the pResence of this Book
in
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thRouqh the qeneRosity
of
Stephen B. Roman
From the Library of Daniel Binchy
REVUE CELTIQUE
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FONDÉE
PAR
H. GAIDOZ
1870-1885
CONTINUÉE PAR
H. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE
1886-1910
DIRIGÉE PAR
J. LOTH
Professeur au Collège de France
P
tri
G. DGTTIX
AVEC LE CONCOURS DE
E. ERNAULT
J. VENDRYES
Doyen de la Faculté des Professeur à l'Université Chargé de cours
Lettres de Rennes de Poitiers à l'Université de Paris
ET DE PLUSIEURS SAVANTS DES ILES BRITANNIQUES ET DU CONTINENT
Année 1 9 1 2 . — Y 0 l . XXXIII
PARIS
LIBRAIRIE Honoré CHAMPION, ÉDITEUR
5, QUAI MALAQUAIS (6e)
I 91 2
Téléphone : 828-20
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in 2011 with funding from
University of Toronto
http://www.archive.org/details/revueceltiqu33pari
SUPPLÉMENT A L'ESSAI D'UN CATALOGUE
DE LA
LITTÉRATURE ÉPIQUE DE L'IRLANDE
DE
H. D'ARBOIS DE JUBAINYILLE.
Le Catalogue de la Littérature épique de l'Irlande, par H. d'Ar-
bois de Jubainville a rendu et rendra aux celtistes de grands
services en les renseignant sur les manuscrits et les éditions
des textes épiques irlandais. Mais, publié en 1883, à une
époque où, si l'on met à part le premier volume des Irische
Texte de E. Windisch (1880), la masse des documents en
moyen irlandais n'avait point encore fait l'objet d'éditions
scientifiques, il a besoin d'être complété pour conserver sa
valeur pratique. Je crois honorer la mémoire du maître que
nous regrettons et épargner quelque peine aux celtistes en
publiant les notes que j'avais portées sur mon exemplaire au
fur et à mesure que paraissait un texte épique ou qu'était
signalé un manuscrit. J'ai suivi le plan et je me suis enfermé
dans les limites du Catalogue. M. Paul d'Arbois de Jubain-
ville a bien voulu me communiquer l'exemplaire annoté par
son pèreetj'ai pu y relever des détails qui m'avaient échappé.
G. Dottin.
BIBLIOGRAPHIE
Arbois de Jubaixville (H. d'), Le manuscrit irlandais de
Paris, chez H. Omont, Catalogue des manuscrits celtiques
de la Bibliothèque nationale, Revue Celtique, t. XI, p. 389-
404.
Revue Celtique, XXXIII. i
2 G. Dottin.
Dottin (G.), Le manuscrit irlandais de Rennes, Revue Celtique,
t. XV, p. 79-91.
Gaidoz (H.), Les manuscrits irlandais d'Edimbourg, Revue
Celtique, t. VI, p. 109-114.
Book of Ballxmote (The), with introduction by R. Atkinson,
Dublin, 1887.
Book of Lecan (The Yelloiv), with introduction by R. Atkin-
son, Dublin, 1896.
Mackinnon, The Glenmasan Manuscript, The Celtic Review,
t. I, p. 3-10.
Mackay (G.), Ancient Gaelic médical manuscripts. Caledonian
Médical Journal, t. VI (1904).
Meyer (K.), Addenda to Mr. de Jubainvilles Catalogue, Revue
Celtique, t. VI, p. 187-191.
Meyer (K.), Celtic Magasine, t. XII (1887), p. 208. Cf.
Revue Celtique, t. VIII. p. 189-190.
Meyer (K.), The Irish mss. at Cheltenham, The Academy,
mai 1890.
Meyer (K.), compte rendu de The Yellow Book of Lecan,
Zeitschrift fiir Celtische Philologie, t. I, p. 493-496.
Meyer (K.), Supplément à la description du Bodleian B
512, Anecdola Oxoniensia, vol. VIII, Hibernica minora,
p. 39. Voir Stores.
Meyer (K.), The Bodleian ms. Laud 61 j, Eriu, t. V, p. 7-
14.
Meyer (K.), Das Buch der Hûi Maine (Stowe collection)
Archiv fur Celtische Lexikographie, t. II, p. 138; ms. 23.
P. 3, Royal Irish Academy, ibid., p. 136.
Nettlau (M.), Irish texts in Dublin and London manuscripts,
Revue Celtique, t. X, p. 456-462.
Nutt (A.), Textes contenus dans le ms. H. 6. 2, d'après
I-
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 3
une note de T. K. Abbott, Revue Celtique, t. XII,
p. 203.
O'Grady (St. H.), Catalogue of Irish Manuscripts in the
British Muséum. Cf. Revue Celtique, t. XXV, p. 84.
Rawlinson B. 502, with an introduction an indexes, by Kuno
Meyer, London, 1909.
Stern (L. Chr.), Le manuscrit irlandais de Leyde, Revue Cel-
tique, t. XIII, p. 1.
Stern (L. Chr.), Notice d'un manuscrit irlandais de la biblio-
thèque universitaire de Giessen, Revue Celtique, t. XVI, p. 8-
30.
Stern (L.Chr.),Z)/> irische Handschrift in Stockholm, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. I, p. 115-118.
Stern (L. Chr.), Ueber tint Sammlung irischer Gedichtc in
Kopenhagen, Zeitschrift fur Celtische Philologie, t. II, p. 323-
372.
Stokes (Wh.), The Irish verses, noies and glosses in Harki au
1802. Revue Celtique, t. VIII, p. 346-347.
Stokes (Wh.), Description du Livre de Lismore dans Lives
of saints from the Book of Lismore, Oxford, 1890, p. v.
Stokes (Wh.), Description du Rawlinson B 512 dans The
tripartite life of Patrick, p. xiv-xliii. Voir K. Meyer.
Stokes (Wh.), Description du manuscrit de Bruxelles 5100-
4 dans Faire hUi Gormain, London, 1895, p. vu.
Zimmer (H.), Gottingische Gelehrte An^eigeiu mars 1887,
p. 153 et suiv. (compte rendu du Catalogue).
Zimmer (H.), Beschreibung der Handschrift F. C. (Liber
hymnorum des Franciscains de Dublin), Keltische Studien,
t. I, p. 13-16.
4 G. Dotliu.
SUPPLÉMENT
(On n'a pas tenu compte, pour l'ordre alphabétique, des
voyelles adventices de l'orthographe irlandaise ni de la
notation moderne des consonnes.)
Accallam. Voir Agallamh.
Agallamh Coluimchille 7 ind oclaig.
Manuscrits : xvie s. Dublin, Trinity Collège, H. 3. 18.
Imprimés : Publié et traduit par Kuno Meyer, Zeitschrifl
fur Celtische Philologie, t. II, p. 313-320.
Agallamh Cormaic 7 Fithil.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
Minora, p. 82-83.
Agallamh na n-oinmide. Voir Immtechta na n-oinmhididhe.
Agallamh Oisin 7 Phadruig.
Manuscrits : Edimbourg, Advocates' library 62 ; —
xviie s. Giessen 1267, f° 56 v°.
Imprimés : Cf. Cameron, Reliquiae Celticae, t. I, p. i6-\.
The Dean of Lis more 's Book, Ie éd., p. 11 o, ni, 143.
Agallamh na Senôrach.
Manuscrits : xve siècle. Livre de Lismore, f° 159 a-197 b
(fragments). — xve s. Oxford, Bodleian library, Laud 610,
f° 123 a-146 b (fragments). — xvc s. Dublin, Franciscains,
n° 2 (n° 27 de Gilbert), f° 1-129 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Si ha
Gadelica, t. I, p. 94-233; t. II, p. 101-265; publié par
Wh. Stokes, Irische Texte, t. IV, p. 1-438 avec traduction
des parties non traduites par O'Grady.
Agallam in da suad ou Immacallam in da thuarad.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXVI, p. 4-64.
Adbar na Tâna, section du Tain bô Cualnge.
Aed Baclam. Voir Stair etc.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 5
AlDED AlLELLA J COXAILL CeRNAIG.
Manuscrits : xivc s. Edimbourg, Advocates' library 40.
p. 3-5. — xve s. Dublin, Trinity Collège, H. 2. 17, f° 475
b-476 b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. I, p. 102-111.
Aided Athairxe ou Tochmarc Luaixe.
Manuscrits : xvc s. Dublin. T. C, H. 2. 17, p. 464,
col. 2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stok.es, Revue Cel-
tique, t. XXIV, p. 270-287.
Aided Ceit maic Magach.
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' librarv 40,
p. 7-8.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Death-tales
of the Ulster heroes, Dublin, 1906 (Todd lecture Séries,
t. XIV), p. 36-42.
Aided Celtchair maic Uithechair.
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' library 40,
P- 9-i i-
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Death Taies,
Todd Lecture Séries, t. XIV, p . 24-3 1 .
Aided chloixxe Lir.
Manuscrits : xvme s. Edimbourg, Advocates' library 56.
Imprimés : Le texte d'O'Curry a été réimprimé par la
Society for the préservation of the Irish language, Dublin.
Aided chloixxe Tuirexd.
Manuscrits : xvme s. Edimbourg Advocates' library 56.
Imprimés : La traduction d'O'Curry a été réimprimée
dans The Gaelic Journal, t. II, p. 131-135, 176-183, 235-
238, 260-269.
Aided chloixxe Uisxig.
Manuscrits : xvie s. Edimbourg, Advocates' library 48.
— Fin du xve s. Edimbourg, Advocates' library, 53 (Gle-
6 G. Dottin.
nmasan ms.). — xvme s. Edimbourg, Advocates' library 56
(Peter Turner n° 3). — xvmc s. Edimbourg, Advocates'
library 62 (poème). — Dublin, R. I. A. Stowe8é7, f° i86a.
Imprimés : La seconde rédaction a été publiée et traduite
par Wh.Stokes,7mf/# Texte, t. II, p. 1 01- 184. La première
rédaction a été traduite parThurneysen,5aor£ft aus demalten
Irland,p. 1 1-20. Cf. Miss Hull, The Cuchullin Saga, p. 23-
53. Voir aussi Cours de littérature celtique, t. V, p. 217-236,
236-252,252-286 ; Leahy, Heroic romances of Ireland, 1905,
t. I, p. 89-109; Cameron, Reliquiae Celticae, t. II, p. 421-
463 ; Mackinnon dans The Celtic Review, t. I, p. 12-17, I04~
131, cf. Revue Celtique, t. XXVI, p. 268-270. Une rédac-
tion moderne a été publiée par la Society for the préserva-
tion of the Irish language, Oide Chloinne Ùisnigh, F a te of the
Children of Uisneach, Dublin, 1898; cf. Revue Celtique,
t. XVI. p. 426-449; D. Hyde, Zeitschrift fur Celtische Phi-
lologie, t. II, p. 138-155; A. Carmichael, Deirdire and the
lay of the children of Uisne orally collée ted in the island ofBara
and literally Iranslated. London, 1905 (Transactions of the
Gaelic Society of Invemess, t. XIII, p. 241-257); Celtic Maga-
sine, t. XIII, p. 69-85, 129-138; Leabhar na Feinne, p. 19-
29.
AlDED CONAILL CeRNAIG. Cf. AlDED AlLELLA.
Manuscrits : xivc s. Edimbourg, Advocates' library, 40.
AlDED CONCHOBAIR.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe,
992), f° 54 a 2. - - xvic s. Edimbourg, Advocates' library,
40, p. 1-3.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Death-
tales of the Ulster heroes. Todd lecture séries, t. XIV, p. 2-
22. — Traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours de litté-
rature celtique, t. V, p. 366-373 ; chez Miss Hull, The Cuchul-
lin Saga, p. 267-272, et par R. Thurneysen, Sagen ans
demalten Irland, p. 69-72.
AlDED CONCULAINN.
Manuscrits : xve s. Edimbourg, Advocates' library, 45.
— xvne s. Edimbourg, Advocates' library 38.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 7
Imprimés : publié et traduit en partie par Wh. Stokes,
Revue Celtique, t. III, p. 175-185; traduit par H. d'Arbois
de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V, p. 326-
365. Cf. Miss Hull, The Cuchullin Saga, p. 253-263.
AlDED CONLAOICH OU AlDED ÈNFHIR AlFI.
Manuscrits : xvnc s. Edimbourg, Advocates' library, 38.
— xvme s. Edimbourg, Advocates' library, 62 .
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Eriu, t. I,
p. 113-121. — Rédaction moderne publiée et traduite par
G. Dottin, Revue Celtique, t. XIV, p. 1 19-136. — Cf.
Cameron, Reliquiae Celticae, t. II (1892), p. 59-62; H.
d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V,
p. 51-65. The dean of Lismores Book, Ie éd,, 1862. p. 35,
36, 50-53 ; J.-F. Campbell, Leabhar na Feinne, 1872^.9-16.
AlDED COXROI MAIC DaIRI.
Manuscrits : xve s., Oxford, Bodléienne, Laud 610,
f° 117 a 2-1 17 b. Cf. Revue Celtique, t. VI, p. 187.
Imprimés : publié et traduit par R. I. Best, Eriu, t. II,
p. 18-35.
AlDED CrIMTHAINN MAIC FlDAIG 7 TRI MAC EcHACH Mui-
GMEDÔIN.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIV, p. 172-207; et par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I. p. 330-336; t. II, p. 373-578.
AlDED DERBFORGAILL.
Manuscrits : xne s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster,
p. 125 a; — D. 4. 2. (Stowe 992), f° 54 b 1.
AlDED Dl ARM ATA MEIC FERGUSA CeRRBEOIL.
Manuscrits : 1390, Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 171 ; —
xve s. Livre de Lismore, f° 94 b.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 72-82 ; t. II, p. 76-88.
AlDED ECHDACH MAIC MaIREDA.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 233-237, t. II, p. 265-269.
8 G. Dot tin.
Aided Hxi-ir Aifi. Voir Aided Coxlaoich.
Aided Htarcomail, section du Tâin bô Cualxge.
Aided Fergusa maic Léide ou Echtra Fergusa.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 238-252; t. II, p. 269-285. Cf. H. d'Ar-
bois de Jubainville, Zcitschrift fur Ceîtische Philologie, t. IV,
p. 456-461.
Aided Fergusa maic Roig.
Manuscrits : xive siècle, Edimbourg, Advocates' library,
40, p. 5-6.
Imprimés : K. Meyer, The Death-tales cf the Ulster
Herœs, Todd lecture séries, t. XIV, p. 32-35.
Aided Find. Voir Tesmholta Corbmaic.
Manuscrits : première rédaction, xve s. Oxford, Bod-
léienne, Rawlinson B. 487 (c'est un épisode du Cath
Finntraga).
Deuxième rédaction ou Tesmholta Corbmaic Ui Cuixx.
xve s. Londres, British Muséum, Egerton 1782, f° 24 b 2 ;
— xve s. Oxford, Bodléienne, Laud 610, f° 121 b 1.
Imprimés : Deux fragments de la première rédaction ont
été publiés et traduits par K. Meyer, Zeitschrift fur Ceî-
tische Philologie, t. I, p. 462. La seconde rédaction a été
publiée et traduite par St. H. O'Grady, Silva Gadelica, 1. 1,
p. 89-92; t. II, p. 96-99.
Aided Fir baith, section du Tâin bô Cualnge.
Aided Guill maic Carbada 7 Aided Gairb Glixde Rige.
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' library 40,
P- 29-37-
Imprimés : Extrait publié et traduit par Zimmer, Stein-
meyers Zeitschrift, t. XXXII, p. 208-216; en entier publié
et traduit par Wh. Stokes, Revue Celtique, t. XIV, p. 396-
449-
Aided ix togmaill 7 ix pheta eoix, section du TÂix bô
Cualnge.
Aided Lôich maic Mofemis, section du Tâin bô Cualxge.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 9
Aided Lôcha, section du Tâin bô Cualnge.
AlDED LOEGAIRI BUADAIG.
Manuscrits : xivc s. Edimbourg, Advocat.es' librarv, 40,
P- 8-9-
Imprimés : Publié et traduit par K. Meyer. The Death-
tales of the Ulster Heroes, Todd lecture séries, t. XIV,
p. 22-23.
Aided Lugdach 7 Derbforg aille.
Manuscrits : xne s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster,
125 a; — 1300, Dublin, R. I. A., Stowe 992 (D. 4. 2),
f° 54 b 1 ; — xvie s. Dublin, T. C, H. 3. 18, f° 728.
Imprimés : publié et traduit par C. Marstrander, Eriu,
t. V, p. 201-218.
Aided Maelfathartaig. Voir Fingal Ronain.
Aided Maelodrain mic Dima Chroin.
Manuscrits : xne s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 47 b 1 ; — xive-xve s. Rawlinson B 512, f° 116 a. 1.
Aided Meidbe (Medba).
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 6-7.
Aided Muircheartaig maic Erce.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIII, p. 395-438.
Aided Nathcrantail, section du Tâin bô Cualnge.
Aided Nathi 7 a adnacol.
Manuscrits : xves. Livre de Ballymote, p. 248 a, 42.
Aided Néill maic Echach.
Manuscrits : xir- s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B
502, f° 47 a 1-47 a 2. — xive-xve s. Oxford, Bodléienne,
Rawlinson B. 512, f° 1 ai (fragment).
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Otia Mer-
seiana, t. II, p. 84-92 ; Archiv fur Celtische Lexicographie,
t. III, p. 323-324.
Aided na maccraide Ulad, section du Tàin bô Cualnge.
io G. Dot tin.
Aided Orlaim, section du TAix bô Cualnge.
AlDED NA 1 Kl N-AED.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992) f" 54 b 1.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anccdota from Irish
manuscripts, t. III, p. 47-48.
Aided Oexgussa maic Oenlama, section du Tâin bô
Cualnge.
Aided tri mac n-Arach, section du Tâin bô Cualnge.
Aided tri mac n-Diarmata mic Cerbaill, ou Orgain
etc.
Manuscrits : xnc s. Oxford, Bodléienne,Ra\vlinsonB 502,
f° 73 b-74 b. — xive-xve s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B 512, f° 115 bi, p. 70-75.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
Minora, p. 70-75.
Aided Ualand, section du Tâin bô Cualnge.
Alexandre. Voir Scéla, etc.
Ailill 7 Etain. Voir Tochmarc Etaine.
Amra Chonroi.
Imprimés : publié par Wh. Stokes, Erin, t. II, p. 1-14.
Airec Mexmax Uraird maic Coisse.
Imprimés: publié par M. E. Byrne, Anecdota from Irish
manuscripts, t. II, p. 42-76.
Airecur n-arad, section du Tain bo Cualnge.
AlREM MUINTIRE FlXD.
Manuscrits : 1390, Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 768-
770, p. 119.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Si Ira
Gadelica, t. I, p. 92-96; t. II, p. 99-101. Cf. The Dean of
Lis/non s Book, Ie éd. p. 1, 2, 3.
Airne Fixgin.
Imprimés : publié par A. M. Scarre, Anecdota from
Irish manuscripts, t. II, p. 1-10.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. il
Aslinge Conchobair. Voir Fis Conchobair.
AlSLINGE MAIC CONGLINNE.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Vision oj
Mac Conglinne, London, 1892 ; traduit par R. Thurneysen,
Sagen ans dem allen Irland, p. 1 31-147. Une version en
irlandais moderne a été publiée par P.O' Leary, An Craos
Demhan, Dublin, 1905.
AlSLINGTHI CONCHOBUIR.
(Histoire d'introduction au Tain Bô Cualnge d'après ms.
Stowe 992, f° 49 b 2).
Aithed Emere le Tuir n-Glesta mac rig Lochlann.
Manuscrits : Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe 992),
f° 84 b 2.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer. Revue Cel-
tique, t. VI, p. 184-185, cf. 190.
Aithed Grainne re Diarmait.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Zeitschrift
fiir Celtische Philologie, t. I, p. 458. Cf. The Dean of
Limorês Book, irc éd. p. 20, 21, 30. Cameron, Reliquiae Cel-
ticae,t.l, p. 72-7 5; Leabhar naFeinne, p. 151.
Baile bic Maic De.
Manuscrits : xivc s. Dublin, T. C., H. 2. 16; — 1560,
Londres, B. M., Harleian 5280, f° 41 b.
Baile Binnberlaig. Voir Scél etc.
Baile Cuinn Chetchathaig ou Baile in Scail.
Imprimés : publié par K. Meyer, Zeitschrift fiir Celtische
Philologie, t. III, p. 457-466.
Baile Findachta rig Connacht.
Manuscrits : xives. Dublin, R.ï. A., Livre de Ballymote,
p. 266.
Bangleo Rochada, section du Tâin bô Cualnge.
Barralam. Voir Stair, etc.
BÀs Fhraoich.
Imprimés: The Dean of Lismores Book, éd. Mac Laugh-
lan, p. 36, 54. Leabhar na Feinne, p. 32-33.
\2 G. Dot lin.
BAS BHRAIN 7 DlIlARMAID.
I m primés : publié et traduit par D. Mac Donald, The
Ccllic Review, t. VI. p. 131.
B.\s an macaim moir, mic righ na h-Easpaine.
Imprimés : publié et traduit dans An Gaodhal, t. XIX,
p. 1 39-141, 203-204.
Bède. Historia ecclesiastica gentis Anglorum.
Manuscrits : XVe s. Oxford, Bodléienne, Laud 610, f° 87
b 1-92 a 1 (fragment).
Imprimés : publié par K. Meyer, Zeitschrift fur Celtische
Philologie, t. II, p. 321-322.
Bibuis o Hamtuir (Bethadh). Bevis de Hampton.
Manuscrits : xve s. Dublin, T. C, H. 2. 17, p. 34S a-
363 b.
Imprimés : publié et traduit par F. N. Robinson, Zeil-
schrift fur Celtische Philologie, t. VI, p. 173.
Bodach in chota lachtna.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 289-296; t. II, p. 324-331.
Boroma.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XIII, p. 32-117 et par St. H. O'Grady, Silva Gade-
lica, t. I, p. 3 59-390; t. II, p. 401-424.
Briatharthecosc Conctjlaind, épisode du Serglige Concu-
LAIND.
Brislech mor maige Murthemne, section du Tàin bô
CUALNGE.
Imprimés : en partie traduit chez Miss Hull, The Cuchul-
lin Saga, p. 236-249; publié dans The Gaelic Journal,
t. XI, p. 81, 145, 161, 177.
Bruiden Atha.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A., Stowe 992, f° 66 a
— 66 a 2. — xive s. Dublin, T. C, H. 2 16, p. 212, col.
95 ï-
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 13
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, t. XIV, p. 241-249.
Bruiden bheg na h-Almaine.
Manuscrits : Londres, B. M., Additional 18.747; —
Dublin, R. I. A., Stowe 867, f° 248 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Si Ira
Gadelica, t. I, p. 336-342; t. II, p. 378-385.
Bruidheax Chaorthainn.
Manuscrits : 1603, Edimbourg, Advocates' library 34. —
xviie s. Edimbourg, Advocates' library, 38. — xvme s.
Edimbourg, Advocates' library, 58.
Imprimés : publié par P. Mac Piarais, Dublin, 1908. Cf.
Campbell, Leabhar na Feinne, p. 86-88; West Highland taies,
t. II, p. 186. Craigie, The Scoitish Review, 1894, P- 27)~
276, 287-295. Joyce, Old Celtic romances, p. 177-222.
Bruidheax Cheise Coraix.
Manuscrits : Londres, B. M., Additional 18.747, f° 75 b.
— Edimbourg, Advocates' library 36.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 306-310, t. II, p. 343-347; cf. Irish Echo
de Boston, t. IV, n° 2 ; The Scottish Review, 1894, P- 27)>
277-279.
Bruidex Da Chocae. Voir Togail bruidxe Da Choca.
Bruidex Da Dergae. Voir Orgaix bruidxe Da Dergae.
Bruidheax Eochdach Bhig Dheirg.
Manuscrits : xvme s. Edimbourg, Advocates' library 56.
Imprimés : O'Brien, Blaithfhleasg de Mhilseâinibh na Gaoi-
dhelge, p. 129. Cf. The Scoitish Review, 1894, p. 276,
279-287.
Caladgleo Cethirx, section du Tâix bô Cualxge.
Caxo mac Gartxaix. Voir Scéla etc.
Cairdius Aexias 7 Didaixe, épisode de Imtheachta Aexiasa.
Imprimés : publié et traduit par T. H. Williams, Zeit-
schrift fi'tr Celtische Philologie, t. IL p. 419-472.
14 G. Dot tin.
Cath Almaine.
Manuscrits : xvne s. Bruxelles, Bibliothèque royale, 5301-
20.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue CeJ-
tique, t. XXIV, p. 41-70.
Cath Airtig.
Manuscrits : xvie s. Dublin, T. C. H. 3, 18, p. 724.
Cath Boindi ou Ferchuitred Medba.
Manuscrits : Oxford, Bodléienne, Rawl. B512, f° 1 a-2
a 2 — Lecan 351 b-353 a. — Dublin, R. I. A., C. I. 2
(Stowe 872).
Imprimés : publié et traduit par J. O. Neill, Eriu, t. II,
P- I74-Ï85-
Cath Cairnn Chonaill.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Zeitschrift
fur Celtische Philologie, t. III, p. 203-219.
Cath Catharda ou Cogad siuialta na Romanach (Pharsalc
de Lucain).
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A.,D. 4. 2 (Stowe 992)
p. 1-44. — Edimbourg, Advocates' library 46 (fragment).
— 1633. Dublin, R. I. A., C. 6. 2. (fragment). — 1698
Dublin, R. I. A., 24 P. 3. -- Dublin, R.'l. A., 24 P. 17.
— Dublin R. I. A..D. 1. 1.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, IV, 2.
Cath Cinn-abrad.
Imprimés : publié par A. M. Scarre, Anecdota from ïrish
Mumtscripts, II, p. 76-80.
Cath Crinna.
Manuscrits : xve siècle. Livre de Lismore, f° 121 a-
123 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 319-326 ; t. II, 359-368.
Cath Fikn Tragha.
Manuscrits : Edimbourg, Advocates' library 58 ; — Chel-
tenham, Phillips 6467.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 1 5
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Anecdota
Oxoniensia. Mediaeval and modem séries, vol. I, part IV,
1885.
CATH FORGAIRID ACUS IlGAIRIG.
Manuscrits : cité dans le livre de Leinster 95 a 38, 44.
5 1 ; 102 b, 11 ; 103 a 23 ; 107 a 15.
Imprimés : Cf. Revue Celtique, t. VI, p. 188.
Cath Gabhra.
Imprimés : The Dean of Lismorês book, ire éd. p. 24, 25,
32, 33, 35. 48.
Cath Gairighi, section du TÀix Bô Cualxge.
Cath Maige Mucrime ou Fotha Chatha Mucrama.
Manuscrits : xvii* s. Edimbourg, Advocates' library 38
(3e rédaction). — xve s. Oxford, Bodléienne, Laud 610, f°94
d 17-97 a 26 (2e rédaction). — 171 5 Londres, British
Muséum, Egerton 106, f° iéb-25 a (3e rédaction); — Egei-
ton 150, f° 58 b-81 a (3e rédaction); — Additional 18.947
f° 56 b 74 b (3e rédaction); — Egerton 118, f° 38 a-48 b
(3e rédaction); — Egerton 114, f° 46 a-53 b(3e rédaction).
— xvme s. Cheltenham, Phillips 10.278; — Phillips 6467.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
GadeUca, t. I, p. 310-318; t. II, p. 347-359 et par Wh.
Stokes, Revue Celtique, t. XIII, p. 426-474; t. XIV, p. 95-
96; Cf. The Gaelic Journal, Sept. 1907 — avril 1908.
Cath Mltgi Rath. Cf. Fled Dltx xa x Géd.
Manuscrits : Première rédaction : xive s. Dublin, T. C,
Livre jaune de Lecan H. 2. 16 ; — Dublin, R.I. A., Stowe
23 k, 44; — Dublin, R.I. A., BIV, 1 ;— Dublin, R. LA.,
Reeves 24 P. 9. — Bruxelles. — Deuxième rédaction :
1390, Dublin, Livre jaune de Lecan, col . 945.
La deuxième rédaction a été publiée et traduite par
C. Marstrander, Eriu, t. V, p. 226-247.
Cath Maige Tured xa Fomorach.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Rei'ue Cel-
tique, t. XII, p. 52-130, 306; traduit par H. d'Arbois de
Jubain ville, Cours de littérature celtique, t. V, p. 393-448.
16 G. bot lui.
Cath na tana i-Selmain Mide.
Manuscrits : xne s. Dublin, R. I. A. Livre de Leinster97
a 17.
Cath Ruis na Rig.
Imprimés : publié et traduit par E. Hogan (Royal Irish
Academy, Todd lecture séries, t. IV). Cf. The Acaâemy,
22 juillet 1893.
Cathreim Cellachain Caisil.
Imprimés : publié et traduit par Al. Bugge, The victo-
rious carter ofCellachan of Casbel, Christiania, 1905.
Cathreim Chonghail Claringhnigh.
Imprimés : publié avec introduction, traduction, notes
et glossaire par P. M. Mac Sweeney, London 1904 {Irish
Te.xls Society V).
Cennach ind ruanada in Emain Mâcha (épisode final du Fled
Bricrend).
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' library 40,
p. 69-72.
Imprimés : publié par L. Chr. Stern, Revue Celtique, t.
XIII, p. 28-31 ; publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, t. XIV, p. 450-459 ; cf. Celtic Magasine, t. XII, p.
215-218.
Ces noinden (ou Noiden) Ulad.
Manuscrits : Dublin, R. I. A., Stowe 872 (CI. 2) f° 15
a 2.— Dublin, R. I. A., Stowe 869 (B. 4. 2) f° 127 b.
Imprimés : publié et traduit par Hennessy chez S. Fer-
gusson, Congal, 1872, p. 92 ; par E. Windisch, Abhandluu-
gen der Kôniglich-Sàchsischen Gesellscbaft der Wissenschafteu,
philologisch- hislorische Classe, 1884, p. 338-342; traduit par
Thurneyscn, Sagen ans dent alteu Irland, p. 21-24; par
H. d'Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. V,
p. 320-325. Cf. miss Hull, The Cuchullin Saga, p. 95-100.
Cinnit Ferchon, section du Tâin bô Cualnge.
Clesa Conculaind.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C.,H. 2. 16, p. 125.
Catalogue de la littérature épique de VIrlanâe. 17
C6lR An MANN.
Manuscrits: première rédaction: 1500 Dublin T. C.,H.
3. 18. — Seconde rédaction : xive s. Dublin, R. I. A.,
Livre de Ballymote, p. 249 a-255 a. — xve s. Dublin, R.
LA., 23. P. 2, p. 441-447; — Edimbourg, Advocates'
library, Kilbride III.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, t. III, p. 283-444.
COMAIRLE CONNACHT O RO GHAB MeDHB LIUDH J BIADH DI
(histoire d'introduction au Tain bo Cualnge d'après ms.
Stowe 992, f° 49 b 2).
COMPERT CONCHOBAIR.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992), f° 48 a 2-48 b 2. — xvie s. Dublin, T. C, H. 4.
22, f° 42 a.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, t. VI, p. 173-182. Cf. miss Hull, The Cuchullin
Saga, p. 3-6; traduit chez H. d'Arbois de Jubainville,
Cours de littérature celtique, t. V, p. 3-21 et par Thurney-
sen, Sageu ans déni alten Irland, p. 63-65.
COMPERT CONCULAINN. Voir FEIS TIGI BeCCFHOLTAIG.
xManuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992), f° 49 a. — Dublin, T. C, H. 4. 22, p. 41.
Imprimés : Zeitschrift fur Celtische Philologie, t. V, p. 500-
504; traduit par R. Thurneysen, Sagen ans dem alten
Irland, p. 63-65 ; traduction critique par Duvau, Revue Cel-
tique, t. IX, p. 1, et Cours de littérature celtique, t. V, p. 22-
38. Cf. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung,
p. 419-426. Miss Hull, The Cuchullin Saga, p. 15-20.
Compert Conlaich (épisode du Tochmarc Emere).
COMPERT CORMAIC HUI CuiND OU GENEMAIN CORMAIC.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 180.
Imprimés : St. H. O'Grady, Silva Gadelica, t. I, p.
253-256 ; t. II, p. 286-289.
Revue Celtique, XXXIII. 2
iS G. Dot tin.
Compert Mongain. Voir aussi Serc Duibe Lâcha.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer. The voyage.
of Bran, London, 1895, P- 42"45 (Grimm library IV).
Comrac claixxe Calatix, section du Tâin bô Cualxge.
COMRAC CONCULAIND RE SENBECC HUA N-EbRICC
Manuscrits : 1300, Dublin, R. L A., D. 4. 2 (Stowe
992), t° 50 b 1.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, t. VI, p. 183-184.
Comrac Ferguso, section du Tâin bô Cualnge.
Comrac Fhirdead, section du Tâin Bô Cualnge.
Imprimés : traduit par Leahy, Heroic Romances of Ire-
land, t. I, p. 1 13-159. Cf. Xettlau, Revue Celtique, t. X,
p. 330, t. XI, p. 23, 318.
Comrac Lairlxe, section du TÂix bô Cualxge.
Comrac Leathaix fri Coinculaixx, section du Tâin bô
Cualxge.
Comrâd chixdcherchaille, section du Tâin bô Cualxge.
Comrann na Clôenferta.
Manuscrits : Oxford, Bodléienne, Rawlinson B 502, p
134 a 40.
COMTHOTH LOEGAIRI CO CRETIM J A AIDED.
Imprimés : publié et traduit par Ch. Plummer, Revue
Celtique, t. VI, p. 162-172.
COXCHOBAR MAC NESSA. Voir ScÉLA etC
COPHUR IX DA MUCCIDA.
Imprimés : publié et traduit par E. Windisch, Irische
Texte, t. III, 1, p. 230-275.
Curathmér Emna Mâcha, épisode du Fled Bricrexd.
Dergruathar Choxaill Cerxaig. Voir Aided Conculaixx.
Imprimés : publié dans The Gaelic Journal, t. XI, p. 1,
J7> 33, 49, 65.
Catalogue de la littérature épique de ^Irlande. 19
DlXNSENCHAS.
Imprimés : The Dinnsenchas of Mag Slecht, edited and
translated by Kuno Meyer, chez Nutt, The Celtic doctrine
of rebirth,Lonàon, 1897, P- 3OT î. The Bodleian Dinnshenchas ,
edited and translated by Wh. Stokes, Folklore, t. III, p.
467-516; The Edinburgh Dinnshenchas, edited and transla-
ted by Wh. Stokes, Folklore, t. IV, p. 471-497 ; The prose
taies in the Rennes Dindshenchas, edited and translated by
Wh. Stokes, Revue Celtique, t. XV, p. 272-336, 418-484;
t. XVI, p. 31-83, 135-167 ; 269-312; Poems front the Dind-
shenchas, The metrical Dindshenchas, text and translation by
Ed. Gwynn, Royal Irish Academy, Todd lectures séries,
t. VII-IX).
DOLUID DlARMAIT MAC CERBAIL FECHT N-AII.E.
Manuscrits : xne s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 47 b 2.
DUANAIRE FlNN
Manuscrits : 1628 Dublin, Franciscains n° 2 contient
dans sa seconde partie une collection de ^69 poésies ossia-
niques, f° 1-94.
Imprimés : publié et traduit par Eoin Mac Neill, Dita-
naire Finn, the book of the lays of Fïoun, London, 1908
(Irish texts Society VII).
Echtra Airt Maic Cuinn 7 Tochmarc Delbchaim ingine
MORGAIN.
Imprimés : publié et traduit par R. J. Best, Eriu, t. III,
p. 150-173.
Echta Brain maic Febail
Manuscrits : xive-xve s. Oxford, Bodléienne, Rawlin-
son B. 512, f° 119 a 1 -120 b 2. — xvie s., Londres. B. M.
Harleian 5280, f° 43 a-44 b. — xvie s. Stockholm, biblio-
thèque royale, f° 1 b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Voyage
of Bran, London, 1895, p. 1-42 (Grimm library IV).
Echtra in chetharnaig chaoilriabaig xo chetarnaig Ui
domnail do ré1r druixge.
20 G. Dot tin.
Imprimés : Silva Gadelica, t. I, p. 276-289 ; t. II, p. 31 1-
324; Revue celtique, t. XVI, p. 15.
ECHTRA CHLOINNE RlGH NA H-IORRUAIDHE.
Imprimés : publié et traduit par D. Hyde, London 1899:
Aàventures of the chïldren of tbe King of Norway (Irish texts
Society, t. I).
ECHTRA CHONAILL GhULBAIX.
Manuscrits : xviiic s. Cheltenham, Phillips 10841.
ECHTRA CONNLA CHAIM OU RUAID.
Manuscrits : xivc-xvc s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f° 120.
Imprimés : traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours
de littérature celtique, t. V, p. 385-390, et parR. Thurneysen,
Sagen ans dem ait eu Irlaud, p. 73-76, cf. J. Jacobs, Celfic
fairy taies, p. 1-4.
ECHTRA CORMAIC (MaIC AlRT) I TIR TAIRNGIRI J CeART CLAI-
DIB CORMAIC.
Manuscrits : xve s. Dublin, R. I. A., Livre de Fermoy
(fragment).
Imprimés: publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, t. III, 1, p. 183-229.
ECHTRA FERGUSA MAIC LeTI OU AlDED FERGUSA.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
gadelica, t. I, p. 238-252, t. II, p. 269-285.
ECHTRA FlND.
Manuscrits : xvie s. Leyde, Vossii cod. lat. 7, f° ir°-2r°.
Imprimés : publié et traduit par L. Chr. Stern, Revue Cel-
tique, t. XIII, p. 5-22. Cf. Wh. Stokes, Find and the Phan-
toius (Revue Celtique, t. VII, p. 289).
Eachtra AN GHIOLLA DHEACAIR.
Manuscrits : 1765 Londres, B. M., Additionnai 34. 119.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O' Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 257-275; t. II. p. 292-311. Cf. Tbe Gaelic
Journal, t. X, p. 464, 483, 495, 512, 538, 545, 557, 574,
588, 604.
Catalogue de la litlêral&re épique de F Irlande. 21
Eachtra Ghiolla an Fhiugha.
Manuscrits : xvmc s. Cheltenham, Phillips 10839.
Voir aussi l'édition de l'Irish Texts Society, p. vin et xi.
Imprimés : publié et traduit par D. Hyde, The lad of the
férule (Jrish texts Society, I). London, 1899.
Echtra Laegaire meic Chrimthainn go Mag Mell ou Sid
FlACHNA.
Manuscrits : xvc s. Livre de Lismore, f. 125 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 256-257 ; t. II, p. 290-291.
Echtra mac Echdach Muigmedoin. Voir Aided etc.
Imprimés : St. H. O'Grady, Silva Gadelica, t. I, p. 326-
330; t. II, p. 368-373. M. Joynt, Eriu, t. IV, p. 91-111,
a publié et traduit un poème sur ce sujet.
Echtra Mâcha ingine Aeda Ruaid (épisode du Tochmarc
Emere).
Manuscrits : xnL' s. Dublin R. I. A. Livre de Leinster 20 a
(do flathiusaibh Erend). — xvc s. Oxford, Bodléienne,
Laud 6 io, f° 84 a 2. — 1300 Dublin, R. I. A., D. 4. 2.
(Stowe 992), f° 81 a 2.
Echtra an mhadra mhaoil.
Manuscrits : xve s. Londres, B. M., Egerton 1872 (cf.
Revue Celtique, t. X, p. 179).
Imprimés : publié et traduit par R. A. Stewart-Macalis-
ter, Two Arthurian romances, London 1908 (Jrish texts
Society, X).
Echtra Mhic an Iolair.
Imprimés: publié et traduit par R. A. Stewart Macalis-
ter, Two Arthurian romances, London 1900 (Jrish texti
Society, X).
Echtra Mhic na miochomairle.
Manuscrits : traduction par O'Reilly dans le ms. 24 D 15
de la Royal Irish Academy.
Echtra Nerai (ou Tàin Bô Aingen).
Manuscrits: xive s. Dublin, T. C., H. 2. 16, col. 658-
22 G. Dot lin.
662. — xvc s. Londres, B. M., Egerton 1782, f° 71 b-
73 b.
Imprimés : public et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. X, p. 212-228; cf. t. XI, p. 210.
EchtraTaidg meic Cein.
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 121 a-123 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
gadehea, t. I, p. 342-359; t. II, p. 385-401.
Eachtra Thoirdhealbhaigh, mhic Stairn.
Manuscrits : traduction par O'Reilly dans le manuscrit
24 C. 12 de la Royal Irish Academy.
Imprimés : publié dans Blaithfhleasg na Mhilséanaibh na
Gctoidheilge, p. 9-59.
Eachtra triur mac Righ na h-Iorruaidiie. Voir Eachtra
chloinne Righ na h-Iorruaidhe.
ErCHOITMED 1NGINE GULIDI.
Manuscrits: xivc-xve s., Oxlord, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f° 114 b 1.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
minora, p. 6y6<).
ESNADA TIGE BUCHAT.
Manuscrits : xne s. Oxtord, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 73 a 2.
Imprimés : publié et traduit parWh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXV, p. 18-39; 225-227.
Faghail craoibhe Chormaic mhic Airt.
Manuscrits : traduction par O'Reilly dans le ras. 24 D. 3
de la Royal Irish Academy.
Fagbàil in tairb, section'du Tàin bô Cualnge.
Faillsiugud Tâna Bô Cuailngi (une des histoires d'intro-
duction au Tàin Bô Cuailnge d'après Stowe 992, f° 49
b 2). C'est aussi un chapitre de Ylmthccht na tromdaime.
Manuscrits: xve s. Londres, B. M., Egerton 1782, f° 87
b. — 1300 Dublin, R.I. A., D. 4. 2. (Stowe 992), f°49 b.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 25
Imprimés : Ct. Zimmer, Zeitscbrift fur vergleicbende Spracb-
forscbiing, t. XXVIII, p. 433-435; publié par K. Meyer,
Arcbiv fur Celtische Lexikographie, t. III, p. 2-6.
Fercuitred Medbe.
Manuscrits : xive-xve s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f° 1 a 2.
Feistigi Beccfholthaigh (histoire d'introduction au Tâin bo
Cualxge d'après ms. Stowe 992, f° 49 b 2) seconde ver-
sion du COMPERT CoXCULAIXX .
Imprimés : publié parK. Meyer, Zeitscbrift fur Celtiscbe
Philologie, t. V, p. 500-504.
FlAXSRUTH FlAXD.
Imprimés : Cf. L. Chr. Stern, Zeitscbrift fur Celtische
Philologie, t. I, p. 471.
FlXD MAC CUMAILL. Voir ScÉL AS-AM-BERAR etc.
FlXGAL RÔXAIX OU AlDED MAELFATHARTAIG.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. XIII, p. 368-397; traduit par Thurneysen, Sagen ans
dent alten Irland, p. 105-114.
FlNGHALA ChLAIXXE TaXXTAIL.
Manuscrits: 1300, Dublin. R. I. A., D. 4. 2 (Stowe
992), f° 76 b 2.
Fis Conchobair, partie du Tochmarc Feirbe.
Manuscrits : XVe s. Londres, B. M., Egerton 1782,101.
69 b (fragment).
Flathiusa Erexd. Cf. Echtra Mâcha.
Manuscrits: xiv-xv- s.. Oxford, Bodléienne, Rawlinson
B. 512, f° 88-97.
Imprimés: Cf. Revue Celtique, t. XI, p. 189.
Fled Bricrexd, r rédaction.
Manuscrits : Supprimer H. 4. 22. — xve-xvie s.,
Leyde, Vossius lat. quart. 7, fol. 3-9.
Imprimés: publié par E. Windisch, Irische Texte,:.],
p. 235-311 et par L. Chr. Stern, Zeitscbrift fur Celtische
24 G. Dottui.
Philologie, t. IV, p. 143-177; traduit par H. d'Arbois de
Jubainvillc, Cours de littérature celtique, t. V, p. 81-148 et
par R. Thurneysen, Sagen ans dem alla Irland, p. 25-57.
Cf. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung,
t. XXVIII, p. 623-661. Stern, Revue Celtique, t. XIII, p. 22-
3 1 . Une édition avec traduction, introduction et notes a
été publiée par G. Henderson, Fled Bricrend (Irish texts
Society, II) et une étude de R. Thurneysen sur les éléments
qui ont servi à composer l'histoire a paru dans la Zeitschrijl
fur Celtische Philologie, t. IV, p. 193-206.
Fled Bricrend, 2e rédaction ou Longes mac n-DuilDermait.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 759-765.
Imprimés : publié par E. Windisch, Irische Texte, t. II,
p. 164-216; traduite par M. Grammont, Cours de littérature
celtique, t. V, p. 149-169.
Fled Dùin na n-Géd. Cf. Cath Muigi Rath.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 319.
Imprimés : publié par C. Marstrander, Videnskabs-Selsha-
bets Skrifter, II, 1909, n° 6, Kristiania.
Fochonn loingsi Ferghusa (histoire d'introduction au Tâin
bô Cualnge d'après ms. Stovre 992, f° 49 b 2).
Manuscrits :xve s. Edimbourg, Advocatës library, 53.
Imprimés : publié et traduit par Mackinnon, The Ccltic
Revieiu, t. I, p. 208.
Fogluim Choxculainn.
Manuscrits: 1780. Cheltenham, Phillips 10840.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXIX, p. 109-152.
Forbais Etair.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. VIII, p. 47-64; cf. Thurneysen, Sagen ans dem
alten Irland, p. 66-69; Miss Hull, The Cuchullin Saga,
p. 87-100.
Fortibras (Fierabras). Voir Stair etc.
Forus feasa air Eirinn.
" Manuscrits: 1696 Cheltenham, Phillips 6461. — xvne s.
Catalogue de la littérature épique de V Irlande. 25
Cheltenham, Phillips 10283. — 1761 Paris, bibliothèque
Mazarine 3075. — 1643, 1704 manuscrits appartenant à D.
Comyn.Voir t. II de l'édition de l'Irishtexts Society, p. xm
et suiv.
Imprimés : publié et traduit par D. Comyn et P. Din-
neen, The History of Ireland by Geoffroy Keating, London
1902- 1908 (Irish Texts Society, IV, VIII, IX).
FOTHA CATHA CxUCHA OU GeXEMAIX FlXD MAIC Cu.MAIL.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, p. 173.
— xiie s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B. 502, 70 b 2.
Imprimés : traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours
de littérature celtique, t. V, p. 379-384.
Geix Braxduib mic Aedàix 7 Aedàix mic Gabrâïn.
Manuscrits: xne s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, p. 47 a 2-47 b 1. — xive-xve s. Oxford, Bodléienne,
Rawlinson B 512, f° 1 a 1 (fragment).
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Zeitschrift fur
Celtische Philologie, t. II, p. 134-137.
Gexemaix Aeda Slàne.
Manuscrits : xvir s. Bruxelles 5100-4, p. 18; —
Bruxelles 2324-40, p. 74.
Imprimés: publié et traduit par St. H. O'Grady, Si ha
Gadelica, t. I, p. 82-84; l- H> P- 88-91. Cf. E. Windisch,
Sit^ungsberichte der Koniglich-Sàchsischen Gesellschaft der
Wissenschaften, 1884, p. 194.
Gexemaix Cormaic Ua Cuixx ou Compert Cormaic.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C., H. 2. 16, p. 180.
Imprimés: publié et traduit par St. H. O'Grady, Transac-
tions of tbe Ossianic societx, t. III, p. 211-229; Silva Gade-
lica, t. I, p. 253-256; t. II, p. 286-289; par Wh. Stokes,
Irische Texte, t. III, 1, p. 185.
Geixemaix Fixd mic Cumail. Voir Fotha catha Cxucha.
Manuscrits : xnc s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 70 b 2.
GEASA 7 ILBERTA XO BIBIS FOR CoXCULAIXD.
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' library 40.
26 G. Doit in.
Gleoud in chathAj section du Tâin bô Cualnge.
Gui o Bharbhuic (Beathadh Sir). (Guy de Warwick).
Manuscrits : XVe s. Dublin, T. C., H. 2, 17, p. 300-
347-
Imprimés : publié et traduit par F. N. Robinson, Zeit-
schrift fur Celtische Philologie, t. VI, p. 24.
Immacallam in dâ thuarad. Voir agallam in dà suad.
Immathchor Ailello 7 Airt.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota from Irish
manuscripts, t. III, p. 27-29.
Immram Brain maic Febail. Voir Echtra Brain.
Immram curaig Mailduin.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. IX, p. 447-495 ; X, 50-95 ; traduit par F. Lot
dans le Cours de liitêrature celtique, t. V, p. 449-500. Cf.
R. I. Best, Anecdota from Irish manuscripts, t. I, p. 50. Une
traduction en irlandais moderne a été donnée par E.
O'Growney, The Gaelic Journal, t. IV, p. 99, 119, 138,
147, 172, 190.
Immram curaig Hua Corra.
Imprimés : publié et traduit par Zimmer, Zeitschrijt fur
deut sches Al 1er tu m, t. XXXIV, p. 183-197 ; par Wh.
Stokes, Revue Celtique, t. XIV, p. 22-69.
Immram na lungi Argo (section du Togail Troi).
Manuscrits : Advocates' library (contient un poème sur ce
sujet).
Immram Snedhghusa 7 Meic Riaghla.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. IX, p. 14-25 ; traduit par R. Thurneysen, Sagen
ans dein alten Irlaml, p. 126-130. Cf. Zimmer, Zeitschrift
fur deutsches Altertuni, t. XXXIII, p. 211 ; R. Thurneysen,
Zwei Versionen der mittelirischen Légende von Snedgus und
Mue Riugla, programm, Halle 1904. Cf. Archiv fur Cel-
tische Lexikographie, t. V, p. 418; t. VI, p. 234. Une tra-
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 27
duction en irlandais moderne a été donnée par E. O'Grow-
ney, The Gaelic Journal, t. IV, p. 85.
Imrol Belaig Eoix, section du TÂix bô cuâlxge.
Imslige glexdamxach, épisode du TÂix bô Cuâlxge.
Manuscrits : xnc s. Dublin, R. I. A. Livre de Leinster,
92 a 1-44. Cf. L. U. 73 a 17.
Imtheachta Aexiasa. Voir Cairdius.
Manuscrits : xivc s. Dublin, R. I. A., Livre de Bally-
mote, p. 449-485.
Imprimés : publié et traduit par George Calder, The
Irish Acneid, London, 1907 (Irish Texts Society, VI).
Immthechta xa x-oixmhididhe ou agallamh xa x-oixmide.
Manuscrits : Dublin, R. I. A., Stowe. B. IV, 1 (frag-
ment); — Dublin, Royal Irish Academy 23 C 19 (frag-
ment).
Imprimés : Un épisode de cette histoire a été publié et
traduit par W. J. Purton, Revue Celtique, t. XXIX, p. 219-
221.
I.MTHEACHT xa tromdhaime.
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 144 a-151 b.
Imprimés : Cf. H. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichende
Sprachforschung, t. XXVIII, p. 426-439.
Ix carpat serda, section du Tâix bô Cuâlxge.
Ixdarba ixxa x-Desi. Voir Tochomlod.
Ixgex cholach.
Manuscrits : xne s. R. I. A., Livre de Leinster, p. 279,
col. 1.
Imprimés : publié et traduit dans la Revue Celtique, t.
VIII, p. 150. cf. 403.
Ixgex rig Ghréic.
xiie s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster, p. 279 a 35.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 413-415 ; t. II, p. 449-452.
28 G. Dot tin.
Laoidii chnoic an air.
Manuscrits : 1685. Giessen, 1267.
Imprimes : Cf. Transactions of tbe Ossianic Society, t. [V,
p. 80, 86-92; Flanagan, Deirdri, p. 199-203. Cameron.
Reliqniae celticae, t. I, p. 137, 149; t. II, p. 305.
Laoidh an Deirg mhic Dhroithchill.
Manuscrits : xixc s. Paris, Bibliothèque nationale, fonds
celtique, 4.
Laoidh an Mhoighre Bhoirb.
Imprimés : traduction en vers anglais, chez W. Hamilton
Drummond, Ancien t Irish minstrehy, Dublin, 1852, p. 35.
Leabhar na gceart.
Manuscrits : xivc s. Dublin, R. I. A., Livre de Bally-
mote, p. 267.
Leabhar Breatnach.
Imprimés : publié et traduit par Todd, Dublin, Irish
Archaeological Society, 1847. Cf. Zimmer, Monu inenta Germa-
niae bistorica, Auctorcs Antiquissimi, t. III.
Leiges coise Céix meic Mailmuaid meic Briain.
Manuscrits : Londres, B. M., Egerton 1781, f° 147 a.
— Dublin, R. I. A., Stowe 867, f° 180.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Si ha
Gadelica, t. I, p. 296-305 ; t. II, p. 332-342.
Loxges Eithxe Uathaige.
Manuscrits : Cf. Livre de Leinster, p. 124, col. 2, 1. 40.
Longes mac x-Duil Dermait. Voir Fled Bricrend.
Longes mac n-Usnig. Voir Aided chloinne Uisnig.
Mac Datho. Voir Scél mucci etc.
Macgnimartha Find.
Imprimés : publié par K. Meyer, Revue Celtique, t. V,
p. 197-204; cl. Archiv fur Celtiscbe Lexikographie, t. I, p.
482 ; traduit par K. Meyer, Erin, t. I, p. 180-190 ; publié
et traduit par D. Comyn, Tbe youthful exploits of Fionn,
Dublin, 1898.
Catalogue, de la littérature épique de l'Irlande. 29
MàCGNIMRADA CONCULAINN, section du TÂIN BÔ CUALNGE.
Imprimés : Cf. Zimmer, Zeitschrijt fur vergleichende
Sprachforschung, t. XXVIII, p. 446-449.
Mac Lesc mac Ladaix aithech.
Manuscrits : xne s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson, B.
502, f° 59 b 2.
Maelosdan. Voir Sgél ixgnadh, etc.
Mandeville (Voyages de Sir John).
Manuscrits : xve-xvic s. Rennes, n° 598, f° 52 a 2-68 b 2.
— • xve-xvie s.Londres, B. M. ,Egerton, 1781,1° 1293.-146 b.
— Londres, B. M.,Additional, 33 993, f°6 a-7 a (fragment).
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Zeitschrijt
fur Celtische Philologie, t. II, p. 1-63, 226-312. Cf. J. Aber-
cromby, Revue Celtique, t. VII, p/66.
Marco Polo (Livre de).
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 79 a 1-89 b.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Zeitschrijt
fur Celtische Philologie, t. I, p. 245-273, 362-438.
Mellgleo n-Iliach, section du TÂix bô Cuâlnge.
Merugud Uilix mic Leirtis.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., Stowe 992, f° 59
b 2-61 a 2.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Irish
Odyssey, London, 1886.
Mesce Ulad.
Manuscrits : xive s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 49-68.
Imprimés : publié et traduit par W. M. Hennessy, Royal
Irish Academy, Todd lecture séries, t. I, p. 2-58. Ct. The Aca-
deuiy, 8 juillet 1893.
Minadur (Minotaure). Voir Sgél etc.
Moxgân. Voir Scél etc.
Noinden Ulad. Voir Ces xoixden.
îo G. Dot lin.
NUALL-GHUBHA OlLEALLA OlOIM.
Manuscrits : Cheltenham, Phillips, 10.840.
OCTAVIAN.
Manuscrits : 1671, Dublin, R. I. A., Stowe 867, f° 240 a.
OlLEMAIN CONCULAIND. Voir AlDED Co: LAICH.
Orgain bruidne Da Dergae ou Togail bruidne Da Derga.
Manuscrits : 1300. Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992), f° 85 a 1 (trois fragments). Cf. M. Nettlau, Revue
Celtique, t. XII, p. 229, 444; t. XIII, p. 252; t. XIV,
p. 137.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXII, p. 9-61, 165-215, 282-329, 390-437; tiré
à part, Paris, 1902. Cf. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichendc
Sprachforschuug, t. XXVIII, p. 554-585.
Orgain Cairpri Cinn-Caitt for saer-chlannaib hErenn.
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 142 a. — xive s.
Dublin, R. I. A., Livre de Ballymote. f° 255. Cf. Anecdota
Oxoniensia V, p. xxxvn; — Edimbourg, Advocates'library,
28 (Kilbride 24).
Imprimés : publié par W. A. Craigie, Revue Celtique, t.
XX, p. 335-339-
Orgain Dind Rig.
Manuscrits : xne s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 71-72.
Imprimés : publié et traduit par Whitley Stokes, Zeit-
schrift fur Celtische Philologie, t. III, p. 1-14.
Orgain Neill Noigiallaig.
Manuscrits : xnc s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, p. 84 a 1.
Imprimés : publié et traduit par Kuno Meyer, Otia Mer-
seiana, t. II, p. 84-92.
Orgain tri Mac Diarmata mic Cerbaill la Maelodran ou
aided etc.
Manuscrits : xne s. Oxford, Bodléienne, Rawlinson B.
502, f° 73 b 2, p. 134 b 34. — xive-xve s. Oxford, Bod-
léienne, Rawlinson B 512, f° 115 b.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 51
Imprimés : publié et traduit par Kuno Meyer, Hibernica
Minora, p. 70-75.
Orlando 7 Melora.
Manuscrits : 1697, Dublin, T. C, H. 3, 16, p. 24-71 ;
— 1717, Londres, B. M., Egerton 106, f° 143 a.
Oisligi Amargin 1 Taltin, section du Tàin bo Cuâlnge.
Q.UESTE DU SAINT-GRAL.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2.
(Stowe 992), fragment. — xive-xve s. Oxford, Bodléienne,
Rawlinson B 512, fragment. — xve s. Dublin, Franciscains
(cf. Nettlau, Rev. Celt., t. X, p. 186) fragment.
Imprimés : publié et traduit par F. N. Robinson, Zeit-
schrift fiir Celtische Philologie, t. IV, p. 381-393. Cf. W. J.
Purton, Revue Celtique, t. XXVII, p. 81-84.
Richard 7 Lisarda.
Manuscrits: 1742. Dublin, T. C, H. 1. 10.
RlSS IN MUNDTUIRC DORINDE ULCAN DO ElSMIONE.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., Stowe 992, ï°
77 ai.
Ruadrucce Mind, section du Tàin bô Cuâlnge.
Scéla Alexandir maic Pilip.
Manuscrits : Dans le Rawlinson, B 512, f° 99 a, on
trouve la correspondance d'Alexandre avec Dindimus (épi-
sode des Scéla Alexandir).
Imprimés : publié par Ch. Geisler, The Gaelic Journal,
t. II, p. 65, 116, 129, 184 et Irish texls from Irish manus-
cripts, Dublin, 1884; publié et traduit par K. Meyer, Bine.
Irische Version der Alcxandersage (Inaugural-Dissertation),
Leipzig 1884; Irische Texte, t. II, 2, p. 1-108.
Scéla Ailill 7 Etaine. Voir Tochmarc Etaine.
Scél Bailt Binnberlaig mic Bu AIN.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique
t. XIII, p. 220-227 : cf- Hibernica minora, p. 84.
j2 G. Do! lin.
ScÉLA CANO MEIC GaRTNAIN 7 CkKDI INGINE Guaire.
Imprimes : public par K. Meyer, Anecdota from Irish
manuscripts, I, p. i-i 5.
SCÉLA COXCHOBAIR MAIC NESSA.
Manuscrits : xnc s. Dublin, R. I. A., Livre de Leinster,
p. 106, col. 1, cf. Livre de Lismore, 125 b (fragment).
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Eriu, t.
IV, p. 18-38. Cf. Lives of saints from the Book oj Lismore,
p. xxxiv, xxw et Revue Celtique, t. VI, p. 174-175.
SCÉL AS-AM-BERAR COM-BAD HÉ FlND MAC Cu.MAILL MONGAN.
Manuscrits : 1390, Dublin, T. G, H. 2. 16, p. 193.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Voyage
ofBran, London, 1895 (Grimm library, IV), p.. 45-52.
Sgél ixgxadh for Mhaelosdax.
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992), f° 50 b 1.
Sgél in mhixaduir (Minotaure).
Manuscrits : 1300, Dublin, R. I. A., D. 4, 2. (Stowe,
992), f° 61 a 2.
Imprimés : publié par K. Meyer. Zeitschrift fur Celtische
Philologie, t. IV, p. 238-243.
Scél Moxgàix.
Manuscrits : xvie s. Dublin, T. G, H. 3. 18, p. 555 b.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The voyage
of Bran, London, 1895, P- 52~)6.
Scél mucci Mac Datho.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Hibernica
Minora, p. 51-64, {Anecdota oxoniensia, mediœval and modem
séries, part VIII); traduit par Duvau, Coins de littérature
celtique, t. V, p. 66-80 ; par Thurneysen, Sagen ans dent
alten Irland, p. 2-10; et par Leahy, Heroic romances oj
Ireland, t. I, p. 37-49.
Scél Tuain maic Cairill do Fhinx'ex Maige Bile.
Manuscrits : xiv-xve s. Oxford, Rawlinson, B 512.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer chez A. Nutt,
The Ccllic doctrine ofrebirth, London, 1897, p. 285.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 35
SeCHRAX NA BANIMPIRE 7 OILEMAIN A DEISE MAC.
Manuscrits : Dublin, Royal Irish Academy, Stowe B IV,
1, f° 240 a-248 a.
Imprimés : publié et traduit par C. Marstrander, Eriu,
t. V, p. iéi-199.
Seilg dobi ag Finn mac Cumaill ar Benn Edair, mélangé
d'éléments historiques et légendaires tirés de la vie de
Magnus le Grand, roi de Norvège.
Manuscrits : 1628, Dublin, Franciscains, n° 39, p. 129
b-ijob.
Seilg Sleibhe na m-ban.
Manuscrits : xve s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
20 b 1 (version en prose)
Seilg sleibhe Fuaid.
Manuscrits : xve s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
20 b 1. — xixe s. Paris, Bibliothèque nationale, celt. 4.
Seilg Sleibhe Guillinn.
Manuscrits : xixe s. Paris, Bibliothèque nationale, celt. 4.
Serc Dublacha do Moxgân.
Manuscrits : xve s. Dublin, R. I. A., Livre de Fermoy,
p. 131 d.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, The Voyage of
Bran, London, 1895 (Grimm library IV), p. 58-84.
Serc ro char Mac in Oicc Chaire heabarbaithi, his-
toire d'introduction au TÂin bô Cualxge d'après ms.
Stowe 992, f° 49 b 2.
Serglige Conchulainn.
Manuscrits : xve-xvie s. Dublin, T. C., H. 4, 22, p. 89-
104.
Imprimés : traduit par H. d'Arbois de Jubainville, Cours
de littérature celtique, t. V, p. 170-216; par Thurneysen,
Sagen aus dem aiten Iriand, p. 81-104; par Leahy, Heroic
Romances of Ireiand, t. I, p. 53-85. Cf. Zimmer, Zeil-
schrift fur vergïeichende Sprachforschung, t. XXVIII, p. 594-
623. Cf. Leabhar na Feinne, p. 1.
Revue Celtique, XXXIII. 3
34 G. Dot tin.
Siabur Charfat Conculainn.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota front Irish
manuscripts, t. III, p. 48-56. Cf. Miss Hull, Ihc Cuchullin
Saga, p. 275-287.
SlDH FlACHNA OU ECHTRA LaEGAIRE MEIC CHRIMTHAINN.
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 125 a.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 256-257 ; t. II, p. 290-291.
SlRROBUD SUALTAIM, SCCtioil dll TÀlN BO CuÂLNGE.
Slanugud na Môrrigna, section du Tâin bô Cualnge.
Sligi na Tana, section du Tâin bô Cualnge.
Stair ar Aed Baclàm.
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 93 a r.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 66-72; t. II, p. 70-76.
Stair Barralam.
Manuscrits : 1600 Londres, B. M., Egerton 136, f° 57 a.,
Stair Fortibrais (Fierabras).
Manuscrits : XVe s. Dublin T. C, H. 2. 7. p. 435, col.
2. — xve s. Londres, B. M., Egerton 1781, f° 2a. — xv s.
Oxford. Bodléienne, Laud 610, f°45 a 2-56 b2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue
Celtique, t. XIX, p. 14-57, 1 18-167, 252-291,364-393.
Tâin Bô Aingen. Voir Echtra Nerai.
Suidigud Tellaig Temra.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 740-749,
p. 105-108. — xve s. Livre de Lismore, ^90-92. — XIVe s.
Dublin, R. I. A., Livre de Ballymote, p. 248.
Imprimés : publié et traduit par R. I. Best, Erin, t. IV,
p. 1 21-172. Cf. Stokes, Lires of saints from the Book of Lis-
more, p. x\ IV.
Tâin Bô Cualnge.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A.,D 4- 2. (Stowe
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 35
992), f ' 49 b 2; — 1390, Dublin, T. C, H. 2. 16, col.
573-619.
Imprimés : publié et traduit par E. Windisch, Irische
Texte, extraband, Die ait irische Heldensage Tâin Bô Cualnge
nach de m Bach von Leinster in Text und Uebersel^ung mit einer
Einleitung herausgegeben, Leipzig, 1905 ; traduit par H. d'Ar-
bois de Jubainville, Paris, 1907; cf. Revue Celtique,
t. XXVIII, p. 17, 145, 241; XXIX, p. 153; XXX, P. 78,
156, 235; XXXI, p. 5, 273; XXXII, p. 30. Le texte du
Lebor na h-Uidre et du Livre Jaune de Lecan est publié en
supplément à Eriu, t. I et suiv. par J. Strachan et J. G.
O'Keefe; la traduction de ce texte est donnée par Miss
L. Winifred Faraday, The. caille raid of Cualnge {Tâin bô
Cuailnge), London, 1904. Cf. MissHull, The Cuchullin Saga,
p. 111-227 y H. Zimmer, Zeitschrift fur vergleichende Sprach-
forschung, t. XXVIII, p. 426-554; Xettlau, Revue Celtique,
t. XIV, p. 254-266; t. XV, p. 62-78.
TÂIN bô Dartada (une des histoires d'introduction au Tâin
Bô Cualnge d'après ms. Stowe 992, f° 49 b 2).
Imprimés : publié par Windisch, Irische Texte, t. II,
p. 185-205, traduit par Leahv, Heroic romances of Ireland,
t. II, p. 69-81.
Tâin bô Flidais.
Manuscrits: 1390 Dublin, T. C, H. 2. 16, col. 345 -
364. — xve s. Edimbourg, Advocates' Library, 53.
Imprimés : publié et traduit par Windisch, Irische Texte,
t. II, 2, p. 206-223'; traduit par Leahy, Heroic romances
of Ireland, t. II, p. 101-125; résumé, publié et traduit par
Mackinnon, The Celtic Revieiv, t. IV, p. 104.
Tâin Bô Fraich (histoire d'introduction auTÀiN" bô Cualxge
d'après ms. Stowe 992, f° 49 b 2.
Manuscrits : XIVe s. Edimbourg, Advocates' library, 40,
p. 37D-45 b.
Imprimés: publié par K. Meyer, Zeitschrift jiïr Celtische
Philologie, t. IV, p. 32-47; publié et traduit par A. O.
Anderson, Revue Celtique, t. XXIV, p. 127; traduit par
3 6 6". Doliin.
Thurneysen, Sagcn ans dem alten Irland, p. 1 1 5-125 ; et par
Leahy, Heroic romances of Ireland, t. II, p. 1-67. Sur la
légende de Fraoch, voir Leabhar na Feinne, p. 29-33.
Tâin bô Regamna.
Imprimés : publié et traduit par Windisch, Irische Texte,
t. II, 2, p. 224-256; traduit par Leahy, Heroic Romances
of Ireland, t. II, 83-99; 127-141 ; cf. Miss Hull, The
Cuchullin Saga, p. 102-107.
Talland Etair. Voir Forbais Etair.
Tairired nan-Dessi. Cf. Tucait indarba na n-Déssi.
Manuscrits : xne s. Oxford, Rawlinson B. 502, f°72
a 2, p. 131 b 19. — xve s. Oxford, Laud6io, f° 99 b 2-
102 a 2.
Imprimés : publié par K. Meyer, Anecdota front Irish
mannscripts, t. I, p. 15-24; publié et traduit par K. Meyer,
Y Cynunrodor, t. XIII, p. 104-135, et dans Erin, t. III,
p. 135.
Tecosca Cormaic .
Manuscrits : Dublin, R. I. A., 23 N. 17, p. 1-6. — xve s.
Dublin, T. C, H. 4. 8. — xvie s. Edimbourg, Advocates'
library, VII, 3 ; f° 9 a-9 b.
Imprimés : publié dans The Gaelic Journal, t. I, p.
392-394 et par K. Meyer, Royal Irish Academy. Todd lec-
ture séries, XV, Dublin, 1909.
Tesmolad Corbmaic Ui Cuinn 7 Finn meic Cumhaill. Voir
Aided Finn, seconde rédaction.
Manuscrits: xvc s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
24 b 2. — xve s. Oxford, Bodléienne, Laud 610, t° 121
b. 1.
Imprimés: publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 89-92 ; t. Il, p. 96-99
Thèbes (Guerre de).
Manuscrits: XVe s. Londres, B. M., Egerton 1781, f° 87
a i-i2oa 1. — -XVe s. Dublin, T. C, H. 2. 7, p. 457 a- 460 b
(fragment); — Edimbourg, Advocates' library, Kilbridc
(fragment).
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. 37
TlMNA NEILL MlC ECHACH DIA MaCAIBM.
Manuscrits: 13 10 Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe
992) f° 54 a 1.
TOCHIM NA M-BUIDEX, SCCtion du TÂlN BÔ ClJALNGE.
TOCHMARC BECFOLA.
Manuscrits : 1390 Dublin, T. C, H. 2, 16. p. 117-
119.
Imprimés : publié et traduit par St. H. O'Grady, Silva
Gadelica, t. I, p. 85-87; t. II, p. 91-93.
TOCHMARC EMERE.
Manuscrits: xive s. Oxford, Rawlinson B. 512, f° 117
(fragment). — 1300 Dublin, R. I. A.,D. 4. 2 (Stowe 992)
f° 80 a 1-84 b 1.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. XI, p. 433-457; The archceological Revieiu, t. I, p. 68-75,
150-155, 231-235, 298-307; Zeitschrift fur Celtische Philo-
logie, t. III, p. 229-263; traduit par H. d'Arbois de Jubain-
ville, Cours de littérature celtique, t. V, p. 39-50 ; Miss Hull,
The Cuchullin Saga, p. 57-83 ; cf. Zimmer, Zeitschrift fur
Deutsches AUerthum, t. XXXII.
TOCHMARC EtÂINE.
Manuscrits : xve s. Londres, B. M., Egerton 1782.
