 544, et
une autre à Nicholas Prideaux l'année suivante comprenant
cette chapelle r. Assurément l'existence de cette chapelle dont
l'âge n'est pas connu, quoiqu'elle paraisse avoir été fort
ancienne, à elle seule n'est pas probante. Mais l'objection qu'op-
pose M. Fawtier au choix de Padstow, c'est-à-dire la longueur
du voyage par mer du pays de Galles à cet endroit, tandis
qu'il était si simple d'aborder plus au nord, par exemple,
près de la baie de Barnstaple en De von, malgré son caractère
spécieux, est sans valeur et repose sur une erreur aujourd'hui
encore trop répandue. Tout d'abord, dans les pays baignés
parla mer, on préférait, à l'époque historique et même préhisto-
rique, la voie de mer à la voie de terre, parce qu'elle offrait,
en somme, moins de dangers divers, Le voyage de Pytheas
n'est sûrement pas une exception. Les relations de l'Irlande
avec la Gaule, avant les témoignages de l'histoire, ont été
mises en pleine lumière par un éminent archéologue irlandais,
Coffey. Son étude, pour l'époque historique, a été complétée
par H. Zimmer 2. A l'époque de la conquête romaine, le
témoignage de César est des plus instructifs. On a vu une
preuve d'ignorance et d'inexpérience nautique chez les écri-
vains grecs et latins, dans le fait qu'ils placent l'Irlande et
l'île de Bretagne en face de l'Espagne et font couler la Loire
dans l'Océan britannique 3. Elle repose, au contraire, sur le
témoignage de gens connaissant fort bien les conditions de la
navigation entre l'Irlande, la Gaule et l'Espagne. Aujourd'hui
encore, les marins vous diront que les courants portent direc-
1 Je dois la connaissance de ces actes au Rev. Tho. Taylor. On
trouve aussi mention de la chapelle et du cimetière de Saint-Sampson dans :
The complète parochiai history of Corniuall,lW, p. 17.
2. Intercourse of Gaul with Ireland before the first century (Proc. of the R.
I. A, XXVIII, c. n° 4) — H. Zimmer, Ueber direkte Handelsverbindungen
Westgalliens mit Irtand im Alterhim uni frûhen Mittelalter (Sztungsber. d.
K. A. d. W. 1909, XIV, XV, XXI ; 1910, 41.
3. J'ai réuni tous les textes anciens au sujet de cette erreur qui en a
causé beaucoup d'autres, dans mon Emigration bretonne en Armorique, pp. 5 3-
S4.
292 /. Loth.
tement des côtes d'Irlande ou du sud-ouest de l'Angleterre, à
la hauteur et au large d'Ouessant dans la direction de l'Espagne
et du golfe de Gascogne ; d'où, avant l'invention de la bous-
sole, l'impression que rien, sinon l'océan, ne séparait ces
pays.
Quant à l'anse de Padstow, elle a dû être de tout temps
très fréquentée. Lelant, vers 1533, nous apprend que ce port
est très fréquenté par les Bretons qui y viennent commercer
et pêcher avec de petites barques, et que la ville est pleine
d'Irlandais ' .
D'ailleurs sur le point d'atterrissage de Samson, toute dis-
cussion est superflue : la Vie nous l'indique avec une grande
précision. Il y estdit queSamson,en débarquant, va ad monas-
terium quod Docco vocatur (yar. Doccovi, Doccovus). Le monaste-
riuui Docco, est clairement Lan-doho pour Lan-docho 2 ou Lan-
dobou qui n'existe plus aujourd'hui que, sous la forme Lannowe,
village en Saint-Kew, tout près de Padstow. C'était pen-
dant tout le moyen-âge le nom même de la paroisse de Saint-
Kew :
Pipe Roll 1 185 : Landoho, dès 1 189 Lanho ">; Bronescombe
Register (Episc. Reg. of the Dioc. of Exeter) p. 224 (1259) :
Lan-deho.
Ouivil Reg., p. 354 (1283) : Lan-hoho; Brantyngham Reg.,
p. 49 (1383) : Là[n]-dohou.
Patent Roll (1300): Landoho (133 1 Lannow Seynt ; puis
1578 Lannow alias Kew).
Chartes du prieuré de Plympton (Oliver, Monasticon,pp. 133,
134): ecclesia Saint-Tohou (1100-1135) ; Landlohou (1154-
n 59); Lan-doho (1302).
Le Rev. Tho. Taylor, à qui je dois bon nombre de ces
références, me cite un intéressant document concernant Lan-
doho (Patent Roll, 1307). On y lit que le roi Edgar (958-975)
1. A complète parochial hist. of Cornivall, IV, p. 18.
2. Le ch comique intervocalique était assez faible et a souvent disparu
anciennement. Il s'écrit de bonne heure /; ougb.
3. L'assimilation, a priori, n'est pas très régulière, mais ici c'est un fait.
On trouve en 1 300 une forme avec gh, graphie ordinaire de ch eu comique :
Lanhoghov, Quant à -nh- pour -nn n- ou -n ;/, on le trouvedès le XIIIe siècle.
La vie la plus ancienne de saint Sarnson de Dol. 293
donna aux chanoines de Plympton icarwatas déterre, 100 s.
de rentes en Landoho et l'église, pour l'entretien de deux cha-
noines célébrant le service divin et pour des aumônes aux
pauvres, aux pèlerins et divers hôtes. Il paraît certain, comme
le suppose le Rev. Tho. Taylor, que le roi Edgar dépouilla
Landoho pour enrichir Plympton '.
Il y a aujourd'hui encore, dans le pays de Galles, deux
paroisses de Llan-dochau : Llan-docha Fawr 2, qui touche Car-
diff, et Llan-docha Fach, près de Cowbridge. Dans une charte
du Book of Llan Dâv (p. 145) signe avec Oudoceus, Saturn,
abbas Dochou. Dochou était la forme hypocoristique dérivée du
premier terme d'un nom complet à deux termes : Doc-winn.
Dans le Book of Llan Dâv, c'est cette forme qui prévaut :
abbatia Docnnni p. 131 ; 140, 3, 4, 7, 9; Docguinni 131, 5, 6;
160 etc. De même en Corn\vall,dans les S ta fford Rcg. (1400),
il est question d'une licence pour un oratoire dans la paroisse
de Sancti-Doquinni (pour Doc-gwinni: la sourde finale a assimilé
le gu> suivant) que nous savons être Lan-doho. Il est fort pos-
sible qu'une des raisons qui ont fait préférer à Sarnson l'at-
terrissage dans l'estuaire de Padstow ait été le voisinage de
ce monastère fondé probablement par ses compatriotes. Le
culte de saint Dohou ou Tohou existe également en Armorique :
il y a une chapelle sous son vocable à Primelin, près de Quim-
per 3.
L'existence de ce saint nous est confirmée par les Annales
d'Ulster, qui placent sa mort en 472 : quies Docci episcopi
sancti abbatis Britonum 4. Le génitif Docci a été fait sur Docco.
La Vita Petroci, manuscrit que cite M. Fawtier >, nous a
1 . Dans VExon- Dom., fol. 99, on a Lannohoo.
2. Fawr pour maïur, grand ; etfach pour bach, petit. On prononce, sem-
ble-t-il Llan-doche et Llan-docha.
3. J. Loth. Les noms des saints bretons, p. 121. Sant précédant le nom,
on est arrivé à prononcer Santohou pour sant Dochou, d'où les variantes
Saint Tohou et Saint Ohou.
4. Armais of Ultser, I p. 24, note : Ushervoit dans Doccus, Cadocus, pro-
fesseur de S1 Cainnech, ce qui est impossible. Shearman, Locà Patrie,
p. 223-5, est d'avis que Cadoc était neveu deDoccu, ce qui est possible.
5. Bibl. nat. ms. lat.9889, fol. 143 v°.Cf. J. Loth, UEmigr. bret.,p. 252.
294 /• Loth.
conservé l'écho d'une tradition certainement ancienne au
sujet de l'ermitage (habitatio in solitudinè) qu'aurait habité
Samson : elle est d'accord avec notre vie. L'ermitage était
situé secus littus juxta amnem Hailem ; or, Hail, au moyen-
âge Heyl, était le nom que portent les rivières Camel et Alan
(Allen) réunies en rencontrant le flot de la mer '. Le nom est
conservé dans celui de la paroisse d'Eglos-Hayle (l'église de
Hail), qui touche au nord, Sl-Ke\v ou Lan-docbov. Hail est un
nom commun en Cornwall, indiquant un estuaire, l'endroit
où les flots marins rencontrent ceux d'un fleuve. Il y en a
plusieurs, outre le Heyl de Padstow : Hayle près Saint-Ives ;
Hel-ford.
Cette Vita Petroci, conservée dans un ms. du xve-xvie siècle,
très pauvre en faits précis, sans autorité d'une façon géné-
rale, nous a cependant conservé, avec cet intéressant souve-
nir, un autre d'une réelle valeur. Petroc, après avoir visité
son compatriote Samson, se rend ad cellam Wetbnoci (mal
écrit Wetbmoci) episcopi. Un peu plus loin on lit : « unde eliam
lingua gentis illius Landuuetbmocb (leg. Lann-uuethnoc) ad bue
usant bodie diciiur . » etc., Lann-ivetbnoc se présente dans
le Domesday Book sous les formes Lan-iuebenoc (mal écrit Lan-
iveneboc) et Lan-Guihenoc. Il semble que le nom ait disparu
aujourd'hui. Pour la situation, elle est approximativement con-
nue. Les terres de La n -g iiibenoc sont celles de la paroisse actuelle
de Lanhydrock, m'apprend le Rev. Tho. Taylor d'après des
faits historiques et topographiques, quoique les deux noms
soient entièrement différents . La forme wetbnoc est vieille-cor-
nique, et plus ancienne que celles du Domesday Book. Nous
avons aussi, en Armorique un Lan-Unelbnoc (cart. de Lande-
vennec 33), plus tard, en 1241, Lan-Gue^enoc et, avec le pré-
ûxeto-tLan-deguedenoc (Lan-dcivcthnoc), en Pleyben, Finistère 2.
La forme Docco, Doccov est très archaïque } : ce est la gra-
phie régulière pour cb au vie siècle. On la trouve, il est vrai,
1. Norris, Cornisch Dramas II, p. 503. Norris, avec raison, traduit heyl
pour titlal-river. Hail a pu désigner le confluent de la rivière Kestell avec
l'Alan.
2. J. Loth, Les nous des saints bretons, p. 54 (à Guethnoc).
}. Il est fort possible qu'au vie siècle, on connût encore les formes *Doccu
(nominatif) et peut-être Docco pour Doccu, et le génitif *Doccov-os.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 295
parfois, aune époque beaucoup plus récente, mais à titre excep-
tionnel, par exemple dans le Black Book of Chirk.
M . Fawtier a la mauvaise habitude de s'en tenir pour des
noms anciens, par exemple, pour le pagus Tricurius, à la forme
moderne. Il nous dit (p. 60) : « il (Samson) lui faut passer par
le pagus Tricurius que l'on reconnaît et avec raison, semble-
t-il, dans la région désignée sur les anciennes cartes par le nom
de Trigg. » C'est tout ce qu'il y a de plus sûr, et si, au lieu de
consulter des anciennes cartes {qui remontent au XVIIIe siècle '),
M. Fawtier avait consulté des documents plus anciens, il y
aurait vu que la forme de ce nom, au moyen âge, était Triger,
et Trager : Triger-sire (1130 : Pipe Roi 1), Treger-sir (12e année
du roi Jean-sans-terre ap. Hunter, Fines, p. 355); Cornish
Drainas, I, Passio, v. 2274 : Tryger). C'est le nom de notre Tre-
ger d'Armorique2. Saint Tutwal était né dans la Domnonia
insulaire. En Bretagne, on trouve, dans les textes,à côté de Treger,
Trecor: vallis Trecor, Trecorensis. Cette forme est celle qu'il faut
restituer à la place de Triconscire (lu aussi : Triconstir) dans le
testament d' Alfred-le-Grand : Stratnet in Triconshire 5 : il faut lire
Tricorscire. Il a existé une forme Tn-coro-s et un dérivé Tri-
cor-io-s(cî. Pet ru-cor iï) .
Le monasterium Docco{Doccovï) étant connu, il est inutile de
s'arrêter à l'hypothèse de M. Fawtier voyant dans Winshamtxx
Devon, sur la route d'Ilfracombe à Barnstaple, l'emplacement
de ce monastère, à cause du nom du moine Winniavus 4 que
Samson y rencontre. Les noms de lieu en min- ne sont pas
rares dans l'onomastique anglaise, et il n'y a aucune raison,
bien au contraire, de voir dans Winsham, un reste de Winnia-
vus. Je ne m'y arrête que pour faire remarquer que ce nom a
1. Sur des cartes partielles du Cornwall au xvi<= siècle, cf. Journal oj the
Roy. Inst. of Cornwall, IX, p. 160 et suiv. La Bibl. nat., m'apprend l'abbé
Duine, possède une carte du Cornwall, de 1576.
2. La seule difficulté en apparence est dans 17 du comique. C'est un ï
bref qui devient régulièrement en breton e. En comique ï accentué se
conserve toujours dans le groupe -inn, -ins ; ailleurs il est un peu flottant.
3. De Gray-Birch, Cart. Sax., en 880-885.
4. M. Fawtier a raison de préférer Winniavus à Iuniavus, â cause de
l'interprétation : qui cum illis lux vocitabalur. InniavUs existe.
296 /. Loth.
été confondu avec celui de Winnoc. Le manoir de San Winiiec
dans le Domesday Bookest sûrement le S*- Winnow actuel. Les
deux noms sont, il n'est pas inutile de le dire, parfaitement
distincts ' . Dans une charte anglo-saxonne de 969 concernant
le Cornwall, le roi Eadgar donne : hraet IViniaw,' Penheî et
Car 11 Winnioc 2.
Naturellement, M. Fawtier voit dans le nom de Winsham,
dans celui de Sampson Ray près Barnstaple, dans Saint-Samp-
son de Golant, des légendes topographiques, tout comme pour
le nom du comte Guedianus. Or rien de plus banal, à cette
époque, qu'un voyage de Cornwall en Armorique. L'embou-
chure de la rivière de Fowey est très vraisemblablement
l'endroit où s'est embarqué Samson pourl'Armorique. Au xvie
siècle, au témoignage de Lelant, le trajet considéré comme
le plus court de Cornwall en Armorique, était de Fowey
au passage du Four. Le souvenir de cet événement est marqué
par le nom de la paroisse de Saint-Sampson, bien connu par le
roman de Tristan et Iseut. La demeure du roi Marc, Lancien,
est dans cette paroisse, et c'était à l'église Saint-Samson
qu'Iseut et lui allaient faire leurs dévotions. En face, de l'autre
coté de la rivière, est Saint- Winnow ; dans le voisinage sont
des paroisses portant le nom de Maven et Austolc, deux com-
pagnons de Samson, honorés aussi en Armorique. Si l'hagio-
graphe ne mentionne pas ces lieux, c'est indirectement une
preuve de l'antiquité de ses sources . Les paroisses portant les
noms de ces saints n'étaient pas encore établies ou ne leur
étaient pas encore dédiées .
Le nom du célèbre monastère fondé par Samson en Armo-
rique mérite l'attention. C'est sans doute lui qui lui donna le
nom de Dol 3. Il est parfaitement adapté au lieu. Dol, en effet,
en gallois, a le sens de prairie (traversée habituellement par
une rivière ou située sur ses bords), terrain plat d'une certaine
étendue. Or Dol est inconnu en breton et dans la topono-
1. De Grav-Birch, Cart. Sax. III, p. 521.
2. La charte concerne Lanmoren auj. Lammoran, en Poudre.
3. Vital, 52 : aptissimum repperit inibi locum atque honorificum fun-
davit monasterium quod usque hodie proprio vocabulo Doliuii nuncupatur.
La forme Dolum a été amenée par monasterium. Il faudrait Dola, le mot
étant féminin.
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 297
mastique bretonne. Il entre, en revanche, dans la composi-
tion de bon nombre de noms de lieux dans le pays de Galles.
Il est presque inconnu en Cornwall. A-t-il quelque rapport
avec les Dole que l'on trouve en France ? Tout dépend de la
forme ancienne de ces noms et de la situation des lieux.
Il est digne de remarque que le nom de Samson, en Galles
comme en Cornwall, comme en Irlande, et le plus souvent
en Armorique même, nous est donné sous une forme litté-
raire. On ne le trouve sous la forme brittonique sincère que
dans le vannetais bretonnant : Loc-sam~un (il français) en
Melrand, et Sam^un en Belle-Ile (Morbihan). Comme nom
d'homme, Sam^iin est répandu dans cette île. Sampan, avec u
français, représente exactement Samsônem : 0 long latin accen-
tué donne régulièrement û dans toutes les langues britto-
niques : SalomÇmem a donné, en vieux-breton, Salamitn,
devenu aujourd'hui Salaiin.
En résumé, M. Fawtier n'a pas démontré sa thèse, malgré
les ressources d'une critique toujours en éveil, et, parfois, la
finesse des aperçus. Il a montré de rares qualités d'historien,
mais il n'est pas philologue, qualité essentielle, quand il s'agit
d'hagiographie. Je crois l'avoir prouvé chemin faisant. Il yen
a d'autres indices . M . Fawtier ne paraît pas avoir étudié le
côté paléographique de son principal manuscrit; il ne s'est
pas soucié de relever les habitudes d'abréviation du scribe, les
particularités de son écriture. Enfin, ce qui est plus grave
encore, il n'a pas étudié la langue de l'hagiographe. Il croit s'en
excuser en déclarant, page 76, que la langue ne nous fournit
aucune indication. Or, à l'époque même où M. Fawtier écrivait
ces lignes, M. l'abbé Duine tirait de la langue précisément de
précieuses indications, dans son opuscule Les saints de Domno-
nie, et donnait à son assertion aventureuse un éclatant démenti.
Je me félicite d'avoir contribué au progrès de la critique du
texte de le Vita en incitant l'abbé Duine à des recherches
dans cette voie.
Tout d'abord, il est établi que les trois principales sources
littéraires de l'hagiographe sont la Bible, la liturgie et les
œuvres de saint Grégoire-le-Grand '.
I. Les saints de Domnonêe, p. 5, notes 4, 5, 6.
298 /. Lolh.
Peut-être avait-il lu Virgile, et savait-il un peu de grec '.
Il a lu vraisemblablement Fortunat, peut-être S'-Jérôme %
Certaines expressions ont un caractère très net d'antiquité.
Il y a à s'arrêter notamment à l'expression 0 beatissime sedis
apostolicae episcope par laquelle l'auteur salue son chef (beatis-
sime papa Tigernotnak dans \eProl. I.) Elle est, nous dit l'abbé
Duine, rarissime dans l'hagiographie bretonne, et sent assez
fort les vie-vne siècles 3.
Un autre fait encore plus important, c'est que l'état de là
doctrine religieuse de l'hagiographe représente le stade théo-
logique du temps de Grégoire-le-Grand. Il n'a pas subi l'in-
fluence de la discipline pénitentielle de Colomban, mort en
615 +,
L'abbé Duine a fait une autre découverte qui peut être d'une
grande importance : il a relevé une remarquable similitude
d'expressions dans les très humbles excuses de notre hagiographe
au début de son œuvre, et celles de Cogitosus dans la plus
ancienne vie de sainte Brigitte. La similitude est encore plus
frappante entre un passage du même prologue et un autre de la
préface à la vie de saint Patrice par Muirchu Maccu-Machtheni .
Je cite les deux passages parallèles : Muirchu : lu hoc profundum
narrationis sanctaepylagus... anullis aJhucliutribus... expert uni...
ingenioli nui puerikm retni cymbatndeduxi... pauca haec de mul-
tis... parva périt ia... aggrediar s.
Vita Sam. (I, 1) : Profuudissimum... maris pelagus... iuipc-
ritiae meae lintricula... percurrens.. . de multis pauca... mea inipe-
rilia etc.
Il semble bien qu'un des deux auteurs ait profité de l'autre.
L'abbé Duine croit que c'est l'Irlandais, et il en donne une
raison ingénieuse c'est l'absence dans la Vita S. du mot
ingenioli qui se trouve dans les deux préfaces irlandaises.
1. Les saints de Doinnonée, p. 7, notes 9, 10.
2. Compte rendu, p. 340, note 1.
3. Ibid. ; cf. p. 339, note 2.
4. Saints de Doiiiuoiiee,p. 10, note 20.
5. Whitley Stokes, The tripartile tifeof 5' Patrick II, p. 269. Cf. Hogan,
Vita Patricii auctore Muirchu Maccu-machtheni et Tirechano {Anal. Boit. I,
P- 5 31).
La vie la plus ancienne de saint Samson de Dol. 299
Si l'hagiographe avait eu sous les yeux ces œuvres, friand
comme il était de diminutifs, il n'eût pas manqué de se l'ap-
proprier. Il n'est toutefois pas impossible que notre hagio-
graphe et les deux autres aient puisé aune source commune '.
Cogitosus a vécu entre 640 et 680 2, Muirchu a écrit son
œuvre avant 698, date de la mort de Aidus sur l'ordre de qui
il a écrit la vie de sainte Brigitte.
L'abbé Duine a relevé quelques traits de syntaxe intéres-
sants, par exemple: cum Mis dans lepassage : Winniavus qui cum
Mis lux vocitabatnr. Cum, dans le sens de par, dans cette expres-
sion, répond à l'emploi de cant (gant) dans toutes les langues
brittoniques \ Il y en a d'autres, par exemple, l'emploi de
soins : incujus domo ultra mare,, ipse soins Samson fundave-
rat (Lib. I, 2), « dans la maison duquel Samson lui-même avait
habité » . On sait que tous les Bretons emploient le mot un,
unan, un (seul), avec le pronom possessif pour exprimer le
sens du latin ipse.La Grammatica celtica (2e éd., p. 409) tra-
duit avec raison l'expression bretonne ma hunan par ego ipse,
ego soins.
L'emploi du mot homo pour la sœur de Samson encore toute
petite (parvula) rappelle l'emploi du gallois dyn, breton den,
qui a le sens ordinaire de homme, mais désigne également toute
créature humaine sans distinction de sexe 4 : tamen nutrite
eam quia homo est (Lib. I, 29).
Les résultats obtenus sont encourageants. La première chose
1. A l'appui de cette restriction, l'abbé Duine m'écrit qu'il a étudié un
nombre considérable de prologues et qu'il en a retiré l'impression qu'il y
avait pour ces préfaces, qu'on pourrait grouper par familles et qui avaient
de curieux traits de ressemblances, des modèles communs. Les moines
devaient avoir, selon lui, des manuels de littérature où ils apprenaient la
bonne manière d'être hagiographe et rhéteur sacré. A l'appui de cette
hypothèse, que je crois très fondée, l'abbé Duine me cite une sorte d'an-
thologie de maximes et sentences composée dans la première moitié du
vme siècle par De/ensor, moine de Ligugé, et auquel il a donné le curieux
et modeste titre de : Sçintillarum Liber (Defensoris Loeociagensis monachi
scintillarum liber, dans Migne, P. L., t. 88, col. 597 et suiv.).
2. Cf. Mario Esposito, On theearliest latin life of S* Brigid of Kildare
(Proc. oftheRoy. I. A. XXX(i9i2), C, n° 11.
3. Cf. J Loth., II, Màbin., p. 453.
4. En comique, den n'a plus guère que le sens de homme.
300 /. Loth.
à faire désormais serait une édition critique de la vie. Une
étude minutieuse de la syntaxe serait nécessaire ; il faudrait
aussi un glossaire de tous les mots à forme ou à sens parti-
culier, où tous les idiotismes seraient relevés. Une fois le texte
établi et parfaitement élucidé, la comparaison avec les textes
hagiographiques du vie au viiic siècle pourrait donner des
résultats peut-être décisifs. Il ne faut pas se dissimuler en effet
que, malgré tout, la lumière n'est pas faite sur tous les points.
J. Loth.
EVOLUTION
OF THE DIOCESAN BISHOPRIC
FROM THE
MONASTERY BISHOPRICS OF CORNWALL
The Roman and consequently the Saxon conception of
episcopal government was territorial and diocesan : theCeltic
conception was tribal and monastic. An ecclesiastical System
based upon tribal and monastic principles, recognising no
suprême central authority, can afford to dispense with clearly
defined boundaries.
At the same time a monastic no less than a tribal orga-
nisation requires a centre of its own towards which its
activities may converge and from which its influences may
radiate.
The présent is an attempt to shew where the more impor-
tant of such centres existed in Cornwall before diocesan was
substituted for monastic rule.
Doubtless every lan represented some such centre however
insignificant,just as every caer represented a fortified seat of
civil authority.
The lan justified its existence by the strength and fervour
of its prayers and spiritual influence : the caer by the strength
of its natural position and its artificial deiences.
A monastic settlement with a definite amount of demesne
land, corresponding to its size and importance, upon which
themonks worked for the support of the community,will suffi-
ciently indicate whatis meant. Some monasteries hadbishops,
some — the greater number — were without them. The
great monasteries of Landévennec in Brittany, Llantwit in
Wales and Bangor in Ireland do not appear to hâve had
Rei'iic Celtique. XX XP. 20
J02 Tho. Taylor.
bishops of their own or, if they had, their episcopal character
was submerged. On the other hand the monastery bishoprics
of ail three countries are too well known to require démons-
tration. The isolation of the church in Cornwall until the
middle of ihe tenth century encouraged and perpetuated the
System in the mother country which in the fifth and sixth
centuries it had helped to establish in Brittany.
Domesdav Book when studied by the light ot earlier and
later records supplies invaluable information upon the subject
of Çornish ecclesiastical organisation even before the Saxon
conquest.
At the time of the Great Survey (1086) the Bishop
of Exeter held the following manors in Cornwall;
Treliuel (Treluswell in StGluvias)
Matela (Methleigh in St Breage)
Tregel (Trewell in St Feock)
Pauton (Pawton in St Breock)
Berner (Burneir in Egloshayle)
St German (St Germans)
Lanherneu (Lanherne in Pydar)
Tinten (Tinten in St Tudy)
Languititon (Lawhitton)
Landicla (Gulval)
St Winnuc (St Winnow)
Of thèse eleven manors ail except rive viz. Burneir, Lan-
herne, Tinten, Lanisley and St Winnow were demesne
lands, the whole ot their revenues going direct to the bishop.
Richard Fitz-Turold held Burneir and Tinten of the bishop
who received the profits of the former. Fulcard held Lanherne
and Godfrev St Winnow. The services or profits rendered
to the bishop in respect of four of the five manors would be
comparatively triliing except on the death of the tenant in
demesne and'durihg the minority of his heir. Consequentlv
they are not considered worthy ot mention in the 'ïa.xcitio,
made by Pope Nicholas IV, of the bishop 's temporalities in the
year 1291.
Evolution of the Diocesan Bishopric. 303
In order to estimate the extent and value of the bishop's
possessions in Cornwall it will suffice to compare them with
those of the clergv as given in the Taxatio or assessment
just mentioned. It must however be remembered that Meth-
leigh had ceased to be an episcopal manor before that assess-
ment was made, having been granted by Bishop Robert
Warelwast, between 1155 and n6i,to the Dean and Chapter
of Exeter ' while, on the other hand the manor of Cargo]
in Newlyn had been acquired in the meantime2.
Moreover Treluswell and Tregella, tor civil purposes,
had become differentiated into Camwerres (Penwerres),
Trevella, Tolverne, Fentongollen, Trevennal and Trelonk5
and for the purpose of ecclesiastical assessment had become
known as Tregaher and Penryn4. In 1306 Tregahar or Tro-
cair was the name of the major portion of the hundred of
Powder and was itself regarded as a hundred. The bishop's
holdings by military tenure in this hundred were rated at
four knights fées. Tregaher the seat of thèse possessions,
which lay east and west of the river Fal, is now known as
Tregeare in Gerrans. Roughly speaking the bishop's manors
in this district included the whole of the parishes of Gerrans,
St Gluvias with Falmouth, Budock, Mabe, Mylor, Philleigh,
Merther. St Just in Roseland and Ruan Lanyhorne. His
demesne lands were very extensive and valuable as will be
seen by comparing the papal assessment of Tregaher £ 20.
11 s. 5 d.) with that of the reetory of Gerrans (£ 2. 6s. ~d.)
and the assessment ot Penryn (£21. 8 s. 1 d.)with that ofthe
bénéfice of St Gluvias (£ 2).
Pawton and Burneir must be considered together for they
were doubtless both included in the grant made by King
Edward the Elder to Eadulf when the see of Crediton was
constituted in 909.
The extent of the bishop's holding in Pawton at the time
ofthe Domesday survey (1086) is declared to be the entire
hundred of Pawton comprising 44 hides of land.
1. Invcntory of Bp. Grandisson.
2. Exeter Episc. Registers, Stapeldon p. 97.
3. Feudal Aids 1303, 1306, 1346.
4. Episc. Reg. Bronescombe. App. p. 473.
}G4 Tbo. Tii\ loi .
It extended over the parishes of St Breock, Egloshayle, St
Ervan, St Eval, St Issey, Little Petherick, St Merryn and
Padstow. Pawton is only a contracted form of Petrockton and
there is sufficient reason to believe that thèse lands of the
bishop had formerly belonged to the monastery of St
Petrock.
In the Inquisitio Geldi (1085) the scribe appears to hâve
found it diificult to describe the hundred of Pawton according
to the prescribed formula. In his list ot the hundreds he has
interlined over a Rieltone Hundret' the words Sci. Petrochii '
and has added Pauton at the end of the list. In his second
attempt he hasplacedthe hundred of Pauton first and omitted
St Petrock' s altogether. It is interesting to observe that so
late as the year 1691 the hundred of Pydar is described, in a
grantfrom the Crown, as « Petrockshire alias Pidershire alias
the hundred of Pider »2. Whether the word Pydershire is a
sublimated équivalent ofPetrockshire is a question for etymo-
logists.
That the two were not quite territorially conterminous is
évident from Domesday Book itself in which Nancekuke in
Penwith and Forsnewth in West are included among the
manors of St Petrock. The important pointto grasp isthat,out
of the very heart of St Petrock's province, Pawton and with
it what subsequently became known as the bishop's peculiar
jurisdiction embracing five parishes (decanatus de Poltone) was
transferred in 909 from the monastery of St Petrock to the
ik'w see of Crediton and in 1046 to the see of Exeter. The
episcopal revenue from Pawton in 1291 may be estimated by
comparing its assessment ( £ .19. 16 s. ^ d.) with that ofthe
church (appropriated rectory and vicarage) of Egloshavle
(•S)-.
Lawhitton, given to Crediton at the samc time as Pawton,
was also of considérable extent. It consisted of eleven hides
1. St Petrock"s hundred had of course no connection with Rielton or
Rillaton subsequently known as the hundred ofEast. The confusion may
hâve arisen from the fact that the bailiwick oi Pydar was at Rialtonand that
of East at Rillaton formerly Rielton.
2. Patent Roll ; 3 William and Mary.
Evolution of the Diocesan Bishopric. 305
ofland in 1086 and was assessed in 1291 at £. 25. 10 s. 11 d.
while the church or rectory of Lawhitton was assessed at£. 2.
From what source it was obtained for the endowment of Cre-
diton is not clear. Along with Lezant and South Petherwyn
it was subsequently within the Bishop of Exeter's peculiar
jurisdiction. Possibly it had been taken in 909 from the
canons of St Stephen near Launceston.
The manor of St Gerraan or, as it is calledin theExchequer
Domesday, the manor of the church of St German consisted
in roSéoftwenty-fourhidesof landthewholeofwhich had been
held by Bishop Leofric in the time of the Confessor. At the
time of the Survey (io86)the bishop had tvvelve hides and the
canons of St German had twelve. The bishop had one hide in
demesne and the canons had one hide in demesne : the rest of the
landwas held bv villeinseither of the bishop or of the canons.
It is clear therefore that between 1066 and 1086 a redistribu-
tion had taken place, as the resuit of which the bishop and the
canons had been assigned equal shares of thelands. ASunday
market which had fallen to the latter had been reduced to
nothing owing to a market on the same day having been
established at Trematon Castle by the Count ofMortain.
There had also been taken away by the Count from the church
of St German a hide of land which rendered as custom a
cask (ciipci) of aie and 30 pence, an acre (Cornish) of demesne
land sufficient for one plough and a virgate of demesne land
wichcalledforno remark. Oftheusurped land Reginald de Val-
letort held the two former and Hamelin the latter, of the Count.
In 1 291 the bishop's manor of St. German was assessed at £. 17
16 s. 5d. and the prior's holding at £. 14. 13 s. 4 d. for lands
in St Germans. £ I. for dues from South Petherwyn and Lan-
dulph and £.9. lé s. 2 d. for lands including those of Tiniel
and Landrake given to Bishop Burhwold by King Cnut in
the year ioiS.In the Valor ecclesiasticus (153 5)to therevenues
of the priory from theabove sources there is added the impro-
priated tithe ofGulval of which something more will be said
when treating of Lanisley.
What actually happened shortly after the Norman Conquest
in regard to St Germans is not obscure although some con-
306 Tho. Tayîor.
fusion lias résultée! owing to a misapprehension on the part
ofmore than one writer. Cnut's gift to Bishop Burhwold, as
we haveseen ' only served to augment the revenues of the
religious community of which Burhwold was doubtless the
head.
Under Lyfingthe nephew and successor of Burhwold and
before the death of Cnut the see of St German, such as it
was, was united with that of Crediton, the community still
consisting of secular canons. Leofric succeeded Lyfing and ni
his days the see of Crediton and its possessions were transfer-
red to Exe ter.
The revenue ofSt German wasconsequently impoverished.
Nothing appears to hâve been done to repair the loss until
after Edward the Confessor's death ; but, somewhere between
1066 and 1073 Leofric consented to a partition ofthe revenue
by which the bishop and the canons became possessed of
equal shares as stated in Domesdav Book2.
1. See rav account in the Journal of the Rov . Inst. oj Connvall
1914.
2. The Patent Roll of 7 Richard II (cf. Monasticon edited by Oliver
p. 4) should be compared with the Patent Roll of 9 Richard II. The former
states that Cnut was the founder of the priorv of St German while the
latter states that Leofric was the founder. Inasmuch as the charter of Cnut
required the land of Landrake to be given after Burhwold's death to
Si German for the good ofthe soûls of Cnut cv. Burnhwold (Tefram...
commendat... Sancto Germano) it follows that both statements were (and
were probablv understood tobe) légal fictions.
The earlier document however coniirms, if confirmation were needed,
the évidence as to the reconstitution of themonasterv by Leofric as given
in Domesdav Book, tliough it is not necessarily conclusive as to the sub-
stitution of regular for secular canons. Preb. Hingeston-Randolph
(Architect. Hist. of St Germans p. 31) states that « there is no reason to
suppose that Leofric took anv steps to found a piiorv at St Ger-
mans.
The statement is far too sweeping. On the other hand Haddan (Counctls
c\: c. I. 704) relies upon the ipsissima verba of the Patent Roll for one 01
his main arguments for a single Cornish see in the days ofCnut. By itself
the évidence supplied by an early patent roll relating to a transaction
which took place nearlv four centuries previously is not conclusive espe-
cially wiien, as in this case, a légal tittle was needed in order to settle
a dispute and to place a bishop in undisputed possession of an advow-
son.
Evolution of the Diocesan Bishopric. 307
Having briefly reviewed the more important of the Cornish
contributions to the revenue of the Exeter bishopric a few
words are required respecting the manors which, though
absent from the Taxatio of 1291, were in 1086 amongst the
possessions of the bishop and were recorded in Domesday Book.
Matela or Methleigh, reckoned at a hide and ahalf in 1086
was granted by the bishop to the Dean and Chapter of Exeter
about the year néo and by them was conveyed soon after-
wards to the family of Nansladron. It was to this manor
that the church of St Breage was appendant and it may well
hâve been the demesne land of a religious community before
the Saxon invasion.
Landicle or Lanisley, also a hide and a half was held, by
Rolland the archdeacon, of the bishop in 1086, having been
Bishop Leofric's in the time ofthe Confessor. It embraced the
whole parish of Gulval. Before the enactment of the Statute
Quia emptores in 1290 the whole ofthe demesne land appears
to hâve been granted to the family ot Fitz Ive. There is
consequently no mention of it in the Taxatio ofthe following
year although the seignorial rightswere subsequently claimed
and exercised by the bishop from time to time as occasion
arose. In 1580 it is described in an inquisition as having
been held by John Tripconv ofthe bishop as of his manor of
Penryn Foren but the description far from indicating a
comraon origin of the two manors, probably only indicates a
late expédient enabling the bishop to claim the services and
collect the dues, if any, at his chief manor in the West. The
advowson and with it the rectorial tithe of Lanisley or Gulval
was at an early date held by the prior and canons of St. Ger-
mans and continued to be held by them until the dissolution
of their religious house in the sixteenth century. In the Valor
ecclesiasticus their holding was assessed at £. 10. 6s. 8d.
It is not unlikely that when Bishop Leofric reconstituted
the church of St German he gave to it the advowson of
Lanisley * .
1. There isa temptation to identifv, Lanisley with the Lannaledensis of
the Missa S . Gennani(Y[;\âàm & Stubbs, Councih p. 1 696). Alet or Aleth
308 T/w. Tayïor.
Lanherne, the Lanherneu of Domesday, was a holding
of Bishop Leofric before the Norman Conquest and was in
1086 held by Fulcard of the bishop. It was estimated at three
hides. Of the incidents of tenure in subséquent times nothing
remained to the bishop save homage, wardship and the like
and the manor was not considered worthy of assessment in
the Taxatio of 1291. It would be interesting to know how
this manor came into the bishop's hands. It adjoined his
manor or hundred ofPawton and may hâve passed with itbut
curiously enough the parish of StMawgan with which it was
almost conterminous was not with in the hishop's peculiar
jurisdiction. The manor was doubtless St Petrock's before it
became the bishop's.
The manor of St Winnuc or St Winnow had already passed
to a sub-tenant at the time of the Domesday Survey and the
impropriated tithe and advowson of the church of St
Winnow to the dean and chapter of Exeter before 1291.
There is nothing to suggest the source whence the manor
was obtained for the endowment of the bishopric, save that
St Winnow adjoins Lanhydrock which belonged to St
Petrock and may therefore hâve been taken from the
saint.
The manor of Tinten inStTudy, held in 1086 by Richard
ofthe bishop, was not considered worthy of separate mention
in the Taxatio of 1291. It is the only episcopal manor the
name or locality of which does not suggest an ecclesiastical
origin. The advowson of St Tudy was îndependent of
it being appendant to the manor ofTrethewell in St. Eval.
Does the half hide of Tinten represent the lay contribu-
tion of Cornwall towards the endowment of the see of Exe-
ter ' ?
& Idles in the perish of Kenwyn are regarded as synonymous if not iden-
tical in several ancient charters. On the saine principle Lanaleth would
become Lanidles a form sufficiently near that of Lanisle to convey the idea
ofidentity.
But Mr Hadddan is satisfied that Lanadleth is the British name of St
Gernians and the confusion introduced by the above supposition would
be practically insurmountable.
1 . Eglostudic and Polrode (in St Tudy) belonged to St Petrock in the time
Evolution of the Diocesan Bishoprk. 309
We are now in a position to summarise the results of the
foregoing survey. We hâve seen that the Cornish possessions
of the see of Exeter, at the time of the Domesday Survey,
consistée! chiefly of manors which had St Germans,
Lawhitton, Pawton and Penryn or Tregear) for their centres.
St Germans and Pawton and probably Lawhitton were deri-
ved from monastic sources viz. from the monasteries of St
German, St Petrock and probably from St Stephen. The
possessions in and around Penryn require further examina-
tion.
That there was a monastery bishopric at Dinuurrin
or Dingerein in the ninth century is clear from Kens-
tec's profession of obédience to archbishop Ceolnoth. To treat
of Gerrans and its associations in an impartial spirit is well
nigh impossible.
Legend, history and fact are so strangely and so suggesti-
vely interwoven that the temptation is equally great to say
too much or too little. The name Gerrans is a modem form
of Geraint or Geruntius. The présence of Gerrans, Just and
Cuby as the names of three churches and parishes near toge-
ther is indeed aremarkable coïncidence if they are not iden-
tical with Geraint of Anglesey, his son Jestyn or Just and his
grandson Cuby son of Selyf. No valid reason lias been offered
against tbe identification.
Mr Baring-Gould considers St Gerrans the same person as
Gerennius, King of Cornwall who requested St Teilo to visit
and communicate him when dying (cirea 556).
Both Geraint and Gerennius must be distinguished from
Gerontius, prince of Dumnonia to whom St Aldhelm wrote
at the request of an English synod in 705 urging him to
abandon the Celtic method of determining Easter and the
Celtic tonsure which the saint described as the tonsure of
Simon Magus. Ail three (who are hère distinguished as
Geraint Gerennius and Gerontius though the names are
identical) were historical personages and worthy of the
of the Confessor andTinten may hâve been claimed for Exeter by virtueof
the grant of 909.
310 Tho. Tayîor.
vénération of after âges. For our présent purpose it is not
material to détermine the identity of St Gerrans : it is suffi-
cient for us to know that Dingerein may be derived irom any
one of them. In the ninth century Dingerein or Dinurrin
was the seat of the Abbot-bishop Kenstec. In the absence
of évidence to the contrary we may suppose that his episco-
pate was concentrated at Gerrans and embraced the lands
or parishes bordering the estuary of the Fal — those parishes,
in tact, which subsequently became for ecclesiastical purposes
the deanery of Penryn and which for civil purposes formed a
large portion of thehundred of Trocayr or Tregeare. There is
nothingto show that either for ecclesiastical or for civil pur-
poses there were close relations, much less that there was a
bond of union, between the Gerrans territory and that of
Pawtoh, Pydar, St Germans or Lawhitton. Gerrans was self
contained and independent. It may hâve retained and proba-
bly did retain traces of its episcopal character until Edward
the Confessor by charter transferred the Cornish diocèse
with its lands and parishes to the see of Exeter. Some justi-
fication was doubtless required for the annexation of somuch
land in and around Gerrans to the bishop's demesne and the
only justification which is apparent is that it was already
regarded as such \
In the case of St Gerrans hardly any trace was left of its
monastic and episcopal associations. In the Taxatio of 1291
the bénéfice of St Gerrans consists of two portions, the rec-
tor's and the prior-of St Anthony 's, which may point to a
corporate life at an earlier date .
A glance at themap of Cornwall, in the light of what lias
been said, reveals, at the time of the Domesday Survey, pré-
sent or past activities, on a considérable scale and monastic
in character, in every part of the county except in the north
east and in the promontories of the Lizard and of the Lands
End.
1. At a much earlier date (670) St Wilfrid claimed ecclesiastical
cndowments of the British for the Saxon church in the nei^hbourhood of
Ripon.
Evolution of the Diocesan Bishopric. 311
The north-east became Saxonised at a very early period.
This is clear from the place names. There is no reason to
doubt that St Neot the Saxon monk of Glastonbury settled in
nnpuifi fo n
-~^A
\ J,».-" n euh t bran
.Bi'jhop of Exet"t>\î ho/di n gs II
y Pet-roc.k's
that part of Cornwall which bears his name in the ninth cen-
tury and after founding a collège of priests died and was
buried there. There is no reason to doubt the substantial
accuracy of Asser's narrative — whether it be Asser's or ano-
ther's — which states that Alfred the Great hunted in the neigh-
bourhood of St Neot and was healed, or believed himself to
hâve been healed, at the shrine of St Guérir. Alfred's pos-
sessions in Triconshire hâve been referred to. The coramu-
nity at St Neot held two hides of land in the days of the
Confessorbut the whole of itsave one(Cornish)acre hadbeen
stolen by the Count ol Mortain in or before 1086.
Again, the canons of St Stephen by Launceston appear to
hâve suffered a diminution of their power and also of their
revenue owing to Saxon settlement. At the rime of Survey
their affairs were in a stateof utter confusion.
They were attempting to hold on to lands which
nau
3i2 Tho. Taylor.
been their's and are styled their's in Domesday Book, lands
wich Harold held before the Norman Conquest and which
the Count of Mortain was striving to reannex. From north-
east Cornwall the Celtic type of Christianity had given place
to the Saxon.
The promontorv of the Lizard never became Saxonised.
Everything hère points to the persistence of the Celtic type
and to very close and fruitful relations with Brittany. The
names of the churches, including Manaccan, the monk's
church i are ail to be found in Armorica except Grade (of
very uncertain dérivation) and St Keverne. The lands given
by the Count of Mortain to St Michael's Mount and described
in his charter as situated in Amaneth were certainly in
Meneage. Landivcik, Langweath, Lantenning and aboyé ail
Landewednack speak of monastic settlement. It is curious
that the Breton monasterv of Landévennec and the church
ot Landewednack both claim Winwaloe for patron ' although
St Guenoc is probably their true patron. However this
may be, it is clear that a common influence bas been at work
in determining the nomenclature in both countries.
In Domesday Book the hundred of Kerrier appears as
Wineton or Winenton, the usual Saxon termiriation being
added to a Celtic word as in Tedinton and Conarton. In later
documents it is found as Winianton and as such it remained
until comparatively récent times when it became Winnington.
Thepointlessthan amilewest of Winianton isknown asPedng-
winion. Mr H. Jenner has suggested an interprétation which
is almost certainly correct viz., that Winianton means the
home of the shining or blessed ones. Winianton, as the name
of a hundred, implies some sort of local prééminence past
or présent.
Before the Norman Conquest the manor of Winianton
embraeed 22 sub-manors which were in the hands ot 17
thegns. The description of thèse thegns is interesting : they
could not be separated from the manor and they rendered
1 . Loth, Les noms des saints bretons, p. 87.
2. Loth, Les noms des saints bretons, pp. 52, 53.
Evolution bf the Diocesan Bishopric. 313
custom in thesame manor. Before 1086 they were supplanted
by the Count of Mortain's men. A thegn' according to Profes-
sor Maitland, was, before the tenth century, « a household
officer of some great man » and fromthe tenth century until
the Norman Conquest, a person socially above a churl with
corresponding privilèges and responsibilities '. Now it is
remarkable that the thegns of Winenton differed in no respect
from those of St Petrock except that, whereas the former
could not be separated from the manor the latter could not
be separated from the Saint.
Hâve \ve hère the note of tragedy, inséparable from a lost
cause of which the Lizard district, to its lasting crédit,
furnished two otherconspicuous examples in the sixteenth and
seventeenth centuries 2 ? It looks as if there had been the
overthrow of monkish supremacy by the Cornish followed
by Saxon Conquest and the préservation of thegnship until
the Norman Conquest.
The small community of St Keverne, despoiled by the
Count of Mortain, represents Irish influence if we suppose
with Mr W. C. Borlase that Keverne is identical with Kieran.
This saint is not found among the Breton dedications, both
Peran and Kerrien being regarded by Professor Loth as
différent saints and neither of them identical with Keverne
or Kieran. We therefore conclude that the agency which
compassed the destruction of Brittonic monachism in
Meneage left the Irish house to the tender mercies of the
Norman invader.
It is possible that in the church of St Breage we hâve an
attempt at réparation.
From time immémorial it embraced Germoe, Cury and
Gunwalloe as chapelries. Methleigh, the only manor which
escaped Norman rapacity as the resuit of its having been
added to the Exeter bishopric, may hâve been originally the
demesne or the monastic body which once dominated the
Lizard peninsula.
1. Hist.ofEnglish Law, I 33.
2. The références are to Kilter's rising in 1549 and to the prolongée!
defence of Little Dennis bv Sir Richard Vyvyan in 1646.
5i.) Tho. Taylor.
Respecting the hundred of Penwith we hâve little histo-
rieal évidence prior to the Norman Conquest. Athelstan's
grant to thechurch of St Buryan and Edward the Confessor's
grant to St Michael's Mount, whatever tault may be found
with the charters as they hâve corne down to us, are suffi-
ciently authentic. The story of St Ia's arrivai with her Irish
companions, must be received with caution ; but there is no
reason to doubt that a substratum of truth lies beneatli a
legend wich is by no means modem. Seven churches in
Penwith bear the names of thèse missionaries.
On the other hand no less than fourteen dedications, includ-
ing two which subsequently became obsolète and two
which are among those of the Irish mission, are common to
Penwith and Brittany. The remaining dedications are
ofdoubtful origin. It seems therefore certain that Irish and
Breton influences had a great deal to do with the moulding
of the church life of the hundred. The preponderating
influence was Breton. The présence ofSt Pol Aurelian (Paul)
and of Winwaloe (Towednack) is sufficient évidence of this.
It is remarkable that four, of not more, of the Penwith
churches afford traces of presumably earlier dedications.
St Erth (possibly also Perranuthnoe) was known as Lanudno,
Gulval as Lanisley, Madron probably as Landithy ' and
Illogan probably as Lancichuc.
St Just may hâve borne the name of Lafrowda as being
situated near the holy springs. Udno (Goucznou) the com-
panion of Pol Aurelian (circa 530) is commemorated in
three Breton parishes. Pol was originally ol Wales and a con-
temporary of Just of Anglesey who is probably the patron
of the church which bears the name in Penwith.
It this be so, St Levan will be Seleven, Salomon, Selyf or
Selus whose mémorial stone is preserved in St Just church.
It is quite possible that the changed dedications indicate a
change from monastic to somesort of parochial organi/ation.
In Penwith there does not appear to hâve been any monastic
1. The évidence is indirect. Trengwaiuton to which the advowson was
appendant was itself a sub-manor of Roseworthy in Gwinear. Landithy is
onlv a short distance from the présent church.
Evolution of the Dioccsan Bishopric. 3 1 5
community of commanding importance whose revenues
could be seized without leaving the people spiritually des-
titute. Lanisley may hâve been one which had outstayed its
welcome and on that aecount may hâve become atta-
ched to what was eventually to become the see of Exe-
ter.
Tosum up. Three large holdings, or to use a modem
though inadéquate word, — estâtes — stand out clear and
distinct viz. : those of Gerrans, Pawton and St Germans,
each of them at one time or another associated with the see
of a Cornish bishop, monastic in character. Such records as
\ve hâve, carefully distinguish thèse lands from one another.
Neither St Petrock (Pawton) nor St German possesses any
rights in Gerrans nor Gerrans in Pawton or St Germans.
Neither does St Germans clain rights in Pawton, nor Pawton
in St Germans. It is not only opposed to the évidence of
Domesday it is incredible that any single Cornish bishop
exercised lordship over ail three at the same time. The
Pawton lands were almost certainly claimed by Crediton by
virtue of the provision made in 909 for missionary visits to
them yearly by the bishop of Crediton. 1 he St Germans
holding was certainly ânnexed to Exeter when that see was
founded. The Gerrans holding présents several dif-
ficulties.
We hâve no record of any bishop at Gerrans save Kenstee
(865). But, because no records hâve been preserved we can
not say that no bishops existed. Such a principle, if applied
to Cornish parishes would be fatal to their claim to hâve had
a rector before the days of Bishop Bronescombe (1257).
Nevertheless the absence of recorded évidence is distinctly
embarrassing.
What were-the events or circumstances which justified the
annexation of the Gerrans property to the see of Exeter? Some
justification theredoubtless was. Was it found in the letter of
submission written by Bishop Kenstee to Arehbishop Pleg-
mund (833-870) about 50 years betore the see of Crediton
was founded ? Was it found in the forfeiture of royal posses-
sions conséquent upon the eonquest of Cornwall by
3 1 6 Tho. Tayîor.
Athelstan (925-940)? It is possible that both thèse evcnts
may hâve contributed to the resuit for there is good reason to
believe that Gerrans was a résidence of the kings ot Corn-
wall in the seventh century and it is certain that it was the
résidence of Kenstec in the ninth century. If the lands were
claimed by King Athelstan as the resuit of conquest there
ought to be some charter to show when and by whom they
were transferred to the see of Crediton or of Exeter. If they
passed to the the Saxon bishopric by virtue of the grant of
Edward the Confessor in 1050 then we must conclude that
they had preserved their episcopal associations until within
a few years of that time and that therefore Bishop Kenstec
had successors at Gerrans. It is inconceivable that there were
not valid grounds for the transfer of the lands. The fact
that they were monastic lands would not hâve sufficed for
the canons of St Petrock and St German survived the
annexation of a portion of their's whereas no vestige of a
monastery remained at Gerrans in the days of the Confessor.
It was its former connection with episcopal rule which led to
the inclusion of Gerrans in the endowments of the bishopric
of Exeter.
The foregoing fragmentary sketch is not be regarded as a
conclusive proof of the existence of concurrent Cornish bis-
hoprics so late as the eleventh ceutury but it is intended to
call attention to some of the sources from which others may
seek the necessary means of forming a judgment for them-
selves.
That the monastery bishoprics were hard to suppress will
be évident to everyone who examines the évidence. That they
survived in Cornwall for a much longer period than is
generally supposed seems more than probable.
Tho. Taylor.
SOME POINTS OF SIMILARITY
IN THE
PHONOLOGY OF WELSH AND BRETON
Çcontinued)
CONSONANTS
Hère will be treated some peculiarities common to W. and
Br. of certain initial, medial and final consonants. (For fur-
ther initial, medial and final changes, see § 30-48.)
18. — I. Initially.
A fréquent interchange of voiced and voiceless consonants
(mostly 'stops') is noticeable in W. and Br. Some of the
changes may be due to the influence of Mutation, others to
the direct influence of final sounds in foregoing words.
A. Br. Exs. :
1) Due to no spécial or direct influence of a neighbouring
sound. Many are loanwords.
d > t : L. Ch. (M. Br. Chart) Trech- in Trechguoret (O. Br.
drich); Tréstàn(c£. W. Drystan, Trystan, and Drustagni lound
on an inscription) ; Trég. tarwed, plur. form of the M. Br.
daroueden (W '. tarw(y)den) ; L. E. {H.) talier, possibly from
Fr. d arrière (later derrière).
i > d : dubé 'a dove' is from O. Fr. /«^'accordingtoi?. C,
23, p. 120.
b > p : M. Br. poesell 'boisseau' (also M. Br. boësell, cf.
W. bzvysel and pwysel 'bushel').
p ^> b : M. Br. baradoe^, bârados 'paradise' (W. paradwys),
but in bas-vann. paradoes is still found, see Vann. (Ch.) s. v.;
M. Br. bolot from Fr. pelote; Mod. Br. bok (pok) 'a kiss'.
g >> k (c) : L. E. {H.) bas klisia from Fr. glisser, kros from
Fr. gros, ki~ (gi%) from Fr. guise; Tr. has klagn Çglagu, gltiiui,
W. glau) ; Le Gon. kouersÇgpuers, W. gwers). The change of
Revue Celtique, XXXI'. 21
}i8 Parry- Williams.
g to k is found in some words in the Vann. dial. of Sarzeau
(seeR. C, 3, p. 235).
c > g : Mod. Br. golched (O. Br. cokct, W. cylchéd) ; M. Br.
gàhouat (couhat, Mod. Br. kaonad, W. cawod, caicad);M. Br.
(E.) ganivet 'canivet (canif)' ; Br. Glande 'Claude'. In the
dial. of Vannes sevéral words bave initial g where Léon lias
c(k), e.g. Vann. gor%enn, gareJl — Léon corsenn,caèrell.
2) Changes due to the influence of some preceding sound.
a) In the Vann. dial. of Sarzeau the initial v of forms ot
the Verb 'to be' is changed to/when immediately preceded
by d ; see R. C, 3, p. 335, where the following exs. are given
groet mad fou 'it will be well done', devead fet 'you will be
late'.
With thèse may be compared the similar change after e^,
M. Br. ef fi~iff (= er vi^ij}), effe (= e~ vé), effoe (== e% voé). In
L. Ch. \ve find e feo (— o^vewo) 'en train de vivre, vivant'.
b) In the Vann. dial. of Faouët after ht (poss. pron. fem.)
the initial consonants b, d, g become p, t, c; see R. C, 9, p.
273, where the following exs. are given : ht prech 'lier
arm' ( W. ci braich), hi torn 'her hand' (W. ci dwrri), hi car
'her leg".
c) g, d immediately following an s hâve become c, t in Ros-
coff, from gof 'smith', Ros-trcncn, L. Ch. (M. Br. Chart.) Ros-
draoïcn, from dracn 'thorn' W. dracn. Cf. W. glas-dwr from
glas -\- ddwr, Br. krestei^ 'mid-day' (krei% + dei%). In Mod.
Br. </ frequently becomes / after s, bennes Toite (Done, W.
Duiu 'God'), see Ernault, Petite Grain ma ire Bretonne, §§9, 10.
B. W. Exs. :
1) Not due to the direct influence of the final sound of a
preceding word .
d >» i ' : tychan or tnchan (fordychati) : tx:cxs-en 'ear of corn'
(Ir. dias) ; tas 'stack, heap' (O. W. das, O. Br. plur. desi
gl. acervos, Mod. Br. das, Ir. dais) ; twrdd, tordd 'noise' (Ir.
dord), trythyll, trytbyllwch (M. W. drythyll, Ir. drelill and tre-
tilï) ; trum 'ridge' (Ir. drnini) ; treni, tronyn (M. W. dreniynt);
Similanty in the Phonology of IVelsb and Bit Ion. 319
iyred 'corne thou' (M. W. dyred) ; tyro ' ? for dyro m M. A.
p. 287 ; tesni in the expression duO'eyd tesni 'to tell fortunes'
from. E. destiny ; tyfn (N. W.) for dwfu 'deep'. Among the
loanwords from E. cf. taslio (E. da^Je) ; tracht (in Williams
Pantycelyn, for the commoner dracht ; M. E. draught, draht);
tyciae (E. decay), tamp (E. damp), tip (E. dip) ; W. S. has titio
'endyte', the commoner W. form being ditio, which may be
from some aphetic form of E. endite.
b >> p : poed for boed(from bod 'to be'). Among the loan-
words from E. : palff (in B. Cwsc) ? E. bluff; pastivn (pas-
twni) E. baston ; pazuns ? E. bouncc ; pevel (N. W.) E. bevel ; pit
E. bit (of a horse) ; pkusio (dial.) E. 'buse = abuse ; paldaruo
(dial.)? E. balder (with the ending -uo formed after rhuo 'to
roar'); plagiardio (N. W.) E. blachguard ; planced E. blanket ;
potel early E. fofc/ 'a bottle' ; /W7£ E. bank ; pwysel (bwyseï) E.
bushel (the W. form may be due to the influence of piuys
'weight') ; pwnsiad (hunsiad) E. buuch.
p > /; : The forms èw/a, bwysi, bwytatwys are occasionally
found îot pwci (= pivca) 'puds!, pwysi rposy', pytatws 'pota-
toes'.
^ > c : Cwilym (in some dials.) for Gzvilym 'William';
among the loanwords from E. the folio wing occur : cêr E.
gear M. E. ^ere (D. G., p. 86 Myn f'enaid gwiw, afraid^rV) :
ceriach is an extented form of rtr ; «)/>/)'« E. goblin; corsied ?
E. ^w^/ in I,. G. C. p. 371 Corsied o waith ceiroes dur;
moi ? E. gnaiu ; crzpzo ? E. grip ; cropian E. orop^ ; avsberis E.
gooseberries ; cal pian (N. W.) E. gallop; kwyset (JV. S.) E.
c^> g \ grisial, grisiant are found side by side with the forms
crisial, crisiaut ; grofft, found in the Mab. (Manawyddan) 'heu
£T(^, medi y rofft', may be the E. croft. In Cardiganshire
there is a mutated form in the place name Rofft for Y Rofft.
2) Changes due to the influence of a preceding sound.
a) In a MS. of the Venedotian code of the Laws of
Howel Dda g is provected to k : (1) after the particle e (== y,
1. In txro the ty- may be a trace of the older form of the prefix; Cf
Loth, Mêtn. Soc. Lingu., 6, 339.
32o Parry- Williams.
earlier also yd), e.g. drill and eckeyll; (2) after the conjunction
o, e.g. okeyll. In R. B. H. à > / after y (for yd) in 'y duw
y tiolchaf (See R. C, II, p. 68).
In some of the early W. Mss. the d of J#« 'two' becomes /
after ill, as //A/tv* or illtuii, mostly written as one word.
b) In M. W. the form atbijjero is found for atb ddijfero
'may (he) protect thee' ; pathawr = pa-th-ddtnvr 'what does
i t concern thee' ?
Note : — A curious exainple of the provection of an initial
consonant, due to the loss of a vowel and the influence of
the following initial consonant, is found in the case of the
possessive pronoun fy, which becomes otten in the colloquial
ïanguage f, and before b, //, or i becomes ff. In some dialec-
tal texts this jj is written, e.g. fi Jf' itnan (for fi fy hunan),
ffllaw (= fy llaiu), ff'iccbyd (= fy iechyd). Cf. canmv(y)ll
ffrwyn the colloquial pronunciation of carmwyll frwyn.
19. — Exs. ofBr. ch from / appear in Br. charons from Fr.
jarosse, chéta « to vomit » from. Fr. jeter:
20. —Initial R and RH in W. and Br. :
According to Ped. (§ 89), r had in Celtic two values, one
with 'unlenated' pronunciation, the other with 'lenated' pro-
nunciation. Initially the unlenated r became a 'voiceless'
sound in W. This, as a rule, is not the case in Br., where r
has generally no 'voiceless' value. In W., however, it is the
gênerai rule, even in loanwords from E., except in the latest
borrowings, where initial /' isoften found (e.g. B. Czusc recordor
'recorder', redi 'ready'; Huw Morus has Roumdiad 'Round-
head').
Traces of the same initial voiceless r (rh) hâve been found
in the Br. dials., e.g. in dial. of Cornouaille (see R. C, 3, p.
492), and in a text written in the dial. of Vann. (viz. a
translation of the parable of the Prodigal Son, dating from
18 18. See R. C, 11, p. 180). In the Vann. text an b is atta-
ched to the initial r as in W., but it cornes before the r in
the Br. text. Under 'voiced'-mutation, the h is dropped leav-
Similaritx in the Phonology of Welsh and Breton. 321
ing only r, as in W. This proves that the form hr is not a
mère orthographicalornament. Theforms found are hreit, hrac
hraccen; (f) ras, (né) rai, (e) eridas.
Note : In Eastern S. W. initial rh is very seldom heard,
the voiced ;- generally taking its place.
21. — Initial Gw- and Chiv- in W. and Br. :
The interchange of gw- and chw- initially is a peculiar
phenomenon in W. and Br. Although the radical and earlier
form seems to be gw (for *//-), yet there are one or two words
with chw- as the probable radical form.
The most noteworthy ex. is chivarae (chvareu or cbiuaré)
by the side of older forms with giv (gu)- In the M. W. texts
of the Mab. both forms appear, and thèse not far apart. In
O. W. the form with gij- is prévalent, e.g. O. W. guarai,
giiaroiou. M. W. bas cbware, gwarc (verb and subs. with pi.
gwaryeiî), M. Br. hoari, Mod. Br. choari ; M. W. giuarwyfa
(Z). G. Dug ivanvyfa'n digrifwch), Mod. W. cbware uja(ri)
'playground'. O. W. has guec in the Gododdin 1. 1041 guec a
giicro 'sweet and sour' (M. Br. hnec and chucc, Mod. Br. chouec),
M. W. and Mod. W. chiueg ; gitero is M. W. and Mod. W.
chwerw (O. Ir. sert with s for su, M. Br. hitcru, buero). Lib.
Land. has cbuitb and guitb ; O. W. guardam, Mod. W.
chwerthin (chuarddaf 'I smile') M. Br. buer^in, Mod. Br.
cboerzin. In the W. dials., however, gwerthin is found for
cbwertbin ; d. also Gwefrol for Chiuefrol (Chwefror) ; damch-
wain by the side of damwain ; (g)wedyn and chwedyn ; givedi
and cbiucdi; givibod and chwïbod 'gnats'.
An ex. among the loanwords from Lat. is cbiuysigcn, for
which gwysigen is also found, M. Br. huysiguenn, O. Br.
huisicou (gl. papulas), Lat. vèsica. Stokes (Br. Gl. O. s. v.
haisicoiî) compares W. cbwannen, Br. choanenn with the
German Wan^e.
The M. Br. (E.) goagrcn 'petite glande entre la chair et le
cuir' seems to be related to W. cbwaren of the same meaning.
The W. gweryru cto neigh' appears to be connected with Br.
cbouirinaden and goiirrisiadcn ca neighing' (For the pronun-
ciation of gou- and cboii- in the varions Br. dials. see R. C,
18, pp. 236 sqq.).
322 Parry-Williams.
22. — With the foregoing may be compared the inter-
change of initial g and ch in Breton, when not followed by
aconsonantal w\ e. g.:
gallout and hallout 'to be able', W. gaïlii ; cbouse 'to eat',
chousach 'nourishment', supposed to be derived from the
O. Fr. popular form gousser 'to eat'.
There may also be compared the W. initial ch arising from
qu- of E. and Lat., c. g. chwarthawr in R. B. H., p. 281
(Kulhwch ac Olwen), from Lat. quartârius; cbwart, E. quart;
chivarel, E. quarrel; chwarter, E. quarier; chwitans, E. quit-
tance ; M. W. Chwintus 'Quintus'.
E. zuh- becomes W. chw-, e. g. D. G. cGildiad, nid cbwil-
wasad hallt', E. whitewash ; W. S. chicarfan 'a wharve' ;
chwip 'whip', chiuisîo (dial.) 'to whistle'.
This change occurs in W. itself in such a dial. form as
chwiadan ■< *hwiadân ■< hwyaden 'duck', pi. chwîd.
23. —Initial Gw- in W. and Br. :
Initial Gw- followed by a vowel or by liquids and nasals
présent various peculiarities of like nature in W. and Br.
1) When followed by sorae vowels, the gw tends to absorb
the wowel.the zu becoming a vowel. But when followed by
0, the giv generally loses the consonantal w, and the 0
remains intact. This is not always the case, however, as the
guo- sometimes interchanges with guet-, e. g. W. givas-
god, Br. gwaskcd, Ir. foscad; W. golchi but Br. gwalchi;
cf. M. W. (Black Book) (g)-woscordd, Mod. W. goscordd (See
R. C, 29, p. 68); W. gwastad, M. Br. goustadic, Mod. Br.
gouestadic ; Br. Gl. O. g ut rie, W. godrig ; the Br. intensive
prefix gour- corresponds to W. gor- (in gormod, gorddyfn etc.).
Cf. further W. giur, Br. gour; W. gwu, Br. gonn (Trég.),
(M. W. has gwdaiii, gwdost etc. = Mod. W. gwyddom
giuyddocb); W. gwobr, Br. gobr,gopr; W. gwedi, Br. goude;
W . gweli, Br. goitly ; W. gorchymyn, Br. goure' hemen ;
W. goddef(0. W. guoileimisauch), Br. gou~aj{f ; W. girrtaitb,
In jortacht.
In spoken W. the loss of a vowel is common, the w
Similaritx in the Phohoïogy of Welsh and Breton. 323
becoming a vowel, e. g. gzunna for gwynnu ; cf. Sulgiun for
Sulgiuyn .
There is a tendency in the N. W. dial. to drop the w in
such words as gialani (gwialcri) ; giàlchan (for gwialchen
for mwyalclmi), cf. chi (for chiui), chadal (for chwedV).
In Br. and W.an wor oappears sometirnes to hâve been added
superfluously, e. g. M. Br1 . goarnison by'the side of garnison:
Fr. garnison ; cf. galern and gnalern in R. C, 27, p. 223 ; Le
Gon. gwaremm 'garenne'. In W. we find giualab 'gallop' in
W.S., and in Boivn 0 Hamtivn, p. 142 a cherdet gwalopy
danaw.
2) When gu- is followed by /, n, or r we may hâve either
a) Metathesis, gui, gun, giir >- glu, gmj, gr/j ;
or b) Loss of u altogether;
or c) u becoming a vowel.
a) Metathesis.
In Br. \gloat (W. gwlad) ; gloeb (W. gwlyb);
glitix (W. giulith); groec, gruecÇW. givraig);
gloan (W . givlan); groach (W. givraclf).
In W. : It occurs mostly in the N. W. dial., where the
combinations gwr-, giul-, gwn- are pronouced gnu-, ghv-,
gnw-, but the iv is pronounced more or less simultaneously
with the r, /, n ; e. g. glwad (givlâd); glwith (givlith), glwân
(givkhi), grwaig (jgivraig), gnivio (gwnto).
Some traces of this pronunciation are found in the Vene-
dotian Code of the Laws of Howel, e. g. grueic, gritaget,
gluàdÇiox Mod. W. givra ig, gwragedd, giulad).
b). Total loss of the ij.
In Br. : gra (by the side of orra., W. gwna) ; greg by the
side of groec, gruec; gleb (O. Br. rogulipias, M. Br. gleb, gloeb,
Trég. gloeb. Léon has gleb and gloeb) ; glix by the side of M.
Br. glui%, W. giulilh; griat (M. Br. gravai, Vann. gmriai).
M. Br. has glat and gloat, pi. gladoa ; grac'h and groach.
In W. : The change is perceptible mainly in the mod.
spoken language, e. g. :
1. Apparent only, as Breton hère really shows traces of the older Fr.
pronunciation .
324 Parry-Williams.
gnâfÇgwnaf), grondo, grando (gwrando),glaw (gwlaiv ; but
glaw is an early literary form), glyb, glybwr (gwlyb, givlybzvr),
gneud (jgwneud) etc. Cf. grafun for gwrajun for gwarafun. In
grug we hâve a literary form for *gu>rug (O. I. froicb).
In Pembrokeshire, howewer, it is pronounced giurug.
In the district around Llanidloes one hears gldd (givlàil),
graig {givra ig).
c) The /„/ becoming a vowel u.
In Br. this seems to be the case in a word like Vann.
gouriat, M. Br. gruyat cmade\
In W. it occurs in parts of S. W. in such forms as gwnio
(two syllabes) for givnïo, gwniadur. In Carmarthenshire the
common form is gwynio.
24. — Initial H m W. and Br. :
This initial letter seems to hâve been the most unstable of
ail in W. and Br.
Early initial s in native words, and the initial s of Latin
gave in W. and Br. s and b; sometimes s in both and h in
both ; sometimes s in one and /; in the other, and vice
versa; sometimes s and /; in both. For exs. see Ped. §§ 47,
135-
The forms with /; initially sometimes drop and sometimes
retain the /;, without any spécial reason. Oceasionally /; is
added to a word beginning with a vowel, without any appa-
rent etymological reason, being, no doubt, partly orthogra-
phical.
The lack of stability on the part of initial /; dates from
the very earliest period of W. and Br. Exs. :
O. W. hyshaf (Mod. W. isaf), O. W. ha (M. W. ha(c),
Mod. a(c)), O. W. ocoluin (Mod. W. hogalcn but M. W.
agalen, M. Br. bygoitleti, Mod. Br. bi^olcnn, Vann. biguolenri),
Ô. W. hint, int (Mod. W. byni), 6. W. ho (Mod' W. 0),
O. W. auler-nnitiicQA. W. anher, hanher, Mod. W. hantter);
W. and Br. . hâve oll, holl 'alT ; M. W. wy (Jrwy), zvynt for
later hwy, bwynt.
Further traces ofthe indécision with regard to initial /.; may
be seen from the following:
Similatdty in the PhonoJogy of Welsh and Breton. 325
Breton : L. Ch.ÇO. Br. Chart.) Haethlon, Hethlon, Aithlon;
QW.aeth) ; L. Cbr. (M.Br. Chart.)«tf, haelon (W.ael);Amhedr,
Hamherd1 ? ai-gant -, harchant ; he= e 'his, its'; M. Br. emolch
hemolch; berr (from Fr. erré) ; herue^, eriue~; hogos (W. agos);
honest, ouest; hosîes, ostes (but ospital, ipocrisy, isop); boguen
(W. og-facu) ; ha^cl, hudel, udel (W. huddygï) ; in L. C/?.
we find bevelep, evelep; hep, ep\ oll, boll; o%_, ho%; 0, ho.
Welsh :
In W. the same indécision obtains, especially in the dials.
In N.W. hagos (agos) , hemu (emv ; bemu alsooccurs in M. W.);
hogla (arogï), hepil (epil). In eastern S. W. /; is frequently
dropped, and sometimes an inorganic h is added, e. g. ardd
(bardd), en (hén), hyfed (yfed), hadref (adref), haraf (araf),
binuellt (irwellt).
In connection with initial /; in the E. words borrowed into
W. the following may be quoted from E. E. P. p. 220 :
« The question concerning h is simply, when was it mute ?
Palsgrave says h is muté in honest, honour, habundance... »
W. S. says that h is mute in « honest, habitation, humble,
habite, honour e 3 ».
As a gênerai rule, initial /; of E. is preserved in W. In a
few words, however, the /; seems to hâve been mute in early
E. or non-existent in some words where h appears in
Mod. E.
W. onest (gonest, E. honest), oribl in L. G. C. p. 165. 'Hed
cred ac anghred a'u gwyr yn oribl ' (E. horrible), ostes (E.
hostess) in Cym. Lien Cym., II, p. 22 'Ostes, llenwch win',
ostler (E. hostler, ostler) found in D. G., Ilar (E. Hilary,
M. E. Hyllare) in L. G. C.,p. 30 'Dewi,Non, Elis, Dwynwen,
llar\
We hâve seen above (§ 18 B. 2) how f (for fy) becomes
ff before a following /;,as in' ffhunan or ff'unan for fy hunan. ■
With this we may compare Ernault, Petite Grammaire Bre-
tonne, p. 13 :
1. O. Br. Am-.
2. W. arian(t).
3. In Fr., the Latin h was, of course, mute throughout from earliesft
times.
326 Parry- Williams.
« Les consonnes fortes et faibles peuvent s'échanger à la
fin des mots. D'ordinaire les faibles dominent devant une
voyelle initiale, et les fortes devant un h, qui alors ne se pro-
nonce pas ».
Initial /; arising in some cases of 'mutation' is regular in
W., and is not unfrequently found in Br. also. This case of
aspirate-mutation occurs in W. after the poss. pron. fem. ei
'her', e. g. ci benw 'her name'. A trace of the same kind of /;
is seen in Br. in the dial. of Vann. (Canton de Guémené-sur-
Scorff) e. g. i balhwe 'her key', but i alhwe 'lus key'. It is
said to occur also in the dials. of Cornouaille and Trég. (see
R.C., 17, p. 39).
W. also shows an aspirate-mutation of 11, m, and zv. This is
even mentioned in some grammars, and is found occasio-
nally in Mod. W. literature, e. g. ei mhynwes, ei nbain, ei
ivbig (see Y Beirniad, Vol. II, p. i63.Hydref 1912). In the
spoken language of N. W. nh, mb, ivb are almost uni-
versally prononced after ei 'her'. The cases with wh are ail
found in the E. loanwords.
The mutation of ;;/ to ;///; after ei 'her' is also found in Br.
(in the dial. of Faouèt, Haute-Cornouaille), where the ///
sounds more like a 'surd' than a 'sonant' (See R. C, 17,
p. 421). For further changes in initial consonants see §§ 30-
33-
25. II. — Medially.
Hère svill be mentioned only the exs. of changes in medial
consonants in W. and Br. where normallv they would not
be expected to appear.
A. In Br. :
1) Exs. of voiceless consonants for voieed, generally in
loanwords from Fr.
akloueten (Fr. aguillette, L. E. (H.) ; alêrsàn (Fr. s'adresser
L. E. (H.); iumpa (O. Fr. tomber 'tomber') and tumporell
(Fr. tombereau') R. C, 7, p. 144; ocmantin (in 'da ocmantin
he gloar' = d'augmenter sa gloire, R. C, 9, p. 162); vacabont
Similarity in the Phonology of ÏVclsh and Breton. 327
(in 'evel eur vacabonf = comme un vagabond, R. C, n,
p. 308).
2) Voiced for voiceless, t. g.
Tr. lias kabiten (Fr. capitaine), kaboun (Fr. chapon), kabusin
(Fr. capucin), sagrist and sakrist(Fr. sacristain); L. E. ÇH.) has
gobédi (O. Fr. copeter 'copter'), tragas (Fr. tracas); Le Gon.
ovis and ofis (Fr. office), tabès (Fr. tapis) ; podaich (Fr.
potage).
Some of thèse forms may be due to an attempt to give
the words a native appearance, as voiceless consonants
between vowels are comparatively la te in Br. and W.
Intervocalic s seems to hâve acquired a voiced (^) sound
early in Br. Sometimes ^ is found written, e. g. frenesy and
frene^sy (Fr. frénésie1) in the 18 th. C, but thereare exs. from a
still earlier period (see footnote R. C, 15, p. 390).
On the other hand, the ^ of M. Br. appears as à in some
Mod. Br. dials. e. g. the dial. of Cornouaille has predek,beudein
for M. Br. prêtée, beu^iff; dial. ofTrég. has hidio, didiou for
M. Br. hi^iu, di~ion; dial. of Léon has barado^ for M. Br.
barazpe^.
B. In W. :
1) Voiceless for voiced.
In parts of S. W. voiceless consonants appear between
vowels, where in other dials. the voiced équivalents appear.
This takes place mostly in the Gwentian dial. (East Glamorgan
and Monmouth). Prof. Rhys does not regard thèse as exactly
voiceless, but as lying somewhere between the voiceless and
the voiced ; e. g. rytag (rbedeg), fjetog (ar-ffedog), creli Çcredit),
otiu (ydwyf), precath (pregeth), givetodd Çdyzuedodd), acor (agor),
etc.
In literary W. a voiced consonant coming before another
consonant or consonantal u, i, is generally written in its
voiceless form, e.g,atgof, atgas, Coetmor (Cocd-Mawr), M.
W. eturyt (=edfryd from adferyd); llygàtddu and llygatu(from
1. The Fr. s in this case would, of course, be voiced.
328 Parry-Wilîiams.
lygad-ddn) Uygatlast (llygad-las); M. W. atwaen (Mod.
\V. adwaen) ; neitio, neitiwr (/>. G. C. Neitiwr dros afon
ytoedd. The form w///o is used in the Anglesey dial.) cf.
atolwg (from adolwyn). After the numéral rfaw in compounds
there is no mutation in the words deutu, dcuparlh, deupeth,
oddeutu.
In M. W. \ve find ythiw, ydiw ; yttynt, ydynt; yttwyj,
ydwyf; yttoed, ydoed1, for the Mod. W. yJyw, ydynt, ydwyf,
ydoedd (cf. Gwentian ofoy, o/»r/; for ydwyf, xdych) ; M. W.
anghenoctid from anghenog.
Among the loanwords from the following may be exs. :
cocas (M. E. cogges), Etwart {Edward, R. B. H., II, p. 377),
Etwin (Ediuiii, R. B. H., Il, p. 266), Gohuin ÇGodwin, R. B.
H., II, p. 26j),petigryw (E. pedigree, m L. G. C. At y gwraidd
a'i phetigryw), picyn (E. piggin), ivteniff (E. woode(n)knife, in
Jo/o Go*:/;, p. 314), wlwart and wdwari (E. woodward ; /). G.
has wdwart in 'Tegwdivart feistr tew goedallt, p. 231, but Ed.
Lhuyd has wtwart), tricar (dial.) (E. trigger).
The forms cocas, picyn, tricar, and clwpa (M. E. clobbé) may
hâve developed the r, pfrom the E. ^, />/>.
A case of <W (rf) becoming d is seen in W. gweddrod and
gwedrod (pi. form, from E. wether). gweddrod is the usual
form, but gwedrod is found in Gorchestion Beirdd Cymru
p. 147 'Wedi rhoit ti wedrod da' (Ieuan DeuKvvn), where
the cynghanedd shows that the pronunciation is </.
cf. the Lat. loanwords paradwys (paradïsus), pedestr
(pedestr-is), pedol (pedâl-is), and the S. W. dial. form ithi
for iddi 'to her', due probablv to hi 'lier' which generally
follows.
2) Voiceless becoming voiced.
Probable exs. are the following from among the loanwords
from E. .
adargop, adyrgop (E. àttercop); boglyn (? M. E. bock);
biirgyn (? E. morkin); candleis in L. G. C. (? Early E.
gantelets); fladyrÇW. S.) (E. flatter); jfradri in M. A. p. 35
(? E. frairy, fratery) ; gardas in Mod. W.,gartys in Jf". S.,
I. Thèse double M. W. forms probablv arose from différent forms 01
the- sutfîx itself.
Similarity in the Pbonology of Welsb and Breton. 329
gardr, sing., in L. G. C. p. 474 (E. garters); Uadmerydd
(E. Intimer) ; plagiardio (dial.) (E. blackguard, where the ck,
however, is not pronounced) ; potegari W. S. (E. apothecary);
ysbignardd, Medd. Mydd. p. 202 (E. spikenard); ysgoblar
in D. G. p. 150 'Esgoblun mewn ysgablar' (? E. scapu-
lar).
26. III. — Finally.
A. Final Mutes.
1) In Br.
The modem rule with regard to final mediae and tenues
is given in Ernault's Petite Grammaire bretonne, p. 1 3 : « Les
consonnes fortes et faibles peuvent s'échanger à la fin des
mots. D'ordinaire les faibles dominent devant une voyelle
initiale, et les fortes devant un /;, qui alors ne se prononce
pas » .
In M. Br., however, as in M. W., the rule wastowrite the
voicelessconsonantin the final position in words where Mod.
Br. both the voiced and voiceless forms are found. But when
an ending (as of the plural or féminine) was added to the
voiceless final consonant, the voiceless became voiced.
Hésitation with regard to this change can be discerned in a
form like coatdoii, plur. of coat Svood' in R. C, 8, p. 260,
'dre an coatdou (par les bois), and in the M. Br. ta /doit
(plur. of tat 'father'). Even in M. Br., however, we get fluc-
tuations, e. g. mat and mai ; stoup and stoub; tat and tad.
The treatment of thèse single final consonants in the
loanwords from Fr. is as follows :
a) A Fr. voiced final consonant may appear in Br. as voice-
less, except when a suffix is added.
b) A Fr. voiceless final consonant may appear in Br. as
voiced (as well as voiceless), but always voiced if a suffix be
added.
a) camarat (Fr. camarade) in R. C, 26, p. 212; malat (Fr.
malade) m R. C., 1 5, p. 357; M. Br. homicit (Fr. homicide)];
Herot (Fr. Hérode) in R. C, 10, p. 23; M. Br. muscat (Fr. mus-
3 3° Parry- Williams.
code); M. Br. remet (Fr. remède} and cf. R. C, 8, p. 488 Dal
vn taol flem heb remet (Tenez un coup d'aiguillon sans
retard); L. E. (H.) rok (Fr. rogne); M. Br. synagoc (Fr.
synagogue); M. Br. ribaut (Fr. ribaud) but ribaudes (fem.).
b). L. £". (#.) has <r/;//)oi (Fr. chipote), fured (Fr. /"/z/r/),
lôdÇFv. 7o£, M. Br. /o/), roc/W (Fr. rocbet); Tr. has fo/W (Fr.
bouquet), bouled, boulet (Fr. boulet), ermid (Fr. ermite); Le Gon.
has jof, joV(Fr. jo/); M. Br. (E.) has /;w (Fr. hucque), pic (Fr.
