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Full text of "Revue celtique"

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the  ppesence  of  this  Book 


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the]. m.  kelly  liBRARy 

has  Been  maôe  possiBle 

thRouqh  the  qeneRosity 


of 


Stephen  B.  Roman 

From  the  Library  of  Daniel  Binchy 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/revueceltiqu35pari 


REVUE  CELTIQUE 


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LreRARY 


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FONDÉE 

PAR 

H.     GAIDOZ 
18701885 

CONTINUÉE    PAK 

H.     D'ARBOIS     DE     JUBAINVILLE 
1886-1910 


o 


6 

& 


DIRIGEE        PAK 

J.    LOTH 

Professeur    au    Collège     de     France 

AVEC    LE    CONCOURS    DE 

G.  DOTTIN  E.  ERNAULT  J.  VENDRYES 

Doyen  de  la  Faculté  des       Professeur  à  l'Université  Chargé  de  cours 

Lettres  de  Rennes  de  Poitiers  à  l'Université  de  Paris 

ET    DE    PLUSIEURS    SAVANTS    DES    ILES    BRITANNIQUES    ET    DU    CONTINENT 


Année    1  9  1  4 .   —   Vol.    X  X  X  Y 


PARIS 

LIBRAiRIE    ANCIENNE    H.    CHAMPION 
Edouard     CHAMPION 

),    QUAI    MALAQUAIS    (6e) 
19  I.| 

Téléphone        Gobelins      28  20 


EDITEUR 


La  réduction  de  la  Revue  Celtique  dédie   ce   volume   de  la 
collection  à 

M.     ERNST     WINDISCH 

qui  accomplit  en  1914  la  soixante-dixième  année  de  son  âge. 


NOTES 

SUR    LE 

PARLER     BRETON    DE     CLÉGUÉREC 
(morbihan) 


S'il  est  banal  de  répéter  que,  derrière  la  façade  régulière  du 
vannetais  écrit,  il  y  a  la  bigarrure  pittoresque  de  tous  les  lan- 
gages parlés,  il  l'est  peut-être  moins  de  dire  que  l'observateur 
est  bien  placé  à  Pontivy  pour  le  constater  une  fois  de  plus. 
Les  citadins  n'y  parlent  guère  le  breton,  il  est  vrai  :  ils 
l'ignorent  totalement  ou  ne  l'emploient  que  d'une  façon 
incorrecte,  quand  ils  y  sont  forcés  par  le  souci  de  leurs  inté- 
rêts commerciaux  ;  mais  l'apport  bretonnant  est  sans  cesse 
renouvelé  dans  cette  ville,  point  de  jonction  de  divers  pays 
qui  lui  envoient  les  journaliers  et  les  servantes  dont  elle  a 
besoin.  Et  si  vous  allez,  par  exemple,  aux  sermons  du  Carême, 
vous  aurez  le  spectacle  assez  curieux  d'une  foule  de  femmes 
aux  coiffes  diverses  —  à  quoi  l'on  reconnaît  leurs  paroisses 
respectives  — serrées  au  pied  d'une  chaire  du  haut  de  laquelle 
un  orateur  prêche  en  un  idiome  conventionnel  que  toutes 
comprennent,  mais  que  nulle  d'entre  elles,  qu'elle  vienne  de 
Noyai,  de  Guern,  de  Cléguérec,  du  pays  de  Baud  un  peu  plus 
éloigné  ou  de  la  région  bas-vannetaise  de  Séglien-Guémené, 
ne  parle,  à  vrai  dire. 

Nous  pensions  que  cette  proximité  ou,  pour  ainsi  s'expri- 
mer, cette  présence  constante  du  territoire  linguistique  à 
explorer  devait  être  mise  à  profit,  quand  la  lecture  de  certains 
cahiers  de  vers1,   en  fixant  notre  attention   sur   le  parler  de 

i.  Le  2  mars  1912  mourait  à  Pontivy  un  ancien  instituteur,  M.  Julien 

Jouanno,  né  à  Kerfulus  en  Cléguérec  le  24  septembre  1840.  Pendant  toute 

une  période  de  son  existence  —  de    1862  à  1873  —  il  avait  pris  soin  de 

consigner  en  vers  bretons  les  faits  qui  lui  semblaient  importants  de  sa  vie 

Revue  Celtique,  XXXV.  1 


2  E.   Thibault. 

Cléguérec,  chef-lieu  de  canton  situé  à  u  km.  i  2  au  nord- 
ouest  de  Pontivy,  nous  a  donné  l'idée  d'aller  l'étudier  sur 
place,  de  compléter  et  de  classer  des  notes  déjà  prises. 

Xous  n'ignorons  pas  que  l'aire  des  phénomènes  linguistiques 
signalés  plus  loin  ne  se  laisse  pas  strictement  circonscrire, 
qu'ils  se  retrouvent  presque  tous  dans  le  pays  entier  de  Clé- 
guérec (canton  moins  Malguénac  un  peu  écarté  et  surtout  les 
paroisses  bas-vannetaises  de  Séglientt  de  Silfiac),  que  certains 
d'entre  eux  aussi  sont  communs  à  cette  région  et  aux  régions 
limitrophes  dont  les  parlers  forment  ainsi  quelques-uns  des 
anneaux  de  la  longue  chaîne  ininterrompue  des  dialectes  bre- 
tons ;  mais  nous  avons  tenu  à  signaler,  chaque  fois  que  nous 
pouvions  la  discerner,  toute  différence  entre  le  breton  de 
Cléguérec-paroisse  '  d'une  part  et  le  vannetais  littéraire  tel  qu'il 
est  établi  nommément  dans  les  ouvrages  classiques  généraux 
(Grammaire  de  MM.  Guillevic  et  Le  Goff,  irC  édition,  diction- 
naires des  mêmes  et  de  M.  Ernault)  d'autre  part  —  sans  nous 
embarrasser  d'autre  règle,  car  notre  prétention  ne  pouvait 
dépasser  celle  d'établir  un  parallèle   entre  les  deux   langages. 


PHONETIQUE 

A  part  quelques  modifications  très  légères,  la  notation  est 
celle  que  M.  Loth  a  exposée  dans  les  Annales  Je  Bretagne,  n1' 
de  janvier  1896. 

Les  voyelles  sont  i  c  a  0  11  ti  (on  français)  œ  {ai  franc.). 

privée  ou  même  de  la  vie  publique.  Ces  cahiers  de  l'excellent  homme,  qui 
n'ont  aucune  valeur  poétique,  qu'assez  peu  d'importance  documentaire. 
donnent  en  revanche  des  renseignements  précieux  sur  le  breton  de  Clégué- 
rec, qui  lui  revenait  sans  cesse  sous  la  plume,  car  il  connaissait  mal  le  van- 
netais littéraire. 

1.  11  convient  de  dire  qu'a  l'intérieur  même  de  la  commune  de  Clégué- 
rec, il  existe  des  variétés  linguistiques.  De  plus  le  parler  se  transforme  : 
sous  l'influence  grandissante  du  français,  il  perd  des  mots  :  les  jeunes  gens, 
qui  ont  beaucoup  plus  de  relatious  qu'autrefois  avec  les  autres  paroisses, 
en  admettent  les  usages  linguistiques  et  réagisseut  contre  les  particularités 
anciennes.  Ils  disent,  par  exemple,  plutôt  myçcb  que  myacb,  tille.  (Voir  plus 
loin. 1 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguêrec'  } 

Le  signe  au-dessus  de  la  voyelle  indique  la  longue,  "  la 
brève. 

souscrit  marque  l'ouverture,  .  souscrit  marque  la  ferme- 
ture. L'absence  de  signe  diacritique  marque  que  la  voyelle 
est  moyenne,  pas  assez  caractérisée  pour  être  notée  des  signes 
ouvert  ou  fermé.  L'e  sans  aucun  signe  souscrit  correspond  à  e 
franc,  dans  \e,  petit. 

Le  ~  marque  la  nasalisation  de  la  voyelle  qu'il  surmonte 
Q  —  franc,  in,  œ  —  franc.  //;/,  etc.). 

y  est  Yi  consonne  (franc,  yeux). 

w  est  Vu  consonne  (franc.  b«is). 

■w  est  Vu  consonne  (franc,  oui). 

Pour  les  consonnes,  tous  les  signes  employés  ont  la  valeur 
du  français.  A  remarquer  que  s  représente  toujours  Ys  du 
franc,  soleil  et  que  s  =  franc,  ch  dans  cheval. 

Quant  à  la  spirante  dentale  sonore,  elle  est  marquée  par  </. 
C'est  à  peu  près  le  th  communément  appelé  doux  de  l'an- 
glais. 

h  représente  une  aspiration  assez  taible  ;  h  est  donc,  par 
application  de  la  convention  suivante,  à  peu  près  semblable  à 
ch  palatal  allemand  dans  \ch,  Echo  ;  ch  est  l'aspiration  forte  (un 
peu  moins  cependant  que  ch  guttural  allemand  dans  Nac/?t, 
ch  du  gallois). 

Le  v  souscrit  marque  la  palatalisation  :  k  (prononciation 
locale  à  Pontivy  du  franc,  cœur),  g  (pron.  loc.  de  gueule),  d 
(franc.  Dieu),  t  (franc,  riens).  De"  même  on  a  représenté  par 
n  le  gn  franc,  de  grogner,  par  /,  17  mouillée  qu'on  entend 
dans  certaines  parties  de  la  France  dans  le  mot  bou/7/on.  Le 
plus  fort  degré  de  la  mouillure  et  de  la  palatalisation  peut  se 
marquer  par  la  consonne  affectée  de  „  et  suivie  de  y. 

La  petite  lettre  mise  à  droite  d'une  autre  en  haut  veut  indi- 
quer un  son  à  peine  entendu.  L'on  a  mis  entre  parenthèses 
les  lettres  qui  tombent  accidentellement  ou  facultativement,- 
et,  d'ordinaire,  entre  crochets  les  quelques  mots  ajoutés  à  un 
mot-exemple  pour  l'encadrer  et  l'expliquer  mieux. 

L'accent  tonique  est  indiqué  par  un  accent  aigu  sur  la 
voyelle  qui  le  porte;  quand  il  y  a  lieu,  un  accent  tonique 
secondaire  est  marqué  par  un  accent  grave 


4  E.   Thibault. 

Des  différences  de  notation  pour  Le  même  mot  corres- 
pondent à  des  divergences  réelles  de  prononciation  :  c'est  que 
le  mot  fut  prononcé  diversement  par  diverses  personnes  ou 
influencé  par  des  contextes  différents,  ou,  si  la  différence 
porte  spécialement  sur  un  son,  c'est  que,  d'habitude,  il  est 
intermédiaire  entre  les  deux  sons  marqués  par  les  lettres  prises 
isolément.  Parfois  les  signes  diacritiques  ont  pu  n'être  pas 
répétés  quand  il  ne  s'agissait  plus,  en  citant  un  mot,  d'il- 
lustrer directement  telle  ou  telle  modification  phonétique. 

Les  vocables  du  vannetais  littéraire  sont  écrits,  hormis  des 
cas  très  rares,  suivant  l'orthographe  ordinaire  des  derniers  livres 
classiques  de  ce  dialecte. 

Cl.  =  [parler  de]  Cléguércc. 

V.  =  Vannetais  littéraire. 

En  générai  on  ne  relèvera  que  les  cas  où  Cl.  et  V.  dif- 
férent. 

A.  —  Voyelles  et  diphtongues. 
I.  —  a. 

a  bref  (V .  e)  :  Cl.  a  tendance  à  ouvrir  IV  de  V.  au  com- 
mencement et  dans  le  corps  des  mots;  il  le  pousse  même  à  peu 
près  constamment  jusqu'à  a  devant  r.  Les  jeunes,  surtout 
dans  le  sud-est  de  la  commune,  réagissent  contre  cette  ten- 
dance qui  frappe  les  autres  Bretons  de  Pontivy  et  les  porte  à 
railler. 

gïùarhèn,  vendre;  kaeh,  avoine  ;  ar  me  loch,  après  moi  ;  myach, 
fille  ;  nacb,  force. 

kam,  trémie;  legarnaî,  étince.ler;  Iwarn,  renard;  spam,  des 
épines;  starn,  métier  [de  tisserand],  harnais;  tarn  :  V.  lerù, 
taureau  reproducteur  ;  en  tarutts,  le  lendemain  ;  ne  vam,  n'im- 
porte . 

PwarSQ,  il  y  a  longtemps;  parsô,  curé. 

arw,  sillon-;  en  ariï'eu,  le  chêne;  bariveu,  bouillir;  hibarév, 
âpre;  kandariu.  cousin;  kanitariu,  cousine. 

askern,  des  os,  etc.,  etc. 

Le  mot  ker  ou  kir  devient  lui-même  kar  parfois  dans  le  sens 


Notes  sur  le  parler  breton  de  CUguèrec.  ) 

de  village  et  toujours  en  composition   dans  les  noms  propres 
de  lieux. 

âesaived  e  pet  ber  gar-ma, 

il  a  été  élevé  dans  ce  village; 

Kargrïst,  Kergrist;  Karfeles,  Kerfulus.  [ par  K palatal  ;  noms 
de  lieux.] 

Remarque.  —  De  même  Cl.  présente  a  dans  al,  stal  :  con- 
jonction V.  èl,  comme  ; 

dans  les  formes  du    présent  d'habitude  de  bet,  être,  devant  m 
et  n, 

bân  ou  ban,  ire  pers.  sing.  ;  bam,    ire    pers.  plur.  ;  ban(t), 
3e  pers.  plur.  ; 
et  dans  la  particule  démonstrative  maÇn),  ci  : 

daman,  par  ici  ;  hinan,  celui-ci  ;  breman,  maintenant. 

aw  :  A  Cl,  ce  que  V.  écrit  au  est  généralement  une  diph- 
tongue âw  ou  âo. 

irâwk,  avant  ;  pavot,  garçon  ;  fâwt,  faute,  etc.; 

stal  mi  fâwt,  comme  il  faut. 

Remarque.  —  Quand  l'accent  ne  porte  pas  sur  la  diph- 
tongue —  devant  une  désinence  ou  en  construction  syntac- 
tique  —  la  deuxième  partie  semble  prendre  de  l'importance 
au  détriment  de  la  première  et  l'on  entend  à  peu  près  o, 

potréi,  des  garçons  ;  fotœw,  des  fautes; 

petre  jo  toch  ?  que  voulez-vous  ? 

Une  remarque  analogue  peut  être  faite  dès  à  présent  pour 
d'autres  diphtongues  qui,  devant  une  désinence,  se  réduisent 
presque  à  un  son  simple.  Cf.  plus  loin   : 

[en  in  e]  nêyj,  l'oiseau  vole, 
et  [/  ma  /]  nexjâ(J),  il  est  en  train  de  voler. 

Cl.  a  gardé  aiv  dans  : 

awtrù,  monsieur. 

â  :  Cl.  nasalise  a  dans  : 
âde,  là;  (l'on  entend  aussi  aïnt); 
à  ne,  enclume; 
mais  dit  aniver  ou  anïbir,  génisse. 
Remarques.  —  i)  L'on  dit  à  Cl. 


6  E.   Thibault. 

awal  et  non  hâval,  semblable  ; 

haniy  bel  et  non  hânîbet,  ne...  personne; 

kàiinj,  chanter,  mais  •///-  ganen,  un  chant. 

(Cette  dénasalisation  semble  générale  quand  l'accent  quitte 
la   voyelle  nasale  et  se  porte  sur  une  syllabe  assez  sonore.  Cf. 

râ,  grenouille,  plur.  rànet, 
mais  i  ma  i  sa",  il  est  en  train  de  sonner  [du  biniou j,  et  sone'r, 
sonneur  [de  biniou]  ; 

dihœn,  éveillé,  et  dihunede,  il  est  éveillé; 

ur  mis,  un  mois,  et  mijât,  [durée  d'un]  mois  ; 

kestçu,  des  châtaignes,  et  ur  gestenên,  une  châtaigne.) 

2)  11  relève  plutôt  de  l'étude  du  vocabulaire  de  signaler  : 

Cl.  tâwçl  pour  V.  tioèl,  sombre. 


0.  —  e,  œ. 

è  (V.  a  bref)  :  Souvent  là  où  V.  présente  a  bref,  Cl. 
(comme  le  bas-vannetais  et  une  partie  du  haut-vannetais)  a  ê, 
surtout  en  terminaison  ah,  ah,  al,  al,  mais  aussi  au  commen- 
cement et  dans  le  corps  des  mots. 

biskwech,  jamais; givech,  pire;  nibech,  nu;  piuech,  cuit. 

benek,  quelconque;  direk,  devant;  perek,  pourquoi  ;  Nqivlyçk, 
Neulliac  [localité]. 

(1  et  ercl,  autre  ;  kernel rel,  autant,  pareille  chose  ;  givel,  mau- 
vais, funeste. 

defaet,  vêtements;  liel,  langue. 

in  çrben,  à  la  rencontre;  eriw,  arrivé;  (g)çsel3  aile;  esten, 
étendre. 

bugele,  des  enfants;  gelwèn,  appeler;  grçtat,  promettre  ;  peli- 
kel,  palette  à  retourner  les  crêpes;  reslelat,  râteler. 

segrèn,  chagrin;  sekèn,  mâcher;  sesèn,  appuyer,  etc.,  etc. 

Cl.  dit  vf,  oui,  pétrel  quoi?  mais nitra, rien. 

A  la  fin  des  mots  Cl.  a  souvent  f  très  ouvert,  alors  que  V. 
note  ê.  Il  convient  de  remarquer  qu'il  ne  diphtongue  pas  cet 
f  final  comme  le  font  certains  parlers  vannetais. 

ke,  regret;  kloge,  cuiller  à  pot;  lice,  cuiller;  le,  veau;  pe, 
paiement,  salaire;  re,  trop  ;  se,  robe  d'enfant,  etc. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguêree.  7 

ye-ya  bref  (V.  e)  :  A  V.  ë  (disons  dès  maintenant  que  la 
règle  s'applique  à  e  et  e  brefs)  correspond  bien  d'une  façon 
générale  Cl.  yç  (par  ouverture  yà.  Voir  I.) 

i°  à  l'initiale, 

yâch,  neige;  [gwin]ye'k,  [vinjaigre  ; 

2°  après  la  plupart  des  consonnes,  notamment  b,  p,  v,  d,  I, 
m,  ih,  parfois/,  /  et  r,  qui  deviennent  palatales, 

byék,  bouche  ;  bu  pyék,  votre  bouche  ;  i  vyek,  sa  bouche  [à 
lui];  dyebçij  ou  gyebên,  manger;  dyék,  dix  (mais  triâek,  treize; 
pyardek,  quatorze,  etc.) ;  intyermât,  enterrement;  myach,  fille; 
erwyach,  la  fille;  lyén,  étang. 

Mais  cette  diphtongaison  est  restreinte,  car  elle  ne  se  fait 
guère  qu'au  commencement  des  mots.  Elle  n'a  généralement 
pas  lieu  devant  n,  non  plus  devant  r  et  s  suivis  d'une  autre 
consonne  ni  en  terminaison  : 

peu,  tête;  l'on  ne  diphtongue  pas  non  plus  dans  ar  me  lach, 
après  moi  ;  nach,  force  ; parsô,  curé  ;  ariù,  sillon  ;  barwet,  bouilli  ; 
est,  moisson;  fenest,  fenêtre;  rest,  corbeille;  test,  témoin; 
reâek,  courir;  NeâeJeJc,  Noël;  lônet,  des  animaux;  mabek, 
gendre,  etc.. 

Nota.  —  Cest  17  voyelle  qui  semble  être  intercalé  entre  la 
consonne  et  Yç  dans  fiést,  fête,  sorte  de  danse  ;  piét,  combien; 
pied  er  e?  quelle  heure  est-il  ? 

De  cette  diphtongaison  l'on  peut  rapprocher  sans  doute  la 
palatalisation  beaucoup  plus  générale  de  g,  k,  puisqu'elle  a  lieu 
constamment  devant  ë  (par  ouverture  a),  même  en  terminai- 
son : 

[/  hà  de]  garhet  [je  vais]  marcher;  lach,  avoine  ;  karti,  tré- 
mie ;  et  de  même  begek,  bêta,  benêt  ;  gufeen,  col,  etc.; 
mais   nous    aurons  à   reparier  de   ce  phénomène   au    conso- 
nantisme. 

Relevons  dès  maintenant  pour  e  et  e  brefs  soumis  aux  mêmes 
règles  : 

yes,  facile;  ir  mxes,  dehors;  er  ger,  la  maison,  le  chez  soi. 

On  dit     :  un  yer  klà,  un  air  malade, 
mais  un  er,  une  heure  (IV  étant  long). 

kesl,  quête;  myern,  même;  rxcJiu,  des  raisins;  tyciu,  chaud  ; 
mots  où  Cl.  ë  correspond  généralement  à  Y.  ë. 


S  /•:.   Thibault. 

Rk.marq.ues.  —  i)  Quelques  verbes  à  radical  en  a  ont  à 
Cl.,  sous  l'influence  de  désinences,  modifié  cet  a  en  e  à  cer- 
taines formes  de  leur  conjugaison,  quand  \'a  n'est  pas  en  syl- 
labe tonique  : 

me  lar,  je  dis;  mais  lerdt,  2e  pers.  plur.  de  l'ind.  prés,  et  de 
l'impér.j  part,  passé  ; 

min  kar,  je  l'aime;  mais  pem  behe  krrc't,  si  j'avais  voulu. 

Dans  le  verbe  Içrct,  dire,  Ton  ne  trouve  plus  Va  radical  qu'à 
la  3e  personne  singulier  de  l'indicatif  présent.  Les  formes  de 
ce  verbe  —  qui  prêtent  à  confusion  avec  celles  de  lêrât,  déro- 
ber —  sont  communes  à  Cl.  et  à  Neulliac,  mais  le  peuple 
distingue  les  deux  parlers  en  constatant  dans  celui  de  Cl.  la 
fréquence  de  Va  :  V.  ç  (voir  I.) 

2)  De  même  Cl.  a  en  e  la  3e  pers.  sing.  du  conditionnel  et 
le  pronom  suffixe  de  la  3e  pers.   plur.  :  V.  é  =  e, 

megarehe,  j'aimerais,  je  voudrais; 
dehç,  à  eux. 

3)  La  diphtongue  est  très  ouverte  dans  le  participe  passé 
Cl.  de  monet,  aller, 

eyt  ou  ayi  :  V.  oeit,  allé. 

a,)  Cl.  affecte  un  son  simple  ç  très  ouvert  à  V.  ci  dans  : 

sëch,  sept  ;  ëch,  huit  ; 

(D'ailleurs  la  terminaison  ouverte  aÇ)  réduit  V.  ci  presque  à 
un  son  simple  dans  : 

/>/f'vy\/(/),  crier  [peu  employé  à  Cl.];  )içyja(l),  voler;  skl(vjç(l), 
traîner,  etc.  Voir  I  aw,  Remarque.) 
à  ce  que  V.  écrit  parfois  ac  dans  : 

1er,  voleur  ; 
à  V.  ea  dans  : 

ehi'is,  affreux  ;  preb,  paix; 
et  le  suffixe  c(a)h, 

madelech,  bonté  ;  râtelech,  royaume,  etc.  ; 
(mais  voir  III  i  pour  le  correspondant  Cl.  de  V.  leah.*) 

e  (V.  ï)  :  Cl.  a  encore,  comme  le  bas-vannetais,  f  qui,  en 
V.,  est  passé  à  i  dans  la  terminaison  iù  =  i:i\ 

beib,   vivant;    bewen,    lisière,    bordure  ;  dreïi*y   coqueluche; 
gwew,  sauvage;  krç:ï\  tort;  te.wt  gros,  épais,  etc.  ; 
ce  qui  donne  tout  naturellement 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Clëguérec.  9 

bavas,  nourriture;  krewat,  devenir  fort,  etc. 

Ve  a  persisté  aussi  dans  : 
mçren,  goûter  de  quatre  heures;  reâek,  courir;  steren,  étoile; 
et  s'emploie  de  préférence  à  i  dans  quelques  monosyllabes  en 
.  V.  ir  et  is,  i%, 

giues,  truie  ;  per,  des  poires;  pes,  des  pois  ;  spes,  clair,  etc.  ; 
de  même  dans  : 

gule,  vide. 

Remarques.  —  i)  Pour  V.  es  initial  :  Cl.  yes  voir  plus  haut 
à  yë. 

2)  Cl.  e  est  resté  fermé,  alors  que  Y.  présente  e  =  e  muet 
dans  : 

bèt,  monde. 

3)  Cl.  affecte  un  son  simple  ('  à  V.  rte'dans 
Skoler  ou  shder,  maître  d'école  ; 

et  les  mots  analogues.  LY  tombant  souvent  dans  ces  mots  est 
remplacé  par  une  vague  semi-voyelle;  Ve  paraît  alors  diph- 
tongue : 
skule?,  maître  d'école. 

e  final  (V.  e)  :  Dans  certaines  finales  Cl.  a  fréquemment 
un  son  intermédiaire  entre  e  et  e  :  V.  é  pour  marquer  la  3e 
pers.  sing.  de  l'imparfait  de  tous  les  verbes  : 

m  cm  bive,  j'avais  ;  me  1ère,  je  disais; 
la  finale  de  la  particule  démonstrative  se,  là,  des  monosyllabes 
me  pron.  me,  moi;  pe  conjonct.  ou  et  adj.  interrog.  quel;  re, 
pron.  plur.  ceux;  (e)ù/e,  aussi; 

anese,  comme  ça;  dè(ii)me,  à  moi;  nette,  alors;  pe  paivd   0 
hibll  quel  garçon,  qui  êtes- vous  ?  er  re-ma,  ceux-ci; 
quelques  terminaisons, 

are,  de  nouveau;  bugele,  des  enfants;  eme,  dit[-il];  gelé,  lit  ; 
en  eyl  er  gile,  l'un  l'autre. 

Remarques.  —  1)  Comme  toute  la  région  de  Pontivy,  Cl. 
a  un  e  analogue  à  la  3e  pers.  sing.  de  l'indicatif  présent  de  bet, 
être, 

kl  an  e,  il  est  malade. 

2)  De  même  Cl.  forme  en  e  ou  q>  très  ouvert  les  pronoms 
suffixes  de  la  f1-'  personne  du  pluriel  que  V.  écrit  e=  e, 


ro  /••   Thibault. 

genem,  avec  nous, 

dohem,  envers  nous. 

D'ailleurs  V.  ë  en  terminaison  em  semble  être  constamment 
a  Cl.  e  ou  <r  très  ouvert  tendant  plus  ou  moins  à  o  (cf.  Cl. 
arœm  ou  drom  :  Y.  arem,  airain  ;  CX.gorem  :  V.  goarem,  garenne  ; 
Cl.  myem  :  V.  tnemb,  même;  Cl.  pem  rai  :  V.  pemb  real,  cinq 
réaux,  vingt-cinq  sous;  Cl.  [veut  ou  [yoin  :  Y.  tuent,  chaud). 
C'est  là,  sans  doute,  le  son  qu'on  trouve  à  la  ire  personne 
pluriel  de  l'imparfait  et  du  conditionnel.  Quant  à  la  2K  pers. 
plur.  de  ces  mêmes  temps,  elle  est  en  o. 

à  très  ouvert  bref  (Y .  //  ouvert)  :  Ce  son  très  ouvert  bref  œ, 
nous  l'avons  à  Cl.  non  seulement  en  terminaison  em,  mais 
généralement  dans  les  monosyllabes  ou  en  syllabe  accentuée 
là  où  V.  note  d'ordinaire  //  bref, 

brœk,  bruyère;  brœm,  brouillard  ;  bnrsk,  brusque  ;  khyt,  bar- 
rière; krœst,  croûte  ;  fœst,  fût;  glœp,  mouillé;  hysk,  envie; 
mœt,  muet,  privé  de  raison  ;  rœsl,  rude;  tœt  ou  ////,  des  gens; 
<rr(e)h,  ordre  religieux; 

daftœm,  amasser;  dispœt,  dispute;  menœt,  minute; 
et  aussi   dans   des  mots  où   il    correspond  à  autre  chose  qu'à 
V.  u, 

grès,  vite,  abondant;  heUyr.  suie;  kest,  quête;  ///  fuyn.  sus- 
pendu ;  piysk,  poisson,  etc. 

Remarques.  —  i)  Cl.  a  Le  même  son  en  fin  de  syllabe 
dans  : 

ietœ  ou  sete,  voilà. 

2)  En  syllabe  non  tonique  ou  dans  un  monosyllabe  non 
accentué  dans  la  phrase  Cl.  affaiblit  presque  en  œ  ou  e  divers 
sons  du  V.  écrit  : 

begûl,  petit  pâtre  ;  beiœn,  tabac  ;  deskèn,  apprendre  ;  deil'èn, 
pondre;  elet,  foyer;  gelé,  lit;  hehyr,  suie;  kenèn,  ail;  kestèn, 
des  châtaignes;  ledit,  cendre;  meîèn,  jaune;  iiiesér,  métier; 
ineni'ig,  mie;  pelig,  bassin  ;  sebén,  soupe;  sedél,  écuelle; 
seii'i,  "des  fraises;  lerél,  jeter;  tevâni,  auberge;  vejèl,  vigile. 

pe  pehe  pour  a  p'hu  pehe,  si  vous  aviez  ; 

er  pawl,  bagyeâçou  de  klà  ?  est-ce  que  le  garçon  est  malade  ? 

avalœiv  e  âo  ou  de.  il  v  a  des  pommes,  etc.,  etc. 


Noies  sur  le  parler  breton  de  Clégûérec.  1 1 

œ  accentué  (V.  ce)  :  Quant  à  Cl.  a-,  il  est  long  et  plutôt 
fermé  : 

bœch,  vache;  dœr,  eau;  du,  peur;  ^ar,  des  chèvres;  krcês, 
creux  ;  lœr,  (un)  livre,  etc. 

L'on  remarquera  que,  dans  gar  et  hrr,  Cl.  œ  correspond  à 
V.  é  ou  i  -f-  v. 

œ  bref  :  Devant  d  et  /  il  est  ouvert  et  bref,  suivi  d'un  court 
w.  Alors  V.  eu  représente  à  Cl.  œw  dans  : 

fœïi't,  fente;  mœivl,  bélier;  sœivt,  des  vaches,  etc.  ; 
et  dans  la  désinence  du  pluriel  : 

lut,  père  :  tadœiv,  des  pères. 

L'on  a  aussi  le  même  son  dans  : 

Cl.  incew  :  V.  inean,  âme. 

èÇV.  è)  :  A  Cl.  l'on  entend  souvent  la  nasale  de  c  alors  que 
V.  a  une  voyelle  pure  ou  du  moins  présente  diverses  graphies 
pour  la  nasale.  Ainsi  Cl.  présente  constamment  ç  :  V.  é  fermé 
long  dans  en  final  : 

ahèn(J),  des  bœufs;   dm,  homme;  dnsèn,  douzaine;  gurèn, 
lutter;  halèn,   sel;  kapitèn,   capitaine  ; 'l'en,  lire  ;  mm,  pierre  ; 
plèn,  plat;  pwen,  peine;  vèn,  flasque,  etc.,  etc.; 
mais  la  nasalisation  disparaîtra  généralement  devant  une  dési- 
nence (Voir  I  a)  : 

pwen,  peine;  pwenyçn,  peiner. 

A  côté  de  cela,  l'on  a  mènœiv,  [2,  3,  4]  pierres,  pluriel  occa- 
sionnel de  mèn,  pierre. 

L'on  dit  : 

men-gor,  chevreau, 
et  nous  verrons  (III  t)  qu'à  V.  en,  oiseau,  correspond  Cl.  in. 

Remarques.  —  1)  Cl.  ê  :  V.  e, 

raâèn,  fougère. 

2)  Cl.  è  :  V.  i, 

àkèn,  chagrin  ;  borèn,   borgne  ;  glçu   ou  Mèn,  genou    (mais 
dœwluï);kabusçn,  capucin  (plur.  kabusènet)  ;  kèn,  adv.  [ne]  plus  ; 
korèn,  de  travers  ;  mahènet,  estropié,  etc.  ; 
mais  Cl.  dit  nielin  et  non  melèn,  moulin  ; 

mitin  et  non  mitèn,  matin,  comme  à  Baud. 


\2  E    Thibault. 

3)  Cl.  è  :  V.  écrit  in,  graphie  française,  dans  : 

jardrèn,  jardin;  près,  prince  ;  lardren,  sardine,  etc. 

.|)  Cl.  è  :  Y.  (•/  dans  les  terminaisons  que  V.  écrit  ein, 
par  exemple  à  l'infinitif,  et  que  Noyai,  entre  autres  communes, 
prononce  en  : 

kanen,  laver; 
même  correspondance  dans  le  substantif 

kèn,  dos. 

5)  Cl.  è  :  V.  écrit  emdans  : 
pîp,  peb  er,  cinq,  cinq  heures; 

mais  on  dit  : 

pi'in  rai,  pem  shvit,  cinq  réaux,  cinq  écus  ; 
pemdçk,  quinze. 

6)  Cl.  è  :  V.  en  en  syllabe  radicale,  dans  : 

(h)èt,  chemin;  prew,  ver;  pwlt,  point;  trek,  aigre;  wês, 
phalange  (du  doigt). 

7)  Cl.  è  :  V.  écrit  an  ou  ean  dans  : 
nèn,  ciel  ;  r(Jj)èn,  crin. 

Pour  le  correspondant  Cl.  de  V.  inean,  voir  plus  haut  œ 
bref. 

(V  nasalise.  A  Cl.  l'on  a  la  nasale  de  œ  (cf.  français  //;/) 
dans  : 

brà'i,  poitrine;  dihcèn,  éveillé  (mais  dihunei)',  dilœn,  lundi; 
drœjet,  en  chaleur,  dévergondé;  hlœjar,  perdrix;  pfœn,  des 
prunes;  pœs,  puits;  sœk,  sucre;  yœn,  jeûne,  etc. 

III.  —  i. 

ï'il'  (V.  nu)  :  Cl.  semble  présenter  constamment  Pw3  alors 
que  V.  offre  êù  en  terminaison   : 

[kwçt]  biew,  bouleau;  blieiv,  des  cheveux  ;  kaniew,  toison; 
li'w,  lieue  ;  miew,  ivre  ;  ri'û[cn],  gelée  ;  swVïb,  suif,  etc. 

Remarque.  — A  V.  r,  écrit  ea,  correspond  de  même  Cl. 
Xe  ou  /"  dans  :  . 

li'ch  ou  li*ch,  lait. 

i  (V.  (')  :  Cl.  a  i  à  la  fin  de  quelques  mots  généralement 
monosyllabiques,  alors  que  V.  présente  d'habitude  é  ou  h  : 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  13 

i,  particule  verbale  et  conjonction  :  que,  possessif  :  son, 
prépos.  dans,  et  ses  composés  in,  ir;  mi,  conjonct.  que;  anwir, 
génisse;  bir,  broche,  et  même  adj.  court;  bli-y,  année;  i  hà 
d'er  gir,  je  vais  à  la  maison,  chez  moi;  il,  ange;  in,  oiseau; 
kaâiuir,  chaise;  kir-,  cher,  coûteux;  lir,  cuir;  Qj)wir,  sœur; 
et  surtout  dans  certains  pluriels, 

bibir,  des  bâtons;  kegi(r\),  des  coqs  ;  kihir,  des  chats  ;  tiyîÇr), 
des  maisons;  yir,  des  poules,  etc. 

Remarques.  —  1)  Dans  le  mot  bli>',  par  exemple,  ïi  est 
bien  l'aboutissant  de  é  très  fermé,  puisque  l'on  dit  encore  ble 
dans  les  expressions  toutes  faites, 

ur  ble  so,  il  v  a  un  an  ; 

er  ble(a)-ma,  cette  année-(ci). 

L'on  entend  aussi  loin  dans  l'expression  pléonastique 

ben  bin  cnvach,  pour  demain  ; 
et  de  même 

kin,  aussi  (comparatif). 

2)  Vi  terminant  le  mot  est  généralement  prolongé  par  une 
sorte  d'^(6'?):  (Ji)aniy,  celui;  li>,  maison  ;  er  bli'\  l'année; 

et  peut-être  même  parfois  par  une  très  légère  aspiration  qui 
expliquerait  le  féminin  de  ni?,  neveu  :  nihxés,  le  comparatif  de 
kri,  crû,  cruel  :  krihyoch;    mais  le  féminin    de   ki,  chien,  est 

hyis. 

3)  Cl.  réduit  à  i  le  Y.  ni  dans  : 

er  mihà,  le  plus;  niihoch,  plus. 

Il  est  vrai  qu'il  dit  en  revanche  hibisal  pour  V.  bûchai,  crier. 

-|)  Cl.  a  i  dans  : 

inù,  un  ; 
et  dans  le  pronom  infixe  de  la  y  pers.  sing.  masc.  :  V.  en,  er, 

min  kar,  je  l'aime. 

ï  :  L'on  entend  à  Cl.  ï  (peut-être  suivi  de  n  ou  d'une  sorte 
de  g)  dans  : 

mï(n)s,  mois  ;  er  mis  erel,  le  mois  prochain  (mais  ur  mi"- 
jal,  la  durée  d'un  mois);  ining,  tiède; 
mais  Yi  semble  pur  dans  : 

hivis,  chemise  de  femme; 

vi(n)s,  vis. 


i  i  E.   Thibault. 

IV.  —  (>,  u  (iv,  iv). 

o,  u  (Y.  <.))  :  Cl.  a  tendance  à  fermer  encore  davantage  Yo 
fermé  long  de  V.  Devant  la  plupart  des  consonnes  cet  o  se 
diphtongue  curieusement  (■//"  ou  m?)  et  parfois  arrive  presque 
à  u  en  fin  de  syllabe  et  devant  r  : 

hoch,  verrat  ;  kloch,  cloche;  pçch,  cour; 

blu°t,  mou;  gru°s,  gros,  massif;  ku°ch,  vieux;  lu°j,  cabane 
[de  sabotier];  morhuH,  marteau;  mu(r)hat,  probablement; 
pu°t,  pot  ;  ru°t,  roue;  su°t,  sot;  sku°l,  école. 

hâvu,  purin;  bôw,  particule  affirmative  :  si  ;brç  ou  bru,  pays; 
gu,  taupe;  gwcfsç  ou  gwarsu,  il  y  a  longtemps. 

digur  en  ur,  la  porte  est  ouverte  ;  mûr,  mer;  fur,  panse. 

Khmarquk.  —  Là  encore,  en  syllabe  non  tonique,  la  diph- 
tongue revient  vers  la  voyelle  simple  :  er  poâœûf,  les  pots  ;  en 
doryqsw,  les  portes,  etc. 

{)  bref  :  L'c»  ouvert  et  bref  à  V.  l'est  aussi  à  Cl. 

dçrn,  main  (mais  plur.  deûrn);  lyçch,  courtil;  loch,  tourte 
de  pain. 

Parfois  le  son  de  cet  o  se  rapproche  un  peu  de  db  plus  ou 
moins  ouvert  devant  /;,  ch  ;  ;//  : 

dlçh  ou  dlœh,  truite  ;yœch,  tas;  klom  ou  klœm,  pigeon m,sklçm, 
nœud. 

Remarques.  —  i)  A  Cl.  les  formes  de  la  conjugaison  de 
/'(•/,  être,  ne  sont  pas  allées  jusqu'à  //  comme  en  V.  ;  elles  sont 
en  o  souvent  très  ouvert,  quand  l'accent  tonique  ne  l'affecte 
pas.  (Voir  le  dernier  exemple  de  IL/'  très  ouvert  bref,  Remarque 

2.) 

me  (/;',  je  suis;  /;/*'  wç,  je  serai. 

De  même  Cl.  dit  : 

/v//  inç,  pour  lors  ; 
et  garde  Yo  bref  des  mots  comme 

Pàlekost,  Pentecôte. 

Cependant  l'adjectif  possessif  est  à  la  2e  pers.  plur.  bit,  votre, 
et  à  la  3e  pers.  plur.  //,  leur. 

2)  Cl.  dit   : 

poâer,  quatre,  féminin. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  CUguérec  1 3 

3)  Cl.  0  :  V.  an  dans  : 
komos,  commencer. 

4)  Cl.  0  :  V.  a  dans  : 

motech,  servante  ;  Spinot,  des  groseilles. 

u  (V.  //)  :  Cl.  u  :  V.  11  dans   : 

ur,  un,  le  (article);  um  ou  um  et  un,  particule  réfléchie; 

awlru,  monsieur;  bîigat,  lessive;  bugele,  des  enfants;  sudart, 
soldat  ; 
et  même  : 

iûsentil  (malgré  tœt,  gens),  des  messieurs,  etc. 

Remarques.  —    1)  Cl.  dit  : 

daman,  par  ici;  mais  dede,par  là;  dehôn  ou  duhon,  par  là-bas. 

2)  Cl.  dit  : 

skriviw  :  V.  skriit,  écrire. 

0  :  Cl.  0  :  V.  an  dans  : 

beleyô,  des  prêtres  ;  Zjj'à",  vite;  kôsort,  garçon  d'honneur  ; 

il  10,  un. 

Remarques.  ■ —  1)  Cl.,  ainsi  qu'une  grande  partie  du  ter- 
ritoire vannetais,  termine  en  ô  le  pronom  suffixe  delà  3e  pers. 
du  sing.  masc.  Alors  Cl.  ô  :  V.  o(it), 

dehô  :  V.  dehou,  à  lui. 

2)  Pour  le  reste,  sauf  réserve  faite  à  I  â,  Remarque  sur  la 
dénasalisation,  l'usage  de  Cl.  coïncide  avec  celui  de  V. 

•iv,  iv  :  Nous  retrouverons  w,  w  au  consonantisme.  Disons, 
dès  à  présent,  que  V.  écrit  les  diphtongues  oa,  oé,  oné,  oui. 
Cl.  dit  généralement  wa,  zve,  wi  comme  dans: 

klwar,  frais  ;  fzyer,  foire;  spiui,  liège,  etc; 
parfois  we  dans  : 

Irwet,  pied  ; 

\eriw  e  in\  ïuçl,  [il  est  arrivé  en  |  âge  ; 

aâibe,  aiguille  ;  amber^  génisse,  ^etc. 

(Cf.  pour  cette  dernière  prononciation  comme  assourdie  la 
corresDondance  de  V.  uà  Cl.  œ.  Voir  II  et  aussi  plus  haut  IV 
de  xnrh,  tas;  klom,  pigeon,  etc.). 


[6  E.    Thibault. 

B.  —  Consonnes. 

Il  est  quelques  faits,  —  que  l'on  trouve  d'ailleurs  isolément 
dans  beaucoup  d'autres  parties  du  territoire  vannetais,  — 
dont  l'ensemble  domine  le  consonantisme  de  Cl.  et  lui 
assigne  une  forme  générale  . 

I.  Ainsi  la  plupart  des  consonnes  précédant  certaines 
voyelles  de  la  série  palatale  se  joignent  intimement,  pour  ainsi 
dire,  avec  elles,  la  langue  s'appuyant  au  palais  pendant  l'ar- 
ticulation. Il  en  résulte  les  phénomènes  que  nous  avons  déjà 
rencontrés  (Voir  A  II,  xç-xa  l'rcf.)  : 

a)  de  ce  qu'on  pourrait  appeler  l'iotacisation  intervenant 
après  certaines  consonnes  pour  diphtonguer  parfois  les 
voyelles  brèves  e,  e,  e  et  a  développement  de  V .  ç  en  ye,  xç,  \y  et 
ya.  Assez  peu  étendu,  ce  phénomène  est  pourtant  caracté- 
ristique de  Cl.  parmi  les  autres  parlers  de  la  région  de 
Pontivy.  Il  a  déjà  été  relevé  au  vocalisme.  S'y  reporter  pour 
les  exemples  (Voir  A  II,  yè-ya  bref.); 

/')  de  la  mouillure  affectant  l  surtout  dans  les  combinaisons 
gl,   bl,    kl  devant  e,  e,  e,  œ,  //,  même  a, 

Ixén  ou  l(x)çn,  étang;  mais  on  dit  letat,  insulter; 

awglen,  lavoir  ;  glqzp,  mouillé  ;  re  hlœp,  trop  mouillé; 

klach  ou  klach,  chercher  ;  /  hà  de  glach,  je  vais  chercher  ; 
glas  ou  glas,  vert;  glaw  ou  glaw,  pluie; 

f)  delà  palatalisation  proprement  dite  affectant  h,  chtx  sur- 
tout g,  k  à  peu  près  constamment  devante,  ç,  e  et  a  développe- 
ment de  V.  ç,  <r,  /',  //,  quand  les  voyelles  palatales  ne  sont 
pas  suivies  de  m  ou  de  n.  Le  k,  g  est  aussi  très  palatalisé  dans 
la  terminaison  ik,  ig, 

niiljxrl,  des  filles  ;  pefoyœw,  des  pièces. 

er  chyi,  le  chien;  i  ta  chyawl,  le  soleil  vient. 

gùfo,  des  lièvres;  er  ger3  la  maison,  le  chez  soi;  re  gir,  trop 
cher  ;  gwiryone,  vérité  ;  i  hâ  de  garket,  je  vais  marcher. 

kcslni,  deschâtaignes;  farts  i  des  cerises;  knrç,  vicaire;  feach, 
avoine. 

peivik,  riche; pifr,  pie;  un  tamife,  un  petit  morceau,  un  peu 
(pi.  lamigivïi1)  ;  etc.,  etc. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  17 

Remarques.  —  1)  Cependant  Cl.  ne  palatalise  le  g  ni  dans 
get,  ni  dans  les  combinaisons  de  cette  préposition  avec  le  pro- 
nom, ni  dans  les   pluriels  en gœib  autres    que  ceux   en 

igqew,  ni  dans  le  mot  digçr,  ouvert. 

k  n'est  pas  palatalise  devant  la  terminaison  ϕb  du  pluriel  ; 
il  ne  l'est  pas  non  plus  dans  ke,  regret;  kemener,  tailleur  ;  kement, 
autant  ;  kemeret,  prenez  ;  ken  ou  kin,  aussi  ;  kenœiu,  des  noix,  etc. 

(Dans  les  cinq  derniers  mots  Ye  est  suivi,  en  effet,  de  m  ou 
de  m.) 

Il   l'est  dans  : 

piW),  grand. 

/;  n'est  pas  palatalise  dans  : 

hthet,  des  éclairs. 

2)  Dans  le  mot  Klegerek,  Cléguérec,  le  g  s'est  confondu  avec 
y  et  l'on  entend  Kleyerek.  De  même  nwgçt,  tumée,  se  rap- 
proche parfois  de  moyet  ;  /w(/)  glas,  mare  verte,  a  donné 
Pidyas,  Puyas  [nom  de  lieu]. 

On  relèverait  peut-être  le  même  phénomène  dans  le  suf- 
fixe ig  suivi  d'une  désinence  et  c'est  sans  doute  par  suite  d'une 
confusion  analogue,  mais  agissant  en  sens  inverse,  que  le  corres- 
pondant Cl.  de  Y.  eau,  il,  est  devenu  ye,  dye,  gye. 

II.  Il  y  a  à  CL,  comme  ailleurs,  assimilation  —  comme 
fusion  —  entre  eux  des  sons  juxtaposés  : 

la  consonne  forte  devenant  douce  devant  une  voyelle, 
la  consonne  faible  devenant  forte  après  une  autre  consonne 
forte, 

pèp,  mais  pm  çr  ;  nlâk,  mais  pè(p)  vlâh  :  cinq,  cinq  heures, 
cinq  sous  ; 

saïùeT,  levé,  mais  saïbeo  çch,  vous  êtes  levé  ;  dçij,  à  moi, 
mais  hre(f)  rèn,  dites-moi;  uœr,  eau,  mais  glœp-Tœr,  ruisse- 
lant ; 

Bihà,  petit,  mais  kwi(f)  vihâ,  bonnet  sous  la  coiffe  ;  Bras, 
grand,  mais  hê  (/)  ou  hc  vras,  grand  route; 

yes,  facile,  mais  ye&  e,  c'est  facile; 

Benek,  quelconque,  mais  drai(Jz)  ?enek,  quelque  petite  chose; 
Guk,  gorge,  maisûfra(£)  Kuk,  mal  à  la  gorge;  etc.,  etc.; 

mais  on  dit  à  Cl.  : 

ech  De,  huit  jours  (et  non  pas  eih  Te). 

Revue  Celtique,  XXXV,  2. 


iS  /:.    Thibault. 

D'ailleurs  la  règle  n'est  pas  absolue.  L'on  dit,  par  exemple  : 

de  se(t)  Dài  ebet,  il  n'y  a  personne, 

presr  c,  c'est  prêt;  etc. 

Remarque. —  Il  arrive  qu'une  forme  occasionnelle  détrône 
la  forme  primitive  originelle.  C'est  ainsi  qu'on  va  jusqu'à  dire 
-  par  fausse  analogie,  sans  doute,  zvec[tnen  i]  çch  pet  ?  où 
avez-vous  été  ?  et  en  généralisant,  — 

klâ  we  Ft'/,  il  fut  malade; 

beâ  c  pet  sitdarl,  il  a  été  soldat. 

Ces  remarques  générales  faites,  l'on  peut  relever  dans  le 
parler  de  Cl .  les  particularités    suivantes  sur  les    consonnes  : 

d  —  â  intervocalique  —  ~. 

Cl.  a,  d'une  façon  constante,  à  intervocalique  à  l'intérieur 
des  mots  ou,  en  construction  syntactique,  à  l'intérieur  d'une 
phrase,  là  où  V.  présente  d  ou,  d'autres  tois,  ~.  Pour  pronon- 
cer ce  â  la  langue  reste  en  arrière  des  dents  ;  cela  est  vrai  sur- 
tout du  d  qui  correspond  à  V.  %  et  qui  sonne  parfois,  surtout 
chez  les  enfants,  presque  comme  r  ou  n.  (Cf.  Cl.  hiïtiw, 
aujourd'hui  :  V.  hiriit,  hiuiù;  praâcew ou  prarœw,  des  prés;  cr 
suhœ  ma  da  ou  ra,  la  semaine  qui  vient,  prochaine;  a?âe  ou 
a>iie,  là.)  Il  semble  bien  aussi  aller  de  temps  en  temps  jusqu'à  ^. 

aâwer,  aiguille  ;  bodeew,  des  tourîes;  gedo,  des  lièvres;  haden, 
semer;  logoden,  souris;  pedèy,  prier.;  praâœw,  des  prés  ;  rectçk, 
courir;  sadorn,  samedi;  iectçl,  écuelle. 

bed  es,  il  v  a  ;  eycbn  me,  pour  moi  ;  faseâ  ou,  je  suis  fâché  ; 
mal  bras  e  âoeh,  il  est  grand  temps  pour  vous;  pe  fotehe  âçch, 
si  vous  vouliez  ;  et  même  me  do,  je  suis. 

aâeyt,  asseyez- vous;  bidqeiù,  anneau;  fodrl,  tossé  ;  kradeu, 
griller;  leâœw,  remède;  rodel,  instrument  à  étendre  la  pâte  des 
crêpes. 

Remarqua.  —  i)  L'on  dit  : 

dœwâeh,  douze;  tridek,  treize;  bweâek,  seize;  mais  pyardçk, 
quatorze;  pemdek,  quinze;  tià"dek,  dix-neuf  ; 

car,  en  effet,  le  d  n'est  pas  ici  intervocalique. 

2)  Les  formes  Cl.  brectek  :  V.  bréreg,  beau-frère  et  peseren 
ou  peseâemV .  peche\en,  pèche  [fruit],  témoignent  sans  doute  du 
flottement  entre  r.  ./  et  occasionnellement  ;. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Clêguèrec.  19 

3)  Nous  retrouverons  très  fréquemment  ce  <f  (parfois  0Pro" 
venant  du  /  (d)  au  chapitre  des  mutations. 

4)  Surtout  en  syllabe  non  accentuée,  il  arrive  que  le  d 
intervocalique  tombe  complètement  : 

sœlat  :  V.  chitdellad,  écuellée  ; 

ya  am  :  V.  la  dam,  oui  dame,  oui  certes. 

Comparer  aussi  Cl.  prêg  ou  prêk  à  V.  predeg,  sermon. 

En  revanche  d  et  d  persistent  à  Cl.  dans  des  mots  où  ils 
ont  disparu  en  V. 

budal,  sourd;  brandelqew,  béquilles;  bredi,  corbeaux;  et, 
peut-être,  dimeâèn,  marier  (dans  certaines  chansons). 

5)  ^  final  peut  tomber  : 

\de  se]  kal  :  V.  \nen  des  chet]  kal%,  [il  n'y  en  a  pas]  beau- 
coup ; 

surtout  en  construction  syntactique  : 

via  fal,  via  wal  :  V.  bla^  fal  ...,  mauvaise  odeur,  bonne 
odeur. 

4(i)-iQ)-[gh-h-ch]. 

Le  d  palatalisé  se  confond  parfois  avec  ,i,r, 

brèdi  ou  bregi,  des  corbeaux  ; 

d'en  dyas  ou  d'en  gyas,  en   bas. 

La  forme  geben  s'est  même  substituée  à  dyebèn,  manger, 
et  le  verbe  se  conjugue  régulièrement  sur  cette  nouvelle 
forme. 

V.  goarigeh,  loisir,  est  à  Cl.  gorgyçch  ou  gordyech. 

(Remarques.  —  1)  Nous  avons  vu  plus  haut  que  g,  entre 
deux  voyelles,  pouvait  par  occasion  se  changer  en  y.  En 
revanche  et  de  même,  ainsi  que  nous  le  disions,  que  Cl. 
emploie  dye,  gye  pour  V.  eau, 

il  dit  aussi  badegen  ou  badeyen  pour  V.  badéenl,  baptême; 

Imgyoch  ou  budyoch  (V.  boiiiorh),  chevreuil. 

2)  Nous  verrons  au  chapitre  des  mutations  que,  dans 
certaines  positions,  le  g  non  palatalisé  devient  spécialement 
guttural, 

er  ghat,  le  lièvre.) 

De  même  k  arrive  à  ne  plus  guère  se  distinguer  de /,  surtout 
devant  e, 

tyem  ou  feyem,  chaud;  infxrnuàt  ou  ink\rnnàf,  enterre- 
ment ; 


20  }•'..    'Thibault. 

a^yen  ou  atyen,  cependant,  tout  de  même. 

Rhmarq.ues.  -     r)  Cl.  ne  connaît  que  la  forme  : 

toriganet  :  V.  korriganed,  korrigans,  lutins. 

2)  Au  chapitre  des  mutations  nous  verrons  que  le  k  initial 
se  change  parfois  en  ch  qui,  pâlatalisé,  tend  un  peu  vers  s. 
Ce  ch,  nous  le  rencontrerons  lors  même  que  /;  est  étymo- 
logique danscertaines  constructions  syntactiques  : 

i  la  chyawl,  le  soleil  vient. 

De  plus  signalons  dès  à  présent  l'aspirée  /.'  se  plaçant 
devant  la  voyelle  dans  certains  cas.   Cf.  l'expression 

iiicij  me  ncuô  :  V.  mé  me  muni,  moi  tout  seul,  moi-même. 

v  — /  —  w  — w. 

Cl.  a  parfois  à  l'intérieur  des  mots  entre  voyelles  la  bila- 
biale  w  ouiù,  là  où  V.  écrit  v, 

ûwal,  semblable;  ewit,  pour;  sewi,  des  fraises;  etc. 

Re.marq.ues.  —  1)  Cl.  a  Viu  (//  consonne)  entre  voyelle 
et  /  dans  : 

gawlot,  fourche; 

Yïu  entre  r  et  voyelle  dans  : 

Karwes,  Carmes  [nom  propre  de  lieu]. 

L'influence  de  w(w) explique  aisément  les  contractions  actu- 
elles : 

Cl.  gwel  :  \'.  govél,  forge;  Cl.  gor,  plur.  gœr  :  Y  gavr,  pi. 
géur,  chèvre;  Cl.  lœr  :  V  leur  ou  livr,  [un]  livre. 

En  revanche,  dans  Cl.  genewer  :  Y.  genvér,  janvier,  un  <■  est 
venu  appuyer  le  ïv. 

De  plus,  Cl.  dit  : 

h%vu  :  V.  anho,  purin. 

2)  Pour  ces  mêmes  consonnes  en  construction  svntactique, 
voir  le  chapitre  des  mutations.  Disons  dès  maintenant 
que  Cl.  a  souvent  /,  w,  w  là  où  V.  a  uniformément  v. 

3)  Le  w  final,  tombé  à  V.  après  une  nasale,  l'est  aussi  en 
général  à  Cl.  et  ne  reparait  pas  toujours  devant  une  dési- 
nence.   Ex..  : 

iu là,  veut,  pi.  intàyô. 
Cependant  l'on  dit  : 
inœw,  âme  ;  prèib,  ver. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  21 

j 

Le  groupe  V.  %i  est  à  Cl.  y  (généralement  après  e  et  /)  : 
ilijœû',  des  églises;  krejœw,  des  chemises;  hwejœw,  des 
croix;  laburijÔ,  des  ouvriers;  lejiw,  lessive;  marhaâijo,  des 
marchands;  parefœw,  des  paroisses;  //r/af  et  Irejadur,  con- 
trat de  louage  pour  la  durée  du  travail  agricole  et  l'ouvrier 
engagé  par  ce  contrat;  etc.,  etc. 

Remarques.  —  1)  L'on  dit  aussi   (en    dehors  du    groupe 

S)! 

a  bajœiï)  bras, à  grands  pas;  kawjœw  ou  kaw%œw,  des  paroles  ; 

pwej,  poids,  plur.  pwejœw; 

mais  l'on  dit  : 

a%iar  ou  aâiar,  de  dessus,  mutation  de  diar. 

2)  Il  arrive  que,  d'une  façon  générale,  le  j  prenne  la  place 
du  â  intervocalique.  L'on  entend  : 

ajeyt  ou  adeyt,  asseyez-vous  ; 
bijabonen  ou  bidabonen,  taon  ; 
lejœw  ou  Icâœii',  remède. 

3)  Le  groupe  ~/  se  présente  le  plus  souvent  dans  les  plu- 
riels et  précédant  les  désinences  eu  et  on  ;  donc  les  formes 
V.  i~ieit  et  i~ion  sont  à  Cl.  ijœïv  et  ijo.  (Voir  formation  du  plu- 
riel.) 

s,  s. 

Cl.  suit  l'usage  général  et  prononce  s  (alors  que  V.  écrit 
s)  devant  p,  1 .  Il  fait  de  même  souvent  devant  h  : 

spam,  des  épines  ;  spes,  clair  ;  spiyen,  épingle  ;  guspin, 
gamin . 

starn,  métier  [de  tisserand];  stçren,  étoile  ;  estent,  étendre. 

mêmes  Ira,  de  même. 

(L'on  peut  même  entendre  —  en  construction  syntac- 
tique  —  1ère  mes  loch,  je  vous  ai  dit,  remplaçant  l'ordinaire 
Jere  me  tochï) 

biskwech    ou    biskwech,    jamais  ;   skolç  :    V.    skolaér,   maître 
d'école  ; 
et  —  mais  rarement  — 

isméel  pour  ismêet,  effrayé. 


2  2  /-.'.    Thibault. 

D'ailleurs  sh  a  fait  presque  toujours  place  devant  e,  i  et  ni 
à  s, 

siirch,   fatigué  ;  sinà,  grenouille  ;  swiy,  répandre  ; 
(l'on  dit  pourtant  skel,  échelle)  ; 

en  construction  svntactique  aussi.  Par   conséquent    les   tour- 
nures 

n'en  des  ket,  ne  hues  kel,  il  n'a  pas,  vous  n'avez  pas, 

et  d'autres  analogues  sont  devenues  : 

nen  de  set,  ne  ibt  set,  etc. 

Remarques.  —  i)  Pour  les  cas  où  /,  en  construction  svn- 
tactique, devient  s,  voir  mutations  : 

hu  saii',  votre  cheval  ; 

bu  sardrên,  votre  jardin. 

2)  Par  généralisation,  sans  doute,  Cl.  dit  en  toutes  posi- 
tions : 

tibwçsat,  chasser;  tibwesûr,  chasseur. 

Disons,  par  occasion,  que  Cl.  a   : 

sirèy  (V.  cherreiri),  ramasser, 
et  prononce  sas  le  pluriel  de  foi,  chien,  que  V  écrit  chas. 

I,    r. 

Cl.  confond  assez  souvent  ces  deux  consonnes,  emploie 
l'une  pour  l'autre  ou  les  deux  concurremment, 

(a)el  :  V.  aer,  couleuvre;  Inidal,  sourd  ;  rai,  rare. 

keryô,  des  mouches  ;  krwç  :  V.  khuer,  crible  ;  Margenek, 
Malguenac  (localité];  meriô,  trèfle  ;  meryô,  des  fourmis. 

atia(J)  et  ana(r),  souffle;  deryaw  et  delyaw  ou  delyar,  feuil- 
lage; melit  et  merit,  mérite. 

[fceltri,  Jtertri  et  même  feentri,  famine  (Voir  plus  loin  ///-;/) j 
etc. 

Dans  les  groupes  //.',  rh,  après  une  voyelle,  ou  bien  /  et  r 
passent  souvent  après  l'aspiration  au  milieu  des  mots  : 

echlwe,  clé;  gochlèf},  laver;  gochlet,  matelas; 

ou  bien  /  et  r  tombent  complètement;  c'est  le  cas  le  plus 
fréquent  —  et  général  après  a  —  à  la  fin  des  mots  : 

débet,  vêtements;  yach,  bourse. 

bçch  (V.  borh),  bourg;  gach,  talus;  keich,  avoine;  ar  me 
loch,  après  moi  ;  lyoch,  courtil;  mach  :    V.    mark   et  mouialh, 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  23 

étalon  et   merle;   myech  ou    myach,  mihyet,  fille,  filles;  uach, 
force,  etc. 

Il  est  vrai  que,  devant  une  terminaison,  /  et  r  réapparaissent 
d'ordinaire  : 

yalchat  ou  yarchat,  [contenu  de  la]  bourse;  fearbek,  champ 
d'avoine;  etc. 

Même  hors  de  ce  groupe,  au  milieu  des  mots,  IV  n'existe 
pas  dans  : 

adrâ,  derrière  ;  ebet,  aucun  ; 
ou  s'effrite  dans  gwa'so,  il  y  a  longtemps  ;  sorl  -se,  cela. 

Mais  c'est  surtout  à  la  fin  des  mots,  dans  le  langage  cou- 
rant, après  une  voyelle  et  spécialement  après  e,  i,  a  que  /  et  r 
tombent  presque  régulièrement. 

Après  e,  i  et  //,cesdeux  consonnes  sont  alors  remplacées  par 
un  son  vague,  difficile  à  noter,  prolongeant  la  voyelle  qui 
précède  ou  formant  comme  une  diphtongue  avec  elle  (Voir 
A  III  /,  Remarque  2.), 

harha(J\  aboyer;  !ievja{l),  voler  [oiseauj;  skra'impa(l), 
hennir. 

awe(V)  e  ra,  il  fait  du  vent;  de(J),  des  feuilles;  ebe(l),  pou- 
lain ;  Meke(l),  Michel. 

lanbi(l),  ajonc;  lô  i'i{l),  vilaine  bête. 

inaw(l),  mauve  ;  pikoÇ),  grand;  pu(J),  mare. 

—  ana(r),  souffle. 

aiiufeÇr),  temps  ;  i  hâ  d'er  ge{r),  je  vais  chez  moi  ;  hâteÇf), 
moitié;  bàteleQ),  chandelier;  korveÇr),  hibou;  mese(r),  métier. 

¥&(/),  des  chats;  klehiÇr),  des   cloches;  yi(f),  des  poules. 

i  bâcle  Wu(f),  je  vais  à  Mur-de-Bretagne  [localité];  maga- 
(fu(r),   nourriture  ;  plijaâu(f),  plaisir;  etc. 

Remarque.  —  Il  arrive  même  que  Cl.  n'ait  plus  guère 
conscience  de  17  ou  de  IV  primitif,  puisqu'il  ne  le  rétablit  pas 
toujours  devant  une  désinence  : 

collectif  de(l)  ou  plur.  ordinaire  delyœib,  des  feuilles. 

(Il  est  vrai  qu'on  dit  aussi  delyq'iu,  d'où  sing.  delyqeiOen, 
[une|  feuille.  Il  s'agit  là,  sans  doute,  d'une  confusion  avec 
delyaiv.') 

hâteleÇr),  chandelier  ;  mese(r),  métier,  plur.  bàtele'yœïb, 
mes~fyœw. 


24  E.  Thibault. 

D'autres  fois  —  considérant  que  la  terminaison  vague  e? 
est  d'ordinaire  une  réduction  de  er  —  il  lui  arrive,  par 
scrupule  et  fausse  analogie,  d'ajouter  indûment  un  r  à  des 
mots  terminés  en  e  ou  /',  disant  par  occasion  : 

aâibcr,  aiguille  ;  çchlwer, clé \kalwer et  kelweryô,  charpentier, 
charpentiers; 
même  : 

kçÇf)  (V.  ké),  regret  ;  klogçr,  cuiller  à  pot;  et  newer,  nou- 
veau. 


;•  /;;/ 


liai. 


Uvulaire,  fortement  roulé,  semble  accompagné  d'une  légère 
aspiration  à  Cl.  dans  : 

r(b)à, grenouille  ;  r(h)èn,  crin  ;  r(b)îila(l),  rouler;  R(Jj)wà, 
Rennes,  etc.;  et  aussi  dans  m(h)e,  de   nouveau. 


Signalons  pour  m  Cl.  kom%  :  V.  kon\,  causer. 

Cl.  n  remplace  V.  /  dans  : 

anema,  anese,  anehôn,  comme  ceci,  comme  cela  ; 
partois  aussi  dans  hentri  :  V.  kertri,  hellri,  tamine. 

A  Cl.  Yn  semble  se  substituer  à  V.  à  dans  : 

kole  tant  :  V.  kohîé  terit  ou  tarù,  taureau  reproducteur; 
peut-être  parfois  à  â  :  V.  ^  dans  : 

âne  ou  Sde,  là. 

Remarques.  —  i)  Palatalisé  d'ordinaire,  il  termine  le  pro- 
nom personnel  de  la  ire  pers.  sing.  dans  les  expressions  : 

de(n)-men  e  :  V.  dein  mé  é,  c'est  ci  moi; 

men  eive  :  V.  me  eue,  moi  aussi  ; 

men  me  hcnà,  moi  tout  seul,  moi-même. 

Il  sonne  dans  la  syllabe  initiale  de  : 

indâ  :  V.  édan,   sous;  intâ,  veuf; 
mais  ne  s'entend  pas  dans  : 

biivçh,  outil  ;  lisrrxtyiï,  draps  de  lit  ;  Neâekk,    Noël  ;  peibijc, 
riche. 

Cl.  est  parfois  indécis  sur  l'emploi  de  n  dans  quelques  mots 
tels  que  : 

nech  ou  çrb,  nid  : 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  25 

hâve  mes  (n)çhyœiv,  j'ai  trouvé  des  nids  ; 

aâive  ou  nadibe,  aiguille. 

(Cf.  Cl.  làdonen  :  V.  andonen,  andain.) 

2)  n  final  partage  le  sort  de  certaines  autres  finales  à 
Cl.  :  il  tombe  assez  souvent  ou  est  à  peine  entendu  dans  : 

gurè(n),  lutter  ;  halè(n),  sel;  lyè(n),  toile; 
surtout  en  construction  syntactique, 

dè(n)-me,  à  moi  ;  er  miti(ii)-ma,  ce  matin;  etc. 

Après  à  final,  n  sonne  parfois  légèrement  : 

nà",  faim  ;  râ",  grenouille. 

Si,  après  0,  il  est  muet  à  la  fin  des  mots,  il  reparaît  devant 
une  désinence  ou,  en  construction  syntactique,  devant  une 
voyelle  : 

inô,  un,  mais  mar  a  inônih,  plus  d'un  sans  doute  ; 

prene  mes  inôn  eïve,  j'en  ai  acheté  un,  moi  aussi  ;  etc. 

REMARQUES    COMPLÉMENTAIRES    SUR    LES    VOYELLES, 
DIPHTONGUES    ET    CONSONNES. 

En  passant  en  revue  le  vocalisme  de  Cl.  nous  avons  remar- 
qué (voir  A  II.)  que,  de  même  qu'une  voyelle  peut  se  dégra- 
der en  syllabe  non  tonique,  elle  peut  aussi  le  faire  en  con- 
struction syntactique,  lorsque  le  mot,  dont  elle  fait  partie,  ne 
porte  point  l'accent  de  la  phrase,  puisque  le  parler  populaire 
ne  s'occupe  guère  que  de  la  phrase  à  l'exclusion  du  mot  : 

er  païut,  ha  gye  do  ou  dz  klâ?  est-ce  que  le  garçon  est  malade  ? 

stal  pE  pebe  :  V.  èl  p'hon  pehé,  comme  si  vous  aviez. 

Bien  plus  les  voyelles  peuvent  encore  disparaître  complète- 
ment avec  les  consonnes  qui  les  accompagnent  (surtout  avec 
d  et  v  intervocaliques),  donc  avec  des  fragments  de  mots  ou 
même,  nous  le  verrons  plus  loin,  des  mots  entiers  : 

selat  :  V.  chudellad,  écuellée  ; 

dadoch  :  V.  devadoh,  vers  vous,  chez  vous  ;  dehat  ou  dahat  : 
V.  devéhat,  tard  ;  guel  :  V.  govél,  forge;  kàneâen  :  V.  haniveden, 
araignée;  etc.,  etc. 

Il  arrive  aussi  que  les  sons  de  deux  voyelles  juxtaposées  se 
rapprochent  l'un  de  l'autre  par  l'interposition  d'une  tierce 
voyelle  ou  la  modification  de  l'une  d'elles  : 

trawàset  (tra  ou  treu  aset),  assez  ; 


26  E.   Thibault. 

diwçhi  (dihoallef),  prenez  garde  ;    dioiel  (diwesel,  diùacheî), 

les  deux  ailes; 

i  iven  ou  i  uuyii  ou  i  wen  :  V.  é  oen,  j'étais. 

Cl.  supprime  aussi  parfois  la  voyelle  initiale, 

bach  (abarli),  dedans  ;  'n  hu  Jçele  :  V.  en  hou  kulé,  dans  votre 
lit;  ';/  •///■  cernât  :  V.  en  ur  cernant,  en  se  lamentant;  wictoch 
pour eiuidoch,  pour  vous;  etc. 

Ces  élisions  et  contractions  sont  extrêmement  fréquentes  à 
Cl.  où  l'on  rencontre,  pour  les  voyelles,  surtout  l'élision  de  e 
à  peu  près  atone  disparaissant,  pour  ainsi  dire,  entre  deux 
syllabes. 

(A  cette  élision  de  e  l'on  peut  ramener,  sans  doute,  la  sup- 
pression du  verbe  substantif  dans  les  phrases  du  tvpe  : 

[yen/  er  plat,  le  plat  est  chaud  ; 

rôd  er  gôt,  le  compte  est  rond  ; 
et  celle  de  e  final  dans  les  formes  du  verbe  bel,  être,  ce  qui 
tend  presque  à  établir  deux  conjugaisons  parallèles, 

i  hu'ii  pet  ou  i  hwe  pet,  il  ou  elle  avait  été,  il  ou  elle  fut; 

mem  bugulenet  ou  mem  bzve  gulenet,  j'avais  demandé.) 

Mais  l'on  relève  aussi  d'autres  chutes  de  vovelles  : 

(  e  :  bohrw  :  V.  boelleu,  des  boyaux  ;  goâigenœw  :  V.  goedigen- 
neu,  des  boudins  ;  gol  bel  :  V.  goal  ou  goel  bel,  très  loin  ;  krâ- 
puhen  :  Y.  kranpoêhen,  crêpe  ;  kniel  :  V.  krouéet,  créé  ;  kuhet  : 
Y.  koéhel,  tombé;  sarat  :  V.  charriât,  charroyer;  etc.,  etc. 

a  :  golen  :  V.  goalen,  verge;  gorem  :  V.  goarem,  garenne; 
koris  :  V.  koarei^,  carême. 

i  :    àpi(~ô    :    Y.    unpoiti~oii,     poison;   ker'kej  :    V.    karrikel, 
brouette  ;  mar'nadœiv  :  V.  marinadeu,  culottes. 
(La  particule  verbale  i  se  supprime  parfois  : 
ma  tàj  nuviel,  il  faut  que  j'aille  ; 
çch  i  hzuon  eive  ?  vous  y  allez,  vous  aussi  ?) 

n  :  drâi  :  V.  durant,  pendant. 

w  :  en  ander-ma(n)  :  V.  en  anderù-men,  cet  après-midi. 
Quant  aux  consonnes  doubles  des  terminaisons  V.,  elles  se 
simplifient  constamment  en  une  consonne  simple  dure  : 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  27 

burap,  agréable ;fasip,  tout  à  fait  semblable;  fenest,  fenêtre; 
Jîastet,  écrasé  ;  fonap,  vite;  kâp,  chambre;  sis{t),  cidre;  [gye] 
vep  :  V.  \ean  e\  %èbr,  il  mange  ;  yôt,  oncle  ; 
et  ne  reparaissent  généralement  pas  devant  une  désinence. 
L'on  dit  bien  au  pluriel  potret,  des  garçons  ;  mais,  à  côté  de 
cela,  l'on  ne  connaît  que  les  formes  burapoch,  plus  agréable  ; 
fenestœù.*,  des  fenêtres  ;  fonapoch,  plus  vite  ;  gyebpi  :  V.  dêbrein, 
manger  ;  kàpœw,  des  chambres  ;  yôtet,  des  oncles. 

Cl.  —  comme  tout  parler  populaire  —  fait  encore  bien 
d'autres  élisions  et  contractions  difficiles  à  codifier  :  les  procli- 
tiques se  fondent  avec  le  mot  suivant  ou  disparaissent  (la  néga- 
tion ne  étant  presque  toujours  supprimée,  la  préposition  se 
contractant  souvent  avec  l'article)  ;  les  terminaisons,  verbales 
ou  autres,  sont  réduites  : 

anewi  des  :  V.  aneonid  en  des,  il  a  froid  ;  gleive  ket  ?  :  V.  ne 
çleuel  ket  ?  n'entendez-vous  pas  ? 

arvri  :  ar  er  vri,  sur  la  lisière  du  champ;  ger  ivam  :  V.  or/ 
ervam,  avec  la  mère; 

bed  ès  awe(î)  :  V.  bed  es  aiiêl,  il  v  a  du  vent;  iv  e"  des  :  V. 
ivet  en  des,  il  a  bu  ;  ur  sopina  sis  :  V.  ur  chopinad  cbistr,  un 
verre  de  cidre  ;  sir  en  ur  :  V.  cherret  en  or,  fermez  la  porte  ; 
keme-se  :  V.  kement-sé,  cela  ; 

marsehat  :  V.  marséerhat,  très  probablement;  nwerâ  kehqt  : 
V.  nhouian  ket  erhat,  je  ne  le  sais  certes  pas; 

pa  se  tréma  :  V.  ne  pas  chef  irémen,  pas  par  ici  ;  près  ker  :  V. 
prest  kaer,  tout  prêt,  préparé;  etc.,  etc. 

Comme  nous  le  disions  déjà  plus  haut,  avec  la  voyelle  dis- 
paraît souvent  un  mot  entier,  peu  important,  il  est  vrai  : 

(/)  ma  thj  monçt  :  V.  é  ma  ret  d'ein  monet,  il  faut  que  j'aille. 

po  ke  bara  ?  V.  ri  hou  pou  ket  bara  ?  vous  n'aurez  pas,  vous  ne 
voulez  pas  de  pain  ?  etc. 

La  métathèse  intervient  aussi  pour  modifier  le  langage. 
Elle  présente  un  important  phénomène,  celui  qui  met  l'aspi- 
ration avant  l'articulation  au  lieu  de  la  laisser  après  celle-ci 
(voir  plus  haut  /.  r  pour  les  exemples);  elle  forme  à  Cl.  très 
normalement  : 

berder,  des  frères  ;   Bertonet,   des  Bretons  ;  freyur,   filleul  ; 
kerdaj,  croire;  kôpern,  comprendre;  pernèn,  acheter;  etc.; 
et  arrive  même,  avec  la  fantaisie  individuelle,  à  faire 


28  E.    Thibault. 

premoch  de  pfmçch  :  V.penmoh,  cochon; 

perdeben  de penderben, d'un  bout  à  l'autre, complètement;  etc. 

11  convient  de  signaler  encore    : 

les  contusions  souvent  bizarres  qui  se  produisent  entre  les 
mots  : 

giùir(J])olô  :  V.  guenholon,  septembre  (confusion  avec  gwir, 
vrai?);  ilaves  :  V.  intanvé^  et  déformation  du  français  enton- 
noir, veuve  et  entonnoir;  kalô-gwâ:  V.  kalan-gouian, 
novembre  (confusion  avec  kalô,  cœur);  kupap  (confusion  avec 
le  franc,  capable),  capable,  habile  ; 

la  pénétration  de  l'un  par  l'autre   : 

golol  (de  golo  influencé  sans  doute  par  la  terminaison  du 
mot  franco-breton  volet,  couvercle),  couvercle  ; 

l'incertitude  qui  règne  sur  des  formes  voisines  les  unes  des 
autres, 

adile,  naâwe,  aiguille;  ech,  nech,  nid;  piponel  :  V.  pouponel, 
poupée  ;  skopèn  etsklopen,  cracher; 

la  fréquence  du  pléonasme  : 

a  gos  le  berek?  pourquoi  ?  (littéralement  à  cause  de  pourquoi  ?) 

/v//  Un  arwach,  pour  demain  (répétition  de  ben)  ; 

la  gaucherie  d'expression  (le  mot  qui  ne  vient  pas  est  rem- 
placé par  hauiY,  hanial.  Cf. français  machin,  machiner); 

l'emploi  déconcertant  du  mot  français  de  préférence  au 
vocable  breton  et  cela,  d'habitude,  sous  sa  forme  la  plus 
vulgaire  et   triviale  : 

me(ui)  bulom  dans  le  sens  de  mon  mari; 

barabà  (du  nom  propre  Brabaui),  charrue  moderne  (genre 
Brabant); 

er  vapœr,  la  machine  à  battre  (à  vapeur); 

kuyô,  timide  ;  lagut,  eau-de-vie  ;  sândut,  sans  doute,  probable- 
ment, évidemment; saset, censément,  pour  ainsi  dire;  etc., etc. 

Quand  on  aura  considéré  tout  cela,  on  se  persuadera  sans 
peine  que,  déjà  dans  sa  forme  extérieure,  celle  des  mots  — 
abstraction  faite  d'ailleurs  et  du  vocabulaire  spécial  inconnu 
de  V.  (il  est  peu  étendu)  et  des  quelques  variantes  grammati- 
cales — ,  le  parler  de  Cl.  est  assez  loin  du  V.  littéraire.  Ceux 
qui  l'emploient  reconnaissent  eux-mêmes  qu'il  est  un  peu 
inculte  et  «  brutal  »  :  kri-pa$t}  tout  cru. 

(A  suivre.)  E.    THIBAULT. 


THE  BREAKING  OF  Ê  IN  SCOTCH  GAELIC 


The  treatment  oflrish  e  before  a  broad  consonant  has  been 
recently  discussed  by  Quiggin,  Revue  Celtique  XXXIV,  61  ff. 
The  object  of  this  paper  is  mainly  to  supplément  his  by  fur- 
nishing  a  considérable  number  of  examples  of  the  change  from 
one  dialect;  and,  sofaras  possible,  to  establish  what  the  condi- 
tions are  under  which  the  change  takes  place.  In  the  Irish  dialects, 
with  the  one  or  two  exceptions  mentioned  by  Quiggin  p.  61, 
the  change  from  e  to  a,  with  preceding  palatalisation,  was 
completed  long  ago.  In  Scotland,  however,  the  original  sound 
oie  is  quite  gênerai.  For  that  reason  an  examination  of  the 
treatment  ofëin  one  of  the  Scotch  dialects  is  more  likelv  to 
throw  some  light  on  the  history  ofthesame  vowel  in  Ireland. 
As  to  the  date  of  the  'breaking'  in  the  later  countrv,  it  seems 
dilfîcult  to  secure  any  data.  The  spelling  of  borrowed  Irish 
names  is  not  less  conclusive  than  the  use  of  the  digraph  ea. 
The  latter  proves  nothingas  to  the  pronounciation  oîe.  At  the 
présent  dav  fear  is  written  in  Scotland,  but  the  pronouncia- 
tion ot  rhe  word  is  fer;  there  is,  so  far  as  I  can  see,  nothing 
to  show  that  the  early  use  of  the  digraph  in  Ireland  is  any 
more  signilicant  ior  the  actual  sound  of  the  vowel.  The  a 
merely  indicated  the  timbre  of  the  following  consonant. 
It  is  scarcely  conceivable  that  an  examination  of  rhyme  in 
mid.  Irish  verse  can  help  to  décide  whether  the  change  in 
the  pronounciation  of  e  had  already  taken  place.  But  a 
point  for  considération  is  this.  Till  the  sixteenth  century 
intercourse  between    the  Gaelic-speaking  population  of  Ire- 


}o  /.   Fraser 

land  and  Scotland  was  very  close.  They  had  certainly  only 
one  literature,  their  poets  were  trained  in  the  same  schools, 
and  the  différences  in  the  spoken  language  must  hâve  been 
even  fewer  and  slighter  than  they  are  now.  If  the  'breaking' 
of  c  had  at  that  time  been  anything  like  gênerai  in  Ireland, 
it  seems  difficult  to  suppose  that  it  should  not  hâve  spread  to 
the  dialects  in  Scotland.  As  it  is,  it  seems  most  likely  that  the 
change  of  c  to  à  in  the  Scotch  dialects  took  place  quite  inde- 
pendently  of  that  in  Ireland.  If  anv  weightcan  be  attached  to 
this  argument,  \ve  should  hâve  to  put  at  least  the  completion 
of  the  change  in  the  latter  country  ata  comparatively  late  date. 

In  the  following  I  shall  give  a  fairlv  complète  list  of  words 
containing  l  (representing  of  course  both  original  ë  and 
'umlauted'  /)  from  mv  own  dialect.  Where  there  is  no  sta- 
tement  to  the  contrary  it  will  be  understood  that  the  pronouncia- 
tion referredtois  that  current  in  that  dialect  (N.  Inverness-Shire). 

It  is  commonly  statcd  that  in  Scotland  ë  before  a  dark  con- 
sonant  is  pronounced  as  an  open  c,^'.  Pedersen  VergJ.  Gramm. 
I,  40.  This  is  very  lar  from  being  the  case.  The  actual  state 
of  affairs  is  much  more  complicated.  We  can  distinguish  the 
pronounciation  ot  ê  as  1)  /  (closed),  2)  ç  (open),  3)  0,  4).'//, 
5)  ç(closed),  in  (with  verystrong  palatalisation  of  the  prece- 
ding  consonant),  and  6)  e  (open). 


1 .  —  È  ij 


m 


tneas  'judgmeant,  esteem',  •<  mess.  Hère,  oï  course,  there 
can  be  no  question  of  the  influence  of  the  old  -u  of  the  stem 
ending.  It  is  equally  impossible  that  the  change  oft'  to  i  can 
hâve  been  duc  to  the  geminated  s  following,  for  the  influence 
of ss  on  a  preceding  vowel  is  quite  dirïerent.  cf.  3  below.  It 
is  tempting  to  suppose  that  the  pronounciation  of  the  word  is 
due  to  theanalogy  offios  'knowledge' .  The  two  words  belong 
to  the  same  category  ot"  ideas.  and  analogical  interférence 
would  be  ail  the  easier  on  account  of  the  similarity  of  the 
genitve   case  ot   the  two  words,   measa,  feasa,  at  an  earlier 

1.  In  the  Island  of  Lewis  the  follovins;  words  hâve  .111  open  /'. 


The  breaking  oj  ë  in  Scotch  Gaelic.  ji 

period.  This  explanation,  however,  though  satislactory  tor 
meas,  will  not  serve  inthe  case  of  other  words  in  which  l  lias 
been  treated  similarly. 

meas  'fruit'  <C  mess  can  scarcely  owe  its  %  to  the  analogy  01 
meas  'opinion';  nor  does  any  other  form  suggest  itself  which 
could  haveserved  as  a  model. 

measa  Svorse'  (often  written  phonetically  miosa)  <  messa, 
might,  as  Bergin  suggests  to  me,  owe  its  pronounciation  to 
the  compound  misde. 

measg,  measgach  'mix',  ameasg  'among'  <C  mesg-,  is  a  déci- 
sive case.  Hère  there  is  no  apparent  possibility  of  analogical 
interférence.  We  musttherefore  say  thatcin  asyllable  beginn- 
ing  with  m  andclosed  by  ss,  orby  a  consonant  group  beginn- 
ing  with  s,  becomes  i. 

lu  meadhon  'middle'  <  medôii  the  same  change  takes  place . 
This  is  not  the  regular  development  of  ë  betore  dh,  but  the 
character  oFthe  following  syllable  makesthe  example  unique, 
so  thatit  is  difficult  to  say  whether  the  représentation  of  tfis 
normal  or  not.  It  is  true  that  there  is  no  apparent  source  of 
analogical  influence. 

2.  — •  É  becomes  o  (open),  perhaps  through  the  stages 
an,  -in,  before  a  medial  labial  spirant  '  :  deambau  d'ÔJii  'devil', 
seabhag  sçjIc  'hawk',  sleamhuin  sïçdn  'slippery',  treabhadb  trçzk 
'ploughing',  leabharïm  'book'. 

In  sleamhuin  the  apparently  earlier  stage  slau-  is  still  heard. 
In  leabhar  /''//-  is  the  commonest  pronounciation.  Probably  in 
both  cases  the  /  is  responsible.  In  reamhar  râuzr  'thick, 
fat',  too,  to  the  initial  consonant  is  due  the  rétention  of  the 
-a-.  In  treabhadb,  it  is  true,  -r-  had  no  such  effect,  but  we  can 
explain  the  divergence  by  supposing  that  only  voiced  /'  had 
the  etïect  of  preventing  the  change  to  o.  There  is  one  ex.  ot 
ë  >>  o  before  r  :  searg  'wïther'  sçrçk. 

3.  — -    E  becomes  o  (the   sound  in    Eng.    Hall)  betore  a 

i.  In  the  cases  under  2,  3  and  4  where  e  is  followed  by  a  spirant,  the 
change  in  the  qualitv  of  the  vowèl  is.  of  course,  due  partly  to  the  spiran- 
tisation  oi  the  followins  consonant. 


32  /.   Fraser. 

medial  voiced  spirant  guttural  or  sucha  spirant  followed  by  / 
(the  vowel  being  lengthened  in  the  latter  case)  :  leaghadh 
lifrk  'melting',  teaghlach  t'olay  'househould'. 

In  seangan  içyan  'ant',  teanga  foyi,  sreng,  strç-f  'string',  the 
development  is  the  same  '. 

The  pronounciation  of  meadhg  'whey'  wavers  between  this 
and  the  following  class. 

4.  —  E  becomes  i  du  before  dh  : 

feadh  jpu  'among' ',  feadhainn  fijnih  'some.  The  same  deve- 
lopment of  ë  is  found  in  bl'eoghan  bbun  'milking'  <C  blegon, 
meadhg  mijuk  'whey',  and,  as  lias  been  said,  in  leabhar  'book'. 
In  meadhg  it  may  be  regular  ;  in  the  other  cases  it  is  difficult 
to  account  for. 

The  same  treatment  of  ë  is  found  in  certain  words 
before  geminated  /,  geall  g'Jitl  'promise',  seall  &ul  'look', 
steall  stdul  'splash'.  In  meall  'deceive',  meall  'lump',  on  the 
other  hand,  we  hâve  au,  cf.  p.  36.  The  diphthongisation 
of  broken  e  is  regular  before  //  as  before  un  when  final  or 
when  another  consonant  follows,  that  is  in  a  closed  syl- 
lable.  So,  meall  miaul  'deceive',  meallta  miaultd  'decei- 
ved',  ceann  kaitn  'head',  but  mealladh  niiahk  'deceiving', 
ceannach  kanayw  'buying'.  In  open  syllables  we  hâve  no 
diphthong.  The  same  rule  holds  in  geall,  seall,  steall  too, 
but  the  vowel  in  open  syllable  is  not  a  but  0  (closed), 
ghealladh  içkk  'would  promise',  sealladh'soljk  'sight',  stealladh 
st'obJc  'splashing'.  The  analogy  of  the  treatment  ofë  before  nn 
as  in  teann  l'a  nu  'light',  teannadh  t'aipk  'tightening'  seems  to 
indicatethat  the  character  of  the  initial  consonant  is  notres- 
ponsible  for  the  différence  of  treatment.  I  hâve  no  explana- 
tion  to  offer. 

5.  —  In  a  number  of  words  ë  has  become  e  (closed)  : 

a)   before  s  (  <C  old  ss),  or  a  consonant  group    beginning 

'. .   In  ceangal  the  pronounciation  i>  ftçil  (with  open  nasalised  0). 


The  breaking  of  è  in  Scotch  Gaelic.  3  3 

with  s  :  cleas  cfeat',  deas  'right',  cas  'waterfall',  easbuig  'bishop', 
feasda    'for   ever',  feasgar  'evening',  fleasgach   'young   man', 
freasdal  'providence',  seas  'stand',  seasg  'dry',  teas  'heat',  treas 
'third'. 

The  change  does  not  take  place  in  leas  'need'  in  ruig  a  leas 
'require',  where  e  is  open . 

b)  before  a  voiced  stop  '  except  final  d,  beag  'small',  beadradh 
'fondling',  breab  'kick',  eadar  'between',  eag  'notch',  eagal,fea- 
gal  'fear',  eagîais  'church',  feadan  'whistle' 2,  freagar  'answer', 
geadas  'pike',  leag  'throw  down',  teagamh  'doubt',  teagaisg 
'teaching' 5. 

E  before  finale  seems  to remain  open  normally,  so  in  cead 
'permission',  cncad  'groan',  nead  'nest'. 

6.  —  We  now  corne  towhat  is  by  far  the  commonesttreat- 
ment  of  e\.  e.  as  e  (open)  or  ia.  In  the  cases  mentioned  in  5 
there  is  scarcely  any  variation.  Hère,  on  the  other  hand,  in  a 
certain  number  of  words,  the  current  pronounciation  wavers 
between  e  and  ia.  It  is  onlv  hère  that  'breaking',  properly 
speaking,  has  taken  place,  or  is  taking  place.  To  a  certain  extent, 
in  this  classof  words  the  progress  of  the  process  can  be  easily 
followed . 

There  are  three  groups  of  words  tobe  dealt  with,  a)  those  in 
which  only  e  (open)occurs,  b)  those  in  which  only  ia  occurs, 
andc)  those  in  whicli  the  pronounciation  varies  between  e  and 
a  broken  sound. 

a)  Only  e  is  found  in  :  beau  'woman',  beau  'touch',  beat  ha 
'life',  bleath  'grind',  breac  'speckled',  breamas  'mischief,  breath 
'judgment',  cead  'permission',  ceap  'last',  ceathramh  'fourth', 
cheana  'already',  cleath  'pôle',  cncad  'groan',  creathal  'cradle', 
eanchainn  'brain', /mr'man',  fearann  'land',  gearan  'complaint', 


1 .  That  is  a  historical    voiced  stop .  In  the  modem  language  ail  thèse 
sounds  hâve    been  unvoiced. 

2.  And/tWon  theanalogy  of feadan. 

3.  InBreatain  wehave  a  solitary  example  ot>  before  a  breathed  stop  (now 
y/).  In  leaba  with  l'a  insteadof?,  thevowelis  due  to  the  plural  leapaichean. 

Revue  Celtique,  XXXI'.  5 


]  \  J .  Fraser. 

lean  'ibllow',  /ga^need',  leath  'half ,  leathan  'broad'j  leal  cwith 
you',  meanbh-'smsXY ,  mear  'active',  mearachd  'mistake',  nead 
'nest',  neamh  'heaven',  peathraichean  'sisters',  sean  '  'old', 
sreath  'row',  streap  'climb'. 

b)  ë  is  la  only  in  :  bealach  cpass',  bealaidh  'broom',  bealtuin 
'Beltane',  beann  'peak',  beannachd  'blessing',  /".w//  'gap',  ceard 
'craftsman',  cealg  'treachery',  ceanas,  ceanalta  'kind',  ceann 
'head',  ceannach  'buy',  cearc  'lien',  cearcal  'hoop',  ceatr  'left', 
ceart  'right,  ceatharnacb  'troop',  dealachadh  'parting',  dealan 
'lightning',  dealbh 'picture',  deall  càew',dearc  'berry',  dearc'see', 
dearbh  'certain',  dearg  'red',  deantag  'nettles',  dearsag  'glare', 
eabbra  'Hebrew',  cala  'swan',  eaîadh  'skill',  eallach  'burden', 
(d)eallag  'bat',  earb  'rob',earball  'tail',  earrach  'spring',  earraid 
'tip-staf,  earrann  'part',  feannag  'hooded  crow',  fearg  'anger', 
fearn  'aider',  jearr  'better',  geai  'white',  geamhradh  'winter', 
gearr c short', gleann  'glen', greann  'scow\',leanabh  'child',  îean- 
nan  'lover', meall'âeceive,  meann  (kià', sealbh  'possessions', sealg 
'hunting', searbh 'bitter',  speal  cscy  the',  teann  'tight',  tearôlra.te: 

The  above  lists  furnish  material  for  some  very  clear  infer- 
ences.  But  before  a  detailed  examination  of  the  examples  is 
made,  attention  must  be  called  to  certain  forms  which  throw 
some  light  on  the  cause  of 'breaking'.  The  forms  which  I  now 
proceed  to  examine  belong  to  a  class  ol  words  in  which  the 
change  from  e  to  a  is  actually  taking  place.  For  the  word 
(i)steach,  now  for  the  most  part  monosyllabic,  there  are  two 
pronounciations,  stç,  and  i/V/with  very  strong  palatalisation  of 
t.  Such  a  pronounciation  as  stçy  is  not  known.  The  reason  is 
quite  clear.  The  word  for  housein  this  dialect  is  declined  :  n. 
a.  sg.  tç,  g.  sg.  tri,  d.  sg.  tri.  Equally  commonly  the  d.  sg. 
/p/is  used  for  the  n.  a.  sg.,  just  as  in  the  W.  Cork  dialect  the 
dat.  sg.  tigh,  pronounced  tig,  is  used  for  the  nominative  and 
accusative.  In  the  Scotch  dialect  which  we  are examiningthe 
old  nom.  sg.  teach  lias  lost  its  final  spirânt  on  the  analôgy  o\ 
thegen.  and  dat.  sg.  where  slender  gh  is  regularly  silent. 
That  this  is  so  is  proved  by  another  peculiarîty  of  the  form 
le.  The/  should  properlv  be  slender,  but  in  this  word  it  lias 
not  gotthe  excessively  palatalised  pronounciation  which  cha- 

i.    l'or  sean-  in  compounds  cf.  p.  37. 


The  breaking  of  è  in  Scotch  Gaciic.  35 

racterises  slender  t  in  this  dialect  '.  Hère  again  the  nominative 
has  been  influenced  by  the  genitive  and  dative  taighe,  taigh 
which  préserve  the  old  vocalisation  found  in  the  Wûrzburg 
Glosses.  The  adverbial  si' ach  shows  the  normal  development.  . 
The  word  was  isolated  from  the  noun  paradigm  and  escaped 
its  influence  both  in  respect  of  palatalisation  and  of  the  loss 
of  the  final  spirant.  The  form  sic  must  be  considered  to  be 
a  new  formation  basedon  then.  n.  sg.,  and,so  far  as  the  loss  of 
the  final  spirant  is  concerned,  supported  by  the  other  adverb 
(i)slaigh  slPi,  Svithin'. 

This  example,  as  well  as  some  others,  show  that  normally 
c  before*:/./  becomestf  with  strong  palatalisation  of  the  prece- 
ding  consonant.  This  effect  of  the  breathed  guttural  spirant 
on  a  preceding  vowel  must  be  taken  closely  in  conjunction 
with  another.  It  is  well  known  that  in  unaccented  syllables 
the  vowel  written  a  is  2.  To  this  rule  there  is  an  exception. 
When  a  represents  an  old  long  vowel  as  in  the  terminations 
-ag  and  -an  representing  earlier  -ôc  and  -an,  a  retains  its 
quality  though,  of  course,  shortened.  Thus  ârâu  'bread', 
(Munster  (a)rân),  crânàk  'churn',  (Munster,  çranog).  But 
there  is  yet  another  exception,  a  retains  is  qualiry  before  final 
ch.  Hère  the  parallel  treatment  in  Munster  Irish  is  very  strik- 
ing.  In  the  latter  group  of  dialects  the  gênerai  rule  of  accen- 
tuation for  disyllabic  word  s  is  that  the  accent  falls  on  the 
final  syllable  when  it  is  long,  otherwise  on  the  first  syllable, 
thus  câpil  'horse'  but  g(f)ran  'complaint'.  But  when  the  final 
syllable  is  -achit  takes  the  accent,  even  when  the  first  syllable 
is  long,  thus  tuirseach,  lursây  'weary'2.  The  reason  doubtless 
is  that  the  spirant  ch  allows  the  voice  to  rest  on  it  and  thus 
produces  the  efïect  of  a  group  of  consonants.  The  same  fact 
accounts  for  the  'breaking'  of  c  before  this  spirant  in  Se.  Gae- 
lic.  In  steach,  t  is  slender,  ch  is  broad.  Butfor  the  greater  part  of 

1 .  Similarly  strong  palatalisation  is  of  course  found  in  other  Scotch  dia- 
lects, in  Ireland,e.  g.  in  Connaught  and,  as    Quiggin   tells  me,  in  Manx. 

2.  In  regard  to  this  point  I  hâve  had  the  advantage  of  examining  the 
collections  of  Professor  Loth  who  will  shortly  publish,  Rev.  de  Phonétique, 
1913,  a  detailed  study  of  the  accent  in  a  W.  Cork  dialect.  For  the  similar 
treatment  of  final  vowels  in  Donegal  cf.  Quiggin,  A  Dialect  of  Donegal,v>.a. 


36  /.  Fraser. 

the  time  the  syllable  takes  to  pronounce  the  tongue  is  in  the 
position  for  cb,  y.  Thus  ail  that  is  left  of  the  original  vowel 
of  the  syllable  is  the  palatalisation  of  /.  Where,  as  in  tç,  the 
spirant  has  disappeared,  the  e  remains. 

We  may  therefore  expect  to  fïnd  thatë  has  become  a  before 
a  consonant  or  consonants  which  permit  the  voiee  to  rest  on 
them  (excluding  the  groups  mentioned  on  p.  37).  This  is 
actually  the  case  as  an  examination  of  the  examples  given 
above  will  show.  Quiggin  mentions  /.  c.  some  groups  of 
consonants  and  double  consonants  before  which  the  change 
takes  places.  A  iuller  list  is  given  hère. 

E  is  broken  to  la  before  : 

a)  nn  '  :  banni,  canin,  feann,  gleann,  greann. 

b)  rr  :  cearr,  carrait,  gain,  dearrsadh  2. 

c)  m  :  beam,  fearn. 

d)  rc  :  ceaic,  Icare,  dearc. 

e)  rt  :  ccart. 
t)  rd  :  ceard. 

g)  rg  :  dearg,  fearg  \ 

h)  rb  :  ccarb,  carb  (roe),  carb  (trust). 

i)  rbh  :  dearbh,  scarbb. 

h)  /  :  bcalach,  cala  etc. 

1)//  :  nicalladb,  eallach  etc.  d.  p.  52. 

m)  //  :  bcaltitin,  tlcall. 

n)  Ibh  :  dealbb,  scalbb. 

o)  Ig  :  sealg,  cealg. 

p)  mhr  :  geamhradh. 

q)  bhr  :  Eabbra. 

It  will  not  be  necessary  to  classify  the  cases  in  which 
'breaking5  does  not  take  place.  We  can  lay  down  the  rule 
that  breaking  does    not  take  place  before   single  consonants. 

1.  Thcre  is  also  diphthongisation  as  before  //,  see  p.  32. 

2.  In  hearradh  barak  'shearing'  there  is  no  trace  of  palatalisation  or  ot 
i  al  ter  b.   It  is  probable  that  this  is  due  to  the  analogy  of  barr  'top'. 

3.  In  searg  'wither'  we  laave  the  pronounciation  sorok. 


The  breaking  of  ë  in  Scotch  Gaelic.  37 

The  only  exception  is  in  the  case  of  /,  et.  Quiggin,  /.  c.  On 
the  other  hand  'breaking'  is  regular  before  consonant  groups 
which  contain  /or  r.  It  fails  to  take  place  before  only  one 
such  group,  i.  e.  thr,  ceathramh  'fourth',  peathraichean  'sisters', 
and  hère,  since  th  is  always  silent,  there  is  properly  no  group 
at  ail'.  Real  exceptions  to  the  rule  that  'breaking'  takes  place 
under  the  conditions  indicated  are  rare,  and  capable  of 
explanation. 

a)  For  the  group  ng,  as  in  sreang  fstring'  seangan  'ant', 
cf.  p.  32. 

b)  Leann  'aie'  l'un.  The  spelling  hère  conceals  the  stem 
lind-, 

c)  Before  ;/  breaking  takes  piace  in  ceanàs  'affection',  cea- 
nalta  'kind',  leanabh  'child'.  Leanabh,  with  l'a-  could  be 
explained  as  due  to  the  analogy  of  leannan  'lover'.  Analogy, 
however,  hardly  accounts  for  ceanas,  ceanalta.  We  can,  per- 
haps,  explain  both  words  by  starting  with  ceanalta.  Hère  the 
second  syllable  consists,  to  ail  intents  and  purposes,  of  /, 
k'anltd.  Thus  e  of  the  first  syllable  is  really  followed  bv  a 
consonant  group  ni.  From  ceanalta  the  broken  vowel  would 
naturally  be  adopted  in  ceanas.  The  influence  of  ceannsa, 
also,  may  be  suggested.  'Vowel  -breaking'  before  n  is  also 
lound  in  some  compounds  of  seau-  'old'.  In  the  compound 
words  seanathair  'grand-father',  seaninhathair,  senevar,  'grand- 
mother'  sean-  has  ç.  In  seanbhean  sanavan,  in  spite  of  the 
svarabhakti  vowel,  'breaking'  takes  place.  As  is  indicated 
below,  p.  38,  it  is  not  quite  clear  whether  svarabhakti 
prevents  breaking.  If  it  does  not,  ç  in  seaninhathair  will  be  due 
to  the  analogy  of  seanathair.  If  it  does,  the  'breaking'  in 
seanbhean  will  corne  from  that  in  seanduine  where  no  svara- 
bhakti vowel  would  be  inserted.  Other  compounds  like  sean- 
bhaik  seneval  could  be  explained  in  a  similar  wav.  In  com- 
pounds of  beau-,  like  beanaltruîm  bandltfom,  where  'breaking' 
is  regular,  the  absence  of  the  i  after  b-,  cf.  beannachd  biaiiayk, 
suggests  the  influence  of  old  ban-. 

d)  In  one  word  ceatharnach  'one  of  a  cet  ht  ni,  warrior' 
breaking  seems  to  take  place  before  ih,  v.  sup.  But  hère  as  in 
ceanaltas,  I  suspect  that  'breaking'  has  been  regularly  produ- 


j 8  /.  Fraser. 

ceci  by  a  consonant  group.  In  rapid  speech  ail  trace  of 
the  hiatus  representing  th  disappears,  and  the  word  is  pra- 
ctically  a  disyllable  Martiay  ;  in  a  form  like  this  the  change  of 
e  to  ici  is  regular,  cf.fearn,  fiant. 

e)  In  meanbh-  'small'  which  is  used  only  in  compounds, 
there  isno  breaking.  Svarabhakti  is  regular,  as  in  meanbhchui- 
leag,  meneyul'ak  'midge'.  This  example  stands  exactly  on  the 
same  footing  as  eanchainn  eneyinwherea\so  there  is  no  breaking, 
as  a  rule.  How  are  \ve  to  reconcile  the  treatment  of  e  hère  before 
aconsonant  followed  bvsvarabhakti  with  that  in  dearg  d'arak, 
cred' ,  searbh  sara  'bitter'?  Examples  like  dealbh  d'ala  'likeness', 
sealbh  sala  must  of  course  be  kept  apart,  for  hère  \ve  hâve  e 
followed  bv  /  which  produces  'breaking'  when  standingalone, 
cf.  cala  'swan'  iah.  The  nature  of  the  following  consonant 
alone  is  not  sufficient  to  account  for  the  différence  of  treat- 
ment, for  /'  and  n,  alike,  produce  no  effect  on  the  preceding 
vowel.  We  must  hère  take  into  account  the  gênerai  character 
of  the  svarabhakti  vowel.  It  will  be  noticed  that  in  dearg 
d'arak  'red'  searbh  sara  'bitter',  the  svarabhakti  vowel  is  a,  in 
meanbhchuileag  mené-,  eanchainn  '  eue-  it  is  e.  As  in  Welsh  it 
assumes  the  qualitv  of  the  preceding  vowel  2.  This  makes  it 
clear  that  in  dearg,  searbh  'breaking'  antedated  the  insertion  of 
the  svarabhakti  vowel.  In  eanchainn,  meanbhchuileag  no  break- 
ing takes  place  because  the  svarabhakti  vowel  was  inserted  at 
an  earlier  period  than  in  dearg  etc.  This  mav  havebeen  due  to 
the  character  of  the  groups,  ny,  nvy,  or,  which  is  more 
likely,  to  the  position  ofthe  groups  in  the  words. 

7.  —  In  the  following  words  the  pronounciation  still 
wavers  : 

beachd  'opinion',  cleachd  'accustom',  gleachd  'wrestlc',  seachd 
'seven',  sneachd    'snow',  teachdaire   'messenger';  creach  'raid', 


i.  In  enchainn  'brain'  we  have£,  rarely  m-  In  the  groups  rb,  rbh,  Ibh 
the  svarabhakti  vowel  bas  not  prevented 'breaking  which  mav  therefore  be 
presumed  to  antedate  it.  For  'breaking'  before  svarabhakti,  see  p.   37. 

2.  ItshoulJ  beobserved  that  the  svarabhakti  vowel  takes  a  stress  equal 
at  least  to  that  ofthe  preceding  vowel.  Hence  in  ttila  'swan'  the  last  vowel 
is  j,  in  searbh  it  is  a.  In ainm e nçffl  'name'  the  second  vowel  seems  to  be 
the  more  stronglv  stressed  of  the  two. 


The  breaking  of  è  in  Scotch  Gaelic.  39 

deach  'wenr,  drcach  fappearance'3  each  'horse',  seach  'beyond  ; 
beartach  'wealthy',  neart  'strength'  ;  leac  'stone',  leapaichean 
cbeds\ 

There  are  four  groups  hère  which  must  be  noticed  separa- 
tely,  though  in  the  case  of  ail  of  them  the  product  of  'break- 
ing' is  iô  rather  tban  ta. 

a)  Before  -chd  the  broken  vowel  is  the  commoner, 

b)  Before  -ch  :  cr each,  drcach,  both  of  them  being  compara- 
tively  rare  words,  the  older  pronounciation  with  e  is  by  far 
the  commoner;  in  drcach  for  which  collas  is  commonly  used, 
'breaking'  is  al  m  os  t  quite  unknown.  In  both  words  when 
'breaking'  doestake  place  the  resuit  is  (J)a.  This  is  due  to  the 
preceding  r. 

c)  Beartacb,  mari  hâve  generally  e,  in  case  of  '  breaking  ' 
(/)('».  It  is  not  quite  clear  how  the  invariable  la  ol  ceart  is  to  be 
explained  '. 

d)  In  leac,  leapaichean,  both  pronounciations  are  about 
equally  common.  This  probably  represents  the  most  récent 
advance  made  bv  the  processof 'breaking',  and  it  issignificant 
that  it  should  take  place  in  words  beginning  with  /.  In  leal 
'with  you' there  is  no 'breaking'.  This  is  perhaps  due  to  the 
same  cause  as  kept  the  ë  in  leasïn  the  phrase ruig  a  leas  'need' 
from  becoming  closed.  In  both  leal  and  leas  1  is  lenated, 
and  both  words  are,  farther,  alike  in  that  they  are  weaklv 
stressed. 

J.  Fraser. 

1.  É  of  cert  remains  onlv  of  gestr  <  an  ceart  uair,  where  r  lias  disap- 
peared. 


SOME    POINTS    OF    SIMILARITY 

JN    THE 

PHONOLOGY    OF    WELSH    AND    BRETON 


INTRODUCTION 

In  this  paper  an  attempt  has  been  made  to  classify,  as  far 
as  was  possible,  the  points  of  similarity  in  the  phonological 
development  of  Welsh  and  Breton,  as  they  appear  in  thèse 
languages  since  the  time  of  the  séparation  of  the  Bretons  in 
the  jth.  -7  th.  centuries1.  The  majority  of  the  various  chan- 
ges naturally  comprises  those  of  the  Middle  and  Modem 
periods  of  both  languages.  The  written  documentary  remains 
of  the  earlier  period  (8  th.-o,  th.  centuries)  of  Welsh,  Cor- 
nish  and  Breton  possess  so  close  a  resemblance  to  each  other 
as  to  lead  at  first  to  the  supposition  that  they  belonged  to  one 
branch  only,  until  Bradshaw  pointed  out  the  criteria  by  which 
they  could  be  distinguished  :. 

Some  of  the  phenomena  hère  noted  date  from  an  earlier 
period  (as,  e.  g.,  §  1),  others  appearing  for  the  first  time 
later  in  continuous  texts  and  in  isolated  words  from  the  Bre- 
ton Charters.  Most  ofthe  peculiarities  ofphonology  to  which 
référence  is  made,  date,  however,  from  the  middle  and  later 
periods.  In  some  cases  both  languages  in  the  middle  period 
offer  certain  particular  points  of  resemblance  which  disappea- 
red  later  in  the  course  of  further  development  from  one  or 
both  languages  (as,  e.  g.,  §  9). 

1 .  For  a  full  discussion  of  the  émigration  of  the  Bretons  to  Brittany  see 
Loth,  L'émigration  bretonne  en  Armorique  du  Ve  au  VIIe  siècle  Je  noire  ère, 
Paris,  1883. See  also  Zimmer,  Auf  welchem  Weg  kamen  die  Goidelen  vont 
Kontinent  nach  Irland}  (Berlin,  1912),  pp.  13-17. 

2.  For  thèse  see  Loth,  op. cit.,  p.  89. 


Introduction.  41 

A  noteworthy  feature  of  both  languages  is  the  treatment  of 
borrowed  Romance  words,  and  in  this  respect  a  comparati- 
vely  wide  field  of  investigation  is  afforded  by  the  fact  that 
both  borrowed  without  restraint  from  their  neighbours. 

Numerous  dialect  peculiarities  hâve  beennoted.  For  the  Bre- 
ton dialects,  the  various  articles  which  haved  appeared  from 
time  to  time  in  the  volumes  of  the  Revue  Celtique,  as  well  as 
the  grammars  of  the  Breton  dialects,  hâve  been  taken  as 
authorities  for  the  remarks  made  thereon  in  the  paragraphs 
in  which  they  occur.  Various  Welsh  and  Breton  texts  and 
dictionaries  to  which  access  could  be  found,  hâve  been 
perused,  as  will  be  noted  from  the  list  of  abbreviations. 

It  has  been  deemed  simpler  to  arrange  the  examples  accor- 
ding  to  the  nature  of  the  peculiarity  they  illustrate,  and 
not  according  to  the  date  of  their  appearance  or  their  place  in 
the  historical  development  of  the  languages. 


CONTENTS 


I.  —  Vowels,  §§  i-io. 

Initial  vowel  before  sp,  st,sk.  —  Change  and  interchange  of 
vowels.  —  Swarabhakti-vowels.  —  Syncope  of  vowels. 

IL—  Diphthongs,  §§  ir-14. 

Diphthongization  of  simple  vowels.  —  Diphthongization  of 
vowels  before  g(e,  cb(e.  —  ai  ol  loanwords.  -  oi  ofloan- 
words. 

§   15.  Simplification  of  Diphthongs. 

§   16.   Contraction  of  Vowels  and  Diphthongs. 

§   17.  Haplology. 

III.  — Consonants,  §§  18-8  s . 

§§  18-24.  Changes  in  initial  Consonants. 
§  25.   Changes  in  medial  Consonants. 
§§  26-29.  Changes  in  final  Consonants. 
§§  30-48.  Other  Consonantal  changes. 

§§  30-33.  Initiallv,  §§  34-48.  Medially  and  tinally. 
§§  49-61.  Addition  of  Consonants. 

§§    49-51.   Prothesis;  §§   52-)).  Epenthesis  ; §§    56-61. 
Hpithesis. 
§§  62-80.  Loss  ot  Consonants. 

§§62-64.  Initiallv;  §§6 5-72.  Medially ;§§ 73-80. Finally. 
§  81.  Metathesis. 

§  82.  Some  exceptional  Cases  of  Mutation  (aspirate  and 
nasal)  in  Breton  corresponding  to  Welsh. 

§  83.  Palatalisation  of  Consonants  in  Welsh  and  Breton. 


ABBREVIATIONS 


A.  f.  C.  L.  =  Archiv.  fur  celtische.  Lexicographie . 

B.  Civsc.  ■=  Gweledigaethau  y  Bardd  Cwsc  (éd.  J.  Morris 
Jones). 

Br.  =  Breton  ;  M.  Br.  —  Middle  Breton  ;  O.  Br.  ==  Old 
Breton. 

Br.  Gl.  =  Old  Breton  Glosses  (Stokes),  Calcutta  1879. 

Br.  GL  O.  =  The  Breton  Glosses  al  Orléans  (Stokes), 
1886. 

C.  Coch.  Mss.  =  The  Cefn  Coch  Mss.  (Fisher). 

Cym.  Lien  Cxmr.  =  The  publications  of  Cymdeithas  Lien 
C  y  ni  r  11. 

D.  G.  =  Barddoniaeth  Dafydd  ah  Givilym  (Jones  and 
Owen). 

E.  —  English  ;  M.  E.  =  Middle  English  ;  O.  E.  =  Old  En- 
glish  ;  N.  E.  =  New  English. 

E.  E.  P.  =  Early English Pronunciation  (Alexander  J.  Ellis). 

Fr.  =■  French  ;  O.  Fr.  =  Old  Freneh. 

/.  Goch  =  Gwaith  Iolo  Goch  (Charles  Ashton). 

Indg.  Forsch.  =  Indogermanische  Forschungen. 

L.  Ch.  =  Loth's  Chrestomathie  bretonne;  L.  Ch.  (M.  Br. 
Chart.)  =  The  Middle  Breton  Charters  given  in  L.  Ch. 

L.  Ch.  (V.).  =  Vocabulary  to  L.  Ch. 

L.  E  (H.).  =  Lexique  étymologique  des  termes  les  plus  usuels 
du  breton  moderne,  par  V.  Henry. 

Le  Gon.  =  Le  Gonidec's,  Dictionnaire  français-breton. 

L.  G.  C.  =  Gwaith  Lewis  Glyn  Cothi. 

Le  Clerc  =  Grammaire  bretonne  du  Dialecte  de  Tréguier,  par 
l'abbé  Le  Clerc. 

Lib.  Land.  =  Liber  Landavensis  (The  Book  of  Llanddv). 

M.  Br.  H.  =  Middle  Briton  Hours  (Stokes). 


44  Parry-  Williams . 

Mab.  =  The  Mabinogton  (Rhys  and  Evans,  Oxford). 
M.  A.  =     TheMyfyrian  Archaiology  of  Wales. 
M.  Br.  (E.)  =  Ernault's  Dictionnaire  étymologique  du   breton 
moyen,  at  the  end  of  his  édition  of  Le  Mystère  de  Sainte  Barbe. 
Medd.  Mydd.  =  Meddygon  Myddfai  (Welsh  Mss.  Society). 
O.  Ir.  =  Oldlrish. 
Ped.  =  Pedersen's  Vergleichende  Graminatik  (vol.  I);  Ped. 

n  =  tt*.voi.  ii. 

R.  C.  =  Revue  Celtique. 

R.  B.  H.  ==  The  Red  Bookof  Hergest  (Rhys  and  Evans). 

Tr.  —  Troude's  =  Nouveau  dictionnaire  français  et  breton. 

V.  and  Yann.  =  Vannes.  V.  (Ch.)  and  Vann.  (Ch.)  = 
Châlons,  Dictionnaire  breton-français  du  diocèse  de  Vannes. 

Trég.  =  Tréguier. 

W.  =  Welsh;  M.  W.  =  Medkwal  W.  ;  O.  YV.  =  Old 
Welsh;   N.    W.  =  North  Wales;  S.  W.   =  South  Wales; 

U.S.—  Wiliam  Salesbury's  Welsh-English  Dictionary. 

W.  Llyn.  =  Barddoniaeth  Wiliam  Llxn  (J.  C.  Morrice). 


VOWELS 


1.  —  InW.,both  in  native  and  in  borrowed  words,  the 
initial  consonantal  groups  sp,  st,  sk,  developed,  presumably 
in  the  M.W.  period,  a  prothetic  vowel,  as  was  the  case  in 
late  Latin  and  further  in  French  and  Italian.  The  rule  in 
Welsh  is  the  exception  in  Breton  ;  in  the  former  branch  the 
vowel  is  invariably  y  (=  ?),  but  the  few  examples  in  point  in 
Breton  show  a  variation.  The  supposed  cases  ol  this  in 
Breton  are  O.  Br.  esceilenn  '  (gl.  cortina),  regarded  as  being 
cognate  with  Mod .  Ir.  sgâil.  sgâile,  'shadow',where  the  prothe- 
tic vowel  is  e,  and  O.  Br.  istomid2  (gl.  trifocalium),  cognate 
with  W.  ystefaig,  where  the  vowel  appears  as  i.  It  is  remar- 
kable  that  the  language  which  first  shows  traces  of  it.should 
drop  it  altogether,  whereas  the  other,  with  no  vestiges  of  it 
in  its  earliest  forms,  made  such  cases  of  prothesis  its  gênerai 
rule. 

In  M.  Br.  there  appears  a  word  ascolènn  'thistle'  (W.  ysgal- 
Ipn,  Cornish  askelku,  Yann.  oskalm)  which  is  regarded  as 
being  identical  with  O.  Br.  scal  (gl.  carduumque).  This  a, 
however,  with  the  a  in  the  Cornish  word,  seems  to  be  a 
doubtful  case. 

Traces  of  the  same  tendency  possibly  appear  in  the  variant 
forms  of  the  M.  Br.  words  start  and  squeut  (Mod.  Br.  stard, 
skeitd).  In  M.  Br.  (E.)  there  is  an  early  form  estart,  but  it  is 
counted  in  the  verse  as  one  syllable  ;  and  the  Vann.  (Ch.) 
form  of  M.  Br.  squeut  seems  to  be  esquet  or  hesquet. 

In  iMod.  W.,  when    the  accent  falls  on  the  third  syllable 

i .  Berne  Glosses. 

2.  In  the  O.  Br.  Charters,  see  L.  Ch.,  p.  142.  It  is  suggested  (ibid., 
p.  525)  that  it  is  to  be  read  iscomid,  and  a  W.  esgemyddis  compared. 


46  Parry-Williams. 

from  the  beginning  ofa  word,  the  tendcncy  is  to  drop  the 
regular  protheticj',  e.  g.  sgrifennu  or  scrifennù  for  ysgrifennu 
'to  write',  sgolhaig  for  ysgolhaig  'a  scholar'.  In  the  Mod.  W. 
dials.  the  tendency  is  to  drop  the  y  in  ail  cases,  except  when 
it  is  accented,  e.  g.  ysgub  'a  broom,  besom'but  sgubo  'to  brush 
with  a  besom',  ystum  'form,  pose'  but  stumiau  'grimaces',  etc. 

2.  —  Original  /  appears  in  Mod.  W.  as  y,  i.  e.  when  unaf- 
tected  by  a  following  pre-historicT/,  in  which  case  it  becomes  e. 
In  Cornish  and  Br.  it  appears  generally  as  c  (Cornish  having 
y  in  some  cases).  The  O.  Br.  had  however  forms  in  i  where 
O.  W.  would  also  hâve  i.  There  are  also  in  O.  Br.  traces  of  e 
from  /due  to  the  féminine  à-  ending,  the  forms  tuiiii  (masc.) 
and  mien  (fem.)  being  found  side  by  side  in  the  9th.  c.  See 
R.  C.  8  pp.  168  sqq. 

The  indécision  with  regard  to  the  tate  of  early  /  is  apparent 
in  W.  and  Br.,  especially  in  the  various  dials.  and  in  the 
loanwords  of  both  languages.  The  O.  W.  i  has  many  forms 
in  M.  W.,  /,  e,  y  and  y  (/  and  e  being  found  as  a  rule  in  the 
earlier  M.  W.  texts  though  later  such  forms  as  brodyr,  broder; 
llythyr,  llyther;  Merchyr,  Mercher1,  are  fairly  common).  In  the 
Mod.  W.  dials.  again  we  meet  withsuchs  formsas  eue  ïoyxiki, 
dent  for  dyua,  Dinbech  for  Dinbych,ydrach(or  edrych.  The  Mod. 
W.  forms  hâve  generally  y,  though  in  the  literarv  language 
wordslike  ennill  for  ynnill,  gwerydd  for  gwyryf  also  occur.  Cf. 
also  Mod.  W.  gresyn,  M.  W.gryssyn  (glyssyn). 

M.  Br.  has  forms  with  i  (rare)  and  c  corresponding  to  the 
/-forms  of  C).  Br.,  e.  g.  L.  Ch.  (M.  Br.  Chart.)  Eues-  and 
Inisiau,  W.  ynys;  c\.  Hytherguent,  with  hyther  =  bedr,  he;r  of 
M.  Br. 

Later  in  the  Mod.  Br.  dials.  we  find  fluctuations.  The  dial. 
of  Vann.  has  verv  often  a  prédilection  for  /,  where  the  dial. 
of  Léon  has  e,  e.  g.  Vann.  I>ihne,  ivein,  ini~  (iniss),  pisk,  gwi- 
nir,  stirenn  for  Léon  beo,  eva(jjT),  eue.;,  pesk,  gwetier,  sterenn. 
This,  however,  mav  be  a  late  change.  For  the  change  or  e  to 
i  in  the  Vann.  dial.  of  Sarzeau  See  R.  C.  3,  p.  47;  and  in 
the  dial.  of  Quiberon,  R.  C.  16,  p.  325. 

1 .    Mercber  mav  owe  its  final  -er  to  Gu'euer. 


Similarity  in  the  Phonology  oj  Welsh  and  Breton.  47 

A  paraïlel  but  reverse  change  is  apparent  in  the  case  ofmany 
loanwords  in  W.  and  Br.  In  W.  we  get  the  e  of  Romance 
words  appearing  as  y,  (a)  Pretonic  :  dyfosiwn  'dévotion'  B. 
Cwsc  (W.  S.  has  defosiwn,  as  commonly  in  Mod.  W.),  dyciae 
'decay';  (b)  Post-tonic  :  kweifyr  sayethe  'a  quevar'  W.  S., 
M.E.  quiver  ;  cweryl  M.  E.  querel(e);  dagyrÇW.  S.)  'dagger'; 
—  myn  as  plur.  of  E.  man  in  porthmyn,  iemyn,  etc.  ;  tocyn 
'  token' ;  Ystyvyn  (R.  B.  H.)  'Stephen' ;  (c)  accented  e  >  y 
before  n,  r,  s  '■  bryst  M-  E.  bresie,  trysor  M.  E.  trésor,  syrkyn 
M.E.  jerkyn,  syndal  'sendal'. 

In  Br.  also  the  e  of  French  words  appears  occasionally  as 
v  before  5  or  //  :  na  ystiman  netra  'je  n'estime  rien'  R.  C.  25, 
p.  340;  d'am  yscusim  'de  m'excuser',  R.  C.  25,  p.  106;  ynte- 
ret  'enterré'.  R.  C.  27,  p.  22.  Cf.  also  marichal  'maréchal', 
R.  C.  3,  p.  196  ;ar  re yminantan  'les  plus  éminents',\R.  C.  26 
p.  110. 

3.  —  In  the  various  Brythoniclanguages  original  u  appears 
as  an  u-  sound  in  some  cases,  and  as  0  in  others.  As  a  raie 
W.  has  w  except  when  a  long  a  originallyfollowed  (in  which 
case  in  appears  as  0).  The  same  rule  applies  to  Br.,  the  u- 
forms  being  prédominant  ;  but  in  some  of  the  early  forms  as 
well  as  in  some  ot  the  Mod.  dials.  0  is  found  side  bv  side 
with  the  u-  form.  On  the  other. hand,  the  rule  in  Cornish 
demands  the  0-  form. 

The  same  variation  appears  in  loanwords  Irom  Lat.  In  cer- 
tain cases  the  Lat.  ô  has  the  0-  and  //-  forms  in  W.  as  well  as 
in  Br.  : 

Lat.  sôiius,  W.  sien,  son  ;  Br.  soiui.  sou; 

Lat.  pondus,  W.  pion  ;  Lat.  columba,  W.  colomen,  Br.  koulm. 

Again,  original t>  in  some  words  develops  into  a  //-  sound 
in  W.  and  Br.  : 

W.  Iwrch,  Br.  loin  c  h,  O.  Ir.  tore;  W.  iwrch,  Br.  îourch, 
Cornish  xoirh. 

The  Br.  ounnen  (W.  oniicu  cash-tree')  is  regarded  as  being 
merely  a  dialectal  pronunciation  (Vendryes,  R.  C.  30, 
p.  209). 

The  folio winy   are  exs.   ot   the   intermin»lin>r  of  0-  and  u- 


.|S  Parry- Williams. 

forms  in  W.  and  Br.  in  native   and  borrowed  (Lat.)  words  : 

M.  Br.  brout  (Mod.  Br.  broud,  O.  Br.  brot,  W.  brwd) 
'ardent';  con,  coun  (W.cwii  cdogs');  cof(f),  coujf(\V.  cof 
'memory');  coganl,  cougani  (W.  ceugant)  'certain';  colon, 
calaoun  (W.  calon  '  heart  ')  ;  crouc  (W.  crog  '  cross  ')  ;  crom 
(adj.)  4bent',  croumaf  '  to  bend  '  (W.  crivm,  crymu);  goçaff, 
gou%aff(W.  goddef  '  to  suffer')  ;  dorn  '  hand  '  (Mod.  Br.  Léon 
dourn,  W.  ifewH  'fist')  ;  w/  (Vann.  /<>///,  W.  /m-J)  ;  loncaff, 
louticaffÇW.  llyncu);  rodoed,  roudoe\  (W.  rhodmydd);  Sadorn, 
Sadourn  (W.  Sadwrn);  lou,  toun  (W.  /o//  'tone,  tune  ')  ;  areft- 
diagon,  archdiagoun  (Mod.  Br.  arriagon,  W.  archddiagon, 
archiagorî) ;  moch  (Mod.  Br.  mouc'h,  W.  moch). 

The  M.  Br.  Charters  (L.  Ch.)  bave  calloch,  callouch ;  goni- 
doc  (M.  Br.  also  gounidec,  W.  gweinidog)  ;  /?oc£,  /;c//r/;  (W. 
hwch)  ;  moalcQj),  moualch  (W.  mwyalcti)  \  soult  (O.  Br.  50//, 
W.  swllf)  ;  cf.  O.  Br.  w/  (gl.  (a)eruginem,  W.  rhwd  'rust'). 
Mod.  Br.  hashont  (W.  bwni);  blonec,  blounhec(W.  bloneg). 

In  the  Mod.  Br.  dials.  the  0-  and  //-  forms  fluctuate  conside- 
rably.  For  a  list  of  words  having  0  in  Léon  and  ou  in  Vann.; 
words  having  0  in  Vann.  and  in  the  Catholicon,  but  ou  in 
Léon,  see  R.  Ci,  p.  215.  See  also  ibid.  list  of  words  having 
0  in  Léon  but  u  (i.  e.  //)  in  Vann.  Thèse  exs.  bave  w  in  W. 
See  also  note  in  R.  C.   16,  p.    186. 

In  the  Romance  loanwords  in  W.  and  Br.  the  cases  in  this 
categorv  to  be  dealt  with  are  those  containing  a  short  close  0. 
This  seems  to  appear  in  W.  invariably  as  //  (written  a*),  in 
Br.  mostlv  as  //  (written  ou)  aud  occasionallv  as  c)  side  by 
side  with  the  ou  {ci.  Meyer-Lûbke,  Grammatik  der  romanischen 
Sprachen,  I,  p.  133  '  Im  Westen  wird  0  vor  Nasalen  y.u  011,11; 
so  schreiben  die  mittelalterlichen  Urkunden  und  Handschrif- 
ten  ').  Exs.  in  point  from  Br.  are  : 

M.  Br.  (E.)  courtes,  cortes  'courtois',  fourni,  fiinn  '  forme', 
tourmani  '  tonnent',  moundenn,  monden,  mundain  '  mondain'. 
L.  Ch.  (F.)  has  connue"  congé'  (ijth.  c.),counlriulon  '  contrats' 
(l7th.  c),  milioun  '  million' (ijtb.  c).  Le  Gon.  rond,  round 
'  rond',  Tr.  îoud,  lod  (Vann.  loi)  Mot'.  Cf.  R.  Ci,  p.  196 
ar  masouner*  le  maçon',  p.  214  Kleier  Fouesnant  a  respount 
Mes  cloches  de  F.  répondent  '.  À'.  ('.  ],  p.  192  Lost  ar  c'hog 
er  poud*  la  queue  du  coq  dans  le  pot  '. 


Similariiy  in  the  Phonoîogy  of  Wdsh  and  Breton.  49 

The  cases  among  the  Romance  borrowings  in  W.  are  very 
numerous.  As  already  mentioned  W.  has  iv.  The  M.  E.  and 
Fr.  forms  hâve  sometimes  0,  sometimes //and  sometimes  both, 
in  words  where  W.  has  only  w\  The  sound  in  E.  and  Fr. 
was  probably  between  the  high-back-round  and  the  mid-back- 
round,  or  really  an  extra-labialised  0-  sound.  As  a  rule  in 
Norman-Fr.  the  fluctuation  was  between  0  and  //,  showing 
the  doubtful  nature  of  the  sound  ;  but  generally  Norman-Fr. 
has  //  to  correspond  to  the  0  of  O.  Fr.  Exs.  in  W.  :  barwn 
'  baron  '  M.E.  baron,  bantn,  baroun,  O.  Fr.  banni,  -on;  backwn 
twrch'  bacon'  (W.  S.)  M.  E.  and  early  N.  E.  bacoun,  bakon, 
O.  Fr.  bacon  ;  cnuper  '  crupper'  M.  E.  croper(e),  later  croit  père, 
O.  Fr.  cropiere;  trwmp  '  a  trump,  trumpet  'M.E.  trompe,  trumpe 
Fr.  trompe  ;  and  many  others. 

Further,  in  M.  E.  there  are  words  having  0-  and  //-  forms, 
whereas  the  Fr.  forms  are  conrined  to  //.  This  arose  from  a 
gênerai  confusion  in  M.  E.  and  early  N.  E.  between  0  and  //.  0 
being  sometimes  used  for  //  merclv  as  an  orthographical 
device  to  avoid  confusion  when  the  //  ot  O.  E.  came  in  con- 
tact with  certain  letters  in  MSS.  It  was  originally  a  device  ol 
Fr.   (see  Horn,    Historische    Neuenglische   Grammatik,   Vol.  I, 

Again,wehave  proofs  ot  the  0-  timbre  ot  the  /(-sounds  ofM. 
E.and  early N..E.  French  writersof  the  i6th.and  17th.cs.com- 
pare  E.  u  with  their  native  Fr.  0-  sound  (see  Horn,  Untersu- 
chungen  jur  Neitengliscben  Laittgeschichte,  chap.  4).  Hence  we 
may  gather  that  the  early  E.  short  0  had  a  l  close  '  quality  in 
some  cases,  and  that  the  E.  short  u  had  likewise  an  'open' 
quality  under  certain  circumstances. 

Moreover,  some  words  having  only  0-  forms  in  E.  appear 
in  W.  with  -w,  e.  g.  cnuc  'pail  '  (W.  S.  crwcb),  E.  crock,  M.  E. 
broche;  aut  '  a  cot  ',  M.  E.  cot,  O.  Fr.  cot;  iwmon  (W.  S.)  (pi. 
izumyn,  as  in  Hywell  Swrdwal,  who  has  humynn)  '  a  yeo- 
man  '  ;  M.  E.yoman  ;  swnd,  szunt  '  sand',  M.  E.  sondée)  ;  waîwrt 
'wall-wort  ',  M.E. -au/7. 

So,  whereas  in  W.  loanwords  the  forms  generally  accepted 
are  the  w-  forms,  in  Br.  we  find  traces  of  both  forms,  as 
seen  from  the  above  exs. 

Revue  Celtique,  XXXI'.  4 


>o  Parry-Wîlliams. 

W  .  however,  isnot  without  its  exs.  of  fluctuation  : 

botzun,  botwn,  bwtiun,  botwm  'a  button  ',  D.  G.,  p.  57. 

Nid  ananwyl  dwyn   anerch  |  O  fotymau   siamplau  serch. 

C.  Charlymaen,  p.  50,  lias  bwitwii, and  this  is  also  the  mod. 
Gwentian  form  by  the  side  of  Venedotian  bwtwm  Çboliuin),M. 
E.  botoun,  botone,  O.  Fr.  Z>i>/M,Mod.  Fr.  bouton  ;  clwpa,  rlopa'a. 
club  ',  M.  E.  clobbc,  clubbe  ;  comffordd  '  comfort  ',  comffyrddus 
(cyffyrddus),  '  comfortable  '  (W .  S.  bas  hunffivrtb  '  conforte', 
hvnffwrddîo  '  tocounforte');  concwest  '  conquest  '  and  hvnhwest 
(W.  S.),  O.  Fr.  conquest(e)  ;  also  concwerio  and  aunczuerio  '  to 
conquer'. 

Note.  —  Tbere  are,  of  course,  in  W.  many  loanwords  Irom 
E.  with  the  pure  0-  sound,  without  variations  in  w. 

We  bave  seen  above  how  some  Br.  words  hâve  0  in  the 
dial.  of  Léon  {on  in  other  Br.  dials.)  but  hue  (i.  e.  //)  in  the 
dial.  of  Vann.  (A\  C.  1,  p.  215).  This  phenomenon  may  be 
compared  with  the  appareance  in  W.  loanwords  from  E.  of 
11  (i.  e.  W.  //)  where  we  would  regularly  expect  an  w.  In 
thèse  words  we  hâve,  as  a  rule,  a  liquid  or  a  nasal  (/,  ///,  //  or 
;•)  following  the  //,  e.  g.  bulas  by  the  side  of  bwlas,  E.  bullace 
(earlv  E.  had  0-  and  -u  forms)  :  buliwns  in  D.  G.,  p.  432  by 
the  side  of  the  commoner  iorm  bwliwns  E.  bullions;  burgyn  '  a 
carcase  '  from  E.  morkin  ;  ait  m  D.  G.,  p.  149  and  in  some 
Mod.  W.  dials.  by  theside  of  cwt  (the  Common  N.  W.  form), 
E.  col  ;  sunt-ur  '  '  a  kind  of  sundy  gravel  ',  M.  E.  sonde  'sand  ' 
et.  W.  swnd;  s/nu  (and  swrri)  'a  somme'  {W.  S.),  also  in 
D.G.,  p.  148,  Mod.  E.  sum. 

4.  -  -  The  interchange  of  a  ando  is  of  common  occurrence 
in  W.  and  Br.  as  in  other  languages. 

a)  The  change  of  0  to  a  appears  in  native  words  in  the 
lorras  developed  from  earlier  guo  {or  still  earlier  no-),  and  is 
supposed  te>  be  a  case  of  delabialization  after  the  labial  u  (see 
Ped.  §  26,  4),  e.  g.  W.  gwallofi  '  to  pour  ',  Ir.  fohiiii  '  em- 
pty  ',  W.  gwasgod  (earlier  gwasgawd.  as  in  Goronwv  Owain) 
'  shelter,  shade',Br.  gwasked,  Ir.  foscad  ;  W.  gwala  (and  iwala 

(  >r  possibly  from  E.  cinàer. 


Similarity  in  the  Phonolog)  of  Welsh  and  Breton.  51 

'  enough,  galore  ')  '  enough  ',  Br.  gwalcb  (and  a  zualcbj  ;  Br. 
giualcbi,  W.  golchi,  O.  Ir.  folcaim.  Cf.  W.  diguadef  in  Lib. 
Land.,  hter  dioddef  ;  gwared,  O.  Ir.  fo-rethim;  giuadn,  Ir.  fol ba. 
In  Pembrokeshire  gwagar  is  heard  for  the  commoner  go.gr, 
gogor  'sieve  '. 

Corresponding  to  O.  Ir.  for  there  appears  in  M.  W.  a 
form  guar,  e.  g.  in  Lib.  Land.  guar  ir  hen  rit  '  above  the  old 
ford  '. 

Occasionally  the  change  appears  in  words  borrowed  from 
Lat.  :  W.  carrai  (O.  W.  corrut),  Br.  korre-ênn.  Lat.  corrigia  ; 
W.  manach  (rnonacb,  mynach),  Br.  manacb,  moiiacb,  Ir.  ma- 
nacb,  Lat.  monacbus. 

In  some  of  theMod.  W.  dials.  (in  parts  ofN.  W.  e.  g.)  0 
tends  to  become  a  (often  in  connection  with  w)  in  such  words 
ascyivad  or  auad  =  cyfod  'arise  ',  dîuad  =  dyfod  '  to  corne', 
piavareb  =  pig-fforeb;  lyivad  =  tyicod'  sand  ',  gwman  =  guy- 
iiion  '  sea-weed  ',  paratoi  =  parotoi  '  to  prépare  ',  Methadus 
'  Methodist'. 

In  addition  to  the  exs.  cited  above,  the  following  Br.  forms 
may  be  mentioned  :  M.  Br.  priadele^  '  marriage',  cf.  W.priod 
1  husband,  wife  ',  priodi  '  to  marry  '  Br.  pried,  priei  '  spouse  '  ; 
M.  Br.  (E.)  rigal,  rigol  '  rigole  ';  Vann.  (Ch.)  sam  'somme, 
voiture  ',  spatulamancc  '  spatulomancie  '  in  R.  C.  12,  p.  383  ; 
vacabant  '  vagabond  '  in  R.  C.  11,  p.  310,  but  vacabont 
on  p.  308.  The  last  two  exs.  may  be  due  to  vowel  assimi- 
lation. 

b)  The  opposite  change  of  a  to  0  is,  however,  much  com- 
moner in  W.  and  Br. 

It  is  found  in  some  Lat.  loanwords,  e.  g.  W.morthuyl  (and 
dial.  marthivï),  Br.  morypl,  Lat.  marlellus;  Br.  korai^ÇW. 
Y  Garazuys),  Lat.  Ouadragesima. 

It  appears  also  in  some  native  words,  in  W.  mostly  in  the 
dials.  e.  g.  N.  W.  afol=afal  '  apple  '  ;  gofol  =  gofaî,  '  care  '  ; 
diofol  =  diofal  '  careless  '  ;  S.  W.  g  rondo  =  gwrando  '  listen  '. 
Cf.  Mod.  W.  do  for  M.  W.  el-wa;  Mod.  W.  0  (prep.)  and  0 
(voeative  particle)  for  M.  W.  a  l,  Br.  a. 

1.  In  M.  W.  the  forms  d  and  0  occur,  and  arc  probably  two  originally 
separatc  prépositions. 


)2  Parry- Williams. 

In  Br.  the  tollowing  ma}-  be  instances  of  the change,  M.  Br. 
(E.)  onnoer(annoen),  dim.  onneric  (W.  anner)\  hogos  (W.  agos 
'  near ');  boguen  (Jjouguen),'  but  '  (W.  bageri);  holen  'sait' 
(W.halen,  V.  (Ch.)  haléne,  halein);  tort  '  belly',  O.  Br.  tar, 
Ir.  tarr.  Cf.  buoniq  'sun  ',  #.  C.  16,  p.2i2(W.  &##»)  ;  Trég. 
iiiomui,  p\.  mommo  t  mother ',  Tr.  (W.  manï).  Yann.  hzs  àmo- 
//(//,  M.  Br.  amanen  (W.  ymenyn);  gorik,  garik  =  gavrik  (L. 
C/j.).  For  other  words  in  which  the  dial.  of  Vann.  tends  to 
favour  an  o  where  the  Léon  dial.  lias  a,  see  R.  C.  i,  p.  89 
sqq. 

The  sâme  change  is  apparent  in  some  loanwords  from 
Romance  in  W.  and  Br.,  the  former  having  a  goodly  number 
of  exs. 

In  Br.  :  M.  Br.(E.)  dongerus  '  dégoûtant  ',  <C  Fr.  dangereux  ; 
orsaill  '  batterie  ',  =  àrsaill,  assaill,  ■<  Fr.  assaillir  ;  sirop 
'  estrep(étrape)'. 

In  W.  :  In  the  W.  loanwords  from  E.  cases  of  this  change 
are  very  fréquent,  and  some  of  very  early  date.  The  alterna- 
tion  between  a  and  0  occurs  also  in  E.  itself  at  an  early  period. 
The  '  back  '  a  of  primitive  Germanie  was  changed  early  to  x; 
but  an  exception  was  that  a  before  nasals  was  preserved,  e.  g. 
lang,  uaiiia.  There  was  a  tendency  to  write  this  sound  with  o, 
as  long,  noma.  It  is  uncertain  whether  this  0  means  really  a 
very  broad  a-  sound.  O.  E.  had  probably  the  '  low  '  sound  ot 
a  (as  in  Fr.  patte)  before  nasals,  andpossibly  the  c  in  uoma  etc. 
is  an  attempt  to  indicate  this  broad,  deep  a-  sound.  It  lias  also 
been  re^arded  as  a  labialized  sound,  a  '  low  '  a  with  a  slight 
narrowing  of  the  lips.  But  in  O.  E.  the  practice  of  '  rounding  ' 
(/  before  nasals  disappeared,  only  to  reappear  later  in  M.  E. 
(see  Sweêt's  Hislory  of  English  Soumis,  p.  54). 

Most  of  the  W.  exs.  with  0  are  probably  from  the  M.  and 
N.  E.  periods.  In  the  majority  of  cases  E.  had  two  forms.  in  0 
and  a,  but  we  hâve,  however,  some  instances  where  there  do 
not  seem  to  be  0-  forms  inE.,e.g.  pesoiit,  lytenont. 

It  is  not  before  the  nasals  ui,  11,  ng  only  that  this  ('  appears 
in  W.,  for  we  hâve  traces  of  it  before  /  and  r. 

A  few  W.  exs.  are  : 

bîowmon   (blewmon,   blazumon),  F.   bloman,  now   obsolète  ; 


Simïlarity  in  the  Phonalogy  of  Welsb  and  Breton.  53 

Englont  (Jnglont),  '  England  '  ;  Ysgotîont  '  Scotland  '  ;  fuslioh 
'fustian',  also  early  E.  fustion  ;  garlond  (garloni)  '  garland'; 
Early  E.  garlandÇe)  and  garlond(e);  -mou  '-man'  in  manywords 
hangmon,  porthmon,  hengsmon,  pli  sinon,  etc.;  lytenont  Qijf  tenant, 
lutenant)  '  lieutenant ';/>d5w//  '  peasant  '  ;  tenant* tenant';  ram- 
pont  (rampaunî)  '  rampant  ',  Early  E.  rampaunt (Fr.  rampant); 
Roloud  '  Roland'  ;  reioi  '  real'  ;  deiol  '  dial  '.  In  W.  dial.  hospi- 
tol ,  '  hospital  ',  spectol  '  spectacles  '  (occurs  also  in  B.  Cwsc). 

hongian  '  hang'  Early  E.  hong-,  hang-  ;  honsel  'a  handsel  ', 
hansel',  M.  E.  handsel,  hanselle;  more  '  a  mark  (coin)  ',  M.  E. 
mark(c)  ;  ongl  'angle';  pour  'a  mound,  hillock',  E.  bank, 
M.  E.  banke,  bonkke ;  slond  'stand',  M.  E.  partie,  stonden,  stan- 
den  ;  rhonc  '  rank  (adj)  ',  M.  E.  ranc,  rouke. 

Whether  the  sound  denoted  by  0  and  a  in  Early  E.  was  a 
pure  0-  sound  may  be  a  moot  point,  but  there  is  no  doubt 
about  the  purity  of  the  sound  as  an  0  in  the  W.  représenta- 
tives of  the  E.  word s. 

5.  —  The  change  oie  to  a  in  certain  positions  is  of  fréquent 
occurrence  in  W.  and  Br.  This  is  évident  in  native  as  well  as 
borrowed  words.  Some  very  early  examples  are  : 

W.  adar  '  birds  ',  adain  '  wing  ',  O.  Br.  attanoc  (adj.),  root 
*pcl-  ;  M.  W.  adaued  (later  edau,  edafedd)  '  thread'  ;  W.  alarch 
O.  Cornish  elerhe  (rf.  Ir.  elà)  ;  W.  Br.  tan  (O.  Ir.  Une);  W. 
dala  (Mab.,  Kulhwch  ac  Olwen)  '  sting'(0.  Ir.  delg). 

The  same  change  appears  in  Lat.  loanwords  in  W.  and  Br. 
(as  well  as  in  Cornish)  ;  W.  sarph  '  serpent  ',  O.  Br.  Bot-Sar- 
phin ;  W.  Calan1  '  New  Years  Day  ',  M.  Br.  qualan  ;  W.  car- 
char,  tafarn,  Padarn,  ystarnu,  etc.  (see  Ped.,  §  124,  6). 

As  a  rule  the  change  takes  place  when  the  e  is  followed 
immediately  by  n,  r  (or  /). 

Cases  in  Br.  : 

In  some  cases  in  Br.  this  change  seems  to  be  a  dial.  pecu- 
liarity,  for  we  find  in  certain  words  that  the  dial.  of  Léon 
favours  the  e-  for  m  whereas  Vann.  leans  towards  the  a- 
form. 

Thèse  words  hâve  //,  r  or  v  following  the  vowel. 

1.  Late  Latin,  however,  lias  also  a  forra  kiihiinlac. 


54  Parry- William  s. 

Léon  :  kefniden,  bemdt^  kenderv,  keniterv,  menez,  ere>  serch, 
evit  ;  Vann.  kanivedenn,  bamàeXj»  kanderv  (candérhue),  kaniterv 
(caniterhîte),  mane  (mannf),  arl,  cl.uirj.  aveit  (sec  R.  C.  i, 
p.  87). 

For  the  change  of  er  to  ar  in  Br.  in  native  and  borrowed 
words,  sqqR.C.  25,  p.  266;  26,  pp.  65,  71,  73;  27,  pp.  252. 

Other  exs.  in  Br.  loanwords  are  (c  before  /,  ;//,  ;/,  s)  : 
M.  Br.  (E.)  ambuig  'embûches  ';  asquipet  (O.  Fr.  esquiper); 
assaign  '  enseigne  '  ;  astandart  (O.  Fr.  es  le  11  dard)  ;  garredon 
(O.  Fr.  gueiredori)  ;  kalander  '  calendrier  '  ;  missal  '  missel  '  ; 
sarmant  f  serment';  sarmon  'sermon';  talant1  (Lat.  talen- 
tiini);  vanaeson  '  venaison'  ;  vandangaff (vendangaff)  '  vendan- 
ger '  ;  a  mail l  '  email  '. 

Cf.  further  aslennet  'étendu'  (Lat.  extend-ere),  R.  C  1, 
p.  120;  ampire  '  empire  ',R.C.  25,  p.  320;  kanastel  (O.  Fr. 
canestel),  L.  E.  (H.)  ;  ritital'  rituel  Mr.  ;  dale'  délai  '(i6th.c.) 
L.  Ch.  (F.). 

Cases  in  W.  (generally  before  r,  n,  /)  : 

Note.  — A  somewhat  similar  change  before  ;•  took  place 
in  F.  also,  when  c  (open)  followed  by  a  final  r  or  r  -f-  cons. 
btcame  a  before  the  end  of  the  M .  E.  periody  e.  g.  sterre  > 
star,  kerven  >•  carve.  This  change,  hovvever,  was  not  univer- 
sal  in  E. 

W.  adargop  (adargop-we),  O.  and  M.  E.  aiiercoppe.  (The  W. 
form  may  be  due  to  the  influence  of  W.  adar  '  birds  ');Adfanl 
'Advent'  (in  its  spécial'  Christian'  meaning);  pwyntmani 
'  appointaient',  E.  (15  c.)  pointment,  et.  O.  Fr.  poyntement ; 
Siarom  (in  W.  Ltyn)  '  Jérôme'  ;  Siaspar  '  Jasper  ';  ffardial 
'  fardel' ;  ffristial,  E&ûy  E.  fristclle  ;  tranket  trenket,  W.  S.; 
Syvarn  '  Severn'  (in  L.  G.  C,  p.  463,  E  savodd  deutu 
Syvarri).  Chwalcys  in  M.  A.,  p.  324,?  <  M.  E.  welkes 
1  whclks  '  ;  IhiuiaisW.  S.  '  varnish',  M.  E.  vernysche  (also  W. 
berneîs,  bernais). 

Cf.  S.  W.  ariôd  (erioect),  hala  (Juda,  bel). 

6.  —  The  mute  or  half-mute  c  in  loanwords  in  W.  and 
Br.  : 

1 .    In  O.  Fr.  also  hilant . 


Similarity  in  the  Phonoîogy  of  Welsh  and  Breton.  }> 

The  e  in  question  is  generally  a  final  e,  but  exs.  of  médiat 
e  are  found. 

The  treament  of  the  finale  in  Br.  is  manifold  (see  R.  C.  8, 
p.  526). 

1)  It  falls  offaltogether,  Br.  chas,  Fr.  chasse; 

2)  It  becomes   e,   Br.  finesse,  Fr.  finesse;  Br.    rkw,    Fr. 

3)  It  becomes  a,  Br.  finesa,  Fr.  fine.se;   Br.  promesa,   Fr. 

promesse  ;   Br.  blaveoJa,  Fr.  blavéole. 
In  a  few  personal  names  it  seems 

4)  To  become  #«  in  Trég.,  Annan,  Barban  (see  i?.  C.  9, 

P-  379)- 

For  the  form  -es  of  Fr.  we  find  in  Br.    the  ending  es  pre- 

served,  e.g.  : 

M.  Br.  (E.)  baetes  '  bettes'  (Trég.  boeles,  for  which  seei?.  C. 
16,  p.  220);  botines  'bottines';  perles  'perles';  in  R.  C.  9, 
p.  200  carotes  'carottes'.  Cf.  also  M.  Br.  (E.)  botes  '  souliers  ' 
(W.  bolas-att  <C  M.  E.  botes);  Mod.  Br.  almandes,  aimantes 
for  M.  Br.  almandes. 

Note.  —  There  seems  to  be  an  ex.  of  s  as  plur.  suffix  in  a 
native  word  in  R.  C.  4,  p.  66,  mesk  anndrens  '  au  milieu  des 
épines  '  (W.  drain  '  thorns  '). 

Cases  of  medial  half-mute  e  are  fréquent  in  Br.  ;  it  assumes 
the  form  a  as  a  rule. 

L.  Ch.  (V.)  Allamaign  'Allemagne  '  ;  M.  Br.  (E.)  autra- 
mant  (and  autremant)  '  autrement  ';  paeamant,  oignamant;  M 
Br.  mandamant,  familiaramant;  M.  Br.  (E.)  has  vanegloar 
'  vaine  gloire  ',  but  later  (R.  C.  9,  p.  379)  the  from  vœnagloar 
is  found.  Further,  we  hâve  gant  ma  halabarden  '  avec  ma  halle- 
barde ',  R.  C.  25,  p.  422  ;  fasilamant  '  facilement  ',  R.  C.  6, 
p.  84  ;  kog  a  lur  a  lur  '  le  coq  chante  à  la  lurelure,  R.  C.  5 , 
p.  191  ;  suramant  '  sûrement',  R.  C.  ri,  p.  61  ;  fansamant  'à 
tort  ',  Fr.  faussement  ;  sakramaùl  '  sacrement  '  Le  Gon.  ;  comman- 
damant  'commandement',  A. fi.  C.  L.,  I,  p.  218. 

The  treatment  of  the  half-mute  e  in  W.  in  the  loanwords 
from  E.  or  Anglo-Fr.  : 

The  final  unaccented  ë  of  M.  E.  appears  in  W.    in  a   num- 


56  Parry-Wiîliams. 

ber  of  cases  as  a.  As  in  the  case  of  e  in  final  unaccented  syllables, 
this  final  e  was  an  obscure  sound  in  E.  Indeed  in  final  syllables 
this  sound  was  not  always  denoted  by  e,  but  often  (and  espe- 
cially  in  Wyclif's  Bible)  by  y,  i,  u  (?  for  //),  e.  g.  mannis, 
locustus,  (>/>v//.(FormoreaboutthisM.  E.  sound  seeSweet's  His- 
tory  of  E.  Soumis,  p.  52).  W.  bicra  (and  bicre),  M.  E.  biche 
'skirmish'  (the  W.  word  found  in  L.  G.  C.  andi?.  B.  H.,  II, 
p.  300);  Zw/tf  '  bull  ',  M.  E.  bulc  (bole,  bulle);  çwpa  (Medd. 
Mydd.,  p.  347)  'cup'  O.  and  M.  E.  cuppe;  ystola  offeiriat 
'  stoole  ',  W.  S.  Mod.  E.  stole. 

The  M.  E.  plur.  ending  -es  assumes  in  W.  generally  two 
forms,  -as  and  -ys,  indicating  the  obscure  nature  of  the  vowel. 

bot  as  (some  kind  of  footwear;  also  botys,  both  forms  being 
regarded  as  sing.  in  W.  Cf.  the  Br.  forms  in  -es  above,  where 
in  M.  Br.  (E.)  the  sing.  forms  of  the  Fr.  words  are  given  as 
équivalents  ofthe  Br.  forms)  ?  M.  E.  botes;  cocas'  cogs'  (of  a 
wheel)  ?  M.  E.  cogges;  syartrysseit  in  R.  B.  H.  II,  p.  335 
*  charters  '  (W.  having  really  a  double  plur.  form);  baedys 
(?  <C  bacdsys)  L.  G.  C.  '  badges  '  ;  cecys  {W .  S  lias  kekysseu 
'  keckes  ');  betys,  M.E.  betes  ;  ffigys  '  figs  ',  M.  E.  fygges.  Cf. 
W.  Charlas  (R.  B.  H.  II,  p.  379)  '  Charles  ';  Fflandras}  < 
Flandres  '  Flanders  '.  M.W.  taplasQ  <  M.  E.  tables"). 

1.  —  The  change  oiato  tfseems  to  occur  occasionally  in  W. 
and  Br.  : 

Possible  Br.  exs.  are  : 

L.  Cb.  (V-)  ebar~(abar^)  ;  ennui  (a  Vann.  form)  for  aman; 
etawÇatao)  'always';  de  (da}  poss.  pron.);  M.  Br.  (E.)  lias 
merc  '  marque  ',  rem]1  '  rang'  (Vann.  (Cb.)  ranc,  renc,  pi.  ran- 
geu);  scarleq  (and  squarlac)  '  écarlate  '  ;  L.  E.  (A.)  gives 
Vann.  tes,  M.  Br.  tas  <  Fr.  tas;  M.  Br.  (E.)  squerb,  Fr. 
cebarpe;  L.  Cb.  (F.)  seuclou,  Fr. sangles. 

Some  doubtful  exs.  in  W.  are  : 

Aires  '  An-as'  L.  G.  C.  p.  105  ;  breewesi  '  breaktast  '  ;  pinegl 
1  pinnacle5  (in  W.  Llyn)  ;  pitfel  'a  pytfall  \    W.  S.\    berfa 

1.  O.Fr.  however,  lias  renc. 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsb  and  Breton.  57 

c  a  barrow  ',  M.  E.  barewe,  barwe  ;  clec  'clack  '  ;  rheng  and  rhenc 

•  row,  rank  ',  and  others. 

Forms  like  W.  passes,  potes  ('  passage,  pottage  ')  seem  to 
show  the  simplification  of  a  diphthong.  The  E.  -agtfgenerally 
>>  aes  (or  ais)  in  W.,  this  in  the  above  cases  being  monoph- 
thongized  to  es. 

Cf.  M.  Br.  (E.)  trecc  or  traescc,  Mod.  Br.  lre~,  ?  <  Fr.  trace 
If  so,  the  séries  of  changes  would  be  ace  >>  aes  >>  es  >  ë(. 
The  M.  Br.  chenchaff  '  changer'  is  another  example.  Cf.  feççon 
in  R.  C,  12,  p.  167,  by  the  side  of  faeçon  in  R.  C.  12,  p.  33 
,w7c/.v  '  changer  '  of  Mod.  Br.,  and  L.Ch.  gress,  grac%,  grœce 
'  grâce  '. 

8.  — The  '  dulling'  of/ in  some  words  in  W.and  Br.  : 

M.  Ernault  in  his  review  {R.  C.  4,©--  465  sqq.)  of  '  L'ori- 
gine des  voyelles  et  des  consonnes  du  Breton  moderne  de 
France  (dialecte  de  Léon),  par  d'Arbois  de  Jubainville  (Mé- 
moires de  la  Soc.  de  linguistique  de  Paris,  t.  IV,  3  e  fasc,  pp.  239, 
272)'  criticises  the  remark  that  ï  in  some  Br.  words  became 
11  (i.  e.  il)  before  //  and  r.  The  words  bur~nd  '  miracle  '  (M. 
Br.  ber^iit,  Vann.  berhut)  and  munud*  menu'  (Vann.  menut) 
are,  the  savs,  no  adéquate  proof  of  this  change.  He  regards 
them  as  exs.  of  '  régressive  '  assimilation,  and  compares  «  léon. 
Initiai,  pétun,  fubu,-fibu,  cbouibit,  moucherons,  lugitstr,  ligus- 
trum,  inii-iir,  nin~iil,  mesure...  »  L'inverse  a  lieu  en  léon. 
dans  fiixjiiU,  fusil,  en  trécorrois  dans  hit  un,  lutin,  //////,  utile: 
en  vann.  dans  bugnl  ==  bugel,  berger...  Le  pet.  Tréguier  nous 
fournit,  dans  hichen,  kuchen  et  kitchun,  les  trois  degrés  par  où 
ont  dû  passer  des  mots  tels  que  hirust,  chorister,  Tréc.duvun, 
devine;  cornouaillais  hurunat  =  choiiirinat,  hennir.  L7  se  sera 
d'abord  changé  spontanément  en  u,  comme  dans  possubl,  bor- 
rubl,  terrubl...  » 

But  granting,  however,  that  assimilation  accounts  for  some 
of  the  forms  in  //,  there  are  others  for  which  this  explanation 
does  not  hold  good,  e.g.  the  last  cases  mentioned  above,  pos- 
subl, etc.  And  when  we  take  kiichnn,  kiirust,  and  duvun  as  exs. 
of  assimilation,  there  is  then  to  be  explained  the  appearance  of 
the  first    u,  which     came    from    /'.    Assimilation    would    not 


5  8  Parry-ÎVilliams. 

explain  kuchen,  *korust  and  *devunl  (thc  two  last  being   hypo- 

thetical  forms  antécédent  to  kitnisl  and  duvun). 

A  similar  change  is  to  be  found  in  \Y.,  where  in  niany  cases 
we  find  it  (or  y)  wherewe  would  regularly  expect  i.  The  pro- 
nunciatîon  of  thc  u  and  y  in  W.  would  neçessarily  dépend  on 
the  period.  This  change  of  i  to  y  (//)  is  seen  more  especially 
in  the  W.  loanwords  from  E.  or  Anglo-Fr.  The  '  dulling  '  of 
the  /-sound  occurs  mainly  before  /,  n,  r,  s,  which  gcnerallv 
hâve  this  effect  on  neighbouring  vowels,  e.  g.  coblyn  E.  'go- 
blin  ';  azugrym,  M.  E.  augrim  \pàpurs  papyr,  M.  E.  paph  ;  pen- 
Ins  '  a  pentice  or  penthouse  ',  M.  E.  peutis,  pentys  ;  Suollul, 
'  Snodhill  ',  in  L.  G.  C,  p.  56;  Su/ni,  ?  'civil  ',  in  IobMSS. 
p.  327;  vuttlîo  '  to  victual  \  in  C.  Coch  MSS.,  p.  41,  M.  E. 
vi taille;  ffrynd  'friend',  early  E.jrind(e);  Woc'nyllocke'(W. 
S.)  i.  e.  '  hillock '  ;  munud  (mynud,  munyd)  '  a  minute', 
M.  E.  mi  mite,  mynut;  mursen  (earliest  ex.  in  D.  G.)  ?  <C  E.  vir- 
gin;pustol,  C.  Coch.  MSS.,  p.  71  and  elsewhere,  found  even 
in  i6th.  c,  '  a  pistol  '  ;  puni  '  a  pint  ',  in  Medd.  Mydd. 

9.  —  Svarabhakti-Vowels  in  W.  and  Br.  : 

The  developmentof  a  Svarabhakti-vowel  is  more  peculiar  to 
W.  than  to  Br.  Indeed,  it  is  generally  regarded  as  quite  foreign 
to  the  latter,  but  Br.  is  notwithout  traces  of  it  even  from  the 
earliest  period,  like  W.  itself.  The  prothetic  vowel  before  s  + 
cons.  {p.  t.  /r),  which  is  regular  in  W.  from  early  times  and 
of  occasional  occurrence  in  O.  Br.  also,  mav  be  regarded  as  a 
Svarabhakti-vowel  (see  §1). 

But  the  commoner  form  of  thus,  vi/.  the  insertion  of  a 
vowel  between  certain  consonants  (the  second  being  gen- 
erally one  of  the  liquids  /,  ;//,  n,  /)  is  operative  to  a  consid- 
érable extent  in  W.,  and  is  not  entirelv  unknown  to  Br., 
although  in  the  latter  it  is  more  of  an  exception  than  a  rule. 
Exs.  from  O.  W.  and  O.  Br.  are  possibly  O.  W .  cenitolaidou 
gl.  natalis,  (M.  W.  kcncdxl,  Mod.  W.  cenedl),  O.  Br.  datoîa- 
ham  (M.  Br.  </</-/,  M.  W.dadyl,  Mod.  W.  dadï)tO.  W.  tara- 
ter  (Mod.  W.  taradr). 

In  M.  W .   y  was  an  extremely common  epenthetic  vowel, 

1.  To  âuvun  another  antécédent  form  *duvin  might  be  postulated. 


Similarity  in  the  Phonology  oj  Welsh  ami  Breton.  59 

and  exs.  of  it  are  légion.  By  some  this  is  not  regarded  as  a 
full  vowel,  but  as  a  sort  of  glide  between  the  consonants. 
Against  this  view  ma37  be  adduced  the  form  hoedel  found  in 
the  Mabinogion  (Breuddwyd  Maxen)  'hoedel  nac  einyoes  nid 
oes  ida6  ara  danat'.  Hère  we  may  hâve  an  ex.  of  the  fréquent 
intercharge  of  e  and  y,  as  in  Merchyr,  Mercher,  brodyr,  broder, 
llythyr,  llyther.  (See  above§2.)  Theforms  Cydyzual,  Dyfnawal, 
Tùdawal,  by  the  side  of  the  commonei  Cydwal,  Dyfnwal, 
Ttldwai  appear  at  first  sight  to  contain  an  epenthetic  vowel, 
but  they  may  possibly  be  due  to  a  variation  in  the  seat  of  the 
accent,  which  in  thèse  cases  may  hâve  fallen  on  the  composi- 
tion-vowel.  See  Y Cymmrodor,  Vol.  XVIII,  p.  7.  Forms  like 
dala,  bêla,  bola,  boly  by  the  side  of  dal,  bel,  bol  may  supply 
exs.  of  epenthetic  vowel  between  the  /  and  the  disappeard  g. 
Cf.  dala  'a  sting'  in  Kulhwch  ac  Olwen,  the  O.  Ir.  delg,  and 
gwyryj,  gwerydd,  by  the  side  of  gwyrf  (l'irgo)  ;  also  M.  W. 
kivryf,  Mod.  W.  civnu  from  cwrwf  (O.  Ir.  coirtn);  M.  Br. 
delecb  for  delcb  from  delchell. 

In  words  with  final  consonant-groups,  of  which  the  last 
was  /,  m,  n,  or  /■,  there  were  two  possibilities  of  easing  the 
pronunciation.  Either  a  vowel  was  developed  between  the 
two  last  consonants,  or  the  last  consonant  was  dropped  alto- 
gether,  this  being  fairly  easy  in  the  case  of  liquids.  In  W.  (i. 
e.  in  the  spoken  language  and  in  the  dialects  generally,  where 
thèse  changes  more  often  take  place)  the  rule  seemsto  be,  if  a 
change  be  made  at  ail,  — 

1)  In  monosyllables  to  insert  a  svarabhakti-vowej,  gen- 
erally of  the  same  colour  as  that  in  the  preceding  syllable. 

2)  In  dissyllabic  and  polysyllabic  words  to  drop  the  final 
liquid,  because  the  addition  of  a  vowel  would  necessitate  the 
shifting  of  the  accent. 

e.g.  1)  dial.  cefen  (cefn),  ofon  and  ofan  (ofn),  ochor  (pchr), 
cylyn  (E.  kilfi),  llyfyr  (Jlyfr),  sicir  (sicr),  ystalwm  (erstalm,  M . 
W.  talynî);  civlwm,  for  *  nul  ni,  is  a  literary  form;  in  M.  W. 
clwni. 

2)  arad  (aradr)3  palad  (paladr),  vineg  or  vinag  (vinegr  '  vi- 
negar'),  Cydwalad  or  Divalad  (Cadwaladr),  perig  (perygt),  hud- 
dig  (buddxgl). 


6o  Parry-Williams . 

In  Br.,  on  the  other  hand,  when  a  change  does  take  place, 
i-t  is  generally  the  dropping  of  the  final  liquid  that  occurs, 
even  in  monosyllables  as  well  as  polysyllables,  e.  g.  : 

lest  (W.  llestr),  niesl  (inestr,  Fr.  maître),  eoni  (eontr,  \Y.  ewy- 
ihr),  frênes l  (M.  Br.  fenesir),  pot(potr). 

One  or  two  doubtful  exs.  in  M.  Br.  are  cagal  (?  W.  cagl, 
cagàt)i  euffur  (euffr)  'œuvre';  (hère,  however,  the  group  ffu 
may  be  only  another  wayôf  writing  //)  ;  charoigun  'charogne'  ; 
delech  for  delch  ;  gêner  Fr.  genre. 

Cf.  M.  Br.H.  dilivaraff (Fr.  délivrer);  M.  Br.  (F.)cbaudoii- 
ron  (Fr.  chaudron)  ;  L.  E.  (H.)  burutel  'blutoir'  (O.  Fr. 
Mutel),  paiastr  (O.  Fr.  (em)plastre);  kalafati  (Fr.  calfater) 
Ir.,  perisil  (Fr.   persil)  Tr.  cf.  W.  posibilrwydd  (from  posibï). 

In  Mod.  Br.  in  such  words  as  ialch,  aonalc'h,  an  epenthetic 
or  glide-vowel  is  said  to  be  perceptible  between  the  liquid  and 
the  final  consonant. 

Note  :  The  common  practice  of  dropping  the  final  liquid 
in  such  cases  as  the  above  mentioned  has  led  to  the  addition 
of  an  unetymological  /  or  r  in  some  words,  see  §§  56,  58  and 
K.  C,  31,  p.  515. 

In  the  use  of  the  svarabhakti  vowel  W.  approaches  nearer 
to  Br.  in  the  practice  of  inserting  this  vowel  in  initial  conso- 
nantal  groups  ;  in  the  Vann.  dia.1.  more  especially  in  Br.,  in 
W.  in  some  standing  literarv  tonus  and  also  in  some  words 
found  in  early  texts. 

Br.  exs.  :  M.  Br.  (E.)  quenechen,kenech(knech)  'mountain', 
M.  Br.  (E.)  barat  (O.  Br.  brat,  W.  brad);  Vann.  has  dele,  deîi 
'debt',  deleour  (pi.  delerion)  'debtor'.  quenêûen  (pi.  queneu) 
'nut',  darask  (and  drask)  'a  thrush',  kanso  'fleece'  (W*.  cnu  or 
cnitf).  The  Léon  forrri  <////-,  'a  trout',  is  in  Cornouaille  duluf. 
In  the  M.  Br.  Chart.  (L.  Ch.)  there  seems  to  be  an  isolated 
instance,  viz.  Tenon  (-Eve!)  by  the  side  of  the  commoner  form 
tnou,  Iran  .  In  Mod.  Br.  Tcnoit-Evel  is  Temtel.  M.  Br.  has 
knoen  and  kanouenn  plur.  kanôu  (W.  cneuen,  plur.  enau). 

W.  exs.  :• 

M.  W.  dylyed  Vlaim,  night',  dylyedawg  'noble',  dylyu  and 
delèù  'to  deserve,  to  owe',  Mod.  W.  dyled  (and  dlid,  dyléd), 
cf.    Vahn.   dele;  tynô  'dale'  (Br.    troti\   tnou).  In   some  fa  i  ri  y 


Similariiy  in  the  Phonology  oj  Welsh  and  Breton.  61 

early  texts  the  following  forms  are  found,  —  tolodi  (tlodi,  also 
Mod.  W.  tyiawd  and  tlaïud,  chvwd  (dial.)),  Goroec  (Groeg), 
taramiuy  (jramwy),  cynawd  (annuel),  oi  bylegid  (pi  blegid);  cf. 
colloquial  pyriodi  (priodi). 

10.  —  Syncope  of  Vowelsin  W.  and  Br.  : 

The  suppression  of  unaccented  vowels  (both  pre-tonic  and 
post-tonic)  is  a  common  process  in  W.  and  Br.  Some  exs.  of 
early  date  are  W.  crydd,  drws  (Br.  hère,  kereonr,  Ir.  cairem,  Ir. 
durits).  Instances  of  this  disappearance  of  unaccented  vowels 
are  common  in  ail  the  Brythonic  languages,  in  medial  as  well 
as  in  initial  syllables,  being  due  to  the  influence  of  the  old 
Brythonic  accent. 

The  effect  ofthe  accent  on  pre-tonic  syllables,  however,  is 
particularly  évident  in  Mod.  W.  and  in  the  Br.  dial.  of.  Vann., 
where  the  modem  rule  demands  the  accent  on  the  last  syl- 
lable,  as  was  probably  the  gênerai  rule  in  Brythonic  generally 
at  an  earlier  period. 

Vann.  has  clom  (Léon  koulm)  as  well  as  coloni,  W.  c(o)hm- 
en;  Vann.  clom  'knot'  (W.  cwlwm,  M.  W.  clwni)  and  sclom; 
see  V.  (C/j.)  s.  v. 

In  the  Mod.  W.  spoken  language  this  loss  of  a  vowel  is 
exceedingly  common,  e.  g. 

Clanmai  (Calanmai  =  Calau  Mai),  Clangaeaf  (Calcm  gacaf), 
cjonna  (calonnau),cnebrwng  or  cnebrwn  (cynhebrwng),  spydu  (di- 
hyspyddu),  mrynion  (morynion),  cnegwarth  (cciniogiuertJj),  sleinsio 
(<C  sialeinsio  E.  challenge),  cf.  p'ie  Çpa  le),  p'rai  (pa  rai),  cly- 
mu  (from  cwlwni),  gwlâu  for  gwelaau  plur.  oîgwely,  * givc- 
la. 

Note  :  Another  instance  ofthe  loss  of  a  vowel  in  W.  and 
Br.  is  mentioncd  in  Ped.  §  42,  An  m.  1,  --  «  Nach  dem  tu 
geht  im  Br.  hàufig  ein  Vokal  (anf  dem  Wege  der  Assimila- 
tion) verloren  : 

Br.  eontr  fOheim' ;  eon  'Schaum',  abr.  euonoc  ;  iiaoun.  Selte- 
ner  tritt  dies  im  C.  ein  :  c.  banl  br.  heol,  c.  caïur  'Riese'  gall. 
Kajapor.. .  .  » 

Other  W.  exs.  of  a  loss  of  this  kind  would  be  the  dial . 
forms. 


62  Parry-fVilliams. 

wllys  (eiuyllys),  wddu  (awyddti),  twchu  (jeivychii),  newddion 
Qtewyddion),  twnnu  (lyiuynnit),  twsu  (tywysii),  Sulgwn  (Sulg- 
îuyii),  Llanwnda  (from  Llan  -f-  Gwyndaf),  Llanrwst  (<C  Llan 
wrwst  =  Llan  Gwnvsl,  cf.  O.  Br.  Uuorgost,  Uurgosi).  Cf. 
Mod.  W.  diwrnod  for  M.  W.  àiwarnàwà\  S.  W.  has  still  di- 
warnod. 

The  loss  of  a  post-tonic  vowel  occurs  in  such  forms  as  W. 
gweld,  mynd  for  gweled,  myncd,  and  in  Br.  mont,  monet  ;  dont, 
donet. 


DIPHTHONGS 


11.  —  Diphthongization  of  simple  vowels,  unaffected  by  i 

or/  in  the  next  syllable  : 

A.  Original  à  and  ô  were  both  treated  in  Brythonic  as  ô, 
which  underwent  the  same  treatment  as  L.  ô  in  spécial  cases 
in  loan-words.  In  W.  this  developed  into  a  diphthong  aiu  in 
accented  syllables.  This  change  is  mostly  peculiar  to  W.,  but 
there  are  a  few  traces  of  similar  diphthongization  in  Br.,  e.g. 
O.  Br.  lau  (gl.  armum),  Br.  penao^1  chow'  Trég. penôs  (W. 
naivs),  laosk  (Lat.  laxus,  Ped.  §  32.  2.) 

Probable  examples  of  this  diphthongization  in  W.  and  Br . 
loanwords  from  Lat.  are  :  W.  azur,  O.  Br.  ann-aor  (gl.  quan- 
doquidem),  Lat.  hôra;  W.  nawn,  Lat.  noua. 

B.  Later  exs.  of  diphthongization  in  the  historv  ofW.  and 
Br.  . 

1)  In  afewwords  W.  andBr.  hâve  developed  a  diphthong 
from  //  (i.  e.  Br.  and  early  W.  ù  -sound)  before  ch,  e.  g.  W. 
buwch  (but  pi.  buchod  ;  also  bûches,  a  collective  form),  Br.  bioc'h, 
buoch.  Cf.  W.  Hivch,  by  side  ol  M.  W.  itch,  and  uchcl  ;  Ihnuch 
csnow-drift',  but  lluchio  'to  hurl';  cuwch  'frown',  cuchio  'to 
frown'.  In  Dywlâis  the  dyw-  stands  for  dit  'black'  =  *dub-, 

A  similar  diphthongization  of  an  w-sound  is  évident  also  in 
some  loan-words  in  W.  from  E.  or  Anglo-Fr.  The  earlier  form 
ol  the  diphthong  is  uw  in  W.  O.  E.  had  the  sound  il  (O.  E. 
y),  and  this  survived  in  M.  E.  especially  in  the  South-West. 
But  it  was  from  Fr.  that  most  of  the  cases  of  il  came  over  to 
H.  In  E.  itself  the  sound  underwent  the  foUowing  develop- 

1.   M  .  Br.  penaus,  pénaux  (L.  Ch   1 


64  Parry-Williams. 

ment,  fi  -ci  -iit  -in  (the  Mod.  E.  pronunciation).  But  though 
the  diphthongization  began  in  E.  before  the  end  of  the  1 5 th  . 
c,  the  û  itself  was  also  preserved  side  by  side  with  the  diph- 
thong.  Hence  the  W.  ma  may  be  a  development  of  the  ù  pure 
or  a  reflection  in  W.  of  the  processof  diphthongization  taking 
place  in  E.  itself. 

Exs.  : 

buwl  'a  mule',  in  W.  Llyns  Geiriadur;  fluzuet  '  a  flûte'  W. 
S.  ;  luivl  'a  lute',  W.  S.  ;  miwsig,  musig,  muzusig  'musie',  found 
in  W.  as  early  as  D.  G.  (p.  370,  Ymysg  llu'n  gwau  miwsig 
lion);  rhniu  'rue",  in  Medd.  Mydd.,  siwgr  'sugar' (found  in 
D.  G.  p.  83,  siwgr  ar  win  iddyn  segr  \xen);ysprnu>s  'spruce', 
W.  S. 

2).  Other  cases  of  diphthongization  are  more  or  less  com- 
mun in  Br.  and  W. 

Before^;  (for  d  or  f)  in  Br.  we  And  in  some  words  ci,  w  hère 
c  would  be  expected  to  appear,  e.  g.  Br.  dei%  (W.  dxdd),  fei^ 
(W.  ffydd),  nci~  (W.  uyth),  Brci~  (W.  Bryth-on). 

Where ai  (earlier  et)  appears  in  W.  as  the  resuit  of  Umlaut, 
Br.  has  generally  c,  but  before  %  again  the  diphthong  ci  app- 
ears in  the  words  prei%  (W.  praidd),hci;  (W.  haidd),  blci\  (W. 
blaidd).  Cf.  also  Br.  cil  (W.  ail),  leil  (W.  mil).  By  the  side 
of  Trindet  we  get  Br.  an  Dreindel  (\Y.  y  Drindod);  and  in  L. 
Ch.  (M.  Br.  Chart.)  the  form  Roc~  in  Roc;-ijnocdoit  is  found 
for  the  usual  Ros.  In  M.  Br.  saffroen  stands  for  Fr.  safran. 

Similar  cases  of  diphthongization  are  noticeable  also  in 
Mod.  W.  (chiefly  dial.,  and  mostlv  in  monosvllables  as  in 
Br.),  e.  g. 

maen  (mari),  does  {dos  'go  thou'),  tu-hwynl  (tu-hwnf),  ffoes 
(Jfôs),  bacs  (bas),  braen  (bran),  gwlaen  (gwlân).  Cf.  heiddiw 
(Joeddyui),  gloewyn  byw  (gloyn  byiu  '  butterfly'),  gweudyn 
(giuydu). 

In  some  E.  loanwords  in  W.  the  E.  à  is  occasionally  diph- 
thongized,  e.  g  : 

Sgaer  (E.  sharc),  spacr  (E.  sparc).  In  sglaits  (E.  slates)  the 
diphthong  may  be  a  reflection  of  the  E.  diphtongization  of  a 
in  such  words.  The  old  W.  form  is  ysglatus. 


Similarity  in  the  Phonology  of  IVelsh  and  Breton.  65 

Other  cases  of  diphthorigization  in  E.  loanwords  seem  to 
be  W.  dantailh  'a  delicacy',  M.  E.  danteth,  danlith;  cofaint, 
cwfaint1  'a  convent',  M.  E.  covent  (from  Anglo-Fr.  covent, 
cuvent),  as  in  D.  G.  p.  31e  'Pwl  gwfaint,  pobl  o  gyfoed',  R.  B. 
H.  II,  p.  335,  'ac  y  dechreuwyt coueint  y  manachlawc  gaer 
llion';  twnuwuiint,  t-wnici maint  (Mab.)  'a  tou marnent',  M.  E. 
iournement  ;  (lurueimant  occurs  in  M.  A.  p.  134J. 

3).  The  W.  and  Br.  diais.  exhibit  other  peculiarities  of  pro- 
nunciation. 

In  the  Vann.  dial.  ofSarzeau  e  becomes  e/  betore  a  vowel,  at 
the  end  of  words  and  before  //,  m  ;  e.  g.  leies  (W.  lliaws), 
leien  or  lujain  (W.  Uiain),  hei  (W.  ht).  —  R.  C.   3,  p.  47. 

In  the  Br.  dial.  of  Quiberon  also,  ou  and  0  are  occasionally 
diphthongized.  'Open'  0  becomes  on,  'close'  0  becomes  oiui,  e. 

a 

din  couoeh  'old  man'  (Léon  den  caQ;  ascouorn  (Léon 
ascourn)  ;  coarn  'corner'  (Léon  corn)  ;  hast  'tail'  (Léon  lost). 
—  R.  C.  16,  p.  323. 

Diphthongization  in  hiatus  (as  in  Vann.  dial.)  is  not  un- 
known  to  the  W.  dials.,  e.  g.  in  parts  of  N.  Wales. 

lleian  (Jlioin),  dreuan  ohono  (druan  ohono),  treiog  (jriog, 
triag,  'treacle'),  pleuan  (pluen),  ffeuan  {ffdcn)  ;  in  Cardigan- 
shire  euos  (cos),  euog  {eog  'salmon').  The  //-glide  after  the  0, 
before  /  in  such  E.  words  as  poil,  bold,  bold  has  developed  into 
a  full  diphthong  in  W.  poiulio,  powld  (dial.);  howld  (dial). 

12.  —  A  common  source  of  diphthongization  in  W.  and 
Br.  is  that  of  vowels  followed  by  a  palatal-dental-spirant,  voi- 
ced  or  voiceless  (or  followed  by  n  or  r  -f-  'à  dental-spirant), 
in  loanwords  from  E.  and  Romance.  IV.  S.,  in  his  W.  Dictio- 
nary  (i6th.  c),  has  a  noteaboutthe  pronunciation  of  the  W. 
a,  to  this  effect,  — 

«  ...  Neyther  yet  as  it  is  pronounced  in  English,  when  it 
commeth  before  ge,  //,  sh,  tch.  For  in  thèse  wordes  and  such 
other  in  Englyshe,  domage,  héritage,  language,  ashe,  lashe, 
watch,  calme,  call,  a  is  throught  to  décline  toward  the  sound 

1.  In  the  M.  W.  texts  cwfent  and  cwfeint  occur,  plur.  cwfennoed;  the 
form  with  the  diphthong  may  be  a  direct  borroving  from  Lat.  conventio. 

Revue  Celtique,  XXXV.  i 


66  Parry-Williams. 

of  thèse  diphthonges  ai,  au,  and  the  wordes  be  read  in  thys 
wys,  domaige,  heritaige,  languaige,  waitche,  caulme, 
caul.  ...  ». 

In  another  place,  when  dealing  with  the  sound  sh  of  E., 
W.  S.  says  : 

«  sh  in  dyfod  ar  ol  bocal  vn  (iss)  y  galwantvegys  hynasshe 
aiss,  'onnen';  wasshe  waiss  'golchi'.  Ac  yn  pa  ryw  van  bynac 
ar  air  i  del,  ssioval  neidyr  gyffrous  a  wna,  nid  yn  anghyssyllt- 
pell  o  y  wrth  swn  y  llythyr  hebrew  a  elwir  schin...  ». 

Then  we  hâve  Palsgrave's  note(£\  E.  P.  p.  120,  note): 

«  Also  ail  words  in  the  trench  tongwhich  in  writtyng  end 
in-age  shall  in  redvng  and  spekyng  sound  an  i  between  a  and 
g,  as  though  that  a  were  this  diphthong  ai,  as  for  langage, 
etc.  .  .  ». 

The  great  number  of  Romance  words  in  W.  and  Br.  prove 
this  tendenev  towards  diphthongization,  and  they  hâve  de- 
signated  this  in  the  written  forms  of  the  words  as  full  diph- 
thongs.  But  in  the  case  of  W.  and  Br.  the  same  thing  hap- 
pens  with  0,  tt,  e  (and  ï)  in  such  positions. 

Though  we  hâve  external  proofs  of  this  onlv  from  the 
i6th.  c,  yet  there  are  indications  ofthe  diphthongization  even 
earlier  in  W.  borrowings  from  Romance,  e.  g.  in  D.  G.  and 
Mo  Goch  (14-15  es.),  and  later  in  L.  G.  C. 

In  some  of  the  Fr.  dials.  at  an  earlv  date,  the  a  before  g 
in  the  ending  -âge  was  also  'palatalized'.  The  ending  is  often 
written  aige  (and  ege).  In  the  1 5 th .  c.  it  was  found  occasio- 
nally  in  the  dial.  of  Paris,  but  was  later  discarded.  (See 
Meyer-Lùbke,  Historische  Grammatik  der  Fran^ôsischen  Sprache, 
§102.) 

Exs.  of  this  diphthongization  in  W.  : 

a)  a  :  braens  'branch'  (in  W.  LlvnlII.  62  cArglwydd  ystaens 
o  vraens&m  fric';  C.  Goch  MSS.  p.  335  'Braens  o  Edwin  brins 
ydoedd')j  baeds  'badge'  IV.  S.;  caets  'cage1  (D.  G.  'Cact>  eu- 
raid  fal  coed  sirian';  W.  S.  has  kaits  ederyn  'cage');  ferneis- 
win  'vernage  (wine)' ;  mails  'matche'  //'.  S.;  maniais  'van- 
tageJ  W.  S.;  mortgaeds  'mortgage'  W.  S.;  oraits  (oraens) 
'orange';  potacs  'potage'  W.  S.;  orlayds  'clock'  W.  S.,  {W. 
Llvns  Geiriadiir  lias  01  lais  'doc\  and  I).  G.  has  also.  'Orlais 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Bit  Ion.  67 

goch  ar  irlas  gaine'.  In  M.  E.  orloge,  orlage)  ;  saeds  'sage'  W . 
S.  ;  taeds  (bach  gwn)  'a  tache'  W.  S.  ;  toitsment  'attachement' 
W.  S. 

b)  e  :  kleinsio  pen  hoyl  'clenche'  W.  S.  (M.  E.  clenchen. 
cleinsio  is  a  common  W.  dial.  forni);  veinsians  'vengeance'  W. 
S.  (M.  E.  vengeance,  vengeauncè);  fleitsier  'fletcher'  W.  S.  (M. 
E.  flécher,  fletcher};  treinskur '.  'a  trencher'  CD.  G.  p.  204 
'Trwn  sor  ffals,  treinsiwr  ffug'.  M.  E.  trencher.  In  Iolo  Goch 
p.  315  we  get  traensiwr,  —  'Beth  a  fynnai  erfai  wr  |  eithr 
arianswch  a  traenswir  ?');  Freiss  'fresshe'  W.  S.;  in  Medd. 
Mydd.  p.  204  'Cais  bysgod  ffrais'.  In  Mod.  W.  dial.  sleinsio 
(for  sialeinsid)  E.  challenge. 

c)  ï  :  ?  bernais  'varnish'  in  D.  G.  p.  103  'Delw  o  bren 
gwern  dan  fernais'.  W.  S.  bas  harnais  and  verneis  'ver- 
nyssche'.  M.  E.  vernisch,  vernysche  ;  ysgarmes  (?  for  ysgarmais 
or  ysgarmeis  by  monophthongization),  sgannes  in  Z..  G.  C. 
p.  155,  M.  E.  skirmischen  (verb). 

d)  0  :  broitsio  'broche'  W.  S.,  (L.  G.  C.,  however,  lias 
brosio  and  brosiiur);  loydsio  'lodge'  W.  S.  (also  in  Mod.  W. 
dials);  orloes,  M.  E.  orloge  'a  horologe'  (Z).  G.  has  kG\vrd- 
dlef  telyn  ac  orloes');  Roesser,  Roessier  'Roger'  ;  Antioys  (? 
Irom  Antioch,  pronounced  with  a  spirant  ch)  in  Lives  of  the 
Cambro-British  Saints  (Buchedd  Margret)  p.  222  'y  dinas 
Antioys'. 

e)]  //  :  bivysmânt  'bushment,  ambushment',  Iolo  Goch 
p.  133,  'Gwna  vwysmant,  bid  trychant  trwch' ;  bwysel  (and 
mwysefy  'a  bushel';  bivytsiet  'a  bougette'  W.  S.;  brzuiss  'a 
brusshe'  W.  S.  (briuyssio  'to  brush')  M.  E.  brusshc ; dwynsiwn 
'a  dungeon'  in  C.  Coch  Mss.  p.  424  'yn  dalgrwn  i'r  dwyn- 
siwn du'  ;  twyts  'touche'  W.  S.,  (tivytsio  'to  touch'  in  C.  Coch 
MSS.  p.  177  'ac  nid  oedd,  gwna  dy  weddi  |  air  yno  i'th 
dwylsio  di'). 

Exs.  of  this  diphthongization  in  Br.  '  : 

a)  a  :  In  L.  Ch.  the  following  occur,  —  corn aig  'courage \ 

1.   As  there  are   forms  without  the  dinlithontr  bv  the  side  of  the  dinh- 


68  Parry-  Williams. 

davantaig  (and  davantag)  'davantage',  imaich  'image',  outraig 
'outrageusement',  personnaig  'personnage'.  In  M.  Br.  (E.)  the 
following,  —  arraig  bras  'une  grande  rage',  bevraig  'breu- 
vage', bisaig  (visàg,  visaig)  'visage',  chaing  'échange',  domaig 
(znàdoumag)  'dommage',  faig  (znàfeâch),  Fr.  fâcher,  heritaig 
'héritage',  imaig  (and  imag)  'image',  langaig  'langage',  paig 
(and  pag)  'page',  potaig  'potage',  messaiger  (and  messager) 
'message',  raig  'rage'.  Tr.  has  kraihehat  'cracher  avec  effort'. 
Exs.  of  this  diphthong  are  very  numerous. 

b)  e  :  This,  when  diphthongized,  sometimes  takes  the 
torme  ai.  L.  Ch.  privilaig  and  privilaich  'privilège';  M.  Br. 
(E.)  has  ampeig  'obstacle'  (but  ampecbaf  "empêcher'),  breig 
'trouble' (?  from  Fr.  brèche),  rebeig  'reproche'  (O.  Fr.  rebecher 
'se  rebecquer').  In  R.  C.  8,  p.  _|68  collaichou  'collèges'. 

c)  /  :  In  R.  C.  10,  p.  33  we  find  a  form  seyg  (ho  seyg  hit 
'votre  siège,  à  vous'),  which  seems  to  show  some  kind  of 
diphthongization  of  the  vowel.  The  common  form  of  the 
word  in  Br.  is  sich. 

d)  0  :  M.  Br.  (E.)  has  boroloig  (and  horollog)  'horloge'  ; 
loigeaff  'loger'  (but  log  'loge');  poence  (and  ponce,  with  epen- 
thetic  //)  'pouce'.  In  R.  C.  8,  p.  242  soingis  (from  Fr.  verb 
songer)  and  p.  244  pan  soingaff  'quand  je  réfléchis'. 

e)  //  :  M.  Br.  (E.)  ambitig  'embûches'  ;ci.  R.  C.  10,  p.  23 
'me  gray  rez,  emezaff  |  Ainbaig  do  distragaf  (je  leur  tendrai 
des  embûches  pour  les  perdre). 

f)  ou  :  V.  (Ch.)  has  louiss  'louche'.  The  M.  Br.  form 
seems  to  be  loes  (M.  Br.  (E.)  s.  v.  loes  'louche',  van.  lues  du 
!.  luscus).  Cf.  R.  C.  3,  p.  72,  'Ruijenn  deuz  ann  no/  |  Glao 
antionoz'  {Rongeur  au  ciel  le  soir,  de  la  pluie  le  lende- 
main). 

Br.  shows  diphthongization  also  of  vowels  followed  bv  gn 

thongi/.cd  forms,  thèse  apparent  c.iscs  of  diphthongization  niav  be  merely 
orthographical.  Besidcs,  the  modem  Br.  forms  hâve  no  diphthongs  in  this 
case,  as  a  rule.  Such  a  form,  howewer,  as  M.  Br.  chenchaf  (Fr.  changer) 
seems  to  point  to  some  influence  of  the  consonant  on  the  preceding  vowel. 
Cf.  '7. 


Similarity  in  the  Phonoîogy  of  TVehh  and  Breton.  69 

in  the  Fr.  originals,  e.  g.  M.  Br.  (E.)  cigoing  'cigogne',  com- 
paignun  'compagnon',  groign  'grogner',  Bourgoing  (and  Boitr- 
goign,  Bourgouinn)  'Bourgogne',  roingnenn  'rogne';  Spaing 
'Espagne'.  In  L.  Ch.  AVamaigu  '  Allemagne',  yvraignour 
'ivrogne'. Cf.  R.  C.  7,  p.  338  'Rac  nispairgnein  hanni' (car  je 
n'épargnerai  personne)  in  the  Vann.  dial.  Cf.  M.  W.  Bwlwyn 
Boulogne. 

13.  -  -  The  Diphthong  #z  of  loanwords  in  W.  and  Br.  : 

A.  In  Br.  : 

In  O.  Fr.  the  diphthongs  ai,  ci  were  kept  distinct,  but  in 
Norman  Fr.  they  fell  together,  becoming  'open'  ci. 

The  monophthongization  of  ai  through  'open'  ci  to 
'open'  c  took  place  very  early  in  Fr.,  but  the  process  worked 
earlier  in  certain  cases  than  in  others.  It  appears  to  hâve 
taken  place  earlier  before  double  than  before  single  conso- 
nants.  In  the  I2th.  c.  final  ai  seems  to  hâve  been  pronounced 
as 'close'  c  or  'close'  ei;  but  final  aie  kept  the  diphthong  even 
up  to  the  i6th.  c.  (see  Meyer-Lùbke's  Hisiorischc  Grammatik 
lier  Fran^ôsischen  Sprache,  §  90). 

The  same  takes  place  in  the  history  of  nasalised  ai  and  ci. 
By  the  middle  of  the  I2th.  c.  thèse  had  fallen  together  (see 
Meyer-Lùbke,  op.  cit.,  §  91). 

In  the  Br.  loanwords  from  Fr.  the  sound  appears  in  the 
forms  aeand  e  from  the  M.  Br.  period.  How  far^was  apure 
diphthong  it  is  not  easy  to  say.  Even  in  early  M.  Br.  in 
native  Br.  words  the  diphthong  ae  appears  as  e,  e.  g.  L.  Ch . 
(M.  Br.  Chart.)  inaci,  met  (W.  mael-  'prince'),  inaen,  mai 
W.  maen  'stone'),  macs,  mes  (W.  mots  'field'),  kaer,  ker  (W. 
caer).  In  the  Mod.  Br.  dials.  the  change  is  very  common;  for 
the  ac  ot  Léon  the  dial.  of  Trég.  has  e  (e),  e.  g.  L.  flacr,  Tr. 
vlcr  ;  L.  sac,  Tr.  %i.  In  the  Vann.  dial.  also  the  change  to  c  is 
uni  versai. 

Troude  in  his  dictionary  says  :  «  AE.  Cette  finale  se  pro- 
nonce corameflfe'en  français.  C'est  une  diphtongue  bretonne  », 
and  he  cites  such  words  as  pae  (Fr.  paye),  rae  (Fr.  raie)  as 
exs. 

In  some  Br.  texts    œ  and  even  ai  occasionally  appear,  R. 


70  Parry-Wïlliams . 

C.  i,p.  uo  aigl  'aigle';  M.  Br.  (E.)  ivrav'ïvraië' ;  aform  like 
M.  Br.  (E.)  boettes  'bettes'  seems  to  show  that  ae  was  used  to 
dénote  a  vowel  sound. 

i)  The  following  are  exs.  o(.  Br.  ne  (<•)  corresponding  to 
Fr.  ai. 

M.  Br.  (E.)  has  aegr  'aigre',  aegraj]  'aigrir',  aer  'air',  aes 
(ae%)  'aisément',  appaesajj  'apaiser',  apotiquaer  'apothicaire', 
bilen  {vilain,  villuin)  'vilain',  cabiden  (capiten,  cabileti)  'capi- 
taine', cheiieten  'cheuetaine',  certen  'certain',  daes  'dais',  débo- 
îter 'débonnaire',  clefaet  'de  fait',  dent  'daim',  essae  'essayer', 
faet 'hit' ,  fres  'frais'  (also  M.  Br.  fresq),  gai *gaiJ,  germen  'ger- 
main', humen  (humaeii)  'humain',  imparfet  'imparfait',  lelu 
'laitue',  maestr  (mœstr,  mestr,  mest)  'maître',  monden  (moun- 
denn,  mundain)  'mondain',  necesser  'nécessaire',  noter  'notaire', 
ordiner  'ordinaire',  panesen  'panais',  pae  'paie',  paeamant  'paie- 
ment', palaes  'palais',  oracson  (oresoti)  'oraison',  raeson  'raison', 
saeson  'saison',  soliter  'solitaire',  souden  'soudain',  vicaer 
'vicaire',  vaen  'vain',  vanaeson  'venaison',  dalae  {cîale)  'délai'. 
In  L.  Ch.  œr  'air  de  musique',  reson,  raeson,  raison,  rayson 
'raison' and  others.  In  M.  Br.  H.  afer  'affaire',  saler  'salaire'. 
In  A.  L.  C.  p.  606  cambre  «  toile  fine,  de  Cambray  ». 

In  M.  Br.  veriien  Fr.  verveine,  e  represents  Fr.  ei;  in  M.  Br. 
assaign  {L.  C/j.)  Fr.  enseigne,  ai  represents  Fr.  ei. 

2)  Before  /  mouillée  the  Fr.  ei,  ai  appear  in  the  Br.  forms 
of  the  wordsas  ai  almost  invariably. 

Exs.  :  In  M.  Br.  (E.)  amaill  'émail',  apparaill  'appareil', 
bitaill  (bylayÏÏ),  O.  Fr.  vitaille,  boutaille  'bouteille',  moraill 
'moraille',  parail  'pareil',  taill  'taille',  marvaill  'merveille'.  In 
R.  C.  8,  p.  90  tenail/en  'tenailles',  R.  C.  S,  p.  2^0  vaillant 
'vaillant'. 

In  M.  Br.  the  forms  appareil  and  appareil! occur  by  the  side 
of  the  commoncY  apparaill.  Cf.  M.  Br.  (E.)  Ireill  botta  m 'treil- 
lis de  fer'. 

Before  gn  of  Fr.  the  ai  appears  in  Br.  as  ai,  as  in  M.  Br. 
(E.)  brabaing  'bréhaigne';  cf.  M.  Br.  assainit  'enseigne'. 

B.  InW.J: 

The  early  M.  E.    diphthongs  ai  (O.  E.  œg)  and  «  (O.  E. 


Similarity  in  the  Pbonology  of  Welsb  and  Breton.  71 

eg~)  te  1 1  together  under  ai  in  the  i4th.  c.  in  pronunciation. 
(See  E.  E.  P.  pp.  378,  119,  and  Horn's  Historische  Neueii- 
glische  Grammatik,  vol.  I,  p.  96).  Thesame  holdsgood  for  the 
et  and  ai  of  Romance  words  in  E.  The  development  of  the 
pronunciation  of  M.  E.  ai,  ei  may  be  seen  from  this  table 
given  in  E.  E.  P.  (where  the  double  vowel  means  a  long 
vowel).  — 


Aod.  spelling 

I4th.  c. 

iéth.  c. 

I7th.  c. 

i8th.  c. 

ai,  ay 

ai 

ai,  a  ni 

irai,  ee 

eei,  ee 

(rain,  way) 

ei,  ey 

ai 

ei,  eei,  ai 

eei,  ei 

eei,  ee,  ii 

(vein,  obey) 

The  chief  diffîeulty  in  ascertaining  the  exact  pronunciation 
of  the  W.  représentatives  of  thèse  E.  diphthongs  lies  in  the 
fact  that  in  such  texts  as  the  Mabinogion  and  the  Bruts  (R. 
B.  i7.)  the  ai  of  Mod.  W.  is  generally  represented  by  ei. 
How  far  this  represents  the  real  sound  of  the  diphthong  it  is 
difficult  to  tell,  as  the  tendency  among  scribes  was  to  becon- 
servative  in  the  matter  of  spelling,  even  when  the  sounds  had 
undergone  a  change.  In  W  .S.  (early  i6th.  c.)  the  diphthong 
was,  with  a  few  exceptions  (e.  g.  medlei,  palffreï),  expressed 
by  ai.  As  the  texts  of  the  works  of  the  W.  poets  of  the 
médiéval  period  are  comparatively  late,  and  hâve  undoubted- 
ly  undergone  considérable  change,  an  examination  of  them 
would  afford  little  clue  to  the  exact  pronunciation .  Such  lines 
as  the  following  in  the  works  of  D.  G. 

p .  88  Un  arghwrfom  yn  llmio 
and  p.  .211  Ac  with  eichwrtow  gmiaw 
having  cC)mghanedd  lusg'  would  seem  to  point  to  some  resem- 
blance  between  the  ei  of  a  W .  word  like  lleisio  (from  liais) 
and  the  diphthong  in  the  M.  E.  (Romance)  word  corteis  (cor- 
teys,  curtais,  curtays).  In  E.,at  any  rate,  the  diphthong,  as 
we  hâve  seen,  was  at  this  time  pronounced  ai,  and  it  may 
hâve  been  so  in  W.,  though  frequently  written  ei,  and  though 
the  'Cynghanedd'  seems  to  demand  the  sound  oiei  to  answer 
to  the  ei  of  the  W.  word.  In  such  cases  of  'cynghanedd  lusg', 
however,  the  actual  identitv  of  sound   may   not  hâve  been 


~i  Par ry- Williams. 

absolutely  essential.  Such  isthe  case  according  to  the  modem 
rules  pf  'cynghanedd'. 

Taking  a  line  like  the  one  found  in  M.   A.  p.  307  : 

Cadair  ffair  ffydd   cedawl   ufydd  ced  alafedd, 

we  seem  to  bave  an  internai  rhyme  between  cadair  and  ffair. 
If  so,  we  mayexpect  the  pronunciationof  the  ai  tobe  the  same 
inboth  words.  The  diphthongin  ffair,  iffrom  M.  E.,must  bave 
been  pronounced  ai.  Cadair  is  from  Lat.  cathedra,  and  thustheat 
must  bave  been  pronounced  ei  at  one  stage  of  itsdevelopment. 
In  M.  W.  MSS.  it  would  bave  been  ei;  butas  tins  poem  in 
the  M.  A.  dates  from  the  same  period,  and  as  cadair  rhymes 
with  ffair  (with  ai  pronounced  ai),  we  may  gather  that  the  ci 
in  M.  W.  MSS.  in  some  cases,  at  least,  represented  the  pro- 
nunciation  ai,  or,  at  any  rate,  some  sound  approaching  to 
it. 

According  to  its  position  (though  not  always  regularly)  this 
ai-  sound  of  E.  is  represented  differently  in  theW.  loanwords. 
In  the  folio wing  cases,  (1)  when  final  in  monosyllables,  (2) 
when  followed  immediatelv  by  a  vowel  in  the  next  syllable, 
(3)  when  comingbefore  /,  ;/,  /',  s,  it  appears  in  W.  as  ae  (ax\ 
a  sound  which  bas  today,  and  probably  even  at  a  fairly  early 
period,  the  sound  of  W.  au.  In  monosyllables  this  W.  diph- 
thong  had  a  long  élément,  au.  When  the  monosyllables  are 
lengthened  by  the  addition  of  an  ending  containing  a  'front' 
sound,  the  ae  becomes  ei,  e.  g.  pacut,  peintio  (to  paint)  ;  traen 
(dial.,  'a  drain'),  treinio  (to  drain).  Cf.  W.  gwaedd  (a  shout) 
but  gweiddi  (to  shout). 

In  ail  other  cases  the  diphthong  appears  as  ai  {ci),  and  occa- 
sionally  as  e.  The  ei  appears  in  accordance  with  the  rule  of 
Mod.  W.  in  such  words  as  main,  meinion.  W.  S.  is  not 
always  consistent,  for  he  bas  mcdlci,  but  rwmnai  ;  ciurleis,  but 
malais.  Where  the  Mod.  W.  bas  ei,  however,  he  too  has  ei,  e. 
g.  ciurteisi,  maleisns,  twnieiod . 

Exs.   : 

1)  W.  words  with  ae  : 

baeh  (dial.,   'shot')  M.  E.  bail,  hayle;  mael  'gain',  early  E. 


Similarily  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton.  73 

maile,  Mod.  E.  mail  ;  yslaer  'stair';  aer  eair\  M.  E.  eir,  ayre; 
aer  'heir',  M.  E.  eire,  eyr,  ayr;  aesel  'verjuice',  M.  E.  aisel, 
eisil  ;  awmael  (pwmaeï)  'enamel',  M.  E.  aumayl;  bat  'bay-tree' 
(in  Medd.  Mydd.,  p.  249),  M.  E.  bayle,  baie;  baeart  'bayard', 
M.  E.  bayard  ;  balaen  (balain,  bahn,  malaerî)  'Milan-steel', 
early  E.  Melayne,  Mylleyn  ;  berfaen  (ferfàen)  'vervain',  M..  E . 
verveyne  ;  ditaen  'dittany',  early  E.  dyteyne,  dytayne;  ffrae  'a 
quarrel',  E.  fray;  tnaentumio  'maintain',  M.  E.  maintenÇe), 
maynlyn(e);  paemant  'payment',  M.  E.  payment,  paiement  ;paent 
'paint';  pi  a  en  'plain'  ;  siamberJayn  'chamberlayne'  IV.  S.;tae- 
liwr  (also  teilkur,  ieiler)  in  D.  G.  p.  ic,  ca  tailor'  ;  trafael 
'travail,  travel'. 

2)  Words  with  ai  (et),  in  W.  : 

atwrnai  attorney',  M.  E.  att(o)urney,  attornai;  baili,  beili 
'bailirF  ;  batail  'battle',  M.  E.  batayle,  bataille;  bitain  'betony', 
early  E.  betayne  (W.  has  also  betain)  ;  bitail  'victuals',  M.  E. 
vitaille  ;  bilain  'villain'  ;  caivsai  'a  causey,  causeway',  M.  E. 
causei  ;  clai  'clay',  M.  E.  clai,  clei;  daim  (L.  G.  C.  p.  46, 
'Harri  ei  glaini  rhoi  i  gler'  ;  IV.  Llyn  in  his  Geiriadur  has 
claimio,  but  B.  Cwsc  has  cleiinio,  like  Mod.  W.)  'claim',  M.  E. 
chyme,  clàyme  ;  czvmpeini  'company',  M.  E.  compagnie  ;  cwrtais 
'courteous',  M.  E.  corteis,  curtais;  ffair  'fair',  M.  E.feire,feyre  ; 
ffivrnais  'furnace',  M.  E.  furneise,  foÇn)rnays(e)  ;  hacnai  'hack- 
ney'  (W .  S.  hachneï),  M.  E.  hakenai,  hak(e)nei  ;  harnais  'har- 
ness',  M.  E.  harnais,  hameis  ;  lefain  'leaven',  M.  E.  levain(e); 
lifrai  'livery',  M.  E.  liverei,  liveray ;  medlai  'medley'  {W.  S. 
medlei)  ;  nwtlai,  mwtlai  'motley'  ;  mwnai  'money',  M.  E. 
moneye,  monaye;  pal ff rai  'palfrey'  (JV.  S.  palffrei)  M.  E.  palefrai, 
palefrey  ;  simnai  'chimney',  M.  E.  chymneye;  siwrnai  'journey', 
M .  E.  lomee,  jnrneie. 

3)  Words  with  e  in  W.   : 

balen  (by  the  side  of  balaen,  balain,  inalaen,  see  above  (2)) 
'Milan-steel',  Early  E.  'melayne  ;  bargen  (by  D.  G.  'Beth  a  dal 
anwadalu  |  Wedi'r  hen  fargen  a  fu  ?'),  by  side  of  bar gain, 
M.  E.  bargaxne,  bargevne  ;  prije  sel  'privy  seal'  W.  S.,  (but 
L.  G.  C.  p.  262,  pryfai  sel),  M.  E.  privei,  privay  ;  siambrlen 
'chamberlain'  in  D.  G.  p.  117,  'Siambrlen  y  feinwen  yw  fo\ 


~.\  Parry-Williams. 

(but  IV.  S.  at  a  later  period  has  siamberlayn,  see  above  (i)), 
M.  E.  chamberleîn,  chamberlayne,  O.  Fr.  Chamberlain,  chamber- 
len  ;  //vhv/  'travail,  travel'  in  M.  ^.  p.  287  b,  but  with  travael 
in  the  very  same  poem,  M.  E.  travail;  wassel  'wassail'  in 
L.  G.  C.  p.  13  'val  rhoi  wassel,  but  in  L.  G.  C.  p.  81  egovyn 
wassaeV,  M.  E.  wasseyl,  wasbayl. 

Note  :  —  In  the  W.  dials.  the  diphthong  is  régularly 
monophthongised,  e.g.  simne,  or  j/mna  for  simnai  ;  siwrne, 
siwrna  for  siwrnai  (see  §15). 

14.  — The  Diphthong  oi  of  loanwords   in  W.  and  Br.  : 

In  native  words  O.  Br.  oi  became  M.  Br.  oe  and  Mod  Br.  oe, 
oa,  oue.  Thèse  diphthongs  generally  represent  the  W.  oe  and  wy 
(and  occasionally  ne).  In  W.  oc  and  wy  sometimes  interchange 
e.g.  boenyn  and  hwynyn  *a  snare\  In  dials.  cwyltb  may  be  heard 
(or  coelio  'tobelieve'.  In  the  Romance  loanwords  W.  and  Br. 
show  marked  similaritv  in  their  treatment  of  the  diphthong. 

A.    In  Br.  : 

The  O.  Fr.  a-diphtong  developed  first  into  oi.  This  oi  fell 
together  with  copen'  oi,  even  as  early  as  the  I2th.  c.  The 
exact  pronunciation  of  this  oi,  however,  is  not  known.  But 
the  next  development  seems  to  hâve  been  to  oi  (?  proving 
that  the  0  was  'close').  In  the  1 3  th .  c.  this  alternâtes  with  a 
form  oai.  The  pronunciation  oc  (or  rather  ité)  is  the  common 
one  in  the  subséquent  centuries,  till  the  pronunciation  ua 
appears.  Traces  of  this  are  found  even  in  the  i6th.  c.  (Sec 
Meyer-Lûbke's  Historische  Grammatik,  §  83). 

The  forms  met  with  in  the  Br.  words  are  primarily  oe,  later 
oa  (where  0  stands  probablv  for  an  //-  sound.  See  Ernault's 
Petite  Grammaire  Bretonne,  p.   3). 

It  may  be  remarked  hère  that  the  forms  oe,  ne,  oue  alternate 
frequentlv  in  the  Br.  texts  and  dictionaYies,  e.g.  in  the  native 
words  —  M.  Br.  (E.)  argoc^,  argoueç,  aroe\,  arue\  (W.  arwyddi)  ; 
clouet,  pi.  cloedou  (W.  clwxd);  d.  does,  ducs  (W.  dwys). 

In  the  Vann.  dial.  oue,  <w/ generallv  appear  where  the  Léon 
dial.  has  oe,  oue. 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton.  7  S 

1)  Fr.  oi  =  Br.  oe  (oa).  —  For  the  interchange  of  oe  and 
oa  in  M.  Br.  see  R.  C.  11,  p.  364. 

Exs.  :  In  M.  Br.  (E.)  anipoeson  'poison',  from  Fr.  empoison- 
ner; angoes  'angoisse';  appoeaff  'appuyer';  appoentajf  'appoin- 
ter'; boest  'boîte';  chamoes  'chamois';  choas  'choix';  coant,  O. 
Fr.  coint  ;  coeff,  'coiffe' ;  foar  'foire',  (i?.  C,  I,  p.  122,  un  foar 
gaer) ;  meritoer  'méritoire'  ;  parroes  'paroisse  ;  poenc%pn  'poinçon'; 
pressoer  'pressoir';  poeson  'poison';  refectoer  'réfectoire';  voetur 
'voiture';  poent  'point'.  In  L.  Ch.  occur  choaset  'choisi';  gloar 
'gloire';  vanegloer  'vaine  gloire';  victoar  'victoire  ;  joa  'joie'  ; 
and  many  others . 

2)  Fr.  oi  =  Br.  011e  : 

In  M.  Br.  (E.)  foueti  'foin' occurs.  In  R.  C,  S,  p.  90  we  get 
'vn  moue^  (une  voix)  ;  M.  Br.  has  scruytouer  by  the  side  o.t 
scruiîoer,  scritol  'écritoire'. 

3)  oi  stands  for  Fr.  oi  in  one  word,  M.  Br.  (E.)  coing  or 
coinn  'coin'. 

4)  oae  stands  for  Fr.  oi  in  one  or  two  cases,  —  M.  Br.  (E.) 
coae.nl  (coent,  coant)  for  O.  Fr.  coint,  and  Troae  (Troc)  'Troie'. 
Hère,  however,  the  ae  may  be  for  e. 

5)  The  Fr.  oi  appears  in  a  number  of  Br.  words  as  e  (and 
ae). 

By  the  side  of  the  development  of  Fr.  oi  mentioned  above, 
thisdiphthong  had  also  another  development  through  uê(\x\ù\ 
'open'  e)  to  'open'  e.  This  change  cannot  be  satisfactorily 
explained.  (See  Meyer-Lùbke's  Historiche  Grammatik  der  Fran- 
Zpsischen  Sprache  §  84.)  Reflections  of  this  are  found  in  Br. 
loanwords,  where  the  Fr.  oi  is  represented  by  e1.  But  by  the 
side  of  this  e  there  occur  also  forms  with  ae.  Whether  this  ae 
représenta  an  'open'  e,  or  is  really  a  diphthong  alternating  with 
ae  (  as  is  not  uncommon)  is  uncertain.  It  may  be  mentioned 
however,  that  in  Fr.  in  the  dial.  of  Ile  de  France  nasalised  ai 
is  rhymed  with  nasalised  oi   from    the   13 th.  c.  (See  Meyer- 

1.  The  West  Fr.  forms  were  ei,  e.  The  Br.  forms  may  then  be  due    to 

thèse  or  to  the  otlier  development  of  oi. 


~G  Parry- William  t. 

Lûbke  op.  cit.  §  91  and  §  84).  The  e  of  Br.  can  hardlv  be  a 
monophthongized  form  of  oe,  because  oe  when  monophthongi- 
zed  becomes  (gener'ally  in  final  svllables)  0  in  Br.,  e.g.  M.  Br. 
nadœ\,  Mod.  Br.  //(?(/(>;;  M.  Br.  baradoe^,  Mod.  Br.  barado~.  In 
M.  Br.  it  rhymes  with  -c/c.s'  and  -<v. 

Exs.   with  e  and  ae  in  Br.  : 

M.  Br.  (H.)  parres  (by  side  of  parroes)  'paroisse';  presser 
(by  the  side  of  pressoer)  'pressoir'  ;  cernes  'cervois'  ;  courtes, 
cortes  'courtois'  ;  damesel,  demesel  (Mod.  Br.  dime^eï)  'damoi- 
selle'  ;  hachedenês  'hachedénoise' ;  deuer  'devoir';  lesen  'loi', 
from  Fr.  lois  ;  lesir  'loisir'  ;  maner  'manoir'  ;  noter  'notoire'  ; 
esplel  'exploit';  esper  'espoir';  veturier  'voiturier'. 

achaeson  O.  Fr.  achoison  ;  aer  (fém.  aères)  'héritier',  O.  Fr. 
hoir  ;  Benaei  'Benoît'  ;  brae  'broyé'  ;  esmae  'émoi'  ;  laesen  'loi' 
(cf.  lesen  above). 

Note  :  --  For  interchange  of  ac  and  oe,  (ai  and  ot)  cf.  M. 
Br.  charaig  and  charoigun  'charogne'  ;  fac  and  foi  'fi'  ;  Geruœs 
'Gervais'. 

B.  In  W.  : 

Ellis  in  his  E.  E.  P.  says  that  the  ai  (oy)  of  Mod.  E.  words 
was  pronounced  ui  in  the  I4th.  c.  Horn  in  his  Historische 
Neuenglische  Grammatik,  Vol.  1,  p.  100,  says,  «  Oi,  ni. 
Die  me.  Wôrter  mit  oi-tii  sind  fast  aile  franzôsischen  Urs- 
prungs.  Die  Doppelheit  oi-ui  finden  wir  bei  den  frùh-neuen- 
glischen  Orthoepisten  wïeder  :  sie  entscheiden,  allerdings, 
mit  betrachtlichen  Schwanken,  zwei  Gruppen  von  YVôrtern, 
eine  mit  oi,  eine  andere  mit  ///'.  Es  scheint  môglich,  dass  afrz. 
ci  die  Quelle  von  me.  oi  ist,  wâhrend  afrz.  oi  me.  ui  ergab.  » 

On  p.  209  he  gives  a  table  containing  — 

M.  E.  i)th.  c.       i6th.  c 

oi  (joy)  oi  oi 

ni  Çboil)  ui  ui,  •'/' 

See  further  E.  E.  P.  p.  399. 

With  a  tew  exceptions,  appearing  mostlv    in  ÏIr.    S.,  the 


iyth. c. 

i8th.  c. 

i9th 

ci 

oi 

!1;' 

■>i 

n-oi 

oi. 

Similarity  in  the  Phonology  of  JVelsb  and  Breton.  77 

W.  words  hâve  wy  eorrespônding  to  tins  diphthong  of.  E.  In 
M.  W.  the  y  in  wy  is  =  W.  u  ;  in  5".  W.  it  is  =  i. 

1)  Exs.  with  wy  : 

Anwyntio  'anoint'  (L.  G.  C.  p.  288  Yntau  Tomas  'nwyn- 
tiwyd  a  gras)  ;  apwyntio  'appoint',  M.  E.  apointÇe),  apoyntÇè)  ; 
asswyn}  from  M.  E.  asoyne;  brwylio  'broyle'  W.  S.  ;  bwi  a 
vydd  with  ancor  'boy'  IV.  S.,  Mod.  E.  buoy  ;  ffivyl  ?  from 
E.foiî  \fwyn  brath  ac  aryf 'foyne'  IV.  S.,  M.  E.  foynÇe)  ;  llwyn, 
Iwyn  'loin'  {W .  S.  lias  llwyn  ar  gic  'A  loyne'),  M.  E.  loyne  ; 
pwynt  'point'  (D.  G.  p.  141  Pwyntiaù  afrwydd  drwy'r  flwyd- 
dyn)  ;piuyutio,  an  aphetic  form  oïappwyntio  'appoint'  ;pwyntel, 
pwyntil  'pencil,  pointel',  M.  E.  poyntil,  poyntell;  pwyntmant 
'pointment,  appointment'  (D.  G.  p.  49  F  r  nant  lie'  r  oedd 
pwyntmant  per)  ;  pwysi  'a  posy',  Early  E.  poysie  ;  sbwylio 
(spivylio)  'to  spoil'  (Cym.  Ll.  Cym.  II.  p.  22.  A  sbwyliodd 
lawer  sten  a  stwnt  ;  p.  26,  a  spwyliodd  lawer  ffenestr  wen); 
wynwyn  (gwynwyn)  'onions'  (Medd.  Mydd,  p.  173.  giuynwyn) 
M.  E.  oynoîi- 

2)  Exs.  with  oe  (py)  : 

Kloystr  'cloister' (/.  Goch  p.  175  Kloysir  Westmustr)  ;  coe- 
ten,  coetan  'a  quoit',  M.  E.  coyte  ;  voydio  'voyde'  II.  S.,  M.  E. 
voiden  ;  oystreds  fïedder  'oystreche  ffedder'  W.  S.,  i.e.  ostrich 
feather,  M.  E.  oystryche  ;  oestyr  'oyster'  IF.  S.,  (Medd.  Mydd. 
p.  165  Cymer  gregyn  oestrys)  M.  E.  oistre,  oystre.  There  is 
also  a  form  wstrys  (?  for  wystrys),  which  mav  be  for  M.  E. 
oistres,  or  the  variant  M.  E.  form  astres.  The  form  poynt  occurs 
by  the  side  of  pwynt  'point'  in  Proffwydoliaeih  Sibli  Ddoeth 
p.  276,  'pwynt  blaenllym  vegis  poynt  scorpion'. 

15.  —  Simplification  of  Diphthongs  in  W.  and  Br.  : 

The  process  of  monophthongizing  diphthongs  is  very  préva- 
lent in  W.  and  Br.  in  their  later  history.  In  the  written  lan- 
guage  it  may  be  commoner  in  Br.  than  in  W.,  but  in  the 
mod.  dials.  ol  the  latter  it  is  extremely  marked. 

A.  In  Br.  : 

1)  In  accented  syllables. 

a)  ae.  Even  in  M.  Br.  there  are  traces  of  the  monophthongi- 


;S  Parry-H  illiams. 

zation  of  this  diphthong.  In  L.  Ch.  (M.  Br.  chart.)  mel  and 
mail  'prince'  (W.  mael-),  men  and  maen  'store'  (W.  maen),  mes 
and  maes,  'field'  (W.  maes'),  bel  undhael  'generous' (W.  hael). 
Cf.  M.  Br.  (E.)  elgue^  'chin'  (W.  aelgeÇr)th). 