Imprimés : publié et traduit par Ed. Mùller, Revue Cel-
tique, t. III, p. 350-360; traduit par R. Thurneysen, Sagen
ans dem alleu Irland, p. 77-80; par Leahy, Heroic romances
of Ireland, 1. 1, p. 3-32; t. II, p. 143-161. Cf. Zimmer, Zeit-
schrift fur verglcichende Sprachforschung, t. XXVIII, p. 5 8 5—
594; Nutt, Revue Celtique, t. XXVII, p. 325-339; L. Chr.
Stern, Das Màrchen von Etâin, Zeitschrift fur Celtische Phi-
lologie, t. V, p. 522-534.
TOCHMARC FEIRBE.
Manuscrits : xve s. Londres, B. M., Egerton 1872, fol.
69 b (fragment).
Imprimés : publié et traduit par E. Windisch, Irische
Texte, t. III, p. 445-548; traduit par A. H. Leahy, The
courtslrip of Ferb, London, 1902.
38 G. Do! fin.
TOCHMARC FEARBLAIDHE.
Manuscrits: 1630, Dublin, T. C, H. 4. 25; H. 3. 23.
—xvuc s. Dublin R. I. A., 24 P. 12. — 1784, Dublin, R.
I. A., 24 P. 31 (Reeves); — 1768 Dublin, R. LA.,. 24 P. 6
(Reeves); — 1797 Dublin R. I. A., 23 E. 16. — xixc s.
Dublin R. I. A.. 24 P. 21 (Reeves 842). — 1700 Dublin,
R. I. A., 23 K. 7. — Franciscains 16, p. 217.
Imprimés : publié par E. O' Neachtain, Eriu, t. IV,
p. 47-67.
TOCHMARC LUAINE J AlDEDH AlTHIRXE.
Manuscrits : xvL s. Dublin. T. C, H. 2. 17, p. 464,
col. 2.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXI Y. p. 270-287.
Tochomlod xa x-Desi o The.mraig identique au Coecad
Cormaic, au Tairired xax Dessi, et au Tucait caechta
Cormaic.
Tochostul n-Ulad section du TÂix Bô Cualnge.
Tochostul fer Coxkacht co Cruachaix Ai, section du Taix
bô Cualnge.
TOGAIL BRUIDXE Da CHOCA.
Imprimés : publié et traduit par Wh. Stokes, Revue Cel-
tique, t. XXI, p. 150-165, 312-327; 388-402.
TOGAIL BRUIDXE DÂ DERGA. Voir ÛRGAtX BRUIDXE DÀ
Dergae.
Togail Dùixe Geirg (épisode du Tochmarc Feirbe).
Manuscrits: xve s. Londres, B. M., Egerton 1782, f°
69 b. Cf. Livre de Leinsterf0 254a.
Togail Troi.
Manuscrits: XVe s. Edimbourg, Advocates' library, 15.
• xive s. Dublin. R. I. A. Livre de Ballymote, p. 411.
Imprimés: publié et traduit par Wh. Stokes, Irische
Texte, t. II, p. 1-142.
Catalogue de la littérature épique de l'Irlande. ^9
Tôiteàx tighe Fins.
Imprimés: un poème sur ce sujet a été publié et traduit
par E. J. Gwynn, Eriii, t. I, p. 13-37.
ToRUIGECHT IN GILLA DECA1R 7 A CHAPAILL OU ECHTRA IN
GILLA DECAIR.
Manuscrits : 1765 Londres, B. M., Additionnai 34.
ré-
imprimés : publié et traduit par St. H. O Gradv, Silva
Gadclica, t. I, p. 257-275 ; t. II, p. 292-311.
TORUIGHEACHT SUAIDHBHE IXGH1XE EOGHAIX OlG.
Manuscrits : Dublin, T. C, H. 1. 17, f° 124-15 1 ; — fin
du xvii* siècle. Giessen, 1267, f° 29^-5 2 v°.
TORUIGHEACHT DHIARMUDA ~ GhRAINNE. Voir AlTHED
GraIXXE RE DlARMAIT.
Tuan mac Cairill. Voir Scél etc.
TUARASCBAIL DELBA COXCULAIXD, section du TÂlN BO Cl'AL-
NGE.
TUCAIT BA1LE MoXGAIX.
Imprimés : publié et traduit parK. Meyer, The voyage of
Bran, London, 1895, p. 56-58 (Grimm Library, IV).
Tl'CAIT FAGBÂLA IX FESA DO FlXX 7 MaRBAD CuiL DuiB.
Manuscrits : 1300 Dublin, R. I. A., D. 4. 2. (Stowe 992)
i° 66 a 2. — 1 390 Dublin, T. C., H. 2. 16.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Revue Celtique,
t. XIV, p. 245-248.
Tucait ixdarba na n-Déssi, rédaction deTAiRiRED na nDessi.
Manuscrits : xnc s. Dublin, R. I. A., Lebor na h-Uidri,
p. 53 a-54 b. — Oxford, Bodléienne, Rawlinson B. 502,
f° 72 a2. — Dublin, T. C. H. 3. 17, col. 720 b-723 a. —
Dublin, T. C., H. 2. 15, p. 67 a-68 b ; Imprimés : publié
parK. Meyer, Anecdota front Irish manuscripts, t. I, p. 15-
24. Cf. Y Cymnirodor, t. XIV, p. 101 ; Eriu, t. III, p. 135.
40 G. Dottin.
TUIGE 1M THAMON, SCCtion du TÀIN BÔ CUALNGE.
Turpix (Chronique de).
Manuscrits : xve s. Livre de Lismore, f° 96 a 1-109 a 1 ;
Londres, B. M., Egerton 1781, f° 20 a 1-36 b 1. — xvcs.
Dublin, Franciscains 16, f° 1-8 b 2. — 1453 Londres, B.
M., Egerton 92, f° 1 5 a 1-16 a 2, fragment. — 1475
Dublin, T. C, H. 2. 12, 3e partie fragment.
Uath Beinxe Etair, épisode du Tôruigheacht Dhiarmuda
7 Ghrainne.
Manuscrits: xve s. Londres, B. M., Harleian 5280,
f°35 a 2- 35 b 1.
Imprimés: publié et traduit par K. Meyer, Revue Cel-
tique, t. XI, p. 125-134.
ADDITIONS
Agallamh Fixd 7 Oisix.
Manuscrits : xve s. Londres, B. M., Harleian 5280,
f° 35 b 1; — Edimbourg, Advocates' library 83, p. 251.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecbt
(Todd lecture séries XVI), p. 24-27.
Reicxe Fothaid Caxaixxe. Cf. Catalogue, p. 36.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecbt,
p. 4-17.
SCÉLA. MOG AULUM " MIC CoNN.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecbt,
p. 28-41.
Seilg Sleibhe na m-ban.
Imprimés : publié et traduit par K. Meyer, Fianaigecbt,
p. 52-99.
THE REPROACH OF DIARMA1D
I
The Aithed Grainne ingine Corbmaic la Diarmait ua Duibne
(The Elopement of Grainne, daughter of Cormac with Diar-
maid, grandson of Duibne), mentioned as one of the chief
taies in the tenth century list in the Book of Leinster*, would
furnish the best context for the lays hère published, but it
is unfortunatelv lost . Certain allusions in tenth century
texts indicate, however, the gênerai outlines of the story.
Theaccount of the wooing of Grainne - relates her unwil-
lingness to become Finn's wife. She requires as the condition
of her marriage with him, a couple of every wild animal in
Ireland 5. This attempt to évade Finn's suit is, however,
unsuccessful. With the help of Caoilte, Finn brings the bri-
dai gift demanded.
i. D'Arbois de Jubainville, Catalogue, p. 35.
2. Ed. K. Mever, Z. C. P.. I, 458. Prof. Meyer dates this in the ninth
or tenth century. Fianaigecbt, R. I. A., Todd Séries Wl, p. kxiii.
3. Stories of a princess who sets her wooer difficult tasks are univer^al
in popular literature. We find the particular task hère designated set by
Cormac as the price of Finn's ransorn in a poem in the Dean' s Book (Me
Lauchlan, Gaelic p. 42, 43 ; Eng. 62 ; Cameron, Rel. Celt., text, p. 72) and
in Duanaire Finn (Irish Texts Society V, éd. Mac Xeill. Gaelic p. 19, Eng.
p. 116). In this also, it is Caoilte who accomplishes the task for Finn.
The épisode belongs to thecommon fund of popular tradition. Cf. Genesis,
VII, 1-17. It would serve anv story-teller as a difficult task in anv narra-
tive demanding one. It is hère used to illustrate Grainne's antipathv toward
Finn. This attitude of Grainne's is emphasized also in the i8th century
version, but the story of the bridai gift has been suppressed. Besides
rationalizing the storv, this version has endeavored to improve its moral
tone bv making Grainne elope with Diarmaid before her marriage with
Finn is consummated, cf. n. 29 infra.
42 /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
« Then in an unlucky hour Grainne was given to Finn, for
they never Iived in peace until they separated. Finn was hate-
ful to the maiden and such was her hatred that she sickened
of it ».
She confesses to her father her feeling toward her husband.
Finn, overhearing her words, déclares that itis time for them
to separate.
Connected with this occasion perhaps is an allusion in a
gloss in the Anira Coluimb Chilh of the ninth century. As
Grainne said :
a There is one for a long look from whom I would be
thankful : for whom I would give the whole world, O Son
of Mary, though it be privation »'.
According to the Tochmarc Ailbe, ingine Cormaic hui
Chuind la Find h/ia mBaiscne, an unpublished taie also of
the tenth century 2, there was strife between Cormac and
Finn, the cause being that Grainne had corne to hâte Finn
and had set her love on Diarmaid, son of O'Duibhne.
An allusion in the Book of Aicill, a law tract of the ninth
century \ shows that already at that time the story of the elo-
pement of Diarmaid and Grainne was traditional. It appears
further that Lughaid was présent when the elopement took
place 4. The line
i. Ed. Stokcs, A'. C. XX. p. 154-7. Meyer, K. C. XI, 126, prints :
• Ut dixit Grainne ingen Cormaic fri Find, citing Kawl. B. 502, f° 56
a 2.
2. Ms. H. 3. 17, pp. 827-31. Meyer, Fiauaigecht, XXIV, places this in
the tenth century.
3. Ancient Laws of Ireland, III, clxii n.
4:0p. cit., III, 533, The scène of the elopement in the eighteenth
century literarv version is a feast at the house of Cormac in Tara, éd.
S. O'Grady, Transactions of the Ossianic Society (Dublin, 1855); reedited
for the Society for the Préservation of the Irish language (Dublin, 1895)
in two parts. We hâve cited the Oss. Soc. édition by pages, the other by
paragraphs. In oral tradition it is frequentlv during a feast that Grainne
sees the love spot on Diarmaid (cf. stanzas 16. 18 of Kennedv's version)
and begs him to elope with her. It is not until some time later however
that she succeeds in prevailing upon liim to go ; cf. J. F. Campbell,
Popular Taies of the West Highlands (cited W. H. T.), Edinburgh, 1862,
The Reproach of Diarmaid. 43
Grainne eloped with thee, O Lughaidh ',
is cited to illustrate the légal responsibility of witnesses.
The LJalh Bànne Etair (The Hiding in theHill of Howth 2),
ofthetenth century*, gives a dramatic moment in the life
ofthe fugitives. Thev hâve taken refuge in a cave and the old
woman 4 who is serving them is about to betray them. They
are saved bv the foster-father of Diarmaid, Aonghus of the
Brugh, one ofthe Tuatha de Danann 3.
Another quatrain in the Amra Coluimb Chille gives a further
glimpse of their life in the forest :
« As Diarmaid said : Good is thy share, O Grainne, better
for thee than a kingdom, the dainty flesh ot the woodeocks,
with a drop of smooth mead 6 ».
In the Duanaire Finn there are two lays of Diarmaid and
Grainne ', dating somewhere between the tweltth and the
fifteenth century. The one, The Slecp Sang for Diarmaid, gives
an idyllic picture of the life of the exiles and contains allu-
sions to numerous elopement stories of Middlelrish tradition.
III p. 59, 54, 56: J. G. Campbell, The Fians (cited F), IVaijs and Strays
of CelticTraJilion V (London, 1891), p. 52, 55; J. G. Campbell,
Leabhar na Feinne (London, 1872, cited L. F), p. 153-4. In O'Gradv,
P- JS (Ij S 7) there is no mention ofthe love spot.
1. This Lughaidh, son of Daire Derg, is mentioned in the genealo-
«ical lists ofthe Book oj Leinster, p. 311 ff. , and in Rawlinson B. 502, 1.
128 a. According to the Agattamb (Silva Gadelica. éd. S. H. O'Gradv,
lext, p. 106, trans. p, 114) the name is given to him in humorous allu-
sion to the slowness of his character. He is frequently mentioned among
the Fenian heroes. In the i8th century literarv version he is also repre-
sented as one of those présent when Grainne eloped with Diarmaid. éd.
O'Gradv, p. 50 (I, § 5).
2. Ed. Meyer, R. C. AT, p. 125 ff.
3. Meyer, Fianaigecht, p. xxiv.
4. An old woman appears in oral tradition as the possessor of the
mvsterious boar which caused Diarmaid's death IV. H. T., 55, 59, 64.
She is called Mala Liée (Grey Eyebrow).
5. Aonghus lias a similar rôle in the i8th century literarv version.
Cf. O'Grady p. 71, 148, 150, 168 (I, § 21, 23, 26, 34).
6. Ed. Stokes, R. C, XX, 264-5.
7. Duanaire Finn, Irish Texts Society VII, éd. Mac Xeill, Gaelic 84,
45; English 197, 149.
\4 J. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperlc.
The Danghtcr of Diarmaid gives a surainary of thc elopement
of Diarmaid and Grainne and of the death of Diarmaid. It
relates the revenge of Diarmaid' s daughter upon Finn.
The unloverlike attitude of Diarmaid in the lays hère
published is not accounted for in what survives of tenth cen-
tury tradition unless by the mention, in the Tochmarc Ailbe
and in the Attira Coluimb Chille, that it was Grainne who set
her love on Diarmaid. We might infer that he was less
eager than she for the elopement. A more complète explana-
tion of Diarmaid's attitude is found in an incident which
unfortunately has corne down to us only in documents of a
later date.
II
The story of Diarmaid and Grainne survives in ballads and
taies in Ireland and Scotlandto this dav '. Wehave alsoa num-
i. For the annual Oireacbtas of the Gaelic League of Ireland in 1910,
prizes were offered for the best version of the Diarmaid and Grainne
story collected from oral tradition. The onlv contribution of importance
was made by Mr. Humphrey Lynch, of Coolea, Ballvvournev, Co. Cork.
The version is too diffuse to be printed at length, but it is interesting as
testifying to the persistance in Ireland of traits of the story found in the
Scottish Highlands and not appearing in i8th century literary version,
the only Irish document in which the story seems to hâve survived. In
the following summarv thèse traits are italicized. The version presented by
Mr. Lynch was put together from the narration of several ' old people
and considerably elaborated bv the collector. It runs as follows : Grainne
sees the love-spot on Diarmaid when he strips to rescue the drowning
Saidhbhin Oin Oin ; Grainne was Finn's wife, ' though she was not
his first wife' ; D. refuses G. who wishes him to elope withher. She at
hit puis spells on him and he is forced to go. They flee to the forest
and at night Grainne sleeps on a bed of rushes and D. sits on a bag of
sea sand. Accordiugly, when Finn chews his thumb, he learns that
G. is on the rushes and D. on the sands of the sea, and he pursues
them in vain. Episode of the splashing water. D., however, resists Grainne.
He makes her bed on one side of Glen Daimh (Glendav, in the parish
of Clondrohid, County Cork, Glen of Friendship) and his on the other.
In the Scotch versions D.and G. rest in their flight at Carig an daimh,
L. F. 156. Their réconciliation on the occasion described in the introduc-
tion to the Reproach was on Sliabh Gaoil in Argyleshirc, near Cinntire
The keproach of Diarmaid. \ \
berof eighteenth century Irisli manuscripts of a prose version
of the story in florid literary style'. This version is proba-
bly based on ballads. In thèse, as in the ninth and tenth
century documents, the initiative in the tragedy is attributed
to Grainne. She h as seen the love spot on Diarmaid and puts
geasa upon him to elope with her. He submits rather than
lose his honor2, but he hopes that Finn will overtake them.
On their hVht he makes his bed at some distance from hers
(Hill of Love). Cf. Stanza i of Kennedv's version, where G. overtakes D
and begs him to forgive her. L. F. 153, 4. Appearance of the tairy
woman, Maothaolach. who provides food for them. She says she knew
D's tnother, who was mad in the woods while pregnant with D (confusion
with Ossian). Quarrel ofD and G. Reconciliation through Maothaolach.
D. follows the hunt and succeeds in killing the boar. Conan asks Finn
why he does not demand G. F déclares thaï D has accomplished a deed
of valor and that this is therefore not the moment to recall their
enmity. Conan taunts D and succeeds in getting him to measure the boar
against the bristle. D receives a poisoned wound. Maothaolach appears
and tells Finn that D mav be healed bv three drinks of a certain well
from Finn's hands. Finn is willing to save D. Maothaolach provides
a messenger of sufficient swiftness and the water is brought. Conan
taunts Finn with D's dislovaltv and F involuntarilv drops the water.
D dies unsuccoured. M effects a reconciliation between F and G. By means
of the mantle test she proves the innocence of Grainne's relation with
Diarmaid.
I hâve also an unpublished ballad of Diarmaid's death, from a man
named Aoidhmin Mac Gregor of Bristol, furnished me by Miss Eleanor
Hull. The tradition of D and G which I found surviving among the pea-
santrv of Ballingeary and Ballvvournev, Co. Cork (summer, 1910) was
confined to the following points : the elopement of Diarmaid Donn
with Grainne wife of Finn Mac Cumhaill ; the love spot of Diarmaid ;
the splashing water ; Diarmaid's death by the boar. Fiat rocks in diffé-
rent vicinities were pointed out as beds of Diarmaid and Grainne.
1. D'Arbois de Jubainville, Catalogue, p. 249-50; éd. S. H. O'Grady
v. supra, note 8.
2. V. supra n. 8. In most of the oral tradition Diarmaid refuses to
elope with Grainne : ' eiiher bv night or dav, clothed or unclothed,
on foot or on horseback, in companv or without company. She how-
ever went to a fairv woman and got garments made from mountain
down. She came with this garment on, riding on a he-goat in the
dusk of the evening when it was neither light nor dark, and thus it
could not be said that she was clothed or unclothed, on foot or on horse-
back, in company or without companv, and consequently was deemed
4^ /• H. lÀoyâ, O. }. Bergm, G. Schoepperle.
or puts a stone between them and he leaves uncooked méat
behind him at every resting place as a sign to Finn that his
wife is untouched '. Grainne taunts him with cowardice and
uses every means to tempt him. According to most versions
he finally succumbs :
Agus do trhaibh misneach agus mire meanman i agus do
ghaibh ag siobhal re coisDhiarmada go dâsachtach gur sgeing
baoithsteangcân uisge suas tré laghar a coise gur bhuail
shuas ar a eeathramhuin go ndûbhairt go foithchiuin léfein.
' Greada ort, a steangcâin stialluidh,
Is dâna tusa féin inâ Diarmuid ! '
'Créad sin a dûbhraois, a Ghrâinne', ar Diarmuid.
' Is cuma sin, ' ar Grainne.
' Maise', ar Diarmuid, 'ni fulair liom a fhios dfâghuil, ôir si
lim go gcualadh cuid de ?
Iarsin a dûbhairt Grainne, go banamhuil tais leanbuighe
naireach, ' a Dhiarmuid ', ar si, c gé môr do chrôdhacht
agus do chalmacht a ccathuibh agus a ccomhracaibh, dar liom
fein is dana an baoithsteangcân uisge ûd inâ tu'.
'Isfiorsin, a Ghrâinne', do râdh Diarmuid, ' agus ce fada
mise dam choimeud fein ortsa ar eagla Fhinn, ni fhuilngeôd
mh'imdheargadh dhuit nisa mhô, agus is direach gur deacair
taobh do thabhairt ris na mnâibh'.
free from the spell laid upon her'. IV. H. T. p. 40. Similarly L. F. 153,
154. This ingenuitv on the part of a woman in accomplishing sotne-
tliing apparentlv impossible is fréquent in popular tradition. Cf. Kôhler,
Kleinere Schriften, III, p. 513-4; Grimm. Kinder und Hausmârchen,
p. 170.
1. IV. H. T. p. 35. Diarmaid would not approach her and he used to
put a svmbol before the door, a quarter of a slaughtered animal on a
stake, and Finn whenhe saw the sign, was satisfied. Similarly IV. H. T.
44. He left a spit of flesh uncooked in Doire dha Bhoth as a token to
Fionn and the Fenians that he had not sinned with Grainne, and he left
the secoud time seven salmon, uncooked, upon the bank of the Leamhain,
wherefore it was that Finn hastened eagerlv after him. O'Grady p. 80-1
(lnl,§ 23, the passage is suppressed). Sometime after this D went off with
G. but where he passed the night he left unbroken bread to show that
he was still blameless. F. 32.
The Reproach of Diarmaid. 17
Is annsin do rinn Diarmuid bean du Ghrainne ar tûis agus
rug lcis san bfhiodhbhaidh i agus do mhairbh fiadh alita an
oidche sin agus do chaitheadar a ccuid iarsin .i. a lôrdhôithin
feôla agus fîoruisge.
TRANSLATION
She took heart and began to walk by Diarmaid's side bold-
lv. A light jet of water splashed up through the tocs of her
foot till it struck up to her thigh and she said toherself soft-
tly and guardedly :
A plague on thee streaky splash,
Thou art bolder than Diarmaid.
* What is it that you said, O Grainne '? asked Diarmaid.
1 It isof no importance', said Grainne.
' Not so ', said Diarmaid, ' I shall not rest until I know it,
for I think I heard part of it '.
Then Grainne said timidly, shylv and modestly : ' O Diar-
maid, great as is thy valorand bravery in battles and encoun-
ters, methinks this light splash of water is bolder than thou '.
' That is true, O Grainne ', said Diarmaid, ' and although
I hâve been keeping myself from thee for a long time for fear
of Finn, I will no longer endure thy reproaches. Truly it is
hard to trust women '.
It was then that Diarmaid first made a wife of Grainne and
took her into the thicket. He killed a wild deer that night
and they ate their meal then — their fill of flesh and pure
water.
This is from one of the eighteenth century manuscripts
ot the literary version'. The popular accounts are more
1. R. I. A. Ms. 3 B. 8, f. 312. The Ossianic Society édition of O'
Grady's manuscript gives a less detailed account, p. 108. The passage is
not translated, p. 109. In the édition of the Society for the Préservation of
the Irish Language the passage is entirely suppressed. It is of especial
interest for its similarity to a passage which occurs in most of the ver-
sions ofthe Tristan story : For love of the first Isolt, Tristan refrains
from consummating his marriage with Isolt of Brittanv. One day,
a year after their marriage. his wife is riding with her brother; her
4« /. H. Lîoyd, 0. J. Bergin, G Schoepperle.
blunt'.The incident may well hâve belonged to the story
from a remote period. It sheds light on the attitude of
Diarmaid in the lays hère printed .
III
In connection with the second lay hère printed, the fol-
lowing incident was related 2 :
A stranger, who seems to be a supernaturnal being, enters
the cave in which the lovers hâve taken refuge, and he and
Diarmaid engage in a game of dice. Diarmaid loses, and the
stranger demands Grainne as the stake. Diarmaid is compelled
in honor to relinquish her, and départs. Later he cornes to
the cave in the disguise of a beggar. Grainne recognizes him
when he ofTers her the first pièce of salmon he has roasted,
for she knows that it is one of his geasa never to eat or drink in
horse steps into a pool and the water splashes up under her robe.
She says to herself : « 111 luck to you, water, you are bold, indeed ;
how dare you spring farther under my clothes than ever knight's hand
dared corne, or ever knight's hand came ? » Her brother overhears her words
and demands an explanation. Eilhart von Oberg, Tristan, éd. F. Lich-
tenstein, Queîlen und Forschungen XIX, 6138-60. The extant Tristan texts
are rédactions ot a common French source written in the twelfth century, cf.
J. Bédier. Le roman de Tristan par Thomas, Société des anciens textes français,
1902, 1905, II, p. 308; W. Golther, Tristan und Isolde in den Dichtung-
en des Mittelalters und der neuen Zeit (Leipzig, 1907), p. 71. The incident
of the splashing water appears in the Tristan romance in a context which
is almost certainly the invention of a French courtly poet of the twelfth
century, and is used to illustrate one of the favorite problems of courtly
love. In the Diarmaid and Grainne story, on the contrary, the primitive
character of the splashing water épisode corresponds to the entire story.
I am inclined to think that the épisode in Tristan is due to Irish influence.
1. IV. H. T. p. 56 : Thev went awav and they travelled together three
daysand three nights. They were crossing a river, andalittle trout rose and
struck her (Grainne) and she said : Thou art bolder than Diarmaid. If thou
couldst go on shore ! . . . F. 55 : Grainne put her feet in a pool of water
and some of it splashed on her. She said, I am so long a time going with
the third best hero of the Fians and he never approached so near. Then
Diarmaid left broken bread behind him .
2. L. F. 153 b, 154 ; IV. H. T. 41.
The Reproach of Diarmaid. 49
the présence of a woman without offering her the first
morsel ' .
He engages in a struggle with the stranger, kills him, and
leaves the cave. Grainne follows him, overtakes him at dawn
on the mountain of Sliabh Gaoil, and attempts to effect a
reconcilation with him. He addresses to her this lay.
It seems to be to Grainne's relations with the stranger that
stanza 7 of the first lay hère printed and stanzas 19-21 of
the following lay allude. The épisode is found in nurnerous
versions in popular tradition 2. In some versions it exercises
an important influence on the story. In one taie, the stranger
entering attempts to embrace Grainne, and Diarmaid slays
him. In this version it is at this point that Diarmaid yields
to Grainne, for she taunts him by comparing his boldness
with that of the stranger 5.
In another version, in which Diarmaid never yields to
Grainne, shegives herselfto the stranger. Diarmaid kills him
when he discovers her dishonor, but he can now no longer
leave the sign to Finn that his wife is untouched. Diarmaid
thus remains to the end faithful to Finn. His innocence is dis-
covered afterhis death4 and Grainne is buried alive 5.
In the épisode of the stranger, popular transmission has
1. According to oral tradition, supported by the i8th century literary
version, Diarmaid's Geasa were the following : not to eat or drink in any
place where there was a woman without giving her the first morsel, notto
hear the cry of the hounds without follwing the hunt, notto watchagame
without helping thelosing player, notto refuse his comrades anything they
should ask of him L. F. 153, 156, O'Grady, p. 78, 174-6, 144 (I 23, II
37, II 22). Cf. The Death of Diarmaid in the next number of the Revue
Celtique. Hère Finn asks Diarmaid to measure the venomous boar against
the bristle and he does not refuse.
2. W. H. T. 41, 55, 61 ; F, 53, 55, 56; L. F. 153 p. 154.
3. F. 53, f. 55.
4. W, H. T. 44, 55 When Diarmaid gave out the shout of death, said
Finn to Grainne : ' Is that the hardest shriek to thy mind that thou hast
ever heard ?' ' It is not, said she, but the shriek of the ciuthach, when Diar-
maid killed him.' ' Ye gods ! that Diarmaid were alive', said Finn.
F. 54, 57-
5. F. 57, 62; L. F., 162 a, stanza 26, 164 a, stanza 30, 1646, stanza
13.
Revue Celtique, XXXIII. 4
5o /. H. Lïoyd, O. J. Bergin, G. Schoepperîe.
perhaps corrupted the détails ofan incident whose significance
the narrator did not understand'. We find something nearer
perhaps to the original form of the épisode in a type of story
of which we hâve several versions in older Celtic literature
and numerous imitations in French Arthurian romance of the
twelfth century2 :
i. The i8th century literary version préserves a few détails which are
found, in the oral ones, in connection with the épisode of the stranger :
the mention of Diarmaid's characteristic manner ot dividing the fish,
p. 80-1 (I, § 23) cf. L. F. 153 b; the dwelling in the cave; Grainne asks
Diarmaid for his knife, p. 96-7 (I, § 39) Cf. \V . H. T. 41 : ' Wouldst thou
eat bread and flesh, Diarmaid' [says Grainne] ? ' Needful were I of it if I
had it'. 'Hère I will give it to thee. Wheré is a knife will eut it ? ' 'Search
the sheath in which thou didst put it last, ' said Diarmaid ." Grainne,
ashamed, takes the knife out of the side of Diarmaid. She had aided the
stranger against him. Similarlv L. F. 135 b.
The stranger is called by the following names : W. H. T. 41, Ciofach
Mac a Ghoill; IV. H. T. 55, a ciuthach (pronounced Keu/ack, described in
Long Island as naked wild |men, living in caves. Supposed to be derived
from ciutb, long bair behind, which word is applied in Islay to a pigtail
(J. F. Campbell); F. 53: Ciuthach mac an Doill(Ceathach mag-an Doil).
The editor suggests Mist, son of Darkness ; F. 55 : a giant ; F. 36 : the
Ciuthach mor ; L. F. 1 53 : a giant called Ciach, meaning Fierceness ; L. F.
154 : a giant called Cithich Mac Daol. Mr. Lloyd suggests An Citheach
Ard, a giant in Uister folk lore, and proposes the meaning Rage, son of
Chafer, An Claidheamh Soluis, Feb. 5, 1910.
The suppression in the literary version of the épisode of the stranger is
probably to be accounted for by the writer's effort, apparent throughout,
to redeem the character of Grainne,
2. Tochmarc Etaine, éd. Windisch, I, Scél Mongan, éd. Meyer, Voyage
oj Bran, I, 58 ff; Pivyll Ponlnng Dyved, éd. Rhys and Evans, Mabinogion,
Vita Gildae, éd. San Marte, $ 10: cited in Rom., X 491 n. ; éd. Mon. Ger.
XIII, p. 107 (Chronica minora saec. IV, V, VI, VII). Ulrich von Zatziko-
ven, Lan^elet, éd. K. A. Hahn (Franckfurt a. M. 1845), 11. 4972-5360,
6710-7423 ; Heinrich von Tùrlin, Diu Crâne, éd. G. H. F. Scholl, Biblio-
thek des lit. Ver. in Stuttgart, XXVII, 11. 3356-5370, 101 13-12588, Hartmann
von Aue, Iwein, éd. F. Bech (Leipzig, 1873), 11. 4530-4725; Christian
von Troyes, Der Karrenritter, éd. H. Foerster (Lalle, 1899); King Arthur
and King CornwaU, éd. J. F. Child, English and Scotlish Popular Ballads,
I, p. 279; Sir Orfeo, éd. O. Zielke (Breslau, 1880). Allusions to the
abduction of Guinevere are scattered through Arthurian romance. Cf.
Durmart le Galois, éd. E. Stengel, Lit. Ver. in Stuttgard, cxvi, 1. 4185-
4340, Der Pleier, Garel von iem ilûbenden Tal, éd. M. Walz (Freiburg,
The Reproach of Diarmaid. 51
A stranger, prince of a mysterious realm, appears unex-
pectedly in the court. The queen recognizes him, for he has
been her betrothed, or, in some former life, her husband. To
the others he is unknown. His haughty bearing attracts the
attention of ail. He invites to a test of skill (in the Tochmarc
Etaine, in a game of chess), and receives from the king in
advance, the promise of whatever stake he may demand. He
wins, and claims the queen. The king hésitâtes, but accèdes
vvhen taunted with havingcompromised his honor.The queen
shows no unwillingness to départ with the stranger. After
many difficulties the king succeeds in hnding and winning
back his wife by force or ruse.
The épisode in Diarmaid and Grainne represents, it seems to
us, a degenerate form of this type of story. It has lost the
trait that the supernatural stranger was in some former life
betrothed or married to the queen. The loss of this trait,
which would explain the absence of résistance on the part of
Grainne, alters, of necessity, the interprétation of her character.
In conséquence we cannot accept the oral tradition as reprc-
senting the attitude of the ninth (?) century poet toward his
characters, or as correctly interpreting the significance of the
épisode. It is possible, however, that the incident itself eon-
stituted an élément in the original story.
The first lay hère printed is contained in the Book of the
Dean of Lismore, a manuscript of the sixteenth century '. The
présent text is based on the diplomatie édition of Cameron
1892) 1. I. ff., 1. 1280 ff. Malory, Le Morte Darthure, éd. H. O. Sommer
(London, 1889), XIX, ch. 1. 6, p. 772, etc. etc.
Studies on this type of story hâve beenmade, in connection with Chres-
tien de Troyes' La Charette, by Gaston Paris, Romania, XI 459 ff. ; in con-
nection witîi the English lay Sir Orfeo by G. L. Kittredge, American
Journal of Philology VII, 176 ff; in connection with the English ballad,
King Arthur and King Cornwall, by K. G. T. Webster, Englische Studien,
XXXVI, p. 340 ff. ; in connection with Chaucer's Franhlyns Taie, by W.
H. Schofield, Publications of the Modem Language Association of America,
XVI, p. 405 ff.
1 . The heroic poems in the Dean's Book were edited by Thos. Me
Lauchlan, The Book of the Dean of Lismore (Edinburgh, 1862) with resto-
rations in modem Scotch and English translations. The translation ot the
Reproach of Diarmaid, p. 64, 20, is verv inaccurate.
52 J. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
in Reliquiae Celticae 11,88. The language isearly modem Irish
with a few Scottish characteristics. Stern (Zeitscbrift fur
Celtischc Philologie, I, 294-6, 310-327) is probably right in
attributing this type of poem to the end of the fifteenth century.
TEXT
1 . Do mhillis mise, a Ghrâinne ;
Thugais nâire mhic Cumhaill :
Bheith » mar atâim 5a» éigean -.
Is beart nach féidir a ihulaing.
2 . Do thrêigeas cluiche is conghâir,
Ar chompân dhamh — ni as taire ' ;
Do thrêigeas mnâ gan gille ;
Is do mhillis mise, a Ghrâinne.
3 . Do thrêigeas muirn is meadhair,
Cuirm is greadhain is gâire ;
Do thrêigeas cluiche fileadh,
Is do mhillis mise, a Ghrâinne.
4. Caoilte ««ar is Mac Lughdhach,
Dias ar nach d'rugadh taire ;
An fiocb* nior ro-mhaith rinne;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
5 . Goll is Osgar is Oisin,
Aicme nach corrach pâirte
Dob' ionmhuin leo sin sinne;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
6 . Fionn féin an aigne roi- mhir,
Is uaidh [do]gheibhmis fâilte,
Do thrêigeas muirn a thighe
Is do mhillis mise, a Ghrâinne.
7 . Mar a bhios an uaimh c — 5 ,
Dhamh-su ni haJhbhar gâire.
i. BhithQ).
2. Words printed in italics aredoubtful.
3. gêi ni as taire, — what is more shameful (?); dà ni </ taire, —
two most shameful things.
4. a bfhioch.
5. Mr. Lloyd translates 'as I was in a cave of battle', reading
chat ha.
The Reproach oj Diarmaiâ. 5 3
Ag coimhéad uamlia bige ;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
8. Ag dol tar Bheannaibh Boirchc '.
Is ar mhullach Bhoirne bâine*,
Ni môr nach tuirseach sinne;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
9. Ag dol tar Eas Ruaidh 3 rôinne,
Is beag nir fhôbair mo bhâidheadh ;
Fi ro-fhuar geilte glinne ;
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
10 . Tdim go fâda is go baitbghearr,
Ag taisteal Eireann aine ;
Is tréan do bhuaidhir sin sinne :
Do mhillis mise, a Ghrâinne.
TRANSLATION
1 . Thou hast ruined me, o Grainne.
thou hast brought shame on the son of Cumhall
to be as I am in distress,
is a load I cannot endure.
2 I left play and uproar
for a companion, which is more shameful ;
I left women without an attendant,
and thou hast ruined me, O Grâinne.
3 I left merriment and delight,
banquet and festive group and laughter;
I left the play of poets ;
And thou hast ruined me, O Grâinne.
4 Caoilte the Sivift and Mac Lughdhach,
a pair never put to shame —
their anger tuas not very good toward us —
thou hast ruined me, O Grâinne.
5 Goll and Oscar and Oisin,
a company not unstable in affection,
we were dearly loved by them ;
thou hast ruined me, O Grâinne.
6 From Finn himself of joyous heart —
from him tue used to get welcome ;
1. Mourne Mountains, in County Down.
2. Burren, in County Clare.
3. Assaroe, the Salmon Leap at Ballyshannon, Co. Donegal.
54 J. H. Lloyd. O. ]. Berghu G. Schocpperle.
I left the delight of his house,
and thou hast ruined me, O Gràinne.
7 cave
it is no cause of laughter to me;
keeping a little cave :
thou hast ruined me, O Gràinne.
8 Going across the Mourne Mountains,
and on the top of the white Burren,
we are well nigh weary ;
thou hast ruined me, O Gràinne.
9 Going across the falls of Assaroe,
I was almost drowned :
verv cold were the spirits of the glen ;
thou hast ruined me, O Gràinne.
io By long ways and short ways,
I atn traversing noble Erin.
Sorelv has that troubled us ;
thou hast ruined me. O Gràinne.
The text of the second lay ' was printed by J. F. Camp-
bell in his Leabhar na Feinne (London, 1872), p. 153 front
Kennedv's first collection of Ossianic poems, made about
1774, a manuscript in the Advocates Library, Edinburgh2,
p. 100. It is a more elaborate version of the first lay and
includes Grainne's reply to Diarmaid's reproach.
TRANSLATION
1. Grainnc : It is early the héron calls on the marsh which
is on Sliabh Gaoil 5 ; O son of O'Duibhne, whom I hâve
loved, Tell me the cause of its cry.
1 . Restorations of both thèse lavs in modem Irish were printed by
Mr. J. H. Llovd in An Claidheamh Soîuis, the organ of the Gaelic League,
Dublin, igMarch, 1910.
2. Campbell, Leabhar na Feinne (cited L. F.)also prints the introduction
to the similarlav found in Kennedy's 2nd Collection, (c. 1774), p. 91, and
its variants. We hâve printed the more important variants in notes 1, 4, 6,
page 56, infra.
3. Sliabh Gaoil is in Argyleshire near Kintyrc.
The Reproach of Diarmaid. 5 5
2. Diarmaid : O daughter of Cormac of Steeds, O woman
who hast taken the wrong course, I will tell thee truly : Her
foot hath clung to the ice.
3 . O Grainne, who art more fair to see Than the smooth
green tree in blossom, Thy love is as swift to change As the
chill cloud at dawn of day.
4. 111 hast thou used thy arts; When thon hadst entirely won
my assent to thee1, Thou didst put me in hard distress ; Thou
hast dealt grievously with me, O Grainne.
5. Thou didst take me Trom a king's palace, To be in exile
ail rav davs, Or like the night owl, Lamenting pleasure in
every place.
6. I am like a deer or a stag, Passing my days along remote
glens. Xone desires to see me, Of ail who were kin to me in
the house of hosts.
7. I hâve forsaken ail my people, Those who were bright-
er in nature than snow on the hillside. Their hearts were
loving and generous to me, Like the sun high in the
skv;.
8. But now thev hâve become mil of hatred toward me,
like an océan that does not ebb, Since thou didst beguile
me, O Grainne. O, thy love hath been of ill omen to me !
9. Through thee I hâve lost mv lands forever, And my
white-sailed fleet upon the sea. I hâve lost my jewels and
my gold. It is bitterly thou hast wronged me with thy
love .
10. I hâve lost my inheritance and my comrades, And my
men who were not feeble behind shields. I hâve lost the
kindness and love Of the men of Erin and ail the Fiann.
n. I hâve lost delight and music; I hâve lost the right to
my own honor; Erin and ail that are in it hâve forsaken me,
On account of thy love and affection alone.
12. I can never again return To the Fianns of Erin whose
companies were great 5 ; My character is more hateful to Finn
Than the terror of a monster of sharpest brisths.
1. Mr. Lloyd reads : ' when thou didst solve mv whole task '.
2. ' and the high skies ' ?
5 . ' whose love was great ' ? •
56 J. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Scboepperle.
13. O Grainne of fairest form, No better for thyself was
thy clopement. It \\ as thv choice to go with me like a phan-
tom Rather than to he in ease with the king of the Fiann \
14. Grainne : O Diarmaid, brighter in face Than fresh
snow or bog-cotton of the mountain, Dearer to me was
the sound of thv lips, Than ail the music2 among the
Fiann.
1 5 . Dearer to me was the glance of thy eyes, And thy
fresh blue eyes like the grass, Than ail the strength and ail
the gold In the great hall of the king of the Fiann.
16. The love spot on thy bright face Was dearer tome
than honey or a jet of milk; When I saw it above, It was
dearer to me than the king of Erin and his host.
17. My heart fell within me, When I saw thv image and
thy beauty; If I could not hâve brought thee to my side, I
should no longer be in the wrorld 3.
18. O dear warrior of brightest palm, Though it is I who
caused ail thy fault, Accept me again as thy wife, And Iwill
swear never to forsake thee 4.
19. Diarmaid : Why should I take thee as a wife, O woman,
although thy voice is soft, — The woman who forsook the
king of the Fiann, And forsook me afterward as surely.
20. Grainne : Even though I did leave Finn,...s And
although I forsook thee afterward, When I was altogether
despondent ' .
1. 111 was thv hehavior, hard the taie. Thou didst choose the fierce
one of the hills, Rather than ail that the Fiann had, Kennedy s Second
Collection.
2. Leg. cheol with Kennedx's Second Collection.
}. Mr Lloyd reads : ' If I got thee not to my side, I should not be in
the world a single day'.
4. O dear hero of the brightest palm, Great is my fault, and great is
the reason [for it]. Accept the daughter of Çormac of the Heroes; I swear
bv the bushes that I will not forsake thee, Kennedy s Second Collection.
5. Lest I should fall through grief and sorrow'. ? The line does not fit
the mètre or the syntax.
6. Although I did désert Finn, Since I loved thy glory (speech) more,
I did not side with the strong giant : Far dearer to me was thv music.
Kennedy s Second Collection. •
The Rcproach of Diarmaid. 57
21. I will never forsake thee now, But true love to thee
forever growing, [Shall be] like fresh branches on the bough,
With gentle warmth throughout my life.
22. Diarmaid: Fulfil thy promise, O woman, [Andj al-
though thou hast tormented me with sorrow, I will accept
thee as my wife, Although thou didst choose the great
giant '.
J. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
1. The text, translation, and textual notes from the Dean' s Book, are bv
J. H. Lloyd and O. J. Bergin ; the translation of Kennedy 's version is bv
G. Schoepperle, revised bv J. H. Llovd and O. J. Bergin. The introduction
and literary notes are by G. Schoepperle.
This article and one on the Death af Diarmaid to follow in the next
number of the Revue Celtique will form the basis of a studv of the relations
ofthe storv of Diarmaid and Grainne to that of Tristan and hait, to appear
shortlv in a volume on the orisrins of the Tristan romance.
ZUR INTERPRETATION DER ECHTRA CONNLA
Anlàsslich der Vorbereitung einer kritischen Ausgabe der
« Echtra Connla » fur meinen « Primer of Old-Irish »
môchte ich an dieser Stelle einige von mir vorgeschlagene
Emendationen nâher erôrtern.
Vor allem ist es nôtig, auf das Verhaltnis der Manus-
kripte etwas nàher einzugehen. Der Text ist zwar im Gross-
en und Ganzen derselbe, doch finden sich am Anfang und
Ende einige DifFerenzen.
Die Manuskripte zerfallen in zwei Gruppen :
A. Version I wird dure h LU p. 120, und Harleian 5280
fol. j6b 1 reprâsentiert. Der Text ist an einigen Stellen kor-
rupt und die erlâuternden Zusâtze weisen deutlich auf die
Hand eines Redaktors, der den ihm vorliegenden alten Text
(der in Version II seine ursprùngliche Gestalt bewahrt hat)
seinen Zeitgenossen mundgerechter zu machen suchte.
Das Verhaltnis von LU und Harl. ist besonders deswegen
intéressant, weil dadureh Zimmers Théorie, dass der Schreiber
von LU nicht auch der Kompilator gewesen sein kann, son-
dern sein Material von einer âlteren Kompilation, die eine
Neuredaktion verschiedener alter Sagentexte darstellte, einfach
abgeschrieben haben musste, sehr schôn bestâtigt wird.
Das aus dem 16. Jahrhumdert stammende Harl. 5280
kann nâmlich nicht von LU abgeschrieben sein, sondern muss
gemeinsam mit LU auf eine altère Vorlage (die von Zimmer
dem Flann Manistrech zugeschriebene Kompilation) zurùck-
gehen, wie aus folgenden Lesarten erhellt :
§ 1 LU : « in uachtor », Harl. : « indochtw » (Eg. N.
R. : « indochtar »).
§ 3 LU : « rochualatar », Harl. : « rocolawr » (Y ' :
rocholatar »).
Zur Interprétation der Echtra Connla. 59
LU : « connach cûala », Harl. : « gonach colai ».
Dem Schreiber von Harl. konnte es unmôglich einfallen,
ein ihm leicht verstândliches vorliegendes cûala durch calai,
etc. zu ersetzen ; in dem letzterwâhnten Fall hat Eg. 1782 :
coala und YBLcol. 915 : coali.
Entweder stand nun im Original cale und die Manuskripte,
die ôa haben, gehen auf Abschriften zurûck, die zu einer
Zeit gemacht worden waren, als ô zu ôa geworden war, oder
(wie Prof. Thurneysen wir vorschlâgt) im Original stand
ùberall ôa (das noch nicht zu Fia geworden war ; cf. g", das
liber èa zu la wurde) - - so haben fast aile Handschriften
Bôadao (= Bûadach) ôas (= lias) — das von verstàndigen
Schreibern zu ûa,: von unverstândigen zu 0 gebessert worden
war.
Das Original unserer Sage muss demgemàss, wie ich ein
anderes Mal nâher zeigen werde âlter sein, als die Wùrzbur-
ger Glossen in denen ô vor / und d schon regelmâssig als âa
erscheint.
Dass jene gemeinsame Vorlage von LU und Harl. nicht das
Original, sondern eine Neuredaktion gewesen sein muss, wird
am Ende dieser Abhandlung gezeigt werden.
B. Version II, die die ursprùngliche Fassung des Textes
giebt, wird durch sâmmtliche ûbrigen Manuskripte vertreten,
nâmlich : Y. B. L. col. 399 (Y1); Y. B. L. col. 914 (Y 3) ;
Eg. 88 fol. nbi (88) R. I. A. N. 10 (Betham 145) fol. 70
(N); Eg. 1782 fol. i9b2 (Eg.); H. r. 13 (T. C. D.) fol. 349,
eine genaue Kopie von Eg. 1782. Schliesslich das Fragment
in Rawl. B. 512 fol. i20b2 (R).
1. Airunsur âlaib.
Der Vers in LU : : Tathut airunsur âîaib
fri tôind t'eôlehaire ofadib (= ôaditi).
hat his jetzt der Ubersetzung scheinbar unùberwindliche
Schwierigkeiten bereitet. Ursachen dieser Schwierigkeiten
sind die Worte airunsur âlaib.
Die andern Manuskripte haben : Y1 arunsôer aildib Y2 airun-
sur alaibEg. : airiunnsur âlaib N : airiunnsur aluib, 88 : airiuu-
sur alaib.
60 Jiilius Pokorny.
Ich halte àirunsur âlaib fur ein Cheville und will daher
zuerst den ùbrigen Teil des Verses ùbersetzen.
Wir mûssen uns vor allem vor Augen halten, dass knappe
Diktion, die manche Worte nur erraten làsst, in der irischen
Poésie sehr hâufig vorkommt.
So ist in unserem Falle nach tâthut wohl ein Wort, das
etwa « Widerwille » oder « Kampf » (vielleicht debuith')
bedeuten kônnte, zu ergânzen. Ebenso ist vor oadib ein Wort
fur « Fortgehen, Forteilen « zu ergânzen, so dass wiralso die
Stelle ùbersetzen kônnen :
Du strâubst dich, — àirunsur âlaib! - - gegen die Woge
deiner Sehnsucht, [die dich treibt] von ihnen (den deinen)
[fortzugehen], damit wir in meinem krystallenen SchifFe zum
Sid des « Bûadach » kâmen, wenn wir es erreichten. »
Die Konstruktion : Tâthut (debuith) f ri... « Du streitest
mit..., hast (augenblicklich) Widerwillen gegen... », ist ganz
unbedenklich (cf. O' Maille, Vcrbs of Existence § 80). Ver-
gleiche Wb. 28b2 5 : ni bii debuith dpfri nech « he has not a
quarrel with any one », wo fur ni bii do... ebensogut ein infi-
giertes (resp. suffigiertes) Pronomen mit ta stehen kônnte '
Umgekehrt kônnte fur tâthut (« dir ist » cf. Fél. Juli 24)
in unserem Falle auch ta duit, im Falle der Negierung : ni-t-tâ
stehen.
(Auch eine andere Erklàrung wâre môglich, die bei unserer
ausserst mangelhaften Kenntnis der Syntax des archaischen
Irisch vielleicht auch in Betracht zu ziehen wâre, die ich aber
nur,"um aile Môglichkeiten zu erôrtern, hier mit grôsster
Reserve anfùhre. In thâtut fri... kônnte vielleicht ein sonst
zufàllig nicht belegtes Idiom « du bist unwillig gegen... »
vorliegen . Vergleiche Wb 24a24 is hed romboth dont « this is
why people hâve been at me » und neuirisch : céard ta ort
« what ails thee ? »)
Das Cheville àirunsur âlaib ist zweifellos nicht ganz richtig
ûberliefert. Es sind zwei Môglichkeiten zu erwâgen. In der
irischen Palâographie besteht die Eigentùmlichkeit, dass Zei-
lenschluss und Wortschluss nicht zusammenfallen mùssen, so
1. Eriu, VI, p. 65.
Zur Interprétation der Echlra Connla. 61
dass Worte oft an beliebiger Stelle ohne jeden Bindestrich
abgebrochen werden. So kann leicht im Original (zusammen-
gehôrige Worte wurden, besonders in Chevilles, oft ohne
Worttrennung zusammengeschrieben) airunsur j| âlaib gestan-
den haben, indem has r, das zu r âlaib gehôrte, gerade am
Schluss der Zeile zu stehen kam. Unverstàndige Schreiber fass-
ten dann airunsur als ein Wort auf.
Das r kann aber auch auf andere Weise zu airunsu
gekommensein. Die irischen Schreiber pflegen die in der Prosa
eingestreuten Gedichte gelegentlich durch ein am Rand der
Zeile hingesetztes R (Abkûrzung fur rose oder retoric) erk-
ennbar zu machen. (So. z. B. in der LU Version unseres
Gedichtes).
\Yenn nun im Original die Zeile auf der rechten Seite
eines Folioblattes mit airunsu endete und am Rand der Zeile
(dies wàre ja die erste Zeile des Gedichtes gewesen) jenes R
stand, konnte dièses leicht vom ersten Abschreiber des Ori-
ginals aus Unachtsamkeit in den Text des Gedichtes hinein-
genommen worden sein.
Fur die Interprétation ist dièse Frage ùbrigens ganz kelang-
los, da râlaib und âlaib ungelàhr die gleiche Bedeutung
haben.
Air(f)unsu ist der Komparativ eines Adjektivs air(J)unse
(= ir-ansé) « sehr schwierig ». {anse aus *n-asse « nicht
leicht »). Wie sich das erste u in air(i)unsu erklârt, ist zwei-
felhaft, denn obwohl aile Handschriften u haben, ist deswe-
gen noch nicht ausgemacht, dass es auch im Original stand ;
es konnte auch eine mittelirische Korruption sein. So schrei-
ben z. B. in § i aile Manuskripte das jûngere acailli u.
âhnl., wâhrend nur ein Manuskript (Y J) zafâllig die alte
Form adglâiter, die also im Original gestanden haben muss,
bewahrt hat. Wâre dièse Handschrift zufâllig nicht erhalten,
konnte man immerhin zweifeln, ob \\\x das Recht hiitten,
adglâiter zu restituieren.
Daran, dassaw^im modernem Sûdirischen als auns3 gespro-
chen wird, darf man wohl kaum denken. Dagegen
halte ich es fur wahrscheinlich, dass wir in der ersten Silbe
eine Kontamination der beiden Pràpositionen *{p)are (ir. air,
62 Juliiis Pokorny.
altcymr. ar) und *iru, iilter *(p)erô ' (irish />, altcymr. _yr) vor
uns haben, dass airiunsu also auf irunsu (*iru-ansii) zurùck-
geht. Fût irunsu wàredann durch Einfluss der mit air- zusam-
mengesetzten Worte airiunsu eingetreten.
Das Fehlen der Synkope in der zweiten Silbe ist ganz unbe-
denklich, da das als Intensivprâfix gebrauchte iru- erst nach
dem Eintritt der Synkope angefùgt worden sein kann oder da
daserste u auch ein Svarabhaktivokal 2 (aus* iranse) sein kônn-
te. Ausserdem wird die Synkope ôfter durch schwere Kon-
sonantengruppen verhindert. Zahlreiche Beispiele mangelnder
Synkope findet man bei Meyer, Contributions, p. 43.
Ebenso wie in air(J)unsu erklârt sich das u im mittelirischen
irussa « sehr leicht » (ir° -)- assd) irud « grosse Furcht »
(aus *int-ôto-, zu air. iïath)\
Râlaib erkliirt sich als Dativ Plur. eines Nominativs rail aus
*pro-pakli (ci. got. fagrs) ebenso wie rân « herrlich » aus ro-
àn entstanden ist, da im Irischen jedes Adjektiv durch Pràfi-
gierung von ro- verstàrkt werden kann. So ist rail = ro-àil
« sehr passend, erwunscht, Wunsch » und das nichtpalatale
/ in âlaib erklart sich durch das vorher geschwundene h. Das
Cheville ist somit wôrtlich zu ùbersetzen « Schwerst erfiillba-
rer aller Wùnsche ! » (Wunsch, der am schwersten zu erfùl-
len ist) oder mehr sinngemâss : « Vergeblichstes Bemùhen ! »
Fur die Konstruktion cf. Félire Oengusso, Prol. 316 il dall-
chéilliu doînib « thou art the most dull-witted of men » (Meyer
in Eriii, VI, p. no, Amn.)
2. In grêin n-gil.
Der Vers in LU :
Fil tir n-aill,
nadbn messn do saigid
1. Wahrschcinlich ein erstarrtcr Instrumental des Adjektivs *peros. Zur
Bildung vcrgleiehe griech. i-'.n/iy'<>. Brugmann, Grunàriss, II, 2, p. 188.
2. Zur u Qualitàt der Svarabhaktivokale c(. Pedersen, Grammatik, I,
p. 268, 1. 19/20.
3. Uher die Etymologie und Geschichte des air. asse und der Pràposition
er-, ir-, werde icli demnâchst in Kuhns Zeitschrift austùhrlich handeln.
Die genannten Composita wurden zu einer Zeit gebildet, als * erô schon zu
* irû geworden war.
Zur Interprétation der Echtra Cou nia. 63
atchiit : tairnià in gréin n-gil ;
cià clan, ricfam ria n-adaig.
ist offenbar korrupt. in-gréin n-gil giebt absolut keinen Sinn,
da tairnid « senkt sich » hier intransitiv gebraucht wird und
wir demgemâss einen davon abhàngigen Nominativ erwarteri
mûssen, wâhrend der Akkusativ hier keineswegs zu rechtfer-
tia;en ist.
In Version II fehlt ngilj atchiit (= ad-à-chiii aus *q*isô)
« ich sehe es » ist wohl dreisilbig zu lesen ; auch Eg. und X
haben das korrupte grëin ; 88 hat gràtie, wâhrend Y ' u. Y2
richtig <ni haben. Wie dièses !ni aufzulôsen ist. zeigt uns die
nâchste Zeile. gh muss nàmlich mit einem Wort im Innern
der letzten Zeile. reimen. LU und Harl. haben cian, wâhrend
in Eg. X. und 88 das korrupte céin steht. Wieso die Korrup-
tion grein, ccin entstand, wird uns klar. venn wir sehen, dass
Y1 Y2 deutlich c?n schreiben, demzufolge auch gïi in gren
aufzulôsen ist.
Im Original stand also noch gren, cèn, mit erhaltenem ê,
gerade so, wie ô noch nicht zu fia geworden, sondern noch
erhalten oder erst zu ôa geworden war.
Der gleichaltrige Imram Brain hat ebenfalls ê bewahrt, so
in blédne § 55, 58, und das Xebeneinanderliegen von 6 und
ôa ist dort âhnlich zweideutig, wie in unserer Sage. Xun ist
auch begreiflich, wie die Korruption gréin, céin entstand.
Manche Schreiber verstanden das ihnen vorliegende archaische
cén (grin) nicht und schrieben dafùr céin, {gréin ; tairnid kon-
nte irrtùmlich als transitiv gebraucht aufgefasst werden) wâh-
rend die verstândnisvollen Schreiber das jiingere, regulâre cian
dafùr einsetzten.
3. tairnid
Die Form tairnid kann nicht im Original gestanden haben,
da erst im frùhen Mittelirischen komponierte \Terba die soge-
nannten absoluten Eudungen analogisch annahmen.
Von den iibrigen Handschriften hat Harl. iaimind, X iai-
rinde, 88 tairinvith, Y ' tairnedh, Y 2 tairnid, Eg. tairindig.
64 J ii H us Pokorny.
Régulai sollten wir do-airn{ri)i erwarten, was auch in den
\'ers passen wurde : atchiu, do-airn(iï)i ingrên.
Es ist aber nicht ausgeschlossen, dass im Original schon
tairn(n)i (in welchem Fall das folgende i nicht elidiert werden
durfte) oder — mit analogischem Zwischenvokal — tairinni
gestanden haben kônnte, da in Wb schon gelegentlich das
Prâverb to vortonig vor Vokalen als /- statt als do- erscheint
(Thurneysen, § 844 B.) Altère Belege dièses Verbums finden
sich bei Ascoli, Gloss. Palaeohib. p. lxxxv und Transactions of
the Phi loi. Society, 1895, p. 64.
4. mod nad mod ; 5. rondiacht
Ein Vergleich des letzten Absatzes (§ 7 bei Windisch, Ir.
Gramme) der Version I mit Version II zeigt deutlich die Infe-
rioritât der Vorlage der LU Version.
In LU (damit bis auf einige orthographische Verschieden-
keiten ùberein stimmend Harl.) heisst es, nachdem Connla
in das krystallene Schiff der Jungfrau gesprungen ist :
Atconnarcatar uâdib mod nad mod i. in fat rosiacht ind radairc
a roisc:. « Sie sahen (sie, sicb) von ihnen (entfernen) « mod
nad mod » d. h. soweit der Blick ihres Auges reichte. »
Dass der Redaktor der LU Version mod nad mod nicht vers-
tanden hat und den Ausdruck in hôchst unsinniger Weise zu
erklaren sucht, ergiebt sich, sowie wir Version II betrachten,
die ganz klar und deutlich ist.
Ich gebe den Text von Eg. 1782; in Klammern bessere
Lesarten der andern Handschriften :
« Foceird dzniu Connla bedg n-ûadaib, co m-boi isin (N :
issind) noi glando. (Y?, 88 : glandai). Atacondchatar (Y2,
atacondarcadar ; leg. atacondarcatar) ûadaib. (Y ' hoadhib ;
leg. ôadib) Mod nad mod rondiacht a sûil imram mara (Y2
maro) dogenset. Ni aicesa o sein (Y2 sin) i-lle. Aspert (Y2
asbert) Conn iarum oc aicsin Airt : Is a oenar (Y2 ocnur)
indiu do Art. Is de ata Artt oinfiur (Y 2 oenfer). Finit. »
Wir sehen sofort, dass die klare und durchsichtige Version
II dem Redaktor von I als Grundlage fur seine Version
Zur Interprétation der Echtra Connîa. 65
gedient haben muss und gewiss den ursprùnglicheren Text
reprâsentiert. Unklar ist nur die Form rondiacht..
Y ' und X haben gleichfalls rondiacht, Y 2 ronniacht,
88 roniacht. Eine Form rondiacht ist jedenfalls unmôglich : ihre
Entstehung ist aber ganz klar. s ist sowohl das Abkùrzungs-
zeichen iiir acht wie auch fur sed. Ein rondi's des Originals
konnte sehr leicht als rondiacht verlesen werden. Auch der
Redaktor der LU Version beging diesen Irrtum und besserte
daher das Wort zu rosiacht ; infolgedessen musste er auch den
folgenden Text àndern.
Zu lesen ist zweifellos rondîsed Çro-n-d-ised), 3. sing. Prâ-
ter. des s subj. zu ro-icc « erreicht » : d ist das infigierte neutrale
d, das sich auf das folgende intram bezieht, obwohl imram
masculinum ist (cf. Thurneysen § 420, 2. Absatz). Die rela-
tive Form des infigierten Pronomens steht hier, da das Yer-
bum nach mod nad mod, einem Bezugswort, das die Art und
Weise der Handlung ausdrùckt, (Thurneysen § 492) relativ
ist. Aus demselben Grunde hat auch das relative -n- hier sei-
nen Platz. mod nad mod heisst wôrtlich « (es ist) eine Art und
Weise, die (eigentlich) keine Art und Weise ist, mit welcher
(= -n-)... » also soviel, wie « kaum noch ».
Ebenso ist mod nad mod im Fled Bricrenn (§ 84) zu ùberset-
zen, wo es einen neuen Satz beginnt.
Der ganze Abschnitt ist zu ùbersetzen :
« Da sprang Connla von ihnen fort in das krystallene
Schiff. Die Leute sahen sie, wie sie sich von ihnen entfern-
ten '. Kaum konnte ihnen ihr Auge folgen, wie sie auf dem
Meere dahinfuhren. Seitdem wurden sie bis heute nicht mehr
gesehen. Als nun Conn seinen Sohn Art erblickte, sprach
er : Jetzt ist Art ganz vereinsamt. Deswegen heisst er « Art
der Einsame. » Ende.
\Yien, den 25 Januar 19 12.
Julius Pokorxv.
1 . Vor ôadib ist iihnlich wie oben in éolchaire ôadïb ein Verbum der
Bewegung zu ergànzen.
Rnut Celtique, XXXIII. 5
ALTIRISCH SEGUND, SEGOND, SEGAIND
Auszugehen ist zweifellos von einem Adjektiv in der Bedeu-
tung « trefflich, geschickt ».
Der àlteste Beleg findet sich in Tain B6 Fràich § 1 1 :
h ségond dofanic LL Is segonnd donfainicc Eg. (leg. do-n-ânicc)
« trefflich ist es gegangen ». Als Adjektiv erscheint sêgund
auch im Tain Bô Cûailnge (Strachan, Tain Taies, p. 23)
« a n-as ségundo » undim Saltair na Rann 6065 « Ba segunn...
lasin sluag ». Spàter erscheint meist nur die Form sêgaind,-
(mit Ubergang des Wortes in die adjektivische i Flexion) so
Revue Celtique, vol. XXIV, p. 44 seghaine (leg. sèghaiiuiiu)
und F. M. 868 seghainn. Das Wort wird auch hâuflgsubs-
tantivisch in der Bedeutung « champion », « Meister »
verwendet. Weitere Beispiele findet man in Windisch's
Wôrterbuch p. 766, Eriu IV, p. 124 und V , p. 42.
Was die Herkunft des Wortes anbelangt, so haben wir es
notwendigerweise mit einer Entlehnung zu tun, da ein Kom-
positum kaum vorliegt und ein Suffix -ond, -und, im Irischen
nicht vorkommt.
Ségund ist zweifellos aus dem lateinischen secundus in
der Bedeutung « glûcklich, geschickt » entlehnt. Vom Stand-
punkt der Bedeutung lâsst sich wohl kaum ein Einwand erhe-
ben. Aber auch in formeller Hinsicht ist ailes in Ordnung,
obwohl « secundus » im Irischen vor allem *sechund ergeben
hàtte.
Es ist ohne weiteres klar, dass s'egund {segond ist nur andere
Schreibweise) keine ursprùngliche Form darstellen kann, dass
vielmehr irgend eine analogische Umbildung vorliegen muss,
weil altes e vor nichtpalataltr Konsonanz zu la hâtte werden
mûssen .
Altirisch Sêgund, Ségond, Sëgaind. 67
Auch von einer Form segund (mit kurzem e) kônnen wir
nicht ausgehen, weil dièses e vor u farbenem g zu i gewor-
den wâre. Es bleiben somit noch zwei Môglichkeiten zu erwâ-
gen : Entweder ist sêgund analogisch aus *sigund umgebildet
worden (durch dièse Annahme kamen wir jedoch der Erk-
lârung unserer Form uni keinen Schritt nâher ; ausserdem
wâre die analogische Umgestaltung von *sigund zu segund nicht
gut denkbar ; es ist vielmehr wahrscheinlich, dass die urs-
priingliche Form kurzes e hatte, das dann analogisch gelangt
wurde).Oder aber segund kônnteaus *sechund umgebildet sein,
(vor u farbenem ch wifd e nicht zu 1) eine Annahme, durch
die aile Schwierigkeiten beseitigt werden. Lateinisch secundus
wûrde nâmlich genau *sechund ergeben haben. Dièses ent-
lehnte *sechund in der Bedeutung « trefflich, geschickt » —
daher auch « heldenhaft » — konnte leicht durch Einfluss
bedeutungsverwandter, lautlich àhnlicher Formen, wie séig
« Falke, Held » — cf. cymrisch gwalch « Falke, Held » —
Genetiv ségaLX) 16 b 33, 36, (das ê ist durch Einfluss des
Nominativs beibehalten worden) sïgde « stattlich, prâchtig,
tapfer » — ursprùnglich « falkengleich » (se g de statt *siagde
wohl durch Einfluss von séig; wahrscheinlich sindauchindie-
sem Wort zwei verschiedene Stâmme zusammenflossen : das
erwâhnte séig « Falke » und ein dem in Gallischen hàufigen
sego-, deutsch « Sieg » entsprechender Stamm seg- ; dann hat
gewiss auch die Analogie des kurzvokaligen seg- zur Erhaltung
des ê beigetragen.) zu sêgund, sêgond, spàter sëgaind, umgestal-
tet worden sein. Die Form sëgaind ist zum Komparativ
* sêgaindiu neu gebildet worden \
Dass man sich morphologisch unverstândliche Lehnworte
durch Angleichung an andere, einfachere Worte mundgerecht
machte, ist ja auch sonst oft genug geschehen. Ein évidentes
Beispiel ist lateinisch carbunculus, das im Irischen als carr-
mocol (durch Angleichung an carr und mocol) erscheint.
Wien, den 6 Januar 19 12.
JuliuS POKORNY.
1. Das oben erwâhnte sêgiuido ist eine Analogiebildung zum Positiv
séçunJ.
LE MIROUHR DE LA MORT
{Suite)
(f. 39) DE la troysiesme fin de l'home qui est L'enfer :
préparé par la Iuslice de Dieu, aux
Diables, et les obstines en leur
Pechè et Malice.
CHAPITRE III
1955 AN trede poent hon Leffr, à comps cref ha defri,
An Yffern» eternal, so Sal à contraly ' :
Nep à delch leni memoar, dispar he amloary,
A tech digant pechet, oar an bet pan edy.
Pe a heny trv tra, heruez an faet ma so 2,
1. J'ai traduit : « sans contredit », Dict. étym. v. salu, contraly: mais so
serait inexplicable ; sal pour salu ne se lit qu'une fois, N 200, en dehors de
la rime; ce mot n'est jamais suivi de a ; enfin la majuscule de Sal indique le
nom, cf. 1966. Dans an tan Infernal, so sal d contraly 2004, il y a une extension
admissible de cette expression ; contraly 2354, a un sens analogue (comme
contredy au v. précédent). Hep contraly paraît signifier « sans différence »B
310 ; « sans opposition »N 1337. Rel ms. porte : « Controll, Countreur, Con-
traire Contraria contrarier, me veqp Controll deoeb je serai contre vous » ;
Pel. controll contraire, coutrolli s'opposer, contrarier, résister; Maun. n'a
aussi que controll et controllia. Grég. donne controll, contrell, van. contrée!
contraire, er c'hontroll-beo, e controll-veo tout au contraire, clioari ar c'bon-
troll, ober ar c'bontroll ou ar c'hontrell contrarier (j'ai eu tort de mettre un
astérisque à cette expression, qui est devenue en tréc. ober c'hontel faire du
bruit, ennuyer, gêner, faire tort, Études d'étym. bret., 66, 67, Mém. Soc.
ling.. XII, 442, 443;: controllya contrarier, contredire (ar re père a gontroli
ou-onip ceux qui nous offensent, Le Bris, cité Chrestom. Bret. 539), control-
lyus contrariant (adj.), controllyer pi. -èryen contredisant, controllyt\ pi. ou
contrariété, contradiction. Ce doit être le v. bret. conlroliabt, gl. controuer-
siam, moy. bret. * controliae\. Le niov. bret. contraria)]' Aient du fr. contra-
rier; contraliaff du v. fr. contralier (morvandeau id. contrarier, taquiner,
de Chambure), que M. Grammont explique par un mélange du précé-
dent avec contrelier = contra-ligare ; contrel, contrell contraire, contrariant,
Le Miroiter de la Mort. 69
De la troisième fin de l'homme, qui est T enfer préparé par
la justice de Dieu pour les diables et les obstines
en leur péché et malice.
CHAPITRE III
1955 Le troisième point de notre livre parle fortement et sérieusement
De l'enfer éternel, qui est une salle de torture ;
Celui qui garde vivement la pensée de son tourment sans égal
Évite le péché, quand il est en ce monde.
Sur lequel il y a trois choses, à ce sujet,
odieux, peut venir du 1. contrarias ou du franc, contraire (cf. grignol
et grignel grenier, Gloss., 293, etc.). M. Loth, Mots lat. 158, où contrell
est à tort qualifié de v(ieil)-arm(oricain), tient pour l'origine latine, et
explique la finale moderne -ol par -eu! non accentué. Countreur semble
une forme latine non dissimilée. Countrol et control se montrent au
commencement de la période moderne, voir Gloss. 118. La finale -ol
était appuyée par counteroll pi. -olyou, conterollxou, contrerol pi. you con-
trôle, counterolli contrôler, critiquer, countroller, counteroller , pi. -éryen,
controllour pi. yen contrôleur, ar c honte roller-vor le contrôleur de la
marine, counteroller pi. yen contrôleur, critique, censeur, pi. -éryen «copieux,
qui contrefait, et raille les autres », counterollèr'es pi. -eresed contrôleuse
Gr. ; le mélange des deux familles se montre dans sa traduction de « con-
trariant » par controller pi. -éryen. Re' ms. a conterolli contrôler, conterol
contrôle. Pel. tire eontroll contraire de ce mot français, qu'il décompose
avec iaison en contre-rolle. En van., l'A. montre les deux familles distinctes
pour la forme, mais non toujours pour le sens : contrell contraire, contra-
dictoire: coutréllage m. opposition, contrariété; conterolle m. pi. -leu con-
trôle : contrariété, contradiction, contredit : conterollein contrôler; contra-
rier, contredire; conterollour m. pi. -lerion contrôleur; contrariant, contra-
dicteur, -lourr gloseur.