/>zV), 5oz</> (Fr. soupe), stctt (Fr. tf/zz/), s/ok£, j/oaip (Fr.
ctoupé). Cf. i?. C.,2,p. 82 pod (Fr. pot), p. 224 saludÇFr. salut),
p. 240 /wzft/ (bonnet); R. C, 3, p. 68 pilad (Fr. pilât) ; R. C,
8, p. 462 */0z//> (Fr. ctoupe); R. C., 4, p. 60 pzW (Fr. />/#/),
p. 99 avokad (Fr. avocat).
The voiced consonant when a suffix is added :
M. Br. advocade\, fagoden (Fr. fagot), gargadenn (O. Fr.
gargate), rudet (Fr. rzz/), seruiedenn (Fr. serviette), stadou. plur.
of 5to/ (fr. f'ta/), scodenn (Fr. «<r^), planedou (Fr. planètes), see
also the same form in i?. C, 8, p. 234 ; Mod. Br. zWrzz (Fr.
/o/), mouden (Fr. motte), souben (Fr. sott/œ) in i?. C, 2, p. 80
souben ar c'hik (soupe de viande), M. Br. has also souben.
One exception appears to be M. Br. moten for the later
mouden (Fr. motte), mentioned in Z. £". (.£/.).
M>/£ : With the above mentioned interchange of voiced
and voiceless mutes may be compared the fréquent inter-
change in Br. of -aig, -aich (with soft g and ch) from the
Fr. ending -âge.
2). In W. :
The fate of the final stops in W. présents several points of
similarity to that of Br. stops. In W. the final tenues did not
hold out so long and so late as in Br. (being kept in the
latter, as we hâve seen, even up to modem times). It is dif-
ficult, however, to conclude finally at what period the final
tenues of W. became medial. In the M. W. texts they are
generally written as tenues, with the exception of the labial,
which has the forms b and p. This practice is kept up by
W .S. (iéth. c.) in his Welsh-English Dictionary.lt may hâve
Similarity in the Phonology of IVclsh and Breton. 331
been in his time merely the traditional mode of writing ; but
even W. S. writes monosyllables containing long vowels
with the voiced consonant, e. g. koob (E. copé) and pib.
Hère are, however, proofs as early as the i4th. C. in the
works of D. G. that in some cases at least, the final voiced
mutes of Mod.W. were also voiced at that period, e. g. :
D. G. p. 33. Gweledei gwallt fel goldgwiw.
D. G. p. 217. 'Y nghred brelai afrâdlawn.
The d of 'gweW corresponds in Cynghanedd to the d of
'gohf which is the E. gold. (There are, however, cases of final
là of E. becoming // in W. , e. g. hwswolt in L. G. C. p. 460,
(E. household) by the side of hzu siuold, p. 195 ; but the form
gold is the W. form of the word throughout, as in gold y'
gors 'marsh marigoW). The final d of 'brelad' from 'prelad
(E. prelate) corresponds to the d of 'afrarflawn', which, being
medial, was certainly a à.
In any case, in the E. loanwords in W. when an ending
was added, the consonants took the voiced form at a very
early period :
D. G. p. 52 Fflacedau a phlucoeJydd (E. Racket).
p. 284 Clicieàyn yn cloi ceurfawd (E. clicket).
In the case of some loanwords from E. the final voiceless
stop is retained even in the modem language.
The question of the final stops lias been dealt with to some
extent by Sir John Rhys in his 'Ail Around the Wrekin' [Y
Cymmrodor, Vol. XXI, pp. 32 sqq.}.
The treatment of the E. loanwords from W. may be thus
classified.
a) Those that retain the final voiceless consonant .
b) Those that changed the final voiceless consonant into a
voiced consonant.
a) côt (E. coat), grât(E. grate), llac (E. slack), siop (E.
shop), etc.
Thèse words are mostly those of one (short) syllable in E.
Note : — The change of single final voiced consonants to
voiceless, so conimon in Br., is practically unknown in W.,
unless the word nutmic E. nutmygge, given by W. S. be a
3 30 Parry- Williams.
code); M. Br. remet (Fr. remède) and cf. R. C, 8, p. 488 Dal
vn taol flem heb remet (Tenez un coup d'aiguillon sans
retard); L. E. (H.) rok (Fr. rogne); M. Br. synagoc (Fr.
synagogue); M. Br. ribaut (Fr. ribaud) but ribaudes (fem.).
b). L. £". (//.) has f/j/pod (Fr. chipote), fured (Fr. ////W),
lôdÇEr. lot, M. Br. A)/), m:/;^ (Fr. rochet); Tr. has fok/ (Fr.
bouquet), bouled, boulet (Fr. boulet), ennid (Fr. ermite); Le Gon.
has jo/, i(W(Fr. jo/); M. Br. (E.) has /wc (Fr. hucque), pie (Fr.
pic), soup (Fr. soupe), steit (Fr. #a/), stowi, tfottp (Fr.
ctoupe). Cf. i?. C.,2,p. 82 /w/ (Fr. pot), p. 224 saludÇFr. salut),
p. 240 Zw/«/ (bonnet); R. C, 3, p. 68 pilad (Fr. pilât) ; R. C,
8, p. 462 stoub (Fr. t'toupe); R. C, 4, p. 60 p/rtd (Fr. p/rt/),
p. 99 avokad (Fr. avocat).
The voicedconsonant when a suffîx is added :
M. Br. advocadey, fagoden (F r. fagot), gargadenn (O. Fr.
gargate), rudet (Fr. m/), seruiedenn (Fr. serviette), stadou, plur.
oî stat (fr. £to/), scodenn (Fr. #«#), planedou (Fr. planètes), see
also the same form in i?. C, 8, p. 234 ; Mod. Br. /o^« (Fr.
A?/), mouden (Fr. motte), souben (Fr. .sw//v) in i?. C, 2, p. 80
souben ar c'hik {soupe de viande), M. Br. has also souben.
One exception appears to be M. Br. moten for the later
mouden (Fr. motte), mentionedin Z. £". (.£/.).
JVo/tf : With the above mentioned interchange of voiced
and voiceless mutes may be compared the fréquent inter-
change in Br. of -aig, -aich (with soft g and ch) from the
Fr. ending -âge.
2). In W. :
The fate of the final stops in W. présents several points of
similarity to thatof Br. stops. In W. the final tenues did not
hold out so long and so late as in Br. (being kept in the
latter, as \ve hâve seen, even up to modem times). It is dif-
ficult, however, to conclude finally at what period the final
tenues of W. became medial. In the M. W. texts they are
generally written as tenues, with the exception of the labial,
which has the forms b and p. This practice is kept up by
W.S. (iéth. c.) in his Welsh-English Dictionary.lt may hâve
Similarity in the Phonology of Wclsh and Breton. 331
been in his time merely the traditional mode of writing ; but
even W . S. writes monosyllables containing long vowels
witb the voiced consonant, e. g. koob (E. copé) and pi b.
Hère are, however, proofs as early as the i4th. C. in the
works of D. G. that in some cases at least, the final voiced
mutes of Mod.W. were also voiced at that period, e. g. :
D. G. p. 33. Gweleiei gwallt fel goldgwiw.
D. G. p. 217. 'Y nghred brelad afradlawn.
The d of 'gweled' corresponds in Cynghanedd to the d of
'gohf which is the E. gold. (There are, however, cases of final
Id of E. becoming // in W. , e. g. hzuswolt in L. G. C. p. 460,
(E. household) by the side of hiuswold, p. 195 ; but the form
gold is the W. form of the word throughout, as in gold y'
gors 'marsh marigoW). The final d of 'brelad' from 'prelad
(E. prelaté) corresponds to the d of 'afrarflawn', which, being
medial, was certainly a d.
In any case, in the E. loanwords in W. when an ending
was added, the consonants took the voiced form at a very
early period :
D. G. p. 52 Fflacedau a phlucoe^ydd (E.jîacket).
p. 284 Cliciedyn yn cloi ceurfawd (E. clichct).
In the case of some loanwords from E. the final voiceless
stop is retained even in the modem language.
The question of the final stops lias been dealt with to some
extent by Sir John Rhys in his 'Ail Around the Wrekin' [Y
Cymmrodor, Vol. XXI, pp. 32 sqq.}.
The treatment of the E. loanwords from W. may be thus
classified.
a) Those that retain the final voiceless consonant.
b) Those that changed the final voiceless consonant into a
voiced consonant.
à) côt (E. coat), grdt(E. grnte), llcic (E. slack), siop (E.
shop), etc.
Thèse words are mostly those of one (short) syllable in E.
Note : — The change of single final voiced consonants to
voiceless, so common in Br., is practically unknown in W.,
lïnless the word nutmic E. nutmygge, given by W. S. be a
332 Parry- Williams.
case in point. The Mod. E. is nutmeg. Hère, however, the c
may hâve arisen from the E. gg. (cf. picyn, chvpa, § 25 B i) ;
cf., however, W. antarliwt, intarliwt from E. interlude, and
dial. teit from Ë. tide.
b) This change seems to hâve taken place
1. in words of more than one syllable.
2. in monosyllabes containing a long vowel.
Exs. : abiâ (M. E. abii) in D. G. pp. 48, 207 ; gwalab W. S.
(E. gallop), basged (E. basket), huned in L. G. C. (E. bonnet),
bihug (E. bill-hoolc), casog (E. cassock), casged in L. G. C.
p. 295 (E. casket), clared (E. claret), carped (E. carpef), clicied
(E. clichet), diubled (E. doublet), ermid in M. ^4. p. 258 (E.
hennit), garlleg (E. £w/fc ; £F. 5. lias' garllec 'garleke'), /zo/&/
(E. violet), ffcigod (E. faggot), nihusig (E. music), proffid in
.D. G., p. 247 (E. profit), ysgarlad (E. scarlet, M. E. scarlat)
etc.
ÀwZ> in W7. 5., i. e. r<?£ (E. cope), siêb in D. G., 'Bronbelau
fel Siopau siêb' (E. Cheap, i. e. Cheap-Side, London), côdznâ
côt (E. fcw/), clôg (E. cloàK), fflyd (E. yfe/, in sensé of'crowd'),
mi/o- (E. croolî), grôd in L. G. C. p. 327 (E. groat), ystâg in
Z.. G. C p. 495 'Main wâg ei ystâg. . .' (E. stake).
B. Changes in some final consonantal groups containing
mutes.
27. — 1) In some loanwords from Fr. into Br. the
voicëd stop became voiceless in the groups Idr, mbr, br,
bl.
Exs. : foultr (O. Fr. fouldre), lampr (Fr. lanibre), mempr
(Fr. membre) in R. C., 2, p. 364, nompr (nombre) in R.,
C., S, p. 88, possipl (Fr. possible) in R. C., 9, p. 162. Cf. cam-
praou (Fr. chambre s) m R.C., 10, p. 5, puplian (Fr. publier) in
i?. C., 26, p. 310, humplan, superl. (Fr. humble) and senclou
(Fr. sangles) in L. C/;.
The only probable example of this change in W. is the
M. W. taplas, which may be from E. tables.
In M. Br. there are traces of the opposite change of pi, pr
to bl, br, e. g. :
Similarity in tbe Phonology of Wehh and Breton. 333
M. Br. (E.) coubl, coublaff (Fr. couple, coupler), poubr (Fr.
pourpre). Cf. M. Br. (E.) squerb (? Fr. écharpe).
28. — 2) Breton shows a tendency to change final
-ng of loanwords to ne (nk)1, e. g. :
M. Br. (E.) harinc 'hareng', Vann. (Ch.) haranc 'harangue'
pi. haranequet (Fr. harangue); M. Br. (E.) reng, 'rang', L.
E. (H.) renie 'rang' (O. Fr. reng); L. E. (H) stank (Fr.
étang for earWerestang). Tr. has stang and stank. Cf. R. C, 23,
p. 234, 'war ar stank ma kann he dilled' (Sur l'étang où elle
lave ses vêtements).
For further remarks on Br. ng, nk, see R. C, 19, p. 323.
The change of ng to ne (i. e. ngc) is not unknown to W.
e cr
rhenc by the side of rheng 'a rank, row', W. S. has renc 'a
renge'; M. E. reng, renge, rengge;
yslanc by the side of ystang (stanc, stang), E. stang, M. E.
stange.
It is noticeable, however, thatin the E. dials. of Shropshire
and Montgomery the form stank is found (See English
Dialect Dictionary s. v.). This may be due to the W.
form.
Note 1 . E. final ng in such words as long was équivalent
to ng-g at an early period in the language. The g after
the nasal (ng) was heard throughout the M. E. period. In
Early New E. the g was lost except when a vowel followed,
as is the case in Mod. E.
Note 2. The change of ne to ng is common in W. when
a suffix is added, e. g. crafanc, crafangau; tranc, trengi; ieuanc,
ieuengaf ; M. W. ranc, rengi (Mod. W. rhyngu). But cf. liane,
llanciau; pranc, pranciau; banc, banciau ; llwnc, llyncu (but
llyng-yren).
III. 29. — Final nâ, rdoï loanwords in W. and Br.
1) In Br. :
1 . Possibly this change did not take place in Breton itself, but may be
really only the reflexion of the O. Fr. pronunciation with huai nk.
Rei'ue Celtique, XXXV. 22
336 Parry -Williams
some words e. g. cwcwallt 'cuckold' (M. E. cukewalde), malll
(JT..S.)'mauld\
Further cases of change and interchange of consonants in
W. and Br.
I. Initially.
30. - 1) Initial M,B, Tin W. and Br.
In some native words there is an interchange of //;- and b-
in W. and Br. words, e. g.
W. mm and bcn 'cart, waggon'; W. moes Br. boa\ ; W.
mwyaid and bwyaid; O. W. niant, Mod. W. bawd (cf. mod-
fedd 'inch' mod-rwy 'ring'); W. niegin, Br. megin and begin
'bellows'; W. math and bath; W. magl and bagl 'a snare\; W.
maeddu and baeddu 'to soil'; Br. (Vann.) mailloc and bailloc
'chin' ; W. bunandmun 'maiden'.
In the loanwords of W. and Br. the interchange of initial m,
b, and v is much more fréquent. Thèse occur mostly in words
borrowed from E. and Fr., with some examples, however, in
late borrowings from Latin.
A. In Br. .
a) V > B.
M. Br. (E.) hzs bénin a.nd venin 'venin', bergier 'vergier',
Beronic 'Véronique', ber^iil and burçut from Lat. virtut-is,
bescont 'vicomte' (Le Gon. has beskount), biwig 'visage', bitaill
'vitaille', bilen 'vilain', volonté^, nolante, 'volonté' (Mod. Br.
bolente^, Vann. volante and bolante), banel 'venelle' (L. Ch.
(M. Br. Chart.) has also banel) ; L. E. (H.) has beach 'voyage'
(O. Fr. vciage, veage) ; bandent 'vendange' (borrowed from Lat.
vindemia), biel 'vielle', baot 'voûte' (borrowed from Lat. voila
for voluta 'arrondie').
The majority of borrowed words, however, retain the ini-
tial v.
b) M > B.
L. E.(H.) beht 'menthe'; Le Gon. barJel 'mardelle'; bits
and nuls 'muids'.
c). V > M.
Vann. (Ch.) mention 'vendange' (mis mendem 'septembre'),
Similarity in the Phonology of Welsh and Breton 337
mendemein 'vendange', Lat. vindemia, cf. bandent above a);
Mod. Br. mouei 'voix', as in R. C.,8, p. 90 vn mmt\ 'une
voix'.
B. In W. :
a) V > B.
berf ' verb ' from L. vërbum; berfaen and ferfaen ' vervain';
bernais and harnais (mod. W. dial. varnis) ' varnish ' M. E.
verniscb, vemysche (IV . S . has also verneis); bicar, bicer (and
micar) ' vicar'; bilain and milain from M. E. vilain, viîein;
bitail ' victuals ' from M. E. vilaille ; Invltur and fwltur (in
Bible, Lev. II, 14 and Deut. 28, 7) ' a vulture ' ; bocal ' vocal,
vowel ' (the word bocal is used by W. S. in the introduction
to his Welsh-English Dictionary).
b) M > B.
balaen, balain, balen, belan and malaen ' Milan-steel or
-armour', early E. Melayne; barlat, ?for balart ' mallard ';
basant and masarn k mazer-tree ' ; binul mul ieuanc (Geiriadur
W. Llyn) 'mule' ; burgyn ? E. morkin ; barblis and marblis (in
N. W. dial.) ' marbles '.
Cf. W. bynafyd dial. for ymanafu, possibly through an
intermédiare form mynafyd ; bydroi for ymdroi, through an
intermediate inydroi.
Cf. also W. ffwlbart and ffwlbert from E. fonliuarde; W.
buddai (Br. me~, Ir. muide) ' a ehurn ', supposed to be from
Lat. modius.
c) V> M.
maniais ' vantage '; melved ' velvet '; mentro and mentrio
c venture ', iiientrus^a.d).^) ' venturous '; micar and fo#w ' vi-
car ', milain and bilain M. E. z/ifcm (See above (a)); iniswrn
' vizor ' ; inursen ? E. virgin ; mivilieu ' vigils ' in Llyfr
Ancr Llandewivrevi, from Lat. vigiliae.
d) B > M.
Z^. 5. gives maner ' a banner' by the side of the commo-
ner W. forms baner ; mwngler ' bungler ' occurs in the
works of Gruffyd ab Ieuan (viii) ' Nag aed mwngler i glera ' ;
the common form is hvngler.
Cf. N. W. dial. menthig, S. W. dial. mencid, myncid3 for the
literary benthyg (for benffyg).
3 3 S Parfy-Williams
Note. — In N. W. dial. the word misi ' diffkult to please'
has alternate forms fisi and bisi. The word megin lias very
often the form fegin as the radical, due, no doubt, to its fré-
quent use with the definite article y fegin ' the bellows '.
31. — 2). The spirant ch becomes s in Br. in certain cases;
in W. as a gênerai rule it becomes si, when it is followcd by
a vowel other than /, the si having two pronunciations — sh
and si (the si pronunciation being confined more or less to
parts of N. W.). Before the vowel i the ch becomes a pure s-
sound in N. W., but generally sh- sound in S. W.
A. In Br. :
a) M. Br. sanéll ' a gutter, canal ' is believed to be from O.
Fr. chaignel (Mod. Fr. chéneau), and the Mod.Br. san appears
to be a shortened form of it. See L. E. (//.) s. v.
Siminal ' cheminée ' in R. C, 1, p. 408 ' Dibaot si minai a
voged | Anez ne ve tan en oaled ' (Rarement cheminée fume,
s'il n'y a feu dans l'âtre).
Soiini ' rester ' is supposed to be from an early Fr. verb
chômer (see R. C, 2, p. 217). Other forms are chonm, chom, as
in R. C, 3, p. 215, and choumas ' est resté ' p. 216. Tr. has
sench ' changer'.
b) Fr. cl) appears initially as c in Br. in the following cases,
which found their way to Br. through the médium of some
of the northern Fr. dials. that had c for ch before a.
M. Br. carg ' charge ' (also Mod. Br. hirg) ; Vann. (Ch.)
carnel ' charnier ' (see also carnel in A.}. CL., p. 6o6);cnmpr
chambre ' (in R. C, 10, p. 5 en campraou c en chambres ') ;
kaboun (Fr.) ' chapon '.
Cf. L. E. (H.)fraiikision 'franchises '.
B. In W. :
a). The change in W. is very common in the loanwords from
E. Although E. had a dental in this sound, there are no traces
of it initially in the W. words. W. S. says that the E. ch in
his time was pronounced tsi, yet the words he gives in his
'hctionary do not show a dental at ail. The ch of E. may
Similarity in the Phonology of Welsh and Breton 339
occur in native E. words or in the Romance words borrowed
into E. In both cases, however, si appears initially in W.
Exs. :
Siêb ' Cheap-side ' M. E. chepe, O. E. céap ; sialc ' chalk ',
M. E. chalk, O. E. cealc ; siurl ' churl ' M. E. churle, chorle,
O. E. ceorl ;
sialens ' challenge ' M. E. chahnge ; siambr ' chamber ' M.
E. cha(ji)mbre ; siamled M. E. chamdet; siarad} E. charade ;
siecr 'chequer' M. E. chekker; siawns ' chance' M.E. chaume;
siars' charge ', siarsio ' to charge '; siartr ' charter' M. E.
chavire ; siet (JV. S.) M. E. chete.
b) Before the vowel i W. has pure s :
sibol M. E. chibolle; sir ' cheer 'M. E. chère; siwet (given
by W. S.) M. E. chewet; simnai (simddat) ' chimney ' M. E.
chymneye; sir 'shire ' M. E. shire, shire ; sirxf, siri ''sheriff' M.
E. shirreve; silff' shelf 'M. E. schelfe, shelfe, O. E. scylfe.
Note. — The initial / of E. also appears in W. as si, e. g.
siaced ( jacket '; Sierom 'Jérôme'; Siac ' Jack ' in M. A.
p. 330; IV. S. has siafling ' a iauelyn ' and siaggio ' jagge '.
32. — 3). Interchange of initial G and B in W. and Br.
a). The only example in Br. is the M. Br. Milieu ' year ',
which has variant forms glyçen and glui^en. The corres-
ponding W. word is blwyddyn.
b) In W. the interchange of initial b and g is seen in a
few words. The Mod. W. huystfil occurs in the plur. form
guysluiled ' in the Black Book. It is also found elsewhere with
g, as Dr. Davies in his Dictionary gives the forms giuestfil and
bestfil as variant forms of huystfil. The word giach has an
alternate form biach, given by Dr. Davies. The W. word
bwyall ' axe ' is pronounced gwualli in parts of N. W. and
gwiall in parts of. S. W.
33. — 4). Interchange of initial D, Tand G, C in W. and
Br. :
1. In this case the form may hâve arisen from a confusion ofguylltfil
and bivystfit.
340 Pttrry-Williams
In Ped. § 333 the W. tlawd, thus (with N. W. pronuncia-
clawd, clws) are eompared with Br. a glefe ' oùght ' (the im-
perfect indic. 3 pers. sing.) for dlefe (M. W. dylyu e to owe')
and Br. gwentl ' pain ',Trég. war oenkle ' in the throes of
childbirth'. Cf. Ann. de Bret., 16, 307.
With thèse may be eompared the S. W. giveid =■ dweyd
(for dyiuedyd) and N. W. Gwalad for Dwalad (Cadwaladr),
derurinan for gwreinen ' ring-worm '.
Note. — In R. C,i9,p. 323 the M. Br. forms golloenter,
gollonder, guollonder (Mod. Br. gouîlonder) are eompared with
the W. forms golhung and dillwng. Cf. Vann. darloikhienn
and garlostienn ' an ear-wig ', Trég. garloskenn, mentioned in
R. C, 3, p. 235.
34. — II. Medially and Finally.
1). We hâve seen ahove (§ 31) how initial Fr. ch was
expressed in Br. by s, and how initial ch (and/) of E. appea-
red in W. as si or s.
A similar change took place medially and finally (in Br. in
a few cases, in W. in most cases) in the case of ch, j and céré-
bral g.
A. In Br. :
1. Fr. ch seems to hâve become s(s) in missi M. Br. mechif
' méchef ' according to R. C, 21, p. 142 ;senessal {A. f. C . L.
p. 606) ' sénéchal ' ; splûs is from Fr. cpluchure according
to a conjecture in L. E. (H.), but it possibly arose first from
the verbal from éplucher.
2. Fr. j appears as si in Br. resiouisset (A.f. C. L., p. 220)
from Fr. réjouir.
3. Fr. ^(e appears as ^in M. Br. sins ' singe',
B. In W. :
1. E. cl) appears medially in W. as tsi, si, (s) before
vowels, and as ts, (i)s before consonants, e. g.
ceishul ' catcKpoll ' M. E. cachepol; fleitsier (IV. S.) ' flet-
cher ' M. E. flécher ; haitsiet (JP . S.) ' hatchet ' M. E. hochet ;
piser ' pitcher ' M. E. picher ; heislan (JV. S.) a hetchel M. E.
Similarity in the Phonology of Welsh and Breton 341
hechcle ; marsiant ' merchant '; scwtsiwn ' scutcheon ' M. E.
scoebone; ireinsiwr ' trencher ', setsiel (W. 5.) ' a sechell ' ;
Rbisiart ' Richard '; Winsestyr (R. B.H., II, p. 388) 'Win-
chester '.
2. E. medial y appears as 5 in one loanword in W., consurio
1 to conjure'; W. S. has consurio ' coniure '. Consurio and
consirio occur in the works of Gruffydd ableuan (xi) ' Pe ron
ar frig pren ar frys | Gonsirio Gwen os erys ' and ' Ni ad fyth
i enaid fo | Gan siarad i gonsurio '.
3. Medials soft g appears in W. as s, si, ds, e. g. W.S. has
satten o brudsys ' saten oîbruges ' i. e. Bruges; corsiet in L. G.
C., from E. gorget ; divynshvn in C. Coch MSS. p. 424, from
E. dungeon ; veinsians (W '. 5.) ' vengeance '; habrsiiun ' haber-
geon ' ; lardies (possibly for lardsies') in L. G. C, p. 370,
' largess ' ; mansier {W . S.) ' manger ' \sersiant in L. G. C.,
p. 387 ' sergeant (W . S. has serdsiant ' sergeaunt '); sinsir
1 ginger '•
4. Final ch(e and g(e of E. appear in W. as s, ts, (and ^5
for g(e).
Exs : braens ' branch '; brosio ' to broach ' (W.S. has
broitsio 'broche'); cleinsio 'to clench ' (IV. S. has kleinsio pen
hoyl 'clenche'); ffres ' fresh ' M. E. freche; haits (W.S.}
' hatch '; maits (W. S.} ' a match' M. E. mâche and matebe;
mars ' march, border ' in D. G. pp. 13, 195, M. E. march,
marche; mwstas ' moustache ' ; W. S. has oystreds ffedder
' oystreche fedder ' i. e. ostrich-feather ; pétris and pertris
' partridge ' M. E. pertriche; taeds (W. 5.) ' a tache '; treins
(W. S.) ' trenche'; tuyts (W. S.) 'touche', also tiuytsio
' to touch '; ystans in L. G. C. p. 27, ' staunch', M. E.
sta(u)nche\ Sandiuis L. G. C. p. 24' Sandwich '.
baeds (W. S.) ' a badge' M. E. bage; caes and caets ' cage' ;
karias (W. S.) ' carriage '; colas ' collège ' in L. G. C.
p. 354; loydsio (W . 5.) ' lodge '; maniais ' vantage '; mort-
gaeds (W. S.) ' mortgage '; payas (W. S.) ' page '; potes
' potage ' (W. S. has potaes) ; saes in Medd. Mydd. ' sage '
(W. S. has saets, saeds) ; stars ' charge ' ; sgwrs ' scourge '.
342 Parry-WMiams
35. — 2) . W. and Br. V(F) and IV between vowels and
in consonant-groups .
An early final cafter a consonant in W. andBr. was itself
a consonant in the middle-period of both languages, as the
mètres show. Even at the présent day in the W. cynghanedd
mètres it is non-syllabic, and always counts as a consonant. In
modem times, however, in W. and Br. the tendency has been
to vocalise this consonant. In W. the vocalisation naturally
appears as an u- vowel (W. w)t but very rarely 0 is heard. In
Br. the vocalisation tends to favour the 0- vowel. The form
with 0, however, can in M. Br. be non-syllabic. M. Br. has
niant, Indu, garu, me%u, hanu later maro, garo, nw^o, bano,
(W. manu, lludw, garw, meddiu, enw). M. Br. has forms in 0
and Mod. Br. forms in v.
As is the case in modem W. metric, where the w is regar-
ded as a consonant (and it is still held to be the really correct
modem pronunciation by some), so in the Br. dial. of Vann.
the w préserves itsconsonantalquality. In this dial. it is really
an ii- consonant, and is expressed in various ways in the dif-
férent dictionaries.
The common change of 11 to 0 in Br. may hâve a parallel
in the modem N. W. pronunciation of such expressions as
yn enïvr Tad, in which case 'n endr Tad, is distinctly heard.
Cf. M. W. chwero (ckweriv), and guero in Gododin [(see § 21)
racco (later aau, S. W. oco, yco), hero (herw), helo (helw), tara
(tanu), ero (emi) ' .
For the total disappearance of this sound in final position
after consonants in both W. and Br. see §§ 73, 74.
The following are exs. of the interchange of u and v (W. w
and /, Br. ou, 0 and v, ff).
1. The Unes where thèse occur are the following (Skene, II, p. 106,
Bk. ofAneirin = p. 37, 1. 14 éd. Evans) :
Hero ciued guec guero
Gnissint gueuiïon ar e helo
Nit oed ar les bro bot ero
Ni cilius taro trin ht un ero
Traits y achaus liuirdeh
cf. beno (henw) in Black Bool; (Skene II, xxxv = p. 102, 1. 7 éd. Evans) :
Vgtiach ywvyhenomab mydno.
Similarity in the Phonology of Welsh and Breton 343
a) u >> v.
1) In Br. (hère the change is mainly the rule) :
M. Br. divc~ÇW . diwedd), levene^ÇW . lleivenydd, llatuenydd),
guiuffer (W. g-wiiver), goeff (W. gwayiv), naffn, naon (W.
nezvyii), najjnec (W. newynog), tejjal, teual (W. tyiuyïï), tao,
tevellÇW . taw, taivel, Mod. Br. tevel), goeffaff(W. gwywo).
Mod. Br. adbevet in L. Ch. (W. adfywio), îeshanvet (W. îly-
seuwi), lion, liv(W. lliw) but liva (W. llifo), glao (W.glaw)
but glavek ÇW.glawog), teo (W. tett')but faw^// (W. teiuhaii),
birvi (W. benvf).
2) In. W. :
Most of the W. exs. of this change are mostly from the
spoken language, but some of them hâve found their way to
the literary language : brvw but brifo 'to hurt', glaw plur. gla-
fogydd and adj. glcifog, gwryw ' maie ' plur. gzvryfod; gorfedd,
gorfadd (gorwedd), cnafon (cenau/on), gwyw but gwyfo (gzuywo
' to fade, wither'), cafod (cawod), ghe.fi (gloewf), Ifan (Ieuan,
huan), ifanc (ieiianc), Eifionydd (cf. M. W. Ekvynydd InMab.
Math vab Mathonwy), hvfans from the E. allowance, Iwfio from
E. alloiu; llifo ' to dye ' (from lliw ' colour ').
b) v >> îj. generally before /, n, r.
1. In Br. :
aon, aoun M. Br. oun (W. ofti), diaoul, diaul pi. diaoulou
ÇW.diafl, diawî), taulign ' to throw \tanlet ' thrown \ditau-
las ' he threw ' in L. C/j. (W. taflit), taul ' table ' (cf. W.
tafloi), gaor and gavr (W. £tf/V), £ï?<?/ (W. gafP), reor (W.
rhejr^.M. Br. eintajj is in Mod. Br. m/ao« (inianv, intav).
2. In W.:
tf'oww by the side of absen ' absence ', caïusun for cafswn
(from cael îoxcafeî), cowlaid îorcoflaid, diawlîox diafl,tawhi for
taflu, niwl ' by the side of nifwl ; M. W. ysgazun = ysgafn.
Cf. dial. cywod (cyfod), czvarfod (cyfarfod), cywoeth (cyfoetti),
sgwarnog (ysgyfarnog), sgivennu (ysgrifeimu).
1. The form niwl, when compared with Ir. nc'I, is difficult to explain.
Cf. O. Fr. mule.
344 Parry-Wiîliams
Cf. also the interchange oîau(eii), aw (eiv), ef(xf) in W.
keneu, cenaw, cena-won ; llysiau, llysscwyn; edau, cdafedd; cled-
dau, cleddyf, cleddyfau (M. Br. cle^eff, cleçeu, pi. cie%ejjyou);
eisiau, essywed; deunydd, defnydd.
36. — 3) Interchange of N and R in W. and Br.
a) In Br.
An interchange of r and n occurs in Br. in the Mod. Br.
forms of the Article. In M. Br. the forms of the definite
article were an, ar ; in Mod. Br. the forms are an(if) before
vowels and d, t, n; ar before other consonants except /; al
before /. The indefinite article has the forms eu(n), car, cul
under the same conditions. For the history of the Article in
Br. see R. C, 2, pp. 204-216.
The Br. forms for the poss. pronoun of the 1 pers. plur.
are bon, hor ' our '; for the personal pronoun of the 1 pers.
p lur. also bon, hor '\ve, us ' ; for the 3 pers. sing. accus, han,
heu, her ' him, it '. M. Br. (E.) has knech ' H i 11 ', crech for
Mod. Br. crech or kreacb; knoenn ' nut ', kanounen pi. kanou,
cnou, craoufÇf), for Mod. Br. kraouenn plur. kraoun ; kneau
' fleece ', later creon by Maunoir (W. cnu, cnaif); tnou ' a
valley ', traou, tnou, trou for Mod. Br. Iraou (Trég.), in W.
tyno, earlier tonou in Lib. Land.
Mod. Br. has ken, ker corresponding to the W. cyn ' as
(before adjs. and advs.). Cf. nemert, ncment, nemcit (W. uainyn).
b) In W. :
The O. W. form of the article was ir, in M. W. yr, y, and
in Mod. W. yr, y. A trace of the older form with n is belie-
ved to occur in such expressions as ' y mae efe yn ddyn ' =
he is a man, and ' y mae efe yn fawr = he is great. This,
however, is doubtful .
Dr. Davies in his Welsh-English Dictionary gives mororen
as a by-form of moronen, the sing. of inoron ' carrots ', and
scrrigl by the side of sienigl ' contritus '.
In Campau Siarlymaen the form Corstinobyl ' Constanti-
nople ' occurs, but in M. A. p. 328 the form is Constinobl.
Cf. the E. loanwords trous ' drawers ', and trou 'drawer';
also in N. W. cownt from E. ' court (-yard) '.
Similarity in the Phonology of IVelsh and Breton 345
37. — 4). Interchange of ST and SK (SC) in W. and
Br.
The exs. generally adduced to illustrate this interchange
of Consonantal groups are W. gwisg ' garment ', givisgo' to
clothe ', M. Br. guisquaff, Mod. Br. guiska, compared with
the Lat. vestis ' ; and W. asgwrn ' bone ', M. Br. ascorn, Mod.
Br. ashorn (Trég.), ashourn (Léon) compared with the Greek
OUTOUV.
The W. words gwasg and trysgîen hâve also been compared
with the E. waist and throstle.
There appear to be other cases of this interchange of st and
se in W. and Br.
A. In Br. :
The Vann. dial. of Sarzeau seems to change the guttural
into a dental in garlostienn, by the Side of darloskenn, darlos-
khien ' an ear-wig ' (Trég. garloskhenn, garloskenn). See R. C.
3, p. 235. Cf. tnousk, moust, as in maro mousk ' quite dead '
mentioned in R. C. 4, p. 145.
Vann. foesk, foest L. E. (H.) ' soft, feeble '.
Stlabe^, sklabe^ ' dirt, mud' (R. C. 27, p. 73), Fr. éclabous-
ser. Cf. Ann. de Br., 16, 307.
B. In W. :
Prof. Rhys in R. C. 3, p. 87, cites two exs. of this inter-
change in M. W. diosdes (for commoner diosges) andj ueistawn :
" With diosc ' to strip ' Mr. Stokes compares Breton di-uis-
quaff. The Mabinogion hâve the form with the dental in
diosdes ; also in Mabinogion... one reads y ueistawn for what
would now in Cardiganshire be yiviscon, which means hay
trodden and pressed down in a long stack or the like, proba-
bly from the same origin as gwasgu ' to squeeze, to press '. "
It is very probable, however, that ueistawn ought to be read
veiscawn in the MS.
The modem N. W. pronunciation of the literary ysgol
(Lat. scàld) is ystol, thereby distinguishing it from ysgol
' school ' (Lat . schola).
1. It is more probable that the W. and Br. forms hâve a différent suf-
fis from the Latin.
346 Ptirrx-ll illittiHS
38. — 5). Interchange of CH, H between vowels, and
the occasional disappearance of the consonant between vowels
in W. and Br.
As a gênerai rule where W. has ch, Br. also has ch between
vowels. The irregular interchange of ch (<7.>) and /;, and the
loss of h may be seen from the following exs. :
Br. Gl. O. inbuesÇgl. in bouello) is taken by Stokes to be
for in ~\- bues, with bues corresponding to the W. bûches ' ;
Br. achanoun, etc. ' from nie ' (W. ohonof), Br. buhe~ (W.
buchedd ' life); Br. bihan (W. bychan ' small ') ; Br. crochen
(W. croen ' skin); Br. dechou (W. dehau, also dechau, deche,
detha, dethe in dials.); Br. ael (W. echel ' axle '). The M. Br.
(E.) ehanaff2 ' to rest ' zaâehan ' rest ',Léon ehana are compa-
red with a W. word echain. M. Br. ehuede^, huede^ ' sky-lark
is in Trég. echoueder (W. ehedydd. The W. form uchedydd
may possibly be for echedydd, changed to uchedydd under the
influence of the adj. uchel ' high '). The Léon words echon
' large, spacious ', echonder (hec'honder) ' spaciousness ',
Vann. ehander are said to correspond to W. eang (ehaug),
eangdcr {ehangder*) in R. C. 19, p. 330. Léon has also hechon
and hegon for echou.W. ailwedd is Br. alchoue^, with ch for
lenated g.
In the W. dials. the interchange occurs in some words. For
the literary dehau ' South, right ' N. W. has detha ' skilful,
handy '; S. W. has dethe and deche. (With the interchange of
ch and th cf. W. dechrcu with Br. deçraou and desraou). M. W.
ehofyn is in Mod. W. eofn, eon, but in parts of S. W. the forms
ehon and echon are found. The N. W. c"d, for cyhyd (M. Br.
quehit, Mod. Br. keit), is pronounced in parts of S. W. as
cychxd; similarly N. W. cr*r, for creyr ' héron ' (Br. heic'heiy,
for krec'hei^) is pronounced in S. W. as crychydd. The final r
of N. W. is not heard in composition, cry ghis ' héron ' and
even crydd glas being the forms usually heard, cf. cybwfan
and cychwfan ' to hover '.
The intervocalic h of W. and Br. frequently disappears
1. Cf. Br. triouecl) ' eighteen ' for tri-c'houtc'h.
2. See Ped. II, p. 295.
Similarity in the Phoiiology of Welsh and Breton 347
especially in modem times. M. Br. eboc, Mod. Br. eok (M. W.
ehau'g, Mod. W. eog) ; W. eofn for M. W. ehofyn; eang for
M. W. ehang; W. c'd, Br. keit (see above); W. bet in Lib.
Land. for O. W. behet.
39. — 6) Medial ND in W. and Br.
Atan early period in W. and Br. original nd had become
nn (see Ped. § 69) e. g. O. W. ennian' anvil '. Mod. W.
einion, M. Br. anneffn, Mod. Br. anneo, annev, O. Ir. indéin ;
but in some cases the nd is preserved as in O. W. enderic,
Mod. W. enderig by the side of anner ' heifer ' ; O. Br. endlim
(gl. fenus) W. ynnill, ennill, O. Ir. indile.
In loanwords from Lat. nd appears also as nn in most
cases, but hère again there are variations. M. Br. has cantoèll
(Mod. Br. cantoï) W. cannwyll from Lat. candëla ; Br. skient
from Lat. scindula.
There appears also a différence of treatment when n and d
corne together as the resuit of the syncope of a vowel. W.
has bendith from Lat. benedictio, but Br. has bennoe^. The W.
bendith may stand for an earlier *benddith, cf. W. trindod, Br.
trindet, treindet (from Lat. trinitat-is) where the nd, having
arisen comparatively late, has remained unchanged.
40. — 1). Interchange of V (F) and DD (Z) in W. and
Br.
The W. word llythyr (Jlytber) ' a letter ' corresponds to the
Br. liçer, which has the form liver in the Vann. dial. of Sar-
zeau. This interchange of v and ~ is also seen in the Br. words
kleçe, kleve (M. Br. cleçeff, cle%euff, âe%eu, W. cleddyf, cleddau).
The Br. form kleve l may, however, hâve arisen from meta-
thesis of consonants (cf. pinvidik = W. pendefig and pended-
dig). So kleve would be for klevefâ for kleçeff, cf. R. B. H. cle-
fydeu (with d - dc£). Br. avank ' beaver or some aquatic ani-,
mal ' corresponds to W.addanc,afanc.
In W., however, the interchange of/ and dd is quite com-
mun, especially in the dials., — addanc, afanc; Eiddionydd,
1. The form mav also bave been influenced hv the Fr. çrlaive.
348 Parry-Williams
Eifionydd (a district in Carnarvonshire) ; pendefig, pendeddig
' prince, chief ' ; gtoyrf, gwerydd ' virgin '.
In the W. spoken language and the various dials. the fol-
lowing occur :
byfigions, byddigions (boneddigion,vfith the plur. s- ending of
E.), cymanddà (cymanfa ' a congrégation, convention ') cani-
dda (camfa ' a stile '), eifiî (ùddil ' délicate, tender '), gweddus
(çwefus ' lip '), nwyfau (nwyddau ' goods '), phuydd (plivyf
1 parish '), cf. y jannodd for 3' ddannodd ' toothache '.
With this interchange of/and dd in W. may be compared
a parallel interchange of ff and th, mostly in the spoken lan-
guage. One example from the literary language is benthyg
' loan ' for the older benffic (as in the Black Book). Others
are gwnéiff and gwneitb (3 pers. sing. près, indic. of gwneuihur
' to make ') daffod, dathod (for datod ' to undo '), ceith and
ceiff (caiff, 3 pers. sing. près, indic. of cael, cajjael), dcffol
(dethol ' sélect'), stwihio and slwffîo from E. stujj.
41 . — 8) Interchange of final Z (DD) and D in W. and
Br.
A change (signalised by Loth, R. C. 17, p. 60) of a final
dental spirant to a voiced dental stop is found in certain dis-
tricts of Cornouaille. In Léon it is 1 for th.
Exs. : bad ' stafF ' (Léon ba~), eid, eit ' eight ' (Léon ei%,
W. wytti), gard ' hedge ' (Léon. gar%, W. gartli), etc.
In W. there are a few exs. of a similar change of final dd
to d :
Gormod for earlier gormodd (D. G. Govmodd rhodd, gwr
meddw a'i rhoes), Maesyfed ' Radnor ' is supposed to be for
Maes-Hyfaidd (cf. Hefeydd of the M ah.), ymachlud ' sunset '
for ymachludd (Lat. occlûdo). In the S. W. dial allwed for all-
wedd, cynted for cyntedd; in the N. W. dial. ctiffod for diffodd ;
cf. 'spydu for disbyspyddu ' exhaust \
42. — 9) Interchange of NG, N, and the occasional disap-
pearance of the consonant in W. and Br.
For Lat. spongus Br. has three forms spoueng (and spoiicnk),
spoucn, spoue y W.yspwtig; corresponding to W. miung,\r.
mong, Br. has moueng (and mouenk), mouen, moue (O. Br.
Similarity in the Phonology of TVelsh and Breton 349
mogou, plur.). M. Br. has golloenter, gollonder, goullonder (Mod.
Br. goullonder') and dilloenter, corresponding to W. gollwng,
diïlwng. For the above see R. C. 19, p. 323; cf. M. Br. toeaff
(W. tyngu).
The intervocalic ;^T of Latin was lost in Br. loanwords
like M. Br. ael (Mod. Br. eal, W. angeï) Lat. angélus ; aviel
(W. efengyï) Lat. evangelium ; nouenn, L. unguentum. See Ped.
§ 138, 4,1, p. 224.
From among the Br. loanwords from Fr. we may note the
following exs. of changes : Ion Fr. long, in R. C. 26, p. 11 S,
M. Br. (E.) coinn and coing, ? Fr. coin.
M. Br. (E.) shows ng for the Fr. gn in the following :
Bourgoing (Bourgoign, Bourgouinn) ' Bourgogne'; cigoing
c cigogne ', Spaing ' Espagne ' ; cf. also roingnenn ' rogne '.
In W., as in Br., there is an interchange of ng and n, but
W. has also a third for m w. The following are exs. :
llawethair (llyffethair, Ir. langfiter) trom E. long-Jet ter ; llewa
by the site of llyncn ' and llyngyren (Ir. longim ' I eat ') ;
pythewnos, penewnos (pylhefnos) for pymtheng-nos"; tafod (for
tawod) M. Br. /m///, O. Ir. tenge; ewin, Br. «/m, O. Ir. m^gn,
Lat. itnguis. Lib. Land. has gullengin for the Mod. W.gorlle-
win. See Ped. § 61,4, p. 107.
In the colloquial language of N. W. the following forms
are heard :
cfe/î/d (or denig) lor diengyd trom <//V///r ' to escape '; rfa«05
for dangos ' to show '; cnebrwn for cynhebrwng ' funeral'; ^oj-
faw for gostwng ' to lower ' ; gwllwn and gollwn (gyllwri) lor
gollwng ' to let loose '.
In S. W. : cyffreding for cyffredin ' coramon '; /?n«^ for
/)/■/// ' rare '; shudding for shuddin ' the heart of a tree ', L/fl«-
vylling is found for Llanfyllin (a town in Montgomeryshire)
in Cym. Lien Cym. |II] (An act for the propagation of the
Gospel in Wales, 1649) p. 18 « att Llanvylling the i4th
May... ».
In the W. loanwords trom E. the followino- may be noted :
1 . The identity of the base-forms underhing Ueiva and llyncu is, howe-
ver, doubtful. Cf. Ir. longim and sluccim.
Revue Celtique, XX XV. 2,
3 50 Parrx-Il'illiams
ng >> n : dwbin (dwbing) ' cernent ', as in ' dwbin ffwrn ',
E. dubbirig, daubing (dubbiti); W. S. has dwbing ' dawbinge';
foin (plur. fferins) E. fairing ; hwslin in M. A. p. 42-*, ? from
E. I.wsling' an assembly ' ; offrwm ' offering, sacrifice ' may
be for offrwn from O. E. or early M. E.ofrung ' an offering';
pwdin E. pudding ;
7/ >«£ :&«£ ' the forestall in a cow-house' E. bin ; bowling
Hong ' bowleyne ' {IV. S.), Mod. E. Zw////<' (but E. itself
had forms bowling, bollinge up to the icjth. c); coffing (S.
W.) E. rt^» ; Catring (S. W.) ' Catherine '; dwsing ' dozen '
M. E. dossin, do^ynè; fflwring, ffloring ' florin ' (but in r 5 th c.
there was an E. form fioring); resing ' reysvn ' (W. S.); siu-
fling ' iauelyn ' (W. S.) ; ring for yr ing ' the inn ' ; Lating
is often heard for Latin (cf. Llading in Gr. Roberts, Welsh
Grammar, R. C. reprint p. [ 165 1).
43. — 10) Interchange ofLand R in W. and Br.
In many cases the change is due to dissimilatiori.
A. In Br. :
a) /" > / :
M. Br. (E.) lias armêl ' armoire '; brevial (breuier) ' bré-
viaire '; cornel ' cornière ' ; guelelouen (jguerelouen) ' l'étoile du
matin'; dromeder, Vann. domedal, dremedal ' dromadaire ' ;
du~rou, dn-loii (Mod. Br. daelou, V. durai) ; grawel ' gram-
maire '; Kathelin Catherine; priai (priori) ' prieur'; scrïtol
(scruitoer, scruytouer) ' écritoire ' ; talu;r (lura^r, W. taradr)
' tarière '.
Mod. Br. has bêler (W. berwr, Ir. biror, bilor); alar (arar,
W. aradr); talar (tarar, for M. Br. talay, luru~r) ; kontrol
(M. Br. contrell, O. Br. control-iaht, W. cythraul, cythrawl,
from L. conlrurius),tf. O. Fr. contralier ; abalamour (— a pala-
mour from Fr. paramour) ; banniel (M. Br. hunier, banyer)
1 bannière '; ;////5/// (M. Br. /////.v//r from Lat. mensura) ; fleria '
(from Lat. fragrare, or possibly from Fr. flairer). Vann. (Ch.)
has ailetteen ' airette ' ; barriel ' barrière ' \poulpri l pourpri ' ;
1. Cf. however, O. Br. (5r. Gl.jfleriot, gl. quae rcdolet.
Similarity in the Vhonology o) Welsh and Breton 351
trêd, trêt (W. tlawd); bas-vann. moual (Léon mouaf W.
mwyar); cf. L. Ch. (M. Br. Chart.) Argoesll and Algoestl,
later Aloestre, atthe présent day Aloustre.
The following exs. are taken from texts in R. C. : — R.C.
3, p. 200 arru'r baniel (voici la bannière); R.C. 8, p. .\66dibi-
lil (sans péril) ; R. C. 4, p. 103 : Rai e gad du (Rare est lièvre
noir).
b) l > r :
M. Br. (E.) ambarfaret ' tout effaré ' (cf. W. ymbaljalu) ;
derchell ' tenir ' (by the side of imperat. dal ' tiens ', W. dal,
data) ; ara/, arall (\Y. araïl, Ir. al aile, araile); gueruell (Mod.
Br. gervel, cf. M. Br. galu W. £a/tç/) ; /tvm7/ ' jeter '(W. /</////,
tawlu, Mod. Br. teureï).
Vann. (Ch.) has brounec, Léon, blonec, W. bloneg ' lard ';
L. £". (i/.) "W from Fr. t/rt/A' ; R. C. 3, p. 60 ann armanach
(un almanach); burutel L. E. {H.) ' blutoir ' from O. Fr.blu-
tel; R. C. 2i, p. 138 afour Fr. en foule (see § 69, a)).
B. In W. :
a) r > / :
ffleirio (O. W. flair-mauf) from Lat. fragrare (cf. Br. /?m'#,
above) ; blytheirio for bretheirio (W.S.^/m Mod. W. often
without the /• or /, bylheirio; cythraul and cythrawl from Lat.
contrarias (c{. M. Br. contrelï) ; Chwefrol and Chwefror from
Lat. Februârius; M. W. glyssyn by the side of gryssyn, Mod.
W.gresyn; mesul, m fesul un, fesul tipyn ' one by one, gra-
dually ', îor mesur ' measure' from Lat. mensura.
The r of E. appears as / in W. in the loanwords — a>n/<7
c corner ' D. G. p. 193 Corne! ddiddos y\v Rhosvr; dwsmèl
' dulcimer ' in !.. G. C, Goronwv Owen and in Mod. W.
The form dwsmer is given by J7r. 5. for the early N. E.
forms doucimer, dousstmer, doweemer. In X. W. dial. dressalîox
E. dresser, rasai and /</.w7 for E. 1 a^or, syljnar for E. surveyor'.
b) / > /" :
ffrezvyll ' a scourge ' from Lat. flagellant ; llefrith (Br. livrij)
is supposed to be for lleflith and cognate with Ir. leiulaeht,
lemnacht.
352 Parry-U Miami
44. — u). Change of final N to M in loanwords in W.
and Br.
There are numerous exs. of this change in the Br. loan-
words from Fr. and in the W. loanwords from E.
a) In Br.
M. Br. (E.) has Aliborum Aliboron ' docteur imbécile ' ;
alum ' alun ', alun glace ' alun de glace '; arem ' ' airain
(Mod. Br. arem, arm, Vann. airain!, airin);Caym Caïn (rhy-
ming with prim) ypafrom (Mod. Br. pa Iran m, pal roui) 'patron';
venim ' venin ' (the Mod. Br. is binim as in R. C. 2, p. 242 :
hag ho binim ' et leur venin ', but according to L. E. (7/.)s.
v., it stands for an O. Fr. * venim whence the adj. venimeux).
M. Br. has liani 2 plur. liammou, as in M. Br. H., and may
be from Fr. lien. Le Gon. has gwaremm ' garenne '.
In some Br. words there appears to be an opposite change
of ni to n, in such forms as M. Br. (E.) cin, dm (supposed to
be from Lat. siniius; the change hère may however be due
to the other M. Br. word sins from Fr. singe) ; brun, brume
' brume '. Cf. Vann. butum ' tobacco ' but butunein ' to
smoke ' ; M. Br. (E.), tribun and tribum ' tribut ' ; Trég. blini
and blin ' lively, quick ' (Le Gon. lias blim or blîh, vif,
alerte).
b) In W. :
In W. there are some exs. of the change even in native
words. In Meàd. Mxdd., p. [95, we get ' ellia'r pen yn
lan ag ellyni ' where ellyni stands for the more common cllxn,
O. Br. alliu, M. Br. auleuu. The change may hâve been due
to the influence of Ilym ' sharp '.
In N. W. gwialam or gwialem may be heard for gmialen
' rod, twig '. The Gwentian form tor morwyn is morwm ' a
maid '.
In loanwords from E. the change is more fréquent, e. g.
bol-wm, bu'tïrm, ' button ', in D. G. p. 57 boixniiau (plur.)
(kiltwn in Campait Charlxmaeu, p. 50, also in the Mod.
1. In the case of arem and liant the m may be from the earlier Fr.
forms in -ni.
2. Br. liant may, however, be from the Provençal form in -ni.
Similarity in the Phonology of Welsh and Breton 353
Gwentian dial.) ; cotwm ' cotton ' ; latwm ' latten ' in D. G.
p. 257 Bwa latwm didrwm draed, M. E. latoun; injam the
Powysian form of E. enginc, Venedotian injan ; maentumio and
myntymio ' maintain ', myntumiwr ' maintainer ' in L. G. C.
p. 22. Myntumiwr iemyn Tomas, and C. CochMSS. p. 143,
maentimiaf, M. E. maintene, mayntyne; mwtrwm ' natron ' in
Mcdd. Mydd. p. 225, possibly for nwtrwm, nwtrwn E. natron ;
pastwm, N. W. form for pastwn, bastwn, E. bastonÇW. S. has
bastwn, IV. Llyn pastwn, D. G. p. 123 Llawenaf breiniolaf
bryd | Yw'r bastyniwr bost anwyd); patrwm ' a pattern \W.
S. patrwm ' a paterne ') M. E. patron, patroun ; rheswm ' rea-
son ' (in the works "of Gruffydd ab Ieuan viii ' O ddaw o
resium ne ddau | I gyvarvod ar versau ', with a variant reswn
in another MS.) M. E. resun, resoun; saffrwm ' saffron
{IV. S. has saffrwm, and Dafvdd ab Edmwnd ' Saffrwm ar
lysiau effros ', but in Mcdd. Mydd. p. 23 tebyc i saffrwn) M.
E. saffroun, saffrun ; stalwm ' stallion ' in N. W. dial. for the
literary ystalwyn (but ystalwyn may be an incorrect form for
ystalwn from M. E. stallone, d. galwyn from E. gallon, and
wynwyn from M. E. oynon).
Note. — Even in M. E. the final ;/ in Romance words was
often changed to ///, and has survived upto the présent day in
such words a.s ransom, random.
An ex. of the opposite change of ;;/ to ;/ may possibly hâve
taken place in Durait ' Durham ' in L. G. C. p. 357 :
A bad aur esgob Dur an
Yn ei lys yn nhal y km.
45. — 12). À development of RD and RT in W. and Br.
An early original rd appears in M. Br. as ;~, but as the M.
Br. ~ represents d and th, the exact pronunciation cannot be
ascertained. It has been suggested (R. C. 7, p. 155) that as
the Br. dials. of Trég. and Vann. always treat the ~ following .
a liquid as a hard, nota soft, consonant, even in M. Br. the ^
may hâve stood for the //;- sound, e. g. words like Trég. ///■-,
Vann. urh ; Trég. choe.r%in, Vann. hoarhein, M. Br. ni ~ and
bucr~in, with ~ representing th and not d.
If this be really the case, it maybe compared with a simi-
3 54 Parry-Williams
lar change in W. of dd to th after r, e. g. /;;cr//; and bwrthio
in the colloquial language for hu>JJ, hyrddio. Cf. chwerthin ' to
laugh ' but chwarddaf ' I laugh ' chivardd ' laughs ', O. W.
guardam ; /T. 5'. bas (jii'rtb for ffwrdd.
Tbis interchange of / </rf and r//? is noticeable even to a grea-
ter extent in the W. loanwords from E. The final ri and ni
of E. words occasionallv take the forms rth and rdd in the
W. représentatives, e. g. bwrdd ' board, table ' O. E. bord,
M. E. bord, borde; bastardd in Ioîo MSS. p. 315, William y
Baslardd, R. B. H. II, p. 309 Henri vab G6ilim bastard (d for
dd) ; cwpwrdd c cupboard \ysbignardd ' spikenard ' in Medd.
Mydd. p. 201 ; ystondardd l standard ' m-Iolo Goch p. 108, Ag
ystondardd hardd hirddu; Dr. Davies has comffordd ' comfort';
cymjjyrddus ' comfortable ', but W. S. has hunffwrth ' con-
forte \ kwnffwrddio ' to counfortc \; mwstardd ' mustard ' in
Medd. Mydd. p. 95, but on p. 159 ' ceiniagwerth ofwstarih';
Nordd1 ' North ' in D. G. p. 22, Gwraig rhvw benaig Robin
Nordd,Iolo Goch p. 213 O'r Nordd vn yr Iwerddon ; Cym.
Lien Cymr. [IV] p. 13, Ymeth wreigen dos i ffordd | Xaill
ai i'r Nordd ai i'r Dwyrain.
With the above may be compared such forms as eddyw,
ethyw; arfaeth, arfeddyd; perffdith, perffeiddio; ffrith, ffridd.
46. — 13). Thedevelopment of TL, TN and TR between
vowels in W. and Br.
Whatever may hâve been the development of thèse conso-
nantals groups at an earlier period, thev are represented in
M. Br. bythe groups^/, %r, ~;/. In their further development
up to the modem stage of Br., thev Completel v lost the -
before the / and r, with a kind of compensatory diphthongi-
zation of the foregoine vowel in some cases, e. g. O. Br. mo-
trep (gl. matertere), M. Br. mo^reb, Mod. Br. moereb, (\Y .
modryb); M. Br. iara{r, Mod. Br. tarar (O. W. tarater, Mod.
\\r. taradr); O. Br. dadlou (gl. andronas), M. Br. da~l, Mod.
Br. dael, (O. Br. has also datolaham gl. lego, d. O. W. datl,
Mod. W. dadl); M. Br. ho<rJ, Mod. Br. hoal (W. /av.//),
1. Cf. the Norse norâr.
Simiîarity in the Phonology of Welsh and Breton 355
M. Br. ala^n (for anatf) Mod. Br. halan (W. anadï); M. Br.
bala\n (for banatf) Mod. Br. halan, banal (W. banadl) ; M. Br.
/(?-;/, Mod. Br. loen(W. /Ww).
Whether the development in W. took the same direction
as in Br. is not certain. But there are facts which lead to the
supposition that in W. also the / eventually became dd (^f) in
such positions. In the Black Book, where t is orthographical
for â, we find kenetyl for Mod. W. cenedl. So it is not impos-
sible that the d forms of Mod. \Y. were earlier d (cf. bodlon
for boddlon*).
This is actually the case at the présent day in the dial. of
S. W. where forms like chweddyl, gwyddyn, gwaddan or gwad-
dyn are eommon for chwedl, gwydn, gwadn (N. W. chadal,
gweudyn, gwadan). In some of the poets (possibly of S. W.)
the forms with cî occur, with a swarabhakti y. Cf. W. haed-
del M. Br. bae~l.
The turtherloss of the ~ before the final liquid, which took
place in the development of M. Br. to Mod. Br. can also be
exemplified from Mod. dial. W., t. g.
In S. W. anal (for anaddl or anadî), cf. Br. halan, -banal;
in N. W. dalan (possiblv for danal from danadï) in dalan poe-
thion 'nettles'. In S. W. (and also to a certain extent in N.
W.) the forms boddlon 'satisfied', boddloni 'to satisfy', ffyddlon
cfaithful', ffyddlondeb are pronounced bolon, boloni, ffylon, ffy-
londeb. M. \\T. has also bodlon for boddlon.
The W. ordinary literary forms with d hâve, hovewer,
their counterpart in the Br. development also. Prof. Loth
(R. C, 16, p. 205) refers to the préservation of dr (from ear-
lier tr) in the Br. dial. ol Ouessant (Léon), where the form
moédreb is foùnd for the eommon M. Br. form moereb, M. Br.
mo-reb, O. Br. motrep, W. modryb. He also compares ar edred
'le cimetière' for ar vedred, elsewhere ar verd, with W. bedd-
red, which, according to him, is for bedrod owing to the
influence of bedd 'grave'.
47. — 14). There seem to be one or two exs. in W. and
Br. of a dental becoming a sibilant before a labial, e.g.
M. Br. H. daspren 'to redeem' (Ir. taithehrice) for do-at-pren
356 Parry-Williams
according to Wh. Stok.es. In \V. the form dyvjtspwyd ' is
found for the commoner form dywedwyd 'it was said', dywes-
piuyd being for dyzued- or dywet-pwyd, cf. M. W. clywyspiuyd
(from clyived).
48. - 15). The appearancein M. Br. of the two particles
c-, eut, which are considered to he identical, has led to the
supposition (see R. C, 18, p. 310) that even in Br., as in
W., nt before certain consonants became //; (Br. ~). Regularly
Br. has nt, e. g. W. eiuythr, Br. eontr. See further R. C, 9,
p. 382.
W. itself seems to hâve two forms in the word cynrhonyn
by the side of cynthron, Br. conlrounenn ; cf. Penrhyn (a plaee-
name), which in the colloquial language has developed an
epenthetic consonant d or / (as in Hendri for Henry), becom-
ing Pendryn or Pentryn, th is developing further to Penthryn.
1. The form dywespwyd may, hovewer contain an ukl participlc *dyices
ci', deth-pwyd, daeth-pwyd.
(To bc continuai.)
T. H. Parry-Williams.
L'EPISODE DU CHIEN RESSUSCITE
DANS
L'HAGIOGRAPHIE IRLANDAISE
William C. Borlase, dans son ouvrage The dolmens of Ireland,
t. III ( 1 897), p. 880, rapporte, d'après O'Donovan, unecurieuse
légende, suivant laquelle Patrice aurait rendu la vie à un chien
qu'on lui offrait tout cuit à manger.
When saint Patrick was traversing Ossory for the purpose of building
churches, ... a pagan woman out of Bàllinchrea came to him with an
offering of a dish of roasted méat for his dinner, which Patrick
received with manv gra^acbams (« thanks »). When, however, he
uncovered the dish, he did not like the aspect of the méat, but
thought that he perceived the paw of an unclean animal. He was
immediatly struck with nausea, and kneeling upon the next stone to him,
he laid his two hands over the roasted animal in the dish in the for m of
a cross, and prayed to God to restore whatever animal it was to its origi-
nal life and shape .
And lo ! he had no sooner finished his prayer than a vellow hound
(eu Wruiihè) started into life, and, leaping out of the dish, ran in the direc-
tion of Waterford.
Patrick was struck with disgust and horror at the sight, and turning to
the working men, he said, in a solemn voice « Pursue and kill that hound,
for she will kill every man and beast which she will meet inher course ».
The men pursued her with their spades, shovels and pickaxes, and, over-
taking her on the lands of Treanaree, about a mile E. of the place whence
she started, succeeded in killing her there. There thev buriedher and over her
grave a small stunted whitethorn bush is now to be seen called Sgeithin na
Chou « the Little Thorn-bush of the hound ». The stones near this bush are
impressed with the marks of a greyhound's feet, and one of them exhibits
the figure of a greyhound in miniature.
In conséquence of this ominous occurrence, saint Patrick abandoned his
project, but erected this heap of stones as a mémorial of his intentions, 'on
the top of which he placed the stone on which he knelt while he prayed,
which was stamped with the impressions of his two knees. He called the
place Connawee (tuée i. e buidhc), in mémorial of the resuscitation of the
hound, and pronounced an awful malédiction on the woman, who had
thus profanelv insulted him, and on her descendants, and place of abode.
358 /. Vendryes.
The curse was given in verse, and it is beliëved that it still rests on the
country. The inhabitants of Ballincreaare remarkable for blaspherrfy, and it
has not, since the memory of tradition, been without a lame, dunib or
wry-mouthed man.
M. Saloraon Reinach, qui a utilisé cette légende dans son
article sur les Survivances dit totémisme che~ les anciens Celtes,
Rev. Celt.,XXl (1900), p. 286, déclare qu'il n'en connaît pas
d'autre mention. En effet, autant que je sache, elle ne figure
pas dans la littérature, abondante pourtant, relative à saint
Patrice. Mais j'en retrouve l'équivalent dans la vie d'Adamnan,
publiée naguère par M. R. I. Best d'après un manuscrit de
Bruxelles de 1628 (Anecd. from Ir. MSS., II, p. 16, § 9).
Voici la traduction du passage en question.
Une fois, Adamnan se trouvait un certain dimanche dans la partie sep-
tentrionale de MaghBregh, à savoir chez les UiMicUais. On lui apporta cent
moutons cuits, et parmi eux un chien qui avait été cuit aussi. Par la grâce
de l'esprit saint, Adamnan reconnut le chien au milieu des moutons
et il dit aux pourvoyeurs : « Lequel de vous nous a donné ce chien
au milieu des moutons ? » Chacun de son côté fit serment que-
ce n'était pas lui. Adamnan dit alors au chien : « Au nom du
Seigneur, lève-toi vite et désigne-nous ton maître. » Le chien se leva aussi-
tôt à la parole d'Adamnan et sauta sur son maître qu'il jeta par terre.
Adamnan dit à l'homme : a Combien étiez-vous à commettre cet acte? » —
« Quatre, dit le garçon, desUi Cuirb. » Adamnan le maudit alors en disant:
« Malédiction en eux et autour d'eux ! Telle est la sentence que je pro-
nonce de Uachtar Aid sur les Ui Cuirb. »
Et il ajouta que leur race ne dépasserait jamais la quatrième génération.
Le Betha Adainnâin, d'où ce passage est tiré, est un piètre
document, tissu d'absurdités et d'anachronismes, comme dit
Reeves, et d'ailleurs de rédaction très tardive. De son côté
l'anecdote recueillie par O'Donovan sur le compte desaint Patrice
est probablement de composition plus récente encore. Mais le
fonds des deux légendes est certainement ancien et il est Irap-
pant de constater à quel point elles se ressemblent. Les traits
essentiels sont les mêmes, jusqu'à la malédiction lancée contre
les auteurs du méfait. Elles renferment cependant quelques
détails assez différents pour qu'on ne les puisse suspecter d'être
refaites l'une sur l'autre.
Toutes deux d'ailleurs prêtent à comparaison avec certaines
autres légendes bien connues des hagiographies.
L'épisode du chien ressuscité. 359
Le pouvoir de ressusciter des animaux déjà cuits et mangés
est un des moindres talents des saints irlandais. Dans le recueil
de M. C. Plummer, il y en a de nombreux exemples (Vitae Sancto-
niiu Hiberniae, p. cxliij). Mais le miracle a généralement pour
cause un motif de justice ou de charité. Tantôt il s'agit
de rendre à son propriétaire un animal dérobé par des voleurs ;
tantôt de dédommager un hôte en lui restituant un
animal qu'il a fait cuire pour nourrir le saint. Ainsi, saint
Boèce ramène au monastère un veau qu'un voleur avait
déjà mis dans la marmite (Vit. Sanct. Hib., t. I, p. 94). Même
miracle dans la vie de saint M.oYmg(Rev. Celt., XXVII, 286) :
un brigand nommé Grac avait dérobé une vache à Ruadsech
le Rouge ; il l'avait déjà fait cuire et s'apprêtait à la manger ;
les gens de saint Moling, ayant mis en fuite le voleur, placèrent
les morceaux dans la peau de l'animal ; et le saint ramena ce
dernier à la vie.
Plus fréquemment le miracle n'a qu'un but de charité. Un
saint homme, Crumthir Caelan, voulait offrir à dîner à saint
Enda; il n'avait d'autre animal avec lui que le bœuf qui tirait
sa charrue ; il le sacrifia. Le bœuf servit à nourrir le saint et sa
suite. Le lendemain, on le retrouva plein de vie, prêta labou-
rer ' (Vit. Sanct. Hib. ,11, 73). Saint Finan ressuscita de même
un veau qu'on lui avait servi à dîner (ibid., II, 90); ce fut tout
bénéfice pour l'amphitryon. Mais ici le narrateur ajoute un
détail touchant : le saint était également préoccupé de ne pas
causer de peine à la mère de l'animal, et tout en savourant la
viande, qu'il devait faire revivre après le repas, il priait Dieu
d'écarter toute peine du cœur de la pauvre vache. Cette sol-
licitude à l'égard des animaux explique sans doute aussi le
miracle de saint Mochua, ramenant à la vie et reconduisant
au milieu des bois douze cerfs qu'il y avait été chercher lui-
même pour nourrir la foule qui l'accompagnait (ibid., II,
188).
1. Comparez l'anecdote suivant laquelle saint Aed restitua intégralement
à de saintes filles le dîner plantureux qu'elles lui avaient offert, parce qu'il
les savait dans la gêne (Vit. Sanct. Hib., I, 39); ou celle encore suivant
laquelle Colum Cille ressuscita un bœuf, entièrement dévoré par un con-
vive glouton, pour permettre aux autres convives de manger à leur tour
(Lives of saints front the Book of Lisntorc, 1. 1055 et suiv., p. 31 et 179).
360 /. Vendryes.
Plus touchant encore est le trait que l'hagiographe prête à
saint Alban. Alors que, tout jeune encore, il se promenait
dans la campagne, il vit approcher une louve famélique entourée
de ses louveteaux qu'un jeûne prolongé avait amaigris. Emu
de pitié, il les laissa dévorer un des veaux de la maison. Mais
comme la vache menaçait de mourir de chagrin, il lui rendit
son veau en ranimant les débris sanglants laissés par les loups
{Vit. Sctnct. Hib., I, 6). Un miracle tout semblable est attribué
à saint Ciaran de Cluain (//>/</., I, 202).
Le miracle accompli par saint Patrice et renouvelé par saint
Adamnan est d'un ordre tout différent. En soupçonnant la
présence d'un chien dans la marmite, les deux thaumaturges
ont éventé la ruse des gens malintentionnés, qui voulaient
leur faire manger une viande impure: ils ont déjoué une
mauvaise farce préparée contre eux. Le chien est un animal
qui ne se mange pas. Borlase rappelle qu'il était interdit à
Cuchullin (le chien de Culann) de manger la chair de son
homonyme : geiss dô dano cârna achomanma do ithi L. L. 120 a
14. Cette interdiction avait sans doute pour cause un tabou
de clan (Borlase et S. Reinach. //. citât?). Mais d'une façon
générale, il y a des animaux impurs, à la chair desquels on
s'abstient de toucher. Les païens ne mangeaient pas de chien
(Arnobe, adv. Gentes, VII, 16). Et comme le rappelle M. S.
Reinach dans la Rev. Celtique, t. XXVII, p. 1 et ss., les Celtes
ne mangeaient pas de cheval. L'hagiographie confirme d'ail-
leurs cette répugnance. Un épisode de la vie de saint Moling
est à cet égard caractéristique. Dans une maison où le saint
était entré, on ne trouva que du cheval à lui donner à manger.
Le saint s'en aperçut et fit en sorte que, retourné dans la
marmite, le morceau de cheval devint un quartier de mou-
ton (Rev. Celt., XXVII, 292). L'intention des hôtes étant
pure, il n'en résulta aucune fâcheuse conséquence pour eux.
C'est le pendant dans le genre favorable de l'aventure surve-
nue à Patrice et à Adamnan, laquelle appartient au genre
néfaste et entraîna de tragiques conséquences.
J. Vendryes.
BIBLIOGRAPHIE
Sommairl. — I. Holger Pedersen, Vergleichende Grammatik der kelti-
schen Sprachen, II, 2. — II. C. Marstrander, Dictionarv of the Irish
Language, fasc. i. — III. Kuno Meyer, Uebcr die alteste irische Dich-
tung, II. — IV. J. G. Mackay, Gille a'bhuidseir. — ■ V. Maurice Duha-
mel, Musiques bretonnes. — VI. Sir John Rhys, The Celtic Inscriptions
of Cisalpine Gaul. — MI. Essays and Studies presented to William
Ridgevvay. — VIII. G. Schoepperle, Tristan and Isolde.
I
Holger Pedersen. Vergleichende Grammatik der keltischen Spra-
chen, zweiter Band, zweiter Theil. Gôttingen, Vandenhoeck
und Ruprecht, 191 3 . 353-842 p. 8°.
Le grand ouvrage de M. Pedersen est terminé. L'année 191 3 en
a vu paraître la dernière partie, qui est de beaucoup la plus volu-
mineuse, puisqu'elle compte près de 500 pages. Toutefois, comme
on le verra plus loin, la grammaire proprement dite n'y occupe
qu'une place restreinte ; c'est surtout à la lexicographie et l'étymo-
logie que cette dernière partie est consacrée.
La partie précédente s'arrêtait au milieu de l'exposé du système
du verbe. Nous avons ici d'abord la fin de cet exposé : l'étude du
subjonctif, du futur et du prétérit, du passif et du déponent, des
participes et de l'infinitif. On notera que M. Pedersen admet l'ex-
plication du futur en -b- (-/-) de l'irlandais par une combinaison
du thème verbal et d'une forme de présent de la racine *bhen-
« devenir, être » ; c'est-à-dire qu'il maintient le rapprochement
traditionnel de ce futur irlandais et du futur latin en -bô (p. 364).
Il s'écarte en revanche de la tradition ordinaire en ce qui concerne
l'origine des formes en -r- du passif et du déponent (p. 396etsuiv.) :
berir « il est porté » sortirait, suivant lui, de *bhered se, c'est-à-dire
d'une locution où figurait le pronom réfléchi suffixe. Cette théorie
362 Bibliographie.
n'est pas nouvelle ; elle avait jadis été proposée par Bopp pour
expliquer le médio-passif latin ; mais les linguistes de la généra-
tion suivante estimèrent qu'elle se heurtait à des difficultés pho-
nétiques insurmontables ; aussi avait-elle été généralement aban-
donnée. M. Pedersen ne craignit pas de la reprendre dans un
article de la Kuhn's Zeitschrift, t. XL, p. 167 et ss. : on voit qu'il
s'y tient toujours, malgré les objections qui lui furent adressées,
notamment par M. A. Ernout, Mém. Soc. Ling., XV, 278. La
découverte du tokharien est cependant de nature à ébranler sa doc-
trine. Quand il a rédigé son chapitre sur les formes en -r-, M.
Pedersen ne connaissait sans doute le tokharien que par l'article
de MM. Sieg et Siegling ; cela explique la conclusion sceptique de
sa note, p. 397 : « ein Urteil ùber die tocharischen -r-formen ist
... vorlàufig gànzlich unmôglich ». Mais cette fin de non-recevoir
n'est plus de mise après l'article de MM. S. Lévi et Meillet, où se
trouvent réunies des formes en -r- qui ont toute l'authenticité et
la clarté désirables (v. R. Ccll., XXXIV, 129 et suiv.). Suffit-il
pour se tirer d'affaire, comme fait M. Pedersen dans sa note addi-
tionnelle de la p. 674, de conclure que le tokharien appartenait
jadis au groupe italo-celtique ? 11 paraît bien qu'on ne puisse échap-
per à la nécessité d'admettre pour l'indo-européen une désinence
en -r-, dont l'origine reste plongée dans les mêmes ténèbres qui
enveloppent la préhistoire de toutes les désinences indo-euro-
péennes.
Vient ensuite une étude très poussée du verbe substantif sous
ses différentes formes et dans ses emplois variés. Puis de la paye
449 à la page 658 se trouve un vaste répertoire des formes verbales
de l'irlandais. Ce répertoire était-il bien à sa place ici ? Il peut sem-
bler malséant de poser une question pareille. Certes les celtistes
auraient mauvaise grâce à se plaindre d'être mis en possession d'un
instrument de travail aussi précieux, et qui a dû coûter tant de
peines et de soins à son auteur. Et cependant il est certain que
l'équilibre de l'ensemble en est quelque peu compromis. C'est
un hors-d'œuvre lexicographique qui s'ajoute à un exposé gramma-
tical. Des esprits chagrins pourront être choqués delà disparate qui
s'accuse entre une partie doctrinale très fortement pensée, très soli-
dement bâtie, et une partie lexicographique qui n'a que le mérite
et l'intérêt d'un dictionnaire. Peut-être eût-il mieux valu les publier
séparément. Remercions en tout cas M. Pedersen de nous les avoir
données toutes les deux.
Ce n'est pas que le répertoire des verbes ne prête à quelques
critiques. Il est bâti sur un plan singulier. D'abord il ne comprend
Bibliographie. 363
en principe que des verbes irlandais ; les verbes brittoniques n'y
figurent que dans la mesure où ils servent à un rapprochement éty-
mologique. En outre, les verbes irréguliers y ont seuls été admis ;
de ceux-ci, M. Pedersen donne toutes les formes attestées en vieil-
irlandais, et aussi un bon nombre de formes moyen-irlandaises,
sans dire d'ailleurs quel principe a réglé son choix ; il eût été utile
d'indiquer en tête les textes ou collections qu'il a dépouillés, de
façon à permettre au lecteur de compléter les listes en dépouillant
de nouveaux textes. Les formes verbales sont rangées par racines
et c'est l'ordre alphabétique des racines qui est suivi d'un bout à
l'autre. Mais ces racines ont une forme étrange, qui n'est ni précel-
tique, ni préirlandaise, ni même à proprement parler irlandaise. Ce
sont des entités grammaticales théoriques qu'on ne sait comment
définir : la première est ador- « adorer » (un emprunt latin, -adraim
en irlandais) ; la seconde est afarneinn trutinam » (une vieille forme
verbale stéréotypée, d'origine incertaine) ; il faut chercher dorai « il a
donné» sous ber-(jp. 473) et -éra «que tu refuses » sous.w-(p. 636).
Ce qui atténue cette critique, c'est l'existence d'un index alpha-
bétique très complet, où tous les mots cités dans les deux volumes
de l'ouvrage ont été scrupuleusement relevés. L'index se divise en
deux parties, consacrées respectivement aux mots gaéliques et brit-
toniques (v compris les mots gaulois). Ce double index facilitera
singulièrement l'usage de cette grammaire ; il permettra en particu-
lier d'en faire à l'occasion un dictionnaire étymologique, car on
sait combien l'ouvrage de M. Pedersen fourmille d'étymologies,
souvent neuves et originales. Le répertoire des verbes irlandais est
d'ailleurs lui-même une manière de dictionnaire étymologique
puisque sous chaque racine M. Pedersen ne manque pas d'indiquer
s'il y a lieu les correspondants attestés dans les autres langues. Nous
lui soumettrons à ce propos les remarques suivantes : P. 457, faut-
il joindre à audud le gallois ennyn « brûler », qui passe pour une
forme à nasale de la racine du grec at'Oco (cf. skr. inddhé « il
allume ») ? La forme and- pourrait alors être due à une contamina-
tion de cette racine et de la racine cand- (lat. candere, gali. cynneu).
— P. 463, § 664 anm., cf. en irlandais même bith « a wound »,
Arch.f. celt. Lex., III, 178 et Laïus, I, 140. — P. 506, § 704 anm.,
on pourrait joindre aussi v. angl. getingan « presser » (Urk. Spr.,
146 ; Falk-Torp, p. 152) ; il a dû y avoir contamination de toutes
ces formes. — P. 515-516, comment concilier rofadàtar avec le
-Jidedar du Book of Armagh,si ce fidedar représente -fidetar (Thur-
neysen, Hdb., I, 398). — P. 517, ajouter adfither « I will be paid
back » Ériu I, 68, v. 14. — P. 621, l'explication donnée du gai-
364 Bibliographie.
lois hebr paraît caduque ; voir R. Celt., XXXIV, p. 141 et Morris
Jones, a IVeish Grammar, p. 377. — P. 623, aux. exemples cités
ligne 17, joindre le français cours, courant (d'un fleuve). — P. 626-
627, dans le thème verbal serti-, il a dû y avoir contamination de
la racine du latin sternere et de celle du latin serere (cf. Walde,
Etym. IVb., 2e édit., p. 703).
On devra accorder une grande attention aux Berichtigungen und
Zusàl~xe qui occupent vingt pages de petit texte très serré (p. 659-
678). M. Pedersen y a réuni toutes les corrections et additions qui
lui sont venues à l'esprit pendantl'impression deson grand ouvrage :
sur quelques points il apporte une doctrine nouvelle et condamne
l'enseignement donné précédemment par lui.
Tel qu'il est, et en y comprenant naturellement le répertoire des
formes verbales, cet ouvrage représente le plus grand effort qui ait
été tenté depuis Zeuss pour coordonner systématiquement la gram-
maire des langues celtiques : c'est une refonte complète opérée par
un des cerveaux de linguiste les plus puissants de notre époque.
Malgré un défaut de plan et bien que les diverses parties en soient
peut-être d'inégale valeur — la phonétique par exemple est plus
poussée que la morphologie — cette grammaire comparée est d'une
importance capitale ; elle restera longtemps l'ouvrage de chevet
des celtistes, le réservoir où ils iront puiser et renouveler leur
science. Longtemps la grammaire celtique restera dans ses grandes
lignes ce que M. Pedersen l'a faite. Nous avons tout à l'heure cité
le nom de Zeuss et évoqué le souvenir de la Gratnmatica Celtica.
Ce n'est pas pour établir une comparaison entre les deux tempé-
raments ni entre les deux œuvres. Toute comparaison serait factice
et laisserait éclater de grosses différences. Mais tous deux marquent
une date dans l'histoire des études celtiques. Zeuss conserve le
mérite éclatant d'avoir été le premier ; il restera le fondateur et le
promoteur ; suivant l'heureux jeu de mots de Whitley Stokes :
Zs'jç ip/'^, Zsliç (jt-sacra, Atoç S'ex Tcâvra TSTuxxat.
Mais M. Pedersen a renouvelé la création de Zeuss ; et en admi-
rant la plénitude de sa Vergleiçhende Grammatik, la solidité de sa
méthode, la rigueur des lois auxquelles il a soumis le celtique, plus
d'un lecteur sera tenté de dire avec le poète :
Ou yàp xi [j.oi Zî'jç tjv ô X7)pûçocç t/.os.
J. Vendryes.
Bibliographie. 365
II
Dictionary ofthe Irish Language, based mainly on Old and Middle
Irish Materials, published by the Royal Irish Academy, under
theeditorship of CarlJ. S. Marstrander. Fascicule I, D-dègôir.
8 s. 6 d.