In  dial.  of  Léon  it  occurs  in  such  words  as  J;e~onr  (M.  Br. 
quaeçour,  O.  W.  caitoir,  Mod.  W.  cedor),  bclek  (M.  Br.  bae- 
lec). 

It  is  the  gênerai  rule  in  the  dials.  ofVann.  and  Trég.  (For 
the  latter  see  Le  Clerc's  Grammaire  bretonne  du  dial.  de  Trég. 
§  12).  V.  er,  Léon,  aer,  M.  Br.  a%r;  V.  ker,  Léon  kaer,  M. 
Br.  ca^r;  V.  men,  Léon  mean,  M.  Br.  maen  (men)(W.  maen). 
Trég.  vler,  %ê,  les  =  Léon  ftaer  (flear),  sae,  lae\  (lea~)  ;  Léon 
mae  is  in  Trég.  me. 

Before  r  in  the  dial.  of  Vann.  a  (not  e)  appears  in  dareit 
(M.  Br.  dation,  Léon  daerou). 

b)  ao.  Hère  again  Trég.  shows  a  simple  vowel  for  the  diph- 
thong of  Léon. 

Léon,  taol,  kaol,  penao{,  paotr  are  in  the  dial.  of  Trég.  toi, 
kôl,  penb\,  pôtr. 

In  R.  C.  4,  p.  66  \ve  ûnàglo  'rain',  which  is  M.  Br.  glan, 
Léon  glao,  Vann.  glaiï,  W.  glaic. 

The  an  of  Fr.  appears  sometimes  as  an,  sometimes  as  0.  In 
Fr.  itself  there  are  traces  of  the  <>-  pronunciation  from  the 
14  th.  c,  but  there  is  évidence  that  it  was  a  diphthong  even 
in  the  i6th.  c.  (See  Meyer-Lûbke's  Historische  Gram.  der 
Fntn~.  S  [vache,  §  92). 

an  occurs  in  M.  Br.  (E.)  antramanl  'autrement';  L .  Ch. 
a  canss  là  cause'  Çd.  R.  C,  9,  p.  348,  ha  ma  oun  caus  'c'est 
moi  qui  suis  cause');  faut  'faute'  (M.  Br.fanlt). 

0  occurs  in  R.  C,  24,  p.  266  evit  an  deboch(\xu  la  débauche); 
R.  C,  9,  p.  162  oemantin  'augmenter';  R.  C,  9,  p.  198  ar 
somon  'le  saumon'. 

Note  :  — ■  For  the  dial.  interchange  ot  an,  0,  a  sec  À'.  C, 
16,  p.  220. 

c)  oc(oa,  oua). 

Traces  of  simplification  appear  in  M.  Br.  (E.)  toem  'hot, 
warm'    and    tom  ;    livmaff  and    tomaif  'to  warm'  (W.  twym, 


Similarity  in  the  Phonoîogy  of  Welsh  and  Breton.  79 

lioymo);  in  L.  Ch.  (M.  Br.  chart.)  rouant  and  roant  for  O- 
Br.  roiant;  cf.  also  offÇouaff)  'I  am',  Mod .  Br.  onn,  by  the 
side  of  W.  ivyf,  and  M.  Br.  ros  'he  gave'  (from  reiff  cto  give") 
by  the  side  of  roas,  reas,  W.  ;7w«  (from  rhoddi,  rhoi  'to  give')- 

In  one  case  oe  =  e,  M.  Br.  lou^r  Mod.  Br.  /o^r,  pi.  Urou  (W- 
llawdr  11 od mit). 

In  the  dial.  of  Trég.  <7  appears  for  the  oa  of  Léon  ;  Léon 
bloa  =  Trég.  blâ  (W.  bhuydd  from  blwyddyri). 

d)  ou. 

In  M.  Br.  Chart.  (L.  Ch.)  pou  (with  a  diphthong)  lias  a  bye- 
form  po  (O.  Br.  po«  from  Lat.  pagus,  W.  /><///).  Other  M.  Br. 
forms  in  proclisis  are  peu,  pe. 

c)  ci. 

In  Br.  liai  'loyal',  if  it  is,  accordingto  L.  E.(H.),  borrow- 
ed  from  O.  Fr.  teial,  ci  bas  become  e.  But  the  form  léal 
appears  in  Fr.  up  to  the  iyth.  c. 

2)  In  unaccented  syllables. 

a)  ae. 

In  the  dial.  of  Vann.  e  generally  appears  for  ae.  In  Br.  -e~ 
corresponds  to  the  W.  -aeth  in  substantives.  In  Br.  balan, 
banal  (M.  Br.  bala-u),  balan  (M.  Br.  ala\n)  a  appears  in  the 
unaccented  syllable,  whereas  in  other  cases  it  would  be  ae. 
Cf.  eut  by  the  side  of  esae  from  Fr.   essai  ;  ema  cis'  W.  y  mac. 

b)  oe. 

The  M.  Br.  oe  generally  becomes  in  later  Br.  0.  M.  Br. 
nadoe^j  Mod.  Br.  nado%  ;  M.  Br.  baradoes,  baradoe^,  and  bara- 
dos,  Mod.  Br.  barado-  ;  M.  Br.  cadoer,  Mod.  Br.  kador  (W. 
cadair);  M.  Br.  parroes  (parres),  Mod.  Br.  /w/v~  (i?.  C,  12, 
p.  204  en  he  barrou~  'dans  sa  paroisse')  ;  M.  Br.  patrimon  by 
the  side  of  patrimoen,  Fr.  patrimoine  ;  M.  Br.  scritol  by  the 
side  ot  scruitaer,  scruytouer,  Fr.  écritoire  ;  M.  Br.  cantoell,  Mod. 
Br.  /vï/>//(>/  (cf.  M.  Br.  cantoller  by  the  side  of  cantoellcr  'chan- 
delier') ;  M.  Br.  ystoar,  histor,  hyslor,  Fr.  histoire;  M.  Br. 
henoe^,  henoa^,  heno%  (W.  -noclh).  Cf.  M.  Br.  mor^ol  (R.  C, 
3,  p.  64  gand  he  vorxolion  'avec  ses  marteaux')  with  W.  mor- 
thwyl.  For,'  in  such  cases  in  the  dial.  of  Batz,  see  R.  C,  il,  p.  357. 


8o  Parry-Williams . 

c)  The  O.  Br.  pi.  ending  ou,  whiçh  wasa  diphthong,  like  the 
W.  ou  (Mod.  W.  au)  is  a  monophthong  in  Mod.  Br.  (Léon 
ou,  Trég.  o);  Vann.  <•//  is  still  a  diphthong. 

B.  In  W.  : 

Diphthongs  arc  commonly  monophthongized  in  the  W.dia- 
lects. 

i)  In  accented  syllables. 

In  this  case  the  exs.  are  mainly  monosyllables  with  a  long 
élément  in  the  diphthong. 

a)  ae. 

gwâd  (gicaed: Williams  Pantycelyn  has  -âd  rhyming  with  it)  ; 
Sir  Gâr  (iox Sir  Gaer-fyrddin  'Carmathenshire')  ;  trâdznd  whâr 
in  S.  W.  (ioïtraed  and  chwaer).  In  N.  W.  ma  is  used  for  mat 
before  consonants.  In  S.  W.   blân  (blacn),  drân  (draeri),  etc. 

In  words  of  more  than  one  syllable  the  following  forms 
occur  in  N.  W.  : 

ri ua r  (claear),  duar  (daear),  goriwaràd  (gorhuaered),  hyrïlig 
(haerllug),  huar  (haerarrî). 

b)  oc. 

In  S.  W.  oc  >  ô  in  such  words,  as  crôs  {crocs,  'vhich  is 
rhymed  with  -ôs  by  Williams  Pantycelyn),  ddô  (dcloc),  llôr 
(îloer),  on  (peu),  etc . 

In  words  other  than  monosyllables  cogio  (?  from  coegio)  and 
oddwn  (for  œddwrî). 

c)  wy. 

In  N.  W.  giur  (jgwyr),  ubw  (-bu'y),  pîv  (wy).  In  words  of 
more  than  one  syllable  there  are  forms  like  Iwiuo  (tiuxiuo), 
mwar  duon  (mwyar  duori),  twmpath  (M.  W.  twynpath). 

d)  «. 

cerch,  cyreh  (ccirch)  ;  Rhyl  is  supposed  to  stand  for  \r  Hyl= 
yr  Hcil  i.  e.  'the  sait-places'  ;  gwerglodd  (gweirglodd),  isio 
(eisieu),  istu,  iste  (eistedd),  >ii(n)Jio  (ueitlio),  pidio  (peidio).  Ct. 
O.  W.  caitoir  gl.  pube,  Mod.  W.  cédor.  In  S.  W.  giric  is 
heard  for  geiriau. 


Similanty  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton.  81 

e)  yw. 

cliuad  or  clîved  (clyiued),  cwad  (from  cywad  from  cyiuod  from 
cyfod),  dwad  Qiywed),  rwsitt  (rywsut),  rhiubath,  rhwbeih  (rhyio 
beth),  slwan  (for  slywen  for  llysywen). 

f)  oiu  . 

rwlio  (for  rowlio  from  E.  roÏÏ),  Wan  (Ozuain).  The  M.  W. 

gorffoiuys  is  in  Mod.  W.  gorffiuys  or  gorffzuyso. 

2)  In  unaccented  syllables. 

a)  ae,  (au). 

In  Gwynedd  generally  a  ;  in  other  districts  (except  Glamor- 
gan,  which  has  a)  it  is  e  : 

caffal,  caffel  (caffaet)  ;gadal,  gadel  (gadael)  ;  gafal,  gafel(gafael); 
marchogath,  -eth  (marchogaetb).  In  N.  W.  Caemarfon  is  pro- 
nounced  Cymarfon  or  Cynarfon. 

au  (especially  in  pi.  endings)  undergoes  the  same  change  as 
ae,  as  both  hâve  the  same  pronunciation. 

b)  ai,  (ci). 

In  Gwynedd  it  becomes  usually  a,  clsewhere  mostly  e  : 
cadar,  cader  (cadair)  ;  bigal,  bigel  (bugaiï)  ;  cyflath,  cyfleth 
cyflaith  ;  dima,  dime  (aimai)  ;  fealla  (feallai),  as  in  ail  verbal 
forms  in  -ai;  simdda.  sinidde  (simddai  or  simnai  'chimney')  ; 
siiurna,  siwrne  (siiurnai  'journey').  Cf.  Mod.  W.  erioed  for 
M.  W.  eiryoet. 

The  diphthongization  seems  to  be  not  of  ai  but  of  the  ear- 
lier  ci  in  such  N.  W.  forms  as  : 

bychin  (bychain,  pi.  of  bychari);  crill  (erailï)  ;  ifinc  (ieuainc, 
pi.  of  ieitanc);  llygid  (llygaid,  pi.  of  llygad).  Cf.  the  literary 
forms  bustych,  pi.  of  bustach  ;  tywyrch,  pi.  of  tywarchen.  The 
endings  -ais,  aist  ofthe  Aorist  hâve  the  forms  -as,  -ast;  -es, 
-est  ;  -is,  -ist  in  différent  localities. 

c)  zuy. 

cannwll  (canmoyll)  ;  inorion  and  morwm  (morwyn)  ;  neithiwr 
(also  literary,  for  neithkuyr)  ;  ydiu  (ydwyf  'I  am'). 

à)oe. 

In  the  pi.  ending-fl^W  it  is  pronounced  0  in  the  spoken 
language;  ydoedd  is  pronounced  ydodd,  and  eisoes,  eisos. 

Revue  Celtique,    XXXV.  6 


82  Parry-Williams. 

e)  yw. 

gwrw  (guryiu);  banw  pi.  bnivod  (for  benyw  ben\wodT) 
'female'. 

f)  Forms  like  llazueroedd  (from  llawer)  and  newyddion  (from 
nezuydd)  are  sometimes  pronounced  llwerodd,  nwddion,  with 
the  w  as  vowel  in  both  cases. 

16.     -  Contraction  of  Vowels  in  W.  and  Br.  : 

Examples  of  contraction,  often  arising  from  the  loss  of  an 
intervocalic  consonant  or  h,  are  fairly  common  in  W.  and 
Br. 

A.  In  Br.  : 

In  R.  C.,  7,  p.  308,  the  following  exs.  of  contraction  are 
given  :  — M.  Br.  goanac  'hope'  (W.  gofynag);  Léon  gouet , 
Vann.  gosere  'a  streamlet'  (W.  gofer);  Léon  diouerel  'to  be 
deprived  of,  Tréi.»,.  divoeret  (W.  diojeraf);  Vann.  plêc  (in  the 
compound  tréss-plec  'pillow'),  Léon  pluek,  M.  Br.  pluffec  (W. 
plu-og,  with  /)///  for  plnf);  M.  Br.  coabrennou  (counted  as  3 
syllables)  'clouds',  couffablen  in  the  Catbolicon,  for  *couff- 
çàbren . 

To  thèse  may  be  added  : 

M.  Br.  (E.)  douar,  doar  (counted  as  one  syllable)  'earth'  ; 
Mod.  Br.  hit,  for  M.  Br.  quehii  (cf.  M.  Br.  chart.  L.  Ch.  kehe- 
deull)  =\V.  cybyd ,  cyd  ;  L.  G7>.  (M.  Br.  Chart.)  ham  bv  the 
side  of  houarn,  O.  Br.  hoiarn,  W.  baearn  (S.  W.  ham);  and 
bernin,0.  Br.  hoiernin,W.  baïernin;  et.  M.  Br.  //<-,  //V</,  Fr. 
laïque,  W.  //n;^  (the  Br.  word,  like  the  W.,  may  be  from 
Lat.  laicus)  ;  1  rég.  /v///  for  Léon  pehini. 

B.  In  W. 

Lib.  Lànd.  bei  (O.  W.  /W.v/  hirmain  'as  far  as  the  stone')  ; 
Mod.  W.  cjd  for  cybyd  (Lib.  Land.  cihil);  cael  by  the  side  of 
caffael  (M.  W.  û//.v/,  <-</<•/,  caffael,  caffet)  ;  M.  W.  cabat  and 
,v//  ;  Mod.  W.  câdd        cafodd\  cawd       caftvydd;  ceis       refais; 


Similarity  in  the  Pbonoîogy  o]  IVclsh  and  Breton.  S 3 

côd  =  cyfod  ;  dôd  =  dyfod  ;  dwyno  =  difiuyno  ;  daer  =  daear 
(M.  W.  dayar,  dayr);  dôf  =  deuaf  ;  dallt  (dial.)  =  deall 
(M.  W.  dyalî)  ;  gwâdd  =  gwahodd  ; gaeaf, cf.  O.  W.gaem  ;  fow 
(S.  W.)  =  foo/  ;  barn  (S.  W.)  =  haearn  ;  L/y«  =  £/ey«  ; 
niwl  =  nifwl  ;  pa/m  from  h\x.  pavôn-is  ;  /w/)7/  (N.  W.)  = 
tywyll  ;  tivlhuch  ;  tyiuylhvch  ;  teyrn  for  téjyîrw  ;  Cymraeg  ==  Cxm- 
râeg  (cf.  Z).  G.  Hyd  yr  a'r  iaitli  Gymrâeg  A  hyd  y  tyf 
hadau    teg.). 

The  denominative  suïïix-hau  stands  for  ha-u  (cf.  O.  W. 
yscamnhegini).  The  M.  W.  sarhaad  or  sarhaat  is  in  Mod.  W. 
sarhâd.  From  the  W.  loanword  from  E.,  bcrfa,  there  is  a  deri- 
vative  berfâd,  from  the  loanword  copà  a  pi.  form  copâu. 

Mod.  W.  croen  seems  to  stand  for  *crohen  or  crochen  ;  cf. 
Br.  krochenn.  In  N.  W.  gwlâu  stands  for  gwelaau  plur.  of  gwela, 
which  must  hâve  existed  by  the  side  oî~g$uely.  In  the  modem 
E.  dial.  of  Cheshire  goda  still  exists. 

17.  —  Haplology  in  W.  and  Br.  : 

A.  In  Br.  : 

M.  Br.  be^  'thou  art',  for  *be%e^  ;  marvoad  for  moarvad  = 
me  a  oar  er  vad  'I  know  well' (Ped.  §  224).  In  R.  C,  31, 
p.  136,  two  other  Br.  exs.  are  given  :  Br.  (Trég.)  helibini 
(in  such  an  expression  as  moud  helibini  'aller  à  qui  mieux 
mieux')  for  helipebini  (==  ?  e  ry  peb-inï)  ;  Br.  (Trég.)  hïb  de 
'capable  of,  with  hâb  for  kapabl  ou  hapapl,  from  Fr.  capable. 
The  place-name  Rostrenen  (M.  Br.  Chart.  Ros-draeneri,  Ros-tre- 
nen,  W.  rhos,  draenen)  is  pronounced  Rostren. 

B.  In  W.  : 

caf  'I  get,  shall  hâve',  may  be  for  cafaf  by  haplology,  or 
iromea-af  through  the  loss  of  fbetween  vowels  ;  cf.  Br. 
(L.  Cb.)  cafaf  'je  trouve'.  But  M.  W.  has  also  caffaf  by  the 
side  oîcaf,  which  seems  to  point  to  two  separate  formsof  the 
Verb.  The  différent  forms  of  cael  and  gafael  hâve  been  dealt 
with  at  length  by  Prof.  Thurneysen  in  Ein  Freibnrger  Fesl- 
gruss  %um  funfund^wan^igjàhrigen  Doctorjiibilàum  (Hermann 
Osthoff),  qum    14.    August  1894.    Constinobî   'Constantinople' 


84 


Pair  y- Williams. 


occlus  in  M.  A.  p.  328  ;  in  Campait  Charlymàen  the  torm 
Corstinobyl  is  fourni.  In  the  Mod.  M.  W.  dial.  the  following 
forms  are  used,  ■ —  para  for  papuraii  'papers'  ;  pasa  or  pasu 
for  pzurpasa,  pwrpasu  'to  intend',  from  E.  purpose  ;  tysan  for 
talysen,  singulative  form  of  lalws  from  E.  'tatoes  =  potatoes  ; 
sciai  or  seiad  for  *soseiat,  *soseiad  from  E.  society.  Cf.  N.  W. 
dv/z/M  for  diddyfnu  'to  wean'. 


(To  /v  contïnued). 


T.  Parry-Williams- 


ÉTYMOLOGIES. 


I.  IRLANDAIS  SEG  (SF.D)   «  CERF  »,  SEGAS   «  FORÊT  ». 

L'animal  sauvage  tire  souvent  son  nom  delà  «  forêt  »,  qui 
est  son  habitat  naturel.  C'est  un  fait  bien  connu  par  le  latin 
siîuâticus  «  sauvage  »,  dérivé  de  sihta,  et  aussi  par  le  lituanien 
medinis  «  sauvage  »  dérivé  de  médis  «  arbre  »,  cf.  lette  mesch 
«  forêt  »  (v.  Bezzenberger,  ap.  Stokes,  Urk.  Spr.,  280).  Le 
celtique  offre  un  exemple  analogue  dans  le  mot  irl.  fiad  f. 
«  gibier  »,gall.  gîuydd,  bret.  goue%  «  sauvage  »,  évidemment 
apparenté  au  mot  gaulois  uidu-,  irl.  fid  (gén.  fedo)  «  bois  », 
gall.  gzuydd,  bret.  gwe^  «  arbre  ».  Il  s'agit  d'une  alternance 
\ueid-o-,  *wid-u-,  ou  plutôt  *weidh-o-,  *widh-u-,  d'après  le 
témoignage  du  germanique  (v.  isl.  viâr,  v.  h.  a.  witu,  v.  angl. 
wudu)  ;  et  la  racine  est  sans  doute  celle  du  lituanien  vidas 
«  intérieur,  milieu  »  et  du  latin  dïuidô  (voir  Pedersen,  Vgl. 
Gr.,  I,  41  et  in),  la  forêt  constituant  un  hinterland,  une 
région  intermédiaire  à  deux  territoires  habités  (cf.  O.  Schra- 
der,  Reallexikon,  p.  307). 

Le  sens  ancien  de  l'irlandais  fiad,  confirmé  par  le  britto- 
nique,  est  «  sauvage  ».  Il  s'est  maintenu  en  composition  : 
fiadmila  «  animaux  sauvages  »  (S.  Corm.  p.  53,  n°  646,  éd. 
K.  Meyer).  Mais  le  mot  a  été  de  bonne  heure  appliqué  à  dési- 
gner le  gibier  (d'où  gearr-fiadb  «  *petit  gibier,  lièvre  »),  et 
plus  particulièrement  le  cerf  ou  le  daim.  C'est  le  sens  que 
lui  donnent  les  dictionnaires  de  l'irlandais  moderne,  tel  celui 
de  Dinneen  :  fiadh,  g.  fiaidh,  a  deer,  a  stag'. 

1.  Mon  auditeur  M.  Morgan  Watkio  me  signale  que  dans  la  version 
galloise  de  Bown  o  Hamtwn,  le  mot  cerf  coraunt  du  texte  français  (Boeve 
de  Haumtone,  v.  1645,  éd.Stimming)  est  rendu  par  gwyd  huàyn  (v.  1  ,S  1 2 ) 


(S6  /.   Vendryes. 

Cela  invite  à  imaginer  une  évolution  de  sens  analogue 
pour  le  mot  seg  «  cerf»,  comparé  au  mot  segas  «  forêt  ».  Le 
mot  seg  est  attesté  dans  le  Sanas  Cormaic  :  ség  A.  oss  al  laid 
(p.  102,  n"  i  i68,éd.  K.  Mever),etdans  le  glossaire  d'O'Clery  : 
segh  À.  agh  allaidh  (Rev.  Celt.,  V,  45).  La  quantité  longue 
n'est  rien  moins  que  sûre,  et  la  comparaison  du  gallois 
indique  même  la  quantité  brève.  Le  gallois  répond  en  effet  à 
l'irlandais  seg  par  le  mot  hydd  «  cerf»,  qui  suppose  un/  bref 
ancien,  devenu  e  bref  en  irlandais  par  métaphonie.  La  diffé- 
rence des  consonnes  ne  saurait  faire  difficulté.  C'est  du  côté 
de  l'irlandais  qu'est  la  divergence,  et  une  divergence  de  type 
bien  connu,  dont  j'ai  donné  plusieurs  exemples  dans  la  Zeit- 
schrift  fur  celtische Philologie,  t.  IX,  p.  292.  La  forme  correcte  sed 
est  d'ailleurs  attestée  en  irlandais  :  on  la  trouve  par  deux  fois, 
pourvue  indûment  d'un  signe  de  longue,  dans  un  des  manus- 
crits du  Sanas  Cormaic  (sed,  sédguine);  et  M.  Kuno  Meyer  m'en 
signale  en  outre  les  exemples  suivants  :  sed  .i.  o.f.f(LecanGloss., 
A.  CL.,  I,  56,  §  266);  sed  A.  oss  À.  adh  allaid (Côir  Anmann, 
§  142  ;  Irische  Texte,  III,  348);  sed-graîg  «  troupe  de  cerfs  » 
L.  U.  83  b  6  (Tog.  Br.  Dâ  Derga,  §  28,  R.  Celt.,  XXII,  34 
et  431);  et  le  composé  sédguine  (Z.f.  Celt.  Pbil.,  VI,  258, 
20;  Ir.  Texte,  III,  22,  2  ;  Rawl.  B  502,  141  a  ;  Silva  Gadelica, 
II,  462,  28),  d'où  sedguinech  (Ir.  Texte,  III,  49,  5).  Enfin,  il 
faut  rappeler  le  dérivé  segainn,  dans  bansegainn  «  doe  »  (//". 
Texte,  III.  438),  lui-même  attesté  peut-être  isolément  dans  un 
poème  du  Dindsenchas(Ath  Cliath,  v.  32  ;  Ed.  Gwynn,  Poems 
front  the  Dinds.,  p.  22). 

Nous  sommes  amenés  ainsi  à  poser  pour  le  celtique  un 
mot  *sido-  désignant  le  cerf.  Or,  l'irlandais  a  pour  la  forêt  un 
mot  segas  (seghais  dans  la  Buile  Suiblmc,  p.  1 20  ;  seaghas  dans  les 
dictionnaires  modernes)  qui  contient  vraisemblablement  le 
même  radical  *sid-  suivi  d'un  suffixe  entraînant  la  métaphonie 


«  bête  sauvage  ».  Ce  n'est  qu'une  spécialisation  de  sens  toute  naturelle. 
Parmi  les  aniueiUit  gwyllt  du  R.  B.  I,  166,  16  et  24  figure  le  cerf,  ha  nu, 
ib.  167,  4.  Je  rappelle  enfin  qu'en  français  la  «  biche  »  tire  son  nom  de 
bestia;  c'est  la  bête  sauvage  par  excellence,  comme  le  «  sanglier  »  est  l'ani- 
mal solitaire  (sitigiilaris). 


Étymologies.  87 

de  17  en  e1 .  Ce  radical  devait  par  lui-même  désigner  à  l'ori- 
gine l'endroit  sauvage,  la  forêt  ;  il  aura  pris  le  sens  de  gibier, 
puis  de  cerf,  par  une  évolution  sémantique  analogue  à  celle 
qu'attestent  les  mots  fid  etfiad. 

Toutefois,  la  question  se  complique  si  l'on  fait  avec  Macbain 
(Etym.  Dict.,  2e  éd.,  p.  325)  entrer  en  ligne  de  compte  les 
mots  irlandais  sidht\.sidhcann  «  venison  »,  écoss.  sithiorin  «  id.  ». 
\Ji  de  ces  mots  est  long  par  opposition  à  la  voyelle  brève  des 
mots  précédents2.  Pour  maintenir  le  rapprochement,  il  faut 
admettre,  à  côté  du  radical  *sid-,  un  radical  *sïd-  qui  aurait  eu 
le  même  sens. 

Or,  cette  conclusion  se  trouve  de  façon  inattendue  confir- 
mée par  d'autres  langues.  Solmsen  a  montré  que  le  latin  silua 
pouvait  sortir  d'un  ancien  *siloua,  fém.  d'un  adjectif  *silouos 
«  pourvu  de  bois  »,  dont  le  simple  serait  *sidâ  «  bois,  forêt  ». 
Mais  à  ce  *sidà  supposé,  le  grec  répond  par  Izx  (pour  *loz) 
«  forêt  »,  avec  un  ï  long,  et  l'on  a  en  Italie  même  le  Sîla 
salins  du  Bruttium,  qui  présente  aussi  la  quantité  longue 
(v.  Indogerm.  Fschg.,  XXVI,  109  et  suiv.).  Il  y  aurait  donc 
lieu  de  poser  pour  le  latin,  le  grec  et  le  celtique  un  élément 
radical  *sïd-  ou*sïd-«  endroit  sauvage,  forêt  »,  auquel  se  ratta- 
cherait le  nom  celtique  de  la  bête  sauvage,  du  cerf. 

II.    IRLANDAIS   FIACH   «    CORBEAU  ». 

Puisque  M.  Marstrander  a  prouvé  que  le  mot  irlandais  fiach 
«  corbeau  »  était  anciennement  disyllabe  (Festskrift  A  If  Torp, 

1.  M.  Kuno  Meyer  m'informe  que  l'existence  de  ce  mot  comme  nom 
commun  lui  est  suspecte;  il  est  en  tout  cas  sûrement  attesté  comme  nom 
propre,  Segais,  g.  na  Segsa,  désignant  une  colline,  au  pied  de  laquelle  la 
Boyne  prend  sa  source  (O'Mulconrv's  Gloss.,  dans  A.  C.  L.,  I,  273  et  319); 
ce  nom  propre  apparaît  plusieurs  fois  dans  le  Dindshenchas  (Rev.  Celt.  XV, 
334  et  XVI,  149  :  E.  Gwynn,  Metr.  Dinds.,  III,  p.  130,  1.  31,  p.  288,  1. 
25).  Est-ce  lui  qui  figure  aussi  dans  le  nom  d'un  mètre  irlandais,  sitaiiinn 
Segsa  «  corde  de  Segais  »,  mentionné  par  M.  Kuno  Meyer,  Ueber  die  atteste 
irische  Dichtung,  I,  p.  58? 

2.  Dans  le  glossaire  d'O'Mulconry  (n°  851,  A.  C.  L.,  I,  273),  on  lit: 
sidhin  À.  dam  allaid,  sidin  immorro  osfeoil,  mais  sans  signe  de  longueur. 
Je  ne  sais  comment  il  faut  interpréter  le  sieng  (pis-fheoil)  de  VOided  mac 
nUisnig,  1.   160  (Ir.   Texte,  II.  2,  p.  128  et  180). 


88  /.   Vendryes. 

p.  248),  il  faut  renoncer  au  prototype  *weiko-  imaginé  par 
Wh.  Stokes  (Urk.  Spr.,  263)  et  à  l'étymologie,  d'ailleurs  très 
douteuse,  qui  s'y  rapportait  '.  En  revanche,  il  y  a  des  chances 
pour  que  le  mot  contienne  le  suffixe  -acb,  si  développé  en  irlan- 
dais comme  suffixe  d'adjectif  :  on  sait  que  ce  suffixe,  qui 
remonte  à  *-âko-  a  des  correspondants  dans  la  plupart  des 
langues  indo-européennes,  où  il  est  fort  répandu  (Brugmann, 
Grdr.,  2e  éd.,  II,  2,  p.  499). 

Le  mot  fiach  serait  donc  à  l'origine  une  épithète,  dont  on 
aurait  fait  le  nom  de  l'oiseau  :  phénomène  très  fréquent,  et 
qui  n'est  pas  pour  étonner  en  celtique,  puisque  les  noms  du 
corbeau  y  sont  en  général  à  la  fois  récents  et   nombreux. 

Un  des  traits  les  plus  nets  qui  caractérisent  le  corbeau  dans 
les  légendes  celtiques,  c'est  sa  voracité.  Le  corbeau  dépeceur 
de  cadavres  joue  un  rôle  si  considérable  dans  les  récits  de 
combat  en  Irlande  et  en  Galles,  qu'il  est  même  devenu  le 
svmbole  d'une  divinité  guerrière  (v.  A.  Reinach,  R.  Celt., 
XXXIV,  p.  258).  «  Pâture  de  corbeau,  proie  de  corbeau  », 
cette  formule  revient  à  plusieurs  reprises  dans  le  lyrisme 
épique  d'Aneirin  :  hvyt  brein,  bud  e  vran  (p.  7,  12  éd.  Evans), 
kynt  e  vude  vran  nogyt  e  allawr  «  proie  du  corbeau  avant  l'au- 
tel »  (p.  2,  9),  kynt  e.  vwyt  y  vrein  noc  y  argyurein  «  pâture 
des  corbeaux  avant  l'exposition  funèbre  »  (p.  1,  7);  cf.  p. 
20,  5,  p.  23,  9,  etc. 

En  Irlande,  sous  le  nom  de  bodb  (Imdb)  ou  de  crû  fecbtà 
«  corneille  de  guerre  »  (cf.  v.  h.  a.  walahraban  et  scandin. 
val-ravn  ap.  K.  Meyer,  Conlr.,  p.  5^2),  l'oiseau  est  sans  cesse 
associé  à  l'idée  du  combat.  L'auteur  de  la  Tâin  mentionne  la 
joie  des  corbeaux  à  se  repaître  de  cadavres  (éd.  Windisch, 
1.  2389),  leur  cruauté  (1.  15 18):  «  tu  ne  trouveras  pas 
devant  toi  un  guerrier  plus  rude.  .  .  ni  un  corbeau  plus  avide 
de  chair  »,  dit  quelque  part  Fergus  â  Medb  en  parlant  de 
Cuehullin(L.  U.  58b  30  :  nifairgêbasuardochindlaechbas ansum, 
...  nâ  fiach  bus  féoilchairiu ;  éd.  Strachan-O'Keeffe,  1.  349). 
La  version  du  Book  of  Leinster  (61  h  47)  substitue  dans  le 


1.   Déjà  M.  Kuno  Mever  avait  indique  l'emploi  de  fiach  comme  disyllabe 
dans  la  vieille  poésie  irlandaise  (a  Primer  of  Irish  Met  ries,  p.  1 1). 


Êtymologies.  ^9 

même  passage  un  loup  au  corbeau  (niairgem  and  fà[e]l badfuil- 
chuiriu  «  nous  ne  rencontrons  pas  là  un  loup  plus  avide  de 
sang  »,  éd.  Windisch.  1.  849).  Or  le  loup  est  par  excellence 
l'animal  vorace  (v.  H.  Hubert,  R.  Celt.,  XXXIV,  3,  n.  3). 
Dans  la  Togail  Bruidne  Da  Derga,  §  35  (R.  Celt.,  XXII,  39) 
on  lit  dans  une  description  de  combat  :  sasaâ  fiach,  fothad 
m-bran  «  rassasiement,  pâture  de  corbeaux  »,  àquoi  Wh.  Stokes 
compare  justement  la  phrase  islandaise  :  fyrrvildàk.  .  .  hrafna 
scdhja  à  hrœiim  thimun  «  j'aimerais  mieux  repaître  les  corbeaux 
de  ta  chair  »  Helga Kvij>a  Hundingsbanal,  str.  44 (éd.  Bugge). 

Or,  on  rencontre  dans  plusieurs  langues  indo-européennes, 
y  compris  le  celtique,  une  racine  *wes-  qui  signifie  «  s? 
repaitre  ».  Elle  avait  été  jadis,  sous  la  forme  vas-,  signalée 
en  sanskrit  védique  :  anu  vclvase  (R.  V.,  VIII,  4,  8)  et  vâstoh 
(ibid.,  I,  174,  3),  mais  dans  les  deux  cas  M.  Oldenberg  rejette 
cette  identification  (Rgveda,  I,  171  et  II,  79).  En  revanche, 
malgré  l'autorité  de  M.  Bartholomae,  c'est  bien  à  la  racine 
*wes-  «  se  repaître  »  qu'il  faut,  semble-t-il,  rattacher  zd 
vâstrtm  «  fourrage  »,  vastra  «  gueule  »  et  quelques  autres  mots 
iraniens  (cf.  Uhlenbeck,  Etym.  Wtb.  dcr  altind.  Sprache,  p. 
278).  En  germanique  la  même  racine  est  abondamment 
représentée  :  got.  ivisan  «  se  donner  du  bon  temps  »  wiXpn 
«  faire  bombance  »  (so  ivizpndà  r,  TTraxaXwux),  anda-ivi^ns 
èdiamov,  waila-iui^ns  «  bonne  nourriture  »  (cf.  Streitberg,  /.  F., 
XXII,  308),  v.  isl.  vist  •<  nourriture  »,  v.  h.  a.  zuist  «Lebens- 
unterhalt  »,  v.  angl.  unst  «  sustenance,  food,  luxury  ».  En 
latin,  il  faut  probablement  rattacher  b.  la  même  racine  le  verbe 
uescor  «  je  me  repais  »,  quitte  à  expliquer  par  *uë-esco-,  comme 
fait  M.  Niedermann  (L  F.,  X,  251),  l'adjectif  uêscus,  dans  le 
sens  tout  différent  de  «  maigre,  difficile  sur  la  nourriture  ». 

Il  n'y  a  pas  en  celtique  de  verbe  correspondant;  car  les 
formes  dofeotar  «ils  mangèrent  »  L.  L.  291  b  20,  dootar,  -dotar 
«  id.  »,  duaid  «  il  mangea  »,  que  Wh.  Stokes  rattachait  à  la 
racine  *wes-  (JJrh.  Spr.,  278),  ont  reçu  à  la  fois  de  M.  Thur- 
neysen  (Hdb.,  I,  395)  et  de  M.  Pedersen  (Vgl.  Gr.,  II  524) 
une  explication  différente.  Mais  il  n'est  guère  possible  de 
croire  avec  ce  dernier  (ibid.,  II,  559)  que  le  mot  fes,feis  «  fes- 
tin, beuverie  »  soit  un  emploi  particulier  du  mot  feis  «  fait  de 


90  /.   Vendrves. 

dormir,  de  passer  la  nuit  ».  Dans  le  Saltair  na  Kami,  [ri  fds 
signifie  «  pour  manger  »  tout  simplement  (v.  1563,  1571). 
Des  locutions  comme  do  chathim  fessi  Temrach  (L.  U.,  52  a 
17),  do  thomailt  fesse  Temrach  (Z.  C.  P.,  III,  4,  §  7),  im- 
pliquent pour  le  mot  fes  le  sens  de  «  repas,  festin  »  '. 

Et  d'ailleurs  il  est  important  de  noter  que  ce  mot  f es  est 
appliqué  au  corbeau  dans  un  passage  en  vers  de  la  Tain  : 

b'iait  colla  [0  chosaib 
biait  brain  for  branfesaib 

«  il  y  aura  des  corps  foulés  aux  pieds, 
les  corbeaux  seront  à  leurs  festins  ». 

C'est  là  du  moins  le  texte  du  Book  of  Lecan,  54  a  5  (éd. 
Strachan-O'Keeffe,  I.2077),  confirmé  par  le  Bookof  Leinster, 
79  a  24,  betit  brain  ri  brainessu  (=  brain-fessu).  La  leçon  du 
Lebor  na  hUidre,  branfossaib,  ne  donne  aucun  sens  satisfaisant. 

On  peut  donc  imaginer  pour  le  nom  du  corbeau  un  ancien 
adjectif  *wes-âko-  «  vorace  »,  d'où  fiach  sortirait  régulièrement. 
Le  passage  de  e  à  /  en  hiatus  a  été  admis  par  M.  Thurnevsen 
(Hdb.,  I,  46-47)  et  par  M.  Hessen  (Z.  /.  Celt.  PhiL,  IX,"  72) 
pour  expliquer  siur  «  sœur  »  et  niât  «  descendant  »  ;  fiach  de 
*wesâko-  fournirait  de  ce  fait  un  meilleur  exemple,  car  les  deux 
autres  mots,  comme  on  sait,  admettent  une  explication  dif- 
férente (cf.  Indog.  An^.,  XXVII,  19).  Toutefois,  pour  fiach, 
l 'hypothèse  d'un  î  long  issu  d'ancien  e  long  n'est  pas  exclue; 
un  prototype  *wës-âko-  présenterait  l'état  allongé  de  la  racine. 

Le  suffixe  -ach,  issu  de  *-âko-,  n'est  plus  employé  en  irlan- 
dais que  joint  à  des  substantifs  :  calbach  «  batailleur  »  de  cath 
ou  gortach  «  affamé  »  de  gorte.  De  même  en  gallois  le  suffixe 
-a-wg  (John  Morris  Jones,  op.  cit.,  p.  256)  ;  en  grec,  le 
suffixe  -:*•/.(;)-  s'ajoute  aussi  de  préférence  à  des  noms  (sub- 

1.  Il  faut  peut-être  séparer  de  l'irlandais  fes  le  gallois  dirwest  «  jeune  » 
que  Wh.  Stokes  v  rattachait.  Le  mot,  attesté  en  vieux-gallois  sous  la  forme 
diruesliat  gl.  ieiunam,  mais  qui  n'est  pas  brittonique  commun,  parait  à 
M.  J.  Morris  Jones,  composé  de  dir-  préfixe  augmentatif  et  d'un  mot  em- 
prunté au  vieil-anglais  fasten  «  jeune  »  (a  Conip.  Gramm.,  1,  p.  266);  on 
notera  que  le  nom  germanique  du  jeune  a  de  bonne  heure  passe  en  slave. 
v.  si.  postû. 


Êtymologies.  yi 

stantifs  ou  adjectifs)  ;  ainsi  dans  ïépâxoç  ou  ispaç  «  épervier  » 
de  iepbq,  tJ.Oç/.oç  «  singe  »  de  *tuQcç  «  laid  »  (cf.  lat.  foedus). 
Mais  en  latin,  le  suffixe  -âc-  s'est  particulièrement  développé 
après  des  racines  verbales,  c'est-à-dire  comme  suffixe  primaire: 
absiinax,  audax,  bibax,  capax,  dicax,  fallax,  ferax,fugax,furax, 
loqitax,  mendax,  morax,  mordax,  petax,  procax,  rapax,  sagax, 
salax,  scquax,  sonax,  tagax,  toiax,  (pcr)uirax,  uomax,  uorax, 
etc.  Et  il  y  a  en  irlandais  un  ou  deux  exemples  du  même  type  : 
ainsi  larrach  «  tremblant  »  de  *trs-âko-,  peut-être  sinnach 
«  *puant  »  d'où  «  renard  »  (Rev.  Celt.,  XXXII,  239)  et 
scethacb  «  dégoûtant,  qui  fait  vomir  »  (O'Dav.,  1489  dans 
A.  /.  Celt.  Lex.,  II,  462)  de  scethim  «  je  vomis  »,  dont  le 
rapport  sémantique  est  toutefois  différent.  Le  mot  fiach,  de 
*w}s-âko?}  pourrait  appartenir  à  la  même  catégorie. 

Un  autre  nom  irlandais  du  corbeau,  fang  (ap.  Windisch, 
Tain  bô  Cnnlngc,  p.  354)  est  évidemment  à  rapprocher  du 
gallois  gwanc  etgivang  «  voracité  »,gwancus  «  vorace  ».  Ce 
rapprochement  confirme  dans  une  certaine  mesure  l'étymolo- 
gie  proposée  ici  pour  fiach. 

J.  Vendryes. 


BIBLIOGRAPHIE 


Sommaire.  —  I.  G.  Dottin.  Manuel  d'Irlandais  moyen.  —  II.  Kuno  Meyer, 
Ueber  die  àlteste  irische  Dichtung.  —  III.  E.  Gwynn,  The  metrical 
Dindshenchas,  part  III.  —  IV.  H.  Grôhler,  Ueber  Ursprung  und 
Bedeutung  der  franzôsischen  Ortsnamen,  I.  —  V.  H.  Steinbekger, 
Ilirlanda  von  Bretagne.  —  VI.  J.  Loth,  Les  Mabinogion,  2e  édition.  — 
VII.  Marquis  de  Bellevui:,  Le  camp  de  Coetquidan.  —  VIII.  Le 
même,  Paimpont,  2e  édition.  —  IX.    F.   Sagot,  La  Bretagne  romaine. 


1 

Georges  Dottin.  Manuel  d'Irlandais  moyen,  1.  Grammaire  xxvij- 
301  p.;  II.  Textes  et  glossaire,  xxviij-264p.  pet.  8°.  Paris,  Cham- 
pion,  191 3. 

Nous  annoncions  dernièrement  la  publication  prochaine  de  cet 
ouvrage,  dont  le  premier  volume  était  imprimé  depuis  quelques 
mois.  L'impression  du  second  volume  vient  seulement  d'être  ter- 
minée, et  le  tout  est  mis  en  vente  en  cette  fin  d'année  191 3.  Ce  sont 
les  étrennes  de  M.  Dottin  aux  celtistes,  des  étrennes  d'une  rare 
valeur,  dont  on  peut  résumer  l'importance  en  disant  que  cet 
ouvrage  est  unique  en  son  genre.  Ce  n'est  pas  employer  une  for- 
mule banale  que  le  louer  de  combler  une  lacune  :  il  est  exactement 
le  premier  manuel  qu'on  possède  pour  étudier  le  moyen-irlandais. 
Depuis  quelques  années,  les  moyens  d'étude  ne  font  pas  défaut  à 
ceux  qu'attire  le  vieil-irlandais.  D'autre  part,  l'irlandais  moderne, 
grâce  à  plusieurs  grammaires  pratiques  et  à  quelques  descriptions 
scientifiques  de  parlcrs  locaux,  est  aisément  abordable.  Mais  pour 
les  textes  qui  vont  du  XIIe  au  XVIe  siècle,  c'est-à-dire  pour  les  textes 
en  moyen-irlandais,  on  n'avait  jusqu'ici  rigoureusement  aucun 
instrument  de  travail. 

Ce  moyen-irlandais  est  d'ailleurs  un  chaos,  à  beaucoup  d'égards. 


Bibliographie.  9} 

Au  point  de  vue  littéraire,  on  commence  seulement  à  faire  le 
triage  des  textes,  à  en  établir  les  rapports  et  la  filiation,  à  classer 
les  différentes  versions  des  légendes.  C'est  un  travail  délicat,  que 
M.  Thurnevsen  réussit,  comme  on  sait,  dans  la  perfection  et  dont  il 
a  fourni  déjà  plusieurs  modèles.  Au  point  de  vue  grammatical,  on 
ne  possède  pour  le  moven-irlandais  que  quelques  monographies 
sur  des  questions  de  détail,  mais  pas  de  travaux  d'ensemble, 
encore  moins  de  répertoires.  C'est  la  lexicographie,  grâce  à  MM.  Win- 
disch  et  K.  Meyer  et  grâce  à  Atkinson,  qui  a  été  poussée  le  plus 
loin  ;  et  pourtant  on  n'a  pas  encore  ce  dictionnaire  complet,  tou- 
jours attendu  et  dont  l'achèvement  se  fera  sans  doute  longtemps 
attendre. 

Pour  donner  à  son  œuvre  plus  d'utilité  pratique,  M.  Dottin  l'a 
fort  sagement  limitée.  Il  s'est  borné  à  dépouiller  un  certain  genre 
de  textes,  les  textes  religieux  du  Leabhar  Breacc,  ceux-là  mêmes 
dont  M.  Atkinson  a  donné  une  édition  célèbre  avec  un  si  précieux 
glossaire.  Ces  textes  ont  en  effet  l'avantage  de  présenter  en  général 
une  langue  homogène,  moins  artificielle,  moins  embarrassée  d'ar- 
chaïsmes, moins  pénétrée  de  souvenirs  littéraires  que  la  langue 
des  récits  épiques,  plus  rapprochée  par  conséquent  de  la  langue 
parlée.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rappeler  que  le  fameux  Lebor  na 
bUidre,  écrit  avant  1106,  renferme  à  côté  de  morceaux  épiques,  de 
tour  fort  archaïque,  un  texte  religieux,  la  Vision  d'Adamnan,  dont 
la  langue  est  déjà  très  voisine  des  homélies  du  Leabhar  Breaçc. 
Comme  les  textes  religieux  s'adressaient  au  peuple,  que  c'étaient 
des  œuvres  de  propagande  et  d'édification,  toute  recherche  en  est 
bannie;  la  langue  en  est  simple,  claire  et  facile,  pour  de  l'irlandais. 
C'est  la  grammaire  de  cette  langue  que  M.  Dottin  a  composée.  Il 
dit  lui-même  avec  juste  raison  que  son  manuel  peut  servir  com- 
modément d'introduction  à  l'étude  de  l'irlandais  en  général  ;  en 
effet,  par  une  progression  toute  naturelle,  l'étudiant  passera  de  la 
langue  des  textes  religieux  à  la  langue  des  textes  épiques,  et  par 
celle-là  il  gagnera  peu  à  peu  le  vieil-irlandais,  dont  il  pourra  plus 
aisément  aborder  alors  les  difficultés.  L'ouvrage  a  donc  une  valeur 
pratique  de  premier  ordre  :  c'est  un  guide  où  l'auteur  conduit  le 
novice  comme  par  la  main  à  travers  les  premières  broussailles  qui 
marquent  la  lisière  de  la  forêt  :  plus  tard  viendront  les  longues 
courses  sous  bois  et  les  ascensions  périlleuses. 

Les  qualités  pédagogiques  de  M.  Dottin  sont  si  éclatantes  et 
d'ailleurs  si  unanimement  reconnues  qu'il  nous  en  coûte  peu  de 
signaler  ici  un  défaut  dont  elles  s'accompagnent  et  qui  en  font 
pour  ainsi  dire  le  revers.  On  connait  la  façon  de  procéder  du  savant 


9.|  Bibliographie. 

auteur.  11  en  a  donné  dans  son  Manuel  de  l'antiquité  celtique  un 
exemple  illustre,  qui  n'a  pas  laissé  de  choquer  certains  esprits 
systématiques.  M.  Dottin  est  avant  tout  l'ennemi  des  systèmes; 
son  érudition  très  souple  refuse  de  s'enfermer  en  des  constructions 
rigides,  bâties  sur  un  plan  méthodiquement  arrêté.  Quand  il  expose 
des  faits,  il  s'interdit  d'ajouter  rien  de  lui-même  à  ce  que  fournit 
la  réalité,  si  diverse  et  variée  qu'elle  soit.  Les  lois  générales,  qui 
permettent  de  relier  les  phénomènes  et  aussi  d'établir  entre  eux 
des  différences  de  valeur  et  de  proportion,  ne  l'intéressent  pas.  Il 
y  trouve  je  ne  sais  quoi  de  subjectif,  qui  l'inquiète.  Il  a  un  parti 
pris  d'être  aussi  impersonnel  que  possible,  de  se  borner  au  rôle  de 
miroir  fidèle,  qui  reflète  et  n'interprète  pas.  Cette  disposition 
d'esprit,  qui  est  en  un  certain  sens  un  défaut,  se  retrouve  naturel- 
lement dans  sa  grammaire  du  moyen-irlandais.  Bien  que  le  moyen- 
irlandais  des  textes  religieux  ait  une  régularité  beaucoup  plus 
grande  que  celui  des  textes  épiques,  on  y  rencontre  cependant  bien 
des  contradictions,  des  disparates  et  des  exceptions.  Mais  les  excep- 
tions ont  pour  M.  Dottin  la  même  valeur  que  la  règle,  une  valeur 
concrète.  Son  principe  est  de  donner  au  lecteur  tout  ce  qu'il  a 
relevé  sur  ses  fiches,  et  de  répartir  sa  matière  en  de  petites  clas- 
sifications purement  extérieures,  sans  chercher  toujours  à  établir 
un  lien  entre  elles.  Par  exemple,  il  signale  à  la  fois  et  sur  le  même 
plan,  p.  28,  la  combinaison  de  te  en  ce  qui  est  normale  après  l'ac- 
cent, et  celle  de  //'en  (/avant  l'accent  qui  n'est  attestée  que  dans 
le  verbe  aderim  «  je  dis  »  et  par  ailleurs  ne  s'explique  pas.  Il  ne  faut 
donc  pas  chercher  dans  son  exposé  les  grandes  lois  phonétiques  et 
morphologiques,  en  lesquelles  se  résume  l'évolution  de  l'irlan- 
dais: il  ne  nous  présente  que  des  faits,  des  séries  de  faits  juxta- 
posés, et  parfois  rien  que  de  la  poussière  de  faits. 

L'exposé  se  recommande  d'ailleurs  d'un  bout  à  l'autre  par  l'exac- 
titude et  la  précision.  C'est  à  peine  si  l'on  trouve  à  relever  quel- 
ques erreurs  ou  omissions.  Ainsi  p.  73,  dans  le  §  102,  M.  Dottin  a 
oublié  de  mentionner  l'usage  si  fréquent  de  la  préposition  à  forme 
pronominale  devant  l'article  :  trit  in  Jouis  «  à  travers  la  porte  », 
toiiiih  in  imper  «  devant  l'empereur  »  (cf.  K.  Celt.,  XXXII,  p.  147, 
n.  3  et  p.  336).  —  P.  93.  1.  1,  air  «  sur  lui  »  ne  vient  pas  de  ur 
(on  aurait  aire),  mais  de  for  (air  =  fuir).  —P.  75,  la  règle  du  '  J 
n'est  loin  d'être  absolue  :  on  lit  in grian  P.  H.  2696,  do  chriaid  in 
talman,  P.  H.  5994,  et  il  semble  qu'après  préposition  l'article  soit 
généralement  exprimé  (isiu  tahnain,  frisin  ngréin).  —  Parfois  aussi, 
la  rédaction  des  règles  laisse  à  désirer;  en  cette  même  page  75, 
l'auteur  aurait  dû  marquer  l'étroit  rapport  qui  unit  la  règle  du  '"  b 


Bibliographie.  95 

à  celle  du  5  a  20;  elles  dépendent  l'une  de  l'autre.  A  la  page  12}, 
§  204,  la  règle  que  le  subjonctif  «  s'emploie  comme  optatif»  sera 
bien  peu  claire  à  ceux  qui  n'ont  jamais  étudié  la  grammaire 
grecque.  P.  217,  la  règle  du  §  321  est  franchement  incompréhen- 
sible; on  n'en  pourrait  rien  tirer  si  les  exemples  ne  venaient  indi- 
quer la  pensée  de  l'auteur. 

Le  choix  de  textes  qui  forme  le  second  volume  de  l'ouvrage  est 
appelé,  pour  les  raisons  indiquées  plus  haut,  à  rendre  les  plus 
grands  services.  L'auteur  a  mis  en  tète  une  bibliographie  sommaire 
des  textes  du  moyen-irlandais  publiés  jusqu'ici  ;  ce  qui  sera  fort 
instructif  pour  les  apprentis  celtistes.  Les  textes  qu'il  reproduit 
lui-même  sont  tous  tirés  du  Leabhar  Breacc  ;  ils  sont  cependant 
suffisamment  variés  pour  donner  une  juste  idée  des  divers  aspects 
delà  littérature  religieuse.  De  cette  littérature,  M.  Dottin  dans  sa 
Préface  exagère  peut-être  un  peu  l'intérêt  ;  sans  doute  il  ne  pouvait 
moins  faire,  sous  peine  de  décourager  ses  lecteurs.  Mais  qui- 
conque a  pratiqué  si  peu  que  ce  soit  les  textes  épiques,  si  vivants, 
si  colorés,  si  originaux,  ne  peut  s'empêcher  de  sentir  la  médiocrité 
des  productions  hagiographiques,  dont  le  fond  est  en  général  aussi 
plat  que  la  forme  est  misérable.  Il  faut  toutefois  reconnaître  que 
M.  Dottin,  pour  faire  valoir  sa  matière,  en  a  choisi  les  morceaux 
les  plus  intéressants  ;  il  les  a  de  plus  réduits  à  de  justes  dimen- 
sions et  coupés  assez  court  pour  qu'on  ne  sente  pas  le  défaut  prin- 
cipal de  cette  littérature,  qui  est  la  longueur  et  la  monotonie. 

Les  textes  sont  accompagnés  de  notes  réparties  en  deux  séries. 
Il  v  a  d'abord  des  notes  critiques  offrant  les  variantes  tirées 
d'autres  manuscrits  pour  les  textes  qui  sont  contenus  dans  plu- 
sieurs. Il  y  a  de  plus  des  notes  explicatives,  surtout  grammaticales. 
Celles-ci  donnent  lieu  à  quelques  critiques.  Tout  d'abord,  certains 
enseignements  qu'elle  fournissent  auraient  dû  trouver  place  dans 
la  grammaire;  par  exemple  ce  qui  est  dit  à  la  note  3  de  la  page  75 
sur  l'idiotisme  conid  for  gôi  ata  «  que  c'est  menteur  qu'il  est  »,  ou 
à  la  note  25  de  la  page  6  sur  la  forme  eat  «  eux  »  (reproduite 
moins  clairement  p.  41,  n.  12).  Au  lieu  de  faire  intervenir  l'ana- 
logie de  labra.  p.  90,  n.  12,  pour  expliquer  rada  et  Juin,  il  suf- 
fisait de  renvoyer  à  la  grammaire,  p.  I0l,§  162,  2.  Souvent  aussi, 
les  notes  donnent  simplement  une  traduction  libre  du  texte  sans 
fournir  à  l'étudiant  le  moyen  d'interpréter  la  valeur  des  mots  :  ainsi 
p.  23,  n.  9,  il  ne  suffisait  pas  d'expliquer  cid  dai  da-m  par  «  que 
me  veux-tu?»  ou  p.  119,  n.  2,  atbertha  fris  par  «  était  son  nom  » 
(cf.  p.  18,  n.  3),  ou  encore  p.  78,  n.  4,  doberàd  do  par  «  à  lui 
donner    ••  ;  cette    dernière  traduction    risque   même    d'induire    en 


96  Bibliographie. 

erreur.  P.  46,  u.  9,  di-a  fins  «  pour  savoir  »  demandait  un  mot 
d'explication  ;  etdemêmep.  51,  n.  1,  co  ruai  lais  «  qu'il  t'emporte 
avec  lui  »,  puisqu'il  n'y  a  pas  de  pronom  infixé.  Ce  ne  sont  là  que 
des  vétilles,  mais  qui  ont  leur  importance  dans  un  manuel  destiné 
à  des  débutants.  Il  y  a  même  dans  les  notes  quelques  erreurs  de 
fait.  Ainsi,  p.  4,  n.  28,  il  est  faux  de  dire  que  tomlid  est  «  plus 
correct  »  que  dostnelid  ;  l'impératif  est  toujours  deutérotonique 
quand  il  v  a  un  pronom  infixé.  P.  69,  n.  1,  expliquer  sinne  par 
«  nous  sommes  »  est  d'une  concision  exagérée,  mais  expliquer 
ditu  par  «  nous  avons  »  est  une  erreur,  en  contradiction  avec  l'en- 
seignement même  de  la  grammaire,  p.  242.  Enfin,  p.  94,  n.  2,  in 
est  donné,  par  un  singulier  lapsus,  comme  un  ancien  article  neutre. 
A  la  page  106,  1.  14,  il  faut  lire  dergmartra  et  à  la  page  128,  sup- 
primer l'appel  de  note  4.  En  revanche,  à  la  page  262,  au  sujet  de 
c/c  ////.;,  on  pouvait  ajouter  comme  référence  p.  133,  1.  17. 

Dans  le  glossaire,  manque  le  mot  airem  «  laboureur  »  (airemun, 
p.  129,  1.  2)  et  p.  171,  la  forme  cenglaid  devait  être  donnée 
comme  une  2e  pers.  du  pluriel  (v.  p.  92,  1.  3).  Le  principal 
reproche  qu'on  pourrait  adresser  à  ce  glossaire  se  rapporte  à  la 
façon  dont  les  mots  sont  coupés  ou  transcrits  :  on  lit  par  exemple 
p.  203  for-ai-langatar,  alors  que  le  texte  povtefo-r-ailangatar  (p.  128) 
et  la  note  2  au  texte  fo-roe-langatar  :  il  fallait  choisir.  Mais  la  trans- 
cription surtout  prête  le  flanc  à  la  critique.  C'est  une  décision  peu 
heureuse  qu'a  prise  l'auteur  de  conserver  dans  le  glossaire  l'aspi- 
ration initiale  des  mots  du  texte.  Cela  ne  peut  que  troubler  les 
débutants  et  leur  donner  sur  le  phénomène  de  l'aspiration  des 
idées  fausses.  11  arrive  même  à  l'auteur  d'enregistrer  sous  forme 
«  aspirée  »  un  mot  qui  a  dans  le  texte  sa  forme  normale  :  chrabuid, 
p.  178,  alors  qu'on  lit  cend  crabuid,  p.  119,  1.  4.  Ces  menues  taches 
disparaîtront  à  la  seconde  édition. 

J.   Vexdryes. 


Il 

Kuno  Meyer.  Ueber  die  atteste  irische  Dichtung,  I.  Rhythmische 
alliterierende  Reimstrophen.  Berlin,  1913,  61  p.  4"  (extrait  des 
Abhandlungen  der  kôn.  preuss.  Akademie  der  Wissenschaften, 
Phil.-  hist.  Classe,  N.  6). 

Cette   plus    ancienne    versification    irlandaise,  dont    M.    Kuno 
Meyer  entreprend  l'étude,  est  restée  jusqu'ici  à  peu  près  méconnue. 


Bibliographie.  97 

Sans  doute  on  en  soupçonnait  l'existence,  et  des  celtistes  comme 
MM.  Windisch,  Thurneysen,Rhys,  sans  parler  de  M.  Kuno  Meyer 
lui-même,  avaient  eu  l'occasion  d'en  rencontrer  çà  et  là  des  spé- 
cimens attardés.  Mais  on  ignorait  tout  de  ses  principes  et  de  ses 
règles.  C'est  qu'elle  était  en  vigueur  antérieurement  au  vnc  siècle 
de  notre  ère,  époque  où  remontent  les  plus  anciens  documents  de 
la  versification  syllabique  à  rime  finale,  inspirée  de  modèles  romans, 
qui  devait  dominer  tout  le  développement  de  la  poésie  irlandaise 
au  moyen-âge.  La  versification  dont  M.  Kuno  Meyer  s'occupe  ici 
est  d'un  type  tout  différent.  Elle  ne  repose  pas  sur  le  nombre 
des  syllabes,  mais  entièrement  sur  l'accent  des  mots  qui  ne  joue 
qu'un  rôle  secondaire  dans  la  versification  ultérieure.  Elle  com- 
prend des  séries  de  «  Langzeilen  »,  séparées  en  deux  par  une 
coupe.  En  outre,  elle  comporte,  comme  élément  essentiel,  l'alli- 
tération, mais  une  allitération  d'un  genre  spécial,  qui  consiste  en 
ce  fait  que  le  phonème  initial  d'un  mot  doit  se  répéter  à  l'initiale 
du  mot  ou  d'un  certain  nombre  de  mots  suivants,  jusqu'à  ce 
qu'une  nouvelle  allitération  introduise  une  nouvelle  série  qui 
comprend  également  deux  ou  plusieurs  mots1.  Toutefois  le  mot 
initial  de  chaque  poème  est  en  dehors  des  séries  d'allitération.  On 
peut  citer  comme  type  de  ce  genre  de  poésie  la  strophe  suivante  : 

flada  nôib,  nûall  trén, 

triar  athar  iiasal  ôingeirie, 

abb  noihiime  nèl. 

«  seigneur  saint  —  cri  puissant  — 

noble  trinité  du  père  de  l'enfant  unique, 

abbé  du  saint  ciel  de  nuages  ». 

Mais  dans  la  pratique,  le  principe  de  l'allitération  admet  un 
certain  nombre  de  tempéraments  qui  facilitent  l'exécution  des 
poèmes  ;  ainsi  on  fait  allitérer  «  pour  l'œil  »  l'initiale  d'une 
syllabe  tonique  et  celle  d'une  syllabe  atone.  M.  Kuno  Meyer 
désigne  ce  genre  d'allitération  du  nom  de  «  liaison  »  (Bindung). 
La  liaison  admet  en  outre  l'équivalence  des  sourdes  et  des  sonores,, 
de  sorte  que  c  et  /  peuvent  allitérer  respectivement  avec  g  et  d. 

1.  En  lisant  dans  le  travail  de  M.  Kuno  Meyer  l'exposé  si  précis  des 
règles  de  cette  versification  irlandaise,  on  ne  peut  s'empêcher  de  songer  à 
la  versification  du  saturnien  latin.  Il  y  a  en  gros  entre  les  deux  certaines 
analogies  frappantes  ;  mais  il  serait  sans  doute  vain  de  chercher  à  les 
poursuivre  dans  le  détail . 

Revue  Critique,  XXXI'.  7 


98  Bibliographie 

Elle  se  complique  souvent  aussi  de  l'emploi  de  la  rime  intérieure  ; 
enfin,  certaines  conventions  spéciales  peuvent  en  atténuer  la 
rigueur.  C'est  en  somme  un  jeu  très  subtil  et  très  compliqué,  dont 
M.  Kuno  Meyer  nous  donne  pour  commencer  quatre  échantil- 
lons. 

Il  s'agit  de  quatre  poèmes,  dont  les  trois  premiers  portent  le 
titre  de  fursundund  «  illumination,  éclaircissement  »  ;  ce  mot  se 
rapporte  au  caractère  des  poèmes,  consacrés  à  développer  des 
généalogies  princières,  à  célébrer  des  princes  et  des  dynasties  iç 
yévoç,  comme  dit  Appien  (de  reb.Gallicis,  cap.  12).  Le  quatrième 
a  le  même  objet,  s'il  ne  porte  pas  le  même  titre  ;  il  est  vrai  que 
les  héros  qu'il  célèbre  appartiennent  au  Munster,  et  non  plus  au 
Leinster,  comme  ceux  des  trois  premiers.  Tous  quatre  sont  formés 
de  strophes,  contenant  chacune  deux  Langzeilen,  dont  l'étendue 
varie  suivant  les  poèmes.  La  langue  en  est  fort  archaïque  et  four- 
mille de  particularités  curieuses.  M.  Kuno  Meyer  en  donne  une 
traduction,  sauf  pour  le  second  poème,  qui  ne  comprend  guère 
que  des  noms  propres  et  des  chevilles:  il  en  donne  surtout  un 
abondant  commentaire,  historique  et  philologique,  rempli,  comme 
toujours,  de  détails  fort  instructifs. 

J.  Vendryes! 


III 


Edward  Gwynn.  The  Metrical  Dindshenchas,  Part  III.  Dublin,  [913, 
x-562  p.  8°  (Todd  Lecture  Séries,  vol.  X),  7  s.  6  d. 

M.  Edward  Gwynn  se  consacre  depuis  de  longues  années  à 
une  entreprise  fort  méritoire,  qui  est  l'étude  et  la  publication  du 
dindshenchas.  On  sait  qu'il  faut  entendre  sous  ce  nom  une  col- 
lection de  légendes  se  rapportant  aux  noms  de  lieux  :  dind-senchas 
«  topographical  lore  »,  comme  traduit  M.  Kuno  Meyer  (Contrib., 
p.  654),  de  d'uni  «  ville  »  et  senchas  «  histoire  »,  ou  «  antiquité  ». 
C'est  un  genre  littéraire,  qui  a  eu  beaucoup  de  succès  dans  l'Ir- 
lande du  Moyen  âge.  Il  se  présente  sous  deux  formes,  en  vers  et 
en  prose.  Le  dindshenchas  en  prose  a  été  publié  par  Whitley  Stokes 
aux  tomes  XV  et. XVI  de  la  Revue  Celtique  ;  l'illustre  celtiste  avait 
pris  pour  base  la  version  que  contient  le  manuscrit  de  Rennes, 
mais  il  y  avait  joint  des  suppléments  tirés  du  Book  of  Lecan  ut  du 
Book  of  Leinster;  des  notes  abondantes  éclaircissaient  le  texte  et 
ajoutaient  à  la  traduction  ;   enfin  un  triple  index,  des  noms  de  lieu, 


Bibliographie.  99 

des  choses  et  des  mots  complétait  ce  savant  travail  (t.  XVI, 
p.  284).  Le  même  Whitlev  Stokes  a  édité  dans  Folk-lore,  t.  III, 
p.  467-516  la  version  du  dindshenchas  d'Oxford  et  dans  Folk-lore, 
t.  IV,  p.  471-497  la  version  du  manuscrit  d'Edimbourg. 

Le  dindshenchas  en  vers  est  conservé  plus  ou  moins  intégrale- 
ment dans  quatorze  manuscrits,  parmi  lesquels  le  Book  of  Leinster 
fournit  le  texte  le  plus  important  et  aussi  le  plus  complet.  M.  Ed. 
Gwynn  qui  a  fait  sa  spécialité  du  dindshenchas  en  vers,  a  pris 
comme  base  le  texte  du  Book  of  Leinster,  mais,  voulant  faire  une 
édition  critique  de  ce  texte,  il  a  pris  soin  de  donner  en  note  les 
principales  variantes  des  autres  manuscrits.  Sous  le  titre  Poems 
from  tbe  Dindshenchas  il  publiait  en  1900  un  recueil  de  morceaux 
choisis,  édités  d'après  ce  principe,  avec  traduction  anglaise  et 
vocabulaire.  C'était  un  prélude  à  une  publication  plus  vaste,  qui 
devait  comprendre  le  dindshenchas  en  son  entier.  Cette  publica- 
tion a  commencé  en  1903,  par  un  volume  de  82  pages,  qui  con- 
tenait six  poèmes  ;  elle  se  continua  en  1906  par  un  volume  de 
108  pages,  où  dix-huit  poèmes  étaient  insérés.  Le  troisième 
volume,  que  nous  annonçons  aujourd'hui,  s'est  fait  attendre  sept 
ans,  mais  il  est  beaucoup  plus  considérable  que  les  précédents, 
puisqu'il  compte  562  pages  et  comprend  85  poèmes.  Néanmoins, 
nous  ne  sommes  pas  encore  au  ternie  de  l'entreprise.  M.  Gwynn 
suit  dans  son  édition  l'ordre  des  morceaux  en  prose  publiés  par 
Whitley  Stokes  :  le  poème  sur  LochErne,  par  lequel  se  termine  ce 
troisième  volume,  correspond  au  numéro  80  de  Whitley  Stokes, 
lequel  numéro  80  est  le  dernier  que  contienne  le  tome  XV  de  la 
Revue  Celtique.  Il  reste  donc  à  publier  tous  les  poèmes  correspon- 
dant aux  morceaux  en  prose  insérés  au  tome  XVI  de  notre  Revue. 
Or,  les  morceaux  de  ce  tome  sont  numérotés  de  81  à  130,  sans 
compter  les  deux  suppléments,  qui  portent  à  161  le  chiffre  total 
des  divisions  du  dindshenchas  en  prose.  Il  faut  espérer  que 
M.  Gwynn  ne  nous  fera  pas  trop  attendre  la  fin  du  dindshen- 
chas en  vers.  Comme  ce  texte  a  pour  l'histoire  de  la  langue  un 
réel  intérêt,  chacun  sera  impatient  d'en  voir  paraître  le  dernier 
volume,  qui  doit  contenir  en  outre  un  index  général  et  un 
glossaire  ;  si  bien  que  le  beau  travail  de  M.  Gwynn  ne  sera 
pratiquement  utilisable    que  lorsqu'il  sera  achevé. 

Pour  le  moment,  il  faut  chercher  les  renseignements  nécessaires 
à  l'intelligence  des   poèmes  dans  les  notes  placées  en  queue    du 
volume.  Elles  sont  abondantes  et  touchent  à  la  fois  à  la  grammaire, 
au  vocabulaire,  à   l'histoire  et   à  la    géographie.     Elles    éclairen 
très    suffisamment    les    obscurités  du    texte,  qui,    en   dehors 


ioo  Bibliographie. 

quelques  difficultés  de  langue,  résultent  surtout  de  perpétuelles 
allusions.  L'auteur  du  dindshenchas  en  vers,  que  la  tradition 
prétend  être  le  filé  Ainairgen  fils  d'Amalgaid,  s'adressait  évidemment 
à  des  auditeurs  au  courant  des  faits  :  plus  d'une  fois,  en  entamant 
une  de  ses  histoires,  il  pouvait  dire  que  chacun  en  général  la 
connaissait  déjà,  rochùala  câch  co  coitchenn.  Mais  la  majorité  des 
celtistes  modernes  n'est  probablement  pas  dans  ce  cas  :  à  ceux- 
là  les  notes  de  M.  Gwvnn,  senchas  saidbir,  comme  aurait  dit  le 
poète  irlandais  lui-même,  fournissent  les  connaissances  dont  ils 
ont  le  plus  besoin. 

].  Yendryes. 


[V 

Hermann  Grohler.  Uebcr  Ursprutig  und  Bedeutmig  der  fran\ôsischen 
Ortsnamen.  Iter   Teil.  Heidelberg,  Winter,  1913,  xxiij-377  p.  8°. 

M.    10.  (Sammlung  romanischer  Elementar-und   Handbùcher, 
Vte  Reihe,  2ter  Band). 

On  pouvait  s'attendre  à  l'apparition  prochaine  d'un  livre  comme 
celui-ci.  Après  l'achèvement  du  monumental  Sprachschaty  de 
M.  Alfred  Holder,  il  était  fatal  que  quelqu'un  s'efforçât  de  dégager 
de  cet  amas  colossal  de  matériaux  les  éléments  d'une  étude  slt  la 
toponomastique  française.  C'est  là  l'objet  que  s'est  proposé 
M.  Grohler,  déjà  auteur  d'un  programme  sur  les  noms  de  lieu 
français  tirés  de  noms  de  peuples  gaulois  (Breslau,  1906).  Il  s'at- 
taque cette  fois  a  l'ensemble  des  noms  de  lieu  de  notre  pays. 
Après  une  introduction,  où  il  indique  les  sources  et  expose  l'aspect 
ethnographique  du  problème,  il  passe  en  revue  les  noms  ligures, 
ibères,  phéniciens,  grecs,  enfin  gaulois.  Ces  derniers,  qui  occupent 
de  beaucoup  la  plus  grande  place  dans  l'ouvrage,  sont  suivis  des 
noms  préromains  d'origine  inconnue  et  des  noms  de  lieu  qui 
contiennent  des  noms  d'homme  latins.  Tout  cela  ne  forme  qu'une 
première  partie.  La  seconde  doit  comprendre  les  noms  de  lieu 
d'origine  germanique  et  enfin  ceux  qui  sont  proprement  romans 
ou  français. 

La  matière  est  immense.  Pour  la  traiter  convenablement,  il  {al- 
lait des  aptitudes  assez  variées.  M.  Grohler  qui  est  probablement 
un  bon  romaniste,  puisqu'il  se  recommande  du  patronage  d'un 
maître  comme  M.  Mever-Lùbke,  manque  évidemment  de  prépara- 
tion   linguistique   générale    et  n'a    en    particulier    des    choses    cel- 


Bibliographie.  101 

tiques  qu'une  connaissance  très  imparfaite.  Ce  que  fournit  sur  les 
les  langues  celtiques  le  Sprachschat~x  de  M.  Holder,  n'est  pas,  il 
s'en  faut  de  beaucoup,  la  meilleure  partie  de  ce  magistral  ouvrage  ; 
c'est  pourtant  là  que  M.  Grôhler  semble  avoir  puisé  toute  sa 
science  celtique.  Aussi  rencontre-t-on  dans  son  livre  plus  d'une 
hypothèse  insoutenable  ou  qui  ne  répond  plus  à  l'état  de  la  science. 
Un  celtiste  n'aurait  guère  aujourd'hui  l'idée  de  rattacher  au  nom 
des  Vivisci  le  mot  irlandais  feb  (sur  ce  dernier  v.  Thurneysen, 
Handbuch,  p.  182  et  Pedersen,  Vgl.  Gramm.,  I,  75)  ou  au  nom 
d'Avenches  le  comique  ewn,  ail.  eben.  En  rapprochant,  p.  326,  le 
thème  bodio-  de  l'irlandais  buaid  «  victoire  »,  M.  Grôhler  mécon- 
naît les  lois  élémentaires  du  vocalisme  celtique  ;  car  bodio-,  si  l'on 
en  croit  la  forme  latinisée  badio-,  devait  avoir  un  0  bref;  c'est  sans 
doute  le  répondant  de  l'irlandais  buide  «  jaune  ».  Il  est  question, 
p.  130,  d'un  mot  irlandais  buta  «  Hutte  »  ;  c'est  botb  f.  qu'il  faut 
lire.  M.  Grôhler  aura  pris  pour  une  forme  irlandaise  le  prototype 
imaginé  par  Wh.  Stokes  (Urk.  Sp.,  p.  178).  Les  adjectifs  cunos 
«  haut  »,  connos  «  rusé  »  rondos  «  rouge  »,  etc.  que  M.  Grôhler 
enregistre  bravement  sans  astérisque  n'ont  malheureusement  qu'une 
existence  théorique.  Parler,  p.  179,  d'un  mot  breton  tigern  qui 
serait  l'équivalent  du  *Tigcrnos  gaulois,  mais  ne  signifierait  plus 
que  «  tète,  bout  »,  n'est  sans  doute  que  le  résultat  d'une  lecture 
trop  prompte  et  mal  comprise  d'un  article  de  Zimmer.  Voici  qui 
est  plus  grave.  P.  33e,  se  trouve  une  énumération  des  localités 
qui  portent  le  nom  de  Vienne  ;  l'auteur  ne  sait  que  faire  de  Vienne- 
la-Ville  (Marne),  qui  dans  l'itinéraire  d'Antonin  est  indiquée 
Axuena;  il  n'a  pas  vu  que  ce  Vienne,  écrit  Viaisne,  en  vieux  français, 
sort   de  Viens   Axuennae  ;  ce  qui  pourtant  saute  aux  yeux. 

De  pareilles  bévues  dénotent  une  fâcheuse  inexpérience  des 
questions  traitées.  Mais  il  y  en  a  qui  sont  aussi  l'indice  d'une 
méthode  peu  sûre  d'elle-même.  On  trouve  cité,  p.  11,  gall.  *ver- 
110s  «  Erle  »  et  p.  146  gall.  verna  «  Erle  »  ;  il  fallait  dire  gallo-lat. 
iierna,  puisque  le  mot  figure  dans  le  Corpus  des  glossateurs  latins. 
Ayant  trouvé  dans  le  Sprachschatz  de  M.  Holder  l'interprétation 
de  l'élément  Blauo-  (de  *Blano-ialum  «  Bléneau  »)  par  la  racine- 
bhlan-  (sic)  du  grec  cpXav  (sic)  «  sprudeln,  schwellen  »,  M.  Grôh- 
ler reproduit  telle  quelle,  p.  194,  cette  hypothèse  de  haute  fantai- 
sie. En  revanche,  bien  qu'il  mentionne,  p.  85,  l'explication  que 
donne  M.  Holder  du  nom  de  ville  Lutetia,  issu  par  haplologie  de 
Lucotecia,  il  réédite,  p.  159,  la  vieille  explication  de  Zeuss  (Lutetia 
rattaché  à  lutum  «  boue  »),  que  l'existence  de  Aojxotsx-.:/.  rend 
nécessairement  caduque.   Évidemment  M.  Grôhler  n'a    pas   voulu 


1D2  Bibliographie. 

faire  grâce  à  ses  lecteurs  d'une  seule  de  ses  fiches.  Et  ce  désir  l'a 
entraîne  parfois  à  des  bavardages  inutiles  :  à  quoi  bon  les 
remarques  de  la  p.  159  sur  la  famille  de  Luynes,  de  la  p.  144  sur 
Nogent-le-Rotrou  »,  ou  de  la  p.  193  sur  Beaune-la-Rolande  ?  Cela 
n'a  rien  à  faire  avec  les  noms   gaulois . 

En  revanche,  il  y  a  des  lacunes. 

Dans  un  aussi  vaste  sujet,  on  ne  peut,  sans  excès  de  sévérité, 
reprocher  à  l'auteur  celles  qui  tiennent  à  une  insuffisance  de  sa 
documentation.  Et  cependant,  il  est  regrettable  que  M.  Grôhler 
n'ait  jamais  songé  à  consulter  par  exemple  les  Mémoires  de  la 
Société  de  Linguistique,  qui  figurent  pourtant  sur  les  rayons  de  la 
bibliothèque  de  Breslau.  Il  y  aurait  trouvé  çà  et  là  des  indications 
dont  il  pouvait  tirer  parti,  et  qui  étaient  même  de  nature  à  lui  évi- 
ter des  erreurs,  ainsi  p.  102  sur  le  nom  de  la  ville  de  Melun  et 
p.  326  sur  le  prétendu  Mellosedum  (v.  M.  S.  L.,  XIII,  225),  p. 
341  sur  Cularo  er  les  noms  de  ce  type  (v.  M.  S.  L.,  XIII,  387), 
p.  161  sur  Nemours,  Limours  et  ce  qu'il  appelle  IV  «  inorganique  » 
(v.  M.  S.  L.,  XIII,  390),  etc.  Il  parle  p.  332  d'une  certaine  inter- 
prétation de  Segustero  que  d'Arbois  de  Jubainville  aurait  proposée 
dans  la  Revue  Celtique,  XXVII,  118  ;  ce  n'est  pas  exact.  Du  reste 
bien  qu'il  cite  à  l'occasion  la  Revue  Celtique,  M.  Grôhler  ne  l'a 
dépouillée  que  superficiellement  ;  ce  qu'il  dit  de  Virotutis,  p.  182, 
devait  être  complété  par  la  mention  d'un  article  publié  ici  même 
il  y  a  quelques  mois  (t.  XXXIII,  p.  257).  Enfin,  il  aurait  trouvé 
dans  la  Revue  Celtique,  t.  XII,  p.  391,  la  référence  à  la  note  de 
M.  Thurneysen  sur  le  mot  •ialo-  {Zeiisch.  f.  rom.  Pbil.,  XV, 
p.  268)  ;  il  se  borne  à  l'enregistrer  p.  120,  sans  indiquer  sa  source, 
qui  est  sans  doute  uniquement  le  Sprachschatz  de  M.  Holder2. 

Les  lacunes  les  plus  graves  sont  celles  qui  proviennent  de  la 
méthode  même  que  l'auteur  s'est  imposée.  Comme  il  ne  s'inté- 
resse qu'aux  noms  de  lieu  conservés  aujourd'hui  en  France,  il  en 
a  négligé  un  bon  nombre  qui  ont  encore,  quoique  disparus,  une 
importance  aux  yeux  du  linguiste.  Ainsi,  en  parlant  du  mot  *riton 

1 .  A  propos  de  ce  nom,  M.  Grôhler  formule  la  règle  suivante,  qui 
manque  singulièrement  de  netteté  et  de  précision,  pour  un  romaniste  : 
«  Altfranzôsisch  hat  der  Artikel  oit  die  Bedcutung  des  Determinativums, 
wahrend  der  Genitiv  unbezeichnet  bleiben  konnte  ». 

2.  P.  147,  le  nom  de  Vernou  se  rencontre  plus  au  Nord  que  dans  les 
départements  d'Indre-et-Loire  (et  non  Maine-et-Loire)  et  de  Loir-et- 
Cher  ;  il  y  a  une  commune  de  Vernou  en  Seine-et-Marne.  P.  171,  1.  10, 
lire  Seine-et-Oise  au  lieu  de  Seine-et-Marne. 


Bibliographie.  103 

(mieux  *>////-)  «  gué  »,  p.  140,  il  a  oublie  Ritumagus,  auj.  Rade- 
pont,  dans  l'Eure.  De  même,  il  ne  parle  pas  du  nom  des  Vocontii 
et  par  suite  ne  signale  pas  le  rapprochement  si  ingénieux  proposé 
par  M.  Dottin  entre  ce  mot  et  le  nom  de  nombre  tricontis 
(C.  I.  L.,  XIII,  2494)  ;  le  paragraphe  de  la  page  94  sur  le  nom 
des  Tricorii  et  des  Petrucorii  aurait  gagné  à  être  allongé  du  nom 
propre  Vocorio  et  appelait  naturellement  une  étude  d'ensemble  des 
mots  dont  le  premier  terme  est  un  nom  de  nombre.  Mais 
M.  Grôhler  répugne  aux  généralisations  :  il  se  borne  à  des 
remarques  de  détail  spéciales  à  chaque  nom,  alors  que  le  grou- 
pement des  faits  peut  seul  conduire  à  des  conclusions  solides. 
Même  au  point  de  vue  phonétique,  il  dédaigne  les  comparaisons 
qui  éclairent  et  fortifient  à  la  fois  ;  il  est  étrange  qu'à  propos  du 
nom  du  Rouergue,  Rutenicus,  p.  73,  il  n'ait  pas  songé  à  citer 
Chanturgue,  de  Cantobennicus  :  il  s'agit  pourtant  là  d'un  nom  de 
lieu  qui  n'a  point  péri. 

Le  principal  défaut  du  livre  n'est  pourtant  pas  dans  ces  détails 
qu'une  seconde  édition  corrigerait  aisément.  Il  est  dans  la  préoc- 
cupation constante  de  l'auteur  de  donner  la  signification  des  noms 
étudiés.  C'est  là  un  des  objets  du  livre  que  le  titre  même  avoue  un 
peu  naïvement.  Or,  aux  yeux  d'un  linguiste,  les  recherches  de 
toponomastique  n'ont  aucun  intérêt  si  elles  sont  seulement  diri- 
gées vers  la  détermination  du  sens  des  noms.  Voulant  "coûte  que 
coûte  fournir  pour  chaque  mot  un  certain  sens,  il  n'hésite  pas  à 
enregistrer  ou  à  admettre  des  rapprochements  parfaitement  vains 
et  sans  portée.  On  a  déjà  vu  plus  haut  des  échantillons  de  sa 
méthode.  Il  y  en  a  bien  d'autres.  A  quoi  bon  rappeler  par 
exemple  que  tel  ou  tel  érudit  a  expliqué  le  premier  élément  de 
Melbodium  par  le  grec  ixéÀaç,  qui  serait  en  gaulois  représenté  par 
*inclcmos,  puisque  ce  melanos  n'est  en  tout  cas  nulle  part  attesté  ! 
P.  116,  trouvant  dans  l'Itinéraire  d'Antonin  un  nom  de  lieu 
Pctromantalum,  du  pays  des  Veliocasses,  M.  Grôhler  ajoute  ingénu- 
ment :  Sollte  Mantalos  die  Bedeutung  «.  Kreuzweg  »  gehabt  haben, 
so  dass  Petromantalum  lat.  Quadruvium  entspràche  ?  L'hypothèse 
est  absolument  en  l'air  et  n'a  d'ailleurs  aucun  intérêt  :  mais  elle 
est  caractéristique  de  la  méthode  de  l'auteur  et  de  ses  préoccupa- 
tions. 

En  résumé,  l'ouvrage  paraît  manquer  à  la  fois  de  personnalité 
et  de  maturité.  C'est  un  travail  d'élève,  entièrement  de 
seconde  main.  L'auteur  était  insuffisamment  armé  pour  faire  la 
critique  des  matériaux  qu'il  réunissait.  Il  ne  domine  pas  son  sujet; 
il  n'a  pas  ce  sentiment  de    la  mesure   et   des   proportions  qui   ne 


104  Bibliographie. 

s'acquiert  que  par  une  longue  pratique  des  choses.  Son  excuse  est 
dans  la  difficulté  même  de  la  tâche  :  il  n'est  rien  de  plus  délicat, 
de  plus  dangereux  même  que  la  toponomastique.  Toutefois, 
comme  un  répertoire,  même  imparfait,  est  toujours  utile,  on  doit 
savoir  gré  à  M.  Grôhler  de  celui  qu'il  a  composé  ;  il  pourra  rendre 
des  services,  en  attendant  mieux. 

J.  Vendryes. 


V 


Hermann  Steinberger,  Untersuchungen  ^ur  Entstébung  der  Sage 
von  Hirlanda  von  Bretagne  soiuie  \u  dcu  ihr  am  nâchsteii  vcr- 
wandten  Sagen.  Mùnchener  Dissertation,  1913,  72  p.  8°. 

La  légende  d'Hirlanda  de  Bretagne  ne  nous  est  connue  que  par 
l'ouvrage  du  Père  Jésuite  René  de  Cerisiers,  Les  Irais  estais  de  l'in- 
nocence (Paris,  1640,  chez  Camusat),  dont  elle  forme  la  troisième 
et  dernière  partie.  On  en  trouvera  un  résumé  dans  un  article  de 
R.  Kôhler  publié  dans  la  Revue  Celtique,  t.  I,  p.  222.  L'ouvrage 
du  P.  de  Cerisiers  a  été  souvent  réimprimé  en  français  et  traduit 
en  diverses  langues.  Comme  Kôhler  l'a  reconnu,  l'histoire  d'Hir- 
landa de  Bretagne  est  exactement  celle  de  Sainte  Tryphine,  dans 
le  mystère  breton  Sainte  Tryphine  et  le  roi  Arthur,  rédigé  au 
xviie  siècle  et  publié  par  Luzel  en  1863.  La  marche  du  récit  et  les 
épisodes  sont  semblables  ;  seuls  les  noms  des  personnages  dif- 
fèrent totalement.  M.  Hermann  Steinberger  s'est  proposé  d'étudier 
la  formation  et  l'origine  de  cette  légende,  en  comparant  le  récit 
du  P.  de  Cerisiers  et  le  mystère  breton  entre  eux  et  avec  d'autres 
légendes  similaires.  Il  s'agit  d'un  thème  bien  connu,  répandu 
dans  la  plupart  des  littératures,  celui  de  la  femme  innocente  accu- 
sée par  traîtrise  d'un  crime  abominable,  condamnée  sur  de  fausses 
apparences  et  finalement  sortant  victorieuse  des  épreuves  et  des 
embûches  préparées  contre  elle.  C'est  l'histoire  de  Geneviève  de 
Brabant  et  de  Berthe  aux  grands  pieds,  c'est  celle  aussi  du  comte 
de  Toulouse  (ou  de  Barcelone)  et  de  l'Impératrice  d'Allemagne, 
du  chevalier  au  cygne,  d'Hélène  et  d'Octavien  (cf.  Rei'.  Celt., 
XXXII,  237).  Par  divers  côtés  elle  se  rattache  à  d'autres  légendes 
encore.  M.  Steinberger  montre  fort  justement  qu'il  n'y  a  rien 
d'absolument  original  dans  la  légende  d'Hirlanda  ;  ce  n'est  pas 
une  légende  bretonne,  c'est  une  légende  à  la  fois  germanique  et 
romane  combinée  de  plusieurs  éléments  rapportés  d'ailleurs.  C'est 


Bibliographie.  105 

à  étudier  la  valeur  et  l'origine  de  ces  éléments  qu'il  consacre    sa 
dissertation. 

On  peut  en  louer  la  disposition  générale  et  l'économie.  Elle  est 
bien  composée,  bien  conduite,  nourrie  d'une  érudition  précise  et 
variée.  Les  conclusions  en  paraissent  solides,  même  s'il  y  avait  à 
reprendre  au  tableau  généalogique  un  peu  compliqué  par  lequel 
l'ouvrage  se  termine.  On  notera  que  M.  Steinberger  approuve 
l'opinion  de  R.  Kôhler,  suivant  laquelle  le  nom  de  Hirlanda  vien- 
drait de  ce  que  la  princesse  était  d'Irlande  ;  en  fait,  dans  le  mys- 
tère breton,  Tryphine  est  donnée  comme  originaire  d'Hibernie. 
Souhaitons  à  quelque  savant  d'Irlande  de  nous  découvrir,  si  pos- 
sible, l'ascendance  de  cette  princesse. 

J.  Vendryes. 


VI 


J.  Loth,  Les  Mabinogion  du  Livre  rouge  de  Hergest  avec  les 
variantes  du  Livre  Blanc  de  Rhydderch,  traduit  du  gallois  avec 
une  introduction,  un  commentaire  explicatif  et  des  notes  critiques. 
Deuxième  édition,  entièrement  revue,  corrigée  et  augmentée. 
Paris,  Fontemoîng,  191 3,  2  vol.  de  437  et  479  pages,  8°. 

Lorsque  parut  en  1889  la  traduction  des  Mabinogion  de 
M.  J.  Loth,  la  Revue  Celtique  l'annonça  au  public  avec  empresse- 
ment et  lui  rendit  aussitôt,  par  la  plume  autorisée  de  MM.  G.  Dot- 
tin  et  Em.  Ernault,  un  juste  hommage  (v.  tome  X,  pp.  151,  25e, 
et  370).  Depuis,  l'importance  de  cet  ouvrage  s'est  affirmée  de 
jour  en  jour.  Ce  n'était  pas  seulement  la  mise  en  français  d'une 
des  œuvres  les  plus  célèbres  de  la  littérature  galloise,  le  moyen 
fourni  aux  romanistes  d'établir  entre  les  littératures  du  moven  âge 
une  comparaison  précise  basée  sur  une  interprétation  sûre  du 
texte  gallois.  Dans  l'histoire  -des  études  celtiques,  qui  seules  nous 
intéressent  ici,  la  traduction  de  M.  J.  Loth  marquait  une  date 
importante,  car  c'était  la  première  fois  que  le  texte  gallois  lui- 
même  était  soumis  à  une  critique  rigoureusement  philologique . 
La  traduction  anglaise  de  Lady  Guest,  si  attrayante  qu'elle  soit 
à  beaucoup  d'égards,  avait  un  peu  trop  les  mérites  qui  firent  le 
succès  des  «  belles  infidèles  »  de  Perrot  d'Ablancourt  ;  tout  y  était 
sacrifié  au  désir  d'enjoliver  le  récit,  d'y  répandre  des  grâces  hon- 
nêtes et  de  le  rendre  digne  à  la  fois  de  la  jeunesse  et  des  gens  de 
goût.  C'était  une  oeuvre  d'éducation  et  de  récréation.   M.  J.  Loth 


ro6  Bibliographie. 

a  fait  œuvre  de  science.  Au  moment  même  où  il  préparait  sa  tra- 
duction française,  l'établissement  du  texte  gallois  était  singulière- 
ment  facilité  par  la  publication  du  Red  Book  of  Hergest,  que 
venaient  d'achever  MM.  Rhys  et  J.  G.  Evans.  Il  profita  amplement 
de  cette  publication,  corrigeant  sur  bien  des  points  le  texte  dont 
s'était  servie  Ladv  Guest,  proposant  des  interprétations  nouvelles 
suggérées  par  l'étude  d'un  texte  meilleur.  En  outre,  grâce  à  une 
connaissance  approfondie  de  la  langue  et  de  la  littérature  galloises 
du  moyen  âge,  il  donnait  dans  ses  notes  un  commentaire  abon- 
dant qui  éclaircissait  un  grand  nombre  des  difficultés  linguistiques 
et  historiques  du  texte.  Enfin  il  exposait  dans  l'Introduction  ce 
que  l'on  pouvait  savoir  alors  sur  la  formation  des  Mabinogion, 
sur  leur  place  dans  la  littérature  du  Moyen  âge.  Tout  ce  beau  tra- 
vail, qui  faisait  grand  honneur  à  la  science  française,  fut  apprécie 
partout  comme  il  le  méritait. 

Mais  avec  le  temps,  il  était  devenu  arriéré.  A  mesure  que,  par 
la  publication  de  nouveaux  textes,  on  connaissait  mieux  le  moyen- 
gallois,  plusieurs  détails  de  la  langue  des  Mabinogion  se  préci- 
saient et  s'éclairaient.  En  outre,  l'activité  des  romanistes  et  des 
médiévistes  qui  se  portait  de  plus  en  plus  vers  l'étude  des  sources, 
en  partie  grâce  à  l'impulsion  donnée  par  M.  Loth  lui-même,  ren- 
dait nécessaire  une  mise  au  point  nouvelle  des  questions  traitées 
dans  l'Introduction.  Enfin,  ce  lut  un  événement  capital  que  la 
publication  paçM.  J.  G.  Evans  en  1909  de  la  version  contenue 
dans  le  Livre  Blanc  de  Rhydderch  :  la  Revue  Celtique  (v.  t.  XXXI, 
106)  a  signalé  en  son  temps  l'importance  de  cette  publication,  qui 
permettait  de  rectifier  sur  bien  des  points  la  version  du  Livre 
Rouge  et  fournissait  des  données  nouvelles  et  précieuses  à  l'étude 
de  la  composition  des  Mabinogion  (v.  notamment  la  thèse  de 
miss  Mary  Williams  sur  la  composition  du  roman  de  Peredur). 

La  deuxième  édition  de  la  traduction  de  M.  Loth  a  donc  exigé- 
une  révision  complète  et  minutieuse  du  texte,  une  refonte  géné- 
rale de  l'Introduction  et  des  notes.  Elle  a  sur  bien  des  points  tout 
l'intérêt  de  la  nouveauté.  Les  dimensions  en  ont  été  sensiblcmen 
accrues.  L'introduction,  par  exemple,  a  passé  de  26  à  80  pages  ;  on 
y  trouvera  le  résumé  critique  des  derniers  travaux  parus  sur  la  date 
et  la  formation  des  Mabinogion,  sur  le  développement  du  cycle 
arthurien,  sur  le  rapport  des  récits  gallois  avec  la  littérature  du 
continent.  Il  n'y  a  pas  lieu  d'entrer  ici  dans  le  détail  de  ces  ques- 
tions. Les  idées  de  M.  Loth  sont  bien  connues  de  nos  lecteurs  : 
ils  en  ont  eu  la  primeur  au  cours  des  années  précédentes,  et 
notamment  dans  ces  Contributions  à  l'étude  des  romain  de  la    'table 


Bibliographie.  107 

ronde,  qui  ont  paru  ici-même  avant  d'être  réunies  en  volume.  La 
traduction,  revue  d'un  bout  à  l'autre,  a  été  en  maint  endroit 
corrigée  et  améliorée.  Des  notes  critiques,  pour  lesquelles  la  ver- 
sion du  Livre  Blanc  devait  être  naturellement  utilisée,  nous  né 
dirons  qu'un  mot  :  elles  réservaient  à  M.  Loth  une  tâche  fort 
agréable.  En  comparant  les  deux  versions,  il  lui  arrivait  en  effet 
souvent  de  rencontrer  dans  le  Livre  Blanc  des  variantes  qu'il 
avait  lui-même  proposées  jadis  sous  forme  de  conjectures  :  c'est 
pour  un  philologue  l'épreuve  la  plus  sûre  et  la  satisfaction  la  plus 
flatteuse. 

J.  Vendryes. 

VII 

MarquisdeBELLEVUE.  Le  camp  de  Coetquidan,  anciens  monuments  et 
seigneuries  qui  existaient  sur  son  territoire  et  vues  lithographiées. 
Paris,  Champion,  191 }. 

Cette  belle  publication  arrive  à  son  heure  :  le  champ  de  tir  de 
Coetquidan  va  être  agrandi,  ce  qui  occasionne  l'expropriation  de 
3000  hectares  de  terrain.  Or,  sur  sur  ce  terrain,  il  y  a  des  monu- 
ments préhistoriques  et  gallo-romains,  des  chapelles,  des  croix,  des 
châteaux  et  manoirs  exposés  à  disparaître.  Aussi  M.  de  Bellevue  a-t-il 
obéi  à  une  pensée  pieuse  et  fait  œuvre  du  bon  Breton  en  nous 
donnant  l'historique  et  la  description  de  ces  souvenirs  d'un  passé 
parfois  bien  lointain. 

L'Association  bretonne,  h  Société  archéologique  d'Ille-et- Vilaine,  le 
Conseil  général  du  Morbihan,  ont  émis  le  vœu  que  l'Administra- 
tion de  la  Guerre  et  les  pouvoirs  compétentsdéfendentet  protègent 
ces  monuments  par  des  épaulements  et  des  clôtures  contre  tout 
risque  de  destruction  ou  de  déprédation  :  espérons  qu'il  sera 
entendu. 

Les  landes  de  Coetquidan  s'étendent  sur  une  région  des  plus 
pittoresques,  entre  Beignon  et  Porearo,  Gueret  Augan  (Morbihan), 
au  sud  de  l'antique  forêt  de  Paimpont  ou  de  Brocéliande.  L'auteur 
(p.  8)  croit  qu'à  l'époque  romaine,  ce  territoire  a  aussi  servi  de 
camp.  Les  raisons  qu'il  en  donne  sont  simplement  étymologiques 
et  bien  hasardées  :  Alcam,  Campénéac,  Campel,  et  le  village  de 
Valescamp  en  Guer,  renfermeraient  tous  le  mot  camp.  Pour  Alcam, 
c'est  impossible  :  si  on  suppose  une  origine  romane  à  ce  mot,  on 
en  eût  sûrement,  au  ixe  siècle,  le  nom  Al-camp.  Le  rapport  entre 
Alcam  et  Augan  n'est  pas  facile  à  établir  :  dès  11 31  on  trouve 
Algan  (Rosenzweig,  Repert.  arch.).  Il  me  semble  probable  que  Alcam 


10S  Bibliographie. 

doit  être  lu  Alain.  Campéréac  est  un  nom  de  fundus  tiré  d'un 
nom  d'homme  et  est  identique  à  Champignê,  Champigny  ;  la  forme 
la  plus  ancienne  est  Kemperiac.  Campel  peut  venir  de  Campel- 
lus,  lr.  Champeau  :  je  ne  connais  pas  les  formes  anciennes 
de  ce  nom.  Quant  à  Valescamp,  il  est  écrit  Valescan.  Un  camp 
romain  véritable  de  cette  importance  eût  laisse  des  traces 
inffaçables  et  des  restes  importants. 

M.  de  Bellevue  est  un  guide  bien  informé,  des  plus  agréables  à 
suivre.  11  nous  a  non  seulement  donné  la  physionomie  de  bon 
nombre  de  chapelles  et  manoirs  curieux,  mais  encore  beaucoup 
de  légendes  et  traditions  qu'il  eût  été  fâcheux  de  laisser  se  perdre. 
Il  n'a  qu'un  tort,  c'est  de  céder  trop  facilement  au  prurit  étymolo- 
gique : 

p.  8  '.Coêtquidan  serait  Coet-Idan,  au-desous  du  bois  :  impossible, 
et  de  plus  la  construction  est  anti-bretonne.  Le  second  terme  -quidan 
a  dû  être    Guidait  :  qui  est  assourdi  par  le  t  de  Coèt. 

p.  13  :  Brambellé  serait  Bro-Belleeb,  le  pays  du  prêtre,  ou  Bran- 
Bellen,  le  terrain  de  Bellen.  Bran  dans  toute  cette  zone  et  dans  le 
vannetais,  en  général,  représente  bren,  brin,  colline  :  les 
exemples  abondent.  Quant  à  Belle  (on  écrit  auj.  Brambelay),  je 
n'en  sais  pas  le  sens,  mais  en  tout  cas,  ce  ne  peut-être  Belkc'b  :  il 
faudrait  au  moins  Beïïec  ;  Bellen  ne  vaut  pas  mieux. 

p.  34  :  L'auteur  croit  que  le  château  de  Bois-du-Loup  est  Yaula 
Coet-louh  résidence  de  Nomenoc.  Coit-louh  (et  non  Coet-louh) paraît 
être  représenté  aujourd'hui  par  Coctleu,  en  S'-Congard,  mais  la 
terminaison  ne  concorde  pas.  Il  n'est  pas  impossible  que  Bois-du- 
Loup  soit  une  traduction  de  Coet-louh.  Plusieurs  louh  ou  louch  ont 
été  remplacés  par  -loup.  Le  Pas-du- Loup  dans  la  forêt  de  Paimpont 
désigne  un  étang.  Ce  qui  est  embarrassant  pour  Coitlouh,  c'est  la 
graphie  ou  au  ixe  siècle  :  on  attendrait  -luh  ou  luch  qui  se  trouve 
en  effet  dans  le  cart.  de  Redon  ;  aussi  Coëtleu  ne  doit-il  pas  être 
rejeté.  Coyboh  de  886  n'existe  pas  sous  cette  forme  :  c'est  Coetbot. 

p.  55  Rohermau  ne  peut  signifier  le  pays  des  Rochers.  Tout  ce 
qu'on  peut  dire,  c'est  que  la  première  syllabe  représente  roe'b, 
rocher. 

p.  î&Bernéan  :  au  lieu  de  Lis-Bron-Even  il  faut  lire  Lis-Bron-Eivin  : 
le  lis  (cour  aux  retranchements  circulaires)  du  Mamelon  cPEwin. 
Brou,  bren,  sont  devenus  fréquemment  Ber-  en  construction  :Bernilis 
en  Moustoir-Remungol  pour  Bren-ilis.  Ewin,  Ewen  a  perdu  w 
comme  Meiueii  est  St.  Mcen  '. 

1  .  Bernéan  se  prononce  semble-t-il iferm'H  CC.  Bellamy,  La  Foirl  de  Brèdri- 
liant,  p.  55). 


Bibliographie.  109 

p.  58  Je  ne  sais  si  Trécesson  est  sur  l'emplacement  de  Lisuisonn 
(et  non  Lis-Wisson),  mais  sûrement  les  deux  noms  sont  différents. 
Je  ne  connais  pas  Tréb-Wisson.  Il  faut  lire  aussi  Riwalt  au  lieu  de 
Risvalt. 

Ces  légères  taches  n'enlèveront  rien  à  l'intérêt  de  l'ouvrage. 
D'ailleurs  l'auteur  n'a  aucune  prétention  au  titre  de  celtiste  ni 
même  de  bretonnant. 

J.  Loth. 

VIII 

Marquis  de  Bellevue.  Paimpont,  seconde  édition,  revue  et  augmentée 
avec  vues  lithographiques.  Paris,  Champion  191 3. 

Cet  ouvrage,  en  ce  qui  concerne  les  seigneurs,  chàtellenies, 
fondations  religieuses  de  la  région  de  Paimpont,  sera,  pour  l'époque 
du  moyen  âge,  consulté  avec  fruit.  Ce  qui  en  rendra  toujours  l'usage 
délicat,  c'est  que  l'auteur  n'indique  pas  ses  sources.  Un  index  des 
noms  d'hommes  et  de  lieux  eût  été  fort  utile. 

Pour  les  périodes  anciennes,  antérieures  au  xne  siècle,  surtout 
ce  qui  concerne  la  Forêt  druidique,  la  Forêt  enchantée,  à  peu  près  tout 
serait  à  critiquer.  Je  n'insisterai  pas,  ayant  pour  le  talent  d'écri- 
vain et  l'érudition  de  l'auteur,  et  sa  personne,  la  plus  grande  estime. 
Il  est  clair  que  M.  de  Bellevue  n'est  pas  au  courant  de  la  littérature 
scientifique  concernant  les  anciens  Celtes  et  les  Romans  de  la  Table 
Ronde.  Les  étymologies  fâcheuses,  également,  n'y  manquent 
pas. 

J.  Loth. 

IX 

F.  Sagot.  La  Bretagne  romaine.  Paris,  Fontemoing.  1911.  xviij-417 

p.   8°.  12  fr. 

Malgré  un  très  grand  nombre  de  travaux  de  détail,  l'histoire  de' 
l'île  de  Bretagne  pendant  l'occupation  romaine  était  encore  à 
écrire1.  M.  Sagot  a  donc  fait  une  œuvre  des  plus  utiles,  en  réunis- 

1.  Roman  Britain  de  Scarth  (collection  Early  Britain  :  la  2e  éd.  est  de 
1887)  est  un  livre  élémentaire  et  plein  de  lacunes.  La  Roman  Britain  de 
Conybeare  est  plus  récente  (collection  Early  Britain  1903).  Mais  d'après  un 
bon  juge  (Haverfield,  Athenaeum,  1903  (II),  p.  197),  c'est  un  travail  d'ama- 
teur. 


HO  Bibliographie. 

sant  tout  ce  que  les  auteurs  de  l'antiquité,  l'épigraphie  et  l'archéo- 
logie peuvent  nous  apprendre  sur  cette  histoire.  Il  a  poussé  le 
scrupule  jusqu'à  aller  examiner  lui-même  les  vestiges  si  nom- 
breux de  l'occupation  romaine.  Dans  une  œuvre  aussi  vaste,  mal- 
gré la  conscience  de  l'auteur,  quelques  lacunes,  des  erreurs 
mêmes  étaient  inévitables.  Elles  ne  sont  pas  d'ailleurs  de  nature  à 
diminuer  la  valeur  de  son  travail:  il  constitue  un  répertoire  com- 
mode et  des  plus  utiles  pour  tous  ceux  que  ce  vaste  sujet  inté- 
resse. 

p.  14.  D'après  l'auteur,  au  Ier  siècle  de  notre  ère,  les  Romains  croient 
encore  au  continent  britannique.  J'avoue  ne  pas  comprendre  ce  que 
l'auteur  a  voulu  dire.  Assurément  les  auteurs  de  l'antiquité  connais- 
saient assez  mal  la  situation  de  l'île.  Ils  se  trompent  tous  sur  sa  situa- 
tion, c'est  ainsi  que  Ponponius  Mêla,  Vibius  Sequester,  l'Itinéraire 
d'Antonin,  désignent  sous  le  nom  d'océan  britannique,  la  mer  com- 
prise entre  l'île  de  Bretagne  et  la  Loire,  voire  même  jusqu'aux  Pyré- 
nées. Dans  la  bibliographie  de  l'auteur,  justement  au  point  de  vue  de 
la  cartographie,  et  aussi  de  l'histoire,  j'ai  été  surpris  de  ne  pas 
voir  figurer  l'ouvrage  de  Pearson,  Historical  maps  of  England. 

Le  premier  chapitre  de  la  première  partie  est  consacréà  l'ethno- 
graphie de  la  Bretagne.  L'auteur,  avec  quelques  restrictions,  suit 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  et  John  Rhys.  Il  ne  dit  qu'un  mot  des 
pré-Celtes,  et  il  a  raison.  Les  premiers  habitants  Celtes  de  l'île 
seraient  des  Goidels  :  c'est  l'opinion  courante.  Elle  a  été  combattue 
par  Zimmer  dans  une  œuvre  inachevée,  qui  n'a  paru  qu'après  sa 
mort  :  Auf  ivclchcn  JVege  kamen  die  Goideleu  vom  Kontineut  nachlrland 
(Berlin  19 12  :  tiré  des  Abb.  du  K.  P.  A.)  Ils  seraient  venus  en 
Bretagne,  d'après  l'auteur,  au  VIe  ou  vnc  siècle  avant  notre  ère.  Ce 
sont  là  des  assertions  en  l'air.  Dans  ces  questions,  le  dernier  mot 
est  à  la  linguistique  et,  à  son  défaut,  à  la  préhistoire,  en  y  com- 
prenant avec  prudence  l'anthropologie. 

Avant  Varrivèe  des  Gallo-Bretons,  d'après  l'auteur,  la  plus  grande 
partie  de  l'île  de  Bretagne  aurait  été  occupée  par  des  Gaëls.  Sur 
quoi  repose  une  assertion  d'une  telle  conséquence  ?  Sur  un  docu- 
ment trouble  dont  la  partie  la  plus  ancienne  peut  remonter  au 
Xe  siècle  de  notre  ère,  le  Glossaire  de  Cormac.  Quant  au  lait  que 
Glastonbury  des  Gaëls  serait  une  preuve  de  cette  occupation,  c'est  à 
peu  près  aussi  sérieux  que  si  on  soutenait  que  le  Nord  de  la  France 
a  été  occupé  par  des  Irl  ndais,  parce  que  Péronne  a  été  qualifié  de 
Peronna  Scottorum  :  c'est  l'afrluence  des  moines  irlandais  qui  a  valu  à 
Glastonbury  et  à  Péronne  ce  qualificatif.  Quant  à  la  légende  dont 
cm  trouve  l'écho  dans  Cormac,  elle  a   peut-être  quelque  fondement 


Bibliographie.  1 1  r 

historique:  c'est  un  écho  des  incursions  des  Scots  et  Pietés  pendant 
l'occupation  romaime. 

Les  Gallo-Bretons  vers  400  auraient  apporté  le  fer  dans  l'île. 
Ils  n'ont  pas  plus  apporté  le  fer  que  les  Goïdels  n'ont  apporté  le 
bronze.  Le  fer  a  fait  son  apparition  dans  l'île  au  ix-vme  siècle 
avant  J.-C,  quoiqu'il  n'y  soit  devenu  d'un  usage  courant  que  3 
0114  siècles  après  (Montélius,  The  Chrouology  of  the  Briiish  Bronze 
âge  (Procecdings  of  the  bHt.  Ac.  1909,  p.  97  et  suiv.).  Quant  aux 
Goidels,  s'ils  sont  venus  dans  l'île  vers  le  vn-vie  siècle  avant  notre 
ère,  ils  n'ont  pu  y  apporter  le  bronze  qui  était  connu  dans  l'île 
de  2000  à  1800  ans  avant  J.-C. 

M.  Sagot  paraît  admettre  comme  un  dogme  l'opinion  de  John 
Rhys  qu'il  y  aurait  eu  de  forts  groupements  de  peuples  gaéliques, 
au  moment  de  la  conquête  romaine,  dans  une  grande  partie  de 
l'ouest,  sud-ouest,  et  même  dans  le  nord  de  l'île  ;  la  plupart  des 
celtistes  ne  partagent  pas  cette  théorie.  L'étude  des  noms  de  lieux 
lui  est  nettement  défavorable.  Il  n'est  pas  niable  qu'il  n'y  ait  eu  des 
établissements  plus  ou  moins  durables  de  Gaëis  en  Galles,  et  sûre- 
ment en  Ecosse,  pendant  l'occupation  romaine.  Une  émigration 
des  Dési  d'Irlande,  qui  occupaient  une  partie  du  sud-est  de  l'Ir- 
lande, dans  le  sud  du  pays  de  Galles,  paraît  sûre.  A  la  fin  du 
ive  siècle  et  au  début  du  vc,  le  sud  du  pays  de  Galles  était  occupé 
par  des  Gaëls,  d'après  Xennius  ;  ils  en  ont  sûrement  été  chassés 
par  les  Bretons,  vers  cette  époque,  d'après  le  témoignage  du  même 
historien,  dont  les  sources  sur  ce  point  sont  dignes  de  foi  (sur  ces 
faits,  cf.  Kuno  Meyer,  Early  Relations  between  Gacl  and  Brythons 
dans  Transactions  of  the  Society  of  Cymmrodorion,  1897,  p.  59  et 
suiv.).  En  revanche,  il  y  avait  des  populations  bretonnes  en 
Irlande,  notamment  les  Menapii  et  les  Briganles. 

P.  11.  L'auteur  cite,  sans  s'y  arrêter,  l'opinion  de  Tacite  sur 
l'ethnographie  des  habitants  de  l'île  :  les  Silures  viendraient  d'Es- 
pagne, les  Calédoniens  de  Germanie,  les  Bretons  de  Test  de  la 
Gaule.  Il  aurait  dû,  au  lieu  d'opposer  à  Tacite  le  dogme  goidelique 
à  propos  des  Silures,  montrer  pourquoi  l'opinion  de  Tacite  ne 
peut  faire  autorité.  Comme  je  l'ai  fait  remarquer,  et  d'autres  avec' 
moi,  la  théorie  ethnographique  repose  sur  une  erreur  de  cartogra- 
phie. 

L'auteur  a  adopté  pour  les  noms  de  peuples  et  d'hommes  cel- 
tiques un  usage  qui  paraissait  à  peu  près  abandonné  :  c'est  de  les 
donner  avec  une  terminaison  française  :  il  dit  Caratac,  Galgac, 
Prasutag,  Cogidwnn,  Scgontiaqiies,  etc.,  au  lieu  de  Caratacus,  Gaha- 
cus,  Prasutagus,  Cogidumnus,    Segontiaci,  ne  paraissant  pas  se  dou- 


H2  Bibliographie. 

ter  que  ces  dernières  formes  représentent  exactement  les  formes 
celtiques,  exception  faite  de  u  pour  o. 

P.  14-15.  Ce  que  nous  dit  l'auteur  du  caractère  des  Bretons  insu- 
laires est  tout  à  fait  insuffisant.  Leur  caractère  est  assez  facile  en 
somme,  jusqu'à  un  certain  point,  à  déterminer  d'après  la  résistance 
qu'ils  opposèrent  aux  Romains,  et  la  faillite  de  la  romanisation  de 
l'île.  La  résistance  des  Bretons  fut  autrement  longue  que  celle  des 
Gaulois,  et  ne  fut  jamais  entièrement  brisée.  Je  renvoie  d'ailleurs 
à  ce  sujet  M.  Sagot  à  Tacite  qui  parait  avoir  été  bien  renseigné. 
Ce  qui  montre  d'ailleurs  que  les  Romains  ne  se  faisaient  pas  d'il- 
lusions sur  les  difficultés  d'une  conquête  à  laquelle  César  et  Auguste 
avaient  renoncé,  c'est  que  la  campagne  sous  Claude  commença 
avec  des  forces  très  imposantes  :  environ  70.000  hommes,  et  non 
50.000  comme  le  dit  M.  Sagot  (p.  33)'. 

Dans  son  bistorique  détaillé  de  la  conquête,  l'auteur  accorde 
vraiment  trop  de  place  aux  amplifications,  à  la  rbétorique  de  Dion 
Cassius. 

P.  124.  Nous  retrouvons  l'occupation  de  presque  toute  la  Bre- 
tagne dans  la  deuxième  moitié  du  111e  siècle,  d'après  le  Glossaire 
de  Cormac. 

L'auteur,  avec  raison,  attache  une  grande  importance  aux  fouilles 
archéologiques.  Aussi  ai-je  été  surpris  de  ne  trouver  aucune  men- 
tion de  deux  importantes  trouvailles  faites  à  Callcva  (Silchester), 
et  Yiroconium  (Wroxeter).  Elles  en  disent  long  sur  les  luttes  que 
les  Romains  et  les  villes  romaines  ont  eu  à  subir  au  ive  siècle.  A 
Calleva,  une  aigle  romaine  arrachée  de  sa  hampe  a  été  trouvée 
sous  un  amas  de  bois  carbonisé  :  elle  a  sans  doute  été  abandonnée 
à  la  suite  d'une  catastrophe  que  l'histoire  ne  mentionne  pas-.  A 
Viroconium,  trois  cadavres  ont  été  trouvés  dans  un  hypocauste  : 
celui  d'un  homme  âgé  ayant  à  sa  portée  133  pièces  de  monnaie 
enfermées  dans  un  coffret  de  bois,  et  ceux  de  deux  femmes  :  il 
s'agit  sans  doute  d'habitants  réfugiés  là  lors  de  la  prise  de  la  ville, 
on  ne  saurait  dire  à  quel  moment  :  les  monnaies  sont  de  l'époque  de 
Constantin  5. 

P.  171-173.  L'auteur  a  raison  de  se  rangera  l'avis  Haverficld  en 
ce  qui  concerne  le  mur  d'Antonin  :  à  savoir  que  le  vallum  et  les 
forts  au  nord  des  Cheviots  ont  été  abandonnés  au  plus  tard   vers 

1.  Cf.    Hûbner,  Eine   rômische    Annexion,  Deutsche  Rundschau,   1879. 

2.  Gomme,  Romaiio-btïl.  Remains,  p.  121  :  Les  monnaies  romaines  trou- 
vées en  cet  endroit  sont  de  Vespasien. 

5.   Gomme,  loc.  cit..  p.  274. 


Bibliographie.  113 

180.  J'avais  déjà  fait  remarquer  {Mois  latins,  p.  11-12),  que  le  seul 
empereur  nommé  dans  les  cinquante  inscriptions  trouvées  sur  son 
emplacement  est  Antonin  le  Pieux.  La  Notifia  Dignitatum  Imperii, 
qui  nous  donne  la  liste  officielle  des  postes  occupés  par  les  Romains 
au  commencement  du  Ve  siècle,  ne  mentionne  aucune  des  stations 
du  mur  d 'Antonin. 

P.  244.  Le  fait  le  plus  significatif  de  l'histoire  romaine  en  Bre- 
tagne, est  assurément  la  grande  révolte  de  364  à  368.  Théodose, 
pour  arriver  à  Londinium,  est  obligé  de  livrer  bataille.  L'auteur 
croit  que  les  déserteurs  dont  il  est  question  dans  les  édits  de  Théo- 
dose sont  des  Romains.  Le  contraire  me  paraît  probable.  Théodose 
promet  l'impunité  à  tous  ceux  qui  avaient  abandonné  la  cause  romaine. 
Il  ne  s'agit  ni  des  Pictcs  ni  des  Scots  qui  n'en  avaient  cure.  Peut- 
être  certains  auxiliaires  sont-ils  en  cause.  Mais  ces  édits  visent  pro- 
bablement aussi  les  Bretons  insurgés.  Nous  savons  d'ailleurs  que 
les  Areani  qui  avaient  trahi  la  cause  romaine,  à  ce  point  que  Théo- 
dose se  débarrassa  d'eux,  étaient  des  indigènes  :  Areani  représente 
en  celtique  arjano-s,  garde  :  cf.  irl.  aire,  vigilia  (Whitley  Stokes, 
Urkelt.  Sprachschati,  p.  171).  Il  y  avait  aussi  des  Cornovii  parmi 
les  troupes  auxiliaires  des  Romains  en  Bretagne. 

P.  24e.  L'auteur,  sur  le  seul  témoignage  d'Ammien  Marcellin, 
avance  que  l'armée  insulaire  se  vit  adjoindre,  en  371,  un  corps 
d'Alamans  Bucinobantes  commandés  par  leur  roi  Fraomarius,  élevé 
à  la  dignité  de  tribun.  J'ai  déjà  fait  remarquer  (Mots  latins,  p.  57) 
que  ni  les  inscriptions  ni  la  Notitia  Dignit.  ne  font  mention  d'eux 
en  Bretagne.  S'ils  y  ont  été  envoyés,  ils  n'y  ont  pas  fait  un  long 
séjour. 

En  revanche,  ils  apparaissent  en  Orient  dans  la  Notitia  (VI,  17, 
5-8,  éd.  Otto  Seeck). 

P.  276.  La  citation  que  fait  M.  Sagot  de  mes  Mots  latins  est 
inexacte.  Il  me  fait  dire  que  les  termes  empruntés  par  les  Anglo- 
Saxons  au  latin  des  écoles  et  des  monastères  sont  loin  d'égaler 
en  portée  les  mots  latins  d'origine  ou  purement  celtiques  qu'ils 
doivent  aux  Gaulois.  Or  (Mots  latins,  p.  30  et  non  17-18),  je  dis  : 
aux  Celtes,  et  non  aux  Gaulois.  Cette  citation  aurait  d'ailleurs  dû 
être  complétée  par  ce  que  je  dis  à  la  page  précédente  :  les  mots 
latins  empruntés  par  les  Anglo-Saxons  sur  le  continent  et  qui  leur 
sont  communs  avec  les  autres  Germains,  sont  infiniment  plus 
importants  que  ceux  que  nous  venons  d'énumérer  (les  mots  latins 
empruntés  dans  l'île). 

P.  289.  A  propos  du  bronze,  l'auteur  est  mal  renseigné.  Pour 
toutes  ces  questions  de  mines  et  de  métaux,    il  eût  dû   se  référer 

Revue  Celtique,   XXXV.  S 


I  14  Bibliographie. 

aux  ouvrages  traitant  de  la  Bretagne  préhistorique,  notamment  à 
ceux  d'F.vans. 

P.  365.  Llandrinoll  en  Galles  :  il  n'y  a  pas  de  localité  de  ce 
nom.  Il  s'agit  probablement  de  Llandrindod. 

Au  chapitre  11  de  la  IVe  partie  (activité  économique),  l'auteur 
s'occupe  des  relations  commerciales  de  l'île.  Il  nie  semble  ignorer 
l'Irlande.  Or  on  y  a  trouvé  de  nombreuses  monnaies  romaines  et 
d'autres  objets  indiquant  des  relations  importantes  avec  la  Bre- 
tagne. 

M.  Sagot  parait  avoir  ignoré  l'inscription  grecque  de  Brougb- 
under-Stanmore,  qui  a  cependant  provoqué  de  nombreuses  disserta- 
tions et  même  fait  supposer  à  des  savants  connus  et  justement 
renommés  qu'il  y  avait,  en  Bretagne,  un  peuple  de  Cimmerii1. 

La  lacune  la  plus  grave  dans  ce  volumineux  ouvrages,  c'est 
qu'après  l'avoir  parcouru  d'un  bout  à  l'autre,  on  ignore,  en  réalité, 
la  conditions  des  personnes  et  des  terres  sous  la  domination 
romaine.  L'auteur  ne  connaît  que  la  Bretagne  officielle.  Il  eût  fallu 
pour  atteindre  la  vraie  Bretagne  une  étude  que  l'auteur  n'a  pas  voulu 
faire  :  étudier  les  lois  galloises,  les  lois  anglo-saxonnes,  se  rendre 
compte  de  la  valeur  des  emprunts  même  linguistiques  faits  aux 
Romains  par  les  Bretons  et  les  Anglo-Saxons,  ou  au  moins  résu- 
mer en  faisant  preuve  de  critique,  les  travaux  qui  ont  paru  sur  ces 
sujets. 

Une  autre  critique  qui  se  lie  à  la  précédente,  c'est  que  l'auteur  ne 
s'est  guère  préoccupé  que  de  l'archéologie  classique  en  quelque  sorte. 
Or,  il  y  a  eu  des  fouilles  intéressantes  dans  des  fuinuli  et  des  retran- 
chements indigènes  à  l'époque  romaine.  L'auteur  semble  ignorer 
ce  côté  si  important  de  son  sujet. 

J.     I.OTH. 

1.  J.   Luth.   Rev.  Celt.,  XXX.  584. 


CHRONIQUE 


Sommaire.  — I.  Deux  notices  sur  d'Arbois  de  Jubainville. — II.  M. 
Holger  Pedersen  nommé  professeur  ordinaire.  —  III.  M.  T.  Gwynn 
Jones  lecteur  à  Aberystwyth .  —  IV .  M .  T .  Parrv-W  illiams  docteur  en 
philosophie.  —  V.  Suite  du  Grundriss  de  M.  Brugmann.  —  VI.  Article 
de  M.  C.  Marstrander  dans  les  Mélanges  Alf  Torp.  —  VII.  Notice 
sommaire  des  bronzes  antiques  du  Louvre,  par  M.  A.  de  Ridder.  - 
VIII.  A.  Foucher,  Le  couple  tutélaire  dans  la  Gaule  et  dans  l'Inde.  — 
XI.  L.  Herrieu  et  M.  Duhamel,  Chansons  populaires  du  pays  de 
Vannes,  2me  série.   — X.  Livres  nouveaux . 


I 

A  la  liste  que  nous  avons  précédemment  publiée  (t.  XXXI, 
p.  527)  des  notices  nécrologiques  consacrées  à  d'Arbois  de  Jubain- 
ville,  il  faut  joindre  deux  nouvelles  notices,  les  plus  longues 
sans  doute  dont  la  mémoire  du  regretté  savant  ait  été  l'objet. 

L'une  a  paru  en  19 12  dans  le  Bulletin  de  la  Société  nationale  des 
Antiquaires  de  France  (56  pages  8°),  et  est  due  à  M.  Emile 
Chénon  ;  l'autre  a  été  lue  à  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  dans  la  séance  du  13  juin  191 3  par  M.  A.  Morel-Fatio  et  a 
été  depuis  publiée  à  part  en  une  brochure  de  54  pages  in-40.  M. 
Chénon  et  M.  Morel-Fatio  ont  succédé  à  d'Arbois  de  Jubainville, 
l'un  à  la  Société  des  Antiquaires,  l'autre  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions. 

M.  Emile  Chénon  a  joint  à  sa  notice  un  index  bibliographique. 
Cet  index  est  précieux  en  ce  qu'il  corrige  et  complète  sur  plu- 
sieurs points  celui  qu'a  publié  ici-même  M.  Paul  d'Arbois  de 
Jubainville,  archiviste  du  département  de  la  Meuse  (t.  XXXI I, 
p.  45e  et  suiv.).  Ce  dernier  avait  arrêté  la  bibliographie  de  son 
père  au  chiffre  de  238  numéros,  qu'il  faut  même  réduire  à 
23$,  puisque  le  n°  177  fait  double  emploi  avec  le  n°  130,  le 
n°  212  avec  le  n°  214,  et  que,  d'autre  part, sous  les  n°s    56  et  63  il 


i  i6  Chronique. 

s'agit  d'un  seul  et  même  travail  publié  dans  deux  périodiques  dif- 
férents ;  en  outre,  au  n°  29,  on  corrigera  sainte  Geneviève  en 
sainte  Germaine.  La  bibliographie  de  M.  Chénon  compte 
422  numéros  :  l'augmentation  s'explique  par  plusieurs  raisons. 
D'abord,  M.  Chénon  a  enregistré  les  comptes  rendus  publiés  dans 
le  Journal  des  Savants  (cinq  en  tout)  ;  ensuite  il  a  tenu  compte  de 
plusieurs  périodiques  qu'avait  négligés  M.  Paul  d'Arbois,  comme 
Y  Annuaire  de  F  Aube,  les  Mémoires  de  la  Société  d'agriculture, 
sciences  et  arts  de  l'Aube,  la  Revue  des  Sociétés  savantes  de  la  France 
et  de  l'Étranger  \  le  Moyen-Age,  la  Revue  d'anthropologie',  enfin,  il  a 
fait  des  dépouillements  plus  complets,  reprenant  par  exemple  la 
Revue  archéologique  depuis  l'origine,  alors  que  M.  Paul  d'Arbois  n'y 
a  relevé  aucun  des  articles  antérieurs  à  l'année  1868  ;  et  tandis  que 
M.  Paul  d'Arbois  n'a  retenu  que  six  des  communications  de  son 
père  à  l'Académie  des  Inscriptions, M.  Chénon  en  donne  une  liste 
complète,  qui  dépasse  la  cinquantaine. 

En  revanche,  M.  Chénon  a  laissé  de  coté  les  articles  publiés 
dansla  Romania,  lacune  regrettable  qu'il  faudra  combler  à  l'aide  de 
la  bibliographie  de  M.   Paul  d'Arbois. 


II 

«  Comme  tout  le  monde  s'y  attendait,  c'est  M.  Holgcr  Pedersen, 
professeur  extraordinaire,  qui  succède  à  Yilhelm  Thomsen  dans  la 
chaire  de  grammaire  comparée.  Holger  Pedersen  est  un  de  ces  êtres 
étranges  qui  collectionnent  les  langues.  Combien  en  sait-il  ?  Je 
l'ignore,  mais  je  sais  qu'il  était  déjà  étourdissant  en  1885, 
lorsqu'au  début  de  ses  études,  il  apparut  à  l'université.  Comme  il 
venait  de  Ribe,  le  vieux  Siesbye1  l'appelait  toujours  «  Ripensis  », 
et  Ripensis  écrivait  des  dissertations  latines  phénoménales  :  il  avait 
toujours  les  tournures  les  plus  recherchées,  les  constructions  les 
plus  élégantes.  Il  faisait,  en  grec,  des  jeux  de  mots  dont  Gertz 
riait  cordialement,  de  son  rire  célèbre,  gloussant  et  silencieux. 
Nous  autres,  jeunes  philologues,  nous  étions  bien  aises  quand 
nous  nous  tirions,  sans  nous  rompre  les  reins,  des  pièges  les  plus 
grossiers,  mais  Holger  Pedersen,  avec  son  air  pesant  et  réfléchi, 
Holger  Pedersen,  le  fils  d'un  instituteur  de  l'autre  bout  du  pays, 
était  la  souplesse  même,  quand  il  fallait  se  faufiler  parmi  les  écueils 

1.  Oscar  Siesbye  est  mort  le  21  décembre  191 3,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
un  ans.  C'était  un  philologue  classique  Je  grand  mérite  et  une  des  figuies 
les  plus  originales  de  son  temps. 


Chronique.  117 

de  la  grammaire.  Le'  bruit  se  répandit  bientôt  qu'il  s'adonnait 
décidément  au  celtique  et  que  les  langues  slaves  étaient  néanmoins 
sa  spécialité.  L'arménien,  l'albanais,  le  basque,  il  ramassait  tout. 
Légèrement  voûté,  il  avait  l'aspect  lourd  ;  mais  s'il  apercevait  à 
travers  ses  lunettes  quelque  dialecte  perdu  dans  un  coin  de  l'Europe, 
vlan  !  il  se  jetait  dessus  et  ajoutait  triomphalement  une  langue  de 
plus  à  sa  collection.  On  ne  peut  s'empêcher  de  demander  :  qu'y 
a-t-il  gagné  ?  Une  réputation  énorme  dans  toute  l'Europe,  et  un 
maigre  traitement.  A  L'âge  de  trente-trois  ans,  Holger  Pedersen 
obtint  une  maîtrise  de  conférences  de  deux  mille  couronnes.  Il  en 
serait  resté  là  jusqu'à  maintenant,  si  de  l'étranger  on  n'était  venu 
le  chercher,  lui  et  toutes  ses  langues.  On  ne  pouvait  tout  de  même 
pas  laisser  échapper  cette  collection  unique  de  dialectes  d'Europe 
et  d'Asie,  et  on  lui  donna  une  chaire  de  professeur  extraordinaire. 
Aujourd'hui  enfin,  à  quarante-six  ans,  le  voilà  professeur  ordinaire! 
Vive  donc  la  science!  ». 

C'est  de  cette  taçon  humoristique  et  pittoresque,  dont  nous 
devons  l'adaptation  française  à  l'obligeance  d'un  ami,  que  le 
journal  Politiken  de  Copenhague  annonçait,  le  21  novembre  der- 
nier, la  promotion  à  l'ordinariat  de  M.  Holger  Pedersen.  La  Revue 
Celtique  joint  ses  félicitations  à  celles  que  le  savant  professeur  n'a 
pas  manqué  de  recevoir  à  cette  occasion. 


III 

Nous  apprenons  qu'un  «  lectorship  »  de  littérature  galloise  vient 
d'être  créé  à  l'University  Collège  d'Abervstwvth  et  confié  à  M.  T. 
Gwynn  Jones.  Ce  nom  a  déjà  été  signalé  dans  la  Revue  Celtique 
comme  celui  de  l'auteur  d'un  recueil  de  morceaux  choisis  de 
Daniel  Owen  (t.  XXXII,  p.  211).  Mais  il  a  d'autres  titres  à  la 
gloire.  M.  T.  Gwynn  Jones  (né  en  1871  dans  le  Denbighshire)  est 
un  écrivain  gallois  fort  apprécié,  comme  prosateur  eteomme  poète. 
On  lit  dans  un  recueil  récent  de  poètes  gallois  :  As  scholar,  poet, 
critic,  and  prose  writer  Gwynn  Jones  takes  a  high  rank,  and  he  is . 
certainly  one  of  the  most  brilliant,  not  onlv  of  the  poets  of  the 
new  school,  but  of  ail  living  Welsh  writers.  »  Son  œuvre  la  plus 
célèbre  en  vers  s'intitule  Ymadawiad  Arthur  («  The  Passing  of 
Arthur  »),  et  M.  W.  J.  Gruffydd  a  pu  dire  dans  Y  Encyclopaedia 
Britannica,  V,  p.  649  :  «  In  the  Old  mètres,  two  poets  stand  out 
prominent  above  ail  others,  J.  Morris  Jones  and  T.  Gwynn  Jones. 
The  Aivdl    i    Famou  of  the  former  and  the    Ymaàaxuïaà  Arthur  of 


i  i  8  Chronique. 

the  latter,  gave  reason  to  believe  that  Welsh  poetry  was  only 
entering  on  its  golden  period  ».  Mais  tous  ces  jugements  s'ef- 
facent devant  celui  désir  Edward  Anwyl  qui  appelle  M.  T.  Gwynn 
Jones  «  one  of  the  ablest  of  modem  European  poets,  a  writer  oi 
rare  genius  »  (The  Celtic  Reviezu,  IX,  169). 

IV 

Le  travail  de  M.  T.  Parrv-Williams  dont  nous  avons  commencé 
ci-dessus  (p.  40-84)  la  publication  a  été  préparé  à  Fribourg-en- 
Brisgau  sous  la  direction  de  M.  Thurneysen.  11  a  valu  à  son 
auteur  le  grade  de  docteur  en  philosophie,  après  une  soutenance 
publique  qui  a  eu  lieu  le  28  février   191 3. 


Au  plus  grand  profit  de  la  science  linguistique,  M.  Karl  Brugmann 
poursuit  la  seconde  édition  de  son  Gnuidriss  Jer  vérghichenden 
Grammatïk  der  indogermanischen  Sprachen  :  l'ouvrage  n'est  pas  seu- 
lement corrigé  et  mis  au  courant,  il  est  entièrement  refondu  et 
prend  un  aspect  tout  nouveau,  considérablement  élargi,  où  les 
questions  de  valeur  et  d'emploi  des  formes  sont  mêlées  à  la  mor- 
phologie proprement  dite.  Du  second  volume  ont  déjà  paru  deux 
parties,  en  1906  et  en  1911,  et  qui  contiennent  respectivement  688 
et  997  pages.  Voici  qu'une  troisième  partie  commence,  dont  nous 
avons  déjà  la  première  livraison  (Strassburg,  Trùbner,  191 3,  vin- 
496  p.).  Cette  troisième  partie  est  consacrée  au  verbe  :  l'auteur  y 
étudie  laformation  des  thèmes  de  présent,  d'aoriste  et  de  partait. 
C'est  toujours  la  même  information  scrupuleuse,  la  même  per- 
fection dans  l'exactitude  et  la  précision.  On  sait  de  quel  respect 
d'Arbois  de  Jubainville  entourait  M.  Brugmann  :  ce  magistral 
Grundriss  était  un  de  ses  livres  de  chevet. Il  eût  certainement  aimé 
à  donner  au  nouveau  volume  un  témoignage  public  d'admira- 
tion. 

Peut-être  aussi  eût-il  chicané  l'auteur  sur  l'interprétation  propo- 
sée p.  25  du  gallois  cigleu  «  j'ai  entendu  ».  M.  Brugmann  pose 
comme  prototype  de  cette  forme  *cu-clou-  (—  skr.  çuçrâvà)  et  ren- 
voie au  tome  I  de  son  ouvrage,  §  938,  1.  11  faut  d'abord  corriger 
ce  renvoi  en  §  783,  3,  où  m.  gall.  ciglef  comme  irl.  cùala  est  en 
effet  expliqué  par  *cucloua.  Mais  on  doit  critiquer  aussi  le  fond 
même  de   la   doctrine  :    1'/  gallois  ne    peut  ici  représenter  qu'une 


Chronique.  i  1 9 

ancienne  longue  ;  c'est  donc  de  *cûcloua  qu'il  faut  partir.  M.  Morris 
Jones  remarque  dans  sa  Comparative  Grammar,  p.  372,  qu'on  ne 
peut  donner  à  17  de  ctglef  (cigleu)  la  valeur  de  y  en  moyen  gallois  ; 
déjà  M.  J.  Loth  avait  indique  que  *cùcloiia  s'imposait  comme  pro- 
totype du  gallois  cigleu(R.  Celt.,  XVIII,  92).  On  peut  toujours, 
avec  Strachan,  comparer  les  parfaits  sanskrits  tûtâva  de  taviti  «  il 
est  fort  »  etjûjuvuh  de  jâvate  «  il  excite  ». 


VI 

M.  Cari  Marstrander  a  donné  à  la  Feslskrift  AlfTorp  des  Kleine 
irisebe  Beitràge  (p.  240-252),  où  se  trouve  mainte  suggestion  utile  à 
retenir.  —  Il  rapproche  le  mot  Tiveden,  nom  d'une  forêt  en  Suède, 
de  l'irlandais  dé-fid  «  bois  sacré  «  et  admet  un  prototype  commun 
*deiuo-uidu-s,  qui  suppose  une  pratique  religieuse  commune  aux 
deux  peuples.  —  Il  signale  deux  faits  de  calque  du  Scandinave  en 
irlandais  (piast  —  ormr,  fuaigfbe  =  syja).  —  Il  rattache  au  gaulois 
larinca,  taringa  «  clou  en  fer  »  (Holder  et  Du  Cange)  l'irlandais 
tairuge,  employé  aujourd'hui  encore  et  attesté  au  moyen  âge  avec 
le  même  sens  (L.  U.  80  a  25,  cona  tbair[n]gib  ;  B.  B.  451  b  25, 
a  tairmeda).  —  La  préposition  doeburn  u-  «  vers  »  serait  la  forme 
proclitique  du  substantif  lochaim  «  marche,  chemin  »  à  l'accusatif. 
—  Le  mot  indas  «  façon,  manière  »  sortirait  de  *ind-àss  «  croissance 
intime  »;  cf.  àss  n.  «  croissance  »  Mon.  Tall.  15e,  8.  —  Le  vieil- 
irlandais  aicc,  naicc  serait  représenté  aujourd'hui  par faic  «  quelque 
chose,  rien». —  Le  mot  aire  «  haie,  barrière»  et  «fardeau  »  serait, 
comme  imbe,  à  rattacher  à  la  racine  verbale  *fen-  (v.  Pedersen,  Vgl. 
Gr.,  11,517). —  Dans  derdan  «mauvais  temps, tempête  »,  on  aurait 
derd  «  tempête  »  (I.r.  Text.  III,  86)  -f-  sur  «  temps  ».  —  Dans 
menmarc  «  passion  »,le  second  terme  de  composition  serait  non 
pas  serc  (v.  R.  Celt.  XXXIII,  501)  mais  arc,  infinitif  de  arcu  «  je 
prie  ».  —  Dans  anfad  «  tempête  »,  il  faut  voir  la  particule  priva- 
tive et  le  mot  fétb  «  mer  calme  »  (Ml.  125  d  1 1  ;  L.  L.  230  b  12  ; 
L.  U.  129  a  5).  —  Le  mot  fiach  «  corbeau  »  étant  anciennement 
disyllabique.l'étymon  *ueiko-,  généralement  adopté,  est  sans  valeur 
(v.  ci-dessus,  p.  87).  — -  Les  mots  féru  et  luibne  au  sens  de  «  bou- 
clier »  s'expliqueraient  par  le  fait  qu'il  y  avait  des  boucliers  en 
bois  d'aune,  féru  (l'un  est  conservé  au  National  Muséum  de 
Dublin,  n°  273)  et  en  écorce  {luibne  de  *lubb-  «  écorce  »,  cf.  v.  si. 
lubimi).  —  On  aurait  le  même  suffixe  -aiw,  -eng  non  seulement 
dans    crobang  «    poignée    »  (Z.   C.  P.,  IX,  293),  mais  aussi  dans 


120  Chronique. 

deleng  «  jeune  porc  »  de  deiî  et  dans  asclang  «  fardeau,  charge  »  de 
ascall,  axai,  ochsal  «  aisselle  »  ;  crobangel  asclang  sont  en  tout  cas 
étroitement  unis,  l'un  désigne  ce  que  l'on  tient  dans  la  main  (croV), 
l'autre  ce  que  l'on  porte  sous  l'aisselle.  —  Signalons  enfin  quelques 
observations,  sur  le  vocalisme  de  cumaing  «  il  peut  »,  cumachtae, 
sur  l'origine  des  prétérits  pluriels  en  -datai-  et  sur  les  pronoms 
infixes  et  suffixes. 


VII 

La  maison  Gaston  Braun,  concessionnaire  depuis  191 2  de  l'édi- 
tion officielle  des  Musées  nationaux,  vient  de  mettre  en  vente  une 
Notice  sommaire  des  brotrxcs  antiques  du  Louvre,  rédigée  par  M.André 
de  Ridder  (Paris,  1913,  143  p.  8°,  avec  64  planches,   1  fr.  50). 

La  Gaule  romaine  est  représentée  dans  cette  collection  par 
quelques  grandes  œuvres  (les  nos  26,  28-29,  36-37,  39,  47,  49, 
64,  74),  parmi  lesquelles  l'Apollon  provenant  de  Lillebonne 
(n°  37),  et  aussi  par  une  cinquantaine  de  petites  pièces  (nos  1042- 
1093).  Mais  il  n'y  a  rien  là  dedans  qui  se  place  hors  de  pair.  Les 
bronziers  gallo-romains,  comme  le  dit  très  bien  M.  de  Ridder, 
p.  86,  n'ont  pas  un  art  original  ni  indépendant;  ils  ont  puisé  aux 
sources  de  l'art  grec  et  de  l'art  romain.  Quel  que  soit  leur  talent, 
ils  n'ont  pas  su  faire  œuvre  plus  personnelle  que  les  littérateurs 
gallo-romains  :  et  l'on  sait  que  Sidoine  Apollinaire  n'est  pas  plus 
gaulois  que  Sénèque  n'est  espagnol  ou  Apulée  africain.  Les 
bronzes  gallo-romains  pâtissent  nécessairement  du  voisinage  des 
œuvres  venues  directement  de  la  Grèce  ou  de  Rome. 

Toutefois  il  serait  injuste  de  juger  sur  le  Louvre  seul  le  travail 
de  nos  vieux  bronziers  gallo-romains.  Ils  sont  mieux  représentés 
ailleurs.  Les  œuvres  qu'en  possède  le  Louvre  le  cèdent  en  nombre 
et  en  importance  à  celles  qu'on  voit  réunies  par  exemple  au  Musée 
de  Lyon.  Celui-ci  s'enorgueillit  à  juste  titre  d'oeuvres  comme 
l'Orateur,  trouvé  à  Coligny,  la  Fortune,  la  Victoire  ailée,  le  Satyre 
criophore,  même  le  Jupiter.  Et  on  peut  admirer  isolément  dans 
d'autres  musées  de  province  des  pièces  de  premier  ordre,  dont  le 
Louvre  n'a  pas  l'équivalent  :  ainsi  le  Jupiter  du  Yieil-Evreux  (au 
musée  d'hvreux),  ou  l'Apollon  de  Yaupoisson  (au  musée  de 
Troyes),  ou  l'Hermaphrodite  de  Sion  (au  musée  d'Epinal),  aux- 
quels il  faut  joindre  la  superbe  tête  trouvée  dans  le  Vistre,  à  Nîmes, 
et  la  Minerve  de  Besançon,  aujourd'hui  au  Musée  Condé.  Rappe- 
lons  enfin    que    le  musée    de    Saint-Germain    possède   quelques 


Chronique.  121 

bronzes  intéressants  et  qu'à  Paris  même  le  musée  Dutuit,  avec  la 
trouvaille  des  Fins  d'Annecy,  et  surtout  le  Cabinet  des  Médailles 
avec  l'Esclave  Ethiopien  de  Chalon-sur-Saône,  le  Guerrier  combat- 
tant de  Vienne  ou  le  Satyre  dansant,  complètent  d'une  manière 
fort  heureuse  la  collection  du  Louvre. 

Sur  cette  dernière,  la  notice  de  M.  de  Ridder  oriente  parfaite- 
ment :  elle  est  claire,  précise,  élégante  ;  elle  contient  assez  de 
détails  techniques  pour  satisfaire  la  curiosité  des  savants,  elle  a  tous 
les  agréments  qu'il  faut  pour  plaire  aux  artistes  et  aux  lettrés. 

VIII 

Puisque  nous  parlons  sculpture  et  art  classique,  il  faut  signaler 
à  nos  lecteurs  l'article  qu'a  donné  à  la  Revue  archéologique  (191 2, 
t.  II,  p.  241-249)  M.  A.  Foucher  sur  le  Couple  tulélaire  dans  la 
Gaule  et  dans  ïlnde.  Ce  titre  a  de  quoi  étonner;  mais  il  exprime 
justement  très  bien  l'étonnement  qu'un  indianiste  comme  M.  Fou- 
cher a  éprouvé  lui-même  en  rencontrant  dans  l'art  gallo-romain 
des  figures  de  connaissance.  Le  motif  du  couple  tutélaire,  qui 
revient  si  fréquemment  dans  le  Recueil  général  de  M.  Espérandieu, 
avec  des  attributs  caractéristiques,  encore  qu'assez  variés,  est 
également  répandu  dans  l'art  gréco-bouddhique  du  Gandhâra  : 
Sucellos  etNantosvelta  y  portent  le  nom  de  Pântchika  et  de  Hâritî, 
mais  la  disposition  générale  des  deux  couples  dans  les  monuments 
où  ils  figurent,  leur  attitude,  leur  place  respective,  même  leurs 
attributs  sont  trop  semblables  pour  qu'on  ne  songe  pas  à  une  com- 
munauté d'origine.  M.  Foucher  a  illustré  son  article  de  deux  repro- 
ductions dont  la  juxtaposition  est  frappante.  Naturellement  il  n'y  a 
pas  à  imaginer  d'influences  directes  entre  la  Gaule  et  l'Inde.  Les 
ressemblances  observées  ici  s'interprètent  beaucoup  plus  simple- 
ment par  le  fait  que  les  sculpteurs  se  sont  inspirés  de  modèles  sem- 
blables, à  Alesia  comme  à  Peshawer.  M.  Foucher  lui-même  a  éta- 
bli que  l'art  du  Gandhâra  a  emprunté  sa  technique  à  l'art  hellénis- 
tique. L'art  gallo-romain  de  son  côté  dérive  de  l'art  gréco-romain. 
Il  y  avait  donc,  aux  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne,  une  sorte  de 
xotvq  artistique,  apprise  à  l'école  des  Grecs,  et  qu'on  parlait  d'un 
bout  du  monde  antique  à  l'autre  bout. 

IX 

MM.  Loeiz  Herrieu  et  Maurice  Duhamel  viennent  de  publier  une 
deuxième   série  de    leurs   Chansons  populaires    du  Pays  de    Vannes 


122  Chronique. 

(Paris,  Rouart,  Lerolle  et  O,  191 3,  p.  61-120;  2  fr.  50).  Comme 
dans  la  série  précédente  (v.  Rev.  Celtique,  t.  XXXIY,  p.  105), 
chaque  chanson  est  accompagnée  de  sa  mélodie.  Les  mélodies  sont 
peut-être  moins  originales  et  moins  expressives  que  dans  la  pre- 
mière série.  Quant  au  texte  breton  des  chansons,  il  montre  de 
façon  frappante  à  quel  degré  le  dialecte  vannetais  est  rempli  de  mots 
français  :  on  n'y  trouve  pas  seulement  des  adjectifs,  des  substantifs, 
des  verbes  empruntés  à  date  plus  ou  moins  récente,  mais  aussi  des 
particules,  comme  la  négation,  qui  passent  d'ordinaire  pour  faire 
partie  du  matériel  grammatical  personnel  à  chaque  langue  :  un 
vers  comme  le  suivant  est  à  cet  égard  bien  instructif  : 

ha  eau  des  larei  d'ein  ne  pas  en  digorein 

et  il  a  dit  à  moi  de  ne  pas  l'ouvrir. 

De  fait,  la  négation  pas  figure  dans  le  Dictionnaire  breton-français 
du  dialecte  de  Vannes  de  M.  Emile  Ernault.  Mais  employer  ne  pas 
paraît  vraiment  parler  français  on  breton. 

X 

Parmi  les  publications  nouvelles,  nous  relevons  l'édition  suivante 
d'un  texte  bien  connu  des  celtistes  : 

Sir  Perceval  of  Gales,  herausgegeben  von  J.  Campion  und  F. 
Holthausen.  Heidelberg,  C.  Winter,  191 3,  xv-144  p.  8°  (Alt-  und 
Mittelenglische  Texte,  Bd  5). 

Le  texte, qui  compte  2.288  vers, est  précédé  d'une  introduction  et 
suivi  de  notes  explicatives  et  d'un  court  glossaire. 

Annonçons  aussi  la  fin  du  magistral  ouvrage  de  M.  Holger 
Pedersen,  Vergleichende  Gràmmatik  der  keltischen  Sprachen.  La 
deuxième  et  dernière  partie  du  tome  II,  pages  353-8^2,  a  paru  en 
novembre  191 3.  Nous  en  reparlerons  sous  la  rubrique  Biblio- 
graphie. 

Il  sera  également  rendu  compte  ultérieurement  des  deux  ouvrages 
qui  suivent  : 

Bibliographv  of  Irish  Philologv  and  of  printed  Irish  Literature 
Dublin,  191 3. 

O.  H.  Fynes-Clinton,  Welsh  Yocahularv  ofthe  Bangor  district. 
Oxford,  191 3. 

J.  Vendryes. 


PÉRIODIQUES 


Sommaire.  —  I.  Zeitschrift  fur  Celtische  Philologie.  --  II.  The  Celtic 
Review.  —  III.  Annales  de  Bretagne.  —  IV.  Revue  de  Bretagne.  — 
V.  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
lettres.  —  VI.  Indogermanische  Forschungen.  —  VII.  Mémoires  de  la 
Société  de  Linguistique 


M.  Thurneysen  a  donné  à  la  Zeitschrift  fur  celtische  Philolo- 
gie (t.  IX,  fascicule  3)  une  importante  étude  sur  die  Ueberlieferung 
der  Tâin  bô  Ci'iailnge  (p.  418-443).  Trois  heureuses  circonstances 
l'ont  déterminé,  dit-il,  à  l'entreprendre  :  l'achèvement  de  la  publi- 
cation dans  Eriu  de  la  version  du  Book  of  Lecan,  la  publication 
par  M.  Windisch  de  la  version  fragmentaire  contenue  dans  le  Ms 
Egerton  1782  (v.  Rcv.  Celt.,  XXXIV,  233),  et  surtout  la  décou- 
verte qu'a  faite  M.  R.  I.  Best  de  trois  mains  différentes  dans  le 
Lebor  na  hUidre  (v.  ibid.,  235).  Le  fait  est  qu'on  a  maintenant  les 
moyens  de  débrouiller  la  formation  de  cet  ensemble  un  peu  chao- 
tique qu'est  le  texte  de  la  Tâin  ;  mais  pour  y  réussir,  il  faut  une 
maîtrise  dont  peu  de  celtistes  sont  pourvus.  M.  Thurneysen  excelle 
dans  les  entreprises  de  ce  genre.  Il  étudie  ici  l'une  après  l'autre  la 
version  LU  et  la  version  LL.  La  première  est  conservée  à  la  fois 
dans  le  Lebor  na  h-Uidre,  l'Egerton  1782  et  le  Yellow  Book  of 
Lecan,  qui  ne  sont  pas  copiés  l'un  sur  l'autre,  mais  représentent 
trois  copies  indépendantes  d'un  archétype  commun,  avec  çà 
et  là  certaines  additions  particulières.  La  seconde  version  est 
surtout  connue  par  le  Book  of  Leinster  ;  mais  on  la  trouve 
aussi  en  d'autres  manuscrits  qui  supposent  également  l'existence 
d'un  archétype,  dont  le  texte  du  Book  of  Leinster  ne  serait  lui- 
même    qu'une    copie.    Les    deux    versions   LU   et    LL    une   fois 


\2.\  Périodiques. 

établies  et  distinguées,  M.  Thurneysen  les  ramène  à  une  seule. 
Pour  lui,  la  seconde  est  directement  et  exclusivement  sortie  de  la 
première.  «  Die  LL-Version  ist  durch  Vereinheitlichung  aus  der 
LU- Version,  wie  sic  auch  uns  handschriftlich  vorliegt,  hervorge- 
gangen.  Sie  stellt  also  nicht  die  Bearbeitung  einer  Sonderquelle 
oder  einer  àlteren  Gestalt  der  LU- Version  dar;  auch  làsst  sich 
nicht  nachweisen,  dass  sie  neben  der  LU-Version  abweichende 
Fassungen  gekannt  und  beigezogen  bat  »  (p.  426).  lu  p.  436  : 
«  Die  LU-Version  ist  fur  uns  zunàchst  die  absolut  àlteste  Ges- 
talt der  Sage,  die  einzige  Grundlage  fur  aile  andern  Fassungen, 
die  wir  kennen.  »  Le  tableau  généalogique  dessiné  p.  441  résume 
d'une  i:\con  frappante  les  résultats  de  l'étude  si  importante  de 
M.  Thurneysen. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  on  lira  aussi  avec  intérêt  un  court 
article  de  M.  Lucius  Gwynn  sur  the  two  Versions  oj  Tochmarc Êtâine 
(P-  353-35 63  ;  cet  article  est  daté  de  Fribourg  en  Brisgau.  Les  deux 
versions  en  cause  sont  celles  du  Lebor  na  h-Uidre  et  du  Ms.  Eger- 
ton.  M.  Gwynn  considère  la  version  Egerton  comme  une  compila- 
tion datant  du  xne  ou  xme  s.  L'auteur  de  cette  compilation  s'est 
borné  à  délaver  l'ancien  récit  représenté  par  la  version  de  L.  U.  ; 
mais  il  y  a  en  outre  interpolé  un  morceau  emprunté  à  la  Togaiî  Bruidne 
Dâ  Derga  et  ajouté  un  autre  morceau,  directement  inspiré  du  Dind- 
shenchas  de  Râth  Crûachan. 

M.  Kuno  Meyer  continue,  au  cours  du  même  fascicule,  ses  pré- 
cieuses publications  de  textes  inédits.  Sans  parler  de  deux  petits 
poèmes  tirés  des  MSS.  Addit.  30.  5 12  et  Laud  615  (p.  470  et  486), 
il  nous  donne  cette  fois  les  «  synchronismes  »  du  MS.  Laud  610 
(p.  471-485)  et  surtout  le  curieux  texte  intitulé  Bailc  Bricin  «  Vision 
de  Bricin  »  d'après  les  MSS  Harleian  5280  et  Egerton  1782  (p. 
449-457).  Bricin  ou  Bricine,  abbé  de  Tuaim  Drecain  (auj.Tomre- 
gan,  près  Bannyconnell,  à  cheval  sur  les  comtés  de  Cavan  et  de 
Fermanagh),  flofissait  dans  la  première  moitié  du  vir  siècle.  Un 
soir  de  Pâques,  qu'il  était  dans  sa  cellule,  il  oublia  de  se  rendre  à 
l'église.  Un  grand  bruit  frappa  ses  oreilles  :  c'était  celui  de  la 
troupe  céleste  célébrant  la  Pàque.  Alors  il  invoqua  le  Seigneur,  le 
priant  de  lui  envoyer  un  ange  qui  lui  apporterait  des  nouvelles 
célestes  :  un  ange  arriva  en  effet,  rendit  visible  aux  yeux  de  Bricin 
le  ciel  et  la  céleste  troupe  autour  du  trône  divin,  et  accepta  de  lui 
dénombrer  les  chrétiens  qui  seraient  admis  dans  l'église  de  Dieu 
jusqu'à  la  fin  du  monde.  En  particulier,  Bricin  lui  demanda  d'indi- 
quer les  «  fils  de  vie  »  (maie  bethad)  qui  gagneraient  le  ciel.  Cela 
introduit  une  longue   énumération.  qui  constitue  tout  le  morceau, 


Périodiques.  125 

On  y  trouve  naturellement  un  grand  nombre  de  noms  propres,  qui 
exigeraient  un  commentaire  historique  fort  développé. 

M.  T.  O'Maille  a  donné  au  même  fascicule  une  intéressante 
étude  sur  Sortie  Cases  of  de-Lenition  in  Irish  (p.  341-352).  Il  s'agit 
de  faits  sporadiques  et  en  partie  dialectaux  qui  appartiennent  à  la 
période  du  moyen-irlandais  :  par  exemple  rg(h)  et  rch  deviennent 
rc  en  syllabe  inaccentuée,  quand  ces  groupes  sont  de  position  anté- 
rieure (ou  de  valeur  mince,  slender)  ;  de  même  ng(h)  et  nch 
deviennent  ne,  etc.  C'est  un  sujet  tout  neuf,  dont  M.  O'Maille  donne 
un  aperçu  très  exact,  avec  sa  finesse  et  sa  précision  habituelles. 

M.  J.  Pokorny  revient,  p.  444,  sur  l'étymologie  qu'a  donnée 
M.  Marstrander  du  mot  iress  «  croyance  ».  Comme  ce  dernier,  il 
ne  croit,  pas  que  le  mot  irlandais  contienne  une  forme  redoublée 
de  la  racine  *sthâ.  Il  pose  comme  prototype  *pare-sthâ-,  ce  qui  s'ac- 
corde tout  à  fait  avec  l'iranien  parast  «  adorateur  ».  Mais  *pare-sthâ- 
devait  donner  aras,  ou  tout  au  plus  aires  par  influence  analogique 
des  autres  cas  de  la  flexion,  où  IV  était  palatale  sauf  au  génitit 
pluriel.  Si  l'on  a  iress,  c'est  par  contamination  de  cet  aires  et  d'une 
forme  irus  de  *perô-stbd-. 

M.  J.  Baudis,  qui  fait  sa  spécialité  des  enquêtes  grammaticales, 
publie,  p.  380-417,  les  résultats  de  celle  qu'il  a  entreprise  sur  l'em- 
ploi des  substantifs  verbaux  en  irlandais  (,;//;//  Gebrauch  der  Verbal- 
tiomina  im  irischen).  Ce  sont  des  listes  d'exemples  méthodiquement 
classés,  dont  l'auteur  dégage  une  théorie  générale  sur  le  dévelop- 
pement de  l'infinitif  celtique. 

Signalons  enfin  :  un  texte  publié  par  M.  F.  Liddell,  un  poème 
sur  les  rois  de  Connaught,  tiré  du  MS.  Rawlinson  B  502  (p.  461- 
469),  avec  traduction  anglaise  ;  et  de  M.  Oluf  Kolsrud,  une  étude 
sur  the  Celtic  Bisiiops  in  the  Isle  of  Mau,  the  Hébrides  and  Orhneys 
(P-  357-379)- 

II 

Dans  The  Celtic  Review  (vol.  IX,  nos  33  et  34),  M.  Mackinnon 
continue  son  édition  de  thé  Gaelic  version  of  the  Thebaid  of  Statius, 
pp.  16-33  et  p-  1 12-127.  Le  morceau  précédent  s'arrêtait  un  peu 
après  le  discours  d'Atalante  (chant  IV,  v.  344)  ;  nous  sommes  con- 
duits cette  fois  jusqu'au  vers  498  du  chant  V,  où  se  termine  le 
grand  récit  d'Hypsipyle. 

A  signaler  dans  ces  deux  mêmes  numéros,  un  travail  de  M.  A. 
Macdonald  sur  Some  knotty  points  in  British  Eibndlogy  (p.  1-1 5  et 
97-1 11);   dans   le  n°  33,  un  article  de  M.  A.  W.  Wade  Evans  sur 


126  Périodiques. 

The  Romani  in  the  o  Excidium  Britlaniae  »  (p.  $5-40),  ei  dans  le  n° 
34,  le  texte  d'un  discours  prononcé  à  l'Irish  Literary  Society  de 
Londres  par  M.  Alfred  Percival  Graves  sur  Ireland's  Share  in  the  Folk- 
song Revival  (p.  128-148). 

Enfin,  on  lira  avec  intérêt  dans  le  n°  34,  p.  151-156,  le  bel  éloge 
eonsacré  par  M.  Mackinnon  à  un  poète  écossais,  Neil  Macleod, 
mort  le  6  septembre  191  3  à  l'âge  de  70  ans.  «  It  may,  I  think,  be 
safely  affirmed,  dit-il  p.  153,  that  since  Duncan  Mac  Intyre  died 
(1724-1812),  no  Gaelic  poet  took  such  firm  hold  of  the  imagina- 
tion of  Highlanders  as  Neil  Macleod  was  able  to  do  ».  Le  fait  est 
qu'il  fut  très  populaire  et  que  le  recueil  de  ses  œuvres,  intitulé 
Clarsach  an  Doire  «  la  Harpe  du  bocage  »  publié  en  1883,  atteignit 
en  1909  sa  quatrième  édition.  Neil  Macleod  était  originaire  de 
l'île  de  Skye. 

Comme  appendice  aux  nos  33  et  34  de  The  Cellic  Review,  se 
trouve  la  suite  de  la  Concise  Oh!  Irish  Grammar  de  M.  J.  Pokorny. 
C'est  d'abord  la  dernière  partie  de  la  phonétique,  comprenant  le 
traitement  des  semi-voyelles,  voyelles  et  diphtongues  indo-euro- 
péennes en  irlandais  ($§  111-126)  et  l'exposé  des  alternances  voca- 
liques(§§  127-13 1).  Ensuite  commence  la  morphologie,  avec  la 
flexion  de  l'article  et  du  nom  (§§  132-148).  Dans  le  chapitre  des 
alternances,  §  129,  M.  Pokorny  rapproche  de  l'irlandais  si! 
«  semence  »  le  parfait  grec  àsico/.a,  qu'il  interprète  par  *sesôka, 
accordant  ainsi  la  préférence  à  une  vieille  étymologie  qui  devrait 
être  définitivement  abandonnée  (v.  Boisacq,  Dict.  Êtym.,  p.  369). 


Dans  les  Annales  de  Bretagne,  t.  XXIX,  n°  1  (novembre  1913). 
M.  G.  Esnault  continue,  p.  79-116,  son  édition  des  œuvres  de  Le 
Laé.  Il  indique  à  la  tin  quelques  citations  latines,  dont  il  n'a  pu 
découvrir  la  provenance,  parmi  lesquelles  «  ante  ciucs  ergo  miseri  ,> 
qu'il  donne  pour  un  commencement  d'hexamètre.  Si  c'est  là  un 
commencement  d'hexamètre,  l'auteur  n'en  doit  pas  être  cherché 
parmi  les  contemporains  d'Auguste,  car  cet  auteur  connaissait  bien 
mal  la  prosodie  latine  :  le  mot  dues  a  un  i  long  et  par  suite  la 
première  moitié  du  vers  est  fausse  ;  félicitons-nous  peut-être  de 
ne  pas  connaître  la  seconde. 

IV 

Notre  collaborateur,  M.  Ernault,  est  revenu  dans  la  Revue  de 
Bretagne  (191 3,  p.  1  [~- 1 5 2)  sur  cette  Poésie  officielle  eu  moyeu-breton, 


Périodiques.  127 

à  laquelle  il  avait  déjà  consacré  un  article  (v.  Rev.  Cell.,  XXXIV, 
p.  482  et  suiv.).  Ayant  eu  le  loisir  d'examiner  à  la  Bibliothèque 
Nationale  le  manuscrit  qui  avait  appartenu  au  notaire  François 
Doublart  (c'est  le  numéro  n  533  du  fonds  français),  il  y  trouva  la 
poésie  en  question  sous  une  forme  plus  rapprochée  de  l'original, 
encore  que  fort  altérée  par  un  scribe  qui  ne  savait  guère  le  breton. 
Et  cela  l'a  conduit  à  préciser  ou  à  corriger  quelques-unes  de  ses  con- 
jectures. 

V 

M.  J.  Loth  a  entretenu  Y  Académie  des  Inscriptions  de  la  question 
des  archétypes  des  romans  de  la  Table  Ronde  à  propos  de  l'Ystoria 
Tristan,  sur  laquelle  nos  lecteurs  ont  été  renseignés  dans  le  tome 
précédent,  p.  365  et  suiv.  La  communication  de  M.  Loth  figure 
dans  les  Comptes  rendus  des  séances  de  l'année  191 3,  p.  92  et 
suiv.  On  y  trouvera  les  mêmes  idées  que  dans  l'article  précité  de 
la  Revue  Celtique,  mais  sous  une  forme  plus  brève,  et  sans  les  textes 
sur  lesquels  s'appuie  la  discussion. 

VI 

Le  tome  XXXII  des  Indogermanische  Forschungen  ne  renferme 
aucun  article  spécialement  consacré  à  nos  études,  et  en  parcourant 
la  liste  des  mots  étudiés  à  la  fin  du  volume  on  constate  que  les 
langues  celtiques  y  occupent  une  place  très  restreinte.  Elles  ne  sont 
guère  utilisées  que  pour  mémoire,  et  figurent  dans  des  com- 
paraisons depuis  longtemps  établies.  Dans  un  article  sur  le  vieux- 
prussien,  M.  E.  Lewy  a  commis  deux  ou  trois  rapproche- 
ments qui  ne  semblent  pas  nouveaux,  mais  qui  n'en  sont  pas 
meilleurs:  v.  pruss.  alkîns  <  nùchtern  »  et  irl.  olc  »  mauvais  » 
(p.  160),  v.  pruss.  manga  «  Hure  »  et  irl.  meng  «  tromperie  » 
(p.  163),  skr.  gaijdâh,  m.  «  joue,  bosse  »  et  irl.  gleuu  «  vallée  » 
(p.    166).    Cela  n'a  guère  d'intérêt  pour  l'étymologie  celtique. 

Au  cours  d'un  long  article  sur  des  questions  de  vocalisme  indo- 
européen, p.  228,  M.  Hirt  reproduit  le  rapprochement  du  grec 
/.oaVjç  «  Band,  Schleife  »  et  de  l'irlandais  connu  «  protection  »  (qu'il 
écrit,  je  ne  sais  pourquoi,  kouini).  L'irlandais  comm  est  attesté  dans 
une  phrase  que  cite  M.  Kuno  Meyer  (Coule,  p.  446),  où  il  est 
glosé  par  coimhéd  «  protection  »  :  tabar  coin  dfiu  «  donne-nous  pro- 
tection ».  C'est  une  autre  forme  du  mot  coiniin,  abondamment 
attesté  au  sens  de  «  couverture,  protection,  vêtement  »  et  qui  est 
vraisemblablement  un  thème  en  -/-.  Ces  mots  ont-ils  rien  à  faire 
avec  le  grec  x.oy.Vvc,  je  ne  le  garantirais  pas. 


128  Périodiques. 

Ce  qu'on  peut  garantir,  en  revanche,  c'est  que  M.  Holthausen  a 
eu  tort,  p.  ;34,  de  ranger  dans  la  même  famille  irl.  loth  «  boue  », 
gall.  lludedic  «  boueux  »  et  le  nom  gaulois  de  Lutèce,  qu'il  écrit 
Lutetia.  Bien  que  cette  étymologie  puisse  se  justifier  aujourd'hui 
encore  par  l'état  trop  fréquent  des  rues  de  Paris,  il  faut  y  renoncer; 
elle  a  contre  elle  la  forme  ancienne  Aouxotoxia  (Strabon)  ou 
AsuxoTExia  (Ptolémée),  et  M.  Holder  a  eu  raison  de  supposer 
(t.  II,  col.  301)  que  la  forme  ordinaire  Lulecia  (mieux  que  Lutetia) 
sortait  par  haplologie  de  Lucotecia.  Il  est  vrai  que  l'étymologie 
admise  par  M.  Holthausen  n'est  pas  neuve,  puisqu'elle  remonte 
àZeuss  ;  mais  depuis  la  publication  de  VAltceltischer  Sprachschat^eWe 
devrait  être  définitivement  bannie  de  tout  travail  sérieusement  fait. 

Vil 

MM.  Sylvain  Lévi  et  Meillet  ont  terminé  dans  le  fascicule  6  du 
tome  XYIII  des  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique  leurs 
Remarques  sur  les  formes  grammaticales  de  quelques  textes  eu  tokharien 
B  (p  381-423).  Les  précédentes  étaient  relatives  aux  formes 
verbales  (cf.  Rev.  Celtique,  t.  XXXIV,  p.  129)  ;  celles-ci  se  rap- 
portent aux  formes  nominales.  Nous  avons  ainsi  l'exposé  complet 
des  résultats  d'un  travail  de  déchiffrement  et  d'interprétation,  qui 
fait  le  plus  grand  honneur  aux  deux  savants  linguistes.  Grâce  à 
eux  le  tokharien  a  définitivement  pris  place  dans  la  linguistique 
indo-européenne  ;  on  peut  désormais  l'utiliser  pour  la  comparai- 
son. A  vrai  dire,  le  nom  v  -est  beaucoup  plus  maltraité  que 
le  verbe:  de  l'ancienne  flexion  nominale  de  l'indo-européen,  il  ne 
subsiste  presque  rien  :  «  l'état  auquel  est  parvenu  à  cet  égard  le 
tokharien  à  l'époque  où  a  été  fixée  la  langue  est  à  peu  près  le 
même  que  celui  des  langues  romanes,  de  l'anglais  ou  du  persan  ». 
MM.  Lévi  et  Meillet,  qui  terminent  par  cette  phrase  leur  savante 
étude,  eussent  pu  ajouter  :  «  ou  des  langues  celtiques,  et  notam- 
ment du  gallois  ».  Ils  ont  justement  fait  appel,  p.  396,  à  la  compa- 
raison du  gallois  pour  montrer  comment  les  thèmes  nominaux  se 
sont  conservés  en  tokharien  comme  de  simples  parties  consti- 
tuantes de  la  formation  du  pluriel.  On  sait  que  ce  phénomène  est 
abondamment  attesté  en  gallois  ;  c'est  la  seule  trace  qu'on  y  trouve 
aujourd'hui  des  anciens  thèmes  nominaux  du  celtique  (v.  J.  Mor- 
ris Jones,  a  Jlrelsb  Grammar,  p.    198  et  suiv.). 

J.  Yendkyes. 

Le  Propriétaire-Gérant,    Edouard  CHAMPION. 


MAÇON,    PKOTAT    FRÈRES,    IMPRIMEURS 


NOTES 


SUR 


LES    TEXTES    D'IVONET    OMNES 


i.  A  la  3e  variante  du  2e  texte  (Rev.  Celt.  XXXIV,  242- 
246),  vu  peut  se  lire  v[e]n  ou  vtt[en].  An  vu  he  guen  «  la  vue 
de  sa  joue  »  ne  serait  pas  impossible  comme  construction,  cf. 
Rev.  Celt.  XXXII,  260,  261. 

2.  Le  4e  texte  (p.  246)  finit  par  «  ha  quar  ».  Map  paraît  y 
avoir  le  sens  général  de  «  garçon  »  (cf.  P  262,  etc.). 

3.  Au  5e  hauibe~ou  rappelle  a  ve%ou  en  1532,  Une  poésie  offi- 
cielle enmoy.  bret.  §  3,  19;  ro^be^ou,  Maistre  Vathelin,  R.  C. 
XVI,  193,  194.  Voir  §7.  — Suruguen  et  suluguenn  sont  seuls 
constatés,  ce  qui  dément  même  une  étymologie  populaire 
d'après  sulya,  suilha  (cf.  §  27).  Je  chercherai  plus  loin  (§23 
et  suiv.)  si  suru-  peut  venir  de  *saru-  sans  influence  analo- 
gique (cf.  sur  acide).  —  Le  panais  est  un  mets  caractéristique 
du  Léon,  cf.  Gloss.  459. 

4.  Au  6e,  karantit,  costit  riment,  je  crois,  zgaret,  prêt  du  vers 
suivant  (qui  pouvait  finir  par  me  àest  je  l'atteste).  Cf.  spirit, 
r.  et,  xve  s.,R.  C.  XX,  394,  397  (etReuis  Rennes  XXXII,  284). 
Des  archaïsmes  en  -//(/;)  sont  contredits  par be~ou;  des  dim.  en 
-ic,  par  la  paléographie  (cf.  aiuoric  ioliuic)  et  la  phonétique. 
Il  y  a  plutôt  échange  des  suffixes  qui  alternent  dans  triste^  et 
tristet,  lauarezet  lauaret,  etc.  Gloss.  544,  545  ;  peut-être  sous 
la  suggestion  de  la  rime,  cf.  ar  garanted  l'amour,  r.  et,  Ba>\a~ 
Brei\  421.  —  Ohe-  à  son,  est  pour  och  he,  cf.  och  pep  pirill  de 
tout  péril  P  193  (forme  non  relevée  au  Glossaire-index)  ;  ouch 
dans  C  b  (Dict.  étym.),  ouch,  oc  h  D,  Gloss.  454.  —  Uam-  pour 
mamau.  vocatif  serait   un  archaïsme  unique;  mieux  vaut  sup- 

Revue  Celtique,  XXXV.  9 


130  E.  Ernault. 

pléer  ua  m(am)  ma  mère,  tf.  va,  v.  1.  Ceci  nous  ramène 
encore  au  Léon  ;  le  moy.  bret.  a  toujours  ma,  sauf  dans  les 
Amourettes  dit  vieillard,  où  Pel.  n'a  pu  introduire  va,  employant 
lui-même  ma. 

5.  Dans  hiat  altro  Hilarius  «  santé,  guérison,  seigneur 
Hilaire  !  »  xne  s.,  Loth.  Ami.  de  Bret.  VII,  243,  je  soupçonne 
une  transcription  abrégée  (avec  réminiscence  latine  ?)de  *iahat, 
moy.br.  yachat  guérir. 

6.  Dans  le  premier  texte  (Rev.  Celt.  XXXIV,  249,  pi.  III), 
Ve  de  ameus  se  confond  avec  0,  comme  si  le  scribe  avait  déjà 
pensé  à  mous.  Mais  il  n'y  a  là,  je  crois,  qu'un  accident  graphique, 
dont  IV  de  be,  à  la  3e  phrase  (p.  244,  pi.  I),  montre  l'origine. 
C'est  une  petite  bavure  de  la  plume,  produite  en  appuyant  trop 
sur  la  boucle  qui,  par  une  inadvertance  contraire,  est  absente 
dans  le  humas  de  la  4e  phrase  (pi.  II)  ;  ce  qui  donne,  cette  fois, 
une  forme  dV  voisine  de  c.  L'hypothèse  d'une  variante  amous 
n'aurait  aucune  probabilité  :  il  a  fallu  une  influence  exotique 
intense,  chez  Dumoulin,  pour  lui  faire  confondre  graphique- 
ment les  deux  sons  (avec  un  troisième,  u  ;  cf.  Rev.  Celt.  XXX, 
281). 

7.  Atnoric  est  le  seul  exemple,  en  moy.  breton,  d'un  0  dans 
cette  famille  de  mots,  cf.  Gloss.  27  ;  325,  1.  4.  On  trouve  lan- 
gourus  et  langoreux  langoureux;  gluebour  et  gluebor  humidité  ; 
vigour  et  vigor  vigueur  (lisouregue%  paresse,  van.  lijor  espace, 
Notes  d'étym.  n°  16;  mod.  sechour  et  sechor  sécheresse).  Enor 
honneur,  <w  ancre  (cf.  M  1505)  ne  présentent  ou  qu'en  van.  '  ; 
mor  mer,  dor  porte,  Font  en  cornouaillais.  Sur  dour  eau,  b.  van. 
dor,  écrit  au  xvc  s.  doir  par  un  Allemand,  voir  Rev.  Celt. 
XXXII,  2,  282. 

8.  L'archaïque  indan  était  appuyé  par  le  synonyme  dindan, 
aussi  letrouve-t-on  au  XVIIIe  siècle  {Gloss.  211)  et  plus  tard. 
D.  Le  Pelletier  cite  deux  exemples  de  endan  pôan  (lire  poau) 
sous  peine,  en  moyen  bret.  Il  donne  :  «  Indan,  Dessous.  Je 
n'ai  appris  cet  adverbe  que  de  M.  Roussel,  qui  disoit  que  c'est 
mettre  dessous  pour  hausser,  élever  et  appuyer».  Rel  ms.  porte 


1 .  Eor  est  à  Ouessam  teur(D.  Malg.)  :  cf.  moy.  br.  orror  et  oneur  hor- 
reur; rigor  et  rigueur,  van.  rigour  rigueur,  etc.? 


Notes  sur  les  textes  d'Ivonet  Omnes.  131 

«  indan  v  :  dindon  dessous  ».  Le  P.  Maunoir  a  àidan  sous,  didan 
neuor  par  cœur,  didanna  mettre  dessous  ;  le  P.  Grégoire  de  Ros- 
trenen  dindan,  didan,  endan,  dindan,  èhdan  sous,  dessous,  van. 
didan,  dedan,  edan  dessous  ;  a  %indan,  a  endan  de  dessous,  amâ 
a  indan  ci-dessous;  an  dindan  le  dessous;  un  didan-doùar  p. 
didauou-douar  souterrain  ;  Le  Gonidec  dindan,  didân,  indan, 
ihdân,  end  an  adv.  et  prép.  (H.  de  la  Villemarqué  a  ajouté 
dân,  tan,  adan  ;  adan-hesous  eux,  Bar%a\  Brei^  50  est  noté  comme 
archaïque,  p.  lxvii).  On  dit  à  Beuzec-Cap-Sizun  dindahn,  à 
Ouessant  dignehn,  digrièn  oxyton  (Annales  deBret.  XVII,  135  ; 
XXV,  226)  ;  en  haut  Tréguier  dindahn,  dinahn,  oxyton,  cf. 
Gloss.  32,  40.  Il  est  possible  que  dian  evor  (dire)  par  cœur  Gr. 
soit  une  variante  de  didan  evor  ib.  (cf.  Gloss.  164).  Cette  forme 
serait  dissimilée  de  didan  ou  de  dinan,  ou  bien  proviendrait 
de  *di%an,  cf.  van.  a  ^an  de  dessous  (corniq.  a  thati),  kas  de 
Xfin  er  hoèdeu  envoyer  sous  bois,  dans  un  bois,  drè  %an  dorn  en 
sous-main,  en  cachette.  Un  ^tombait  ainsi  dans  le  moy.  bret. 
dioitguet,  part,  de  di^oen  apporter  ;  mod.  diqmguen  et  diouguen 
rapporter  Maun.  ;  Gr.  id.  apporter,  p.  di~ouguet  et  diouguet. 
Pel.  a  dioughen  «  apport,  et  aussi  apporter  »,  et  (v.  doughen) 
«  Di^oughen,  et  par  contraction  Dioughen,  apporter  »  ;  Rel  ms. 
h  Di^ouhen  porter,  apporter,  ferre  devehere  Diiçouhet  evioch  en 
distro  vous  serez  porté  au  retour,  ou  en  Retournant,  ou  pour 
Retourner,  Revenir  »  (ces  /;  sont  erronés,  pour  gh,  qu'on  lit 
en  tête  de  l'art,  (doughen)  ;  sur  le  prétendu  part,  doit,  donné 
comme  ancien  par  Grég.,  voir  Gloss.  XXII.  Grég.  a  aussi  dou- 
guen,  ha  disouguen  porter  et  rapporter,  p.  douguet,  ha  disougaet, 
avec  s  doux  =  ^  français,  cf.  M  2624.  Une  semblable  chute 
de  -  est  attestée  plus  tard  dans  daouarn  mains  Maun.,  «  daôu- 
{om,  et  par  corruption  Daouarn  »  Pel.,  «  Daouarn,  mains. 
Dornou,  Daou~ourn  [,]  ho  daouarn  ho  daou  vos  deux  mains  » 
Rel  ms.,  van.  deourn,  etc.,  cf.  Gloss.,  192,  193.  Sur  dedan 
dans  le  Credo  du  XVe  s.,  voir  Rev.  Celt.  XX,  189,  395. 

En  van.  P.  de  Châlons  donne  «  didan  ou  dédan,  et  mieux 
^«dessous  »  (auj.  dindahn  Loth)  ;  au  dict.  ms.  edan.  didan 
sous,  didan  dessous,  a  %edan,  a  ^an  de  dessous (a^edan,  v.  «  souf- 
fler »)  ;  un  didan  douar  un  souterrain;  l'A.  édan,  didan  sous; 
édan,  éundan,  didan  dessous,  enn-édan  le  dessous. 


r 32  E.  Èrtiault. 

Dindan  est  expliqué  avec  doute  par  *di  endan,  Z1  680  ; 
Henry  le  regarde  comme  provenu  de  didân  par  assimilation. 
Il  y  a  eu  plutôt  deux  composés,  *di-tan,  didan  (gall.  moy.  y 
dan),  et*in-tan,  *entan  (corniq.  yn  dan)  qui  se  sont  combinés 
diversement  en   indan,  endan,  dindon. 

9.  Il  y  a  une  rime  intérieure  admissible,  bien  qu'elle  tombe 
une  syll.  trop  tôt,  dans  le  vers  Me  rt///eus  vn  amonc. 

10.  Il  en  est  de  même  à  la  fin  du  5e  texte,  si  on  le  décom- 
pose en  vers  de  7  et  de  6  syll.  :  Panesen  ha  s/<-n*-guen  |  ham- 
bezou  dtf///-(m)eren. 

1 1 .  Le  6e  texte,  contenant  plus  de  2  vers,  nous  renseigne  sur 
la  transformation  des  rimes  finales  en  rimes  internes  (§5),  ce 
que  ne  peut  faire  le  distique  de  1472  (Rev.  Celt.  XXXI,  72). 
Dans  le  Credo  de  1456,  il  n'y  a  qu'un  indice  du  fait,  ce  qui 
n'est  pas  étonnant,  d'après  les  conditions  où  la  pièce  a  été  com- 
posée (XX,   394,  397.399)- 

12.  Il  est  possible  que  l'auteur  ait  pensé  à  la  variante  gua- 
rant,  qui  donnerait  un  système  plus  riche  de  rimes  intérieures  : 
Mai  hamguar-ant  va  kar-ant-h.  Pour  la  rime  portant  sur  2 
syll.,  cf.  Fortuit  importun-us  so  doet/w  he  //.v-aig,  Une  poésie 
officielle  en  moy.  bret.,  §  4,  5  ;  Miroiter  1688,  2603. 

13.  Il  est  curieux  d'observer  la  répartition  des  /.>,  dans  les  3 
variantes  du  2e  texte.  La  première  avait  d'abord  omis  celui  de 
he  ;  on  peut  y  voir  l'indice  d'une  prononciation  faible,  qui  nous 
ramène  encore  au  dialecte  de  Léon.  La  seconde  met  seule  cette 
lettre  dans  hamlouenas  et  dans  hanegarat.  Pour  hatiiloneuas,  c'est, 
je  crois,  une  affaire  d'analogie  (peut-être  purement  graphique), 
d'après  les  cas  comme  inar  baingnorant  ;  il  est  également  abu- 
sif dans...  suruguen  hambe%ou3  ne  semblant  justifiable  que  quand 
uni  n'était  précédé  ni  du  sujet  ni  du  complément  direct.  Cf.  ha  m 
be~et  /.M' que  je  l'aie  J  132  b  ;  hauiconffbet  souvenez-vous  de  moi 
B  494  (et  ha~  ve~et  aie  J  141  b,  voir  Gloss.  6,  47). 

Quant  à  hanegarat,  c'est  une  métathèse  graphique  sans  doute, 
due  à  un  scrupule  étymologique,  les  2  variantes  annegarat  (3e) 
et  anegarat  (ic)  étant  phonétiques,  pour  ann  hegarat,  dont  1'/.' 
ne  s'entendait  qu'en  d'autres  constructions.  Cf.  Rev.  Celt. 
XXXII,  283,  284. 

14.  Une   autre    indication  relative  à   17;   léonais  se  trouve 


Notes  sur  les  textes  aVIvonet  Omnes.  133 

dans  la  transcription  francisée  eues  celui-là,  près  de  Lander- 
neau  en  1543,  cf.  Rev.  Celt.  XV,  150-152;  mot  écrit  alors 
par  ailleurs  henne^,  hene^,  f.  honne\  (auj.  à  Beuzec-Cap-Sizun 
éné^,  Francès),  La  variante  moderne  henhe  citée  Gloss.  316  ne 
prouve  pas  ~  doux  (dli),  n'étant  qu'une  déformation  acciden- 
telle suggérée  par  la  rime.  Le  van.  henneh,  f.  honneh  Cha!., 
henneh,  honneh  Ch.  ms.,  henéh  «  celui-là  (près)  »,  f.  honéh  l'A., 
henneh  f.  honeh,  n.  henéh,  heneah  cela  Gr.,  auj.  henneh,  hanneh 
f.  honneh  Grani.  Guillevic-Le  Goff  2e  éd.  35,  à  Houat  hénéc'h, 
à  Hédic  haniéch  Loth  Chrestom.  377,  b.  van.  hinec'hLoth,  éd. 
de  Chai,  indiquent  un  ~  dur  (//;).  L'explication  de  hernie^  par 
*henne-se  Z2  396  est  donc  inadmissible. 

Il  y  a  pourtant  aussi  des  formes  en  s.  Chai,  donne  encore 
hennés,  f.  honés  que  M.  Loth  regarde  comme  étrangers  au  van., 
mais  qui  sont  confirmés  par  Ch.  ms.  :  hennés,  bonnes,  par 
Grég.,  qui  a  en  van.  honés,  et  parle  sous-dialecte  du  Croisic, 
qui  dit  seulement  enneis,  bonnets  :kamered  enneis  udboch  pre- 
nez celui-là  pour  vous;  houneis  eo  a  fou  nie  roneik  c'est  celle-là 
qui  sera  ma  femme,  Bureau  ms.  Le  plur.  en  ce  parler  est  seule- 
ment er  ré-%é;  le  moy.  bret.  avait  an  re  se  et  renés  (M  206), 
comme  le  tréc.  (ar)  re-~e,  (ar)  ré-nes  de  nés  (plus)  près.  La  dis- 
tinction de  henne^  et  d'un  hen-nes  qui  répondrait  à  enneis  est 
moins  facile  à  faire  en  tréc.  et  en  léon.  Pour  ce  dernier,  Grég. 
n'écrit  que  hennés  f.  bonnes,  n.  bennes,  comme  nés  proche,  va  re 
nés,  van.  me  re  nés  mes  proches. 

L'explication  de  henne^,  henneh  par  henn-guene^  «  celui  avec 
toi  »,  Pedersen  Vgl.  Gr.  II,  194,  suppose  que  c'est  une  inno- 
vation armoricaine.  Le  mot  rappelle  pourtant  le  v.  gall.  hun- 
noid,  hunnuid  m.,hinnoid  n.  ;  binnuitb  m.,  hunnuith  f.,  hinnith 
n.  et  pi.  Mais  M.  Pedersen  est  d'accord  avec  M.  J.  Morris  Jones 
A  Welsh  grammar,  Oxford  1913,  p.  295,  299,  pour  voir  là 
une  finale  dh,  que  tous  deux  expliquent,  d'ailleurs,  très  diffé- 
remment, par  le  sanscrit  ïha  ainsi  et  par  un  suffixe  -iyo-. 

Quoi  qu'il  en  soit,  un  //;  se  montre  dans  l'ancien  gall. 
ynoeth,  ynaeth  là,  formes  tirées  de  *eno-k-t-,  *enâ-k-t-,  ib.  432, 
et  devenues  yno,  yna.  De  là  hon  yna,  bwna,  celui-ci,  f.  bon  yna, 
hona,  n.  hyn yna,  byna,  p.  295  ;  comiq.  henna,  f.  honna  ;  van. 
henna,  hennan,  f.  honnan  Ch.  ms.,  hennan  f.  honan,  bond  Gr. 


134  /'•  Ernault. 

henna,  hennen,  hannen,  f.  honna,  bonnen  Gramm.  Guillevic-Le 
Goff  35,  etc.,  Gloss.  316.  Le  bret.  heunc~,  henneh,  heneah 
répondait  régulièrement  à  un  ancien  *hen~(e)naeth,  quasi  gall. 
*hwn  ynaeth. 

15.  Le  mot  lac  est  certainement  incomplet  pour  lacat  ;  je 
crois  qu'il  en  est  de  môme  de  vu  pour  v(e)n  ou  vu(en),  uam 
pour  ua  mu  m  (ce  qui  donne  une  autre  rime  intérieure  :  Mani- 
ant), dameren  pour  dam  meren  ;  on  a  omis  des  signes  d'abré- 
viation (cf.  M  460).  Sur  des  omissions  semblables,  cf.  Rev. 
Celt.  XX,  395,  398;  Une  poésie  officielle  en  moy.  bret.  §  3  (v.  3, 
6),  25,  29. 

16.  Lac(at)  las  est  peut-être  un  composé  déforme  ancienne, 
comme  en  gall.  llygadlas  =  «  qui  a  l'œil  bleu  »,  cf.  pen- 
gamtn  «  qui  a  la  tête  penchée  »,  Penven  «  qui  a  la  tête 
blanche  »,  etc.  Rev.  Celt.  XV,  388;  Gloss.  474,  475.  Pour 
la  suppression  du  g  adouci,  cf.  dou  glin,  douglin,  doulin,  mod. 
daoulin  genoux.  On  pourrait  aussi  se  demander  si  lac(at) 
n'est  pas  ici  employé  comme  féminin  :  il  a  ce  genre  dans 
quelques  sous-dialectes  (cf.  Gloss.  350;  Mêm.  Soc.  ling. 
VII,  387,  432,  etc.),  où  l'on  dit  lagad  chlas. 

17.  Dans  louenas,  ou  est  diphtongue  (pzu),  contrairement 
à  mous,  hambe~ou,  da  vont.  Cette  contradiction  est  conforme  à 
l'orthographe  des  xve-xvie  s.,  qui  sur  le  second  point  avait 
déjà  subi  l'influence  française. 

18.  D'après  l'explication  probable,  Vu  se  prononçait  dans  le 
premier  guen  (blanc)  et  était  muet  dans  le  second  (joue),  qu'on 
aurait  noté  gen  en  vieux  breton.  Ce  nouvel  exemple  de 
l'influence  de  l'écriture  française  se  montre  sûrement  dans 
boguen  et  surit  guen. 

On  peut  se  demander  si  le  premier  u  était  prononcé  par  le 
scribe  ou,  comme  en  Tréguiereten  Galles, ou  //comme en  Léon 
et  en  Vannes.  Il  est  difficile  de  savoir  si  les  deux  variantes  exis- 
taient déjà. 

Une  question  semblable  se  pose  pour  l'initiale  de  v(e)n  ou 
vu(eri),  qui  est  if  en  Trég.,  ù  en  Vannes,  v  en  Léon. 

19.  Dans  ha  quar  (4e  texte),  il  est  probable  que  Vu  repré- 
sente ou.  On  trouve  au  xvie  s.  goar  doux,  gouar  heureux.  Le 
renforcement  de  g  après  le  mot  ha(c)  se  montre  encore  dans 
haquarredon  et  récompense  M  292. 


Notes  sur  les  textes  cFIvonet  Omnes.  135 

20.  Le  3e  texte  enrichit  le  breton  moyen  de  deux  mots, 
jusqu'ici  insuffisamment  attestés,  cf.  Gloss.  432,437. 

D.  Le  Pelletier  donne:  «  Mous,  dans  un  vieux  Dictionnaire, 
est  Fient,  en  Latin  Fimus.  Et  selon  M.  Roussel  Stercus.  Davies 
met  Mivs,  Fastidus,  putidus,  vapidus,  rancidus,  spurcus,  hirco- 
sus.  C'est  peut-être  le  même  mot  que  Moùei,  puanteur  »  ; 
«  Moùe~,  Puanteur...  Mofu\us,  puant...  Ce  mot  est  de  Léon, 
ainsi  que  je  l'ai  appris  de  M.  Roussel...  Ceci  est  une  dépen- 
dance du  précédent  Moilès  »  ;  «  Moûés  ou  Moùess,  Humide, 
moite,  qui  est  un  peu  mouillé.  Moûesder,  humidité.  Davies 
écrit  Mwyd,  Humectatio...  Mwyth,  Mollis...  Mwythus , et  Moë- 
thus,  mollicellus,  delicatulus...  »  ;  «  Mousein,  au  pays  de 
Vannes,  veut  dire  Vessir...de  Moiie^,  puanteur...  » 

Roussel  ms.  porte  seulement  :  «  moues  humide,  moite,  qui 
est  un  peu  mouillé  »  ;  «  moue^,  puanteur,  mauvaise  odeur. 
moue^iis,  puant  qui  rend  une  mauvaise  odeur  ». 

Le  Nomenclator  traduit,  p.  28,  grouin  d'un  porc  groùin  vn 
ouch,  pe  gant  hiny  e\  àiscar  an  bemou  mous  (= .  . .  avec  lequel 
il  défait  les  tas  d'ordures). 

En  van.  Châl.  a  «  mousein  vêner,  vessir  »  ;  au  dict.  ms. 
mous  vesse,  mousour  (vesseur),  mousein  vessir  ;  l'A.  wow^(flatus), 
mou^e  m.  pi.  -%eu;  mouférr  f.  -%eréss ;  mousein;  Grég.  mousér 
pi.  y  on,  y  an,  f.  mouserès  pi.  ed;  mousein. 

Henry  regarde  le  van.  mours  excrément  humain  (Grég.) 
comme  altéré  de  mous.  M.  G.  Esnault,  Danve^ geriadur,  Quim- 
per  191 3,  p.  25-27,  distingue  deux  mots  différents  :  l'un 
d'origine  brittonique,  van.  mou^,  répondant  au  gallois  mws 
puanteur,  puant  (cf.  Loth,  Rev.  Celt.  XX,  348  ;  Walde  Latein. 
etym.  Wœrterb. 2  v.  mulier,  mustus),  l'autre  emprunté  au  franc. 
mousse  au  sens  populaire  ou  argotique  d'«  excrément  »,  d'où 
mours,  et  aussi  en  argot  rochois  war  ar  béous  (1867)  ou  de- 
dans la  campagne,  sur  la  rue,  dehors,  proprement  «  sur  la 
crotte  »,  la  diphtongue  provenant  d'une  prononciation  mëeûs 
mousse,  usitée  en  gallo.  Ma  comparaison  du  mot  rochois  avec 
beauselenn  bouse  peut  être  trop  lointaine  ;  resterait  à  examiner 
le  rapprochement  plus  topique  de  bans  f.,  en  bas  Léon  litière 
qu'on  met  dans  la  cour  et  dans  les  chemins  à  pourrir  pour  faire  du 
fumier  Gr.,  en    haut  breton  ///;  vau,    Gloss.   55,  56.  J.  de  la 


i}6  E.  Ernault. 

Passardière  cite  «  baos  et  maos,  vaux  »,  Rev.  de  Bretagne,  août 
1910,  p.  92  ;  D.  Malgorn  donne  à  Ouessant^;/  or  vao^  la  porte 
de  derrière  la  maison,  Ann.  de  Bref.  XXV,  294  (et  bè^êll,  à 
l'île  de  Sein  beadel  bouse,  206). 

Les  notes  manuscrites  de  l'ah.  Estienne,  qui  contiennent  des 
observations  sur  le  breton  de  Trélevern,  plus  ou  moins  faus- 
sées quelquefois  par  la  préoccupation  étymologique,  portent  : 
«  Bewoui  de  bevan  nourrir...  Campagne.  Toi,  le^el  war  ar  be- 
wou%  jeter,  abandonner  à  la  campagne  c.  à  d.  dehors  ».  Selon 
l'ab.  Bourdellès,  «  ce  mot  vient  des  matelots  et  des  bateaux  ». 

Une  déformation  bizarre  de  moues!  humide  est  en  haut  Trég. 
mouésp  qui  a  pris  la  finale  du  syn.  gîoep.  Il  a  pu  se  produire 
bien  d'autres  croisements,  entre  les  mots  qui,  à  des  degrés 
divers,  rappellent  mous  pour  le  sens  et  pour  la  forme. 

21.  Grég.  donne  boguennpl.  ou  ramas,  assemblage  de  plu- 
sieurs choses  ;  entortillement  de  cheveux  (syn.  de  treççadur 
bUau);  Le  Gonidec  hôgen  f.  pi.  -miou  ramas,  assemblage, 
amas  de  diverses  choses  ;  bôgenna  ramasser,  faire  un  assem- 
blage, un  ramas  de  plusieurs  choses ,  sTroude  hogenn  f., 
bogenna.  Henry  identifie  hôgen  =  «  fait  de  rapprocher,  addi- 
tion »  à  hôgen  mais,  =  «  au  surplus  »  ;  ce  qui  est  au  moins 
exagéré.  Haguen,  Cathell  22,  doit  être  une  faute.  La  rime  de 
hoguen  en  on  V  31  est  douteuse.  On  lit  hoguen  mais  Maun., 
boguen,  hegon  Gr.,  hoghen,  hegon.  mais,  cependant,  néanmoins, 
pourtant  Pel.,  «  hoghen,  hoghon,  hegon.  mais,  cependant,  néan- 
moins, pourtant,  v  :  hoghoun  pourtant»  ReI  ms.,  hôgen,  hegon 
Gon.  Troude  regarde  à  tort  hegon  comme  van.,  le  mot 
manque  à  ce  dialecte  (et  à  Beuzec-Cap-Sizun,  Ouessant,etc). 
Il  répond  au  moy.  gall.  hagen,  v.  gall.  hacen  mais  cependant. 
Son  vocalisme  semble  avoir  été  influencé  par  celui  de  hogos 
près,  presque.  M.  Morris  Jones  indique,  p.  443,  cf.  441,  la 
possibilité  d'une  explication  de  hacen  par  *aggiseni,  locatif  d'un 
comparatif  de  *aggos  pour  *at-ghos-,  composé  de  *at,  mais,  lat. 
at.  Le  gall.  agos  près  viendrait  d'un  autre  *aggos-,  formé  de 
même  de  *ad  à,  lat.  ad.  M.  Pedersen,  qui  garde  la  comparai- 
son du  1.  angustus,  I,  161,  pencherait  vers  un  emprunt  du 
brittonique  à  l'irlandais  (oeus,  acus,  accus  près,  ocuis,  ocus, 
acus  et).  La  citation  de  hogo^,  au  Dict.ctxm.,  se  rapporte  à  J  (et 


Notes  sur  les  textes  d'Ivonet  Omîtes.  137 

non  M)  185  ;  cette  variante  unique  doit  être  une  faute.  Maun. 
a  bogos,  hogosic  presque;  Gr.  hogos,  hogosicq, gosicq  (cf.  Gloss. 
325);  Pel.  «  Hogos  et  Hegos  :  et  selon  M.  Roussel,  Ogos  et 
Egos,  Presque,  approchant  de,  près  de.  Hogos  wen,  presque 
blanc...  Hogosic,  presque  tout-cà-fait,  il  s'en  faut  si  peu  que 
rien  »;  «  Egos,  Presque.  Egos  ven,  presq ue  blanc.  M.  Roussel 
vouloit  que  ce  fût  pour  Eghis  ».  Pel.  reconnaît  n'avoir 
«  jamais  lu  dans  ses  anciennes  pièces  ni  Egos,  ni  Hegos  »  ;  il 
regarde  ogos  comme  le  meilleur,  «  quoique  Egos,  ou  Hegos 
soit  bon  ».  Ceci  s'appuie  sur  des  analyses  étymologiques 
insoutenables.  Rel  ms.  porte,  après  l'art,  hoghen  :  «  hagos,  Agos, 
hogos.  presque,  approchant  de,  près  de.  Agos  collet,  presque 
perdu  »  (article  influencé  par  le  gall.  agos,  cité  par  Pel.  ?)  ;  et 
à  son  ordre  alphabétique  :  «  Ego~  presque  vieux  »  (méprise 
pour  egos  «)-?).  Le  Gon.  ne  fait  pas  la  mutation  dans  bôgo~ 
marô  presque  mort;  il  a  aussi  hégos,  peut-être  d'après  Pel. 
Troude  attribue  au  cornouaillais  hogos,  hogo%,  hegos,  au  cor- 
nou.  et  au  tréc.  go~ik  :  go^ik  maro.  Du  Rusquec  ajoute  go~  ou 
ko%  presque,  ko%  échu  presque  fini,  presque  terminé,  et  à  ce 
propos  cite,  entre  autres,  a  go^  anciennement.  C'est  le  sens  des 
composés  de  co%  avec  un  participe,  cf.  Dict.  étym.  et  Gloss. 

22.  Sur  le  panais  (5e  texte),  d.  encore  ce  proverbe  d'Oues- 
sant  (D.  Malgorn,  v.  «  péz  »  :  Pe\  ha  pane%  —  Boued  Moîene^  ; 
—  Pe^  ha  fa  — Boued  Eusa  (Des  pois  et  des  panais,  nourriture 
de  Molenes  ;  pois  et  fèves,  nourriture  d'Ouessant). 

23.  Suruguen  n'était  connu  que  sous  la  forme  suluguenn 
pain  cuit  sous  la  cendre  Cath.,  mod.  id.  pi.  ou  Grég.  Si  quelque 
autre  mot  a  aidé  au  changement  d'r  en  /,  d'ailleurs  fréquent 
(cf.  Gloss.  636,  637)  ce  serait  5/// dimanche. 

La  comparaison  que  M.  Loth  a  faite  de  l'adj.  gall.  sarug est 
convaincante,  cf.  kra^en  f.  pi.  -nnou  rôtie,  tranche  de  pain  rôti, 
Gon.,  etc.,  de  kra^  sec.  Mais  on  peut  se  demander  si  une  asso- 
ciation populaire  avec  le  mot.wr  sur,  acide  (Gloss.  669)  n'est 
pas  nécessaire  pour  expliquer  le  premier  u. 

Bien  que  cette  voyelle  soit  fort  envahissante  de  sa  nature, 
elle  fait  d'ordinaire  changer  un  a  précédent,  non  en  u,  mais 
en  e,  cf.  M  1689.  Il  y  a  très  peu  d'exceptions,  comme  :  le  petit 
trécorois  rukun  répugnance,  dégoût,  moy.   br.rancun,  rencun, 


138  E.  Ernault. 

recun  rancune, indignation,  cf.  Gloss.  560.  Pel.  donne  «  Renaui, 
Selon  M.  Roussel,  et  l'usage  de  Léon  et  Cornwaille,  est  Hor- 
reur, frayeur,  répugnance,  aversion  »,  qu'il  tire  avec  raison 
du  fr.  rancune;  Rel  ras.  «  Rencun,  Rancune  »  ;  Grég.  recun, 
rèncun,  van.  rancu,  rancun  rancune. 

24.  Un  rapport  semblable  peut  se  trouver  entre  dastum,  des- 
tina ramasser  Gloss.  146  et  la  forme  qu'on  lit  Rel  ms.  :  «  tru- 
buill  comme  adverbe  signifie  avec  excès,  excessivement,  supé- 
rieurement, a  faire  peur,  a  faire  trembler,  tud  a  yoa  trubuill  "en 
em  çustumet  il  sétoit  Ramassé  du  monde  à  faire  peur,  pour  dire 
une  quantité  prodigieuse  ».  Mais  à  l'ordre  alphabétique  il  n'y  a 
que  «  Dastum  v  :  destum  »,  et  chez  Pel.  «  Dastumi,  Amasser, 
ramasser...  J'ai  lu  dans  un  vieux  Dictionnaire  Dastum,  embal- 
ler, recueillir...  »  Maun.  donne  dastum  amasser,  assembler; 
Grég.  dastum,  dastumi,  destum,  destumi,  déstumi,  van.  dastum, 
dastumein  amasser,  accumuler,  assembler,  rallier,  ramasser, 
recueillir,  cueillir,  moissonner,  compiler  ;  dastum  pi.  ou,  van. 
eu,  eu  amas,  ramas,  recueil,  compilation,  collection,  collecte, 
cueillette,  ralliement;  dastumer  p.  -éryen,  dastumèr  p.  yen  celui 
qui  amasse,  qui  accumule,  dastumer  p.  -érxen  cueilleur  et  dés- 
tttmcr  p.  yen  compilateur  ;  Troude  dastum,  destum  m.  amas, 
assemblage.  A  Ouessant  destum  amasser  (D.  Malg.)  ;  Trég.  en 
em  dastum  se  réunir;  mad  e  war  an  destum  il  est  bon  pour 
amasser,  pour  sa  poche  (Even).  Il  est  possible  que  dans  le 
ms.  Vu  de  -ustumet  soit  un  écho  purement  machinal  des  trois 
u  qui  précèdent.  Il  faut  pourtant  noter  que  Bullet  donne,  à 
son  ordre  alphabétique,  «  Dustum-Etre-E-Diurech,  accoller. 
B.  »  qui  doit  venir  d'une  source  assez  ancienne  (mod.  dastum 
être  e  givrée  h  accueillir  entre  ses  bras). 

25.  L'accumulation  des  //  peut  expliquer  aussi  tnbut  dans 
Une  poésie  officielle  en  moy.  bret.v.  1  :  Ma  hanofrescq  mescq  tut 
hep  tubut  eu  Brut-us  «  mon  vrai  nom  parmi  les  hommes,  sans 
conteste,  est  Brutus  »,  bien  que  les  4  ms.  concordent.  Le  bret. 
moderne  n'a  que  tabut  dispute;  un  vers  de  rédaction  certaine- 
ment ancienne,  cité  Rev.  Celt.  XX,  244,  a  la  même  locution 
(Ji)ep  tabut  (rimant  à  Bm/-oc).  Le  mot  se  trouve  aussi  dans 
deux  cantiques  du  Doctrinal,  cf.  Arcb.  f.  celt.  Lexikogr.  I,  378, 
578,  626. 


Notes  sur  les  textes  d'Ivonet  Omnes.  139 

26.  Paluhenn pesseau,  paluhat  pesseler  Gloss.  456,  457,  377, 
378,  ont  dans  la  langue  mod.  a  ou  e:  «  peluchen  s.  f.  paisseau, 
peluchât  pesseler,  ar  goa^ed  a  ve%  0  vraheat  hag  ar  merched  0 
peluchât  »  (les  garçons  sont  à  broyer  et  les  filles  à  pesseler) 
Mil.  ms. 

Un  mot  déforme  voisine  n'a  que  a  et  u  :  palnchet  pulvérisé, 
foudroyé,  palumet  (lin)  desséché,  brûlé,  puluchet,  pulluchet, 
pitlufret  brûlé,  puchuilkt  consumé,  détruit  peu  à  peu,  Gloss. 
456,  457;  «  Pulluc'h  subst.  f.  brûlure,  ce  qui  est  entièrement 
consumé,  er  balluch  a  %o  en  am^er  »  (litt.  une  brûlure  est  dans 
le  temps);  «  pulluchi  v.  a.  et  n.  brûler,  consumer,  ce  mot  est 
très  fort  et  a  le  sens  de  réduit  entièrement  en  cendre  lorsqu'on 
parle  d'un  objet,  tan  gwall  a  %p  bet  eno,  ha  pulluchet  eo  bernent 
ho  doa  an  dudkei^  »  (l'incendie  a  été  là,  et  tout  ce  qu'avaient  les 
pauvres  gens  a  été  réduit  en  cendres),  «  après  devi,  brûler,  il 
reste  parfois  autre  chose  que  de  la  cendre,  loshi  c'est  brûler, 
être  ardent,  sentir  l'effet  pénible  du  feu  ;  poa^a,  brûler,  cuire 
de  manière  à  détacher  la  peau  ou  les  chairs,  suilla  brûler,  rôtir, 
flamber,  passer  au  feu  ».  Pour  compléter  la  synonymie,  ajou- 
tons :  tana  brûler,  être  ardent  Pel.,  «  tana  donner  la  question, 
par  le  feu  brûler,  allumer,  tana  ar  biben,  allumer  la  pipe  », 
«  tana,  tant,  échauffer,  tanet  t  va  %reit,  mes  pieds  sont  échauf- 
fés »  ReI  ms.,  tana  ur  redonner  une  touche  de  feu  à  quelqu'un, 
tana  e  dreid,  rei  an  touich-tan  ou  rei  touichou-tan ,  da  un  tor je- 
teur «  donner  la  gêne,  ou  la  question  du  feu  à  un  criminel  » 
Gr.  ' , etc.  ;  eîïtana  tyur  re-bennac,  entana  ur  remettre  le  feu  sur 
quelqu'un,  faire  un  incendie  Gr.,  etc.  (tangiualla  incendier, 
dans  le  Geriadur  Bihan...  de  M.  Jaffrennou,  doit  être  un 
néologisme). 

1.  Cf.  son  article  rôtir.  L'a.uteur  traduit  «  Gène,  la  question  du  feu  »  : 
an  touich-tan,  qistion  an  tan,  ar  guistion-dan,  «  âls,  tdnar.  id  ë,  tan-ardant». 
Pel.  donne  :  «  Tana,  Dans  le  Nouv.  Diction,  est  Donner  la  question,  par  le 
feu,  selon  la  coutume  du  Parlement  de  Bretagne,  où  l'on  brûle  les  pieds  en 
les  approchant  peu  à  peu  du  brasier,  à  mesure  que  l'on  veut  contraindre 
le  criminel  ou  accusé  d'avouer  ce  dont  on  l'accuse  et  ses  complices.  Fure- 
tiere,  qui  en  fait  venir  le  Fr.  Tanner,  molester',  etc.  l'a  mal  écrit  Tanar, 
inconnu  à  tous  nos  Bretons,  même  à  M.  Roussel  ».  Le  Dict.  de  Trévoux 
porte  :  «  Taner  vient  de  tanar,  mot  Celtique  ou  Bas-Breton,  qui  signifie 
géhenne  ».  Furetière  a  dû  prendre  ce  mot  au   «  Nouv.  Diction.  »  cité  par 


140  E.  Ernault . 

Il  n'est  pas  sûr  que  ce  groupe  soit  d'origine  identique  au  pre- 
mier ;  il  est  possible  que  Va  s'y  soit  introduit  par  l'influence  de 
celui-ci.  Malgré  l'absence  d7,  on  est  tenté  de  partir  de  peur- ou 
ùur--\-  litc'h,  ci.lucheJenn,  luvedenn  éclair  Gloss.  377. 

Un  3e  groupe  est  formé  par  pullucha,  pitUuchat  p.  et  briser, 
réduire  en  petits  morceaux  Trd,  pullucha  «  c'est  bruller,  con- 
sumer réduire  en  poudre  et  en  poussière.  Pulluchei  e  voe 
kement  ira  a  chellas  an  tan  kregi  enn-han  »  (tout  ce  que  le  feu 
put  atteindre  fut  réduit  en  poudre)  Mil.  ms.  Cet  exemple 
montre  une  association  d'idées  avec  puttuc'hi,  mais  pullucha 
est  confirmé  par  la  variante  «  pu~uilla.  S1  Pol  et  environs,  cas- 
ser, ou  briser  en  mille  morceaux,  se  dit  d'un  objet  en  terre, 
verre  ou  autre  matière  ».  On  peut  comparer  brein  pu^nl  «  tout 
à  fait  pourri  »,  que  Grég.  donne  avec  bretn-pe^el;  moy.  bret. 
pG(el  blonce  ;  peren  pt\ell  poire  molle  Maun.,  «  pe^ell,  mou, 
comme  ce  qui  est  pourri,  et  même  pourri  Lôr  pe~ell,  Ladre 
pourri,  pourri  de  Lèpre,  peren  pe~ell,  poire  molle,  presque 
pourrie  »  Re!  ms.,  lovr-pe^el  p.  lovrc\en-pe~el  «  ladre  verd,  ou 
ladre  confirme  »  Gr.,  h.  tréc.  poué^el  (poire)  blette,  à  Beuzec- 
Cap-Sizun  pe\êl,  d'où  pè^élat  devenir  blette  (Francès)  ;  cf. 
Gloss.  485.  Un  doit  provenir  de  la  première  syllabe,  d~.  u~uilh 
suie,  cà  Ouessant,  etc.,  M  2332;  sugullou  traits  des  chevaux 
(Ouessant),  etc.  De*pi^ell-,  *pê~ell-}  Cf.  v.  fr.  «  char  sorce- 
mée  communément  ou  pe^ellouse  en  langue  »  (1297)  viande 
d'un  animal  qui  a  des  pustules  sur  la  langue  (sorcemé,  sour- 
samé  =  ladre,  ulcéreux,  particulièrement  en  parlant  de  la 
viande  de  porc,  God.) 

27.  Le  mot  d'Ouessant  pêsuilhadénn  grillade  de  poisD.  Malg. 
est  différent.  Il  a  l'air  d'un  composé  ancien  de  pe\  pois,  avec 
*su!yadenn  grillade.  Mais  il  peutaussi  être  dérivé  d'une  expression 
pt\  suilh  pois  grillés,  comme  en  franc,  charcuterie  de  char 
cuite.  Gr.  donner/?/;  brûlé  ;  Rel  ms.  «Suill,  est  L'action  de  la 

Pel.  ;  il  lui  a  machinalement  donné  une  terminaison  romane  d'infinitif, 
tout  en  le  traduisant  par  un  nom  ;  cette  série  d'erreurs  a  produit  le  pré- 
tendu mot  ancien  relevé  par  Grég.,  qui  l'a  doté  encore  d'une  étvmologie 
fantastique.  Ce  «  Nouveau  Dictionnaire  »  est  assez  souvent  cité,  mais 
vaguement,  par  Pel.,  qui  nous  dit,  v.  cos,  qu'il  «  met...  Cosni,  caducité; 
quoiqu'il  soit  fait  vers  le  pays  de  Vannes  ». 


Notes  sur  les  textes  d'ivonet  Omnes.  14 ï 

flamme  qui  grille  et  la  chose  qui  est  grillée»  ;  Gon.  sûlm.  «  ce 
qui  est  un  peu  rôti,  ...  brûlé  à  l'extérieur  »  ;  choue\  ar  su\ 
(odeur  de  brûlé)  ;Trd  snill  m.  odeur  de  brûlé,  de  roussi.  Il  est 
curieux  que,  dans  le  Midi,  la  chaleur  du  foyer  soit  assimilée  à 
celle  du  soleil,  comme  en  breton,  mais  sans  que  la  comparaison 
ait  cessé  d'être  sentie  :  faire  souleia  Ion  fricot  mettre  la  broche,  li 
canso  souleiado  (il  aime)  le  rôt,  dôu  souleia  (donnez-moi)  du 
rissolé  (Mistral  ').  Cf.  avel  \uïïl  vent  brûlant,  etc.,  Rev.  Celt. 
XII,  414,  415  ;  «  morsill  et  morsuill,  vent  brûlant,  lequel  est 
nuisible  aux  fruits  de  La  terre  et  particulièrement  aux  fleurs 
des  arbres  »  ;  «  Snilla,  Rôtir  un  peu,  bruller,  flamber, 
griller.  Il  se  dit  de  tout  ce  qui  est  un  peu  grillé  de  la 
flamme,  approchée  de  trop  près,  du  pain  roussi  par  dessus 
par  la  grande  chaleur  du  four,  des  menues  herbes  etc.  qu'un 
vent  brûlant  flétrit,  d'un  poulet  passé  au  feu  »  ReI  ms.  Pel. 
donne  :  «  Snilla,  Rôtir  la  chair,  la  faire  cuir  (57V /)  au  feu  sans 
eau.  Le  Nouv.  Diction,  porte  Snilla,  rôtir  un  peu  ».  Ceci 
encore  n'est  pas  vannetais  de  forme.  Suein,  donné  en  ce  dia- 
lecte par  Henry,  Lex.  257,  est  une  faute  pour  suilhein.  L'A. 
donne  souillein  flamber  de  la  volaille  ;  brûler  à  la  flamme  pour 
ôter  le  duvet;  rôtir  (un  bâton)  ;  griller,  chauffer  trop  ;  hâler  ;  cet 
ou  a  dû  être  favorisé  parla  réminiscence  du  mot  souiller.  Ch. 
ms.  a  moursoùillein  brûler  quand  c'est  un  mauvais  vent  qui 
brûle  ou  grille  ;  un  aiïel  moursouillus  un  vent  brûlant  ;  «  Haler 
moursoùillein  pour  des  arbres  ».  Cf.  sillek  (grain  maigre  et) 
raboteux  Est  18,  silkkoh  (grain)  plus  raboteux  L.  el  lab.  42, 
variante  de  suilhek  brûlé  par  le  soleil.  Hors  de  Van.,  Gr.  a 
le  dérivé  suilhadur  action  de  rôtir. 

28.  Nep  prêt  jamais,  est  ailleurs  en  moy.  bret.  nepret,  cf.  M 
2588.  Gr.  donne  nepred  «  jamais,  parraport  autems  présent». 
Cette  restriction  est  ici  contredite  par  le  contexte,  indiquant 
quelque  promesse  faite  sous  condition.  D'après  son  étymolo- 
gie,  «  en  aucun  temps  »,  l'expression  était  indifférente  à  cet 
égard;  en  fait,  elle  se  rapporte  au  futur,  B  37;  au  condition- 
nel, N  1 1 1 2,  J  88  b  ;  au  passé  28,  B  51. 

1.  Les  variantes  soulia,  souliado,  sont  expliquées  comme  venant  de  sou- 
leia-. La  forme  du  Bas-Maine  soulaj  ardeur  du  soleil  (Dottin,  Gloss.), 
paraît  se  rattacher  directement  au  lat.  sol. 


142  /*.'.  Ernauît. 

29. La  syllabe  finale  va  (Rev.  Celt.  XXXIY,  243,  247)  sur 
laquelle  on  serait  tenté  de  greffer  du  breton,  est  en  réalité  ra, 
écho  de  et  cetera  ;  la  reproduction  photographique  donnée  au 
Bull,  de  ÏAcaà.  des  Inscr.  et  Belles -Lettres,  19 13,  p.  26,  en 
montre  un  autre  exemple  à  la  suite  d'une  ligne  exclusivement 
latine. 

E.  Ernault. 


QUESTIONS    DE    GRAMMAIRE 

ET     DE     LINGUISTIQUE     BRITTONIQUE 

(Suite) 


II 

LE   CORNIQUE  MODERNE 
TRAITS  PRINCIPAUX  DE  SA  PHONETIQUE  ET  DE  SA  SYNTAXE. 

Introduction  : 
Ce  qu'il  faut  entendre  par  corniqjje  moderne. 

A  ne  prendre  que  les  textes,  seul  Giureans  an  bys,  The 
Création  of  the  world,  écrit  vers  i6n,  représenterait  le  cor- 
nique  moderne  par  certains  traits  qui  se  retrouvent,  en  effet, 
dans  ce  qui  nous  reste  de  la  langue  à  une  époque  postérieure. 
On  les  trouve  ainsi  énumérés  par  Whitley  Stokes,  dans  son 
édition  de  Gwreans,  p.  ex.  : 

i°  La  vovelle  e  devient  souvent  a  :  carenga  pour  kerenge. 

2°  //;  et  gh  (ch)  à  l'intérieur  du  mot  et  à  la  finale,  sont 
muets  et  sont  en  conséquence  échangés  l'un  pour  l'autre  : 
inarth,  cheval,  segh  (pour  seth,  flèche). 

3°  m(mni)  est  devenu  bm  :  m'abm,  mère. 

4°  n(n/z)est  devenu  du  :  radn,  part. 

5°  g  doux  pour  s  est  plus  fréquent  :  canhagôzue,  messagers. 

6°  :  quelques  faits  d'orthographe  plutôt  que  de  prononcia- 
tions :  a)  e  inorganique  à  la  fin  des  mots  :  baive  uiabe,  et  mon 
fils  ;  gwreage,  femme  —  b)  i  pour  //  :  idn,  un,  et  //;/  — c)ea 
pour  ê  '  :  eall,  ange  ;  luheage,  doux  —  d)  oo  et  oe  pour  ô  :  oole, 
pleurer  ;  boes  être,  etc. 

7°  L'infixation  pronominale  est   moins  fréquente  ;  me  ew 

i .  ta  marque  aussi  le  timbre  plutôt  que  la  longueur. 


1^4  /•  Loth. 

bernois,  je  suis  appelé,  au  lieu  de  ym  gylwyr  (passage  corres- 
pondant dans  YOrigo  mundi). 

8°    Les  emprunts   anglais   sont  en   beaucoup    plus  grand 
nombre. 