2. Devant ce vers et devant le titre précédent, il y a un petit fleuron
comme celui qui termine la première page, reproduite fig. 1 . Ce signe se
yo E. Ernauli.
i960 Scier da considerafr, hada notaffaffo :
Hac eue/, aneze, goude me ho lenno1,
Eui - m'o euitv, quent > v da/. espio4
An quentaff aneze cret se ha na refus,
Eu an diuers hanuou. an lechvou caffouus > :
1965 An aeil eu diraeson, affliction confus,
Compaigneunou an Sal 6, Infernal scandalus.
An trede chede eu, am deseu nede 7 gaou,
Diuers condition, à punissionou s :
Enhv Impatient ?/ha diuers tourmantou,
1970 A punis pechezrien, reuseudien en craou.
Du Feu Infernal, et ses conditions.
Quentaff cz describiff, credet diff an Yffcrn;/,
Drez caflfaff em auis, lie bezaff vn Cistern;; Io :
Carguet haznat â Tan, goa eff aya dan berrm,
(f. 39 v.). So tem; enhy dia:s, en ères hep espern/z.
1975 Ahane oar é quis, nep heny ne distre «,
Mar die bezaff damnet i2, dre é pechet chede :
Quentse en tan manet, hep remet na trete,
Vezo eff bizhuicquen, tra quen nen soutenhe.
retrouve ensuite au commencement de chaque quatrain et devant les titres
français, sauf qu'il est remplacé par une croix aux v. 2081,2143, 2191, 2267,
2283, et par une feuille, v. 2206, 2263.
1. Littéralement « je les lirai », impropriété admissible à la faveur des
rimes. L'emploi du pron. ane^e forme une plus grande difficulté. Faut-il
lire la» eue-, prends(-v) garde, cf. v. 954?
2. Lire euil .
3 . Litt. « avant elles à t'épier"», comme goude te do quaret, v. 373. Ceci
est bien plus fréquent avec evit, quoique je n'en aie pas trouvé d'exemple
avant le Doctrinal; il v en a un plus loin, v. 2079 : euyi y da goelaff. Aux
passages cités Gloss. 227, on peut ajouter evit-han da venait pour lui à être,
quoiqu'il soit, Ba>\. Br. 226 ; 'ivit-on da ira quoique je sois-, Gwer\iou Brei^-
Iiel,.ïl, 74.
4. On ne connaissait que spiaff, espérer. Grég. donne spya, van. spval,
spyein épier, qu'il tire « de spy, qui signifioit œil »; c'est, naturellement, le
aT:ou d'Hérodote (IV, 27), que l'historien n'attribue point au celtique,
mais au scythe. Espio est exactement le gall. ysbîo. Le Miroiter n'a qu'un
autre infinitif de ce genre, c'est plouo (mal imprimé plond) frapper, v.2069,
également à la rime. La terminaison -0 n'est, par ailleurs, représentée à
cette époque que dans les Middle-Breton Hours : efuo boire 8, effuo 13
(rimes en 0); coue^o tomber 13 (sans rime), 58 (en prose; la variante
coue^u p. 59 doit être une faute), cf. gall. cwyddaiv, civyddo. Il y a un indice
Le Mirouer de la Mort. 71
i960 A considérer clairement et à remarquer vite :
Et elles aussi, ensuite je les expliquerai (?)
Pour que tu les évites, avant qu'elles te guettent.
La première d'entre elles, crois-le et ne refuse pas.
Ce sont les divers noms des lieux douloureux :
1965 La seconde est l'excessive affliction accablante
Des compagnons du séjour infernal maudit.
La troisième, c'est, voici, ce me semble, ce n'est pas mensonge,
Les diverses conditions des châtiments
Là, intolérables, et les divers tourments
1970 Qui punissent les pécheurs, misérables à l'étable.
Du feu infernal, et de ses conditions.
D'abord je décrirai, croyez-moi, l'enfer,
Comme je trouve, à mon avis que c'est une citerne
Pleine, évidemment, de feu ; malheur à celui qui va au tas,
Qui s'y trouve, empilé incommodément, dans la douleur, sans pitié.
1975 De là pas un seul ne revient sur ses pas,
S'il doit être damné pour son péché, voilà ;
Mais resté dans le feu sans rémission ni grâce,
Il sera à jamais, plus rien ne le secourrait.
de cano chanter dans le dérivé canoenn chant, à coté de canauenn (canafenn
v. 2535, et amaffen NI 105) de canaff, cf. gall. canuan petit chant, de canu.
Le haut cornouaillais a gardé kano, comme goelo pleurer, gwisko vêtir, gall.
giuylaw, -lo, gwisgaw, -go, etc. ; il a beaucoup multiplié ces infinitifs en 0
(quelquefois ou). On a plusieurs exemples en v. bret. d'une terminaison
voisine, -otn (=: van. -on dans crenon trembler, euhon cacher, Rev . Celt.,
XXXII, 20, gall. cuddio). Voir Ztschr. f. celt. PhiL, II, 387-390, 397, 400.
Les Heures sont aussi le seul texte qui emploie (p. 8) à la sollicitation de la
rime, ane^of de lui, équivalent de ane^aff resté dans le van. anehon.
5. Écrit caffouvs N 1 175 (mal transcrit au Dict. étym.), caffuous B 705.
6. Fém. comme en franc., d'après enhy, v. 1969 ; cf. saliras, sal vihan
grande, petite salle Gr. ; sale f. pi. -Jeu, « très-anciennement ce mot signi-
fioit, Manoir » l'A.
7. La rime exige la variante nedeu.
8. Premier exemple de ce plur. (punicionou Gr.). Ce vers est ainsi imité,
D 160 : Lies condition à punissiounou.
9. La rime demande impatiant, voir v. 1933 ; cf. van. dibatiantt l'A.,
etc., Eludes d'étym. bret., 16, 17.
10. On voit, par le v. 1974, que ce mot était fém., comme en franc.
11. Cette forme, qui n'est pas nouvelle, doit s'ajouter à la liste donnée
au v. 113.
12. Lis. daffnet.
72
E. Eruault.
An tan man ne aues ', nedeu da vn moeson ',
1 980 Ez casty pep heny, gant é affliction :
Er pep diouz é pechet, en deues garredon,
Bezet bras pe bihan, heman eu an canon '.
Nedeu cuit sclerder, saluder nac espcranç.
Ho deues an tan man, nac euit contananç :
1985 Dreizafïne guelont quet, nemet ho penetanç 1,
Han abec pe aban, ho poan so en mananç.
Guelet areont glan, dre'n tan man ho poanyou,
Maz cresq pemdez dreizaff, claff ouz claff s ho caffou :
Hac ez guelont pepret, an fet ho pechedou,
1990 Hodeuoa comeret 6, lier drez oant en bedou.
Entre Tan an bet man, han tan pe'bân canaff,
Ez eux teirdiferanç î, an re diauançaff :
Nedeux den nep heny, mar car é studiafï,
Na lesse é pechet, quent eguet decedaff.
1995 An diferanç quentaff, heruez maz cafafl se 8,
Entreze dimerit, en he9 acerbite '" :
Er an tan an bet man, hac an tan ahane,
Xo deues vn tomder, da nep ho prederhe.
An tan a vez peinctet ", ouz tan gruet en bet man,
2000 Nedeu da vezaff quet, comparaichet ledan :
Er an tan en moguer, nendeues tomder glan.
(f. 40 ). Hac eguile so tom, hep patrom en bro man.
1. Lis ânes ; de même au v. 3456.
2. Mot nouveau, qui se retrouve v. 3473, 3551; c'est le v. fr. maison,
moesoii, moinson, mesure, capacité, dimension (du lat. mensionem), resté en
fr. du Centre et du Haut-Maine maison mesure ; en bourguignon, loyer
d'une terre payé en nature, etc. God.
3. Mot masc, se litAmcore v. 2341. Ne s'était trouvé qu'au sens de pièce
d'artillerie.
4. On ne connaissait que peu i tance, pénitence NI.
5. Premier exemple d'une locution comme le tréc. moan-euç-mofln de
plus en plus maigre, léon. stârd-oc'h-stard de plus en plus fortement; on ne
connaissait de cette époque que nu/y on~ muy de plus en plus, goa% o\goa\
de pis en pis, avec des mots de sens comparatif; voir Rev. CelL, XXII,
381-384; Pedersen, Vergl. Grain. II, 122.
6. Lire cornet cl.
7. Ceci montre que le mot, écrit differance B 310, etc., était féminin,
comme en franc. Grég. donne diffarançç, Maun. diffarancç; l'A. différence
m.; au mov. bret. differancifu distinguer, Gloss. 165 (diferances tu distin-
guerais, v. 204) répond diffaranci discerner, Maun. ; Grég. a diffaranti diffé-
rencier, discerner, cf. Gloss. 479.
8. Le Ier vers de cette strophe reprend, comme rime interne, la finale
du précédent. lien est de même des v. 2003, 2007. De semblables sys-
Le Miroiter de la Mort. 73
Ce feu et son supplice, ce n'est pas d'une seule façon
1980 Qu'il châtie chacun avec sa douleur;
Car chacun a le prix de son péché,
Qu'il soit grand ou petit ; c'est la règle .
Ce n'est pas pour la clarté, le salut ni l'espérance
Qu'ils ont ce feu, ni pour le confort :
1985 Par lui ils ne voient rien que leur châtiment
Et la cause pour laquelle leur peine demeure.
Ils voient nettement, par ce feu, leurs peines,
Si bien que par lui s'accroissent chaque jour leurs douleurs, de plus
[en plus vives
Et ils voient toujours cet objet .: leurs péchés
1990 Qu'ils avaient commis, tant qu'ils étaient au monde.
Entre le feu de ce monde et le feu dont je parle
Il y a trois différences, des plus terribles :
Il n'est homme, quel qu'il soit, s'il veut y réfléchir
Qui ne laisse son péché avant de mourir.
1995 La première différence, selon que je le trouve.
Énorme, entre eux, c'est selon sa violence :
Car le feu de ce monde et le feu de là
N'ont pas la même chaleur, pour qui les considérerait.
Le feu qui est peint, au feu allumé en ce monde
2000 N'est pas à être comparé, de loin;
Car le feu sur une muraille n'est pas réellement chaud
Et l'autre est d'une chaleur sans exemple sur cette terre .
lèmes d'enchaînement comprennent : 7 str., v. 2015-2042 ; 2 str., v. 2043 ï
6, v. 2051-2074 ; 8, v. 2087-2118; 7, v. 21 19-2146; 2, • v. 2151, 2211,
2243, 2251, 2263, 2315; 3, v. 2375-2386; 2, v. 2387, 2403, 2443,2539,
2567, 2699. Sauf les 3 str. v. 359-363, ces rapports sont toujours isolés
dans les autres parties du Miroiter écrites également en alexandrins (v. 59,
479, 5i9>53i> 57i, 743, 8o3> 875, 895, 947, 979, "31, n47, I295, l>%>>
1467, 1547, 161 1, 1703, 1727, 1799, 1935). H n'y a aussi qu'un exemple
de 3 strophes liées par la rime finale, v. 387-398; elles le sont 2 à 2, v. 35,
179, 219, 235, 287, 347, 387, 419, 467, 503, 583, 659, 687, 723, 783 (et,
imparfaitement, 1771).
9 . Lire eu.
10. Mot nouveau, du v. fr. acerbité. Le latin porte : « Primo in acerbitate. »
11. Mot écrit de même, v. 2006. Ce radical ne s'était ttouvé a cette
époque que sous la forme peut- : pentet rime en eut-, B 273. Maun. donne
p:iuta peindre, peinter peintre, peintadure- et peintadur peinture; Grég.
pgnta.et peinta, van. peinteiii peindre, l'A. pênntein; du Rusq. pintr pi.
cl ctpenturer pi. ieit peintre, pintra etpentitri peindre, penturi. pi. ion pein-
ture. On peut ajouter : peiuta faire des gestes avec les mains en parlant
pour mieux montrer (ab. Caer) ; pented evel eur benu-lvre- « attifée comme
une héritière », Proux, Bomba ni Kerne 68, 69. Cf. Gloss. 478; Ztschr. /.
ceit. Philoi. II, 519.
74 E. Ernault.
Euelse an tan man, en bet mandamany,
Ouz an tan Infernal, so sal a contraly :
2005 Nedeu da bezaff quel, comparaichet clietuy,
Muyguet an tan peinctet, ouz heny gruet detry.
Y ucz entreze y, ez eux diuision,
Ha differanç digraç, disoulaç * difaeçon :
So bras dre fantasy en ho duration -,
2010 Hac en ho stat padel, peur cruel ha fellon.
Er an tan an bet man,- an tra man so haznat :
A guell bezaff lazet, ha steuzet 5 a prêt mat,
Ouz lamet credet glan, tiz ha buhan an coat,
Pe teurell enhaff dour, neguell muy labourât t.
2015 Hoguen tan an yffernw, maz eux huern« s eternal,
1. Mot nouveau, composé de soulacc consolation.
2. Mot nouv.j du v. franc duration. Le latin a : « Secundo in duracione ».
3. Voir Gloss. 655, où stcû-ia n'est pas de Pel., mais de Le Gonidec
(v. n. fondre, disparaître, s'abîmer, se perdre; au fig. se ruiner). Troude
donne comme ancien esteu^iff décroître, baisser, et comme cornouaillais
steuçi éteindre (une lumière); il a aussi steuçia disparaître comme sous
terre, s'abîmer, se ruiner. Steit~ict se dit à Gouézec, où il n'est, d'ailleurs,
pas courant, pour « avachi, aveuli, qui ne se tient plus » (M. Gueguen).
Pel. a cet exemple : steusiet ew an- den man, « cet homme-ci est ruiné, est
perdu, ce que l'on exprime quelquefois en François, par est fondu »; il y
voit un « composé d'Es, et de Terni, fondre, et disparoître comme un fan-
tôme, comme la fumée ». C'est encore ce qu'il y a de plus probable;
Henry Lex. 253 voit la un j- prothétique, qui n'expliquerait pas la variante
esteuçiff. Seulement Pel. compare à tort teiïs « Lutin, phantôme, spectre,
esprit folet ». Ce dernier paraît avoir 1 dur (th gall.), cf. Gloss. 691, Rev.
Celt. XIII, 496, 497. Le van. tê « s. m.... en quelques localités... fantôme,
spectre, et aussi... adj., fondu » Trd. doit résulter d'une interprétation,
fausse de Gon., qui renvoie de te a Uû{ fonte, et qui assimile ce dernier à
teû\ lutin. Le % de teu^i est doux; il n'y a d'autre indice positif, pour expli-
quer ainsi celui de esteuçi, steuqi, que le van. lacat stai apaiser, mettre la
paix Chàl. ms. (qui ajoute : « quelques-uns n'entendent pas lacat stai ».
Mais il y a au moins autant de raisons pour identifier ce stai a celui de
gouil-stai « sivadiere » l'A., = voile d'étai. Esteu^iff se trouve aussi écrit
i'slu;i/f; ce qui rappelle stu\ yen, misère, esclavage ? J 129, stu~ m., en corn.
manière, façon, état Trd., « pi. stusiou, état, condition, situation, façon,
manière, sorte, c'est le même mot que stad si ce n'est que stu\ s'emploie à
peu près toujours en mauvaise part » Mil. ms. ; « État. Stad, stu~ », Suppl.
aux dicl. 83 (existe à Beuzec-Cap-Sizun, Ann. de Br. XVII, 163); s/nqm.,
corn, mine, contenance, façon, on dit plus souvent stu~; gwall stni;ict
corn, qui a mauvaise mine Trd., « ou qui est malade » Mil. ms. Pel. dit
que selon Roussel stru% est le même que stroue- (épines, ronces, buissons,
halliers, toutes sortes de mauvaises productions d'une terre inculte), et
Le Mi rouer de la Mort. 75
Ainsi ce feu en ce monde, certes,
Au feu infernal, qui est un séjour de torture,
2005 N'est pas à être comparé, voilà,
Plus que le feu peint à celui allumé en réalité.
De plus entre eux il y a un écart
Et une différence fâcheuse, désolante, funeste,
Qui est grande à l'esprit, dans leur durée
2010 Et leur persistance, très cruelle et horrible.
Car le feu de ce monde, cette chose est évidente,
Peut être éteint et étouffé bientôt
En enlevant, croyez bien, vite et promptement le bois
Ou en jetant dessus de l'eau, il ne peut plus opérer.
201 5 Mais le feu de l'enfer, où il y a une clameur éternelle,
s'emploie aussi pour « la mine, la façon, l'air et la contenance»; il n'v voit
« aucune apparence de raison, malgré l'exemple de Roussel « Un dm
Droite stru~iet, un homme mal façonné, de mauvaise mine, qui a le visage
mal' coloré ». Mil. ms. dit que ce mot est a l'île de Batz struj ; il dit aussi
qu'on y emploie à tort struj pour stu- : e pe struj enta ? (en quel état est-il ?).
C'est un autre mot, en effet, qu'il définit « pousses » : « struj patates, les
pousses des pommes de terre » ; « er struj a vugale en deus, il a beaucoup
d'enfants ». Stru\ doit être un croisement de struj et de stu^, ce dernier est
connu dans tout le Léon, où il a un pluriel en ion : ne e'bell ket mont da
bourmen er stu-iou nui ' ma (il ne peut aller se promener, dans le triste état
où il est), et un dérivé en iet : stu^iet fait qui a mauvaise mine (M. Caer).
4. Cl. tréc. labourât être en activité, marcher, n'être pas arrêté, en pari,
d'une horloge, etc.
5. Mot nouveau; se retrouve v. 2456, 3270, 3363, toujours en 1 syll.
Grég. donne huerni attaquer de paroles; Intérims hargneux, querelleux, de
mauvaise humeur; Gon. huerni a. et n. attaquer de paroles, quereller, inju-
rier, insulter, agacer (H. de la Villemarqué ajoute Interna) ; huernu^, htter-
nek &&]. et s. m. (pi. huernéien) celui qui attaque de paroles, querelleur,
hargneux. Troude a huernu\ adj.; il ne connaissait huerni que par Gon. :
H. de la Vill. a employé le part. Internet (livre) attaqué, critiqué violem-
ment, dans une lettre bretonne qu'il m'a adressée. On lit huerni ho e'hauo
inad attaquer, ternir votre réputation, Trub. 331 ; c'hoërçnus de mauvaise
humeur, hargneux 200, 201, karante^ ne deo ua trenk na c'hoërgnus la cha-
rité n'est ni désagréable ni revêche, 116. Henry tire huerni du v. fr. hergner
« hargner ». On peut penser aussi à coernie injure, honte God. Mais il fau-
drait admettre une influence de bu huée (min ray hit da ehasseal blaissie je
donnerai la chasse aux loups, Jac. ms. 4; tréc. 'mon hu ar vro warne, ils
sont la risée du pays; skei an huo da donner le signal à quelqu'un par des
cris); et cela eût plutôt donné 2 syll. Huerni répond mieux au gall. cfnvyrnu
ronfler, s'ébrouer, qui tient, d'autre part, à c'huirinnat « hannir » Maun.,
etc., Gloss. 104.
-jG E. Ernault.
Dre nep neuz bout steuzet, neguell é fet detal :
Sech na gluep a nep sort, nen groahe scort ' niortal
Na de lazaff affet, ne caffet nep métal.
Vn differanç arall, heny sali â galler,
2020 Entre'n daou tan s hanuet, da bout lecquet seder :
Er an tan an bet man, homan eu é manier 4,
A goast net aredec >, pan crecq 6 ha pan lecquer7.
Hema s so tra noter, ha fier hep guer gaou,
Tan an bet man haznat, â losq dre grat 9 coadou :
2025 Quement enhaff aya, eff ho lacqua dani° glaou,
Peur rstut " ha ludu, â pep tu dre'n ruou.
Hoguen tan an poanyou, en yffernou couen,
GoastafF quel ne gra eff, dre nep leff eneff den :
Nan Corff dre é torfet, pan vez aet me cret plen.
2030 (f. 40 v.) Beu enhaff neraff sy, vezont y bizuicquen.
Pez eu oarse dien, da den nen em ezneu,
Ha pridiry é stat, quent lauaret a dieu :
Ha distreiff é enep, ouz nep lier drez é beu,
A guell é ren de les, lie pales hep deseu ?
2035 Bizuicquen me'n ezneu, ha nedeu tra neuez,
Dan tan man damany, nep avel en diuez :
Goude fet an bet man, en poan ha bihanez,
Ez chomo bizuicquen, hep quen â leuenez.
Ha me â men yuez, priuez ez goufezy,
2040 Nac eux plen den en bet, quen sciançet l2 detry :
1. Gl. ms. jamais. Voir v. 1346.
2. On ne connaissait que la forme mortel, Gloss. 426.
3. Tau est aussi masc. en bret. moderne, comme tau en gall.
4. Manier est ici fém. ; le genre de ce mot varie, tant en bret. moyen
que dans la langue moderne, cf. Gloss. 390, 391.
5. Nous avons vu, v. 446, compret aredec concevoir du regret de ses
fautes, avoir la contrition ; cf. I.vp quemprei aqrectet sans me repentir J 99 b
(var. plus récente /;e/> quemeret arretef); aqrec « compunction, tristeur des
péchiez» Ca, </^ra:Cms.,N i$o,aezrec NI 207, a^recat « auoir compunction
des péchiez » Ca, a~redecat Cms.; ajrec tristesse Maun., et non a^reo que
cite Pel. en disant qu'il le croit mal écrit ; sans doute pour a^rec'h. qu'il
donne lui-même en traduisant « tristesse, affliction, chagrin », et ajoutant :
« Ce nom est assez commun en Cornwaille. M. Roussel ne le connoissoit
pas en son pavs de Léon. C'est un composé de A\, et de Rec'b, qui a
presque la même signification ». Mais c'est là une refonte par « étvmologie
populaire » (ou « savante » ?) du mot que Grég. donne comme suranné en
l'écrivant œçrecq tristesse, sans doute d'après Maun. ou plutôt le Catholicon.
Celui-ci est la source des articles aprëk contrition (Lag.), apréka souffler,
être essoufflé, être contrit (Lag.) ajoutés par H. de la Vill. à Le Gonidec;
le correspondant intermédiaire (voir la note au v. 1 568) devait écrire très
Le Miroiter de la Mort. 77
Son état d'aucune façon ne peut être éteint, certes :
Sec ni humide, rien d'aucune manière ne le ferait mourir
Et pour le détruire tout à fait, on ne trouverait aucune matière.
Une autre différence tranchée, se pourrait
2020 Mettre, sûrement, entre les deux feux ainsi nommés :
Car le feu de ce monde, c'est sa propriété,
Consume tout à fait douloureusement (?) quand il prend et qu'on l'al-
lume.
C'est chose notoire et certaine, sans mentir.
Le feu de ce monde, évidemment, brûle aisément des bois :
202 5 Tout ce qui v va, il en fait des charbons
Très chétifs et des cendres de tout côté par les rues.
Mais le feu des peines dans les enfers affreux
Il ne consume point, malgré tout gémissement, l'âme humaine,
Xi le corps pour son crime quand il (y) est allé, je le crois tout à fait.
2030 Vivants en lui, je n'en fais pas de doute, ils seront à jamais.
Qu'a donc l'homme, en vérité, qu'il ne se connaît pas
Et ne médite pas son sort, avant de dire adieu,
Et ne tourne pas sa face vers celui qui, tant qu'il est vivant,
Peut le conduire à sa cour et son palais, sans contredit ?
2035 A jamais, je le sais, et ce n'est pas chose nouvelle',
A ce feu puissant celui qui ira enfin
Après les événements de ce monde, en peine et misère
Il restera à jamais, sans joie désormais.
Et je veux aussi que tu saches intimement
2040 Qu'il n'y a point d'homme au monde si savant, certes,
mal, son ^ a été lu p; je ne sais comment est venue l'erreur de sens. Dans
l'art, du même genre blénen âme pi. blênennou (Lag.), ;1 représente gn pour
m, et ame est pour cime (bleynenn an gue^enn g. cvmet 1. cvma). Le Gon.
donne asrec'h m. comme renchérissant sur rech f. tristesse, asrec'bi sur
rechi attrister, asrec'hu^ sur rec'hn- triste; Troude donne asrech et asrechi .
Ici areJec semble proprement unadj. ; pour *a~reguedec, cf. ayedecat, comme
moy. br. binidigne; bonheur de *biniguidigae~, van. beledigueb prêtrise, de
*baeleguidigae%, etc., Gloss. 68?
6. On ne connaissait que l'équivalent croc. Voir v. 113.
7. Cf. Licquaer, rime ec-, B 118.
8. Ce mot est pris au sens d'un pronom neutre, cf. v. 1267, plutôt que
d'un déterminatif de tra, nom dont le genre était variable (cf. Rev. Celt.,
XV, 386, 387 ; Gloss. 707 ; Pedersen, Vergl. Gravi. II, 67).
9. Gl. ms. prend, qui se rapporte peut-être à hsq. Je n'ai pas noté
ailleurs l'expression are grat .
10. Lire da.
1 1 . Lire astut.
12. Mot nouveau, dérivé de scianç, v. 765. cf. v. fr. scientiè versé (dans
une science).
78 }:.. Ernault.
A gouffe aecitaff1, na contart' neraff sy :
Ent scaff bihanaff poau, so en tan man hary 2
Eno nemet goeluan, ha poan dicontananç ',
Pénaux pennac ha cry, entre pep alianç :
2045 Nedeux flam nep amour, sycour na recouranç +,
Nac espéra caffout, nep rout nemet doutanç.
An tan man hep mananç, nac excellanç lancet,
Muyguet naguell goastaff, nepso enhaff daffnet :
Ne guell yuez deze, chede an tra se cret,
2050 En nep queuer sclerhat, ho stat so en drouc atret.
De la grande perturbation des damnes : qui pro-
uiendra premièrement, delà diuersitè des peines.
En eil description, dren ton maz sarmonaff,
An Yffernn hep quernez, â caffaff he bezaff :
Vn lech hep nep yechet, pepret inquietaffs,
(f. 41). Hep repos nep costez, nos dez ditruezaff.
2055 Ha dre se pan leaff, ez cafTaff am haual,
Trv abec ten« enhv 6, so deffry spécial :
De bezaff en tourmant, gourmant gant pep scandai
Da pep hep nep repos, dez hâ 7 nos en ho sal.
An quentaff am haual, formai 8 en teffalyou,
2060 Eo an variaeson^, ho punissiounou :
Deze fresq quemesquet, dre fet ho pechedou :
An eil poan gant heben 10, tom ha yen hep quen gaou
Goude en yffernou, lechiou peur dilaouen Ir,
Da nep re enhe y, nedeux spy bizhuicquen :
2065 Repos enhe nedeux, nemert reux nac eux den ",
A galhe quet detry, é pridiry dien.
Dre'n pez ferm nep termen, nendeues den eno,
Nep span â bihanez, lastez ditruez so :
Gant an Diaoùlou,poanyou ouz ho plono1',
2070 Repos nodeues quet, goude pechet hedro.
An Diaoul ho foulo, drez gallo é ober,
1 . Lire recita ff.
2. Ce mot ne se "trouve que là. Il est douteux qu'il soit exact, la rime
ne l'appuyant pas. On attendrait damany.
3. Mot nouveau, qu'on retrouve v. 2090; cf. hep contanaucc sans délai,
incontinent NI 523 ; v. fr. contenance séjour God. Ce vers et le suivant sont
ainsi imités, D 161 (Archiv . f. ceît. Lexik. I, 578) :
Eno nemet goueluau, ha poan dicontananç,
Ha bemdez nemet cry entre pep alianç.
4. Mot nouveau, dérivé de recour secours, secourir, sauver.
5. Mot nouveau, superlatif de inquiet, pris au fr.
Le Miroiter de la Mort. 79
Qui sut exposer ui conter, je n'en fais pas de doute,
Facilement la plus petite peine qui soit dans ce feu...
Là rien que pleurs et peine continuelle
De toute façon, et cri, entre chaque groupe;
2045 H Q'y a clairement nul amour, secours ni aide,
Xi espoir de trouver nulle part, autre chose qu'angoisse.
Ce feu sans consistance, sans qualité utile.
Plus qu'il ne peut consumer ceux qui y sont, damnés,
Ne peut aussi pour eux, voilà, crois cette chose,
2050 A aucun égard éclairer; leur sort est en mauvaise situation.
De la grande confusion des damnés qui proviendra,
premièrement, de la diversité des peines.
Le second caractère, de la façon dont je l'explique,
De l'enfer sans pitié, je trouve que c'est
Un lieu sans aucune santé, toujours très angoissant,
Sans repos d'aucun côté nuit ni jour, très impitovable.
2055 Et c'est pourquoi, comme je le jure, je trouve, me semble-t-il,
Trois raisons graves en lui qui sont tout à fait spéciales
Pour être en tourment dévorant, avec tout opprobre
A chacun, sans aucun repos, jour et nuit dans leur séjour.
La première, ce me semble, dans les ténèbres profondes,
2060 C'est la variété de leurs punitions :
Vivement mélangée pour eux, à cause de leurs péchés,
Est une peine avec l'autre, chaud et froid, sans mentir.
Ensuite, dans les enfers, lieux tout à fait désolés,
Pour tous ceux qui y sont, il n'v a d'espoir jamais;
2065 II n'y a pas de repos, mais une douleur qu'il n'y a personne
Qui pût, certainement, la bien imaginer;
Parce que, là, l'homme n'a pas de terme fixé,
Aucune interruption de misère, c'est un désastre impitoyable,
Avec les diables, les peines qui les déchirent.
2070 Ils n'ont pas de repos, après le péché perfide.
Le diable les écrasera, tant qu'il pourra le faire,
6. Ce mot montre que yflernn était fém. ; cf. 2086; ht v. 1972, 2052.
La langue moderne fait toujours masc. ifern, ivern, van. ihuern, inhuer n.
7. Lire ha.
8. Cf. fourmal (eau) pure N 947 .
9. Mot nouveau, cf. fr. variation; sur le suffixe -«oh, cf. Gloss . 633,
634.
10. Ceci montre que poan était fém., comme aujourd'hui.
11. On n'avait de ce mot que deux exemplesdu Doctrinal, Gloss. 157. Il
est écrit dylouen, v. 21 18.
12. Cf. D 161 : Repos eno nedeux nemet reux nedeux quen.
13. Lire plouo, voir v. 1962.
So /.'. Èrnaûlt.
Goude ho bout bezet, cm empliget seder :
Euyt é seruichaff, hep outaff tardafF guer,
Heman eo a» merit, en scruyt' drez reciter.
2075 Ha goude se repos, dez^nos en fos obscur,
Ne galhent ent quentrat, ho stat so dinatur :
Gant goueluan entreze, an deu se mal eur ?
Ha cry hepvnyon, malédiction sur.
Euyt y da goelaff, ha bout claff gant caflou,
2080 Do drem nedeux remet, dre fet ho pechedou :
Quentse sur incurabl, hep comps goap na fablou,
(f. 41 v.). Vezo lem dan reman, ho doan hac o poanyou.
En trede ez leaff, maz cafafF diauanç,
Nac eux enhv fier, nep queuer Temperanç - :
2085 Quentse scot dimoder, hep guer a Reueranç,
En poanvou so enhy, da pep sort alianç.
Eno teffalien, so plen goude renabl 3,
Dez ha nos quen obscur, hep musur naturabl 4 :
Pe dre en ho deues, angoes so incessabl,
2090 Ha poan dicontananç, ha meschanç offansabl s.
Tomder intollerabl, dihabl, a drouc applic;
Eno pep tro so reud 6, nedeu a neubeudic : :
Het ha treux nedeux den, en nep termen quen die.
A exprimhe vn poan, na ve mar bihanic.
2095 Neuse da reuseudic, nedeux guic a sicour,
Ne taluezo pompât, é gloat dan Marchadour :
Neuse scrap nep à preiz, gant esfreiz na leizour8,
Ne guell yuez mezee, mar hoantee ho recour.
An quic gant é vigour, ne vezo recouret,
1. Écrit serait dans la seconde édition de Sainte-Barbe, 560; ailleurs
sait, scryt.
2. Mot nouveau, du fr. tempérance ; tcniheranç~\â., Gr., va. tampërance
f. l'A.; tempérant tempérant, témperi tempérer Gr. hl latin a : « Tèrcio dici-
tur infemus locus intemperatissimus. Unde dicitur auernus quasi sine
vere. i. sine temperautia ».
3. Premier exemple de ce subst., en franc, de Bretagne renable compte,
xve siècle; voir G/055. 568, 569.
4. Mot nouveau, du v. fr. naturdble.
5. Lire offançabl, cf. offane;abI coupable B 743, 784 (v. fr. offensable
offensif), et plus loinoffanqpt offensé, r. aue, v. 2376. Ce radical avait les
deux variantes, par s et e, voir Arch., I, 623 (cf. Rev. Celt. XX, 240, 241).
6. Premier exemple de ce mot; reut roide, Maun., remit van. redt
roide, inflexible, remit maro roide mort Gr., refit roide, ne 1 pliant,
« M. Roussel ajoûtoit Roml à force d'être plein, comme un cac..., un
homme trop gras... » Pel., remla roidir Maun., reudi van. r:\.à, reudein
roidir, devenir roide, reuder van. redér roideur, violente ten ion, remhler
Le Miroiter de la Mort.
Après qu'ils se sont emplovés, sûrement,
Pour le servir, sans lui résister d'un mot ;
Voilà la récompense, comme on le rapporte dans l'Ecriture.
207) El ensuite, reposer, jour et nuit, dans la fosse obscure.
Ils ne pourraient le faire vite, leur état est cruel,
Avec des pleurs entre eux, n'est-ce pas un malheur?
Et des cris désordonné:, malédiction assurée.
Ils ont beau pleurer et être torturés d'angoisses,
2080 II n'y a pas de remise pour leur face, du fait de leurs pèches.
Mais incurables, bien sur, sans dire de plaisanterie ni de fables,
Seront à ceux-ci leur tourment et leurs peines.
En troisième lieu, je le jure, ce que je trouve horrible,
C'est qu'il n'v a point, à aucun égard, de modération,
2085 Au contraire : mesure immense, sans aucun ménagement.
Dans les peines qui sont là, pour toute famille.
Là il v a obscurité complète, après le compte,
Jour et nuit aussi sombre, sans mesure naturelle,
Par quoi ils ont une angoisse qui est incessante.
2090 Et peine continuelle, et malheur irritant.
Une chaleur intolérable, horrible, malfaisante,
Là de tout côté est rude, ce n'est pas peu de chose :
En long et en large il n'v a personne en aucune façon si exact
Qui en exprimerait une peine, si petite soit-elle.
2095 Alors au malheureux il n'y a point de secours :
L'étalage de sa richesse ne servira pas au marchand :
Alors ceux qui pillent avidement, de vive force ou par ruse(r)
Un médecin non plus ne peut, malgré son désir, les aider.
La chair par sa vigueur ne sera pas aidée,
roideur, inflexibilité, dureté, fermeté Gr.j'On dit eur pôtr reul un homme
trapu (Plomodiern) : reudi se dresser (sur la tète, pari, des cheveux). Cf.
Gloss. 582. Reud %'ient de *roed, du fr. roide. Roedennaffdéfaiïïïr, 1. fatiscere
C, roudennaff Ce avec renvoi à treudiff maigrir doit être différent, et dériver
de*roeden filet, mod. roueden, qui se dit de plusieurs membranes, comme
la plèvre; « roueden ar galoun s. f. péricarde » Mil. ms., van. roédèn voile,
taie (sur l'œil), etc. Roedennaff pourrait être proprement « devenir mince
(comme une membrane légère) » .
7. Variante de nebeudic petit peu Gloss. 439, 440.
8. Unique exemple de ce mot, qui semble dérivé de lei\ humide; plein,
Gloss. 362, cf. moy. br. glébour moiteur, mod. sechour sécheresse, cor-
nou. kledour abri, Gloss. 259, 619, 105, 106. L'idée d'" humidité » a pu
amener à celles de « souplesse », « menée sournoise ». Le v. fr. leisour,
laissour, loisor, etc. « loisir, faculté, permission : plaisir » a donné en moy.
bret. lisouregue- paresse (\7otes d'étym. bret. 16), dont la forme est toute dif-
férente.
Rnue Celtique. XXXIII. 6
82 EJErnauit.
2100 En tan goude Luxur, ez vezo maillurct :
Ha dreizaff an eneff, en neff ne receffet,
Quentse da poan tan flam, ez ve?o condaffnet ».
Bezcoaz ne voe croeét, oar an bet na gruet tan,
Quen tom parha-somet -, é bout 3 meurbet ledan :
2105 En fornes dre esquem, na quen lem ha heman ♦,
Goa efF doe pan croeat, ayelo dan stat man.
Yenien goude > tan, ho goan quen auanant,
An muihaffà guell quet, bout soinget competant :
Dimoder tan ha dour, disaour ho tourmant,
(f. 42) 21 10 Dour erch ha dour grisill, ho pil 6 re peur 7 cillant s.
Langour quez quen gourma;n, mescha«t dicarantéz
Disaçun ho punis, pep guys maz eo tristez :
Prydiry an ruyn, maz termin ho finuez,
Pechet neudeu quet splan, nep queffran en anhez.
21 15 Dre se chetu truez, pemdez eu buhez den,
A quementayel dy, da bout en yenien :
Guez arall en tomder, dymoder9 souueren,
Goude fet pechedou, pez poanyou dylouen ?
Hep mar en peuare adarrhe Io pan leafF,
1. Prononcé condamnet ; de même v. 2616, celui-ci, au contraire, est à
lire condaffnet, v. 586; ce dernier est exact, v. 3586.
2. Parasomet r.battu, accablé B 519, v. fr. parassommer accabler, affliger
complètement.
3. Ceci paraît exiger l'ellipse d'un mot comme on~ penn outre; mais il
suffit d'un simple ha et, que supplée la ponctuation : ci. léon. al levr-ma a
ve~o lennet ha d'eqan beqa diaes ce livre sera lu, bien qu'il soit difficile
(annonce dans le Courrier du Finistère); van. bout ma é diès (= être qu'il
est).
4. Ce mot montre que tan était masc. comme aujourd'hui, cf. v. 2020.
5. Lire probablement goude'n, ce qui donne 3 syll. en en.
6. Pilât battre rime en /7-,B 457 ;pillatCms. doit être une simple variante
orthographique. Grég. donne urglao pil a ra il pleut à verse ;on dit glao a ra
a-bil il pleut à verse; eurpilad dour une averse (h. Corn, et Trég.).Cela ne
s'accorde qu'imparfaitement avec grisill grêle — grisilh, van. gresilbGr . ,
qui a / mouillé. On peut supposer que l'auteur avait pensé à pill, de pilla))
piller, et que l'imprimeur a mis pil parce que c'était l'expression habituelle.
7. Je ne vois pas d'autre exemple de cette surcharge d'intensifs, re peur-.
8. Mot inconnu par ailleurs. Il devait avoir / mouillé. C'est le v. fr. «7-
lant qui fouette, qui frappe, de ciller fouetter ; exciter : « Et de cillans verges
cillée »;« Cillante pierre... Aveit il entur son flanc » ; cf. cillance action de
fouetter, cilandem. cravache God. ; sile « ciller, cingler, frapper avec quel-
que chose de délié et de pliant », Dottin Gloss... du Bas-Maine. Cf. encore
v. fr. allier couper à la faucille, fauciller? Cela rappelle le van. guet scilV
er glean (coup) de tranchant d'épée ; tréc. (et van. ?) cilîartt pierre posée
Le Miroiter de la Mort. N3
2100 Dans le feu, après la luxure, elle sera emmaillotée
Et à cause d'elle l'âme dans le ciel ne sera pas reçue,
Mais à la peine du feu flamboyant elle sera condamnée.
Jamais ne fut créé au monde, ni fait de feu
D'une chaleur si accablante, (outre) qu'il est très vaste,
2105 En (aucune) fournaise à comparer, ni aussi vif que celui-ci:
Malheur, Dieu ! quand il fut créé, à celui qui ira dans cette condition.
Le froid après le feu les torture aussi bien,
Le plus qu'il est possible de penser sérieusement :
Excessifs, le feu et l'eau cruellement les tourmentent,
21 10 Eau de neige et eau de grêle les frappent tout à fait violemment.
Une langueur très rongeante, méchante, ennemie,
Désagréablement les punit de toute façon, que c'est tristesse
De penser la ruine où s'achève leur fin;
Le péché n'est pas brillamment, nulle part, en logement.
2ii) Aussi, voilà, c'est pitié chaque jour que la vie de l'homme,
De quiconque ira là pour être au froid,
Une autre fois, dans la chaleur immodérée, suprême:
Après le fait des péchés, quelles peines affligeantes !
Sans aucun doute, en quatrième lieu de nouveau quand je le jure
obliquement ou debout sur son tranchant. Rev. Celt. XI. 359. Mil. ras
donne : « Sill, s. m. pi. ou éruption lente, sortie douce de quelque liquide,
écoulement léger et fin [,] flux d'écoulement » ; « Silla v. n. découler,
couler, fluer. Silla a les deux significations de sortie prompte et abondante
et de douce et lente. (Comp. di-^ilki).» Et il cite ailleurs ce passage de
Combeau : 0 koll e c'hoad km a ~ilk perdre son sang en quantité. Cet
auteur, qui a daté de 1836 le manuscrit de ses Môjennou Lafontaine,
emploie constamment (/')//; pour / mouillé, comme le P. Grégoire l'avait
fait un siècle auparavant; la création de ce signe, le seul pratique, m'est
attribuée àtort,5r«^, Carhaix 1910, p. 118. Le sens de « sortie prompte
et abondante » parait propre au radical silh- : l'autre doit appartenir à
si!-; sila filtrer est le moy. bret. si^laff, Gloss. 629, 630. 5/7/;- pourrait
provenir de 5/7- sous l'influence de dishilya, disilha s'égrener, G/055. 180,
que Milin décomposait en di-çilla ; il en donne cet exemple : « dare eo an ed,
di^illa a ra le blé est mûr, il s'échappe de l'épi grain à grain ». Ce com-
posé a pu subir l'influence d'un radical français sill-, cf. sillée trace, traînée :
« Ce sac s'est ouvert, et a laissé une sillée de blé sur la route » (Jaubert,
G/055, du centre de la Fr., avec comparaison de sillage). Mais l'explication
par le gall . hil semence n'est pas refutée par l'objection que cite Henry
Lexiq. 97, et qui était elle-même contredite d'avance parla citation du van.
dihiliai il égrenait (des épis), Gloss. 180.
9. Ailleurs dimoder, v. 208 ~}, etc. : diioder immodéré: immodération
Gr.
10. Les autres documents n'ont jamais cet /;, d. adàrre v. 2263 : voir
v. 2131 .
84 E. Ernauli.
21 20 Ez caffaff an danuez ', da comps rez he bezaff :
Yn lech nac eux é sort, gant ord - disconfortaff,
Priuet â pep ébat, ha mat dre'n relataff,
Enhy hep deduiaff, goelaff ha doen caffou,
Arer fournis disneuz 5, hep diuez a dezrou :
2125 Rac no deues esper, goude ho oberou,
A caffout diouz an bet, remet â nep metou.
Deze Qfferennou, pedennou golaouet,
Na reiff plus alusen, den peuryen sourprenet :
Mar dougo/u treux an gruech, na bech â nep pechet,
2130 Ne tal vn aual put, mar astut reputet.
Arrhe 4 an neffdefaet, no deues nep preder,
A caffout remet fiam, ho blam en nep amser :
Feunten â leuenez, hac â trugarez scier,
Oute so goloet, ha serret ent seder .
2135 Na bizuicquen esper, en nep amser certen,
No deues v fier, â saluder na termen :
Faeçon â essounv ;,*nedeux muv bizhuycquen,
(f. 42 V.) Pedre ho deffe lanc, da dianc à ancquen.
Dre se ez dlehe den, er na ve sourprenet,
2140 Pridirv é diuez, ha bezaff aruezet 6 :
A myret en vffernw, en cernw na ve bernet,
1. Le poète avait pensé à la variante plus ancienne daffne- ; mod. dan-
t'^Maun., Gr., Pel., m. Gon. Trd., van. Jaune m. l'A., bien, Chai,
ms., auj. danné, daonè, tréc. danve, dannve, danfe (et non danve, Dici. étytn.
et Pedersen Vergl. Gramm, I, 167; Henry écrit à tort daùve-): gall.
defnyddet denfydd, corniq. defnydh,v. irl. damnae.
2. Ord est ici subst. : souillure, horreur; on ne connaissait que l'adj.
ort sale, cf. v. 2389. Grég. n'a que ordous malpropre, adj. et s. m. pi. ed
(mov.br. ordous, h. bret. ordoù), ordoiisès femme malpropre pi. -sesed ;
ourdousded, ourdousder ordure, saleté.
3. Premier exemple de disneu^ (homme) de mauvaise façon, qui n'a pas
bonne façon; qui a mauvaise gràcej (personne) de mauvaise mine ; frivole ;
vil, bas; méprisable'Gr., qui a de mauvaises façons Trd., disneû- difforme
laid, défiguré, monstrueux ; frivole, vain et léger ; qui n'a nulle solidité
Gon., tréc. et cornou. diçneu qui ne sait pas s'y prendre Rei\ Celt. IV, 163,
on dit aussi disneu et non eus na stinii na neu, il n'a ni manière ni façon (M.
Even). Maun. donne la variante dineu\ vain (où Pel. veut voir une erreur
pour nain, mais l'ordre alphabétique s'y oppose); Pel. dinëus etdimux «qui
est sans façon, sans mine,. . . de peu d'apparence, simple et idiot »; Gon..
dineù~ informe, défiguré, imparfait, mal proportionné; Trd dineu^ défiguré,
informe. Composés de mov. br. neu~ (v. 175), veux forme, figure; drouc
neu^ mauvais naturel, mod. ober neus studia faire semblant d'étudier Maun.,
ober neu~ da studva, van. gober ne ou neu ou en ne de studxein Gr., gober en
né Chàl., gobérr enn /«''feindre, ni m. semblant l'A., neu- façon, apparence;
Le Mirouer de la Mort. 85
2120 Je trouve la matière, pour dire nettement qu'il est
Un lieu qui n'a pas son pareil très désolé avec horreur,
Privé de tout plaisir et bien, comme je le rapporte.
Là, sans se réjouir, pleurer et souffrir des tourments,
(Voilà ce qu')on fait amplement, vilainement, sans tin depuis le
[commencement :
2125 Car ils n'ont pas d'espoir, après leurs œuvres.
De trouver de la part du monde rémission, par nul moyen.
Pour eux messes, prières solennelles,
Ni donner un surcroît d'aumône aux pauvres affligés,
S'ils portent la largeur d'un ciron ou son poids d'aucun pèche,
2130 Cela ne vaut pas une pomme aigre, si peu estimée.
Du ciel encore, certes, ils n'ont aucune pensée
De trouver rémission heureuse de leur crime en aucun temps :
La fontaine de joie et de douce miséricorde
Est couverte pour eux et fermée, sûrement.
2135 Et jamais d'espoir en aucun temps, certes,
Ils n'ont, assurément, de salut ni de fin :
Nulle sorte d'excuse légale il n'y a plus jamais,
Par quoi ils auraient moven de se délivrer de peine.
Aussi l'homme devrait, pour n'être pas surpris,
2140 Songer à sa fin et être attentif
A éviter d'être jeté en enfer dans le cercle,
mine, physionomie: tiens apparence: a neiq vad (homme) de bonne mine.
goall-neu- mauvaise mine, a voall mu\ (personne) de mauvaise mine,
droucq-neu~ mauvaise grâce, sans grâce, neu^ fall pi. neu^you fall grimace:
hep neui e-beJ sans feinte; mont dû lu'irç tomber en décadence Gr., ueu~ façon,
mine, apparence, contenance, feinte, semblant, neu^ mat bonne façon,
bonne mine, etc. Pel. ; f. façon, etc.; décadence; neii^ vad bonne
façon, bonne mine, etc. Gon. : neu% f. mine, etc., iieusiou-fall grimaces
Trd; Mil. ms. change f. en « m. pi. iou grimace, façon »; il barre le pre-
mier mot dans drouk neu\ mauvaise mine, et ajoute : « On dit plutôt :
neus fall , doare fall en deus » (ces 2 mots remplacés ensuite par ^0 war n
haii); « an neu^ a ra ia ve;a kousket, il fait semblant de dormir »; « neusia
v. a. et n. feinte» (lis. feindre), « faire semblant, affecter, avoir la forme,
la façon, la mine ». On ht droug-neu mauvaise mine, air maladif, Hist . de
Moïse, ms. de 1832, p. 196. Voir Gloss. 444. Sur la rime de eu à e, voir
v. 537. Disneuy rime en eu% et en e^, v. 2191.
4. Cet h ne se trouve pas dans les autres documents ; cf. adarrhe v. 21 19.
5. Ecrit ailleurs essony; terme de droit (v. fr. essoine, excuse alléguée pour
ne pas se présenter en cause devant le juge, ou ne pas se rendre à un com-
bat judiciaire God.); semble être cause de la consonne dure dans xç~ony
aisance, facilité à faire les choses, en regard de azçans, ea~amand, id., x^a-
mand, ea\, x% aise, plaisir, commodité Gr.: cf., par exemple, lourdâny pi.
ou lourdise, de lourdi lourd Gr.
6. Ce mot ne se retrouve que dans le Doctr., écrit arveset: voir Gloss. 41.
86 E. Ernault.
Ha ma/, ahe dan knech, en lech ma/ eux yechet.
Birman ez fell sellet, goude fet pechedou,
Lies punission bac afflictionou ' :
2145 A creffhac an deffoul -, ara diaoulou,
EhafFn dan re daffnet, aya quet do metou.
Quentaff ez lauarafF, hac ez caffaff affût,
Ez eo vu tra horribl, terribl hep aesibdet :
Certen da vn eneff, ha creff en groa greffet,
2150 Guelet an drouc A:.\c/., quent drez vez finuezet.
Euel maz eu diuoe, guelet Doe an croeér,
En stat glorifiet, Illnminet net scier :
So vn yoa excellant, triumphant hac antier,
Da pep eneff deuot, en muvhaff scot noter,
21 5 > Euelse en vffern», dan bermz so éternel *,
Enhy impatiant », en tourmant ha scandai :
Ezeu an poan muvhaff, horriblhaff dihaual,
Ha muvhaff en ho greff, corfhac enef tei'al.
Eu guelet an deffoul, an holl diaoulou,
2160 Faç en faç disacun 5, deze compaigneunou :
Deze ez eu muv poan, homan eguyt tan glaou,
Na nep affliction, mar don en prisounou.
Dan propos man haznat, en buhez an tadaou,
Vn coz a lauaras, vn guer bras peur hasou :
2165 Pe dre ez dlehemp scaff, spontaff gant cals caffaou.
(f. 43) Ha clasq dre guir miret, nac ahet do metou.
Heman à lauare, ez crede ne grue fabl,
Nac oa den nep heny, a remsy é quen dihabl :
Quen scier quen souueren, quen certen quen renabi
2170 Quent gent quen squientus, quen yoaus quen rusabl :
Ajguelhe an droue ad, euel ma en guelont,
1. Premier exemple de ce plur. (affliction, f. pi. -tien id., affligein affliger
l'A., afligea id., afiijus affligeant Gr.).
2. Ce vieux radical n'est gardé que par Grég.,en matière de droif.de/oida
abolir, abroger; defoulanç^, abolissement, révocation d'une loi, d'un acte,
suppression, extinction de cha'rge, etc. ; defouîapî révocable, qui se peut
annuler.
3. Lire déniai .
4. Variante nouvelle de impatient.
5. Lire disaçun.
6. Dans les autres passages en moy. bret., ce mot se rapporte à la
« durée »; ce serait ici « depuis l'espace si énorme (des siècles) ». Je crois
que le contexte est plus favorable à l'explication par « espèce » ; l'idée
intermédiaire est celle de « générations (successives) ». Pel. donne « Rems,
Durée, l'espace de tems que les choses durent et subsistent dans leur état :
et il se dit particulièrement de la vie de l'homme. On employé au même
Le Mirouer de la Mort. 87
Pour aller en haut, là où il y a la santé.
Maintenant il faut regarder, après le fait do péchés,
Beaucoup de punitions et d'afflictions,
2145 Et le violent tourment que font les diables
Hardiment aux damnés qui vont parmi eux.
D'abord je dis et je trouve tout à fait
Que c'est une chose horrible, terrible, sans agrément.
Certes, à une âme, et qui la rend fort peinée,
2150 De voir les mauvais anges, dés qu'elle a trépassé.
Comme c'est certain que voir Dieu le créateur
Dans l'état de gloire, illuminé bien brillamment
Est une joie excellente, triomphante et complète
Pour toute âme dévote, dans le plus beau sort, évidemment ;
2155 Ainsi en enfer, dans le tas qui est éternellement
Là, impatient, en tourment et ignominie.
Il v a la peine la plus grande, la plus horrible, sans pareille:
Et ce qui les afflige le plus, corps et âme sombre,
C'est de voir le tumulte de tous les démons
2160 Face à face, affreux, (qui sont) leurs compagnons :
Pour eux c'est une plus grande peine que le feu ardent
Et qu'aucune affliction, si profondes que soient les prisons.
A ce propos, on le sait, dans la vie des pères
Un vieillard dit un mot tout à fait important,
2165 Pour lequel nous devrions promptement trembler avec beaucoup de
[douleurs,
Et chercher, en prenant bien garde, à ne pas aller parmi eux.
Celui-ci disait, il crovait ne pas faire erreur,
Qu'il n'y avait homme d'aucune sorte de condition si extraordinaire,
Si net, si puissant, si sur, si juste,
2170 Si aimable, si sage, si gai, si prudent,
Qui verrait le mauvais ange, comme ils le voient,
sens Remsi, verbe, qui signifie Durer, vivre, subsister, régner. Rem si kir,
vivre, régner, durer longuement. Le P. Maunoir écrit Rempsi, durer,
régner. Cette signification de Régner est impropre, comme elle l'est souvent
en François. Ce mot n'est plus gueres en usage, que dans la bouche des
vieilles gens ». Régner, en effet, doit avoir ici le sens du moy. br. renaff
exister, tréc. en attirer \o bremaii 'rén, par le temps qui court, cf. Gloss.
566. Gon. a rems, remps m. « peu usité aujourd'hui », et remsi, rempsi
durer, subsister, vivre; Troude donne tout cela comme suranné. Remsi se
dit en Haute-Cornouaille (M. Jaffrennou) : rem~iad m. pi. ami génération
en Goëlo et petit Trég. : Ar rem^iadoon ail a berrey bon labour les généra-
tions suivantes parferont notre travail (M. Even). Voir Gloss. 567, 568.
7. Dérivé nouveau, cf. ruset rusé v. 108, etc. Godefroy a un article
rnsauble pour renvoyer à rusable, qui manque.
S8 E. Ernault.
An re so claff dafïhet, drc pechet en bet hont,
Bcuaff quct ne galhe, quent cz maruhe drc spont,
Mar horribl eu neuse, en stat su gant é gront.
217) ^>cz spont yen dan éneff, pez leff, ha pez greuanç,
Goude lesell exprès, traou iraes ' ha plesanç 2 :
Yoaius meurbet detri, hep sy dan conscianç.
Hac habitation, mansion consomme i.
Vezo monet gant cry, dan ty ban région,
2180 Ma/, eux dyaoulou, ha nionstrou 1 en craou don:
Hep nep fmuez dezy, guelet an vision,
Han rez aneze y, en 0 daffnacion > ?
Possibl eu ez guell Doe, an roe nep ho crocas,
An neff hac an douar, heaul lia loar drez caras :
1. Proprement « ras, plain, uni », d. Aoûr mil musur rés « mille
mesures rases d'or » ; rês-ribus « rés le bord d'une mesure », Les Amourettes
du Vieillard, Peh.voir G/055. 571, 575. Pel. donne rés plein, garni, fourni,
bien rempli : (épi) bien fourni de grains ; Grég. r«j ras, uni, re\ ar verenn
a vin, re\ toupicq rasade, plein un verre de vin, eva a re\ toupicq
lyès taç;ad lamper, boire en goinfre (cf. van. èr huiren harget-re\ dans
la coupe pleine à déborder, F Hermine XLIV, 205), re\, ê re;, a re;,
reç;ed, c reç;ed « au niveau, de plein pié », lacqât re; ou e re;
niveler, trêmen ê re;, ê reç;eJ, reç;ed raser, effleurer; re;, reç;ed « rez, ou
rais, superficie rase », re; an douar. reç;ed an douar « rez de chaussée, le
sol delà terre », 1/// astaich re; « l'étage de rez de chaussée », discarr . . .
re; an douar, lacquaat. . . é re; ar sol, é reç;ed an douar détruire (une ville
« rez pié. rez terre » ; re;, è re;, é reç;ed à fleur (an douar de terre, an dour
d'eau), re; e dal (il a de beaux yeux. . .) à Heur de tète ; Le Gon. re; ras,
plein jusqu'au bord; rez, à fleur, au niveau; H. de la Vill. ré; ha ré; au
même niveau; Troude re;, rea; m. niveau, re; comble, il regarde à tort ce
dernier comme un nom masc. suranné ; D. Malgorn a réa; au ras de, au
niveau ; >r'</- plein ; re; f. rangée : ed diw re; épis à deux rangs de grains
(Ann. de Bret. XXV, 232, 414, 415). M. Vallée cite de Combeau (trad. de
Lachambaudie) : Dion re; dent en e c'henou deux rangées de dents dans sa
bouche. Ce mot doit se trouver dans le tréc. en res, e res sous forme
de, Gloss. 567 (où je voyais rei; droit). On dit en Goëlo lalïdt an treo '« 0
rea;, ou -war 0 res mettre les choses en ordre, les tirer au clair; en haute
Corn, ober eur re; da, chapitrer (qqn); re;o rendre uni, raser (ab. Besco)
= re;an mettre à fleur (ab. Estienne), rai;ein « boulverser » l'A. (voir mon
Dict. breton... de Vannes, v. re;). On dit tremen a-re; côtoyer (l'Afrique) ;
léon. be;a a reséd gant être au même niveau que, lakaat daou damm koat eu
eur resed ajuster deux pièces de bois. On peut ajouter ris 'vel eur gannel
juste comme une bobine, h. Trég. (Mcl. XI, 201); koad re; bois sans
défaut, facile à travailler, Goèlo; mais ce mot a dû se mêler avec rei; droit,
régulier ; règle, qui avait une variante re; (cf. pe en re; de quelle manière, v.
954, etc.) C'est plutôt ce dernier qui est dans Ira re; chose régulière, ;e ;o re%
Le Mirouer de la Mort. 89
Ceux qui sont douloureusement damnés pour le péché, dans l'autre
[monde,
Qui pût vivre, avant de mourir d'épouvante ;
Tant il est horrible alors dans cet état, avec son grondement.
2175 Quelle froide épouvante à l'âme, quel pleur, et quel chagrin
Après avoir quitté tout à fait les choses commodes et le plaisir
Très joveux, certes, sans remords à la conscience,
Et son séjour, demeure de beauté,
Ce sera, d'aller avec cris à la maison et la région
2180 Où il y des démons et des monstres, dans l'étable profonde,
Sans qu'elle ait aucune fin, de voir lajvision
Et leur aspect, dans leur damnation !
Il est possible que Dieu puisse, le roi qui les créa,
(Et) le ciel et la terre, soleil et lune ainsi qu'il voulut,
mat c'est très bien; re; war e labour, war e vicher habile, propre au tra-
vail, expert dans son métier; kontcho re\ comptes bien faits, clairs, kom; re-
parler bien, de façon intelligible, Breton re~, vrai Breton bretonnant, koms
resoe'h parler plus facilement, goût resoe'h savoir mieux, plusieurs de ces
expassions sont en van. reïh, reh. Resaat devenir plus habile (Estienne)
répond au léon. reisaat rendre ou devenir tranquille.
2. Mot nouveau, du fr. plaisance: on ne connaissait que l'adj. plaesant,
phsani plaisant, agréable.
3. On n'avait également que l'adj. consonant juste, admirable ; cf. v. fr.
consonancie accord, harmonie, concordance.
4. Premier exemple de ce plur. Grég. a mounstr monstre pi. ou, van.
monstr pi. eu, dim. niounstricq pi. -strouïgou ; mor-vounstr p. morvounstrou
monstre marin; mounstrtis monstrueux. Maun. a « monstre, monstr »;
« faire monstre, ober monstrou » ; ce dernier = « faire montre, la revue de
l'armée », ober moustr, moustra Gr., et. moustr pi. ou montre, revue des
troupes, monstrou bras montre générale Gr., montreu m. montre, revue
l'A. (montre par e muet, pi. eu montre portative l'A., uioutr pi. ou montre
de poche Gr., tréc. mont m. pi. moncho, voir v. 18 1 6 ; moucher marchand
de montres, horloger). Monstre pi. ou rêve importun et incommode, rêve
tàcheux Gr. ne vient pas du fr. monstre : son e, qui .se retrouve dans mons-
Jrei part, -cet avoir des rêves fâcheux, semble provenir de hunvre pi. ou
rêve, buvréi rêver Gr. La variante moustr pi. ou doit être plus ancienne,
voir Gloss. 432; Yn s'est introduit par imitation de monstrou, équivalent de
monstrou montre, revue. Grég. donne aussi modestou, molestou, cf. moy.
bret. molest contradiction. Les dérivés ne montrent que ous- : an Diaul
moustrer démon incube, ar moustrericq « cauchemar, le foulon... oppression
d'estomac... que les Simples attribuent au Démon incube », ar mousterhq
incube, oppression nocturne Gr. J'ai cru à tort, Gloss. 432, que Maun.
attestait un autre verbe moustra « souiller » : le texte porte « soulier »,
qu'il faut corriger en « fouler ».
>. Premier exemple de cette forme hybride, cf. Gloss. 140; daunacion,
daounacion Gr. (damnation f. pi. -ueu l'A.).
90 E. F.rnault.
2185 Hac ho lacquas d,\ chom, hep patrora dre compas,
Hep muv dre é squient, euel maz ententas.
Dileuzriff dan vffern», emesq an bera« cernet,
Aneualct rebours ', da comours hac Ourset :
Serpantet difasçon, ha Con, ha Leonet,
2190 Pe diuers loeznet goez, ha diaznauezet 2.
Pe croeaff a neuez, loznet disneuz euzic,
A ve deffrv dihabl, hep fabl à drouc aplic :
Humordre'n dou orga» 1, ho diou froa», nat 4 dan quic,
(f. 45 y) De lesquift han speret, â taulhent net cret die.
2195 Pe vn moguet flerius, anequenus "> dreist musur,
Pe tan ho dou lagat, en pep stat dinatur :
Hep span do huanat, na franequat é do statur,
Na hoaz bezafflazet, ouz ho guelet, cret sur.
Bezcoaz elguennou 1 tan, en bet man ne goanas,
2200 Quic den à nep heny, na muv ne castias :
Eguet visaig Sathan, en poan aban manas,
Effhe compaingnuou 8, ouz tnon? aban gnouas,
Rac se pep lech pechezr, quemer dif scuezr'pe dre1"
Ez mirv nac y quet, do sellet en bet se :
2205 Na da bezaffardant, sellet do hoant gante,
Er ho guelet horribl, re terribl az fiplhe ".
1. Du fr. rebours revêehe ; premier exemple de ce mot; van. rebource,
rebours ; revèche, de mauvaise humeur ; bizarre (mal imp. réboruu),
rebource bizarrement ; a rebource à rebours, rébourcein rebourser ; reboursein
vomir, rendre gorge, rebourcereah m. vomissement l'A., en ur ber rebours
(il a fait son affaire) « en un retourne main » Châl. ras,
2. On n'avait que l'inf. dia^iauout « decognoistre », Gloss. 162. Grég. a
dia^naout, disa^naout, van. dianaouein méconnaître, part, dianavciet, dia~-
nave^et, diapiaoudecq, van. dianoudecq méconnaissant ; dieneff, disanaff, dia-
naff, van. dianaù méconnaissable: dianàff inconnu.
3. Mot nouveau, du fr.
4. Lis. tan.
5. Voir v. 1388.
6. Mot écrit franchat affranchir, Gloss. 245 : francaat se porter mieux
Maun., ne franka ket war an Jeu clanv le malade ne va pas mieux Mil. ms.,
francaat affranchir, délivrer, dégager Pel. (qui y voit un abus pour francaa,
forme imaginaire); francqaat élargir, faire plus large Gr. , fraùkaat rendre
ou devenir plus spacieux Gon., van. frankat élargir, mettre au large, déli-
vrer ; commencer à revenir d'une maladie.
7. Plur. d'un mot écrit eluenn, eluen, et dans ses dérivés elueuu-, mod.
tlvenn, Gloss. 206; ce g n'a jamais été prononcé, c'est une fausse imitation
des cas comme celui du v. 3 16. Ces deux vers sont ainsi reproduits, D 161 :
Bizcoas evelennotan, er bet-man ne goanas,
Quit den à nep hini, na muv ne affligeas.
Le Miroiter de la Mort. 91
2185 Et les fit demeurer, sans modèle, avec justesse,
Seulement par son intelligence, comme il l'entendit.
Envoyer en enfer, au milieu du tas encerclé,
Des animaux revèches d'humeur, et des ours,
Serpents difformes, et chiens et lions
2190 Ou diverses bètes sauvages et inconnues:
Ou créer de nouveau des hétes difformes, affreuses,
Qui soient, sérieusement, odieuses, sans mentir, de mauvais rapports ;
De l'humeur parleurs deux organes, leurs narines, du feu à la chair
Pour la brûler, et l'âme, ils en jetteraient fort, crois bien :
2195 Ou une fumée puante, pénible outre mesure,
Ou du feu de leurs yeux, de toute façon monstrueux,
Sans répit à leur soupir, ni liberté à leur taille
Et aussi sans être tués en les voyant, crois sûrement.
Jamais étincelles de feu en ce monde ne torturèrent
2200 La chair d'aucun homme, ni ne la châtièrent plus
Que le visage de Satan, depuis qu'il est resté en souffrance
Lui et ses compagnons, là-bas, dès qu'elle apparut.
Aussi en tout lieu, pécheur, prends-moi la règle par quoi
Tu éviteras d'aller les regarder en ce monde-là
2205 Et d'être ardemment regardé à leur gré par eux,
Car leur vue horrible te saisirait trop terriblement.
Evelenno doit ètrepour evlennou.cî. Gloss. 225, 248. Roussel ms. donne :
« elle, v : eufl, elwen, eufîen, étincelle de feu » ; « eulien sing. euliennen tau,
étincelle de feu ».
8. Lis. -ngunou.
9. Lis. tttou.
10. Prononcé pe ;re, cf. v. 643, 674, 1018, 1234, 1842, etc. Pey client
nar quel lieu Ca, expliqué par pe\-rac-hent, Mid. Bret. Hours 61, est une
taute pour pe;rehent. Cb et Ci" ont pe^drebent, où il ne faut pas voir pe; —
ire, mais pe-;re, avec un d ajouté comme dans Perdrai, etc.. Glas. 486,
487. Cf. pe dre lient, etc., 467. Une mutation du même genre est notée
dans pe;alech à quel lieu C, ailleurs pe du, Gloss . 467, 468.
11. Cf. fiplo torturera 2388; premiers exemples dejîbla battre Maun.,
« batre à bons coups, tous portans », fiblet caër eo bet « il a été bàtonné qu'il
n'y manquoit rien » Gr., fibla battre à grands coups, frapper fort, ros-
ser, en Cornou. Gon., Trd, en emfibla se battre, Bar;. Brei; 336; d.fibler
pi. yen celui qui bat Gr., celui qui frappe fort, en cornou. Gon., Trd, fiblad
m. pi. ou fort coup donné à qqn en le battant, en cornou. Gon., Trd.
Cf. van. ftmble, fible m. pi. eu boucle de porc, l'A., à Sarzeau flêmienn,
Rii. Celt., III, 236, fimblein, fiblein « boucler le groùin » l'A., d'une
forme française du lat. fibula, cf. fr. affubler et anciennement fubler, affutn-
bler.
92 E. Eruault.
En eil ez lauaraff, hac ez calaff affet,
An drouc .Elez puplic, reuseudic milliguet :
So cruel dan Eneff, hac en gref en effet,
2210 Mar déliez ef bezaff, gante re claff dafnet.
Allas nendeu hep muy, deffrv dre vision,
Na spont ez grueont y, hep sy affliction :
Hoguen ouz tourmantaff, deuoraff anaffon,
Ho cannaff dre affuy, ha dre dérision.
221 <, Bezcoaz ne voe Léon na con quen disounest,
Mar outraig arraget, buanecquet medest :
Pan ve lazet ho enot ', en ho bot - me'n protest,
Pe ouz bezaff naounet 5, dre na caffet boet prest,
Euel maz eu pemdez, hep diuez a dezrou,
2220 A cref gant cals deffoul, an holl diaoùlou :
Da tagaf anaffoun, so en ho prisounou4,
(f. 44) Dre an bech ho pechet, cometet en bedou.
i. Ce mot se trouve N 836 comme terme d'injure (engeance?). Il peut
être devenu crot, « petit enfant... peu en usage hors le pays de Léon »
Pel. ; krot m. petit enfant, plac'h krot bonne d'enfant, en cornou., Trd.
Cf. gall. ciitnud chair.
2. Ce mot s'est trouvé au v. 382 ; voir Gloss. 74 « On dit rei bod donner
asile, abri, cacher, receler au sens de rei gdlo » Mil. ms. A rei bqdenu
1L1 cul îaer donner asile ou receler un fripon Trd, Mil. a ajouté : « On dit
plutôt rei bod ». Pel. cite d'après « le Nouv. Diction »: « Rei boden, rece-
Le Miroiter de la Mort. 93
lin second (lieu) je dis et je trouve tout à fait
(Que) les mauvais anges publiquement misérables, maudits,
Sont cruels à l'âme et la torturent, certes,
2210 Si elle mérite d'être avec eux douloureusement damnée.
Hélas ! ce n'est pas seulement, sérieusement, par la vue
Et l'épouvante qu'ils font, sans doute, de la peine,
Mais en tourmentant, dévorant les âmes,
Les battant par envie et par dérision.