Nous sommes en retard pour rendre compte du premier fascicule
du Dictionary of the Irish Language de M. C. Marstrander., qui est
daté du mois d'août 1913. Mais puisque le second fascicule se fait
encore attendre, profitons du délai que l'auteur nous laisse pour
lui donner tout franchement notre première impression sur son
entreprise. Cette impression est tout à son honneur. On reste con-
fondu d'admiration devant le travail considérable que représente
ce fascicule, en songeant au temps et à la peine qu'il a fallu pour
venir à bout des dépouillements nécessaires à sa confection. Le
format de l'ouvrage est un petit 40. Les pages sont à deux colonnes,
contenant chacune 65 lignes d'écriture serrée. Le fascicule com-
mence à la lettre D, et au bout de 224 colonnes on n'est encore
qu'au mot degôir .
Cette seule indication renferme toutefois une critique. M. Mars-
trander a voulu faire trop vaste : il a conçu son œuvre sur un plan
colossal, qu'une génération de celtistes travaillant par équipes réus-
sirait à peine à exécuter. On se demande avec inquiétude combien
l'auteur devra aligner de colonnes pour atteindre la dernière lettre
de l'alphabet, combien lui en demanderont ensuite les trois pre-
mières lettres, qui ont été, comme on sait, réservées pour la fin
(voir Rev. CelL, XXXIV, 469). 11 semble que M. Marstrander ait
pris pour modèle le Thésaurus Linguae Laliuae des cinq académies
germaniques. Mais il ne pouvait prétendre à lui tout seul réaliser
pour l'irlandais une œuvre analogue. Le Thésaurus latin a demandé
l'effort soutenu d'un grand nombre de collaborateurs ; et malgré
des concours dévoués, la publication en paraît très ralentie, faute
de personnel. Il est à craindre que M. Marstrander ne se trouve
arrêté aussi dans son entreprise, s'il n'en réduit pas les dimensions.
Or, il y a moyen de réduire. On peut d'abord exclure du livre
les noms propres de personne, comme en ont été exclus les noms
propres de lieu. Sans doute nous n'avons pas pour ceux-là l'équi-
valent de VOnomasticon du P.Hogan,et un dictionnaire des noms de
personne irlandais rendrait d'immenses services ; mais c'est un tra-
vail spécial qu'il faudrait laisser à d'autres érudits. Il conviendrait
Revue Celtique, XXXV. 24
366 Bibliographie.
aussi de ne pas empiéter sur le domaine de la grammaire : l'emploi
des formes et des cas tient trop de place en ce dictionnaire. A
la seule préposition de sont consacrées 33 colonnes, soit plus de
2000 lignes ! C'est excessif. Un dictionnaire n'est plus pratique
quand il est aussi complet.
En restreignant son effort à une tâche humainement possible,
M. Marstrander pourra donner plus de soin aux menus détails et
par suite éviter bien des fautes. On assure que ce premier fascicule
en contient pas mal : le contraire eût été surprenant. Déjà des cel-
tistes autorisés ont dressé une ou deux listes d'errata; ces listes s'allon-
geront encore à mesure qu'on se servira de l'ouvrage. 11 ne faudrait
pas que cela fût pour l'auteur une cause de découragement. C'est
le malheur des travaux de ce genre de n'être jamais parfaits ; mais
ils restent toujours perfectibles, et tels qu'ils sont, ils rendent d'inap-
préciables services. Que n'a-t-on pas dit du Romaniscbes Wôrterbuch
deKôrting?ou du Dictionnaire de la vieille langue française de
Godefroy ? Ce n'est pas aux celtistes qu'il faut rappeler les
attaques, souvent aussi violentes qu'injustes, dont le Wôrterbuch
des Irische Texte a été l'objet : c'est pourtant depuis 1880 le
seul complet que les celtistes aient à leur disposition pour lire
les textes épiques. Les tâches lexicographiques sont d'autant plus
ingrates qu'on veut les faire plus vastes et plus parfaites ; mais
il faut savoir remercier ceux qui ont le courage de s'y livrer. Sou-
haitons à M. Marstrander de poursuivre la sienne, qui ne sera vrai-
ment utilisable que lorsqu'il l'aura fortement avancée, sinon termi-
née. Qu'il se rappelle que la persévérance est une des principales
vertus du philologue. « Quelle que soit la tâche à laquelle on mette
la main, ce qu'il y a de mieux, c'est d'y persévérer », disait à peu
près Mac Oige, de Lismore : cipe dan aracoratar nech lâint, îsed as
decb fous occa (Monast. of Tall., 159,5). M. Marstrander a pris pour
lui une tâche fort ardue : il se doit à lui-même — et il doit à tous
les celtistes — de ne pas l'abandonner.
J. Vendryes.
III
Kuno Meyer. Ueber die atteste irische Dichtung, II. Rhythmische
alliterierende reimlose Strophen. Berlin, 1914,40 p. 40 (extrait
des Abhandlungen der kon. preuss. Akademie der Wissenschaf-
ten, Phil.-hist. Classe, 191 3, N. 10).
M. Kuno Meyer termine ici l'enquête commencée par lui dans
Bibliographie. 367
un premier fascicule dont nous avons rendu compte ci-dessus p.
96. Les quatre poèmes étudiés précédemment avaient pour caracté-
ristique un rythme accentuel répartissant les mots en strophes de
deux « Langzeilen » (séparées chacune en deux par une coupe) ;
les mots étaient en outre reliés entre eux par l'allitération ou la « liai-
son » ; enfin, les Langzeilen comportaient deux à deux une rime
finale. La versification dont s'occupe ce second fascicule ressemble
exactement à la précédente, à cette exception près qu'elle ne com-
porte pas la rime finale.
Exemple :
Mal adrùalaid iathâ marb,
macc sôer Sétni,
selaig s rat Lui Fomrire
for Joint' domnaïb.
Un prince est parti pour les plaines des morts,
le noble fils de Sétne,
il a dévasté les vallées des Fomoré
par dessus des mondes d'hommes.
M. Kuno Meyer conclut de ce fait que cette versification sans
rime représente le type métrique le plus ancien que nous puissions
atteindre en Irlande. Nous ne possédons malheureusement aucun
poème suivi bâti sur ce tvpe. M. Kuno Meyer n'en a retrouvé que
des échantillons isolés, fragments épars sous forme de citations
dans des ouvrages généalogiques du xie ou du xne siècle. Cela n'est
pas fait pour faciliter l'établissement et l'intelligence du texte. Ces
morceaux étaient pour la plupart déjà incompréhensibles à ceux
qui les copiaient. Ils sont rangés ici d'après le nom de l'auteur
auquel la tradition les attribue : Biïccine mac Brigni, un poète
inconnu jusqu'ici, Ferchertne fili, Find Fili macc Rossa Rûaid, Lu-
gair lànlili, Senchân Torpéist et Torna éces. L'ouvrage se termine
par des additions et corrections à la première série et par de copieux
index.
J. Yendryes.
IV
J. G. Mackay. Gille abbuidscir (The Wizard's Gillie) and other
taies, edited and translated. London, The Saint Catherine Press,
34 Norfolk Street, W. C. 141 p. 8°. 2 s. 6 d.
C'est un recueil de dix contes populaires écossais. Il est dédié
368 Bibliographie.
à la mémoire de John Francis Campbell ot Islay (Iain Og lie)
« thegreat Masterof Folk-tales «(1822-1885). Campbell fut de son
vivant un infatigable collecteur de contes et de ballades populaires.
Il en réunit, avec l'aide de nombreux pourvoyeurs, de quoi remplir
vingt-deux manuscrits, qu'il laissa par testament à la Bibliothèque
des Avocats d'Edimbourg, où ils sont conservés aujourd'hui (v. 1).
Mackinnon, a descriptive Catalogue of Gaelic Manuscripts, p. 281-
282). Il tira lui-même de celle vaste collection la matière de ses
quatre volumes, Wesi Highland 'l'aies, publiés à Edimbourg, les
deux premiers en 1860, les deux autres en 1862; mais dans les
manuscrits de Campbell, il v a encore beaucoup de textes inédits,
qui réservent du travail aux philologues de l'avenir. C'est à cette
source qu'a puisé M. J. G. Mackay. Il indique à la page 5 les
références aux volumes manuscrits de Campbell d'où il a tiré les
dix contes qui composent son volume. A la suite de chacun d'eux,
il établit en note quelques comparaisons avec des contes similaires
recueillis ailleurs en Ecosse. Le texte gaélique des contes est
accompagné d'une traduction anglaisé placée en regard. En outre,
six gravures, dont deux en couleurs, illustrent ce volume, qui est
fort joliment imprimé. Les contes eux-mêmes débordent de mer-
veilleux ; il y est question d'aventures fantastiques, de gens qui se
transforment en toute sorte d'animaux ou d'objets, d'êtres surnatu-
rels comme le Grand Wizard, de fées qui attirent et entraînent les
hommes, de géants et de nains, de palais enchantés, etc. L'un de
ces contes roule sur le même thème que la fable de Perrette et le
pot au lait (The Cogie Carlin' s Rhapsody, p. 48-5 3). C'est en résu-
mé une riche moisson pour les folk-loristes.
J. Vendryes.
V
Maurice Duhamel. Musiques bretonnes, airs et variantes mélodiques
des « Chants et chansons populaires de la Basse-Bretagne »,
publiés par F. M. Lu/el et Anatole Le Braz. Paris, Rouart et
Lerolle, 191 3. viij-224p. 8°(avec prélace de M. A. Le Braz).
Chacun sait quel service a rendu Luzel à la Bretagne en publiant
les deux recueils des Gwer%iou et Souiou Brei\ I\el (ce dernier avec
la collaboration de M. A. Le Braz) ; voir Revue Celtique, II, 268 et
XII, 173 et 303. Il faisait connaître un trésor poétique qui reste,
malgré de nombreuses influences et réminiscences du français, une
des œuvres les plus originales de la littérature bretonne. Mais il
Bibliographie. 369
manquait quelque chose à la publication de Luzel. Des chansons
privées de leur mélodie, c'est comme des fleurs séchées, sans cou-
leur ni parfum, comme des corps sans Ame et sans vie. Déjà La
Villemarqué avait donné dans son Bar7jl\ Brei\ un nombre impor-
tant de mélodies bretonnes ; et de même Narcisse Quellien dans ses
Chansons et danses des Bretons Armoricains. Toutefois la récolte des
mélodies populaires ne commença d'une façon sérieuse qu'avec
Bourgault-Ducoudray. Ce dernier entreprit de recueillir les airs des
chansons publiées par Luzel : malheureusement il n'eut le temps
que d'indiquer la voie à suivre et ses Trente Mélodies bretonnes
n'eurent pas de suite. Un jeune musicien breton, dont nous avons
déjà loué le zèle érudit pour les chants populaires de son pays,
M. Maurice Duhamel, a été assez heureux pour réaliser le projet de
Bourgault-Ducoudray et mener à bonne fin l'œuvre commencée.
Le répertoire qu'il publie a, au point de vue breton, comme le dit
M. Le Braz dans sa préface, une importance capitale.
Le répertoire comprend 432 airs rangés dans l'ordre même de la
publication de Luzel. Il est vrai que M. Duhamel n'a pas retrouvé
les airs de toutes les gwerzes, de tous les sones. En confrontant
sa table des matières avec celle de Luzel, on constate qu'il reste dans
cette dernière un certain nombre de paroles sans romances, ou
pour mieux dire de chansons sans notation musicale. Mais en
revanche M. Duhamel donne souvent pour la même chanson deux
ou trois mélodies différentes, qu'il a rencontrées dans les diverses
régions du pays. Son répertoire résulte pour la plus grande part
d'une enquête personnelle ; il a noté les airs que lui fournissaient
des chanteurs, amateurs ou professionnels ; et l'on a plaisir à
retrouver dans son livre les noms de ces humbles illettrés, déjà col-
laborateurs de M . Le Braz et qui, grâce à lui, ont pris place dans
la littérature bretonne. Mais M. Duhamel a utilisé aussi les disques
phonographiques conservés au laboratoire de phonétique de la
Faculté des Lettres de Rennes ; ces disques perpétuent la voix de
Marc'harit Fulup, la dernière cigale bretonne. Enfin il a complété
sa documentation en reproduisant certains airs précédemment notés
par quelques amateurs de musique bretonne et même parfois déjà
publiés ; ainsi ce qu'il y a de vannetais dans son répertoire figure
déjà dans Chansons populaires dit Pays de Vannes qu'il a publiées avec
M. L. Herrieu (v. R. Celt., XXXIV, 105 et XXXV, 121).
L'ouvrage a comme document une valeur de premier ordre.
Grâce à la variété des sources, il permettra aux musicographes de
se renseigner sur le caractère propre aux mélodies de chaque région,
et de vérifier par suite, pièces en mains, les conclusions présen-
370 Bibliographie .
tées sur cette question par M. Duhamel lui-même dans un travail
dont nous avons parlé (v. Rcv. Cclt., t, XXXII, p. 369). Il y a en
effet parmi ces mélodies d'assez grandes différences. La plupart ont
un caractère populaire très prononcé : intervalles inattendus,
cadences étranges, rythmes imprécis font penser à certaines phrases
de Grieg. Mais il en est aussi quelques-unes qui, par la carrure de
de leur rythme et par la régularité de leur cadence, rappellent les
airs populaires français, voire même les romances qui enchantaient
nos grand'mères ou celles que feu Gounod affectionnait dans ses
opéras. Ainsi on sera frappé de l'opposition qui éclate entre les
numéros 305-307 du recueil et le numéro 308 ; tous quatre se rap-
portent à une même chanson, mais le numéro 308 avec sa finale
en fanfare, semble un refrain d'opérette, tandis que les trois autres
ont la mélopée traînante des modes archaïques. Les numéros 303,
3 16, 3 17, 328 ont tout à fait l'allure de morceaux français. Il v aurait
un délicat travail à faire pour distinguer dans ces chants ce qui
est national de ce qui est importé. L'influence française, même la
moins recommandable. celle des chansons de route de nos troupiers,
est dans certains cas évidente. P. 160, je ne sais pas pourquoi M.
Duhamel écrit Blonigueaii avec un point d'interrogation ; il s'agit sans
doute du bourg de Plouigneau, dans l'arrondissement de Morlaix.
J. Ykxdryes.
VI
John Rhys, The Celtic Inscriptions of Cisalpine Gaul (Proceedings of
the British Academy, VI, 1913)- 90 p. 8°, avec 8 planches.
La celticité des inscriptions dites Lépontiennes est encore discutée.
Danielsson (Zu den Venetischen und Lepontischen Inschriften, 1909)
incline à les croire celtiques comme Hirt '. Pedersen en doute (Vergl.
Gr., Il, p. 659). Rhvs se prononce nettement en faveur de leur
celticité.
Ce que Rhys appelle Gaule cisalpine, il le définit et le délimite
page 3 L'aire des inscriptions se divi.se en quatre districts : i° Luga-
110 et les environs dans le Tessin ; 2° vallis Diubiasca, embrassant
le bassin du Tessin, de Locarno qui est à l'extrémité du lac Majeur,
jusqu'à une petite distance au delà de Bellinzona. Rhvs y ajoute le
cours de la Moësa avec la petite ville de Musocco dans un coin
1. ïndogermanen 1905, 1907, II, 564. Sur la question, d. Kretschmer
Kuhn's Zeitschhft, XXXVIII, 101 (1905); Herbig, An^eiger f. sebw. dit,
1905-6, p. 187; Indog. Forsch., XXVIII (1911), pp. 23-6
Bibliographie. 371
sud du pays des Grisons ; 30 la zone sud du district de Lugano,
limitée par une courbe tracée des environs de Lecco à Milan, de là
à Novare, de Novare au lac d'Orta et Ornavasso sur la route con-
duisant à Domodossola ; 40 le pays autour du lac de Garde.
Rhys a vu lui-même les inscriptions, chaque fois que cela a été
possible ; il yen a qui ont disparu. Il nous en donne en appendice,
un bon nombre de photographies. Les recherches qu'il a dû faire
à ce point de vue ont été parfois fort laborieuses.
Comme il y a très peu de noms communs dans ces inscriptions,
le critérium le plus sûr est la comparaison avec l'onomastique net-
tement et sûrement celtique, et aussi avec les formes casuelles et
verbales dont l'origine celtique n'est pas douteuse.
Un mot d'une grande importance, qui revient dans cinq inscrip-
tions de la première zone, c'est pala. La lecture ne saurait en être
douteuse, car une des inscriptions est en alphabet romain ; l'alpha-
bet des quatre autres, qui est nord-étrusque, au contraire, n'a pas
de lettres pour les occlusives sonores, b, d, g. D'ailleurs on trouve
en capitales romaines Die u pala (p. 71). Rhys adopte l'interpréta-
tion de Kretschmer (K. Z., XXXVIII, 101) qui le traduit par
tombe, en le rapprochant du gallois, comique (et breton) pal,
bêche; gall . palu, corn, palas, bret. palat, bêcher. L'auteur, en
note, avec raison, fait remarquer qu'il est impossible de ramener
l'irlandais to-chlaim, je creuse, cechlatar, foderunt, à pal, et à une
racine quai, ce qu'a supposé Stokes, Urk. spr. Le correspondant
exact du verbe irlandais est le gallois claàu, fouir, creuser, auquel
il faut ajouter le breton cla^a, vannetais claouein, le coxmc\\itclath-va,
enterrement.
I, p. 4. Slaniai vcrkalai Pala : slaniai verkalai (à lire vergalaï)
seraient des datifs féminins. Rh* s rapproche slaiiiâ de l'irl. slân,
bien portant, en bon état, du gallois llonvd, paisible, con-
tent. Malheureusement on cnercherait vainement dans Y Alt. Cclt.
Sprachschat; de Holder, un nom tiré de ce thème. Vergala serait
dérivé de la racine verg- bien connue, et serait un adjectif en -àlo-s,
-âlâ ? Un des exemples gallois donnés à propos de ce suffixe est
erroné, Rhys commet, à ce sujet, la même erreur que Pedersen.
Morawl pour lequel Rhys renvoie aux Oxford mabinogion, p. ni,
n'est pas le moins du monde un dérive en -alo- de mor; il remonte
au vieux-gallois du Xe siècle, mor-gablou, gl. aestuaria1. La vocali-
sation de -avl en -awl est un fait bien connu. Il est d'ailleurs pos-
sible que le w dans le mabiuogï de Kulhwch représente v.
1. J. Loth, Revue Celtique, XI (1890), p. 110.
372 Bibliographie.
P. 8: Tisiui Pivotialùipala. Nous aurions ici un ancien datif
en -ûi (grec -toi). Rhys conserve Tisios, mais lit Bivotiâlo-s ; ce qui
l'amène, p. 20, à lire Légalement Bivonei pour Pivonei. Bivotialo-s
serait un dérivé de Bivotio-s, dérivé lui-même de bivoto- . Pour
bivoto, cf. pioTo; ; pour l'irlandais beothu, existence, gén. bethad,
cf. ^toTY,; [Îiott[toç. En note, Rhvs fait remarquer que les articles
concernant biad, beothu, bywyd dans ['Alt. celt. Spr. de Stokes sont
à réviser. Sans s'en douter, l'auteur est d'accord avec moi. En
1899 (Revue Celt., XX, p. 345), j'avais déjà fait remarquer que biad
ne correspondait pas à bywyd, ni comme sens, ni comme forme, et
que bywyd, au contraire, était identique à beothu, tous les deux
remontant à bivo-tùs; bywyd signifie existence, comme beothu, tandis
que biad a le sens de nourriture. Pour le sens, c'est bwyd, breton
boued qui répond à biad ; mais biad est dissyllabique, tandis que
bwyd est un monosyllabe. Il faut donc les séparer. Pour bwyd,
il parait bien remonter à *bei-fo-, *gvei-io^.
Pp. 9-1 1, Rh)rs discute les questions capitales des terminaisons en
-u et en -;//. Kretscbmer (K. Z., XXXVIII : Die Insclir. von Ornavasso
und die Lig. Sprachè) partant de l'idée que les formes en -///' étaient
les génitifs, concluait qu'on avait affaire non à une langue cel-
'que, mais au ligure. Hirt le premier (Ifidog. II, 564) proposa
d'y voir des datifs, se prononça nettement en faveur de la celticité
des inscriptions, quoique, pour lui, les Ligures ne soient pas des
Indo-Européens (I, 43-9). Rhys fait l'importante remarque que,
en Gaule même, à coté de datifs en -M (Anvalonnacu), il existe quel-
ques datifs en -/// : Balandui Maccarioui.
Les datifs en -oui supposeraient un nominatif en -os ; ceux en
-ou (ou -ou), un nominatif en -us. Cependant, même pour des
tbèmes en -0- Rhys est obligé d'admettre des datifs en -// (p. 61
Amaseu, p. «Si Pruiantiteu) . Ailleurs, une forme en //- devient un
nominatif: p. 51, Namu Esopnio, serait à lire Namu Esopnios,
Namu, fils d'Esopno-s.
L'hypotbèse joue un rôle tel dans la lecture même des inscrip-
tions qu'on ne peut se défendre d'un certain scepticisme. (Test ainsi
que p. 13, l'inscription ne donne que Sunalei mako ; Rhys lit sunalei
makoni. Ce qui me frappe le plus, ce sont les deux inscriptions des
pages 32 et 5^. Page 32, on a: Raneui valaunal ; p. 5^. Koitnila
Tuuiil. Pour la première, Rhys lit : Raueui vaîaunal(ï) ; pour la
seconde : koitnila Tunala. Or, l'auteur le reconnaît lui-même, il
n'y a aucune raison apparente pour que i d'un côté, a de l'autre
aient été omis. L'inscription de la page 64 est aussi troublante :Latu-
marni sapsutaipe vinom uaxoui. Rhys traduit : du vin de Naxos à
Bibliographie. 373
Latumaros et à Sapsutai, pe étant donné comme identique au latin
que comme origine et construction. Il faut de plus admettre une
terminaison neutre en -ni que les langues celtiques ne montrent
pas. De plus, il y a à compter avec le gaulois Brivatiom.
Nul doute que certaines inscriptions ne donnent des noms et des
formes celtiques. Mais mon impression est qu'il y a aussi autre
chose.
L'impression de malaise que donne la lecture de l'ouvrage vient
peut-être aussi de l'abus des comparaisons hasardées avec les langues
néo-celtiques. Je n'en donnerai qu'un exemple entre cent. Page 83,
on est en face d'une inscription ainsi déchiffrée : Pelkui : Pruiamiteu :
Karite : iuuos : Kalite : palai. Rhys suppose que Karite est pour
Karinles, parents. Kalite devient l'impératif, 2e pers. du plur. d'un
verbe de même racine que ealare (cf. gallois ceiliog, coq) ; iuuos
est Yivos du Calendrier de Coligny et signifie fête, banquet; palai
est un locatif. Le texte se traduit par :
« à Pelgos Pruiamiteos ses parents (donnent ce tombeau); appelez
un banquet à eette tombe ! »
En ce qui concerne les comparaisons avec les langues celtiques,
bon nombre sont intéressantes, mais d'autres ne s'imposent pas.
De plus, certaines remarques étaient au moins superflues.
P. 13, Rhys rapproche les terminaisons" du vieil-irl. en -en des
terminaisons galloises en -wyn ; le tout remonterait à un proto-cel-
tique en -ciio-s. Il est vrai que dans certains noms propres, le vieil-
irlandais -eu = gallois -wyn : ex. Benén, gall. Benwyn — Benêgnus
pour Benignus. Mais les terminaisons longues du vieil-irlandais sont
toutes dues à l'allongement compensatif ; quand elles ne sont pas
empruntées, elles sont toujours dues à la chute d'une consonne
toutes les anciennes voyelles longues atones ayant été abrégées.
Guiantuin, printemps, corn, guaintoin supposent au contraire,
vesant-eino-s ; cf. haloin = saleiuo-,
P. 20, le nom propre Aita serait de même origine que l'irl.
moyen aile, irl. mod. qide, père-nourricier, tuteur. Or, il n'y a
pas de diphtongue en irlandais ; le / devenu d représente évidemment
deux t. Macbain, avec quelque vraisemblance, le fait remonter à
attio-s.
Le nom à'Alkovinos signifierait celui qui a un bouclier blanc. Ici,
le gallois seul intervient : il y a, en gallois, un mot alch qui signifie
gril, et un autre astalcb, signifiant bouclier. Rhys décompose astalch
en ast emprunté au latin hast a et en alch : ce serait un spear-shicld.
astalch ne se trouve que très tardivement au XVIe siècle. Ast n'appa-
raît nulle part dans le sens de hasta. Quant à la couleur du bou-
374 Bibliographie.
clier, elle est justifiée par un passage de Fled Bricrenn. Mais ici, la
blancheur des boucliers est due à ce qu'ils sont blanchis à la
chaux, usage, il est vrai, qui a existé aussi chez les anciens-Gallois.
P. 36 à propos dn nom Gnoia, il v a une note qui prend toute la
page sur l'irlandais Gnôe. Ce nom aurait été importé en Galles par les
Dési. Les Gallois en auraient fait Noe, qu'on trouve aussi sous la
forme Nougui. Or, le vieux-gallois, comme le vieux-breton, con-
serve parfaitement le groupe gn-, initial. Aujourd'hui encore, on
a en Galles, par exemple, qriawd, le moyen-breton a gnou, gneuiff,
gnouhat. Le cas échéant, Rhys ne peut résistera la tentation d'accom-
moder la linguistique à ses théories ethnologiques, fût-ce au prix
d'une entorse à des lois phonétiques bien établies, qu'on aurait
tort de supposer qu'il ignore.
P. 43, à propos du nom propre Alioi, l'auteur est amené à s'oc-
cuper du gallois eil, ail, second. Il fait remarquer qu'il ne peut
être ramené à l'irlandais aile, aîio-s ayant donné al! en gallois. Il
revient sur cette question, p. 88, et se range à l'opinion de
Morris Jones, Welsh Grammar : cil viendrait de aliô-s. J'avais pro-
posé cette solution à titre d'hypothèse [Revue Celt., XVII, p. 437).
Je ne la crois pas meilleure pour cela et la tient même pour
invraisemblable. Pour ail, v. Pedersen, Vergl. Gr., IL p. 196-197.
Le rapprochement de eil = aliô-s avec ceiliawg = caliâco-s n'est
pas juste. Sur ce dernier phénomène, v. J. Loth, Remarques et addi-
tions àStrachan, pp. 9-1 1. Le breton eil, le comique neyle, nyll, exil
présentent, je dois le reconnaître, de sérieuses difficultés. Les deux
seuls mots qui présententune épenthèse, en breton, sont eil, second
(avec l mouillé), et leil, fumier. Le comique présente également
pour»o7/, d'après les graphies modernes, une diphtongue. Déplus,
le sens du comique est assez différent de eil, gallois et breton.
Malgré les quelques doutes qui peuvent subsister sur certains
mots et certaines formes, le travail de John Rhys a sûrement fait
faire un pas à la question dans le sens de la celticité. C'est un
titre sérieux de plus, ajouté à tant d'autres, à la reconnaissance non
seulement des Celtistes, mais encore de tous les ethnologues.
Il est regrettable que l'auteur n'ait pas résumé les données des
archéologues sur l'âge des tombes à inscriptions. M. J. Déchelette
a eu l'extrême obligeance de me communiquer les bonnes feuilles
de son second volume sur le second âge du ter celtique, qui va
paraître. Les sépultures sont toutes de l'époque de la Tène. Celles
d'Ornavasso sont clairement datées. Elles se divisent en deuxgroupes :
le groupe de San Bernardo (165 tombes) ; le groupe de Persona
(330 sépultures). Dans les tombes de San Bernardo, on a trouvé
Bibliographie. 375
192 monnaies allant de 217 a 74 avant J.-C. ; à Persona, elles vont de
89 avantJ.-C. à8ode notreère. La civilisation' révélée par ces tombes
estceltique. Jusqu'à 100 avant J.-C, la population d'Ornavasso se ser-
vait même à peu près exclusivement de l'épée gauloise. Ces sépul-
tures appartiennent à laTène II et 111. On trouvera sur ces questions,
une bibliographe étendue et tous les renseignements désirables
dans le nouveau volume de M. Déchelette, particulièrement
pp. 1082, 1091 et suiv. En somme, quoi que l'on pense de l'origine
des Ligures, c'est incontestablement dès le commencement de
l'époque de la Tène, et, par endroits, plus tôt, que la civilisation des
conquérants celtes s'est imposée aux indigènes. Les tombes
étant en somme celtiques par le mobilier et la civilisation, rien de
surprenant à ce que les inscriptions funéraires le soient également,
au moins pour une bonne part. Mais que devient alors leCeltican}
VII
Essays and studies presented to William Ridgeway, on bis sixtieth
Urthday 6 august 191 y, edited by E. C. Quiggin, Cambridge uni-
versity Press, 191 3.
Ce beau volume de mélanges, dont l'ordonnance est due à notre
savant collaborateur, E. C. Quiggin, a été offert à W. Ridgeway,
l'archéologue bien connu, à l'occasion du 60e anniversaire de sa
naissance, par un groupe nombreux d'admirateurs. On ne s'éton-
nera pas de la diversité des matières qui y sont traitées, si l'on
songe que l'activité de Ridgeway s'est exercée dans toutes les
branches de l'archéologie classique et préhistorique, et que par-
tout il a fait preuve de l'esprit le plus original et lie plus péné-
trant. L'ouvrage se divise en trois parties : i° chtssics ami ancient
archeology ; 20 medixval Literature ami history ; 30 anthropology ami
comparative religion.
La deuxième partie contient quatre articles de nature à intéres-
ser les celtistes, à divers titres.
I. R. s. a. Macalister, The Coîophon in the Lindisfame Gospels,
p. 299.
Ce manuscrit, aujourd'hui au British Muséum (Cott. Nero D-
4), connu sous différents noms, The Book of the Gospels of Lindis-
fame, The Book of Durham, The Book of St. Cuthbert, est univer-
versellement regardé comme un des plus admirables spécimens de
l'école d'art qualifiée de celtique. Il est le seul que l'on puisse com-
parer au fameux Book of Kells, et même, d'après Macalister, à
376 Bibliographie.
certains égards, montrerait l'art celtique dans un état de pureté
plus grand que son rival.
Or, ce magnifique et incomparable spécimen de l'art celtique,
une souscription finale en dialecte northumbrien, l'attribue à des
Anglo-Saxons : l'ouvrage à Eaifrid, évèque de Lindisfarne, la cou-
verture à son successeur Edilvald, la décoration en or et argent à
l'anachorète Bilfrid- L'auteur de la souscription est un cer-
tain Aldred, fils d'Alfred qui se qualifie de presbiter indignus cl
miserrimus, non sans raison, dit Macalister, carie misérable a grif-
fonné une glose interlinéaire dans son dialecte natal à travers tout
le livre, sans épargner même les pages enluminées initiales qui
avaient coûté tant de peines à l'artiste. Les dates des évéques cités
sont respectivement 698-721 et 724-7.(0. Les gloses et la sous-
cription sont d'une main du Xe siècle.
Si l'on réfléchit que les belles œuvres de l'art celtique ne
sont pas antérieures au ixe-xc siècle, l'attribution du plus ancien
spécimen et du plus remarquable peut-être de cet art à îles
Anglo-Saxons devient véritablement incompréhensible. Comme le
dit Macalister, ce serait aussi extraordinaire que la collaboration
des anges, dont parle Giraldus Cambrensis, dans l'exécution de
V Êvangéliaire de Kild.rie (depuis longtemps disparu). Aussi Maca-
lister n'hésite-t-il pas à rejeter l'autorité du souscripteur. Pour lui
non seulement Ealfri n'a pas écrit le manuscrit, mais il ne l'a
même pas vu. Il y a un précédent : malgré l'autorité de la sous-
cription finale, personne aujourd'hui ne croit que le Book of Dur-
row ait été écrit de la main de saint Columban dans l'espace de
douze jours. U Êvangéliaire de Lindisfarne ne peut être que du
IXe siècle. Il a dû être écrit en Irlande et tomber entre les mains
des Anglo-Saxons par des moyens peu légaux : non contents, dit
Macalister, de le voler et de le salir par leurs griffonnages, les
Saxons s'en sont attribué la paternité.
Macalister fait justice de deux arguments invoqués par Bruun '
pour soutenir l'autorité du souscripteur.
D'après Bède, un certain Adrien, abbé de Nisita près Naples, au-
rait visité Lindisfarne en 668 av. J.-C. Or, on a reconnu des traces
d'influence napolitaine dans l'évangéliaire. Macalister répond que
Adrien visitant Lindisfarne trente ans avant l'avènement d'Ealfrid,
aurait dû, dans ce cas, laisser après lui son êvangéliaire, que cet
êvangéliaire serait resté au monastère pendant trente ans, et qu'en-
1. Au Enquiryinto the art ofthe illuminated manuscripts oj themiddh
Part 1, Celtic illuminated mss . , 1898.
Bibliographie. 377
fin il aurait été choisi, comme base d'un exemplaire enluminé de
préférence à tous les autres modèles. Dans le mouvement inces-
sant de missionnaires avides de science, à cette époque, l'influence
napolitaine a pu se faire jour jusqu'à un monastère celtique par
bien d'autres voies.
Un autre argument de Bruun, c'est que les noms d'Ealfrid,
Eilwald, Billefricî, indiquent une tradition précise. Ce sont des per-
sonnages peu connus. Une tradition vague aurait associé la pré-
cieuse relique à un nom plus illustre, par exemple, celui de Saint
Aidan. Macalisîer répond que ces noms, obscurs pour nous, étaient
de grands noms pour le moine Aldred. Il avait leurs tombes vrai-
semblablement journellement sous les yeux.
II. H. M. Chadwick, Some Germax Riyer-xames, p. 315.
Si personne ne met en doute que les districts à l'ouest du Rhin
et au sud du Main n'aient été celtiques, en revanche on diffère d'avis
en ce qui concerne les bassins de l'Ems, du Weser et de la Saale.
Les arguments archéologiques ne sont pas convaincants. Quant à
l'argument tiré des noms de rivières terminés dans le bassin de
l'Ems et du Weser par -pe, -p, et plus au sud, par -fe, -/, repré-
sentant un ancient -apa, ou -affa, il est également sujet à contro-
verse. Il n'y a assurément pas de preuves en faveur de l'existence
d'un mot germanique ap-.
Chadwick fait faire un pas à la question. Il établit que le nom
de la Wipper désignant trois rivières de Thuringe, et le nom du
Weser sont celtiques.
Une première présomption, c'est que un affluent du Rhin entre
Dûsseldorf et Deutz porte le nom de JVipper et qu'en Belgique, une
rivière la Vcsdrc se jette dans l'Ourthe non loin de Liège. Si on
peut dire que ces noms ont à la grande rigueur, pu être introduits
par des envahisseurs Germains, il n'en est pas de même en Angle-
terre. La rivière Wear (Durham) porte un nom, qui sous la forme
JViur, se montre au commencement du vme siècle (Bède, H. E.,
IV, 18 ; Y, 21). Il montre la disparition de s intervocalique con-
forme aux lois du brittonique, et ne peut guère être séparé du
nom de Weser.
La Weaver, en Cheshire, représente vraisemblablement un anglo-
saxon *iueofre : cf. Wevre, Wivreham, plus.tàrd Wever(e) au xme s, ;
peut-être Weaverthorpe en E. Reding. C'est sans doute le même nom
que celui de la Waver en Cumberland, pour *waefer, avec le chan-
gement northumbrien en e de œ après w\ Ce nom est identique à
celui de Wipper; seulement weaver est exempt du changement tcu-
tonique de b en p. La présence de ces noms en Angleterre, Bel-
378 Bibliographie.
gique, pays rhénans, Thuringe et au nord-ouest de la Germanie,
est significative. Il semble bien que les Celtes aient occupé une
partie du nord-ouest de la Germanie et aussi de la Thuringe.
Dans une note, p. 322, Quiggin apporte une frappante confir-
mation à la thèse de Chadwick sur la Weaver.
Dans le Book of Llandav, éd. G. Evans, p. 159, un ruisseau en
Monmouthshire porte le nom de Guefr-duvr1. Il n'est pas inu-
tile d'ajouter qu'en gallois gwevr est le nom de ['ambre. Ce nom a-t-
il été donné à la rivière par métaphore, à cause de la couleur de
ses eaux ? Est-ce un souvenir de temps antérieurs ? Il est fort pos-
sible que le nom de lieu du Cornwall Guer-thour qui ligure dans
VOrigo mundi, p. 2588, soit identique a Guevrduvr.
III. O. J. Bergin. A poem by Godfraidh Fionn O'Dàlaigh, p. 322
(texte, traduction et notes).
Fionn O'Dàlaigh mourut en 1387. Son poème est un éloge du
jeune Maurice Fitz Maurice, second comte de Desmond. Le père
était mort en 1356; le fils mourut en 1358. Rien dans sa courte
vie ne justifie les louanges hyperboliques dont l'accable le
poète.
La composition de cet encomion rappelle l'art de Pindare. Compa-
rantl'insignifiant Maurice au dieu LughLâmhfhada, le poète s'évade
des banalités obligatoires en pareille matière, et chante l'aventure
de Lugh devant le palais de Tara. C'est l'épisode bien connu de la
seconde bataille de Moytura. Le poète malheureusement tourne
court trop tôt pour établir une comparaison entre les hauts faits de
Maurice et ceux de Lugh.
Espérons que Bergin continuera à noustaire connaître les compo-
sitions des poètes irlandais du moyen âge qu'il connaît mieux que
personne. Elles peuvent être d'une grande utilité et pour la langue
et pour les traditions de l'ancienne Irlande. Il y a, par exemple,
dans le poème de Godfraidh un passage qui peut nous servir à
corriger une évidente maladresse du compilateur de la Seconde
bataille de Moytura. Lugh nous est donné d'abord, avant qu'il ne se
présente devant Tara, et danstrois autres passages, sous le nom de
Samh-ildânach. Quand le portier lui demande son nom, il répond
qu'il s'appelle Lugh. 11 est clair que ce nom eût suffi à lui ouvrir
les portes du palais des Tùatha De'Danann dont il était un des
chefs. Il a dû ou éluder la question ou donner un nom comme
Samh-ildânach. En effet dans le poème de Godfraidh, le portier lui
demandant d'où il vient, il ne donne pas son nom ; il répond qu'il
i. La forme du B. of Ll. est Gutvrduur.
Bibliographie. 379
est un poète venant d'Eamhain des Pommiers, des cygnes et des
ifs.
IV. E. C. Quiggin. O'Conor's house atCloenfree, p. 332 (texte
et traduction).
Le chef dont il s'agit est Hugh, fils d'Owen,fils de Rory O'Conor,
tué en 1309, après un règne fort agité commencé en 1293. Le
poème publié par Quiggin est mentionné dans le Catalogue
d'O'Grady. p. 353. L'autre composition sur le même sujet se
trouve dans le Book ofthe Dean of Lismore. Le texte donné ici repose
sur le Stowe ms. de la R. I. A. A v. 2. Les variantes au bas des
pages sont tirées de l'O'Gara Book (F), Y O'Conor Don' s Book (C) et
de deux mss. de la R. I. A. : 23417 (L) et A iii 2 (A). En raison
de sa structure recherchée et des détails techniques qu'il renferme,
Quiggin déclare quece poème constitue leplus formidable spécimen
de travail bardique qu'il ait rencontré. Personne ne le contredira.
Lepaiîis (tiré de palais) paraît avoir été détruit en 1306, par Mac
Dermot. Les restes d'un fort en marquent l'emplacement. Par sa
langue et les renseignements qu'il nous donne sur une construc-
tion de la fin du xme siècle, ce difficile poème est loin d'être sans
intérêt. C'est une utile publication.
Le volume se termine par un index des noms propres dû à E. C.
Quiggin.
J. LOTH.
VIII
Gertrude Schoepperle, Tristan and Isolât : a study of the sources
of the romance, 2 vol., Francfort et Londres, 1 9 1 3 .
11 v avait deux façons de comprendre une étude des sources du
roman de Tristan : ou s'engager dans une étude relevant du Folk-
lore, en général, en analysant tous les éléments du roman et en
relevant tous les points de comparaison qui peuvent exister dans les
différentes littératures, même en dehors de l'Europe; ou rechercher
les sources immédiates du Roman, tel que les poètes français,
Thomas et Béroul et leurs imitateurs nous l'ont fait connaître,
dans la littérature du pays où il a été élaboré. La première étude,
dans ce dernier cas, qui s'imposât, celle sans laquelle toutes les
autres risquaient de rester infructueuses ou inutilement labo-
rieuses, c'était de déterminer la patrie du Roman. Or, il ressort
du Roman même, avec la dernière évidence, que cette patrie est
une région de l'île de Bretagne; que cette région était trilingue,-
380 Bibliographie.
qu'on y parlait une langue brittonique, l'anglais et le français. La
seule région qui réunît ces conditions ne pouvait être que le
Cornwall ou une zone du pays de Galles au Xle-Xlle siècle qui,
ici, ne peut être en cause.
C'est guidé par ces principes que j'ai pu trouver en Cornwall
les lieux les plus importants où se sont déroulés les principaux épi-
sodes du drame1. Que Thomas et Béroul aient eu d'autres sources
parfois que les sources comiques, qu'ils aient introduit d'autres
cléments dans leurs récits, peu importe : la critique peut jusqu'à
un certain point le constater et l'expliquer. L'incohérence qu'on
peut relever dans leur géographie était inévitable; aucun d'eux n'a
habité le Cornwall, quoique sûrement une des autorités de Béroul
l'ait bien connu. De plus, il y a, comme je l'ai montré, en
Cornwall, des apports anglo-saxons, bretons et français.
Miss Schoepperle s'est fort peu préoccupée de ces questions
capitales. Elle ne peut cependant arguer de son ignorance. Par les
citations qu'elle fait, comme par certains passages où je ne suis
pas cité, il est parfaitement sûr qu'elle a lu mes Contributions à
l'étude lies romans de la Table Ronde, au fur et à mesure qu'elles
paraissaient dans la Revue Celtique (le premier article est de
1909).
Hypnotisée par l'idée qu'il fallait aller chercher les sources de ce
roman dans le pays néo-celtique qui a conservé la plus riche
littérature, elle a tourné le dos à la Bretagne et obstinément fermé
les yeux à tout ce qui pouvait l'empêcher de poursuivre sa chimère
et s'est lancée à la recherche des sources dans les sagas irlandaises.
Le résultat de ses longues erreurs à travers les fondrières, les lacs,
les montsdénudés, et aussi les vallées verdoyantes d'Erin, le voici
(II, p. 445). Ce que les auteurs français ont trouvé, c'est une his-
toire celtique du genre des Jilheda (sing. moyen -irl., aithed ou
alhed), fuites, fugues (amoureuses) ; c'est, en somme, pour rameur,
le roman de Dianuaid et Graiuue. La saga ancienne, Vaithed était
connue au Xe siècle, d'après une liste du Livre de Leinster (écrit au
milieu du XVe s.). L'amour de Gràinne était chanté au xiL siècle.
A ce propos, miss Schoepperle (II, p. ^99), date YUath Beiune
Élair (The hiding in Ihe Hill of Howth) publié par Kuno Meyer
dans la Revue Celtique, XI, p. 125, du \c siècle. Or, le récit est
tiré d'un manuscrit du XVe siècle, le ms . bien connu, Harleian
5280 du British. Muséum. Kuno Meyer dit simplement que le
1. Lancien, la résidence de Marc, était considéré comme la clef de la
géographie du Roman, avant que je ne l'eusse découvert. Depuis, il a
perdu, semble-t-il, de son importance.
Bibliographie. 381
thème du récit paraît avoir existe dès le xic siècle (et non le xc),
d'après une glose de YAmra Choluimh Chille. Les autres épisodes se
rattachant à la saga sont tirés de mss. dont les plus anciens ne
remontent pas plus haut que le XVe siècle.
Le récit le plus complet que nous en ayons est connu sous le nom
de Tôruigheacht Dhiarmada agus Ghrâinne, la poursuite de Diar-
muid et de Grâinne I. Le plus ancien ms. qui le contienne est du
milieu du xvne siècle. Cette saga ou conte populaire, peut se résu-
mer en quelques mots : je le fais pour ceux de nos lecteurs qui
n'auraient pas parcouru les deux épisodes s'y rattachant, publiés
dans la Revue Celtique 2. Au milieu d'un banquet, Grâinne, femme
de Fionn, remarque Diarmaid. Elle se prend de passion pour lui
et n'a de cesse qu'elle ne l'ait déterminé à fuir avec elle. Ils sont
poursuivis infructueusement par Fionn pendant sept ans. Fionn
feint de se réconcilier avec eux. Il envoie Diarmaid tuer un san-
glier dangereux. Le héros s'en tire, mais en mesurant les dimen-
sions de la bête pour obéir à Fionn, il est blessé au talon par les
soies venimeuses du sanglier et meurt. Fionn regagne l'affection
de Grâinne et se remarie avec elle ou recommence â vivre avec
elle comme mari : on ne nous dit pas s'ils eurent beaucoup
d'enfants. C'est là une histoire des plus banales pour le fond et
qui n'est pas plus irlandaise que toute autre aventure du même
genre. C'est l'histoire de Ménélas, Hélène et Paris. 11 n'y a pas
d'année où dans une grande capitale comme Paris, on ne trouve
dans les faits divers ou la chronique des Tribunaux, des faits d'adul-
tère pareils, et dans diverses classes de la société. Elle est banale
l'histoire du brave ouvrier marié à une gentille femme, qui admet
à sa table, voire dans son logis, un parent, neveu ou cousin, ou
pays, ou simplement un compagnon, et en est récompensé par la
trahison : la gentille femme s'éprend du commensal ou est faible.
La trahison découverte, ou même avant, les coupables fuient.
Le dénouement varie; parfois, il est tragique; parfois comique ;
parfois, comme Grâinne, la femme revient et la vie commune
reprend. Les ressemblances entre la saga et le roman sont fort
1. Publié par O'Grady avec texte et traduction, dans les Transactions of
theossianie society, 1855, III, p. 40-21 1, Dublin, 1857 — réédité par la Society
for the Préservation of the Irish Language, rre partie, 1880-188 1 (nouvelle
publication, avec une refonte du vocab. par R. J. O'DufFv, 1889, 1894) :
cf. R. I. Best, Bibliography of ir . phil. ami printed irish Liter., pp. 103-104.
2. Ltoyd, Berginand G. Schoepperle, The Death of Diarmaid (Rev. Celt.,
XXXIII, 157-79, 1912; The Reproach of Diarmaid (ibid., XXXIII, 43-57,
1912).
Revue Celtique, XXXV. 25
382 Bibliographie.
superficielles. Dans la saga, c'est réellement la fuite et les aven-
tures, les exploits de Diarmaid, qui sont le véritable sujet. Grâinne
n'attend pas le moins du monde d'être inquiétée pour fuir : lafuite,
c'est sa vocation à cette femme. Dans Tristan, Tristan et Iseut s'ac-
commodent fort bien de la présence de Marc. Ils ne se décident à
fuir, que lorsque la faute est découverte, et que leur vie est mena-
cée. Pour le dénouement, miss Schoepperle l'arrange à sa façon.
Comme Diarmaid périt après sa fuite, il faut que Tristan termine de
même, au retour de sa fugue. Et elle va, contre toute vraisemblance,
chercher le soi-disant dénouement primitif dans le roman de Tris-
tan en prose, qui est, au point de vue des sources, dépourvu de la
moindre valeur.
Les auteurs français du roman auraient ajouté à cette histoire de
fugue, des épisodes de leUrcrû et aussi des épisodes celtiques.
Pour le drame moral, miss Schoepperle n'ose pas trop se pro-
noncer, mais il ressort avec évidence des textes même qu'elle cite
(II, p. 400 et suiv.)que ce drame est celtique '.Miss Schoepperle
voit un contraste entre les idées de l'ancienne Irlande devenue
chrétienne et celles de l'Irlande payenne au point de vue du lien
conjugal. Or, le châtiment de l'adultère par le feu dont elle parle
existait à l'époque payenne2. Il faut d'ailleurs remarquer que
l'époque payenne embrasse les époques les plus diverses. Il
ne faut pas oublier que le paganisme a fleuri, en pleine époque
chréstienne, justement à l'époque où se sont définitivement cristalli-
sées les sagas irlandaises, du ixe au xie siècle, en Irlande, avec les
Scandinaves, notamment dans le royaume de Dublin. D'ailleurs
les traits de dévergondage de femmes irlandaises dans les sagas ne
prouvent rien. Si l'on concluait du dévergondage des dieux et demi-
dieux de l'ancienne Grèce à la dépravation complète des mœurs, on
commettrait une lourde erreur. Les maris grecs étaient moins
débonnaires que Hephaistos surprenant Ares et Aphrodite, et
l'adultère ne leur paraissait pas risible comme à leurs dieux : cer-
tain plaidoyer de Lysias est, à ce point vue, très démonstratif. Quant
au lien unissant le vassal à son chef de clan, nulle part il n'a été
aussi puissant que chez les Celtes en raison même de leur organi-
sation sociale.
Dès lors, le drame moral étant celtique, nous avons dans le
1. Ce qu'elle -nous dit (II, p. 466-1) de l'amour illicite dans la société
primitive est insignifiant. Il faudrait d'abord, s'entendre sur le sens de ce
mot. Les Celtes, pas plus que les Indo-Européens, ne sont des primitifs.
2. Cf. Whitley Stokes, Félix Oéngnsso, 190s, p. 411.
Bibliographie. 383
roman tel qu'il existait en territoire brittonique, l'essentiel de l'ar-
chétype ou plutôt des archétypes oraux qu'ont connu les auteurs
français.
L'étude des sagas irlandaises se recommandait d'elle-même ; elle
pouvait assurer la celticité de traits de mœurs, d'épisodes même
qui prêtaient à la discussion. A ce point de vue, les recherches de
miss Schoepperlé sont des plus méritoires. Elles ont été aussi
véritablement fructueuses. Il y a sans doute des rapprochements
forcés. Quoi qu'elle dise, il n'y a rien de commun entre la naissance
de Tristan et celle de Sétanta-Cuchulainn. Je ne vois pas bien ce
que le saut du saumon a d'intéressant comparé au saut de Tristan.
Dans le roman en prose, Tristan s'amuse à ficher des joncs dans
une courtine(II,p. 291). L'auteury voitune frappante ressemblance
avec l'exploit dont il est parlé dans le Festin de Brieriu : le héros
lance 3 fois 50 aiguilles, chaque aiguille entrant dans le chas de
l'autre, de sorte que toutes se tenaient.
Les analyses des diverses versions du roman sont également
faites avec la plus grande conscience, et ajoutent notablement à
l'œuvre de M. Bédier. Les remarques ingénieuses abondent. En
somme, le travail de miss Schoepperlé est une véritable mine de
renseignements, un répertoire indispensable non seulement à tous
ceux qui s'intéressent aux romans arthuriens, mais encore à ceux
qui s'occupent de la littérature du moyen âge et des questions de
Folklore.
J. Loth.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. L'étymologie du nom de Lyon. — II. Le fascicule 21 de
P Altceltischer Sprachschat\ de M. A. Holder. — III. Celtes et Germains,
d'après M. J. Mansion. — IV. Un traité de morphologie latine par
M. A. Lrnout. — V. Ed. Halter, die Indogermanen. — VI. Cambrîan
Gleanings. — VII. The Welsh Outlook. — VIÏÏ. Contributions popu-
laires à la Welsh National Library. -- IX. Une nouvelle édition du
Roman de Tristan par Béroul. — X. Du marathe au celtique. —
XI. M. René Dussaud et les Civilisations préhelléniques de la mer Egée.
I
C'est une chose singulière que la faveur dont jouit dans le public
lettré l'étymologie des noms de lieu. Il n'est guère de recherche
scientifique qui excite plus d'enthousiasme et qui pique davantage
la curiosité. S'il était besoin d'en donner à nouveau la preuve, on
la trouveraitdans les résultats d'une enquête qu'a récemment ouverte
Y 'Intermédiaire des chercheurs cl des curieux sur l'origine du nom de la
ville de Lyon (v. t. LXVIII [1913], p. 760 et t. LX1X [1914],
p. 121, 324, 517, 579,730). Au moment où se préparait dans cette-
ville une exposition internationale, la question était d'actualité et
devait intéresser beaucoup de gens. Les réponses sont en effet venues
de plusieurs points de l'horizon. Un rédacteur du Temps* pris la peine
de les résumeren v ajoutant quelques réflexions personnelles (voirie
Temps des 6 mars et 12 avril 1914). H va sans dire qu'il y a dans
ces réponses un choix à faire et qu'on ne saurait approuver sans
réserve toutes les imaginations des correspondants du journal. Mais
l'examen en vaut la peine; il suggère quelques réflexions instruc-
tives.
La plupart de nos étymologistes d'occasion ont reconnu dans
Lugdunum, l'ancien nom de Lyon, un mot composé; et ils ont en
général interprété correctement le second terme -dùnum en le tra-
duisant par « hauteur fortifiée, ville forte, forteresse ». Le sens
Chronique. 385
ancien est « ville fermée », par extension « ville forte », et comme
l'emplacement des villes fortes était généralement choisi sur les
hauteurs, le mot àûnum désigne souvent une hauteur fortifiée (voir
Rev. Celt., XXXIII, p. 465). Passons sur les rapprochements
auxquels certains ont recouru pour établir le sens de ce mot ; au
lieu d'aller chercher donjon et dynaste, qui n'ont rien à faire ici, il
suffisait de dire que l'ancien dùno- (dunes-) a subsisté dans les
dialectes insulaires du pavs de Galles et d'Irlande, sous la forme
Çdin) d'unis et dnn « forteresse, cité ». Personne ne s'en est avisé.
Sur le premier terme Lug-, les avis se sont partagés, chacun
s'ingéniant à v découvrir une racine celtique de son cru. C'est
merveille de voir comme certaines gens en usent avec les « racines
celtiques » ; on dirait un procédé magique qui écarte toute dis-
cussion etdispense de tout raisonnement. Ne demandez pas quelles
garanties assurent la qualité de ces racines. Nos étymologistes ont
recours à des autorités médiocres et bien surannées. C'est Camden,
« illustrehistorien anglais », dont l'ouvrage principal, Britanniaedes-
criptio, parut en 1 586 ; c'est encore l'estimable Bouillet, auteur d'un
dictionnaire tort utile, mais qui n'a jamais passé en son temps pour
une lumière du celtisme. On peut croire que dans un siècle
ou deux, lorsque le Sprachschati de M. Holder - - car les
livres ont leur destin — aura perdu sa valeur documentaire, c'est
dans cet ouvrage que les celtomanes de l'avenir iront chercher de
quoi nourrir leurs rêverie-. Nos modernes celtomanes ne soup-
çonnent pas l'existence de M. Holder. Ils ne connaissent pas
davantage la Revue Celtique, où ils auraient justement trouvé, à la
page 169 du tome YIII, un article de d'Arbois de Jubainville sur le
nom de Lyon. Ils y auraient appris entre autres choses que Lug-
duiiiuu était déjà dans l'antiquité la proie des étymologistes amateurs.
Dans le traité mf: rioxau-wv attribué sans raison valable à Plutarque,
on lit (chap. VI, 4)que l'historien Clitophon, au livre XIII de ses
Kriaeiç, interprétait Lugdunum par « colline du corbeau » (Xodyov
yàpTTi (j<p(ôv 8taXéxT<DT6v xôpaxa xaXouai, Souvov Se xo[~o]v èçî/ovtx) ;
l'étymologie a un intérêt archéologique, car une figure de corbeau
se voit représentée sur des médailles lyonnaises, même de l'époque
républicaine, et sur un médaillon en terre cuite de la ville de Lyon,,
du Ier siècle de notre ère ; mais il n'existe aucun mot dans aucune
langue celtique qui confirme l'existence d'un mot lougos «corbeau »
en gaulois. Plus tard, l'auteur du glossaire dit d'Endlicher traduit
Lugdunum par desideratum monteur, et enfin, plustard encore, Heiric
d'Auxerre, dans sa vie de Saint Germain, rapporte que Lugdunum,
dans la langue des Gaulois, signifie mous îucidus. Cette dernière
386 Chronique.
étymologie s'explique aisément par le fait qu'un prototype Luci-
dunùtn, perdant son /' intérieur, fût naturellement devenu Lugdu-
num paraccommodation des consonnes. Mais elle contristera beau-
coup, s'il vient jamais à la connaître, un des correspondants de
Y Intermédiaire qui veut que Lugdunum soit la ville des brumes et
du brouillard : cet homme érudit nous cite, outre le gaélique loch
« sombre » et le cornouaillais lugen « brouillard » legrec Àiîytj,
Àuyato; (tous deux avec ulong), le latin lûgêre, lûgubris. Mais quelle
ville a jamais tiré son nom des nuages, si l'on met à part Néphélo-
coccygie ? Et d'ailleurs un nom sombre et triste, évocateur de brouil-
lard, conviendrait-il aux autres villes qui, comme Lyon, s'appelaient
autrefois Lugdunum ? C'est la principale objection du rédacteur du
Temps.EWe est fort raisonnable. Mais le journaliste ne connaît, en
dehors deLyon, que trois Lugdunum. Il y enabiend'autres. M. Hol-
der en énumère quatorze, et sa liste n'est peut-être pas complète.
Il est d'ailleurs un fait essentiel que la plupart de nos étymolo-
gistes semblent avoir négligé; c'est que la forme ancienne du nom
de Lyon est Lugudunum, non pas Lugdunum. Cela limite le champ
des hypothèses. Whitley Stokes, reprenant une idée de Siegfried,
avait un moment songé à rapprocher de ce nom le comparatif
irlandais lugu « plus petit » ; il traduisait Lugudunum par « Petit-
bourg », « Lùtzelburg » (Three Irish Glossaries, p. xxx); mais le
comparatif lugu n'a pas de positif, et la forme primitive n'en est
pas connue avec certitude. La meilleur étymologie est toujours celle
de d'Arbois de Jubainville qui expliquait Lugudunum par « for-
teresse de Lug ». Elle a été récemment défendue à nouveau par
M. J. Loth dans une communication faite à l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres (séance du 20 mars 1914). Lug, c'est le dieu
irlandais Lug mac Ethlend, qui joue dans les légendes du cycle
mythologique un rôle important et qui eut pour fils l'illustre héros
Cuchullin. Le premier août, qui s'appelait Lûg-nasad (v. le Sanas
Cormaic, n°796, p. 66 K.M.), on célébrait une grande fête àTeltin
(province de Meath) en souvenir de Lug. Or, il y avait à Lyon
sous l'empire romain une assemblée annuelle le Ier août, qui était
fameuse (v. d'Arbois de Jubainville, Cours deîitt. tv//.,I, 215 et ss.).
Ne renions pas notre ancien dieu Lug ; c'était un dieu plein de
ressources. D'Arbois de Jubainville le reconnaissait sous les traits
du Mercure gaulois, qui était, au rapport de César, l'inventeur de
tous les arts, le guide des voyageurs, le protecteur par excellence
du commerce, le pourvoyeur de la fortune (De Bell. Cuil., VI, 17).
Un épisode du Cath Maige Tured nous montre le dieu irlandais
également apte à tous les métiers : « il était maître en tous arts »,
Chronique. 387
bo sût cach dâno c(Rev. Celf., XII, 78). C'est Lug qui avait inventé
les échecs, le jeu de balle et l'équitation. Il eût fort utilement col-
laboré aux préparatifs de l'exposition lyonnaise ; on devait la placer
sous son patronage. Ne mériterait-il pas du moins qu'après tant
d'années écoulées on reprenne pour une fois la célébration de sa
fête le Ier août prochain, sur la colline deFourvière?
II
Il a paru en 191 3 un nouveau fascicule'de Y Aliceltischer Sprach-
schati de M. Holder. Tous les celtistes sont depuis longtemps fixés
sur la valeur de cet incomparable instrument de travail, fruit d'une
patiente et laborieuse érudition. Ce fascicule nouveau, qui porte le
n° 21, forme les colonnes 1025-1280 du tome III. Il contient la
suite des « Nachtrâge » au tome I ; ses 256 colonnes se rapportent
aux colonnes 666-1115 du tome I et vont du mot Cabillus au mot
Corbagnos. On y trouve comme toujours une masse énorme de
documents qui vont faire la joie des étymologistes, des géographes
de l'antiquité, des archéologues et des préhistoriens. M. Holder a
naturellement tenu compte des dernières publications ; il a notam-
ment dépouillé l'édition des inscriptions ogamiques de M. Maca-
lister ; de là un nombre important d'articles nouveaux (ainsi Cas-
sittas, Catuvirr, etc.). A signaler aussi le \C\assi\b~\oduae attesté
près d'Herbitzheim(C. I. L., XIII, 4525) qui rappelle le [Cjathubodua
des Fins de Ley. Col. 1026, il n'est pas juste de substituer *cabô à
*gabô comme prototype du verbe signifiant « prendre » : la racine
aune double forme *ghabh- et *kap-, suivant une alternance con-
sonantique dont il y a d'autres exemples (v. Méni. Soc. Lingu.,
XVIII, 310). La forme *ghabh- est conservée dans le latin habeô et
l'irlandais gabiiu ; on rencontre en revanche la forme *kap- dans le
latin capiô et le gotique haban. L'origine de l'alternance étant dans
un accident phonétique, il n'est pas douteux qu'il s'agisse en fin de
compte d'une seule et même racine dans les trois langues en ques-
tion.
III
Sur les rapports des Celtes et des Germains, M. J. Mansion, pro-
fesseur à l'Université de Liège, vient d'écrire un court, mais subs-
tantiel article, publié au tome LVI de h Revue de l'Instruction publique
eu Belgique^. 191-209). Les Flamingants qui méprisent le français
pourront le lire dans leur langue maternelle ; car l'article a paru
388 Chronique.
d'abord en flamand dans les Verslagen en Mededeelingen der konin-
klijke vlaamsche Académie voor Taal- en Le/1 e r k un de (Gent . année 191 2,
p. 2 192-1308). Nous en aurions parlé plus tôt si nous ne devions
prochainement reprendre la question d'ensemble. Elle est en effet
d'actualité; de tous cotés, archéologues, ethnographes et linguistes
se montrent aujourd'hui préoccupés d'établir les rapports qui
unissent les civilisations, les races et les langues de l'Europe pré-
historique. Cette préoccupation est à l'origine des ouvrages de
M. Feist sur les Indo-Européens ; on la retrouve naturellement
aussi dans les travaux de M. C. Jullian, et notamment dans sa
monumentale Histoire de la Gaule. C'est justement à critiquer la
doctrine de M. Jullian que l'article de M . Mansion est consacré, et
par delà M. Jullian il atteint certaines théories de M. Feist.
M. Mansion ne croit pas que les Celtes et les Germains aient
jamais formé une unité ethnique ni linguistique. S'il v a entre le
celtique et le germanique des communautés de vocabulaire, les
deux langues n'ont pas de rapports spécialement étroits au point de
vue de la phonétique ni de la structure morphologique ; et par
exemple la grammaire des deux langues n'offre à aucun degré ces
correspondances frappantes que Ton observe entre le celtique et
l'italique. Ces conclusions sont d'importance; nous y reviendrons.
IV
Puisque le celtique et le latin ont au point de vue morpholo-
gique de si étroits rapports, un traité de morphologie latine, quand
il vient d'un excellent latiniste doublé d'un linguiste bien informé,
ne doit pas rester inaperçu des celtistes. C'est donc rendre service à
nos lecteurs que de leur indiquer l'ouvrage qu'a récemment com-
posé M. Alfred Ernout, maître de conférences à la Faculté des
Lettres de Lille. Toutefois, il importe de bien distinguer les deux
formes différentes sous lesquelles cet ouvrage a été publié. L'une
porte la date 191 3 et s'intitule Historische Formenlehre des lateinischen,
von Dr A. Ernout, professer am Lycée in Troyes; c'est un livre
de xi j-204 p., en allemand (traduit dans cette langue par M. Hans
Meltzer), et qui fait partie de la collection dirigée par M. Max
Niedermann (Sprachwissenschaftliche Gymnasialbibliothek, librai-
rie C Winter à Heidelberg). L'autre, qui est datée de [914, porte
comme titre Morphologie historique du latin et fait partie de la nou-
velle collection à l'usage des classes éditée par la librairie C.
Klincksieck à Paris. L'édition allemande coûte 2 M. So ; l'édition
française 3 fr. 50.
Chronique. 3^9
Elles ne sont pas équivalentes, notamment au point de vue qui
intéresse spécialement nos lecteurs. Conformément aux règles que
s'est imposées M. Niedermann et qu'il impose à ses collaborateurs,
L'édition allemande est historique, mais non comparative. Il n'y
est fait aucune place à une langue indo-européenne autre que le
latin. Le grec même en est banni : à plus forte raison le gotique
ou l'irlandais. Dans l'édition française au contraire, M. Ernout, qui
avait ses coudées franches, s'est permis d'invoquer le témoignage
de diverses langues indo-européennes pour éclairer les faits latins ;
le <>rec notamment et l'osco-ombrien ont été mis à contribution, et
O ...
le celtique lui-même n'a pas été négligé quand il fournissait un
utile complément d'information. C'est souvent le cas. Aussi l'édi-
tion française du livre de M. Ernout doit-elle être chaudement
recommandée aux celtistes que la grammaire comparée intéresse ;
elle pourra leur rendre de grands services.
V
Nous ne saurions malheureusement en dire autant d'une bro-
chure de 78 pages que publie M. Eduard Halter à la librairie Cos-
tenoble (Jena, i9i3)sousle titre Indogermanen, Sprache, Ursil;,
Ausbreitung, auf geologischer und îinguistischer Grundlage. Le titre
est enchanteur, mais le contenu donne à déchanter. Il s'agit d'un
travail de haute fantaisie, conduit sans aucune méthode, pour tout
ce qui touche au moins les choses linguistiques. L'auteur a sur les
rapports des langues indo-européennes des conceptions person-
nelles très hardies. Nous ne les discuterons pas, nous bornant à
indiquer par deux ou trois exemples de quelle façon il utilise et
interprète ses sources. Le celtique, qui joue avec le germanique
un grand rôle dans sa brochure, est particulièrement maltraité :
les listes de mots irlandais données p. 33 et suiv. renferment plu-
sieurs monstres capables d'horrifier nos lecteurs ; nous leur en épar-
gnerons la vue. P. 47, le gallois pysg, qui est évidemment un
emprunt latin, est rapproché du germanique fisc « poisson », et
tous deux sont rattachés à un irlandais cieasg « wasserhund», lequel
avant perdu son c initial aurait abouti kiascl Cette étymologie plus
qu'étrange est mise au compte de plusieurs celtistes, et notamment
de Pictet. Plaignons Pictet : il méritait mieux que cette exhumation
peu flatteuse. P. 65, l'adjectif irlandais loiiini « nu, dépouillé » est
interprété comme la combinaison de/o «laine » et de;;// «sans»(?),
et c'est de la même combinaison que sortirait aussi le germanique
lamb « Lamm ». Pourquoidépouiller le pauvre agneau de sa laine?
390 Chronique.
M. Haltcr ne le dit pas, et ce silence nous étonne. Mais l'auteur
laisse deviner, p. 67, qu'il tient en réserve quelques autres décou-
vertes également sensationnelles en matière étymologique :
« unsere eingehenden Forschungen haben uns mit solchen ùberra-
schenden kelto-germanischen Wortbildungen bekannt gemacht ».
Préparons-nous à être encore étonnés.
VI
La linguistique n'a, semble-t-il, rien à attendre des Cambrian
Gleanings, que M. Henry Blackwell, University Place and Tenth
Street, New-York, vient d'inaugurer en janvier 19 14. Ce titre
désigne un nouveau magazine consacré aux choses galloises, et
qui s'adresse aux Gallois du Nouveau-Monde. Le prix de l'abon-
nement annuel est modeste (50 cents -2 s. éd.), comme les
dimensions du périodique : les numéros, qui paraissent chaque
mois, ne comptent que seize pages d'un tout petit format. Mais
un proverbe gallois que reproduit M. Blackwell sur la couverture
de son magazine dit que « toute chose est petite en son début »
(bach xiv pob pelhxn ei ddechreu). Peut-être les Cambrian Gleanings
deviendront-ils avec le temps une ample moisson.
VII
Un nouveau périodique gallois, qui paraît plus imposant, c'est
The Welsh Outlook, dont le premier numéro est également daté de
janvier 19 14. Il se publie à Cardifî (The Welsh Outlook Press
43, Penarth Road), est mensuel et coûte trois pence par numéro,
4 shillings par an. C'est, dit le sous-titre, un journal de progrès
social et national. Nous voyons par le prospectus que toutes les
questions qui intéressent la vie du pays doivent y être abordées et
discutées : religion, enseignement, littérature et beaux-arts, éco-
nomie politique et sociale. Ce beau programme reçoit un commen-
cement d'exécution dans ce premier numéro. On y trouve un peu
de tout, sous une forme instructive et agréable : une chronique du
mois, qui contient des faits et des chiffres; une pièce de vers, « la
Montagne et l'autel « (y Mynydd a'r allor) par R. Williams Parry
et un article de M. T. Gwynn Jones sur la littérature galloise moderne;
une étude sur la question religieuse, etc. N'oublions pas aussi une
série de photographies « which tell their own taie 0 ; elles repré-
sentent des logements démineurs, à Senghenvdd, près de Cardifb
Chronique. 391
et justifient la triste devise qui les accompagne : the housing con-
ditions in our mining valleys are such as can only be thought
of with shame.
VIII
Veut-on savoir maintenant ce dont ces mineurs sont capables
quand on leur propose une oeuvre où les intérêts intellectuels de
la nation sont en jeu ? Qu'on lise l'article paru dans The South
Wales JVeekly News du 14 mars 1914 sous le titre « National
Library Scheme — Workmen's Splendid Support ». On y verra
une fois de plus combien l'enthousiasme que soulève en Galles la
construction de la National Library (v. ci-dessus, p. 244) s'étend
aux masses populaires.
Les frais de l'entreprise devant s'élever à environ 100.000 livres,
l'Etat s'était engagé à en verser 50.000, à la condition qu'une
somme équivalente aurait été fournie par l'initiative privée. Au
meeting tenu à Londres le 13 mars 1 9 14 , on annonça que déjà
39.755 livres avaient été recueillies, à la suite d'une campagne
faite dans toutes les régions du pays. Nous avons naguère signalé
l'enthousiasme des ardoisiers de Festiniog (R. Celt., XXXII, 365);
les mineurs du Clamorganshire n'ont pas mis moins d'empresse-
ment à donner leur contribution. « The most striking feature of
the présent campaign, dit le journal, is the way in which the miners
are responding to the appeal... Miners of ail schools of thought,
including some of the most influential members of the extrême left
wing, are giving enthusiastic support to the appeal. » A Cwmaman
(distr. d'Aberdare) les mineurs ont fourni 5o£., à Mardy 100, à
Cymmer, 110.
Tout cela fait l'éloge de cette démocratie galloise, instruite,
réfléchie, soucieuse de la culture intellectuelle et pénétrée en
même temps d'un sentiment national si profond. Le Pays de Galles
est un des plus foncièrement démocratiques de l'Univers. Il n'en
est que plus douloureux de constater la condition misérable à
laquelle sa population minière est réduite. Les progrès de la civili-
sation entraînent hélas ! chez d'autres peuples aussi de pareilles
hontes.
IX
Il vaut mieux se réfugier dans le rêve et s'y nourrir de poésie.
L'aventure de Tristan et Iseut, grâce surtout à M. J. Bédier et à
392 Chronique.
M. Loth, jouit chez nous d'une vogue qu'elle avait perdue depuis
le moyen âge. Relisons le Roman de Tristan de Béroul ; une édition
nouvelle en vient de paraître. Ce vieux poèmede 4485 vers, le plus
archaïque d'allure et de style de tous les anciens romans relatifs à
Tristan, est conservé dans un manuscrit unique, le n° 2 171 du
fonds français de la Bibliothèque Nationale. Il lut publié pour la
première lois par Hermann xon der Hagen eu 1823, puis par Fran-
cisque Michel en 1835 etenfin en 1903 dans la collection des Anciens
textes français par M. Ernest Muret. C'est encore à M. Ernest
Muret que nous devons l'édition nouvelle, qui forme le n° 12
delà collection des Classiques français du Moyen-âge publiée sous
la direction de M. Mario Roques, à la librairie Champion (191 | ;
xiv-163 p., pet. 8°; 3 fr.). Le savant romaniste de Genève a natu-
rellement profité des observations qu'a suscitées son édition précé-
dente ; il a utilisé tous les derniers travaux relatifs à Tristan, v
compris ceux qu'a publiés ici même le directeur de la Revue Cel-
tique. Il a joint à son texte une introduction, des notes critiques,
un index des noms propres et un court glossaire. P. i>i, au
mot Loenoi, le nom F. Loth doit être corrigé en F. Lot.
X
Y a-t-il beaucoup de nos lecteurs qui connaissent la langue
mahratte ou marathe} Cette langue occupe aujourd'hui à l'Ouest
de l'Inde un territoire ayant la forme d'un triangle dont la base
serait la côte de Daman à Karwar (v compris Bombay) et dont
le sommet serait au centre de la région comprise entre Nag-
pur, Jabalpur et Raipur. La forme moyen-indienne du marathe est
la maharastri, qui a servi de base à la littérature prakritique pendant
plusieurs siècles. M. J. Bloch vient de consacrer au marathe une
thèse de doctorat, qui peut être ici mentionnée (/.:/ formation de la
langue marathe, Paris, Champion, 191. |). En lisant M. J. Bloch, les
celtistes auront l'occasion de faire plus d'une réflexion sur leurs
propres études. Certes les langues modernes de l'Inde sont extrê-
mement évoluées ; on a grand peine à v reconnaître les traits du
sanskrit classique. Les langues celtiques de leur côté ont singuliè-
rement altéré le type primitif de l'indo-européen. Et cependant
l'évolution des deux groupes de langues n'est pas s.ms présenter
çà et là des similitudes. On trouvera dans l'introduction de
M. J. Bloch des considérationssur lesrapports des langues littéraires
et des pàrlers locaux, qui rappellent celles qu'a développées
récemment M. Thurneysen à propos des langues celtiques (v. ci-
dessus, p. 227).
Chronique. 393
Même sur un ou deux points de détail la comparaison dumoven-
indien est instructive. Voici par exemple un cas qui intéresse la pho-
nétique. On sait que l'adverbe gallois mewii «à l'intérieur, dedans »,
m. gallois v mywn, mywn présente un traitement phonétique irrégu-
lier. Le correspondant irlandais étant in mcdôn, on attendrait
*myddwn en gallois (v. Pedersen, Vgr. Gr., I, 112 et J. Morris
Jones, a JVelsb Granninir. p. 180 et 416). On a ici même proposé
naguère d'expliquer cette irrégularité parle caractère du mot mewn,
qui joue dans la phrase un rôle auxiliaire, accessoire (v. t. XXX,
p. 207). Ce n'est plus qu'un adverbe, une préposition ; or les
mots de ce genre sont toujours exposés à subir des dégradations
phonétiques dont sont préservés les mots ordinaires de la
langue. Le moven-indien fournit un appui précieux à cette
hvpothèse. L'ancien adjectif sanskrit madhya- « milieu » (auquel
s'apparente l'irlandais medôn)y sert à former un locatif périphras-
tique ; mais, alors que la tonne phonétiquement correcte existe
souvent encore au sens de « milieu, ceinture », le mot a subi
dans l'emploi locatif des altérations qui ne sont pas explicables par
les lois phonétiques ordinaires et sont dues au caractère accessoire
du mot (J. Bloch, p. 197).
La morphologie présenterait aussi des faits comparables. On sait
combien sont abondantes en celtique les locutions préposition-
nelles sorties de noms communs. Les noms des parties du corps en
fournissent notamment un grand nombre, où ils perdent complè-
tement leur sens propre et n'expriment plus qu'une relation
casuelle (v. ma Grammaire du vieil-irlandais, p. 137): ainsi co
brunni, co ucbt « à la poitrine » ne signifient plus que « jusqu'à »
ou « devant»; en gallois les noms de la main (Jhnv),dt la poitrine
(brou), du dos (cefyn), du visage (gwyneb) figurent dans des locutions
analogues. Il est intéressant de retrouver le même procédé employé
en moyen-indien pour former des postpositions, qui finissent pat-
devenir de vraies désinences (J. Bloch, p. 195 et ss.) : pâli sayana
piithe « sur le lit » m. à m. « au dos du lit », etc. Tant il est vrai
que dans le langage, sous l'infinie variété des apparences, ce sont
partout les mêmes causes qui agissent et les mêmes transforma-
tions qui se reproduisent. Quelle que soit la langue dont on ait
fait sa spécialité, on peut toujours tirer profit pour la mieux com-
prendre de la description d'une autre langue, pourvu que cette des-
cription soit bien faite, et offre, comme celle de M. J. Bloch, toute
garantie d'exactitude.
394 Chronique.
XI
En archéologie également, l'étude d'un domaine voisin est
toujours riche d'enseignements précieux. Aussi devons-nous sans
tarder signaler à nos lecteurs la deuxième édition du beau livre de
M. René Dussaud sur les Civilisations préhelléniques dans le bassin de
la mer Egée (Paris, Geuthner, x-482 p. 8° ; 24 fr.), qui vient tout
juste de paraître (fin mai 19 14). On y trouvera, richement illus-
trés,tous les renseignements désirables sur ces antiques civilisations
que désignent les noms de minoen, de mycénien et d'égéen. On
apprendra comment se classent les découvertes faites au cours des
fouilles de Cnossos, de Tirynthe ou de Troie, dans les Cyclades et
à Chypre. Les conclusions qui se dégagent de cette vaste enquête ne
sont pas négligeables même pour un occidentaliste ; car elles
montrent comment les divers types d'objets voyagent et se trans-
forment. Le livre de M. Dussaud offre avec beaucoup de science
une excellente leçon de méthode.
J. Vendryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. I. Revue de Phonétique. — II. The Celtic Review. — III. Mé-
moires de la Société de linguistique. — IV. Revue Morbihannaise. —
V. Revue des bibliothèques. — VI. Journal ofthe Welsh Bibliographical
Societv. — VII. Sitzungsberichte der kôn. preuss. Akademie der Wis-
senschaften. — VIII. Studies.
I
D'un voyage d'études effectué dans le sud du Munster pendant
l'été de 191 3, M. J. Loth a rapporté, entre autres choses, d'inté-
ressantes observations sur l'accent de cette région. Déjà plusieurs
savants avaient constaté que le dialecte du Munster se distinguait
des autres en ce que l'accent y frappe parfois une longue intérieure
ou finale de mot. Mais les conditions du phénomène n'avaient
jamais été nettement déterminées (v. Pedersen, Vgl. Gr., I, p. 262).
M. J. Loth est arrivé à une série de conclusions précises,
qu'il développe dans la Revue de Phonétique (t. III, fasc. 4,
P- 3I7-343)-
Ce qui est caractéristique de l'accentuation du Munster, c'est l'at-
traction exercée par la voyelle longue. Il y a lieu toutefois de dis-
tinguer la longue ancienne, déjà constatée en vieil-irlandais, de la
longue qui résulte d'une contraction effectuée au cours de l'histoire
de la langue. Dans les mots qui ont une voyelle longue en vieil-
irlandais, l'accent est aujourd'hui en Munster sur la longue, quelle
que soit la place de cette dernière dans le mot. Dans les mots qui
ont une longue résultant de contraction, l'accent est sur cette longue
lorsqu'elle termine aujourd'hui un mot disyllabique, à moins que
la voyelle de la première syllabe ne soit elle-même longue par
contraction. On voit la différence; elle est instructive, en ce
qu'elle nous montre qu'il s'agit d'un déplacement récent résultant
d'une attraction exercée sur l'accent par la longue. Même le dépla-
cement s'est produit en faveur de certaines syllabes finales longues
par position ; ainsi les disyllabes en -ach et peut-être ceux en -acht
ont l'accent sur la finale quand l'initiale est brève, c'est-à-dire que
la voyelle a suivie de la spirante gutturale a été traitée comme une
396 Périodiques.
diphtongue équivalant à une longue. Tels sont les principaux
résultats, fort importants, comme on en peut juger, de l'enquête
de M. Loth. Il les a fortifiés encore en étendant ses recherches aux
mots composés : dans ces mots encore, l'attraction exercée par la
longue se manifeste, même quand la valeur du préfixe est sensible
à l'esprit du sujet parlant.
M. Loth se demande en terminant si l'accentuation du Munster,
loin d'être une innovation, ne représente pas un état de choses
ancien. Je dirais tendance plutên qu'état de choses, car il est mani-
feste que dans le cas des voyelles longues résultant de contraction et
dans celui des voyelles brèves suivies delà spirante gutturale, nous
avons affaire à un déplacement d'accent postérieur à l'état vieil-
irlandais. Cette réserve faite, on peut souscrire à l'hypothèse de
M. Loth.
Justement les longues qu'il appelle anciennes en vieil-irlandais
sont déjà des longues d'origine secondaire : elles résultent d'un
allongement compensatoire ou bien elles figurent dans des
emprunts, emprunts de date récente d'ailleurs ou provenant des
livres, car dans les emprunts les plus anciens les longues non-ini-
tiales sont régulièrement abrégées. L'accentuation du Munster ne
contredit donc pas le dogme d'un accent initial en gaélique pri-
mitif.
Cet accent se révèle par les actions qu'il a exercées sur les svl-
labes post-initiales; c'est à lui que le gaélique primitif a dû de ne
posséder pendant un certain temps aucune longue en dehors de
l'initiale. Mais on est en droit d'admettre, en joignant au témoi-
gnage du dialecte de Munster certains faits du dialecte de Con-
naught (v. p. 342 de l'article de M. Loth), que dès une époque
très ancienne et peut-être déjà en vieil-irlandais l'accent initial se
déplaçait quand il v avait dans le mot une longue non-initiale.
Par suite d'allongement compensatoire ou simplement du fait de
l'emprunt, il s'était, en effet, créé ou introduit dans la langue des
longues non-initiales ; à l'attraction de ces dernières, l'accent
dit initial ne résistait pas.
Cela fournit une indication très précieuse sur les rapports de
l'accent et de la quantité, et pour tout dire, sur le rythme du vieil-
irlandais.
Il
Dans THE Celtic Rkvikw (vol. IX, n° 36, april 1914), suite de
l'édition par M. Mackinnon de The Gaelic Version oj the Thebaid of
Périodiques. 397
Siaiius (p. 292-309). Il s'agit dans ce nouveau morceau de la suite
des jeux funèbres en l'honneur d'Archemorus : courses de chars,
courses à pied, lancement du disque. Le morceau se termine au
moment où des récompenses sont décernées à Hippomédon et à
Ménesthée (Théb., VI, 725). Un lecteur, sinon le scribe lui-même,
n'a pu s'empêcher de noter en marge la réflexion suivante : is mor
in magadh do Gregaib ar millset da maithus 7 da maoinibh ar sou lei-
niph big « what great fools the Greeks must hâve been to hâve
wasted so much of their means and substance on account of a
little child ». Il y a loin de la plaine de Thèbes aux Highlands.