Ces  traits,  dont  quelques-uns  se  montrent  déjà  dans Beunans 
Meriasek,  appartiennent  bien  aussi  au  comique  postérieur. 
Mais  ce  sont  là  des  caractères  que  j'appellerai  superficiels;  et  à 
ce  point  ce  vue,  mon  ami  Henri  Jenner  a  raison,  dans  son 
Handbooh  (p.  x-xi)  de  dire  que  la  différence  entre  le  comique 
moyen  et  le  comique  moderne  était  plus  apparente  que  réelle. 
Et  de  fait,  dans  la  langue  littéraire,  elle  ne  devait  pas  être  grande. 
Il  est  très  probable  que  si  nous  possédions  un  drame  cor- 
nique  de  la  tin  du  xvne  siècle,  la  langue  de  ce  drame  ne  diffé- 
rerait guère  de  celle  de  Gwreans.  Mais  il  y  avait  à  côté  de  la 
langue  littéraire,  la  langue  purement  populaire.  C'est  de  cette 
langue  qu'il  connaît  si  bien  que  nous  parle  Henri  Jenner 
quand,  après  avoir  très  justement  apprécié  les  rapports 
du  comique  moyen  et  moderne  littéraire,  il  ajoute  qu'il  faut 
cependant  mettre  à  part  la  dernière  période  de  la  langue, 
lorsque  la  langue  survivait  seulement  dans  la  bouche  des  per- 
sonnes les  moins  instruites  :  ce  qu'on  appelle  des  corruptions 
était  dû  en  grande  partie  à  des  différences  d'orthographe,  à 
un  manque  d'appréciation  des  consonnes  finales  presque  inaudibles, 
et  à  l'intensification  de  tendances  phonétiques  existant  à  une  époque 
beaucoup  plus  ancienne.  C'est  la  langue  de  la  dernière  période 
obéissant  sans  contrainte  à  ses  tendances  et  lois  phonétiques 
que  j'appellerai  comique  moderne.  Il  est  clair  toutefois  que,  du 
moment  qu'une  langue  est  écrite,  s'il  existe  quelques  textes 
antérieurs  connus  des  écrivains,  ils  subiront  consciemment 
ou  inconsciemment  l'influence  de  la  tradition.  Nous  n'avons 
donc  jamais,  ou  à  peu  près  jamais,  la  langue  populaire  comique 
entièrement  pure.  Mais  elle  se  présente  avec  des  traits  suffi- 
samment caractérisés  dans  toute  la  littérature  qui  va  depuis 
1667  (The  Story  of  John  of  Chy-an-Hzvr)  jusqu'à  la  fin,  et  dont 
tous  les  documents  sont  énumérés  par  H.  Jenner  (Handbook, 
p.  33  et  suiv.).  Ce  qui  doit  d'ailleurs  nous  rassurer,  c'est 
l'incapacité  de  l'homme  qui,  pour  tous  ses  contemporains, 
connaissait     le   mieux    le    comique    au   xvme    siècle,   John 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brit tonique.       145 

Keigwin,  à  comprendre  le  comique  moyen  de  Pascon  et 
de  Gwreans.  En  revanche,  il  ne  faut  se  servir  qu'avec  précau- 
tion des  œuvres  d'Edward  Lhwyd.  D'abord,  il  a  utilisé  le 
texte  et  les  traductions  de  Keigwin.  Ses  sources  sont  de 
diverses  valeurs  :  il  nous  les  indique  dans  la  Préface  de  son 
Archaeologiap.  222  ;il  a  entendu  des  mots  comiques  prononcés 
par  les  habitants  de  Saint-Just-in-Penwith  ;  des  notables  (Kei- 
gwin, Estwik,  Jenkins,  Boson)  lui  en  ont  fourni  un  bon 
nombre  ;  enfin,  il  a  tiré  la  plus  grande  partie  de  sa  connaissance 
du  comique,  de  trois  livres  comiques  traduits  en  anglais  par  Kei- 
gwin, le  plus  savant  homme,  sans  conteste,  en  comique.  Le  cor- 
nique  moyen  est  donc  mêlé  chez  Lhwyd  au  comique  moderne. 
Si  on  peut  se  fier  à  sa  transcription  pour  les  mots  qu'il  a 
entendus  lui-même,  il  n'en  est  pas  tout  à  fait  de  même  pour 
ceux  qui  lui  ont  été  fournis.  Les  textes  qu'il  avait  sous  les  yeux 
étaient  remarquablement  incorrects.  Aussi,  les  contradictions, 
les  erreurs  et  les  notations  fausses  ne  sont  que  trop  fréquentes 
dans  son  œuvre.  Trop  souvent,  il  a  recours  à  l'analogie 
d'après  le  gallois  (et  même  le  breton).  Ce  fait  n'avait  pas 
échappé  aux  Comishnen.  Dans  une  lettre  conservée  dans  les 
Gwavas  mss.  (Brit.  Mus.  Add.  ms.  28.  554,  p.  45)  Boson  (si 
je  ne  me  trompe)  dit  à  son  interlocuteur  en  parlant  de 
Lhwyd  :  na  algia  ea  clappia  na  scrcffa  Curuooack  pocarra  why  ; 
Thera  moy  gembrack  peath  rig  ea  gweele,  «  il  ne  pouvait  parler 
ni  écrire  le  comique  aussi  bien  que  vous;  ce  qu'il  a  fait  était 
plus  gallois.  »  Il  y  a  notamment  de  graves  erreurs  de  syntaxe 
qui  lui  sont  venues  du  gallois  et  qui  prouvent  qu'il  n'a 
pas  beaucoup  conversé,  en  comique,  avec  les  gens  du  peuple. 
Quoi  qu'il  en  soit,  en  nombre  de  cas,  pour  la  prononciation 
sincère  du  comique,  son  témoignage  est  précieux.  Il  est  cor- 
roboré par  d'autres  et  même  par  la  prononciation  actuelle  des 
noms  de  lieux.  Dans  l'étude  qui  suivra  le  présent  travail,  je 
relèverai  les  erreurs  dans  lesquelles  est  tombé  cet  homme 
d'une  science  si  remarquable  pour  son  temps  et  qui  a  rendu 
au  celtique  de  si  inoubliables  services. 

Le  comique  moderne,  tel  que  je  l'ai  délimité  plus  haut, 
offre  un  phénomène  unique  dans  les  langues  celtiques,  car  le 
breton  lui-même,  si  près  des  sources  populaires,  a  subi  forte- 

Revue  Celtique,  XXXV.  10 


146  J.  Lotb. 

ment  l'influence  de  la  tradition  écrite  :  au  moment  où  il  était 
en  voie  de  disparition,  pas  un  seul  texte  comique  suivi  n'avait 
étc  imprime.  Aussi  trouve-t-on,  dans  ce  qui  nous  reste  du  cor- 
nique  populaire,  les  tendances  phonétiques  de  la  langue  déve- 
loppées avec  une  liberté  complète  ;  l'agent  d'évolution  princi- 
pal, l'accent,  y  exerce  son  action  sans  contrainte  :  aussi  avons- 
nous  l'impression,  quand  on  compare  cette  langue  à  celle  des 
Mystères,  cependant  si  rapprochée  dans  le  temps,  d'une  évo- 
lution presque  subite  et  d'une  incroyable  rapidité.  En  réalité, 
la  langue  semi-littéraire  plus  conservatrice  des  Mystères,  a 
dissimulé  pour  une  part  importante  l'évolution  qui  se  pour- 
suivait dans  le  langage  populaire. 

Outre  les  textes  qui  servent  de  base  à  cette  étude  et  dont 
on  trouvera  rénumération  plus  bas,  dans  la  liste  des  abré- 
viations, je  m'appuie,  en  dehors  des  questions  de  syntaxe 
naturellement,  sur  la  prononciation  actuelle  des  noms  de 
lieux  et  de  terres  en  Cornwall.  Comme  l'a  montré  Henri 
Jenner  dans  son  Hamibook  et  diverses  publications  ',  l'accent 
dans  les  noms  de  lieux  est  resté  à  la  même  place  qu'à  l'époque 
où  la  langue  existait.  L'accent  est,  en  général,  sur  la  pénul- 
tième dans  les  mots  de  deux  syllabes  ;  dans  les  composés,  c'est 
sur  l'épithète  :  Tre  véan,  mais  Hén-drea  ;  Chy-tân,  Tre-jagu. 
L'article,  les  prépositions,  restent  atones  ou  disparaissent.  Ce 
fait  s'explique  assez  facilement.  L'anglais  est  beaucoup  moins 
destructeur  des  noms  comiques  que  ne  l'est  le  français  des 
noms  bretons.  Dans  les  dissyllabes,  l'accent  est  à  la  même 
place.  Dans  les  composés  où  l'accent  est  sur  le  second  terme, 
comme  Tre-véan,  le  sens  n'étant  pas  senti,  Ire  a  la  valeur 
d'une  particule  atone.  Enfin,  dans  nombre  de  noms  de  lieux 
anglais  composés,  l'accent  est  sur  le  second  élément  :  Torquay, 
(pron.  Tô-kt),  New  York,  Netvhâven,  Boscâstle,  Southâmpton, 
etc.  '.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  conséquence  de  ce  fait  important, 
est  que  nous  pouvons  actuellement  étudier  l'accent  comique 
avec  ses  effets  sur  le  vivant:  nul  besoin  ici  de  reconstitution  : 

1.  Cornish  Place- natnes  (reprintjrom  n°  LVI  Journal oj  the  Ro\<il  Institu- 
tion ot  Cornwall) —  Cornish  Place-names,  a  lecture  given  .//  the  Trurochurch 
Iustitute,  Décembre  6,  1910  (Truro  Diocesan  magasine). 

2.  Cf.  Jespersen,  A  modem  English  Gratnmar,  p.  152-154. 


Question  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.        147 

la  langue  survit  vraiment  dans  ce  domaine,  il  est  vrai,  bien 
restreint.  Il  était  néanmoins  à  prévoir  que  l'anglais  exercerait 
son  influence  d'une  façon  nuisible  à  la  pureté  de  la  tradition, 
en  particulier  dans  le  vocalisme.  Les  voyelles,  dans  le  voisinage 
de  /  ou  r  qui  sont  articulés  comme  en  anglais,  ont  modifié 
leur  timbre  et  leur  quantité.  Rosmergî  se  prononce  Ros-môge; 
Bos-worlas  se  prononce  B^ôks  etc.  La  prononciation  a  aussi, 
dans  certains  cas,  une  tendance  à  se  modeler  sur  la  forme 
écrite  et  suivant  les  lois  de  l'anglais  :  prà\  (pré),  écrit  pra^e, 
se  prononce/?/?"?  ;  brâ%,  grand,  brë%  ;  or,  de  nombreuses  graphies 
au  xvne  et  xvme  sièclesprouvent  que  â  dans  ce  cas,  se  pronon- 
cerait à  peu  près  comme  0.  Kelinack  (endroit  à  fougère),  en  S'-Just, 
se  prononce  Kdlâinsc.  Et  quand  il  s'agit  de  noms  de  champs  et 
terres,  il  n'est  pas  rare  que  le  fermier  ou  propriétaire  actuel  ne 
les  connaisse  que  par  la  forme  écrite.  J'ai  pu,  par  l'intermédiaire 
d'amis  comme  le  Rév.  Taylor  de  Saint-Just  en  Penwith,  et 
Henri  Jenner,  entrer  en  relation  avec  des  personnes  offrant 
toutes  les  garanties  possibles  au  point  de  vue  de  la  sincérité 
de  la  proonciation  dans  la  région  de  Land's  End  et  du  cap 
Lizard  ' . 

Outre  les  noms  de  villages,  j'ai  eu  à  ma  disposition  les 
noms  de  terres  et  champs  portés  au  cadastre  des  paroisses 
grâce  a  l'obligeance  de  Rév.  Taylor  et  de  ses  aimables  con- 
frères du  clergé  anglican.  Ce  cadastre  a  été  rédigé  vers  1843 
et  porte  le  titre  qui  en  indique  le  but  de  :  Apportionment  of 
tbe  Renl-charge  in  lieu  of  tithesin  the parish  of...  J'ai  pu  constater 
que  plusieurs  reposent  sur  des  documents  de  la  fin  du  xvme 
siècle,  en  tout  ou  partie.  A  Penzance,  dans  l'étude  de 
Mr  Cornish,  avoué,  qui  avait  mis  ses  documents  à  ma  dis- 
position, j'ai  pu  copier  les  noms  de  champs  et  terres  non 
seulement  de  paroisses  mais  aussi  de  manors  ;  certains  docu- 
ments, par  exemple,  ceux  qui  concernent  les  manors  de  Tre- 
gaminion  en  Morvah,  Bossigern  en  Zennor,  remontent  à  1782. 
Je  donne  les  transcriptions  phonétiques  des  noms  de  villages  et 
de  terres  dont  j'ai  pu  vérifier  la  prononciation.  Pour  abréger, 
je    fais    suivre    ces  noms  ou    termes    simplement    du  nom 

1.  J'ai  aussi  des  remerciements  à  adresser  à  ce  sujet  à  MM.  Thomas  et 
Shepherd,  de  Mullyon. 


148  /•   Loth. 

de  la  paroisse.  Un  nombre  respectable  des  terres  ou  champs 
ont  conservé  des  termes  comiques,  au  moins  dans  le  sud. 
Dès  qu'on  s'avance  vers  le  nord,  si  les  noms  de  villages  sont 
comiques  en  grande  partie,  les  champs  sont  anglais.  J'ai 
constaté  le  fait  pour  Redruth  même  qui  n'est  cependant  qu'à 
quelques  lieues  de  Penzance.  A  Helston,  en  Trigg,  tous  les 
noms  de  champs  sont  anglais,  quoique  les  noms  de  villages 
soient,  en  majorité,  comiques.  Voici  les  noms  de  paroisses 
dont  j'ai  relevé  le  cadastre  :  Saint-Just  en  Penunth,  Sennen, 
Burxan,  Sx-Levan,  Sancreed  ',  Mullyon  (et  les  environs),  Mad- 
dron,  Gwinear,  Forrabury,  Liskeard,  Blisland,  Phillach,  Endel- 
lion,  S^-Cohimb  minor,  Bodmin,  Guîval,  Sx-Erth  (anciennement 
Sx-Ergli),  S'-Hilary,  Ludgvan,  Redruth,  Maraifon,  S^-Ives, 
Paul,  Uny  Lelant.  J'ai  relevé  aussi  la  prononciation  de  noms 
de  lieux  en  Morvah,  Zennor  etc.  J'ai  pu  également  avoir  la  pro- 
nonciation de  mots  comiques  en  usage  encore,  particulière- 
ment chez  les  mineurs,  grâce  à  l'amabilité  de  M.  Williams, 
town-counsellor,  de  S'-Just  ;  ces  termes  ont,  en  général,  été 
publiés,  principalement  par  Jago,  et  dans  YEnglish  Dialectal 
Dictionary  de  Wright 2. 

Voici  la  liste  des  autres  documents  dont  je  me  suis  servi  : 

John-Tshei-an-Hivr  :  The  story  of  John  ofChy-an-Hur,  écrit 
vers  1667  3. 

Lhwyd;  Grammar  (dans  YArchaeologia),  Préface  (en  cor- 
nique),  ibid.,  Vocab.  (ibid.  :  Comparative  vocabularx  of  the  ori- 
ginal langnàges  of  Great  Britain  and  Ireland). 

Genèse  3  (3e  chapitre  de  la  Genèse  :  publié  par  moi  avec 
trad.  et  commentaire  dansi?t'i7^  celt.,  XXIII,  p.  172). 

Mathieu  2,  4  (2e  et  4e  chap.  de  S'  Mathieu  :  ibid.  p,  193, 
185). 

Comm.  Dieu  (Commandements  de  Dieu  :  2  versions  :  Revue 
Celt.  XXIV,  p.  1). 

1 .  Prononcez  Saucr?s. 

2.  Au  point  de  vue  comique,  il  v  a  de  bonnes  transcriptions  dans  ce 
dictionnaire,  avec  quelques  erreurs. 

2.  Voir  Jenner,  HanJbool;,  p.  33.  Je  me  sers  de  la  version  de  Lhwyd. 
Il  v  en  a  deux  autres.  Celle  des  Gwavas  Mss.  a  une  orthographe  dif- 
férente. Lhwyd  se  sert  de  son  orthographe  phonétique  propre. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       149 

Nebbaz  Gerriau  (Nebbai  Gerriau  dro  tho  Curnoack;  c'est 
l'œuvre  de  John  Boson  de  Newlyn,  né  en  1655,  mort  entre 
1720  et  1745  ;  l'ouvrage  a  été  écrit  1700.  Comme  le  dit 
Henry  Jenner,  ce  court  traité  a  un  grand  intérêt,  parce  que 
l'auteur,  homme  instruit,  n'avait,  comme  il  le  dit  lui-même, 
appris  que  l'anglais  dans  son  enfance,  etavaitfini  par  acquérir 
une  connaissance  sérieuse  de  la  langue  parlée  de  son  temps, 
sans  avoir  jamais  eu  sous  les  yeux  aucun  document  littéraire  cor- 
nique.  Ce  traité  a  été  imprimé  avec  une  traduction  anglaise 
dans  le  Journal  of  the  Royal  Institution  of  Cornwall.  Le  texte 
est  assez  défectueux  ' . 

Addit.  mss.  (Additional  mss.  28.554,  British  muséum):  c'est 
la  collection  connue  sous  le  nom  de  Givavas  mss.,  faite  par 
William  Gwavas  de  1709  à  1736.  Les  morceaux  dont  je  me 
sers  ont  paru  en  grande  partie  dans  Y Archaeologia  de  Pryce. 

Quelques-uns  sont  inédits  (Jenner,  Handbook,  p.  36.4,  p. 
38.15  ;  39.18;  p.  41. 1,  2,  3,  4,  5). 

Je  n'ai  pas  négligé  la  lettre  malheureusement  si  courte  de 
William  Bodener,  laquelle  par  sa  date,  1776,  a  une  grande 
importance  (  J.  Loth,  Archiv  fur  Celt.  Lexic.  1898). 

J'ai  remplacé  les  transcriptions  phonétiques  de  Lhwyd 
{Arch.  p.  225)  par  des  signes  plus  usités,  d'une  impression 
facile  et  aussi  plus  exacte  ;  par  exemple,  un  de  ses  a,  celui  de 
ail,  mail,  je  l'exprime  par  0  (très  ouvert)  ;  j'exprime  son  v 
(money,  b/rd)  par  ô  dans  certains  cas,  généralement  par  d.  Le 
schwa  a  des  valeurs  diverses  :  c'est  un  son  à  peine  perceptible 
dans  des  cas  comme  Bi^ôhs  qui  est  devenu  B^ôhs  et  Zôhs. 
Dans  d'autres  cas,  c'est  une  voyelle  moyenne,  très  difficile 
à  déterminer,  dont  le  timbre  varie  suivant  les  consonnes  qui 
la  suivent  ou  qui  la  flanquent  2.  A  la  finale,  et  aussi  dans 
certaines  particules  prétoniques  à  la  fin  de  la  syllabe,  cet  e 
confine  à  a  assourdi  :  (da  pour  dd\  ma  pour  ma). 

1 .  On  lit  dans  le  Journal  :  Copy  of  a  ms.  in  Cornish  and  English  from 
the  mss.  of  Dr  Borlase,  who  observes  on  the  cover  :  «  N.  B.  —  I  bad  this 
Ms.  from  Mr.  Ustick  vicar  of  Breage  »,  in  whose  writing  it  therefore  pro- 
bably  is.  Ustick  mourut  en  1760.  Cf.  Jenner,  Handbook  p.  32. 

2.  Cf.  e  dit  muet  français  (Rousselot  et  Laclotte,  Précis  de  prononciation 
française,  pp.  35-36;  101-104);  cf.  Jespersen,  Engl.  Gr.   p.  423.  i;,|. 


PREMIERE    PARTIE 

LES  TRAITS  CARACTÉRISTIQUES   DU    CORNIQUE    MODERNE 


CHAPITRE   I 
Ceux  qui  sont  dus  à  l'accent. 

L'accent  comique  est  un  accent  énergique,  intense,  accom- 
pagné d'élévation  de  la  voix.  En  dehors  de  l'hiatus  et  de  la 
contraction,  il  n'ya  pas  à  proprement  parler  devoyelle  longue 
dans  les  polysyllabes,  excepté  dans  les  composés  dont  l'accent 
est  sur  le  second  terme  monosyllabique.  Dans  ce  der- 
nier cas,  la  loi  est  la  même  que  dans  les  monosyllabes.  Dans 
les  monosyllabes  la  voyelle  est  longue,  comme  en  gallois  et 
en  breton1,  lorsque  la  voyelle  est  suivie  d'une  seule  consonne 
ou  de  deux  consonnes  réduites  à  une  spirante,  /  excepté.  Les 
prétoniques  et  posttoniques  sont  toutes  altérées  ;  leur  voyelle 
disparaît  ou  est  réduite  autant  que  les  lois  de  la  prononciation 
et  les  nécessités  de  l'articulation  comique  le  permettent  ; 
la  syllabe  ou  même  le  mot  prétonique  peuvent  disparaître 
lorsque  le  sens  n'exige  pas  impérieusement  leur  main- 
tien. 

Dans  les  monosyllabes,  les  lois  sont  les  mêmes  qu'en  cor- 
nique  moyen  ;  aussi  n'insisterai-je  sur  ce  point  que  pour  cons- 
tater leur  accord . 

Quantité   des  voyelles  dans   les  monosyllabes 

§§  i  :  A.  La  voyelle,  lorsqu'elle  nest  pas  suivie  de  deux  nasales 
(primitives  ou  provenant  de  nasale  +  consonne  assimilée)  ou 
liquides2  est  longue.  Les  spirantesc/;,  th représentant  des  occlu- 

i .  En  breton,  les  monosyllabes  terminés  par  une  gutturale  ont,  en 
général,  la  voyelle  plutôt  brève  :  kic  et  non  klg. 

2.  Pour  rr,  il  semble  qu'il  y  ait  eu  la  même  réduction  de  la  consonne 
qu'en  breton  :  voir  plus  bas. 


Questions  de  grammaire  et.  de  linguistique  brittonique.       151 

sives  doublés  ;  s  représentant  deux  s,  sont  précédées  d'une 
voyelle  longue;  la  spirante  v,  de  même.  Il  en  est  de  même  en 
gallois,  et  en  breton,  en  exceptant  toutefois  dans  cette  der- 
nière langue  r  ' . 

La  longueur  chez  Lhwyd  est  exprimée  par  le  circonflexe. 
Elle  l'est  plus  rarement  dans  les  autres  textes,  mais  on  peut 
facilement  la  reconnaître  à  d'autres  traits  :  i°  au  redou- 
blement de  la  voyelle  (taan,  feu);  20  à  la  présence  d'une 
voyelle  non  étymologique  à  la  suite  de  la  voyelle  accentuée 
(jnoar,  mer  ;  tues,  gens),  quand  ce  genre  de  graphie  (ea,  oa) 
n'indique  pas  le  timbre  ;  30  à  la  présence  à  la  finale  d'un  e  non 
étymologique2  ;  40  au  fait  que  la  consonne  finale  est  une 
occlusive  sonore  (mâb,wheg  etc.);  50  pour  /final,  à  la  diphton- 
gaison (nei  nous,  hivei,  vous,  niaise/  (ehee),  toi). 

i°  voyelles  finales  :  elles  donnent  l'impression  d'une  longue: 
irê  dans  Bottrea  — prî  :  weal  pry  (S'-Just)  :  weal  (prononcé  wîl, 
hwïï)  a  le  sens  de  travail  et  aussi  de  mine  {travail  de  miné). 

—  brè  :  carn-brea  ; 

—  kè  :  Pedn  kee,  le  bout  du  champ  (Mullyon)  ;  Carnkee 
(S*-Levan)  ; 

—  grê  :  Dor  an  grey,  la  terre  des  chevaux  (Gulval)  ; 

—  ry,  donner,  Nebb.  Gerr.  (forme  régulière  de  l'infinitif, 
en  moyen  comique). 

La  finale  en  l  long,  en  dehors  de  cas  comme  ry,  a  une 
tendance  à  se  diphtonguer  devant  les  voyelles  ou  à  la  finale 
réelle . 

fsi  =  chee,  toi  (=  //),  mais  tsey,  tsôy,  maison  :  Lhwyd  :ts~yi  : 
y  =  i  ou  ô  bref  :  Tsey  dn  dur,  en  Penzance  (Chy  an  dower)  ; 
chef,  Connu.  Dieu,  6.2:  choy,  3.2;  choyé 7.  2  ;  agoye(àh  maison) 
7-2;  nei,  nous  (Lhwyd  252,  14);  Add.  mss.  95,  whei,  vous, 
Comni.  Dieu  6-2,  ailleurs  whye,  Add  mss.  236 :  hye (elle); 
Math.,  2,  200,  18,  engye(cux),  ibid . ,  195,5. 

1.  Partout  on  prononce  car,  voiture,  pour  carr.  Le  timbre  pour  e  -\-  rr 
indique  que  la  réduction  de  la  consonne  et  l'allongement  de  la  voyelle  ne 
sont  pas  anciens  :  on  prononce  bçr  court,  et  non  iêr,  excepté  en  certains 
points  de  Haute-Cornouaille  (Faouet)  ;  mais  bçr,  broche. 

2.  C'est  un  fait  d'orthographe  anglaise  ;  sur  son  origine,  v.  Sweet, 
History  of  Engl.  Sounds,  p.  208,  766,  767,  d.  Jespersen,  A  Mod.  Engl.  Gr., 
p.  193.  6.  26  (6). 


152  /.  Loth. 

Devant  les  consonnes,  on  prononce  i  :  Tsigwtdn  (Chyg- 
ividden);  à  la  finale,  en  composition,  en  polysyllabes,  de 
même  :  bod/'i1,  étable  a  bœufs  (boiudgy). 

2°  voyelles  suivies  d'occlusives  :  crïb,  crête  de  rochers,  crête, 
faîte (Lhwyd,  p.  53,  culmen  :  krîb  ty)  :  The  Greeb  en  Morvah, 
The  Greab,  rochers  en  Sennen  . 

—  crig,  tertre,  butte  :  Pari;  Creeg  (Buryan); 

The  creeg  (Sennen);  Creeg  Mullyon  (Mullyon);  Trecreeg 
(Endellion)  ;  Trencreeh  (S'-Col .  min  .  )  ; 

—  Grigg,  bruyère  (Sancreed)  ; 

-  hwêg  (Lhwyd)  47;  ivheage,  Add .   mss .   3,  138; 

têg  (ib,  50.  2);  teage,  Comm.  Dieu  3.  2.  ;  îeege,  Mathieu 4, 
187.8; 

angôgle  coucou  (Lhioyd  52.  3); 

glêb,  madidus  (Lhwyd  53  .  1)  ; 

môç,  fumus  (Lhwyd  62-1)  ; 

gwreg,  gwreage,  Add.  mss.  136;  Comm.  Dieu  8-1  ;  greage, 
Add.  mss .  136  ; 

—  drogg,Add.  mss.  13e;  droeg,  ibid.  4;  drooge,  ibid.  115; 
droage,  ibid.   130;  drôg,  Genèse  182.    19; 

—  gwage,  vide,  Mathieu  4,  186.  2  ; 

—  mâbe,  ibid.  187.  6;  maab  187.  6;  mab-leean  clerc, 
Nebb.  Gerr. 

—  reeg  (gu'reeg)>  *1  fi1'  -Mtf^-'-  2-  T95-  7  5  r*££>  MM. 
G^;r . 

—  fôg,  blowing  house  (Pryce)  ; 
30  voyelle  suivie  d'une  spirante. 

a)  spirante  dentale  :  côth  :  Dor  coth,  terre  vieille  (Buryan)  ; 
Dor  coath  (Sl-Levan);  cooth,  Nebb.  Gerr.  —  an  tee\  goth, 
les  vieux,  Nebb .   Gerr. 

—  pïth,  puits 2  —  mscêth,  le  bateau  (Mullyon)  (scath,  bateau)  ; 

—  kâth  (Lhwyd,  47.  1); 

gwd  m  gûd  (Wele  gooth,  Mullyon;  le  champ  à  l'oie)  ; 

—  rtd,  rouge,  Park  Reeth  (Sr-Just)  ; 

1.  Il  est  vrai  que  la  composition  n'étant  plus  sentie,  on  a  l'accent  sur  la 
pénultième. 

2.  Ce  mot  est  en  usage  dans  des  comtés  anglais  du  sud.  Il  est  d'origine 
anglaise  (Wright,  Engl.  Dial.  Dicl.). 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       1 5  3 

—  peatb  an  bea%e,  biens  du  monde,  Add.  mss .   136  ; 

—  bêd,  tombe  (Lbwyd,  149.  1);  beath,  Nebb.  Gerr.  ; 

—  dètb,  pour  (dèd),  Comm.  Dieu.  7,  1  ;  8,  1  ;  deeth  (ibid. 
8-  2); 

—  blootb  (blôd),  Add.  ms.  137,  147;  bîoath,  Nebb.  Gerr. 
Après  /-,  la  spirante  dentale  avait  disparu . 

40  voyelle  suivie  d'une  spirante  gutturale.  La  gutturale  sourde 
(cb),  qui  avait  disparu  de  bonne  heure  après  r,  en  moyen- 
cornique,  a  totalement  disparu  en  comique  moderne.  A  la 
finale,  la  voyelle  qui  la  précède  est  longue  : 

flôh  (Lbwyd,  53 .    r)  ;  an  flô,  l'enfant,  Math.  2,  196.  8  ; 

mo  pour  môch,  porcs  ;  ma  (moe)  bouse,  (après  le  boudgy,  étable 
à  bœufs  en  Sl-Just,  d'après  Williams);  Pari;  m  mç  (Park  an 
Moe,  en  Gulval)  ; 

—  givre,  pour  gwrach  :  crow\  m  wrè  (Croivs  an  ivraugh,  la 
croix  de  la  sorcière,  Buryan)  ; 

—  se,  sec  (sêcb,  ^ècb)  :  Park  vtnttn  se  le  champ  de  la  fon- 
taine sèche  (Park  venton  sea)  en  Mullyon  ; 

—  whea,  six  (Nebb.  Gerr.)  et  un  peu  plus  loin  zuheath  ; 
wbee,  Comm.  Dieu  6.2.  Il  n'est  pas  rare,  dans  les  noms  de 
lieux,  de  rencontrer  th  à  la  finale  pour  un  ancien  cb,  et,  ce  qui 
est  plus  regrettable,  d'entendre  prononcer  ce  th  :  Rospetb,  en 
Ludgvan,  aujourd'hui  prononcé  Rospetb,  se  prononcerait,  en 
réalité,  Rospê  :  c'est  anciennement  Rospegb  pour  Ros-becb  (le 
petit  Ros).  Le  nom  propre  Trembath,  tiré  d'un  village  de 
Morvah,  se  prononce  correctement  Tdmbè,  la  demeure  d'un 
Bech  (le  Petit).  Dans  le  village  même,  on  emploie  l'équivalent 
Tre-vidn  (Treveari)  ; 

—  an  tacklow  maa,  ces  choses-ci,  Add.  mss .  45  ;  —  gwreage 
dah,  Add.  mss.,   136. 

50  voyelle  suivie  d'une  spirante  labiale  v  : 
gôv  :  Hal  an  gove  moar  (Gulval)  ;  Toi  dn  gôv  (Tal  an  gove, 
près  du  forgeron,  Mullyon;  gôv  (Lbiuyd  58.  1). 

—  nêv,  ciel  (Lhwxd 45 .  2); neave, Comm.  Dieu  3.4;  neve (ibid. 
3,  1);  neave,  Add.  mss.  i$8;Nebb.  Gerr.,  neeve;  Math.  2, 198. 
13,  id.  ;  Genèse  184.  24,  id.  ; 

1.  Gur.  1426:  leaf  Qèv). 


iS4  /•  Loth. 

—  leauf,  voix  {Genèse  3,    177.  8);  leanve  (Jbid.    178.   10). 

—  crevé,  fort,  Add.  mss.  137;  kreave,  ibid.  138; 

—  eave,  lui,  Add.  mss.  138; 

—  hâve,  wave,  été,  hiver  (Genèse,  3.  130)  \gwave,  hâve,  Add. 
mss .   4 

—  />m>  ou  priv',  ver,   serpent  :  an  hager-breeve,  Genèse  3. 

175,  1,1. 

Au  lieu  de  trev,  habitation,  village,  on  trouve  fréquemment 
tre,  dans  les  noms  de  lieux,  en  composition  devant  des  con- 
sonnes, ou  même  à  la  finale,  comme  en  moyen-cornique  : 
tre,  dre,  à  la  maison  (cf.  Lhwyd  :  tri,  drê,  at  home  ;  adrê, 
homeward,  p.  248).  Dans  les  noms  de  lieu,  je  citerai  Hendrea 
(Hen-drè),Bottrea  (Sancreed).  Cf.  Genèse,  184-3  :  devana^ea, 
il  l'envoya.  —  Cf.  la,  main,  dans  doo-la,  deux  mains 
{Mathieu  4.  187,  b). 

6°  voyelle  suivie  de  s,  z  :  sous  l'accent,  la  spirante  provenant 
de  /,  d  final,  se  prononçait  ts,  dj,  lorsque  la  voyelle  était 
palatale  ou  qu'il  y  avait  eu  avant  la  consonne  un  élément 
palatal  (en  cas  de  diphtongue)  :  Lhwyd  2^1.  1  :  lùdfh  (lûdf), 
gris;  gûd^h,  sang,  ibid.  et  144.  1  ;  même  après  une  voyelle 
non-palatale,  le  %  final  se  rapprochait  de  /  (£)  ou  dj,  lorsque 
le  comique  vivait  encore,  comme  l'indiquent  certaines  graphies  : 
treath  an  haa^e  chee  ha  ee  haage  hie,  entre  ta  semence  (race)  et 
sa  race  à  elle  (Genèse  3.  177.  6)  2.  Des  graphies  significatives 
dans  les  textes  et  les  noms  de  lieux  en  moyen-cornique, 
prouvent  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  fantaisie  de  scribe. 

Aujourd'hui,  on  entend  plutôt  ^  à  la  fin  des  monosyllabes, 
et  la  voyelle  est  longue  :  prê^,  pré  (pra^è);  cn\,  milieu  :  non 
(dn  on  :  gon)  grè^,  la  lande  ou  pâture  vaine  du  milieu  (S'-Just); 
crïi  (Mullyon),  Park  creis  (Sl-Levan  5).  Il  y  a  eu,  outre  une 
évolution  fort  possible,  influence  de  la  forme  écrite  sur  la 
prononciation . 

1.  C'est  un  t  ouvert  très  voisin  de  e  :  Gwreans,  preaf  502  ;  preve  335  ; 
breyf  191 9  ;  preif  909  ;   pryf  181 7. 

2.  Sur  l'origine  ou  les  origines  de  la  fricative  ts,  ts,  </^,  <//,  voir 
Deuxième  partir. 

3.  Henri  Jenner  a  entendu  prononcer  crfdj  :  vpiLm  grÇdj,  la  fontaine  du 
milieu. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittoniquc.       155 

—  Carn  Glû%  *,  S'-Just . 

—  brao^  2,  enormis,  pedn  brâo^(Lhwyd 46 .  2).  Dans  les  noms 
de  terres,  brô^  et  brow^  a  souvent  le  sens  d'ajoncs,  brindilles  à 
brider  {Park  bros,  Sl-Just);  cf.  browsian,  crumbs  (JLhwyd,  90) 

—  glâ\  :  Carn  gla^e  (S'-Just);  Pen-gla^e  (Maddron) . 

—  boa-i,  ètre(Math.  2,  198,  15)  ;  boa^e,  Add.  mss .  ;  boaçe, 
Genèse,  ij6.  5  ;  tha  voa^e,  ibid.  176.   6; 

—  tl^:  an  tee^goth,  les  vieilles  gens,  Nebb.  Gerr.  7. 

—  di%:  Pdhn  dï%,  trou  ouvert  dans  une  mine  à  la  suite 
d'une  explosion  :  il  est  allé  dans  le  à\  équivaut  à  :  il  est  allé 
à  une  grande  profondeur  ;  Park  an  dice  (Phyllack)  ;  Poldice  en 
S'- Yves  (d'après  Hobson  Mathews,  a  Histaryof  Salves,  1890). 
Sur  ce   mot,  J.  Loth,  Revue  Celtique,  1914. 

—  vose  fossé  :  kelli  vose  (Camborné);  vô^ 5  widn  (Foes  ividden, 
Burvan)  ;  vous  doivn  (Liskeard)  :  pron  .  vô~. 

—  gla%e  neave,  le  pays  du  ciel  {Add.  mss.    134). 

—  bré%,  jugement,  ibid.  195  ; 

—  an  bea^e, le  monde,  ibid .  136;  be%e  130. 

—  leaXj  profit,  Add.  mss .  135; 

— -  boo^e,  nourriture,  Genèse  17 6.    6. 

—  rose,  donna,  ibid.  179.  12,  et  a  roiu^e  ijj.  6. 

— •  roo^e,  filet;  Math.  4.  191.  18;  tha  droo^e,  ton  pied, 
ibid.   187,  66. 

—  doa~,  venir:  a  toa~e  meas  189.  14  en  venant  dehors; 
nioa~e,  aller,  191.  4;  doa~e,  Math.  2.  196.  9  {Nebb.  Gerr.: 
mose,  dose). 

—  brexe,  esprit  (ita  bre^e,  dans  mon  esprit),  Nebb.  Gerr . 
(gall.  bryd); 

70  voyelle  suivie  de  n,  m  :  la  quantité  dépend  de  la  valeur  de 
n,  m.  Pour  m  simple,  comme  il  devient  v,  il  n'est  pas  en 
question.  Après  n  simple,  la  voyelle  est  longue,  qu'elle  soit 
ou  non  le  résultat  d'une  contraction,  en  exceptant  les  mots 
proclitiques. 

1.  Il  est  peu  probable  que  glu^  représente  le  gallois  ghuys.  Il  s'agit  pro- 
bablement de  gîos  (dung  for  fuel). 

2.  Il  est  possible  qu'il  y  ait  eu,  dialectalement,  une  diphtongaison  ;  cf.  le 
bas-vannetais  :  braw%  et  bra\  ;  id.  à  Groix 

3.  0  dans  vos  est  ouvert  et  bref;  la  quantité  est  modifiée  par  la  composi- 
tion. 


156  /.  Loth. 

kôn,  caena.  (Lbwyd,  48,  3). 

drên, sentes  (ibid.   148,  "Ç)\drayn(Tren  drine,  Zennor). 
drén  :  Park  drean  (S'-Just)  ; 
Un,  froid  (Llwyd  3,  2). 

tane,  feu  (Add.  ins.,  130);  an  taan  ibid.,  95). 
dean  (Genèse  3.  179,  12)  ;  Lbwyd  231.    1   :  dên,  now  dean  : 
il  s'agit  de  l'orthographe  '  — ;  deane  (Add.ms.  138). 

—  doen,  porter  Genèse  3.  181.  16  :  (Lbwyd  217.  2)  a  ton  (ou1 
ton,  en  portant)  ;  doone  (Mathieu  4,  187,  6). 

gun,  moor,  parfois  gôn  avec  un  0  légèrement  nasal,  écrit  le 
plus  souvent goon  (gall.  giuain,v.  gall.  -guoin,  bret.  gônetyôn). 

—  in  :  croft  nean  (Mullyon)  =  croft  m  ï«).cf.  Park  nean 
(S'-Levan);  Park  an  nean  (ST-Hilary);  Park  nean  (Buryan). 
C'est  probablement  le  pluriel  de  on,  agneau2. 

—  mèn,  pierre  :  mean,  Comm.  Dieu  3.2:  id.  Add.  ms.  142  ; 
Malb.  4.  187,  6  ;  Lbwyd  243,  1  :  5o\  mén,  plur.  wmz. 

—  o-m  (desséché  ?)  :  Carn  Green  (Sl-Just) . 

—  glêne,  laine  (Add.  ms.  136)  :  il  semble  donc  que  devant 
11,  a  allongé  ait  eu  une  tendance  à  se  prononcer  e. 

8°  voyelle  suivie  de  /,  r  :  a)  voyelle  -J-  /  : 
hwîl  stèn,  mine  (travail)  d'étain  (S'-Just)  :  cf.  Lbwyd  :  hwêl 
stean,  fodina. 

—  gwèl  et  gwil  (confusion  avec  Irwlï),  champ  :  ve%  angzœale 
hors  du  champ  (Add.  ms.  170)  :  fréquent  dans  les  noms  de 
terres  :  Gweladré,  (Mullyon)  =  gwel  adre  (Smithforge  back 
field)  ;  Gitel  Bennett  (Buryan)  ;  Gweal  style  (S'-Just)  ;  guel  todn 
(todn  =tonn,  terre  en  jachère),  gweele  (Genèse  3.  181.  18)  : 
moyen-corn .  guel  ;  dans  les  chartes  du  xive  s.  guael. 

gwil,  taire  \tbeiueele  (Genèse  180-14);  giveel,  Nebb.  Gerr; 
tbo   iveel,  ibid.  5. 

1.  On  doit  considérer  è  de  den  comme  ouvert  ;  jamais  on  ne  trouve  de 
graphie  indiquant  une  voyelle  tendant  vers  i.  En  bas-vannetais,  où  e  est 
long  et  fermé,  dans  quelques  endroits,  la  prononciation  nasale  indique  e 
ouvert  :  dèn  :  è  =z  couvert  nasal  (in  français). 

2.  Llwyd  (2,  -i)a  été  induit  en  erreur  par  les  graphies  du  moyen-cor- 
nique,  quand  il  donne  oan,  agnus,  comme  comique  et  armoricain  :  oan  est 
armoricain  en  exceptant  le  vannetais  qui  conserve  oen  ;  le  comique  est 
cm. 

3.  Gwreans  :  gwyle  2424  (v.  errata)  103,  1452;  gwyell  1594,  2149; 
f?e«y// 1239  \Gwreans  a  encore  gui  :  guîe  260,   ;8i. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       t<yj 

geel,  gil,  faire  (gui  en  moyen-cornique)  :  Mathieu  4.  191. 
1 9  ;  Lhwyd  246 .  2  :  do  il  ou  wil . 

— givèl,  3  e  pers.  sg.de  voir  :  meawele,  Nebb.  Gerr;  Lhwyd 
evazvyl,  wêl  l  (246,  3). 

b)  voyelle  suivie  de  r  :  r  final,  actuellement,  a  exactement 
la  valeur  de  r  final  anglais  : 

for  long  se  prononce  hid  (s  a  à  peu  près  la  valeur  de  ô  bref: 
kin  hère  (kïn  hid)  en  Mullyon .  -  Boiugy  heere  (Ludgvan), 
rétable  aux  bœufs  longue. 

—  mer,  grand  :  m&  (Parkmeer, Mullyon);  Brevis  (Breavear. 

—  Tregiffian  veer  (en  Sl-Just). 

—  %pert  colère  (angl.  soi-),  Genèse  3,  180,  15. 

—  iar  dans  mab-iar,  poulet  (fils  de  poule)  est  encore  en  usage 
à  S'-Just  :  on  prononce  mabp  (le  souvenir  de  la  composition 
est  perdu). 

—  môr,  mer  :  more,  Comm.  Dieu  7,  1  et  2  ;  maure,  Add. 
ms .  4.  136;  more,  Nebb.  Gerr. 

—  kêr,  cher  (Addit.  mss.  3). 

—  ber,  veru  (Lhwyd  172,    2). 

— gër,  mot  :gear  (Add.  mss.  10.  115)  :  geer,  Math.  4.  186. 
4  ;  geere  (Math .  2.   198.   13);  geer,  Nebb .  Gerr . 

—  ôr,  sait  :  hyeoare,  elle  sait  (Add.  mss.  136). 

—  fïr,  sage  :  feere  (Genèse  ij6.  6). 

—  tôr,  ventre  :  tha  doer  (Genèse  180-14). 

—  dôr,  terre  ;  dôr  côth  2  (Buryan)  ;  dôr  diw  (dor  deiu  :  S'-Just); 
than  doer  (Genèse  188.  9);  en  hor  (Comm.  Dieu  3.  1);  doar 
(Math.  2.  197.  11);  an  nore  (Genèse  3,  182.  17;  tha  noare 
(ibid.  et  184,  23);  han  oure  et  la  terre  (Comm.  Dieu.  7.  2). 

—  stêr,  étoile  :  an  steare  (Math.  2.   196-7) 

—  sir  :  seere,  exactement  (Math.  2.  196-8). 

—  tir  dans  moldeer  (mildlr),  mille  de  terre,  Nebb,  Gerr. 
Quelques  graphies  semblent  indiquer,  au  commencement 

du  xvme  siècle,  un   son  de  transition  due  à  la  prononciation 
de  r. 


1 .  Lhwyd,  à  la  2e  pers.  du  sg.,  donne  ti  a  wyl  ou  ti  a  weli  :  cette  forme 
prouve  que  Lhwyd  se  règle,  non  sur  l'usage  comique,  mais  l'usage  gallois. 

2.  Mais  der  vieyiuc  (Buryan). 


158  /.  Loth. 

Pour  voyelle  +  r  devenue  finale  par  la  chute  d'une  spirante, 
voir  B  : 

9°  Voyelle  suivie  de  r  -f-  consonne  : 

a)  Le  seul  cas  à  examiner  est  celui  de  r  -f-  n  :  en  effet,  les 
occlusives  après  r  sont  spirantes,  ainsi  que  m  devenant  v  ; 
or  spirante  et  v  dans  cette  situation  ont  disparu,  ne  laissant 
de  trace  que  dans  le  timbre  et  la  quantité  vocaliques.  Pour 
le  groupe  r  -\-  f,  je  ne  connais  que  les  exemples  du  moyen- 
comique. 

La  voyelle  suivie  de  r  +  n  est  allongée  aux  dépens  de  r. 
Le  fait  est  net  pouro  :  sôrn,  coin,  dans  Bssorn,  Bosôrn  (=  Bot- 
sorn  en  S'-Just)  '. 

—  volL'n,fom  :  Park  anvowrnen  Buryan:  prononcé  à  peu  près 
vçwn  :  Lhwyd  62,   2  vorn,  furnus.  —  Park  an  vorn  (Sl-Erth). 

Il  n'est  pas  sûr  que,  dans  ce  cas,  on  soit  en  présence  d'une 
influence  anglaise.  Cette  prononciation  existe  en  Bretagne;  je 
l'ai  constatée  à  Lignol,  près  Guémené-sur-Scorff  (Morbihan)  : 
cçrn  se  prononce  à  peu  près  côn,  avec  un  son  de  transition 
entre  0  et  n,  donnant  l'impression  d'un  ô  très  bref. 

Après  une  voyelle  palatale,  r  est  moins  atteint,  et  la  voyelle 
n'est  guère  allongée  :.$/>{•/ 7/,  les  ronces  (The  speam  en  Sl-Just). 

—  Park  dn  vern  (an  va  me,  S'-Just);  Park  an  -  vern  (Paul)  : 
différent  de  gwem,  aulnes  (fréquent  comme  noms  de  lieu  et 
terre).  Cam,  dans  les  noms  de  lieux  en  composition,  art  à  peu 
près  bref,  et  on  entend  r  :  Cam  Bras,  Camgla^e,  Camgreen, 
Cam  a  weiban  (S^Just). 

Dans  sorti,  vorn,  il  reste  une  trace  de  l'ancienne  quantité  : 
c'est  queo  est  ouvert. 

io°  :  voyelle  a,  0  suivie  de  /  -\- s  (^)  :  elle  estallongée  et  son 
timbre  est  modifié. 

als,  falaise,  se  prononce  çl\  :  l  est  vélaire;  le  mot  est  géné- 
ralement écrit  aul%  et  même  onl~  '  :  wheal  aul%  en  Sr-Just  ;  an 
anl~,  Nebb.  Gerr.  —  Hçw(  9tt  ol{  en  Sennen,  écrit  iHousen  olls. 

1.  Cf.,  Le  Sourit, commune  des  environs  de  Pontivy  (Morbihan);  cf. 
gall.  sivrn.     , 

2.  Cf.  breton  mern,  pâture. 

3.  Il  faut  d'ailleurs  admettre  une  sorte  de  diphtongaison  entre  0  et/ 
vélaire  :  Lower  Park  owels,  Gweal  guurra  vurh  (S«-Levan). 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique,       159 

Cette  prononciation  se  constate  dans  des  graphies  de  Lhwyd: 
awltra(i^).  2),  susceptor,  Godfather  ;  aultrûan  Godmother. 

-mowl^e,  bélier  (Lhwyd  27,  2). 

Dans  les  polysyllabes,  il  en  est  de  même  :  môgc  dans  Ros- 
mergy  en  Zennor. 

La  voyelle  palatale  reste  brève,  et  /est  intact  :  wel%,  herbe  : 
Parkwels  (xMullyon);  Gwels  en  drea  (Gulval);  Gweelze  mer 
(Redruth.) 

il0  voyelle  suivie  de  rr   primitif  est  allongée  et  rr  rédujt  : 

bêr,  court  :  revêr,  trop  court  (Lhwyd  223). 

Dans  la  composition  syntactique,  ber  avait  e  bref  et  un 
autre  timbre  :  v.  plus  loin  Deuxième  partie  pour  la  pronon- 
ciation de  r  au  paragraphe  des  consonnes.  Il  est  probable  que 
e  devait  être  ouvert.  C'est  le  cas  pour  ber  en  breton  (fer),  en 
exceptant  certains  points  de  la  Haute-Cornouaille  où  e  a  fini 
par  devenir  fermé  (bêr),  conformément  à  la  loi  des  voyelles 
longues. 

Au  contraire,  //  n'est  pas  réduit,  au  moins  au  point  de  pro- 
voquer un  allongement  dans  la  voyelle  précédente.  On  n'a 
pas  l'impression  d'être  en  présence  d'un  /  prolongé,  mais  la 
voyelle  est  brève.  La  différence  est  dans  la  quantité  de  la 
voyelle  comme  le  prouvent  d'ailleurs  de  nombreuses  graphies 
en  moyen  comique  :  tol,pol(d.  Lhwyd  212,  26). 

B.  —  La  voyelle  est  brève  dans  les  monosyllabes  : 

i°  Quand  elle  est  suivie  de  deux  consonnes,  en  exceptant 
r,  /  -f-  consonnes,  dans  les  cas  précisés  plus  haut,  les  spirantes 
provenant  de  deux  consonnes  th,  ch,  s(%)  final. 

gwidn,  blanc  (Erra  widden  '  sillon  blanc;  Chygwidden,  maison 
blanche,  Saint-Just,  etc.)  ; 

lidn,  étang  (Lidden  en  Saint-Just)  ; 

—  cabm,  courbe  (Lhwyd  223); 

Looe  gabm  (LuGabm)  en  Mullyon  (étang  courbe); 
— bidn,  contre  (er  bydn,warbydn):  bidn  moare,  contre  la  mer. 
(Add.  mas  s.   23e). 

—  crqbn2  :  Trencrom  et  Trecrobben  en  Ludgvan  :  -Nangrob)i 
(Sennen) ; 

—  Htbn,  chaud  (Lhwyd 231.  1,  tubm); 

1 .  Erra  pour  çro,  sillon. 

2.  Ciobn  a  été  précédé  par  crobm. 


ièo  y.  Loth. 

lobn  =  louim,  nu  :  ivoou  lobben  (Ludgvan); 

—  todn  :  toâden  field  (Saint-Just)  ;  v.  plus  haut. 
Cf.  Peu  crond  meadoiv  (Liskeard). 

—  niedn,  3e  pers.  sg.  présent  :  me  a  vedden,  je  veux,  Nebb- 
Gerr.;  me  vedn  geel,  je  ferai  (Math.  191.  19); 

-  tidn  =  tynn  :  pywn  tidn,  expression  en  usage  à  Saint- 
Just  (Williams)  dans  le  sens  de  très  délicat,  difficile  à  faire  :  pour 
pur  yn  tinn. 

-  :v)u~  (gzvius,  vent),  trou  de  ventilation  dans  les  mines 
{Williams  :  Saint-Just); 

—  nans,  vallon. 

2°  La  voyelle  est  brève,  dans  les  mots  empruntes,  suivie  d'occlu- 
sive sourde  :  bat  (dormouse  :  Pryce),  — coc,  canot  (JLbwyd  53), 

—  cot,  cutt,  court  (Williams,  Lexicon),  etc. 

30  En  composition  syntactique,  la  voyelle  longue  suivie  de  n 
est  brève  ;  n  simple  est  traité  comme  nn  et  devient  dn  : 
idngear  da,  un  seul  mot  bon  (Add.  mss.,  p.  10)  '. 

—  in,  dans,  est  arrivé  à  it,  et  après  avoir  passé  par  *ïdn  :  et  a 
phokkat,  dans  ma  poche  (Lhvyd  253.  35  — et  eye  ollas,  dans  son 
foyer  (Add.ms.  136);  etachee(ynat  ty),  en  toi  (Add.  mss.  115); 

—  ettagon  colonow en  nos  coeurs  (Comm.  Dieu); 

—  et  ago  doola,  dans  leurs  mains  (Mathieu  4.  187,  6);  d. 
hodda,  hedda=  hodna,  hedna,  de  honna,  henna. 

40  La  voyelle  suivie  d'un  r  ou  /  simple  par  suite  de  la  dis- 
parition de  ch,  th,  d  ou  v  final,  conserve  son  timbre  ancien; 

hor,  bélier  :  Parle  an  hoar  2  (Paul);  —  hor  (Llnvyd  18.  17  ; 
Ireg  (demeuré)  an  hor  (Sl-Creed); 

cor,  bière  (Add.  ms.  136);  Llnvyd  II.  3,  id.; 

err,  neige  (Llnvyd  250.  3)  ; 

—  pôr  (porth)  port  (cf.  Llnvyd  29.  1);  Por  Lidden,  (Saint- 
Just)  :  pron.  Pç-lédn. 

—  mer,  fille  (Comm.  Dieu  7.  1); 

—  />?''  (Perih)>  buisson  :  Little  Per  doivn  (Buryan).  Pcr-cullas 

1.  Cf.  Gwreaus,  6.6  :  yn  idn  dewges,  en  une  seule  divinité  :  udn  spyes 
1 769  ;  //J«  venyn  2213  ;  ;/<///  aï//  1753  ;  in  udn  Dm  6.  11.  Pour  ce  phé- 
nomène, cf.  Henn-rit,  Henn-lann,  Henn-pont  (Bodk  of  Llandav,  éd.  Rhys- 
Evans,  pp.  73,  80,  275,  208). 

2.  La   graphie  Imr    dans    C/vv  <//;    Hur  ne  paraît  pas  exacte. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brit tonique.        1 6 1 

(S.-Çol.  minor)  =  Perth  golas,  buisson  du  bas;  cf.  Per  noath 
buisson  nu,  (Buiran). 

—  vçr  (Jord),  chemin  :  vor,  tranchée  du  sillon  (Buryan); 
vçr  Eglis  (Saint-Just);  an  vor  noiveth,  an  vor  goth  (JLhwyd  252. 
167);  vor  ar ail,  par  un  autre  chemin  (Math.  2.  197,  12); 

—  carr  (kerrf)  :  angye  eath  carr...  vor  arall,  ils  s'en  allèrent 
par  un  autre  chemin  (Math.  2.  197,  13);  eath  carr  (ibid.  197. 
12).  La  graphie  caar  (ibid.  2.  196,  9)  est  donc  vraisemblable- 
ment fautive. 

Carr  se  prononçait  sans  doute  car  ou  ker  avec  k  non  pala- 
tal; cf.  Gwreans  120.  8  :  ke  in  ker,  va-t-en;  the  doen  in  ker,  le 
porter  dehors,  2427;  deen  ny  in  kerth  partons,  1383. 

§§2.  L'accent  dans  les  polysyllabes. 

La  voyelle  accentuée  est  brève,  quelle  soit  suivie  a"  une  ou  de  plu- 
sieurs consonnes  ;  les  prétoniques  ou  posttouiqites  sont  toutes  réduites 
ou  disparaissent,  quelle  que  soit  leur  quantité . 

A.  —  Voyelle  accentuée.  Le  redoublement,  dans  l'orthographe, 
de  la  consonne  qui  suit  immédiatement  la  voyelle  accentuée, 
est  un  indice  sûr  de  la  brièveté  de  cette  voyelle  :  il  n'a  pas 
d'autre  signification.  C'est  encore  un  trait  emprunté  à  l'ortho- 
graphe anglaise.  Le  changement  de  n,  m  en  dn,  bm  indique 
aussi  une  voyelle  brève  précédente,  ou  abrégée.  L'orthographe 
du  comique  moderne  est  ici  celle  du  comique  moyen,  en  géné- 
ral. 

Bdtâhc  (Botallach,  Saint-Just);  èro1  widn  (Erra  zviddeu, 
Saint-Just);  dn  dérds,  la  porte  (Parle  an  duras,  Saint-Just).  - 
N<>1séra(Nantcherrow  %  Saint-Just).  — Hefovènïdn  (Saint-Just  : 
Haie  venton)  :  venton,  fontaine,  pour  haie  v.,plus  bas.  —  Parc 
pu  èbdl  (Parle  an  able,  le  champ  du  poulain  Buryan).  - 
Pednd  ventdn,  le  bout  de  la  fontaine  (Pedn  venton ,  Sennen).  — 
Parle  mefon  (Carn  mellon,  Mullyon)  ;  Porth  mellm,  ibid.).  :  nieLm, 
moy.  corn,  melyn,  jaune. 

1 .  Ou  ëra  ;  les  0  final  venant  de  w  consonne  forment  syllabe.  Le  cor- 
nique  ne  distingue  pas  entre  tuhin  et  wënn. 

2.  Nantcherrow est  pour  Nans-carow  :  en  1674, Nant  carroiv  ;cf.  Penkerrow 
en  Helston  in  Trigg  (Trigg  pour  Triger,  le  Tricurius  pagus  de  la  vie  de 
saint  Samson).  Parte  an  iarrow  (Saint-Just)  est  peut-être  pour  Pari;  an 
derow  :  dçro). 

Revue  Celtique,  XXXV.  11 


162  /.  Loth. 

-  vêlai,  moulin  :  fréquent,  écrit  généralement  velîan  ; 
vefon  nowdth'.  Vellan  noweth  (Burvan);  niellai  //t'i:r//.>(Phillack); 
velldn  noeth  (Saint-Yves); 

Peu  meta  le  bout  du  mont,  {Peu  menor,  Burvan); 

—  Ludpn  =  Ludgvan  ; 

-  IV il  lierais  le  champ  des  parents,  {ïfcal  Kerens,  Mul- 
lyon) ; 

-  Carnélç  (Carnellow,  en  Zennor  :  colline  pierreuse)  ; 
isdn  {u~ion,  husksofeorn.  :  Williams^  Saint- Just). 

—  Toi  davds  (Trelodavas  l,  Buryan); 

—  Boskomm  (Boscawen  woon,  Buryan); 

-  Penorac  (Mullyon)  :  oiue,  endroit  aux  frênes. 

Nit n  orac  (Noon  onackœmmon,  Saint-Just)  :  nun  =  an  woon  ; 
Binâhc  {Bennallack,    Buryan),    genêtaie  ;  cf.    Park  Bunuel 
(Saint- Levan)  ; 

—  Bçlâncdn  (Bolankau,  village  de  Buryan); 

—  Bnânhth  -  {Bosanketh,  Buryan); 

-  Boscrigdn  ou  Bascrigm  {Boscriggan,  Saint-Just); 

—  Park  m  gârJc,   le  champ  du  rocher,  {Park  an  garraek, 
Burvan)  ;  CàrJeh't~{Carrick  Gloose,  Mullyon); 

—  Rdniàpc  (Kenidjack,  village  en  Saint-Just); 

-  Cçdra  wili  {Codna  wielgi,  Buryan):  çodna,  cou  ; 

-'dnun  gômp9s  {La  lande  unie  :  Noon  gumpas,  Ludgvan); 
woon  gampus  (Saint-Just)  ; 

-flegi  (High,  Lower  degga,  Ludgvan),  dîme; 

-  Diras  le  (Dinas  la,  Saint-Ives;  Hobson  Matthews, 
Saint-Ives); 

—  H  al  durX  {Hal  towrack,  Buryan); 

—  Hql  2  vénton  {Ella  venlon,  Sennen); 

—  vettn  gé  '  {Fenton  gay,  Buryan)  ; 


i .  Toi  davas  signifie  le  trou  aux  brebis  :  il  y  a  eu  probablement  change- 
ment étymologique  ;  Trelodavas,  si  la  forme  est  sincère,  représente  vrai- 
semblablement :  Tre-lo-davas,  l'habitation  de  l'étang  (lo,  loch)  à  la  brebis. 
Cf.  Parkan  Devas,  Park  au  deves  (Saint-Hilary)  le  champ  aux  brebis. 

2.  L'accentuation  et  la  prononciation  prouvent  que  an  ne  peut  être  l'ar- 
ticle ;  de  plus  la  prononciation  sourde  de  s  indique  un  second  terme  com- 
mençant par  une  consonne  {sahkethï). 

3 .  gè  pour  ke,  champ  en  clos,  je  pense. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       163 

—  wâvis  (Givavas  field,  Sennen)  !  ; 

—  Lof  rôda  =  Lan-frodo 2  (Lafrowda,  Saint-Just); 

—  Mçrdps  (morraps,  Mullyon)  5  ; 

—  mdrijm  et  mâjdn,  fourmi 4  (Engl.  Dict.  dict.)  ; 

—  Nandjiyl  (Nariji^el,  pour  nansi^el,  le  vallon  bas. 

—  Ro^odjcm,  le  tertre  au  bœuf  (Rose  udgeon,  Mullyon);  cf. 
Rose  udgeon,  Saint-Hilary; 

—  çgo  s  dur,  la  caverne  à  l'eau  (Mullyon)  ; 

— pâdp paw,  quatre  pattes,  lézard  (Williams,  Saint-Just)  : 
pedwar  et  pedeir  sont  confondus. 

—  pedrdli-mow  (Engl.  Dial.  Dict.  :  pedrack-mow,  round  mow 
of  the  same  diameter  throughout  the  rick  of  corn  buildon  the 
stabble  field)  6  ; 

—  spérnm,  endroit  aux  ronces  (Giueal  Spernon,  Saint- 
Just);  Sparnon  (Buryan); 

—  sténPc,  endroit  à  étain  (stannack,  stannick;  Saint-Just, 
Sancreed)  ; 

—  wobs:  Parle  ivollas,  le  champ  d'en  bas  (Mullyon)  :  conti- 
nuellement opposé  à  warra,  en  haut  (Parle  ivarra,  Sancreed. 
Ros  cïtdden  (Gulval)  :  cudden,  pigeon  sauvage,  bret.  cudon. 

Les  graphies  des  textes  modernes  ainsi  d'ailleurs  que  celles 
du  moyen  comique  sont  d'accord  avec  la  prononciation 
actuelle. 

Conim.  Dieu  2.  1;  5.  1  gerrio  ;  hannaw,  nom,  5.  2. 
Genèse  3  :  lavarra^e,  il  dit  174.   1  ;  175.  4  ;  givella-,  voir,  176. 

1.  Pour  givavod  habitation  d'hiver;  cf.  gai.  hafod,   habitation  d'été. 

2.  Pour  nant-frodoiv,  le  vallon  aux  sources.  Il  y  en  a  beaucoup,  en  effet, 
dans  ce  quartier  de  Saint-Just.  Il  y  a  eu  changement  du  sing.  en  pluriel. 
Le  Rév.  Taylor  me  communique,  en  effet,  ces  formes  : 

Lafrowden  (frudetl  ou frqden,  source)  1597;  Laffrowden  1601  ;Laffrodor 
1657.  Le  nom  est  complètement  altéré  en  1694  :  Lafradwen,  puis  Larrad- 
vjtn  en  1726.  Cf.  Lafloivder  en  Mullvon. 

3 .  Engl.  Dial.  Dict.  :  morreps,  morrébs,  low  lying  pasture  over  the  sea. 
En  effet,  la  tn;r  y  influe. 

4.  Lhwyd  61.  1  :  murryan.  C'est  un  terme  de  tendresse  qu'emploie  un 
père  pour  sa  fille  en  bas  âge,  en  certains  endroits  duCornwall. 

5.  ogo  =  gall.  gogov  ;  il  y  a  une  autre  forme  vogç  pour  viçgq  :  Gui 
vaugoe  en  Sennen . 

6.  pedrac  est  dérivé  depetr-  :  cf.  gallois  pedry-,  quadrangulaire  et  parfait 
(v.  J.  Loth,  Les  vases  à  quatre  anses). 


164  /•  Loth. 

6;  gerres  (fgerres),  ouvert  177.  7;  lebben,  maintenant  174. 
1  ;  e  a  wellû%}  il  vit,  194.  23  — ■  cm  vennen,  la  femme,  174.  1  ; 
175.  2  ; 

Mathieu  4  :  lavarra^  186.  3,6;  —  e  houncn,  lui-même, 
186.  4  ;  187.  6;  —  tha  houncn  187.  6  ;  —  a«  gerryow  192.  20; 

—  a  wella~  191.  21  ;  — golloiu,  lumière,  190.  16;  cf.  Lhwyd, 
gôlow,  253.  42 

Mathieu  2  :  genne\,  né,  194.  1  ;  —  devanna^,  envoya,  196. 
8;  — wella\  (gall.  chwîlw), rechercher,  196.  8;  whella\  200.20, 

—  giuella~,  voir.  La  graphie  ra^r,  filets  (//W.  191.  19),  si 
elle  est  exacte,    indiquerait   une  influence  de  roo%e  (singulier). 

Nebb.  Gerr.  :  wolla^,  en  bas  —  lavarra^  —  ginne-  ubba,  né 
ici  —  nebbas,  peu  —  mean  orrol,  autre  pierre  —  an  collan,  le 
cœur  —  parre^,  prêt. 

war  egilla,  sur  l'autre  —  gwella^,  voir. 

Add.  mss.  :  tha ihonnen  toi-même  115  —  tha  varrow,  a  mort 
115  —  bennen,  femme,  13e  — dirra,  durer,  13e  —  gu~hollan 
ivhy,  votre  sel  à  vous. 

—  stynnorian,  mineurs  d'étain,  10  — gerryow  139  — kolon- 
now,  cœur,  ibid.  —  lavirrians,  travail,  136  —  olla^,  foyer, 
136  —  en  gulla^en  be%e,  au  fond  du  monde,  130. 

Cf.  John  Tsheian  fliror  (Lhwyd)  :  leddàrn,  voleurs,  25 1 .17  — 
giuilli,  lit,  23  —  metten,  matin,  28 — néb  onnen,  quelqu'un,  26 

—  meppig,  petit  enfant,  44  —  giuella^,  voir. 

Dans  Gwreans,  les  occlusives  sont  souvent  redoublées  :  deb- 
br\,  manger,  836.  181 3,  845  —  debbrys,  mangé,  147.  3  — 
ybborn,  ciel,  83.  De  même,  dans  les  autres  textes  :  Beau.  Mer.  : 
dadder,  bonté,  205,  210;  laddron  2059  —  Pascon  :  dadder  j,  lad- 
dr.on  192.  4;  90.  4;  229.  1  ;  184.  4. 

Pour  les  autres  consonnes,  le  système  est  le  même. 
(A  suivre.} 

J.  Loin. 


SUR    LES 

PRÉSENTS    IRLANDAIS 

DU    TYPE     GUIDIM 


Le  type  le  plus  ordinaire  de  présent  dans  les  racines  qui 
fournissent  des  présents  radicaux  est  le  type  de  présent  thé- 
matique attesté  par  skr.  bhârâmi,  gr.  yi?M,  got.  haïra,  v.  irl. 
do-biur,  etc.  C'est  ce  type  qui  a  dû  être  le  plus  courant  à  la 
fin  de  la  période  indo-européenne,  et  c'est  celui  qui  a  dû 
dominer  dans  les  verbes  radicaux  durant  toute  la  partie  la 
plus  ancienne  de  la  période  de  développement  propre  des 
divers  dialectes  indo-européens  antérieurement  à  l'époque 
historique.  Mais  toute  racine  indo-européenne  ne  fournissait 
pas  un  présent  thématique;  telle  racine,  *ed-  «  manger  »,  par 
exemple,  ne  fournissait  qu'un  présent  athématique;  telle 
autre,  *dhê-  «  poser  »,  par  exemple,  ne  fournissait  qu'un 
aoriste  par  suite  de  son  sens  et  ne  se  prêtait  à  fournir  un  présent 
qu'à  l'aide  d'un  redoublement.  Les  cas  de  ce  genre  se  tra- 
duisent dans  les  diverses  langues  indo-européennes  par  la 
disparition  de  ces  racines  dans  beaucoup  de  langues,  ou  par 
l'emploi  de  formations  dérivées  destinées  à  suppléer  au  présent 
thématique  manquant.  L'une  des  formations  qui  suppléent 
ainsi  à  l'absence  d'un  présent  thématique  est  l'itératif  ancien 
du  type  skr.  patâyati,  gr.  xoTéojAat  ;  ce  type  de  présents  a  tan- 
tôt la  valeur  itérative  et  tantôt  la  valeur  causative  ;  on  ne 
pourra  faire  état  ici  que  des  cas  où  il  n'a  pas  valeur  causa- 
tive. Ainsi  lat.  mulçeô  remplace  un  présent  athématique  (v. 
M.  S.  L.,  XVII,  p.  60  et  suiv.).  En  grec  pocpéo)  est  le  présent 
d'une  racine  qui  fournit  l'aoriste  supplétif  arbi  au  présent 
arménien  Jmpem«  je  bois»  ;  le  lituanien  a  des  présents  d'autre 


i66  A.  Meillet. 

formation,  avec  des  vocalismes  différents  :  surbià  et  srèbin, 
coexistence  qui  suffirait  à  elle  seule  à  suggérer  l'idée  que 
*srebh-  était  de  type  athématique  en  indo-européen  ;  la 
forme  latine  est  sorbeô.  De  la  racine  *prek-,  on  a  v.  si.  pro- 
sitû  et  lit. prâsxp  «  il  demande  »;  l'absence  ancienne  d'un  pré- 
sent thématique  est  indiquée  par  l'extension  du  présent  en 
*-ske-  :  skr.  pfechâti,  v.  pers.  prsa-  (persan  pursam  avec  -s- 
répondant  à  skr.  -çch-\  lat.  poscô,  arm.  harçi  «  j'ai  interrogé  » 
(d'où  le  présent  harçanem),  v.  h.  a.  forskôn  ;  le  vocalisme  -er- 
du  lit.  persan  «  je  demande  (une  femme  en  mariage)  »  suffit 
à  en  indiquer  le  caractère  secondaire  en  face  de  l'infinitif 
pifs^ti  ;  le  vieil  irlandais  a,  de  son  côté,  une  forme  aussi 
récente,  avec  un  autre  vocalisme,  arco  (v.  Pedersen,  VergJ. 
Gramm.,  II,  §  658,  p.  457).  A  côté  de  got.  fitgkjan,  on  aftdg- 
kjan  et  lat.  longea  ;  mais  aucun  présent  thématique  n'est 
attesté. 

Ce  procédé  a  tenu  certainement  une  place  notable  dans  le 
développement  des  verbes  irlandais;  car  il  en  subsiste  à 
l'époque  historique  plusieurs  restes  (qui  seront  cités  ici  en 
renvoyant  aux  paragraphes  de  la  Vergleichende  Grammatik  de 
M.  Pedersen). 

gonim  «  je  blesse,  je  tue  »  (Pedersen,  §  746),  cf.  v.  si. 
gonili,  lit.  ganyti  en  face  de  skr.  hdnti,  et  zd  jainti;  le  présent 
athématique  n'est  conservé  qu'en  indo-iranien  ;  le  grec  l'a  rem- 
placé par  ôetvw  et  le  latin  par  -fendu  (of-fendô,dè-fendo)  ;  le  pré- 
sent thématique  lit.  genù,  v.  si.  %enç  (infln.  gùnatt)  résulte  d'un 
développement  secondaire. 

guidim  «  je  demande,  je  prie  »  (Pedersen,  §  749),  cf.  gr. 
-oOéo)  ;  la  plupart  des  langues  n'ont  pas  le  présent  de  cette 
racine;  l'iranien  a  recouru  à  une  forme  à  suffixe  -ye-  :  v.  pers. 
jadiyùmiy  «  je  demande  »,  zd  jatàyehi  «  tu  demandes  »  ;  seul, 
le  lituanien  paraît  avoir  développé  un  présent  thématique 
gedù  «  j'ai  deuil  de  ». 

guirim  «  je  chauffe  »  (Pedersen,  §  740);  l'existence  d'un 
subjonctif  forgera  ne  suffit  pas  à  établir  celle  d'un  présent 
fo-geir,  étant  donnée  l'indépendance  du  subjonctif  vis-à-vis 
de  l'indicatif  irlandais;  il  n'y  a  de  présent  thématique  de 
cette  racine  que  dans  le  présent  raregr.  8lpw;  l'arménien  a  )ef~> 


Les  présents  irlandais  du  type  guidim.  i6j 

nmn  «  je  m'échauffe  »,  et  le  slave  goritû  «  il  brûle  »  (infinitif 
goret /). 

tuilim  «  je  dors  »  (Pedersen,  §  853),  dont  M.  Bezzenberger 
a  rapproché,  sans  doute  avec  raison,  v.  si.  toliti  «  apaiser  »  ;  cf. 
sans  doute  aussi  arm.  thoium  «  je  laisse  »  (de  *tol-nu-).  Le 
gr.  ïtXyjv  est  bien  éloigné  pour  le  sens  ;  en  tout  cas,  il  ne 
saurait  être  question  d'un  présent  thématique  ;  car  ttilo 
est  une  création  de  grammairiens,  sur  le  subjonctif  archaïque 
tidaui. 

tuigim  «  je  couvre  »  (Pedersen,  §  852),  cf.  v.  isl.  ftekia,  v. 
h.  a.  decchen  ;  le  grec  a,  il  est  vrai,  jtîyoj,  et  le  latin  tegô;  mais 
la  forme  sanskrite  sthagati  que  donnent  les  grammairiens  ne 
saurait  être  ancienne,  et  l'absence  de  correspondant  germa- 
nique à  lat.  tegô  et  gr.  a-é^ui  suffit  à  rendre  suspecte  l'antiquité 
de  ce  présent  thématique;  il  est  frappant  que  le  lituanien  ait 
stê'giu  dont  Yè  indique  nettement  l'existence  d'un  présent  athé- 
matique,  analogue  à  êsti.  Le  g  du  skr.  sthagayati  ne  saurait 
être  ancien  si  le  verbe  est  radical  ;  ce  doit  être  un  dénomina- 
tif, et  l'on  se  demandera  si  v.  irl.  tuigim  et  v.  isl.  fekia  ne 
seraient  pas  aussi  des  dénominatifs  tirés  du  substantif  attesté 
par  brittonique  to,  v.  h.  a.  dach,  v.  isl.  fak  ;  c'est  ainsi  que 
Whitley-Stokes  paraît  avoir  envisagé  les  choses  (Sprachsrhat^, 
p.  127),  et  le  futur  v.  irl.  intiiigfet,  cité  par  M.  Pedersen,  1. 
c,  n'a  pas  le  caractère  d'un  futur  radical.  S'il  en  est  ainsi,  il 
demeure  remarquable  que  la  flexion,  sans  doute athématique, 
de  *stheg-  dans  le  présent  ait  entraîné  en  sanskrit,  en 
germanique  et  en  celtique  l'emploi  d'un  dénominatif  au  lieu 
de  l'ancien  présent  radical.  La  racine  *stheg-  n'avait  sans  doute 
pas  de  parfait  en  indo-européen  ;  il  n'est  attesté  un  parfait  ni 
en  sanskrit,  ni  en  grec  (où  même  l'aoriste  êcre^a  semble  peu 
ancien);  si  un  parfait  avait  existé  en  germanique,  il  aurait 
sans  doute  suffi  à  provoquer  la  formation  d'un  présent  thé- 
matique, comme  il  est  arrivé  pour  got.  itan  par  exemple  ; 
quant  au  latin,  la  formation  de  têxi  paraît  bien  indiquer  qu'il 
n'y  avait  pas  d'ancien  parfait  ;  le  prétérit  v.  irl.  ro-d-toig,  qu'on 
lit  Thés.,  II,  294,  14,  est  sans  doute  une  création  de  l'irlan- 
dais ;  M.  Pedersen  ne  cite  pas  d'autre  exemple  de  cette  forme. 
Il  y  a  nombre  d'autres  exemples  dont  on  ne  peut  faire  état 


i6S  A.  Meillet. 

ici,  soit  parce  que  la  racine  ayant  un  a  radical,  le  vocalisme 
o  ne  saurait  apparaître,  ainsi  pour  bâidim,  ràidim,  soit  parce 
que  l'étymologie  est  inconnue,  ainsi  pour  cuiriur,  ou  con- 
testée, ainsi  pour  -osaiîci  «  ilouvre  »,  soit  enfin  parce  qu'il  s'agit 
de  véritables causatifs,  ainsi  pour  Inaidim,  luigim>suidim,  sâidim. 
Le  fait  que,  à  côté  des  itératifs  cités  ci-dessus,  certaines 
langues  offrent  des  présents  radicaux  thématiques  ne  doit 
pas  tromper  sur  l'état  de  choses  indo-européen  :  le  type  de 
présent  radical  thématique  a  continué  de  se  développer  durant 
la  période  ancienne  des  divers  dialectes  indo-européens;  cer- 
taines langues,  comme  le  germanique,  ont  assurément  créé 
beaucoup  de  formes  nouvelles  de  ce  genre.  Mais  on  conçoit 
que  l'existence  d'une  forme  itérative  ayant  un  sens  voisin  de 
celui  du  présent  radical  ait  empêché  le  développement  d'un 
présent  thématique  en  quelques  cas  ;  c'est  cequi  est  arrivé  sans 
doute  dans  les  exemples  irlandais  cités  ci-dessus. 

A.  Meillet. 


NOTES 

SUR    LE 

PARLER     BRETON     DE    CLÉGUÉREC  ■ 
(morbihan) 


GRAMMAIRE 


(Là  encore  on  a  suivi  pas  à  pas  la  grammaire  de  MM.  Guil- 
levic  et  Le  Goff.) 

ACCENT  TONIQUE 

L'accent  tonique,  à  Cl.,  est  sur  la  dernière  syllabe  : 

forsét,  obligé  ;  kalét,  dur  ; 

selewét,  sirét  (impératif),  écoutez,  ramassez. 

Toutefois  —  en  construction  syntactique  —  il  arrive  que 
la  syllabe  finale  d'un  mot  (adjectif,  participe,  verbe  à  divers 
temps)  soit  élidée  complètement  ou  presque.  C'est  alors  la 
pénultième  qui  porte  l'accent,  un  accent  secondaire,  il  est  vrai, 
l'accent  principal  du  groupe  étant  sur  un  mot  qui  vient 
après  : 

jbrse(t)  mât,  bien  obligé  ; 

kàled  e  beiuèn  (accent  principal  du  groupe  sur  la  2e  syllabe  de 
bewen),  il  est  difficile  de  vivre; 

(ne)  glèïveQ)  két  ?  n'entendez-vous  pas  ? 

Il  semble  aussi  que,  dans  certains  mots,  les  deux  dernières 
syllabes  soient  à  peu  près  également  accentuées  : 

disparti,  séparation,  limite;  labur,  travail. 

MUTATIONS 

I.  Par  spiration.  —  Elles  se  font  à  Cl.  suivant  l'habitude 
de  V.,  /  devenant  â  : 

k  p  t 

me  chalô,  me  fawt,  me  âat, 

mon  cœur,  mon  garçon,  mon  père  ; 

i.  Voir  ci-dessus,  p.  i  et  suiv. 


170  E.    Thibault. 

gye  me  char,       me  fil,  me  dago, 

il  m'aime,  me  bat,  m'étranglera  ; 

er  chok,  er  paiol,  en  lat, 

le  coq,  le  garçon,  le  père. 

Mais  bon  (employé  en  toutes  positions),  adj.  possessif  : 
notre,  et  pron.  personnel  :  nous;  in  (employé  en  toutes  posi- 
tions), pron.  personnel  :  le,  ne  provoquent  aucune  muta- 
tion : 

k  p  1 

hôn  kalô,  bon  pawt,  hôn  lat, 

notre  cœur,  notre  garçon,  notre  père  ; 

gye  hôn  kar,         hôn  pil,  hôn  tago, 

il  nous  aime,  nous  bat,   nous  étranglera; 

min  kar,  in  pil,  in  tago, 

je  l'aime,  le  bats,  l'étranglerai. 

La  mutation  du  k  en  ch  ou  /;  se  fait  aussi  à  Cl.  devant  les 
noms  féminins  pluriels  de  personnes  après  l'article  défini  : 

er  chaneredet ,  er  chwi^inereâej ,  er  chanilarïi'et, 

les  laveuses,  les  cuisinières,  les  cousines. 

Remarques.  —  i)  C'est  probablement  la  présence  de  17  ou 
de  Vu,  amenant  la  palatalisation,  qui  rapproche  un  peu  de  S  la 
spirante  initiale  dans  : 

er  chyi,  le  chien;  er  chyifc,  la  viande  ;  er  chyurç,  le  vicaire. 

2)  Remarquer  que,  parfois  après  une  voyelle,  ou  bien  la 
petite  aspiration  initiale  devient  plus  énergique  : 

i  ta  chyawl,  le  soleil  vient,  voilà  du  soleil 

(On  dit  aussi  i  ta  en  hyawl  avec  l'article)  ; 
ou  bien  une  aspiration  nouvelle  légère  s'établit  au  commen- 
cement d'un  mot  : 

me  henô  ou  hino,  moi  seul,  moi-même. 

(Cependant  Cl.  s'arrête  là,  dit  hn(s)  inô,  vous-même,  et  ne 
déduit  point-  bu  henô  par  mutation,  vous-même,  comme  le 
bas-vannetais.) 

Peut-être  ce  phénomène  s'est-il  produit  par  imitation  de 
celui  qui  fait  réapparaître  detempsen  temps  la  spirante  finale 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Clégiiérec.  iji 

de  l'adj.  possessif  i,  son  (se  rapportant  à  un  possesseur  fémi- 
nin) devant  une  voyelle.  En  effet,  il  semble  bien  que  l'on 
entende  : 

i  echlwe,  sa  clé  ;  i  aniuer,  sa  génisse  [à  lui]  ; 
mais  : 

i  hechlwe,  sa  clé;  i  banïoer,  sa  génisse  [à  elle]. 

3)  Signalons,  dès  maintenant,  la  mutation  (dont  nous  par- 
lerons plus  loin)  de  g  initial  en  gh  ;  elle  pourrait,  en  effet, 
être  classée  dans  les  mutations  par  spiration. 

Voir  plus  loin  aussi  les  mutations  après  les  noms  de 
nombre. 

II.  Par  affaiblissement.  —  Avant  d'entrer  dans  le  détail  de 
ces  mutations,  disons  qu'à  Cl.  l'affaiblissement  de 

M  est  la  bilabiale  W  ou  W, 
tandis  que  celui  de  B  est  généralement  V  comme  à  V. 

m  :  mam  :  er  wam,  la  mère  ;  meser  :  i  wekr,  son  métier  [à 
lui]; 

monet  :  i  hâ  de  wonet,  je  vais  aller. 

b  :  bach  :  er  vach,  le  bâton  ;  bis  :  ivis,  son  doigt  [à  lui]  ; 

bwech  :  i  vwech,  sa  voix  [à  lui]. 

L'on  dit  pourtant  : 

bo  :  pe  îuo  bras,  quand  il  sera  grand; 
(mais  c'est  peut-être,  pe  0  pour  pe  vo  bras,  la  chute  pure   et 
simple  du  v). 

L'affaiblissement  du  à  est  â  ou  ^  (voir  plus  bas)  : 

ne  âalhà  ou  ialha  ht,  je  ne  tiens  pas  ;  i  ^ele  ou  ctele,  sa  dette 
[à  lui]. 

Ceci  observé,  l'on  peut  constater  que  l'usage  à  Cl.  est,  dans 
ses  grandes  lignes,  conforme  à  celui  de  V.  Cependant  il  s'en 
distingue  en  deux  points  importants  : 

a)  le  d  initial  —  dans  les  noms  féminins  singuliers  —  devient 
^  après  l'article  (qui  garde  alors  la  terminaison  r)  ;  après  en  ou 
in  ur,  signe  du  participe  présent,  le  d  initial  de  l'infinitif  subit 
la  même  transformation  : 

ur  lâtehn,  une  dentelle;  ur  ~evalen,  une  descente,  une 
pente. 


172  E.   Thibault. 

L'on  dit  aussi  : 

'a  ur  lemât,  ~eval ,  -iïpittal,  en  se  lamentant,  descendant,  se 
disputant. 

Ce  phénomène  n'empêche  pas  le  d  de  tomber  parfois  au 
singulier  comme  en  V.  (mais  on  retrouve  cette  lettre  au  plu- 
riel) : 

en  ur,  la  porte,  plur.  en  dçryœw  ; 

en  anOen,  le  chêne,  plur.  en  derwesat. 

On  dit  : 

ilre  en  dœw  (et  non  tire  en  nœw),  entre  les  deux. 

b)  Après  l'article  le  g  initial  d'un  substantif  féminin  singu- 
ier,  au  lieu  de  devenir  h  ou  de  tomber  complètement  comme 
en  V.,  devient  très  guttural.  Cette  aspiration  particulière 
peut  se  noter  gh,  surtout  devant  a  et  o,  u  : 

er  gbacb,  le  talus;  er  gbar,  la  jambe;  er  ghat,  le  lièvre;  er 
ghaivlot,  la  fourche  ;  ur  ghor,  une  chèvre  ;  er  gJnt  ou  er  ivu,  la 
taupe. 

Cf.  er  Ghalœwet  ou  er  Galœïvel .  les  Gallos,  etc. 

L'on  entend  : 

kement  a  hyeâô  ou  ghyeâô,  autant  de  lièvres. 

Mais  l'on  dit,  à  peu  près  comme  à  V.  : 

er  bwecb,  la  fois;  er  Jribes  ou  Jriùis,  la  truie; 
et,  par  ailleurs,  suivant  l'usage  général  : 

en  diil'ar,  les  deux  jambes;  i  (Ji)ar,  sa  jambe  [à  lui];  etc. 

Remarques.  —  i)  L'affaiblissement  a  lieu  au  pluriel  à 
l'initiale  des  noms  féminins  de  personnes  (sauf  cependant  pour 
le  &qui  devient  plutôt  (r)/;  :  voir  plus  haut,  mais  on  entend 
aussi  : 

erganeredet,  les  laveuses); 

begules,  jeune  bergère,  plur.  er  veguledet  ; 

viagères,  nourrice,  plur.  er  wagerectet,  etc. 

2)  Les  adjectif  bihâ,  petit  ;  bras,  grand  :  braih,  beau,  et  mat, 
bon,  sont  bien  ceux  dont  l'initiale  mute  le  plus  souvent,  mais 
d'autres  encore  comportent  cette  mutation  qu'il  est  difficile 
de  codifier  aussi  strictement  que  le  fait  la  grammaire  de  V., 
car  l'usage  est  variable.  On  dit  : 

dru,  gras  :  er  re  dru,  les  gras;  given,  blanc  :  er  re  ïven,  les 
blancs;  krew  bras  ou  vras,  très  fort  ; 


Notes  sur  le  parler  breton  de  CUguérec.  173 

pel  bras  ou  vras,  très  loin  ; 

ilijœw  bras  ou  vras,  de  grandes  églises. 

D'ailleurs  la  mutation  par  affaiblissement  n'est  pas  toujours 
faite.  Elle  n'affecte  jamais  le  verbe  talèn,  valoir  : 

petre  tal  dçch?  combien  cela  vaut-il  pour  vous  ?  Combien 
l'estimez-vous  ? 

ta  ke  bwen  :  V.  ne  dal  ou  tal  ket  er  boén,  cela  ne  vaut  pas  la 
peine;  et  l'on  entend  : 

i  hà  de  m(f)  snâart,  je  vais  être  soldat. 
(C'est  probablement  que  l'on  fait  la  mutation  par  affaiblisse- 
ment sur  la  forme  défectueuse  Pet  de  l'infinitif.) 

D'autre  part,  Ton  fait  parfois  la  mutation  par  affaiblissement 
après  la  conjonction  mar,  si  : 

mar  hiïel,  mar  ganiet,  mar  gom~,  s'il  voit,  si  vous  offrez,  s'il 
cause;  etc. 

et  l'on  dit,  sans  raison  apparente  : 

pep,  mais  Bep  mis,  mp  sehœn,  chaque  mois,  chaque  semaine  ; 

Mèn,  mais  er  ixèn,  les  pierres,  ur  yœch  \xèn,  un  tas  de 
pierres  ; 

uerch,  mais  fwer  \xejch,  foire  de  mars  ;  Maria,  mais  Itrô 
varia,  madame  Marie  [la  sainte  Vierge];  etc. 

3)  Voir  plus  loin  pour  les  mutations  après  les  noms  de 
nombre. 

III.  Par  renforcement.  —  Là  encore  Cl.  présente  un  phéno- 
mène important  :  après  /,  signe  du  participe  présent  ou  parti- 
cule verbale,  et  mi,  conjonction,  que  : 

B  devient  F, 

M  devient  W,  W  précédé  d'une  aspiration  :  HW ,  HIV. 

1       b  :  fàrbotat,  fetenèn,  fivitat  i  Jônet,  il  est  en  train 

.    '  de  bavarder,  fumer,  donner  à  mangera  ses  bestiaux  ; 
/  ma  1 

i       m  :  hvalèn,  hwerwel,  hwonet  (honet),  il  est  en 

train  de  moudre,  mourir,  aller. 

I       b  :  farbotehç,  fetenehe,  ftvitehe  i  lônet,  je  voudrais 

,    \  qu'il  bavardât,  tumàt,  donnât  à  manger  à  ses  bes- 
me  çarene  )    \  & 

5    .    -  (  tiaux  ; 

m  :  hiuakhe,  hivariuehe,  je  voudrais 


qu  il  moulut,  mourut. 
L'usage,  parfois,  est  assez  flottant  et  l'on  entend 


174 


E.   Thibault. 


b  :  gençchi  IriOèij  Qèij)  cerus  =  avec  vous  je  serai  heureux. 

Après  h ii,  pron.  personnel  :  vous,  ou  adjectif  possessif  : 
votre,  ;  initial  devient  s  : 

so-se  nhu  ièyna  ket,  cela  ne  vous  gêne  pas  ; 

hu  filet,  votre  habit  ;  etc. 

L'on  entend  aussi  : 

v  :  hu  rakâs,vos  vacances  ;  hu  velus, votre  velours;  hu  ?yolô, 
votre  violon. 

Mutations  après  les  noms  de  nombre  ou  les  concernant. 

L'on  dit  : 


masc. 


dœw 
f. 


kok 

coq 

zcik 


paii't   ti>       gwil  blâk   dèn        meâul 

garçon  maison  fête  sou      homme  mesure 

bawl  âP      (hjuril(y.ïem.2)vlâk   dèn       weâul 

ou  zen 


diw 

\  tri 
\  f<> 


m.  ch... 
f.  ch... 
\  pyar  m.  ch... 
poâer  f.  A'... 


kaneres  pife 
laveuse  pie 
ganeres  bijx 

p... 

p... 

p... 


tevarn  gat-gwalen  bach  dot 

auberge  lièvre-verge  bâton  porte 

devarn  (Jj)gt-(Ji)ivakn    vach  zgr 


pep 

hwecb 

sech 

ech 
10  dyek,  etc. 
9    naw  c  h 


p... 
p... 


â... 
â.., 
â.., 


^(v.rem.3) 
^(v.rem.3) 


p...    t. 


b.. 
h.. 
b.. 
b.. 
p.. 


b 


d.. 

d.. 
d.. 
d.. 


d... 


mam 

mère 
ira  m 
m... 
m... 
m... 
m... 
m... 

m... 

m... 


Cl.  mute  les  premiers  nombres  ordinaux  et  dit  : 

en  drivet  dèn,  le  troisième  homme;  en  dervet  mwes,  la  troi- 
sième femme  ; 

er  byarvei  dèn,  le  quatrième  homme  ;  er  beâervet  ou  boâervet 
iiiiuçs,  la  quatrième  femme; 

er  bempet  dèn,  le  cinquième  homme. 

De  même  que  l'on  a  er  byarvej,  l'on  a  aussi  : 

er  biejvej,  le  quantième? 

Remarques.  —  1)  Le  p  est  intact  dans  : 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  175 

er poâer  myach,  les  quatre  filles. 

2)  La  mutation  par  affaiblissement  du  g  ne  se  fait  pas  tou- 
jours après  dœiv  : 

dœiv  Gai,  deux  Gallots;  diviv  calât,  deux  maris. 

3)  Le  g  se  durcit  parfois  en  k  après  pèp,  cinq  : 
pçp  kivech,  cinq  fois; 

de  même  après  dyek,  dix  : 
dyek  \wech,  dix  fois. 

ARTICLE 

Nous  venons  de  voir,  au  chapitre  des  mutations,  que  l'ar- 
ticle er,  ur,  le,  un,  est  employé  à  Cl.  même  devant  les  substan- 
tifs féminins  singuliers  commençant  par  ~,  mutation  du  d  : 

er,  ur  xàtelen,  la,  une  dentelle; 

er,  urçevalen,  la,  une  descente;  etc. 

Répétons  aussi  que  l'article  se  contracte  parfois  avec  certaines 
prépositions  : 

ar  vri  =  ar  er  vri,  sur  la  lisière  (du  champ)  ; 

ber  vudst  :  V.  barh  er  vouistr,  dans  la  boite  ; 
surtout  avec  get,  avec  : 

ger  wam  :  get  er  vam,  avec  la  mère;  etc.,  etc. 

Remarque.  —  Cl.  emploie  in  un  devant  les  infinitifs  com- 
mençant par  une  voyelle,  in  w(r)  devant  ceux  qui  ont  une 
consonne  à  l'initiale,  pour  rendre  le  participe  présent  : 

'//  un  eriw,  en  arrivant  ; 

'n  ur  leret,  en  disant. 

SUBSTANTIF 

Genre.  —  Le  genre  du  substantif  ne  donne  lieu  qu'à  peu 
de  remarques. 

Sont  féminins  les  mots  suivants  de  la  langue  religieuse  : 

er  bâter,  le  pater  ;  ergredo,  le  credo;  er  grusefi,  le  crucifix. 

Si 

dnioni,  graisse  ;  kohoui,  vieillesse  ; 
sont  féminins,  en  revanche  : 

er  melkoni,  la  mélancolie, 
est  masculin. 


i-6  E.    Thibault. 

Le  mot  pech,  pièce,  morceau,  employé  dans  le  sens  des 
expressions  : 

ur  pech  [a  baïul,   a  ïùyech],  un   fort  gars,  un  beau  brin  de 
fille, 
devient  occasionnellement  féminin  : 

diiv  bech,  deux  brins  de  filles. 

L'on  entend  aussi  : 

er  Gôsey  :  français  conseil. 

Nombres.  —  Le  parler  de  Cl.  marque  bien  une  tendance  à 
régulariser  les  pluriels  en  les  ramenant  à  (y)qew  ou  et  : 

biïbeh,  outil,  plur.  biiuinycyïu; 

g"or,  chèvre,  plur.  gœr,  mais  aussi  goret  et  gorœw\ 

lwarn,  renard,  plur.  kuarnœvj  ;  les  vieux  disent  Iwern  au 
pluriel  ; 

motech,  servante,  plur.  motehyet  ; 
mais,  en  général,  il  offre  les  mêmes  pluriels  que  le  V.  Rappe- 
lons seulement  (Voir  plus  haut,  Phonétique  B /)  qu'il  change 
le  s,  %  final  en  ;  avant  d'ajouter  œw,  là  où    V.    se  contente 
d'ajouter  en  ou,  plutôt,  presque  toujours  ieu  : 

Cl.  jœw  :  V.  %ieu. 

a  bajœib  bras,  à  grands  pas;  kaws,  mot,  parole,  pi.  kawjqsw  ; 
ilis,  église,  plur.  ilijœw;  krwes,  croix,  plur.  krwejqsw ;  etc.; 
et  que,  là  où  le  V.  classique  présente  au  pluriel  i^ion,  Cl.  a  la 
forme  ijô  : 

gunijô  ou  guniyô,  des  journaliers  ;  laburijô,  des  travailleurs  ; 
marhadijô,  des  marchands  ;  tavarnijô  ou  tevamijo,  des  auber- 
gistes ;  etc. 

Citons  cependant  : 

ejô,  bœuf,  plur.  ahçl  ;  gat,  lièvre,  pi.  geâô;  kaliùe,   charpen- 
tier, pi.  keliveriô  et   kalvijô;  1er,   voleur,  pi.  ltryb~\  Xwer^  bas 
| vêtement],  pi.  lertrib;  niach,  merle,  pi.  mon'  ;  trïOet,  pied,   pi. 
trïueyt  ; 
et  les  pluriels  collectifs  en  al  et  {e)'sal  : 

kçrdat,  des  cordes,  pi.  de  korden;  krehat  pi.  de  krohen,  peau  ; 

en  avalesat,  les  pommiers  ;  en  dérives" at,  les  chênes. 

Rappelons  aussi  que  tyâçk,  pluriel  de  kadek,  est  le  terme 
collectif  employé  de  préférence  à  rôset,  chevaux  (le  plur.  de 
kadek,  jument,  est  kaâekenei),  et  que  la  terminaison  du  pluriel 
(i)çr  se  réduit  à  peu  près  à  P  : 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguêrec.  177 

bach,  bâton,  pi.  bihP;  falh,  faux,  pi.  fihiy;  kach,  chat,  pi. 
kihiy  ;  kok,  coq,  pi.  kegiy;  etc. 

ADJECTIF 

a)  qualificatif. 

Nous  parlerons,  au  chapitre  du  verbe,  des  comparatifs  et 
superlatifs  si  intéressants  des  participes  passés. 

Disons,  dès  maintenant,  que  ken  ou  kin,  adverbe,  aussi, 
servant  à  former  le  comparatif  d'égalité,  s'emploie  en  toutes 
positions  aussi  '  bien  devant  une  consonne  que  devant  une 
voyelle. 

Il  convient  peut-être  de  signaler  les  expressions  compara- 
tives : 

gwech  eiuit gwech ,  de  pire  en  pire; 
et  l'emploi  du    substantif  boch  :  littéralement  bouc,   dont  Cl. 
(imitant  Malguénac,  prétendent  les   habitants),  commence  à 
faire  un  adjectif  : 

rey(f)  ten  un  tam,  inô  boch,  donnez-m'en  un  morceau,  un 
gros. 

On  pourrait  rapprocher  de  cet  emploi  de  boch  celui,  ana- 
logue, de  pech  en  parlant  d'animaux  et  de  choses  : 

pehyœiv  {«(/)/  c'en  est,  des  beaux!  des  belles! 

Remarque.  —  Les  anciens  de  Cl.  ne  traitaient  pas  l'adjec- 
tif miew  :  V.  mèù,  ivre,  autrement  que  le  reste  des  adjectifs  et 
disaient  d'une  femme  : 

mieïv  e,  elle  est  ivre  (cf.  V.'mêùÈzë). 

b)  numéral. 

Pour  les  formes  de  l'adjectif  numéral  cardinal  se  reporter  à 
la  Phonétique.  Voir  aussi  plus  haut  les  mutations  après  les 
noms  de  nombres. 

Remarquer  l'expression  : 

[un  tèbr,  ur  vôbonen]  a  vlàk,   [un  timbre,  un  gâteau  (bon- 
bon)] d'un  sou, 
dans  laquelle  l'adjectif  numéral  cardinal  n'est  pas  exprimé. 

PRONOM 

a)  Pronoms  personnels. 
Ceux  de  la  première  série  sont  les  mêmes  qu'en  haut-van- 

Revuc  Celtique,  XXXV.  12 


178  E.   Thibault. 

netais  littéraire.  Pourtant,  à  la  y  personne  du  singulier  mas- 
culin, l'on  dit  : 

gyê,  il,  et  non  eau  ; 
à  la  3e  personne  du  pluriel  : 
gi,  ils,  et  non  ind. 
Sauf  dans  l'expression  : 

me  Dur,  me  sekuret,  mon  Dieu,  venez  à  mon  secours, 
me,  moi,  suit  toujours  l'impératif  : 
belieÇl}  me,  suivez-moi. 

Remarque.  —  Pour  Yn  peut-être  euphonique  (?)  qui  suit 
parfois  ce  pronom  me  et  le  joint(?)  à  un  autre  mot,  voir  Phoné- 
tique B  ///-;/,  Remarque  1. 

Ceux  de  la  deuxième  série  sont  aussi  les  mêmes.  Toutefois, 
à  la  2e  personne  du  sing.  qui  n'est  que  très  rarement 
employée,  on  ne  connaît  que  la  forme  te  ; 

in,  le,  remplace  constamment  er  et  ne  provoque  aucune 
mutation  ; 

hôn,  nous,  s'emploie  en  toutes  positions. 
Pour  ceux  de  la  troisième  série,    le  parler  de  Cl.  emploie 
assez  indifféremment  les  formes  en  0  ou  celles  en  e  et  en  i  (de 
préférence  à  celles  en  a,  à  peu  près  inconnues). 
Cependant  : 

dohçn,  envers  moi,  plutôt  que  dohon  ou  aussi  souvent; 
eïûidèn,  pour  moi,  plutôt  que  ewidçn  ou  aussi  souvent. 
A  la  3e  pers.  sing.  masc.   il  se  sert  de  hô  :   aneho.   dehô,  de 
lui,  à  lui  ; 
à  la  3e  pers.  pluriel,  il  se  sert  de  hç  :  X .  hé. 

Entre  la  conjonction  stal,  comme,  et  le  pronom  de  la  irc  et 
de  la  2e  pers.  l'on  intercale  d'ordinaire  d  : 
staldçch,  comme  vous. 
Ne  pas  confondre  : 

eïvidon  ou  eiùidon  et  ewitô,  pour  moi  et  pour  lui  ; 
staldon  ou  staldon  et  stalto,  comme  moi  et  comme  lui. 
Rappelons  le  son  de  e  dans  : 

dohem(j>),  genem,  envers  nous,  avec  nous  (voir  Phonétique 
A  II  e  :  c  final,  Rem.  2). 

b)    Adjectifs  et  pronoms  possessifs. 

me,  mon,  s'emploie  presque  uniquement  de  préférence  à  em, 
mem,  mm  : 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Clègiiérec.  179 

de  mefen,  à  ma  tète;  me  brer,  mon  frère  ;  mè  dwàter,  mon 
tablier. 

ha,  ton,  est,  semble-t-il,  inconnu  ;  bon,  notre,  s'emploie  en 
toutes  positions  —  (]])ani,  dans  le  pronom  possessif,  s'emploie 
régulièrement,  la  forme  défectueuse  kani  étant  ignorée.  L'on 
dit  : 

hus  àni,  le  ou  la  vôtre, 
et,  par  analogie  : 

Ims  re  (ou  bu  re),  les  vôtres. 

c)  Adjectifs  et  pronoms  démonstratifs. 
Les  particules 

V.  men,  ci;  se,  là;  hont,  là-bas; 

sont  à  Cl.  iua(n);  5e(n);  bon; 

et  donnent  les  formes  : 

hinan,  celui-ci;  binech  et  binon,  celui-là; 

bunan,  celle-ci  ;  hunech et  hunôn.  celle-là;  etc. 

A  signaler  l'emploi  envahissant  du  démonstratif  so(rt)-sc, 
(littéralement  cette  sorte,  cette  espèce),  ceci,  cela,  s'appliquant 
même  aux  personnes  : 

so-se  âo  mat!  c'est  bon,  voilà  qui  est  bon  ! 

so-se  we  tut  !  c'étaient  là  des  gens  ! 

inô  a  so-se,  un  comme  ça. 

Remarque.  —  n  de  ma(ii)  sonne  un  peu  dans  la  locution  : 

en  dra  man  dra,  telle  ou  telle  chose; 
(Yn  précédant  un  d,  mais  l'on  n'entend  que  ma  dans  : 

ir  lecb  ma  lech,  en  tel  ou  tel  endroit.) 

L's  de  se  ne  devient  pas  toujours  â  après  une  voyelle  : 

en  dra-de  ou  se,  cette  chose-là;  mais  er  re-se,  ceux-là; m  ^-s^, 
ce  jour-là. 

d)  Adjectifs  et  pronoms  interrogatifs  et  exclamatijs. 

L'on  dit  : 

peGebet,  pecemen,  mais  peKen,  combien. 

er  pietved  pch?  le  combien  êtes-vous;  quel  rang  avez-vous  ? 
piet  vie  ocb  hiui?  quel  âge  avez-vous?  littéralement   combien 
d'années  êtes-vous  ? 
et  même  : 


i8o  /'•:.    Thibault. 

pe  banw  och  hwi  ?  littéralement  :  quel  nom  êtes-wusï  com- 
ment vous  appelez- vous  ? 
mais,  plus  ordinairement  : 

ùiet  vie  e  iues  ?  pe  anw  e  wes  ? 
combien  d'années,  quel  nom  avez-vous  ? 

e)  Pronoms  relatifs. 

Comme  en  V.  mi,  conjonction,  que,  peut  remplacer  parfois 
le  pronom  relatif.  Si  l'on  entend  d'ordinaire  : 

en  ani  e  gom~à  dohtô,  celui  à  qui  je  parle, 
il  n'est  pas  impossible  d'entendre  aussi  : 

en  ani  mi  hom^à  dohtô 
(ou  même  :  en  ani  megom\a  dohtô). 

er  re  mi  sôjet  bihànà,  ceux  à  qui  vous  pensez  le  moins; 

er  pech  miwen,  ce  que  j'étais;  etc.  ; 
cl.  lech  mi,  là  où  : 

Kleyerek,  lech  mi  bon  gànet,  Cléguérec  où  je  suis  né. 

Grâce  à  une  sorte  d'inversion,  l'on  arrive  aussi,  avec  les 
verbes  bet,  être;  monet,  aller  et  donet,  venir,  aux  locutions 
suivantes  : 

er  pech  i  bon  i  leret,  ce  que  je  suis  en  train  de  dire  ; 

er  pech  i  hà  de  leret,  ce  que  je  vais  dire  ; 

er  pech  i  ta  a  leret,  ce  que  je  viens  de  dire. 

f)  Adjectifs  et  pronoms  indéfinis. 

(Ji)ani,  personne,  s'emploie  aussi  pour  les  animaux  et  les 
choses  et  signifie  alors  aucun  : 

gibele  wes  er  lônet  ?  Pa,  me  se  givelet  ani  anehe. 

avez-vous  vu  les  animaux?  Non,  je  n'en  ai  vu  aucun. 

gibele  wes  i  bradœiv?  Pa,  me  se  givelel  ani  anche. 

avez-vous  vu  ses  prés?  Non,  je  n'en  ai  vu  aucun. 

chaque,  tout  se  dit  fréquemment  sel  : 

sel  tawl,  chaque  coup,  chaque  tois  ; 

sel  diiv  er,  toutes  les  deux  heures. 

peb,  chaque,  donne,  comme  à  V.  : 

bamde,  chaque  jour,  tous  les  jours; 
mais  : 

bemnus,  chaque  nuit. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguèrec.  181 

(Cf.  V.  bAtnno{.) 

Rappelons  le  pléonasme  : 

tu  rach,  tous. 

Le  mot  ol,  tout,  d'ailleurs  peu  connu,  se  place  difficilement 
avant  l'article  : 

tut  en  dut,  rach  en  dut,  mais  en  ol  dut,  tous  les  gens. 

Beaucoup  de  se  dit  souvent  lo(d)  ker  :  littéralement  un  bon 
lot; 

un  certain  nombre  de,  dam  : 

lo(d)  ker  a  dut,  beaucoup  de  gens  ; 

lo  ker  anehe.,  beaucoup  d'entre  eux  ; 

dam  anehe,  un  certain  nombre  d'entre  eux. 

kal^,  beaucoup,  ne  s'emploie  guère  qu'avec  la  négation  : 

(nen)  de  se  kal(%  anehe),  il  n'y  en  a  pas  beaucoup  ; 

pa  se  kal,  pas  beaucoup. 

On  se  rend  souvent  par  gi,  ils  : 

gi  lar  (nen)  de  ke  wach  eriiu,  l'on  dit  qu'il  n'est  pas  encore 
arrivé. 

l'un  l'autre  :  en  eyl  er  gile. 

VERBE 
Verbe  substantif  bel,  être  (V.  bout). 

CONJUGAISON    PERSONNELLE 

Temps  simples. 

SINGULIER  PLURIEL 

irc  pers.    2e  pers.  3e  pers.  irepers.  2e  pers.  3epers. 

(à  peu  près 
inconnue) 

Indicatif  présent  on       [w^]       e         ont       och       inQ) 

ou  en(f) 
Présent  d'habitude       bân  be       bain     bet        ban(t) 

Imparfait  wen  lue      wem    woch     wen(t) 

ou  wom 
Imparfait  d'habitude    beâen  beâe    beâem  bedoch  bedçn(t) 

(très  peu  employé) 

Passé  défini  remplacé  par  le  plus-que-parfait  ou  l'im- 

parfait : 


i82  E.  Thibault. 

kentech  i  vue  (pe)  inbanet,  aussitôt  il  fut  publié. 
Futur  bçii  ho       hccin    beet       bèn(t) 

Conditionnel  behen  behe     behcm   behgch  behenÇt) 

ou  behom 
(ce  dernier  temps  ne  subit  jamais  la  contraction.) 

Impératif  hct,  soyez, 

(peu  connu) 

Temps  composés. 
Passé  indéfini  on  bet  ou  pet,  etc. 

Plus-que-parfarfait       iven  bel  —  etc. 
Futur  passé  ben  bet  —  etc. 

Conditionnel  passé      behen  bet —  etc. 

CONJUGAISON     IMPERSONNELLE 

Présent  me  do,  etc. 

etc.,  etc. 

Remarques.  —  i)Nous  avons  déjà  remarqué  (voir  Phoné- 
tique, Remarques  complémentaires)  que,  notamment  devant 
bet,  pet,  Ye  final  de  we  tombe  assez  souvent. 

La  même  observation  s'applique  à  bet,  avoir  : 

dech  i  u  pe  inbanet,  hier  il  fut  publié  ; 

dech  (e)n  d(e)wu  [ou  du]  (pe)  leret,  hier  il  dit. 

Par  extension  d'un  cas  particulier  (voir  Phonétique  B.  Con- 
sonnes. Observations  générales)  la  forme  vet  du  participe  passé 
est  employée  en  toutes  positions,  sauf  à  l'initiale  : 

bed  on  pet,  me  do  pet,  j'ai  été. 

2)  Puisque  l'infinitif  est  non  bout,  mais  bet,  l'on  dit  empha- 
tiquement bed  on  pet,  j'ai  été,  etc.,  et  de  même  bed  es  (à  l'ex- 
clusion de  be  ^0)  dans  l'expression  impersonnelle  il  y  a. 

3)  Rappelons  la  suppression  fréquente  de  la  3e  pers.  sing.  e 
de  l'indicatif  présent  : 

klân  hu  tat,  votre  père  est  malade. 

(Voir  Phonétique,  Remarques  complémentaires.) 

4)  Il  semble  que  la  forme  ma  précédée  de  i  puisse  parfois 
être  employée  dans  le  sens  général  de  il,  elle  est,  hors  des  locu- 
tions signifiant  se  trouver  dans  1111  lieu,  dans  un  état  : 

i  makôsort,  il  est  garçon  d'honneur  [noce]  ; 

i  ma  stal  1er  ou  lir,  c'est,  il  ou  elle  est  comme  du  cuir. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  183 

Q.  i  luu  sitdart,  il  était  soldat;  i  fin  klâ,  je  serai  malade; 
etc. 

De  plus,  elle  est  employée  exclusivement  dans  les  proposi- 
tions conjonctives  : 

a  goste  mi  ma  klâ  (non  a  garni  men  de),  parce  qu'il  est 
malade. 

5)  Les  formes  du  présent  d'habitude  sont  employées,  mais 
elles  sont  assez  souvent  remplacées  par  le  présent  ordinaire  : 

doned  e  rèn,  mar  be  ker  en  amder, 

je  viendrai,  si  le  temps  est  beau  ; 

pe  don  ou  pe  van  klâ,  i  fâ  dies, 

quand  je  suis  malade,  je  suis  d'humeur  difficile. 

(Ceci  s'applique  à  bet,  avoir.) 

6)  A  signaler  l'emploi  de  la  conjugaison  impersonnelle 
dans  : 

er  pech  e  do  gibelà  genen  e  b-o  en  wiyœzo, 
(à  la  rigueur  : 

erpech  e  do  giudâ  genfn  i  ma  en  ïviyœïu  e), 

ce  que  j'aime  le  mieux,  ce  sont  les  œufs. 

La  conjugaison  du  verbe  qui  correspond  à  avoir  se  déduit 
naturellement  de  celle  de  bet  comme  en  V.  A  l'infinitif  on 
emploie  de  préférence  à  toutes  les  autres  la  forme  bet,  rempla- 
cée parfois  par  kavet  (littéralement  trouver). 

Petre  fo  toch  hibi  kavet  ?  Que  voulez -vous  ?  Que  cherchez- 
vous  ? 

Cl.  affectionne  pour  ce  verbe  la  forme  emphatique  et  préfère 
à 

meme{s)  avalœio,  gye  des  avalœw,  j'ai,  il  a  des  pommes, 

be  me(s)  avalœw,  be'«  des  avalœw,  j'ai,  il  a  des  pommes. 

Verbe   régulier   karçn,   aimer. 

CONJUGAISON   PERSONNELLE 

Temps  simples. 

SINGULIER  PLURIEL 

irepers.  2e  p.    3e  p.  ire  pers.       2e  pers .         3e  pers. 
manque 
Indicatif  présent  karâ  kar       karàm       karet       karan(t) 


184  E.   Thibault. 

Imparfait  haren         kare      harem       karçch     haren  (/) 

ou  karom 
Passé  défini    (3e  pers.  sg.    haras 

seulement) 
Futur  haren  kàro      karéem      kar^et    karèn(t) 

Conditionnel      karehçn      harehe   karehem     karehôch  kafebenÇt) 

ou  karehom 
Impératif  haram       harel 

Temps  composés. 
Passé  indéfini     kare(t)  ou  kere(î)  mes,  etc. 

CONJUGAISON     IMPERSONNELLE 

Présent  me  gar,  etc. 

etc..  etc. 

Remarques.  —  1)  Cl.  termine  parfois  —  assez  rarement  — 
la  3e  pers.  sing.  de  l'indicatif  présent  par  a  (comme  le  bas- 
vannetais)  : 

gye  rikh  gober,  il  faut  qu'il  fasse  ; 

ne  say  ou  nesayk  het,  il  ne  saute  pas;  nevarn(a)  Jçet,  n'im- 
porte ; 

confond  donc  alors  les  verbes  à  terminaison  ordinaire  avec  les 
verbes  du  type  hikat,  mettre.  En  revanche,  ceux-ci  semblent 
avoir  souvent,  notamment  à  l'impératif,  la  simple  terminai- 
son et  au  lieu  de  eyt  : 

laked  en  dra-se  ar  en  dawl,  impératif,  mettez  cela  sur  la 
table  ; 

de  fee  wach  lakeyt,  participe,  ce  n'est  pas  encore  mis. 

Pour  le  changement  de  a  en  e  qui  peut  se  présenter  au  par- 
ticipe passé  de  karein,  aimer,  et  qui  a  envahi  la  conjugaison 
de  leret,  dire,  voir  Phonétique  A  II. 

2)  Le  subjonctif  formé  du  futur  précédé  de  re  n'est  guère 
usité  et  c'est  le  simple  futur  qui  en  tient  place  : 

Dwe  hu  pardono,  rekôpàso  !  Que  Dieu  vous  pardonna,  vous 
le  rende  !  (littéralement  :  vous  récompense). 

3)  Phénomène  curieux,  à  Cl.  le  participe  passé  faisant  par- 
tie d'un  temps  composé  admet  le  comparatif  et  le  superlatif  : 

me  mam  en  dur  me  fdetoch,  fileta,  c'est  ma  mère  qui  me  bat- 
tit davantage,  qui  me  battit  le  plus; 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  185 

so-seen  dwe  me  sehetâ,  c'est  ce  qui  m'étonna  le  plus  ;  etc. 

Ces  formes  sont,  il  est  vrai,  moins  courantes  que  les  expres- 
sions ordinaires  : 

me  niam  en  dwe  me  filet  er  gzvehâ,  littéralement  :  c'est  ma 
mère  qui  me  battit  le  pis  ;  etc. 

4)  Les  infinitifs  à  Cl.,  ont  des  terminaisons  assez  variées. 
Certes,  la  terminaison  en  (et  non  en  comme  à  Noyai,  par 
exemple)  est  envahissante  : 

anewèn,  nommer;  gyebèn,  manger;  geliOèn,  appeler,  etc.  ; 
mais  on  trouve  à  côté  : 

al  :  legarnal,  étinceler  ;  sôjal,  penser. 

at  :  akoat  ou  âkuat,  oublier  ;  le)'rat,  voler,  dérober. 

el  :  kwebêl,  tomber;  lemej  (part,  lamet),  ôter  ;  leshel,  lais- 
ser. 

et  :  ànazvet,  connaître;  deleyet,  devoir;  gel 'et,  pouvoir;  havet, 
trouver;  kebet  ou  kuhet,  cacher  ;  miret,  empêcher;  pli  jet,  plaire  ; 
talet,  valoir; 
et  d'autres  terminaisons  encore  : 

gorto~  (part,  gorteyt),  attendre  ;  gurên,  lutter;  hiberhin,  rire  ; 
keni,  offrir;  koms,  causer;  prèk,  prêcher;  etc.,  etc. 

L'infinitif  s'emploie  assez  souvent  pour  remplacer  un  impé- 
ratif vague  dans  le  langage  familier  : 

pa  Se  fasèn  !  ne  vous  fâchez  pas,  ne  nous  fâchons  pas  ! 

et,  avec  le  sens  du  participe  passé,  dans  les  expressions  : 

diiu  er  e  pasèn,  il  est  deux  heures  passées  ; 

pasen  tregbt,  plus  de  trente. 

5)  La  forme  en  er  de  la  3e  pers.  sing.  de  l'indicatif  présent 
est  la  seule  forme  passive  subsistante.  Elle  est,  elle-même,  sou- 
vent remplacée  par  la  forme  active  avec  gi,  ils,  ou  un  autre 
pron.  personnel. 

A  côté  de  : 

aman  i  hiver  tut,  ici  l'on  trouve  tout  ; 

dre  man  i  he(r)  un  tulat  biônoch,  par  ici  l'on  va  beaucoup 
plus  vite  ; 
l'on  trouve  : 

gi  lar  i  ma  klà,  ils  disent,  Ton  dit  qu'il  est  malade  ; 

aman  bïvi gav  tut,  ici  vous  trouvez,  l'on  trouve  tout  ;  etc. 

La  tournure  impersonnelle  de  sens  passif,  formée  de  l'auxi- 


i S6  E.   Thibault. 

liaire  het,  être,  et  du  participe  passé,  rend  souvent  à  Cl.  le 
franc,  on  : 

servije(t) wo ?  l'on  servira  ?  faut-il  servir? 

Cette  tournure,  jointe  a  un  pronom  personnel,  remplace 
l'actif  fréquemment  : 

de  kewich  servije  tèn,  je  n'ai  pas  encore  servi; 

alumed  (e)  hu  kolœw  doch,  vous  avez  allumé  votre  chandelle  ; 

domed  e  gençch,  vous  avez,  avez-vous  battu  [votre  grain]  ? 

6)  Les  formes  du  conditionnel  passé  V.  en  xani  %en  sont 
inconnues  à  Cl.  et  l'on  dit  : 

ne  gredà  het  i  tey  ou  tehe,  je  ne  crois  pas  qu'il  vienne  ; 

ne  gredâ  ht  i  lero  ou  lerehe,  je  ne  crois  pas  qu'il  dise  [littéra- 
lement :  dira,  dirait]  ; 

suivant  que  l'on  veut  indiquer  une  probabilité  plus  ou  moins 
grande. 

7)  La  particule  e  :  V.  e  s'entend  toujours  à  Cl.  a  l'imparfait, 
au  plus-que-parfait  et  au  futur  du  verbe  substantif  : 

klàn  e  w:  (/>.'/),  klâ  e  wj,  il  était,  il  fut,  il  sera  malade. 

La  particule  i  :  V.  e  se  supprime  parfois,  mais  elle  subsiste 
toujours  sous  la  forme  in  devant  um,  un,  particule  réfléchie  : 

mar  a  ivech  (j)n  uni  drôpâ,  parfois  je  me  trompe. 

Cet  emploi  ne  s'est  pas  étendu  abusivement  à  la  conjugai- 
son impersonnelle  comme  dans  certaines  parties  du  territoire 
vannetais  et  Ton  dit  : 

m'um  drap  (ailleurs  me  nhum  dronp),  je  me  trompe. 

Il  est  vrai  qu'on  peut  entendre  : 

(;/?c)  mes  mïn  drôpet,  je  me  suis  trompé. 

8)  Les  formes  de  monet,  aller,  et  de  donet,  venir,  se  con- 
fondent souvent  : 

a  pe  dâ,  quand  je  vais  et  quand  je  viens. 
Quant  aux  formes  avec  i  à  l'initiale  : 
V.  ape  ian,  quand  je  vais, 
elles  semblent  inconnues  à  Cl.  bourg. 
Le  participe  passé  de  nionet,  aller,  est  eyt. 

9)  Remarquer  dans  la  conjugaison  de  drehel,  tenir,  la  forme 
dey,  tenez,  à  l'impératif  : 

dey  er  plat,  tenez  le  plat. 

Ne  pas  confondre  avec  deyd  er  plat,  le  plat  est  arrivé,  on  a 
apporté  le  plat. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  187 

Cette  forme  n'exclut  pas  dalhet  :  dalhet  huki,  retenez  votre 
chien. 

10)  La  conjugaison  de  gut,  savoir,  est  devenue  complète- 
ment régulière  en  partant  de  gwir  à  la  3  e  pers.  sing.  de  l'indi- 
catif présent  : 

gwiret,  participe  passé  :  su,  etc. 
Ne  pas  confondre  : 
ne  wirâ  ket  de  gut,  je  ne  sais  pas, 
avec  : 

ne  tuera  ket  de  giuerèn,  traire,  je  ne  trais  pas. 

11)  Le  verbe  défectif  qui  n'a  laissé  que  l'expression  eme, 

dit,  disent,  ne  s'emploie  guère  qu'à  la  3e  pers.  du  singulier  et 

du  pluriel  de  l'indicatif  présent.  Il  peut  être  remplacé  par  des 

locutions  : 

aldoch  hwi  )  ,,      ,  ,. 

,  ..  •  \  suivant  vous,  d  après  vous,  dites-vous. 
mest-o-hvji  \  '       r  ' 

12)  Rappelons  la  contraction  : 
i  ma  toch,  il  faut  que  vous..., 

dans  l'expression  impersonnelle  red  e,  il  est  nécessaire,  il  faut, 
employée  d'ailleurs  concurremment  au  verbe  rikèn  (régulier  et 
non  défectif),  devoir  : 

ne  riha  ket  gober  en  dra-se,  il  ne  doit  pas  faire  cela. 

ADVERBE 

Outre  les  différences  phonétiques  déjà  indiquées,  il  convient 
de  signaler  pour  les  adverbes  la  fréquence  plus  ou  moins 
grande  de  leur  emploi,  de  dire  par  exemple  qu'à  Cl.  Ton  se 
sert  plutôt  de  d'er  lin,  en  haut,  que  de  d'er  lue,  de  pihir  de 
préférence  à  pegours,  quand,  etc. 

elkent  est  à  Cl.  akyen,  cependant. 

V.  elma,  elsé  :  Cl.  anema,  anese,  comme  ceci,  comme  cela, 
ainsi. 

kenklus,  aussi  bien,  autant,  devient  une  sorte  d'adjectif  attri- 
but avec  le  sens  général  d'aussi  bon  : 

er  bleat  wo  ke(t)  kenklus,  la  récolte  ne  sera  pas  aussi  bonne, 
aussi  abondante  : 

ur  sort  signifie  le  même,  pareil  : 

er  bretô  de  ke  ur  sort,  le  breton  n'est  pas  le  même  ; 


i88  /:.   Thibault. 

et,  tout  comme  mêmes  tra,  correspond  à  tout  aussi  bien, 

kôpernen  e  rà  ur  sort  ou  mêmes  tra, 

je  comprends  tout  aussi  bien  ; 
à  quand  même,  maigre  tout, 

peibik  e  wo  ur  sort  ou  mêmes  tra, 

il  sera  riche  malgré  tout. 

ha  nitra  :  non  plus  : 

en  dèn-ma  ha  nitra,  cet  homme-ci  non  plus,  pas  davantage. 

ha  rach  :  aussi,  en  plus  (français  local  :  et  tout)  : 

glaw  ha  rach,  de  la  pluie  aussi. 

haiikctâ  :  à  qui  mieux  mieux,  à  l'envi. 

pasemât  (français  pas  seulement)  =  non  seulement,  ne  paraît 
guère  que  dans  les  locutions  pasemâÇt)  te  et  pasemât  mi  (voir 
Prép.et  Conjonction.) 

Pour  la  quantité  beaucoup  se  rend  la  plupart  du  temps  par 
ur  yœch ;  gude,  (J)stroch  remplacent  souvent  muioh  aveit,  plus 
de: 

gude  tri  si  e  ives,  vous  avez  plus  de  trois  défauts  ; 

(f)stroch  eii'idèn  =  d'autres  que  moi  ; 

(i)strpch  eïvid  inô  =  plus  d'un. 

Citons  le  composé  trawaset,  assez,  et  la  forme  : 

de  se  bihâ  =  il  n'y  en  a  pas  peu,  il  n'en  manque  pas,  il  y  en 
a  assez. 

ken  ou  Vin,  aussi,  s'emploie  en  toutes  positions.  Constatons, 
à  propos  de  ce  mot,  que  l'on  dit  bien  d'une  façon  absolue  : 

nen  don  ket  ken  su°t-se,  je  ne  suis  pas  si  sot  ; 
mais  que  l'on  n'emploie  pas  ken,  lorsque  le  second  terme  de 
la  comparaison  est  exprimé  : 

nen  don  feetsu°t  aset  ewit  gober,  je  ne  suis  pas  si  sot  que  de  faire, 
je  ne  suis  pas  assez  sot  pour  faire. 

ken  meyt,  seulement,  pas  plus  de,  est  contracté  en  kemeyt, 
souvent  employé. 

na  dàjer  (franc.)  signifie  /'/  s  enfant  de  beaucoup. 

de  fce  ken  bras  staldoch  iriui,  na  dàjer,  il  n'est  pas  aussi  grand 
que  vous,  il  s'en  faut. 

[/;/]  leurs  :  à  temps,  de  bonne  heure,  tôt,  admet  le  compa- 
ratif et  le  superlatif  : 

erii'ce  kursoch,  il  est  arrivé  plus  tôt,  de  meilleure  heure; 


Motes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  1È9 

kursâ  giuelà,  le  plus  tôt  sera  le  mieux. 
Les  particules  d'affirmation  et  de  négation  sont  : 
ye,  oui; 
rie)',  non. 

bow,  si,  exclut  geou. 

Dans  l'interrogation,  Cl.  se  sert  parfois  de  ha,  est-ce  que, 
qui  suit  alors  le  substantif  : 

Pier  e  dey  ?  ou  Pier  ha  gye  dey  ?  Pierre  viendra-t-il  ? 
L'on  peut  aussi  signaler  les  locutions  adverbiales  : 
(    ahanema,  d'ici;  anon,  là-bas. 
de  lieu        <   a  koste,  à  côté. 

(    ar  d'er  lèn,  vers  le  haut. 
ar  dro  ter  er,  vers  trois  heures. 


,  )   ben  ino,  pour  lors  (dans  le  futur), 

ce  temps  ,  .        i?*'i* 

1    ahanema  ino,  d  ici  la. 


de  ben  er  bli,  l'année  prochaine,  etc.,  etc. 
PRÉPOSITION 

a,  de,  ne  devient  que  rarement^  devant  l'adjectif  possessif. 
On  dit  plutôt  : 

a  i  vuam  que  ag  i  wam,  de  sa  mère. 

A  Cl.  c'est  a  qu'on  emploie  après  miret,  dibzi'enet,  empêcher; 
après  kutàt,  content,  ingorto,  dans  l'attente  de,  l'on  se  sert  de 
a  ou  de  de. 

La  forme  bedik,  jusqu'à,  est  préférée  à  betag. 

La  préposition  composée  bç,  avec  l'article  :  ben,  ber,  dans, 
qui  est  envahissante  : 

be  Kleyerek,  à  Cléguérec; 

ber  vwist  :  V.  barh  er  voujstr,  dans  la  boîte, 
n'a  cependant  pas    détrôné  complètement  in,  dans,  qui  s'em- 
ploie en  toutes  positions  : 

me  gred  in  Diue,  je  crois  en  Dieu  ; 

in  ker,  en  ville;  in  kowesyô,  en  confession;  etc. 

La  vieille  forme  hervit,  revit  :  V.  rêvé,  selon,  subsiste. 

V.  ardran,  derrière,  est  à  Cl.  adrâ  ;  i  ta(l)  kèn  remplace 
souvent  cette  préposition  : 

i  tal  kèn  en  tP\  derrière  la  maison. 


190  E.   Thibault. 

Après  avoir  rappelé  les  contractions  des  prépositions  avec 
l'article,  signalé  les  formes  civil  :  V.  aveit,  pour  ;  keneibit  :  V. 
kenevê,  si  ce  n'est,  sans  : 

keneûridon,  disent  les  vieux,     ^ 

keneiïridèn,  disent  les  jeunes,    )  ' 

l'emploi  de  de  gavet  :  V.  tréma,  vers,  chez  : 

i  hâ  de  gavet  me  handarw,  je  vais  chez  mon  cousin  ; 

i  hà  daâoch,  je  vais  chez  vous  ; 
de  gotà,  à  cause  de  : 

goiâ  de  ou  te  me  dqt,  à  cause  de  mon  père  ; 
de  la  locution  pasemât  te,  sans  compter,  en  plus  de  : 

pasemàt  te  mefwèn,  en  plus  de  ma  peine,  de  mon  mal,  no- 
nobstant mon  mal  ; 

il  ne  restera  plus  guère  à  noter,  sans  doute,  que  l'emploi  de  la 
préposition  ar,  sur,  dans  certaines  locutions  : 

ar  me  nach,  de  toute  ma  force; 

gye  laburaren  de,  il  travaille  de  jour 

(Ne  pas  confondre  ar  en  de  avec  Ira  en  de,  tout  le  jour)  ; 

ar  gorv  er  sehœn,  sur  la  semaine  [opposé  à  :  le  dimanche]  ; 
et  celui  de  la  locution  a  kostç  dans  le  sens  de  à  côté  de,  en  com- 
paraison de  : 

a  kostç  dçch,  à  côté  d'hier,  en  comparant  avec  la  journée 
d'hier. 


CONJONCTION 


A  signaler  l'emploi  exagéré,  abusif  de  nag  qui,  d'autre  part, 
est  tout  à  fait  justifié  dans  : 

nag  ifehçch  klà,  quand  même  vous  seriez  malade; 
et  dans  : 

fia  bra%  e  gye!  comme  il  est  grand  ! 
celui  de  ke,  car,  remplaçant  rak  inusité.  Sont  à  peu  près  syno- 
nvmes  a  gos  mi,  gotà  mi  et  palmor  mi,  parce  que  : 

ke  gye  we  klà  ou  a  goste  mi   we  klà,   car,    parce   qu'il    était 
malade,  etc. 

Cl.  pendegwi,  pendegu  :  V.  pendèguir,  puisque. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Clêgttcrec.  1 9 ï 

penaïus  ou  petws,  comment,  remplace  très   fréquemment  la 
conjonction  e  : 

gye  lar  penos...,  il  dit  que... 

Quant  à  al  :  V.  èl,  comme,  il  fait  souvent  place  à  stal  ;  V. 
èl  men  dé,  comme,  tel  qu'il  est,  est  à  Cl.  {st)al  vie  de. 

dœstÇoti)  a  parfois  à  Cl.  le  sens  de  savoir  si  : 

dœsloh  me(s)  gye  lakeyt  bemfiset  ?  savoir  si  je  l'ai  mis,  peut- 
être  l'ai— je  mis  dans  ma  poche  ? 

Il  est  très  couramment  employé  dans  le  sens  de  malgré  : 

dœstoh  mi  ma  klâ,  malgré,  bien  qu'il  soit  malade. 

A  propos  de  mi  :  V.  ma,  disons  que  cette  conjonction  a  un 
emploi  assez  imprécis.  L'on  dit  de  même  : 

ha  bed  i  ma  klâ  ou  ha  be(f)  mi  ma  Ma, 

bien  qu'il  soit  malade. 

pasemât  mi  arrive  au  même  sens  de  bien  que  en  passant  par 
l'intermédiaire  non  seulement,  mais  encore  : 

pasemàt  mi  ma  miew,  i  ma  fal  ewe,  non  seulement  il  est  ivre, 
mais  de  plus  il  est  méchant  ; 

pasemât  mi  bon  klâ,  i  ma  tèn  lalnirai,  non  seulement  je  suis 
malade,  bien  que  je  sois  malade,  il  me  faut  encore  travailler. 

Il  paraît  bien  que  l'on  dise  : 

ken  splan  ken  nelâ  ket  selet  dohtô, 
et  non  : 

ken  splan  mi,  etc.,  si  brillant  je  que  ne  puis  le  regarder. 

L'on  dit  : 

ingorto  mi  tey  ou  ke  nen  dey,  en  attendant  qu'il  vienne. 

L'on  dit  à  Cl.  : 

sel  abiloch  mi  ma  ou  sel  mihoch  mi  ma  abil,  plus  il  est  habile  ; 

a  bwen  mi  wen  deyd  in  ti)',  pe. . .  à  peine  étais-je  entré  que  ; 

kement  a  nach  al  (i}î)en  dwe,  tant  de  force  il  avait. 

Cl.  emploie  l'expression  givech  ha  monet  :  en  même  temps 
que  d'aller,  tant  que  d'aller,  puisque  vous  y  alle~. 

L'on  dit  aussi  : 

gwech  ha  pen  det  te  Bôdi,  puisque  vous  allez  à  Pontivy. 

Rappelons  qu'après  mar,  si,  la  mutation  par  affaiblissement 
se  fait  parfois  (Voir  plus  haut  aux  Mutations). 

mar  be  ou  marïbe,  s'il  est; 
par  suite,  peut-être,  d'une  confusion  possible  de  mar  avec  ma, 


192 


E.    Thibault. 


mi  (cf.  :  mar  ou  ma  karet,  si  vous  voulez).  L'on  emploie  cette 
conjonction  mar  après  l'expression  an  em  (s,  j'ai  peur  : 
(vu  em  es  mar  da,  mar  dehe,  j'ai  peur  qu'il  ne  vienne  ; 
mais  on  dit  aussi  : 


œn  em  es  mi  tehe. 

A  Cl.  : 

si\  !  chut  ! 

(A  suivre.} 


INTERJECTION 


E.  Thibault. 


THE  MONASTERY  BISHOPRICS 
OF  CORNWALL 


The  chief  interest  of  Celtic  Christianitygathers  around  the 
monastery-bishopric  and  the  abbot  bishop  who  ruled  it.  In 
the  sixth  century  the  religious  life  had  become  much  more 
than  a  counsel  of  perfection.  In  Ireland  the  church  was  almost 
exclusively  monastic.  In  Wales  St.  German  is  said  to  hâve 
founded  a  monastery  during  his  second  visit.  Iltut  whom  he 
ordained  priest  was  the  founder  of  Llantwit  the  great  school 
of  monks  whence  came  Samson,  Paul  Aurelian  and  possibly 
Gildas  and  David. 

At  the  outset  it  is  necessary  to  guard  against  the  under 
current  of  thought  which  connects  Celtic  monasticism  with 
one  or  other  of  the  great  religious  orders.  The  earliest  of 
thèse  orders  —  that  of  St.  Benedict  —  was  not  established 
until  about  A.  D.  529  and  was  not  introduced  into  Britain 
until  St.  Augustine's  arrivai  in  A.  D.  597.  At  the  interview 
between  Augustine  and  the  Welsh  bishops  in  603  Dinoot 
abbot  of  Bangor-Iscoed  was  among  the  strongest  opponents 
of  compromise.  Celtic  monasticism  owed  nothing  to  St. 
Benedict  or  to  St.  Augustine.  When  therefore  we  read  the 
statement  of  a  shrewd  and  learned  writer  like  Sir  John  Maclean 
that  «  St.  Petrock  founded  his  monastery  at  Bodmin  adopting 
the  rule  of  St.  Benedict  "  and  when  we  recall  an  admission 
by  the  same  writer  that  Petrock  was  educated  at  the  great 
monastery  of  Clonard  towards  the  end  of  the  fifth  or  at  the 
beginning  of  the  sixth  century  i.  e.  presumably  betwêen 
490  and  A.  D.  510  and  therefore  before  the  Bénédictine order 

Revue  Celtique,  XXX  V.  1 5 


194  T.   Tayîor. 

was  founded,  we  réalise  how  miscbievous  this  under  current 
of  thought  may  prove. 

There  is  no  évidence  that  any  early  monastic  foundation  in 
the  Celtic  world  was  established  in  accordance  with  the  Béné- 
dictine discipline.  Celtic  monasticism  was  quite  definitely  sut 
generis.  The  mission  of  St.  German  in  429  and  447  probably 
laid  the  foundations  of  it  in  Britain. 

Ithadachievedsomeofits  greatest  victories  beforeSt.  Augus- 
tine  of  Canterbury  was  born.  Paul  Aurelian,  the  Welsh  monk, 
established  the  monastery  bishopric  of  Léon  in  A.  D.  530  : 
Samson  a  compatriot  the  similar  foundation  at  Dol  inA.D.  565  : 
T'utwal  olBritish  Dumnonia  wasabbot  before  he  became  abbot- 
bishopof  Treguier  in  thesame  century.  In  Ireland  the  monas- 
tery ofClonard  was  founded  before  the  Bénédictine  order  came 
into  existence.  St.  Patrick  was  a  eontemporary  ofSt.  German. 
Celtic  Christianity  while  it  was  practically  independent  of 
Rome  '  became  intensely  monastic.  There  is  nothing  therefore 
to  lead  us  to  regard  the  canons  of  St.  Petrock,  St.  Piran,  St. 
Stephen,  St.  Keverneand  St.  Probus,  mentionedin  Domesday 
Book,  as  subject  to  the  discipline  of  St.  Benedict.  Such  évi- 
dence as  we  possess  tends  to  continu  the  contrary  opinion. 
What  has  been  said  ofthe  order  of  St.  Benedict  applies  with 
çireater  force  tothat  of  St.  Augustine,  the  Black  Canons,  whose 
earliest  foundation  in  England  dates  from  A.  D.  1108,  that 
is,  22  years  after  Domesda}*  Book  was  compiled.  Abbot  Gas- 
quet  truly  says  the  clergy  of  every  large  church,  as  being 
subject  to  rule,  were  called  canons.  The  rule  of  St.  Augustine 
was  not  introduced  at  Bodmin  until  the  time  of  Bishop 
William  Warelwast  (1 107-1 136)  *. 

1.  Comwall's  independence  of  Rome  implied  neither  répudiation  ol"  nor 
sccL>>ion  tVom  the  Roman  church.  It  was  merely  the  temporarv  suspension 
of  outward  communion  with  Latin  Christianity  as  the  resuit  of  political 
eventswhich  had  placed  Cornwall  in  a  state  of  isolation. 

2.  The  statement  is  based  upon  the  assumption  that  the  decrees  of  Pope 
Léo  III  were  as  vnoperative  in  Cornwall  as  they  were  in  Wales  and  Ire- 
land. It  should  be  needless  to  warn  the  reader  against  confounding  Augus- 
tine of  Canterbury  with  the  bishop  of  Hippo.  The  latter  is  said  to  hâve 
sanctioned  certain  régulations  for  the  religious  Iife  which  subsequently 
became  known   as   the  rule  of  St   Augustine.  In  the  middle  of  the  ninth 


The  monastery  bishoprics  of  Cornivall.  195 

Under  the  strong  pressure  exerted  by  monastic  expansion 
the  governmental  character  of  episcopacy  became  attenuated. 
This  was  especially  the  case  in  Ireland  and  in  those  churches 
which  owed  their  foundation  to  Irish  missions.  The  multi- 
plication of  bishops  tended  to  dégrade  the  office.  It  is  impos- 
sible to  read  the  accounts  of  monastic  rule  as  developed  by 
St  Bridget  at  Kildare  and  by  the  Irish  mission  at  Iona  and  of 
the  mechanical  and  subsidiary  part  which  the  bishops  were 
called  upon  to  play  in  the  drama  without  being  aware  of  the 
subversion  of  one  of  the  fundamental  marks  of  episcopacy. 
The  présent  writer  lias  found  but  slight  évidence  of  this 
disastrous  policy  in  Wales  and  Brittany.  There  the  abbot 
bishop  is  seen  as  the  ruler  of  a  monastery  or  of  a  tribe.  Inn- 
umerable  monasteries  had  no  bishop  at  ail.  The  présence  of  a 
bishop  gave  to  the  monastery  the  éléments  of  permanence 
and  priority.  The  Breton  and  Welsh  monastery  bishoprics 
hâve  in  many  instances  survived  as  bishoprics  up  to  the  pré- 
sent time  solely,  as  it  would  seem,  owing  to  their  earlyepis- 
copal  character. 

The  distinction  between  the  Irish  and  British  conception 
of  episcopacy  must  be  borne  in  mind  when  we  attempt,  to 
reconstruct  the  ecclesiastical  institutions  of  Cornwall.  It  has 
been  shown  that  the  relation  between  Cornwall  and  Brittany 
was  that  of  mother  and  daughter.  Between  Wales  and  Corn- 
wall the  relation,  though  probably  less  close,  was  far  closer 
than  that  between  Ireland  and  Cornwall.  It  is  therefore  more 
than  probable  that  while  the  abbot-bishop  was  everywhere  a 
distinguishing  feature  of  Celtic  Christianity  there  was  hère, 
in  thiscounty,  no  such  perversion  of  the  episcopal   office    as 

century  Pope  Léo  III  made  this  rule  obligatory  upon  ail  the  clergv  who 
had  not  embraced  some  other  rule .  Had  the  monks  of  St  Petrock  been  in 
outward  communion  with  western  Christendom  they  would  probablv  bave 
become  canons,  regular  or  secular,  of  St  Augustine  and,  in  that  case  and  in 
that  sensé  only,  Sir  John  Maclean's  statement  mighthave  been  permissible. 
But  in  that  sensé  the  words  had  no  meaning  in  the  sixth  century  when  St 
Petrock  founded  the  Cornish  community.  Augustine  of  Canterbury  was  a 
Bénédictine  monk  and  the  canons  regular  introduced  bv  bishop  Warelwast, 
known  as  Black  canons,  belonged  to  one  of  the  three  great  orders  which 
sdrang  from  the  rule  attributed  to  his  great  namesake  the  Bishop  of  Hippo. 


196  'l .    Ta\lor. 

to  give  rise  to  a  body   of  episcopi  vaganies  01  whom  we  read 
in  connection  with  Ircland  and  Irish  missions'. 

That  Cornwall  possessed  bishops  is  certain  and  that  they 
ruled  monasteries  is  equally  certain,  diocesan  bishops 
being,  during  the  period  under  considération,  practically 
unknown  to  the  Celtic  world.  History  helps  us  little  as  regards 
Cornwall.  We  know  that  in  A.  D.  664  two  British  bishops 
(duobus  de  Brittonum  gente  episcopis),  whom  Mr.  Haddan 
considers  to  hâve  been  Cornish,  assisted  Wini,  the  Saxon 
bishop  of  Wessex,  in  the  consécration  of  St.  Chad  2. 

Gildas,  the  Jeremiah  of  Britain,  whose  de  E.xcidio  is  stated  to 
hâve  been  written  in  the  sixth  century  introduces  us  to  an 
ecclesiastial  System  which,  in  respect  of  its  main  features 
differs  hardly  if  at  ail  from  that  with  which  we  are 
familiar  but  which  both  surprises  us  by  the  évidence  of  its 
progress  and  alarms  us  by  the  extent  of  its  perverseness. 
Gildas  speaks  of  the  clergy  «  intruding  themselves  into  the 
preferments  of  the  church  yea  rather  buying  the  saine  at  a 
high  rate  »  and  «  after  the  example  of  Simon  Magus  buying 
the  office  of  a  bishop  or  of  a  priest  ».  There  was  therefore 
already  in  the  sixth  century,  if  the  traditional  date  of  the 
de  E.xcidio  be  aecepted,  a  gradation  not  only  of  dignity  but  also 
of  office  and  émolument,  for  which,  without  Gildas'  évidence, 
we  should  hardly  hâve  been  prepared.  The  denunciations  of 
Gildas  hâve  been  held  to  apply  to  the  civil  rulers  and  the 
secular  clergy  only 3  but  there  seems  to  be  no  good  reason  for 
accepting  this  hypothesis  unless  we  read  into  the  sixth  cen- 
tury conditions  which  are  found  at  a  later  period.  It  is  impor 
tant  and  sufficient  for  us  to  know  that  the  British  church  was 
highly  organised  and  comparatively  wealthy  at  this  time. 

To  suppose,  however,  that  Celtic  monasteries  were  large 
solid  structures  of  stone  with  cloisters,  refectories,  dortors 
and  the  like  is  to  mistake  the  économie  conditions  of  the 
period  and  of  the  countries  under  review.  To  associate  the 

1.  Dom  Gougaud  speaks  of  them  as  Evêques  déclassés  et  errants  (Chré- 
tientés, p.  219). 

2.  Haddan  and  Stubbs,  Councils,  I,  124. 
v    Gougaud,  Chrétientés,  p.  67. 


The  monastery  bisboprics  of  Cornwal  .  197 

Celtic  bishop  with  a  durable  and  spacious  cathedral  church  is 
almost  as  grotesque  an  anachronism  as  to  represent  St  Lucy 
(  who  died  in  the  year  3.03)  as  they  do  in  the  sailors'  church 
at  Naples,  apparelled  in  a  modem  court  dress  with  a  tiara  of 
gems  and  a  necklace  of  beautiful  pearls. 

The  Celtic  monastery  has  been  compared  to  a  pioneer  set- 
tlement.  It  consisted  of  a  congeries  of  detached  cells  each 
suitable  for  the  habitation  of  one  or  more  monks.  The  cells, 
like  the  churches  of  the  period,  were  commonly  of  wood 
sometimes  ofstone.  It  is  therefore,  after  the  lapse  ofso  many 
centuries,  usually  futile  to  seek  for  traces  of  them.  Of  exis- 
ting  Christian  remains  of  the  Celtic  period  in  Cornwall  the 
most  noteworthy  and  interesting  are  the  granité  crosses  and 
those  monuments  especially  which  bear  the  Chi-rho  mono- 
gram.  The  chapels  at  Perranzabuloe,  at  Gwithian  and  at  Ma- 
dron  are  also  of  this  date,  the  two  former  probably  owing 
their  préservation  to  the  sand  which  buried  them  and  the 
latter  to  the  healing  virtues  of  the  waters  of  the  holy  well 
which  flow  through  it  '. 

Having  shown  that  the  Celtic  conception  ofepiscopal  juris- 
diction  was  definitely  monastic  as  opposed  to  the  Roman 
which,  at  an  early  period,  had  become  diocesan,  it  is  neces- 
sary  to  fix  approximately  the  date  at  which,  in  Cornwall,  the 
former  gave  place  tothe  latter.  Upon  the  solution  of  the  pro- 
blem  dépends  the  character  to  be  assigned  to  the  four 
Celtic  bishops,  Kenstec,  Conan,  Daniel  and  Comoere  whose 
names  are  disclosed  in  certain  authentic  documents  and  are 
given  in  the  Truro  Diocesan  Kalendar. 

In  Brittany,  a  more  progressive  country  and  less  isolated 
than  Cornwall,  the  change  was  violently  efFected  by  the 
patriot  Nominoë  in  the  year  849.  In  Ireland  the  dio- 
cesan system  was  not  adopted  until  11522.  Wales  submitted 
to  the  jurisdiction  and  discipline  of  Canterbury  in  1207.  It  is 
certain   therefore  that   Cornwall,    more   opposed    to    Saxon 


1.  To  this  period  Mr  Jenner  would  also  assign  the  dwellings  at  Chy- 
sauster  which  may  indeed,  as  hesuggests,  hâve  been  St  Gulval's  nunnery. 

2.  Stokes,  Ireland  and  the  Celtic  Church,  p.  347. 


198  T.  Taylor. 

influence  than  any  of  the  others,  did  not  accept  the  diocesan 
system  until  thedays  ofEgbert  (836).  There  is  good  reasonto 
believe  that  the  change  took  place  much  huer.  Kenstec's 
letter  to  Archbishop  Ceolnoth  (833-870)  states  explicitly 
that  his  bishopric  was  monastic  {Ego  Kenstec...  [ad]  episcopa- 
lem  sedem  in  gente  Cornubia  in  monasterio  quod  lingua  Brettonum 
appel lalur  Dinuurin  electus,  etc.  '). 

The  next  bit  of  historical  évidence  is  that  of  Asser  the 
adviser  of  King  Alfred  to  whom  Alfred  in  884  committed 
Exeter  cum  omni parochia  quae  ad  se  pertinebat  in  Saxonia  et  in 
Cornubia2.  The  précise  nature  of  the  commission  isuncertain. 
If  the  giftwas  made  after  Asser  became  bishop  of  Sherborne 
it  probably  involved  the  oversight  of  Devon  and  of  that  por- 
tion of  Trigg  in  Cornwall  where  Alfred's  possessions  were 
situated.  There  is  nothing  to  lead  us  to  conclude  that  the 
Celtic  Christianity  of  Cornwall  was  to  be  affected  by  it. 

A  very  distinct  advance,  in  intention  if  not  in  achievement, 
was  made  when  in  909  Archbishop  Plegmund  constituted 
the  see  of  Crediton.  To  Eadulf  the  bishop  were  given  three 
vills  in  Cornwall  —  «  Pollton,  Coelling  and  Landuuithan 
from  which  year  by  year  he  might  visit  the  Cornish  people  in 
order  to  extirpate  their  errors.  For  in  times  past,  as  far  as  pos- 
sible, they  resisted  the  truth  and  were  not  obedient  to  the 
apostolical  decrees  ».  Pollton  and  Landuuithan  are  unques- 
tionably  Pawton  in  St  Breock  and  Lawhitton.  Coelling  pré- 
sents some  difficulty  because  Domesday  Book  and  ail  subsé- 
quent records  represent  Callington  (with  which  it  h  as  been 
identified)  as  ancient  demesne  of  the  Crown.  It  is  possible 
however  that  before  the  Norman  Conquest  Coelling  may 
hâve  been  surrendered  to  the  King  or  hâve  been  exchanged 
for  another  holding  5. 

How  far  Eadulf  was  successful  it  is  again  impossible  to  say. 
A  conquered  race  does  not  readily  surrender  its  traditional 
religious  customs.  One  of  the  most  instructive  records  of  the 

1.  Haddan  and  Stubbs,  Coiuicils,  1,675. 

2.  Ibid.,  I,  676. 

3.  It  is  even  possible  that  Coelling  may  be  Callestock  in  Perranzabuloe. 
The  canons  of  lixetcr  had  lands  in  that  parish  in  the  twelfth  century, 


The  monastery  bishoprics  of  Cornivall.  199 

Jewish  captivity  is  that  which  préserves  the  pedigrees  of  the 
priests  who  were  themselves  to  préserve  and  perpetuate  the 
priestly  succession  '. 

Athelstan's  policy  (925-940)  of  excluding  theCornish  from 
Exeterand  confining  them  within  the  limits  of  their  own  pro- 
vince does  not  at  first  sight  point  to  improved  relations  bet- 
ween  the  two  races.  His  conquest  of  the  whole  of  Cornwall 
may  be  accepted  as  fact  and  also  his  grant  of  lands  to  the 
church  of  St  Buryan.  Perhaps  the  most  important  act  of  his 
life,  so  far  as  Cornwall  was  concerned  was,  in  the  words  of 
Leland,  «  to  set  up  one  Conan  to  bebishopin  the  church  of 
St  German  » .  The  statement  even  if  copied  from  what  he  regar- 
ded  as  a  trustworthy  document  would  hâve  carried  little  weight 
as  coming  from  a  writer  who  lived  600  years  after  the  event 
had  not  Bishop  Conan  been  found  signing  charters,  undoub- 
tedly  authentic,  between  the  years  931  and  934.  Moreover 
the  name  Conan  is  Celtic  and  occurs  frequently  in  Cornish 
place  names.  I  am  inclined  to  think  that  the  Bishop  Donan 
whose  name  is  appended  to  the  St  Buryan  charter  is  a 
transcriber's  mistake  for  Bishop  Conan  2.  The  question 
naturally  suggests  itself,  how  was  it  possible  for  a  people 
smarting  under  récent  defeat  to  accept  the  religious  minis- 
trations  provided  by  their  conqueror  ?  Close  upon  a  centurv 
had  elapsed  since  the  décisive  battle  of  Hengestisdun  and 
during  the  interval  doubtless  a  considérable  portion  or 
the  Cornish  had  corne  to  accept  the  Saxon  supremacy. 
Athelstan's  mission  may  hâve  been,  generally  speaking,  paci- 
fie though  involving  punishment  to  the  disaffected  and  rebel- 
lious. 

In  choosing  a  Cornishman  and  one  probably  already  a 
bishop  for  the  see  of  St  Germans  he  would  be  acting  in  a  con- 
ciliatory  spirit,  especially  if  he,  at  the  same  time,  recognised 
the  traditional  type  of  Cornish  Christianity.  There  is  no  rea- 
son  to  interpret  his  action  as  involving  a  departure  from  it. 

1.  Ezra  VII  ;  Nehemiah  XII. 

2.  Donan  however  is  a  Celtic  name  (See  Loth,  Rev.  CelL,  XXIX,  277). 
For  the  purpose  of  the  argument  which  is  hère  put  forward  it  would  hâve 
been  more  convenient  to  hâve  distinguished  between  them. 


200  T.   Tàylor. 

An  interesting  note  is  given  by  Haddan  and  Stubhs  '  which 
calls  attention  to  the  signature  of  one  Mancant,  a  bishop,  to 
a  charter  of  932  to  which  also  Bishop  Conan's  name  is  appen- 
ded.  The  learned  editors  rightly  conjecture  that  Mancant  was 
a  Cornish  bishop  (Mancant,  or  more  correctly  Maucant). 
Coeval  Cornish  bishops  are  just  what  we  should  expeçt  to  find 
in  the  tenth  century  110  less  than  in  the  sixth. 

Quite  the  most  valuable  extant  document  of  Cornish 
Christianity  however  is  the  List  of  Mamtmissions  on  the  Boà- 
min  Gospels  which  dates  from  the  year  942  and  carries  us 
almost  to  the  middle  of  the  eleventh  century.  From  this  pre- 
cious  manuscript  we  gather  that  there  were  during  that  period 
ihe  following  bishops  in,  or  connected  with,  Cornwall,  — 
(1)  Athelgea[rd]  possibly  bishop  of  Crediton,  (2)  Comoere 
contemporary  with  Edgar  (958-975)  (3)  Wulfsige  of  a 
slightly  subséquent  date  (4)  Burthwold  mentioned  in  Cnut's 
charter  and  described  by  William  of  Malmesbury  as  uncle  ot 
Living  or  Lyfing  the  penultimate  bishop  of  Crediton.  Char- 
ters also  disclose  two  additional  bishops,  —  Ealdred 
(993-997)  and  Aethelred  (ioor).  Of  thèse  Comoere  Wulfsige 
and  Ealdred  are  identified  by  Mr  Haddnn  with  Bodmin 
and  Burthwold  with  St  Germans.  Comoere's  name  is 
Celtic;  the  rest  of  the  names  are  Saxon.  But  the  impor- 
tant point  is  that  they  are  ail,  except  possibly  the  first 
contemporary  with,  though  not  identical  with  bishops  of 
Crediton,  in  other  words,  sorae  measure  ot  independence 
continued  to  exist  between  the  Saxon  see  and  the  see  or  sees 
of  Cornwall.  There  is  nothing  toshow  that,  before  the  days 
of  Wulfsige  (967)  i.  e.  until  within  80  years  of  Leofric  the 
first  bishop  of  Exeter,  the  greater  part  of  Cornwall  was 
not  Celtic  both  in  religion  and  language.  The  change  ot 
ecclesiastical  organisation  was  made  at  a  period  much  later 
than  is  commonly  supposed  2. 

1.  Connais   I,  979. 

2.  In  the  west  of  Cornwall  there  are  indications  in  Domesday  Book 
(1086)  of  the  récent  introduction  of  Saxon  place-names,  e.  g.  in  Edward 
the  Confessor's  time  it  can  hardly  be  a  coïncidence  that  Aluuarton  (hodie 
Alvérton)  was  the  holding  of  Aluuar. 


The  tnonastcry  bishoprics  oj  Çormuall.  201 

The  charter  of  King  Aethelred  to  Bishop  Ealdred  (994) 
seems  to  point  to  a  period  of  transition.  He  gives  to  Bishop 
Ealdred  episcopal  jurisdietion  in  the  province  of  Cornwall 
that  it  (the  province?)  may  be  free  and  subject  to  him  and 
his  successors,  «  that  he  may  govern  and  rule  his  diocèse 
(parochiain)  in  the  same  way  as  other  bishops  who  are 
in  his  realm,  both  the  monastery  Qocus}  and  the  domain 
(j-egimeii)  of  St.  Petrock  being  under  the  control  of  him 
and  his  successors  ».  If  the  English  conception  of  dioce- 
san  jurisdietion  had  been  generally  known  and  allowed  in 
Cornwall  there  would  hâve  been  no  need  to  require  the  sti- 
pulations contained  in  the  concludingparagraph.  Ealdred  was 
to  administer  the  see  of  St.  Petrock  on  English  lines.  History 
does  not  tell  us  what  'vas,  in  the  meanwhile,  happening  at 
St.  Germans  ;  but  twenty  four  years  later  (in  10 18)  we  meet 
with  a  grant  of  lands,  in  Landrake  and  Tiniel,  by  King  Cnut 
to  Burhwold  bishop  of  St.  Germans;  the  Landrake  lands  were 
to  be  held  by  the  bishop  du  ring  his  life  and  after  his  death 
they  were  to  be  held  for  the  good  of  the  soûls  of  him  and 
the  King.  The  Tiniel  lands  were  to  be  used  as  the  bishop 
thought  fit.  It  is  interesting  to  note  that  thèse  lands  were  not 
annexed  to  the  bishopric  but  continued  to  be  held  by  the 
prior  of  St.  Germans  until  the  dissolution  of  the  priory  in  the 
sixteenth  century. 

Atthe  time  of  Cnut's  grant  Cornwall  had  practically  lost  its 
independence  both  civil  and  ecclesiastical.  Ail  the  witnesses 
to  his  charter,  twenty  seven  in  number,  bear  Saxon  names. 

Burhwold  died  in  or  about  A.  D.  1043.  Lyfing  his 
nephew  who  had  become  bishop  of  Crediton  in  1027  was  in 
pursuance  of  an  arrangement  made  long  before  betwreen  him 
and  King  Cnut,  allowed  to  hold  both  sees.  On  Lyfing's 
death,  in  the  third  year  of  the  Confessor's  reign  (1046)  Leo- 
fric  the  King's  chaplain  was  appointed  to  the  united  bishopric 
(episcopatum  Cridionensis  ecclesiae  atque  Cornubiensis  provinciae) 
and  the  see  transferred  to  Exeter.  Papal  sanction  was  obtai- 
ned  for  the  transaction  three  years  afterwards. 

By  his  charter  of  ratification,  dated  1050,  Edwrard  the  Con- 
fessor  transfers  the  Cornish  diocèse  which  had  formerly  been 


202  T.   Taylor. 

assigned  to  a  bishop's  see  (episcopali  solid)  in  memory  of  Bles- 
sed  German  and  in  vénération  of  Petrock,  this,  with  ail 
parishes  lands  etc.,  he  transfers  to  St  Peter  in  the  city  ot 
Exeter.  The  absence  of  clear  définition  in  the  last  paragraph  is 
sufficiently  obvious  :  no  clearer  définition  was  possible.  There 
had  been  hitherto  no  Cornish  diocèse  in  the  English  and 
Roman  acceptation  of  the  word.  There  had  been  bishops 
both  at  Bodmin  and  at  St  Germans  within  living  memory 
holding  lands  and  exercising  jurisdiction  but  the  monastic  tie 
was  still  probably  stronger  than  the  diocesan. 

Yet  it  was  obviously  important,  now  that  Exeter  was  to  be 
the  seat  of  ecclesiastical  government  for  the  two  counties, 
that  ample  provision  should  be  made  for  the  great  bishop  who 
was  to  occupy  it.  Exeter  lacked  lands,  books  and  almost  every 
church  ornament  ;  so  stated  Pope  Léo  in  his  letter  to  King 
Edward.  Accordingly  the  King  not  only  gave  to  it  lands  of 
his  own  but  he  provided  for  the  transfer  of  ail  that  could 
under  any  reasonable  pretext  be  claimed  for  its  support.  In 
effect,  he  made  it  possible  for  the  Exeter  bishopric  to  dérive 
nearly  one  half  of  its  entire  revenue  from  Cornish  monastic 
lands.  But  the  endowment  of  the  see  of  Exeter  requires  a 
chapter  to  itself. 

Tho.  Taylor. 


L'AVENTURE    DE    MAELSUTHAIN 


C'est  une  curieuse  aventure,  qui  renferme  plus  d'un  détail 
piquant.  O'  Curry  s'en  est  servi  dans  ses  Lectures  on  the  Manu- 
script  Materials  oj  ancient  Irish  History  (Dublin,  1861),  où  il  en  a 
donné  p.  76  une  traduction  anglaise,  et  p.  529  le  texte  irlan- 
dais emprunté  au  Liber  Flavus  Fergusiorum,  manuscrit  copié 
en  1435 '.  Le  texte  qui  suit  est  tiré  du  Manuscrit  de  Paris 
(fonds  celtique,  n°  1),  f°  44  v°  a.  Bien  qu'il  diffère  à  peine  du 
texte  donné  par  O'Curry,  il  a  paru  utile  de  le  publier  à  nou- 
veau, à  cause  de  l'intérêt  qu'il  présente  au  point  de  vue  de 
l'histoire  hagiographique.  Les  variantes  essentielles  (notées 
O'C.)  ont  été  enregistrées  au  bas  des  pages.  On  y  a  joint  une 
traduction   française. 

Le  récit  porte  dans  le  Manuscrit  de  Paris  un  titre  qui  lui 
convient  assez  peu.  Sans  parler  de  l'erreur  de  chiffre  relevée 
ci-dessous,  il  contient  cette  inexactitude  d'attribuer  le  princi- 
pal rôle  aux  trois  Domnall,  alors  que  c'est  Maelsuthain  qui  est 
le  personnage  important  du  récit. 

TEXTE     IRLANDAIS 

BETHA   NA  tri  2    DoMNtf//  INNSO. 

[TJriar  mac  fogluma  '  tangat^r  o  Choindire  do  denum  alei- 
gind  dinnsaig/d  an[m]charat  Briain   meic  Cendehid  À.  Maôl- 

1.  Ed.  Gwynn,  Proceed.  of  the  R.  Irish  Acad.,  XXVI,  C,  n°  2  (Mardi 
1906),  p.   19. 

2.  Le  manuscrit  a  .  IIII.  au  lieu  de  .III.  Le  chiffre  quatre  a  été  probable- 
ment amené  ici  par  la  dernière  phrase  du  récit. 

3.  foglainntig  O'C.   au  lieu  de  »ic  fogliuna, 


204  /•   Vendryes. 

suthain  O  Cerbuill  d'Hoganacht  Lâcha  Léin,  arbahe  ecnaidi 
baferr  inaimsir.  Isa|m]lrt/W  roboi  intriar  sin  7  isiat  comaéssa  ', 
comdealba  7  oen  ainm  forra  .i.  Domnall  intainm;  7  robktar 
immorro  tribliadna  icfoglaim  occa. 

Icinn  mmbliadan  autem  adubratar  fnanaiti  :  isâillinn,  arsiat, 
dul  cor/ce  inniarusâhv//  7  cotir  2  iuda  coro  imthidsit  arcosa 
cech  cowair  roimtiginslanicid  italmam.  Itubairt  intaite  :  Nireg- 
thai  no  cofagbaithi  luag  mo  saethair  oc|~u]msa,  arsé.  Adubnz- 
ta[r]  nadalt[a]da  :  Nifuilagaind  ni  dobermais  âuit,  uht  bernait 
tribMadna  eli  acdén[u]m  umaloiti  3  d«/t,  mad  ail  leat.  Nihàil, 
arsé;  acht  tabr[ai]d  mo  bretha  fein  dam,  no  dogen  bar  nes- 
caine.  DoWram,  arsiat,  dia  roib  acaind .  Ronaissc  forro  fosois- 
A  cela  ancoimdid.  Ragthai,  arsé,  isin  cornai 4  'sâil  lib,  7  bid  riiarb 
sib  an  aenfec/tf  arïnturus  ;  7  isibreath  cuingimsi  oruibsi  :  cin- 
dularnem  iarnécaib  daib,  «ocotistai  chugumsa  artûsdiainnis  > 
dam  cafad  mosa[e]gal  7  coroindisiu  6  infagaim  mochuid 
dochendsâ  "  incoimded.  Geallmaitne  d///tsi  sin  8  ahucht  ancoim- 
ded,  arsiat. 

Roimthigsit  7  rucsat  bentachtam  léo  onaide  9  7  rosfacsrtt 
bennar/rtain  aice  d'idiit.  Rosirsit  d^no  indom[u]n  IO,  cach  conaxt 
dochualatar  cm/  doimthear/jf  7  roncatar  autem  fadeôid  coiaru- 
sâWem  7  fuaradar  bas  ann  inoen  techl  7  rohadnaicid  conanoir 
moir  infijarusalew. 

Tanicd[a]no  Michel  arcairigil  oDiaar  &cend.  Itdu(f°44  v°b)- 
brudar  :  Niragham  no  cuslanaighem  in  mbreithir  "  t[u]csn// 
friarnoidi  tosoïscêla  Crist.  Imthig/d,  ar  intaingil,  7  indisid  do 
v'ibWadna  coleth  aice  dosaeg///  7  adul  aniîrinn  iarsin  cob/v/th  ; 
berthar  d[a]no  breath  fair  illô  bratha12.  Inndis  duinn,  arsiat, 

1.  cotncruth  O'C. 

2.  isintir  O'C. 

3 .  aç  omhuloid  O'C. 

4.  Rachaidh,  arsé,  in  conair  O'C. 

5.  innisiti  O'C. 

6.  co  ro  innisdi  O'C. 

7.  anfaghaim  ce'nnsa  O'C. 

8.  ««  »t  «m  O'C. 

9.  0  «a  notât  O'C. 

10.  dano  indomun  mq.  dans  O'C. 

1 1 .  breath  O'C. 

i2.  Iarsin  berus  an  breath  allô  bratha  fair  O'C. 


L'aventure  de  Maelsuthain.  205 

cid  ma.curlh.ar  inifn/w  hé.  Artri  fathaib,  arintaingil  .i.  aramét 
tôirces  r  incanôin  7  amét  donmnaib  fer  frisi  coimraicmf  2  7 
artregud  indaltusa. 

Ise  immorro  fâth  imartreigsim  intaltus  :  .i.  [macj  5  maith 
robui  aicce,  .  i .  Maelpat/vric  a  ainm  side.  Rosgab  galar  bais  in- 
mac.  Rogab  intaltus  {osed)t  inathimmcill  ardàig  cowabud  marb 
inm^c.  Nirtharbaig  doibsim  sin,  uair  ba  marb  inmtfc  acétôir. 
Idubrt/Vt  Maelsuthain  nach  gebad  indaltus  tri  bithu  inadeagaid 
sinonach  facaid  4  anoiracCn'^5  fair;7  nidasonair  tue  Dia  don 
altus  cenamrtcsom  doslanugz^/,  acht  robferr  lais  inmac  dibeith 
et/V  muinntir  nime  naittV  muinntir  taXman. 

Robui  Maelsuthain  secht  mbliadna  cenaltas  dogabrt//.  Iarsin 
ta.nca.tar  atriur  dalta  doacallrtw  Màiltsuthain  ixechtaib  tricolum 
ngel,  rohVso[m]  fâilti  friû,  7  adubairt  :  Dia  bar  mbethu,  adal- 
tada  inmaine  6,  inn[ijsidh  dam  fbt  ma  saegiril  7  infagbaim 
fochraicc.  Atat,  arsiatsom,  tribWadna  dosaegal  zcat  7  dobet[h] 
anifrâm  cobrath  iarsin.  Cid  mambeinn  ~  anifhYm,  arséisim. 
Artrifathaib,  arsiat,  7  roindisetar  na  tri  fatha  adubrmnar 
romaind . 

Nibafir  modulsa  anifrinn,  arsé,  uair  natrihuilcsin  itâ  acamsa 
gusaniu  nibiait  ocwmsa  8  oso[m]amach  ;  7  treiefetsa  nahuilc 
sin,  7  logfaid  Dia  damsa  iat,  amail  rogeall  fein  intan  atrubairt  : 
Impietas  impii  inquâcumqwe  hora  conuersus  fue[r]it  non  noce- 
bit.  Nidingen  dan[o]  cialla  uaim  fein  isin  canoin,  acht  amail 
dogeb  9  isnaleabraib  diadaib.  Nicoimrec  f/i  mnâi  tir10  cenber 
beô  ;  gebat  d[a]nosaltir  cechlai  7  dogén  cet  slec/;/ain  cech  lai ll. 
Secht  mbliadna    itû   genaltus  dogabail  ;  gebatsa  altus  iosecht 

1.  toircer  Ms  ;  torrees  O'C. 

2.  do  mhnaimh  frisid  coimricenn  O'C.  La  traduction  mot  à  mot  de  notre 
texte  est  «  quantité  de  femmes  d'hommes  ». 

3.  mac  ajouté  d'après  O'C. 

4.  tre  bithumh  0  nach  facaid  O'C. 

5.  ac  Dia  O'C. 

6.  Les  six  mots  qui  précèdent  manquent  dans  O'C. 

7.  ou  inanibeinn  ?  pour  imambeinn. 

8.  Le  texte  d'O'Curry  répète  deux  fois  aiiiu,  nibiad  ocumsa. 

9.  amail  twgeibl). 

10.  Mot  à  mot  «  avec  femme  d'homme  ». 

11.  ..diadhuibh.  Gebad  dna  céd  shehtain  cech  lai  O'C. 


2oé  /.  Vendryes. 

cech  lai,  cenbam  '  beo  ;  7  dogén  tredenus  cecha  sec/;/maine. 
Denaidsi  d[a]n  o  toc/;/  doc/wm  nime,  arsé  ;  7  ticid  illô  inet- 
ser/;/a  doinn[i]sin  scél  dam.  Ticfamait,  arsit. 

Dochuzdar  atriur  fointuarusgb<7/7  a-'/na  7  robc;;iMr/;/sa[tJ  do 
7  rohendachtsom  doibsem.  1116  d[a]no  aeitser/;/a  tangadar  a 
trhir  fondeilb  2  cétna.;  robm^ach  câchdib  diachéili  7  rofiarfad 
in  inunn  5  mobrethsa  4  indiu  ôDia  >  7  anlâ  aile  tangabair 
domagallfl/m.  Nihinannim/z/orro,  arsiat;  uair  rotaisbenad  dûinne 
tinfldsaarnim,  7  islôrlinne  7  tard  lôrlatsaiar  na  riac/j/ain  afea- 
bus  6.  Tangamairne  aniu  amail  rogeallsamarne  ardocewdsa  ; 
7  tar  lind  aniu  aramus  inait  sin,  corabair  afreacnarcus  "  Dé, 
indaontaid  nanoem  trinoidi  7  muinnt/Vi  nime  combrath  8. 

Issann  sin  rothinoilit  sacairt  7  clérig  imda  cuiçe;  7  rohon- 
gadh  hé  7  nirscarstft  adaltada  fris  no  côndeachatar  acc//;rar  9 
àochîim  n/;;/e. 

Issé  ascrebtra  inf/Vmaithsin  atd  [in]  inis  Faithlinn  isineclfl/j 
fos,  7  r[e]l. 

TRADUCTION 

VIE  DES  TROIS  DOMNALL. 

Trois  étudiants  partirent  de  Coindire 10  pour  s'instruire  auprès 
du  directeur  de  conscience  de  Brian  Mac  Cennétig11,  qui  était 

1.  cen  bed  O'C. 

2.  tuaruscbail  O'C. 

3.  i m  11 11 11  Ms. 

4.  ma  beathasa  O'C. 

5.  ac  Dia  O'C. 

6.  «  ?«w  linnidh  afheabus  O'C. 

7.  fracracus  O'C. 

8.  ('(»  />m/  «a  mbreath  O'C. 

9.  a  cethrar  mq  dans  O'C. 

10.  auj.  Connor,  dans  le  comté  d'Antrim. 

1  : .  C'est  Brian  Mac  Cennélig,  roi  de  Munster  à  la  fin  du  xc  siècle  (v.  A'. 
ci-//.,  XVII,  3 39  et-  s.,  347,  349,  351  et  ss.),  plus  souvent  appelé  Brian 
Borunta,  du  nom  de  la  ville  de  Bôrime  (Bôraime,  Bôruma,  Bôroma),  auj. 
Béai  Bôrumha,  sur  la  rive  dr.  du  Shaunon,  à  env.  1  mille  au  N.  de  Killaloe  ; 
cf.  K.  Meyer,  Eriu,  IV,  71  etss.  Il  porte  le  nom  de  Brian  naBanbaa 
Borumi  dans  un  poème  de  Cuan  hua  Lothchàin  (m.   1024),  publié  dans  la 


L'aventure  de  Maelsuthain.  207 

Maelsuthain  O'Cerbuill,  d'Eoganacht  de  Loch  Léin  :  ;  car 
c'était  lui  le  meilleur  sage  de  ce  temps.  Voici  comment  étaient 
ces  trois  étudiants  :  ils  avaient  même  âge,  même  figure  et 
même  nom,  Domnall.  Ils  restèrent  trois  ans  a  étudier  auprès 
de  Maelsuthain. 

Au  bout  des  trois  ans  voici  qu'ils  dirent  à  leur  maître  :  «  Nous 
avons  le  désir  d'aller  jusqu'à  Jérusalem,  dans  la  terre  de 
Judée,  afin  que  nos  pieds  passent  par  chacun  des  chemins  par 
lesquels  a  passé  le  Seigneur  sur  la  terre.  »  Le  maître  répon- 
dit :  «  Vous  n'irez  pas  avant  d'avoir  laissé  entre  mes  mains  le 
salaire  de  mes  peines.  »  Les  élèves  reprirent  :  «  Nous  n'avons 
rien  à  te  donner;  mais  nous  pouvons  rester  trois  autres  années 
à  ton  service,  si  cela  te  plaît.  »  —  «  Cela  ne  me  plaît  pas, 
dit-il  ;  mais  accordez-moi  la  décision2  que  je  vais  dire,  ou  bien 

Z.  f.  celt.  Pbil.,  V,  23  et  celui  de  Brian  in  bùair  dans  un  poème  de  Gilla 
na  Naem  hua  Duindsléibe  (m.  1160),  conservé  dans  le  Book  of  Leinster, 
33  a  30.  On  sait  que  le  mot  bôroma  désigne  aussi  un  fameux  tribut  imposé 
aux  habitants  du  Leinster  par  le  roi  suprême  Tuathal  Techtmar  qui  vivait 
au  11e  siècle  de  notre  ère  (voir  d'Arbois  de  Jubainville,  Catalogue,  p .  46,  et 
Wh.  Stokes,  R.  celt.,  XIII,  32-124).  M.  J.  Loth  a  comparé  le  mot  bo-ronu, 
interprété  comme  «  bétail  (=  argent)  de  Rome  »  à  l'anglo-saxon  Rom-feoh 
«  id.  »,  par  lequel  on  désignait  en  Angleterre  depuis  le  ixe  siècle  le  denier 
de  Sl-Pierre.  Il  a  pu  se  produire  en  tout  cas  en  Irlande  une  confusion  par 
étvmologie  populaire  entre  les  deux  mots. 

1.  Maelsuthain  Ua  Cerbaill,  «  grand  savant  d'Irlande  et  roi  d'Eoga- 
nacht de  Loch  Léin  »,  comme  disent  les  Annales  d'Ulster  (ardsûi  Erenn  7 
ri  Eoganachta  Locba  Léin),  mourut,  d'après  ces  mêmes  Annales,  en  l'année 
1010.  On  trouvera  un  poème  de  lui  publié  par  M.  K.  Meyer  dans  la  Zeit- 
schriftfiïr  eeltische  Philologie,  t.  V,  p.  499.  Eoganacht  de  Loch  Léin  estunnom 
tribal  mentionné  ailleurs,  notamment  dans  le  F  élire  bùi  Gormdin,  note  au 
i2novembre(éd.  Stokes, p.  216-217),  dans  le  Liber  Hymnorutn  (éd.  Bernard- 
Atkinson,  t.  II,  p.  9  et  109)  et  dans  la  vie  de  saint  Findchua  (Stokes,  Lires 
of  saints  Jrom  thc  Book  of  Lis  more,  p.  235);  la  tribu  descendait  d'Eogan  Mor, 
roi  de  Munster  au  11e  siècle. 

Loch  Léin  est  l'ancien  nom  des  lacs  de  Killarney,  dans  le  comté  de  Kerry  ; 
v.  Wh.  Stokes,  The  Rennes  Dindsenchas  in  Rev.  Celt.,  XV,  45 1 ,  et  Ed.  Gwynn 
The  Metrical  Dindshenchas,  III,  260  et  524.  C'est  dans  ces  lacs  que  se  trouve 
l'île  appelée  Inisfallen  (Inis  Fâithlcnn),  siège  du  célèbre  monastère  dont  il 
est  question  à  la  fin  de  ce  récit. 

2.  Cf.  co  titca  tù  breth  mo  beôilféin  damha  until  thou  grant  me  thc  sen- 
tence of  my  own  lips  »  Comperi  Monpdin,  in  The  Voyage  of  Brdn,  éd.  K. 
Meyer,  p.  63,  1.  8. 


2o8  /.   Fendrxcs . 

je  vous  maudis.  »  —  «  Nous  l'accorderons,  dirent-ils,  si  nous 
le  pouvons.  »  Il  les  fit  s'engager  sur  l'évangile  du  Seigneur. 
«  Prenez,  dit-il,  le  chemin  que  vous  désirez  ;  vous  mourrez 
tous  trois  en  même  temps  dans  le  voyage  ;  et  voici  la  demande 
que  je  vous  adresse  :  c'est  de  ne  pas  aller  au  ciel  après  votre 
mort  sans  être  venus  d'abord  vers  moi  pour  me  dire  quelle 
longueur  aura  ma  vie1,  et  si  j'obtiendrai  ma  part  d'indul- 
gence du  Seigneur.  »  —  «  Nous  te  le  promettons,  par  le 
sein  du  Seigneur  »,  dirent-ils. 

Ils  partirent,  emportant  la  bénédiction  de  leur  maître,  et 
lui  laissant  la  leur.  Ils  parcoururent  le  monde,  suivant  tous 
les  chemins  où  ils  entendaient  dire  que  le. Christ  avait  passé; 
et  ils  atteignirent  enfin  Jérusalem,  où  ils  trouvèrent  la  mort 
en  même  temps  ;  on  les  enterra  à  Jérusalem  avec  grand  hon- 
neur. 

L'archange  saint  Michel  2  vintleschercherdela  partdeDieu. 
Mais  ils  lui  dirent  :  «  Nous  n'irons  pas  sans  avoir  accompli  la 
promesse  que  nous  avons  donnée  à  notre  maître  sur  l'évan- 
gile du  Christ.  »  —  «  Partez  donc  »,  dit  l'ange,  «  et  informez- 
le  qu'il  a  encore  trois  ans  et  demi  à  vivre  et  qu'il  ira  en  enfer 
après  cela,  éternellement.  Jugement  sera  porté  sur  lui  au  jour 
du  jugement.  »  —  «  Informe-nous  »,  dirent-ils,  «  pourquoi 
il  sera  jeté  en  enfer.  »  —  «  Pour  trois  raisons  »,  dit  l'ange  : 
«  pour  la  quantité  d'interpolations  qu'il  a  introduites  dans  le 
canon  ;  pour  la  quantité  de  femmes  avec  lesquelles  il  a  eu 
commerce,  et  pour  avoir  abandonné  l'altus  3.  » 

La  raison  pour  laquelle  il  avait  abandonné  l'altus  était  lasui- 
vante  :  il  avait  un  bon  enfant,  nommé  Maelpatric.  Une  maladie 


i.  Ci.  fol  saiquil gl.  diuturnitatem  Ml.  145  de),  etbidsefotasaeguil  «  ce 
sera  la  longueur  de  sa  vie  »  Tain  bô  Cûalnge,  1.  1768 (L.  L.  71  a  13). 

2.  L'archange  saint  Michel  est  le  messager  ordinaire  de  Dieu  vers  les 
hommes  ;  d.  un  épisode  de  la  vie  de  Colum  Cille,  Zeitsch.  f.  celt.  Phïl. 
IX,  265. 

3.  Il  s'agit  de  l'hymne  Al  tus  prosator,  attribué  par  la  tradition  à  Colum 
Cille.  Cet  hymne,  conservé  dans  sept  manuscrits,  a  été  en  dernier  lieu 
édité  par  J.  H.  Bernard  et  R.  Atkinson  dans  The  Irish  Liber  Hymnorutn 
(Henry  Bradshaw  Society,  London,  1898),  t.  I,  p.  66  et  suiv.,  avec  une 
étude  très  complète  et  une  traduction  anglaise  au  t.  II,  p.  140-169.  Le  texte 


L'aventure  de  Maelsuthain.  209 

mortelle  s'empara  de  cet  enfant.  Il  chanta  l'altus  sept  fois  autour 
de  lui  pour  que  l'enfant  ne  mourût  pas.  Cela  ne  leur  servit 
de  rien, car  l'enfant  mourut  sur  le  champ.  Maelsuthain  déclara 
qu'il  ne  chanterait  plus  l'altus  de  sa  vie,  à  cause  qu'il  ne  voyait 
pas  que  le  Christ  fît  honneur  a  ce  chant.  Pourtant  ce  n'était  pas 
par  déshonneur  '  pour  l'altus  que  Dieu  n'avait  pas  guéri  son 
enfant,  mais  bien  parce  qu'il  trouvait  meilleur  d'avoir  cet  enfant 
dans  la  famille  du  ciel  que  dans  la  famille  de  la  terre . 

en  est  assez  difficile  et  fourmille  de  termes  qui  rappellent  les  Hisperica 
famina.  Il  avait  été  auparavant  plusieurs  fois  édité,  notamment  par  Colgan, 
Trias  Thaumaturga,  t.  Il,  p.  473  (1647)  et  par  J.  H.  Todd,  Book  ofhymns 
ofthe  Ancient  Churchof  Ireland,  t.  II,  p.  201-251  (Irish  Archaeological  and 
Celtic  Society,  1869).  Mais  l'édition  d'Atkinson  a  lait  perdre  leur  valeur 
aux  éditions  antérieures,  y  compris  celles  de  Boucherie  (Revue  des  Lingues 
romanes,  t.  VII  [1875]  p.  12,  avec  une  addition  t.  XIV  [1882],  p.  293),  de 
Cuissard  (Revue  celtique,  t.  V,  p.  205)  etc.  ;  cf.  R.celt.,  VII,  237. 

Il  est  assez  remarquable  que  la  littérature  hagiographique  de  l'Irlande 
passe  à  peu  près  sous  silence  l'Altus  de  Colum  Cille. .  Il  n'en  est  pas  ques- 
tion dans  les  vies  de  Colum  Cille  qu'a  publiées  Wh.  Stokes  (Three  middle 
Irish  Homilies,  Calcutta,  1877,  p.  90-125  et  Lives  of  saints  from  the  Book  oj 
Lismore,  p.  20-33)  ni  dans  celle,  beaucoup  plus  développée,  que  MM.  R. 
Henebry  et  A.  Kelleher  ont  publiée  dans  la  Zeitschrift  fur  celtische  Philolo- 
gie, t.  III,  IV,  V  et  IX.  La  seule  allusion  à  YAltus  que  signale  Atkinson, 
en  dehors  de  l'aventure  de  Maelsuthain,  est  dans  le  poème  inédit  du  Ms. 
Laud  615  intitulé  Mesca  Coluim  Cille,  sorte  de  vision  extatique  de  Colum 
Cille  à  l'heure  de  sa  mort  (v.  Reeves,  Adamnani  Vita  Columbaé, 
p.  lxxix-lxxx);  on  y  lit  cette  strophe  : 

mo  altus  ainglidhe  go  naoimh 

1110  easparta  dia  dardaoin 

Mo  ainhra  ag  righ  an  esca  glan  gle 

annso  fagbhaim  tar  meise. 

«  mon  Altus  saintement  angélique, 

mes  Vêpres  du  jeudi, 

mon  Amhra  au  roi  de  la  pure  lune  brillante, 

voilà  ce  que  je  laisse  après  moi.  » 

Serait-ce,  comme  le  suppose  Atkinson,  d'après  une  suggestion  de  la  préface 
(p.  146),  que  l'Altus  contenait  des  doctrines  qui  n'étaient  pas  très  ortho- 
doxes ?  On  comprendrait  alors  qu'il  fût  tombé  en  discrédit  et  qu'un  lointain 
disciple  de  Colum  Cille  ait  éprouvé  le  désir  de  composer  cette  histoire  pour 
le  remettre  en  faveur. 

1 .  Le  mot  esouoir  «  déshonneur  »  se  rencontre  dans  la  vie  de  Colum 
Cille,  Z.  f.  celt.  Phil.,  III,  p.  524  dern.  ligne  ;  gén.  esonora,  ibid.,  p.  544, 
I.3. 

Revue  Celtique,  XXXV.  14 


2io  /.  Vendryes. 

Màelsuthain  resta  sept  ans  sans  chanter  l'altus.  C'est  alors 
qu'arrivèrent  les  trois  élèves  pour  entretenir  Màelsuthain  ;  ils 
avaient  la  forme  de  trois  colombes  blanches  ;  il  leur  fit  bon 
accueil  et  leur  dit  :  «  Salut  à  vous  ',  ô  gentils  élèves,  dites- 
moi  la  longueur  de  ma  vie  et  si  j'obtiendrai  récompense.  »  — 
«Tu  as,  dirent-ils,  encore  trois  ans  à  vivre,  et  tu  seras  ensuite 
éternellement  en  enfer.  »  —  «  Pourquoi  serais-je  en  enfer  », 
dit-il .  —  «  Pour  trois  raisons  »,  dirent-ils,  et  ils  lui  expo- 
sèrent les  trois  raisons  que  nous  avons  données  plus  haut. 

«  Il  n'est  pas  vrai  que  j'irai  en  enfer,  »  dit-il,  «  car  ces 
trois  vices  qui  sont  sur  moi  aujourd'hui  n'y  seront  plus  désor- 
mais; je  les  abandonnerai  et  Dieu  me  les  pardonnera  comme 
il  l'a  promis  lui-môme  quand  il  a  dit  :  L'impiété  de  l'impie  ne 
lui  nuira  pas,  en  quelque  jour  qu'il  se  convertisse  2.  Je  ne 
mettrai  aucun  sens  venant  de  moi-même  dans  le  canon,  mais 
[je  l'interpréterai]  tel  que  je  le  trouverai  dans  les  livres  divins. 
Je  n'aurai  aucun  commerce  avec  une  femme  tant  que  je 
serai  vivant.  Je  lirai  le  psautier  chaque  jour  et  je  ferai 
chaque  jour  cent  génuflexions.  Voilà  sept  ans  que  je  suis  sans 
chanter  l'altus  ;  je  le  chanterai  sept  fois  par  jour  tant  que  je 
serai  vivant,  et  je  ferai  trois  jours  de  jeûne  par  semaine. 
Retournez  donc  au  ciel,  »  dit-il,  «  et  venez  au  jour  de  la 
mort  pour  me  donner  des  nouvelles.  »  —  «  Nous  viendrons  », 
dirent-ils . 

Ils  repartirent  tous  trois  dans  le  même  équipage  3,  après 
l'avoir  béni  et  avoir  reçu  sa  bénédiction  .  Le  jour  de  sa  mort, 
ils  revinrent  tous  trois  sous  la  même  forme.  Ils  échangèrent 
des  bénédictions,  puis  il  leur  dit  :  «  Mon  jugement  est-il  le 
même  aujourd'hui  de  la  part  de  Dieu  que  l'autre  jour  où  vous 
vîntes  m'entretenir  ?  »  —  «  Il  n'est  pas  le  même,  »  dirent- ils  ; 
«  car  on  nous  a  montré  ta  place  dans  le  ciel  ;  sa  dignité  nous 

i.  Cf.  Dia  do  betha  «  salut  à  toi  »  m.  à  m.  «  Dieu  (soit)  ta  vie  »,  Vision 
de  Tondale,  éd.  K.  Meyer  et  V.  H.  Friedel,  p.  101,  chap'.  vin,  5.  C'est 
par  Dia  do  beatha  qu'est  traduit  Auc  (Maria)  dans  la  salutation  angélique 
(Luc,  I,  28).  La  Bibliography  de  Best(v.  ci-dessous,  p.  225)  mentionne, 
p.  145,  trois  poèmes  qui  commencent  par  Dia  do  betha.  Dans  VEchtra  Nerai, 
1.  113,  on  lit  fo  Dia  do  betho  (R.  celt.,  X,  222). 

2.  Ezéchiel,  chap.  XXXIII,  §12. 

3.  Le  mot  tuarascbail signifie  proprement  «  description  ». 


L 'aventure  de  Maelsutbain.  211 

satisfait  et  te  satisfera  quand  tu  y  seras  arrivé.  Nous  sommes 
venus  vers  toi  aujourd'hui  comme  nous  te  l'avons  promis  ; 
viens  avec  nous  aujourd'hui  jusqu'à  cette  place,  afin  que  tu 
sois  en  la  présence  de  Dieu,  en  l'unité  de  la  sainte  Trinité  et 
de  la  famille  céleste  jusqu'au  jugement.  » 

C'est  alors  que  se  rassemblèrent  autour  de  lui  des  prêtres 
et  des  clercs  en  grand  nombre  ;  il  reçut  l'extrême-onction,  et 
ses  élèves  ne  le  quittèrent  pas  jusqu'à  ce  qu'ils  partirent  tous 
les  quatre  vers  le  ciel. 

Les  écrits  de  cet  excellent  homme  sont  encore  à  Inisfallen 
dans  l'église,  etc. 

J.  Vendryes. 


UN 
RAPPROCHEMENT     CELTO-OMBRIEN 


On  sait  que  les  dialectes  osco-ombriens  ont  gardé  parfois 
mieux  que  le  latin  les  mots  du  vieux  fonds  italique  com- 
mun et  présentent  ainsi  avec  les  autres  langues  indo-euro- 
péennes des  correspondances  de  vocabulaire  dont  le  latin  n'a 
plus  trace.  Par  exemple  on  ne  retrouve  qu'en  osco-ombrien 
le  pendant  italique  du  mot  irlandais  tuctth,  gotique  ftiuda,  qui 
est  le  nom  occidental  de  la  «  cité  ».  L'ancien  radical  ner- 
«  fort,  viril  »  conservé  dans  l'irlandais  ncrt  et  le  gallois  nerth 
«  force  »  ne  se  rencontre  sur  le  sol  de  l'Italie  qu'en  sabin 
(Nero),  en  ombrien  (nerf  «  principes  »,  nerus  «  principibus  ») 
et  en  osque  (jier  «  uir  »,  nerum  «  uirorum  »).  Inversement 
le  nom  du  magistrat  en  osque  (ineddiss  «  iûdex  »,  d'où  medi- 
cim  «  iûdicium  »,  medicatinom  «  iûdicàtiônem  »)et  en  volsque 
(medix)  contient  comme  premier  terme  un  élément  qui  n'a 
le    même    sens  qu'en   irlandais  (tnidiur  «    je  juge  »). 

A  ces  exemples  bien  connus,  on  peut  sans  doute  joindre  le 
suivant. 

Pour  désigner  la  loi,  à  côté  du  mot  dliged  qui  signifie  pro- 
prement «  obligation,  dette  »  et  appartient  au  vocabulaire 
du  Nord-Ouest  (v.  Meillet,  Dialectes  indo-européens,  p.  21), 
l'irlandais  a  un  autre  mot  d'extension  plus  restreinte  :  c'est 
ad  (.i.  dliged,  Laws  IV,  4,  17;  cf.  Be^.  Beitr.,  XIX,  39  et 
Arch.  f.  ce! t.  Lcx.,  I,  66  et  III,  171).  On  en  a  tiré  ada  «  lé- 
gal, juste,  convenable  »  ',  employé   substantivement  au  sens 

1.  Cf.  ni  bd  bada  ri  con  uni  m  hi  Temraig  «  un  roi  avec  défaut  (physique) 
ne  convenait  pas  à  Tara  »,  L.  U.,  50  b  34  ;  ni  bada  do  1110  menmain  apairi 
romnet  «  mon  cœur  ne  mérite  pas  le  tour  que  j'ai  subi(?)  »,  Lee.  124  b  10. 


Un  rapprochement  celto-ombrien .  213 

de  «  prérogative,  droit  >■>,  et  adas,  com-adas  «  juste,  conve- 
nable »  '  formé  avec  un  suffixe  -asto-  sur  l'origine  duquel  ren- 
seigne M.  Pedersen,  Vgl.  Gr.,  II,  21.  L'adjectif  adas  est  traduit 
par  «  bon  »  dans  le  glossaire  de  O'Clery  (adbas  .i.  maith)  ; 
suivant  le  dictionnaire  de  O'Reilly,  que  M.  Dinneen  ne  fait 
sans  doute  ici  que  reproduire,  adbas  aurait  en  irlandais 
moderne  le  sens  de  «  bien,  prospérité  ».  En  brittonique,  le 
même  adjectif  est  attesté  sous  sa  forme  simple  et  composée  : 
gall.  addas  et  cyfaddas  ;  en  v.  gallois  clmadas  gl.  par  (deux 
fois),  et  en  v.  breton  camadas gl.  habilis  (v.  Loth,  Voc.  vieux- 
breton,  pp.  72  et  64)  2. 

Whitley  Stokes  a  proposé  successivement  pour  ces  mots 
deux  étymologies  inacceptables.  Suivant  l'une  (Kuhn  und 
Schkicbcr's  Beitrâge,  VIII,  330),  le  radicale-  représenterait  la 
racine  *sed-  de  l'allemand  Ge-set%  ;  suivant  l'autre,  il  représen- 
terait une  racine  *pad-,  celle  de  l'allemand  fassen. 

L'ombrien  fournit,  semble-t-il,  un  rapprochement  plus 
satisfaisant. 

Il  est  frappant  de  constater  en  effet  que  le  radical  ad-  se 
rencontre  avec  un  sens  voisin  du  sens  celtique  dans  le  rituel 
ombrien  :  arsmor  «  ritus,  institutiones  »,  a  r  manu  (lire 
ar  m  a  mu),  arsmahamo  «  ordinamini  »,  arsie  «  sancte  », 
arsier  «  sancti  ».  Dans  tous  ces  mots  le  son  r  (rs)  représente 
un  d  ancien  (von  Planta,  Grammatik  der  oskisch-umbr .  DiaL, 
I,  294).  Il  est  vraisemblable  qu'une  trace  du  même  radical  se 
conserve  en  latin  dans  la  vieille  formule  ita  te  amata  capio, 
par  laquelle  le  pontife  saluait  la  vestale  nouvellement  consa- 
crée (Walde,  Etym.  Wtb.,  2e  éd.,  s.  u.). 

Nous  avons  affaire  ici  à  un  terme  du  vocabulaire  religieux 


'&* 


1.  Cf.  adas  Wb.  5  d  35  ;  contactas  Wb.  8  b  1  ;  bid  adas  duit  «  il  te  sera 
convenable  »  L.  U.,  67  a  36;  in  troscud  trath  bas  n-adas  «  le  jeûne  au  temps, 
où  il  est  de  régie  »,  Ériu,  II,  65,  9. 

2.  M.  J.  Loth  me  signale  les  exemples  suivants  en  gallois  ancien  :  met 
y  bâtas  «  c'est  l'hydromel  qui  leur  convient  »  Bl.  Book,  éd.  Ev.,  p.  48,  16  ; 
graivn  adas  «  dignes  de  grain  »  (en  parlant  des  chevaux  de  Gereint),  Bl. 
Book,  éd.  Ev.,  p.  73,  6  et  Red  Book,  ap.  Skene,  II,  p.  276,  20;  dofyn 
eigyawn  adas  «  méritant  l'Océan  profond  (pour  être  noyés)  »,  B.  of  Tal., 
ap.  Skene,  II,  p.  152,  13 . 


214  J-  Vcniryes. 

commun  aux  Italiotes  et  aux  Celtes.  Seulement  le  mot  s'est 
de  bonne  heure  laïcisé  en  celtique  ;  et  c'est  le  sens  de  «  con- 
venance »,  d'«  appropriation  »  qui  subsiste  seul  dans  les  déri- 
vés ada,  adas  (com-adas). 

Il  est  possible  que  les  mots  adma  «  instruit,  sage,  avisé  »  et 
adim  (ou  adcm,  v.  Thurneysen,  Hdb.,  I,  iéo)  «  instrument, 
appareil  »  sortent  aussi  de  la  même  racine  avec  un  suffixe 
en  -m-  comparable  à  celui  de  l'ombrien. 

J.  Vendryes. 


CORNOVIANA 

(suite)  ' 


VII 

LAVALOW 


La  sincérité  de  cette  forme  n'est  guère  douteuse,  en  raison 
même  de  son  étrangeté.  Lhwyd  (Arch.,  10,  col.  3  5231,  2)  dit 
qu'il  n'a  pas  remarqué  d'autre  exemple  de  cette  corruption;  il  l'a 
tiré  d'une  traduction  de  la  Genèse,  I,  7 1 . 

Quelle  en  est  l'origine  ou  plutôt  la  cause  ?  J'avais  toujours 
pensé  que  c'était  une  dissimilation  de  n  de  l'article  :  'lavalow 
pour  'n  avalùiu  :  devant  les  mots  commençant  par  une  voyelle 
a  (d)  de  l'article  disparaît  même  dans  l'écriture  ;  aujourd'hui 
noon  pour  an  un  =  au  gun  (féminin),  le  marais,  bas-fond 
marécageux,  lande.  Ma  supposition  était  juste.  Un  champ,  en 
Camborne,  porte  le  nom  de  Giueaklavdlan,  à  décomposer 
en  GiveaJ  cl  avellan  pour  GweaJ  en  avallun,  le  champ  du  pom- 
mier (Tithes  Apport ioinnent.  On  prononce  sans  doute  :  Gwel 
lavalhu). 

VIII 

LES    GLOSES    A    SMARAGDUS    SONT    CORNIQ.UES 

J'avais  montré  par  des  arguments  tirés  de  la  forme  des  mots 
dans  YArchiv  f.  Ce! t.  Lexic.  (III,  250-256)  que  les  gloses  à 
Smaragdus  devaient  être  comiques,  contrairement  à  l'opinion 
de  M.  d'Arbois  de  Jubainville  qui  les  croyait  bretonnes.  J'en 

1.  Voir  Revue  Celtique,  t.  XXXIV,  p.  181. 


2ié  /.  Lot  h. 

avais,  dans  les  gloses  même,  une  preuve  décisive,  qui  m'avait 
échappé.  On  y  trouve,  en  effet,  golent,  pleps1.  C'est  indubi- 
tablement Galant,  paroisse  (plebs)  sur  la  rivière  de  Fowey,  où 
se  trouve  la  célèbre  église  de  S'-Sampson .  Le  scribe  était  sans 
doute  de  cet  endroit.  J'avais  enlevé  au  comique  les  Gloses  de 
Voxon.  post,  pour  les  restituer  au  gallois  {Revue  Celt.,  XIV,  70). 
Je  lui  restitue  définitivement  les  gloses  à  Smaragdus  en  les 
enlevant,  chose  plus  méritoire,  au  breton.  Ma  conscience  est 
tranquille. 

J.   Lot  h. 

1.  La  glose  golent  porte  en  effet  sur  pleps  (v.  Arch.  f.  Celt.  Lex.,  III. 
252),  et  non  sur  prex  comme  le  croyaient  M.  d'Arbois  de  Jubainville  (Rei\ 
Celt.,  XXVII,  i)3)  etM.  Ernault  (tbid.,  XXVIII,  54). 


BIBLIOGRAPHIE 


Sommaire.  —  I.  J.  Morris  Jones,  a  comparative  Welsh  Grammar,  I. 
—  II.  P.  W.  Joyce,  Irish  Names  of  places,  III.  —  III.  National  Library 
of  Irelaxd,  Bibliography  of  Irish  Philology  and  Literature.  —  IV.  R. 
Thurneysen,  Die  Kelten  in  ihrer  Sprache  und  Literatur.  —  V.  O.  H. 
Fynes-Clintùn,  The  Welsh  Vocabulary  of  the  Bangor  district.  —  VI. 
Eben  Fardd,  Awdl  Dinistr  Jérusalem.  —  VII.  Karl  Schumacher,  Ver- 
zeichniss  der  Abgùsse  und  wichtigeren  Photographien  mit  Germanen- 
Darstellungen. 


J.  Morris  Jones,  A  Welsh  Grammar,  historical  and  comparative,  I 
(Phonology  and  Accidence).  Oxford,  Clarendon  Press,  1913. 
xxvij-477  p.  8°.  13  s.  6  d. 

Au  début  du  mois  de  juillet  dernier,  l'honorable  Society  of  Cym- 
mrodorion  était  en  fête  :  le  3,  à  8  h.  du  soir,  il  y  avait  banquet  au 
Trocadero  Restaurant,  Piccadilly  Circus;  le.4,  de  8  h.  1/2  à  11  h., 
réception  et  garden-party  à  Whitehall,  11  Downing  Street,  chez 
le  Chancelier  de  l'Echiquier,  M.  Lloyd  George,  député  de  Carnar- 
von  Boroughs.  Le  signataire  de  ces  lignes,  qui  avait  reçu  l'hon- 
neur d'une  invitation  à  cette  double  solennité,  eut  un  vif  regret  de 
ne  pouvoir  s'y  rendre.  Il  s'agissait  de  célébrer  un  événement  des- 
tiné à  faire  époque  dans  l'histoire  de  la  philologie  galloise,  un  évé- 
nement qui  est  apparu  comme  un  événement  national,  l'achève- 
ment par  M.  Morris  Jones  de  la  première  partie  de  sa  Welsh  Gram- 
mar. 

Depuis  de  longues  années,  M.  Morris  Jones  annonçait  ce  grand 
ouvrage.  On  savait  qu'il  y  travaillait  toujours,  même  après  l'avoir 
terminé,  qu'il  le  remaniait,  le  refondait,  qu'il  en  changeait  le  plan 
et  l'économie,   qu'il  y  introduisait  des  remarques  nouvelles,  des- 


218  Bibliographie. 

exemples  recueillis  au  cours  de  ses  lectures,  des  références  aux  tra- 
vaux dernièrement  publiés.  Parfois,  il  en  dévoilait  quelques  par- 
ties à  ses  élèves  de  l'University  Collège  de  Bangor,  et  il  essayait 
sur  eux  la  valeur  pédagogique  de  sa  méthode  ;  mais  il  hésitait  tou- 
jours à  livrer  son  manuscrit  aux  typographes.  Enfin,  l'ouvrage  a 
paru,  ou  du  moins  le  premier  volume,  relatif  à  la  Phonétique  et  à 
la  Morphologie,  c'est-à-dire,  pour  parler  anglais,  à  la  «  Phonology  » 
et  à  1'  «  Accidence  ».  Le  second  volume  sera  consacré  à  la  syn- 
taxe. 11  est  une  question  que  chacun  se  posera  d'abord  :  Ce  pre- 
mier volume  répond-il  à  ce  qu'on  en  attendait  d'après  le  nom  de 
l'auteur  ?  mérite-t-il  l'accueil  si  flatteur  qu'il  a  reçu  de  l'autre  côté 
du  détroit  ?  On  peut  répondre  oui  sans  hésiter. 

C'est  la  première  étude  complète  dont  la  langue  galloise  soit  l'ob- 
jet. L'auteur  nous  dit  dans  sa  préface  qu'il  ne  voulait  d'abord 
écrire  qu'une  grammaire  descriptive  du  gallois  moderne  :  mais  à 
mesure  qu'il  avançait  dans  cette  tâche,  les  limites  de  son  sujet  recu- 
laient devant  lui.  Il  a  été  peu  à  peu  conduit  à  embrasser  tout  le 
gallois,  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours,  à  mêler  par  consé- 
quent l'histoire  à  la  description,  à  expliquer  le  présent  par  le  passé, 
à  rechercher  les  lois  qui  ont  transformé  les  sons  et  les  mots.  De  là 
les  deux  épithètes  qui  définissent  cette  grammaire  :  elle  est  histo- 
rique et  comparative. 

Pour  faire  l'histoire  du  gallois,  M.  Morris  Jones  était  mieux  pré- 
paré que  tout  autre.  Gallois  de  naissance,  et  natif  d'Anglesey,  terre 
galloise  par  excellence,  il  n'a  jamais  cessé  d'étudier  sa  langue  ;  il  en 
connaît  tous  les  secrets,  toutes  les  ressources,  étant  lui-même  un 
des  meilleurs  écrivains,  en  vers  et  prose,  de  l'heure  présente.  Il  s'est 
intéressé  à  toutes  les  questions  qui  s'y  rapportent,  orthographe  et 
versification,  grammaire  proprement  dite  etlexicographie.  Il  domine, 
peut-on  dire,  son  sujet  de  tous  les  points  de  vue.  Jusqu'ici,  si  l'on 
met  à  part  sir  John  Rhys,  qui  n'a  d'ailleurs  jamais  publié  d'exposé 
systématique  de  la  grammaire  galloise,  ce  sont  surtout  des  étran- 
gers qui  se  sont  occupés  de  l'histoire  du  gallois  ;  il  était  excellent 
qu'un  savant  dont  le  gallois  est  la  langue  maternelle  bâtît  l'œuvre 
d'ensemble  dont  tous  les  linguistes  avaient  besoin.  M.  Morris  Jones 
d'ailleurs  n'oublie  pas  ce  qu'il  doit  à  ses  devanciers;  il  mentionne, 
pour  leur  rendre  un  hommage  mérité,  le  nom  desZeuss,  des  Stra- 
chan,  des  Pedersen. 

Il  y  a  pourtant  dans  ses  références  une  lacune  dont  plus  d'un 
s'étonnera  et  que  nous  signalerons  tout  de  suite  pour  n'en  plus 
parler.  Un  nom  figure  à  peine  dans  la  bibliographie  du  début  et 
reste  à  peu  près  absent  du  corps  de  l'ouvrage.  C'est  celui  du  seul 


Bibliographie.  219 

linguiste  qui  eût  été,  je  crois,  capable  avec  M.  Morris  Jones  d'en- 
treprendre cette  grammaire  ;  qui  en  tout  cas  depuis  plus  de  30  ans 
n'a  guère  laissé  passer  d'année  sans  publier  sur  la  langue  galloise 
d'utiles  et  fécondes  observations  :  c'est  celui  de  M.  J.  Loth. 
Nos  lecteurs,  habitués  à  rencontrer  le  nom  de  M.  Loth  dans  tous 
les  cahiers  de  notre  Revue  apprendront  avec  stupeur  que  M.  Mor- 
ris Jones  a  ignoré  les  articles  de  la  Revue  Celtique  signés  de  ce  nom 
et  notamment  les  Remarques  et  additions  à  l'Introduction  de  Strachan, 
parues  d'ailleurs  aussitôt  après  en  volume,  où  il  y  a  sur  la  phoné- 
tique et  la  morphologie  du  moyen-gallois  tant  d'enseignements 
précis  basés  sur  des  recherches  personnelles.  Le  champ  de  la  phi- 
lologie galloise  est  assez  vaste  pour  que  deux  —  ou  plusieurs  — 
travailleurs  y  puissent  récolter  sans  se  nuire.  M.  Morris  Jones,  qui 
apporte  lui-même  à  l'histoire  du  gallois  une  contribution  person- 
nelle si  abondante,  pouvait,  sans  se  diminuer,  tenir  compte  de  celle 
d'autrui.  Par  exemple,  il  n'eût  été  que  juste  de  mentionner  p.  339 
que  l'explication  delà  forme  ducb  est  de  M.  Loth  (R.  Celt.,  XX, 
79)  et  de  rappeler  son  nom  p.  429  à  propos  de  la  particule  ry  sur 
laquelle  il  a  publié  une  copieuse  étude  (v.  R.  Celt.,  XXIX  et 
XXX).  Sur  le  comparatif  d'égalité,  p.  243,  la  doctrine  de  M.  Loth 
(R.  Celt.,  XVIII,  392)  méritait  d'être  exposée  aussi  bien  —  si  ce 
n'est  mieux  —  que  celles  de  Zimmer  ou  de  Stern. 

Le  regret  que  peuvent  causer  ces  omissions  fâcheuses  n'at- 
faiblira  pas  les  justes  éloges  que  nous  devons  à  tout  ce  qui  con- 
cerne en  cet  ouvrage  l'histoire  du  gallois.  Cette  partie  est  à  louer 
d'un  bout  à  l'autre  ;  elle  est  nourrie  d'une  érudition  considérable, 
elle  fournit  une  masse  de  faits  dispersés  jusqu'ici  dans  une  foule 
d'ouvrages  malaisés  à  consulter,  et  pour  une  bonne  part  emprun- 
tés même  à  des  textes  encore  inédits.  M.  Morris  Jones  a  eu  la  bonne 
fortune  de  pouvoir  utiliser  par  exemple  les  éditions  que  prépare 
M.  J.  Gwenogfryn  Evans.  Le  travail  de  dépouillement  qu'il  a 
accompli  est  considérable  ;  jamais  un  si  grand  nombre  de  maté- 
riaux n'avaient  été  rassemblé.  Il  en  a  dégagé  une  doctrine  dont 
l'exposé  est  bien  conduit,  clair,  méthodique.  A  tous  égards, 
M.  Morris  Jones  historien  de  sa  langue  a  bâti  une  oeuvre  solide 
et  qui  sera  durable. 

Il  a  voulu  faire  plus  encore  et,  pour  couronner  cette  œuvre,  se 
donner  le  luxe  d'y  ajouter  des  développements  d'ordre  linguistique. 
C'est  un  bel  hommage  qu'il  rend  ainsi  à  la  grammaire  comparée. 
Le  désir  qu'il  a  eu  de  se  mettre  au  courant  des  derniers  travaux  est 
des  plus  méritoires.  C'est  M.  Pedersen  sans  doute  qui  lui  a  inspiré 
ce  désir;  mais  il  ne  s'en  est  pas  tenu  aux  théories  de  M.  Pedersen, 


2  2o  Bibliographie. 

il  a  consulté  aussi  V Allant  de  M.Hirt,  et  l'Introduction  de  M.  Meillet. 
Ces  trois  éminents  linguistes  ont  chacun  une  personnalité  très  accu- 
sée, mais  bien  différente.  Une  synthèse  de  leurs  doctrines  pourrait 
être  un  platassez  savoureux.  Tirer  dechacun  d'eux  quelquesformules 
pour  les  plaquer  dans  un  chapitre  de  grammaire  galloise  produit  par- 
fois un  singulier  effet.  Quelque  soin  qu'ait  mis  M.  Morris  Jones  à 
s'assimiler  les  théories  linguistiques,  ce  qu'il  en  a  tiré  ne  cons- 
titue en  somme  que  des  hors-d'œuvre,  et  sa  doctrine  même 
n'est  pas  toujours  bien  assurée.  On  est  tenté  parfois  de  souhaiter 
moins  d'indo-européen,  moins  de  reconstructions  hypothétiques. 
Le  malheur  est  que  M.  Morris  Jones  a  généralement  emprunté 
surtout  à  ses  modèles  ce  qu'il  y  a  dans  leurs  hypothèses  de  har- 
diesses contestables  :  on  sait  qu'il  en  trouvait  à  prendre  chez 
M.  Hirtet  chez  M.  Pedersen.  Il  reproduit  la  théorie  des  «  bases  » 
de  M.  Hirt,  p.  78-85,  et  s'ensertpour  expliquerle  vocalisme  gallois. 
Il  s'attarde  à  exposer,  p.  155-159,  les  alternances  consonantiques  de 
l'indo-européen  !  C'est  une  matière  dont  M.  Pedersen  a  souvent 
tiré  un  heureux  parti  ;  mais  il  convient  de  n'y  toucher  qu'avec  d'ex- 
trêmes précautions.  Il  n'y  a  rien  de  commun  entre  les  alternances 
vocaliques  qui  font  partie  du  système  morphologique  de  la  langue 
et  les  alternances  consonantiques,  qui  ne  sont  que  le  résultat  d'ac- 
cidents particuliers  et  pour  tout  dire  des  exceptions.  Si  l'on  érige 
en  règle  la  possibilité  de  ces  alternances,  autant  renoncera  faire  de 
l'étymologie  méthodique. 

Emporté  par  son  admiration  pour  les  constructions  linguistiques, 
M.  Morris  Jones  s'est  mis  à  en  faire  lui-même;  mais  son  imagina- 
tion trop  vive  l'a  desservi  ;  le  grain  de  fantaisie  qui  se  mêle  fré- 
quemment chez  les  savants  anglais  aux  raisonnements  les  mieux 
déduits  a  germé  chez  lui  en  une  riche  moisson.  Il  a  en  phonétique 
des  idées  singulières.  Ainsi  il  suppose  p.  125  que  dans  certains 
mots  le  p  indo-européen  est  devenu  /  en  celtique,  et  il  cite  une 
dizaine  d'exemples  de  ce  changement  que  nul  n'avait  soupçonné 
jusqu'ici.  Mais  le  plus  extraordinaire  est  qu'il  y  a  un  mot  au  moins 
où  le  p  indo-européen  est  à  la  fois  tombé  et  devenu  /;  c'est  *porko- 
qui  est  en  irlandais  représenté  par  orc  et  par  tore.  Inutile  de  dire 
qu'il  s'agit  de  deux  mots  différents  (cf.  F.  Sommer,  1.  F.,  XI,  91) 
et  qui  n'ont  peut-être  pas  exactement  le  même  sens  (ata  tore  sechi 
tnbliàdân  and;  ...  orc  beec...  L.  U.,  100  a  42).  Quant  aux  autres 
mots  de  la  liste,  ils  n'y  figurent  que  grâce  à  des  étymologies  inven- 
tées pour  les  besoins  de  la  cause  et  qui  ne  reposent  sur  rien. 

C'est  en  matière  d'étymologieque  M.  Morris  Jones  aies  trouvailles 
les  plus  déconcertantes.   Discuter  toutes  les  hypothèses  qu'il  pré- 


Bibliographie.  22 1 

sente  serait  une  entreprise  trop  longue  et  bien  inutile.  Il  suffira 
d'en  donner  quelques  exemples.  Pour  expliquer  epil  «  offspring  » 
ebrwydi  «  quick  »,  il  suppose  gratuitement,  p.  125  et  267,  l'exis- 
tence d'un  préfixe  eb-  issu  de  *ek-no-  !  Il  rattache  p.  154  myned 
«  aller  »à  la  racine  du  lat.  ueniô  par  une  série  d'intermédiaires  qui 
n'ont  aucune  vraisemblance.  P.  160,  il  établit  un  rapport  égale- 
ment invraisemblable  entre  teimlo  et  le  latin  tangere  (où  la  nasale 
n'appartient  pas  à  la  racine!).  Pour  expliquer  arogleu  «  parfum  » 
(p.  146),  dxddfu  «  dévaster  »  (p.  147),  perth  «  buisson  »  (p.  149), 
allwedd  «  clef»  (p.  150),  elor  «  civière  »  (p.  188),  et  tant  d'autres 
mots,  il  ne  recule  pas  devant  des  reconstructions  qui  appartiennent 
au  domaine  de  la  fantaisie  pure.  Il  y  a  beaucoup  d'étymologies  dans 
son  livre  ;  en  l'absence  de  tout  dictionnaire  étymologique  gallois, 
on  fera  bien  de  toujours  contrôler  sévèrement  celles  qu'il  donne  ; 
plus  d'une  devrait  être  supprimée. 

Sur  certains  points  en  revanche,  il  y  a  des  insuffisances  et  même 
des  lacunes.  Si  estimable  que  soit  la  préparation  linguistique  de 
l'auteur,  elle  ne  l'a  pas  préservé  de  certaines  erreurs.  Il  confond 
par  exemple  la  différenciation  et  la  dissimilation,  appelant  de  ce 
dernier  nom  le  changement  de  camdda  en  canfa  (p.  179)  ou  le  pas- 
sage demr-  à  br-(p.  164).  Il  ne  distingue  pas  suffisamment  p.  38 
et  88  l'interchange  de  wa  et  de  iuo  en  gallois  du  changement  pan- 
brittonique  de  wo  en  iva  qu'à  établi  M.  Pedersen,  1. 1,  p.  34  :  et  il 
expose  p.  130  d'une  façon  bien  confuse  le  traitement  de  la  gut- 
turale vélaire  aspirée  en  gallois.  Parlant  p.  334,  §  IX  (1),  de  l'em- 
ploi du  présent  en  fonction  de  futur,  il  l'attribue  à  un  phénomène 
d'analogie  proprement  gallois;  la  grammaire  comparée  lui  ensei- 
gnait que  ce  même  emploi  est  attesté  dans  bien  des  langues,  et 
notamment  en  gaélique  d'Ecosse  (Pedersen,  II,  305),  et  qu'il  s'agit 
là  d'un  fait  général  qui  se  rattache  à  la  question  des  aspects  du 
verbe.  P.  384,  à  propos  de  la  formation  des  verbes  dérivés  en  -ha-, 
la  doctrine  de  l'auteur  est  bien  compliquée,  et  l'on  ne  voit  pas  trop 
comment  il  la  concilie,  soit  avec  l'irlandais,  soit  avec  le  latin  ;  il 
pouvait  s'inspirer  des  réserves  si  prudentes  de  M.  Thurneysen, 
Hdb.,l,  315 

La  première  des  lacunes  à  reprocher  à  l'auteur  concerne  juste- 
ment l'irlandais.  L'irlandais  n'occupe  pas  dans  ce  livre  comparatif 
la  place  qui  lui  revient.  On  est  tenté  à  chaque  instant  d'y  faire  appel 
pour  donner  aux  règles  plus  de  précision  et  d'extension  à  la  fois. 
Ainsi  à  la  page  177,  là  où  il  est  question  du  traitement  -y  (-«)  de  la 
spirante  gutturale  après  r  et  /,  on  s'attendait  à  voir  citer  les  mots 
irlandais  arg,  bolg,  deîg,  selg  à  côté  du  gallois  eiry  cira  (bret.  crc'h), 


222  Bibliographie. 

boly,  dala  (v.  ci-dessus,  p.  53),  hela,  ou  le  breton  aivalc'b  à  côté 
du  gallois  givaly  gwaia.  La  comparaison  s'imposait  et  rendait 
les  faits  beaucoup  plus  clairs.  — A  la  page  42e,  au  lieu  d'une  étv- 
mologie  bien  fantaisiste  sur  la  particule  neu,  n'eùt-il  pas  été  plus 
à  propos  de  dire  que  l'irlandais  en  a  l'équivalent  sous  la  forme  no 
(v.  Pedersen,  II,  290)  ?  —  P.  30e,  a  propos  de  l'emploi  de  e-ben 
en  breton  comme  féminin  de  e-gile  «  l'autre  »,  il  devait  être  men- 
tionné que  l'irlandais  emploie  de  même  le  mot  sétig,  féminin 
de  cèle;  ainsi  benaid  cend  ceachtair  de  in  dâ  'maille  fri  araile  combo 
liath  ceachtar  de  de  inchind  a  séitche  «  il  frappe  l'une  contre  l'autre  la 
tête  des  deux  servantes  au  point  que  chacune  d'elle  fut  grise  de  la 
cervelle  de  l'autre  »  Lee.  52  b  12  ;  tanîc  buden  aile  and  dana  isin 
tulaig  cétnai  Slemuin  Mide,  tanaiseda  séitche  eter  lin  7  chostud  7  tim- 
ihaige  «  il  vint  encore  une  autre  troupe  sur  la  même  hauteur  en 
Slemain  de  Meath;  elle  était  la  seconde  après  l'autre  (buden,  f.) 
par  le  nombre,  l'apparat  et  le  costume»  L.  L.  97  b  1  (=  TBC, 
5204).  —  P.  224,  l'irlandais derb-brathir  (derb-siur)  «  the  real  bro- 
ther  (sister)  of  the  blood  »  devait  être  cité  à  côté  de  eefudenu,  cyf- 
nitberw. 