2215 Jamais il n'y eut lion ni chiens si furieux,
Si outrageusement enragés, irrités, je l'atteste,
Quand on a tué leur progéniture dans leur antre, je l'affirme,
Ou en étant affamés, parce qu'ils ne trouvent pas de nourriture prête,
Que le sont chaque jour, sans fin depuis le commencement,
2220 Fortement avec beaucoup de tumulte, tous les démons,
A étrangler les âmes qui sont dans leurs prisons
Par la charge de leur péché commis dans le monde.
E. Ernault.
{A suivre.)
1er, c'est-à-dire, donner retraite, en sous-entendant au voleur ». Rei bod est
en h. Corn, soutenir, encourager, surtout pour le mal (ab. Besco) ; en Trég.
donner abri, asile (en bonne part aussi).
3. Premier exemple de cette forme, cf. Gloss. 438.
4. Cf. v. 171 8.
MISCELLANEA
i. Eremôn.
In Mr Goddard H. Orpen's remarks on early Ireland accom-
panying the map of Ireland in the i2th century in Poole's
Historical Atlas (Clarendon Press) \ve read as follows :
« Emer, or as the name is often written Eber ', represents the
primitive, Ivernian or pre-Aryan inhabitant (the'Iojépvio; of
Ptolemy), while Erimon (= the ploughman) represents
the Aryan farmer who introduced agriculture'. Ihis positive
statement is a mère fanciful expansion of a much more cau-
rious remark made by sir John Rhys in his ' Studies in early
Irish History' p. 17 (Proceedings of the British Academy,
vol. I) : ' The name of Erem or Airem (genitive Erimon, Ere-
môn, or Airemon) seems to hâve meant a ploughman'. Zim-
mer also lias followed Rhys, for I see that in his translation
of a wellknown passage in Fiacc's hym r, hrenders meicc
Erimon by 'die Sonne Airem's' (Sitzungsber. der Kgl. preuss.
Akad. 1908, p. 1 1 1 9) .
The truth is that the form Airem, gen. Airemon2, neveroccurs
for the name of the son of Mil at ail. The only form in ail
Irish Mss., oldor young, is Eremôn or Erimon, gen. Eremôin .
There can be no doubt as to the quantity both of è and ô, though
the marks of length are often omitted by the scribes. In
LL 143 b 52 Erimon rhymes (in debide) with ôg, LL 4 a 41
1. The correct form is Eber, gen. Èbir. Emer is a late spelling.
2. The word airem ' ploughman ' occurs with the diminutive ending -on
as the epithet of a fabulous king of Ireland Echaid Airemon (LU 99 a 14).
This may hâve misled Rhys.
Miscellanea. 95
with slôg, and in an old poem quoted by the tour Masters A.
D. 940 the whole name rhymes with gU-dedôl ' bright twilight'.
There were genuine old-Irish names ending in a diminu-
tive -an, Ogam -ognos, as I hâve shown in Eriu IV, p. 68.
But bremôn is not one of thèse. It never was a living
name '. It must ranktogether with Bith, Bile, Beothacb. Fénins,
Mil, Ir, etc. as a mère learned figment ofthe eighth century.
It isevidently based upon Eriu, while togive it a genuine look
the archaic suffix was added, as it figures in Partholôn, Setniôn.
If thèse were genuine old] names they would make their
genitives in -ûin, not 'in -ôin.
So the Aryan ploughman vanishes. It is high time that spé-
culations such as thèse should cease altogether until philo-
logy has better prepared the ground. It is a sign of the
continued neglect of Celtic studies to find so many fallacious
or highly doubtful statements on early Ireland — and indeed
on Irish history generally j — making their appearance in
text-books for schools and universities, statements which
however plausible they may seem to their authors and the
gênerai reader, betoken a sad ignorance of Irish philology and
literature.
2. Mâcha.
The word mâcha which figures in Windisch's Wôrterbuch,
in the glossary to Stokes' édition of the Tripartite Life and in
the Urkeltischer Sprachschatz p. 196 with the meaning 'field'
is deduced from a single passage in a poem ascribed to Patrick
thus printed and translated by Stokes (Trip. p. 480, 22) :
clin bess mâcha fo thor\th]aib
' So long as field shall bide under crops' .
1. In the Annals of Ulster A. D. 885 Eiremhon occurs as the name of
a king of Ulster. But, as Hennessv has pointed out in a note, this is a mis-
take for Auromun, as the king is called in LL 41 c. Indeed the AU them-
selves write the name correctly (Erutnan) under A. D. 913.
96 A*. Meyer.
There is however no occasion for any emendation. The
line makes sensé as it stands :
cêin bess Mâcha fo thoraih
' So long as Arniagh shall be under princes'.
Mâcha is hère used, as often, for Ard Mâcha, literally
1 Macha's : Height'. It is latinized Machia in Trip. 330, 20 and
elsewhere. As to tor, it means originally 'tower' and meta-
phoricallv fa chief, or hero'.
3. Erim.
In rav paper on the early relations between Gael and Bryth-
on I suggested on p. 73 that the namc Erim which occurs in
Kulhwch and Ohven (Rhys-Evans, p. 108, 11 ff.) as that of
a father whose sons are ail remarkable for their swiftness is the
Irish érimm 'course'. This suggestion receives further support
from the fact that in the Agallamh na Senôrach (ed . Stokes,
1. 268) Erim is the naine ota horse.
4. reniai 11, erâin.
In the Glossary to his second édition of the Félire Stokes
hasa word remain of doubtful meaning. As the word occurs in
rhyme with Enâir ' January' (Jan. 1, 31, Sept. 19, Epil. 6)
and with the proper name Senàin (March 3), he ought to hâve
written remâin. This I take to be originally the verbal noun
of * remi-agim -I drive before, in front'. It would dénote the
' tront-drive' (Germ. Vordertreiben) in a hunt, a race, or of a
troop on the march. But in ail passages which Stokes has col-
lected2 we find the word used adverbially, no doubt in the
dative (locative) case, in the sensé of ' in the foremost rank
or front'. Thus it éside nobitis remâin resi\n] slôg LU 57 b
15 means ' it is they who would march in tront before the
host'. Similary, téit ind ingen remâ[i]n remib Met the girl go
1. The name Mâcha is either masculine (e. g. Rasvl. 502, 120 a 6) or
féminine. There is a diminutive Machacân, Dinds. § 21.
2. Seealso Windisch, Tain Bô Cualnge, s. v. riam.
Misceltanea. 97
first before them ' LU 72 b 2; luid Cûchidainn riant remain
rempli 'C. went forward in front before them', LL 68 a 26 ;
îarra-su nech n-aill riam remâ\i]n rempo ' do thou seek some
one else to go in front before them', ib.
In the Félire the word is always used in connexion with the
leading or most prominent saints whom the poet sélects for
mention out of the vast number of saints (cf. loimm de romuir
'a sip from the océan', Epil. 42). Thus feil ai rétglainn
remâin (March 3) might be freely rendered ' there are two
stars above ail' ; ai ri m remâin (Jan. 31) ' a name among the
tirst ' ; buiden cecha laithi dosruimdemar remâin (Epil. 6) 'a
troop for each day, we hâve measured out (= selected
them after careful weighing) as leaders' — not 'heretofore'
as Stokes renders ; for the word is never used of time. Râith...
co Crist . . . co slôg rig rân remâin1 ' he ran to Christ in the
fore-front of a host of noble kings'. In the same way tôided
in Ri remâin (Jan. 1) must be taken in the sensé Met the king
lead in front', tôided being used without an object as in Prol.
340 (tôided re s'ù daine).
A second compound of âin has also caused difficulties to
Stokes. This is er-âin or anr-âin, as he prints Epil. 7. The
original meaning would be 'a driving beyond ' (Germ. iïber
etwas hinaus), the préposition air being hère employed in
the same sensé which it has in ôin ar fichit cone beyond
twenty' etc. Again it is used adverbially, as is well seen in
the following passage (CZ VIII, p. 309, 29) : intan doluith
Art ô Themuir dochum in chatha, dodeochaid tri\b] côicdaib ôcJach
riasna slûagaib aurâin ' when Art came from Tara to the battle,
he came with 150 men in advance of the host (as a van-
guard)' ; or in a poem preserved in LB 242 b :
A Dé mâir !
coragbainn1 ma di erâiJ (./. ilge) :
nianimm la baingliu erâin,
nïmthair duinebad gelâin !
1. This is the readingof the best Mss, not coua slôg rig remdin, as Stokes
prints.
2. oj/magbaind Fcs.
Rtvue Celtique, XXXIII. 7
98 K. Meyer.
'O great God ! may I obtain my two requests! My soûl
with angels in die van ! may death by lightning not corne to
me ! '
Theretore the passage in Féi. Epil. 7, co n-ecmaingsem ' train
should not be rendered with Stokes ' we eut off the excess',
but 'so that we hâve reached (hit upon) the vanguard (i. e.
Christ)'. We probably hâve the same word in a difficult pas-
sage in Fianaigecht, p. 24 : berte in n-urâin n-ellaig, perhaps,
' who carry (= lead) the vanguard of the combat'.
From the original meaning of 'a driving beyond' we easily
arrive at the meaning 'an exceeding, excess', which the word
has commonly in the Laws. See Atkinson's Glossary s. v.
airain and urâin.
5. On some passages in Tigermch's Annals.
In his édition of thèse Annals Stokes was constantly puzz-
led by the idiomatic use of the adverb and in such passages
as the following : Findgaint mac Con cen mâlhair ri Maman
ann (A. D. 677). Hère and in ail other similar passages he
suggests at first doubtfully, and then positively, the reading
moritur instead. Ifhe had consulted the other Annals as to the
dates of the various personages mentioned in thèse entries he
would hâve seen that not their death but their accession to
the throne is denoted. In the passage quoted the context shows
at once that this must be so ; for the immediately preceding
entry mentions the death of the king of Munster (mors Col-
gan maie Failbe Flaind rig Maman). So we should translate :
Fingaine son of Cû cen màthair begins to reign as king of
Munster'. And so in ail other cases {Bran mac Conaill ri Lai-
gen ann 6jy, Dânchad Mairsce mac Maeldnib ri Connacht ann
681, Cellach Câaland mac Gerlhide ri Laigen ann 689, Maire-
dach Mnilletban ri Connacht ann 695 &c.
1. In the Glossary p. 296, Stokes puts -ecmaingsem under ad-comaingim,
where, as Thurneysen, Handb. p. 470 has shown, ad- has taken the place
of en-. For the verbal noun is ecmatig ; see Betlia Colmâin p. 124.
Miscellanea. 99
Under the year 697 \ve hâve Fland mac Mâile tuile ri
Ceneôil Eogain nepos Crundmael, where Stokes wrongly adds
[moritur]. Flann began to reign in that year, succeeding his
uncle Anrothân who, the sarae entry tells us, had been expell-
ed to Britain.
Berlin.
K. Meyer.
TWO GLOSSES IN VALENCIEXXES MS. 413
My attention had been called by Mr Jenkinson to two glosse
occurring in the Commentaire Anonyme sur Prudence d'après
le manuscrit 413 de Valenciennes, published by Prof. John
M. Burnam (Paris, 19 10). It is stated in the préface that the
Ms. was copied by a Low German or Dutch scribe from an
insular archétype in half-uncial hand. Unfortunately the
glosses in question are very obscure. They mav very well be
Welsh, but this could not be definitely established without
further palaeographical évidence.
P. 69. Eseforium est parva tunica quae vulgo guurscbalt
dicitur.
P. 70. Scutulis id est vestibus scutulatis id est orbiculatis
quae rustice glitinne dicuntur. With regard to glitinne it should
be observed that Ducange (cited by Burnam p. 243) s. v. clin-
tinna quotes a similar passage from a S. Germain Ms. of Pru-
dentius : Scutulatam vestem appellat orbiculataru, quam rus-
tici Clintinnam vocant.
E.-C. Quiggix.
A PROPOS DE L'INSCRIPTION D'ALISE
L'explication que j'ai donnée en 1908 de l'inscription gau-
loise d'Alise a été discutée dans la Revue Celtique, tome XXXI,
p. 119, par M. Vendryes qui a rappelé à ce propos l'explica-
tion donnée par M. Thurneysen dans une note publiée égale-
ment en 1908.
M. Vendryes a fait remarquer que, si les deux explications
donnaient à peu près le même sens général, celle de M. Thur-
neysen était grammaticalement plus correcte, et je suis
entièrement d'accord avec lui sur ce point.
Je voudrais seulement revenir sur mon interprétation du
mot gobedbi dont M. Vendryes n'a rien dit, et qui reste le
seul point sur lequel je diffère d'avis avec M. Thurneysen.
J'ai traduit ce mot par « forgerons », en m'appuyant sur
les deux arguments suivants.
En premier lieu, j'ai cru reconnaître dans gobedbi le radical
celtique gob- de irl. goba, gall. gof. Il est vrai que goba fait
gobann au génitif, et que cette dernière forme entre dans la
composition de certains noms gaulois. Mais je crois que le
radical gob- a pu former plusieurs dérivés, et j'ai rappelé à ce
sujet qu'un conte populaire irlandais parle d'un forgeron
appelé Gavida ' dont le non serait comparable igobed.
D'autre part la mention des forgerons dans l'inscription
est justifiée par l'importance historique de l'industrie des
métaux à Alésia. Cette cité avait la spécialité du travail des
armes et Pline nous dit qu'on y avait inventé le placage des
armes et des harnachements. Les ouvriers en métaux devaient
y former une de ces puissantes corporations comme on en
1. O'Donovan, Annales des Quatre Maîtres, t. I, p. 18-21.
102 G. Poisson.
connaît de nombreux exemples dans la Gaule romaine, et
c'est pour leur usage que Marti alis aurait dédié un édifice au
dieu Ucuetis, considéré comme leur patron.
Bien que M. Thurneysen ait déclaré qu'on ne pouvait son-
ger à rattacher gobedbi au radical de goba, je maintiens mon
interprétation, en ajoutant aux considérations précédentes le
fait suivant qui vient les appuyer.
Dans le Livre des Quatre Maîtres, on lit le passage suivant à
propos des progrès de la civilisation irlandaise sous le règne
de Tighernmas ', après l'arrivée de la race de Milet :
As la Tigernmus bheos ro berbhadh or ar tus i nErinn i
Foithribh AirthirLiffe. Uchadan cerddFeroibh Cualann rodus
berbh. As lais ro cumhdaighit cuirn ocus brethnassa dor ocus
dargat in nErinn ar tus. As lais tugadh ruamnad tor edoi-
ghibh, corcair, gorm ocus uaine.
Traduction :
« It was by Tighearmas also that gold was first smelted in
Ireland, in Foithre-Airthir-Liffe 2. It was Uchadan. an arti-
ficer of the Feara-Cualann, that smelted it. It was by him
that goblets and brooches were first covered with gold and
silver in Ireland. It wasby him that clothes were dyed purple,
blue and green. »
Dans les Annales de Clonmacnois, on lit un passage ana-
logue 5, au sujet du règne de Tighernmas :
« He was the first who caused standing cuppes to be make,
the refining of gold and silver, and procured his goldsmith
(named Ugden) that dwelt the Liffie, to make gold and silver
pinns to put in men's and women's garments about their
i. D'après les Quatre Maîtres, Tighernmas serait mort l'an 5200 du
monde, 1544 ans avant Jésus-Christ.
2. C'est sur la rive orientale de la Liffey que Tighernmas aurait eu ses
forges, c'est-à-dire dans le comté actuel de Wicklow, où il y a eu en effet
de tout temps des forges. D'autre part, la forge de Goibniu, le forgeron
des Tuatha de Danann, est localisée dans la forêt de Glenn Treithim, près
de la colline de Mullach Maisten (comté actuel de Kildare) ; or le Glenn
Treithim s'étend à l'est dans la direction de la Liffey, à cheval sur les deux
comtés de Wicklow et Kildare (Voir O'Curry, Manners and distants of
Ancient Irish, II, 246).
3. Cité en note des Annales des Quatre Maîtres, p. 42.
A propos de l'inscription <T Alise. 103
necks; and also he was the first that ever found the dveing
of coloured clothes in Ireland ».
Le personnage auquel ces vieilles traditions attribuent d'im-
portantes découvertes métallurgiques, et notamment le pla-
cage en or et en argent porte un nom qui, sous ses deux
variantes, Uchadan et Ugden, peut être rapproché de celui
d'Ucuetis.
Certes je ne puis établir un lien philologique certain entre
ces diverses formes, mais il me semble qu'il y a là autre chose
qu'une simple coïncidence fortuite, et qu'il n'est pas indiffé-
rent de retrouver dans les traditions irlandaises un person-
nage ayant un nom voisin de celui d'Ucuetis, avec des attri-
butions analogues à celles que j'avais prêtées à ce dieu pour
d'autres motifs.
Je crois donc utile de signaler ce rapprochement hypothé-
tique, avec toutes les réserves qu'il comporte, et j'y vois une
probabilité de plus en faveur de l'interprétation que j'ai don-
née du mot gobedbi.
G. Poisson
BIBLIOGRAPHIE
SOMMAIRE. — I. F. Hertlein", Die Juppitergigantensâulen. — IL W.
Dinan, Monumenta Historica Celtica, tome premier. — III. W. Havers,
Untersuchungen \ur Kasussyntax der indogermanischen Spracben. — IV.
O. Schrader, Die Indogermanen. — V. Martin Gemoll, Die Indoger-
manen im alleu Orient. — VI. Dr Hôfler, Volksmedi^inische Botanik der
Kelten. — VII. E. Ernault, F Ancien vers breton. — VIII. Kuno Meyer.
Hail Brigit. — IX. W. Lewis Jones, Kiug Arthur in History and Legend.
— X. D. J. Saer, The Story of Cardigansbire. — XI. George Coitey,
New Grange. — XII. P. S. Dinneen et Tadgh O'Donoghue, The Poetns
of Hgan 'O'RahiUy. — XIII. R. Latouche, Mélanges d'histoire de Cor-
nouaille. — XIV. R. Edens, Erec-Geraint.
I
F. Hertleix. — Die Juppitergigantensâulen, — Stuttgart, E.
Schweigersbart, 1910, yiii-i68 p. in-8°.
C'est toute une théorie, complète et cohérente de ces curieux
monuments que nous apporte M. Hertlein. Ils se composent d'un
groupe, formé d'un cavalier (ou d'un « charioteer ») barbu qui
écrase du poids de son cheval (ou de ses chevaux) une figure
anguipède, un géant ; d'une colonne, au fût le plus souvent couvert
d'imbrications; d'un chapiteau dont les feuilles abritent quelquefois
des têtes divines ; d'une base composite, formée d'un tambour à
sept ou huit faces, portant les figures des dieux des jours ; et d'un
dé dont deux, trois ou quatre faces portent les figures de diverses
divinités. Les dédicaces prouvent que ces monuments sont de nature
religieuse. Mais quel en est le dieu? De quel culte et de quelle reli-
gion? Est-ce le Jupiter Optimus Maximus, que mentionnent leurs
inscriptions ? Est-ce l'empereur divinisé, en costume de triomphe ?
Est-ce un dieu indigène? Est-ce un dieu oriental? C'est un dieu
germanique, dit M. Hertlein, et germanique est, selon lui, l'en-
Bibliographie. 105
semble du monument qui le porte. J'en suis moins sûr et je le crois
celtique, au moins également. Témoins des mélanges et des syn-
thèses du germanisme et du celtisme à leurs confins, les colonnes
au cavalier portent en outre témoignage, à mon avis, de cette reli-
gion complexe qui s'est élaborée dans les provinces à la fin de
l'empire romain, vivifiant de science astrologique et de cosmogo-
nie orientale les vieux restes mal ajustés des panthéismes indigènes
et gréco-latins.
Certes, la couronne de dieux des jours, dieux planétaires, sym-
boles du temps et du monde, qui encercle la base des colonnes
montre qu'elles ont un sens cosmologique comme l'a fort bien éta-
bli M. Maass dans ses Tagesgotter. M. Maass voulait qu'ils fussent
également des monuments triomphaux ; mais c'est un triomphe
cosmologique qu'ils célèbrent, si triomphe il y a, celui du ciel sur
la terre, et non pas un triomphe impérial. Ce ne sont pas des
monuments de victoires, de victoires sur les nations germaines,
que l'on a cru reconnaître sous les traits des monstres. Car, là où
ils abondent, ce sont, dans la plupart des cas, des particuliers qui
les ont élevés à leur guise, petits ou grands, plus souvent petits,
aussi nombreux que nos croix de carrefours, dans leurs villas, dans
leurs fermes, en tout cas sur leur propre sol (p. 68 sq). Monu-
ments religieux et monuments privés. Le cavalier, qui parfois porte
un costume indigène (Ehrang, cercle de Trêves, monument I) doit
être, au surplus, un dieu du pavs.
Le pavs est germanique ou confine à la Germanie. C'est la
moyenne vallée du Rhin, celle du Main, le pays des Suèves, qui
possèdent la plupart de ces colonnes ; vers l'est, on les trouve jusqu'en
Rétie ; vers l'ouest, elles sont communes chez les T révires, et ceux-
ci, M. Hertlein nous le rappelle, avaient des affinités germaniques.
La démonstration est poussée dans le détail : limites des Rauraques
et des Triboques, colonisation celtique des champs Décumates,
cantonnements de corps auxiliaires germaniques (cf. p. 56);
M. Hertlein n'oublie rien qu'une carte. Toute étude de répartition
dont les résultats ne sont pas effectivement reportés sur une carte
est incomplète.
Le monument est germanique. Voilà le principe de la thèse. Il
fallait s'attendre à trouver en Germanie des colonnes cosmologiques.
Universalis columna traduit Irtninsal dans un passage d'une Transla-
tif S. Alexandri (c. 3, M. G. H. II, p. 676) écrite entre 863 et
865 ; la traduction est des plus vraisemblables. D'ailleurs n'est-ce
pas chez les Herminones, Suèves, Hermundures, Cherusques et
Chattes, adorateurs del'Irminsul, que se trouvent en pays germain
io6 Bibliographie.
les colonnes au cavalier. L'Irminsul n'était pas, pense notre auteur,
une colonne toute simple ; elle était surmontée d'une idole (p. 76).
Or, le groupe que portent nos colonnes est remarquablement con-
forme à l'un des thèmes essentiels de la mythologie germanique :
l'opposition des esprits de la terre à ceux du ciel ; ceux de la terre
sont tout justement des géants et des dragons, moitié hommes,
moitié serpents. Tantôt le cavalier écrase les anguipèdes, tantôt
ceux-ci le supportent; c'est précisément la relation variable des
géants et des dieux dans la mythologie. Quel est le dieu ? C'est évi-
demment le dieu céleste, c'est-à-dire Ziu, qui a été déguisé soit en
Jupiter, soit en Mars, mais, quant au nom, identifié à Mars.
L'attribution du nom de Mars au dieu de L'Irminsul, est fondée
sur un curieux passage de Widukin de Corvey qui est fait pour ins-
pirer confiance : « ... quia Hirmin, vel Hermis, graece Mars dici-
tur. . . » (I, 12) Hirmin-Mars est donc Ziu.
La thèse est spécieuse et bien démontrée, mais elle n'est pas aussi
bien établie. Le peu de monuments que M. Hertlein aurait pu
ajoutera la liste des cavaliers trouvés en France n'en modifie cer-
tainement pas sensiblement les données. Je les cite seulement pour
mémoire : Un, et peut-être deux monuments à Entrains (Espé-
randieu III, 2293, 2298); un monument, très mal définissable, à
Alise (Espérandieu III, 2971); un monument à Auxerre (id. IV,
2886); un autre à Melun (id. IV, 2355); un monument auvergnat
de provenance indéterminée (S. Reinach, Répertoire, II, 334, 2);
un monument à Chàteau-Bellant (Oise), aujourd'hui au musée de
Saint-Germain. Ils allongent la liste sans en changer les propor-
tions. La mention de quelques colonnes qui ont pu porter des dieux
cavaliers ne les altérerait pas davantage.
Si je voulais conclure de la présence des dieux cavaliers en
France que le dieu est gaulois, M. Hertlein m'a répondu d'avance
en rappelant les colonies germaniques établies en Gaule à
partir du 111e siècle, reste à faire la preuve que les monuments en
question aient coïncidé avec elles. Mais ce n'est pas tout.
L'une des attributions du dieu cavalier est la roue, roue de for-
tune ou roue solaire. Or, l'inventaire archéologique de la Gaule
romanisée compte un certain nombre de monuments représentant
également un dieu porteur de roue. Il est à pied sans doute. Mais
il se présente aussi vêtu du costume militaire et, pour préciser ses
attributions, flanqué d'un aigle et de serpents. Le plus remarquable
exemplaire de ce Jupiter gaulois, comme on l'appelle, a été trouvé
à Vaison. Enfin, Nîmes a fourni toute une série dejpetits autels
ornés d'une roue et d'un foudre qui ne laissent aucun doute sur
Bibliographie. 107
leur attribution. Si l'on fait abstraction de la roue, qui est bien du
pays, on peut songera voir dans les serpents, enroulés aux pieds du
dieu, la preuve qu'il s'agit d'un Jupiter vainqueur des Titans. Maison
a également pensé que le groupe du cavalier à l'anguipède procédait
du type classique de Jupiter- vainqueur. Bref, cavalier et piéton sont,
à mon avis. le même dieu. D'ailleurs, au cœur même de l'aire
d'extension des dieux cavaliers, la colonne la plus importante, celle
de Mayence, portait un Jupiter debout, dieu celtique bien certaine-
ment, hésitant entre Jupiter et Mars. On démontrera avec peu de
peine que le Mars des Gallo-romains a eu des attributions aussi
larges que celles du Ziu. Que l'idole gallo-romaine ait habillé
dans les pays rhénans des divinités germaniques, je suis loin de
le nier ; qu'elle leur ait même prêté forme et nature, je le crois très
volontiers. Je ne suis même pas non plus tout à fait sûr que le
vainqueur céleste, cuirassé en chef d'armée, n'ait jamais symbolisé
des victoires impériales et quasi nationales.
Le livre de M. Hertlein a une deuxième partie aussi importante
que la première, où il traite des figures qui décorent la base des
colonnes. Ces dés de base, souvent isolés, ont été, à tort, pris
pour des autels, qu'on connaît sous le nom d'autels à quatre
faces. Si le groupe du haut et la couronne des dieux des jours ont
un sens cosmologique, la base et ses figures ne sont pas dénuées de
sens. M. Hertlein suppose qu'elles représentent le cours de l'année.
La statistique de ces monuments révèle la constance de leur com-
position. Ce sont, en règle générale, les mêmes divinités qui y
figurent, et dans le même ordre. Les exceptions, pour la plupart,
confirment la règle. Ces divinités sont : Junon, Mercure, Hercule
et Minerve. Leur ordre se déroule suivant les monuments vers la
droite ou vers la gauche. Le nombre des faces se réduit à trois ou
à deux; d'autres divinités, Mars, Apollon et Yulcain, s'introduisent
dans la série, à la place ou à côté de Mercure ou d'Hercule ; Minerve
et Junon se confondent ou se laissent remplacer par une Victoire
ou une Fortune. Mais comme tous ces changements ne se font pas
simultanément le style conserve sa constance apparente.
Divinités des saisons, dit M. Hertlein. L'alternance de quatre,
trois et deux figures sur les monuments correspond à la concur-
rence de trois systèmes de divisions de l'année, en pays germa-
niques, en deux, trois et quatre saisons. La Junon de la face fron-
tale, qui fait pendant au Jupiter-Mars-Ziu, du sommet, a la pre-
mière place et ouvre l'année. Aussi bien est-elle munie d'une
torche symbolique. L'année germanique commence avec le prin-
temps. Junon allume le printemps et sa torche est celle du jour
io8 Bibliographie.
des Brandons. Minerve, au contraire, est le dieu de l'hiver. Si nous
en croyons les vieux auteurs qui nous ont conservé le souvenir
des restes du paganisme au début du moyen âge, c'est une Minerve
qui présidait aux veillées d'hiver et aux travaux qui s'y faisaient.
Mercure et Hercule président respectivement à l'été et à l'au-
tomne.
Dans cette partie du travail, l'argumentation n'est pas aussi com-
plète que dans la précédente. Il reste quelque chose à faire pour
préciser les affinités saisonnières des dieux, même si on les tient
pour germaniques.
Or," le fait est partiellement contestable. Il est certain que les
bases à quatre figures sont tout particulièrement fréquentes dans la
vallée du Rhin et le pays des Trévires. La publication du Recueil des
reliefs par le commandant Espérandieu permet de constater facile-
ment qu'elles ne manquent pas en Gaule et que l'on peut étendre
à la Gaule les constatations que M. Hertlein a faites pour la Ger-
manie. D'autre part, si les figures représentent bien un système
de quatre saisons il faut reconnaître que la division de l'année en
quatre saisons est, en pays germanique, chose d'emprunt. Les
Germains peuvent l'avoir empruntée aux Romains. Ils pourraient
également l'avoir empruntée aux Celtes, dont l'année se divisait
régulièrement en quatre saisons. C'est plutôt à la division celtique
de l'année, qu'à la division romaine que correspondraient, à mon
avis, les représentations saisonnières de ces monuments. Mais je ne
me dissimule pas que la preuve de cette proposition est à faire.
H. Hubert.
II
W. Dinan. Monumenta Historien Celtica. Notices of the Celts in the
writings of the Greek and Latin authors from the tenth Cen-
tury B. C. to the fifth Century A. D., arranged chronologic-
ally, with translations, commentary, indices and a glossary
of the Celtic names and words occuring in thèse authors.
Vol. I.London,D. Nutt, 1 9 1 1 . xij-3 5 5 p. 8°. 15 sh.
Les textes des auteurs anciens relatifs aux Celtes ont été pour la
première fois réunis par Dom Bouquet dans le premier volume de
ses Reriuu Gallicarum et Franciscariim scripiores, publié en 1738.
Un siècle plus tard, ces mêmes textes étaient publiés à nom eau par
Henry Pétrie et Thomas Hardy au début de leurs Monumenta
Historien Britannica (1848), p. î-cv. Enfin, plus près de nous,
Bibliographie . 1 09
sous le titre rocXXtxcov ffUYYf>a<peîç ÏXkrftinoi (Paris, 1878-1892),
Edmond Cougny a pour la troisième fois réédité la même collec-
tion, limitée toutefois aux auteurs grecs.
Ces trois recueils ont ceci de commun qu'ils sont divisés en trois
parties, respectivement consacrées aux géographes, aux historiens
et aux auteurs divers qui ne sont ni historiens, ni géographes.
C'est une disposition singulière ; elle était encore aggravée par des
erreurs de méthode à l'intérieur de chaque division. Ni Dom Bou-
quet, ni Pétrie, ni même, ce qui est moins excusable, Edmond
Cougny n'ont adopté, pour classer les textes, un ordre chronolo-
gique exact ; ils ont méconnu la nécessité de mettre à leur date
les fragments d'auteurs anciens conservés par des écrivains plus
récents ; et, faute d'un triage des sources, ils ont donné la même
valeur au témoignage d'écrivains aussi différents par la date
qu'Etienne de Bvzance et Hécatée de Milet, Pausanias et Jérôme de
Cardie, Diodore de Sicile ou Strabon et Pvthéas !
En se proposant d'entreprendre à son tour le recueil des textes
anciens relatifs aux Celtes, M. Dinan s'est bien gardé de tomber
dans les mêmes fautes. Sa classification est rigoureusement chro-
nologique et s'applique indifféremment à tous les écrivains, grec*
ou latins, prosateurs ou poètes, qu'ils soient philosophes, orateurs,
géographes ou historiens. C'est ainsi qu'il débute par Homère et
Hécatée de Milet, pour continuer par Festus Avienus Rufus, dont
le poème, écritau ive siècle de notre ère, n'est qu'une rédaction latine
du Périple accompli par Himilcon vers l'an 500 avant J.-C.
Viennent ensuite, entre autres écrivains, Hellanicus, Hérodote, le
pseudo-Scylax, Pythéas, Jérôme de Cardie, Polybe et Posidonius.
Le volume s'arrête à ce dernier ; mais il sera suivi de deux autres,
et l'ouvrage se terminera par un index alphabétique et un glossaire
étymologique des mots celtiques cités.
M. Dinan parait fort satisfait de la disposition qu'il a choisie ; il
a raison. C'est l'arrangement des matériaux qui doit faire la valeur
de ce livre, annonce-t-il dans la préface ; et pour arranger les maté-
riaux dans un ordre chronologique, il ne s'est, dit-il, épargné nulle
peine, même considérable : « considérable pains hâve been taken
to arrange the materials of thèse volumes in chronological order »
(p. viij). Il n'ajoute pas que cette disposition, qui lui a coûté tant
d'efforts, est exactement celle d'un livre excellent, qui a déjà dix
ans de date : Principaux auteurs de l'antiquité à consulter sur l'his-
toire des Celtes depuis les temps les plus anciens jusqu'au règne de Théo-
dose 7er, Essai chronologique, par H. d'Arbois de Jubainville (Cours de
littérature celtique, tome XII ; Paris, Fontemoing, 1902, xvj-344
i io Bibliographie.
p. 8°). Cet ouvrage, il est vrai, n'est pas un recueil de textes (et
cela explique sans doute que M. Dinan ne le cite même pas), mais
il est à la fois plus et mieux que cela. C'est un exposé par ordre
chronologique de ce que les Anciens ont dit des Celtes. On y
voit les progrès réalisés peu à peu dans la connaissance des choses
celtiques. On y apprend la valeur des sources, le rapport des écri-
vains entre eux. Bref, c'est un livre substantiel, où tous les pro-
blèmes sont examinés, discutés, élégamment résolus. Venant après
un recueil comme celui de M. Dinan, le livre de d'Arbois conser-
verait tous ses mérites. Venant après le livre de d'Arbois, le recueil
de M. Dinan n'offre plus guère que l'intérêt de pièces justificatives.
Encore ceux qui l'utiliseront devront-ils s'armer de critique et
n'accepter que sous réserves aussi bien le texte que la traduction
ou les notes. Quelques exemples suffiront à justifier cette
défiance.
Pythéas est, comme on sait, le premier auteur qui nous parle
des Iles Britanniques. Toutefois, il est établi depuis longtemps que,
dans les extraits de son livre conservés par Diodore de Sicile ou
par Strabon, les îles en question étaient appelées ns£Tav.xa( et non
BpeTavixaî ou Bç£~av!y.a! (v. d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 69
et Rev. Celt., XIII, p. 398). Cela n'empêche pas M. Dinan d'im-
primer bravement t>) Bç£ttxv'.-/.y, à la page 62 sous le nom de Pythéas
et d'adopter partout la même graphie dans les extraits de Diodore
ou de Strabon qu'il retire à Pythéas pour les attribuer à Posido-
nius (p. 304 et suiv.). Sous cette graphie uniforme, il dissimule
un problème historique de grande importance, qu'un lecteur non
prévenu ne soupçonnerait pas.
Voici un cas en revanche où il ajoute au texte d'une façon
fâcheuse. Aux pages 334 et 335 se trouvent face à face le texte
d'Athénée et la traduction anglaise qui suivent :
Kai oî akv to'j: Qupeoùç tnrXoopo- Behind them stand their ar-
ooîjvt£!; Ix twv oTcéffto 7:ap£(7T7.G'.v, mour-bearers holdingtheir large
oî oè oc/i'j-ioio'. /.axà T7|v àvT-.y.pj oblong shields, which are cal-
xa6V)u.evo( /.jx./.w, jcaScwtep oî Zin- led Bupeoî, Their spear-men sit
7TOTX'., suveuto^ouvxai. Tb oï ttotov down opposite in a circle, and
oî BicexovoCvTEç Iv ày-feioiç irepupé- feast in the samemanner as their
pouotv ïrJ\-/.'jQ<. ■j.vj KupVxoiç r ai- masters. Their cup-bearerscarry
pau.£0'.; r\ ipyupotç. round the wine in jars like ordi-
nary casks in shape, and made
of either earthenware or silver,
and wich thev call iu.êixoç.
Bibliographie. 1 1 1
Un lecteur qui se bornerait à lire la traduction croirait que ôupeôç
et aufJ-.xo; sont des mots celtiques, et que l'écrivain grec les
donne comme tels ; d'autant plus qu'à la page 320 les phrases
Xoy/2; xç Ixetvoc Àayx*.aç xaXouatv et iz(ïiy\xai [xeXwv o'j; jiapSouç ôvo-
pâÇoucnv sont régulièrement traduites par « pikes which they call
lances » et « poets whom they call bards ».
Enfin il convient de mettre le lecteur en garde contre certaines
assertions formulées dans les notes ou dans les remarques préli-
minaires au texte de chaque auteur. Elles sont parfois erronées.
Ainsi M. Dinan écrit p. 54 : The visit of Pytheas to the Cimbri is
of interest as affording some grounds for believing that the Cim-
bri spoke a Celtic tongue. Il est regrettable qu'il n'ait pas indiqué
plus clairement ces raisons, car rien dans les textes qui suivent ne
vient naturellement appuyer une pareille doctrine ; sur les Cimbres
v. d'Arbois de Jubainville, op. cit., p. 212-213 et Revue Celtique,
XXIX, 215.
J. Vexdryes.
III
Wilhelm Havers, privat-docent de linguistique indo-européenne à
l'Université de Strasbourg. Uutersuchungen \ur Kasussyutax der
imlo-germauischeu Sprachen, Strasbourg, Trùbner, 191 1, xix-335
p. 8°. 11 M.
Dans ce gros livre sur la syntaxe des cas dans les langues indo-
européennes, l'auteur, que connaissent déjà les lecteurs de la Revue
Celtique (v. t. XXXII, p. 129), ne traite à vrai dire que d'un seul
cas, le datif, et même que d'un emploi particulier du datif, celui
qu'il appelle le « dativus sympatheticus », nommé par d'autres
avant lui « dativus ethicus ». Ce datif est très voisin de sens d'un
génitif, mais il indique l'intérêt particulier que le sujet porte à
l'objet de l'action. Il y a ainsi une nuance entre i-rapoiciv lit'oû-
y-y. ttxtiv aÀs'.'J/x (jx 177) et ît.i 0' ouxt' àÀsi'l/a-. Étxisojv XTjpèv
oî'l/v^aç (a 47) ou entre « die Kugel durchbohrte dem Feinde das
Herz » et « die Kugel durchbohrte das Herz des Feindes » ou encore,
car le datif du pronom personnel s'oppose à l'adjectif possessif,
entre « der Knabe zerriss sich beim Fallen den Rock » et « da
zerriss der Hohepriester seinen Rock ». M. Havers distingue six
catégories du « dativus sympatheticus ». Il fournit pour cha-
cune d'elles des exemples abondants, qu'il emprunte à toutes les
langues indo-européennes, considérées aux diverses époques de
leur histoire.
112 Bibliographie.
Un des chapitres du livre est consacré au celtique (p. 240-256) ;
on v trouve des exemples irlandais et gallois des six catégories du
« dativus sympatheticus », exprimé naturellement au moyen de la
préposition do en irlandais, y en gallois : maie ni dosom « nous
sommes ses enfants » (Wb. 19 d 8), achwaeruaeth Ht ivyf ynneu
« je suis ta sœur de lait » (R. B. I, 204, 4). Toutefois, le génitif
(ou l'adjectif possessif) s'emploie en celtique plus souvent qu'ail-
leurs au lieu du datif : co m-bert do suil as do chind « de sorte qu'il
t'enleva Tceil de la tête » (L. L. 113 a 22), arganuot yr adanc a
wnaeth...a llad y benn « il aperçut l'addanc... et lui coupa la tête »
(R. B. I, 226, 6). D'autre part, plusieurs prépositions se substi-
tuent souvent à do (v), transformant ainsi le caractère du « dativus
sympatheticus » ; après les verbes qui signifient « enlever » par
exemple on emploie en irlandais la préposition ar (cf. Rcv. Celt.
XXXI, 405), et les prépositions fri, for, la ou or après divers autres
verbes.
Il résulte de l'enquête de M. Havers 'que de toutes les langues
indo-européennes le celtique est celle où le dativus sympatheticus
est le moins bien conservé. Et M. Havers de conclure : « Il semble
hors de doute qu'ici comme sur tant d'autres points nous avons
affaire à une particularité linguistique de la population non indo-
européenne qui a précédé les Celtes dans les Iles Britanniques »
(p. 255). Cette conclusion est un peu hasardée. Il est assurément
exagéré d'interpréter parl'indo-européen tous les détails des langues
celtiques, mais il ne faut pas non plus invoquer sans bonne raison
l'influence étrangère. Comme nous ne savons rien des langues qui
ont précédé le celtique dans les Iles Britanniques, recourir à ces
langues pour interpréter un fait du celtique équivaut pour le lin-
guiste à un aveu d'impuissance. On ne doit se résigner à une
pareille conclusion négative que lorsqu'on a épuisé toutes les pos-
sibilités d'éclaircissements positifs.
L'influence étrangère a été forte sur le vocabulaire celtique, parce
que le vocabulaire est dans une large mesure l'image ou le
reflet de la civilisation, et que la civilisation des Celtes contient un
bon nombre d'élémentsétrangers.Il existe donc en celtique un voca-
bulaire spécial, que connaissent d'ailleurs plus ou moinsleslangues
immédiatement voisines, et qui n'est pas indo-européen. Mais n'ou-
blions pas que le grec a subi presque aussi fortement l'influence
d'un vocabulaire, qui ne l'est pas davantage.
En ce qui concerne la grammaire, l'influence étrangère est plus
douteuse. Les preuves qu'en donne M. Havers d'après Zimmer ne
valent rien (v. Rev. CclL, XXXII, 235); et il est vraisemblable
Bibliographie. 1 1 3
qu'à mesure qu'on examinera le détail de la syntaxe celtique, on y
reconnaîtra le développement normal de tours qui existaient en
germe en indo-européen. La place du verbe en tête de la phrase,
particularité frappante du celtique, peut bien être caractéristique
aussi du berbère ou de l'égyptien ; elle ne s'en laisse pas moins
expliquer en celtique par deux tendances bien connues de l'indo-
européen (v. Mèm. Soc. Ling., XVII, 337). Et dans la question
présente, la disparition du datif en tant que cas isolé en celtique
ne suffit-elle pas à expliquer que la langue ait dû, suivant les types de
phrases, affecter diverses prépositions à l'expression de ce qui était
d'abord un dativus sympatheticus ? Tout se ramène donc à une
question particulière de la syntaxe des cas, et on sait combien
Temploi des cas présente de divergences d'une langue à l'autre.
Quel que soit l'intérêt des collections de faits celtiques qu'a
réunies M. Havers, il convient de faire certaines réserves sur ses
conclusions.
J. Vexdryes.
IV
O. Schrader, Professeur à l'Université de Breslau. Die Indogenmmen.
Leipzig, Quelle und Meyer, 191 1, 165 p. 8°. iM.(cart. 1 M. 25).
Ce livre forme le numéro 77 de la collection « Wissenschaft und
Bildung » que dirige M. Paul Herre.
Ceux qui ont suivi les travaux de M. O. Schrader et qui con-
naissent notamment son livre Sprachvergleichung und Urgeschichtc
(2e éd. Iena, 1890) ou qui pratiquent son précieux Reaïïexikon ier
indogermanischen Altertumshunde (Strasbourg, 1901) ne devront pas
s'attendre à trouver beaucoup de nouveau dans cet exposé som-
maire des origines indo-européennes. Pourtant c'est, croyons-nous,
le premier livre de vulgarisation où soit utilisé le tokharien (v.
notamment p. 10, p. 76, p. iéo) ; et ce détail suffit à montrer
jusqu'à quel point M. Schrader tient son information au cou-
rant.
Toutefois, ce n'est pas dans la nouveauté du fond que réside le
mérite de ce petit livre ; c'est dans la clarté et l'élégance de la
forme. La lecture en est fort agréable. L'auteur sait rendre aisés
les développements les plus techniques. Il connaît l'art de piquer
et de soutenir l'attention par des remarques, des anecdotes, des
citations appropriées. Bien qu'il ait destiné son livre à des lecteurs
allemands et qu'il donne par suite à la civilisation germanique une
Rei ut Celtique, XXXIII. S
114 Bibliographie.
importance prépondérante dans ses comparaisons, il peut intéresser
un étranger ; il a fait aux choses slaves une assez large place, et
même çà et là recourt au témoignage du celtique. Sans doute un
celtiste pourrait lui reprocher quelques lacunes ; il ne dit rien par
exemple du calendrier de Coligny dans le chapitre du temps, où
le celtique n'est pas utilisé autant qu'il conviendrait. En revanche,
il faut savoir gré à l'auteur d'abandonner définitivement (p. 90)
pour le mot cétmuinter « épouse légitime » l'étymologie singulière
à laquelle quelques celtistes, à la suite de Zimmer, restent obstiné-
ment attachés (v. d'Arbois de Jubainville, Rev. Celt., XXI, 109).
Les douze chapitres du livre sont respectivement intitulés : I,
Das indogermanische Urvolk und die indogermanischen Einzelvôl-
ker ; II. Die Erschliessung der indogermanischen Kulturzustànde
III. Die Wirtschaftsform ; IV. Siedelung; V. Der Rauschtrank
VI. Handel und Gewerbe ; VII. Zeitteilung ; VIII. Die Familie
IX. Stamm und Volk ; X. Blutrache ; XI. Die Religion ; XII. Die
Frage derUrheimat/Ce sont douze études détachées, indépendantes,
quelques-unes plus poussées que d'autres ; le chapitre de la famille
par exemple est de beaucoup le plus riche de faits. Mais toutes sont
d'excellentes mises au point dequestions délicates, qui ressortissent
à diverses disciplines et exigeaient à la fois la compétence d'un his-
torien, d'un archéologue et d'un linguiste. Sur certains points
la linguistique de M. Schrader prête bien à quelques critiques ;
elle manque parfois de fermeté dans la doctrine et de précision dans
les laits. Mais quel autre archéologue pouvait à moins de risques
entreprendre la même tâche et se diriger plus sûrement dans le
dédale de l'indo-européen ? C'est le mérite de M. Schrader de con-
naître la linguistique comme pas un archéologue, et l'archéologie
aussi comme pas un linguiste.
J. Vendryes.
V
Martin Gemoll. Die Indogermanen in allen Orient, Mythologisch-
historische Funde und Fragen. Leipzig, Hmrich, 191 1, viij-124
p. 8°. 3 M. 60.
M. Martin Gemoll est un hébraïsant. Nous ignorons quelle opi-
nion peuvent avoir de lui ses confrères en philologie sémitique.
A en juger par cet ouvrage, il est à craindre qu'il n'obtienne pas
grand crédit auprès des indogermanistes.
La thèse qu'il défend offre à tout le moins le mérite de l'imprévu
Bibliographie. 1 1 5
et de l'originalité. Il est convaincu que la mythologie hébraïque
est d'origine étrangère ; que les Israélites ont reçu leur religion
d'un peuple conquérant installé dans la terre de Chanaan, et que
ce peuple était de race indo-européenne.
Pour lui, Abraham et Aharon sont des personnifications d'Ahura-
[Mazda] ; et il identifie Jahvê avec Yama. Ces premiers rapproche-
ments une fois établis, il n'y a plus qu'à en chercher d'autres, qui
les fortifient et qui les complètent. Et c'est alors que les Celtes
entrent en scène. La forme sous laquelle la mythologie indo-euro-
péenne a pénétré chez les Hébreux est en effet, suivant M. Gemoll,
celle de la mythologie celtique, et particulièrement britto-
nique.
Le roi Arthur est tout simplement le prototype à la fois d'Ahura,
d'Abraham et d'Aharon ; et la famille d'Arthur est à peu de chose
près celle que l'ancien testament donne à -Abraham. Les mêmes
noms s'y retrouvent : Lot, Urien, Arawn.
La comparaison se poursuit ainsi pendant plus de cent pages, et
la conclusion en est exprimée chemin faisant, comme un refrain,
avec une conviction touchante. Il paraît à l'auteur évident, frap-
pant, indubitable, incontestable, que la Palestine a été habitée par
les Celtes ; Galaad d'ailleurs a conservé le nom des Galates, et les
Amorites ont le même nom que les Armoricains. Les Celtes ont
laissé des traces chez tous les peuples d'Asie Mineure : Eremon
équivaut à Aryaman, et Erin à Iran. Les Chaldéens aussi sont des
Celtes, car Kaldu (ou Kardu- ou Kardunias) c'est le pays des Celtes,
le même nom que Celyddon, la Calédonie. Medrawd le neveu
d'Arthur n'est autre chose que [le Mithra des Iraniens et Gwalch-
mei, c'est Gilgames ; etc., etc.
Nous pensons en avoir dit assez pour édifier nos lecteurs sur la
valeur du travail.
J. Yendryes.
VI
Dr. Hôfler. Volkstnedi%inische Botanik der Kelten.
M. le Dr Hôfler, dont nous avons signalé précédemment une étude
sur l'usage des bains chez les Gaulois (v. Revue Celtique, t. XXXII,
p. 368) vient de publier une nouvelle étude qui n'est pas moins
instructive . Elle est intitulée Volksmediiiuische Botanik der Kelten et
a paru dans YArchiv fur Geschichte der Medrjn publié à Leipzig
sous la direction de M. Karl Sudhoff chez l'éditeur J.-A. Barth
né Bibliographie.
(t. V, pp. 1-55 et 241-279). Elle contient une énumération des
plantes utilisées par les Celtes avec l'indication de l'usage qu'ils en
faisaient. Les listes de M. Hôfler reposent avant tout sur le témoi-
gnage des auteurs anciens, qui nous ont transmis, avec quelques
noms celtiques de plantes, de nombreux renseignements sur les
vertus médicinales que la croyance populaire leur attribuait.
M. Hôfler a tiré parti aussi du vocabulaire des dialectes celtiques
modernes et a fait appel à Pétymologie pour reconstituer la forme
ancienne des mots employés aujourd'hui par ces dialectes. Il ne
fait guère que reproduire la doctrine des principaux maîtres de la
philologie celtique ; mais son érudition est abondante et généra-
lement de bon aloi. Son répertoire de botanique médicale celtique
sera utile ; il le serait plus encore s'il était accompagné d'un index
alphabétique des noms de toutes les plantes mentionnées.
L'ouvrage fait une large place aux superstitions populaires, au
folk-lore. Toutefois le folk-lore des Celtes insulaires (Irlandais ou
Gallois) n'y apparaît pour ainsi dire pas. C'est à la flore populaire
française, telle que l'ont constituée les travaux d'Alfred Maury,
d'Eugène Rolland, de M. Paul Sébillot, que M. Hôfler emprunte
ses exemples. Mais il a le tort de substituer trop souvent « cel-
tique » à « français » (p. 25 : « im keltischen département
Vienne » !) : il faut se garder d'attribuer aux Celtes toutes les
superstitions populaires de la France. Pour établir et préciser les
croyances celtiques relatives aux plantes, il rappelle aussi celles
qui sont aujourd'hui encore en vigueur dans le sud de l'Allemagne,
notamment en Bavière. En faisant ainsi porter son étude sur la
France et l'Allemagne, à l'exclusion de la Grande-Bretagne et de
l'Irlande, M. Hôfler nous paraît déplacer un peu trop l'axe du
monde celtique.
Au point de vue linguistique, il y aurait aussi quelques critiques
à lui adresser. Bien qu'il ait eu parfois recours à la compétence de
M. J. Pokorny, et qu'il se soit en général documenté avec soin,
on sent qu'il n'est en linguistique celtique qu'un novice et un
amateur. Ses restitutions de mots celtiques sont le plus souvent
empruntées à YUrhcltischer Sprachschat\ de Whitley Stokes, qu'il
cite p. 7 sous une forme bien singulière (iounkos « jung » Bezzen-
berger, 224) ; mais ce livre, d'ailleurs indispensable, ne doit être
utilisé qu'avec une certaine critique. Et il convient d'avoir plus de
prudence encore en citant Roget de Belloguet ou Bacmeister, qui
sont des autorités un peu surannées aujourd'hui. P. 2, M. Hôfler
semble croire que le breton armoricain est un reste du gaulois.
P. 259, sa traduction du nom des Matres Udra-vari-nehae paraît
Bibliographie. 117
purement fantaisiste. P. 276, il rapproche les mots grecs ïncvoç et
«orna (sic) ! Ses références manquent parfois d'exactitude : p.
247. la traduction française attribuée à Whitley Stokes est en
réalité du Dr Ricochon (v. Rev. Celt., XXIII, 107) et p. 16,
la phrase latine donnée comme de Lucain appartient simplement,
comme nous l'apprend le Sprachschat^ de M. Holder (t. I, col.
1326), à un commentateur. Quant au mot àriadac, cité à ce même
endroit, c'est un mot masculin, comme le gallo-latin druidae,
et par suite la question des druidesses pouvait être laissée de
côté.
M. le Dr Hôfier nous jugera peut-être trop sévère ; il aurait
bien plus sujet d'exercer contre nous sa sévérité, si nous écrivions
médecine ou botanique.
1 . Yendryes
VII
E. Ernault. V ancien vers breton, Paris, Champion, 1912, 79 p. 8°
2 fr. 50.
Notre collaborateur M. Em. Ernault avait déjà étudié l'ancienne
versification bretonne dans la préface à sa réédition du Mirouer
de la Mort (Rev. Celt., XXXI, p. 71-91), où l'on trouvera mention-
nés les plus importants travaux antérieurs sur la question.
Dans la brochure annoncée ici, il reprend le même sujet, mais
en se bornant à l'exposé des faits principaux, sous une forme
simple et commode. L'exposé comprend quatre parties : i° Elé-
ments du vers breton : mesure, césure, rime (finale et intérieure) ;
20 séparation des vers : 30 vers sans césure fixe ; 40 vers à césure
fixe. L'exposé est illustré de nombreux exemples empruntés au
Grand mystère de Jésus (éd. la Villemarqué, Paris, 1866), au Mystère
de sainte Barbe (éd. Ernault, Nantes, 1887), aux Heures (éd. Wh.
Stokes, Middle Breton Honrs, Calcutta, 1876), aux Cantiques du
Doctrinal (éd. Ernault, Arch. f. Celt. Lexic., I, 213, 360 et 556),
surtout aux anciens Noels édités dans la Revue Celtique, tomes X à
XIII.
Toutefois ces exemples ne suffisaient pas à montrer l'opposition de
la versification ancienne et de la versification moderne. Pour rendre
le contraste saisissant, il fallait présenter un même poème sous les
les deux formes. Grave difficulté qui n'était pas pour arrêter notre col-
laborateur. Il n'a eu qu'a se dédoubler. En lui, le philologue a fait
appel au poète, et Barz ar Gouet a répondu à l'appel d'Emile Ernault ;
1 1 S Bibliographie.
c'est de leur collaboration qu'est sortie la seconde partie du volume.
Le lecteur v goûtera d'abord la Chanson des Chênes de M. A. Le Braz
dans une triple traduction, en breton ancien et en breton moderne,
de Léon et de Vannes ; ensuite YElegy wriiten in a country church-
yard de Thomas Grev, traduite également en breton ancien et en
breton moderne ; enfin, pour terminer le volume, une pièce de
facture et d'inspiration personnelle, en breton moderne, sur la
mort de Marc'harit Phulup, la vieille chanteuse de Pluzunet.
J. Yexdryes.
Y1II
Kuno Meyer. Haiî Brigit, an Old-Irish poem on the hill of Alenn.
Halle, Niemeycr et Dublin, Hodges, Figgis and C°, 1912, 24 p.
Cette jolie plaquette est un cadeau de Noël, offert par l'auteur à
M. et Mme Best, en souvenir de son séjour à Dublin, et notam-
ment d'une excursion qu'il fit en leur compagnie à Knockawlin,
anciennement Cnoc Ailinne, « la Colline d'Alenn ».
Le choix du sujet double le prix de l'hommage. Le poème vieil-
irlandais publié et traduit ici pour la première fois se rapporte en
effet à la colline d'Alenn. Sur cette colline s'élevait une forteresse
qui, après plusieurs siècles de splendeur, fut détruite au cours du
vmc siècle et ne se releva pas de ses ruines :
Borg Ailinne ùallach
dtbath lia slôg inbâgach
« L'orgueilleuse forteresse d'Alenn
a péri avec ses guerriers »
lit-on dans le Félire d'Oengus, Prologue, v. 189.
L'auteur inconnu du poème a tiré un fort beau parti du contraste
entre la désolation d'Alenn, l'ancienne citadelle du paganisme
irlandais, et la prospérité de sa voisine, Kildarej brillant foyer de
christianisme. Il oppose le succès éphémère des rois d'Alenn, dont
la puissance s'est évanouie, à la gloire toujours triomphante de
Brigitte, patronne de Kildare : slân seiss a Brigit eo mbi'taidl La
gloire de Brigitte, c'est tout le sujet du poème.
M. Kuno Meyer a fait précéder le texte d'une introduction, où
il discute les données historiques et géographiques du poème. Sur
le nom d'Alenn, sur la personne des princes qui s'y rattachent, sur
les batailles qui s'y livrèrent, il donne, suivant son habitude,
maint détail exact et précis, qu'il emprunte à des sources générale-
ment inédites.
Bibliographie. 119
Il n'y a du poème qu'un seul manuscrit, le Book of Leinster
(p. 49 b), lequel est du milieu du xnc siècle. Mais le texte porte
la marque d'une composition bien antérieure à cette date. M. Kuno
Me ver l'attribue à la période du vieil-irlandais, et probablement au
début du ixc siècle. La langue conserve en effet plusieurs formes
anciennes, qui sont énumérées p. 10 et suiv. ; quelques autres, un
peu plus modernes, indiquent en tout cas sûrement le ixc siècle.
Le texte est accompagné d'une traduction anglaise et suivi de
notes explicatives, surtout lexicographiques et grammaticales, qui
aident à interpréter les passages difficiles ; il y en a quelques-uns.
On notera trois passages, dans lesquels le substantif est précédé
de son régime : lir co bor (str. 1), lir co trâig (str. 16), rein eu hor
(str. 18); et aussi un passage où la préposition est placée entre le
substantif et l'épithète : fein co ngairg (str. 13). Il y a un exemple
de la construction ro chatbu clôi « qui a livré des combats » (str.
21), que l'on doit comparer à cia ro chatbu clôi « though he won
battles », dans la Tripartite Life, p. 214, 7 ([ro catha clôi dans le
ms. Rawlinson B 512). A signaler encore l'emploi de fin « digne
de » avec un régime à l'accusatif (str. 14; cf. p. 20-21), un
exemple du datif d'accompagnement (buidnib slùaig, str. i)et deux
du tour môu epert (str. 2), mô fosenad (str. 7). Le mot tundsem
« fait de fouler aux pieds » (str. 5), infinitif de *to-nessaim, est donné
p. 20 comme masculin, à cause sans doute de la forme d'accusatif
singulier tundsem. Mais les infinitifs en -em, quand ils ne sont pas
thèmes en -//-, sont toujours féminins (voir Thurneysen Hdb., I,
p. 414): airegem « plainte » g. œreigme Ml. 90 c 12; caithem «con-
sommation » dat. cathim L. U. 52 a 17: dinsem « mépris », dat.
dinsim Hib. Min. 327; egem « cri » ace. pi. eigmea Ml. 113 b 7;
fetbem« attente » ace. sg. fethim Fél. Ep. 266 ; indithem « attention »
g. iiidithmeMl. 85 d 1 ; etc. Toutefois on lit au datif sg. tnoidem
Wb. 14 d 37 et accaldam \Vb. 3 c 4 ; tundsem est sans doute une
exception du même genre.
J. Yendryes.
IX
\V. Lewis Joxes. King Arthur in Historx and Legend. Cambridge
University Press, 191 1, 145 pp.
The above volume, written bv Professor Lewis Jones of the
University Collège of North Wales, Bangor, forms one of a séries
iao Bibliographie.
pi manuals ol science and Uterature published by the Cambridge
University Press. It has been very rightly said of this séries, « For
those who hâve neither the time nor the preliminary training to
study great subjects on a grand scale thèse excellent handbooks
seem specially designed ». This is particularlv true of the présent
volume, as itssuccess will prove : published last vear it has already
reached a second édition, although the first was of 5.000. In a
private communication Prof. Jones states that it is a popular manual
rather than a work for « the elect » ; no one however, learned
though he be, will regret the time given to reading it. Prof. Jones
has been able to give in a hundred pages or so a very concise
account of king Arthur as he appears in history and legend from
the earliest times up to the présent day.
The first of the five chapters of which the book is composed
deals with the earliest Arthurian records. According to Prof. Jones
little historical significance is to be gathered from the form oi
Arthur's name which in the Latin chronicles appears as Ariurus,
probablv of Roman origin derived from the form Artorius, a name
common in Rome. Prof. Jones is not inclined to agrée with Sir
John Rhys who suggests that it was a Celtic name given in the
first instance to a god Arthur. The oldest historical document in
which Arthur is mentioned by name is the famous Historia Britîo-
num ascribed to Nennius who lived about 800 A. D. He speaks of
Arthur's military exploits and says he fought with the kings as a
kind of commander in chief, sed ipse dux erat bellorum, a military
office as suggested by Rhys similar to one of those established in
the island during the later years of the Roman administration
and corresponding to that of the Welsh gwledig. It is noticeable
that in Welsh literature Arthur is always known as the Emperor,
never king, this was probably the title given to the highest officer
in the island after the departure of the Romans.
The twelve battles mentioned by Nennius as having been fought
and won by Arthur are also found in the De Excidio et Conqueslu
Britanniae compiled by Gildas, but Arthur's name does not occur.
Prof. Jones suggests that this is due to the fact that Gildas' work is
not so much a history as a homily. In the mirabilia attached to
Nennius' Hisiorv Arthur is pre-eminently the warrior and the
marvels show that his name was connected with the topogra-
phy of Wales even in the vmth century : they are also valuable
as affording the Connecting link between the earliest Latin docu-
ments in which Arthur's name is found and one of the very oldest
of the Welsh Arthurian taies, Kulhwch and Ohuen.
Bibliographie. 1 21
Strangelv enough Arthur's name does not occur again in the
Pre-Norman chronicle literature. Bede makes no mention of him,
n'or is his name found in the Saxon Chronicle. But if history has
little to say of Arthur, this is not true of the romance literature of
the xuth and xmth centuries. As Prof. Jones says, the contrast is
so startling as to suggest at once that the coming of the Normans
to Britain had much to do with what may be called the aggrandi-
sation of Arthur. Among those who contributed to this aggrandisa-
tion the first place must be given to Geoffrey of Monmouth although
ail the évidence seems to point to the period extending from the
xth to the xuth centuries as that of the popular growth of an
Arthurian legend on a large scale among the « Celtic fringe ». By
the beginning of the xuth century Arthurian stories were circula-
ting freely in Brittany, Cornwall and Wales. Others who wrote of
Arthur were William of Malmesbury, in his History of the kitigs of
England, the first version of which was completed in 1 125, and
Henry of Huntingdon in a letter addressed to a friend named
Warinus.
The second chapter of the book is devoted to « Arthur in Welsh
Legend and Literature » [and Prof. Jones concludes that there is
enough in old Welsh poems and prose stories to indicate that a
legend of Arthur existed in Wales from a very early period, long
before Geoffrev of Monmouth. He takes his évidence from Welsh
poetry, the Black Book of Carmarthen, the Book of Aneirin, etc.,
from Welsh prose romances such as Kulhwch and Olwen, and
from the Triads.
In the third chapter devoted almost entirely to Geoffrey of
Monmouth, the remainder being given to the chroniclers who fol-
lowed Geoffrey, Prof. Jones shows that his great book, Historia
Regiiui Britanniae, isto be taken as a romance rather thanas authen-
tic historv, not that it is sugaested that he invented ail or even the
greater part of his matter, he did as others had done before him,
he borrowed largely from his predecessors, Nennius, Bede and
others, though, of course, a great deal is due to his own imagina-
tion. The popularity of Geoffrey 's historv was so great that not
only was it copied abundantly (there exist at présent 5 1 manu-
script copies), but it was also translated. Geoffrey Gaimar was the
first to translate it into Anglo-Norman verse, and he was soon
followed by Wace in 115 5. In the next century Layamon wrote his
English Brut in which he made many interesting additions to
Geoffrev and Wace's narrative.
In the fourth chapter entitled « Romance » Prof. Jones speaks
122 Bibliographie.
ofthe nietrical chronicles of Wace, of the romances in verse ofthe
great poet Chrétien de Troves, and ofthe prose romances of those
who followed him, among the most renowned being Walter Map
and Malorv. It was Malory's work, Morte Darthur, which gave
new life to the Arthurian legends and to him is due the fascination
which Arthurian stories hâve had for so many modem English
poets, Spenser in the Faerie Queenc, William \\rarner's Albion's
England, Dravton's Polyolbion, and last but by no means least Ten-
nvson's Idylls of the King.
Time and space do not permit of an exhaustive survey ot the
last chapters but it is hoped that enough lias been said to make
everyone interested in Arthurian literature wish to read this volume.
It should certainly be the first book read by those who intend
ta king up the study of the Arthurian legend.
Marv Williams.
X
D. J. Saer, The Slory of Cardiganshire, YVelsh County Séries, The
Educational Publishing Company, CardifF, 191 1.
This little book as Mr Saer himself savs in the préface has been
written for the children of Cardiganshire withthe object of making
them acquainted with the story of their beautiful and historié
countv. It has already been adopted by the Cardiganshire Education
Committee for use in the schools under its control : this is not
surprising seeing that evervthing which is to be told of Cardigan-
shire is found in this volume as a perusal of the Contents will
show. They include chapters on Situation and Climate, Extent and
Elévation, the River Teifi, The River Valleys, the Sea Coast, the
Story of the Roads and Railways, of the Fairy Taies of Cardigan-
shire, Dewi Sant, the Story of the People, the Caer, War, the
Homes, Farming, Lead Mines, Schools, Collèges, Ancient Games,
of Dafydd ab Gwilym, the great poet, the Dante of Wales, of the
Abbey of Strata Florida, of the Towns, Villages and Hamlets, and ot
the Notable Cardiganshire Men. One willalso find a Bibliography,
a list of important dates and a glossary of Welsh words occurring
in the place names, very helpful to those unacquainted with the
Welsh language.
The whole storv has been written in simple language suitable
for children of ail âges, but in language so interesting that everyone
will read it with pleasure. To add to the value of the book, in
Bibliographie. 123
addition to a map of Cardiganshire,'it has been profusely illustra-
ted with skctches, reproductions of photographs, etc., of ail that
is most interestingin the County.
Mary Williams.
XI
George Coffey. New Grange (Brugh na Bottine > and other incised
tumuli in lreland. The influence of Celt and the Aegean in the
extrême West of Europe in earlx tintes. Dublin. Hodges, Higgis
and C°. London, Williams and Xorgate. 1912.
Il v a deux parties dans ce travail : l'une descriptive qui mérite
tous les éloges et telle qu'on devait l'attendre du célèbre archéo-
logue irlandais ; l'autre, hypothétique, soulevant des questions de
la plus haute importance, maintes fois agitées et diversement réso-
lues.
Le groupe de beaucoup le plus important des tumuli préhisto-
riques d'Irlande est celui qui a été désigné du nom du plus considé-
rable d'entre eux, celui de New Grange. Il y a là un véritable
cimetière. Il est situé à cinq milles à l'ouest de Drogheda et ses
ruines s'étendent sur environ trois milles le long de la rive nord de
la Bovne vers Slane.
Les trois tumuli les plus intéressants sont ceux de Dowth, New
Grange et Knowth, en vue l'un de l'autre, séparés par un mille de
distance. Celui de New Grange est le plus connu et le plus consi-
dérable. Une carte, qui est une réduction de celle de six pouces à
un mille de l'Ordnance Survey, montre la situation des tumuli
existant, des pierres debout et des raths2 de ce groupe. Ce cimetière
a été identifié avec le Brugh na Bobine des mss., plus particulière-
ment du Senchas na Relec, ou Histoire des cimetières, conservé dans le
Leabhar na h-Uidbri, et du Dindshenchus du Livre de Ballvmote.
1. Brugh a pris le sens de demeure, palais ; il a eu aussi le sens plus large
de région, district: cf. vieil-irl. mruig, bruig, gallois et bret. bro. Macbain,
dans son Gaelic Dict., lui attribue aussi le sens de tumuhts, sens évidem-
ment venu de ce que certains tumuli portent ce nom. Brugh na Boinne,
le tumulus (demeure) de la Boy ne.
2. Le sens ancien de râth a été celui de fort circulaire en terre, demeure
seigneuriale entourée d'un rempart en terre. C'est l'équivalent de lios (less,
liss). Riith est commun dans l'est de l'Irlande, lios dans l'ouest (et. gallois
Llys, breton Les).
124 Bibliographie.
Ces trois tiimuli sont décrits avec une grande précision par
M. Coffey. Celui de New Grange est un énorme tumulus enceint
d'un cercle de pierres placées de champ (pierres de S à 10 pieds de
long) se touchant (même disposition à Dowth et Loughcrew Hills).
Ce tumulus est circulaire et couvre une aire d'un acre et même
deux, si on prend toute la superficie inscrite dans le cercle de
pierre.
Le plus grand diamètre est de 280 pieds. Sa hauteur actuelle est
de 44 pieds '. L'intérieur du tumulus se compose d'une allée cou-
verte de éo pieds de long, composée de pierres placées de champ
de 5 à 8 pieds de haut, recouverte de larges pierres plates, et d'une
grande chambre présentant la forme d'un hexagone irrégulier.
Elle s'élève en forme de dôme : c'est ce qu'on appelle souvent une
fausse voûté ; le dôme est formé de pierres en encorbellement, pla-
cées horizontalement et avançant l'une sur l'autre graduellement,
si bien qu'au sommet l'ouverture est fermée par une simple pierre.
La chambre a 19 pieds 6 pouces de long; 18 pieds depuis la fin du
passage jusqu'à la paroi nord et 21 de l'est à l'ouest. Autour des
parois, il y a des pierres dressées qui par endroit supportent la
voûte, mais la construction du dôme en est en réalité indépendante :
c'est le contraire à Dowth. L'allée couverte n'a guère que
3 pieds de large en moyenne ; à 14 pieds de l'entrée, les pierres
de côté se rapprochent jusqu'à se toucher par le sommet, de façon
qu'on est obligé de ramper sur une étendue de 6 pieds. A par-
tir de ce point, le passage ne présente pas de difficulté : à l'en-
trée, il a 4 pieds 9 pouces de haut ; ensuite, il s'élève graduellement
jusqu'à 9 pieds sur une distance de 26 pieds. Des plans et photogra-
phies accompagnent la description.
Ce monument a été fouillé évidemment dès l'antiquité. L'entrée
n'en est pas cachée ; elle est clairement indiquée par la direction
des pierres du cercle vers l'intérieur.