Le même numéro contient une courte note de M. J. Reoch,oùil
reproduit une description du costume des soldats écossais donnée
par John Aston, premier valet de chambre du roi Charles Ier durant
la campagne de 1639 ; il résulte de ce texte qu'à cette époque
le « kilt » (feikadb-beag) était déjà un vêtement indépendant du
reste du costume, et notamment du plaid. Une tradition incorrecte
voulait que le kilt, comme vêtement séparé, fut une invention de
deux Anglais, vers l'année 1728 (p. 289-291). — M. A. W. Wade-
Evans publie, p. 314-323, un article où il résume les témoignages
fournis par VExcidium Brilauuix sur les invasions des Pietés et des
Scots en territoire breton depuis Tannée 383 jusqu'à l'époque où
les Bretons résolurent d'appeler à leur aide les Saxons. Il veut
quatre grandes invasions, dont la quatrième coïncide avec une ap-
parition de la « famosa pestis », la « vellow plague » (ydylyimehn,
buidechar ou buide Condail des Irlandais), dont il est question dans
le Booh of Llau Dav.
On lira encore avec intérêt le long compte rendu consacré
p. 336-344 par notre collaborateur sir Edward Anvvvl à la Welsh
Gra nantir de M. J. Morris Jones.
Signalons enfin que ce numéro de The Celtic Revieiu contient
la fin de la Concise Old Irish Grammar de M. J. Pokorny (p. 350-
384).
III
On trouvera dans les Mémoires de la Société de linguistique,
t. XIX, fasc. 1, p. 60-62, un article signé J. Yendryes sur le gallo-
latin cisium (cissuni). Il s'agit d'un de ces noms de voiture que les
Latins ont empruntés aux Gaulois avec l'objet qu'il désignait. Le
mot cisium est écrit aussi cissuni ; dans des glossaires latins il a par
deux fois la forme cirsuiu, ce qui suppose un primitif cisso- trans-
formé en cirso- suivant un traitement phonétique bien connu du
aaulois. Le mot est à rattacher à l'irlandais cess « tressé ».
398 Périodiques.
IV
La Revue Morbihannaise de février 1914 (XVIIIe année, n° 2)
contient, p. 33-45, un article de M. l'abbé J. Buléon sur la ques-
tion du Bugul-iioi et du Loup-garou, déjà traitée l'an dernier par
M. Le Diberder dans les Annales de Bretagne (v. Rev. Celt.,
t. XXXIV, p. 480). M. Buléon a fait enquêter sur ces deux êtres
de légende en deux points différents du département, à Plumer-
gat, au N. de Sainte-Anne d'Auray, et à Bubrv, au X.-E. de
Plouay, entre Baud et Guémené. Les résultats de l'enquête con-
cordent. Bugul-noz et Loup-garou sont deux êtres très distincts,
que la tradition populaire ne confond « pas le moins du monde »,
tam er bel. Nous apprenons de M. Buléon comment on se les repré-
sente à Plumergat et à Bubry.
Le numéro d'avril (XVIIIe année, n° 4) contient, p. 93-107,
une notice de M. P. Le Goff sur un ancien recteur d'Arzon, Phili-
bert Torby (177 5- 1847), qui s'était adonné à l'étude de la langue
bretonne et a laissé de nombreux manuscrits se rapportant à cette
étude ; d'après les échantillons qu'en donne M. Le Goff, la science
n'a guère à regretter qu'ils soient restés inédits. Torby avait en
linguistique les idées de Latour d'Auvergne. Çà et là cependant,
M. Le Goff a pu glaner dans ce fatras quelques remarques précises
sur la prononciation ou sur la grammaire.
V
Dans la Revue des Bibliothèques (XXIIIe année, n° 10-12,
octobre-décembre 191 3, p. 374-380), M. Mario Esposito a inséré
une notice sur deux manuscrits de la bibliothèque de Trinitv Col-
lège à Dublin. On sait qu'il existe un catalogue des manuscrits de
cette bibliothèque ; il a été compilé par T. K. Abbott, mais fait,
paraît-il, assez peu d'honneur à son auteur, tellement il renferme
d'erreurs et de fautes. Les manuscrits E. 5. 2 et E. 4. 19 v sont
particulièrement mal traités. Ce sont ces deux-là que M. Marin
Esposito a pris soin de décrire. Le premier paraît dater, d'après
l'écriture, du milieu ou de la tin du XIIIe siècle; il contient entre
autres textes des lettres de Sénèque et des ouvrages de Henri de
Huntingdon (Epistola de contemptu mundi et récit de la première
croisade tiré du livre VII de son Historia Angloruni). Le second est
un recueil de quatre manuscrits différents où l'on reconnaît plu-
s ieurs mains de dates fort variées (du xie au xvie siècle); il com-
Périodiques. 399
prend surtout Y Alexandreis de Gautier de Châtillon (Migne, Pair,
lat., CCIX, 460-566) et le Liber magistri Hugonis de studio legendi...
(Migne, Pair, lat., CLXXVI, 741-812).
VI
Depuis notre dernière notice sur the Journal of the Welsh
Bibliographical Society, trois fascicules en ont paru, qui forment
les numéros 4, 5 et 6 du tome premier et portent respectivement
la date d'octobre 1912, juin 19 1 3 et février 19 14 . On trouvera
dans le numéro 4 un article de M. J. Herbert Lewis, Ou the Impor-
tance of a National Collection oj Public Documents (p. 97-113), con-
tenant une note additionnelle de M. John Ballinger sur les docu-
ments relatifs au pays de Galles et au Monmouthshire qu'il serait
désirable de voir entrer à la National Library. A signaler encore
deux notes : sur The earliest printers of Haverford (1 780-1 840),
p. 114-118, et sur Isaac Carter, the Pioneer of JVelsh prinling,p. 129-
132.
Dans le numéro 5, leRev. E. K. Jones, de Brymbo, étudie The
«. Circulai- Letters » ofthe Baptist Associations of Wales et donne d'in-
téressants détails sur l'institution de ces Letters qui remonte à l'an-
née 1760 (p. 135-142). Le même numéro contient des notices sur
le Rév. Robert Williams (1810-1881), l'auteur du grand diction-
naire comique et l'éditeur du San Greal et sur Charles Heath, de
Monmouth, « author, printer and publisher » (1788-183 1).
Le numéro 6 débute par un article du colonel Bradney sur les
Rare and Early-printed books relating to Monmouthshire (p. 169-180).
Le Rev. J. H. James étudie, p. 180-183, les Llanover Manuscripts
et M. D. Rhys Philipps, p. 183-187, les Twrog Manuscripts.
Enfin, il y a dans chaque numéro, suivant l'usage, des Notes and
Oueries, et par deux fois, p. 151 et 195, des Bibliographical
notes .
VII
Whitley Stokes a publié dans la Revue Celtique, t. XXIX, p. 269,
quelques gloses irlandaises tirées d'un manuscrit de Bède conservé
à la bibliothèque de Laon sous le numéro LV.
Deux hexamètres latins déchiffrés sur la feuille de garde du
manuscrit lui permirent de dater ce dernier du ixe siècle; ils
disaient :
gloria quid mundi felix quid pompaue turbae
dum Cathasach potuit non sortem euadere mortis?
jOO Périodiques.
Or, le nom de Cathasach est porté par cinq ecclésiastiques dont
les Annales irlandaises enregistrent la mort dans les années 807,
810, 856, 880 et 892. S'écartant également des dates extrêmes,
Stokes s'arrêtait provisoirement à la date intermédiaire, 856. Le
manuscrit aurait été copié au milieu du siècle. Mais M. Kuno
Meyer vient de reprendre la question dans les Sitzungsberichte
DERKÔN. PREUSS. AkaDEMIE DER WlSSENSCHAFTEN (l 9 14, p. 480-48 i)
et d'en fournir une solution différente.
La feuille de garde, sur le verso de laquelle sont écrits les deux
vers précités, en contient deux autres au recto qui appartiennent
évidemment au même poème :
Nam nos deseruit sapiens prudensque magister
Atque pius iuuenis castus custosque decorus.
L'épithète iuuenis exclut qu'il s'agisse de l'abbé d'Armagh dont la
mort est inscrite à l'année 856: en revanche, elle correspond par-
faitement à la mention qui se lit à la date 896 dans les Annales
d'Ulster : Cathusach mue Fergusa tânase abb Aird Mâcha religiosus
iuuenis pausauit. Le terme de custôs rappelle sans doute le tânase
abb « abbé en second » du texte historique. M. Kuno Meyer sup-
pose par suite que le manuscrit aurait été copié aux environs de
l'année 890 ; il en indique comme auteur probable Mochta dalta
Fethgnai, episcopus, ancorita et scriba optimus Airà Mâcha, dont les
Annales d'Ulster enregistrent la mort à l'année 892. Le manuscrit
aurait été ensuite emporté d'Armagh sur le continent, pour être
soustrait aux déprédations des Vikings. Ceux-ci ont justement
pillé Armagh peu après 897 et y sont revenus six fois encore
avant l'année 943 (v. Miss Stokes, Early Christian Architecture in
Ireland, p. 106).
VIII
M. Mario Esposito s'est proposé de compléter les informations
données sur les écrivains hiberno-latins du moyen âge par les
Potthast, les Ulysse Chevalier, les Manitius. 11 vient de publier,
à cet effet, dans les Studies (vol. II, n° 8, décembre 19 13) une
Bibliography of the Latin Writers of Mediaeval Ireland, p. 495-521.
On trouvera dans cet article, rangés par ordre chronologique du Ve
au xv9 siècle, une foule de renseignements sur cette littérature si
abondante dont le jeune érudit a fait, comme on sait, sa spécialité
(v. Rev. Celt., XXXII, 118 et XXXIII, 390).
J. Yexdryes.
Le Propriétaire-Gérant, Edouard CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
ACCENT AND SVARABHAKTI
IN A DIALECT OF SCOTCH GAELIC
i. ■ — ■ In gênerai the modem Gaelic dialects, as is well
known, hâve retained the accentuation of the initial syllable
which gave the language its historical form. The only exten-
sive departure from tins mie has taken place in Munster, cf.
Loth, L'accent dans le gaélique du Munster, Revue de phonétique,
III, 317 ff. In this group of dialects the stress accent in cer-
tain cases rests on other syllables than the first, the change of
position being due to the attraction of a long syllable, or a
quasi-long syllable, as, for example, a short vowel followed
by x. Thisphenomenonoccurssporadically alsoinConnaught,
cf. Finck Die araner Mundart, § 327. Apart from cases of ac-
cent-shifting that are to be explained in this way, there are
to be found in ail the dialects instances of change of accent that
must be due to other causes. Such are rochall « spancel » for
urchall, and ruball, a Donegal form of earball « tail », v. Din-
neen Dict. s. v. lair. Cf. for other examples Pedersen, Vergî.
Grauini., I, 229. Quiggin, A Dialect of Donegal, § 440. Thèse
cases are remarkable in that the accent is now on the svarab-
hakti vowel, and has been strong enough to cause the disap-
pearance of the old syllabic vowel.
2. — In some Scotch dialects a similar accent-shift has
taken place on a wide scale. The définition of boundaries of
the phenomenon must be left for later investigation. For the
présent I shall merely record what has taken place in two wi-
dely separated dialects, my own (N. Inverness), and that of
the Ness district in the island of Lewis. In the vast majority
of the cases to be considered the treatment of the accent in
the two dialects has been precisely identical, and for that rea-
•son variations of pronounciations will be noticed only when
Revue Celtique, XXXV. 26
402 J. Fraser.
they arc of particular interest. Except when otherwise stated
the pronounciation given is mv own. As the position ofthe
accent is the main point to be established, the phonetic trans-
cripts do not aim at representing the sound of every word with
absolutè accuracy .
5. — -The svarabhakti vowel dealt with hère is identical
in qnalitv with the preceding vowel, i. e. the original syllabic
vowel, e. g. d'arak « reJ », and we must, therefore, distin-
guish it from theneutral vowel sometimes heardin such words
run « between us », œttrum « light », et. Pedersen 0. c.
I 237, efalas « church », sitr&lar « chimnev ». The last word,
as a compartively late loan, stands by itself ; in the other and
similar forms we may suppose that the d is of later date that
svarabhakti properly so çalled. It is, moreover, not constant,
and the conditions linder which it appears are, it will benoti-
ced, différent from those that produce svarabhakti.
4. — A full svarabhakti vowel appears in consonant groups
beginning with /// n l or /'. In those cases where the second
component ofthegroup is a voiced spirant it will be conve-
nient to classifv according as the group is or is not final.
A. Consonant groups not containing a voiced spirant :
NM : ainm eném « name », ainmig çnçmjk « seldom », an-
moch anamax « late ». In the hrst example the Lewis dialect
seems to hâve an equally strong stress on both syllables.
MS : Mv onlv example is aimsear çmç'&r « time », where
again the Lewis dialect has level stress.
MR : seamrog soniôrak « shamrock ». Camshronach kamâ-
ranax Cameron ».
ML : iomlan imœlan « complète. » The stress is decidedly
on the second syllable, and the svarabhakti is a full vowel. In
thèse respects the treatment oi the word ditfers from that of
siomlar, ci.
NB : canb kçnçp (properly the gen. cainb) « hemp ».
RG : airgiod ereht « silver ». fairrge farak'd « sea », lorg
< track », purgadoir purûkatr « purgatory ». So too argu-
maid, dearg, fearg, mairg, meirg, tairg, searg.
RM : arm aram ■• army », beirm berem « yeast », cuirm
kwirîm « feast », farmad jardina « envy ■■. tiorraaich tjriinix
« drv », gairm gerétn « summor
Accent and svarabbakti. 40}
RB : borb bçrçp « rough », carbad karâpat « cart, hier »,
cearb k'arâp « rag », earball iarâpdl « tail », Foirbeis ferepaÈ
« Forbes.
LG : balg balâk « bag », calgkalâk « bristles », sealg salâk
« hunt », tilg tjlik « throw ».
LM : calma kalantf «brave », ilmich (metathesis of imlich)
iljmix « liçk », Pailme peléms « Palmae ».
LB : Àlba ahip? « Scotland », gilb gilîp « chisel », guil-
bneacb gwilipnnax « plover ».
RCh : dorcha dçrçxd « dark », urchar y,rûxdr « shot », Mur-
chadh iii/jruxJku Murdoch ».
MCh : iomchubhaidh imœxi « proper », timcheall timixal
« round ».
LCh : rhuilchionn niivilixnn « sleeve », salchar salaxar
» filth », caillchean (plu. ofcailleach) kalâx3n « oldwomen».
NCh : eanchainn cncxJii « brain », seanchas senéxds « lore »,
Donnchadh dunûxvh « Duncan ».
In one case svarabhakti occurs before a group containing
a breathed stop : calpa kalaxpz « calf of the leg ».
In ail words of the types mentioned the svarabhakti is a
full vowel. In respect of qualitv it is, with the exceptions to
be mentioned below, identical with the original vowel of the
syllable. It bears the chief accent, the syllabic vowel having a
markedly weaker stress. The svarabhakti vowel is also lengh-
tened l except sometimes when followed by a vowel originally
long, as in iomlan, seamrog, Camshronach.
5 . — ■ B. When the second consonant of the group which
produces svarabhakti is a voiced spirant two cases must be
distinguished 2. Where the group is final the resuit is the same
as in§ 4, and examples need not be accumulated. Thus dearbh
d'arâ, d'arâv « certain », balbh balâ, baîav « dumb 5 », Banbh
1. For that reason it is marked with the markron in the phonetic trans-
cripts. It is, however, not so long as the old long vowels.
2. Leanabh « child » is Vânu. The word is therefore a disyllable, and the
spelling leanbh is misleading.
3. In such forms -av appears before vowels, -a before cônsonants, and
when final.
404 /. Fraser.
hanïïv « Banff ». When, on the other hand, the group is mé-
dia) the treatment varies, the spirant being in some cases
retained, while in others it disappears.
i. The spirant remains :
a) RBh : searb han sarâvan « disgut », ci. foirbhthe
fôrofi « perfect ».
h) LBh : balbhan balâvan «a dumb perso n », gealbhân
g'alâvan « a little rire ».
c) XBh : Banbhaidh banavi c< Banavié » seanbhean
sanâvan « old woman ».
d) NMh : seanmhathair sçnçvar « grandmother ».
d) RGh : tairrgheal taràial « white-bellied ».
ii. The spirant disappears. — In this case the svarabhakti
vowel coalesces with the vowel of the following syllable, the
quality of the resulting vowel being that of the former. The
disappearance of the spirant took place subsequently to the
lengthening ofthe svarabhakti vowel, and for that reason the
spirant has had no effect on the quality of the contracted
vowel. Thus in arbhar the successive stages were arhifîr (this
is the actual pronounciation in some dialects), arc&r, arâr. So
far as I can judge the vowel in thèse cases is not longer thaï)
the simple svarabhakti of §§ 4, 5, but it seems, at least in some
cases, to differ from the later in being ■çweigipflig . Occasio-
nallv, too, in deliberate speech, two vowels can be distinctlv
heard, e. g. -raldak (d' fhalbhadh).
Examples are :
RBh : arbhar arâr (Lewis aravdr) « corn », dearbhadh
d'arâk « proof », marbhadh marâk « killing •>, soirbheas serés
« wind », tairbheach tàràx « profitable », ci. forais fçrçi
« inquiry » [.
LBh : dh'fhalbhadh -uih'ik « would go away, sealbhach lalhx
« fortunate », gailbheach gçlçx « wild ».
XBh : inbhir inir.
> >
NMh : gainmheach gçnçx « sand », (Lewis gçnfvàx).
RMh : mormhaich tnçrçx PN., mormhair mçrfr « lord ».
LGh : galghad galât. This word is written galad in the
1. \*oir la page suivante, n° 1.
Accent and svàrabhakti. 405
dictionnaries, so in Macbean's Etym. Dict. éd. 2. It is accen-
ted, however, on the second syllable, which shows that a voi-
ced spirant has been lost. The word is, of course, the MIr.
galgat « champion » and the development of meaning is to
be compared with that in laochan.
NGh : Aonghus duos, ingheam îu'jii « daughter ' ».
RGh : carghas haras « Lent », suirghe siri « wooing ».
Interesting examples of the accent shift in gh groups are
furnished by some forms of denominative verbs iri -ig- im,
which seem to be yet unknown to the grammarians. Thus
the présent-future tense of airighim is fairichidh, fairich with
the regular unvoicing of the spirant, fàrixi, xanârix. From
thisstem we might expect the imperfect-conditional to be fai-
richeadh. What is heard is, however, ~;çrç'k, xançrçk, that is
dh' airgheadh, cha'n airgheadh. In the Lewis dialect which I
hâve examined the spirant is voiceless in thèse forms but the
position of the stress shows that syncope has taken place,
^arax'j, xanarLx'i (i. e. dh'hairgheadh, cha'n aircheadh). In
the Lewis dialect which 1 hâve examined the spirant is voice-
less in thèse forms but the position of the stress shows that
syncope has taken place yarâx'j, xanaraxi (i. e. d'h fhair-
cheadh, cha'n aircheadh).
the same way from aithnighim « I recognise », the présent-
future is fainichidh, cha'n ainich, but the imparf.-cond. is
yçnçk, xanençk (Lewis, yçnçxf); from ceannuighim « I buv »
h' a ni xi, xaxanix, but xanâk. The same resuit due to a secon-
dary syncope is seen in some nouns. Thus the plural of cail-
leach kafax is kaîàxsn e. g. caillchean, with a broad spirant
on the analogy of the singular.
6. — The svàrabhakti vowel, then, in ail cases attracts the
accent. But the resuit, so far as the rest of the word is con-
cerned is not what might be expected. The old initial accent
had the efîect of expelling or weakening the vowels of the
1. This is the onlycasein which the syllabic vowel disappears before
svàrabhakti. Its loss, I suspect, was due to wrong division in combinations
like snian « his d. », helped by syllabic dissimilation wlien the article
was used, nnian <C aninisn. But cf. Quiggin, o. c. § 122.
4oé /. Fraser.
unaccented syllables i and in the Munster dialects where the
accent lalls on a vowel other than the lirst, the latter is verv
much weakened or disappears. Thus an t-arân is dntrân. Also
in the isôlated cases where the svarabhabkti vowel isaccented,
as in the Arran Mrox?, the syllabic vowel disappears. In the
Scotch dialect on the other hand theré is no change in the
quality ot the old vowel. Except in the cases to be mentioned
below, where svarahhakti occurs after i and u both the old and
the new vowel hâve precisely the same quality which is that
ofthe former. This will be made clear fromthe following table
where a-x (.v°) — = means « The svarahhakti vowel in a slen-
der (broad) consonantgroup following a is... »
a) a-x° (ci inckides a <i o) = a : Alba alapz, armaram,
calg hatak.
b) a-x° = (i)c : aimsear çme'sdr, ainm çnçm, pailme
pelemv, çailbheach gelex. gainmueach genex.
(2) c : tairbh lac, mairbh mère, bailbh
belè.
(3)ln some words the vowel is a. Examples
are tairmeasg taramvsk « prohibition », cf. Bergin, Eriu,
III, 87, § 162, fairrge farak'a, sailche salax'd, tairrgheal
taraial, ca.il\chea.n kalaxsn. In the last ex. the quality of the
consonant group is due to the analogy of the singular. In
the others the irregularity is only apparent and due to
the fact that the conventional spelling rule obscures the
history ofthe forms.
c) ex0 = (l) Ç '■ eanchuin enexin.
(2) a : fearg farak. The variation hère
corresponds to the varying treatment of e before a broad
consonant group, cf. Revue Celtique, XXXV, p. 38.
d) e-x° =e : feirge ferek, mêirg merèk, beirm bérem.
In forms like cearb where the e goes back to original i,
the latter vowel reappears in the genitive, cirbe.
e) o-x° =(1) ç '■ lorg Içrçk, borb bçrçp.
(2) u : Donnchadh dunuxak.
1. G. sg. of foras. There seems to be no good reason for doubting that
this is a compound of fios parallel to Imbas < imb-fios.
Accent and svarabhakti. 407
f) o-x' --■= (1) ç : soirbheas seres, Foirbeis ferepas. Cf.
b (2) sup.
(2) Elsewhere the resultis // in the first syl-
lable and i in the second : luirg (g. sg. n. pi. of lorg)
lurjk, buïrb burip, guirm gurim, doilgheas dulixds.
(3) In oirbh-se oro' sp, ther is broad, cf.
Olr foraib.
g) u-x° = // : tulg ///////.•.
h) u-x° — In this case the svarabhakti vowel is always
/, but the quality of the old syllabic vowel varies from u
to:;7.Thus cuinn, guilbneacb muilcheann are sometimes
kwirim, gwilipdrnax, mwilixdn, but oftener kurjm, guli-
pdrnax mulixdn.
i) i-x°. The syllabic vowel is i, while the svarabhakti
vowel seems to be identical with the sound elsewhere
written ao : iomlan imâlan, iomchubhaidh ïmœxi. Tior-
maieh « dry » varies between t'irimix and tœrœmix.
k) i-x' = i : gilb gilip, tilg tjlik, imrich irïmix.
7. — After a long vowel the svarabhakti vowel is not ae-
cented as is shown by lionmhar lidnar « plentiiul », mior-
bhailt minvalt « miracle », éirghe cri « rising ». A remar-
kable exception to this rule is formedby some compounds of
môr-. The word mormhair « lord », Book of Deer f. 3 a, 3 b
al., bas, when independent, theaccenton the second syllable,
the vowel of which is 0, and the vowel of the first syllable is
short mçrçr. When the word is proclitic both vowels are short,
and there is a secondarv accent on the first, thus mçrçr si m.
In the Braemar (Aberdeenshire) dialectand in that ofNessin
the island of Lewis the word is mçrar with both vowels short
and the accent on the first. It is clear that this torm must be
secondary for after a short vowel svarabhakti with accent and
lengthening is the rule in the Lewis dialect. Probably the his-
tory of the word is as follows. Mormhair was, and is, exten-
sively used as a proclitic followed b}- a proper natne. In this
position the long vowel of the first syllable was shortened,
and the spirant (which the Lewis dialect retains in accented
words, cf. arbhar aravdr), disappeared without producing sva-
408 /. Fraser.
rabhakti. The resulting mçrar then supplanted *môrdvar in
independent position. In myown dialect where there are two
forms mçrçr (independent) and mçrçr (proclitic), what happe-
ned was différent. It is clear from the quality of the second
vowel in the proclitic form that the independent form with
svarabhakti was generalised. But the présence of svarabhakti
implies that the first vowel of the word was shortened. We
must suppose that in this dialect, too, there existed side by
side an independent form marvar môrwar, and a proclitic mç-
rar. From the latter the former took over the short vowel of
the first syllable before the disappearance of the spirant. Sva-
rabhakti followed, and the resulting mçrçr ousted môrar in
proclitic position, where the vowel of the second syllable was
shortened. The first syllable received a secondary accent natu-
rall)r as standing in the third place from the accented proper
name.
8. — A similar explanation accountsfor the shortening of
môr-'m several place names, e. g. mjrinS ■< môr-inis. It may
also be suggested that in certain other compounds, where the
first élément is usually said to be inori-, we hâve really môro-,
cf. Loth, Chrestomathie bretonne, p. 153, n° 1. Thus in mçrfa
which is equated with Ir. muirbheach, recte muirmheach,
« land liable to flooding by the sea », the quality of te vowel
of the first syllable beside muruxak <C Mori-catu- ', seems to
call for some such explanation, particulary as the name isnot
confined to places in the neighbourhood ofthe sea.
9. — It strikes one at once that the accent schift described
has produced in many cases a remarkable coïncidence in the
accentuation and formofwords with Munster Irish, thus ariir
« corn » Munster artir. But the ressemblance is purely acci-
dentai as is shown, by, among other things, the quality of the
accented vowels. In Munster the accent is attracted by a long
syllable whether there is svarabhakti or not. In the Scotch
dialect a long vowel as such has no effect on the accent. In
Munster ctrîtr the accentuation of the second svllable is subse-
1. Cf. however, in another dialect, mroxd, Pedcrsen, o.c, I, p. 329,
But this raatter belona;s to another discussion.
Accent and svarabhakli 409
quent to the vocalisation of the spirant and the conséquent
production by contraction of a long vowel. Soc. arâr, on the
otlier hand, has passed through the stage arâvar, which is
still retained in some dialects, and the contraction of the
vowels is later than the change of accent. Cf. also, M. g alun
Se. g'alâvan.
J. Fraser.
A PROPOS DE LA COIFFURE
DES
GAULOIS ET DES GERMAINS1
Les travaux de S. Reinach {Les Gaulois dans l'art antique,
1889), poursuivis par R. von Bienkowski (Celtarum Ima-
gines, I, 1908) et par moi-même (Les Gaulois dans Fart
alexandrin, dans Mefnuinents Piot 1910 et 1914) ont réussi à
grouper une centaine de figurations de Gaulois empruntées
à toutes les variétés de l'art antique. K. Schumacher, en déve-
loppant ces recherches pour les Germains, a essayé de distin-
guer les Gallier-Darstelliingen des Germanen-Darstellungen.
On vient de voir qu'il a consacré à chacun de ces groupes,
dans les Catalogues du Musée de Mayence, un répertoire que
son abondante illustration et un prix réduit rendent très pra-
tique. Mais il est loin d'être facile de distinguer toujours un
Gaulois d'un Germain, et, maintenant que les monuments
sont réunis en nombre, le moment est venu de reprendre à
leur aide l'étude des caractères physiques des deux peuples.
Le port de la coiffure est un des traits qui pourrait sans doute
aider le plus à cette distinction. Des textes nous parlent d'un
nœud que certains peuples' germaniques, les Suèves surtout,
faisaient avec leurs cheveux en les ramenant sur un côté de la
tète; d'autres ajoutent que ce nœud était arrangé d'une façon
particulière chez les nobles. M. Fischer a consciencieusement
réuni textes et monuments; il a ajouté depuis un petit bronze
1. Max Hôfler, Zur Somatologie der Gallokelten, extrait de VArchiv fur
Anthropologie, XII, 191 3 ; Hermann Fischer. Zutn germanischen Ham -:
extrait de la Zeitschrift fur deutsches Altertum, LUI. 1912.
A propos de la coiffure des Gaulois et des Germains. 411
du Musée de Zurich (Main^er Zeitschrift 1912), et j'ai pu en
signaler un autre du Musée Calvet (Mém. de ? Acaà. de Vaucluse
19 13). Mais M. Fischer ne me paraît pas avoir clairement
distingué les types qu'offrent les monuments.
Il me semble qu'il faut compter au moins cinq variétés :
i° Cheveux aplatis avec une boucle ou une longue mèche
pendant sur la tempe gauche (tête de Welschbillig, « Bas-
tarne » du Musée de Bruxelles) ou sur la tempe droite (Ger-
main en terre cuite de Bonn; ajoutez la fig. 143 /; de Bien-
kowoski).
2° Cheveux plus touffus portés en raie avec mèche ou
toupet fortement relevés au-dessus de la raie (le Gaulois du
Musée Calvet, les Daces d'Adamklissi) ou au-dessus de l'o-
reille droite (bronze agenouillé de la Bibliothèque nationale).
30 Cheveux longs tous ramenés à gauche où ils forment un
nœud du milieu duquel ils pendent en natte (la tète coupée
de la stèle de Cantaber à Mayence).
4" Cheveux également longs, mais la natte tombant dans le
dos à la façon de celle des Chinois (la stèle du signifer de
Worms).
30 Cheveux aussi longs, mais tirés de toutes parts vers le
sommet de la tête pour y être liés et s'y dresser en toupet à la
façon des Mongols (le Germain de la stèle du clairon Andes, les
têtes d'applique en bronze dites « têtes de Bataves »).
D'après Hôfler, on pourrait distinguer au moins trois coif-
fures spécifiquement gauloises :
i° les mèches folles se croisant et se dressant drues et en
tous sens; c'est la coiffure qui rappelait aux Grecs les cri-
nières de cheval ou des Satyres. Les mèches peuvent être raides
(Gaulois du Caire) ou souples et bouclées (Gaulois du Capitole,
Ludovisi, etc.). Quand elles sont raides, c'est qu'elles ont pro-
bablement été poissées avec un onguent à base de chaux.
2° une raie au milieu de la tête, avec les mèches peignées à
droite et à gauche et descendant jusqu'au cou (Gaulois de
Bologne).
30 deux longues tresses ou nattes tombant à droite et à
gauche jusqu'au milieu de la poitrine ou du dos (à la monnaie
412 Adolphe Reinach.
celtique et à la statuette de Cosne citées par Hôfler, ajoutez la
base d'un cadran solaire à Strasbourg).
M. Hôfler reconnaît une influence romaine dans les tètes de
Gaulois à la lèvre rasée et aux cheveux coupés ; devant des
figures qui rappellent les montagnards alpins (statue en pierre
de Vachères et tête en bronze de Lyon), il me semble qu'on
doit plutôt y reconnaître le tvpe ligure.
La question de la barbe et de la moustache n'est pas moins
complexe. Si César n'attribue aux Gaulois que la moustache,
les monuments gréco-romains d'une part, la figuration de cer-
taines divinités gauloises de l'autre attestent que le port de la
barbe ne peut suffire à caractériser un Germain. On a, d'ailleurs,
des exemples de Germains sans barbe (stèle de Mayence)
comme de Gaulois sans moustache (tète de Bologne) et il
faudrait distinguer entre la barbe courte et rare et la barbe
épaisse en collier, entre la barbiche en pointe et la longue
barbe flottante. Les études confuses de MM. Fischer et Hôfler
sont loin d'avoir élucidé la question. Mais elles ne manquent
pas de remarques intéressantes. Signalons notamment les
références réunies sur la diversité des coiffures comme signes
de la classe d'âge ou de rang social, du clan ou de la tribu
(j'ai indiqué ici qu'il pourrait s'agir aussi de « touffes de
scalp » comme chez les Peaux-Rouges; on peut penser à des
coiffures de guerre; d. pour les Cattes, Tac, Gain., 31).
Je note aussi l'importante observation qu'en Auvergne le
malaxage de la tète du nouveau-né se fait dans le sens de la
brachycéphalie et qu'une femme du peuple rougirait d'un
entant à tète longue, tandis que, dans l'Est de la France, la défor-
mation artificielle tend à accentuer la dolichocéphalie; enfin,
l'idée qu'il pourrait y avoir un vestige de totémisme dans les
nombreux noms d'animaux donnés par les Celtes tant au crâne
qu'à la tête entière, selon qu'elles affectaient telle ou telle
forme. Dans la coiffe où j'ai essayé de montrer ici un scalp,
M. Hoefler voit avec Bienkowskiune coiffure en crin de cheval
et il en rapproche un des noms que les Irlandais donnaient à
certaines têtes : ech-chenn « tête de cheval ». Je ne puis accepter
cela comme un argument. Il a aussi traité la question de la
A propos de la coiffure des Gaulois et des Germains. 413
tête coupée, mais de façon très incomplète et sans connaître encore
mes articles. J'y relève pourtant un rapprochement intéressant
qui m'avait échappé : la légende du Graal pourrait avoir pour
origine le culte irlandais de têtes de héros conservées comme
reliques, telles que celle de Bran et celle de Fergal (cf. Pokorny,
Mitt. Anthrop. Ges. in Wien, XLII, 19 12) — ou plutôt, je
crois, le fait que j'ai démontré de la préservation de certains
crânes pour servir aux libations dans des sanctuaires celtiques.
Or, on trouve déjà dans les Védas des exemples de crânes de
héros qui servent comme coupes pour le sôma (cf. Brunnhofer,
Arische \J\\eit, 19 10, p. 321). Ajoutons pour finir le passage
de la fameuse scholie de Lucain que j'aurais dû placer en épi-
graphe de mon travail : praesidem bellorum Taranin, adsuetum
olim humants placare capitibus, nunc vero gaudere pecorum l . Vu
1. J'aurais pu être plus complet dans mes références numismatiques si
j'avais feuilleté le bel ouvrage de R. Forrer, Keltische Numismatik der
Rhein-und Douait Lànder (1908), comme l'auteur me Ta signalé depuis. En
dehors de la fig. 5 39, identique à mon 11° 5 (Dubnorix), j'y relève : fig. 267 :
cavalier au-dessus d'une tête coupée ; fig. 146 : tète au-dessus du cheval ;
fig. 141, 453 : tète au-dessous du cheval ; fig. 66 et 463 : tête enchaînée
au-dessus du cheval ; fig. 486 : homme sans tête, un oiseau à bec pro-
noncé (corbeau ou aigle) buvant le sang qui s'échappe du cou (?). Dans
l'ouvrage analysé plus haut de Schumacher (p. 115), je relève un autre fait
qui vient à l'appui de ma thèse : dans le sanctuaire de Mercure à Finthen
près Mayence, où l'on a découvert une dédicace au dieu des Canni-
néfates {CIL, XIII, 7227), s'est trouvée, dans une fosse remplie de débris de
sacrifice, au milieu d'ossements de porcs et decoqs, un crâne d'homme. On
pense à Tacite : deofutn maxime Mercurium colunt eut certis diebus humants
quoque hostiis litare fas hàbent (Genu., IX, 1). On peut signaler un autre
texte de Tacite, celui qui montre les Corses portant à Othon les têtes de Vitel-
liens « comme les trophées d'une victoire » (Hist., II, 16). — Depuis la
publication de mon mémoire, un certain nombre d'autres textes ont été
signalés dans l'épopée ou dans le folk-lore de l'Irlande, ou dans le roman
arturien, qui c. infirment la réalité du sacrifice humain et, en particulier, le
rite des tètes coupées (voir G. Huet, dans Revue d' Ethnographie et de Socio-
logie, 191 3, p. 379, et F. N. Robinson, Humansacrifice among the Irish Celts,
Boston, 191 3 ; je ne connais ce dernier travail que par le compte rendu de
Dottin, Revue des éludes anciennes, 191 3, p. 433).
1 1 j Adolphe Reinach.
le caractère sacré qu'ils attachaient à la tête, Gaulois et Ger-
mains ont certainement dû avoir, comme les demi-civilisés,
des coiffures rituelles, notamment lorsqu'ils la bénissaient et
la blanchissaient à la chaux. C'est là une question qu'il faudra
approfondir. Nous n'avons voulu dans cette note qu'en
signaler l'intérêt.
Adolphe Reinach.
REPERTOIRE
DES
FAC-SIMILÉS DES MANUSCRITS IRLANDAIS
(2e partie)
La première partie de ce répertoire, consacrée aux fac-simi-
lés des manuscrits irlandais conservés en Irlande, a paru dans
cette revue en 1913 (t. XXXIV, p. 14-37). Cette fois, je
m'occupe des manuscrits conservés dans les bibliothèques
d'Angleterre.
J'ai indiqué les fac-similés du livre de Lindisfarne et du
livre de Saint-Chad, manuscrits qui, suivant des auteurs
autorisés, ont été écrits ou ornés, au moins en partie, par des
mains irlandaises '.
A la liste des abréviations, donnée en tête de la première
partie (p. 15-16), j'ai à ajouter les suivantes :
Astle = Thomas Astle, The origin and progress of writing...
iilustrated by engravings taken front marbles, manuscripts and
charters, ancient and modem, 40, London, 1 784 .
C. P. Cooper = Appeuclix A to a Report on Rymer's Fœdera,
tuith Supplément lo Appendix A, 8°, [London, 1869].
O'Conor = Charles O'Conor, Reruni Hibernicarum scri-
ptores, t. I, 40, Buckinghamiae, 18 14.
Silvestre = Joseph B. Silvestre, Paléographie universelle.
Collection de fac-similés d'écritures de Ions les peuples et de tons
les temps, 4 vol. fol., Paris, 184 1.
1. Sur le livre de Lindisfarne 1 voir R. A. S. Macalister, The colopbon in
the Lindisfarne Gospels (Essay s and studies presented to William Ridgi
Cambridge, 191 3, p, 299-305). Sur le livre de S. Chad, voir W. M. Lindsay,
Early Welsh Script, Oxford, 1912, p. 1-7.
4i 6 L. Gougaud.
MANUSCRITS CONSERVÉS EN ANGLETERRE
CAMBRIDGE
I
SAINT JOHN'S COLLEGE
N° 59. — Psautier de Southampton (xe siècle ?)
Fac-similés de l'écriture :
Fol 5' et 72r [69] (Ps. 1, 1 et ci, 1-2, avec deux initiales
ornées) Stephan Beissel, Geschichte der Evangelienbûcher in der
ersten Hàlfte Mittelalters, Freiburg-im-Brisgau, 1906, pi. 26.
— Fol. 35v (Canticum l ri uni puerorum). Westwood, P. S. P.
Irisb Mss. fig. 2. —Fol. 39r (Début du Ps. 51) Burlington
Fine Arts Club : Exhibition oflllumiualcJ Manuscripts, London,
1908 (édit. in-fol.), pi. xi.
Fac-similés des peintures :
Fol. 35v (Crucifixion) Westwood, P. S. P., Irish Mss.,
fig. 1 ; W. Smith et S. Cheetham, Dictionary of Christian
Antiquities, London, 1893, P- n86.
J. Ruskin, The Pwo Paths (Works, XVI), Orpington 1878,
p. 23 (Un des anges de la Crucifixion); Burlington Fine Arts
Club, édit. citée, pi. xi.
Fol. 71v 1 68] et lv [4] (Victoire de David sur Goliath et
Victoire de. David sur le lion) Westwood, M. 0., pi. 30;
Romilly Allen, Early Christian Symbolism of Gréai Britain and
Ireland, London, 1887, p. 206, fig. 65.
II
UNIVERSITÉ
I 1, vi, 32. — Livre de Deer (xe siècle). — Évangéliaire
latin avec textes et gloses gaéliques.
Écriture :
Fol. 21 (Mat. 1, 1), Facsimiles of the national Manuscripts of
Répertoire de fac-similés des manuscrits irlandais. 417
Scotland, Southampton, 1867, t. I, pi. 1, 1 ; John Smart,
The Book of Deer, Edimburgh, 1869, pi. II.
Fol. 2V (Mat., 1, 2-16), National Man. of Scotland, t. I, pi. 1,
2.
Fol 3r (Mat., 1, 17, et texte gaélique : Légende de la mis-
sion de S. Drostan), National Man. of Scotl., t. I, pi. 1, 2;
]. Smart, Book of Deer, pi. m; F. O. Russel, The Book of Dier
(Celtia, mars 1901) (Première ligne du texte gaélique).
Fol. 3V et 4r (Texte gaélique), National Man. of Scotl., t. I,
pi. 11, 1; J. Smart, Book of Deer, pi. iv et v; Pal. S., I,
pi. eexi.
Fol. 5r (Mat., 1, 18-21), National Man. of Scotl., t. I, pi. 11,
2; f. Smart, Book of Deer, pi. vu; J. Smart, The Sculptured
Stones of Scotland (Spalding Club). Edinburgh, 1856-1867,
t. II, pi. 5.
Fol. 17r (Début de S. Marc), J. Stuart, Book of Deer, pi. ix.
Fol. 28v et 29r (Ordo de communione infirmorum : éd. F. E.
Warren, The Liturgy and Ritualofthe Celtic ChurcJi), J. Stuart,
Book of Deer, pi. x et 11. — Fol. 30r (Début de S. Luc),
J. Stuart, Book of Deer, pi. xn. — Fol. 85r (Symbole des
Apôtres et Colophon), J. Stuart, B.of Deer, pi. xvm; Pal. S.,
I, pi. ccx.
Peintures :
Choix d'ornements divers chez John Stuart, Book of Deer,
pi. xxi.
Fol. lv (Quatre personnages dans quatre compartiments),
Nat. Man. of Scotland, t. I, pi. 1, 1 ; J. Stuart, B. of Deer,
pi. 1; Le même, Sculptured Stones, t. II, pi. 7. — Fol 4V
(Trois personnages), Nat. Man. of Scotl., t. I, pi. il, 2;
J. Stuart, B. of Deer, pi. vi* Le même, Sculptured Stones,
t. II, pi. 5. — Fol. 16v(Un personnage), J. Smart, B. ofDeer,
pi. vin ; Westwood, M. O., pi. 51, 2. — Fol. 29v (Un per-
sonnage), J. Stuart, B. of Deer, pi. xi; Sculptured Stones, II,
pi. 6.
Fol. 41v (Sept personnages), J. Stuart, B. of Deer, pi. xv;
Sculptured Stones, II, pi. 6. — Fol. 71v (Un personnage les
bras en croix), J. Stuart, B. of Deer, pi. xxn. — Fol. 84v
Revue Celtique, XXXV. 27
418 L. Gougaud.
(Epiicit de S. Jean et deux personnages), J. Stuart, B.ofDeer,
pi. xvii ; Sciript. Stones, II, pi. 8; Pal. S., I, pi. ccx. —
Fol. 85v (Quatre personnages, dont trois les bras en croix,
dans quatre compartiments), J. Stuart, B. of Deer, pi. xix;
Sculpt. Stones, II, pi. 8. — Fol. 86r (Quatre personnages dans
quatre compartiments triangulaires), J. Stuart, B. of Deer,
pi. xx ; Sculpt. Stones, II, pi. 7 ; Westwood, M. O., pi. 51, 3.
DURHAM
BIBLIOTHEQUE DE LA CATHÉDRALE
A. 11. 17. — Évangéliaire latin (vme siècle).
Écriture :
Fol. 51r(Marc, vu, 3-11 ), A. Pal. S., pi. xxx.
LITCHFIELD
BIBLIOTHÈQUE DE LA CATHÉDRALE
N° 1. — Livre de Saint Chad (vm-ixe siècle). — Évan-
gile latin fragmentaire, avec textes latins et gallois.
Écriture :
Spécimens divers chez Westwood, P. S. P., The Gospel of
S1 Chad, nos 3 à 7. •
Fol. 9V (Mat., v, 17-19), J. G. Evans, The Text of the Book
of Llan Dâr {OUI Welsh Text s), Oxford, 1893, pi. en lace de
p. xlv. —Fol. 10r (Mat., v, 23-26), lbid. —Fol. 22r(Mat.,
x, 27-35), F- H. A. Serivener, Codex Ceddàe Laliuits, Canta-
brigiae, 1887, pi. en face de 7; Pal. S., I, pi. xx. — Fol. 71r
(Mat., xxviii, 19-20), W. M. Lindsay, Early Welsh Script,
Oxford, 19 12, pi. 1 ; W. J. Rees, The Liber Lamlavenois
{Welsh Mss. Soc), Llandovery, 1850, pi. vi;J. G. Evans, op.
cit., pi. en face de p. xliii. — Fol. 109r (Mat., vi, 9 a 13),
Westwood, P. S. P., S' Chad, n° 2 ; F. H. A. Serivener, op.
cit.,p\. en face de p. 3. — Fol. lllr (Luc, 1, 3-4), Astle,
pi. xv, 5.
Répertoire de fac-similés des manuscrits irlandais. 419
Lettres ornées :
Fol. 3r (Mat., 1, 18), Scrivener, op. cit., frontispice.
Autres Peintures :
Fol. 71r (Portrait de S. Marc), Westwood, M. 0.,
pi. xxiii. — Fol. 109" (Portrait de S. Luc) George Hickes,
Linguarum veterum septentrional! uni thésaurus, Oxford, 1703-
1705, t. I, p. vin ; Westwood, P. S. P., G. of&Chad, n° 1;
Pal. S., I, pi. xxi ; Romilly Allen, Early Christian symbolisai
of Great Britain and Ireland, London, 1887, fig. 47, p. 170;
J. Gvenogvryn Evans, op. cit., pi. en face de p. lxvi; W. M.
Lindsay, Early Welsh Script., pi. 11. — Fol. nor (Emblèmes
des quatre évangélistes), Westwood, M. 0., pi. xxiii. — -Fol.
110v (Grande croix et motifs zoomorphes), Pal. S., I,
pi. xxxv.
LONDRES
I
BIBLIOTHÈQUE DU PALAIS DE LAMBETH
Évangéliaire latin de Mac Durnan (xe siècle).
Écriture :
Fol. 3V (Passage où Mael Brith Mac Durnan est mentionné,
en capitales), Westwood. P. S. P. Gospel of M. Durnan. pi m,
2. — - Fol. 65 (Mat., xxvn, 24-32, avec une glose irlandaise
publiée par Stokes et Strachan, Thésaurus Palaeohibernicus, t. I,
p. 484) ; Gilbert, I, pi. xxxi, 3 ; J. H. Todd, Account of a
Ms. of the Four Gospels in theLibrary... at Lambelh (Proceedings
of the Royal Irish Acad., t. I, 1836-40, p. 41.
Lettres ornées :
Fol. 2r (Mat., 1, 1-14), Gilbert, I, pi. xxxi, 1 et 2. — Fol.
5r (Mat., 1, 18), Gilbert, I, p. xxx, 1; W'estwood, P. S. P.
Gosp. ofMlD., pi. 11, 1. — Fol. 72r (Marc, 1, 1-6), Gilbert, I,
pi. xxx, 2 ; Bruun, pi. v, p. 40. — Fol. 117r (Luc, 1, 1-8),
Gilbert, I, pi. xxx, 3. — Fol. 172r (Jean, 1, ), Westwood,
P. S. P.,Gosp.ofMl D., pi. 1, 1.
420 L. Gougaud.
Autres peintures :
Choix d'ornements divers chez J. O. Westwood, On the
distinctive Character of the varions styles and ornementation em-
ployée! by the early British, Anglo-Saxon and Irish Arlists (Ar-
chaeological Journal, t.X, p. 285, 288, 289, 294; Owen Jones,
The Grammar of Ornament, London [1865], pi. 65, nos 4, 8,
9, 10, 13.
Fol. lv (Emblèmes des quatre évangélistes), Westwood,
P. S. P. G. of Mc D., pi. 1, 2 ; Bruun, pi. iv, p. 32.
Fol. 4V (Portrait de S. Matthieu), John Stuart, Sculptured
stones of Scotland, t. II, pi. iv ; Westwood, M. O., pi. xxn ;
Le même. Irish illuminated Manuscripts (Arch&ological Journal,
t. VII, p. 17); Joseph Anderson, Scotland in early Christian
Times, Edinburgh, 1881, ire série, p. 228; L. Gougaud, Varl
celtique chrétien {Revue de Fart chrétien, 191 1, fig. 10, p. 105);
Le môme, Liturgies et arts celtiques (Revue celtique, t. XXXII,
1911,%. 4, p. 252).
Fol. H5V (Portrait de S. Luc), J. Stuart, op. cit., t. II,
pi. iy ; Westwood, M. O., pi. xxn; Le même, dans Archxolo-
gical Journal, t. VII, p. 19; J. Anderson, op. cit., p. 228;
L. Gougaud, dans la Revue de Fart chrétien, 191 1, fig. 9,
p. 104; Le même, dans la Revue celtique, t. XXXII, fig. 2,
p. 259.
Fol. 116r (Trahison de Judas. Cette miniature n'est pas de
style irlandais), Westwood, P. S. P. G. of M. D., pi. m, 1.
Fol. 170v (Portrait de S. Jean), Cari Schnaase, Geschichte der
bildenden Kùnste, Dùsseldorf, 1869, t. III, fig. 14e, p. 613 ;
Westwood, P. S. P. Gosp. of M. Duman, pi. 1; A. Wolt-
mann, et K. Woermann, Geschichte der Malerci, trad. S.
Colvin, London, 1880, t. I, fig. 54, p. 204; John Henry
Middleton, Illuminated Manuscripts in Classical ami Mediœval
Times, Cambridge, 1892, fig. 20, p. 91; Brunn, pi. VI, p. 48;
Walter Armstrong, Ars una, species mille : Grande-Bretagne
et Irlande, Paris, 19 10, fig. 262, p. 131.
Écriture :
Fol. 24r-25r (Annales de Boyle de 1 174 à 1 185), Gil-
bert, II, pi. xci, avec transcription et traduction.
Répertoire de fac-similés des manuscrits irlandais. 421
II
BRITISH MUSEUM
1. — Arundel, 333 Ms . médical et astronomique écrit en
1514 et 1519.
Écriture :
Fol. 35v (cf. O'Gradv, Catalogue, p . 246), British Muséum :
Catalogue of Manuscripts, nouv. série, t. I, ire partie : The
Arundel mss. London, 1834, pi. 111.
2. — Cotton, Galba A. V. — Psautier latin (xie-xne siècle).
Écriture :
Fol. 17v (Ps. 33, 1-3, avec une lettre ornée), Westwood,
P. S. P., Irish Mss., p. 4, planche unique, n° 3. — Fol.
28v et 29r (Ps. 59, 11-14, Ps- 6o> Ps- ér> Ps- 62, 2"I2>
avec initiales ornées), Gilbert, II, pi. xlix. — Fol. 29v (Ps.
84, 3-14, Ps. 85, 1-3, avec initiales ornées), Gilbert, II, pi.
XLvni, 1. — Fol. 37r(Ps.77, 19-20), David Casley, ACata-
logue of the Manuscripts of the King's Library : An appemlix to
the Catalogue of the Cottonian Library, London, 1734, pi. xiv.
— Fol. 38r (Ps. 101, 2-8, avec initiale ornée), Gilbert, II,
pi. XLVIII, 2.
3. — Cotton. Nero A. VII. — Ms. juridique écrit en 15 71.
Écriture :
Fol. 132 (Bretha Nemed), C. P. Cooper, SuppL, pi. xm.
4. — Cotton. Nero D. IV. — Livre de Lindisfarne (v.
700). — Evangéliaire latin.
Écriture :
Fol. 34r (Mat., iv, 24-v, 10, avec des lettres ornées),
Pal. S., I, pi. m ; Westwood, P. S. P., Anglo-saxon Gospels,
pi. unique n° 1 ; The Harmsworth Encyclopaedia, London
[190e], t. VIII, p. 53 ; Ed. Maunde Thompson, An Introduc-
tion to Greck and Latin Palaeography, Oxford, 1912, n° 140,
p. 387. — Fol. 81v (Mat., xxvi, 22), C. P. Cooper, SuppL,
pi. xxiv, 1. — Fol. 90r (Incipit argumentant [Marri], avec
422 L. Gougaud.
cinq lettres ornées), E. Maunde Thompson, Catalogue of ancieni
Manuscripls in the Britisb Muséum, London, 1884, 2e partie,
pi. vin ; F. G. Kenyon, Facsimiles of Biblical Manuscripls in
the Biitish Muséum, London, 1900, pi. xi ; Catholic Ençyclo-
paedia, London [1910], t. IX, pi. en face de p. 270. — Fol.
139v (Luc, 1, 5-7, avec des lettres ornées et Pater), Astle, pi.
xiv b ; Silvestre, t. IV, pi. 11, 1 ; O'Conor, pi. ni, 2. — Fol.
195v (Luc, xxii, 37-47), F. G. Kenyon, Handbook to textual
Criticism of the New Testament, 2e éd., London, 1912, pi.
xvi. -- Fol. 259r (Jean, xxi, 22-25 et colophon), E. Maunde
Thompson, Calai, of anc. manuscripts, 2e part., pi. ix;D.
Casley, Catalogue of the man in the King's Library, pi. xm ;
Robinson, pi. v.
Lettres ornées :
Choix de lettres ornées : Astle, pi. xiv /; ; Owen Jones,
Grammar of Orna ment, pi. lxiv, 38 et 40, pi. lxv, i ; West-
wood, Arch. Journal, t. X, fig. 7, p. 294 ; Matthew Dighy
Wyatt, The Art of Illuminating (Privately printed) [London,
1860], pi. m et iv. — Fol. 27r (Mat. 1, 1), Pal. S., I, pi.
iv ; Brunn, pi. m. — Fol. 29r (Mat., 1, 18), Fred. Madden,
Illuminated Ornaments, etc., London, 1833 [pi. v] ; J. Steven-
son, The Lindisfarne and Rushworth Gospels (Surtces Society,
t. XXVIII), 1854, pi. en face de p. 38; G. F. Warner, Repro-
ductions from illuminated Manuscripts in the British Muséum,
London, 1908, 3e série, pi. 11; Robinson, pi. x; James Has-
tings, Encyclopaedia of Religion and Ethics, Edinburgh, 1908,
t. Ier, p. 890. — Fol. 95r(Marc, 1, 1-2), Robinson, pi. vu;
Walter Armstrong, Ars una,Species nulle : Grande-Bretagne et
Irlande, Paris, 1910, fig. 271, p. 137. — Fol. 129r (Luc, 1,
1), Astle, pi. xiv a ; Pal. S.,\, pi. xxii ; E. Maunde Thomp-
son, English illuminated Manuscripts, London, 1895, P^ î> F-
G. Kenyon, Our Bible and the Ancieni Manuscripts, London,
1895, pi. xx; Robinson, pi. vin ; J. A. Herbert, Illuminated
Manuscripts {The Connaisseurs Library), London [19 11], pi.
vin. — Fol. 211r (Jean 1, 1), Henrv Noël Humphreys, Illu-
minated Books of the Middle Ages, London, 1844-49 (planches
sans numérotation); Pal. S., I, pi. vi ; G. F. Warner, /////-
Répertoire de fac-similés des manuscrits irlandais. 423
minated Manuscripts in the British Muscuni, London, 1903, pi.
I ; Robinson, pi. ix.
Autres peintures :
Choix de motifs d'ornementation : Owen Jones, Grâmmar
ofOrnament, pi. lxv, 5, 11, 12, 14 ; Westwood, Arch. Journal,
t. X, fig. 4, p. 291,6g. 12, p. 297; Auguste Racinet, L'Orne-
ment polychrome, Paris [1869-78], t. I, Moyen âge, ornements
celtiques, n° 26, t. II, planche « celtique »,'n° 8. — Fol. 25v
(Portrait de S. Matthieu), Westwood, M. O., pi. xiii. — Fol.
26v (grande croix ornée d'entrelacs zoomorphes sur un
fond d'ornementation), E. Maunde Thompson, Catalogne of
anc. Man. in the Br. Muséum, 2e partie, pi. x ; G. F. Warner,
Reproductions, 3e série, pi. 1; Robinson, pi. vi. — Fol. 93v
(Portrait de S. Marc), J. A. Herbert, The Erhhlems of the Evan-
gelists (Burlington Magasine, t. XIII, 1908, pi. en face de
p. 167). — Fol. 94v (Dessins géométriques et zoomorphes
et entrelacs, cercle au centre), Westwood, M. O., pi. xn ;
Joseph Anderson, Scotland in early Christian Times, Edin-
burgh, 1881, iresér., pi. 1. — Fol. Ï37v (Portrait de S. Luc),
E. M. Thompson, Catal. of anc. mss. in the Br. Mus., 2e par-
tie, pi. xi. — Fol. 210v (Dessins géométriques et zoo-
morphes, croix au centre), Pal. S., I, pi. v; G. F. Warner,
II lu minated Manuscripts, pi. 11.
5. — Cotton. Otho C. V. — Fragments des Évangiles en
laiin ( vme siècle ?).
Écriture : Fol. 25v (« Cata Marcum » en capitales
angulaires), T. Astle, pi. xv, n° 1, p. 98 ; J. B. Silvestre, IV,
pi. 1, 1.
6. — Cotton. Titus A. XXV. — Annales de Boyle (fin du
xme siècle).
7. — Cotton. Vitellius F. XI. — Fragments d'un psautier
latin (ixe-xe siècle).
Écriture :
Fol. 29v (Ps. 74, 3-14), Gilbert, II, pi. xlviii, i. — Fol.
38r (Ps. 101, 2-8, avec encadrement et grande initiale
ornée), Gilbert, II, pi. xlviii, 2.
424 L. Gougaud.
Peintures :
Fol. lr (David et Goliath), J. Smart, Sculptural Siones
of Scotland, t. II, p. lxxix ; Westwood, Irish illuminated
Manuscripts (Archaeological Journal, t. YII, p. 23 ; Le même,
M. O., pi. li, 7. — Fol. 2r (David jouant de la harpe), J.
Smart, Op. cit., II, p. lxxix; Westwood, Arch. Journal,
t. VII, p. 24; Le même, M. O., pi. li, 9.
8. — Egerton 89. — Lile na beladhan leighis (Lys de l'art
de médecine), écrit en 1482.
Écriture :
Fol. 13r [olim 1] (Début de la préface du traité médical),
J. P. Cooper, Suppl., pi. xix.
9. — Egerton 90. — Mélanges irlandais (xve-xvie siècle).
Écriture :
Fol. 15r [olim 14] (Texte de loi concernant la mise à
mort du daim, avec une initiale ornée), J. P. Cooper, Suppl.,
pi. xxi. — Fol. 16r [olim 15] (Texte légal sur les animaux),
J. P. Cooper, Suppl., pi. xxi. — Fol. 18r (Poésie sur Bri-
gid), J. P. Cooper, Suppl., pi. xxi.
Ornements :
Fol.7r (Tableau des caractéristiques des signes du zodiaque),
J. P. Cooper, Suppl., pi. xx.
10. — Egerton 91. — Homélies en irlandais (xve siècle).
Écriture :
Fol. 20r [olim 37] (Pater en latin) ; fol. 67r [olim 107],
initiale ornée; fol. 52r [olim ni], initiale ornée : J. P.
Cooper, Suppl., xxn.
11. — Egerton 92. — Mélanges religieux en irlandais
(xvie siècle).
Écriture :
Fol. 4r [olim 1], 12' [olim 16], 31 r [olim 43], J. P.
Cooper, Suppl., pi. xxm.
12. — Harley 432. — Fragment du Senehus Mor (xvie
siècle).
Répertoire de fac-similés des manuscrits irlandais. 425
Écriture :
Fol. 4r (Texte du Senchus Mor, avec lettres ornées), Ancient
Laws of Ireland, Dublin, 1869, t. II. pi. 1.
13. — Harley 546. — Traité médical en irlandais écrit en
1459-
ÉCRITURE :
Fol. 11 r (Texte sur les doses médicales), Norman Moore, The
History of the Study of Médiane in the British Lies, Oxford,
1908, pi. VIII.
Fol. 55 (Sur la goutte), N. Moore, Op. cit., pi. ix.
Fol. 17v (Sur l'épilepsie), N. Moore, Op. cit., pi. x.
14. — Harley 1023. — Evangéliaire latin (xne siècle).
Écriture :
Fol. 7V (Mat., xxvn, 49-50), Westwood, P. S. P., Irish
Mss, pi. unique, n° 7. — Fol. llr (Marc 1, 1-14, avec une
initiale ornée), Gilbert, I, pi. xlv, 2. — Fol. 34r (Luc 1,1-16,
avec une initiale ornée), Gilbert, I, pi. xlv, 3. - - Fol. 65r
(Jean 1, 1-20, avec une initiale ornée), Gilbert, I, pi. xlv, 4. —
Fol. 88v(« Finit, Amen, Finit, Amen »), Westwood, P. S. P.,
Ir. Mss., pi. unique, n° 8 ; G. P. Cooper, Snppl., pi. xvn, 1.
Peinture :
Fol. 10r (Emblème de S. Marc), Gilbert, I, pi. xlv, i.
15. — Harley 1802. — Evangéliaire de Maelbrigte en
latin, avec des textes irlandais (xir siècle).
Écriture :
Fol. 9V (Poème irlandais sur les Apôtres; texte et trad.chez
Whitley Stokes, The Irish Verses etc, in Harleian 1S02, Revue
celtique, t. VIII, 1887, p. 350-355), Gilbert, I, pi. xl, 1. —
Fol. 101 (Mat. 1, 18-23, avec une initiale ornée), Gilbert, I,
pi. xli, 1. — Fol. 13r (Mat., 11, 22-23, ni, 1-8), Gilbert, I, pi.
xlii, 1. — Fol. 50r (Texte latin extrait de Bède sur II Petr.
ni, 10 et une ligne en irlandais), Gilbert. I, pl.xL, 2. — Fol.
60r (Mat., xxviii, 13-20), Gilbert, I, pi. xli 2. — Fol. 61v
(Début de S. Marc, avec une initiale ornée), Westwood, P. S.
P., Irish Mss., pi. unique, n° 4. — Fol. 87r (Luc, 1, 1-13, avec
426 L. Gougaud.
une initiale ornée) Pal. S., I, pi. 212. — Fol. HT (Luc xix,
17-32), E. Maiinde Thompson, An Introduction to Greek and
Latin Palœographv, Oxford, 19 12, n° 139, p. 382. — Fol.
127v (Luc, xxiv, 47-52, et prière pour Maelbrigte, texte et trad.
chez Wh. Stokes, Op. cit., Revue celtique, t. VIII, p. 358-359)
Gilbert, I, pi. xli, 3 ; E. Maunde Thompson, Handbook 0)
Greek and Latin Pahvography, London, 1893, P- 243 5 Res-
sens, Eléments de paltographie, Louvain, 1899, p. 5 1 ; West-
wood, P. S. P., n° 5 (prière seulement). — Fol. 128r (Jean,
1, 1-15, avec une initiale ornée), Gilbert, I, pi. xli, 4 ; J. P.
Gooper, Suppl., pi. xvi; F. G. Kenyon, Facsitniles of Biblieal
Manuscripts iu tbe British Muséum, London, 1900, pi. xvm ;
Franz Steffens, Lateinische Palàograpbie, pi. 83 et 2e ëd'rt. (Sup-
plément %ur ersten Aujlage, pi. 34, n° 1).
Fol. 156v (Jean, xxi, 20-25, avec colophon en irlandais),
Gilbert, I, pi. xlii, 2. Le colophon seulement chez O'Conor,
pi. vi, 1 ; C. P. Cooper, Suppl. , pi. xvi, 2.
Peinture :
Fol. 60v (Lion, emblème de S. Marc), Westwood, P. S. P.,
n° 6 ; L. Gougaud, V Art celtique Chrétien (Revue de Part Chré-
tien, 191 1, rig. 13, p. 108).
16. Harley 3756. — Mélanges. (xvie siècle)
Ecriture :
Fol. 37r (Convention en irlandais entre Gerald, huitième
comte de Kildare et Mac Geoghegan), Gilbert, III, pi. lxi,
avec transcript. et trad.
17. — Harley 3280. — Mélanges irlandais (xvL'-xvie siècle).
Ecriture :
Fol. 27r (Tochmarc Emire la Coiuculaind, avec une initiale
ornée : édit. sans traduct. de Kuno Meyer, Zeitschrift fur
altische Philologie, t. III, 1900, p. 229), Ch. P. Cooper, Suppl.,
pi. xvm, 1; Astle, pi. xxn, 13. — Fol. 53r (Noiden Ulad :
publié par E. Windisch, avec une trad. allemande, A', sàchs.
Gessellsch. der Wissensch. Berichte, t. XXVI, 1884, p. 340),
Ch. P. Cooper, Suppl., pi. xvm, 2.
Répertoire de fac-similés de manuscrits irlandais. 427
18. — Addit., 15582. — Manuscrit médical écrit en 1563.
Reproduction complète en fac-similé du Regimen sanitalis
(15 planches, dont deux avec lettres ornées) avec transcription
et traduction chez H. Cameron Gillies, Regimen Saniîatis. The
Rnle of Health, Glasgow, 191 1. — Voir aussi du même, A
Gaclic Médical Man user ipt of 1563 {Çaledonian médical Journal,
t. V, 1902, p. 39-86).
OXFORD
I
BODLÉIENNE
1. — Auct. D. 2. 19. — Codex Rushworthianus ou
Evangéliaire de Mac Regol en latin (ixc siècle).
Ecriture :
Alphabet en capitales et en semi-onciales, chez Astle,
pi. xvi ; O' Conor, pi. iv, 2.
Fol. 55r (Marc, 11, 12-15), Astle, loc. cit., Silvestre, IV, pi. 11,
2; O' Conor, pi. ni, 1. — Fol. 92r (Luc, m, 8-17), S. Hem-
phill, The Gospels of Mac Regol of Birr , a Study in Celtic Illu-
mination (Proccedings if the Roy. Irish Academy, t. XXIX, sect.
c, 191 1, pi. v. — Fol. 93r (Luc, m, 27-36), Gilbert, I, pi.
xxii. — Fol. 110r (Luc, xvi 25- xvn, 6), Pal. S ., I, pi. xcx ;
E. Maunde Thompson, Handbook, p. 241 ; Reusens, Eléments
de Paléographie, p. 49. — Fol. 155r (Jean xm, 2), J. Steven-
son, The Lindisfarne and Rushworth Gospels : Surtees Society, t.
XL VIII, frontispice. — Fol. 169v (Souscription de Mac Regol
en latin), Gilbert, I, pi. xxiv ; J. Stevenson, Op. cit., frontis-
pice.
Lettres ornées :
Fol. lr (Début de S. Mat.), Hemphill, Op. cit., pi. 1. —
Fol. 52r(Marc, 1, 1), Westwood, P. S. P. Gospel of Mac Regol,
pi. unique, n° 2; Hemphill, Op. cit., pi. 11. — Fol. 85r
(Début de S. Luc), Westwood, Op. cit ., n° 1 ; Hemphill, pi.
m. — Fol. 127r (Début de S. Jean), Gilbert, I, pi. xxm ;
Hemphill, pi. iv;Cabrolet Leclercq, Dictionnaire lï archéologie
438 L. Gougaud.
chétienne et de liturgie, t. II, fig. 2337. — Fol. 127v (Jean 1,
6), Westwood, n° 3.
Autres peintures :
Ornements divers : Westwood, Archxological Journal, t. X,
pi. en face de p. 291, fig. 3, 5 ; pi. en face de p. 291,
fig. 6.
Fol. 126v (Portrait de S. Jean), Westwood, M. O., pi. xvi ;
Pal. S., I, pi. xcxi.
2. — Auct. F. 3. 15. — Texte latin de Chalcidius avec
des gloses irlandaises ( ).
Ecriture :
Fol. lr (Incipit : Socrates in exhortât ionibus, avec une initiale
ornée), O' Conor, I, pi. vi, 2.
3. — Laud Mise. 618. — Mélanges irlandais (xne-xve
siècle).
Écriture :
Fol. 33r (Gilla Coemain Annalad anal! huile, avec une ini-
tiale ornée), O' Conor, I, pi. vu, 5. -- Fol. 59r (JSen a Crist
molabrad avec une initiale ornée), Ibid., pi. vu, 6. — Fol.
110, Gilbert, III, pi, xlvii.
Lettres ornées:
Gilbert, IV, Appendice, pi. iv.
4. — Rawl. B. 487. — Mélanges irlandais (xve siècle).
Écriture :
Fol. 55r (Passage des lois des Brehons), O' Conor, I, pi.
vi, 3.
5 — Rawlinson B. 488. — Annales de Tigernach (xive
siècle).
Écriture :
Fol. llr (Annales de 665 à 682 de l'ère chrétienne), Gil-
bert, II, pi. xc.
Lettre ornée :
O' Conor. R. H. S, I, pi. vu, 1.
6. — Rawl. B. 489. — Annales d'Ulster, en irlandais (xvie
siècle).
Répertoire de fac-similés des manuscrits irlandais. 429
Écriture :
Astle, pi. xxii, 16, 17.
7. — Rawl. B. 502. — Mélanges irlandais (xie-xne siècles).
Écriture :
Ce manuscrit a été publié intégralement en fac-similé par
le Prof. Kuno Meyer : Rawlison B. j02. A Collection of pièces
in prose and verse in the Irisb Language, Oxford, 1909.
Autres fac-similés : O' Conor, pi. vu, 4 (fol. 2 : Annales
de Tigernach) ; Gilbert, I, pi. xliii, xliv, II, pi. xc (fol. 6, 7,
11 : Annales de Tigernach) ; Astle, pi. xxn, 15 (Annales de
Tigernach); Eleanor Hull, Poem Book of the Gael, London,
1912, frontispice : fol. 191' (Saltair na Rann, éd. Whitley
Stokes, Anecdota oxoniensia, Oxford, 1883); Gilbert, II, pi.
lvi, lvii, Lvm(fol. 65-', 79l, 64l : généalogies).
8. — Rawl. B. 503. — Annales d'Inisfallen, en irlandais
(xnr-xive siècles).
Écriture :
Fol. 16v (Annales de 930 à 951), Gilbert, II, pi. lxxxix.
9. — Rawl. B. 505. — Mélanges irlandais (xiv-xve siècle).
Écriture :
Choix de lettres chez O' Conor, I, pi. vi, 4.
10. — Rawl. B. 512. — Mélanges irlandais (xive-xve
siècles).
Écriture :
Fol. 23r (Vie tripartite de S. Patrick, en irlandais : éd. et
trad, Wh. Stokes, The Tripartite Life of Patrick, London,
1887, p. 192-197), Wh. Stokes, Trip. Life, t. I, frontispice).
Fol. 45r (Traité en irlandais sur le psautier : éd. et trad.
Kuno Meyer, Hibernica Minora, Oxford, 1894, p. 1-3, 20-
22) .
K. Meyei, op. cit., frontispice.
11. — Rawl. B. 514. — Mélanges irlandais (xvie siècle).
Peinture :
Fol. 3'[2] (Portrait de S. Columba), Gilbert, III, pi.
LXVI .
4^0 L. Gougaud.
II
CORPUS CIIRISTI COLLEGE
i. — N° 122. — Evangéliaire latin (xie siècle?).
Écriture :
Fol. 10v (Mat. i, 15 -il, 2), Gilbert, II, pi. xlvii, i. — Fol.
41 v (Mat., xxvi, 69-xxvn, 7), Gilbert II, pi. xlvii, 2. —
Fol. 72v-73r (Luc, m, 19-iv, 11), Gilbert, II, pi. xlvii, 3, 4.
Lettres ornées et peintures :
Fol. 3V-4V (Canons d'Eusèbe), Gilbert, II, pi. xlvi r, 2. —
Fol. 5v (Diagramme : Aléa Evangeliï), Gilbert, II, pi. xlvi, 3.
— Fol. 10r (Mat., 1, 1-15), Gilbert, II, pi. xlvi, 4.
2. — N° 282. — Missel (xne siècle).
Écriture :
Fol. 31r (Oraisons pro diaconibus) F. E. Warren, The
Manuscript Irish Missal belonging to... Corpus Christi Collège
Oxford, London, 1879, pi. 1. — Fol. 51r (Introït, collecte et
épître de la messe du jour de Noël, avec lettres ornées), War-
ren, op. cit., pi. 11. — Fol. 58r (Oraison et épître de la messe
des Saints Innocents), Warren, op. cit., pi. m. — Fol. lllv-
112r (Litanies de l'office du Samedi saint), Gilbert, II, pi. l, i,
2 ; Warren, pi. iv. — Fol. 114v (Introït du dimanche de
Pâques), Gilbert, II, pi. l, 3. — Fol. 115r (Epître et Evangile
du dimanche de Pâques), Gilbert, II, pi. li, i. — Fol. 196-197'
(Rituel du Baptême), Gilbert, II, pi. li, 2, 3.— Fol. 202r
(Consecratio fonds), Warren, pi. v.
Le sac de cuir dans lequel ce missel était autrefois renfermé
a été conservé. On en trouvera une reproduction chez Ernest
A. Savage, Old English Libraries, London [191 1], pi. 1, 2.
L. Gougaud.
NOTES
SUR LE
PARLER BRETON DE CLÉGUÉREC ■
(morbihax)
(Sniie)
VOCABULAIRE
Bien que le vocabulaire de Cl. soit assez pauvre et ignore
un certain nombre de termes courants ailleurs (il dit. par
exemple :
panye'' de lakat inet, panier à mettre des oiseaux, pour V.
kavidel, cage ;
u r goba là, flambée, feu de joie, alors que Pontivy emploie
ur wogedel; ne connaît guère le mot manne, montagne, qu'il
remplace par le vocable imprécis motçn, motte, butte ; etc.,
etc.),
il renferme cependant quantité de mots non en usage à
V. L'on trouvera ci-après quelques-unes, la minorité seule-
lement, de ces expressions qui, connues sans doute — cer-
taines d'entre elles, tout au moins — en dehors de Cl., n'ont
pas été relevées (sauf erreur) par les dictionnaires de Y. ou
sont portées dans ces ouvrages avec un sens différent. L'on n'a
pas répété, en général, les mots dont les modifications phoné-
tiques seules sont ci noter (Voir Phonétique).
âbyçj(œw) ou îibkjQrw) : anneau(x) du joug.
[dèn] adyes : [homme] habile, expert.
i. Voir ci-dessus, pp. et --.
43 2 E. Thibault.
akiuit, gober en akiuit ag en tiy : suffire pour la provision de la
maison.
[dèn] à port : [homme] important, gros.
a(r)dÔnat : apprivoiser.
are : encore, sens généralement péjoratif ;c est un reproche.
(ar)gorœw : dot.
arikotèn ou arigotèn : badiner, lanterner.
[gwel] asèjet : retenu, empêché, mal en point.
aset : assez.
àwelat [er sœwt] : V. anihélial : conduire [les vaches] à la corde.
B
[terel er] bar : [jeter le] sort.
barabà : charrue moderne [Brahant].
[sakre] barbar : [sacré] brutal, espèce de sauvage! exclamation
bes : buis.
[dihwcâçn stal ïir] beiuin : [saigner comme un] bœuf.
biâabonen ou Ujabonen : taon.
[de se] bihà : [il n'y en a pas] peu, (il y en a assez).
blœn : bleu [des repasseuses],
[ur] boch [a ilis] : [une] grand[e église] (dans ce sens le mot
boch commence à se répandre à Cl.).
botèn : butter, terme de jardinage,
boteù'e'' : sabotier.
brada (franc, brandon) : enseigne d'auoerge, touffe de gui, gui.
brahat ha brahat : bras dessus bras dessous.
bri, féminin, sens spécial de : lisière d'un ch*amp.
budyoch ou bugyoch : chevreuil.
D
dâtet : [bouillie] brûlée, attachée au fond du chaudron.
[karhel] delikat : [marcher] vite.
deryar gor : sorte de lierre qui pend aux arbres.
dermat : étrennes.
dit geneù'çr : aiguilles de glace qui pendent du toit.
deiuech, sens spécial de : noce.
Notes sur le parler breton de Cléguèrec. 433
diboâewèn [pes] : écosser [des pois].
ifalajoxx difalas : déchet.
(d'ailleurs le suffixe collectif volontiers péjoratif aj est
très souvent employé à Cl. Cf. gwanaj, charogne ;
salopriaj, strôkaj, tas de choses, gens malpropres).
dtok] diflapet : [chapeau] aux bords rabattus.
dirweyt te : tourné vers, exposé à.
[dçu] dishe : [homme] très grand, décharné .
dorèn [ger woten\ : monter [la côte].
dœwjœn : déjeuner du matin.
Des noms des autres repas sont :
Qj)aâœjœn : déjeuner de 8 à 9 heures.
lèn : repas de midi.
meren : goûter de 4 heures.
huèn : souper, repas du soir.
ebelâ : roitelet.
farsus, très employé à Cl. dans le sens de : étonnant, extra-
ordinaire.
jasip : tout cà fait semblable.
fenestat : aller sous la fenêtre d'une fille lui conter fleurette.
felisen : sorte de grosse toile.
flehek : fainéant, flandrin.
forch, forhaj : quantité de.
furawten (ce mot est plutôt de Neulliac) ou justen : la robe
tout entière qui se compose du corsage : korvele, cl de la jupe :
broch.
gach, ahœrtel alurghach : talus, entêté comme un talus.
[sakre] gau : sacristi, [sacré] animal ! juron bénin > exclamation
bienveillante,
gardelop (franc, garde-robe) : cabinet d'aisances.
Revue Celtique, XXXV. 28
434 E. Thibault.
garni remplace presque toujours givelen : pleurer.
glà : laine.
go(a)rem er g[aw : arc-en-ciel.
golot (confusion avec volet, voir plus loin) : couvercle (en
générât) .
gotà : parce que, à cause de.
gr(iu)ifal : pousser des cris (enfants).
grwek, sens spécial de : matrone, sage-femme.
g'its : [tourner] court.
guspin (franc.) : gamin, jeune garçon.
gwâ : hiver.
gwech ha [nionet] : en même temps que d'[aller], tant qued'..,
puisque vous
çwel : forçe.
gweshônyat (franc, gascon) : dire des choses inintelligibles.
H
[uni] haya(l) : se pousser, se chamailler (enfants).
[skleyjaî] heli er bl'fïv : [traîner] par les cheveux.
helœr : suie .
hik : hoquet.
(h)onestat : nettoyer.
hubitbu, ibubu : huppe.
hwari [i baivt], [kohle] sens spécial île : faire [le jeune homme],
[le diable à quatre].
hivek [seivel en hiùçkœw] : amygdale [relever, remettre les
amygdales en place en tirant sur les cheveux].
hiuel V. ihuél : haut.
hi'uil, sens spécial de : malin.
hinech do un biuil : c'est un malin, c'est un beau merle (rail-
lerie).
(h)ïbiselat : bercer.
1
Lien : Yves. .
i(n)taves : i) veuve, 2) entonnoir.
[dçn] iskriap : [homme] très grand, maigre et laid.
ismeel (vieux franc, esmayer), et. émoi : effrayé.
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 435
J
jiguni : sucre noir de réglisse.
jœ (franc, jeu), sens abstrait de : plaisir, amusement.
K
Halaâur : instrument qui sert à mettre le fil en éeheveaux,
dévidoir.
kalô-giuâ : novembre.
halot : culot de bois, souche qui reste lorsqu'on a abattu un
arbre à la hache .
hanil , kàniiifâeji, gwerhanit : des araignées, une araignée, toile
d'araignée.
hàpeçn : hésiter [à faire quelque chose].
hâter at : se dit du gloussement des poules qui cherchent à
pondre. L'on dit shlolal quand elles cherchent à couver.
kaws, fémin. (konrx, infinitif) : parole, mot.
kentel ou httel : couteau.
kiâek, mot collectif : chevaux.
klâie (franc.) : loquet.
hleïvet, sens de : entendre dire. Me s~e hleïve nitra, je n'ai rien
entendu dire.
kodik : presque.
kohat, a gohadcriv : bande, par bandes [des oiseaux de pas-
sage]. L'on dit aussi :
kordenat, a gordenadœïv : par files alignées, par bandes.
kôsort : garçon d'honneur d'une noce.
kreyô : la gratte du fond de la marmite.
kroset, sens de : chiffonné.
hrœs : creux.
htyô : timide.
kulus, hahuÈèn : [enfant] favori, cajoler [un enfant].
kurt, masculin : cour.
kivaredik, fémin. : pinson.
hvipihà : bonnet sous la coiffe.
kwiy \dwar~] : [boules des racines du] chiendent à chapelet.
Un autre nom, moins réaliste, est donné à la même
plante :
436 E. Thibault.
paterq-ïb [dwar] : [littéralement : grains de chapelet), chiendent
à chapelet.
kworim : entant de chœur.
(J~)àdoiien : andain.
lagut (franc.) : eau-de-vie, plutôt que.
lodevi : eau-de-vie.
lakat, sens spécial de : supposer. M' làkà het i ma eriil, je ne
suppose pas qu'il soit arrivé.
lapus, lapusel : beau gars, belle fille.
leâeres, griyeres (franc.) : les deux poêles qui servent à faire
les crêpes ; sur la première on étend la pâte, sur l'autre
on grille la pâte.
ledœû), sens spécial argotique de : argent.
leshanib : nom de famille.
lopituc : lourdaud, balourd.
Icer : un livre ; mais :
livr : une livre.
lusèn : reluire.
M
mach, pi. mort : merle.
madii : mûres [de buisson].
maniet [sorseres] : une espèce de [sorcière].
ma(r) kanyur : intermédiaire de mariage.
marnws : petite pipe courte en terre et aussi gamin, marmou-
set.
marvey((viv) : mensonge(s).
a wat : à droite.
[me] minur, sens spécial de : [mon] propriétaire.
miSi : délicat, difficile pour la nourriture.
mol : roue [de charrette] ; ruot se dit des brouettes.
môsat : flairer, guigner pour chercher à prendre.
mu(f)bat : probablement, sans doute.
Notes sur le parler breton de Cléguérec. 437
N
nâ, plutôt que hoant : faim.
mgen [ivat] : [bonne] nature, [heureuse] disposition de caractère;
negen [fcil\ : [mauvaise] nature, [méchant] instinct.
nihen bande de toile ou de coton qui maintient la coiffe. Si
l'on se sert d'un ruban, l'on dit seyen.
O
[ned] orjal : fil de fer, d'archal
orj(è)en : s'appuyer, s'affaisser.
œwl : huile.
pasemàt : non seulement, sans compter, outre.
pehir ou pihir : quand.
pel^o : il y a lontemps.
pen ; klacb, sirèy penœiv ; épi, glaner.
penyat ou pinyat : fressure, courrée.
perèn, me da-perèn : mon parrain ;
me mam-berïn : ma marraine.
[terel] ple(g) : [faire] attention, [prendre] garde.
pluatat (um bluaiat) : se débattre en faisant voler leurs plumes
(poules).
pclen : poulette.
polok : petit d'un animal.
11 r fal bolok : un méchant petit drôle.
d'er porch : dehors.
porch est aussi une mesure agraire.
pœSin : poussin.
prokat [sey, velus] : touffe [de rubans = cocarde, de velours].
proha(j) ryeâin : grappe de raisins.
puponen : gâter [un enfant].