Plus  étrange  encore  que  la  rareté  de  l'irlandais  est  celle  des 
autres  dialectes  brittoniques,  si  étroitement  apparentés  au  gallois. 
Dans  cette  grammaire  comparée,  où  ils  fournissaient  sur  bien  des 
questions  des  données  indispensables,  ils  sont  à  peine  utilisés. 
M.  Morris  Jones  évite  visiblement  de  s'aventurer  sur  le  domaine 
comique  ou  sur  le  domaine  breton  ;  l'abstention  est  regrettable. 
Ainsi  page  92,  à  propos  de  la  métaphoniede  a  en  e  devant  i  bref,  il 
fallait  citer  le  breton  armoricain,  où  justement  cette  métaphonie 
n'existe  pas  et  qui  présente  par  conséquent  l'ancienne  voyelle  con- 
servée, par  exemple  dans  halec  «  saule  »,  radenn  «  fougère  »  en  face 
du  gallois  helyg,  rhedyn  (v.  J.  Loth,  Mots  Latins,  p.  100  et  105  et 
R.  Celt.,  XIY,7o).  — P.  194,  l'auteur  signale  des  «  traces  de  l'usage 
du  duel  »  dans  legallois  deurudd  «  joues  »  dwyfrona.  seins  »  ou  dwy- 
hnuo.  mains  »  ;  il  ne  dit  pas  qu'il  s'agit  d'un  procès  commun  aux  trois 
dialectes  brittoniques,  où  le  duel  a  été,  non  pas  conservé,  mais  en 
quelque  sorte  recréé  d'une  façon  identique,  bien  qu'indépendante: 
breton  daoulagad  «  veux  »,daoulin  «genoux  »,  diskouarn  «  oreilles», 
diskoa  «  épaules»,  etc. 

L'absence  de  l'irlandais  et  du  breton  est  surtout  sensible  dans  les 
rapprochements  étymologiques.  La  connaissance  de  ces  langues 
aurait  évité  à  l'auteur  bien  des  hypothèses  inadmissibles  ou  aurait 
au  contraire  confirmé  ses  doctrines.  A  propos  par  exemple  de  l'éty- 
mologie  de  myned  dont  nous  avons  déjà  parlé,  il  était  indispensable 


Bibliographie.  223 

de  signaler  que  suivant  Strachan,  Stories  from  Tiiiu,  p.  122,  on 
aurait  l'équivalent  de  myiied,  bret.  monet  «  aller  »  dans  l'irlandais 
-muinither  (ebrôn  .i.  iarnd,  ...  ima-muinither meirg  «  fer,  ...  autour 
duquel  vient  la  rouille  »,  San.Corm.  536,  p.  44K.  M.).  — P.  24e, 
je  ne  sais  sur  quoi  repose  la  doctrine  que  le  breton  giuaz  «  pire  » 
suppose,  pour  le  gallois  giuaeth,  -voe-  et  non  -vae-,  ce  qui  exclu- 
rait l'hypothèse  d'un  primitif  *wakto-  ;  mais  ce  primitif  est  con- 
servé dans  l'irlandais/tfcZ;/  (v.  le  rapprochement  de  M.  Kuno  Meyer 
cité  dans  la  R.  Celt.,  t.  XXXIV,  p.  485).  —  P.  81,  1.  29,  il  ne 
suffisait  pas  de  rapprocher  hagr  «  laid  »  de  gr.  xxpoç,  lat.  tiens,  en 
supposant  postiche  l'aspiration  initiale  du  mot  gallois.  Le  vieux- 
breton  ar-ocr-ion  gl.  «  atroces  »  et  le  breton  akr  (bakr)  «  hideux  » 
nous  montrent  qu'il  y  a  dans  ces  mots  une  autre  difficulté  :  le 
traitement  de  la  gutturale  intérieure.  C'est  un  indice  qu'il  ne  fal- 
lait pas  négliger;  cf.  V.  Henry,  Lexique,  p.  4  et  156,  Pedersen,  I, 
125  et  429. 

On  pourrait  multiplier  les  exemples  de  ce  genre.  Nous  nous 
bornerons  à  réunir  en  terminant  quelques  observations  sur  des 
faits  de  détail.  P.  3.  C'estune  fâcheuse  bévue  de  prêter  à  M.  Thur- 
neysen  exactement  la  doctrine  contraire  à  celle  qu'il  défend  au  sujet 
des  inscriptions  ogamiques  de  Grande-Bretagne,  et  d'entamer  à  ce 
sujet  une  discussion  avec  lui.  M.  Morris  Jones  a  lu  trop  vite  le  pas- 
sage du  Kelioromamsches,  p .  7 .  —  P.  154,  §100,  III  (3),  l'hypothèse 
que  la  forme  ail  remonte  à  un  *aliôs  accentué  sur  la  finale  est  abso- 
lument gratuite.  Cette  influence  de  l'accent  est  inexplicable,  et 
l'hypothèse  ne  dit  pas  de  quel  accent  il  s'agit  (ton  indo-européen? 
accent  préceltique  ?).  Il  est  beaucoup  plus  simple  d'expliquer  ail 
anc.  eil,  par  *alis(*alid)  puisque  ces  dernières  formes  existent  spo- 
radiquement en  latin.  —  P.  163,5  (2)>  joindre  aux  exemples 
cités  mwyaid,  anc.  buyeid  B.  B.  p.  8,  11  Evans.  —  P.  177,  §  110. 
1.  ajouter  clefydeu  C.  M.,  p.  39,  1.  1,  cleuydeii  C.  M.  p.  40,  1.  11  ; 
cleuydawt,  R."  B.  I,  113,  28  et  cf.  Nettlau,  R.  Celt.,  IX,  74.  — 
P.  180,  le  mot  gl 'a if  doit  être  un  emprunt  au  français.  —  P.  189, 
§  (2),  il  fallait  citer  la  forme  Catamanus  qui  est  attestée,  ainsi  que 
Botcatman  (v.  Holder,  I,  col.  838).  —  P.  193,  l'article  celtique 
sort  de*sindo-  et  non  de  *seudo-.  —  P.  197,  sur  la  forme  biw  qui 
n'est  pas  seulement  galloise,  mais  aussi  comique  (tneinbiw)  et  bre- 
tonne (plas  er  biw  à  Coray),  voir  maintenant  J.  Loth,  R.  Celt., 
XXXIV,  144.  —P.  208,  I.  18,  la  forme  mackwyf  se  lit  W.  B.  col. 
15,  1.  9  et  23  ;  c'est  un  emprunt  à  l'irlandais.  —  P.  221,  le  mot 
ewig  «  biche  »  a  bien  un  suffixe  -ig,  mais  ce  n'est  pas  un  diminu- 
tif; cf.  R.  Celt.,  XXXII,  477.  —  P.  301,  citer  ar  neilltu  «  à  part,  à 


ï±4  Bibliographie. 

l'écart  »  R.  B.  II,  iéo,  1.  24,  Buched  Dewi,  p.  15,1.21.  —  P.  400, 
ajouter  ohomi  W.  B.  col.  452,  1.  8  =  obomwt  R.  B.  I,  100,  5. 

Il  suffirait  en  somme  de  quelques  retouches,  qui  consisteraient 
surtout  à'supprimer  les  détails  inutiles,  à  élaguer  les  produits  d'une 
imagination  trop  féconde,  pour  faire  de  ce  livre  un  excellent  ins- 
trument de  travail.  Les  linguistes  avertis  devront  être  indulgents 
pour  les  fantaisies  qui  le  déparent  et  le  prendre  pour  ce  qu'il  est 
avant  tout  :  un  répertoire  de  faits  nouveaux,  patiemment  recueillis 
et  bien  classés. 

J.  Vendrves. 

II 

P.  YV.  Joyce.  TheOrigin  andHislory  oflrish  Nantes oj places,  vol.  III. 
London,  Longmans  Green  andCo.,  191 3,x-^>98  p.,  pet.  8°,  5  sh. 

Le  premier  volume  de  cet  ouvrage  parut  en  1869,  et  le  second 
deux  ans  plus  tard.  Le  troisième  et  dernier  s'est  donc  fait  attendre 
quarante-deux  ans.  Le  sujet  est  de  ceux  auxquels  l'auteur  travailla 
toute  sa  vie;  un  destin  clément  lui  réserva  la  joie  de  voir  paraître 
ce  troisième  volume  quelques  semaines  avant  sa  mort.  A  vrai  dire, 
les  deux  premiers  volumes,  qui  se  vendent  d'ailleurs  à  part,  forment 
presque  deux  ouvrages  séparés  et  indépendants  ;  s'ils  se  complètent 
souvent,  ils  se  répètent  parfois,  et  Ton  pouvait  juger  sur  chacun 
d'eux  de  la  méthode  et  de  la  doctrine  de  l'auteur.  Le  premier  com- 
prend quatre  parties,  consacrées  à  un  exposé  général  du  système 
des  noms  de  lieu  irlandais,  puis  à  trois  études  particulières,  des 
noms  de  lieu  d'origine  historique  ou  légendaire,  de  ceux  qui  se 
rapportent  à  des  établissements  humains  et  de  ceux  qui  sont  tirés 
d'accidents  naturels.  La  division  était  bonne.  On  la  retrouve  à  peu 
près  dans  le  second  volume,  où  elle  se  fractionne  seulement  en 
vingt-six  chapitres  différents  dont  l'objet  se  laisse  en  général  rame- 
ner à  Tune  des  quatre  parties  du  premier.  Après  cette  double  publi- 
cation, on  pouvait  croire  la  matière  épuisée.  A  vrai  dire,  ce  n'est 
pas  manquer  de  respect  à  la  mémoire  de  Joyce  que  de  reconnaître 
à  ce  troisième  volume  moins  d'importance  et  de  nouveauté  qu'aux 
précédents.  Il  se  compose  uniquement  d'un  lexique,  où  les  noms 
de  lieu  sont  rangés  par  ordre  alphabétique  :  c'est  sous  une  forme,  à 
certains  égards  plus  commode,  une  troisième  étude  sur  les  noms 
géographiques  de  l'Irlande.  Sans  doute  l'auteur  a  tenu  compte  du 
livre  de  M.  P.  Power  sur  ihe  Place  Naines  oj  Decies,  paru  en  1907. 
Sans  doute  aussi,  il  n'a  en  principe  enregistré  dans  ce  lexique  que 
les  noms  qu'il  n'avait  pas  spécialement  étudiés  précédemment.  Il  y 


Bibliographie.  225 

a  cependant  de  nombreuses  redites.  Et  cette  idée  même  de  faire 
un  choix  des  noms  à  admettre  ou  à  rejeter  prête  à  la  critique. 
C'est  le  caractère  commun  de  ces  trois  volumes  qu'ils  sont 
indépendants  sans  l'être  et  se  complètent  sans  former  un  tout.  Il  y  a  un 
défaut  général  dans  la  conception  de  l'ouvrage  :  défaut  que  les  con- 
ditions mêmes  de  sa  publication  peuvent  excuser  suffisamment.  On 
pourrait  aussi,  en  y  regardant  de  près,  trouver  dans  ce  troi- 
sième volume  plus  d'un  détail  à  reprendre  ;  la  critique  y  manque 
parfois  de  fermeté,  et  la  méthode  a  quelques  faiblesses.  Mais  il  ne 
convient  pas  d'insister.  Sur  une  tombe  à  peine  fermée  on  ne  doit 
déposer  que  des  fleurs.  P.  W.  Joyce  a  trop  fait  pour  l'Irlande  par 
ce  labeur  opiniâtre,  soutenu  jusqu'au  dernier  jour,  pour  qu'on  ne 
lui  accorde  pas  les  éloges,  comme  le  mérite  l'ensemble  de  son 
œuvre,  à  pleine  gerbe. 

J.  Yendryes. 


III 

National  Library  of  Ireland.  Bibliography  of Irish  Pbilology  and  of 
printed Irish  Literature.  Dublin,  191 3.  xn-307  p.  8°,  4  sh. 

Voici  sans  contredit  un  des  ouvrages  les  plus  utiles  qui  aient  été 
consacrés  depuis  de  longues  années  à  l'Irlande.  C'est  un  répertoire 
général  de  toutes  les  publications-  relatives  à  la  philologie  irlandaise 
et  de  toutes  les  éditions  de  textes  irlandais  jusqu'à  l'année  1912 
inclusivement.  Le  répertoire  s'étend  à  l'Ecosse  ;  ainsi  le  livre  du 
Doyen  de  Lismore  y  est  mentionné  à  la  p.  188  et  l'édition  par 
M.  Cameron  Gillies  du  Regimcn  Sanitatis  aux  pages  66  et  266. 
Même  le  brittonique  et  le  celtique  continental  y  sont  intéressés, 
puisque  les  renseignements  du  début  sur  les  périodiques  et  collec- 
tions ou  sur  les  recueils  d'étymologies  se  rapportent  aux  Celtes  en 
général.  Mais  c'est  naturellement  aux  «  hibernisants  »  que  l'ouvrage 
s'adresse  avant  tout.  Ceux-ci  devront  toujours  l'avoir  sous  la  main, 
comme  un  livre  de  chevet  ;  il  leur  épargnera  mainte  recherche 
longue  et  pénible. 

Le  plan  est  fort  simple  :  il  y  a  deux  parties,  consacrées  l'une  à  la 
philologie  et  l'autre  à  la  littérature.  C'est-à-dire  qu'on  trouve 
d'abord  (p.  1-73)  ce  qui  concerne  lesdictionnaires  et  les  grammaires 
de  l'irlandais,  la  phonétique,  l'étymologie,  la  métrique,  l'épigra- 
phie,  les  inventaires  de  manuscrits,  y  compris  les  fac-similés,  et 
les  recueils  de  gloses.  Dans  la  seconde  partie,  qui  est  de  beaucoup 

Revue  Celtique,  XXXV.  1  > 


226  Bibliographie. 

la  plus  longue  (p.  74-272)  figurent  les  publications  de  textes: 
textes  épiques  rangés  par  ordre  de  cycles,  textes  poétiques  (lyriques, 
religieux,  élégiaques,  historiques,  topographiques,  didactiques, 
etc.),  textes  ecclésiastiques  (commentaires  sur  la  Bible,  règles 
monastiques,  légendes,  visions,  vies  de  saints,  homélies,  sermons, 
etc.),  textes  juridiques  enfin,  suivis  eux-mêmes  d'une  liste  de 
«  Miscellaneous  »,  comprenant  les  textes  variés  qui  ne  rentrent  pas 
sous  les  rubriques  précédentes;  tels  les  proverbes  ou  les  contes 
populaires.  Pour  chaque  texte  est  donnée  la  liste  des  éditions,  avec 
indications  bibliographiques  précises,  et,  s'il  y  a  lieu,  des  traduc- 
tions. On  appréciera  particulièrement  dans  ce  vaste  travail  si  utile 
la  bibliographie  des  textes  poétiques:  c'est  la  partie  la  plus  neuve 
et  la  plus  utile  de  toutes.  Les  textes  poétiques  sont  rangés  ici  dans 
le  seul  ordre  possible,  qui  est  en  l'absence  de  titre  et  souvent  de 
nom  d'auteur  l'ordre  alphabétique  des  premiers  mots.  Jamais  pareil 
répertoire  n'avait  été  fait,  permettant  d'embrasser  l'ensemble  de  la 
littérature  poétique  irlandaise  dans  la  mesure  du  moins  où  elle  a 
été  éditée.  On  a  seulement  laissé  de  côté  la  littérature  contempo- 
raine, qui  se  répand  chaque  jour,  depuis  le  Revival  des  dernières 
années,  dans  nombre  de  périodiques  ou  de  feuilles  locales.  Tout 
répertoire  de  cette  littérature  serait  naturellement  prématuré  :  c'est 
une  littérature  qui  se  fait.  Il  était  fort  sage  de  n'en  pas  parler. 

On  reconnaît  d'ailleurs  d'un  bout  à  l'autre  de  l'ouvrage  l'action 
d'une  volonté  réfléchie,  qui  en  a  fort  judicieusement  établi  le  plan, 
et  qui  a  présidé  à  la  mise  en  place  de  chaque  détail.  C'est  un 
ouvrage  personnel,  et  qui  fait  grand  honneur  à  celui  qui  l'a  édifié. 
Aussi  sera-t-on  surpris  d'apprendre  qu'il  ne  porte  aucun  nom  d'au- 
teur ni  sur  la  feuille  de  titre  ni  sur  le  dos  de  la  couverture.  Il  est 
publié  parla  National  Library  of  Ireland,  tout  simplement.  C'est 
seulement  au  cours  de  la  préface,  signée  par  M.  T.  W.  Lyster, 
Librarian,  que  nous  est  révélé  le  nom  du  savant  «  who  bas  had 
entire  charge  of  the  production  of  this  Bibliography  ».  C'est  un 
nom  déjà  cher  aux  études  celtiques  et  qui  va  le  devenir  plus  encore. 
Proclamons-le  bien  haut  :  c'est  celui  de  M.  Richard  Irvine  Best.  La 
bibliographie  qui  lui  a  coûté  tant  de  peine  figurera  dans  le  catalogue 
des  bibliothèques  parmi  les  publications  anonymes.  Il  ne  faut  pas 
que  les  travailleurs  qui  lui  devront  tant  de  profit  acceptent  cet  ano- 
nymat. Cette  bibliographie  doit  s'appeler,  elle  s'appelle  déjà  la 
«  Bibliographie  de  Best  ».  Chaque  celtiste  saura  ainsi  vers  qui  doit 
aller  sa  reconnaissance  '.  J.  Vendryes. 

1 .   La   bibliographie    a    été   dressée  avec    beaucoup    d'exactitude  :   on  la 


Bibliographie.  227 


IV 

R.  Thurneysen.    Die  Kelten   in    ihrer  Sprache  w/d  Literatur.   1914 
Bonn  a.  Rh.,  Friedrich  Cohen.  32  p.  8°,  1  M.  20. 

Le  27  janvier  dernier,  jour  anniversaire  de  la  naissance  de  l'em- 
pereure  Guillaume  II,  M.  Thurneysen  était  chargé  de  prononcer  à 
Bonn  un  discours  académique.  Il  a  pris  pour  sujet  «  les  Celtes  dans 
leur  langue  et  leur  littérature  ».  Sur  ce  sujet,  qu'il  a  fort 
adroitement  rattaché  aux  circonstances  de  la  fête,  l'éminent  pro- 
fesseur a  composé  un  très  joli  discours  ;  il  a  su  naturellement 
se  garder  des  défauts  de  l'éloquence  d'apparat,  dont  le  moindre  est 
en  général  la  banalité;  il  a  fait  au  contraire  une  œuvre  originale  et 
forte,  bien  capable  d'intéresser  le  grand  public  et  pleine  en  même 
temps  pour  les  spécialistes  de  vues  nouvelles  et  profondes. 

Les  linguistes  ont  affecté  longtemps  d'ignorer  l'histoire  des 
peuples  dont  ils  étudiaient  les  langues.  Isolant  les  faits  linguis- 
tiques de  tout  contact  avec  la  vie,  ils  les  faisaient  servir  à  des  cons- 
tructions théoriques,  bâties  d'après  des  principes  intrinsèques 
qu'ils  admettaient  une  fois  pour  toutes  comme  articles  de  foi.  On 
sait  que  cette  linguistique  esotérique  a  fait  son  temps.  Des  livres 
comme  ceux  de  M.  Meillet  sur  le  grec  ou  de  M.  Vossler  sur  le  fran- 
çais —  que  M.  Thurneysen  propose  tous  deux  en  modèles  à  ses 
auditeurs  —,  prouvent  que  sur  des  domaines  très  différents  les 
linguistes  sont  également  préoccupés  aujourd'hui  d'élargir  leur 
horizon  en  transformant  leur  méthode.  La  méthode  nouvelle  con- 
siste à  interpréter  les   faits   linguistiques  comme  des  faits  sociaux, 

trouvera  rarement  en  défaut.  Nous  n'avons  que  quelques  légères  erreurs 
à  signalera  l'auteur:  P.  3,  les  Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique  de 
Paris  ont  commencé  à  paraître  en  1868  ;  dans  la  collection  de  la  Revue 
Celtique,  la  table  des  tomes  XXV-XXX  compte  74  pages  et  non  31.  — 
P.  15,  1.  31,  lire  Boronia .  —  P.  47,  de  la  Graimêar  na  Gaedhilge,  publiée 
par  les  Christian  brothers,  une  quatrième  édition  revue  a  paru  en  19 10 
(x-349  p.).  —  P.  87,  1.  13  du  bas,  lire  Êriu,  V,  201-18.  —  P.  95,  la  tra- 
duction de  la  Tdin  bô  Cùalnge  par  d'Arbois  de  Jubainville  a  été  terminée 
dans  le  tomeXXXII  de  la  Revue  Celtique  en  191 1  ;  un  troisième  et  dernier 
fascicule  en  a  paru  à  part  en  librairie  (chez  Champion)  la  même  année.  — 
P.  263,  en  indiquant  l'édition  du  Dindsenchas  d'Oxford  et  de  celui  d'Edim- 
bourg par  Wh.  Stokes,  il  eût  été  bon  d'ajouter  que  cette  double  édition  a 
paru  dans  Foïk-lore,  t.  III,  p.  467  et  t.  IV,  p.  471.  —  P.  272,  les  Mélanges 
d'Arbois  de  Jubainville  devaient  être  rappelés  sous  la  rubrique  Collections. 


228  Bibliographie. 

par  les  mouvements  mêmes  de  la  civilisation  ;  à  voir  dans  le 
développement  des  langues  le  résultat  d'actions  politiques  et 
sociales.  On  se  flattait  il  y  a  quelque  vingt  ans,  de  renouveler  la 
linguistique  par  l'étude  des  patois;  c'était,  croyait-on,  retourner 
aux  sources  vives  d'où  jaillit  le  langage.  «  Zuruck  zur  Natur  !  » 
était  le  cri  de  ralliement.  M.  Thurneysen  raille  sans  indulgence 
l'illusion  de  ce  retour  à  la  nature  :  l'évolution  des  patois  n'a  rien 
en  soi  de  particulièrement  naturel  ;  les  patois  subissent  la  loi  com- 
mune à  toutes  les  institutions  humaines;  ils  sont  dans  l'étroite 
dépendance  de  l'organisation  sociale.  «  Zuruck  zur  Kultur!  »  telle 
doit  être  aujourd'hui  la  devise  des  linguistes  et  la  formule  de  leur 
méthode. 

Si  les  patois  perdent  en  importance,  les  langues  communes  y 
gagnent  d'autant.  C'était  une  des  originalités  du  livre  de  M.  Meillet 
que  de  réhabiliter  les  langues  communes,  et  en  particulier  cette 
forme  si  fréquente  de  langues  communes  qu'on  appelle  les  langues 
littéraires.  Ces  langues  représentent  toujours  une  certaine  commu- 
nauté sociale  qui  domine  les  parlers  locaux  ;  elles  contribuent  pour 
une  part  souvent  prépondérante  à  l'extension  et  aux  transformations 
du  langage:  elle  servent  naturellement  de  véhicule  aux  idées  direc- 
trices  de  la  civilisation.  M.  Thurneysen  ne  manque  pas  de  mar- 
quer l'importance  des  langues  communes  dans  le  développement 
des  langues  celtiques.  Son  discours  est  en  quelque  sorte  le  pro- 
gramme d'une   histoire  «  externe  »    de  ces  langues. 

Les  caractères  linguistiques  du  celtique  se  ramènent  à  deux  ou 
trois  —  variabilité  des  phonèmes  initiaux,  irrégularité  extrême  de 
la  flexion  verbale,  place  du  verbe  en  tête  de  la  phrase  —  qui  suf- 
fisent par  exemple  à  distinguer  l'irlandais  des  autres  langues  indo- 
européennes.  Mais  il  n'y  a  guère  là  qu'une  différence  de  degré:  le 
celtique  n'a  fait  que  généraliser  des  détails  de  structure  dont  le 
principe  se  trouvait  en  germe  dans  l'indo-européen.  Tout  au  plus 
la  place  accordée  au  verbe  dénoncerait-elle  —  cela  même  est-il 
bien  sûr  et  méritait-il  d'être  signalé? — un  des  traits  du  tempéra- 
ment celtique,  qui  est  la  vivacité,  la  promptitude  à  frapper  le 
but. 

Mais  voici  qui  est  plus  important  et  vraiment  caractéristique 
des  rapports  qui  existent  entre  la  langue  et  l'état  social. 

L'Irlande,  au  temps  des  plus  anciens  documents,  comprenait  un 
nombre  considérable  de  groupements  isolés,  que  l'autorité  tort 
précaire  d'un  roi  suprême  n'arriva  jamais  à  réunir:  on  s'attendrait 
donc  à  trouver  autant  de  dialectes  que  de  clans,  et  les  œuvres 
devraient    être    rédigées   dans  une   langue   fort  différente   suivant 


Bibliographie.  229 

qu'elles  viennent  du  Nord  ou  du  Midi.  Or  l'irlandais  ancien  ne 
comporte  pas  de  dialectes  ;  les  différences  dialectales  que  l'on 
constate  aujourd'hui  d'une  région  à  l'autre  de  l'Irlande  ne  se 
retrouvent  pas  en  moyen-irlandais,  au  moins  dans  la  période 
ancienne.  C'est  que  le  moyen-irlandais  est  à  sa  manière  une  langue 
commune;  c'est  une  langue  destinée  à  l'usage  des  poètes  et  des 
savants,  c'est  une  langue  écrite,  une  langue  littéraire.  L'erreur  de 
bien  des  linguistes  a  été  de  croire  qu'on  pouvait  écrire  comme  l'on 
parle,  et  par  suite  que  la  langue  écrite  pouvait  reproduire  la 
langue  parlée  ;  en  réalité,  on  écrit  comme  d'autres  écrivent.  La 
langue  écrite  a  ses  règles,  ses  usages,  son  utilité  et  sa  destination 
spéciales.  Cela  ne  veut  pas  dire  qu'elle  ne  subisse  çà  et  là  l'in- 
fluence de  la  langue  parlée.  L'irlandais  commun  des  fili  était  pro- 
mené par  eux  non  seulement  à  travers  l'Irlande,  mais  aussi  à  tra- 
vers l'Ecosse  et  transporté  aussi  dans  l'île  de  Man.  Dans  les  bigar- 
rures de  son  orthographe,  on  reconnaît  sans  peine  la  trace  des  pro- 
nonciations variées  qui  dans  chaque  région  déformaient  la  norme  de 
la  langue  commune.  Toutes  ces  actions  réciproques  de  la  langue 
parlée  et  de  la  langue  écrite,  si  finement  analysées  par  Al.  Meillet 
dans  son  beau  livre  sur  le  grec,  se  laissent  également  reconnaître  en 
Irlande. 

L'histoire  du  brittonique  n'est  pas  moins  instructive.  Elle  est 
dominée  dès  le  début  par  un  fait  de  première  importance,  le  con- 
tact avec  le  latin.  Ce  contact  entre  une  langue  de  civilisation 
aussi  générale  et  un  ensemble  de  parlers  «  idiomatiques  »,  comme 
dit  M.  Thurneysen  (p.  16),  a  eu  pour  ces  derniers  plusieurs  graves 
conséquences:  une  transformation  du  vocabulaire,  qui  s'est  péné- 
tré de  mots  latins;  une  simplification  de  la  grammaire;  un  assou- 
plissement de  la  syntaxe.  Ce  sont  là  les  caractères  mêmes  du  brit- 
tonique. Ce  dernier  diffère  de  l'irlandais  comme  pourraient  différer 
«  deux  frères,  nés  tous  deux  dans  le  luild  west,  dont  l'un  —  c'est 
l'irlandais  —  serait  resté  dans  sa  patrie  sauvage  fidèle  à  ses  mœurs, 
à  son  indépendance,  tandis  que  l'autre,  introduit  dans  la  civilisation 
de  l'Est,  se  serait  plié  au  genre  de  vie  qu'on  y  mène,  en  aurait  pris 
les  goûts  et  le  poli  »  (p.  18).  L'histoire  des  trois  dialectes  britto- 
niques  est  d'ailleurs  assez  différente  et  dépend  des  conditions 
sociales  dans  lesquelles  ils  ont  été  chacun  placés.  Par  exemple,  le 
voisinage  du  français  a  été  néfaste  au  breton  armoricain,  qui  s'est 
trouvé  réduit  à  l'état  de  langue  inférieure,  réservée  aux  basses  classes 
de  la  population. 

Les  causés  qui  ont  agi  sur  la  langue  ont  également  dominé  l'évo- 
lution des  littératures.  «  La  littérature  celtique  et  la  façon  dont  elle 


230  Bibliographie. 

s'est  transmise  reflètent  clairement  la  destinée  des  peuples  »  (p.  23). 
Ce  n'est  pas  sans  cause  que  les  récits  épiques  de  l'Irlande  médiévale 
célèbrent  la  valeur  guerrière,  la  poursuite  des  richesses,  repré- 
sentées par  des  esclaves  et  des  troupeaux,  la  joie  des  aventures 
jusque  dans  le  pays  mystérieux  des  fées.  Un  merveilleux  tout  sem- 
blable s'épanouit  au  long  des  chroniques  que  les  moines  mettaient 
par  écrit  dans  le  silence  des  couvents;  on  en  retrouve  l'écho  jusque 
dans  les  légendes  pieuses,  dans  les  vies  de  saints,  si  différentes  de 
l'hagiographie  du  continent.  Tout  cela  représente  la  littérature 
d'un  peuple  libre,  indépendant,  impétueux,  ivre  de  luttes  et  de 
victoires.  Quelle  différence  avec  les  oeuvres  littéraires  des  époques 
ultérieures,  où  le  pays  soumis  à  l'étranger  perdit  avec  sa  liberté  l'ar- 
deur de  vivre  qui  l'animait.  On  peut  déjà  faire  partir  ce  déclin  de 
l'année  1166,  quand  le  roi  de  Leinster  Diarmaid,  chassé  d'Irlande 
par  ses  rivaux,  implora  l'aide  du  roi  d'Angleterre  Henri  II  et  lui 
donna  l'occasion  d'intervenir  dans  l'île.  C'est  la  grande  date  qui 
coupe  en  deux  l'histoire  de  la  littérature  irlandaise. 

La  littérature  brittonique  paraît  pauvre  en  comparaison  de  sa 
grande  sœur,  surtout  dans  la  Bretagne  française  et  dans  le  Corn- 
wall.  Elle  a  eu  pourtant  ses  légendes  et  ses  traditions  épiques, 
puisque  nous  lui  devons  Arthur,  les  héros  de  la  Table  ronde  — et 
Tristan.  Mais  c'est  surtout  parles  adaptations  qu'en  ont  faites  les 
poètes  d'Angleterre  ou  du  continent  que  nous  connaissons  ces 
belles  légendes.  Seule,  la  littérature  galloise  présente  une  origina- 
lité. Mais  en  dehors  de  quelques  récits  —  les  Mabinogion  — ,  il  n'y  a 
de  vraiment  original  en  Galles  que  la  poésie;  et  les  Gallois  sont  là 
hors  de  pair.  Encore  cette  poésie  est-elle  surtout  une  poésie  de 
cour,  d'église  ou  d'école  :  on  n'y  sent  pas  le  souffle  de  liberté  qui 
vivifiait,  à  ses  débuts  au  moins,  la  littérature  irlandaise. 

Quelque  chose  a  manqué  aux  Celtes,  dont  l'absence  explique  à 
la  fois  les  vicissitudes  de  leur  langue  et  les  faiblesses  de  leur 
littérature  :  c'est  une  unité  nationale.  Il  n'y  a  jamais  eu  d'unité 
celtique  ;  on  peut  croire  —  à  en  juger  par  le  résultat  des  der- 
nières tentatives  —  qu'il  n'y  en  aura  jamais.  Les  Celtes  n'ont 
pas  su  mettre  en  commun,  comme  d'autres  l'ont  fait,  un  idéal 
capable  d'éveiller  en  eux  le  sentiment  d'une  nation  ;  ils  n'ont  créé 
d'unité  ni  politique,  ni  religieuse,  ni  linguistique.  Au  contraire, 
leur  tempérament  individualiste  lésa  portés  à  s'isoler,  à  se  démem- 
brer et  souvent  à  s'entredétruire.  M.  Thurneyscn  avait  beau  jeu  à 
opposer  au  Celte  anarchiste,  indépendant,  révolté,  le  Germain 
discipliné,  respectueux  de  la  hiérarchie  et  de  l'ordre.  Sa  péroraison, 
où  l'on  sent  percer  la  pointe  d'un   casque,  était  tout  indiquée.  Il 


Bibliographie.  231 

ne  pouvait  moins  faire  que  de  rappeler  par  cet  exemple  si  frap- 
pant les  dangers  de  l'individualisme  anarchique.  Ce  ne  sont  pas  les 
Français,  ni  les  Anglais,  je  crois,  qui  le  contrediront.  Tous  deux 
connaissent  et  apprécient  les  bienfaits  de  l'unité  nationale,  réalisée 
par  un  pouvoir  central  absolu.  Mais  ils  ont  su  comment  on 
modère  les  excès  du  despotisme,  comment  on  concilie  l'ordre  et 
la  liberté  ;  aussi  peuvent-ils  considérer,  avec  une  indulgence 
mêlée  toujours  de  svmpathie  et  de  pitié  parfois,  la  condition  de 
ceux  qui  sont  aujourd'hui  victimes  ou  bien  d'un  esprit  de  révolte 
exagéré  ou  bien  d'une  soumission  trop  passive  au  bon  plaisir  de  la 
force.  Le  discours  de  M.  Thurnevsen  est  très  suggestif. 

J.  Yendryes. 


V 

O.  H.  Fyxes-Clixtow  The  JVelsb  Vocabulary  ofthe  Bangor  District . 

Oxford,  Universitv  Press.  191 3,  xxxj-619  p.  8°,  21  sh. 

Cet  ouvrage  est  de  beaucoup  le  plus  important  qui  ait  jamais 
paru  sur  la  dialectologie  galloise.  Nous  avons  annoncé  naguère  le 
glossaire  d'un  dialecte  du  Pembrokeshire  publié  par  M.  Meredith 
Morris  (v.  Rev.  Celt.,  XXXIII,  360)  ;  c'était  un  travail  estimable 
et  fort  utile,  mais  que  celui  de  M.  Fynes  Clinton  laisse  bien  loin 
derrière  lui.  Celui-ci,  par  l'ampleur  et  l'étendue,  par  la  valeur  de 
a  documentation,  par  le  soin  apporté  aux  transcriptions,  est  de 
premier  ordre. 

L'auteur,  qui  enseigne  le  français  et  la  philologie  romane  à 
l'University  Collège  de  Bangor,  n'est  pas  Gallois  de  naissance.  Il  a 
appris  le  gallois  et  nous  offre  dans  cet  ouvrage  le  résultat  d'une 
enquête  qui  lui  a  demandé  près  de  huit  ans.  Le  territoire  de  l'en- 
quête a  été  très  exactement  délimité  ;  il  est  borné  au  Nord  par  la 
mer  et  des  autres  côtés  par  une  ligne  qui,  partant  de  Penmaenmawr, 
passerait  à  Llanfairfechan,  Aber,  Llanllechid,  Bethesda,  Rhiwlas, 
Pentir  pour  venir  retrouver  la  mer  à  Bangor.  Sur  ce  territoire, 
M.  Fynes  Clinton,  aidé  de  quelques  informateurs  dont  il  donne  les 
noms  p.  m  et  qui  lui  servaient  de  garants,  a  relevé  tous  les  mots 
en  usage.  Son  dessein  a  été,  dit-il  dans  sa  préface,  non  pas  de 
compiler  le  glossaire  de  tel  dialecte  du  pays  de  Galles,  mais  plutôt 
de  présenter  le  vocabulaire  du  gallois  parlé  tel  qu'il  est  en  usage 
dans  une  région  particulière.  Excellent  programme,  qui  a  été 
remarquablement  exécuté. 


2  32  Bibliographie. 

C'est  bien  l'ensemble  d'un  vocabulaire  que  fournit  cet  ouvrage. 
L'auteur  ne  s'est  pas  contente  d'y  enregistrer  les  mots  en  les  tradui- 
sant ;  il  s'est  préoccupé  de  montrer  la  valeur  pratique  de  chacun 
d'eux  en  citant,  s'il  y  a  lieu,  de  petites  phrases,  des  locutions  où 
ils  figurent.  Nous  avons  ainsi,  ce  que  ne  donnent  pas  en  général 
les  dictionnaires,  l'impression  d'une  langue  vivante  en  activité.  La 
grammaire,  dans  la  mesure  où  elle  s'occupe  de  la  connaissance  des 
formes,  pénètre  ce  vocabulaire  sans  le  surcharger;  pour  les  verbes 
irréguliers,  notamment  pour  le  verbe  substantif,  sont  données  les 
formes  en  usage.  Les  moindres  détails  de  l'emploi  des  mots  sont 
mentionnés  en  bonne  place  :  ainsi  pour  l'usage  des  prépositions 
qui  constitue,  comme  on  sait,  dans  chaque  langue  le  terrain  de 
prédilection  des  idiotismes,  pour  l'emploi  et  le  rôle  des  adverbes, 
des  négations,  cet  ouvrage  fournit  d'abondants  renseignements, 
qui  seront  utiles  aux  linguistes. 

Le  vocabulaire  est  aussi  complet  que  possible  ;  il  comprend  par 
exemple  les  mots  techniques  relatifs  à  l'agriculture  ou  à  la  taille  des 
ardoises.  Même,  l'auteur  n'a  pas  reculé  devant  l'admission  de  quelques 
mots  malsonnants,  obscènes  ou  simplement  sales  ;  c'est  une  décision 
dont  il  faut  le  louer,  mais  qui  pouvait,  autant  que  nous  en  pouvons 
juger,  être  appliquée  plus  largement.  Trop  de  lexicographes, 
par  une  pruderie  mal  placée,  laissent  de  côté  les  mots  de  ce  genre, 
qui  sont  parmi  les  plus  usuels  du  langage  courant.  Pour  faciliter 
le  travail  des  lexicographes  et  ajouter  en  même  temps  à  son  œuvre 
une  valeur  historique,  l'auteur  n'a  pas  craint  de  fournir  çà  et  là, 
par  des  abréviations  entre  parenthèses,  des  références  à  certains 
textes,  anciens  ou  modernes,  où  figurent  les  mots  qu'il  a  enregis- 
trés. Mais  ce  n'est  là  qu'un  travail  secondaire,  ajouté  après  coup  à 
un  relevé  de  mots  exclusivement  limité  au  langage  parlé. 

L'auteur  a  donné  des  soins  particuliers  à  la  transcription.  C'est 
sous  leur  forme  phonétique  que  les  mots  sont  enregistrés  ;  l'ortho- 
graphe officielle  est  donnée  après,  s'il  y  a  lieu.  Le  principe  adopté 
pour  la  transcription  est  celui  de  l'association  phonétique,  à  peu 
près  celui  dont  M.  Jespersen  use  dans  ses  publications.  Le  prin- 
cipe est  simple  et  clair  à  la  fois.  Ainsi  l'ouvrage  n'est  pas  surchargé 
de  notations  compliquées,  qui  en  rendraient  la  lecture  fatigante, 
parfois  impossible.  Il  reste  pratique  et  commode  à  utiliser  jusque 
dans  la  façon,  dont  il  reproduit  les  sons.  L'introduction  donne 
d'ailleurs  à  cet  égard  (p.  xi  et  suiv.)  toutes  les  précisions  dési- 
rables. 

J.  Vkndeves. 


Bibliographie. 


VI 

Ebex  Fardd,  Au'dl  Dinistr  Jérusalem,  wedi  ei  golygu  gan  J.  Lias 
Davies,  Gwrecsam  (cyn  athro  yn  Ysgol  Sir,  Llangollen)  a  T. 
Carno  Jones,  Ysgol  Sir,  Llangollen,  gvda  rhagair  gan  Alafon. 
[Ode  de  la  Destruction  de  Jérusalem,  éditée  par  J.  Lias  Davies, 
de  Gwrecsam  (ancien  professeur  à  la  County  School  de  Llangol- 
len) et  T.  Carno  Jones,  Je  la  County  School  de  Llangollen, 
avec  une  préface  par  Alafon],  Gwrecsam,  1912,  vn-80  p. 

Ebenezer  Thomas,  plus  connu  sous  son  nom  bardique  d'Eben 
%Fardd,  tient  un  rang  honorable  parmi  les  poètes  gallois  du  xixe 
siècle.  Né  en  1802  à  Tanylan  près  Llanarmon,  au  N.-E.  de  Pwll- 
heli  (Carnarvonsbire),  Eben  Fardd  se  consacra  toute  sa  vie  à  l'en- 
seignement, d'abord  à  Tudweiliog,  où  il  avait  été  élève,  ensuite  à 
Clynnog,  au  S.  de  Carnarvon,  où  il  mourut  le  17  février  1863.  Il 
obtint  de  nombreux  prix  aux  concours  des  eisteddfodau,  et  notam- 
ment par  des  poèmes  dans  les  mètres  fixes  (mesurau  caethion),  où  il 
excellait.  On  cite  de  lui  des  englyvau  qui  sont  des  modèles  pour  le 
rythme  et  l'harmonie.  Il  publia  une  Elégie  sur  John  Jones  Talysan 
en  1857,  et  en  1862,  des  Hymnes;  mais  ses  œuvres  complètes  ne 
furent  réunies  qu'après  sa  mort  en  1873.  M.  Lewis  Jones  a  dit  de  lui 
que  c'était  un  0 ser  disgleiriaf  llenyddiaeth  ddiweddar  Cymru  «  une  des 
étoiles  les  plus  brillantes  delà  littérature  moderne  de  Galles  »,  et  il 
ajoute  :  F  mae  paicb  s\'u  darllen  rhwyfaint  0  Gymraeg yn  givybod  am 
ei  awdl  ar  Ddinystr  Ierusalem  «  quiconque  lit  tant  soit  peu  de  gal- 
lois connaît  son  ode  sur  la  Destruction  de  Jérusalem  ». 

Cette  ode  fut  composée  en  1823  et  valut  à  son  auteur  au  mois 
d'octobre  de  l'année  suivante  la  «  chaire  »  de  Powys.  Elle  reste  la 
plus  célèbre  des  odes  d'Eben  Fardd,  bien  qu'il  obtînt  avec  plusieurs 
autres  des  récompenses  non  moins  flatteuses,  notamment  à  l'eis- 
teddfod  de  Liverpool  en  1840  avec  une  ode  sur  «  Job  »  et  en  1858 
à  la  grande  eisteddfod  de  Llangollen  avec  une  ode  sur  «  la  bataille 
de  Bosworth  »  ;  telles  autres  odes  de  lui,  comme  celles  sur  la 
«  Résurrection  »  ou  sur  «  l'Année  »  qui  ne  furent  pas  couronnées 
aux  eisteddfodau  de  Rhuddlan  (1850)  et  de  Carnarvon  (1862), 
passent  également  aux  yeux  des  connaisseurs  pour  des  compositions 
de  grand  mérite. 

L'ode  sur  la  Destruction  de  Jérusalem  compte  471  vers,  répartis 
en  strophes  inégales  de  mètres  variés.  Le  poète  feint  d'être  trans- 
porté sur  une  hauteur  d'où  il  embrasse  du  regard  la  ville  de  Jéru- 


234  Bibliographie. 

salem  tout  entière  :  il  en  décrit  pompeusement  la  splendeur  et 
s'attarde  en  particulier  à  ce  superbe  temple  qui  domine  la  colline 
de  Moriah  (v.  102  et  suiv.).  La  description  est  riche  en  couleur, 
abondante,  nourrie  de  souvenirs  bibliques.  Mais  voici  tout  à  coup 
l'annonce  de  la  catastrophe.  La  malédiction  divine  s'abat  sur  la  ville 
qui  a  refusé  de  reconnaître  son  Dieu  (v.    170)  : 

Y  grasol  Iesu  a  groeshoeliasant, 

am  hynnygofid  miniawg  a  y  faut  ; 

un  Dini'  tin  byvjyà  ni  adnabuani  ; 

Lhi  0  goeg  emcau  yn  lie  gogoniant 

Vr  Iesu  annwyl  roisant  ;  —  a  bythol 

Tragwyddol,  ddwyfol  lida  oddefant. 
Ils  ont  crucifié  le  gracieux  Jésus  ; 

pour  cela  ils  souffriront  (m.  à  m.  boiront)  une  peine  cruelle  ; 
ils  n'ont  pas  reconnu  l'unique  Dieu  de  notre  vie  : 
ils  ont  donné  au  doux  Jésus  en  place  de  gloire 
une  foule  de  noms  vides  ;  —  éternellement, 
perpétuellement,  ils  subiront  le  courroux  divin. 

Le  poète  assiste  alors  en  imagination  à  l'arrivée  des  troupes 
romaines,  à  l'investissement  de  la  ville,  à  ce  siège,  un  des  plus 
cruels  dont  l'histoire  ait  gardé  le  souvenir;  pour  ajouter  au  pathé- 
tique de  la  scène  et  rendre  le  drame  plus  poignant,  il  se  représente 
sur  les  ruines  de  la  ville,  une  femme,  Rachel,  qui  crie  son  déses- 
poir dans  une  lamentation  inspirée  des  prophètes  (v.  311  et  suiv.). 
Enfin,  la  tour  Antonia  est  prise,  le  temple  est  brûlé,  détruit  ;  et  le 
poème  s'achève  brusquement,  comme  il  avait  commencé,  sur  une 
vision  de  désespoir  et  d'horreur.  Il  v  a  dans  cette  poésie  beaucoup 
de  grandiloquence  ;  les  phrases  sont  tendues,  heurtées,  abruptes, 
surchargées  d'adjectifs.  Eben  Fardd  montre  une  fois  déplus  com- 
bien la  poésie  galloise  se  prête  à  reproduire  les  modèles  bibliques  ; 
on  retrouve  chez  lui  le  ton  de  Jérémie  et  d'Ezéchiel. 

L'édition  que  donnent  de  YAwdl  Dinistr  lerusàlem  MM.  Lias 
Davies  et  Carno  Jones  est  destinée  à  l'usage  des  classes;  elle  com- 
prend une  introduction  sur  la  vie  du  poète  et  la  versification  de 
son  œuvre,  sur  la  chronologie  du  siège  de  Jérusalem,  et  elle  se 
termine  par  un  glossaire  des  principaux  mots  du  texte  (p.  46-80). 
Elle  peut  servir  commodément  aux  celtistes  qui  voudraient  con- 
naître une  oeuvre  bien  représentative  de  cette  poésie  d'eisteddfodau, 
qui  a  en  Galles  tant  de  succès. 

J.  Y  i:\dryes. 


Bibliographie.  235 


VII 

Karl  Schumacher,  Ver%_eichnis  der  Abgùsse  und  wichtigeren  Photogra- 
phiai mit  Germanen-Darstellungen.  Mayence,  Wilcken,  1912, 
134  p.   8°  et  70  illustrations. 

Après  avoir  publié  les  reproductions  et  principales  photographies 
des  Gaulois  dans  l'art  antique  qu'il  a  réunies  au  Musée  de  Mayence, 
K.  Schumacher  a  dû  donner  une  nouvelle  édition  de  ses  Germa- 
nen-Darstellungen .  Trois  éditions  en  quatre  ans  disent  assez  haute- 
ment l'utilité  du  pratique  et  économique  opuscule  où  M.  Schu- 
macher a  catalogué  la  centaine  de  figurations  de  Germains  grou- 
pées, en  copies  ou  en  photographies,  dans  le  Musée  qu'il  dirige. 
Malgré  les  additions  et  corrections  reçues  à  chaque  édition,  il  nous 
paraît  pourtant  encore  susceptible  d'améliorations.  Nous  nous  per- 
mettons d'en  signaler  quelques-unes  en  vue  d'une  nouvelle  édi- 
tion qui  ne  saurait  manquer  d'être  proche.  Ainsi,  sur  la  stèle  de 
Mayence  où  un  cavalier  romain  bondit  au-dessus  d'une  tête  de 
Germain  (7),  comment  croire  que  le  reste  du  corps  de  ce  dernier 
était  indiqué  en  peinture?  (M.  S.  répète  cette  supposition  à  la 
p.  113).  Le  cheval  pose  son  pied  sur  la  tête  coupée  du  vaincu 
comme  le  Gaulois  pose  le  sien  sur  la  tête  coupée  de  la  Pythie  dans 
le  médaillon  de  Capoue  RA,  1889,  I,  p.  198).  —  Quand  on  parle 
d'influence  grecque  représentée  par  Apollodore  de  Damas  pourla 
Colonne  de  Trajan,  comment  revendiquer  (p.  8  et  25)  pour  la  même 
époque  les  plaques  barbares  d'Adam-Klissi  où  tout  dénonce  la  déca- 
dence du  temps  de  Constantin  ?  (Cf.  maintenant  les  reliefs 
lyciens  de  même  style  dont  M.  Weinreich  a  rendu  probable  l'ap- 
partenance à  la  fin  du  111e  siècle).  —  Pour  les  guerriers  barbares 
d'Herculanum  (13  b-d),  M.  S.  aurait  trouvé  des  renseignements 
dans  mes  Gaulois  dans  l'art  alexandrin  (Monuments  Piot,  191 1), 
qu'il  paraît  ignorer  (M.  S.  n'a  pas  non  plus  donné  de  renvois 
au  t.  IV  du  Répertoire  de  la  Statuaire,  p.  ex.  pour  13  a).  Ne 
faudrait-il  pas  aussi  rapprocher  certains  cavaliers  nus  et  barbus, 
très  semblables,  qu'on  voit  sur  des  lampes  du  temps  de  Tibère  (p. 
ex,  Bonn  A  960  ;  Trêves  06.  614  e)  et  qui  se  distinguent  des  cava- 
liers gaulois  (tels  celui  du  Carmel,  maintenant  au  Musée  de  Berne, 
Bull.  Ant.  France,  1912,  p.  '256)?  —  Pour  les  têtes  de  Germains  à 
cheveux  réunis  en  chignon  qui  forment  appliques  d'anse  dont  M. 
S.  cite  des  exemplaires  de  Mayence   (22-3)  et  de  Karlsruhe  (24), 


236  Bibliographie. 

on  peut  ajouter  trois  pièces  semblables  à  Cologne  (Yitr.  XIII, 
n°  776)  et  une  à  Trêves  (n°  21456),  et  sur  la  question  de  ces  tètes 
grotesques  il  aurait  dû  connaître  l'art,  de  R.  Laurent-Yibert  inti- 
tule Marianum  scutum  cimbricum  (Mélanges  de  l'Ecole  de  Rome, 
1908)  '.  Pourquoi  ne  parler  que  de  trois  des  bennes  de  la  Villa  de 
Welshbillig  alors  qu'il  y  en  a  au  moins  six  qui  représentent  des 
indigènes? 

Parmi  les  tètes  de  marbre  qu'on  peut  tenir  pour  celles  de  Ger- 
maines (Ph.  6-7),  on  pourrait  placer  celle  de  Candie  (R.  A.  191 1, 
I  pi.  VI).  Aux  petits  bronzes,  il  faudra  ajouter,  en  raison  de  sa  coif- 
fure «à  la  suève  »,  celui  du  Musée  Calvet  que  je  viens  de  publier 
dans  les  Mémoires  de  VAcad.  de  Vauchise  2,  et  probablement  le 
&  barbare  au  trophée  »  du  Musée  de  Berne  (Deonna,  Indîc.  d. 
Anl.  Suisses,  191 3)  et  un  sujet  analogue  représenté  sur  unecuvette 
de  fourreau  (S.  Reinach,  Rép.  de  Reliefs,  III,  p.  525,  moulage  à 
Saint-Germain  :  l'original  est  indiqué  à  tort  comme  étant  à 
Zurich  ;  il  est  au  Musée  d'Aarau).  —  Le  relief  du  Louvre  dont  le 
fond  montre  la  hutte  germaine  est  maintenant  très  bien  publié  par 
E.  Michon,  Mon.  Piot,  1909,  p.  207.  M.  S.  y  aurait  vu  qu'il  s'agit 
d'une  hutte  dace,  le  relief  provenant  probablement  de  l'arc  du 
Forum  de  Trajan.  Cette  hutte  ronde  est,  d'ailleurs,  encore  mieux 
figurée  sur  un  des  deux  grands  reliefs  de  cet  arc  encastrés  dans  celui 
de  Constantin  (face  latérale  Ouest)  3. 

Inutile  de  poursuivre  cesaddetida.  M.  Schumacher  sait  mieux  que 
personne  que  son  Catalogue  peut  encore  s'enrichir,  et  il  n'y  man- 

1.  Dans  un  mémoire  du  Bulletin  du  Musée  historique  de  Mulhouse,  191. (, 
je  reprends  la  question  des  masques  grotesques  et  des  monstres  anguipèdes 
dans  l'art  gallo-romain  de  la  région  rhénane. 

2.  M.  S.  n'a  pu  encore  connaître  la  statuette  de  Germain  prisonnier  de 
Hannovre  (Mannus,  1913411.  X) ni  celle  d'Urmitz  (Mannus,  19 14, p.  211); 
mais  on  s'étonne  qu'iln'ait  pas  cité  celle  de  Vienne,  publiée  dans  \tjahrbuch 
fur  AUertumshinde  de  191 1,  p.  113. 

3.  On  pourrait  aussi  multiplier  aisément  les  exemples  du  motif  du  bar- 
bare foulé  aux  pieds  par  le  cheval  du  Romain  vainqueur  pour  les  pays  non- 
rhénans.  Ainsi,  pour  l'Angleterre,  voir  une  stèle  de  Bath(Haverfield,  dans 
Victoria  History  of  Somerset,  p.  276,  fig.  48  :  le  cavalier  est  d'une  ala  Vetto- 
num,  le  barbare  est  couché  sur  le  dos)  et  une  stèle  du  Shropshire  (Haver- 
field,  ïbid.  Shropshire,  p.  266,  fig.  16,  5  =  CIL,  VII,  158  :  le  cavalier  est 
d'une  ala  Thracorum  ;  le  barbare  est  tombé  sur  le  ventre  tenant  de  la  dr. 
son  épée,  de  la  g.  son  bouclier  ovale  à  umbo  losangique  sur  lequel  il  s'arc- 
boute).  —  Pour  l'Italie,  en  dehors  des  urnes  et  sarcophages  réunis  par 
Bienkowbki,  voir  encore  S.  Reinach,  Répertoire  de  Reliefs,  III,  p.  206,  260 
et  351. 


Éibliographie .  237 

quera  pas.  Le  plus  difficile  est  d'arriver  à  distinguer  les  Germains 
des  Gaulois  et  des  autres  barbares  ;  des  études  récentes,  comme 
celles  de  M.  Fiscber  sur  leur  coiffure  et  celles  de  M.  Hoefler  sur 
leur  omatologie,  qu'on  a  présentées  plus  haut  aux.  lecteurs,  pourront 
faciliter  cette  tâche  à  laquelle  le  recueil  de  M.  Schumacher,  par  sa 
riche  illustration,  aura  beaucoup  contribué.  Ajoutons  qu'il  a  inséré 
en  appendice  un  très  intéressant  mémoire  sur  la  Germanie  de  Tacite 
jugée  au  point  de  vue  des  découvertes  archéologiques.  En  contrô- 
lant l'historien  par  ces  découvertes,  on  s'aperçoit  qu'il  mérite  toute 
confiance  pour  la  région  du  Bas-Rhin  où  il  s'appuie  sur  Pline  qui 
fut  préfet  de  cavalerie  à  Vetera,  put  suivre  de  près  les  expéditions 
de  Pomponius  et  de  Corbulon  contre  les  Chauques  et  acheva  son 
Histoire  Naturelle  comme  légat  de  la  Gaule  Belgique  en  74.  Par 
contre,  Pline  ne  connaissait  que  superficiellement  le  Haut-Rhin  et  le 
Danube  et  Tacite  se  ressent  de  cette  moindre  compétence  de  sa 
source  pour  ces  régions. 

A.  Reinach. 


CHRONIQUE 


Sommaire.  —  I .  Sir  Edward  Anwyl  nommé  principal  à  Caerlleon  sur 
Wysg.  —  IL  Mort  du  Rev.  Thomas  Abbott,  bibliothécaire  de  Trinity 
Collège.  — III  et  IV.  Travaux  de  M.  P.  Diverrés  et  de  Mlle  Ella  Vetter- 
mann. —  V.  Le  tome  IX  de  VEphemeris  Epigraphica.  —  VI.  3e  édition 
de  la  Langue  bretonne  en  quarante  leçons,  par  M.  F.  Vallée. —  VII.  Suite 
des  Notennou  diwor  boni  ar  Gelted  Ko^.  —  VIII.  bidogermanisches 
Jahrbuch,  tome  I.  —  IX.  Rapport  sur  les  progrès  de  la  Welsh  National 
Library  de  1910  à  191 3 .  —  X.  Rev.  Paul  Walsh,  The  Flight  of  the 
Earls.  —  XI.  La  Concise  Old  Irish  Grammar  de  M.  J.  Pokorny.  — 
XII.  L'édition  du  Spurrell's  Welsh-English  Dictionary,  par  le  Rev. 
J.  Bodvan  Anwyl.  — XIII.  School  of  Irish  Learning.  —  XIV.  Ouvrages 
reçus. 

I 

Un  événement  qui  ne  manquera  pas  de  causer  un  vif  étonne- 
ment,  avec  beaucoup  de  regrets,  est  le  départ  de  sjr  Edward  Anwvl 
de  PUniversity  Collège  d'Aberystwyth.  Notre  savant  collabora- 
teur quitte  la  chaire  qu'il  occupait  depuis  vingt-deux  ans  pour  aller, 
au  mois  d'octobre  prochain,  diriger  le  Training  Collège  de 
Caerlleon  sur  Wysg.  C'est  un  poste  de  confiance;  espérons  que  ce 
sera  aussi  un  poste  de  loisir,  et  souhaitons  que,  débarrassé  des 
soucis  de  l'enseignement,  sir  Edward  puisse  y  consacrer  de  nom- 
breux moments  à  ses  travaux  personnels  ;  il  y  trouvera,  pour  l'ins- 
pirer, le  souvenir  d'Arthur,  genius  loci,  et  le  désir  de  rendre  à 
l'antique  Isca  Silurum  un  peu  de  sa  splendeur  et  de  son  éclat  pas- 
sés. 

Il 

Le  journal  Irish  Times  du  19  décembre  191 3  contient  la  notice 
suivante  : 

We  regret  to  announce  the  death  of  the  Rev.  Thomas  Kingsmill 
Abbott,  D.  D.,  Litt.  D.,  Senior  Fellow  and    Librarian  of  Trinity 


Chronique.  239 

Collège,  Dublin.  Dr.  Abbott  died  yesterday  at  bis  résidence  at  Kil- 
linev.  He  bad  attained  the  âge  of  84  years,  and  ail  his  long  life 
was  devoted  to  the  service  of  his  University. 

Dr.  Abbott  belonged  to  the  old  type  of  Dublin  University 
scholarship,  which  embraced  many  subjects,  and  embraced  them 
ail  thoroughly.  He  took  his  Fellowship  in  mathematics,  but  he 
was  also  a  sound  classical  scholar,  a  profound  metaphysician,  and 
a  theologian  of  wide  learning    and  original   thought. 

Thomas  Kingsmill  Abbott  was  born  in  Dublin  on  the  2éth 
ofMarch,  1829.  At  the  âge  of  nineteen  be  obtained  a  classical 
scholar-ship  in  Trinity  Collège...  It  was  in  1854  that  Dr.  Abbott 
took  his  Fellowship...  Fourteen  years  later  he  was  appointed  to 
the  Chair  of  Moral  Philosophy  in  the  University  of  Dublin.  He 
occupied  that  position  with  much  distinction  until  1872.  In  187s 
he  was  elected  to  the  more  lucrative  office  of  Professor  of  Biblical 
Greek,  and  he  held  this  important  Chair  for  thirteen  years.  From 
1879  to  1900  he  was  Professor  of  Hebrew. 

Dr.  Abbott's  extensive  scholarship  was  widely  recognised.  His 
essays  on  the  original  texts  of  the  Old  and  New  Testaments  were 
highly  appreciated  for  their  critical  acumen,  as  were  also  his  notes 
upon  St.  Paul'sEpistles  to  the  Romans  and  Philippians.  One  of  his 
earliest  and  most  important  publications  was  «  Sight  and  Touch  : 
an  Attempt  to  disprove  the  Berkeleian  Theory  of  Vision  »,  wich 
appeared  in  1864.  In  this  clever  work  Dr.  Abbott  argues  against 
the  famous  theory  of  his  great  precursor  in  metaphysical  studiesin 
Trinity  —  namely,  that  matter  is  but  the  sum  ofour  sensations,  that 
it  exists  for  us  only  in  so  far  as  it  is  perceived  by  our  sensés.  It 
is  not  certain  how  far  Dr.  Abbott's  treatise  is  to  be  taken  as 
expressing  his  earnest  convictions  upon  this  abstruse  question. 
Through  much  of  his  writing  there  ran  a  vein  of  humour  which 
might  not  be  perceived.  His  «  Eléments  of  Logic  »,  wich  reached 
a  third  édition  in  1895,  is  now  a  text  book  in  Trinity  Collège.  Dr. 
Abbott's  versatility  is  shown  by  a  list  of  some  other  of  his  works  : 
«  Elementary  Theory  of  the  Tides  »  (second  édition,  1901), 
«  Evangeliorum  versio  Antehieronymiana  »  (two  vols.,  1884), 
«  Par  Palimpsestorum  Dublinensium  »  (1880),  «  Translation  ol 
Kant's  Theory  of  Ethics,  with  Memoir  »  (sixth  édition,  1909), 
«  Kant's  Introduction  to  Logic  »  (1886),  «  Examples  of  Celtic 
Ornament  from  the  Books  of  Kells  and  Durrow  »  (1892),  «  Do 
this  in  Remembrance  of  Me  »  (second  édition,  1894),  «  Com- 
mentary  on  Ephesians  and  Colossians»  (1897),  and  «  Offer  This  » 
(1898).        . 


j.|o  Chronique. 

An  important  part  of  Dr.  Abbott's  work  xor  the  University  oi 
Dublin  has  yet  to  be  mentioned.  In  1887  this  notable  scholar  suc- 
ceeded  John  Kells  Ingram  as  Librarian  ofTrinity  Collège.  For  this 
position  he  was  especially  fitted,  as  his  learning  was  of  an  ency- 
clopédie character.  A  great  librarian  in  everv  respect,  he  was 
careful  in  deciding  what  books  were  to  be  retained  and  what 
rejected,  and  he  showed  minute  care  and  immense  knowledge  in 
the  préparation  of  catalogues.  It  was  he  who  was  responsible  for 
the  public  and  spécial  catalogues  now  in  the  Library,  and  also  for 
the  publication  of  a  catalogue  of  its  «  Incunabula  ».  The  ease  with 
which  students  now  gain  admission  to  the  Library  is  largely  due 
to  him.  To  ail  persons  who  had  occasion  to  consult  him  as  Libra- 
rian, he  was  extremely  courteous  and  obliging. 

III 

Nous  apprenons  que  M.  P.  Diverrès,  dont  nous  avons  annoncé 
l'an  dernier  le  doctorat  d'Université  (v.  t.  XXXIV,  p.  349  et  453), 
fait  cette  année  à  l'Université  de  Liverpool  un  cours  —  non 
rétribué  —  de  breton.  11  poursuit  en  même  temps  ses  travaux  sur  la 
botanique  galloise,  à  laquelle  il  se  propose  de  comparer  la  bota- 
nique bretonne,  comique  et  irlandaise.  C'est  un  vaste  et  beau 
sujet,  bien  digne  d'attirer  à  la  fois  le  médecin  et  le  poète, fàtb-liaig, 
qu'est  M.  P.  Diverrès. 

IV 

On  nous  annonce  en  même  temps  qu'une  élève  de  M.  Windisch, 
MUe  Ella  Vettermann,  s'occupe  de  préparer  une  édition  du  frag- 
ment gallois  sur  Tristan  ;  elle  doit  utiliser  pourcela  tous  les  manus- 
crits existants,  qui  sont  au  nombre  de  sept. 


V 

La  librairie  Georg  Reimer,  de  Berlin,  a  terminé  en  191 3  un 
neuvième  volume  de  YEphetneris  Epigrapbica.  Ce  volume  contient, 
pp.  509-690,  une  longue  série  d'addenda  au  tome  VII  du  Corpus 
ïnscrîptionum  Laliuarum,  lequel  est  consacré,  comme  chacun  sait, 
à  la  Grande-Bretagne.  Le  tome  VII  du  Corpus,  paru  en  1873, 
était  dû  à  Huebner  :  à  trois  reprises,  en  1876,  1877  et  1879,  le 
même  Huebner  publia   dans  YEpbemeris  Epigrapbica  (volumes  III 


Chronique .  241 

et  IV)  des  suppléments  à  son  œuvre.  Un  quatrième  supplément 
fut  publié  par  M.  Haverfield  en  1889  (Ephem.  Epigr.,  t.  MI);  et 
c'est  également  M.  Haverfield  qui  est  l'auteur  du  cinquième  sup- 
plément que  nous  annonçons  aujourd'hui.  On  y  trouvera,  avec 
d'abondantes  corrections  ou  remarques  résultant  de  nouvelles 
lectures  d'inscriptions  anciennement  connues,  un  grand  nombre 
d'inscriptions  découvertes  au  cours  des  vingt-trois  dernières  années. 
M.  Haverfield  a  donné  comme  terme  à  son  travail  d'enquête  et  de 
révision  l'année  19 10,  et  l'ouvrage  est  daté  de  septembre 
1912. 

VI 

Il  n'y  a  plus  à  recommander  aux  celtistes  le  petit  livre  de  M.  F. 
Vallée,  la  Langue  bretonne  en  quarante  leçons,  dont  deux  éditions 
successives  ont  consacré  le  succès.  Mais  il  convient  d'annoncer  à 
nos  lecteurs  qu'une  troisième  édition  a  paru  en  191 2  à  Saint- 
Biïeuc  (Imprimerie  Saint-Guillaume,  27,  boulevard  Charner;  217 
p.  8°;  3  fr.). 

L'ouvrage  a  de  grands  mérites  pédagogiques.  Il  est  bien  fait 
pour  familiariser  les  débutants  avec  les  difficultés  de  la  langue  bre- 
tonne grâce  aune  progression  sagement  calculée.  Dès  le  début  il 
met  le  lecteur  en  présence  de  petites  phrases,  où  sont  appliquées 
les  principales  règles  de  la  langue.  L'apprentissage  de  la  gram- 
maire se  fait  donc  en  même  temps  que  celui  du  vocabulaire  et  de 
la  syntaxe;  c'est  d'une  méthode  excellente.  Au  bout  des  quarante 
leçons,  groupées  en  quatre  parties,  où  l'auteur  a  enfermé  sa 
matière,  le  lecteur  est  capable  de  s'exprimer  en  breton  et  d'en- 
tendre un  texte  écrit  en  cette  langue  ;  il  en  connaît  tous  les 
secrets. 

M.  Vallée  est  trop  modeste  quand  il  dit  dans  la  préface  que  son 
travail  n'a  aucune  prétention  scientifique.  C'est  bien  faire  œuvre 
de  science  que  d'appliquer  à  la  description  d'une  langue  vivante 
une  méthode  aussi  précise  et  aussi  ferme.  Mais  il  y  a  plus.  Quand 
la  description  est  faite  par  un  auteur  qui  possède  jusqu'aux 
moindres  détails  le  sentiment  intime  de  la  langue,  elle  a  en  soi, 
comme  document,  une  grande  valeur  scientifique.  C'est  un  système 
de  faits  justes  et  bien  agencés  ;  c'est  l'image  même  de  la  réalité. 
Aussi,  le  comparatiste  qui  voudra  rattacher  le  breton  aux  autres 
langues  celtiques  trouvera  dans  le  livre  de  M.  Vallée  un  grand 
nombre  de  points  de  liaison.  Il  est  intéressant  de  noter  par  exemple 
à  la  page  128  le  tour  breton  bloai  ar    tregont  «  trente   et  un  ans  » 

Revue  Celtique,  XXXV.  16 


242  Chronique. 

(m.  à  ni.  «  an  sur  trente  »  sans  exprimer  «  un  »),  qui  a  son  exact 
pendant  en  vieil-irlandais  (v.  F.  N.  Robinson,  Rev.  Ceil.,  XXVI, 
378).  Ce  petit  ouvrage  sans  prétention  rendra  de  grands  services  à 
tous  les  celtistes. 

VII 

M.  F.  Vallée  a  un  nom  bardique,  qui  est  en  même  temps  un 
patronymique,  Abhervé;  et  c'est  de  ce  nom  qu'il  a  signé,  avec 
M.  A.  Le  Roux  (Meven  Mordiern,  pour  les  bardes)  les  Notennou 
diwar-benn  ar  Gelted  Kox.,  0  istor  hag  0  sevenadur,  dont  nous  avons 
parlé  au  tome  précédent,  p.  351.  Cette  collection  se  poursuit;  elle 
vient  de  s'enrichir  de  trois  nouvelles  brochures,  consacrées  à  la 
science  et  à  l'enseignement  (n°  V),  à  la  langue  et  à  la  littérature 
(n°  VI),  à  l'art  et  à  l'industrie  (n°  VII). Les  éloges  que  nous  avons 
décernés  aux  précédentes  sont  toujours  de  saison.  Il  y  a  dans  ces 
modestes  brochures  beaucoup  de  science  sous  une  forme  claire  et 
précise;  c'est  de  la  bonne  vulgarisation. 

La  bibliographie  qui  termine  chacun  des  volumes  montre  que 
les  auteurs  sont  bien  au  courant  de  la  science  et  ont  puisé  aux 
meilleures  sources.  Ils  ont  consulté  d'Arbois  de  Jubainville  et 
Bertrand,  Salomon  Reinach  et  Jullian,  Dottin  et  Déchelette.  Cela 
ne  veut  pas  dire  qu'il  n'y  ait  sur  quelques  points  des  critiques  à 
leur  adresser.  Ils  paraissent  parfois  trop  enclins  à  conclure  des 
Celtes  du  moyen  âge  aux  anciens  Celtes  et  à  combler  les  lacunes 
de  l'histoire  des  seconds  par  ce  que  nous  savons  des  premiers. 
Ainsi,  pour  donner  idée  de  l'enseignement  des  druides,  ils  rap- 
portent les  conseils  donnés  par  Cuchullin  à  son  élève  Lugaid 
Riabnderg  dans  le  fameux  récit  irlandais  intitulé  Serglige  Conculaind 
(//•.  Texte,  I,  213)  ;  ils  ont  bien  soin  de  noter  que  Lugaid  aurait 
été  roi  suprême  d'Irlande  en  l'an  65  de  notre  ère  ;  il  eût  été  à 
propos  d'ajouter  que  le  plus  ancien  manuscrit  du  Serglige  Con- 
culaind est  de  la  fin  du  xie  siècle. 

Un  défaut  plus  grave  est  dans  la  façon  dont  sont  transcrits  les 
noms  propres  de  personne  du  moyen  âge  irlandais.  Ces  noms 
figurent  ici  sous  une  forme  vieux-celtique,  ou  prétendue  telle  : 
ainsi  Cormac  mac  Airt  est  appelé  Korbomaqos  maqos  Arti  ;  et 
Cuchullin,  Se'tantios,  à  cause  de  son  premier  nom  Setanta.  De 
quel  droit  ces  restitutions  ?  Elles  sont  d'autant  plus  choquantes  que 
pour  d'autres  noms  a  été  conservée  la  forme  historique,  voire 
même  la  plus  récente.  On  lit  p.  20  du  fascicule  V  que  Corbomaqos 
avait  Tara  comme  résidence  ;    or     Tara,  c'est  en    moyen-irlandais 


Chronique.  243 

Temair,  génitif  Temrach.  Au  temps  où  l'on  disait  Corbomaqos,  le 
nom  de  la  ville  avait  une  forme  préhistorique,  que  les  auteurs, 
non  sans  bonne  raison,  ont  évité  de  reconstituer.  C'est  là  une 
inconséquence.  Voici  maintenant  une  erreur.  Lugaid  est  appelé 
Luguadis,à  la  page  14  du  fascicule  V.  Or  le  génitif  de  Lugaid  est 
Lugdech  ;  et  la  forme  ancienne  en  est  attestée  sans  doute  sur  une 
inscription  ogamique  qui  porte  Lugudeccas.  Le  prototype  Liiguadis 
est  donc  invention  pure.  MM.  A.  Le  Roux  et  Vallée  feront  bien  de 
se  méfier  des  prototypes  :  ils  donnent  p.  7  de  leur  fascicule  V 
comme  un  des  noms  celtiques  du  corbeau  le  mot  vêkos  ;  et  ils 
enregistrent  p.  45  du  fascicule  VII  le  mot  cladibos  comme  nom  de 
l'épée,  d'où  gladius,  disent-ils,  en  latin.  C'est  une  double  erreur 
(v.  pour  le  premier  ci-dessus,  p.  88)  ;  il  eût  mieux  valu  citer  tout 
bonnement  l'irlandais^?^,  et  legallois  cleddyf  dont  la  forme  neprête 
pas  à  discussion. 

On  alléguera  que  Liiguadis  a  été  emprunté  par  les  auteurs  au 
Cours  de  littérature  celtique  de  d'Arbois  de  Jubainville  (t.  V,  p.  512) 
et  que  vêkos,  cladibos  sont  conformes  à  la  doctrine  de  Wh.  Stokes. 
Il  est  bien  de  suivre  l'enseignement  des  ancêtres.  Même  ce  conseil 
fait  partie  des  préceptes  donnés  par  Cuchullin  à  Lugaid  Riabnderg  : 
bat  seichmech  riagla  athardai,  en  breton  :  heuilh  al  le^ennou  savet 
gant  ar  gourdadou.  Mais  cela  n'exclut  pas  l'usage  de  la  critique. 
L'ouvrage  de  MM.  Le  Roux  et  Vallée  est  composé  avec  beaucoup 
d'art.  En  matière  scientifique,  l'art  est  relativement  aisé  ;  c'est  la 
critique   qui  est  difficile. 

VIII 

Il  s'est  constitué  en  191 1  une  Indogermanische  Gesellschaft, 
destinée  à  établir  des  rapports  plus  étroits  entre  les  linguistes  qui 
dans  tous  les  pays  travaillent  à  l'étude  comparative  des  langues 
indo-européennes.  Le  nombre  des  membres,  qui  ne  manquera  pas 
de  s'accroître  encore,  atteint  déjà  le  chiffre  de  228,  dont  34 
bibliothèques  ou  séminaires.  Le  bureau  de  la  société  comprend 
deux  présidents  (MM.  Brugmann  et  Wackernagel)  et  deux  secré- 
taires (MM.  Streitberg  et  Thumb)  ;  il  y  a  en  outre  un  comité  de 
direction  de  29  membres,  parmi  lesquels  figurent  deux  Fran- 
çais, MM.  Meillet  et  Grammont.  La  cotisation  annuelle  est  de  10 
Marks.  La  société  publie  un  Iudogerinanisches  Jahrbuch  (chez 
Trùbner,  à  Strasbourg),  destiné  à  compléter  et  dans  une  certaine 
mesure  à  remplacer  Y  Auieiger  fur  indogermanische  Sprach  und 
Altertumshinde,  qui  ne  contient  plus  guère  que  des  comptes  rendus 


2.|.|  Chronique. 

d'ouvrages.  Le  premier  volume  de  Vlndogermanisches  Jabrbuch, 
paru  à  la  fin  de  1913,  porte  la  date  de  1914.  Il  comprend  trois 
parties  essentielles  :  des  exposés  généraux,  consacrés  cette  année 
au  tokharien  (par  A.  Meillet)  et  au  nord-aryen  (par  H.  Reichelt); 
une  bibliographie  générale  de  l'année  précédente  (19 12  dans  le 
cas  présent)  où  figurent  naturellement  les  langues  celtiques 
(p.  1 1 5-1 19) ';  enfin  des  informations  variées  sur  les  événements 
intéressant  la  science  et  les  savants.  Des  renseignements  d'ordre 
administratif  sur  la  constitution  de  la  société  terminent  ce  premier 
volume;  en  tête  se  trouve  un  beau  portrait  du  professeur  Leskien, 
l'illustre  slavisant  de  Leipzig. 

Signalons  aux  éditeurs  deux  erreurs  fâcheuses.  Dans  la  liste 
des  auteurs  donnée  p.  209,  sont  rangés  deux  Niedermann,  pré- 
nommés respectivement  M.  et  N.  :  il  s'agit  d'un  seul  et  même  lin- 
guiste, notre  ami  le  professeur  Max  Niedermann,  dont  la  person- 
nalité n'est  pas  dédoublée  du  fait  qu'il  enseigne  à  la  fois  à  Neu- 
châtel  et  à  Bàle.  Pour  conserver  sans  doute  un  total  égal,  le  Jabr- 
buch supprime  en  revanche,  p.  256, un  autre  linguiste,  notre  savant 
confrère  et  ami  M.  Maurice  Grammont,  devant  le  nom  duquel 
figure  sinistrement  une  croix  funèbre.  Nous  avons  plaisir  à 
rassurer  nos  lecteurs  :  la  santé  de  M.  Grammont  est  excel- 
lente. 

IX 

La  National  Library  of  IVales,  dont  la  Revue  Celtique  a  naguère 
annoncé  la  fondation  (t.  XXX,  p.  322)  et  l'inauguration  (t.  XXXII, 
p.  364)  vient  de  publier  un  «  Report  of  the  Council  on  the  Pro- 
gress  of  the  Library  from  oct.  19:0  to  oct.  191 3  »  (Aberystwvth, 
19 1 3,  93  p.  8°).  Les  progrès  ont  été  rapides,  tant  dans  la  cons- 
struçtion  des  bâtiments  que  dans  l'aménagement  des  salles  et 
l'installation  des  collections  :  «  the  first  section  of  the  buildings, 
comprising  the  Great  Hall  for  readers  and  printed  books,  and  a 
portion  of  the  MSS.  Department,  is  now  in  a  forward  state,  and 
will  be  ready  for  occupation  sometime  in  the  year  1914  ».  La 
seconde  section  comprendra  «  the  completion  ofthe  MSS.  Depart- 
ment and  the  block  which  comprises  the  Exhibition  Galleries,  the 
Department  o(    Prints,    Drawing,  Maps,    etc.,  and   on  the    lower 

1.  Dans  la  bibliographie  latine,  p.  114,  a  été  oublié  un  article  sur  «  la 
langue  des  defixionum  tabcllae  de  Johns  Hopkins  University  »,  paru  au 
tome  XXXVI  de  la  Revue  de  Philologie,  p.  203-208. 


Chronique.  245 

floor  the  Department  of  duplicate  books  available  for  circulation  ». 
La  moitié  environ  des  constructions  projetées  seront  alors  termi- 
nées. On  en  poursuivra  l'achèvement  peu  à  peu  suivant  les  besoins 
et  les  ressources  :  «  events  hâve  proved  that  the  décision  of  the 
Council  to  provide  buildings  fora  Library  which  cangrow  to  large 
dimensions  was  correct  »  (p.  7).  Cette  phrase  renferme  un 
enseignement  fort  sage;  soumettons-le  aux  méditations  de  tous 
ceux  qui  construisent  des  bibliothèques. 

L'accroissement  des  collections  résulte  en  partie  de  dons;  141 18 
numéros  ont  été  ajoutés  de  cette  façon  au  catalogue  pendant  les 
trois  dernières  années.  Mais  la  ressource  principale,  qui  est 
d'un  prix  inestimable,  vient  du  Copyright  Act  du  15  décembre 
191 1,  par  lequel  le  Parlement  anglais  accordait  à  la  Bibliothèque 
le  droit  de  recevoir  un  exemplaire  de  toutes  les  publications 
parues  dans  le  Royaume  Uni  à  partir  du  Ier  juillet  1912;  de  ce 
fait  la  bibliothèque  s'est  accrue  en  seize  mois  de  36480  numé- 
ros. 

Le  Report  contient  quelques  notes  sur  les  principales  acquisi- 
tions de  ces  derniers  temps,  livres  rares,  éditions  princeps,  docu- 
ments originaux,  etc.  Quelques  reproductions  fort  bien  venues 
illustrent  cette  brochure  qui  témoigne  du  zèle  éclairé  de  ceux  qui 
ont  la  charge  de  la  bibliothèque,  et  notamment  de  sir  John 
Williams,  président  du  Council,  et  de  l'actif  bibliothécaire,  M.  John 
Ballinger. 

X 

Nous  avons  reçu  de  M.  Paul  Walsh  le  début  d'une  publication 
qui  offre  un  vif  intérêt.  Il  s'agit  d'un  récit  historique  que  M.  Walsh 
intitule  The Fligbt  of  the  earls  et  qui  se  rapporte  à  des  événements 
de  l'année  1607.  A  cette  date,  Tadhg  O  Cianâin,  chroniqueur  de  la 
famille  des  Maguidhir  d'Ulster,  accompagna  le  comte  irlandais 
Aodh  O'Neill  dans  sa  fuite  hors  d'Irlande.  Deux  ans  plus  tard 
environ  il  consigna  par  écrit  le  récit  de  cette  fuite  et  des  pérégrina- 
tions qui  s'ensuivirent.  Le  commencement  de  son  récit  est  con- 
tenu dans  un  manuscrit  de  150  pages  conservé  à  la  Biblio- 
thèque des  Franciscains  de  Dublin.  Le  reste  est  perdu.  M.  Paul 
Walsh  se  propose  de  publier  tout  ce  que  contient  le  manuscrit  en 
question.  Ce  qu'il  en  donne  jusqu'ici  forme  une  brochure  de 
80  pages  8°  publiée  en  supplément  à  Y Archivium  Hibernicum, 
t.  IL 

On  y  voit  comment  Aodh   O'Neill,  comte   de   Tyrone,  quitta 


246  Chronique. 

l'Irlande  à  Raith  Maolain  (Rathmullen,  Co.  Donegal)  le  14  sep- 
tembre 1607  sur  un  bateau  français,  accompagné  d'un  certain 
nombre  de  gentilshommes,  parmi  lesquels  le  comte  de  Tyrconnell, 
avec  l'intention  de  se  rendre  en  Espagne.  Après  mille  péripéties, 
et  au  prix  de  cruellesangoisses  causées  par  la  tempête  ou  la  crainte 
de  rencontrer  des  vaisseaux  anglais,  ils  arrivèrent  à  l'embouchure 
de  la  Seine,  et  débarquèrent  à  Quillebceuf,  le  4  octobre.  Il  était 
temps.  Les  provisions  étaient  épuisées  :  il  ne  restait  à  bord,  pour 
les  91  personnes  contenues  dans  le  bateau,  que  cinq  «  gal- 
lons »  de  bière  (environ  23  litres)  et  moins  d'un  baril  d'eau. 
Tandis  que  les  chefs  de  l'expédition  se  rendaient  à  Lisieux  auprès 
du  gouverneur  de  Normandie,  Henry  de  Montpensier,  le'  reste  de 
la  troupe  remontait  la  Seine  jusqu'à  Rouen,  triste  voyage  où 
un  violent  mascaret  leur  causa  une  terreur  plus  forte  que  les  tem- 
pêtes de  la  mer  (v.  §  ix,  p.  21).  Passons  sur  les  épisodes  qui 
suivirent  :  après  des  démarches  auprès  du  roi  de  France  ils 
obtinrent  libre  passage,  malgré  les  instances  de  l'ambassadeur 
d'Angleterre,  sir  George  Çarew,  qui  les  poursuivait  sans  merci  ; 
mais  on  leur  impose  de  gagner  l'Espagne  par  les  Flandres,  alors 
espagnoles  ;  ils  quittent  Rouen  le  1 5  octobre  ;  passent  à  La 
Boissière,  Neufchâtel,  Aumale,  Poix,  Amiens,  et  arrivent  à  Arras, 
alors  en  territoire  espagnol.  De  là  ils  gagnent  Douai,  Tournas* , 
Nivelles,  Bruxelles,  où  on  les  reçoit  avec  grand  honneur,  Louvain 
enfin,  où  ils  sont  retenus  pendant  plusieurs  mois  et  d'où  ils  ne 
partent  que  le  28  février  1608  pour  gagner  l'Espagne;  le  morceau 
s'arrête  au  moment  où,  après  un  arrêt  à  Nancy,  ils  viennent  de 
traverser  Lunéville  et  Saint-Dié. 

Il  y  a  dans  ce  récit  nombre  de  détails  intéressants.  Le  narrateur 
nous  communique  ses  impressions  sur  les  lieux  qu'il  traverse. 
Il  note  que  la  région  de  Rouen  est  «  le  pays  le  plus  plat,  le  mieux 
cultivé  et  le  plus  fertile  qu'il  ait  vu  depuis  son  départ  d'Irlande  ». 
II  fait  de  la  ville  une  belle  description,  ne  manquant  pas  de  signaler 
la  vue  superbe  qu'on  a  de  la  colline  qui  la  domine  ;  il 
remarque  p.  27,  le  pouvoir  qu'y  exerce  la  religion  catholique 
(bûi  in  creidemh  catoilce  7  comachta  na  beguilsi  naoimhe  go  rooirrderc 
rolàidir  a  Rodbân  «  the  Catholic  Faith  and  power  oftheholyChurch 
was  conspicuous  and  strong  in  Rouen  »).  Il  estime  qu'Arras  est 
une  plus  grande  et  plus  belle  ville  qu'Amiens  (p.  33)  et  rapporte 
le  fameux  miracle  de  la  Sainte-Chandelle  ;  il  décrit  Douai  (p.  37), 
«  vaste  capitale  aux  maisons  laides,  exception  faite  des  collèges  »  ; 
enfin  il  s'arrête  longuement  sur  le  sanctuaire  de  Notre-Dame  de 
Hal  (p.  49-53)- 


Chronique.  247 

Le  récit  de  Tadhg  O'Cianâin  n'est  pas  sans  intérêt  pour  la  topo- 
nomastique.  Il  a  transcrit  les  noms  des  villes  qu'il  traversait  tels 
qu'il  les  entendait  prononcer.  Voici  un  exemple  qui  prouve  que 
ses  transcriptions  sont,  parfois  au  moins,  fidèles  et  instruc- 
tives. 

Pour  aller  de  Louvain  à  Nancy,  nos  voyageurs  passèrent  natu- 
rellement par  Namur,  Bastogne,  Arlon  et  Pont-à  Mousson  ;  avant 
d'arriver  à  cette  dernière  ville,  le  narrateur  mentionne  comme 
étapes  Feilirs,  Countflaune  et  Malatur.  Le  premier  nom  et  le  second 
sont  du  premier  coup  identifiables.  L'un  est  Fillières,  dans  le 
canton  actuel  de  Longwy;  l'autre  est  Conflans,  chef-lieu  de 
canton  de  l'arrondissement  de  Briey,  et  «  fort  jolie  ville  »  (baile 
roidhess),  dit  le  texte. 

Mais  M.  Paul  Walsh  ne  sait  que  faire  de  Malatur  ;  il  déclare 
avoir  cherché  en  vain  à  l'identifier  sur  la  carte.  C'est  qu'il  n'a  pas 
bien  cherché;  car  il  s'agit  d'un  nom  très  connu,  qui  n'est  même 
hélas!  que  trop  connu.  C'est  évidemment  Mars-la-Tour,  prononcé 
aujourd'hui  dans  le  pays  Ma-lai-tô, '  et  écrit  souvent  Malatour  dans 
les  siècles  passés  (Malhtour  au  xve  s.,  Malatour  en  1447,  Maletour 
et  Malhtour  en  1635,  d'après  de  Bouteiller,  Dictionnaire  topogra- 
phique du  département  de  la  Moselle,  p.  161).  La  sifflante  finale  du 
nom  officiel  est  postiche,  comme  dans  le  nom  de  lieu  Cinq-Mars, 
pour  un  ancien  Saint-Mard  (=  S  an  dus  Medardus).  La  liquide  r  se 
se  trouvait  donc  en  contact  avec  la  liquide  /,  c'est-à-dire  dans  une 
position  où  elle  devait  facilement  s'amuir.  Sur  les  cartes  un  peu 
anciennes  de  la  région  de  Fontainebleau,  et  notamment  dans 
l'Atlas  de  la  généralité  de  Paris  de  1763,  sur  la  carte  de  l'élection 
de  Melun,  le  nom  du  hameau  de  Marlotte  est  écrit  Malotte.  Les 
gens  du  pays  prononcent  aujourd'hui  Marlotte  avec  un  a 
long  très  ouvert,  après  lequel  il  subsiste  assez  peu  de  chose  de  la 
liquide. 

XI 

Nous  avons  analysé,  au  fur  et  à  mesure  de  sa  publication  dans 
The  Celtic  Review,  la  Concise  Old-Irish  Grammar  de  notre  collabor 
rateur  M.julius  Pokorny  (v.  Rev.  Cell.,  t.  XXXIV,  p.  101  et  237, 
et  ci-dessus  p.  126).  Avant  que  la  publication  ne  soit  achevée, 
l'ouvrage  paraît  en  volume,  au  prix  de  5  sh.  à  Dublin,  chez 
Hodges,  Figgis  and  Co.,  et  au  prix  de  5  M.  à  Halle,  chez 
M-.  Niemeyer.  Le  dernier  cahier  de  The  Celtic  Revieiv  (n°  35  ; 
v.  ci-dessous,   p.  261)  se  termine    sur  le    paragraphe    176    de  la 


248  Chronique. 

Grammar,  qui  correspond  à  la  page  89  du  tirage  à  part.  Comme 
ce  dernier  comprend  en  tout  124  pages,  on  voit  que  plus 
des  deux  tiers  en  ont  déjà  paru  dans  The  Celtic  Rcview. 

L'impression  d'ensemble  est  bonne.  La  doctrine  est  claire,  pré- 
cise, suffisamment  simplifiée  pour  être  abordable  aux  débutants. 
Nous  avons  déjà  reproché  à  M.  Pokorny  de  mêler  à  son  exposé 
trop  de  préceltique  et  trop  d'indo-européen.  Le  reproche  sub- 
siste. Une  grammaire  du  vieil-irlandais,  pour  être  pratique  et  ser- 
vir d'introduction  à  la  lecture  des  textes,  doit  être  avant  tout  des- 
criptive et  ne  contenir  de  comparaison  qu'autant  qu'il  en  faut 
pour  éclairer  les  formes  et  les  imposer  plus  sûrement  à  la  mémoire. 
A  cet  égard,  l'excellente  Introduction  to  Early  Wélsh  du  regretté 
Strachan  pouvait  servir  d'exemple  et  de  modèle.  Comme  la 
reconstitution  du  préceltique,  sans  parler  de  l'indo-européen,  n'a 
jamais  qu'une  valeur  hypothétique  et  varie  d'ailleurs  suivant  les 
écoles  et  les  systèmes,  il  y  a  dans  la  Gramtnar  de  M.  Pokornv  bien 
des  détails  contestables  sur  lesquels  un  linguiste  aurait  à  critiquer. 
Il  est  juste  d'ajouter  cependant  que  M.  Pokorny  s'en  tient  d'ordi- 
naire à  la  doctrine  de  M.  Thurneysen  et  par  suite  qu'on  trouvera 
en  général  dans  le  Handbucb  de  ce  dernier  les  éclaircissements 
nécessaires.  Néanmoins  nous  persistons  à  croire  qu'il  eût  mieux 
valu  bannir  franchement  la  plupart  des  formes  reconstituées  qui 
encombrent  sans  profit  cette  Concise  Gramtnar.  Il  y  a  en  revanche 
de  surprenantes  lacunes.  M.  Pokorny  suit  le  vieil  errement  qui  con- 
siste à  voir  dans  la  phonétique  et  dans  la  flexion  des  mots  le  tout 
d'une  grammaire.  Sa  phonétique  occupe  la  moitié  du  livre;  l'autre 
moitié  est  remplie  par  l'«  accidence  ».  C'est-à-dire  que  nous  ne 
trouvons  dans  son  livre  aucun  renseignement  ni  sur  la  dérivation 
des  noms  et  des  verbes,  ni  sur  l'emploi  des  formes,  ni  sur  l'ordre 
des  mots  et  la  constitution  de  la  phrase.  Tout  cela  fait  pourtant 
partie  intégrante  de  la  description  d'une  langue.  M.  Pokorny  pou- 
vait sacrifier  sans  inconvénient  quelques  détails  de  graphie  ou  de 
prononciation  au  profit  d'exposés  aussi  indispensables  que  ceux 
dont  nous  regrettons  l'absence.  Ht  c'était  là  pour  lui  le  moyen  de 
se  distinguer  davantage  de  ses  modèles  —  M.  Thurneysen  et  John 
Strachan — et  de  faire  plus  nettement  encore,  comme  il  le  dit 
p.  2,«  his  own  way  ». 

Xll 

Tout  ceux  qui  ont  eu  à  lire  peu  ou  prou  de  gallois  ont  utilisé  le 
dictionnaire  gallois-anglais  de  William  Spurell,   qui  est  entre  tous 


Chronique.  249 

le  plus  pratique,  le  moins  coûteux,  et,  sous  un  petit  format,  le  plus 
complet.  La  première  édition  en  remonte  à  1848  ;  il  y  en  eut  une 
seconde  en  1859,  une  troisième  en  1866,  une  quatrième  enfin  en 
1889,  toujours  sous  la  signature  William  Spurrell,  qui  est  en 
même  temps  la  raison  sociale  de  la  maison  d'édition,  à  Carmarthen. 
Une  cinquième  édition  du  Spurrell's  Welsh-English  Dictionary 
vient  de  paraître  (Carmarthen,  1914  ;  xij-246  p.  8°,  2  sh.  6  d.). 
Elle  a  été  préparée  par  les  soins  du  Rev.  J.  Bodvan  Anwyl,  un 
poète  apprécié,  qui  s'est  entouré  de  l'assistance  de  plusieurs  philo- 
logues, parmi  lesquels  son  frère,  sir  Edward  Anwyl,  notre  savant 
collaborateur. 

Cette  édition  a  été  complètement  revue  et  refondue. -Parmi  les 
améliorations  pratiques  qu'elle  présente,  signalons  l'emploi  du  carac- 
tère gras  pour  la  graphie  des  mots  gallois.  Ceux-ci  se  détachent 
nettement  des  traductions  anglaises,  et  «c'est  une  commodité  de 
plus  pour  le  lecteur.  Il  y  a  çà  et  là  quelques  références  ;  ce  sont 
des  références  à  des  passages  bibliques.  M.  Bodvan  Anwyl  s'en 
explique  dans  la  préface,  p.  jx  :  il  a  jugé  utile  de  permettre  à  ses 
lecteurs  de  contrôler  avec  précision  la  valeur  des  mots  dans  le  texte 
qui  est  le  plus  familier  aux  Gallois  et  dont  ils  se  nourrissent  depuis 
leur  enfance,  celui  de  la  Bible.  Sur  l'orthographe,  sur  les  principes 
de  la  définition  et  de  la  succession  des  sens,  on  consultera  les  obser- 
vations présentées  par  M.  Bodvan  Anwyl  ;  elles  sont  fort  judi- 
cieuses et  méritent  d'être  pleinement  approuvées. 

La  principale  difficulté  était  dans  le  choix  des  mots  à  admettre 
dans  le  dictionnaire.  L'auteur  a  scrupuleusement  écarté  tous  les 
mots  qui  ne  sont  pas  attestés  dans  l'usage  et  qui  n'ont  qu'une  valeur 
de  mots  de  lexique,  comme  il  y  en  a  dans  le  Dictionnaire  d'Owen 
Pughe,  par  exemple  ».  Le  travail  de  M.  Bodvan  Anwyl  peut  servir  par 
suite  à  tous  les  philologues  et  comparatistes,  soucieux  de  connaître 
exactement  les  ressources  du  vocabulaire  gallois.  Il  est  assez  com- 
plet d'autre  part    pour  permettre  l'interprétation  de  textes   même 

1.  Ainsi,  le  mot  mebydd  «  bachelor  »  a  été  rayé  de  la  liste  ;  mais  il  a 
échappé  à  l'auteur  que  M.  Loth  a  établi  pour  ce  mot  le  sens  de  «  professeur  » 
(v.  Rev.  Celt.,  XXXII,  424).  —  On  sait  que  le  gallois  courant  emploie  un- 
nombre  considérable  de  mots,  notamment  de  verbes,  empruntés  à  l'anglais 
(v.  par  exemple  Rev.  Celt.,  XXXII,  212);  M.  Bodvan  Anwyl  paraît  en 
avoir  tenu  peu  de  compte  ;  il  a  eu  raison,  car  le  compte  de  ces  mots,  qui 
s'introduisent  librement  au  gré  de  ceux  qui  parlent,  est  impossible  à  effectuer. 
Mais  la  mesure  était  malaisée  à  fixer;  des  mots  comme  llekio,  tentio,  qui 
manquent  à  la  liste,  avaient  autant  de  droit  d'y  figurer,  semble-t-il,  que  pasio 
ou  teinlio,  qui  ont  eu  l'honneur  d'v  être  admis. 


250  Chronique. 

archaïques  de  la  litérature  galloise:  car  on  y  a  fait  place  à  des  mots 
anciens,  sortis  de  l'usage,  en  les  désignant  seulement  d'un  signe  spécial 
pour  les  distinguer  des  mots  usités  aujourd'hui.  C'est  donc  un  grand 
service  que  l'auteur  rend  à  son  pays  et  à  sa  langue:  grâce  à  lui, 
l'accès  aux  œuvres  poétiques  est  facilité,  et  les  savants  du  continent 
qui  voudront  aborder  la  lecture  de  collections  comme  les  Caniadau 
Cymru  ouïes  Cywyddau  Cymru  seront  à  même  d'en  saisir  aisément 
et  sûrement  le  sens.  Ce  petit  dictionnaire  peut  être  chaleureusement 
recommandé  à  la  fois  aux  philologues  et  aux  lettrés. 


XIII 

Nous  recevons  le  prospectus  suivant  de  la  School  of  Irish  Lear- 
ning,  122  a  St.  Stephen's  Green,  Dublin. 

Session  1914.  August  10  th.  to  28  th. 
Course 

BY 

Professor  Osborn  Bergix 

ON 

EARLY  MODERN  IRISH 

particularly  Bardic  Poetry, 

its  Language,  Mètres,  and  Style. 

Professor  Bergin  will  lecture  for  two  hours  daily,  Saturday  excep- 
ted,  on  the  abovesubject,  beginning  Monday,  August  10  th. 

Spécimens  of  the  various  styles  of  Bardic  Poetry  will  be  read  and 
explained  in  class. 

Application  to  attend  must  be  made  to  the  undersigned  before 
Frîday,  August  7  th.  The  fee  for  the  Course  is  €.1,  payable  in 
advance. 

R.  I.  Best 
Hou.  Secretary. 

XIV 

Nous  avons  reçu  de  l'éditeur  Constable,  à  Londres  : 
John  Millington  Synge  and  the  Irish  théâtre,  by  Maurice  Bour- 
geois, xv-338  p.  8°  7  s.  6  d. 

Nous  rendrons  compte  ultérieurement  de  cet  ouvrage,  ainsi 
que  de  la  brochure  suivante,  qui  s'ajoute  aux  travaux  intéressants  de 
M.  Feist  : 


Chronique.  251 

Indogermanen  und  Germanen,  von  S.  Feist,  Halle,  Niemeyer, 
1914,  76  p.  8°. 

Sont  également  parvenus  à  la  rédaction  de  la  Revue  Celtique  les 
ouvrages  suivants  : 

George  Coffey,  The  Bronze  âge  in  Ireland.  Dublin,  Hodges, 
Figgisand  Co.  191 3.  xi-107  p.  8°,  6  sh. 

Kuno  Meyer,  Ueberdieâlteste  irische  Dichtung,  II,  Berlin,  1914. 

J.  Vendryes. 


PÉRIODIQUES 


Sommaire.  —  I.  Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung.  —  II. 
Sitzungsberichte  der  kôn.  preuss.  Akademie  der  Wissenschaften. —  III. 
Ecclesiastical  Review.  —  IV.  Rocznik  Slawistyczny .  —  V.  Eriu. —  VI. 
The  Celtic  Review.  —  VII.  Gadelica.  —  VIII.  Revue  des  traditions 
populaires.  —  IX.  Folklore.  —  X.  Romania.  —  XI.  Analecta  Bollan- 
diana.  —  XII.  Bulletin  du  Musée  historique  de  Mulhouse.  —XIII.  Mit- 
theilungen  der  praehistorischen  Kommission  der  kais.  Akademie  der 
Wissenschaften.  —  XIV.  Revue  historique  vaudoise.  —  XV.  Revue  du 
Bas-Poitou.  —  XVI.  Beitrage  zur  Anthropologie  und  Urgeschichte 
Bayerns.  —  XVII.  Bericht  der  rômisch-germanischen  Kommission.  — 
XVIII.  Bibliothèque  Pro  Alesia.  —  XIX.  Journal  of  the  Royal  Society 
of  Antiquaries  of  Ireland.  —  XX.  Boletin  delà  Real  Academia  de  la 
Historia. 

I 

M.  Hessen,  qui  a  décidément  repris  son  prénom  Hans  (v.  Rev. 
Celt.,  XXXIII,  p.  470),  publie  dans  la  Zeitschrift  fur  yerglei- 
chende  Sprachforschung,  t.  XLVI,  p.  1-24,  des  Beitrage  \ur 
altirischen  Grammatik,  où  il  y  a  d'excellentes  choses.  Dans  un  pre- 
mier morceau,  eiu  Fall  von  Dissimilation  im  Altirischen,  l'auteur 
montre  que  le  choix  entre  les  deux  formes  de  la  particule  renfor- 
çante démonstrative  son  et  on  dépend  en  vieil-irlandais  d'un  fait  de 
phonétique  syntactique  :  on  a  toujours  on  quand  la  particule  est 
précédée  d'une  autre  particule  renforçante  commençant  par  une 
s;  ainsi  atbeirsom  on  «  il  dit  cela  »  Wb.  27  c  18.  Dans  le  manuscrit 
de  Milan,  la  règle  est  absolue  ;  dans  celui  de  Wùrzburg,  elle  ne 
souffre  qu'une  seule  exception  :  sech  cotaneccarsa  son  «bien  que  je  le 
puisse  »,  14  c  40.  En  revanche,  il  n'y  a  rien  à  tirer  du  manuscrit 
de  Saint-Gall,  où  la  forme  on  n'est  en  tout  attestée  que  quatre  fois 
en  regard  de  plus  de  quatre-vingts  exemples  de  son.  Le  second 
morceau,  die  postverbale  Lenierung  im  altirischen,  a  une  importance 
plus  grande  encore.  On  sait  que  dans  les  textes  les  plus  récents 
du  vieil-irlandais  (Ml.  et  Sg.)  se  rencontre  un  procédé  syntaxique 


Périodiques.  255 

qui  consiste  dans  l'aspiration  du  sujet  ou  du  régime  après  le  verbe. 
Ceprocédéest  inconnu  à  l'homélie'de  Cambrai  et,  à  trois  exceptions 
près,  aux  gloses  de  Wùrzburg.  D'autre  part,  on  ne  le  rencontre 
pas,  même  dans  des  textes  plus  récents,  quand  il  s'agit  de  locu- 
tions consacrées  et  en  quelque  sorte  stéréotypées  :  ainsi  arco  juin 
«  je  demande  pardon  »  (Sait.  2081)  ou  armuiniur  feid  «  je  rends 
hommage  »  (Ml.  36  a  i8a,  51  d  20,  61  a  11,  90  a  1,  124  c  ié) 
s'emploient  sans  aspiration  du  régime.  Enfin,  il  y  a  beaucoup  de 
cas,  dans  Ml.  ou  dans  Sg.,  où  l'aspiration  ne  se  produit  pas.  Un 
des  premiers  mérites  du  travail  de  M.  Hessen  est  d'avoir  fait  le 
relevé  de  ces  cas  négatifs,  très  importants  pour  l'interprétation  du 
phénomène  et  qui  avaient  été  jusqu'ici  négligés.  Il  n'est  pas  dou- 
teux que  nous  ayons  affaire  à  un  développement  secondaire  et 
analogique.  Reste  à  déterminer  le  point  de  départ  de  l'analogie. 
M.  Pedersen  avait  pensé  au  verbe  copule,  après  lequel  en  effet 
l'aspiration  est  de  règle  en  certains  cas.  Mais  le  verbe  copule  ne 
suffit  pas  à  expliquer  tout.  Et  M.  Hessen  a  eu  bien  raison  de  cher- 
cher autre  chose.  Ce  qu'il  a  trouvé  est  fort  ingénieux.  Il  suppose 
que  l'usage  est  parti  du  substantif  verbal  après  lequel  à  certains 
cas  le  mot  suivant  est  normalement  aspiré.  Ainsi,  on  aurait  dit 
dobiur  chomairli  <<  je  donne  conseil  »  d'après  do  tabairî  chomairîe 
«  à  donner  conseil  »  (Ml.  23  b  1  2),  ro  céss  christ  «  le  Christ  a  souf- 
fert »  d'après  du  chesad  christ  «  à  la  souffrance  du  Christ  »  (Ml.  44 
b  2)  et  même  fritcurethar  cheill  «  qui  lui  rend  un  culte  »  (Ml.  41 
d  10)  d'après  recht frecoir  cheill  «  le  droit  dé  cultiver  »  (Sg.  35  a 
11),  où  cèill  est  un  datif. 

Dans  le  même  cahier  de  la  Zeitschrift,  M.  J.  Pokornv  publie, 
p.  150  et  suiw,  des  Keltische  Etxmologieu,  dont  quelques-unes  sont 
plausibles.  Il  explique  l'irlandais  adaim  «  j'entends  »  par  *pjdomi 
(cf.  lat.  patrâre,  v.  angl.  fatian,  ail.  fassen):  le  gallois  annwfn 
«  autre-monde  »  comme  le  «  non-monde  »  (cf.  v.  isl.  ùt-gardr)  ; 
l'irlandais  deu  «  habile,  fort  »  par  *dveno-,  cf.  lat.  bonus  ;  l'irlandais 
ftann  «  sang  »  par  *vlsnos,  cf.  lat.  uulnus  ;  l'irlandais  indlàidi  «  il 
se  vante  »  par  *ind-blâidi  (cf.  zl\-r[oiw  «  je  bavarde  »)  ;  l'irlandais 
réil  «  clair  »  comme  un  postverbal  de  réhim,  emprunté  au  latin 
reuëlâre,  conformément  aune  ancienne  hypothèse  de  M.  Thurney- 
sen  et  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Pedersen  ;  l'irlandais  Jcir 
«  visible  »  par  *hg-ro-  (cf.  v.  angl.  lôcian,  angl.  look);  l'irlandais 
rù(a)e  «  héros  »  par  *reu-yo-  (lat.  ruô,  skr.  rijôti,  gr.  opvuiju,  ôpo'Jco, 
etc.)  ;  l'irlandais  tairthim  «  chute  »  par  *to-are-tud-mn  (cf.  doluit 
«  il  tombe  »  et  lat.  tundo). 

Enfin,  p.    155-159,  le  même  M.   Pokornv  étudie  les  Irische  Per- 


2  5-(  Périodiques. 

sonennamen  auf  -le  und  -re .  Ce  sont  les  mots  du  type  Coulae,  ou 
Cathrae  :  le  suffixe  -le  représenterait  un  élément  *-valyo-  et  le  suf- 
fixe -re  un  élément  *-var\o-  ou  *-voryo-  (cf.  -verjar  en  vieil-islan- 
dais). 

II 
M.  Kuno  Meyer  continue  dans  les  Sitzcxgsberichte  der  kôni- 

GLICH   PREUSSISCHEN  AKADEMIE  DER  WlSSENSCHAFTEX  (i  9  I  3,11e  XL1X, 

p.  950-959)  ses  études  %ur  keltiscben  JFortkiiiide  (IV).  En  voici  le 
détail  :  59.  L'hypothèse  de  M.  Pedersen  que  les  noms  d'agent  en  -em 
supposent  -yam-  à  l'origine  est  confirmée  par  l'ogamique  VLA- 
TIAMI  =  Flaithim  et  par  le  nominatif  fôidiam  dans  l'Amra  Cho- 
luimb  Chille,  §  15  (R.  Celt.,  XX,  162). —  60.  acerkh  f.  «  domaine» 
Sait.  5188  est  un  composé  de  crich,  comme  cocrich.  —  61.  accal  f. 
«  bon  courage  »  de  ad  -\-  gai,  également  connu  par  le  Saltair  na 
Rann,  3547.  — 62.  gaul.  Corobilium,  auj.  Corbeil  (Marne),  a  un 
répondant  dans  le  nom  de  lieu  irlandais  Corr-bile,  dont  le  sens  est 
«  arbre  impair,  c'est-à-dire  isolé  ». —  63.  irl.  cadla  «  cordage  »  est 
un  terme  nautique  emprunté  au  Scandinave  kadali,  pi.  kadlar.  — 
64.  Le  correspondant  de  l'irlandais  loug-phort  «  Schiffslager,  befes- 
tigtes  Lager  »  existe  en  Ecosse  dans  le  nom  Loncarty,  Luncarty 
(Perthshire).  —  65.  irl.  fàenic  f.  «  phénix  »,  emprunt  latin.  —  66. 
irl.  Beini-chor,  gall.  Bau-gor  «  Reihe  von  Spitzen  ».  — 67.  Le  nom 
irlandais  de  la  Grande-Bretagne,^//^',  semble  à  l'origine  un  indé- 
clinable emprunté  de  Albion;  plus  tard  il  a  pris  la  flexion  du 
nom  féminin  Minuit.  —  68.  Le  passage  de  ;/;/  palatal  à  tig,  carac- 
téristique du  dialecte  actuel  du  Munster,  est  déjà  attesté  dans 
quelques,  anciens  manuscrits  provenant  de  cette  région.  —  69.  Le 
suffixe  de  noms  de  personne  -irne  est  tiré  des  noms  comme  Dai- 
gerne  (de  daiger)  ou  Lassinie  (de  lassir),  mots  en  -ir  combinés  avec 
le  suffixe  -;/<'.  —  70.  Il  faut  joindre  aux  mots  de  la  terminologie 
grammaticale  cumtach  «  constructio  »,  gnelhech  «  actif  »,  cèstach 
«  passif».  — 71.  Exemples  du  mot  crédem  f.  «  fait  de  ronger  ».  — 
72-73.  On  a  le  correspondant  du  gaulois  Congimia,  nom  de 
femme,  dans  l'irlandais  Congenn  et  celui  du  gaulois  Virocantus, 
nom  d'homme,  dans  le  gallois  Gwrcant  et  l'irlandais  Ferchéte  (Z. 
/.  celt.  Pbil., .  VIII,  316,  30),  de  *Virocantios.  —  74.  v.  irl.  riched 
n.  «  ciel  »,  dont  l'î  est  long,  remonterait  à  *~rïgo-sedo-n  «  séjour 
royal  »,  cf.  gall.  sedd,  v.  isl.  setr.  —  75.  Corrections  à  la  ire  livrai- 
son du  Dictionarv  of  the  Irish  langua^e  de  M.  C.  Marstrander  en 
ce  qui  concerne  les  noms  propres.  —  76.  V.  irl.  rétaire  «  lecteur  » 


Périodiques.  255 

est    un    terme  liturgique  emprunté  au  vieil-anglais    rœdere,  avec 
influence  du  suffixe  -aire  (de  lat.  -ârius). 


III 


L'Ecclesiastical  Review  de  Philadelphie  publie  dans  son 
numéro  de  décembre  19 1 3 ,  pp.  663-673,  un  article  signé  George 
Metlake  et  daté  de  Cologne,  Germany,  sur  Saint  Columban  and  the 
peniteniial  discipline.  Le  célèbre  missionnaire  irlandais  ne  limita  pas 
son  apostolat  aux  établissements  monastiques  placés  sous  son  auto- 
rité; il  l'étendit  au  dehors  et  dirigea  la  conscience  de  tous  ceux  qui 
faisaient  appel  à  ses  conseils.  Ce  rôle  de  directeur  de  conscience 
étant  surtout  un  rôle  disciplinaire,  il  est  intéressant  de  savoir  quelles 
règles  suivait  Colomban  dans  l'admistration  du  sacrement  de 
pénitence.  Nous  avons  pour  cela  un  document  précieux,  la  lettre 
que  le  fondateur  de  Luxeuil  adressa  au  pape  Grégoire  le  Grand.  Il  y 
avait  en  effet  sur  ce  point  plusieurs  traditions  contradictoires. 
M.  Metlake  étudie  d'abord  au  début  de  son  travail  quelles  diffé- 
rences subsistaient  entre  l'église  d'Irlande  et  celles  du  continent  au 
sujet  de  la  «  penitential  discipline  ».  Son  objet  est  de  montrer 
comment  Colomban,  installé  à  Luxeuil  et  ayant  affaire  par 
conséquent  à  des  Gallo-romains,  conserva  cependant  les  tradi- 
tions qu'il  apportait  d'Irlande  et  qu'il  devait  sans  doute  à  Gildas  et 
à  Finnian.  Le  premier  pénitentiel  irlandais  est  celui  qu'on  attribue 
à  saint  Finnian  de  Magh  Bile  (auj.  Moville,  Co.  Down)qui  mourut 
en  588  ou  589.  Finnian  était  un  ami  de  Comgall,  qui  fut  le  maître 
de  Colomban  ;  c'est  de  Comgall  qu'est  la  règle  dont  Strachan  a 
publié  le  texte  dans  Ériu,  t.  I,  p.  192  et  suiv.  M.  Kuno  Meyer, 
dans  les  Anecdota  from  lrish  MSS.,  vol.  III,  p.  8,  a  publié  sur  le 
même  Comgall  un  court  récit  plein  d'humour.  On  retrouve  son 
influence  dans  le  pénitentiel  de  saint  Colomban,  bien  que  le  texte  de 
celui-ci  ne  nous  soit  pas  parvenu  sous  sa  forme  primitive.  Les  péna- 
lités sont  extrêmement  rigoureuses,  subordonnées  naturellement  à 
la  condition  sociale  des  coupables;  ainsi  pour  une  même  faute,  les 
prêtres  sont  punis  plus  sévèrement  que  les  diacres,  les  diacres  que 
les  clercs  et  ceux-ci  que  les  simples  laïques.  Deux  détails  du  péni- 
tentiel de  saint  Colomban  portent  la  date  de  l'époque  où  vivait  le 
saint.  L'un  est  relatif  aux  pratiques  païennes  et  idolâtres  qui  se 
perpétuaient  encore  au  vne  s.  de  notre  ère  dans  une  partie  du  ter- 
ritoire des    anciens   Séquanes,    aux  environs    même  de   Luxeuil. 


256  Périodiques. 

L'autre  concerne  l'hérésie  Bonosienne  ou  Photinienne  ',  qui 
remontait  à  trois  siècles,  mais  conservait  des  adeptes  dans  le  sud 
de  la  Gaule  et  en  Bourgogne.  Saint  Colomban  usa  naturellement 
d'une  grande  sévérité  pour  préserver  ses  ouailles  de  ces  deux  dan- 
gers spirituels.  La  discipline  de  saint  Colomban  donna  de  si  heu- 
reux résultats,  que  les  évèques  Francs  en  adoptèrent  l'esprit  et  la 
méthode  au  synodede  Chalon-sur-Saône  (vers 650).  Cela  démontre 
mieux  que  tout  l'influence  acquise  par  le  grand  apôtre  irlandais. 

IV 

Nous  avons  tenu  nos  lecteurs  au  courant  des  théories  soutenues 
par  M.  A.  Schachmatov  sur  les  anciennes  relations  des  Slaves  et 
des  Celtes  et  sur  la  présence  de  ces  derniers  aux  bords  de  la  Bal- 
tique, dans  les  bassins  de  la  Duna  et  du  Memel  (v.  Rev.  Celtique, 
t.  XXXII,  p.  504  et  t.  XXXIII,  p.  391).  Les  Vendes  (OùeveSoct  de 
Ptolémée)  seraient  tout  simplement  des  Celtes,  et  aussi  les  Estes, 
dont  la  langue,  au  dire  de  Tacite,  se  rapprochait  de  celle  des  Bre- 
tons (Aeslu...  quibus...  lingua  Britannicae propior,  Germ.  45).  Ces 
théories,  qui  ne  sont  d'ailleurs  pas  nouvelles2,  n'ont  pas  manqué 
de  provoquer  des  discussions  de  la  part  des  slavisants.  Dans  le 
tome  VI  [1913]  du  Roczkik  Slawistycxny  (Revue  Slavistique, 
publiée  à  Cracovie),  p.  172-214,  M.  Max  Vasmer  prend  longuement 
à  parti  M.  Schachmatov  et  lui  oppose  une  série  d'arguments  qui 
rejoignent  et  fortifient  ceux  qui  ont  été  présentés  ici  même  dans  les 
comptes  rendus  précités.  M.  Vasmer  ne  croit  pas  à  la  celticité  du 

1.  Pliotin,  évêque  de  Sirmium  (en  342)  et  Bonose,  évêque  de  Sardique 
(vers  380)  niaient  la  virginité  de  Marie  et  contestaient  par  suite  la  divinité 
du  Christ.  Photin  condamné  au  concile  de  Sirmium  (en  351)  mourut  en 
exil  vers  366.  Bonose  fut  frappé  d'interdit  au  concile  de  Capoue  (389  ou 
390). 

2.  Déjà  en  1881,  comme  le  rappelle  M.  Buga  dans  l'article  analysé  plus 
loin,  la  celticité  des  Estes  avait  été  soutenue  par  Keltsch  (Nationalitài  der 
Aisten  und  Preussen,  dans  V Altpreussische  Monatsschrift,  XVIII,  538-605). 
Keltsch  allait  jusqu'à  dire  que  «  presque  tous  les  noms  de  fleuves  et  de 
ruisseaux  de  Prusse  sont  encore  aujourd'hui  celtiques  ».  Sept  ans  aupara- 
vant, Pierson  avait  publié  dans  la  Zeilsehrift  fur  preussische  Geschichte  und 
Landeskunde,  t.  XI  [1874],  p.  755-760  un  article  sur  les  Spuren  des celtischen 
in  der  altpreussischen  Sprache  ;  il  v  présentait  les  Estes  comme  d'origine  cel- 
tique et  expliquait  leur  langue  comme  une  «  Mischsprache  »  ;  quant  au 
vieux-prussien,  il  y  avait  découvert  78  mots  qu'il  tenait  pour  des  emprunts 
au  celtique. 


Périodiques.  257 

nom  des  Vendes  (p.  190);  il  estime  que  les  prétendues  correspon- 
dances de  vocabulaire  établies  par  M.  Schachmatov  sont  insuffi- 
santes à  prouver  que  les  Vendes  fussent  des  Celtes  (p.  192);  il 
écarte  l'hypothèse  de  mots  celtiques  empruntés  par  les  Slaves 
(p.  199),  et  enfin,  en  ce  qui  concerne  la  toponomastique,  il  con- 
damne les  rapprochements  proposés  par  M.  Schachmatov  (p.  206). 
Après  cette  critique  très  poussée,  soutenue  d'une  érudition  très 
riche,  il  ne  reste  pas  grand' chose  des  théories  de  ce  dernier. 

Déjà  dans  le  même  tome  du  Roc^nik,  p.  1-38,  M.  Kasimir  Buga, 
s'inspirant  des  travaux  de  M.  Schachmatov,  avait  publié  les  résul- 
tats d'une  enquête  personnelle  sur  la  question  :  Kami  man  Kelten- 
spuren  au]  baltischem  Gebiet  nachweiseu}  Les  conclusions  en  sont 
nettement  d'accord  avec  les  critiques  de  M.  Vasmer.  M.  Buga  ne 
croit  pas  non  plus  que  les  Vendes  fussent  des  Celtes,  et  la  phrase 
de  Tacite  sur  les  Estes  lui  paraît  signifier  seulement  que  la  langue 
de  ce  peuple  ressemblait  plutôt  à  une  langue  celtique  qu'à  une 
langue  germanique.  Si  ce  n'est  pas  là  l'expression  d'un  sentiment 
superficiel,  analogue  à  celui  qui  ferait  juger  sur  de  vagues  appa- 
rences le  breton  armoricain  plus  rapproché  de  l'allemand  que  du 
français,  ce  peut  être  le  résultat  d'une  observation  très  exacte.  Les 
langues  baltiques  possédaient,  au  temps  de  Tacite,  la  double  série 
des  occlusives,  sourdes  et  sonores,  représentées  à  ce  moment  déjà 
en  germanique  par  des  spirantes  et  des  occlusives  sourdes.  Ce  qui 
revient  à  dire  que  la  différence  était  dans  l'existence  d'occlusives 
sonores  en  baltique  et  de  spirantes  en  germanique  ;  sans  compter 
que  les  occlusives  sourdes  n'étaient  peut-être  pas  de  même  nature 
dans  les  deux  langues.  Le  système  des  occlusives  devait  en  revanche 
être  le  même  en  celtique  et  en  baltique.  Cela  permet  d'expliquer 
la  phrase  de  Tacite,  sans  conclure  à  la  celticité  de  la  langue  des 
Estes. 

M.  Buga  a  repris  un  à  un  tous  les  noms  de  fleuves  et  de  lieux 
que  M.  Schachmatov  considère  comme  d'origine  celtique;  il  en 
donne  la  liste,  qui  est  longue,  en  y  ajoutant  ses  critiques.  Aucun 
nom  ne  lui  paraît  résister  à  l'examen,  sauf  un,  celui  de  la  Vistule, 
Viscla  chez  Jordanes,  plus  tard  IFixla  et  Wisla.  Seul,  le  nom  de 
la  Vistule  paraît  «  exclusivement  celtique  »,  dit-il,  p.  4  ;  il  est  vrai 
que  p.  28  cette  celticité  ne  lui  semble  plus  que  «  vraisemblable  ». 
Sur  quoi  repose-t-elle  ?  si  j'ai  bien  compris,  sur  ce  fait  historique, 
que  le  bassin  inférieur  de  la  Vistule  n'a  été  occupé  qu'assez  tard 
par  les  populations  baltiques,  postérieurement  en  tout  cas  à 
l'époque  de  Tacite  et  de  Ptolémée.  Mais  pourquoi  le  mot  *Vistla 
serait-il  celtique?   Y  a-t-il  donc  en  celtique  des  noms  de  fleuves 

Revue  Celtique,  XXXV.  17 


258  Périodiques. 

analogues  ?  La  Weser  que  cite  M.  Holder  (t.  III,  col.  407)  a  pour 
nom  ancien  Visurgis,  dont  le  sens,  comme  l'origine,  est  inconnu  ; 
et  le  nom  de  Vè\eronce  que  d'Arbois  de  Jubainville  expliquait  par  un 
prototype  ligure  Fisuroulio-  est  un  nom  de  lieu,  mais  pas  un  nom 
de  fleuve  (dans  le  canton  de  Morestel,  Isère).  C'est  tout  à  fait  arbi- 
trairement que  M.  Holder  rattache  tous  ces  mots  à  une  prétendue 
racine  *ueis-  «  couler  ».  Cette  racine  n'est  pas  plus  attestée  en  cel- 
tique qu'en  germanique,  en  grec  ou  en  latin.  On  en  fait  sortir 
l'irlandais  /;'  «  poison  »  qui  est  le  même  mot  que  le  latin  ulrus,  le 
grec  to;  et  paraît  tiré  d'un  thème  racine,  représenté  par  le  sanskrit 
vit  «  excrément  »,  d'où  dérive  aussi  le  gallois  givyar  qui  ne  désigne 
que  du  sang,  et  notamment  du  sang  figé,  corrompu.  Mais  tous  ces 
mots,  en  y  joignant  même  le  nom  propre  gallois  Gwy,  nom  du 
fleuve  Wye,  justifient-ils  l'hypothèse  d'une  racine  celtique  *ueis- 
«  couler  »  ?  Absolument  pas.  Et  même  si  cette  racine  était  attestée, 
s'ensuivrait-il  que  le  nom  de  la  Vistule  en  fût  sorti  ?  Il  ne  faut  pas 
oublier  que  les  noms  de  fleuve  sont  en  général  l'élément  le  plus 
archaïque  de  l'onomastique,  et  se  renouvellent  plus  difficilement  que 
tout  autre.  En  Gaule,  c'est  une  minorité  de  fleuves  qui  portent 
des  noms  celtiques.  L'énumération  de  noms  comme  Elaucr,  Icauna, 
Liger,  Arar,  Sonconna,  Samara,  Mal  roua,  Sequana,  Ledits  et  tant 
d'autres  qui  s'expliquent  mal  ou  même  pas  du  tout  par  le  celtique, 
est  à  cet  égard  bien  instructive.  Il  faudrait  nous  dire  pourquoi  des 
noms  celtiques  de  fleuve  se  seraient  justement  conservés  sur  les 
bords  de  la  Baltique,  où  les  Celtes,  s'ils  y  sont  venus,  n'ont  jamais 
fait  qu'un  séjour  éphémère.  M.  Buga  relève  lui-même,  p.  29,  sur 
le  domaine  baltique  huit  noms  de  fleuve  qui  présentent  un  radical 
Vas-  ou  Veis-,  N'est-ce  pas  une  raison  pour  chercher  ailleurs 
qu'en  celtique  l'origine  du  nom  de  la  Vistule  ? 

V 

Le  premier  cahier  du  volume  VII  de  Eriu  débute  par  un  texte 
inédit,  publié  avec  traduction  anglaise  par  M.  Kuno  Meyer, 
Aigidecht  Aithirni,  «  tbe  Guesting  of  Athirne  ».  Ce  texte,  tiré  du 
Book  of  Leinster,  p.  118  a,  et  du  Ms.  Harleian  5280  f°  77  a, 
paraît  remonter,  quant  à  la  langue,  au  XIe  siècle.  Il  contient  quatre 
jolis  poèmes  sur  les  saisons  et  cinq  autres  dont  l'interprétation  est 
si  malaisée  qu'elle  a  lassé  la  patiente  érudition  de  Fauteur. 

L'article  de  beaucoup  le  plus  long  du  cahier  est  de  M.  John  Mac 
Neill  et  consacré  à  the  au  l  hors  bips  and  structure  of  tbe  «  Aimais  of 
Tigeruach  »  (p.   30-113).     11   comprend  quinze   chapitres,  dont  le 


Périodiques.  259 

treizième  fournit  un  résumé  des  précédents.  Le  point  de  départ  des 
Annales  de  Tigernach  serait  un  arrangement  irlandais  de  la  Chro- 
nique  d'Eusèbe,  telle  qu'elle  avait  été  traduite  en  latin  par  saint 
Jérôme;  cet  arrangement  comportait  un  supplément,  où  les  événe- 
ments étaient  poursuivis  jusqu'aux  environs  de  l'année  607  (date  k 
de  la  mort  du  pape  Sabinien).  Il  fut  introduit  dans  une  Chro- 
nique irlandaise,  compilée  vers  712  et  où  les  événements  étaient 
rangés  à  partir  de  l'année  431.  Antérieurement  à  l'année  974,  il 
existait  deux  versions  de  cette  Chronique  irlandaise,  amplifiée 
comme  nous  venons  de  le  dire.  L'une  de  ces  versions  fut  incor- 
porée aux  Annales  d'Ulster.  L'autre  devint  un  des  morceaux  des 
Annales  de  Tigernach,  le  morceau  qui  porte  le  numéro  III. 
Chaque  version  avait  d'ailleurs  subi  indépendamment  des  additions 
ou  des  abrègements.  Pour  la  partie  antérieure  à  l'année  431,  c'est- 
à-dire  pour  la  partie  «  pre-Patrician  »,  puisque  Patrice  vint  évan- 
géliser  l'Irlande  en  432,  l'arrangement  irlandais  de  la  Chronique 
d'Eusèbe  conservait  la  disposition  en  colonnes  ;  mais  on  y  avait 
introduit  dans  l'interligne  ou  en  marge  des  notes  additionnelles 
tirées  de  Prosper,  d'Orose,  d'Isidore,  de  Bède  ;  la  chronique, 
ainsi  supplémentée,  fut  ramenée  à  des  paragraphes  réguliers,  au 
fur  et  à  mesure  que  des  interpolations  nouvelles  dérangeaient  la 
symétrie  des  synchronismes.  Le  texte  prit  ainsi  avec  le  temps  un 
faux  air  d'Annales,  que  nous  lui  trouvons  déjà  dans  le  morceau  I 
des  Annales  de  Tigernach,  tiré  du  MS.  Rawlinson  B  502  (xne  s.) 
et  qui  apparaît  également  avec  de  nombreuses  additions  dans  le 
morceau  II,  conservé  dans  le  manuscrit  Rawlinson  B  488,  du 
xive  siècle.  Le  morceau  I  va  du  temps  des  prophètes  Osée,  Araos 
et  Isaïe  (807  av.  J.-C.  d'après  la  Chronique  d'Eusèbe)  à  celui  d'An- 
tonin  le  Pieux  (iéo  de  l'ère  chrétienne)  ;  le  morceau  II  de  322  av. 
J.-C.  à  360  après  J.-C.  Plus  tard,  ces  Annales,  d'origine  si  compo- 
site, furent  remaniées  par  un  inconnu  qui  en  élimina  des  détails 
étrangers  à  l'Irlande,  y  ajouta  en  revanche  des  faits  irlandais,  et 
tenta  de  les  ramener  à  une  chronologie  systématique.  C'est  l'état 
que  nous  fait  connaître  le  morceau  des  Annales  de  Tigernach  que 
l'on  appelle  depuis  Stokes  le  fragment  de  Dublin,  parce  qu'il  est 
conservé  dans  le  MS.  H.  1.  18  de  Trinity  Collège;  ce  morceau  va 
de  l'an  34  à  l'an  378  après  Jésus-Christ.  Enfin,  les  Annales  de 
Tigernach  comportent  un  IVe  morceau,  comprenant  les  années 
975  à  1 178  de  notre  ère;  c'est  la  transcription  d'une  chronique 
tenue  à  jour  dans  le  monastère  de  Clonmacnois  et  à  laquelle  col- 
labora Tigernach,  qui  a  donné  son  nom  à  l'ensemble.  Le  travail  de 
M.  Mac  Neill  est  d'une  minutieuse  exégèse  ;  il  rend  caduques  les 


2éo  Périodiques. 

indications  données  par  Wh.  Stokes  dans  son  édition  des  Annales  de 
Tigernach  (Rev.  dit.,  t.  XVI,  p.  374;  t.  XVII,  p.  6,  119,  337;  t. 
XVIII,  p.  9,  150,  267),  que  M.  Mac  Neill  qualifie  d'«  unsatis- 
factory  »  (p.  45). 

Le  même  cahier  de  Ériu  contient  encore  les  articles  suivants: 
de'M.  Kuno  Meyer  une  note  on  Dcbidc  rhymeÇp.  10-12)  ;deM.  Alfred 
Anscombe  une  étude  sur  les  rapports  de  saint  Patrice  et  de  saint 
Victricius  de  Rouen  (p.  13-17)  ;  de  M.  J.  H.  Lloyd,  une  liste  de 
noms  de  nombre  et  de  bouts  de  phrases  en  irlandais  tirés  d'un 
ouvrage  anglais  de  1547  (p.  18-25)  ;  deux  notes  lexicographiques, 
l'une  de  miss  E.  Knott  sur  bô  thùir  «  stall-fed  cow  »,  Fled  Bricrend, 
§9  (p.  26)  et  l'autre  de  M.  O.  Berginsur  l'irlandais  moderne  téora 
«  limit,  border  »,  que  la  forme  ancienne  tara-  oblige  à  séparer  de 
tearmann,  gall.  tcrfyn  (p.  27-29)  ;  enfin  des  notes  paléographiques 
de  M.  R.  I.  Best  consacrées  justement  au  texte  des  Annales  de 
Tigernach  du  MS.  Rawlinson  B.  502  (p.  1 14-120). 

VI 

Il  y  a  dans  le  numéro  3  5  de  The  Celtic  Review  (vol.  IX  ;  January 
1914)  un  article  de  M.  William  J.  Watson  sur  Ciuthach  (p.  193- 
209).  Ciuthach  est  le  nom  d'un  personnage  héroïque,  un  géant 
qui  joue  un  grand  rôle  dans  les  traditions  de  l'Ecosse  occidentale  ; 
il  n'était  pas  Gael,  et  M.  Watson  le  croit  d'origine  picte.  On  le 
voit  figurer  dans  la  légende  de  Finn,  dont  il  est  généralement 
l'ennemi  ;  c'était  un  séducteur,  il  enleva  Grainne,  la  maîtresse  de 
Diarmaid,  il  enleva  aussi  Emer,  la  femme  d'Ossian.  M.  Watson 
reproduit  deux  récits  populaires  relatifs  à  Ciuthach  et  étudie  en 
même  temps  le  rôle  que  joue  ce  personnage  dans  la  toponomas- 
tique  et  dans  plusieurs  légendes  en  vers  ou  en  prose  du  cycle  de 
Finn.  Le  nom  de  Ciuthach  est  orthographié  de  façons  diverses: 
Cithach,  Cithich,  Ciach,  Ciofach,  Keith,  etc. 

M.  Mackinnon  continue  son  édition  de  la  Gaelic  Version  of  the 
Thebaid  of  Statius  (p.  210-225),  qu'il  mène  cette  fois  jusqu'à  la  fin 
des  jeux  donnés  en  l'honneur  d'Archemorus. 

Le  même  numéro  de  la  Review  contient,  p.  226-246,  le  texte 
d'une  conférence  faite  le  20  juin  191 3  par  M.  T.  W.  Rolleston  à 
l'University  Collège  de  Londres  pour  fêter  le  vingt-et-unième 
anniversaire  de  la  fondation  de  l'Irish  Literary  Society.  Le  sujet 
choisi  par  le  conférencier  s'intitule  :  Tiuenty-one  years  oj  Irish  art 
and  ihought.  Il  intéressera  tous  les  amis  de  l'Irlande  contempo- 
raine. 


Périodiques.  261 

En  appendice  (p.  270-288)  se  poursuit  la  publication  de  la 
Concise  Old-Irish  Grammar  de  M.  J.  Pokorny,  dont  nous  parlons 
dans  la  Chronique  (v.  ci-dessus,  p.  247). 

VII 

Dans  le  fascicule  4  du  tome  1er  de  Gadelica  se  trouve  une  série 
de  textes  inédits  en  irlandais  moderne,  publiés  notamment  par  le 
directeur  du  périodique,  M.  T.  F.  O'Rahilly.  Celui-ci  a  tiré  du 
MS.  23  D  4  (p.  124)  un  poème  d'amour  de  112  vers  fort  galam- 
ment tourné,  adressé  à  une  femme  «  aux  seins  pointus  et  brillants  » 
(p.  239-243  :  a  bhean  na  gcioch  georrsholus)  ;  d'après  six  manuscrits, 
il  publie  p.  244-245  un  poème  de  Seân  Clârach  (du  milieu  du 
xvme  s.)  et  à  la  page  246-248,  une  ballade  arthurienne,  du 
xvne  siècle,  qui  a  déjà  fait  l'objet  d'une  étude  de  M.  Tom  Peete 
Cross,  dans  Modem  Philology,  X,  289-299  (v.  Rev.  Celt.,  XXXIV, 
22e);  mais  M.  O'Rahilly  y  ajoute  plusieurs  renseignements  inté- 
ressants. 

M.  O,  J.  Bergin  termine  dans  le  même  fascicule  son  édition  du 
Pairlemcnt  Chloinne  Totnâis  (p.  220-235)  ;  et  l'érudit  qui  signe 
Tôrna  continue  son  étude  sur  la  vie  et  les  œuvres  du  père  Eoghan 
O'Caoimh  (p.  251-259). 

A  signaler  encore  :  du  Rev.  G.  O'Nolan  une  note  grammaticale 
sur  l'emploi  de  nâ  dans  les  «  sentences  of  identification  »  (p.  237- 
238)etduRev.  Paul  Walsh  la  publication  d'un  poème  duxvnes.(p. 
249-250)  :  olc  mo  thuras  sonn  ô  Lundain  go  Cnoc  Samhruidh... 
«  Infortuné  mon  voyage  de  Londres  à  Summerhill...  ». 

Avec  ce  fascicule  prend  fin  le  premier  volume  de  Gadelica,  un 
beau  volume  de  304  pages,  rempli,  comme  on  a  pu  en  juger,  de 
choses  intéressantes  et  neuves:  on  y  trouve  de  la  précision,  de  la 
méthode,  de  l'érudition  de  bon  aloi,  toutes  les  qualités  en  un  mot 
d'une  bonne  revue  philologique.  Ce  premier  volume  fait  hon- 
neur à  l'actif  et  courageux  éditeur  de  Gadelica,  M.  T.  O'Rahilly. 
Il  est  d'autant  plus  juste  d'en  reconnaître  les  mérites  que  nous 
recevons  de  fâcheuses  nouvelles  sur  l'avenir  de  l'entreprise.  Ce 
qui  manque  le  plus  à  Gadelica,  ce  sont  des  appuis  financiers.  L'in- 
telligence, le  zèle  et  le  talent  ne  suffisent  pas  à  faire  marcher  une 
revue.  Il  faut  encore  des  capitaux  pour  payer  les  frais  de  l'impres- 
sion. M.  T.  O'Rahilly  nous  écrit  sa  tristesse  de  voir  ses  efforts  si 
mal  récompensés  jusqu'ici  :  il  n'a  trouvé,  dit-il,  que  deux  souscrip- 


2é2  Périodiques. 

teurs  en  France,  et  un  seulement  en  Allemagne.  Cela  n'est  pas 
surprenant,  si  l'on  songe  que  l'objet  de  Gadelica  est  uniquement 
l'irlandais  moderne  et  que  la  plupart  des  articles  ne  contiennent 
même  que  l'irlandais.  Ce  qui  peut  surprendre  davantage,  c'est  que 
cette  revue  ne  trouve  pas  en  Irlande  les  subsides  dont  elle  aurait 
besoin.  Un  appel  imprimé  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire 
constate  que  «  outside  the  city  of  Dublin  Gadelica  lias  met  with 
very  poor  support  in  Ireland  ».  Gadelica  comptait  sur  l'appui  de 
la  Gaelic  League  et  des  collèges  universitaires  irlandais  :  «  in  each 
case  the  resuit  has  been  profoundly  discouraging  ».  Ce  serait  pour- 
tant aux  Irlandais  à  soutenir  Gadelica.  Nous  souhaitons  sincère- 
ment à  la  jeune  revue  de  trouver  en  Irlande  même  un  Mécène  géné- 
reux qui  lui  permette  de  vivre;  elle  le  mérite. 

J.  Vendryes. 
VIII 

La  Revue  des  Traditions  populaires  renferme  toujours  des 
contributions  intéressantes  aux  études  de  folklore  celtique.  Citons 
dans  le  t.  XXVIII,  aux  n°  3,  4  et  6,  une  série  de  contes  bien 
recueillis  par  M.  Frison:  on  remarquera  un  joli  groupe  d'histoires 
de  sirènes.  Plusieurs  de  ces  contes  sont  construits  pour  amener  un 
apophtegme  moral,  un  mot  humoristique  ou  un  calembour. 

IX 

Dans  Folklore  on  trouvera  au  n°  3  du  vol.  XXLIII  un  conte 
recueilli  dans  l'île  de  Man,  à  Peel,  par  M.  S.  Morrisson  sur  le 
Dooinney-Oie  ou  homme  de  nuit,  personnage  fantastique  qui 
sonne  dans  une  corne  magique  et  vit  dans  les  cavernes  :  ses  appari- 
tions, comme  celle  des  banshees  d'Irlande,  sont  à  la  fois  des 
avertissements  et  des  présages. 

X 

La  RoMANiA  a  publié  dans  son  n°  164  (t.  XII,  p.  518)  un  très 
intéressant  article  de  M.  Huet  sur  les  rapports  du  Lancclol  en  prose 
avec  le  roman  de  Raoul  de  Houdenc,  Méraugis  de  Portlesguez. 
Pour  M.  Huet  qui  examine  successivement  trois  épisodes  des  deux 
oeuvres,  l'auteur  du  Lanccloi  a  dû  utiliser  Raoul  de  Houdenc. 


Périodiques.  263 

XI 

Les  Analecta  Bollandiana  contiennent  au  t.  XXXII  une  série 
d'excellents  comptes  rendus  de  publications  intéressant  l'hagiogra- 
phie celtique.  Dans  le  fasc.  1,  p.  90,  on  notera  les  comptes  rendus 
de  l'ouvrage  de  M.  W.  Johnson,  Byways  in  British  Archaeology,  et 
de  l'ouvrage  de  Hugh  Williams,  Chrisiianity  in  Early  Britain.  — 
P.  94  le  P.  Moretus  discute  le  travail  de  M.  A.  Anscombe,  the 
Pedigree  of  Patrick,  paru  dans  Ériu  au  t.  VI  (191 1),  p.  117  (cf. 
Rev.  Celt.,  XXXII,  511).  Le  P.  Moretus  rejette  la  théorie  de 
M.  Anscombe  d'après  laquelle  la  légende  de  l'origine  juive  de 
S.  Patrick  serait  née  d'une  confusion  entre  Juifs  et  Jutes.  Il  rejette 
également  les  observations  apportées  par  le  chanoine  Quine  sur 
l'origine  de  S.  Patrick  (Journal  of  the  Watcrford  and  South  East  of 
Ireland  Archaeological  Society,  t.  XIV,  191 1,  p.  169).  M.  Quine 
avait  prétendu  reconnaître  le  roi  Amathée,  dont  parle  la  vie  de 
S.  Patrick  attribuée  à  Nennius,  dans  Y Ammecatus  qui  figure  sur 
une  inscription  latine  de  Man. 

J.  Marx. 

XII 

Le  Bulletin  du  Musée  historique  de  Mulhouse,  19 12,  con- 
tient un  article  de  M.  L.  G.  Werner  sur  Mulhouse  et  ses  environs  à 
l'époque  romaine,  p.  1  sqq.  :  d'une  ville  romaine,  il  n'y  a  pas  trace  ; 
mais  d'un  peuplement  assez  dense  les  environs  de  Mulhouse  ont 
fourni  des  preuves  nombreuses,  restes  de  constructions,  poteries, 
objets  de  toutes  sortes,  monnaies.  La  contrée  paraît  avoir  été 
peuplée  de  la  même  façon  dès  la  fin  de  l'âge  du  bronze  (stations 
de  l'âge  du  bronze  a  Riedesheim  et  Rixheim  ;  cimetières  hals- 
tattiens  de  l'île  Napoléon  et  de  Sausheim).  — P.  27.  Le  même  auteur 
(Note  sur  une  pièce  fausse  du  Musée  archéologique'),  conteste  l'authen- 
ticité d'un  petit  relief,  représentant  un  cavalier  terrassant  une 
femme  anguipède,  qui  fit  partie  de  la  collection  Dollfus  (n°  1005). 
Il  l'attribue  à  un  faussaire  de  Rheinzabern. 

XIII 

M.  J.  Szombathy  publie   dans   les  Mittheilungen  der  prahis- 

TORISCHEN   KOMMISSIOX  DER    KAIS.  AkADEMIE  DER  WlSSENSCHAFTEIN, 

Vienne,    II,    2,    191 3,    un   mémoire   intitulé  Altertumsfunde  aus 


264  Périodiques. 

Hôhlen  bei  5'  Kan\ian  im  osterreichischen  Kùstenlande.  La  nécropole  de 
S1  Kanzian,  près  Trieste,  est  la  station  type  de  la  civilisation halstat- 
tienne  la  plus  ancienne.  C'est  à  cette  civilisation  qu'appartiennent 
la  plupart  des  restes  trouvés  dans  la  Fliegenhôhle,  singulier  mélange 
d'objets  de  bronze  de  toutes  sortes,  armes  surtout,  en  morceaux, 
passés  au  feu,  mêlés  à  des  fragments  d'os  d'animaux  et  d'os 
humains.  Le  tout  était  recouvert  de  pierres  accumulées  sans 
ordre.  Qu'était-ce  ?  La  décharge  d'un  ustrinum  situé  près  de  là  en 
plein  air  ?  On  n'en  a  pas  trace.  —  La  Knochenhohle  contenait 
cinq  squelettes  et,  près  de  l'un  deux,  une  situle  de  bronze,  assez 
simple,  mais  portant  une  inscription.  De  quelque  façon  qu'on  la 
lise  (.0.  .s.  tiiareh  ou  .0.  .s.  tiiaroie),  c'est  aux  inscriptions 
vénètesou  atestines  qu'elle  fait  penser. 

XIV 

M.  J.  Gruaz  a  publié  dans  la  Revue  historique  vaudoise,  191 3 
(Extrait,  116  pages)  un  article  sur  le  Chasseron  et  les  temples  de 
montagne.  Le  musée  de  Lausanne  conserve  la  plupart  des  trouvailles 
qui,  à  partir  de  1850,  ont  décelé  l'existence  d'une  station  et  sans 
doute  d'un  sanctuaire  gallo-romain  au  sommet  du  Chasseron.  La 
série  des  monnaies  s'étend  de  Pompée  à  Constantin  II.  L'auteur 
rappelle  le  temple  de  Jupiter  au  Grand-Saint-Bernard  et  la  décou- 
verte du  col  de  Julier. 

XV 

La  Revue  du  Bas-Poitou,  1913,  nous  donne  un  triple  mémoire 
du  comte  Bégouen,  des  Dr  Loevenhard  et  Charbonnau-Lassay  sur 
le  Souterrain-refuge  de  la  Haute-Fosse  de  Mouilleron-en-Pareds 
(Vendée).  Quelques  tessons  de  poterie  commune  gallo-romaine  en 
fixent  la  date  première.  Ces  messieurs  étudientleproblème  chrono- 
logique que  ces  souterrains  offrent  à  notre  curiosité  ;  ils  font 
remonter  les  plus  anciens  à  la  fin  de  l'indépendance  gauloise  :  l'his- 
toire de  Sabinus  et  d'Eponine  fournit  un  exemple  historique  et 
une  preuve. 

XVI 

Les  Beitrage  zur  Anthropologie  und  urgeschichte  Baverxs 
(XIX,i9i3,  1-2)  nous  donnent,  après  un  article  de  M.  Fastlinger  qui 
traite  du  Volkstamm  der  Hosi  et  de  l'installation  des  Bavarois,  deux 


Périodiques.  265 

contributions  à  l'étude  de  l'archéologie  celtique  :  H.  A.  Ried,  Ueber 
das neueutdeckte  Urnengràberfeld in Griïmualdbei Miincben  (p.  I2sqq.  ; 
Halstatt  A,  type  céramiques  parents  du  type  de  Lusace)  ;  G.  v. 
Merhart,  Gràber  mit  bemalter  Keramik  ans  Beilngries,  Oherpfal\ 
(p.  37  ;  Halstatt  C,  céramique  peinte,  claire,  blanche  et  ocre, 
décor  espacé  ;  carte  de  répartition  de  cette  céramique  à  travers  la 
Souabe). 

XVII 

Dans  le  VIe  Bericht  der  rômisch-germanischen  Kommission, 
1910-11  (Francfort,  191 3),  p.  3  sqq.,  M.  Ed.  Anthes  s'occupe  de 
la Ringwallforschung  und  Verwandtes  :  les  Ringwâlle  ont  été  occupés 
en  Allemagne  par  les  derniers  Gaulois;  à  signaler  l'enceinte  des 
Heidenlôcher,  dans  le  Palatinat,  avec  ses  caves  carrées  à  murs  de 
pierres  sèches;  on  les  compare  aux  maisons  du  Beuvray(p.2i  sq.). 
M.  Anthes  traite  des  Hochàcker  (p.  98  sqq.)  :  datent-ils  de  l'époque 
de  Hallstatt  ?  datent-ils  de  la  Tène  ?  sont-ils  en  relation  avec  les 
tumulus  et  les  ustriua  hallstattiens  ?  En  sont-ils  indépendants  ?  Les 
contradictions  se  balancent  sous  la  plume  du  rapporteur.  —  M.  G. 
Kropatschek  étudie  (p.  50  sqq.)  Das  rômische  Landhaus  in  Deutsch- 
land.  —  W.  Schmied,  Rômische  Forschung  in  Oesterreich,  1907-1911 
(p.  79  sqq.). 

M.  W.  Muller donne  une  Bibliographie  %ur  Romisch-Germanischen 
Forschung  fur  die  fahre  1910-1911  (p.  182  sqq.)  qui  peut  passer 
pour  une  bonne  bibliographie  protohistorique,  classée  par  pays. 

XVI II 

Le  premier  fascicule  d'une  nouvelle  publication,  le  Bibliothèque 
Pro  Alesia,  a  paru  en  décembre  1912.  Souhaitons-lui  bonne 
chance,  patience  et  longueur  de  temps.  MM.  Louis  Matruchot, 
professeur  de  botanique  à  la  Sorbonne,  et  Jules  Toutain,  directeur 
d'études  à  l'Ecoles  des  Hautes-Études,  vont  présider  savamment  à 
ses  destinées.  Pour  commencer,  M.  Robert  de  Launay  publie  un 
mémoire  sur  La  question  des  effectifs  au  siège  d'AIésia,  p.  1-17,  effec- 
tifs romains  et  effectifs  gaulois  ;  pour  calculer  la  force  de  l'armée 
de  secours  et  sa  composition,  l'auteur  tient  ingénieusement  compte 
des  monnaies  perdues  par  les  morts  du  Mont  Rea.  Il  réduit  l'esti- 
mation de  César  à  60000  h.  Napoléon  s'était  arrêté  à  peu  près  à 
ce  chiffre  pour  des  raisons  militaires. 


2  66  Périodiques. 

XIX 

The  Journal  of  the  Society  of  Antiquaries  of  Ireland,  191 3, 
XLIII,  31  mars.  —  Hamilton  Hall,  The  Marshall  pedigree  (p.  1 
sqq.).  — G.  H.  Orpen,  The  Earldom  of  Ulster,  I,  introduction  to 
the  Inquisitions  of  i}3)  (p.  30  sqq.).  —  W.  F.  Butler,  The  Policy  of 
Surrender  and  Regrant,  I,  avec  une  carte  de  l'Irlande  sous  Henri 
VIII  (p.  47  sqq.).  —  E.  C.  R.  Armstrong,  A  Note  as  to  the  Time 
Heraldry  ivas  adopted  by  the  Irish  Chiefs  (p.  66  sqq.). 

XX 

Le  Boletin  de  la  real  Academia  de  la  Historia  nous  donne, 
dans  son  fascicule  de  janvier  191 3,  une  note  du  comte  de  Cedillo 
sur  les  ruines  d'Italica  (p.  70)  ;  un  article  de  M.  Enrique  Romero 
de  Torres  sur  des  Inscripciones  romanas  de  Bujalana  y  Côrdoba(p.  72 
sqq.);  un  autre  du  R.  P.  Fidel  Fita  sur  un  Sarcôfago  romano,bisomo, 
de  Mérida  (p.  85  sqq.,  une  planche),  dont  la  partie  conservée 
montre  un  remarquable  portrait  d'homme. 

Dans  le  fascicule  de  mars,  nous  trouvons  Una  nueva  inscripciôn 
romana  de  la  provincia  de  Orense,  publiée  par  M.  Marcelo  Macias 
(p.  387). Dans  les  Noticias,  p.  399  sqq.,  figurent  deux  inscriptions, 
l'une  de  Gallegos  de  Arganan  (Vitulus  Arreini  f.,  etc.),  l'autre  de 
Urena  (Acceicum). 

Dans  le  fascicule  de  mai,  M.  Antonio  Blâsquez,  traite  de  la  Via 
Romana  de  Càdi\  à  Sevilla  (p.  425  sqq.);  le  R.  P.  Fidel  Fita  publie 
une  Têsera  romana  de  plomo  Extremena  (p.  480  sqq.),  funéraire  ; 
M.  Juan  Sanguino  Michel,  une  note  sur  des  Antigiledades  romanas 
del  cortijo  de  la  Virgines,  cerca  de  Baena,  signalées  en  1833,  particu- 
lièrement intéressante  pour  l'histoire  de  la  famille  de  Pompée  ;  le 
R.  P.  Fidel  Fita,  enfin,  un  rapport  sur  les  Excavaciones  de  Numan- 
cia  (p.  487). 

H.  Hubert. 


NECROLOGIE 


P.  W.  JOYCE 

La  mort  de  P.  \Y.  Joyce,  survenue  le  7  janvier  dernier  à 
Rathmines,  prive  l'Irlande  d'un  de  ses  scholars  les  plus  méritants. 
Né  en  1827  à  Limerick,  Patrick  Weston  Joyce  se  tourna  de  bonne 
heure  vers  la  carrière  des  lettres,  obtint  les  grades  de  Master  of 
Arts  et  de  Doctor  of  Laws  et  fut  dès  1845  attaché  comme  «  offi- 
ciai »  à  la  «  Commission  of  National  Education  ».  Membre  de  la 
Royal  Irish  Academy  en  1863,  professeur  au  Government  Trai- 
ning  Collège,  puis  principal  de  ce  même  établissement  de  1874  à 
1893,  il  fut  l'un  des  commissaires  de  la  publication  des  Ancient 
Laws  of  Ireland,  une  des  entreprises  les  plus  importantes  de  la 
philologie  irlandaise.  Il  publia  lui-même  un  nombre  imposant 
d'ouvrages,  consacrés  à  l'histoire  et  à  l'archéologie  de  l'Irlande  et 
qui  presque  tous  atteignirent  ou  même  dépassèrent  la  deuxième 
édition.  Les  deux  plus  connus  sont  a  Social  History  of  Ancient 
Ireland,  en  deux  volumes  (1903  ;  v.  Rev.  Celtique,  XXIV,  86), 
dont  il  donna  un  abrégé  en  1906  (2e  édition,  1908),  et  the  Origin 
and  History  of  Irish  Naines  of  Places,  en  trois  volumes,  dont 
le  premier  remonte  à  1869  et  dont  le  dernier  parut  seulement 
quelques  semaines  avant  sa  mort  (v.  ci-dessus,  p.  224).  Ce  sont 
de  bons  ouvrages  de  vulgarisation,  où  l'érudition  sait  se  rendre 
agréable  et  se  mettre  à  la  portée  de  tous.  Joyce,  qui  s'intéressait 
vivement  aux  progrès  de  l'éducation  populaire,  écrivit  d'ailleurs  à 
l'usage  des  écoles  plusieurs  manuels  estimés  :  a  ChihVs  History  of 
Ireland  (down  to  the  death  of  O'Connell),  a  short  History  of  Ireland 
(down  to  1600),  Outlines  of  the  History  of  Ireland  (down  to  1900), 
a  Reading  book  in  Irish  History,  a  Concise  History  of  Ireland  (down 
to  1837),  Old  Cellic  Romances,  translated  front  the  Gaelic,  etc.  La 
musique  populaire  l'intéressait  particulièrement  :  il  publia  une  col- 
lection de  vieux  airs,  recueillis  par  lui-même  dans  le  Sud  et  l'Ouest 
de  l'île,  sous  le  titre  de  Ancient  Irish  Music  :  a  Collection  hitherto 


268  Nécrologie 

unpublished  oj  Irish  Airs  and  Songs.  Jusqu'à  la  fin  de  sa  vie,  il  ne 
cessa  d'être  à  la  recherche  des  mélodies  populaires.  Les  questions 
linguistiques  d'autre  part  ne  le  laissaient  pas  indifférent.  Il  composa 
une  petite  Grammar  of  the  Irish  Language,  et  l'un  de  ses  ouvrages 
les  plus  originaux  est  consacré  à  l'anglais  parlé  en  Irlande  (Englisb 
aswespeak  it  in  Ireland,  2e  éd.,  1910).  On  remarquera  que  la 
plupart  de  ses  publications  datent  de  la  seconde  partie  de  sa  car- 
rière ;  il  écrivit  ses  principaux  ouvrages  à  un  âge  où  beaucoup 
d'autres  auraient  profité  d'un  repos  bien  gagné  ;  il  termina  la  plume 
à  la  main  une  vie  consacrée  tout  entière  à  l'amour  de  la  science 
et  de  son  pays.  Dans  la  préface  d'un  de  ses  ouvrages,  il  faisait,  à 
l'imitation  des  vieux  narrateurs  irlandais,  la  déclaration  suivante  : 
«  The  cause  of  writing  this  book  is  to  give  glory  to  God,  honour 
lo  Ireland,  and  knowledge  to  those  who  désire  to  learn  ail  about 
the  Old  Irish  People  ».  On  peut  lui  rendre  cette  justice  qu'il  a 
bien  rempli  sa  tâche. 

J.  Vexdryes. 


Le  Propriétaire-Gérant,    Edouard  CHAMPION. 


MAÇON,    PROTAT    FRBitES,    IMPKIMKURS 


LA     VIE    LA     PLUS     ANCIENNE 

DE 

SAINT    SAMSON    DE   DOL 

d'après   des  travaux    récents  :  REMARQUES  et  additions1. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  avait  été  considérée 
jusqu'ici  par  tous  les  critiques  comme  le  monument  le  plus 
important  de  l'hagiographie  des  Brittons  (Gallois,  Cornish- 
men,  Bretons-Armoricains),  en  raison  surtout  de  son  ancien- 
neté et  de  son  caractère  d'authenticité.  Elle  a  été  l'objet  de 
recherches  importantes,  en  particulier,  de  la  part  de  M.  de  laBor- 
derie.  On  ne  peut  dire  néanmoins  qn'il  ait  épuisé  le  sujet  ni 
qu'il  en  ait  résolu  toutes  les  difficultés  :  tant  s'en 
faut. 

Les  travaux  cités  ici  apportent  cà  cette  difficile  mais  impor- 
tante étude  de  nouveaux  éléments  d'investigation,  et,  à  des 
points  de  vue  divers,  d'utiles  contributions . 

La  seule  édition  dont  on  disposât  jusqu'ici  était, en  somme, 
celle  de  Mabillon  {Acta  ss.  ord.  s.  Bened.,  saec.  I,  p.  179  et 
suiv.).  Le  texte  en  est  assez  défectueux.  Il  a  cependant  été 
reproduit  intégralement  par  les  Bollandistes  {Acta  ss.,  VI, 
juillet).  La  réimpression  de  ce  tome  par  Palmé  (Paris,  1868) 
est  détestable,  et  comme  le  dit  l'abbé  Duine  sans  aucune 
exagération,  cousue  de  fautes.  M.  Fawtier  a  donc  rendu  aux 
études  bretonnes  et  à  l'hagiographie  en   général,  un  signalé 

1 .  R.  Fawtier,  La  vie  de  saint  Samson  :  Essai  de  critique  hagiographique 
(Bibl.  Ec.  Hautes-Etudes,  1912.  — Abbé  Duine,  Histoire  civile  et  politique 
de  Dol  jusqu'en  1789,  Paris,  Champion,  191 1  (§§  VI,  VII,  IX);  — du 
même  :  Les  saints  de  Domnonée,  notes  critiques.  Rennes.  Bahon-Rault, 
1013  ;  —  du  même  :  Compte-rendu  critique  de  la  vie  de  saint  Samson,  de 
R.  Fawtier  (Annales  de  Bret . ,  191 3,  pp.  338-356). 

Revue  Celtique,  XXXV.  18 


2~o  J.  Loih. 

service,  en  nous  donnant  un  texte  à  la  fois  plus  abordable  et 
mieux  établi.  Ce  n'est  pas  une  édition  critique  :  l'auteur  ne 
l'a  pas  tenté,  et  je  ne  peux  que  l'en  louer.  Il  nous  donne  le 
texte  d'un  seul  manuscrit,  du  début  du  xie  siècle,  avec  les 
variantes  de  dix-neuf  autres1.  La  copie  dont  s'est  servi 
Mabillon  a  été  retrouvée  par  l'auteur  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale (ms.  latin  11771)  :  c'est  une  copie  fautive,  publiée  fauti- 
vement, nous  dit  M.  Fawtier  (p.  85).  L'auteur  discute  aussi 
la  valeur  des  rédactions  postérieures  de  la  vie.  Il  n'attribue 
aucune  valeur,  avec  raison,  à  la  compilation  galloise  du  Book 
oj  Llan  Dâv,  ni  aux  passages  concernant  saint  Samson  contenus 
dans  les  vies  d'Iltut,  Dubric,  Patern.  Puisqu'il  a  cru  devoir 
citer  et  analyser  ces  fragments,  il  est  regrettable  qu'il  ait  négligé 
la  Vlla  Teliavi  dont  j'ai  donné  le  texte  d'après  l'édition  de  Gwe- 
nogvryn  Evans  du  Book  of  Llan  Dav,  dans  les  Annales  de  Bre- 
tagne, avec  des  notes  assez  copieuses  qui  auraient  pu  lui  être 
utiles,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  Patern  et  Dewi 2. 
M.  Fawtier  fait  trop  bon  marché  de  la  Vil  a  du  ixe  siècle 
publiée  par  Dom  Plaine  >.  C'est  un  remaniement  a  coup  sûr 
du  texte  de  la  plus  ancienne  vie,  mais  l'auteur  avait  incon- 
testablement a  sa  disposition  des  manuscrits  plus  anciens 
que  ceux  qu'a  utilisés  M.  Fawtier,  et  pouvant  fournir  des 
variantes  utiles  pour  la  constitution  du  texte,  et  même 
pour  la  discussion  de  l'ancienneté  de  la  vie  :  j'en  donnerai 
une  preuve  frappante  à  propos  du  nom  du  comte  Guedianus. 
De  plus,  l'hagiographe  a  utilisé  des  traditions  historiques 
qui  ne  sont  pas  dépourvues  d'intérêt.  Comme  le  fait  remar- 
quer l'abbé  Duine,  c'est  par  cette  vie  que  nous  connaissons 
les  rapports  entre  l'abbaye  neustrienne  de  Pental,  dépendance 
de  Dol4,  et  l'abbaye  parisienne  de  Saint-Germain.  Aussi 
Léopold  Delisle  a-t-il  pu  écrire,  non  sans  quelque  exagération 
toutefois,  il  faut  le  reconnaître  :  «  à  mon  avis,  cette  deuxième 

1.  Ms.  195  de  la  Bibl.  de  Metz.  Sur  les  recherches  de  rameur  au  sujet 
des  mss.  de  la  Vita  S.,  en  Angleterre,  Belgique,  Allemagne  ;  v.  Ecole  pra- 
tique des  Hautes  Études,  Annuaire,  1910-1911,  p.    117-119. 

2.  Annales  de  Bret.,  IX,  Si,  277,  438,  X,  66 

3.  Anal.  Boll.,  VI,    79-80;   N2-150. 
.j.  Histoire  de  Dol,  p.   231. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.         271 

vie  qui  a  joui  d'une  grande  vogue  au  moyen  âge,  n'est  guère 
moins  ancienne  ni  moins respectableque  la  première»  (Congrès 
scient,  de  France,  27e  session  tenue  à  Cherbourg  en  1860;  II, 
1861,  p.  158  et  suiv.).  L'œuvre  de  l'archevêque  Baudry 
même  n'était  pas  inutile  à  consulter,  moins  pour  sa  valeur 
réelle,  que  par  les  variantes  qu'elle  pouvait  présen- 
ter. 

La  question  capitale  abordée  par  M.  Fawtier  est  celle  de 
l'ancienneté  de  la  première  rédaction  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  de  la  véracité  de  l'hagiographe.  Ce  dernier,  en  effet, 
nous  dit  avoir  eu  à  sa  disposition  une  vie  du  saint  écrite  par 
Henoc,  cousin  de  Samson,  son  compagnon  dans  ses  pérégri- 
nations :  c'est  sa  source  écrite.  Il  a,  de  plus,  interrogé  un 
vieillard  de  l'île  de  Bretagne,  neveu  de  Henoc,  devenu  moine 
au  monastère  de  Dol,  et  d'autres  personnages  religieux  qu'il 
juge  bien  informés.  Enfin  il  a  lui-même  voyagé  dans  l'île,  en 
Galles  et  en  Cornwall.  Lorsque  ses  recherches  ont  été  infruc- 
tueuses, il  l'avoue  :  nomen  nescio  (Fawtier  p.  135.  38)  — 
nomen  scire  non  pot  ni1  -  Samson  étant  mort  entre  560  et 
5702,  la  vie  aurait  été  composée  vraisemblablement,  en  tenant 
compte  des  affirmations  de  l'hagiographe,  dans  le  premier 
quart  ou  la  première  moitié  du  vne  siècle.  L'auteur  connaît 
les  œuvres  de  Grégoire-le-Grand  mort  en  601.  MgrDuchesne 
a  relevé  chez  lui  une  expression  qu'il  emploie  d'ailleurs  mala- 
droitement, mais  clairement  empruutée  aux  écrits  de  ce  pape3. 
L'abbé  Duine  en  a  relevé  d'autres  4. 

Jusqu'ici  les  critiques  avaient  admis  la  véracité  de  l'hagio- 
graphe.Mgr  Duchesne,  après  avoir  établi  que  la  vie  avait  sûre- 
ment été  rédigée  entre  le  vne  et  le  ixe  siècle,  incline  à  croire 
qu'elle  l'a  été  à  une  époque  assez  rapprochée  du  commencement 
de  cet  intervalle  '>. 

t.  Il  est  au  contraire,  précis  lorsqu'il  a  une  source,  sans  doute  écrite. 
Ainsi  (éd.  Fawtier,  p.  123,  36)  il  nous  dit  que  Samson  ne  gouverna  pas 
l'abbaye  de  Piro  plus  d'un  an  et  demi  (non plus  anno  et  iimidio primatum 
tenais). 

2.  Abbé  Duine,  Compte  rendu,  p.  336-337,  note  6. 

3.  Origines  du  culte  chrétien,    3e  éd.,  p.  254. 

4.  Les  saints  de  Domnonèe,  p.  6,  note  6. 

5.  Faetes  épisc,  2^  éd.,  II,  p.  381,  note.  Cl".  Ferdinand  Lot,  Mélanges 
d'hist.   bret,  Paris,  1907,  p.   169. 


272  /•  Loih. 

M.  Fawtier,  lui,  est  d'avis  que  la  date  de  la  composition 
doit  être  ramenée  au  vme-ixe  siècle.  La  vie,  pour  lui,  n'a 
aucune  importance;  on  n'en  peut  retirer  à  peu  près  rien  pour 
l'histoire  bretonne,  sinon  que  Samson  passe  à  juste  titre  pour  le 
fondateur  de  Dol  et  de  Pental  (p.  78);  l'hagiographe  est  un  faus- 
saire. 

Les  arguments  de  M.  Fawtier  en  faveur  de  cette  thèse  assez 
inattendue  sont  d'ordre  divers. 

Il  y  en  a  qui  n'ont  guère  d'autre  signification  que  de  mettre 
en  relief  l'excessive  méfiance  de  M.  Fawtier  vis-à-vis  de  l'au- 
teur de  la  vie.  Il  a  été  évidemment,  d'avance,  fâcheusement 
impressionné  par  le  fait  même  d'avoir  affaire  à  un  hagio- 
graphe  et  ce  qui  plus  est,  comme  il  l'avoue  sans  détour,  à  un 
hagiographe  breton  (p.  56).  Si  nos  hagiographes  méritent  une 
place  d'honneur  dans  le  martyrologe  de  la  critique,  c'est 
peut-être  bien  que  nos  vies  de  saints  sont  d'une  assez  basse 
époque  ;  la  vie  de  Samson  mise  à  part,  les  deux  plus 
anciennes  ont  été  rédigées  vers  la  fin  du  ixe  siècle.  Il  n'est 
pas  impossible,  il  est  même  très  probable  que  nos  monastères 
devaient  en  posséder  d'autres  plus  documentées  et  surtout 
plus  anciennes.  Il  est  aujourd'hui  impossible  d'évaluer  les 
pertes  que  notre  histoire  a  subies  du  fait  de  la  destruction  de 
nos  monastères  lors  des  incursions  des  Scandinaves  et  même 
delà  prise  de  possession  de  la  péninsule  par  eux.  Une  faible 
partie  de  nos  manuscrits  a  pu  échapper  et  être  emportée  à 
l'étranger.  On  a,  en  appareuce,  beau  jeu,  en  taisant  table  rase 
des  vies  rédigées  aux  ixe,  xe,  xie  siècles,  sous  prétexte  qu'elles 
ne  s'appuient  pas  sur  des  documents  écrits  antérieurs,  que 
leurs  témoignages  ne  reposent  que  sur  ce  qu'on  appelle  avec 
une  nuance  d'ironie,  la  tradition.  Assurément  la  tradition  est 
un  fleuve  trouble  aux  eaux  contaminées.  C'est  à  la  critique 
d'en  clarifier  le  cours.  En  ce  qui  concerne  la  tradition  bre- 
tonne armoricaine  au  ixc-  xie  siècle,  il  ne  faut  pas  oublier 
qu'elle  mérite  d'autant  plus  considération  qu'elle  est  sans  cesse 
renouvelée  par  les  relations  ininterrompues  entre  la  péninsule 
armoricaine  et  la  Bretagne  insulaire.  Du  Ve  au  ixe-xe  siècle, 
l'Armorique  est  une  dépendance  du  Cornwall,  du  pays  de 
Galles,  et,    par  les  monastères,  jusqu'à  un   certain  point,  de 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  273 

l'Irlande,  au  point  de  vue  moral  et  intellectuel.  Pendant  le 
ve  et  viesiècle,  les  Bretons  d'Armorique  ne  prennent  aucune 
part  à  la  vie  religieuse  de  la  province  de  Tours  dont  l'Ar- 
morique  était  une  dépendance.  Jusqu'au  ixe  siècle,  nos 
moines  ont  la  tonsure  et  le  vêtement  insulaire.  Jusqu'au  XIe, 
comme  l'a  démontré  Lindsay,  nos  scribes  conservent  les 
habitudes  d'outre-mer.  Si  on  étudie  l'organisation  du  culte 
paroissial,  particulièrement  en  Cornwall,  on  s'aperçoit  bien 
vite  que  l'influence  a  été  réciproque  des  deux  côtés  du 
détroit.  D'ailleurs  les  relations  par  mer  entre  le  sud-ouest 
de  l'île,  et  l'Armorique  ont  été,  on  peut  le  dire,  journalières 
jusqu'à  la  fin  du  moyen-âge.  M.  Fawtier,  lui-même,  en  somme» 
s'incline  devant  la  tradition,  quand  il  accorde  que  Samson 
est  le  fondateur  de  Dol  et  de  Pental.  Rejetant  complè- 
tement l'autorité  de  l'hagiographe,  le  convainquant  de 
mensonge,  ne  reconnaissant  pas  dans  le  Samson  qui  signe 
au  Concile  de  Paris,  l'abbé  de  Dol,  il  ne  peut  s'appuyer 
que  sur  l'autorité  des  martyrologes  hieronymiens,  c'est-à- 
dire  sur  des  documents  du  vme  siècle.  Si  l'hagiographe 
n'a  pas  trouvé  à  Dol  même  des  documents  écrits,  force  nous 
est  d'admettre,  comme  source  des  martyrolges,  l'odieuse  tradi- 
tion. 

Que  M.  Fawtier  se  donne  la  peine  de  parcourir,  je  ne  dis 
pas  les  vies  des  saints  irlandais,  auxquels  on  pourrait  aussi 
reprocher  souvent  une  garrulitas  qui  n'a  rien  à  envier  à  la 
britannica,  mais  même  les  vies  des  saints  anglo-saxons,  et  il 
deviendra  plus  indulgent  pour  les  hagiographes  bretons.  Je 
réponds  qu'après  cette  lecture,  il  sera  moins  choqué  du  carac- 
tère légendaire  du  récit  du  moine  de  Dol,  dans  certains  pas- 
sages. Comme  le  fait  remarquer  l'abbé  Duine,  ce  n'est  nul- 
lement une  raison  pour  ne  pas  croire  à  la  sincérité  du  narra- 
teur \  Quoique  Grégoire  de  Tours  raconte  de  pieuses  his- 
toires de  toutes  les  couleurs,  on  garde  confiance  dans  sa  véra- 
cité d'historien,  parce  qu'on  ne  saurait  reprocher  à  quelqu'un 
d'avoir  eu  la  mentalité  de  son  temps.  A  ce  compte  on  pourrait 
récuser  le  témoignage  d'à  peu  près  tous  les  hagio- 
graphes . 

1.  Compte  rendu,  p .  341-343. 


274  /•  Lotb. 

M.  Fawtier  a  contre  l'hagiographe  des  griefs  plus  précis. 
Il  aurait  voulu  nous  faire  croire,  dit-il,  à  des  gesta  emendatiora, 
lorsqu'il  est  sûr  que  cette  expression  est  empruntée  à  Gré- 
goire-le-Grand  (p.  75).  Mgr  Duchesne  qui  en  sa  qualité  de 
Clericus  Aletensis  ne  peut  être  suspect  d'indulgence  excessive 
pour  l'hagiographe  Dolois,  n'a  pas  été  autrement  ému  par 
cette  constatation  qu'il  a  été  le  premier  à  faire  :  c'est  tout  sim- 
plement pour  lui  une  expression  incongrue  dans  le  récit.  L'abbé 
Duine  a  supposé  non  sans  vraisemblance,  qu'il  s'agissait,  dans 
la  pensée  de  l'hagiographe,  de  la  vie  rédigée  par  Henoc,  qui 
lui,  écrivait  congru  is  stilis  poli  te. 

Il  est  plus  difficile  de  comprendre  que  M.  Fawtier  l'accuse 
d'avoir  pris  dans  des  Litanies  les  noms  des  parents  du  saint 
(p.  36,  75).  M.  Fawtier  a  mal  lu  :  le  texte  parle  de  la  messe  '  ; 
c'est,  suivant  lajuste  remarque  del'abbéDuine,  une  allusion  à 
la  lecture  des  diptyques  :  rien  n'était  plus  naturel  que  la  com- 
mémoration des  parents  de  Samson  à  la  messe  célébrée  près 
de  la  tombe  du  bienheureux  2. 

M.  Fawtier  s'étonne  que  l'hagiographe  ignore  le  nom  du 
vénérable  vieillard  d'outre-mer  et  sache  le  nom  de  son  oncle, 
Henoc.  Il  serait  plus  juste  de  dire  qu'il  a  oublié  Je  nous  le  donner. 
Peut-être  d'ailleurs  l'omission  est-elle  imputable  à  un  des 
manuscrits  qui  se  sont  interposés  entre  la  première  rédac- 
tion et  ceux  que  nous  possédons  5 .  En  tous  cas,  réplique 
l'abbé  Duine,  si  l'hagiographe  était  un  faussaire,  il  n'aurait 
pas  eu  plus  de  scrupule  à  dénommer  un  neveu  qu'un  oncle  +. 

M.  Fawtier  est  encore  plus  mal  inspiré  (p.  76)  quand  il 
annonce  que  l'hagiographe  ne  sait  même  pas  quel  jour  est 
mort  le  saint.  En  supposant  qu'il  écrivit  au  vme-ixe  siècle, 
lui,  moine  de   Dol,  rédigeant  son    récit  sur    Tordre    de    son 

1.  Ed.  Favticr,  p.  99,  s  :  et  in  nominibus  offerentium  utrorumque 
parentum  nomina  singula  fuxta  sancti  Samsonis  altare  ad  missam  cantandam 
légère  quammultis  vicibus  auiivi. 

2.  Compte  rendu,  p.   338. 

3.  De  même,  la  vie  du  IXe  siècle,  publiée  par  dom  Plaine,  ne  donne 
pas  F Arx  Etri  où  a  séjourné  Samson  en  Irlande  (v.  plus  bas).  Or,  ce  nom 
a  une  réelle  importance  et  devait  se  trouver  dans  la  relation  de 
Henoc. 

4.  Compte   rendu,  p.   338. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  275 

abbé  et  évêque,  ne  pouvait  ignorer  une  date  sacrée,  qui  s'était 
transmise  avec  d'autant  plus  de  fidélité  qu'elle  était  sûrement 
entrée  dans  la  liturgie  du  monastère.  Le  Liber  secundus  est 
justement  une  prédication  pour  la  magnifica  ac  sancta  annua- 
lisque  solkmnitas  '.  La  date  du  V.  Kal  Aug.  devait  sans  doute 
être  marquée  à  Ylncipit  de  la  Vita,  dit  l'abbé  Duine.  Il  répond  à 
l'assertion  de  M.  Fawtier  par  un  argument  sans  réplique.: 
«  L'ignorance  de  l'hagiographe  sur  ce  point  est  impossible, 
puisque  cet  hagiographe,  dans  l'hypothèse  du  critique,  écrivait 
postérieurement  aux  martyrologes  hiéronymiens  qui  mentionnent 
Samson  »  '. 

Un  autre  indice  du  défaut  d'information  de  l'hagiographe 
pour  M.  Fawtier  (p.  75),  c'est  qu'il  ne  sait  rien,  sauf  la  fon- 
dation de  Dol,  du  rôle  de  Samson  en  Armorique,  car  il  ne 
nous  en  raconte  qu'un  trait  qui  se  passe  en  France  (il  s'agit  de  la 
fondation  de  Pental).  On  pourrait  se  contenter  de  répondre 
que  beaucoup  de  vies  de  saints  d'une  haute  antiquité  et  d'une 
incontestable  authenticité  sont  d'une  désespérante  pauvreté  en 
événements  historiques.  C'est  le  cas,  par  exemple,  de  la  vie  la 
plus  ancienne  de  sainte  Brigitte,  écrite  cependant  au  vie-vne 
siècle.  Les  hagiographes  sont  surtout  préoccupés  d'exalter  les 
vertus  chrétiennes  de  leurs  héros  et  ont  pour  but  principal, 
unique  même  souvent,  l'édification  des  fidèles.  Des  événe- 
ments de  leur  temps  qui,  pour  nous,  seraient  d'un  intérêt 
passionnant  ne  les  préoccupent  pas  :  et  puis  à  quoi  bon  en 
entretenir  leurs  contemporains  qui  les  connaissent  aussi  bien 
qu'eux  ?  M.  Fawtier  oublie  d'ailleurs  qu'un  peu  plus  haut 
(p.  70),  il  semble  attacher  lui-même  une  grande  importance 
a  un  événement  historique  que  nous  ne  connaissons  que  par 
l'hagiographe  :  l'histoire  de  Iudwal,  le  renversement  de 
Commor,  toute  une  révolution  qui  se  passe  en  Armorique.  Il  est 
vrai  qu'ici  même  M.  Fawtier  croit  trouver  un  argument 
nouveau  pour  justifier  sa  suspicion  à  l'égard  de  la  sincérité  du 
pauvre  moine.  Comment  se  fait-il,  dit  M.  Fawtier,  que  Gré- 
goire de  Tours  n'en  parle  pas  ?  Nous  savons,  en  réalité,  fort 

1.  Ed.  Fawtier,  p.  157.  2. 

2.  Compte  rendu,  p.  341. 


276  /.   Loth. 

peu  de  chose  de  l'histoire  des  Bretons,  dans  son  ensemble,  à 
l'époque  même  de  Grégoire  de  Tours.  Grégoire  est  assez  bien 
renseigné  sur  les  événements  qui  se  passent  dans  le  sud-est  de 
la  péninsule,  en  raison  des  luttes  des  Bretons  du  Vannetais 
qui  mettent  en  danger  de  ce  côté  la  domination  franque.  Pour 
le  reste  de  la  péninsule,  c'est  la  nuit  si  on  ne  tient  pas  compte 
du  récit  de  notre  hagiographe.  La  Domnonia  semble  être 
restée  en  dehors  des  guerres  contre  les  Francs  et  paraît 
reconnaître  sans  difficulté  la'  suzeraineté  de  leurs 
rois. 

Pour  moi,  l'adversaire  de  Iudwal  n'est  nullement  le 
Cunomorus  de  Grégoire,  celui  qui  lutte  avec  Chramne  contre 
Clotaire. 

D'abord  le  nom  est  différent.  Tous  les  manuscrits  appellent 
le  tyran  Commorus.  Ce  nom  est  composé  à  l'aide  de  la  parti- 
cule intensive  com-,  jointe  directement  au  nom  suivant  :  cf.  Com- 
maglo-s  donnant  Comme!  aujourd'hui  dans  Sainl-Caradec-Trégo- 
mel  (Morbihan).  En  contraire  C 'uno- ma g l 'os  est  un  nom  composé 
de  deux  termes  J  et  a  évolué  en  Con-vel  :  Plou-gonvel  (Finistère). 
Iudwal  ne  peut  en  aucune  façon  être  identifié  avec  le  Vidi- 
maclus  de  Grégoire  de  Tours.  Vidimaclus,  (à  lire  Fidimaglus 
pour  un  plus  ancien  Vidu-maglo-s)  apparaît  seulement  en 
587,  et  combat  avec  Werocus,  chef  des  Bretons  du  Vannetais 
contre  les  Francs.  Sans  parler  de  l'invraisemblence  historique, 
il  y  a  à  cette  identification  une  impossibilité  linguistique. 
Lorsque  le  nom  complet,  à  deux  termes,  d'un  personnage 
breton,  se  présente,  comme  c'est  souvent  le  cas,  sous  la  forme 
hypocoristique,  c'est  le  premier  terme  qui  reste  avec  un  suf- 
fixe de  dérivations  qui  est  le  plus  souvent  -oc;  parfois  il  est 
précédé  de  to-  :  Brigo-maglos  (Briavael  en  Galles),  Brioc 
(Saint-Brieuc),  To-Brioc  (Llan-Dyvriog  en  Galles).  Mais  jamais 
on  ne  voit  donner  au  même  personnage  deux  noms  dont  le 
second  terme  est  différent.  Que  l'on  corrige  Fidimaglus  en 
Ind-maghis,  ce  sera  toujours  un  personnage  entièrement  diffé- 
rent de  Iud-wal. 

1 .   Cutio-,  qui  a  donné  le  dérivé  Cunan,  Conan,  signifie  élevé  ;  tnaglo-s  a 
le  sens  de  chef,  roi. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Sainson  de  Dol.  277 

Loin  d'affaiblir  l'autorité  de  l'hagiographe,  le  récit  de  l'épi- 
sode de  Iudwal,  pour  moi,  la  rehausse  singulièrement  :  il 
explique  admirablement  des  faits  certains  qui  sans  cela  reste- 
raient obscurs.  La  captivité  de  Iudwal  à  la  cour  de  Childebert 
est  un  indice  que  Commor,  loin  d'être  en  lutte  contre  les 
Francs,  continue  à  l'égard  de  leurs  rois  les  traditions  de  sou- 
mission de  la  Domnonia.  Il  a  sans  doute  réussi  à  rendre  sus- 
pect le  prince  dont  il  a  tué  le  père  et,  par  ses  artifices,  il 
se  protège  contre  un  retour  de  la  fortune,  en  le  faisant  tenir 
en  captivité  à  la  cour  du  roi  franc.  L'intervention  de  Samson 
en  faveur  du  roi  légitime  auprès  du  suzerain  est  une  preuve  de 
la  grande  autorité  qu'il  a  su  acquérir  parmi  les  populations 
restées  sous  le  joug  du  tyran.  Il  gagne  la  faveur  du  roi  par  ses 
qualités  personnelles.  Dès  lors,  la  fondation  de  Pental,  sur 
la  basse  Seine,  par  suite  de  donations  royales,  n'a  rien  d'extra- 
ordinaire, tandis  qu'autrement  le  voyage  même  de  Samson 
est  sans  cause  et  la  constitution  d'une  dépendance  de  Dol,  à 
l'extrémité  opposée  de  la  Neustrie,  parfaitement  inexplicable. 
La  part  prise  par  Samson  à  la  lutte  victorieuse  de  Judwal 
contre  Commor  a  contribué  sans  doute  à  grandir  encore  la 
personne  de  Samson  et  à  préparer  les  hautes  destinées  du 
monastère  de  Dol  '. 

La  question  la  plus  importante  soulevée  par  M.  Fawtier 
est  celle  de  l'épiscopat  de  Samson  (p,  50  et  suiv.,  p.  63-64). 
Il  lui  dénie  la  qualité  d'évêque  en  s'appuyant  sur  deux  rédac- 
tions du  martyrologe  hiéronymien. 

Dans  l'œuvre  écrite  peu  après  772,  Samson  est  appelé  con- 
fesseur ;  dans  l'autre  qui  date  de  772  2,  et  provient  de  l'abbaye 
de  Fontenelle,  voisine  de  Pental  sur  la  basse  Seine,  il  est  qua- 
lifié d'abbé.  Je  me  contenterai  de  reproduire  ici  les  explica- 
tions de  l'abbé  Duine  3.  «  De  la  première  rédaction  il  n'y  a 
nullement   à    s'émouvoir.    D'autres    personnages  qui    furent 

1 .  La  tendance  des  rois  de  Domnonée  a  été  évidemment  de  donner  la 
prééminence  au  monastère  qu'ils  préféraient  et  la  plus  haute  juridiction  à 
ï'abbé-évêque  qui  le  gouvernait.  C'est  ce  qu'avaient  fait  les  chefs  gal- 
lois. 

2.  Duchesne,  Les  anciens  calai,  ép.  de  la  province  de  Tours,  p.  95, 
nota  1. 

3.  Compte  rendu,  p.  346-348. 


278  /.  Lotb. 

indubitablement  évêques  reçoivent  purement  le  titre  de  con- 
fesseurs dans  le  martyrologe  hiéronymien  :  quelquefois  même 
on  se  contente  d'y  inscrire  leur  nom  '. 

«  D'ailleurs  dans  les  documents  decegenre,il  faut  toujours 
compter  avec  les  oublis  de  l'auteur  et  les  distractions  des 
copistes.  Ceux  qui  ont  pratiqué  les  vieux  calendriers  liturgiques 
en  savent  quelque  chose.  Mais  le  second  cas,  qui  s'exprime 
dans  la  formule  :  DoJo  monasterio  depositio  sancti  Samsonis  abba- 
tîs  avait  fortement  contrarié  La  Borderie,  dont  la  réponse  est 
malheureusement  ruinée  par  l'argumentation  de  M.  Fawtier. 
De  nouvelles  remarques  s'imposent:  il  est  certain,  que  dans 
ce  texte  le  titre  d'abbé  est  commandé  par  celui  de  monastère; 
or,  pour  Dol,  cette  qualification  de  monastère  étant  juste  et 
notoire  au  VIIIe  siècle,  le  rédacteur  se  croit  parfaitement  en 
règle  en  donnant  à  Samson  la  qualité  d'abbé  2.  Qui  oserait  sup- 
poser que  lesmartyrologistes  lisaient  les  vies  de  tous  les  héros 
qu'ils  cataloguaient  ?  A  moins  d'être  initié  aux  particularités 
ecclésiastiques  de  la  Domnonée,  le  rédacteur  ne  pouvait  sup- 
poser que  le  chef  d'une  abbaye  eût  la  dignité  épiscopale.  Il 
devait  d'autant  moins  deviner  la  vérité  sur  ce  point,  qu'au 
milieu  du  vmc  siècle,  l'évêque  du  monastère  deSaint-Samson 
ne  songeait  guère  à  parcourir  la  Neustrie,  les  Bretons  formant 
alors  un  monde  à  part  en  hostilité  avec  les  Francs.  »  L'abbé 
Duine  ajoute  à  ce  sujet  une  importante  remarque  :  c'est  que 
probablement  l'archevêque  de  Rouen  considérait  à  cette  époque 
le  territoire  samsonien  de  Pental  comme  dépendant  de  sa  juri- 
diction. Saint  Ouen,  archevêque  de  Rouen,  donne  l'abbatiat 
de  Pental  à  SaintGermer,  vers  le  milieu  du  VHle  siècle.  D'après 
la  vie  de  Saint  Germer,  le  monastère  comptait  un  grand 
nombre  de  moines,  et  l'archevêque  de  Rouen  y  venait  comme 
dans  une  maison  soumise  à  son  aurorité  3.  Dans  une  réunion 

i.  Duine  renvoie  ici  aux  Martyrologia  hieronymiana  contractai  la  fin  du 
tome  VI.  de  juin  des  Actes  ss.  o.  s.  Bened.,  p.  20,  27,  49. 

2.  Même  après  les  événements  du  milieu  du  ixe  siècle,  et  la  constitution 
à  Dol  d'un  véritable  évêché  au  sens  gallo-romain  du  mot,  le  titre  de  menas* 
teriùm  sancti  Samsonis  persista  pendant  toute  la  durée  de  l'archevêché  bre- 
ton (Duine,  Histoire  civ.  et  pol.  de  Dol.  p.  244). 

3.  Vita  Geremari,  antérieure  à  85 1,  publiée  par  Bruno  Krusch  dans  les 
Mon.  Germ.  Hist.  script,  rer.tneroving.  IV,  p.  630,  n°  8,  10,  p.  651,  n°  12. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Sanison  de  Dol.  279 

ecclésiastique  de  Rouen  qui  se  tint  en  688  ou  689,  d'après 
Mgr  Duchesne  et  où  figurait  sans  doute  l'abbé  de  Pental, 
parmi  les  quatre  abbés  présents  aucun  ne  porte  un  nom 
breton  r. 

Ce  qui  diminue  encore  la  valeur  de  l'argumentation  de 
M.  Fawtier,  c'est  que  le  ms.  de  772  n'est  qu'une  copie  qui 
représente  un  travail  original  des  moines  de  Fontenelle,  et  il  est 
fort  possible  que  la  rédaction  primitive  accordât  à  Samson  le  titre 
d'évêque  que  lui  donnent  les  versions  postérieures  du  martyro- 
loge hiéronymien.  A  ce  propos,  l'abbé  Duine  cite  un 
exemple  bien  propre  à  rendre  circonspect,  lorsqu'on  est  en  pré- 
sence d'omissions  de  ce  genre.  Dans  un  livre  d'heures  do- 
lois  de  la  fin  du  xivc  siècle,  on  mentionne  la  fête  Gobriani 
àbbatis.  Or,  en  ces  temps,  la  légende  de  Gobrien,  reçue  à  Dol, 
racontait  positivement  que  ce  saint  avait  eu  le  caractère  épis- 
copal  et  qu'il  fut  consacré  par  l'archevêque  de  Bretagne. 

En  fin  de  compte,  il  me  paraît  bien  difficile  de  ne  pas 
identifier  notre  saint  avec  le  Samson  qui  signe  parmi  les 
évêques  du  concile  de  Paris  tenu  entre  556  et  573.  Sa  présence 
à  Paris  vers  cette  époque  pouvant  être  considérée  comme  cer- 
taine, aucun  autre  Samson  évêque  ne  pouvant  être  signalé  en 
Gaule  à  ce  moment,  ce  serait  aller  contre  la  vraisemblance 
que  de  le  nier. 

A  la  question  de  l'épiscopat  de  Samson,  se  lie  celle  des  abbés- 
évêques  2.  M.  Fawtier  nie  leur  existence- en  Gaule,  sans  excep- 
ter la  Bretagne,  et  n'en  reconnaît  qu'en  Irlande.  C'est  aller 
contre  l'évidence  pour  la  Bretagne,  le  Cornwall  et  le  pays  de 
Galles.  Le  papa  Tigernomalus  à  qui  s'adresse  l'hagiographe 
est  qualifié  par  lui  de  :  sedis  apostolicae  episcope.  Or,  l'hagiographe 
est  au  monastère  de  Dol  ;  il  nous  dit  que  Samson  est  inhumé 
apud  nos  (Lib.  I,  61  ;  cf.  2);  Tigernomalus  est  son  chef,  son 
abbé  :  c'est  sur  son  ordre,  par  obéissance,  qu'il  écrit  (Lib.  I,  1). 
Un  autre  abbé-évêque  de  Dol,  Leucher,  nous  est  connu.  C'est 
aussi  aller  contre  toute  vraisemblance  que  de  contester  l'exis- 
tence d'abbés-évêques  à  Saint  Brieuc  et  Tréguier.  Pour  Tré- 

1.  Compte  rendu,  p.  347,  note  2. 

2.  Sur  les  réserves  à  faire  sur  l'emploi  de  ce  titre,  cf.  Duine,  Compte- 
rendu,  p.   351,  note  1. 


28o  /.  Loth. 

guier,  les  noms  actuels  ont  même  force  de  preuve;  le  siège 
de  l'antique  monastère,  la  ville  actuelle  de  Tréguier,  n'est 
connu  en  breton  que  sous  le  nom  de  Lan-Dreger  (monasterium 
Tricorium) ;  le  pagus,  devenu  diocèse,  s'appelle  Treger.  Ici  nous 
touchons  du  doigt  en  quelque  sorte  l'une  des  formes  d'évolu- 
tion du  monastère  en  diocèse.  Le  monastère  de  Tutwal  a  été 
fondé  comme  centre  religieux  d'une  tribu  ou  d'un  pagus  ',  le 
pagus  Iricorius  (v.  plus  bas  à  propos  du  pagus  Tricurius  du 
Cornwall),  et  a  pris  son  nom.  Avec  la  prédication  et  les 
donations,  ce  noyau  s'est  accru  et,  au  ixc  siècle,  le  diocèse  était 
de  fait  à  peu  près  constitué  :  Nomenoe  n'aura  fait  que  lui 
donner  une  existence  légale.  Le  bon  sens  d'ailleurs,  à  défaut 
d'autre  raison,  indique  que  près  de  la  moitié  de  la  zone  bre- 
tonnante  n'a  pu  rester  sans  évêque  du  ve  au  ixe  siècle. 

En  Cornwall,  la  lettre  de  Kenstec  à  l'archevêque  Ceolnoth 
(833-870)  est  décisive  :  Ego  Kenslee  .  .  .[ad]  episcopakm  sedem 
in  gente  Cornubia  in  monasierio  qnod  lingita  Brettonum  appellatur 
Dinurrin  electus  2.  Il  me  paraît  également  certain,  comme  à 
l'abbé  Duine,  que  le  monastère-évêché  de  Lan-Alet  (Lan- 
Aletensis  monasterii  episcopus)  est  Sant-Germans  3.  Pour  plus 
de  détails,  sur  les  monastères-évèchés  en  Cornwall,  je  renvoie 
au  travail  du  Rev.  Taylor  du  numéro  précédent  de  la  Revue 
Celtique  sur  ce  sujet. 

bn  Galles,  il  est  incontestable  qu'à  l'époque  historique, 
c'est  l'évêque  avec  un  diocèse  et  une  juridiction  définie  qui 
apparaît  :  le  diocèse  est  co-extensif  avec  la  principauté.  Mais 
il  y  avait  eu  sûrement  une  époque  où  ces  abbés  de  monastères 
avaient  la  dignité  épiscopale,  sans  diocèse.  Il  y  a  un  écho  de 
cet  état  de  choses,  dans  les  vies  légendaires  de  saint  David, 
saint  Telia w,  saint  Patern,  comme  le  fait  justement  remarquer 
Haddan  4.  Ce  sont  sans  doute  les  princes  gallois  eux-mêmes  qui 
ont  le  plus  contribué  au  nouvel  état  de  choses  :  ils  ont  tenu  à 

1 .  La  constitution  du  monastère  de  Dol  a  été  plus  laborieuse,  parce  que 
il  me  semble  pas  qu'il  y  ait  eu  dans  le  pays  de  pagus  bien  défini. 

2.  Haddan  and  Stubbs,  Councils,  I,  p.  675.  Il  faut  lire  probablement  : 
Din-uurin  :  cf.  Llan-wrin  en  Galles. 

3.  Duine,  Compté  rend»,  p.  351,  note  1. 

4.  Haddan  and  Stubbs,  Councils,  II,  p.  142-149. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  281 

ce  que  l'abbé  d'un  monastère  qui  avait  leurs  préférences  eût 
l'autorité  religieuse  sur  tout  leur  royaume,  par  conséquent  sur 
les  autres  abbés  de  la  même  zone.  Le  siège  de  ces  évêques  a 
toujours  été  d'abord  un  monastère,  et  c'est  le  monastère  qui 
constituait  le  principal  centre  religieux  du  diocèse.  Le  sys- 
tème irlandais  pur,  qui  donne  le  gouvernement  aux  abbés, 
avec  des  évêques  comme  subordonnés,  remplissant  les  fonc- 
tions épiscopales  sans  avoir  de  juridiction,  a-t-il  existé  en  Galles  ? 
C'est  possible,  mais  il  n'en  est  pas  resté  de  traces.  Quant  à 
l'existence  d'abbés-évêques,  à  côté  de  l'évêque  du  diocèse,  il  est 
difficile  de  la  mettre  en  doute,  puisque  les  Lois  galloises 
signalent  sept  demeures  épiscopales  (jeptem  sunt  domits  épiscopales  : 
Leges  Wallicae,  XVIII),  en  Démena.  Nous  verrons  plus  loin 
que  saint  Doccu  qui  a  donné  son  nom  à  Llan-dochau, 
aujourd'hui  simple  paroisse  près  Cardiff,  était  abbé  et 
évêque. 

En  somme,  aucun  des  arguments  de  M.  Fawtier  examinés 
jusqu'ici  n'ébranle  sérieusement  l'autorité  de  la  Vita  Sam- 
sonis. 

J'arrive  maintenant  à  une  question  que  M.  Fawtier  a  abordée 
fatalement  avec  une  préparation  insuffisante,  ce  qui  a  contri- 
bué à  le  rendre  quelquefois  téméraire,  question  d'une  grande 
importance  même  au  point  de  vue  de  la  véracité  de  l'hagio- 
grapheetdela  sûreté  de  ses  sources  :  celle  des  noms  propres 
d'hommes  et  de  lieux. 

Le  père  de  Samson  s'appelle  Ammon  ou  Amon  ;  sa  mère, 
Anna.  M.  Fawtier  est  fâcheusement  impressionné  par  le  carac- 
tère biblique  de  ces  noms  (p.  35).  Cette  impression  d'inquié- 
tude s'accroît,  dit-il,  lorsqu'on  constate  que  le  miracle  qui  pré- 
cède la  naissance  du  saint,  l'histoire  de  la  stérilité  de  sa  mère 
Anna,  est  un  simple  emprunt  à  l'histoire  d'Anna,  mère  de  la 
Vierge  Marie  (p.  36).  M.  Fawtier  s'est  ému  bien  à  tort.  Tout 
d'abord,  une  naissance  miraculeuse  pour  des  saints  est  chose 
banale,  presque  obligée.  J'irai  jusqu'à  admettre  avec  M.  Faw- 
tier que  le  nom  d'Anna  ait  induit,  non  point  probablement 
Henoc,  mais  un  des  admirateurs  du  saint  plus  éloigné  des 
des  événements,  à  crier  au  miracle  pour  la  naissance  tardive  de 
Samson  et  à  instituer  ainsi  un  parallélisme    flatteur   pour  le 


282  ./.  Loth. 

héros.  Mais  lorsqu'on  regarde  de  plus  près  le  texte,  on  s'aper- 
çoit bien  vite  qu'on  est  en  réalité  en  présence  d'un  fait  qui 
n'a  rien  de  surprenant.  On  a  même  là,  il  me  semble,  une 
preuve  frappante  de  la  véracité  de  l'hagiographe  ;  l'événe- 
ment est  hors  de  proportion  avec  les  exagérations  du  com- 
mentaire :  l'hagiographe  nous  donne  impartialement  l'histoire 
vraie  et  la  légende  '.  En  effet,  si  Ammon  et  Anna  sont  inquiets 
au  sujet  de  leur  postérité,  c'est  qu'Afrella  sœur  d'Anna  a  eu 
trois  fils,  tandis  qu'Anna  reste  stérile,  et  cependant,  nous  dit 
l'hagiographe,  elle  n'était  pas  plus  âgée  que  sa  sœur  -.  D'ail- 
leurs ce  qui  le  confirme  surabondamment  et  prouve  que  les 
deux  époux  n'étaient  nullement  dans  un  âge  avancé,  c'est 
qu'après  Samson  ils  curent  encore  quatre  fils  et  une  fille  (Lib.  [, 
p.  29), 

Quant  au  caractère  biblique  du  nom,  il  cadre  parfaitement 
avec  celui  de  Samson.  On  trouve  encore  aujourd'hui  en  Bre- 
tagne des  noms  bibliques  avec  des  formes  remontant  claire- 
ment à  l'époque  du  vieux-breton  3.  En  revanche,  il  me  paraît 
certain  que  c'est  une  fausse  analogie  qui  a  porté,  peut-être  les 
contemporains  de  Samson,  sinon  ses  parents,  ou  tout  au 
moins  les  gens  de  la  génération  suivante,  à  voir  dans  les  noms 
d'Anna  et  d'Ammon  des  noms  bibliques.  Ces  noms,  en  effet, 
sont  incontestablement  celtiques.  Ils  se  trouvent  dans  plusieurs 
inscriptions  latines.  Holder  {Alt.  celt .  Sprachschat^)  à  qui  je 
me  contente  de  renvoyer  pour  les  sources,  notamment  au 
supplément,  en  donne  sous  Anna  plusieurs  exemples.  Ce  qui 
d'ailleurs  est,  s'il  est  possible,  encore  plus  démonstratif,  c'est 
que  dans  les  Généalogies  galloises  du  x°  siècle,  Anna  est 
femme  de  Beli  et  mère  d'Aballach  '.  Amnio(ii)  est  également 


1.  Comme  l'a  fait  remarquer  Dom  Plaine,  l'histoire  des  verges,  qui  repose 
sur  un  usage  réel  et  bien  brittonique.  se  retrouve  dans  la  vie  de  saint 
Brieuc  (cf.  J.  Loth,  Uèmigr.  bret.  p.  244.  Revue  Celt.  XI.  p.  377,  378). 

2.  Desperato  itaque  femini  uteri  fœtum,  nonpro  xtatis  seà  naturae  inequa 
litate  cuiii  sua  sorore. 

3.  Salaun (Salamun  =  Saloniouetu)  ;  Samqin  (Satnsçnern)  ;  Jegu, 
Jagu(Iacôbus)  ;  Ma^eo,  Maheo(Matbeiis);  Ma^eas  (Maihias).  Sawyl  =  Samuel; 
Dewi  —  David. 

4.  J.  Loth,  Mabin.  2^  éd.  II,  p.  336. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Sanison  de  Dol.  283 

très  conu  :  Esciggorïx  Ammonis  f.  —  Ammo  fecit  —  Ammoni 
Drapponis  filio  '.  Il  y  a  même  une  inscription  véritablement 
surprenante  qui  tendrait  à  faire  croire  que  le  couple  Am mou- 
Anna  reposait  sur  une  tradition  vieille-celtique  (C.  I.  L.  III, 
8240)  :  Anna  Sammonis  coiux.  On  peut,  en  effet,  facilement 
supposer  qu  Amman  est  pour  Hammon,  forme  régulièrement 
évoluée,  au  plus  tard,  au  ve  siècle  deSammon^ci.  dans  la  vie  : 
Abfinum  mare,  à  côté  de  Habrinum  =  Sabririuni). 

Le  nom  du  diacre  Henoc  n'a  rien  de  biblique;  il  est  d'ailleurs 
hors  de  discussion.  Il  remonte  à  un  vieux  celtique  Senàco-s  2, 
(irlandais  Senachf 

Af relia  et  Umbrafel  ou  Umhraphel  sont  moins  limpides, 
mais  n'avons-nous  pas  dans  l'onosmatique  celtique  ou  simple- 
ment brittonique,  dans  des  documents  plus  récents,  bon 
nombre  de  noms  authentiques,  dont  le  sens  et  parfois  même  la 
formation  nous  échappe  ?  La  présence  de-/r-  dans  Aj relia,  au  vi- 
vne  siècle,  n'a  rien  de  surprenant.  Les  spirantes  évoluées  de 
consonnes  vieilles  celtiques  se  montrent  déjà  à  cette  époque: 
on  a  Lunarhi  pour  Lunarci  dans  une  inscription  chrétienne  de 
Grande-Bretagne  {Lunarhi  Cocci);  Broho-magli  pour  Brocco- 
magli  3  :  Fr-  remonte  ordinairement  à-  sr-  ou  -spr.  (ou,  en  com- 
position -d  -\-pr)  :  Af  relia  peut  aussi  être  un  nom  composé.  En 
tout  cas,  il  n'est  pas  plus  extraordinaire  que  Afroc  qui  apparaît 
dans  deux  chartes  du  cartulaire  de  Redon  :  Kan-afroc  en  846, 
et  Afroc  testis  4.  Il  n'est  pas  inutile  de  remarquer  que  -ëll 
(ellâ  ou  ïllâ)  est  un  suffixe  féminin  en  gallois  '>. 

Enfin  il  est  possible  quAf relia  soit  le  produit  d'une  mau- 
vaise lecture.  Je  serais  tenté  de  supposer  qu'il  y  a  eu  dans  le 
ms.  primitif  Avrel la  pour  Aurélia  ;  Aurelius,  Aurelianus  étaient 
des  noms  fort  connus  et  honorablement  portés  chez  lesBrit- 
tons. 

1.  La  forme  Ammwn  des  hagiogmphes  gallois  n'est  pas  ancienne  et  est 
sans  autorité.  La  terminaison  -ou,  en  gallois,  conserve  son  0  régulièrement. 

2.  Inscr.  Brit.  Chr.  :  Senacus  (cf.  J.  Loth,  Chrest.,  p.  47.) 

3.  Ibid.  158  ;  au  vme  siècle,  on  a  Brohcmail  (].  Loth,  Màbin.  2e  éd.  II, 
p.  345,  note  4). 

4.  J.  Loth,  Chrest,  p.  105. 

5.  La  terminaison  -ell  (si  cm  est  une)  n'est  pas  rare  en  gallois,  et  est 
féminine. 


284  /.  Loth. 

Umbrafcl  me  parait  à  décomposer  en  ambi-ro-fel-.  Le  suffixe 
vieux-celtique  ambi-ro-  est  largement  représenté  en  britto- 
nique,  et  en  irlandais  (vieux-goidélique  :  cmbi-ro-}.  En  gallois, 
le  vieux-brittonique  et  gaulois  ambi-,  se  présente  sous  deux 
formes  am-,  et  ym-.  Cette  dernière  forme  est  régulière  avec 
les  racines  ou  thèmes  verbaux,  notamment  avec  les  substan- 
tifs verbaux,  mais  il  y  a  eu  de  bonne  heure  mélange  entre 
les  deux  formes  :  ainsi  dans  les  Lois,  emrecholl  au  lieu  d'am-ry- 
goll  '  (ambi-ro-coll-).  Ym  se  prononce  à  peu  près  ôm  et  se  pro- 
nonçait sûrement  ainsi  à  l'époque  où  écrivait  l'hagiographe. 
Au  vnc  siècle,  on  a  été  fort  embarrssé  pour  exprimer  ce  son, 
comme  on  l'a  été  au  xie  siècle,  en  Bretagne  pour  0  long  :  en 
Bretagne,  on  l'écrit  u  ou  0.  L'hagiographe  a  choisi  u  qui  se 
rapprochait  davantage  de  ô.  La  graphie  umb-  est  donc  parfaite- 
ment justifiée  2.  Quant  à  la  forme  ta-  pour  ro-,  elle  est  à  cette 
époque  très  régulière.  Cf.  Catamanus  pour  Catu-mano-s,  (Cad- 
van,  roi  de  Powys,  fin  vie  et  commencement  du  vne  siècle: 
Hùbner,  Inscr.  Br.  ch.  ;  cf.J.  Rhys,  Lectures,  2e  éd.,  160,  iéi, 
364).  Quant  à  -fel,  je  ne  vois  guère  de  racine  de  ce  genre  que 
dans  le  dérivé  feleic,  qui  apparaît  dans  le  Livre  de  Taliessin 
(Skene,F.  a.B.\\,\t.  188,  14,  15)  et  qu'on  traduit  par  prince: 
le  sens  n'en  est  pas  certain.  Comme  pour  Af relia,  il  est  possible 
qu'ily  ait  eu  une  faute  de  lecture  :  umb-ra-sel  3  ou  wnb-ra-wel , 
(qui  regarde  ou  qui  voit  très-bien).  Ce  nom  conviendrait  remar- 
quablement à  la  condition  des  parents  de  la  famille  de  Samson 
qualifiés  d'altrices  regum.  Deux  manuscrits  portant  àltores,  je 
crois  que  le  manuscrit  primitif  devait  porter  altores  et  altrices 
regum,  ce  qui  comprend  la  famille  paternelle  et  maternelle.  Il 
est  probable,  comme  l'a  supposé  M.  Fawtier,  qu'il  faut  entendre 
par  là  les  dignitaires  chargés  d'élever  les  enfants  des  rois,  les 
*altravon-es  (gallois  alltraw,  plur.  alltrawon). 

On  remarquera  que  Umbrafel  n'a  pas  de  terminaison,  même 

1.  Ce  mot  a  le  sens  de  perte  complète  (ap.  Sil  van  Evans,  JVelsh  Dict.). 

2.  La  forme  galloise  amra-vael,  varié,  différent,  a  été  précédée  par  ani- 
ry-vael  (ry  :  prononcez  rô)  ;  c'est  un  fait  d'assimilation  peu  ancien  ;  cf.  atn-ry- 
fus,  (im-r\-  wedd  etc. 

3 .  Il  y  a  dans  le  Mab,  de  Kulhwch  un  personnage  du  nom  de  Sel,  fils  de 
Sel-gi. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  285 

latine.  Au  vne  siècle,  toutes  les  finales  étaient  déjà  tombées. 
Dans  une  charte  anglo-saxonne  de  682,  le  nom  breton  d'une  terre 
en  Somerset  est  Crue  Tan,  en  anglo-saxon  CrycBeorb:  crue  — 
*vieux  celtique  croucio-  (irl.  crùacli)  '. 

Le  nom  du  chef  des  adorateurs  de  la  pierre  dressée,  en 
Cornwall,  leur  comte,  est  Giiedianus  ou  Goedianus  dans  le  ms. 
principal  de  M.  Fawtier  et  même  dans  les  dix-neuf  autres.  Il 
y  avait  là,  à  n'en  juger  que  par  ces  mss.,  un  argument  en 
faveur  de  la  thèse  de  l'auteur  ;  car,  Guedianus  est  une  forme 
qui  ne  peut  être  antérieure  au  ixe-xe  siècle.  En  Bretagne  armo- 
ricaine, le  iu-  initial,  ne  s'écrit  gu-,  guu-  que  vers  la  fin  du 
ixe  siècle  et  n'est  régulier  qu'au  xe.  En  Cornwall,  on  trouve 
w-  et  giu-  au  xe  siècle.  En  Galles,  la  mutation  écrite  est  plus 
ancienne.  Mais  la  forme  du  VIe  et  vne  siècle,  comme  m'en  a 
fait  souvenir  l'abbé  Duine  à  qui  j'avais  confié  mes  scupules  à 
se  sujet,  se  trouve  dans  le  Vita  du  ixe  siècle  publiée  par  Dom 
Plaine  %  et  même  dans  Baudry.  Les  mss.  dont  cette  vita  et 
Baudry  même  se  sont  servis,  étaient  plus  anciens  que  les 
nôtres.  La  forme  chez  eux  est  Widianus.  M.  Fawtier,  très 
atteint  par  la  mode  du  jour,  voit  dans  cette  histoire  de  Gue- 
dianus une  légende  topographique.  Pourquoi  ?  Parce  qu'il  y  a  en 
Cornwall,  une  paroisse  de  Gwythian  ou  Saint  Givytlgian:  or, 
Gwythian  est  dans  la  hundred  du  Penurith,  dans  l'extrême  sud  et 
non  dans  le  pagus  Tricurius  où  a  lieu  l'événement.  Le  nom  de 
Wedian  était  un  nom  aussi  connu  en  Bretagne  qu'en  Cornwall 3. 

Isanus  est  un  nom  bien  connu.  Un  Isanus  apparaît  donnant 
son  nom  à  un  monastère  dans  Llan-Issan  (Book  of  Llan  Dâv, 
p.  56,  62,  124,  255,  287)  siège  d'un  évèché,  d'après  les  Lois. 
Quant  a  Atoclius,  sa  composition  n'est  pas  claire,  mais  il 
n'y  a  aucune  raison  de  mettre  un  doute  sur  sa  celticité  4. 

1.  J.  Loth.  Le  brittonique  en  Somerset  à  la  fin  du  VIfc  et  dans  le  cours  du 
Vlîb  siècle  (Revue  Celt.  XX,  340. 

2.  Anal.  Boll.  VI,  p.  169. 

3.  J.Loth,  Les  noms  des  saints  bretons  p.  45  ;  p.  152.  Le  rapppochement 
avecgweddi  est  à  supprimer. 

4.  Atoclius  peut  être  décomposé  en  ato-  (cf.  Ato-biles  (Autun),  Atoo 
(Bourges)  ap.  Holder,  Alt-cel.  Spr.,  suppl.)  et  Clius  peut  être  pour  Clivus 
(gai.  elyw ,  =  clevos,  renommée)  ;  ou  en  At-oclius  :  ocl  parait  dans  ar-ogl, 
parfum  ;  il  y  a  aussi  des  dérivés  en  -ocl. 

Revue  Celtique,  XXXV.  !9 


286  /.  Loth. 

Le  nom  de  l'abbé-évèque  de  Dol  Tigernomalus,  mérite  l'at- 
tention. C'est  en  effet,  le  même  nom,  avec  la  même  forme, 
qui  figure  dans  une  inscription  chrétienne  du  Cornwall, 
trouvée  à  Saint-Cubert  :  les  caractères,  d'après  Hùbner  sont 
du  Vle-vne  siècle  (Cf.  J.  Rhys  Lectures,  2e  éd.,  p.  403): 
Conetoci  fili  Tigernomalus.  On  est  généralement  d'avis  que 
Tigernomali  est  pour  Tigernomagli  (Tigernomaglus  est  le 
nom  d'un  compagnon  de  saint  Paul  Aurélien):  tegërno-  signifie 
chef,  maître,  et  maglo-s,  prince,  roi.  Il  n'est  pas  cependant  sûr 
que  le  second  terme  ici  soit  maglo-s,  en  raison  de  la  concor- 
dance de  la  forme  comique  et  de  la  forme  bretonne,  évidem- 
ment indépendantes  Tune  de  l'autre. 

Le  mot  Privatus  par  lequel  est  désigné  le  premier  homme 
qu'ait  aperçu  Samson  en  débarquant  sur  le  rivage  de  l'Armo- 
rique,  a  été  jusqu'ici  considéré  comme  un  nom  propre  (vidit 
ad  ostium  mansiunculi  privatum  plorantem.  La  Vita  du  ixe 
donne  Privatum  iiominc.  Pour  M.  Fawtier,  privatus  est  un 
terme  signifiant  leude;  l'abbé  Duine  a  vainement  cherché  ce 
sens  à  privatus:  ce  vocable  désigne  un  particulier,  et  rien  de 
de  plus  '.  Privatus,  comme  nom  propre,  se  trouve  souvent 
dans  le  Corpus  Inscr.  Lut.  L'abbé  Duine  cite  en  outre  l'héré- 
tique Privatus  ;  un  Privatus  abbé,  mentionné  dans  les  lettres 
de  Grégoire-le-Grand  ;  un  autre  Privatus,  évêque  du  Gévau- 
dan,  mentionné  parGrégoire-de-Tours.  J'ajouterai  que  privât  us 
a  donné,  en  gallois,  priod  et  en  breton,  pricd,  qui  appliqué  à 
l'homme  indique  l'homme  marié  et,  à  la  femme,  la  femme 
légitime  2.  Je  serais  tenté  d'ajouter  virum  au  texte  :  virum  priva- 
tum représenterait  exactement  le  gallois  actuel  giur  priod,  homme 
marié,  mari  (Vocabulaire  comique  du  xie  siècle  :  gwr  priât), 
ce  que  confirme  le  contexte.  Le  privatus,  en  effet,  attend  un 
secours  d'outre-mer  pour  sa  femme  atteinte  de  la  lèpre  et  sa 
fille  possédée  du  démon. 

Quelques-uns  des  noms  de  lieux  mentionnés  dans  la  Vie 
sont  importants,  et  méritent  d'autant  plus  l'attention  qu'on 


1.  Compte,  rendu  p.   354  et  note  1  ;  cf.  Fawtier,  p.  63,  note. 

2.  En  breton,  le  sacrement  de  mariage    est  priedeleç,  dérivé  de  privatus 
par  un  double  suffixe. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  287 

n'a  pu  jusqu'ici  les  identifier.  Samson,  étant  encore  en 
Galles,  accompagne  en  Irlande  des  savants  irlandais  revenant 
de  Rome  (peritissimi Scotti).  Pour  M.  Fawtier,  c'est  une  légende 
topographique,  parce  qu'il  y  avait  en  Irlande  un  monastère, 
donné,  d'après  la  Vie,  par  l'abbé  même  à  Samson  en  retour 
d'une  guérison  miraculeuse,  monastère  dont  il  remet  le  gou- 
vernement à  son  oncle  Umbrafel.  Pour  M.  Fawtier,  c'est 
l'existence  du  monastère  qui  a  fait  naitre  l'histoire  des  voyages 
qui  est,  par  conséquent,  une  invention  (p.  48). 

L'hagiographe  ne  cite  qu'un  nom  de  lieu  en  Irlande  ;  ce 
n'est  pas  celui  du  monastère  et,  à  lui  seul,  il  suffit  pour 
démontrer  sa  sincérité.  Il  nous  dit  que  Samson  a  séjourné  in 
arce  Etri  (var.  Aetri,  Etridè).  On  l'a  cherché  de  divers  côtés. 
Le  Raith  Airthir  dans  le  comté  de  Meath,  proposé  par  le  R.  P. 
Patrick  Moran,  ne  peut  en  aucune  façon  représenter  ce  nom, 
linguistiquement.  Il  ne  convient  pas  davantage  au  point  de 
vue  de  la  situation.  Car,  d'après  le  contexte,  Yarx  Etri  est  sur 
la  côte  tandis  que  le  Râith  airthir  est  dans  l'intérieur  des  terres. 
Il  n'y  a  pas  à  s'arrêter  à  l'argument  tiré  du  fait  que  Balgrif- 
fin,  paroisse  assez  voisine  de  Raith  airthir,  située  dans  le 
comté  de  Dublin,  a  été  sous  le  vocable  de  Saint- Samson  '.  Cette 
église  était  dédiée  aux  saints  Samson,  Doulech  et  Stapolin.  Or, 
comme  Balgriffin  ou  Bally-Griffin  doit  son  nom  à  la  famille 
galloise  des  Grifrin,  qui  s'y  fixa  au  xme  siècle,  il  est  fort  pos- 
sible que  le  culte  de  saint  Samson  dans  cette  paroisse  ait  été 
introduit  par  eux  à  la  même  époque  2.  M.  Fawtier  signale  un 
Cam-Sampson  dans  le  comté  d'Antrim,  qu'il  préférerait;  outre 
que  la  situation  ne  conviendrait  guère,  cam,  qui  signifie  tas, 
amas  de  rochers,  ne  traduit  nullement  arx.  Shearman  signale 


1.  L'abbé  Duine  a  signalé  le  fait  d'après  O'Hanlon,  Lires  of  lrish  saints, 
VII,  p.  430. 

2.  Shearman  s  Loca  Patn'ciana,  n°  X  —  The  comparions  of  Saint  Fiacc 
{Journal  of  the  R.  S.  oj  Antiqu.  oflrel.  XIV  (1870),  p.  86).  Shearman  croit 
que  la  dédicace  à  saint  Samson  est  antérieure  au  xme  siècle  sans  en  donner 
de  raison.  Comme  me  le  fait  remarquer  R.  I.  Best,  Keeper  de  l&National 
Library,  à  Dublin,  le  savant  bien  connu,  Reeves,  dont  on  connaît  la  scrupu- 
leuse exactitude,  se  contente  de  signaler  le  fait  :  Manoirs  oflhe  churchof  saint 
Duilech:  Royat  soc.  of  A.  Ir.  VII  (1859),  p.  143. 


288  /.  Loth. 

aussi  un  Bally1  -Samson,  dans    le  sud    du   comté   de  Wex- 
ford  2. 