Les tiimuli étaient groupés en cimetières, ce qui est, suivant la
juste remarque de l'auteur, l'indice d'une société plus ou moins
régulièrement organisée. 11 semble qu'ils aient été respectés jusqu'à
l'arrivée des Danois, qui, comme on le sait, ont été les plus redou-
tables des archéologues : ils ont fouillé svstématiquement les tombes
de l'Irlande pour y trouver des objets précieux. 11 n'est que juste
de dire qu'ils n'ont pas été seuls à se livrer à cet utile passe-temps.
Il v a un curieux souvenir de ces fouilles à la fin du Mabinoçi de
1. Le tumulus de Tumiac en Arzon (Morbihan) est élevé de 20 mètres
au-dessus du sol.
Bibliographie. 12$
Branwen, tille de Llvr. Après l'expédition de Bran, il ne restait
plus en Irlande que cinq femmes enceintes. Arrivés à l'âge d'homme,
les cinq fils dont elles accouchent prennent pour femmes chacun la
mère de l'autre. Ils peuplent l'Irlande et se la partagent, d'où les
cinq parties de l'Irlande. Ils se mirent ensuite à inspecter le pays,
là où il v avait eu des batailles, et ils y trouvèrent de l'or et de
l'argent, si bien qu'ils devinrent riches. Les Gallois semblent
avoir eu d'ailleurs les mêmes goûts que les Danois. Dans le poème
des tombes, dans le Livre Noir de Carmarthen, on trouve ce vers à
propos de la tombe de Tavlogeu fils de Lludd :
aeclathei caffei but
« qui les creuserait trouverait butin. »
M. Coffey s'est reporté judicieusement, le monument ayant beau-
coup souffert, aux descriptions qui en ont été faites précédemment.
Là première se trouve dans une lettre du célèbre Edward Llwyd
(lettre de 1699), alors conservateur de l'Ashmolean Muséum, à
Oxford. Il signale notamment sur le sommet du tumulus un
menhir qui a disparu. Un chapitre fort intéressant est consacré aux
traditions écrites de l'ancienne Irlande qui associent le grand tumu-
lus de New Grange à Bntgh na Boimie. La partie qui traite des
cimetières dans le Leabhar na h-Uidhri (fin du xie ou commence-
ment du xne siècle) est particulièrement intéressante ; on y lit que
les nobles des Tuai ha Dé Danann avaient l'habitude d'inhumer à
Brugh.
La description des autres tumitli ainsi que des cairns de Lough-
erew Hill, Knockmany et Seskilgreen (Tyrone), Clover Hill (Sligo)
est tout aussi précise. L'auteur les a minut ieusement étudiés
tous.
Ce qu'il y a de plus caractéristique et de plus important dans ces
tumuli, surtout dans celui de New Grange, ce sont les signes gra-
vés sur les pierres de ces monuments. A New Grange, on en trouve :
dans la chambre, sur des pierres des parois, sur des pierres de
voûtes (East recess), sur des pierres de l'allée couverte, de l'entrée.
Il v en a même deux du cercle extérieur qui sont gravées.
De nombrenses photographies permettent d'étudier les signes
gravés. Ces signes gravés consistent en losanges, chevrons, feuilles
de fougères, triangles, cupules, cercles, demi-cercles concentriques, spi-
rales simples ou doubles. A Dowth, on remarque en outre des soleils
(cercles avec rayons à l'extérieur du cercle, il y en a avec un autre
cercle extérieur), des cercles concentriques, des roues, des signes res-
semblant à ceux de Scandinavie qui représentent des bateaux, etc.
1 26 Bibliographie.
Ce qu'il v a de plus caractéristique, ce sont les spirales. Arthur
Evans était d'avis que la spirale était venue de la région Egéenne
en Irlande par l'Espagne, la France et l'Angleterre. Les gravures
de New Grange offrent les plus frappantes analogies avec celles de
Gavrinis dans le Morbihan1. M. Coffey croit que la spirale, qu'il
fait venir aussi de la Crète et des Iles Egéennes, a pris la voie de
terre (Butmir en Bosnie, Lengyel en Hongrie marquent des étapes
importantes), suivi les grands fleuves, la Moldau et l'Elbe, atteint la
Baltique. Elle serait passé de là en Scandinavie, d'où elle serait
venue en Ecosse et de là en Irlande. D'après la carte montrant la
distribution des spirales dans les Iles Britanniques (p. 113), les spi-
rales gravées ne se montrent pas dans le sud de l'Angleterre. On en
trouve un exemplaire dans le nord du Pavs de Galles, près de
Liverpool, dans le nord de l'Angleterre, quelques-unes en Ecosse.
En Irlande, on ne les trouve que sur la côte nord-est : deux sont
indiquées sur la côte nord-ouest. Dans l'état actuel de nos connais-
sances archéologiques, il est certain qu'il est difficile de faire venir
la spirale de l'Armorique en Irlande, d'autant plus que, même à
Gavrinis, il n'y a guère que trois spirales proprement dites. On y
trouve de fausses spirales, des cercles et demi-cercles concentriques,
lismes ondulées, losanges, etc. M. Déchelette a fait à la théorie de
M. Coffey une objection des plus sérieuses2. Si la spirale en Irlande
vient de Scandinavie, comme elle apparaît dans ce pays pendant le
deuxième âge du bronze Scandinave, il faudrait admettre que New
Grange et Gavrinis appartiennent à la même époque, ce qui est
impossible. New Grange parait bien appartenir à la première
époque du métal, à ce qui est en Europe occidentale, la période de
transition du néolithique au bronze : le marteau perforé en pierre
de Seskilgreen (p. 109) appartient à cette période. Les ossements
incinérés de New Grange, la forme de la voûte indiquent égale-
ment la première époque du métal. Mais Gavrinis, qui ne peut être
séparé de New Grange >, est de la fin du néolithique. Il ne peut y
avoir de doute à ce sujet, et M. Coffey eût été de cet avis s'il avait
étudié les poteries provenant de dolmens et allées couvertes du
Morbihan dans l'ouvrage de M. du Chàtelier (La poterie à l'époque
préhistorique et gauloise en Armorique). On trouve sur ces poteries
1 . Pour d'autres comparaisons avec d'autres tumuli de Bretagne, notam-
ment Locmariaquer, v. p. 30, p. 59.
2. Déchelette, Manuel I, p. 615, 616.
3. Il n'y a pas que les spirales à considérer. Les autres signes sont éga-
lement d'une frappante identité.
Bibliographie. 127
non seulement des chevrons et losanges, ce qui est commun, mais
des cercles, des demi-cercles, des lignes ondulées, identiques aux
dessins de Gavrinis. Je signalerai surtout les poteries provenant
du dolmen de Mané-Hui, à Kerléarec en Carnac ; du dolmen de
Mané-Ronguellec, en Plouharnel ; de Conguel en Quiberon ; de
Beg-er-Lann en Plœmeur; de Lami-Blaen en Guidel ; d'un dol-
men ruiné de Baden '. A signaler aussi les dessins d'une plaque de
schiste ardoisier dans le dolmen de Kervadel en Plobannalec (Finis-
tère).
Il est donc, en tout cas, parfaitement sûr que la spirale n'est
venue en Armorique, ni de la Scandinavie, ni de l'Irlande. Pour
l'Irlande, ce serait le contraire qui serait probable. D'un autre côté,
les étapes pour faire venir la spirale de la mer Egée en Armorique
manquent absolument. Il n'est donc pas impossible que les trois spi-
rales de Gavrinis soient dues à un développement indigène. D'après
Montelius et Coffey, là où on trouve à la fois cercles concen-
triques et spirales, ces dernières sont des dégénérescences des pre-
miers (Déchelette, Manuel, I, p. 616). J'incline d'autant plus à
croire à une création isolée de la spirale à Gavrinis, qu'on la trouve
à une époque où assurément on ne peut songer à les faire venir
de Crète, à V époque paléolithique : il y a des spirales gravées sur
ivoire par des chasseurs de renne, trouvées dans les grottes d'Arudy
et de Lourdes (Déchelette, Manuel, p. 613).
On fait venir aussi généralement la fausse voûte de la région
égéenne. On a comparé New Grange au fameux tumulus de
Mvcène, connu sous le nom de Trésor d'Atrée. Quoi qu'il en soit
de la question d'origine, nous avons, en tout cas, en Armorique,
des tumulik fausse voûte qui sont de la fin du néolithique, comme
par exemple, celui de Crubelz2. Il a livré des pointes de flèche à
ailerons et pédoncules caractéristiques de cette période.
De plus, il y a des dolmens, dans la région, appartenant à la
pleine époque néolithique, qui montrent les débuts de la fausse
voûte.
J. Loth.
XII
Dânta Aodhagâin Ui Rathaille, The poems of Egan O'Rahilly, with
introduction, translation, notes and indexes together with ori-
1. Planche 7, f. 12, 13, 14; pi. 6, fig. 2, 4„ 5, 6, 7; pi. 5, fig. 6, 7,
8, etc.
2. Société pol. du Morbihan, 1864, p. 6.
128 Bibliographie.
ginal illustrative documents, edited by Rev. Patrick S. Dinneen
and Tadhg O'Donoghue, second édition revised and enlarged.
London, 191 1 (Irish texts Society vol. III) in-8° Lxn-360 p.
Cette édition diffère de la première édition (1900) en ce que les
poèmes d'écrivains contemporains ont été remplacés par une com-
position satirique en prose d'Egan O'Rahilly intitulée Eachtra Thaidhg
Dbuibh Ui Chrôininet divers poèmes du même auteur, que quelques
pièces apocryphes ont fait place à des pièces authentiques et que
de nombreux documents d'archives, qui éclairent à la fois l'œuvre
du poète et l'histoire de son temps, ont été ajoutés en appendice.
Le glossaire qui terminait la première édition a été supprimé ; mais
la seconde édition comporte trois index : un index des premiers
vers, un index des noms de lieux et un index des noms de per-
sonnes.
O'Rahilly, né vers 1670 et mort après 1726, vécutau temps des
confiscations et des ventes des terres possédées par les catholiques ;
il vit vendre le domaine de Kenmare, ruiner les habitants des dis-
tricts de O'Keeffe et de O'Callaghan et conçut contre les auteurs
ou les agents de ces exactions une haine violente qu'il exprima dans
une langue vigoureuse. Il poursuit particulièrement de ses invec-
tives les Irlandais qui, pour s'enrichir, passèrent au parti des
vainqueurs. La vie d'O'Rahilly fut difficile, à une époque où les
anciens nobles d'Irlande, hospitaliers et généreux pour les ollanib,
étaient remplacés par des hommes nouveaux qui ne s'intéressaient
guère à la littérature nationale. Ses dernières années semblent
s'être écoulées dans la misère et l'abandon.
Ses œuvres sont variées de sujet et de ton. Instruit dans les écoles
irlandaises du genre de celle qui pouvait encore subsister alors sous
la protection du château de Killala et des O'Donoghue, pénétré des
anciennes traditions de sa race, connaissant les généalogies aussi
bien que les légendes merveilleuses du haut moyen-âge irlandais,
suffisamment versé dans les lettres classiques et possédant quelque
connaissance de l'anglais, O'Rahilly nous apparaît comme Yolhuuh
le plus instruit de son temps. La plupart de ses pièces sont des
élégies, marbhna, sur la mort de personnes de distinction. Ce genre
cultivé surtout aux xvie et xvne siècles, mais dont un exemple est
déjà cité dans le Glossaire de Corniac au mot gamh, n'avait pas
tardé à devenir quelque peu artificiel. Une élégie comporte un cer-
tain nombre de thèmes banals que le talent du poète ne suffit pas
toujours à renouveler : les héros de l'épopée irlandaise sont représen-
tés comme des parents du défunt ; les dieux de l'Olympe païen inter-
Bibliographie. 129
viennent comme des fées bienfaisantes à sa naissance pour le parer de
tous les dons de l'esprit et du cœur ; plus originale est l'intervention
des mnà sidhe (banshees) qui se lamentent à la mort des membres
des anciennes familles milésiennes et dont les palais sont d'ordi-
naire situés sur les côtes, au milieu de rochers dont les cavernes
font entendre dans les tempêtes des mugissements funèbres . Le
poète rappelle encore les amis et la famille du mort, le deuil de la
maison déserte où le pauvre attend en vain qu'on lui donne le mor-
ceau de pain habituel. Parmi les poésies lyriques de O'Rahillv, la
plus saisissante est Mac an chcanuuidhc (p. 12-16), allégorie où
quelques allusions historiques sont obscures, mais dont la forme
et la composition sont d'un art raffiné. Les satires sont précieuses
pour étudier l'histoire locale ; dépourvues d'imagination et de pas-
sion mais singulièrement âpres dans leurs attaques contre les par-
venus qui s'enrichissent aux dépens des anciennes familles irlan-
daises, elles témoignent du souvenir religieux que le poète gar-
dait au glorieux passé de son pays et de sa foi, parmi les tristesses
présentes, à un avenir meilleur.
La métrique de O'Rahillv est rarement inspirée des modèles clas-
siques; l'allitération y est peu employée. L'harmonie des voyelles
toniques y est recherchée au point que dans les élégies, la dernière
voyelle tonique de chaque vers est identique d'un bout à l'autre
de la pièce et que, dans les poèmes lyriques, les vers de chaque
strophes offrent les mêmes voyelles toniques.
G. Dottiw
XIII
Robert Latouche. Mélanges d'histoire de Cornouailk (Ve-XIe siècles).
125 pp. Paris, Champion, 191 1, in-8° (Bibl. de l'Éc. des Hautes-
Études, 1920 fasc).
M. Latouche auquel on doit déjà une excellente histoire du comté
du Maine pendant le Xe et le xie siècles nous donne maintenant un
ensemble de trois importants mémoires relatifs à l'histoire de Cor-
nouaille et en particulier à l'abbaye de Landevenec : il étudie
successivement la vie de Saint Guénolé, fondateur de l'Abbaye,
puis celle de Saint Idunet, enfin le cartulaire de l'abbaye. On retrou-
vera dans ces dissertations, issues en partie des conférences de
M. Ferdinand Lot à l'École des Hautes-Études, la clarté, Télégance
et la solidité qui sont la marque ordinaire des travaux de
M. Latouche. Son travail a amené l'auteur à refuser toute valeur
Revue Celtique, XXXIII 9
130 Bibliographie.
historique aux deux biographies de Saint Guénolé, compo-
sées l'une par un moine de Landevenec, Clément, après 857,
l'autre par l'abbé Gourdisten entre 857 et 884. Ni l'un ni
l'autre n'ont eu sous les yeux de texte ancien. Clément a uti-
lisé Gildas, développé des thèmes hagiographiques, et inventé
des noms de personnages à l'aide de noms de lieux. Gourdisten a
ajouté quelques renseignements légendaires sur Grallon, roi de
Cornouaille, et quelques réflexions édifiantes ; il mentionne de
plus un privilège accordé en 818 à Landevenec par Louis le
Débonnaire. La vie de Saint Idunet ne renferme rien d'historique.
Le cartulaire de Landevenec est composé de 48 pièces dont 36
sont fausses. Il n'y a rien à en tirer pour l'histoire de Cornou-
aille qu'il faut nous résigner à ignorer à peu près pour cette
période.
On pourra peut-être relever dans le travail de M. Latouche
quelques petites lacunes : l'auteur ne nous semble pas avoir suffi-
samment creusé le sens juridique du mot notice : il confond sous
ce nom la notice qui contient le nom des témoins et a une valeur
juridique, et la notice proprement historique. Peut-être aussi la pré-
sence d'une double date (charte n° XXIV du cartulaire) n'est-elle
pas nécessairement une preuve de fausseté : la première date étant
celle de la réalisation de la donation, la deuxième celle de la
confection de l'instrument. Enfin le mot indolis (quidam vir
indolis, charte n° XL), dont M. Latouche n'a pas vu le sens,
figure dans du Cange avec le sens d'adolescent. Mais ce sont là de
petits détails qui ne diminuent en rien le mérite du travail de
M. Latouche.
Jean Marx.
XIV
R. Edexs. Erec-Geraint . Der Chrétien'sche Versroman und das
wàlsche Mabinogi. Inaugural-Diss. Rostock, 1910.
On peut adresser tout d'abord à M. Edens quelques critiques
concernant la base de son étude. Jusqu'à présent tous ceux qui ont
étudié les rapports des trois romans de Chrétien de Troyes et des
récits gallois correspondants se sont limités à l'un des trois. M. E.
s'est malheureusement conformé à l'usage de ses devanciers. Or une
étude de ce genre ne peut aboutir que si elle porte sur l'ensemble
des trois. Car on rapporte de l'étude de chacun d'eux certaines
considérations d'ordre méthodologique qui sont de grand profit
Bibliographie. 131
pour l'étude des autres. On les oublie vite en se bornant à un
récit, et tout est à recommencer.
Ensuite, M. E., qui ne sait pas ie gallois, a dû se servir de la
traduction, et pour des recherches aussi délicates il n'est rien de tel
que de se référer à l'original'. Nous en verrons plus loin un
exemple, p. 133.
Enfin, M. E. n'a tenu compte que d'un seul MS. gallois, le Red
Book; il ne mentionne même pas les MSS. Peniarth 4 et 6,
publiés par M. J. G. Evans sous le titre WhiteBook Mabinogion (cf.
Rc-v. G//, XXXI, ioé). Or, Miss Mary Williams a montré le parti
qu'on pouvait tirer de ces manuscrits (Essai sur la composition du
roman gallois de Peredur, Paris, 1910). Voici un exemple du fait pour
Gérant. Dans le MS. Pen. 6 (W. B. M., p. 208), ce n'est pas «le
fils du duc de Bourgogne » qui donne à Gereint un conseil banal
concernant son gouvernement, mais « le fils du duc » tout court.
De plus son nom n'est pas Ondyaw (R. B., 265, 267), mais Ondra
(Pen. 6; \V. B. M., p. 208) ou Ondryaw (Pen. 4; W. B. M.,
p. 206). Je ne prétends pas que cette leçon soit préférable; en
tout cas, il y avait lieu de discuter les variantes.
La thèse de M. E. est que le récit gallois (que nous désignerons
ici en abrégé par M) est absolument indépendant du roman de
Chrétien (en abrégé, C) et que les deux remontent à une source
commune. Ses arguments sont loin d'être convaincants, et
presque à chaque page on trouve des fautes de méthode.
Avant d'exposer ses arguments, M. E. soumet, dans un long
chapitre, à une juste critique l'étude de M. Othmer (Das Verhàlt-
nis von Chrétiens Erec und Enide \u dent Mabinogi des roten Bûches
von Hergest « Geraint ab Erbin » Diss. Bonn. 1889), suivant lequel
M ne serait qu'un remaniement de C. Sa tâche était d'autant plus
facile que M. Wilmotte, tout en approuvant les conclusions de
M. Othmer, avait ruiné la plus grande partie de ses arguments.
En se fondant sur des impressions arbitraires et souvent fausses,
1 . Quelle que soit l'excellence de la traduction il est souvent indispen-
sable de consulter l'original en ce qui concerne la forme des mots même.
Ainsi, dans le Peredur gallois M. J. Loth traduit par « seigneur de la clai-
rière >■> (Mabinogion, II, 5 1) le syberw y llanerch, qui correspond à l'a Orgueil-
leux de la Lande » du roman de Chrétien. Syberw est emprunté au latin
superbus ; Uanerch est très proche comme sens et comme son du mot « lande ;
on voit donc que les deux expressions sont beaucoup plus voisines que la
traduction ne permet d'en juger.
1 32 Bibliographie.
M. Othmer s'efforçait d'établir que la version de C est « plus
belle >■> et « plus logique » que celle de M. Il en concluait que M
provient de C. Mais M. E. commet la même erreur de méthode
que son devancier, en soutenant qu'en de nombreux passages M
est plus clair et plus logique, et, par conséquent, reproduit mieux
la source commune que C.
La plus grande partie de ses remarques portent sur le fait que
tel ou tel épisode est fort bien motivé dans M, tandis qu'il ne
Test pas du tout dans C et y devient par là même incompréhen-
sible. Mais, en règle générale, la version non motivée n'est-elle
pas comparable à la lectio difficilior, qu'il serait trop facile de rejeter ?
Il n'est pas d'aussi médiocre et gauche remanieur (ce qui n'est pas
de beaucoup le cas de l'auteur de M !), qui ne saurait rendre son
modèle dans quelques endroits « plus clair » et « mieux motivé ».
Si l'on admet que M remonte à C, on comprend aisément la rai-
son pour laquelle le narrateur gallois a « motivé » tant d'épisodes
qui ne l'étaient pas dans Chrétien. Pour Chrétien le sujet n'était
qu'une pure féerie, dont il se proposait de tirer tout autre chose
qu'un roman historique. Par contre, le narrateur gallois a dû y voir
quelque chose d'authentique, tiré de l'histoire nationale. Il était
donc important pour lui de communiquer au récit une allure natu-
relle et vraisemblable. Il ne saurait plus être question d'un
remaniement décousu (« planlos », selon M. Othmer) de la part
de l'auteur gallois. Ce serait méconnaître le vrai mérite de son art.
D'ailleurs, dans bien des cas où M. E. prétend que C. aurait
omis les « motifs » qui se trouvaient dans sa source, il n'a pas
compris le poème français. Ainsi, lorsqu'Erec, tout brisé et cou-
vert de blessures, se refuse, dans C, à se rendre, sur les instances
de Gauvain, auprès d'Arthur, M. E. trouve que son refus est incom-
préhensible, tandis que dans M nous en avons la raison : c'est
que les vêtements d'Erec sont en très mauvais état. De même,
lorsque Gauvain, qui, dans C, n'a pas reconnu Erec, annonce à
Arthur qu'il a rencontré « le meilleur chevalier », cela est incom-
préhensible, tandis que dans M, où Gwalchmei a reconnu Geraint
sur le coup, tout est à sa place. Il faut méconnaître complètement
les idées sur la chevalerie dans la poésie française, pour ne pas
voir combien la version de C est claire et logique. C'est la « des-
mesure » d'Erec qui le pousse à refuser tout secours et à vouloir
poursuivre son expédition à lui seul. C'est le fait d'avoir renversé
Keu, mais surtout l'état d'Erec et son attitude, qui produisent une
impression si profonde sur Gauvain. L'explication qu'on trouve
dans M est au moins superflue et a l'air d'être ajoutée après coup.
Bibliographie. 133
Il v a autre chose aussi. Lorsque Gauvain demande à Arthur d'a-
journer l'adjudication du prix qu'aura celui qui a tué le r cerf
blanc » jusqu'au retour d'Erec, cela n'aurait, selon M. E., aucun
sens dans C, puisque le vainqueur y a le droit d'embrasser la plus
belle dame, et rien ne fait prévoir qu'Erec reviendra avec une
belle ; d'autre part, la version de M serait logique, puisque là le
vainqueur a le droit d'offrir la tète du cerf « à sa maîtresse ou à son
compagnon » : ce dernier, donc, pourrait être Geraint lui-même,
encore qu'il revienne seul. Malheureusement cette remarque ne
repose que sur une omission fortuite de deux mots dans la traduction
française : c'est « à sa maîtresse ou à celle de son compa-
gnon », qu'on lit dans le texte gallois (R. B. I, p. 24e, 8).
Pour prouver que C a mal interprété sa source (qui était pour-
tant française !) M. E. n'hésite pas à lui prêter non pas de légères
inconséquences, mais les incohérences les plus énormes. S'il avait
raison, ce n'est plus la « génialité » de Chrétien qui serait com-
promise, mais son bon sens élémentaire. Combien est absurde, dit
M. E., de désigner la chasse au cerf blanc comme une « coutume »,
comme si un cerf blanc se présentait toutes les fois qu'on en a
besoin ! Mais ce n'est pas du tout en cela que consiste la coutume :
elle consiste en ce que celui qui aura la chance de tuer un cerf
blanc à la chasse pourra réclamer le baiser de la plus belle dame.
Autre exemple. Quelle était la raison de toute l'expédition
d'Erec, où il emmène Enide avec lui ? Selon M. E., dans la source
de C c'était la jalousie. C l'aurait reproduite (dans une bonne leçon
qui est perdue pour nous '), mais n'aurait pas compris son carac-
1. C'est une application des plus maladroites du principe indiqué par
M. Fôrster (v. la préface de son édition de Lancelot, 1899, p. cxxxiv s.
et celle de la petite éd. d'Erec, 1909, p. xxv). Il a constaté que la version
de Hartmann von Aue (H) et celle de Saga (S), qui remontent sûrement
à C, sont plusieurs fois d'accord contre la version de C telle qu'elle nous
est conservée. On l'expliquera facilement en supposant que ces divergences,
qui peuvent se résumer en peu de lignes, proviennent d'un texte de C
quelque peu différent du nôtre qui fut à la base de H et de S. Il en serait
de même pour les cas ou M. et H. sont d'accord contre C. M. E. l'admet
et s'engage à ne pas insister sur les divergences, où M + H ou H -f- S
coïncident contre C. Cela ne l'empêche pas de conclure à une autre source
que C dans un cas (à savoir, qu'Erec dédaigne de se venger sur le nain qui
lui porta injure, cela étant indigne d'un chevalier, — pensée qui ne se
retrouve pas dans C). où M coïncide avec le roman français en prose (P).
Il se contente de constater que « merkwùrdigerweise » P coïncide avec M
(p. 274, n. 1), et l'idée ne lui vient pas que le principe indiqué par
1 34 Bibliographie.
tère « prépondérant », de sorte qu'il a pu dire en plusieurs endroits
(Êrec, v. 3304, 3767 ss., 3812) qu'Erec n'était nullement jaloux.
C'est le copiste du MS. ayant servi de base à tous ceux qui nous
sont parvenus qui s'est aperçu de la contradiction et qui prit soin,
pour la faire disparaître, de biffer le passage sur la jalousie. Heu-
reusement il s'est trouvé un scribe plus intelligent que Chrétien !
Ce n'est pas en traitant ainsi le poète français que M. E. pourra
nous convaincre. Il est vrai qu'il essaye d'atténuer en quelque sorte
la faute de Chrétien : plusieurs contre-sens se seraient déjà trouvés
dans la source directe de C, par l'intermédiaire de laquelle il
remonte à la source première. Mais cette supposition, qui ne peut
pas disculper C des absurdités citées, ne fait qu'augmenter l'in-
vraisemblable du système de M. E., comme on va le voir plus
loin.
M. E. insiste beaucoup sur les divergences entre C et M. Il n'y
a, dit-il, que 4 °/0 de l'œuvre qui soient textuellement identiques
dans M et C (statistique étrange et fantaisiste, mais admettons-la,
puisque M. E. le veut). N'est-ce pas déjà beaucoup, si on y ajoute
l'étroite correspondance de toute la trame du récit ? Cependant,
M. E. a oublié une chose : si M et C remontent à une source com-
mune, il faut qu'ils aient reproduit textuellement chacun les 20 %
de cette dernière pour aboutir à avoir 4 °/0 de commun entre
eux deux (puisque les coïncidences portent sur des endroits diffé-
rents et sur des détails tout à fait secondaires). Et, s'ils n'y
remontent pas directement, mais par l'intermédiaire des autres
formes, ces 20 % deviennent 50 °/0 ou même davantage. Ce n'est
plus le « génie » de Chrétien, c'est le talent de l'auteur gallois
qui est en jeu. Conteur intelligent et fin qu'il est, on admettra plus
M. Fôrster pour les cas de M + H ou H + S porte aussi bien, sinon
mieux, sur le cas de M + P> puisque personne jusqu'à présent, ni M. E.
lui-même, ne s'est encore hasardé à supposer que P remonte à une autre
source que C. De même, M. E. ne croit pas possible que M. ait eu pour
base un MS. de C légèrement divergent des nôtres, sans que ces diver-
gences soient forcément attestées par une autre version quelconque. Tout
cela n'est dit, d'ailleurs, que pour prouver combien tout ce qui touche à la
méthode est faible dans le travail de M. E. Ce qui est plus important — et
M. Fôrster l'a dit le premier — c'est qu'il ne faut pas abuser de ce prin-
cipe. En effet, la coïncidence des traits insignifiants dans les différentes
versions d'un même récit peut et doit se produire quelquefois de façon for-
tuite. (C'est ainsi, je crois, que dans l'exemple cité P et M ont introduit un
trait nouveau commun indépendamment l'un de l'autre.) Il faudra toujours
en tenir compte dans les études de ce genre.
Bibliographie. 155
volontiers qu'il ait copié les 4 % de C que les 50 °/0 d'un roman
anglo-normand ou latin.
La seule partie importante du travail de M. Othmer est d'avoir
établi les coïncidences textuelles, et c'est précisément cela qui lui
a valu l'adhésion (partielle) de G. Paris. Comment les expliquer ?
M. E. invoque le fait (et il s'appuie sur l'autorité de Miss J. YVes-
ton, dont il cite un long passage : « The Legend of Sir Lancelot », p.
61) que les conteurs professionnels récitaient des histoires apprises
par cœur, en s'y défendant de changer un seul mot. Le fait est
connu ; pourtant il ne se produit que dans des conditions détermi-
nées : il faut que le récit ait quelque chose de profondément tradi-
tionnel, qu'il soit quelque chose de sacré. C'était bien le cas des
« Quatre branches du Mabinogi », peut-être aussi de Kulhiuch et
Oliven, mais non pas de nos trois contes arthuriens (v. p. ex. la
distinction établie par M. J. Loth, Rev. Celt., XXXII, p. 422). En
plus, ce qui irait très bien pour les conteurs gallois n'est guère
admissible pour les conteurs anglo-normands ou français. D'autre
part, après les études si instructives de M. Bédier sur les diffé-
rentes versions du roman de Tristan et surtout sur les chansons
de geste, on sait combien il serait hasardeux de vouloir rechercher
une source précise ou un modèle pour chaque trait particulier,
et de refuser toute création individuelle à un remanieur doué de
sens artistique. Et il ressort de plus en plus clairement que l'auteur
gallois a été un véritable artiste.
Pour être complet, il faut dire deux mots sur quelques passages
où M. E. croit que M reproduit mieux que C quelques données
mythologiques traditionnelles. Il n'y a rien à en tirer. En ce qui
concerne Morgue : Morgan tut ( Morgant tut une fois dans Pen. 6),
on aura de la peine à admettre l'explication de certum per incertum
et Morgan tut, qu'elle qu'en soit Tint erprétation, reste jusqu'à
présent un incertum pour nous. Quant à quelques traits de l'épi-
sode de la Joie de la cour, qui seraient plus authentiques dans M,
rien n'est moins sûr. Je passe toute la discussion de M. E. sur les
noms propres et la géographie de notre récit. Il ne fait que citer
des travaux bien connus sans apporter une seule remarque nouvelle.
On sait que les recherches ingénieuses de MM. F. Lot, J. Loth,
Zimmer et Brugger n'ont pas abouti à des conclusions absolument
convaincantes, et on n'apprend rien du relevé qu'en fait M. E.
Toujours est-il à remarquer, que du fait que la géographie est
mieux coordonnée dans M il ne s'en suit nullement que sa version
soit plus primitive.
Pour M. E. il est hors de doute que la source de C u'était pas
136 Bibliographie.
dans les récits séparés, comme celui de l'épervier ou de la « Joie
de la cour «, mais dans un récit suivi comprenant tout l'ensemble
du roman. Il en voit la confirmation dans le passage du début
à'Erec, où le poète se plaint des conteurs professionnels qui « depe-
cier et corrompre suelent » (v. 21) le beau conte qu'il va traiter :
il aurait donc existé un récit d'ensemble, que les conteurs se plai-
saient à dépecer, pour en tirer les épisodes séparés. Sans insister
sur la valeur (bien médiocre) de ces lieux communs du début, et
sans recourir à l'hypothèse plus ingénieuse que vraisemblable
de M. Cohn qui voit dans ce passage une interpolation ', il suffi-
rait d'observer que le v. fr. depecier — et M. E semble l'ignorer —
peut avoir tout simplement le sens de « gâter, gâcher ». D'autre
part, si l'on voulait insister, d'accord avec M. E., sur le sens essen-
tiellement moderne du mot, n'en ressortirait-il pas plutôt que le
poète n'a connu que des récits épisodiques, qu'il aurait refondus
dans un récit d'ensemble pour constituer son roman ?
Tout à la fin de son étude M. E. expose sa doctrine sur la généa-
logie de notre récit ; elle est aussi embrouillée qu'invraisemblable.
La source commune et première serait un X (M. E. ne nous dit
pas si c'était un poème ou autre chose), en tout cas d'origine insu-
laire, qui aurait été composé dans l'une des quatre langues sui-
vantes : anglonormand, français, anglais ou latin (probablement
en cette dernière, si j'ai bien compris), et qui aurait contenu
quelques épisodes d'origine celtique. On voit que la thèse de la
« celticité » du récit y perd plutôt qu'elle n'y gagne ! Cet X serait
parvenu, après avoir revêtu plusieurs formes intermédiaires, à M
sous la forme d'un conte oral, à C sous une forme écrite, un con-
teur ayant transcrit son conte pour le mieux retenir. M. E. ne
semble pas s'apercevoir qu'il arrive par-là à n'admettre rien de
moins que l'existence de romans arthuriens en prose française au
beau milieu du xue s. ! On pourrait difficilement imaginer quelque
chose de plus confus et de plus invraisemblable.
La lecture du travail de M. E. est très instructive. Elle suggère
plus d'une observation d'ordre général sur la méthode à suivre dans
cet ordre de recherches. L'enseignement qu'on en rapporte pourrait
être appliqué avec profit à bien^d'autres cas. D'autre part il en res-
sort clairement, combien serait utile une étude sur l'ensemble des
trois récits gallois en question, où l'on tâcherait de rechercher si
1. Zeitschrift f. fran\. Spr. it. Lit., XXXVIII (1911), 1/3. Selon M. Cohn
c'est contre les remanieurs du roman même de Chrétien que l'interpolateur
proteste.
Bibliographie. 137
les trois récits remontent à des auteurs différents, et, en ce cas,
quels sont les procédés de composition et l'art personnel de cha-
cun d'eux, et si l'un d'eux n'a connu l'œuvre de l'autre et n'a subi
son influence. Ce serait la meilleure façon de rendre justice à l'ori-
ginalité artistique des récits gallois.
A. Smirxov.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. Élection de M. P. Fournier à l'Académie des Inscrip-
tions. — II. Election de M. Déchelette comme correspondant de l'Insti-
tut. — III. Acquisition de la bibliothèque de Stern par l'Univer-
sité de Berlin. — IV. Un cours de celtique à l'Université de Chi-
cago. — V. Découverte de gloses irlandaises. — VI. Aitceltischer
Sprachschatz, 20e livraison. — VII. Les Dette Ma très dans l'Encyclopae-
dia of Religion and Ethics. — VIII. Suite de la collection des Vies de
saints bretons. — IX. Un manuel du moyen-irlandais par M. Dottin. —
X. Un nouveau périodique consacré à l'irlandais moderne.
I
Dans sa séance du 10 novembre 191 1, l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres a élu membre libre M . Paul Fournier, doyen
de la faculté de Droit de l'Université de Grenoble. Dans ses études
sur les recueils canoniques, M. P. Fournier a touché au droit
irlandais et il a notamment donné à la Revue Celtique (t. XXX,
p. 221 et suiv.) un intéressant article sur le Liber ex lege Moysi, où
il fait ressortir les tendances bibliques des canonistes irlandais.
II
Dans sa séance du 22 décembre 191 1, l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres a élu correspondant national M. Joseph
Déchelette, conservateur du musée de Roanne, auquel nous devons
les deux volumes du Manuel d'archéologie préhistorique, celtique
et gallo-romaine (v. ci-dessus, tome XXXII, p. 343).
III
On nous annonce que la bibliothèque celtique du regretté Lud-
wig-Christian Stern vient d'être pour la plus grande part acquise
Chronique. 139
par l'Indogermanisches Seminar de l'Université de Berlin, où elle
servira aux élèves de notre savant collaborateur, le Professeur Kuno
Meyer.
IV
Nous apprenons que l'Université de Chicago organise, pour le
trimestre d'été de 19 12, un cours de langues et littératures cel-
tiques. C'est M. Edward G. Cox qui est chargé de ce cours. La
Revue Celtique a signalé l'an dernier les débuts comme celtiste de
M. Edward G. Cox (v. t. XXXII, p. 222).
V
Dans son numéro du 28 février 19 12. le journal The Irish Times
publie une lettre de M. Mario Esposito, où le jeune érudit annonce
une intéressante nouvelle. En étudiant le manuscrit C. 1. 8 de la
Bibliothèque de Trinity Collège de Dublin, manuscrit copié au
xmc siècle, il y a découvert, cousu sur le dernier feuillet, un frag-
ment de parchemin contenant un texte latin avec des gloses mar-
ginales et interlinéaires. Parmi les gloses, quelques-unes lui
semblent écrites en irlandais. Comme l'écriture du parchemin
remonte au moins au ixe siècle, ce serait une nouvelle addition à la
littérature du vieil-irlandais. Le manuscrit C. 1. 8 a certainement
passé en des mains irlandaises ; on y lit une phrase en irlandais à
la marge inférieure du folio 39.
Nous espérons que l'un des celtistes de Dublin nous renseignera
bientôt sur la valeur de cette découverte .
VI
La 20e livraison de Y AHceltischer Sprachschati de M. Holder
comprend les colonnes 760-1024 du tome III, qui est, comme l'on
sait, un supplément aux deux premiers. Elle va du mot Avedo au
mot Cabilloneusis. Nous y relevons les remarques suivantes.
Col. 780, sous le mot auotis, il fallait citer, outre Whitley Stokes
(K. Z., XL, 244 anm. 2), d'Arbois de Jubainville {Recueil de
Mémoires publié par la Société des Antiquaires de France, Paris, 1903),
d'après lequel avotis serait un nom d'agent, « celui qui fait faire ».
— Col. 820, sur * hecos, voir Meillet, Mém . Soc. Lingu., XIV,
476. — Col. 833, la forme helion « feuille » du Pseudo-Apulée,
fournit le prototype du gaélique d'Ecosse bile (v. Macbain, An
140 Chronique.
Élyni . Dict., 2e éd., p. 36, et Wh. Stokes, Urk. Sprachsch., p. 174).
— Col. 852, le nom de la montagne Berigiema en Ligurie est
ingénieusement interprété comme « porte-neige ». Ce serait l'équi-
valent pour le sens de skr. himâlayah « séjour de la neige», et cela
déjà peut faire naître des doutes, car les montagnes de Ligurie ne
sont pas caractérisées par des neiges éternelles. Mais il y a une
autre difficulté à cette étymologie. Le composé Beri-giema serait un
exemplaire unique en celtique du type skr. trasâdasyuh <■<■ qui fait
trembler l'ennemi », gr. ÉXércoXiç ip^éxaxoç ou oaxÉ8u(/.oç, lat.
Verticordia ou poscinummius (cf. Pedersen, Vgl. Gr., II, 3). N'est-
il pas plus simple de voir dans ce mot, comme le faisait jadis
M. Holder lui-même (t. I, col. 403), une forme altérée de Berg-
(Berga, Berginius, Bcrgomon, Bergusia) ?
VII;
Le quatrième volume de YEucyclopaedia of Religion anà Elhics,
edited by James Hastiugs, vient de paraître (Edinburgh, T. and
T. Clark, 191 1); il va du mot confirmation au mot Draina.
On y trouve p. 406-411 un substantiel article de M. F.-N. Robin-
son, consacré aux Deae Maires. Le savant professeur expose suc-
cinctement, et avec sa clarté habituelle, l'essentiel des questions
qui se rapportent au nom de ces déesses (Matres, Matrae, Matrô-
nae, Matrônae), à l'extension géographique, l'origine et les survi-
vances de leur culte, à leurs fonctions et leurs attributs, à leur
groupement en triades. Le texte est accompagné d'abondantes réfé-
rences données en notes au bas des pages.
P. 410, en mentionnant le culte des « Trois Maries », qui semble
avoir succédé en plusieurs endroits au culte des « Matres », l'auteur
ne dit rien des « Trois Maries » de Provence, les « Saintes
Maries », qui sont aujourd'hui encore l'objet d'un pèlerinage. —
P. 409, il n'est pas exact de parler d'une racine celtique sul dans
l'irlandais sûil « œil » ; ce mot passe avec raison pour le nom
ancien du « soleil » (Wh. Stokes, Urk. Spr., 292), qui aurait rem-
placé en irlandais l'ancien nom de l'« œil » tombé en interdit (v.
Meillet, Quelques hypothèses sur des interdictions de vocabulaire dans
les langues indo-européennes, Paris, 1906, p. 16).
VIII
L'Honourable Society of Cymmrodorion (New Stone Buildings,
64 Chancery Lane, London) vient de publier à la fin de 191 1 le
Chronique. 141
volume III de The Lives of the Britisb Saints de MM. S. Baring-
Gould et John Fisher. Ce volume, qui a 509 pages 8°, comprend
les vies des saints, par ordre alphabétique, de saint Faustus à saint
Mvnno inclus.
Les deux premiers volumes, datés de 1907 et 1908, traitaient
respectivement de saint Aaron à saint Bvrnach, et de saint Cadell
à saint Ewryd. L'ouvrage sera complet en quatre volumes.
IX
La librairie Champion annonce la publication prochaine d'un
manuel de l'irlandais moyen, comprenant une grammaire et un
choix de textes, dû à notre collaborateur, M. G. Dottin. La gram-
maire est déjà, nous dit-on, en grande partie imprimée.
X
Nous recevons l'annonce d'un nouveau périodique : Gadelica,
A Journal of Modern-lrish studies, publié à Dublin chez Hodges,
Figgis and C°, sous la direction de M. Thomas F. O'Rahillv. Ce
journal paraîtra en cahiers trimestriels au prix annuel de 6 s. 6 d. ;
le premier numéro en est annoncé pour le mois de mars 1912. En
ce qui concerne l'objet qu'il se propose, nous ne pouvons mieux
faire que de reproduire les termes mêmes du prospectus :
« The need ofa scholarly journal, devoted exclusively to studies
and researches in the field of Modem Irish, has been keenlv felt
for many years. The aim of Gadelica will be to do for Modem
Irish what has been, and is being, done so successfullv for the
older forms of the language bv such periodicals as Eriu, the Zeit-
schrift fur Ccltische Philologie, and the Revue Celtique. Hitherto,
owingtothe want of a suitable publishing médium, there has been
no encouragement for students of Irish to pursue much-needed
investigations into the lano-uage and literature of modem times.
« The extant literary output of Modem Irish (say, from iéooto
1850) is immense, and exceeds manv times over that of Middle
and Old Irish. But only a mère fraction of it has as yet seen the
light, and the greater portion is still buried in MSS., unknown to
ail, save to a verv few students, and only partially known even to
thèse. In the Roval Irish Academy alone there are considerably
more than 1.000 Modem Irish manuscripts; while in Mavnooth
Collège, Trinity Collège, and the British Muséum there are other
142 Chronique.
large and important collections. It will thus be seen howvast is the
held from which Gadelica will glean. Not until years of patient
labour hâve been devoted to gathering this harvest, will it be pos-
sible to write the history of Modem Irish literature. Furthermore,
for the proper cultivation of the living Irish speech of to-day the
publication and study of our modem MS. literature is indispen-
sable, inasmuch as it will not only show how far the language has
alreadv adapted itself to modem requirements, but it will also
make clear, as nothingelse can, its innate tendencies and potentia-
lities, and thus guide us as to the lines on which its future deve-
lopment should proceed. Finally thèse MS. remains will throw a
new and valuable light on modem Irish historv, and particularly
on that of the eighteenth century ; for it is in this buried literature,
and not in English State Papers or parliamentary reports, that the
mind ofthe historié Irish nation is mirrored, and their hopes and
feelings and aspirations faithfullv recorded. In short, Gadelica
will, by concentrating its efforts on exploring the hitherto neglec-
ted MSS. ofthe last three centuries, make spécial appeal to that
numerous class who, not unnaturallv, fell a more lively and svm-
pathetic interest in the language and literature of their own or
récent times, than they would in those of a too remote and unfa-
miliar past.
« In addition to publishing (a) Modem Irish Texts, both prose
and verse, from MSS., accompanied by introductions, notes and
(when such is considered necessary) English translations, Gadelica
will publish :
(fr) Original contributions dealing with the Modem Irish Lan-
guage, or with its Literature, including such subjects as dia-
lects, grammar, idiom, etvmology, metrics, biography, biblio-
graphv, and topographv .
(r) Folk-Songs, Folk-tales, and such like matter, taken down
from oral narration; and studies upon thèse.
(d) Reviews and Notices of books and periodicals in, or concer-
ned with, Modem Irish.
a It is also hoped to publish from time to time Catalogues of
small collections of modem MSS., whether in public or semi-
public libraries, or in private hands ».
Nous souhaitons bonne chance à M. O'Rahilly pour la réalisa-
tion de ce beau programme.
J. Vendryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. — I. Proceedings ofthe Prehistoric Society of East Anglia. —
II. Journal of the Royal Society of Antiquariesof Ireland. — III. Mannus.
— IV. Praehistorische Zeitschrift. — V. Bulletin de la Société archéolo-
gique du Finistère. — VI. Revue Numismatique. — VII. Revue des Etudes
anciennes. — VIII. Annales de Bretagne. — IX. Hermathena. — X.
The Journal ofthe Welsh Bibliographical Society. — XI. Journal of the
Folk-Song Society. — XII. Mémoires delà Société de Linguistique. —
XIII. Indogermanische Forschungen. — XIV. Romania. — XV. Revue
des traditions populaires. — XVI. Folk-lore. — XVII. Analecta Bollan-
diana.
I
Une nouvelle société préhistorique s'est fondée en Angleterre
et commence la publication d'un nouveau périodique, les Procee-
dixgs of the Prehistoric Society ofEast Anglia (1, 191 1, année
1908-9 et 1909-10). Le premier fascicule débute par une allocu-
tion du président, le Dr W. Allen Sturge, qui trace à grands traits
un tableau des études préhistoriques et déplore, non sans apparence
de raison, le peu de progrès qu'elles ont fait en Angleterre. Nous
souhaitons à la nouvelle société d'y remédier efficacement. Sans
doute elle a des préoccupations qui ne sont pas les nôtres. Néan-
moins nous ne doutons pas qu'un jour le progrès de ses recherches
ne l'amène à s'occuper des Celtes. Salut donc et bon succès aux
préhistoriens de Norwich.
Commençant à l'origine de l'homme, ils se sont d'abord occupés
d'éolithes. M. J.Reid Moir, sous le titre de Fîint Itnplements of the
Sub-crag man, p. 17, traite d'éolithes ou de pré-paléolithes (le mot
ne fait rien à l'affaire), trouvés près d'Ipswich, qu'une commission
a, après lui, examinés de fort près. Le Dr W. Allen Sturge apporte
une intéressante contribution à IzChronohgyof the Stoneage, 43 sqq.
Il signale à l'attention de ses lecteurs les stries qui raient la
surface d'une notable quantité d'outils néolithiques. Ces stries sont
Î44 Périodiques.
des stries glaciaires pour l'auteur. Les outils néolithiques ont donc
été recouverts par les glaces. De quand datent-ils donc ? Que le
début du néolithique ait été contemporain des dernières oscillations
stadiaires des grands glaciers, c'est une idée qui nous est déjà très
familière. Que celles-ci datent de 200000 ans, à d'autres de le con-
firmer. Les géologues nous diront quelque jour leur dernier mot sur
les dernières conquêtes des glaciers. Il faudra l'attendre pour juger
de l'explication proposée par M. Sturge. — Lt. colonel W. Under-
wood, Animisticforms in certain flints, showing buman ivork, p. 106 :
ceci sort tout à fait de notre compétence.
II
LE JOURKAL OFTHE ROYAL SOCIETY OF AXTIQUARIES OF IrELAND,
juin et septembre 191 1, nous apporte d'intéressantes discussions
sur la date, l'origine, la nature des buttes et des remparts de terre
de tormes diverses qui parsèment l'Irlande. M. H. T. Knox
traite de ceux qui portent le nom de Croghans dans le mémoire
intitulé : The croghans and some Connacht raths and moies. Les crog-
hans sont essentiellement des buttes et leur nom, sous les diffé-
rentes formes qu'il affecte en Irlandais désigne bien des buttes
de terre, mais a-t-il un sens plus spécial ? Ces buttes plus ou moins
fortifiées, quelque nom qu'elles portent, l'opinion générale les attri-
buait aux Celtes. Depuis peu d'années une thèse différente a été
soutenue par Mrs ArmitageetM. Goddard H. Orpen. LesNormands,
d'après eux, auraient été les premiersà construire dans les îles Britan-
niques des châteaux sur des buttes artificielles ; les petits châteaux
forts, les châteaux privés correspondraient à l'état social que désigne
le nom de féodalité. Tel n'était pas celui de l'Irlande avant que les
Normands y eussent pris pied. Le clan et la tribu y étaient les formes
essentielles du groupement des hommes. On s'attend à ce que les
enceintes fortifiées d'une pareille société soient d'assez vastes enclos
de taille à contenir une importante population et ses troupeaux.
On en connaît de tels en Irlande et en Angleterre. Il ne me
semble pas que M. Knox prenne une position fort nette à
l'égard de cette thèse. M. G. H. Orpen ne prétend pas que toutes
les buttes paraissant fortifiées datent de l'arrivée des Normands. Il
en est, selon lui, de préhistoriques et entre autres celles qui
portent le nom de croghans. Mais ce n'étaient pas des châteaux,
c'étaient des lieux sacrés, des lieux d'inauguration, de consécration,
des places de fête et d'assemblée; des pierres levées s'y dressaient,
des arbres sacrés; mais il va de soi, et l'histoire nous l'atteste,
Périodiques. 145
qu'au cours des lattes tribales beaucoup de ces sanctuaires aient été
profanés et défigurés. Pour de pareils sanctuaires les grands tumulus
funéraires étaient désignés d'avance et M. Orpen suppose que le
principal des croghans, celui d'Ai, le Rathcroghan, renferme une
chambre funéraire semblable à celle de New-Grange. Qu'on le
fouille donc une bonne fois! M. H. T. Knox discute longuement
la question et conclut contre lui ; retenons néanmoins cette affir-
mation, p . 207, qu'il n'y a jamais plus d'un croghan par territoire tri-
bal et que chaque fois qu'un croghan porte un nom distinctif,
c'est un nom de territoire ou de tribu. Le fait est d'importance. —
M. Orpen répond à M. Knox dans les Miscellanea (Croghans ami
Norman Motes, p. 267-sqq.); par bonne fortune son article est
remarquablement clair et démonstratif. Un certain nombre de
rois ont été consacrés en des lieux nommés Cruachan ; quant au
Rath croghan, il n'est pas douteux, selon M. Orpen, qu'il ne soit
analogue au Rath Mhedba, ou la reine Medb accomplissait les
rites de pronostication du jour de Samhain. — M. Knox traite des
Raths dans un second article, p. 206 sqq. — M. Th. Johnson Wes-
tropp décrit le Cahermurpby Castic and its eartbivorks, with certains
forts near Milltown-Maïbay, co. Ciare, p. 117 sqq. — M. G. H.
Orpen nous fait connaître le Rathgall, co. IVickloiv, p. 198, l'une
de ces forteresses préhistoriques qu'il distingue des châteaux nor-
mands. Ce serait, selon lui, la forteresse des rois d'Okinselagh, les
plus puissants de Leinster ; il y voit le Bolg luatha ou Dûn-Bolo-
des Annales.
H. S. Crawford, Early slabs ai Lenianachan, King's County, p.
151 sqq. ; spécimen de l'entrelac irlandais.
E. M. F. G. Boyle, Records of the toiun of Liniauadv, 1609-1804,
p. 157 sqq.
G. Coffey. Prehistoric grave ai Seskiigreen, co. Tyrone, p. 175.
C'est le reste d'une chambre funéraire mégalithique dont deux
piliers sont couverts de gravures, cupules, étoiles, cercles concen-
triques ; un hache marteau de pierrey a été trouvée.
Lt. col. W. O Cavenagh, Castletown Carne and its owuers, p.
246 sqq.
Rev. J. L. Robinson, Christ Church Cathedra!, Dublin, Proctors
accounts, 1689-yo, p. 259 sqq.
Dans les Miscellanea, M. P. W. Joyce a inséré une Note on a
Passage in Siokes Cormacs Glossary, p. 180, passage ou le forgeron
Goibniu est représenté construisant son fourneau de forge. O'Do-
novan a traduit par pôle, bâton, le mot crand ou ness qui désigne
l'objet qu'il tient à la main. C'est une forme de bois sur laquelle
Revue Celtique, XXXIII. 10
14e Périodiques.
était moulée l'argile réfractaire du fourneau. O'Donovan traduit
à tort par « les deux soufflets » les mots di bolg qui désignent les
deux chambres du soufflet dont se servaient les forgerons irlan-
dais. Le soufflet est désigné concurremment par dibolg duel, et par
le pluriel builgg.
M. G. Orpen, publie une Carved Stone uear Holyivood, co. JVick-
îow, p. 783 ; représente-t-elle une croix ? C'est son opinion. Mais
n'est-ce pas une dalle gravée de monument mégalithique ?
G. \V. Forsayeth, Holy well near Modeligo, co. Waterford, p. 186.
Sir John Rh)Ts, p. 190, convient, avec M. G. H. Orpen, que
dans le calendrier de Coïigny, le mois Equos, correspondant à
février, ayant bien 30 jours et non pas 29 comme il l'avait pensé, il
n'y a plus lieu d'y voir un adaptation du calendrier julien.
Journalof the Royal Society of antiquariesof Ireland, déc. 1911.
— M. H. T. Knox décrit Some Connacht raths and motes, p. 301
sqq ; hauts et bas, de plan circulaire ou quadrangulaire, ils nous
sont soigneusement présentés en plan et élévation. — M. Th.-J.
Westropp nous arrête danslecomté deClareet continue rémunéra-
tion descriptive des Prehistoric remains (forts and dolmens) in the
Burren,p. 343 sqq. ; il s'agit toujours de longs murs en pierre sèche,
à parements, percés de couloirs et de niches, couverts de larges
dalles, ou voûtés en encorbellement. — Monsignor Fahy parle du
S'Colmans oratory, in Burren, co. Clare, p. 368. — Sous le titre de
Some archaelogical finds in Ulster, M. Seaton F. Milligan décrit un
certain nombre de moules datant de la 2e période de l'âge du
bronze. Parmi eux, je note deux moules de faucilles qui ont un
intérêt tout particulier. Ce sont des moules de faucilles sans douille.
On sait combien les faucilles de cette sorte sont rares dans les
Iles-Britanniques. Celles qui ont été coulées dans ces moules se
distinguent des faucilles continentales par une côte centrale très
forte ; dépourvues d'ailleurs de languettes et de boutons latéraux,
elles sont fort originales.
Dans Miscellanea, p. 38e, M. E.-C.-R. Armstrong signale une
de ces figures rudimentaires dites Sheela-na-gig, découvertes par le
major Trevelyan dans l'île de Lustymore, à douze milles d'Ennis-
Killen. — M. Michael Beavv donne une note sur une fontaine
sacrée, à Madeligo.
III
. Le 2e ErgànTjingsband de Mannus donne le compte-rendu de la
deuxième assemblée générale de la Société préhistorique allemande,
Périodiques. 147
qui s'est tenue à Erfurt du 31 juillet au 3 août 19 10, sous la prési-
dence de MM. Kossinna et Bezzenberger. Une communication,
celle du Dr Gôtze, a pour nous un intérêt tout particulier. Il y
étudie une série d'enceintes fortifiées du Rhôn, Die vorgescbkbtli-
chen Burgen der Rbon itnd die Steinsburg aufdem kleinen Gleicbberge
bei Ronihild. Ces enceintes, où l'on n'a trouvé que des objets datant
de l'époque de La Tène, paraissent constituer un système de
défense dont le réduit est à la Steinsburg. Celle-ci, par son impor-
tance, par la masse et l'étendue de sa fortification, se présente
comme l'œuvre collective d'une société d'assez grande taille. C'est
un travail national. Pourquoi les sommets du Rhôn portent-ils ces
retranchements et non pas ceux du Harz. Ces forts de sommets,
nous dit M. Gôtze, sont celtiques. Les Celtes les ont élevés par-
tout où ils se sont sentis sous la menace d'un ennemi trop puis-
sant. C'est ainsi qu'ils ont dressé, sur des hauteurs, les oppida de
la Gaule, contre l'invasion des Cimbres. Ils ont fortifié le Rhôn
contre les Germains. Après avoir abandonné la Thuringe. ils se
sont retranchés en arrière.
M. O. Fleischer a fait appel aux trésors de la toponomastique
pour nous renseigner sur la situation des Indo-Germains en Asie-
Mineure vers 1500 avant J.-C. : Die Stellung der Indo-Germanen
in inner. KJeinasien uni dus Iabr 1000 v. Cbr (1500-700), p. 4)Sqq.
Les noms en -ene se sont égrenés de l'Asie-Mineure vers l'Inde.
Toute une famille de noms géographiques a essaimé du Caucase
vers l'Halys, puis vers la Perse et la Caramanie. Les Perses sont
des Artéens c'est-à-dire des hommes du pays de Yan (Urartu).
Enfin M. Fleischer nous assure que, la légende de Persée, éponyme
des Perses, ayant quelque chose d'historique, les Grecs ont voi-
sinéen Asie-Mineure, vers le 16e ou le 17e siècle avant J.-C. avec
les Indo-Iraniens. Tout beau! C'est aller vite en besogne. Il y a
quelques gens dont il faudrait parler : Arméniens, Phrygiens, d'autres
peut-être aussi M. Bezzenberger a fait remarquer avec bon sens
que les noms géographiques n'apprennent peut-être pas tant de
choses et sans doute il a dit qu'il fallait les interroger avec cir-
conspection.
Ces Messieurs d'ailleurs ont chanté de compagnie les chansons
préhistoriques du Geheimrat Zchiescke et se sont sans doute fort
bien amusés.
La 3e année de Maunus commence par un article de M. Gunther
sur la Besiedlungsgescbichte des Neuwieder Beckens, p. 1 sqq. C'est la
2e partie du mémoire de M. Gunther. Il y traite de l'âge du
bronze, des deux âges du fer, des établissements des Romains et
l4& Périodiques.
des temps mérovingiens. Dès la fin de l'âge du bronze, les deux
rives du Rhin, autour de Coblenz, ont été occupées par les Celtes.
Mais c'est là que s'est fixée pendant longtemps leur frontière sep-
tentrionale, tombeaux, fortifications, traces de culture (Hochâcker)
attestent leur établissement. A la fin de l'époque de La Tène les
Celtes se sont repliés sur la rive gauche. Ceux dont on y trouve
les tombeaux pratiquent les mêmes rites funéraires que leurs voi-
sins germains : ils incinèrent leurs morts. — Le distingué conser-
vateur du musée de Bergen, M. Schetelig, expose sous le titre de
Vorgeschichte Norwegens les résultats des recherches archéologiques
de ces dix dernières années, p. 29 sqq. — Faut-il attirer l'attention
sur un article de M. K. Schirmeisen, de Brùnn, intitulé Buchsta-
benschrift, Lautwandel, Gottcrsage und Zcitrechnung, p. 97 sqq. ?
Il est d'une hardiesse, dont M. Kossinna éprouve le besoin de
s'excuser. Rapprocher l'histoire de l'alphabet du développement
phonétique, c'est une tentative méritoire ; mais il faudrait n'ignorer
pas que l'alphabet gréco-phénicien n'est pas sans parenté avec les
syllabaires égéens. S'il est exact que les runes ont été des signes
magico-religieux, s'il est spécieux de colorer de religion les ori-
gines de l'alphabet, on ne saurait choisir les exemples avec trop
de discernement. Les connaissances de M. Schirmeisen en archéo-
logie préhistorique ont besoin de compléments ; il devra trier ses
connaissances mythologiques et s'entendre avec les linguistes sur
la classification généalogique des langues indo-européennes.
IV
Le nouveau volume de la Prahistorische Zeitschrift, III,
191 1, nous fait connaître d'intéressantes incinérations néoli-
thiques des environs d'Hanau (G. Wolff, Neolitbische Brandgràber
in der Umgebuiig von Hanau, p. 1 sqq.). M. G. F. L. Sarauw, de
Copenhague, y publie les résultats de ses fouilles de Maglemose,
qui ont si largement étendu notre connaissance des temps obscurs
qui séparent la paléolithique (p. 105-195) du néolithique. — M. Max
Ébert publie et étudie un curieux anneau d'or trouvé en 1799 à
Strobjehnen, dans la Prusse orientale, et que possède depuis lors
le musée de Berlin. Il en établit la parenté avec quelques œuvres
de cet art celto-scandinave, dont les entrelacs compliqués souvent
étouffent et absorbent pour ainsi dire tant de restes de formes
vivantes. Mais les guerriers et les chasseurs qui galopent ou tirent
de l'arc sur la crête de l'anneau, les chiens, cerfs, serpents à
oreilles, le principal de la décoration, rappellent l'art scythique
Périodiques. 149
représenté déjà en Prusse par les pièces d'orfèvrerie bien plus
ancienne, du trésor de Wettersfeld (p. 105 sqq.).
M. Carthaus rend compte des fouilles pratiquées près de Vel-
mede, dans la haute vallée de la Ruhr, dans la Yeledahohle. Les
trouvailles datent de l'époque de laTène. Elles sont peut-être cel-
tiques. Dans la couche archéologique sont disposés sans ordre des
ossements humains. Qu'était-ce? (p. 132 sqq.). — M. E. C. R.
Armstrong relate les principales découvertes archéologiques faites
en Irlande dans les années 1909-1910 (p. 184 sqq.) : Il s'agit sur-
tout de cistes sous tumulus de l'âge du bronze. De l'époque de la
Tène datent deux cornes de casque trouvées à Cork en 1909.
V
Le commandant A. Martin a publié dans le Bulletin de la
Société archéologique du Finistère, t. XXXVIII, 191 1, une
intéressante notice sur le tumulus à dolmen de Kermaric en Lan-
guidic (Morbihan). La chambre du tumulus était circulaire. Le
commandant Martin nous donne à ce propos une énumération
complète et descriptive, accompagnée de plans, des monuments
mégalithiques à chambre circulaire de la Bretagne; ils sont assez
étroitement localisés dans le Morbihan, à part un monument ruiné
qui se trouve dans les Côtes-du-Nord, à Kerbors. Le Men-Brec'h
Kermaric présente une particularité nouvelle en Bretagne. Des
deux côtés du couloir se détachent les restes d'un mur en pierres
sèches qui entourait à l'origine la base entière du tumulus. L'auteur
pense à ce propos aux cercles et enceintes concentriques de pierres
alignées que présentent les monuments des Orcades et du Caith-
ness, dont MM. Keller et Le Rouzic ont récemment trouvé l'équi-
valent au monument du Noterio en Carnac. Mais la ressemblance
n'est pas complète. Les monuments de la péninsule ibérique lui
auraient fourni de plus exactes comparaisons. — On a supposé que
les constructions des monuments mégalithiques de Bretagne
avaient une unité de mesure, à savoir un pied d'environ o m. 90.
Les mesures prises par le commandant Martin dans ses dernières
explorations lui ont fourni des longueurs qui, à peu de chose près,
multiplient cette unité.
VI
Le n° I delà Revue Numismatique, 191 1, p. 1-59, a publié un
important article de M. Déchelette sur les origines de la drachme
150 Périodiques.
et de l'obole qui nous explique l'usage et la valeur de certaines
tiges et faisceaux de tiges de fer trouvées dans les fouilles qui ont
livré des objets gaulois. C'est une des formes de la monnaie de
fer dont César (B. G., V, 12, 4) signale encore l'usage chez les
Gaulois. M. Déchelette la suit de Gaule en Thrace et d'Etrurie en
Grèce. Monnaie d'origine technique, l'obole est une broche à rôtir;
la drachme est une poignée de broches, et les chenets, tant gaulois
qu'étrusques, sont établis pour être garnis par le jeu de broches
qui constitue la drachme. M. Déchelette pense que l'obole de
Charon a été une broche garnie de viandes placée près de la bouche
du mort. Cette amusante hypothèse a besoin d'un peu plus d'exa-
men (v. Rev. des Et. Gr., t. XXIV, p. 344).
VII
Dans la Revue des Études anciennes, 19 11, octobre-décembre,
p. 453 sqq., M. Déchelette traite du Javelot ôXoffi&jpcç des Ibères.
On a été tenté de l'attribuer aux Celtes, dont le gaisum est qualifié
par Pollux et par Hésychius de oépu èXo<rf§T)pov. On a trouvé dans
les pays occupés de longue date par les Celtes, Suisse, Carniole,
et d'où sont venus en Italie les Gésates, des javelots qui sont mon-
tés sur une longue tige de fer analogue au pilurn des Romains ;
mais ils ont tous été munis d'une hampe de bois. Par contre, des
javelots tout en fer et, qui plus est, pourvus de petits crochets,
comme l'ont été, suivant les auteurs, les javelots ibériques, figurent
dans le mobilier funéraire des tumulus d'Avezac-Prat. Les morts
d'Avezac-Prat étaient-ils des Ibères ou des Celtes ? Disons que ce
furent des Celtibères, M. Déchelette croit que les javelots sont
ibériques. Peut-être. Mais je ne puis m'empêcher de les rapprocher
des javelots de l'Europe centrale.
H. Hubert.
VIII
Annales de Bretagne, tome XXVII, n° 2 (janvier 1912).
M. J. Loth publie p. 199 une chanson recueillie par lui au
Croesty, canton de Guémené-sur-Scorff (Morbihan) ; il l'intitule
le Comte ci la fée, et en donne en regard du texte breton une tra-
duction française.
M. G. Esnault continue (p. 264-279) son étude sur le poète
breton Le Laé, et poursuit l'histoire critique de sa réputation.
Périodiques. 151
P. 292 et suiv., se trouve une étude de M. H. Quilgars sur la
langue bretonne dans le pays de Guérande ; elle comprend surtout,
outre quelques indications de toponomastique, un lexique de mots
bretons empruntés à la collection des aveux de la sénéchaussée de
Guérande (qui va de 1380 à 1791). M. J. Loth a fait suivre cet
article d'une série de remarques critiques, en partie rectificatives
(p. 309-3I4)-
Une exploration linguistique de ce coin de Bretagne est urgente
et devrait être accomplie avant quelques années. Ce serait vrai-
semblablement la dernière. Nous connaissons quelqu'un qui, pas-
sant au Bourg de Batz dans l'été de 19 10, a eu la curiosité de se ren-
seigner auprès de diverses personnes, et notamment de l'instituteur
du pays, sur les limites actuelles du breton dans la presqu'île. Ces
limites sont bien restreintes. On ne parle plus breton que dans quatre
hameaux de la commune de Batz, Kervalé, Kermoisan, Trégaté et
Roffia, habités principalement par des paludiers. Encore le breton
n'est-il plus employé que par les vieillards. Nul individu ayant
moins de cinquante ans ne parle ni n'entend le breton. On pourrait
presque fixer d'avance la date où le breton disparaîtra définitivement
de ce coin de terre. Les noms de personne sont généralement bre-
tons dans la commune de Batz : le plus répandu est Le Huédé ; on
rencontre aussi beaucoup de Le Berre et de Le Gars ; viennent
ensuite Le Breton, Pichon et Picot.
IX
Dans le tome XVI de I'Hermathexa, nous relevons deux articles
de M. Mario Esposito : p. 264-287, The pilgrimage of an Irish Fran-
ciscan in A. D. 1322 ; p. 325-333, Some further notes on Mediaeval
Hiberno-Latin and Hiberno-French literature.
Le second n'est qu'un supplément à l'article du même auteur que
nous avons résumé précédemment (tome XXXII, p. 229). Quant au
premier, il est relatif à un curieux récit de voyage, Yltinerariuni
Symonis Simeonis, conservé dans un manuscrit de la fin du
xive siècle, le n° 407 de la Bibliothèque de Corpus Christi Collège,
à Cambridge (f° 1-33). Symon Simeonis, frère mineur de Saint-
François, appartenait sans doute au monastère de Clane (Co. Kil-
dare en Irlande) ; le 16 mars 1322, il quitta l'Irlande avec un com-
pagnon, Hugo Illuminator, pour faire un voyage en Terre Sainte.
Ses principales étapes furent Chester, Litchfield, Londres, Canter-
bury, Amiens, Beauvais, Paris, dont il fait une longue et magni-
fique description, Lyon, Valence, Arles, Marseille, Gênes, Bobbio,
152 Périodiques.
Mantoue, Vérone, Padoue, Venise, Pola, Zara, Durazzo, Candie,
Alexandrie, le Caire, où il perdit son compagnon, victime de la
fièvre, et enfin Jérusalem, où il arriva au milieu de décembre de la
même année. Ce qu'il paraît y avoir de plus important et de plus
neuf dans son récit de voyage, c'est la description qu'il fait de
l'Egypte. M. Esposito indique en terminant quelques points de
comparaison avec le traité de géographie que le moine irlandais
Dicuil rédigea vers 825, cinq siècles plus tôt. Tandis que Dicuil,
malgré son intelligence, se fie aveuglément aux récits merveilleux
d'un Pline, d'un Solin ou d'un Isidore, Symon se montre un obser-
vateur perspicace et curieux, dont le témoignage personnel a une
réelle valeur.
X
Le numéro 3 de The Journal of the Welsh Bibliographical
Society est daté de décembre 191 1. Il débute par un article de
M. E. A. Lewis, a Bibliographical Note on the sources of the Mediaeval
Historv of the Welsh Boroughs (p. 65-75) '■> l'auteur y donne une liste
d'ouvrages spéciaux ou généraux à consulter pour l'étude de l'his-
toire communale en Galles, et notamment dans le Nord de Galles ;
rien de complet ni de définitif, simples indications comme peut en
recueillir chez nous tout étudiant qui dresse la « bibliographie »
d'un sujet. — P. 76-83, se trouve un article anonyme sur The
Hengwrt Library of printed books, relevé des imprimés les
plus rares et les plus précieux de la célèbre collection. — -Enfin, p.
83-89, M. T. C. Evans étudie John Walters and the first printing
press in Clamorganshire ; John Walters, recteur de Llandough près
Cowbridge, vécut de 1721 à 1797 ; il est connu comme l'auteur de
l'English-Welsh Dictionary, dont l'impression commença en 1770
à Cowbridge chez les imprimeurs Rees et Dan Thomas, mais ne fut
terminée qu'en 1794 à Londres.
XI
Il existe à Londres depuis 1898 une Folksong Society, dont l'ob-
jet est de recueillir et de publier des chants populaires, besogne
dont s'acquittent également en Irlande Ylrish Folksong Society et en
Galles la Welsh Folksong Society. Le secrétaire de la Folk-song
Society est M. Frederick Keel, 19 Berners street, London W.; les
membres paient une cotisation annuelle de 10 s. 6 d.