R
[me] rach : [mon] soûl, content.
râtay, retay : retailles, reste.
438 E. Thibault.
rèn, sens spécial dans l'expression : hi e do pe rey lebô, elle est
mariée avec lui (littéralement elle lui a été donnée).
reSpetoch (confusion avec des pet) : en dépit de vous.
sâset : pour ainsi dire [franc, local : censément).
seibedel : gerbe [de blé noir].
siren : ramasser, serrer.
[gober] skolpat : [faire] des entrechats ; franc, local : [faire]
des escopattes.
skrevelat : gratter la terre (poules), fouiller le sol du sabot
(chevaux).
skrzvi : écrire.
sâjeli (Sanl Jili?) : terme, époque du déménagement.
Sartet : [sang] coagulé, [eau] croupissante.
sekaj : (ce qui a été mâché, haché) hachures.
sen : poumons.
Sparbèn : faire de grands yeux, regarder fixement.
slokel : ornière.
streganen; str. e va eu amâer : briller (étoiles, éclairs) ; il fait
des éclairs de chaleur (franc, local : épars).
strimpal [glaw] : ondée.
a strn : en désordre (franc, local : à la traîne).
surj : gaillard, dispos.
swerja(l) : gémir.
T
taivl fin : à la fin, enfin.
tâzuel. V. lihoél : sombre.
testo(r)nat. V. tastornat : tâtonner.
[kwet]tey, sens spécial de : [bois d'Jorme.
[gober] teyl : [faire] des embarras, poser (littéral1 [faire] du
fumier),
torigâ : korrigan, lutin.
Notes sur le parler breton de Cléguêrec. 439
trapej, fémin. : petit moulin à effrayer les oiseaux pillards. On
l'appelle aussi lagat, œil.
trejat, trejaâur : contrat de louage pour la durée des travaux
de la campagne, celui qui l'a contracté. (Français local :
parfois traversin).
très, d'un très erel : façon, d'une autre façon.
trœ(y)elat. Y. turiellat : fouiller, retourner la terre {porcs).
kohle tuch signifie de même que koble tarn : taureau apte à la
monte et aussi taureau méchant.
tulat : grande quantité, beaucoup.
tusen [lônet], sens de : conduire, faire marcher en foire [des ani-
maux].
/// ; à inep tu, a ve^-tu : côté; à l'envers.
en tu sternep : l'envers.
V
vistelen ou viskler : inflammation des bêtes à cornes, glossan-
thrax.
volet : couvercle [d'une casserole].
[me] yôt korden : [mon] oncle qui tient la corde, enchaîne les
prisonniers (sobriquet du gendarme).
IneÇdJ] %rwi {V . ned de hroui ?) : sorte de gros [fil à coudre].
*
* *
Résumant cette comparaison que nous avons instituée
entre Cl. et V., nous pouvons dire que Cl. a bien les carac-
tères du haut-vannetais dont le séparent toutefois des diffé-
rences
importantes en phonétique,
insignifiantes en grammaire,
assez nombreuses quant au vocabulaire.
L'on a pu remarquer que Cl. a cependant des traits qui le
440 E. Thibault.
rapprochent du bas-vannetais, surtout pour le vocalisme (a
brel du haut-vannetais devenu souvent e, i fermé V. resté e).
La même observation pourrait être faite à propos du vocabu-
laire du pays de Cl. qui, de plus, limitrophe des territoires
bretonriants non-vannetais, emploie des mots ou des formes
de transition entre le V. et les autres dialectes (givâ, hiver ;
tâwel, sombre ; lulat, quantité, etc.).
E. Thibault,
Professeur au Lycée de Pontivy.
NOTES
ÉTYMOLOGIQUES ET LEXICOGRAPHIQUES
(Suite)
61. Breton tule, dule; moyen-breton duzleenn ; gallois
TUDLEHEU.
Notre collaborateur A. Thomas appelait, il y a quelque
temps, mon attention sur le mot breton duzleenn du Catho-
licon de Lagadeuc, qui l'intéressait particulièrement à cause
du mot français correspondant oinîrole. Je le renvoyai au Dic-
tionnaire étymologique d'Ernault où on lit « Duzleenn. g.
ointrole ; duel, sing. duhelen, robinet, Pelletier (Dict. bret.
de Dom Le Pelletier), gallois dwsel: voyez doucil, du français. »
A doucil, on trouve: « doucil, g. Grég (oire) donne doulsi~l,
clepsydre, doulcil, arrosoir; 17 vient sans doute d'une fausse
étvmologie. Du v. fr. dousil, fausset, robinet ». Le sens que
soupçonnait A. Thomas ne cadrait nullement avec celui
qu'en donnait Ernault. De plus, il était évident que duel,
tucl, n'avait rien à faire avec du~leeun, ni aucun de ces mots,
pas plus duel que duzleenn, avec doucil. Il me paraît probable
qu'Ernault, quoiqu'il ne le dise pas, a été amené à son rappro-
chement avec duel par une invention de Le Men dans son
édition du Catholicon. Après ointrole, il insère entre cro-
chets epislomium. Or, voici ce qu'on lit dans l'original :
ms. lat. 7656, fol. 65 a :
Duzleenn, g. ointrole. 1. [blanc]. De même dans l'édition
imprimée in-40 (sauf la graphie du mot breton qui est écrit
du^leen): Inv. Rés. 4532). L'édition de 1499 (Inv. Rés. 946,
alias X 1429 H A a) n'a rien; la lettre D finit avec l'article
durabl.
La petite édition [Inv. Rés. 2059] (Paris 15 21/2, pridie kal .
febr.) n'a rien non plus (communiqué par A. Thomas).
Considérant que duzleenn est un singulatif, je conjecturai
que le positif devait être en breton moderne, dule ou tule; le
singulatif, en breton, est toujours féminin, et provoque la
442 ./. Loth.
mutation de la sourde en sonore : on ne pouvait dire, avec
L'article, que: an du^leenn. Le positif est souvent influencé par
le singulatif au point de vue du genre ; du^leenn avait pu
transformer tuçle en du^le. Or, on trouve les deux formes Iule
et diilc. Le dict. de Troude a tule, qui est traduit par : ombi-
lic, cotyïet, plantes: v. mou%ik. A moujik, on apprend que le
mot est associé à krampoue^, crêpe, et: « on appelle krampoueç-
mouzik, les feuilles de la plante appelée cotylet ou tulot en fran-
çais. Cette plante a des feuilles charnues et assez semblables,
en petit, à des crêpes. On se sert de ces feuilles pour couvrir,
taire aboutir et sécher certaines plaies et blessures. » On s'en
sert aussi pour faire disparaître les verrues. C'est une plante
grasse, onctueuse, ce qui explique le mot français ointroJe, dans
lequel A. Thomas soupçonnait un dérivé de oint, ce qui est
aujourd'hui une certitude (v. Romania). Comme complément
de renseignements, A. Thomas me communique le passage
de Rolland, Flore pop., IV, 89-91, concernant cette plante :
unsiola, lat. du xive siècle, Whitley Stokes * :
Welsh names of plants (Archiv. f. ce! t. Lcxic., II, p. 45,
302-303).
Onksiole, f. Ille-et-Vilaine, le Héricher (dans Soc. d'arch.
d'Avranches, 1883, p. 260).
(C'est une plante onctueuse).
Krampoe^ moue%ik, breton, Cambry, Voy. dans le Finist. 1835,
p. 14.
KrcimpoCy mitaou (crêpes de minet, chat), bret. de Tréverec
(C.-du-N.), c. par M. Ernault.
tultre, breton de Cleden-eap-Sizun (Fin.), c. p. H. Le
Carguet.
1 . La citation est inexacte et incomplète. Whitley Stokes a publié, dans
Y Archiv fur *Celt. Lexicographie, tome II, p. 37, un article de botanique gal-
loise sous ce titre : A List of Welsh Plant names (ms. xiv« s.). On lit :
X° 302 umbilicus veneris, v gron dodieit.
N° 303 unsiola, idem. Le sens de y gron dodieit est des plus clairs ; cela
signifie : la ronde' qui fond, la ronde onctueuse (dodd cit en composition, pour
toddeit; cf. toddi, Tondre, breton teutf). Silvan Evans, Welsh' -Engl-Dict, à
envi, donne: v ^rrou doddïlid, common navelwort (Cotylédon umbilicus).
Cf. Hugh Davies, Welsh Botanology, 43. 177.
Noies étymologiques ei lexicographiques. 443
dulé, breton de Lannion et de Pleubian, c. p. Y. Kerleau —
breton vannetais, c. p. Ernault.
Dttle n'a pas besoin d'autre explication. Dans ///~/e, le ^ =
â spirant. Tudle pouvant évoluer en iule ou tusle, on a pu avoir
ius[t]le, avec dégagement du / dans le groupe -si-. C'est de tusllc,
peut-être par tlusilc, qu'on sera arrivé à tultre : les formes inter-
médiaires nous échappent.
J'ai cherché un équivalent à lu~lc, iule en gallois. Il existe,
phonétiquement dans les Ane. laïcs, of Wales. (éd. An. Owen,
I, p. 258, XXXIII) : chwech yr peys a teyr yr llaudyr ne un yr
tudleheu, six (ceynnyauc, traduit par denarii) pour la tunique
et trois pour les culottes (ou braies) et un pour les tudle.
Timothy Lewis dans son Glossary of rnediaewal welsh Laïcs,
le traduit avec hésitation par brogues ; il ne fait que suivre la
tradition. Elle n'en est pas plus respectable pour cela. Il est clair,
quand on étudie les diverses pièces du vêtement dans les Lois
que le sens ne peut être brogues. Dans les Leges wallicae (II.
787. XIX) à tudleheu paraît répondre : pro peronibus et cyrotecis,
mais ce n'est pas sûr. L'identité du tu^le breton avec le gallois
tudle ne pouvant faire de doute, il me parait à peu près cer-
tain, que le sens primitif est ombilic, nombril, et que le nom
de la partie à cacher est devenu celui du vêtement approprié.
C'était peut-être quelque chose comme un caleçon. Dans le
Glossaire d'Alexandre de Neckam (Th. Wright ; a volume of
vocabularies, p. 98) brays glose fémoral ia : fémoral ibus eliam opus
est, ubi pudibunda lateant naturœ.
Le breton tud-le peut remonter à tut-le aussi bien qu'à
tud-le. Ce mot est composé comme bron-llech, irl. * brollach,
sein : ici, nous avons en composition, en breton, une forme
plutôt galloise le, tandis que, dans bron-llech, le gallois montre
lech, qui est plutôt breton (v. J. Loth, gall. bronllech, irl.
brollach: Mémoires de la Soc. ling. de Paris, 19 12). Si tud-le,
en gallois, contient tud, il faut le rapprocher de tuàel, vête-
ment, dans le sens de ce qui couvre, cache:
givisgwys coet hein dudet haf1 « le bois a revêtu la bjle
parure (couverture) d'été. »
1. L. Rouge, ap. Skene, F. a. R. 11,279, I0; c^- L. de Tal 172, 14;
184, 26.
444 /• Loth.
Le sens de tud ici est clairement celui de couvrir, cacher :
tudle, partie à cacher. Si la forme primitive était tut-le, il fau-
drait, pour le sens caché et original, chercher dans une autre
direction, peut-être dans d'anciennes traditions concernant
YOmphalos, sur lequel un livre important vient de paraître :
H. Roscher, Omphalos, Leipzig, 1 9 1 s -
63 Gallois estyvos. Ce mot apparaît dans les Lois : Book of
Chirk: ap. Thimothy Lewis, Glossary of mediewal Laws : guerth
duo estyvos 1U1- 103. 9. O. Pughe donne ystywaws d'après un
passage correspondant des Lois et le traduit par pair of stoys !
Les Le^es wallicae (éd. An. Owen, II, 888. XIX) portent duo
si l 'nos, et non stuios, comme l'a lu Timothy Lewis. Ce dernier ne
le traduit pas. Aneurin Owen n'a pas non plus hasardé de tra-
duction latine, toutsimplement parce que Moses Williams, dans
l'édition de Wotton, Ta laissé en blanc. Le sens est des plus
clairs; mais pour le trouver, il fallait simplement se souvenir
que, dès après la conquête de Guillaume, le pays de Galles
a fortement subi l'influence française. C'est le français du XIIe
siècle est ira us : le mot glose chez Alexandre de Neckam estiva-
libus : pedes estivalibus (Th. Wright, Vocab., p. 98). Estivaus
est le pluriel et aussi le nom. singulier. Il est dérivé d'estives
qui glose tibie (ibid., p. 104). John de Garlande (irc moitié
du xmc s., ap. Wright, Voc, p. 122) le donne aussi : îibialia
dicuntur gallice estivaus; cruralia, gallice, hueses (cf. p. 825:
equitibialiâ dicuntur estivae, ab equus, -a, -uni, quia adequantur
tibie). Il s'agit donc ici de sortes de guêtres. Ce nom de tibia les
est précisé dans d'autres passages du Vocab. de Wright (édit.
Wright-Wùlcker), p. 784 : Iibialia, a legarne ; p. 125-3 1
oercac xel tibiales: letherhoses; 277-37 tibiales : baunrijt.
L'allemand siiefel vient du français. A. Thomas m'apprend
que Meyer-Lùbke dans son Rom. Elyui. W. n° 248 repousse
l'étymologie estival de estivalis, chaussure d'été, mais que le
n° 8345 auquel il renvoie n'a pas paru. Nigra, Archivio glott.,
XIV, 299, y voyait un dérivé de la même racine germanique
que dans ètrier : ce que la phonétique condamne absolument,
m'écrit A. Thomas. La parole est aux romanistes.
64. Irl. moxcu nuithlech, vieux-gallois nouidligi.
Le sens de nuithlechest précisé par plusieurs textes : O'Davoren
Notes étymologiques et lexicographiques. 445
(Arch. f. Celt. Lexic, II, 1499 à toudh : 7 ader nuithlech iar
toudh co iar nomaidhe. « et il dit (le Senchas)[\z vache] nuithlech
après qu'elle a vêlé jusqu'à la fin d'un nômad » (9 jours et
9 nuits).
Ibid : 1498 fuil nuithlige iar loin! h ./. fuit feras in nuithlech
iar mbreith a laoigh « le sang que répand la nuithlech après
avoir donné son veau ».
Les Ane. Lazus of Ireland sont très précises également.
Atkinson traduit avec raison (VI, Glossary) par milch cow {in
her firsl mille). Les formes sont sg. nom. nu\i]llach (V, 152,
io)gén. nuithlige (Y, 152, 2, dat. nuidlig) III 228, 9. Plur.,
gin. : nuithlech. On a aussi nuidlechais III. 228, 16, gén.-sg.
de *nuidkchas, state of beeing a milch-cow in her first
milk. Il n'y a aucun doute que le mot irlandais ne soit
identique au vieux-gallois nouid-ligi des Notes marginales à
l'évangéliaire de Saint-Chad (Book of Llan Dav, éd. Rhys-
Evans, p. xliiiy : très vache nouidligi, trois vaches qui ont
nouvellement vêlé).
Il est évident que le mot irlandais est un emprunt
ancien au brittonique. La déclinaison irlandaise supposerait
une forme *nouiio-legâ, pour une forme plus ancienne et pri-
mitive : uouio-legos. Pour legos, cf. 'tdyzz, irl. lige, tombe
(*legio-n). Le gallois est vraisemblablement un pluriel en -i
hystérogène : un pluriel régulier de legos eût donné lei : cf tei
= tegesa. Il est vrai qu'on peut supposer au commencement
du ixe siècle une spirante écrite et une forme *legi.
A l'époque de l'emprunt -iâ- est sorti de -iio- et le g inter-
vocalique était sûrement spirant, déjà en vieux-brittonique.
L'emprunt est curieux. Il suppose des relations étroites et,
je serais tenté de dire, journalières entre l'emprunteur et le
créancier.
Il a pu subsister en Irlande des restes des Menapii et des
Brigantes passés de l'île de Bretagne au milieu des Goidels,
avantl'époque romaine. Peut-être y a-t-il eu aussi des établis-
sements postérieurement à l'occupation romaine de l'île,
comme semblent l'établir le Sailchoit de Cormae, le Solloghoud
actuel du comté deTipperarv, et les batailles qui sesont livrées
en Irlande entre Brittonset Goidels du vie au vme siècle.
44& ]■ Loth.
6j. La racine med-, dans le sens de juger, peser au figuré
et au propre est largement représentée dans les langues cel-
tiques; irl. midiur, je juge; gall. meddwl ; breton de Cor-
nouaille mets, intelligence (de med), vannetais me dans laquait
nié, prendre garde (Ernault, Gloss. moy.-bret.}.
med, en irlandais (*medâ), a aussi le sens de balance. Dans le
sens de mesurer, on n'a pas, je crois, comparé les composés
gallois : dyrn-fedd une main (un pouce), troed-Jedd, un pied ;
modfedd, un pouce. Le breton arve~!, il considère, doit être
rapproché du gallois ar-fedd. dessein, intention ; ar-feddu, ar-
feddyd. Pour la composition, ci. irl. moy. airmed, a certain
dry measure (Kuno Meyer).
68. Irlandais nus, gallois nus, breton lusen, usen,
L'irlandais nus the biestings, est donné par Windisch,
Wôrt.y qui renvoie à Corm. Tr., p. 126, et aux Ir. Gl. où il
glose colostrum. Dans le Glossaire d'O'Mulconry, le glossateur
tire nus2 de nue ass, nouveau lait {Arânv, III, I, n° 735).
Zimmer a fait la même étymologie (K. Z. XXXIII, 275).
Elle semble avoir fait fortune et est reproduite un peu pur-
tout.
Les points d'appui manquaient. L'édition des Meddygon Myd-
dfai que vient de donner M. P. Diverrès, avec traduction
glossaire des noms de plantes et index général 5, tait entrer la
question dans une nouvelle phase. Un remède donné n° 61,
p. 56, est : yvet nus bucheil al « boire le nus d'une vache qui
a vêlé pour la seconde fois ». P. 58, et note. M. Diverrès nous
dit qu'il a pensé immédiatement que nus avait le sens de pre-
mier lait. Il songea naturellement au breton lea% lusen (plu-
tôt que lu~en, comme il l'écrit), premier lait de la vache qui
vient de vêler- Il m'en parla et je lui conseillai d'identifier
les deux mots, // ayant pu facilement devenir / par assimila-
tion à cause de l'union svntactique lae~ lusen. La parenté ou
1. Ernault, a ton, y voit un composé de ar et du verbe substantif (Gl.
Rev. Celt., Kl, 461 et Gloss. moyen-bret.) : ariY{ ne peut se séparer du
gallois.
2. O' Reillv : nùas.
3. Le plus ancien texte des Meddygon Myddvai, Paris. Le Dault, 191 3.
Notes étymologiques et lexicographiqiies. 447
plutôt l'identité avec l'irlandais nus, gaélique d'Ecosse nos,
était évidente. La forme usen dans leas lusen, donnée par
Ernault dans son Gloss. a pu d'abord passer pour primitive.
Dans leas lusen, 1 viendrait d'une sorti d'allitération par écho
dans la liaison lsea\ usen, d'après Victor Henry, qui renvoie à
Ernault. Dans son Glossaire moyen-bret., Ernault croit à une
étymologie populaire d'après lusen, brouillard. Puis il renvoie
à lotruce où / vient de l'article français. Quant au gaël. nos,
qu'il rapproche cependant de usen, il le fait venir de la même
racine que snuadh, fleuve.
L'accord entre le breton, par lusen, le gallois et les langues
gaéliques prouve que la forme avec 11 est pan-celtique. La
racine snoû- est à écarter : on eût eu snus, en irlandais ; de
plus, le sens est trop vague pour un objet si particulier et si
précis. Victor Henry partant de usen, avait proposé de le tirer
d'une racine ous pour pous, ce qui permettait l'identification
avec le grec tuuoç — tcus-oç, qui a le même sens. Henry aurait
dû, en tout cas, se rappeler que s final eût disparu régulière-
ment. On peut supposer, il est vrai, un second suffixe. Si on
admet ce rapprochement, il faut supposer un composé vieux-
celtique par non- : non-, ou nu- ous-tu- ?
69. — Du, noir, dupa, dufoc'h.
Le b final vieux-celtique paraît avoir disparu, en breton,
comme en gallois d'ailleurs, de très bonne heure : en 9 1 3 Galdu
(Chrest. bret., p. 197). On trouve, il est vrai, encore, en 1084,
Galdubo1, maisc'est une graphie traditionnelle. Il semble bien
qu'il en soit de même des graphies actuelles comme Doitr-
duff, qu'on prononce Dour-du. Il n'est toutefois pas impos-
sible que le v final, représentant b ancien, ait survécu
dans quelque coin, préservé par la dérivation. A Ouessant,
Molène, on dit bien du, mais on a le superlatif dufa, et, par
analogie, le comparatif du foc h. Cette conservation de v
(devenu /régulièrement sous l'influence de /; = s du super-
1. Gatdu est très vraisemblablement l'équivalent de l'irl. dub-gall, et
désigne un Danois ou fils de Danois (dûb-gint dans les Ann.Cambr.). Les
Bretons connaissaient fort bien les Scandinaves surtout au début du
Xe siècle, où ils dominaient dans la péninsule.
44-8 /• Loth.
iarit, duv-hav),pa.ï la dérivation, est analogue à celle de v = m,
après à long, en gallois, dans les mêmes conditions, même en
composition : Ihuu, main = *lâmâ, mais lov-rudd, meurtrier.
A l'île de Sein, on a le changement spontané de/ en s : dusa,
dusoch.
Le dup du Foc. corn., si -uw ne représente pas une diph-
tongaison de u final (plus tard -///), doit être lu : duv.
70. — Le comique druyth, druth.
Le mot n'a pas été compris par Williams '. Il le traduit par
brought et y voit un participe de drey, dry, apporter. Or le par-
ticipe régulier est dreys, drys, avec assimilation du / final. Le
-th final (â) suffirait d'ailleurs à faire rejeter cette hypothèse.
Le sens s'y oppose également. Il est des plus clairs dans les
deux passages où on le trouve.
Resurr. Dom. 2492, Jésus ressuscité arrive au ciel. Le pre-
mier ange se demande qui il est et ajoute :
Mur ioy vs er y byn ef
Pur tha yth hevel yn nef
y bones drulh
« Il y a grande joie à le rencontrer ; il semble bien, dans le
ciel être favori ?
Origo mundi ; 1621. On est au moment de passer la mer
Rouge. Josué se recommande à Moïse, celui-ci l'encourage
lui et ses compagnons en disant :
Thearluth nefythough druyth
« au seigneur du ciel vous êtes des favoris (ou amis chers) ».
La valeur du//; final est inconnue; la rime, en effet, en cor-
niqueest trop peu rigoureuse pour qu'on puisse en tirerparti :
dans l'O. M., druyth rime avec ruyth (rud, rouge) : la gra-
phie uy pour/7 n'est pas rare. Dans la R. D. druth rime éga-
lement avec ruth. Il y a quelque chance pour que druth
soit à lire druâ. Le mot est complètement isolé dans les
langues celtiques. Il me semble à peu près certain que c'est
un emprunt français venant d'une forme du vieux-français
dru, drue, ami, amie. On fait venir ce mot d'une forme ger-
1. Norris a commis le même contre-sens que Williams.
Notes étymologiques et lexicographiques. 449
manique drûdâ. Drud peut avoir été emprunté à une époque
où le il spirant final existait encore : cf. corn, bolongeth =
volonted, breton bolonle^, = bolonleâ. On peut aussi sup-
poser un emprunt, au nominatif, druts ou à un dérivé
drudj. L'existence d'une forme drudj est assurée par drujuns,
druguns, amis, dans le poème sur Thomas de Cantorbéry
de Garnier de Pont-Saint-Maxence, qui écrivait vers 1 173.
Le comique transcrit ts~, Is (même t-s) par th : lathye, clouer
= anglais latch (Pascon. str. 179); cruyth, béquille = anglais
crutch ; spath=space(Be\ina.ns Meriasek 942. 3) ;falh =face(ibid.
9-iq) ; plath = place (ïb'id. 948). Lansahuys nom de paroisse,
composé denant-\- salwys, est transcrit Lanthalwys ou 1303
(Feudal Aids). Dasserghy, ressusciter, est écrit datherghy, Res.,
D. 57; et dathserghys, ressuscité (ibid. 475). Sur ce dernier
son, en gallois et en breton, même en gaulois, cf. J. Loth, Coh-
trib. à l'étude des romans de la Table Ronde, p.p. 23-27.
J. Loth.
Revue Celtique, XXXV. 29
QUESTIONS DE GRAMMAIRE
ET DE LINGUISTIQUE BRITTONIQUE
(Suite)
B. — Voyelles en syllabes prétoniques.
B^phs et Zôhs (Bos-worlas en Saint-Just) — Prisi (Porth-
Ist pour Porth-Iùst, Saint-Just) — Prùgo (Porlh Ogo> Saint-Just)
— Clara (Calartha, Saint-Just) — Napfon (Nanpean, Saint-
Just, et Na-ptin (nans bian, petit vallon) — Niqwi%na (Nan-
quiqno, Saint-Just : Nant-Gwidnô1') — Td-gela ( Tregella, Saint-
Just) — Timbe' (Trembath pour Trembech) — True (Trethwx),
Trôv (Trewoofe : Zennor) — - Trwpl ÇTruthwall pour Tre-iudwal,
Saint-Just) — ■ Trïn (Tre-.reen), Trabo (Tre-warabo, Saint-
Keverne) — Tsûu (Chyoone : Saint-Just, Morvah) — Trûn
(Trewoon : Mullyon) — BjhûLy (Benallack, Buryan -, Bos-
prénds (Bos-porthenys, Zennor) — Bjsô'ii (Bos-soni, Saint-Just)
— Bïs-wédn (Bos-wédden, Saint-Just) — B?rn côth (Bnrncoth;
pour Brincoth, Buryan).
Les mots prétoniques Res(Rit), Ros sont aujourd'hui impos-
sibles à distinguer et confondus l'un avec l'autre ;tal se confond
avec /o//; brin est confondu avec bron, et Art' (devant certaines
consonnes) — Gwel, champ, prétonique devient £•///, gol : Gol-
vôl (gwel voel : Goldfield, Saint-Just) — Guldre (Mullyon) —
Gulgwârra (Maddron) — Gui btin (Gui beau, Buryan) — ■
Gui Robm (Gui Robin, ibid.) — Gui tan ; Gull toll (ibid.)
et : Gol warra ; Golveïr ; écrit gold dans : Gold givin, Gold Hin-
gey (ibid.) : prononcé Golinge ;.
i. |'ai entendu aussi Naqwiqno
2. Cf. bjnollan (!>àwhn), Lhwyd 3.
3. Gol est parfois pour Go /. gall. çwyl, fête. Goldstephen est pour Gol
Questions de grammaire et de linguistique brittonique 451
Lhwyd : byhodihak (bôhôdpc) 230-1 — Krywedhe, lectus ',77-
2 (cmueâé) — kym mera~ (Komér2%), 255-1 (cf. komeraçC. D.
5. 2; cummera%, Nebb. Ger. — lygod~han souris 30-1. — Kylob-
man, 240-3 — gyrgirik (grgiric) perdrix, 11 7-2 {grig-ieric :
grig-iar, poule de bruyère, gall. grug-iar : — unnd-reaw
{win-d-reo, gall. evinretu, numbenes, 165-1; — crenjah, Genèse
3. 182-17 \crenga,{Nebb. Gerr.);e grense {Add '. mss. 138).
direvall {di cheval, lever) (Add. ms. 136): ddrévrt.
gwreaneth (Àdd. ms. 138), vérité: cf. gwreanathe, Gwreans
1892.
mar kressa gwella% {Nebb. Gerr.') pour mar hvressc
{giuresse), s'il voyait.
nekova^, oublia: pour ?nkova%, ankauas {Nebb. Gerr.) — pedee-
re~, pensé ; pedery, penser ; pederyans, action de penser, réflé-
chir, (pron. p3dér?%), Add. ms. 115, 136, 139.
tenvithyaiv {tncithyo, pour trewithyo), Add. mss. 138.
Les initiales de certains pronoms et particules disparaissent:
Nebb. -Gerr. : gnn = aganÇnotrë) ; go= aga (votre, leur); bar
= pokar ; dro = adro ; ma = yma; â pour yâ. etc (voir
chap. III).
C. — Voyelles en syllabes posttoniques.
ath {attal, rejet de minerais : Williams, Saint-Just).
Parc 3n âwt l2 : Park newell (Buryan).
bigl, berger {bugel) : Ros an beagl (Paul) : Park Beagle {Sen-
nen).
Boshn {Bosean, Saint-Just; Boschan, Buryan: pour Bol-
sichan).
Bosconun {Boscawen-woon, Burvan).
Bolanfan {Bolonkan, Buryan).
Stephan, la fête de Saint-Etienne (Gulval. : cf. Gustevene, Saint-Col. Min.) ;
Gol sedni (GolJ Sithney, Saint-Just), la fête de Saint-Se*ni (en Bretagne,
Se\ni).
1 . Lhwyd a mal compris : krxicede est la forme muée de gorwecte,
être étendu : d. crowethe et gorwetba (Comm. Dieu, 8. 1 -2 .
2. Pour Park an awel: aiuel, vent ;on entend une vovelle très faible entre
u1 et / ; « est très réduit.
4)2 ./. Lotb.
Bçsltvdn ' (Boslevin, Buryan).
Bdswârgds (Bosvargus 2, Saint-Just).
B.>-ôhs, Zohs (Bos-worlas, Saint-Just) : Worlas = Worloes,
Gorlois).
Bdscrigsn (Buscriggan, Saint-Just). •
Cârbds (Carbence, Buryan ; Uny Lelant ; Carbis, Saint-
Hilary : pour Carbos, Carbons: breton Car-bont, chaussée.
Kcrd.m pour Kerctin, alisier : Park an Gerthen (Ludgvan).
Kibdl, vase (Williams, Saint-Just) pour kibell.
Kimpzs (Noan gumpas, Saint-Just) : pour compas, compois,
uni (gall. cymhwys, bret. campes, h.vann. campouis).
derds 5 (Park anDras, Saint-Just), porte.
Dinzs (Dumas, Saint-Ives : fréquent en toponomastique :
gall. Dinas), citadelle, lieu fortifié.
durtc (Hal towrack : faute pour dowrack, Buryan), dérivé de
dur, eau.
eythvt (Mullyon) pour eit bin, ajoncs.
era pour eroiu (v. plus haut).
Folgas (Little~) en Buryan, probablement pour Fal-gail (d.
Fol-gaet près Lesneven, Finistère).
Hender Downs, probabl. pour Hen-dre Daims (Helston in
Trigg)-
ledm +, large: Craft Lidden (Buryan); cf. Park Leaddon,
Saint-Keverne).
melïn, moulin et melïn, jaune, se confondent dans la pro-
nonciation (v. plus haut, § i, A).
menz-wn (mené, colline : Mencwoan, Buryan).
Mçlydn (Mullyon).
nandjizpl (Nanjiçel, Saint-Just) vallon bas.
prowntdr, prêtre (Carn Praunîer, Saint-Just).
i. Peut-être lïvn, leva, gall. Ihfn, poli
2. On "attendrait Bts-vargis : bargvs, kitc (gall. bargud), cf. CarnJJargus
en Ludgvan.
3. Parh an Daris, Park an Darras (Sancreed, Camborne).
|. 11 est très difficile de faire June différence dans la quantité vocalique fi-
nale entre îçcbtl, large, et UJn {Unn, étang): on a l'impression d'une voyelle
très brève entre d et«. La comique, en vers, compte les voyelles irrationelles
dans la mesure.
Questions de grammaire cl de linguistique brittonique. 453
Toldavds (Trelodavos, Buryan: v. plus haut).
Tregâdftc (Tre-gadgwith : entendu à Mullyon).
Tregifton Çlregiffian, Saint-Just, Buryan).
Trevô'gms (Buryan : de Tre-vorgant ou Trev-worgant).
Tregadjpc ( Tregadjack, Ludgvan : pour Tre Cadioc ?).
Treneivth Doiuus (pour Tre-newed : Helston in Trigg) : de
même: noiuth pour noweth dans Park noweth (Buryan)
venttn : Park venton, Mullyon ; HqhvènPn : Hal an vénton,
Saint-Just; doublet: venin : Liltlc Park, Great Park ventor;
Hall ventor (Uny Lelant), Bol vénftr (Bold venture Buryan)
— Wilventdr (Weal venture, Mullyon).
vaynK : Tre vinack, endroit pierreux; The Vinack waste
(Sennen).
Les terminaisons en -oiv sont réduites à a â ; celles en -ion
à -ydn ; les longues et les diphtongues sont traitées comme les
brèves. Dans un groupe, consonne -j- /, r, ou n, la voyelle
disparaît dans la mesure du possible. Les voyelles se réduisent
à un son neutre d qui se détermine, dans son timbre, plus ou
moins, suivant les consonnes qui l'accompagnent.
Lhwyd : apparu, (apron), ventrale, 171-1.
barge%, kite (gall. bargiuï), 241-2.
bêgl (begel, gall. bogail) umbilicus, 176-1.
bennen et hennin 25-1; 241-3, femme (/f;;^;/)
boiuna^ (bewnans), vie, 251-2
kantl, candela, 46-1 '
kxiupe- (kmpes), 253-39
debaru, scabies, 14 5-1 (breton moy. debr-van, devenu de-
bran, debron, dibran).
naçhedh, aiguille, 10-2 (gall. ncdzvydd).
kyntl, cueillir, 245-2 ; 49-1
dêgl stul, Epiphanie, 57-1 : pour de gol st-ul, le jour de la
fête de l'Etoile. Degol, le sens de la composition étant perdu,
a été traité comme un mot dissyllabique. Stul, gall. ystwyïï
n'est connu, en comique, que par Lhwyd.
1 . Il est possible que ce soit l'anglais candie ; le / rend cette hvpothèse
peu probable; c'est donc cantol évolué: cf. dêgl plus bas: Add. ms. 115:
cantoli (pour cant\-)
4 54 /• Loth.
denin, envoyer, 245-2 (danvon) : on prononçait évidem-
ment tlrihVi.
gortex, attendre, 248- r (pour gorto~).
leddarn 251-17, voleurs : pour ladrou.
d. arleth, seigneur (Comra. Dieu), 21, 29 ; id. Add. mss.
dendle = dçndl, mériter (Add. ms. 136).
bowna\ (Genèse 3. 400. 20).
gerrio ÇComm. Dieu 2-1), mots.
beska (bythqweth) Nebb. Gerr. ; Add. ms. 110.
En comique moyen, surtout dans Gwreans, les terminai-
sons longues ou brèves, sont également atteintes.
Exceptions : i° allongement de In voyelle du second terme
d'un composé suivie de r, n ou / -f- consonne ou finale, quand
le second terme est monosyllabique et porte l'accent (v. plus
haut, 5. 1. A, 9, 10; pour r, ;/, / -f- spirante disparue, v. 55.
1. B. 4)
2° allongement de la voxelle, dans le groupe r + cons. :
Ro~-môgé ' (Rosmergy en Zennor); Broies (Bo^worlas, Saint-
Just).
Tregâfjn : Tregarthen (Zennor).
30 allongement en cas de contraction à la finale : n on vin
(Noon vean, Mullyon).
Trèmdni^Tremenebc, Mullyon : menecbi, breton actuel minibi).
Bçskël (Boscadwell, Saint-Just).
Bsrnol (Bnm-enball, colline élevée : Saint-Just) mais dans
l'intérieur du mot : Boshçnun (Boscawen woon) ; Clara{Calartba '■
Saint-Just) ; dans Bosk.m-, scauen a passé par sepn : — Nap'un
(Nanpean. Saint-Just)
40 en hiatus : />/<>;/, petit (beari) ; l'îa, serait (jia via : Lhwyd
252-20).
Boshn (Bosean, Saint-Just, Buryan).
50 la voyelle paraît allongée dans une certaine mesure quand
par la cbuted'une voyelle ensyllabe finale, le dissyllabe devient
monosyllabe : Lhwyd ibêgl, umbilicus, 1176-1 — de'gl = de
çol (v. plus haut) 87-1 ;lôvan, funis, 62-1 : prononcé sans
doute lovdn.
1. Qî.Engl. dial. Dict. : tnorgye; fnôgi, sea-dog, an ill-looking girï.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 455
Pour moi, je n'ai pas eu l'impression d'un allongement sen-
sible dans les mots suivants :
âtdl, rejet de minerais: Williams, Saint-Just : pour ottal.
kibl ou kibdl, van (Williams, Saint-Just). De même dans
ledn (lidan), leva (lïvn), lisse.
6° La voyelle précédant iu suivie de voyelle est allongée
et îf réduit ou absorbé.
lôar, jardin {Park Looar = lowarlh, Mullyon); Genèse 3.
175-2 : an looar, an loar ; Luar dren, jardin aux ronces (Saint-
Just); Carrack an looar (Maddern)
-naw9th (noweth, Buryan), resté newyth dans Plas newyth
(Bodmin)
scfàn, sureau, dans Len scôJn (JLean Scowan, en Buryan
Lean désigne une étendue de terre longue et étroite)
Park en Loar ne (Saint-Erth): lôm — lowarn, renard.
Lhwyd : citas (cawad, ondée) 28-1; kùer, cannabis (gall.
cywarch, bret. coarch) — dûath ', fin, 251-2 et dùadh 251-5,
et dïzvatb 252-13 — gûek, menteur, 88-3; Add. ras. 115:
goack.
lilan, joyeux, 252-14; cf. loan {Mathieu 2. 197, 10); ban-
der ibid. ; looane (Add. ras. 115).
liiam, renard, 129-1; cf. Park an lorn (Paul).
ly^ûan, an herb (cf. bret. lou~aoiien) 30-2.
mô~, puella (bret. maoïtes, vannet. mots) 1 3 1-3 (a passé par
môes).
§ 3. Le timbre des voyelles-
Les modifications du timbre des voyelles sont dues à l'ac-
cent et à la quantité. La quantité dépend, en comique, de la
forme et de la place de l'accent et des consonnes qui suivent la
voyelle. Il y a naturellement a distinguer entre les monosyl-
labes, où la voyelle est longue ou brève, et les polysyllabes,
où, normalement, elle est brève.
1 . Si la forme est sincère dûath a passé par dowath (cf. doghad^hetb : gall.
diwedydd.) ; Gwereans 62. dowethva. Cf. doivses, divinité, gall. Diwdod.
45 6 /. Loth.
A. — Voyelles accentuées.
i° Monosyllabes. Les voyelles longues sont fermées. Il est
certain qu'elles le sont moins qu'en breton. Les graphies mo-
dernes, et celles des textes du moyen comique, à une épo-
que où la valeur, par exemple, de eu, on est certaine (le plus
souvent m =z e ; oa = o), le prouvent surabondamment. Je
l'ai constaté surtout pour o. La voyelle o allongée aux dépens
de r -f- consonne conserve son timbre (Bos-sô' n).
a suivi d'un / ou r est plutôt ouvert : bal se prononce sou-
vent bel 1 .
carow, cerf, se prononce cero ou ura. Pour à long, voir plus
haut.
<• final est fermé : Bre (Bien); Ke; Tre. Il Test aussi, suivi
d une consonne: Trêv. Heu vieux, accentué, même en composi-
tion, ne fermé :
ï celtique a son timbre modifié par r final qui pro-
voque une sorte de brisement. i long -\- r en composition,
tend à s'ouvrir ; Herlann Pool Croft (en Mullyon) : ailleurs,
son timbre s'est conservé : pîth, puits, crïb etc. Final, il de-
vient 67, Oi.
7 bref celtique, allongé, tend à un son intermédiaire
entre e et i ouvert, quand il est suivi de s (^, dj, /i),
et même de th, cf. Il y a à compter avec les variétés dialec-
tales. Dans Gwreans, on a bxlh, toujours, byâ (verbe substan-
tit), gwylls; mais: bys, beys, byes, monde; pryf, preif, preyf,
preaf, preve., serpent; eys, yees, eys blé (Lhwyd i;)
■u n'existe que par la contraction : gun, marais (goon) ; Ts-uu
(Chyoone)', dur, eau (Tsex en dur, quartier de Penzance : pro-
noncé a l'anglaise aujourd'hui souvent Tsey ?n dçwd : Chy-an-
dower). Cependant on a parfois u représentant la diphtongue
ui : Lhwyd : lùdj, gris, gudj, sang.
u long est devenu i:dl% dans Pol 9n /)/- (moyen-corn. Dus).
i . H al n'a pas seulement le sens de marais salant, mais encore celui de
pièce de terrain d'alluvion sur le bord d'une rivière. Dans ce sens, on le
trouve en usage dans des comtés fort éloignés du Cornwall comme Mid-
dlesex, Lincolnshire (Engl. dial. Dut. à haïe). Par extension en Cornwall
il désigne des landes, bruyères, sans doute plus ou moins marécageuses.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 457
Les voyelles brèves dans les monosyllabes, sont ouvertes :
crçbn, todn, vprn, vor (fora), spern, pell, toll.
1 bref conserve son timbre devant nn, us (gzuidn, tîdn,
lidn, étang). Ailleurs, il est ouvert et se prononce entre ï et e.
2° Polysyllabes. Pour les voyelles brèves allongées, voir plus
haut §. 1. C, Exceptions. Les voyelles étant normalement
brèves en polysyllabes, sont ouvertes.
e suivi d'une seule occlusive m'a paru relativement fermé
{Bethego en Buryan ; Gevers en Saint- Just); même Wedrdc
(ITedraken Saint-Just). Mais des graphies comme deppro dans
les textes, Degga dîme, dans les noms de lieux, peuvent faire
hésiter. J'ai constaté aussi e fermé dans Vente, nom dérocher,
près de Cape Cornwall, ce qui est en contradiction avec stendc
endroit à étain : il est probable que la prononciation s'est
modelée sur l'écriture. Pourf ouvert ci. : vçfan, moulin, mehn,
jaune, ero sillon.
i a passé à e dans ledsn large ' ; mais conserve sans timbre
dans Gwidno (Nanquidnd).
ï devenu bref 2. le timbre /', mais de / ouvert, comme le
prouvent les graphies des chartes et des textes.
Fi devenu i a le timbre ï (Bos criggan) mais il devient ô
devant n -\- voyelle -J- n : ônan (onnen, onyn, onon) un =unan;
hoiwu (honnen : hunan).
Lhwvd donne la voyelle comme longue, devant st, se. Il
est à craindre qu'il n'ait été influencé par la prononciation du
gallois du Nord. Cependant dans" prise, buisson (prononcé aussi
prise et prese, Mullyon), la voyelle m'a paru quelque peu al-
longée. Pour les voyelles, en général, entre consonne et r,
voir Deuxième partie.
0 venant de 0 ou u se prononce de même ouvert.
■h venant de la diphtongue ûi du vieux comique (celtique
et, latin e) peut avoir le timbre û ; il le conserve dans tulle,
tromper, et la plupart du temps dans cuske, dormir; ce fait est
1. L'ouverture tient à la réduction de la voyelle de la syllabe suivante.
Lorsque la voyelle suivant n est finale , e reste fermée: mene(jnene-UU ;
Ven-meWi). E est arrivé à £, de très bonne heure dans ganow, bouche,
çwaneth, froment.
458 /. Lolh.
en faveur de Pétymologie quiesco, cf. Brunion, joncs (Uny Le-
lant); cf. Lhwyd : lûdj, gall. llwydy bret. loitcl, gris (mais Lotcoit
pour Luit-côit, anciennement); de même g^W/, sang.
Pour.e devenu 0, devant w, v. plus bas : Deuxième partie.
B. - - Voyelles atones.
i° Prétoniques. E est fermé, si une seule consonne suit :
Tre-vizn, Tien drayn, Tre-gadjHh ; <' est ouvert dans les
autres cas. Il en est de même de / ; Us devient lç£- dans Le^-
inge (Maddron),mais les-: Lesividu (Bos-levri). Ym se prononce
o devant />, /// : omboos (Gwreans), omina, ohma, obba.
i long paraît voisin de e : Treg an aor (trîg, séjour, habita-
tion), en Sancreed ; Tregestl (Tregeseal en Saint-Just). De
bonne heure, dans les chartes on trouve tir, terre, écrit ter :
Terradenec, xme siècle. En revanche Tirbean en Breage; Chir-
qwidden (Sancreed) : on entend / bref et ouvert;
o, e, i, a sont réduits à <> devant des groupes de consonnes :
Bj~ôIjs, Czrnêiïc, Curnooack, Nebb-Ger.; crenje(Crenjah) pour
cerendje. Ris- (Rit), gué, est devenu Res (Rjs-) et se confond
souvent avec Ros (Rjs-). Pour la prononciation des voyelles
accompagnées de /, r, voir plus bas : Deuxième partie. An,
l'article, se prononce .?//. Parfois la réduction est contrariée
par la conscience de la composition. Des graphies comme
Rôs-carrack dans Pryce, ne sont pas toujours des inventions.
Den-, ten- paraissait avoir donné dr, tr dans dermas, dre-
mas, homme bon, trnewen, côté (Torneivan, Tzmewan dans
Lhwyd).
Pour la réduction ou suppression des particules procli-
tiques, voir chap. II.
2° Posttoniques. Toutes les voyelles, longues ou brèves an-
ciennement, sont réduites à un son indéterminé 9, qui se co-
lore suivant les consonnes environnantes.
o final est devenu à peu près a; i long et même ; bref à
la finale ont le timbre i ou e fermé : Parle an Gillx .(Feock) ;
The Gili (Kelli : bois, probablement, Mulîyon) mais The gel?
(Buryan) : Gelly, taillis en Liskeard ; Kellivose, Camborne ;
Kenegie (Gui val).
CHAPITRE II
Conséquences de l'accentuation au point de vue de la
syntaxe, en particulier de la forme et de la construction
des pronoms et du verbe.
§ I. Les pronoms possessifs disparaissent ou tendent a
DISPARAITRE AU PROFIT DFS îlOtœ ailgenles.
a) ire pers. sg. noingi na el pertba ve, ceux qui ne peuvent
m'honorer (Conim. Dieu, 4-5) ' . Ici la disparition du pronom
possessif absolu a amené l'absence de mutation (en comique
moyen, on eût eu 0 (oui) ferha vy : perlha est une mauvaise gra-
phie pour perhd). — noingi es a kara ve ha gwitba gerriov ve,
ceux qui m'aiment et gardent ma parole (ibid. 5) : a n'est plus
qu'un vague souvenir pour ow (ow //;-) et ow possessif a dis-
paru : plus même de mutations. — Kar ve, mon ami, pour
a bar ve (ow bar vy) : Lettre de Boson, Add. mss, p. 10 (17 10).
— rag desMans ve, pour mon instruction (ibid. 3). — gen ol an
kolan ve, avec tout mon cœur (ibid. 10). Zera ve, monsieur
(Add. mss. 10) ; bluth vee, mon âge ; gen car a vec, avec mon
père (Lettre de Bodenor).
b) 2e pers. sç. : treetb an baage chee, entre ta race (Genèse, 4,
181).
c) je pers . sg. : na travetb es peth eve, ni chose aucune qui
soit sa propriété (on aurait en comique moyen : y belh ev : la
mutation n'est pas faite ; rak na veedn an arleth sendg e beb pe,
le Seigneur ne le tiendra pas pour sans péché (Comm. Dieu,
5, 3).
Eve a rigg doa^ thurt poiv e wbonnen, il vint de son propre
pays (Add. mss. 130).
1. Version de Kerew : a rima na gee^e ort a hara, et ceux qui ne sont
pas, m'aimant.
<j6o /. Lolh.
d) Plur. : irt pers. : en Plu East egles nei, dans la paroisse
de Saint-Just, dans notre église (Add. mss.) 95.
Lettre de Bodenor : en dreav nyedzns notre village.
— en u% ni, dans notre temps (Add. mss. 10). — Tava\ coth
«y, notre vieille langue (ibid. 7). — Kar ny Jenkins, notre ami
Jenkins (ibid.) — Ma matern ni doa~e tbe bidn bave, notre chef
viendra vers l'été (notre chef est venant) : Add. mss. 130 —
an mab Jean ni, notre lettré (ibid., 138) — neave ny, notre ciel,
climat (Nebb. Gerr.).
2e pers. thera ve cara ivhy, je vous aime (je suis vous ai-
mant) : ce serait en moyen-cornique, même en Gwreans :
yâ o\w] vi orth âges cara wH ; — Etho ve pur luaii tho gwel-
las zuhy, je suis très heureux de vous voir (Pryce, Things...).
— Dieiu reg dro zuhei me\ urt tir Egypt, Dieu vous a envovés
hors de la terre d'Egypte (Cornai. Dieu, 2, 1).
je pers. tha pow go honnen, à leur propre pays (Math., 2. 197
— ban worriance nonge, et? leur splendeur (Math., 88, 8) —
balagagozv augie1 ve gères (eger es) , et leurs yeux furent ouverts
(Genèse, 177, 7). — mesk angy, \pa.rm\ eux (Nebb. Gerr.).
Remarque. — Pronoms possessifs infixes : les pronoms restent
séparés de la préposition : tho eivella^, pour le voir (Nebb. Gerr.)
— tho e clappia, pour le parler (tava~, langage, ibid.) — tha e
gerriou, à ses paroles (Add. mss. 115) — tha e eele%, à ses
anges (Math., 4. 187, 6) — tha e goorc, à son mari (Genèse,
3, 177, 0-
§ 2. Pronoms personnels.
Les pronoms personnels infixés ont une tendance à dispa-
raître au profit des nolae augentes : an hagar-breeve a tbullas ve,
au lieu de am tullas ve), le vilain serpent m'a trompé (Genèse,
3, 180, 13).
ha sonas e, au lieu de : ha n sonas e, et le bénit (Comm. Dieu,
8, 4).
A l'impératif, c'est la seule construction, mais elle est
1. Pour l'origine de atigi, v. J. Loth. /;/. corn., Rev. Cet!.. XVIII,
p. 421). C'est une combinaison de la 3e pers. du plur. -us (-«/) et de v,
nota aupens.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 461
ancienne : suyow ve, suivez-moi {Math., 4, 191, 18) — an
arleth Deew devanas ève, le seigneur Dieu l'a envoyé (Gen., 9,
184, 23).
A. — Pronoms personnels absolus.
Ce sont des formes renforçantes (notae augentes) qui ont la
préférence (à la rre pers. sg. et la 3e du plur.).
Sg. Ie pers. : na hene Deew po~ vee, pas d'autre dieu que moi
(Comm. Dieu, 3, 1 : Kereiu) — rag vee da Deew vedn boa^
engres), car moi ton Dieu je serai irrité (ibid. 4, 2). —
ve a glowhas, j'entendis (Gen., ibid. 178. 10) - - ha ve reeg
debre, et j'ai mangé (ibid. 179, 12 : id. 180, 13). — ha ve
vedn goerah ^oer, et je mettrai de la haine (ibid. rSo-ij) — ve
vedn ry, je donnerai (Math., 4, 188, 9) — ha vee vedn lha
servia et je te servirai (Add. mss. 115).
Plur. 3e pers. : ha an Gie oyah, et ils surent (Genèse, 177,
7) — ha an gye a glowhas, et ils entendirent (ibid., 177, 8). —
An gee arass go rô^a, ils laissèrent leurs filets (Math., 4, 191-
19). — An Gy droa~e thotha, ils lui amenèrent (ibid. 192,
26) — en gye lavarra^ (Math., 2. 195, 5). — an gye a cotha\
en doar, ils tombèrent à terre (ibid. 197, 11). — An gy ro^ brc~,
ils donnèrent jugement (Add. mss. 155). — an gye eath carr (in
kerd), ils partirent (Math., 2, 197, 12). La prédominance de la
forme ve est due à son emploi dans les pronoms-suffixes après
le verbe à un mode personnel. Les prétoniques étant aussi
toutes très atteintes, les notae augentes se sont trouvées avan-
tagées au point de vue de l'accent. Andji a. bénéficié de cette
tendance, et de l'effacement du pronom absolu.
B. — Pronoms personnels suffixes.
La tendance générale est de séparer le pronom de la pré-
position : cowsoiu de ve, parlez-moi (Add. mss. 136); —
clappia tho ve, me parler (Nebb. Gen\).
Sg. Ie pers. sg. — ha e rose tha vy, et il me donna (Genèse,
n. 179). — ma luhan^ do ve, j'ai envie (envie est à moi),
(Add. mss. 3). — ma oivn dha ve, j'ai peur (ibid. 10) — a resta ry
462 ]. Loth .
thave, que tu m'as donné {Genèse, 3, 179, 13); — hy a rose
tha vy, elle me donna (/£•)• — d''° geare tha ve, envoyez- moi
un mot (196).
Sg. 2e pers. : Ireth chee, entre toi (Genèse, 3, iSr, 15).
De chee, à toi (Add. mss. 136).
}* pers . : gon~ eue, avec lui (Math., 2, 196, 3) tha ve, 197.
PJur. rre pers. : gen ni, avec nous (Ad d. mss. 10).— theivorte
anny, de nous (ibid., 139).
3* pers. tho an gye ', à eux (Genèse, 3, 177, 7), (laide
thon~e, parler à eux, Math., 2, 126, 18).
E avednas thoran^e, il leur demanda (ibid., 195, 4, 7, 131)-
A côté de thothans (Connu. Dieu, 4, 2) on a (//>/</. Kerew)
then^e.
§ 3. Particules verbales.
A. — Pronom relatif.
A est très souvent omis 2. Sa présence se fait cependant
sentir dans les mutations ; mais l'absence de mutations,
dans un nombre respectable de cas, montre déjà une ten-
dance à la disparition totale. Son existence se marque dans
des formes muées qui ont remplacé des formes absolues : on
n'a plus que ra, rig pour givra, guritg ; el pour gell, peut.
Lettre de Bodenor : na ges moye vel pager pe pemp en dreav
nye ell clappia Cornish leben, il n'y a pas plus de trois ou
quatre dans notre bourgade qui puissent parler comique main-
tenant.
Pour l'absence de mutations :
Deiu coivsas gerrio ma 5, Dieu dit ces paroles (Comm. Dieu,
2, 1) — . an arleth Deciu devancs eve, Dieu l'envoya (Genèse,
184, 23). — An arleth givra^, le seigneur fit (Comm. Dieu,
7, 4) etc. La mutation même produite par a ne se fait pas
régulièrement : Bu^ e giverebas ha lavarra~, mais lui répondit
1. Gwreans 400 : Thothaus : O. m. [844 thetbe.
2. En comique moyen, a ne se trouve pas dans 0 était : yw est ; us,
est, il v a, ni avec la particule re.
3. A relever l'absence de l'article, ce qui n'est pas rare.
Questions de grain maire et de linguistique brit tonique 463
et dit : il faudrait e werebus pour e a wereba\ (Math., 186, 4).
— e cornera^ an fia, pour e a gomera%, il prit l'enfant (Math.,
2, 198, 14).
B. — La" particule yd.
Yd a disparu ou elle est réduite à d et figée sous l'initiale
du verbe qui suit.
th'om, je suis (yd o[v] me), je suis (Conim. Dieu, 2, i) : cf. 4,
2, cw// D/V//, je suis Dieu. — dero ht, qu'elle était (ydeso)
(Genèse, 3, 176, 6"). — theram en hoath, j'étais nu (ibid. 178,
13) : moyen-corn, yth esen. — mathoste (yd os te), si tu es
(Math., 4, 186, 3). — pe reg Jésus cloica- tero Jowati towla\ tha
bressen, quand Jésus entendit que Jean était jeté en prison
(Math., 4, 189, [ 2) : tero z=z yâeso ; mais il semble que tero
soit ici pour dro 2 — tho ni devethe^, nous sommes venus (Math.,
2, 194, 2) — thongeloan, ilsfurent joyeux (yâ o-ns i: ibid. 197,
10). — ha po tho an gye Jeirtbe-, et quand ils furent arrivés
(ibid. 11). — rag car dreeg an Saiisen e thanen (car comme les
Saxons l'ont envoyé (Nebb. Gerr.) : pour (po)car yâ reeg
(gwrug) an Sawson e danvon. Il est possible que d ait ici
une autre origine : ci. note 2. Il faut aussi tenir compte des
formules pandrig (pa an tira rig).
L'effet de yâ sur les occlusives sonores ne se fait même
plus sentir. Dans les cas où cette particule était employée, c'est
la mutation annoncée par le relatif ^ que l'on constate. Il y a
d'ailleurs eu, de rares cas > exceptés, confusion entre les
deux :
1. Cf. Jenoer, Handbook, p. 122.
2. dro semble être pour der 0, ire 0 ; dre, dro sont d'un emploi courant
en comique moderne On trouve deux fois der, avec ce sens dans
Gwreans : vers 1192, 1838. Dans tous ces cas, der répond à der, du moyen-
comique. Cette identité de sens est très nette dans ce passage de Xcbba-
Gerriau : kar dre vedno why givella^, comme vous pouvez voir : ce serait
en moyen-comique : pocar yth vennogh why çiveles. Il est donc non seu-
lement possible mais probable, que der, dre, soit évalué de de], comme (gall.
moy.deki'), dans des conditions difficiles à déterminer (en passant pardi- ?).
j. Math. 2. 195,6. âmes a chee e ra doa\ matern, de toi viendra un roi —
avec yw on trouve encore, mais rarement yd : ethyw screffes, il est écrit
{Math. 4. i8c->, 4) : c'est un souvenir littéraire.
464 /. Loth.
nena a ve Jésus humbrege%, alors Jésus fut envoyé (Math., 4.
185, 1) — a reeg doa~ /<•<•;<' veer thor an Est, des hommes
sages vinrent de l'Est (Math., 2. 194,1) : moyen-cornique
yâ rug. — a thor an 1er mai a reeg e gofen thor an teeqefeere, de
l'époque où il demanda aux hommes sages (ibid. 199.66).
Proclitique,)' de \d pouvait passer à un son a (.») : ci. a meth
(Math., 4, 188,10) pour y med.
C. — Particule ow, owth (devant voyelle) du comique
moyen, venant de orth, worth (breton ou{, o%, 0.) servant à
exprimer le participe présent quanti elle est jointe à l'infinitif.
Cette particule est réduite à a. Elle est également si bien en
voie de disparition que la mutation même qui trahit sa pré-
sence assez souvent ne se fait pas.
Math. 2. 194, 1 a reeg ào\ tee\ veer tho an Est laverai,
vinrent des hommes sages de l'Est, disant.
tha rynui es a trestya cita, à ceux qui se fient à lui : ow
trustya ynno (AJd. inss. 115 — a keel (ow haï), faisant (ibid. 1 1 5)
— amesk an poble e% e gara, parmi le peuple qui l'aime (ibid.
130); pour us orth e gara - — ma mater n ni doa~e tre biddn
wave, notre roi vient vers l'hiver (est venant : pour a (ow)
toa^) : la mutation n'est pas faite. — an niablecan ni e gana
terzvithyav, notre lettré chante parfois (ibid. 131): ici, il y a
ignorance manifeste : e pour a (ow) et mutation à contre-sens
— Rachel whola, Rachel pleurant (Math., 2,4009,18).
— ha Jésus gzvandra reb a mor Alale, et Jésus en se prome-
nant près de la mer de Galilée (Math. 4. 191, 18) : il
faudrait hwandra pour ow gwandra.
D. — La particule de réciprocité servant à former le verbe
réfléchi (moyen-corn, ym, em, om, uni) disparaît.
Le fait est d'autant plus frappant qu'elle est en pleine
vigueur dans Gwreans.
E. — La particule ro (rz-, r, rd) n'existe qu'à l'optatif. Llwyd
l'a confondue avec ra (wra), du verbe faire.
§ 5 . Le verbe.
Le verbe est entièrement décomposé. Les formes person-
nelles sont de plus en plus rares. La conjugaison devient pure-
Questions de grammaire et de linguistique brit tonique. 465
ment analytique. Les temps sont composés en grande partie
à l'aide d'auxiliaires et fort réduits. L'action destructive de
l'accent sur les prétoniques se combine ici avec son effet sur
les post-toniques.
A. — Les suffixes personnels.
Là même où la conjugaison personnelle paraît exister, l'in-
stinct de la langue pousse à séparer les suffixes de ce qui
paraît le thème, et à les écrire d'une façon indépendante .
la consonne finale tombe, ou, quand c'est possible, il y a
assimilation entre la terminaison consonantique et la nota
a uge 11 s.
tho chee molithees, tu es maudit {Genèse, 3,180,14) — - tho an
g i "te poscaders, ils étaient pêcheurs (Math., 4. 191,18; 2.200,13)
— po tho angye devethe~, quand ils furent arrivés (Math., 2.197,
ri ; 198, 13) — tho ny devethe\, nous sommes venus (Math., 2.
194, 2) — ytho ni, nous sommes (Add. mss. 139) — ihera ni
doaçe, nous venions (ibid. 138) — en termen a alga ny, à
l'époque où nous pouvions (Jbid. 139) — poderave, quand j'étais
(John Tshei... 253. 42) — dera vi ybnia, je suis ici (ibid. 33)
— po rigo l.ncei mç~ ker quand vous êtes parti (ibid. 44) : quand
vous fîtes aller : ker pour yn kerd. — giurra ny tedna, nous tire-
rons (Pryce) — ihera ma (Nebb. Gerr.) — vedoivhy moa^, irez-
vous ? (Pryce, Convcrs.).
M'ala ve moaçe, pour que je puisse aller (Math., 4. 196,8).
— pan dra vedd aivhy geel, que ferez-vous? (Pryce, Song) :
vedd a why pour vennogh why. — Elo zuhy clappia kernooack,
pouvez-vous parler comique (Pryce, Conv.) — na ara va àr él-
an kenibreean gweel rag tho gicitha ge tava^, je ne sais ce que
les Gallois peuvent faire pour garder leur langue (Nebb. Gerr.) :
et. a orama (tiré de me a ore); drel est pour : pondra el
(quelle chose peut). — na alga ma (ibid.).
Il s'est produit une sorte d'agglutination entre m de me et
la terminaison vocalique du verbe. Dans le pronom ce fait
se montre aussi : he thurtam (dcorthxj), va d'auprès de moi
(Math., 4. 188,10).
iheram en hoath (Genèse, 3.198,10). pour tà 0 me : 0 est la
Revue Celtique, XX XV. 50
466 /. Lolh.
forme de la je pers. de l'imparfait et n'était usitée qu'à cette
personne. En comique moderne, elle sert pour toutes les per-
sonnes à l'état analytique.
âeram moc%, je vais, je suis allant, {John Tshei, 252.14 :
pour ?d ddjo me : cf. otna, je suis, Res. Dom. 755. — Prvce,
Conv. : elo why clappin kernojak} Ellam,« pouvez-vous parler
comique } Je le puis » : ellam pouv alla nie ; ella est une forme
muée de gallav, mi a alla) — tnar intenta ? menjam : .. si tu
veux (mar menrnèâ te) ? Je veux —
La 2e pers. du pluriel de l'impératif avait perdu -ch final :
mero, voyez (Math., 4. 189,11; 2. 198,13).
B. — Les temps.
Il n'y a plus, on peut le dire, de conjugaison personnelle ;
dans les propositions indépendantes, le fait n'a rien de sur-
prenant, puisque la forme de la 3e pers. du sing. avec le pro-
nom sujet devant dominait. Mais même dans les propositions
négatives, interrogatives et les propositions dépendantes,
elle a à peu près disparu '.
Pour la 3e pers. du sing. on reconnaît le présent-futur, le
prétéri t en -s (-as), le prétérit secondaire (-.v',-iy)emplové comme
conditionnel et aussi avec le sens de l'anglais would. Le sub-
jonctif dont la vovelle caractéristique était devenue a (pour
-0) se confond avec le présent : mais les formes habituelles
sont des formes composées, pour le présent, avec le verbe
taire ; pour le prétérit, de même; pour le futur, avec mynne 2,
vouloir, et aussi faire au futur (et. anglais will et shall).
Pour les exemples, il n'y a que l'embarras du choix. Je n'en
citerai que quelques-uns.
Présent et Futur : war tha doer chee ra moa%e, sur ton
ventre, tu marcheras : tu feras marcher (Genèse, 3, 180, 14) —
ha ve vedn goerah \oer et je mettrai haine (/ will put) : ibiJ. 15
— me vedn niear cressha tha dewan, j'accroîtrai grandement ta
peine (/'/1/..1S1, lé) — bag e ra tha rowlya, il te gouvernera
1. Cf. Jenner. Handbook, p. 11 5-1 16.
2. t.a. construction avec ce Verbe est très tlével oppée déjà dans Gwreans.
Questions de grammaire et de linguistique brittonique. 467
(ibid. 16) — che ra debre not ha, tu en mangeras (ibid. 182.17) —
spearu ha askal ra e dry ronces et chardons, elle portera
(ibid. 18) — ythyw, screjfe~ na ra Jean bewah,i\ est écrit, que
personne ne vit... (Math., 4. 186, 4) — e ra ry, il donnera
(ibid. 187, 6) — lee%... chee ra broiue tha droo^e, de peur que tu
ne meurtrisses ton pied (ibid. 187, 6).
-rag na veedu an arleth sendg e heb pe ra kamer a hanaw heb
ortham, car le seigneur ne le tiendra pas pour sans péché,
celui qui prend son nom sans besoin (Connu. Dieu, 5.3).
— oïl a rimah ve vedn ry, tout ceci je le donnerai (ibid. 188,
9). C'est la construction habituelle.
Prétérit : besta% angweale a reege an arleth geele, les bêtes des
champs que Dieu a faites (Genèse, 3. 174, 1). — reeg Deeau
laiule, Dieu a dit (ibid.} — Pe reeg an vennen givella\, quand
la femme vit (ibid. 176, 6) — Dreffen chee tha ga^pwai tellah tha
wreage ha reeg debre thor an ivethan a reege a vee laiule thee~e chee na
raage debre anoihe, parce que toi tu as écouté la parole de ta
femme et que tu as mangé de l'arbre duquel je t'avais dit de
ne pas manger (ibid. 182-3. I7)- — ha an arleth Deew reeg laivk
et le seigneur Dieu dit (ibid. 183, 22). — a reeg doa%e tee^eveer,
des hommes sages vinrent (Math., 2. 194, 1), etc. etc.
L'impératif est aussi le plus souvent construit avec faire :
na reau gaivas Dieu velh arall bu^ ve, n'ayez pas de Dieu
autre que moi (Connu. Dieu, 3, 1) — na reau kamer hanow
gu^arleth heb ortham, ne prenez pas le nom de votre Seigneur
sans nécessité (ibid. 5. 3), etc.
Le verbe avoir (être avec pronom infixe) a disparu. Il n'en
reste que de vagues souvenirs, et la mutation n'est même pas
respectée ; me a veeowne, j'ai eu peur (Genèse, 3. 178 10).
C. — Voix. Les formes en -r ont disparu '.La construction
avec le verbe substantif et le participe subsiste naturellement
(le verbe substantif à l'état analytique). Les formes passives
données par Lhwyd (247. 1 et 2) sont de son invention
(Henwyy vè, j'étais appelé ou mi a hènwy^ ; ve am henzvy^ ;
heniuassi^ vi, j'ai été appelé).
J. Loth.
1. Cf. Jenner, Handbook, p. 120.
L, R, N, M EN INITIALE
ET EN
CONSTRUCTION SYNTACTIQUE
DANS LE
DIALECTE BRETON DE L'ILE MOLÈNES
(finistère)
Ces sons n'ont été, jusqu'ici, en Bretagne, l'objet d'aucune
recherche sérieuse. J'avais constaté, à plusieurs reprises, une
différence entre ces sons à l'initiale absolue et en position
adoucie chez certaines personnes, en particulier chez un de
nos étudiants de Rennes, M. Cuillandre, aujourd'hui profes-
seur au collège de Vannes, auteur d'un remarquable recueil
de poésie bretonne, Moue% an aochou (la voix des Grèves),
natif de l'île iMolènes. M. Cuillandre a l'oreille excellente et
est bon observateur. Je l'ai prié de me renseigner, aussi exacte-
ment qu'il est possible sans le secours de la phonétique ins-
trumentale, surla valeur des sons en question : i° à l'initiale ;
2° en construction syntactique. Voici le résultat de ses obser-
vations.
A l'initiale absolue, par rapport à / /' ;/ ;;/, en position adou-
cie(par exemple, après da, ton, ta, tes : da lagad, ton œil), les
liquides et nasales initiales témoignent d'une expiration
plus forte, moindre cependant que pour / r n m en position
non adoucie ou plutôt renforcée : par exemple, après be, son,
sa, ses, en parlant d'une femme; va, mon, ma, mes etc. Je
reproduis le texte même de M. Cuillandre : 1 r n ni à
l'initiale simple ressemblent plutôt à ces mêmes consonnes
renforcées qu'à celles qui sont affaiblies, comme mode d'ar-
ticulation. Je prends / dans Ltgad, comme exemple; pour
cette initiale, l'articulation se produit accompagnée d'un appui
du bout de la langue contre la rangée supérieure des dents. Si je
L, R, M, N en initiale et en construction syntaetique. 469
prononce : va lagad, he lagad (son œil à elle), ou ho lagad
(votre œil), l'articulation de / est sans doute renforcée par
un appui plus vigoureux du bout de la langue, mais cet appui
se fait à la même place ; le son comme nature, est sensible-
ment le même. Si je prononce da lagad, e lagad (son œil à lui),
l'articulation de / est non seulement affaiblie et adoucie, mais
le bout de la langue ne fait plus ici qu'effleurer légèrement les
mêmes dents : l'appui n'existe plus.
M. Cuillandre a étudié ces sons en mutation syntaetique :
i° en position adoucie, après e, adj. poss. ms. ; da, ton,
ta, tes
2° en position renforcée ou supposée telle, après va, he (poss.
fém.), ho, 0, leur, leurs ; ho, votre, vos. Il a constaté un
affaiblissement marqué dans le premier cas; un renforcement
marqué par comparaison avec l'initiale, au point de vue de la
force de l'articulation dans le second cas, en exceptant 0, leur,
leurs. Cette exception est des plus curieuses, si on réfléchit
que les occlusives sourdes sont transformées en spirantes en
breton, comme en comique, après cet adjectif possessif, tandis
qu'au contraire, en gallois, elles restent intactes. Seul un appa-
reil enregisteur pourrait peut-être signaler des différences qu'en
tout cas une oreille exercée ne perçoit pas.
M. Cuillandre représentant l'articulation initiale absolue par
le signe —, le renforcement par -f-, l'affaiblissement par — ,
a dressé le tableau suivant (voir p. 470) :
M. Cuillandre y ajoute les intéressantes observations sui-
vantes :
après ho (votre, vos) : l'articulation de la consonne
initiale /, r, m, n, outre qu'elle est renforcée, semble subir
un durcissement particulier et exploser en un son bref et net,
tout différent du son rendu par l'articulation de ces mêmes
consonnes, après he, adj. poss. féminin.
Après he. son, sa, ses, à elle : l'articulation des mêmes
consonnes initiales s'accompagne, outre le renforcement, d'une
sorte d'aspiration, ou mieux d'expiration, assez sensible pour /,
moins pour r, presque pas pour m et n. Ce souffle secondaire
qui accompagne l'articulation se produit sur le côté droit
vers le bout (mais pas tout à fait) de la langue. Pour /, en
470
/. Lolh.
particulier, le côté droit de la langue, vers l'extrémité, semble
se soulever un peu. Comparée à l'articulation de /, r, m, n
après ho, votre, vos, celle des mêmes consonnes, après he, adj.
poss. fém., est moins dure et plus lente.
FORCE D'ARTICULATION APRÈS :
[ Lagad >
j \ Lein. .
Lizer . .
La m m.
( Rastel.
) Reor . .
A> ) Reuz . .
( Ribot.
, Mamm
,. \ Mevel.
5 Moger.
Mouez ,
j Nadoz.
N \ Naoun
Neud.
Niz...
O à
V
V
V
V
_r E
+
+
4-
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
S il
V
V
V
V
+
+
+
+
+
+
+
+
+
4
+
+
+
+
+
+
i. legad, œil; lein, déjeuner; li\tr, lettre (épître) ; lamm, saut; rastel,
râteau; reor, derrière; reu\, malheur, agitation; ribot, baratte à beurre;
mamm, mère; mevel, serviteur; moger, muraille; nioue^, voix; naào\,
aiguille; naoun, faim; neud, fil; ni^, nièce.
J. LOTH.
SUR
QUELQUES TEXTES FRANCO-BRETONS
(Suite.}
IV
36. L'obligeance de mon savant collègue M. Plattard
m'ayant permis de retrouver quelques documents intéressants
sur la question, je reprends ici l'étude commencée depuis près
de vingt ans (Rev. Celt., XVI, 168-200).
37. Voici d'abord, d'après le volume de la Bibl. Xat. coté
Rés. Ye 2684, la pièce reproduite § 2 et suiv. Elle fait partie
du premier recueil contenu dans ce vol., et intitulé « Noelz
nouueaulx, composez nouuellement sur le chant de plusieurs
Chansons nouuelles ».
f° lv Sur le trihory de basse bretaigne
Noël en breton qui parle francoys
yuonnet et mathery herue henry
T Trudaine
Faison en vng chantery Vng beau hoiry
Gent et ioly, Ennet demain Noël
v° ^1 Ma père il a dit que adam
Eut vng beau fam
Qui mordoit en vne pomme
Parquoy dieu de son meson
Mist le bon hom
Entrez dehors garsonne
Vous irez petez dehors
Ta meschant corps Villaine
Vous en aurez pour le mors
472
E. Eriitiiill.
Plusieurs remors
Soyez en certain
^§j Quant le dyable il aura veu
Sa depourueu
Tandoue quil est daise
Il e st daille il est venu
Villain cornu
Cest vng beste mohaise
Mais doe de paradis
Amis sa filz En peine
Et est venus de sa pays
Ce dison ilz
A yuissant main
d Adam il estoit chasse
Ou vieu maison du dyable
Mais diou il a pourchasse
Vng beau vierge amyable
Gabriel il est dalle
f° lvi Soubdaine
Au be.m vierge a dit aue nomen eue
Sera mis plain
$j Le doe il est nasqui tant beau genty
Seullement sur de paille
Vng lasne est empres tappy
Son lalaine luy baille
En vng vieu maison il est lenfantelet
Tant ieune
Il aura ma gastelet
Sil a besoint
flj Je porty ma flageollet
Etsonneray datache
Trihory ioly dehet
Giray comment vng vache
Je faire dancer mary
Dandaine
Joseph sera endormy
Nest pas trop sain
Au petit doe iaure
Tiuonnet.
Tiuonnet
Perdue lasse
Serche trace
Et deuale
Tiuonnet
vn vasche aussi
Matourtelet
Tiuonnet
Et ma muset
Languilloset
Auecques luy
Le bon hommv
Tiuonnet
Que ie fere
Quelques textes franco -bretons 473
Vngpourpine en son crache
Neppes ieluy portere Morceau dore.
Chappon de cornouache
Il aura le bon barat
Le guyne math A plaine
Lorleans vin lanchiuin Le poyteuin
v° Sil aura fain Tyuonnet
flj Je priray deuôtement Mignon nement
Le petit et son mère
Que iauray ioyeusement Vin largement
Or en mon gebeciere
Et neppes finablement Mon saulnement
Soubdaine
Si chanteray haultement Godinement
Au lieu haultain Tiuonnet
Amen Noël Grâce et amour
38. Le T au-dessous de yuonnet doit y être rattaché, comme
le prouve la répétition du nom à la fin de chaque couplet,
pour indiquer la reprise du refrain. Une disposition semblable
de l'initiale se montre, par exemple, dans PEcheurs, f° nv, v°.
Le prénom francisé était d'ordinaire Yuonnet, Ivonet, cf. Rev.
Celt.'9 XXXIV, 245. C'est un diminutif de Yvon, cf. § 26.
Nous avons vu aussi la forme bretonisée if, cf. trécorois Nif,
§ 19 ; dim. Nifeq.
D. Le Pelletier remarque : « Eusen Est le nom propre
d'homme le plus diversifié que l'on puisse s'imaginer en si peu
d'étendue de pays, et dans un même langage. On prononce
donc Eusen, Eosen, Esôen, Esôan, Esoain, Usen, Yivain, You-
wain, ou Hiouwain, Yauwau, Jeun, ou Yeun, et par plus
grande corruption Erwain, pour Esiuain. Ceux de ce pays qui
parlent François, disent Yvon. Les Hauts-Bretons Yves, comme
nous... » Même observation dans Roussel ras. : «... on pro-
nonce donc eusen, Eosen, esoen, esoan, usen, eosin, yivain, yoen,
Jeun, ou \citn, won, ou yvoun... » Pel. explique le lat. Yvo et
le franc. Yves par le nom d'arbre if; Eusen, etc. viendrait de
Usanus, « d'une rivière d'Angleterre, dite Usa » près de laquelle
habitait le premier saint Yves. Ces témoignages sont en par-
474 E. Ernault.
tie viciés par la préoccupation étymologique, sans laquelle les
s seraient probablement des ç.
Le P. Grégoire traduit « Yve » : « Léon. éù%en. eu^en.éau-
~en. (Treg. èrouàn. yoûen. (b. Corn, yoûen. yeun. (h. Cotn.even.
eoùan. e^an.e~eu. èen. (Van. Eoûan. » ; « Saint Yves » : i< Sant
Eauçen. Sant Erouan a Viryone. Sant Even, etc. »; TA. donne
Ivcine, Ivin, I^pin, I^oêne, Eouann ; H. de la Villemarqué (Ap-
pendice au dict. fr.-br. de Gon.) Eo%en L., Eû%en, Iouenn C,
ErvoanT., Eouan, Ivenn, I~oenn\\, fém. Ivona Yvonne, dim.
Ivonaik (4 sy 11.) ; J. Moal, Sitppl. à Troude 18 traduit < Yves »
Ivon, Ioen, Eoçen, Euxpi L., Jeun, Cheun, Eou, C., Nounn,
Urwan T., Bon à Plouguerneau, etc., dim. Ivouik, Xounnik,
Bonik, et « Yvonne » Ivona, Bonik (b. L.). On iit en cor-
nouaillais louai, Ba>~. Br. 243, 245 ; on dit en Trég. Encan,
Encaùn, Ervoan, dim. Waniqi ïEanniq. Wahneq. Ct.
le composé Marivonn, dim. -ik T. Marie-Yvonne, Gwer^ùm
Br.-I-el I, 350, 352, Marivonik T. et L., Rolland, Recueil de
chansons pop., III, 63, 66. etc. ; léon. Marivon, Vona.
M. Loth explique, à propos de Iouen « forme bretonne la
plus répandue... en dehors du vannetais où on dit Iwân »,
que « sous ce nom on a confondu une demi-douzaine de
saints » (Rev. Celt., XXIX, 309, cf. 283, 284; XXX, 313 ;
Annales de Bret. IV, 632, 633 ; Mots lat. 164, 218; Cbnstom.
bret-, 129, 204). Deux d'entre eux portaient le nom d'origine
germanique Ivo. Celui-ci s'est confondu phonétiquement avec
Ewen (ixe s.) = gall. Yiven, Oicain, et Euçen en 1401, de
Eudo, d'où en Léon Eoçen, ailleurs dès avant le xvne siècle Ewen.
Le Catbolicon a un article « Euçen, g. yuon, 1. yuo » ; l'édi-
tion b donne une variante avec ^ : « Eu^en pe Eo%en ». Les
Heures n'ont que Yuen : sant Yuan natiu a Treguer (Middle-
Brel.Hours 39).
Les formes vannetaises avec^; sont-elles empruntées au Léon,
ou tirées de documents plus anciens? Ce n'est pas nécessaire :
cf. van. uiphuion juifs, etc. (Sur un ancien livre vannetais, 1894,
LY dont s'est étonné Pel. vient d'un autre nom où il était
primitif (cf. Urban, Rev. Celt., XXX, 306 ?). On a pu regar-
der Encan comme une variante de Efwan, d'après le rapport
Quelques textes franco-bretons. 475
de derwe\ journée à l'ancien de%ue%, cf. Gloss. v. de\, bi~bux-
quen.
Il est possible aussi qu'on ait senti Erwan comme équivalant
à Ewan :laprésence du son n favorise l'intrusion de r, cf. L'épen-
thèse des liquides § 32, 33. Grég. donne eyenen pi. éyen et érye-
rienn pi. éryenennou, éryen petite source qui sort de terre après
les grosses pluies ; il renvoie à terre, ce qui montre qu'il pen-
sait déjà à son étymologie par le fantastique er, d'où il tire
« er-yen, pi. er-yennou, source à fleur de terre, après les pluies
d'orage ». Il y a là deux mots différents, dont le second est en
v. br. orion gl. oram ; moy. br. euryen bord d'une fontaine;
van. eerion m. pi. eu ourlet, tréc. erien f. pi. 0 rebord d'un cha-
peau ; une variante intermédiaire est eiïlen, en ce dernier sens,
Rev. Celt., VIII, 508 \
Un r parait aussi s'être glissé dans le nom <XEloi, que le P.
Grégoire traduit : « Alar. aler. Treg. et Van. Eler » ; « St.
Eloi. Sant Alar. Saut Aler. Van. Saut Elér » ; H. de la Vill.
Alar, Aler; J. Moal Alar, Ekm L., Aler C, Eh T. Ce sont
des personnages tout différents ; voir Loth, Chrestom. Bret.
187 ; Mêlusine V, 106 ; XI, 446 ; Miscellany presented la Kuuo
Meyer, ^15.
39. Il y a eu, du reste, bien d'autres confusions de cegenre,
occasionnées par des concordances phonétiques plus ou moins'
imparfaites.
Le Catholicon traduit Ingneau Cngneau Kms, Igneau Jli) en lat.
« Ignacius » ; le P. Grégoire rend « Ignace » Igneau, Igeau
(et non Igneau, Gloss. 335 ; voir Rev. Celt., XXIX, 307;
XXX, 301). H. de la Vill. a traduit « Ignace » Inéô (n pour
gn doux); J. Moal Ignas L., Igneo, Igno T. Voir Rev. Celt.,
XI, 146, 352,353 ; XXIX, 311; XXX, 316.
Grég. donne « Raoul nom d'homme qu'on croit être le
même que Rioùal, et Rodolphe, en latin, Rodulphus, Radul-
1. Ce mot est regardé comme celtique par M. Loth, Les mois lat. dans
les langues brittoniques, 191; M. Pedersen, Vergl. Gram. I, 207, le tire du
latin (en donnant à tort comme bret. moderne or, qui n'est qu'une forme
reconstituée par M. Loth). Cf. v. fr. eur: « Qu'il laissiérent l'enfant sur
l'eur d'une fontaine ». Brun delà Montaigne... publié par P. Meyer, 1875,
v . 1 5 6 1 .
476 E. Ernaull.
phus. En tout cas, Raoul et Rodolphe, c'est en breton, Raoul,
et Rioiial » ; « Rodolphe ,... Raoul, Rioiïal » (Raoul g. id. C,
dimin. Raoulic Gloss. 56 r ; Rioual, Rivoal Rodolphe, de la Y. ;
Raoul Rodolphe, de la Y. ; Raoul Rodolphe J. Moal ; voir
Ri:val,Rev. Celt., XXX, 291).