L'arx  Etri  est  incontestablement  Dûn  Etair,  identification 
que  m'a  suggérée  R.  I.  Best,  aujourd'hui  le  promontoire  de 
Howth,  à  l'extrémité  de  la  baie  de  Dublin,  dans  un  site  des 
plus  saisissants.  Le  Dûn  (arx)  était  sans  doute  bâti  sur  le 
Benn  Etair  (promontoire,  pic  d'Etar),  autour  duquel  Saint 
Columba,  dans  une  touchante  poésie,  se  rappelle  avec  émotion, 
pendant  son  exil  en  Ecosse,  avoir  ramé  dans  son  currach. 
Dans  le  voisinage  se  trouvait  Raith  Êdair.  Dûn  a  le  sens  bien 
connu  de  fort,  citadelle,  et  râih  ou  Râith,  celui  de  résidence 
entourée  d'un  rempart  de  terre  avec  fossé.  Dûn  Etair  est  signalé 
dans  le  Livre  de  Leinster,  le  Livre  de  Lecan  5.  Le  fort  d'Etar 
joue  aussi  un  rôle  dans  une  saga  du  cycle  de  Cûchulinn  4. 
Le  Râith  Edair  figure  dans  l'Index  aux  Four  inasters,  d'où 
Hogan  l'a  extrait  dans  son  Ononiasticon  Goedelicuni.  Étair  est 
au  génitif;  Va  indique  la  valeur  gutturale  du  groupe  //-.  La 
forme  Étri  est  vieille-celtique  et  représente  une  forme  vrai- 
ment archaïque  d' Etair.  La  forme  priniitive  devait  être  :  nom. 
Entro-s,  génit.  Entri  :  la  chute  de  n  dans  le  groupe  -nt-,  -nlr-, 
amenant  l'allongement  compensatif  de  la  voyelle  précédente 
accentuée,  est  très  vieille  et  antérieure  aux  textes  irlandais 
les  plus  anciens  \  Il  est  possible  d'ailleurs  qu'un  scribe  ait 
négligé  un  signe  d'abréviation  sur  Etri  (étri).  Dûn  Etair,  par 
sa  situation,  répond  admirablement  aux  données  de  la  Vie. 
L'arx  Etri  était  sur  les  bords  de  la  mer  ;  Samson  s'y 
embarque  et  retourne  dans  le  sud  du  pays  de  Galles  vento 
aquilone;  sa  navigation  dure  deux  jours.  A  tout  point  de  vue, 
le  voyage  de  saint  Samson  nous  apparaît  comme  une  réalité. 
Il  n'a  d'ailleurs  rien  d'extraordinaire.  On  allait  avec  la  plus 
grande   facilité  de  Galles  en  Irlande  et  réciproquement.   Les 

i.  Bally  représente  l'irl.  baile,  demeure,  village,  ville,  et  même  monas- 
tère. 

2.  Ibid.  et  ;  On  the  allie  races  ofGreat  and  Lesser  Brit'ain  (Journal  oj  the 
R.  s.  a.  I.  XV  (1882),  p.  623). 

3.  Pour  les  références,  Cf.  Hogan,  Otwmasticou  Goedelicum. 

4.  Whitley  Stokes,  the  Siège  o/Hoivlb.   (RevueCelt.   VIII,  47-64,  1887.) 

5.  Cf.  Thurneysen,  Handbuch des  Alt-Irischen  p.   124,  33,  207. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  289 

rapports  étaient  incontestablement  fréquents  entre  les  monas- 
tères irlandais  et  brittons.  A  l'époque  romaine,  il  y  avait  encore 
au  moins  deux  tribus  originaires  de  l'île  de  Bretagne,  les 
Menapii  et  les  Brigantes,  en  Irlande.  Il  y  a  trace  d'établissements 
permanents  des  Brittons  dans  le  pays  :  témoin  le  Sailchoet  de 
Cormac,  aujourd'hui  Solloghond  en  Tipperary.  VEpistola  ad 
Coroticiim  est  un  témoignage  des  incursions  des  Brittons  au  Ve 
siècle.  Les  rapports  étaient,  en  effet,  tantôt  amicaux,  tantôt 
hostiles.  J'ai  signalé,  d'après  les  annales  irlandaises,  plusieurs 
batailles  entre  Gaê'ls  et  Brittons  du  vie  au  vme  siècle  en  Irlande, 
une  dans  le  voisinage  de  Dublin  même  '.  Enfin,  les  Annales 
d'Ulster  nous  signalent,  à  l'année  822,  la  destruction  par  un  chef 
irlandais  d'un  monastère  d'origine  brittonne  et  peut-être 
encore,  à  cette  époque,  habitée  par  des  Brittons  ou  en  tout  cas, 
très  fréquenté  par  eux  :  Gailinne  na  mBretan  exustum  est  a 
Feidhlimtidh  cum  tota  habitatione  sua,  cum  oratorio.  Gai- 
linne na  mBretan  ou  Gailinne  des  Bretons  est  Gallen,  dans  la 
barronie  de  Garrycastle  en  King's  County.  Le  monastère 
avait  été  fondé  par  Saint  Canôc,  mieux  Mo-chonôg,  fils  d'un  roi 
de  Bretagne  2. 

M.  Fawtier  rejette  l'hypothèse  qui  identifie  le  monastère 
de  l'abbé  Piro,  en  Galles,  où  Samson  a  résidé  quelque  temps, 
avec  ynys  Pyr  ou  Caldy  Island,  sur  les  côtes  du  Pembro- 
keshire.  Il  en  donne  des  raisons  d'ordre  topographique  qui 
paraissent  assez  plausibles  et  des  raisons  d'ordre  linguistique. 
Il  fait  justement  remarquer  tout  d'abord  que  le  mot  insula, 
peut  avoir  le  sens  de  maison  isolée,  ce  qui  est  juste.  C'était 
peut-être  un  ermitage.  M.  Fawtier  y  voit  un  monastère  d'après 
ce  passage  concernant  Yinsula  :  nuper  fundata  a  quodam  egregio 
viro  ;  mais  dans  la  Vie,  fitndare  a  un  autre  sens  :  celui  d'ha- 
biter :  in  cujusdomo,  ultra  mare,  ipse  solus  Samson fitndaverat  *, 
Lib.  I,  2).  Comme  le  scribe  est  de  langue  brittonique,  il  ne 
faut  pas  oublier  non  plus  quinsula  peut  traduire  le  vieux-cel- 

1.  Les  Bretons  insulaires  en  Irlande,  Revue  celtique  XVIII,  p.  304. 

2.  J.  Loth,  Bretons  en  Irlande,  Revue  celt.  XXVIII,  417. 

3.  Ce  sens,  s'il  ne  se  retrouve  pas  en  territoire  non  celtique,  rappelle 
l'irlandais  bun-dit,  fondement,  fondation,  résidence,  sens  qui  était  courant 
en  moyen  irl.  et  existe  encore.  Je  ne  vois  pas  d'idiotisme  brittonique  cor- 
respondant. 


290  /.  Lolh. 

tique  *inissï,  irl.  inis,  gallois ynys,  qui  signifie  couramment  en 
Irlande  le  bord  d'une  rivière,  terrain  en  bordure  de  rivière. 
Ce  sens  est  également  connu  en  gallois  '.  La  forme  linguis- 
tique serait  un  obstacle  plus  décisif,  si  les  Pyr  gallois  remon- 
taient tous  à  Porio-s.  Or,  rien  n'est  moins  démontré.  M.  Faw- 
tier  en  est  cependant  si  sûr  que,  pour  Porius,  il  renvoie  au  Book 
of  LJan  Dàv.  Or,  on  n'y  trouve  que  Mainaitr  Pir,  aujourd'hui 
Manorbeer,  en  Pembrokeshire  (p.  124,255),  tandis  que  l'inscrip- 
tion chrétienne  du  vie-vne  siècle,  Porius  hic  jacet,  a  été  trouvée 
à  Llechldris  en  Trawsfynydd,  dans  le  nord,  près  de  Festiniog. 
Il  est  très  vraisemblable  qu'au  vie  siècle,  Piroet  Porio-s  étaient 
encore  des  noms  différenciés  dans  la  prononciation  ;  on  peut 
sans  doute,  à  la  rigueur,  au  moins  au  vne  siècle,  supposer  une 
forme  Pir  ou  voisine  de  Pir  évoluée  régulièrement  de  Porio-s, 
mais  la  forme  traditionnelle  ancienne,  à  cette  époque,  devait 
être  connue.  De  plus,  la  graphie  Piro,  Pironis  ne  paraît  pas 
fortuite.  Pour  avoir  l'équivalent,  il  faudrait  trouver  en  Galles 
un  nom  de  lieu  où  figurât  Pyron. 

En  résumé,  on  ne  peut  encore  identifier  Yermitage  ou  le 
monastère  de  Piron  avec  aucun  nom  de  lieu  actuel  ou  connu 
du  pays  de  Galles. 

Les  recherches  de  M.  Fawtier  en  Cornwall  n'ont  pas  été 
plus  fructueuses.  Ici  encore,  il  a  l'esprit  hanté  par  les  légendes 
topographiques,  et  puis  il  est  persuadé  que  Thagiographe  ment 
en  affirmant  avoir  été  lui-même  en  Cornwall.  Chose  plus 
grave,  il  ne  paraît  pas  se  préoccuper  des  formes  diverses  des 
noms  de  lieux  dans  le  cours  du  temps.  Or,  en  matière  hagio- 
graphique, la  géographie  historique  est  un  élément  capital 
pour  la  critique. 

On  met  généralement  le  lieu  d'atterrissage  de  Samson 
venant  du  pays  de  Galles  en  Cornwall,  à  Padstow,  sur  la  côte 
ouest,  à  l'embouchure  de  la  Camel  :  c'est  le  seul  port  véritable 

1 .  En  Glamorgan,  me  dit  M.  Morgan  Watcyn,  ynys  est  courant  dans  le 
sens  de  terrain,  sur  le  bord  d'une  rivière.  Et  en  effet,  j'ai  moi-même 
trouvé  l'indication  de  ce  sens  pour  cette  région  dans  un  ms.  de  Llanover 
(181,  p.  267.  Ce  sens  a  existé,  existe  peut-être  encore  en  Bretagne:  il  y  a 
des  enes,  ene^en,  au  milieu  des  terres. 

2.  Il  v  a  un  Saint  Pvr  en  Monmouthshire. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Satnson  de  Dol.  291 

à  l'ouest,  le  long  de  la  côte  septentrionale.  Et  puis,  il  y  avait 
à  Padstow  une  chapelle  dédiée  aux  saints  Cadoc  et  Samson 
d'après  une  donation  de  Henri  VIII  au  pape  en  1 543-1 544,  et 
une  autre  à  Nicholas  Prideaux  l'année  suivante  comprenant 
cette  chapelle  r.  Assurément  l'existence  de  cette  chapelle  dont 
l'âge  n'est  pas  connu,  quoiqu'elle  paraisse  avoir  été  fort 
ancienne,  à  elle  seule  n'est  pas  probante.  Mais  l'objection  qu'op- 
pose M.  Fawtier  au  choix  de  Padstow,  c'est-à-dire  la  longueur 
du  voyage  par  mer  du  pays  de  Galles  à  cet  endroit,  tandis 
qu'il  était  si  simple  d'aborder  plus  au  nord,  par  exemple, 
près  de  la  baie  de  Barnstaple  en  De  von,  malgré  son  caractère 
spécieux,  est  sans  valeur  et  repose  sur  une  erreur  aujourd'hui 
encore  trop  répandue.  Tout  d'abord,  dans  les  pays  baignés 
parla  mer,  on  préférait,  à  l'époque  historique  et  même  préhisto- 
rique, la  voie  de  mer  à  la  voie  de  terre,  parce  qu'elle  offrait, 
en  somme,  moins  de  dangers  divers,  Le  voyage  de  Pytheas 
n'est  sûrement  pas  une  exception.  Les  relations  de  l'Irlande 
avec  la  Gaule,  avant  les  témoignages  de  l'histoire,  ont  été 
mises  en  pleine  lumière  par  un  éminent  archéologue  irlandais, 
Coffey.  Son  étude,  pour  l'époque  historique,  a  été  complétée 
par  H.  Zimmer  2.  A  l'époque  de  la  conquête  romaine,  le 
témoignage  de  César  est  des  plus  instructifs.  On  a  vu  une 
preuve  d'ignorance  et  d'inexpérience  nautique  chez  les  écri- 
vains grecs  et  latins,  dans  le  fait  qu'ils  placent  l'Irlande  et 
l'île  de  Bretagne  en  face  de  l'Espagne  et  font  couler  la  Loire 
dans  l'Océan  britannique  3.  Elle  repose,  au  contraire,  sur  le 
témoignage  de  gens  connaissant  fort  bien  les  conditions  de  la 
navigation  entre  l'Irlande,  la  Gaule  et  l'Espagne.  Aujourd'hui 
encore,  les  marins  vous  diront  que  les  courants  portent  direc- 

1  Je  dois  la  connaissance  de  ces  actes  au  Rev.  Tho.  Taylor.  On 
trouve  aussi  mention  de  la  chapelle  et  du  cimetière  de  Saint-Sampson  dans  : 
The  complète parochiai  history  of  Corniuall,lW,  p.  17. 

2.  Intercourse  of  Gaul  with  Ireland  before  the  first  century  (Proc.  of  the  R. 
I.  A,  XXVIII,  c.  n°  4)  —  H.  Zimmer,  Ueber  direkte  Handelsverbindungen 
Westgalliens  mit  Irtand  im  Alterhim  uni  frûhen  Mittelalter  (Sztungsber.  d. 
K.  A.  d.  W.  1909,  XIV,  XV,  XXI  ;  1910,  41. 

3.  J'ai  réuni  tous  les  textes  anciens  au  sujet  de  cette  erreur  qui  en  a 
causé  beaucoup  d'autres,  dans  mon  Emigration  bretonne  en  Armorique,  pp.  5  3- 
S4. 


292  /.  Loth. 

tement  des  côtes  d'Irlande  ou  du  sud-ouest  de  l'Angleterre,  à 
la  hauteur  et  au  large  d'Ouessant  dans  la  direction  de  l'Espagne 
et  du  golfe  de  Gascogne  ;  d'où,  avant  l'invention  de  la  bous- 
sole, l'impression  que  rien,  sinon  l'océan,  ne  séparait  ces 
pays. 

Quant  à  l'anse  de  Padstow,  elle  a  dû  être  de  tout  temps 
très  fréquentée.  Lelant,  vers  1533,  nous  apprend  que  ce  port 
est  très  fréquenté  par  les  Bretons  qui  y  viennent  commercer 
et  pêcher  avec  de  petites  barques,  et  que  la  ville  est  pleine 
d'Irlandais  ' . 

D'ailleurs  sur  le  point  d'atterrissage  de  Samson,  toute  dis- 
cussion est  superflue  :  la  Vie  nous  l'indique  avec  une  grande 
précision.  Il  y  estdit  queSamson,en  débarquant,  va  ad  monas- 
terium  quod  Docco  vocatur  (yar.  Doccovi,  Doccovus).  Le  monaste- 
riuui  Docco,  est  clairement  Lan-doho  pour  Lan-docho  2  ou  Lan- 
dobou  qui  n'existe  plus  aujourd'hui  que,  sous  la  forme  Lannowe, 
village  en  Saint-Kew,  tout  près  de  Padstow.  C'était  pen- 
dant tout  le  moyen-âge  le  nom  même  de  la  paroisse  de  Saint- 
Kew  : 

Pipe  Roll  1 185  :  Landoho,  dès  1 189  Lanho  ">;  Bronescombe 
Register  (Episc.  Reg.  of  the  Dioc.  of  Exeter)  p.  224  (1259)  : 
Lan-deho. 

Ouivil  Reg.,  p.  354  (1283)  :  Lan-hoho;  Brantyngham  Reg., 
p.  49  (1383)  :  Là[n]-dohou. 

Patent  Roll  (1300):  Landoho  (133 1  Lannow  Seynt ;  puis 
1578  Lannow  alias  Kew). 

Chartes  du  prieuré  de  Plympton  (Oliver,  Monasticon,pp.  133, 
134):  ecclesia  Saint-Tohou  (1100-1135)  ;  Landlohou  (1154- 
n 59);   Lan-doho  (1302). 

Le  Rev.  Tho.  Taylor,  à  qui  je  dois  bon  nombre  de  ces 
références,  me  cite  un  intéressant  document  concernant  Lan- 
doho (Patent  Roll,  1307).  On  y  lit  que  le  roi  Edgar  (958-975) 

1.  A  complète  parochial  hist.  of  Cornivall,  IV,  p.  18. 

2.  Le  ch  comique  intervocalique  était  assez  faible  et  a  souvent  disparu 
anciennement.  Il  s'écrit  de  bonne  heure  /;  ougb. 

3.  L'assimilation,  a  priori,  n'est  pas  très  régulière,  mais  ici  c'est  un  fait. 
On  trouve  en  1  300  une  forme  avec  gh,  graphie  ordinaire  de  ch  eu  comique  : 
Lanhoghov,  Quant  à  -nh-  pour  -nn  n-  ou  -n  ;/,  on  le  trouvedès  le  XIIIe  siècle. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Sarnson  de  Dol.  293 

donna  aux  chanoines  de  Plympton  icarwatas  déterre,  100  s. 
de  rentes  en  Landoho  et  l'église,  pour  l'entretien  de  deux  cha- 
noines célébrant  le  service  divin  et  pour  des  aumônes  aux 
pauvres,  aux  pèlerins  et  divers  hôtes.  Il  paraît  certain,  comme 
le  suppose  le  Rev.  Tho.  Taylor,  que  le  roi  Edgar  dépouilla 
Landoho  pour  enrichir  Plympton  '. 

Il  y  a  aujourd'hui  encore,  dans  le  pays  de  Galles,  deux 
paroisses  de  Llan-dochau  :  Llan-docha  Fawr  2,  qui  touche  Car- 
diff,  et  Llan-docha  Fach,  près  de  Cowbridge.  Dans  une  charte 
du  Book  of  Llan  Dâv  (p.  145)  signe  avec  Oudoceus,  Saturn, 
abbas  Dochou.  Dochou  était  la  forme  hypocoristique  dérivée  du 
premier  terme  d'un  nom  complet  à  deux  termes  :  Doc-winn. 
Dans  le  Book  of  Llan  Dâv,  c'est  cette  forme  qui  prévaut  : 
abbatia  Docnnni  p.  131  ;  140,  3,  4,  7,  9;  Docguinni  131,  5,  6; 
160  etc.  De  même  en  Corn\vall,dans  les  S ta fford  Rcg.  (1400), 
il  est  question  d'une  licence  pour  un  oratoire  dans  la  paroisse 
de  Sancti-Doquinni  (pour  Doc-gwinni:  la  sourde  finale  a  assimilé 
le  gu>  suivant)  que  nous  savons  être  Lan-doho.  Il  est  fort  pos- 
sible qu'une  des  raisons  qui  ont  fait  préférer  à  Sarnson  l'at- 
terrissage dans  l'estuaire  de  Padstow  ait  été  le  voisinage  de 
ce  monastère  fondé  probablement  par  ses  compatriotes.  Le 
culte  de  saint  Dohou  ou  Tohou  existe  également  en  Armorique  : 
il  y  a  une  chapelle  sous  son  vocable  à  Primelin,  près  de  Quim- 
per  3. 

L'existence  de  ce  saint  nous  est  confirmée  par  les  Annales 
d'Ulster,  qui  placent  sa  mort  en  472  :  quies  Docci  episcopi 
sancti  abbatis  Britonum  4.  Le  génitif  Docci  a  été  fait  sur  Docco. 

La  Vita  Petroci,  manuscrit  que  cite  M.  Fawtier  >,  nous  a 


1 .  Dans  VExon-  Dom.,  fol.  99,  on  a  Lannohoo. 

2.  Fawr  pour  maïur,  grand  ;  etfach  pour  bach,  petit.  On  prononce,  sem- 
ble-t-il  Llan-doche  et  Llan-docha. 

3.  J.  Loth.  Les  noms  des  saints  bretons,  p.  121.  Sant  précédant  le  nom, 
on  est  arrivé  à  prononcer  Santohou  pour  sant  Dochou,  d'où  les  variantes 
Saint  Tohou  et  Saint  Ohou. 

4.  Armais  of  Ultser,  I  p.  24,  note  :  Ushervoit  dans  Doccus,  Cadocus,  pro- 
fesseur de  S1  Cainnech,  ce  qui  est  impossible.  Shearman,  Locà  Patrie, 
p.  223-5,  est  d'avis  que  Cadoc  était  neveu  deDoccu,  ce  qui  est  possible. 

5.  Bibl.  nat.  ms.  lat.9889,  fol.  143  v°.Cf.  J.  Loth,  UEmigr.  bret.,p.  252. 


294  /•   Loth. 

conservé  l'écho  d'une  tradition  certainement  ancienne  au 
sujet  de  l'ermitage  (habitatio  in  solitudinè)  qu'aurait  habité 
Samson  :  elle  est  d'accord  avec  notre  vie.  L'ermitage  était 
situé  secus  littus  juxta  amnem  Hailem  ;  or,  Hail,  au  moyen- 
âge  Heyl,  était  le  nom  que  portent  les  rivières  Camel  et  Alan 
(Allen)  réunies  en  rencontrant  le  flot  de  la  mer  '.  Le  nom  est 
conservé  dans  celui  de  la  paroisse  d'Eglos-Hayle  (l'église  de 
Hail),  qui  touche  au  nord,  Sl-Ke\v  ou  Lan-docbov.  Hail  est  un 
nom  commun  en  Cornwall,  indiquant  un  estuaire,  l'endroit 
où  les  flots  marins  rencontrent  ceux  d'un  fleuve.  Il  y  en  a 
plusieurs,  outre  le  Heyl  de  Padstow  :  Hayle  près  Saint-Ives  ; 
Hel-ford. 

Cette  Vita  Petroci,  conservée  dans  un  ms.  du  xve-xvie  siècle, 
très  pauvre  en  faits  précis,  sans  autorité  d'une  façon  géné- 
rale, nous  a  cependant  conservé,  avec  cet  intéressant  souve- 
nir, un  autre  d'une  réelle  valeur.  Petroc,  après  avoir  visité 
son  compatriote  Samson,  se  rend  ad  cellam  Wetbnoci  (mal 
écrit  Wetbmoci)  episcopi.  Un  peu  plus  loin  on  lit  :  «  unde  eliam 
lingua  gentis  illius  Landuuetbmocb  (leg.  Lann-uuethnoc)  ad  bue 
usant  bodie  diciiur .  »  etc.,  Lann-ivetbnoc  se  présente  dans 
le  Domesday  Book  sous  les  formes  Lan-iuebenoc  (mal  écrit  Lan- 
iveneboc)  et  Lan-Guihenoc.  Il  semble  que  le  nom  ait  disparu 
aujourd'hui.  Pour  la  situation,  elle  est  approximativement  con- 
nue. Les  terres  de  La n -g iiibenoc  sont  celles  de  la  paroisse  actuelle 
de  Lanhydrock,  m'apprend  le  Rev.  Tho.  Taylor  d'après  des 
faits  historiques  et  topographiques,  quoique  les  deux  noms 
soient  entièrement  différents .  La  forme  wetbnoc  est  vieille-cor- 
nique,  et  plus  ancienne  que  celles  du  Domesday  Book.  Nous 
avons  aussi,  en  Armorique  un  Lan-Unelbnoc  (cart.  de  Lande- 
vennec  33),  plus  tard,  en  1241,  Lan-Gue^enoc  et,  avec  le  pré- 
ûxeto-tLan-deguedenoc  (Lan-dcivcthnoc),  en  Pleyben,  Finistère  2. 

La  forme  Docco,  Doccov  est  très  archaïque  }  :  ce  est  la  gra- 
phie régulière  pour  cb  au  vie  siècle.  On  la  trouve,  il  est  vrai, 

1.  Norris,  Cornisch  Dramas  II,  p.  503.  Norris,  avec  raison,  traduit  heyl 
pour  titlal-river.  Hail  a  pu  désigner  le  confluent  de  la  rivière  Kestell  avec 
l'Alan. 

2.  J.  Loth,  Les  nous  des  saints  bretons,  p.  54  (à  Guethnoc). 

}.  Il  est  fort  possible  qu'au  vie  siècle,  on  connût  encore  les  formes  *Doccu 
(nominatif)  et  peut-être  Docco  pour  Doccu,  et  le  génitif *Doccov-os. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  295 

parfois,  aune  époque  beaucoup  plus  récente,  mais  à  titre  excep- 
tionnel, par  exemple  dans  le  Black  Book  of  Chirk. 

M .  Fawtier  a  la  mauvaise  habitude  de  s'en  tenir  pour  des 
noms  anciens,  par  exemple,  pour  le  pagus  Tricurius,  à  la  forme 
moderne.  Il  nous  dit  (p.  60)  :  «  il  (Samson)  lui  faut  passer  par 
le  pagus  Tricurius  que  l'on  reconnaît  et  avec  raison,  semble- 
t-il,  dans  la  région  désignée  sur  les  anciennes  cartes  par  le  nom 
de  Trigg.  »  C'est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  sûr,  et  si,  au  lieu  de 
consulter  des  anciennes  cartes  {qui  remontent  au  XVIIIe  siècle  '), 
M.  Fawtier  avait  consulté  des  documents  plus  anciens,  il  y 
aurait  vu  que  la  forme  de  ce  nom,  au  moyen  âge,  était  Triger, 
et  Trager  :  Triger-sire  (1130  :  Pipe  Roi  1),  Treger-sir  (12e  année 
du  roi  Jean-sans-terre  ap.  Hunter,  Fines,  p.  355);  Cornish 
Drainas,  I,  Passio,  v.  2274  :  Tryger).  C'est  le  nom  de  notre  Tre- 
ger  d'Armorique2.  Saint  Tutwal  était  né  dans  la  Domnonia 
insulaire.  En  Bretagne,  on  trouve,  dans  les  textes,à  côté  de  Treger, 
Trecor:  vallis  Trecor,  Trecorensis.  Cette  forme  est  celle  qu'il  faut 
restituer  à  la  place  de  Triconscire  (lu  aussi  :  Triconstir)  dans  le 
testament  d' Alfred-le-Grand  :  Stratnet  in  Triconshire  5  :  il  faut  lire 
Tricorscire.  Il  a  existé  une  forme  Tn-coro-s  et  un  dérivé  Tri- 
cor-io-s(cî.  Pet  ru-cor  iï) . 

Le  monasterium  Docco{Doccovï)  étant  connu,  il  est  inutile  de 
s'arrêter  à  l'hypothèse  de  M.  Fawtier  voyant  dans  Winshamtxx 
Devon,  sur  la  route  d'Ilfracombe  à  Barnstaple,  l'emplacement 
de  ce  monastère,  à  cause  du  nom  du  moine  Winniavus  4  que 
Samson  y  rencontre.  Les  noms  de  lieu  en  min-  ne  sont  pas 
rares  dans  l'onomastique  anglaise,  et  il  n'y  a  aucune  raison, 
bien  au  contraire,  de  voir  dans  Winsham,  un  reste  de  Winnia- 
vus. Je  ne  m'y  arrête  que  pour  faire  remarquer  que  ce  nom  a 

1.  Sur  des  cartes  partielles  du  Cornwall  au  xvi<=  siècle,  cf.  Journal  oj  the 
Roy.  Inst.  of  Cornwall,  IX,  p.  160  et  suiv.  La  Bibl.  nat.,  m'apprend  l'abbé 
Duine,  possède  une  carte  du  Cornwall,  de  1576. 

2.  La  seule  difficulté  en  apparence  est  dans  17  du  comique.  C'est  un  ï 
bref  qui  devient  régulièrement  en  breton  e.  En  comique  ï  accentué  se 
conserve  toujours  dans  le  groupe  -inn,  -ins  ;  ailleurs  il  est  un  peu  flottant. 

3.  De  Gray-Birch,  Cart.  Sax.,  en  880-885. 

4.  M.  Fawtier  a  raison  de  préférer  Winniavus  à  Iuniavus,  â  cause  de 
l'interprétation  :  qui  cum  illis  lux  vocitabalur.  InniavUs  existe. 


296  /.  Loth. 

été  confondu  avec  celui  de  Winnoc.  Le  manoir  de  San  Winiiec 
dans  le  Domesday  Bookest  sûrement  le  S*-  Winnow  actuel.  Les 
deux  noms  sont,  il  n'est  pas  inutile  de  le  dire,  parfaitement 
distincts  ' .  Dans  une  charte  anglo-saxonne  de  969  concernant 
le  Cornwall,  le  roi  Eadgar  donne  :  hraet  IViniaw,' Penheî  et 
Car  11  Winnioc  2. 

Naturellement,  M.  Fawtier  voit  dans  le  nom  de  Winsham, 
dans  celui  de  Sampson  Ray  près  Barnstaple,  dans  Saint-Samp- 
son  de  Golant,  des  légendes  topographiques,  tout  comme  pour 
le  nom  du  comte  Guedianus.  Or  rien  de  plus  banal,  à  cette 
époque,  qu'un  voyage  de  Cornwall  en  Armorique.  L'embou- 
chure de  la  rivière  de  Fowey  est  très  vraisemblablement 
l'endroit  où  s'est  embarqué  Samson  pourl'Armorique.  Au  xvie 
siècle,  au  témoignage  de  Lelant,  le  trajet  considéré  comme 
le  plus  court  de  Cornwall  en  Armorique,  était  de  Fowey 
au  passage  du  Four.  Le  souvenir  de  cet  événement  est  marqué 
par  le  nom  de  la  paroisse  de  Saint-Sampson,  bien  connu  par  le 
roman  de  Tristan  et  Iseut.  La  demeure  du  roi  Marc,  Lancien, 
est  dans  cette  paroisse,  et  c'était  à  l'église  Saint-Samson 
qu'Iseut  et  lui  allaient  faire  leurs  dévotions.  En  face,  de  l'autre 
coté  de  la  rivière,  est  Saint- Winnow  ;  dans  le  voisinage  sont 
des  paroisses  portant  le  nom  de  Maven  et  Austolc,  deux  com- 
pagnons de  Samson,  honorés  aussi  en  Armorique.  Si  l'hagio- 
graphe  ne  mentionne  pas  ces  lieux,  c'est  indirectement  une 
preuve  de  l'antiquité  de  ses  sources .  Les  paroisses  portant  les 
noms  de  ces  saints  n'étaient  pas  encore  établies  ou  ne  leur 
étaient  pas  encore  dédiées . 

Le  nom  du  célèbre  monastère  fondé  par  Samson  en  Armo- 
rique mérite  l'attention.  C'est  sans  doute  lui  qui  lui  donna  le 
nom  de  Dol  3.  Il  est  parfaitement  adapté  au  lieu.  Dol,  en  effet, 
en  gallois,  a  le  sens  de  prairie  (traversée  habituellement  par 
une  rivière  ou  située  sur  ses  bords),  terrain  plat  d'une  certaine 
étendue.    Or  Dol  est  inconnu  en  breton  et  dans  la   topono- 

1.  De  Grav-Birch,  Cart. Sax.  III, p.  521. 

2.  La  charte  concerne  Lanmoren  auj.   Lammoran,  en  Poudre. 

3.  Vital,  52  :  aptissimum  repperit  inibi  locum  atque  honorificum  fun- 
davit  monasterium  quod  usque  hodie  proprio  vocabulo  Doliuii  nuncupatur. 
La  forme  Dolum  a  été  amenée  par  monasterium.  Il  faudrait  Dola,  le  mot 
étant  féminin. 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.  297 

mastique  bretonne.  Il  entre,  en  revanche,  dans  la  composi- 
tion de  bon  nombre  de  noms  de  lieux  dans  le  pays  de  Galles. 
Il  est  presque  inconnu  en  Cornwall.  A-t-il  quelque  rapport 
avec  les  Dole  que  l'on  trouve  en  France  ?  Tout  dépend  de  la 
forme  ancienne  de  ces  noms  et  de  la  situation  des  lieux. 

Il  est  digne  de  remarque  que  le  nom  de  Samson,  en  Galles 
comme  en  Cornwall,  comme  en  Irlande,  et  le  plus  souvent 
en  Armorique  même,  nous  est  donné  sous  une  forme  litté- 
raire. On  ne  le  trouve  sous  la  forme  brittonique  sincère  que 
dans  le  vannetais  bretonnant  :  Loc-sam~un  (il  français)  en 
Melrand,  et  Sam^un  en  Belle-Ile  (Morbihan).  Comme  nom 
d'homme,  Sam^iin  est  répandu  dans  cette  île.  Sampan,  avec  u 
français,  représente  exactement  Samsônem  :  0  long  latin  accen- 
tué donne  régulièrement  û  dans  toutes  les  langues  britto- 
niques  :  SalomÇmem  a  donné,  en  vieux-breton,  Salamitn, 
devenu  aujourd'hui  Salaiin. 

En  résumé,  M.  Fawtier  n'a  pas  démontré  sa  thèse,  malgré 
les  ressources  d'une  critique  toujours  en  éveil,  et,  parfois,  la 
finesse  des  aperçus.  Il  a  montré  de  rares  qualités  d'historien, 
mais  il  n'est  pas  philologue,  qualité  essentielle,  quand  il  s'agit 
d'hagiographie.  Je  crois  l'avoir  prouvé  chemin  faisant.  Il  yen 
a  d'autres  indices .  M .  Fawtier  ne  paraît  pas  avoir  étudié  le 
côté  paléographique  de  son  principal  manuscrit;  il  ne  s'est 
pas  soucié  de  relever  les  habitudes  d'abréviation  du  scribe,  les 
particularités  de  son  écriture.  Enfin,  ce  qui  est  plus  grave 
encore,  il  n'a  pas  étudié  la  langue  de  l'hagiographe.  Il  croit  s'en 
excuser  en  déclarant,  page  76,  que  la  langue  ne  nous  fournit 
aucune  indication.  Or,  à  l'époque  même  où  M.  Fawtier  écrivait 
ces  lignes,  M.  l'abbé  Duine  tirait  de  la  langue  précisément  de 
précieuses  indications,  dans  son  opuscule  Les  saints  de  Domno- 
nie,  et  donnait  à  son  assertion  aventureuse  un  éclatant  démenti. 
Je  me  félicite  d'avoir  contribué  au  progrès  de  la  critique  du 
texte  de  le  Vita  en  incitant  l'abbé  Duine  à  des  recherches 
dans  cette  voie. 

Tout  d'abord,  il  est  établi  que  les  trois  principales  sources 
littéraires  de  l'hagiographe  sont  la  Bible,  la  liturgie  et  les 
œuvres  de  saint  Grégoire-le-Grand  '. 

I.   Les  saints  de Domnonêe,  p.  5,  notes  4,  5,  6. 


298  /.  Lolh. 

Peut-être  avait-il  lu  Virgile,  et  savait-il  un  peu  de  grec  '. 
Il   a   lu  vraisemblablement  Fortunat,    peut-être  S'-Jérôme  % 

Certaines  expressions  ont  un  caractère  très  net  d'antiquité. 
Il  y  a  à  s'arrêter  notamment  à  l'expression  0  beatissime  sedis 
apostolicae  episcope  par  laquelle  l'auteur  salue  son  chef  (beatis- 
sime papa  Tigernotnak  dans  \eProl.  I.)  Elle  est,  nous  dit  l'abbé 
Duine,  rarissime  dans  l'hagiographie  bretonne,  et  sent  assez 
fort  les  vie-vne  siècles  3. 

Un  autre  fait  encore  plus  important,  c'est  que  l'état  de  là 
doctrine  religieuse  de  l'hagiographe  représente  le  stade  théo- 
logique du  temps  de  Grégoire-le-Grand.  Il  n'a  pas  subi  l'in- 
fluence de  la  discipline  pénitentielle  de  Colomban,  mort  en 
615  +, 

L'abbé  Duine  a  fait  une  autre  découverte  qui  peut  être  d'une 
grande  importance  :  il  a  relevé  une  remarquable  similitude 
d'expressions  dans  les  très  humbles  excuses  de  notre  hagiographe 
au  début  de  son  œuvre,  et  celles  de  Cogitosus  dans  la  plus 
ancienne  vie  de  sainte  Brigitte.  La  similitude  est  encore  plus 
frappante  entre  un  passage  du  même  prologue  et  un  autre  de  la 
préface  à  la  vie  de  saint  Patrice  par  Muirchu  Maccu-Machtheni . 
Je  cite  les  deux  passages  parallèles  :  Muirchu  :  lu  hoc  profundum 
narrationis  sanctaepylagus...  anullis aJhucliutribus...  expert  uni... 
ingenioli  nui  puerikm  retni  cymbatndeduxi...  pauca  haec  de  mul- 
tis...  parva  périt ia...  aggrediar  s. 

Vita  Sam.  (I,  1)  :  Profuudissimum...  maris  pelagus...  iuipc- 
ritiae  meae  lintricula...  percurrens.. .  de  multis  pauca...  mea  inipe- 
rilia  etc. 

Il  semble  bien  qu'un  des  deux  auteurs  ait  profité  de  l'autre. 
L'abbé  Duine  croit  que  c'est  l'Irlandais,  et  il  en  donne  une 
raison  ingénieuse  c'est  l'absence  dans  la  Vita  S.  du  mot 
ingenioli    qui  se   trouve  dans    les   deux   préfaces  irlandaises. 

1.  Les  saints  de  Doinnonée,  p.  7,  notes  9,  10. 

2.  Compte  rendu,  p.    340,  note  1. 

3.  Ibid.  ;  cf.  p.  339,  note  2. 

4.  Saints  de  Doiiiuoiiee,p.  10,  note  20. 

5.  Whitley  Stokes,  The  tripartile  tifeof  5'  Patrick  II,  p.  269.  Cf.  Hogan, 
Vita  Patricii  auctore  Muirchu  Maccu-machtheni  et  Tirechano  {Anal.  Boit.  I, 
P-  5  31). 


La  vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol.         299 

Si  l'hagiographe  avait  eu  sous  les  yeux  ces  œuvres,  friand 
comme  il  était  de  diminutifs,  il  n'eût  pas  manqué  de  se  l'ap- 
proprier. Il  n'est  toutefois  pas  impossible  que  notre  hagio- 
graphe  et  les  deux  autres  aient  puisé  aune  source  commune  '. 
Cogitosus  a  vécu  entre  640  et  680  2,  Muirchu  a  écrit  son 
œuvre  avant  698,  date  de  la  mort  de  Aidus  sur  l'ordre  de  qui 
il  a  écrit  la  vie  de  sainte  Brigitte. 

L'abbé  Duine  a  relevé  quelques  traits  de  syntaxe  intéres- 
sants, par  exemple:  cum  Mis  dans  lepassage  :  Winniavus  qui  cum 
Mis  lux  vocitabatnr.  Cum,  dans  le  sens  de  par,  dans  cette  expres- 
sion, répond  à  l'emploi  de  cant  (gant)  dans  toutes  les  langues 
brittoniques  \  Il  y  en  a  d'autres,  par  exemple,  l'emploi  de 
soins  :  incujus  domo  ultra  mare,,  ipse  soins  Samson  fundave- 
rat  (Lib.  I,  2),  «  dans  la  maison  duquel  Samson  lui-même  avait 
habité  »  .  On  sait  que  tous  les  Bretons  emploient  le  mot  un, 
unan,  un  (seul),  avec  le  pronom  possessif  pour  exprimer  le 
sens  du  latin  ipse.La  Grammatica  celtica  (2e  éd.,  p.  409)  tra- 
duit avec  raison  l'expression  bretonne  ma  hunan  par  ego  ipse, 
ego  soins. 

L'emploi  du  mot  homo  pour  la  sœur  de  Samson  encore  toute 
petite  (parvula)  rappelle  l'emploi  du  gallois  dyn,  breton  den, 
qui  a  le  sens  ordinaire  de  homme,  mais  désigne  également  toute 
créature  humaine  sans  distinction  de  sexe  4  :  tamen  nutrite 
eam  quia   homo  est  (Lib.  I,  29). 

Les  résultats  obtenus  sont  encourageants.  La  première  chose 

1.  A  l'appui  de  cette  restriction,  l'abbé  Duine  m'écrit  qu'il  a  étudié  un 
nombre  considérable  de  prologues  et  qu'il  en  a  retiré  l'impression  qu'il  y 
avait  pour  ces  préfaces,  qu'on  pourrait  grouper  par  familles  et  qui  avaient 
de  curieux  traits  de  ressemblances,  des  modèles  communs.  Les  moines 
devaient  avoir,  selon  lui,  des  manuels  de  littérature  où  ils  apprenaient  la 
bonne  manière  d'être  hagiographe  et  rhéteur  sacré.  A  l'appui  de  cette 
hypothèse,  que  je  crois  très  fondée,  l'abbé  Duine  me  cite  une  sorte  d'an- 
thologie de  maximes  et  sentences  composée  dans  la  première  moitié  du 
vme  siècle  par  De/ensor,  moine  de  Ligugé,  et  auquel  il  a  donné  le  curieux 
et  modeste  titre  de  :  Sçintillarum  Liber  (Defensoris  Loeociagensis  monachi 
scintillarum  liber,  dans  Migne,  P.  L.,  t.  88,  col.  597  et  suiv.). 

2.  Cf.  Mario  Esposito,  On  theearliest  latin  life  of  S*  Brigid  of  Kildare 
(Proc.  oftheRoy.  I.  A.  XXX(i9i2),  C,  n°  11. 

3.  Cf.  J  Loth.,  II,  Màbin.,  p.  453. 

4.  En  comique,  den  n'a  plus  guère  que  le  sens  de  homme. 


300  /.  Loth. 

à  faire  désormais  serait  une  édition  critique  de  la  vie.  Une 
étude  minutieuse  de  la  syntaxe  serait  nécessaire  ;  il  faudrait 
aussi  un  glossaire  de  tous  les  mots  à  forme  ou  à  sens  parti- 
culier, où  tous  les  idiotismes  seraient  relevés.  Une  fois  le  texte 
établi  et  parfaitement  élucidé,  la  comparaison  avec  les  textes 
hagiographiques  du  vie  au  viiic  siècle  pourrait  donner  des 
résultats  peut-être  décisifs.  Il  ne  faut  pas  se  dissimuler  en  effet 
que,  malgré  tout,  la  lumière  n'est  pas  faite  sur  tous  les  points. 

J.  Loth. 


EVOLUTION 
OF    THE    DIOCESAN    BISHOPRIC 

FROM     THE 

MONASTERY   BISHOPRICS  OF    CORNWALL 


The  Roman  and  consequently  the  Saxon  conception  of 
episcopal  government  was  territorial  and  diocesan  :  theCeltic 
conception  was  tribal  and  monastic.  An  ecclesiastical  System 
based  upon  tribal  and  monastic  principles,  recognising  no 
suprême  central  authority,  can  afford  to  dispense  with  clearly 
defined  boundaries. 

At  the  same  time  a  monastic  no  less  than  a  tribal  orga- 
nisation requires  a  centre  of  its  own  towards  which  its 
activities  may  converge  and  from  which  its  influences  may 
radiate. 

The  présent  is  an  attempt  to  shew  where  the  more  impor- 
tant of  such  centres  existed  in  Cornwall  before  diocesan  was 
substituted  for  monastic  rule. 

Doubtless  every  lan  represented  some  such  centre  however 
insignificant,just  as  every  caer  represented  a  fortified  seat  of 
civil  authority. 

The  lan  justified  its  existence  by  the  strength  and  fervour 
of  its  prayers  and  spiritual  influence  :  the  caer  by  the  strength 
of  its  natural  position  and  its  artificial  deiences. 

A  monastic  settlement  with  a  definite  amount  of  demesne 
land,  corresponding  to  its  size  and  importance,  upon  which 
themonks  worked  for  the  support  of  the  community,will  suffi- 
ciently  indicate  whatis  meant.  Some  monasteries  hadbishops, 
some  —  the  greater  number  —  were  without  them.  The 
great  monasteries  of  Landévennec  in  Brittany,  Llantwit  in 
Wales  and  Bangor  in    Ireland    do  not  appear    to    hâve    had 

Rei'iic  Celtique.  XX  XP.  20 


J02  Tho.    Taylor. 

bishops  of  their  own  or,  if  they  had,  their  episcopal  character 
was  submerged.  On  the  other  hand  the  monastery  bishoprics 

of  ail  three  countries  are  too  well  known  to  require  démons- 
tration. The  isolation  of  the  church  in  Cornwall  until  the 
middle  of  ihe  tenth  century  encouraged  and  perpetuated  the 
System  in  the  mother  country  which  in  the  fifth  and  sixth 
centuries  it  had  helped  to  establish  in  Brittany. 

Domesdav  Book  when  studied  by  the  light  ot  earlier  and 
later  records  supplies  invaluable  information  upon  the  subject 
of  Çornish  ecclesiastical  organisation  even  before  the  Saxon 
conquest. 

At  the  time  of  the  Great  Survey  (1086)  the  Bishop 
of  Exeter  held  the  following  manors  in  Cornwall; 

Treliuel  (Treluswell  in  StGluvias) 
Matela  (Methleigh  in  St  Breage) 
Tregel  (Trewell  in  St  Feock) 
Pauton  (Pawton  in  St  Breock) 
Berner  (Burneir  in  Egloshayle) 
St  German  (St  Germans) 
Lanherneu  (Lanherne  in  Pydar) 
Tinten  (Tinten  in  St  Tudy) 
Languititon  (Lawhitton) 
Landicla  (Gulval) 
St  Winnuc  (St  Winnow) 

Of  thèse  eleven  manors  ail  except  rive  viz.  Burneir,  Lan- 
herne, Tinten,  Lanisley  and  St  Winnow  were  demesne 
lands,  the  whole  ot  their  revenues  going  direct  to  the  bishop. 
Richard  Fitz-Turold  held  Burneir  and  Tinten  of  the  bishop 
who  received  the  profits  of  the  former.  Fulcard  held  Lanherne 
and  Godfrev  St  Winnow.  The  services  or  profits  rendered 
to  the  bishop  in  respect  of  four  of  the  five  manors  would  be 
comparatively  triliing  except  on  the  death  of  the  tenant  in 
demesne  and'durihg  the  minority  of  his  heir.  Consequentlv 
they  are  not  considered  worthy  ot  mention  in  the  'ïa.xcitio, 
made  by  Pope  Nicholas  IV,  of  the  bishop 's  temporalities  in  the 
year  1291. 


Evolution  of  the  Diocesan  Bishopric.  303 

In  order  to  estimate  the  extent  and  value  of  the  bishop's 
possessions  in  Cornwall  it  will  suffice  to  compare  them  with 
those  of  the  clergv  as  given  in  the  Taxatio  or  assessment 
just  mentioned.  It  must  however  be  remembered  that  Meth- 
leigh  had  ceased  to  be  an  episcopal  manor  before  that  assess- 
ment was  made,  having  been  granted  by  Bishop  Robert 
Warelwast,  between  1155  and  n6i,to  the  Dean  and  Chapter 
of  Exeter  '  while,  on  the  other  hand  the  manor  of  Cargo] 
in  Newlyn  had  been  acquired  in  the  meantime2. 

Moreover  Treluswell  and  Tregella,  tor  civil  purposes, 
had  become  differentiated  into  Camwerres  (Penwerres), 
Trevella,  Tolverne,  Fentongollen,  Trevennal  and  Trelonk5 
and  for  the  purpose  of  ecclesiastical  assessment  had  become 
known  as  Tregaher  and  Penryn4.  In  1306  Tregahar  or  Tro- 
cair  was  the  name  of  the  major  portion  of  the  hundred  of 
Powder  and  was  itself  regarded  as  a  hundred.  The  bishop's 
holdings  by  military  tenure  in  this  hundred  were  rated  at 
four  knights  fées.  Tregaher  the  seat  of  thèse  possessions, 
which  lay  east  and  west  of  the  river  Fal,  is  now  known  as 
Tregeare  in  Gerrans.  Roughly  speaking  the  bishop's  manors 
in  this  district  included  the  whole  of  the  parishes  of  Gerrans, 
St  Gluvias  with  Falmouth,  Budock,  Mabe,  Mylor,  Philleigh, 
Merther.  St  Just  in  Roseland  and  Ruan  Lanyhorne.  His 
demesne  lands  were  very  extensive  and  valuable  as  will  be 
seen  by  comparing  the  papal  assessment  of  Tregaher  £  20. 
11  s.  5  d.)  with  that  of  the  reetory  of  Gerrans  (£  2.  6s.  ~d.) 
and  the  assessment  ot  Penryn  (£21.  8  s.  1  d.)with  that  ofthe 
bénéfice  of  St  Gluvias  (£  2). 

Pawton  and  Burneir  must  be  considered  together  for  they 
were  doubtless  both  included  in  the  grant  made  by  King 
Edward  the  Elder  to  Eadulf  when  the  see  of  Crediton  was 
constituted  in  909. 

The  extent  of  the  bishop's  holding  in  Pawton  at  the  time 
ofthe  Domesday  survey  (1086)  is  declared  to  be  the  entire 
hundred  of  Pawton  comprising  44  hides  of  land. 

1.  Invcntory  of  Bp.  Grandisson. 

2.  Exeter  Episc.  Registers,  Stapeldon  p.  97. 

3.  Feudal  Aids  1303,  1306,  1346. 

4.  Episc.  Reg.  Bronescombe.  App.  p.  473. 


}G4  Tbo.   Tii\  loi . 

It  extended  over  the  parishes  of  St  Breock,  Egloshayle,  St 
Ervan,  St  Eval,  St  Issey,  Little  Petherick,  St  Merryn  and 
Padstow.  Pawton  is  only  a  contracted  form  of  Petrockton  and 
there  is  sufficient  reason  to  believe  that  thèse  lands  of  the 
bishop  had  formerly  belonged  to  the  monastery  of  St 
Petrock. 

In  the  Inquisitio  Geldi  (1085)  the  scribe  appears  to  hâve 
found  it  diificult  to  describe  the  hundred  of  Pawton  according 
to  the  prescribed  formula.  In  his  list  ot  the  hundreds  he  has 
interlined  over  a  Rieltone  Hundret' the  words  Sci.  Petrochii  ' 
and  has  added  Pauton  at  the  end  of  the  list.  In  his  second 
attempt  he  hasplacedthe  hundred  of  Pauton  first  and  omitted 
St  Petrock' s  altogether.  It  is  interesting  to  observe  that  so 
late  as  the  year  1691  the  hundred  of  Pydar  is  described,  in  a 
grantfrom  the  Crown,  as  «  Petrockshire  alias  Pidershire  alias 
the  hundred  of  Pider  »2.  Whether  the  word  Pydershire  is  a 
sublimated  équivalent  ofPetrockshire  is  a  question  for  etymo- 
logists. 

That  the  two  were  not  quite  territorially  conterminous  is 
évident  from  Domesday  Book  itself  in  which  Nancekuke  in 
Penwith  and  Forsnewth  in  West  are  included  among  the 
manors  of  St  Petrock.  The  important  pointto  grasp  isthat,out 
of  the  very  heart  of  St  Petrock's  province,  Pawton  and  with 
it  what  subsequently  became  known  as  the  bishop's  peculiar 
jurisdiction  embracing  five  parishes  (decanatus  de  Poltone)  was 
transferred  in  909  from  the  monastery  of  St  Petrock  to  the 
ik'w  see  of  Crediton  and  in  1046  to  the  see  of  Exeter.  The 
episcopal  revenue  from  Pawton  in  1291  may  be  estimated  by 
comparing  its  assessment  ( £  .19.  16  s.  ^  d.)  with  that  ofthe 
church    (appropriated   rectory   and    vicarage)   of  Egloshavle 

(•S)-. 
Lawhitton,  given  to  Crediton  at  the  samc  time  as  Pawton, 

was  also  of  considérable  extent.  It  consisted  of  eleven  hides 

1.  St  Petrock"s  hundred  had  of  course  no  connection  with  Rielton  or 
Rillaton  subsequently  known  as  the  hundred  ofEast.  The  confusion  may 
hâve  arisen  from  the  fact  that  the  bailiwick  oi  Pydar  was  at  Rialtonand  that 
of  East  at  Rillaton  formerly  Rielton. 

2.  Patent  Roll  ;  3  William  and  Mary. 


Evolution  of  the  Diocesan  Bishopric.  305 

ofland  in  1086  and  was  assessed  in  1291  at  £.  25.  10  s.  11  d. 
while  the  church  or  rectory  of  Lawhitton  was  assessed  at£.  2. 
From  what  source  it  was  obtained  for  the  endowment  of  Cre- 
diton  is  not  clear.  Along  with  Lezant  and  South  Petherwyn 
it  was  subsequently  within  the  Bishop  of  Exeter's  peculiar 
jurisdiction.  Possibly  it  had  been  taken  in  909  from  the 
canons  of  St  Stephen  near  Launceston. 

The  manor  of  St  Gerraan  or,  as  it  is  calledin  theExchequer 
Domesday,  the  manor  of  the  church  of  St  German  consisted 
in  roSéoftwenty-fourhidesof  landthewholeofwhich  had  been 
held  by  Bishop  Leofric  in  the  time  of  the  Confessor.  At  the 
time  of  the  Survey  (io86)the  bishop  had  tvvelve  hides  and  the 
canons  of  St  German  had  twelve.  The  bishop  had  one  hide  in 
demesne  and  the  canons  had  one  hide  in  demesne  :  the  rest  of  the 
landwas  held  bv  villeinseither  of  the  bishop  or  of  the  canons. 
It  is  clear  therefore  that  between  1066  and  1086  a  redistribu- 
tion had  taken  place,  as  the  resuit  of  which  the  bishop  and  the 
canons  had  been  assigned  equal  shares  of  thelands.  ASunday 
market  which  had  fallen  to  the  latter  had  been  reduced  to 
nothing  owing  to  a  market  on  the  same  day  having  been 
established  at  Trematon  Castle  by  the  Count  ofMortain. 
There  had  also  been  taken  away  by  the  Count  from  the  church 
of  St  German  a  hide  of  land  which  rendered  as  custom  a 
cask  (ciipci)  of  aie  and  30  pence,  an  acre  (Cornish)  of  demesne 
land  sufficient  for  one  plough  and  a  virgate  of  demesne  land 
wichcalledforno  remark.  Oftheusurped  land  Reginald  de  Val- 
letort  held  the  two  former  and  Hamelin  the  latter,  of  the  Count. 
In  1 291  the  bishop's  manor  of  St.  German  was  assessed  at  £.  17 
16  s.  5d.  and  the  prior's  holding  at  £.  14.  13  s.  4  d.  for  lands 
in  St  Germans.  £  I.  for  dues  from  South  Petherwyn  and  Lan- 
dulph  and  £.9.  lé  s.  2  d.  for  lands  including  those  of  Tiniel 
and  Landrake  given  to  Bishop  Burhwold  by  King  Cnut  in 
the  year  ioiS.In  the  Valor  ecclesiasticus (153 5)to  therevenues 
of  the  priory  from  theabove  sources  there  is  added  the  impro- 
priated  tithe  ofGulval  of  which  something  more  will  be  said 
when  treating  of  Lanisley. 

What  actually  happened  shortly  after  the  Norman  Conquest 
in  regard  to  St  Germans  is   not  obscure  although  some  con- 


306  Tho.   Tayîor. 

fusion  lias  résultée!  owing  to  a  misapprehension  on  the  part 
ofmore  than  one  writer.  Cnut's  gift  to  Bishop  Burhwold,  as 
we  haveseen  '  only  served  to  augment  the  revenues  of  the 
religious  community  of  which  Burhwold  was  doubtless  the 
head. 

Under  Lyfingthe  nephew  and  successor  of  Burhwold  and 
before  the  death  of  Cnut  the  see  of  St  German,  such  as  it 
was,  was  united  with  that  of  Crediton,  the  community  still 
consisting  of  secular  canons.  Leofric  succeeded  Lyfing  and  ni 
his  days  the  see  of  Crediton  and  its  possessions  were  transfer- 
red  to  Exe  ter. 

The  revenue  ofSt  German  wasconsequently  impoverished. 
Nothing  appears  to  hâve  been  done  to  repair  the  loss  until 
after  Edward  the  Confessor's  death  ;  but,  somewhere  between 
1066  and  1073  Leofric  consented  to  a  partition  ofthe  revenue 
by  which  the  bishop  and  the  canons  became  possessed  of 
equal  shares  as  stated  in  Domesdav  Book2. 

1.  See  rav  account  in  the  Journal  of  the  Rov .  Inst.  oj  Connvall 
1914. 

2.  The  Patent  Roll  of  7  Richard  II  (cf.  Monasticon  edited  by  Oliver 
p.  4)  should  be  compared  with  the  Patent  Roll  of  9  Richard  II.  The  former 
states  that  Cnut  was  the  founder  of  the  priorv  of  St  German  while  the 
latter  states  that  Leofric  was  the  founder.  Inasmuch  as  the  charter  of  Cnut 
required  the  land  of  Landrake  to  be  given  after  Burhwold's  death  to 
Si  German  for  the  good  ofthe  soûls  of  Cnut  cv.  Burnhwold  (Tefram... 
commendat...  Sancto  Germano)  it  follows  that  both  statements  were  (and 
were  probablv  understood  tobe)  légal  fictions. 

The  earlier  document  however  coniirms,  if  confirmation  were  needed, 
the  évidence  as  to  the  reconstitution  of  themonasterv  by  Leofric  as  given 
in  Domesdav  Book,  tliough  it  is  not  necessarily  conclusive  as  to  the  sub- 
stitution of  regular  for  secular  canons.  Preb.  Hingeston-Randolph 
(Architect.  Hist.  of  St  Germans  p.  31)  states  that  «  there  is  no  reason  to 
suppose  that  Leofric  took  anv  steps  to  found  a  piiorv  at  St  Ger- 
mans. 

The  statement  is  far  too  sweeping.  On  the  other  hand  Haddan  (Counctls 
c\:  c.  I.  704)  relies  upon  the  ipsissima  verba  of  the  Patent  Roll  for  one  01 
his  main  arguments  for  a  single  Cornish  see  in  the  days  ofCnut.  By  itself 
the  évidence  supplied  by  an  early  patent  roll  relating  to  a  transaction 
which  took  place  nearlv  four  centuries  previously  is  not  conclusive  espe- 
cially  wiien,  as  in  this  case,  a  légal  tittle  was  needed  in  order  to  settle 
a  dispute  and  to  place  a  bishop  in  undisputed  possession  of  an  advow- 
son. 


Evolution  of  the  Diocesan  Bishopric.  307 

Having  briefly  reviewed  the  more  important  of  the  Cornish 
contributions  to  the  revenue  of  the  Exeter  bishopric  a  few 
words  are  required  respecting  the  manors  which,  though 
absent  from  the  Taxatio  of  1291,  were  in  1086  amongst  the 
possessions  of  the  bishop  and  were  recorded  in  Domesday  Book. 

Matela  or  Methleigh,  reckoned  at  a  hide  and  ahalf  in  1086 
was  granted  by  the  bishop  to  the  Dean  and  Chapter  of  Exeter 
about  the  year  néo  and  by  them  was  conveyed  soon  after- 
wards  to  the  family  of  Nansladron.  It  was  to  this  manor 
that  the  church  of  St  Breage  was  appendant  and  it  may  well 
hâve  been  the  demesne  land  of  a  religious  community  before 
the  Saxon  invasion. 

Landicle  or  Lanisley,  also  a  hide  and  a  half  was  held,  by 
Rolland  the  archdeacon,  of  the  bishop  in  1086,  having  been 
Bishop  Leofric's  in  the  time  ofthe  Confessor.  It  embraced  the 
whole  parish  of  Gulval.  Before  the  enactment  of  the  Statute 
Quia  emptores  in  1290  the  whole  ofthe  demesne  land  appears 
to  hâve  been  granted  to  the  family  ot  Fitz  Ive.  There  is 
consequently  no  mention  of  it  in  the  Taxatio  ofthe  following 
year  although  the  seignorial  rightswere  subsequently  claimed 
and  exercised  by  the  bishop  from  time  to  time  as  occasion 
arose.  In  1580  it  is  described  in  an  inquisition  as  having 
been  held  by  John  Tripconv  ofthe  bishop  as  of  his  manor  of 
Penryn  Foren  but  the  description  far  from  indicating  a 
comraon  origin  of  the  two  manors,  probably  only  indicates  a 
late  expédient  enabling  the  bishop  to  claim  the  services  and 
collect  the  dues,  if  any,  at  his  chief  manor  in  the  West.  The 
advowson  and  with  it  the  rectorial  tithe  of  Lanisley  or  Gulval 
was  at  an  early  date  held  by  the  prior  and  canons  of  St.  Ger- 
mans  and  continued  to  be  held  by  them  until  the  dissolution 
of  their  religious  house  in  the  sixteenth  century.  In  the  Valor 
ecclesiasticus  their  holding  was  assessed  at  £.  10.  6s.  8d. 
It  is  not  unlikely  that  when  Bishop  Leofric  reconstituted 
the  church  of  St  German  he  gave  to  it  the  advowson  of 
Lanisley  * . 


1.  There  isa  temptation  to  identifv,  Lanisley  with  the  Lannaledensis  of 
the  Missa  S .  Gennani(Y[;\âàm  &  Stubbs,  Councih  p.  1  696).  Alet  or  Aleth 


308  T/w.   Tayïor. 

Lanherne,  the  Lanherneu  of  Domesday,  was  a  holding 
of  Bishop  Leofric  before  the  Norman  Conquest  and  was  in 
1086  held  by  Fulcard  of  the  bishop.  It  was  estimated  at  three 
hides.  Of  the  incidents  of  tenure  in  subséquent  times  nothing 
remained  to  the  bishop  save  homage,  wardship  and  the  like 
and  the  manor  was  not  considered  worthy  of  assessment  in 
the  Taxatio  of  1291.  It  would  be  interesting  to  know  how 
this  manor  came  into  the  bishop's  hands.  It  adjoined  his 
manor  or  hundred  ofPawton  and  may  hâve  passed  with  itbut 
curiously  enough  the  parish  of  StMawgan  with  which  it  was 
almost  conterminous  was  not  with  in  the  hishop's  peculiar 
jurisdiction.  The  manor  was  doubtless  St  Petrock's  before  it 
became  the  bishop's. 

The  manor  of  St  Winnuc  or  St  Winnow  had  already  passed 
to  a  sub-tenant  at  the  time  of  the  Domesday  Survey  and  the 
impropriated  tithe  and  advowson  of  the  church  of  St 
Winnow  to  the  dean  and  chapter  of  Exeter  before  1291. 
There  is  nothing  to  suggest  the  source  whence  the  manor 
was  obtained  for  the  endowment  of  the  bishopric,  save  that 
St  Winnow  adjoins  Lanhydrock  which  belonged  to  St 
Petrock  and  may  therefore  hâve  been  taken  from  the 
saint. 

The  manor  of  Tinten  inStTudy,  held  in  1086  by  Richard 
ofthe  bishop,  was  not  considered  worthy  of  separate  mention 
in  the  Taxatio  of  1291.  It  is  the  only  episcopal  manor  the 
name  or  locality  of  which  does  not  suggest  an  ecclesiastical 
origin.  The  advowson  of  St  Tudy  was  îndependent  of 
it  being  appendant   to  the  manor  ofTrethewell    in  St.  Eval. 

Does  the  half  hide  of  Tinten  represent  the  lay  contribu- 
tion of  Cornwall  towards  the  endowment  of  the  see  of  Exe- 
ter '  ? 

&  Idles  in  the  perish  of  Kenwyn  are  regarded  as  synonymous  if  not  iden- 
tical  in  several  ancient  charters.  On  the  saine  principle  Lanaleth  would 
become  Lanidles  a  form  sufficiently  near  that  of  Lanisle  to  convey  the  idea 
ofidentity. 

But  Mr  Hadddan  is  satisfied  that  Lanadleth  is  the  British  name  of  St 
Gernians  and  the  confusion  introduced  by  the  above  supposition  would 
be  practically    insurmountable. 

1 .  Eglostudic  and  Polrode  (in  St  Tudy)  belonged  to  St  Petrock  in  the  time 


Evolution  of  the  Diocesan  Bishoprk.  309 

We  are  now  in  a  position  to  summarise  the  results  of  the 
foregoing  survey.  We  hâve  seen  that  the  Cornish  possessions 
of  the  see  of  Exeter,  at  the  time  of  the  Domesday  Survey, 
consistée!  chiefly  of  manors  which  had  St  Germans, 
Lawhitton,  Pawton  and  Penryn  or  Tregear)  for  their  centres. 
St  Germans  and  Pawton  and  probably  Lawhitton  were  deri- 
ved  from  monastic  sources  viz.  from  the  monasteries  of  St 
German,  St  Petrock  and  probably  from  St  Stephen.  The 
possessions  in  and  around  Penryn  require  further  examina- 
tion. 

That  there  was  a  monastery  bishopric  at  Dinuurrin 
or  Dingerein  in  the  ninth  century  is  clear  from  Kens- 
tec's  profession  of  obédience  to  archbishop  Ceolnoth.  To  treat 
of  Gerrans  and  its  associations  in  an  impartial  spirit  is  well 
nigh  impossible. 

Legend,  history  and  fact  are  so  strangely  and  so  suggesti- 
vely  interwoven  that  the  temptation  is  equally  great  to  say 
too  much  or  too  little.  The  name  Gerrans  is  a  modem  form 
of  Geraint  or  Geruntius.  The  présence  of  Gerrans,  Just  and 
Cuby  as  the  names  of  three  churches  and  parishes  near  toge- 
ther  is  indeed  aremarkable  coïncidence  if  they  are  not  iden- 
tical  with  Geraint  of  Anglesey,  his  son  Jestyn  or  Just  and  his 
grandson  Cuby  son  of  Selyf.  No  valid  reason  lias  been  offered 
against  tbe  identification. 

Mr  Baring-Gould  considers  St  Gerrans  the  same  person  as 
Gerennius,  King  of  Cornwall  who  requested  St  Teilo  to  visit 
and  communicate  him  when  dying  (cirea  556). 

Both  Geraint  and  Gerennius  must  be  distinguished  from 
Gerontius,  prince  of  Dumnonia  to  whom  St  Aldhelm  wrote 
at  the  request  of  an  English  synod  in  705  urging  him  to 
abandon  the  Celtic  method  of  determining  Easter  and  the 
Celtic  tonsure  which  the  saint  described  as  the  tonsure  of 
Simon  Magus.  Ail  three  (who  are  hère  distinguished  as 
Geraint  Gerennius  and  Gerontius  though  the  names  are 
identical)  were    historical    personages    and    worthy    of   the 

of  the  Confessor  andTinten  may  hâve  been  claimed  for  Exeter  by  virtueof 
the  grant  of  909. 


310  Tho.   Tayîor. 

vénération  of  after  âges.  For  our  présent  purpose  it  is  not 
material  to  détermine  the  identity  of  St  Gerrans  :  it  is  suffi- 
cient  for  us  to  know  that  Dingerein  may  be  derived  irom  any 
one  of  them.  In  the  ninth  century  Dingerein  or  Dinurrin 
was  the  seat  of  the  Abbot-bishop  Kenstec.  In  the  absence 
of  évidence  to  the  contrary  we  may  suppose  that  his  episco- 
pate  was  concentrated  at  Gerrans  and  embraced  the  lands 
or  parishes  bordering  the  estuary  of  the  Fal  —  those  parishes, 
in  tact,  which  subsequently  became  for  ecclesiastical  purposes 
the  deanery  of  Penryn  and  which  for  civil  purposes  formed  a 
large  portion  of  thehundred  of  Trocayr  or  Tregeare.  There  is 
nothingto  show  that  either  for  ecclesiastical  or  for  civil  pur- 
poses  there  were  close  relations,  much  less  that  there  was  a 
bond  of  union,  between  the  Gerrans  territory  and  that  of 
Pawtoh,  Pydar,  St  Germans  or  Lawhitton.  Gerrans  was  self 
contained  and  independent.  It  may  hâve  retained  and  proba- 
bly  did  retain  traces  of  its  episcopal  character  until  Edward 
the  Confessor  by  charter  transferred  the  Cornish  diocèse 
with  its  lands  and  parishes  to  the  see  of  Exeter.  Some  justi- 
fication was  doubtless  required  for  the  annexation  of  somuch 
land  in  and  around  Gerrans  to  the  bishop's  demesne  and  the 
only  justification  which  is  apparent  is  that  it  was  already 
regarded  as  such  \ 

In  the  case  of  St  Gerrans  hardly  any  trace  was  left  of  its 
monastic  and  episcopal  associations.  In  the  Taxatio  of  1291 
the  bénéfice  of  St  Gerrans  consists  of  two  portions,  the  rec- 
tor's  and  the  prior-of  St  Anthony 's,  which  may  point  to  a 
corporate  life  at  an  earlier  date . 

A  glance  at  themap  of  Cornwall,  in  the  light  of  what  lias 
been  said,  reveals,  at  the  time  of  the  Domesday  Survey,  pré- 
sent or  past  activities,  on  a  considérable  scale  and  monastic 
in  character,  in  every  part  of  the  county  except  in  the  north 
east  and  in  the  promontories  of  the  Lizard  and  of  the  Lands 
End. 


1.  At  a  much  earlier  date  (670)  St  Wilfrid  claimed  ecclesiastical 
cndowments  of  the  British  for  the  Saxon  church  in  the  nei^hbourhood  of 
Ripon. 


Evolution  of  the  Diocesan  Bishopric.  311 

The  north-east  became  Saxonised  at  a  very  early  period. 
This  is  clear  from  the  place  names.  There  is  no  reason  to 
doubt  that  St  Neot  the  Saxon  monk  of  Glastonbury  settled  in 


nnpuifi  fo  n 


-~^A 


\  J,».-"  n  euh  t  bran 


.Bi'jhop  of  Exet"t>\î  ho/di  n  gs  II 
y  Pet-roc.k's 


that  part  of  Cornwall  which  bears  his  name  in  the  ninth  cen- 
tury  and  after  founding  a  collège  of  priests  died  and  was 
buried  there.  There  is  no  reason  to  doubt  the  substantial 
accuracy  of  Asser's  narrative  —  whether  it  be  Asser's  or  ano- 
ther's  — which  states  that  Alfred  the  Great  hunted  in  the  neigh- 
bourhood  of  St  Neot  and  was  healed,  or  believed  himself  to 
hâve  been  healed,  at  the  shrine  of  St  Guérir.  Alfred's  pos- 
sessions in  Triconshire  hâve  been  referred  to.  The  coramu- 
nity  at  St  Neot  held  two  hides  of  land  in  the  days  of  the 
Confessorbut  the  whole  of  itsave  one(Cornish)acre  hadbeen 
stolen  by  the  Count  ol  Mortain  in  or  before  1086. 

Again,  the  canons  of  St  Stephen  by  Launceston  appear  to 
hâve  suffered  a  diminution  of  their  power  and  also  of  their 
revenue  owing  to  Saxon  settlement.  At  the  rime  of  Survey 
their  affairs  were  in  a  stateof  utter  confusion. 

They   were    attempting  to  hold   on   to   lands  which 


nau 


3i2  Tho.   Taylor. 

been  their's  and  are  styled  their's  in  Domesday  Book,  lands 
wich  Harold  held  before  the  Norman  Conquest  and  which 
the  Count  of  Mortain  was  striving  to  reannex.  From  north- 
east  Cornwall  the  Celtic  type  of  Christianity  had  given  place 
to  the  Saxon. 

The  promontorv  of  the  Lizard  never  became  Saxonised. 
Everything  hère  points  to  the  persistence  of  the  Celtic  type 
and  to  very  close  and  fruitful  relations  with  Brittany.  The 
names  of  the  churches,  including  Manaccan,  the  monk's 
church  i  are  ail  to  be  found  in  Armorica  except  Grade  (of 
very  uncertain  dérivation)  and  St  Keverne.  The  lands  given 
by  the  Count  of  Mortain  to  St  Michael's  Mount  and  described 
in  his  charter  as  situated  in  Amaneth  were  certainly  in 
Meneage.  Landivcik,  Langweath,  Lantenning  and  aboyé  ail 
Landewednack  speak  of  monastic  settlement.  It  is  curious 
that  the  Breton  monasterv  of  Landévennec  and  the  church 
ot  Landewednack  both  claim  Winwaloe  for  patron  '  although 
St  Guenoc  is  probably  their  true  patron.  However  this 
may  be,  it  is  clear  that  a  common  influence  bas  been  at  work 
in  determining  the  nomenclature  in  both  countries. 

In  Domesday  Book  the  hundred  of  Kerrier  appears  as 
Wineton  or  Winenton,  the  usual  Saxon  termiriation  being 
added  to  a  Celtic  word  as  in  Tedinton  and  Conarton.  In  later 
documents  it  is  found  as  Winianton  and  as  such  it  remained 
until  comparatively  récent  times  when  it  became  Winnington. 
Thepointlessthan  amilewest  of  Winianton  isknown  asPedng- 
winion.  Mr  H.  Jenner  has  suggested  an  interprétation  which 
is  almost  certainly  correct  viz.,  that  Winianton  means  the 
home  of  the  shining  or  blessed  ones.  Winianton,  as  the  name 
of  a  hundred,  implies  some  sort  of  local  prééminence  past 
or  présent. 

Before  the  Norman  Conquest  the  manor  of  Winianton 
embraeed  22  sub-manors  which  were  in  the  hands  ot  17 
thegns.  The  description  of  thèse  thegns  is  interesting  :  they 
could  not  be  separated  from  the   manor  and  they   rendered 


1 .  Loth,  Les  noms  des  saints  bretons,  p.  87. 

2.  Loth,  Les  noms  des  saints  bretons,  pp.  52,  53. 


Evolution  bf  the  Diocesan  Bishopric.  313 

custom  in  thesame  manor.  Before  1086  they  were  supplanted 
by  the  Count  of  Mortain's  men.  A  thegn' according  to  Profes- 
sor  Maitland,  was,  before  the  tenth  century,  «  a  household 
officer  of  some  great  man  »  and  fromthe  tenth  century  until 
the  Norman  Conquest,  a  person  socially  above  a  churl  with 
corresponding  privilèges  and  responsibilities  '.  Now  it  is 
remarkable  that  the  thegns  of  Winenton  differed  in  no  respect 
from  those  of  St  Petrock  except  that,  whereas  the  former 
could  not  be  separated  from  the  manor  the  latter  could  not 
be  separated  from  the  Saint. 

Hâve  \ve  hère  the  note  of  tragedy,  inséparable  from  a  lost 
cause  of  which  the  Lizard  district,  to  its  lasting  crédit, 
furnished  two  otherconspicuous  examples  in  the  sixteenth  and 
seventeenth  centuries  2  ?  It  looks  as  if  there  had  been  the 
overthrow  of  monkish  supremacy  by  the  Cornish  followed 
by  Saxon  Conquest  and  the  préservation  of  thegnship  until 
the  Norman  Conquest. 

The  small  community  of  St  Keverne,  despoiled  by  the 
Count  of  Mortain,  represents  Irish  influence  if  we  suppose 
with  Mr  W.  C.  Borlase  that  Keverne  is  identical  with  Kieran. 
This  saint  is  not  found  among  the  Breton  dedications,  both 
Peran  and  Kerrien  being  regarded  by  Professor  Loth  as 
différent  saints  and  neither  of  them  identical  with  Keverne 
or  Kieran.  We  therefore  conclude  that  the  agency  which 
compassed  the  destruction  of  Brittonic  monachism  in 
Meneage  left  the  Irish  house  to  the  tender  mercies  of  the 
Norman  invader. 

It  is  possible  that  in  the  church  of  St  Breage  we  hâve  an 
attempt  at  réparation. 

From  time  immémorial  it  embraced  Germoe,  Cury  and 
Gunwalloe  as  chapelries.  Methleigh,  the  only  manor  which 
escaped  Norman  rapacity  as  the  resuit  of  its  having  been 
added  to  the  Exeter  bishopric,  may  hâve  been  originally  the 
demesne  or  the  monastic  body  which  once  dominated  the 
Lizard  peninsula. 

1.  Hist.ofEnglish  Law,  I  33. 

2.  The  références  are  to  Kilter's  rising  in  1549  and  to  the  prolongée! 
defence  of  Little  Dennis  bv  Sir  Richard  Vyvyan  in  1646. 


5i.)  Tho.    Taylor. 

Respecting  the  hundred  of  Penwith  we  hâve  little  histo- 
rieal  évidence  prior  to  the  Norman  Conquest.  Athelstan's 
grant  to  thechurch  of  St  Buryan  and  Edward  the  Confessor's 
grant  to  St  Michael's  Mount,  whatever  tault  may  be  found 
with  the  charters  as  they  hâve  corne  down  to  us,  are  suffi- 
ciently  authentic.  The  story  of  St  Ia's  arrivai  with  her  Irish 
companions,  must  be  received  with  caution  ;  but  there  is  no 
reason  to  doubt  that  a  substratum  of  truth  lies  beneatli  a 
legend  wich  is  by  no  means  modem.  Seven  churches  in 
Penwith  bear  the  names  of  thèse  missionaries. 

On  the  other  hand  no  less  than  fourteen  dedications,  includ- 
ing  two  which  subsequently  became  obsolète  and  two 
which  are  among  those  of  the  Irish  mission,  are  common  to 
Penwith  and  Brittany.  The  remaining  dedications  are 
ofdoubtful  origin.  It  seems  therefore  certain  that  Irish  and 
Breton  influences  had  a  great  deal  to  do  with  the  moulding 
of  the  church  life  of  the  hundred.  The  preponderating 
influence  was  Breton.  The  présence  ofSt  Pol  Aurelian  (Paul) 
and  of  Winwaloe  (Towednack)  is  sufficient  évidence  of  this. 
It  is  remarkable  that  four,  of  not  more,  of  the  Penwith 
churches  afford  traces  of  presumably  earlier  dedications. 
St  Erth  (possibly  also  Perranuthnoe)  was  known  as  Lanudno, 
Gulval  as  Lanisley,  Madron  probably  as  Landithy  '  and 
Illogan  probably  as  Lancichuc. 

St  Just  may  hâve  borne  the  name  of  Lafrowda  as  being 
situated  near  the  holy  springs.  Udno  (Goucznou)  the  com- 
panion  of  Pol  Aurelian  (circa  530)  is  commemorated  in 
three  Breton  parishes.  Pol  was  originally  ol  Wales  and  a  con- 
temporary  of  Just  of  Anglesey  who  is  probably  the  patron 
of  the  church  which  bears  the  name  in  Penwith. 

It  this  be  so,  St  Levan  will  be  Seleven,  Salomon,  Selyf  or 
Selus  whose mémorial  stone  is  preserved  in  St  Just  church. 

It  is  quite  possible  that  the  changed  dedications  indicate  a 
change  from  monastic  to  somesort  of  parochial  organi/ation. 
In  Penwith  there  does  not  appear  to  hâve  been  any  monastic 

1.  The  évidence  is  indirect.  Trengwaiuton  to  which  the  advowson  was 
appendant  was  itself  a  sub-manor  of  Roseworthy  in  Gwinear.  Landithy  is 

onlv  a  short  distance  from  the  présent  church. 


Evolution  of  the  Dioccsan  Bishopric.  3 1 5 

community  of  commanding  importance  whose  revenues 
could  be  seized  without  leaving  the  people  spiritually  des- 
titute.  Lanisley  may  hâve  been  one  which  had  outstayed  its 
welcome  and  on  that  aecount  may  hâve  become  atta- 
ched  to  what  was  eventually  to  become  the  see  of  Exe- 
ter. 

Tosum  up.  Three  large  holdings,  or  to  use  a  modem 
though  inadéquate  word,  —  estâtes  —  stand  out  clear  and 
distinct  viz.  :  those  of  Gerrans,  Pawton  and  St  Germans, 
each  of  them  at  one  time  or  another  associated  with  the  see 
of  a  Cornish  bishop,  monastic  in  character.  Such  records  as 
\ve  hâve,  carefully  distinguish  thèse  lands  from  one  another. 
Neither  St  Petrock  (Pawton)  nor  St  German  possesses  any 
rights  in  Gerrans  nor  Gerrans  in  Pawton  or  St  Germans. 
Neither  does  St  Germans  clain  rights  in  Pawton,  nor  Pawton 
in  St  Germans.  It  is  not  only  opposed  to  the  évidence  of 
Domesday  it  is  incredible  that  any  single  Cornish  bishop 
exercised  lordship  over  ail  three  at  the  same  time.  The 
Pawton  lands  were  almost  certainly  claimed  by  Crediton  by 
virtue  of  the  provision  made  in  909  for  missionary  visits  to 
them  yearly  by  the  bishop  of  Crediton.  1  he  St  Germans 
holding  was  certainly  ânnexed  to  Exeter  when  that  see  was 
founded.  The  Gerrans  holding  présents  several  dif- 
ficulties. 

We  hâve  no  record  of  any  bishop  at  Gerrans  save  Kenstee 
(865).  But,  because  no  records  hâve  been  preserved  we  can 
not  say  that  no  bishops  existed.  Such  a  principle,  if  applied 
to  Cornish  parishes  would  be  fatal  to  their  claim  to  hâve  had 
a  rector  before  the  days  of  Bishop  Bronescombe  (1257). 
Nevertheless  the  absence  of  recorded  évidence  is  distinctly 
embarrassing. 

What  were-the  events  or  circumstances  which  justified  the 
annexation  of  the  Gerrans  property  to  the  see  of  Exeter?  Some 
justification  theredoubtless  was.  Was  it  found  in  the  letter  of 
submission  written  by  Bishop  Kenstee  to  Arehbishop  Pleg- 
mund  (833-870)  about  50  years  betore  the  see  of  Crediton 
was  founded  ?  Was  it  found  in  the  forfeiture  of  royal  posses- 
sions  conséquent     upon     the    eonquest     of    Cornwall     by 


3 1 6  Tho.   Tayîor. 

Athelstan  (925-940)?  It  is  possible  that  both  thèse  evcnts 
may  hâve  contributed  to  the  resuit  for  there  is  good  reason  to 
believe  that  Gerrans  was  a  résidence  of  the  kings  ot  Corn- 
wall  in  the  seventh  century  and  it  is  certain  that  it  was  the 
résidence  of  Kenstec  in  the  ninth  century.  If  the  lands  were 
claimed  by  King  Athelstan  as  the  resuit  of  conquest  there 
ought  to  be  some  charter  to  show  when  and  by  whom  they 
were  transferred  to  the  see  of  Crediton  or  of  Exeter.  If  they 
passed  to  the  the  Saxon  bishopric  by  virtue  of  the  grant  of 
Edward  the  Confessor  in  1050  then  we  must  conclude  that 
they  had  preserved  their  episcopal  associations  until  within 
a  few  years  of  that  time  and  that  therefore  Bishop  Kenstec 
had  successors  at  Gerrans.  It  is  inconceivable  that  there  were 
not  valid  grounds  for  the  transfer  of  the  lands.  The  fact 
that  they  were  monastic  lands  would  not  hâve  sufficed  for 
the  canons  of  St  Petrock  and  St  German  survived  the 
annexation  of  a  portion  of  their's  whereas  no  vestige  of  a 
monastery  remained  at  Gerrans  in  the  days  of  the  Confessor. 
It  was  its  former  connection  with  episcopal  rule  which  led  to 
the  inclusion  of  Gerrans  in  the  endowments  of  the  bishopric 
of  Exeter. 

The  foregoing  fragmentary  sketch  is  not  be  regarded  as  a 
conclusive  proof  of  the  existence  of  concurrent  Cornish  bis- 
hoprics  so  late  as  the  eleventh  ceutury  but  it  is  intended  to 
call  attention  to  some  of  the  sources  from  which  others  may 
seek  the  necessary  means  of  forming  a  judgment  for  them- 
selves. 

That  the  monastery  bishoprics  were  hard  to  suppress  will 
be  évident  to  everyone  who  examines  the  évidence.  That  they 
survived  in  Cornwall  for  a  much  longer  period  than  is 
generally    supposed  seems  more    than    probable. 

Tho.  Taylor. 


SOME    POINTS    OF    SIMILARITY 

IN   THE 

PHONOLOGY    OF    WELSH    AND    BRETON 

Çcontinued) 


CONSONANTS 

Hère  will  be  treated  some  peculiarities  common  to  W.  and 
Br.  of  certain  initial,  medial  and  final  consonants.  (For  fur- 
ther  initial,  medial  and  final  changes,  see  §  30-48.) 

18.  —  I.  Initially. 

A  fréquent  interchange  of  voiced  and  voiceless  consonants 
(mostly  'stops')  is  noticeable  in  W.  and  Br.  Some  of  the 
changes  may  be  due  to  the  influence  of  Mutation,  others  to 
the  direct  influence  of  final  sounds  in  foregoing  words. 

A.  Br.  Exs.  : 

1)  Due  to  no  spécial  or  direct  influence  of  a  neighbouring 
sound.  Many  are  loanwords. 

d  >  t  :  L.  Ch.  (M.  Br.  Chart)  Trech-  in  Trechguoret  (O.  Br. 
drich);  Tréstàn(c£.  W.  Drystan,  Trystan,  and  Drustagni  lound 
on  an  inscription)  ;  Trég.  tarwed,  plur.  form  of  the  M.  Br. 
daroueden  (W '.  tarw(y)den)  ;  L.  E.  {H.)  talier,  possibly  from 
Fr.  d  arrière  (later  derrière). 

i  >  d  :  dubé  'a  dove'  is  from  O.  Fr.  /«^'accordingtoi?.  C, 
23,  p.  120. 

b  >  p  :  M.  Br.  poesell  'boisseau'  (also  M.  Br.  boësell,  cf. 
W.  bzvysel  and  pwysel  'bushel'). 

p  ^>  b  :  M.  Br.  baradoe^,  bârados  'paradise'  (W.  paradwys), 
but  in  bas-vann.  paradoes  is  still  found,  see  Vann.  (Ch.)  s.  v.; 
M.  Br.  bolot  from  Fr.  pelote;  Mod.  Br.  bok  (pok)  'a  kiss'. 

g  >>  k  (c)  :  L.  E.  {H.)  bas  klisia  from  Fr.  glisser,  kros  from 
Fr.  gros,  ki~  (gi%)  from  Fr.  guise;  Tr.  has  klagn  Çglagu, gltiiui, 
W.  glau)  ;  Le  Gon.  kouersÇgpuers,  W.  gwers).  The  change  of 

Revue  Celtique,  XXXI'.  21 


}i8  Parry- Williams. 

g  to  k  is  found  in  some  words  in  the  Vann.  dial.  of  Sarzeau 
(seeR.  C,  3,  p.  235). 

c  >  g  :  Mod.  Br.  golched  (O.  Br.  cokct,  W.  cylchéd)  ;  M.  Br. 
gàhouat  (couhat,  Mod.  Br.  kaonad,  W.  cawod,  caicad);M.  Br. 
(E.)  ganivet  'canivet  (canif)'  ;  Br.  Glande  'Claude'.  In  the 
dial.  of  Vannes  sevéral  words  bave  initial  g  where  Léon  lias 
c(k),  e.g.  Vann.  gor%enn,  gareJl  —  Léon  corsenn,caèrell. 

2)  Changes  due  to  the  influence  of  some  preceding  sound. 

a)  In  the  Vann.  dial.  of  Sarzeau  the  initial  v  of  forms  ot 
the  Verb  'to  be'  is  changed  to/when  immediately  preceded 
by  d  ;  see  R.  C,  3,  p.  335,  where  the  following  exs.  are  given 
groet  mad  fou  'it  will  be  well  done',  devead  fet  'you  will  be 
late'. 

With  thèse  may  be  compared  the  similar  change  after  e^, 
M.  Br.  ef  fi~iff  (=  er  vi^ij}),  effe  (=  e~  vé),  effoe  (==  e%  voé).  In 
L.  Ch.  \ve  find  e  feo  (—  o^vewo)  'en  train  de  vivre,  vivant'. 

b)  In  the  Vann.  dial.  of  Faouët  after  ht  (poss.  pron.  fem.) 
the  initial  consonants  b,  d,  g  become  p,  t,  c;  see  R.  C,  9,  p. 
273,  where  the  following  exs.  are  given  :  ht  prech  'lier 
arm'  ( W.  ci  braich),  hi  torn  'her  hand'  (W.  ci  dwrri),  hi  car 

'her  leg". 

c)  g,  d  immediately  following  an  s  hâve  become  c,  t  in  Ros- 
coff,  from  gof  'smith',  Ros-trcncn,  L.  Ch.  (M.  Br.  Chart.)  Ros- 
draoïcn,  from  dracn  'thorn'  W.  dracn.  Cf.  W.  glas-dwr  from 
glas  -\-  ddwr,  Br.  krestei^  'mid-day'  (krei%  +  dei%).  In  Mod. 
Br.  </  frequently  becomes  /  after  s,  bennes  Toite  (Done,  W. 
Duiu  'God'),  see  Ernault,  Petite  Grain  ma  ire  Bretonne,  §§9,  10. 

B.  W.   Exs.  : 

1)  Not  due  to  the  direct  influence  of  the  final  sound  of  a 
preceding  word . 

d  >»  i '  :  tychan  or  tnchan  (fordychati)  :  tx:cxs-en  'ear  of  corn' 
(Ir.  dias)  ;  tas  'stack,  heap'  (O.  W.  das,  O.  Br.  plur.  desi 
gl.  acervos,  Mod.  Br.  das,  Ir.  dais)  ;  twrdd,  tordd  'noise'  (Ir. 
dord),  trythyll,  trytbyllwch  (M.  W.  drythyll,  Ir.  drelill  and  tre- 
tilï)  ;  trum  'ridge'  (Ir.  drnini)  ;  treni,  tronyn  (M.  W.  dreniynt); 


Similanty  in  the  Phonology  of  IVelsb  and  Bit  Ion.  319 

iyred  'corne  thou'  (M.  W.  dyred)  ;  tyro  '  ?  for  dyro  m  M.  A. 
p.  287  ;  tesni  in  the  expression  duO'eyd  tesni  'to  tell  fortunes' 
from.  E.  destiny  ;  tyfn  (N.  W.)  for  dwfu  'deep'.  Among  the 
loanwords  from  E.  cf.  taslio  (E.  da^Je)  ;  tracht  (in  Williams 
Pantycelyn,  for  the  commoner  dracht  ;  M.  E.  draught,  draht); 
tyciae  (E.  decay),  tamp  (E.  damp),  tip  (E.  dip)  ;  W.  S.  has  titio 
'endyte',  the  commoner  W.  form  being  ditio,  which  may  be 
from  some  aphetic  form  of  E.  endite. 

b  >>  p  :  poed  for  boed(from  bod  'to  be').  Among  the  loan- 
words from  E.  :  palff  (in  B.  Cwsc)  ?  E.  bluff;  pastivn  (pas- 
twni)  E.  baston  ;  pazuns  ?  E.  bouncc  ;  pevel  (N.  W.)  E.  bevel  ;  pit 
E.  bit  (of  a  horse)  ;  pkusio  (dial.)  E.  'buse  =  abuse  ;  paldaruo 
(dial.)?  E.  balder  (with  the  ending  -uo  formed  after  rhuo  'to 
roar');  plagiardio  (N.  W.)  E.  blachguard  ;  planced  E.  blanket  ; 
potel  early  E.  fofc/  'a  bottle'  ;  /W7£  E.  bank  ;  pwysel  (bwyseï)  E. 
bushel  (the  W.  form  may  be  due  to  the  influence  of  piuys 
'weight')  ;  pwnsiad  (hunsiad)  E.  buuch. 

p  >  /;  :  The  forms  èw/a,  bwysi,  bwytatwys  are  occasionally 
found  îot  pwci  (=  pivca)  'puds!,  pwysi  rposy',  pytatws  'pota- 
toes'. 

^  >  c  :  Cwilym  (in  some  dials.)  for  Gzvilym  'William'; 
among  the  loanwords  from  E.  the  folio wing  occur  :  cêr  E. 
gear  M.  E.  ^ere  (D.  G.,  p.  86  Myn  f'enaid  gwiw,  afraid^rV)  : 
ceriach  is  an  extented  form  of  rtr  ;  «)/>/)'«  E.  goblin;  corsied  ? 
E.  ^w^/  in  I,.  G.  C.  p.  371  Corsied  o  waith  ceiroes  dur; 
moi  ?  E.  gnaiu  ;  crzpzo  ?  E.  grip  ;  cropian  E.  orop^  ;  avsberis  E. 
gooseberries  ;  cal  pian  (N.    W.)   E.    gallop;  kwyset   (JV.  S.)  E. 

c^> g  \  grisial,  grisiant  are  found  side  by  side  with  the  forms 
crisial,  crisiaut  ;  grofft,  found  in  the  Mab.  (Manawyddan)  'heu 
£T(^,  medi  y  rofft',  may  be  the  E.  croft.  In  Cardiganshire 
there  is  a  mutated  form  in  the  place  name  Rofft  for  Y  Rofft. 

2)  Changes  due  to  the  influence  of  a  preceding  sound. 

a)  In  a  MS.  of  the  Venedotian  code  of  the  Laws  of 
Howel  Dda  g  is  provected  to  k  :  (1)  after  the  particle  e  (==  y, 

1.  In  txro  the  ty-  may  be  a  trace  of  the  older  form  of  the  prefix;  Cf 
Loth,  Mêtn.  Soc.  Lingu.,  6,  339. 


32o  Parry- Williams. 

earlier  also  yd),  e.g.  drill  and  eckeyll;  (2)  after  the  conjunction 
o,  e.g.  okeyll.  In  R.  B.  H.  à  >  /  after  y  (for  yd)  in  'y  duw 
y  tiolchaf  (See  R.  C,  II,  p.   68). 

In  some  of  the  early  W.  Mss.  the  d  of  J#«  'two'  becomes  / 
after  ill,  as  //A/tv*  or  illtuii,  mostly  written  as  one  word. 

b)  In  M.  W.  the  form  atbijjero  is  found  for  atb  ddijfero 
'may  (he)  protect  thee'  ;  pathawr  =  pa-th-ddtnvr  'what  does 
i  t  concern  thee'  ? 

Note  :  —  A  curious  exainple  of  the  provection  of  an  initial 
consonant,  due  to  the  loss  of  a  vowel  and  the  influence  of 
the  following  initial  consonant,  is  found  in  the  case  of  the 
possessive  pronoun  fy,  which  becomes  otten  in  the  colloquial 
ïanguage  f,  and  before  b,  //,  or  i  becomes  ff.  In  some  dialec- 
tal texts  this  jj  is  written,  e.g.  fi  Jf'  itnan  (for  fi  fy  hunan), 
ffllaw  (=  fy  llaiu),  ff'iccbyd  (=  fy  iechyd).  Cf.  canmv(y)ll 
ffrwyn  the  colloquial  pronunciation  of  carmwyll  frwyn. 

19.  —  Exs.  ofBr.  ch  from  /  appear  in  Br.  charons  from  Fr. 
jarosse,  chéta  «  to  vomit  »  from.  Fr.  jeter: 

20.  —Initial  R  and  RH  in  W.  and  Br.  : 

According  to  Ped.  (§  89),  r  had  in  Celtic  two  values,  one 
with  'unlenated'  pronunciation,  the  other  with  'lenated'  pro- 
nunciation. Initially  the  unlenated  r  became  a  'voiceless' 
sound  in  W.  This,  as  a  rule,  is  not  the  case  in  Br.,  where  r 
has  generally  no  'voiceless'  value.  In  W.,  however,  it  is  the 
gênerai  rule,  even  in  loanwords  from  E.,  except  in  the  latest 
borrowings,  where  initial  /'  isoften  found  (e.g.  B.  Czusc  recordor 
'recorder',  redi  'ready';  Huw  Morus  has  Roumdiad  'Round- 
head'). 

Traces  of  the  same  initial  voiceless  r  (rh)  hâve  been  found 
in  the  Br.  dials.,  e.g.  in  dial.  of  Cornouaille  (see  R.  C,  3,  p. 
492),  and  in  a  text  written  in  the  dial.  of  Vann.  (viz.  a 
translation  of  the  parable  of  the  Prodigal  Son,  dating  from 
18 18.  See  R.  C,  11,  p.  180).  In  the  Vann.  text  an  b  is  atta- 
ched  to  the  initial  r  as  in  W.,  but  it  cornes  before  the  r  in 
the  Br.  text.  Under  'voiced'-mutation,  the  h  is  dropped  leav- 


Similaritx  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton.  321 

ing  only  r,  as  in  W.  This  proves  that  the  form  hr  is  not  a 
mère  orthographicalornament.  Theforms  found  are  hreit,  hrac 
hraccen;  (f)  ras,  (né)  rai,  (e)  eridas. 

Note  :  In  Eastern  S.  W.  initial  rh  is  very  seldom  heard, 
the  voiced  ;-  generally  taking  its  place. 

21.  —  Initial  Gw-  and  Chiv-  in  W.  and  Br.  : 

The  interchange  of  gw-  and  chw-  initially  is  a  peculiar 
phenomenon  in  W.  and  Br.  Although  the  radical  and  earlier 
form  seems  to  be  gw  (for  *//-),  yet  there  are  one  or  two  words 
with  chw-  as  the  probable  radical  form. 

The  most  noteworthy  ex.  is  chivarae  (chvareu  or  cbiuaré) 
by  the  side  of  older  forms  with  giv  (gu)-  In  the  M.  W.  texts 
of  the  Mab.  both  forms  appear,  and  thèse  not  far  apart.  In 
O.  W.  the  form  with  gij-  is  prévalent,  e.g.  O.  W.  guarai, 
giiaroiou.  M.  W.  bas  cbware,  gwarc  (verb  and  subs.  with  pi. 
gwaryeiî),  M.  Br.  hoari,  Mod.  Br.  choari  ;  M.  W.  giuarwyfa 
(Z).  G.  Dug  ivanvyfa'n  digrifwch),  Mod.  W.  cbware  uja(ri) 
'playground'.  O.  W.  has  guec  in  the  Gododdin  1.  1041  guec  a 
giicro  'sweet  and  sour'  (M.  Br.  hnec  and  chucc,  Mod.  Br.  chouec), 
M.  W.  and  Mod.  W.  chiueg  ;  gitero  is  M.  W.  and  Mod.  W. 
chwerw  (O.  Ir.  sert  with  s  for  su,  M.  Br.  hitcru,  buero).  Lib. 
Land.  has  cbuitb  and  guitb  ;  O.  W.  guardam,  Mod.  W. 
chwerthin  (chuarddaf  'I  smile')  M.  Br.  buer^in,  Mod.  Br. 
cboerzin.  In  the  W.  dials.,  however,  gwerthin  is  found  for 
cbwertbin  ;  d.  also  Gwefrol  for  Chiuefrol  (Chwefror)  ;  damch- 
wain  by  the  side  of  damwain  ;  (g)wedyn  and  chwedyn  ;  givedi 
and  cbiucdi;  givibod  and  chwïbod  'gnats'. 

An  ex.  among  the  loanwords  from  Lat.  is  cbiuysigcn,  for 
which  gwysigen  is  also  found,  M.  Br.  huysiguenn,  O.  Br. 
huisicou  (gl.  papulas),  Lat.  vèsica.  Stokes  (Br.  Gl.  O.  s.  v. 
haisicoiî)  compares  W.  cbwannen,  Br.  choanenn  with  the 
German  Wan^e. 

The  M.  Br.  (E.)  goagrcn  'petite  glande  entre  la  chair  et  le 
cuir'  seems  to  be  related  to  W.  cbwaren  of  the  same  meaning. 
The  W.  gweryru  cto  neigh'  appears  to  be  connected  with  Br. 
cbouirinaden  and  goiirrisiadcn  ca  neighing'  (For  the  pronun- 
ciation  of  gou-  and  cboii-  in  the  varions  Br.  dials.  see  R.  C, 
18,  pp.  236  sqq.). 


322  Parry-Williams. 

22.  —  With  the  foregoing  may  be  compared  the  inter- 
change of  initial  g  and  ch  in  Breton,  when  not  followed  by 
aconsonantal  w\  e.  g.: 

gallout  and  hallout  'to  be  able',  W.  gaïlii  ;  cbouse  'to  eat', 
chousach  'nourishment',  supposed  to  be  derived  from  the 
O.  Fr.  popular  form  gousser  'to  eat'. 

There  may  also  be  compared  the  W.  initial  ch  arising  from 
qu-  of  E.  and  Lat.,  c.  g.  chwarthawr  in  R.  B.  H.,  p.  281 
(Kulhwch  ac  Olwen),  from  Lat.  quartârius;  cbwart,  E.  quart; 
chivarel,  E.  quarrel;  chwarter,  E.  quarier;  chwitans,  E.  quit- 
tance ;  M.  W.  Chwintus  'Quintus'. 

E.  zuh-  becomes  W.  chw-,  e.  g.  D.  G.  cGildiad,  nid  cbwil- 
wasad  hallt',  E.  whitewash  ;  W.  S.  chicarfan  'a  wharve'  ; 
chwip  'whip',  chiuisîo  (dial.)  'to  whistle'. 

This  change  occurs  in  W.  itself  in  such  a  dial.  form  as 
chwiadan  ■<  *hwiadân  ■<  hwyaden  'duck',  pi.  chwîd. 


23.  —Initial  Gw-  in  W.  and  Br.  : 

Initial  Gw-  followed  by  a  vowel  or  by  liquids  and  nasals 
présent  various  peculiarities  of  like  nature  in  W.  and  Br. 

1)  When  followed  by  sorae  vowels,  the  gw  tends  to  absorb 
the  wowel.the  zu  becoming  a  vowel.  But  when  followed  by 
0,  the  giv  generally  loses  the  consonantal  w,  and  the  0 
remains  intact.  This  is  not  always  the  case,  however,  as  the 
guo-  sometimes  interchanges  with  guet-,  e.  g.  W.  givas- 
god,  Br.  gwaskcd,  Ir.  foscad;  W.  golchi  but  Br.  gwalchi; 
cf.  M.  W.  (Black  Book)  (g)-woscordd,  Mod.  W.  goscordd  (See 
R.  C,  29,  p.  68);  W.  gwastad,  M.  Br.  goustadic,  Mod.  Br. 
gouestadic  ;  Br.  Gl.  O.  g  ut  rie,  W.  godrig  ;  the  Br.  intensive 
prefix  gour-  corresponds  to  W.  gor- (in  gormod,  gorddyfn  etc.). 
Cf.  further  W.  giur,  Br.  gour;  W.  gwu,  Br.  gonn  (Trég.), 
(M.  W.  has  gwdaiii,  gwdost  etc.  =  Mod.  W.  gwyddom 
giuyddocb);  W.  gwobr,  Br.  gobr,gopr;  W.  gwedi,  Br.  goude; 
W .  gweli,  Br.  goitly  ;  W.  gorchymyn,  Br.  goure' hemen  ; 
W.  goddef(0.  W.  guoileimisauch),  Br.  gou~aj{f  ;  W.  girrtaitb, 
In  jortacht. 

In   spoken  W.  the    loss  of   a  vowel   is    common,   the   w 


Similaritx  in  the  Phohoïogy  of  Welsh  and  Breton.  323 

becoming  a  vowel,  e.  g.  gzunna  for  gwynnu  ;  cf.  Sulgiun  for 
Sulgiuyn . 

There  is  a  tendency  in  the  N.  W.  dial.  to  drop  the  w  in 
such  words  as  gialani  (gwialcri)  ;  giàlchan  (for  gwialchen 
for  mwyalclmi),  cf.  chi  (for  chiui),  chadal  (for  chwedV). 

In  Br.  and  W.an  wor  oappears  sometirnes  to  hâve  been  added 
superfluously,  e.  g.  M.  Br1 .  goarnison  by'the  side  of  garnison: 
Fr.  garnison  ;  cf.  galern  and  gnalern  in  R.  C,  27,  p.  223  ;  Le 
Gon.  gwaremm  'garenne'.  In  W.  we  find  giualab  'gallop'  in 
W.S.,  and  in  Boivn  0  Hamtivn,  p.  142  a  cherdet  gwalopy 
danaw. 

2)  When  gu-  is  followed  by  /,  n,  or  r  we  may  hâve  either 

a)  Metathesis,  gui,  gun,  giir  >-  glu,  gmj,  gr/j  ; 
or  b)  Loss  of  u  altogether; 
or  c)  u  becoming  a  vowel. 

a)  Metathesis. 

In  Br.  \gloat  (W.  gwlad)  ;  gloeb  (W.  gwlyb); 

glitix  (W.  giulith);  groec,  gruecÇW.  givraig); 

gloan  (W .  givlan);  groach  (W.  givraclf). 

In  W.  :  It  occurs  mostly  in  the  N.  W.  dial.,  where  the 
combinations  gwr-,  giul-,  gwn-  are  pronouced  gnu-,  ghv-, 
gnw-,  but  the  iv  is  pronounced  more  or  less  simultaneously 
with  the  r,  /,  n  ;  e.  g.  glwad  (givlâd);  glwith  (givlith),  glwân 
(givkhi),  grwaig  (jgivraig),  gnivio  (gwnto). 

Some  traces  of  this  pronunciation  are  found  in  the  Vene- 
dotian  Code  of  the  Laws  of  Howel,  e.  g.  grueic,  gritaget, 
gluàdÇiox  Mod.  W.  givra ig,  gwragedd,  giulad). 

b).  Total  loss  of  the  ij. 

In  Br.  :  gra  (by  the  side  of  orra.,  W.  gwna)  ;  greg  by  the 
side  of  groec,  gruec;  gleb  (O.  Br.  rogulipias,  M.  Br.  gleb,  gloeb, 
Trég.  gloeb.  Léon  has  gleb  and  gloeb)  ;  glix  by  the  side  of  M. 
Br.  glui%,  W.  giulilh;  griat  (M.  Br.  gravai,  Vann.  gmriai). 
M.  Br.  has  glat  and  gloat,  pi.  gladoa  ;  grac'h  and  groach. 

In  W.  :  The  change  is  perceptible  mainly  in  the  mod. 
spoken  language,  e.  g.  : 

1.  Apparent  only,  as  Breton  hère  really  shows  traces  of  the  older  Fr. 
pronunciation . 


324  Parry-Williams. 

gnâfÇgwnaf),  grondo,  grando  (gwrando),glaw  (gwlaiv  ;  but 
glaw  is  an  early  literary  form),  glyb,  glybwr  (gwlyb,  givlybzvr), 
gneud  (jgwneud)  etc.  Cf.  grafun  for  gwrajun  for  gwarafun.  In 
grug  we  hâve  a  literary  form  for  *gu>rug  (O.  I.  froicb). 
In  Pembrokeshire,  howewer,  it  is  pronounced  giurug. 
In  the  district  around  Llanidloes  one  hears  gldd  (givlàil), 
graig  {givra  ig). 

c)  The  /„/  becoming  a  vowel  u. 

In  Br.  this  seems  to  be  the  case  in  a  word  like  Vann. 
gouriat,  M.  Br.  gruyat  cmade\ 

In  W.  it  occurs  in  parts  of  S.  W.  in  such  forms  as  gwnio 
(two  syllabes)  for  givnïo,  gwniadur.  In  Carmarthenshire  the 
common  form  is  gwynio. 

24.  —  Initial  H  m  W.  and  Br.  : 

This  initial  letter  seems  to  hâve  been  the  most  unstable  of 
ail  in  W.  and  Br. 

Early  initial  s  in  native  words,  and  the  initial  s  of  Latin 
gave  in  W.  and  Br.  s  and  b;  sometimes  s  in  both  and  h  in 
both  ;  sometimes  s  in  one  and  /;  in  the  other,  and  vice 
versa;  sometimes  s  and  /;  in  both.    For  exs.  see  Ped.  §§  47, 

135- 

The  forms  with  /;  initially  sometimes  drop  and  sometimes 
retain  the  /;,  without  any  spécial  reason.  Oceasionally  /;  is 
added  to  a  word  beginning  with  a  vowel,  without  any  appa- 
rent etymological  reason,  being,  no  doubt,  partly  orthogra- 
phical. 

The  lack  of  stability  on  the  part  of  initial  /;  dates  from 
the  very  earliest  period  of  W.  and  Br.  Exs.  : 

O.  W.  hyshaf  (Mod.  W.  isaf),  O.  W.  ha  (M.  W.  ha(c), 
Mod.  a(c)),  O.  W.  ocoluin  (Mod.  W.  hogalcn  but  M.  W. 
agalen,  M.  Br.  bygoitleti,  Mod.  Br.  bi^olcnn,  Vann.  biguolenri), 
Ô.  W.  hint,  int  (Mod.  W.  byni),  6.  W.  ho  (Mod'  W.  0), 
O.  W.  auler-nnitiicQA.  W.  anher,  hanher,  Mod.  W.  hantter); 
W.  and  Br. .  hâve  oll,  holl  'alT  ;  M.  W.  wy  (Jrwy),  zvynt  for 
later  hwy,  bwynt. 

Further  traces  ofthe  indécision  with  regard  to  initial  /.;  may 
be  seen  from  the  following: 


Similatdty  in  the  PhonoJogy  of  Welsh  and  Breton.  325 

Breton  :  L.  Ch.ÇO.  Br.  Chart.) Haethlon,  Hethlon,  Aithlon; 
QW.aeth)  ;  L.  Cbr.  (M.Br.  Chart.)«tf,  haelon  (W.ael);Amhedr, 
Hamherd1  ?  ai-gant -,  harchant  ;  he=  e  'his,  its';  M.  Br.  emolch 
hemolch;  berr  (from  Fr.  erré)  ;  herue^,  eriue~;  hogos  (W.  agos); 
honest,  ouest;  hosîes,  ostes  (but  ospital,  ipocrisy,  isop);  boguen 
(W.  og-facu)  ;  ha^cl,  hudel,  udel  (W.  huddygï)  ;  in  L.  C/?. 
we  find  bevelep,  evelep;  hep,  ep\  oll,  boll;  o%_,  ho%;  0,  ho. 

Welsh  : 

In  W.  the  same  indécision  obtains,  especially  in  the  dials. 
In  N.W.  hagos (agos) ,  hemu  (emv ;  bemu  alsooccurs  in  M.  W.); 
hogla  (arogï),  hepil  (epil).  In  eastern  S.  W.  /;  is  frequently 
dropped,  and  sometimes  an  inorganic  h  is  added,  e.  g.  ardd 
(bardd),  en  (hén),  hyfed  (yfed),  hadref  (adref),  haraf  (araf), 
binuellt  (irwellt). 

In  connection  with  initial  /;  in  the  E.  words  borrowed  into 
W.  the  following  may  be  quoted  from  E.  E.  P.  p.  220  : 
«  The  question  concerning  h  is  simply,  when  was  it  mute  ? 
Palsgrave  says  h  is  muté  in  honest,  honour,  habundance...  » 
W.  S.  says  that  h  is  mute  in  «  honest,  habitation,  humble, 
habite,  honour  e  3  ». 

As  a  gênerai  rule,  initial  /;  of  E.  is  preserved  in  W.  In  a 
few  words,  however,  the  /;  seems  to  hâve  been  mute  in  early 
E.  or  non-existent  in  some  words  where  h  appears  in 
Mod.  E. 

W.  onest  (gonest,  E.  honest),  oribl  in  L.  G.  C.  p.  165.  'Hed 
cred  ac  anghred  a'u  gwyr  yn  oribl  '  (E.  horrible),  ostes  (E. 
hostess)  in  Cym.  Lien  Cym.,  II,  p.  22  'Ostes,  llenwch  win', 
ostler  (E.  hostler,  ostler)  found  in  D.  G.,  Ilar  (E.  Hilary, 
M.  E.  Hyllare)  in  L.  G.  C.,p.  30  'Dewi,Non,  Elis,  Dwynwen, 
llar\ 

We  hâve  seen    above  (§  18  B.  2)  how  f  (for  fy)  becomes 
ff  before  a  following  /;,as  in'  ffhunan  or  ff'unan  for  fy  hunan.  ■ 
With  this  we   may  compare    Ernault,  Petite  Grammaire  Bre- 
tonne, p.  13  : 

1.  O.  Br.  Am-. 

2.  W.  arian(t). 

3.  In   Fr.,  the  Latin  h  was,   of  course,  mute  throughout  from  earliesft 
times. 


326  Parry- Williams. 

«  Les  consonnes  fortes  et  faibles  peuvent  s'échanger  à  la 
fin  des  mots.  D'ordinaire  les  faibles  dominent  devant  une 
voyelle  initiale,  et  les  fortes  devant  un  h,  qui  alors  ne  se  pro- 
nonce pas  ». 

Initial  /;  arising  in  some  cases  of  'mutation'  is  regular  in 
W.,  and  is  not  unfrequently  found  in  Br.  also.  This  case  of 
aspirate-mutation  occurs  in  W.  after  the  poss.  pron.  fem.  ei 
'her',  e.  g.  ci  benw  'her  name'.  A  trace  of  the  same  kind  of  /; 
is  seen  in  Br.  in  the  dial.  of  Vann.  (Canton  de  Guémené-sur- 
Scorff)  e.  g.  i  balhwe  'her  key',  but  i  alhwe  'lus  key'.  It  is 
said  to  occur  also  in  the  dials.  of  Cornouaille  and  Trég.  (see 
R.C.,  17,  p.  39). 

W.  also  shows  an  aspirate-mutation  of  11,  m,  and  zv.  This  is 
even  mentioned  in  some  grammars,  and  is  found  occasio- 
nally  in  Mod.  W.  literature,  e.  g.  ei  mhynwes,  ei  nbain,  ei 
ivbig  (see  Y  Beirniad,  Vol.  II,  p.  i63.Hydref  1912).  In  the 
spoken  language  of  N.  W.  nh,  mb,  ivb  are  almost  uni- 
versally  prononced  after  ei  'her'.  The  cases  with  wh  are  ail 
found  in  the  E.  loanwords. 

The  mutation  of  ;;/  to  ;///;  after  ei  'her'  is  also  found  in  Br. 
(in  the  dial.  of  Faouèt,  Haute-Cornouaille),  where  the  /// 
sounds  more  like  a  'surd'  than  a  'sonant'  (See  R.  C,  17, 
p.  421).  For  further  changes  in  initial  consonants  see  §§  30- 
33- 

25.  II.  —  Medially. 

Hère  svill  be  mentioned  only  the  exs.  of  changes  in  medial 
consonants  in  W.  and  Br.  where  normallv  they  would  not 
be  expected  to  appear. 

A.  In  Br.  : 

1)  Exs.  of  voiceless  consonants  for  voieed,  generally  in 
loanwords  from  Fr. 

akloueten  (Fr.  aguillette,  L.  E.  (H.)  ;  alêrsàn  (Fr.  s'adresser 
L.  E.  (H.);  iumpa  (O.  Fr.  tomber  'tomber')  and  tumporell 
(Fr.  tombereau')  R.  C,  7,  p.  144;  ocmantin  (in  'da  ocmantin 
he  gloar'  =  d'augmenter  sa  gloire,  R.  C,  9,  p.  162);  vacabont 


Similarity  in  the  Phonology  of  ÏVclsh  and  Breton.  327 

(in  'evel  eur  vacabonf  =   comme    un  vagabond,  R.  C,  n, 
p.  308). 

2)  Voiced  for  voiceless,    t. g. 

Tr.  lias  kabiten  (Fr.  capitaine),  kaboun  (Fr.  chapon),  kabusin 
(Fr. capucin),  sagrist  and  sakrist(Fr.  sacristain);  L.  E.  ÇH.)  has 
gobédi  (O.  Fr.  copeter  'copter'),  tragas  (Fr.  tracas);  Le  Gon. 
ovis  and  ofis  (Fr.  office),  tabès  (Fr.  tapis)  ;  podaich  (Fr. 
potage). 

Some  of  thèse  forms  may  be  due  to  an  attempt  to  give 
the  words  a  native  appearance,  as  voiceless  consonants 
between  vowels  are  comparatively  la  te  in  Br.  and  W. 

Intervocalic  s  seems  to  hâve  acquired  a  voiced  (^)  sound 
early  in  Br.  Sometimes  ^  is  found  written,  e.  g.  frenesy  and 
frene^sy  (Fr.  frénésie1)  in  the  18  th.  C,  but  thereare  exs.  from  a 
still  earlier  period  (see  footnote  R.  C,  15,  p.  390). 

On  the  other  hand,  the  ^  of  M.  Br.  appears  as  à  in  some 
Mod.  Br.  dials.  e.  g.  the  dial.  of  Cornouaille  has predek,beudein 
for  M.  Br.  prêtée,  beu^iff;  dial.  ofTrég.  has  hidio,  didiou  for 
M.  Br.  hi^iu,  di~ion;  dial.  of  Léon  has  barado^  for  M.  Br. 
barazpe^. 

B.  In  W.  : 

1)  Voiceless  for  voiced. 

In  parts  of  S.  W.  voiceless  consonants  appear  between 
vowels,  where  in  other  dials.  the  voiced  équivalents  appear. 
This  takes  place  mostly  in  the  Gwentian  dial.  (East  Glamorgan 
and  Monmouth).  Prof.  Rhys  does  not  regard  thèse  as  exactly 
voiceless,  but  as  lying  somewhere  between  the  voiceless  and 
the  voiced  ;  e.  g.  rytag  (rbedeg),  fjetog  (ar-ffedog),  creli  Çcredit), 
otiu  (ydwyf),  precath  (pregeth),  givetodd  Çdyzuedodd),  acor  (agor), 
etc. 

In  literary  W.  a  voiced  consonant  coming  before  another 
consonant  or  consonantal  u,  i,  is  generally  written  in  its 
voiceless  form,  e.g,atgof,  atgas,  Coetmor  (Cocd-Mawr),  M. 
W.  eturyt  (=edfryd  from  adferyd);  llygàtddu  and  llygatu(from 

1.   The  Fr.  s  in  this  case  would,  of  course,  be  voiced. 


328  Parry-Wilîiams. 

lygad-ddn)  Uygatlast  (llygad-las);  M.  W.  atwaen  (Mod. 
\V.  adwaen)  ;  neitio,  neitiwr  (/>.  G.  C.  Neitiwr  dros  afon 
ytoedd.  The  form  w///o  is  used  in  the  Anglesey  dial.)  cf. 
atolwg  (from  adolwyn).  After  the  numéral  rfaw  in  compounds 
there  is  no  mutation  in  the  words  deutu,  dcuparlh,  deupeth, 
oddeutu. 

In  M.  W.  \ve  find  ythiw,  ydiw  ;  yttynt,  ydynt;  yttwyj, 
ydwyf;  yttoed,  ydoed1,  for  the  Mod.  W.  yJyw,  ydynt,  ydwyf, 
ydoedd  (cf.  Gwentian  ofoy,  o/»r/;  for  ydwyf,  xdych)  ;  M.  W. 
anghenoctid  from  anghenog. 

Among  the  loanwords  from  the  following  may  be  exs.  : 
cocas  (M.  E.  cogges),  Etwart  {Edward,  R.  B.  H.,  II,  p.  377), 
Etwin  (Ediuiii,  R.  B.  H.,  Il,  p.  266),  Gohuin  ÇGodwin,  R.  B. 
H.,  II,  p.  26j),petigryw  (E.  pedigree,  m  L.  G.  C.  At  y  gwraidd 
a'i  phetigryw),  picyn  (E.  piggin),  ivteniff  (E.  woode(n)knife,  in 
Jo/o  Go*:/;,  p.  314),  wlwart  and  wdwari  (E.  woodward  ;  /).  G. 
has  wdwart  in  'Tegwdivart  feistr  tew  goedallt,  p.  231,  but  Ed. 
Lhuyd  has  wtwart),  tricar  (dial.)  (E.  trigger). 

The  forms  cocas,  picyn,  tricar,  and  clwpa  (M.  E.  clobbé)  may 
hâve  developed  the  r,  pfrom  the  E.  ^,  />/>. 

A  case  of  <W  (rf)  becoming  d  is  seen  in  W.  gweddrod  and 
gwedrod  (pi.  form,  from  E.  wether).  gweddrod  is  the  usual 
form,  but  gwedrod  is  found  in  Gorchestion  Beirdd  Cymru 
p.  147  'Wedi  rhoit  ti  wedrod  da'  (Ieuan  DeuKvvn),  where 
the  cynghanedd  shows  that  the  pronunciation  is  </. 

cf.  the  Lat.  loanwords  paradwys  (paradïsus),  pedestr 
(pedestr-is),  pedol  (pedâl-is),  and  the  S.  W.  dial.  form  ithi 
for  iddi  'to  her',  due  probablv  to  hi  'lier'  which  generally 
follows. 

2)  Voiceless  becoming  voiced. 

Probable  exs.  are  the  following  from  among  the  loanwords 
from  E.  . 

adargop,  adyrgop  (E.  àttercop);  boglyn  (?  M.  E.  bock); 
biirgyn  (?  E.  morkin);  candleis  in  L.  G.  C.  (?  Early  E. 
gantelets);  fladyrÇW.  S.)  (E.  flatter);  jfradri  in  M.  A.  p.  35 
(?  E.  frairy,  fratery)  ;  gardas  in   Mod.    W.,gartys  in   Jf".  S., 

I.  Thèse  double  M.  W.  forms  probablv  arose  from  différent  forms  01 
the-  sutfîx  itself. 


Similarity  in  the  Pbonology  of  Welsb  and  Breton.  329 

gardr,  sing.,  in  L.  G.  C.  p.  474  (E.  garters);  Uadmerydd 
(E.  Intimer)  ;  plagiardio  (dial.)  (E.  blackguard,  where  the  ck, 
however,  is  not  pronounced)  ;  potegari  W.  S.  (E.  apothecary); 
ysbignardd,  Medd.  Mydd.  p.  202  (E.  spikenard);  ysgoblar 
in  D.  G.  p.  150  'Esgoblun  mewn  ysgablar'  (?  E.  scapu- 
lar). 

26.  III.  —  Finally. 

A.  Final  Mutes. 

1)  In  Br. 

The  modem  rule  with  regard  to  final  mediae  and  tenues 
is  given  in  Ernault's  Petite  Grammaire  bretonne,  p.  1  3  :  «  Les 
consonnes  fortes  et  faibles  peuvent  s'échanger  à  la  fin  des 
mots.  D'ordinaire  les  faibles  dominent  devant  une  voyelle 
initiale,  et  les  fortes  devant  un  /;,  qui  alors  ne  se  prononce 
pas  » . 

In  M.  Br.,  however,  as  in  M.  W.,  the  rule  wastowrite  the 
voicelessconsonantin  the  final  position  in  words  where  Mod. 
Br.  both  the  voiced  and  voiceless  forms  are  found.  But  when 
an  ending  (as  of  the  plural  or  féminine)  was  added  to  the 
voiceless  final  consonant,  the  voiceless  became  voiced. 
Hésitation  with  regard  to  this  change  can  be  discerned  in  a 
form  like  coatdoii,  plur.  of  coat  Svood'  in  R.  C,  8,  p.  260, 
'dre  an  coatdou  (par  les  bois),  and  in  the  M.  Br.  ta  /doit 
(plur.  of  tat  'father').  Even  in  M.  Br.,  however,  we  get  fluc- 
tuations, e.  g.   mat  and  mai  ;  stoup  and  stoub;  tat    and  tad. 

The  treatment  of  thèse  single  final  consonants  in  the 
loanwords  from  Fr.  is  as  follows  : 

a)  A  Fr.  voiced  final  consonant  may  appear  in  Br.  as  voice- 
less, except  when  a  suffix  is  added. 

b)  A  Fr.  voiceless  final  consonant  may  appear  in  Br.  as 
voiced  (as  well  as  voiceless),  but  always  voiced  if  a  suffix  be 
added. 

a)  camarat  (Fr.  camarade)  in  R.  C,  26,  p.  212;  malat  (Fr. 
malade)  m  R.  C.,  1 5,  p.  357;  M.  Br.  homicit  (Fr.  homicide)]; 
Herot  (Fr.  Hérode)  in  R.  C,  10,  p.  23;  M.  Br.  muscat  (Fr.  mus- 


3  3°  Parry-  Williams. 

code);  M.  Br.  remet  (Fr.  remède}  and  cf.  R.  C,  8,  p.  488  Dal 

vn  taol  flem  heb  remet  (Tenez  un  coup  d'aiguillon  sans 
retard);  L.  E.  (H.)  rok  (Fr.  rogne);  M.  Br.  synagoc  (Fr. 
synagogue);  M.  Br.  ribaut  (Fr.  ribaud)  but  ribaudes  (fem.). 

b).  L.  £".  (#.)  has  <r/;//)oi  (Fr.  chipote),  fured  (Fr.  /"/z/r/), 
lôdÇFv.  7o£,  M.  Br.  /o/),  roc/W  (Fr.  rocbet);  Tr.  has  fo/W  (Fr. 
bouquet),  bouled,  boulet  (Fr.  boulet),  ermid  (Fr.  ermite);  Le  Gon. 
has  jof,  joV(Fr.  jo/);  M.  Br.  (E.)  has  /;w  (Fr.  hucque),  pic  (Fr. 
/>zV),  5oz</>  (Fr.  soupe),  stctt  (Fr.  tf/zz/),  s/ok£,  j/oaip  (Fr. 
ctoupé).  Cf.  i?.  C.,2,p.  82  pod  (Fr.  pot),  p.  224  saludÇFr.  salut), 
p.  240  /wzft/  (bonnet);  R.  C,  3,  p.  68  pilad (Fr.  pilât)  ;  R.  C, 
8,  p.  462  */0z//>  (Fr.  ctoupe);  R.  C.,  4,  p.  60  pzW  (Fr.  />/#/), 
p.  99  avokad  (Fr.  avocat). 

The  voiced  consonant  when  a  suffix  is  added  : 

M.  Br.  advocade\,  fagoden  (Fr.  fagot),  gargadenn  (O.  Fr. 
gargate),  rudet  (Fr.  rzz/),  seruiedenn  (Fr.  serviette),  stadou.  plur. 
of  5to/  (fr.  f'ta/),  scodenn  (Fr.  «<r^),  planedou  (Fr.  planètes),  see 
also  the  same  form  in  i?.  C,  8,  p.  234  ;  Mod.  Br.  zWrzz  (Fr. 
/o/),  mouden  (Fr.  motte),  souben  (Fr.  sott/œ)  in  i?.  C,  2,  p.  80 
souben  ar  c'hik  (soupe  de  viande),  M.  Br.  has  also  souben. 

One  exception  appears  to  be  M.  Br.  moten  for  the  later 
mouden  (Fr.  motte),  mentioned  in  Z.  £".  (.£/.). 

M>/£  :  With  the  above  mentioned  interchange  of  voiced 
and  voiceless  mutes  may  be  compared  the  fréquent  inter- 
change in  Br.  of  -aig,  -aich  (with  soft  g  and  ch)  from  the 
Fr.  ending  -âge. 

2).  In  W.  : 

The  fate  of  the  final  stops  in  W.  présents  several  points  of 
similarity  to  that  of  Br.  stops.  In  W.  the  final  tenues  did  not 
hold  out  so  long  and  so  late  as  in  Br.  (being  kept  in  the 
latter,  as  we  hâve  seen,  even  up  to  modem  times).  It  is  dif- 
ficult,  however,  to  conclude  finally  at  what  period  the  final 
tenues  of  W.  became  medial.  In  the  M.  W.  texts  they  are 
generally  written  as  tenues,  with  the  exception  of  the  labial, 
which  has  the  forms  b  and  p.  This  practice  is  kept  up  by 
W  .S.  (iéth.  c.)  in  his  Welsh-English  Dictionary.lt  may  hâve 


Similarity  in  the  Phonology  of  IVclsh  and  Breton.  331 

been  in  his  time  merely  the  traditional  mode  of  writing  ;  but 
even  W.  S.  writes  monosyllables  containing  long  vowels 
with  the  voiced  consonant,  e.  g.  koob  (E.  copé)  and pib. 

Hère  are,  however,  proofs  as  early  as  the  i4th.  C.  in  the 
works  of  D.  G.  that  in  some  cases  at  least,  the  final  voiced 
mutes  of  Mod.W.  were  also  voiced  at  that  period,  e.  g.   : 

D.  G.  p.  33.  Gweledei  gwallt  fel  goldgwiw. 

D.  G.  p.  217.  'Y  nghred  brelai  afrâdlawn. 

The  d  of  'gweW  corresponds  in  Cynghanedd  to  the  d  of 
'gohf  which  is  the  E.  gold.  (There  are,  however,  cases  of  final 
là  of  E.  becoming  //  in  W. ,  e.  g.  hwswolt  in  L.  G.  C.  p.  460, 
(E.  household)  by  the  side  of  hzu siuold,  p.  195  ;  but  the  form 
gold  is  the  W.  form  of  the  word  throughout,  as  in  gold  y' 
gors  'marsh  marigoW).  The  final  d  of  'brelad'  from  'prelad 
(E.  prelate)  corresponds  to  the  d  of  'afrarflawn',  which,  being 
medial,  was  certainly  a  à. 

In  any  case,  in  the  E.  loanwords  in  W.  when  an  ending 
was  added,  the  consonants  took  the  voiced  form  at  a  very 
early  period  : 

D.  G.  p.  52  Fflacedau  a  phlucoeJydd  (E. Racket). 

p.  284  Clicieàyn  yn  cloi  ceurfawd  (E.  clicket). 

In  the  case  of  some  loanwords  from  E.  the  final  voiceless 
stop  is  retained  even  in  the  modem  language. 

The  question  of  the  final  stops  lias  been  dealt  with  to  some 
extent  by  Sir  John  Rhys  in  his  'Ail  Around  the  Wrekin'  [Y 
Cymmrodor,  Vol.  XXI,  pp.  32  sqq.}. 

The  treatment  of  the  E.  loanwords  from  W.  may  be  thus 
classified. 

a)  Those  that  retain  the  final  voiceless  consonant . 

b)  Those  that  changed  the  final  voiceless  consonant  into  a 
voiced  consonant. 

a)  côt  (E.  coat),  grât(E.  grate),  llac  (E.  slack),  siop  (E. 
shop),  etc. 

Thèse  words  are  mostly  those  of  one  (short)  syllable  in  E. 

Note  :  —  The  change  of  single  final  voiced  consonants  to 
voiceless,  so  conimon  in  Br.,  is  practically  unknown  in  W., 
unless  the  word  nutmic  E.  nutmygge,  given  by  W.  S.  be  a 


3  30  Parry- Williams. 

code);  M.  Br.  remet  (Fr.  remède)  and  cf.  R.  C,  8,  p.  488  Dal 

vn  taol  flem  heb  remet  (Tenez  un  coup  d'aiguillon  sans 
retard);  L.  E.  (H.)  rok  (Fr.  rogne);  M.  Br.  synagoc  (Fr. 
synagogue);  M.  Br.  ribaut  (Fr.  ribaud)  but  ribaudes  (fem.). 

b).  L.  £".  (//.)  has  f/j/pod  (Fr.  chipote),  fured  (Fr.  ////W), 
lôdÇEr.  lot,  M.  Br.  A)/),  m:/;^  (Fr.  rochet);  Tr.  has  fok/  (Fr. 
bouquet),  bouled,  boulet  (Fr.  boulet),  ennid  (Fr.  ermite);  Le  Gon. 
has  jo/,  i(W(Fr.  jo/);  M.  Br.  (E.)  has  /wc  (Fr.  hucque),  pie  (Fr. 
pic),  soup  (Fr.  soupe),  steit  (Fr.  #a/),  stowi,  tfottp  (Fr. 
ctoupe).  Cf.  i?.  C.,2,p.  82  /w/  (Fr.  pot),  p.  224  saludÇFr.  salut), 
p.  240  Zw/«/  (bonnet);  R.  C,  3,  p.  68  pilad (Fr.  pilât)  ;  R.  C, 
8,  p.  462  stoub  (Fr.  t'toupe);  R.  C,  4,  p.  60  p/rtd  (Fr.  p/rt/), 
p.  99  avokad  (Fr.  avocat). 

The  voicedconsonant  when  a  suffîx  is  added  : 

M.  Br.  advocadey,  fagoden  (F r.  fagot),  gargadenn  (O.  Fr. 
gargate),  rudet  (Fr.  m/),  seruiedenn  (Fr.  serviette),  stadou,  plur. 
oî  stat  (fr.  £to/),  scodenn  (Fr.  #«#),  planedou  (Fr.  planètes),  see 
also  the  same  form  in  i?.  C,  8,  p.  234  ;  Mod.  Br.  /o^«  (Fr. 
A?/),  mouden  (Fr.  motte),  souben  (Fr.  .sw//v)  in  i?.  C,  2,  p.  80 
souben  ar  c'hik  {soupe  de  viande),  M.  Br.  has  also  souben. 

One  exception  appears  to  be  M.  Br.  moten  for  the  later 
mouden  (Fr.  motte),  mentionedin  Z.  £".  (.£/.). 

JVo/tf  :  With  the  above  mentioned  interchange  of  voiced 
and  voiceless  mutes  may  be  compared  the  fréquent  inter- 
change in  Br.  of  -aig,  -aich  (with  soft  g  and  ch)  from  the 
Fr.  ending  -âge. 

2).  In  W.  : 

The  fate  of  the  final  stops  in  W.  présents  several  points  of 
similarity  to  thatof  Br.  stops.  In  W.  the  final  tenues  did  not 
hold  out  so  long  and  so  late  as  in  Br.  (being  kept  in  the 
latter,  as  \ve  hâve  seen,  even  up  to  modem  times).  It  is  dif- 
ficult,  however,  to  conclude  finally  at  what  period  the  final 
tenues  of  W.  became  medial.  In  the  M.  W.  texts  they  are 
generally  written  as  tenues,  with  the  exception  of  the  labial, 
which  has  the  forms  b  and  p.  This  practice  is  kept  up  by 
W.S.  (iéth.  c.)  in  his  Welsh-English Dictionary.lt may  hâve 


Similarity  in  the  Phonology  of  Wclsh  and  Breton.  331 

been  in  his  time  merely  the  traditional  mode  of  writing  ;  but 
even  W .  S.  writes  monosyllables  containing  long  vowels 
witb  the  voiced  consonant,  e.  g.  koob  (E.  copé)  and  pi b. 

Hère  are,  however,  proofs  as  early  as  the  i4th.  C.  in  the 
works  of  D.  G.  that  in  some  cases  at  least,  the  final  voiced 
mutes  of  Mod.W.  were  also  voiced  at  that  period,  e.  g.   : 

D.  G.  p.  33.  Gweleiei  gwallt  fel  goldgwiw. 

D.  G.  p.  217.  'Y  nghred  brelad  afradlawn. 

The  d  of  'gweled'  corresponds  in  Cynghanedd  to  the  d  of 
'gohf  which  is  the  E.  gold.  (There  are,  however,  cases  of  final 
Id  of  E.  becoming  //  in  W. ,  e.  g.  hzuswolt  in  L.  G.  C.  p.  460, 
(E.  household)  by  the  side  of  hiuswold,  p.  195  ;  but  the  form 
gold  is  the  W.  form  of  the  word  throughout,  as  in  gold  y' 
gors  'marsh  marigoW).  The  final  d  of  'brelad'  from  'prelad 
(E.  prelaté)  corresponds  to  the  d  of  'afrarflawn',  which,  being 
medial,  was  certainly  a  d. 

In  any  case,  in  the  E.  loanwords  in  W.  when  an  ending 
was  added,  the  consonants  took  the  voiced  form  at  a  very 
early  period  : 

D.  G.  p.  52  Fflacedau  a  phlucoe^ydd  (E.jîacket). 

p.  284  Cliciedyn  yn  cloi  ceurfawd  (E.  clichct). 

In  the  case  of  some  loanwords  from  E.  the  final  voiceless 
stop  is  retained  even  in  the  modem  language. 

The  question  of  the  final  stops  lias  been  dealt  with  to  some 
extent  by  Sir  John  Rhys  in  his  'Ail  Around  the  Wrekin'  [Y 
Cymmrodor,  Vol.  XXI,  pp.  32  sqq.}. 

The  treatment  of  the  E.  loanwords  from  W.  may  be  thus 
classified. 

a)  Those  that  retain  the  final  voiceless  consonant. 

b)  Those  that  changed  the  final  voiceless  consonant  into  a 
voiced  consonant. 

à)  côt  (E.  coat),  grdt(E.  grnte),  llcic  (E.  slack),  siop  (E. 
shop),  etc. 

Thèse  words  are  mostly  those  of  one  (short)  syllable  in  E. 

Note  :  —  The  change  of  single  final  voiced  consonants  to 
voiceless,  so  common  in  Br.,  is  practically  unknown  in  W., 
lïnless  the  word  nutmic  E.  nutmygge,  given  by  W.   S.  be  a 


332  Parry-  Williams. 

case  in  point.  The  Mod.  E.  is  nutmeg.  Hère,  however,  the  c 
may  hâve  arisen  from  the  E.  gg.  (cf.  picyn,  chvpa,  §  25  B  i)  ; 
cf.,  however,  W.  antarliwt,  intarliwt  from  E.  interlude,  and 
dial.  teit  from  Ë.  tide. 

b)  This  change  seems  to  hâve  taken  place 

1.  in  words  of  more  than  one  syllable. 

2.  in  monosyllabes  containing  a  long  vowel. 

Exs.  :  abiâ  (M.  E.  abii)  in  D.  G.  pp.  48,  207  ;  gwalab  W.  S. 
(E.  gallop),  basged  (E.  basket),  huned  in L.  G.  C.  (E.  bonnet), 
bihug  (E.  bill-hoolc),  casog  (E.  cassock),  casged  in  L.  G.  C. 
p.  295  (E.  casket),  clared  (E.  claret),  carped  (E.  carpef),  clicied 
(E.  clichet),  diubled  (E.  doublet),  ermid  in  M.  ^4.  p.  258  (E. 
hennit),  garlleg  (E.  £w/fc  ;  £F.  5.  lias'  garllec  'garleke'),  /zo/&/ 
(E.  violet),  ffcigod  (E.  faggot),  nihusig  (E.  music),  proffid  in 
.D.  G.,  p.  247  (E.  profit),  ysgarlad  (E.  scarlet,  M.  E.  scarlat) 
etc. 

ÀwZ>  in  W7.  5.,  i.  e.  r<?£  (E.  cope),  siêb  in  D.  G.,  'Bronbelau 
fel  Siopau  siêb'  (E.  Cheap,  i.  e.  Cheap-Side,  London),  côdznâ 
côt  (E.  fcw/),  clôg  (E.  cloàK),  fflyd  (E.  yfe/,  in  sensé  of'crowd'), 
mi/o-  (E.  croolî),  grôd  in  L.  G.  C.  p.  327  (E.  groat),  ystâg  in 
Z..  G.  C  p.  495  'Main  wâg  ei  ystâg.  .  .'  (E.  stake). 

B.  Changes  in  some  final  consonantal  groups  containing 
mutes. 

27.  —  1)  In  some  loanwords  from  Fr.  into  Br.  the 
voicëd  stop  became  voiceless  in  the  groups  Idr,  mbr,  br, 
bl. 

Exs.  :  foultr  (O.  Fr.  fouldre),  lampr  (Fr.  lanibre),  mempr 
(Fr.  membre)  in  R.  C.,  2,  p.  364,  nompr  (nombre)  in  R., 
C.,  S,  p.  88,  possipl  (Fr.  possible)  in  R.  C.,  9,  p.  162.  Cf.  cam- 
praou  (Fr.  chambre s) m  R.C.,  10,  p.  5,  puplian  (Fr. publier)  in 
i?.  C.,  26,  p.  310,  humplan,  superl.  (Fr.  humble)  and  senclou 
(Fr.  sangles)  in  L.  C/;. 

The  only  probable  example  of  this  change  in  W.  is  the 
M.  W.  taplas,  which  may  be  from  E.  tables. 

In  M.  Br.  there  are  traces  of  the  opposite  change  of  pi,  pr 
to  bl,  br,  e.  g.    : 


Similarity  in  tbe  Phonology  of  Wehh  and  Breton.  333 

M.  Br.  (E.)  coubl,  coublaff  (Fr.  couple,  coupler),  poubr  (Fr. 
pourpre).  Cf.  M.  Br.  (E.)  squerb  (?  Fr.  écharpe). 

28.  —  2)  Breton  shows  a  tendency  to  change  final 
-ng  of  loanwords  to  ne  (nk)1,  e.  g.  : 

M.  Br.  (E.)  harinc  'hareng',  Vann.  (Ch.)  haranc  'harangue' 
pi.  haranequet  (Fr.  harangue);  M.  Br.  (E.)  reng,  'rang',  L. 
E.  (H.)  renie  'rang'  (O.  Fr.  reng);  L.  E.  (H)  stank  (Fr. 
étang  for  earWerestang).  Tr.  has  stang  and  stank.  Cf.  R.  C,  23, 
p.  234,  'war  ar  stank  ma  kann  he  dilled'  (Sur  l'étang  où  elle 
lave  ses  vêtements). 

For  further  remarks  on  Br.  ng,  nk,  see  R.  C,  19,  p.   323. 

The  change  of  ng  to  ne  (i.  e.  ngc)  is  not  unknown  to  W. 

e     cr 

rhenc  by  the  side  of  rheng  'a  rank,  row',  W.  S.  has  renc  'a 
renge';  M.  E.  reng,  renge,  rengge; 

yslanc  by  the  side  of  ystang  (stanc,  stang),  E.  stang,  M.  E. 
stange. 

It  is  noticeable,  however,  thatin  the  E.  dials.  of  Shropshire 
and  Montgomery  the  form  stank  is  found  (See  English 
Dialect  Dictionary  s.  v.).  This  may  be  due  to  the  W. 
form. 

Note  1 .  E.  final  ng  in  such  words  as  long  was  équivalent 
to  ng-g  at  an  early  period  in  the  language.  The  g  after 
the  nasal  (ng)  was  heard  throughout  the  M.  E.  period.  In 
Early  New  E.  the  g  was  lost  except  when  a  vowel  followed, 
as  is  the  case  in  Mod.  E. 

Note  2.  The  change  of  ne  to  ng  is  common  in  W.  when 
a  suffix  is  added,  e.  g.  crafanc,  crafangau;  tranc,  trengi;  ieuanc, 
ieuengaf  ;  M.  W.  ranc,  rengi  (Mod.  W.  rhyngu).  But  cf.  liane, 
llanciau;  pranc,  pranciau;  banc,  banciau  ;  llwnc,  llyncu  (but 
llyng-yren). 

III.  29.  —  Final  nâ,  rdoï  loanwords  in  W.  and  Br. 

1)  In  Br.  : 

1 .  Possibly  this  change  did  not  take  place  in  Breton  itself,  but  may  be 
really  only  the  reflexion  of  the  O.  Fr.  pronunciation  with  huai  nk. 

Rei'ue  Celtique,  XXXV.  22 


336  Parry -Williams 

some  words  e.  g.  cwcwallt   'cuckold'  (M.  E.  cukewalde),  malll 
(JT..S.)'mauld\ 

Further  cases  of  change  and  interchange  of  consonants  in 
W.  and  Br. 
I.  Initially. 

30.     -  1)  Initial  M,B,  Tin  W.  and  Br. 

In  some  native  words  there  is  an  interchange  of  //;-  and  b- 
in  W.  and  Br.  words,  e.  g. 

W.  mm  and  bcn  'cart,  waggon';  W.  moes  Br.  boa\  ;  W. 
mwyaid  and  bwyaid;  O.  W.  niant,  Mod.  W.  bawd  (cf.  mod- 
fedd  'inch'  mod-rwy  'ring');  W.  niegin,  Br.  megin  and  begin 
'bellows';  W.  math  and  bath;  W.  magl  and  bagl  'a  snare\;  W. 
maeddu  and  baeddu  'to  soil';  Br.  (Vann.)  mailloc  and  bailloc 
'chin'  ;  W.  bunandmun  'maiden'. 

In  the  loanwords  of  W.  and  Br.  the  interchange  of  initial  m, 
b,  and  v  is  much  more  fréquent.  Thèse  occur  mostly  in  words 
borrowed  from  E.  and  Fr.,  with  some  examples,  however,  in 
late  borrowings  from  Latin. 

A.  In  Br.  . 

a)  V  >  B. 

M.  Br.  (E.)  hzs  bénin  a.nd  venin  'venin',  bergier  'vergier', 
Beronic  'Véronique',  ber^iil  and  burçut  from  Lat.  virtut-is, 
bescont  'vicomte'  (Le  Gon.  has  beskount),  biwig  'visage',  bitaill 
'vitaille',  bilen  'vilain',  volonté^,  nolante,  'volonté'  (Mod.  Br. 
bolente^,  Vann.  volante  and  bolante),  banel  'venelle'  (L.  Ch. 
(M.  Br.  Chart.)  has  also  banel)  ;  L.  E.  (H.)  has  beach  'voyage' 
(O.  Fr.  vciage,  veage)  ;  bandent  'vendange'  (borrowed  from  Lat. 
vindemia),  biel  'vielle',  baot  'voûte'  (borrowed  from  Lat.  voila 
for  voluta  'arrondie'). 

The  majority  of  borrowed  words,  however,  retain  the  ini- 
tial v. 

b)  M  >  B. 

L.  E.(H.)  beht  'menthe';  Le  Gon.  barJel  'mardelle';  bits 
and  nuls  'muids'. 

c).  V  >  M. 

Vann.  (Ch.)  mention  'vendange'  (mis  mendem  'septembre'), 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton  337 

mendemein  'vendange',  Lat.  vindemia,  cf.  bandent  above  a); 
Mod.  Br.  mouei  'voix',  as  in  R.  C.,8,  p.  90  vn  mmt\  'une 
voix'. 

B.  In  W.  : 

a)  V  >  B. 

berf  '  verb  '  from  L.  vërbum;  berfaen  and  ferfaen  '  vervain'; 
bernais  and  harnais  (mod.  W.  dial.  varnis)  '  varnish  '  M.  E. 
verniscb,  vemysche  (IV .  S .  has  also  verneis);  bicar,  bicer  (and 
micar)  '  vicar';  bilain  and  milain  from  M.  E.  vilain,  viîein; 
bitail  '  victuals  '  from  M.  E.  vilaille  ;  Invltur  and  fwltur  (in 
Bible,  Lev.  II,  14  and  Deut.  28,  7)  '  a  vulture  '  ;  bocal  '  vocal, 
vowel  '  (the  word  bocal  is  used  by  W.  S.  in  the  introduction 
to  his  Welsh-English  Dictionary). 

b)  M  >  B. 

balaen,  balain,  balen,  belan  and  malaen  '  Milan-steel  or 
-armour',  early  E.  Melayne;  barlat,  ?for  balart  '  mallard  '; 
basant  and  masarn  k  mazer-tree  '  ;  binul  mul  ieuanc  (Geiriadur 
W.  Llyn)  'mule'  ;  burgyn  ?  E.  morkin  ;  barblis  and  marblis  (in 
N.  W.  dial.)  '  marbles  '. 

Cf.  W.  bynafyd  dial.  for  ymanafu,  possibly  through  an 
intermédiare  form  mynafyd  ;  bydroi  for  ymdroi,  through  an 
intermediate  inydroi. 

Cf.  also  W.  ffwlbart  and  ffwlbert  from  E.  fonliuarde;  W. 
buddai  (Br.  me~,  Ir.  muide)  '  a  ehurn  ',  supposed  to  be  from 
Lat.  modius. 

c)  V>  M. 

maniais  '  vantage  ';  melved  '  velvet  ';  mentro  and  mentrio 
c  venture  ',  iiientrus^a.d).^)  '  venturous  ';  micar  and  fo#w  '  vi- 
car ',  milain  and  bilain  M.  E.  z/ifcm  (See  above  (a));  iniswrn 
'  vizor  '  ;  inursen  ?  E.  virgin  ;  mivilieu  '  vigils  '  in  Llyfr 
Ancr  Llandewivrevi,  from  Lat.  vigiliae. 

d)  B  >  M. 

Z^.  5.  gives  maner  '  a  banner'  by  the  side  of  the  commo- 
ner  W.  forms  baner  ;  mwngler  '  bungler  '  occurs  in  the 
works  of  Gruffyd  ab  Ieuan  (viii)  '  Nag  aed  mwngler  i  glera  '  ; 
the  common  form   is  hvngler. 

Cf.  N.  W.  dial.  menthig,  S.  W.  dial.  mencid,  myncid3  for  the 
literary  benthyg  (for  benffyg). 


3  3  S  Parfy-Williams 

Note.  —  In  N.  W.  dial.  the  word  misi  '  diffkult  to  please' 
has  alternate  forms  fisi  and  bisi.  The  word  megin  lias  very 
often  the  form  fegin  as  the  radical,  due,  no  doubt,  to  its  fré- 
quent use  with  the  definite  article  y  fegin  '  the  bellows  '. 

31.  —  2).  The  spirant  ch  becomes  s  in  Br.  in  certain  cases; 
in  W.  as  a  gênerai  rule  it  becomes  si,  when  it  is  followcd  by 
a  vowel  other  than  /,  the  si  having  two  pronunciations  —  sh 
and  si  (the  si  pronunciation  being  confined  more  or  less  to 
parts  of  N.  W.).  Before  the  vowel  i  the  ch  becomes  a  pure  s- 
sound  in  N.  W.,  but  generally  sh-  sound  in  S.  W. 

A.  In  Br.  : 

a)  M.  Br.  sanéll  '  a  gutter,  canal  '  is  believed  to  be  from  O. 
Fr.  chaignel  (Mod.  Fr.  chéneau),  and  the  Mod.Br.  san  appears 
to  be  a  shortened  form  of  it.  See  L.  E.  (//.)  s.  v. 

Siminal  '  cheminée  '  in  R.  C,  1,  p.  408  '  Dibaot  si  minai  a 
voged  |  Anez  ne  ve  tan  en  oaled  '  (Rarement  cheminée  fume, 
s'il  n'y  a  feu  dans  l'âtre). 

Soiini  '  rester  '  is  supposed  to  be  from  an  early  Fr.  verb 
chômer  (see  R.  C,  2,  p.  217).  Other  forms  are  chonm,  chom,  as 
in  R.  C,  3,  p.  215,  and  choumas  '  est  resté  '  p.  216.  Tr.  has 
sench  '  changer'. 

b)  Fr.  cl)  appears  initially  as  c  in  Br.  in  the  following  cases, 
which  found  their  way  to  Br.  through  the  médium  of  some 
of  the  northern  Fr.  dials.  that  had  c  for  ch  before  a. 

M.  Br.  carg  '  charge  '  (also  Mod.  Br.  hirg)  ;  Vann.  (Ch.) 
carnel  '  charnier  ' (see also carnel  in  A.}.  CL.,  p.  6o6);cnmpr 
chambre  '  (in  R.  C,  10,  p.  5  en  campraou  c  en  chambres  ')  ; 
kaboun  (Fr.)  '  chapon  '. 

Cf.  L.  E.  (H.)fraiikision  'franchises  '. 

B.  In  W.  : 

a).  The  change  in  W.  is  very  common  in  the  loanwords  from 
E.  Although  E.  had  a  dental  in  this  sound,  there  are  no  traces 
of  it  initially  in  the  W.  words.  W.  S.  says  that  the  E.  ch  in 
his  time  was  pronounced  tsi,  yet  the  words  he  gives  in  his 
'hctionary  do  not  show  a  dental  at  ail.    The  ch  of  E.    may 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton  339 

occur  in  native  E.  words  or  in  the  Romance  words  borrowed 
into  E.  In  both  cases,  however,  si  appears  initially  in  W. 

Exs.  : 

Siêb  '  Cheap-side  '  M.  E.  chepe,  O.  E.  céap  ;  sialc  '  chalk  ', 
M.  E.  chalk,  O.  E.  cealc  ;  siurl  '  churl  '  M.  E.  churle,  chorle, 
O.  E.  ceorl  ; 

sialens  '  challenge  '  M.  E.  chahnge  ;  siambr  '  chamber  '  M. 
E.  cha(ji)mbre ;  siamled  M.  E.  chamdet;  siarad}  E.  charade  ; 
siecr  'chequer'  M.  E.  chekker;  siawns  '  chance'  M.E.  chaume; 
siars'  charge  ',  siarsio  '  to  charge  ';  siartr  '  charter'  M.  E. 
chavire  ;  siet  (JV.  S.)  M.  E.  chete. 

b)  Before  the  vowel  i  W.  has  pure  s  : 

sibol  M.  E.  chibolle;  sir  '  cheer  'M.  E.  chère;  siwet  (given 
by  W.  S.)  M.  E.  chewet;  simnai  (simddat)  '  chimney  '  M.  E. 
chymneye;  sir  'shire  '  M.  E.  shire,  shire  ;  sirxf,  siri  ''sheriff'  M. 
E.  shirreve;  silff'  shelf  'M.  E.  schelfe,  shelfe,  O.  E.  scylfe. 

Note.  —  The  initial  /  of  E.  also  appears  in  W.  as  si,  e.  g. 

siaced  (  jacket  ';  Sierom  'Jérôme';  Siac  '  Jack  '  in  M.  A. 
p.  330;  IV.  S.  has  siafling  '  a  iauelyn  '  and  siaggio  '  jagge  '. 

32.  —  3).  Interchange  of  initial  G  and  B  in  W.  and  Br. 

a).  The  only  example  in  Br.  is  the  M.  Br.  Milieu  '  year  ', 
which  has  variant  forms  glyçen  and  glui^en.  The  corres- 
ponding  W.  word  is  blwyddyn. 

b)  In  W.  the  interchange  of  initial  b  and  g  is  seen  in  a 
few  words.  The  Mod.  W.  huystfil  occurs  in  the  plur.  form 
guysluiled  '  in  the  Black  Book.  It  is  also  found  elsewhere  with 
g,  as  Dr.  Davies  in  his  Dictionary  gives  the  forms  giuestfil  and 
bestfil  as  variant  forms  of  huystfil.  The  word  giach  has  an 
alternate  form  biach,  given  by  Dr.  Davies.  The  W.  word 
bwyall  '  axe  '  is  pronounced  gwualli  in  parts  of  N.  W.  and 
gwiall  in  parts  of.  S.  W. 

33.  —  4).  Interchange  of  initial  D,  Tand  G,  C  in  W.  and 
Br.  : 

1.  In  this  case  the  form  may  hâve  arisen  from  a  confusion  ofguylltfil 
and  bivystfit. 


340  Pttrry-Williams 

In  Ped.  §  333  the  W.  tlawd,  thus  (with  N.  W.  pronuncia- 
clawd,  clws)  are  eompared  with  Br.  a  glefe  '  oùght  '  (the  im- 
perfect  indic.  3  pers.  sing.)  for  dlefe  (M.  W.  dylyu  e  to  owe') 
and  Br.  gwentl  '  pain  ',Trég.  war  oenkle  '  in  the  throes  of 
childbirth'.  Cf.  Ann.  de  Bret.,  16,  307. 

With  thèse  may  be  eompared  the  S.  W.  giveid  =■  dweyd 
(for  dyiuedyd)  and  N.  W.  Gwalad  for  Dwalad  (Cadwaladr), 
derurinan  for  gwreinen  '  ring-worm  '. 

Note.  —  In  R.  C,i9,p.  323  the  M.  Br.  forms  golloenter, 
gollonder,  guollonder  (Mod.  Br.  gouîlonder)  are  eompared  with 
the  W.  forms  golhung  and  dillwng.  Cf.  Vann.  darloikhienn 
and  garlostienn  '  an  ear-wig  ',  Trég.  garloskenn,  mentioned  in 
R.  C,  3,  p.  235. 

34.  —  II.  Medially  and  Finally. 

1).  We  hâve  seen  ahove  (§  31)  how  initial  Fr.  ch  was 
expressed  in  Br.  by  s,  and  how  initial  ch  (and/)  of  E.  appea- 
red  in  W.  as  si  or  s. 

A  similar  change  took  place  medially  and  finally  (in  Br.  in 
a  few  cases,  in  W.  in  most  cases)  in  the  case  of  ch,  j  and  céré- 
bral g. 

A.  In  Br.  : 

1.  Fr.  ch  seems  to  hâve  become  s(s)  in  missi  M.  Br.  mechif 
'  méchef  '  according  to  R.  C,  21,  p.  142  ;senessal  {A.  f.  C .  L. 
p.  606)  '  sénéchal  '  ;  splûs  is  from  Fr.  cpluchure  according 
to  a  conjecture  in  L.  E.  (H.),  but  it  possibly  arose  first  from 
the  verbal  from  éplucher. 

2.  Fr.  j  appears  as  si  in  Br.  resiouisset  (A.f.  C.  L.,  p.  220) 
from  Fr.  réjouir. 

3.  Fr.  ^(e  appears  as  ^in  M.  Br.  sins  '  singe', 

B.  In  W.  : 

1.  E.  cl)  appears  medially  in  W.  as  tsi,  si,  (s)  before 
vowels,  and  as  ts,  (i)s  before  consonants,  e.  g. 

ceishul  '  catcKpoll  '  M.  E.  cachepol;  fleitsier  (IV.  S.)  '  flet- 
cher  '  M.  E.  flécher  ;  haitsiet  (JP .  S.)  '  hatchet  '  M.  E.  hochet  ; 
piser  '  pitcher  '  M.  E.  picher  ;  heislan  (JV.  S.)  a  hetchel  M.  E. 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton  341 

hechcle  ;  marsiant  '  merchant  ';  scwtsiwn  '  scutcheon  '  M.  E. 
scoebone;  ireinsiwr  '  trencher  ',  setsiel  (W.  5.)  '  a  sechell  '  ; 
Rbisiart  '  Richard  ';  Winsestyr  (R.  B.H.,  II,  p.  388) 'Win- 
chester '. 

2.  E.  medial  y  appears  as  5  in  one loanword  in  W.,  consurio 
1  to  conjure';  W.  S.  has  consurio  '  coniure  '.  Consurio  and 
consirio  occur  in  the  works  of  Gruffydd  ableuan  (xi)  '  Pe  ron 
ar  frig  pren  ar  frys  |  Gonsirio  Gwen  os  erys  '  and  '  Ni  ad  fyth 
i  enaid  fo  |  Gan  siarad  i  gonsurio  '. 

3.  Medials  soft  g  appears  in  W.  as  s,  si,  ds,  e.  g.  W.S.  has 
satten  o  brudsys  '  saten  oîbruges  '  i.  e.  Bruges;  corsiet  in  L.  G. 
C.,  from  E.  gorget  ;  divynshvn  in  C.  Coch  MSS.  p.  424,  from 
E.  dungeon  ;  veinsians  (W '.  5.)  '  vengeance  ';  habrsiiun  '  haber- 
geon  '  ;  lardies  (possibly  for  lardsies')  in  L.  G.  C,  p.  370, 
'  largess  '  ;  mansier  {W .  S.)  '  manger  '  \sersiant  in  L.  G.  C., 
p.  387  '  sergeant     (W .  S.  has  serdsiant  '  sergeaunt  ');  sinsir 

1  ginger  '• 

4.  Final  ch(e  and  g(e  of  E.  appear  in  W.  as  s,  ts,  (and  ^5 
for  g(e). 

Exs  :  braens  '  branch  ';  brosio  '  to  broach  '  (W.S.  has 
broitsio  'broche');  cleinsio  'to  clench  '  (IV.  S.  has  kleinsio  pen 
hoyl  'clenche');  ffres  '  fresh  '  M.  E.  freche;  haits  (W.S.} 
'  hatch  ';  maits  (W.  S.}  '  a  match'  M.  E.  mâche  and  matebe; 
mars  '  march,  border  '  in  D.  G.  pp.  13,  195,  M.  E.  march, 
marche;  mwstas  '  moustache  '  ;  W.  S.  has  oystreds  ffedder 
'  oystreche  fedder  '  i.  e.  ostrich-feather  ;  pétris  and  pertris 
'  partridge  '  M.  E.  pertriche;  taeds  (W.  5.)  '  a  tache  ';  treins 
(W.  S.)  '  trenche';  tuyts  (W.  S.)  'touche',  also  tiuytsio 
'  to  touch  ';  ystans  in  L.  G.  C.  p.  27,  '  staunch',  M.  E. 
sta(u)nche\  Sandiuis  L.  G.  C.  p.  24'  Sandwich  '. 

baeds  (W.  S.)  '  a  badge'  M.  E.  bage;  caes  and  caets  '  cage'  ; 
karias  (W.  S.)  '  carriage  ';  colas  '  collège  '  in  L.  G.  C. 
p.  354;  loydsio  (W .  5.)  '  lodge  ';  maniais  '  vantage  ';  mort- 
gaeds  (W.  S.)  '  mortgage  ';  payas  (W.  S.)  '  page  ';  potes 
'  potage  '  (W.  S.  has  potaes)  ;  saes  in  Medd.  Mydd.  '  sage  ' 
(W.  S.  has  saets,  saeds)  ;  stars  '  charge  '  ;  sgwrs  '  scourge  '. 


342  Parry-WMiams 

35.  —  2) .  W.  and  Br.  V(F)  and  IV  between  vowels  and 
in  consonant-groups . 

An  early  final  cafter  a  consonant  in  W.  andBr.  was  itself 
a  consonant  in  the  middle-period  of  both  languages,  as  the 
mètres  show.  Even  at  the  présent  day  in  the  W.  cynghanedd 
mètres  it  is  non-syllabic,  and  always  counts  as  a  consonant.  In 
modem  times,  however,  in  W.  and  Br.  the  tendency  has  been 
to  vocalise  this  consonant.  In  W.  the  vocalisation  naturally 
appears  as  an  u-  vowel  (W.  w)t  but  very  rarely  0  is  heard.  In 
Br.  the  vocalisation  tends  to  favour  the  0-  vowel.  The  form 
with  0,  however,  can  in  M.  Br.  be  non-syllabic.  M.  Br.  has 
niant,  Indu,  garu,  me%u,  hanu  later  maro,  garo,  nw^o,  bano, 
(W.  manu,  lludw,  garw,  meddiu,  enw).  M.  Br.  has  forms  in  0 
and  Mod.  Br.  forms  in  v. 

As  is  the  case  in  modem  W.  metric,  where  the  w  is  regar- 
ded  as  a  consonant  (and  it  is  still  held  to  be  the  really  correct 
modem  pronunciation  by  some),  so  in  the  Br.  dial.  of  Vann. 
the  w  préserves  itsconsonantalquality.  In  this  dial.  it  is  really 
an  ii-  consonant,  and  is  expressed  in  various  ways  in  the  dif- 
férent dictionaries. 

The  common  change  of  11  to  0  in  Br.  may  hâve  a  parallel 
in  the  modem  N.  W.  pronunciation  of  such  expressions  as 
yn  enïvr  Tad,  in  which  case  'n  endr  Tad,  is  distinctly  heard. 
Cf.  M.  W.  chwero  (ckweriv),  and  guero  in  Gododin  [(see  §  21) 
racco  (later  aau,  S.  W.  oco,  yco),  hero  (herw),  helo  (helw),  tara 
(tanu),  ero  (emi)  ' . 

For  the  total  disappearance  of  this  sound  in  final  position 
after  consonants  in  both  W.  and  Br.  see  §§  73,  74. 

The  following  are  exs.  of  the  interchange  of  u  and  v  (W.  w 
and  /,  Br.  ou,  0  and  v,  ff). 

1.  The  Unes  where  thèse  occur  are  the  following  (Skene,  II,  p.  106, 
Bk.  ofAneirin  =  p.  37,  1.  14  éd.  Evans)  : 

Hero  ciued  guec  guero 

Gnissint  gueuiïon  ar  e  helo 

Nit  oed  ar  les  bro  bot  ero 

Ni  cilius  taro  trin  ht  un  ero 

Traits  y  achaus  liuirdeh 
cf.  beno  (henw)  in  Black  Bool;  (Skene  II,  xxxv  =  p.  102,  1.  7  éd.  Evans)  : 

Vgtiach  ywvyhenomab  mydno. 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton  343 

a)  u  >>  v. 

1)  In  Br.  (hère  the  change  is  mainly  the  rule)  : 

M.  Br.  divc~ÇW .  diwedd),  levene^ÇW .  lleivenydd,  llatuenydd), 
guiuffer  (W.  g-wiiver),  goeff  (W.  gwayiv),  naffn,  naon  (W. 
nezvyii),  najjnec  (W.  newynog),  tejjal,  teual  (W.  tyiuyïï),  tao, 
tevellÇW .  taw,  taivel,  Mod.  Br.  tevel),  goeffaff(W.  gwywo). 

Mod.  Br.  adbevet  in  L.  Ch.  (W.  adfywio),  îeshanvet  (W.  îly- 
seuwi),  lion,  liv(W.  lliw)  but  liva  (W.  llifo),  glao  (W.glaw) 
but  glavek  ÇW.glawog),  teo  (W.  tett')but  faw^//  (W.  teiuhaii), 
birvi  (W.  benvf). 

2)  In.  W.  : 

Most  of  the  W.  exs.  of  this  change  are  mostly  from  the 
spoken  language,  but  some  of  them  hâve  found  their  way  to 
the  literary  language  :  brvw  but  brifo  'to  hurt', glaw  plur.  gla- 
fogydd  and  adj.  glcifog,  gwryw  '  maie  '  plur.  gzvryfod;  gorfedd, 
gorfadd  (gorwedd),  cnafon  (cenau/on),  gwyw  but  gwyfo  (gzuywo 
'  to  fade,  wither'),  cafod  (cawod),  ghe.fi  (gloewf),  Ifan  (Ieuan, 
huan),  ifanc  (ieiianc),  Eifionydd (cf.  M.  W.  Ekvynydd  InMab. 
Math  vab  Mathonwy),  hvfans  from  the  E.  allowance,  Iwfio  from 
E.  alloiu;  llifo  '  to  dye  '  (from  lliw  '  colour  '). 

b)  v  >>  îj.  generally  before  /,  n,  r. 

1.  In  Br.  : 

aon,  aoun  M.  Br.  oun  (W.  ofti),  diaoul,  diaul  pi.  diaoulou 
ÇW.diafl,  diawî),  taulign  '  to  throw  \tanlet  '  thrown  \ditau- 
las  '  he  threw  '  in  L.  C/j.  (W.  taflit),  taul  '  table  '  (cf.  W. 
tafloi),  gaor  and  gavr  (W.  £tf/V),  £ï?<?/  (W.  gafP),  reor  (W. 
rhejr^.M.  Br.  eintajj  is  in  Mod.  Br.  m/ao«  (inianv,  intav). 

2.  In  W.: 

tf'oww  by  the  side  of  absen  '  absence  ',  caïusun  for  cafswn 
(from  cael  îoxcafeî),  cowlaid  îorcoflaid,  diawlîox  diafl,tawhi  for 
taflu,  niwl  '  by  the  side  of  nifwl  ;  M.  W.  ysgazun  =  ysgafn. 

Cf.  dial.  cywod  (cyfod),  czvarfod  (cyfarfod),  cywoeth  (cyfoetti), 
sgwarnog  (ysgyfarnog),  sgivennu  (ysgrifeimu). 

1.  The  form  niwl,  when  compared  with  Ir.  nc'I,  is  difficult  to  explain. 
Cf.  O.  Fr.  mule. 


344  Parry-Wiîliams 

Cf.  also  the  interchange  oîau(eii),  aw  (eiv),  ef(xf)  in  W. 
keneu,  cenaw,  cena-won  ;  llysiau,  llysscwyn;  edau,  cdafedd;  cled- 
dau,  cleddyf,  cleddyfau  (M.  Br.  cle^eff,  cleçeu,  pi.  cie%ejjyou); 
eisiau,  essywed;  deunydd,  defnydd. 

36.  —  3)  Interchange  of  N  and  R  in  W.  and  Br. 

a)  In  Br. 

An  interchange  of  r  and  n  occurs  in  Br.  in  the  Mod.  Br. 
forms  of  the  Article.  In  M.  Br.  the  forms  of  the  definite 
article  were  an,  ar  ;  in  Mod.  Br.  the  forms  are  an(if)  before 
vowels  and  d,  t,  n;  ar  before  other  consonants  except  /;  al 
before  /.  The  indefinite  article  has  the  forms  eu(n),  car,  cul 
under  the  same  conditions.  For  the  history  of  the  Article  in 
Br.  see  R.  C,  2,  pp.  204-216. 

The  Br.  forms  for  the  poss.  pronoun  of  the  1  pers.  plur. 
are  bon,  hor  '  our  ';  for  the  personal  pronoun  of  the  1  pers. 
p  lur.  also  bon,  hor  '\ve,  us  '  ;  for  the  3  pers.  sing.  accus,  han, 
heu,  her  '  him,  it  '.  M.  Br.  (E.)  has  knech  '  H i  11  ',  crech  for 
Mod.  Br.  crech  or  kreacb;  knoenn  '  nut  ',  kanounen  pi.  kanou, 
cnou,  craoufÇf),  for  Mod.  Br.  kraouenn  plur.  kraoun  ;  kneau 
'  fleece  ',  later  creon  by  Maunoir  (W.  cnu,  cnaif);  tnou  '  a 
valley  ',  traou,  tnou,  trou  for  Mod.  Br.  Iraou  (Trég.),  in  W. 
tyno,  earlier  tonou  in  Lib.  Land. 

Mod.  Br.  has  ken,  ker  corresponding  to   the  W.  cyn  '  as 
(before  adjs.  and  advs.).  Cf.  nemert,  ncment,  nemcit  (W.  uainyn). 

b)  In  W.  : 

The  O.  W.  form  of  the  article  was  ir,  in  M.  W.  yr,  y,  and 
in  Mod.  W.  yr,  y.  A  trace  of  the  older  form  with  n  is  belie- 
ved  to  occur  in  such  expressions  as  '  y  mae  efe  yn  ddyn  '  = 
he  is  a  man,  and  '  y  mae  efe  yn  fawr  =  he  is  great.  This, 
however,  is  doubtful . 

Dr.  Davies  in  his  Welsh-English  Dictionary  gives  mororen 
as  a  by-form  of  moronen,  the  sing.  of  inoron  '  carrots  ',  and 
scrrigl   by  the  side  of  sienigl  '  contritus  '. 

In  Campau  Siarlymaen  the  form  Corstinobyl  '  Constanti- 
nople  '  occurs,   but  in  M.  A.  p.  328  the  form  is  Constinobl. 

Cf.  the  E.  loanwords  trous  '  drawers  ',  and  trou  'drawer'; 
also  in  N.  W.  cownt  from  E.  '  court  (-yard)  '. 


Similarity  in  the  Phonology  of  IVelsh  and  Breton  345 

37.  —  4).  Interchange  of  ST  and  SK  (SC)  in  W.  and 
Br. 

The  exs.  generally  adduced  to  illustrate  this  interchange 
of  Consonantal  groups  are  W.  gwisg  '  garment  ',  givisgo'  to 
clothe  ',  M.  Br.  guisquaff,  Mod.  Br.  guiska,  compared  with 
the  Lat.  vestis  '  ;  and  W.  asgwrn  '  bone  ',  M.  Br.  ascorn,  Mod. 
Br.  ashorn  (Trég.),  ashourn  (Léon)  compared  with  the  Greek 

OUTOUV. 

The  W.  words  gwasg  and  trysgîen  hâve  also  been  compared 
with  the  E.  waist  and  throstle. 

There  appear  to  be  other  cases  of  this  interchange  of  st  and 
se  in  W.  and  Br. 

A.  In  Br.  : 

The  Vann.  dial.  of  Sarzeau  seems  to  change  the  guttural 
into  a  dental  in  garlostienn,  by  the  Side  of  darloskenn,  darlos- 
khien  '  an  ear-wig  '  (Trég.  garloskhenn,  garloskenn).  See  R.  C. 
3,  p.  235.  Cf.  tnousk,  moust,  as  in  maro  mousk  '  quite  dead  ' 
mentioned  in  R.  C.  4,  p.  145. 

Vann.  foesk,  foest  L.  E.  (H.)  '  soft,  feeble  '. 

Stlabe^,  sklabe^  '  dirt,  mud'  (R.  C.  27,  p.  73),  Fr.  éclabous- 
ser. Cf.  Ann.  de  Br.,  16,  307. 

B.  In  W.  : 

Prof.  Rhys  in  R.  C.  3,  p.  87,  cites  two  exs.  of  this  inter- 
change in  M.  W.  diosdes  (for  commoner  diosges)  andj  ueistawn  : 
"  With  diosc  '  to  strip  '  Mr.  Stokes  compares  Breton  di-uis- 
quaff.  The  Mabinogion  hâve  the  form  with  the  dental  in 
diosdes  ;  also  in  Mabinogion...  one  reads  y  ueistawn  for  what 
would  now  in  Cardiganshire  be  yiviscon,  which  means  hay 
trodden  and  pressed  down  in  a  long  stack  or  the  like,  proba- 
bly  from  the  same  origin  as  gwasgu  '  to  squeeze,  to  press  '.  " 
It  is  very  probable,  however,  that  ueistawn  ought  to  be  read 
veiscawn  in  the  MS. 

The  modem  N.  W.  pronunciation  of  the  literary  ysgol 
(Lat.  scàld)  is  ystol,  thereby  distinguishing  it  from  ysgol 
'  school  '  (Lat .  schola). 

1.  It  is  more  probable  that  the  W.  and  Br.  forms  hâve  a  différent  suf- 
fis from  the  Latin. 


346  Ptirrx-ll  illittiHS 

38.  —  5).  Interchange  of  CH,  H  between  vowels,  and 
the  occasional  disappearance  of  the  consonant  between  vowels 
in  W.  and  Br. 

As  a  gênerai  rule  where  W.  has  ch,  Br.  also  has  ch  between 
vowels.  The  irregular  interchange  of  ch  (<7.>)  and  /;,  and  the 
loss  of  h  may  be  seen  from  the  following  exs.  : 

Br.  Gl.  O.  inbuesÇgl.  in  bouello)  is  taken  by  Stokes  to  be 
for  in  ~\-  bues,  with  bues  corresponding  to  the  W.  bûches  '  ; 
Br.  achanoun,  etc.  '  from  nie  '  (W.  ohonof),  Br.  buhe~  (W. 
buchedd  '  life);  Br.  bihan  (W.  bychan  '  small  ')  ;  Br.  crochen 
(W.  croen  '  skin);  Br.  dechou  (W.  dehau,  also  dechau,  deche, 
detha,  dethe  in  dials.);  Br.  ael  (W.  echel  '  axle  ').  The  M.  Br. 
(E.)  ehanaff2  '  to  rest  '  zaâehan  '  rest  ',Léon  ehana  are  compa- 
red  with  a  W.  word  echain.  M.  Br.  ehuede^,  huede^  '  sky-lark 
is  in  Trég.  echoueder  (W.  ehedydd.  The  W.  form  uchedydd 
may  possibly  be  for  echedydd,  changed  to  uchedydd  under  the 
influence  of  the  adj.  uchel  '  high  ').  The  Léon  words  echon 
'  large,  spacious  ',  echonder  (hec'honder)  '  spaciousness  ', 
Vann.  ehander  are  said  to  correspond  to  W.  eang  (ehaug), 
eangdcr  {ehangder*)  in  R.  C.  19,  p.  330.  Léon  has  also  hechon 
and  hegon  for  echou.W.  ailwedd  is  Br.  alchoue^,  with  ch  for 
lenated  g. 

In  the  W.  dials.  the  interchange  occurs  in  some  words.  For 
the  literary  dehau  '  South,  right  '  N.  W.  has  detha  '  skilful, 
handy  ';  S.  W.  has  dethe  and  deche.  (With  the  interchange  of 
ch  and  th  cf.  W.  dechrcu  with  Br.  deçraou  and  desraou).  M.  W. 
ehofyn  is  in  Mod.  W.  eofn,  eon,  but  in  parts  of  S.  W.  the  forms 
ehon  and  echon  are  found.  The  N.  W.  c"d,  for  cyhyd  (M.  Br. 
quehit,  Mod.  Br.  keit),  is  pronounced  in  parts  of  S.  W.  as 
cychxd;  similarly  N.  W.  cr*r,  for  creyr  '  héron  '  (Br.  heic'heiy, 
for  krec'hei^)  is  pronounced  in  S.  W.  as  crychydd.  The  final  r 
of  N.  W.  is  not  heard  in  composition,  cry  ghis  '  héron  '  and 
even  crydd  glas  being  the  forms  usually  heard,  cf.  cybwfan 
and  cychwfan  '  to  hover  '. 

The  intervocalic  h  of  W.  and    Br.    frequently    disappears 

1.  Cf.  Br.  triouecl)  '  eighteen  '  for  tri-c'houtc'h. 

2.  See  Ped.  II,  p.  295. 


Similarity  in  the  Phoiiology  of  Welsh  and  Breton  347 

especially  in  modem  times.  M.  Br.  eboc,  Mod.  Br.  eok  (M.  W. 
ehau'g,  Mod.  W.  eog)  ;  W.  eofn  for  M.  W.  ehofyn;  eang  for 
M.  W.  ehang;  W.  c'd,  Br.  keit  (see  above);  W.  bet  in  Lib. 
Land.  for  O.  W.  behet. 

39.  —  6)  Medial  ND  in  W.  and  Br. 

Atan  early  period  in  W.  and  Br.  original  nd  had  become 
nn  (see  Ped.  §  69)  e.  g.  O.  W.  ennian'  anvil  '.  Mod.  W. 
einion,  M.  Br.  anneffn,  Mod.  Br.  anneo,  annev,  O.  Ir.  indéin  ; 
but  in  some  cases  the  nd  is  preserved  as  in  O.  W.  enderic, 
Mod.  W.  enderig  by  the  side  of  anner  '  heifer  '  ;  O.  Br.  endlim 
(gl.  fenus)  W.  ynnill,  ennill,  O.  Ir.  indile. 

In  loanwords  from  Lat.  nd  appears  also  as  nn  in  most 
cases,  but  hère  again  there  are  variations.  M.  Br.  has  cantoèll 
(Mod.  Br.  cantoï)  W.  cannwyll  from  Lat.  candëla  ;  Br.  skient 
from  Lat.  scindula. 

There  appears  also  a  différence  of  treatment  when  n  and  d 
corne  together  as  the  resuit  of  the  syncope  of  a  vowel.  W. 
has  bendith  from  Lat.  benedictio,  but  Br.  has  bennoe^.  The  W. 
bendith  may  stand  for  an  earlier  *benddith,  cf.  W.  trindod,  Br. 
trindet,  treindet  (from  Lat.  trinitat-is)  where  the  nd,  having 
arisen  comparatively  late,  has  remained  unchanged. 

40.  —  1).  Interchange  of  V  (F)  and  DD  (Z)  in  W.  and 
Br. 

The  W.  word  llythyr  (Jlytber)  '  a  letter  '  corresponds  to  the 
Br.  liçer,  which  has  the  form  liver  in  the  Vann.  dial.  of  Sar- 
zeau.  This  interchange  of  v  and  ~  is  also  seen  in  the  Br.  words 
kleçe,  kleve  (M.  Br.  cleçeff,  cle%euff,  âe%eu,  W.  cleddyf,  cleddau). 
The  Br.  form  kleve l  may,  however,  hâve  arisen  from  meta- 
thesis  of  consonants  (cf.  pinvidik  =  W.  pendefig  and  pended- 
dig).  So  kleve  would  be  for  klevefâ  for  kleçeff,  cf.  R.  B.  H.  cle- 
fydeu  (with  d  -  dc£).  Br.  avank  '  beaver  or  some  aquatic  ani-, 
mal  '  corresponds  to  W.addanc,afanc. 

In  W.,  however,  the  interchange  of/  and  dd  is  quite  com- 
mun, especially    in  the  dials.,  — addanc,  afanc;   Eiddionydd, 

1.  The  form  mav  also  bave  been  influenced  hv  the  Fr.  çrlaive. 


348  Parry-Williams 

Eifionydd  (a  district  in  Carnarvonshire)  ;  pendefig,  pendeddig 
'  prince,  chief  '  ;  gtoyrf,  gwerydd  '  virgin  '. 

In  the  W.  spoken  language  and  the  various  dials.  the  fol- 
lowing  occur  : 

byfigions,  byddigions  (boneddigion,vfith  the  plur.  s-  ending  of 
E.),  cymanddà  (cymanfa  '  a  congrégation,  convention  ')  cani- 
dda  (camfa  '  a  stile  '),  eifiî  (ùddil  '  délicate,  tender  '),  gweddus 
(çwefus  '  lip  '),  nwyfau  (nwyddau  '  goods  '),  phuydd  (plivyf 
1  parish  '),  cf.  y  jannodd  for  3'  ddannodd  '  toothache  '. 

With  this  interchange  of/and  dd  in  W.  may  be  compared 
a  parallel  interchange  of  ff  and  th,  mostly  in  the  spoken  lan- 
guage. One  example  from  the  literary  language  is  benthyg 
'  loan  '  for  the  older  benffic  (as  in  the  Black  Book).  Others 
are  gwnéiff  and  gwneitb  (3  pers.  sing.  près,  indic.  of  gwneuihur 
'  to  make  ')  daffod,  dathod  (for  datod  '  to  undo  '),  ceith  and 
ceiff  (caiff,  3  pers.  sing.  près,  indic.  of  cael,  cajjael),  dcffol 
(dethol  '  sélect'),  stwihio  and  slwffîo  from  E.  stujj. 

41 .  —  8)  Interchange  of  final  Z  (DD)  and  D  in  W.  and 
Br. 

A  change  (signalised  by  Loth,  R.  C.  17,  p.  60)  of  a  final 
dental  spirant  to  a  voiced  dental  stop  is  found  in  certain  dis- 
tricts of  Cornouaille.  In  Léon  it  is  1  for  th. 

Exs.  :  bad  '  stafF  '  (Léon  ba~),  eid,  eit  '  eight  '  (Léon  ei%, 
W.  wytti),  gard  '  hedge  '  (Léon.  gar%,  W.  gartli),  etc. 

In  W.  there  are  a  few  exs.  of  a  similar  change  of  final  dd 
to  d  : 

Gormod  for  earlier  gormodd  (D.  G.  Govmodd  rhodd,  gwr 
meddw  a'i  rhoes),  Maesyfed  '  Radnor  '  is  supposed  to  be  for 
Maes-Hyfaidd  (cf.  Hefeydd  of  the  M  ah.),  ymachlud  '  sunset  ' 
for  ymachludd  (Lat.  occlûdo).  In  the  S.  W.  dial  allwed  for  all- 
wedd,  cynted  for  cyntedd;  in  the  N.  W.  dial.  ctiffod  for  diffodd  ; 
cf.  'spydu  for  disbyspyddu    '  exhaust  \ 

42.  —  9)  Interchange  of  NG,  N,  and  the  occasional  disap- 
pearance  of  the  consonant  in  W.  and  Br. 

For  Lat.  spongus  Br.  has  three  forms  spoueng  (and  spoiicnk), 
spoucn,  spoue y  W.yspwtig;  corresponding  to  W.  miung,\r. 
mong,   Br.    has   moueng  (and    mouenk),    mouen,   moue  (O.  Br. 


Similarity  in  the  Phonology  of  TVelsh  and  Breton  349 

mogou,  plur.).  M.  Br.  has  golloenter, gollonder,  goullonder  (Mod. 
Br.  goullonder')  and  dilloenter,  corresponding  to  W.  gollwng, 
diïlwng.  For  the  above  see  R.  C.  19,  p.  323;  cf.  M.  Br.  toeaff 
(W.  tyngu). 

The  intervocalic  ;^T  of  Latin  was  lost  in  Br.  loanwords 
like  M.  Br.  ael  (Mod.  Br.  eal,  W.  angeï)  Lat.  angélus  ;  aviel 
(W.  efengyï)  Lat.  evangelium  ;  nouenn,  L.  unguentum.  See  Ped. 
§  138,  4,1,  p.  224. 

From  among  the  Br.  loanwords  from  Fr.  we  may  note  the 
following  exs.  of  changes  :  Ion  Fr.  long,  in  R.  C.  26,  p.  11  S, 
M.  Br.  (E.)  coinn  and  coing,  ?   Fr.   coin. 

M.  Br.  (E.)  shows  ng  for  the  Fr.  gn  in    the  following  : 

Bourgoing  (Bourgoign,  Bourgouinn)  '  Bourgogne';  cigoing 
c  cigogne  ',  Spaing  '  Espagne  '  ;  cf.    also  roingnenn  '  rogne  '. 

In  W.,  as  in  Br.,  there  is  an  interchange  of  ng  and  n,  but 
W.  has  also  a  third  for  m  w.  The  following  are  exs.  : 

llawethair  (llyffethair,  Ir.  langfiter)  trom  E.  long-Jet  ter  ;  llewa 
by  the  site  of  llyncn  '  and  llyngyren  (Ir.  longim  '  I  eat  ')  ; 
pythewnos,  penewnos  (pylhefnos)  for  pymtheng-nos";  tafod  (for 
tawod)  M.  Br.  /m///,  O.  Ir.  tenge;  ewin,  Br.  «/m,  O.  Ir.  m^gn, 
Lat.  itnguis.  Lib.  Land.  has  gullengin  for  the  Mod.  W.gorlle- 
win.  See  Ped.  §  61,4,  p.  107. 

In  the  colloquial  language  of  N.  W.  the  following  forms 
are  heard  : 

cfe/î/d  (or  denig)  lor  diengyd  trom  <//V///r  '  to  escape  ';  rfa«05 
for  dangos  '  to  show  ';  cnebrwn  for cynhebrwng  '  funeral';  ^oj- 
faw  for  gostwng  '  to  lower  '  ;  gwllwn  and  gollwn  (gyllwri)  lor 
gollwng  '  to  let  loose  '. 

In  S.  W.  :  cyffreding  for  cyffredin  '  coramon  ';  /?n«^  for 
/)/■///  '  rare  ';  shudding  for  shuddin  '  the  heart  of  a  tree  ',  L/fl«- 
vylling  is  found  for  Llanfyllin  (a  town  in  Montgomeryshire) 
in  Cym.  Lien  Cym.  |II]  (An  act  for  the  propagation  of  the 
Gospel  in  Wales,  1649)  p.  18  «  att  Llanvylling  the  i4th 
May...  ». 

In  the  W.  loanwords  trom  E.  the  followino-  may  be  noted  : 


1 .  The  identity  of  the  base-forms  underhing  Ueiva  and  llyncu  is,  howe- 
ver,  doubtful.  Cf.  Ir.  longim  and  sluccim. 

Revue  Celtique,  XX XV.  2, 


3  50  Parrx-Il'illiams 

ng  >>  n  :  dwbin  (dwbing)  '  cernent  ',  as  in  '  dwbin  ffwrn  ', 
E.  dubbirig,  daubing  (dubbiti);  W.  S.  has  dwbing  '  dawbinge'; 
foin  (plur.  fferins)  E.  fairing ; hwslin  in  M.  A.  p.  42-*,  ?  from 
E.  I.wsling'  an  assembly  '  ;  offrwm  '  offering,  sacrifice  '  may 
be  for  offrwn  from  O.  E.  or  early  M.  E.ofrung  '  an  offering'; 
pwdin  E.  pudding  ; 

7/  >«£  :&«£  '  the  forestall  in  a  cow-house'  E.  bin  ;  bowling 
Hong  '  bowleyne  '  {IV.  S.),  Mod.  E.  Zw////<'  (but  E.  itself 
had  forms  bowling,  bollinge  up  to  the  icjth.  c);  coffing  (S. 
W.)  E.  rt^»  ;  Catring  (S.  W.)  '  Catherine  ';  dwsing  '  dozen  ' 
M.  E.  dossin,  do^ynè;  fflwring,  ffloring  '  florin  '  (but  in  r  5  th  c. 
there  was  an  E.  form  fioring);  resing  '  reysvn  '  (W.  S.);  siu- 
fling  '  iauelyn  '  (W.  S.)  ;  ring  for  yr  ing  '  the  inn  '  ;  Lating 
is  often  heard  for  Latin  (cf.  Llading  in  Gr.  Roberts,  Welsh 
Grammar,  R.  C.  reprint  p.  [  165 1). 

43.  —  10)  Interchange  ofLand  R  in  W.  and  Br. 
In  many  cases  the  change  is  due  to  dissimilatiori. 

A.  In  Br.  : 

a)  /"  >  /  : 

M.  Br.  (E.)  lias  armêl  '  armoire  ';  brevial  (breuier)  '  bré- 
viaire ';  cornel  '  cornière  '  ;  guelelouen  (jguerelouen)  '  l'étoile  du 
matin';  dromeder,  Vann.  domedal,  dremedal  '  dromadaire  '  ; 
du~rou,  dn-loii  (Mod.  Br.  daelou,  V.  durai)  ;  grawel  '  gram- 
maire ';  Kathelin  Catherine;  priai  (priori)  '  prieur';  scrïtol 
(scruitoer,  scruytouer)  '  écritoire  '  ;  talu;r  (lura^r,  W.  taradr) 
'  tarière  '. 

Mod.  Br.  has  bêler  (W.  berwr,  Ir.  biror,  bilor);  alar  (arar, 
W.  aradr);  talar  (tarar,  for  M.  Br.  talay,  luru~r)  ;  kontrol 
(M.  Br.  contrell,  O.  Br.  control-iaht,  W.  cythraul,  cythrawl, 
from  L.  conlrurius),tf.  O.  Fr.  contralier  ;  abalamour (—  a  pala- 
mour  from  Fr.  paramour)  ;  banniel  (M.  Br.  hunier,  banyer) 
1  bannière ';  ;////5/// (M.  Br.  /////.v//r  from  Lat.  mensura) ;  fleria  ' 
(from  Lat.  fragrare,  or  possibly  from  Fr.  flairer).  Vann.  (Ch.) 
has  ailetteen  '  airette  '  ;  barriel  '  barrière  '  \poulpri  l  pourpri  '  ; 

1.  Cf.  however,  O.  Br.  (5r.  Gl.jfleriot,  gl.  quae  rcdolet. 


Similarity  in  the  Vhonology  o)  Welsh  and  Breton  351 

trêd,  trêt  (W.  tlawd);  bas-vann.  moual  (Léon  mouaf  W. 
mwyar);  cf.  L.  Ch.  (M.  Br.  Chart.)  Argoesll  and  Algoestl, 
later  Aloestre,  atthe  présent  day  Aloustre. 

The  following  exs.  are  taken  from  texts  in  R.  C.  :  — R.C. 
3,  p.  200  arru'r baniel  (voici  la  bannière);  R.C.  8,  p.  .\66dibi- 
lil  (sans  péril)  ;  R.  C.  4,  p.  103  :  Rai  e  gad  du  (Rare  est  lièvre 
noir). 

b)  l  >  r  : 

M.  Br.  (E.)  ambarfaret  '  tout  effaré  '  (cf.  W.  ymbaljalu)  ; 
derchell  '  tenir  '  (by  the  side  of  imperat.  dal  '  tiens  ',  W.  dal, 
data)  ;  ara/,  arall  (\Y.  araïl,  Ir.  al  aile,  araile);  gueruell  (Mod. 
Br.  gervel,  cf.  M.  Br.  galu  W.  £a/tç/)  ;  /tvm7/  '  jeter  '(W.  /</////, 
tawlu,  Mod.  Br.  teureï). 

Vann.  (Ch.)  has  brounec,  Léon,  blonec,  W.  bloneg  '  lard  '; 
L.  £".  (i/.)  "W  from  Fr.  t/rt/A'  ;  R.  C.  3,  p.  60  ann  armanach 
(un  almanach);  burutel  L.  E.  {H.)  '  blutoir  '  from  O.  Fr.blu- 
tel;  R.  C.  2i,  p.  138  afour  Fr.  en  foule  (see  §  69,  a)). 

B.  In  W.  : 

a)  r  >  /  : 

ffleirio  (O.  W.  flair-mauf)  from  Lat.  fragrare  (cf.  Br.  /?m'#, 
above)  ;  blytheirio  for  bretheirio  (W.S.^/m  Mod.  W.  often 
without  the  /•  or  /,  bylheirio;  cythraul  and  cythrawl  from  Lat. 
contrarias  (c{.  M.  Br.  contrelï)  ;  Chwefrol  and  Chwefror  from 
Lat.  Februârius;  M.  W.  glyssyn  by  the  side  of  gryssyn,  Mod. 
W.gresyn;  mesul,  m  fesul  un,  fesul  tipyn  '  one  by  one,  gra- 
dually  ',  îor  mesur  '  measure'  from  Lat.  mensura. 

The  r  of  E.  appears  as  /  in  W.  in  the  loanwords  —  a>n/<7 
c  corner  '  D.  G.  p.  193  Corne!  ddiddos  y\v  Rhosvr;  dwsmèl 
'  dulcimer  '  in  !..  G.  C,  Goronwv  Owen  and  in  Mod.  W. 
The  form  dwsmer  is  given  by  J7r.  5.  for  the  early  N.  E. 
forms  doucimer,  dousstmer,  doweemer.  In  X.  W.  dial.  dressalîox 
E.  dresser,  rasai  and  /</.w7  for  E.  1  a^or,  syljnar  for  E.  surveyor'. 

b)  /  >  /"  : 

ffrezvyll  '  a  scourge  '  from  Lat.  flagellant  ;  llefrith  (Br.  livrij) 
is  supposed  to  be  for  lleflith  and  cognate  with  Ir.  leiulaeht, 
lemnacht. 


352  Parry-U  Miami 

44.  —  u).  Change  of  final  N  to  M  in  loanwords  in  W. 
and  Br. 

There  are  numerous  exs.  of  this  change  in  the  Br.  loan- 
words from  Fr.  and  in  the  W.  loanwords  from  E. 

a)  In  Br. 

M.  Br.  (E.)  has  Aliborum  Aliboron  '  docteur  imbécile  '  ; 
alum  '  alun  ',  alun  glace  '  alun  de  glace  ';  arem  '  '  airain 
(Mod.  Br.  arem,  arm,  Vann.  airain!,  airin);Caym  Caïn  (rhy- 
ming  with  prim) ypafrom  (Mod.  Br.  pa  Iran  m,  pal  roui)  'patron'; 
venim  '  venin  '  (the  Mod.  Br.  is  binim  as  in  R.  C.  2,  p.  242  : 
hag  ho  binim  '  et  leur  venin  ',  but  according  to  L.  E.  (7/.)s. 
v.,  it  stands  for  an  O.  Fr.  *  venim  whence  the  adj.  venimeux). 
M.  Br.  has  liani  2  plur.  liammou,  as  in  M.  Br.  H.,  and  may 
be  from  Fr.  lien.  Le  Gon.  has  gwaremm  '  garenne  '. 

In  some  Br.  words  there  appears  to  be  an  opposite  change 
of  ni  to  n,  in  such  forms  as  M.  Br.  (E.)  cin,  dm  (supposed  to 
be  from  Lat.  siniius;  the  change  hère  may  however  be  due 
to  the  other  M.  Br.  word  sins  from  Fr.  singe)  ;  brun,  brume 
'  brume  '.  Cf.  Vann.  butum  '  tobacco  '  but  butunein  '  to 
smoke  '  ;  M.  Br.  (E.),  tribun  and  tribum  '  tribut  '  ;  Trég.  blini 
and  blin  '  lively,  quick  '  (Le  Gon.  lias  blim  or  blîh,  vif, 
alerte). 

b)  In  W.  : 

In  W.  there  are  some  exs.  of  the  change  even  in  native 
words.  In  Meàd.  Mxdd.,  p.  [95,  we  get  '  ellia'r  pen  yn 
lan  ag  ellyni  '  where  ellyni  stands  for  the  more  common  cllxn, 
O.  Br.  alliu,  M.  Br.  auleuu.  The  change  may  hâve  been  due 
to  the  influence  of  Ilym  '  sharp  '. 

In  N.  W.  gwialam  or  gwialem  may  be  heard  for  gmialen 
'  rod,  twig  '.  The  Gwentian  form  tor  morwyn  is  morwm  '  a 
maid  '. 

In  loanwords  from  E.  the  change  is  more  fréquent,  e.  g. 
bol-wm,  bu'tïrm,  '  button  ',  in  D.  G.  p.  57  boixniiau  (plur.) 
(kiltwn   in    Campait  Charlxmaeu,  p.   50,    also    in    the    Mod. 

1.  In  the  case  of  arem  and  liant  the  m  may  be  from  the  earlier  Fr. 
forms  in  -ni. 

2.  Br.  liant  may,  however,  be  from  the  Provençal  form  in  -ni. 


Similarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton  353 

Gwentian  dial.)  ;  cotwm  '  cotton  '  ;  latwm  '  latten  '  in  D.  G. 
p.  257  Bwa  latwm  didrwm  draed,  M.  E.  latoun;  injam  the 
Powysian  form  of  E.  enginc,  Venedotian  injan  ;  maentumio  and 
myntymio  '  maintain  ',  myntumiwr  '  maintainer  '  in  L.  G.  C. 
p.  22.  Myntumiwr  iemyn  Tomas,  and  C.  CochMSS.  p.  143, 
maentimiaf,  M.  E.  maintene,  mayntyne;  mwtrwm  '  natron  '  in 
Mcdd.  Mydd.  p.  225,  possibly  for  nwtrwm,  nwtrwn  E.  natron  ; 
pastwm,  N.  W.  form  for  pastwn,  bastwn,  E.  bastonÇW.  S.  has 
bastwn,  IV.  Llyn  pastwn,  D.  G.  p.  123  Llawenaf  breiniolaf 
bryd  |  Yw'r  bastyniwr  bost  anwyd);  patrwm  '  a  pattern  \W. 
S.  patrwm  '  a  paterne  ')  M.  E.  patron,  patroun  ;  rheswm  '  rea- 
son  '  (in  the  works  "of  Gruffydd  ab  Ieuan  viii  '  O  ddaw  o 
resium  ne  ddau  |  I  gyvarvod  ar  versau  ',  with  a  variant  reswn 
in  another  MS.)  M.  E.  resun,  resoun;  saffrwm  '  saffron 
{IV.  S.  has  saffrwm,  and  Dafvdd  ab  Edmwnd  '  Saffrwm  ar 
lysiau  effros  ',  but  in  Mcdd.  Mydd.  p.  23  tebyc  i  saffrwn)  M. 
E.  saffroun,  saffrun  ;  stalwm  '  stallion  '  in  N.  W.  dial.  for  the 
literary  ystalwyn  (but  ystalwyn  may  be  an  incorrect  form  for 
ystalwn  from  M.  E.  stallone,  d.  galwyn  from  E.  gallon,  and 
wynwyn  from  M.  E.  oynon). 

Note.  —  Even  in  M.  E.  the  final  ;/  in  Romance  words  was 
often  changed  to  ///,  and  has  survived  upto  the  présent  day  in 
such  words  a.s  ransom,  random. 

An  ex.  of  the  opposite  change  of  ;;/  to  ;/  may  possibly  hâve 
taken  place  in  Durait  '  Durham  '  in  L.  G.  C.  p.  357  : 

A  bad  aur  esgob  Dur  an 
Yn  ei  lys  yn  nhal  y  km. 

45.  —  12).  À  development  of  RD  and  RT  in  W.  and  Br. 

An  early  original  rd  appears  in  M.  Br.  as  ;~,  but  as  the  M. 
Br.  ~  represents  d  and  th,  the  exact  pronunciation  cannot  be 
ascertained.  It  has  been  suggested  (R.  C.  7,  p.  155)  that  as 
the  Br.  dials.  of  Trég.  and  Vann.  always  treat  the  ~  following  . 
a  liquid  as  a  hard,  nota  soft,  consonant,  even  in  M.  Br.  the  ^ 
may  hâve  stood  for  the  //;-  sound,  e.  g.  words  like  Trég.  ///■-, 
Vann.  urh  ;  Trég.  choe.r%in,  Vann.  hoarhein,  M.  Br.  ni  ~  and 
bucr~in,  with  ~  representing  th  and  not  d. 

If  this  be  really  the  case,  it  maybe  compared  with  a  simi- 


3  54  Parry-Williams 

lar  change  in  W.  of  dd  to  th  after  r,  e.  g.  /;;cr//;  and  bwrthio 
in  the  colloquial  language  for  hu>JJ,  hyrddio.  Cf.  chwerthin  '  to 
laugh  '  but  chwarddaf  '  I  laugh  '  chivardd  '  laughs  ',  O.  W. 
guardam  ;  /T.  5'.  bas  (jii'rtb  for  ffwrdd. 

Tbis  interchange  of  /  </rf  and  r//?  is  noticeable  even  to  a  grea- 
ter  extent  in  the  W.  loanwords  from  E.  The  final  ri  and  ni 
of  E.  words  occasionallv  take  the  forms  rth  and  rdd  in  the 
W.  représentatives,  e.  g.  bwrdd  '  board,  table  '  O.  E.  bord, 
M.  E.  bord,  borde;  bastardd  in  Ioîo  MSS.  p.  315,  William  y 
Baslardd,  R.  B.  H.  II,  p.  309  Henri  vab  G6ilim  bastard  (d  for 
dd)  ;  cwpwrdd  c  cupboard  \ysbignardd  '  spikenard  '  in  Medd. 
Mydd.  p.  201  ;  ystondardd  l  standard  '  m-Iolo  Goch  p.  108,  Ag 
ystondardd  hardd  hirddu;  Dr.  Davies  has  comffordd  '  comfort'; 
cymjjyrddus  '  comfortable  ',  but  W.  S.  has  hunffwrth  '  con- 
forte \  kwnffwrddio  '  to  counfortc  \;  mwstardd  '  mustard  '  in 
Medd.  Mydd.  p.  95,  but  on  p.  159  '  ceiniagwerth  ofwstarih'; 
Nordd1  '  North  '  in  D.  G.  p.  22,  Gwraig  rhvw  benaig  Robin 
Nordd,Iolo  Goch  p.  213  O'r  Nordd  vn  yr  Iwerddon  ;  Cym. 
Lien  Cymr.  [IV]  p.  13,  Ymeth  wreigen  dos  i  ffordd  |  Xaill 
ai  i'r  Nordd  ai  i'r  Dwyrain. 

With  the  above  may  be  compared  such  forms  as  eddyw, 
ethyw;  arfaeth,  arfeddyd;  perffdith,  perffeiddio;  ffrith,  ffridd. 

46.  —  13).  Thedevelopment  of  TL,  TN  and  TR  between 
vowels  in  W.  and  Br. 

Whatever  may  hâve  been  the  development  of  thèse  conso- 
nantals  groups  at  an  earlier  period,  thev  are  represented  in 
M.  Br.  bythe  groups^/,  %r,  ~;/.  In  their  further  development 
up  to  the  modem  stage  of  Br.,  thev  Completel v  lost  the  - 
before  the  /  and  r,  with  a  kind  of  compensatory  diphthongi- 
zation  of  the  foregoine  vowel  in  some  cases,  e.  g.  O.  Br.  mo- 
trep  (gl.  matertere),  M.  Br.  mo^reb,  Mod.  Br.  moereb,  (\Y . 
modryb);  M.  Br.  iara{r,  Mod.  Br.  tarar  (O.  W.  tarater,  Mod. 
\\r.  taradr);  O.  Br.  dadlou  (gl.  andronas),  M.  Br.  da~l,  Mod. 
Br.  dael,  (O.  Br.  has  also  datolaham  gl.  lego,  d.  O.  W.  datl, 
Mod.  W.   dadl);    M.  Br.   ho<rJ,    Mod.  Br.  hoal  (W.   /av.//), 

1.  Cf.  the  Norse  norâr. 


Simiîarity  in  the  Phonology  of  Welsh  and  Breton  355 

M.  Br.  ala^n  (for  anatf)  Mod.  Br.  halan  (W.  anadï);  M.  Br. 
bala\n  (for  banatf)  Mod.  Br.  halan,  banal  (W.  banadl)  ;  M.  Br. 
/(?-;/,  Mod.  Br.  loen(W.  /Ww). 

Whether  the  development  in  W.  took  the  same  direction 
as  in  Br.  is  not  certain.  But  there  are  facts  which  lead  to  the 
supposition  that  in  W.  also  the  /  eventually  became  dd  (^f)  in 
such  positions.  In  the  Black  Book,  where  t  is  orthographical 
for  â,  we  find  kenetyl  for  Mod.  W.  cenedl.  So  it  is  not  impos- 
sible that  the  d  forms  of  Mod.  \Y.  were  earlier  d  (cf.  bodlon 
for  boddlon*). 

This  is  actually  the  case  at  the  présent  day  in  the  dial.  of 
S.  W.  where  forms  like  chweddyl,  gwyddyn,  gwaddan  or  gwad- 
dyn  are  eommon  for  chwedl,  gwydn,  gwadn  (N.  W.  chadal, 
gweudyn,  gwadan).  In  some  of  the  poets  (possibly  of  S.  W.) 
the  forms  with  cî  occur,  with  a  swarabhakti  y.  Cf.  W.  haed- 
del  M.  Br.  bae~l. 

The  turtherloss  of  the  ~  before  the  final  liquid,  which  took 
place  in  the  development  of  M.  Br.  to  Mod.  Br.  can  also  be 
exemplified  from  Mod.  dial.  W.,  t.  g. 

In  S.  W.  anal  (for  anaddl  or  anadî),  cf.  Br.  halan, -banal; 
in  N.  W.  dalan  (possiblv  for  danal  from  danadï)  in  dalan  poe- 
thion  'nettles'.  In  S.  W.  (and  also  to  a  certain  extent  in  N. 
W.)  the  forms  boddlon  'satisfied',  boddloni  'to  satisfy',  ffyddlon 
cfaithful',  ffyddlondeb  are  pronounced  bolon,  boloni,  ffylon,  ffy- 
londeb.  M.  \\T.  has  also  bodlon  for  boddlon. 

The  W.  ordinary  literary  forms  with  d  hâve,  hovewer, 
their  counterpart  in  the  Br.  development  also.  Prof.  Loth 
(R.  C,  16,  p.  205)  refers  to  the  préservation  of  dr  (from  ear- 
lier tr)  in  the  Br.  dial.  ol  Ouessant  (Léon),  where  the  form 
moédreb is foùnd  for  the  eommon  M.  Br.  form  moereb,  M.  Br. 
mo-reb,  O.  Br.  motrep,  W.  modryb.  He  also  compares  ar  edred 
'le  cimetière'  for  ar  vedred,  elsewhere  ar  verd,  with  W.  bedd- 
red,  which,  according  to  him,  is  for  bedrod  owing  to  the 
influence  of  bedd  'grave'. 

47.  —  14).  There  seem  to  be  one  or  two  exs.  in  W.  and 
Br.  of  a  dental  becoming  a  sibilant  before  a  labial,  e.g. 
M.  Br.  H.  daspren  'to  redeem'  (Ir.  taithehrice)  for  do-at-pren 


356  Parry-Williams 

according  to  Wh.  Stok.es.  In  \V.  the  form  dyvjtspwyd  '  is 
found  for  the  commoner  form  dywedwyd  'it  was  said',  dywes- 
piuyd  being  for  dyzued-  or  dywet-pwyd,  cf.  M.  W.  clywyspiuyd 
(from  clyived). 

48.  -  15).  The  appearancein  M.  Br.  of  the  two  particles 
c-,  eut,  which  are  considered  to  he  identical,  has  led  to  the 
supposition  (see  R.  C,  18,  p.  310)  that  even  in  Br.,  as  in 
W.,  nt  before  certain  consonants  became  //;  (Br.  ~).  Regularly 
Br.  has  nt,  e.  g.  W.  eiuythr,  Br.  eontr.  See  further  R.  C,  9, 
p.  382. 

W.  itself  seems  to  hâve  two  forms  in  the  word  cynrhonyn 
by  the  side  of  cynthron,  Br.  conlrounenn  ;  cf.  Penrhyn  (a  plaee- 
name),  which  in  the  colloquial  language  has  developed  an 
epenthetic  consonant  d  or  /  (as  in  Hendri  for  Henry),  becom- 
ing  Pendryn  or  Pentryn,  th is  developing  further  to  Penthryn. 

1.  The  form  dywespwyd  may,  hovewer  contain  an  ukl  participlc  *dyices 
ci',  deth-pwyd,  daeth-pwyd. 

(To  bc  continuai.) 

T.  H.  Parry-Williams. 


L'EPISODE     DU     CHIEN     RESSUSCITE 

DANS 

L'HAGIOGRAPHIE    IRLANDAISE 


William  C.  Borlase,  dans  son  ouvrage  The  dolmens  of  Ireland, 

t.  III  (  1 897),  p.  880,  rapporte,  d'après  O'Donovan,  unecurieuse 
légende,  suivant  laquelle  Patrice  aurait  rendu  la  vie  à  un  chien 
qu'on  lui  offrait  tout  cuit  à  manger. 

When  saint  Patrick  was  traversing  Ossory  for  the  purpose  of  building 
churches,  ...  a  pagan  woman  out  of  Bàllinchrea  came  to  him  with  an 
offering  of  a  dish  of  roasted  méat  for  his  dinner,  which  Patrick 
received  with  manv  gra^acbams  («  thanks  »).  When,  however,  he 
uncovered  the  dish,  he  did  not  like  the  aspect  of  the  méat,  but 
thought  that  he  perceived  the  paw  of  an  unclean  animal.  He  was 
immediatly  struck  with  nausea,  and  kneeling  upon  the  next  stone  to  him, 
he  laid  his  two  hands  over  the  roasted  animal  in  the  dish  in  the  for  m  of 
a  cross,  and  prayed  to  God  to  restore  whatever  animal  it  was  to  its  origi- 
nal life  and  shape . 

And  lo  !  he  had  no  sooner  finished  his  prayer  than  a  vellow  hound 
(eu  Wruiihè)  started  into  life,  and,  leaping  out  of  the  dish,  ran  in  the  direc- 
tion of  Waterford. 

Patrick  was  struck  with  disgust  and  horror  at  the  sight,  and  turning  to 
the  working  men,  he  said,  in  a  solemn  voice  «  Pursue  and  kill  that  hound, 
for  she  will  kill  every  man  and  beast  which  she  will  meet  inher  course  ». 
The  men  pursued  her  with  their  spades,  shovels  and  pickaxes,  and,  over- 
taking  her  on  the  lands  of  Treanaree,  about  a  mile  E.  of  the  place  whence 
she  started,  succeeded  in  killing  her  there.  There  thev  buriedher  and  over  her 
grave  a  small  stunted  whitethorn  bush  is  now  to  be  seen  called  Sgeithin  na 
Chou  «  the  Little  Thorn-bush  of  the  hound  ».  The  stones  near  this  bush  are 
impressed  with  the  marks  of  a  greyhound's  feet,  and  one  of  them  exhibits 
the  figure  of  a  greyhound  in  miniature. 

In  conséquence  of  this  ominous  occurrence,  saint  Patrick  abandoned  his 
project,  but  erected  this  heap  of  stones  as  a  mémorial  of  his  intentions, 'on 
the  top  of  which  he  placed  the  stone  on  which  he  knelt  while  he  prayed, 
which  was  stamped  with  the  impressions  of  his  two  knees.  He  called  the 
place  Connawee  (tuée  i.  e  buidhc),  in  mémorial  of  the  resuscitation  of  the 
hound,  and  pronounced  an  awful  malédiction  on  the  woman,  who  had 
thus  profanelv  insulted  him,  and  on  her  descendants,  and  place  of  abode. 


358  /.   Vendryes. 

The  curse  was  given  in  verse,  and  it  is  beliëved  that  it  still  rests  on  the 
country.  The  inhabitants  of  Ballincreaare  remarkable  for  blaspherrfy,  and  it 
has  not,  since  the  memory  of  tradition,  been  without  a  lame,  dunib  or 
wry-mouthed  man. 

M.  Saloraon  Reinach,  qui  a  utilisé  cette  légende  dans  son 
article  sur  les  Survivances  dit  totémisme  che~  les  anciens  Celtes, 
Rev.  Celt.,XXl  (1900),  p.  286,  déclare  qu'il  n'en  connaît  pas 
d'autre  mention.  En  effet,  autant  que  je  sache,  elle  ne  figure 
pas  dans  la  littérature,  abondante  pourtant,  relative  à  saint 
Patrice.  Mais  j'en  retrouve  l'équivalent  dans  la  vie  d'Adamnan, 
publiée  naguère  par  M.  R.  I.  Best  d'après  un  manuscrit  de 
Bruxelles  de  1628  (Anecd.  from  Ir.  MSS.,  II,  p.  16,  §  9). 

Voici  la  traduction  du  passage  en  question. 

Une  fois,  Adamnan  se  trouvait  un  certain  dimanche  dans  la  partie  sep- 
tentrionale de  MaghBregh,  à  savoir  chez  les  UiMicUais.  On  lui  apporta  cent 
moutons  cuits,  et  parmi  eux  un  chien  qui  avait  été  cuit  aussi.  Par  la  grâce 
de  l'esprit  saint,  Adamnan  reconnut  le  chien  au  milieu  des  moutons 
et  il  dit  aux  pourvoyeurs  :  «  Lequel  de  vous  nous  a  donné  ce  chien 
au  milieu  des  moutons  ?  »  Chacun  de  son  côté  fit  serment  que- 
ce  n'était  pas  lui.  Adamnan  dit  alors  au  chien  :  «  Au  nom  du 
Seigneur,  lève-toi  vite  et  désigne-nous  ton  maître.  »  Le  chien  se  leva  aussi- 
tôt à  la  parole  d'Adamnan  et  sauta  sur  son  maître  qu'il  jeta  par  terre. 
Adamnan  dit  à  l'homme  :  a  Combien  étiez-vous  à  commettre  cet  acte?  » — 
«  Quatre,  dit  le  garçon,  desUi  Cuirb.  »  Adamnan  le  maudit  alors  en  disant: 
«  Malédiction  en  eux  et  autour  d'eux  !  Telle  est  la  sentence  que  je  pro- 
nonce de  Uachtar  Aid  sur  les  Ui  Cuirb.  » 

Et  il  ajouta  que  leur  race  ne  dépasserait  jamais  la  quatrième  génération. 

Le  Betha  Adainnâin,  d'où  ce  passage  est  tiré,  est  un  piètre 
document,  tissu  d'absurdités  et  d'anachronismes,  comme  dit 
Reeves,  et  d'ailleurs  de  rédaction  très  tardive.  De  son  côté 
l'anecdote  recueillie  par  O'Donovan  sur  le  compte  desaint  Patrice 
est  probablement  de  composition  plus  récente  encore.  Mais  le 
fonds  des  deux  légendes  est  certainement  ancien  et  il  est  Irap- 
pant  de  constater  à  quel  point  elles  se  ressemblent.  Les  traits 
essentiels  sont  les  mêmes,  jusqu'à  la  malédiction  lancée  contre 
les  auteurs  du  méfait.  Elles  renferment  cependant  quelques 
détails  assez  différents  pour  qu'on  ne  les  puisse  suspecter  d'être 
refaites  l'une  sur  l'autre. 

Toutes  deux  d'ailleurs  prêtent  à  comparaison  avec  certaines 
autres  légendes  bien  connues  des  hagiographies. 


L'épisode  du  chien  ressuscité.  359 

Le  pouvoir  de  ressusciter  des  animaux  déjà  cuits  et  mangés 
est  un  des  moindres  talents  des  saints  irlandais.  Dans  le  recueil 
de  M.  C.  Plummer,  il  y  en  a  de  nombreux  exemples  (Vitae  Sancto- 
niiu  Hiberniae,  p.  cxliij).  Mais  le  miracle  a  généralement  pour 
cause  un  motif  de  justice  ou  de  charité.  Tantôt  il  s'agit 
de  rendre  à  son  propriétaire  un  animal  dérobé  par  des  voleurs  ; 
tantôt  de  dédommager  un  hôte  en  lui  restituant  un 
animal  qu'il  a  fait  cuire  pour  nourrir  le  saint.  Ainsi,  saint 
Boèce  ramène  au  monastère  un  veau  qu'un  voleur  avait 
déjà  mis  dans  la  marmite  (Vit.  Sanct.  Hib.,  t.  I,  p.  94).  Même 
miracle  dans  la  vie  de  saint  M.oYmg(Rev.  Celt.,  XXVII,  286)  : 
un  brigand  nommé  Grac  avait  dérobé  une  vache  à  Ruadsech 
le  Rouge  ;  il  l'avait  déjà  fait  cuire  et  s'apprêtait  à  la  manger  ; 
les  gens  de  saint  Moling,  ayant  mis  en  fuite  le  voleur,  placèrent 
les  morceaux  dans  la  peau  de  l'animal  ;  et  le  saint  ramena  ce 
dernier  à  la  vie. 

Plus  fréquemment  le  miracle  n'a  qu'un  but  de  charité.  Un 
saint  homme,  Crumthir  Caelan,  voulait  offrir  à  dîner  à  saint 
Enda;  il  n'avait  d'autre  animal  avec  lui  que  le  bœuf  qui  tirait 
sa  charrue  ;  il  le  sacrifia.  Le  bœuf  servit  à  nourrir  le  saint  et  sa 
suite.  Le  lendemain,  on  le  retrouva  plein  de  vie,  prêta  labou- 
rer '  (Vit.  Sanct.  Hib. ,11,  73).  Saint  Finan  ressuscita  de  même 
un  veau  qu'on  lui  avait  servi  à  dîner  (ibid.,  II,  90);  ce  fut  tout 
bénéfice  pour  l'amphitryon.  Mais  ici  le  narrateur  ajoute  un 
détail  touchant  :  le  saint  était  également  préoccupé  de  ne  pas 
causer  de  peine  à  la  mère  de  l'animal,  et  tout  en  savourant  la 
viande,  qu'il  devait  faire  revivre  après  le  repas,  il  priait  Dieu 
d'écarter  toute  peine  du  cœur  de  la  pauvre  vache.  Cette  sol- 
licitude à  l'égard  des  animaux  explique  sans  doute  aussi  le 
miracle  de  saint  Mochua,  ramenant  à  la  vie  et  reconduisant 
au  milieu  des  bois  douze  cerfs  qu'il  y  avait  été  chercher  lui- 
même  pour  nourrir  la  foule  qui  l'accompagnait  (ibid.,  II, 
188). 

1.  Comparez  l'anecdote  suivant  laquelle  saint  Aed  restitua  intégralement 
à  de  saintes  filles  le  dîner  plantureux  qu'elles  lui  avaient  offert,  parce  qu'il 
les  savait  dans  la  gêne  (Vit.  Sanct.  Hib.,  I,  39);  ou  celle  encore  suivant 
laquelle  Colum  Cille  ressuscita  un  bœuf,  entièrement  dévoré  par  un  con- 
vive glouton,  pour  permettre  aux  autres  convives  de  manger  à  leur  tour 
(Lives  of  saints  front  the  Book  of  Lisntorc,  1.    1055  et  suiv.,  p.    31    et  179). 


360  /.  Vendryes. 

Plus  touchant  encore  est  le  trait  que  l'hagiographe  prête  à 
saint  Alban.  Alors  que,  tout  jeune  encore,  il  se  promenait 
dans  la  campagne,  il  vit  approcher  une  louve  famélique  entourée 
de  ses  louveteaux  qu'un  jeûne  prolongé  avait  amaigris.  Emu 
de  pitié,  il  les  laissa  dévorer  un  des  veaux  de  la  maison.  Mais 
comme  la  vache  menaçait  de  mourir  de  chagrin,  il  lui  rendit 
son  veau  en  ranimant  les  débris  sanglants  laissés  par  les  loups 
{Vit.  Sctnct.  Hib.,  I,  6).  Un  miracle  tout  semblable  est  attribué 
à   saint  Ciaran  de  Cluain  (//>/</.,  I,  202). 

Le  miracle  accompli  par  saint  Patrice  et  renouvelé  par  saint 
Adamnan  est  d'un  ordre  tout  différent.  En  soupçonnant  la 
présence  d'un  chien  dans  la  marmite,  les  deux  thaumaturges 
ont  éventé  la  ruse  des  gens  malintentionnés,  qui  voulaient 
leur  faire  manger  une  viande  impure:  ils  ont  déjoué  une 
mauvaise  farce  préparée  contre  eux.  Le  chien  est  un  animal 
qui  ne  se  mange  pas.  Borlase  rappelle  qu'il  était  interdit  à 
Cuchullin  (le  chien  de  Culann)  de  manger  la  chair  de  son 
homonyme  :  geiss  dô  dano  cârna  achomanma  do  ithi  L.  L.  120  a 
14.  Cette  interdiction  avait  sans  doute  pour  cause  un  tabou 
de  clan  (Borlase  et  S.  Reinach.  //.  citât?).  Mais  d'une  façon 
générale,  il  y  a  des  animaux  impurs,  à  la  chair  desquels  on 
s'abstient  de  toucher.  Les  païens  ne  mangeaient  pas  de  chien 
(Arnobe,  adv.  Gentes,  VII,  16).  Et  comme  le  rappelle  M.  S. 
Reinach  dans  la  Rev.  Celtique,  t.  XXVII,  p.  1  et  ss.,  les  Celtes 
ne  mangeaient  pas  de  cheval.  L'hagiographie  confirme  d'ail- 
leurs cette  répugnance.  Un  épisode  de  la  vie  de  saint  Moling 
est  à  cet  égard  caractéristique.  Dans  une  maison  où  le  saint 
était  entré,  on  ne  trouva  que  du  cheval  à  lui  donner  à  manger. 
Le  saint  s'en  aperçut  et  fit  en  sorte  que,  retourné  dans  la 
marmite,  le  morceau  de  cheval  devint  un  quartier  de  mou- 
ton (Rev.  Celt.,  XXVII,  292).  L'intention  des  hôtes  étant 
pure,  il  n'en  résulta  aucune  fâcheuse  conséquence  pour  eux. 
C'est  le  pendant  dans  le  genre  favorable  de  l'aventure  surve- 
nue à  Patrice  et  à  Adamnan,  laquelle  appartient  au  genre 
néfaste  et  entraîna  de  tragiques  conséquences. 