Périodiques. 1 5 3
Cette société publie un journal. Le fascicule ié (3e du tome IV)
du Journal of the Folk-song society est entièrement consacré
à une étude de miss Frances Tolmie, A neiu collection of Gaelic
Songs (décembre 191 1 ; p. i-xjv et 143-278).
Miss Frances Tolmie, nous dit la préface, est une Ecossaise des
Iles Hébrides, qui depuis son jeune âge — elle a aujourd'hui
70 ans passés — s'intéresse au folk-lore gaélique. Elle s'est parti-
culièrement occupée de recueillir des chansons populaires. Le
recueil qu'elle publie est des plus importants : il se compose de 105
morceaux, qu'elle a tirés soit de ses propres souvenirs, soit des
souvenirs de deux amis, natifs comme elle des Iles Hébrides, mais
qui tous proviennent de chanteurs du pays. Ce caractère tout local
du recueil n'en n'est pas le moindre intérêt. Les différents chants
sont groupés sous cinq chefs : 1. Songs of Rest and Récréation, 2.
Songs of Labour (Waulking, Reaping, Rowing, Milking), 3.
Ancient heroic Lays (relatifs notamment à la légende de Finn), 4.
Songs to chiefs and others, 5. Laments and Love Lyrics. Le folk-
lore occupe naturellement dans ces chansons une place importante.
Les folk-loristes pourront glaner dans le recueil une riche quantité
de faits variés. Les musiciens aussi apprécieront le charme de ces
mélodies vraiment populaires, qui se ramènent toujours à la gamme
pentatonique (ou pentaphone), simple ou renversée, parfois accrue
d'une sixième note supplémentaire. Il y a en tout quinze modes
dans la musique des chansons de miss Frances Tolmie ; c'est égale-
ment le nombre des modes de la musique bretonne, telle que l'a
définie M. Duhamel (v. Annales de Bretagne, t. XXVI, p. 73e). Une
intéressante comparaison s'impose entre les deux pays ; bornons-
nous à recommander le sujet aux musicologues.
XII
Le tome XVII des Mémoires de la Société de Linguistique
contient dans son premier fascicule (p. 60 et suiv.) un article de
M. Meillet sur les Formes verbales de V indo-européen *melg-
« traire ». Il s'agit d'une tentative fort originale de restitution d'un
prototype indo-européen pour le verbe qui est en grec xuéXyw, en
vieux-haut-allemand milchu, en irlandais bligim, en latin mulgeô, en
vieux-slave mh\q, en lituanien mél{ii. En mettant à part les forma-
tions qui se dénoncent ou se laissent interpréter comme récentes,
M. Meillet établit qu'il faut poser pour l'indo-européen un présent
athématique comportant l'alternance *mêlg-, *>nlg-. Il utilise pour
154 Périodiques.
sa démonstration les formes parallèles *inêrg- *nn g-(\'éd'ique ""'' -
jwi mrjântf), qu'il interprète comme des doublets dus à la dissi-
milation et issus de formations redoublées du orenre des intensifs
sanskrits mârmrj- et marmrjyâ-. Et cela le conduit à déterminer
le sens ancien de la racine, qui était « faire sortir » ; de là le sens
de « traire » spécialisé dans le type *melg- (cf. tous les présents
cités plus haut), tandis que le type merg- prenait le sens de « es-
suyer » (skr. mârjmi, gr. dpwpyvufAi) ou de « cueillir, extraire o
(gr. iaÉcyo). Le sens ancien se retrouve pour le type *melg- en
italo-celtique. Il est impossible en effet de séparer des mots précé-
dents le latin promulgâre et l'irlandais durinmailc gl. promulgauit
Ml 31 d 3, dont l'infinitif tinmlegun gl. promulgatione Ml. 71 c
18 a la même forme que blegon « traite » (mbleguin dans les Annales
d'Ulster, à l'année 732) ; et le subjonctif vieil-irlandais coduiiiuiail
traduit le latin « ut eliceat » (Ml. 50 b 1). L'évolution sémantique
a été ici « faire sortir, mettre en évidence ». Ce n'est pas la
première fois qu'on constate en italo-ceitique de précieux archaïsmes
de vocabulaire.
Dans le cinquième fascicule du même tome XVII, p. 337 etsuiv.,
figure un article, signé J. Vendryes, sur la Place du verbe en celtique.
L'usage de placer le verbe en tête de la phrase attesté en irlandais
et en gallois (mais non en gaulois) serait sorti des phrases où le verbe
comportait un préverbe et un pronom infixe. En effet, en indo-euro-
péen on plaçait les particules ef les formes enclitiques des pro-
noms après le premier mot de la phrase. Or le celtique a conservé
l'usage des pronoms régimes enclitiques. D'autre part le groupe
préverbe + verbe tendait en celtique à devenir inséparable. Ainsi
se trouvait pour ainsi dire stéréotypé le début de toute phrase dans
laquelle le verbe était composé et avait pour régime un pronom ;
une pareille phrase devait nécessairement commencer par préverbe
-f- pronom régime + verbe ; ensuite se rangeaient naturellement
le sujet et les autres régimes. La langue aurait généralisé l'usage
de placer le verbe avant sujet et régimes, c'est-à-dire en tête de la
phrase.
XIII
Vient de paraître le premier cahier du tome XXX des Indoger-
makische Forschungen. Aucun article n'y est particulièrement
consacré au celtique. Toutefois, M. H. Gùntert, dans un travail
Zur Bildung der altindischen Desideraliva(p. 80-137), utilise quelques
rapprochements avec l'irlandais. Il signale notamment p. 108 que
Périodiques. 155
l'irlandais gae « javelot », gaulois guiso- répond au mot sanskrit
hésas- qu'il traduit par « arme de trait » dans un passage du Rg-
Veda, X, 89, 12. De plus, p. 109, il explique d'après M. Thurney-
sen le verbe sanskrit kridali « il joue » (de *kri^d-) en le ratta
chant a l'irlandais cless « tour d'adresse ». Enfin, p. 133, étudiant
l'origine des désidératifs sanskrits, il passe en revue les formations
analogues des autres langues et consacre un développement au
futur sigmalique de l'irlandais. Son information est précise et juste.
J. Vendryes.
XIV
La Romania (t. XL, n° 157) contient une note de miss G. Schœp-
perle sur un vers de la Folie Tristan de Berne. Dans le n° 158 un
article de M. Huet sur le Château tournant dans la suite du Merlin :
on sait que parmi les aventures merveilleuses du cycle arthurien il
est question d'un château qui tourne avec une grande rapidité, dans
lequel un chevalier doit pénétrer. Or précisément un château sem-
blable est décrit dans la navigation de Maelduin (d'Arbois, L'épo-
pée celtique en Irlande, I, 293). Dans les nos 159 et iéo, M. Cos-
quin, un des meilleurs folkloristes français, étudie avec beaucoup
de sagacité le conte du chat et de la chandelle dans l'Europe du
Moven Age et en Orient.
XV
Les lecteurs de la Revue Celtique trouveront comme toujours à
glaner des faits curieux appartenant au folklore celtique dans la
Revue des Traditions populaires : citons en particulier dans le
ii° 1 1 du tome XXVI des contes bas-bretons recueillis par M. Fri-
son, dans le n° 12 des contes de Haute-Bretagne rassemblés par
M. Paul Sébillot, dans le n° 1 du tome XXVII des chansons popu-
laires du Bas-Vannetais publiées par M. Frison, etc.
XVI
Dans le n° 2 du volume XXII de Folklore, M. Th. Westropp
poursuit sa très utile description du folklore du comté de Clare en
Irlande : il examine les croyances relatives à la chance, aux pré-
sages, aux rêves, à la divination. On notera la persistance d'une
curieuse coutume le jour de la Saint-Etienne : un cygne est mis à
mort, et son corps promené sur des branches arrangées en croix.
156 Périodiques.
M. Westropp croit reconnaître là un reste des superstitions rela-
tives aux druides, le cygne étant l'oiseau druidique, donc maudit
en pays chrétien. N'y auraii-il pas là plutôt la survivance d'un
rite de sacrifice agraire, peut-être de sacrifice du dieu. On n'en
sait plus d'ailleurs la raison, et on cherche à l'expliquer : si un
cygne est mis à mort, dit-on, c'est que jadis précisément un cygne
trahit la cachette de saint .Etienne.
Les traditions relatives aux sources sont particulièrement abon-
dantes dans les vies de Saints, échos de légendes topologiques :
de plus le Saint hérite des attributs du héros découvreur de sources.
Dans le n° 3 on notera la description d'un certain nombre de
fêtes et cérémonies traditionnelles, notamment celle qui eut lieu
jusqu'à une époque récente à Iniscatha (Scathery Island sur le
Shannon) et qui commémorait la victoire de saint Senan sur un
monstre.
Dans le n° 4 on trouvera une série de superstitions relatives aux
animaux et aux plantes.
XVII
Dans le tome XXX des Axalecta Bollandian'a nous trouvons
au fascicule 2 un article nécrologique consacré au regretté P. Ch.
de Smedt : la Revue Celtique a déjà eu l'occasion de dire tous les ser-
vices qu'il a rendus à l'hagiographie et à l'hagiographie celtique en
particulier (t. XXXII, p. 243). Depuis, un nouveau deuil est venu
frapper les Bollandistes avec la mort du regretté P. Poncelet. Mais
leur œuvre ne s'en poursuit pas moins; les articles originaux
restent des modèles de critique, les textes sont édités de façon
excellente, et le bulletin des publications hagiographiques est un
instrument bibliographique de premier ordre.
J. Marx.
Le Propriétaire-Gérant, H. CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
THE DEATH OF DIARiMAID
In a preceding article, The Reproach of Diarmaid, p. 41
above, we hâve attempted to form an idea of the contents of
the lost Aithed Grainne ingine Corbmaic la Diarmait tta
Duibne (The Elopement of Grainne, daughter of Cormac,
with Diarmaid grandson of Duibne), mentioned in the
tenth centurv list of taies in the Book of Leinster.
Of the death of Diarmaid we hâve no mention previous to
that contained in a lay in the Duanairc Finit, dating some-
where between the twelfth and the fifteenth century1. In this
we are told that Finn makes peace with Diarmaid and
Grainne after sevén years unsuccessful pursuit. He forms
the treacherous design of sending Diarmaid to hunt a magie
boar which he knows the hero is destined not to survive.
Diarmaid dies in overcoming the beast. A similar account is
preserved in the eighteenth century literary version2.
L. C. Stern, in tht'Zeitschrift fur celtische Philologie, V, 564,
gives an account of the published versions of the ballad of
Diarmaid's death, and an estimate of their relative values.
They ail give substantially the same narrative. The variants
will be mentioned in the notes to the présent article. Some
versions not noted by Stern hâve been included in our study.
In thèse Diarmaid is represented as coming from the struggle
unharmed. Finn disputes his measurement of the boar, and
1. Duanaire Finit, éd. J. MaeNeill, Irish Texts Society, VIII (Londou,
1908), p. 45, 149.
2. Toruigheacht Dhiarmuda agus Ghrainne, éd. S. H. O'Grady, Ossianic
Society Publications, III (Dublin, 1857) cited by pages; reprinted for the
Society of the Préservation of the Irish Language, in tvvo parts, cited by
parugraphs.
Revue Celtique, XXXIII. 1 1
158 /. //. Lloyâ, O. J. Bergin, G. Schoepperh.
asks him to measure it against the bristle. In doing so, the
hero is fatal ly wounded by the poisonous spike. The three
Iays hère printed give this version. The first is from a six-
teenth century manuscript, the Book oj the Dean of Lismore.
The second is a hetter version of the same lay ; the third is
from Kennedy 's second collection of Ossianic ballads, made
about 1774 (v. infra).
The third lay gives an account of how Finn learned the
whereabouts of Diarmaid, and enticed him to take part in
the hunt. A prose introduction to the lay and an account
current in Scotland ' gives a similar version :
They went up the side of a burn that was there and took
their dwelling there, and they had beds apart. Diarmaid was
making dishes, and the shavings which he was making were
going down the burn to the strand. The Fianna were hunting
along the foot of the strand, and they wTere on the track of
a venomous boar that was discomfiting them. Finn took
notice of the shavings at the foot of the burn. 'Thèse', said
he, 'are the shavings of Diarmaid'. ' They are not;he is not
alive', said they. 'Indeed', said Finn, 'they are'. ' We wiil
shout Foghaid, a hunting cry, and in any place in which he
may be, he is sworn to it that he must answer.
The introduction to the lay which we translate from Ken-
nedy's collection, gives a description of the shavings :
The speal curled around nine times, and it was S. . . quar-
ters long ; there was none in Ireland that could do the
like2.
We find the following instances of a similar identification
by whittlings in Middle Irish. In the Rennes Dindsenchas 3 :
Slechtaire discovered an underground cave wherein they
dwelt for a long time. Every night they used to go forth
from it a-raiding, and one day they found, on Luachair Aine,
Find's son Ossian alone. They make a prize (?) of him and
1. J. F. Campbell, Popular Taies of the West Highlands (Edinburgh,
1862), cited W. H. T.
2. J. F. Campbell, Leabhar na Feiwie (London, 1872), 158 b, cited L.b.
3. Rev. Celt., XV, 447.
The Death of Diarmaid. 159
carry hirn orî" to their dwelling, There Ossian eut a chip
from a spearshaft (which Crimthann had given him to trim)
and cast it into the stream from the well, so that it got to
Ath na Féile « the Ford of the Féale », where Finn was
dwelling. Then Find took the chip in his hand and said,
' Ossian ruade this' and Find's men ascended the stream to
its source and saw the earth cave.
This story is versihed in the Book of Leinstcr, where it is
said that Ossian cast into the stream a bail made of the chips
from the spear shaft.
Another middle Irish story which contains this trait is the
folio wing : :
Finn went on the track of Ferchess to avenge Mac Con...,
until he slew him at the end of seven years at the Pool of
Ferchess on the Bann, when he found the chips carried down
the river which Ferchess had set free.
A similar incident occurs in the French romances of Tris-
tan and Isolt. Hère the clue for identification seems to the
poet so hazardous that he adds others. The oldest form of
the incident is the following2 :
The king has dismissed Tristan from the court. Separated,
the lovers languish. Isolt sends Brangien to tell Tristan that
he must find means of seeing her. He promises that he will
meet her that very night in her orchard. Moreover, when-
ever, night or day, she sees a branch in the stream that flows
through her chamber, she is to wait and see if a bit of bark
tollows it, on which is carved a five pointed cross. Whenever
she finds this in the stream, she may know that Tristan is
under the linden near its bank. The device is repeatedly suc-
cessful.
The Norse translation of the lost version of Tristan by the
Anglo Norman poet Thomas further describes the shavings
made by Tristan 3 :
1. Fianaigecht, éd. Mever, R. I. A., ToJJ Séries, XVI, p.xxm, 38, 9.
2. Eilbart von Oberge, éd. Franz Lichtenstein (Strassburg, 1876), Quel-
len und Forschungen, XIX, 1. 3278-3355, cf. 3490-3494.
3. Die nordische und die englische version der Tristausage, éd. E. Kôlbing,
Heilbronn, 1878, 1882, I, p. 167 1. 19 ff.
i6o /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
He took a branch and whittled fair shavings so skilfully
that no one had ever seen their like ; for when they were
cast into the water, they were not damaged and floated
like toam on the water and no current could destroy
them.
This identification by whitllings carried on the stream is
unique in French romance and is probahly a survival in
Tristan as in thèse late versions of Diarmaid and Grainne, of
older Celtic tradition1.
When Finn knows that Diarmaid is in the vicinity, he looses
the dogs and stations the hunt about Ben Gulbain. According
to the oral versions 2 it is one of Diarmaid's geasa ahvays to
follow the barking of the dogs of the chase. This trait seems
to be understood in two ot the lays hère printed : Diarmaid
insists upon following the hounds although Grainne does lier
best to dissuade him, and both seern to be aware that to do
so is to fall certainlv into the hands of Finn (K, stanza n).
Finn's stationing the hunt about Ben Gulbain in order that
Diarmaid might hear the baying of the hounds (K, stanza 9)
is alluded to by the poet in the Dean's Book as treachery
(stanza 4; cf. K. stanza 16). According to the oral versions },
another of Diarmaid's geasa was never to refuse a request
made bv one of the Fenians. This is alluded to in Kennedy's
version (stanza 25) to explain his compliance when Finn asks
him to measure the boar.
It is noteworthy that neither the version of the Death of
Diarmaid in the Dean's Book nor that in Kennedy's collection,
contains the stanza, common to almost ail the others 4,
recounting the death of Grainne :
Dh' adhlaic sinn air an aon tulaich,
An àm suidheachadh na muice fiadhaich,
1. Cf. Remania, XXXVIII, p. 196-218.
2. L. F. 153, 156, 158, 160; W. H. T. 45; O'Grady, 172-4, II,
1137.
3. Cf. The Reproach of Diarmaid, R. C, XXXIII, p. 49,11. 1.
4. J. G. Campbell, TJie Fiuns, JVaifs and Strays of Celtic Tradition, V
(Loodon, 1891), cited F, p. 60, 62 ; cf. IV. H. T. 45, 72, F. 57, 68, 62,
L. F. 163, 164 a, 164 b.
The Death of Diarmaid. 1 6 1
Grainne nie Chormaic a Chuillinn,
Da chuilcan, agus Diarmaid.
We buried in the same hillock, when settling the wild pig,
Grainne, daughter of Cormac of Ulster, the two whelps and
Diarmaid.
According to some versions, Grainne was buried alive,
because Finn discovered Diarmaid's innocence and her trea-
chery with the stranger of the cave '. According to the
manuscript of the eighteenth century literary version edited
by O'Grady, Finn persuades her to become his wife 2.
The extant fragments of the tenth century tradition of
Diarmaid and Grainne do not extend to the death of Diar-
maid. They also fail to furnish any light on the attitude of
Diarmaid toward Grainne beyond the fact of her initiative,
their elopement, and their life together in the forest. The oral
tradition may, it seems to us, préserve faithfully the outlines
of the rest of the story : Diarmaid's loyalty to Finn and his
résistance to Grainne, the épisode of the stranger in the cave
and the rash boon, the discovery of Diarmaid by Finn by
means of the chips on the stream, his luring Diarmaid to the
hunt by taking advantage of one of his geasa, the death of
Diarmaid by the boar, and the death of Grainne. Wë cannot
however trust the interprétations in the oral versions of the
characters or of the signifiance of the épisode of the stranger
in the cave.
The most important ballad of Diarmaid's death is the one
in the Book of the Dean of Lismore, a manuscript of the
i. F. S7-
2. I have examinée! ail the manuscripts of the Joruigheacht Dhiarmuda
agus Ghrainne, Catalogue, p. 249-50, and the others in the Royal Irish
Academy and in Trinity Collège, Dublin ; also those in the British Muséum.
They vary greatly in the amount of episodic material contained, and in
the point at which they conclude. None of them contain as much as that
edited by O'Grady. They usually end with Grainne's appeal to her sons
for vengeance (O'Grady, p. 204 ; II, § 55) or with Aonghus's lament for
Diarmaid (p. 199-201, II § 52. Hence they do not contain the account of
Grainne's marriage with Finn. In MS. 23. P. Q. R. I. A, it is said that
Grainne grieved for Diarmaid until her death.
i62 /. H. Lhyd, 0. J. Bergin, G, Scboepperle.
sixteenth century, containing Ossianic poetry written in Ear-
ly Modem Irish with Scotch peculiarities. The poem proba-
bly dates toward the end of the fifteenth century. This text
of the Death of Diarmaid was edited with an English transla-
tion by Thos. Me. Lauchlan, The Book of the Dean of Lismore
(Edinburgh, 1862), p. 64, 20. The Reliquiae Celticae of Came-
ron, I, 36, contains a diplomatie text, with a restoration in
modem Scotch Gaelic. Mr. J. H. Lloyd published a restora-
tion in Modem Irish in An Claidheamh Soluis, the organ of
the Gaelic League, Dublin, in July, 1910. The ianguage of
the Dean's Book being a cross between Irish and Scotch Gae-
lic, restoration into either of thèse dialects is inevitably unsa-
tisfactory. The folio wing transcription of the phonetic spel-
ling of the original, attempts to represent as accurately as
possible the peculiar dialect in which the lay is written.
Besides the difficulties offered by the orthography, there are
many which are no doubt due to errors in the Dean's texts
(cf. Stern, ZCP, I, 29e). The présent text is based on Came-
ron's diplomatie édition.
A HUGHDAR SO AILIN MAC RUAIDHRi
i . Gleann Sidhe an gleann so rem thaoibh,
i mbionn (?) faoidh éan agus Ion ;
meinic [a] rithdis an Fhiann
ar an tsrath so in diadh a geon.
2. An gleann so fa Bheinn Gulbain ghuirm,
is aille tulcha fa ghréin,
nior bh'annamh a shrotba go dearg
in diadh shealg ô Fhionn na bhFiann.
3 . Eistidh beag madh dil libh laoidh,
a chuideachta chaomh so, uaim,
ar Bheinn Gulbain is ar Fhionn fiai,
is ar Mhac Ui Dhuibhne, sgéal truagh .
. . le Fionn fa truagh an scealg ',
ar Mhac Ui Dhuibhne is dearg H
1. anchealg ?
)
The Death of Diarmaid. 163
dhul do Bheinn Ghulbain do shealg
an tuirc nach féadann arm [do] dhith
Le Mac Ui Dhuibhne an airm àigh
do gon dtorchair an tore
Finn
is é rinn do locht '.
a dhdil,
Mac Uf Dhuibhne, grddh nan sgol,
ag so an sgéal fan tuirseach mndn
gabhar leis do ldimh an tore .
[A] dhiongbhdil do na bhFiann,
dd gcuirthi (?) é as an genoe,
an sean-torc sidhe ba garbh
Suidhighfis] Fionn is dearg dreach
fa Bheinn Ghulbain ghlais an tseslg,
leis an tore,
mor an t-olc a rinn an scealg.
Re cloisteacht comhghdir na bhFiann,
anoir 's aniar [ag] teacht fa a ceann,
éirghis an uath-bhéist 6' suan,
is gluaisis uadh ar an gleann.
Corruighis (?) re faicinn nan laoch,
in sean-torc sidhe ar fraoch borb,
ba géire nd gdinne sleagh,
ba tréine feagh (?) nd an ga bolg 2.
Mac Ui Dhuibhne na n-arm géar,
freagrar leis an uath-bhéist uile :
'na taobh .... trom nimhneach gdidh
cuiris sleagh in ddil an tuirc .
Brisear an crann leis fa thri,
's a cheann farior ar an muic,
an tsleagh 6' bhais bharrdheirg bhldith,
. . .nochar shdidh 'na corp.
1 . is é as mo rinn do locht, that tuas the greatest fault he committed ?
2. feag, tooth. O'Reilly? fedh, Rrf. Celt., I, 166, Stern's reading saigh,
Z. C. P., I, 323, does not rhvme well with sleagh.
164 /. H. Lloyd, 0. J. Bergin, G. Schoepperle.
1 3 . Tairngis an tscan-lann ô' truaill,
do chosain môr buaidh i n-âr
marbhais Mac Ui Dhuihhne an phéist,
do thâinig féin dâ héis slân.
14. Tuitis sprocht ar Fhionn na bhFiann,
is suidhis se [siar] sa gcnoc ;
Mac Uî Dhuihhne nâr dhiûlt dâimh,
olc leis a theacht sldn on tore.
15. Ar bheith dhô fada 'na thost,
adubhairt, gér bh'olc re râdh,
' Tomhais a Dliiarmaid ô' shoc
gâ mhéid troigh san tore so atà.'
16. Char dhiûlt é athehuinghe Finn,
olc linn gan a theacht dâ thoigh,
toimhsidh [an] tore ar a dhruim,
Mac Ui Dhuihhne nach trom troigh.
17. Tomais 'na aghaidh aris,
a Dhiarmaid, go min an tore,
budh leatsa do (?) rogha dhâ chionn,
a ghiolla na n-arm rionn goirt.
18. Iompoidhis, ba thurus gâidh,
agus toimhsidh dhâibh an tore,
goinidh an friodh nimhe garbh,
bonn an laoich ba gharg in dtroid.
19. Tuitidh ann sin ar an raon,
Mac Ui Dhuibhne nâr fhaomh feall,
'na laighe do thaobh an tuirc,
ag sin fa] oidheadh dhuit go dearbh.
20 . Atâ se ann soin fa chriaidh,
Mac Ui Dhuibhne, ciabh na geleacht,
aon-mhacaomh fuileach na bhFiann,
san tulaigh so 'chiam, fafheart.
21. Seabhac sûlghorm Easa Ruaidh,
fear le [mjbeirthi buaidh gach air,
in diaidh a thorchairt le tore,
fa thulchain an chnuic so atâ.
22 . Diarmaid Mac Ui Dhuibhne fhéil,
[a] thuitim tre éad mo nuar,
The Dectth of Diarmaid. 165
ba ghile a bhràgha nâ grian,
ba deirge a bhéal nâ blâth cn[uas].
23 . Fa buidhe a fhionnfadh's a fholt,
fada [aj rose barrghlan fa fhleasg,
guirme is glaise 'na shùil,
maise is caise i gcûil na geleacht.
24. Binneas is grinneas 'na ghlôr,
gile 'na dhôid bharrdheirg bhlâith,
méid agus aobhdhacht (?) san laoch,
seinge is saoire 'na chneas ban.
25. Cumhachtach (?) is mealltôir ban,
Mac Ui Dhuibhne ba mhear (?) buaidh,
an tsuirghe char thôg a sûil,
ô cuireadh ûir ar a ghruaidh.
28. Imeartach (?) éididh is each,
fear i n-éigean creach nâr chearr,
giolla a b'fhearr gaisgeadh is saoi (?),
ach, truagh mar ataoi (?) sa ghleann.
TRANSLATION
The author of this is Ailin mac Ruaidhri.
1 . Thisvalley beside me is Gleann Sidhe ;
in which are (?) the cries of birds and elks;
often would the Fenians rush
up this valley after their hounds.
2 . This valley under Beann Gulbain ' the blue,
whose hills are the fairest beneath the sun,
not seldom were its streams red,
after chases by Fionn of the Fenians.
3 . Listen a little if vou wish for a lay,
O dear company, from me,
of Beann Gulbain, of generous Fionn,
and of Mac Ui Dhuibhne, a sad taie.
4 Fionn, sad wastheguile
upon Mac Ui Dhuibhne, of ruddy hue,
1. The original mountain is Benbulbin in Barnarobin townland, barony
of Carbury, Co. Sligo.The Scottish Gaeis transferred the name to a moun-
tain in Perthshire.. Hence Ben Gulbain and Glen Sidhe beside it.
i66 /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperîe.
to go to Beann Gulbain to chase
the boar that no weapon can destroy '.
)
6.
Bv Mac Ui Dhuibhne of the triumphant weapon
that the boar fell,
Fionn.
Mac Ui Dhuibhne, the darling of the schools, —
this is the taie that makes women sorrowful, —
he undertakes [to meet] the boar.
7. His match. . . . of the Fenians,
if he were put (?) out of the hill,
the old fierce magie boar
8. Fionn of ruddy countenance set,
the chase about Beann Gulbain the grey,
by the boar,
great was the harm wrought bv the deceit.
9 . Hearing the claraor of the Fenians,
coming towards it from the east and irom the west,
the^monster arose from sleep,
and moved along the vallev.
10. At the sight of the warriors
the old magie boar started (?) in fierce rage,
(the boar) which was keener than spear points,
with tusk (?) stronger than the ga bolg.
1 1 . Mac Ui Dhuibhne of the keen weapons
answers the raging monster,
in its side. . . heavy, venomous, dangerous,
he cast a spear against the boar.
12 . His spear-shaft breaks in three,
its head, alas, in the boar,
the spear from his red-tipped smooth hand
. . he did not thrust into its bodv.
13. He drew from its sheath the old blade,
which had won many a victory in battle ;
Mac Ui Dhuibhne killed the beast,
he himself came back safe 2.
1. For the magie character of this boar see O'Grady's édition, 176-82
II, § 38-41. The association of the life of a hero with that of a certain
animal is a fréquent trait in popular tradition.
2. Contrast O'Grady 182-4, II §41.
The Death of Diarmaid. 167
14 . Anger seized Fionn of the Fenians,
and he sat back on the hill,
itgrieved him that Mac Ui Dhuibhne (who never refuscd
poets)
should hâve corne safe from the boar.
1 5 . When he had been long silent,
He said, though it was an ill saving :
' Measure, O Diarmaid, from its snout,
how many feet there are in this boar ? "
16. He did not refuse Finn's request ;
we grieve that he did not come home.
He measured the boar on its back,
the son of O'Duibhne, of tread not heavy.
17 . ' Measure again, backward,
O Diarmaid, carefully, the boar ;
thou shalt hâve thy (?) choice in reward for it,
O youth of the sharp-pointed weapons.
18 . He turned — it was a dangerous movement —
and measured the boar for them ;
the venomous rough bristle
wounded the sole of the warrior fierce in fight '.
19 . Then he fell on the path,
the son of O'Duibhne, who consented not totreacherv,
on the ground beside the boar —
there is his fate for you trulv.
20. He is there under the clav,
The son of O'Duibhne with curlv hair,
the most warlike youth of the Fenians,
on this hill which we see, in a grave.
2 1 . The blue eyed hawk of Assaroe,
by whom victory was won in everv slaughter,
since his fall by the boar,
is under the summit of this hill.
22. Diarmaid, son ofgenerous O'Duibhne,
alas, thathe should havefallen through jealousy!
1 . Diarmaid is represented in the versions collected from oral tradition
as vulnérable only in his right heel, W. H. T. 44: F 54, 63 ; L. F. 158 b,
161 a.
i68 /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
His neckwas brighterthan the sun ;
his lip was ruddier than the blossom of clusters.
23 . Yellow was his hair :
long his fair topped eye under a curl ;
blueness and grayness in his eye :
beauty and curliness in his curly hair.
24 . Sweetness and merriment (?) in his voice ;
whiteness in his smooth, red-tipped palm ;
size and charm (?) in the warrior,
Grâce and nobility in his white skin.
2 5 . Master (?) and charmer of women,
Son of O'Duibhne of swift victories,
wooing has not lifted her eye
since the clay was placed on his cheek.
26. One who was busy (?) about armour and steeds,
and was not crooked in hardship offorays,
the man who was best in war, and the sage (?),
ah, it is sad how thou art (?) in the glen !
The best version of the ballad of Diarmaiâ's Death is the
fragmentary one found in the Edinburgh Gaelic manuscript
XLVIII (v. Reliquiae Celticae, I, xm). The text is printed in
Reliquiae Celticae, I, 166, and \ve publish a translation hère.
It is infortunate that the manuscript breaks off at this point ;
for its readings, as shown by the mètre, are often better than
those of the version in the Dean's Book .
1 . This glen beside me is Glenn Sîodh,
wherein is the cry of birds and elks,
frequently would the Fenians run
(along) this strath in the west after their hounds.
2 . Beinn Ghlasbha (?) and Beinn Ghulbann the blue,
whose hillocks * are the loveliest under the sun,
often were its streams red
after chases by Finn with his Fenians.
1 . Diarmaid is the hero of numerous love stories in Ossianic literature.
2. tuilm rhymes with ghuirm, and hence is better than the reading in
the Dean's Book, tulach.
The Death of Diarmàid. 169
3 . Listeri a little, if you would hâve a lay,
about this dear company that is gone,
about Ben Gulbain, about generous Finn,
and about the grandson of Duibhne, my sad taie !
4. It was allotted by Finn (sad was the treachery),
upon the grandson of Duibhne of ruddy hue,
to go to Ben Gulbain to hunt
the boar that no weapon could subdue.
5 . The beast awoke from its sleep,
andlooked l away over theglen,
and it saw the foragan - of the Fenians
from east and west coming against it.
6 . Is roused (?), at the sight of the warriors,
the old boar of the elf mounds 3,
longer was its tusk than a spear ;
sharper ixsfedh than the ga bolg.
7. Diarmàid, son of generous O'Duibhne,
cast a spear at the boar ;
the shaft was broken in three,
but it went (if the taie be true) into the boar.
8. The spear from his smooth white-tipped hand,
he pulled ■ivhat was in its body.
9 . He drew the old blade from its sheath,
which had won many victories in battle :
the beast fell by Diarmàid,
and he came back safe thereafter.
10. When Finn had long been silent,
he spoke, and it was ill to say :
' Measure, O Diarmàid, from its snout
how many feet there are in the boar'.
11. 'I will not refuse thv request, O Finn,
I am sorry that I did not come against her (?) +.
1 . d'amharc seems to be a better reading than gluaisis of the Dean's
Book.
2. forgan, (a) keenness, anger; (b) noise, chime, Highïand Society Dic-
tionary.
3. under heather (anger') oftbc hills. But benn does not rhyme.
4. '«a haghaidh, against her, ie. the boar (mue) or beast (beist). But
the text is corrupt. 'na thaigh, to his house, would rhyme with traigb
(sic leg.).
ijo /. H. Lîoyd, O. J. Bergin, G. Schoepperle.
He measured the boar on its back,
tlie grandson of Duibhne, thc light-iboted.
1 2 . Seventeen feet of true measure
there were . . . that pig
'That is not its true measure but —
The following fragment in late hand (seventeenth or eigh-
teenth eentury?) and bad spelling oceurs on p. 39 ofMSH.
4.22 (T. C. D.). It isofinterest as offering an Irish représen-
tative of the ballad of Diarmaid's death so popular in Seotland.
A Diarmaid eisd/; nac/; ghadhair
na freag/w/Y an ûadh&ch breige
decatY taeb/; ré Mac Cuaill
is cui»/ai» beith gan ceile.
Fiadac/; breigfre an fiadac/; so
ataid a coin ar slabr«id
ac/;d fiad/;ac/j na peisteso
âcbuni tusa do marbad/;.
Na abait si» a Grane
na ïobbair naire dod ceile
dm (?) tregWind ma sealg/.'a
ar agla na Feine.
Trug si» a Mie hi Dui«»bne
is cuiwmig mar
Translation.
O Diarmaid, heed not the hounds, answer not the sham hunt. It ishard
to trust the Son of Cumhall : (he) remembers that he is without a wife.
This hunt is a sham hunt ; his hounds are chained ; but the hunt of this
beast is in order to kill thee.
Say not so, O Grâinne; put not thy husband to shame. I would not aban-
don my hunt for fear of the Fian.
Alas ! thou Son of Ô Duibhne, consider how...
We append a translation of a version of the Deatb of Diar-
maid collected by Kennedy, about 1774 and printed in J. F.
The Deatb of Diarmaid. 171
CampheH's Leabbarna Fànne (London, 1872), p. 158 b. The
more important variants of the version in Kennedy's second
collection, noted in Leabbar un Fciiuie p. 161 b, are mention-
ed.
1 . Ossian : This glen beside us is Glen Shee, In which
was wont to be the sound of deer and elk, Often the
Fenians used to run In the valley westward after the
hounds.
2. Listen a while if you want a lay Concerning this dear
company that is gone, About Ben Gulbain and the prince
of the Fianna, And the son of O Duibhne of the sad taies.
3 . Patrick : Why should we not listen to thy lay, Belov-
ed ' Ossian, sweeter in voice than the birds of the shore
lamenting, Or the birds of the wood at the coming of
day?
4. Ossian : One day my generous king And his Fenians
w ho were not timorous 2, Were hunting along dark glens. We
went down to the strand.
5. Then my king saw, In front of the true man ol
strength of Ireland 5, A chip in the white, pure whirlpool,
Folded nine times, coming to the sea.
6. He caught it in his white hand, And he gazed sharp-
ly and keenly. He measured it with his comely |foot, And
its length was five feet and a span.
7. Then he spoke fiercely : It is Diarmaid who made this,
in ail truth, And none of the men of Cormac, or the swords-
men of the Fianna .
8. My king refused absolutely to take food or drink, until
the face of the champion should be found, If he were alive
in Erin in a cave.
9 . We set loose our hounds on the mountain, And
through the very dark and lovely woodland, After the
wild cat of the cairns, So that he might hear their bay-
ing.
1. Generous K. 2.
2. Who were strong in battle. K. 2.
3. Whose knowledge was greatest among the men of Fal. K. 2.
172 /. H. Lloyd, O. J. Bergin, G. Schoepperlc.
10. The warrior who was not weak in battle Heard a
shout on the side of the mountain, And he said to his
wife : I urillfollow the hounds.
11. 'O Diarmaid, do not answer the hounds ', Since it is
but a false hunt; it is hard to trust Finn; He is grieved 2 at
being without a wife'.
12. Yet I will answer the hounds; I will visit every hunt
of the mountain. It were shame for me to désert my lawful
hunt, On account of the enmity of the king of the
Fenians.
13. Diarmaid came to the glen, Toward the famous
Fenians of Inisfail, And it was a pleasing sight to Finn, To
see him coming toward them into their power .
14. We went to Ben Gulbain the blue, the fairest hil-
lock under the sun, On whose red streams had many a time
been the hunt of Finn of the Fianna.
15. Ben Gulbain was the lair of the boar; It was often
trodden by the deer. Through the good son of O Duibhne
Grainne lost her mind and her reason.
16. Finn of ruddy cheek stationed About green Ben Gul-
bain the hunt. 'O Diarmaid, watch the boar'. Great the
harm that treachery caused.
17. Listening to the clamor of the Fenians From east and
west coming towards us, The evil beast rose from his sleep,
And started away from us up the glen.
18. The venomous old boar of violent rages, became exci-
ted at the sight of the heroes; his bristle was stronger than
the wood, and his sting was sharper than the ga bolg.
19. A mysterious old boar is yonder, Full of fierce blood
and slaughter. O Diarmaid, princely son of O Duibhne, fol-
io w the evil beast.
20. The hero whose hand was stout followed The evil
beast that was of highest bristle; It moved toward him to
meet him, like the sound of a wave in the high torrent.
1. The warning of the hero bv his wife on the day of his death or of a
great misfortune is an epic technicalitv.
2. Leg. cumha} cf. W. H. T. iii, 65.
Thé Dedth of Diarmaid. 173
21. The spear from the bright-topped white palm, He cast
toward it to destroy it. He broke the shaft in three upon it,
And left the head of it down in the body.
22. He drew the old blade from its sheath With which
used to be won victory in every contest. The beast fell by O
Duibhne, And Diarmaid came away safe.
23. Déjection fell upon the Fenians, When he sat down
backward on the hill ; He thought it no triumph for him,
That Diarmaid should corne come safe from the boar.
24. After he had been a while silent, He said, and ill was
the speech : 'O Diarmaid, measure the boar, How many feet
from its snout to its heel ?'
25. He never refused anything to the Fenians, Which
they had put before him ail his life. He measured the boar on
the back, And he came away safe.
26. 'Measure it backward again, O Diarmaid, and if it
hurts thee, Make what request thou wilt therefor, Lad or
the keen, sharp-pointed weapons.
27. He measured it for them and great was his fear;
The son of O Duibhne measured the boar. The bristle, sharp-
edged and heavy, Wounded the sole of the warrior fierce in
fight.
28. Then he fell on the moor, The son of O Duibhne, the
curly-haired. The peerless x hero of the Fenian company, On
the hillock westward from the house.
29. His blood was running from his beautiful body, Like
a small stream from a high well ; It was sad to see his suffer-
ing, In torment without guilt or falsehood.
30. Although more ruddy his cheeks than. the berry, In
the grass on the brow of the hill, They grew darkly cloud-
ily blue, As when a chilly cloud cornes over the brightness
ofthe sun.
3 1 . 'One drink from thy cup % O Finn, O man ot sweet
1. Lit. one bloody warrior.
2. Simikrlv in F. 59, L. F. 158 b. In O'Grady's version, 184, II, § 42,
cf. The Reproachof Diarmaid, R. C. XXXIII, 4s.— W. H. T. 44, 71, F 44,
54, 56, the drink must be from Finn's palms. L. F. 161 a is indefinite.
Revue Celtique, XXXIII. 12
i74 /• H. Lloyd, 0. J. Bergin, G. Schocppcrlc.
and pleasant words, Since I hâve shed much of my blood
Bring me a drink from the well.'
32. 'I will not give thee a drink of it, to check thy anguish
or thy thirst, For thou hast never done anything for me
for my good, Which thou hast not done in the end for my
harm. '
33. 'I hâve never injured thee, Yonder or hère, from east
or from west, But (it was) Grainne vvho carried me ofF cap-
tive ', When she caused me to break my word'.
34 = 31
35 =32
36. 'If thou didst remember the day of Suibhne 2, there is
no need to be recalling it ; I killed eight hundred and three
men for thee 3,
37 = 3i
38= 32
39. In Bruidhen Caorthainn thou wast prisoner, O Finn,
I was good to thee, When the White-toothed one was wound-
ing thee And thou wast in distress and in combat .
40= 31
41 =32
42. Another day I was of service to thee, In Tara when
thou wast in distress, I was victor in the house, Protecting
thee from every combat.
43 = 31
44 = 32
45. Three king's sons of Inis Tire-fo-thuinn, I killed
them ail in spite of their résistance; And I washed thee
in their blood, Though thou hast overcome me with
cruelty.
46. One drink now from thy cup, O Finn, O manof the
1. Cf. R. C. vol. XXXIII, p. 41 sqq. ; Mr. Lloyd translates : went with
me into captivity (outlawry ?), etc.
2. Cf. O'Grady 184-92, II, § 42-5 for Diarmaid's enumeration of his
services 10 Finn. Also P. Joyce, OU Celtic Romances, XIV, 177 ff; W . H.
T. 70, stanza 21-3.
3. Great was my service with my sharp sword. K. 2.
The Death of Diarmaid. 175
sweet words and help ', Since I hâve lost m y strength and
my bloom, a drink from the well 2...
47 = 32
48. If thou didst but remember the day of Conall. [When]
Cairbre and his people were before thee, Thyself and thy
Fenians in thy train, O sad is my face toward Ben Gulbain !
49. If the women of Oighe 3 but knew that I had been
broughtinto this trap, Their husbands would be weary 4. O
sad is my face toward Ben Gulbain.
50. I am Diarmaid ofthe yew tree >, Of Connaught and
Dursey and Berehaven. I am the foster-son of Aonghus of
the Brugh 6, One of choice beauty.
51. I am the foster-son of Aonghus of the Brugh, Every
shot of mine was excellent; I excelled every man in hunting 7,
O sad is my face toward Ben Gulbain !
52. I am the blue-eyed hawk of Eas Ruadh, By me was
won the victory in every battle. O sad is my death from
the boar, Under the peak of this hill s.
1. Leg. càbhair} Mr. Lloyd translates « syllables », but the reading is
certainly corrupt.
2. Wilt thou not give ?
3. Lit. of youth ; cf. IV. H. T. iii, 73, mnathan na Firme, Oighe, cor-
ruption of a place name?
4. Mr. Lloyd reads ' sorrowful...'.
5. One of the best known incidents in the story of Diarmaid and
Grainne is the chess play between Fionn and Oisin under the tree in
which the fugitives hâve taken refuge. D. sends down a berry to show
Oisin how to move. His présence is thus discovered to Finn and he es-
capes with difficulty. Cf. O'Grady's version, 142 ff., II, § 20 ff. ; Mr Lloyd
has edited a composite text made up of the version in R. I. A. MS. 23
L. 27, O'Grady's version and the Scottish versions in An Claideamh Salais,
Mardi, 19, 1910 and ff. ; L. F. 155 prints the versions collected by Ken-
nedy. The incident is alluded to in almost ail the stories of D. and G. cf.
I. F. 156 q, 161 a etc.
6. Cf. the ioth century Uath Beinne Etair, R. C. XL 124 ff. in which
Aonghus, mentioned as the foster father of Diarmaid, appears and saves
him in a moment of great péril. His rôle is similar in O'Grady's version
pp. 71, 148, 150, 168, 198; I §21, 23, 16, 34, 35, 52.
7. Or Icg.foighiJ, patience, endurance.
8. R. I. A. MS. 3 b. 8, f°. 321 représenta Conan as taunting Finn
when he is bringing the water to Diarmaid : is minic thug an beal sin pog
176 H. Lloyd, 0. J. Bergin, G. Schoepperle.
53. We buried at last, With mourning, sorrow, and shed-
ding of tears, The suprême warlike vouth ofthe Fenians On
the hillock westward under a stone.
54. When the wïcked Grainne saw That he was put under
the grouud, She lost consciousness and color, And fell in a
trance on the ground.
55. When she arose out of her stupor, She sang, with
torment and sorrow, The praises of Diarmaid of brightest
color, Lying ghastly on the moor.
56. 'There is a bed for twoin the rock ' ; Finn wasseeking
it for a year, fhere is a stream above it to the sea, And it
never wet thy love Diarmaid.
57. This is the bed where — 2 was, Who used to rouse
the attack in hunting, The man who did not think of fear, At
the cry ofthe hounds on vonder mountain.
58. Alas, that was the rime of torment, How bitter and
sharp is my sorrow for thee, That thy blue eye should
be without sight, O man of delightful mouth and words.
59. Thou wast the sister's son of the high king, Thou
wast loving, fortunate, and bountiful ; O, it is a pity that
he put thee to death, without any reason, O love Diarmaid.
60. Thou wast the suprême hero ofthe men of Fal, In
winning triumph in battle, Thou wast the best of them
ail in every sport, And didst cause them gladness and solace.
61. Thy skin was brighter than the cotton down, On fresh
snow in narrow glens; Thy form surpassed those of ail
therest, O man of ruddier cheeks than the quicken berry.
62. Thy eye was bluer than the berry, On the edge of
wild high peaks, And the flash of thy eye was gentler Than
the sigh ofthe wind which bends the grass on every ridge 5.
do bheal Ghrainne. Il is often that mouth gave a kiss to Grainne. Simi-
larly, the version collected from oral tradition in Ballyvourney, v. The
Reproacb of Diarmaid, R. C, vol. XXXIII, p. 44, n. In O'Grady's version,
192-4, II, § 45-48 and in the other manuscripts ofthe i8th century literarv
version, as in the versions collected in Scotland, Finn is alone responsible.
1. Cromlechs, caves, etc., are frequently known in Ireland as the beds
of Diarmaid and Grainne.
2. Leaihni, long hair, or proper name ?
5. The gentle sigh on the grass of the ridge. K. 2.
The Death of Diarmaid. 177
63. Thv tooth was brighter than the henbane ', That
quivered ail the day, And the sound of thy dear mouth was
sweeter than woodbirds' music on every plain.
64. Thy hair is like the brightness of the sun, Bright,
yellow, curly, and dear ; thy skin is as smooth as the foam
O thouwho wast helpful in every place.
65. I am mournful without consoling mirth, But [with]
weariness and sorrow ever lamenting; The musical harp of
sweetest frolic Will never awaken my heart to joy.
66. My spirit has fallen into a billowy sea, Crying heed-
lessly without rest, Ever recollecting thy ways, Ah, my atflic-
tion, and I without jov !
67. I shall no more hear thy speech, That was more
delightful than the music of the fiddle, Or the thrush in the
wild glens ; It has left my heart dark forever.
68. No more shall I see thv face 2, Or the brightness of
thy gentle blue eye 3, Alas, I am under overwhelming dis-
tress ; I shall never arise to light 4.
69. Dark is thy dwelling under the sod, Narrow thy bare
bed prepared for thee ; Never till doomsday will break the
morning That will awaken thee from thy slumber, O hero >.
70. But hidden ever in the ground, Is thy head, O thou
desired of every eye. Farewell to thee and thv beautv, Now
and forever, O Diarmaid.'
71. Every poet got ready his harp, To sing to us praise
of the great hero, Mournfullv, and verv sorrowfully, Music
at which every eve was weak and teartul.
72. May'st thou be happy, O Diarmaid, Man best in
speech and fight Of ail the Fenians in Ireland, To-dav our
cry is mournful.
73. Thy strength was as a torrent of water, descending to
1. Gagan, a cluster, or bunch. Highlancl Societv Dict.
2. Be seen. K. 2.
3. Bcaming bright in Tir Conall K. 2.
4. When, O love, shall light come upon thee? K. 2.
5. Awaken mv love the hero K. 2.
178 /. H. Llovd, O. T. Bergin, G. Scboepperle.
vanquish thv foes; in speed as the eagle of the skies, or as
the race of a fish skimming through the sea '.
74. O chieftain of Bearra of more beautiful hair - Than
any vouth among the Fenians, Undisturbed be thy golden
locks, Beneaththe weight of the level sod 5 !
75. Never again shalt thou be seen on the sea, On which
the high waves rise, Xor in the wood hunting the deer,
Nor in battle against a hundred, hewing bones.
76. Never more shall be heard the shout of thy mouth,
which was sweeter than the call of birds, In the house of
Tara forever, O man most excellent in love and appear-
ance.
77. Dark to-day is every eye, Bright was thy pal m, bright-
er thy face ; Strong and serviceable wast thou, O hero Plen-
tiful in beauty and courtesy and curls.
78. A thousand curses on the day That Grainne fell in
love with thv face; It was this that angered Finn 4. And put
thee in thy might beneath the ground.
79. Although there was many a one > of strength, Around
thee, O curl of beauties, Thou wert the best hand in fence
and fight, Alas, of ail that were in the glen .
80. But thy beauty was wont to beguile every woman, O
son of O Duibhne, swift in victory 6.
81. There h as not taken sword in hand, Of the best satin
cloaks of the Fenians, Anyone who could take thee from us,
In spite of the hosts of Fianna.
82. Nor lias any taken shield or sword, That was determi-
1. Sic. Highland Soc. Dict. s. v. steud, quoted from Smith' s Collection
of Ancieni Gaeïic Poems (Scan Dàna), p. 114.
2. More beautiful in brilliance. K. 2.
3. S. v. samhach, Highland Soc. Dict.
4. From his sensés. K. 2.
5. A hero of great strength K. 2.
6. Cf. W. H. T. iii, 75; F. 62. Highland Soc. Dict. s. v. suire, sui-
readh. An t-suireadh cha do thog a sùil, O chaidh an ùir do ghruaidh.
GUI. 287. The maiden raised not an eye, since thv cheek was laid in the
dust (sic). Mr. Llovd translates : thy wooing has not raised thv eye, until
the mould went over thy cheek. But the reading is corrupt, as the Dean of
Lismore's version (stanza, 25, 11. 3, 4) shows; see translation thereof.
The Dealb of Diarmaid. 179
ned to approach thee, O son of O Duibhne vonder who art
dead, When thou wast in the arrnor of heroes.
83. But from the time thou didst go away with Grainne,
Along every place ' like a phantom of death, Evervone of
us took aversion to thee, Especially Fionn — it is a sad
storv.
84. No wonder that I am without heart for food. Dark
and gloomy without solace, Seeing how manv strong and
valiant warriors of ours Fell every time in combat.
85. They hâve ail fallen but me alone, Like a tree rotten,
without foliage ; Every man % youth ;, and stripling,
Although very numerous were they to recount.
86. Although I am to-day without strength or protection,
Great was my violence and my vigor; without lack of men
oranything. This has left me.. 4.
J. H. Lloyd, O. J. Berge*, G. Schoepperle >.
1. Along the hills K. 2.
2. Lit. oak.
3. Lit. twig.
4. Lit. an alternate life.
5. The text, translation, and grammatical notes from the Dean's Book
are bv J. H. Lloyd and O. J. Bergin; the translation of Kennedy' s version
is by G. Shoepperle, revised bv J. H. Lloyd and O. J. Bergin. The intro-
duction and literary notes are bv G. Schoepperle. This article and the pre-
ceding one on TJie Reproach of Diarmaid (v . p. 41 above) will form the
basis of a study of the relation of the storv of Diarmaid and Grainne to
that of Tristan and Isolt, to appear shortly in a volume on the origins of
the Tristan romance by G. Schoepperle.
BLEDHERICUS, BLEDDRI, BRÉRI
Giraldus Cambrensis, writing of the Welsh coracles, tells
the following anecdote, which is important enough, as we
shall see later, to be quoted in mil :
" The fishermen, according to the custom of the country,
carry thèse coracles on their shoulders to and fro from the
river : commenting, therefore, onthiscircumstance, the famous
cyvarwydd, Bledhercus, who lived a little before our
time, used to deliver himself of this enigma : " There are
people among us who, when the}- go out to hunt, place their
horses on their shoulders, and carry them as far as the
hunt : to catch their prey, they jump on their horses, and
after catching it, they cast their horses again on their shoul-
ders and carry them ail the way home 1 ".
Now Bledhercus, or, according to other manuscripts, Bled-
hericus is Gerald's Latin for the rather uncommon name Blcdd-
ri, and the late M. Gaston Paris, with whom Sir John Rhys
agrées2, has identified him with another fabulator, called in
French Bréri, whose name occurs in the work of a certain
Thomas who, according to G. Paris, wrote in England about
the year 1170. " According to what I hâve heard ", says Tho-
mas, (speaking of the writers of the Tristan taies), "they do
not tell it according to Breri, who knows (?) the gestes and
1 . Naviculas istas piscatores patriae ritu eundo et redeundo humeris por-
tant, unde et famosus ille fabulator Bledhercus, qui tempora nostra paulo
praevenit, super hoc casu sic aenigmatice proloqui consueverat : Sunt apud
nos gentes quae cum ad praedandum deproperent, equos humeris imposi-
tos usque ad praedam ipsam portant, ad praedam vero capiendam equis
insiliunt, atque capta statim equos humeris iterum injectos, domum redeundo
reportant. — Desci iptio Katnbriae,!. Chap. 17 (Powell's édition, 1804,
p. 212).
2. Arthurian Legend, p. 373.
Bledhericus, Bledâri, Brêri. 181
the taies of ail the kings, of ail the counts that hâve been in
Britain «. " The inference is that the French writer considered
Bréri to he the original authority, and that the rest were inac-
curate because they did not follow him.
Since G. Paris made this discovery, otheraccounts of Bledd-
ri hâve been found. Wauchier de Denain, the continuator of
Chrétien de Troyes's Percerai, attributes the original of the
Perce val collection to one Bleheris, " who was born and bred
in Wales... and who related it to the Count of Poitiers, who
loved the history2. " The name Bleheris is again mentioned
further in the story 3, and another of this séries of taies is
attributed to one Maistre Blihis 4.
Proceeding on the assumption that ail thèse names — Bled-
hericuSj Bleddri, Bréri, Bleheris, and Blihis — represent only
çne person, is it not possible to ascertain anything about the
history of this great Welsh fount of continental Romance ?
Miss Weston is inclined to see in him the Bleddri who was
consecrated Bishop of Llandaf in 983, and who died in 1022.
According to the Myvyrian Archaeology>, he was a great scho-
lar and lover of literature, and it is to be noted that he was
acontemporary of Guillaume le Grand, Count of Poitou (990-
1029) 6. Against this identification is Gerald's statement that
" he lived a little before our time ". Gerald was born in
1 147 ", so that his birth was separated from Bishop Bleddri's
death bv 125 years, and, therefore, it seems quite impossible
that he could refer to him. Further, it seems to us certain
that Gerald, who knew the ecclesiastical history of Wales to
1 . Mes sulum ço que j'ai oï
Nel dient pas sulum Breri,
Ky soit les gestes e les cuntes
De toz les reis. de toz les cuntes
Ky orent esté en Bretaingne.
2. See Miss Weston's Legend of Sir Percez-aï, p. 288.
3. //>«</., p. 288.
4. Ibid., p. 276.
5. This is Iolo Morgannwg's version of Brut y Tywysogion, and likeall his
documents, is open to grave suspicion.
6. Miss Weston's Percevai, p. 293.
7. Dr Owen's Gerald the Wélshman, p. 2.
182 W.J. Gruffydd.
perfection, would never hâve referred to a well-known bishop
merely as z fabulator.
The only other Bleddri known to Welsh historians was
Bleddri ah Kedivor who, in 1116, had charge of a Norman
Castle *. This same Bleddri, as shown by the attestations,
gave between 1129 and r 134 2 a pièce of land at Eglwys
Newyddby Caermarthen to thepriorvofSt John in thattown 5.
He and his daughter are mentioned in 1131, and in the
same year he is one of the Knights of the " honour " of Caer-
marthen 4, and is mentioned as Bleheric the Wélshman. His
son Gruffudd, according to a prior entry in the Cartulary5,
makes a grant of the land which his father had already given,
so that the King's confirmation of the grant already noticed
was not made when Bleddri gave it, but when the heir
Gruffudd gave it; so that Bleddri must hâve died before n 34.
We hâve seen that he was alive in 1131, and therefore the
date of his death lies between 1131 and 1134, tnat *s to say>
about fifteen years before the birth of Gerald.
Now, we think it certain that this Bledhericus of Caermar-
then was the fabulator referred to by Gerald, and the Bréri or
Breheris of the French writers, and thèse are some reasons for
thinking so. First of ail, his date fits exactly with Gerald's
remark " that he lived a little before our time ", and
it is not likely that there were two famous fabnl alorcs of the
same name living at the same time. Secondly, there is the
riddle concerning the coracles, — which makes it necessary
that the fabulator who uttered it should hâve lived somewhere
where such coracles were commoti sights, and of ail places in
Wales, Caermarthen is the most likely spot. To this day, it is
the head-quarters of this method of fïshing, and Gerald's co-
racles, as he describes them, correspond in every détail to
those still used by the Tywi fishermen at Caermarthen. Hère
" Bleheris the Wélshman " admirabty fits the requirements
1. Brut v Tywysogion, p. 126. Lloyd's History of Wales, p. 428.
2. Do. p. 428.
3. Cartularium S. Johannis Bapt. de Caermarthen, p. 10.
4. Lloyd's Hist. of Wales, p. 248.
Bledbericus, Bledri, Bréri. 183
of the case, — his home was at Caermarthen, and most of
his life wasprobably spent within view of thefisheries of the
Tywi. Thirdly, (and this is the most important point), he is
called in the cartulary Bïcdericus Latimeni, which further on,
is written Latimeri. Now the final i is not the genitive ter-
mination, and cannot be explained as part of a Latin word;
latimeri, therefore, is a half-hearted attempt to Latinise the
Welsh lladmerydd, the final i representing ydd, as it does to
thisday in the speech of South Wales. Now Lladmerydd (from
an English Latimer, from O. French Latinier) means " inter-
préter", and Prof. Lloyd thinks that this epithet means that
" it was his spécial duty to convey the royal commands to his
fellowcountrymen ",\vhich may very wellhave been the case.
It mav, however, hâve a much wider significance, that he inter-
preted the " matter of Britain " to the Normans1, exactly as
Bréri or Breheris is represented as doing by the French wri-
ters. Apart from his significant title, he seems to hâve been, by
virtue of his rank as Norman Knight and Welsh land-owner,
in the very position which would enable him to make the Nor-
mans acquainted with the taies of Wales. Lastly, there is the
date of 11 70 which G. Paris assigns to the author who men-
tions him, that is about 38 years af ter the death ofBledericus,
of whom, therefore, he may well hâve been a contemporary.
To us, the évidence seems as certain as such évidence can, from
the nature of the case, be. At least, the search-light of future
scholarship may very profitably be turned in the direction
of Bleheric the Welshman, and if further confirmation of our
theory be lorth-coming, the last nail will hâve been driven
into the coffin of Prof. Foerster's arrogant théories.
Cardifï . W. J. Gruffydd.
i. Sur ce point, comme sur plusieurs autres traités dans cet article, voir
la lettre de M. Edward Owen, qu'a publiée la Revue Celtique, t. XXXII.
p. 5 et suiv. [N. d. 1. R.].
LLYMA VABINOGI IESSU GRIST
Such is the title of a fragmentary manuscript included in
the volume known as Peniarth 14, Part II (= Hengwrt 13),
formerly in Mr W. R. M. Wynne's collection at Peniarth,
but now with many others in the National Library of
Wales, Aberystwyth.
This manuscript which deals with incidents in theearlylife
of Christ is incomplète; the first folios, and also two others in
themiddleof the text, are missing and the MS begins with the
flight into Egypt. Fortunately we possess two other Welsh
versions of the mabinogi, also in Peniarth MSS at Aberys-
twyth, one in the WhiteBook of Rhxdderch or Peniarth j1 and
the other in Peniarth 14, Part I (== Hengwrt 2f). The three
MSS contain independent translations of a Latin text relating
to the Virgin Mary and the child Jésus. According to the
introduction to Peniarth j fol. xiv, Matthew the evangelist
wrote an account of Christ's doings in Hebrew ; this was
translated into Latin by S1 Jérôme at the instigation of Chro-
matius and Eliodorus.
In order to compare the Welsh translations with the Latin
original use has been made of the édition of the Aprocryphal
Gospels brought out by Tischendorf2. In the introduction to
the Gospel of S1 Matthew (Pseudo Matthaei Evangelium sive
Liber de orlu beatae Mariae et Infantia Saluatoris), Tischendorf
mentions four Latin MSS : 1) in the Vatican, which he has
1. Edited in 1892 with an English translation by the Rev. Robert
Williams, Sélections from the Hengwrt MSS, vol. II, pp. 212-237, under the
title Buehed Meir Wyry (translated pp. 582-599).
2. Fr. Const. Tischendorf, Evangelia Apocrypha, Lipsiae, Avenarius et
Mendelssohn, 1853.
Llvma Vabinogi Icssu Grist. 185
principally utilised for his édition, 2) Laurentian Library, 3)
and 4) at the Bibliothèque Nationale, Paris, the one dating from
the xiv' and the other from the xvth century. The dates ot
1) and 2) are not given.
Without a very thorough investigation it is not easy to say
ofwhich Latin MSS the Welsh are translations, nor is this
necessary for our purpose.
There is not sufficient internai évidence to show where the
Welsh translations were made, but it is less diffkult to fix
their respectives dates. According to Dr Gwenogvryn Evans x
the folios of the JVhitc Book containing the translation belong
to the first quarter of the xivth century : the folios of Peniarth
14, containing Llxma Vabinogi Iessu Grist date from the second
quarter of the same century2, while those containing the
third MS. are earlier in date than either of the other two,
having been written about the middle of the preceding cen-
tury. The language of this MS may well be compared with
that of the Book of Aneirin which also dates from the early
part ofthexmth century.
It has beendecided to re-editthe version found in Peniarth j.
The late Rev. Robert Williams, probably to make his text
appear less diffkult, modernized the spelling generally;
in a few cases, however, he has given older forms of the
words than those actually occurring in the MS, e.g. he has
taken no notice of the spelling dd for d, although several
instances occur of its use. In this way a great many forms
which are of interest to the philologist hâve been lost : thèse
hâve everywhere been restored, and errors in the reading of
the manuscript hâve also been corrected. A list of those words
in the Sélections which differ from the MS (followed in the text
by an asterisk) will be found immediatelv after the text itself,
p. 234. Corrections ofthe textshave been suggested in the notes,
and a very literary translation has been given of the first MS,
mainly for those who are not familar with mediaeval Welsh.
It is my pleasant duty to thank those friends who helped
1. Report on MSS in the Welsh Language, vol. I, Part II, Peniarth, p. 305.
2. Ib. p. 532.
i86 Mary Williams.
in the copying of one of the MSS at a time when it was inacces-
sible to me, as well as Sir Edward Anwyl for his kindness in
reading through the texts and in giving many valuable hints.
I hâve heen able to consult ail the manuscripts personally at
Aberystwyth where I received every attention from the
Librarian, Mr Richard Ellis.
I
LLYMA VABIXOGI IESSU GRIST '
(P. il 6) 2 I.3 Kymer y map ae uam heb yr angel wrth
iosep a dos y fford y diffeith yr eifft A Iosep ynteu a aeth mal
y gorchymynnawd yr angel A gwedy dyuot onadunt hyt yn
emyl gogof a mynnu gorffowys y disgynnawd y wynuydedic
wyry y ar y march yr llawr ac eisted a oruc a daly y map
yessu ar y harffet Ac yd oed y gyt a Iosep tri gweis A chyt a
meir llawuorwyn uechan yn kerdet a llyma yn disymwth
llawer o dreigieu yn dyuot allan or ogof Sef a oruc y gweision
pan y gwelsant dodi gweidi rac ouyn. Sef a oruc yessu dis-
gynnu yr llawr y ar arffet y uam a seuyll ar y draet e hun ger
bron y dreicieu ac adoli a oruc v dreigieu ydaw Ac odyna
mynetymeith y wrthunt. Yna y kyrlenwit yr hynn a dyuawt
dauyd broffwytchwchwi v dreigieu or daear mohvch yr arglwyd
A cherdet a oruc v mabyn bychan yessu rac eu bron a gorch-
ymyn udunt na wnelynt godyanl nac argywed yundyn Meir a
Iosep hagen a oedynt ac ouyn arnadunt rac gwneithur or
dreigieu argywed ydaw Ac yna y dyuawt Iessu wrthunt Na
uit arnawch chwi ouyn amdanaf i yr uy mot yn uabyn
bychan perffeith wyf i yr hynny a reit yw y holl aniueili-
(p. 117) eit y koedyd bot yn dof ger uy bron yn unffunut a
chyt bydynt dof a hynny heuyt y lleot ar lleoperteit yn adoli
ac yn kytgerdet ac wynt yn y diffeith. Pa fford bynnac yd ei
ueir a Iosep y kerdynt wynteu yn eu blaen hwy y dangos ford
1. According to Peniarth 14, Part. i/(= Hengwrt 13), pp. 1 16-135.
2. Thèse numbers refer to the pages of the manuscript.
3. Refer to the paragraphs of the manuscript.
Llyma Vabînogi Iessu Grist. [87
udunt ac y adoli Iessu A ffân weles yr arglwydes ueir. gyntaf y
lleot a llawer o amryw genetloed o uwystuiloed yn dyuot yn eu
kylch ouvnhau a oruc A than chwerthin y dyuot y map Iessu
wrthi Na uit arnat ouyn uy mam nyt yr sarhaet yt uy mam
nyt yr sarhaet y maent yth ganhymdeith namyn yth wassa-
naethu y maent yn dyuot Ac or ymadrodyon hynny y tyn-
nawd ef ouyn oc eu kalonneu hwy Ar lleot a oedyn yn ker-
det ygyt a wynt ac ygyt ar essyn ac ar ychen ac ar pynuairch
a arwedynt eu hagenreidieu Ac ny wneint argywed y dim
namyn kerdet yn hynaws war ym plith y deueit ar aniueilieit
ereill a dugessynt ganthunt o Iudea. ym plith y bleidieu y
kerdynt ac nyt ouynheynt dim ac ny wneit argywed y nep
yna y kyflenwit yr hyn a dyuot y proffwyt y bleidieu a bor-
thir ymplith yr wyn ar llewpart gyt ar myn Deu ychen ynteu
a oedynt yn tynu ben ac eu bwyllwr yndi Ac odyna y pen
y trydyd dyd gwedy eu kerdet oc eu gwlat blinaw a wnaeth
yr arglwydes ueir (p . 118) yn y diffeith o ormod gwres yr
heul Ac arganuot prenn a oruc hi a dywedut wrth Iosep mi
a orffwyssaf ychydic ynghysgawt y pren hwnn A bryssyaw a
oruc Iosep parth ac attei ae dwyn y tu ar pren palym ae her-
byn y ar y march yr llawr Ac gwedy eisted or arglwydes
edrycha oruc ymricy prenn a hi a welei y prenn yn gyflawn
o aualeu Ac yna y dyuawt hi wrth Iosep da oed gennyf beth
or aualeu rackw pei gellit yw caffel A iosep a dyuawt wrthi
Ryued gennyf dywedut o honot hynny a thi yn gwelet uchet
y balmitwyden honn Medylyaw ydwyt ti am uwyta ffrwyth y
palym A goualu ydwyf inheu rac eissieu dwuyr y syd yn
treiaw yr awr hon yn an barileu ac nyt oes yn ford y an date-
bru Ac yna sef a oruc yesu yn uabyn bychan ar arffet y uam
dan chwerthin dywedut ual hynn Gostwng brenn dy uric a
fforth ni oth ffrwyeu ' Ac ar yr ymadraw 2 hwnnw y gostyng-
hawd y pren y ulaen adan draet yr arglwydes ueir A chyn-
nullaw a orugant y frwytheu a bwyta a orugant a uu da gan-
thunt or ffrwytheu hynny Ac gwedy daruot kynullaw yr holl
aualeu y pren a drigawd yn grwm ar y llawr y aros erchi
1. L. ffrwytheu.
2. L. ymadrcewd.
i88 Mary Williams.
idaw gyuodi or gwr a archassei ydaw ystwng Ac yna y
dyuawt yessu wrth y pren. ymdyrcha balmitwyden ac ymga-
darnhaa (p. 119) a byd gedymdeith ym gwyd ineu y syd ym
paradwys uyn tat i. Ac egor oth wreidieu gwytheu o dwuyr
y syd yn kud yn y daear megis y llithro dyfred onadunt y an
gwalonacau ni Ac yn y lie ymdyrchauel a oruc y pren yn y
seuyll Ac yna ymollwng ffynnawn or dwuyr gloewaf ac oeraf
a dechreu redec y adan wreid y pren A fFan welssant hwy y
dwuyr ar fynnawn llawenhau a orugant o lewenyd mawr a
chymryt digawn ac wynt ac eu haniueilieit or dwuyr ae
diolwch yr unduw.
2. A thrannoeth ac wynt yn l^chwyn odyno ymchwelut
a oruc yesu at y balmitwyden a dywedut ual hynn Mi a
orchymynnaf y ti balmitwyden yny dycko uy engylyon i beth
oth wreid di odyma or blaen J y baradwys uyn tat i Ami ath
uendigaf megis y caffo pawb or ath arwedo gorffen dan ar ba
weithret da bynnac a dechreuo ae uot yn uudygyawl y m pob
peth Ac ual y dyweitef hynnyllyma y gwelvnt wynteu angel
yr arglwyd yn seuyll ar y pren palym ac yn dwyn un oe
cheingkev ac yn ehedec yr nef ar geing yn y law. A ffan wel-
sant hwy hynny eryneigiaw a orugant megis pei bydynt
meirw A dywedut a oruc yessu wrthunt. Paham y byd ouy 2
arnawchwi pany wdawTch chwi y mynnaf (p. 120) vi dwyn
y balmitwyden a wneuthum uuhun y baradwys uyn tat i ac
y byd yno yn digriuwch ym seint i megis y paratoet yn y lie
diffeith hwnn.