Grég. traduit « Maurice » : Morvan et Mauriç, van. Mauriç ;
« Petit Maurice » Morvannicq et Mauricicq ; « Saint Maurice »
Saut Vauriç; « La Ville M.iurice» Kxr-morvan (Morice, Moricc,
MouriccC, cf. Gloss. 426; Kxr- Morvan La Ville Maurice l'A. ;
Moris Yillem. ; f. en van. Morised « Morised », dim. Morisetik,
Bar\. Br. 342-344. Morised, Morisedig « Mauricette » Rev.
Morbihannaise, IV, 95-100, tréc. Moriset, au titre Moriselta,
Gwei\. Br. I~., II, 288, 290, Morised, Moriset Rev. Morb., V,
274, 275)- - Voir § 84.
40. Pour prévenir ces équivoques, M. Loth a proposé de
donner au bienheureux trécorois son nom de famille, Helori,
au ixe siècle Haeî-uuo-ri « généreux prince » '. Celui-ci a donné
lieu à un autre quiproquo.
M. L. Esquieu, Devisaire breton, Brest 191 1, rapporte ainsi
la devise de sa famille : « A tout dix, ou A tout dire. —
Hélory ». La seconde leçon provient d'une interprétation de
dix par dits. Guy Le Borgne en a risqué uneautreque M. L. Le
Guennec traite, avec raison, de « glose hasardeuse », dans le
Fureteur Breton, VII, 18, 19 : « Il convient à tout ridelle... de
garder les dix commandements ». J. Dielitz, Die Wahl- und
Denkspriichey neue Ausg., Fankfurta. M. 1888, traduit littéra-
lement « zu allem zehn », ce qu'il déclare, d'ailleurs, incom-
préhensible. M. Ch. de la Roncière, Saint Yves, 1901, p. 180,
écarte l'explication de Le Borgne et « autres interprétations
fantaisistes qu'on a données jusqu'ici », en remarquant : « A
tou\ di~, au xine siècle, signifie : « à toujours ».
1. Cf. Chrestom. Bret. 135, 212. « Canonisez le bienheureux Hélory,
concluait Charles de Blois en finissant sa déposifion : tous vous le
demandent, Très Saint-Père, la Bretagne et moi; Hélorv, en breton,
signifie Prompt-Secours, par lui la paix nous est rendue, nous en sommes
persuadés ». Ch. delà Proncière, Saint Yves, 1901, p. 141, 142. Y avait-
il là une allusion à une explication de Hélory d après *hél-orei « bon
secours », cf. Gloss. 279, 280 ?
Quelques textes franco-bretons 477
M. Le Guennec préfère un autre sens, donné par un vicaire
de Plestin d'après « le texte le plus ancien, celui qui figure,
paraît-il, sur le testament de Saint Yves conservé au Minihy,
et qui offre cette forme, sans séparation appréciable des mots :
atouzditzellouri
« En français, cela ne peut se lire qu'ainsi : A tou% dit( El-
louri. Mais si l'on essaie du breton, à l'instant les lettres se
groupent comme d'elles-mêmes en une phrase parfaitement
logique et compréhensible :
ato u% dit %dhu ri
que n'importe quel bretonnànt traduirait sans la moindre
hésitation :
Toujours au-dessus de toi regarde (littéral, fais des regards). »
Que cette phrase, où l'interprète voit une « belle et reli-
gieuse devise, à laquelle est mêlée, en manière de calembour,
le nom même de la famille qui s'en parait », puisse sembler
« parfaitement logique et compréhensible » à un Breton
(moderne de Tréguier), je l'accorde. Sans doute, il ne vien-
drait à l'idée de personne déparier de lasorte;maisl'hypothèse
d'un « calembour » sur le nom de la famille atténue la rudesse
de la construction « Toujours au-dessus de toi regards feras ».
Le malheur est que, d'après tout ce que nous savons du bre-
ton moyen, on attendrait
atau a -u% dit sellou ri
et que, partant même de la variante fort improbable ato u^ dit
~ellou ri, on n'arrive pas à une abréviation intelligible atou%dit%.
Au contraire, A tou% dit~ (EUoiirï) est conforme à un double
type connu : cf. E peb am~er Cocllogou, de tout temps Coetlo-
gon; Atao, da virviquen ! toujours, à jamais; fr. En tout temps
dn blé (Du blé), etc., voir Mêlusine, XI, 400, v. Temps.
Je crois donc que M. de la Roncière a raison, et que nous
n'avons là un texte franco-breton que par suite d'une de ces
rencontres spécieuses, comme le P. Grégoire en a signalé dans
le « plaisant rébus...
47^> E. Ernault.
Natura diverse gaudet.
Nature a dit, verse au godet '. »
41. La préfixation du / dans Tivonnet ne doit pas non plus
être un phénomène breton : peut-être vient-elle d'une expres-
sion « petit-Yvonnet ».
La liste de J. Moal ne montre aucun fait de ce genre, mais
seulement des redoublements comme Nounn : Gngnst = Ao-
gust L., ailleurs Ogust, dim. Gustik Auguste ; Nitii dim. de
Eujeni Eugénie ; Pipi d'un, de Perr Pierre (cf. Gloss. 486, Rev.
Celt. XXVI, 86; Piar Bar~. Br. 159, dim. Piarik 420-422,
Pierric Soniou Br.-I^. I, 332) ; M/m/ dim. de Marianna, à
Plougastel-Daoulas Biganna (cf. Bai\. Br. 222) Marie-Anne;
Did à Guipavas, dim . Didik =: Marcharid, God, Goad L.,
Marchaid, Mari-Gaid, Gaid C, Lia T., dim. Goadih, Godik,
Lidik, Mid à Plabennec, etc. Marguerite (Mac'harid, Marcha-
rid, Margarid, van. Margucid, dim. Macharidicq, God, Godicq
Gr., van. Marchaid, Machaid Bar~. Br. 466, Marc harit Soniou
Br. 7~. I, 220; tréc. Margot, Margodic 178, 180, 182 Margodik
Giuer~ Br. I~. I, 354, 356, 358; corn. Marc'haid ar gerchei\
Marguerite la grue, dim. Marchaidik Bar~. Br. 282 ; mov.
br. Marcharit, Margarit, van. Màrgerit, Margarit, Garit, voir
L'épenthêse des liquides § 18 ; Etudes vann. III, 4 ; Gloss. v.
tnerchoidenn ; Jousaouënn Santés Mac'harid marguerite, plante,
bocqedou Santés Mac'harid ses fleurs Gr., van. boquêtteu Mar-
garite l'A., tréc. bokodo Marcharid) ; Lell, Loull, dim. Lcllik,
Loullik = Oiier Olivier (Olyer dim. Olyericq Gr., cf. Rev. Celt.
XXVI, 83, 86).
42. Le ms. des Mojennou Laf ont aine de L. M. Combeau,
date de 1836 et 1837, porte Dom Alauig, 1. I, f. 2, avec cette
noté : « nom burlesque du renard », et son abréviation con-
nue Lan XII, 17, 22 ; mais par ailleurs Salan I, 18 ; VII, 7,
10 ; ciné Zalan (dit Alain) XII, 17 ; Doni-Salan I, 18 ; II, 3 ;
XII, 9, 22 (cf. Rei'. Celt. XXVI, 86). Il semble qu'il y ait là
1. [Pour la suppression de 1'/; dans (H)eltouri contrairement aux habi-
tudes du trécorois, on peut comparer Les-eniui en 141 1, Treffleshernin en
1436 (Morbihan), etc., Loth, Chrestom. 213. cf. Rev. Celt.. XXXV. 132,
I33-]
Quelques textes franco-bretons. 479
une combinaison des deux mots Alan et Salaùn ; cf. van.
ch-ivoneu écume, ch-ahné ennui Rev. Celt., XXV, 75. Ou bien
faut-il comparer Ville-es-Alanic (1461), auj. La-Ville-ès-Allain ,
Loire-Inférieure (Quilgaro) ?
43. Mathery doit être un prénom, comme les mots voisins.
Sa finale ne répond pas bien à celle de Mathurin, bret. Matu-
rin, Matelin, Rev. Celt., XXVI, 320 (haut bret. Mathô, fém.
Thurotte, Thuriche. Le Fureteur Bret. VII, 221). Ce doit être
un diminutif breton *Maleric (voir § 25), cf. le nom de famille
Materet, Matteret, Matberet, dans le Midi, Mistr.
44. Dans le passage cité § 15, G. Kastner dit : « Tntdoii
trudaine, onomatopée du bruit du tambour. Rabelais a donné
ce nom au fameux tambourineur du seigneur de Basché. La
forme trudon trudaine a quelquefois servi de refrain ; et dans
la Farce de Pathelin, des paroles vagues qui se perdent en l'air
comme le roulement d'un tambour éloigné sont appelées Irit-
daines ». La Curne de Sainte-Palaye (éd. Favre) a trudaine,
trudine « tromperie, sort ». Le mot se présente avec un sens
plus concret, dans les Noël s nouueaux (Bibl. municipale de Poi-
tiers, Rés. DR 309, xvie s., le titre manque), f° XVIII :
« Je luy donnay vn beau don, nau, nau,
Mon billart et ma pelotte :
Et Guillot mon compagnon, nau. nau,
Sa trudene et sa marotte. »
Ce doit être un instrument de musique. Ces sortes de noms
figurent souvent dans les refrains. J. Tiersot, Histoire de la chan-
son populaire en France, 329, 330, cite à ce propos La vé%i, la
vé~oii ; la Pibole ; tourloure, turelure, tirelyre, turlututu, àevèçe
pibole cornemuse, tourloure. turelure, etc., sortes de flûte au
xve et xvie s. '.
45. On a vu, § 9, que la finale -aine est fréquente dans
1. J'ai cité à cet endroit des jurons comme fi d'ëm dênë, fi d'em déno,
imites libi denon, et aussi fi d'êm dero, sapertibidore. On peut rapprocher de
ces derniers les refrains d'anciennes pastourelles Va li dureaux, ii dureaus
iaireie ; Chivàleta dori doreaux ; dorenlot, où M. Tiersot voit des« onomato-
pées, empruntées sans doute aux cris des bergers aux champs » (425, 426).
480 E. Ernault.
les refrains; cf. Le mot dieu en bret. § 30 '. Elle se retrouve
dans un mot qui à plusieurs égards rappelle trudaiue; c'est
turlutaine serinette ; manie, marotte, Littré; ce que quelqu'un
répète sans cesse, Dict. général; en ce dernier sens Littré donne
turîututaine. Cf. à Monthéliard turelutaine(tu-re-lu-tain-ne) seii-
nette, Contejean ; Morvan turlutaine, teurleutaine rlûteau d'en-
fant ; turlukr, teurleuter flûter comme les petits bergers, E. de
Chambure ; Bas-Maine turlukr fredonner, chanter entre les
dents, Dottin, etc.
Littré explique turlututu : onomatopée du son de la flûte ;
la flûte à l'ognon ; mot qui sert aussi pour interrompre un
bavard . Son Supplément donne turlutie f. engin de pêche pour
l'encornet : ligne armée de plusieurs hameçons et teinte en
rouge ; « L'usage de la turlutte... est interdit dans les cours
d'eau non navigables » (Arrêté du préfet du Finistère, 1877).
A cette famille appartient en breton turlutud: Nep hen eu~
greg ha bugale A die ive turlutud d'he « Qui a femme et
eniants Leur doit aussi de Y agrément » Sauvé Prov. 421 ;
M. Even m'a donné cette variante léonaise : An hini an deu{
bugale, Turlutet d'ê, que celui qui a des enfants s'en occupe.
Il m'a appris aussi qu'on dit en Goëlo turluta, en Trég. et
Léon turlutat v. a. dorloter, soigner, cajoler, câliner. Du
Rusquec donne turluta hésiter ; turluter pi. ien homme indécis.
Cf. iurlu alouette huppée; étourdi, qui ne prévoit rien, qui
ne pense à rien; turluter « flâner, paresser; siffler, chanter,
faire comme l'alouette, la calandre, qui rossignolettent, qui
fringolent, qui s'envoisent et qui turlutent » Jossier, Dict. des
patois de /' Yonne.
46. Littré donne turlurette « espèce de guitare en usage
1. D'après le v. fr. bedonner battre du bedon, du tambour, on pourrait
voir aussi le nom de cet instrument dans le refrain gallo labedibedou (où
M. Dottin traduit la bëdi-bedou la colique, GIoss. du Bas -Maine"), bret.
dambedtbedoujën, etc., voir Le mot dieu en bret.§ 30. Le recueil qui a le noel
« sur le trihory de basse bretaigne » porte, f° 18 v : « Xoel nouueau sur
Bedidin bedidon ».; le refrain est : ... tant tireîitonfa ... Bedidin bedidon Tan
tirelitonfa (cf., f. 49, Sur lariran lariran laine Lariran fa ; et dans une
chanson connue a Saint-Brieuc : « C'était un p'tit avocat, Tour, tour,
tourîarirette; C'était..., Tour larirette lirlonfa, Tour larirette lirlonfa ! »),
Quelques textes franco-bretons. 481
au xive siècle ; ce mot est employé dans le refrain de quelques
chansons »; article qui a passé dans la dernière édition de
l'Académie. Cf. les refrains tourîoiirirette... lonlanderirette,
Tiersot 256; larrturlurette 329, lanturlu 252, lure, lurette 496,
hureîugogu 247, etc.
C'est sans doute d'un croisement de ces mots avec hurlu-
berlu, plus anciennement hurlubrelu, que viennent les formes
méridionales turhtberlu, iurluburlu, turuburlu, tuturburlu
(estuberlu, piémontais tourloubourlou) « s. et adj. hurluberlu,
étourdi, tête fêlée » Mistr., Bas-Maine turhtberlu adv. à
l'étourdie, confusément ; m. hurluberlu, homme qui n'a pas
d'idées arrêtées, Dottin. Mistral compare le bret. « turubalou
tohu-bohu » ; mais 17 y est mouillé, et -ailhou est le pluriel
du suffixe franc, -aille, cf. Rev. Celt., XXVII, 64, 65. On lit
à la table du Nomendator, vers la fin: fardou, turubaïlhou un
gragut\ (parures, bibelots des femmes) ; Grég. a turubaïlhou
« ramas, assemblage de plusieurs choses »; « brimborions,
des curiositez légères, et de peu de valeur ; tous les petits
meubles qui n'ont point de nom »; turubaïlhou, turibailhou
« fatras, amas de plusieurs choses inutiles » ; Gon. turubalou,
quelques-uns prononcent turibalou fatras, amas de plusieurs
choses inutiles et frivoles; Trd turubaïlhou pi. m. « brimbo-
rions, et aussi, épouvantail pour effrayer les oiseaux » ; du
R. touribaillou « fatras, amas confus », puis « fausses
manœuvres, détours », il renvoie de turubaillou à touribaillou;
Combeau I, 20, traduit « Et de fatras et de grimoires » A
skrijou fa~iu~ nag a durubailhou, et au sing., VII, 3 « Les
choses d'ici-bas ne me regardent plus » Turubailh ar bed-iua
né~ell fnui ken ou~-iii. En Léon ce singulier s'emploie, au
fém., pour « homme qui s'effraie sans raison et qui est de
nature par là-même à effrayer. Te ~oeun durubailh tu es capable
d'effrayer en te montrant effrayé » (ab. Caer). Cf. van. turle-
baunein « éblouir, causer une émotion dans la vue et
dans le cerveau, qui les empêche de faire leurs fonc-
tions » ; turleban m. « éblouissement, effets des vapeurs
du cerveau » l'A., kousked turlubannus sommeil agité,
formes influencées par banuein chanceler, peut-être aussi par
tulbénd, titlban, luruban pp. ou turban Gr., tulban p. eu l'A.,
Revue Celtique, XXXV. 31
482 E. Ernault.
turuban, luriban p. ou « écharpe que les gens de guerre
portent en guise de ceinture, ou de baudrier »Gr.. turuban
m. « écharpe de ceinture » Trd, « n. propre de famille bret. »
Mil. ms. (à un autre endroit « nom propre, turban »).
Henry regarde turubalou fatras comme une onomatopée, fe
crois qu'il v a là une série de déformations du bret. moyen
tribuill trouble, douleur, tribuillaff, trubuillaff « triboiller, 1.
tribulare » ; moJ. tribuill affliction Maun., trubûilh p. ou, van.
trebil, trebill p. trebilleû Gr., trebill p. e// tribulation, persécu-
tion l'A. ; tribuilla affliger Maun., trubûïlha Gr., trebillein
persécuter l'A., trubùilhus affligeant Gr. « trubuill, tribulation,
affliction, épouvante, effroy », " trubuilla, s'épouvanter, sef-
frover. trubuillet, épouvanté, consterné, effrayé »; « ...liai a yoa
trubuill en em ~ustumet, il sétoit Ramassé du monde à taire peur,
pour dire une quantité prodigieuse » IIe1 ms., voir Rev. Celt.,
XXXV, 132. Mil. ms. ajoute, à trubuill, turubuill et turubaill,
sans traduction. J'ai connu en Trég. Trubûilh, qui était un
chien remuant et querelleur. On lit en van. trebilleû troubles,
chagrins Hist. saut. 24, 48, treboulQè vent) soulève (la mer),
treboulet, troublé, treboulancc trouble (d'esprit), Rev. Cclt., XIV,
285 ; ci'. GJoss. 720. Le v. fr. avait le pendant de turubaill
dans tribayllc tribulation, peine, à côté de Iribouil id., trouble;
effroi, agitation, et de tribokr tourmenter, vexer, affliger;
ravager; troubler; remuer, mêler en agitant. Le moy. br. tri-
cheboul pompes, séductions (des démons), expliqué autrement
Rev. CW/.,XIV, 3 !2, pourrait venir d'un mélange des radicaux
de treboul et de trichery tricherie, tromperie (cf. v. tr. trinque-
ba/lcr à côté de tribaler, auj. trimbaler}).
Il n'est pas facile de déterminer les rapports de ces mots avec
quelques-uns des suivants, qu'on ne peut en séparer entière-
ment :
moy. br. -strawill Gloss . 661 ', et. strabuilh, stravilh,stravilha-
mand pp. ou « frayeur, grande peur, et subite », stravilha,
strabuilha donner de la frayeur, lv;a stravilhei gai! aoun mou-
rir de peur, àrem, daoulagad stravilhei air, yeux eflaré(s), slra-
1. Kestrawïll 141 5, Qestravoil 1599, auj. Questrevouille, ville Loire-
Infre, Quilgars.
Quelques textes franco-bretons. 483
vilhus effrayant, effroyable Gr. ; srrafil (lis. slrafiï) et strefil
« Agitation, remuement, mouvement, tel que celui de l'eau
portée dans un vaisseau large. Le Nouv. Diction, porte Sira-
vill, effroi. Stravillus, effroyable. (Ces deux Ll sont mouillées
à l'Espagnole.) D'autres lui donnent... la signification de
Frayeur et d'épouvante. . . Stravila, agiter l'eau, ou en l'eau»
Pel. (il compare le fr. «Eslrafilade, que l'on écrit et prononce,
peut-être moins bien, Estafilade ») ; striboûilla « Agiter en
l'eau ce que l'on y trempe, comme pour le laver. En Léon
c'est la même signification que celle de Stravila »; « Stru-
fuilla, Selon M. Roussel, veut dire Brouiller une liqueur en
l'agitant : et au sens figuré, causer du trouble dans l'ame, par
la fraveur », Pel. (il rapproche ces deux mots du lat. tribu-
lare); « Slrabuil, Strefil, Strafil, agitation, Remuement, mou-
vement, tel que celui de l'eau portée dans un vaisseau Large »;
« Strabuilli, strabuilla, agiter l'eau, brouiller une liqueur en
l'agitant » ; « Striboûilla, Strabouilla, agiter en L'eau ce que
l'on y trempe, comme pour le laver»; Strufuilla v : Strabuilla,
Brouiller une liqueur en l'agitant et au sens figuré causer du
trouble dans l'ame par la frayeur » ;strafil, stravil m., -/^adj.,
-a v. a., « quelques-uns prononcent strufula » Gon., « on dit
aussi straboula, en Cornouaille » H. V., stravilla troubler
(l'eau), Bar~. Br. 62, stravillet troublez (l'eau; le cceur)Luzel,
Bepred Brei~ad 30, 32; strafill, strabill, stravill m. émoi,
trouble, émotion, strafilla v. a. et n. troubler (l'eau); émou-
voir, s'émouvoir, strabilla, strufuilla id. Trd, à Beuzec-Cap-
Sizun strafilh s., -a v., Franeès ; striboûilla v. a. agiter un objet
dans l'eau Trd, troubler l'eau, agiter un liquide du R. (qui
compare le v. tr. tribouiller); van. de Groix stribouilh orage,
tourmente. Cf. Gloss. 66 r, 662. V. Henry rapporte le radical
roman estrebil-,estourbeil-, etc.au lat. exturbare, turba, tumulte,
turbo « tourbillon ». Certaines formes du breton rappellent
aussi : wallon tréfilé tressaillir, éprouver une agitation vive et
passagère, R.emacle; bourguignon trebillai, l repillai se trémous-
ser, tourner sur soi-même, Mignard ; etc.
L'angl. turmoil tumulte, labeur, parait différent, cf. Skeat.
47. Il en est de même du bret. « turmud s. m. pi. lurmudou
mouvement, remuement, fermentation dans les esprits,
484 E. Ernault.
recherche » ; « bruit de choses remuées, bouleversées sans
dessus-dessous par une recherche. . . d'un objet qu'on ne trouve
pas, enn he qurmud dans ses recherches bruyantes Combeau
(traduct. de Lachambaudie) » ; « turmuda v. a. et n. mouvoir,
remuer, être en fermentation, trouble, rechercher» Mil. ms.;
Nouéan~ ar GribcJ a rcdn~d'anu tu r ni ud Comb. VII, 13 = (le
combat se maintint. . .) « La gent qui porte crête au spec-
tacle accourut » ; JVar Grec' b Hi met, pélêch c c'houiljoni gant !ur-
mud Annhollboed /H(/J(;m mont Hymette, où elles cherchèrent
avec empressement toute la bonne nourriture) IX, 12. Cf.
plutôt v. fr. tresmuete, f. tremblement, tresmuter répandre
l'effroi.
48. La lecture hoiry (et non bery) justifie l'explication par
le bret. hoary jeu. Voir§ 76.
Mes conjectures relatives à serçhe, aue et doe iaure sont aussi
confirmées.
49. « Vue pomme » est bien, dans le texte primitif, une
erreur pour vng.
Il en est de même de Tandoue pour Trandotte ; daille pour
dalle ; yuissant pour puissant ; pourpine pour poupine (poupée);
saulnement pour sauluement (salut).
50. Il n'y avait pas de raison semblable pour écarter les formes
lasne âne ; lalaine haleine, qui proviennent de l'agglutination
de l'article; ci'. Rev. Celt.,XV, 354, 358; XVI, 230, 233;
L'épenthèsc des liquides § 65, etc.
51. « Quil est daise » et « il est daille », « il est dalle » (il
est allé) nous montrent l'addition d'un d-. Pour le premier de
ces mots, il s'agit sans doute d'une extension abusive de
l'expression d'aise, commedans Molière, Don Juan, II, r : « il
a du d'or à son habit tout depis le haut jusquen bas ». Cf.
Gloss. 145,3 33-
52. Dans lancbiuin, gebeeiere (et non l'Achevin, gibecière)
nous avons de nouveaux exemples d'assimilation vocal ique,
cf. § 20. On trouve en bret. mov. gibicer (variante plus récente
gibecer) bourse ou poche ; mod. gibicerenn pi. ou gibecière Gr.
53. Il est probable que la déformation de bara pain en barat
a été suggérée par le Ir. barat tromperie.
Quelques textes franco-bretons. 485
V
54. C'est la Bibliothèque de l'Arsenal qui possède, coté
Rés. B. L. 7996, le livre intitulé « Vievx Noels | composez
par M. | Lavrens Rovx en son | viuant Organiste de la ] Tri-
nité Dangers. | » (Angers, 1582). Voici la première de ces
pièces: pour faciliter les renvois, je numérote les couplets.
Sur Ho hriere ho bon iour guillot
He nous ny beuro/zs plus de prière.
Xoel en breton bretonnant quia-
prent a parler le francois.
I. DE matheol, meeffdeoch
Doe sont venu en vn crache
Chantez en noel gueneoch
Noël.
le son leue vn iolv net
Et son appelle Tyuonnet
Lieue ta corps
Entrons dehors
Jen auré merueiileux courage
Jamais en ma lict ie ne dors
De Matheol. etc.
II. Un lange ont parlé bon kalec
Leuez vous en bourton dilec
Voyez la filz
De Dieu prefix
En Bethléem mis contre vn vache
Trop plus poureme/zt quen vn poch
De Matheol. etc.
III. Tafltresle tregus treuelek
Le guhiec et le gouruinek
Joveusement
Poupinament
486 /■;. Ernauît.
Bateau thibaut a coquet rache
E seront de brid de kic mok
De Matheol. etc.
IV. Je son venu de morbihan
Deçà delà Hierusalem
En vu vieu perch
Comment vn vn roch
Est mis doequi tant est sage
Entre vn lasne et vn vieu garoch
De matheol. etc.
V. De Klahes de Lanterneau.
En sont venuz vn grant monceau
Et de Morlais
Tant clers que lays
Qui en feront vn beau potage
Plus millour que nen sont riffors
De matheol. etc.
VI. De lauau donges et rezay
Aussi du gros rat de nozay
Sont venu ly
Saulteur iolv
Que tu voyrras de la grenarche
Tant sont bien trémousse sa corps
De matheol.
VII. Au doequi seront tant beau
Jauray faict vn ioly chappeau
Et vn sainctur
Qui ne sont dur
Jen voyré bien a sa visache
Que ien seron de sa records
De matheol. etc.
VIII. Neppes pour faire vn beau hoiri
Je son dancela trihorv
Tant frisquement
Galantement
Jen ferévn tour de couraige
Et mettre mon jamb a ma col
De Matcol. etc.
Quelques textes franco-bretons. 487
IX. Jauron dict au vergen mary
Jamais vous nen serez mary
Sour labourton
Qui sont tant bon
Ilmen aura dict quil luy fâche
Que ie nen seron de son fors
De Matheol. etc.
X. Trois grans autrouz tous velluz dor
En ont apporté grant trésor
Et ont donné
Un hacquene
Jamais nen sera plus beau gage
Plus meillour pour entrez dehors
De Matheol. etc.
XI. Prions doe le Roy tyuin
Quil en fera croistre la vin
A lentre guyer
Et Lrymper
Ou sont la chappons cornouache
Qui est vn viande bien mol
De Matheol. etc.
Amen. Noël
5). Chaque couplet comprend 6 vers : 8 syll., 8 s., rimant
ensemble; 4 s., 4 s., rim. ensemble ;8 s., 8 s., sur deux rimes
différentes, qui correspondent à celles du refrain. Toutes les
rimes sont masculines, saut l'avant-dernière, qui est la seconde
du refrain.
Les vers qui indiquent l'air sont donc un commencement
de refrain; il faut sans doute lire bière à la fin.
56. On ne peut plus hésiter sur la scansion du refrain bre-
ton : les vers sont de 8 syll., il faut prononcer de-och, do-e,
guene-och.
Le sens est : « Bonjour à vous tous, je bois à vous ! Dieu est
venu en une crèche; chantons (?) le noé'I avec vous.
Depuis que ce fragment a été étudié § 29, on a trouvé une
488 E. Ernault.
autre preuve de la prononciation ancienne de dans demat bon-
jour ; vo'irRev. Celi., XXXII, 2, 4, 285.
La diérèse n'était pas commune dans ces finales en -eoch ; je
n'en ai cité qu'un exemple pour deoch, J. 45. Mais le fait était
rare aussi pour doe, doue ce qui n'empêehe pas qu'il faut l'ad-
mettre dans l'autre Noël, cf. § 2 ; nous le retrouvons dans
celui-ci (strophes IV, v. 5; vu, 1 ; xi, 1). C'est un indice de
prononciation léonaise; cf. Le mot dieu en bret. § 5.
57. La strophe I peut s'expliquer : « Je me suis levé une
belle nuit et j'ai appelé Tyvonnet: Lève ton corps,... jamais
en mon lit je ne dormirai ».
Pour l'emploi de son(js) à toutes les personnes, comme en
bret. so, cf. § 22, 30.
Au vers suivant, il y a aussi confusion des deux auxiliaires
« être » et « avoir ».
58. PûUYvng... net, cf. ta corps, v. 3 ; ma lit 6; la filz II,
3, vn vache 5 ; sa corps VI, 6 ; vn sainctur VII, 3, sa visache5 ;
la tiihory VIII, 2, mon jamb, ma col 6; au vergen IX, 1; un
hacquene V, 4; la vin XI, 2, vn viande 6 ; voir § 11, 22.
59. Tyuonneî est un des traits particuliers par lesquels ce
Noël se rapproche du précédent; de même crache, la chappons
cornent achc.
On peut en dire autant de l'expression entrons dehors I, 4,
cf. X, 6, voir§ 15. Le Breton n'ayant pas dans sa langue de-
verbe simple pour signifier « sortir », pouvait être tenté d'abu-
ser en français d'équivalents comme « aller dehors ». C'est
ainsi qu'on prête aux Anglais, pour leur sit down, la traduction
« asseyez-vous par terre » !
60. « Jamais... ie ne dors » est ici un bretonisme: c'est le
byçuyquen ne cousquaff jamais (plus) je ne dormirai, que Pel.
a cité en l'interprétant d'une façon trop française, ce qui a
amené chez Théophile Gautier la citation encore plus déce-
vante d'un « ancien proverbe breton» fantastique (voir Me/u-
sine XI, 356). Le sens de notre Noël est exactement celui du
vers moderne' Vid c no\ 'n eni gwele ne gouskan, Mil. III, 208;
cf. Rev. Ce//., IX, 380, 381 ; XIV, 220.
Quelques textes franco-bretons. 489
éi. La rime de courage avec crache s'appuie sur une
variante bretonisée courache, cf. § 19 ; de môme pour couru ige
VIII, sage IX, potageV, gage X; la str. VII met franchement
vi sache.
62. On pourrait regarder la finale suivante en ors comme
s'accordant avec celles des v. 3 et 4. Mais le rapport régulier
des rimes s'y oppose; ceci est encore plus vrai à la str. X, où
-or est moins près de la dernière syllabe -ors. Les str. V, VI,
VII, IX, ont également -ors pour répondre au bret. -och. Est-
ce par hasard qu'il y a toujours -ors et non -or ? ou bien y
avait-il, dans -ors, un renforcement de la consonne, rendant
moins sensible la différence de la spirante gutturale bretonne?
Sur les diverses rencontres entre ces deux sons, on peut voir
Lépenthèse des liquides, §18.
63. A la IIe str., je traduirais : « Un ange a parlé bon fran-
çais : Levez-vous, Bretons, de là ». Pour lange, ci. lasne IV,
6; voir § 47.
La méprise sur ont revient à celle sur sont, § 57.
Kalec est pour gallec français, langage que l'ange n'écorche
pas comme les pauvres gens à qui il s'adresse.
64. Je suppose qu'il faut construire : « Levez-vous-en, Bre-
tons, de là ». Bourton, qui se retrouve IX, 3, doit venir d'une
forme vulgaire berton, avec accommodation vocalique; d. quar-
turun, cariouroiin, van. carteron quarteron, quart, etc. Gloss.
522 ; anc. fr. pepon et poupon melon (voir § 73); dans l'Oise
iiioahm= melon (Rolland, Flore popul., VI, 37, 38).
Pour l'emploi de prefix, cf., dans l'édition gothique des
« Noelz nouueaulx » Ars. Kés. BL 801 3, feuille Bv, v°: « Sainct
Jehan. . . | Nous demonstre vn mistere j Cest que dun filz
Par poinct prefix | La vierge sera mère. »
65. Le sens du v. 6 est peut-être « (mis) très pauvrement,-
comme dans une poche, en un sac » ; bret. poch d'où pochan
plongeon (oiseau au bec en forme de poche), Gloss. 501 . On le
retrouve IV, 3, mal écrit porch.
66. La str. III commence par un mot énigmatique Tafltresle,
1-90 E. Ernault.
qui doit être corrompu. Peut-ctrc la finale le est-elle à joindre
à tregus : ci. Trégos, fontaine, Les Trégos lieu dit, Quilgars,
Diri. topographique. . . delà Loire-Inférieure.
Le même document permet d'expliquer les trois noms sui-
vants : treueîee = Trévelec, métairie, ancienne seigneurie; île
Trêveléc, ancien nom de l'île Héret, ilôt en Loire ; Le guhiec =
Le Guiheu, lieu dit; le gouruinek m Gourvinec en 1417, auj.
Gourvinais, saline.
Ces mots paraissent être ici des noms d'hommes.
Voupiname.nl peut être une bretonisation de poupinement
mignonnement, ci. les adverbes en -Limant, Gloss. 395, 396.
Le v. 5 semble parler d'une traversée par le bateau de Thi-
baut, qui était bien chargé {coquet bateau, canot, La Curne de
Sainte-Pal. ; rase, rache, rase, mesure, rase, mesure. . . remplie
de manière que le contenu ne dépasse pas les bords, God.).
Le dernier vers semble être pour « Et feront debrii de Kic
moch " (litt. mange% de lard), ci. le gallo enfantin « il a fait
cahett de bragotte » Rev. Celt., Y, 219, 220; Notes détym.
n° 103, § 1. Le texte est trop peu sûr pour appuyer solidement
un infinitif dribit manger, Rev. Celt., XXXII, 2, 3, 287.
On peut remarquer, à ce propos, que les infinitifs français
sont souvent écrits en -e~ dans ces textes, ce qui peut se rap-
porter à un défaut de la prononciation des Bretons franci-
sants.
67. Notons, str. IV, la mention àemorbihan (= petite mer).
Cf. Rose Dzweig, nict. topogr. . . .du M. : « Morbihan {Le),
golfe ou baie, dit en partie Rivière de Faunes. . . Ce golfe a
donné son nom » au département. « Jusqu'au XVIIe siècle,
la baie du Morbihan s'est appelée le port ou havre de Morbihan».
La rime de morbihan à Hierusalem indique pour les deux
mots une prononciation nasale. Dans La Bible des Novels nou-
veaux. . . A Angers, Bibl. Ars. BL 7988, on trouve Bethleatn
rimant à encens; dans les Noel~ nonucanlx, Ars. BL Son, f
XCYIII, Bethléem à « souffrit aham » et Adam ; f° XXXI, à
innocens (f° XI à bien).
68. Aux vers suivants, porch esta corriger en poch, et l'un
des vn à supprimer. Faut-il prendre poch et roch pour les mots
Quelques textes franco-bretons. 491
franc, poche et roche,. rendus masculins et privés dY par bre-
tonisme ? C'est peu probable, car le second fait est rare dans
cette pièce (vn sainctur, VII, 3, cf. mon caintur § 22; monjamb
VIII, 6 ; un hacquene X, 4) et, d'autre part, les rimes en och
breton n'y manquent pas. Je comprendrais: « dans un vieux
sac (un maillot, dur) comme une roche, est mis Dieu ».
Comment pour comme est une inexactitude voulue, cï. dans
l'autre Noël « Giray comment vng vache ».
69. Garoch, d'après le contexte désigne un bœuf. La rime
oblige à y voir un mot breton, mais il peut être simplement
bretonisé, d'après le rapport de roche à roc h. On trouve la
forme française dans les Noel~ nouueaulx (8013), f° LXXY :
« Noël nouueau sur la chanson Dou venez vous madame
lucette.
Or vous trémoussez pasteurs de Judée
. . .Un ioly muset yn oyseau en broche
Et puis quen av faict de ma grawd garoche
[yn fermage a lenfant »
C'est-à-dire: « [du lait] de ma grande vache bigarrée, un fro-
mage ». C'est un dérivé du mot que M. Dottin explique ainsi,
Gloss ... du Bas-Maine: «gâr, bigarré, de couleur blanche et noire,
ou rouge et blanche, etc. Nos paysans désignent sous ce nom
leurs bœufs ou leurs vaches qui ont la robe bigarrée ». En
Haute-Bretagne, si le bœui est de deux couleurs, on l'appelle
Gare, Sébillot Trad. et superst. I, 21, 24, 25. Cf. gariche
f. limaçon de petite espèce dont la coquille est bigarrée ;
garichon s. et adj. agneau tacheté de noir et de blanc, Jau-
bert, Gloss. du Centre de la France. Garoche est formé
comme bardoche. Sur -ch en breton, cf. Gloss. 99.
70. Str. V, Klahes est nécessairement à corriger, puis-
qu'il doit faire 4 syllabes; et il est très probable que la méprise
a été amenée par le K barré, abréviation de Ker. Faut-il
entendre Kacr-gloaes (1 42e), Kerloes (1433), auj. Kerloix en
Lignol, Morbihan (Chrest. Bret. 206)? La variante est peu
probable en elle-même, et il est douteux que le mot ait jamais
eu 4 syll'.
492 E. Ernaiilt.
Je crois donc préférable de regarder 17 comme provenant de
la barre du K, et de lire Kerahes = Carhaix; cf. Caerahes (Car-
ml. de Quimperlé), Kerahes (Cart. de Quimper) Carhaix
(Finistère); Çardhais en 1533 Carhaix (Morbihan), Chrest.
186, 187. Il s'agit ici du Carhaix du Finistère. Bien que ce
nom ne contint pas originairement le mot ker, on l'y a mis
souvent, cf. Loth, Rev. Celt., XXIV, 290; on l'y a même mis
en latin ! Grég. donne « Carhaix, ville très ancienne, bâtie
par la Princesse Ahés. Kœr-Ahés. Et par corruption, Car-aës.
(En latin. Urb-mia.} Van. Carhés » ; « Chemin d'Ahés, grand
chemin pavé à trois rangs de pierres l'un sur l'autre, que
la Princesse Ahés Fondatrice de ... Kaerahés, ou, Carhaix, fît
faire depuis cette Ville, d'un côté, jusqu'à Nantes, de l'autre,
jusqu'à Brest, et qui d'espace en espace, et en plusieurs
endroits, retient encore ce nom. Hend Ahés ».
71. Lantemeau est une variante de Landerneau, qu'on trouve
en moy. bret. Cf. Rev. Celt., XXX, 124, 300. retraitement
aussi dans « La ville de Lantreguer » en 1450, auj. Laudréger
Tréguier Gloss. 352, cf. Rev. Celt., XXX, 303.
72. « Plus millour », « plus meillour » X, 6, est une incor-
rection naturelle, résultant de l'isolement de cet ancien compa-
ratif. Cela ressemble au bret. ken giva^ = fr. « si pire », Gloss.
275, 276, etc., cf. Rev. Celt., XXII, 371. 374,376.
73. Riffors pour raiffort ou « çranson de Bretagne», se
retrouve dans les Noels de la Bibl. de Poitiers, f° XXV: « De
saint Pierre des corps | y vindrent vn très grand nombre, |
Faisans presens de riffors, | De poupons et de concombre ».
Cela concorde avec la prononciation bretonne : Gr. a riforqenn
pi. rifor~; l'A. rifordênn f. pi riforit m. raifort; riforttipl.
-ordeu m. rave; Chai. ms. rifort raifort; raves.
74. A la str.VI, lauau doitêtre Lavau (canton de Savenay);
donges Donge, canton de Saint-Nazaire ; Reçay Rézé (Loire-
Inférieure); il est tentant d'identifier no%ay au Nozay actuel du
même département, mais l'emplacement de cette localité ne
justifie pas l'expression de « gros rat » (ou raz, courant, cf.
Me! usine XI, 343).
Quelques textes franco-bretons. 493
75. Je ne sais ce que signifie ici « la grenarehe », qui peut
être pour grenache, ou une bretonisation de grenage.
76. Str. vin, neppes = nippés, bien mis ; « un beau hoiri »,
une belle fête, cf. 48.
77. «La trihory », voir § 2, 15,58; Rev. Celt., XXV,
276, 277. Cf. dans les Noels de la Bibl. de Poitiers, f° xcm :
Baller dacord et ny faillez
Chascun face le ratery
Sans oublier le trihory.
Nous avons là un changement de genre inverse : Godefroy
ne donne que raterie caprice, mauvaise volonté.
La syllabe tri- paraît souvent dans les mots de ce genre.
La Bible des Noels nouueaux, Nantes (Ars. Rés. 7986) a des
pièces « sur le chant des Triolets » ; sur le chant, Des Trico-
tets Nouveaux » ; cf. dans des Noei^ noeuuaux, f° en, v° :
Alix, Marion Tisbee
Si dirent vne chanson
En dancant la tricotée
A la vezce et au bedon ».
D'après ce que nous avons vu § 45, on peut ajouter le v.
fr. triquedondaine, baliverne, bagatelle, babiole ; bibelot ;
femme galante ; peut-être aussi l'interjection bretonne néga-
tive tricolor ! Rev. Celt., xm, 354 (cf. l'emploi semblable du
fr. tarare ! et tarare pon-pon ! (« tarare pou pou exprime le son
de la trompette joint au bruit du tambour », Kastner cité
par Tiersot 185, on connaît le tu-tu pan-pan de Daudet).
Faut-il ajouter l'expression « c'est comme si vous chan-
tiez » ?
M. Tiersot dit qu'au premier mai on célèbre, surtout dans
la région est de la France, une sorte de fête de la jeunesse;
en Champagne et en Lorraine, la jeune fille qui porte la
parole au nom des autres, ou entonne les couplets, est appelée
la « reine », la « mariée », ou la triinousette, terme dérivé
49 i E. Ernault.
d'un mot usité comme refrain dans la circonstance : trima^ô,
triiini~a, tri ma ça, trimèsa, ou trimousei ; il est disposé à v
voir une survivance celtique (p. 191, ci'. 192, 360). C'est,
malheureusement, difficile à prouver.
Trihori rappelle, d'autre part, dans la Bible des Noels 11011-
ueaux (Ars. 7986) : « Sur l'air gaillard des Gribouris ». Gode-
froy traduit gribouri « revenant, follet » ; Jouhert « eumolpe
de la vigne, sorte de petit charençon très redouté des vigne-
rons » (Issoudun et Touraine). Cf. v. fr. gripporie, griperîe,
griparie « brigantin vénitien » ?
78. La rime du mot final col, comme celle de mol à la der-
nière strophe, doit se rapportera l'hémistiche : De matheo/...
Une variante accidentelle du même genre se montre au
Noël précédent, voir § 2.
79. Str. ix, 3. Sour labour ton = sur les Bretons, ci. § 64;
pour la prononciation sour, voir G los s. 636, 637.
80. Str. x, aiitroii^, pluriel français de autrou seigneur, ci.
§ 24. On mettrait ici en breton le singulier. Une francisation
du même genre se lit sur la reliure de la traduction de Y Imita-
tion par Troudeet Milin : Imitation J. Krist gant reflexionoux(V).
81. Str. xi, tyuin pour divin rappelle les changements de
d en t relevés § 26. Cf. aussi § 71 et 63.
Des alternances semblables ont lieu en breton, et ne sont
qu'en partie imputables aux mutations initiales, cf. Gloss.,
677-680.
Au van. lartik un peu gras, Rev. Celt., XXII, 388, on peut
comparer en léon.t'?//' chanfartik, iéchel da bémolchi « un fan-
faron, amateur de la chasse » Comb. vu, 2 (eùr chanfard, xn,
9)-
82. A lent r c guyer Et Lrymper sont a corriger « A Lentre-
guver Et à Quimper ». Cf. § 71.
VI
83. Dans son article La poésie bretonne sous Anne de Bre-
tagne (voir § 1), H. de la Yillemarqué a cru pouvoir identifier
Quelques textes franco-bretons. 495
plusieurs des personnages qui figurent dans le premier de ces
Noëls : « Tyvonnet... doit être un des deux Ivon... attaches
à la maison d'Anne de Bretagne en qualité de ménestrels;
Hervé est certainement... le poète du même nom au gaged e
la reine » (p. 27, 28, ci. 15, 16).
Il suppose qu'ils pouvaient être auteurs des Noitclou bre-
tons ; maître Mitou, voyant en eux des rivaux, aurait voulu
les ridiculiser en leur en attribuant un grotesque en breton-
français.
Nous avons vu que l'autre Noël du même genre, par Lau-
rent Roux, contient aussi le prénom Tyuonnet. Mais il pré-
sente (str. m) d'autres noms, dont aucun ne concorde avec
ceux des poètes et des joueurs d'instruments de la reine
Anne.
84. Une autre coïncidence a donné lieu à des conclusions
spécieuses.
H. Chardon, Les Noëls de Jean Daniel dit Maître Mitou,
p. lxvi, avait parlé de noëls soi-disant en breton ou en écos-
sais, tels que celui-ci :
Sur : // n'est plaisir, n' esbatement.
« Chanty noel là hault tristus
Patris Jehan jobec vilhan ».
H. de la Villemarqué écrit à ce propos : « Un des autres
ménestrels de la cour d'Anne de Bretagne, Jean Josse, a eu
aus^i certainement les honneurs de la parodie. Sous son nom
breton de Jehan Jobic vihan (le petit Jean Josse), il figure dans
les Gratis Noëls nouveau!^... :
Chanty Noël là hault tristus
Patris Jehan Jobec vihan.
Pauvre petit père Jean Josse ! Ce n'est pas sans raison
qu'on le dit triste et qu'il chante, dans le paradis, un noël
sur l'air : Il n'est plaisir n esbatement... »
Acceptant trop facilement ce point de vue, § 28, et Gloss .
9, 10, 343, j'ai cru que ce texte attestait en moyen breton
496 E. Ernault.
un *Jobic vihan = « le petit Joseph » (et non « Josse », seul
point que je n'aie plus à rectifier).
H. de la Villemarqué avait traduit « Josse » Judok au dict.
de Gon., et Job, Jobik «Job », Bar;. Br. 166 ; ci. Joç%, Judocq
Gr. ,/<>;, Judok J. Moal Josse ; Josep, dim. josebic, job, jobie
Gr.. Jo;ef H. de la Vill., Josef L., Jop, Jo;on T. C., Jo% C,
dim. Jopik Joseph, Joçefa, Jtf, Chef, dim. Chefik Josèphe, Jose-
fin, Fin, dim. Finik, J. Moal. On voit que ce dernier admet,
pour Jo;, les deux sens « Joseph » et « Josse ». On dit en
van. Jojeb, Job, dim. Jobig Joseph, Joçefin, Joséphine, près de
Pontivy Jortfin, Notes d'étym., 125, § $. Jeff, Jeffik sont tra-
duits « Jeff », « Jeffik », Bar;. Br. 391, 392; je m'étais figuré
que c'était une réduction de « Geneviève », cf. Y Hermine de
1896, p. 208; mais ce dernier nom est en bret. mov. Gene-
itef, Genouefa, Genouefe, cf. GJoss. 256; mod. Genovefa, dim.
Genovefaïcq , Nofaïcq, Faïcq « Petite Geneviève, ou viéve, ou
Javote » Gr., Jenovéfa, dim. Faik{2 s.) de la Vill., Jenovefa ;
Vef C., J. Moal ; Jenovefa Bar%. Br. 268, etc. Sur Iudoc, voir
Rev. Celt., XI, 137, 145, 491 ; xxix, 307, 310; xxx, 402.
Dans le passage fâcheusement équivoque de Chardon, il est
question d'écossais, et non de breton.
85. Le recueil qu'il cite fait partie du vol. qui se trouve
Bibl. Nat. Rés. Ye 2684 et est intitulé « les gras Noelz nou-
ueaulx... En francoys, en poiteuin Et en Escossois ».
La pièce commence ainsi, f° 22 v :
Noël en escossois
Sur il nest plaisir nesbatement
Que de la guerre fréquenter.
Chanty noel la hault tristus
patris iohan iobec yilhan
Ly filz bigot domons lasus
ylaty iorans amen
En vng ligon bien mal coutrv
Ne laty pas vy mon amv
Got tocrv bin tost la vitry.
Quelques textes franco-bretons. 497
Une variante se trouve dans le second recueil compris dans
le même volume, f. 77 v° :
Nouel enescossoys
Sus vray dieu damour confortez moy
Ou il nest plaisir nesbatement
Que de la guerre fréquenter
Chanty nouel bin hault tristous
Patris iohan ioc beec vilhan
Le filz bigot do monst la sus
Y la ty ne iazons amen
En vng petit vil bethleem
En vng logon bin mal courty
Ne haty pas vy mesmain
Bot io cry bin to la vitry.
C'est un jargon qui n'a rien de celtique; il intéresse la
question des textes franco-bretons au même titre seulement
que les autres documents franco-anglais, parce que tout étran-
ger est exposé à faire des bévues du même genre dans une
langue qu'il connaît médiocrement ; cf. § 22.
Contentons-nous d'observer que tristus, tristous est pour
« tretous, tous »; Patris doit être « Patrice », iohan Jean,
vilhan Guillaume ; iobec ou ioc beec est quelque autre prénom
plus ou moins estropié.
Le reste du Noël n'a, non plus, rien de spécialement bre-
ton. Les mots étrangers qu'on y voit, en petit nombre, sont
anglais.
VII
86. Le privilège aux Bretons, étudié § 16-27, contient
l'expression « cousin gervès» (au plur.) pour « cousin germain »
(qui s'y trouve aussi, str. 139) ; M. E. Philipot, Rev. des
études rabelaisiennes x, 233, 234, cite d'autres exemples de
« cousin gervais », et se demande si c'est une déformation
plus spécialement bretonne.
Tout ce qu'on peut constater, c'est que les Bretons avaient
une raison particulière de faire cette méprise. Elle semble
Revue Celtique, XXXV. 32
49§ !■:. Ernault.
avoir pour point de départ la substitution plaisante du prénom
Gervais à Germain pour germain ; la déformation facétieuse de
estomac en estomjac, d'après Jacques, en haut breton, vient
d'encore plus loin, car on a eu des occasions de dire naturel-
lement « mon cousin Gervais ». A cette série: « mon cousin
germain (Germain, Gervais), gervais », s'ajoutait en bre-
ton un autre terme : ma chenderu germen avait pour synonvme
ma chenderu compoes, campes (on ne trouve alors que compoes,
et la variante compas, en ce sens ; mod. campes, van. campaes
Gr., candêrhue-gêrmin, candêrhuë-campouiss l'A.), mots concor-
dant ou rimant avec Germen et Geruoes, Génies, Geruais (mod.
Germèn Germain, Germena, Germaine Gr., Jermen, Jermin, f.
Jermana, Jermina. J Moal ; Gelvès dim. Gelvesicq Gervais Gr.,
Jelve-, Chelve~ J. Moal.
87. Les passages de Maistre Pathelin étudiés § 30-33 ont
été étudiés de nouveau dans Les jargons de la farce de Pathe-
lin, par L.-E. Chevaldin, Paris 1903, p. 79-124. Le con-
sciencieux auteur de ce livre a mis tant de patiente érudition
à examiner la question sous toutes ses faces, qu'il reste, après
plus de dix ans, bien peu à ajouter.
En 1904, la Société des anciens textes français a publié
Maistre Pierre Pathelin hystorié, reproduction en fac-similé de
l'édition imprimée vers 1500 par Marion de Malaunov, veuve
de Pierre Le Caron. Voici le texte de cette édition.
Pathelin
Sont il vng asne que iorre braire
alast alast cousin a moy
Hz le seront en grant esmoy
Le iour quant ne te verre
Il couuient que iete herre
Car tu mas fait grant trichery
Ton fait il sont tout trompery
Ha oui danda oui en rauezeie
. Coriha en oueuf
GUILLEMETTE
Dieu vous yst
Quelques textes franco-bretons. 499
Pathelin
Huis ozbez ou dronc nos badou
Digaut au tan en hol madou
Empe dif dich guicebnuan
Quez queuient ob dre douchaman
Men ezachabt hozbouzelou
Eny obet grande canou
Maz rechet crux dan hol con
So oloz merueil grant maçon
Aluzen archer epysy
Har cals amour ha courteisy
Voici la restitution qui me semble la plus probable, avec
accents et ponctuation.
Sont il vng asne que i' orré braire ?
Alast ! alast ! cousin a moy,
Hz le seront, en grant esmoy,
Le iour quant [iej ne te verre.
5. Il conuient que ie te herré,
Car tu m'as fait grant trichery :
Ton fait il sont tout trompery.
Ha ioul dan diaoul rauezi
Corf hac eneuf ! — Dieu vous aï !
10. — Hui roz bezo drouc nos, badou
Digant an tan en hoz madou !
Empedif dich guitebunan,
Quez quement ol dre douch aman,
Men ez cachet hoz bouzelou
15. En vn ober gront ha cauou,
Maz rehet truez dan hol con
So ol oz merueil gant nafon.
Alusen archet lie pizy
Ha cals amour ha courtesy.
Les interprétations proposées § 30, 3 1, restent valables dans
leur ensemble.
50o E. Ernault.
88. Au v. 8 ioul n'a qu'une syllabe dans ha(J)oul, comme
dans a youll mat de bon gré, } 153 b.
Tous les textes du moy. breton que l'on connaissait font
diàoul de 2 syll. ; le Miroiter nous a appris une variante qui
montre, non la synérèse, mais au contraire une dérièse nou-
velle, di-a-oùl (voir ma note au v. 687). Il n'a aussi que le
pluriel en ou. La forme diaulyen Gr. n'est appuyée ni sur le
gallois, ni même sur le vannetais.
Je crois donc que en est en trop, et provient du vers sui-
vant (c'est le contraire de ce qui est arrivé pour ie, au v. 4).
Le v. 5 du ms. Bigot (Chevaldin, p. 92) :
en art en dehas en analen
a aussi une syll. en trop, sans doute un des en.
89. Au v. ro, bezpu n'est plus si improbable, cf. Rev. Celt.,
XXXIV, 246, 248; XXXV, 129 ; cependant on peut mainte-
nir la variante unique -0.
Nafon, v. 17, semble un mélange de naffn, et naon, qui
n'ont ailleurs qu'une syll., comme naoun M 2272. Cf. Peder-
sen, Vgl. Gr. I, 61, 62. Peut-être aussi y a-t-il eu imitation
analogique du double anaffon ctanaon âmes (ce dernier se lit
D 119, ou -na- rime à -man, lisez -ma). Une alternance du
même genre se montre dans cbaffii hardiment, et aon, aoun
peur (auon, en prose, peut être une faute). Ghss. 32.
90. La première phrase du texte bizarre étudié § 35 est :
« Constant mon ami prie li à manger son leyn en boas pou-
ren en anduil trullien en silsiguen or an glaou ». M. Loth com-
prend : « Constant mon ami, prie-le à manger son dîner
demain des tranches d'andouilles, des baillons (morceaux) de
saucisse sur le charbon » Il ajoute cette note à demain : « Ou
encore» ; h tranches : « Pourrai est employé à contresens ». Il
pense que cela « met en scène un maître sachant très peu le
breton, employant certains mots de la façon la plus impropre,
affublant les autres de terminaisons fantaisistes, et un valet
ne sachant que quelques mots de français ».
Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'un valet; ni qu'il y ait
seulement deux personnages.
Quelques textes franco-bretons. 501
91. Le mot leyn est écrit en moy. bret. Iciff « dïsner, 1.
prandium », etlein, Gloss. 361. Henry donne à tort leynff, c'est
une variante fautive du verbe leiffaff (et leiniaff), écrit ley-
fiaf ] 227 b, elle a deux svll. et doit probablement se lire
le\n[a]ff. Maun. a lein et le verbe leina diner; Grég. lein p.
ou, van. leign, lein p. eu « dîné, le repas du midy », f. : ///
lein vad un bon dîné, etc . , bas Léon farda lein préparer le
dîné, avec sur 1'?/ un trait d'abréviation, pour leinn, distinct
de l'accent circonflexe qui indique la nasalisation ; leina,
van. leigneih, leynein dîner; Pel. « Lein, Repas de midi, le dîner.
Deomp d'al lein, allons au diner. Leina diner » ; ReI ms. « Leïn,
Repas de midi Le diner Deomp da lein, allons au diner. Leina,
Diner. Leïn en leon Est le repas du matin avant daller a
Louvrage et vieren Le repas de midi » ; « mer eu, mern, repas
de bouillie vel etc que Ion fait a midi merenna » (non traduit)
« meren-vian petit repas ou collation de pain, de beure, ou de
lait que Ion fait entre midi et le souper cest vulgairement
Le goûter, dibri nieren vian Collationner prendre ce petit repas,
goûter » (Pel., au contraire : « Mérenn, et en Cornwaille Mem,
petit repas, ou collation que l'on fait entre le diner et le sou-
per : c'est vulgairement le Goûter. Mércnna, goûter, collation-
ner, prendre ce petit repas) ; Gon. lein f. pi. ou dîné, « repas qui
se fait ordinairement à midi ; goudé lein après dîner; leina v.;
H. de la V. remarque qu'en Haute-Cornouaille lein est le
déjeuner, leina déjeuner ; et qu'en Cornouaille, en général, le
dîner s'appelle mêren.
Troude fait lein m., et cite Rel ms. (« un vieux manus-
crit de 1700 environ »), en ajoutant : « Je ne connais à lein
que le sens de repas vers le milieu du jour, ainsi que cela se
pratique chez les campagnards et les ouvriers. » Mil. ms.
porte : « Lein au H. Léon, repas de midi, gortoçen collation à
10 heures du matin dans les longs jours et merén ou mem,
autre collation à 3 h. après midi. Dans le bas-Léon, méren
repas de midi les jours ouvrables, lein le dimanche, méren
vihan répond au méren du haut Léon. Lein ar veleien, le dîner
des prêtres, la part réservée aux prêtres pour leur dîner dans
les repas de noces. Ce dîner rappelle le pastus nupiialis, le
past nuptial, droit de repas dû aux recteurs par les nouveaux
mariés, au moyen âge (voir d). Lobin, gloss. »
502 E. Ernaull.
A Ouessant, lein désigne le déjeuner du matin, sur la
semaine ; « le dimanche et les jours de gala, c'est le repas de
midi » ; le verbe est leigna D. Malgorn, Ann. de Bret.
XXV, 392.
En van.. Chai. ms. a « Disner leiniein, debrein e lein, en
quelques lieux merennein, en d'autres tnerennein se dit pour la
collation de l'apres disner... p. leignet disné» ; l'A. leignf. pi.
eu dîné, leighein dîner, leignour pi. -guerion dîneur. On lit itr
leign vras un grand repas Hist. sant. 65, laigneu déjeuners
Est 60.
En haut Trég. lein f. est le déjeuner ; on ne met pas l'ar-
ticle. De là hadlein second déjeuner ; les verbes sont leinah,
hadleinah. Les autres repas sont : mern dîner, badvern second
dîner, koahn souper, kadkoann second souper, quelquefois il
y a encore hadhadkoahn troisième souper. Cf. Rev. Celt., IV,
156 ; Mélusine IX, 262.
Des deux formes leiff et lein, la première est la plus an-
cienne; cf. Rev. Celt. XXXII, 283. Le comique a //, ly,
déjeuner, que R. Williams compare au ga.ll. llith appât. Pel.
rapporte lein à leun plein ; Henry pense au grec Xai^sç gorge,
X'.pi; faim, du R. à « Xeîxdtaw », puis « Xeixoffw goûter » !
92. Merenn est traduit « ression, 1. merenda » dans Ca,
qui ne donne pas d'expression bretonne pour « merendare,
g. ressionner, mengier a heure de nonne ». Cb porte : merenn
« g. ressie » ; et pour le verbe « g. ressier b. dibry merenn ».
Le verbe dérivé existait pourtant. « Un vieux Dictionnaire »,
dit Pel., « porte Mèrennaff rationner. On sçaitqueles paysans
en plusieurs provinces de France disent Rationner et ration, au
sens de collation ou Goûter. » Et il cite s. v.gargaden, un pas-
sage des Amourettes du vieillard, où celui-ci « disoit à son valet:
Va list d'à cranchat ; roc hem gargaden eux greun pe reunen
goude merenna . Laisse-moi cracher : car j'ai dans le gosier
graine ou crin après goûter (ou collation) ». Ce passage com-
prend deux vers de 10 syll., où la finale du premier devient
la rime intérieure de l'autre, comme dans ceux-ci (cités v.
drouin) :
Ead he va droû/«, chetu me âin-et.
Ne m'eux na ba-guet, yalc'h na boug^-enn.
Quelques textes franco-bretons 503
Cf. L'ancien vers bref. 33 ; Rev. Celt., XIX, 326; Gloss. 72.
A Ouessant, on dit mern un dîner, merenna dîner, D. Malg.
Cf. Rev. Celt., I, 98; III, 55 ; IV, 465 ; XXVI, 70.
Grég. donne « Goûté, le repas qu'on fait entre le dîner et
le souper, la collation. Mcrenn. p. merennou, merenn vihan. p.
merennou vihan gorto^enn. p. gorto^ennou. (Ce dernier mot n'est
usité, à ma connaissance, qu'en Cornoùaille ; les Leonnois le
disent quelquefois en riant.) » ; « prendre le goûté, faire la
collation » merenna, merenni ; « collation » merenn, merenn
vihan, corn, goito^enn « ide.^, attente du souper.) en quelques
endroits : qavalenn » p. ou; van. mereen, mireen pi. eu; « col-
lationner » merenni, ...dibri cavalenn, van. merenneiù, miren-
neih ; Gon. mèreu, mern f.,p. mérennou goûter, collation; « en
Cornoùaille, on dit gorlo~eu, dans le même sens, et méren,
pour dîner » H. de V. ; merenna goûter (en Corn, dîner,
H. de la V.).
93. Après « son leyn » vient en boas, sans doute pour an
hoa% demain. L'e aura remplacé a par l'influence des autres
syllabes en ; la notation s pour % dur se retrouve plus bas,
dans ques.
94. En traduisant pouren (ou pourren, d'après la note) par
« tranches », M. Loth devait penser à pourchen mèche, cf.
Gloss. 509; Rev. Celt., XXVI, 81. Il est plus probable qu'il
s'agit de porreau ; cf. « ie mangerais tout mon saoul... de ces
belles Andouilles, avec de la porree » Noël du Fail, voir Rev.
Celt. XXV, 419; XXVI, 65. Pouren en andiiil serait « de la
porrée (du poireau) dans des andouilles ». Grég. donne pou-
renn p. pour porreau ; pourennoù certains porreaux ; pourecg
pi. -egou lieu planté de porreaux ; l'A. pourrênh f. pi. eu por-
reau ou poireau, pourre m. « du porreau, le porreau, des
porreaux ».
Grég. a andiïilhenn, andouille p. anàuilh, andiïilheunou ;
l'A. andouillenn f. p. eu ; et. Gloss. 627.
95: Trullien en silsiguen n'est pas littéralement « des hail-
lons de saucisse » mais, je crois, « le lopin d'une saucisse »,
« un lopin de saucisse », avec en pour un, on, cf. Rev. Celt.,
XXXII, 288, 289.
504 E. Ernault.
Que trullien soit le mot propre, je me garderai de l'affir-
mer ; cf. Gloss. 198, 199. Mais il ne manque pas d'expres-
sions qui, comme en franc, lambeau, peuvent rendre à la fois
les deux idées ; peut-être, sans la suggestion de la finale d'an-
duil, l'auteur eût-il choisi de préférence un mot de forme
voisine, que Grég. écrit drailhenn p. ou, van. drailheen p.
drailbenneu, drailhaich « lambeau, morceau d'étoffe déchirée,
ou vieille », et qu'il emploie aussi dans un drailhen qicq « un
morceau de viande ». Cf. L'épenthèse des liquides, § 39, 40.
Il peut y avoir une intention plaisante dans la répétition de
la syllabe eu, qui en deux cas serait une prononciation négli-
gente de an et un.
96. Le 2e passage est : « — Monsieur de Castelbrest, je
n'antanspoinct vostre langaigede Castelbrest. Hoguenapeùt en
petit me desco muy grant chose a galîeç mar chôma pell gue-
neoch ». M. Loth explique : « mais petit à petit j'apprendrai
davantage grand" chose de français, si je reste longtemps avec
vous ».
On a vu, § 35, des exemples bretons semblables à « a
petit en petit ». La mutation du premier terme s'y reproduit
quelquefois irrégulièrement dans le second, par une sorte d'as-
similation symétrique, et aussi sous l'influence de locutions
voisines avec la préposition da : cf. a neubeud-ê-neubeud, a ne-
beud-da-nebeud, van. a nebed-de-nebed petit à petir, peu à peu;
a vloa%vez-ê-bloa%vez, a vloavei-da-vloai\\, van. a vlè-de-vlè
d'année en année ; a ^ei^-c-dei^ de jour en jour, a~e^ da ~<'~
(et a %e% da eguile) de jour à autre ; a gucar-ê-kear, a guxr-da-
guœr de ville en ville Gr.
Grég. a, par ailleurs : a damm-da-damm, tamm-é-tamm et
a darhm-ê-damm ; pe^ da be% et a-be~-c-bc~, peç-ê-be% pièce à
pièce, par morceaux, par lambeaux ; dïscoultret pc^-è-be^
émondé par le menu ; a dy da dy et a dy-ê-dy de maison en
maison ; pas ha pas et a bas-ê-bas pas à pas (d. a bas a bas
id., Avanturyou un den yaouanc 14). On lit a vrô c vro « de
royaume en royaume », Comb, VII, 12. Cf. Rev. €elt.,
XXII, 381-384 ; Notes d'étym., 128, § 2.
97. On lit dans le dict.de Trévoux, v.gars : « Garsengarsse
Quelques textes franco-bretons. 505
dit en Bretagne parmi le peuple, pour dire un excellent gar-
çon, comme on dit vin en vin et bœuf en boeuf, pour du vin
et du bœuf excellent. Cette expression est propre de la Bre-
tagne, et peut-être que le tour vient d'un idiotisme Bas Bre-
ton ». Je ne vois rien de semblable en cette langue.
98. Muy n'est pas nécessairement un comparatif, il peut
signifier « beaucoup, très », cf. Rev. Celt . , XXII, 369; M
2593-
99. A chôma je reste, on peut comparer caraf j'aime B. 225;
dleaf je dois J 67, avec rimes en a;creda je crois, r. a D 167
(credaff 22) ; ra je fais 137, 140, crenna je tremble, arrêta
j'arrête 141, goure hemenna je commande 177 (guela je vois, r.
saillaff je saute, 138; ordrenaff j'ordonne 178, pedaff je prie
137)-
E. Ernault.
LE MIROUER DE LA MORT
(Suite)
Me carte ez ve foll, pe an oll dimolhe ',
Monet da poaniou bras, diblas nep à choasse :
Ha bout dezaff gallout, euyt miret - oute,
Ouz amant > é pechet, en bet na doetet se.
2655 Holl penet au bet raan, noman na he poanyou,
He holl langour gourmawt, gant he holl tourma//tou :
A safF4 he holl trauell, bet meruell he bellou ',
Ha da pep compaignun, disaçun he vunou '.
Pan vent comparaget, en respet competant,
2660 Dan poaniou so en 7 tan flam, perpetualement 8 :
Scaff meurbet hep quet mar, me lauar gant goarant
Ez vent caftet chede, na ne ve pourneant.
Rac se nep â ve quet, inclinet ' entre daou.
Da seruichafF dan bet, pepret han pechedaou :
2665 A pourchaç pep fseçon, delectationou70,
Hac â tech bet meruell, he bell he trauellou ".
(f. 52) Mar menn hoeuitaff1», n'o excludaff M affet,
Prederet glan an Barnw, quent he bezaff starnet :
Han poaniou vnfemal '+, soœternal calet,
2670 Père dan pechezrien , hep quenso ordrenet.
Hac ouz hir pridiry, adefFrv ancien,
1. L'expression paraît rendre le Iat. « nisi omnino fuerit mente aliena-
tus ». On aurait attendu dirollhe, de dirolla se débaucher, mener une vie
déréglée Gon., etc., cf. Fut (lis. Tut) Folldyroll « nation folleet déréglée ».
Gw. cité par Pel. ; mais cela ne suffit pas pour écarter dimolhe. La ressem-
blance du bret. estnoli diminuer, parlant d'un mal, v. fr. esmolir, esmollir,
amollir (Notes d'ètym. 120, Ann. de Bret., XX, 500) est imparfaite, mais le
verbe dimol-{affï) paraît être aussi un emprunt : cf. v. fr. démolir dislo-
quer, déboîter; desmolè déformé, abîmé.
2. Peut-être l'auteur avait-il pensé, pour la rime qu'on attend ici, à
l'autre inf. mirout, qui n'est attesté que plus tard. La terminaison -oui,
fréquente surtout en cornouaillais, remplace souvent -et, et un i précédent
semble la favoriser ; ci. Rev. Celt. XI, 470; Ztschr. f. celt. Phil., II, ,03,
504. Gon. n'a que mi roui ; Trd. le donne seulement comme cornouaillais.
3. On n'avait que les autres infinitifs amantaff, amantifu. Voir v. 2715.
4. Litt. « debout », cf. an crocs am crougas... A)ii saff gant laur la croix
qui me suspendit tout droit avec douleur P 2S0. Faut-il voir dan; cette
Le Mironer de la Mort. 507
Je trouverais qu'il serait fou ou délirerait complètement
Celui qui choisirait d'aller à de grandes peines horribles,
Quand il aurait le pouvoir de les éviter
En expiant son péché en ce monde, n'en doutez pas.
2655 Toute la souffrance de ce monde ici-bas et ses peines,
Toute sa langueur dévorante avec tous ses tourments,
Sur pied tout son souci jusqu'à la mort, et ses luttes
Et, pour chaque compagnon, ses jeûnes rebutants,
Si on les comparait avec appréciation convenable,
2660 Aux peines qui sont dans le feu flamboyant, perpétuellement,
Très légers sans aucun doute, je le dis avec garantie,
On les trouverait, voilà, et ce ne serait pas sans raison.
Aussi celui qui serait enclin, en attendant,
A servir le monde toujours, et les péchés,
2665 Qui poursuit de toute façon les jouissances,
Et qui fuit jusqu'à la mort, la lutte et les soucis (de ce monde),
S'il veut les éviter et les exclure tout à fait,
Qu'il médite bien le Jugement, avant que celni-ci soit préparé,
Et les peines infernales, qui sont éternellement dures
2670 Et pour les pécheurs seulement sont ordonnées.
Et en méditant longuement, sérieusement longtemps
rime de saff à la-ur un indice de la prononciation moderne sa, ou d'un
plus ancien *lai-ur} Maun. donne en e sao (il est) debout ; Gr. In e sa, en e
sav, en e sao ; var sav, var sao, var sa ; Gon. enn hé \d, war ~ao.
5. Premier exemple de ce pluriel.
6. Premier exemple de ce plur., cf. Gloss. 340 ; yunyou, yunou, van.
yunëu Gr., iuniou Gon., ynnieu l'A.
7. Lire en .
8. Lire -niant.
9. Mot nouv., du fr. incliné; cf. inclination g. id. Gloss. 335 ; aiicliiiet
poussé (à croire) D, Gloss. 29.
10. Premier exemple de ce plur.
11. Premier exemple de ce plur., cf. Gloss. 711.
12. Ecrit euitafu H, Gloss. 228.
13. Mot nouveau, du fr., cf. conclut et concluaff conclure, voir v. 1265,
2688, 2704.
14. Ecrit ailleurs infernal, voir Dict. étym. v. iffern.
508 E. Ernault.
Hep coll a eol franc, ez gouzaffo ancquen :
Hac à enep pechet, stourm pepret ma cret plen,
Dre aou« rac an poaniou, en yffernou couen.
2675 Guell eo oarse breman, en bet man doen poaniou
Quent meruell en bell tenu, ober pinigennou :
Ha maz aher goude, hep esmae dan joaou «,
Pepret da guelet Doe, diuoe roe an ploeou.
Eguet na ve brema, caffout joa hep laur,
2680 Eol an corffdegrat, pep stat he pligadur :
Ha goude bout daffnet, milliguet à het stur,
Hep gaou en poaniou bras, astriff diblas 2 assur.
Breman oarse certen, ve da den pep heny,
Pridiry en bet man, an poan man damany :
2785 Dre contemplation, dison hep essonv,
A calon estonet, quent eguet monet dy.
ÇONCLVSION.
Dre'n pez ameux compset, ha prezeguet detal
Ez guell bezaff affet, concluet ahet stal,
An poaniou ho bezaff s, horriblaff * dihaual s,
2690 Chaingus b outragus creff, da pep eneff teffal.
Ha scier ho pridiry, dre contemplation,
(f. s 2 v) Ha confat ' an pechet, pepret he garredon :
A temz meur aheny, dre guir dcuotion8,
A lient maz ententy, dêffry daffnation.
2695 Goude se concluaff, araffhep tar Jaff muy,
Ez eu prest mil eston 9, pep fa;çon sotony :
Da den renonç dan mat, é grat hep laquât sy,
Ha dius bizhuicquen, ancquen ha vileny.
Hep fin da nep neny'°, na consolation,
2700 Na spes caffout désir, diouz Doe roe'n tir guirion
Quentse tenw chadenet, en tan manet cret don,
En glachar bet narv, ha désolation11.
1. Lire joaeou.
2. Prononcé divlas, où div- rime à striff. Une rime semblable, mais
nécessaire, se trouve B 716 : hastiff ha diblas, et J 78, où nos deux mots
sont estropiés : A hast hac astir (var. astirv) ha diablas, lire astriff ha divlas
avec violence et cruellement. C'est probablement l'écart de l'écriture éty-
mologique diblas et de la prononciation qui a amené cette déformation
(d'après le fr. diable) ; de même dans le dérivé diablasder infamie J 97 b,=
dyufflaster NI 217.
3. Litt. « les peines, leur être », c'est-à-dire en angl. the pains' being. Le
latin n'avait pas donné l'exemple de ce « que retranché » : k Patet ergo...
quod multiplex est... infernalis pena ».
Le Mirouer de la Mort. 509
Sans rien perdre, de bon cœur il souffrira la douleur,
Et contre le péché combattra toujours, crois-moi bien,
Par peur des peines dans les enfers horribles.
2675 II est donc mieux de souffrir maintenant en ce monde des peines,
Avant de mourir en dure lutte, faire des pénitences,
Et qu'on aille ensuite sans émoi aux joies
Pour voir toujours Dieu, le souverain des peuples,
Que ne serait d'avoir maintenant joie sans chagrin,
2680 La volonté du corps à son gré de toute manière et son plaisir,
Et après d'être damné, maudit continuellement,
Sans mentir, dans de grandes peines, fort amères assurément.
C'est maintenant donc, certes, que toute personne devrait
Méditer en ce monde cette peine immense,
2685 Par la contemplation, tranquillement, sans répit,
D'un cœur épouvanté, avant d'aller là.
Conclusion.
Par ce que j'ai dit et prêché fermement
Il peut être tout à fait conclu, certes,
Que les peines sont très horriblement diverses,
2690 Variées, fort mordantes pour chaque âme ténébreuse,
Et, évidemment, les méditer par contemplation
Et se souvenir du péché, toujours, et de sa récompense
Tire plus d'un, par vraie dévotion,
Du chemin, pour que tu l'entendes sérieusement, de perdition .
2695 Ensuite je conclus sans plus tarder
Que c'est bien mille fois étonnant, toute sorte de sottise
A l'homme de renoncer au bien de son plein gré, sans doute,
Et de choisir à jamais douleur et infamie
Sans fin pour personne, ni consolation,
2700 Ni avoir bonne grâce de Dieu le vrai roi de la terre,
Au contraire, durement enchaîné, resté dans le feu, crois bien,
En douleur éternellement, et désolation.
4. Ce superl. est orriplaff, B 470. Voir v. 1408.
5. Ecrit dihaiiaU dissemblable Cb, cf. Gloss. 169.
6. Nous avons vu, v. 2301, une autre forme de ce mot, = cenchus,
ceinchus, van. chanchus, chanjus changeant Gr. ; sur le c, cf. Rev. Ce.lt., XV,
589.
7. Lire prob. œuf al.
8. Lire deuolion.
9. Litt. « mille étonnements », grand sujet d'étonnement ; voir Gloss.
417 ; Eludes d'étym. bret. XX, 14 (Mém. Soc. ling., XII, 308, 309).
10. Prononcé ici hiny ; cf. v. 45, etc.
1 1 . Mot nouv., du fr. Van. hum désole désole-toi Choses 202 ; h. Trég. de^o-
Jed e, il est désolé ; n'itn di^oles ket ne te désole pas.
5 io E. Ernault.
(f. 53) De la Gloire, De Paradis1
EN peuare fin terminaff,
A gruiff chetu, ha concluaflf,
2705 An yoaou muyhaff, ne raff gaes2
Ha gloar an ty celestial,
Gant roe'n bet ordrenet detal,
A stat real en è pales,
Pe heny gloar me'n goar certes 5,
2710 A ten/; meur ahenv lies,
A pechet exprès he lesell ■♦,
Quent monet an bet ent seder,
Hac ara auant 5 tout antier,
An holl drouc ober quent meruell.
2715 Mat ez die den certen me'n sell,
Lesell pechet ha techet pell,
lia creflf ez fell 6 pan guell pellat
Nen les apret : quent eguet coll,
Ha heul Roe'n ster, heruez è roll :
2720 An oll dan oll, à eol mat.
Mar deu i den certen, nep henv,
A les cannaff, ha lazaff muv,
Ha pep drouc study, spécial :
Er na coezhe berr, en error s,
2725 Ha coll à certen, è enor :
A cor na madou temporal,
(f. 53 v) Dre raeson, so muy peur rial,
Ez dlehe seder gênerai,
Lesell pep scandai didaluez :
2730 Er na coezhe deffry riel,
1. Les strophes qui suivent sont du même rythme que les 5 qui com-
mencent l'ouvrage. Mais taudis que les 2 premières de celles-ci sont seules
liées par la rime finale, cette reprise devient maintenant la règle. Ainsi sont
groupées les str. 1-3; 4-6; 7-9; 10-12; 13-15; 17-18; 19-20; 21-22; 23-
24; 25-26; 27-28; 29-30; 31-52; 33-34; 35-36; 37-38; 39-40; 41-42;
43-44; 45-46; 47-48; 49-50; 51-52: 5 3-54 ; 5 5-56; 57-58; 59-6o; 61-62;
63-64; 65-66; 67-68; 69-70; 71-72. Seule, la str. 16 (v. 2793-2798)651
isolée.
2. J'ai proposé, avec doute, de tirer ce mot (écrit gxs, v. 3370), du
v. fr. gavais, faute pour gabois. Parmi les rapprochements qu'avait faits
II. de la Villemarqué, se trouve le v. catalan gaeqa gaîté, qui donnerait
lieu à moins de difficultés phonétiques, en supposant un v. fr. *gaiesse ==
prov. gaye^a, ital. gaieçça. Nous avons vu, à propos du v. 1172, les deux
dérivés gxdery et gseery amusement ; ce dernier vient du fr. gayerie plaisir,
Le Miroiter de la Mort. 511
De la Gloire du Paradis.
Par la quatrième fin je terminerai,
Voilà, et conclurai :
2 70) Les joies très grandes, je ne plaisante pas,
Et la gloire de la maison céleste
Par le roi du monde ordonnée soigneusement
Avec pompe royale dans son palais ;
Laquelle gloire, je le sais, certes,
2710 Tire plus d'un, souvent,
De péché expressément, et il le laisse
Avant de quitter le monde, sûrement,
Et il donne satisfaction toute entière
Pour toute mauvaise action avant de mourir.
271 5 L'homme doit bien, certes, je le vois,
Laisser le péché et fuir loin,
Et il a grand tort, quand il peut s'éloigner,
S'il ne le laisse vite avant de se perdre,
Et ne suit le. roi des astres, selon son pouvoir,
2720 Du tout au tout, de bonne volonté.
Si l'homme, certainement, quel qu'il soit,
S'abstient de battre, et de tuer encore,
Et de tout mauvais traitement caractérisé,
De peur de tomber bientôt en danger
2725 Et de perdre certainement son honneur
Tout à fait, et ses biens temporels,
Pour une raison qui est beaucoup plus puissante
Il devrait, pour sûr, entièrement
Laisser tout scandale fâcheux
2730 De peur de tomber, bien sérieusement,
volupté. Gzeus, gaeus gai, joyeux, v. 2524, G/055. 250, doit aussi être com-
paré à l'adv . v. fr. gaiensement gaiement.
3. La première syll. rime ici en ar ; cf. Gloss. 102; Sur Vétym.brel.,
XVIII, 5 (Rev. Ceît., XXV, 266).
4. Litt. « et le laisser ». Construction embarrassée : quand un infinitif
remplace ainsi un autre mode, le sujet est d'ordinaire le même que pour le
verbe précédent (cf. v. 2630).
5. Seul exemple de ce mot; ce doit être une faute pour amant, voir
v. 2654; Dict. ?tym. s. v., et Gloss. 23. Gr. donne amand amende, peine
pécuniaire: amand enorapl amende honorable ; l'A. amande m. pi. -deu
amende (Sup.); amantein « amander de prix ».
6. Prononcé ici effell, comme c'est écrit B 169.
7. Cf. mardeu v. 181 5, 1891 ; voir v. 1303.
8. Je n'ai pas noté ailleurs d'emploi semblable de ce mot. Le latin porte
simplement : « Si homo se refrénât ab homicidio vel consimili opère cri-
minoso ne perdat temporalia ».
512 E. Ernault.
A yoa an ty celestiel,
A stat padel. gant an aelez.
Er nep a delch lient falsentez,
Nen deuezo ran« en anhez
2735 Maz eux nos dez leuenez bras,
Ha nep en enor dre ordren
Doe ho logo ne vezo quen,
Euel plen nep ho dazprenas.
Yoa souueren da pep heny,
Le Miroiter de la Mort. 513
Hors de la joie de la maison céleste,
De l'état durable, avec les anges.
Car celui qui tient la voie de fausseté
N'aura point part à la demeure
2735 Où il y a nuit et jour grande félicité,
Et ceux qu'avec honneur, régulièrement
Dieu logera, c'est bien vrai,
Comme celui qui les racheta entièrement.
Joie souveraine à chacun
(A suivre). E. Ernault.
Revue Celtique, XXX F.
33
CORRESPONDANCE
LE
THÉÂTRE POPULAIRE DE SAINTE-ANNE D'AURAY
UN MOT AU LECTEUR
Lorsque j'allai pour la première fois, en 191 2, assister à une
représentation du Théâtre breton de Sainte-Anne d'Auray, je n'étais
pas, je l'avoue, sans appréhension, malgré tout le bien que j'en
avais entendu et^ l'estime que j'avais pour ses organisateurs. Je
n'avais pas oublié l'amère désillusion que j'avais rapportée d'une
représentation donnée au Congrès de l'Union régionaliste, à Quim-
perlé, quelques années auparavant, par la célèbre troupe de Ploujean,
comme on disait couramment alors. A Sainte-Anne, ce fut tout le
contraire : la renommée était restée au-dessous de la vérité. La
salle, la scène, les décors, le chant en chœur furent pour moi tout
d'abord une agréable surprise. Mais ce qui me surprit et m'impres-
sionna au delà de toute expression, ce fut la parfaite intelligence de
leurs rôles dont firent preuve les acteurs, la sûreté de leur mémoire,
l'art avec lequel ils déclamaient le vers sans nuire en rien au sens
et la parfaite netteté de leur diction.