J.  Vendryes. 


BIBLIOGRAPHIE 


Sommairl.  — I.  Holger  Pedersen,  Vergleichende  Grammatik  der  kelti- 
schen  Sprachen,  II,  2.  —  II.  C.  Marstrander,  Dictionarv  of  the  Irish 
Language,  fasc.  i.  —  III.  Kuno  Meyer,  Uebcr  die  alteste  irische  Dich- 
tung,  II.  —  IV.  J.  G.  Mackay,  Gille  a'bhuidseir.  — ■  V.  Maurice  Duha- 
mel, Musiques  bretonnes.  —  VI.  Sir  John  Rhys,  The  Celtic  Inscriptions 
of  Cisalpine  Gaul.  —  MI.  Essays  and  Studies  presented  to  William 
Ridgevvay.  —  VIII.  G.  Schoepperle,  Tristan  and  Isolde. 

I 

Holger  Pedersen.  Vergleichende  Grammatik  der  keltischen  Spra- 
chen, zweiter  Band,  zweiter  Theil.  Gôttingen,  Vandenhoeck 
und  Ruprecht,  191 3 .  353-842  p.  8°. 

Le  grand  ouvrage  de  M.  Pedersen  est  terminé.  L'année  191 3  en 
a  vu  paraître  la  dernière  partie,  qui  est  de  beaucoup  la  plus  volu- 
mineuse, puisqu'elle  compte  près  de  500  pages.  Toutefois,  comme 
on  le  verra  plus  loin,  la  grammaire  proprement  dite  n'y  occupe 
qu'une  place  restreinte  ;  c'est  surtout  à  la  lexicographie  et  l'étymo- 
logie  que  cette  dernière  partie  est  consacrée. 

La  partie  précédente  s'arrêtait  au  milieu  de  l'exposé  du  système 
du  verbe.  Nous  avons  ici  d'abord  la  fin  de  cet  exposé  :  l'étude  du 
subjonctif,  du  futur  et  du  prétérit,  du  passif  et  du  déponent,  des 
participes  et  de  l'infinitif.  On  notera  que  M.  Pedersen  admet  l'ex- 
plication du  futur  en  -b-  (-/-)  de  l'irlandais  par  une  combinaison 
du  thème  verbal  et  d'une  forme  de  présent  de  la  racine  *bhen- 
«  devenir,  être  »  ;  c'est-à-dire  qu'il  maintient  le  rapprochement 
traditionnel  de  ce  futur  irlandais  et  du  futur  latin  en  -bô  (p.  364). 
Il  s'écarte  en  revanche  de  la  tradition  ordinaire  en  ce  qui  concerne 
l'origine  des  formes  en  -r- du  passif  et  du  déponent  (p.  396etsuiv.)  : 
berir  «  il  est  porté  »  sortirait,  suivant  lui,  de  *bhered  se,  c'est-à-dire 
d'une  locution  où  figurait  le  pronom  réfléchi  suffixe.  Cette  théorie 


362  Bibliographie. 

n'est  pas  nouvelle  ;  elle  avait  jadis  été  proposée  par  Bopp  pour 
expliquer  le  médio-passif  latin  ;  mais  les  linguistes  de  la  généra- 
tion suivante  estimèrent  qu'elle  se  heurtait  à  des  difficultés  pho- 
nétiques insurmontables  ;  aussi  avait-elle  été  généralement  aban- 
donnée. M.  Pedersen  ne  craignit  pas  de  la  reprendre  dans  un 
article  de  la  Kuhn's  Zeitschrift,  t.  XL,  p.  167  et  ss.  :  on  voit  qu'il 
s'y  tient  toujours,  malgré  les  objections  qui  lui  furent  adressées, 
notamment  par  M.  A.  Ernout,  Mém.  Soc.  Ling.,  XV,  278.  La 
découverte  du  tokharien  est  cependant  de  nature  à  ébranler  sa  doc- 
trine. Quand  il  a  rédigé  son  chapitre  sur  les  formes  en  -r-,  M. 
Pedersen  ne  connaissait  sans  doute  le  tokharien  que  par  l'article 
de  MM.  Sieg  et  Siegling  ;  cela  explique  la  conclusion  sceptique  de 
sa  note,  p.  397  :  «  ein  Urteil  ùber  die  tocharischen  -r-formen  ist 
...  vorlàufig  gànzlich  unmôglich  ».  Mais  cette  fin  de  non-recevoir 
n'est  plus  de  mise  après  l'article  de  MM.  S.  Lévi  et  Meillet,  où  se 
trouvent  réunies  des  formes  en  -r-  qui  ont  toute  l'authenticité  et 
la  clarté  désirables  (v.  R.  Ccll.,  XXXIV,  129  et  suiv.).  Suffit-il 
pour  se  tirer  d'affaire,  comme  fait  M.  Pedersen  dans  sa  note  addi- 
tionnelle de  la  p.  674,  de  conclure  que  le  tokharien  appartenait 
jadis  au  groupe  italo-celtique  ?  11  paraît  bien  qu'on  ne  puisse  échap- 
per à  la  nécessité  d'admettre  pour  l'indo-européen  une  désinence 
en  -r-,  dont  l'origine  reste  plongée  dans  les  mêmes  ténèbres  qui 
enveloppent  la  préhistoire  de  toutes  les  désinences  indo-euro- 
péennes. 

Vient  ensuite  une  étude  très  poussée  du  verbe  substantif  sous 
ses  différentes  formes  et  dans  ses  emplois  variés.  Puis  de  la  paye 
449  à  la  page  658  se  trouve  un  vaste  répertoire  des  formes  verbales 
de  l'irlandais.  Ce  répertoire  était-il  bien  à  sa  place  ici  ?  Il  peut  sem- 
bler malséant  de  poser  une  question  pareille.  Certes  les  celtistes 
auraient  mauvaise  grâce  à  se  plaindre  d'être  mis  en  possession  d'un 
instrument  de  travail  aussi  précieux,  et  qui  a  dû  coûter  tant  de 
peines  et  de  soins  à  son  auteur.  Et  cependant  il  est  certain  que 
l'équilibre  de  l'ensemble  en  est  quelque  peu  compromis.  C'est 
un  hors-d'œuvre  lexicographique  qui  s'ajoute  à  un  exposé  gramma- 
tical. Des  esprits  chagrins  pourront  être  choqués  delà  disparate  qui 
s'accuse  entre  une  partie  doctrinale  très  fortement  pensée,  très  soli- 
dement bâtie,  et  une  partie  lexicographique  qui  n'a  que  le  mérite 
et  l'intérêt  d'un  dictionnaire.  Peut-être  eût-il  mieux  valu  les  publier 
séparément.  Remercions  en  tout  cas  M.  Pedersen  de  nous  les  avoir 
données  toutes  les  deux. 

Ce  n'est  pas  que  le  répertoire  des  verbes  ne  prête  à  quelques 
critiques.  Il  est  bâti  sur  un  plan  singulier.  D'abord  il  ne  comprend 


Bibliographie.  363 

en  principe  que  des  verbes  irlandais  ;  les  verbes  brittoniques  n'y 
figurent  que  dans  la  mesure  où  ils  servent  à  un  rapprochement  éty- 
mologique. En  outre,  les  verbes  irréguliers  y  ont  seuls  été  admis  ; 
de  ceux-ci,  M.  Pedersen  donne  toutes  les  formes  attestées  en  vieil- 
irlandais,  et  aussi  un  bon  nombre  de  formes  moyen-irlandaises, 
sans  dire  d'ailleurs  quel  principe  a  réglé  son  choix  ;  il  eût  été  utile 
d'indiquer  en  tête  les  textes  ou  collections  qu'il  a  dépouillés,  de 
façon  à  permettre  au  lecteur  de  compléter  les  listes  en  dépouillant 
de  nouveaux  textes.  Les  formes  verbales  sont  rangées  par  racines 
et  c'est  l'ordre  alphabétique  des  racines  qui  est  suivi  d'un  bout  à 
l'autre.  Mais  ces  racines  ont  une  forme  étrange,  qui  n'est  ni  précel- 
tique, ni  préirlandaise,  ni  même  à  proprement  parler  irlandaise.  Ce 
sont  des  entités  grammaticales  théoriques  qu'on  ne  sait  comment 
définir  :  la  première  est  ador-  «  adorer  »  (un  emprunt  latin,  -adraim 
en  irlandais)  ;  la  seconde  est  afarneinn  trutinam  »  (une  vieille  forme 
verbale  stéréotypée,  d'origine  incertaine)  ;  il  faut  chercher  dorai  «  il  a 
donné»  sous  ber-(jp.  473)  et  -éra  «que  tu  refuses  »  sous.w-(p.  636). 
Ce  qui  atténue  cette  critique,  c'est  l'existence  d'un  index  alpha- 
bétique très  complet,  où  tous  les  mots  cités  dans  les  deux  volumes 
de  l'ouvrage  ont  été  scrupuleusement  relevés.  L'index  se  divise  en 
deux  parties,  consacrées  respectivement  aux  mots  gaéliques  et  brit- 
toniques (v  compris  les  mots  gaulois).  Ce  double  index  facilitera 
singulièrement  l'usage  de  cette  grammaire  ;  il  permettra  en  particu- 
lier d'en  faire  à  l'occasion  un  dictionnaire  étymologique,  car  on 
sait  combien  l'ouvrage  de  M.  Pedersen  fourmille  d'étymologies, 
souvent  neuves  et  originales.  Le  répertoire  des  verbes  irlandais  est 
d'ailleurs  lui-même  une  manière  de  dictionnaire  étymologique 
puisque  sous  chaque  racine  M.  Pedersen  ne  manque  pas  d'indiquer 
s'il  y  a  lieu  les  correspondants  attestés  dans  les  autres  langues.  Nous 
lui  soumettrons  à  ce  propos  les  remarques  suivantes  :  P.  457,  faut- 
il  joindre  à  audud  le  gallois  ennyn  «  brûler  »,  qui  passe  pour  une 
forme  à  nasale  de  la  racine  du  grec  at'Oco  (cf.  skr.  inddhé  «  il 
allume  »)  ?  La  forme  and-  pourrait  alors  être  due  à  une  contamina- 
tion de  cette  racine  et  de  la  racine  cand-  (lat.  candere,  gali.  cynneu). 
—  P.  463,  §  664  anm.,  cf.  en  irlandais  même  bith  «  a  wound  », 
Arch.f.  celt.  Lex.,  III,  178  et  Laïus,  I,  140.  —  P.  506,  §  704  anm., 
on  pourrait  joindre  aussi  v.  angl.  getingan  «  presser  »  (Urk.  Spr., 
146  ;  Falk-Torp,  p.  152)  ;  il  a  dû  y  avoir  contamination  de  toutes 
ces  formes.  —  P.  515-516,  comment  concilier  rofadàtar  avec  le 
-Jidedar  du  Book  of  Armagh,si  ce  fidedar  représente  -fidetar  (Thur- 
neysen,  Hdb.,  I,  398).  —  P.  517,  ajouter  adfither  «  I  will  be  paid 
back  »  Ériu  I,  68,    v.  14.  —  P.  621,  l'explication  donnée  du  gai- 


364  Bibliographie. 

lois  hebr  paraît  caduque  ;  voir  R.  Celt.,  XXXIV,  p.  141  et  Morris 
Jones,  a  IVeish  Grammar,  p.  377.  —  P.  623,  aux.  exemples  cités 
ligne  17,  joindre  le  français  cours,  courant  (d'un  fleuve).  —  P.  626- 
627,  dans  le  thème  verbal  serti-,  il  a  dû  y  avoir  contamination  de 
la  racine  du  latin  sternere  et  de  celle  du  latin  serere  (cf.  Walde, 
Etym.  IVb.,  2e  édit.,  p.  703). 

On  devra  accorder  une  grande  attention  aux  Berichtigungen  und 
Zusàl~xe  qui  occupent  vingt  pages  de  petit  texte  très  serré  (p.  659- 
678).  M.  Pedersen  y  a  réuni  toutes  les  corrections  et  additions  qui 
lui  sont  venues  à  l'esprit  pendantl'impression  deson  grand  ouvrage  : 
sur  quelques  points  il  apporte  une  doctrine  nouvelle  et  condamne 
l'enseignement  donné  précédemment  par  lui. 

Tel  qu'il  est,  et  en  y  comprenant  naturellement  le  répertoire  des 
formes  verbales,  cet  ouvrage  représente  le  plus  grand  effort  qui  ait 
été  tenté  depuis  Zeuss  pour  coordonner  systématiquement  la  gram- 
maire des  langues  celtiques  :  c'est  une  refonte  complète  opérée  par 
un  des  cerveaux  de  linguiste  les  plus  puissants  de  notre  époque. 
Malgré  un  défaut  de  plan  et  bien  que  les  diverses  parties  en  soient 
peut-être  d'inégale  valeur  —  la  phonétique  par  exemple  est  plus 
poussée  que  la  morphologie  —  cette  grammaire  comparée  est  d'une 
importance  capitale  ;  elle  restera  longtemps  l'ouvrage  de  chevet 
des  celtistes,  le  réservoir  où  ils  iront  puiser  et  renouveler  leur 
science.  Longtemps  la  grammaire  celtique  restera  dans  ses  grandes 
lignes  ce  que  M.  Pedersen  l'a  faite.  Nous  avons  tout  à  l'heure  cité 
le  nom  de  Zeuss  et  évoqué  le  souvenir  de  la  Gratnmatica  Celtica. 
Ce  n'est  pas  pour  établir  une  comparaison  entre  les  deux  tempé- 
raments ni  entre  les  deux  œuvres.  Toute  comparaison  serait  factice 
et  laisserait  éclater  de  grosses  différences.  Mais  tous  deux  marquent 
une  date  dans  l'histoire  des  études  celtiques.  Zeuss  conserve  le 
mérite  éclatant  d'avoir  été  le  premier  ;  il  restera  le  fondateur  et  le 
promoteur  ;  suivant    l'heureux    jeu  de    mots  de  Whitley  Stokes  : 

Zs'jç  ip/'^,  Zsliç   (jt-sacra,  Atoç  S'ex  Tcâvra  TSTuxxat. 

Mais  M.  Pedersen  a  renouvelé  la  création  de  Zeuss  ;  et  en  admi- 
rant la  plénitude  de  sa  Vergleiçhende  Grammatik,  la  solidité  de  sa 
méthode,  la  rigueur  des  lois  auxquelles  il  a  soumis  le  celtique,  plus 
d'un  lecteur  sera  tenté  de  dire  avec  le  poète  : 

Ou  yàp  xi  [j.oi  Zî'jç  tjv  ô  X7)pûçocç  t/.os. 

J.  Vendryes. 


Bibliographie.  365 


II 

Dictionary  ofthe  Irish  Language,  based  mainly  on  Old  and  Middle 
Irish  Materials,  published  by  the  Royal  Irish  Academy,  under 
theeditorship  of  CarlJ.  S.  Marstrander.  Fascicule  I,  D-dègôir. 
8  s.  6  d. 

Nous  sommes  en  retard  pour  rendre  compte  du  premier  fascicule 
du  Dictionary  of  the  Irish  Language  de  M.  C.  Marstrander.,  qui  est 
daté  du  mois  d'août  1913.  Mais  puisque  le  second  fascicule  se  fait 
encore  attendre,  profitons  du  délai  que  l'auteur  nous  laisse  pour 
lui  donner  tout  franchement  notre  première  impression  sur  son 
entreprise.  Cette  impression  est  tout  à  son  honneur.  On  reste  con- 
fondu d'admiration  devant  le  travail  considérable  que  représente 
ce  fascicule,  en  songeant  au  temps  et  à  la  peine  qu'il  a  fallu  pour 
venir  à  bout  des  dépouillements  nécessaires  à  sa  confection.  Le 
format  de  l'ouvrage  est  un  petit  40.  Les  pages  sont  à  deux  colonnes, 
contenant  chacune  65  lignes  d'écriture  serrée.  Le  fascicule  com- 
mence à  la  lettre  D,  et  au  bout  de  224  colonnes  on  n'est  encore 
qu'au  mot  degôir . 

Cette  seule  indication  renferme  toutefois  une  critique.  M.  Mars- 
trander  a  voulu  faire  trop  vaste  :  il  a  conçu  son  œuvre  sur  un  plan 
colossal,  qu'une  génération  de  celtistes  travaillant  par  équipes  réus- 
sirait à  peine  à  exécuter.  On  se  demande  avec  inquiétude  combien 
l'auteur  devra  aligner  de  colonnes  pour  atteindre  la  dernière  lettre 
de  l'alphabet,  combien  lui  en  demanderont  ensuite  les  trois  pre- 
mières lettres,  qui  ont  été,  comme  on  sait,  réservées  pour  la  fin 
(voir  Rev.  CelL,  XXXIV,  469).  11  semble  que  M.  Marstrander  ait 
pris  pour  modèle  le  Thésaurus  Linguae  Laliuae  des  cinq  académies 
germaniques.  Mais  il  ne  pouvait  prétendre  à  lui  tout  seul  réaliser 
pour  l'irlandais  une  œuvre  analogue.  Le  Thésaurus  latin  a  demandé 
l'effort  soutenu  d'un  grand  nombre  de  collaborateurs  ;  et  malgré 
des  concours  dévoués,  la  publication  en  paraît  très  ralentie,  faute 
de  personnel.  Il  est  à  craindre  que  M.  Marstrander  ne  se  trouve 
arrêté  aussi  dans  son  entreprise,  s'il  n'en  réduit  pas  les  dimensions. 

Or,  il  y  a  moyen  de  réduire.  On  peut  d'abord  exclure  du  livre 
les  noms  propres  de  personne,  comme  en  ont  été  exclus  les  noms 
propres  de  lieu.  Sans  doute  nous  n'avons  pas  pour  ceux-là  l'équi- 
valent de  VOnomasticon  du  P.Hogan,et  un  dictionnaire  des  noms  de 
personne  irlandais  rendrait  d'immenses  services  ;  mais  c'est  un  tra- 
vail spécial  qu'il  faudrait  laisser  à  d'autres  érudits.   Il  conviendrait 

Revue  Celtique,   XXXV.  24 


366  Bibliographie. 

aussi  de  ne  pas  empiéter  sur  le  domaine  de  la  grammaire  :  l'emploi 

des  formes  et  des  cas  tient  trop  de  place  en  ce  dictionnaire.  A 
la  seule  préposition  de  sont  consacrées  33  colonnes,  soit  plus  de 
2000  lignes  !  C'est  excessif.  Un  dictionnaire  n'est  plus  pratique 
quand  il  est  aussi  complet. 

En  restreignant  son  effort  à  une  tâche  humainement  possible, 
M.  Marstrander  pourra  donner  plus  de  soin  aux  menus  détails  et 
par  suite  éviter  bien  des  fautes.  On  assure  que  ce  premier  fascicule 
en  contient  pas  mal  :  le  contraire  eût  été  surprenant.  Déjà  des  cel- 
tistes  autorisés  ont  dressé  une  ou  deux  listes  d'errata;  ces  listes  s'allon- 
geront encore  à  mesure  qu'on  se  servira  de  l'ouvrage.  11  ne  faudrait 
pas  que  cela  fût  pour  l'auteur  une  cause  de  découragement.  C'est 
le  malheur  des  travaux  de  ce  genre  de  n'être  jamais  parfaits  ;  mais 
ils  restent  toujours  perfectibles,  et  tels  qu'ils  sont,  ils  rendent  d'inap- 
préciables services.  Que  n'a-t-on  pas  dit  du  Romaniscbes  Wôrterbuch 
deKôrting?ou  du  Dictionnaire  de  la  vieille  langue  française  de 
Godefroy  ?  Ce  n'est  pas  aux  celtistes  qu'il  faut  rappeler  les 
attaques,  souvent  aussi  violentes  qu'injustes,  dont  le  Wôrterbuch 
des  Irische  Texte  a  été  l'objet  :  c'est  pourtant  depuis  1880  le 
seul  complet  que  les  celtistes  aient  à  leur  disposition  pour  lire 
les  textes  épiques.  Les  tâches  lexicographiques  sont  d'autant  plus 
ingrates  qu'on  veut  les  faire  plus  vastes  et  plus  parfaites  ;  mais 
il  faut  savoir  remercier  ceux  qui  ont  le  courage  de  s'y  livrer.  Sou- 
haitons à  M.  Marstrander  de  poursuivre  la  sienne,  qui  ne  sera  vrai- 
ment utilisable  que  lorsqu'il  l'aura  fortement  avancée,  sinon  termi- 
née. Qu'il  se  rappelle  que  la  persévérance  est  une  des  principales 
vertus  du  philologue.  «  Quelle  que  soit  la  tâche  à  laquelle  on  mette 
la  main,  ce  qu'il  y  a  de  mieux,  c'est  d'y  persévérer  »,  disait  à  peu 
près  Mac  Oige,  de  Lismore  :  cipe  dan  aracoratar  nech  lâint,  îsed  as 
decb  fous  occa  (Monast.  of  Tall.,  159,5).  M.  Marstrander  a  pris  pour 
lui  une  tâche  fort  ardue  :  il  se  doit  à  lui-même  —  et  il  doit  à  tous 
les  celtistes  —  de  ne  pas  l'abandonner. 

J.  Vendryes. 

III 

Kuno  Meyer.  Ueber  die  atteste  irische  Dichtung,  II.  Rhythmische 
alliterierende  reimlose  Strophen.  Berlin,  1914,40  p.  40  (extrait 
des  Abhandlungen  der  kon.  preuss.  Akademie  der  Wissenschaf- 
ten,  Phil.-hist.  Classe,  191 3,  N.   10). 

M.  Kuno  Meyer  termine  ici    l'enquête    commencée  par  lui  dans 


Bibliographie.  367 

un  premier  fascicule  dont  nous  avons  rendu  compte  ci-dessus  p. 
96.  Les  quatre  poèmes  étudiés  précédemment  avaient  pour  caracté- 
ristique un  rythme  accentuel  répartissant  les  mots  en  strophes  de 
deux  «  Langzeilen  »  (séparées  chacune  en  deux  par  une  coupe)  ; 
les  mots  étaient  en  outre  reliés  entre  eux  par  l'allitération  ou  la  «  liai- 
son »  ;  enfin,  les  Langzeilen  comportaient  deux  à  deux  une  rime 
finale.  La  versification  dont  s'occupe  ce  second  fascicule  ressemble 
exactement  à  la  précédente,  à  cette  exception  près  qu'elle  ne  com- 
porte pas  la  rime  finale. 

Exemple  : 

Mal  adrùalaid  iathâ  marb, 

macc  sôer  Sétni, 

selaig  s  rat  Lui  Fomrire 

for  Joint'  domnaïb. 

Un  prince  est  parti  pour  les  plaines  des  morts, 

le  noble  fils  de  Sétne, 

il  a  dévasté  les  vallées  des  Fomoré 

par  dessus  des  mondes  d'hommes. 

M.  Kuno  Meyer  conclut  de  ce  fait  que  cette  versification  sans 
rime  représente  le  type  métrique  le  plus  ancien  que  nous  puissions 
atteindre  en  Irlande.  Nous  ne  possédons  malheureusement  aucun 
poème  suivi  bâti  sur  ce  tvpe.  M.  Kuno  Meyer  n'en  a  retrouvé  que 
des  échantillons  isolés,  fragments  épars  sous  forme  de  citations 
dans  des  ouvrages  généalogiques  du  xie  ou  du  xne  siècle.  Cela  n'est 
pas  fait  pour  faciliter  l'établissement  et  l'intelligence  du  texte.  Ces 
morceaux  étaient  pour  la  plupart  déjà  incompréhensibles  à  ceux 
qui  les  copiaient.  Ils  sont  rangés  ici  d'après  le  nom  de  l'auteur 
auquel  la  tradition  les  attribue  :  Biïccine  mac  Brigni,  un  poète 
inconnu  jusqu'ici,  Ferchertne  fili,  Find  Fili  macc  Rossa  Rûaid,  Lu- 
gair  lànlili,  Senchân  Torpéist  et  Torna  éces.  L'ouvrage  se  termine 
par  des  additions  et  corrections  à  la  première  série  et  par  de  copieux 
index. 

J.  Yendryes. 

IV 

J.  G.  Mackay.  Gille  abbuidscir  (The  Wizard's  Gillie)  and  other 
taies,  edited  and  translated.  London,  The  Saint  Catherine  Press, 
34  Norfolk  Street,  W.  C.    141   p.  8°.  2  s.  6  d. 

C'est  un  recueil  de  dix   contes  populaires   écossais.   Il  est  dédié 


368  Bibliographie. 

à  la  mémoire  de  John  Francis  Campbell  ot  Islay  (Iain  Og  lie) 
«  thegreat  Masterof  Folk-tales  «(1822-1885).  Campbell  fut  de  son 
vivant  un  infatigable  collecteur  de  contes  et  de  ballades  populaires. 
Il  en  réunit,  avec  l'aide  de  nombreux  pourvoyeurs,  de  quoi  remplir 
vingt-deux  manuscrits,  qu'il  laissa  par  testament  à  la  Bibliothèque 
des  Avocats  d'Edimbourg,  où  ils  sont  conservés  aujourd'hui  (v.  1). 
Mackinnon,  a  descriptive  Catalogue  of  Gaelic  Manuscripts,  p.  281- 
282).  Il  tira  lui-même  de  celle  vaste  collection  la  matière  de  ses 
quatre  volumes,  Wesi  Highland  'l'aies,  publiés  à  Edimbourg,  les 
deux  premiers  en  1860,  les  deux  autres  en  1862;  mais  dans  les 
manuscrits  de  Campbell,  il  v  a  encore  beaucoup  de  textes  inédits, 
qui  réservent  du  travail  aux  philologues  de  l'avenir.  C'est  à  cette 
source  qu'a  puisé  M.  J.  G.  Mackay.  Il  indique  à  la  page  5  les 
références  aux  volumes  manuscrits  de  Campbell  d'où  il  a  tiré  les 
dix  contes  qui  composent  son  volume.  A  la  suite  de  chacun  d'eux, 
il  établit  en  note  quelques  comparaisons  avec  des  contes  similaires 
recueillis  ailleurs  en  Ecosse.  Le  texte  gaélique  des  contes  est 
accompagné  d'une  traduction  anglaisé  placée  en  regard.  En  outre, 
six  gravures,  dont  deux  en  couleurs,  illustrent  ce  volume,  qui  est 
fort  joliment  imprimé.  Les  contes  eux-mêmes  débordent  de  mer- 
veilleux ;  il  y  est  question  d'aventures  fantastiques,  de  gens  qui  se 
transforment  en  toute  sorte  d'animaux  ou  d'objets,  d'êtres  surnatu- 
rels comme  le  Grand  Wizard,  de  fées  qui  attirent  et  entraînent  les 
hommes,  de  géants  et  de  nains,  de  palais  enchantés,  etc.  L'un  de 
ces  contes  roule  sur  le  même  thème  que  la  fable  de  Perrette  et  le 
pot  au  lait  (The  Cogie  Carlin' s  Rhapsody,  p.  48-5 3).  C'est  en  résu- 
mé une  riche  moisson  pour  les  folk-loristes. 

J.  Vendryes. 

V 

Maurice  Duhamel.  Musiques  bretonnes,  airs  et  variantes  mélodiques 
des  «  Chants  et  chansons  populaires  de  la  Basse-Bretagne  », 
publiés  par  F.  M.  Lu/el  et  Anatole  Le  Braz.  Paris,  Rouart  et 
Lerolle,  191 3.  viij-224p.  8°(avec  prélace  de  M.  A.  Le  Braz). 

Chacun  sait  quel  service  a  rendu  Luzel  à  la  Bretagne  en  publiant 
les  deux  recueils  des  Gwer%iou  et  Souiou  Brei\  I\el  (ce  dernier  avec 
la  collaboration  de  M.  A.  Le  Braz)  ;  voir  Revue  Celtique,  II,  268  et 
XII,  173  et  303.  Il  faisait  connaître  un  trésor  poétique  qui  reste, 
malgré  de  nombreuses  influences  et  réminiscences  du  français,  une 
des  œuvres  les  plus  originales   de    la  littérature  bretonne.    Mais  il 


Bibliographie.  369 

manquait  quelque  chose  à  la  publication  de  Luzel.  Des  chansons 
privées  de  leur  mélodie,  c'est  comme  des  fleurs  séchées,  sans  cou- 
leur ni  parfum,  comme  des  corps  sans  Ame  et  sans  vie.  Déjà  La 
Villemarqué  avait  donné  dans  son  Bar7jl\  Brei\  un  nombre  impor- 
tant de  mélodies  bretonnes  ;  et  de  même  Narcisse  Quellien  dans  ses 
Chansons  et  danses  des  Bretons  Armoricains.  Toutefois  la  récolte  des 
mélodies  populaires  ne  commença  d'une  façon  sérieuse  qu'avec 
Bourgault-Ducoudray.  Ce  dernier  entreprit  de  recueillir  les  airs  des 
chansons  publiées  par  Luzel  :  malheureusement  il  n'eut  le  temps 
que  d'indiquer  la  voie  à  suivre  et  ses  Trente  Mélodies  bretonnes 
n'eurent  pas  de  suite.  Un  jeune  musicien  breton,  dont  nous  avons 
déjà  loué  le  zèle  érudit  pour  les  chants  populaires  de  son  pays, 
M.  Maurice  Duhamel,  a  été  assez  heureux  pour  réaliser  le  projet  de 
Bourgault-Ducoudray  et  mener  à  bonne  fin  l'œuvre  commencée. 
Le  répertoire  qu'il  publie  a,  au  point  de  vue  breton,  comme  le  dit 
M.  Le  Braz  dans  sa  préface,  une  importance  capitale. 

Le  répertoire  comprend  432  airs  rangés  dans  l'ordre  même  de  la 
publication  de  Luzel.  Il  est  vrai  que  M.  Duhamel  n'a  pas  retrouvé 
les  airs  de  toutes  les  gwerzes,  de  tous  les  sones.  En  confrontant 
sa  table  des  matières  avec  celle  de  Luzel,  on  constate  qu'il  reste  dans 
cette  dernière  un  certain  nombre  de  paroles  sans  romances,  ou 
pour  mieux  dire  de  chansons  sans  notation  musicale.  Mais  en 
revanche  M.  Duhamel  donne  souvent  pour  la  même  chanson  deux 
ou  trois  mélodies  différentes,  qu'il  a  rencontrées  dans  les  diverses 
régions  du  pays.  Son  répertoire  résulte  pour  la  plus  grande  part 
d'une  enquête  personnelle  ;  il  a  noté  les  airs  que  lui  fournissaient 
des  chanteurs,  amateurs  ou  professionnels  ;  et  l'on  a  plaisir  à 
retrouver  dans  son  livre  les  noms  de  ces  humbles  illettrés,  déjà  col- 
laborateurs de  M .  Le  Braz  et  qui,  grâce  à  lui,  ont  pris  place  dans 
la  littérature  bretonne.  Mais  M.  Duhamel  a  utilisé  aussi  les  disques 
phonographiques  conservés  au  laboratoire  de  phonétique  de  la 
Faculté  des  Lettres  de  Rennes  ;  ces  disques  perpétuent  la  voix  de 
Marc'harit  Fulup,  la  dernière  cigale  bretonne.  Enfin  il  a  complété 
sa  documentation  en  reproduisant  certains  airs  précédemment  notés 
par  quelques  amateurs  de  musique  bretonne  et  même  parfois  déjà 
publiés  ;  ainsi  ce  qu'il  y  a  de  vannetais  dans  son  répertoire  figure 
déjà  dans  Chansons  populaires  dit  Pays  de  Vannes  qu'il  a  publiées  avec 
M.  L.  Herrieu  (v.  R.  Celt.,  XXXIV,  105  et  XXXV,  121). 

L'ouvrage  a  comme  document  une  valeur  de  premier  ordre. 
Grâce  à  la  variété  des  sources,  il  permettra  aux  musicographes  de 
se  renseigner  sur  le  caractère  propre  aux  mélodies  de  chaque  région, 
et  de  vérifier   par  suite,  pièces  en  mains,  les  conclusions  présen- 


370  Bibliographie . 

tées  sur  cette  question  par  M.  Duhamel  lui-même  dans  un  travail 
dont  nous  avons  parlé  (v.  Rcv.  Cclt.,  t,  XXXII,  p.  369).  Il  y  a  en 
effet  parmi  ces  mélodies  d'assez  grandes  différences.  La  plupart  ont 
un  caractère  populaire  très  prononcé  :  intervalles  inattendus, 
cadences  étranges,  rythmes  imprécis  font  penser  à  certaines  phrases 
de  Grieg.  Mais  il  en  est  aussi  quelques-unes  qui,  par  la  carrure  de 
de  leur  rythme  et  par  la  régularité  de  leur  cadence,  rappellent  les 
airs  populaires  français,  voire  même  les  romances  qui  enchantaient 
nos  grand'mères  ou  celles  que  feu  Gounod  affectionnait  dans  ses 
opéras.  Ainsi  on  sera  frappé  de  l'opposition  qui  éclate  entre  les 
numéros  305-307  du  recueil  et  le  numéro  308  ;  tous  quatre  se  rap- 
portent à  une  même  chanson,  mais  le  numéro  308  avec  sa  finale 
en  fanfare,  semble  un  refrain  d'opérette,  tandis  que  les  trois  autres 
ont  la  mélopée  traînante  des  modes  archaïques.  Les  numéros  303, 
3 16,  3 17,  328  ont  tout  à  fait  l'allure  de  morceaux  français.  Il  v  aurait 
un  délicat  travail  à  faire  pour  distinguer  dans  ces  chants  ce  qui 
est  national  de  ce  qui  est  importé.  L'influence  française,  même  la 
moins  recommandable.  celle  des  chansons  de  route  de  nos  troupiers, 
est  dans  certains  cas  évidente.  P.  160,  je  ne  sais  pas  pourquoi  M. 
Duhamel  écrit  Blonigueaii  avec  un  point  d'interrogation  ;  il  s'agit  sans 
doute  du  bourg  de  Plouigneau,  dans  l'arrondissement  de    Morlaix. 

J.  Ykxdryes. 

VI 

John  Rhys,  The  Celtic  Inscriptions  of  Cisalpine  Gaul  (Proceedings  of 
the  British  Academy,  VI,  1913)-  90  p.  8°,  avec  8  planches. 

La  celticité  des  inscriptions  dites Lépontiennes est  encore  discutée. 
Danielsson  (Zu  den  Venetischen  und  Lepontischen  Inschriften,  1909) 
incline  à  les  croire  celtiques  comme  Hirt  '.  Pedersen  en  doute  (Vergl. 
Gr.,  Il,  p.  659).  Rhvs  se  prononce  nettement  en  faveur  de  leur 
celticité. 

Ce  que  Rhys  appelle  Gaule  cisalpine,  il  le  définit  et  le  délimite 
page  3  L'aire  des  inscriptions  se  divi.se  en  quatre  districts  :  i°  Luga- 
110  et  les  environs  dans  le  Tessin  ;  2°  vallis  Diubiasca,  embrassant 
le  bassin  du  Tessin,  de  Locarno  qui  est  à  l'extrémité  du  lac  Majeur, 
jusqu'à  une  petite  distance  au  delà  de  Bellinzona.  Rhvs  y  ajoute  le 
cours    de   la  Moësa  avec  la  petite   ville  de  Musocco  dans  un    coin 

1.  ïndogermanen  1905,  1907,  II,  564.  Sur  la  question,  d.  Kretschmer 
Kuhn's  Zeitschhft,  XXXVIII,  101  (1905);  Herbig,  An^eiger  f.  sebw.  dit, 
1905-6,  p.  187;  Indog.  Forsch.,  XXVIII  (1911),  pp.  23-6 


Bibliographie.  371 

sud  du  pays  des  Grisons  ;  30  la  zone  sud  du  district  de  Lugano, 
limitée  par  une  courbe  tracée  des  environs  de  Lecco  à  Milan,  de  là 
à  Novare,  de  Novare  au  lac  d'Orta  et  Ornavasso  sur  la  route  con- 
duisant à  Domodossola  ;  40  le  pays  autour  du  lac  de  Garde. 

Rhys  a  vu  lui-même  les  inscriptions,  chaque  fois  que  cela  a  été 
possible  ;  il  yen  a  qui  ont  disparu.  Il  nous  en  donne  en  appendice, 
un  bon  nombre  de  photographies.  Les  recherches  qu'il  a  dû  faire 
à  ce  point  de  vue  ont  été  parfois  fort  laborieuses. 

Comme  il  y  a  très  peu  de  noms  communs  dans  ces  inscriptions, 
le  critérium  le  plus  sûr  est  la  comparaison  avec  l'onomastique  net- 
tement et  sûrement  celtique,  et  aussi  avec  les  formes  casuelles  et 
verbales  dont  l'origine  celtique  n'est  pas  douteuse. 

Un  mot  d'une  grande  importance,  qui  revient  dans  cinq  inscrip- 
tions de  la  première  zone,  c'est  pala.  La  lecture  ne  saurait  en  être 
douteuse,  car  une  des  inscriptions  est  en  alphabet  romain  ;  l'alpha- 
bet des  quatre  autres,  qui  est  nord-étrusque,  au  contraire,  n'a  pas 
de  lettres  pour  les  occlusives  sonores,  b,  d,  g.  D'ailleurs  on  trouve 
en  capitales  romaines  Die u pala  (p.  71).  Rhys  adopte  l'interpréta- 
tion de  Kretschmer  (K.  Z.,  XXXVIII,  101)  qui  le  traduit  par 
tombe,  en  le  rapprochant  du  gallois,  comique  (et  breton)  pal, 
bêche;  gall .  palu,  corn,  palas,  bret.  palat,  bêcher.  L'auteur,  en 
note,  avec  raison,  fait  remarquer  qu'il  est  impossible  de  ramener 
l'irlandais  to-chlaim,  je  creuse,  cechlatar,  foderunt,  à  pal,  et  à  une 
racine  quai,  ce  qu'a  supposé  Stokes,  Urk.  spr.  Le  correspondant 
exact  du  verbe  irlandais  est  le  gallois  claàu,  fouir,  creuser,  auquel 
il  faut  ajouter  le  breton  cla^a,  vannetais  claouein,  le  coxmc\\itclath-va, 
enterrement. 

I,  p.  4.  Slaniai  vcrkalai  Pala  :  slaniai  verkalai  (à  lire  vergalaï) 
seraient  des  datifs  féminins.  Rh*  s  rapproche  slaiiiâ  de  l'irl.  slân, 
bien  portant,  en  bon  état,  du  gallois  llonvd,  paisible,  con- 
tent. Malheureusement  on  cnercherait  vainement  dans  Y  Alt.  Cclt. 
Sprachschat;  de  Holder,  un  nom  tiré  de  ce  thème.  Vergala  serait 
dérivé  de  la  racine  verg-  bien  connue,  et  serait  un  adjectif  en  -àlo-s, 
-âlâ  ?  Un  des  exemples  gallois  donnés  à  propos  de  ce  suffixe  est 
erroné,  Rhys  commet,  à  ce  sujet,  la  même  erreur  que  Pedersen. 
Morawl  pour  lequel  Rhys  renvoie  aux  Oxford  mabinogion,  p.  ni, 
n'est  pas  le  moins  du  monde  un  dérive  en  -alo-  de  mor;  il  remonte 
au  vieux-gallois  du  Xe  siècle,  mor-gablou,  gl.  aestuaria1.  La  vocali- 
sation de  -avl  en  -awl  est  un  fait  bien  connu.  Il  est  d'ailleurs  pos- 
sible que  le  w  dans  le   mabiuogï  de  Kulhwch  représente  v. 

1.  J.  Loth,  Revue  Celtique,  XI  (1890),  p.   110. 


372  Bibliographie. 

P.  8:  Tisiui  Pivotialùipala.  Nous  aurions  ici  un  ancien  datif 
en  -ûi  (grec  -toi).  Rhys  conserve  Tisios,  mais  lit  Bivotiâlo-s  ;  ce  qui 
l'amène,  p.  20,  à  lire  Légalement  Bivonei  pour  Pivonei.  Bivotialo-s 
serait  un  dérivé  de  Bivotio-s,  dérivé  lui-même  de  bivoto- .  Pour 
bivoto,  cf.  pioTo;  ;  pour  l'irlandais  beothu,  existence,  gén.  bethad, 
cf.  ^toTY,;  [Îiott[toç.  En  note,  Rhvs  fait  remarquer  que  les  articles 
concernant  biad,  beothu,  bywyd  dans  ['Alt.  celt.  Spr.  de  Stokes  sont 
à  réviser.  Sans  s'en  douter,  l'auteur  est  d'accord  avec  moi.  En 
1899  (Revue  Celt.,  XX,  p.  345),  j'avais  déjà  fait  remarquer  que  biad 
ne  correspondait  pas  à  bywyd,  ni  comme  sens,  ni  comme  forme,  et 
que  bywyd,  au  contraire,  était  identique  à  beothu,  tous  les  deux 
remontant  à  bivo-tùs;  bywyd  signifie  existence,  comme  beothu,  tandis 
que  biad  a  le  sens  de  nourriture.  Pour  le  sens,  c'est  bwyd,  breton 
boued  qui  répond  à  biad  ;  mais  biad  est  dissyllabique,  tandis  que 
bwyd  est  un  monosyllabe.  Il  faut  donc  les  séparer.  Pour  bwyd, 
il  parait  bien  remonter  à  *bei-fo-,  *gvei-io^. 

Pp.  9-1 1,  Rh)rs  discute  les  questions  capitales  des  terminaisons  en 
-u  et  en  -;//.  Kretscbmer  (K.  Z.,  XXXVIII  :  Die  Insclir.  von  Ornavasso 
und  die  Lig.  Sprachè)  partant  de  l'idée  que  les  formes  en  -///'  étaient 
les  génitifs,  concluait  qu'on  avait  affaire  non  à  une  langue  cel- 
'que,  mais  au  ligure.  Hirt  le  premier  (Ifidog.  II,  564)  proposa 
d'y  voir  des  datifs,  se  prononça  nettement  en  faveur  de  la  celticité 
des  inscriptions,  quoique,  pour  lui,  les  Ligures  ne  soient  pas  des 
Indo-Européens  (I,  43-9).  Rhys  fait  l'importante  remarque  que, 
en  Gaule  même,  à  coté  de  datifs  en -M  (Anvalonnacu),  il  existe  quel- 
ques datifs  en  -///  :  Balandui  Maccarioui. 

Les  datifs  en  -oui  supposeraient  un  nominatif  en  -os  ;  ceux  en 
-ou  (ou  -ou),  un  nominatif  en  -us.  Cependant,  même  pour  des 
tbèmes  en  -0-  Rhys  est  obligé  d'admettre  des  datifs  en  -//  (p.  61 
Amaseu,  p.  «Si  Pruiantiteu) .  Ailleurs,  une  forme  en  //-  devient  un 
nominatif:  p.  51,  Namu  Esopnio,  serait  à  lire  Namu  Esopnios, 
Namu,  fils  d'Esopno-s. 

L'hypotbèse  joue  un  rôle  tel  dans  la  lecture  même  des  inscrip- 
tions qu'on  ne  peut  se  défendre  d'un  certain  scepticisme.  (Test  ainsi 
que  p.  13,  l'inscription  ne  donne  que Sunalei mako  ;  Rhys  lit  sunalei 
makoni.  Ce  qui  me  frappe  le  plus,  ce  sont  les  deux  inscriptions  des 
pages  32  et  5^.  Page  32,  on  a:  Raneui  valaunal  ;  p.  5^.  Koitnila 
Tuuiil.  Pour  la  première,  Rhys  lit  :  Raueui  vaîaunal(ï)  ;  pour  la 
seconde  :  koitnila  Tunala.  Or,  l'auteur  le  reconnaît  lui-même,  il 
n'y  a  aucune  raison  apparente  pour  que  i  d'un  côté,  a  de  l'autre 
aient  été  omis.  L'inscription  de  la  page  64  est  aussi  troublante  :Latu- 
marni  sapsutaipe   vinom  uaxoui.   Rhys  traduit  :  du  vin  de  Naxos  à 


Bibliographie.  373 

Latumaros  et  à  Sapsutai,  pe  étant  donné  comme  identique  au  latin 
que  comme  origine  et  construction.  Il  faut  de  plus  admettre  une 
terminaison  neutre  en  -ni  que  les  langues  celtiques  ne  montrent 
pas.  De  plus,  il  y  a  à  compter  avec  le  gaulois  Brivatiom. 

Nul  doute  que  certaines  inscriptions  ne  donnent  des  noms  et  des 
formes  celtiques.  Mais  mon  impression  est  qu'il  y  a  aussi  autre 
chose. 

L'impression  de  malaise  que  donne  la  lecture  de  l'ouvrage  vient 
peut-être  aussi  de  l'abus  des  comparaisons  hasardées  avec  les  langues 
néo-celtiques.  Je  n'en  donnerai  qu'un  exemple  entre  cent.  Page  83, 
on  est  en  face  d'une  inscription  ainsi  déchiffrée  :  Pelkui  :  Pruiamiteu  : 
Karite  :  iuuos  :  Kalite  :  palai.  Rhys  suppose  que  Karite  est  pour 
Karinles,  parents.  Kalite  devient  l'impératif,  2e  pers.  du  plur.  d'un 
verbe  de  même  racine  que  ealare  (cf.  gallois  ceiliog,  coq)  ;  iuuos 
est  Yivos  du  Calendrier  de  Coligny  et  signifie  fête,  banquet;  palai 
est  un  locatif.   Le  texte  se  traduit  par  : 

«  à  Pelgos  Pruiamiteos  ses  parents  (donnent  ce  tombeau);  appelez 
un  banquet  à  eette  tombe  !  » 

En  ce  qui  concerne  les  comparaisons  avec  les  langues  celtiques, 
bon  nombre  sont  intéressantes,  mais  d'autres  ne  s'imposent  pas. 
De  plus,  certaines  remarques  étaient  au  moins  superflues. 

P.  13,  Rhys  rapproche  les  terminaisons" du  vieil-irl.  en  -en  des 
terminaisons  galloises  en  -wyn  ;  le  tout  remonterait  à  un  proto-cel- 
tique en  -ciio-s.  Il  est  vrai  que  dans  certains  noms  propres,  le  vieil- 
irlandais  -eu  =  gallois  -wyn  :  ex.  Benén,  gall.  Benwyn  —  Benêgnus 
pour  Benignus.  Mais  les  terminaisons  longues  du  vieil-irlandais  sont 
toutes  dues  à  l'allongement  compensatif  ;  quand  elles  ne  sont  pas 
empruntées,  elles  sont  toujours  dues  à  la  chute  d'une  consonne 
toutes  les  anciennes  voyelles  longues  atones  ayant  été  abrégées. 
Guiantuin,  printemps,  corn,  guaintoin  supposent  au  contraire, 
vesant-eino-s  ;  cf.  haloin  =  saleiuo-, 

P.  20,  le  nom  propre  Aita  serait  de  même  origine  que  l'irl. 
moyen  aile,  irl.  mod.  qide,  père-nourricier,  tuteur.  Or,  il  n'y  a 
pas  de  diphtongue  en  irlandais  ;  le  /  devenu  d représente  évidemment 
deux  t.  Macbain,  avec  quelque  vraisemblance,  le  fait  remonter  à 
attio-s. 

Le  nom  à'Alkovinos  signifierait  celui  qui  a  un  bouclier  blanc.  Ici, 
le  gallois  seul  intervient  :  il  y  a,  en  gallois,  un  mot  alch  qui  signifie 
gril,  et  un  autre  astalcb,  signifiant  bouclier.  Rhys  décompose  astalch 
en  ast  emprunté  au  latin  hast  a  et  en  alch  :  ce  serait  un  spear-shicld. 
astalch  ne  se  trouve  que  très  tardivement  au  XVIe  siècle.  Ast  n'appa- 
raît nulle  part  dans  le  sens    de  hasta.    Quant  à  la  couleur  du  bou- 


374  Bibliographie. 

clier,  elle  est  justifiée  par  un  passage  de  Fled  Bricrenn.  Mais  ici,  la 
blancheur  des  boucliers  est  due  à  ce  qu'ils  sont  blanchis  à  la 
chaux,  usage,  il  est  vrai,  qui  a  existé  aussi  chez  les  anciens-Gallois. 

P.  36  à  propos  dn  nom  Gnoia,  il  v  a  une  note  qui  prend  toute  la 
page  sur  l'irlandais  Gnôe.  Ce  nom  aurait  été  importé  en  Galles  par  les 
Dési.  Les  Gallois  en  auraient  fait  Noe,  qu'on  trouve  aussi  sous  la 
forme  Nougui.  Or,  le  vieux-gallois,  comme  le  vieux-breton,  con- 
serve parfaitement  le  groupe  gn-,  initial.  Aujourd'hui  encore,  on 
a  en  Galles,  par  exemple,  qriawd,  le  moyen-breton  a  gnou,  gneuiff, 
gnouhat.  Le  cas  échéant,  Rhys  ne  peut  résistera  la  tentation  d'accom- 
moder la  linguistique  à  ses  théories  ethnologiques,  fût-ce  au  prix 
d'une  entorse  à  des  lois  phonétiques  bien  établies,  qu'on  aurait 
tort  de  supposer  qu'il  ignore. 

P.  43,  à  propos  du  nom  propre  Alioi,  l'auteur  est  amené  à  s'oc- 
cuper du  gallois  eil,  ail,  second.  Il  fait  remarquer  qu'il  ne  peut 
être  ramené  à  l'irlandais  aile,  aîio-s  ayant  donné  al!  en  gallois.  Il 
revient  sur  cette  question,  p.  88,  et  se  range  à  l'opinion  de 
Morris  Jones,  Welsh  Grammar  :  cil  viendrait  de  aliô-s.  J'avais  pro- 
posé cette  solution  à  titre  d'hypothèse  [Revue  Celt.,  XVII,  p.  437). 
Je  ne  la  crois  pas  meilleure  pour  cela  et  la  tient  même  pour 
invraisemblable.  Pour  ail,  v.  Pedersen,  Vergl.  Gr.,  IL  p.  196-197. 
Le  rapprochement  de  eil  =  aliô-s  avec  ceiliawg  =  caliâco-s  n'est 
pas  juste.  Sur  ce  dernier  phénomène,  v.  J.  Loth,  Remarques  et  addi- 
tions àStrachan,  pp.  9-1 1.  Le  breton  eil,  le  comique  neyle,  nyll,  exil 
présentent,  je  dois  le  reconnaître,  de  sérieuses  difficultés.  Les  deux 
seuls  mots  qui  présententune  épenthèse,  en  breton,  sont  eil,  second 
(avec  l  mouillé),  et  leil,  fumier.  Le  comique  présente  également 
pour»o7/,  d'après  les  graphies  modernes,  une  diphtongue.  Déplus, 
le   sens  du  comique  est  assez  différent  de  eil,  gallois  et  breton. 

Malgré  les  quelques  doutes  qui  peuvent  subsister  sur  certains 
mots  et  certaines  formes,  le  travail  de  John  Rhys  a  sûrement  fait 
faire  un  pas  à  la  question  dans  le  sens  de  la  celticité.  C'est  un 
titre  sérieux  de  plus,  ajouté  à  tant  d'autres,  à  la  reconnaissance  non 
seulement  des  Celtistes,  mais  encore  de  tous  les  ethnologues. 

Il  est  regrettable  que  l'auteur  n'ait  pas  résumé  les  données  des 
archéologues  sur  l'âge  des  tombes  à  inscriptions.  M.  J.  Déchelette 
a  eu  l'extrême  obligeance  de  me  communiquer  les  bonnes  feuilles 
de  son  second  volume  sur  le  second  âge  du  ter  celtique,  qui  va 
paraître.  Les  sépultures  sont  toutes  de  l'époque  de  la  Tène.  Celles 
d'Ornavasso  sont  clairement  datées.  Elles  se  divisent  en  deuxgroupes  : 
le  groupe  de  San  Bernardo  (165  tombes)  ;  le  groupe  de  Persona 
(330  sépultures).    Dans  les  tombes  de   San  Bernardo,  on  a  trouvé 


Bibliographie.  375 

192  monnaies  allant  de  217  a  74  avant  J.-C.  ;  à  Persona,  elles  vont  de 
89  avantJ.-C.  à8ode  notreère.  La  civilisation' révélée  par  ces  tombes 
estceltique.  Jusqu'à  100  avant  J.-C,  la  population  d'Ornavasso  se  ser- 
vait même  à  peu  près  exclusivement  de  l'épée  gauloise.  Ces  sépul- 
tures appartiennent  à  laTène  II  et  111.  On  trouvera  sur  ces  questions, 
une  bibliographe  étendue  et  tous  les  renseignements  désirables 
dans  le  nouveau  volume  de  M.  Déchelette,  particulièrement 
pp.  1082,  1091  et  suiv.  En  somme,  quoi  que  l'on  pense  de  l'origine 
des  Ligures,  c'est  incontestablement  dès  le  commencement  de 
l'époque  de  la  Tène,  et,  par  endroits,  plus  tôt,  que  la  civilisation  des 
conquérants  celtes  s'est  imposée  aux  indigènes.  Les  tombes 
étant  en  somme  celtiques  par  le  mobilier  et  la  civilisation,  rien  de 
surprenant  à  ce  que  les  inscriptions  funéraires  le  soient  également, 
au  moins  pour  une  bonne  part.  Mais  que  devient  alors  leCeltican} 

VII 

Essays  and  studies  presented  to  William  Ridgeway,  on  bis  sixtieth 
Urthday  6  august  191  y,  edited  by  E.  C.  Quiggin,  Cambridge  uni- 
versity  Press,    191 3. 

Ce  beau  volume  de  mélanges,  dont  l'ordonnance  est  due  à  notre 
savant  collaborateur,  E.  C.  Quiggin,  a  été  offert  à  W.  Ridgeway, 
l'archéologue  bien  connu,  à  l'occasion  du  60e  anniversaire  de  sa 
naissance,  par  un  groupe  nombreux  d'admirateurs.  On  ne  s'éton- 
nera pas  de  la  diversité  des  matières  qui  y  sont  traitées,  si  l'on 
songe  que  l'activité  de  Ridgeway  s'est  exercée  dans  toutes  les 
branches  de  l'archéologie  classique  et  préhistorique,  et  que  par- 
tout il  a  fait  preuve  de  l'esprit  le  plus  original  et  lie  plus  péné- 
trant. L'ouvrage  se  divise  en  trois  parties  :  i°  chtssics  ami  ancient 
archeology  ;  20  medixval  Literature  ami  history  ;  30  anthropology  ami 
comparative   religion. 

La  deuxième  partie  contient  quatre  articles  de  nature  à  intéres- 
ser les  celtistes,  à  divers  titres. 

I.  R.  s.  a.  Macalister,  The  Coîophon  in  the  Lindisfame  Gospels, 
p.  299. 

Ce  manuscrit,  aujourd'hui  au  British  Muséum  (Cott.  Nero  D- 
4),  connu  sous  différents  noms,  The  Book  of  the  Gospels  of  Lindis- 
fame, The  Book  of  Durham,  The  Book  of  St.  Cuthbert,  est  univer- 
versellement  regardé  comme  un  des  plus  admirables  spécimens  de 
l'école  d'art  qualifiée  de  celtique.  Il  est  le  seul  que  l'on  puisse  com- 
parer   au    fameux   Book  of  Kells,  et  même,    d'après  Macalister,   à 


376  Bibliographie. 

certains  égards,  montrerait  l'art  celtique  dans  un  état  de  pureté 
plus  grand  que  son  rival. 

Or,  ce  magnifique  et  incomparable  spécimen  de  l'art  celtique, 
une  souscription  finale  en  dialecte  northumbrien,  l'attribue  à  des 
Anglo-Saxons  :  l'ouvrage  à  Eaifrid,  évèque  de  Lindisfarne,  la  cou- 
verture à  son  successeur  Edilvald,  la  décoration  en  or  et  argent  à 
l'anachorète  Bilfrid-  L'auteur  de  la  souscription  est  un  cer- 
tain Aldred,  fils  d'Alfred  qui  se  qualifie  de  presbiter  indignus  cl 
miserrimus,  non  sans  raison,  dit  Macalister,  carie  misérable  a  grif- 
fonné une  glose  interlinéaire  dans  son  dialecte  natal  à  travers  tout 
le  livre,  sans  épargner  même  les  pages  enluminées  initiales  qui 
avaient  coûté  tant  de  peines  à  l'artiste.  Les  dates  des  évéques  cités 
sont  respectivement  698-721  et  724-7.(0.  Les  gloses  et  la  sous- 
cription sont  d'une  main  du  Xe  siècle. 

Si  l'on  réfléchit  que  les  belles  œuvres  de  l'art  celtique  ne 
sont  pas  antérieures  au  ixe-xc  siècle,  l'attribution  du  plus  ancien 
spécimen  et  du  plus  remarquable  peut-être  de  cet  art  à  îles 
Anglo-Saxons  devient  véritablement  incompréhensible.  Comme  le 
dit  Macalister,  ce  serait  aussi  extraordinaire  que  la  collaboration 
des  anges,  dont  parle  Giraldus  Cambrensis,  dans  l'exécution  de 
V Êvangéliaire  de  Kild.rie  (depuis  longtemps  disparu).  Aussi  Maca- 
lister n'hésite-t-il  pas  à  rejeter  l'autorité  du  souscripteur.  Pour  lui 
non  seulement  Ealfri  n'a  pas  écrit  le  manuscrit,  mais  il  ne  l'a 
même  pas  vu.  Il  y  a  un  précédent  :  malgré  l'autorité  de  la  sous- 
cription finale,  personne  aujourd'hui  ne  croit  que  le  Book  of  Dur- 
row  ait  été  écrit  de  la  main  de  saint  Columban  dans  l'espace  de 
douze  jours.  U Êvangéliaire  de  Lindisfarne  ne  peut  être  que  du 
IXe  siècle.  Il  a  dû  être  écrit  en  Irlande  et  tomber  entre  les  mains 
des  Anglo-Saxons  par  des  moyens  peu  légaux  :  non  contents,  dit 
Macalister,  de  le  voler  et  de  le  salir  par  leurs  griffonnages,  les 
Saxons  s'en  sont  attribué  la  paternité. 

Macalister  fait  justice  de  deux  arguments  invoqués  par  Bruun  ' 
pour  soutenir  l'autorité  du  souscripteur. 

D'après  Bède,  un  certain  Adrien,  abbé  de  Nisita  près  Naples,  au- 
rait visité  Lindisfarne  en  668  av.  J.-C.  Or,  on  a  reconnu  des  traces 
d'influence  napolitaine  dans  l'évangéliaire.  Macalister  répond  que 
Adrien  visitant  Lindisfarne  trente  ans  avant  l'avènement  d'Ealfrid, 
aurait  dû,  dans  ce  cas,  laisser  après  lui  son  êvangéliaire,  que  cet 
êvangéliaire  serait  resté  au  monastère  pendant  trente  ans,  et  qu'en- 

1.  Au  Enquiryinto  the  art  ofthe  illuminated  manuscripts  oj  themiddh 
Part  1,  Celtic  illuminated  mss . ,  1898. 


Bibliographie.  377 

fin  il  aurait  été  choisi,  comme  base  d'un  exemplaire  enluminé  de 
préférence  à  tous  les  autres  modèles.  Dans  le  mouvement  inces- 
sant de  missionnaires  avides  de  science,  à  cette  époque,  l'influence 
napolitaine  a  pu  se  faire  jour  jusqu'à  un  monastère  celtique  par 
bien  d'autres  voies. 

Un  autre  argument  de  Bruun,  c'est  que  les  noms  d'Ealfrid, 
Eilwald,  Billefricî,  indiquent  une  tradition  précise.  Ce  sont  des  per- 
sonnages peu  connus.  Une  tradition  vague  aurait  associé  la  pré- 
cieuse relique  à  un  nom  plus  illustre,  par  exemple,  celui  de  Saint 
Aidan.  Macalisîer  répond  que  ces  noms,  obscurs  pour  nous,  étaient 
de  grands  noms  pour  le  moine  Aldred.  Il  avait  leurs  tombes  vrai- 
semblablement journellement  sous  les  yeux. 

II.  H.  M.  Chadwick,  Some  Germax  Riyer-xames,  p.  315. 

Si  personne  ne  met  en  doute  que  les  districts  à  l'ouest  du  Rhin 
et  au  sud  du  Main  n'aient  été  celtiques,  en  revanche  on  diffère  d'avis 
en  ce  qui  concerne  les  bassins  de  l'Ems,  du  Weser  et  de  la  Saale. 
Les  arguments  archéologiques  ne  sont  pas  convaincants.  Quant  à 
l'argument  tiré  des  noms  de  rivières  terminés  dans  le  bassin  de 
l'Ems  et  du  Weser  par  -pe,  -p,  et  plus  au  sud,  par  -fe,  -/,  repré- 
sentant un  ancient  -apa,  ou  -affa,  il  est  également  sujet  à  contro- 
verse. Il  n'y  a  assurément  pas  de  preuves  en  faveur  de  l'existence 
d'un  mot  germanique  ap-. 

Chadwick  fait  faire  un  pas  à  la  question.  Il  établit  que  le  nom 
de  la  Wipper  désignant  trois  rivières  de  Thuringe,  et  le  nom  du 
Weser  sont  celtiques. 

Une  première  présomption,  c'est  que  un  affluent  du  Rhin  entre 
Dûsseldorf  et  Deutz  porte  le  nom  de  JVipper  et  qu'en  Belgique,  une 
rivière  la  Vcsdrc  se  jette  dans  l'Ourthe  non  loin  de  Liège.  Si  on 
peut  dire  que  ces  noms  ont  à  la  grande  rigueur,  pu  être  introduits 
par  des  envahisseurs  Germains,  il  n'en  est  pas  de  même  en  Angle- 
terre. La  rivière  Wear  (Durham)  porte  un  nom,  qui  sous  la  forme 
JViur,  se  montre  au  commencement  du  vme  siècle  (Bède,  H.  E., 
IV,  18  ;  Y,  21).  Il  montre  la  disparition  de  s  intervocalique  con- 
forme aux  lois  du  brittonique,  et  ne  peut  guère  être  séparé  du 
nom  de  Weser. 

La  Weaver,  en  Cheshire,  représente  vraisemblablement  un  anglo- 
saxon  *iueofre  :  cf.  Wevre,  Wivreham,  plus.tàrd  Wever(e)  au  xme  s,  ; 
peut-être  Weaverthorpe  en  E.  Reding.  C'est  sans  doute  le  même  nom 
que  celui  de  la  Waver  en  Cumberland,  pour  *waefer,  avec  le  chan- 
gement northumbrien  en  e  de  œ  après  w\  Ce  nom  est  identique  à 
celui  de  Wipper;  seulement  weaver  est  exempt  du  changement  tcu- 
tonique  de  b  en  p.  La  présence  de  ces    noms  en    Angleterre,    Bel- 


378  Bibliographie. 

gique,  pays  rhénans,  Thuringe  et  au  nord-ouest  de  la  Germanie, 
est  significative.  Il  semble  bien  que  les  Celtes  aient  occupé  une 
partie  du  nord-ouest  de  la  Germanie  et  aussi  de  la  Thuringe. 

Dans  une  note,  p.  322,  Quiggin  apporte  une  frappante  confir- 
mation à  la  thèse  de  Chadwick  sur  la  Weaver. 

Dans  le  Book  of  Llandav,  éd.  G.  Evans,  p.  159,  un  ruisseau  en 
Monmouthshire  porte  le  nom  de  Guefr-duvr1.  Il  n'est  pas  inu- 
tile d'ajouter  qu'en  gallois  gwevr  est  le  nom  de  ['ambre.  Ce  nom  a-t- 
il  été  donné  à  la  rivière  par  métaphore,  à  cause  de  la  couleur  de 
ses  eaux  ?  Est-ce  un  souvenir  de  temps  antérieurs  ?  Il  est  fort  pos- 
sible que  le  nom  de  lieu  du  Cornwall  Guer-thour  qui  ligure  dans 
VOrigo  mundi,  p.  2588,  soit  identique  a  Guevrduvr. 

III.  O.  J.  Bergin.  A  poem  by  Godfraidh  Fionn  O'Dàlaigh,  p.  322 
(texte,  traduction  et  notes). 

Fionn  O'Dàlaigh  mourut  en  1387.  Son  poème  est  un  éloge  du 
jeune  Maurice  Fitz  Maurice,  second  comte  de  Desmond.  Le  père 
était  mort  en  1356;  le  fils  mourut  en  1358.  Rien  dans  sa  courte 
vie  ne  justifie  les  louanges  hyperboliques  dont  l'accable  le 
poète. 

La  composition  de  cet  encomion  rappelle  l'art  de  Pindare.  Compa- 
rantl'insignifiant  Maurice  au  dieu  LughLâmhfhada,  le  poète  s'évade 
des  banalités  obligatoires  en  pareille  matière,  et  chante  l'aventure 
de  Lugh  devant  le  palais  de  Tara.  C'est  l'épisode  bien  connu  de  la 
seconde  bataille  de  Moytura.  Le  poète  malheureusement  tourne 
court  trop  tôt  pour  établir  une  comparaison  entre  les  hauts  faits  de 
Maurice  et  ceux  de  Lugh. 

Espérons  que  Bergin  continuera  à  noustaire  connaître  les  compo- 
sitions des  poètes  irlandais  du  moyen  âge  qu'il  connaît  mieux  que 
personne.  Elles  peuvent  être  d'une  grande  utilité  et  pour  la  langue 
et  pour  les  traditions  de  l'ancienne  Irlande.  Il  y  a,  par  exemple, 
dans  le  poème  de  Godfraidh  un  passage  qui  peut  nous  servir  à 
corriger  une  évidente  maladresse  du  compilateur  de  la  Seconde 
bataille  de  Moytura.  Lugh  nous  est  donné  d'abord,  avant  qu'il  ne  se 
présente  devant  Tara,  et  danstrois  autres  passages,  sous  le  nom  de 
Samh-ildânach.  Quand  le  portier  lui  demande  son  nom,  il  répond 
qu'il  s'appelle  Lugh.  11  est  clair  que  ce  nom  eût  suffi  à  lui  ouvrir 
les  portes  du  palais  des  Tùatha  De'Danann  dont  il  était  un  des 
chefs.  Il  a  dû  ou  éluder  la  question  ou  donner  un  nom  comme 
Samh-ildânach.  En  effet  dans  le  poème  de  Godfraidh,  le  portier  lui 
demandant  d'où  il  vient,  il  ne  donne  pas  son  nom  ;  il  répond  qu'il 

i.  La  forme  du  B.  of  Ll.  est  Gutvrduur. 


Bibliographie.  379 

est  un  poète  venant  d'Eamhain  des  Pommiers,  des  cygnes  et  des 
ifs. 

IV.  E.  C.  Quiggin.  O'Conor's  house  atCloenfree,  p.  332  (texte 
et  traduction). 

Le  chef  dont  il  s'agit  est  Hugh,  fils  d'Owen,fils  de  Rory  O'Conor, 
tué  en  1309,  après  un  règne  fort  agité  commencé  en  1293.  Le 
poème  publié  par  Quiggin  est  mentionné  dans  le  Catalogue 
d'O'Grady.  p.  353.  L'autre  composition  sur  le  même  sujet  se 
trouve  dans  le  Book  ofthe  Dean  of  Lismore.  Le  texte  donné  ici  repose 
sur  le  Stowe  ms.  de  la  R.  I.  A.  A  v.  2.  Les  variantes  au  bas  des 
pages  sont  tirées  de  l'O'Gara  Book  (F),  Y  O'Conor  Don' s  Book  (C)  et 
de  deux  mss.  de  la  R.  I.  A.  :  23417  (L)  et  A  iii  2  (A).  En  raison 
de  sa  structure  recherchée  et  des  détails  techniques  qu'il  renferme, 
Quiggin  déclare  quece  poème  constitue  leplus  formidable  spécimen 
de  travail  bardique  qu'il  ait  rencontré.  Personne  ne  le  contredira. 
Lepaiîis  (tiré  de  palais)  paraît  avoir  été  détruit  en  1306,  par  Mac 
Dermot.  Les  restes  d'un  fort  en  marquent  l'emplacement.  Par  sa 
langue  et  les  renseignements  qu'il  nous  donne  sur  une  construc- 
tion  de  la  fin  du  xme  siècle,  ce  difficile  poème  est  loin  d'être  sans 
intérêt.  C'est  une  utile  publication. 

Le  volume  se  termine  par  un  index  des  noms  propres  dû  à  E.  C. 
Quiggin. 

J.    LOTH. 

VIII 

Gertrude  Schoepperle,  Tristan    and   Isolât  :  a  study  of  the  sources 
of    the    romance,     2     vol.,     Francfort      et    Londres,     1 9 1 3 . 

11  v  avait  deux  façons  de  comprendre  une  étude  des  sources  du 
roman  de  Tristan  :  ou  s'engager  dans  une  étude  relevant  du  Folk- 
lore, en  général,  en  analysant  tous  les  éléments  du  roman  et  en 
relevant  tous  les  points  de  comparaison  qui  peuvent  exister  dans  les 
différentes  littératures,  même  en  dehors  de  l'Europe;  ou  rechercher 
les  sources  immédiates  du  Roman,  tel  que  les  poètes  français, 
Thomas  et  Béroul  et  leurs  imitateurs  nous  l'ont  fait  connaître, 
dans  la  littérature  du  pays  où  il  a  été  élaboré.  La  première  étude, 
dans  ce  dernier  cas,  qui  s'imposât,  celle  sans  laquelle  toutes  les 
autres  risquaient  de  rester  infructueuses  ou  inutilement  labo- 
rieuses, c'était  de  déterminer  la  patrie  du  Roman.  Or,  il  ressort 
du  Roman  même,  avec  la  dernière  évidence,  que  cette  patrie  est 
une  région  de    l'île  de  Bretagne;   que   cette  région  était  trilingue,- 


380  Bibliographie. 

qu'on  y  parlait  une  langue  brittonique,  l'anglais  et  le  français.  La 
seule  région  qui  réunît  ces  conditions  ne  pouvait  être  que  le 
Cornwall  ou  une  zone  du  pays  de  Galles  au  Xle-Xlle  siècle  qui, 
ici,  ne  peut  être  en  cause. 

C'est  guidé  par  ces  principes  que  j'ai  pu  trouver  en  Cornwall 
les  lieux  les  plus  importants  où  se  sont  déroulés  les  principaux  épi- 
sodes du  drame1.  Que  Thomas  et  Béroul  aient  eu  d'autres  sources 
parfois  que  les  sources  comiques,  qu'ils  aient  introduit  d'autres 
cléments  dans  leurs  récits,  peu  importe  :  la  critique  peut  jusqu'à 
un  certain  point  le  constater  et  l'expliquer.  L'incohérence  qu'on 
peut  relever  dans  leur  géographie  était  inévitable;  aucun  d'eux  n'a 
habité  le  Cornwall,  quoique  sûrement  une  des  autorités  de  Béroul 
l'ait  bien  connu.  De  plus,  il  y  a,  comme  je  l'ai  montré,  en 
Cornwall,  des  apports  anglo-saxons,  bretons  et  français. 

Miss  Schoepperle  s'est  fort  peu  préoccupée  de  ces  questions 
capitales.  Elle  ne  peut  cependant  arguer  de  son  ignorance.  Par  les 
citations  qu'elle  fait,  comme  par  certains  passages  où  je  ne  suis 
pas  cité,  il  est  parfaitement  sûr  qu'elle  a  lu  mes  Contributions  à 
l'étude  lies  romans  de  la  Table  Ronde,  au  fur  et  à  mesure  qu'elles 
paraissaient  dans  la  Revue  Celtique  (le  premier  article  est  de 
1909). 

Hypnotisée  par  l'idée  qu'il  fallait  aller  chercher  les  sources  de  ce 
roman  dans  le  pays  néo-celtique  qui  a  conservé  la  plus  riche 
littérature,  elle  a  tourné  le  dos  à  la  Bretagne  et  obstinément  fermé 
les  yeux  à  tout  ce  qui  pouvait  l'empêcher  de  poursuivre  sa  chimère 
et  s'est  lancée  à  la  recherche  des  sources  dans  les  sagas  irlandaises. 
Le  résultat  de  ses  longues  erreurs  à  travers  les  fondrières,  les  lacs, 
les  montsdénudés,  et  aussi  les  vallées  verdoyantes  d'Erin,  le  voici 
(II,  p.  445).  Ce  que  les  auteurs  français  ont  trouvé,  c'est  une  his- 
toire celtique  du  genre  des  Jilheda  (sing.  moyen  -irl.,  aithed  ou 
alhed),  fuites,  fugues  (amoureuses)  ;  c'est,  en  somme,  pour  rameur, 
le  roman  de  Dianuaid  et  Graiuue.  La  saga  ancienne,  Vaithed  était 
connue  au  Xe  siècle,  d'après  une  liste  du  Livre  de Leinster (écrit  au 
milieu  du  XVe  s.).  L'amour  de  Gràinne  était  chanté  au  xiL  siècle. 
A  ce  propos,  miss  Schoepperle  (II,  p.  ^99),  date  YUath  Beiune 
Élair  (The  hiding  in  Ihe  Hill  of  Howth)  publié  par  Kuno  Meyer 
dans  la  Revue  Celtique,  XI,  p.  125,  du  \c  siècle.  Or,  le  récit  est 
tiré  d'un  manuscrit  du  XVe  siècle,  le  ms .  bien  connu,  Harleian 
5280  du   British.  Muséum.    Kuno     Meyer   dit   simplement    que  le 

1.  Lancien,  la  résidence  de  Marc,  était  considéré  comme  la  clef  de  la 
géographie  du  Roman,  avant  que  je  ne  l'eusse  découvert.  Depuis,  il  a 
perdu,  semble-t-il,  de  son  importance. 


Bibliographie.  381 

thème  du  récit  paraît  avoir  existe  dès  le  xic  siècle  (et  non  le  xc), 
d'après  une  glose  de  YAmra  Choluimh  Chille.  Les  autres  épisodes  se 
rattachant  à  la  saga  sont  tirés  de  mss.  dont  les  plus  anciens  ne 
remontent  pas  plus  haut  que  le  XVe  siècle. 

Le  récit  le  plus  complet  que  nous  en  ayons  est  connu  sous  le  nom 
de  Tôruigheacht  Dhiarmada  agus  Ghrâinne,  la  poursuite  de  Diar- 
muid  et  de  Grâinne  I.  Le  plus  ancien  ms.  qui  le  contienne  est  du 
milieu  du  xvne  siècle.  Cette  saga  ou  conte  populaire,  peut  se  résu- 
mer en  quelques  mots  :  je  le  fais  pour  ceux  de  nos  lecteurs  qui 
n'auraient  pas  parcouru  les  deux  épisodes  s'y  rattachant,  publiés 
dans  la  Revue  Celtique  2.  Au  milieu  d'un  banquet,  Grâinne,  femme 
de  Fionn,  remarque  Diarmaid.  Elle  se  prend  de  passion  pour  lui 
et  n'a  de  cesse  qu'elle  ne  l'ait  déterminé  à  fuir  avec  elle.  Ils  sont 
poursuivis  infructueusement  par  Fionn  pendant  sept  ans.  Fionn 
feint  de  se  réconcilier  avec  eux.  Il  envoie  Diarmaid  tuer  un  san- 
glier dangereux.  Le  héros  s'en  tire,  mais  en  mesurant  les  dimen- 
sions de  la  bête  pour  obéir  à  Fionn,  il  est  blessé  au  talon  par  les 
soies  venimeuses  du  sanglier  et  meurt.  Fionn  regagne  l'affection 
de  Grâinne  et  se  remarie  avec  elle  ou  recommence  â  vivre  avec 
elle  comme  mari  :  on  ne  nous  dit  pas  s'ils  eurent  beaucoup 
d'enfants.  C'est  là  une  histoire  des  plus  banales  pour  le  fond  et 
qui  n'est  pas  plus  irlandaise  que  toute  autre  aventure  du  même 
genre.  C'est  l'histoire  de  Ménélas,  Hélène  et  Paris.  11  n'y  a  pas 
d'année  où  dans  une  grande  capitale  comme  Paris,  on  ne  trouve 
dans  les  faits  divers  ou  la  chronique  des  Tribunaux,  des  faits  d'adul- 
tère pareils,  et  dans  diverses  classes  de  la  société.  Elle  est  banale 
l'histoire  du  brave  ouvrier  marié  à  une  gentille  femme,  qui  admet 
à  sa  table,  voire  dans  son  logis,  un  parent,  neveu  ou  cousin,  ou 
pays,  ou  simplement  un  compagnon,  et  en  est  récompensé  par  la 
trahison  :  la  gentille  femme  s'éprend  du  commensal  ou  est  faible. 
La  trahison  découverte,  ou  même  avant,  les  coupables  fuient. 
Le  dénouement  varie;  parfois,  il  est  tragique;  parfois  comique  ; 
parfois,  comme  Grâinne,  la  femme  revient  et  la  vie  commune 
reprend.   Les  ressemblances    entre  la  saga  et  le  roman    sont  fort 

1.  Publié  par  O'Grady  avec  texte  et  traduction,  dans  les  Transactions  of 
theossianie  society,  1855,  III,  p.  40-21 1,  Dublin,  1857  —  réédité  par  la  Society 
for  the  Préservation  of  the  Irish  Language,  rre  partie,  1880-188 1  (nouvelle 
publication,  avec  une  refonte  du  vocab.  par  R.  J.  O'DufFv,  1889,  1894)  : 
cf.  R.  I.  Best,  Bibliography of ir .  phil.  ami  printed irish Liter.,  pp.  103-104. 

2.  Ltoyd,  Berginand  G.  Schoepperle,  The  Death  of  Diarmaid  (Rev.  Celt., 
XXXIII,  157-79,  1912;  The  Reproach  of  Diarmaid  (ibid.,  XXXIII,  43-57, 
1912). 

Revue  Celtique,  XXXV.  25 


382  Bibliographie. 

superficielles.  Dans  la  saga,  c'est  réellement  la  fuite  et  les  aven- 
tures, les  exploits  de  Diarmaid,  qui  sont  le  véritable  sujet.  Grâinne 
n'attend  pas  le  moins  du  monde  d'être  inquiétée  pour  fuir  :  lafuite, 
c'est  sa  vocation  à  cette  femme.  Dans  Tristan,  Tristan  et  Iseut  s'ac- 
commodent fort  bien  de  la  présence  de  Marc.  Ils  ne  se  décident  à 
fuir,  que  lorsque  la  faute  est  découverte,  et  que  leur  vie  est  mena- 
cée. Pour  le  dénouement,  miss  Schoepperle  l'arrange  à  sa  façon. 
Comme  Diarmaid  périt  après  sa  fuite,  il  faut  que  Tristan  termine  de 
même,  au  retour  de  sa  fugue.  Et  elle  va,  contre  toute  vraisemblance, 
chercher  le  soi-disant  dénouement  primitif  dans  le  roman  de  Tris- 
tan en  prose,  qui  est,  au  point  de  vue  des  sources,  dépourvu  de  la 
moindre  valeur. 

Les  auteurs  français  du  roman  auraient  ajouté  à  cette  histoire  de 
fugue,  des  épisodes  de  leUrcrû  et  aussi  des  épisodes  celtiques. 

Pour  le  drame  moral,  miss  Schoepperle  n'ose  pas  trop  se  pro- 
noncer, mais  il  ressort  avec  évidence  des  textes  même  qu'elle  cite 
(II,  p.  400  et  suiv.)que  ce  drame  est  celtique  '.Miss  Schoepperle 
voit  un  contraste  entre  les  idées  de  l'ancienne  Irlande  devenue 
chrétienne  et  celles  de  l'Irlande  payenne  au  point  de  vue  du  lien 
conjugal.  Or,  le  châtiment  de  l'adultère  par  le  feu  dont  elle  parle 
existait  à  l'époque  payenne2.  Il  faut  d'ailleurs  remarquer  que 
l'époque  payenne  embrasse  les  époques  les  plus  diverses.  Il 
ne  faut  pas  oublier  que  le  paganisme  a  fleuri,  en  pleine  époque 
chréstienne,  justement  à  l'époque  où  se  sont  définitivement  cristalli- 
sées les  sagas  irlandaises,  du  ixe  au  xie  siècle,  en  Irlande,  avec  les 
Scandinaves,  notamment  dans  le  royaume  de  Dublin.  D'ailleurs 
les  traits  de  dévergondage  de  femmes  irlandaises  dans  les  sagas  ne 
prouvent  rien.  Si  l'on  concluait  du  dévergondage  des  dieux  et  demi- 
dieux  de  l'ancienne  Grèce  à  la  dépravation  complète  des  mœurs,  on 
commettrait  une  lourde  erreur.  Les  maris  grecs  étaient  moins 
débonnaires  que  Hephaistos  surprenant  Ares  et  Aphrodite,  et 
l'adultère  ne  leur  paraissait  pas  risible  comme  à  leurs  dieux  :  cer- 
tain plaidoyer  de  Lysias  est,  à  ce  point  vue,  très  démonstratif.  Quant 
au  lien  unissant  le  vassal  à  son  chef  de  clan,  nulle  part  il  n'a  été 
aussi  puissant  que  chez  les  Celtes  en  raison  même  de  leur  organi- 
sation sociale. 

Dès   lors,    le  drame   moral    étant  celtique,  nous  avons  dans  le 

1.  Ce  qu'elle -nous  dit  (II,  p.  466-1)  de  l'amour  illicite  dans  la  société 
primitive  est  insignifiant.  Il  faudrait  d'abord,  s'entendre  sur  le  sens  de  ce 
mot.  Les  Celtes,  pas  plus  que  les  Indo-Européens,  ne  sont    des  primitifs. 

2.  Cf.  Whitley  Stokes,  Félix  Oéngnsso,   190s,  p.  411. 


Bibliographie.  383 

roman  tel  qu'il  existait  en  territoire  brittonique,  l'essentiel  de  l'ar- 
chétype ou  plutôt  des  archétypes  oraux  qu'ont  connu  les  auteurs 
français. 

L'étude  des  sagas  irlandaises  se  recommandait  d'elle-même  ;  elle 
pouvait  assurer  la  celticité  de  traits  de  mœurs,  d'épisodes  même 
qui  prêtaient  à  la  discussion.  A  ce  point  de  vue,  les  recherches  de 
miss  Schoepperlé  sont  des  plus  méritoires.  Elles  ont  été  aussi 
véritablement  fructueuses.  Il  y  a  sans  doute  des  rapprochements 
forcés.  Quoi  qu'elle  dise,  il  n'y  a  rien  de  commun  entre  la  naissance 
de  Tristan  et  celle  de  Sétanta-Cuchulainn.  Je  ne  vois  pas  bien  ce 
que  le  saut  du  saumon  a  d'intéressant  comparé  au  saut  de  Tristan. 
Dans  le  roman  en  prose,  Tristan  s'amuse  à  ficher  des  joncs  dans 
une  courtine(II,p.  291).  L'auteury  voitune  frappante  ressemblance 
avec  l'exploit  dont  il  est  parlé  dans  le  Festin  de  Brieriu  :  le  héros 
lance  3  fois  50  aiguilles,  chaque  aiguille  entrant  dans  le  chas  de 
l'autre,  de  sorte  que  toutes  se  tenaient. 

Les  analyses  des  diverses  versions  du  roman  sont  également 
faites  avec  la  plus  grande  conscience,  et  ajoutent  notablement  à 
l'œuvre  de  M.  Bédier.  Les  remarques  ingénieuses  abondent.  En 
somme,  le  travail  de  miss  Schoepperlé  est  une  véritable  mine  de 
renseignements,  un  répertoire  indispensable  non  seulement  à  tous 
ceux  qui  s'intéressent  aux  romans  arthuriens,  mais  encore  à  ceux 
qui  s'occupent  de  la  littérature  du  moyen  âge  et  des  questions  de 
Folklore. 

J.  Loth. 


CHRONIQUE 


Sommaire.  —  I.  L'étymologie  du  nom  de  Lyon.  —  II.  Le  fascicule  21  de 
P Altceltischer Sprachschat\  de  M.  A.  Holder.  — III.  Celtes  et  Germains, 
d'après  M.  J.  Mansion.  —  IV.  Un  traité  de  morphologie  latine  par 
M.  A.  Lrnout.  —  V.  Ed.  Halter,  die  Indogermanen.  —  VI.  Cambrîan 
Gleanings.  —  VII.  The  Welsh  Outlook.  —  VIÏÏ.  Contributions  popu- 
laires à  la  Welsh  National  Library.  --  IX.  Une  nouvelle  édition  du 
Roman  de  Tristan  par  Béroul.  —  X.  Du  marathe  au  celtique.  — 
XI.  M.  René  Dussaud  et  les  Civilisations  préhelléniques  de  la  mer  Egée. 

I 

C'est  une  chose  singulière  que  la  faveur  dont  jouit  dans  le  public 
lettré  l'étymologie  des  noms  de  lieu.  Il  n'est  guère  de  recherche 
scientifique  qui  excite  plus  d'enthousiasme  et  qui  pique  davantage 
la  curiosité.  S'il  était  besoin  d'en  donner  à  nouveau  la  preuve,  on 
la  trouveraitdans  les  résultats  d'une  enquête  qu'a  récemment  ouverte 
Y 'Intermédiaire  des  chercheurs  cl  des  curieux  sur  l'origine  du  nom  de  la 
ville  de  Lyon  (v.  t.  LXVIII  [1913],  p.  760  et  t.  LX1X  [1914], 
p.  121,  324,  517,  579,730).  Au  moment  où  se  préparait  dans  cette- 
ville  une  exposition  internationale,  la  question  était  d'actualité  et 
devait  intéresser  beaucoup  de  gens.  Les  réponses  sont  en  effet  venues 
de  plusieurs  points  de  l'horizon.  Un  rédacteur  du  Temps*  pris  la  peine 
de  les  résumeren  v  ajoutant  quelques  réflexions  personnelles  (voirie 
Temps  des  6  mars  et  12  avril  1914).  H  va  sans  dire  qu'il  y  a  dans 
ces  réponses  un  choix  à  faire  et  qu'on  ne  saurait  approuver  sans 
réserve  toutes  les  imaginations  des  correspondants  du  journal.  Mais 
l'examen  en  vaut  la  peine;  il  suggère  quelques  réflexions  instruc- 
tives. 

La  plupart  de  nos  étymologistes  d'occasion  ont  reconnu  dans 
Lugdunum,  l'ancien  nom  de  Lyon,  un  mot  composé;  et  ils  ont  en 
général  interprété  correctement  le  second  terme  -dùnum  en  le  tra- 
duisant par  «    hauteur    fortifiée,  ville   forte,    forteresse  ».    Le   sens 


Chronique.  385 

ancien  est  «  ville  fermée  »,  par  extension  «  ville  forte  »,  et  comme 
l'emplacement  des  villes  fortes  était  généralement  choisi  sur  les 
hauteurs,  le  mot  àûnum  désigne  souvent  une  hauteur  fortifiée  (voir 
Rev.  Celt.,  XXXIII,  p.  465).  Passons  sur  les  rapprochements 
auxquels  certains  ont  recouru  pour  établir  le  sens  de  ce  mot  ;  au 
lieu  d'aller  chercher  donjon  et  dynaste,  qui  n'ont  rien  à  faire  ici,  il 
suffisait  de  dire  que  l'ancien  dùno-  (dunes-)  a  subsisté  dans  les 
dialectes  insulaires  du  pavs  de  Galles  et  d'Irlande,  sous  la  forme 
Çdin)  d'unis  et  dnn  «  forteresse,  cité  ».  Personne  ne  s'en  est  avisé. 
Sur  le  premier  terme  Lug-,  les  avis  se  sont  partagés,  chacun 
s'ingéniant  à  v  découvrir  une  racine  celtique  de  son  cru.  C'est 
merveille  de  voir  comme  certaines  gens  en  usent  avec  les  «  racines 
celtiques  »  ;  on  dirait  un  procédé  magique  qui  écarte  toute  dis- 
cussion etdispense  de  tout  raisonnement.  Ne  demandez  pas  quelles 
garanties  assurent  la  qualité  de  ces  racines.  Nos  étymologistes  ont 
recours  à  des  autorités  médiocres  et  bien  surannées.  C'est  Camden, 
«  illustrehistorien  anglais  »,  dont  l'ouvrage  principal,  Britanniaedes- 
criptio,  parut  en  1 586  ;  c'est  encore  l'estimable  Bouillet,  auteur  d'un 
dictionnaire  tort  utile,  mais  qui  n'a  jamais  passé  en  son  temps  pour 
une  lumière  du  celtisme.  On  peut  croire  que  dans  un  siècle 
ou  deux,  lorsque  le  Sprachschati  de  M.  Holder  -  -  car  les 
livres  ont  leur  destin  —  aura  perdu  sa  valeur  documentaire,  c'est 
dans  cet  ouvrage  que  les  celtomanes  de  l'avenir  iront  chercher  de 
quoi  nourrir  leurs  rêverie-.  Nos  modernes  celtomanes  ne  soup- 
çonnent pas  l'existence  de  M.  Holder.  Ils  ne  connaissent  pas 
davantage  la  Revue  Celtique,  où  ils  auraient  justement  trouvé,  à  la 
page  169  du  tome  YIII,  un  article  de  d'Arbois  de  Jubainville  sur  le 
nom  de  Lyon.  Ils  y  auraient  appris  entre  autres  choses  que  Lug- 
duiiiuu  était  déjà  dans  l'antiquité  la  proie  des  étymologistes  amateurs. 
Dans  le  traité  mf:  rioxau-wv  attribué  sans  raison  valable  à  Plutarque, 
on  lit  (chap.  VI,  4)que  l'historien  Clitophon,  au  livre  XIII  de  ses 
Kriaeiç,  interprétait  Lugdunum  par  «  colline  du  corbeau  »  (Xodyov 
yàpTTi  (j<p(ôv  8taXéxT<DT6v  xôpaxa  xaXouai,  Souvov  Se  xo[~o]v  èçî/ovtx)  ; 
l'étymologie  a  un  intérêt  archéologique,  car  une  figure  de  corbeau 
se  voit  représentée  sur  des  médailles  lyonnaises,  même  de  l'époque 
républicaine,  et  sur  un  médaillon  en  terre  cuite  de  la  ville  de  Lyon,, 
du  Ier  siècle  de  notre  ère  ;  mais  il  n'existe  aucun  mot  dans  aucune 
langue  celtique  qui  confirme  l'existence  d'un  mot  lougos  «corbeau  » 
en  gaulois.  Plus  tard,  l'auteur  du  glossaire  dit  d'Endlicher  traduit 
Lugdunum  par  desideratum  monteur,  et  enfin,  plustard  encore,  Heiric 
d'Auxerre,  dans  sa  vie  de  Saint  Germain,  rapporte  que  Lugdunum, 
dans  la  langue  des  Gaulois,  signifie   mous  îucidus.    Cette  dernière 


386  Chronique. 

étymologie  s'explique  aisément  par  le  fait  qu'un  prototype  Luci- 
dunùtn,  perdant  son  /'  intérieur,  fût  naturellement  devenu  Lugdu- 
num paraccommodation  des  consonnes.  Mais  elle  contristera  beau- 
coup, s'il  vient  jamais  à  la  connaître,  un  des  correspondants  de 
Y  Intermédiaire  qui  veut  que  Lugdunum  soit  la  ville  des  brumes  et 
du  brouillard  :  cet  homme  érudit  nous  cite,  outre  le  gaélique  loch 
«  sombre  »  et  le  cornouaillais  lugen  «  brouillard  »  legrec  Àiîytj, 
Àuyato;  (tous  deux  avec  ulong),  le  latin  lûgêre,  lûgubris.  Mais  quelle 
ville  a  jamais  tiré  son  nom  des  nuages,  si  l'on  met  à  part  Néphélo- 
coccygie  ?  Et  d'ailleurs  un  nom  sombre  et  triste,  évocateur  de  brouil- 
lard, conviendrait-il  aux  autres  villes  qui,  comme  Lyon,  s'appelaient 
autrefois  Lugdunum  ?  C'est  la  principale  objection  du  rédacteur  du 
Temps.EWe  est  fort  raisonnable.  Mais  le  journaliste  ne  connaît,  en 
dehors  deLyon,  que  trois  Lugdunum.  Il  y  enabiend'autres.  M.  Hol- 
der  en  énumère  quatorze,  et  sa  liste  n'est  peut-être  pas  complète. 

Il  est  d'ailleurs  un  fait  essentiel  que  la  plupart  de  nos  étymolo- 
gistes  semblent  avoir  négligé;  c'est  que  la  forme  ancienne  du  nom 
de  Lyon  est  Lugudunum,  non  pas  Lugdunum.  Cela  limite  le  champ 
des  hypothèses.  Whitley  Stokes,  reprenant  une  idée  de  Siegfried, 
avait  un  moment  songé  à  rapprocher  de  ce  nom  le  comparatif 
irlandais  lugu  «  plus  petit  »  ;  il  traduisait  Lugudunum  par  «  Petit- 
bourg  »,  «  Lùtzelburg  »  (Three  Irish  Glossaries,  p.  xxx);  mais  le 
comparatif  lugu  n'a  pas  de  positif,  et  la  forme  primitive  n'en  est 
pas  connue  avec  certitude.  La  meilleur  étymologie  est  toujours  celle 
de  d'Arbois  de  Jubainville  qui  expliquait  Lugudunum  par  «  for- 
teresse de  Lug  ».  Elle  a  été  récemment  défendue  à  nouveau  par 
M.  J.  Loth  dans  une  communication  faite  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres  (séance  du  20  mars  1914).  Lug,  c'est  le  dieu 
irlandais  Lug  mac  Ethlend,  qui  joue  dans  les  légendes  du  cycle 
mythologique  un  rôle  important  et  qui  eut  pour  fils  l'illustre  héros 
Cuchullin.  Le  premier  août,  qui  s'appelait  Lûg-nasad  (v.  le  Sanas 
Cormaic,  n°796,  p.  66  K.M.),  on  célébrait  une  grande  fête  àTeltin 
(province  de  Meath)  en  souvenir  de  Lug.  Or,  il  y  avait  à  Lyon 
sous  l'empire  romain  une  assemblée  annuelle  le  Ier  août,  qui  était 
fameuse  (v.  d'Arbois  de  Jubainville,  Cours  deîitt.  tv//.,I,  215  et  ss.). 

Ne  renions  pas  notre  ancien  dieu  Lug  ;  c'était  un  dieu  plein  de 
ressources.  D'Arbois  de  Jubainville  le  reconnaissait  sous  les  traits 
du  Mercure  gaulois,  qui  était,  au  rapport  de  César,  l'inventeur  de 
tous  les  arts,  le  guide  des  voyageurs,  le  protecteur  par  excellence 
du  commerce,  le  pourvoyeur  de  la  fortune  (De  Bell.  Cuil.,  VI,  17). 
Un  épisode  du  Cath  Maige  Tured  nous  montre  le  dieu  irlandais 
également  apte  à  tous  les  métiers  :  «  il  était  maître  en  tous  arts  », 


Chronique.  387 

bo  sût  cach  dâno  c(Rev.  Celf.,  XII,  78).  C'est  Lug  qui  avait  inventé 
les  échecs,  le  jeu  de  balle  et  l'équitation.  Il  eût  fort  utilement  col- 
laboré aux  préparatifs  de  l'exposition  lyonnaise  ;  on  devait  la  placer 
sous  son  patronage.  Ne  mériterait-il  pas  du  moins  qu'après  tant 
d'années  écoulées  on  reprenne  pour  une  fois  la  célébration  de  sa 
fête  le  Ier  août  prochain,  sur  la  colline  deFourvière? 

II 

Il  a  paru  en  191 3  un  nouveau  fascicule'de  Y Aliceltischer  Sprach- 
schati  de  M.  Holder.  Tous  les  celtistes  sont  depuis  longtemps  fixés 
sur  la  valeur  de  cet  incomparable  instrument  de  travail,  fruit  d'une 
patiente  et  laborieuse  érudition.  Ce  fascicule  nouveau,  qui  porte  le 
n°   21,  forme  les  colonnes  1025-1280  du  tome  III.  Il   contient  la 
suite  des  «  Nachtrâge  »  au  tome  I  ;  ses  256  colonnes  se  rapportent 
aux  colonnes  666-1115   du  tome  I  et  vont  du  mot  Cabillus  au  mot 
Corbagnos.   On  y  trouve  comme  toujours  une  masse  énorme    de 
documents  qui  vont  faire  la  joie  des  étymologistes,  des  géographes 
de  l'antiquité,  des  archéologues  et  des  préhistoriens.  M.   Holder  a 
naturellement  tenu  compte  des  dernières  publications  ;  il  a  notam- 
ment dépouillé  l'édition  des  inscriptions  ogamiques  de  M.    Maca- 
lister  ;  de  là  un  nombre  important  d'articles  nouveaux  (ainsi  Cas- 
sittas,  Catuvirr,  etc.).    A    signaler  aussi  le  \C\assi\b~\oduae  attesté 
près  d'Herbitzheim(C.  I.  L.,  XIII,  4525)  qui  rappelle  le  [Cjathubodua 
des  Fins  de  Ley.  Col.    1026,  il  n'est  pas  juste  de  substituer  *cabô  à 
*gabô  comme  prototype  du  verbe  signifiant  «  prendre  »  :  la  racine 
aune  double  forme  *ghabh-  et  *kap-,  suivant  une  alternance  con- 
sonantique  dont  il  y  a  d'autres  exemples    (v.   Méni.   Soc.   Lingu., 
XVIII,  310).  La  forme  *ghabh-  est  conservée  dans  le  latin  habeô  et 
l'irlandais  gabiiu  ;  on  rencontre  en  revanche  la  forme  *kap-  dans  le 
latin  capiô  et  le  gotique  haban.  L'origine  de  l'alternance  étant  dans 
un  accident  phonétique,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'agisse  en  fin  de 
compte  d'une  seule  et  même  racine  dans  les  trois  langues  en  ques- 
tion. 

III 

Sur  les  rapports  des  Celtes  et  des  Germains,  M.  J.  Mansion,  pro- 
fesseur à  l'Université  de  Liège,  vient  d'écrire  un  court,  mais  subs- 
tantiel article,  publié  au  tome  LVI  de  h  Revue  de  l'Instruction  publique 
eu  Belgique^.  191-209).  Les  Flamingants  qui  méprisent  le  français 
pourront  le  lire  dans  leur  langue  maternelle  ;  car  l'article  a  paru 


388  Chronique. 

d'abord  en  flamand  dans  les  Verslagen  en  Mededeelingen  der  konin- 
klijke  vlaamsche  Académie  voor  Taal-  en  Le/1 e  r  k  un  de  (Gent .  année  191 2, 
p.  2 192-1308).  Nous  en  aurions  parlé  plus  tôt  si  nous  ne  devions 
prochainement  reprendre  la  question  d'ensemble.  Elle  est  en  effet 
d'actualité;  de  tous  cotés,  archéologues,  ethnographes  et  linguistes 
se  montrent  aujourd'hui  préoccupés  d'établir  les  rapports  qui 
unissent  les  civilisations,  les  races  et  les  langues  de  l'Europe  pré- 
historique. Cette  préoccupation  est  à  l'origine  des  ouvrages  de 
M.  Feist  sur  les  Indo-Européens  ;  on  la  retrouve  naturellement 
aussi  dans  les  travaux  de  M.  C.  Jullian,  et  notamment  dans  sa 
monumentale  Histoire  de  la  Gaule.  C'est  justement  à  critiquer  la 
doctrine  de  M.  Jullian  que  l'article  de  M  .  Mansion  est  consacré,  et 
par  delà  M.  Jullian  il  atteint  certaines  théories  de  M.  Feist. 

M.  Mansion  ne  croit  pas  que  les  Celtes  et  les  Germains  aient 
jamais  formé  une  unité  ethnique  ni  linguistique.  S'il  v  a  entre  le 
celtique  et  le  germanique  des  communautés  de  vocabulaire,  les 
deux  langues  n'ont  pas  de  rapports  spécialement  étroits  au  point  de 
vue  de  la  phonétique  ni  de  la  structure  morphologique  ;  et  par 
exemple  la  grammaire  des  deux  langues  n'offre  à  aucun  degré  ces 
correspondances  frappantes  que  Ton  observe  entre  le  celtique  et 
l'italique.  Ces  conclusions  sont  d'importance;  nous  y  reviendrons. 

IV 

Puisque  le  celtique  et  le  latin  ont  au  point  de  vue  morpholo- 
gique de  si  étroits  rapports,  un  traité  de  morphologie  latine,  quand 
il  vient  d'un  excellent  latiniste  doublé  d'un  linguiste  bien  informé, 
ne  doit  pas  rester  inaperçu  des  celtistes.  C'est  donc  rendre  service  à 
nos  lecteurs  que  de  leur  indiquer  l'ouvrage  qu'a  récemment  com- 
posé M.  Alfred  Ernout,  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des 
Lettres  de  Lille.  Toutefois,  il  importe  de  bien  distinguer  les  deux 
formes  différentes  sous  lesquelles  cet  ouvrage  a  été  publié.  L'une 
porte  la  date  191 3  et  s'intitule  Historische  Formenlehre des  lateinischen, 
von  Dr  A.  Ernout,  professer  am  Lycée  in  Troyes;  c'est  un  livre 
de  xi j-204  p.,  en  allemand  (traduit  dans  cette  langue  par  M.  Hans 
Meltzer),  et  qui  fait  partie  de  la  collection  dirigée  par  M.  Max 
Niedermann  (Sprachwissenschaftliche  Gymnasialbibliothek,  librai- 
rie C  Winter  à  Heidelberg).  L'autre,  qui  est  datée  de  [914,  porte 
comme  titre  Morphologie  historique  du  latin  et  fait  partie  de  la  nou- 
velle collection  à  l'usage  des  classes  éditée  par  la  librairie  C. 
Klincksieck  à  Paris.  L'édition  allemande  coûte  2  M.  So  ;  l'édition 
française  3   fr.  50. 


Chronique.  3^9 

Elles  ne  sont  pas  équivalentes,  notamment  au  point  de  vue  qui 
intéresse  spécialement  nos  lecteurs.  Conformément  aux  règles  que 
s'est  imposées  M.  Niedermann  et  qu'il  impose  à  ses  collaborateurs, 
L'édition  allemande  est  historique,  mais  non  comparative.  Il  n'y 
est  fait  aucune  place  à  une  langue  indo-européenne  autre  que  le 
latin.  Le  grec  même  en  est  banni  :  à  plus  forte  raison  le  gotique 
ou  l'irlandais.  Dans  l'édition  française  au  contraire,  M.  Ernout,  qui 
avait  ses  coudées  franches,  s'est  permis  d'invoquer  le  témoignage 
de  diverses  langues  indo-européennes  pour  éclairer  les  faits  latins  ; 
le  <>rec  notamment  et  l'osco-ombrien  ont  été  mis  à  contribution,  et 

O  ... 

le  celtique  lui-même  n'a  pas  été  négligé  quand  il  fournissait  un 
utile  complément  d'information.  C'est  souvent  le  cas.  Aussi  l'édi- 
tion française  du  livre  de  M.  Ernout  doit-elle  être  chaudement 
recommandée  aux  celtistes  que  la  grammaire  comparée  intéresse  ; 
elle  pourra  leur  rendre  de  grands  services. 

V 

Nous  ne  saurions  malheureusement  en  dire  autant  d'une  bro- 
chure de  78  pages  que  publie  M.  Eduard  Halter  à  la  librairie  Cos- 
tenoble  (Jena,  i9i3)sousle  titre  Indogermanen,  Sprache,  Ursil;, 
Ausbreitung,  auf  geologischer  und  îinguistischer  Grundlage.  Le  titre 
est  enchanteur,  mais  le  contenu  donne  à  déchanter.  Il  s'agit  d'un 
travail  de  haute  fantaisie,  conduit  sans  aucune  méthode,  pour  tout 
ce  qui  touche  au  moins  les  choses  linguistiques.  L'auteur  a  sur  les 
rapports  des  langues  indo-européennes  des  conceptions  person- 
nelles très  hardies.  Nous  ne  les  discuterons  pas,  nous  bornant  à 
indiquer  par  deux  ou  trois  exemples  de  quelle  façon  il  utilise  et 
interprète  ses  sources.  Le  celtique,  qui  joue  avec  le  germanique 
un  grand  rôle  dans  sa  brochure,  est  particulièrement  maltraité  : 
les  listes  de  mots  irlandais  données  p.  33  et  suiv.  renferment  plu- 
sieurs monstres  capables  d'horrifier  nos  lecteurs  ;  nous  leur  en  épar- 
gnerons la  vue.  P.  47,  le  gallois  pysg,  qui  est  évidemment  un 
emprunt  latin,  est  rapproché  du  germanique  fisc  «  poisson  »,  et 
tous  deux  sont  rattachés  à  un  irlandais  cieasg  «  wasserhund»,  lequel 
avant  perdu  son  c  initial  aurait  abouti  kiascl  Cette  étymologie  plus 
qu'étrange  est  mise  au  compte  de  plusieurs  celtistes,  et  notamment 
de  Pictet.  Plaignons  Pictet  :  il  méritait  mieux  que  cette  exhumation 
peu  flatteuse.  P.  65,  l'adjectif  irlandais  loiiini  «  nu,  dépouillé  »  est 
interprété  comme  la  combinaison  de/o  «laine  »  et  de;;//  «sans»(?), 
et  c'est  de  la  même  combinaison  que  sortirait  aussi  le  germanique 
lamb  «  Lamm  ».  Pourquoidépouiller  le  pauvre  agneau  de  sa  laine? 


390  Chronique. 

M.  Haltcr  ne  le  dit  pas,  et  ce  silence  nous  étonne.  Mais  l'auteur 
laisse  deviner,  p.  67,  qu'il  tient  en  réserve  quelques  autres  décou- 
vertes également  sensationnelles  en  matière  étymologique  : 
«  unsere  eingehenden  Forschungen  haben  uns  mit  solchen  ùberra- 
schenden  kelto-germanischen  Wortbildungen  bekannt  gemacht  ». 
Préparons-nous  à  être  encore  étonnés. 

VI 

La  linguistique  n'a,  semble-t-il,  rien  à  attendre  des  Cambrian 
Gleanings,  que  M.  Henry  Blackwell,  University  Place  and  Tenth 
Street,  New-York,  vient  d'inaugurer  en  janvier  19 14.  Ce  titre 
désigne  un  nouveau  magazine  consacré  aux  choses  galloises,  et 
qui  s'adresse  aux  Gallois  du  Nouveau-Monde.  Le  prix  de  l'abon- 
nement annuel  est  modeste  (50  cents  -2  s.  éd.),  comme  les 
dimensions  du  périodique  :  les  numéros,  qui  paraissent  chaque 
mois,  ne  comptent  que  seize  pages  d'un  tout  petit  format.  Mais 
un  proverbe  gallois  que  reproduit  M.  Blackwell  sur  la  couverture 
de  son  magazine  dit  que  «  toute  chose  est  petite  en  son  début  » 
(bach  xiv  pob  pelhxn  ei  ddechreu).  Peut-être  les  Cambrian  Gleanings 
deviendront-ils  avec  le  temps  une  ample  moisson. 

VII 

Un  nouveau  périodique  gallois,  qui  paraît  plus  imposant,  c'est 
The  Welsh  Outlook,  dont  le  premier  numéro  est  également  daté  de 
janvier  19 14.  Il  se  publie  à  Cardifî  (The  Welsh  Outlook  Press 
43,  Penarth  Road),  est  mensuel  et  coûte  trois  pence  par  numéro, 
4  shillings  par  an.  C'est,  dit  le  sous-titre,  un  journal  de  progrès 
social  et  national.  Nous  voyons  par  le  prospectus  que  toutes  les 
questions  qui  intéressent  la  vie  du  pays  doivent  y  être  abordées  et 
discutées  :  religion,  enseignement,  littérature  et  beaux-arts,  éco- 
nomie politique  et  sociale.  Ce  beau  programme  reçoit  un  commen- 
cement d'exécution  dans  ce  premier  numéro.  On  y  trouve  un  peu 
de  tout,  sous  une  forme  instructive  et  agréable  :  une  chronique  du 
mois,  qui  contient  des  faits  et  des  chiffres;  une  pièce  de  vers,  «  la 
Montagne  et  l'autel  «  (y  Mynydd  a'r  allor)  par  R.  Williams  Parry 
et  un  article  de  M.  T.  Gwynn  Jones  sur  la  littérature  galloise  moderne; 
une  étude  sur  la  question  religieuse,  etc.  N'oublions  pas  aussi  une 
série  de  photographies  «  which  tell  their  own  taie  0  ;  elles  repré- 
sentent des  logements  démineurs,  à  Senghenvdd,  près  de  Cardifb 


Chronique.  391 

et  justifient  la  triste  devise  qui  les  accompagne  :  the  housing  con- 
ditions in  our  mining  valleys  are  such  as  can  only  be  thought 
of  with    shame. 

VIII 

Veut-on  savoir  maintenant  ce  dont  ces  mineurs  sont  capables 
quand  on  leur  propose  une  oeuvre  où  les  intérêts  intellectuels  de 
la  nation  sont  en  jeu  ?  Qu'on  lise  l'article  paru  dans  The  South 
Wales  JVeekly  News  du  14  mars  1914  sous  le  titre  «  National 
Library  Scheme  —  Workmen's  Splendid  Support  ».  On  y  verra 
une  fois  de  plus  combien  l'enthousiasme  que  soulève  en  Galles  la 
construction  de  la  National  Library  (v.  ci-dessus,  p.  244)  s'étend 
aux  masses  populaires. 

Les  frais  de  l'entreprise  devant  s'élever  à  environ  100.000  livres, 
l'Etat  s'était  engagé  à  en  verser  50.000,  à  la  condition  qu'une 
somme  équivalente  aurait  été  fournie  par  l'initiative  privée.  Au 
meeting  tenu  à  Londres  le  13  mars  1 9 14 ,  on  annonça  que  déjà 
39.755  livres  avaient  été  recueillies,  à  la  suite  d'une  campagne 
faite  dans  toutes  les  régions  du  pays.  Nous  avons  naguère  signalé 
l'enthousiasme  des  ardoisiers  de  Festiniog  (R.  Celt.,  XXXII,  365); 
les  mineurs  du  Clamorganshire  n'ont  pas  mis  moins  d'empresse- 
ment à  donner  leur  contribution.  «  The  most  striking  feature  of 
the  présent  campaign,  dit  le  journal,  is  the  way  in  which  the  miners 
are  responding  to  the  appeal...  Miners  of  ail  schools  of  thought, 
including  some  of  the  most  influential  members  of  the  extrême  left 
wing,  are  giving  enthusiastic  support  to  the  appeal.  »  A  Cwmaman 
(distr.  d'Aberdare)  les  mineurs  ont  fourni  5o£.,  à  Mardy  100,  à 
Cymmer,  110. 

Tout  cela  fait  l'éloge  de  cette  démocratie  galloise,  instruite, 
réfléchie,  soucieuse  de  la  culture  intellectuelle  et  pénétrée  en 
même  temps  d'un  sentiment  national  si  profond.  Le  Pays  de  Galles 
est  un  des  plus  foncièrement  démocratiques  de  l'Univers.  Il  n'en 
est  que  plus  douloureux  de  constater  la  condition  misérable  à 
laquelle  sa  population  minière  est  réduite.  Les  progrès  de  la  civili- 
sation entraînent  hélas  !  chez  d'autres  peuples  aussi  de  pareilles 
hontes. 

IX 

Il  vaut  mieux  se  réfugier  dans  le  rêve  et  s'y  nourrir  de  poésie. 
L'aventure  de   Tristan  et  Iseut,  grâce  surtout  à  M.  J.  Bédier  et  à 


392  Chronique. 

M.  Loth,  jouit  chez  nous  d'une  vogue  qu'elle  avait  perdue  depuis 
le  moyen  âge.  Relisons  le  Roman  de  Tristan  de  Béroul  ;  une  édition 
nouvelle  en  vient  de  paraître.  Ce  vieux  poèmede  4485  vers,  le  plus 
archaïque  d'allure  et  de  style  de  tous  les  anciens  romans  relatifs  à 
Tristan,  est  conservé  dans  un  manuscrit  unique,  le  n°  2 171  du 
fonds  français  de  la  Bibliothèque  Nationale.  Il  lut  publié  pour  la 
première  lois  par  Hermann  xon  der  Hagen  eu  1823,  puis  par  Fran- 
cisque Michel  en  1835  etenfin  en  1903  dans  la  collection  des  Anciens 
textes  français  par  M.  Ernest  Muret.  C'est  encore  à  M.  Ernest 
Muret  que  nous  devons  l'édition  nouvelle,  qui  forme  le  n°  12 
delà  collection  des  Classiques  français  du  Moyen-âge  publiée  sous 
la  direction  de  M.  Mario  Roques,  à  la  librairie  Champion  (191  |  ; 
xiv-163  p.,  pet.  8°;  3  fr.).  Le  savant  romaniste  de  Genève  a  natu- 
rellement profité  des  observations  qu'a  suscitées  son  édition  précé- 
dente ;  il  a  utilisé  tous  les  derniers  travaux  relatifs  à  Tristan,  v 
compris  ceux  qu'a  publiés  ici  même  le  directeur  de  la  Revue  Cel- 
tique. Il  a  joint  à  son  texte  une  introduction,  des  notes  critiques, 
un  index  des  noms  propres  et  un  court  glossaire.  P.  i>i,  au 
mot  Loenoi,  le  nom  F.  Loth  doit  être  corrigé  en  F.  Lot. 

X 

Y  a-t-il  beaucoup  de  nos  lecteurs  qui  connaissent  la  langue 
mahratte  ou  marathe}  Cette  langue  occupe  aujourd'hui  à  l'Ouest 
de  l'Inde  un  territoire  ayant  la  forme  d'un  triangle  dont  la  base 
serait  la  côte  de  Daman  à  Karwar  (v  compris  Bombay)  et  dont 
le  sommet  serait  au  centre  de  la  région  comprise  entre  Nag- 
pur,  Jabalpur  et  Raipur.  La  forme  moyen-indienne  du  marathe  est 
la  maharastri,  qui  a  servi  de  base  à  la  littérature  prakritique  pendant 
plusieurs  siècles.  M.  J.  Bloch  vient  de  consacrer  au  marathe  une 
thèse  de  doctorat,  qui  peut  être  ici  mentionnée  (/.:/  formation  de  la 
langue  marathe,  Paris,  Champion,  191. |).  En  lisant  M.  J.  Bloch,  les 
celtistes  auront  l'occasion  de  faire  plus  d'une  réflexion  sur  leurs 
propres  études.  Certes  les  langues  modernes  de  l'Inde  sont  extrê- 
mement évoluées  ;  on  a  grand  peine  à  v  reconnaître  les  traits  du 
sanskrit  classique.  Les  langues  celtiques  de  leur  côté  ont  singuliè- 
rement altéré  le  type  primitif  de  l'indo-européen.  Et  cependant 
l'évolution  des  deux  groupes  de  langues  n'est  pas  s.ms  présenter 
çà  et  là  des  similitudes.  On  trouvera  dans  l'introduction  de 
M.  J.  Bloch  des  considérationssur  lesrapports  des  langues  littéraires 
et  des  pàrlers  locaux,  qui  rappellent  celles  qu'a  développées 
récemment  M.  Thurneysen  à  propos  des  langues  celtiques  (v.  ci- 
dessus,  p.  227). 


Chronique.  393 

Même  sur  un  ou  deux  points  de  détail  la  comparaison  dumoven- 
indien  est  instructive.  Voici  par  exemple  un  cas  qui  intéresse  la  pho- 
nétique. On  sait  que  l'adverbe  gallois  mewii  «à  l'intérieur,  dedans  », 
m.  gallois  v  mywn,  mywn  présente  un  traitement  phonétique  irrégu- 
lier. Le  correspondant  irlandais  étant  in  mcdôn,  on  attendrait 
*myddwn  en  gallois  (v.  Pedersen,  Vgr.  Gr.,  I,  112  et  J.  Morris 
Jones,  a  JVelsb  Granninir.  p.  180  et  416).  On  a  ici  même  proposé 
naguère  d'expliquer  cette  irrégularité  parle  caractère  du  mot  mewn, 
qui  joue  dans  la  phrase  un  rôle  auxiliaire,  accessoire  (v.  t.  XXX, 
p.  207).  Ce  n'est  plus  qu'un  adverbe,  une  préposition  ;  or  les 
mots  de  ce  genre  sont  toujours  exposés  à  subir  des  dégradations 
phonétiques  dont  sont  préservés  les  mots  ordinaires  de  la 
langue.  Le  moven-indien  fournit  un  appui  précieux  à  cette 
hvpothèse.  L'ancien  adjectif  sanskrit  madhya-  «  milieu  »  (auquel 
s'apparente  l'irlandais  medôn)y  sert  à  former  un  locatif  périphras- 
tique  ;  mais,  alors  que  la  tonne  phonétiquement  correcte  existe 
souvent  encore  au  sens  de  «  milieu,  ceinture  »,  le  mot  a  subi 
dans  l'emploi  locatif  des  altérations  qui  ne  sont  pas  explicables  par 
les  lois  phonétiques  ordinaires  et  sont  dues  au  caractère  accessoire 
du  mot  (J.  Bloch,  p.  197). 

La  morphologie  présenterait  aussi  des  faits  comparables.  On  sait 
combien  sont  abondantes  en  celtique  les  locutions  préposition- 
nelles sorties  de  noms  communs.  Les  noms  des  parties  du  corps  en 
fournissent  notamment  un  grand  nombre,  où  ils  perdent  complè- 
tement leur  sens  propre  et  n'expriment  plus  qu'une  relation 
casuelle  (v.  ma  Grammaire  du  vieil-irlandais,  p.  137):  ainsi  co 
brunni,  co  ucbt  «  à  la  poitrine  »  ne  signifient  plus  que  «  jusqu'à  » 
ou  «  devant»;  en  gallois  les  noms  de  la  main  (Jhnv),dt  la  poitrine 
(brou),  du  dos  (cefyn),  du  visage  (gwyneb)  figurent  dans  des  locutions 
analogues.  Il  est  intéressant  de  retrouver  le  même  procédé  employé 
en  moyen-indien  pour  former  des  postpositions,  qui  finissent  pat- 
devenir  de  vraies  désinences  (J.  Bloch,  p.  195  et  ss.)  :  pâli  sayana 
piithe  «  sur  le  lit  »  m.  à  m.  «  au  dos  du  lit  »,  etc.  Tant  il  est  vrai 
que  dans  le  langage,  sous  l'infinie  variété  des  apparences,  ce  sont 
partout  les  mêmes  causes  qui  agissent  et  les  mêmes  transforma- 
tions qui  se  reproduisent.  Quelle  que  soit  la  langue  dont  on  ait 
fait  sa  spécialité,  on  peut  toujours  tirer  profit  pour  la  mieux  com- 
prendre de  la  description  d'une  autre  langue,  pourvu  que  cette  des- 
cription soit  bien  faite,  et  offre,  comme  celle  de  M.  J.  Bloch,  toute 
garantie  d'exactitude. 


394  Chronique. 

XI 

En  archéologie  également,  l'étude  d'un  domaine  voisin  est 
toujours  riche  d'enseignements  précieux.  Aussi  devons-nous  sans 
tarder  signaler  à  nos  lecteurs  la  deuxième  édition  du  beau  livre  de 
M.  René  Dussaud  sur  les  Civilisations  préhelléniques  dans  le  bassin  de 
la  mer  Egée  (Paris,  Geuthner,  x-482  p.  8°  ;  24  fr.),  qui  vient  tout 
juste  de  paraître  (fin  mai  19 14).  On  y  trouvera,  richement  illus- 
trés,tous  les  renseignements  désirables  sur  ces  antiques  civilisations 
que  désignent  les  noms  de  minoen,  de  mycénien  et  d'égéen.  On 
apprendra  comment  se  classent  les  découvertes  faites  au  cours  des 
fouilles  de  Cnossos,  de  Tirynthe  ou  de  Troie,  dans  les  Cyclades  et 
à  Chypre.  Les  conclusions  qui  se  dégagent  de  cette  vaste  enquête  ne 
sont  pas  négligeables  même  pour  un  occidentaliste  ;  car  elles 
montrent  comment  les  divers  types  d'objets  voyagent  et  se  trans- 
forment. Le  livre  de  M.  Dussaud  offre  avec  beaucoup  de  science 
une  excellente  leçon  de    méthode. 

J.   Vendryes. 


PÉRIODIQUES 


Sommaire.  I.  Revue  de  Phonétique.  —  II.  The  Celtic  Review.  —  III.  Mé- 
moires de  la  Société  de  linguistique.  —  IV.  Revue  Morbihannaise.  — 
V.  Revue  des  bibliothèques.  —  VI.  Journal  ofthe  Welsh  Bibliographical 
Societv.  —  VII.  Sitzungsberichte  der  kôn.  preuss.  Akademie  der  Wis- 
senschaften.  —  VIII.  Studies. 

I 

D'un  voyage  d'études  effectué  dans  le  sud  du  Munster  pendant 
l'été  de  191 3,  M.  J.  Loth  a  rapporté,  entre  autres  choses,  d'inté- 
ressantes observations  sur  l'accent  de  cette  région.  Déjà  plusieurs 
savants  avaient  constaté  que  le  dialecte  du  Munster  se  distinguait 
des  autres  en  ce  que  l'accent  y  frappe  parfois  une  longue  intérieure 
ou  finale  de  mot.  Mais  les  conditions  du  phénomène  n'avaient 
jamais  été  nettement  déterminées  (v.  Pedersen,  Vgl.  Gr.,  I,  p.  262). 
M.  J.  Loth  est  arrivé  à  une  série  de  conclusions  précises, 
qu'il  développe  dans  la  Revue  de  Phonétique  (t.    III,  fasc.   4, 

P-  3I7-343)- 

Ce  qui  est  caractéristique  de  l'accentuation  du  Munster,  c'est  l'at- 
traction exercée  par  la  voyelle  longue.  Il  y  a  lieu  toutefois  de  dis- 
tinguer la  longue  ancienne,  déjà  constatée  en  vieil-irlandais,  de  la 
longue  qui  résulte  d'une  contraction  effectuée  au  cours  de  l'histoire 
de  la  langue.  Dans  les  mots  qui  ont  une  voyelle  longue  en  vieil- 
irlandais,  l'accent  est  aujourd'hui  en  Munster  sur  la  longue,  quelle 
que  soit  la  place  de  cette  dernière  dans  le  mot.  Dans  les  mots  qui 
ont  une  longue  résultant  de  contraction,  l'accent  est  sur  cette  longue 
lorsqu'elle  termine  aujourd'hui  un  mot  disyllabique,  à  moins  que 
la  voyelle  de  la  première  syllabe  ne  soit  elle-même  longue  par 
contraction.  On  voit  la  différence;  elle  est  instructive,  en  ce 
qu'elle  nous  montre  qu'il  s'agit  d'un  déplacement  récent  résultant 
d'une  attraction  exercée  sur  l'accent  par  la  longue.  Même  le  dépla- 
cement s'est  produit  en  faveur  de  certaines  syllabes  finales  longues 
par  position  ;  ainsi  les  disyllabes  en  -ach  et  peut-être  ceux  en  -acht 
ont  l'accent  sur  la  finale  quand  l'initiale  est  brève,  c'est-à-dire  que 
la  voyelle  a  suivie  de  la  spirante  gutturale  a  été  traitée  comme  une 


396  Périodiques. 

diphtongue  équivalant  à  une  longue.  Tels  sont  les  principaux 
résultats,  fort  importants,  comme  on  en  peut  juger,  de  l'enquête 
de  M.  Loth.  Il  les  a  fortifiés  encore  en  étendant  ses  recherches  aux 
mots  composés  :  dans  ces  mots  encore,  l'attraction  exercée  par  la 
longue  se  manifeste,  même  quand  la  valeur  du  préfixe  est  sensible 
à  l'esprit  du  sujet  parlant. 

M.  Loth  se  demande  en  terminant  si  l'accentuation  du  Munster, 
loin  d'être  une  innovation,  ne  représente  pas  un  état  de  choses 
ancien.  Je  dirais  tendance  plutên  qu'état  de  choses,  car  il  est  mani- 
feste que  dans  le  cas  des  voyelles  longues  résultant  de  contraction  et 
dans  celui  des  voyelles  brèves  suivies  delà  spirante  gutturale,  nous 
avons  affaire  à  un  déplacement  d'accent  postérieur  à  l'état  vieil- 
irlandais.  Cette  réserve  faite,  on  peut  souscrire  à  l'hypothèse  de 
M.  Loth. 

Justement  les  longues  qu'il  appelle  anciennes  en  vieil-irlandais 
sont  déjà  des  longues  d'origine  secondaire  :  elles  résultent  d'un 
allongement  compensatoire  ou  bien  elles  figurent  dans  des 
emprunts,  emprunts  de  date  récente  d'ailleurs  ou  provenant  des 
livres,  car  dans  les  emprunts  les  plus  anciens  les  longues  non-ini- 
tiales sont  régulièrement  abrégées.  L'accentuation  du  Munster  ne 
contredit  donc  pas  le  dogme  d'un  accent  initial  en  gaélique  pri- 
mitif. 

Cet  accent  se  révèle  par  les  actions  qu'il  a  exercées  sur  les  svl- 
labes  post-initiales;  c'est  à  lui  que  le  gaélique  primitif  a  dû  de  ne 
posséder  pendant  un  certain  temps  aucune  longue  en  dehors  de 
l'initiale.  Mais  on  est  en  droit  d'admettre,  en  joignant  au  témoi- 
gnage du  dialecte  de  Munster  certains  faits  du  dialecte  de  Con- 
naught  (v.  p.  342  de  l'article  de  M.  Loth),  que  dès  une  époque 
très  ancienne  et  peut-être  déjà  en  vieil-irlandais  l'accent  initial  se 
déplaçait  quand  il  v  avait  dans  le  mot  une  longue  non-initiale. 
Par  suite  d'allongement  compensatoire  ou  simplement  du  fait  de 
l'emprunt,  il  s'était,  en  effet,  créé  ou  introduit  dans  la  langue  des 
longues  non-initiales  ;  à  l'attraction  de  ces  dernières,  l'accent 
dit   initial  ne  résistait  pas. 

Cela  fournit  une  indication  très  précieuse  sur  les  rapports  de 
l'accent  et  de  la  quantité,  et  pour  tout  dire,  sur  le  rythme  du  vieil- 
irlandais. 

Il 

Dans  THE  Celtic  Rkvikw  (vol.  IX,  n°  36,  april  1914),  suite  de 
l'édition  par  M.  Mackinnon  de  The  Gaelic  Version  oj  the  Thebaid  of 


Périodiques.  397 

Siaiius  (p.  292-309).  Il  s'agit  dans  ce  nouveau  morceau  de  la  suite 
des  jeux  funèbres  en  l'honneur  d'Archemorus  :  courses  de  chars, 
courses  à  pied,  lancement  du  disque.  Le  morceau  se  termine  au 
moment  où  des  récompenses  sont  décernées  à  Hippomédon  et  à 
Ménesthée  (Théb.,  VI,  725).  Un  lecteur,  sinon  le  scribe  lui-même, 
n'a  pu  s'empêcher  de  noter  en  marge  la  réflexion  suivante  :  is  mor 
in  magadh  do  Gregaib  ar  millset  da  maithus  7  da  maoinibh  ar  sou  lei- 
niph  big  «  what  great  fools  the  Greeks  must  hâve  been  to  hâve 
wasted  so  much  of  their  means  and  substance  on  account  of  a 
little  child  ».  Il  y  a  loin  de  la  plaine  de  Thèbes  aux  Highlands. 

Le  même  numéro  contient  une  courte  note  de  M.  J.  Reoch,oùil 
reproduit  une  description  du  costume  des  soldats  écossais  donnée 
par  John  Aston,  premier  valet  de  chambre  du  roi  Charles  Ier  durant 
la  campagne  de  1639  ;  il  résulte  de  ce  texte  qu'à  cette  époque 
le  «  kilt  »  (feikadb-beag)  était  déjà  un  vêtement  indépendant  du 
reste  du  costume,  et  notamment  du  plaid.  Une  tradition  incorrecte 
voulait  que  le  kilt,  comme  vêtement  séparé,  fut  une  invention  de 
deux  Anglais,  vers  l'année  1728  (p.  289-291).  —  M.  A.  W.  Wade- 
Evans  publie,  p.  314-323,  un  article  où  il  résume  les  témoignages 
fournis  par  VExcidium  Brilauuix  sur  les  invasions  des  Pietés  et  des 
Scots  en  territoire  breton  depuis  Tannée  383  jusqu'à  l'époque  où 
les  Bretons  résolurent  d'appeler  à  leur  aide  les  Saxons.  Il  veut 
quatre  grandes  invasions,  dont  la  quatrième  coïncide  avec  une  ap- 
parition de  la  «  famosa  pestis  »,  la  «  vellow  plague  »  (ydylyimehn, 
buidechar  ou  buide  Condail  des  Irlandais),  dont  il  est  question  dans 
le  Booh  of  Llau  Dav. 

On  lira  encore  avec  intérêt  le  long  compte  rendu  consacré 
p.  336-344  par  notre  collaborateur  sir  Edward  Anvvvl  à  la  Welsh 
Gra  nantir  de  M.  J.  Morris  Jones. 

Signalons  enfin  que  ce  numéro  de  The  Celtic  Revieiu  contient 
la  fin  de  la  Concise  Old  Irish  Grammar  de  M.  J.  Pokorny  (p.  350- 
384). 

III 

On  trouvera  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique, 
t.  XIX,  fasc.  1,  p.  60-62,  un  article  signé  J.  Yendryes  sur  le  gallo- 
latin  cisium  (cissuni).  Il  s'agit  d'un  de  ces  noms  de  voiture  que  les 
Latins  ont  empruntés  aux  Gaulois  avec  l'objet  qu'il  désignait.  Le 
mot  cisium  est  écrit  aussi  cissuni  ;  dans  des  glossaires  latins  il  a  par 
deux  fois  la  forme  cirsuiu,  ce  qui  suppose  un  primitif  cisso-  trans- 
formé en  cirso-  suivant  un  traitement  phonétique  bien  connu  du 
aaulois.  Le  mot  est  à  rattacher  à  l'irlandais  cess  «  tressé  ». 


398  Périodiques. 

IV 

La  Revue  Morbihannaise  de  février  1914  (XVIIIe  année,  n°  2) 
contient,  p.  33-45,  un  article  de  M.  l'abbé  J.  Buléon  sur  la  ques- 
tion du  Bugul-iioi  et  du  Loup-garou,  déjà  traitée  l'an  dernier  par 
M.  Le  Diberder  dans  les  Annales  de  Bretagne  (v.  Rev.  Celt., 
t.  XXXIV,  p.  480).  M.  Buléon  a  fait  enquêter  sur  ces  deux  êtres 
de  légende  en  deux  points  différents  du  département,  à  Plumer- 
gat,  au  N.  de  Sainte-Anne  d'Auray,  et  à  Bubrv,  au  X.-E.  de 
Plouay,  entre  Baud  et  Guémené.  Les  résultats  de  l'enquête  con- 
cordent. Bugul-noz  et  Loup-garou  sont  deux  êtres  très  distincts, 
que  la  tradition  populaire  ne  confond  «  pas  le  moins  du  monde  », 
tam  er  bel.  Nous  apprenons  de  M.  Buléon  comment  on  se  les  repré- 
sente à  Plumergat  et  à  Bubry. 

Le  numéro  d'avril  (XVIIIe  année,  n°  4)  contient,  p.  93-107, 
une  notice  de  M.  P.  Le  Goff  sur  un  ancien  recteur  d'Arzon,  Phili- 
bert Torby  (177 5- 1847),  qui  s'était  adonné  à  l'étude  de  la  langue 
bretonne  et  a  laissé  de  nombreux  manuscrits  se  rapportant  à  cette 
étude  ;  d'après  les  échantillons  qu'en  donne  M.  Le  Goff,  la  science 
n'a  guère  à  regretter  qu'ils  soient  restés  inédits.  Torby  avait  en 
linguistique  les  idées  de  Latour  d'Auvergne.  Çà  et  là  cependant, 
M.  Le  Goff  a  pu  glaner  dans  ce  fatras  quelques  remarques  précises 
sur  la  prononciation  ou  sur  la  grammaire. 

V 

Dans  la  Revue  des  Bibliothèques  (XXIIIe  année,  n°  10-12, 
octobre-décembre  191 3,  p.  374-380),  M.  Mario  Esposito  a  inséré 
une  notice  sur  deux  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Trinitv  Col- 
lège à  Dublin.  On  sait  qu'il  existe  un  catalogue  des  manuscrits  de 
cette  bibliothèque  ;  il  a  été  compilé  par  T.  K.  Abbott,  mais  fait, 
paraît-il,  assez  peu  d'honneur  à  son  auteur,  tellement  il  renferme 
d'erreurs  et  de  fautes.  Les  manuscrits  E.  5.  2  et  E.  4.  19  v  sont 
particulièrement  mal  traités.  Ce  sont  ces  deux-là  que  M.  Marin 
Esposito  a  pris  soin  de  décrire.  Le  premier  paraît  dater,  d'après 
l'écriture,  du  milieu  ou  de  la  tin  du  XIIIe  siècle;  il  contient  entre 
autres  textes  des  lettres  de  Sénèque  et  des  ouvrages  de  Henri  de 
Huntingdon  (Epistola  de  contemptu  mundi  et  récit  de  la  première 
croisade  tiré  du  livre  VII  de  son  Historia  Angloruni).  Le  second  est 
un  recueil  de  quatre  manuscrits  différents  où  l'on  reconnaît  plu- 
s  ieurs  mains  de  dates  fort  variées  (du  xie  au  xvie  siècle);  il  com- 


Périodiques.  399 

prend  surtout  Y Alexandreis  de  Gautier  de  Châtillon  (Migne,  Pair, 
lat.,  CCIX,  460-566)  et  le  Liber  magistri  Hugonis  de  studio  legendi... 
(Migne,  Pair,  lat.,  CLXXVI,  741-812). 

VI 

Depuis  notre  dernière  notice  sur  the  Journal  of  the  Welsh 
Bibliographical  Society,  trois  fascicules  en  ont  paru,  qui  forment 
les  numéros  4,  5  et  6  du  tome  premier  et  portent  respectivement 
la  date  d'octobre  1912,  juin  19 1 3  et  février  19 14 .  On  trouvera 
dans  le  numéro  4  un  article  de  M.  J.  Herbert  Lewis,  Ou  the  Impor- 
tance of  a  National  Collection  oj  Public  Documents  (p.  97-113),  con- 
tenant une  note  additionnelle  de  M.  John  Ballinger  sur  les  docu- 
ments relatifs  au  pays  de  Galles  et  au  Monmouthshire  qu'il  serait 
désirable  de  voir  entrer  à  la  National  Library.  A  signaler  encore 
deux  notes  :  sur  The  earliest  printers  of  Haverford  (1 780-1 840), 
p.  114-118,  et  sur  Isaac  Carter,  the  Pioneer  of  JVelsh  prinling,p.  129- 
132. 

Dans  le  numéro  5,  leRev.  E.  K.  Jones,  de  Brymbo,  étudie  The 
«.  Circulai-  Letters  »  ofthe  Baptist  Associations  of  Wales  et  donne  d'in- 
téressants détails  sur  l'institution  de  ces  Letters  qui  remonte  à  l'an- 
née 1760  (p.  135-142).  Le  même  numéro  contient  des  notices  sur 
le  Rév.  Robert  Williams  (1810-1881),  l'auteur  du  grand  diction- 
naire comique  et  l'éditeur  du  San  Greal  et  sur  Charles  Heath,  de 
Monmouth,  «  author,  printer  and  publisher  »  (1788-183 1). 

Le  numéro  6  débute  par  un  article  du  colonel  Bradney  sur  les 
Rare  and  Early-printed  books  relating  to  Monmouthshire  (p.  169-180). 
Le  Rev.  J.  H.  James  étudie,  p.  180-183,  les  Llanover  Manuscripts 
et  M.  D.  Rhys  Philipps,  p.  183-187,  les  Twrog  Manuscripts. 

Enfin,  il  y  a  dans  chaque  numéro,  suivant  l'usage,  des  Notes  and 
Oueries,  et  par  deux  fois,  p.  151  et  195,  des  Bibliographical 
notes . 

VII 

Whitley  Stokes  a  publié  dans  la  Revue  Celtique,  t.  XXIX,  p.  269, 
quelques  gloses  irlandaises  tirées  d'un  manuscrit  de  Bède  conservé 
à  la  bibliothèque  de  Laon  sous  le  numéro  LV. 

Deux  hexamètres  latins  déchiffrés  sur  la  feuille  de  garde  du 
manuscrit  lui  permirent  de  dater  ce  dernier  du  ixe  siècle;  ils 
disaient  : 

gloria  quid  mundi  felix  quid  pompaue  turbae 
dum  Cathasach  potuit  non  sortem  euadere  mortis? 


jOO  Périodiques. 

Or,  le  nom  de  Cathasach  est  porté  par  cinq  ecclésiastiques  dont 
les  Annales  irlandaises  enregistrent  la  mort  dans  les  années  807, 
810,  856,  880  et  892.  S'écartant  également  des  dates  extrêmes, 
Stokes  s'arrêtait  provisoirement  à  la  date  intermédiaire,  856.  Le 
manuscrit  aurait  été  copié  au  milieu  du  siècle.  Mais  M.  Kuno 
Meyer  vient   de  reprendre   la  question  dans  les  Sitzungsberichte 

DERKÔN.  PREUSS.  AkaDEMIE  DER  WlSSENSCHAFTEN  (l  9  14,  p.  480-48  i) 

et  d'en  fournir  une  solution  différente. 

La  feuille  de  garde,  sur  le  verso  de  laquelle  sont  écrits  les  deux 
vers  précités,  en  contient  deux  autres  au  recto  qui  appartiennent 
évidemment  au  même  poème  : 

Nam  nos  deseruit  sapiens  prudensque  magister 
Atque  pius  iuuenis  castus  custosque  decorus. 

L'épithète  iuuenis  exclut  qu'il  s'agisse  de  l'abbé  d'Armagh  dont  la 
mort  est  inscrite  à  l'année  856:  en  revanche,  elle  correspond  par- 
faitement à  la  mention  qui  se  lit  à  la  date  896  dans  les  Annales 
d'Ulster  :  Cathusach  mue  Fergusa  tânase  abb  Aird  Mâcha  religiosus 
iuuenis  pausauit.  Le  terme  de  custôs  rappelle  sans  doute  le  tânase 
abb  «  abbé  en  second  »  du  texte  historique.  M.  Kuno  Meyer  sup- 
pose par  suite  que  le  manuscrit  aurait  été  copié  aux  environs  de 
l'année  890  ;  il  en  indique  comme  auteur  probable  Mochta  dalta 
Fethgnai,  episcopus,  ancorita  et  scriba  optimus  Airà  Mâcha,  dont  les 
Annales  d'Ulster  enregistrent  la  mort  à  l'année  892.  Le  manuscrit 
aurait  été  ensuite  emporté  d'Armagh  sur  le  continent,  pour  être 
soustrait  aux  déprédations  des  Vikings.  Ceux-ci  ont  justement 
pillé  Armagh  peu  après  897  et  y  sont  revenus  six  fois  encore 
avant  l'année  943  (v.  Miss  Stokes,  Early  Christian  Architecture  in 
Ireland,  p.  106). 

VIII 

M.  Mario  Esposito  s'est  proposé  de  compléter  les  informations 
données  sur  les  écrivains  hiberno-latins  du  moyen  âge  par  les 
Potthast,  les  Ulysse  Chevalier,  les  Manitius.  11  vient  de  publier, 
à  cet  effet,  dans  les  Studies  (vol.  II,  n°  8,  décembre  19 13)  une 
Bibliography  of  the  Latin  Writers  of  Mediaeval  Ireland,  p.  495-521. 
On  trouvera  dans  cet  article,  rangés  par  ordre  chronologique  du  Ve 
au  xv9  siècle,  une  foule  de  renseignements  sur  cette  littérature  si 
abondante  dont  le  jeune  érudit  a  fait,  comme  on  sait,  sa  spécialité 
(v.  Rev.  Celt.,  XXXII,  118  et  XXXIII,  390). 

J.  Yexdryes. 

Le  Propriétaire-Gérant,   Edouard  CHAMPION. 


MAÇON,    PROTAT    FRERES,    IMPRIMEURS 


ACCENT  AND  SVARABHAKTI 

IN    A     DIALECT     OF    SCOTCH     GAELIC 


i.  ■ — ■  In  gênerai  the  modem  Gaelic  dialects,  as  is  well 
known,  hâve  retained  the  accentuation  of  the  initial  syllable 
which  gave  the  language  its  historical  form.  The  only  exten- 
sive  departure  from  tins  mie  has  taken  place  in  Munster,  cf. 
Loth,  L'accent  dans  le  gaélique  du  Munster,  Revue  de  phonétique, 
III,  317  ff.  In  this  group  of  dialects  the  stress  accent  in  cer- 
tain cases  rests  on  other  syllables  than  the  first,  the  change  of 
position  being  due  to  the  attraction  of  a  long  syllable,  or  a 
quasi-long  syllable,  as,  for  example,  a  short  vowel  followed 
by  x.  Thisphenomenonoccurssporadically  alsoinConnaught, 
cf.  Finck  Die  araner  Mundart,  §  327.  Apart  from  cases  of  ac- 
cent-shifting  that  are  to  be  explained  in  this  way,  there  are 
to  be  found  in  ail  the  dialects  instances  of  change  of  accent  that 
must  be  due  to  other  causes.  Such  are  rochall  «  spancel  »  for 
urchall,  and  ruball,  a  Donegal  form  of  earball  «  tail  »,  v.  Din- 
neen  Dict.  s.  v.  lair.  Cf.  for  other  examples  Pedersen,  Vergî. 
Grauini.,  I,  229.  Quiggin,  A  Dialect  of  Donegal,  §  440.  Thèse 
cases  are  remarkable  in  that  the  accent  is  now  on  the  svarab- 
hakti  vowel,  and  has  been  strong  enough  to  cause  the  disap- 
pearance  of  the  old  syllabic  vowel. 

2.  —  In  some  Scotch  dialects  a  similar  accent-shift  has 
taken  place  on  a  wide  scale.  The  définition  of  boundaries  of 
the  phenomenon  must  be  left  for  later  investigation.  For  the 
présent  I  shall  merely  record  what  has  taken  place  in  two  wi- 
dely  separated  dialects,  my  own  (N.  Inverness),  and  that  of 
the  Ness  district  in  the  island  of  Lewis.  In  the  vast  majority 
of  the  cases  to  be  considered  the  treatment  of  the  accent  in 
the  two  dialects  has  been  precisely  identical,  and  for  that  rea- 
•son  variations  of  pronounciations  will  be  noticed  only  when 

Revue  Celtique,  XXXV.  26 


402  J.  Fraser. 

they  arc  of  particular  interest.  Except  when  otherwise  stated 
the  pronounciation  given  is  mv  own.  As  the  position  ofthe 
accent  is  the  main  point  to  be  established,  the  phonetic  trans- 
cripts  do  not  aim  at  representing  the  sound  of  every  word  with 
absolutè  accuracy . 

5.  — -The  svarabhakti  vowel  dealt  with  hère  is  identical 
in  qnalitv  with  the  preceding  vowel,  i.  e.  the  original  syllabic 
vowel,  e.  g.  d'arak  «  reJ  »,  and  we  must,  therefore,  distin- 
guish  it  from  theneutral  vowel  sometimes  heardin  such  words 
run  «  between  us  »,  œttrum  «  light  »,  et.  Pedersen  0.  c. 
I  237,  efalas  «  church  »,  sitr&lar  «  chimnev  ».  The  last  word, 
as  a  compartively  late  loan,  stands  by  itself  ;  in  the  other  and 
similar  forms  we  may  suppose  that  the  d  is  of  later  date  that 
svarabhakti  properly  so  çalled.  It  is,  moreover,  not  constant, 
and  the  conditions  linder  which  it  appears  are,  it  will  benoti- 
ced,  différent  from  those  that  produce  svarabhakti. 

4.  —  A  full  svarabhakti  vowel  appears  in  consonant  groups 
beginning  with  ///  n  l  or  /'.  In  those  cases  where  the  second 
component  ofthegroup  is  a  voiced  spirant  it  will  be  conve- 
nient  to  classifv  according  as  the  group  is  or  is  not  final. 

A.  Consonant  groups  not  containing  a  voiced  spirant  : 

NM  :  ainm  eném  «  name  »,  ainmig  çnçmjk  «  seldom  »,  an- 
moch  anamax  «  late  ».  In  the  hrst  example  the  Lewis  dialect 
seems  to  hâve  an  equally  strong  stress  on  both  syllables. 

MS  :  Mv  onlv  example  is  aimsear  çmç'&r  «  time  »,  where 
again  the  Lewis  dialect  has  level  stress. 

MR  : seamrog  soniôrak  «  shamrock  ».  Camshronach  kamâ- 
ranax  Cameron  ». 

ML  :  iomlan  imœlan  «  complète.  »  The  stress  is  decidedly 
on  the  second syllable,  and  the  svarabhakti  is  a  full  vowel.  In 
thèse  respects  the  treatment  oi  the  word  ditfers  from  that  of 
siomlar,  ci. 

NB  :  canb  kçnçp  (properly  the  gen.  cainb)  «  hemp  ». 

RG   :  airgiod  ereht  «  silver  ».  fairrge  farak'd   «  sea  »,  lorg 
<  track  »,  purgadoir  purûkatr  «  purgatory  ».  So  too  argu- 
maid,  dearg,  fearg,  mairg,  meirg,  tairg,  searg. 

RM  :  arm  aram  ■•  army  »,  beirm  berem  «  yeast  »,  cuirm 
kwirîm  «  feast  »,  farmad  jardina  «  envy  ■■.  tiorraaich  tjriinix 
«  drv  »,  gairm  gerétn  «  summor 


Accent  and  svarabbakti.  40} 

RB  :  borb  bçrçp  «  rough  »,  carbad  karâpat  «  cart,  hier  », 
cearb  k'arâp  «  rag  »,  earball  iarâpdl  «  tail  »,  Foirbeis  ferepaÈ 
«  Forbes. 

LG  :  balg  balâk  «  bag  »,  calgkalâk  «  bristles  »,  sealg  salâk 
«  hunt  »,  tilg  tjlik  «  throw  ». 

LM  :  calma  kalantf  «brave  »,  ilmich  (metathesis  of  imlich) 
iljmix  «  liçk  »,  Pailme peléms  «  Palmae  ». 

LB  :  Àlba  ahip?  «  Scotland  »,  gilb  gilîp  «  chisel  »,  guil- 
bneacb  gwilipnnax  «  plover  ». 

RCh  :  dorcha  dçrçxd  «  dark  »,  urchar  y,rûxdr  «  shot  »,  Mur- 
chadh  iii/jruxJku  Murdoch  ». 

MCh  :  iomchubhaidh  imœxi  «  proper  »,  timcheall  timixal 
«  round  ». 

LCh  :  rhuilchionn  niivilixnn  «  sleeve  »,  salchar  salaxar 
»  filth  »,  caillchean  (plu.  ofcailleach)  kalâx3n  «  oldwomen». 

NCh  :  eanchainn  cncxJii  «  brain  »,  seanchas senéxds  «  lore  », 
Donnchadh  dunûxvh  «  Duncan  ». 

In  one  case  svarabhakti  occurs  before  a  group  containing 
a  breathed  stop  :  calpa  kalaxpz  «  calf  of  the  leg  ». 

In  ail  words  of  the  types  mentioned  the  svarabhakti  is  a 
full  vowel.  In  respect  of  qualitv  it  is,  with  the  exceptions  to 
be  mentioned  below,  identical  with  the  original  vowel  of  the 
syllable.  It  bears  the  chief  accent,  the  syllabic  vowel  having  a 
markedly  weaker  stress.  The  svarabhakti  vowel  is  also  lengh- 
tened  l  except  sometimes  when  followed  by  a  vowel  originally 
long,  as  in  iomlan,  seamrog,  Camshronach. 

5 .  — ■  B.  When  the  second  consonant  of  the  group  which 
produces  svarabhakti  is  a  voiced  spirant  two  cases  must  be 
distinguished  2.  Where  the  group  is  final  the  resuit  is  the  same 
as  in§  4,  and  examples  need  not  be  accumulated.  Thus  dearbh 
d'arâ,  d'arâv  «  certain  »,  balbh  balâ,  baîav  «  dumb  5  »,  Banbh 


1.  For  that  reason  it  is  marked  with  the  markron  in  the  phonetic  trans- 
cripts.  It  is,  however,  not  so  long  as  the  old  long  vowels. 

2.  Leanabh  «  child  »  is  Vânu.  The  word  is  therefore  a  disyllable,  and  the 
spelling  leanbh  is  misleading. 

3.  In  such  forms  -av  appears  before  vowels,  -a  before  cônsonants,  and 
when  final. 


404  /.  Fraser. 

hanïïv  «  Banff  ».  When,  on  the  other  hand,  the  group  is  mé- 
dia) the  treatment  varies,   the  spirant  being  in   some  cases 
retained,  while  in  others  it  disappears. 
i.  The  spirant  remains  : 

a)  RBh  :  searb  han  sarâvan  «  disgut  »,  ci.  foirbhthe 
fôrofi  «  perfect  ». 

h)  LBh  :  balbhan  balâvan  «a  dumb  perso n  »,  gealbhân 
g'alâvan  «  a  little  rire  ». 

c)  XBh  :    Banbhaidh    banavi  c<    Banavié  »  seanbhean 
sanâvan  «  old  woman  ». 

d)  NMh  :  seanmhathair  sçnçvar  «  grandmother  ». 
d)  RGh  :  tairrgheal  taràial  «  white-bellied  ». 

ii.  The  spirant  disappears.  —  In  this  case  the  svarabhakti 
vowel  coalesces  with  the  vowel  of  the  following  syllable,  the 
quality  of  the  resulting  vowel  being  that  of  the  former.  The 
disappearance  of  the  spirant  took  place  subsequently  to  the 
lengthening  ofthe  svarabhakti  vowel,  and  for  that  reason  the 
spirant  has  had  no  effect  on  the  quality  of  the  contracted 
vowel.  Thus  in  arbhar  the  successive  stages  were  arhifîr  (this 
is  the  actual  pronounciation  in  some  dialects),  arc&r,  arâr.  So 
far  as  I  can  judge  the  vowel  in  thèse  cases  is  not  longer  thaï) 
the  simple  svarabhakti  of  §§  4,  5,  but  it  seems,  at  least  in  some 
cases,  to  differ  from  the  later  in  being  ■çweigipflig .  Occasio- 
nallv,  too,  in  deliberate  speech,  two  vowels  can  be  distinctlv 
heard,  e.  g.  -raldak  (d'  fhalbhadh). 

Examples  are  : 

RBh  :  arbhar  arâr  (Lewis  aravdr)  «  corn  »,  dearbhadh 
d'arâk  «  proof  »,  marbhadh  marâk  «  killing  •>,  soirbheas  serés 
«  wind  »,  tairbheach  tàràx  «  profitable  »,  ci.  forais  fçrçi 
«  inquiry  »  [. 

LBh  :  dh'fhalbhadh  -uih'ik  «  would  go  away,  sealbhach  lalhx 
«  fortunate  »,  gailbheach  gçlçx  «  wild  ». 

XBh  :  inbhir  inir. 

>   > 

NMh  :  gainmheach gçnçx  «  sand  »,  (Lewis  gçnfvàx). 
RMh  :  mormhaich  tnçrçx  PN.,   mormhair  mçrfr  «   lord   ». 
LGh  :  galghad  galât.  This  word   is   written  galad    in  the 

1.   \*oir  la  page  suivante,  n°  1. 


Accent  and  svàrabhakti.  405 

dictionnaries,  so  in  Macbean's  Etym.  Dict.  éd.  2.  It  is  accen- 
ted,  however,  on  the  second  syllable,  which  shows  that  a  voi- 
ced  spirant  has  been  lost.  The  word  is,  of  course,  the  MIr. 
galgat  «  champion  »  and  the  development  of  meaning  is  to 
be  compared  with  that  in  laochan. 

NGh  :  Aonghus  duos,  ingheam  îu'jii  «  daughter  '  ». 

RGh  :  carghas  haras  «  Lent  »,  suirghe  siri  «  wooing  ». 

Interesting  examples  of  the  accent  shift  in  gh  groups  are 
furnished  by  some  forms  of  denominative  verbs  iri  -ig-  im, 
which  seem  to  be  yet  unknown  to  the  grammarians.  Thus 
the  présent-future  tense  of  airighim  is  fairichidh,  fairich  with 
the  regular  unvoicing  of  the  spirant,  fàrixi,  xanârix.  From 
thisstem  we  might  expect  the  imperfect-conditional  to  be  fai- 
richeadh.  What  is  heard  is,  however,  ~;çrç'k,  xançrçk,  that  is 
dh'  airgheadh,  cha'n  airgheadh.  In  the  Lewis  dialect  which  I 
hâve  examined  the  spirant  is  voiceless  in  thèse  forms  but  the 
position  of  the  stress  shows  that  syncope  has  taken  place, 
^arax'j,  xanarLx'i  (i.  e.  dh'hairgheadh,  cha'n  aircheadh).  In 
the  Lewis  dialect  which  1  hâve  examined  the  spirant  is  voice- 
less in  thèse  forms  but  the  position  of  the  stress  shows  that 
syncope  has  taken  place  yarâx'j,  xanaraxi  (i.  e.  d'h  fhair- 
cheadh,  cha'n  aircheadh). 

the  same  way  from  aithnighim  «  I  recognise  »,  the  présent- 
future  is  fainichidh,  cha'n  ainich,  but  the  imparf.-cond.  is 
yçnçk,  xanençk  (Lewis,  yçnçxf);  from  ceannuighim  «  I  buv  » 
h' a  ni  xi,  xaxanix,  but  xanâk.  The  same  resuit  due  to  a  secon- 
dary  syncope  is  seen  in  some  nouns.  Thus  the  plural  of  cail- 
leach  kafax  is  kaîàxsn  e.  g.  caillchean,  with  a  broad  spirant 
on  the  analogy  of  the  singular. 

6.  —  The  svàrabhakti  vowel,  then,  in  ail  cases  attracts  the 
accent.  But  the  resuit,  so  far  as  the  rest  of  the  word  is  con- 
cerned  is  not  what  might  be  expected.  The  old  initial  accent 
had  the  efîect  of  expelling  or  weakening  the  vowels  of  the 


1.  This  is  the  onlycasein  which  the  syllabic  vowel  disappears  before 
svàrabhakti.  Its  loss,  I  suspect,  was  due  to  wrong  division  in  combinations 
like  snian  «  his  d.  »,  helped  by  syllabic  dissimilation  wlien  the  article 
was  used,  nnian  <C  aninisn.  But  cf.  Quiggin,  o.  c.  §  122. 


4oé  /.  Fraser. 

unaccented  syllables  i  and  in  the  Munster  dialects  where  the 

accent  lalls  on  a  vowel  other  than  the  lirst,  the  latter  is  verv 
much  weakened  or  disappears.  Thus  an  t-arân  is  dntrân.  Also 
in  the  isôlated  cases  where  the  svarabhabkti  vowel  isaccented, 
as  in  the  Arran  Mrox?,  the  syllabic  vowel  disappears.  In  the 
Scotch  dialect  on  the  other  hand  theré  is  no  change  in  the 
quality  ot  the  old  vowel.  Except  in  the  cases  to  be  mentioned 
below,  where  svarahhakti  occurs  after  i  and  u  both  the  old  and 
the  new  vowel  hâve  precisely  the  same  quality  which  is  that 
ofthe  former.  This  will  be  made  clear  fromthe  following  table 
where  a-x  (.v°)  — =  means  «  The  svarahhakti  vowel  in  a  slen- 
der  (broad)  consonantgroup  following  a  is...  » 

a)  a-x°  (ci  inckides  a  <i  o)  =  a  :  Alba  alapz,  armaram, 
calg  hatak. 

b)  a-x°  =  (i)c  :  aimsear  çme'sdr,  ainm  çnçm,  pailme 
pelemv,  çailbheach  gelex.  gainmueach  genex. 

(2)  c  :  tairbh  lac,  mairbh  mère,  bailbh 
belè. 

(3)ln  some  words  the  vowel  is  a.  Examples 
are  tairmeasg  taramvsk  «  prohibition  »,  cf.  Bergin,  Eriu, 
III,  87,  §  162,  fairrge  farak'a,  sailche  salax'd,  tairrgheal 
taraial,  ca.il\chea.n  kalaxsn.  In  the  last  ex.  the  quality  of  the 
consonant  group  is  due  to  the  analogy  of  the  singular.  In 
the  others  the  irregularity  is  only  apparent  and  due  to 
the  fact  that  the  conventional  spelling  rule  obscures  the 
history  ofthe  forms. 

c)  ex0  =  (l)  Ç  '■  eanchuin  enexin. 

(2)  a  :  fearg  farak.  The  variation  hère 
corresponds  to  the  varying  treatment  of  e  before  a  broad 
consonant  group,  cf.  Revue  Celtique,  XXXV,  p.  38. 

d)  e-x°  =e  :  feirge  ferek,  mêirg  merèk,  beirm  bérem. 
In  forms  like  cearb  where  the  e  goes  back  to  original  i, 
the  latter  vowel  reappears  in  the  genitive,  cirbe. 

e)  o-x°  =(1)  ç  '■  lorg  Içrçk,  borb  bçrçp. 

(2)  u   :  Donnchadh  dunuxak. 

1.  G.  sg.  of  foras.  There  seems  to  be  no  good  reason  for  doubting  that 
this  is  a  compound  of  fios  parallel  to  Imbas  <  imb-fios. 


Accent  and  svarabhakti.  407 

f)  o-x'  --■=  (1)  ç  :  soirbheas  seres,  Foirbeis  ferepas.  Cf. 
b  (2)  sup. 

(2)  Elsewhere  the  resultis  //  in  the  first  syl- 
lable and  i  in  the  second  :  luirg  (g.  sg.  n.  pi.  of  lorg) 
lurjk,  buïrb  burip,  guirm  gurim,  doilgheas  dulixds. 

(3)  In  oirbh-se  oro'  sp,  ther  is  broad,  cf. 
Olr  foraib. 

g)  u-x°  =    //  :  tulg  ///////.•. 

h)  u-x°  — In  this  case  the  svarabhakti  vowel  is  always 
/,  but  the  quality  of  the  old  syllabic  vowel  varies  from  u 
to:;7.Thus  cuinn,  guilbneacb  muilcheann  are  sometimes 
kwirim,  gwilipdrnax,  mwilixdn,  but  oftener  kurjm,  guli- 
pdrnax  mulixdn. 

i)  i-x°.  The  syllabic  vowel  is  i,  while  the  svarabhakti 
vowel   seems  to  be  identical  with  the  sound  elsewhere 
written  ao  :  iomlan  imâlan,  iomchubhaidh  ïmœxi.  Tior- 
maieh  «  dry  »  varies  between  t'irimix  and  tœrœmix. 
k)  i-x'  =  i  :  gilb  gilip,  tilg  tjlik,  imrich  irïmix. 

7.  —  After  a  long  vowel  the  svarabhakti  vowel  is  not  ae- 
cented  as  is  shown  by  lionmhar  lidnar  «  plentiiul  »,  mior- 
bhailt  minvalt  «  miracle  »,  éirghe  cri  «  rising  ».  A  remar- 
kable  exception  to  this  rule  is  formedby  some  compounds  of 
môr-.  The  word  mormhair  «  lord  »,  Book  of  Deer  f.  3  a,  3  b 
al.,  bas,  when  independent,  theaccenton  the  second  syllable, 
the  vowel  of  which  is  0,  and  the  vowel  of  the  first  syllable  is 
short  mçrçr.  When  the  word  is  proclitic  both  vowels  are  short, 
and  there  is  a  secondarv  accent  on  the  first,  thus  mçrçr  si  m. 
In  the  Braemar  (Aberdeenshire)  dialectand  in  that  ofNessin 
the  island  of  Lewis  the  word  is  mçrar  with  both  vowels  short 
and  the  accent  on  the  first.  It  is  clear  that  this  torm  must  be 
secondary  for  after  a  short  vowel  svarabhakti  with  accent  and 
lengthening  is  the  rule  in  the  Lewis  dialect.  Probably  the  his- 
tory  of  the  word  is  as  follows.  Mormhair  was,  and  is,  exten- 
sively  used  as  a  proclitic  followed  b}-  a  proper  natne.  In  this 
position  the  long  vowel  of  the  first  syllable  was  shortened, 
and  the  spirant  (which  the  Lewis  dialect  retains  in  accented 
words,  cf.  arbhar  aravdr),  disappeared  without  producing  sva- 


408  /.  Fraser. 

rabhakti.  The  resulting  mçrar  then  supplanted  *môrdvar  in 
independent  position.  In  myown  dialect  where  there  are  two 
forms  mçrçr  (independent)  and  mçrçr  (proclitic),  what  happe- 
ned  was  différent.  It  is  clear  from  the  quality  of  the  second 
vowel  in  the  proclitic  form  that  the  independent  form  with 
svarabhakti  was  generalised.  But  the  présence  of  svarabhakti 
implies  that  the  first  vowel  of  the  word  was  shortened.  We 
must  suppose  that  in  this  dialect,  too,  there  existed  side  by 
side  an  independent  form  marvar  môrwar,  and  a  proclitic  mç- 
rar. From  the  latter  the  former  took  over  the  short  vowel  of 
the  first  syllable  before  the  disappearance  of  the  spirant.  Sva- 
rabhakti followed,  and  the  resulting  mçrçr  ousted  môrar  in 
proclitic  position,  where  the  vowel  of  the  second  syllable  was 
shortened.  The  first  syllable  received  a  secondary  accent  natu- 
rall)r  as  standing  in  the  third  place  from  the  accented  proper 
name. 

8.  —  A  similar  explanation  accountsfor  the  shortening  of 
môr-'m  several  place  names,  e.  g.  mjrinS  ■<  môr-inis.  It  may 
also  be  suggested  that  in  certain  other  compounds,  where  the 
first  élément  is  usually  said  to  be  inori-,  we  hâve  really  môro-, 
cf.  Loth,  Chrestomathie  bretonne,  p.  153,  n°  1.  Thus  in  mçrfa 
which  is  equated  with  Ir.  muirbheach,  recte  muirmheach, 
«  land  liable  to  flooding  by  the  sea  »,  the  quality  of  te  vowel 
of  the  first  syllable  beside  muruxak  <C  Mori-catu-  ',  seems  to 
call  for  some  such  explanation,  particulary  as  the  name  isnot 
confined  to  places  in  the  neighbourhood  ofthe  sea. 

9.  —  It  strikes  one  at  once  that  the  accent  schift  described 
has  produced  in  many  cases  a  remarkable  coïncidence  in  the 
accentuation  and  formofwords  with  Munster  Irish,  thus  ariir 
«  corn  »  Munster  artir.  But  the  ressemblance  is  purely  acci- 
dentai as  is  shown,  by,  among  other  things,  the  quality  of  the 
accented  vowels.  In  Munster  the  accent  is  attracted  by  a  long 
syllable  whether  there  is  svarabhakti  or  not.  In  the  Scotch 
dialect  a  long  vowel  as  such  has  no  effect  on  the  accent.  In 
Munster  ctrîtr  the  accentuation  of  the  second  svllable  is  subse- 


1.  Cf.    however,  in  another   dialect,  mroxd,   Pedcrsen,  o.c,  I,  p.  329, 
But  this  raatter  belona;s  to  another  discussion. 


Accent  and  svarabhakli  409 

quent  to  the  vocalisation  of  the  spirant  and  the  conséquent 
production  by  contraction  of  a  long  vowel.  Soc.  arâr,  on  the 
otlier  hand,  has  passed  through  the  stage  arâvar,  which  is 
still  retained  in  some  dialects,  and  the  contraction  of  the 
vowels  is  later  than  the  change  of  accent.  Cf.  also,  M.  g  alun 
Se.  g'alâvan. 

J.  Fraser. 


A  PROPOS  DE  LA  COIFFURE 

DES 

GAULOIS  ET  DES  GERMAINS1 


Les  travaux  de  S.  Reinach  {Les  Gaulois  dans  l'art  antique, 
1889),  poursuivis  par  R.  von  Bienkowski  (Celtarum  Ima- 
gines, I,  1908)  et  par  moi-même  (Les  Gaulois  dans  Fart 
alexandrin,  dans  Mefnuinents  Piot  1910  et  1914)  ont  réussi  à 
grouper  une  centaine  de  figurations  de  Gaulois  empruntées 
à  toutes  les  variétés  de  l'art  antique.  K.  Schumacher,  en  déve- 
loppant ces  recherches  pour  les  Germains,  a  essayé  de  distin- 
guer les  Gallier-Darstelliingen  des  Germanen-Darstellungen. 
On  vient  de  voir  qu'il  a  consacré  à  chacun  de  ces  groupes, 
dans  les  Catalogues  du  Musée  de  Mayence,  un  répertoire  que 
son  abondante  illustration  et  un  prix  réduit  rendent  très  pra- 
tique. Mais  il  est  loin  d'être  facile  de  distinguer  toujours  un 
Gaulois  d'un  Germain,  et,  maintenant  que  les  monuments 
sont  réunis  en  nombre,  le  moment  est  venu  de  reprendre  à 
leur  aide  l'étude  des  caractères  physiques  des  deux  peuples. 
Le  port  de  la  coiffure  est  un  des  traits  qui  pourrait  sans  doute 
aider  le  plus  à  cette  distinction.  Des  textes  nous  parlent  d'un 
nœud  que  certains  peuples' germaniques,  les  Suèves  surtout, 
faisaient  avec  leurs  cheveux  en  les  ramenant  sur  un  côté  de  la 
tète;  d'autres  ajoutent  que  ce  nœud  était  arrangé  d'une  façon 
particulière  chez  les  nobles.  M.  Fischer  a  consciencieusement 
réuni  textes  et  monuments;  il  a  ajouté  depuis  un  petit  bronze 

1.  Max  Hôfler,  Zur  Somatologie  der  Gallokelten,  extrait  de  VArchiv  fur 
Anthropologie,  XII,  191 3  ;  Hermann  Fischer.  Zutn  germanischen  Ham -: 
extrait  de  la  Zeitschrift  fur  deutsches  Altertum,  LUI.  1912. 


A  propos  de  la  coiffure  des  Gaulois  et  des  Germains.  411 

du  Musée  de  Zurich  (Main^er  Zeitschrift  1912),  et  j'ai  pu  en 
signaler  un  autre  du  Musée  Calvet  (Mém.  de  ? Acaà.  de  Vaucluse 
19 13).  Mais  M.  Fischer  ne  me  paraît  pas  avoir  clairement 
distingué  les  types  qu'offrent  les  monuments. 

Il  me  semble  qu'il  faut  compter  au  moins  cinq  variétés  : 

i°  Cheveux  aplatis  avec  une  boucle  ou  une  longue  mèche 
pendant  sur  la  tempe  gauche  (tête  de  Welschbillig,  «  Bas- 
tarne  »  du  Musée  de  Bruxelles)  ou  sur  la  tempe  droite  (Ger- 
main en  terre  cuite  de  Bonn;  ajoutez  la  fig.  143  /;  de  Bien- 
kowoski). 

2°  Cheveux  plus  touffus  portés  en  raie  avec  mèche  ou 
toupet  fortement  relevés  au-dessus  de  la  raie  (le  Gaulois  du 
Musée  Calvet,  les  Daces  d'Adamklissi)  ou  au-dessus  de  l'o- 
reille droite  (bronze  agenouillé  de  la  Bibliothèque  nationale). 

30  Cheveux  longs  tous  ramenés  à  gauche  où  ils  forment  un 
nœud  du  milieu  duquel  ils  pendent  en  natte  (la  tète  coupée 
de  la  stèle  de  Cantaber  à  Mayence). 

4"  Cheveux  également  longs,  mais  la  natte  tombant  dans  le 
dos  à  la  façon  de  celle  des  Chinois  (la  stèle  du  signifer  de 
Worms). 

30  Cheveux  aussi  longs,  mais  tirés  de  toutes  parts  vers  le 
sommet  de  la  tête  pour  y  être  liés  et  s'y  dresser  en  toupet  à  la 
façon  des  Mongols  (le  Germain  de  la  stèle  du  clairon  Andes,  les 
têtes  d'applique  en  bronze  dites  «  têtes  de  Bataves  »). 

D'après  Hôfler,  on  pourrait  distinguer  au  moins  trois  coif- 
fures spécifiquement  gauloises  : 

i°  les  mèches  folles  se  croisant  et  se  dressant  drues  et  en 
tous  sens;  c'est  la  coiffure  qui  rappelait  aux  Grecs  les  cri- 
nières de  cheval  ou  des  Satyres.  Les  mèches  peuvent  être  raides 
(Gaulois  du  Caire)  ou  souples  et  bouclées  (Gaulois  du  Capitole, 
Ludovisi,  etc.).  Quand  elles  sont  raides,  c'est  qu'elles  ont  pro- 
bablement été  poissées  avec  un  onguent  à  base  de  chaux. 

2°  une  raie  au  milieu  de  la  tête,  avec  les  mèches  peignées  à 
droite  et  à  gauche  et  descendant  jusqu'au  cou  (Gaulois  de 
Bologne). 

30  deux  longues  tresses  ou  nattes  tombant  à  droite  et  à 
gauche  jusqu'au  milieu  de  la  poitrine  ou  du  dos  (à  la  monnaie 


412  Adolphe  Reinach. 

celtique  et  à  la  statuette  de  Cosne  citées  par  Hôfler,  ajoutez  la 
base  d'un  cadran  solaire  à  Strasbourg). 

M.  Hôfler  reconnaît  une  influence  romaine  dans  les  tètes  de 
Gaulois  à  la  lèvre  rasée  et  aux  cheveux  coupés  ;  devant  des 
figures  qui  rappellent  les  montagnards  alpins  (statue  en  pierre 
de  Vachères  et  tête  en  bronze  de  Lyon),  il  me  semble  qu'on 
doit  plutôt  y  reconnaître  le  tvpe  ligure. 

La  question  de  la  barbe  et  de  la  moustache  n'est  pas  moins 
complexe.  Si  César  n'attribue  aux  Gaulois  que  la  moustache, 
les  monuments  gréco-romains  d'une  part,  la  figuration  de  cer- 
taines divinités  gauloises  de  l'autre  attestent  que  le  port  de  la 
barbe  ne  peut  suffire  à  caractériser  un  Germain.  On  a,  d'ailleurs, 
des  exemples  de  Germains  sans  barbe  (stèle  de  Mayence) 
comme  de  Gaulois  sans  moustache  (tète  de  Bologne)  et  il 
faudrait  distinguer  entre  la  barbe  courte  et  rare  et  la  barbe 
épaisse  en  collier,  entre  la  barbiche  en  pointe  et  la  longue 
barbe  flottante.  Les  études  confuses  de  MM.  Fischer  et  Hôfler 
sont  loin  d'avoir  élucidé  la  question.  Mais  elles  ne  manquent 
pas  de  remarques  intéressantes.  Signalons  notamment  les 
références  réunies  sur  la  diversité  des  coiffures  comme  signes 
de  la  classe  d'âge  ou  de  rang  social,  du  clan  ou  de  la  tribu 
(j'ai  indiqué  ici  qu'il  pourrait  s'agir  aussi  de  «  touffes  de 
scalp  »  comme  chez  les  Peaux-Rouges;  on  peut  penser  à  des 
coiffures  de  guerre;  d.  pour  les  Cattes,  Tac,  Gain.,  31). 
Je  note  aussi  l'importante  observation  qu'en  Auvergne  le 
malaxage  de  la  tète  du  nouveau-né  se  fait  dans  le  sens  de  la 
brachycéphalie  et  qu'une  femme  du  peuple  rougirait  d'un 
entant  à  tète  longue,  tandis  que,  dans  l'Est  de  la  France,  la  défor- 
mation artificielle  tend  à  accentuer  la  dolichocéphalie;  enfin, 
l'idée  qu'il  pourrait  y  avoir  un  vestige  de  totémisme  dans  les 
nombreux  noms  d'animaux  donnés  par  les  Celtes  tant  au  crâne 
qu'à  la  tête  entière,  selon  qu'elles  affectaient  telle  ou  telle 
forme.  Dans  la  coiffe  où  j'ai  essayé  de  montrer  ici  un  scalp, 
M.  Hoefler  voit  avec  Bienkowskiune  coiffure  en  crin  de  cheval 
et  il  en  rapproche  un  des  noms  que  les  Irlandais  donnaient  à 
certaines  têtes  :  ech-chenn  «  tête  de  cheval  ».  Je  ne  puis  accepter 
cela  comme  un  argument.  Il  a  aussi  traité  la  question   de  la 


A  propos  de  la  coiffure  des  Gaulois  et  des  Germains.  413 

tête  coupée,  mais  de  façon  très  incomplète  et  sans  connaître  encore 
mes  articles.  J'y  relève  pourtant  un  rapprochement  intéressant 
qui  m'avait  échappé  :  la  légende  du  Graal  pourrait  avoir  pour 
origine  le  culte  irlandais  de  têtes  de  héros  conservées  comme 
reliques,  telles  que  celle  de  Bran  et  celle  de  Fergal  (cf.  Pokorny, 
Mitt.  Anthrop.  Ges.  in  Wien,  XLII,  19 12)  —  ou  plutôt,  je 
crois,  le  fait  que  j'ai  démontré  de  la  préservation  de  certains 
crânes  pour  servir  aux  libations  dans  des  sanctuaires  celtiques. 
Or,  on  trouve  déjà  dans  les  Védas  des  exemples  de  crânes  de 
héros  qui  servent  comme  coupes  pour  le  sôma  (cf.  Brunnhofer, 
Arische  \J\\eit,  19 10,  p.  321).  Ajoutons  pour  finir  le  passage 
de  la  fameuse  scholie  de  Lucain  que  j'aurais  dû  placer  en  épi- 
graphe de  mon  travail  :  praesidem  bellorum  Taranin,  adsuetum 
olim  humants  placare  capitibus,  nunc  vero  gaudere  pecorum  l .  Vu 

1.  J'aurais  pu  être  plus  complet  dans  mes  références  numismatiques  si 
j'avais  feuilleté  le  bel  ouvrage  de  R.  Forrer,  Keltische  Numismatik  der 
Rhein-und  Douait  Lànder  (1908),  comme  l'auteur  me  Ta  signalé  depuis.  En 
dehors  de  la  fig.  5  39,  identique  à  mon  11°  5  (Dubnorix),  j'y  relève  :  fig.  267  : 
cavalier  au-dessus  d'une  tête  coupée  ;  fig.  146  :  tète  au-dessus  du  cheval  ; 
fig.  141,  453  :  tète  au-dessous  du  cheval  ;  fig.  66  et  463  :  tête  enchaînée 
au-dessus  du  cheval  ;  fig.  486  :  homme  sans  tête,  un  oiseau  à  bec  pro- 
noncé (corbeau  ou  aigle)  buvant  le  sang  qui  s'échappe  du  cou  (?).  Dans 
l'ouvrage  analysé  plus  haut  de  Schumacher  (p.  115),  je  relève  un  autre  fait 
qui  vient  à  l'appui  de  ma  thèse  :  dans  le  sanctuaire  de  Mercure  à  Finthen 
près  Mayence,  où  l'on  a  découvert  une  dédicace  au  dieu  des  Canni- 
néfates  {CIL,  XIII,  7227),  s'est  trouvée,  dans  une  fosse  remplie  de  débris  de 
sacrifice,  au  milieu  d'ossements  de  porcs  et  decoqs,  un  crâne  d'homme.  On 
pense  à  Tacite  :  deofutn  maxime  Mercurium  colunt  eut  certis  diebus  humants 
quoque  hostiis  litare  fas  hàbent  (Genu.,  IX,  1).  On  peut  signaler  un  autre 
texte  de  Tacite,  celui  qui  montre  les  Corses  portant  à  Othon  les  têtes  de  Vitel- 
liens  «  comme  les  trophées  d'une  victoire  »  (Hist.,  II,  16).  —  Depuis  la 
publication  de  mon  mémoire,  un  certain  nombre  d'autres  textes  ont  été 
signalés  dans  l'épopée  ou  dans  le  folk-lore  de  l'Irlande,  ou  dans  le  roman 
arturien,  qui  c. infirment  la  réalité  du  sacrifice  humain  et,  en  particulier,  le 
rite  des  tètes  coupées  (voir  G.  Huet,  dans  Revue  d' Ethnographie  et  de  Socio- 
logie, 191 3,  p.  379,  et  F.  N.  Robinson,  Humansacrifice  among  the  Irish  Celts, 
Boston,  191 3  ;  je  ne  connais  ce  dernier  travail  que  par  le  compte  rendu  de 
Dottin,  Revue  des  éludes  anciennes,  191 3,  p.  433). 


1 1  j  Adolphe  Reinach. 

le  caractère  sacré  qu'ils  attachaient  à  la  tête,  Gaulois  et  Ger- 
mains ont  certainement  dû  avoir,  comme  les  demi-civilisés, 
des  coiffures  rituelles,  notamment  lorsqu'ils  la  bénissaient  et 
la  blanchissaient  à  la  chaux.  C'est  là  une  question  qu'il  faudra 
approfondir.  Nous  n'avons  voulu  dans  cette  note  qu'en 
signaler  l'intérêt. 

Adolphe  Reinach. 


REPERTOIRE 

DES 

FAC-SIMILÉS  DES  MANUSCRITS  IRLANDAIS 

(2e    partie) 


La  première  partie  de  ce  répertoire,  consacrée  aux  fac-simi- 
lés des  manuscrits  irlandais  conservés  en  Irlande,  a  paru  dans 
cette  revue  en  1913  (t.  XXXIV,  p.  14-37).  Cette  fois,  je 
m'occupe  des  manuscrits  conservés  dans  les  bibliothèques 
d'Angleterre. 

J'ai  indiqué  les  fac-similés  du  livre  de  Lindisfarne  et  du 
livre  de  Saint-Chad,  manuscrits  qui,  suivant  des  auteurs 
autorisés,  ont  été  écrits  ou  ornés,  au  moins  en  partie,  par  des 
mains  irlandaises  '. 

A  la  liste  des  abréviations,  donnée  en  tête  de  la  première 
partie  (p.  15-16),  j'ai  à  ajouter  les  suivantes  : 

Astle  =  Thomas  Astle,  The  origin  and  progress  of  writing... 
iilustrated  by  engravings  taken  front  marbles,  manuscripts  and 
charters,  ancient  and  modem,  40,  London,  1 784 . 

C.  P.  Cooper  =  Appeuclix  A  to  a  Report  on  Rymer's  Fœdera, 
tuith  Supplément  lo  Appendix  A,  8°,  [London,  1869]. 

O'Conor  =  Charles  O'Conor,  Reruni  Hibernicarum  scri- 
ptores,  t.  I,  40,  Buckinghamiae,   18 14. 

Silvestre  =  Joseph  B.  Silvestre,  Paléographie  universelle. 
Collection  de  fac-similés  d'écritures  de  Ions  les  peuples  et  de  tons 
les  temps,  4  vol.  fol.,  Paris,  184 1. 


1.  Sur  le  livre  de  Lindisfarne  1  voir  R.  A.  S.  Macalister,  The  colopbon  in 
the  Lindisfarne  Gospels  (Essay s  and  studies    presented  to  William  Ridgi 
Cambridge,  191 3,  p,  299-305).  Sur  le  livre  de  S.  Chad,  voir  W.  M.  Lindsay, 
Early  Welsh  Script,  Oxford,  1912,  p.  1-7. 


4i 6  L.  Gougaud. 

MANUSCRITS     CONSERVÉS     EN     ANGLETERRE 

CAMBRIDGE 

I 

SAINT    JOHN'S    COLLEGE 

N°  59.  —  Psautier  de  Southampton  (xe  siècle  ?) 

Fac-similés  de  l'écriture  : 

Fol  5'  et  72r  [69]  (Ps.  1,  1  et  ci,  1-2,  avec  deux  initiales 
ornées)  Stephan  Beissel,  Geschichte  der  Evangelienbûcher  in  der 
ersten  Hàlfte  Mittelalters,  Freiburg-im-Brisgau,  1906,  pi.  26. 
—  Fol.  35v  (Canticum  l  ri  uni  puerorum).  Westwood,  P.  S.  P. 
Irisb  Mss.  fig.  2.  —Fol.  39r  (Début  du  Ps.  51)  Burlington 
Fine  Arts  Club  :  Exhibition  oflllumiualcJ  Manuscripts,  London, 
1908  (édit.  in-fol.),  pi.  xi. 

Fac-similés  des  peintures  : 

Fol.  35v  (Crucifixion)  Westwood,  P.  S.  P.,  Irish  Mss., 
fig.  1  ;  W.  Smith  et  S.  Cheetham,  Dictionary  of  Christian 
Antiquities,  London,  1893,  P-  n86. 

J.  Ruskin,  The  Pwo  Paths  (Works,  XVI),  Orpington  1878, 
p.  23  (Un  des  anges  de  la  Crucifixion);  Burlington  Fine  Arts 
Club,  édit.  citée,  pi.  xi. 

Fol.  71v  1 68]  et  lv  [4]  (Victoire  de  David  sur  Goliath  et 
Victoire  de.  David  sur  le  lion)  Westwood,  M.  0.,  pi.  30; 
Romilly  Allen,  Early  Christian  Symbolism  of  Gréai  Britain  and 
Ireland,  London,  1887,  p.  206,  fig.  65. 

II 

UNIVERSITÉ 

I  1,  vi,  32.  —  Livre  de  Deer  (xe  siècle).  —  Évangéliaire 
latin  avec  textes  et  gloses  gaéliques. 

Écriture  : 
Fol.  21  (Mat.  1,  1),  Facsimiles  of  the  national  Manuscripts  of 


Répertoire  de  fac-similés  des  manuscrits  irlandais.  417 

Scotland,  Southampton,  1867,  t.  I,  pi.  1,  1  ;  John  Smart, 
The  Book  of  Deer,  Edimburgh,  1869,  pi.  II. 

Fol.  2V  (Mat.,  1,  2-16),  National  Man.  of  Scotland,  t.  I,  pi.  1, 
2. 

Fol  3r  (Mat.,  1,  17,  et  texte  gaélique  :  Légende  de  la  mis- 
sion de  S.  Drostan),  National  Man.  of  Scotl.,  t.  I,  pi.  1,  2; 
].  Smart,  Book  of  Deer,  pi.  m;  F.  O.  Russel,  The  Book  of  Dier 
(Celtia,  mars  1901)  (Première  ligne  du  texte  gaélique). 

Fol.  3V  et  4r  (Texte  gaélique),  National  Man.  of  Scotl.,  t.  I, 
pi.  11,  1;  J.  Smart,  Book  of  Deer,  pi.  iv  et  v;  Pal.  S.,  I, 
pi.  eexi. 

Fol.  5r  (Mat.,  1,  18-21),  National  Man.  of  Scotl.,  t.  I,  pi.  11, 
2;  f.  Smart,  Book  of  Deer,  pi.  vu;  J.  Smart,  The  Sculptured 
Stones  of  Scotland   (Spalding   Club).    Edinburgh,  1856-1867, 

t.  II,  pi.  5. 

Fol.  17r  (Début  de  S.  Marc),  J.  Stuart,  Book  of  Deer,  pi.  ix. 

Fol.  28v  et  29r  (Ordo  de  communione  infirmorum  :  éd.  F.  E. 
Warren,  The  Liturgy  and  Ritualofthe  Celtic  ChurcJi),  J.  Stuart, 
Book  of  Deer,  pi.  x  et  11.  —  Fol.  30r  (Début  de  S.  Luc), 
J.  Stuart,  Book  of  Deer,  pi.  xn.  —  Fol.  85r  (Symbole  des 
Apôtres  et  Colophon),  J.  Stuart,  B.of  Deer,  pi.  xvm;  Pal.  S., 
I,  pi.  ccx. 

Peintures  : 

Choix  d'ornements  divers  chez  John  Stuart,  Book  of  Deer, 
pi.  xxi. 

Fol.  lv  (Quatre  personnages  dans  quatre  compartiments), 
Nat.  Man.  of  Scotland,  t.  I,  pi.  1,  1  ;  J.  Stuart,  B.  of  Deer, 
pi.  1;  Le  même,  Sculptured  Stones,  t.  II,  pi.  7.  —  Fol  4V 
(Trois  personnages),  Nat.  Man.  of  Scotl.,  t.  I,  pi.  il,  2; 
J.  Stuart,  B.  of  Deer,  pi.  vi*  Le  même,  Sculptured  Stones, 
t.  II,  pi.  5.  —  Fol.  16v(Un  personnage),  J.  Smart,  B.  ofDeer, 
pi.  vin  ;  Westwood,  M.  O.,  pi.  51,  2.  —  Fol.  29v  (Un  per- 
sonnage), J.  Stuart,  B.  of  Deer,  pi.  xi;  Sculptured  Stones,  II, 
pi.  6. 

Fol.  41v  (Sept  personnages),  J.  Stuart,  B.  of  Deer,  pi.  xv; 
Sculptured  Stones,  II,  pi.  6.  —  Fol.  71v  (Un  personnage  les 
bras  en   croix),    J.  Stuart,  B.  of  Deer,    pi.  xxn.  —  Fol.  84v 

Revue  Celtique,  XXXV.  27 


418  L.  Gougaud. 

(Epiicit  de  S.  Jean  et  deux  personnages),  J.  Stuart,  B.ofDeer, 
pi.  xvii  ;  Sciript.  Stones,  II,  pi.  8;  Pal.  S.,  I,  pi.  ccx.  — 
Fol.  85v  (Quatre  personnages,  dont  trois  les  bras  en  croix, 
dans  quatre  compartiments),  J.  Stuart,  B.  of  Deer,  pi.  xix; 
Sculpt.  Stones,  II,  pi.  8.  —  Fol.  86r  (Quatre  personnages  dans 
quatre  compartiments  triangulaires),  J.  Stuart,  B.  of  Deer, 
pi.  xx  ;  Sculpt.  Stones,  II,  pi.  7  ;  Westwood,  M.  O.,  pi.  51,  3. 

DURHAM 
BIBLIOTHEQUE  DE  LA   CATHÉDRALE 

A.  11.  17.  —  Évangéliaire  latin  (vme  siècle). 

Écriture  : 
Fol.  51r(Marc,  vu,  3-11  ),  A.  Pal.  S.,  pi.  xxx. 

LITCHFIELD 
BIBLIOTHÈQUE  DE  LA  CATHÉDRALE 

N°  1.  —  Livre  de  Saint  Chad  (vm-ixe  siècle).  —  Évan- 
gile latin  fragmentaire,  avec  textes  latins  et  gallois. 

Écriture  : 

Spécimens  divers  chez  Westwood,  P.  S.  P.,  The  Gospel  of 
S1  Chad,  nos  3  à  7.    • 

Fol.  9V  (Mat.,  v,  17-19),  J.  G.  Evans,  The  Text  of  the  Book 
of  Llan  Dâr  {OUI  Welsh  Text  s),  Oxford,  1893,  pi.  en  lace  de 
p.  xlv.  —Fol.  10r  (Mat.,  v,  23-26),  lbid.  —Fol.  22r(Mat., 
x,  27-35),  F-  H.  A.  Serivener,  Codex  Ceddàe  Laliuits,  Canta- 
brigiae,  1887,  pi.  en  face  de  7;  Pal.  S.,  I,  pi.  xx.  —  Fol.  71r 
(Mat.,  xxviii,  19-20),  W.  M.  Lindsay,  Early  Welsh  Script, 
Oxford,  19 12,  pi.  1  ;  W.  J.  Rees,  The  Liber  Lamlavenois 
{Welsh Mss.  Soc),  Llandovery,  1850,  pi.  vi;J.  G.  Evans,  op. 
cit.,  pi.  en  face  de  p.  xliii.  —  Fol.  109r  (Mat.,  vi,  9  a  13), 
Westwood,  P.  S.  P.,  S'  Chad,  n°  2  ;  F.  H.  A.  Serivener,  op. 
cit.,p\.  en  face  de  p.  3.  —  Fol.  lllr  (Luc,  1,  3-4),  Astle, 
pi.  xv,  5. 


Répertoire  de  fac-similés  des  manuscrits  irlandais.  419 

Lettres  ornées  : 
Fol.  3r  (Mat.,  1,  18),  Scrivener,  op.  cit.,  frontispice. 

Autres  Peintures  : 

Fol.  71r  (Portrait  de  S.  Marc),  Westwood,  M.  0., 
pi.  xxiii.  —  Fol.  109"  (Portrait  de  S.  Luc)  George  Hickes, 
Linguarum  veterum  septentrional! uni  thésaurus,  Oxford,  1703- 
1705,  t.  I,  p.  vin  ;  Westwood,  P.  S.  P.,  G.  of&Chad,  n°  1; 
Pal.  S.,  I,  pi.  xxi ;  Romilly  Allen,  Early  Christian  symbolisai 
of  Great  Britain  and  Ireland,  London,  1887,  fig.  47,  p.  170; 
J.  Gvenogvryn  Evans,  op.  cit.,  pi.  en  face  de  p.  lxvi;  W.  M. 
Lindsay,  Early  Welsh  Script.,  pi.  11.  —  Fol.  nor  (Emblèmes 
des  quatre  évangélistes),  Westwood,  M.  0.,  pi.  xxiii.  — -Fol. 
110v  (Grande  croix  et  motifs  zoomorphes),  Pal.  S.,  I, 
pi.  xxxv. 

LONDRES 

I 

BIBLIOTHÈQUE  DU  PALAIS  DE  LAMBETH 
Évangéliaire  latin  de  Mac  Durnan  (xe  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  3V  (Passage  où  Mael  Brith  Mac  Durnan  est  mentionné, 
en  capitales),  Westwood.  P. S. P.  Gospel  of  M.  Durnan.  pi  m, 
2.  — -  Fol.  65  (Mat.,  xxvn,  24-32,  avec  une  glose  irlandaise 
publiée  par  Stokes  et  Strachan,  Thésaurus  Palaeohibernicus,  t.  I, 
p.  484)  ;  Gilbert,  I,  pi.  xxxi,  3  ;  J.  H.  Todd,  Account  of  a 
Ms.  of  the  Four  Gospels  in  theLibrary...  at  Lambelh  (Proceedings 
of  the  Royal  Irish  Acad.,  t.  I,   1836-40,  p.  41. 

Lettres  ornées  : 

Fol.  2r  (Mat.,  1,  1-14),  Gilbert,  I,  pi.  xxxi,  1  et  2.  —  Fol. 
5r  (Mat.,  1,  18),  Gilbert,  I,  p.  xxx,  1;  W'estwood,  P.  S.  P. 
Gosp.  ofMlD.,  pi.  11,  1.  —  Fol.  72r  (Marc,  1,  1-6),  Gilbert,  I, 
pi.  xxx,  2  ;  Bruun,  pi.  v,  p.  40.  —  Fol.  117r  (Luc,  1,  1-8), 
Gilbert,  I,  pi.  xxx,  3.  —  Fol.  172r  (Jean,  1,  ),  Westwood, 
P.  S.  P.,Gosp.ofMl  D.,  pi.  1,  1. 


420  L.  Gougaud. 

Autres  peintures  : 

Choix  d'ornements  divers  chez  J.  O.  Westwood,  On  the 
distinctive  Character  of  the  varions  styles  and  ornementation  em- 
ployée! by  the  early  British,  Anglo-Saxon  and  Irish  Arlists  (Ar- 
chaeological  Journal,  t.X,  p.  285,  288,  289,  294;  Owen  Jones, 
The  Grammar  of  Ornament,  London  [1865],  pi.  65,  nos  4,  8, 
9,  10,  13. 

Fol.  lv  (Emblèmes  des  quatre  évangélistes),  Westwood, 
P.  S.  P.  G.  of  Mc  D.,  pi.  1,  2  ;  Bruun,   pi.  iv,  p.   32. 

Fol.  4V  (Portrait  de  S.  Matthieu),  John  Stuart,  Sculptured 
stones of  Scotland,  t.  II,  pi.  iv  ;  Westwood,  M.  O.,  pi.  xxn  ; 
Le  même.  Irish  illuminated  Manuscripts  (Arch&ological  Journal, 
t.  VII,  p.  17);  Joseph  Anderson,  Scotland  in  early  Christian 
Times,  Edinburgh,  1881,  ire  série,  p.  228;  L.  Gougaud,  Varl 
celtique  chrétien  {Revue  de  Fart  chrétien,  191 1,  fig.  10,  p.  105); 
Le  môme,  Liturgies  et  arts  celtiques  (Revue  celtique,  t.  XXXII, 
1911,%.  4,  p.  252). 

Fol.  H5V  (Portrait  de  S.  Luc),  J.  Stuart,  op.  cit.,  t.  II, 
pi.  iy  ;  Westwood,  M.  O.,  pi.  xxn;  Le  même,  dans  Archxolo- 
gical  Journal,  t.  VII,  p.  19;  J.  Anderson,  op.  cit.,  p.  228; 
L.  Gougaud,  dans  la  Revue  de  Fart  chrétien,  191 1,  fig.  9, 
p.  104;  Le  même,  dans  la  Revue  celtique,  t.  XXXII,  fig.  2, 
p.  259. 

Fol.  116r  (Trahison  de  Judas.  Cette  miniature  n'est  pas  de 
style  irlandais),  Westwood,  P.   S.  P.  G.  of  M.  D.,  pi.  m,  1. 

Fol.  170v  (Portrait  de  S.  Jean),  Cari  Schnaase,  Geschichte  der 
bildenden  Kùnste,  Dùsseldorf,  1869,  t.  III,  fig.  14e,  p.  613  ; 
Westwood,  P.  S.  P.  Gosp.  of  M.  Duman,  pi.  1;  A.  Wolt- 
mann,  et  K.  Woermann,  Geschichte  der  Malerci,  trad.  S. 
Colvin,  London,  1880,  t.  I,  fig.  54,  p.  204;  John  Henry 
Middleton,  Illuminated  Manuscripts  in  Classical  ami  Mediœval 
Times,  Cambridge,  1892,  fig.  20,  p.  91;  Brunn,  pi.  VI,  p.  48; 
Walter  Armstrong,  Ars  una,  species  mille  :  Grande-Bretagne 
et  Irlande,  Paris,  19 10,  fig.    262,   p.  131. 

Écriture  : 

Fol.  24r-25r  (Annales  de  Boyle  de  1 174  à  1 185),  Gil- 
bert, II,  pi.  xci,  avec  transcription  et  traduction. 


Répertoire  de  fac-similés  des  manuscrits  irlandais.  421 

II 

BRITISH  MUSEUM 

1.  —  Arundel,  333  Ms .  médical  et  astronomique  écrit  en 
1514  et  1519. 

Écriture  : 

Fol.  35v  (cf.  O'Gradv,  Catalogue,  p .  246),  British  Muséum  : 

Catalogue   of   Manuscripts,  nouv.  série,  t.  I,    ire  partie  :  The 
Arundel  mss.  London,    1834,  pi.  111. 

2.  —  Cotton,  Galba  A.  V.  —  Psautier  latin  (xie-xne  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  17v  (Ps.  33,  1-3,  avec  une  lettre  ornée),  Westwood, 
P.  S.  P.,  Irish  Mss.,  p.  4,  planche  unique,  n°  3.  — Fol. 
28v  et  29r  (Ps.  59,  11-14,  Ps-  6o>  Ps-  ér>  Ps-  62,  2"I2> 
avec  initiales  ornées),  Gilbert,  II,  pi.  xlix.  —  Fol.  29v  (Ps. 
84,  3-14,  Ps.  85,  1-3,  avec  initiales  ornées),  Gilbert,  II,  pi. 
XLvni,  1.  —  Fol.  37r(Ps.77,  19-20),  David  Casley,  ACata- 
logue  of  the  Manuscripts  of  the  King's  Library  :  An  appemlix  to 
the  Catalogue  of  the  Cottonian  Library,  London,  1734,  pi.  xiv. 
—  Fol.  38r    (Ps.   101,    2-8,   avec  initiale  ornée),  Gilbert,  II, 

pi.  XLVIII,  2. 

3.  —  Cotton.  Nero  A.  VII.  —  Ms.  juridique  écrit  en  15 71. 

Écriture  : 

Fol.  132  (Bretha  Nemed),  C.  P.  Cooper,  SuppL,  pi.  xm. 

4.  —  Cotton.  Nero  D.  IV.  —  Livre  de  Lindisfarne  (v. 
700).  — Evangéliaire  latin. 

Écriture  : 

Fol.  34r  (Mat.,  iv,  24-v,  10,  avec  des  lettres  ornées), 
Pal.  S.,  I,  pi.  m  ;  Westwood,  P.  S.  P.,  Anglo-saxon  Gospels, 
pi.  unique  n°  1  ;  The  Harmsworth  Encyclopaedia,  London 
[190e],  t.  VIII,  p.  53  ;  Ed.  Maunde  Thompson,  An  Introduc- 
tion to  Greck  and  Latin  Palaeography,  Oxford,  1912,  n°  140, 
p.  387.  —  Fol.  81v  (Mat.,  xxvi,  22),  C.  P.  Cooper,  SuppL, 
pi.  xxiv,    1.  — Fol.   90r  (Incipit   argumentant  [Marri],  avec 


422  L.  Gougaud. 

cinq  lettres  ornées),  E.  Maunde  Thompson,  Catalogue  of  ancieni 

Manuscripls  in  the  Britisb  Muséum,  London,  1884,  2e  partie, 
pi.  vin  ;  F.  G.  Kenyon,  Facsimiles  of  Biblical  Manuscripls  in 
the  Biitish  Muséum,  London,  1900,  pi.  xi  ;  Catholic  Ençyclo- 
paedia,  London  [1910],  t.  IX,  pi.  en  face  de  p.  270.  — Fol. 
139v  (Luc,  1,  5-7,  avec  des  lettres  ornées  et  Pater),  Astle,  pi. 
xiv  b  ;  Silvestre,  t.  IV,  pi.  11,  1  ;  O'Conor,  pi.  ni,  2.  —  Fol. 
195v  (Luc,  xxii,  37-47),  F.  G.  Kenyon,  Handbook  to  textual 
Criticism  of  the  New  Testament,  2e  éd.,  London,  1912,  pi. 
xvi.  --  Fol.  259r  (Jean,  xxi,  22-25  et  colophon),  E.  Maunde 
Thompson,  Calai,  of  anc.  manuscripts,  2e  part.,  pi.  ix;D. 
Casley,  Catalogue  of  the  man  in  the  King's  Library,  pi.  xm  ; 
Robinson,  pi.  v. 

Lettres  ornées  : 

Choix  de  lettres  ornées  :  Astle,  pi.  xiv  /;  ;  Owen  Jones, 
Grammar  of  Orna  ment,  pi.  lxiv,  38  et  40,  pi.  lxv,  i  ;  West- 
wood,  Arch.  Journal,  t.  X,  fig.  7,  p.  294  ;  Matthew  Dighy 
Wyatt,  The  Art  of  Illuminating  (Privately  printed)  [London, 
1860],  pi.  m  et  iv.  —  Fol.  27r  (Mat.  1,  1),  Pal.  S.,  I,  pi. 
iv  ;  Brunn,  pi.  m.  —  Fol.  29r  (Mat.,  1,  18),  Fred.  Madden, 
Illuminated  Ornaments,  etc.,  London,  1833  [pi.  v]  ;  J.  Steven- 
son, The  Lindisfarne  and  Rushworth  Gospels  (Surtces  Society, 
t.  XXVIII),  1854,  pi.  en  face  de  p.  38;  G.  F.  Warner,  Repro- 
ductions from  illuminated  Manuscripts  in  the  British  Muséum, 
London,  1908,  3e  série,  pi.  11;  Robinson,  pi.  x;  James  Has- 
tings,  Encyclopaedia  of  Religion  and  Ethics,  Edinburgh,  1908, 
t.  Ier,  p.  890.  —  Fol.  95r(Marc,  1,  1-2),  Robinson,  pi.  vu; 
Walter  Armstrong,  Ars  una,Species  nulle  :  Grande-Bretagne  et 
Irlande,  Paris,  1910,  fig.  271,  p.  137.  —  Fol.  129r  (Luc,  1, 
1),  Astle,  pi.  xiv  a  ;  Pal.  S.,\,  pi.  xxii  ;  E.  Maunde  Thomp- 
son, English  illuminated  Manuscripts,  London,  1895,  P^  î>  F- 
G.  Kenyon,  Our  Bible  and  the  Ancieni  Manuscripts,  London, 
1895,  pi.  xx;  Robinson,  pi.  vin  ;  J.  A.  Herbert,  Illuminated 
Manuscripts  {The  Connaisseurs  Library),  London  [19 11],  pi. 
vin.  —  Fol.  211r  (Jean  1,  1),  Henrv  Noël  Humphreys,  Illu- 
minated Books  of  the  Middle  Ages,  London,  1844-49  (planches 
sans  numérotation);  Pal.  S.,  I,  pi.  vi  ;  G.  F.  Warner,  /////- 


Répertoire  de  fac-similés  des  manuscrits  irlandais.  423 

minated  Manuscripts  in  the  British  Muscuni, London,  1903,  pi. 

I  ;  Robinson,  pi.  ix. 

Autres  peintures  : 

Choix  de  motifs  d'ornementation  :  Owen  Jones,  Grâmmar 
ofOrnament,  pi.  lxv,  5,  11,  12,  14  ;  Westwood,  Arch.  Journal, 
t.  X,  fig.  4,  p.  291,6g.  12,  p.  297;  Auguste  Racinet, L'Orne- 
ment polychrome,  Paris  [1869-78],  t.  I,  Moyen  âge,  ornements 
celtiques,  n°  26,  t.  II,  planche  «  celtique  »,'n°  8.  —  Fol.  25v 
(Portrait  de  S.  Matthieu),  Westwood,  M.  O.,  pi.  xiii.  —  Fol. 
26v  (grande  croix  ornée  d'entrelacs  zoomorphes  sur  un 
fond  d'ornementation),  E.  Maunde  Thompson,  Catalogne  of 
anc.  Man.  in  the  Br.  Muséum,  2e  partie,  pi.  x  ;  G.  F.  Warner, 
Reproductions,  3e  série,  pi.  1;  Robinson,  pi.  vi.  — Fol.  93v 
(Portrait  de  S.  Marc),  J.  A.  Herbert,  The  Erhhlems  of  the  Evan- 
gelists  (Burlington  Magasine,  t.  XIII,  1908,  pi.  en  face  de 
p.  167).  —  Fol.  94v  (Dessins  géométriques  et  zoomorphes 
et  entrelacs,  cercle  au  centre),  Westwood,  M.  O.,  pi.  xn  ; 
Joseph  Anderson,  Scotland  in  early  Christian  Times,  Edin- 
burgh,  1881,  iresér.,  pi.  1. —  Fol.  Ï37v  (Portrait  de  S.  Luc), 
E.  M.  Thompson,  Catal.  of  anc.  mss.  in  the  Br.  Mus.,  2e  par- 
tie, pi.  xi.  —  Fol.  210v  (Dessins  géométriques  et  zoo- 
morphes, croix  au  centre),  Pal.  S.,  I,  pi.  v;  G.  F.  Warner, 

II  lu  minated  Manuscripts,  pi.  11. 

5.  —  Cotton.  Otho  C.  V.  —  Fragments  des  Évangiles  en 
laiin  ( vme  siècle  ?). 

Écriture  :  Fol.  25v  («  Cata  Marcum  »  en  capitales 
angulaires),  T.  Astle,  pi.  xv,  n°  1,  p.  98  ;  J.  B.  Silvestre,  IV, 
pi.  1,  1. 

6.  — Cotton.  Titus  A.  XXV.  —  Annales  de  Boyle  (fin  du 
xme  siècle). 

7.  —  Cotton.  Vitellius  F.  XI.  —  Fragments  d'un  psautier 
latin  (ixe-xe  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  29v  (Ps.  74,  3-14),  Gilbert,  II,  pi.  xlviii,  i.  —  Fol. 
38r  (Ps.  101,  2-8,  avec  encadrement  et  grande  initiale 
ornée),  Gilbert,  II,  pi.  xlviii,  2. 


424  L.  Gougaud. 

Peintures  : 

Fol.  lr  (David  et  Goliath),  J.  Smart,  Sculptural  Siones 
of  Scotland,  t.  II,  p.  lxxix  ;  Westwood,  Irish  illuminated 
Manuscripts  (Archaeological  Journal,  t.  YII,  p.  23  ;  Le  même, 
M.  O.,  pi.  li,  7.  —  Fol.  2r  (David  jouant  de  la  harpe),  J. 
Smart,  Op.  cit.,  II,  p.  lxxix;  Westwood,  Arch.  Journal, 
t.  VII,  p.  24;  Le  même,  M.  O.,  pi.  li,  9. 

8.  —  Egerton  89.  —  Lile  na  beladhan  leighis  (Lys  de  l'art 
de  médecine),  écrit  en    1482. 

Écriture  : 

Fol.  13r  [olim  1]  (Début  de  la  préface  du  traité  médical), 
J.  P.  Cooper,  Suppl.,  pi.  xix. 

9.  —  Egerton  90.  —  Mélanges  irlandais  (xve-xvie  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  15r  [olim  14]  (Texte  de  loi  concernant  la  mise  à 
mort  du  daim,  avec  une  initiale  ornée),  J.  P.  Cooper,  Suppl., 
pi.  xxi.  —  Fol.  16r  [olim  15]  (Texte  légal  sur  les  animaux), 
J.  P.  Cooper,  Suppl.,  pi.  xxi.  —  Fol.  18r  (Poésie  sur  Bri- 
gid),  J.  P.  Cooper,  Suppl.,  pi.  xxi. 

Ornements  : 

Fol.7r  (Tableau  des  caractéristiques  des  signes  du  zodiaque), 
J.  P.  Cooper,  Suppl.,  pi.  xx. 

10.  —  Egerton  91.  —  Homélies  en  irlandais  (xve  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  20r  [olim  37]  (Pater  en  latin)  ;  fol.  67r  [olim  107], 
initiale  ornée;  fol.  52r  [olim  ni],  initiale  ornée  :  J.  P. 
Cooper,  Suppl.,  xxn. 

11.  —  Egerton  92.  —  Mélanges  religieux  en  irlandais 
(xvie  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  4r  [olim  1],  12'  [olim  16],  31 r  [olim  43],  J.  P. 
Cooper,  Suppl.,  pi.  xxm. 

12.  —  Harley  432.  —  Fragment  du  Senehus  Mor  (xvie 
siècle). 


Répertoire  de  fac-similés  des  manuscrits  irlandais.  425 

Écriture  : 

Fol.  4r  (Texte  du  Senchus  Mor,  avec  lettres  ornées),  Ancient 
Laws  of Ireland,  Dublin,  1869,  t.  II.  pi.  1. 

13.  —  Harley  546.  —  Traité  médical  en  irlandais  écrit  en 
1459- 

ÉCRITURE  : 

Fol.  11 r  (Texte  sur  les  doses  médicales),  Norman  Moore,  The 
History  of  the  Study  of  Médiane  in  the  British  Lies,  Oxford, 
1908,  pi.  VIII. 

Fol.  55  (Sur  la  goutte),  N.  Moore,  Op.  cit.,  pi.  ix. 

Fol.  17v  (Sur  l'épilepsie),  N.  Moore,  Op.  cit.,  pi.  x. 

14.  —  Harley  1023.  —  Evangéliaire  latin  (xne  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  7V  (Mat.,  xxvn,  49-50),  Westwood,  P.  S.  P.,  Irish 
Mss,  pi.  unique,  n°  7.  — Fol.  llr  (Marc  1,  1-14,  avec  une 
initiale  ornée),  Gilbert,  I,  pi.  xlv,  2.  —  Fol.  34r  (Luc  1,1-16, 
avec  une  initiale  ornée),  Gilbert,  I,  pi.  xlv,  3.  -  -  Fol.  65r 
(Jean  1,  1-20,  avec  une  initiale  ornée),  Gilbert,  I,  pi.  xlv,  4.  — 
Fol.  88v(«  Finit,  Amen,  Finit,  Amen  »),  Westwood,  P.  S.  P., 
Ir.  Mss.,  pi.  unique,  n°  8  ;  G.  P.  Cooper,  Snppl.,  pi.  xvn,  1. 

Peinture  : 

Fol.  10r  (Emblème  de  S.  Marc),  Gilbert,  I,  pi.  xlv,  i. 

15.  —  Harley  1802.  — Evangéliaire  de  Maelbrigte  en 
latin,  avec  des  textes  irlandais  (xir  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  9V  (Poème  irlandais  sur  les  Apôtres;  texte  et  trad.chez 
Whitley  Stokes,  The  Irish  Verses  etc,  in  Harleian  1S02,  Revue 
celtique,  t.  VIII,  1887,  p.  350-355),  Gilbert,  I,  pi.  xl,  1.  — 
Fol.  101  (Mat.  1,  18-23,  avec  une  initiale  ornée),  Gilbert,  I, 
pi.  xli,  1.  —  Fol.  13r  (Mat.,  11,  22-23,  ni,  1-8),  Gilbert,  I,  pi. 
xlii,  1.  —  Fol.  50r  (Texte  latin  extrait  de  Bède  sur  II  Petr. 
ni,  10  et  une  ligne  en  irlandais),  Gilbert.  I,  pl.xL,  2.  — Fol. 
60r  (Mat.,  xxviii,  13-20),  Gilbert,  I,  pi.  xli  2.  —  Fol.  61v 
(Début  de  S.  Marc,  avec  une  initiale  ornée),  Westwood,  P.  S. 
P.,  Irish  Mss.,  pi.  unique,  n°  4.  —  Fol.  87r  (Luc,  1,  1-13,  avec 


426  L.  Gougaud. 

une  initiale  ornée)  Pal.  S.,  I,  pi.  212.  —  Fol.  HT  (Luc  xix, 
17-32),  E.  Maiinde  Thompson,  An  Introduction  to  Greek  and 
Latin  Palœographv,  Oxford,  19 12,  n°  139,  p.  382.  —  Fol. 
127v  (Luc,  xxiv,  47-52,  et  prière  pour  Maelbrigte,  texte  et trad. 
chez  Wh.  Stokes,  Op.  cit.,  Revue  celtique,  t.  VIII,  p.  358-359) 
Gilbert,  I,  pi.  xli,  3  ;  E.  Maunde  Thompson,  Handbook  0) 
Greek  and  Latin  Pahvography,  London,  1893,  P-  243  5  Res- 
sens, Eléments  de  paltographie,  Louvain,  1899,  p.  5 1  ;  West- 
wood,  P.  S.  P.,  n°  5  (prière  seulement).  —  Fol.  128r  (Jean, 
1,  1-15,  avec  une  initiale  ornée),  Gilbert,  I,  pi.  xli,  4  ;  J.  P. 
Gooper,  Suppl.,  pi.  xvi;  F.  G.  Kenyon,  Facsitniles  of  Biblieal 
Manuscripts  iu  tbe  British  Muséum,  London,  1900,  pi.  xvm  ; 
Franz  Steffens,  Lateinische  Palàograpbie,  pi.  83  et  2e  ëd'rt.  (Sup- 
plément %ur  ersten  Aujlage,  pi.  34,  n°  1). 

Fol.  156v  (Jean,  xxi,  20-25,  avec  colophon  en  irlandais), 
Gilbert,  I,  pi.  xlii,  2.  Le  colophon  seulement  chez  O'Conor, 
pi.  vi,  1  ;  C.  P.  Cooper,  Suppl. ,  pi.  xvi,  2. 

Peinture  : 

Fol.  60v  (Lion,  emblème  de  S.  Marc),  Westwood,  P.  S.  P., 
n°  6  ;  L.  Gougaud,  V Art  celtique  Chrétien  (Revue  de  Part  Chré- 
tien, 191 1,  rig.  13,  p.  108). 

16.  Harley  3756. —  Mélanges.  (xvie  siècle) 

Ecriture  : 

Fol.  37r  (Convention  en  irlandais  entre  Gerald,  huitième 
comte  de  Kildare  et  Mac  Geoghegan),  Gilbert,  III,  pi.  lxi, 
avec  transcript.  et  trad. 

17.  —  Harley  3280.  — Mélanges  irlandais  (xvL'-xvie  siècle). 

Ecriture  : 

Fol.  27r  (Tochmarc  Emire  la  Coiuculaind,  avec  une  initiale 
ornée  :  édit.  sans  traduct.  de  Kuno  Meyer,  Zeitschrift  fur 
altische  Philologie,  t.  III,  1900,  p.  229),  Ch.  P.  Cooper,  Suppl., 
pi.  xvm,  1;  Astle,  pi.  xxn,  13.  —  Fol.  53r  (Noiden  Ulad  : 
publié  par  E.  Windisch,  avec  une  trad.  allemande,  A',  sàchs. 
Gessellsch.  der  Wissensch.  Berichte,  t.  XXVI,  1884,  p.  340), 
Ch.   P.  Cooper,  Suppl.,  pi.  xvm,  2. 


Répertoire  de  fac-similés  de  manuscrits  irlandais.  427 

18.  —  Addit.,  15582.  —  Manuscrit  médical  écrit  en  1563. 

Reproduction  complète  en  fac-similé  du  Regimen  sanitalis 
(15  planches,  dont  deux  avec  lettres  ornées)  avec  transcription 
et  traduction  chez  H.  Cameron  Gillies,  Regimen  Saniîatis.  The 
Rnle  of  Health,  Glasgow,  191 1.  —  Voir  aussi  du  même,  A 
Gaclic  Médical  Man user ipt  of  1563  {Çaledonian  médical  Journal, 
t.  V,  1902,  p.  39-86). 

OXFORD 

I 
BODLÉIENNE 

1.  —  Auct.  D.  2.  19.  —  Codex  Rushworthianus  ou 
Evangéliaire  de  Mac  Regol  en  latin  (ixc  siècle). 

Ecriture  : 

Alphabet  en  capitales  et  en  semi-onciales,  chez  Astle, 
pi.  xvi  ;  O'  Conor,  pi.  iv,  2. 

Fol.  55r  (Marc,  11,  12-15),  Astle,  loc.  cit.,  Silvestre,  IV,  pi.  11, 
2;  O'  Conor,  pi.  ni,  1.  — Fol.  92r  (Luc,  m,  8-17),  S.  Hem- 
phill,  The  Gospels  of  Mac  Regol  of  Birr ,  a  Study  in  Celtic  Illu- 
mination (Proccedings  if  the  Roy.  Irish  Academy,  t.  XXIX,  sect. 
c,  191 1,  pi.  v.  —  Fol.  93r  (Luc,  m,  27-36),  Gilbert,  I,  pi. 
xxii.  —  Fol.  110r  (Luc,  xvi  25-  xvn,  6),  Pal.  S .,  I,  pi.  xcx  ; 
E.  Maunde  Thompson,  Handbook,  p.  241  ;  Reusens,  Eléments 
de  Paléographie,  p.  49.  —  Fol.  155r  (Jean  xm,  2),  J.  Steven- 
son, The  Lindisfarne  and  Rushworth  Gospels  :  Surtees  Society,  t. 
XL VIII,  frontispice.  — Fol.  169v  (Souscription  de  Mac  Regol 
en  latin),  Gilbert,  I,  pi.  xxiv  ;  J.  Stevenson,  Op.  cit.,  frontis- 
pice. 

Lettres  ornées  : 

Fol.  lr  (Début  de  S.  Mat.),  Hemphill,  Op.  cit.,  pi.  1.  — 
Fol.  52r(Marc,  1,  1),  Westwood,  P.  S.  P.  Gospel  of  Mac  Regol, 
pi.  unique,  n°  2;  Hemphill,  Op.  cit.,  pi.  11.  —  Fol.  85r 
(Début  de  S.  Luc),  Westwood,  Op.  cit .,  n°  1  ;  Hemphill,  pi. 
m.  —  Fol.  127r  (Début  de  S.  Jean),  Gilbert,  I,  pi.  xxm  ; 
Hemphill,  pi.  iv;Cabrolet  Leclercq,  Dictionnaire  lï archéologie 


438  L.  Gougaud. 

chétienne  et  de  liturgie,  t.   II,  fig.  2337.  —  Fol.  127v  (Jean  1, 
6),  Westwood,  n°  3. 

Autres  peintures  : 

Ornements  divers  :  Westwood,  Archxological  Journal,  t.  X, 
pi.  en  face  de  p.  291,  fig.  3,  5  ;  pi.  en  face  de  p.  291, 
fig.  6. 

Fol.  126v  (Portrait  de  S.  Jean),  Westwood,  M.  O.,  pi.  xvi  ; 
Pal.  S.,  I,  pi.  xcxi. 

2.  —  Auct.  F.  3.  15.  —  Texte  latin  de  Chalcidius  avec 
des  gloses  irlandaises  (  ). 

Ecriture  : 

Fol.  lr  (Incipit  :  Socrates  in  exhortât ionibus,  avec  une  initiale 
ornée),  O'  Conor,  I,  pi.  vi,  2. 

3.  —  Laud  Mise.  618.  —  Mélanges  irlandais  (xne-xve 
siècle). 

Écriture  : 

Fol.  33r  (Gilla  Coemain  Annalad  anal!  huile,  avec  une  ini- 
tiale ornée),  O'  Conor,  I,  pi.  vu,  5.  --  Fol.  59r  (JSen  a  Crist 
molabrad  avec  une  initiale  ornée),  Ibid.,  pi.  vu,  6.  —  Fol. 
110,  Gilbert,  III,  pi,  xlvii. 

Lettres  ornées: 

Gilbert,  IV,  Appendice,  pi.  iv. 

4.  —  Rawl.  B.  487.  — Mélanges  irlandais  (xve  siècle). 

Écriture  : 
Fol.    55r  (Passage  des  lois  des  Brehons),  O'  Conor,  I,  pi. 
vi,  3. 

5  —  Rawlinson  B.  488.  —  Annales  de  Tigernach  (xive 
siècle). 

Écriture  : 

Fol.  llr  (Annales  de  665  à  682  de  l'ère  chrétienne),  Gil- 
bert, II,  pi.  xc. 

Lettre  ornée  : 

O'  Conor.  R.  H.  S,  I,  pi.  vu,  1. 

6.  —  Rawl.  B.  489.  —  Annales  d'Ulster,  en  irlandais  (xvie 
siècle). 


Répertoire  de  fac-similés  des  manuscrits  irlandais.  429 

Écriture  : 

Astle,  pi.  xxii,  16,  17. 

7.  —  Rawl.  B.  502.  — Mélanges  irlandais  (xie-xne  siècles). 

Écriture  : 

Ce  manuscrit  a  été  publié  intégralement  en  fac-similé  par 
le  Prof.  Kuno  Meyer  :  Rawlison  B.  j02.  A  Collection  of  pièces 
in  prose  and  verse  in  the  Irisb  Language,  Oxford,  1909. 

Autres  fac-similés  :  O'  Conor,  pi.  vu,  4  (fol.  2  :  Annales 
de  Tigernach)  ;  Gilbert,  I,  pi.  xliii,  xliv,  II,  pi.  xc  (fol.  6,  7, 
11  :  Annales  de  Tigernach)  ;  Astle,  pi.  xxn,  15  (Annales  de 
Tigernach);  Eleanor  Hull,  Poem  Book  of  the  Gael,  London, 
1912,  frontispice  :  fol.  191'  (Saltair  na  Rann,  éd.  Whitley 
Stokes,  Anecdota  oxoniensia,  Oxford,  1883);  Gilbert,  II,  pi. 
lvi,  lvii,  Lvm(fol.  65-',  79l,  64l  :  généalogies). 

8.  —  Rawl.  B.  503.  —  Annales  d'Inisfallen,  en  irlandais 
(xnr-xive  siècles). 

Écriture  : 

Fol.  16v  (Annales  de  930  à  951),  Gilbert,  II,  pi.  lxxxix. 

9.  — Rawl.  B.  505.  —  Mélanges  irlandais  (xiv-xve  siècle). 

Écriture  : 

Choix  de  lettres  chez  O'  Conor,  I,  pi.  vi,  4. 

10.  —  Rawl.  B.  512.  —  Mélanges  irlandais  (xive-xve 
siècles). 

Écriture  : 

Fol.  23r  (Vie  tripartite  de  S.  Patrick,  en  irlandais  :  éd.  et 
trad,  Wh.  Stokes,  The  Tripartite  Life  of  Patrick,  London, 
1887,  p.  192-197),  Wh.  Stokes,  Trip.  Life,  t.  I,  frontispice). 

Fol.  45r  (Traité  en  irlandais  sur  le  psautier  :  éd.  et  trad. 
Kuno  Meyer,  Hibernica  Minora,  Oxford,  1894,  p.  1-3,  20- 
22) . 