3. Ac odyna gwedy kerdet onadunt. y dyuot Iosep Arglw-
yd hep ef gormod gwres ysyd yn argywedu yn yn uawr
Arglwyd os da gennyt ti ni a ganlynwn y ford gan yr aruor-
dir mal y gallomgaflel dinassod 5 yn amyl gan lan y mor y
orffowys : le heb yr yessu wrth Iosep. Na uit arnat ouyn mi
a diuyrraf y wch megis y galloch gerdet yn un dy^d ymdeith
dec niwyrnawt arugeint ysyd odyma hyt yno Ac val y bydynt
yn ymdidann am hynny llyma y gwelynt mynyded yr eifft ae
1. L. oe Manu, cf. p. 224, 1. 6 and the Latin et pîantetur.
2. L. ouyn, the mark above y, denoting », has been omitted.
3. L. dinassoed, and cf. p. 224, 1. 19.
Llxma Vabvnogi Iessu Grist. 189
dinassoed yn vmdangos udunt A llawen uu ganthunt hynny
a chyrchu dinas a orugant ac nyt oed nep a etnepynt yno
wrth geissiaw llety '. Pobyl y dinas hwnnw ynteu agyrchess-
vnt v datlcu. Ac yno yd oedynt effeirieit y dinas hwnnw yn
dvsgu y bawp aberthu yr dwyweu yn wahanredawl herwyd
anrvded eu dwvwolder Ac yd oedynt o eu dwyweu yna yn y
dinas hwnnw gwedy ryossot pymp ar ugeint a thrychant.
4. Ac yna v damweinniawd pan gyrchawd yr arghvydcs
ueir yr demyl digwvdaw yr holl eu dwyweu yr llawr yn uriw
vssic mal na dvwedvnt dim ac na (p. 121) ellynt dywedut
dim rac llaw o hynny allan. Ac yna y kyflenwit y geir a
dvuot Isaias broffwyt. Ef a daw yr arglwyd ar wvbren ysgawn
Ac ef a gyrch yr eifft Ac ef a gyffryoir holl eu dwyweu gwyr
yr eifft o weithret llaw Ac yna pan gannatawyt hynny y affro-
dis tvwvsawc v dinas hwnnw. Ef a doeth yr demyl ef ae
holl lu y geissiaw gwelet pwy rybarassei yr dwyweu digwvd-
aw. A chvrchu yr demvl a oruc ef ac gwedv gwelet yr holl
eu dwyweu gwedy ry digwvdaw yn gorwed ar y llawr. nessau
a oruc ef ar y wvnuydedic ueir a ytoed yn kynnal y harglwyd
ar v harffet Ac adoli a oruc vdaw ac odvna dywedut wrth yr
holl lu ae holl gedymeithyon Ony bei uot hwnn yn duw ny
syrthyassei an dwyweu ni yn wysc eu hwynepeu ac ny orwe-
dynt yn angwvd ni. Ac vmaent yn ardystu eu harglwyd pan
ytynt yn tewi. Ac onv wnawn ninheu yn ehegyr yr hynn a
welwn an dwvweu vn v wneithur ef a allei yn gaffel y anuod
.a mynet yn gwbvl ym pervgvl megis v damweiniawd gynt y
fïarao urenhin yr eifFt am na chredawd gynt yr sawl wvrth-
yeu ef a uodes yn v mor ac ef ae holl lu Ac yna y credawd
holl bobyl v dinas yr arglwvd yesu grist.
5. Ac odyna gwedy mynet Iessu ymeith orre(p. i22)ifftac
et yna yn trigaw vn galilea ac yn dechreu mynet vn y bymhet
uulwvdvn oe oet ac vd oed diwsadvrnçweith ef a meibion
bychein yn gware ar lan eurdonen. Ac wedv eisted o Iessu
gwneithur a oruc or llwch seith lyn bychein agwneuthurrvg-
neu bychein y dwyn y dwuyr o bop un onadunt yw gilyd ac
or llynneu elchwyl yr auon wrth y arglwydiaeth ef Sef a oruc un
1. Y. p. 224, n. 3.
Heviu Celtique, XXXlll. 15
19° Mary Williams.
ormeibion hynaymapo uedwl kynghoruynus gwarche y kwn-
dit a oed yn gwasanaethu dwuyr yr llynneu a throssi y
gwarche rywnadoed yesu Ac yna y dyuawt Iessu wrthaw yn
wir map angheu map kythreul. paham v gwasgarut y gweithyeu
a wneuthum i Ac yn y lie y bu uarw y map a wnathoed
hynny Ac yna ogynhyruus lef kyriaw ' a oruc y 2 ryeni y mab
marw yn erbyn Iosep a meir a dywedut awch map chwi a
ymgeiniawd acan map ni yny uu uarw. A phan gigleu Iosep
a meir hynny dyuot a orugant ar vessu o achaws kynnwryf
ryeini 3 y map marw a thraplud yr Ideon Ac vna y dyuot
Iosep wrth ueir yn kyfrinach Xv lauassaf vi dvwedut wrthaw
ef dysc di euo a dywet wrthaw ual hynn Paham y kyfroeisti
di y bobyl y an atkassau ni megis ydym yn godef blinder y
bobyl Ac yna pan doeth y uam ataw4....
6. (p. 123') a dyuot wrthaw ynteu Pwy a allei kynnal y
map hwnn ae dysgu Ac os gelly di dise ef a ehynnal a ffan
gigleu Iesuyr hynn a dywedassei Zachias atep aoruc efa dywe-
dut wrthaw Tvdi athro v dedvf y bychvdic a dy wedeist di reit
yw y dyn kyffelyp a thydi v gadw Estronawl wyf i ywrth dy
ossodeu di ac ywrth awch dedyf chwi kanyt oes dat knawdawl
ym a thydi a darlle y dedyf ac yddwyt yn dysgedic yndi A
minheu a ytoedwn kyn bot y dedyf Ac yd wyt ti yn tebigu
nat oes dy gyfftlvp di o doethinep. Myui ath dysgaf di ac nyt
oes nep a allô uyn dysgu i eithyr y nep a henweist di Euo
hagen ae dichawn kanys teilwng yw A phann ym dyrehauer
inheu or daear mi a baraf beydyaw a ehymwyll boned y gene-4
dyl honn Ac ny wdosti pa bryt yth anet a myui uuhun a wn
pa bryt ywch ganet chwi a pha hyt v bvdwch uvw ar y daear
honn Ac yna pan gigleu bawp y geirieu hynny aryneic mawr
ac ouyn a aeth arnunt a chriaw a orugant a dywedut O. O.
O. llyma beth mawr anrvued. Xv chlvwyt eirioet kyfryw a
hynn na chan ramadegwr na chan naturwr nvni a wdom pa
le y ganet hwnn Ac abreid yw bot hwnn (p. 124) yn bumlw-
yd et\va a ffa delw y dyweit ef v ryw eirieu hynny Ac atep
1. L. kriaw, cf. 1. 30.
2. This is not a Welsh construction. Cf. p. 212, 1. 17, and Strachan,
Introduction to Early Welsh, p. 21, § 24 b.
3. L. ryeni.
4. Four pages of the manuscript are missing.
Llyma Vabinogi Iessu Grisl. 191
a oruc or Ideon Ni warandawassam ni eirioet y ryw eirieu
hynn gan y gyfryw uebyt Ac atep a oruc yessu wrthunt
Ryued yw gennwch chwi dywedut o uap kyfryw a myui Ac
am hynny ny chredwch chwi yr hynn a dywedeis i ywchwi
A mi a dvwedeis ywçh y gwydywnichwchwia ffa bryt ywch
gartet Mi a dywedaf ywch beth y syd uuwy a ryuedach gen-
nwch Efream y gwr a dywedwch y uot yn dat ywch mi ae
gweleis ac ynteu am gweles inbeu a mi a ymdideneis ac ef A
phann glawssan hynny sythu a orugant ac ny lauassei nep
dvwedut dim Ac vessu a dvuot wrthunt Mi a uum yn awch
plith chwi ac nvt atnabuawch chwi vyui Mi a dywedeis
wrthuwch megis pet uydewch prud ac ny dyallassawch uy
llef i kanys llei oedewch a bychan oed awxh ffyd
7. Ac eilweith yr athro Zachias dysgyawdyr y dedyf a
dvuawt wrth Iosep. rodwch ataf i y map a minheu ae rodaf
ef yr athro leui a hwnnw a dysc ydaw lythyr Ac yna drwy
ymanhed ac ef y duc meir a Iosep yesu yr ysgol oe disgu at y
meistyr leui A phan doeth y mewn tewi a oruc Ar athro leui
a dyuot wrth Iessu gan dechreu y a(p. i2 5)gwydor dywet
hep ef alpha Tewi a oruc yessu hep atep ar dim Ac yna llidiaw
a oruc yr athro leui ae ysgvfleit a gwialen ae daraw 1 ar y
benn Ac Iessu a dyuot wrth yr athro leui Paham y treweist
di vyui yn y wirioned Gwybyd di y nep a drewir a dysc y
nep y syd yn y daraw yn uwy no hwnnw euo Myui a allai
dysgu y ti yr hynn a dywetych du hun. A deillion yw pawb
o hynn or ysyd yn dywedut ac yn gwarandaw. megis euyd
yn seiniaw neu gloch yn datsein yr rei ny synnya ac ny
dyallan eu sein eu hun. Ac odyna y dyuawt Iessu wrth Zachias
pob llythyren 0 alpha hyt yn thau a ossodir yn llunyethus 2
wrth hynny dywet ti y mi beth yw thau a minheu a dywedaf
y ti beth yw alpha Ac eilweith y dyuot yessu wrthunt Ar
ny wypo beth yw thaw pa delw y dichawn ef dywedut Chw-
chwi eu grefdyfwyr 5 dywedwchwi yn gyntaf beth yw alpha
a minheu a dywedaf y chwi beth yw beta. Ac yna y dechreu-
1. L. aeysgyfleit aedaraiu a gwialen ar y benn. Cf. theforms ysclyfyeit and
ysglyuyeit, R. B., II, pp. 54, 17 and 55,6.
2. L. llunyeithus.
3. For the form of the vvord see Strachan, Introduction to Early II elsb,
p. 278, 1. 10, and IVelsh iictionary (Dr Silvan Evans) under crefyddwr.
192 Marx Williams.
aud yessu gouyn udunt hen w pob llythyren a dywedut Dywet
tiy mi Athro y dedyf paham y mae y llythyren gyntaf yn deir-
konglawc gronawn blaenllym kymhedrawl dygedic tynnedic
kyrymyon A phan giglcu yr athro leui hynny dechrynu a
oruc ef o achaws ansawd y llythyren Ac yna y dechreuawd
leui a phawb yn y glyw (p. I26)etkriaw a dywedut Ny dyly
hwnn vyw ar y daear honn namyn teihvng yw idaw y dibyn-
nyaw vn y groc Ef a dichawn difodi y tan a guneuthur hut
ar betheu ereill A mi a debygaf y mae kyn diliw y ganet
hwnn Pa groth a arwedod hwnn neu pa uam ae hymduc ef
neu pa uron ae magawd ef Mi a foaf racdaw ef kany allaf
diodef un geir oe eneu A m kallon ysyd yn dechrynu ynof vn
gwarandaw y ryw eirieu hynn Ac ny tebygaf vi nep a allô
dalv ar y eir ef ony byd duw gyt ac ef A megis dirieit yr
vmdroeis i y hwnn ym kellweiriaw Pan dygasswn ■ gaffel
disgvbyl o hwnn y keueis inheu athro beth a dywedaf vi Ny
allaf ui diodef geirieu y mabyn hwnn Mi a ffoaf or lie honn.
kany allaf ystyryaw hynn Ac neu ryderiw yr mab\Tin 2
hwnn oruot arnaf ui yn hen wr kany allaf gaffel na dechreu
na diwed ar yr hvnn a gadaranhao ef . kanys anawd yw kaff-
el dechreu y dadvl lie na chaffer y diwed Mi a dywedaf ywch
yn wir ac ny dvwedaf gelwyd na heniw hwnn o dyn nae
weithret nae ymadrawd nae ynni. E mae y neill a bot hwnn
yn dewin ae y uot yn duw ae ynteu angel y (p. 127) duw
yn dywedut yndaw Ac ny wnn i o ba le yd heniw ef neu o
ba le y doeth na pha ryw wr uyd Ac yna gowenu a oruc
Iessu Ac vn llawen arglwydieid a holl ueibion yr israel yn
seuyll ac yn gwarandaw dywedut ual hynn rïrwythlonokaent
y rei dirïrwyth ac edrychent y rei deillion a cherdent y rei cru-
pleit A bit gyfoethawe yr rei tlodyon Ac atuywhaent y meirw
Ac ymchwelent yn eu kyuan ansawd Ac ymchwelet bawp a
fFresswylyent gyt ar nep y syd wreidin bywyt a melysder tra-
gwvd 5. Ac yn y lie pan dyuot y mab yessu hynny pawb or
a syrthyassei yng kleuyt a heint a gawsant waret yn dyannot
1. L.débygassmn.
2. L. mabyn as in 1. 17 andp. 186, 1. 22.
3. L. tragwydawl and cf. p. 230, 1. 20, and note.
Llxma Vabinogi Iessu Gris t. 193
Ac nv lauassad nep dywedut wrthaw mwy na gwarandaw dim
y ganthaw
8. Ac wedy hynny yd aeth odyno meir a Iosep y gyt a
yssu ' hyt yn dinas nazareth ac yno yd oed gyt ae ryeni Ac
ual Yd oed Iessu diwsadwm dreilgweith yn gware ef a meib-
ion ereill ar llofft ef a damweiniawd digwydaw un or meib-
ion gan y uwrw o un arall or llofft yr Uawr yny uu uarw
A phan weles ryeni y map màrw hynny lleuein a orugant a
dywedut yn erbyn Iosep. awch map chwi a ymgeiniawd ac an
mab ni or llofft yny uu (p. 128; varw Athewi a oruc yessu
hep atep udunt ar dim Ac yna y bryssyawd meir a Iosep ar
Yessu A gouyn oe uam ydaw vy arglwyd i ae tydi a uuryawd
hwnn yr llawrSef a oruc yessu galwry map erbyn y henw -
Zeno hep ef llyma vi hep ef Ae myui ath uuwryawd di
or llofft yr llawr Xa thi arglwyd hep ynteu A ryuedu hynny
a oruc pawb. ac ann'dedu Yessu am y gwyrth hwnnw
9. Ac odyna yd aeth Iosep a meir hyt yn Ierico ac yssu 3
a oed chweblwYd Yna ae uam ae hanuones dydgweith y gyr-
chu dwuyr ac ysten ganthaw Yr ffynnawn y gyrchu dwuyr
gyt a meibion ereill Ac Yna gwedy gweliYnnu y dwuyr oho-
naw y gwthyawd un or meibion ef yny dyrr yr ysten Sef a
wnaeth yessu lledu y uantell a chymryt Yndi or dwuyr kymint
ac a oed yn y llestYr ae dwYn y uelh' oe uam Ac edrych a
oruc hi ar liYnny a rYuedu Yn uawr a medylyaw a chadw
hynny yn y challonn Ac eilweith dydgweith yd aeth ef yr
tir a dwyn ganthaw ychYdic o wenith o ysgubawr y uam a
heu y gwenith a oruc ef atfiYuu a wnaeth y gwenith ac amyl-
hau yn uawr a phan uu aduet dyuot a oruc oe uedi ac y
gynnullaw y ffrwyth Sef y kauas kangrennoc a rodi hynny y
dynnyon a oedynt yn keisiaw da
10. Fford ysyd a a o Ierico y gyrchu auon eurdonen(p.i29)
yffordy kerdawd meibion Yr israel gynt Arlle y dYwedireis-
ted orarch ystauen Ac yd oed Iessu Yn wyth mlwyd yna Ac ef
a aeth o Ierico y tu ac eurdonen ac Yd oed Yn erm-l y ford goçof
s^t?v
1. L. ressu, but cf. 1 . I7,andthe Irish forms, Issu (Thés. Pal. II, p. 385),
hu.
2. L. emi and cf. p. 196, 1. 16.
3. Cf. n. 1 .
194 Mary II illiâms.
yn agos y lann eurdonen Ac yno yd oed llewes yn meithrin
y chanauon Ac nv allei nep yn dibrvder kerdet y ford honno
Sef a wnaeth lessu dyuot o Ierico parth ar lie honno A gwybot
uot v llewes yn meithrin y chanauon yn y lie honno A mynet
y mewn a wnaeth lessu A phan weles y lleot yessu yn dyuot
y mewn. kyuodi a orugant yn y erbyn ac adoli ydaw ac eis-
ted a oruc lessu yn yr ogof a chanauon y lleot yn redec yn
kylch traet vessu ac yn llywenychu wrthaw ac yn gware ac
ef Ar lleot ynteu yn gostwn eu penneu ac yn seuyll o bell ac
yn adoli ydaw ac yn llywenychu ac eu llosgyrneu wrthaw.
Ac yna yd oed y bobyl yn seuyll o bell Ar am na welynt
lessu dywedut a orugant. Pei na wnadoed hwnn bechodeu
diruawr nvt vmrodei hwnn oe uod yr lleot Ac ual yd oedynt
yn medylvaw acyndaly tristwch yndunt ehun (p. 130) llvma
lessu yn gwyd y bobyl yn dyuot allan or ogof Ar lleot yn
kerdet oe ulaen ac yn gware vngkylch y draet Ae reeni ynteu
ar bobvl yn gostwng eu penneu ac yn seuyll o bell rac y lleot
hep lauasu dvuot nés no hynnv racdunt Ac yna y dechreuawd
yessu dywedut wrth y bobvl. llawer y mae gwell yr aniueil-
ieit yn atnabot eu harglwyd yn y glotuori no chwchwi yn
dvnyon gwedy rvwneithur ar delw duw hep wybot dim y
bwvstuiloed am atwen i ac a uydant war y dynyon hagen
nym atwaenant i. Ac gwedy hynnv y kyrchawd lessu ef ar
lleot eurdonen a phawb yn edrych ar hynnv Ar dwuyr a
wahanawd oc eu blaen hwy ar deheu ac assw Ac yna y
dvuawtef wrth v lleot mal y klywei bawp Ewch yn tangneued
ac na wnewch argvwed v nep na nep y chwitheu yny ym-
chweloch yr lie y doethawch ohonaw A llawenhau a orugant
o lef canys gellynt o gorff a mynet ymeith y eu lie e hun Ac
vmchwelut a oruc lessu ar y uam
11. A saer prenn oed Iosep ac ny wnei amgen weith noc
ereid (p. 131) yr a gwelyeu prenn Ac yn hynnv y damwein-
iawd gorchymyn o nebun was ieuang idaw gwneuthur
gwely prenn ydaw o chwe chuuyd yn y hyt ac erchi a oruc
ynteu oe was torri prenneu herwyd y messur a adawsei ef ar
gwas ny chetwis y mod teruynedic namyn gwneuthur un
onadunt yn uyrrach nor Hall Ac yna gwelet o lessu ef yn
gofualu ac yn medylvaw ae uedyant ynteu a druanhaei wrth
Llyma Vabinogi Ies'sti G ri st. 195
oawp a dvwedut wrth Iosep o ymadrawd didan Dyret a chyn-
halvwn bcnneu y prenneu a chyhydwn benneu y prenneu y
gyt a thynnwn hwynt atam kanys galhvn kyhydu y preneu
Ac uuydhau a oruc Iosep ydaw kanys gwydyat ygallei wneu-
thur yr hynn a uynnei a dodi penneu y gwyd y gyt a oruc
wrth v paret ac Iessu a dynnawd y penn arall yr prenn bryrr l
vnv oed gvhvt ar hwyaf. Ac yna y dyuawt wrth Iosep dos
bellach a gwna dy wreith a Iosep a wnaeth y gwely megys y
hadawssei.
12. Ac odyna eilweithyd erchis y bobyl y ueir a Iosep péri
dysgu llythyr yr mab yn ys (p. 132) gol Ac ynteu a dywed-
assant nat eynt yn erbyn hynny A herwyd gossodeu yr hyneif
wynt a dugant ef ar athro y dysgu dynyawl wybod ydaw.
Ar athro adechreuawd dywedut wrthaw yn arw ac erchi idaw
dywedut alpha Dywet hep yr Iessu yn gyntaf beth yw beta
Sef a oruc yr athro yna llidiaw a tharaw yessu ac yn y lie
marw }Tr athro ac ymchwelu Iessu adref ar y uam Ac ouyn-
hau a oruc Iosep a galw ataw veir a dywedut wrthi Gw)rbyd
di uy mot i yn drist o achaws y map hwnn rac ouyn y daraw
o ryw dyn yny uo marw. Ac atep a oruc meir a dywedut Na
chret ti wr da sant gallu hynny. namyn gwybyd di y nep ae
hanuones ef y w eni ym plith y dynyon. hwnnw ae keidw ef
rac pawb a rybucho drwc ydaw a rac pob drwc yn y enw ef
13. Odyna y dryded weith yd erchis yr ideon y ueir a Iosep
dwyn y map ar yr athro oe dysgu drwy ymanheed A meir a
Iosep a oed arnadunt ouyn y bobyl Ac aflonydwch yr efFeirit2
a bygwth y tywyssogyon ac (p. 133) wynt a dugant Iessu
yr eilweith yr ysgol. ac wynt a wydynt na aallei ef dysgu
dim y gan dyn y gwr a oed eidaw berffeith wybot y gan duw.
A phan doeth Iessu yr ysgol y mewn ar ysbryt glan vn v
dwyn. kymryt y llyuyr a oruc o law yr athro a oed yn
dysgu y "dedyf a dechreu darllein ar holl bobyl yn edryeh ac yn
gwarandaw. Ac nyt o ysgriuen y llythyr v dvwedei namyn
or ysbryt glan megis frwt o dwuyr yn kerdet o ffvnnawn
uyw. Ac yna yn gyflawn o nerthoed a rat y dysgei ef uawr-
1. L. byrr.
2. L . eifciricit .
196 Mary Williams.
ydicrwyd dûwyr hobyl. Ar athro ynteu yn digwydaw ae wy-
nep wrth y llawr ae adoli ar bobyl yn eisted ac yn gwaran-
daw ar hvnnv ac a dechryn mawr arnadunt. A phan gigleu
Iosep hynny ouyn uu ganthaw rac marw yr athro a redec
ataw A phan weles yr athro hynny y dyuawt ef wrth Iosep
Nyt disgvbvl a rodeist ti ataf i namyn athro. a phwy a allei
diodef v eirieu ef Ac yna y kyflenwit yr hynn a dyuot dauyd
broffwyt Auo ' duw a gyflenwit o dyfyed2.
14. (p. 134) Ac gwedy hynny yd aeth Iosep a meir a lessu
odvnoac v'doethant hyt yn aruordir capharnawm racdrwc dy-
nvon a oed yn eu herbyn Ac gwedy trigaw o honunt yng kaffar-
nawm yd oed yn v dinas gwr a elwit Iosep a chyuoethawc oed
a chleuvchu a wnaeth a marw A phan gigleu lessu dynyon y
dinas yn kwvnaw ac yn udaw ac yn wylawuch benn y marw
ef a dvuot wrth Iosep paham na nerthey di y gwr a oed un
henw ' a thi. pa uedyant neu pa aallu ysyd y mi heb y Iosep
v hvnnv. Kymer hep yessu y lliein ysyd am dy benn a dotef
ar wvnep v marw. A dywet wrthaw lessu ath iachao ac ef a
gvuvt yn v lie yn vach. A Iosep mal yd erchis lessu aeth4
yr ty ac a dodes v lliein a oed am y benn ar wynep y marw
Ac vnteu a gyfuodes y uynyd ac a ouynawd pwy yr lessu
15. Odvna vd aethant o gaffarnawm hyt y bethlem ac
vd oed Iosep a meir yn y ty ac Iesu a oed gyt ac wynt A
Iosep dvdgweith a elwis ataw Iacob y uap yr hynaf. ac erchi
ydaw uynet vr ard y gynullaw kawl y wneuthur plwmant ac
Iesu a aeth yn ol Iacob y urawt yr ard ac ny wydyat Iosep na
(p. 135) meir v uvnet ef ac ual y byd Iacob yn tynu y kawl y
neidiawd neidvrobwll vdawae urathuyn y lawdeheu. agweidi
a oruc ef rac dolur ac ochein a dywedut y urathu o neidyr ef
yn v law deheu. Ac yessu a oed yn seuyll gyfuerbyn ac ef ac
a redawd wrth y arym ac ymauel a oruc ae law a chwythu
arnei ac agori v law ae wneuthur yn hollyach a 'marw y
neidvr ac ny wydyat ueir a Iosep y kyfrang A redec a wnaeth-
ant allan wrth y llef o arch lessu ac y kawssant y sarph
yn yr ard yn varw a Iacob yn hollyach
1. L. Auon.
2. L. dyfred, and cf. p. 233, 1. 32, and p. 248, 1. 6.
3. L. enw, and cf. p. 193, 1. 13.
4. L. i! aeth.
Llvma Vàbinogi lessu Grist. 197
16. A phan elynt hwvv wahawd ydoilosepaeueibion. Iacob
a Ioseph a Iudas a simeon ae dwy chwiored aedwyuerchetar
arglwvdes ueir ac lessu a meir cleoffas y chwaer hitheu arodass-
ei duw oe that ac y anna y mam hi am rodi onadunnt
hwvueir uam lessu vn offrwm yr arglwyd a honnoa dodetar
henwmeirarallyr duhudyant y rieni. A phan delynt y gyt lessu
ac eu bendigeu ac a dechreuei uwyta. ac yuet. Ac ny lauasei
nep uwyta nac yuet nac eisted ar uwrd na thori bara hynny
bendigei ef yn gyntaf ac ony bei ef yn y lie ef a aroit yn y
delei. A phan vynnei ef uwta ' meir a Iosep ae urodyr ae
ueibion a uvdynt vn y gylch. y urodyr ynteu a getwynt y
uched 2 efger bron eu llygeit megis Uugorn ac ae houynheint
ef. A phan gvsgei lessu nac y nos nac yn dyd eglurder duw
a dywynnei arnaw. yr hwnn a uuchedokaa ac a wledycha y
gyt ar tat ar ysbryt glan heb d range heb orffen yn oes oesoed
Amen.
this is the mabinogi of jesus christ.
1. Take the child and his mother, said the angel to Joseph,
and take the road to the désert of Egypt. And Joseph went
as the angel commanded. When they h ad corne near a cave
and wished to rest, the Blessed Virgin came down from her
horse and sat holding the child Jesus in her lap. And there
were walking with Joseph three servant men and with Mary a
little maid. And suddenly a number of dragons came out of
the cave. When the menservants saw them they uttered
cries of fear, but Jesus came down from his mother's lap
and stood before the dragons, and the dragons worshipped
him and then left them. Then was fulfilled that which the
prophet David said : « Ye dragons of the earth, praise the
Lord ». And the child Jesus walked before them- and com-
manded them that they should do neither harm nor injury
to any man. But Mary and Joseph feared lest the dragons
should harm him. Then Jesus said to them : " Fear not lor
1. A. dialectal (?) form of uwyta.
2. L. uuched.
198 Mary Williams.
me, although I am a little child I am perfect and ail the
beasts of the wood must needs be tame in my présence just
as though they were tame ». The lions also and the léo-
pards worshipped the m and walked with them in the wilder-
ness : whichever road Mary and Joseph took the)- walked
before them to show them the way and to worship Jésus.
When first the Lady Mary saw the lions and various kinds of
wild beasts around them she feared, and laughing the child
Jésus said to her : « Fear not, my mother, it is not to hurt
thee that they accompany thee but to serve thee. » And by
those words he removed ail fear from their hearts. And
the lions walked with them and with the asses and
the oxen and the sumpter horses which supplied their
need. They did no harm to anyone but walked, gentle and
tame, among the sheep and the other animais which they
had brought with them from Judea. Among the wolves did
they walk and they feared not and no one was hurt. Thus
was fulfilled that which the prophet said : « The wolves shall
be fed among the lambs and the léopard with the young
goats ». Two oxen drew a waggon with their provisions in
it.
At the end of the third day of their journey from their
country the Lady Mary became weary in the désert from the
excessive heat of the sun. And she beheld a tree and said to
Joseph: « I will rest awhilein the shadeof this tree ». Joseph
hastened towards her and leading her towards the palm-tree
took her down from her horse. When the Lady had sat
down she looked among the branches cf the tree and saw that
the tree was full of apples, and then she said to Joseph :
« I would willingly hâve some of those apples, were they to
be had. » He replied : «I wonder to hear thee say that when
thou seesf the height of the palm-tree. Thou thinkest of
eating the fruit of the palm, whereas I am anxious lest we be
in want of water which is now decreasing in our barrels,
and there is no way of reviving us. And then Jésus, a little
child on his mother's lap, laughing spoke thus : « O tree, let
down thy branch and feed us with thy fruit. » And at those
words the tree bent down its tips under the Lady Mary 's feet.
Llyma Vdbinogi lessu Grist. 199
And thev gathered the fruit and ate as much of the
fruit as seemed good to them. When they had finished
gathering ail the apples the tree remained bent on
the sround waiting to be told to erect itself bv him who
had bidden it bend down. Then Jésus said to the tree :
«Arise, palm, and grow strong and be the companion
of mv trees which are in ni}' Father's Paradise. And
out of thv roots open veins of water which is hidden in
the earth, so that water may flow from them to quench our
thirst ». And at once a spring ofthe purest and coldest water
was let loose and began to flow from under the roots of
the tree. When they saw the spring and the water they
rejoiced exceedingly and tookenough ofthe water for them-
selves and for their cattle and gave thanks to the one
God.
2. The next dav, as they were starting thence, Jésus
returned to the palm tree and spake thus : « I command
thee, O palm-tree, that my angels take some of thy roots
and plant them in mv Father's Paradise. And I will bless
thee that whosoever shall bear thee shall accomplish whatever
good deed he may begin, and he shall be successful in every
thing. » And as he spoke thus they beheld an angel of the
Lord standing on the palm-tree and taking one of its branches
and flying to heaven with the branch in his hand. And when
they saw that they were struck with terror as though they
were dead. And Jésus said to them: « Why should ye fear,
do ye not know that I will take the palm I myself made to
my Father's Paradise, and there it shall be a delight to my
saints as it was prepared in this wilderness ! »
3. When they hadjourneyed Joseph said: «Lord, said he,
we are greatly oppressed by too much heat. Lord, if it be
thy will, we will follow the road along the shore so that we
may frequentlv find cities near the coast where we mav
rest. » Jésus spoke to Joseph : « Fear not, I will shorten the
way tor you so that in one day ye mav make the journey
of thirty days which there is from hère to that place. » And as
they were speaking of this they saw the mountains of Egypt
and its cities appear before then. And they rejoiced thereat
200 Mary Williams.
and went intoone of the cities, and no one recognised theni
as they sought a lodging. The people of that city had met
to dispute, and the priests of that city were engagedin teach-
ing everyone to sacrifice separately to the gods because of
the honour due to their deity ; and three hundred and
twenty five false gods had been set up in that city.
4. And then it happened when the Lady Mary went into
the temple that ail the false gods fell down and were broken
so that they said nothing nor could they say anything from
that time forth. Then was fulfilled the word which the pro-
phet Isaiah spoke : « The Lord will corne on a light cloud
and He will go to Egypt, and He will disturb ail the false
gods of the men of Egypt, made with hands. » And when that
was made known to Affrodis, the prince of that city, he came
to the temple with ail his host in order to see who had caused
the gods tofall. And he went to the temple and after seeing ail
the false gods fallen and lying on the ground he approached
the Blessed Mary who was holding her Lord on her lap and
he worshipped him and then said to ail his host and his com-
panions : a Were this one not a God our gods would not
hâve fallen on their faces and they would not hâve lain before
us : and they bear witness to their Lord by their siience.
If we do not do immediately as we see done by our
gods we may incur His displeasureand run into great danger as
iormerly befell Pharaoh King of Egypt : because he did
not believe in the many miracles he was drowned in the sea
with his entire host. » And then ail the people of the city
believed in the Lord Jésus Christ.
5. When Jésus had left Egypt and was living in Galilée and
beginning thesixth yearofhis âge, on a Saturday he went with
little boys to play on the banks ofthe Jordan. When Jésus had
sat down, outof the dust he made sevensmall ponds and small
channels to take the water from one pond to the other and
from the ponds again to the river as he directed. But one of
those boys, a child of envious mind, closed up the conduit
which served the water of the ponds and broke down the
dam which Christ had made. Whereupon Jésus said to him :
« Verily, child of death, son of the evil one, why didst thou
Llyma Vdbinogi lessu Grist. 201
disperse mv work ». And the boy who had done so at once
died. With turbulent cry the parents of the dead boy com-
plained against Joseph and Marv, saying: « Your son quarrell-
ed with ours so that he died. » When Joseph and Mary heard
that they came to Jésus because of the tumult raised by the
dead bov's parents and the turmoil of the Jews. Then Joseph
said secretly to Mary : « I dare not say anything to him, do
thou teach him and speak to him thus : « Why hast thou
roused the people to dislike us so that we surfer the people's
anger ? » And when his mother came to him
Four pages are missing in the manuscript.
6. and said to him : « Who can keep this boy and teach
him? if thou canst, teach and keep him. » When Jésus heard
what Zachiashad said he answered and said tohim: « Thou,
teacherof the Law, the little that thou hast said, a man such
as thou art must observe. I am a stranger to thy ordinances
and to your law for I hâve no earthly father. Thou readest
the Law and art learnèd in it, I was before the Law. Thou
thinkest thou hast not thy equal in wisdom. Iwill teach thee.
There is no one who can teach me except the one thou hast
named, but He may, for He is worthy. WThen I am exalted
from the earth I will cause the life of this race to cease to be
spoken ot. Thou kno^est not when thou wast born nor
how long thou shalt live on this earth. » When every one
heard thèse words great terror and fear came upon them and
they cried and said : « O, O, O, hère is a great and very
wonderful thing ! We hâve never heard such as this, from
either a grammarian or a naturalisa We know where this one
was born, and he is hardly five years old and how can he
speak such words ». And the Jews answered : « We hâve
never listened to such words from a child. » Jésus replied to
them : « Ye deem it strange to hear a child like me speak
and so ye will not believe that which I hâve said to you.
I hâve told you I knew you and when ye were born. I will
tell you what seems greater and more wonderful to you.
Abraham whom ye call your father, I hâve seen him and he
has seen me, and I hâve spoken with him ». When they
202 Marx Williams.
heard that they stood erect and no raan dared say anything.
And Jésus said to them : « I hâve been amongst you and
ye did not recognize me, I hâve spoken to you as though ye
were wise and ye hâve not understood my cry for ye were
less and your fait h was small. »
7. And againthe rabbi Zachias, expounderofthe Law, spake
to Joseph : « Give me the boy and I will give him to the
master Levi, and he will teach him letters. And then by per-
suasion (?) Marv and Joseph took him to school to be taught
by the master Levi. When he came in he was silent. And
the teacher Levi said to Jésus, beginning his lesson : « Say
Alpha », said he. Jésus was silent and answered not. Then
the teacher Levi became angry and seizing him struck him
with a whip on the head. Jésus said to Levi: Why didst thou
strike me ? Verily know ye that whoever is struck teaches
the one who strikes him more than he is taught. ï can teach
thee that which thou sayest thyself. Ail those who speak and
listen are blind, like a sounding copper or a tinkling bell
which hâve no idea of, and do not understand, their own
sound ». And then Jésus said to Zachias : « Every letter
from Alpha to Thau is ranged in order : tell me therefore
what Thau is and I will tell thee what Alpha is ». And again
Jésus said to them : « He who knows not what Thau is how
can he say [what Alpha is] ? Ye false believers, tell me first
what Alpha is, and I will tell you what Beta is ». Then
Jésus began asking them the name of each letter saying :
« Tell me, teacher of the Law, why the first letter is triangu-
lar, rounded, pointed, symmetrical, drawn out, curved ? ».
When the teacher Levi heard that he feared because of the
nature of the letter and then in the hearing of ail he began to
cry and say : « This one ought not to live on this earth, he
is worthy of being hanged on ihe cross. He is capable ot
putting out the fire and of laying a charm on other things.
I think he was born before the flood. What womb has
borne this one, what mother bore him, what breast nourish-
ed him ? I will flee before him for I cannot bear a word from
his lips. My heart fears within me listening to such words.
It does not seem to me that any one can hold upon his
Llyma Vabinogi Iessu Grist. 203
words unless God be with him, and as though by misfor-
tune hâve I turncd to this one to be mocked. When I had
thought of having a pupil in this one I found a master.
What shall I say ? I cannot bear this child's words. I will flee
from this place for I cannot understand this. And now this
child has overcome me, an old man, for I can find neither
beginning nor end in what he maintains, for it is difficult to
find the beginning of a subject when one cannot findthe end.
I will tell vou truthfully, I will not lie to you, this one
cornes of no man, nor his works, his words nor his energy: he
is either asorcerer, God, orelse an angel ofGodspeaks within
him. I know not whence he originates or whence he has
come or what kind of man he will be. » Then Jésus smiled
and full of majesty, ail the sons of Israël standing and listen-
ing, he spake thus : « Let the barren bring forth fruit, the
blind see, the lame walk : let the poor be rich and the dead
live again and résume their perfect nature : let ail return and
dwell with Him who is the root of life and the eternal sweet-
ness. » Thereupon when the boy Jésus spake thus ail who
had fallen sick and into âge were at once healed. And no one
dared speak to him nor listen to any thing he said.
8. Thereafter Mary and Joseph went with Jésus from that
place to the city of Nazareth, and there he remained with
his parents. And as Jésus was playing one Saturday with
other children in a loft, one of them, struck bv another, fell
from the loft to the ground so that he died. When the dead
child's parents saw this they cried and spake against Joseph :
« Your son quarrelled with ours in the loft so that he died. »
Jésus was silent and answered them not : and then Mary and
Joseph hastened to Jésus, and his mother asked him : » My
Lord, was it thou who didst strike this one to the ground ? »
Jésus then called the boy by his name : « Zeno », said he ;
« Hère am I », said he. « Was it I who struck thee from the
loft to the ground ? » — « No, Lord, » said he. And ail
were astonished and honoured Jésus for that miracle.
9. From there Joseph and Mary wentto Jéricho and Jésus
was then six years old. His mother sent him one day to fetch
water in a pitcherto the fountain with other bovs. And when
204 Mary Williams.
he had drawn the water one of the boys pushed him so that
the pitcher broke. Jésus then spread his mantle and gathered
in it as much of the water as the pitcher held and brought it
thus to his mother. And she beheld that and was greatly sur-
prised and kept that in lier heart.
And another day he went on the land and took with him
a little wheat from his mother's barn, and he sowed the wheat
and it grew and multiplied greatly. When it was ripe he
came to reap it and to gather the fruit, and he had a hun-
dred larçe vessels full which he e;ave to those who sought
o O O
to do good.
10. A roadgoesfrom Jéricho to the river Jordan, the road
along which the children of Israël formerly went and where
the ark of the covenant is said to hâve rested. Jésus was then
eight years old, and he went from Jéricho towards the Jor-
dan. There was a cave on the road-side near to the shore of
the Jordan, and there a lioness was rearing her cubs : no one
could go fearlessly along that road. Jésus came from Jéricho
towards that place knowing that the lioness was there rearing
her cubs, and he went in. When the lions saw Jésus corne
in they arose to meet him and worshipped him, and Jésus
sat in the cave and the lions' cubs running around his feet
rejoicing and playing with him. And the lions bent their head
and stood afar off, worshipping him and rejoicing with their
tails. The people stood afar off and as they did not see Jésus
they said : « Had this one not sinned greatly he would not
voluntarily give himself up to the lions. » As they were medi-
tating and feeling sad within themselves, behold Jésus in the
sight of ail came out of the cave, the lions walking before
him and playing around his feet. His parents and the people
bowed their heads and stood afar off for fear of the lions, with-
out daring to come nearer. And then Jésus began to say to
the people : « The animais know their Lord and praise him
much better than ye men, made in the image of God. Know-
ing nothing the beasts recognize me and are gentle, but
men know me not. » Then Jésus went with the lions to the
Jordan, every one watching them. And the waters divided
before them to the right and to the left. Then he spoke to the
Llxma Vabinogi Icssu Grist. 203
lions that ail might hear : « Go in peace and do harm to no
one, and be not hurt until ye return to the place whence ye
came. » And they rejoiced with a shout for they could not
with their bodies and went to their own place. Jésus return-
ed to his mother.
11. Joseph was a carpenter : he made nothing except
ploughs and wooden beds. And it happened that a young man
commanded him to make him a wooden bed six cubits long.
And he bade his servant eut the wood according to the mea-
surement left him. But the servant did not keep to the
appointed measure, so that one of tbe pièces of wood was
shorter than the other. And then Jésus saw him anxious and
lost in thought for his possessions, he who had pity upon
every one, and he spoke to Joseph comfortingwords : « Corne,
let us hold the ends of the pièces of wood, and let us put
the ends together : let us pull them towards us for we can
make them of the same length. » And Joseph obeyed him for
he knew he could do what he wished. The ends of the wood
were put together against the wali and Jésus pulled the other
end of the pièce of wood until it was of the same length as
the longest. And then he said to Joseph : « Go now and do
thy work ». And Joseph made the bed as he had promised.
12. Again the people bade Mary and Joseph let the boy
be taught letters in school : they said they would not go
against that, and because of the ordinances of the elders they
took him to a teacher to be taught human knowledge.
The teacher begaii to speak harshly to him and told him to
say Alpha. « Tell me first », said Jésus, « what Beta is ». The
teacher then became angry and struck Jésus, and he at once
died. Jésus went home to his mother. And Joseph feared
and called to him Mary and said to her : « Know that I am
sad on account of this boy lest any man strike him so that he
die. » And Mary answered and said : « Believe not, O good
and saintly man, that this may be. Know that whoever sent
him to be born amongst men will guard him from ail who
meditate wrong to him, and from ail evil through His
name.
13. A third time the Jews bade Marv and Joseph take their
Reine Celtique, XXXIII. 14
2oé Mary Williams.
son to a teacher to be taught by persuasion (?). And Mary
and Joseph fearing the people, the unrest of the priests and
the threats of the rulers, took him again to school : they
knew he could be taught nothing by man, he who had per-
fect knowledge from God. When Jésus came to the school,
led by the Holy Spirit he took the book out of the handof the
master who was expounding the Law, and began to read,
ail the people looking on and listening. He did not read
. what was written in the Scriptures but from the Holy Spirit,
flowing like a stream of water from a living fountain. And
then full of power and grâce he taught the people the great-
ness of God. The teacher fell on his face on the ground and
worshipped him, the people sitting listening and fearing
greatly. When Joseph heard that he was afraid lest the mas-
ter die and he ran to him. When the teacher saw that he
said to Joseph : « Thou didst not give me a pupil but rather
a teacher and who could bear his words ?» Then was fulfill-
ed that which was spoken by the prophet David : « The river
of God shall be filled with water. »
14. Then Joseph, Mary and Jésus went thence and came
to the shore of Capernaum for fear of the people who oppos-
ed them. After they had dwelt in Capernaum a man in the
town named Joseph, a rich man, fell ill and died. When
Jésus heard the people of the çity moaning and crying and
weeping for the dead he said to Joseph : « Why dost thou
not succour the man who bore the same name as thou ? »
« What power or what might hâve I, said Joseph, for that ? »
« Take, said Jésus, the cloth which is around thy head, and
put it upon the face of the dead, and say to him : « Jésus
heals thee », and he will at once arise well. » And Joseph,
as Jésus had commanded, went to the house and put the
cloth which was around his head on the dead man's face. And
he arose and asked who Jésus was.
1 5 . Then they went from Capernaum to Bethlehem, and
Joseph and Mary were in the house and Jésus with them. One
day Joseph called to him his eldest son, Jacob, and bade him
go to the garden to fetch some cabbage to rnake broth. And
Jésus followed his brother Jacob to the garden and neither
Llxnia Vabinogi Iessu Grist. 207
Joseph nor Mary knewthat he had gone. As Jacob was pull-
ing the cabbage a snake leapt from a hole and bit his right
hand, and he screamed with pain, and cried and said he had
been bitten bv a snake in his right hand. Jésus was standing
opposite him and he ran at his cry; taking hold of his hand,
he blew upon it, opened the hand and healed it, and the
snake died. Mary and Joseph did not know what had happen-
ed, and thev ran out at the cry at Jesus'bidding and found the
serpent dead in the garden and Jacob perfectly well.
16. And when they were invited Joseph and his sons went,
Jacob, Joseph, Judas and Simeon and their two sisters and
their two daughters and the Lady Mary and Jésus and Mary
Cleophas her sister whom God had given to her father and
to Anna her mother because they had given Mary, Jésus'
mother, as an offering to the Lord, and to her was given the
name of the other Marv as a consolation to her parents.
And when they came together Jésus blessed them and began
to eat and drink. And no one dared eat or drink or sit down
to table or break bread until he had first blessed it : if he
were not présent everv one waited until he came. And when
he wished to eat Mary and Joseph and his brothers were
around him. His own brothers kept his way of life before
their eyes as a lamp and feared him. And whenever Jésus
slept, at night or bv dav, the brightness of God shone upon
him who lives and reigns with the Father continually with-
out end for ever and ever. Amen.
II
BUCHED MEIR WYRY.
Fol. XIVaI. Llyma mal y treithir o vuched Meir wyry.
ac o vabolyaeth an Hargluyd ny Iessu Grist. her-
6yd mal y yscriuen6ys Matheu euangelystor yn
Eurey. a sein Jeronym o lyuyr Matheu ae troes o
1. Refers to folios of Peniarth j.
2o8 Mary Williams.
yeith Eurey yn Lladin. tr6y adolôyn y gan Chroma-
tius ac Elyodorus.
I ' Y mae Chromatius ac Elyodorus esgyb* yn anvon annerch
a charyat ynyr argluyd. oc eu karediccaf vraut. wy* y Gero-
nym offeirat. Nyny a gaussam ganedigaeth Meir wyry. a
mabolyaeth an hargluyd ny Iessu Grist. y my6n* gev lyureu.
yn yr rei y guelsam la6er o betheu gurth6yneb yn ffvd ny.
Ar petheu gurthodedic oll a gudyassom rac rodi o honam ny
yr ancrist le6enyd druy blyc ar Grist. A guedy edrych hynny
o honam y managassant deu 6r. nyt 2 Armenius a Iunius yni.
caffel o3 santeiruyd dy lyuyr yn Eurey a ysgriuynassei *
Vathev euangelystor ae Ia6 ehun. yn yr h6nn yd oed bu
(fol. XIVb)ched* Meir wyry. a mabolyaeth yn prynnaôdyr*
ny. Ac 6rth hynny ny a éediun dy garyat dy yn yr argluyd
Iessu Grist. hyt pan v\-nelych*dy tvnnv y llyuvr h6nn6
yn Lladin o Eurey y gymryt o hona6 arderchogruyd Crist.
Ac y vur6 ymeith ystry6 geugreuyd6vr. yrreia ymgyssgant4
ëukeluyd gytar anedigaeth anrydedus y geissa6 kymryt gan-
tunt 6y dysc drue. Val y kelynt ch6eruder agheu druy
velyster* buched. trugared garedic y 6 y titheu yn guarandav
ny esgyb. a brodyr yth \vedia6 o dylyet caryat. Ac a 6elych
titheu* y vot yn yiaun* g6nna *. Iechit ytt y gan Due. a
guedia drossaôm.
Eronymbellach dracheuenyn anvon pob gleindit ac annerch
y Chromatius ac Elyodorus esgyb. Canys ydy6ch * ch6itheu
yn chéennychu guelet hynny. nyt kudya6 dysc a dylyir
namyn y dangos yn amluc. Matheu a vynnaéd dangos y
llyuyr h6nn6 yn gyhoedauc. y llyuyr h6nn6 truy nerth
du6 mynnev ae tynnaf yn Lladin y ch6i. Canys caryat Crist
y6vuufydhav* y wedieu seint valcbôi. val y galloch dyuot ar
vabolyaeth Crist truydofi.
II. Yn y dydyeu hynny yd oed gur yn yr Israël. Ioachym
i. Refers to paragraphs \n Sélections from the Hengwrt MSS. (S.).
2. L. nyt atngen.
3 . MS. has â .
4. L. ymgymyssgant. S. has ymgytnysgant.
* V. p. 234 et sqq.
Lh'wa Vabinogi Iessu Grist. 209
y eno* o luvth Iuda. A huné* hugeil deueit oed. ag* ouynn
Du6 arnaé vnnv vulder*. yr H6nn nyt oed amgen bryder
arna6 namvn cad6 y deueit. or rei y porthei efyr rei a ofuen-
neyn * Du6. Ac yn rodi deu ry6 rodyon yn ovyn Du6. y rei
a lauuryeint yn y dvsc. ac y rei a wassannaethei* vdunt. oe
wyn a mynnev. a g61an. ae holl da bydaul. teir rann pob
bluydyn. Vn a rodei yr meibon ymdiueit. ar guraged guedu.
ar pererinyon. ar aghennogvon. ar eil rann a rodey y rei a
diwyllynt Du6. ac ortryded rann yntev ae dyléyth a ymbor-
tliey arney. yn pymtheg ml6ydy dechreuod y vuched velly.
ac yn yr vgeinvet vl6ydyn y kymerih wreic Anna y heno*
verch Ysachar o lin Dauid. ac vgein mlyned* y buant y gyt
heb caffel* plant.
Dydgueith guyl y doeth Ioachim y gyt a niver a oed yn
gueuthur ' aberth y Du6. A phan yttoed Ioachim yn arluya6*
y anrygyon* yntev y Du6. y doeth atta6 vn o hynauyeit y
temyl. Ruben y eno*. Ac y dy6ot vrtha6. nyt cannyat y ty
seuyll yn y temyl y aberth y due. Cany* vendigaudDué dydi
y rodi plant yt yn yr Ysrael. Ke6ilyd a fu arna6 yg guyd y
bobyl. ef a gilyaud or temel* ac a 6ylaud. ac nyt ymch6oel-
aud* y ty. namyn ar y ysgrybyl. a déyn y gyt ac ef bugelyd
yr y myned* y eithauoed val na chly6ei y 6reic dim y 6rthaé.
Tra yttoed hitheu yn 6ylya6 yn y guedy. y dya6t2 val hynn.
Argluyd cany rodeisti y mi veibon. paham y dugost vy gér y
gennyf. llyma pymhis na weleis * vy g6r. ac na en pa du y bu
varo*. val y kaffun péri y gladu. A hi vn y \vvla6 yn y herber.
ac yn y g6edia6. dyrchauel y llygeit ar yr argluyd a 6naeth hi
a éelei ederyn yn y Uawrwyden. hitheu a vyryod eb6ch ar yr
argluyd. ac a dy6ot. Argluyd Due hollgyuoethauc ty a rodeist
y pob creadur etyued. yr annyueileit. yr pryuet yr pyscaut.
ac yr adar. a lle6enyd * vdunt y6 eu plant. Mivi vy hun a dieith-
reist or rod h6nn6. titheu a adnabuost o drechreu 3 vym
priodas.i. pe rodut ym blant. ae mab. ae merch. mi ae rodun
yth wassanaeth.
1. L. guneiithur, MS should hâve gueuthur. Cf. pp. 215, n. 1, 226, n.2.
S has gwneuthur.
2. L. dy6a6t, but cf. pp. 212. 1. 1, 214, 1. 6. S. has dyuiawt.
3. L. dechreu as in S. cf. p. 216, 1. 20.
210 Mary Williams.
III. A thra yttoed yn diéedut* hynny gar y bron hy y
ymdangosses idi agel. vn dy6edut. Anna, nac ofnaha. Canys
yg kygor* Du6 y mae dy hlant ty. ac a aner o honat ty. a vyd
ryueda6t yr holl oessoed* hyt y dy6ed. A guedy dyéedut or
agel hynny a ônaeth ■' y 6rthi. Hi a ergrynna6d pan welsei yr
agel yn dvéedut yr ymadraud. Ac yna hi aeth y chudygyl. ac
a yntredaud vr guely. a megys marw. yn hyt y nos ar dvd y
trigyaud yn y guedy*. Guedy hynny hi a eléis y mor6yn attei
ac a dv6ot vrthi. A wely dy vy guëddaut 2. i. ara gouut. ac
nv wnneisty dvuot attaf .i. Ac yna y hattebaud y moréyn hy
dan trablud. A o chayod Du6 dy groth dy. ac a duc D6y dy
wry * gennyt. beth a 6nafi y ty 6rth hynny. Anna pan giglev
y vor6vn yn dyvedut hynny. a 6ylod eiléeith. Yn yr amsser
h6nn6 yd ymdangosses guas jeuag y rug y mynyded y lie
yd yttoed Ioachym 6rth y ysgrybyl. ac a dyéot 6rtha6.
Paham heb ef nat ymch6ely di att dy wreic atref. Ioachym a
dy6ot. ys vgein mlyned ydym y gyt. ac am nat oed yn blant
my a gil)reis* or temvl yn waraduys > geôilydyus. Beth a
vmhoelaf attei pan ym bérrver vnweith y 6rthi. yma y trig-
yaf .i. gyt am deueit y tra vynno Du6 vy myé. dr6y d6yla6
vy meibon. i.y rodaf y aghenogyon. a géraged géedé. a meib-
on ymdiueit. ar rei (Fol. XV a) a diwyll6ynt* Du6. y rann
om da. Ac yda6 ynteu yd attebaud y guas jeuang. Agel y Du6
wyf i a ymdangosseis hedi6 yth 6reic ty. yn wyla6 ac yn gued-
ia6. a my ae dideneis hi. Yr onn4 a 6yppechdy y keiffveich-
ogi o honnat *. a honno temel* y Du6 vyd. ar yspryt glan
a orff6ys* yndi. a hi a vyd gôynuydedic ar yr holl wraged .
vn gymeint ac n'a dyéetto bot y cheffelyp* kynno hy na guedy.
Dysgynn* or mynyd ar dy wreic. A thitheu ae keffy hy eneit >
yn y chroth. yr argluvd Du6 a gvffroes hat yndi. ac ae génaeth
3m vam yr tragy6ydaul vendith. A Ioachym ae guediaud ac a
dy6ot vrtha6. O cheueis .i. rat gar dy vron dy. eisted ychy-
i. L. mynet a 6naeth, as in S.
2. Note the spelling and cf. p. 222,1. 13. V.also Mary Williams, Essai
sur la composition du roman gallois de Peredur, p. 29. S. has vyguedaïut.
3. L. ifuradwvdus as in S.
4. L. honn as in S.
5. L. 1/ eneit.
Llynni Vabinogi lessu Grist. 21 [
dyc vn temyl i. a bendicca dy was dy. Yr argel ' a dvéot
ida6. Na dyéet dy dy was. namyn dy gytwas. y vn argluyd
ydym weisson. nyt amgen y du6. Canys vy my6yt .i. am
diaét 2*. anweledic y6. yr dynyon. ac érth hynny nyt myvy
a dvlvy tv. y \vedia6 vynet yth temel * ty. namyn yr h6nn
a rodut v my. Gwna aberth y Du6 o hona6. Yna y kymerth
Joachym oen ac y dyéot 6rch yr agel. Ny veidun .i. wneuth-
ur aberth v Du6. pei na bei didi ae harchei. a rodet gannyat
ymi y aberthu. Yna y dyéot yr agel. Nyt annog6n .i. didi y
aberthu pei nat adnebydassaon* eéyllys Du6 ymdanat. Ac
ef yn g6neuthur yr aberth. y gyt ar m6c or aberth yd aeth yr
agel y nef.
IV. Yna y dyguydaud Ioachym yn dadoluch. or héechet
a6r or dyd hyt bryt gosper. Meibon. a chyneéitêyr a doeth-
ant atta6. cany6ydynt paham y dygéydassei. a debegyssynt
y vot e hun yn y lad. breid y drychauassant. A phan dy6at
ef vdunt 6y yr hynn a 6elsei o ryveduch ac ovyn. wynteu a
annogassant yda6 g6neuthur yr hynn a archassei yr agel heb
ohir. ac ymchuelut* ar* y wreic yn diannot. Guedy treigla6
o Ioachym yn y vedul beth a 6nelei ae ymchuelut ae peid-
ya6. v dygéydaôd kyscu arna6. Ar agel a ymdangossassei
idaé y d)'d h6nn6. ac ef heb gyscu. a ymdangosses truy y
h6nn >. ac a dy6ot 6rtha6. Myvy v6 yr agel a rodes Du6 yn
geit6at ytti. dysgyn yn diogel ac ymchuel ar dy wreic. y da a
6nnaethost* di * ty ath wreic. y mae yn amluc ger bron yr
hollgyuoethauc a ry6 hat a rodet y t. y kyury6 ny bu eiroet.
ac nyscauasy prophuydi eiroet ykyffelyb. ac nys cafFantvyth.
A phan deffroes Ioachym y geléis attaô y veibon. ac y megis 4
vdunty vreudéyt. ac wynteu. a wediassant Du6. acadyéedass-
ant.Mogel bellach rac tremygu agel Due. kyuot*a cherdun.
ac vn arafgadun dan gerdet yr yscrybyl*y bori. Wvnt a uuant
dec niaéarnnaét5 ar hugeint yn dyuot. Yna yd* ymdangosses
1. L. aiigel. ci. p. 219, 1. 14. S. has augel.
2. L. ni6yt. . . diaét (M S has dia6f), cf. Latin text : « SeJ et cibus . . . et
potus meus a nullo mortali potest videri. » (Tischendorfs Edition, c. III).
3. L. hun as in S.
4. L. menegis as in S.
5. L. niawarnnawt. S. has niwarnawt.
212 Mary Williams.
yr agel y Anna a hi yn guedia6. ac y dyaét * idi. Dos yr
porth a el6ir y porth eur. a thi a gyuarvydy ath 6r yno.
canvs hedi6 y da6 attat. A hitheu a vryssyod hy ae morvn-
nyon. ac yn y porth y seuis ac y guediod. a guedi hir aros pan
dyrcheuis y llygeit y gueles Ioachym yn dyuot ae yysgryby! -
gar y vronn. A hy a aeth duyla6 mynwgyl yda6. a hy a
dalaud dioluch y Du6. ac a dyuot. Guedu oedun ac nyt wyf
bellach. diffrwyth eodun 5 a beichauc 6yf yr haur 4 honn.
A lle6enyd maur vu gan baép oe chefnessafyeit ac eu ketem-
deithon hynny.
V. Na6 mis guedy hynny y ganet merch y Anna, a Meir
vu y heno *. Guedy meithrin y verch teir blvned. yr aeth
Ioachym ac Anna y temel *Du6. i wnneuthur* aberth yda6.
o* rody Meir yn Ha6or6yn > ida6. ac ygketemdeithas y g6er-
ydon. Yr honnydydac yt6 nos a triga6d * yguassanaeth Du6.
A guedy gossot gar bron y temyl. hy a esgynnaôd pymthec
or gradeu y temyl 7. hyt nat etrychei * Veir ar y reeni mal
y gnotaei maban jeuegtit. Am hynny y ryuedaud paub o
hyneif yr egluys. Yna Anna yn gyulaun or ysbryt glan. hy
a dyéot ygkyfedrychedigaeth paub. Du6 argluyd y lluoed.
cof yb ganta6 ef *y geir a dy6ot. ef a ov6yha Du6 y bobyl o
lau tram6y yny drossei ef y kenedloed. a challonnev y rei
vfyd. Ac ef a agorres* y glusteu ef ar yn gvvedieu ny. ac
a bellaod y 6rthym ny kyrcheu yn gelynyon. diffrwyth oed
y vam. a hi a vagaud goruchelder yn yr Israël, a lle6enyd.
Yr aér honn y gallaf i rody offr6m y Du6. ac * ny allant* vy
gelynyon .i. vy gwahard. Du6 a drosses y rei hynny y
vrthyf i. ac a rodes y m le6enyd tragy6ydaul. Yttoed Meir yn
ryuedaôt yr bopyl. yr honn pan oed teir bluyd a gerdey o
gam da(?)8. ac yn berffeithaf y dy6edei. Ac velly yd ytto-
i. Cf. p. 209, n. 2.
2. L. ysgrybyl as in S.
3. L. oedun, cf. S. oedwn.
4. L. aur, cf. S. awr.
5. L. llaêuorôyn as in S.
6. L. hyt as in S.
7. This is not a Welsh construction : cf. p. 190, 1. 6, and Strachan,
Introduction to Early Welsh, p. 21, § 24 b.
8. MS verv indistinct : cf. Latin text « tain maturô gressu ambulabat ».
S. bas a gerdei oganeu. Cf. p. 240, 20.
Lhnin Vàbinogi Iessu Grist. 213
(Fol. XV b) ed vn ystudyaé y my6n molyannev du6. ac a
oleuhaei. hvt na thebygit y bot yn verch namyn vn vaur y
hoet. Kanvs kvnn brudet y ymrodei y wedieu a chynn bei
deg ml6vd ar hugein. ae hwyneb ac oleuhaei yn gyn egluret
a breid y gallei neb kyuedrym1 yn y h6yneb. Ymrodi a 6naei
yn y du. ac y wnneuthur *g6eitheu ny allei wraged yn yr
oes yn 2 eu g6neutbur. A hi a gynnhalaud *y reol honn yn
oet tynner heb y thorri.
VI. Or bore beunyd hyt traean dvd y guediei. or na6uet
eihveith vd aei y wedia6. yny ymdangossei yr agel idi
yr h6n a rodei véyt idi. A gwellell 5 o hynny alkon* y
dvgronoes* yn ovyn a charyat Du6. Ac yn y di6ed guedy
kvmrvt dvsc o honei y gan \verydon oed hyn a m6y no
hi. yn diruaér garyat daeoni y llauuryod *yn y vei gyntaf
hi vn y gévluaeu. a dyscedigaeth yn doethineb kyureith.
Ufuvdach vn vfuydaut. ad6ynnach *yn y cantygleu. karuei-
dach yngkaryat *Du6. glanach ym pob* gleindit. perffeithach
vn y nerthoed. Cadarn oed ac agkyffroedic yn y ffyd. A
pheunvd gwelhvell y kerdei yn y gleindit. nys guelsei
dvn eiroet hi yn llittyaé. nac yn dyôedut geir drue eiroet.
pobymadravd or a *dyéettei oed gyulaun o rat. yny ett6einit
bot Du6 yn y thauot hi. Y guedi a chyssynededigaeth
kvureith Du6 y trigei. A goualus ygkylch *y chetemeithes-
seu oed.rac pechu or vn yny hamadraud *rac* dyéedut
or vn geir vchel. na chéerthin. a rac daly syberuyt heuyt.
neu dyéedut drue 6rth neb. Du6 a volei heb deéi. ympob*
amadraud* diolch a talei y Du6. yn y di6ed genti kyntaf y
dysg6yt. pan ressa6 dyn dyn arall. atteb . Du6 a ro da * ytt.
Peunvd vd oed vn y phorthi hi vr h6nn a gymerei o la6 yr agel.
ar hynn a delei ydi y gan wyr y temyl. y agkennogyon* y
rannei. Yn vynych y gelynt 4 egylyon yn ymdidan a hi. Ac
yn ymadraud yn garedicaf. P6y bynnac hagen or rei cleiuyon
y rodei hi y laé > arnaé. iach vydei.
1 . L. kyuedrych as in S.
2. L. hyn.
3. L. gwellwell as in S.
4. L. gôelynt as in S.
5. L. llmu as in S.
2i4 Mary Williams.
VII. Yna knygyaud Abysachar offeireit* y rodyon amvlv
esgyb y temel * yr y rodi yn wreic oe vab ef. Meir a dyéot
yna. Ny dichaun* hynny na chymryt o honaf i. wr. nac o
wr vvnnev. Yna y dv6at y gur pennaf. Du6 a dihévllir vn
y meibon. ac yn yr etiuedyon a anrydedir. vab * y bu eiroet
ym pobyl yr Israël. Ac yna y dyaét 2 Meir vrthunt. Yn
di6eirdep gyntaf y molir du6. ac y anrydedir. kanvs kyn
Abel ny bu wyryon neb. y offr6m ef a ragaud bod y Du6.
yr h6nn ny ragaud bod y Du 6 ae lladadaéd 5. Du6 y goron
hagen a gauas Abel. coron weryndaut. a choron tros y aberth.
Cany adaud llygredigaeth yn y gna6t. Ac velly y cauas
Helv* canvs ket6is y gnaét yn wvrv. Hynny a dysgeis*.i. yn
y temyl o mabolyaeth. a hynny a vedylyeis ym callon na
chymerwn vyth 6r. Pan doeth y betuar vléyd ar dec. )'•
dyéedyssant g6yr y temyl o deua6t gureigaul na allei hi
wedia6 yn y temyl. Ac yna y caffat* ygkygor. péri yr holl
dinessvd. a lléytheu yr Israël, v trydydyd bop 4 pa6b tr6y
dyvyn yn y temyl. Guedy dyuotyr holl boploed. y kyuodes
Ysachar hyt y gradeu vchaf. val y gallei paub y welet. ae
glybot. a gostec a rodet ida6. Meibon yr Israël heb ef.
guerendeuch vy geireu .i. yn da. Yr pan adeila6d Selyf y
temyl honn. y buant merchet y brenhined ar prophuydi.
ar offeireit yn guedia6 yndi. A phan doethant y oet* dedua6l
wynt a gymerassant wyr. a her6yd v rei kyn nogévnt*bod-
laun vu Du6 vdunt. Y mae Meir e hun yn g6neuthur creuvd
ne6vd yr honn yssyd yn ymrodi y Du6 vn wvrv v tra vo
bv6. Ef a welit y ni* bot vn ia6n studyaé o honam y gyt
truy nerth Du6 y geissau atteb y gantha6. ar b6y y* rodit
Meir oe guarchadé.
VIII. Ar vmadraud h6nn6 a ragaud > y baup. a b6r6
coelbrenn ar holl léyth yr Israël. Ac erchi y baup or a uei
heb wreic ida6 dyuot trannoeth yr temyl. a guialen yn lla6
i. L. val, S has vab,
2. Cf. p. 209, n. 2.
3. L. lladaïud as in S.
4 . L. bot as in S.
5. L. ragaud bod as in S.
Lly uni Vabinogi Iessu Grist. 215
bop* vn. Velly y guaethpéyt '. A Iosep oed hynnaf 01
temyl y r6g vr rei heb wraged vdunt. A guedy rodi y
gueelin* vn lla6 yr hynaf or temyl. ynteu a rodes y guyei]
vn aberth y Du6. ac a erchis yr Argléyd gyghor. Yna y
cauas atteb y gan Du6. Dyro heb y Du6 y guyeil oïl
yn y cor. a gat yno hyt avory. a doent avory y
gyrchu eu guyeil. ae o vlaen vn or guyeil yd ehetta colomen
yr nef. ac ar berchen y wialen honno roder Meir oe chadu.
Velly v gêna (Fol. XVP) ethpuyt*. Yn voreaul trannoeth y
doeth paub vr temyl. a guedy gwneuthur offrymeu. yr
aeth yr esgob vr cor. ac ef a rodes y wialen yn llaw baup.
ac nvt aeth colomen or vn. Ac yna y guisgaud Abys-
achar escopéisc ymdanaé. ac yd aethant y gyt ac ef hyneif
y temyl. ac y dyvynna6d yr aberth. ac yr aeth y guedy.
Ac yna yd ymdangosses agel or nef ida6. ac y dy6at. Y mae
yma wialen verraf heb gyurif o honat. ac nys dugost y gyt
ar lleill. honno pan y rodych yn lla6 y neb pieu honno a
dengys yr aruyd itt. Yna yd oed. guialen Iosep kan oed hen
guedy yr vur6 y ymdeith. ac ynteu nys gouynaéd. A phan
yttoed Iosep yn diéethaf bll. Ysachar esgob a el6is arna6 yn
vchel. Dabre. a chymer dy 6ialen kanys tydy ydym yny aros.
Iosep a dynessaud yn ofnauc am al6 or esgop yn vchel arna6.
IX. Yr a6r y rodes y laé ar y wialen. yd ehedaud colo-
men 6ynnach y 1H6 nor eiry. a gwedy ehedec rynnawd o
honnei* y nenn y temyl yd aeth yr nef. Yr holl bopyl a hoftes
hynt yr henn *. Géynvydedic wyt ti heb 6ynt yth eneint.
Kanys Du6 athangosses 2 yn aduyn y gymryt Meir. Pan
dy6ot yr offeireit 6rthav. kymer Veir. kanys Du6 ath etholes
or holl bopyl. ac or holl lwyth. Iosep vna ac eu guediaud.
ac a dy6at yn ge6ilyduys*. Hen y 6yfi a meibon yssyd ym.
paham y roduch y verch vechan honn ymi. o oet a allei
vot yn wyr ym. a llei y 6 noc vn om hôyron. Abysa-
char escop vchaf a dy6at yna. Pony da6 cof itt vegys
y tremygaud* Dathan ac Abyron e6yllvs Du6. ar daear ac
1. Cf. pp. 209, n. 1, 226, n. 2.
2. L. ath dangosses. Cf. Strachan, Introduction to Early Welsh, p. 165,1.28
athrudannaeth for ath drudannaeth.
2i 6 Marx Williams.
eu llygkaud. ac attoed ysderuyd y titheu y kyuryé os trem-
ygu a 6ne* yr hynn a vynn Due ytt y 6neuthur. Ioseph ae
hattebaud. Ny thremygaf i e6yllys Du6. Mi a vydaf geittuat
idi y tra vynho Du6 hollgyuoethauc. Roder rei or guerydon
y chetemdeithesseu*oe chanlvn. Abysachar ae hattebaud. Hy
a geiff rei a honunt yn didanuch idi yny del y dyd y kymer-
ych di hy. Iosep a gymerth Meir a phymp or guerydon
y gyt a hy. ac a doethant y ty Iosep. Y enweu y guerydon
hynny oedynt. Rebecca. Serora. Ieramia*. Abygena. Zael. Yna
y rodes yr escop vdunt svndal. a sidan. a saffr6m. a jacin-
tus. a llin. a ffyrfïbr. Yna y buryassan brennev y edrych beth
a 6nelei pob vn. ac vellv y g6naethpuyt. ac y Veir y doeth
gweith or pyrffor yn temyl yr Argluyd. A phan y kymerth y
dy6edassant y guerydon. Kanys ieuhaf 6yt ac vfydaf* ti a*
hedeist gynnal y pvrffor. Ac wynt val ar watwar y gal6
yn vrenhines y guerydon. Atthra yttoedynt yn hynny yd
ymdangosses agel vrygthunt, ac y dy6at. Na phaeiduch* ae
gal6 velly kytas guneloch her6yd gogan. ch6i a dyéedassauch
g6ir prophuvdolvaeth. Y guerydon a ergrynysssan yg guyd yr
agel. ac yn y eirev. Ac wynt a drechreussant I éediaé Meir.
am vadeueint. a guedia6 drostunt.
X. Dydg6eith arall yd oed Meir yr llenéi llestyr yno o
d6fyr. yd ymdangosses yr agel ydi. ac y di6at* 6rthi.