De pareils résultats, obtenus par de simples pavsans, sont un
honneur pour le vannetais breton, honneur qui rejaillit sur leur
directeur, leur répétiteur qui est en même temps l'auteur des
pièces, l'abbé Le Bayon. Je ne puis me rappeler sans quelque
orgueil que je l'ai eu comme disciple, comme auditeur de mes
cours de breton à l'Université de Rennes, lorsqu'il préparait l'exa-
men de licence ès-lettrcs qu'il passa avec succès. Je le savais prêtre ;
je connaissais de lui une délicieuse idylle en vers bretons, aussi
remarquable par la mélodie que par les paroles, que j'ai si peu
oubliée que je pourrais la chanter encore. Mais je ne prévoyais
pas encore qu'il consacrerait bientôt toutes ses forces et son talent
à la création d'un théâtre populaire et national breton. Il a eu dans
la personne de l'abbé Cadic, un précieux auxiliaire, aussi dévoué
que désintéressé. M. Le Hayon lui rend d'ailleurs pleine justice
dans l'article qui suit et me dispense d'entrer dans le détail de la
question.
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte-Anne d'Auray. 515
Je ne doute pas qu'une œuvre aussi originale et si éminemment
bretonne n'intéresse tous les celtistes et les amis des choses cel-
tiques, et j'espère que tous se feront un devoir de faire le pèleri-
nage au Théâtre populaire breton de Sainte-Anne d'Auray.
J. Loth.
Monsieur et très cher Maître,
Vous me laites l'honneur de me demander pour la Revue Cel-
tique un article sur le théâtre populaire de Sainte-Anne d'Auray. Je
vous avoue que j'ai fort peu de goût pour la critique littéraire, et
si l'article en question devait être un exposé de mes idées sur la
littérature dramatique, crovez bien que j'éprouverais une vive
répugnance à l'entreprendre. J'aimerais mieux composer une nou-
velle pièce pour mon théâtre.
Mais il me semble que ce que vous désirez avant tout, ce sont
des renseignements précis sur des taits positifs. A ce compte, je
suis à votre disposition, et je vous autorise à faire de ces notes
l'usage qu'il vous plaira.
LES DÉBUTS
Force m'est d'abord de parler de moi-même pour faire con-
naître la genèse du drame inaugural Nikolayig.
Je suis né à Pluvigner, en plein Morbihan, le 11 avril 1876.
Tout enfant, j'avais retrouvé, dans le grenier de ma grand'mère,
un manuscrit poudreux qui contenait Le jeu des trois Rois1. Je le
communiquai à quelques caramades, fils de pavsans, comme moi,
ou d'ouvriers, et l'idée nous vint de représenter Le jeu des trois Rois
«à l'imitation de ce que les grands faisaient, de Noël à l'Epiphanie.
Nous coiffant de couronnes découpées dans des réclames de chico-
rée, nous affublant d'oripeaux bariolés et de sabres de bois, nous
allions de maison en maison jouer nos rôles, récoltant pour récom-
pense des friandises ou des gros sous.
Plus tard, au petit séminaire de Sainte-Anne, mon goût pour la
scène se développa dans les « séances littéraires » que nous don-
nions sous la direction de M. Buléon, alors professeur de seconde,
aujourd'hui curé de la cathédrale de Vannes, et qui étaient non pas
précisément des pièces dramatiques mais plutôt des tableaux vivants
commentés.
1. Revue Celtique, VII, 517 : Le mystère des trois Rois en vannelais, texte
et trad. par J. Loth.
5 1 6 Le Baxon.
Au grand séminaire, les spéculations de la théologie et les aridi-
tés du droit canonique ne m'empêchaient pas, aux moments
libres, de prêter fréquemment l'oreille à la Muse. Mais, chose
étonnante, c'est en français qu'elle m'inspirait ; et il est probable
que j'eusse continué à écrire des vers français, si les instances de
quelques amis n'étaient venues me rejeter vers le breton.
M. Math. Buléon, frère de l'archiprétre. était alors vicaire à Saint-
Patern de Vannes. Il venait de fonder, le premier dans notre dio-
cèse et, je crois même, en Bretagne, un bulletin paroissial dans
lequel il réservait, chaque mois, quelques pages à la langue bre-
tonne. C'est pour ce « Coin des Bretons », Kornad er Vretoned, du
« Clocher de Saint-Patern » que je composai mes premières sônes
qui, publiées plus tard, sous le pseudonyme de Job er Cléan,
devinrent bientôt populaires.
L'actif vicaire de Saint-Patern n'ignorait pas que j'avais dans
mes cartons, depuis plusieurs mois, l'ébauche d'une pièce bre-
tonne dont le premier acte seul était achevé.
Un jour, c'était en 1902, il me dit :
« Le congrès de l'U. R. B. aura lieu, cette année, à Aurav. Je
viens de m'engager devant son directeur à v faire représenter une
pièce bretonne par mes Yannetais Pautred Paern l. Remets-toi donc
à l'œuvre, finis ton drame et donne-le moi. »
Cela se passait vers la fin de juillet. Quelques jours après, j'étais
à Pluvigner. en vacances. J'achève de composer; au fur et à
mesure, les feuilles que je noircis sont imprimées, je corrige les
épreuves, je fais répéter chaque dimanche les gars de Saint-Patern
réunis à la hâte par M. Buléon ; je prends à Pluvigner l'un de mes
principaux rôles, le sorcier Isaac, qui sera tenu par F. Le Boulaire ;
et le jour de la clôture du Congrès d'Auray, on y jouait, dans une
vaste baraque en planches montée sur l'esplanade du Loc : Kério-
let, mystère breton en trois actes et en vers. Ce fut un triomphe.
Dès ce moment, j'avais déjà pensé à créer le théâtre populaire
breton. Pour rendre le théâtre populaire en Bretagne, il fallait
insister sur les idées les plus reçues en ce pays, l'idée religieuse et
l'idée bretonne. Pour trouver les sujets, je n'avais que l'embarras
du choix. Enfant de Pluvigner, mon pays natal m'offrait le plus
beau de tous, à la fois religieux et national, l'histoire du célèbre
pénitent breton Kériolet. Ce fut le premier que je choisis, comme
un hommage à. mon petit coin de terre.
1. C'est le nom adopté par les gars de Saint-Patern, qui a été adopté
ensuite, en langue celtique, par la plupart des « troupes » bretonnes.
Pautred.
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte-Anne d'Auray. 5 17
Ici apparaît M. le Chanoine Louis Cadic. Permettez-moi de
vous présenter l'homme le plus modeste, le plus actif, le plus clair-
voyant dans les choses du pèlerinage, le plus dévoue au culte de
sainte Anne et, pour tout dire, le véritable organisateur de notre
théâtre populaire.
Je me souviens, comme si c'était d'hier, de ce qu'il me disait à
table, au petit séminaire, quelques jours après la représentation de
Kériolet. « Voilà ce qu'il nous faudrait pour occuper nos pèle-
rins dans la nuit du 25 au 26 juillet. Nous sommes obligés de leur
abandonner la basilique toute la nuit. Il en est sans doute qui
prennent part au chant et à la prière , mais combien d'autres
dorment derrière les piliers, dans les coins sombres, sur les marches
des autels, jusque dans les confessionnaux ! Ah ! si nous pouvions
les intéresser en faisant passer sous leurs yeux, dans un spectacle,
les origines du pèlerinage, les apparitions de Sainte Anne à Nico-
lazic, la découverte delà statue!... M. Le Bayon, composez donc
un NicolaAcl On le jouera sous les voûtes du cloître. La cour sera
occupée par les spectateurs. Au besoin, on tendra sur leurs tètes
un vélum... » Tout le monde approuvait le projet. L'organiste de
la basilique, aujourd'hui « dom Hervé », de l'ordre des Bénédic-
tins, se proposait de tenir les orgues et, par les fenêtres ouvertes,
de se faire entendre pendant les entr'actes. Il y avait réellement,
ce soir-là, de l'enthousiasme.
Mais'la pièce était à faire et je ne pouvais pas en ce moment
m'engager à la fournir. D'abord je ne me sentais pas en mesure
d'aborder un tel sujet. Puis, j'étais professeur au petit séminaire de
Ploermel où les occupations ne manquaient pas. Enfin la troupe
populaire que j'avais créée parmi mes compatriotes, à Pluvigner,
Pautred Pleùigner, demandait incessamment de nouveaux morceaux
pour son répertoire breton. De cette époque datent : en Oyeganned,
er Hémenér, ]o\on er lagoutér, le mensonge de Corentin Lamour (drame
bilingue)...
J'en étais là quand se produisirent deux faits qui me valurent
plus de libertés : la dissolution des « Pautred Pleùigner » occasion-
née par une vulgaire querelle de clochers et ma nomination de
vicaire à Bignan.
Le curé de Bignan était alors mon ancien professeur de seconde,
M. Buléon. Il s'était intéressé vivement à la troupe de Pluvigner;
et, en digne successeur de M. Noury ', il la faisait venir tous les
1. M. Noury fut curé de Bignan avant et après la Révolution Fran-
çaise. Il avait compris que l'on peut tirer parti du théâtre pour instruire et
5i8
L. Bayou.
ans, le lundi de la Pentecôte, pour donner une représentation
à ses paroissiens. C'est ainsi, qu'à notre insu, les futurs acteurs de
Bignan se formaient à l'école de ceux de mou pays natal...
Le rêve de M. le curé de Bignan était d'avoir une troupe sem-
blable, lorsque les circonstances lui amenèrent comme vicaire un
homme tout disposé à le seconder dans cette entreprise. Je fus en
effet, sur ces entrelaites, nommé vicaire à Bignan.
Je quittai Ploermel sans chagrin pour rentrer en Bretagne bre-
tonnante.
Les occupations du ministère paroissial à Bignan ne sont pas tel-
lement absorbantes qu'elles ne laissent à un vicaire le temps
d'écrire. Il n'est pas jusqu'aux courses nécessitées par le service qui
ne soient favorables à la composition. De mes premières semaines
de vicariat date mon drame lyrique Sant Kornéli. Ma bonne for-
tune voulut qu'à l'occasion d'une mission qui fut donnée alors, et
qui dura trois semaines, je fusse déchargé de toute besogne. Le
moment me parut excellent pour entamer NlKQLAZlG, dont le plan,
à mon insu, s'était, sous l'influence de mes causeries avec M. Buléon,
ajusté dans ma tête depuis un certain temps. La pièce fut poussée
assez loin pendant ces trois semaines, puis se termina dans le
silence des journées hivernales.
M. Cadic ne savait pas que je travaillais pour lui. Un jour, j'al-
lai le surprendre avec mon manuscrit. Il fallait voir, dans la
chambre de M. Gouarin qui devait être notre premier directeur du
chœur, son sourire prolongé, ses frottements de mains, ses larmes
furtives... pendant la lecture de la pièce...
LE THÉÂTRE
Il ne faudrait pas croire que le théâtre de Sainte-Anne ait été
édifié tout de suite d'après un plan entièrement arrêté. Il est
l'œuvre du temps, de l'expérience, des circonstances. La lenteur
qui a présidé à sa naissance s'explique par deux raisons, dont la
première a été le manque de fonds. M. le Chanoine Cadic avait
consacré ses économies et son avoir familial à la création d'œuvres
plus urgentes. Sur la route de Vannes, à gauche, il avait recon-
struit la maison de Nicolazic sur son plan primitif; il y avait ins-
tallé un musée d'objets religieux (tableaux, statues, meubles), se
moraliser le peuple. Il avait mis sous forme de dialogue les sujets les plus
religieux et, sur un théâtre improvisé, en plein air, il faisait débiter par des
hommes du peuple ces sermons d'un nouveau genre.
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte- Anne d'Auray. 519
rapportant pour la plupart à l'histoire locale. A droite de la route
il avait bâti, pour les jeunes gens, une belle salle de patronage ; là
furent montées successivement : une compagnie de pompiers, une
société de gymnastique, une chorale. Bref, les ressources étaient
absorbées.
Mais il est une autre raison aux premiers tâtonnements. On par-
lait beaucoup en ce temps là du théâtre en plein air. Des personna-
lités qui jouissaient en la matière d'une certaine autorité s'en mon-
traient les chauds partisans. Deux articles parurent dans la Revue
Morbihannaise qui poussaient vivement à l'imitation des Grecs sur
ce point; la thèse était soutenue avec tant de talent que tous les
esprits furent gagnés à la théorie du théâtre en plein air. On
oubliait une chose, malheureusement : c'est que notre climat n'est
pas le même que celui des Grecs, et que le ciel toujours gris et
menaçant de l'Armorique est fort loin de ressembler au ciel azuré
de l'Hellade.
Donc, pendant l'été de 1909, aux approches de la fête de sainte
Anne, on hâta les préparatifs d'un théâtre en plein air, où toute la
Bretagne était convoquée. Il fut établi dans la petite propriété
acquise par M. Cadic. Un article de l'époque le décrit en ces
termes : « M. le Chanoine Cadic a voulu faire grand : la salle
mesure quarante mètres sur vingt-trois, devant une scène dont la
surlace utile ne compte pas moins de soixante-dix mètres carrés.
Deux mille cinq cents spectateurs, par une ingénieuse disposition
des fauteuils et des gradins, s'y logeront à l'aise et si vibrante est
l'acoustique qu'il suffit de parler à mi-voix sur la scène pour que
les derniers rangs comprennent. »
Disons, pour rester tout à tait exacts, que cette salle consitait en
une enceinte, à ciel ouvert, limitée par une clôture en voliges ;
que la scène elle-même n'était protégée que par des bâches posées
les unes à côté des autres ;que les fauteuils étaient des chaises et
les gradins des planches crues, clouées sur des piquets qui s'enfon-
çaient en bel ordre sur la pente de la prairie.
L'affluence fut considérable. Les deux premiers actes de Niko-
lazig furent joués sans encombre. Au troisième, la pluie survint
qui fit arborer les parapluies, puis, ce fut la débandade. Un grand '
nombre de spectateurs demeurèrent pourtant, parmi lesquels
Mgr Gouraud, Mgr Duparc et Mgr Pichon. Les acteurs jouèrent
pour eux le cinquième acte, en omettant le quatrième. Les acteurs
eux-mêmes étaient mal abrités ; à tout instant, les bâches s'entr'ou-
vraient et laissaient tomber sur les têtes, en cascade, l'eau accumu-
lée dans leurs plis.
$20
Le Bayou.
Le lendemain, 26 juillet, on recommença le jeu devant une nou-
velle ioule de pèlerins. Cette fois, on eut affaire à un soleil ardent,
implacable qui lit encore dresser les parasols et les parapluies,
objets d'horreur pour les spectateurs îles derniers bancs. Mgr de
Bonfils eut beau prodiguer ses félicitations aux organisateurs, tout
le monde sentait qu'il y avait quelque chose à imaginer pour amé-
liorer l'installation.
11 y eut encore deux représentations cette année, l'une au mois
d'août, l'autre en septembre. Dans l'une de ces deux circonstances,
on avait imaginé de tendre un vélum sur une partie de l'enceinte
palissadée. Le vent y fit un grand tapage et finit par l'emporter.
L'expérience du théâtre en plein air était faite et décisive.
Cependant, rien ne fut changé pendant le cours de l'année sui-
vante, 1910, sauf la scène qui reçut une couverture en ardoises.
Fort à propos, en 191 1, un généreux bienfaiteur (que nos amis
lui gardent une éternelle reconnaissance!) vint à notre secours.
Grâce au don qu'il nous fit, on put, dès cette année-là, amener le
théâtre à l'état où nous le voyons aujourd'hui. La scène unique se
flanqua de deux annexes qui, par leur partie antérieure, devinrent
des scènes latérales et, par leur tond, deux vestiaires. Devant ces
constructions, sur de légères colonnettes qui ne gênent nullement
la vue, s'étendit un vaste hall prenant toute la largeur de l'en-
ceinte. Les planches à clous turent remplacées par d'élégants gra-
dins à dossiers emboîtés les uns dans les autres au moyen de
simples mortaises et parfaitement démontables. Malheureusement,
les gradins et le hall ne comprenaient et ne comprennent encore
que trois travées. Il en faudrait une quatrième pour achever l'édifice.
Dieu sait quand nos recettes nous permettront d'en faire les frais !
En 19 12, on a prolongé les deux vestiaires derrière les scènes,
en ménageant entre les deux une salle commune où peuvent se
réunir les acteurs. Il n'y a pas eu d'autre modification.
Si vous désirez connaître les proportions des parties, voici
quelques chiffres : la largeur totale des trois scènes est de 24 mètres,
la profondeur de la scène centrale est de 10 mètres, la largeur de
l'avant-scène de 2 m. 50, la hauteur au-dessus du parterre de
0 m. 70; la protondeur de l'espace réservé à l'orchestre de
o m. 80.
LES ACTEURS
C'est à moi personnellement que tut dévolue la charge de recru-
ter et de former la « troupe de Sainte-Anne ». La plupart des
acteurs, une cinquantaine, sont de Bignan: Trois seulement sont
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte-Anne d'Auray. 521
de Pluvigner, et actuellement il y en a un de Camors. Le reste est
fourni par le village de Sainte-Anne, à savoir une soixantaine d'en-
fants, une quarantaine défigurants et autant de chanteurs ou chan-
teuses.
Embaucher ainsi beaucoup de monde, c'était un moyen d'inté-
resser de plus près le peuple à une œuvre organisée pour lui;
c'était aussi un moyen de réconcilier, en les associant pour un
même objet, des familles séparées par des querelles politiques ou
de vieilles antipathies ; enfin c'était un moyen de faire profiter le
grand nombre des avantages que présente un théâtre religieux pour
l'éducation esthétique et morale.
La troupe est de composition fort variée. Elle est formée sur-
tout de laboureurs et d'ouvriers. Tous les âges sont représentés
depuis 80 ans jusqu'à un an et demi. Les pères de famille voi-
sinent avec les jeunes gens. Comme à Oberammergau et à Nancy,
on a admis les femmes. Sans doute qu'en thèse générale la pro-
miscuité au théâtre peut être regardée comme dangereuse; mais il
peut arriver que les circonstances diminuent le danger au point de
l'exclure. C'est notre cas. Toutes les actrices appartiennent aux
familles ou aux villages des acteurs; en venant à Sainte-Anne,
elles ne changent pas de milieu : le père Le Glévic donne la
réplique à l'une ou à l'autre de ses filles ; tel autre à sa sœur ou à
sa femme; puis aucune n'est admise si elle n'est de conduite irré-
prochable.
On pourrait croire qu'avec de tels éléments il soit très difficile
d'arriver à de bons résultats. On y arrive pourtant. Voici la méthode
que nous employons. Dès que la pièce est imprimée, et c'est en ce
moment le cas de Ar hent en Hadour (Sur les pas du Semeur),
dont un tirage spécial a été fait pour la troupe, chacun des acteurs
en reçoit un exemplaire ; il prend ainsi une vue d'ensemble et il
acquiert une notion exacte du rôle qu'il doit jouer. Ce rôle, d'ail-
leurs, a été choisi exprès pour lui, en tenant compte de ses goûts
et de ses aptitudes. Dans une première entrevue, je me contente
de lire et de commenter à chacun les passages qu'il sera chargé
d'interpréter.
La seconde entrevue est plus intéressante ; il s'agit alors de faire'
« répéter » les rôles qu'on a dû apprendre par cœur. Pour ne pas
déranger mes hommes en les forçant de venir au bourg, je vais jus-
qu'à eux et les prends, sans que le travail en souffre, au milieu de
leurs occupations. Je me souviens d'avoir exercé Le Pèlicard dans
sagrange, le Recteur de Pluneret le long du sentier qui va du Bczo
son village, au Koh-Kastel, chez son fils; d'autres sur la « crière »
522
Le Bavon
du champ, devant l'attelage étonné. S'il me faut aller jusqu'à Plu-
vigner, à l'occasion d'une pièce nouvelle, je ne suis pas embarrassé
pour trouver Amédéc Runigo qui est secrétaire de la mairie et
c'est devant les registres poussiéreux, qu'on dit les vers de fraîche
composition. Louis le Bihan, lui, est à son pétrin ou à son four, et
c'est dans le fournil et devant le pétrin qu'il faut s'exécuter...
Mon rôle à moi est fort simple ; il consiste à écarter un geste
taux, une intonation peu naturelle; à faire recommencer jusqu'à ce
qu'on ait trouvé une expression convenable. Je n'impose pas ma
manière, c'est l'acteur lui-même qui, sous ma direction, crée peu
à peu son rôle.
Après ces leçons individuelles, il faut répéter des scènes entières ;
les nouveaux exercices ont lieu au bourg, le dimanche, après
vêpres, dans une salle que M. de Comte de Lanjuinais, député du
Morbihan et maire de Bignan, a gracieusement mise à notre dispo-
sition. Je n'y occupe, chaque dimanche, qu'un petit nombre d'ac-
teurs, quatre ou cinq seulement. Les entrées, les sorties, les grou-
pements et mouvements d'ensemble une fois indiqués, je profite
de la circonstance pour mettre sous les yeux de belles gravures de-
Gustave Doré, de James Tissot, de la maison Nelson... Ces gra-
vures, longuement regardées, admirées, étudiées, ont une influence
très sensible sur les attitudes physiques de ces braves gens et peut-
être sur leurs attitudes morales.
Une répétition générale semblerait nécessaire la veille de la pre-
mière représentation ; souvent cette répétition a été supprimée : on
ne s'en est pas trouvé plus mal.
Le jour venu où il faudra affronter le public, un rendez-vous
général est fixé au bourg à six heures du matin. Fidèles au ren-
dez-vous, comme à la messe du dimanche, nos paroissiens sont là
avant l'heure. Une demi-douzaine de voitures louées à Locminé et
attelées d'un nombre double de chevaux les attendent ; trente kilo-
mètres à parcourir! De six heures à neuf heures, on roulera sur les
grands chemins.
A l'arrivée, chacun fait une visite au sanctuaire, au village, au
théâtre, au vestiaire surtout, pour s'assurer que toute chose est
bien en ordre et que rien ne manquera au moment voulu. Puis,
vers ii heures i 2. voici tous nos gens réunis dans la cour de
M. Cadic, autour d'une table de fortune et d'une vaisselle emprun-
tée. Qui s'en plaindrait ? Seul, l'organisateur rêve d'une réception
plus confortable; il pense à cette fameuse travée qui attend le coup
de baguette magique. Une tribune suspendue à trois mètres au-
dessus du sol, ménagerait sous ses planches, bien à l'abri de la
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte- Anne d 'Auray. 523
pluie et du vent et des regards, une grande salle qui servirait à la
fois de cuisine et de réfectoire.
Je n'ai pas à vous renseigner sur la façon dont nos paysans s'ac-
quittent de leur tâche, vous les avez vus à l'œuvre et appréciés. Je
veux seulement vous citer le nom de ceux qui ont été le plus remar-
qués: Le Boulaire, Le Bihan, Runigo, Le Brazidec, David. Pédrono,
H. Guillo, F. Moisan, Le Glévic... Ces noms sont à peine connus
du public et, dans le pays même de leurs titulaires, ils commencent
à être oubliés. On ne retient que le nom du personnage mis en
scène, et l'on dit couramment en parlant des personnes : Marc
Ardevcn, Louis Le Roux, Xikolazig, le Recteur, Le Pélicard... etc.
Ce serait pour nous une suffisante récompense de nos efforts que
d'avoir su plaire au peuple et de l'avoir intéressé ; mais nous
sommes fiers, certes, des compliments qui nous ont été prodigués
par des hommes de marque : évêques, députés, publicistes, pro-
fesseurs... De toutes ces félicitations, aucune cependant ne nous
est allée droit au cœur comme celle qui nous est venue, bien cher
Maître, d'un homme aussi compétent et aussi impartial que vous.
Ce que vous avez dit à des amis et ce que vous avez écrit au Cha-
noine Cadic restera pour nous le plus précieux des encourage-
ments.
N'était le souvenir de quelques bonnes paroles entendues pen-
dant la journée, le retour de la troupe à Bignan serait plutôt mélan-
colique. Nous partons de Sainte-Anne à neuf heures du soir et
nous arrivons au pied de notre clocher à une heure du matin.
Heureux encore ceux qui ne demeurent pas trop loin du bourg !
Nos moyens de locomotion laissent réellement à désirer.
CHANT, DÉCORS, COSTUMES
Les acteurs de Bignan et de Pluvigner sont reçus par les gens
de Sainte-Anne comme des confrères. C'est en effet le village de
Sainte-Anne qui fournit à notre théâtre les figurants et le chœur.
Pour la formation d'un chœur, nous avons été admirablement
secondés par les circonstances et par les hommes. Il nous fallait
un compositeur et, comme par hasard, M. Decker s'est trouvé la,
un artiste universellement connu et goûté. Il nous fallait un chef
de musique et voici que nous en trouvions deux : M. Gouarin,
aujourd'hui supérieur de Sainte-Anne et un autre chapelain, aussi
bon musicien que bon écrivain breton : M. Le Maréchal, l'auteur
de Kousk, aujourd'hui vicaire à la cathédrale de Vannes. Tous
deux ont quitté leurs fonctions de « chorège » depuis longtemps :
524 Le Bayon.
mais le mouvement donné par eux s'est perpétué sans effort sous la
direction de leurs successeurs.
Nous serions donc mal venus à nous plaindre que les ressources
nous aient manqué ; nous avons trouvé, au contraire, toutes les
bonnes volontés et tous les talents disposés à se mettre au service
de l'œuvre commune.
Les comptes rendus ont été, au sujet du chœur, pleinement lau-
datifs. J'aurais mis aux éloges quelques réserves. Du moins j'aurais
exprimé le désir de voir donner au chœur une place plus impor-
tante. Actuellement les choristes ne manifestent leur présence que
lorsqu'ils doivent se faire entendre. En dehors de là, ils dispa-
raissent à peu près aux regards dans la profonde excavation de leur
orchestre. Assis ou debout, suivant leur fantaisie, vêtus de leur cos-
tume habituel, causant entre eux pendant les entr'actes, ils ne se
distinguent guère des spectateurs. Cette situation est si bien sentie
que tout dernièrement, dans Boéh er goéo (la voix du sang), la
salle tout entière s'est transformée, le plus naturellement du monde,
en un vaste chœur qui alternait avec le coryphée.
J'ai l'intention, et cela dès la prochaine pièce : Ar hent en
Hadour (Sur les pas du Semeur), de faire monter le chœur sur la
scène, je lui donnerai un rôle et des costumes appropriés ; je crois
qu'en marchant dans cette voie je me rapproche de la tradition et
de l'idéal de l'art. L'orchestre alors sera réservé pour tout ce qui
doit rester caché, pour tout ce qui est inesthétique : le souffleur,
par exemple, dont la guérite malencontreuse vient masquer une-
partie de la scène, le monsieur qui bat la mesure, le bourgeois qui
martèle le piano, plus tard, les tibicines quand nous aurons une
musique instrumentale... Et pourquoi, au milieu de cet orchestre,
ne dresserait-on pas, telle la thytnele. antique, une table ornée por-
tant la statue de sainte Anne ?'.
Notre décorateur signe Boris. Il a travaillé six ans chez Rubé et
Chaperon et brossé bien des toiles pour l'Opéra ou le Français. Ce
fut une bonne fortune pour moi de le rencontrer. Il v a de cela dix
ans. Un jour, me promenant dans les vieilles rues de Pluvigner,
j'aperçois un peintre devant un chevalet. Je l'aborde; on cause; je
ne tardai pas à m'apercevoir que je venais de découvrir un artiste.
De son côté, il fut conquis à tel point par l'idée d'un théâtre reli-
gieux et national que, depuis cette heure, il se donne à nous avec
1. Une répétition générale de Ai henten Hadour a été donnée en 1 9 1 3 .
Pour la circonstance, tous les chanteurs étaient sur la scène et tenaient un
rôle. Le succès a prouvé que l'idée de M. Le BayOD était excellente.
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte-Anne d'Auray. 525
un dévouement éperdu. Ce qu'il réalise à lui tout seul est considé-
rable. Pour monter Bethléem, il a couvert 1.100 mètres carrés de
toile. Et quels coups de pinceaux ! Ces paysages ou ces édifices qui
se creusent en saisissantes perspectives attirent et fixent l'attention
des spectateurs au point de rendre le poète jaloux.
M. Boris est de plus un machiniste expert, et la science des trucs
et des accessoires n'a pour lui aucun secret. Pour ce qui est de l'il-
lusion à produire, nous sommes, grâce à lui, à la hauteur de notre
temps. Même de ce coté, nous ne désirons plus accomplir aucun
progrès.
La plupart des costumes sont confectionnés à Sainte-A.nne sur
mes propres indications, ou sur les renseignements de M. Boris,
ou d'après des tableaux de maîtres, d'après les verrières de la basi-
lique. A partir de novembre, une demi-douzaine de jeunes filles
du village, factrices ou couturières, consacrent gratuitement au cos-
tumier les larges loisirs de leurs journées d'hiver. Réunies dans une
salle commune qui appartient à M. Cadic et où le vénéré chape-
lain va de temps en temps porter ses encouragements, elles pré-
parent avec leur aiguille, sous la direction de Jeanne Pérès et de
Marie-Anne Guingo, la représentation de la pièce inédite qui sera
jouée l'année suivante. Mais d'où vient, dira-t-on, la matière qui
suffit à de tels exercices de coupe? De partout et gratuitement.
Décidément, nous n'avons pas connu l'indifférence. Nos ouvrières
elles-mêmes y vont de leurs économies et achètent souvent, quand
elles vont en ville, ce qui leur fait envie.
Un certain nombre de costumes sont authentiques en ce sens
qu'ils proviennent des pavs auxquels appartiennent les person-
nages. Un de nos compatriotes qui enseigne en Egypte, comme
frère de la Doctrine chrétienne, nous a fait parvenir des costumes
de bergers fellahs ; on les reconnaîtra aux raies rouges et bleues
dont ils sont bariolés.
Par l'intermédiaire du P. Guillemot, originaire de Vannes, nous
avons obtenu des Franciscains de Bethléem des tuniques de Beth-
léémites et des manteaux en peau de chameau tels que devaient en
porter les contemporains de Jésus-Christ.
M. Math. Bouléon, au cours d'un voyage en Orient, avait acquis,
à Constantinople, un costume de grand seigneur turc ; il vient de
nous le céder aimablement pour la garde-robe des rois Mages.
CONDITIONS ET CARACTÈRE DES REPRÉSENTATIONS
La pensée première de M. Cadic avait été de fournir aux pèle-
526 Le Bayon.
rins, pour la nuit du 25 juillet, un abri hors de l'église et une dis-
traction édifiante. Cette pensée n'a pas pu être réalisée. Avec
l'éclairage actuel, si imparfait, on craint des désordres et des
exploits de pickpockets et on a résolu d'attendre l'électricité.
On a renoncé également à donner une représentation le jour de
la iéte de sainte Anne; la cérémonie religieuse ferait tort au jeu,
et réciproquement. L'expérience en a été faite deux fois. On
cherche donc une autre date ou plutôt d'autres dates, car une
saison comporte cinq ou six représentations. On s'arrête de préfé-
rence à un dimanche, à un jour de fête ou à un jour de pèlerinage
exceptionnel.
La séance commence à deux heures. Les tickets se paient :
chaises réservées et numérotées, 5 fr. ; premières (chaises). 3 fr. ;
deuxièmes (bancs à dossiers de la nef centrale), 2 fr. ; troisièmes
(premiers bancs des nefs latérales), 1 fr. ; quatrièmes (derniers bancs
des nefs latérales), o fr. 50.
La recette servira à couvrir les frais matériels de voyages, de
décors, d'entretien. Personne n'est rétribué, pas plus les acteurs
que les costumières. Bien mieux, toutes les boutiquières du vil-
lage qui font partie du chœur ou figurent à un titre quelconque
dans le personnel du théâtre, quittent leur étalage à l'heure de la
représentation, perdant ainsi le bénéfice d'une demi-journée de
vente. Ces sacrifices sont consentis allègrement. C'est pour sainte
Anne et pour la Bretagne!
Sainte Anne et la Bretagne! A ce double objet se rapporte aussi
le travail du facteur de « mistères ». Il est bien spécifié que, tous
les ans, on jouera au moins une fois l'histoire de Nicolazic, qui
est aussi l'histoire des origines du pèlerinage, moyennant quoi on
pourra offrir au public d'autres sujets. On a donné, ces dernières
années, en dehors de NlKOLAZlG, d'abord Keriolet, histoire d'un
illustre pénitent, puis Ar hent Bethléem (En route pour Bethléem),
épisodes de l'enfance de Jésus, la première pièce de ma trilogie
évangélique ; puis Boéh er goèd (la voix du sang), mise en action
de la parabole de l'Enfant prodigue. On donnera prochainement '
Ar hent e\ Hadoir (Sur les pas du Semeur) qui représentera les
principaux épisodes de la vie publique de Jésus; et plus tard, Dieu
aidant, une Passion qui ne sera pas celle d'Oberammcrgau, mais
une autre adaptée au milieu et au tempérament des Bretons.
On nous a demandé si nous ne comptions pas aborder les sujets
1. On en a déjà donné, devant 500 spectateurs, avec un succès complet,
une répétition générale.
Correspondance. — Le théâtre populaire de Sainte- Anne d'Auray. 527
nationaux. Nous croyons pouvoir répondre affirmativement. Sans
doute que ce n'est pas ici un théâtre profane, sans doute que c'est
un théâtre essentiellement religieux par l'idée qui a présidé à sa
fondation; mais il est à considérer que l'histoire politique de la
Bretagne est intimement mêlée à son histoire religieuse et qu'un
épisode quelconque peut être traité avec un sentiment religieux.
Et puis, nous aussi, nous avons été touchés par ce souffle de régio-
nalisme qui court sur le monde entier et qui fait fleurir partout
l'amour de la petite patrie; nous n'avons rien tant à cœur que de
glorifier, après sainte Anne, les héros de la Bretagne.
Nous le ferons en breton, non en français. Ce n'est pas que nous
distinguions deux Bretagne ou que je nourrisse cet esprit de clan
qui cause parmi nous tant de discordes. Je crois même qu'il est
peu de bretonnants qui n'aient du sang gallo-romain dans les veines
et qu'il y a peu de « Gallos » qui n'aient reçu une forte proportion
de sang breton. Cette conviction, ne l'ai— je pas rapportée, cher
Maître, du pied de la chaire que vous occupiez naguère à l'Univer-
sité de Rennes? Quoi qu'il en soit, la moitié de la grande famille,
pour des raisons qui dégagent leur responsabilité, ne parle plus la
langue des ancêtres et, chez l'autre moitié, le breton est plus menacé
que jamais. Ceux qui l'ignorent devraient pourtant s'intéresser à lui
comme à un héritage de famille.
En résumé, nous voulons un théâtre qui jouera des drames en
langue nationale, un théâtre religieux puisqu'il naquit d'une pen-
sée d'apostolat ; un théâtre profondément empoignant puisqu'il
s'inspirera aux sources mêmes de notre histoire religieuse ou natio-
nale. Et par ce théâtre où tous les arts s'unissent et que sainte
Anne domine, quelles ascensions vers la lumière préparées au
peuple de Bretagne !...
Joseph Le Bavox.
NECROLOGIE
Nous apprenons avec un profond regret la mort de M. Joseph
Déchelette l'éminent archéologue, tombé glorieusement au champ
d'honneur. Après avoir honoré la France par de solides et savants
travaux, notamment par son Manuel d'Archéologie, malheureuse-
ment inachevé, monument unique d'érudition, il lui a sacrifié sa
vie. Agé de cinquante-trois ans, il n'était pas obligé au service
militaire. Il a voulu prendre part à la campagne, et il est mort en
héros, comme en fait foi cette citation à l'ordre du jour de l'armée,
que nous reproduisons comme la plus éloquente des oraisons
funèbres :
« Déchelette, capitaine de territoriale au 298e régiment d'infan-
terie, a été tué le 6 octobre, alors qu'il entraînait sa compagnie
sous un feu violent d'artillerie, et lui avait fait gagner 800 mètres
de terrain. Avant de mourir, a demandé au lieutenant-colonel,
commandant le régiment, si on avait gardé le terrain conquis, et
sur sa réponse affirmative, lui a exprimé sa satisfaction, en ajou-
tant qu'il était heureux que sa mort servit à la France. »
Belle vie et fin plus belle encore.
M. Déchelette a légué 100.000 fr. à sa ville natale de Roanne
pour l'édification d'un musée.
Le Propriétaire-Gérant, Edouard CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRÈRES, IMPR1MI UKS
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME XXXV
ARTICLES DE FOND
Pages
Notes sur le parler breton de Cléguérec (Morbihan), par E. Thi-
bault i, 169,431
The breaking of ë in Scotch Gaelic, par John Fraser 29
Some Points of similarity in the phonology of Welsh and Breton,
par T. Parry- Williams 40, 3 1 7
Étymologies, par J. Vendryes 85
Notes sur les textes d'Ivonet Omnes, par Em. Ernault 129
Questions de grammaire et de linguistique brittonique (suite), par
J. Loth 143, 450
Sur les présents irlandais du tyçeguidim, par A. Meillet 165
The monastery bishoprics of Cornvvall, par le Rev. Th. Taylor. 195
L'aventure de Maelsuthain, par J. Vendryes 203
Un rapprochement celto-ombrien, par J. Vendryes 212
Cornoviana (suite), par J. Loth 213
La Vie la plus ancienne de saint Samson de Dol, par J. Loth .... 269
Evolution of the diocesan bishopric from the monastery bishoprics
of Cornwall, par le Rev. Th. Taylor 301
L'épisode du chien ressuscité dans l'hagiographie irlandaise, par J.
Vendryes 357
Accent and Svarabhakti in a dialect of Scotch Gaelic, par J. Fra-
ser 40 1
A propos de la coiffure des Gaulois et des Germains, par Ad. Rei-
nach 410
Répertoire des fac-similés des manuscrits irlandais (suite), par L.
Gotjgaud 415
Notes étymologiques et lexicographiques (suite), par J. Loth. . . . 441
L, R, M, N en initiale et en construction syntactique dans le breton
de l'île Molènes (Finistère), par J. Loth 468
Sur quelques textes franco-bretons (suite), par Em. Ernault. ... 471
Le Mirouer de la Mort (suite), par Em. Ernault 506
-1 /
1/
430 Table dei nm lie
NECROLOGIE
J. Déchelette 528
P. W. Joyce (J. Vendryes) 267
BIBLIOGRAPHIE
Bellevue (Marquis de), Le Camp de Coetquidan (}. Loth) 107
— ■ Paimpont, 2e éd. (J. Loth) 109
Best (R. L), Bibliography of Irish Philology and Literature (J.
Vendrves) 225
Dottin (G.), Manuel d'irlandais moyen (J. Vendrves) 02
Duhamel (M.), Musiques bretonnes (J. Vendryes) 368
Eben Fardd, Awdl Dinistr Jérusalem (J. Vendrves) 233
Essays and Studies presented to William Ridgeway (J. Loth) 375
Fynes-Clinton (O. H.) The Welsh Vocabulary of the Bangor
district (J. Vendryes) 231
Grôhler (H.), Ueber Ursprung und Bedeutung der franzôsischen
Ortsnamen (J. Vendryes) 100
Gwynn (Ed.), The Metrical Dindshènçhas, III (J. Vendryes). ... 98
Jones (J. Morris), a Comparative Welsh Grammar, I (J. Ven-
dryes) 217
Joyce (P. W.), Irish Names of Places, III (J. Vendryes)... 224
Loth (J.), Les Mabinogion, 2e édition (J. Vendryes) 105
Mackay (J. C), Gille a' bhuidseir (J. Vendrves) 367
Marstrander, Dictionarvof the Irish language, I (J. Vendryes).. 36
Meyer (Kuno), Ueber die àlteste irische Dichtung, I et II (J. Ven-
dryes) 96, 366
Pedersen (Holger), Vergleichende Grammatik der keltischen
Sprachen, II, 2 (J. Vendryes) 361
Rhys (Sir John), The Celtic inscriptions of Cisalpine Gaul (J.
Loth) 370
Sagot (F.), La Bretagne romaine (J. Loth) 109
Schœpperle(G.), Tristan and Isolde (J. Loth) 379
Schumacher (Karl), Verzeichniss der Abgùsse und wichtigeren Pho-
tographien mit Germanendarstellungen (Ad. Reinach) 235
Steinberger (H.), Untersuchungen zur Eritstehung der Sage von
Hirlanda von Bretagne sowie zu den an ihr am nachsten ver-
wandten Sagen (J. Vendryes) 104
Thurnevsen (II.), Die Kelten in ihrer Sprache und Literatur
(J. Vendryes) 227
Table tirs matières. 431
CHRONIQUE
Abbott (Rev. Th.) ; sa mort 238
Anwyl (Bodvan); sa réédition du Spurreh's Welsh English Dic-
tionarv 248
Anwyl (sir Edward); sa nomination à Cacrlleon sur Wysg 238
Arbois de Jubain ville (notices sur H. d') 115
Bloch (J.), Formation de la langue marathe 392
Brugmann (K.) ; suite de son Grundriss 118
Cambrian Gleanings 390
Diverrès (P.) ; ses travaux 240
Dussaud (R.), Les civilisations préhistoriques de la mer Egée.. .. 394
Ephemeris Epigraphica, t. IX 240
Ernout (A.), Traité de morphologie latine 388
Foucher (A.), Le couple tutélaire dans la Grèce et dans l'Inde. . . 121
Gwynn Jones (T.); sa nomination à Aberystwyth 117
Halter (E.), Die Indogermanen 389
Herrieu (L.) et Duhamel (M.), Chansons populaires du pays de
Vannes, 2e série 121
Holder (A.), Altcehischer Sprachschatz, fasc. 21 387
Indogermanisches Jahrbuch, 1 243
Livres nouveaux 122
Lvon (Étvmologie du nom de la ville de) 384
Mansion (J.), Celtes et Germains , 387
Marstrander (C.) ; son article des Mélanges Torp 119
Muret (Ernest) ; son édition du Roman de Tristan par Béroul. . . 391
Notennou diwar benn ar Gelted Koz (suite) 242
Ouvrages reçus 250
Parry-Williams (T.) ; son doctorat en philosophie 118
Pedersen (H.) ; sa promotion à l'ordinariat. 116
Pokorny (J.), Concise Old Irish Grammar 247
Ridder (A. de), Notice sommaire des bronzes du Louvre 120
School of Irish Learning 250
Vallée (F.), La langue bretonne en 40 leçons, 3e éd 241
Vettermann (Miss Ella) ; ses travaux 240
Walsh (P.), The Flight of the Earls 24s
Welsh National Library (contributions populaires à la) 391
— (rapport sur les progrès de la) 244
Welsh Outlook (The) 390
PÉRIODIQUES
Analecta Bollandiana 263
Annales de Bretagne 126
Beitràge zur Anthropologie und Urgeschichte Bayerns 264
43
2 Table des matières.
Berichte der rômisch-germanischen Kommission 265
Bibliothèque Pro Alesia 265
Boletin de la Real Academia de la Historia 266
Bulletin du Musée historique de Mulhouse 263
Celtic Review(The) 125, 260, 396
Comptes rendus des Séances de l'Académie des Inscriptions et
'Belles-Lettres 127
Ecclesiastical Review (The) 255
Ériu 258
Folklore 262
Gadelica 261
Indogermanische Forschungen 127
Journal of the Society of Antiquaries of Ireland 266
Journal of the Welsh Bibliographical Society 399
Mémoires de la Société de Linguistique 128, 397
Mittheilungender prâhistorischen Kommission der kais. Akademie
der Wissenschaften zu Wien 263
Revue de Bretagne 126
Revue de phonétique 395
Revue des bibliothèques 398
Revue des traditions populaires 262
Revue du Bas-Poitou 264
Revue historique vaudoise 264
Revue morbihannaise 398
Rocznik Slawistyczny 256
Romania 262
Sitzungsberichte der kôniglichen preussischen Akademie der Wis-
senschaften 254, 399
Studies 400
Zeitschrift fur romanische Philologie 123
Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung 252
CORRESPONDANCE
Le théâtre populaire de Sainte-Anne d'Auray, par J. Le Bayon.. . 514
Le Propriétaire-Gérant, Edouard CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
TABLE
DES PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIÉS
AU TOME XXXV .
DE LA REVUE CELTIQUE1
I . Gaulois ou vieux celtique, ogamique et lépontien(*).
(Voir pp. 102, m, 256-258, 263, 264, 372, 373, 387.)
*Aita, 373.
Albion, 254.
*Alios, 374.
*Alkovinos, 373.
*Amaseu, 372.
ambi-, 284.
Ammo(n), 281-283.
Anna, 282, 283.
.Anvallonacu, 372.
Areani, « gardes », 113.
Atobiles, 285.
Atoclius, 285.
Atoo, 285.
Balandui, 372.
Blano-, 10 1.
Brigantes ni, 289.
Brivatiom, 373.
Brohomagli, 283.
Caliacos, 374.
Cantobennicus, 103.
Caratacus, 1 1 1 .
[CJassiboduae, 387.
CASSITTAS, 387.
Catamanus, 223, 284.
[CJathubodua, 387.
CATUVIRR, 387.
Kaûapoç, « géant », 61.
cisium, cissum, cirsum, sorte de
voiture, 397.
Cogidumnus, m.
com-, 276.
Conginna, 254.
Corobilium, 254.
Cularo, 102.
cuno-, « élevé », 276.
*Dieupala, 371 .
Docco, Doccov, 292-295.
Drustagni, 317.
dunum, ville fermée; ville forte
hauteur fortifiée, 384, 385.
*Esopnio, 372.
Etri (gén.;, 288.
*Gnoia, 374.
-ialo-, 102.
ivos, 373.
*iuuos, fête, banquet? 373.
*kalite, appelez? 373.
*karite, parents ? 373.
1. Cette table a été faite par M. Ernault.
Revue Celtique, XXXVI. — Table.
vrHJf
Table des principaux mots étudiés
*Latumarui, à Latumaros, 372.
AouzoTO/.ia, Aouxorexia, loi, 128.
LUGUDECCAS, 243.
Lugudunum, Lugdunum, 384-386.
Lunarhi, 283.
Maccarioui, 372.
-maglos, chef, roi, 276, 286.
*mako, 372.
Melbodium, 103.
Menapii, m, 289.
mori-, mer, 408.
*Namu, 372.
*Naxom; (vin) de Naxos, 372.
*pala, tombe, 371, 373.
*Pelkui, 373.
Petromantalum, 103.
Petrucorii, 103, 295.
Piro, 290.
*Pivonei, 372.
*Pivotialui, 372.
Porios, 290.
*Pruiamiteu, 372, 373.
ritu-, « gué », 103.
Ritumagus, 103.
ro-, 284.
Rutenicus, 103.
Sammonis, 283.
*Sapsutaipe et à Sapsuta, 372.
Segontiaci, m.
Segustero, 102.
Senacus, 283.
*Slaniai, 371.
Taranis, 413.
tarinca, taringa, clou en fer, 119.
tigerno-, chef, maître, 286.
Tigernomaglus, 286.
Tigernomalus, 286.
tricpntis, « aux mois de trente
jours », 103.
Tricorii, 103, 280, 295.
-u, dat. sing., 372.
uema, aune, 101.
-ui, dat. sing., 372.
*verkalai, 371.
Vidimaclus, 276.
uidu-, « bois », 85.
*vinom, vin, 372.
Virocantus, 254.
Virotutis, 102.
Vivisci, 10 1.
VLATIAMI, 254.
Vocontii, 103.
Vocorio, 103.
II. Irlandais.
(Voir pp. 47, 50-53, 59, 86, 87, 95, 96, 101, 119, 120, 124, 168, 203-
206, 21}, 221, 227, 240, 245-247, 254, 255, 258, 261, 318, 321, 322,
324, 337, 343, 347. 349-35', 357, 363, 367, 379-381,385, 395, 400.)
accal, bon courage, 254.
accrich, domaine, 254.
-ach, adjectifs, 88-91.
ad, loi, 212, 214.
ada, légal, juste, convenable; préro-
gative, droit, 212, 214.
adaim, j'entends, 253.
adas, juste, convenable, 213.
adfither, je serai pavé, 363.
adim ou adem, instrument, appa-
reil, 214.
adma, instruit, sage, avisé, 214.
-adraim, j'adore, 363.
afameinn, « utinam », 363.
aile, autre, 374.
air, sur lui, 94.
aire, garde, 113.
aire, haie, barrière, fardeau, 119.
-aire, noms d'agents, 255.
airem, laboureur, 96.
airmed, sorte de mesure, 446.
aite, oide, père nourricier, tuteur,
573-
aithed, athed, fuite, fugue (amou-
reuse), 380.
Alpe, Grande-Bretagne, 254.
au tome XXXV.
m
altus, Altus, hymne, 205, 208, 209.
andud, allumer, 363 .
anfad, tempête, 1 19.
-ang, -eng, suff. 119.
aràr, arûr, blé, 408.
arco, arcu, je demande, 119, 166,
253.
arg, goutte, 221 .
-as, suff. d'adj., 213.
ascall, axai, ochsal, aisselle, 120.
asclang, fardeau, charge, 120.
àss, croissance, 119.
baile, demeure, village, ville ; mo-
nastère, 288.
Balgnffin, Bally-Griffm, 287.
Bally-Samsou, 288.
bansegainn, daine, 86.
ben hr, femme d'homme, 205.
Benén, 373.
Benn-çhor, suite de pics, 254.
Benn Étair, 288.
berir, il est porté, 361.
biad, nourriture, 372.
biothu, existence, 372.
bith, blessure, 363.
bodb, badb, corbeau, 87.
Bôrime, Bôraime, Bôruma, Bôroma,
Béai Bôrumha, 206.
bôroma, tribut imposé aux habitants
du Leinster, 207
both, hutte, 101.
bô thûir, vache nourrie à l'étable,
260.
bran, corbeau, 89.
branles, festin de corbeau, 90.
breth, jugement, décision, 204,
207.
Brian Boruma, 206.
Brian in bûair, 207.
Brian Mac Cennétig, 203, 206.
Brian na Banba a Borumi, 206.
brolluch, sein, 443 .
buaid, victoire, 10 r.
buide, jaune, 101, 357, 397.
bun-àit, fondement, fondation, ré-
sidence, 289.
cadla, cordage, 254.
Canôc, 289.
carn, tas, amas de rochers, 287.
Carn Sampson, 287.
cathach, batailleur, 90.
Cathasach, Cathusach, 399, 400.
Cathrae, 254.
cechlatar, ils creusèrent, 371.
cèle, compagnon, 222.
cess, tressé, 397.
céstach, passif, 254.
co brunni, à la poitrine ; jusqu'à,
devant, 393.
coimm, comm, couverture, protec-
tion, •■ êtement, 127.
Coindire, 203, 206.
comadas, juste, convenable, 213.
Congenn, 254.
conid, que c'est, 95.
Conlae, 254..
Corrbile, «arbre impair, isolé », 254.
co ucht, à la poitrine ; jusqu'à, de-
vant, 393.
crédem, fait de ronger, 254.
crob main, 120.
crobang, poignée, 119, 120.
crû fechta, « corneille de guerre »,
corbeau, 87.
crûach, morceau, 285. »
cû, chien, 357, 360.
cûala, j'ai entendu.» 1 18.
Cuchullin, le chien de Culann, 360.
cumaing, il peut, 120.
cumtach, construction (grammati-
cale), 254.
Daigerne, 254.
defid, bois sacré, 1 19.
deleng, jeune porc, 120.
den, habile, fort, 253.
derbbrathir, irère,222.
derbsiur, sœur, 222.
derd, tempête, r 19.
derdan, tempête, mauvais temps,
119.
Dia do betha, Dieu (soit) ta vie, sa-
lut ! 20), 210.
dindshenchas, collection de légendes
sur les noms de lieux, 98-100,
227.
dliged, obligation, dette; loi, 212.
dobiur, j'apporte, 165, 253.
dochum n-, vers, 119.
dofeotar, dootar, -dotar, ils man-
gèrent, 89.
Domnall, 203, 204.
IV
Table des principaux mots étudiés
dorât, il a donné, 363.
dorus, porte, 61.
do tabairt chomairle, à donner con-
seil, 253.
dotuit, il tombe, 253.
duaid, il mangea, 89.
dubgall, Danois ou fils de Danois,
447-
dùn, fort, citadelle, cité. 288, 385 .
Dûn Etair, 288.
eatj eux, 95.
ech- chenu, « tête de cheval », 412.
-em, noms d'agent, 254.
-en, 373.
Eoganacht Locha Léin, 204, 207.
-éra, que tu refuses, 363.
esonoir, déshonneur, 205, 209.
£.tair, 288.
facht, méchanceté, mal, 223.
fâel, loup, 86.
faenic, phénix, 254.
faic, quelque chose, rien, 119.
fang, corbeau, 91.
feis, fait de dormir, de passer la nuit,
89, 90.
Ferchéte, 254.
fern, aune ; bouclier, 119.
fes, feis, festin, beuverie, 89, 90.
féth, mer calme, 1 19.
fi, poison, 258.
fiach, corbeau, 87-91, 119, 243.
fiad, gibier, 8$, 87.
fïadh, cerf, daim, 85.
fiadmila, animaux sauvages, 85.
fid, bois, 85, 87.
rlann, sang, 253.
logera, qu'il chauffe, 166.
fôidiam, messager, 234.
folam, vide, 50.
for. sur, 94.
foraib, sur vous, 407.
fot saiguil, longueur de la vie, 204,
208.
fursundud, illumination, éclaircisse-
ment, 98.
glenn, vallée, 127.
gnéthech, actif, 254.
Gnôe, 374.
gonim, je blesse, je tue, 166.
gortach, affamé, 90.
guidim, je demande, je prie, 166.
guirim, je chauffe, 166.
iasc, poisson, 389.
in, le, 94, 96.
indas, façon, manière, 119.
indlaidi, il se vante, 253.
inis, île; bord d'une rivière, terrain
en bordure de rivière, 290.
Inis Fâithlenn, Inisfallen, 206, 207.
in medén, au milieu, 393.
intuigfet, ils revêtiront, 167.
iress, crovance, 125.
-irne, suff. de noms de personnne,
254.
Lassirne, 254.
léir, visible, 253.
lige, tombe, 445. j
Loch Léin, 204, 207.
lomm, nu, dépouillé, 389.
longphort, port (fortifié), 254.
loth, boue, 128.
Lug, 378, 387.
Lugaid, 242, 243.
Lûgnasad, le premier août, 386.
lugu, plus petit, 386.
luibne, bouclier, 119.
-m-, suff., 214.
Maelsuthain Ua Cerbaill, 203, 204,
207.
Malatur, Mars-la-Tour, 247.
med, balance, 446.
meng, tromperie, 127.
menmarc, passion, 119.
midiur, je juge, 212, 446.
Mochonôg, 289.
-muinither, il vient, 223.
muirbheach, terre sujette à être en-
vahie par la mer, 408.
Mumu, 254.
gabim, je prends, 587.
Gailinne na mBretan, 289.
galgat, champion, 405.
gearrfhiadh, lièvre, 85.
naicc, aicc, non, 119.
nert, force, 212.
niae, descendant, 90.
no, part, verbale, 222.
au tome XXXV.
nuidlechais (gén.), état d'une vache
qui vient de vêler, 445.
nuithlech, (vache) qui a nouvelle-
ment vêlé, 444, 445.
nus, petit-lait. 446, 447.
ocuis, ocus, acus, et, 136.
ocus, acus, accus, près, 1 36.
olc, mauvais, 127.
on, il, 252.
orc, porc, 220.
-osailci, il ouvre, 168.
pailis, palais, 379.
-r-, passif et déponent, 361, 362.
Raith Airthir, 287.
Raith Édair, 288.
râth, raith, résidence entourée d'un
rempart de terre avec fossé, 288.
réil, clair, 253.
rélaim, je révèle, 253.
rétaire, lecteur, 254.
riched, ciel, 254.
rodtoig, il le couvrit, 167.
roimh, devant, 94.
Roma, de Rome, 207.
rû(a)e, héros, 253.
Sailchoit, Solloghoud, 289, 445.
Samhildânach, 378.
scethach, dégoûtant, qui fait vomir,
91;
scethim, je vomis, 91.
sed, seg, cerf, 85, 86.
sedgraig, troupe de cerfs, 86.
segas, seaghas, forêt, 85, 86.
Segais, 85, 86.
Senach, 283.
senchas, histoire, antiquité, 98,100.
sern-, répandre, 364.
sétig, compagne; a s., l'autre, 222.
sgâiî, ombre, 45.
Sidh, sfdheann, venaison, 87.
sin, temps, 119.
sinnach, renard, 91.
slân, bien portant, en bon état, 371.
snuadh, fleuve, 447.
son, on, il, 252.
sûainem Segsa, corde de Segas,
mètre irlandais, 87.
siur, sœur, 90.
Tain bô Cûalnge, 123, 227.
tairnge, clou en fer, 119.
lairthim, chute, 2)3-
tânase abb, « abbé en second »,
400.
tarrach, tremblant, 91.
tearmann, terme, 260.
Temair, Tara, 243.
tochaim, marche, chemin, 119.
tochlaim, je creuse, 371.
tôra-, téora, limite, 260.
tore, porc, 220.
trit, à travers, 94.
tuarascbail, description ; (même)
équipage, 206, 210.
tuath, peuple, 21 2.
Tûatha DéDanann, 37s.
tuigim, je couvre, 167.
tuilim, je dors, 167.
III. Gaélique d'Ecosse.
(Voir pp. 31-39, 126, 397, 401-403.)
aimsear, temps, 402, 406.
ainm, nom, 38, 402, 406.
airgiod, argent, 402.
airighim, je perçois, 405.
aithnighim, je reconnais, 40 >.
Alba, Ecosse, 403, 406.
ameasg, parmi, 3 1 .
Aonghus, 405.
aran, pain, 35.
arbhar, blé, 404, 407, 409.
arm, armée, 402, 406.
balbhan,un muet, 404.
balg, sac, 403.
barr, sommet, 36.
beachd, opinion, 38.
beag, petit, 33.
bealach, passage, 34.
VI
Table (1rs principaux mots étudiés
bean, femme, 33, 37.
beannaohd, bénédiction, 37.
bearradh, raser, 36.
beartach, riche, 39.
bleoghan, traire, 32.
borb, rude, 403, 406, 407,
Breatain, 33.
cailleach, vieille femme, 405.
calma, brave, 403.
calpa, mollet, 403.
canb, chanvre, 402.
carghas, carême, 405.
cead, permission, 33.
ceanalta, doux, 37.
ceanas, affection, 37.
ceangal, lien, 32.
ceannsa, doux, 37.
cearb, bord, 406.
ceart, juste, 36, 39.
ceatharnach, guerrier, 37.
ceathramh, quatrième, 37.
cleas, haut fait, 33.
creach, raid, butin, 38, 39.
cuirm, festin, 407.
Cuithach, 260.
dealbh, ressemblance, 38.
deamhan, démon, 31.
dearbh, certain, 403.
dearg, rouge, 34, 36, 38, 402.
dh'fhalbhadh, s'en irait, 404.
Donnchadh, 406.
dorcha, sombre, 403 .
dreach, apparence, 39.
eadaruinn, entre nous, 402.
eaglais, église, 402.
eala, evgne, 38.
eanchainn, cerveau, 38, 403, 406.
easbuig, évêque, 33.
fead, sifflement, 33.
feadan, sifflet, 33 .
feadh, parmi, 32.
fear, 1er, homme, 29.
fearg, colère, 406.
fearn, aune, 34, 38.
feasa, du jugement, 30.
feileadh-beag, kilt, 397.
lios. information, 30, 406.
foras, recherche, 404, 406.
gainmheach, sable, 404, 406.
galghad, bonne fille, 404, 405.
gealhan, petit feu, 404, 409.
geall, promesse, 32.
ghealladh, promettait, 32.
gilb, ciseau, 407.
imlich, ilmich, lécher, 403.
inbhir, confluent, 404.
înghean, fille, 405.
iomchubhaidh, propre, 403, 407.
iomlan, complet, 402.
(i)staigh, dedans, 35.
(i)steach, dedans, 34, 35.
laochan, mon cher, 405.
leaba, pi. leapaichean, lit, 33, 39.
leabhar, livre, 31, 32.
leac, pierre, 39.
leaghadh, fondre, 32.
leanabh, enfant, 37, 403.
leann, bière. 37.
leannan, amant, 37.
leas, besoin, 33, 39.
leat, avec toi, 39.
lionmhar, abondant, 407.
Loncarty, Luncartv, 254.
lorg, trace, 406, 407.
meadhg, petit-lait, 32.
meadhon, milieu, 31.
meall, tromperie, 32.
meall, masse, 32.
mealladh, tromper, 32.
meallta, trompé, 32.
meanbh-, petit, 38.
meas, jugement, opinion, 30, 31.
meas, fruit, 31.
measa, du jugement, 31.
measa, miosa, pire, 31 .
measg, mêler, 3 1 .
meirg, rouille, 406.
misde, plus mal, 31.
mor-, mer, 408.
mormhair, seigneur, 404, 407, 408.
muilchionn, manche, 403.
neart, force, 39.
nos, premier lait, 447.
oirbh-se, sur vous, 407.
reamhar, épais, gras, 31.
au tome XXXV.
vu
seamrog, trèfle, 402, 403.
sean-, vieux, 37.
seanchas, tradition, 403.
seangan, fourmi, 32, 37.
seanmhathair, grand'mère, 37, 404.
searbh, amer, 38.
searbhan, dégoût, 404.
searg, dessécher, 36.
sithionn, venaison, 87.
sleamhuinn, glissant, 31.
soirbheas, vent, 404, 407.
tairbh, taureaux, 406.
tairmeasg, prohibition, 406.
tairrgheal, au ventre blanc, 404.
teach, maison, 34.
teann, serré, 32.
tiormaich, sec, 407.
tulg, bercer, 407.
IV. Gallois.
(Voir pp. 45-54, 56-62,64-67,71-74,77-83,90, 135, 155, 156, 163,
164, 221, 222, 224, 233, 249, 282, 317-356, 390, 450-453. 455, 458.)
a, o, 51.
a, de, 51.
afal, afol, pomme, 51.
adar, oiseaux, 53, 54.
adargop, araignée, 54.
addas, convenable, 213.
Afrella?283.
agos, hagos, près, 136, 325.
ail, eil, second, 225, 374.
-ais, -as, -es, -is, ire pers. sing. de
l'aor., 81.
-aist, -ast, -est, -ist, 2e pers. sg. de
l'aor., 81.
alch, gril, 373.
ail, autre, 374.
alltraw, pi. on, dignitaire chargé
d'élever les enfants des rois, 284.
allwedd, clef, 221.
aimant, amande, 334.
am-, 284.
Ammwn, 283.
amryvael, amravael, varié, différent,
284.
amrywedd, multiforme, 284.
Anna, 282.
anner, génisse, 52.
annwfn, l'autre monde, 253.
anwyntio, oindre, 77.
archddiagon, archiagon, archidiacre,
48.
arfedd, dessein, intention, 446.
arfeddu, avoir dessein, 446.
ar neilltu, à part, à l'écart, 223.
arogl, pi. eu, parfum, 221, 285.
Arres, Arras, 56.
astalch, bouclier, 373.
-awg, adjectifs, 90.
awr, heure, 63.
baeds, pi. baedys, signe, 56, 66.
Bangor, suite de hauteurs, 254.
banw, pi. bnwod, femelle, 82.
barwn, baron, 49.
beddrod, cimetière, 355.
ben, men, voiture, 336.
benffk, benthyg, un prêt, 348.
Benwyn, 373.
betys. bettes, 56.
biach, bécassine, 339.
bicra, bicre, escarmouche, 56.
biw, vaches, 223.
botas, (pi. au), botys, chaussure,
55> 56.
Botcatman, 223.
botwn, botwm, bwtwm, bouton,
50.
brad, tromperie, 60.
braens, branche, 66.
bran, corbeau, 88.
Briavael, 276.
bron, poitrine, 393.
bronllech, poitrine, 443.
Brython, Breton, 64.
bûches, troupe de vaches, 63.
bulas, bwlas, prunelle, 50.
burgyn, cadavre, 50.
bustych, taureaux, 81.
buwch, pi. buchod, vache, 63.
VIII
Table des principaux mots étudies
buwl, mulet, 64.
buyeid, mwyaid, hosties, 223.
bwla, taureau, 56.
Bwlwvn, Boulogne, 69.'
bwyall, jçwiall, gwuallt, hache, 339.
bwyd, nourriture, 372.
bwvsel, mwysel, boisseau, 67.
bwystfil, bête sauvage, 339.
bvehain, bvehin, petits, 81.
bywyd, existence, 372.
cadair, siège, 72, 79.
Cadvan, 284.
Caernarfon, Cyrnarfon, Cvnarfon,
81.
caf, j'aurai, 83.
caffael, caffal, cafFel, cahel, cael, ob-
tenir, 81-83.
caflfaf, j'aurai, 83.
caitoir, cedor, pubes, 78, 80.
Calanmai, Clanmai, le premier mai,
61.
camdda, canfa, barrière, 221.
cannwyll, cannwll, chandelle, 81.
cant, avec, par, 299.
cawr, géant, 61.
cecys, kekysseu, ciguë, 56.
cefn, cefen, cefyn, dos, 59, 393.
cefnderw, cousin, 222.
ceiliawg, coq, 374.
ceirch, cerch, evreh, avoine, 80.
Cliarlas, Charles, 56.
cigleu, j'ai entendu, 118, 119.
cihit, c\hyd, cyd, aussi long, 82.
cimadas, gl. par, 213.
claddu, fouir, creuser, 371.
claear, cluar, tiède. 80.
cleddyf, pi. clefydeu, glaive, 223,
243.
klovstr, cloître, 77.
elyw, ouï-dire, 285.
clvwed, clwad, chved, entendre, 81.
cneuen, pi. enau, noix, 60.
cnu, cnuf, toison, 60.
coblyn, lutin, 58.
cocas, dents de roue, 56.
cofaint, cwfaint, couvent, 63.
colomcn. clomen, pigeon, 61.
Constinobl, CorstinObvl, Constanti-
nople, 83, 84, 344.
corrui, carrai, courroie, 51.
croen, peau, 83.
croes, crôs, croix, 80.
crue, amas, 285.
Crue Tan, 285.
crwc, seau, 49.
crvdd, cordonnier, 61.
cuchio, froncer le sourcil, 63.
cuwch, froncement de sourcils, 63.
kweifyr, carquois, 47.
cwfent, cwfeint,pl. c\vfannodd,cou-
vent, 65.
cwlwm, clwm, nœud, 59, 61.
cwpa, coupe, 56.
cwrw, kwryf, bière, 59.
Cydwal, Cvdywal, 59.
cyfaddas, convenable, 213.
cyfnithervv, cousine, 222.
cyfod, cywad, cwad, se lever, 51.
cymraeg, le gallois, 83.
cynneu, allumer, 363.
dala, aiguillon, 59.
dantaith, mets délicat, 65.
defobiwn, dyfosiwn, dévotion, 47.
delvv, comme, 462.
detha, dethe, deche, habile, adroit,
346.
deurudd, joues, 222.
diddyfnu, dyfnu, sevrer, 84.
din, dinas, forteresse, cité, 385.
diosc, dépouiller, 345.
dirwest, jeûne, 90.
Doccu, Dochou, 281, 293.
Doewinn, 293.
dol, prairie (traversée habituellement
par une rivière, ou située sur ses
bords) ; terrain plat d'une certaine
étendue, 296.
drain, épines, 55.
druan, dreuan, malheureux, 65.
drws, porte, 61.
du, noir, 63.
dubgint, Danois, 447.
duch, qu'il mène, 219.
dwsel, robinet, 441.
dwyfron, seins, 222.
dydd, jour, 64.
dvddfu, dévaster, 221.
Dyfnwal, Dyfhawal, 59.
dylyed, dvled, dlèd, droit, 60.
dylyedawg, noble, 60.
dylyu, deleu, mériter, 60.
dyn, homme: personne humaine.
299.
au tome XXXV.
IX
dyrnfedd, une main (un pouce),
mesure, 446.
Dywlais, 63.
ebrwvdd, rapide, 229.
ehedydd, alouette, 346.
ei, son, 326.
eiry, eira, neige, 221.
eiryoet, erioed, ariôd, jamais, 54,
81.
-ell, sufF. fém., 283.
ellyn, ellym, rasoir, 352.
elor, civière, 221 .
emrecholl, perte complète, 284.
Englont, Inglont, Angleterre, 53,
335-
ennill, ynnill, gain, 46.
ennyn, brûler, 363.
enw, eno, nom, 342.
eog, euog, saumon, 65.
epil, rejeton, descendant, 221.
estyvos, sorte de guêtres, 444.
ewig, biche, 223.
evvyllys, ewllys, volonté, 62.
feleic, prince? 284.
ffigys, figues, 56.
Fflandras ? Flandres, 56.
geiriau, girie, paroles, 80.
giach, biach, bécassine, 339.
glaif, glaive, 223.
gnawd, habituel, 374.
gogr, gogor, gwagar, crible, 51.
Griffin, 287.
guar, sur, 51 .
guiantuin, printemps, 373.
guystuiled, bètes sauvages, 339.
gwaed, gwâd, sang, 80.
gwaeth, pire, 223.
gwala, i wala, assez, 50, 222.
gwallofi, verser, 50.
gwanc, gwang, voracité, 91.
gwancus, vorace, 91.
gwasgawd, gwasgod, abri, 50.
gwasgu, serrer, 345.
gweddi, prière, 285.
gwefr, ambre, 378.
Gwefrduvr, 378.
gwelv, goela, pi. gwelyau, gwlâu,
lit,' 61, 83.
Gwener, Vénus, 46.
gwr priod, homme marié, mari,
286.
Gvvrcant, 254.
Gwy, 258.
gwyar, sang, 258.
gwydd, arbres, 85.
gwydd, sauvage, 85.
gwvd Iwdyn, bête sauvage, cerf,
85.
gwymon, gwman, goémon, 51.
gwyneb, visage, 393.
gwyr, gwr, il sait, 80.
gwyrf, gwryf, gwerydd, vierge, 59.
hacen, hagen, mais, cependant,
136.
haearn, harn, fer, 82, 83.
hagr, laid, 223.
-hau, v. a. et n., rendre, devenir
(tel),83.
haul, soleil, 61.
hebr, dit-il, 364.
helvg, saule, 222.
Henoc, 283.
hinnith, cela, ceux-là, 133.
hinnoid, cela, 133.
hinnuith, celui-b, 133.
hon yna, hona, celle-ci, 133.
hospital, hôpital, 53.
huan, soleil, 52.
hunnoid, hunnuid, celui-là, 133.
hunnuith, celle-là, 133.
hvdd,cerf, 86.
Hytherguent, 46.
-ig, suff. fém., 223.
Inniavus, 295.
Issan, 285.
Llandochau, 281, 293.
Llandrindod, 1 14.
Llan-Dyvriog, 276.
Llan Gwrust, Llanrwst, 62.
Llan-Issan, 285.
llaw, main, 393, 448.
llaweroedd, llwerodd, multitudes,
82.
lleian, linge, 65.
llewa, avaler, 349.
lleyg, laïque, 82.
lliain, linge, 65.
llith, appât, 502.
Tahlc des principaux mois étudiés
llonydd, paisible, content, 371.
lluchio, lancer, 63.
Uudedig, boueux, 128.
lluwch, amas de neige, 63.
llygadlas, qui a l'œil bleu, 134.
llvm, aigu, 352.
lovrudd, meurtrier, 448.
maccwyf, jeune homme, 223.
mael-, prince, 69.
Mainaur Pir, Manorbeer, 290.
mebydd, professeur, 249.
meddwl, pensée, 446.
melon, (la peste), jaune, 397.
Merchyr, Marcher, Mercure, 46,
59-
mewn, à l'intérieur, dedans, 393.
modfedd, pouce, mesure, 446.
morgablou, gl. asstuaria, 371.
moronen, mororen, carotte, 344.
morthwyl, marteau, 79.
munud, mynud, munyd, minute,
58.
mws, puanteur, puant, 135.
mwvd, humidité, 135.
mwyth, mou, 135.
myned, mynd, aller, 62, 221, 223.
nawn, midi, 63.
naws, disposition, 63.
nerth, force, 212.
neu, partie, verb., 222.
Noe, 374.
Nougui, 374.
nouidligi, (vaches) qui ont nouvel-
lement vêlé, 444, 445.
nus, premier lait, 446.
o, ô, 51.
o, de, 51.
-ocl, 28s.
-oedd, -o, plur., 81.
oeddwn, oddwn, j'étais, 80.
oestyr, pi. oestrys, wstrys, huître,
77-
ofn, ofon, ofan, peur, 59.
ogfaen, fruit de l'églantier, 325.
-on, 283.
onnen, frêne, 47.
orloes, orlais, horloge, 66, 67.
palu, bêcher, 371.
papurau. pura, papiers, 81.
passes, passage, 57.
paun, paon, 83.
pedrv-, quadrangùlaire ; parfait,
163.
Penrhyn, Penthryn, 356.
perth, buisson, 221.
perygl, perig, péril, 59.
posibilrvvydd, possibilité, 60.
potaes, potes, potage, 57, 66.
praidd, proie, 64.
priod, (homme) marié, (femme) lé-
gitime, 286.
priodi, pyriodi, épouser, 61.
pwrpasa, pwrpasu, pasa, pasu,
avoir l'intention, 84.
pwys, poids, 319.
pvvysel, bwysel, boisseau, 319.
Pyr, 289, 290.
pysg, poisson, 389.
rhedyn, fougère, 222.
rheng, rhenc, rang, 333.
Rhyl, 80.
rwfio, rouler, 81.
rv-, part, verb., 219.
sarug, âpre, 137.
sedd, siège, 254.
seiat, seiad, société, 84.
Sel, 284.
Selgi, 284.
sgaer, part, 64.
sgubo, balayer, 46.
stumiau, grimaces, 46.
swrn, petit espace, 1 >8.
svartrysseu, chartes, 56.
tatysen, tysan, pi. tatws, pomme de
terre, 84.
tei, maisons, 44$.
teimlo, sentir, 221 .
terfyn, terme, 260.
tlawd, tvlawd, clawd, pauvre, 61,
34o, 551.
to, toit, 167.
Trindod, Trinité, 64.
troedfedd, pied, mesure, 446.
tudet, vêtement, 443.
tudleheu, caleçon? 441, 443, 444.
Tudwal, Tudawal, 59.
twvmo, twmo, chauffer, 80.
tyno, vallée, 60.
tywyrch, motte de terre, 81.
au tome XXXV.
XI
uch, uwch, en haut, 63.
uchedydd, alouette, 346.
uchel, haut, 63, 346.
Umbrafel? 284.
veinsians, vengeance, 67.
vinegr, vineg, vinag, vinaigre, 59.
Wear, 377.
-wyn, 373.
y, yr, le, 344.
y dan, sous, 132.
ym-, 284.
y mywn, mywn, à l'intérieur, de-
dans, 393.
yna, yno, ene, là, 46, 133.
ynaeth, ynoeth, là, 133.
ynys, île ; terrain sur le bord d'une
rivière, 46, 290.
ynys Pyr, 289.
ysgarmes, sgarmes, escarmouche,
ysglatus, sglaits, ardoises, 64.
ysgol, école, 345.
ysgol, ystol, échelle, 345.
Ysgotlond, Ecosse, 335.
ysgrifennu, scrifennu, écrire, 46.
ysgub, balai, 46.
ystola, étole, 56.
Ywen, Owain, 474.
V. CoRNIQUE.
(Voir pp. 45, 47, 53, 101, 143, M6, i47> H9> 151-164, 301-305, 307),
309-316, 450-467-)
a, part, verb., 462, 463.
a, que. 463, 464.
âges cara whi, cara why, vous ai-
mer, 460.
an, le, 462.
angie, angi, angy, à eux; eux, ils,
460-462, 465.
a than, de dessous, 131.
Austole, 296.
biw, vaches, 223.
bolongeth, volonté, 449.
Bosworlas, 147, 149, 450.
Botsorn, 158.
braz, braoz, grand, 147, 155.
breze, esprit, 155.
broz, browz, ajoncs, brindilles à
brûler, 155.
caer, siège fortifié d'autorité civile,
301.
Carn Gluz, 155.
chee, à toi, toi, 459, 462, 46$.
clathva, enterrement, 371.
Coelling, 198.
Comoere, 200.
Conan, 199.
cruyth, béquille, 449.
cudden, pigeon sauvage, 163.
cuske, dormir, 456, 457.
dasserghy, datherghy, part, dath-
serghys, ressusciter, 449.
del, comme, 463.
den, homme, 299.
Dinurrin, 280.
diz, grande profondeur, 153.
Donan ? 199.
Doquinn-, 293.
drey, dry, apporter, 448.
druyth, druth, favori, 448, 449.
dup? noir, 448.
e, son ; le, lui, 460.
ellam, je puis, 466.
eve, le, lui, 461, 462.
fath, face, 449.
Geraint, Gerrans, 309.
gol-, fête, 450, 4SI.
Golent, Golant, 216.
goon, marais, 156,436.
guaintoin, printemps, 373.
Guerthour, 378.
Gwealelavellan, le champ du pom-
mier, 215.
gwern, aunes, 158.
gwr priot, homme marié, mari, 286.
XII
Table des principaux mois étudiés
Gwvthian, 285.
Hail, estuaire, endroit où les flots
marins rencontrent ceux d'un
fleuve, 294.
liai, marais, salant; pièce de terrain
d'alluvion sur le bord d'une ri-
vière; lande, bruyère, 456.
haloin, sel, 373.
Hèn-drea, 146, 154.
henna, celui-ci, 133.
honua, celle-ci, 133.
lan, centre d'autorité ecclésiastique,
301.
Lan-Alet, Lanaleth, 280, 308.
Landewednack, 312.
Landoho, Landohou, Landeho,
Lanhoho, Lanho, Lannowe, 292,
293.
Landuuithan, Lawhitton, 198.
Lanmoren, Lammoran, 296.
Lannwethnoc, Lan-Guihenoc, 294.
Lansalwys, Lanthalwys, 449.
lathve, clouer, 449.
lavalow, pommes, 215.
li déjeuner, 502»
mab-iar, poulet, 157.
me a vee, j'ai eu, 467.
me ew henwis, je suis appelé, 143,
144.
murryan, fourmi ; petite fille, 163.
mynne, vouloir ; signe du futur,
466.
neyle, nyll, eyll, l'autre, 574.
ni, nei, à nous, nous, 460, 462,
465.
noon, le marais, bas-fond maréca-
geux, lande, 215.
orna, je suis, 466.
on, agneau, 1 56.
orth, worth, o\v, owth, a, en (fai-
sant), 464.
ow, a, mon; me, moi, 459.
ow har vy, a har ve, kar ve, mon
ami, 459.
palas, bêcher, 371.
pandra el, drel, ce que peut, 465.
Parc an vern, 1 58.
Petrockshire, 304.
pith, puits, 152, 456.
plath, place, 449.
Polton, Pawton, 198.
praz,pré, 147, 154.
Pydershire, 304.
-r, passif, 467.
ra, que (optât.), 464.
ra, il fait, 464, 466, 467.
Rosmergî, 147.
Rospegh, Rospeth, le petit Ros, 153.
sorn, coin, 158.
spath, espace, 449.
tero, qu'il était, 463.
theram, j'étais, 465.
thurtam, d'auprès de moi, 465.
Toi davas, 162.
Towédnack, 314.
Trelodavas ? 162.
Tre véan, 146.
Triger, Trager, Treger, Tryger,
161, 295.
ve, vy, vi, à moi; 11101,459-461,
465.
weal, hwil, travail ; mine (travail
de mine), 151, 156.
Wedian, 285.
whi, whv, hwei, vous, 460, 465.
Winianton, Winnington, 312.
Winniavus, Winiaw, 295,296.
Winnoc, 296.
v beth ev, peth eve, sa propriété,
459-
vin, em, 0111, uni, se, 464.
vm gvlwyr, on m'appelle, 144.
yn dan, sous, 132.
vth, th-, part, verb., 463, 464.
zoer, colère, 157.
au tome XXX Y.
XIII
VI. Breton armoricain.
(Voir pp. 107, 108, 129-132, 134, 181-183, 242, 312, 318, 320, 322, 325,
327, 330, 332-334, 336-338, 340, 342-3)2, 354, 355, 37°, 43!-439> 47°,
484,489, 492, 493, 516,517, 524, 526.)
a, ô, 51.
a, de, 51 ; a i, ag i, de son, 189; a
... e, a... da, de (jour) en (jour),
504.
-a, -arï, ire pers. sing. ind. prés.,
505.
-a, 3e pers. sing. ind. prés. 184.
abarz, abarh, bac'h, dedans, dans,
26, 56.
a causs, à cause, 78 ; a gaust men
dé, a gochtë mi ma, parce qu'il
est, 183 ; a goch mi, a gochët mi,
parce que, 190: a goch të bërek?
à cause de quoi? pourquoi ? 28.
achaeson, motif, 76.
adran, derrière, 23, 189.
aegr, aigre, 70.
aegraff, aigrir, 70.
aer, (a)el, couleuvre, 22.
aer, fém. -es, héritier, 76.
aer, aer, iér, air, 7, 70.
aerion, ourlet, 475.
aes, aez, aisément, 70.
afer, affaire, 70.
afour, en foule, 3 > 1 .
Afroc, 283.
ahanëma, d'ici, 189.
ahent, ahenn(t), bœufs, 11, 176.
Ahés, 492.
-aig, -aich, 330.
aigl, aigle, 70.
-ailh, pi. ou, 481.
a indan, (ci-)dessous, 131.
-aj, suff. souvent péjoratif, 433.
akloueten, aiguillette, 326.
a kochté, à côté, 189, 190.
akr, hakr, hideux, 223.
alamahdes, alamantes, almarïdes,
aimantes, amandes, 55, 334.
Alan, Alain, 479.
Alanic, petit Alain, 479.
Alar, Aler, Eler, 475 .
alazn, halan, haleine, 79, 355.
alc'houez, ec'hloué(r), clef, 22, 24,
346.
aldoc'h hui, suivant vous, dites-
vous, 187.
Allamaign, Alamaign, Allemagne,
55,69.
alum, alun, alun, 352.
amaill, émail, 54, 70.
aman, ici, 56.
amanen, amonen, beurre, 52.
amant, amand, amende, 511.
amant, amantaff, amantifu, expier,
506 ; amantein, « amander de
prix », 511.