K.  Meyei,  op.  cit.,  frontispice. 

11.  —  Rawl.  B.  514.    —  Mélanges  irlandais  (xvie  siècle). 

Peinture  : 
Fol.    3'[2]  (Portrait    de    S.    Columba),    Gilbert,   III,  pi. 

LXVI . 


4^0  L.  Gougaud. 

II 

CORPUS  CIIRISTI  COLLEGE 

i.  —  N°  122.  —  Evangéliaire  latin  (xie  siècle?). 
Écriture  : 

Fol.  10v  (Mat.  i,  15 -il,  2),  Gilbert,  II,  pi.  xlvii,  i.  —  Fol. 
41 v  (Mat.,  xxvi,  69-xxvn,  7),  Gilbert  II,  pi.  xlvii,  2.  — 
Fol.  72v-73r  (Luc,  m,  19-iv,  11),  Gilbert,  II,  pi.  xlvii,  3,  4. 

Lettres  ornées  et  peintures  : 

Fol.  3V-4V  (Canons  d'Eusèbe),  Gilbert,  II,  pi.  xlvi  r,  2.  — 
Fol.  5v  (Diagramme  :  Aléa  Evangeliï),  Gilbert,  II,  pi.  xlvi,  3. 
—  Fol.  10r  (Mat.,  1,  1-15),  Gilbert,  II,  pi.  xlvi,  4. 

2.  —  N°  282.  —  Missel  (xne  siècle). 

Écriture  : 

Fol.  31r  (Oraisons  pro  diaconibus)  F.  E.  Warren,  The 
Manuscript  Irish  Missal  belonging  to...  Corpus  Christi  Collège 
Oxford,  London,  1879,  pi.  1.  —  Fol.  51r  (Introït,  collecte  et 
épître  de  la  messe  du  jour  de  Noël,  avec  lettres  ornées),  War- 
ren, op.  cit.,  pi.  11.  —  Fol.  58r  (Oraison  et  épître  de  la  messe 
des  Saints  Innocents),  Warren,  op.  cit.,  pi.  m.  —  Fol.  lllv- 
112r  (Litanies  de  l'office  du  Samedi  saint),  Gilbert,  II,  pi.  l,  i, 
2  ;  Warren,  pi.  iv.  —  Fol.  114v  (Introït  du  dimanche  de 
Pâques),  Gilbert,  II,  pi.  l,  3.  — Fol.  115r  (Epître  et  Evangile 
du  dimanche  de  Pâques),  Gilbert,  II,  pi.  li,  i.  —  Fol.  196-197' 
(Rituel  du  Baptême),  Gilbert,  II,  pi.  li,  2,  3.— Fol.  202r 
(Consecratio  fonds),  Warren,  pi.  v. 

Le  sac  de  cuir  dans  lequel  ce  missel  était  autrefois  renfermé 
a  été  conservé.  On  en  trouvera  une  reproduction  chez  Ernest 
A.  Savage,  Old  English  Libraries,    London  [191 1],    pi.  1,  2. 

L.  Gougaud. 


NOTES 

SUR    LE 

PARLER     BRETON     DE     CLÉGUÉREC  ■ 

(morbihax) 

(Sniie) 


VOCABULAIRE 

Bien  que  le  vocabulaire  de  Cl.  soit  assez  pauvre  et  ignore 
un  certain  nombre  de  termes  courants  ailleurs  (il  dit.  par 
exemple  : 

panye''  de  lakat  inet,  panier  à  mettre  des  oiseaux,  pour  V. 
kavidel,  cage  ; 

u r  goba  là,  flambée,  feu  de  joie,  alors  que  Pontivy  emploie 
ur  wogedel;  ne  connaît  guère  le  mot  manne,  montagne,  qu'il 
remplace  par  le  vocable  imprécis  motçn,  motte,  butte  ;  etc., 
etc.), 

il  renferme  cependant  quantité  de  mots  non  en  usage  à 
V.  L'on  trouvera  ci-après  quelques-unes,  la  minorité  seule- 
lement,  de  ces  expressions  qui,  connues  sans  doute  —  cer- 
taines d'entre  elles,  tout  au  moins  —  en  dehors  de  Cl.,  n'ont 
pas  été  relevées  (sauf  erreur)  par  les  dictionnaires  de  Y.  ou 
sont  portées  dans  ces  ouvrages  avec  un  sens  différent.  L'on  n'a 
pas  répété,  en  général,  les  mots  dont  les  modifications  phoné- 
tiques seules  sont  ci  noter  (Voir  Phonétique). 


âbyçj(œw)  ou  îibkjQrw)  :  anneau(x)  du  joug. 
[dèn]  adyes  :  [homme]  habile,  expert. 

i.  Voir  ci-dessus,  pp.  et  --. 


43 2  E.    Thibault. 

akiuit,  gober  en  akiuit  ag  en  tiy  :  suffire  pour  la  provision  de  la 

maison. 
[dèn]  à  port  :  [homme]  important,  gros. 
a(r)dÔnat  :  apprivoiser. 

are  :  encore,  sens  généralement  péjoratif  ;c  est  un  reproche. 
(ar)gorœw  :  dot. 

arikotèn  ou  arigotèn  :  badiner,  lanterner. 
[gwel]  asèjet  :  retenu,  empêché,  mal  en  point. 
aset  :  assez. 
àwelat  [er  sœwt]  :  V.  anihélial  :  conduire  [les  vaches]  à  la  corde. 

B 

[terel  er]  bar  :  [jeter  le]  sort. 

barabà  :  charrue  moderne  [Brahant]. 

[sakre]  barbar  :  [sacré]  brutal,  espèce  de  sauvage!  exclamation 

bes  :  buis. 

[dihwcâçn  stal  ïir]  beiuin  :  [saigner  comme  un]  bœuf. 

biâabonen  ou  Ujabonen  :  taon. 

[de  se]  bihà  :  [il  n'y  en  a  pas]  peu,  (il  y  en  a  assez). 

blœn  :  bleu  [des  repasseuses], 

[ur]  boch  [a  ilis]  :  [une]  grand[e  église]  (dans  ce  sens  le  mot 

boch  commence  à  se  répandre  à  Cl.). 
botèn  :  butter,  terme  de  jardinage, 
boteù'e''  :  sabotier. 

brada  (franc,  brandon)  :  enseigne  d'auoerge,  touffe  de  gui,  gui. 
brahat  ha  brahat  :  bras  dessus  bras  dessous. 
bri,  féminin,  sens  spécial  de  :  lisière  d'un  ch*amp. 
budyoch  ou  bugyoch  :  chevreuil. 

D 

dâtet  :  [bouillie]  brûlée,  attachée  au  fond  du  chaudron. 

[karhel]  delikat  :  [marcher]  vite. 

deryar  gor  :  sorte  de  lierre  qui  pend  aux  arbres. 

dermat  :  étrennes. 

dit  geneù'çr  :  aiguilles  de  glace  qui  pendent  du  toit. 

deiuech,  sens  spécial  de  :  noce. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguèrec.  433 

diboâewèn  [pes]  :  écosser  [des  pois]. 
ifalajoxx  difalas  :  déchet. 

(d'ailleurs  le  suffixe  collectif  volontiers  péjoratif  aj  est 
très  souvent  employé   à    Cl.   Cf.  gwanaj,   charogne  ; 
salopriaj,  strôkaj,  tas  de  choses,  gens  malpropres). 
dtok]  diflapet  :  [chapeau]  aux  bords  rabattus. 
dirweyt  te  :  tourné   vers,  exposé  à. 
[dçu]  dishe  :  [homme]  très  grand,  décharné . 
dorèn  [ger  woten\  :  monter  [la  côte]. 
dœwjœn  :  déjeuner  du  matin. 

Des  noms  des  autres  repas  sont  : 
Qj)aâœjœn  :  déjeuner  de  8  à  9  heures. 
lèn  :  repas  de  midi. 
meren  :  goûter  de  4  heures. 
huèn  :  souper,  repas  du  soir. 


ebelâ  :  roitelet. 


farsus,  très  employé  à  Cl.  dans  le  sens  de  :  étonnant,  extra- 
ordinaire. 

jasip  :  tout  cà  fait  semblable. 

fenestat  :  aller  sous  la  fenêtre  d'une  fille  lui  conter  fleurette. 

felisen  :  sorte  de  grosse  toile. 

flehek  :  fainéant,  flandrin. 

forch,  forhaj  :  quantité  de. 

furawten  (ce  mot  est  plutôt  de  Neulliac)  ou  justen  :  la  robe 
tout  entière  qui  se  compose  du  corsage  :  korvele,  cl  de  la  jupe  : 
broch. 


gach,  ahœrtel  alurghach  :  talus,  entêté  comme  un  talus. 
[sakre]  gau  :    sacristi,  [sacré]  animal  !  juron  bénin >  exclamation 

bienveillante, 
gardelop  (franc,  garde-robe)  :  cabinet  d'aisances. 

Revue  Celtique,  XXXV.  28 


434  E.   Thibault. 

garni  remplace  presque  toujours  givelen  :  pleurer. 

glà  :  laine. 

go(a)rem  er  g[aw  :  arc-en-ciel. 

golot  (confusion    avec   volet,   voir   plus    loin)  :  couvercle  (en 

générât) . 
gotà  :  parce  que,  à  cause  de. 
gr(iu)ifal  :  pousser  des  cris  (enfants). 
grwek,  sens  spécial  de  :  matrone,  sage-femme. 
g'its  :  [tourner]  court. 
guspin  (franc.)  :  gamin,  jeune  garçon. 
gwâ  :  hiver. 
gwech  ha  [nionet]  :  en  même  temps  que  d'[aller],  tant  qued'.., 

puisque  vous 

çwel  :  forçe. 

gweshônyat  (franc,  gascon)  :  dire  des  choses  inintelligibles. 

H 

[uni]  haya(l)  :  se  pousser,  se  chamailler  (enfants). 

[skleyjaî]  heli  er  bl'fïv  :  [traîner]  par  les  cheveux. 

helœr  :  suie . 

hik  :  hoquet. 

(h)onestat  :  nettoyer. 

hubitbu,  ibubu  :  huppe. 

hwari  [i  baivt],  [kohle]  sens  spécial  île  :  faire  [le  jeune  homme], 
[le  diable  à  quatre]. 

hivek  [seivel  en  hiùçkœw]  :  amygdale  [relever,  remettre  les 
amygdales  en  place  en  tirant  sur  les  cheveux]. 

hiuel  V.  ihuél  :  haut. 

hi'uil,  sens  spécial  de  :  malin. 

hinech  do  un  biuil  :  c'est  un  malin,  c'est  un  beau  merle  (rail- 
lerie). 

(h)ïbiselat  :  bercer. 

1 

Lien  :  Yves.   . 

i(n)taves  :  i)  veuve,  2)  entonnoir. 

[dçn]  iskriap  :  [homme]  très  grand,  maigre  et  laid. 

ismeel  (vieux  franc,  esmayer),  et.  émoi  :  effrayé. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  435 

J 

jiguni  :  sucre  noir  de  réglisse. 

jœ  (franc,  jeu),  sens  abstrait  de  :  plaisir,  amusement. 

K 

Halaâur  :  instrument  qui  sert  à  mettre   le  fil    en    éeheveaux, 

dévidoir. 
kalô-giuâ  :  novembre. 
halot   :   culot  de  bois,  souche  qui  reste  lorsqu'on  a  abattu    un 

arbre  à  la  hache . 
hanil ,  kàniiifâeji,  gwerhanit  :  des  araignées,  une  araignée,  toile 

d'araignée. 
hàpeçn  :  hésiter  [à  faire  quelque  chose]. 
hâter at  :  se  dit   du    gloussement   des  poules  qui  cherchent  à 

pondre.  L'on  dit  shlolal  quand  elles  cherchent  à  couver. 
kaws,  fémin.  (konrx,  infinitif)  :  parole,  mot. 
kentel  ou  httel  :  couteau. 
kiâek,  mot  collectif  :  chevaux. 
klâie  (franc.)  :  loquet. 
hleïvet,  sens  de  :  entendre  dire.  Me  s~e  hleïve  nitra,  je  n'ai  rien 

entendu  dire. 
kodik  :  presque. 

kohat,    a  gohadcriv  :   bande,  par  bandes  [des   oiseaux  de  pas- 
sage]. L'on  dit   aussi  : 
kordenat,  a  gordenadœïv  :  par  files  alignées,  par  bandes. 
kôsort  :  garçon  d'honneur  d'une  noce. 
kreyô  :  la  gratte  du  fond  de  la  marmite. 
kroset,  sens  de  :  chiffonné. 
hrœs  :  creux. 
htyô  :  timide. 

kulus,  hahuÈèn  :  [enfant]  favori,  cajoler  [un  enfant]. 
kurt,  masculin  :  cour. 
kivaredik,  fémin.  :  pinson. 
hvipihà  :  bonnet  sous  la  coiffe. 
kwiy  \dwar~]  :  [boules  des  racines  du]   chiendent    à  chapelet. 

Un    autre     nom,  moins   réaliste,   est    donné    à    la   même 

plante  : 


436  E.   Thibault. 

paterq-ïb  [dwar]  :  [littéralement  :  grains  de  chapelet),  chiendent 

à  chapelet. 
kworim  :  entant  de  chœur. 


(J~)àdoiien  :  andain. 

lagut  (franc.)  :  eau-de-vie,  plutôt  que. 

lodevi  :  eau-de-vie. 

lakat,  sens  spécial  de  :  supposer.  M'  làkà  het   i  ma  eriil,  je    ne 

suppose  pas  qu'il  soit  arrivé. 
lapus,  lapusel  :  beau  gars,  belle  fille. 
leâeres,  griyeres  (franc.)  :    les  deux  poêles  qui   servent  à  faire 

les  crêpes  ;  sur   la    première   on   étend  la  pâte,  sur   l'autre 

on  grille  la  pâte. 
ledœû),  sens  spécial  argotique  de  :  argent. 
leshanib  :  nom  de  famille. 
lopituc  :  lourdaud,  balourd. 
Icer  :  un  livre  ;  mais  : 
livr  :  une  livre. 
lusèn  :  reluire. 

M 

mach,  pi.  mort  :  merle. 
madii  :  mûres  [de  buisson]. 
maniet  [sorseres]  :  une  espèce  de  [sorcière]. 
ma(r)  kanyur  :  intermédiaire  de  mariage. 
marnws  :  petite  pipe  courte  en  terre  et  aussi  gamin,  marmou- 
set. 
marvey((viv)  :   mensonge(s). 
a  wat  :  à  droite. 

[me]  minur,  sens  spécial  de  :  [mon]  propriétaire. 
miSi  :  délicat,  difficile  pour  la  nourriture. 
mol  :  roue  [de  charrette]  ;  ruot  se  dit  des  brouettes. 
môsat  :  flairer,  guigner  pour  chercher  à  prendre. 
mu(f)bat  :  probablement,  sans  doute. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec.  437 

N 

nâ,  plutôt  que  hoant  :  faim. 

mgen  [ivat]  :  [bonne] nature,  [heureuse] disposition  de  caractère; 
negen  [fcil\  :  [mauvaise]  nature,  [méchant]  instinct. 
nihen  bande  de  toile  ou  de  coton  qui    maintient  la    coiffe.  Si 
l'on  se  sert  d'un  ruban,  l'on  dit  seyen. 


O 


[ned]  orjal  :  fil  de  fer,  d'archal 
orj(è)en  :  s'appuyer,  s'affaisser. 
œwl  :  huile. 


pasemàt  :  non  seulement,  sans  compter,  outre. 

pehir  ou  pihir  :  quand. 

pel^o  :  il  y  a  lontemps. 

pen  ;  klacb,  sirèy  penœiv  ;  épi,  glaner. 

penyat  ou  pinyat  :  fressure,  courrée. 

perèn,  me  da-perèn  :  mon  parrain  ; 

me  mam-berïn  :  ma  marraine. 
[terel]  ple(g)  :  [faire]  attention,  [prendre]  garde. 
pluatat  (um  bluaiat)  :  se  débattre  en  faisant  voler  leurs  plumes 

(poules). 
pclen  :  poulette. 
polok  :  petit  d'un  animal. 
11  r  fal  bolok  :  un  méchant  petit  drôle. 
d'er  porch  :  dehors. 
porch  est  aussi  une  mesure  agraire. 
pœSin  :  poussin. 

prokat   [sey,  velus]  :  touffe  [de  rubans  =  cocarde,  de  velours]. 
proha(j)  ryeâin  :  grappe  de  raisins. 
puponen  :  gâter  [un  enfant]. 

R 


[me]  rach  :  [mon]  soûl,  content. 
râtay,  retay  :  retailles,  reste. 


438  E.    Thibault. 

rèn,  sens  spécial  dans  l'expression  :  hi  e  do  pe  rey  lebô,  elle  est 

mariée  avec  lui  (littéralement  elle  lui  a  été  donnée). 
reSpetoch  (confusion  avec  des  pet)  :  en  dépit  de  vous. 


sâset  :  pour  ainsi  dire  [franc,  local  :  censément). 

seibedel  :  gerbe  [de  blé  noir]. 

siren  :  ramasser,  serrer. 

[gober]    skolpat   :   [faire]    des   entrechats  ;    franc,  local  :  [faire] 

des  escopattes. 
skrevelat  :  gratter  la  terre  (poules),    fouiller    le    sol    du   sabot 

(chevaux). 
skrzvi  :  écrire. 


sâjeli  (Sanl  Jili?)  :  terme,  époque  du  déménagement. 

Sartet  :  [sang]  coagulé,  [eau]  croupissante. 

sekaj  :  (ce  qui  a  été  mâché,   haché)  hachures. 

sen  :  poumons. 

Sparbèn  :  faire  de  grands  yeux,  regarder  fixement. 

slokel  :  ornière. 

streganen;  str.  e  va  eu  amâer  :  briller  (étoiles,  éclairs)  ;    il    fait 

des  éclairs  de  chaleur  (franc,  local  :  épars). 
strimpal  [glaw]  :  ondée. 

a  strn  :  en  désordre  (franc,  local  :  à  la  traîne). 
surj  :  gaillard,  dispos. 
swerja(l)  :  gémir. 

T 

taivl  fin  :  à  la  fin,  enfin. 

tâzuel.  V.  lihoél  :  sombre. 

testo(r)nat.  V.  tastornat  :  tâtonner. 

[kwet]tey,  sens  spécial  de  :  [bois  d'Jorme. 

[gober]  teyl   :  [faire]  des  embarras,  poser  (littéral1  [faire]  du 

fumier), 
torigâ  :  korrigan,  lutin. 


Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguêrec.  439 

trapej,  fémin.  :  petit  moulin  à  effrayer  les  oiseaux  pillards.  On 
l'appelle  aussi  lagat,  œil. 

trejat,  trejaâur  :  contrat  de  louage  pour  la  durée  des  travaux 
de  la  campagne,  celui  qui  l'a  contracté.  (Français  local  : 
parfois  traversin). 

très,  d'un  très  erel  :  façon,  d'une  autre  façon. 

trœ(y)elat.  Y.  turiellat  :  fouiller,  retourner  la  terre  {porcs). 

kohle  tuch  signifie  de  même  que  koble  tarn  :  taureau  apte  à  la 
monte  et  aussi  taureau  méchant. 

tulat  :  grande  quantité,  beaucoup. 

tusen  [lônet],  sens  de  :  conduire,  faire  marcher  en  foire  [des  ani- 
maux]. 

///  ;  à  inep  tu,  a  ve^-tu  :  côté;  à  l'envers. 

en  tu  sternep  :  l'envers. 

V 

vistelen  ou  viskler  :  inflammation  des  bêtes   à  cornes,  glossan- 

thrax. 
volet  :  couvercle  [d'une  casserole]. 


[me]  yôt  korden  :  [mon]  oncle  qui  tient  la  corde,  enchaîne  les 
prisonniers  (sobriquet  du  gendarme). 


IneÇdJ]  %rwi  {V .  ned  de  hroui  ?)  :  sorte  de  gros  [fil  à  coudre]. 

* 
*  * 

Résumant  cette  comparaison  que  nous  avons  instituée 
entre  Cl.  et  V.,  nous  pouvons  dire  que  Cl.  a  bien  les  carac- 
tères du  haut-vannetais  dont  le  séparent  toutefois  des  diffé- 
rences 

importantes  en  phonétique, 
insignifiantes  en  grammaire, 
assez  nombreuses  quant  au  vocabulaire. 
L'on  a  pu  remarquer  que  Cl.  a  cependant  des  traits  qui  le 


440  E.  Thibault. 

rapprochent  du  bas-vannetais,  surtout  pour  le  vocalisme  (a 
brel  du  haut-vannetais  devenu  souvent  e,  i  fermé  V.  resté  e). 
La  même  observation  pourrait  être  faite  à  propos  du  vocabu- 
laire du  pays  de  Cl.  qui,  de  plus,  limitrophe  des  territoires 
bretonriants  non-vannetais,  emploie  des  mots  ou  des  formes 
de  transition  entre  le  V.  et  les  autres  dialectes  (givâ,  hiver  ; 
tâwel,  sombre  ;  lulat,  quantité,  etc.). 

E.  Thibault, 

Professeur  au  Lycée  de  Pontivy. 


NOTES 
ÉTYMOLOGIQUES     ET     LEXICOGRAPHIQUES 

(Suite) 


61.  Breton  tule,  dule;  moyen-breton   duzleenn  ;  gallois 

TUDLEHEU. 

Notre  collaborateur  A.  Thomas  appelait,  il  y  a  quelque 
temps,  mon  attention  sur  le  mot  breton  duzleenn  du  Catho- 
licon  de  Lagadeuc,  qui  l'intéressait  particulièrement  à  cause 
du  mot  français  correspondant  oinîrole.  Je  le  renvoyai  au  Dic- 
tionnaire étymologique  d'Ernault  où  on  lit  «  Duzleenn.  g. 
ointrole  ;  duel,  sing.  duhelen,  robinet,  Pelletier  (Dict.  bret. 
de  Dom  Le  Pelletier),  gallois  dwsel:  voyez  doucil,  du  français.  » 
A  doucil,  on  trouve:  «  doucil,  g.  Grég  (oire)  donne  doulsi~l, 
clepsydre,  doulcil,  arrosoir;  17  vient  sans  doute  d'une  fausse 
étvmologie.  Du  v.  fr.  dousil,  fausset,  robinet  ».  Le  sens  que 
soupçonnait  A.  Thomas  ne  cadrait  nullement  avec  celui 
qu'en  donnait  Ernault.  De  plus,  il  était  évident  que  duel, 
tucl,  n'avait  rien  à  faire  avec  du~leeun,  ni  aucun  de  ces  mots, 
pas  plus  duel  que  duzleenn,  avec  doucil.  Il  me  paraît  probable 
qu'Ernault,  quoiqu'il  ne  le  dise  pas,  a  été  amené  à  son  rappro- 
chement avec  duel  par  une  invention  de  Le  Men  dans  son 
édition  du  Catholicon.  Après  ointrole,  il  insère  entre  cro- 
chets epislomium.  Or,  voici  ce  qu'on  lit  dans  l'original  : 

ms.  lat.  7656,  fol.  65 a  : 

Duzleenn,  g.  ointrole.  1.  [blanc].  De  même  dans  l'édition 
imprimée  in-40  (sauf  la  graphie  du  mot  breton  qui  est  écrit 
du^leen):  Inv.  Rés.  4532).  L'édition  de  1499  (Inv.  Rés.  946, 
alias  X  1429  H  A  a)  n'a  rien;  la  lettre  D  finit  avec  l'article 
durabl. 

La  petite  édition  [Inv.  Rés.  2059]  (Paris  15  21/2,  pridie  kal . 
febr.)  n'a  rien  non  plus  (communiqué  par  A.  Thomas). 

Considérant  que  duzleenn  est  un  singulatif,  je  conjecturai 
que  le  positif  devait  être  en  breton  moderne,  dule  ou  tule;  le 
singulatif,   en  breton,    est  toujours  féminin,   et    provoque  la 


442  ./.   Loth. 

mutation  de  la  sourde  en  sonore  :  on  ne  pouvait  dire,  avec 
L'article,  que:  an  du^leenn.  Le  positif  est  souvent  influencé  par 
le  singulatif  au  point  de  vue  du  genre  ;  du^leenn  avait  pu 
transformer  tuçle  en  du^le.  Or,  on  trouve  les  deux  formes  Iule 
et  diilc.  Le  dict.  de  Troude  a  tule,  qui  est  traduit  par  :  ombi- 
lic, cotyïet,  plantes:  v.  mou%ik.  A  moujik,  on  apprend  que  le 
mot  est  associé  à  krampoue^,  crêpe,  et:  «  on  appelle  krampoueç- 
mouzik,  les  feuilles  de  la  plante  appelée  cotylet  ou  tulot  en  fran- 
çais. Cette  plante  a  des  feuilles  charnues  et  assez  semblables, 
en  petit,  à  des  crêpes.  On  se  sert  de  ces  feuilles  pour  couvrir, 
taire  aboutir  et  sécher  certaines  plaies  et  blessures.  »  On  s'en 
sert  aussi  pour  faire  disparaître  les  verrues.  C'est  une  plante 
grasse,  onctueuse,  ce  qui  explique  le  mot  français  ointroJe,  dans 
lequel  A.  Thomas  soupçonnait  un  dérivé  de  oint,  ce  qui  est 
aujourd'hui  une  certitude  (v.  Romania).  Comme  complément 
de  renseignements,  A.  Thomas  me  communique  le  passage 
de  Rolland,  Flore  pop.,  IV,  89-91,  concernant  cette  plante  : 

unsiola,  lat.  du  xive  siècle,  Whitley  Stokes  *  : 

Welsh  names  of  plants  (Archiv.  f.  ce! t.  Lcxic.,  II,  p.  45, 
302-303). 

Onksiole,  f.  Ille-et-Vilaine,  le  Héricher  (dans  Soc.  d'arch. 
d'Avranches,  1883,  p.  260). 

(C'est  une  plante  onctueuse). 

Krampoe^  moue%ik,  breton,  Cambry,  Voy.  dans  le  Finist.  1835, 

p.    14. 

KrcimpoCy  mitaou  (crêpes  de  minet,  chat),  bret.  de  Tréverec 
(C.-du-N.),  c.  par  M.  Ernault. 

tultre,  breton  de  Cleden-eap-Sizun  (Fin.),  c.  p.  H.  Le 
Carguet. 


1 .  La  citation  est  inexacte  et  incomplète.  Whitley  Stokes  a  publié,  dans 
Y  Archiv  fur  *Celt.  Lexicographie,  tome  II,  p.  37,  un  article  de  botanique  gal- 
loise sous  ce  titre  :  A  List  of  Welsh  Plant  names  (ms.  xiv«  s.).  On  lit  : 

X°  302  umbilicus  veneris,  v  gron  dodieit. 

N°  303  unsiola,  idem.  Le  sens  de  y  gron  dodieit  est  des  plus  clairs  ;  cela 
signifie  :  la  ronde' qui  fond,  la  ronde  onctueuse  (dodd  cit  en  composition,  pour 
toddeit;  cf.  toddi,  Tondre,  breton  teutf).  Silvan  Evans,  Welsh' -Engl-Dict,  à 
envi,  donne:  v  ^rrou  doddïlid,  common  navelwort  (Cotylédon  umbilicus). 
Cf.  Hugh  Davies,  Welsh  Botanology,  43.  177. 


Noies  étymologiques  ei  lexicographiques.  443 

dulé,  breton  de  Lannion  et  de  Pleubian,  c.  p.  Y.  Kerleau  — 
breton  vannetais,  c.  p.  Ernault. 

Dttle  n'a  pas  besoin  d'autre  explication.  Dans  ///~/e,  le  ^  = 
â  spirant.  Tudle  pouvant  évoluer  en  iule  ou  tusle,  on  a  pu  avoir 
ius[t]le,  avec  dégagement  du  /  dans  le  groupe  -si-.  C'est  de  tusllc, 
peut-être  par  tlusilc,  qu'on  sera  arrivé  à  tultre  :  les  formes  inter- 
médiaires nous  échappent. 

J'ai  cherché  un  équivalent  à  lu~lc,  iule  en  gallois.  Il  existe, 
phonétiquement  dans  les  Ane.  laïcs,  of  Wales.  (éd.  An.  Owen, 
I,  p.  258,  XXXIII)  :  chwech  yr  peys  a  teyr  yr  llaudyr  ne  un  yr 
tudleheu,  six  (ceynnyauc,  traduit  par  denarii)  pour  la  tunique 
et  trois  pour  les  culottes  (ou  braies)  et  un  pour  les  tudle. 

Timothy  Lewis  dans  son  Glossary  of  rnediaewal  welsh  Laïcs, 
le  traduit  avec  hésitation  par  brogues  ;  il  ne  fait  que  suivre  la 
tradition.  Elle  n'en  est  pas  plus  respectable  pour  cela.  Il  est  clair, 
quand  on  étudie  les  diverses  pièces  du  vêtement  dans  les  Lois 
que  le  sens  ne  peut  être  brogues.  Dans  les  Leges  wallicae  (II. 
787. XIX)  à  tudleheu  paraît  répondre  : pro peronibus  et  cyrotecis, 
mais  ce  n'est  pas  sûr.  L'identité  du  tu^le  breton  avec  le  gallois 
tudle  ne  pouvant  faire  de  doute,  il  me  parait  à  peu  près  cer- 
tain, que  le  sens  primitif  est  ombilic,  nombril,  et  que  le  nom 
de  la  partie  à  cacher  est  devenu  celui  du  vêtement  approprié. 

C'était  peut-être  quelque  chose  comme  un  caleçon.  Dans  le 
Glossaire  d'Alexandre  de  Neckam  (Th.  Wright  ;  a  volume  of 
vocabularies,  p.  98)  brays  glose  fémoral  ia  :  fémoral ibus  eliam  opus 
est,  ubi  pudibunda  lateant  naturœ. 

Le  breton  tud-le  peut  remonter  à  tut-le  aussi  bien  qu'à 
tud-le.  Ce  mot  est  composé  comme  bron-llech,  irl. *  brollach, 
sein  :  ici,  nous  avons  en  composition,  en  breton,  une  forme 
plutôt  galloise  le,  tandis  que,  dans  bron-llech,  le  gallois  montre 
lech,  qui  est  plutôt  breton  (v.  J.  Loth,  gall.  bronllech,  irl. 
brollach:  Mémoires  de  la  Soc.  ling.  de  Paris,  19 12).  Si  tud-le, 
en  gallois,  contient  tud,  il  faut  le  rapprocher  de  tuàel,  vête- 
ment, dans  le  sens  de  ce  qui  couvre,  cache: 

givisgwys  coet  hein  dudet  haf1  «  le  bois  a  revêtu  la  bjle 
parure  (couverture)  d'été.  » 

1.  L.  Rouge,  ap.  Skene,  F.  a.  R.  11,279,  I0;  c^-  L.  de  Tal  172,  14; 
184,  26. 


444  /•  Loth. 

Le  sens  de  tud  ici  est  clairement  celui  de  couvrir,  cacher  : 
tudle,  partie  à  cacher.  Si  la  forme  primitive  était  tut-le,  il  fau- 
drait, pour  le  sens  caché  et  original,  chercher  dans  une  autre 
direction,  peut-être  dans  d'anciennes  traditions  concernant 
YOmphalos,  sur  lequel  un  livre  important  vient  de  paraître  : 
H.  Roscher,  Omphalos,  Leipzig,  1 9 1  s  - 

63  Gallois  estyvos.  Ce  mot  apparaît  dans  les  Lois  :  Book  of 
Chirk:  ap.  Thimothy  Lewis,  Glossary  of  mediewal  Laws  :  guerth 
duo  estyvos  1U1-  103.  9.  O.  Pughe  donne  ystywaws  d'après  un 
passage  correspondant  des  Lois  et  le  traduit  par  pair  of  stoys  ! 
Les  Le^es  wallicae  (éd.  An.  Owen,  II,  888.  XIX)  portent  duo 
si  l 'nos,  et  non  stuios,  comme  l'a  lu  Timothy  Lewis.  Ce  dernier  ne 
le  traduit  pas.  Aneurin  Owen  n'a  pas  non  plus  hasardé  de  tra- 
duction latine,  toutsimplement  parce  que  Moses  Williams,  dans 
l'édition  de  Wotton,  Ta  laissé  en  blanc.  Le  sens  est  des  plus 
clairs;  mais  pour  le  trouver,  il  fallait  simplement  se  souvenir 
que,  dès  après  la  conquête  de  Guillaume,  le  pays  de  Galles 
a  fortement  subi  l'influence  française.  C'est  le  français  du  XIIe 
siècle  est  ira  us  :  le  mot  glose  chez  Alexandre  de  Neckam  estiva- 
libus  :  pedes  estivalibus  (Th.  Wright,  Vocab.,  p.  98).  Estivaus 
est  le  pluriel  et  aussi  le  nom.  singulier.  Il  est  dérivé  d'estives 
qui  glose  tibie  (ibid.,  p.  104).  John  de  Garlande  (irc  moitié 
du  xmc  s.,  ap.  Wright,  Voc,  p.  122)  le  donne  aussi  :  îibialia 
dicuntur  gallice  estivaus;  cruralia,  gallice,  hueses  (cf.  p.  825: 
equitibialiâ  dicuntur  estivae,  ab  equus,  -a,  -uni,  quia  adequantur 
tibie).  Il  s'agit  donc  ici  de  sortes  de  guêtres.  Ce  nom  de  tibia  les 
est  précisé  dans  d'autres  passages  du  Vocab.  de  Wright  (édit. 
Wright-Wùlcker),  p.  784  :  Iibialia,  a  legarne  ;  p.  125-3 1 
oercac  xel  tibiales:  letherhoses;  277-37  tibiales  :  baunrijt. 

L'allemand  siiefel  vient  du  français.  A.  Thomas  m'apprend 
que  Meyer-Lùbke  dans  son  Rom.  Elyui.  W.  n°  248  repousse 
l'étymologie  estival  de  estivalis,  chaussure  d'été,  mais  que  le 
n°  8345  auquel  il  renvoie  n'a  pas  paru.  Nigra,  Archivio  glott., 
XIV,  299,  y  voyait  un  dérivé  de  la  même  racine  germanique 
que  dans  ètrier  :  ce  que  la  phonétique  condamne  absolument, 
m'écrit  A.  Thomas.  La  parole  est  aux  romanistes. 

64.  Irl.  moxcu  nuithlech,  vieux-gallois  nouidligi. 

Le  sens  de  nuithlechest  précisé  par  plusieurs  textes  :  O'Davoren 


Notes  étymologiques  et  lexicographiques.  445 

(Arch.  f.  Celt.  Lexic,  II,  1499  à  toudh  :  7  ader  nuithlech  iar 
toudh  co  iar  nomaidhe.  «  et  il  dit  (le  Senchas)[\z  vache]  nuithlech 
après  qu'elle  a  vêlé  jusqu'à  la  fin  d'un  nômad  »  (9  jours  et 
9  nuits). 

Ibid  :  1498  fuil  nuithlige  iar  loin! h  ./.  fuit  feras  in  nuithlech 
iar  mbreith  a  laoigh  «  le  sang  que  répand  la  nuithlech  après 
avoir  donné  son  veau  ». 

Les  Ane.  Lazus  of  Ireland  sont  très  précises  également. 
Atkinson  traduit  avec  raison  (VI,  Glossary)  par  milch  cow  {in 
her  firsl  mille).  Les  formes  sont  sg.  nom.  nu\i]llach  (V,  152, 
io)gén.  nuithlige  (Y,  152,  2,  dat.  nuidlig)  III  228,  9.  Plur., 
gin.  :  nuithlech.  On  a  aussi  nuidlechais  III.  228,  16,  gén.-sg. 
de  *nuidkchas,  state  of  beeing  a  milch-cow  in  her  first 
milk.  Il  n'y  a  aucun  doute  que  le  mot  irlandais  ne  soit 
identique  au  vieux-gallois  nouid-ligi  des  Notes  marginales  à 
l'évangéliaire  de  Saint-Chad  (Book  of  Llan  Dav,  éd.  Rhys- 
Evans,  p.  xliiiy  :  très  vache  nouidligi,  trois  vaches  qui  ont 
nouvellement  vêlé). 

Il  est  évident  que  le  mot  irlandais  est  un  emprunt 
ancien  au  brittonique.  La  déclinaison  irlandaise  supposerait 
une  forme  *nouiio-legâ,  pour  une  forme  plus  ancienne  et  pri- 
mitive :  uouio-legos.  Pour  legos,  cf.  'tdyzz,  irl.  lige,  tombe 
(*legio-n).  Le  gallois  est  vraisemblablement  un  pluriel  en  -i 
hystérogène  :  un  pluriel  régulier  de  legos  eût  donné  lei  :  cf  tei 
=  tegesa.  Il  est  vrai  qu'on  peut  supposer  au  commencement 
du  ixe  siècle  une  spirante  écrite  et  une  forme  *legi. 

A  l'époque  de  l'emprunt  -iâ-  est  sorti  de  -iio-  et  le  g  inter- 
vocalique  était  sûrement  spirant,  déjà  en   vieux-brittonique. 

L'emprunt  est  curieux.  Il  suppose  des  relations  étroites  et, 
je  serais  tenté  de  dire,  journalières  entre  l'emprunteur  et  le 
créancier. 

Il  a  pu  subsister  en  Irlande  des  restes  des  Menapii  et  des 
Brigantes  passés  de  l'île  de  Bretagne  au  milieu  des  Goidels, 
avantl'époque  romaine.  Peut-être  y  a-t-il  eu  aussi  des  établis- 
sements postérieurement  à  l'occupation  romaine  de  l'île, 
comme  semblent  l'établir  le  Sailchoit  de  Cormae,  le  Solloghoud 
actuel  du  comté  deTipperarv,  et  les  batailles  qui  sesont  livrées 
en   Irlande  entre  Brittonset  Goidels  du  vie  au  vme  siècle. 


44&  ]■  Loth. 

6j.  La  racine  med-,  dans  le  sens  de  juger,  peser  au  figuré 
et  au  propre  est  largement  représentée  dans  les  langues  cel- 
tiques; irl.  midiur,  je  juge;  gall.  meddwl  ;  breton  de  Cor- 
nouaille  mets,  intelligence  (de  med),  vannetais  me  dans  laquait 
nié,  prendre  garde  (Ernault,  Gloss.  moy.-bret.}. 

med,  en  irlandais  (*medâ),  a  aussi  le  sens  de  balance.  Dans  le 
sens  de  mesurer,  on  n'a  pas,  je  crois,  comparé  les  composés 
gallois  :  dyrn-fedd  une  main  (un  pouce),  troed-Jedd,  un  pied  ; 
modfedd,  un  pouce.  Le  breton  arve~!,  il  considère,  doit  être 
rapproché  du  gallois  ar-fedd.  dessein,  intention  ;  ar-feddu,  ar- 
feddyd.  Pour  la  composition,  ci.  irl.  moy.  airmed,  a  certain 
dry  measure  (Kuno  Meyer). 

68.  Irlandais  nus,  gallois  nus,  breton  lusen,  usen, 

L'irlandais  nus  the  biestings,  est  donné  par  Windisch, 
Wôrt.y  qui  renvoie  à  Corm.  Tr.,  p.  126,  et  aux  Ir.  Gl.  où  il 
glose  colostrum.  Dans  le  Glossaire  d'O'Mulconry,  le  glossateur 
tire  nus2  de  nue  ass,  nouveau  lait  {Arânv,  III,  I,  n°  735). 
Zimmer  a  fait  la  même  étymologie  (K.  Z.  XXXIII,  275). 
Elle  semble  avoir  fait  fortune  et  est  reproduite  un  peu  pur- 
tout. 

Les  points  d'appui  manquaient.  L'édition  des  Meddygon  Myd- 
dfai  que  vient  de  donner  M.  P.  Diverrès,  avec  traduction 
glossaire  des  noms  de  plantes  et  index  général  5,  tait  entrer  la 
question  dans  une  nouvelle  phase.  Un  remède  donné  n°  61, 
p.  56,  est  :  yvet  nus  bucheil  al  «  boire  le  nus  d'une  vache  qui 
a  vêlé  pour  la  seconde  fois  ».  P.  58, et  note.  M.  Diverrès  nous 
dit  qu'il  a  pensé  immédiatement  que  nus  avait  le  sens  de  pre- 
mier lait.  Il  songea  naturellement  au  breton  lea%  lusen  (plu- 
tôt que  lu~en,  comme  il  l'écrit),  premier  lait  de  la  vache  qui 
vient  de  vêler-  Il  m'en  parla  et  je  lui  conseillai  d'identifier 
les  deux  mots,  //  ayant  pu  facilement  devenir  /  par  assimila- 
tion à  cause  de  l'union  svntactique  lae~  lusen.  La  parenté  ou 

1.  Ernault,  a  ton,  y  voit  un  composé  de  ar  et  du  verbe  substantif  (Gl. 
Rev.  Celt.,  Kl,  461  et  Gloss.  moyen-bret.)  :  ariY{  ne  peut  se  séparer  du 
gallois. 

2.  O'  Reillv  :  nùas. 

3.  Le  plus  ancien  texte  des  Meddygon  Myddvai,  Paris.  Le  Dault,  191 3. 


Notes  étymologiques  et  lexicographiqiies.  447 

plutôt  l'identité  avec  l'irlandais  nus,  gaélique  d'Ecosse  nos, 
était  évidente.  La  forme  usen  dans  leas  lusen,  donnée  par 
Ernault  dans  son  Gloss.  a  pu  d'abord  passer  pour  primitive. 
Dans  leas  lusen,  1  viendrait  d'une  sorti  d'allitération  par  écho 
dans  la  liaison  lsea\  usen,  d'après  Victor  Henry,  qui  renvoie  à 
Ernault.  Dans  son  Glossaire  moyen-bret.,  Ernault  croit  à  une 
étymologie  populaire  d'après  lusen,  brouillard.  Puis  il  renvoie 
à  lotruce  où  /  vient  de  l'article  français.  Quant  au  gaël.  nos, 
qu'il  rapproche  cependant  de  usen,  il  le  fait  venir  de  la  même 
racine  que  snuadh,  fleuve. 

L'accord  entre  le  breton,  par  lusen,  le  gallois  et  les  langues 
gaéliques  prouve  que  la  forme  avec  11  est  pan-celtique.  La 
racine  snoû-  est  à  écarter  :  on  eût  eu  snus,  en  irlandais  ;  de 
plus,  le  sens  est  trop  vague  pour  un  objet  si  particulier  et  si 
précis.  Victor  Henry  partant  de  usen,  avait  proposé  de  le  tirer 
d'une  racine  ous  pour  pous,  ce  qui  permettait  l'identification 
avec  le  grec  tuuoç  —  tcus-oç,  qui  a  le  même  sens.  Henry  aurait 
dû,  en  tout  cas,  se  rappeler  que  s  final  eût  disparu  régulière- 
ment. On  peut  supposer,  il  est  vrai,  un  second  suffixe.  Si  on 
admet  ce  rapprochement,  il  faut  supposer  un  composé  vieux- 
celtique  par  non-  :  non-,  ou  nu-  ous-tu-  ? 

69.  —  Du,  noir,  dupa,  dufoc'h. 

Le  b  final  vieux-celtique  paraît  avoir  disparu,  en  breton, 
comme  en  gallois  d'ailleurs,  de  très  bonne  heure  :  en  9 1 3  Galdu 
(Chrest.  bret.,  p.  197).  On  trouve,  il  est  vrai,  encore,  en  1084, 
Galdubo1,  maisc'est  une  graphie  traditionnelle.  Il  semble  bien 
qu'il  en  soit  de  même  des  graphies  actuelles  comme  Doitr- 
duff,  qu'on  prononce  Dour-du.  Il  n'est  toutefois  pas  impos- 
sible que  le  v  final,  représentant  b  ancien,  ait  survécu 
dans  quelque  coin,  préservé  par  la  dérivation.  A  Ouessant, 
Molène,  on  dit  bien  du,  mais  on  a  le  superlatif  dufa,  et,  par 
analogie,  le  comparatif  du  foc  h.  Cette  conservation  de  v 
(devenu  /régulièrement  sous  l'influence  de  /;  =  s  du  super- 

1.  Gatdu  est  très  vraisemblablement  l'équivalent  de  l'irl.  dub-gall,  et 
désigne  un  Danois  ou  fils  de  Danois  (dûb-gint  dans  les  Ann.Cambr.).  Les 
Bretons  connaissaient  fort  bien  les  Scandinaves  surtout  au  début  du 
Xe  siècle,  où  ils  dominaient  dans  la  péninsule. 


44-8  /•   Loth. 

iarit,  duv-hav),pa.ï  la  dérivation, est  analogue  à  celle  de  v  =  m, 
après  à  long,  en  gallois,  dans  les  mêmes  conditions,  même  en 
composition  :  Ihuu,  main  =  *lâmâ,  mais  lov-rudd,  meurtrier. 
A  l'île  de  Sein,  on  a  le  changement  spontané  de/ en  s  :  dusa, 
dusoch. 

Le  dup  du  Foc.  corn.,  si  -uw  ne  représente  pas  une  diph- 
tongaison de  u  final  (plus  tard  -///),  doit  être  lu  :  duv. 

70.  —  Le  comique  druyth,  druth. 

Le  mot  n'a  pas  été  compris  par  Williams  '.  Il  le  traduit  par 
brought  et  y  voit  un  participe  de  drey,  dry,  apporter.  Or  le  par- 
ticipe régulier  est  dreys,  drys,  avec  assimilation  du  /  final.  Le 
-th  final  (â)  suffirait  d'ailleurs  à  faire  rejeter  cette  hypothèse. 
Le  sens  s'y  oppose  également.  Il  est  des  plus  clairs  dans  les 
deux  passages  où  on  le  trouve. 

Resurr.  Dom.  2492,  Jésus  ressuscité  arrive  au  ciel.  Le  pre- 
mier ange  se  demande  qui  il  est  et  ajoute  : 

Mur  ioy  vs  er  y  byn  ef 
Pur  tha  yth  hevel  yn  nef 
y  bones  drulh 

«  Il  y  a  grande  joie  à  le  rencontrer  ;  il  semble  bien,  dans  le 
ciel  être  favori  ? 

Origo  mundi  ;  1621.  On  est  au  moment  de  passer  la  mer 
Rouge.  Josué  se  recommande  à  Moïse,  celui-ci  l'encourage 
lui  et  ses  compagnons  en  disant  : 

Thearluth  nefythough   druyth 

«  au  seigneur  du  ciel  vous  êtes  des  favoris  (ou  amis  chers)  ». 

La  valeur  du//;  final  est  inconnue;  la  rime,  en  effet,  en  cor- 
niqueest  trop  peu  rigoureuse  pour  qu'on  puisse  en  tirerparti  : 
dans  l'O.  M.,  druyth  rime  avec  ruyth  (rud,  rouge)  :  la  gra- 
phie uy  pour/7  n'est  pas  rare.  Dans  la  R.  D.  druth  rime  éga- 
lement avec  ruth.  Il  y  a  quelque  chance  pour  que  druth 
soit  à  lire  druâ.  Le  mot  est  complètement  isolé  dans  les 
langues  celtiques.  Il  me  semble  à  peu  près  certain  que  c'est 
un  emprunt  français  venant  d'une  forme  du  vieux-français 
dru,  drue,  ami,  amie.  On  fait  venir  ce  mot  d'une  forme  ger- 

1.  Norris  a  commis  le  même  contre-sens  que  Williams. 


Notes  étymologiques  et  lexicographiques.  449 

manique  drûdâ.  Drud  peut  avoir  été  emprunté  à  une  époque 
où  le  il  spirant  final  existait  encore  :  cf.  corn,  bolongeth  = 
volonted,  breton  bolonle^,  =  bolonleâ.  On  peut  aussi  sup- 
poser un  emprunt,  au  nominatif,  druts  ou  à  un  dérivé 
drudj.  L'existence  d'une  forme  drudj  est  assurée  par  drujuns, 
druguns,  amis,  dans  le  poème  sur  Thomas  de  Cantorbéry 
de  Garnier  de  Pont-Saint-Maxence,  qui  écrivait  vers  1 173. 
Le  comique  transcrit  ts~,  Is  (même  t-s)  par  th  :  lathye,  clouer 
=  anglais  latch  (Pascon.  str.  179);  cruyth,  béquille  =  anglais 
crutch  ;  spath=space(Be\ina.ns  Meriasek  942. 3)  ;falh  =face(ibid. 
9-iq)  ;  plath  =  place  (ïb'id.  948).  Lansahuys  nom  de  paroisse, 
composé  denant-\-  salwys,  est  transcrit  Lanthalwys  ou  1303 
(Feudal  Aids).  Dasserghy,  ressusciter,  est  écrit  datherghy,  Res., 
D.  57;  et  dathserghys,  ressuscité  (ibid.  475).  Sur  ce  dernier 
son,  en  gallois  et  en  breton, même  en  gaulois,  cf.  J.  Loth, Coh- 
trib.  à   l'étude  des  romans  de  la  Table  Ronde,  p.p.  23-27. 

J.  Loth. 


Revue  Celtique,  XXXV.  29 


QUESTIONS    DE    GRAMMAIRE 

ET     DE     LINGUISTIQUE     BRITTONIQUE 

(Suite) 


B.  —  Voyelles  en  syllabes  prétoniques. 

B^phs  et  Zôhs  (Bos-worlas  en  Saint-Just)  —  Prisi  (Porth- 
Ist  pour  Porth-Iùst,  Saint-Just) — Prùgo  (Porlh  Ogo> Saint-Just) 

—  Clara  (Calartha,  Saint-Just)  —  Napfon  (Nanpean,  Saint- 
Just,  et  Na-ptin  (nans  bian,  petit  vallon)  —  Niqwi%na  (Nan- 
quiqno,  Saint-Just  :  Nant-Gwidnô1')  —  Td-gela  (  Tregella,  Saint- 
Just)  —  Timbe'  (Trembath  pour  Trembech)  —  True  (Trethwx), 
Trôv (Trewoofe :  Zennor) — -  Trwpl  ÇTruthwall pour  Tre-iudwal, 
Saint-Just)  — ■  Trïn  (Tre-.reen),  Trabo  (Tre-warabo,  Saint- 
Keverne)  —  Tsûu  (Chyoone  :  Saint-Just,  Morvah)  —  Trûn 
(Trewoon  :  Mullyon)  —  BjhûLy  (Benallack,  Buryan  -,  Bos- 
prénds  (Bos-porthenys,  Zennor)  —  Bjsô'ii  (Bos-soni,  Saint-Just) 

—  Bïs-wédn  (Bos-wédden,  Saint-Just) —  B?rn  côth  (Bnrncoth; 
pour  Brincoth,  Buryan). 

Les  mots  prétoniques  Res(Rit),  Ros  sont  aujourd'hui  impos- 
sibles à  distinguer  et  confondus  l'un  avec  l'autre  ;tal  se  confond 
avec /o//;  brin  est  confondu  avec  bron,  et  Art' (devant  certaines 
consonnes)  —  Gwel,  champ,  prétonique  devient  £•///,  gol  :  Gol- 
vôl  (gwel  voel  :  Goldfield,  Saint-Just)  —  Guldre  (Mullyon)  — 
Gulgwârra  (Maddron)  —  Gui  btin  (Gui  beau,  Buryan)  — ■ 
Gui  Robm  (Gui  Robin,  ibid.)  — Gui  tan  ;  Gull  toll  (ibid.) 
et  :  Gol  warra  ;  Golveïr  ;  écrit  gold  dans  :  Gold  givin,  Gold  Hin- 
gey  (ibid.)  :  prononcé  Golinge  ;. 

i.   |'ai  entendu  aussi  Naqwiqno 

2.  Cf.  bjnollan  (!>àwhn),  Lhwyd  3. 

3.  Gol  est  parfois  pour  Go  /.  gall.  çwyl,  fête.  Goldstephen  est  pour  Gol 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique        451 

Lhwyd : byhodihak (bôhôdpc)  230-1  — Krywedhe,  lectus  ',77- 
2  (cmueâé)  —  kym  mera~  (Komér2%),  255-1  (cf.  komeraçC.  D. 
5.  2;  cummera%,  Nebb.  Ger. —  lygod~han  souris  30-1.  —  Kylob- 
man,  240-3  —  gyrgirik  (grgiric)  perdrix,  11 7-2  {grig-ieric  : 
grig-iar,  poule  de  bruyère,  gall.  grug-iar  :  —  unnd-reaw 
{win-d-reo,  gall. evinretu,  numbenes,  165-1;  — crenjah,  Genèse 
3.  182-17  \crenga,{Nebb.  Gerr.);e grense {Add '.  mss.  138). 

direvall  {di cheval,  lever)  (Add.  ms.  136):  ddrévrt. 

gwreaneth  (Àdd.  ms.  138),  vérité:  cf.  gwreanathe,  Gwreans 
1892. 

mar    kressa gwella%    {Nebb.    Gerr.')   pour    mar  hvressc 

{giuresse),  s'il  voyait. 

nekova^, oublia:  pour  ?nkova%, ankauas  {Nebb.  Gerr.) —  pedee- 
re~,  pensé  ;  pedery,  penser  ;  pederyans,  action  de  penser,  réflé- 
chir, (pron.  p3dér?%),  Add.  ms.   115,  136,  139. 

tenvithyaiv  {tncithyo,  pour  trewithyo),  Add.  mss.  138. 

Les  initiales  de  certains  pronoms  et  particules  disparaissent: 
Nebb. -Gerr.  :  gnn  =  aganÇnotrë)  ;  go=  aga  (votre,  leur);  bar 
=  pokar  ;  dro  =  adro  ;  ma  =  yma;  â  pour  yâ.  etc  (voir 
chap.  III). 

C.  —  Voyelles  en  syllabes  posttoniques. 

ath  {attal,  rejet  de  minerais  :  Williams,  Saint-Just). 

Parc  3n  âwt l2  :  Park  newell  (Buryan). 

bigl,  berger  {bugel)  :  Ros  an  beagl  (Paul)  :  Park  Beagle  {Sen- 
nen). 

Boshn  {Bosean,  Saint-Just;  Boschan,  Buryan:  pour  Bol- 
sichan). 

Bosconun  {Boscawen-woon,  Burvan). 

Bolanfan  {Bolonkan,  Buryan). 


Stephan,  la  fête  de  Saint-Etienne (Gulval.  :  cf.  Gustevene,  Saint-Col.  Min.)  ; 
Gol  sedni  (GolJ  Sithney,  Saint-Just),  la  fête  de  Saint-Se*ni  (en  Bretagne, 
Se\ni). 

1 .  Lhwyd  a  mal  compris  :  krxicede  est    la  forme   muée  de  gorwecte, 
être  étendu  :  d.  crowethe  et  gorwetba  (Comm.  Dieu,  8.  1  -2  . 

2.  Pour  Park  an  awel:  aiuel,  vent  ;on  entend  une  vovelle  très  faible  entre 
u1  et  /  ;  «  est  très  réduit. 


4)2  ./.   Lotb. 

Bçsltvdn  '  (Boslevin,  Buryan). 

Bdswârgds  (Bosvargus  2,  Saint-Just). 

B.>-ôhs,  Zohs  (Bos-worlas,  Saint-Just)  :  Worlas  =  Worloes, 
Gorlois). 

Bdscrigsn  (Buscriggan,  Saint-Just).         • 

Cârbds  (Carbence,  Buryan  ;  Uny  Lelant  ;  Carbis,  Saint- 
Hilary  :  pour  Carbos,  Carbons:  breton  Car-bont,  chaussée. 

Kcrd.m  pour  Kerctin,  alisier  :  Park  an  Gerthen  (Ludgvan). 

Kibdl,  vase  (Williams,  Saint-Just)  pour  kibell. 

Kimpzs  (Noan  gumpas,  Saint-Just)  :  pour  compas,  compois, 
uni  (gall.  cymhwys,  bret.  campes,  h.vann.  campouis). 

derds  5  (Park  anDras,  Saint-Just),  porte. 

Dinzs  (Dumas,  Saint-Ives  :  fréquent  en  toponomastique  : 
gall.  Dinas),  citadelle,  lieu  fortifié. 

durtc  (Hal  towrack  :  faute  pour  dowrack,  Buryan),  dérivé  de 
dur,  eau. 

eythvt  (Mullyon)  pour  eit bin,  ajoncs. 

era  pour  eroiu  (v.  plus  haut). 

Folgas  (Little~)  en  Buryan,  probablement  pour  Fal-gail  (d. 
Fol-gaet  près  Lesneven,  Finistère). 

Hender  Downs,  probabl.  pour  Hen-dre  Daims  (Helston  in 

Trigg)- 

ledm  +,   large:  Craft  Lidden    (Buryan);   cf.  Park  Leaddon, 

Saint-Keverne). 

melïn,  moulin  et  melïn,  jaune,  se  confondent  dans  la  pro- 
nonciation (v.  plus  haut,  §  i,  A). 

menz-wn  (mené,  colline  :  Mencwoan,  Buryan). 

Mçlydn  (Mullyon). 

nandjizpl  (Nanjiçel,  Saint-Just)  vallon  bas. 

prowntdr,  prêtre  (Carn  Praunîer,  Saint-Just). 

i.  Peut-être lïvn,  leva,  gall.  Ihfn,  poli 

2.  On  "attendrait  Bts-vargis  :  bargvs,  kitc  (gall.  bargud),  cf.  CarnJJargus 
en  Ludgvan. 

3.  Parh  an  Daris,  Park  an  Darras  (Sancreed,  Camborne). 

|.  11  est  très  difficile  de  faire  June  différence  dans  la  quantité  vocalique  fi- 
nale entre  îçcbtl,  large,  et  UJn  {Unn,  étang):  on  a  l'impression  d'une  voyelle 
très  brève  entre  d  et«.  La  comique,  en  vers,  compte  les  voyelles  irrationelles 
dans  la  mesure. 


Questions  de  grammaire  cl  de  linguistique  brittonique.       453 

Toldavds  (Trelodavos,  Buryan:  v.  plus  haut). 

Tregâdftc  (Tre-gadgwith  :  entendu  à  Mullyon). 

Tregifton  Çlregiffian,  Saint-Just,  Buryan). 

Trevô'gms  (Buryan  :  de  Tre-vorgant  ou  Trev-worgant). 

Tregadjpc  (  Tregadjack,  Ludgvan  :  pour  Tre  Cadioc  ?). 

Treneivth  Doiuus  (pour  Tre-newed  :  Helston  in  Trigg)  :  de 
même:  noiuth  pour  noweth  dans  Park  noweth  (Buryan) 

venttn  :  Park  venton,  Mullyon  ;  HqhvènPn  :  Hal  an  vénton, 
Saint-Just;  doublet:  venin  :  Liltlc  Park,  Great  Park  ventor; 
Hall  ventor  (Uny  Lelant),  Bol  vénftr  (Bold  venture  Buryan) 
—  Wilventdr  (Weal  venture,  Mullyon). 

vaynK  :  Tre  vinack,  endroit  pierreux;  The  Vinack  waste 
(Sennen). 

Les  terminaisons  en  -oiv  sont  réduites  à  a  â  ;  celles  en  -ion 
à  -ydn  ;  les  longues  et  les  diphtongues  sont  traitées  comme  les 
brèves.  Dans  un  groupe,  consonne  -j-  /,  r,  ou  n,  la  voyelle 
disparaît  dans  la  mesure  du  possible.  Les  voyelles  se  réduisent 
à  un  son  neutre  d  qui  se  détermine,  dans  son  timbre,  plus  ou 
moins,  suivant  les  consonnes  qui  l'accompagnent. 

Lhwyd  :  apparu,  (apron),  ventrale,   171-1. 

barge%,  kite  (gall.  bargiuï),  241-2. 

bêgl  (begel,  gall.  bogail)  umbilicus,  176-1. 

bennen  et  hennin  25-1;   241-3,  femme  (/f;;^;/) 

boiuna^  (bewnans),  vie,  251-2 

kantl,  candela,  46-1  ' 

kxiupe-  (kmpes),  253-39 

debaru,  scabies,  14  5-1  (breton  moy.  debr-van,  devenu  de- 
bran,  debron,  dibran). 

naçhedh,  aiguille,  10-2  (gall.  ncdzvydd). 

kyntl,  cueillir,  245-2  ;  49-1 

dêgl  stul,  Epiphanie,  57-1  :  pour  de  gol  st-ul,  le  jour  de  la 
fête  de  l'Etoile.  Degol,  le  sens  de  la  composition  étant  perdu, 
a  été  traité  comme  un  mot  dissyllabique.  Stul,  gall.  ystwyïï 
n'est  connu,  en  comique,  que  par  Lhwyd. 


1 .  Il  est  possible  que  ce  soit  l'anglais  candie  ;  le  /  rend  cette  hvpothèse 
peu  probable;  c'est  donc  cantol  évolué:  cf.  dêgl  plus  bas:  Add.  ms.  115: 
cantoli  (pour  cant\-) 


4  54  /•  Loth. 

denin,  envoyer,  245-2  (danvon)  :  on  prononçait  évidem- 
ment tlrihVi. 

gortex,  attendre,  248- r  (pour  gorto~). 

leddarn  251-17,  voleurs  :  pour  ladrou. 

d.  arleth,  seigneur  (Comra.  Dieu),  21,  29  ;  id.  Add.  mss. 

dendle  =  dçndl,  mériter  (Add.  ms.  136). 

bowna\  (Genèse  3.  400.  20). 

gerrio  ÇComm.  Dieu  2-1),  mots. 

beska  (bythqweth)  Nebb.  Gerr.  ;  Add.  ms.  110. 

En  comique  moyen,  surtout  dans  Gwreans,  les  terminai- 
sons longues  ou  brèves,  sont  également  atteintes. 

Exceptions  :  i°  allongement  de  In  voyelle  du  second  terme 
d'un  composé  suivie  de  r,  n  ou  /  -f-  consonne  ou  finale,  quand 
le  second  terme  est  monosyllabique  et  porte  l'accent  (v.  plus 
haut,  5.  1.  A,  9,  10;  pour  r,  ;/,  /  -f-  spirante  disparue,  v.  55. 
1.  B.  4) 

2°  allongement  de  la  voxelle,  dans  le  groupe  r  +  cons.  : 
Ro~-môgé  '  (Rosmergy  en  Zennor);  Broies  (Bo^worlas,  Saint- 
Just). 

Tregâfjn  :  Tregarthen  (Zennor). 

30  allongement  en  cas  de  contraction  à  la  finale  :  n  on  vin 
(Noon  vean,  Mullyon). 

Trèmdni^Tremenebc,  Mullyon  :  menecbi,  breton  actuel  minibi). 

Bçskël  (Boscadwell,  Saint-Just). 

Bsrnol  (Bnm-enball,  colline  élevée  :  Saint-Just)  mais  dans 
l'intérieur  du  mot  :  Boshçnun  (Boscawen  woon)  ;  Clara{Calartba  '■ 
Saint-Just)  ;  dans  Bosk.m-,  scauen  a  passé  par  sepn  :  —  Nap'un 
(Nanpean.  Saint-Just) 

40  en  hiatus  :  />/<>;/,  petit  (beari)  ;  l'îa,  serait  (jia  via  :  Lhwyd 
252-20). 

Boshn  (Bosean,  Saint-Just,  Buryan). 

50  la  voyelle  paraît  allongée  dans  une  certaine  mesure  quand 
par  la  cbuted'une  voyelle  ensyllabe  finale,  le  dissyllabe  devient 
monosyllabe  :  Lhwyd  ibêgl,  umbilicus,  1176-1  — de'gl  =  de 
çol  (v.  plus  haut)  87-1  ;lôvan,  funis,  62-1  :  prononcé  sans 
doute  lovdn. 

1.  Qî.Engl.  dial.  Dict.  :  tnorgye;  fnôgi,  sea-dog,  an  ill-looking girï. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       455 

Pour  moi,  je  n'ai  pas  eu  l'impression  d'un  allongement  sen- 
sible dans  les  mots  suivants  : 

âtdl,  rejet  de  minerais:  Williams,  Saint-Just  :  pour  ottal. 

kibl  ou  kibdl,  van  (Williams,  Saint-Just).  De  même  dans 
ledn  (lidan),  leva  (lïvn),  lisse. 

6°  La  voyelle  précédant  iu  suivie  de  voyelle  est  allongée 
et  îf  réduit  ou  absorbé. 

lôar,  jardin  {Park  Looar  =  lowarlh,  Mullyon);  Genèse  3. 
175-2  :  an  looar,  an  loar  ;  Luar  dren,  jardin  aux  ronces  (Saint- 
Just);  Carrack  an  looar  (Maddern) 

-naw9th  (noweth,  Buryan),  resté  newyth  dans  Plas  newyth 
(Bodmin) 

scfàn,  sureau,   dans  Len  scôJn  (JLean   Scowan,  en    Buryan 
Lean  désigne  une  étendue  de  terre  longue  et  étroite) 

Park  en  Loar  ne  (Saint-Erth):  lôm  —  lowarn,  renard. 

Lhwyd  :  citas  (cawad,  ondée)  28-1;  kùer,  cannabis  (gall. 
cywarch,  bret.  coarch)  —  dûath  ',  fin,  251-2  et  dùadh  251-5, 
et  dïzvatb  252-13  — gûek,  menteur,  88-3;  Add.  ras.  115: 
goack. 

lilan,  joyeux,  252-14;  cf.  loan  {Mathieu  2.  197,  10);  ban- 
der ibid.  ;  looane  (Add.  ras.  115). 

liiam,  renard,  129-1;  cf.  Park  an  lorn  (Paul). 

ly^ûan,  an  herb  (cf.  bret.  lou~aoiien)  30-2. 

mô~,  puella  (bret.  maoïtes,  vannet.  mots)  1 3 1-3  (a  passé  par 
môes). 

§  3.  Le  timbre  des  voyelles- 

Les  modifications  du  timbre  des  voyelles  sont  dues  à  l'ac- 
cent et  à  la  quantité.  La  quantité  dépend,  en  comique,  de  la 
forme  et  de  la  place  de  l'accent  et  des  consonnes  qui  suivent  la 
voyelle.  Il  y  a  naturellement  a  distinguer  entre  les  monosyl- 
labes, où  la  voyelle  est  longue  ou  brève,  et  les  polysyllabes, 
où,  normalement,  elle  est  brève. 


1  .   Si  la  forme  est  sincère  dûath  a  passé  par  dowath  (cf.  doghad^hetb  :  gall. 
diwedydd.)  ;  Gwereans  62.  dowethva.  Cf.  doivses,  divinité,  gall.  Diwdod. 


45  6  /.   Loth. 

A.  —  Voyelles  accentuées. 

i°  Monosyllabes.  Les  voyelles  longues  sont  fermées.  Il  est 
certain  qu'elles  le  sont  moins  qu'en  breton.  Les  graphies  mo- 
dernes, et  celles  des  textes  du  moyen  comique,  à  une  épo- 
que où  la  valeur,  par  exemple,  de  eu,  on  est  certaine  (le  plus 
souvent  m  =z  e  ;  oa  =  o),  le  prouvent  surabondamment.  Je 
l'ai  constaté  surtout  pour  o.  La  voyelle  o  allongée  aux  dépens 
de  r  -f-  consonne  conserve  son  timbre  (Bos-sô'  n). 

a  suivi  d'un  /  ou  r  est  plutôt  ouvert  :  bal  se  prononce  sou- 
vent bel 1 . 

carow,  cerf,  se  prononce  cero  ou  ura.  Pour  à  long,  voir  plus 
haut. 

<•  final  est  fermé  :  Bre  (Bien);  Ke;  Tre.  Il  Test  aussi,  suivi 
d  une  consonne:  Trêv.  Heu  vieux, accentué,  même  en  composi- 
tion, ne  fermé  : 

ï  celtique  a  son  timbre  modifié  par  r  final  qui  pro- 
voque une  sorte  de  brisement.  i  long  -\-  r  en  composition, 
tend  à  s'ouvrir  ;  Herlann  Pool  Croft  (en  Mullyon)  :  ailleurs, 
son  timbre  s'est  conservé  :  pîth,  puits,  crïb  etc.  Final,  il  de- 
vient  67,  Oi. 

7  bref  celtique,  allongé,  tend  à  un  son  intermédiaire 
entre  e  et  i  ouvert,  quand  il  est  suivi  de  s  (^,  dj,  /i), 
et  même  de  th,  cf.  Il  y  a  à  compter  avec  les  variétés  dialec- 
tales. Dans  Gwreans,  on  a  bxlh,  toujours,  byâ  (verbe  substan- 
tit),  gwylls;  mais:  bys,  beys,  byes,  monde;  pryf,  preif,  preyf, 
preaf,  preve.,  serpent;  eys,  yees,  eys  blé  (Lhwyd  i;) 

■u  n'existe  que  par  la  contraction  :  gun,  marais  (goon)  ;  Ts-uu 
(Chyoone)',  dur,  eau  (Tsex  en  dur,  quartier  de  Penzance  :  pro- 
noncé a  l'anglaise  aujourd'hui  souvent  Tsey  ?n  dçwd  :  Chy-an- 
dower).  Cependant  on  a  parfois  u  représentant  la  diphtongue 
ui  :  Lhwyd  :  lùdj,  gris,   gudj,  sang. 

u  long  est  devenu  i:dl%  dans  Pol  9n  /)/-  (moyen-corn.  Dus). 


i .  H  al  n'a  pas  seulement  le  sens  de  marais  salant,  mais  encore  celui  de 
pièce  de  terrain  d'alluvion  sur  le  bord  d'une  rivière.  Dans  ce  sens,  on  le 
trouve  en  usage  dans  des  comtés  fort  éloignés  du  Cornwall  comme  Mid- 
dlesex,  Lincolnshire  (Engl.  dial.  Dut.  à  haïe).  Par  extension  en  Cornwall 
il  désigne  des  landes,  bruyères,  sans  doute  plus  ou  moins  marécageuses. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       457 

Les  voyelles  brèves  dans  les  monosyllabes,  sont  ouvertes  : 
crçbn,   todn,  vprn,  vor  (fora),  spern,  pell,    toll. 

1  bref  conserve  son  timbre  devant  nn,  us  (gzuidn,  tîdn, 
lidn,  étang).  Ailleurs,  il  est  ouvert  et  se  prononce  entre  ï  et  e. 

2°  Polysyllabes.  Pour  les  voyelles  brèves  allongées,  voir  plus 
haut  §.  1.  C,  Exceptions.  Les  voyelles  étant  normalement 
brèves  en  polysyllabes,  sont  ouvertes. 

e  suivi  d'une  seule  occlusive  m'a  paru  relativement  fermé 
{Bethego  en  Buryan  ;  Gevers  en  Saint- Just);  même  Wedrdc 
(ITedraken  Saint-Just).  Mais  des  graphies  comme  deppro  dans 
les  textes,  Degga  dîme,  dans  les  noms  de  lieux,  peuvent  faire 
hésiter.  J'ai  constaté  aussi  e  fermé  dans  Vente,  nom  dérocher, 
près  de  Cape  Cornwall,  ce  qui  est  en  contradiction  avec  stendc 
endroit  à  étain  :  il  est  probable  que  la  prononciation  s'est 
modelée  sur  l'écriture.  Pourf  ouvert  ci.  :  vçfan,  moulin,  mehn, 
jaune,  ero  sillon. 

i  a  passé  à  e  dans  ledsn  large  '  ;  mais  conserve  sans  timbre 
dans  Gwidno  (Nanquidnd). 

ï  devenu  bref  2.  le  timbre  /',  mais  de  /  ouvert,  comme  le 
prouvent  les  graphies  des  chartes  et  des  textes. 

Fi  devenu  i  a  le  timbre  ï  (Bos  criggan)  mais  il  devient  ô 
devant  n  -\-  voyelle  -J-  n  :  ônan  (onnen,  onyn,  onon) un  =unan; 
hoiwu  (honnen  :  hunan). 

Lhwvd  donne  la  voyelle  comme  longue,  devant  st,  se.  Il 
est  à  craindre  qu'il  n'ait  été  influencé  par  la  prononciation  du 
gallois  du  Nord.  Cependant  dans" prise, buisson  (prononcé  aussi 
prise  et  prese,  Mullyon),  la  voyelle  m'a  paru  quelque  peu  al- 
longée. Pour  les  voyelles,  en  général,  entre  consonne  et  r, 
voir  Deuxième  partie. 

0  venant  de  0  ou  u  se  prononce  de  même  ouvert. 

■h  venant  de  la  diphtongue  ûi  du  vieux  comique  (celtique 
et,  latin  e)  peut  avoir  le  timbre  û  ;  il  le  conserve  dans  tulle, 
tromper,  et  la  plupart  du  temps  dans  cuske,  dormir;  ce  fait  est 


1.  L'ouverture  tient  à  la  réduction  de  la  voyelle  de  la  syllabe  suivante. 
Lorsque  la  voyelle  suivant  n  est  finale  ,  e  reste  fermée:  mene(jnene-UU  ; 
Ven-meWi).  E  est  arrivé  à  £,  de  très  bonne  heure  dans  ganow,  bouche, 
çwaneth,  froment. 


458  /.   Lolh. 

en  faveur  de  Pétymologie  quiesco,  cf.  Brunion,  joncs  (Uny  Le- 
lant);  cf.  Lhwyd  :  lûdj,  gall.  llwydy  bret.  loitcl, gris  (mais  Lotcoit 
pour  Luit-côit,  anciennement);  de  même  g^W/,  sang. 

Pour.e  devenu  0,  devant  w,  v.  plus  bas  :  Deuxième  partie. 

B.   -  -   Voyelles  atones. 

i°  Prétoniques.  E  est  fermé,  si  une  seule  consonne  suit  : 
Tre-vizn,  Tien  drayn,  Tre-gadjHh  ;  <'  est  ouvert  dans  les 
autres  cas.  Il  en  est  de  même  de  /  ;  Us  devient  lç£-  dans  Le^- 
inge  (Maddron),mais  les-:  Lesividu  (Bos-levri).  Ym  se  prononce 
o  devant    />,  ///  :  omboos  (Gwreans),  omina,  ohma,  obba. 

i  long  paraît  voisin  de  e  :  Treg  an  aor  (trîg,  séjour,  habita- 
tion), en  Sancreed  ;  Tregestl  (Tregeseal  en  Saint-Just).  De 
bonne  heure,  dans  les  chartes  on  trouve  tir,  terre,  écrit  ter  : 
Terradenec,  xme  siècle.  En  revanche  Tirbean  en  Breage;  Chir- 
qwidden  (Sancreed)  :  on  entend  /  bref  et  ouvert; 

o,  e,  i,  a  sont  réduits  à  <>  devant  des  groupes  de  consonnes  : 
Bj~ôIjs,  Czrnêiïc,  Curnooack,  Nebb-Ger.;  crenje(Crenjah)  pour 
cerendje.  Ris-  (Rit),  gué,  est  devenu  Res  (Rjs-)  et  se  confond 
souvent  avec  Ros  (Rjs-).  Pour  la  prononciation  des  voyelles 
accompagnées  de  /,  r,  voir  plus  bas  :  Deuxième  partie.  An, 
l'article,  se  prononce  .?//.  Parfois  la  réduction  est  contrariée 
par  la  conscience  de  la  composition.  Des  graphies  comme 
Rôs-carrack  dans    Pryce,  ne  sont  pas  toujours  des  inventions. 

Den-,  ten-  paraissait  avoir  donné  dr,  tr  dans  dermas,  dre- 
mas,  homme  bon,  trnewen,  côté  (Torneivan,  Tzmewan  dans 
Lhwyd). 

Pour  la  réduction  ou  suppression  des  particules  procli- 
tiques, voir  chap.  II. 

2°  Posttoniques.  Toutes  les  voyelles,  longues  ou  brèves  an- 
ciennement, sont  réduites  à  un  son  indéterminé  9,  qui  se  co- 
lore suivant  les  consonnes  environnantes. 

o  final  est  devenu  à  peu  près  a;  i  long  et  même  ;  bref  à 
la  finale  ont  le  timbre  i  ou  e  fermé  :  Parle  an  Gillx  .(Feock)  ; 
The  Gili  (Kelli  :  bois,  probablement,  Mulîyon)  mais  The  gel? 
(Buryan)  :  Gelly,  taillis  en  Liskeard  ;  Kellivose,  Camborne  ; 
Kenegie  (Gui val). 


CHAPITRE    II 

Conséquences  de  l'accentuation  au  point  de  vue  de  la 
syntaxe,  en  particulier  de  la  forme  et  de  la  construction 
des  pronoms  et  du  verbe. 

§  I.   Les  pronoms  possessifs  disparaissent  ou  tendent  a 

DISPARAITRE    AU    PROFIT    DFS    îlOtœ  ailgenles. 

a)  ire  pers.  sg.  noingi  na  el  pertba  ve,  ceux  qui  ne  peuvent 
m'honorer  (Conim.  Dieu,  4-5)  ' .  Ici  la  disparition  du  pronom 
possessif  absolu  a  amené  l'absence  de  mutation  (en  comique 
moyen,  on  eût  eu  0  (oui)  ferha  vy  :  perlha  est  une  mauvaise  gra- 
phie pour  perhd).  —  noingi  es  a  kara  ve  ha  gwitba  gerriov  ve, 
ceux  qui  m'aiment  et  gardent  ma  parole  (ibid.  5)  :  a  n'est  plus 
qu'un  vague  souvenir  pour  ow  (ow  //;-)  et  ow  possessif  a  dis- 
paru :  plus  même  de  mutations.  —  Kar  ve,  mon  ami,  pour 
a  bar  ve  (ow  bar  vy)  :  Lettre  de  Boson,  Add.  mss,  p.  10  (17 10). 
—  rag  desMans  ve,  pour  mon  instruction  (ibid.  3).  —  gen  ol  an 
kolan  ve,  avec  tout  mon  cœur  (ibid.  10).  Zera  ve,  monsieur 
(Add.  mss.  10)  ;  bluth  vee,  mon  âge  ;  gen  car  a  vec,  avec  mon 
père  (Lettre  de  Bodenor). 

b)  2e  pers.  sç.  :  treetb  an  baage  chee,  entre  ta  race  (Genèse,  4, 
181). 

c)  je  pers .  sg.  :  na  travetb  es  peth  eve,  ni  chose  aucune  qui 
soit  sa  propriété  (on  aurait  en  comique  moyen  :  y  belh  ev  :  la 
mutation  n'est  pas  faite  ;  rak  na  veedn  an  arleth  sendg  e  beb  pe, 
le  Seigneur  ne  le  tiendra   pas  pour  sans  péché  (Comm.  Dieu, 

5,  3). 

Eve  a  rigg  doa^  thurt  poiv  e  wbonnen,  il  vint  de  son  propre 
pays  (Add.  mss.  130). 


1.  Version  de  Kerew  :  a  rima  na  gee^e  ort  a  hara,  et  ceux  qui  ne  sont 
pas,  m'aimant. 


<j6o  /.   Lolh. 

d)  Plur.  :  irt  pers.  :  en  Plu  East  egles  nei,  dans  la  paroisse 
de  Saint-Just,  dans  notre  église  (Add.  mss.)  95. 

Lettre  de  Bodenor  :  en  dreav  nyedzns  notre  village. 

—  en  u%  ni,  dans  notre  temps  (Add.  mss.  10). —  Tava\  coth 
«y,  notre  vieille  langue  (ibid.  7). —  Kar  ny  Jenkins, notre  ami 
Jenkins  (ibid.)  —  Ma  matern  ni  doa~e  tbe  bidn  bave,  notre  chef 
viendra  vers  l'été  (notre  chef  est  venant)  :  Add.  mss.  130  — 
an  mab  Jean  ni,  notre  lettré  (ibid.,  138)  —  neave  ny,  notre  ciel, 
climat  (Nebb.  Gerr.). 

2e  pers.  thera  ve  cara  ivhy,  je  vous  aime  (je  suis  vous  ai- 
mant) :  ce  serait  en  moyen-cornique,  même  en  Gwreans  : 
yâ  o\w]  vi  orth  âges  cara  wH  ;  —  Etho  ve  pur  luaii  tho  gwel- 
las  zuhy,  je   suis  très  heureux  de  vous  voir  (Pryce,  Things...). 

—  Dieiu  reg  dro  zuhei  me\  urt  tir  Egypt,  Dieu  vous  a  envovés 
hors  de  la  terre  d'Egypte  (Cornai.  Dieu,  2,  1). 

je  pers.  tha  pow  go  honnen,  à  leur  propre  pays  (Math.,  2.  197 

—  ban  worriance  nonge,  et? leur  splendeur  (Math.,  88,  8)  — 
balagagozv  augie1  ve  gères (eger es) ,  et  leurs  yeux  furent  ouverts 
(Genèse,  177,  7).  —  mesk  angy, \pa.rm\  eux  (Nebb.  Gerr.). 

Remarque.  —  Pronoms  possessifs  infixes  :  les  pronoms  restent 
séparés  de  la  préposition  :  tho  eivella^,  pour  le  voir  (Nebb.  Gerr.) 

—  tho  e  clappia,  pour  le  parler  (tava~,  langage,  ibid.)  —  tha  e 
gerriou,  à  ses  paroles  (Add.  mss.  115)  — tha  e  eele%,  à  ses 
anges  (Math.,  4.  187,  6)  —  tha  e  goorc,  à  son  mari  (Genèse, 
3,   177,  0- 

§  2.   Pronoms  personnels. 

Les  pronoms  personnels  infixés  ont  une  tendance  à  dispa- 
raître au  profit  des  nolae  augentes  :  an  hagar-breeve  a  tbullas  ve, 
au  lieu  de  am  tullas  ve),  le  vilain  serpent  m'a  trompé  (Genèse, 
3,   180,  13). 

ha  sonas  e,  au  lieu  de  :  ha  n  sonas  e,  et  le  bénit  (Comm.  Dieu, 
8,  4). 

A    l'impératif,    c'est    la    seule  construction,   mais  elle  est 

1.  Pour  l'origine  de  atigi,  v.  J.  Loth.  /;/.  corn.,  Rev.  Cet!..  XVIII, 
p.  421).  C'est  une  combinaison  de  la  3e  pers.  du  plur.  -us  (-«/)  et  de  v, 
nota  aupens. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       461 

ancienne  :  suyow  ve,  suivez-moi  {Math.,  4,  191,  18)  —  an 
arleth  Deew  devanas  ève,  le  seigneur  Dieu  l'a  envoyé  (Gen.,  9, 
184,  23). 

A.  —  Pronoms  personnels  absolus. 

Ce  sont  des  formes  renforçantes  (notae  augentes)  qui  ont  la 
préférence  (à  la  rre  pers.  sg.  et  la  3e  du  plur.). 

Sg.  Ie  pers.  :  na  hene  Deew  po~  vee,  pas  d'autre  dieu  que  moi 
(Comm.  Dieu,  3,  1  :  Kereiu)  —  rag  vee  da  Deew  vedn  boa^ 
engres),  car  moi  ton  Dieu  je  serai  irrité  (ibid.  4,  2).  — 
ve  a  glowhas,  j'entendis  (Gen.,  ibid.  178.  10)  -  -  ha  ve  reeg 
debre,  et  j'ai  mangé  (ibid.  179,  12  :  id.  180,  13).  —  ha  ve 
vedn  goerah  ^oer,  et  je  mettrai  de  la  haine  (ibid.  rSo-ij)  —  ve 
vedn  ry,  je  donnerai  (Math.,  4,  188,  9)  —  ha  vee  vedn  lha 
servia  et  je  te  servirai  (Add.  mss.  115). 

Plur.  3e  pers.  :  ha  an  Gie  oyah,  et  ils  surent  (Genèse,  177, 
7) — ha  an  gye  a  glowhas,  et  ils  entendirent  (ibid.,  177,  8).  — 

An  gee  arass go rô^a,  ils  laissèrent  leurs  filets  (Math., 4, 191- 
19).  —  An  Gy  droa~e  thotha,  ils  lui  amenèrent  (ibid.  192, 
26)  — en  gye  lavarra^  (Math.,  2.  195,  5).  —  an  gye  a  cotha\ 
en  doar,  ils  tombèrent  à  terre  (ibid.  197,  11).  —  An  gy  ro^  brc~, 
ils  donnèrent  jugement  (Add.  mss.  155).  —  an  gye  eath  carr  (in 
kerd),  ils  partirent  (Math.,  2,  197,  12).  La  prédominance  de  la 
forme  ve  est  due  à  son  emploi  dans  les  pronoms-suffixes  après 
le  verbe  à  un  mode  personnel.  Les  prétoniques  étant  aussi 
toutes  très  atteintes,  les  notae  augentes  se  sont  trouvées  avan- 
tagées au  point  de  vue  de  l'accent.  Andji  a.  bénéficié  de  cette 
tendance,  et  de   l'effacement  du  pronom  absolu. 

B.  —  Pronoms  personnels  suffixes. 

La  tendance  générale  est  de  séparer  le  pronom  de  la  pré- 
position :  cowsoiu  de  ve,  parlez-moi  (Add.  mss.  136);  — 
clappia  tho  ve,  me  parler  (Nebb.  Gen\). 

Sg.  Ie  pers.  sg.  —  ha  e  rose  tha  vy,  et  il  me  donna  (Genèse, 
n.  179).  —  ma  luhan^  do  ve,  j'ai  envie  (envie  est  à  moi), 
(Add.  mss.  3). —  ma  oivn  dha  ve,  j'ai  peur  (ibid.  10)  —  a  resta  ry 


462  ].  Loth . 

thave,  que  tu  m'as  donné  {Genèse,  3,  179,  13); — hy  a  rose 
tha  vy,  elle  me  donna  (/£•)•  —  d''°  geare  tha  ve,  envoyez- moi 
un  mot  (196). 

Sg.  2e  pers.  :  Ireth  chee,  entre  toi  (Genèse,   3,   iSr,  15). 

De  chee,  à  toi  (Add.  mss.  136). 

}*  pers .  :  gon~  eue,  avec  lui  (Math.,  2,  196,  3)  tha  ve,  197. 

PJur.  rre  pers.  :  gen  ni,  avec  nous  (Ad d.  mss.  10).—  theivorte 
anny,  de  nous  (ibid.,  139). 

3*  pers.  tho  an  gye  ',  à  eux  (Genèse,  3,  177,  7),  (laide 
thon~e,  parler  à  eux,  Math.,  2,  126,  18). 

E  avednas  thoran^e,  il  leur  demanda  (ibid.,  195,  4,  7,  131)- 
A  côté  de  thothans  (Connu.  Dieu,  4,  2)  on  a  (//>/</.  Kerew) 
then^e. 

§  3.  Particules  verbales. 
A.   —  Pronom  relatif. 

A  est  très  souvent  omis  2.  Sa  présence  se  fait  cependant 
sentir  dans  les  mutations  ;  mais  l'absence  de  mutations, 
dans  un  nombre  respectable  de  cas,  montre  déjà  une  ten- 
dance à  la  disparition  totale.  Son  existence  se  marque  dans 
des  formes  muées  qui  ont  remplacé  des  formes  absolues  :  on 
n'a  plus  que  ra,  rig  pour  givra,  guritg  ;  el  pour  gell,  peut. 
Lettre  de  Bodenor  :  na  ges  moye  vel  pager  pe  pemp  en  dreav 
nye  ell  clappia  Cornish  leben,  il  n'y  a  pas  plus  de  trois  ou 
quatre  dans  notre  bourgade  qui  puissent  parler  comique  main- 
tenant. 

Pour  l'absence  de  mutations  : 

Deiu  coivsas  gerrio  ma  5,  Dieu  dit  ces  paroles  (Comm.  Dieu, 
2,  1)  — .  an  arleth  Deciu  devancs  eve,  Dieu  l'envoya  (Genèse, 
184,  23).  — An  arleth  givra^,  le  seigneur  fit  (Comm.  Dieu, 
7,  4)  etc.  La  mutation  même  produite  par  a  ne  se  fait  pas 
régulièrement  :  Bu^  e  giverebas  ha  lavarra~,  mais  lui  répondit 


1.  Gwreans  400  :   Thothaus  :  O.  m.  [844  thetbe. 

2.  En    comique  moyen,  a   ne  se    trouve  pas  dans  0  était  :  yw  est  ;  us, 
est,  il  v  a,  ni  avec  la  particule  re. 

3.  A  relever   l'absence  de  l'article,  ce  qui  n'est  pas  rare. 


Questions  de  grain  maire  et  de  linguistique  brit  tonique       463 

et  dit  :  il  faudrait  e  werebus  pour  e  a  wereba\  (Math.,  186,  4). 
—  e  cornera^  an  fia,  pour  e  a  gomera%,  il  prit  l'enfant  (Math., 
2,  198,  14). 

B.  —  La" particule  yd. 

Yd  a  disparu  ou  elle  est  réduite  à  d  et  figée  sous  l'initiale 
du  verbe  qui  suit. 

th'om,  je  suis  (yd  o[v]  me),  je  suis  (Conim.  Dieu,  2,  i)  :  cf.  4, 
2,  cw//  D/V//,  je  suis  Dieu.  —  dero  ht,  qu'elle  était  (ydeso) 
(Genèse,  3,  176,  6").  —  theram  en  hoath,  j'étais  nu  (ibid.  178, 
13)  :  moyen-corn,  yth  esen.  —  mathoste  (yd os  te),  si  tu  es 
(Math.,  4,  186,  3). —  pe  reg  Jésus  cloica-  tero  Jowati  towla\  tha 
bressen,  quand  Jésus  entendit  que  Jean  était  jeté  en  prison 
(Math.,  4,  189,  [ 2)  :  tero  z=z  yâeso ;  mais  il  semble  que  tero 
soit  ici  pour  dro 2  —  tho  ni  devethe^,  nous  sommes  venus  (Math., 
2,  194,  2) —  thongeloan,  ilsfurent  joyeux  (yâ  o-ns  i:  ibid.  197, 
10).  —  ha  po  tho  an  gye  Jeirtbe-,  et  quand  ils  furent  arrivés 
(ibid.  11).  —  rag  car  dreeg  an  Saiisen  e  thanen  (car  comme  les 
Saxons  l'ont  envoyé  (Nebb.  Gerr.)  :  pour  (po)car  yâ  reeg 
(gwrug)  an  Sawson  e  danvon.  Il  est  possible  que  d  ait  ici 
une  autre  origine  :  ci.  note  2.  Il  faut  aussi  tenir  compte  des 
formules  pandrig  (pa  an  tira  rig). 

L'effet  de  yâ  sur  les  occlusives  sonores  ne  se  fait  même 
plus  sentir.  Dans  les  cas  où  cette  particule  était  employée,  c'est 
la  mutation  annoncée  par  le  relatif  ^  que  l'on  constate.  Il  y  a 
d'ailleurs  eu,  de  rares  cas  >  exceptés,  confusion  entre  les 
deux  : 

1.  Cf.  Jenoer,  Handbook,  p.  122. 

2.  dro  semble  être  pour  der  0,  ire  0  ;  dre,  dro  sont  d'un  emploi  courant 
en  comique  moderne  On  trouve  deux  fois  der,  avec  ce  sens  dans 
Gwreans  :  vers  1192,  1838.  Dans  tous  ces  cas,  der  répond  à  der,  du  moyen- 
comique.  Cette  identité  de  sens  est  très  nette  dans  ce  passage  de  Xcbba- 
Gerriau  :  kar  dre  vedno  why  givella^,  comme  vous  pouvez  voir  :  ce  serait 
en  moyen-comique  :  pocar  yth  vennogh  why  çiveles.  Il  est  donc  non  seu- 
lement possible  mais  probable,  que  der,  dre,  soit  évalué  de  de],  comme  (gall. 
moy.deki'),  dans  des  conditions  difficiles  à  déterminer  (en  passant  pardi-  ?). 

j.  Math.  2.  195,6.  âmes  a  chee  e  ra  doa\  matern,  de  toi  viendra  un  roi  — 
avec  yw  on  trouve  encore,  mais  rarement  yd  :  ethyw  screffes,  il  est  écrit 
{Math.   4.  i8c->,  4)  :  c'est  un  souvenir  littéraire. 


464  /.   Loth. 

nena  a  ve  Jésus  humbrege%,  alors  Jésus  fut  envoyé  (Math., 4. 
185,  1)  —  a  reeg  doa~  /<•<•;<'  veer  thor  an  Est,  des  hommes 
sages  vinrent  de  l'Est  (Math.,  2.  194,1)  :  moyen-cornique 
yâ  rug.  —  a  thor  an  1er  mai  a  reeg  e  gofen  thor  an  teeqefeere,  de 
l'époque  où  il  demanda  aux  hommes  sages  (ibid.  199.66). 
Proclitique,)'  de  \d  pouvait  passer  à  un  son  a  (.»)  :  ci.  a  meth 
(Math.,    4,    188,10)  pour    y  med. 

C.  —  Particule  ow,  owth  (devant  voyelle)  du  comique 
moyen,  venant  de  orth,  worth  (breton  ou{,  o%,  0.)  servant  à 
exprimer  le  participe  présent  quanti  elle  est  jointe  à  l'infinitif. 
Cette  particule  est  réduite  à  a.  Elle  est  également  si  bien  en 
voie  de  disparition  que  la  mutation  même  qui  trahit  sa  pré- 
sence assez  souvent  ne  se  fait  pas. 

Math.  2.  194,  1  a  reeg  ào\  tee\  veer  tho  an  Est  laverai, 
vinrent  des  hommes  sages  de  l'Est,  disant. 

tha  rynui  es  a  trestya  cita,  à  ceux  qui  se  fient  à  lui  :  ow 
trustya  ynno  (AJd.  inss.  115  — a  keel  (ow  haï),  faisant  (ibid.  1 1 5) 

—  amesk  an  poble  e%  e  gara,  parmi  le  peuple  qui  l'aime  (ibid. 
130);  pour  us  orth  e  gara  - —  ma  mater n  ni  doa~e  tre  biddn 
wave,  notre  roi  vient  vers  l'hiver  (est  venant  :  pour  a  (ow) 
toa^)  :  la  mutation  n'est  pas  faite.  —  an  niablecan  ni  e  gana 
terzvithyav,  notre  lettré  chante  parfois  (ibid.  131):  ici,  il  y  a 
ignorance  manifeste  :  e  pour  a  (ow)  et  mutation  à  contre-sens 

—  Rachel  whola,  Rachel  pleurant  (Math.,  2,4009,18). 

—  ha  Jésus  gzvandra  reb  a  mor  Alale,  et  Jésus  en  se  prome- 
nant près  de  la  mer  de  Galilée  (Math.  4.  191,  18)  :  il 
faudrait  hwandra  pour  ow  gwandra. 

D.  — La  particule  de  réciprocité  servant  à  former  le  verbe 
réfléchi  (moyen-corn,  ym,  em,  om,  uni)  disparaît. 

Le  fait  est  d'autant  plus  frappant  qu'elle  est  en  pleine 
vigueur  dans  Gwreans. 

E.  —  La  particule  ro  (rz-,  r,  rd)  n'existe  qu'à  l'optatif.  Llwyd 
l'a  confondue  avec  ra  (wra),  du  verbe  faire. 

§  5 .  Le  verbe. 

Le  verbe  est  entièrement  décomposé.  Les  formes  person- 
nelles sont  de  plus  en  plus  rares.  La  conjugaison  devient  pure- 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brit tonique.        465 

ment  analytique.  Les  temps  sont  composés  en  grande  partie 
à  l'aide  d'auxiliaires  et  fort  réduits.  L'action  destructive  de 
l'accent  sur  les  prétoniques  se  combine  ici  avec  son  effet  sur 
les  post-toniques. 

A.  —  Les  suffixes  personnels. 

Là  même  où  la  conjugaison  personnelle  paraît  exister,  l'in- 
stinct de  la  langue  pousse  à  séparer  les  suffixes  de  ce  qui 
paraît  le  thème,  et  à  les  écrire  d'une  façon  indépendante  . 
la  consonne  finale  tombe,  ou,  quand  c'est  possible,  il  y  a 
assimilation  entre  la  terminaison  consonantique  et  la  nota 
a  uge  11  s. 

tho  chee  molithees,  tu  es  maudit  {Genèse,  3,180,14) — -  tho  an 
g i "te  poscaders,  ils  étaient  pêcheurs  (Math.,  4.  191,18;  2.200,13) 

—  po  tho  angye  devethe~,  quand  ils  furent  arrivés  (Math.,  2.197, 
ri  ;  198,  13) —  tho  ny  devethe\,  nous  sommes  venus  (Math.,  2. 
194,  2)  — ytho  ni,  nous  sommes  (Add.  mss.  139) —  ihera  ni 
doaçe,  nous  venions  (ibid.  138)  —  en  termen  a  alga  ny,  à 
l'époque  où  nous  pouvions  (Jbid.  139) — poderave,  quand  j'étais 
(John    Tshei...  253.  42)  —  dera  vi  ybnia,  je  suis  ici  (ibid.  33) 

—  po  rigo  l.ncei  mç~  ker  quand  vous  êtes  parti  (ibid.  44)  :  quand 
vous  fîtes  aller  :  ker  pour  yn  kerd.  — giurra  ny  tedna,  nous  tire- 
rons (Pryce)  —  ihera  ma  (Nebb.  Gerr.)  — vedoivhy  moa^,  irez- 
vous  ?  (Pryce,  Convcrs.). 

M'ala  ve  moaçe,  pour  que  je  puisse  aller  (Math.,  4.  196,8). 

—  pan  dra  vedd  aivhy  geel,  que  ferez-vous?  (Pryce,  Song)  : 
vedd  a  why  pour  vennogh  why.  —  Elo  zuhy  clappia  kernooack, 
pouvez-vous  parler  comique  (Pryce,  Conv.)  —  na  ara  va  àr él- 
an kenibreean  gweel  rag  tho  gicitha  ge  tava^,  je  ne  sais  ce  que 
les  Gallois  peuvent  faire  pour  garder  leur  langue  (Nebb.  Gerr.)  : 
et.  a  orama  (tiré  de  me  a  ore);  drel  est  pour  :  pondra  el 
(quelle  chose  peut).  —  na  alga  ma  (ibid.). 

Il  s'est  produit  une  sorte  d'agglutination  entre  m  de  me  et 
la  terminaison  vocalique  du  verbe.  Dans  le  pronom  ce  fait 
se  montre  aussi  :  he  thurtam  (dcorthxj),  va  d'auprès  de  moi 
(Math.,  4.   188,10). 

iheram  en    hoath  (Genèse,  3.198,10).  pour  tà  0  me  :  0  est  la 

Revue  Celtique,  XX XV.  50 


466  /.   Lolh. 

forme  de  la  je  pers.  de  l'imparfait  et  n'était  usitée  qu'à  cette 
personne.  En  comique  moderne,  elle  sert  pour  toutes  les  per- 
sonnes à  l'état  analytique. 

âeram  moc%,  je  vais,  je  suis  allant,  {John  Tshei,  252.14  : 
pour  ?d  ddjo  me  :  cf.  otna,  je  suis,  Res.  Dom.  755.  —  Prvce, 
Conv.  :  elo  why  clappin  kernojak}  Ellam,«  pouvez-vous parler 
comique  }  Je  le  puis  »  :  ellam  pouv  alla  nie  ;  ella  est  une  forme 
muée  de  gallav,  mi  a  alla)  —  tnar  intenta  ?  menjam  :  ..  si  tu 
veux  (mar  menrnèâ  te)  ?  Je  veux  — 

La  2e  pers.  du  pluriel  de  l'impératif  avait  perdu  -ch  final  : 
mero,  voyez  (Math.,  4.  189,11;  2.  198,13). 

B.  —  Les  temps. 

Il  n'y  a  plus,  on  peut  le  dire,  de  conjugaison  personnelle  ; 
dans  les  propositions  indépendantes,  le  fait  n'a  rien  de  sur- 
prenant, puisque  la  forme  de  la  3e  pers.  du  sing.  avec  le  pro- 
nom sujet  devant  dominait.  Mais  même  dans  les  propositions 
négatives,  interrogatives  et  les  propositions  dépendantes, 
elle  a  à  peu  près  disparu  '. 

Pour  la  3e  pers.  du  sing.  on  reconnaît  le  présent-futur,  le 
prétéri t  en  -s  (-as),  le  prétérit  secondaire  (-.v',-iy)emplové  comme 
conditionnel  et  aussi  avec  le  sens  de  l'anglais  would.  Le  sub- 
jonctif dont  la  vovelle  caractéristique  était  devenue  a  (pour 
-0)  se  confond  avec  le  présent  :  mais  les  formes  habituelles 
sont  des  formes  composées,  pour  le  présent,  avec  le  verbe 
taire  ;  pour  le  prétérit,  de  même;  pour  le  futur,  avec  mynne  2, 
vouloir,  et  aussi  faire  au  futur  (et.  anglais  will  et  shall). 

Pour  les  exemples,  il  n'y  a  que  l'embarras  du  choix.  Je  n'en 
citerai  que  quelques-uns. 

Présent  et  Futur  :  war  tha  doer  chee  ra  moa%e,  sur  ton 
ventre,  tu  marcheras  :  tu  feras  marcher  (Genèse,  3,  180,  14)  — 
ha  ve  vedn  goerah  \oer  et  je  mettrai  haine  (/  will  put)  :  ibiJ.  15 
—  me  vedn  niear  cressha  tha  dewan,  j'accroîtrai  grandement  ta 
peine  (/'/1/..1S1,  lé) —  bag  e  ra  tha  rowlya,  il  te  gouvernera 

1.  Cf.  Jenner.   Handbook,  p.    11 5-1 16. 

2.  t.a.  construction  avec  ce  Verbe  est  très  tlével  oppée  déjà  dans  Gwreans. 


Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique.       467 

(ibid.  16)  —  che  ra  debre  not ha,  tu  en  mangeras  (ibid.  182.17)  — 
spearu  ha  askal  ra  e  dry  ronces  et  chardons,  elle  portera 
(ibid.  18)  — ythyw,  screjfe~  na  ra  Jean  bewah,i\  est  écrit,  que 
personne  ne  vit...  (Math.,  4.  186,  4)  — e  ra  ry,  il  donnera 
(ibid.  187,  6)  —  lee%...  chee  ra  broiue  tha  droo^e,  de  peur  que  tu 
ne  meurtrisses  ton  pied  (ibid.  187,  6). 

-rag  na  veedu  an  arleth  sendg  e  heb  pe  ra  kamer  a  hanaw  heb 
ortham,  car  le  seigneur  ne  le  tiendra  pas  pour  sans  péché, 
celui  qui  prend  son  nom  sans  besoin  (Connu.  Dieu,  5.3). 

—  oïl  a  rimah  ve  vedn  ry,  tout  ceci  je  le  donnerai  (ibid.  188, 
9).  C'est  la  construction  habituelle. 

Prétérit  :  besta%  angweale  a  reege  an  arleth  geele,  les  bêtes  des 
champs  que  Dieu  a  faites  (Genèse,  3.  174,  1).  —  reeg  Deeau 
laiule,  Dieu  a  dit  (ibid.}  —  Pe  reeg  an  vennen  givella\,  quand 
la  femme  vit  (ibid.  176,  6)  —  Dreffen  chee  tha  ga^pwai  tellah  tha 
wreage  ha  reeg  debre  thor  an  ivethan  a  reege  a  vee  laiule  thee~e  chee  na 
raage  debre  anoihe,  parce  que  toi  tu  as  écouté  la  parole  de  ta 
femme  et  que  tu  as  mangé  de  l'arbre  duquel  je  t'avais  dit  de 
ne  pas  manger  (ibid.  182-3.  I7)-  —  ha  an  arleth  Deew  reeg  laivk 
et  le  seigneur  Dieu  dit  (ibid.  183,  22).  — a  reeg  doa%e  tee^eveer, 
des  hommes  sages  vinrent  (Math.,  2.  194,  1),  etc.  etc. 

L'impératif  est  aussi   le  plus  souvent  construit  avec  faire  : 

na  reau  gaivas  Dieu  velh  arall  bu^  ve,  n'ayez  pas  de  Dieu 
autre  que  moi  (Connu.  Dieu,  3,  1)  —  na  reau  kamer  hanow 
gu^arleth  heb  ortham,  ne  prenez  pas  le  nom  de  votre  Seigneur 
sans  nécessité  (ibid.  5.  3),  etc. 

Le  verbe  avoir  (être  avec  pronom  infixe)  a  disparu.  Il  n'en 
reste  que  de  vagues  souvenirs,  et  la  mutation  n'est  même  pas 
respectée  ;  me  a  veeowne,  j'ai  eu  peur  (Genèse,  3.  178  10). 

C.  — Voix.  Les  formes  en  -r  ont  disparu  '.La  construction 
avec  le  verbe  substantif  et  le  participe  subsiste  naturellement 
(le  verbe  substantif  à  l'état  analytique).  Les  formes  passives 
données  par  Lhwyd  (247.  1  et  2)  sont  de  son  invention 
(Henwyy  vè,  j'étais  appelé  ou  mi  a  hènwy^  ;  ve  am  henzvy^  ; 
heniuassi^  vi,  j'ai  été  appelé). 

J.  Loth. 

1.   Cf.  Jenner,  Handbook,  p.  120. 


L,  R,  N,  M  EN  INITIALE 

ET    EN 

CONSTRUCTION  SYNTACTIQUE 

DANS  LE 

DIALECTE    BRETON    DE    L'ILE    MOLÈNES 

(finistère) 


Ces  sons  n'ont  été,  jusqu'ici,  en  Bretagne,  l'objet  d'aucune 
recherche  sérieuse.  J'avais  constaté,  à  plusieurs  reprises,  une 
différence  entre  ces  sons  à  l'initiale  absolue  et  en  position 
adoucie  chez  certaines  personnes,  en  particulier  chez  un  de 
nos  étudiants  de  Rennes,  M.  Cuillandre,  aujourd'hui  profes- 
seur au  collège  de  Vannes,  auteur  d'un  remarquable  recueil 
de  poésie  bretonne,  Moue%  an  aochou  (la  voix  des  Grèves), 
natif  de  l'île  iMolènes.  M.  Cuillandre  a  l'oreille  excellente  et 
est  bon  observateur.  Je  l'ai  prié  de  me  renseigner, aussi  exacte- 
ment qu'il  est  possible  sans  le  secours  de  la  phonétique  ins- 
trumentale, surla  valeur  des  sons  en  question  :  i°  à  l'initiale  ; 
2°  en  construction  syntactique.  Voici  le  résultat  de  ses  obser- 
vations. 

A  l'initiale  absolue,  par  rapport  à  /  /'  ;/  ;;/,  en  position  adou- 
cie(par  exemple,  après  da,  ton,  ta,  tes  :  da  lagad,  ton  œil),  les 
liquides  et  nasales  initiales  témoignent  d'une  expiration 
plus  forte,  moindre  cependant  que  pour  /  r  n  m  en  position 
non  adoucie  ou  plutôt  renforcée  :  par  exemple,  après  be,  son, 
sa,  ses,  en  parlant  d'une  femme;  va,  mon,  ma,  mes  etc.  Je 
reproduis  le  texte  même  de  M.  Cuillandre  :  1  r  n  ni  à 
l'initiale  simple  ressemblent  plutôt  à  ces  mêmes  consonnes 
renforcées  qu'à  celles  qui  sont  affaiblies,  comme  mode  d'ar- 
ticulation. Je  prends  /  dans  Ltgad,  comme  exemple;  pour 
cette  initiale,  l'articulation  se  produit  accompagnée  d'un  appui 
du  bout  de  la  langue  contre  la  rangée  supérieure  des  dents.  Si  je 


L,  R,  M,  N  en  initiale  et  en  construction  syntaetique.      469 

prononce  :  va  lagad,  he  lagad  (son  œil  à  elle),  ou  ho  lagad 
(votre  œil),  l'articulation  de  /  est  sans  doute  renforcée  par 
un  appui  plus  vigoureux  du  bout  de  la  langue,  mais  cet  appui 
se  fait  à  la  même  place  ;  le  son  comme  nature,  est  sensible- 
ment le  même.  Si  je  prononce  da  lagad,  e  lagad  (son  œil  à  lui), 
l'articulation  de  /  est  non  seulement  affaiblie  et  adoucie,  mais 
le  bout  de  la  langue  ne  fait  plus  ici  qu'effleurer  légèrement  les 
mêmes  dents  :  l'appui  n'existe  plus. 

M.  Cuillandre  a  étudié  ces  sons  en  mutation  syntaetique  : 

i°  en  position  adoucie,  après  e,  adj.  poss.  ms.  ;  da,  ton, 
ta,  tes 

2°  en  position  renforcée  ou  supposée  telle,  après  va,  he  (poss. 
fém.),  ho,  0,  leur,  leurs  ;  ho,  votre,  vos.  Il  a  constaté  un 
affaiblissement  marqué  dans  le  premier  cas;  un  renforcement 
marqué  par  comparaison  avec  l'initiale,  au  point  de  vue  de  la 
force  de  l'articulation  dans  le  second  cas,  en  exceptant  0,  leur, 
leurs.  Cette  exception  est  des  plus  curieuses,  si  on  réfléchit 
que  les  occlusives  sourdes  sont  transformées  en  spirantes  en 
breton,  comme  en  comique,  après  cet  adjectif  possessif,  tandis 
qu'au  contraire,  en  gallois,  elles  restent  intactes.  Seul  un  appa- 
reil enregisteur  pourrait  peut-être  signaler  des  différences  qu'en 
tout  cas  une  oreille  exercée  ne  perçoit  pas. 

M.  Cuillandre  représentant  l'articulation  initiale  absolue  par 
le  signe  —,  le  renforcement  par  -f-,  l'affaiblissement  par  — , 
a  dressé  le  tableau  suivant  (voir  p.  470)  : 

M.  Cuillandre  y  ajoute  les  intéressantes  observations  sui- 
vantes : 

après  ho  (votre,  vos)  :  l'articulation  de  la  consonne 
initiale  /,  r,  m,  n,  outre  qu'elle  est  renforcée,  semble  subir 
un  durcissement  particulier  et  exploser  en  un  son  bref  et  net, 
tout  différent  du  son  rendu  par  l'articulation  de  ces  mêmes 
consonnes,  après  he,   adj.  poss.  féminin. 

Après  he.  son,  sa,  ses,  à  elle  :  l'articulation  des  mêmes 
consonnes  initiales  s'accompagne,  outre  le  renforcement,  d'une 
sorte  d'aspiration,  ou  mieux  d'expiration,  assez  sensible  pour  /, 
moins  pour  r,  presque  pas  pour  m  et  n.  Ce  souffle  secondaire 
qui  accompagne  l'articulation  se  produit  sur  le  côté  droit 
vers   le  bout  (mais  pas  tout  à  fait)  de  la  langue.  Pour  /,    en 


470 


/.  Lolh. 


particulier,  le  côté  droit  de  la  langue,  vers  l'extrémité,  semble 
se  soulever  un  peu.  Comparée  à  l'articulation  de  /,  r,  m,  n 
après  ho,  votre,  vos,  celle  des  mêmes  consonnes,  après  he,  adj. 
poss.  fém.,  est  moins  dure  et  plus  lente. 


FORCE    D'ARTICULATION    APRÈS  : 


[  Lagad  > 
j    \  Lein.  . 
Lizer .  . 
La  m  m. 

(  Rastel. 
)  Reor . . 

A>    )  Reuz .  . 
(  Ribot. 

,  Mamm 
,.  \  Mevel. 
5  Moger. 

Mouez , 

j  Nadoz. 
N  \  Naoun 
Neud. 
Niz... 


O     à 


V 
V 
V 
V 


_r  E 


+ 
+ 
4- 


+ 
+ 
+ 
+ 

+ 
+ 
+ 
+ 

+ 
+ 
+ 
+ 


S   il 


V 
V 
V 
V 


+ 
+ 

+ 
+ 

+ 
+ 
+ 
+ 

+ 

4 
+ 
+ 

+ 

+ 
+ 
+ 


i.  legad,  œil;  lein,  déjeuner;  li\tr,  lettre  (épître)  ;  lamm,  saut;  rastel, 
râteau;  reor,  derrière;  reu\,  malheur,  agitation;  ribot,  baratte  à  beurre; 
mamm,  mère;  mevel,  serviteur;  moger,  muraille;  nioue^,  voix;  naào\, 
aiguille;  naoun,  faim;  neud,  fil;  ni^,  nièce. 

J.  LOTH. 


SUR 
QUELQUES    TEXTES     FRANCO-BRETONS 

(Suite.} 


IV 

36.  L'obligeance  de  mon  savant  collègue  M.  Plattard 
m'ayant  permis  de  retrouver  quelques  documents  intéressants 
sur  la  question,  je  reprends  ici  l'étude  commencée  depuis  près 
de  vingt  ans  (Rev.  Celt.,  XVI,  168-200). 

37.  Voici  d'abord,  d'après  le  volume  de  la  Bibl.  Xat.  coté 
Rés.  Ye  2684,  la  pièce  reproduite  §  2  et  suiv.  Elle  fait  partie 
du  premier  recueil  contenu  dans  ce  vol.,  et  intitulé  «  Noelz 
nouueaulx,  composez  nouuellement  sur  le  chant  de  plusieurs 
Chansons  nouuelles  ». 

f°  lv     Sur  le  trihory  de  basse  bretaigne 
Noël  en  breton  qui  parle  francoys 

yuonnet  et  mathery  herue  henry 
T  Trudaine 

Faison  en  vng  chantery  Vng  beau  hoiry 

Gent  et  ioly,  Ennet  demain       Noël 

v°  ^1   Ma  père  il  a  dit  que  adam 
Eut  vng  beau  fam 
Qui  mordoit  en  vne  pomme 
Parquoy  dieu  de  son  meson 
Mist  le  bon  hom 
Entrez  dehors  garsonne 
Vous  irez  petez  dehors 

Ta  meschant  corps  Villaine 

Vous  en  aurez  pour  le  mors 


472 


E.  Eriitiiill. 


Plusieurs  remors 

Soyez  en  certain 
^§j    Quant  le  dyable  il  aura  veu 

Sa  depourueu 

Tandoue  quil  est  daise 

Il  e  st  daille  il  est  venu 

Villain  cornu 

Cest  vng  beste  mohaise 

Mais  doe  de  paradis 

Amis  sa  filz  En  peine 

Et  est  venus  de  sa  pays 

Ce  dison  ilz 

A  yuissant  main 
d    Adam  il  estoit  chasse 

Ou  vieu  maison  du  dyable 

Mais  diou  il  a  pourchasse 

Vng  beau  vierge  amyable 

Gabriel  il  est  dalle 
f°   lvi  Soubdaine 

Au  be.m  vierge  a  dit  aue  nomen  eue 

Sera  mis  plain 
$j    Le  doe  il  est  nasqui  tant  beau  genty 

Seullement  sur  de  paille 

Vng  lasne  est  empres  tappy 

Son  lalaine  luy  baille 

En  vng  vieu  maison  il  est  lenfantelet 

Tant  ieune 

Il  aura  ma  gastelet 

Sil  a  besoint 
flj  Je  porty  ma  flageollet 

Etsonneray  datache 

Trihory  ioly  dehet 

Giray  comment  vng  vache 

Je  faire  dancer  mary 

Dandaine 

Joseph  sera  endormy 

Nest  pas  trop  sain 

Au  petit  doe  iaure 


Tiuonnet. 


Tiuonnet 
Perdue  lasse 

Serche  trace 

Et  deuale 

Tiuonnet 

vn  vasche  aussi 


Matourtelet 

Tiuonnet 

Et  ma  muset 

Languilloset 

Auecques  luy 

Le  bon  hommv 

Tiuonnet 

Que  ie  fere 


Quelques  textes  franco -bretons  473 

Vngpourpine  en  son  crache 

Neppes  ieluy  portere  Morceau  dore. 

Chappon  de  cornouache 
Il  aura  le  bon  barat 

Le  guyne  math  A  plaine 

Lorleans  vin  lanchiuin  Le  poyteuin 

v°  Sil  aura  fain  Tyuonnet 

flj    Je  priray  deuôtement  Mignon nement 

Le  petit  et  son  mère 

Que  iauray  ioyeusement  Vin  largement 

Or  en  mon  gebeciere 

Et  neppes  finablement  Mon  saulnement 

Soubdaine 

Si  chanteray  haultement  Godinement 

Au  lieu  haultain  Tiuonnet 

Amen  Noël  Grâce  et  amour 

38.  Le  T  au-dessous  de  yuonnet  doit  y  être  rattaché,  comme 
le  prouve  la  répétition  du  nom  à  la  fin  de  chaque  couplet, 
pour  indiquer  la  reprise  du  refrain.  Une  disposition  semblable 
de  l'initiale  se  montre,  par  exemple,  dans  PEcheurs,  f°  nv,  v°. 

Le  prénom  francisé  était  d'ordinaire  Yuonnet,  Ivonet,  cf.  Rev. 
Celt.'9  XXXIV,  245.  C'est  un  diminutif  de  Yvon,  cf.  §  26. 
Nous  avons  vu  aussi  la  forme  bretonisée  if,  cf.  trécorois  Nif, 
§  19  ;  dim.  Nifeq. 

D.  Le  Pelletier  remarque  :  «  Eusen  Est  le  nom  propre 
d'homme  le  plus  diversifié  que  l'on  puisse  s'imaginer  en  si  peu 
d'étendue  de  pays,  et  dans  un  même  langage.  On  prononce 
donc  Eusen,  Eosen,  Esôen,  Esôan,  Esoain,  Usen,  Yivain,  You- 
wain,  ou  Hiouwain,  Yauwau,  Jeun,  ou  Yeun,  et  par  plus 
grande  corruption  Erwain,  pour  Esiuain.  Ceux  de  ce  pays  qui 
parlent  François,  disent  Yvon.  Les  Hauts-Bretons  Yves,  comme 
nous...  »  Même  observation  dans  Roussel  ras.  :  «...  on  pro- 
nonce donc  eusen,  Eosen,  esoen,  esoan,  usen,  eosin,  yivain,  yoen, 
Jeun,  ou  \citn,  won,  ou  yvoun...  »  Pel.  explique  le  lat.  Yvo  et 
le  franc.  Yves  par  le  nom  d'arbre  if;  Eusen,  etc.  viendrait  de 
Usanus,  «  d'une  rivière  d'Angleterre,  dite  Usa  »  près  de  laquelle 
habitait  le  premier  saint  Yves.  Ces  témoignages  sont  en  par- 


474  E.  Ernault. 

tie  viciés  par  la  préoccupation  étymologique,  sans  laquelle  les 
s  seraient  probablement  des  ç. 

Le  P.  Grégoire  traduit  «  Yve  »  :  «  Léon.  éù%en.  eu^en.éau- 
~en.  (Treg.  èrouàn.  yoûen.  (b.  Corn,  yoûen.  yeun.  (h.  Cotn.even. 
eoùan.  e^an.e~eu.  èen.  (Van.  Eoûan.  »  ;  «  Saint  Yves  »  :  i<  Sant 
Eauçen.  Sant  Erouan  a  Viryone.  Sant  Even,  etc.  »;  TA.  donne 
Ivcine,  Ivin,  I^pin,  I^oêne,  Eouann  ;  H.  de  la  Villemarqué  (Ap- 
pendice au  dict.  fr.-br.  de  Gon.)  Eo%en  L.,  Eû%en,  Iouenn  C, 
ErvoanT.,  Eouan,  Ivenn,  I~oenn\\,  fém.  Ivona  Yvonne,  dim. 
Ivonaik  (4  sy  11.)  ;  J.  Moal,  Sitppl.  à  Troude  18  traduit  <  Yves  » 
Ivon,  Ioen,  Eoçen,  Euxpi  L.,  Jeun,  Cheun,  Eou,  C.,  Nounn, 
Urwan  T.,  Bon  à  Plouguerneau,  etc.,  dim.  Ivouik,  Xounnik, 
Bonik,  et  «  Yvonne  »  Ivona,  Bonik  (b.  L.).  On  iit  en  cor- 
nouaillais  louai,  Ba>~.  Br.  243,  245  ;  on  dit  en  Trég.  Encan, 
Encaùn,  Ervoan,  dim.  Waniqi  ïEanniq.  Wahneq.  Ct. 
le  composé  Marivonn,  dim.  -ik  T.  Marie-Yvonne,  Gwer^ùm 
Br.-I-el  I,  350,  352,  Marivonik  T.  et  L.,  Rolland,  Recueil  de 
chansons  pop.,  III,  63,  66.  etc.  ;  léon.  Marivon,  Vona. 

M.  Loth  explique,  à  propos  de  Iouen  «  forme  bretonne  la 
plus  répandue...  en  dehors  du  vannetais  où  on  dit  Iwân  », 
que  «  sous  ce  nom  on  a  confondu  une  demi-douzaine  de 
saints  »  (Rev.  Celt.,  XXIX,  309,  cf.  283,  284;  XXX,  313  ; 
Annales  de  Bret.  IV,  632,  633  ;  Mots  lat.  164,  218;  Cbnstom. 
bret-,  129,  204).  Deux  d'entre  eux  portaient  le  nom  d'origine 
germanique  Ivo.  Celui-ci  s'est  confondu  phonétiquement  avec 
Ewen  (ixe  s.)  =  gall.  Yiven,  Oicain,  et  Euçen  en  1401,  de 
Eudo,  d'où  en  Léon  Eoçen,  ailleurs  dès  avant  le  xvne  siècle  Ewen. 

Le  Catbolicon  a  un  article  «  Euçen,  g.  yuon,  1.  yuo  »  ;  l'édi- 
tion b  donne  une  variante  avec  ^  :  «  Eu^en  pe  Eo%en  ».  Les 
Heures  n'ont  que  Yuen  :  sant  Yuan  natiu  a  Treguer  (Middle- 
Brel.Hours  39). 

Les  formes  vannetaises  avec^;  sont-elles  empruntées  au  Léon, 
ou  tirées  de  documents  plus  anciens?  Ce  n'est  pas  nécessaire  : 
cf.  van.  uiphuion  juifs,  etc.  (Sur  un  ancien  livre  vannetais,  1894, 

LY  dont  s'est  étonné  Pel.  vient  d'un  autre  nom  où  il  était 
primitif  (cf.  Urban,  Rev.  Celt.,  XXX,  306  ?).  On  a  pu  regar- 
der Encan  comme  une  variante  de  Efwan,  d'après  le  rapport 


Quelques  textes  franco-bretons.  475 

de  derwe\  journée  à  l'ancien   de%ue%,  cf.  Gloss.   v.  de\,   bi~bux- 
quen. 

Il  est  possible  aussi  qu'on  ait  senti  Erwan  comme  équivalant 
à  Ewan  :laprésence  du  son  n  favorise  l'intrusion  de  r,  cf.  L'épen- 
thèse  des  liquides  §  32,  33.  Grég.  donne  eyenen  pi.  éyen  et  érye- 
rienn  pi.  éryenennou,  éryen  petite  source  qui  sort  de  terre  après 
les  grosses  pluies  ;  il  renvoie  à  terre,  ce  qui  montre  qu'il  pen- 
sait déjà  à  son  étymologie  par  le  fantastique  er,  d'où  il  tire 
«  er-yen,  pi.  er-yennou,  source  à  fleur  de  terre,  après  les  pluies 
d'orage  ».  Il  y  a  là  deux  mots  différents,  dont  le  second  est  en 
v.  br.  orion  gl.  oram  ;  moy.  br.  euryen  bord  d'une  fontaine; 
van.  eerion  m.  pi.  eu  ourlet,  tréc.  erien  f.  pi.  0  rebord  d'un  cha- 
peau ;  une  variante  intermédiaire  est  eiïlen,  en  ce  dernier  sens, 
Rev.  Celt.,  VIII,  508  \ 

Un  r  parait  aussi  s'être  glissé  dans  le  nom  <XEloi,  que  le  P. 
Grégoire  traduit  :  «  Alar.  aler.  Treg.  et  Van.  Eler  »  ;  «  St. 
Eloi.  Sant  Alar.  Saut  Aler.  Van.  Saut  Elér  »  ;  H.  de  la  Vill. 
Alar,  Aler;  J.  Moal  Alar,  Ekm  L.,  Aler  C,  Eh  T.  Ce  sont 
des  personnages  tout  différents  ;  voir  Loth,  Chrestom.  Bret. 
187  ;  Mêlusine  V,  106  ;  XI,  446  ;  Miscellany  presented  la  Kuuo 
Meyer,  ^15. 

39.  Il  y  a  eu,  du  reste,  bien  d'autres  confusions  de  cegenre, 
occasionnées  par  des  concordances  phonétiques  plus  ou  moins' 
imparfaites. 

Le  Catholicon  traduit  Ingneau  Cngneau  Kms,  Igneau  Jli)  en  lat. 
«  Ignacius  »  ;  le  P.  Grégoire  rend  «  Ignace  »  Igneau,  Igeau 
(et  non  Igneau,  Gloss.  335  ;  voir  Rev.  Celt.,  XXIX,  307; 
XXX,  301).  H.  de  la  Vill.  a  traduit  «  Ignace  »  Inéô  (n  pour 
gn  doux);  J.  Moal  Ignas  L.,  Igneo,  Igno  T.  Voir  Rev.  Celt., 
XI,  146,  352,353  ;  XXIX,  311;  XXX,  316. 

Grég.  donne  «  Raoul  nom  d'homme  qu'on  croit  être  le 
même  que  Rioùal,  et  Rodolphe,   en  latin,  Rodulphus,  Radul- 

1.  Ce  mot  est  regardé  comme  celtique  par  M.  Loth,  Les  mois  lat.  dans 
les  langues  brittoniques,  191;  M.  Pedersen,  Vergl.  Gram.  I,  207,  le  tire  du 
latin  (en  donnant  à  tort  comme  bret.  moderne  or,  qui  n'est  qu'une  forme 
reconstituée  par  M.  Loth).  Cf.  v.  fr.  eur:  «  Qu'il  laissiérent  l'enfant  sur 
l'eur d'une  fontaine  ».  Brun  delà  Montaigne...  publié  par  P.  Meyer,  1875, 
v .  1 5  6 1 . 


476  E.  Ernaull. 

phus.  En  tout  cas,  Raoul  et  Rodolphe,  c'est  en  breton,  Raoul, 
et  Rioiial  »  ;  «  Rodolphe  ,...  Raoul,  Rioiïal  »  (Raoul  g.  id.  C, 
dimin.  Raoulic  Gloss.  56  r  ;  Rioual,  Rivoal  Rodolphe,  de  la  Y.  ; 
Raoul  Rodolphe,  de  la  Y.  ;  Raoul  Rodolphe  J.  Moal  ;  voir 
Ri:val,Rev.  Celt.,  XXX,  291). 

Grég.  traduit  «  Maurice  »  :  Morvan  et  Mauriç,  van.  Mauriç  ; 
«  Petit  Maurice  »  Morvannicq  et  Mauricicq  ;  «  Saint  Maurice  » 
Saut  Vauriç;  «  La  Ville  M.iurice»  Kxr-morvan  (Morice,  Moricc, 
MouriccC,  cf.  Gloss.  426;  Kxr- Morvan  La  Ville  Maurice  l'A.  ; 
Moris  Yillem.  ;  f.  en  van.  Morised  «  Morised  »,  dim.  Morisetik, 
Bar\.  Br.  342-344.  Morised,  Morisedig  «  Mauricette  »  Rev. 
Morbihannaise,  IV,  95-100,  tréc.  Moriset,  au  titre  Moriselta, 
Gwei\.  Br.  I~.,  II,  288,  290,  Morised,  Moriset  Rev.  Morb.,  V, 

274,  275)-   -  Voir  §  84. 

40.  Pour  prévenir  ces  équivoques,  M.  Loth  a  proposé  de 
donner  au  bienheureux  trécorois  son  nom  de  famille,  Helori, 
au  ixe  siècle  Haeî-uuo-ri  «  généreux  prince  »  '.  Celui-ci  a  donné 
lieu  à  un  autre  quiproquo. 

M.  L.  Esquieu,  Devisaire  breton,  Brest  191 1,  rapporte  ainsi 
la  devise  de  sa  famille  :  «  A  tout  dix,  ou  A  tout  dire.  — 
Hélory  ».  La  seconde  leçon  provient  d'une  interprétation  de 
dix  par  dits.  Guy  Le  Borgne  en  a  risqué  uneautreque  M.  L.  Le 
Guennec  traite,  avec  raison,  de  «  glose  hasardeuse  »,  dans  le 
Fureteur  Breton,  VII,  18,  19  :  «  Il  convient  à  tout  ridelle...  de 
garder  les  dix  commandements  ».  J.  Dielitz,  Die  Wahl-  und 
Denkspriichey  neue  Ausg.,  Fankfurta.  M.  1888,  traduit  littéra- 
lement «  zu  allem  zehn  »,  ce  qu'il  déclare,  d'ailleurs,  incom- 
préhensible. M.  Ch.  de  la  Roncière,  Saint  Yves,  1901,  p.  180, 
écarte  l'explication  de  Le  Borgne  et  «  autres  interprétations 
fantaisistes  qu'on  a  données  jusqu'ici  »,  en  remarquant  :  «  A 
tou\  di~,  au  xine  siècle,  signifie  :  «  à  toujours  ». 


1.  Cf.  Chrestom.  Bret.  135,  212.  «  Canonisez  le  bienheureux  Hélory, 
concluait  Charles  de  Blois  en  finissant  sa  déposifion  :  tous  vous  le 
demandent,  Très  Saint-Père,  la  Bretagne  et  moi;  Hélorv,  en  breton, 
signifie  Prompt-Secours,  par  lui  la  paix  nous  est  rendue,  nous  en  sommes 
persuadés  ».  Ch.  delà  Proncière,  Saint  Yves,  1901,  p.  141,  142.  Y  avait- 
il  là  une  allusion  à  une  explication  de  Hélory  d  après  *hél-orei  «  bon 
secours  »,  cf.  Gloss.   279,  280  ? 


Quelques  textes  franco-bretons  477 

M.  Le  Guennec  préfère  un  autre  sens,  donné  par  un  vicaire 
de  Plestin  d'après  «  le  texte  le  plus  ancien,  celui  qui  figure, 
paraît-il,  sur  le  testament  de  Saint  Yves  conservé  au  Minihy, 
et  qui  offre  cette  forme,  sans  séparation  appréciable  des  mots  : 

atouzditzellouri 

«  En  français,  cela  ne  peut  se  lire  qu'ainsi  :  A  tou%  dit(  El- 
louri.  Mais  si  l'on  essaie  du  breton,  à  l'instant  les  lettres  se 
groupent  comme  d'elles-mêmes  en  une  phrase  parfaitement 
logique  et  compréhensible  : 

ato  u%  dit  %dhu  ri 

que  n'importe  quel  bretonnànt  traduirait  sans  la  moindre 
hésitation  : 

Toujours  au-dessus  de  toi  regarde  (littéral,  fais  des  regards).  » 
Que  cette  phrase,  où  l'interprète  voit  une  «  belle  et  reli- 
gieuse devise,  à  laquelle  est  mêlée,  en  manière  de  calembour, 
le  nom  même  de  la  famille  qui  s'en  parait  »,  puisse  sembler 
«  parfaitement  logique  et  compréhensible  »  à  un  Breton 
(moderne  de  Tréguier),  je  l'accorde.  Sans  doute,  il  ne  vien- 
drait à  l'idée  de  personne  déparier  de  lasorte;maisl'hypothèse 
d'un  «  calembour  »  sur  le  nom  de  la  famille  atténue  la  rudesse 
de  la  construction  «  Toujours  au-dessus  de  toi  regards  feras  ». 
Le  malheur  est  que,  d'après  tout  ce  que  nous  savons  du  bre- 
ton moyen,  on  attendrait 

atau  a  -u%  dit  sellou  ri 

et  que,  partant  même  de  la  variante  fort  improbable  ato  u^  dit 
~ellou  ri,  on  n'arrive  pas  à  une  abréviation  intelligible  atou%dit%. 
Au  contraire,  A  tou%  dit~  (EUoiirï)  est  conforme  à  un  double 
type  connu  :  cf.  E  peb  am~er  Cocllogou,  de  tout  temps  Coetlo- 
gon;  Atao,  da  virviquen  !  toujours,  à  jamais;  fr.  En  tout  temps 
dn  blé  (Du  blé),  etc.,  voir  Mêlusine,  XI,  400,  v.  Temps. 

Je  crois  donc  que  M.  de  la  Roncière  a  raison,  et  que  nous 
n'avons  là  un  texte  franco-breton  que  par  suite  d'une  de  ces 
rencontres  spécieuses,  comme  le  P.  Grégoire  en  a  signalé  dans 
le  «  plaisant  rébus... 


47^>  E.  Ernault. 

Natura  diverse  gaudet. 

Nature  a  dit,  verse  au  godet  '.  » 

41.  La  préfixation  du  /  dans  Tivonnet  ne  doit  pas  non  plus 
être  un  phénomène  breton  :  peut-être  vient-elle  d'une  expres- 
sion «  petit-Yvonnet  ». 

La  liste  de  J.  Moal  ne  montre  aucun  fait  de  ce  genre,  mais 
seulement  des  redoublements  comme  Nounn  :  Gngnst  =  Ao- 
gust  L.,  ailleurs  Ogust,  dim.  Gustik  Auguste  ;  Nitii  dim.  de 
Eujeni  Eugénie  ;  Pipi  d'un,  de  Perr  Pierre  (cf.  Gloss.  486,  Rev. 
Celt.  XXVI,  86;  Piar  Bar~.  Br.  159,  dim.  Piarik  420-422, 
Pierric  Soniou  Br.-I^.  I,  332)  ;  M/m/ dim.  de  Marianna,  à 
Plougastel-Daoulas  Biganna (cf.  Bai\.  Br.  222)  Marie-Anne; 
Did  à  Guipavas,  dim .  Didik  =:  Marcharid,  God,  Goad  L., 
Marchaid,  Mari-Gaid,  Gaid  C,  Lia  T.,  dim.  Goadih,  Godik, 
Lidik,  Mid  à  Plabennec,  etc.  Marguerite  (Mac'harid,  Marcha- 
rid, Margarid,  van.  Margucid,  dim.  Macharidicq,  God,  Godicq 
Gr.,  van.  Marchaid,  Machaid  Bar~.  Br.  466,  Marc  harit  Soniou 
Br.  7~.  I,  220;  tréc.  Margot,  Margodic  178,  180,  182  Margodik 
Giuer~  Br.  I~.  I,  354,  356,  358;  corn.  Marc'haid  ar  gerchei\ 
Marguerite  la  grue,  dim.  Marchaidik  Bar~.  Br.  282  ;  mov. 
br.  Marcharit,  Margarit,  van.  Màrgerit,  Margarit,  Garit,  voir 
L'épenthêse  des  liquides  §  18  ;  Etudes  vann.  III,  4  ;  Gloss.  v. 
tnerchoidenn  ;  Jousaouënn  Santés  Mac'harid  marguerite,  plante, 
bocqedou  Santés  Mac'harid  ses  fleurs  Gr.,  van.  boquêtteu  Mar- 
garite  l'A.,  tréc.  bokodo  Marcharid)  ;  Lell,  Loull,  dim.  Lcllik, 
Loullik  =  Oiier  Olivier  (Olyer  dim.  Olyericq  Gr.,  cf.  Rev.  Celt. 
XXVI,  83,  86). 

42.  Le  ms.  des  Mojennou  Laf ont  aine  de  L.  M.  Combeau, 
date  de  1836  et  1837,  porte  Dom  Alauig,  1.  I,  f.  2,  avec  cette 
noté  :  «  nom  burlesque  du  renard  »,  et  son  abréviation  con- 
nue Lan  XII,  17,  22  ;  mais  par  ailleurs  Salan  I,  18  ;  VII,  7, 
10  ;  ciné  Zalan  (dit  Alain)  XII,  17  ;  Doni-Salan  I,  18  ;  II,  3  ; 
XII,  9,  22  (cf.  Rei'.  Celt.  XXVI,  86).  Il  semble  qu'il  y  ait  là 

1.  [Pour  la  suppression  de  1'/;  dans  (H)eltouri  contrairement  aux  habi- 
tudes du  trécorois,  on  peut  comparer  Les-eniui  en  141 1,  Treffleshernin  en 
1436  (Morbihan),  etc.,  Loth,  Chrestom.  213.  cf.  Rev.  Celt..  XXXV.  132, 
I33-] 


Quelques  textes  franco-bretons.  479 

une  combinaison  des  deux  mots  Alan  et  Salaùn  ;  cf.  van. 
ch-ivoneu  écume,  ch-ahné  ennui  Rev.  Celt.,  XXV,  75.  Ou  bien 
faut-il  comparer  Ville-es-Alanic  (1461),  auj.  La-Ville-ès-Allain , 
Loire-Inférieure  (Quilgaro)  ? 

43.  Mathery  doit  être  un  prénom,  comme  les  mots  voisins. 
Sa  finale  ne  répond  pas  bien  à  celle  de  Mathurin,  bret.  Matu- 
rin,  Matelin,  Rev.  Celt.,  XXVI,  320  (haut  bret.  Mathô,  fém. 
Thurotte,  Thuriche.  Le  Fureteur  Bret.  VII,  221).  Ce  doit  être 
un  diminutif  breton  *Maleric  (voir  §  25),  cf.  le  nom  de  famille 
Materet,  Matteret,  Matberet,  dans  le  Midi,  Mistr. 

44.  Dans  le  passage  cité  §  15,  G.  Kastner  dit  :  «  Tntdoii 
trudaine,  onomatopée  du  bruit  du  tambour.  Rabelais  a  donné 
ce  nom  au  fameux  tambourineur  du  seigneur  de  Basché.  La 
forme  trudon  trudaine  a  quelquefois  servi  de  refrain  ;  et  dans 
la  Farce  de  Pathelin,  des  paroles  vagues  qui  se  perdent  en  l'air 
comme  le  roulement  d'un  tambour  éloigné  sont  appelées  Irit- 
daines  ».  La  Curne  de  Sainte-Palaye  (éd.  Favre)  a  trudaine, 
trudine  «  tromperie,  sort  ».  Le  mot  se  présente  avec  un  sens 
plus  concret,  dans  les  Noël  s  nouueaux  (Bibl.  municipale  de  Poi- 
tiers, Rés.  DR  309,  xvie  s.,  le  titre  manque),  f°  XVIII  : 

«  Je  luy  donnay  vn  beau  don,  nau,  nau, 
Mon  billart  et  ma  pelotte  : 
Et  Guillot  mon  compagnon,  nau.  nau, 
Sa  trudene  et  sa  marotte.  » 

Ce  doit  être  un  instrument  de  musique.  Ces  sortes  de  noms 
figurent  souvent  dans  les  refrains.  J.  Tiersot,  Histoire  de  la  chan- 
son populaire  en  France,  329,  330,  cite  à  ce  propos  La  vé%i,  la 
vé~oii  ;  la  Pibole  ;  tourloure,  turelure,  tirelyre,  turlututu,  àevèçe 
pibole  cornemuse,  tourloure.  turelure,  etc.,  sortes  de  flûte  au 
xve  et  xvie  s.  '. 

45.  On   a  vu,  §  9,  que    la  finale  -aine  est  fréquente  dans 


1.  J'ai  cité  à  cet  endroit  des  jurons  comme  fi  d'ëm  dênë,  fi  d'em  déno, 
imites  libi  denon,  et  aussi  fi  d'êm  dero,  sapertibidore.  On  peut  rapprocher  de 
ces  derniers  les  refrains  d'anciennes  pastourelles  Va  li  dureaux,  ii  dureaus 
iaireie  ;  Chivàleta  dori  doreaux  ;  dorenlot,  où  M.  Tiersot  voit  des«  onomato- 
pées, empruntées  sans  doute  aux  cris  des  bergers  aux  champs  »  (425,  426). 


480  E.  Ernault. 

les  refrains;  cf.  Le  mot  dieu  en  bret.  §  30  '.  Elle  se  retrouve 
dans  un  mot  qui  à  plusieurs  égards  rappelle  trudaiue;  c'est 
turlutaine  serinette  ;  manie,  marotte,  Littré;  ce  que  quelqu'un 
répète  sans  cesse,  Dict.  général;  en  ce  dernier  sens  Littré  donne 
turîututaine.  Cf.  à  Monthéliard  turelutaine(tu-re-lu-tain-ne)  seii- 
nette,  Contejean  ;  Morvan  turlutaine,  teurleutaine  rlûteau  d'en- 
fant ;  turlukr,  teurleuter  flûter  comme  les  petits  bergers,  E.  de 
Chambure  ;  Bas-Maine  turlukr  fredonner,  chanter  entre  les 
dents,  Dottin,  etc. 

Littré  explique  turlututu  :  onomatopée  du  son  de  la  flûte  ; 
la  flûte  à  l'ognon  ;  mot  qui  sert  aussi  pour  interrompre  un 
bavard .  Son  Supplément  donne  turlutie  f.  engin  de  pêche  pour 
l'encornet  :  ligne  armée  de  plusieurs  hameçons  et  teinte  en 
rouge  ;  «  L'usage  de  la  turlutte...  est  interdit  dans  les  cours 
d'eau  non  navigables  »  (Arrêté  du  préfet  du  Finistère,  1877). 

A  cette  famille  appartient  en  breton  turlutud:  Nep  hen  eu~ 
greg  ha  bugale  A  die  ive  turlutud  d'he  «  Qui  a  femme  et 
eniants  Leur  doit  aussi  de  Y  agrément  »  Sauvé  Prov.  421  ; 
M.  Even  m'a  donné  cette  variante  léonaise  :  An  hini  an  deu{ 
bugale,  Turlutet  d'ê,  que  celui  qui  a  des  enfants  s'en  occupe. 
Il  m'a  appris  aussi  qu'on  dit  en  Goëlo  turluta,  en  Trég.  et 
Léon  turlutat  v.  a.  dorloter,  soigner,  cajoler,  câliner.  Du 
Rusquec  donne  turluta  hésiter  ;  turluter  pi.  ien  homme  indécis. 
Cf.  iurlu  alouette  huppée;  étourdi,  qui  ne  prévoit  rien,  qui 
ne  pense  à  rien;  turluter  «  flâner,  paresser;  siffler,  chanter, 
faire  comme  l'alouette,  la  calandre,  qui  rossignolettent,  qui 
fringolent,  qui  s'envoisent  et  qui  turlutent  »  Jossier,  Dict.  des 
patois  de  /'  Yonne. 

46.  Littré    donne    turlurette  «   espèce  de  guitare  en   usage 


1.  D'après  le  v.  fr.  bedonner  battre  du  bedon,  du  tambour,  on  pourrait 
voir  aussi  le  nom  de  cet  instrument  dans  le  refrain  gallo  labedibedou  (où 
M.  Dottin  traduit  la  bëdi-bedou  la  colique,  GIoss.  du  Bas  -Maine"),  bret. 
dambedtbedoujën,  etc.,  voir  Le  mot  dieu  en  bret.§  30.  Le  recueil  qui  a  le  noel 
«  sur  le  trihory  de  basse  bretaigne  »  porte,  f°  18  v  :  «  Xoel  nouueau  sur 
Bedidin  bedidon  ».;  le  refrain  est  :  ...  tant tireîitonfa  ...  Bedidin  bedidon  Tan 
tirelitonfa  (cf.,  f.  49,  Sur  lariran  lariran  laine  Lariran  fa  ;  et  dans  une 
chanson  connue  a  Saint-Brieuc  :  «  C'était  un  p'tit  avocat,  Tour,  tour, 
tourîarirette;  C'était...,   Tour  larirette  lirlonfa,  Tour  larirette  lirlonfa  !  »), 


Quelques  textes  franco-bretons.  481 

au  xive  siècle  ;  ce  mot  est  employé  dans  le  refrain  de  quelques 
chansons  »;  article  qui  a  passé  dans  la  dernière  édition  de 
l'Académie.  Cf.  les  refrains  tourîoiirirette...  lonlanderirette, 
Tiersot  256;  larrturlurette  329,  lanturlu  252,  lure,  lurette  496, 
hureîugogu  247,  etc. 

C'est  sans  doute  d'un  croisement  de  ces  mots  avec  hurlu- 
berlu, plus  anciennement  hurlubrelu,  que  viennent  les  formes 
méridionales  turhtberlu,  iurluburlu,  turuburlu,  tuturburlu 
(estuberlu,  piémontais  tourloubourlou)  «  s.  et  adj.  hurluberlu, 
étourdi,  tête  fêlée  »  Mistr.,  Bas-Maine  turhtberlu  adv.  à 
l'étourdie,  confusément  ;  m.  hurluberlu,  homme  qui  n'a  pas 
d'idées  arrêtées,  Dottin.  Mistral  compare  le  bret.  «  turubalou 
tohu-bohu  »  ;  mais  17  y  est  mouillé,  et  -ailhou  est  le  pluriel 
du  suffixe  franc,  -aille,  cf.  Rev.  Celt.,  XXVII,  64,  65.  On  lit 
à  la  table  du  Nomendator,  vers  la  fin:  fardou,  turubaïlhou  un 
gragut\  (parures,  bibelots  des  femmes)  ;  Grég.  a  turubaïlhou 
«  ramas,  assemblage  de  plusieurs  choses  »;  «  brimborions, 
des  curiositez  légères,  et  de  peu  de  valeur  ;  tous  les  petits 
meubles  qui  n'ont  point  de  nom  »;  turubaïlhou,  turibailhou 
«  fatras,  amas  de  plusieurs  choses  inutiles  »  ;  Gon.  turubalou, 
quelques-uns  prononcent  turibalou  fatras,  amas  de  plusieurs 
choses  inutiles  et  frivoles;  Trd  turubaïlhou  pi.  m.  «  brimbo- 
rions, et  aussi,  épouvantail  pour  effrayer  les  oiseaux  »  ;  du 
R.  touribaillou  «  fatras,  amas  confus  »,  puis  «  fausses 
manœuvres,  détours  »,  il  renvoie  de  turubaillou  à  touribaillou; 
Combeau  I,  20,  traduit  «  Et  de  fatras  et  de  grimoires  »  A 
skrijou  fa~iu~  nag  a  durubailhou,  et  au  sing.,  VII,  3  «  Les 
choses  d'ici-bas  ne  me  regardent  plus  »  Turubailh  ar  bed-iua 
né~ell  fnui  ken  ou~-iii.  En  Léon  ce  singulier  s'emploie,  au 
fém.,  pour  «  homme  qui  s'effraie  sans  raison  et  qui  est  de 
nature  par  là-même  à  effrayer.  Te  ~oeun  durubailh  tu  es  capable 
d'effrayer  en  te  montrant  effrayé  »  (ab.  Caer).  Cf.  van.  turle- 
baunein  «  éblouir,  causer  une  émotion  dans  la  vue  et 
dans  le  cerveau,  qui  les  empêche  de  faire  leurs  fonc- 
tions »  ;  turleban  m.  «  éblouissement,  effets  des  vapeurs 
du  cerveau  »  l'A.,  kousked  turlubannus  sommeil  agité, 
formes  influencées  par  banuein  chanceler,  peut-être  aussi  par 
tulbénd,  titlban,   luruban  pp.  ou  turban  Gr.,  tulban  p.  eu  l'A., 

Revue  Celtique,  XXXV.  31 


482  E.   Ernault. 

turuban,  luriban  p.  ou  «  écharpe  que  les  gens  de  guerre 
portent  en  guise  de  ceinture,  ou  de  baudrier  »Gr..  turuban 
m.  «  écharpe  de  ceinture  »  Trd,  «  n.  propre  de  famille  bret.  » 
Mil.  ms.  (à  un  autre  endroit  «  nom  propre,  turban  »). 

Henry  regarde  turubalou  fatras  comme  une  onomatopée,  fe 
crois  qu'il  v  a  là  une  série  de  déformations  du  bret.  moyen 
tribuill  trouble,  douleur,  tribuillaff,  trubuillaff  «  triboiller,  1. 
tribulare  »  ;  moJ.  tribuill  affliction  Maun.,  trubûilh  p.  ou,  van. 
trebil,  trebill  p.  trebilleû  Gr.,  trebill  p.  e//  tribulation,  persécu- 
tion l'A.  ;  tribuilla  affliger  Maun.,  trubûïlha  Gr.,  trebillein 
persécuter  l'A.,  trubùilhus  affligeant  Gr.  «  trubuill,  tribulation, 
affliction,  épouvante,  effroy  »,  "  trubuilla,  s'épouvanter,  sef- 
frover.  trubuillet,  épouvanté,  consterné,  effrayé  »;  «  ...liai  a  yoa 
trubuill  en  em  ~ustumet,  il  sétoit  Ramassé  du  monde  à  taire  peur, 
pour  dire  une  quantité  prodigieuse  »  IIe1  ms.,  voir  Rev.  Celt., 
XXXV,  132.  Mil.  ms.  ajoute,  à  trubuill,  turubuill et  turubaill, 
sans  traduction.  J'ai  connu  en  Trég.  Trubûilh,  qui  était  un 
chien  remuant  et  querelleur.  On  lit  en  van.  trebilleû  troubles, 
chagrins  Hist.  saut.  24,  48,  treboulQè  vent)  soulève  (la  mer), 
treboulet,  troublé,  treboulancc  trouble  (d'esprit),  Rev.  Cclt.,  XIV, 
285  ;  ci'.  GJoss.  720.  Le  v.  fr.  avait  le  pendant  de  turubaill 
dans tribayllc  tribulation,  peine,  à  côté  de  Iribouil  id.,  trouble; 
effroi,  agitation,  et  de  tribokr  tourmenter,  vexer,  affliger; 
ravager;  troubler;  remuer,  mêler  en  agitant.  Le  moy.  br.  tri- 
cheboul  pompes,  séductions  (des  démons),  expliqué  autrement 
Rev.  CW/.,XIV,  3  !2,  pourrait  venir  d'un  mélange  des  radicaux 
de  treboul  et  de  trichery  tricherie,  tromperie  (cf.  v.  tr.  trinque- 
ba/lcr  à  côté  de  tribaler,  auj.  trimbaler}). 

Il  n'est  pas  facile  de  déterminer  les  rapports  de  ces  mots  avec 
quelques-uns  des  suivants,  qu'on  ne  peut  en  séparer  entière- 
ment : 

moy.  br.  -strawill Gloss .  661  ',  et.  strabuilh,  stravilh,stravilha- 
mand  pp.  ou  «  frayeur,  grande  peur,  et  subite  »,  stravilha, 
strabuilha  donner  de  la  frayeur,  lv;a  stravilhei  gai!  aoun  mou- 
rir de  peur,  àrem,  daoulagad  stravilhei  air,  yeux  eflaré(s),  slra- 

1.  Kestrawïll  141 5,  Qestravoil  1599,  auj.  Questrevouille,  ville  Loire- 
Infre,  Quilgars. 


Quelques  textes  franco-bretons.  483 

vilhus  effrayant,  effroyable  Gr.  ;  srrafil  (lis.  slrafiï)  et  strefil 
«  Agitation,  remuement,  mouvement,  tel  que  celui  de  l'eau 
portée  dans  un  vaisseau  large.  Le  Nouv.  Diction,  porte  Sira- 
vill,  effroi.  Stravillus,  effroyable.  (Ces  deux  Ll  sont  mouillées 
à  l'Espagnole.)  D'autres  lui  donnent...  la  signification  de 
Frayeur  et  d'épouvante.  .  .  Stravila,  agiter  l'eau,  ou  en  l'eau» 
Pel.  (il  compare  le  fr.  «Eslrafilade,  que  l'on  écrit  et  prononce, 
peut-être  moins  bien,  Estafilade  »)  ;  striboûilla  «  Agiter  en 
l'eau  ce  que  l'on  y  trempe,  comme  pour  le  laver.  En  Léon 
c'est  la  même  signification  que  celle  de  Stravila  »;  «  Stru- 
fuilla,  Selon  M.  Roussel,  veut  dire  Brouiller  une  liqueur  en 
l'agitant  :  et  au  sens  figuré,  causer  du  trouble  dans  l'ame,  par 
la  fraveur  »,  Pel.  (il  rapproche  ces  deux  mots  du  lat.  tribu- 
lare);  «  Slrabuil,  Strefil,  Strafil,  agitation,  Remuement,  mou- 
vement, tel  que  celui  de  l'eau  portée  dans  un  vaisseau  Large  »; 
«  Strabuilli,  strabuilla,  agiter  l'eau,  brouiller  une  liqueur  en 
l'agitant  »  ;  «  Striboûilla,  Strabouilla,  agiter  en  L'eau  ce  que 
l'on  y  trempe,  comme  pour  le  laver»;  Strufuilla  v  :  Strabuilla, 
Brouiller  une  liqueur  en  l'agitant  et  au  sens  figuré  causer  du 
trouble  dans  l'ame  par  la  frayeur  »  ;strafil,  stravil  m.,  -/^adj., 
-a  v.  a.,  «  quelques-uns  prononcent  strufula  »  Gon.,  «  on  dit 
aussi  straboula,  en  Cornouaille  »  H.  V.,  stravilla  troubler 
(l'eau),  Bar~.  Br.  62,  stravillet troublez  (l'eau;  le  cceur)Luzel, 
Bepred  Brei~ad  30,  32;  strafill,  strabill,  stravill  m.  émoi, 
trouble,  émotion,  strafilla  v.  a.  et  n.  troubler  (l'eau);  émou- 
voir, s'émouvoir,  strabilla,  strufuilla  id.  Trd,  à  Beuzec-Cap- 
Sizun  strafilh  s.,  -a  v.,  Franeès  ;  striboûilla  v.  a.  agiter  un  objet 
dans  l'eau  Trd,  troubler  l'eau,  agiter  un  liquide  du  R.  (qui 
compare  le  v.  tr.  tribouiller);  van.  de  Groix  stribouilh  orage, 
tourmente.  Cf.  Gloss.  66 r,  662.  V.  Henry  rapporte  le  radical 
roman  estrebil-,estourbeil-,  etc.au  lat.  exturbare,  turba,  tumulte, 
turbo  «  tourbillon  ».  Certaines  formes  du  breton  rappellent 
aussi  :  wallon  tréfilé  tressaillir,  éprouver  une  agitation  vive  et 
passagère,  R.emacle;  bourguignon  trebillai,  l repillai  se  trémous- 
ser, tourner  sur  soi-même,  Mignard  ;  etc. 

L'angl.  turmoil  tumulte,  labeur,    parait  différent,  cf.  Skeat. 

47.  Il  en  est  de  même  du  bret.  «  turmud  s.  m.  pi.  lurmudou 
mouvement,     remuement,     fermentation     dans    les    esprits, 


484  E.  Ernault. 

recherche  »  ;  «  bruit  de  choses  remuées,  bouleversées  sans 
dessus-dessous  par  une  recherche.  .  .  d'un  objet  qu'on  ne  trouve 
pas,  enn  he  qurmud  dans  ses  recherches  bruyantes  Combeau 
(traduct.  de  Lachambaudie)  »  ;  «  turmuda  v.  a.  et  n.  mouvoir, 
remuer,  être  en  fermentation,  trouble,  rechercher»  Mil.  ms.; 
Nouéan~  ar  GribcJ  a  rcdn~d'anu  tu r ni ud  Comb.  VII,  13  =  (le 
combat  se  maintint.  .  .)  «  La  gent  qui  porte  crête  au  spec- 
tacle accourut  »  ;  JVar  Grec' b  Hi  met,  pélêch  c  c'houiljoni  gant  !ur- 
mud  Annhollboed  /H(/J(;m  mont  Hymette,  où  elles  cherchèrent 
avec  empressement  toute  la  bonne  nourriture)  IX,  12.  Cf. 
plutôt  v.  fr.  tresmuete,  f.  tremblement,  tresmuter  répandre 
l'effroi. 

48.  La  lecture  hoiry  (et  non  bery)  justifie  l'explication  par 
le  bret.  hoary  jeu.  Voir§  76. 

Mes  conjectures  relatives  à  serçhe,  aue  et  doe  iaure  sont  aussi 
confirmées. 

49.  «  Vue  pomme  »  est  bien,  dans  le  texte  primitif,  une 
erreur  pour  vng. 

Il  en  est  de  même  de  Tandoue  pour  Trandotte  ;  daille  pour 
dalle  ;  yuissant  pour  puissant  ;  pourpine  pour  poupine  (poupée); 
saulnement  pour  sauluement  (salut). 

50.  Il  n'y  avait  pas  de  raison  semblable  pour  écarter  les  formes 
lasne  âne  ;  lalaine  haleine,  qui  proviennent  de  l'agglutination 
de  l'article;  ci'.  Rev.  Celt.,XV,  354,  358;  XVI,  230,  233; 
L'épenthèsc  des  liquides  §  65,  etc. 

51.  «  Quil  est  daise  »  et  «  il  est  daille  »,  «  il  est  dalle  »  (il 
est  allé)  nous  montrent  l'addition  d'un  d-.  Pour  le  premier  de 
ces  mots,  il  s'agit  sans  doute  d'une  extension  abusive  de 
l'expression  d'aise,  commedans  Molière,  Don  Juan,  II,  r  :  «  il 
a  du  d'or  à  son  habit  tout  depis  le  haut  jusquen  bas  ».  Cf. 
Gloss.  145,3  33- 

52.  Dans  lancbiuin,  gebeeiere  (et  non  l'Achevin,  gibecière) 
nous  avons  de  nouveaux  exemples  d'assimilation  vocal ique, 
cf.  §  20.  On  trouve  en  bret.  mov.  gibicer  (variante plus  récente 
gibecer)  bourse  ou  poche  ;  mod.  gibicerenn  pi.  ou  gibecière  Gr. 

53.  Il  est  probable  que  la  déformation  de  bara  pain  en  barat 
a  été  suggérée  par  le  Ir.  barat  tromperie. 


Quelques  textes  franco-bretons.  485 

V 

54.  C'est  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal  qui  possède,  coté 
Rés.  B.  L.  7996,  le  livre  intitulé  «  Vievx  Noels  |  composez 
par  M.  |  Lavrens  Rovx  en  son  |  viuant  Organiste  de  la  ]  Tri- 
nité Dangers.  |  »  (Angers,  1582).  Voici  la  première  de  ces 
pièces:  pour  faciliter  les  renvois,  je  numérote  les  couplets. 

Sur  Ho  hriere  ho  bon  iour  guillot 
He  nous  ny  beuro/zs  plus  de  prière. 
Xoel  en  breton  bretonnant  quia- 
prent  a  parler  le  francois. 

I.  DE  matheol,  meeffdeoch 

Doe  sont  venu  en  vn  crache 
Chantez  en  noel  gueneoch 

Noël. 
le  son  leue  vn  iolv  net 
Et  son  appelle  Tyuonnet 
Lieue  ta  corps 
Entrons  dehors 
Jen  auré  merueiileux  courage 
Jamais  en  ma  lict  ie  ne  dors 
De  Matheol.  etc. 

II.  Un  lange  ont  parlé  bon  kalec 
Leuez  vous  en  bourton  dilec 
Voyez  la  filz 

De  Dieu  prefix 

En  Bethléem  mis  contre  vn  vache 
Trop  plus  poureme/zt  quen  vn  poch 
De  Matheol.  etc. 

III.  Tafltresle  tregus  treuelek 
Le  guhiec  et  le  gouruinek 
Joveusement 
Poupinament 


486  /■;.   Ernauît. 

Bateau  thibaut  a  coquet  rache 
E  seront  de  brid  de  kic  mok 

De  Matheol.  etc. 
IV.  Je  son  venu  de  morbihan 

Deçà  delà  Hierusalem 
En  vu  vieu  perch 
Comment  vn  vn  roch 
Est  mis  doequi  tant  est  sage 
Entre  vn  lasne  et  vn  vieu  garoch 

De  matheol.  etc. 
V.  De  Klahes  de  Lanterneau. 

En  sont  venuz  vn  grant  monceau 

Et  de  Morlais 

Tant  clers  que  lays 

Qui  en  feront  vn  beau  potage 

Plus  millour  que  nen  sont  riffors 

De  matheol.  etc. 
VI.  De  lauau  donges  et  rezay 

Aussi  du  gros  rat  de  nozay 
Sont  venu  ly 
Saulteur  iolv 

Que  tu  voyrras  de  la  grenarche 
Tant  sont  bien  trémousse  sa  corps 
De  matheol. 
VII.  Au  doequi  seront  tant  beau 

Jauray  faict  vn  ioly  chappeau 
Et  vn  sainctur 
Qui  ne  sont  dur 
Jen  voyré  bien  a  sa  visache 
Que  ien  seron  de  sa  records 

De  matheol.  etc. 
VIII.  Neppes  pour  faire  vn  beau  hoiri 

Je  son  dancela  trihorv 
Tant  frisquement 
Galantement 

Jen  ferévn  tour  de  couraige 
Et  mettre  mon  jamb  a  ma  col 

De  Matcol.  etc. 


Quelques  textes  franco-bretons.  487 

IX.  Jauron  dict  au  vergen  mary 
Jamais  vous  nen  serez  mary 
Sour  labourton 

Qui  sont  tant  bon 
Ilmen  aura  dict  quil  luy  fâche 
Que  ie  nen  seron  de  son  fors 
De  Matheol.  etc. 

X.  Trois  grans  autrouz  tous  velluz  dor 
En  ont  apporté  grant  trésor 

Et  ont  donné 
Un  hacquene 

Jamais  nen  sera  plus  beau  gage 
Plus  meillour  pour  entrez  dehors 
De  Matheol.  etc. 
XI.  Prions  doe  le  Roy  tyuin 

Quil  en  fera  croistre  la  vin 
A  lentre  guyer 
Et  Lrymper 

Ou  sont  la  chappons  cornouache 
Qui  est  vn  viande  bien  mol 
De  Matheol.  etc. 
Amen.  Noël 


5).  Chaque  couplet  comprend  6  vers  :  8  syll.,  8  s.,  rimant 
ensemble;  4  s.,  4  s.,  rim.  ensemble  ;8  s.,  8  s.,  sur  deux  rimes 
différentes,  qui  correspondent  à  celles  du  refrain.  Toutes  les 
rimes  sont  masculines,  saut  l'avant-dernière,  qui  est  la  seconde 
du  refrain. 

Les  vers  qui  indiquent  l'air  sont  donc  un  commencement 
de  refrain;  il  faut  sans  doute  lire  bière  à  la  fin. 

56.  On  ne  peut  plus  hésiter  sur  la  scansion  du  refrain  bre- 
ton :  les  vers  sont  de  8  syll.,  il  faut  prononcer  de-och,  do-e, 
guene-och. 

Le  sens  est  :  «  Bonjour  à  vous  tous,  je  bois  à  vous  !  Dieu  est 
venu  en  une  crèche;  chantons  (?)  le  noé'I  avec  vous. 

Depuis  que  ce  fragment  a  été  étudié  §  29,  on  a  trouvé  une 


488  E.  Ernault. 

autre  preuve  de  la  prononciation  ancienne  de  dans  demat  bon- 
jour ;  vo'irRev.  Celi.,  XXXII,  2,  4,  285. 

La  diérèse  n'était  pas  commune  dans  ces  finales  en  -eoch  ;  je 
n'en  ai  cité  qu'un  exemple  pour  deoch,  J.  45.  Mais  le  fait  était 
rare  aussi  pour  doe,  doue  ce  qui  n'empêehe  pas  qu'il  faut  l'ad- 
mettre dans  l'autre  Noël,  cf.  §  2  ;  nous  le  retrouvons  dans 
celui-ci  (strophes  IV,  v.  5;  vu,  1  ;  xi,  1).  C'est  un  indice  de 
prononciation  léonaise;  cf.  Le  mot  dieu  en  bret.  §  5. 

57.  La  strophe  I  peut  s'expliquer  :  «  Je  me  suis  levé  une 
belle  nuit  et  j'ai  appelé  Tyvonnet:  Lève  ton  corps,...  jamais 
en  mon  lit  je  ne  dormirai  ». 

Pour  l'emploi  de  son(js)  à  toutes  les  personnes,  comme  en 
bret.  so,  cf.  §  22,   30. 

Au  vers  suivant,  il  y  a  aussi  confusion  des  deux  auxiliaires 
«  être  »  et  «  avoir  ». 

58.  PûUYvng...  net,  cf.  ta  corps,  v.  3  ;  ma  lit  6;  la  filz  II, 
3,  vn  vache  5  ;  sa  corps  VI,  6  ;  vn  sainctur  VII,  3,  sa  visache5  ; 
la  tiihory  VIII,  2,  mon  jamb,  ma  col  6;  au  vergen  IX,  1;  un 
hacquene  V,  4;  la  vin  XI,  2,  vn  viande  6  ;  voir  §  11,  22. 

59.  Tyuonneî  est  un  des  traits  particuliers  par  lesquels  ce 
Noël  se  rapproche  du  précédent;  de  même  crache,  la  chappons 
cornent  achc. 

On  peut  en  dire  autant  de  l'expression  entrons  dehors  I,  4, 
cf.  X,  6,  voir§  15.  Le  Breton  n'ayant  pas  dans  sa  langue  de- 
verbe  simple  pour  signifier  «  sortir  »,  pouvait  être  tenté  d'abu- 
ser en  français  d'équivalents  comme  «  aller  dehors  ».  C'est 
ainsi  qu'on  prête  aux  Anglais,  pour  leur  sit  down,  la  traduction 
«  asseyez-vous  par  terre  »  ! 

60.  «  Jamais...  ie  ne  dors  »  est  ici  un  bretonisme:  c'est  le 
byçuyquen  ne  cousquaff  jamais  (plus)  je  ne  dormirai,  que  Pel. 
a  cité  en  l'interprétant  d'une  façon  trop  française,  ce  qui  a 
amené  chez  Théophile  Gautier  la  citation  encore  plus  déce- 
vante d'un  «  ancien  proverbe  breton»  fantastique  (voir  Me/u- 
sine XI,  356).  Le  sens  de  notre  Noël  est  exactement  celui  du 
vers  moderne'  Vid  c  no\  'n  eni  gwele  ne  gouskan,  Mil.  III,  208; 
cf.  Rev.  Ce//.,  IX,  380,  381  ;  XIV,  220. 


Quelques  textes  franco-bretons.  489 

éi.  La  rime  de  courage  avec  crache  s'appuie  sur  une 
variante  bretonisée  courache,  cf.  §  19  ;  de  môme  pour  couru ige 
VIII,  sage  IX,  potageV,  gage  X;  la  str.  VII  met  franchement 
vi sache. 

62.  On  pourrait  regarder  la  finale  suivante  en  ors  comme 
s'accordant  avec  celles  des  v.  3  et  4.  Mais  le  rapport  régulier 
des  rimes  s'y  oppose;  ceci  est  encore  plus  vrai  à  la  str.  X,  où 
-or  est  moins  près  de  la  dernière  syllabe  -ors.  Les  str.  V,  VI, 
VII,  IX,  ont  également  -ors  pour  répondre  au  bret.  -och.  Est- 
ce  par  hasard  qu'il  y  a  toujours  -ors  et  non  -or  ?  ou  bien  y 
avait-il,  dans  -ors,  un  renforcement  de  la  consonne,  rendant 
moins  sensible  la  différence  de  la  spirante  gutturale  bretonne? 
Sur  les  diverses  rencontres  entre  ces  deux  sons,  on  peut  voir 
Lépenthèse  des  liquides,  §18. 

63.  A  la  IIe  str.,  je  traduirais  :  «  Un  ange  a  parlé  bon  fran- 
çais :  Levez-vous,  Bretons,  de  là  ».  Pour  lange,  ci.  lasne  IV, 
6;  voir  §  47. 

La  méprise  sur  ont  revient  à  celle  sur  sont,  §  57. 
Kalec  est  pour gallec  français,  langage  que  l'ange  n'écorche 
pas  comme  les  pauvres  gens  à  qui  il  s'adresse. 

64.  Je  suppose  qu'il  faut  construire  :  «  Levez-vous-en,  Bre- 
tons, de  là  ».  Bourton,  qui  se  retrouve  IX,  3,  doit  venir  d'une 
forme  vulgaire  berton,  avec  accommodation  vocalique;  d.  quar- 
turun,  cariouroiin,  van.  carteron  quarteron,  quart,  etc.  Gloss. 
522  ;  anc.  fr.  pepon  et  poupon  melon  (voir  §  73);  dans  l'Oise 
iiioahm=  melon  (Rolland,  Flore  popul.,  VI,  37,  38). 

Pour  l'emploi  de  prefix,  cf.,  dans  l'édition  gothique  des 
«  Noelz  nouueaulx  »  Ars.  Kés.  BL  801 3,  feuille  Bv,  v°:  «  Sainct 
Jehan.  .  .  |  Nous  demonstre  vn  mistere  j  Cest  que  dun  filz 
Par  poinct  prefix  |  La  vierge  sera  mère.   » 

65.  Le  sens  du  v.  6  est  peut-être  «  (mis)  très  pauvrement,- 
comme  dans  une  poche,  en  un  sac  »  ;  bret.  poch  d'où  pochan 
plongeon  (oiseau  au  bec  en  forme  de  poche),  Gloss.  501 .  On  le 
retrouve  IV,  3,  mal  écrit  porch. 

66.  La  str.  III  commence  par  un  mot  énigmatique  Tafltresle, 


1-90  E.   Ernault. 

qui  doit  être  corrompu.  Peut-ctrc  la  finale  le  est-elle  à  joindre 
à  tregus  :  ci.  Trégos,  fontaine,  Les  Trégos  lieu  dit,  Quilgars, 
Diri.  topographique.  .  .  delà  Loire-Inférieure. 

Le  même  document  permet  d'expliquer  les  trois  noms  sui- 
vants :  treueîee  =  Trévelec,  métairie,  ancienne  seigneurie;  île 
Trêveléc,  ancien  nom  de  l'île  Héret,  ilôt  en  Loire  ;  Le guhiec  = 
Le  Guiheu,  lieu  dit;  le  gouruinek  m  Gourvinec  en  1417,  auj. 
Gourvinais,  saline. 

Ces  mots  paraissent  être  ici  des  noms  d'hommes. 

Voupiname.nl  peut  être  une  bretonisation  de  poupinement 
mignonnement,  ci.  les  adverbes  en  -Limant,  Gloss.  395,  396. 

Le  v.  5  semble  parler  d'une  traversée  par  le  bateau  de  Thi- 
baut, qui  était  bien  chargé  {coquet  bateau,  canot,  La  Curne  de 
Sainte-Pal.  ;  rase,  rache,  rase,  mesure,  rase,  mesure.  .  .  remplie 
de  manière  que  le  contenu  ne  dépasse  pas  les  bords,    God.). 

Le  dernier  vers  semble  être  pour  «  Et  feront  debrii  de  Kic 
moch  "  (litt.  mange%  de  lard),  ci.  le  gallo  enfantin  «  il  a  fait 
cahett  de  bragotte  »  Rev.  Celt.,  Y,  219,  220;  Notes  détym. 
n°  103,  §  1.  Le  texte  est  trop  peu  sûr  pour  appuyer  solidement 
un  infinitif  dribit  manger,  Rev.  Celt.,  XXXII,  2,  3,  287. 

On  peut  remarquer,  à  ce  propos,  que  les  infinitifs  français 
sont  souvent  écrits  en  -e~  dans  ces  textes,  ce  qui  peut  se  rap- 
porter à  un  défaut  de  la  prononciation  des  Bretons  franci- 
sants. 

67.  Notons,  str.  IV,  la  mention  àemorbihan  (=  petite  mer). 
Cf.  Rose  Dzweig,  nict.  topogr.  .  .  .du  M.  :  «  Morbihan  {Le), 
golfe  ou  baie,  dit  en  partie  Rivière  de  Faunes.  .  .  Ce  golfe  a 
donné  son  nom  »  au  département.  «  Jusqu'au  XVIIe  siècle, 
la  baie  du  Morbihan  s'est  appelée  le  port  ou  havre  de  Morbihan». 

La  rime  de  morbihan  à  Hierusalem  indique  pour  les  deux 
mots  une  prononciation  nasale.  Dans  La  Bible  des  Novels  nou- 
veaux. .  .  A  Angers,  Bibl.  Ars.  BL  7988,  on  trouve  Bethleatn 
rimant  à  encens;  dans  les  Noel~  nonucanlx,  Ars.  BL  Son,  f 
XCYIII,  Bethléem  à  «  souffrit  aham  »  et  Adam  ;  f°  XXXI,  à 
innocens  (f°  XI  à  bien). 

68.  Aux  vers  suivants,  porch  esta  corriger  en  poch,  et  l'un 
des  vn  à  supprimer.  Faut-il  prendre  poch  et  roch  pour  les  mots 


Quelques  textes  franco-bretons.  491 

franc,  poche  et  roche,. rendus  masculins  et  privés  dY  par  bre- 
tonisme  ?  C'est  peu  probable,  car  le  second  fait  est  rare  dans 
cette  pièce  (vn  sainctur,  VII,  3,  cf.  mon  caintur  §  22;  monjamb 
VIII,  6  ;  un  hacquene  X,  4)  et,  d'autre  part,  les  rimes  en  och 
breton  n'y  manquent  pas.  Je  comprendrais:  «  dans  un  vieux 
sac  (un  maillot,  dur)  comme  une  roche,  est  mis  Dieu  ». 

Comment  pour  comme  est  une  inexactitude  voulue,  cï.  dans 
l'autre  Noël  «  Giray  comment  vng  vache  ». 

69.  Garoch,  d'après  le  contexte  désigne  un  bœuf.  La  rime 
oblige  à  y  voir  un  mot  breton,  mais  il  peut  être  simplement 
bretonisé,  d'après  le  rapport  de  roche  à  roc  h.  On  trouve  la 
forme  française  dans  les  Noel~  nouueaulx  (8013),  f°  LXXY  : 
«  Noël  nouueau  sur  la  chanson  Dou  venez  vous  madame 
lucette. 

Or  vous  trémoussez  pasteurs  de  Judée 
.  .  .Un  ioly  muset  yn  oyseau  en  broche 
Et  puis  quen  av  faict  de  ma  grawd  garoche 

[yn  fermage  a  lenfant  » 

C'est-à-dire:  «  [du  lait] de  ma  grande  vache  bigarrée,  un  fro- 
mage ».  C'est  un  dérivé  du  mot  que  M.  Dottin  explique  ainsi, 
Gloss ...  du  Bas-Maine:  «gâr,  bigarré,  de  couleur  blanche  et  noire, 
ou  rouge  et  blanche,  etc.  Nos  paysans  désignent  sous  ce  nom 
leurs  bœufs  ou  leurs  vaches  qui  ont  la  robe  bigarrée  ».  En 
Haute-Bretagne,  si  le  bœui  est  de  deux  couleurs,  on  l'appelle 
Gare,  Sébillot  Trad.  et  superst.  I,  21,  24,  25.  Cf.  gariche 
f.  limaçon  de  petite  espèce  dont  la  coquille  est  bigarrée  ; 
garichon  s.  et  adj.  agneau  tacheté  de  noir  et  de  blanc,  Jau- 
bert,  Gloss.  du  Centre  de  la  France.  Garoche  est  formé 
comme  bardoche.  Sur  -ch  en  breton,  cf.  Gloss.  99. 

70.  Str.  V,  Klahes  est  nécessairement  à  corriger,  puis- 
qu'il doit  faire 4  syllabes;  et  il  est  très  probable  que  la  méprise 
a  été  amenée  par  le  K  barré,  abréviation  de  Ker.  Faut-il 
entendre  Kacr-gloaes (1 42e),  Kerloes  (1433),  auj.  Kerloix  en 
Lignol,  Morbihan  (Chrest.  Bret.  206)?  La  variante  est  peu 
probable  en  elle-même,  et  il  est  douteux  que  le  mot  ait  jamais 
eu  4  syll'. 


492  E.  Ernaiilt. 

Je  crois  donc  préférable  de  regarder  17  comme  provenant  de 
la  barre  du  K,  et  de  lire  Kerahes  =  Carhaix;  cf.  Caerahes  (Car- 
ml.  de  Quimperlé),  Kerahes  (Cart.  de  Quimper)  Carhaix 
(Finistère);  Çardhais  en  1533  Carhaix  (Morbihan),  Chrest. 
186,  187.  Il  s'agit  ici  du  Carhaix  du  Finistère.  Bien  que  ce 
nom  ne  contint  pas  originairement  le  mot  ker,  on  l'y  a  mis 
souvent,  cf.  Loth,  Rev.  Celt.,  XXIV,  290;  on  l'y  a  même  mis 
en  latin  !  Grég.  donne  «  Carhaix,  ville  très  ancienne,  bâtie 
par  la  Princesse  Ahés.  Kœr-Ahés.  Et  par  corruption,  Car-aës. 
(En  latin.  Urb-mia.}  Van.  Carhés  »  ;  «  Chemin  d'Ahés,  grand 
chemin  pavé  à  trois  rangs  de  pierres  l'un  sur  l'autre,  que 
la  Princesse  Ahés  Fondatrice  de  ...  Kaerahés,  ou,  Carhaix,  fît 
faire  depuis  cette  Ville,  d'un  côté,  jusqu'à  Nantes,  de  l'autre, 
jusqu'à  Brest,  et  qui  d'espace  en  espace,  et  en  plusieurs 
endroits,  retient  encore  ce  nom.  Hend  Ahés  ». 

71.  Lantemeau  est  une  variante  de  Landerneau,  qu'on  trouve 
en  moy.  bret.  Cf.  Rev.  Celt.,  XXX,  124,  300.  retraitement 
aussi  dans  «  La  ville  de  Lantreguer  »  en  1450,  auj.  Laudréger 
Tréguier  Gloss.  352,  cf.  Rev.  Celt.,  XXX,  303. 

72.  «  Plus  millour  »,  «  plus  meillour  »  X,  6,  est  une  incor- 
rection naturelle,  résultant  de  l'isolement  de  cet  ancien  compa- 
ratif. Cela  ressemble  au  bret.  ken  giva^  =  fr.  «  si  pire  »,  Gloss. 
275,  276,  etc.,  cf.  Rev.  Celt.,  XXII,  371.    374,376. 

73.  Riffors  pour  raiffort  ou  «  çranson  de  Bretagne»,  se 
retrouve  dans  les Noels  de  la  Bibl.  de  Poitiers,  f°  XXV:  «  De 
saint  Pierre  des  corps  |  y  vindrent  vn  très  grand  nombre,  | 
Faisans  presens  de  riffors,  |  De  poupons  et  de  concombre  ». 
Cela  concorde  avec  la  prononciation  bretonne  :  Gr.  a  riforqenn 
pi.  rifor~;  l'A.  rifordênn  f.  pi  riforit  m.  raifort;  riforttipl. 
-ordeu  m.  rave;  Chai.  ms.    rifort  raifort;  raves. 

74.  A  la  str.VI,  lauau  doitêtre  Lavau  (canton  de  Savenay); 
donges  Donge,  canton  de  Saint-Nazaire  ;  Reçay  Rézé  (Loire- 
Inférieure);  il  est  tentant  d'identifier  no%ay  au  Nozay  actuel  du 
même  département,  mais  l'emplacement  de  cette  localité  ne 
justifie  pas  l'expression  de  «  gros  rat  »  (ou  raz,  courant,  cf. 
Me! usine  XI,  343). 


Quelques  textes  franco-bretons.  493 

75.  Je  ne  sais  ce  que  signifie  ici  «  la  grenarehe  »,  qui  peut 
être  pour  grenache,  ou  une  bretonisation  de  grenage. 

76.  Str.  vin,  neppes  =  nippés,  bien  mis  ;  «  un  beau  hoiri  », 
une  belle  fête,  cf.  48. 

77.  «La  trihory  »,  voir  §  2,  15,58;  Rev.  Celt.,  XXV, 
276,  277.  Cf.  dans  les  Noels  de  la  Bibl.  de  Poitiers,  f°  xcm  : 

Baller  dacord  et  ny  faillez 
Chascun  face  le  ratery 
Sans  oublier  le  trihory. 

Nous  avons  là  un  changement  de  genre  inverse  :  Godefroy 
ne  donne  que  raterie  caprice,  mauvaise  volonté. 

La  syllabe  tri-  paraît  souvent  dans  les  mots  de  ce  genre. 

La  Bible  des  Noels  nouueaux,  Nantes  (Ars.  Rés.  7986)  a  des 
pièces  «  sur  le  chant  des  Triolets  »  ;  sur  le  chant,  Des  Trico- 
tets   Nouveaux  »  ;   cf.  dans  des   Noei^  noeuuaux,  f°  en,   v°   : 

Alix,    Marion  Tisbee 

Si  dirent  vne  chanson 

En  dancant  la  tricotée 

A    la   vezce  et  au    bedon    ». 

D'après  ce  que  nous  avons  vu  §  45,  on  peut  ajouter  le  v. 
fr.  triquedondaine,  baliverne,  bagatelle,  babiole  ;  bibelot  ; 
femme  galante  ;  peut-être  aussi  l'interjection  bretonne  néga- 
tive tricolor  !  Rev.  Celt.,  xm,  354  (cf.  l'emploi  semblable  du 
fr.  tarare  !  et  tarare  pon-pon  !  («  tarare  pou  pou  exprime  le  son 
de  la  trompette  joint  au  bruit  du  tambour  »,  Kastner  cité 
par  Tiersot  185,  on  connaît  le  tu-tu  pan-pan  de  Daudet). 
Faut-il  ajouter  l'expression  «  c'est  comme  si  vous  chan- 
tiez »  ? 

M.  Tiersot  dit  qu'au  premier  mai  on  célèbre,  surtout  dans 
la  région  est  de  la  France,  une  sorte  de  fête  de  la  jeunesse; 
en  Champagne  et  en  Lorraine,  la  jeune  fille  qui  porte  la 
parole  au  nom  des  autres,  ou  entonne  les  couplets,  est  appelée 
la  «  reine  »,  la   «   mariée  »,   ou  la  triinousette,  terme  dérivé 


49  i  E.  Ernault. 

d'un  mot  usité  comme  refrain  dans  la  circonstance  :  trima^ô, 
triiini~a,  tri  ma  ça,  trimèsa,  ou  trimousei  ;  il  est  disposé  à  v 
voir  une  survivance  celtique  (p.  191,  ci'.  192,  360).  C'est, 
malheureusement,  difficile  à  prouver. 

Trihori  rappelle,  d'autre  part,  dans  la  Bible  des  Noels  11011- 
ueaux  (Ars.  7986)  :  «  Sur  l'air  gaillard  des  Gribouris  ».  Gode- 
froy  traduit  gribouri  «  revenant,  follet  »  ;  Jouhert  «  eumolpe 
de  la  vigne,  sorte  de  petit  charençon  très  redouté  des  vigne- 
rons »  (Issoudun  et  Touraine).  Cf.  v.  fr.  gripporie,  griperîe, 
griparie  «  brigantin  vénitien  »  ? 

78.  La  rime  du  mot  final  col,  comme  celle  de  mol  à  la  der- 
nière strophe,  doit  se  rapportera  l'hémistiche  :  De  matheo/... 

Une  variante  accidentelle  du  même  genre  se  montre  au 
Noël  précédent,  voir  §  2. 

79.  Str.  ix,  3.  Sour  labour  ton  =  sur  les  Bretons,  ci.  §  64; 
pour  la  prononciation  sour,  voir  G los s.  636,  637. 

80.  Str.  x,  aiitroii^,  pluriel  français  de  autrou  seigneur,  ci. 
§  24.  On  mettrait  ici  en  breton  le  singulier.  Une  francisation 
du  même  genre  se  lit  sur  la  reliure  de  la  traduction  de  Y  Imita- 
tion par  Troudeet  Milin  :  Imitation  J.  Krist  gant  reflexionoux(V). 

81.  Str.  xi,  tyuin  pour  divin  rappelle  les  changements  de 
d  en  t  relevés  §  26.  Cf.  aussi  §  71   et  63. 

Des  alternances  semblables  ont  lieu  en  breton,  et  ne  sont 
qu'en  partie  imputables  aux  mutations  initiales,  cf.  Gloss., 
677-680. 

Au  van.  lartik  un  peu  gras,  Rev.  Celt.,  XXII,  388,  on  peut 
comparer  en  léon.t'?//'  chanfartik,  iéchel  da  bémolchi  «  un  fan- 
faron, amateur  de  la  chasse  »  Comb.  vu,  2  (eùr  chanfard,  xn, 
9)- 

82.  A  lent r c  guyer  Et  Lrymper  sont  a  corriger  «  A  Lentre- 
guver  Et  à  Quimper  ».  Cf.  §  71. 

VI 

83.  Dans  son  article  La  poésie  bretonne  sous  Anne  de  Bre- 
tagne (voir  §  1),  H.  de  la  Yillemarqué  a  cru  pouvoir  identifier 


Quelques  textes  franco-bretons.  495 

plusieurs  des  personnages  qui  figurent  dans  le  premier  de  ces 
Noëls  :  «  Tyvonnet...  doit  être  un  des  deux  Ivon...  attaches 
à  la  maison  d'Anne  de  Bretagne  en  qualité  de  ménestrels; 
Hervé  est  certainement...  le  poète  du  même  nom  au  gaged  e 
la  reine  »  (p.  27,  28,  ci.  15,  16). 

Il  suppose  qu'ils  pouvaient  être  auteurs  des  Noitclou  bre- 
tons ;  maître  Mitou,  voyant  en  eux  des  rivaux,  aurait  voulu 
les  ridiculiser  en  leur  en  attribuant  un  grotesque  en  breton- 
français. 

Nous  avons  vu  que  l'autre  Noël  du  même  genre,  par  Lau- 
rent Roux,  contient  aussi  le  prénom  Tyuonnet.  Mais  il  pré- 
sente (str.  m)  d'autres  noms,  dont  aucun  ne  concorde  avec 
ceux  des  poètes  et  des  joueurs  d'instruments  de  la  reine 
Anne. 

84.  Une  autre  coïncidence  a  donné  lieu  à  des  conclusions 
spécieuses. 

H.  Chardon,  Les  Noëls  de  Jean  Daniel  dit  Maître  Mitou, 
p.  lxvi,  avait  parlé  de  noëls  soi-disant  en  breton  ou  en  écos- 
sais,  tels  que  celui-ci  : 

Sur  :   //  n'est  plaisir,   n' esbatement. 
«   Chanty  noel  là  hault  tristus 
Patris  Jehan  jobec  vilhan  ». 

H.  de  la  Villemarqué  écrit  à  ce  propos  :  «  Un  des  autres 
ménestrels  de  la  cour  d'Anne  de  Bretagne,  Jean  Josse,  a  eu 
aus^i  certainement  les  honneurs  de  la  parodie.  Sous  son  nom 
breton  de  Jehan  Jobic  vihan  (le  petit  Jean  Josse),  il  figure  dans 
les  Gratis  Noëls  nouveau!^...  : 

Chanty  Noël  là  hault  tristus 
Patris  Jehan  Jobec  vihan. 

Pauvre  petit  père  Jean  Josse  !  Ce  n'est  pas  sans  raison 
qu'on  le  dit  triste  et  qu'il  chante,  dans  le  paradis,  un  noël 
sur   l'air  :   Il   n'est  plaisir  n  esbatement...  » 

Acceptant  trop  facilement  ce  point  de  vue,  §  28,  et  Gloss . 
9,  10,  343,  j'ai  cru  que  ce    texte  attestait  en    moyen    breton 


496  E.  Ernault. 

un  *Jobic  vihan  =  «  le  petit  Joseph  »  (et  non  «  Josse  »,  seul 
point  que  je  n'aie  plus  à  rectifier). 

H.  de  la  Villemarqué  avait  traduit  «  Josse  »  Judok  au  dict. 
de  Gon.,  et  Job,  Jobik  «Job  »,  Bar;.  Br.  166  ;  ci.  Joç%,  Judocq 
Gr. ,/<>;,  Judok  J.  Moal  Josse  ;  Josep,  dim.  josebic,  job,  jobie 
Gr..  Jo;ef  H.  de  la  Vill.,  Josef  L.,  Jop,  Jo;on  T.  C.,  Jo%  C, 
dim.  Jopik  Joseph,  Joçefa,  Jtf,  Chef,  dim.  Chefik  Josèphe,  Jose- 
fin,  Fin,  dim.  Finik,  J.  Moal.  On  voit  que  ce  dernier  admet, 
pour  Jo;,  les  deux  sens  «  Joseph  »  et  «  Josse  ».  On  dit  en 
van.  Jojeb,  Job,  dim.  Jobig  Joseph,  Joçefin,  Joséphine,  près  de 
Pontivy  Jortfin,  Notes  d'étym.,  125,  §  $.  Jeff,  Jeffik  sont  tra- 
duits «  Jeff  »,  «  Jeffik  »,  Bar;.  Br.  391,  392;  je  m'étais  figuré 
que  c'était  une  réduction  de  «  Geneviève  »,  cf.  Y  Hermine  de 
1896,  p.  208;  mais  ce  dernier  nom  est  en  bret.  mov.  Gene- 
itef,  Genouefa,  Genouefe,  cf.  GJoss.  256;  mod.  Genovefa,  dim. 
Genovefaïcq ,  Nofaïcq,  Faïcq  «  Petite  Geneviève,  ou  viéve,  ou 
Javote  »  Gr.,  Jenovéfa,  dim.  Faik{2  s.)  de  la  Vill.,  Jenovefa  ; 
Vef  C.,  J.  Moal  ;  Jenovefa  Bar%.  Br.  268,  etc.  Sur  Iudoc,  voir 
Rev.  Celt.,  XI,  137,  145,  491  ;  xxix,  307,  310;  xxx,  402. 

Dans  le  passage  fâcheusement  équivoque  de  Chardon,  il  est 
question  d'écossais,  et  non  de  breton. 

85.  Le  recueil  qu'il  cite  fait  partie  du  vol.  qui  se  trouve 
Bibl.  Nat.  Rés.  Ye  2684  et  est  intitulé  «  les  gras  Noelz  nou- 
ueaulx...  En  francoys,  en  poiteuin  Et  en  Escossois  ». 

La  pièce  commence  ainsi,  f°  22  v  : 

Noël  en  escossois 

Sur  il  nest  plaisir  nesbatement 

Que  de  la  guerre  fréquenter. 

Chanty  noel  la  hault  tristus 
patris  iohan  iobec  yilhan 

Ly  filz  bigot  domons  lasus 
ylaty  iorans  amen 
En  vng  ligon  bien  mal  coutrv 
Ne  laty  pas  vy  mon  amv 
Got  tocrv  bin  tost  la  vitry. 


Quelques  textes  franco-bretons.  497 

Une  variante  se  trouve  dans  le  second  recueil  compris  dans 
le  même  volume,  f.  77  v°  : 

Nouel  enescossoys 

Sus  vray  dieu  damour  confortez  moy 

Ou  il  nest  plaisir  nesbatement 

Que  de  la  guerre  fréquenter 

Chanty  nouel  bin  hault  tristous 

Patris  iohan  ioc  beec  vilhan 

Le  filz  bigot  do  monst  la  sus 

Y  la  ty  ne  iazons  amen 

En  vng  petit  vil  bethleem 

En  vng  logon  bin  mal  courty 

Ne  haty  pas  vy  mesmain 

Bot  io  cry  bin  to  la  vitry. 

C'est  un  jargon  qui  n'a  rien  de  celtique;  il  intéresse  la 
question  des  textes  franco-bretons  au  même  titre  seulement 
que  les  autres  documents  franco-anglais,  parce  que  tout  étran- 
ger est  exposé  à  faire  des  bévues  du  même  genre  dans  une 
langue  qu'il  connaît  médiocrement  ;  cf.  §  22. 

Contentons-nous  d'observer  que  tristus,  tristous  est  pour 
«  tretous,  tous  »;  Patris  doit  être  «  Patrice  »,  iohan  Jean, 
vilhan  Guillaume  ;  iobec  ou  ioc  beec  est  quelque  autre  prénom 
plus  ou  moins  estropié. 

Le  reste  du  Noël  n'a,  non  plus,  rien  de  spécialement  bre- 
ton. Les  mots  étrangers  qu'on  y  voit,  en  petit  nombre,  sont 
anglais. 

VII 

86.  Le  privilège  aux  Bretons,  étudié  §  16-27,  contient 
l'expression  «  cousin gervès»  (au  plur.)  pour  «  cousin  germain  » 
(qui  s'y  trouve  aussi,  str.  139)  ;  M.  E.  Philipot,  Rev.  des 
études  rabelaisiennes  x,  233,  234,  cite  d'autres  exemples  de 
«  cousin  gervais  »,  et  se  demande  si  c'est  une  déformation 
plus  spécialement  bretonne. 

Tout  ce  qu'on  peut  constater,  c'est  que  les  Bretons  avaient 
une    raison  particulière   de   faire   cette  méprise.  Elle  semble 

Revue  Celtique,  XXXV.  32 


49§  !■:.  Ernault. 

avoir  pour  point  de  départ  la  substitution  plaisante  du  prénom 
Gervais  à  Germain  pour  germain  ;  la  déformation  facétieuse  de 
estomac  en  estomjac,  d'après  Jacques,  en  haut  breton,  vient 
d'encore  plus  loin,  car  on  a  eu  des  occasions  de  dire  naturel- 
lement «  mon  cousin  Gervais  ».  A  cette  série:  «  mon  cousin 
germain  (Germain,  Gervais),  gervais  »,  s'ajoutait  en  bre- 
ton un  autre  terme  :  ma  chenderu  germen  avait  pour  synonvme 
ma  chenderu  compoes,  campes  (on  ne  trouve  alors  que  compoes, 
et  la  variante  compas,  en  ce  sens  ;  mod.  campes,  van.  campaes 
Gr.,  candêrhue-gêrmin,  candêrhuë-campouiss  l'A.),  mots  concor- 
dant ou  rimant  avec  Germen  et  Geruoes,  Génies,  Geruais  (mod. 
Germèn  Germain,  Germena,  Germaine  Gr.,  Jermen,  Jermin,  f. 
Jermana,  Jermina.  J  Moal  ;  Gelvès  dim.  Gelvesicq  Gervais  Gr., 
Jelve-,  Chelve~  J.  Moal. 

87.  Les  passages  de  Maistre  Pathelin  étudiés  §  30-33  ont 
été  étudiés  de  nouveau  dans  Les  jargons  de  la  farce  de  Pathe- 
lin, par  L.-E.  Chevaldin,  Paris  1903,  p.  79-124.  Le  con- 
sciencieux auteur  de  ce  livre  a  mis  tant  de  patiente  érudition 
à  examiner  la  question  sous  toutes  ses  faces,  qu'il  reste,  après 
plus  de  dix  ans,  bien  peu  à  ajouter. 

En  1904,  la  Société  des  anciens  textes  français  a  publié 
Maistre  Pierre  Pathelin  hystorié,  reproduction  en  fac-similé  de 
l'édition  imprimée  vers  1500  par  Marion  de  Malaunov,  veuve 
de  Pierre  Le  Caron.  Voici  le  texte  de  cette  édition. 

Pathelin 
Sont  il  vng  asne  que  iorre  braire 
alast  alast  cousin  a  moy 
Hz  le  seront  en  grant  esmoy 
Le  iour  quant  ne  te  verre 
Il  couuient  que  iete  herre 

Car  tu  mas  fait  grant  trichery 

Ton  fait  il  sont  tout  trompery 

Ha  oui  danda  oui  en  rauezeie 
.  Coriha  en  oueuf 

GUILLEMETTE 

Dieu  vous  yst 


Quelques  textes  franco-bretons.  499 

Pathelin 

Huis  ozbez  ou  dronc  nos  badou 

Digaut  au  tan  en  hol  madou 

Empe  dif  dich  guicebnuan 

Quez  queuient  ob  dre  douchaman 

Men  ezachabt  hozbouzelou 

Eny  obet  grande  canou 

Maz  rechet  crux  dan  hol  con 

So  oloz  merueil  grant  maçon 

Aluzen  archer  epysy 

Har  cals  amour  ha  courteisy 

Voici  la  restitution  qui  me  semble  la  plus  probable,  avec 
accents  et  ponctuation. 

Sont  il  vng  asne  que  i'  orré  braire  ? 

Alast  !  alast  !  cousin  a  moy, 

Hz  le  seront,  en  grant  esmoy, 

Le  iour  quant  [iej  ne  te  verre. 
5.  Il  conuient  que  ie  te  herré, 

Car  tu  m'as  fait  grant  trichery  : 

Ton  fait  il  sont  tout  trompery. 

Ha  ioul  dan  diaoul  rauezi 

Corf  hac  eneuf  !  —  Dieu  vous  aï  ! 
10.  —  Hui  roz  bezo  drouc  nos,  badou 

Digant  an  tan  en  hoz  madou  ! 

Empedif  dich  guitebunan, 

Quez  quement  ol  dre  douch  aman, 

Men  ez  cachet  hoz  bouzelou 
15.  En  vn  ober  gront  ha  cauou, 

Maz  rehet  truez  dan  hol  con 

So  ol  oz  merueil  gant  nafon. 

Alusen  archet  lie  pizy 

Ha  cals  amour  ha  courtesy. 

Les  interprétations  proposées  §  30,  3  1,  restent  valables  dans 
leur  ensemble. 


50o  E.  Ernault. 

88.  Au  v.  8  ioul  n'a  qu'une  syllabe  dans  ha(J)oul,  comme 
dans  a  youll  mat  de  bon  gré,  }  153  b. 

Tous  les  textes  du  moy.  breton  que  l'on  connaissait  font 
diàoul  de  2  syll.  ;  le  Miroiter  nous  a  appris  une  variante  qui 
montre,  non  la  synérèse,  mais  au  contraire  une  dérièse  nou- 
velle, di-a-oùl  (voir  ma  note  au  v.  687).  Il  n'a  aussi  que  le 
pluriel  en  ou.  La  forme  diaulyen  Gr.  n'est  appuyée  ni  sur  le 
gallois,  ni  même  sur  le  vannetais. 

Je  crois  donc  que  en  est  en  trop,  et  provient  du  vers  sui- 
vant (c'est  le  contraire  de  ce  qui  est  arrivé  pour  ie,  au  v.  4). 
Le  v.  5  du  ms.  Bigot  (Chevaldin,  p.  92)  : 

en  art  en  dehas  en  analen 

a  aussi  une  syll.  en  trop,  sans  doute  un  des  en. 

89.  Au  v.  ro,  bezpu  n'est  plus  si  improbable,  cf.  Rev.  Celt., 
XXXIV,  246,  248;  XXXV,  129  ;  cependant  on  peut  mainte- 
nir la  variante  unique  -0. 

Nafon,  v.  17,  semble  un  mélange  de  naffn,  et  naon,  qui 
n'ont  ailleurs  qu'une  syll.,  comme  naoun  M  2272.  Cf.  Peder- 
sen,  Vgl.  Gr.  I,  61,  62.  Peut-être  aussi  y  a-t-il  eu  imitation 
analogique  du  double  anaffon  ctanaon  âmes  (ce  dernier  se  lit 
D  119,  ou  -na-  rime  à  -man,  lisez  -ma).  Une  alternance  du 
même  genre  se  montre  dans  cbaffii  hardiment,  et  aon,  aoun 
peur  (auon,  en  prose,  peut  être  une  faute).  Ghss.  32. 

90.  La  première  phrase  du  texte  bizarre  étudié  §  35  est  : 
«  Constant  mon  ami  prie  li  à  manger  son  leyn  en  boas  pou- 
ren  en  anduil  trullien  en  silsiguen  or  an  glaou  ».  M.  Loth  com- 
prend :  «  Constant  mon  ami,  prie-le  à  manger  son  dîner 
demain  des  tranches  d'andouilles,  des  baillons  (morceaux)  de 
saucisse  sur  le  charbon  »  Il  ajoute  cette  note  à  demain  :  «  Ou 
encore»  ;  h  tranches  :  «  Pourrai  est  employé  à  contresens  ».  Il 
pense  que  cela  «  met  en  scène  un  maître  sachant  très  peu  le 
breton,  employant  certains  mots  de  la  façon  la  plus  impropre, 
affublant  les  autres  de  terminaisons  fantaisistes,  et  un  valet 
ne  sachant  que  quelques  mots  de  français  ». 

Je  ne  suis  pas  sûr  qu'il  s'agisse  d'un  valet;  ni    qu'il  y   ait 
seulement  deux  personnages. 


Quelques  textes  franco-bretons.  501 

91.  Le  mot  leyn  est  écrit  en  moy.  bret.  Iciff  «  dïsner,  1. 
prandium  »,  etlein,  Gloss.  361.  Henry  donne  à  tort  leynff,  c'est 
une  variante  fautive  du  verbe  leiffaff  (et  leiniaff),  écrit  ley- 
fiaf  ]  227  b,  elle  a  deux  svll.  et  doit  probablement  se  lire 
le\n[a]ff.  Maun.  a  lein  et  le  verbe  leina  diner;  Grég.  lein  p. 
ou,  van.  leign,  lein  p.  eu  «  dîné,  le  repas  du  midy  »,  f.  :  /// 
lein  vad  un  bon  dîné,  etc . ,  bas  Léon  farda  lein  préparer  le 
dîné,  avec  sur  1'?/  un  trait  d'abréviation,  pour  leinn,  distinct 
de  l'accent  circonflexe  qui  indique  la  nasalisation  ;  leina, 
van.  leigneih,  leynein  dîner;  Pel.  «  Lein,  Repas  de  midi,  le  dîner. 
Deomp  d'al  lein,  allons  au  diner.  Leina  diner  »  ;  ReI  ms.  «  Leïn, 
Repas  de  midi  Le  diner  Deomp  da  lein,  allons  au  diner.  Leina, 
Diner.  Leïn  en  leon  Est  le  repas  du  matin  avant  daller  a 
Louvrage  et  vieren  Le  repas  de  midi  »  ;  «  mer  eu,  mern,  repas 
de  bouillie  vel  etc  que  Ion  fait  a  midi  merenna  »  (non  traduit) 
«  meren-vian  petit  repas  ou  collation  de  pain,  de  beure,  ou  de 
lait  que  Ion  fait  entre  midi  et  le  souper  cest  vulgairement 
Le  goûter,  dibri  nieren  vian  Collationner  prendre  ce  petit  repas, 
goûter  »  (Pel.,  au  contraire  :  «  Mérenn,  et  en  Cornwaille Mem, 
petit  repas,  ou  collation  que  l'on  fait  entre  le  diner  et  le  sou- 
per :  c'est  vulgairement  le  Goûter.  Mércnna,  goûter,  collation- 
ner, prendre  ce  petit  repas)  ;  Gon.  lein  f.  pi.  ou  dîné,  «  repas  qui 
se  fait  ordinairement  à  midi  ;  goudé lein  après  dîner;  leina  v.; 
H.  de  la  V.  remarque  qu'en  Haute-Cornouaille  lein  est  le 
déjeuner,  leina  déjeuner  ;  et  qu'en  Cornouaille,  en  général,  le 
dîner  s'appelle  mêren. 

Troude  fait  lein  m.,  et  cite  Rel  ms.  («  un  vieux  manus- 
crit de  1700  environ  »),  en  ajoutant  :  «  Je  ne  connais  à  lein 
que  le  sens  de  repas  vers  le  milieu  du  jour,  ainsi  que  cela  se 
pratique  chez  les  campagnards  et  les  ouvriers.  »  Mil.  ms. 
porte  :  «  Lein  au  H.  Léon,  repas  de  midi,  gortoçen  collation  à 
10  heures  du  matin  dans  les  longs  jours  et  merén  ou  mem, 
autre  collation  à  3  h.  après  midi.  Dans  le  bas-Léon,  méren 
repas  de  midi  les  jours  ouvrables,  lein  le  dimanche,  méren 
vihan  répond  au  méren  du  haut  Léon.  Lein  ar  veleien,  le  dîner 
des  prêtres,  la  part  réservée  aux  prêtres  pour  leur  dîner  dans 
les  repas  de  noces.  Ce  dîner  rappelle  le  pastus  nupiialis,  le 
past  nuptial,  droit  de  repas  dû  aux  recteurs  par  les  nouveaux 
mariés,  au  moyen  âge  (voir  d).  Lobin,  gloss.  » 


502  E.  Ernaull. 

A  Ouessant,  lein  désigne  le  déjeuner  du  matin,  sur  la 
semaine  ;  «  le  dimanche  et  les  jours  de  gala,  c'est  le  repas  de 
midi  »  ;  le  verbe  est  leigna  D.  Malgorn,  Ann.  de  Bret. 
XXV,  392. 

En  van..  Chai.  ms.  a  «  Disner  leiniein,  debrein  e  lein,  en 
quelques  lieux  merennein,  en  d'autres  tnerennein  se  dit  pour  la 
collation  de  l'apres  disner...  p.  leignet  disné»  ;  l'A.  leignf.  pi. 
eu  dîné,  leighein  dîner,  leignour  pi.  -guerion  dîneur.  On  lit  itr 
leign  vras  un  grand  repas  Hist.  sant.  65,  laigneu  déjeuners 
Est  60. 

En  haut  Trég.  lein  f.  est  le  déjeuner  ;  on  ne  met  pas  l'ar- 
ticle. De  là  hadlein  second  déjeuner  ;  les  verbes  sont  leinah, 
hadleinah.  Les  autres  repas  sont  :  mern  dîner,  badvern  second 
dîner,  koahn  souper,  kadkoann  second  souper,  quelquefois  il 
y  a  encore  hadhadkoahn  troisième  souper.  Cf.  Rev.  Celt.,  IV, 
156  ;  Mélusine  IX,  262. 

Des  deux  formes  leiff  et  lein,  la  première  est  la  plus  an- 
cienne; cf.  Rev.  Celt.  XXXII,  283.  Le  comique  a  //,  ly, 
déjeuner,  que  R.  Williams  compare  au  ga.ll.  llith  appât.  Pel. 
rapporte  lein  à  leun  plein  ;  Henry  pense  au  grec  Xai^sç  gorge, 
X'.pi;  faim,  du   R.  à  «  Xeîxdtaw  »,  puis  «  Xeixoffw  goûter  »  ! 

92.  Merenn  est  traduit  «  ression,  1.  merenda  »  dans  Ca, 
qui  ne  donne  pas  d'expression  bretonne  pour  «  merendare, 
g.  ressionner,  mengier  a  heure  de  nonne  ».  Cb  porte  :  merenn 
«  g.  ressie  »  ;  et  pour  le  verbe  «  g.  ressier  b.  dibry  merenn  ». 
Le  verbe  dérivé  existait  pourtant.  «  Un  vieux  Dictionnaire  », 
dit  Pel.,  «  porte  Mèrennaff  rationner.  On  sçaitqueles  paysans 
en  plusieurs  provinces  de  France  disent  Rationner  et  ration,  au 
sens  de  collation  ou  Goûter.  »  Et  il  cite  s.  v.gargaden,  un  pas- 
sage des  Amourettes  du  vieillard,  où  celui-ci  «  disoit  à  son  valet: 
Va  list  d'à  cranchat  ;  roc  hem  gargaden  eux  greun  pe  reunen 
goude  merenna .  Laisse-moi  cracher  :  car  j'ai  dans  le  gosier 
graine  ou  crin  après  goûter  (ou  collation)  ».  Ce  passage  com- 
prend deux  vers  de  10  syll.,  où  la  finale  du  premier  devient 
la  rime  intérieure  de  l'autre,  comme  dans  ceux-ci  (cités  v. 
drouin)  : 

Ead  he  va  droû/«,  chetu  me  âin-et. 

Ne  m'eux  na  ba-guet,  yalc'h  na  boug^-enn. 


Quelques  textes  franco-bretons  503 

Cf.  L'ancien  vers  bref.  33  ;  Rev.    Celt.,  XIX,  326;  Gloss.  72. 

A  Ouessant,  on  dit  mern  un  dîner,  merenna  dîner,  D.  Malg. 
Cf.  Rev.  Celt.,  I,  98;  III,  55  ;  IV,  465  ;  XXVI,  70. 

Grég.  donne  «  Goûté,  le  repas  qu'on  fait  entre  le  dîner  et 
le  souper,  la  collation. Mcrenn.  p.  merennou,  merenn  vihan.  p. 
merennou  vihan  gorto^enn.  p.  gorto^ennou.  (Ce  dernier  mot  n'est 
usité,  à  ma  connaissance,  qu'en  Cornoùaille  ;  les  Leonnois  le 
disent  quelquefois  en  riant.)  »  ;  «  prendre  le  goûté,  faire  la 
collation  »  merenna,  merenni  ;  «  collation  »  merenn,  merenn 
vihan,  corn,  goito^enn  «  ide.^,  attente  du  souper.)  en  quelques 
endroits  :  qavalenn  »  p.  ou;  van.  mereen,  mireen  pi.  eu;  «  col- 
lationner  »  merenni,  ...dibri  cavalenn,  van.  merenneiù,  miren- 
neih  ;  Gon.  mèreu,  mern  f.,p.  mérennou  goûter,  collation;  «  en 
Cornoùaille,  on  dit  gorlo~eu,  dans  le  même  sens,  et  méren, 
pour  dîner  »  H.  de  V.  ;  merenna  goûter  (en  Corn,  dîner, 
H.  de  la  V.). 

93.  Après  «  son  leyn  »  vient  en  boas,  sans  doute  pour  an 
hoa%  demain.  L'e  aura  remplacé  a  par  l'influence  des  autres 
syllabes  en  ;  la  notation  s  pour  %  dur  se  retrouve  plus  bas, 
dans  ques. 

94.  En  traduisant  pouren  (ou  pourren,  d'après  la  note)  par 
«  tranches  »,  M.  Loth  devait  penser  à  pourchen  mèche,  cf. 
Gloss.  509;  Rev.  Celt.,  XXVI,  81.  Il  est  plus  probable  qu'il 
s'agit  de  porreau  ;  cf.  «  ie  mangerais  tout  mon  saoul...  de  ces 
belles  Andouilles,  avec  de  la  porree  »  Noël  du  Fail,  voir  Rev. 
Celt.  XXV,  419;  XXVI,  65.  Pouren  en  andiiil  serait  «  de  la 
porrée  (du  poireau)  dans  des  andouilles  ».  Grég.  donne  pou- 
renn  p.  pour  porreau  ;  pourennoù  certains  porreaux  ;  pourecg 
pi.  -egou  lieu  planté  de  porreaux  ;  l'A.  pourrênh  f.  pi.  eu  por- 
reau ou  poireau,  pourre  m.  «  du  porreau,  le  porreau,  des 
porreaux  ». 

Grég.  a  andiïilhenn,  andouille  p.  anàuilh,  andiïilheunou  ; 
l'A.  andouillenn  f.  p.  eu  ;  et.  Gloss.  627. 

95:  Trullien  en  silsiguen  n'est  pas  littéralement  «  des  hail- 
lons de  saucisse  »  mais,  je  crois,  «  le  lopin  d'une  saucisse  », 
«  un  lopin  de  saucisse  »,  avec  en  pour  un,  on,  cf.  Rev.  Celt., 
XXXII,  288,  289. 


504  E.  Ernault. 

Que  trullien  soit  le  mot  propre,  je  me  garderai  de  l'affir- 
mer ;  cf.  Gloss.  198,  199.  Mais  il  ne  manque  pas  d'expres- 
sions qui,  comme  en  franc,  lambeau,  peuvent  rendre  à  la  fois 
les  deux  idées  ;  peut-être,  sans  la  suggestion  de  la  finale  d'an- 
duil,  l'auteur  eût-il  choisi  de  préférence  un  mot  de  forme 
voisine,  que  Grég.  écrit  drailhenn  p.  ou,  van.  drailheen  p. 
drailbenneu,  drailhaich  «  lambeau,  morceau  d'étoffe  déchirée, 
ou  vieille  »,  et  qu'il  emploie  aussi  dans  un  drailhen  qicq  «  un 
morceau  de  viande  ».  Cf.  L'épenthèse  des  liquides,  §  39,  40. 

Il  peut  y  avoir  une  intention  plaisante  dans  la  répétition  de 
la  syllabe  eu,  qui  en  deux  cas  serait  une  prononciation  négli- 
gente de  an  et  un. 

96.  Le  2e  passage  est  :  « —  Monsieur  de  Castelbrest,  je 
n'antanspoinct  vostre  langaigede Castelbrest.  Hoguenapeùt  en 
petit  me  desco  muy  grant  chose  a  galîeç  mar  chôma  pell  gue- 
neoch  ».  M.  Loth  explique  :  «  mais  petit  à  petit  j'apprendrai 
davantage  grand" chose  de  français,  si  je  reste  longtemps  avec 
vous  ». 

On  a  vu,  §  35,  des  exemples  bretons  semblables  à  «  a 
petit  en  petit  ».  La  mutation  du  premier  terme  s'y  reproduit 
quelquefois  irrégulièrement  dans  le  second,  par  une  sorte  d'as- 
similation symétrique,  et  aussi  sous  l'influence  de  locutions 
voisines  avec  la  préposition  da  :  cf.  a  neubeud-ê-neubeud,  a  ne- 
beud-da-nebeud,  van.  a  nebed-de-nebed  petit  à  petir,  peu  à  peu; 
a  vloa%vez-ê-bloa%vez,  a  vloavei-da-vloai\\,  van.  a  vlè-de-vlè 
d'année  en  année  ;  a  ^ei^-c-dei^  de  jour  en  jour,  a~e^  da  ~<'~ 
(et  a  %e%  da  eguile)  de  jour  à  autre  ;  a  gucar-ê-kear,  a  guxr-da- 
guœr  de  ville  en  ville  Gr. 

Grég.  a,  par  ailleurs  :  a  damm-da-damm,  tamm-é-tamm  et 
a  darhm-ê-damm  ;  pe^  da  be%  et  a-be~-c-bc~,  peç-ê-be%  pièce  à 
pièce,  par  morceaux,  par  lambeaux  ;  dïscoultret  pc^-è-be^ 
émondé  par  le  menu  ;  a  dy  da  dy  et  a  dy-ê-dy  de  maison  en 
maison  ;  pas  ha  pas  et  a  bas-ê-bas  pas  à  pas  (d.  a  bas  a  bas 
id.,  Avanturyou  un  den  yaouanc  14).  On  lit  a  vrô  c  vro  «  de 
royaume  en  royaume  »,  Comb,  VII,  12.  Cf.  Rev.  €elt., 
XXII,  381-384  ;  Notes  d'étym.,  128,  §  2. 

97.  On  lit  dans  le  dict.de  Trévoux,  v.gars  :  «  Garsengarsse 


Quelques  textes  franco-bretons.  505 

dit  en  Bretagne  parmi  le  peuple,  pour  dire  un  excellent  gar- 
çon, comme  on  dit  vin  en  vin  et  bœuf  en  boeuf,  pour  du  vin 
et  du  bœuf  excellent.  Cette  expression  est  propre  de  la  Bre- 
tagne, et  peut-être  que  le  tour  vient  d'un  idiotisme  Bas  Bre- 
ton ».  Je  ne  vois  rien  de  semblable  en  cette  langue. 

98.  Muy  n'est  pas  nécessairement  un  comparatif,  il  peut 
signifier  «  beaucoup,  très  »,  cf.  Rev.  Celt . ,  XXII,  369;  M 
2593- 

99.  A  chôma  je  reste,  on  peut  comparer  caraf  j'aime  B.  225; 
dleaf  je  dois  J  67,  avec  rimes  en  a;creda  je  crois,  r.  a  D  167 
(credaff  22)  ;  ra  je  fais  137,  140,  crenna  je  tremble,  arrêta 
j'arrête  141,  goure  hemenna  je  commande  177  (guela  je  vois,  r. 
saillaff  je  saute,  138;  ordrenaff  j'ordonne  178,  pedaff  je  prie 
137)- 

E.  Ernault. 


LE     MIROUER     DE     LA     MORT 
(Suite) 


Me  carte  ez  ve  foll,  pe  an  oll  dimolhe  ', 
Monet  da  poaniou  bras,  diblas  nep  à  choasse  : 
Ha  bout  dezaff  gallout,  euyt  miret  -  oute, 
Ouz  amant  >  é  pechet,  en  bet  na  doetet  se. 
2655         Holl  penet  au  bet  raan,  noman  na  he  poanyou, 

He  holl  langour  gourmawt,  gant  he  holl  tourma//tou  : 
A  safF4  he  holl  trauell,  bet  meruell  he  bellou  ', 
Ha  da  pep  compaignun,  disaçun  he  vunou  '. 
Pan  vent  comparaget,  en  respet  competant, 
2660     Dan  poaniou  so  en  7  tan  flam,  perpetualement 8  : 
Scaff  meurbet  hep  quet  mar,  me  lauar  gant  goarant 
Ez  vent  caftet  chede,  na  ne  ve  pourneant. 

Rac  se  nep  â  ve  quet,  inclinet  '  entre  daou. 
Da  seruichafF  dan  bet,  pepret  han  pechedaou  : 
2665     A  pourchaç  pep  fseçon,  delectationou70, 

Hac  â  tech  bet  meruell,  he  bell  he  trauellou  ". 
(f.  52)       Mar  menn  hoeuitaff1»,  n'o  excludaff  M  affet, 

Prederet  glan  an  Barnw,  quent  he  bezaff  starnet  : 
Han  poaniou  vnfemal  '+,  soœternal  calet, 
2670     Père  dan  pechezrien  ,  hep  quenso  ordrenet. 
Hac  ouz  hir  pridiry,  adefFrv  ancien, 

1.  L'expression  paraît  rendre  le  Iat.  «  nisi  omnino  fuerit  mente  aliena- 
tus  ».  On  aurait  attendu  dirollhe,  de  dirolla  se  débaucher,  mener  une  vie 
déréglée  Gon.,  etc.,  cf.  Fut  (lis.  Tut)  Folldyroll  «  nation  folleet  déréglée  ». 
Gw.  cité  par  Pel.  ;  mais  cela  ne  suffit  pas  pour  écarter  dimolhe.  La  ressem- 
blance du  bret.  estnoli  diminuer,  parlant  d'un  mal,  v.  fr.  esmolir,  esmollir, 
amollir  (Notes  d'ètym.  120,  Ann.  de  Bret.,  XX,  500)  est  imparfaite,  mais  le 
verbe  dimol-{affï)  paraît  être  aussi  un  emprunt  :  cf.  v.  fr.  démolir  dislo- 
quer, déboîter;  desmolè  déformé,  abîmé. 

2.  Peut-être  l'auteur  avait-il  pensé,  pour  la  rime  qu'on  attend  ici,  à 
l'autre  inf.  mirout,  qui  n'est  attesté  que  plus  tard.  La  terminaison  -oui, 
fréquente  surtout  en  cornouaillais,  remplace  souvent  -et,  et  un  i  précédent 
semble  la  favoriser  ;  ci.  Rev.  Celt.  XI,  470;  Ztschr.  f.  celt.  Phil.,  II,  ,03, 
504.  Gon.  n'a  que  mi  roui  ;  Trd.  le  donne  seulement  comme  cornouaillais. 

3.  On  n'avait  que  les  autres  infinitifs  amantaff,  amantifu.  Voir  v.  2715. 

4.  Litt.  «  debout  »,  cf.  an  crocs  am  crougas...  A)ii  saff gant  laur  la  croix 
qui  me   suspendit    tout  droit  avec  douleur  P  2S0.   Faut-il  voir  dan;  cette 


Le  Mironer  de  la  Mort.  507 


Je  trouverais  qu'il  serait  fou  ou  délirerait  complètement 
Celui  qui  choisirait  d'aller  à  de  grandes  peines  horribles, 
Quand  il  aurait  le  pouvoir  de  les  éviter 
En  expiant  son  péché  en  ce  monde,  n'en  doutez  pas. 
2655       Toute  la  souffrance  de  ce  monde  ici-bas  et  ses  peines, 
Toute  sa  langueur  dévorante  avec  tous  ses  tourments, 
Sur  pied  tout  son  souci  jusqu'à  la  mort,  et  ses  luttes 
Et,  pour  chaque  compagnon,  ses  jeûnes  rebutants, 
Si  on  les  comparait  avec  appréciation  convenable, 
2660  Aux  peines  qui  sont  dans  le  feu  flamboyant,  perpétuellement, 
Très  légers  sans  aucun  doute,  je  le  dis  avec  garantie, 
On  les  trouverait,  voilà,  et  ce  ne  serait  pas  sans  raison. 

Aussi  celui  qui  serait  enclin,  en  attendant, 
A  servir  le  monde  toujours,  et  les  péchés, 
2665  Qui  poursuit  de  toute  façon  les  jouissances, 

Et  qui  fuit  jusqu'à  la  mort,  la  lutte  et  les  soucis  (de  ce  monde), 

S'il  veut  les  éviter  et  les  exclure  tout  à  fait, 
Qu'il  médite  bien  le  Jugement,  avant  que  celni-ci  soit  préparé, 
Et  les  peines  infernales,  qui  sont  éternellement  dures 
2670  Et  pour  les  pécheurs  seulement  sont  ordonnées. 

Et  en  méditant  longuement,  sérieusement  longtemps 

rime  de  saff  à  la-ur  un  indice  de  la  prononciation  moderne  sa,  ou  d'un 
plus  ancien  *lai-ur}  Maun.  donne  en  e  sao  (il  est)  debout  ;  Gr.  In  e  sa,  en  e 
sav,  en  e  sao  ;  var  sav,  var  sao,  var  sa  ;  Gon.  enn  hé  \d,  war  ~ao. 