-amant, adv. 490.
ambuig, embûches, 54, 68.
amoric, amourette, 129, 130.
ampechaf, empêcher, 08.
ampeig, obstacle, 68.
ampire, empire, 54.
ampoeson, anpouizon, anpouzon,
poison, 26, 75.
anizé(r), temps, 23.
anaffon, anaon, âmes, 500.
ana(l), ana(r), souffle, 22, 23.
anaùet, connaître, 185.
anclinet, poussé (à croire), 507.
ander(ù), après-midi, 26.
andùilhenn, andouillenn, andouille,
503.
anëhori, de lui, 178.
anëhonn, comme cela, 24.
aneouid en des, anëoui des, il a froid,
27.
ahnë, enclume, 5.
annegarat, hanegarat, anegarat, l'ai-
mable, 132.
anon, là-bas, 189.
an re se, (ar) re-ze, er ré-zé, ceux-
là, 133.
anùér, anùîr, génisse, 5, 13, 15.
ahzë, aine, annë, là, 5, 18, 24.
Aogust, Ogust, Auguste, 478.
\l\
table des principaux mots étudiés
aon, aoun, eun, peur, u, 343, 500.
aouglhen, lavoir, 16.
apotiquaer, apothicaire, 70.
appaesaff, apaiser, 70.
apparaill, appareill, appareil, 70.
appoeaff, appuyer, 75,
appoentaff, appointer, 75.
ar, sur; ar en dé, de jour; ar me
nac'h, de toute ma force, 190 ; ar
er vri, ar vri, sur la lisière du
champ, 27, 175; ar d'ër lengn,
vers le haut, 189.
ar-, 446.
archdiagon, archdiagoun, arriagon,
archidiacre, 48.
ardran, derrière, 189.
ar dro, vers (3 heures), 189.
arem, arëm, airain, 10.
argant, harchant, argent, 325.
argoez, ar^ouez, aroez, signe, 74.
ar gorv ër sëheuu, sur la semaine,
190.
ar(hjë, anrë, de nouveau, 9, 24.
armel, armoire, 350.
anxrion, gl. atroces, 223.
arraig, rage, 6S.
arrêta, j'arrête, 505.
arù, sillon, 4, 7.
arùen, (le) chêne, 4, 172.
arvez, il considère, 446.
ascolenn, ciiarJon, 4>.
ascourn, ascouorn, pi. achkern, os,
4, 65.
asët, assez, 188.
asquipet, équipé, 54.
assaign, en-eigne. 54, 70.
assaill, arsaill, assaut, $2.
astandart, étendard, 54, 5 34.
astennet, étendu, 54.
-at, plur. collectifs, 176.
atau,atao, toujours, 14, 56, 477.
attanoc, ailé, 53.
aùé(l), vent, 23.
autramant, autremant, autrement,
55, 7»-
autrou, aouirou, seigneur, mon-
sieur, 5, 15, 494.
avaléchat, pommiers, 176.
avoka.l, avocat, 330.
awal, semblable, 6, 20-
awalc'h, assez, 51, 60, 222.
a youll mat, de bon gré, 500.
a zan, de dessous, 131.
azeit, ajeit, asseyez-vous, 18, 21.
aziar, de dessus, 21.
a zindan, a zedan, a e'idan, de des-
sous, 131.
azr, aer, er, serpent, 78.
badéent, bazëgen, bazéien, baptême,
19.
baelec, belek, prêtre, 78, 108; pi.
beleion, 13.
baetes, bettes, 5$, 70.
bam, nous étions (habituellement),
5-
bamde, chaque jour, 180.
bamnoz, bemnouz, chaque nuit,
180, 181.
banal, bala(z)n, genêt, 79.
bann, ban, je suis (habituellement),
5, 181.
bannein, chanceler, 481.
ban^t), ils sont (habituellement),
5, 181.
bara, pain, 484.
barat, tromperie, 484.
baraban, charrue moderne, 28.
baradoes, baradoz, barazoez, para-
does, paradis, 76, 79, 317, 327.
barat, fraude, 60.
Barban, Barbe, 5 5.
barbotât, bavarder, 173.
barh er, bé'r, dans le, 5, 175, 189.
barùengn, bouillir, 4, 7.
bastart, f. bastardes, bâtard, 334.
baus, baos, baoz, maos, litière qu'on
met dans la cour et da..s les che-
mins à pourrir pour taire du fu-
mier, 135 136.
baz, bad, ixuon.. 348; bac'h, pi.
bich iv, bich'ir, 13, 177.
bë, (s'iljest, 183.
bé, dans, 189.
beauselenn, bouse, 135.
bed es, bëz es, il y a, 27.
bëdik', jusqu'à, 189.
bêg'ek, bêta, benêt, 7.
bëhëm, bëhom, nous serions, 182.
bëhenn, je serais, 182.
bëhoc'h, vous seriez, 182.
bêler, cresson, 350.
bellou, buttes, 506, 507.
bë nie(s), j'ai, 183.
bemdez, bamdé, chaque jour, 54.
ben, pour (lors), 189.
au tome XXX V.
XV
Benaet, Benoît, 76.
ben bin, (pour) demain, 13, 28.
bének, quelconque, 6, 17.
ben^n, je serai, 182.
bennoez, bénédiction, 347; bennes
Toue, bénédiction de Dieu, mer-
ci, 318.
beo, béù, bihue, vif, vivement, 8,
46.
beoz, beous (war ar -), sur la rue,
dans la ca npagne, dehors, 135.
bep sëhërïn, chaque semaine, 173.
ber, bér, bir, court, 13, 151,159.
bér, bir, broche, 13, 151.
bered, bedred, cimetière, 355.
berdér, frères, 27.
Bernéan, 108.
Bernilis, 108.
Bërtonet, Bretons, 27.
berzut, burzud, berhut, miracle, 57.
bet, bët, pët, être, 5, 9, 14, 26, 173,
179-183, 186; avoir, 182, 183;
ha bë(t) mi ma, ha bëz i ma,
bien qu'il soit, 191.
bët, pët, (j'ai) été, 18, 182.
bét, monde, 9.
bëtag, jusqu'à, 189.
bëtënengn, fumer, 173.
béùahs, nourriture, 9.
béùen, lisière, bordure, 8.
bevraig, breuvage, 68.
bevan, nourrir, 136.
bezell, beadel, bouse, 136.
bëzen, j'étais (habituellement), 181.
bëz es, il y a, 18, 182.
bezez, tu es, 83.
bezo, bezou, il sera, 129, 500.
bëzoc'h, vous étiez (habituellement),
181.
bëz on pët, j'ai été, 182.
biek, bouche, 7.
biel, vielle, 336.
biëù, bouleau, 12.
bihan, petit, peu, 17, 172, 188.
bijab.men, bizabonen, taon, 21.
bilen, villain, vilain, 70.
biohn, vite, 15.
bisaig, visaig, visage, 68.
biskouec'h, bichkouec'h, jamais, 6,
21.
bitaill, bytayll, victuailles, 70.
biu, vaches, 223.
biùek, pi. biùiniëù, outil, 24, 176.
bizëù, anneau, 18.
blarïk, sou, 175 a vlatïk, d'un sou,
177.
blaveola, bleuet, 55.
blaz fal, via fal, mauvaise odeur, via
wat, bonne odeur, 19.
bleija(l), crier, 8.
bleiz, loup, 64.
bliëù, cheveux, 12.
blizien, glyzen, gluizen, année, 339.
bloaz, blâ, an, 79 ; blé, bliy, blië,
1 3 ; bloaz ha tregont, trente et un
ans, 241.
blondaff, être blond, 334.
blonec, blounhec, saindoux, 48.
blont, blond, 334.
bloupt, mou, 14.
bo, il sera, pe wo, quand il sera,
171.
boaz, coutume, 336.
boc'h, bouc; gros, 177.
bocqedou Santés Mac'harid, boquêt-
teu Margarite, bokodo Marc'ha-
rid, marguerites, 478.
boelleu, bolëù, boyaux, 26.
boesell, poesell, boisseau, 317.
boest, boîte, 75.
boetes. bettes, 55.
bok, pok, baiser, 317.
bolontez, volonté, 449.
bolot, pelote, 317.
Bon, Yvon, 474.
bonbonen, gâteau, bonbon, 177.
Bonik, Yvon, 474.
borengn, borgne, 11.
borh, boc'h, bourg, 22.
botes, souliers, 55.
botines, bottines, 55.
boued, nourriture, 372.
bougat, lessive, 15.
bougjlë, enfants, 6, 9, 15.
bouitat, donner à mangera, 173.
bouiorh, boug'ioc'h, boudioc'h,
chevreuil, 19.
boulom, mari, 28.
bour.ap, comp. bourapoc'h, agréable,
27.
Bourgoing, Bourgoign, Bourgouinn,
Bourgogne, 69, 349.
bout, bët, être, 181.
boutaill, bouteille, 70.
bouzal, sourd, 19, 22.
bow, si ! 14, 189.
XVI
Table des principaux mots étudiés
bozëù, touffes, 18.
brae, broie, 76.
brahaing, bréhaigne, 70.
Bran-, bren, brin, colline, 108.
brandelëù, béquilles, 19.
bras, braz, brawz, grand, très, 17,
i)5, 172, 173-
brat, tromperie, 60.
braù, beau, 172.
breig, trouble, 68.
brein-pezel, brein -puzul, tout à fait
pourri, 140.
Breiz, Bretagne, 64.
breman, brëman, maintenant, 5.
brënch, poitrine, 12.
brend'i, breng'i, corbeaux, 19.
brérek, brëzek, beau-frère, 18.
breuk, bruyère, 10.
breum, brouillard, 10.
breusk, brusque, 10.
brigandinou, brigandines, 334.
brigantet, brigands, 334,
Brioc, 276.
bro, brou, pays, 14, 504.
broe'h, jupe, 433 .
bron, bren, Ber-, mamelon, 108.
brout, ardent, 48.
bues, gl. bouello, 346.
bugel, bugul, bëg'ul, berger, petit
pâtre, 10, 57 ; bëg'ulés, pi. ër
vëg'ulézet, jeune bergère, 172.
bugul noz, butin, 398.
buoc'h, bioe'h, beuc'h, vache, 11,
63.
burutel, blutoir, 60.
butun, bëtënn, tabac, 10, 57.
byzvyquen, jamais (plus), 488.
cabiten, capiten, kapitenn, capitaine,
11,70, 327.
cadoer, kador, kazùir, chaise, 13,
79-
Caerahes, Kerahes, Carahais, Car-
hés, Carhaix, 492.
caereli; garell, belette, 318.
cafaf, je trouve, 83.
cagal, crotte, 60.
calloch, callouch, entier, 48.
calon, caloun, cœur, 48.
camadas, gl. habilis, 213.
camarat, camarade, 329.
cambre, toile fine. 70.
cantoell, kantol, chandelle, 79.
cantoeller, cantoller, chandelier, 79.
car, voiture, 151.
caraf, j'aime, 505.
Carbout, chaussée, 452.
carg, charge, 338.
carnel, charnier, 538.
carotes, carottes, 55.
carteron, cartouronn, quarturun,
quarteron, quart, 489.
caus, cause, 78.
cazr, kaer, ker, beau, 78.
certen, certain, 70.
certes, certes, 510, 511.
cerues, cervoise, 76.
chaing, échange, 68.
chaingus, chanjus, chanchus, cen-
chus, ceihehus, changeant, 508,
509.
chamoes, chamois, 75.
charmé, ennui, 479.
charaing, charoigun, charogne, 60,
76.
chardrenn, sardine, 12.
charons, vesce, 320.
charréat, charat, charrover, 26.
chas, chach, chiens, 22, 55.
chase, chasse, 55.
chaudouroun, chaudron, 60.
chaw, (votre) cheval, 22.
chechehgn, appuver, 6.
che^rehn, chagrin, 6.
chekengn, mâcher, 6.
chëlëùët, écoutez, 169.
chenchafT, changer, 57, 68.
clierrein, sirengn, ramasser, 22.
cherret en or, sir en our, fermez la
porte, 27.
chë(t), (ne) pas, 18.
chëteu, chëtë, voilà, 10.
cheueten, capitaine, 70.
chëzel, écuelle, 10, 18.
chibouéchat, chasser, 22.
cbibouéchour, chasseur, 22.
chich(t), cidre, 27.
chiijnarï, grenouille, 22.
chik', chut! 192.
chi'. onen, écume, 479.
chklom, nœud, 14.
chkolér, chkoulér, chkouléi, maître
d'école, 9.
choanenn, puce, 321.
choas, choix, " 5.
choaset, choisi, 75.
(7/7 tome XXXV.
ehorïjal, penser, 185.
chopinad chistr, chopina chich, verre
de vin, 27.
c'houibu. libu, fubu, moucherons,
c'houirinaden, hennissement, 321.
c'houirinat, hurunat, hennir, 37.
choum, chom, soum, rester. 538.
chparn, épines, 4, 21.
chpés, clair, 9, 2 1 .
chpinot, groseilles. 14.
chpiyen, épingle, 21.
chtal, chtal mi, comme, 3 ; chtal-
doc'h, comme vous, chtaldon,
chtaldonn, comme moi, chtalton,
comme lui, 178.
chtarn, métier (de tisserand), har-
nais, 4, 21.
chtéren, étoile, 21.
chudellad, cheulat, chëlat, écuellée,
19,25.
chuec'h, fatigué, 22.
chuiy, répandre, 22.
cigoing, cigogne, 69.
cim, cin, singe, 352.
claza, claouein, fouir, creuser, 371.
clom, nœud. 61 .
clouet, ldeut, pi. cloedou, barrière,
10.74.
coaent, coant, coent, joli, 7$.
coarch-, chanvre, \ 3 3 .
coatdou, des bois. 329.
coeff, coiffe, 73 ; koui(f) pihan,
bonnet sous la coiffe, 17.
Coetbot, 108.
Coetleu, 108.
Coetquidan. 107. 108.
coff, couff, souvenir. 48.
cogant,cougant, certain, 48.
coing, coinn, coin, 73.
Coitlouh, 108.
colcet, golc'hed. goc'hlet, couette,
matelas, 22, 3 18.
collaichou, collèges, 68.
commandamant, commandement,
55-
Commor, 276, 277.
compaignun, compagnon, 69.
compoes, compès, compos, cam-
poes, campouis, uni : (cousin)
germain, 452, 498.
cori, coun, chiens, 48.
Revue Celtique, S S XVI. — Table.
conclual'f, conclut, conclure, 306,
507.
controunenn, ver, 336.
corn, coarn, coin, corne, 63. 138.
corsen, gorzenn, roseau, 3 18.
cosni, caducité, 140.
coubl, couple, 333.
coublaff, coupler, 335.
coulât, se souvenir, 308, 309.
couffablenn, pi. coabrennou, nuage,
82.
couhat, kaouad, gahouat, accès, on-
dée, 318; goba tan, flambée, feu
de joie, 43 1 .
counge, congé, 48.
countradou, contrats, 48.
couraig, courage. 67.
courtes, cortes. courtois. 48, 7(1.
coz, couoc'h, vieux, 63.
credaff, creda, je crois, 303.
crenna, je tremble, 503.
crom, courbe, 48.
crouc, gibet, 48.
croumaf, courber, 48.
cudon, ramier, 163.
Cunan, Conan, 276.
da. à, 304: dëwonet, à aller, 171 :
de zan, (envoyer) sous (bois), 131.
da, de, ton, 36, 468-470.
daël, dispute, 38.
daes, dais, 70.
dalae, dale, 54, 70.
dalhët, retenez, 187.
dambedibedoujën ! 480.
damesel, dernesel, dimezel, demoi-
selle, 76.
dan, (quand) je vais : je viens, 186.
daoulagad, veux. 222.
daoulin, doulin, douglin, dëùlin,
genoux, 11, 1 34, 222.
daouzorn, daouzourn, daouarn.
deourn, mains, 14. 131.
dar, dalle, 331.
dam, un certain nombre, 181.
daroueden, pi. tarwed, dartre, 317.
dastum, destum, amas, assemblage,
recueil, collection; action d'amas-
ser, 138.
dastumer. celui qui amasse, recueille,
138.
dastumi, destumi, dastumein. da^-
29
Table des principaux mois étudiés
umi. destum, dachteum, amasser,
ramasser, assembler. [O, [38.
datolaham, gl. lego, s<s-
davantaig, davantag, davantage, 68.
dazrou, daerou, dareu, larmes. 78.
de ben ër bli. dans un an. i<Sg.
debocli, débauche, 78.
deboner, débonnaire, 71).
dèbrein, diebengn, giebengn, g'ie-
bengn, g'ebengn, manger, 7. 19,
27,185.
debrit, mangez, 490.
debruan, debran, debron, dibran,
démangeaison, a > 3.
déch'et, vêtements. 6. 22.
defaet. de t'ait, 7c.
dëgavet, vers, chez, 190.
dëhe, à eux. 8.
dëhofi, a lui. 1 ). 1 7<S.
dëhonn,douhonn, par là-bas. 15.
dehou, a lui. 1 3.
dei, tenez. i<S6.
dein mé, deiï(n)-më, den(n}-mëgn,
dengn. à moi. par moi, 9, 17. 2 \.
25, 186.
deit. venu. 186.
deiz. ii^v. dé, jour, 64, |S,S. 504.
dé(l), dé(l)iëù, feuilles, sing. dé-
liëuen, 2}.
delchell, drëhel; tenir. 59, icSo.
delé. deli, dette. 60.
delectationou, jouissances. 506, ^07 .
déléiet. devoir. 185.
deléour, pi. deléerion, débiteur, 60.
dëliaù, dëriaù, dëliar, feuillage, 22,
25.
dem, daim. 70.
demat, bonjour, |.88.
den, denn, homme: créature hu-
maine, 11. 156, 299.
d'en d'ias, d'en g'ias, en bas, 19.
deoch, à vous, 4 .S 7 . )}S8.
d'ëilengn, eu haut, 187.
d'er lue. en haut, 187.
dërùéchat, chênes. [72, 176.
desi, gl. acervos. ; [8.
dëskengn, apprendre, 10.
désolation, désolation, 508.
désole, désole(-toi ), 509.
déù, f. diù. deux. 172, 174, 175.
deucht(oh), savoir si ; deuchtoh mi
ma, quoiqu'il soit, lui .
dëùengn, pondre, 10.
dëùzek, douze. 18.
dëval, descendre. 172.
devéhat. dëhat, dahat. tard, 2;.
dever, devoir, 76.
devi, brûler. 1 59.
dévotion, dévotion. >OiS, ;og.
devadoh, dazoc'h, vers vous, chez
VOUS. 2), 190.
dëz.é, par là, 1 ; .
dezolet. dizolet. désole, 509.
dezuez. derwez, journée. 171.
dian evor, par cœur, ni.
diaoul. diable. 500.
dichparti, séparation, limite. [69.
dichpeut, dispute. 10.
dichputal.se disputer. 172.
Did, Marguerite, 178.
Didik, petite Marguerite. 478.
didan-douar, (un) souterrain. 151.
didanna, mettre dessous, 131.
diek, dix. 7, 1 74, 175 .
digor, digour, ouvert. 4. 17.
dihënn, éveillé. 6. 12.
dihoallet. diwolët, prenez, garde. 2(->.
dihuenët a. empêcher de. [89.
dihunët, éveillé. 6. 12.
dilënn, lundi. 12.
diliuarafi. délivrer, 60.
dimézengn. marier, 10.
dimolhe. il délirerait. 506.
dindan, didan, dedan, dindan. din-
dann. dinann, dignenn, dignèn,
sous, dessous, 1 jp- 1 ',2.
dindan. ( le) dessous, 131.
dioueret. divoeret, être privé de. 82.
direk, devant, 6.
dirolla, se débaucher. ;o6.
diskoa, épaules, 222.
diskouarn. oreilles. 222.
diùachel, diùechel, diochel, deux
ailes. 20.
diùar, jambes. 172.
diuisquatV, dévêtir. 545.
divez, hn. 545.
divlas, diblas, (peine) amère, 508.
dizoen, dizouguen, diouguen, part.
dizouguet, diouguet, apporter,
1 3] .
dleaf. je dois. 505.
dlefe, glete, devrait. 540.
dluz, dloh, dleuh, duluf truite. 1 1,
60.
doe, doue, Dieu. 487. pSN.
il it tome XXXV,.
Xtt
does, dues, serré, 74.
dohëm(p), envers nous, 10, 178.
dohengn, envers moi, 178.
dohonn, envers moi, 178.
Dohou, Tohou, 293.
domaig, doumag, dommage, 68.
Dom Alanig. le renard, 478.
donet, dont, venir, 62, 180, 186.
dongerus, dégoûtant, 52.
dor, porte, en our, pi. dorièù, 14,
130, 172.
doru, dourn, main, 14, 48.
douantér, tablier, 179.
douar, doar, terre, 82.
doucil, doulsizl, doulcil, robinet,
clepsydre, arrosoir, 441.
douguen, ha disouguen, porter et
rapporter, 131.
dour, dor, deur, eau, 11, 17, 130.
Dourduff, 447.
dousenn, douzaine, 1 1.
drai(k) pënek, quelque petite chose,
17-
drailhen, morceau, lambeau, ^04.
drask, darask, grive, 60.
drens, épines, 55.
dréù, coqueluche, 8.
dré zan dorn, en sous-main, en ca-
chette, 131.
dré-îjët, en chaleur, dévergondé,
12.
drou(k) kouk, mal à la gorge, 17.
dru, gras, ër ré zru, les gras, 172.
druoni, f. graisse, 175.
du, comp. dufoc'h, dusoc 'h ; sup.
dufa, dusa, noir, 447, 448.
dubé, pigeon pattu, 317.
duel, tuel, duhelen, robinet, 441.
duman, douman, par ici, 5, 15.
durant, drant, pendant, 26.
duvun, devine, 578.
duzleenn, « ointrole », 441-443.
dyroll, déréglé, 506.
dyufflaster, infamie, 508.
e, i, son, 13, 171, 172, 326, 469,
470.
ë, que; partie, verb., 180, 186.
é, i, que; part, verb., 13, 26, 173,
174, 180, 186.
-é, ë, il est, 9.
é, 3e pers. sing. ind. imparf., 9.
-e(a)h, noms abstraits, 8.
eau, il, 17, 19, 178.
ebarz, dans, 56.
ëbé(l), poulain, 23.
eben, f. l'autre, 222.
ëbët, aucun, 18, 23.
ec'h, huit, 8, 174 ; ec'h dé, huit
jours, 17.
-(ë)chat, plur. collectifs, 176.
echt, moisson, 7.
echten, étendre, 6,21.
édan, sous, dessous; (le) dessous,
24. 131.
ehaffn, hardiment, 500.
ehuedez, huedez, ec'houeder, alou-
eite, 346.
ehus, affreux, 8.
egile, l'autre, 222.
eil, second, 64, 374.
-ein, -enn, -ehgn, infinitifs, 12, 185.
eit, ait, allé, 8, 186.
éjoh, bœuf, 176.
el, autre, 6.
èl, al, comme, 5, 191.
ëlet, foyer, 10.
elkcnt, ak'ien, at'ien, cependant,
tout de même, 20, 187.
elma, anëma, comme ceci, 24, 187.
Elou, Elo, 475.
elsé, anësë, comme cela, ainsi, 9,
24, 187.
em, mon, 178.
-ëm, nous, 9, 10, 178.
ema, i ma, il est, 79, 182, 183 ;é
ma ret d'ein, (i) ma'tengn, il me
faut, 27, 187.
eme, ëraé, dit-il, y, 187.
en, é, i, dans, 13, 189, 504, 506,
507 ; en hou kule, 'n hou k'ëlè,
dans votre lit, 20.
en, er,in, le, lui, 13, 170, 178.
en in, oiseau, 11, 13.
endan, endan, sous, 130-132.
(ë)n d(ë)wou, (ë)n dou, il avait,-
182.
en eil ërg'ilë, l'un l'autre, 181.
enes, enez, inis, iniz, île; enez, eue-
zen, île; terrain sur le bord d'une
rivière, 46, 290.
-engn, moi, 178.
-enn, t. singulatifs, 441.
enor, honneur, 130.
\\
Table des principaux mots étudiés
ent, particule d'adverbes, 356.
entina, mettre le feu à, incendier,
159.
eu ur zemant, 'a our zëmafit, en se
lamentant, 26 ; 'n our zëval, en
descendant, 26, 172.
é oen,i wen, i wën, j'étais, 26.
eon, écume, 61.
eontr, eont, yont, pi. yontet, oncle,
27, 60, 61, 356.
or, èeur, ancre, 1 30.
Eouan, Erwan, Yves, 475.
ër c'hanërézet, ër ganërézet, les la-
veuses, 172; ër c'hiuré, le vicai-
re, ër c'hvi, le chien, ër c'huizi-
nërézet, lès cuisinières, 170; ër
Ghalëùet, ër G.ilëùet, les Gallos,
ër gliar, la jambe, ër ghou, ër
won. la taupe, erhuéc'h, la fois;
ër hués, ër huis, la truie, 172;
ër ùenn, les pierres, 173, ër
ùiac'h, la fille, 7 ; ër wam, la
mère, 171.
ër : t'iëm ër plat, le plat est chaud,
26.
ér heure, 7, 17.
-ér, on (fait), 185.
erben (in -), (à la) rencontre, 6.
erc h, neige, 221.
ère, ari, lien, 54.
erel, autre, 6.
ër g'ilë, (l'un) l'autre, 9.
erien, eillen, rebord d'un chapeau,
475-
eriù, arrivé, 6.
ermid, ermite, 330.
error, danger, 510, 511.
Erwan, Ervoan, Yves, 474.
éryenenn, pi. éryenennou, éryen,
petite source qui sort de terre
après les grosses pluies, 475.
esae, esa, essai, 79.
esae, essayer, 70.
esceilenn, gl. cortina, 45.
esmae, émoi, 76.
esmoli, diminuer, (parlant d'un
mal), 506.
espkt, exploit, 76.
esper, espoir, 76.
esquet, hesquet, ombre, 45.
-et, plur., 176.
-et inf., 506.
-et, impér. 2e pers. pi.. 184.
-ëtan, sup. du part, passé, 184, i8>
-ëtoc'h, comp. du part, passé, 184.
-ëù, -iëù, plur., 11, 17, 176.
(ë)ùë, aussi, 9.
(ë) ùes, vous avez, 180.
euffr, œuvre, 60.
Eujeni, Eugénie, 478.
euonoc, gl. spumaticus, 61.
eur(c')h, ordre religieux. 10.
euryen, bord d'une fontaine, 475.
Euzen, Eozen, etc., Yves, 473,474.
eva, ivein, boire, 46.
evit, aveit, ëùit, pour, 20, 54, 190 ;
gwec'h ëùit gwec'h, de pire en
pire, 177; ëùiJengn, ëùidonn,
ëùidon, pour moi, i78,eizon më,
18; ëùiton, pour lui, 178; (ë)ùi-
zoe'h, pour vous, 26.
euitaff, euitafu, éviter, 506, 507.
Evvin, Ewen, 108.
excludaff, exclure, 506, 507.
eyenen, petite source qui sort de
terre après les grosses pluies, 475.
ez ve, effe, ce serait, 318; ef tell, il
manque, 511.
ez, part, d'adv., 356; e feo, en vi-
vant, 318.
fae, fi, 76.
faeçon, feççon, façon, 57.
faet, fait, 70.
Faicq, petite Geneviève, 496.
faïg, faich, fâcher, 68; fachëz on, je
suis fâché, 18.
falh, pi. filch'iy, faux, 177.
tamiliaramant, familièrement, 55.
faout, il faut ; fo toe'h, que voulez-
vous? 5.
fasilamant, facilement, 55.
fasip, tout à fait semblable, 27.
fausamant, à faux, 55.
faut, fault, faout, faute, pi. fotëù, 5,
78.
feiz, foi, 64.
fenestr, frenest, fënech(t), fenêtre,
pi. fënechtëù, 7, 27, 60.
feucht, fût, 10.
fëùt. fente. 1 1.
fi d'ëm dênë, fi d'em déno, fi d'em
dero ! 479.
fiecht, fête, sorte de danse, 7.
finesa, finese, finesse, 55.
flachtët, écrasé, 27.
au tome XXXV.
KX1
fiaer, fiear, vler, puanteur, 69, 78.
fleria, puer, 350, 351 .
foi, fi ! 76.
foar, louer, fore, 15, 75; fouér
ùerc'h, foire de mars, 173.
fonap, comp. fonapoc'h, vite, 27.
forsët, forcé, forsë ma;, bien obligé,
169.
fouen, foin, 75.
fouler, foudre, 332.
fourni, furm, forme, 48.
fozel, fossé, 18.
frenesy, frenezy, frénésie, 327.
fres, conséquences (d'un procès),
70.
fresq, frais, 70.
frëvour, filleul, 27.
fured, furet, 330.
fuzuill, fusil, 57.
gac'h, talus, 22.
gae, gai, 70.
gîedery, amusement, 510.
g£eery, amusement, 510.
gaes, gass, plaisanterie, 510.
gaeus, gaeus, gai, joyeux, 511.
Gaid, Marguerite, 478.
Gai, Gallo, 175.
galant, mari, 175.
Galdu, 447.
Galdubo, 447.
gallec, français, 489.
gallout, hallout, gelet, pouvoir, 185,
322.
ganivet, canif, 318.
gant, avec, par, 299; get ër, gër,
avec le, 17, 27, 175; gêné m,
avec nous, 10, 178, gueneoch,
gënoc'h, avec vous, 186, 487.
Garit, Marguerite, 47,8.
garloskenn, darlochkienn, perce-
oreille, 340, 345.
garredon, récompense, 54.
gat, pi. g'ëzoïî, lièvre, 16, 18,
19, 172, 176.
gavr, gaor, gor, pi. gévr, g'eur, go-
ret, gorëù, chèvre, II, 20, 176.
gavrik, gorik, petite chèvre, 52.
gawlot, fourche, 20.
(g)echel, aile, 6.
g'ëlë, lit, 9, 10.
gelùengn, appeler, 6, 185.
gêner, genre, 60.
Geneuef, Genouefa, Genouefe, Ge-
neviève, 496.
Genovefaïcq, petite Geneviève, 496.
genvér, gënëuér, janvier, 20.
geou, si ! 189.
germen, gêrmin, (cousin) germai'],
70, 498.
Geruoes, Gerues, Geruais, Gelvès,
Jelvez, Chelvez, Gervais, 76,
498.
Gelvesicq, petit Gervais, 498.
geun, yeun, marais, 156.
g'i, ils, on, 178, 181, 185.
gibicer, gibecer, bourse ou po;he,
484.
gibicerenn, gibecière, 484.
g'ië, il, 178.
giz, kiz, guise, 317.
glagn, glann, klagn, rive, 317.
glas, glhas, vert, 16.
glau, glao, glo, glaw, glhaw, pluie,
16, 78.
Glaude, Claude, 318.
glenn, klerïn, genou, 1 1.
'glëùè k'ët? n'entendez-vous pas?
169.
gloan, laine, 323.
gloar, gloire, 75.
gloat, glat, royaume, 323.
gloep, gleb, glheup, mouillé, 10,
16, 136, 323; gleup-teur, ruisse-
lant, 17.
gluebour, gluebor, humidité, 130.
gluiz, gliz, rosée, 323.
gneuiff, « apparoir », 374.
gnou, évident, 374.
gnouhat, éclaircir, 374.
goagren, petite glande entre la chair
et lecuir, 321.
goal, goel, gol, mauvais; très, 6,
26.
goalen, golen, verge, 26.
goanac, espérance, 82.
goar, gouar, doux, heureux, i3_|.
goarigeh, gorg'iec'h, gord'iec'h, loi-
sir, 19.
goarnison, garnison, garnison, 323.
gobedi, copter, 527.
gobr, gopr, salaire, 322.
God, vlarguerite, 478.
Godicq, petite Marguerite, 478.
XXII
Table des principaux mots étudies
goedigenneu, gozig'enëù, boudins,
26.
golloenter, gollonder, vider, 340,
349-
golot, couvercle, 28.
gouidec, gounidec, laboureur, 48.
gonn, je sais, 322.
gortoz, attendre, 185.
gortozenn, collation, 501, 503.
gotan, à cause (de, te, de ; mi, que;,
190.
gou, taupe, 14.
gouan, hiver, 440.
gouanaj, charogne, 433.
gouchpin, gamin, 21.
goude, après ; plus de, 188, 322.
gouehan, (le) pis, (le) plus, 185.
gouer, goœre, ruisseau, 82.
gouéran, je sais, 187.
gouers, kouers, espace de temps,
gouez, sauvage, 85.
Gougerznou, 314.
gouir, il sait, 187.
gouirét, su, 187.
gouk, cou, 17.
gouk'en, col, 7.
goulé, vide, 9.
gouly, plaie, 322.
gounijon, gounivon, journaliers,
176.
gour, personne, 322.
gour-, prêt, intensif, 322.
gourc'hem eu, commandement, 322.
gourc'hemenna, je commande, 505.
gouren(n)) lutter, 11, 25, 185.
gournsiaden, hennissement, 321.
Gourvinec, 490.
goustadic, gouestadic, doucement,
322.
goût, savoir, 187.
gouzaff, gozaff, souffrir, 48, 322.
govél, gouél, forge, 20, 25.
gozik, presque, 1 37.
gracz, graece, grâce, 57.
grés, vite, abondant, 10.
gretat, promettre, 6.
groa, gra, il fait, 323.
groac'h, grac'h, vieille femme, 323.
groec, gruec, greg, femme, 323.
groign, grogner, 69.
grouos, gros, massif, 14.
gruyat, griat, gouriat, coudre, 323,
324.
gualern, galern, nord-ouest, 323.
g'uarhengn, vendre, 4.
g'ua(r)so,g'uarsou,il va longtemps,
4, 14, 23.
guéc'h, fois, 17s ; guéc'h ha (mo-
net, pën dët), tant que (d'aller ;
puisque vous allez), 191.
guela, je vois, 505.
guen, joue, 134.
guenn, guen, blanc, 134,172.
guenholon, guir(h)olon, septembre,
28.
gués, truie, 9.
guéù, sauvage, 8.
Gugust, Auguste, 478.
Guiheu (Le), 490.
g'uiniek, vinaigre, 7.
guir, vrai, 28.
guirioné, vérité, 16.
guisquaff, gwiska, vêtir, 345.
Gustik, petit Auguste, 478.
gwaz, gouec'h, pire, 6, 223.
gwalc'h, satiété, 51.
gwalc'hi, goc'hlengn, laver, 22,51,
322.
gwaremm, goarem, gorëm, garen-
ne, 10, 26, 323, 352.
gwasked, abri, 50, 322.
gwener, guinir, vendredi, 46.
gwentl, douleurs, 340.
gwez, arbres, 85.
ha, hac, et, 129, 134, 510, 511 ; ha
nitra, non plus, pas davantage;
ha rac'h, aussi, en plus, 188; ha,
est-ce que, 189.
ha, ton, 179.
hachedenes, « hachedenoise », 76.
hadhadkoann, troisième souper,
502.
hadkoann, second souper, 502.
hadlein, second déjeuner, 502.
hadvern, second dîner, 502.
haelj bel, généreux, 78.
Haeluuori, Helori, généreux prince,
170-478.
Il.iethlon, Hethlon, Aithlon, 32$.
halabarden, hallebarde, 55.
halec, saule, 222.
halikëtan, à qui mieux mieux, a
l'envi, 188.
au tome XXXV
xxni
ham, me, 1 32.
hambe/ou, j'aurai, 129, 132.
(h)ani, (h)aniy, celui, 13, 179; au-
cun, 180; machin, 28 ; haniy
b.ët, personne, 6.
hanial, « machiner », 28.
hano, hanu, nom, 342.
hantélé(r), pi iëù, chandelier, 23.
harïté(r), moitié, 23.
hanvou, purin, 14.
harha(l), abo\er, 23.
hazengn, semer, 18.
(h)azeujënn, second déjeuner, 433.
haz uezet, aie, 132.
he, hi, son (à elle), 318, 468-470.
-hé, -he, eux, 178.
hei, elle, 65.
heiz, orge, 64.
hëleur, suie, 10.
helibini, à qui mieux mieux, 83.
he nna, hennan, hinan, hennen, han-
nen, celui-ci, 5, 79, 133, 134,
179.
hennez, henez, hennés, enes, en-
neis, henneh, henéh, hanneh, ha-
niec'h, hénéc'h, hinec'h, hen-
neah, heneah, celui-là, cela, 133,
134. 179.
henoez, henoaz, henoz, cette nuit,
79-
(h)eùt, chemin, 12 ; herï(t) pras, hë
pras, grand'route, 17.
heny, hinv, personne, 508, 509.
heol, soleil, en hiaul, c'hiaoul, le
soleil, 16, 20, 170.
heritaig, héritage, 68.
Herot, Hérode, 329.
herr, élan, 325.
hervit, revit, selon, 189.
hezr, hardi, 46.
higolenn, hygoulen, pierre à aigui-
ser, 324.
hinonn, celui-là, là-bas, 179.
histor, ystoar, histoire, 79.
hivis, chemise de femme, 13.
hiziù, hiriù, hiniù, aujourd'hui, 18.
ho, hou, votre, vous, 14, 174, 175,
469, 470; hous ani, le vôtre,
hou ré, hous ré, les vôtres, 179;
hous inon, hou kenon, vous-
même, 170.
hoarhein, rire, 185.
hoary, c'hoari, jeu, 321, 484.
ho bezaff. qu'ils sont, 508.
hoc'h, houc"h, verrat, 14, 48.
hogen anas, assemblage de plusieurs
choses ; entortillement de che-
veux, 1 34, 136.
hôgenna, ramasser, faire un assem-
blage de plusieurs choses, 136.
hogos, o^os, près ; presque, 52, 136,
137; 325-
hogosic, presque, il s'en faut si peu
que rien, 137.
hoguen, houguen, hegon, hoghon,
hoghoun, mais,- cependant, néan-
moins, pourtant, 52, 136.
hoguen, baie d'aubépine, 325.
hoiarn, harn,'houarn, fer, 82.
hoiernin, hernin, -ernin, de fer, 82,
478.
holen, halén, haleû(n), sel, 11, 25,
52.
homicit, homicide, 329.
-hon, lui, 178.
honn. notre; nous, 170, 178, 179.
honna, honâ, honnan, honan, hou-
nan, honnen, celle-ci, 133, 134,
179.
honnez, lionnes, hounès, houneis,
honneh, honéh, hounec'h, celle-
là, 133, 179.
-hont,-honn, là-bas, 48, 179.
horoloig, horollog, horloge, 68.
horrubl, sup. horriblaff, orriplaff,
horrible, 57, 508, 509.
(h)ouir, sœur, 1 3.
hounonn, celle-là, là-bas, 179.
huchal, huichal, crier, 13.
huec, chuec, c'houek, doux, 321.
hutc'h, six, 174.
hueru, huero, huarù, amer, âpre, 4,
>21."
huerzin, c'hoerzin, huerhin, rire,
185, 321, 3 53-
huézek, seize, 18.
hui, vous, on, 185.
humen, humaen, humain, 70.
huoniq, soleil, 52.
huvsiguenn, pi. huisicou, gl. papu-
ias, 321.
ian, je vais, 186.
(i)chtroc'h cuit, plus de, 188.
-(i)ér, plur. 176.
iés, iéz, facile, 7, 9, 17.
lable des principaux mots étudiés
-ig3 dimin., 17.
[gnas. [gnace, 475.
il, ange. 1 3.
ilis, pi. ilijëù, église, 21. 176.
irhaig, imag, imaich, image, 68.
imparfet, imparfait, 70.
in, ir, dans le, 13.
inclination, inclination, 507.
inclinet, enclin, 506.
ind, ils, 178.
indan, indan, indan, sous, 23, 130-
132.
inëù, inean, âme, 11, 12, 20.
Ingneau, Ignéau, Igno, 475.
ingorto, dans l'attente (a, de, de) ;
en attendant (mi tei, kë nën dei,
qu'il vienne), 189, 191.
Inisian, 46.
(in) kours, à temps, de bonne heure,
tôt, 188.
ino, (pour) lors (fut.) ; (d'ici) là,
14, 189.
inorïnik' : mar a — , plus d'un sans
doute, 25.
(Hn oum, < i)n ounn, se, 186.
in oun eriù, en arrivant ; in ou(r)
lerët, en disant, 171, 175.
in(t), én(t), ils sont, 181.
intan, pi. ion, veuf, 20, 24.
întanvéz, itavés, veuve, 28.
int'iermant, ink'iermarit, enterre-
ment, 7, 19.
Iouen, Youen, Yuen. Iwân, Ivein,
Ivin, Yves, 474.
iourc'h, chevreuil, 47.
-ir, plur. ,13.
iraouk, avant, >.
isméët, ichméët, effrayé, 21.
ispairgnun, épargner, 9.
istomid ? gl. trifocalium 45.
i ta(l) keiîgn, derrière (la maison),
189.
itavés, entonnoir, 28.
Itron-Varia, Madame Marie, 173.
fudwal, 276, 277.
ivet en des, iv en des, il a bu, 27.
Ivon. Yvon, 474.
Ivona, Yvonne, 474.
Ivonaik, petite Yvonne, 474.
ivrai, ivraie, 70.
-iv, plur., 176. 177.
-izion, -ijon, plur.de noms d'agent,
. 17C1
Izoéne, Yves, 474.
Jagu, Jegu, Jacques, 282.
jardrenn, jardin, 12, 22.
Jernien, Jermin, Germain, 498.
Jermena, Jermana, Jermina, Ger-
maine, 498.
Jeun, Cheun, Yves, 474.
joa, pi. joaeou, joie, 508.
Job, Jop, Joseph, 496.
Josebie, Jobik, Jopik, petit Joseph,
496.
Josep, Jozef, Jojeb, Joseph, 496.
Joz, Jozon, Joseph, 496.
Jozefa, Jef, Chef, Jeffik,Chefik, Jo-
sèphe, 496.
Jozefin, Josefin, Jorefin, Fin, Finik,
Joséphine, 496.
juchten, robe, 453.
Judok, Joçz, Joz, Josse, 496.
kâb, capable, 82.
kaboun, chapon, 327.
kabusin, kabusenn, pi. et, capucin,
11, 327.
kac'h, pi. k'ich'i(r), k'ich'iy, chat,
I3>23, 177-
k'ac'h, avoine, 4, 7, 16, 22.
kac'het, cacare, 490.
kaer, ker, k'ér, k'ir, k'ar, ville, vil-
lage, maison, chez soi, 4, 7, 13,
16, 69, 492.
Kaergloaes, Kerloes, 491.
Kaer-Morvan, 476.
kalafati, calfater, 60.
kalander, calendrier, 54.
kalan-gouian, kalon-gouan, novem-
bre, 28.
kalet, dur, kalëd ë, c'est difficile,
169.
kaloiï, cœur, 28.
kalùé(r), pi. kelùërion, kalvijon,
charpentier, 2 |, 176.
kal(z), beaucoup, 19, 181.
kanastel, .égouttoir, v).
kanen, chant, 6.
kaneiign, laver. 12.
kanfartik, fanfaron, 494.
kani, celui, 17g.
kaneo, kaniëu, toison, 12, 60.
kannengn, chanter, 6.
kanouenn, knoen, quenéiien, pi.
kanou, kënëù. noix. 17. 60.
au tome XXXV.
XXV
kafip. pi. êù, chambre, 27.
kaol, kol, choux, 78.
kaous, pi. kaoi zëù, kaoujëù, mot,
parole, 21, 176.
kar, il aime, 8.
karantez, amour, 129.
karëhe, aimerait, voudrait, 8.
karëhem, kârëhom, nous aimerions,
184.
karëhoc'h, vous aimeriez, 184.
karëm, karom, nous aimions, 184.
kareiîgn, aimer, 183, 184.
karenn(t), ils aimeront, 184.
karen(t), ils aimaient, 184.
karëi't), kerë(t), aimé, voulu, 8, 184.
K'artëlës, Kerfulus, 5.
K'argricht, Kergrist, 5.
k'arhek, champ d'avoine, 23.
k'arhet, marcher, 7, 16.
k'arn, trémie, 4, 7.
karo, il aimera, 184.
karoc'h, vous aimiez, 184.
karrik'el, kerik'el, brouette, 26.
Karùés, Carmes, 20.
kavet, trouver, avoir, 183, 185.
kavidel, cage, 431.
kazek, pi. -enet, jument, 176.
ké, ke, ker, regret, 6, 24.
ké, car, 190.
k'ëcht, quête, 7, 10.
k'ëchténen, pl.këchtenn, châtaigne,
6, 10, 16.
kefnidenn, kaniveden, karïnézen,
araignée, 25, 54.
këgnehn, ail, 10.
kehedeull, 82.
kemënér, tailleur, 17.
këment, autant, 17; këmënt... al
ke(m)ën doue, tant..., il avait, 191;
kement-se, këmë-së, cela, 27 ; kë-
mëtrej, autant, pareille chose, 6.
këmërët, prenez, 17.
kén, kin, aussi, si, tellement, 13,
17, 177, 188; kén... kën, si...
que, 191 : k'enn meit, k'ëmeit,
seulement .pas plus de, 188.
kenderv, candêrhuë, kandarù, cou-
sin, 4, 54.
keniterv, caniterhuë, kanitarù, cou-
sine, pi. kanitarùet, 4, 54, 170.
kenëùit, si ce n'est, sans, -ùidon,
-ùidefin, sans moi, 190.
kenevé. si ce n'est, sans, 190.
kengwaz, si mauvais, 492.
këni, offrir, 185.
kënklous, aussi bien, autant; aussi
bon, 187.
k'enn, (ne) plus, 1 1.
kerïn, kehgn, dos, 12, 189.
k'é(r), k'ir, cher, coûteux ; chéri,
H. 16, 25.
kerc'heiz, héron, 346.
kërdengn, croire, 27.
kere, kereour, cordonnier, 61.
kerioh, mouches, 22.
kertri, keltri, kentri, famine, 22, 24.
Kers irawill, Qestravoil, Questre-
vouille,482.
kic, viande, kic moc'h, lard, 150,
490.
kichen, kuchen, kuchun, près, 57,
■ 58.
k'iés, chienne, 13.
k'iris, cerises, 16.
k'i(y), chien, 13, 16, 22.
k'izek, chevaux, 176.
k'ac'h, klhac'h, chercher, 16.
Klég'érek, Kléiérek, Cléguérec, 17.
klëhjar, perdrix, 12.
kleze, kleve, épée, 347.
klisia, effleurer, 3 17.
kloc'h, pi. klëc'h'i(r), cloche, 14,
23.
klnge(r), cuiller à pot, 6, 24.
klouar, frais, 1 5.
klouér, kroué, crible, 22.
knech, kenech, kreac'h, colline, 60,
344-
koahn, kouengn, souper, 433, 502.
koareiz, koraiz, koris, carême, 26,
Si.
koéhet, kouhët, tombé, 26.
kohlé terù, kohlé tarù, kolé tara,
taureau, 24.
kohoni, f. vieillesse, 175.
kok, pi. keg'iy, keg'i(r), coq, 13,
177-
komos, commencer, 15.
koms, komz, konz, causer, 24, 185.
konpern, comprendre, 27.
koùsei,f. conseil, 176.
kohsort, garçon d'honneur, 15.
kont, f. compte, 26.
kordën, pi. k'erdat, corde, 176.
korengn, de travers, II'.
korreenn, courroie, si.
XXVI
Table des principaux mots étudiés
korriganed, corrigans, lutins, 20.
korvële, corsage, 433.
korvé(r), hibou, 23.
knuéhel, tomber, 18c.
koulm, klom, kleum,colom, pigeon,
14, 15, 47, *i.
koupap, capable, habile. 28.
knursoc'h, plus tôt, de meilleure
heure, koursan, le plus tôt, 188,
189.
koutant, content (a, de), 189.
kouyon. timide, 29.
koz, vieux, anciennement, 137;
kouoc'h, 14.
krainchat, cracher avec effort, 68.
krampouez-mouzik,krampoez moue-
zik, krampoez mitaou, feuille de
cotylet ou tulot, 442.
kranpoéhen, kranpouhen, crêpe, 26.
kraz, sec, 137.
krazen, rôtie, 137.
krazeiïgn, griller, 18.
krëdo, f. credo, 175.
kréjëù, chemises, 21.
kresteiz, midi, 318.
kréù vras, très fort, 172.
kréùat, devenir fort, 9.
kreucht, croûte, 10.
kreus, creux, 1 1 .
kri, comp. krich'iso'h. cru, cruel,
13 ; kri-pacht, tout cru, (langage)
inculte et « brutal », 29.
kroc'hen, krohen, pi. kréhat, peau,
83, 176.
kros, tête d'épingle, 317.
krouéet, krouet, créé, 26.
kroués, pi. krouéjëù, croix, 21, 176.
krusëfi, f. crucifix, 175.
k'uhet, k'ëhet. cacher, 185.
k'uré, vicaire, 16.
kurust, choriste, 57, 58.
labour, travail, 169.
labourijon, travailleurs, ouvriers,
21, 176.
îac'h, (à ma) suite, 4, 22.
laez, leaz, les, leah, liëc'h, liac'h,
lait, 8, 12, 78. '
lagad, œil, 134, 468-470.
lagout, eau-de-vie, 28.
lakat, mettre, lakeit, mis, lakët,
mettez, 184.
Lan, le renard, 478.
lan bi(l), ajonc, 23.
Landegnedenoc, 294.
Landerneau, 492.
Landevennec, 312.
Lan-Dreger, Lantreger, la ville de
Tréguier, 280, 492, 494.
langaig, langage, 68.
langourus, langoreux, langoureux,
130
Lan-Uuethnoc, 294.
laosk, lâche, 63.
lar, il dit, 8.
lartik, un peu gras, 494.
lan, gl. armum, 63.
lauaret, lauarez, dire, 129.
le. veau, 6.
leal, loyal, 79.
lec'h mi, là où, 180.
lëchkel, laisser, 185.
lëg'arnal, étinceler, 4, 185.
leies, beaucoup, 65.
leignour, dîneur, 502.
lein, leiff, leign, leiïgn, le dîner;
déjeuner, 433, 501, 502.
leiniafF, leiffaff, leina, leigna, leinan,
leinein, leiniein, leignein, dîner ;
déjeuner, 501, 502.
lëjiù, lessive, 21 .
Lell, Olivier, 478.
Lellik, petit Olivier, 478.
lëmel, ôter, 185.
lenn, lire, 1 1 .
1er, pi. ion, voleur, 8, 176.
lerat, leirat, dérober, 8, 185.
lerët, dire, 8, 184; dit; vous dites;
dites, 8 ; 1ère me(ch) toc'h, je
vous ai dit, 21 ; lerë(t) tengn, di-
tes-moi, 17; 1ère, disait, 9, le-
rëhe, dirait, lero, dira, 186.
lesen, laesen, loi, 76.
lesir, loisir, 76.
letat, insulter, 16.
letu, laitue, 70.
leun, plein, 502.
leusk, envie, 10.
lévr, livr, leur, (un) livre, n, 20.
lëzu, cendre, 10.
liam, lien, 352.
lie, licq, laïque, 82.
Lid, Marguerite, 178.
Lidik, petite Marguerite, 478.
lien, étang, 7, 16.
lieiï(n), leien, liyén, toile, 25, 65.
au tome XXXV.
XXVII
liëù, lieue, 12.
lijor, espace, 130.
lioc'h, courtil, 14, 22.
lir, cuir, 13.
lis-, cour aux retranchements circu-
laires, 108.
Lis-Bron-Ewin, le lis du Mamelon
d'Ewin, 108.
lisériëù, draps de lit, 24.
lisoureguez, paresse, 130.
Lisuisonn, 109.
livriz, (lait) doux, 351.
Locsamzun, 297.
lod, lot, loud, lot, 48, 330; lo(^d)
ker, bon nombre, beaucoup, 181.
lodëvi, eau-de-vie, 436.
loes, lues, louiss, louche, 68.
log, louoj, loge, cabane, 14, 68.
logozen, souris, 18.
loigeaff, loger, 68.
loncaff, louncaff, avaler, 48.
Ion vi(l), vilaine bête, 23 ; lohnet,
animaux, 7.
loski, brûler, être ardent, 139.
lost, loacht, queue, 65.
louarn, pi. -ëù, luern, renard, 4,
176.
loue, cuiller, 6.
louenas, il a réjoui, 134.
louet, gris, 458.
Loull, Olivier, 478.
Loullik, petit Olivier, 478.
lourt, lourd, 334.
louzaouen, herbe, 455; pi. lëzëù,
lëjëù, remède, 18, 21 ; lousaouënn
Santés Mac'harid, marguerite,
plante, 478.
louzr, loer, luér, pi. lerou, lerëù,
(un) bas, 79, 176.
lovr pezell, ladre vert,, pourri de
lèpre, 140.
luc'hedenn, luvedenn, pi. luhet,
éclair, 17, 140.
lugen, brouillard, 386.
lugustr, troène, 57.
-luh, -luch, 108.
lur a lur (kog a — ), (le coq) chante
à la lurelure, 55.
lusen, brouillard, 447.
lusen, usen (leaz — ), premier lait de
la vache qui vient de vêler, 446,
447-
lutun, lutin, 57.
ma, më, mem, men, mon, me,
moi, 130, 169, 170, 178, 179;
ma hunan, më hënoiï, më binon,
moi seul, moi-même, 170, 299.
ma, il est, ma'tengn, il me faut, 26.
mabek, gendre, 7.
madëlec'h. bonté, 8.
mae, mê, mai, 78.
Maei-, Mel-, prince, 69, 78.
maen. men, mean,mehn, pi. meiïn,
mennëù, pierre, 11, 69, 78, 173.
maes, mes, champ, 69, 78; ir miés
dehors, 7.
maestr, maestr, mest(r), 60, 70.
magazu(r), nourriture, 23.
magërés, pi. ër wagërézet, nourrice,
172.
mahengnet, estropié, 11.
mailloc, bailloc, menton, 336.
malat, malade, 329.
mâles tibi denon, 479.
-ma(rO, -men, -ci; en dra man dra,
telle ou telle chose, ir léc'h ma
léc'h, en tel ou tel endroit, 5, 179.
mand.imant, mandement, 55.
manac'h, monac'h, moine, 51.
maner, manoir, 76.
maoues, moes, femme, 455.
maou(l), mauve, 23.
map, garçon, 129.
mar, ma, si; craindre (que), 192;
mar deu, s'il est, 510, 511 ; mar
bë, mar ùë, 191 ; mar ganiët, si
vous offrez, 173.
Marc'harid, Marc'haid, Margarid,
Margarit, Margueid, Mac'haid,
Margerit, Margarit, Marguerite,
478.
Marc'haridicq, Marc'haidicq, petite
Marguerite, 4^8.
Marg'ënek, Malguenac, 22.
Margot, Margodik, petite Margue-
rite, 478.
marh, mac'h, étalon, 22.
marhazijoh, marchands, 21, 176.
Marianna, Biganna, Marianne, 478.
marichal, maréchal, 47.
marinadeu, marinazëù, culottes, 26.
Marivonn, dim. -ik, Marie-Yvonne,
474-
marsé erhat, marsëhat, très proba-
blement, 27.
marv, maro, mort, 342.
XXVIII
Table des principaux mots étudiés
marvaili, merveille, 70.
masouner, maçon, 48.
mat, mad, bon, 172, 329.
Maturin, Matelin, Mathurin, 479.
Mauriç, Moricc, Mouricc, Moris,
dim. Mauricicq, Maurice, 476.
Mazeas, M;ithias, 282.
Mazeo,. Maheo, Mathieu, 282.
mé. mëgn, me, moi, 9, 20,24,178;
më, mi, que, 13, 173, 180, 191,
192.
mëché(r), pi. iëù, métier, 10, 23.
mechif, méchef, 340.
mechtohui, suivant vous, dites-vous,
187.
megin, begin, soufflet, 336.
meis, intelligence; mé, (prendre)
garde, 446.
Mëk'é(l), Michel, 23.
mëlehn, jaune, 10.
mëlin, moulin, 1 1.
melkoni, m. mélancolie, 175.
memb, miëm, même, 7, 10.
m'em boue, mëm boue, mëm bou,
j'avais, 9, 26.
memëch tra, de même, tout aussi
bien, malgré tout, 21, 188.
mempr, membre, 332.
mendem, vendange, 336.
menez, manné, montagne, 54, 431.
mëneut, minute, 10.
men-gor, chevreau, 11.
me'n hum dronp, ra'oum dronp, je
me trompe, 186.
merc, marque, 56.
merc'h, miec'h, miac'h, fille, pi.
mich'iet, 2,4,7, l&-> 23> *73-
merchoh, trèfle, 22.
meren, mern, collation, déjeuner,
dîner. 9, 433, 501-503; mern,
pâture, 158.
merenna, -nni, -nnein, prendre ce
repas, 501-503.
merion, fourmis, 22.
mcrit, melit, mérite, 22.
meritner, méritoire, 75.
mërùig', mie, 10.
messaiger, -ager, messager, 68.
mèù,miëù,f. mèùéz, ivre, 12, 177.
meut, muet, privé de raison, 10.
mëùt, bélier, 1 1.
Mewen, saint Méen, 108, 296.
niez, muids, 337.
mijat, minjat, durée d'un mois, 6,
.I3-
mil eston, mille étonnements, grand
sujet d'étonnement, 508, 509.
milioun, million. 48.
Mimi, petite Marianne, 478.
minihi, asile, 454.
mihng, tiède, 13.
min(u)s. mois, 6, 13.
miret, mirout, mirët, garder, em-
pêcher (a, de), 185, 189, 506.
missal, missel, 54.
miii(n), miting, mitengn, matin, 1 1,
moarvad, marvoad, je sais bien, 83.
moc'h, cochons, 48.
mog'ëdel, flambée, feu de joie, 431.
mog et, fumée, 17.
momm, mère, 52.
monden, moundenn, mundain,
mondaines, 70.
monet, mont, aller, 8, 180, 186,
223, 362.
mor, mounr, mer, 14, 130.
moraill, verrou, 70.
Morbihan, « petite mer », 490.
Morised, -set, -setta, dim. Morise-
dig, -etik, Mauricette, 476.
morsill, morsuill, vent brûlant, 141.
Morvan, dim. -annicq, Morvan,
Maurice, 476.
morzol, morhouol, marteau, 14, 51,
79-
motéc'h, pi. motéch'iet, servante,
15, 176.
moten, motte, butte, 330,431.
motrep, mozreb, moereb, moédreb,
tante, 354, 35 5-
mouden, motte, 330.
moues, mouest, mouésp, humide,
moite, 135, 1 36.
mouesder, humidité, 155.
mouez, puanteur, 135.
mouez, bouéc'h, voix, 75, 171, 337.
mouezus, puant, 135.
mouialh, moualc'h, mac'h,pl. mori,
merle, 22, 48, 176.
mou(r)hat, probablement, 14.
mours, excrément humain, 135.
moursouillein, brûler (par un mau-
vais vent), 141.
moursouillus, (vent) brûlant, 141.
mous, ordure, I3J-
au tome XXXV.
XXIX
mous, mouz, vesse, 135.
mouzein, « vessir », 135.
mouzér, -zour, f. -zerés, vesseur,
135-
muns, buns, muids, 336.
munud, menut, menu, 57.
muscat, muscade, 329.
muy, plus; beaucoup, très. 505;
mich'oc'h, plus, 13, 191; mi-
ch'an, (le) plus, 1 ?.
muzur, muzul, mëzul, mesure, 57,
174.
na, nag, quand même ; comme !
190, na danjér, il s'en faut de
beaucoup, 188.
nac'h, force, 4, 7, 23.
nadoez, nadoz, nazué, azué(r), ai-
guille, 15, 18, 24, 25, 28, 76, 79.
naffn, naon, naoun, nan(n), faim,
25, 61, 500.
nanndek, dix-neuf, 18.
riaw, neuf, 174.
ne, ne pas, 22, 27; ne varn, né' var-
n(a) k'ët, n'importe, 4, 184.
nebcud, peu, 504.
necesser, nécessaire, 70.
neija(l), voler, 5,8, 23.
neiz, néc'h, éc'h, pi. (n)éhiëù, nid,
24, 25, 28, 64.
nemet, nemert, si ce n'est, 344.
nenn, ciel, 12.
nefiy, non, 189.
ne pas, ne pas, 122; ne pas chet
trémen, pa chë tréma, pas par ici,
nep prêt, nepret, nepred, jamais, 141 .
nés, plus près, 133.
nëùér, nouveau, 24.
Nëùliek, Neuillac, 6.
nëzë, alors, 9.
Nëzëlek, Noël, 7, 24.
n'hou pou ket, po k'ë, vous n'aurez
pas, vous ne voulez pas? 27.
Nil, Nifeq, Yves, 473.
Nini, Eugénie, 478.
nitra, rien, 6.
niy, neveu, nich'iés, nièce, 13.
Nofaïcq, petite Geneviève, 496.
non, nord, 334.
noter, notaire, 70.
noter, notoire, 76.
n'ouéran k'ëhat, je ne le sais certes
pas, 27.
Nounn, Yvf s, 474, 478.
nuec'h, nu, 6.
o, ho, ou, leur, 14, 469, 470.
-o, -ou, fut. 3e pers. sing.. 500.
oan, oen, agneau, 15b.
-oc, 276^ '
oc h, ouc'h, de, 129.
oe'h, vous êtes, 26.
-oe'h, subst.,491.
oemantin, augmenter, 78, 326.
oeit, allé, 8.
ofis. ovis, office, 327.
off, ouff, oun, je suis, 79.
oitjnamant, onction, 55.
Olier, dim. Olyericq, Olivier, 478.
oïl, holl, ol, tout, 181, 324.
-onn, moi, 178.
onnoer, annoer, dim. onneric, gé-
nisse, 52.
oraeson, oreson, oraison, 70.
ordiner, ordinaire. 70.
ordrenaff, j'ordonne, 505.
orion, gl. oram, 47 s.
orror. orreur, horreur, 130.
orsaill, batterie, 52.
oskalen, chardon, 45.
ouë, ou, il était, 18 , 182.
ouëm, ouom, nous étions, 181.
ouens, phalange (du doigt), 12.
ounm, oum, uhn, se, 15.
ounnen, frêne, 47.
ouoc'h, vous étiez, 181.
-out, infin., 506.
outraig, outrageusement, 68.
ouz, oz, o, i, en train de, 173, 464.
pae, pe, paiement, salaire, 6, 69,
70.
paeamant, paiement, 55.
paig, pag, page, 68.
palaes, palais, 70.
palastr, emplâtre, 60.
paluc'het, pul(l)uc'het, brûlé, con-
sumé, 139.
paluhat, peluc'hat, pesseler, 139.
palubenn, peluc'hen, pesseau, 139.
palumet, (lin) desséché, brûlé, 139.
panesen, pi. panez, panais, 70, 137.
panier, panier, 4SI-
XXX
Table des principaux mots étudiés
Panëtkocht, Pentecôte, 14.
paotr, pôtr, paout, pot, pi. pautred,
potret, garçon, gars, 5, 27, 60,
78, 516, 517.
parail, pareil, 70.
pardono, qu'il pardonne) 184.
parroes, parres, paroz, parrouz, pi.
paréjëù, paroisse, 21, 75, 76, 79.
parson, curé, 4, 7.
pas, pi. pajëù, pas, 21, 176, 504.
pas, non, 122, pa chë, il ne faut
pas, 185, pa chë kal, pas beau-
coup, 181.
pasëmaiit, non seulement, 188;
-të, -mi, en plus de, de ce que,
190, 191.
pas engn, passé; passé, plus de, 185.
pater, f. pater; pi. patërëù (douar),
chiendent à chapelet, 436.
patrimoen, -mon, patrimoine, 79.
pë don,pë vahn, quand je suis, 183 ;
pendéguir, pëndëg'ui, pëndëg'u,
puisque, 190; a p'hou pehé, pë
péhe, si vous aviez, 10, 25.
pé, ou, 9.
pé', quel, 9.
pec'h, paix, 8.
péc'h, m. pi. péch'iëù, pièce, mor-
ceau ; our péc'h a baout, a ùiec'h,
un fort gars, un beau brin de fille,
f. diù béc'h, deux brins de filles ;
péhiëù in(t), c'en est, des beaux !
des belles ! 16, 176, 177.
pëchézen, -éren, pêche, 18.
pedaff, je prie, 505.
pëgëlieht, combien, 179.
pëgëment, combien, 179.
pegours, quand, 1 S7 .
pe(h)anù, quel nom, 180.
pekeni, pini, lequel, 82.
peken, combien, 179.
pel bras, pel vras, très loin, 173.
pelig', bassin, 10.
pelik'el, palette à retourner les crê-
pes, 6.
pemdek, quinze, 12 18.
pëmpet, cinquième, 174.
pen, tête, 7.
penaus, penaus, penaoz, penôs, pe-
nôz, pënaous, pënos, 63, 78, 191.
pendërben, përdëben, d'un bout à
l'autre, complètement, 27.
pengamm, qui a la tète penchée,
'34-
penmoh, pérmoc'h, prémoe'h, co-
chon, 28.
penp, penb, pem, cinq, 12, 17, 174,
'75-
pëns, puits, 12.
Penven, qui a la tète blanche, 134.
pep, peb, chaque, 173, 180.
pér, poires, 9.
përek, pourquoi, 6.
perisil, persil, 60.
perles, perles, 55.
pernerïgn, acheter, 27.
perpetualement, perpétuellement,
506, 507.
Perr, Piar, Pierre, 478.
personnaig, personnage, 68.
pés, péz, des pois, 9, 140.
pesk, pisk, poisson, 46.
pésuilliadénn, grillade de pois, 140.
pëtre? quoi? 6.
peugn : in — , suspendu, 10.
pëùik', riche, 16, 24.
pezda bez, pez-ê-bez, pièce à pièce.
par morceaux. 504.
pezel, pouézel, mou, presque pourri,
blette, 140.
pèzélat, devenir blette, 140.
pëzengn, prier, 18.
piar, quatre, 174.
piardek, quatorze, 7, 18.
Piarik, Pierric, petit Pierre, 478.
piarvet, le quatrième, 174.
piet, combien, 7, 179, 180.
pietvet, quantième, de quel rang,
'74, 179-
pihir, quand, 187.
pik', pie, 16.
pik'o(l), grand, 17, 23.
pilëtan, (il m'a) battu le plus; pilë-
toe'h, battu davantage, 184.
Pipi, petit Pierre, 478.
planedou, planètes, 330.
plenn, plat, 1 1.
plijazu(r). plaisir, 23.
pli] et, plaire, 185.
Plougonvel, 276.
plutïcc, pluek, traversin, 82.
poaza, brûler, cuire, 1 39.
poe'h, cour, 14.
poe'han, plongeon, 489.
au tome XXXV.
\X\I
poence, ponce, ponce, 68.
poenczon, poinçon, 75.
poent, pouerit, point, 12, 75.
poeson, poison, 75.
possubl, possible, 57.
potaig, podaich, potage, 68, 327.
pou-, po-, peu-, pe-, 79.
poubr, pourpre, 333.
poud, pi. pozëù, pot, 14, 48.
pouec'h, cuit, 6.
pouéj, pi. ëù, poids, 21.
pouénierîgn, peiner, 11.
pouenn, peine, 1 1.
pou(l), mare, 23.
pou(l) glhas, Pouilhas, Pouvas,
mare verte, 17.
pouot, pot, 14.
pouponel, piponel, poupée, 28.
pourc'hen, mèche, 503.
pourecg, lieu planté de poireau, 503.
pourenn, poireau, pi. pourre, 503.
pozer, f. quatre, 14, 174, 175.
pozervet, pëzervet, la quatrième,
174.
prazëù, prarëù, prés, 18.
precht, prêt, 18.
predeg, prég, prék, prezec, sermon ;
prêcher, 19, 185, 327.
preiz, proie, 64.
prënn, prunes, 12.
prehs, prince, 12.
prenù, ver, 12, 20.
pressoer, presser, pressoir, 75, 76.
prest kaer, prech ker, tout prêt, pré-
paré, 27.
pied, époux, 51.
priedelez, priadelez, mariage, 51,
286.
privilaig, -laich, privilège, 68.
promesa, promesse, 55.
puc'huillet, consumé, détruit peu à
peu, 139.
pulluc'h, brûlure, ce qui est entière-
ment consumé, 139.
pullucha, -chat, briser, réduire en
petits morceaux, consumer, 140.
pulluc'hi, brûler, consumer, 139,
140.
pulufret, brûlé, 139.
puplian, publier, 332.
puzuilla, casser, briser en mille
morceaux. 1 jo.
qavalenn, collation, 503.
qistion an tan, la question du feu,
torture, 139.
quaezour, kezour, pubes, 78.
qualan, calendes, 53.
quehit, keit, aussi longtemps, 82,
346, 347-
quenechen, tertre, 60.
ra, il fait, 505.
ra, (qui) vient, 18.
rac'h, tout, 181.
radenn, razeiîn, fougère, 11, 222.
rae, raie, 69.
raeson, raison, reson, ravson, rai-
son, 70.
raig, rage, 68.
rak, car, 190.
rai, rare, 22.
ran(n), r(h)ah, pi. raiînet, grenouille,
6, 24, 25.
Ranafroc, 283.
ranc, renc, reng, rang, 56, 333.
rancun, reacun, recun, rancu, ran-
cune, indignation ; frayeur, répu-
gnance, aversion, 137, 138.
rantëlec'h, royaume, 8.
Raoul, dim. -ic, Raoul, 476.
ré, ceux, 9 ; re nés, (mes) proches
renés, (ar)ré-nes, ceux-là, 133.
re, trop, 6.
rë, que (opt.), 184.
real, rai, cinq sous, 10.
rebeig, reproche, 68.
recht, corbeille, 7.
rechtelat, râteler, 6.
refectoer, réfectoire, 75.
respount, il répond, 48.
reucht, rude, 10.
rêvé, revit, selon, 189.
rézek, courir, 7, 9, 18.
r(h)erin, crin, 12, 24.
r(h)oula(l), rouler, 24.
R(h)ouaiï, Rennes, 24.
ribaut, f. ribaudes, ribaud, 330.
riëù(en), gelée, 12.
riezin, raisins, 7.
riforzenn, rifordênn, rifort, raifort,
. 492-.
rigol, rigol, rigole, 51.
rigor, rigueur, rigour, rigueur, 130.
rika, il doit, 184, 187.
XXN.I1
Table des principaux mots étudiés
ritual, rituel, 54.
Riwal, Rioual, 476.
Riwalt, 109.
roas, ros, il donna, 79.
roe'h, rocher, 108, 491.
rod, gl. eruginem, 48.
rodoed, roudoez, gué, 48.
Roezquoedou, 64
rogulipias, gl oliuauit, 323.
Roherman, 108.
roiant-, rouant-, roant-, raht-, roi,
8,79.
roingnenn, rogne, 69.
rok, rogue, 330.
rond, round, rond, 48.
ronset, chevaux, 176.
Ros-, 64.
Roscoff, 318.
Rosdraenen, Rostrenen, Rostren,
83,318.
rouot, roue, 14.
rozel, instrument pour étendre la
pâte des crêpes, 18.
ruijenn, rougeur, 68.
rukun, répugnance, dégoût, 137.
sadorn, sadourn, sazorn, samedi,
18, 48.
sae, se, zé, robe, 6, 69, 78.
saeson, saison, 70.
saff : a saff; en e sao, sav, sa; var
sav, sao, sa ; war zaô, debout,
506, 507.
saffroen, safran, 64.
sagrist, sakrist. sacristain, 327.
saillaff, je saute, 505 ; say, saya, il
saute, 184.
Salamun, Salaùn, Salomon, 282,
297, 479.
Salan, Dom-Salan, Alain, le re-
nard, 478.
saler, salaire, 70.
salopriaj, tas de choses, gens mal-
propres, 433.
saluJ, salut, 330.
sam, somme, 51.
Samzun, Samson, 2.82, 297.
sanell, rigole, 338.
sanndout, sans doute, probablement,
évidemment, 28.
sahsét, censément, pour ainsi dire.
28.
Santohou, 293.
sapertibidore ! 479.
sarmant, sarment de vigne, 54.
Sarphin (Bot-), 53.
saùët, saùëd, levé, 17.
scal, gl. carduum, 45.
sclom, nœud, 61.
scruitoer, scruvtouer, scritol, écri-
toire, 75, 79.
-se, -së(n), -zë, -là, 9, 179.
sec'h, sept, 8, 174.
sec'hour, sec'hor, sécheresse, 130.
sëhëtan. (cela m'a) surpris le plus,
185.
sel, chaque, tout; d'autant (plus),
180, 191.
sench, changer, 57.
senclou, sangles, 56, 332.
sënk, sucre, 12.
serch. charj, serge, 54.
seyg, sich, siège, 68.
sëùi, fraises, 10, 20.
sëùt, vaches, 11.
Sezni, 451.
sillek (grain), raboteux, 141.
Siminal, cheminée, 338.
sin-, singe, 340, 352.
sirët, ramassez, 57.
skél, échelle, 22.
skleija(l), traîner, 8.
sklotal, glousser (d'une poule qui
cherche a couver), 435.
skolaér. chkolé, niait' e d'école, 21.
skopengn, chklopengn, cracher, 28.
chkouol, école, 14.
skriù, skrouiù, écrire, 15.
skrouimpa(l), hennir, 23
so, zo, zë, (il) est, 10, 14, 18,25,
i8z, 183,488.
soingaff, je réfléchis, 68.
soliter, solitaire, 70.
Soit, Soult, 48.
somoii, saumon, 78.
son, soun, son, 47.
sonér, sonneur (de biniou), 6.
sonn, sonner (du biniou), 6.
so(rt)-së, ceci, cela, ça, 23, 179.
souben, sëben, soup , 10, 330.
souden, soudain, 70.
souot, sot, 14, 188.
Sourn (Le), coin, 158.
souzart, soldat, 1 5.
Spaign, Espagne, 69.
au tome XXX V.
kxfciii
spatulamancc, spatulomancie, 51.
speret, spirit, esprit, 129.
spoui, liège, 15.
squarlac, scarleq, écarlate, 56.
squerb, écharpe, 56, 333.
squeut, ombre, 45.
starïk, stang, étang, 333.
start, estart ? fort, 43.
stéren, stirenn, étoile, 9, 46.
stlabez, sklabez„saleté, 345.
stoup, stoub, étoupe, 329. 330.
strabuilh, frayeur subite, 482.
strabuilla, -lli, brouilLr en agitant,
troubler, 483.
stravilh, strafilh, trouble, frayeur,
grande peur, et subite, 482.
stravilha, effrayer, effarer, 482, 483.
stravilhamand, trouble, frayeur,
grande peur, et subite, 482.
stravilhus, effrayant, 482, 483.
stri bouilli, orage, tourmente, 483.
stribouilla, strabouilla, agiter (dans
l'eau), 483.
stronkaj, tas de choses, gens mal-
propres, 433.
strop, étrape, 52.
strufuilla, brouiller en agitant ;
troubler, effrayer, 483.
sugullou, traits de chevaux, 140.
suiëù, suif, 12.
suilh, zuill, brûlé, ce qui est un peu
rôti, roussi ; (vent) brûlant, 140,
141.
suilhaJur, action de rôtir, 141.
sukr kahtin, sucre candi, 334.
sul, dimanche, 137.
sulya, suilha, suilhein, souillein,
brûler, rôtir un peu, flamber, gril-
ler, passer au feu, roussir, 129,
139, 141.
sur, sur, acide, 137.
suramant, sûrement, 55.
suruguen, suluguenn, pain cuit sous
la cendre, 129, 134, 137.
synagoc, synagogue, 330.
tabès, tapis, 327.
tabut, dispute, 138.
taill, taille, 70.
talant, talent, 5.1.
talet, talengn, valoir ; ne dal ket er
boén, ta k'ë bouenn, cela ne vaut
pas la peine, 173, 185.
talier, croupe, 317.
tamm, morceau, 504, dim. tamik',
pi. -ig'ëù, 16.
tan, feu, 53.
tana, brûler, être ardent ; donner la
question par le feu; allumer; ta-
na, tani, chauffer, 139.
tangwalla, incendier, 139.
taol, tôl, coup, 98.
tar, ventre, 52.
tarnons, (le) lendemain, 4.
tarù, terù, tarn, taureau, 4, 24.
tas, tes, tas, 56.
tat, tad, pi. tatdou, tadëù, père, 11,
329.
tavarnijon, tëvarnijoh, aubergistes,
176.
techt, témoin, 7.
teil, fumier, 64, 374.
tenaillou, tenailles, 70.
tenbr, timbre, 177.
Tenou-Evel, Tenuel, 60.
tërel, jeter, 10.
terrubl, terrible, 57.
téù, gros, épais, 8.
tëvarn, auberge, 10, 174.
ti, tiy, pi. tiyi, tiyir, maison, 13,
. S°4-
tiet, langue, 6.
tigern, chef, 10 1.
tioél, tanouél, sombre, 6, 440.
tnou, trou, vallée, 60.
toc'h, tourte de pain, 14.
toem, tuem, lom, t'iëm, k'ëim,
chaud, 7, 10, 19.
toemaff, tomaff, chauffer, 78.
ton, toun, ton, 48.
toriganet, corrigans, lutins, 20,
torr, ventre, panse, 14, 32.
touchentil, des messieurs, 15.
touich-tan, touche de feu, torture,
139.
toulat, quantité, 440.
tourc'h, verrat, 47.
tourmant, tourment, 48 .
tout, tout; tou rac'h, tous, 181.
tragas, tracas, 327.
trauellou, soucis, 506, 507.
trawasët, assez, 25, 188.
treboul, il agite, 482.
treboulance, trouble (d'esprit), 482.
trccc, traescc, trez, trace, 57.
Trécesson, 109.
WXK
Table des principaux mois étudiés
Trechguoret, 317.
Trecor, Treguer, Tréguier (diocèse),
286, 295.
Trégomel (Saint-Caradec — ), 276.
Trégos, 490.
treill, treillis, 70.
tréjat, contrat de louage pour la
durée du travail agricole, 21.
tréjazour, ouvrier engagé par ce
contrat, 21.
tréma, vers, chez, 190.
trenk, aigre, 12.
tréss-plec, oreiller, chevet, 82.
Trestan, 317.
Trévelec, 490.
tri, f. ter, trois, 174.
tribuill, trubuill, trebill, trouble,
douleur, 482.
tribuiilaff, trubuillaff, trebillein, af-
fliger, persécuter, 482.
tricheboul, pompes, séductions (des
démons), 482.
tricherv, tricherie, tromperie, 482.
tricolor ! allons donc! 493.
trihorv, sorte de danse, 493, 494.
Trindet, Treindet, Trinité, 64.
triouec'h, dix-huit, 346.
tristet, tristesse, 129.
tristez, tristesse, 129.
trivet, f. tervet, troisième, 174.
trizek, treize, 7, 18.
tro en dé, tout le jour, 190.
Troae, Troe, Troie, 75.
trubuill, beaucoup, excessivement, à
faire peur, 138, 482.
trubuilla, s'épouvanter, 482.
trubuillus, affligeant, 482.
truet, pi. trueit, pied, 15, 176.
trullien, morceau, lambeau, 503,
504.
tulban, tulbénd, turuban, turban,
481.
tulban, turuban, turiban, écharpe
des gens de guerre, en guise de
baudrier, 481, 482.
tule, dule, tultre, ombilic, cotylet,
tulot, 44 [-443.
tumpa, faire tomber, 326.
tumporell, tombereau, 326.
turlebm, ébloui-sement. 4S1.
turlebannein, éblouir, 4X1.
turlubannus, (sommeil) agité, 481.
turluta, -tat, dorloter, soigner, 480.
turluter, homme indécis, 480.
turlutud, soin? 480.
turmud, remuement, fermentation
dans les esprits ; recherche bru-
yante, 483, 484.
turmuda, mouvoir, remuer ; être en
iermentation, en trouble ; recher-
cher, 484.
turubailh, choses (insignifiantes);
homme qui s'effraie sans raison,
481.
turubailhou, turibailhou, ramas ;
brimborions, fatras, 481, 482.
ut, teut, gens, 10, 15.
uet, âge, 15.
un, on, oun, our, un, 15, 175, 503,
504; our sort, le même, pareil ;
tout aussi bien, 187, 188; our
yeuc'h, beaucoup, 188; our zan-
tëlen, une dentelle, our ëzvalen,
une descente, 171, 175.
un, unan, inon(n), hënon, un
(seul); (moi) seul, (moi-)même,
13, 15, 24, 25, 299.
urz, urh, ordre, 353.
utul, utile, 57.
dur, (à) Mur, 23.
uzehuion, juifs, 474.
uzuilh, suie, 140.
va, mon, 129, 130,4^8, 470.
vacabont, -bant, vagabond, 51, 327.
vaen, vain, 70.
vaillant, vaillant, 70.
vanaeson, venaison, 54, 70.
vandangaff, ven-, vendanger, 54.
vanegloar, -gloer, vasnagloar, vaine
gloire, 5 5, 75-
vapeur, machine à vapeur, 28.
Vef, Geneviève, 496.
vëjél, vigile, 10.
venin, bénin, venim, binim, venin,
336, 5)2-
venu, flasque, 1 1.
veruen, verveine, 70.
vet, fet, vous serez, 318.
veturier, voiturier, 76.
vicaer, vicaire, 70.
victoar, victoire, 75.
viiiour, vigor, vigueur, 130.
vi(n)s, vis, 13.
voetur, voiture, 75.
tome XXXV
XXXV
volet, couvercle, y.S.
volontez, bolanté, volonté, 536;
Vona, Yvonne, 474.
Waniq, Y von, 474.
uuin. uuen, blanc, blanche. 46.
W'inwaloc. 312, 314.
\vo. (il ) sera, 1 4.
(Juorgost, [Jurgost, (12.
yac'h, neige, 7.
yachat, hiat, guérir, 130.
va dam, va am, oui dame, oui cer-
tes, 19.
yalc'h, yac'h, bourse, 22, 60.
yalc'hat, yac'hat, contenu de la
bourse, 23.
ye, oui, 6, [89.
\e, d'ië, g'ië. il, 17, 19.
yeuc'h, tas, 1 |, 1 5, 188.
yi(r), poules, 13, 23.
vminantan, le plus éminent, 47.
ynfernal, infernal, 506, 507.
vvnteiet, enterré, (..
yot, iout, bouillie, 78.
vscusin. excuser, 47.
ystiman, j'estime, 47.
vunou. vuniou, vunën, pi. deyënn,
jeûne, 12, 306, 507.
yvraignour, ivrogne, 69.
/.a, 1 qui) vient, \H.
-zan, -zen, cond. passé, irf pers.
sing. 186.
zebr, iep, (\\) mange, 27.
zoe'h, à vous. 18.
iwMft &&ztii suo^-
PB 1001 ,R5 V.35 SMC
Revue celtique
Does Not Circulate