5.  Premier  exemple  de  ce  pluriel. 

6.  Premier  exemple  de  ce  plur.,  cf.  Gloss.   340  ;    yunyou,  yunou,   van. 
yunëu  Gr.,  iuniou  Gon.,  ynnieu  l'A. 

7.  Lire  en . 

8.  Lire  -niant. 

9.  Mot  nouv.,  du  fr.  incliné;   cf.  inclination  g.  id.  Gloss.   335  ;    aiicliiiet 
poussé  (à  croire)  D,  Gloss.  29. 

10.  Premier  exemple  de  ce  plur. 

11.  Premier  exemple  de  ce  plur.,  cf.  Gloss.  711. 

12.  Ecrit  euitafu  H,  Gloss.  228. 

13.  Mot  nouveau,  du  fr.,  cf.  conclut  et  concluaff  conclure,  voir  v.  1265, 
2688,  2704. 

14.  Ecrit  ailleurs  infernal,  voir  Dict.  étym.  v.  iffern. 


508  E.  Ernault. 

Hep  coll  a  eol  franc,  ez  gouzaffo  ancquen  : 
Hac  à  enep  pechet,  stourm  pepret  ma  cret  plen, 
Dre  aou«  rac  an  poaniou,  en  yffernou  couen. 

2675         Guell  eo  oarse  breman,  en  bet  man  doen  poaniou 

Quent  meruell  en  bell  tenu,  ober  pinigennou  : 

Ha  maz  aher  goude,  hep  esmae  dan  joaou  «, 

Pepret  da  guelet  Doe,  diuoe  roe  an  ploeou. 

Eguet  na  ve  brema,  caffout  joa  hep  laur, 

2680     Eol  an  corffdegrat,  pep  stat  he  pligadur  : 
Ha  goude  bout  daffnet,  milliguet  à  het  stur, 
Hep  gaou  en  poaniou  bras,  astriff  diblas  2  assur. 

Breman  oarse  certen,  ve  da  den  pep  heny, 
Pridiry  en  bet  man,  an  poan  man  damany  : 

2785     Dre  contemplation,  dison  hep  essonv, 

A  calon  estonet,  quent  eguet  monet  dy. 


ÇONCLVSION. 

Dre'n  pez  ameux  compset,  ha  prezeguet  detal 
Ez  guell  bezaff  affet,  concluet  ahet  stal, 
An  poaniou  ho  bezaff  s,  horriblaff  *  dihaual  s, 
2690     Chaingus  b  outragus  creff,  da  pep  eneff  teffal. 
Ha  scier  ho  pridiry,  dre  contemplation, 
(f.  s  2  v)  Ha  confat  '  an  pechet,  pepret  he  garredon  : 
A  temz  meur  aheny,  dre  guir  dcuotion8, 
A  lient  maz  ententy,  dêffry  daffnation. 
2695         Goude  se  concluaff,  araffhep  tar Jaff  muy, 
Ez  eu  prest  mil  eston  9,  pep  fa;çon  sotony  : 
Da  den  renonç  dan  mat,  é  grat  hep  laquât  sy, 
Ha  dius  bizhuicquen,  ancquen  ha  vileny. 
Hep  fin  da  nep  neny'°,  na  consolation, 
2700     Na  spes  caffout  désir,  diouz  Doe  roe'n  tir  guirion 
Quentse  tenw  chadenet,  en  tan  manet  cret  don, 
En  glachar  bet  narv,  ha  désolation11. 


1.  Lire  joaeou. 

2.  Prononcé  divlas,  où  div-  rime  à  striff.  Une  rime  semblable,  mais 
nécessaire,  se  trouve  B  716  :  hastiff  ha  diblas,  et  J  78,  où  nos  deux  mots 
sont  estropiés  :  A  hast  hac  astir  (var.  astirv)  ha  diablas,  lire  astriff  ha  divlas 
avec  violence  et  cruellement.  C'est  probablement  l'écart  de  l'écriture  éty- 
mologique diblas  et  de  la  prononciation  qui  a  amené  cette  déformation 
(d'après  le  fr.  diable)  ;  de  même  dans  le  dérivé  diablasder  infamie  J  97  b,= 
dyufflaster  NI  217. 

3.  Litt.  «  les  peines,  leur  être  »,  c'est-à-dire  en  angl.  the pains'  being.  Le 
latin  n'avait  pas  donné  l'exemple  de  ce  «  que  retranché  »  :  k  Patet  ergo... 
quod  multiplex  est...  infernalis  pena  ». 


Le  Mirouer  de  la  Mort.  509 

Sans  rien  perdre,  de  bon  cœur  il  souffrira  la  douleur, 

Et  contre  le  péché  combattra  toujours,  crois-moi  bien, 

Par  peur  des  peines  dans  les  enfers  horribles. 
2675       II  est  donc  mieux  de  souffrir  maintenant  en  ce  monde  des  peines, 

Avant  de  mourir  en  dure  lutte,  faire  des  pénitences, 

Et  qu'on  aille  ensuite  sans  émoi  aux  joies 

Pour  voir  toujours  Dieu,  le  souverain  des  peuples, 
Que  ne  serait  d'avoir  maintenant  joie  sans  chagrin, 
2680  La  volonté  du  corps  à  son  gré  de  toute  manière  et  son  plaisir, 

Et  après  d'être  damné,  maudit  continuellement, 

Sans  mentir,  dans  de  grandes  peines,  fort  amères  assurément. 
C'est  maintenant  donc,  certes,  que  toute  personne  devrait 

Méditer  en  ce  monde  cette  peine  immense, 
2685  Par  la  contemplation,  tranquillement,  sans  répit, 

D'un  cœur  épouvanté,  avant  d'aller  là. 


Conclusion. 

Par  ce  que  j'ai  dit  et  prêché  fermement 

Il  peut  être  tout  à  fait  conclu,  certes, 

Que  les  peines  sont  très  horriblement  diverses, 
2690  Variées,  fort  mordantes  pour  chaque  âme  ténébreuse, 
Et,  évidemment,  les  méditer  par  contemplation 

Et  se  souvenir  du  péché,  toujours,  et  de  sa  récompense 

Tire  plus  d'un,  par  vraie  dévotion, 

Du  chemin,  pour  que  tu  l'entendes  sérieusement,  de  perdition . 
2695       Ensuite  je  conclus  sans  plus  tarder 

Que  c'est  bien  mille  fois  étonnant,  toute  sorte  de  sottise 

A  l'homme  de  renoncer  au  bien  de  son  plein  gré,  sans  doute, 

Et  de  choisir  à  jamais  douleur  et  infamie 
Sans  fin  pour  personne,  ni  consolation, 
2700  Ni  avoir  bonne  grâce  de  Dieu  le  vrai  roi  de  la  terre, 

Au  contraire,  durement  enchaîné,  resté  dans  le  feu,  crois  bien, 

En  douleur  éternellement,  et  désolation. 

4.  Ce  superl.  est  orriplaff,  B  470.  Voir  v.  1408. 

5.  Ecrit  dihaiiaU  dissemblable  Cb,  cf.  Gloss.  169. 

6.  Nous  avons  vu,  v.  2301,  une  autre  forme  de  ce  mot,  =  cenchus, 
ceinchus,  van.  chanchus,  chanjus  changeant  Gr.  ;  sur  le  c,  cf.  Rev.  Ce.lt.,  XV, 
589. 

7.  Lire  prob.  œuf  al. 

8.  Lire  deuolion. 

9.  Litt.  «  mille  étonnements  »,  grand  sujet  d'étonnement  ;  voir  Gloss. 
417  ;  Eludes  d'étym.  bret.  XX,  14  (Mém.  Soc.  ling.,  XII,  308,  309). 

10.  Prononcé  ici  hiny  ;  cf.  v.  45,  etc. 

1 1 .  Mot  nouv.,  du  fr.  Van.  hum  désole  désole-toi  Choses  202  ;  h.  Trég.  de^o- 
Jed  e,  il  est  désolé  ;  n'itn  di^oles  ket  ne  te  désole  pas. 


5  io  E.  Ernault. 


(f.  53)  De  la  Gloire,  De  Paradis1 

EN  peuare  fin  terminaff, 

A  gruiff  chetu,  ha  concluaflf, 

2705     An  yoaou  muyhaff,  ne  raff  gaes2 
Ha  gloar  an  ty  celestial, 
Gant  roe'n  bet  ordrenet  detal, 
A  stat  real  en  è  pales, 

Pe  heny  gloar  me'n  goar  certes  5, 

2710     A  ten/;  meur  ahenv  lies, 
A  pechet  exprès  he  lesell  ■♦, 
Quent  monet  an  bet  ent  seder, 
Hac  ara  auant  5  tout  antier, 
An  holl  drouc  ober  quent  meruell. 

2715         Mat  ez  die  den  certen  me'n  sell, 
Lesell  pechet  ha  techet  pell, 
lia  creflf  ez  fell 6  pan  guell  pellat 
Nen  les  apret  :  quent  eguet  coll, 
Ha  heul  Roe'n  ster,  heruez  è  roll  : 

2720     An  oll  dan  oll,  à  eol  mat. 

Mar  deu  i  den  certen,  nep  henv, 
A  les  cannaff,  ha  lazaff  muv, 
Ha  pep  drouc  study,  spécial  : 
Er  na  coezhe  berr,  en  error  s, 

2725      Ha  coll  à  certen,  è  enor  : 
A  cor  na  madou  temporal, 
(f.  53  v)  Dre  raeson,  so  muy  peur  rial, 

Ez  dlehe  seder  gênerai, 
Lesell  pep  scandai  didaluez  : 

2730     Er  na  coezhe  deffry  riel, 


1.  Les  strophes  qui  suivent  sont  du  même  rythme  que  les  5  qui  com- 
mencent l'ouvrage.  Mais  taudis  que  les  2  premières  de  celles-ci  sont  seules 
liées  par  la  rime  finale,  cette  reprise  devient  maintenant  la  règle.  Ainsi  sont 
groupées  les  str.  1-3;  4-6;  7-9;  10-12;  13-15;  17-18;  19-20;  21-22;  23- 
24;  25-26;  27-28;  29-30;  31-52;  33-34;  35-36;  37-38;  39-40;  41-42; 
43-44;  45-46;  47-48;  49-50;  51-52:  5  3-54  ;  5  5-56;  57-58;  59-6o;  61-62; 
63-64;  65-66;  67-68;  69-70;  71-72.  Seule,  la  str.  16  (v.  2793-2798)651 
isolée. 

2.  J'ai  proposé,  avec  doute,  de  tirer  ce  mot  (écrit  gxs,  v.  3370),  du 
v.  fr.  gavais,  faute  pour  gabois.  Parmi  les  rapprochements  qu'avait  faits 
II.  de  la  Villemarqué,  se  trouve  le  v.  catalan  gaeqa  gaîté,  qui  donnerait 
lieu  à  moins  de  difficultés  phonétiques,  en  supposant  un  v.  fr.  *gaiesse  == 
prov.  gaye^a,  ital.  gaieçça.  Nous  avons  vu,  à  propos  du  v.  1172,  les  deux 
dérivés    gxdery  et  gseery  amusement  ;  ce  dernier  vient  du  fr.  gayerie  plaisir, 


Le  Miroiter  de  la  Mort.  511 


De  la  Gloire  du  Paradis. 

Par  la  quatrième  fin  je  terminerai, 
Voilà,  et  conclurai  : 

2  70)     Les  joies  très  grandes,  je  ne  plaisante  pas, 
Et  la  gloire  de  la  maison  céleste 
Par  le  roi  du  monde  ordonnée  soigneusement 
Avec  pompe  royale  dans  son  palais  ; 
Laquelle  gloire,  je  le  sais,  certes, 

2710     Tire  plus  d'un,  souvent, 

De  péché  expressément,  et  il  le  laisse 
Avant  de  quitter  le  monde,  sûrement, 
Et  il  donne  satisfaction  toute  entière 
Pour  toute  mauvaise  action  avant  de  mourir. 

271  5  L'homme  doit  bien,  certes,  je  le  vois, 

Laisser  le  péché  et  fuir  loin, 
Et  il  a  grand  tort,  quand  il  peut  s'éloigner, 
S'il  ne  le  laisse  vite  avant  de  se  perdre, 
Et  ne  suit  le.  roi  des  astres,  selon  son  pouvoir, 

2720     Du  tout  au  tout,  de  bonne  volonté. 

Si  l'homme,  certainement,  quel  qu'il  soit, 
S'abstient  de  battre,  et  de  tuer  encore, 
Et  de  tout  mauvais  traitement  caractérisé, 
De  peur  de  tomber  bientôt  en  danger 

2725     Et  de  perdre  certainement  son  honneur 
Tout  à  fait,  et  ses  biens  temporels, 

Pour  une  raison  qui  est  beaucoup  plus  puissante 
Il  devrait,  pour  sûr,  entièrement 
Laisser  tout  scandale  fâcheux 

2730     De  peur  de  tomber,  bien  sérieusement, 


volupté.  Gzeus,  gaeus  gai,  joyeux,  v.  2524,  G/055.  250,  doit  aussi  être  com- 
paré à  l'adv .  v.  fr.  gaiensement  gaiement. 

3.  La  première  syll.  rime  ici  en  ar  ;  cf.  Gloss.  102;  Sur  Vétym.brel., 
XVIII,  5  (Rev.  Ceît.,  XXV,  266). 

4.  Litt.  «  et  le  laisser  ».  Construction  embarrassée  :  quand  un  infinitif 
remplace  ainsi  un  autre  mode,  le  sujet  est  d'ordinaire  le  même  que  pour  le 
verbe  précédent  (cf.  v.  2630). 

5.  Seul  exemple  de  ce  mot;  ce  doit  être  une  faute  pour  amant,  voir 
v.  2654;  Dict.  ?tym.  s.  v.,  et  Gloss.  23.  Gr.  donne  amand  amende,  peine 
pécuniaire:  amand  enorapl  amende  honorable  ;  l'A.  amande  m.  pi.  -deu 
amende  (Sup.);  amantein  «  amander  de  prix  ». 

6.  Prononcé  ici  effell,  comme  c'est  écrit  B  169. 

7.  Cf.  mardeu  v.  181 5,  1891  ;  voir  v.  1303. 

8.  Je  n'ai  pas  noté  ailleurs  d'emploi  semblable  de  ce  mot.  Le  latin  porte 
simplement  :  «  Si  homo  se  refrénât  ab  homicidio  vel  consimili  opère  cri- 
minoso  ne  perdat  temporalia  ». 


512  E.  Ernault. 

A  yoa  an  ty  celestiel, 

A  stat  padel.  gant  an  aelez. 

Er  nep  a  delch  lient  falsentez, 
Nen  deuezo  ran«  en  anhez 
2735     Maz  eux  nos  dez  leuenez  bras, 
Ha  nep  en  enor  dre  ordren 
Doe  ho  logo  ne  vezo  quen, 
Euel  plen  nep  ho  dazprenas. 

Yoa  souueren  da  pep  heny, 


Le  Miroiter  de  la  Mort.  513 

Hors  de  la  joie  de  la  maison  céleste, 
De  l'état  durable,  avec  les  anges. 

Car  celui  qui  tient  la  voie  de  fausseté 
N'aura  point  part  à  la  demeure 
2735      Où  il  y  a  nuit  et  jour  grande  félicité, 

Et  ceux  qu'avec  honneur,  régulièrement 
Dieu  logera,  c'est  bien  vrai, 
Comme  celui  qui  les  racheta  entièrement. 
Joie  souveraine  à  chacun 

(A  suivre).  E.  Ernault. 


Revue  Celtique,  XXX F. 

33 


CORRESPONDANCE 


LE 
THÉÂTRE  POPULAIRE    DE    SAINTE-ANNE   D'AURAY 

UN    MOT    AU    LECTEUR 

Lorsque  j'allai  pour  la  première  fois,  en  191 2,  assister  à  une 
représentation  du  Théâtre  breton  de  Sainte-Anne  d'Auray,  je  n'étais 
pas,  je  l'avoue,  sans  appréhension,  malgré  tout  le  bien  que  j'en 
avais  entendu  et^  l'estime  que  j'avais  pour  ses  organisateurs.  Je 
n'avais  pas  oublié  l'amère  désillusion  que  j'avais  rapportée  d'une 
représentation  donnée  au  Congrès  de  l'Union  régionaliste,  à  Quim- 
perlé,  quelques  années  auparavant,  par  la  célèbre  troupe  de  Ploujean, 
comme  on  disait  couramment  alors.  A  Sainte-Anne,  ce  fut  tout  le 
contraire  :  la  renommée  était  restée  au-dessous  de  la  vérité.  La 
salle,  la  scène,  les  décors,  le  chant  en  chœur  furent  pour  moi  tout 
d'abord  une  agréable  surprise.  Mais  ce  qui  me  surprit  et  m'impres- 
sionna au  delà  de  toute  expression,  ce  fut  la  parfaite  intelligence  de 
leurs  rôles  dont  firent  preuve  les  acteurs,  la  sûreté  de  leur  mémoire, 
l'art  avec  lequel  ils  déclamaient  le  vers  sans  nuire  en  rien  au  sens 
et  la  parfaite  netteté  de  leur  diction. 

De  pareils  résultats,  obtenus  par  de  simples  pavsans,  sont  un 
honneur  pour  le  vannetais  breton,  honneur  qui  rejaillit  sur  leur 
directeur,  leur  répétiteur  qui  est  en  même  temps  l'auteur  des 
pièces,  l'abbé  Le  Bayon.  Je  ne  puis  me  rappeler  sans  quelque 
orgueil  que  je  l'ai  eu  comme  disciple,  comme  auditeur  de  mes 
cours  de  breton  à  l'Université  de  Rennes,  lorsqu'il  préparait  l'exa- 
men de  licence  ès-lettrcs  qu'il  passa  avec  succès.  Je  le  savais  prêtre  ; 
je  connaissais  de  lui  une  délicieuse  idylle  en  vers  bretons,  aussi 
remarquable  par  la  mélodie  que  par  les  paroles,  que  j'ai  si  peu 
oubliée  que  je  pourrais  la  chanter  encore.  Mais  je  ne  prévoyais 
pas  encore  qu'il  consacrerait  bientôt  toutes  ses  forces  et  son  talent 
à  la  création  d'un  théâtre  populaire  et  national  breton.  Il  a  eu  dans 
la  personne  de  l'abbé  Cadic,  un  précieux  auxiliaire,  aussi  dévoué 
que  désintéressé.  M.  Le  Hayon  lui  rend  d'ailleurs  pleine  justice 
dans  l'article  qui  suit  et  me  dispense  d'entrer  dans  le  détail  de  la 
question. 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte-Anne  d'Auray.   515 

Je  ne  doute  pas  qu'une  œuvre  aussi  originale  et  si  éminemment 
bretonne  n'intéresse  tous  les  celtistes  et  les  amis  des  choses  cel- 
tiques, et  j'espère  que  tous  se  feront  un  devoir  de  faire  le  pèleri- 
nage au  Théâtre  populaire  breton  de  Sainte-Anne  d'Auray. 

J.   Loth. 
Monsieur  et  très  cher  Maître, 

Vous  me  laites  l'honneur  de  me  demander  pour  la  Revue  Cel- 
tique un  article  sur  le  théâtre  populaire  de  Sainte-Anne  d'Auray.  Je 
vous  avoue  que  j'ai  fort  peu  de  goût  pour  la  critique  littéraire,  et 
si  l'article  en  question  devait  être  un  exposé  de  mes  idées  sur  la 
littérature  dramatique,  crovez  bien  que  j'éprouverais  une  vive 
répugnance  à  l'entreprendre.  J'aimerais  mieux  composer  une  nou- 
velle pièce  pour  mon  théâtre. 

Mais  il  me  semble  que  ce  que  vous  désirez  avant  tout,  ce  sont 
des  renseignements  précis  sur  des  taits  positifs.  A  ce  compte,  je 
suis  à  votre  disposition,  et  je  vous  autorise  à  faire  de  ces  notes 
l'usage  qu'il  vous  plaira. 

LES    DÉBUTS 

Force  m'est  d'abord  de  parler  de  moi-même  pour  faire  con- 
naître la  genèse  du  drame  inaugural  Nikolayig. 

Je  suis  né  à  Pluvigner,  en  plein  Morbihan,  le  11  avril  1876. 
Tout  enfant,  j'avais  retrouvé,  dans  le  grenier  de  ma  grand'mère, 
un  manuscrit  poudreux  qui  contenait  Le  jeu  des  trois  Rois1.  Je  le 
communiquai  à  quelques  caramades,  fils  de  pavsans,  comme  moi, 
ou  d'ouvriers,  et  l'idée  nous  vint  de  représenter  Le  jeu  des  trois  Rois 
«à  l'imitation  de  ce  que  les  grands  faisaient,  de  Noël  à  l'Epiphanie. 
Nous  coiffant  de  couronnes  découpées  dans  des  réclames  de  chico- 
rée, nous  affublant  d'oripeaux  bariolés  et  de  sabres  de  bois,  nous 
allions  de  maison  en  maison  jouer  nos  rôles,  récoltant  pour  récom- 
pense des  friandises  ou  des  gros  sous. 

Plus  tard,  au  petit  séminaire  de  Sainte-Anne,  mon  goût  pour  la 
scène  se  développa  dans  les  «  séances  littéraires  »  que  nous  don- 
nions sous  la  direction  de  M.  Buléon,  alors  professeur  de  seconde, 
aujourd'hui  curé  de  la  cathédrale  de  Vannes,  et  qui  étaient  non  pas 
précisément  des  pièces  dramatiques  mais  plutôt  des  tableaux  vivants 
commentés. 

1.  Revue  Celtique,  VII,  517  :  Le  mystère  des  trois  Rois  en  vannelais,  texte 
et  trad.  par  J.  Loth. 


5 1 6  Le  Baxon. 

Au  grand  séminaire,  les  spéculations  de  la  théologie  et  les  aridi- 
tés du  droit  canonique  ne  m'empêchaient  pas,  aux  moments 
libres,  de  prêter  fréquemment  l'oreille  à  la  Muse.  Mais,  chose 
étonnante,  c'est  en  français  qu'elle  m'inspirait  ;  et  il  est  probable 
que  j'eusse  continué  à  écrire  des  vers  français,  si  les  instances  de 
quelques  amis  n'étaient  venues  me  rejeter  vers  le  breton. 

M.  Math.  Buléon,  frère  de  l'archiprétre.  était  alors  vicaire  à  Saint- 
Patern  de  Vannes.  Il  venait  de  fonder,  le  premier  dans  notre  dio- 
cèse et,  je  crois  même,  en  Bretagne,  un  bulletin  paroissial  dans 
lequel  il  réservait,  chaque  mois,  quelques  pages  à  la  langue  bre- 
tonne. C'est  pour  ce  «  Coin  des  Bretons  »,  Kornad  er  Vretoned,  du 
«  Clocher  de  Saint-Patern  »  que  je  composai  mes  premières  sônes 
qui,  publiées  plus  tard,  sous  le  pseudonyme  de  Job  er  Cléan, 
devinrent  bientôt  populaires. 

L'actif  vicaire  de  Saint-Patern  n'ignorait  pas  que  j'avais  dans 
mes  cartons,  depuis  plusieurs  mois,  l'ébauche  d'une  pièce  bre- 
tonne dont  le  premier  acte  seul  était  achevé. 

Un  jour,  c'était  en  1902,  il  me  dit  : 

«  Le  congrès  de  l'U.  R.  B.  aura  lieu,  cette  année,  à  Aurav.  Je 
viens  de  m'engager  devant  son  directeur  à  v  faire  représenter  une 
pièce  bretonne  par  mes  Yannetais  Pautred  Paern  l.  Remets-toi  donc 
à  l'œuvre,  finis  ton  drame  et  donne-le  moi.  » 

Cela  se  passait  vers  la  fin  de  juillet.  Quelques  jours  après,  j'étais 
à  Pluvigner.  en  vacances.  J'achève  de  composer;  au  fur  et  à 
mesure,  les  feuilles  que  je  noircis  sont  imprimées,  je  corrige  les 
épreuves,  je  fais  répéter  chaque  dimanche  les  gars  de  Saint-Patern 
réunis  à  la  hâte  par  M.  Buléon  ;  je  prends  à  Pluvigner  l'un  de  mes 
principaux  rôles,  le  sorcier  Isaac,  qui  sera  tenu  par  F.  Le  Boulaire  ; 
et  le  jour  de  la  clôture  du  Congrès  d'Auray,  on  y  jouait,  dans  une 
vaste  baraque  en  planches  montée  sur  l'esplanade  du  Loc  :  Kério- 
let,  mystère  breton  en  trois  actes  et  en  vers.  Ce  fut  un  triomphe. 

Dès  ce  moment,  j'avais  déjà  pensé  à  créer  le  théâtre  populaire 
breton.  Pour  rendre  le  théâtre  populaire  en  Bretagne,  il  fallait 
insister  sur  les  idées  les  plus  reçues  en  ce  pays,  l'idée  religieuse  et 
l'idée  bretonne.  Pour  trouver  les  sujets,  je  n'avais  que  l'embarras 
du  choix.  Enfant  de  Pluvigner,  mon  pays  natal  m'offrait  le  plus 
beau  de  tous,  à  la  fois  religieux  et  national,  l'histoire  du  célèbre 
pénitent  breton  Kériolet.  Ce  fut  le  premier  que  je  choisis,  comme 
un  hommage  à. mon  petit  coin  de  terre. 

1.  C'est  le  nom  adopté  par  les  gars  de  Saint-Patern,  qui  a  été  adopté 
ensuite,  en  langue  celtique,  par  la  plupart  des  «  troupes  »  bretonnes. 
Pautred. 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte-Anne  d'Auray.   5 17 

Ici  apparaît  M.  le  Chanoine  Louis  Cadic.  Permettez-moi  de 
vous  présenter  l'homme  le  plus  modeste,  le  plus  actif,  le  plus  clair- 
voyant dans  les  choses  du  pèlerinage,  le  plus  dévoue  au  culte  de 
sainte  Anne  et,  pour  tout  dire,  le  véritable  organisateur  de  notre 
théâtre  populaire. 

Je  me  souviens,  comme  si  c'était  d'hier,  de  ce  qu'il  me  disait  à 
table,  au  petit  séminaire,  quelques  jours  après  la  représentation  de 
Kériolet.  «  Voilà  ce  qu'il  nous  faudrait  pour  occuper  nos  pèle- 
rins dans  la  nuit  du  25  au  26  juillet.  Nous  sommes  obligés  de  leur 
abandonner  la  basilique  toute  la  nuit.  Il  en  est  sans  doute  qui 
prennent  part  au  chant  et  à  la  prière ,  mais  combien  d'autres 
dorment  derrière  les  piliers,  dans  les  coins  sombres,  sur  les  marches 
des  autels,  jusque  dans  les  confessionnaux  !  Ah  !  si  nous  pouvions 
les  intéresser  en  faisant  passer  sous  leurs  yeux,  dans  un  spectacle, 
les  origines  du  pèlerinage,  les  apparitions  de  Sainte  Anne  à  Nico- 
lazic,  la  découverte  delà  statue!...  M.  Le  Bayon,  composez  donc 
un  NicolaAcl  On  le  jouera  sous  les  voûtes  du  cloître.  La  cour  sera 
occupée  par  les  spectateurs.  Au  besoin,  on  tendra  sur  leurs  tètes 
un  vélum...  »  Tout  le  monde  approuvait  le  projet.  L'organiste  de 
la  basilique,  aujourd'hui  «  dom  Hervé  »,  de  l'ordre  des  Bénédic- 
tins, se  proposait  de  tenir  les  orgues  et,  par  les  fenêtres  ouvertes, 
de  se  faire  entendre  pendant  les  entr'actes.  Il  y  avait  réellement, 
ce  soir-là,  de  l'enthousiasme. 

Mais'la  pièce  était  à  faire  et  je  ne  pouvais  pas  en  ce  moment 
m'engager  à  la  fournir.  D'abord  je  ne  me  sentais  pas  en  mesure 
d'aborder  un  tel  sujet.  Puis,  j'étais  professeur  au  petit  séminaire  de 
Ploermel  où  les  occupations  ne  manquaient  pas.  Enfin  la  troupe 
populaire  que  j'avais  créée  parmi  mes  compatriotes,  à  Pluvigner, 
Pautred  Pleùigner,  demandait  incessamment  de  nouveaux  morceaux 
pour  son  répertoire  breton.  De  cette  époque  datent  :  en  Oyeganned, 
er  Hémenér,  ]o\on  er  lagoutér,  le  mensonge  de  Corentin  Lamour  (drame 
bilingue)... 

J'en  étais  là  quand  se  produisirent  deux  faits  qui  me  valurent 
plus  de  libertés  :  la  dissolution  des  «  Pautred  Pleùigner  »  occasion- 
née par  une  vulgaire  querelle  de  clochers  et  ma  nomination  de 
vicaire  à  Bignan. 

Le  curé  de  Bignan  était  alors  mon  ancien  professeur  de  seconde, 
M.  Buléon.  Il  s'était  intéressé  vivement  à  la  troupe  de  Pluvigner; 
et,  en  digne  successeur  de  M.  Noury  ',  il  la  faisait  venir  tous  les 

1.  M.  Noury  fut  curé  de  Bignan  avant  et  après  la  Révolution  Fran- 
çaise. Il  avait  compris  que  l'on  peut  tirer  parti  du  théâtre  pour  instruire  et 


5i8 


L.   Bayou. 


ans,  le  lundi  de  la  Pentecôte,  pour  donner  une  représentation 
à  ses  paroissiens.  C'est  ainsi,  qu'à  notre  insu,  les  futurs  acteurs  de 
Bignan  se  formaient  à  l'école  de  ceux  de  mou  pays  natal... 

Le  rêve  de  M.  le  curé  de  Bignan  était  d'avoir  une  troupe  sem- 
blable, lorsque  les  circonstances  lui  amenèrent  comme  vicaire  un 
homme  tout  disposé  à  le  seconder  dans  cette  entreprise.  Je  fus  en 
effet,  sur  ces  entrelaites,  nommé  vicaire  à  Bignan. 

Je  quittai  Ploermel  sans  chagrin  pour  rentrer  en  Bretagne  bre- 
tonnante. 

Les  occupations  du  ministère  paroissial  à  Bignan  ne  sont  pas  tel- 
lement absorbantes  qu'elles  ne  laissent  à  un  vicaire  le  temps 
d'écrire.  Il  n'est  pas  jusqu'aux  courses  nécessitées  par  le  service  qui 
ne  soient  favorables  à  la  composition.  De  mes  premières  semaines 
de  vicariat  date  mon  drame  lyrique  Sant  Kornéli.  Ma  bonne  for- 
tune voulut  qu'à  l'occasion  d'une  mission  qui  fut  donnée  alors,  et 
qui  dura  trois  semaines,  je  fusse  déchargé  de  toute  besogne.  Le 
moment  me  parut  excellent  pour  entamer  NlKQLAZlG,  dont  le  plan, 
à  mon  insu,  s'était,  sous  l'influence  de  mes  causeries  avec  M.  Buléon, 
ajusté  dans  ma  tête  depuis  un  certain  temps.  La  pièce  fut  poussée 
assez  loin  pendant  ces  trois  semaines,  puis  se  termina  dans  le 
silence  des  journées  hivernales. 

M.  Cadic  ne  savait  pas  que  je  travaillais  pour  lui.  Un  jour,  j'al- 
lai le  surprendre  avec  mon  manuscrit.  Il  fallait  voir,  dans  la 
chambre  de  M.  Gouarin  qui  devait  être  notre  premier  directeur  du 
chœur,  son  sourire  prolongé,  ses  frottements  de  mains,  ses  larmes 
furtives...  pendant  la  lecture  de  la  pièce... 

LE    THÉÂTRE 

Il  ne  faudrait  pas  croire  que  le  théâtre  de  Sainte-Anne  ait  été 
édifié  tout  de  suite  d'après  un  plan  entièrement  arrêté.  Il  est 
l'œuvre  du  temps,  de  l'expérience,  des  circonstances.  La  lenteur 
qui  a  présidé  à  sa  naissance  s'explique  par  deux  raisons,  dont  la 
première  a  été  le  manque  de  fonds.  M.  le  Chanoine  Cadic  avait 
consacré  ses  économies  et  son  avoir  familial  à  la  création  d'œuvres 
plus  urgentes.  Sur  la  route  de  Vannes,  à  gauche,  il  avait  recon- 
struit la  maison  de  Nicolazic  sur  son  plan  primitif;  il  y  avait  ins- 
tallé un  musée  d'objets   religieux  (tableaux,  statues,  meubles),  se 


moraliser  le  peuple.  Il  avait  mis  sous  forme  de  dialogue  les  sujets  les  plus 
religieux  et,  sur  un  théâtre  improvisé,  en  plein  air,  il  faisait  débiter  par  des 
hommes  du  peuple  ces  sermons  d'un  nouveau  genre. 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte- Anne  d'Auray.   519 

rapportant  pour  la  plupart  à  l'histoire  locale.  A  droite  de  la  route 
il  avait  bâti,  pour  les  jeunes  gens,  une  belle  salle  de  patronage  ;  là 
furent  montées  successivement  :  une  compagnie  de  pompiers,  une 
société  de  gymnastique,  une  chorale.  Bref,  les  ressources  étaient 
absorbées. 

Mais  il  est  une  autre  raison  aux  premiers  tâtonnements.  On  par- 
lait beaucoup  en  ce  temps  là  du  théâtre  en  plein  air.  Des  personna- 
lités qui  jouissaient  en  la  matière  d'une  certaine  autorité  s'en  mon- 
traient les  chauds  partisans.  Deux  articles  parurent  dans  la  Revue 
Morbihannaise  qui  poussaient  vivement  à  l'imitation  des  Grecs  sur 
ce  point;  la  thèse  était  soutenue  avec  tant  de  talent  que  tous  les 
esprits  furent  gagnés  à  la  théorie  du  théâtre  en  plein  air.  On 
oubliait  une  chose,  malheureusement  :  c'est  que  notre  climat  n'est 
pas  le  même  que  celui  des  Grecs,  et  que  le  ciel  toujours  gris  et 
menaçant  de  l'Armorique  est  fort  loin  de  ressembler  au  ciel  azuré 
de  l'Hellade. 

Donc,  pendant  l'été  de  1909,  aux  approches  de  la  fête  de  sainte 
Anne,  on  hâta  les  préparatifs  d'un  théâtre  en  plein  air,  où  toute  la 
Bretagne  était  convoquée.  Il  fut  établi  dans  la  petite  propriété 
acquise  par  M.  Cadic.  Un  article  de  l'époque  le  décrit  en  ces 
termes  :  «  M.  le  Chanoine  Cadic  a  voulu  faire  grand  :  la  salle 
mesure  quarante  mètres  sur  vingt-trois,  devant  une  scène  dont  la 
surlace  utile  ne  compte  pas  moins  de  soixante-dix  mètres  carrés. 
Deux  mille  cinq  cents  spectateurs,  par  une  ingénieuse  disposition 
des  fauteuils  et  des  gradins,  s'y  logeront  à  l'aise  et  si  vibrante  est 
l'acoustique  qu'il  suffit  de  parler  à  mi-voix  sur  la  scène  pour  que 
les  derniers  rangs  comprennent.  » 

Disons,  pour  rester  tout  à  tait  exacts,  que  cette  salle  consitait  en 
une  enceinte,  à  ciel  ouvert,  limitée  par  une  clôture  en  voliges  ; 
que  la  scène  elle-même  n'était  protégée  que  par  des  bâches  posées 
les  unes  à  côté  des  autres  ;que  les  fauteuils  étaient  des  chaises  et 
les  gradins  des  planches  crues,  clouées  sur  des  piquets  qui  s'enfon- 
çaient en  bel  ordre  sur  la  pente  de  la  prairie. 

L'affluence  fut  considérable.  Les  deux  premiers  actes  de  Niko- 
lazig  furent  joués  sans  encombre.  Au  troisième,  la  pluie  survint 
qui  fit  arborer  les  parapluies,  puis,  ce  fut  la  débandade.  Un  grand  ' 
nombre  de  spectateurs  demeurèrent  pourtant,  parmi  lesquels 
Mgr  Gouraud,  Mgr  Duparc  et  Mgr  Pichon.  Les  acteurs  jouèrent 
pour  eux  le  cinquième  acte,  en  omettant  le  quatrième.  Les  acteurs 
eux-mêmes  étaient  mal  abrités  ;  à  tout  instant,  les  bâches  s'entr'ou- 
vraient  et  laissaient  tomber  sur  les  têtes,  en  cascade,  l'eau  accumu- 
lée dans  leurs  plis. 


$20 


Le  Bayou. 


Le  lendemain,  26  juillet,  on  recommença  le  jeu  devant  une  nou- 
velle ioule  de  pèlerins.  Cette  fois,  on  eut  affaire  à  un  soleil  ardent, 
implacable  qui  lit  encore  dresser  les  parasols  et  les  parapluies, 
objets  d'horreur  pour  les  spectateurs  îles  derniers  bancs.  Mgr  de 
Bonfils  eut  beau  prodiguer  ses  félicitations  aux  organisateurs,  tout 
le  monde  sentait  qu'il  y  avait  quelque  chose  à  imaginer  pour  amé- 
liorer l'installation. 

11  y  eut  encore  deux  représentations  cette  année,  l'une  au  mois 
d'août,  l'autre  en  septembre.  Dans  l'une  de  ces  deux  circonstances, 
on  avait  imaginé  de  tendre  un  vélum  sur  une  partie  de  l'enceinte 
palissadée.  Le  vent  y  fit  un  grand  tapage  et  finit  par  l'emporter. 
L'expérience  du  théâtre  en  plein  air  était  faite  et  décisive. 

Cependant,  rien  ne  fut  changé  pendant  le  cours  de  l'année  sui- 
vante, 1910,  sauf  la  scène  qui  reçut  une  couverture  en  ardoises. 

Fort  à  propos,  en  191 1,  un  généreux  bienfaiteur  (que  nos  amis 
lui  gardent  une  éternelle  reconnaissance!)  vint  à  notre  secours. 
Grâce  au  don  qu'il  nous  fit,  on  put,  dès  cette  année-là,  amener  le 
théâtre  à  l'état  où  nous  le  voyons  aujourd'hui.  La  scène  unique  se 
flanqua  de  deux  annexes  qui,  par  leur  partie  antérieure,  devinrent 
des  scènes  latérales  et,  par  leur  tond,  deux  vestiaires.  Devant  ces 
constructions,  sur  de  légères  colonnettes  qui  ne  gênent  nullement 
la  vue,  s'étendit  un  vaste  hall  prenant  toute  la  largeur  de  l'en- 
ceinte. Les  planches  à  clous  turent  remplacées  par  d'élégants  gra- 
dins à  dossiers  emboîtés  les  uns  dans  les  autres  au  moyen  de 
simples  mortaises  et  parfaitement  démontables.  Malheureusement, 
les  gradins  et  le  hall  ne  comprenaient  et  ne  comprennent  encore 
que  trois  travées.  Il  en  faudrait  une  quatrième  pour  achever  l'édifice. 
Dieu  sait  quand  nos  recettes  nous  permettront  d'en  faire  les  frais  ! 

En  19 12,  on  a  prolongé  les  deux  vestiaires  derrière  les  scènes, 
en  ménageant  entre  les  deux  une  salle  commune  où  peuvent  se 
réunir  les  acteurs.  Il  n'y  a  pas  eu  d'autre  modification. 

Si  vous  désirez  connaître  les  proportions  des  parties,  voici 
quelques  chiffres  :  la  largeur  totale  des  trois  scènes  est  de  24  mètres, 
la  profondeur  de  la  scène  centrale  est  de  10  mètres,  la  largeur  de 
l'avant-scène  de  2  m.  50,  la  hauteur  au-dessus  du  parterre  de 
0  m.  70;  la  protondeur  de  l'espace  réservé  à  l'orchestre  de 
o  m.  80. 


LES    ACTEURS 


C'est  à  moi  personnellement  que  tut  dévolue  la  charge  de  recru- 
ter et  de  former  la  «  troupe  de  Sainte-Anne  ».  La  plupart  des 
acteurs,  une   cinquantaine,  sont  de  Bignan:   Trois  seulement  sont 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte-Anne  d'Auray.    521 

de  Pluvigner,  et  actuellement  il  y  en  a  un  de  Camors.  Le  reste  est 
fourni  par  le  village  de  Sainte-Anne,  à  savoir  une  soixantaine  d'en- 
fants, une  quarantaine  défigurants  et  autant  de  chanteurs  ou  chan- 
teuses. 

Embaucher  ainsi  beaucoup  de  monde,  c'était  un  moyen  d'inté- 
resser de  plus  près  le  peuple  à  une  œuvre  organisée  pour  lui; 
c'était  aussi  un  moyen  de  réconcilier,  en  les  associant  pour  un 
même  objet,  des  familles  séparées  par  des  querelles  politiques  ou 
de  vieilles  antipathies  ;  enfin  c'était  un  moyen  de  faire  profiter  le 
grand  nombre  des  avantages  que  présente  un  théâtre  religieux  pour 
l'éducation  esthétique  et  morale. 

La  troupe  est  de  composition  fort  variée.  Elle  est  formée  sur- 
tout de  laboureurs  et  d'ouvriers.  Tous  les  âges  sont  représentés 
depuis  80  ans  jusqu'à  un  an  et  demi.  Les  pères  de  famille  voi- 
sinent avec  les  jeunes  gens.  Comme  à  Oberammergau  et  à  Nancy, 
on  a  admis  les  femmes.  Sans  doute  qu'en  thèse  générale  la  pro- 
miscuité au  théâtre  peut  être  regardée  comme  dangereuse;  mais  il 
peut  arriver  que  les  circonstances  diminuent  le  danger  au  point  de 
l'exclure.  C'est  notre  cas.  Toutes  les  actrices  appartiennent  aux 
familles  ou  aux  villages  des  acteurs;  en  venant  à  Sainte-Anne, 
elles  ne  changent  pas  de  milieu  :  le  père  Le  Glévic  donne  la 
réplique  à  l'une  ou  à  l'autre  de  ses  filles  ;  tel  autre  à  sa  sœur  ou  à 
sa  femme;  puis  aucune  n'est  admise  si  elle  n'est  de  conduite  irré- 
prochable. 

On  pourrait  croire  qu'avec  de  tels  éléments  il  soit  très  difficile 
d'arriver  à  de  bons  résultats.  On  y  arrive  pourtant.  Voici  la  méthode 
que  nous  employons.  Dès  que  la  pièce  est  imprimée,  et  c'est  en  ce 
moment  le  cas  de  Ar  hent  en  Hadour  (Sur  les  pas  du  Semeur), 
dont  un  tirage  spécial  a  été  fait  pour  la  troupe,  chacun  des  acteurs 
en  reçoit  un  exemplaire  ;  il  prend  ainsi  une  vue  d'ensemble  et  il 
acquiert  une  notion  exacte  du  rôle  qu'il  doit  jouer.  Ce  rôle,  d'ail- 
leurs, a  été  choisi  exprès  pour  lui,  en  tenant  compte  de  ses  goûts 
et  de  ses  aptitudes.  Dans  une  première  entrevue,  je  me  contente 
de  lire  et  de  commenter  à  chacun  les  passages  qu'il  sera  chargé 
d'interpréter. 

La  seconde  entrevue  est  plus  intéressante  ;  il  s'agit  alors  de  faire' 
«  répéter  »  les  rôles  qu'on  a  dû  apprendre  par  cœur.  Pour  ne  pas 
déranger  mes  hommes  en  les  forçant  de  venir  au  bourg,  je  vais  jus- 
qu'à eux  et  les  prends,  sans  que  le  travail  en  souffre,  au  milieu  de 
leurs  occupations.  Je  me  souviens  d'avoir  exercé  Le  Pèlicard  dans 
sagrange,  le  Recteur  de  Pluneret  le  long  du  sentier  qui  va  du  Bczo 
son  village,  au  Koh-Kastel,  chez  son  fils;  d'autres  sur  la  «  crière  » 


522 


Le  Bavon 


du  champ,  devant  l'attelage  étonné.  S'il  me  faut  aller  jusqu'à  Plu- 
vigner,  à  l'occasion  d'une  pièce  nouvelle,  je  ne  suis  pas  embarrassé 
pour  trouver  Amédéc  Runigo  qui  est  secrétaire  de  la  mairie  et 
c'est  devant  les  registres  poussiéreux,  qu'on  dit  les  vers  de  fraîche 
composition.  Louis  le  Bihan,  lui,  est  à  son  pétrin  ou  à  son  four,  et 
c'est  dans  le  fournil  et  devant  le  pétrin  qu'il  faut  s'exécuter... 

Mon  rôle  à  moi  est  fort  simple  ;  il  consiste  à  écarter  un  geste 
taux,  une  intonation  peu  naturelle;  à  faire  recommencer  jusqu'à  ce 
qu'on  ait  trouvé  une  expression  convenable.  Je  n'impose  pas  ma 
manière,  c'est  l'acteur  lui-même  qui,  sous  ma  direction,  crée  peu 
à  peu  son  rôle. 

Après  ces  leçons  individuelles,  il  faut  répéter  des  scènes  entières  ; 
les  nouveaux  exercices  ont  lieu  au  bourg,  le  dimanche,  après 
vêpres,  dans  une  salle  que  M.  de  Comte  de  Lanjuinais,  député  du 
Morbihan  et  maire  de  Bignan,  a  gracieusement  mise  à  notre  dispo- 
sition. Je  n'y  occupe,  chaque  dimanche,  qu'un  petit  nombre  d'ac- 
teurs, quatre  ou  cinq  seulement.  Les  entrées,  les  sorties,  les  grou- 
pements et  mouvements  d'ensemble  une  fois  indiqués,  je  profite 
de  la  circonstance  pour  mettre  sous  les  yeux  de  belles  gravures  de- 
Gustave  Doré,  de  James  Tissot,  de  la  maison  Nelson...  Ces  gra- 
vures, longuement  regardées,  admirées,  étudiées,  ont  une  influence 
très  sensible  sur  les  attitudes  physiques  de  ces  braves  gens  et  peut- 
être  sur  leurs  attitudes  morales. 

Une  répétition  générale  semblerait  nécessaire  la  veille  de  la  pre- 
mière représentation  ;  souvent  cette  répétition  a  été  supprimée  :  on 
ne  s'en  est  pas  trouvé  plus  mal. 

Le  jour  venu  où  il  faudra  affronter  le  public,  un  rendez-vous 
général  est  fixé  au  bourg  à  six  heures  du  matin.  Fidèles  au  ren- 
dez-vous, comme  à  la  messe  du  dimanche,  nos  paroissiens  sont  là 
avant  l'heure.  Une  demi-douzaine  de  voitures  louées  à  Locminé  et 
attelées  d'un  nombre  double  de  chevaux  les  attendent  ;  trente  kilo- 
mètres à  parcourir!  De  six  heures  à  neuf  heures,  on  roulera  sur  les 
grands  chemins. 

A  l'arrivée,  chacun  fait  une  visite  au  sanctuaire,  au  village,  au 
théâtre,  au  vestiaire  surtout,  pour  s'assurer  que  toute  chose  est 
bien  en  ordre  et  que  rien  ne  manquera  au  moment  voulu.  Puis, 
vers  ii  heures  i  2.  voici  tous  nos  gens  réunis  dans  la  cour  de 
M.  Cadic,  autour  d'une  table  de  fortune  et  d'une  vaisselle  emprun- 
tée. Qui  s'en  plaindrait  ?  Seul,  l'organisateur  rêve  d'une  réception 
plus  confortable;  il  pense  à  cette  fameuse  travée  qui  attend  le  coup 
de  baguette  magique.  Une  tribune  suspendue  à  trois  mètres  au- 
dessus  du  sol,  ménagerait  sous  ses   planches,  bien    à   l'abri   de   la 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte- Anne  d 'Auray.   523 

pluie  et  du  vent  et  des  regards,  une  grande  salle  qui  servirait  à  la 
fois  de  cuisine  et  de  réfectoire. 

Je  n'ai  pas  à  vous  renseigner  sur  la  façon  dont  nos  paysans  s'ac- 
quittent de  leur  tâche,  vous  les  avez  vus  à  l'œuvre  et  appréciés.  Je 
veux  seulement  vous  citer  le  nom  de  ceux  qui  ont  été  le  plus  remar- 
qués: Le  Boulaire,  Le  Bihan,  Runigo,  Le  Brazidec,  David.  Pédrono, 
H.  Guillo,  F.  Moisan,  Le  Glévic...  Ces  noms  sont  à  peine  connus 
du  public  et,  dans  le  pays  même  de  leurs  titulaires,  ils  commencent 
à  être  oubliés.  On  ne  retient  que  le  nom  du  personnage  mis  en 
scène,  et  l'on  dit  couramment  en  parlant  des  personnes  :  Marc 
Ardevcn,  Louis  Le  Roux,  Xikolazig,  le  Recteur,  Le  Pélicard...  etc. 
Ce  serait  pour  nous  une  suffisante  récompense  de  nos  efforts  que 
d'avoir  su  plaire  au  peuple  et  de  l'avoir  intéressé  ;  mais  nous 
sommes  fiers,  certes,  des  compliments  qui  nous  ont  été  prodigués 
par  des  hommes  de  marque  :  évêques,  députés,  publicistes,  pro- 
fesseurs... De  toutes  ces  félicitations,  aucune  cependant  ne  nous 
est  allée  droit  au  cœur  comme  celle  qui  nous  est  venue,  bien  cher 
Maître,  d'un  homme  aussi  compétent  et  aussi  impartial  que  vous. 
Ce  que  vous  avez  dit  à  des  amis  et  ce  que  vous  avez  écrit  au  Cha- 
noine Cadic  restera  pour  nous  le  plus  précieux  des  encourage- 
ments. 

N'était  le  souvenir  de  quelques  bonnes  paroles  entendues  pen- 
dant la  journée,  le  retour  de  la  troupe  à  Bignan  serait  plutôt  mélan- 
colique. Nous  partons  de  Sainte-Anne  à  neuf  heures  du  soir  et 
nous  arrivons  au  pied  de  notre  clocher  à  une  heure  du  matin. 
Heureux  encore  ceux  qui  ne  demeurent  pas  trop  loin  du  bourg  ! 
Nos  moyens  de  locomotion  laissent  réellement  à  désirer. 

CHANT,    DÉCORS,    COSTUMES 

Les  acteurs  de  Bignan  et  de  Pluvigner  sont  reçus  par  les  gens 
de  Sainte-Anne  comme  des  confrères.  C'est  en  effet  le  village  de 
Sainte-Anne  qui  fournit  à  notre  théâtre  les  figurants  et  le  chœur. 

Pour  la  formation  d'un  chœur,  nous  avons  été  admirablement 
secondés  par  les  circonstances  et  par  les  hommes.  Il  nous  fallait 
un  compositeur  et,  comme  par  hasard,  M.  Decker  s'est  trouvé  la, 
un  artiste  universellement  connu  et  goûté.  Il  nous  fallait  un  chef 
de  musique  et  voici  que  nous  en  trouvions  deux  :  M.  Gouarin, 
aujourd'hui  supérieur  de  Sainte-Anne  et  un  autre  chapelain,  aussi 
bon  musicien  que  bon  écrivain  breton  :  M.  Le  Maréchal,  l'auteur 
de  Kousk,  aujourd'hui  vicaire  à  la  cathédrale  de  Vannes.  Tous 
deux  ont  quitté  leurs  fonctions  de  «  chorège  »  depuis  longtemps  : 


524  Le  Bayon. 

mais  le  mouvement  donné  par  eux  s'est  perpétué  sans  effort  sous  la 
direction  de  leurs  successeurs. 

Nous  serions  donc  mal  venus  à  nous  plaindre  que  les  ressources 
nous  aient  manqué  ;  nous  avons  trouvé,  au  contraire,  toutes  les 
bonnes  volontés  et  tous  les  talents  disposés  à  se  mettre  au  service 
de  l'œuvre  commune. 

Les  comptes  rendus  ont  été,  au  sujet  du  chœur,  pleinement  lau- 
datifs.  J'aurais  mis  aux  éloges  quelques  réserves.  Du  moins  j'aurais 
exprimé  le  désir  de  voir  donner  au  chœur  une  place  plus  impor- 
tante. Actuellement  les  choristes  ne  manifestent  leur  présence  que 
lorsqu'ils  doivent  se  faire  entendre.  En  dehors  de  là,  ils  dispa- 
raissent à  peu  près  aux  regards  dans  la  profonde  excavation  de  leur 
orchestre.  Assis  ou  debout,  suivant  leur  fantaisie,  vêtus  de  leur  cos- 
tume habituel,  causant  entre  eux  pendant  les  entr'actes,  ils  ne  se 
distinguent  guère  des  spectateurs.  Cette  situation  est  si  bien  sentie 
que  tout  dernièrement,  dans  Boéh  er  goéo  (la  voix  du  sang),  la 
salle  tout  entière  s'est  transformée,  le  plus  naturellement  du  monde, 
en  un  vaste  chœur  qui  alternait  avec  le  coryphée. 

J'ai  l'intention,  et  cela  dès  la  prochaine  pièce  :  Ar  hent  en 
Hadour  (Sur  les  pas  du  Semeur),  de  faire  monter  le  chœur  sur  la 
scène,  je  lui  donnerai  un  rôle  et  des  costumes  appropriés  ;  je  crois 
qu'en  marchant  dans  cette  voie  je  me  rapproche  de  la  tradition  et 
de  l'idéal  de  l'art.  L'orchestre  alors  sera  réservé  pour  tout  ce  qui 
doit  rester  caché,  pour  tout  ce  qui  est  inesthétique  :  le  souffleur, 
par  exemple,  dont  la  guérite  malencontreuse  vient  masquer  une- 
partie  de  la  scène,  le  monsieur  qui  bat  la  mesure,  le  bourgeois  qui 
martèle  le  piano,  plus  tard,  les  tibicines  quand  nous  aurons  une 
musique  instrumentale...  Et  pourquoi,  au  milieu  de  cet  orchestre, 
ne  dresserait-on  pas,  telle  la  thytnele.  antique,  une  table  ornée  por- 
tant la  statue  de  sainte  Anne  ?'. 

Notre  décorateur  signe  Boris.  Il  a  travaillé  six  ans  chez  Rubé  et 
Chaperon  et  brossé  bien  des  toiles  pour  l'Opéra  ou  le  Français.  Ce 
fut  une  bonne  fortune  pour  moi  de  le  rencontrer.  Il  v  a  de  cela  dix 
ans.  Un  jour,  me  promenant  dans  les  vieilles  rues  de  Pluvigner, 
j'aperçois  un  peintre  devant  un  chevalet.  Je  l'aborde;  on  cause;  je 
ne  tardai  pas  à  m'apercevoir  que  je  venais  de  découvrir  un  artiste. 
De  son  côté,  il  fut  conquis  à  tel  point  par  l'idée  d'un  théâtre  reli- 
gieux et  national  que,  depuis  cette  heure,  il  se  donne  à  nous  avec 

1.  Une  répétition  générale  de  Ai  henten  Hadour  a  été  donnée  en  1 9 1 3 . 
Pour  la  circonstance,  tous  les  chanteurs  étaient  sur  la  scène  et  tenaient  un 
rôle.   Le  succès  a  prouvé  que  l'idée  de  M.  Le  BayOD  était  excellente. 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte-Anne  d'Auray.   525 

un  dévouement  éperdu.  Ce  qu'il  réalise  à  lui  tout  seul  est  considé- 
rable. Pour  monter  Bethléem,  il  a  couvert  1.100  mètres  carrés  de 
toile.  Et  quels  coups  de  pinceaux  !  Ces  paysages  ou  ces  édifices  qui 
se  creusent  en  saisissantes  perspectives  attirent  et  fixent  l'attention 
des  spectateurs  au  point  de  rendre  le  poète  jaloux. 

M.  Boris  est  de  plus  un  machiniste  expert,  et  la  science  des  trucs 
et  des  accessoires  n'a  pour  lui  aucun  secret.  Pour  ce  qui  est  de  l'il- 
lusion à  produire,  nous  sommes,  grâce  à  lui,  à  la  hauteur  de  notre 
temps.  Même  de  ce  coté,  nous  ne  désirons  plus  accomplir  aucun 
progrès. 

La  plupart  des  costumes  sont  confectionnés  à  Sainte-A.nne  sur 
mes  propres  indications,  ou  sur  les  renseignements  de  M.  Boris, 
ou  d'après  des  tableaux  de  maîtres,  d'après  les  verrières  de  la  basi- 
lique. A  partir  de  novembre,  une  demi-douzaine  de  jeunes  filles 
du  village,  factrices  ou  couturières,  consacrent  gratuitement  au  cos- 
tumier les  larges  loisirs  de  leurs  journées  d'hiver.  Réunies  dans  une 
salle  commune  qui  appartient  à  M.  Cadic  et  où  le  vénéré  chape- 
lain va  de  temps  en  temps  porter  ses  encouragements,  elles  pré- 
parent avec  leur  aiguille,  sous  la  direction  de  Jeanne  Pérès  et  de 
Marie-Anne  Guingo,  la  représentation  de  la  pièce  inédite  qui  sera 
jouée  l'année  suivante.  Mais  d'où  vient,  dira-t-on,  la  matière  qui 
suffit  à  de  tels  exercices  de  coupe?  De  partout  et  gratuitement. 
Décidément,  nous  n'avons  pas  connu  l'indifférence.  Nos  ouvrières 
elles-mêmes  y  vont  de  leurs  économies  et  achètent  souvent,  quand 
elles  vont  en  ville,  ce  qui  leur  fait  envie. 

Un  certain  nombre  de  costumes  sont  authentiques  en  ce  sens 
qu'ils  proviennent  des  pavs  auxquels  appartiennent  les  person- 
nages. Un  de  nos  compatriotes  qui  enseigne  en  Egypte,  comme 
frère  de  la  Doctrine  chrétienne,  nous  a  fait  parvenir  des  costumes 
de  bergers  fellahs  ;  on  les  reconnaîtra  aux  raies  rouges  et  bleues 
dont  ils  sont  bariolés. 

Par  l'intermédiaire  du  P.  Guillemot,  originaire  de  Vannes,  nous 
avons  obtenu  des  Franciscains  de  Bethléem  des  tuniques  de  Beth- 
léémites  et  des  manteaux  en  peau  de  chameau  tels  que  devaient  en 
porter  les  contemporains  de  Jésus-Christ. 

M.  Math.  Bouléon,  au  cours  d'un  voyage  en  Orient,  avait  acquis, 
à  Constantinople,  un  costume  de  grand  seigneur  turc  ;  il  vient  de 
nous  le  céder  aimablement  pour  la  garde-robe  des  rois  Mages. 

CONDITIONS    ET    CARACTÈRE    DES    REPRÉSENTATIONS 

La  pensée  première  de  M.  Cadic  avait  été  de  fournir  aux  pèle- 


526  Le  Bayon. 

rins,  pour  la  nuit  du  25  juillet,  un  abri  hors  de  l'église  et  une  dis- 
traction édifiante.  Cette  pensée  n'a  pas  pu  être  réalisée.  Avec 
l'éclairage  actuel,  si  imparfait,  on  craint  des  désordres  et  des 
exploits  de  pickpockets  et  on  a  résolu  d'attendre  l'électricité. 

On  a  renoncé  également  à  donner  une  représentation  le  jour  de 
la  iéte  de  sainte  Anne;  la  cérémonie  religieuse  ferait  tort  au  jeu, 
et  réciproquement.  L'expérience  en  a  été  faite  deux  fois.  On 
cherche  donc  une  autre  date  ou  plutôt  d'autres  dates,  car  une 
saison  comporte  cinq  ou  six  représentations.  On  s'arrête  de  préfé- 
rence à  un  dimanche,  à  un  jour  de  fête  ou  à  un  jour  de  pèlerinage 
exceptionnel. 

La  séance  commence  à  deux  heures.  Les  tickets  se  paient  : 
chaises  réservées  et  numérotées,  5  fr.  ;  premières  (chaises).  3  fr.  ; 
deuxièmes  (bancs  à  dossiers  de  la  nef  centrale),  2  fr.  ;  troisièmes 
(premiers  bancs  des  nefs  latérales),  1  fr.  ;  quatrièmes  (derniers  bancs 
des  nefs  latérales),  o  fr.  50. 

La  recette  servira  à  couvrir  les  frais  matériels  de  voyages,  de 
décors,  d'entretien.  Personne  n'est  rétribué,  pas  plus  les  acteurs 
que  les  costumières.  Bien  mieux,  toutes  les  boutiquières  du  vil- 
lage qui  font  partie  du  chœur  ou  figurent  à  un  titre  quelconque 
dans  le  personnel  du  théâtre,  quittent  leur  étalage  à  l'heure  de  la 
représentation,  perdant  ainsi  le  bénéfice  d'une  demi-journée  de 
vente.  Ces  sacrifices  sont  consentis  allègrement.  C'est  pour  sainte 
Anne  et  pour  la  Bretagne! 

Sainte  Anne  et  la  Bretagne!  A  ce  double  objet  se  rapporte  aussi 
le  travail  du  facteur  de  «  mistères  ».  Il  est  bien  spécifié  que,  tous 
les  ans,  on  jouera  au  moins  une  fois  l'histoire  de  Nicolazic,  qui 
est  aussi  l'histoire  des  origines  du  pèlerinage,  moyennant  quoi  on 
pourra  offrir  au  public  d'autres  sujets.  On  a  donné,  ces  dernières 
années,  en  dehors  de  NlKOLAZlG,  d'abord  Keriolet,  histoire  d'un 
illustre  pénitent,  puis  Ar  hent  Bethléem  (En  route  pour  Bethléem), 
épisodes  de  l'enfance  de  Jésus,  la  première  pièce  de  ma  trilogie 
évangélique  ;  puis  Boéh  er  goèd  (la  voix  du  sang),  mise  en  action 
de  la  parabole  de  l'Enfant  prodigue.  On  donnera  prochainement  ' 
Ar  hent  e\  Hadoir  (Sur  les  pas  du  Semeur)  qui  représentera  les 
principaux  épisodes  de  la  vie  publique  de  Jésus;  et  plus  tard,  Dieu 
aidant,  une  Passion  qui  ne  sera  pas  celle  d'Oberammcrgau,  mais 
une  autre  adaptée  au  milieu  et  au  tempérament  des  Bretons. 

On  nous  a  demandé  si  nous  ne  comptions  pas  aborder  les  sujets 

1.  On  en  a  déjà  donné,  devant  500  spectateurs,  avec  un  succès  complet, 
une  répétition  générale. 


Correspondance.  —  Le  théâtre  populaire  de  Sainte- Anne  d'Auray.   527 

nationaux.  Nous  croyons  pouvoir  répondre  affirmativement.  Sans 
doute  que  ce  n'est  pas  ici  un  théâtre  profane,  sans  doute  que  c'est 
un  théâtre  essentiellement  religieux  par  l'idée  qui  a  présidé  à  sa 
fondation;  mais  il  est  à  considérer  que  l'histoire  politique  de  la 
Bretagne  est  intimement  mêlée  à  son  histoire  religieuse  et  qu'un 
épisode  quelconque  peut  être  traité  avec  un  sentiment  religieux. 
Et  puis,  nous  aussi,  nous  avons  été  touchés  par  ce  souffle  de  régio- 
nalisme qui  court  sur  le  monde  entier  et  qui  fait  fleurir  partout 
l'amour  de  la  petite  patrie;  nous  n'avons  rien  tant  à  cœur  que  de 
glorifier,  après  sainte  Anne,  les  héros  de  la  Bretagne. 

Nous  le  ferons  en  breton,  non  en  français.  Ce  n'est  pas  que  nous 
distinguions  deux  Bretagne  ou  que  je  nourrisse  cet  esprit  de  clan 
qui  cause  parmi  nous  tant  de  discordes.  Je  crois  même  qu'il  est 
peu  de  bretonnants  qui  n'aient  du  sang  gallo-romain  dans  les  veines 
et  qu'il  y  a  peu  de  «  Gallos  »  qui  n'aient  reçu  une  forte  proportion 
de  sang  breton.  Cette  conviction,  ne  l'ai— je  pas  rapportée,  cher 
Maître,  du  pied  de  la  chaire  que  vous  occupiez  naguère  à  l'Univer- 
sité de  Rennes?  Quoi  qu'il  en  soit,  la  moitié  de  la  grande  famille, 
pour  des  raisons  qui  dégagent  leur  responsabilité,  ne  parle  plus  la 
langue  des  ancêtres  et,  chez  l'autre  moitié,  le  breton  est  plus  menacé 
que  jamais.  Ceux  qui  l'ignorent  devraient  pourtant  s'intéresser  à  lui 
comme  à  un  héritage  de  famille. 

En  résumé,  nous  voulons  un  théâtre  qui  jouera  des  drames  en 
langue  nationale,  un  théâtre  religieux  puisqu'il  naquit  d'une  pen- 
sée d'apostolat  ;  un  théâtre  profondément  empoignant  puisqu'il 
s'inspirera  aux  sources  mêmes  de  notre  histoire  religieuse  ou  natio- 
nale. Et  par  ce  théâtre  où  tous  les  arts  s'unissent  et  que  sainte 
Anne  domine,  quelles  ascensions  vers  la  lumière  préparées  au 
peuple  de  Bretagne  !... 

Joseph  Le  Bavox. 


NECROLOGIE 


Nous  apprenons  avec  un  profond  regret  la  mort  de  M.  Joseph 
Déchelette  l'éminent  archéologue,  tombé  glorieusement  au  champ 
d'honneur.  Après  avoir  honoré  la  France  par  de  solides  et  savants 
travaux,  notamment  par  son  Manuel  d'Archéologie,  malheureuse- 
ment inachevé,  monument  unique  d'érudition,  il  lui  a  sacrifié  sa 
vie.  Agé  de  cinquante-trois  ans,  il  n'était  pas  obligé  au  service 
militaire.  Il  a  voulu  prendre  part  à  la  campagne,  et  il  est  mort  en 
héros,  comme  en  fait  foi  cette  citation  à  l'ordre  du  jour  de  l'armée, 
que  nous  reproduisons  comme  la  plus  éloquente  des  oraisons 
funèbres  : 

«  Déchelette,  capitaine  de  territoriale  au  298e  régiment  d'infan- 
terie, a  été  tué  le  6  octobre,  alors  qu'il  entraînait  sa  compagnie 
sous  un  feu  violent  d'artillerie,  et  lui  avait  fait  gagner  800  mètres 
de  terrain.  Avant  de  mourir,  a  demandé  au  lieutenant-colonel, 
commandant  le  régiment,  si  on  avait  gardé  le  terrain  conquis,  et 
sur  sa  réponse  affirmative,  lui  a  exprimé  sa  satisfaction,  en  ajou- 
tant qu'il  était  heureux  que  sa  mort  servit  à  la  France.  » 

Belle  vie  et  fin  plus  belle  encore. 

M.  Déchelette  a  légué  100.000  fr.  à  sa  ville  natale  de  Roanne 
pour  l'édification  d'un  musée. 


Le  Propriétaire-Gérant,   Edouard  CHAMPION. 


MAÇON,    PROTAT  FRÈRES,  IMPR1MI  UKS 


TABLE    DES    MATIERES 

CONTENUES       DANS       LE       TOME      XXXV 


ARTICLES    DE    FOND 

Pages 
Notes  sur  le  parler  breton  de  Cléguérec  (Morbihan),  par  E.  Thi- 
bault     i,   169,431 

The  breaking  of  ë  in  Scotch  Gaelic,  par  John  Fraser 29 

Some  Points  of  similarity  in  the  phonology  of  Welsh  and  Breton, 

par  T.  Parry- Williams 40,  3 1 7 

Étymologies,  par  J.  Vendryes 85 

Notes  sur  les  textes  d'Ivonet  Omnes,  par  Em.  Ernault 129 

Questions  de  grammaire  et  de  linguistique  brittonique  (suite),  par 

J.  Loth 143,  450 

Sur  les  présents  irlandais  du  tyçeguidim,  par  A.  Meillet 165 

The  monastery  bishoprics  of  Cornvvall,  par  le  Rev.  Th.  Taylor.  195 

L'aventure  de  Maelsuthain,  par  J.  Vendryes 203 

Un  rapprochement  celto-ombrien,  par  J.  Vendryes 212 

Cornoviana  (suite),  par  J.  Loth 213 

La  Vie  la  plus  ancienne  de  saint  Samson  de  Dol,  par  J.  Loth  ....  269 
Evolution  of  the  diocesan  bishopric  from  the  monastery  bishoprics 

of  Cornwall,  par  le  Rev.  Th.  Taylor 301 

L'épisode  du  chien  ressuscité  dans  l'hagiographie  irlandaise,  par  J. 

Vendryes 357 

Accent  and  Svarabhakti  in  a  dialect  of  Scotch  Gaelic,  par  J.  Fra- 
ser    40 1 

A  propos  de  la  coiffure  des  Gaulois  et  des  Germains,  par  Ad.  Rei- 

nach 410 

Répertoire  des  fac-similés  des  manuscrits  irlandais  (suite),  par  L. 

Gotjgaud 415 

Notes  étymologiques  et  lexicographiques  (suite),  par  J.  Loth.  .  .  .  441 
L,  R,  M,  N  en  initiale  et  en  construction  syntactique  dans  le  breton 

de  l'île  Molènes  (Finistère),  par  J.  Loth 468 

Sur  quelques  textes  franco-bretons  (suite),  par  Em.  Ernault.  ...  471 

Le  Mirouer  de  la  Mort  (suite),  par  Em.  Ernault 506 


-1  / 

1/ 


430  Table  dei   nm lie 


NECROLOGIE 

J.  Déchelette 528 

P.  W.  Joyce  (J.  Vendryes) 267 


BIBLIOGRAPHIE 

Bellevue  (Marquis  de),  Le  Camp  de  Coetquidan  (}.  Loth) 107 

— ■     Paimpont,  2e  éd.  (J.  Loth) 109 

Best  (R.  L),  Bibliography  of  Irish    Philology  and  Literature  (J. 

Vendrves) 225 

Dottin  (G.),  Manuel  d'irlandais  moyen  (J.   Vendrves) 02 

Duhamel  (M.),  Musiques  bretonnes  (J.  Vendryes) 368 

Eben  Fardd,  Awdl  Dinistr  Jérusalem  (J.  Vendrves) 233 

Essays  and  Studies  presented  to  William  Ridgeway  (J.  Loth) 375 

Fynes-Clinton  (O.  H.)  The  Welsh  Vocabulary  of   the  Bangor 

district  (J.   Vendryes) 231 

Grôhler  (H.),  Ueber  Ursprung  und  Bedeutung  der  franzôsischen 

Ortsnamen  (J.    Vendryes) 100 

Gwynn  (Ed.),  The  Metrical  Dindshènçhas,  III  (J.  Vendryes).  ...  98 
Jones  (J.  Morris),    a  Comparative  Welsh   Grammar,   I  (J.  Ven- 
dryes)     217 

Joyce  (P.  W.),  Irish  Names  of  Places,  III   (J.  Vendryes)... 224 

Loth  (J.),  Les  Mabinogion,  2e  édition    (J.   Vendryes) 105 

Mackay  (J.  C),  Gille  a'  bhuidseir  (J.  Vendrves) 367 

Marstrander,  Dictionarvof  the  Irish  language,  I  (J.  Vendryes)..  36 
Meyer  (Kuno),  Ueber  die  àlteste  irische  Dichtung,  I  et  II  (J.  Ven- 
dryes)   96,  366 

Pedersen    (Holger),    Vergleichende    Grammatik    der   keltischen 

Sprachen,  II,  2  (J.  Vendryes) 361 

Rhys  (Sir  John),  The    Celtic   inscriptions  of  Cisalpine    Gaul  (J. 

Loth) 370 

Sagot  (F.),  La  Bretagne  romaine  (J.  Loth) 109 

Schœpperle(G.),  Tristan  and  Isolde  (J.  Loth) 379 

Schumacher  (Karl),  Verzeichniss  der  Abgùsse  und  wichtigeren  Pho- 

tographien  mit  Germanendarstellungen  (Ad.  Reinach) 235 

Steinberger  (H.),  Untersuchungen  zur  Eritstehung  der  Sage  von 
Hirlanda  von    Bretagne    sowie   zu  den  an  ihr  am  nachsten  ver- 

wandten  Sagen  (J.  Vendryes) 104 

Thurnevsen  (II.),    Die   Kelten   in    ihrer  Sprache  und    Literatur 

(J.  Vendryes) 227 


Table  tirs  matières.  431 


CHRONIQUE 

Abbott  (Rev.  Th.)  ;  sa  mort 238 

Anwyl  (Bodvan);  sa  réédition   du  Spurreh's   Welsh  English  Dic- 

tionarv 248 

Anwyl  (sir  Edward);  sa  nomination  à  Cacrlleon  sur  Wysg 238 

Arbois  de  Jubain ville  (notices  sur  H.  d') 115 

Bloch  (J.),  Formation  de  la  langue  marathe 392 

Brugmann  (K.)  ;  suite  de  son  Grundriss 118 

Cambrian  Gleanings 390 

Diverrès  (P.)  ;  ses  travaux 240 

Dussaud  (R.),  Les  civilisations  préhistoriques  de  la  mer  Egée..  ..  394 

Ephemeris  Epigraphica,  t.  IX 240 

Ernout  (A.),  Traité  de  morphologie  latine 388 

Foucher  (A.),  Le  couple  tutélaire  dans  la  Grèce  et  dans  l'Inde.  .  .  121 

Gwynn  Jones  (T.);  sa  nomination  à  Aberystwyth 117 

Halter  (E.),  Die  Indogermanen 389 

Herrieu  (L.)  et  Duhamel  (M.),  Chansons  populaires  du  pays  de 

Vannes,  2e  série 121 

Holder  (A.),  Altcehischer  Sprachschatz,  fasc.  21 387 

Indogermanisches  Jahrbuch,  1 243 

Livres  nouveaux 122 

Lvon  (Étvmologie  du  nom  de  la  ville  de) 384 

Mansion  (J.),  Celtes  et  Germains , 387 

Marstrander  (C.)  ;  son  article  des  Mélanges  Torp 119 

Muret  (Ernest)  ;  son  édition  du  Roman  de  Tristan  par  Béroul.  .  .  391 

Notennou  diwar  benn  ar  Gelted  Koz  (suite) 242 

Ouvrages  reçus 250 

Parry-Williams  (T.)  ;  son  doctorat  en  philosophie 118 

Pedersen  (H.)  ;  sa  promotion  à  l'ordinariat. 116 

Pokorny  (J.),  Concise  Old  Irish  Grammar 247 

Ridder  (A.  de),  Notice  sommaire  des  bronzes  du  Louvre 120 

School  of  Irish  Learning 250 

Vallée  (F.),  La  langue  bretonne  en  40  leçons,  3e  éd 241 

Vettermann  (Miss  Ella)  ;  ses  travaux 240 

Walsh  (P.),  The  Flight  of  the  Earls 24s 

Welsh  National  Library  (contributions  populaires  à  la) 391 

—     (rapport  sur  les  progrès  de  la) 244 

Welsh  Outlook  (The) 390 

PÉRIODIQUES 

Analecta  Bollandiana 263 

Annales  de  Bretagne 126 

Beitràge  zur  Anthropologie  und  Urgeschichte  Bayerns 264 


43 


2  Table  des  matières. 


Berichte  der  rômisch-germanischen  Kommission 265 

Bibliothèque  Pro  Alesia 265 

Boletin  de  la  Real  Academia  de  la  Historia 266 

Bulletin  du  Musée  historique  de  Mulhouse 263 

Celtic  Review(The) 125,  260,  396 

Comptes  rendus  des   Séances  de  l'Académie  des  Inscriptions  et 

'Belles-Lettres 127 

Ecclesiastical  Review  (The) 255 

Ériu 258 

Folklore 262 

Gadelica 261 

Indogermanische  Forschungen 127 

Journal  of  the  Society  of  Antiquaries  of  Ireland 266 

Journal  of  the  Welsh  Bibliographical  Society 399 

Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique 128,  397 

Mittheilungender  prâhistorischen  Kommission  der  kais.  Akademie 

der  Wissenschaften  zu  Wien 263 

Revue  de  Bretagne 126 

Revue  de  phonétique 395 

Revue  des  bibliothèques 398 

Revue  des  traditions  populaires 262 

Revue  du  Bas-Poitou 264 

Revue  historique  vaudoise 264 

Revue  morbihannaise 398 

Rocznik  Slawistyczny 256 

Romania 262 

Sitzungsberichte  der  kôniglichen  preussischen  Akademie  der  Wis- 
senschaften   254, 399 

Studies 400 

Zeitschrift  fur  romanische  Philologie 123 

Zeitschrift  fur  vergleichende  Sprachforschung 252 

CORRESPONDANCE 

Le  théâtre  populaire  de  Sainte-Anne  d'Auray,  par  J.  Le  Bayon..  .  514 


Le  Propriétaire-Gérant,  Edouard  CHAMPION. 


MAÇON,  PROTAT  FRERES,  IMPRIMEURS. 


TABLE 

DES    PRINCIPAUX    MOTS    ÉTUDIÉS 

AU    TOME    XXXV    . 
DE     LA     REVUE     CELTIQUE1 


I .   Gaulois  ou  vieux  celtique,  ogamique  et  lépontien(*). 

(Voir  pp.  102,  m,  256-258,  263,  264,  372,  373,  387.) 


*Aita,  373. 
Albion,  254. 
*Alios,  374. 
*Alkovinos,  373. 
*Amaseu,  372. 
ambi-,  284. 
Ammo(n),  281-283. 
Anna,  282,  283. 
.Anvallonacu,  372. 
Areani,  «  gardes  »,  113. 
Atobiles,  285. 
Atoclius,  285. 
Atoo,  285. 

Balandui,  372. 
Blano-,  10 1. 
Brigantes  ni,  289. 
Brivatiom,  373. 
Brohomagli,  283. 

Caliacos,  374. 
Cantobennicus,  103. 
Caratacus,  1 1 1 . 
[CJassiboduae,   387. 
CASSITTAS,  387. 
Catamanus,  223,  284. 
[CJathubodua,  387. 
CATUVIRR,  387. 


Kaûapoç,  «  géant  »,  61. 

cisium,    cissum,  cirsum,    sorte    de 

voiture,  397. 
Cogidumnus,  m. 
com-,  276. 
Conginna,  254. 
Corobilium,  254. 
Cularo,  102. 
cuno-,  «  élevé  »,  276. 

*Dieupala,  371 . 
Docco,  Doccov,  292-295. 
Drustagni,  317. 

dunum,    ville    fermée;  ville  forte 
hauteur  fortifiée,  384,  385. 

*Esopnio,  372. 
Etri  (gén.;,  288. 

*Gnoia,  374. 

-ialo-,  102. 

ivos,  373. 

*iuuos,  fête,  banquet?  373. 

*kalite,  appelez?  373. 
*karite,  parents  ?  373. 


1.  Cette  table  a  été  faite  par  M.  Ernault. 
Revue  Celtique,  XXXVI.  —  Table. 

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Table  des  principaux  mots  étudiés 


*Latumarui,  à  Latumaros,  372. 
AouzoTO/.ia,  Aouxorexia,     loi,    128. 
LUGUDECCAS,  243. 
Lugudunum,  Lugdunum,  384-386. 
Lunarhi,  283. 

Maccarioui,  372. 
-maglos,  chef,  roi,  276,  286. 
*mako,  372. 
Melbodium,  103. 
Menapii,  m,  289. 
mori-,  mer,  408. 

*Namu,  372. 

*Naxom;  (vin)  de  Naxos,  372. 

*pala,  tombe,  371,  373. 
*Pelkui,  373. 
Petromantalum,  103. 
Petrucorii,   103,  295. 
Piro,  290. 
*Pivonei,  372. 
*Pivotialui,  372. 
Porios,   290. 
*Pruiamiteu,  372,  373. 

ritu-,   «  gué  »,  103. 
Ritumagus,  103. 
ro-,  284. 
Rutenicus,  103. 


Sammonis,  283. 
*Sapsutaipe  et  à  Sapsuta,  372. 
Segontiaci,  m. 
Segustero,  102. 
Senacus,  283. 
*Slaniai,  371. 

Taranis,  413. 

tarinca,  taringa,  clou  en  fer,  119. 

tigerno-,  chef,  maître,  286. 

Tigernomaglus,  286. 

Tigernomalus,  286. 

tricpntis,    «   aux    mois    de    trente 

jours  »,  103. 
Tricorii,  103,  280,  295. 

-u,  dat.  sing.,  372. 
uema,  aune,  101. 
-ui,  dat.  sing.,  372. 

*verkalai,  371. 
Vidimaclus,  276. 
uidu-,  «  bois  »,  85. 
*vinom,  vin,  372. 
Virocantus,  254. 
Virotutis,  102. 
Vivisci,  10 1. 
VLATIAMI,  254. 
Vocontii,  103. 
Vocorio,  103. 


II.  Irlandais. 


(Voir  pp.  47,  50-53,  59,  86,  87,  95,  96,  101,  119,  120,  124,  168,  203- 
206,  21},  221,  227,  240,  245-247,  254,  255,  258,  261,  318,  321,  322, 
324,  337,  343,  347.  349-35',  357,  363,  367,  379-381,385,  395,  400.) 


accal,  bon  courage,  254. 

accrich,  domaine,  254. 

-ach,  adjectifs,  88-91. 

ad,  loi,  212,  214. 

ada,  légal,  juste,  convenable;  préro- 
gative, droit,  212,  214. 

adaim,  j'entends,  253. 

adas,  juste,  convenable,  213. 

adfither,  je  serai  pavé,  363. 

adim  ou  adem,  instrument,  appa- 
reil, 214. 

adma,  instruit,  sage,  avisé,  214. 

-adraim,  j'adore,  363. 


afameinn,  «  utinam  »,  363. 

aile,  autre,  374. 

air,  sur  lui,  94. 

aire,  garde,  113. 

aire,  haie,  barrière,  fardeau,  119. 

-aire,  noms  d'agents,  255. 

airem,  laboureur,  96. 

airmed,  sorte  de  mesure,  446. 

aite,  oide,    père  nourricier,  tuteur, 

573- 

aithed,  athed,   fuite,   fugue  (amou- 
reuse), 380. 
Alpe,  Grande-Bretagne,  254. 


au  tome  XXXV. 


m 


altus,  Altus,  hymne,  205,  208,  209. 

andud,  allumer,  363 . 

anfad,  tempête,   1 19. 

-ang,  -eng,  suff.  119. 

aràr,  arûr,  blé,  408. 

arco,  arcu,  je  demande,  119,    166, 

253. 
arg,  goutte,  221 . 
-as,  suff.  d'adj.,  213. 
ascall,  axai,  ochsal,  aisselle,  120. 
asclang,  fardeau,  charge,  120. 
àss,  croissance,  119. 

baile,  demeure,  village,  ville  ;   mo- 
nastère, 288. 

Balgnffin,  Bally-Griffm,  287. 

Bally-Samsou,  288. 

bansegainn,  daine,  86. 

ben  hr,  femme  d'homme,  205. 

Benén,  373. 

Benn-çhor,  suite  de  pics,  254. 

Benn  Étair,  288. 

berir,  il  est  porté,  361. 

biad,  nourriture,  372. 

biothu,  existence,  372. 

bith,  blessure,  363. 

bodb,  badb,  corbeau,  87. 

Bôrime,  Bôraime,  Bôruma,  Bôroma, 
Béai  Bôrumha,  206. 

bôroma,  tribut  imposé  aux  habitants 
du  Leinster,  207 

both,  hutte,  101. 

bô  thûir,  vache  nourrie   à    l'étable, 
260. 

bran,  corbeau,  89. 

branles,  festin  de  corbeau,  90. 

breth,     jugement,     décision,     204, 
207. 

Brian  Boruma,  206. 

Brian  in  bûair,  207. 

Brian  Mac  Cennétig,  203,  206. 

Brian  na  Banba  a  Borumi,  206. 

brolluch,  sein,  443 . 

buaid,  victoire,  10  r. 

buide,  jaune,  101,  357,  397. 

bun-àit,  fondement,    fondation,  ré- 
sidence, 289. 

cadla,  cordage,  254. 

Canôc,  289. 

carn,  tas,  amas  de  rochers,  287. 

Carn  Sampson,  287. 


cathach,  batailleur,  90. 

Cathasach,  Cathusach,  399,  400. 

Cathrae,  254. 

cechlatar,  ils  creusèrent,  371. 

cèle,  compagnon,  222. 

cess,  tressé,  397. 

céstach,  passif,  254. 

co  brunni,  à  la  poitrine  ;  jusqu'à, 
devant,  393. 

coimm,  comm,  couverture,  protec- 
tion, •■  êtement,   127. 

Coindire,  203,  206. 

comadas,  juste,  convenable,  213. 

Congenn, 254. 

conid,  que  c'est,  95. 

Conlae,  254.. 

Corrbile,  «arbre  impair, isolé  »,  254. 

co  ucht,  à  la  poitrine  ;  jusqu'à,  de- 
vant, 393. 

crédem,  fait  de  ronger,  254. 

crob  main,  120. 

crobang,  poignée,  119,  120. 

crû  fechta,  «  corneille  de  guerre  », 
corbeau,  87. 

crûach,  morceau,  285.  » 

cû,  chien,  357,  360. 

cûala,  j'ai  entendu.»  1 18. 

Cuchullin,  le  chien  de  Culann,  360. 

cumaing,  il  peut,  120. 

cumtach,  construction  (grammati- 
cale), 254. 

Daigerne,  254. 

defid,  bois  sacré,  1 19. 

deleng,  jeune  porc,  120. 

den,  habile,  fort,  253. 

derbbrathir,  irère,222. 

derbsiur,  sœur,  222. 

derd,  tempête,  r  19. 

derdan,  tempête,  mauvais  temps, 
119. 

Dia  do  betha,  Dieu  (soit)  ta  vie,  sa- 
lut !  20),  210. 

dindshenchas,  collection  de  légendes 
sur  les  noms  de  lieux,  98-100, 
227. 

dliged,  obligation,   dette;   loi,  212. 

dobiur,  j'apporte,  165,  253. 

dochum  n-,  vers,  119. 

dofeotar,  dootar,  -dotar,  ils  man- 
gèrent, 89. 

Domnall,  203,  204. 


IV 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


dorât,  il  a  donné,  363. 
dorus,  porte,  61. 

do  tabairt  chomairle,  à  donner  con- 
seil, 253. 
dotuit,  il  tombe,  253. 
duaid,  il  mangea,  89. 
dubgall,  Danois   ou  fils  de  Danois, 

447- 
dùn,  fort,  citadelle,   cité.    288,  385 . 
Dûn  Etair,  288. 

eatj  eux,  95. 

ech- chenu,  «  tête  de  cheval  »,  412. 

-em,  noms  d'agent,  254. 

-en,  373. 

Eoganacht  Locha  Léin,  204,  207. 

-éra,  que  tu  refuses,  363. 

esonoir,  déshonneur,  205,  209. 

£.tair,  288. 

facht,  méchanceté,  mal,  223. 

fâel,  loup,  86. 

faenic,  phénix,  254. 

faic,  quelque  chose,  rien,  119. 

fang,  corbeau,  91. 

feis,  fait  de  dormir,  de  passer  la  nuit, 
89,  90. 

Ferchéte,  254. 

fern,  aune  ;  bouclier,   119. 

fes,  feis,  festin,  beuverie,  89,  90. 

féth,  mer  calme,  1 19. 

fi,  poison,  258. 

fiach,  corbeau,  87-91,  119,  243. 

fiad,  gibier,  8$,  87. 

fïadh,  cerf,  daim,  85. 

fiadmila,  animaux  sauvages,  85. 

fid,  bois,  85,  87. 

rlann,  sang,  253. 

logera,  qu'il  chauffe,  166. 

fôidiam,  messager,  234. 

folam,  vide,  50. 

for.  sur,  94. 

foraib,  sur  vous,  407. 

fot  saiguil,  longueur  de  la  vie,  204, 
208. 

fursundud,  illumination,  éclaircisse- 
ment, 98. 


glenn,  vallée,  127. 

gnéthech,  actif,  254. 

Gnôe,  374. 

gonim,  je  blesse,  je  tue,  166. 

gortach,  affamé,  90. 

guidim,  je  demande,  je  prie,  166. 

guirim,  je  chauffe,   166. 

iasc,  poisson,  389. 

in,  le,  94,  96. 

indas,  façon,  manière,  119. 

indlaidi,  il  se  vante,  253. 

inis,  île;  bord    d'une  rivière,  terrain 

en  bordure  de  rivière,  290. 
Inis  Fâithlenn,  Inisfallen,  206,  207. 
in  medén,  au  milieu,  393. 
intuigfet,  ils  revêtiront,  167. 
iress,  crovance,  125. 
-irne,  suff.  de  noms  de  personnne, 

254. 

Lassirne,  254. 

léir,  visible,  253. 

lige,  tombe,  445.  j 

Loch  Léin,  204,  207. 

lomm,  nu,  dépouillé,  389. 

longphort,  port  (fortifié),  254. 

loth,  boue,  128. 

Lug,  378,  387. 

Lugaid,  242,  243. 

Lûgnasad,  le  premier  août,  386. 

lugu,  plus  petit,  386. 

luibne,  bouclier,  119. 

-m-,  suff.,  214. 

Maelsuthain  Ua  Cerbaill,  203,  204, 
207. 

Malatur,  Mars-la-Tour,  247. 

med,  balance,  446. 

meng,  tromperie,  127. 

menmarc,  passion,  119. 

midiur,  je  juge,  212,  446. 

Mochonôg,  289. 

-muinither,  il  vient,  223. 

muirbheach,  terre  sujette  à  être  en- 
vahie par  la  mer,  408. 

Mumu,  254. 


gabim,  je  prends,  587. 
Gailinne  na  mBretan,  289. 
galgat,  champion,  405. 
gearrfhiadh,  lièvre,  85. 


naicc,  aicc,  non,  119. 
nert,  force,  212. 
niae,  descendant,  90. 
no,  part,  verbale,  222. 


au  tome  XXXV. 


nuidlechais  (gén.),  état  d'une  vache 
qui  vient  de  vêler,  445. 

nuithlech,  (vache)  qui  a  nouvelle- 
ment vêlé,  444,  445. 

nus,  petit-lait.  446,  447. 

ocuis,  ocus,  acus,  et,  136. 
ocus,  acus,  accus,  près,  1 36. 
olc,  mauvais,  127. 
on,  il,  252. 
orc,  porc,  220. 
-osailci,  il  ouvre,  168. 

pailis,  palais,  379. 

-r-,  passif  et  déponent,  361,  362. 
Raith  Airthir,  287. 
Raith  Édair,  288. 

râth,  raith,  résidence  entourée  d'un 
rempart  de  terre  avec  fossé,  288. 
réil,  clair,  253. 
rélaim,  je  révèle,  253. 
rétaire,  lecteur,  254. 
riched,  ciel,  254. 
rodtoig,  il  le  couvrit,  167. 
roimh,  devant,  94. 
Roma,  de  Rome,  207. 
rû(a)e,  héros,  253. 

Sailchoit,  Solloghoud,  289,  445. 

Samhildânach,   378. 

scethach,  dégoûtant,  qui  fait  vomir, 

91; 

scethim,  je  vomis,  91. 
sed,  seg,  cerf,  85,  86. 
sedgraig,  troupe  de  cerfs,  86. 


segas,  seaghas,  forêt,  85,  86. 

Segais,  85,  86. 

Senach,  283. 

senchas, histoire,  antiquité,  98,100. 

sern-,  répandre,  364. 

sétig,  compagne;  a  s.,  l'autre,  222. 

sgâiî,  ombre,  45. 

Sidh,  sfdheann,  venaison,  87. 

sin,  temps,  119. 

sinnach,  renard,  91. 

slân,  bien  portant,  en  bon  état,  371. 

snuadh,  fleuve,  447. 

son,  on,  il,  252. 

sûainem   Segsa,    corde     de    Segas, 

mètre  irlandais,  87. 
siur,  sœur,  90. 

Tain  bô  Cûalnge,  123,  227. 
tairnge,  clou  en  fer,  119. 
lairthim,  chute,  2)3- 
tânase    abb,    «  abbé  en    second  », 

400. 
tarrach,  tremblant,  91. 
tearmann,  terme,  260. 
Temair,  Tara,  243. 
tochaim,  marche,  chemin,  119. 
tochlaim,  je  creuse,  371. 
tôra-,  téora,  limite,  260. 
tore,  porc,  220. 
trit,  à  travers,  94. 
tuarascbail,     description  ;     (même) 

équipage,  206,  210. 
tuath,  peuple,  21 2. 
Tûatha  DéDanann,  37s. 
tuigim,  je  couvre,  167. 
tuilim,  je  dors,  167. 


III.  Gaélique  d'Ecosse. 

(Voir  pp.   31-39,    126,   397,  401-403.) 


aimsear,  temps,  402,  406. 
ainm,  nom,  38,  402,  406. 
airgiod,  argent,  402. 
airighim,  je  perçois,  405. 
aithnighim,  je  reconnais,  40  >. 
Alba,  Ecosse,  403,  406. 
ameasg,  parmi,  3  1 . 
Aonghus,  405. 
aran,  pain,   35. 


arbhar,  blé,   404,  407,  409. 
arm,  armée,  402,  406. 

balbhan,un  muet,  404. 
balg,  sac,  403. 
barr,  sommet,  36. 
beachd,  opinion,  38. 
beag,  petit,  33. 
bealach,  passage,  34. 


VI 


Table  (1rs  principaux  mots  étudiés 


bean,  femme,  33,  37. 
beannaohd,  bénédiction,  37. 
bearradh,  raser,  36. 
beartach,  riche,  39. 
bleoghan,  traire,  32. 
borb,  rude,  403,  406,  407, 
Breatain,  33. 

cailleach,  vieille  femme,  405. 
calma,  brave,  403. 
calpa,  mollet,  403. 
canb, chanvre,  402. 
carghas,  carême,  405. 
cead,  permission,  33. 
ceanalta,  doux,  37. 
ceanas,  affection,  37. 
ceangal,  lien,  32. 
ceannsa,  doux,  37. 
cearb,  bord,  406. 
ceart,  juste,  36,  39. 
ceatharnach,  guerrier,  37. 
ceathramh,  quatrième,  37. 
cleas,  haut  fait,  33. 
creach,  raid,  butin,  38,  39. 
cuirm,  festin,  407. 
Cuithach,  260. 

dealbh,  ressemblance,  38. 
deamhan,  démon,  31. 
dearbh,  certain,  403. 
dearg,  rouge,  34,  36,  38,  402. 
dh'fhalbhadh,  s'en  irait,  404. 
Donnchadh,  406. 
dorcha,  sombre,  403 . 
dreach,  apparence,  39. 

eadaruinn,  entre  nous,  402. 

eaglais,  église,  402. 

eala,  evgne,  38. 

eanchainn,  cerveau,   38,  403,    406. 

easbuig,  évêque,  33. 

fead,  sifflement,  33. 
feadan,  sifflet,  33 . 
feadh,  parmi,   32. 
fear,  1er,  homme,  29. 
fearg,  colère,  406. 
fearn,  aune,  34,  38. 
feasa,  du  jugement,  30. 
feileadh-beag,  kilt,  397. 
lios.  information,  30,  406. 
foras,  recherche,  404,  406. 


gainmheach,  sable,  404,  406. 
galghad,  bonne  fille,  404,  405. 
gealhan,  petit  feu,  404,  409. 
geall,  promesse,  32. 
ghealladh, promettait,  32. 
gilb,  ciseau,  407. 

imlich,  ilmich,  lécher,  403. 
inbhir,  confluent,  404. 
înghean,  fille,  405. 
iomchubhaidh,  propre,  403,  407. 
iomlan,  complet,  402. 
(i)staigh,  dedans,  35. 
(i)steach,  dedans,  34,  35. 

laochan,  mon  cher,  405. 

leaba,  pi.  leapaichean,  lit,  33,  39. 

leabhar,  livre,  31,  32. 

leac,  pierre,  39. 

leaghadh,  fondre,  32. 

leanabh,  enfant,  37,  403. 

leann,  bière.  37. 

leannan,  amant,  37. 

leas,  besoin,  33,  39. 

leat,  avec  toi,  39. 

lionmhar,  abondant,  407. 

Loncarty,  Luncartv,  254. 

lorg,  trace,  406,  407. 

meadhg,  petit-lait,  32. 

meadhon,  milieu,  31. 

meall,  tromperie,  32. 

meall,  masse,  32. 

mealladh,  tromper,  32. 

meallta,  trompé,  32. 

meanbh-,  petit,  38. 

meas,  jugement,  opinion,  30,  31. 

meas,  fruit,  31. 

measa,  du  jugement,  31. 

measa,  miosa,  pire,   31 . 

measg,  mêler,  3 1 . 

meirg,  rouille,  406. 

misde,  plus  mal,  31. 

mor-,  mer,  408. 

mormhair,  seigneur,  404,  407,  408. 

muilchionn,  manche,  403. 

neart,  force,  39. 

nos,  premier  lait,  447. 

oirbh-se,  sur  vous,  407. 

reamhar,  épais,  gras,  31. 


au  tome  XXXV. 


vu 


seamrog,  trèfle,  402,  403. 
sean-,  vieux,  37. 
seanchas,  tradition,  403. 
seangan,  fourmi,  32,  37. 
seanmhathair,  grand'mère,  37,  404. 
searbh,  amer,  38. 
searbhan,  dégoût,  404. 
searg,  dessécher,  36. 
sithionn,  venaison,  87. 
sleamhuinn,  glissant,  31. 


soirbheas,  vent,  404,  407. 


tairbh,  taureaux,  406. 
tairmeasg,  prohibition,  406. 
tairrgheal,  au  ventre  blanc,  404. 
teach,  maison,   34. 
teann,  serré,  32. 
tiormaich,  sec,  407. 
tulg,  bercer,  407. 


IV.  Gallois. 


(Voir  pp.  45-54,   56-62,64-67,71-74,77-83,90,   135,    155,    156,    163, 
164,  221,  222,  224,  233,  249,  282,  317-356,  390,  450-453.  455,   458.) 


a,  o,  51. 

a,  de,  51. 

afal,  afol,  pomme,  51. 

adar,  oiseaux,  53,  54. 

adargop,  araignée,  54. 

addas,  convenable,  213. 

Afrella?283. 

agos,  hagos,  près,  136,  325. 

ail,  eil,  second,  225,  374. 

-ais,  -as,  -es,   -is,  ire  pers.  sing.  de 

l'aor.,  81. 
-aist,  -ast,  -est,  -ist,  2e  pers.  sg.  de 

l'aor.,  81. 
alch,  gril,  373. 
ail,  autre,  374. 
alltraw,    pi.    on,    dignitaire    chargé 

d'élever  les  enfants  des  rois,  284. 
allwedd,  clef,  221. 
aimant,  amande,   334. 
am-,  284. 
Ammwn,  283. 
amryvael,  amravael,  varié,  différent, 

284. 
amrywedd,  multiforme,  284. 
Anna,  282. 
anner,  génisse,   52. 
annwfn,  l'autre  monde,  253. 
anwyntio,  oindre,  77. 
archddiagon,  archiagon,  archidiacre, 

48. 
arfedd,  dessein,  intention,  446. 
arfeddu,  avoir  dessein,  446. 
ar  neilltu,  à  part,  à  l'écart,  223. 
arogl,  pi.  eu,  parfum,  221,  285. 


Arres,  Arras,  56. 
astalch,  bouclier,  373. 
-awg,  adjectifs,  90. 
awr,  heure,  63. 

baeds,  pi.  baedys,  signe,  56,  66. 

Bangor,  suite  de  hauteurs,  254. 

banw,  pi.  bnwod,  femelle,  82. 

barwn,  baron,  49. 

beddrod,  cimetière,  355. 

ben,  men,  voiture,  336. 

benffk,  benthyg,  un  prêt,  348. 

Benwyn,  373. 

betys.  bettes,  56. 

biach,  bécassine,  339. 

bicra,  bicre,  escarmouche,  56. 

biw,  vaches,  223. 

botas,  (pi.   au),    botys,    chaussure, 

55>  56. 
Botcatman,  223. 
botwn,    botwm,    bwtwm,    bouton, 

50. 
brad,  tromperie,  60. 
braens,  branche,  66. 
bran,  corbeau,  88. 
Briavael,  276. 
bron,  poitrine,  393. 
bronllech,  poitrine,  443. 
Brython,  Breton,  64. 
bûches,  troupe  de  vaches,  63. 
bulas,  bwlas,  prunelle,  50. 
burgyn, cadavre,  50. 
bustych,  taureaux,  81. 
buwch,  pi.  buchod,  vache,  63. 


VIII 


Table  des  principaux  mots  étudies 


buwl,  mulet,  64. 

buyeid,  mwyaid,  hosties,  223. 

bwla,  taureau,  56. 

Bwlwvn,    Boulogne,  69.' 

bwyall,  jçwiall,  gwuallt,  hache,  339. 

bwyd,  nourriture,  372. 

bwvsel,  mwysel,  boisseau,  67. 

bwystfil,  bête  sauvage,  339. 

bvehain,  bvehin,  petits,  81. 

bywyd,  existence,  372. 

cadair,  siège,  72,  79. 

Cadvan,  284. 

Caernarfon,  Cyrnarfon,  Cvnarfon, 
81. 

caf,  j'aurai,  83. 

caffael,  caffal,  cafFel,  cahel,  cael,  ob- 
tenir, 81-83. 

caflfaf,  j'aurai,  83. 

caitoir,  cedor,  pubes,  78,  80. 

Calanmai,  Clanmai,  le  premier  mai, 
61. 

camdda,  canfa,  barrière,  221. 

cannwyll,  cannwll,    chandelle,    81. 

cant,  avec,  par,  299. 

cawr,  géant,  61. 

cecys,  kekysseu,  ciguë,  56. 

cefn,  cefen,  cefyn,  dos,  59,  393. 

cefnderw,  cousin,  222. 

ceiliawg,  coq,  374. 

ceirch,  cerch,  evreh,  avoine,  80. 

Cliarlas,  Charles,  56. 

cigleu,  j'ai  entendu,  118,  119. 

cihit,  c\hyd,    cyd,   aussi  long,  82. 

cimadas,  gl.  par,  213. 

claddu,  fouir,  creuser,  371. 

claear,  cluar,  tiède.  80. 

cleddyf,  pi.  clefydeu,  glaive,  223, 
243. 

klovstr,  cloître,  77. 

elyw,  ouï-dire,  285. 

clvwed,  clwad,  chved,  entendre,  81. 

cneuen,  pi.  enau,  noix,  60. 

cnu,  cnuf,  toison,  60. 

coblyn,  lutin,  58. 

cocas,  dents  de  roue,  56. 

cofaint,  cwfaint,  couvent,  63. 

colomcn.  clomen,  pigeon,  61. 

Constinobl,  CorstinObvl,  Constanti- 
nople,  83,  84,  344. 

corrui,   carrai,  courroie,  51. 

croen,  peau,  83. 

croes,  crôs,  croix,  80. 


crue,  amas,  285. 

Crue  Tan,  285. 

crwc,  seau,  49. 

crvdd,  cordonnier,  61. 

cuchio,  froncer  le  sourcil,  63. 

cuwch,  froncement  de  sourcils,  63. 

kweifyr,  carquois,  47. 

cwfent,  cwfeint,pl.  c\vfannodd,cou- 

vent,  65. 
cwlwm,  clwm,  nœud,  59,  61. 
cwpa,  coupe,  56. 
cwrw,  kwryf,  bière,  59. 
Cydwal,  Cvdywal,  59. 
cyfaddas,  convenable,  213. 
cyfnithervv,  cousine,  222. 
cyfod,  cywad,  cwad,  se  lever,  51. 
cymraeg,  le  gallois,  83. 
cynneu,  allumer,  363. 


dala,  aiguillon,  59. 

dantaith,  mets  délicat,  65. 

defobiwn,    dyfosiwn,  dévotion,  47. 

delvv,  comme,  462. 

detha,  dethe,  deche,  habile,  adroit, 

346. 
deurudd,  joues,  222. 
diddyfnu,  dyfnu,  sevrer,  84. 
din,  dinas,  forteresse,  cité,  385. 
diosc,  dépouiller,  345. 
dirwest,  jeûne,  90. 
Doccu,  Dochou,  281,  293. 
Doewinn,  293. 
dol,  prairie  (traversée  habituellement 

par  une  rivière,  ou  située  sur  ses 

bords)  ;  terrain  plat  d'une  certaine 

étendue,  296. 
drain,  épines,  55. 
druan,  dreuan,  malheureux,  65. 
drws,  porte,  61. 
du,  noir,  63. 
dubgint,  Danois,  447. 
duch,  qu'il  mène,  219. 
dwsel,  robinet,  441. 
dwyfron,  seins,  222. 
dydd,  jour,  64. 
dvddfu,  dévaster,  221. 
Dyfnwal,  Dyfhawal,  59. 
dylyed,  dvled,  dlèd,  droit,  60. 
dylyedawg,  noble,  60. 
dylyu,  deleu,  mériter,  60. 
dyn,  homme:    personne    humaine. 

299. 


au  tome  XXXV. 


IX 


dyrnfedd,    une   main    (un    pouce), 

mesure,  446. 
Dywlais,  63. 

ebrwvdd,  rapide,  229. 

ehedydd,  alouette,  346. 

ei,  son,  326. 

eiry,  eira,  neige,  221. 

eiryoet,  erioed,    ariôd,    jamais,  54, 

81. 
-ell,  sufF.  fém.,  283. 
ellyn,  ellym,  rasoir,  352. 
elor,  civière,  221 . 
emrecholl,  perte  complète,  284. 
Englont,    Inglont,  Angleterre,    53, 

335- 

ennill,  ynnill,  gain,  46. 
ennyn,  brûler,  363. 
enw,  eno,  nom,  342. 
eog,  euog,  saumon,  65. 
epil,  rejeton,  descendant,  221. 
estyvos,  sorte  de  guêtres,  444. 
ewig,  biche,  223. 
evvyllys,  ewllys,  volonté,  62. 

feleic,  prince?  284. 
ffigys,  figues,  56. 
Fflandras  ?  Flandres,  56. 

geiriau,  girie,  paroles,  80. 

giach,  biach,  bécassine,  339. 

glaif,  glaive,  223. 

gnawd,  habituel,  374. 

gogr,  gogor,  gwagar,  crible,  51. 

Griffin,  287. 

guar,  sur,   51 . 

guiantuin,  printemps,  373. 

guystuiled,  bètes  sauvages,  339. 

gwaed,  gwâd,  sang,  80. 

gwaeth,  pire,  223. 

gwala,  i  wala,  assez,  50,  222. 

gwallofi,  verser,   50. 

gwanc,  gwang,  voracité,  91. 

gwancus,  vorace,  91. 

gwasgawd,  gwasgod,  abri,  50. 

gwasgu,  serrer,  345. 

gweddi,  prière,  285. 

gwefr,  ambre,  378. 

Gwefrduvr,  378. 

gwelv,  goela,  pi.   gwelyau,  gwlâu, 

lit,' 61,  83. 
Gwener,  Vénus,  46. 


gwr    priod,    homme   marié,    mari, 

286. 
Gvvrcant,  254. 
Gwy,  258. 
gwyar,  sang,  258. 
gwydd,  arbres,  85. 
gwydd,  sauvage,  85. 
gwvd    Iwdyn,    bête  sauvage,   cerf, 

85. 
gwymon,  gwman,  goémon,  51. 
gwyneb,  visage,  393. 
gwyr,  gwr,  il  sait,  80. 
gwyrf,  gwryf,  gwerydd,  vierge,  59. 

hacen,     hagen,     mais,    cependant, 

136. 
haearn,  harn,  fer,  82,  83. 
hagr,  laid,  223. 
-hau,  v.   a.  et  n.,  rendre,    devenir 

(tel),83. 
haul,  soleil,  61. 
hebr,  dit-il,  364. 
helvg,  saule,  222. 
Henoc,  283. 

hinnith,  cela, ceux-là,  133. 
hinnoid,  cela,  133. 
hinnuith,  celui-b,  133. 
hon  yna,  hona,  celle-ci,  133. 
hospital,  hôpital,  53. 
huan,  soleil,  52. 

hunnoid,  hunnuid,  celui-là,  133. 
hunnuith,  celle-là,  133. 
hvdd,cerf,  86. 
Hytherguent,  46. 

-ig,  suff.  fém.,  223. 
Inniavus,  295. 
Issan,  285. 

Llandochau,  281,  293. 

Llandrindod,  1 14. 

Llan-Dyvriog,  276. 

Llan  Gwrust,  Llanrwst,  62. 

Llan-Issan,  285. 

llaw,  main,  393,  448. 

llaweroedd,    llwerodd,    multitudes, 

82. 
lleian,  linge,  65. 
llewa,  avaler,  349. 
lleyg,  laïque,  82. 
lliain,  linge,  65. 
llith,  appât,  502. 


Tahlc  des  principaux  mois  étudiés 


llonydd,  paisible,  content,  371. 
lluchio,  lancer,  63. 
Uudedig,  boueux,  128. 
lluwch,  amas  de  neige,  63. 
llygadlas,  qui  a  l'œil  bleu,  134. 
llvm,  aigu,  352. 
lovrudd,  meurtrier,  448. 

maccwyf,  jeune  homme,  223. 

mael-,  prince,  69. 

Mainaur  Pir,  Manorbeer,  290. 

mebydd,  professeur,  249. 

meddwl, pensée,  446. 

melon,  (la  peste),  jaune,  397. 

Merchyr,    Marcher,    Mercure,    46, 

59- 
mewn,  à  l'intérieur,  dedans,  393. 

modfedd,  pouce,  mesure,  446. 
morgablou,  gl.  asstuaria,  371. 
moronen,  mororen,  carotte,  344. 
morthwyl,  marteau,  79. 
munud,  mynud,    munyd,    minute, 

58. 
mws,  puanteur,  puant,  135. 
mwvd,  humidité,  135. 
mwyth,  mou,  135. 
myned,  mynd,  aller,  62,  221,  223. 

nawn,  midi,  63. 
naws,  disposition,  63. 
nerth,  force,  212. 
neu,  partie,  verb.,  222. 
Noe,  374. 
Nougui,  374. 

nouidligi,  (vaches)  qui  ont  nouvel- 
lement vêlé,  444,  445. 
nus,  premier  lait,  446. 

o,  ô,  51. 

o,  de,  51. 

-ocl,  28s. 

-oedd,  -o,  plur.,  81. 

oeddwn,  oddwn,  j'étais,  80. 

oestyr,  pi.    oestrys,  wstrys,  huître, 

77- 
ofn,  ofon,  ofan,  peur,   59. 
ogfaen,  fruit  de  l'églantier,  325. 
-on,  283. 
onnen,  frêne,  47. 
orloes,  orlais,  horloge,  66,  67. 

palu,  bêcher,   371. 
papurau.  pura,  papiers,  81. 


passes,  passage,  57. 

paun,  paon,  83. 

pedrv-,  quadrangùlaire  ;  parfait, 
163. 

Penrhyn,  Penthryn,  356. 

perth,  buisson,  221. 

perygl,  perig,  péril,  59. 

posibilrvvydd,  possibilité,  60. 

potaes,  potes,  potage,  57,  66. 

praidd,  proie,  64. 

priod,  (homme)  marié,  (femme)  lé- 
gitime, 286. 

priodi,  pyriodi,  épouser,  61. 

pwrpasa,  pwrpasu,  pasa,  pasu, 
avoir  l'intention,  84. 

pwys,  poids,  319. 

pvvysel,  bwysel,  boisseau,  319. 

Pyr,  289,  290. 

pysg,  poisson,  389. 

rhedyn,  fougère,  222. 
rheng,  rhenc,  rang,  333. 
Rhyl,  80. 
rwfio,  rouler,  81. 
rv-,  part,  verb.,  219. 

sarug,  âpre,  137. 
sedd,  siège,  254. 
seiat,  seiad,  société,  84. 
Sel,  284. 
Selgi,  284. 
sgaer,  part,  64. 
sgubo,  balayer,  46. 
stumiau,  grimaces,  46. 
swrn,  petit  espace,  1  >8. 
svartrysseu,  chartes,  56. 

tatysen,  tysan,  pi.  tatws,  pomme  de 

terre,  84. 
tei,  maisons,  44$. 
teimlo,  sentir,  221 . 
terfyn,  terme,  260. 
tlawd,  tvlawd,    clawd,  pauvre,  61, 

34o,  551. 
to,  toit,  167. 
Trindod,  Trinité,  64. 
troedfedd,  pied,  mesure,  446. 
tudet,  vêtement,  443. 
tudleheu,  caleçon?   441,  443,  444. 
Tudwal,  Tudawal,  59. 
twvmo,  twmo,  chauffer,  80. 
tyno,  vallée,  60. 
tywyrch,  motte  de  terre,  81. 


au  tome  XXXV. 


XI 


uch,  uwch,  en  haut,  63. 
uchedydd,  alouette,  346. 
uchel,  haut,  63,  346. 
Umbrafel?  284. 

veinsians,  vengeance,  67. 

vinegr,  vineg,  vinag,  vinaigre,  59. 

Wear,  377. 
-wyn,  373. 

y,  yr,  le,  344. 
y  dan,  sous,  132. 
ym-,  284. 

y  mywn,  mywn,  à   l'intérieur,  de- 
dans, 393. 


yna,  yno,  ene,  là,  46,  133. 

ynaeth,  ynoeth,  là,  133. 

ynys,  île  ;  terrain  sur  le  bord  d'une 

rivière,  46,  290. 
ynys  Pyr,  289. 
ysgarmes,    sgarmes,    escarmouche, 

ysglatus,  sglaits,  ardoises,  64. 

ysgol,  école,  345. 

ysgol,  ystol,  échelle,  345. 

Ysgotlond,  Ecosse,  335. 

ysgrifennu,  scrifennu,  écrire,  46. 

ysgub,  balai,  46. 

ystola,  étole,  56. 

Ywen,  Owain,  474. 


V.    CoRNIQUE. 

(Voir  pp.    45,  47,   53,  101,   143,  M6,  i47>  H9>  151-164,  301-305,  307), 
309-316,  450-467-) 


a,  part,  verb.,  462,  463. 

a,  que.  463,  464. 

âges  cara  whi,  cara  why,  vous  ai- 
mer, 460. 

an,  le,  462. 

angie,  angi,  angy,  à  eux;  eux,  ils, 
460-462,  465. 

a  than,  de  dessous,  131. 

Austole,  296. 

biw,  vaches,  223. 
bolongeth,  volonté,  449. 
Bosworlas,  147,  149,  450. 
Botsorn,  158. 

braz,  braoz,  grand,  147,  155. 
breze,  esprit,  155. 
broz,   browz,    ajoncs,    brindilles    à 
brûler,  155. 

caer,  siège  fortifié  d'autorité   civile, 

301. 
Carn  Gluz,  155. 
chee,  à  toi,  toi,  459,  462,  46$. 
clathva,  enterrement,  371. 
Coelling,  198. 
Comoere,  200. 
Conan,  199. 
cruyth,  béquille,  449. 
cudden,  pigeon  sauvage,  163. 


cuske,  dormir,  456,  457. 

dasserghy,   datherghy,    part,  dath- 

serghys,  ressusciter,  449. 
del,  comme,  463. 
den,  homme,  299. 
Dinurrin,  280. 

diz,  grande  profondeur,  153. 
Donan  ?  199. 
Doquinn-,  293. 
drey,  dry,  apporter,  448. 
druyth,  druth,  favori,  448,  449. 
dup?  noir,  448. 

e,  son  ;  le,  lui,  460. 
ellam,  je  puis,  466. 
eve,  le,  lui,  461,  462. 

fath,  face,  449. 

Geraint,  Gerrans,  309. 
gol-,  fête,  450,  4SI. 
Golent,  Golant,  216. 
goon,  marais,  156,436. 
guaintoin,  printemps,  373. 
Guerthour,  378. 

Gwealelavellan,  le  champ  du   pom- 
mier, 215. 
gwern,  aunes,  158. 
gwr  priot,  homme  marié,  mari,  286. 


XII 


Table  des  principaux  mois  étudiés 


Gwvthian,  285. 

Hail,  estuaire,  endroit  où  les  flots 
marins  rencontrent  ceux  d'un 
fleuve,  294. 

liai,  marais,  salant;  pièce  de  terrain 
d'alluvion  sur  le  bord  d'une  ri- 
vière; lande,  bruyère,  456. 

haloin,  sel,  373. 

Hèn-drea,  146,  154. 

henna,  celui-ci,  133. 

honua,  celle-ci,  133. 

lan,  centre  d'autorité  ecclésiastique, 

301. 
Lan-Alet,  Lanaleth,  280,  308. 
Landewednack,  312. 
Landoho,       Landohou,     Landeho, 

Lanhoho,  Lanho,  Lannowe,  292, 

293. 
Landuuithan,  Lawhitton,  198. 
Lanmoren,  Lammoran,  296. 
Lannwethnoc,  Lan-Guihenoc,  294. 
Lansalwys,  Lanthalwys,  449. 
lathve,  clouer,  449. 
lavalow,  pommes,  215. 
li  déjeuner,  502» 

mab-iar,  poulet,   157. 

me  a  vee,  j'ai  eu,  467. 

me  ew  henwis,  je  suis  appelé,  143, 

144. 
murryan,  fourmi  ;  petite  fille,  163. 
mynne,    vouloir  ;    signe   du   futur, 

466. 

neyle,  nyll,  eyll,  l'autre,  574. 

ni,  nei,  à  nous,  nous,  460,  462, 
465. 

noon,  le  marais,  bas-fond  maréca- 
geux, lande,  215. 

orna,  je  suis,  466. 

on,  agneau,  1 56. 

orth,  worth,  o\v,  owth,  a,  en  (fai- 
sant), 464. 

ow,  a,  mon;  me,  moi,  459. 

ow  har  vy,  a  har  ve,  kar  ve,  mon 
ami,  459. 


palas,  bêcher,  371. 

pandra  el,  drel,  ce  que  peut,  465. 

Parc  an  vern,   1  58. 

Petrockshire,  304. 

pith,  puits,  152,  456. 

plath,  place,  449. 

Polton,  Pawton,   198. 

praz,pré,  147,  154. 

Pydershire,  304. 

-r,  passif,  467. 

ra,  que  (optât.),  464. 

ra,  il  fait,  464,  466,  467. 

Rosmergî,  147. 

Rospegh,  Rospeth,  le  petit  Ros,  153. 

sorn, coin,  158. 

spath,  espace,  449. 

tero,  qu'il  était,  463. 
theram,  j'étais,  465. 
thurtam,  d'auprès  de  moi,  465. 
Toi  davas,  162. 
Towédnack,  314. 
Trelodavas  ?  162. 
Tre  véan,  146. 

Triger,    Trager,    Treger,     Tryger, 
161,  295. 

ve,  vy,    vi,    à  moi;    11101,459-461, 
465. 

weal,  hwil,   travail  ;    mine   (travail 

de  mine),  151,  156. 
Wedian,  285. 

whi,  whv,  hwei,  vous,  460,  465. 
Winianton,  Winnington,  312. 
Winniavus,  Winiaw,  295,296. 
Winnoc,  296. 

v  beth  ev,  peth  eve,  sa  propriété, 

459- 

vin,  em,  0111,  uni,  se,  464. 

vm  gvlwyr,  on  m'appelle,  144. 

yn  dan, sous,  132. 

vth,  th-,  part,  verb.,  463,  464. 

zoer,  colère,   157. 


au  tome  XXX Y. 


XIII 


VI.  Breton  armoricain. 

(Voir  pp.  107,  108,  129-132,  134,  181-183,  242,  312,  318,  320,  322,  325, 
327,  330,  332-334,  336-338,  340,  342-3)2,  354,  355,  37°,  43!-439>  47°, 
484,489,  492,  493,  516,517,  524,  526.) 


a,  ô,  51. 

a,  de,  51  ;  a  i,  ag  i,  de  son,  189;  a 
...  e,  a...  da,  de  (jour)  en  (jour), 
504. 

-a,  -arï,  ire  pers.  sing.  ind.  prés., 
505. 

-a,   3e  pers.  sing.  ind.  prés.  184. 

abarz,  abarh,  bac'h,  dedans,  dans, 
26,  56. 

a  causs,  à  cause,  78  ;  a  gaust  men 
dé,  a  gochtë  mi  ma,  parce  qu'il 
est,  183  ;  a  goch  mi,  a  gochët  mi, 
parce  que,  190:  a  goch  të  bërek? 
à  cause  de  quoi?  pourquoi  ?  28. 

achaeson,  motif,  76. 

adran, derrière,  23,  189. 

aegr,  aigre,  70. 

aegraff,  aigrir,  70. 

aer,  (a)el,  couleuvre,  22. 

aer,  fém.  -es,  héritier,  76. 

aer,  aer,  iér,  air,  7,  70. 

aerion,  ourlet,  475. 

aes,  aez,  aisément,  70. 

afer,  affaire,  70. 

afour,  en  foule,  3  >  1 . 

Afroc,  283. 

ahanëma,  d'ici,  189. 

ahent,  ahenn(t),  bœufs,  11,   176. 

Ahés,  492. 

-aig,  -aich,  330. 

aigl,  aigle,  70. 

-ailh,  pi.  ou,  481. 

a  indan,  (ci-)dessous,  131. 

-aj,  suff.  souvent  péjoratif,  433. 

akloueten,  aiguillette,  326. 

a  kochté,  à  côté,  189,  190. 

akr,  hakr,  hideux,  223. 

alamahdes,  alamantes,  almarïdes, 
aimantes,  amandes,  55,  334. 

Alan,  Alain,  479. 
Alanic,  petit  Alain,  479. 
Alar,  Aler,  Eler,  475 . 
alazn,  halan,  haleine,  79,  355. 


alc'houez,  ec'hloué(r),  clef,  22,  24, 
346. 

aldoc'h  hui,  suivant  vous,  dites- 
vous,  187. 

Allamaign,  Alamaign,  Allemagne, 
55,69. 

alum,  alun,  alun,  352. 

amaill,  émail,   54,  70. 

aman,  ici,  56. 

amanen,  amonen,  beurre,  52. 

amant,  amand,  amende,  511. 

amant,  amantaff,  amantifu,  expier, 
506  ;  amantein,  «  amander  de 
prix  »,  511. 

-amant,  adv.  490. 

ambuig,  embûches,  54,  68. 

amoric,  amourette,  129,   130. 

ampechaf,  empêcher,  08. 

ampeig,  obstacle,  68. 

ampire,  empire,  54. 

ampoeson,  anpouizon,  anpouzon, 
poison,  26,  75. 

anizé(r),  temps,  23. 

anaffon,  anaon,  âmes,  500. 

ana(l),  ana(r),  souffle,  22,  23. 

anaùet,  connaître,  185. 

anclinet,  poussé  (à  croire),  507. 

ander(ù),  après-midi,  26. 

andùilhenn,  andouillenn,  andouille, 
503. 

anëhori,  de  lui,  178. 

anëhonn,  comme  cela,  24. 

aneouid  en  des,  anëoui  des,  il  a  froid, 
27. 

ahnë,  enclume,  5. 

annegarat,  hanegarat,  anegarat,  l'ai- 
mable, 132. 

anon,  là-bas,  189. 

an  re  se,  (ar)  re-ze,  er  ré-zé,  ceux- 
là,  133. 

anùér,  anùîr,  génisse,  5,  13,  15. 

ahzë,  aine,  annë,  là,  5,  18,  24. 

Aogust,  Ogust,  Auguste,  478. 


\l\ 


table  des  principaux  mots  étudiés 


aon,  aoun,  eun,  peur,  u,  343,  500. 
aouglhen,  lavoir,  16. 
apotiquaer,  apothicaire,  70. 
appaesaff,  apaiser,  70. 
apparaill,  appareill,  appareil,  70. 
appoeaff,  appuyer,  75, 
appoentaff,  appointer,  75. 
ar,    sur;    ar  en  dé,  de  jour;  ar  me 

nac'h,  de  toute  ma  force,  190  ;  ar 

er  vri,   ar   vri,  sur   la    lisière  du 

champ,    27,   175;   ar  d'ër  lengn, 

vers  le  haut,  189. 
ar-,  446. 
archdiagon,  archdiagoun,  arriagon, 

archidiacre,  48. 
ardran,  derrière,  189. 
ar  dro,  vers  (3  heures),  189. 
arem,  arëm,  airain,  10. 
argant,  harchant,  argent,   325. 
argoez,  ar^ouez,    aroez,   signe,  74. 
ar  gorv    ër  sëheuu,  sur  la  semaine, 

190. 
ar(hjë,  anrë,  de  nouveau,  9,  24. 
armel,  armoire,  350. 
anxrion,  gl.  atroces,  223. 
arraig,  rage,  6S. 
arrêta,  j'arrête,  505. 
arù,  sillon,  4,  7. 
arùen,  (le)  chêne,  4,  172. 
arvez,  il  considère,  446. 
ascolenn,  ciiarJon,  4>. 
ascourn,  ascouorn,  pi.  achkern,  os, 

4,  65. 
asët,  assez,   188. 
asquipet,  équipé,  54. 
assaign,  en-eigne.  54,  70. 
assaill,  arsaill,  assaut,  $2. 
astandart,  étendard,  54,  5  34. 
astennet,  étendu,  54. 
-at,  plur.   collectifs,  176. 
atau,atao,  toujours,   14,  56,  477. 
attanoc,  ailé,  53. 
aùé(l),  vent,   23. 
autramant,   autremant,    autrement, 

55,  7»- 

autrou,    aouirou,    seigneur,     mon- 
sieur, 5,   15,  494. 
avaléchat,  pommiers,  176. 
avoka.l,  avocat,  330. 
awal,  semblable,  6,  20- 
awalc'h,  assez,  51,  60,  222. 
a  youll  mat,  de  bon  gré,  500. 
a  zan,  de  dessous,  131. 


azeit,  ajeit,  asseyez-vous,  18,  21. 
aziar,  de  dessus,  21. 
a  zindan,  a  zedan,  a  e'idan,  de  des- 
sous, 131. 
azr,  aer,  er,  serpent,  78. 

badéent,  bazëgen,  bazéien,  baptême, 

19. 
baelec,  belek,   prêtre,  78,  108;  pi. 

beleion,  13. 
baetes,  bettes,  5$,  70. 
bam,  nous  étions   (habituellement), 

5- 

bamde,  chaque  jour,  180. 

bamnoz,  bemnouz,  chaque  nuit, 
180,  181. 

banal,  bala(z)n,  genêt,  79. 

bann,  ban,  je  suis  (habituellement), 
5,  181. 

bannein,  chanceler,  481. 

ban^t),  ils  sont  (habituellement), 
5,  181. 

bara,  pain,  484. 

barat,  tromperie,  484. 

baraban,  charrue  moderne,  28. 

baradoes,  baradoz,  barazoez,  para- 
does,  paradis,   76,   79,  317,  327. 

barat,  fraude,  60. 

Barban,  Barbe,  5  5. 

barbotât,   bavarder,  173. 

barh  er,  bé'r,  dans  le,  5,  175,   189. 

barùengn,  bouillir,  4,  7. 

bastart,  f.  bastardes,  bâtard,  334. 

baus,  baos,  baoz,  maos,  litière  qu'on 
met  dans  la  cour  et  da..s  les  che- 
mins à  pourrir  pour  taire  du  fu- 
mier, 135    136. 

baz,  bad,  ixuon..  348;  bac'h,  pi. 
bich  iv,   bich'ir,  13,  177. 

bë,  (s'iljest,  183. 

bé,  dans,  189. 

beauselenn,  bouse,  135. 

bed  es,  bëz  es,  il  y  a,  27. 

bëdik',  jusqu'à,  189. 

bêg'ek,  bêta,   benêt,  7. 

bëhëm,  bëhom,  nous  serions,  182. 

bëhenn,  je  serais,  182. 

bëhoc'h,  vous  seriez,   182. 

bêler,  cresson,  350. 

bellou,  buttes,  506,  507. 

bë  nie(s),  j'ai,  183. 

bemdez,  bamdé,  chaque  jour,  54. 

ben,  pour  (lors),  189. 


au  tome  XXX  V. 


XV 


Benaet,  Benoît,  76. 

ben  bin,  (pour)  demain,  13,  28. 

bének,  quelconque,  6,  17. 

ben^n,  je  serai,  182. 

bennoez,    bénédiction,  347;  bennes 

Toue,  bénédiction  de  Dieu,  mer- 
ci, 318. 
beo,  béù,   bihue,    vif,  vivement,  8, 

46. 
beoz,  beous  (war  ar  -),  sur  la   rue, 

dans  la  ca  npagne,  dehors,    135. 
bep  sëhërïn,   chaque  semaine,  173. 
ber,  bér,  bir,  court,  13,  151,159. 
bér,  bir,  broche,  13,  151. 
bered,  bedred,  cimetière,  355. 
berdér,  frères,  27. 
Bernéan,  108. 
Bernilis,  108. 
Bërtonet,  Bretons,  27. 
berzut,  burzud,  berhut,  miracle,  57. 
bet,  bët,  pët,  être,  5,  9,  14,  26,  173, 

179-183,   186;  avoir,    182,   183; 

ha  bë(t)  mi   ma,  ha  bëz    i    ma, 

bien  qu'il  soit,  191. 
bët,  pët,  (j'ai)  été,  18,  182. 
bét,  monde,  9. 
bëtag,  jusqu'à,  189. 
bëtënengn,  fumer,  173. 
béùahs,  nourriture,  9. 
béùen,  lisière,  bordure,  8. 
bevraig,  breuvage,  68. 
bevan,  nourrir,  136. 
bezell,  beadel,  bouse,  136. 
bëzen,  j'étais  (habituellement),  181. 
bëz  es,  il  y  a,  18,  182. 
bezez,  tu  es,  83. 
bezo,  bezou,  il  sera,  129,  500. 
bëzoc'h,  vous  étiez  (habituellement), 

181. 
bëz  on  pët,  j'ai  été,  182. 
biek,  bouche,  7. 
biel,  vielle,  336. 
biëù,  bouleau,  12. 
bihan,  petit,  peu,  17,  172,  188. 
bijab.men,  bizabonen,  taon,  21. 
bilen,  villain,  vilain,  70. 
biohn,  vite,  15. 
bisaig,  visaig,  visage,  68. 
biskouec'h,  bichkouec'h,  jamais,  6, 

21. 
bitaill,  bytayll,  victuailles,  70. 
biu,  vaches,  223. 
biùek,  pi.  biùiniëù,  outil,  24,  176. 


bizëù,  anneau,  18. 

blarïk,  sou,    175  a  vlatïk,  d'un  sou, 

177. 
blaveola,  bleuet,  55. 
blaz  fal,  via  fal,  mauvaise  odeur,  via 

wat,  bonne  odeur,  19. 
bleija(l),  crier,  8. 
bleiz,  loup,  64. 
bliëù,  cheveux,  12. 
blizien,  glyzen,  gluizen,  année,  339. 
bloaz,  blâ,  an,  79  ;    blé,    bliy,  blië, 
1 3  ;  bloaz  ha  tregont,  trente  et  un 

ans,  241. 
blondaff,  être  blond,  334. 
blonec,  blounhec,  saindoux,  48. 
blont,  blond,  334. 
bloupt,  mou,  14. 
bo,  il    sera,  pe   wo,  quand    il  sera, 

171. 
boaz,  coutume,  336. 
boc'h,  bouc;  gros,  177. 
bocqedou  Santés  Mac'harid,  boquêt- 

teu   Margarite,   bokodo  Marc'ha- 

rid,  marguerites,  478. 
boelleu,  bolëù,  boyaux,  26. 
boesell,  poesell,  boisseau,  317. 
boest,  boîte,  75. 
boetes.   bettes,  55. 
bok,  pok,  baiser,  317. 
bolontez,  volonté,  449. 
bolot,  pelote,  317. 
Bon,  Yvon,  474. 
bonbonen,  gâteau,  bonbon,  177. 
Bonik,  Yvon,  474. 
borengn,  borgne,  11. 
borh,  boc'h,  bourg,  22. 
botes,  souliers,  55. 
botines,  bottines,   55. 
boued,  nourriture,  372. 
bougat,  lessive,  15. 
bougjlë,  enfants,  6,  9,  15. 
bouitat,  donner  à  mangera,  173. 
bouiorh,      boug'ioc'h,      boudioc'h, 

chevreuil,  19. 
boulom,  mari,  28. 
bour.ap,  comp.  bourapoc'h,  agréable, 

27. 
Bourgoing,  Bourgoign,  Bourgouinn, 

Bourgogne,  69,  349. 
bout,  bët,  être,  181. 
boutaill,  bouteille,  70. 
bouzal,  sourd,  19,  22. 
bow,  si  !  14,  189. 


XVI 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


bozëù,  touffes,  18. 

brae,  broie,  76. 

brahaing,  bréhaigne,  70. 

Bran-,  bren,  brin,  colline,  108. 

brandelëù,  béquilles,   19. 

bras,  braz,   brawz,   grand,   très,  17, 

i)5,  172,  173- 
brat,  tromperie,  60. 
braù,  beau,  172. 
breig,  trouble,  68. 
brein-pezel,  brein  -puzul,  tout  à  fait 

pourri,  140. 
Breiz,  Bretagne,  64. 
breman,  brëman,  maintenant,  5. 
brënch,  poitrine,  12. 
brend'i,  breng'i,  corbeaux,  19. 
brérek,  brëzek,  beau-frère,  18. 
breuk,  bruyère,  10. 
breum,  brouillard,  10. 
breusk,  brusque,  10. 
brigandinou,  brigandines,  334. 
brigantet,  brigands,  334, 
Brioc,  276. 

bro,  brou,  pays,  14,  504. 
broe'h,  jupe,  433 . 
bron,  bren,  Ber-,  mamelon,  108. 
brout,  ardent,  48. 
bues,  gl.  bouello,  346. 
bugel,    bugul,    bëg'ul,  berger,  petit 

pâtre,     10,    57  ;   bëg'ulés,  pi.    ër 

vëg'ulézet,  jeune  bergère,  172. 
bugul  noz,  butin,  398. 
buoc'h,  bioe'h,  beuc'h,  vache,    11, 

63. 
burutel,  blutoir,  60. 
butun,  bëtënn,  tabac,  10,  57. 
byzvyquen,  jamais  (plus),  488. 

cabiten,  capiten,  kapitenn,  capitaine, 

11,70,  327. 
cadoer,  kador,    kazùir,    chaise,   13, 

79- 
Caerahes,  Kerahes,    Carahais,  Car- 

hés,  Carhaix,  492. 
caereli;  garell,  belette,  318. 
cafaf,  je  trouve,  83. 
cagal,  crotte,  60. 
calloch,  callouch,  entier,  48. 
calon,  caloun,  cœur,  48. 
camadas,  gl.  habilis,  213. 
camarat,  camarade,  329. 
cambre,  toile  fine.  70. 
cantoell,  kantol,  chandelle,  79. 


cantoeller,  cantoller,  chandelier,  79. 

car,  voiture,  151. 

caraf,  j'aime,   505. 

Carbout,  chaussée,  452. 

carg,  charge,  338. 

carnel,  charnier,  538. 

carotes,  carottes,  55. 

carteron,     cartouronn,      quarturun, 

quarteron,  quart,  489. 
caus,  cause,  78. 
cazr,  kaer,  ker,  beau,  78. 
certen,  certain,  70. 
certes,  certes,  510,  511. 
cerues,  cervoise,  76. 
chaing,  échange,  68. 
chaingus,  chanjus,   chanchus,   cen- 

chus,  ceihehus,    changeant,  508, 

509. 
chamoes,  chamois,  75. 
charmé,  ennui,  479. 
charaing,   charoigun,  charogne,  60, 

76. 
chardrenn,  sardine,  12. 
charons,  vesce,  320. 
charréat,  charat,  charrover,  26. 
chas,  chach,  chiens,  22,  55. 
chase,  chasse,  55. 
chaudouroun,  chaudron,  60. 
chaw,  (votre)  cheval,  22. 
chechehgn,  appuver,  6. 
che^rehn,  chagrin,  6. 
chekengn,  mâcher,  6. 
chëlëùët,  écoutez,  169. 
chenchafT,  changer,  57,  68. 
clierrein,  sirengn,  ramasser,  22. 
cherret  en   or,  sir  en  our,  fermez  la 

porte,  27. 
chë(t),  (ne)  pas,  18. 
chëteu,  chëtë,  voilà,  10. 
cheueten,  capitaine,  70. 
chëzel,  écuelle,  10,  18. 
chibouéchat,  chasser,  22. 
cbibouéchour,  chasseur,  22. 
chich(t),  cidre,  27. 
chiijnarï,  grenouille,  22. 
chik',  chut!  192. 
chi'.  onen,  écume,  479. 
chklom,  nœud,  14. 
chkolér,  chkoulér,  chkouléi,   maître 

d'école,  9. 
choanenn,  puce,  321. 
choas,  choix,  "  5. 
choaset,  choisi,  75. 


(7/7  tome  XXXV. 


ehorïjal,  penser,  185. 

chopinad  chistr,  chopina  chich,  verre 

de  vin,  27. 
c'houibu.    libu,  fubu,   moucherons, 

c'houirinaden,  hennissement,  321. 

c'houirinat,  hurunat,  hennir,  37. 

choum,  chom,  soum,  rester.  538. 

chparn,  épines,  4,  21. 

chpés,  clair,  9,  2 1 . 

chpinot,  groseilles.  14. 

chpiyen,  épingle,  21. 

chtal,  chtal  mi,  comme,  3  ;  chtal- 
doc'h,  comme  vous,  chtaldon, 
chtaldonn,  comme  moi,  chtalton, 
comme  lui,    178. 

chtarn,  métier  (de  tisserand),  har- 
nais, 4,  21. 

chtéren,  étoile,  21. 

chudellad,  cheulat,  chëlat,  écuellée, 
19,25. 

chuec'h,  fatigué,  22. 

chuiy,  répandre,  22. 

cigoing,  cigogne,  69. 

cim,  cin,  singe,  352. 

claza,  claouein,  fouir,  creuser,   371. 

clom,  nœud.  61 . 

clouet,  ldeut,  pi.  cloedou,  barrière, 
10.74. 

coaent,  coant,  coent,  joli,  7$. 

coarch-,  chanvre,   \ 3  3 . 

coatdou,  des  bois.  329. 

coeff,  coiffe,  73  ;  koui(f)  pihan, 
bonnet  sous  la  coiffe,  17. 

Coetbot,  108. 

Coetleu,  108. 

Coetquidan.   107.    108. 

coff,  couff,  souvenir.  48. 

cogant,cougant,  certain,  48. 

coing,  coinn,  coin,  73. 

Coitlouh,  108. 

colcet,  golc'hed.  goc'hlet,  couette, 
matelas,  22,  3 18. 

collaichou,  collèges,  68. 

commandamant,     commandement, 

55- 
Commor,  276,  277. 
compaignun,  compagnon,  69. 
compoes,     compès,    compos,   cam- 

poes,     campouis,    uni  :    (cousin) 

germain,  452,  498. 
cori,  coun,  chiens,  48. 

Revue  Celtique,   S  S  XVI.  —   Table. 


conclual'f,  conclut,  conclure,  306, 
507. 

controunenn,  ver,  336. 

corn,  coarn,  coin,  corne,  63.    138. 

corsen,  gorzenn,  roseau,    3 18. 

cosni,  caducité,  140. 

coubl,  couple,  333. 

coublaff,  coupler,  335. 

coulât,  se  souvenir,  308,  309. 

couffablenn,  pi.  coabrennou,  nuage, 
82. 

couhat,  kaouad,  gahouat,  accès,  on- 
dée, 318;  goba  tan,  flambée,  feu 
de  joie,  43 1 . 

counge,  congé,  48. 

countradou,  contrats,  48. 

couraig,  courage.  67. 

courtes,  cortes.  courtois.  48,  7(1. 

coz,  couoc'h,  vieux,  63. 

credaff,  creda,  je  crois,  303. 

crenna,  je  tremble,    503. 

crom,  courbe,  48. 

crouc,  gibet,  48. 

croumaf,  courber,  48. 

cudon,  ramier,  163. 

Cunan,  Conan,  276. 

da.  à,  304:  dëwonet,  à  aller,  171  : 
de  zan,  (envoyer)  sous  (bois),  131. 

da,  de,  ton,  36,  468-470. 

daël,  dispute,  38. 

daes,  dais,  70. 

dalae,  dale,  54,  70. 

dalhët,  retenez,  187. 

dambedibedoujën  !  480. 

damesel,  dernesel,  dimezel,  demoi- 
selle, 76. 

dan,  (quand)  je  vais  :  je  viens,  186. 

daoulagad,  veux.  222. 

daoulin,  doulin,  douglin,  dëùlin, 
genoux,   11,  1 34,  222. 

daouzorn,  daouzourn,  daouarn. 
deourn,  mains,   14.  131. 

dar,  dalle,  331. 

dam,  un  certain  nombre,  181. 

daroueden,  pi.  tarwed,  dartre,  317. 

dastum,  destum,  amas,  assemblage, 
recueil,  collection;  action  d'amas- 
ser, 138. 

dastumer.  celui  qui  amasse,  recueille, 
138. 

dastumi,    destumi,   dastumein.  da^- 


29 


Table  des  principaux  mois  étudiés 


umi.  destum,  dachteum, amasser, 

ramasser,  assembler.  [O,  [38. 
datolaham,  gl.  lego,  s<s- 
davantaig,  davantag,  davantage,  68. 
dazrou,  daerou,   dareu,  larmes.  78. 
de  ben  ër  bli.  dans  un  an.   i<Sg. 
debocli,  débauche,  78. 
deboner,  débonnaire,  71). 
dèbrein,  diebengn,    giebengn,    g'ie- 
bengn,  g'ebengn,  manger,  7.  19, 
27,185. 
debrit,  mangez,  490. 
debruan,    debran,   debron,    dibran, 

démangeaison,  a  >  3. 
déch'et,  vêtements.  6.  22. 
defaet.  de  t'ait,  7c. 
dëgavet,  vers,  chez,  190. 
dëhe,  à  eux.  8. 
dëhofi,  a  lui.  1  ).   1 7<S. 
dëhonn,douhonn,  par  là-bas.  15. 
dehou,  a  lui.    1 3. 
dei,  tenez.  i<S6. 

dein  mé,  deiï(n)-më,  den(n}-mëgn, 
dengn.  à  moi.  par  moi,  9,  17.  2  \. 
25,    186. 
deit.  venu.   186. 

deiz.  ii^v.  dé,  jour,  64,    |S,S.  504. 
dé(l),   dé(l)iëù,     feuilles,    sing.    dé- 
liëuen,  2}. 

delchell,  drëhel;  tenir.  59,  icSo. 

delé.  deli,  dette.  60. 

delectationou,  jouissances.  506,  ^07 . 

déléiet.  devoir.  185. 

deléour,  pi.  deléerion,  débiteur,  60. 

dëliaù,  dëriaù,  dëliar,  feuillage,  22, 
25. 

dem,  daim.  70. 

demat,  bonjour,    |.88. 

den,    denn,     homme:    créature   hu- 
maine,   11.   156,  299. 

d'en  d'ias,    d'en  g'ias,  en  bas,   19. 

deoch,  à  vous,  4 .S 7 .    )}S8. 

d'ëilengn,  eu  haut,  187. 

d'er  lue.  en  haut,  187. 

dërùéchat,  chênes.  [72,  176. 

desi,  gl.   acervos.  ;  [8. 

dëskengn,  apprendre,  10. 

désolation,  désolation,  508. 

désole,  désole(-toi  ),  509. 

déù,  f.  diù.  deux.  172,  174,  175. 

deucht(oh),    savoir  si  ;  deuchtoh  mi 
ma,  quoiqu'il  soit,  lui . 

dëùengn,  pondre,  10. 


dëùzek,  douze.  18. 

dëval,  descendre.   172. 

devéhat.  dëhat,  dahat.  tard,  2;. 

dever,  devoir,  76. 

devi,  brûler.  1 59. 

dévotion,  dévotion.   >OiS,   ;og. 

devadoh,  dazoc'h,    vers  vous,    chez 

VOUS.   2),    190. 

dëz.é,  par  là,  1  ; . 
dezolet.  dizolet.  désole,    509. 
dezuez.  derwez,  journée.  171. 
dian  evor,  par  cœur,   ni. 
diaoul.  diable.  500. 
dichparti,  séparation,  limite.  [69. 
dichpeut,  dispute.  10. 
dichputal.se  disputer.   172. 
Did,  Marguerite,    178. 
Didik,  petite  Marguerite.  478. 
didan-douar,    (un)  souterrain.  151. 
didanna,  mettre  dessous,   131. 
diek,  dix.  7,  1 74,  175 . 
digor,  digour,  ouvert.  4.    17. 
dihënn,  éveillé.  6.  12. 
dihoallet.  diwolët,  prenez,  garde.  2(->. 
dihuenët  a.  empêcher  de.   [89. 
dihunët,  éveillé.  6.  12. 
dilënn,  lundi.   12. 
diliuarafi.  délivrer,  60. 
dimézengn.  marier,  10. 
dimolhe.  il  délirerait.   506. 
dindan,  didan,  dedan,  dindan.  din- 
dann.    dinann,   dignenn,  dignèn, 

sous,   dessous,   1  jp- 1  ',2. 
dindan.  (  le)  dessous,  131. 
dioueret.  divoeret,  être  privé  de.  82. 
direk,  devant,  6. 
dirolla,  se  débaucher.  ;o6. 
diskoa,  épaules,  222. 
diskouarn.  oreilles.  222. 
diùachel,    diùechel,    diochel,    deux 

ailes.  20. 
diùar,  jambes.   172. 
diuisquatV,  dévêtir.   545. 
divez,  hn.   545. 

divlas,  diblas,  (peine) amère,  508. 
dizoen,    dizouguen,  diouguen,  part. 

dizouguet,     diouguet,     apporter, 
1  3] . 
dleaf.  je  dois.   505. 
dlefe,  glete,  devrait.  540. 
dluz,  dloh,  dleuh,  duluf  truite.  1  1, 

60. 
doe,  doue,  Dieu.  487.   pSN. 


il it  tome  XXXV,. 


Xtt 


does,  dues,  serré,  74. 

dohëm(p),  envers  nous,  10,  178. 

dohengn,  envers  moi,  178. 

dohonn,  envers  moi,  178. 

Dohou,  Tohou,  293. 

domaig,  doumag,  dommage,  68. 

Dom  Alanig.  le  renard,  478. 

donet,  dont,  venir,  62,  180,  186. 

dongerus,  dégoûtant,  52. 

dor,  porte,    en  our,  pi.  dorièù,  14, 

130,  172. 
doru,  dourn,  main,  14,  48. 
douantér,  tablier,  179. 
douar,  doar,  terre,  82. 
doucil,    doulsizl,     doulcil,     robinet, 

clepsydre,  arrosoir,  441. 
douguen,   ha  disouguen,  porter   et 

rapporter,  131. 
dour,  dor,  deur,  eau,  11,  17,  130. 
Dourduff,  447. 
dousenn,  douzaine,   1 1. 
drai(k)  pënek,  quelque  petite  chose, 

17- 

drailhen,  morceau,  lambeau,  ^04. 

drask,  darask,  grive,  60. 

drens,  épines,  55. 

dréù,  coqueluche,  8. 

dré  zan  dorn,  en  sous-main,  en  ca- 
chette, 131. 

dré-îjët,  en  chaleur,  dévergondé, 
12. 

drou(k)  kouk,  mal  à  la  gorge,  17. 

dru,  gras,  ër  ré  zru,  les  gras,  172. 

druoni,  f.  graisse,  175. 

du,  comp.  dufoc'h,  dusoc 'h  ;  sup. 
dufa,  dusa,  noir,  447,  448. 

dubé,  pigeon  pattu,  317. 

duel,  tuel,  duhelen,  robinet,  441. 

duman,  douman,  par  ici,  5,  15. 

durant,  drant,  pendant,  26. 

duvun,  devine,  578. 

duzleenn,  «  ointrole  »,  441-443. 

dyroll,  déréglé,  506. 

dyufflaster,  infamie,  508. 

e,  i,  son,   13,    171,  172,  326,  469, 

470. 
ë,  que;  partie,  verb.,    180,  186. 
é,  i,  que;  part,  verb.,   13,  26,  173, 

174,  180,  186. 
-é,  ë,  il  est,  9. 
é,  3e  pers.  sing.  ind.  imparf.,  9. 


-e(a)h,  noms  abstraits,  8. 

eau,  il,  17,   19,  178. 

ebarz,  dans,  56. 

ëbé(l),  poulain,   23. 

eben,  f.  l'autre,  222. 

ëbët,  aucun,  18,  23. 

ec'h,    huit,   8,    174  ;    ec'h  dé,  huit 

jours,  17. 
-(ë)chat,  plur.  collectifs,  176. 
echt,  moisson,  7. 
echten,  étendre,  6,21. 
édan,    sous,  dessous;  (le)  dessous, 

24.  131. 
ehaffn,  hardiment,  500. 
ehuedez,   huedez,  ec'houeder,  alou- 

eite,  346. 
ehus,  affreux,  8. 
egile,  l'autre,  222. 
eil,  second,  64,  374. 
-ein,  -enn,  -ehgn,  infinitifs,  12,  185. 
eit,  ait,  allé,  8,  186. 
éjoh,  bœuf,  176. 
el,  autre,  6. 
èl,  al,  comme,  5,  191. 
ëlet,  foyer,  10. 
elkcnt,    ak'ien,    at'ien,    cependant, 

tout  de  même,  20,  187. 
elma,  anëma,  comme  ceci,  24,  187. 
Elou,  Elo,  475. 
elsé,  anësë,    comme    cela,    ainsi,  9, 

24,  187. 
em,  mon,  178. 
-ëm,  nous,  9,  10,  178. 
ema,  i  ma,  il   est,    79,   182,  183  ;é 

ma  ret  d'ein,  (i)  ma'tengn,  il  me 

faut,  27,  187. 
eme,  ëraé,  dit-il,  y,  187. 
en,  é,  i,  dans,    13,    189,    504,  506, 

507  ;   en    hou  kule,  'n  hou  k'ëlè, 

dans  votre  lit,  20. 
en,  er,in,  le,  lui,  13,  170,   178. 
en    in,  oiseau,  11,  13. 
endan,  endan,  sous,  130-132. 
(ë)n    d(ë)wou,  (ë)n    dou,  il    avait,- 

182. 
en  eil  ërg'ilë,  l'un  l'autre,  181. 
enes,  enez,  inis,  iniz,  île;  enez,  eue- 
zen,  île;  terrain  sur  le  bord  d'une 

rivière,  46,  290. 
-engn,  moi,  178. 
-enn,  t.  singulatifs,  441. 
enor,  honneur,   130. 


\\ 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


ent,  particule  d'adverbes,  356. 

entina,  mettre  le  feu  à,  incendier, 
159. 

eu  ur  zemant,  'a  our  zëmafit,  en  se 
lamentant,  26  ;  'n  our  zëval,  en 
descendant,  26,  172. 

é  oen,i  wen,  i  wën,  j'étais,  26. 

eon,  écume,  61. 

eontr,  eont,  yont,  pi.  yontet,  oncle, 
27,  60,  61,  356. 

or,  èeur,  ancre,  1 30. 

Eouan,  Erwan,  Yves,  475. 

ër  c'hanërézet,  ër  ganërézet,  les  la- 
veuses, 172;  ër  c'hiuré,  le  vicai- 
re, ër  c'hvi,  le  chien,  ër  c'huizi- 
nërézet,  lès  cuisinières,  170;  ër 
Ghalëùet,  ër  G.ilëùet,  les  Gallos, 
ër  gliar,  la  jambe,  ër  ghou,  ër 
won.  la  taupe,  erhuéc'h,  la  fois; 
ër  hués,  ër  huis,  la  truie,  172; 
ër  ùenn,  les  pierres,  173,  ër 
ùiac'h,  la  fille,  7  ;  ër  wam,  la 
mère,  171. 

ër  :  t'iëm  ër  plat,  le  plat  est  chaud, 
26. 

ér  heure,  7,  17. 

-ér,  on  (fait),  185. 

erben  (in  -),  (à  la)  rencontre,  6. 

erc  h,  neige,  221. 

ère,  ari,  lien,  54. 

erel,  autre,  6. 

ër  g'ilë,  (l'un)  l'autre,  9. 

erien,  eillen,  rebord  d'un  chapeau, 

475- 
eriù,  arrivé,  6. 
ermid,  ermite,  330. 
error,  danger,  510,  511. 
Erwan,  Ervoan,  Yves,  474. 
éryenenn,    pi.    éryenennou,  éryen, 

petite  source   qui    sort    de    terre 

après  les  grosses  pluies,  475. 
esae,  esa,  essai,  79. 
esae,  essayer,  70. 
esceilenn,  gl.  cortina,  45. 
esmae,  émoi,  76. 
esmoli,      diminuer,   (parlant     d'un 

mal),  506. 
espkt,  exploit,  76. 
esper,  espoir,  76. 
esquet,  hesquet,  ombre,  45. 
-et,  plur.,  176. 
-et  inf.,  506. 
-et,  impér.  2e  pers.  pi..  184. 


-ëtan,  sup.  du  part,  passé,  184,  i8> 

-ëtoc'h,   comp.  du  part,  passé,  184. 

-ëù,  -iëù,  plur.,  11,  17,   176. 

(ë)ùë,  aussi,  9. 

(ë)  ùes,  vous  avez,  180. 

euffr,  œuvre,  60. 

Eujeni,  Eugénie,  478. 

euonoc,  gl.  spumaticus,  61. 

eur(c')h,  ordre  religieux.  10. 

euryen,  bord  d'une  fontaine,  475. 

Euzen,  Eozen,  etc.,  Yves,  473,474. 

eva,  ivein,  boire,  46. 

evit,  aveit,  ëùit,  pour,  20,  54,  190  ; 
gwec'h  ëùit  gwec'h,  de  pire  en 
pire,  177;  ëùiJengn,  ëùidonn, 
ëùidon,  pour  moi,  i78,eizon  më, 
18;  ëùiton,  pour  lui,  178;  (ë)ùi- 
zoe'h,  pour  vous,  26. 

euitaff,  euitafu,  éviter,  506,  507. 

Evvin,  Ewen,  108. 

excludaff,  exclure,  506,  507. 

eyenen,  petite  source  qui  sort  de 
terre  après  les  grosses  pluies,  475. 

ez  ve,  effe,  ce  serait,  318;  ef  tell,  il 
manque,  511. 

ez,  part,  d'adv.,  356;  e  feo,  en  vi- 
vant, 318. 

fae,  fi,  76. 

faeçon,  feççon,  façon,  57. 

faet,  fait,  70. 

Faicq,  petite  Geneviève,  496. 

faïg,  faich,  fâcher,  68;  fachëz  on,  je 
suis  fâché,  18. 

falh,  pi.  filch'iy,  faux,   177. 

tamiliaramant,  familièrement,  55. 

faout,  il  faut  ;  fo  toe'h,  que  voulez- 
vous?  5. 

fasilamant,  facilement,   55. 

fasip,  tout  à  fait  semblable,  27. 

fausamant,  à  faux,  55. 

faut,  fault,  faout,  faute,  pi.  fotëù,  5, 
78. 

feiz,  foi,  64. 

fenestr,  frenest,  fënech(t),  fenêtre, 
pi.  fënechtëù,  7,  27,  60. 

feucht,  fût,  10. 

fëùt.  fente.  1 1. 

fi  d'ëm  dênë,  fi  d'em  déno,  fi  d'em 
dero  !  479. 

fiecht,  fête,  sorte  de  danse,  7. 

finesa,  finese,  finesse,  55. 

flachtët,  écrasé,  27. 


au  tome  XXXV. 


KX1 


fiaer,  fiear,  vler,  puanteur,  69,  78. 

fleria,  puer,  350,  351 . 

foi,  fi  !  76. 

foar,  louer,    fore,    15,    75;    fouér 

ùerc'h,  foire  de  mars,  173. 
fonap,  comp.  fonapoc'h,  vite,  27. 
forsët, forcé,  forsë  ma;,  bien  obligé, 

169. 
fouen,  foin,  75. 
fouler,  foudre,  332. 
fourni,  furm,  forme,  48. 
fozel,  fossé,  18. 

frenesy,  frenezy,  frénésie,  327. 
fres,    conséquences   (d'un    procès), 

70. 
fresq,  frais,  70. 
frëvour,  filleul,  27. 
fured,  furet,  330. 
fuzuill,  fusil,  57. 

gac'h,  talus,  22. 

gae,  gai,  70. 

gîedery,  amusement,  510. 

g£eery,  amusement,  510. 

gaes,  gass,  plaisanterie,  510. 

gaeus,  gaeus,  gai,  joyeux,  511. 

Gaid,  Marguerite,  478. 

Gai,  Gallo,  175. 

galant,  mari,  175. 

Galdu,  447. 

Galdubo,  447. 

gallec,  français,  489. 

gallout,  hallout,  gelet,  pouvoir,  185, 
322. 

ganivet,  canif,  318. 

gant,  avec,  par,  299;  get  ër,  gër, 
avec  le,  17,  27,  175;  gêné  m, 
avec  nous,  10,  178,  gueneoch, 
gënoc'h,  avec  vous,  186,  487. 

Garit,  Marguerite,  47,8. 

garloskenn,  darlochkienn,  perce- 
oreille,  340,  345. 

garredon,  récompense,  54. 

gat,  pi.  g'ëzoïî,  lièvre,  16,  18, 
19,  172,  176. 

gavr,  gaor,  gor,  pi.  gévr,  g'eur,  go- 
ret, gorëù,  chèvre,  II,  20,  176. 

gavrik,  gorik,  petite  chèvre,  52. 

gawlot,  fourche,  20. 

(g)echel,  aile,  6. 

g'ëlë,  lit,  9,  10. 

gelùengn,  appeler,  6,  185. 


gêner,  genre,  60. 

Geneuef,  Genouefa,  Genouefe,  Ge- 
neviève, 496. 

Genovefaïcq,  petite  Geneviève,  496. 

genvér,  gënëuér,  janvier,  20. 

geou,  si  !  189. 

germen,  gêrmin,  (cousin)  germai'], 
70,  498. 

Geruoes,  Gerues,  Geruais,  Gelvès, 
Jelvez,  Chelvez,  Gervais,  76, 
498. 

Gelvesicq,  petit  Gervais,  498. 

geun,  yeun,  marais,  156. 

g'i,  ils,  on,  178,  181,  185. 

gibicer,  gibecer,  bourse  ou  po;he, 
484. 

gibicerenn,  gibecière,  484. 

g'ië,  il,  178. 

giz,  kiz,  guise,  317. 

glagn,  glann,  klagn,  rive,  317. 

glas,  glhas,  vert,  16. 

glau,  glao,  glo,  glaw,  glhaw,  pluie, 
16,  78. 

Glaude,  Claude,  318. 

glenn,  klerïn,  genou,  1 1. 

'glëùè  k'ët?  n'entendez-vous  pas? 
169. 

gloan,  laine,  323. 

gloar,  gloire,  75. 

gloat,  glat,  royaume,  323. 

gloep,  gleb,  glheup,  mouillé,  10, 
16,  136,  323;  gleup-teur,  ruisse- 
lant, 17. 

gluebour,  gluebor,  humidité,  130. 

gluiz,  gliz,  rosée,  323. 

gneuiff,  «  apparoir  »,  374. 

gnou,  évident,  374. 

gnouhat,  éclaircir,  374. 

goagren,  petite  glande  entre  la  chair 
et  lecuir,  321. 

goal,  goel,  gol,  mauvais;  très,  6, 
26. 

goalen,  golen,  verge,  26. 

goanac,  espérance, 82. 

goar,  gouar,  doux,  heureux,  i3_|. 

goarigeh,  gorg'iec'h,  gord'iec'h,  loi- 
sir, 19. 

goarnison,  garnison,  garnison,  323. 

gobedi,  copter,  527. 

gobr,  gopr,  salaire,  322. 
God,  vlarguerite,  478. 
Godicq,  petite  Marguerite,  478. 


XXII 


Table  des  principaux  mots  étudies 


goedigenneu,    gozig'enëù,  boudins, 

26. 
golloenter,    gollonder,   vider,    340, 

349- 

golot,  couvercle,  28. 

gouidec,  gounidec,  laboureur,  48. 

gonn,  je  sais,  322. 

gortoz,  attendre,  185. 

gortozenn,  collation,  501,  503. 

gotan,  à  cause  (de,  te,  de  ;  mi,  que;, 

190. 
gou,  taupe,  14. 
gouan,  hiver,  440. 
gouanaj,  charogne,  433. 
gouchpin,  gamin,  21. 
goude,  après  ;  plus  de,  188,  322. 
gouehan,  (le)  pis,  (le)  plus,  185. 
gouer,  goœre,  ruisseau,  82. 
gouéran,  je  sais,  187. 
gouers,  kouers,   espace    de    temps, 

gouez,  sauvage,  85. 

Gougerznou,  314. 

gouir,  il  sait,  187. 

gouirét,  su,  187. 

gouk, cou,  17. 

gouk'en,  col,  7. 

goulé,  vide,  9. 

gouly,  plaie,  322. 

gounijon,     gounivon,     journaliers, 

176. 
gour,  personne,  322. 
gour-,  prêt,  intensif,  322. 
gourc'hem  eu, commandement,  322. 
gourc'hemenna,  je  commande,  505. 
gouren(n))  lutter,  11,  25,  185. 
gournsiaden,  hennissement,  321. 
Gourvinec,  490. 
goustadic,   gouestadic,    doucement, 

322. 
goût,  savoir,  187. 
gouzaff,  gozaff,  souffrir,  48,   322. 
govél,  gouél,  forge,  20,  25. 
gozik,  presque,  1 37. 
gracz,  graece,  grâce,  57. 
grés,  vite,  abondant,  10. 
gretat,  promettre,  6. 
groa,  gra,  il  fait,  323. 
groac'h,  grac'h,  vieille  femme,  323. 
groec,  gruec,  greg,  femme,  323. 
groign,  grogner,  69. 
grouos,  gros,  massif,  14. 


gruyat,  griat,  gouriat,  coudre,  323, 

324. 
gualern,  galern,  nord-ouest,  323. 
g'uarhengn,  vendre,  4. 
g'ua(r)so,g'uarsou,il  va  longtemps, 

4,  14,  23. 
guéc'h,  fois,   17s  ;  guéc'h   ha  (mo- 

net,  pën   dët),  tant  que  (d'aller  ; 

puisque  vous  allez),  191. 
guela,  je  vois,  505. 
guen,  joue, 134. 
guenn,  guen,  blanc,  134,172. 
guenholon,  guir(h)olon,  septembre, 

28. 
gués,  truie,  9. 
guéù,  sauvage,  8. 
Gugust,  Auguste,  478. 
Guiheu  (Le),  490. 
g'uiniek,  vinaigre,  7. 
guir,  vrai,  28. 
guirioné,  vérité,  16. 
guisquaff,  gwiska,  vêtir,  345. 
Gustik,  petit  Auguste,  478. 
gwaz,  gouec'h,  pire,  6,  223. 
gwalc'h,  satiété,  51. 
gwalc'hi,  goc'hlengn,  laver,  22,51, 

322. 
gwaremm,    goarem,  gorëm,  garen- 
ne, 10,  26,  323,  352. 
gwasked,  abri,  50,  322. 
gwener,  guinir,  vendredi,  46. 
gwentl,  douleurs,  340. 
gwez,  arbres,  85. 

ha,  hac,  et,  129,  134,  510,  511  ;  ha 

nitra,    non  plus,  pas    davantage; 

ha  rac'h,  aussi,  en  plus,  188;  ha, 

est-ce  que,  189. 
ha, ton,  179. 

hachedenes,  «  hachedenoise  »,    76. 
hadhadkoann,     troisième      souper, 

502. 
hadkoann,  second  souper,  502. 
hadlein,  second  déjeuner,  502. 
hadvern,  second  dîner,  502. 
haelj  bel,  généreux,  78. 
Haeluuori,  Helori,  généreux  prince, 

170-478. 
Il.iethlon,    Hethlon,    Aithlon,  32$. 
halabarden,  hallebarde,  55. 
halec,  saule,  222. 
halikëtan,    à    qui    mieux    mieux,  a 

l'envi,  188. 


au  tome  XXXV 


xxni 


ham,  me,  1 32. 

hambe/ou,  j'aurai,  129,  132. 

(h)ani,  (h)aniy,  celui,  13,  179;  au- 
cun, 180;  machin,  28  ;  haniy 
b.ët,  personne,  6. 

hanial,  «  machiner  »,  28. 

hano,  hanu,  nom,  342. 

hantélé(r),  pi    iëù,  chandelier,  23. 

harïté(r),  moitié,  23. 

hanvou,  purin,   14. 

harha(l),  abo\er,  23. 

hazengn,  semer,  18. 

(h)azeujënn,  second   déjeuner,  433. 

haz  uezet,  aie,  132. 

he,  hi,  son  (à  elle),  318,  468-470. 

-hé,  -he,  eux,  178. 

hei,  elle,  65. 

heiz,  orge,  64. 

hëleur,  suie,  10. 

helibini,  à  qui  mieux  mieux,  83. 

he  nna,  hennan,  hinan,  hennen, han- 
nen,  celui-ci,  5,  79,  133,  134, 
179. 

hennez,  henez,  hennés,  enes,  en- 
neis,  henneh,  henéh,  hanneh,  ha- 
niec'h,  hénéc'h,  hinec'h,  hen- 
neah,  heneah,  celui-là,  cela,  133, 
134.  179. 

henoez,  henoaz,  henoz,  cette  nuit, 

79- 

(h)eùt,  chemin,  12  ;  herï(t)  pras,  hë 
pras,  grand'route,  17. 

heny,  hinv,  personne,  508,  509. 

heol,  soleil,  en  hiaul,  c'hiaoul,  le 
soleil,   16,  20,  170. 

heritaig,  héritage,  68. 

Herot,  Hérode,  329. 

herr,  élan,  325. 

hervit,  revit,  selon,  189. 

hezr,  hardi,  46. 

higolenn,  hygoulen,  pierre  à  aigui- 
ser, 324. 

hinonn,  celui-là,  là-bas,  179. 

histor,  ystoar,  histoire,  79. 

hivis,  chemise  de  femme,  13. 

hiziù,  hiriù,  hiniù,  aujourd'hui,  18. 

ho,  hou,  votre,  vous,  14,  174,  175, 
469,  470;  hous  ani,  le  vôtre, 
hou  ré,  hous  ré,  les  vôtres,  179; 
hous  inon,  hou  kenon,  vous- 
même,  170. 

hoarhein,  rire,  185. 

hoary,  c'hoari,  jeu,   321,  484. 


ho  bezaff.  qu'ils  sont,  508. 

hoc'h,  houc"h,  verrat,  14,  48. 

hogen  anas,  assemblage  de  plusieurs 
choses  ;  entortillement  de  che- 
veux, 1 34,  136. 

hôgenna,  ramasser,  faire  un  assem- 
blage de  plusieurs  choses,  136. 

hogos,  o^os,  près  ;  presque,  52,  136, 

137;  325- 

hogosic,  presque,  il  s'en  faut  si  peu 
que  rien,  137. 

hoguen,  houguen,  hegon,  hoghon, 
hoghoun,  mais,-  cependant,  néan- 
moins, pourtant,  52,  136. 

hoguen,  baie  d'aubépine,  325. 

hoiarn,  harn,'houarn,  fer,  82. 

hoiernin,  hernin,  -ernin,  de  fer,  82, 
478. 

holen,  halén,  haleû(n),  sel,  11,  25, 
52. 

homicit,  homicide,  329. 

-hon,  lui,  178. 

honn.  notre;  nous,  170,  178,  179. 

honna,  honâ,  honnan,  honan,  hou- 
nan,  honnen,  celle-ci,  133,  134, 
179. 

honnez,  lionnes,  hounès,  houneis, 
honneh,  honéh,  hounec'h,  celle- 
là,  133,  179. 

-hont,-honn,  là-bas,  48,  179. 

horoloig,  horollog,  horloge,  68. 

horrubl,  sup.  horriblaff,  orriplaff, 
horrible,  57,  508,  509. 

(h)ouir,  sœur,  1 3. 

hounonn,  celle-là,  là-bas,  179. 

huchal,  huichal,  crier,  13. 

huec,  chuec,  c'houek,  doux,  321. 

hutc'h,  six,  174. 

hueru,  huero,  huarù,  amer,  âpre,  4, 

>21." 
huerzin,    c'hoerzin,    huerhin,    rire, 

185,  321,  3  53- 
huézek,  seize,  18. 
hui,  vous,  on,  185. 
humen,  humaen,  humain,  70. 
huoniq,  soleil,  52. 
huvsiguenn,  pi.  huisicou,  gl.  papu- 

ias,  321. 

ian,  je  vais,  186. 

(i)chtroc'h  cuit,  plus  de,  188. 

-(i)ér,  plur.  176. 

iés,  iéz,  facile,  7,  9,  17. 


lable  des  principaux  mots  étudiés 


-ig3  dimin.,  17. 
[gnas.  [gnace,  475. 

il,  ange.  1 3. 

ilis,  pi.  ilijëù,  église,  21.   176. 

irhaig,  imag,  imaich,  image,  68. 

imparfet,  imparfait,  70. 

in,  ir,  dans  le,  13. 

inclination,  inclination,  507. 

inclinet,  enclin,  506. 

ind,  ils,  178. 

indan,  indan,  indan,  sous,  23,  130- 

132. 
inëù,  inean,  âme,  11,  12,  20. 
Ingneau,  Ignéau,  Igno,  475. 
ingorto,  dans  l'attente  (a,    de,  de)  ; 

en  attendant  (mi    tei,  kë  nën  dei, 

qu'il  vienne),  189,  191. 
Inisian,  46. 
(in)  kours,  à  temps,  de  bonne  heure, 

tôt,  188. 
ino,    (pour)    lors    (fut.)  ;  (d'ici)  là, 

14,  189. 
inorïnik'  :  mar  a  — ,  plus  d'un  sans 

doute,  25. 
(Hn  oum,  <  i)n  ounn,  se,  186. 
in  oun    eriù,  en  arrivant  ;  in  ou(r) 

lerët,  en  disant,  171,  175. 
in(t),  én(t),  ils  sont,  181. 
intan,  pi.  ion,  veuf,  20,  24. 
întanvéz,  itavés,  veuve,  28. 
int'iermant,      ink'iermarit,   enterre- 
ment, 7,  19. 
Iouen,  Youen,    Yuen.  Iwân,  Ivein, 

Ivin,  Yves,  474. 
iourc'h,  chevreuil,  47. 
-ir,  plur.  ,13. 
iraouk,  avant,  >. 
isméët,  ichméët,  effrayé,  21. 
ispairgnun,  épargner,    9. 
istomid  ?  gl.  trifocalium    45. 
i  ta(l)  keiîgn,  derrière    (la  maison), 

189. 
itavés,  entonnoir,  28. 
Itron-Varia,  Madame  Marie,  173. 
fudwal,  276,  277. 
ivet  en  des,  iv  en  des,  il  a  bu,  27. 
Ivon.  Yvon,  474. 
Ivona,  Yvonne,  474. 
Ivonaik,  petite  Yvonne,  474. 
ivrai,  ivraie,  70. 
-iv,  plur.,  176.  177. 
-izion,  -ijon,  plur.de  noms  d'agent, 
.      17C1 


Izoéne,  Yves,  474. 

Jagu,  Jegu,  Jacques,  282. 

jardrenn,  jardin,  12,  22. 

Jernien,  Jermin,  Germain,  498. 

Jermena,  Jermana,  Jermina,  Ger- 
maine, 498. 

Jeun,  Cheun,  Yves,  474. 

joa,  pi.  joaeou,  joie,  508. 

Job, Jop,  Joseph,  496. 

Josebie,  Jobik,  Jopik,  petit  Joseph, 
496. 

Josep,  Jozef,  Jojeb,  Joseph,  496. 

Joz,  Jozon,  Joseph,  496. 

Jozefa,  Jef,  Chef,  Jeffik,Chefik,  Jo- 
sèphe,  496. 

Jozefin,  Josefin,  Jorefin,  Fin,  Finik, 
Joséphine,  496. 

juchten,  robe,  453. 

Judok,  Joçz,  Joz,  Josse,  496. 

kâb,  capable,  82. 

kaboun, chapon,  327. 

kabusin,  kabusenn,  pi.  et,  capucin, 
11,  327. 

kac'h,  pi.  k'ich'i(r),  k'ich'iy,  chat, 
I3>23,  177- 

k'ac'h,  avoine,  4,  7,  16,  22. 

kac'het,  cacare,  490. 

kaer,  ker,  k'ér,  k'ir,  k'ar,  ville,  vil- 
lage, maison,  chez  soi,  4,  7,  13, 
16,  69,  492. 

Kaergloaes,  Kerloes,  491. 

Kaer-Morvan,  476. 

kalafati,  calfater,  60. 

kalander,  calendrier,  54. 

kalan-gouian,  kalon-gouan,  novem- 
bre, 28. 

kalet,  dur,  kalëd  ë,  c'est  difficile, 
169. 

kaloiï,  cœur,  28. 

kalùé(r),  pi.  kelùërion,  kalvijon, 
charpentier,  2  |,  176. 

kal(z),  beaucoup,  19,   181. 

kanastel, .égouttoir,  v). 

kanen,  chant,  6. 

kaneiign,  laver.  12. 

kanfartik,  fanfaron,  494. 

kani,  celui,  17g. 

kaneo,  kaniëu,  toison,  12,  60. 

kannengn,  chanter,  6. 

kanouenn,  knoen,  quenéiien,  pi. 
kanou,  kënëù.  noix.  17.  60. 


au  tome  XXXV. 


XXV 


kafip.  pi.  êù,  chambre,  27. 
kaol,  kol,  choux,  78. 
kaous,    pi.  kaoi  zëù,   kaoujëù,  mot, 
parole,  21,  176. 

kar,  il  aime,  8. 

karantez,  amour,  129. 

karëhe,  aimerait,  voudrait,  8. 

karëhem,  kârëhom,  nous  aimerions, 
184. 

karëhoc'h,  vous  aimeriez,  184. 

karëm,  karom,  nous  aimions,  184. 

kareiîgn,  aimer,  183,  184. 

karenn(t),  ils  aimeront,  184. 

karen(t),  ils  aimaient,  184. 

karëi't),  kerë(t),  aimé,  voulu,  8,  184. 

K'artëlës,  Kerfulus,  5. 

K'argricht,  Kergrist,  5. 

k'arhek,  champ  d'avoine,  23. 

k'arhet,  marcher,  7,  16. 

k'arn,  trémie,  4,  7. 

karo,  il  aimera,  184. 

karoc'h,  vous  aimiez,  184. 

karrik'el,  kerik'el,  brouette,  26. 

Karùés,  Carmes,  20. 

kavet,  trouver,  avoir,  183,  185. 

kavidel,  cage,  431. 

kazek,  pi. -enet,  jument,  176. 

ké,  ke,  ker,  regret,  6,  24. 

ké,  car,  190. 

k'ëcht,  quête,  7,   10. 

k'ëchténen,  pl.këchtenn,  châtaigne, 
6,  10,  16. 

kefnidenn,  kaniveden,  karïnézen, 
araignée,  25,  54. 

këgnehn,  ail,  10. 

kehedeull,  82. 

kemënér,  tailleur,  17. 

këment,  autant,    17;    këmënt...  al 

ke(m)ën  doue,  tant...,  il  avait,  191; 
kement-se,  këmë-së,  cela,  27  ;  kë- 
mëtrej,  autant,  pareille  chose,  6. 

këmërët,  prenez,  17. 

kén,  kin,  aussi,  si,  tellement,  13, 
17,  177,  188;  kén...  kën,  si... 
que,  191  :  k'enn  meit,  k'ëmeit, 
seulement  .pas  plus  de,  188. 

kenderv,  candêrhuë,  kandarù,  cou- 
sin, 4,  54. 

keniterv,  caniterhuë,  kanitarù,  cou- 
sine, pi.  kanitarùet,  4,  54,  170. 

kenëùit,  si  ce  n'est,  sans,  -ùidon, 
-ùidefin,  sans  moi,  190. 

kenevé.  si  ce  n'est,  sans,  190. 


kengwaz,  si  mauvais,  492. 

këni,  offrir,  185. 

kënklous,  aussi  bien,  autant;    aussi 

bon,  187. 
k'enn,  (ne)  plus,  1 1. 
kerïn,  kehgn,  dos,  12,  189. 
k'é(r),    k'ir,   cher,    coûteux  ;    chéri, 

H.  16,  25. 
kerc'heiz,  héron,  346. 
kërdengn,  croire,  27. 
kere,  kereour,  cordonnier,  61. 
kerioh,  mouches,  22. 
kertri,  keltri,  kentri,  famine,  22,  24. 
Kers  irawill,    Qestravoil,     Questre- 

vouille,482. 
kic,  viande,    kic  moc'h,  lard,  150, 

490. 
kichen,  kuchen,  kuchun,  près,    57, 
■  58. 

k'iés,  chienne,  13. 
k'iris,  cerises,  16. 
k'i(y),  chien,  13,  16,  22. 
k'izek,  chevaux,  176. 
k'ac'h,  klhac'h,  chercher,  16. 
Klég'érek,  Kléiérek,  Cléguérec,  17. 
klëhjar,  perdrix,  12. 
kleze,  kleve,  épée,  347. 
klisia,  effleurer,  3  17. 
kloc'h,    pi.    klëc'h'i(r),  cloche,    14, 

23. 
klnge(r),  cuiller  à  pot,  6,  24. 
klouar,  frais,  1 5. 
klouér,  kroué,  crible,  22. 
knech,  kenech,  kreac'h,  colline,  60, 

344- 
koahn,  kouengn,  souper,  433,  502. 
koareiz,    koraiz,  koris,    carême,  26, 

Si. 

koéhet,  kouhët,  tombé,  26. 

kohlé    terù,    kohlé  tarù,   kolé  tara, 

taureau,  24. 
kohoni,  f.  vieillesse,  175. 
kok,    pi.    keg'iy,   keg'i(r),  coq,   13, 

177- 

komos,  commencer,   15. 

koms,  komz,  konz,  causer,  24,  185. 

konpern,  comprendre,  27. 

koùsei,f.  conseil,  176. 

kohsort,  garçon  d'honneur,  15. 

kont,  f.  compte,  26. 

kordën,  pi.  k'erdat,  corde,  176. 

korengn,  de  travers,   II'. 

korreenn,  courroie,  si. 


XXVI 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


korriganed,  corrigans,  lutins,  20. 

korvële,  corsage,  433. 

korvé(r),  hibou,  23. 

knuéhel,  tomber,  18c. 

koulm,  klom,  kleum,colom,  pigeon, 

14,  15,  47,  *i. 
koupap,  capable,  habile.  28. 
knursoc'h,    plus   tôt,    de    meilleure 

heure,   koursan,  le  plus  tôt,  188, 

189. 
koutant,  content  (a,  de),  189. 
kouyon.  timide,  29. 
koz,    vieux,    anciennement,      137; 

kouoc'h,  14. 
krainchat,  cracher  avec  effort,  68. 
krampouez-mouzik,krampoez  moue- 

zik,  krampoez   mitaou,  feuille  de 

cotylet  ou  tulot,  442. 
kranpoéhen,  kranpouhen,  crêpe,  26. 
kraz,  sec,  137. 
krazen,  rôtie,  137. 
krazeiïgn,  griller,  18. 
krëdo,  f.  credo,  175. 
kréjëù,  chemises,  21. 
kresteiz,  midi,  318. 
kréù  vras,  très  fort,  172. 
kréùat,  devenir  fort,  9. 
kreucht,  croûte,  10. 
kreus,  creux,  1 1 . 
kri,   comp.    krich'iso'h.  cru,   cruel, 

13  ;  kri-pacht,  tout  cru,  (langage) 

inculte  et  «  brutal  »,  29. 
kroc'hen,  krohen,    pi.  kréhat,  peau, 

83,  176. 
kros,  tête  d'épingle,  317. 
krouéet,  krouet,  créé,  26. 
kroués,  pi.  krouéjëù,  croix,  21,  176. 
krusëfi,  f.  crucifix,  175. 
k'uhet,  k'ëhet.  cacher,  185. 
k'uré,  vicaire,  16. 
kurust,  choriste,  57,  58. 

labour,  travail,  169. 

labourijon,     travailleurs,    ouvriers, 

21,  176. 
îac'h,  (à  ma)  suite,  4,  22. 
laez,    leaz,   les,  leah,    liëc'h,  liac'h, 

lait,  8,  12,  78.    ' 
lagad,  œil,  134,  468-470. 
lagout,  eau-de-vie,  28. 
lakat,    mettre,     lakeit,   mis,    lakët, 

mettez,  184. 
Lan,  le  renard,  478. 


lan  bi(l),  ajonc,  23. 

Landegnedenoc,  294. 

Landerneau,  492. 

Landevennec,  312. 

Lan-Dreger,  Lantreger,  la  ville  de 
Tréguier,  280,  492,  494. 

langaig,  langage,  68. 

langourus,  langoreux,  langoureux, 
130 

Lan-Uuethnoc,  294. 

laosk,  lâche,  63. 

lar,  il  dit,  8. 

lartik,  un  peu  gras,  494. 

lan,  gl.  armum,  63. 

lauaret,  lauarez,  dire,  129. 

le.  veau,  6. 

leal,  loyal,  79. 

lec'h  mi,  là  où,   180. 

lëchkel,  laisser,  185. 

lëg'arnal,  étinceler,  4,  185. 

leies,  beaucoup,  65. 

leignour,  dîneur,  502. 

lein,  leiff,  leign,  leiïgn,  le  dîner; 
déjeuner,  433,  501,  502. 

leiniafF,  leiffaff,  leina,  leigna,  leinan, 
leinein,  leiniein,  leignein,  dîner  ; 
déjeuner,  501,  502. 

lëjiù,  lessive,  21 . 

Lell,  Olivier,  478. 

Lellik,  petit  Olivier,  478. 

lëmel,  ôter,  185. 

lenn,  lire,  1 1 . 

1er,  pi.  ion,  voleur,  8,  176. 

lerat,  leirat,  dérober,  8,  185. 

lerët,  dire,  8,  184;  dit;  vous  dites; 
dites,  8  ;  1ère  me(ch)  toc'h,  je 
vous  ai  dit,  21  ;  lerë(t)  tengn,  di- 
tes-moi, 17;  1ère,  disait,  9,  le- 
rëhe,  dirait,  lero,  dira,  186. 

lesen,  laesen,  loi,  76. 

lesir, loisir,  76. 

letat,  insulter,  16. 

letu,  laitue,  70. 

leun,  plein,  502. 

leusk,  envie,  10. 

lévr,  livr,  leur,  (un)  livre,  n,  20. 

lëzu,  cendre,  10. 

liam,  lien,  352. 

lie,  licq,  laïque,  82. 

Lid,  Marguerite,  178. 

Lidik,  petite  Marguerite,  478. 

lien,  étang,  7,  16. 

lieiï(n),  leien,  liyén,  toile,  25,  65. 


au  tome  XXXV. 


XXVII 


liëù,  lieue,  12. 
lijor,  espace,  130. 
lioc'h,  courtil,  14,  22. 
lir,  cuir,   13. 

lis-,  cour  aux  retranchements  circu- 
laires, 108. 
Lis-Bron-Ewin,    le  lis  du  Mamelon 

d'Ewin,  108. 
lisériëù,  draps  de  lit,  24. 
lisoureguez,  paresse,  130. 
Lisuisonn,  109. 
livriz,  (lait)  doux,  351. 
Locsamzun,  297. 
lod,  lot,  loud,  lot,    48,    330;  lo(^d) 

ker,  bon  nombre,  beaucoup,  181. 
lodëvi,  eau-de-vie,  436. 
loes,  lues,  louiss,  louche,  68. 
log,  louoj,  loge,  cabane,  14,  68. 
logozen,  souris,  18. 
loigeaff,  loger,  68. 
loncaff,  louncaff,  avaler,  48. 
Ion  vi(l),  vilaine  bête,  23  ;   lohnet, 

animaux,  7. 
loski,  brûler,  être  ardent,  139. 
lost,  loacht,  queue,  65. 
louarn,    pi.    -ëù,   luern,  renard,  4, 

176. 
loue,  cuiller,  6. 
louenas,  il  a  réjoui,  134. 
louet,  gris,  458. 
Loull,  Olivier,  478. 
Loullik,  petit  Olivier,  478. 
lourt,  lourd,  334. 
louzaouen,   herbe,    455;    pi.  lëzëù, 

lëjëù,  remède,  18,  21  ;  lousaouënn 

Santés      Mac'harid,     marguerite, 

plante,  478. 
louzr,  loer,    luér,  pi.    lerou,    lerëù, 

(un)  bas,  79,  176. 
lovr   pezell,    ladre  vert,,  pourri   de 

lèpre,  140. 
luc'hedenn,     luvedenn,    pi.    luhet, 

éclair,  17,  140. 
lugen,  brouillard,   386. 
lugustr,  troène,  57. 
-luh,  -luch,  108. 
lur  a  lur  (kog  a  — ),  (le  coq)  chante 

à  la  lurelure,  55. 
lusen,  brouillard,  447. 
lusen,  usen  (leaz  — ),  premier  lait  de 

la  vache  qui  vient  de  vêler,  446, 

447- 
lutun,  lutin,  57. 


ma,  më,  mem,  men,  mon,  me, 
moi,  130,  169,  170,  178,  179; 
ma  hunan,  më  hënoiï,  më  binon, 
moi  seul,  moi-même,  170,  299. 

ma,  il  est,  ma'tengn,  il  me  faut,  26. 

mabek,  gendre,  7. 

madëlec'h.  bonté,  8. 

mae,  mê,   mai,  78. 

Maei-,  Mel-,  prince,  69,  78. 

maen.  men,  mean,mehn,  pi.  meiïn, 
mennëù,  pierre,  11,  69,  78,  173. 

maes,  mes,  champ,  69,  78;  ir  miés 
dehors,  7. 

maestr,  maestr,  mest(r),  60,  70. 

magazu(r),  nourriture,  23. 

magërés,  pi.  ër  wagërézet,  nourrice, 
172. 

mahengnet,  estropié,  11. 

mailloc,  bailloc,  menton,  336. 

malat,  malade,  329. 

mâles  tibi  denon,  479. 

-ma(rO,  -men,  -ci;  en  dra  man  dra, 
telle  ou  telle  chose,  ir  léc'h  ma 
léc'h,  en  tel  ou  tel  endroit,  5,  179. 

mand.imant,  mandement,  55. 

manac'h,  monac'h,  moine,  51. 

maner,  manoir,   76. 

maoues,  moes,  femme,  455. 

maou(l),  mauve,  23. 

map,  garçon,  129. 

mar,  ma,  si;  craindre  (que),  192; 
mar  deu,  s'il  est,  510,  511  ;  mar 
bë,  mar  ùë,  191  ;  mar  ganiët,  si 
vous  offrez,   173. 

Marc'harid,  Marc'haid,  Margarid, 
Margarit,  Margueid,  Mac'haid, 
Margerit,    Margarit,    Marguerite, 

478. 

Marc'haridicq,  Marc'haidicq,  petite 
Marguerite,  4^8. 

Marg'ënek,  Malguenac,  22. 

Margot,  Margodik,  petite  Margue- 
rite, 478. 

marh,  mac'h,  étalon,  22. 

marhazijoh,  marchands,  21,  176. 

Marianna,  Biganna,    Marianne,  478. 

marichal,  maréchal,  47. 

marinadeu,  marinazëù,  culottes,  26. 

Marivonn,  dim.  -ik,  Marie-Yvonne, 

474- 

marsé  erhat,  marsëhat,  très  proba- 
blement, 27. 

marv,  maro,  mort,  342. 


XXVIII 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


marvaili,  merveille,  70. 
masouner,  maçon,  48. 
mat,  mad,  bon,  172,  329. 
Maturin,  Matelin,  Mathurin,  479. 
Mauriç,    Moricc,    Mouricc,    Moris, 

dim.  Mauricicq,  Maurice,  476. 
Mazeas,  M;ithias,  282. 
Mazeo,.  Maheo,  Mathieu,  282. 
mé.  mëgn,  me,  moi,  9,  20,24,178; 

më,  mi,  que,   13,  173,  180,   191, 

192. 
mëché(r),  pi.  iëù,  métier,  10,  23. 
mechif,  méchef,  340. 
mechtohui,  suivant  vous,  dites-vous, 

187. 
megin,  begin,  soufflet,  336. 
meis,    intelligence;    mé,    (prendre) 

garde,  446. 
Mëk'é(l),  Michel,  23. 
mëlehn,  jaune,  10. 
mëlin,  moulin,   1 1. 
melkoni,  m.  mélancolie,  175. 
memb,  miëm,  même,  7,  10. 
m'em  boue,  mëm  boue,  mëm  bou, 

j'avais,  9,  26. 
memëch  tra,  de  même,  tout  aussi 

bien,  malgré  tout,  21,  188. 
mempr,  membre,  332. 
mendem,  vendange,  336. 
menez,  manné,  montagne,  54,  431. 
mëneut,  minute,  10. 
men-gor,  chevreau,  11. 
me'n  hum  dronp,  ra'oum  dronp,  je 

me  trompe,  186. 
merc,  marque,  56. 
merc'h,    miec'h,    miac'h,    fille,   pi. 

mich'iet,  2,4,7,  l&->  23>  *73- 
merchoh,  trèfle,  22. 
meren,  mern,    collation,    déjeuner, 

dîner.    9,    433,  501-503;  mern, 

pâture,  158. 
merenna,   -nni,    -nnein,  prendre  ce 

repas,  501-503. 
merion,  fourmis,  22. 
mcrit,  melit,  mérite,  22. 
meritner,  méritoire,  75. 
mërùig',  mie,  10. 
messaiger,  -ager,  messager,  68. 
mèù,miëù,f.  mèùéz,  ivre,  12,  177. 
meut,  muet,  privé  de  raison,  10. 
mëùt,  bélier,  1 1. 
Mewen,  saint  Méen,  108,  296. 
niez,   muids,  337. 


mijat,  minjat,    durée  d'un  mois,  6, 

.I3- 

mil  eston,  mille  étonnements,  grand 

sujet  d'étonnement,   508,  509. 

milioun,  million.  48. 

Mimi,  petite  Marianne,  478. 

minihi,  asile,  454. 

mihng,  tiède,  13. 

min(u)s.  mois,   6,  13. 

miret,  mirout,  mirët,  garder,  em- 
pêcher (a,  de),  185,  189,  506. 

missal,  missel,  54. 

miii(n),  miting,  mitengn, matin,  1 1, 

moarvad,  marvoad,  je  sais  bien,  83. 

moc'h,  cochons,  48. 

mog'ëdel,  flambée,  feu  de  joie,  431. 

mog  et,  fumée,  17. 

momm,  mère,  52. 

monden,       moundenn,     mundain, 

mondaines,  70. 
monet,  mont,    aller,    8,    180,    186, 

223,  362. 
mor,  mounr,  mer,  14,  130. 
moraill,  verrou,  70. 
Morbihan,  «  petite  mer  »,  490. 
Morised,  -set,  -setta,   dim.   Morise- 

dig,  -etik,  Mauricette,  476. 
morsill,  morsuill,  vent  brûlant,  141. 
Morvan,     dim.    -annicq,    Morvan, 

Maurice,  476. 
morzol,  morhouol,  marteau,  14,  51, 

79- 

motéc'h,  pi.  motéch'iet,  servante, 
15,  176. 

moten,  motte,  butte,  330,431. 

motrep,  mozreb,  moereb,  moédreb, 
tante,  354,  35  5- 

mouden,  motte,  330. 

moues,  mouest,  mouésp,  humide, 
moite,  135,  1 36. 

mouesder,  humidité,  155. 

mouez,  puanteur,  135. 

mouez,  bouéc'h,  voix,  75,  171,  337. 

mouezus,  puant,  135. 

mouialh,  moualc'h,  mac'h,pl.  mori, 
merle,  22,  48,  176. 

mou(r)hat,  probablement,  14. 

mours,  excrément  humain,   135. 

moursouillein,  brûler  (par  un  mau- 
vais vent),  141. 

moursouillus,   (vent)   brûlant,    141. 

mous,  ordure,  I3J- 


au  tome  XXXV. 


XXIX 


mous,  mouz,  vesse,  135. 
mouzein,  «  vessir  »,  135. 
mouzér,    -zour,   f.  -zerés,   vesseur, 

135- 
muns,  buns,  muids,  336. 
munud,  menut,  menu,  57. 
muscat,  muscade,  329. 
muy,    plus;    beaucoup,    très.    505; 

mich'oc'h,     plus,     13,  191;  mi- 

ch'an,  (le)  plus,   1  ?. 
muzur,  muzul,  mëzul,  mesure,   57, 

174. 


na,    nag,   quand   même  ;    comme  ! 

190,    na  danjér,  il    s'en   faut  de 

beaucoup,  188. 
nac'h,  force,  4,  7,  23. 
nadoez,  nadoz,   nazué,   azué(r),  ai- 
guille, 15,  18,  24,  25,  28,  76,  79. 
naffn,  naon,    naoun,  nan(n),  faim, 

25,  61,  500. 
nanndek,  dix-neuf,   18. 
riaw,  neuf,  174. 
ne,  ne  pas,  22,  27;  ne  varn,  né'  var- 

n(a)  k'ët,  n'importe,  4,  184. 
nebcud,  peu,  504. 
necesser,  nécessaire,  70. 
neija(l),  voler,  5,8,  23. 
neiz,  néc'h,  éc'h,  pi.  (n)éhiëù,  nid, 

24,  25,  28,  64. 
nemet,  nemert,  si  ce  n'est,  344. 
nenn,  ciel,  12. 
nefiy,  non,  189. 
ne  pas,  ne  pas,  122;   ne  pas  chet 

trémen,  pa  chë  tréma,  pas  par  ici, 

nep  prêt,  nepret,  nepred,  jamais,  141 . 

nés,  plus  près,  133. 

nëùér,  nouveau,  24. 

Nëùliek,  Neuillac,  6. 

nëzë,  alors,  9. 

Nëzëlek,  Noël,  7,  24. 

n'hou  pou  ket,  po  k'ë,  vous  n'aurez 

pas,  vous  ne  voulez  pas?  27. 
Nil,  Nifeq,  Yves,  473. 
Nini,  Eugénie,  478. 
nitra,  rien,  6. 

niy,  neveu,  nich'iés,  nièce,  13. 
Nofaïcq,  petite  Geneviève,  496. 
non,  nord,  334. 
noter,  notaire,  70. 
noter,  notoire,  76. 


n'ouéran  k'ëhat,  je  ne  le  sais  certes 

pas,  27. 
Nounn,  Yvf s,  474,  478. 
nuec'h,  nu,  6. 

o,  ho,  ou,  leur,  14,  469,  470. 
-o,  -ou,  fut.  3e  pers.  sing..  500. 
oan,  oen,  agneau,  15b. 
-oc,  276^  ' 
oc  h,  ouc'h,  de,  129. 
oe'h,  vous  êtes,  26. 
-oe'h,  subst.,491. 
oemantin,  augmenter,  78,  326. 
oeit,  allé,  8. 
ofis.  ovis,  office,  327. 
off,  ouff,  oun,  je  suis,  79. 
oitjnamant,  onction,  55. 
Olier,  dim.  Olyericq,  Olivier,  478. 
oïl,  holl,  ol,  tout,  181,  324. 
-onn,  moi,  178. 

onnoer,   annoer,  dim.  onneric,  gé- 
nisse, 52. 
oraeson,  oreson,  oraison,  70. 
ordiner,  ordinaire.  70. 
ordrenaff,  j'ordonne,  505. 
orion,  gl.  oram,  47  s. 
orror.  orreur,  horreur,  130. 
orsaill,  batterie,  52. 
oskalen,  chardon,  45. 
ouë,  ou,  il  était,  18  ,  182. 
ouëm,  ouom,  nous  étions,   181. 
ouens,  phalange  (du  doigt),  12. 
ounm,  oum,  uhn,  se,  15. 
ounnen,  frêne,  47. 
ouoc'h,  vous  étiez,  181. 
-out,  infin.,  506. 
outraig,  outrageusement,  68. 
ouz,  oz,  o,  i,  en  train  de,  173,  464. 

pae,  pe,  paiement,  salaire,  6,  69, 
70. 

paeamant,  paiement,  55. 

paig,  pag,  page,  68. 

palaes,  palais,  70. 

palastr,  emplâtre,  60. 

paluc'het,  pul(l)uc'het,  brûlé,  con- 
sumé, 139. 

paluhat,  peluc'hat,  pesseler,  139. 

palubenn,    peluc'hen,  pesseau,  139. 

palumet,  (lin)  desséché,  brûlé,  139. 

panesen,  pi.  panez,  panais,  70,  137. 

panier,  panier,  4SI- 


XXX 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


Panëtkocht,  Pentecôte,  14. 

paotr,  pôtr,  paout,  pot,  pi.  pautred, 
potret,  garçon,  gars,  5,  27,  60, 
78,  516,  517. 

parail,  pareil,  70. 

pardono,  qu'il  pardonne)  184. 

parroes,  parres,  paroz,  parrouz,  pi. 
paréjëù,  paroisse,   21,  75,  76,  79. 

parson,  curé,  4,  7. 

pas,  pi.  pajëù,  pas,  21,  176,  504. 

pas,  non,  122,  pa  chë,  il  ne  faut 
pas,  185,  pa  chë  kal,  pas  beau- 
coup, 181. 

pasëmaiit,  non  seulement,  188; 
-të,  -mi,  en  plus  de,  de  ce  que, 
190, 191. 

pas  engn,  passé;  passé,  plus  de,  185. 

pater,  f.  pater;  pi.  patërëù  (douar), 
chiendent  à  chapelet,  436. 

patrimoen,  -mon,  patrimoine,  79. 

pë  don,pë  vahn, quand  je  suis,  183  ; 
pendéguir,  pëndëg'ui,  pëndëg'u, 
puisque,  190;  a  p'hou  pehé,  pë 
péhe,  si  vous  aviez,    10,  25. 

pé,  ou,  9. 

pé',  quel,  9. 

pec'h,  paix,  8. 

péc'h,  m.  pi.  péch'iëù,  pièce,  mor- 
ceau ;  our  péc'h  a  baout,  a  ùiec'h, 
un  fort  gars,  un  beau  brin  de  fille, 
f.  diù  béc'h,  deux  brins  de  filles  ; 
péhiëù  in(t),  c'en  est,  des  beaux  ! 
des  belles  !  16,  176,  177. 

pëchézen,  -éren,  pêche,  18. 

pedaff,  je  prie,  505. 

pëgëlieht,  combien,   179. 

pëgëment,  combien,  179. 

pegours,  quand,  1 S7 . 

pe(h)anù,  quel  nom,  180. 

pekeni,  pini,  lequel,  82. 

peken,  combien,  179. 

pel  bras,  pel  vras,  très  loin,   173. 

pelig',  bassin,  10. 

pelik'el,  palette  à  retourner  les  crê- 
pes, 6. 

pemdek,  quinze,  12  18. 

pëmpet,  cinquième,  174. 

pen,  tête,  7. 

penaus,  penaus,  penaoz,  penôs,  pe- 
nôz,  pënaous,  pënos,  63,  78,  191. 

pendërben,  përdëben,  d'un  bout  à 
l'autre,  complètement,  27. 


pengamm,  qui  a  la  tète  penchée, 
'34- 

penmoh,  pérmoc'h,  prémoe'h,  co- 
chon, 28. 

penp,  penb,  pem,  cinq,  12,  17,  174, 

'75- 
pëns,  puits,  12. 

Penven,  qui  a  la  tète  blanche,  134. 
pep,  peb,  chaque,  173,  180. 

pér,  poires,  9. 
përek,  pourquoi,  6. 
perisil,  persil,  60. 
perles,  perles,  55. 
pernerïgn,  acheter,  27. 
perpetualement,       perpétuellement, 

506,  507. 
Perr,  Piar,  Pierre,  478. 
personnaig,  personnage,  68. 
pés,  péz,  des  pois,  9,  140. 
pesk,  pisk,  poisson,  46. 
pésuilliadénn,  grillade  de  pois,  140. 
pëtre?  quoi?  6. 
peugn  :  in  — ,  suspendu,  10. 
pëùik',  riche,  16,   24. 
pezda  bez,  pez-ê-bez,  pièce  à  pièce. 

par  morceaux.  504. 
pezel,  pouézel,  mou,  presque  pourri, 

blette,  140. 
pèzélat,  devenir  blette,  140. 
pëzengn,  prier,    18. 
piar,  quatre,  174. 
piardek,  quatorze,  7,  18. 
Piarik,  Pierric,  petit  Pierre, 478. 
piarvet,  le  quatrième,  174. 
piet,  combien,  7,  179,  180. 
pietvet,    quantième,    de  quel    rang, 

'74,  179- 
pihir,  quand,  187. 
pik',  pie,  16. 
pik'o(l),  grand,  17,  23. 
pilëtan,  (il  m'a)  battu   le  plus;  pilë- 

toe'h,  battu  davantage,  184. 
Pipi,  petit  Pierre,  478. 
planedou,  planètes,  330. 
plenn,  plat,  1 1. 
plijazu(r).  plaisir,  23. 
pli]  et,  plaire,  185. 
Plougonvel,  276. 
plutïcc,  pluek,  traversin,  82. 
poaza,  brûler,  cuire,  1 39. 
poe'h,  cour,  14. 
poe'han,  plongeon,  489. 


au  tome  XXXV. 


\X\I 


poence,  ponce,  ponce,  68. 

poenczon,  poinçon,  75. 

poent,  pouerit,  point,  12,  75. 

poeson,  poison,  75. 

possubl,  possible,  57. 

potaig,  podaich,  potage,  68,  327. 

pou-,  po-,  peu-,  pe-,  79. 

poubr,  pourpre,  333. 

poud,  pi.  pozëù,  pot,  14,  48. 

pouec'h,  cuit,  6. 

pouéj,  pi.  ëù,  poids,  21. 

pouénierîgn,   peiner,  11. 

pouenn,  peine,  1 1. 

pou(l),  mare,  23. 

pou(l)  glhas,  Pouilhas,  Pouvas, 
mare  verte,  17. 

pouot,  pot,  14. 

pouponel,  piponel,  poupée,  28. 

pourc'hen,  mèche,  503. 

pourecg,  lieu  planté  de  poireau, 503. 

pourenn,  poireau,   pi.  pourre,   503. 

pozer,  f.  quatre,  14,  174,  175. 

pozervet,  pëzervet,  la  quatrième, 
174. 

prazëù,  prarëù,  prés,  18. 

precht,  prêt,  18. 

predeg,  prég,  prék,  prezec,  sermon  ; 
prêcher,  19,  185,  327. 

preiz,  proie,  64. 

prënn,  prunes,  12. 

prehs,  prince,  12. 

prenù,  ver,  12,  20. 

pressoer,  presser,  pressoir,  75,  76. 

prest  kaer,  prech  ker,  tout  prêt,  pré- 
paré, 27. 

pied,  époux,  51. 

priedelez,  priadelez,  mariage,  51, 
286. 

privilaig,  -laich,  privilège,  68. 

promesa,  promesse,  55. 

puc'huillet,  consumé,  détruit  peu  à 
peu, 139. 

pulluc'h,  brûlure,  ce  qui  est  entière- 
ment consumé,  139. 

pullucha,  -chat,  briser,  réduire  en 
petits  morceaux,  consumer,   140. 

pulluc'hi,  brûler,  consumer,  139, 
140. 

pulufret,  brûlé,  139. 

puplian,  publier,  332. 

puzuilla,  casser,  briser  en  mille 
morceaux.  1  jo. 


qavalenn,  collation,  503. 

qistion  an  tan,  la  question  du  feu, 

torture,  139. 
quaezour,  kezour,  pubes,  78. 
qualan,  calendes,  53. 
quehit,   keit,   aussi  longtemps,   82, 

346,  347- 
quenechen,  tertre,  60. 

ra,  il  fait,  505. 

ra,  (qui)  vient,  18. 

rac'h,  tout,  181. 

radenn,  razeiîn,  fougère,  11,  222. 

rae,  raie,  69. 

raeson,  raison,  reson,  ravson,  rai- 
son, 70. 

raig,  rage,  68. 

rak,  car,  190. 

rai,  rare,  22. 

ran(n), r(h)ah, pi.  raiînet, grenouille, 
6,  24,  25. 

Ranafroc,  283. 

ranc,  renc,  reng,  rang,  56,  333. 

rancun,  reacun,  recun,  rancu,  ran- 
cune, indignation  ;  frayeur,  répu- 
gnance, aversion,  137,  138. 

rantëlec'h,  royaume,  8. 

Raoul,  dim.  -ic,  Raoul,  476. 

ré,  ceux,  9  ;  re  nés,  (mes)  proches 
renés,  (ar)ré-nes, ceux-là,  133. 

re,  trop,  6. 

rë,  que  (opt.),  184. 

real,  rai,  cinq  sous,   10. 

rebeig,  reproche,  68. 

recht,  corbeille,  7. 

rechtelat,  râteler,  6. 

refectoer,  réfectoire,  75. 

respount,  il  répond,  48. 

reucht,  rude,  10. 

rêvé,  revit,  selon,  189. 

rézek,  courir,  7,  9,  18. 

r(h)erin,  crin,  12,  24. 

r(h)oula(l),  rouler,  24. 

R(h)ouaiï,  Rennes,  24. 

ribaut,  f.  ribaudes,  ribaud,  330. 

riëù(en),  gelée,  12. 

riezin,  raisins,  7. 

riforzenn,    rifordênn,  rifort,  raifort, 

.  492-. 
rigol,  rigol,  rigole,  51. 

rigor,  rigueur,  rigour,  rigueur,  130. 

rika,  il  doit,  184,  187. 


XXN.I1 


Table  des  principaux  mots  étudiés 


ritual,  rituel,  54. 

Riwal,  Rioual,  476. 

Riwalt,  109. 

roas,  ros,  il  donna,  79. 

roe'h,  rocher,  108,  491. 

rod,  gl.  eruginem,  48. 

rodoed,  roudoez,  gué,  48. 

Roezquoedou,  64 

rogulipias,  gl   oliuauit,  323. 

Roherman,  108. 

roiant-,  rouant-,  roant-,    raht-,  roi, 

8,79. 
roingnenn,  rogne,  69. 
rok,  rogue,  330. 
rond,  round,  rond,  48. 
ronset,  chevaux,  176. 
Ros-,  64. 
Roscoff,  318. 
Rosdraenen,     Rostrenen,    Rostren, 

83,318. 
rouot,  roue,  14. 
rozel,    instrument  pour  étendre  la 

pâte  des  crêpes,  18. 
ruijenn,  rougeur,  68. 
rukun,  répugnance,  dégoût,  137. 


sadorn,  sadourn,  sazorn,  samedi, 
18,  48. 

sae,  se,  zé,  robe,  6,  69,  78. 

saeson,  saison,  70. 

saff  :  a  saff;  en  e  sao,  sav,  sa;  var 
sav,  sao,  sa  ;  war  zaô,  debout, 
506,  507. 

saffroen,  safran,  64. 

sagrist,  sakrist.  sacristain,  327. 

saillaff,  je  saute,  505  ;  say,  saya,  il 
saute,  184. 

Salamun,  Salaùn,  Salomon,  282, 
297,  479. 

Salan,  Dom-Salan,  Alain,  le  re- 
nard, 478. 

saler,  salaire,  70. 

salopriaj,  tas  de  choses,  gens  mal- 
propres, 433. 

saluJ,  salut,  330. 

sam,  somme,  51. 

Samzun,  Samson,  2.82,  297. 

sanell,  rigole,  338. 

sanndout,  sans  doute,  probablement, 
évidemment,  28. 

sahsét,  censément,  pour  ainsi  dire. 
28. 


Santohou,  293. 

sapertibidore  !  479. 

sarmant,  sarment  de  vigne,  54. 

Sarphin  (Bot-),  53. 

saùët,  saùëd,  levé,  17. 

scal,  gl.  carduum,  45. 

sclom,  nœud,  61. 

scruitoer,  scruvtouer,   scritol,   écri- 

toire,  75,  79. 
-se,  -së(n),  -zë,  -là,  9,  179. 
sec'h,  sept,  8,  174. 
sec'hour,  sec'hor,  sécheresse,  130. 
sëhëtan.  (cela  m'a)   surpris  le  plus, 

185. 
sel,  chaque,    tout;    d'autant  (plus), 

180,   191. 
sench,  changer,  57. 
senclou,  sangles,  56,  332. 
sënk,  sucre,  12. 
serch.  charj,  serge,  54. 
seyg,  sich,  siège,  68. 
sëùi,  fraises,  10,  20. 
sëùt,  vaches,  11. 
Sezni,  451. 

sillek  (grain),  raboteux,  141. 
Siminal,  cheminée,  338. 
sin-,  singe,  340,  352. 
sirët,  ramassez,  57. 
skél,  échelle,  22. 
skleija(l),  traîner,  8. 
sklotal,   glousser   (d'une  poule   qui 

cherche  a  couver),  435. 
skolaér.  chkolé,  niait' e  d'école,  21. 
skopengn,  chklopengn,  cracher,  28. 
chkouol,  école,  14. 
skriù,  skrouiù,  écrire,  15. 
skrouimpa(l),  hennir,  23 
so,  zo,   zë,    (il)  est,  10,    14,  18,25, 

i8z,  183,488. 
soingaff,  je  réfléchis,  68. 
soliter,  solitaire,  70. 
Soit,  Soult,  48. 
somoii,  saumon,  78. 
son,  soun,  son,  47. 
sonér,  sonneur  (de  biniou),  6. 
sonn,  sonner  (du  biniou),  6. 
so(rt)-së,  ceci,  cela,  ça,  23,  179. 
souben,  sëben,  soup  ,  10,  330. 
souden,  soudain,  70. 
souot,  sot,  14,  188. 
Sourn  (Le),  coin,  158. 
souzart,  soldat,  1 5. 
Spaign,  Espagne,  69. 


au  tome  XXX V. 


kxfciii 


spatulamancc,  spatulomancie,  51. 

speret,  spirit,  esprit,  129. 

spoui,  liège,  15. 

squarlac,  scarleq,  écarlate,  56. 

squerb,  écharpe,  56,  333. 

squeut,  ombre,  45. 

starïk,  stang,  étang,  333. 

start,  estart  ?  fort,  43. 

stéren,  stirenn,  étoile,  9,  46. 

stlabez,  sklabez„saleté,  345. 

stoup,  stoub,  étoupe,  329.  330. 

strabuilh,  frayeur  subite,  482. 

strabuilla,  -lli,  brouilLr  en  agitant, 
troubler,  483. 

stravilh,  strafilh,  trouble,  frayeur, 
grande  peur,  et  subite,  482. 

stravilha,  effrayer,  effarer,  482,  483. 

stravilhamand,  trouble,  frayeur, 
grande  peur,  et  subite,  482. 

stravilhus,  effrayant,  482,  483. 

stri bouilli,  orage,  tourmente,  483. 

stribouilla,  strabouilla,  agiter  (dans 
l'eau),  483. 

stronkaj,  tas  de  choses,  gens  mal- 
propres, 433. 

strop,  étrape,  52. 

strufuilla,  brouiller  en  agitant  ; 
troubler,  effrayer,  483. 

sugullou,  traits  de  chevaux,  140. 

suiëù,  suif,  12. 

suilh,  zuill,  brûlé,  ce  qui  est  un  peu 
rôti,  roussi  ;  (vent)  brûlant,  140, 
141. 

suilhaJur,  action  de  rôtir,  141. 

sukr  kahtin,  sucre  candi,  334. 

sul,  dimanche,  137. 

sulya,  suilha,  suilhein,  souillein, 
brûler,  rôtir  un  peu,  flamber,  gril- 
ler, passer  au  feu,  roussir,  129, 
139,  141. 

sur,  sur,  acide,  137. 

suramant,  sûrement,  55. 

suruguen,  suluguenn,  pain  cuit  sous 
la  cendre,  129,  134,  137. 

synagoc,  synagogue,  330. 

tabès,  tapis,  327. 

tabut,  dispute,  138. 

taill,  taille,  70. 

talant,  talent,  5.1. 

talet,  talengn,  valoir  ;  ne  dal  ket  er 

boén,  ta  k'ë  bouenn,  cela  ne  vaut 

pas  la  peine,  173,  185. 


talier,  croupe,  317. 

tamm,  morceau,  504,  dim.  tamik', 
pi.  -ig'ëù,  16. 

tan,  feu,  53. 

tana,  brûler,  être  ardent  ;  donner  la 
question  par  le  feu;  allumer;  ta- 
na, tani,  chauffer,  139. 

tangwalla,  incendier,  139. 

taol,  tôl,  coup,  98. 

tar,  ventre,  52. 

tarnons,  (le)  lendemain,  4. 

tarù,  terù,  tarn,  taureau,  4,  24. 

tas,  tes,  tas,  56. 

tat,  tad,  pi.  tatdou,  tadëù,  père,  11, 
329. 

tavarnijon,  tëvarnijoh,  aubergistes, 
176. 

techt,  témoin,  7. 

teil,  fumier,  64,  374. 

tenaillou,  tenailles,  70. 

tenbr,  timbre,  177. 

Tenou-Evel,  Tenuel,  60. 

tërel,  jeter,  10. 

terrubl,  terrible,  57. 

téù,  gros,  épais,  8. 

tëvarn,  auberge,   10,  174. 

ti,  tiy,  pi.    tiyi,    tiyir,    maison,  13, 

.  S°4- 

tiet,  langue,  6. 
tigern,  chef,  10 1. 
tioél,  tanouél,  sombre,  6,  440. 
tnou,  trou,  vallée,  60. 
toc'h,  tourte  de  pain,  14. 
toem,    tuem,   lom,    t'iëm,    k'ëim, 

chaud,  7,  10,  19. 
toemaff,  tomaff,  chauffer,  78. 
ton,  toun,  ton,  48. 
toriganet,     corrigans,     lutins,     20, 

torr,  ventre,  panse,  14,  32. 
touchentil,  des  messieurs,  15. 
touich-tan,  touche    de  feu,  torture, 

139. 
toulat,  quantité,  440. 
tourc'h,  verrat,  47. 
tourmant,  tourment,  48 . 
tout,  tout;  tou  rac'h,  tous,  181. 
tragas,  tracas,  327. 
trauellou,  soucis,  506,  507. 
trawasët,  assez,  25,  188. 
treboul,  il  agite,  482. 
treboulance,  trouble  (d'esprit),  482. 
trccc,  traescc,  trez,  trace,  57. 
Trécesson,  109. 


WXK 


Table  des  principaux  mois  étudiés 


Trechguoret,  317. 

Trecor,  Treguer,  Tréguier  (diocèse), 

286,  295. 
Trégomel  (Saint-Caradec  — ),  276. 
Trégos,  490. 
treill,  treillis,  70. 
tréjat,    contrat    de    louage    pour  la 

durée  du  travail  agricole,  21. 
tréjazour,    ouvrier    engagé    par   ce 

contrat,  21. 
tréma,  vers,  chez,  190. 
trenk,  aigre,  12. 
tréss-plec,  oreiller,  chevet,  82. 
Trestan,  317. 
Trévelec,  490. 
tri,  f.  ter,  trois,  174. 
tribuill,    trubuill,     trebill,    trouble, 

douleur,  482. 
tribuiilaff,  trubuillaff,  trebillein,  af- 
fliger, persécuter,  482. 
tricheboul,  pompes,  séductions  (des 

démons),  482. 
tricherv,  tricherie,  tromperie,    482. 
tricolor  !  allons  donc!  493. 
trihorv,  sorte  de  danse,  493,  494. 
Trindet,  Treindet,  Trinité,  64. 
triouec'h,  dix-huit,  346. 
tristet,  tristesse,  129. 
tristez,  tristesse,  129. 
trivet,  f.  tervet,  troisième,  174. 
trizek,  treize,  7, 18. 
tro  en  dé,  tout  le  jour,  190. 
Troae,  Troe,  Troie,  75. 
trubuill,  beaucoup,  excessivement,  à 

faire  peur,  138,  482. 
trubuilla,  s'épouvanter,  482. 
trubuillus,  affligeant,  482. 
truet,  pi.  trueit,  pied,   15,  176. 
trullien,     morceau,   lambeau,    503, 

504. 
tulban,    tulbénd,  turuban,    turban, 

481. 
tulban,   turuban,    turiban,     écharpe 

des  gens  de  guerre,   en    guise  de 

baudrier,  481,  482. 
tule,    dule,   tultre,  ombilic,  cotylet, 

tulot,  44  [-443. 
tumpa,  faire  tomber,  326. 
tumporell,  tombereau,  326. 
turlebm,  ébloui-sement.  4S1. 
turlebannein,  éblouir,  4X1. 
turlubannus,    (sommeil)  agité,  481. 
turluta,  -tat,  dorloter,  soigner,  480. 


turluter,  homme  indécis,  480. 

turlutud,   soin?  480. 

turmud,  remuement,  fermentation 
dans  les  esprits  ;  recherche  bru- 
yante, 483,  484. 

turmuda,  mouvoir,  remuer  ;  être  en 
iermentation,  en  trouble  ;  recher- 
cher, 484. 

turubailh,  choses  (insignifiantes); 
homme  qui  s'effraie  sans  raison, 
481. 

turubailhou,  turibailhou,  ramas  ; 
brimborions,  fatras,  481,  482. 

ut,  teut,  gens,  10,  15. 

uet,  âge,  15. 

un,  on,  oun,  our,  un,  15,  175,  503, 

504;  our  sort,  le  même,   pareil  ; 

tout  aussi    bien,    187,     188;  our 

yeuc'h,  beaucoup,  188;  our  zan- 

tëlen,  une  dentelle,  our  ëzvalen, 

une  descente,  171,  175. 
un,      unan,     inon(n),     hënon,    un 

(seul);  (moi)   seul,  (moi-)même, 

13,  15,  24,  25,  299. 
urz,  urh,  ordre,  353. 
utul,  utile,  57. 
dur,  (à)  Mur,  23. 
uzehuion,  juifs,  474. 
uzuilh,  suie,  140. 

va,  mon,  129,  130,4^8,  470. 
vacabont,  -bant,  vagabond,  51,  327. 
vaen,  vain,  70. 
vaillant,  vaillant,  70. 
vanaeson,  venaison,  54,  70. 
vandangaff,  ven-,  vendanger,  54. 
vanegloar,  -gloer,  vasnagloar,  vaine 

gloire,  5  5,  75- 
vapeur,  machine  à  vapeur,  28. 
Vef,  Geneviève,  496. 
vëjél,  vigile,  10. 
venin,  bénin,  venim,  binim,  venin, 

336,  5)2- 
venu,  flasque,  1 1. 
veruen,  verveine,  70. 
vet,  fet,  vous  serez,  318. 
veturier,  voiturier,  76. 
vicaer,  vicaire,  70. 
victoar,  victoire,  75. 
viiiour,  vigor,  vigueur,  130. 
vi(n)s,  vis,  13. 
voetur,  voiture,  75. 


tome  XXXV 


XXXV 


volet,  couvercle,  y.S. 

volontez,  bolanté,  volonté,  536; 

Vona,  Yvonne,  474. 

Waniq,  Y  von,  474. 

uuin.  uuen,  blanc,  blanche.  46. 

W'inwaloc.  312,  314. 

\vo.  (il  )  sera,  1  4. 

(Juorgost,  [Jurgost,  (12. 

yac'h,  neige,  7. 

yachat,  hiat,  guérir,  130. 

va  dam,  va  am,  oui  dame,  oui  cer- 
tes, 19. 

yalc'h,  yac'h,  bourse,  22,  60. 

yalc'hat,  yac'hat,  contenu  de  la 
bourse,  23. 

ye,  oui,  6,  [89. 


\e,  d'ië,  g'ië.  il,  17,  19. 

yeuc'h,  tas,  1  |,  1 5,  188. 

yi(r),  poules,  13,  23. 

vminantan,  le  plus  éminent,  47. 

ynfernal, infernal,  506,  507. 

vvnteiet,  enterré,    (.. 

yot,  iout,  bouillie,  78. 

vscusin.  excuser,  47. 

ystiman,  j'estime,  47. 

vunou.  vuniou,  vunën,  pi.  deyënn, 

jeûne,  12,    306,  507. 
yvraignour,  ivrogne,  69. 

/.a,  1  qui)  vient,  \H. 

-zan,  -zen,    cond.    passé,    irf   pers. 

sing.  186. 
zebr,  iep,  (\\)  mange,  27. 
zoe'h,  à  vous.  18. 


iwMft  &&ztii  suo^- 


PB  1001    ,R5  V.35  SMC 
Revue  celtique 


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