G6ynvydedic 6yt Veir. canys vcheyryeist preséylua y du6
yth uedul. Llyma y daé* goleuat or nef y bress6ylya6. ynot.
a thréydoti y goleuhaa yr holl vyt. Y trydydyd a hy yn
gôneuthur gueith or pyrffor. y doeth guas jeuang attei. y
deguch ny ellit y dattcann. Pan yg6elesMeir kryné 2 oofuyn*
a 6naeth. Ynteu a dy6at. Meirnac ofuynhaa*. ti a geueist rat
gan Du6. ti a geueist veichogi. ac a vyd mab ytt. yr h6nn a vyd
brenhin nef a daear. ac a 6ledycha yn oes oessoed. Y tra
yttoed yn hynny yd oed Iosep yn lie pell yn llauuryaé. ac
yno yd oed gof prenn. a na6 mis y trigyaud ef yno. A phan
doeth tracheuen ydoed Veir* yn veichauc. ac o diruaur ovyn
a gouit y geluis ar yr Argluyd. Argluyd heb ef kymer vy
i. Cf. p. 209, n. 3 .
2. L. Krynu as in S.
Llytna Vabinogi Iessu Grist. 217
ysprit .i. canys guell y6 vy mar6 nom by6. Yna y dyéat y
guervdon oed ygyt a Meir. Nyny a * 6ydam bot yn gyua y
gueryndaut* ac yn anllygredic. ydymgetuis. Canys géastat yé
yn guedia6 Du6. peunyd yd ymdidan yr agel a hi. ac y d6c*
ef v Veir y hvmborth. pa del6 y dichaun bot neb ry6 bechaut
vndi. ac omvny* dy dyôedut yn tyb ny. ny wnaeth neb hy
yn veichauc hy onyt yr agel. Iosep a dy6at Beth a
d6vllueh o honaf i. val y crett6yf i y beichogi or agel.
gallei vot* v théyllau o arall yn rith agel. Ac 6yla6 a 6naeth
a dv6edut. Pa del6 y beidyaf i vynet yr temyl. neu y ym6elet
ag offeireit Du6. beth a 6naf i. ac y medylyaud (Fol. XVP)
vmgudyav ac ada6 Meir.
XI. A gwedy llunyeithvau o honaf ' ef kyuodi oe 6ely hyt
v nos a ffo. nachaf yr agel druy y h un yn ymdangos 2 ef
v nos honno. ac yn dy6edut. Iosep vab Dauid. *nac aet
ovvn arnat yr kvmrvt Meir yn briaut ytt. kanys yr hynn
vssvd yn v ehroth. or ysprvt glao y mae. hy a esgyr ar
vab a el6ir Iessu Grist. h6nn6 a 6na yn iach oc eu pechod-
eu. Iosep a gyuodes oe hun. ac a dalaud diolch y Du6. ac
a dv6at vrth Veir. ar guervdon a oed y gyt a hy. ac a
dattkanna6d y 6eledigaeth. A didan6ch a gymerth am Veir. Mi
a becheis heb ef. canys bu typ gennyf vrth Veir. Odyna
yd aeth* y chôedylydaeth vot Meir vu vechoc 3. Agéassan-
aeth6yr y temyl ae delis hi a Iosep. ac ae dugant aryrhyneify
temyl4. Ar esgob a ymliéod* ac efyn serth. Neut 6yt tuyll-
edic am wvry mal honn. yr honn a vaga6d yr agel yn y temyl
vegvs colomen. yr honn ny vynnod guelet g6r eiroet. yr
honn a gauas y dysc goreu ygkyureith Du6. pei na wnaeth-
oeduti treis arnei hy a vedyei* wvry hedi6. Iosep a tygaud
nachvhyrdasseia hi eiroet. Abysachara dyéat Du6 yssvd vv6.
ef a vyd reit ytt vuet d6fvr kyuryé ac a leua6d an Hargluyd ny.
ath bechaut a vmdengvs yn diannot. Yna yd oed kynulleitua*
yr honn ny ellit y rifa6. a d6yna 6naethpuyt Meir yr temyl yr
1. L. honaô as in S.
2. L. idaôd.
3 . L. veichoc as in S.
4- V. p. 212, n. 7.
2i8 Mary Williams.
Argluyd '. Acyna \vvla6 a 6naeth yr offeireit. a reeni Meir.
ae chyfnesseiueit. ac ydy6edassantvrthi. Kyffesa* Meiryr offei-
reit dy bechaut. vegys colomen y porthes yr agel dvdv \ n
temyl Du6. Ac yna y gel6it Iosep vrth* yr allaur. ar dufvr a
rodet ida6. Yr a6r y lleua6d. y damgvlchynnaud ef y d6fvr
seith 6eith. nv rodes Du6 aruvd vn y bvt arnaé. Ef a vu
diogel canyt ymdangosses aruyd neb rv6 bechaut ynda6.
XII. Yna y génaethvr offeireit ar géassanaethuyr ar bopyl ef
yn iach. Bendigedic* 6vt*canyt oes g6l ynot. A gal6 Meir a
6naethpuyt. a gouyn ydi pa esgus oed genthi. neu pa aruvd
a ymdengys yn wuy* nogvt yr hénn *adengys beiehogy d)r
groth. Vn peth a ovvnun *yt. canvs glan Iosep. adef yn p6y
ath t6yllaud. guell y6 ytti adefdy hun. nogyt rodi o var Due
aruyd yth wyneb y damlleéychu ygkvmperued y bopyl. Yna
y dyéat Meir yn diergrynedic. Ossit neb rv6 lygredigaeth
neu bechaut ynofi. Du6 ae hardangosso arnaf i ygg6yd yr
hollboplotd. yny aller vy rodi i. vn agkvffret y baup. A hi a
doeth y ymyl yr alla6r. ac a gyrherth y d6fyr. ac ae lleuas.
ac a troes vn y chylch seith weith. ac ny chat na aruyd nac
arlléybyr neb ry6 bechaut yndi. A rvuedu a 6naeth yr holl
bobyl y guelet yn veichauc ac ymodérd y rygthunt yn amry-
ual. Vn a dv6edei o santeidrôvd. arall o drycvedul. Yna y
guelas Meir typ rei or bobyl na buassei dogyn ydym6naeth-
oed yn 6iryon. A phaub vn guaranda6 hy a dy6at yn
vchel. Bv6 v6 Argluvd paub. ac vgguvd h6nn6 y dy6edaf i
na bu 6r ym eiroet. namyn o dechreu vy oes yn teruynedic y
rodeis y gouunet hénn6 y Du6 y mabolyaeth yny drychéyf i
yn gyua yn eno*y g6r am crea6d. yndaé y mae vy ymdiret
ym by6yt y wassanaeth ef ehun. ac yda6 ef ehun trig}ra6 heb
lygredigaeth tra vuyf vy6. Yna yd aeth paub ar tal eu glinyeu
y gussanu y thraet. ac y erchi madeueint ydi am eu dryctyp.
Ac yr holl bobyl. ar offeireit ar guervdon druy diruaur
leuenyd ae hebrygassant hy adref. ac o lef vchel yn dy6edut.
Bendigedic vo eno * yr argluyd. kanys damlle6ychaéd y sant-
eidruyd y holl bopyl yr Israël.
i. V
Llxiiia Vabinogi Iessu Grist. 219
XIII. Gwedy* chydic o araser guedy hynny y g6naethp6yt
kyureith ygkyuoeth César, ac yn gyntaf ygkyuoeth tyéyss-
auc* Svria. na thriccyei neb ny hanffei or 6lat yndy namyn
mynet paub oe élat. Yna y bu reit y Yeir a Iosep mynet*
tu a Beethlem. ac y dy6ot Meir vrth* Iosep. My a éelaf duy
bobvl o vm blaen. y neill yn \vyla6. ar llall yn chéerthin.
Ta6 heb y Iosep. eiste ar yr anyueil. ac na dy6et* geireu
goruac. Yna yd ymdangosses mab tec vdunt guisgedic* o 6isc
echtv6vnedic. Iosep heb ef paham y dyéedeisti vot yn
woréac* y geireu am y d6y bobyl. géir a dyéat Meir. pobyl
yr Ydeon oed ynwylaé. ar bopyl arallyn chéerthin. yr hénn
yssyd agos y Du6. mal y hedeéis* yn tateu ny. nyt aragen.
Abraham. Ysaac. a Iacob. yr amser a doeth. yny del o lin
Euream. rat a bendith yr holl bopyl. Aphan dy6ot yr argel '*
hynny. yd erchis yr assen seuyll. Canys amsser y Yeir* a doeth
y escor. (Fol. XMIa) Ac yd erchis y Yeir disgyn yr llaur yr ;
ar yr assen. A dos yr ogof vssyd* adan y daear. yn yr honn ny
bu oleuat. namyn ty6ylluch eiroet. Canys goleuat Du6 ny
allei dyuot idi. Yr aur yd aeth y myun. y dechreuod yr holl ogof
oleuhau. mal pei hanner dyd. Yna yd aeth ydyéaul okur6yd
y my6n yn ardechauc \ hyt na diffodei goleuat yndi nac yn
nos. nac yn dyd.
XIV. Ac yna yd esgores y wynvededic* wyry. pennadur
yr eneiteu. Lleg o egylyon a doeth yg kylch y mab yr aur
y ganet. yr h6nn adolyssant truy dyéedut yn vchel.
Gogomrant yn y goruchelder y Du6. a thagneued yr dynyon
ar y daear. Yna y doeth ganedigaeth yr Argluyd. yd aeth
Iosep y geissa6 g6raged at Yeir. a phan y cauas yr ogol y
doeth tracheuen. Yna y cauas y mab guedy yr eeni* ac y
dy6at Ioseph O wynvydedic Yeir Mi a dugum duy wraged
attat. a gerllaé drus yr ogof odieithyr y maent yn seuyll. ac
rac diruaur oleuréyd dyuot yn hylithvr nys llauassant. Meir
dan owenu a guerendeéis. Ioseph a erchis idi teuy ae chéer-
thin. Byd gall heb ef yny delont y myén rac bot yn reit itt
6rth vedyeynyaeth. Hitheu a erchis vdunt jmtredu attei. Zelo-
1. L. angel, cf. p. 21 1, 1. 1.
2. L. v as in 5.
; . L. ardercbauc as in S.
220 Mary Williams.
my a doeth. a Salome nyt yntredod. Zelomy a dyuat 6rth
Veir wynvydedic gat ti ymi gyhurd a thi. Pan g\rhyrdod. o
lef uchel hy ae dy6ot. Argluyd. Argluyd maur trugarha
6rthyf. ny chly6yt. ac ny welet bronneu yn lla6n o laeth. a
geni mab ae mam yn wyry yn ymdangos. ac nat oes lygred-
igaeth guaet nae arll6ybyr yr ganedic. na dolur ar y neb ae
hesgores. gwyry kvnn escor a guyry yn trigyan guedy escor
val y mae* aml6c. Yr hynn a gly6af yny prouy nys credaf
heb Salome odieithyr yny guelévd. acar y wynvydedic Veir y
doeth. ac yd erchis idi gat ti y mi dy balualv ual y cretuyf* y
Zelomiorhynn a glyéaf. Yna y kanhadaud Meir idi vphrouv.
Hv a estvnna6d y llaé. ac a diffruythod y llau yn diannot. ac
o diruaér dolur wylau a oruc yn ryulaenllym dan leuein a
dv6edut. Ti a adnabuost Argluyd. ofynhau ohonafi dydy yn
wastat. ar tlod)Ton a nertheisamy heb dal. aguragedguédu.a
meibon ymdiueit mi ae canhorthéyeis. ac eissy6edic* iaun nyt
aeth y 6rthyf yn amnat or a archei. ac yr aur honn y dyguyd-
eis o achaus vy agkreteduyaeth ' yn trueny yr* edryeh dy Yen
wyry.
XV. Aphan dy6at hy hynny. yd ymdangosses guas jeuang
tec achtywynedic* yn eglurder ger y llaé. ac a dy6ot vrthi.
Dvnessa ar y mab. ac adolaf 2 ef. a dyro dy la6 arna6. ef
ath iacha yn diannot. ef yssyd iechyt yr rei gobeithaul. ac
euo yssvd brynnaédur yr holl ossoed 3. Yr aur y dinessaud
ac y rodes y lla6 ar odre y llenn a oed ygkylch y mab. y cauas
ffruyth y llau. A chan dy6edut yn vchel géyrtheu mab Du6
yd aeth allan dieithyr dr6s yr ogof. ac a uengys 4 a éelsei. ac
val y ka6ssodyat iechyt oe lla6. Ac ar y ffregeth hy llauer a
gredassant. canys bugelyd a oed yny chylch hynny. a getern-
hevnt rv6elet o honunt egylyon beryued* y nos yn disgynu*
or nef gan ganu ymnev. a chy6ydolaeth yn moli Du6. ac yn
y vendigau. ac yn dyéedut. Hedi6 y ganet yiach6a61* paub.
yr hénn yssyd Grist argluyd. yn yr h6nn y telir iechyt pobyl
i . This form of the word is not noticed in Dr Silvan Evans' Welsh
Dictionary . S. has agkredinyaeth.
2. L. adola as in S.
3. L. oessoed as in S.
4. L. ueneg\s as in S.
Llytna Vabinogi Iessu Grist. 221
yr Israël, aseren o osper hyt y bore a ymdangosses vch bcnn
yr ogof. diruaur y meint ae goleuny. yr honn ny welsit yr
iechreu byt v chyffelyp. Ar prophuydi a oedynt yg Kaerusa-
lem. a dyéedassant* pany6 honno a dangossei ganedigaeth
Crist. yr h6nn a gadarnhei y adaéedigaeth yn yr Israël, ac yn
yr holl genedyloed.
XVI. Y trydydyd o anedygaeth an Hargluyd ny Iessu Grist.
Meir a aeth or ogof. ac a gyrchaud ystabyl. ac a ossodes y
mab y meun y presep. ar ych ar assen a guediod. yna yd
efle6nit ' yr hynn a dy6at Ysayas prophuyt. Yrych a adnabu
y berchennauc. ar assen gorchymyn y hargluyd. yr anvueileit
nyt amgen. yr ychen. ar assen yn seuyll yn y perued yn y
\vedia6. Yna yd eflenôit* yr hynn a dy6ot Abacuc prophuyt.
Ymperued deu anyueil yth adnabydir. Yno e * trigyaud* Meir
a Iosep. ar mab tridieu. Yhôechetyd y doeth y Vethlem. ac
yno y cuplaaud y seithuet dyd. yna y duc Iosep y mab y
temyl yr Argluyd. ac y ducpuyt kyulvyn. a deubarogolomen-
ot. Yn y temyl yd oed g6r perffeith a guirion Symeon y eno*.
yd oed deudecmlyned arhugeina chant. (Fol. XVIP) gan Du6
y caussoedat na bei var6 yny welei Grist vab Du6 yn y gnaut
yn y vy6. A phan welas* y mab y dyéot yn vchel iaun. Neur
ouôyaud Du6 y bluydt*. ac neur eflenéis y edeéit. ac ar vrys
y doeth y adoli y mab. A guedy hvnnv v kymerth y mab yn
y vantell dan wedia6. ac y cussannaud guadneu y traet. ac
y dy6ot Yr aur honn y gedy ty dy was y tagneued .
XVII. Yna ydoed yn y temyl Anna verch Samuel o 16yd*
Asser. a honno a vuchedoccassei gyt ae gur oe g6yrdaut yr yn
seith mléyd. ac yna ydyttoed wedu druyyspeit pedeir blyned a
phetuar ugeint. ac yn y temyl yn wastat yn kynnal wvmpryt*
a guedy. Ac y wediau v mab v doeth. ac y dvéot. Yn h6nn
y mae prouedigaeth y bopyl. Guedy yspeitduy vlyned y doeth-
ant y deéinyon or duyrein y Gaerusalem. ac anreccyon maur
ganthun. Ac ar bynt y gouynyssant yr Ydeon mae y brenhin
la anet y ni. ny a 6elsam* y seren ef yn y duyrein. a nynheu a
doetham y \vedia6. Y chéedvlyaeth a aeth ar Erot vrenhin. ac
|yna y kynnullaud Herot hyneif y Ffarisewydon a dyscéyr y
1. Cf. 1. 13.
Revue Celtique, XXXIII. 15
222 Mary Williams.
bobyl. A gouyn vdunt. Ponv prophuyduys y prophuydi
ganedigaeth Grist. Wynteu a dyéedassant vot yn 6ir hynnv.
y m Bethléem*. Ynay gel6is Herot yde6inyon.acygouynnaud
pa bryt yd ymdangosses y seren udynt. Odvna yd anuones y
rei hynny yVethlem. Euch hebeftu a Bethlem a*gouynuchy
mab. Guelet a 6naeth ef vot y deôvnvon a aethoed y geissa6
y mab heb di6at. ae yn y d6yllau. Yna y kyffroes ar yrlloned
druy ennynedigaeth diruaur lit. ae yd anuones gennadeu oe
keisiaé 1 yn y eu herbyn y bop fford. Ac erchi ev dala ac ev llad.
XYIII. Guedyna alléyt cael y dewinyon y anvonnes* ken-
nadeu y Vethlem. ae holl teruvneu y erchi llad holl veibon*
bychein a geffit. Dvdgueith kvnn dyuot y kynnadev* ar dal y
lie yddoedvnt*. nachafagel o* nef vn dyuot truy y hunarlosep.
ac yn dy6edut 6rtha6. Dos ymdeith ti a Meir ar mab genuch
ar hyt dydryf a fford diffeith hyt yr Eifft. Iosep a énaeth her-
uyd gorchymyn yr agel. Eu hynt 2 a gymerssant. ac a gvrass-
ant tu ar ogof y vynné 3 gorfFuys yndi. yna y disgynnaud
Meir y ar yr assen. ac a 4 eisted a wnaeth Meir ar mab ar y
harffet. Nachaf yn deisyuyt llauer o seirfF yn dyuot 'or ogof.
Ac ofynhau a 6naeth Meir pan y guelsant ». Yna y doeth y
mab o arffet yvam vrllaur ac y kerdod. ac y seuys ary nadred.
wynteu adolyssant Iessu. ac a gilyassant y vrthunt. Yna yd
eflen6it yr hynn a dy6ot* Ysayas prophuyt. Y seirff or daear
adadoluch 6 vr Argluyd. Y mab agerdod oc eublaen. ac a orchy-
mynnaéd vdunt. nat argy6edyn y neb ry6 dyn. Meir a Iosep a
ofuynnaud* rac gueuthur 7 ohonunt godyantyr mab. Alessu a
dy6ot vrthunt. Na deluch ofuyn* amdanaf i. yr vy mot. i.* yn
vab. perfFeith 6yf i. ac agkenreit*y6 y holl wuystuileit 8 guyllt
or koedyd bot yn dof ger vy mronn y. ac yn hynnaus. Y lleot*.
ar pardyeit. ar anyueileitcreulaun a oed yn eu guedia6. ac yn
kytgerdet ac wynt. ac yn eu* ketymdeithoccav *yn y diffeith.
I.
2.
The word lias bcen altered trom keissaw (as in S.) to keisiaw.
t written above the word inred ink.
3-
L. vxnnu as in S.
4-
S-
h.
Omit as in S.
L. guelas.
L. adoluch. S. lias adeidokuch.
7-
■s.
Cf. p. 209, n. 1.
L. uwystuileit as in S.
Llyma Vàbinogi lessu Grist. 223
A pha du bynnac y kerdynt. yr anyueilcit kynny a oed oc eu
blaen yn menegi fford vdunt ac yn guediaé y mab.
XIX. A phan welas'Meir hynny ac amraualyon genedyloed
bvvstuileit yn eu herbyn. y delis ouyn. O la6en oluc y mab a
edrychod arnei. ac a dy6ot. Vy mam y nac ofuynhaa*. nyt yr
sarhaet ytty deuant. namyn yrdy 6assanaethu y dybryssyant. ac
vn v bydynt dywededigyonus* pethev ef a tynnaôd y mab ofuyn*
oe callonnev. Yna y kerdod y lle6ot gyt ar essyn ar ychen oed
yn aréein y hagenreiteu. ac nyt argyéedynt y neb. yr y press-
éyluaeu y gyt namyn hynaôs oedynt ym plith y deueit. ar
meherin a dugassant gantunt o Iudea. ac a oed y gyt ac wynt.
y gyt ar bleideu y kerdynt. ac nyt ergrynynt dim. ac nyt
argy6edei yr vn oe* gilyd. Yna yd eflen6it geireu y prophuyt.
Y bleyd ar oen a besgit y gyt. y lle6 ar arth a borant beisséyn
y gyt. Yna yd oed deu ychen yn déyn kerbyt ac eu haghen-
reiteu ynda6. Yna yd oed Veir guedy blina6 gan tra gures yr
heul yn y ditryf. a phren palym a gyherdod ac wynt. a Meir
a dy6at érth Iosep. Mi a orffy6ysaf ychydic dan wasgaut y
prenn. Iosep a tynna6d Meir y ar yr assen yrlla6r. A phan
eistedaud Meir wynvydedic. edrych a 6naeth ar vric y prenn.
a hi a éelas y prenn yn lla6n o aualeu. ac y dyéot érth Iosep.
Mi a h6enychun peth o fFruyth y prenn. pettei a allei eu caft-
el. Iosep a dyéotvrthi. Ryved y6 gennyf y dy6edyt ohonnoti
hynny rac vchet bric y prenn. a medylyaô o honat cael peth
or ffruyth o le kyuuch ac y mae. m6y yssiéet yé gennyf a m
défyr. Kanyt oes dim yn y costreleu. ac nat oes le y ymgyg-
hori y geissaé défyr. Yna y dy6ot y mab ac yn eisted (Fol.
XVIIIa) ar arffet y vam. ac edrych ar y prenn. Gostug prenn dy
vric val y gallom cael peth oth ffruyth. Ac yna y prenn a
ostygaud y vric hyt y llaur ger emyl*traet yr argluydes Veir.
Ac yna y kaussant dogyn or ar1 aualeu.
XX. Guedy daruot vdunt gynullaé* yr holl aualeu trigyaé a
wnaeth y pren ae vric ar y llaur yny gaffei* gannyat y mab y
gyuodi. Yna y dy6ot lessu Dyrchaf dy vric ac ymgadarnhaa a
byd getymdeitheis yr g6yd ereill yssyd ym paraduys. vyn tat i.
Yna yd ymdyrchauaud y vyny. ac o wreid y prenn yd ymdan-
1 . Omit as in S.
224 Mary Williams.
goses ffynnaén loe6af ac oeraf a melyssaf. Pan leéyssant détyr y
ffynnaun y kymerassan le6enyd diruaur. ac ymlenôassant or
d6fyr ac wynt. ae hyscrybyl. Yna y talassant diolch y Due.
Dydgueith arall yd oedynt yn kerdet odyno yd ymch6elod Iessu
y oluc ar y prenn palym. ac y dy6ot. Mi a orchymynaf yt prenn
palym. mvnet vn oth geigeu gan vy egylyon.i. ae blanv* ym
paraduys vyn tat i. Y vendith honn yma a rodaf ytti hyt p6y
bynnac a orchyvygwyttt l vn amrysson da amdanwynt y
dy6edir. Neur doethauch ar balym budugolyaeth. Ac euo yn
dy6edut hynny. nachaf agel o nef yn seuyll ar y prenn. ac yn
d66yn* vn or keigeu ac yn hedec yr nef. Pan welas paub hynny
syrthu 2 a wnaethant megys meiré. Iessu a dyéot. Paham yd
ergryna ych callonneu* ch6i. pony 6dauch ch6i y prenn
h6nn a 6neuthym* ac a vynnaf y d6yn y baraduys. ac yno y
byd yn teguch y holl seinnyeu nef. megys y mae paraut yn
y lie y goual h6nn g6edyr* hynt honn.
XXI. Ac yna y dy6ot Iossep*. Y mae gormod* g6res yn yn
lloscy. o reig* bod ytt kerdun gan ystlys y mor. Val y cafFom
gorffwys yn y dinessyd* yssyd* ar yr arvordir. Iessu ae hatte-
baud. Iosep nac ofuynna*. my a vyrrhaaf* ytt y fford. Val y
teruynnych hedi6 e hun. yr hynn a oed ar yn bryt y gerdet yn
yspeit dec ny6arna6t arhugein. Ac yr aur y dy6ot hynny nachal
yn diannot y gôelynt mynyded yr EifFt. ae dinessyd. A dechreu
lly6enhau a énaethant. ac y dinas a el6it Sotraent y doethant
heb ohir. yn y lie nyt oed gyfuadnabot* vdunt 6rth lettya6 \
G6yr yr Eifft yn y dinas h6nn6 a doethant y le vchel y dyd
h6nn6. ar ofFeireit y gyt ac wynt. ac yno beunyd y doent y
wneuthuraberth y Du6 her6yd anrydeddyéolder. Pan aeth Meir
wynvydedic yr temyl. yr holl eu del6eu a dygéydassant gar y
bronn val yn vriéedic megys kyn bythynt dim. Yna yd eflen6it
yr hynn a dy6at Ysaias prophuyt. Llyma yr argluyd yn
dyuot. ac yn ercheuynv yr Eifft. gar y vronn ef y dyg6ydant
holl wéithredoed geu d6yeu* g6yr yr Eifft. Yna y menegit
i. L. orchyvygtuyt as in S.
2. L. sytbu,d. pp. 239, 1. 11, 240, 1. 8.
3 . Latin text reads (c . XXII) : « Et in quandam civitatem Egypti quae
Sotincn dieitur ingressi sunt ; et quia in ea nullus erat notos aquo petissent
hospitium templum ingressi sunt. «
Llyma Vàbinogi Tessu Grist. 225
hynny v AtTrondosius tv6yssauc y dinas henné . Yna y doeth
ef a llu ma6r y gvt ac ef y tebygu g6neuthur dial ar vr rei y
dyguvassei ï eu d6y6eu* oe hachaés. Yr temyl y m6yn - y
doeth. Ac yna v gueles yr holl eu d6y6eu* guedy dygévda6
yn eu goréed gar eu bronn. Yna y dvnessaaud* ar v vvnved-
edic* wyry . vr honn a oed. ar mab yn y harffet* ac yn guediaé.
Ef a dyéot érth y llu oll ae getymdeithon ef. Pa nebei Du6
h6nn ny dyg6ydassei yn dy6y6eu* ny gar y vronn. ac nv orde-
dynt ; yn vri6edic rac y oiyn. yr y rei vssvd yn arestug oe
vot yn due vdunt. Peth a 6elun ny vn d6yéeu* nv ny vn
wneuthur. Ony \vna6n ny yn gallach perigvl v6 y nv oll
haedu y anvod. an dyuot oll ar balledigaeth tragv6vdaul.
megys y darvu y Pharaon, ac y lu vr Eirït yr hun* ny chred-
a6d. ef ae lu yn nerthoed h6nn6 a vodes yn v mor. Yna
holl bobyl y dynas h6nn6 a gredaud ida6 ef yn diannot.
XXII. Gwedy kerdet o* Iessu yr Eifft pan yttoed yn* Galilea
yn dechreu y bymet vléydyn* oe oet. dy6 sad6rn. vd oed yn
guare gyt a meibon ar lan Eurdonen ac y trosses y d6fyr or
auon yn seithranny seithlyn. ac ef a 6naeth g6ndit guahanred-
aul y bop vn druy y rei y kerdynt orhaeadyr val y har-
chei. ac eiléeith dracheuen. Yna vn or meibon mab v gyth-
reul o gyghoruynus vryt. a gaeod hytth\nt* y défyr a oed
yn kerdet yr llynnev druy y kéndit. ac a droses* y gueith a
lauuryassei* Iessu. Yna y dy6at Iessu 6rthav. Yn wir mab
agheu 6yt ti.a mab y gytthreul*. y llauur a wnathoedun .i.
paham y guesgery ty. Ar mab a v/naeth hynny a fu varé.
Yna o lef aflonyd y lleuassant reeni y mab mar6. yn erbyn.
a Meir a Iessu ac a dyéedassant Ych mab chéi aemelltigaud*
yn mab ny an mab nv a* vu* var6.
XXIII. Pan gygleu* Meir a Iosep hvnny. wynt a doethant
ar Iessu rac géneuthur (fol. XYIII b) eu brat or reeni y
mab mar6. ac* rac ovyn lleuein yr Ydeon. Yna v diéat*
Iosep yn g6ydauc. Ny beidaf i dy6edut vrthav. Meir dysc ti
euo. Hitheu a dy6ot Paham y .pereisti y ni kas y bobyl
1 . L. dxguxdassei as in S.
2. L. my6n. S. has »
3. L. orwedynt. MS has ordeèdxnt : S has orihiLcdxiit.
226 Mary Williams.
honn. a ni a gaffun molest gan y niver h6nn. Vy argluyd.i.
beth a wnaeth y mab h6nn var6. Ynteu a dy6ot. Teilug
oed o agheu. Kanys efa guascaraud y gueith a lauuryassun.i.
vy ' vam a guediod yna. Vy argluyd i. na wna di velly.
canys paub a gyuodant yn yn herbyn. Ynteu a adnabu bot
y vam yn trista6*. ac ae troet deheu ef ae tre6is y mab
mar6 ar y duy ffroen. ac a dyéot 6rtha6. Kyuot vab enwired.
nyt wyt teilug ty yvynety teyrnas vyn tat i. Canys guesger-
eist vy gueith .i. Yna y kyuodes y mab yn vy6. A Iessu a
aeth. ac a duc y d6fyry hyttynt dracheuen yr aur y herchis.
XXIV. Yna yg g6yd paub y kymyrth* Iessu y dom or llynnev
a wnaethoed. ac or rei hynny y génnaeth* deudec ederyn.
dy6 satérnn oed hynny pan wnaeth Iessu y petheu hynn.
a meibon llauer y gyt ac ef. Pan welas vn or Ydeon euo y
gyt ar meibon yn g6neuthur hynny. y dyéot 6rth Iosep.
Iosep heb ef . pany wely di y mab Iessu yn gueuthur 2 g6eith
dy6 satôrnn. efa énaeth yr adar or lluch. Iosep pan gygleu*
hynny ae hagreithaud. ac a dy6at 6rtha6 Paham dy6 sat6rn*
y g6ne* dy yry6 petheu hynn. yrhynn nyt ryd y ni eugôneu-
thur. Y iessu pan gigleu hynny a tre6is y llaé yn y Hall .
ac a dy6ot vrth* yr adar Eheduch. Yr aur y herchis ef. wynteu
a hedassant. A phaub yn y welet. ac yn y warandav*, y dy6at
Heducharhyt yr holl vyt. a budchedocce6ch \ Pan welas paub
yr aruydon hynn. yd eflenéitpaub o ovyn. a moli Du6 a wnaeth-
ant gan ryuedu. ereill oed yn guatuar ymdanaé. Ac yna yd
aeth y rei ar tyôyssogyon yr offeireit amenegi vdunt wneuth-
rur o Iessu vab* Iosep*. llauer o betheu ryued ygg6yd popyl
yr Israël, acynay menegit hynny y deudec lluyth yr Israël.
XXV. Yna eilôeith mab Anna offeirat y temyl yr
hénn a doeth y gyt a Ioseph a guialen yn y la6. A phaub
or bobyl yn edrych yn llityauc. a agores hyttynt a warch-
aeassei Iessu. Ac ef ae gollygaud y redec or raeadyr- Pan
walas 4 Iessu hynny. ef a dyôot vrth* y mab a 6asgarassei y
i. L. Y as in S.
2. Cf. pp. 209, n. 1, 215, n. 1 .
3. L. budchedocceéch as in S.
4. L. welas as in S.
Llyma Vabindgi lessu Grist. 227
llynnev. O waethafhat en6ired. O vab agheu. O weithret
kythreul vn wir ffruyth dy hat bit heb rym. Ath wreid hcb
wylybur*. Ath geigeu yn \vv6 heb d6yn ffruyth. Ag g6yd '
paub gogévéaé* a wnaeth y mab. a heb ohir* mar6. Odyna
v kymerth Iosep lessu ac yd aeth ac et atref. ae vain y gyt
ic ef. A llyma yn deissyuyt yn wrthéyneb mab a llauuryvr
en6red 2 dan redec. ac yn tara6 y ysguyd vrth ysguyd lessu
yr* mvnnv* argy6edu idaé Y iessu a dyuot nyt ymchéely
di or fford yd wyt yn y cherdet. Ac yn diannot y dygéydod
m var6. Yna y guaedassant reeni y mab mar6. yn edrvch
îr hvnnv. ac yn dy6edut. Pa du yganet y mab h6nn. aml6c
y6 pob peth or* a dy6etto. ac a vynno yd eflenôir. Yna y
Jynessa6d reeni ar Iosep ac y dy6edassant. Iosep dos ymdeith
1 lessu. nv dichaun ef pressuylla6* yn yn plith ny. neu dysc
:itheu euo y vendigau yn meibon ny heb ymelltigaô. Iosep
1 dynessaod* atta6. ac a dysgaud. Paham y g6ne* dv v
'\6 betheu hvnn. ymaellaueryn dolurya6yth erbyn.othachaus
Iv v maent yn yn cassau nynnev. ac yd yttym yndiodef mo-
lest y bopyl* oth achaus lessu a attebaud Iosep. nyt oes vn mab
Icymen. onyt megys y dengys eu tat heruyd keluvdvt yr
imserhônn. Am tat ynheu nyt emellticca neb onyt a 6nel
,r dr6c. Yna yd ymgynullaud paub yn erbyn lessu. yn y
^udhudaô 5 vrth* Iosep. Pan welas Iosep hynny. diruaur
)vyn rac pobyl yr Israël a gymerth. Yn yr aur honno
j kymerth lessu y mab mar6. ac erbyn y glust y dercheuis y
>rth y llaur yg g6yd paub. A phan welssant* 6y lessu vn
rmdidan ar mab meg}-s ae vab e hun. ysprvt a ymchuelod
;\\ y mab. ac yn vv6 v kyuodes. A rvuedu a wnaeth yr holl
?obyl hynnv.
XXVI. Neb vn athro Zachias y eno* a gigleu lessu yn dv-
jedut kyury6 eireu a bot ynda6 anorchyvygeedic* doethineb a
îerth. a doluryaud. ac a dechreuod yn anysgybleid dv6edut
rn erbyn Iosep. Iosep heb ef paham na rodv tv dv vab v
lyscu dysc dyn}Taél. ac vrth* hynny diogel bot yn wellgenéch
1. L. Ac yg gwyd as in S.
2. L. enuired as in S.
3. L. giidhudaôàs in S.
228 Mary Williams.
ot gén dyscû och mab. nogyt arhos bredycheu hyneif y
bobyl reit y6 y ch6i anrvdedu offeireit holl egluysseu yr Ysrael.
a chymryt echéyn garyat y rvgthun. ac velly y disgit* y ryg-
tunt dysc caredic. Iosep a attebaud ida6. P6y a allei attal y mab
hénn rac dyscv. pei tydi a allei disgu* idaé ef dynyaul geluyd-
it. nys guahardem ny. Iessu*a dv6ot* (Fol. XIXa) pan gigleu
Zachias yr atteb h6nn ida6. gorchymynnaédur* kvureith*. y
petheu a dyéedeisti oll ac an6eisti ' reit yé y dyn tebic y ti
eu cad6. estronnaél hagen éyfi y 6rth ossodeu dynadon.
a phell yé vy anssaud. i. y érth ych emynogev chéi. nvt
knaédaul ren yé yr mev. i. y gyureith hagen a dysgeisti yndi y
trigye. kynn honno vd oedun. i. kyt tebyccych ty nat oes
dysc kyffelyb* yth tev dy. dysc ty y gennyf i. mynnev nvt
oes neb a allô vv nyscu onyt y géryd 6yfyn y ené. h6nn6
ae dichaun. kannys* teilugyé. Aphan wyf ynheu dyrchaued-
ic or daear. my a baraf gorffuys medul. ac amer y kenedl-
oed. pan ych ganet ch6i nys g6thost. myvy ae gén vy hun.
a pha amkan y vuchedoccaa paub ar y daear.
XXVII. Yna yd ergrynnassan yn ovvnna6c pan y cly6yssant
yn dyéedut hvnnv. A than leuein y lleuassant. O ! O ! O ! llyma
beth maur. anrvued* iaun. anryued. ny chlywyssam ny hynn
eiroet n}Ts klyéir gan arall na chan yr offeireit nar prophvydy*.
nar gramadec6vr. nyny a dodam 2 o pa du y ganet Iessu. ac
etto nyt pvmluvd. a pha delé y dichaun dy6edut y ryé eireu
hynn. Paham na chreduch ch6i y mi heb ef yn y pethev a
dyéedeis. a chan dyéedeis. i. y chéi yg6n.i. pa bryt ych ganet
yd yéch oll yn ryuedu. Euream y gur a dyéeduchéy }T vot yn
tat y chéy oll. my ae gueleis. ac ynteu am guelas* ynheu. a
my a ymdideneis ac ef. Pan glyéyssant 6y euo yn dyéedut
hynny. ny veidod neb dyéedut dym*. A Iessu a dyéot vdunt.
My afvum* yn ych plith chéi gyt ach meibon. ac nyt
adnabuoch6y vyvy. mi a ymdideis 5 a chéi. megys a géyr
prud. ac nym deaallyssauch 4. kanys llei no myvy yéchéi. a
bychan yé ych rîyd.
i . L. ac a emveisti as in S.
2. L. ivihiw as in S. MS lias doadam.
3. L. viitliiltiit'is as in S. MS has ymdi»f/deis.
4. L. deallyssawch as in S.
Lhma Vàbinogi hsui Grist. 229
XXYIII. Eil6eith Zachias dysgur kyureith. a dyéot 6rth
Iosep a Meir. Roduchéy y my y mah. a mynnev ae rodaf ef*
v athro hegar. a dysgo* idaé lythyr. ac. a. agano*. Yna Iosep
a Meir vn glaear a dvéedassan 6rth Iessu Xy a6n a thy yr
vscol. vr aethan ac ef yr yscol y dyscu llythyr ar ér henn*.
Pan doeth vr vscol vmy6n. yr athro a dechreuod or llyther-
en* gvntaf. Alpha a ovynnaéd idaé. Iessu a de6is. ac ny
dvôotdvm*. Gorchvmynnér* ar athro am nad yttyoed* yn
llev a gvmerth géialen vn y laé ac ae treéis ar y lau. Iessu a
ovvnnaéd Paham y trewi ty vyvy. ac yn lie gwir gwybyd dy.
v neb vdvs vn y taraé m6y y g6yr ef dyscu y neb ae terev
noc v dvsger v gantha6. Mivv a dysgeis yt ty y petheu a
dywedydy. namvn vrrei hvnn oll deillonynty rei a dvéedant.
ac a \varanda6ant. kanvs yttynt megys euyd yn seinaé. neu
gloch vn canu. vn v rei nyt oes synnwyr na deaall ' méy
noc vn datsein vr euvd. Ac y gyt a hynnv v dyéot Iessu
6rth Zachias. Pob Uyureu o Alpha hyt yn Thaé a wehen-
ir herévd amgen anssaéd. Ac 6rth hynny dyéet ty v mi yn
gvntaf beth vé Ta6. a mvnnev a dv6edaf y tithev beth yé
Alpha. Ac eiléeith v dvéat Iessu. Ar* nv wdant Alpha pa
delo* v gallantdv6edut g6vbot Tha6. geugrefuvdévr*dvsguch
vn gvntaf beth vé Alpha, a minheu yéchi pan dyéetoch. B. A
Iessu a dechreuod dyéedut enweu yr holl llythyr. ac amovyn.
Dywet ty y mi dysg6rv kyureith y llytheren*gyntaio Alpha,
paham v mae idi figer* teir coglauc. ereill mein. ereill blaen-
llvm y waeret. ereill crénn. ereill cam. ereill dyrchauedic.
ereill troedauc.
XXIX. Pan gigleu v dysg6ir 2 hvnnv. anmeigawa wnaeth
g6vbot o Iessu en6i yr holl lythyr. ac eu hanssaud. ac y
dv6ot vn vchel val y kly6ei paub. Ny dvlv h6nn buched-
occaé 5 ar v daear. namyn teilug yé y dyrchauel ar y groc
vchel. nv dvlv ef diffodi y tan a dvlyé poeneu ereill.
mv a tebvgaf v eni ef or blaen. pa groth ae haréedaud hénn.
neu pa vam ae magaud. nev pa vronnev* ae llaethaud. Mi a
1. L. deall as in S.
2. L. dysgur as in S.
3. L. buchedoccau as in S.
230 Mary Williams.
tfoaf y 6rtha6. ny aallaf i dyodef y geireu a dyéeit. namyn
vyg kallon vssyd yn ergrynaé guaranda6 y ry6 eireu a dy6cit.
nyt yttéyf i vn tebygu gallel o neb dilit y barabyl ony bei
Du6 v gyt ac ef. Mynneu gan oed6n dirieit a ymrodeis ym
guatuar gar y vroonn '. Pan dybyeis gael dysgybyl. sef y keueis*
yn athro. nyt reit y my dyôedut ymi dy6edut. namyn ony a
allaf yr y mab ovn geir. or kyule h6nn cany allaf y diodef.
hen wyf i ar mab am gorchyvygaud. kany allaf gaffel na dech-
reu na dy6ed ar a dy6et. Ana6d y6 caffel na g6ybot y dedyf
gyntaf. yn diheu y dy6edaf i y ch6i hebgel6yd heréyd y gallaf.
y dirnabot géeithret y mab h6nn. a synn6yr y amadraud*. a
sen.tens di6ed y barabyl ny welir y gytt6edu* y dynyon ny
hanffont o dym* daeraul. ny 6n. i. beth y6 ef. (Fol. XIX b) ae
hudaul ae Du6. ae agel y Du6 yn dy6edut ynda6. o ba du
yd heny6. neu pa du pan doeth. nev beth vyd rac llaé. Yna
Iessu dan owené 2 a dyéot vrtha6 ygguyd paub. Pan arch6yt
i meibon anfïruythlaun a dyborthant ffruyth y deillon a
6ellant* crupleit a gerdant. agkynnogyon* a vydant oludauc.
yny cof ganthunt trigaé o baup o honunt yn anssaud gyua
dr6y yr hônn yssyd wreid melysder tragy6daul >. A phan dyéat
Iessu hynny. yn diannot y talp6yt y baup iechyt oe holl
heinnev. ac ny veidaud neb dyéedut vrthau. nae warandaé.
XXX. Odyna yd aeth Meir a Iosep gyt a Iessu hyt yn
dînas Nazareth, ac y bu yna gyt a reeni. Ac yd oedynt yno
dyésatyrngueith yd aeth Iessu y ware gyt a meibon ereill ar
lofft. Damweinaud hagen gythyau o vn or meibon y Hall yr4
ar y llofFt yr llaur yny vu var6. A phan welsant reni s y mab
mare hynny. y dyôedassant yn erbyn Meir a Iosep yn llittyauc.
Ych mab ch6i. a ythyod yn mab ny or llofFt yr llaur yny vu
var6. Iessu a de6is. ac ny dy6at dim. Yna y doethant Iosep.
a Meir ar vrys ar Iessu. ae vam a dy6ot vrthau. vy argluyd i
dy6et y mi os tydi a uyryod y mab yr llaur. Ac Iessu yn
1. L. vroimâs in S.
2. L. oivenu as in S.
3. L. tragéydaul, or Iragyivydaivl as in S. Cf. p. 192, n. 3.
4. L. v as in S.
5. L. reeni as in S.
Llyma Vdbinogi Iessu Grist. 231
diannot a disgannaud * or llofft ac a el6is y mab ervyn ' y
en6. Zeno. ar mab a attebaud ida6. yn da. Iessu a dy6ot vrthau.
Ae mvvv ath vyrryod di yr llaur. Ynteu a dy6ot Nac
efargluvd. A ryuedu a 6nnaeth * reeni y mab mar6. A
moli Du6 a 6nnaethant* am y g6yrtheu hynny yn vrdass-
eid.
XXXI. Ac odyno vd aeth Iosep a Meir hyt yn Iericho
ac yna wvthmluyd oed Iessu. Ac yd anvones* Meir Iessu
a llestyr prid ganthaé gyt a meibon ereill y gyrchu d6fyr
yr ffynnaén. dam\veina6d guedy llen6i o Iessu y llestyr or
d6fvr. dvuot vn or meibyon ae ythyaé y llestyir 2 ae torri.
Iessu ena * a erbvnnva6d y d6fyr or llestyr yn y vantell oed
ymdanaé ac ae duc y d6fyr heb golli dym* oe vam. Hitheu
pan y guelas. a rvuedaud. ac a adeilaud hynny yn y challon
yn gat6edic.
Dyd arall damweinnaud* vynet o Iessu yr tir yd oedit yn
medi ynda6. Ac ef* a duc ychydic or guenith oe vam. ac et*
ae* heod ychydic. Ac ar hynt y tyua6d yn amyl. ac a aedued-
aud*. heb olud ef* ae medaud. ac o hynny y caffat cant lles-
treit o wenith. ac ef* ae rodes y baup ynn* hehalaeth* 3.
XXXII. Fford oed o Iericho y vynet y Eurdonen. yr lie yd
aethant meibon yr Israël, vny lie y dyéedit bot arch ystauen 4.
ac \vythml6vd oed Iessu yna. ac ynteu a aeth or dinas* tu at
Eurdonen. Ac ar emyl y fford ar lann Eurdonen yd oed y
ry6 le yd oed llewes yn meithrin y channaéon. Ac ny veidei
neb kerdet y fford honno. Iessu a doeth yno ac ef a adnabu
bot y lleées yno y m meithrin y chanaôon. Ac val y guelei
paub ef a aeth y my6n. Pan welas y lleot Iessu yn y erbyn y
doethant y adoli ida6. A Iessu a eistedod yn yr ogof* kan-
naon * y lleot a redassant yg kyleh y traet. ac a hwareyssant
ac ef. y lleot o bell y 6rtha6 a sauassant. ac ae guediassant.
1. L. erbyn.as in S.
2. L. llestyr as in S.
3. L. ehalaeth as in S.
4. According to Sir Edward Anwyl from archa testainenti which became
arch y tystauen and later arch ystauen. Dr Richard Davies wrote arch
Esefn.
232 Mary Williams.
a llywenychu* 6rthaé a wnaethant. Yna yd oed y bobvl o
bell yn seuyll heb welet Iessu yn dyuot. a dywedassant. Pan
na wnnaethoed * h6nn neu y reeni pechodeu gorthrôm nyc
ymrodei oe vod yr lleot. A phan vedlyassant* hynny nachaf
Iessu yn dyuot dracheuen ar lleot yn y raculaenv. ar cannaon*
yg kylch y traet yn chéare. ac eu reeni vngostugeu pennev
ida6 truy vvydaut. Ar bobyl oed o bell yn seuyll heb veidva6
dynessaé ' atunt. rac y lleot. Y iessu adyéat yna vrth y niver
val hynn. Maur y mae guell y buystuileit no chéy. y rei
yssyd yn adnabot. ac yn moli eu creaédyr. ac eu hargluyd .
Hwchwithev dynyon a \vnnaethp6)-t* ar ffuryf due e hun. ac
ar y \verthua6r drych. nys etwenôch. ar anyueileit am hatt-
6en i. ac arafant ger vym 2 dynyon am guelant. am pellaf )m
y byt y 6 vdunt vy adnabot.
XXXIII. Pan yttoed Iosep. gof prenn oed. ac ny wnay
weith eithyr g6yd eithyr. a guelyeu prenn. damôeinaud
dyuot guas jeuang attaé y erchi ida6 guely prenn o hwech
cufyt*. Iosep a erchis y vab torri y prenn a hesglif heruyd y
messur. Ac ny chetuis hagen mod iaun ar y prenn. vn a
wnaeth yn vyrrach nor Hall. Ioseph a vedvlva6d vnda6 gan
ovuttya6 beth a wnelei. Pan welas Iessu euo yn ymo(Fol.
XXa) uudyaéam hynny. Iessu a dy6ot jvrthau yn vmdidangar.
Dabre heb ef. a chyssylltun y prenneu a gogvhvdun. Ioseph*a
wnnaeth* val y herchis. canvs g6ydat y gallei Iessu wneu-
thur yr hynn a vynnei. Ac wynt a kyssylldassant* y guyd eu
penneu y gyt. a Iessu a tynnaéd attaé y prenn byrraf. ac ae
g6nnaeth* yn gyhyt ar h6yaf. ac ' dy6at vrth Ioseph*.
Gwnna * dy weith. Ac velly y gwnaeth Ioseph mal y harch-
aud.
XXXIV. Eihveith yd erchis y bobyl y Veir. a Ioseph*.
anvon Iessu yr yscol y dysgu* llythyr. a henvyd gorchymyn
hvnafyeit*. yna y dugant Iessu ar vr athro y dysgu* ganthau
dynyaél geluydyt. ar athro h6nn6 a dechreuod yn anhegar
y dysgu*. a dyéedut vrthaé Dy6et.A. Iessu a dyéot vrthau
i . L. dynessau as in S.
2. L. vym niron as in S.
3. Insert y as in S.
Llytna Vabinbgi Iessu Grist. 233
Dywet ti v mi vn gvntaf beth y6 .B. a minhev a dywedaf y
titheu beth v6 .A. Odyna yr athro yn llittyauc a treéis
Iessu. ac vn y lie yr h6nn'ae treéis a fu varo*. Y iessu a
ymchuoelaud * atref. ar y vam. Ioseph dr6y ovynn * a el6is
atta6 Meir vam Iessu. ac a dy6ot vrthi. Yn wir géybyd ty
trist y6 vy eneit .i. hyt agheu. o achaus y mab. ef ' allei
dyuot vn tréy v lit a tharav y mab yn y vo mar6. Meir ae
hattebaud ac a dy6ot vrthau. A 6r na chret ti a allei* o hynn
vot. namvn ti a elly credu yn diogel. p6y bynnac ae hanvon-
nes * efy eni y m plith dynyon. ef ae keidé rac dynyon dryc-
ysbrvdaul. ac yn y eno* ef. ef ae hamdiffynn * rac pob
dr6c.
XXXV. Eihveith yr Ydeon a archassant y Ioseph. a Meir
d6yn y mab ar athro ae dysgei druy hegaruch. Meir a Iosep
rac ovyn creulonder bobyl a gogyuydaw* eu tywyssogyon
ofFeireit 2. ae dugant yr yscol. ac yn gwvbot na allei
neb dyn rodi ida6 dim dvsc. yr h6nn yd oed ganta6 o per-
ffeithruyd keluydyt. a chébled or g6ybot y gan Du6 e hun.
Pan doeth Iessu yr yscol ef a gyffroes or ysbryt glan. ac a
gymerth y llyuyr o la6 y gér a dysgei y kvureith* paub yn
edrych. ac yn guaranda6. ef a dechreod* darllein nyt petheu
ysgrivenedigyon yneu llyureu wy. namyn yn yspryt Du6 by6.
megys y kerda raeadyr or fFynnaun. ar ftynnaunyn trigyau yn
gyfulaun*. Ac velly yd oed yndyscuyr bobyl rinwedeu Du6
by6.anerthoedyr hollgyuoethauc. yny dygéydod yr athro yr
llaur gar y vronn. ae* adoli. callonnev y niver a oed yn guar-
andaô arna6* yn diwedut* a arneygyod. Pan gygleu* Iosep*
hynny dan redec ef a doeth ar Iessu rac ovyn mar6 yr athro.
Pan welas yr athro ef. y dy6at vrtha6. Nyt dysgybyl a rodeisti
y mi namyn athro. p6y a dichaun kynnal y eireu. Yna yd
eflenwit a dv6etp6yt vn v sallévr. Avon Due a efuleéit ' or
dyfred*.
XXXVI. Gwedy hynny y doethant Meir a Iosep a Iessu hyt
yn dinas a eléit Capharna6n dréy arvordiret rac dryctet* y
bobyl a \vyrth6ynnepynt* vdunt. Guedy press6yla6* o Iessu
1 . Insert a after ef.
2. L. eu tywyssogyon ar offeireit, cf. p. 247, 1. 31.
3. L. efulenôit as in S.
234
Mary Williams.
yno yn y dinas. yd oed neb vn 6r a cl6it. Iosep. aberthauc
oed. A h6nn6 a oed niver vch y ben. ac ef yn var6. yn
6da6 l ac yngueidi. Iessu a dvot 2 yna érth Iosep y tatmaeth.
Paham na rody di allu dv rat yr g6r a fu var6. ac a oed vn
en 6 a thi. Iosep ae hattbeaud >. Py allu yssyd y mi. neu pa
veddyant* y rodi benffic rat y neb. Yna y dyôot Iessu. Tynn
y lliein yssyd am dy ben di. a gossot ar wyneb y gér mare, a
dyéot Iessu ath ellug. Ac yn diannot y kyuyt yn yiach * oe
wely. Iosep yn y lie a 6naeth mal y gorychymynaéd* Iessu.
Y ty y g6r niaré y doeth. Ar suder* oed am y ben a ossodcs
am ben y gér mare, ac yn y lie y kyuodes y g6r mar6 oe glaf-
wely. ac a ovynnaud p6y oed Iessu.
XXXVII. Odinas Capharnaum wynt a doethant hyt vn dinas
Bethléem. Ac yna y doeth Meir a Iosep a Iessu hyt yn ty Iosep
aoedyn y dinas henné. Ae bresséylua. Ac yr vtv vdoethant. A
dydgueith y gel6is Iosep attaéy mab hynaf. Yago*a*oed henné,
ac yd erchis ida6 vynet yr ard y gynnulla6 caul y wneuthur
bressych. A Iessu a doeth y gyt ac ef heb wybot * y Veir ac y
Iosep. Atthra yttoed Iago yn kynullaé * y caul. neidyr ae
brathod yn y la6 deheu. ac rac diruaér dolur. ef a leuaéd. Ac
ac ef yn diffygyaé dr6y wheruder ymadraud. a dv6ot. Guae
vy g6ae vi. y neidyr waethaf * am brathaud ym lla6. Iessu oed
yn seuyll ar y lla6 arall pan gigleu ef Iago yn lleuein. y red-
aéd* tu ac attaé. ac y kymerth y la6 yn y la6 yntev. Ac ny
wnaeth dim eithvr hwythu ar y la6. Ac yn diannot y
iachaa6d y la6. ac y bu var6 y sarff . A Meir a Iosep ny wy-
dynt pa daroed. eithyr klybot llef Iago. yny* menegis Iessu
vdunt.
Forms fouxd i\ Select ions from tbe Hengwrt Manuscripts.
P. 208, 1.
3 esgyb omitted
4 wy omitted
6 mewn
1 1 yscriuennassei
12 vuched
13 prynnyawdyr
15 wnelyd
20 veluster, for spelling of
word v. Y Beirniad,
vol. I, p. 207.
1. L. udaô as in S.
2. L. dyivot as in S., but cf. p. 209, n. 2.
$•
L. hattebaivd as in S.
Llxma Vabinogi Iessu Grist.
P. 208, 1. 22 ditbeu Y
. h gwna
25 ydyeh
30 ufudbau
P. 209. 1. 1 e>iu; cf. 11. 11, 17^
p. 212, 1. 12, 218,
II/28, 34,221,1. 18,
227,1. 30,233, Lu.
humnv) P.
ac
2 yn y
3 ofuennyn, evidently a
colloquial lorm .
i wasannaethei
12 ndwyd
13 gaffel
ij anfuya
16 anregyon
18 canyt
20 temyl, cf. pp. 210, 1. 26,
211. 1. 5.
ymchoélawd
22 mynet
25 îre7rts
26 vorw P.
3 1 llawenyd
P. 210, 1. 1 dywedut
3 jgftjgar
4 O«0ft/
8 gwely
12 v omitted
18 gylieis
22 diwyllynt
26 7;o«a/ P.
27 orffoicys
28 cbyffelyp
29 disgynn,d. p. 21 1 ,1. 23.
P. 211, 1. 4 diwawt
10 adnabydassaii'n
19 ymchwelyt at
25 lïuaetJmt, di omitted P.
30 &)«oi
31 wi-g-vM-Z
32 vr
^3)
.212,1. 13 femyZ, cf. p. 214, 1. 2.
wneuthur
14 a
I j trigyawd
lj edrychei
21 <?/ omitted
23 agores
26 tfr «v allait
,213,1. 6 wneuthur
7 gynhalawi
II a//o«
12 dygrones
14 llauuryawd
16 adwyn
17 ygharyat
ymhob
21 a omitted
23 ^Ayfe*
24 ymadraud
rat . . . heuyt omitted
26 ymhob
27 ymadraud
28 roda
30 aghennogyon
214, 1. 1 offeirat
3 dichon
12 /;eZy
16 cajf<^
23 oed
24 kynnog urvnt
27 »«'
28 v omitted
215,1. 1 /w/>
3 £WlWvH
9 S inserts ac
25 /ro/iez
26 ft«l
30 graiïydyus
34 tremygod
216, 1. 2 zrH^y
5 cbetemdeitbeseu
9 Jamia. MS hasfamia.
14 ufydhaf, a omitted
236
Ma
rv FF
illtams.
P.2I6, 1
. 1 7 phaedwch
23 dywat
25 duw
P . 220, 1.
32 v iacbwawl, but cf.
p. 234, 1. 8 and
p. 238, I.33.
28 ofyn
P. 221,1.
4 dyuedasant
29 ofynhaa
1 3 v</ eJJewnit
34 meir
1 4 _)' trigawd
p. 217,]
i. 2 a omitted
3 gueryndaivd
4 </mC
6 mynny
9 ï/o£ omitted
1 5 <M
16 seilhued
21 weZes
22 Wwy/
26 /u'v//;
29 ympryt
34 wélsem
23 ydaeth
P. 222, 1.
3 bethlem
25 ymhwod
5 a omitted
29 wedyei
10 anuones
32 kynnulleidua
1 1 meïbon
P. 2l8,
1. 2 kyfjessa
12 Iceuiiadeu
4 wrth,c£. pp. 226, 11
, 21,
1 3 yd oedynt
33,227,1. 23, 34
,etc.
or
9 bendigedic wyt omitted
23 dywat, cf. p. 225, 1. 32.
1 1 zwy
26 qfynnawd
foft«
27 q/yw
12 ouynnwn
» omitted
p. 219,
1. 1 J^ttty
3 tywyssauc omitted
4 ti ynet
7 fjya/a/
28 aghenreit
29 /few/
31 <?« omitted
cctymdeithoccau
8 gwiscedic
P. 223,11,
.5,7 ofynhaa, ofyn
10 orivac
7 dywededigyon y. MS
1 2 _yrf edewis
has dywededigyon,
14 ao-«/
pethev
1 5 »/('/>
13 ?
17 ^55jyrf omitted
30 jy//n7
23 wynvydedic
32 gynnullaw
29 ^r mt
33 «#*
P. 220,
1. 8 j» inserted
P. 224, 1
6 blaunu
10 j' cretwyf ual. MS !
bas :
11 Ju'jy«
bàlualu " _y cr<
'Huyf
13 caloneu
ÎIflZ "
14 wnaeihym
16 eissydedic
16 gwedy yr
18 jy«
17 ùwep
21 echtywynedic
gortnot
30 berued
18 mwg'
disgynn
19 dinesyd ar yr arvordir
Llyma Vabinogi
P
yssyd . MS lias : <iî-
««5\(/ " a. y. a.
yssyd".
P. 224, 1. 20 ofynna
vyrrhaf
25 gyfadnabol
33 dyuyeu, cf. p. 225, 1. 3,
4, 8, 10.
P. 225, 1. 5 dynessawd
wynvydedic
6 arffet
13 mutin
16 or... y
17 bkixdyn
22 hyttynt
23 drosses
24 lauryassei
25 gythreul
28 a emelldigawd
29 5v;z
30 gigleu, cf. pp. 226,
1. 17, 233, 27.
31 a
P. 226, 1. 6 tristau, a différent verb •
cf. Strachan, Intro-
duction to Early
Welsh, p. 275.
1 1 kymerth
12 gwnaetb
18 satwrmi
19 gwney, cf. p. 227, 1. 16.
22 gwarandaw
26 ^ iac//;
27 wzè zote/> omitted
P. 227, 1. 3 wlyhvr
4 gogîLyïi'aw... a beb hir
0 hir
8 _yr mwyn
1 2 0?- omitted
14 presswylaw
16 dynessawd
19 toJ_y/
26 ivelsant
3 1 anorchyvygedic
Revue Celtique, XXXIU
Icssu
228, 1.
Gn'i/.
237
3,5 </v#/7
6 7c55« rt (/vu'o/ omitted
7 gorchymynnawd Iessu
13 fcy/*7#i
1 5 £aw^s
21 a ryued
22 propbicvdi.
28 giveles
30 <f/w, cf. pp. 229, 1. 8 ;
230, 1. 1 3, etc.
31 a vum
P.229, 1. 2 ?/ omitted
3 dysco ...ac. a. agano
5 hen
7 llythyren, cf. 1. 24.
8 gorchymynwr
yttoed
20 ^4c
2 1 (/t'/lC
geugrefydwyr
2 S $gw
34 bronneu
P. 230, 1. 5 fe/m
11 ymadrawd
12 gytuedu
18 welant
aghynnogyon
P. 231,1. 1 disgynnaivd
4, 5 wnaetb, cf. p. 232,
IL 3, 11,24,27,28.
8 ydanuones
12 _y«fl
16 damweinawd
17 ç/ë, cf. 11. 19, 20.
18 a
19 aduedawd
20 jw ehalaeth
23 <fyff05
29 ao-o/"
30 kennawon
P. 232, 1. 1 llawenychu
4 vedylyassant
5 cannavon
té
238
Ma
rv W
'illiams.
P. 232,
1. l8 (7//W
P.
233>
1. 26 ne
23 Josep, cf. 11.
27>
3°,
27 yn dywedut arnaw. MS.
p. 233,1. 27
bas : gwarandaw " v
25 kyssvll lassant
d. arnaw ".
31 Jvic«, cf. 11. 3:
i, 34-
32 dyfroed
32 bynafeit
34 dry ci et
P 922
1. 3 varw
4 ymchwelawd
3 5 wyrthwyheppynt
preswylaw
ofynn
P.
234,
[. 6 vedyant
8 «//«'
8 tacJE)
10 hanvones
9 gorcbymynnawd
1 1 hamàiffyn
10 smJ. MS has : s«d'.
15 gogyuydaweu offeireii
! / v-
16 /fl<,ro. a omitted
wyssogyon ;
MS
has
18 ic^'/v/ jifliy. MS has
g. eu " 0.
t. ".
Cf.
/</iHt' barred in red
MS 3. which lias t.
ink.
flf effeiryeit
19 hynnuïïaw
20 kyfreith
22 ivaelhaf omitted
21 dechreuod
24 rt'Jo^
24 ^y/Ant'»
27 yna
III
HWN YU PROL YR ESGYP l
Y en caredicaf vraut y Ieron effeiryat chromatius ac eliodo-
rus esgyb en anvon annerch en er argluyd. Boned meir wyry
ae ganedigaeth gyt a henné a mabolaeth yessu grist a gaussam
ni en llyvreu kyuarwydyt ene rei yd edrychassam ni llawer
o betheu gurthwynep y an fyd ac a gynullassam ninheu in
gubel rac rodi llewenvd yr antycrist o gysgaut crist. Ae val
yd oedem ninheu en edrech y petheu henné y dywanvs deu
wr atam armenius a uernius2 a dywedut yn ry dywanu oth
santolyaeth di ar lyuyr evrei en ysgrivenedic o law e g\vyn-
uydedicaf vatheu euengylwr en er hvn e mae en ysgrivenedic
buched e wyry vam a mabolaeth an yachwydaul argluyd ni
Ac urth henné ninheu a adolygun gan vmdiryet yth gar)-at
ti yrn an argluyd ni yessu grest eny rodych di e llyuyr eurai
1. According to Peniarth 14, P* I (= Hengwrt 25), pp. 58-78.
2. Unless it be ueriuns. The MS. is difficult to read.
Llyma Vabinogi Iessu Grist. 239
hwnw en lladin yn warandav o honam nyt mwy yr gwan
(p. 59) a dywedut urth yr ange] Ny lauassvn i hep ef
offrymu aberth y duw onyt dy arch di a rodei ym teilygdaut
y aberthu. Ac y dywaut yr angel urthav. Ac nyt anogvn
inheu y ty aberthu onyt atnapvn ewyllys duw. A thra ytoed
ef en aberthu gan arogleu er aberth vegys gan uwc y kerdws
yr angel y nef. Ac ena e digwydvs ioachim ae wynep urth y
ïlawr o avr hanner dyd hytosper. Ac ena y doeth y weissyon
a hep wybot pa daroed idaw ae arganvot a thebygu mynnv o
honav y dihenyd e hun ae gyuodi o vreid. A guede datcann
o honau udunt ry welsei ae warandav o nadunt mal sythu a
wnaethant o ryvedaut ac annoc idav en diannot gwneithur
kyngor yr angel ae arch a chyrchu ar y wreic en diannot. Ac
val yd oed ioachim en medylyav en e vryt beth a wnelei ara
emchwelut ar y wreic y digwydus hun arnav. Nachaf atav yr
angel a emdangosassei idav dieithyr y hun ac en dywedut.
Myvy hep hef yu yr angel a rodes duw y ti en geitwat. dis-
gin en dibryder or menyd ac emchwel ar anna. Pob peth or a
wnaethost a thi ath wreic datcanedic ynt rac bron y
go(p. 6o)ruchvelaf a chyvryu etiued a rodet yt ac na bu e
gyfryu er dechreu e byt ac ny bu yr proffwydi eryoet y gyffel-
ip ac ny byd byth. A phan deffroes ioachym galw attav e
weissyon a mynegi e vreudwyt udunt. Ac wynteu a adolass-
ant e duw ac a dywedassant Edrech na thremyckych bellach
angel duw namen kyuot a cherdun a dan bori oc an ysgrybel
ychweric. A gwedy eu kerdet dec diwyrnaut ar ugeint yd
emdangosses angel er argluyd y anna a dywedut urthi. Dos
yr porth eureit en erbyn dy \vr canys hediu e daw attat. Ac
ar vrys y kerdws hitheu ae morynnyon hyt e porth hvnnv ac
eno arhos e gur a gwediav. A gwede blinav o honei en arhos
pan dycheif y hwynep nachaf e gwyl ioachim en dyuot ae
ysgrybyl a chyrchu en y erbyn dwy law mvnvgyl idav a diol-
uch y duw a dywedut. Gwedw oedwn ac nyt wyf weitheon.
Diffrwyth oedvn a mi a veichyogeis neu a geniereis ' . A 11e-
wenyd mavr a vu gan eu carant ac eu kyvathrach. Ac odena
ym pen e nav mis y ganet merch y anna ac e dodes Meir en
1. Glossed concept bv a later hand.
240 Mary Williams.
enw arnei. A phan ydoed en dynu y drvded vlwvden vd
aethant y gyt ioachim ac anna y wre(p.6i)ic y demyl duw ne
offrymu eno offrymv yno eu merch Maria y enw y greuydd
gweryddon. a hitheu dyd a nos en parhau y m molyaneu
duw. A phan ossodet e uerch er llavr ger bron drws y demyl
yd esgynnvs ar y redec pymtheg grad e drws y demyl hep
edrech nac ar vam nac ar dat val e mae deuaut e vab amouvn
amdanunt. A sythu a oruc paub. o welet e gweithret hvnnv
hyt en oet esgyp y demyl. Ac ena e dywaut anna en gyflavn
or yspryt glan yg gwyd paub. Arglwvd duw e lluoed.hep hi
cof vu ganthau y eir a duw a ouwyaud e bobyl oe gvsygredic
ouwyedigaeth ef y emchwelut e giwdaut a oed ene erbyn
oc eu callon ac an emchwelut ninheu en vuvdvon idav ac a
agores e glustyeu ar an gwedieu ac a urthladus gurthwynep an
gélynyon y urthym . Gureic anvab a wnaethpwvt en vam ac
a enis llewenyd a gogonyant en er israel. lleman e gallaf ui
offrymu rodyon yr argluyd ac ny eill vyg gélynyon y ludvas
ym. canys yr argluyd ae trosses y urthym ac a rodes vm
llewenyd tragywyd. Ac anryvedaut yr deneon oed veir pan
oed deir blwyd kerdet en frwythlavn a dywedut (p. 62) en
brud ac emdangos y lavuryau ym molyanheu duw mal na
chyffelibit y uerch namen y vorwyn vaur neu val ket bei deg
mlwyd arugeint hep orfowys o wediaw a chyn echtywynedik-
et oed v hwynep ac yd oed vreid y nep edrech arnei. Hi
hagen a lavuryei y nydu gwkn ar hyn ny allei wraged oed-
yauc v wneithur hi ae cuplaei en er yeuenctit hvnnv. Hon
oed y ryol a osodassei arnei e hun. or bore hyt echwyd e
bydei en v gvedieu. O navn eilweith y bydei en e gwedi eny
emdangosei idi yr angel y kymerei uwyt oe law ac val henné
wellwell y raglydei y gwasanaeth duw ac en y ouyn. Ac en
e diwed pan dysget eilweith y gan werydon a vei uwy no hi
o dirvaur eidiged davoni y kymerei val y caffet hi en dyuot
en gentaf yr gwyluaeu ac en doethinap y dedyf en hydysgaf.
ac yn vuyddaut en vuydaf. yg kvvs'ydolaetheu en ordetholaf.
en rodi cardaut en hygaraf. yg gleindit en buraf. em pob
kvfrvu nerth en berfeithyaf. Canys gwastat disymut dianwa-
dal oed a gwell well beunyd y kerdei. Nys gweles den eryoet
en llidvau. nvs kideu den en
Llytna Vabinogi lesm Grist. 241
(p. 63) en temyl duw megys colomen ac ny mynei edrech
ar wr ac a oed genthi y dysc goreu yn dedyf duw a phei na
threissut titheu hy hy hi a uydei wyry etwa. Ac enteu a
emdiheurvs na dodassei law arnei eryoet. Byw vu duw hep er
abyathar esgop mi a rodaf yt yr aur hon dwuyr. yd sechi o o
diaut yr argluyd ac en diannot yd ymdengys dy bechaut.
Henné oed yr hyn dyenafen e dedyf. Ac enae kynulhvt niver
nvt oed haud eu rif nac eu dodi en rivedi a dwyn meir e
demyl yr argluyd ar effeiryeit ae ryeni ae charant ae chyfnes-
eiuyeit en wylav am veir ac en dywedut urthi. Kyfessa dy
bechaut yr effeiryeit val colomen wyt yn temyl duw ac ny
chvmerut uwyt namen o law angel. Ac ena y gelwit ioseph
uch ben er allaur uchaf ac ena e rodet idaw e dwuyr bendig-
eit vu yvet. Ac yr y yvet o hanav a gogylchynu yr allaur
seith weith ny dangosses duw vn arwyd arnav o bechaut. Ac
ena y bendigus yr effeiryeit ar gwassanaethwyr ar bobyl a
bendigedic wyt heb wynt (p. 64) can wyt dibechaut. Ac ena
galw meir atun a gouyn idi pa esgus a allei neu pà arwyd uwy
a allei vot noc beichyogi yth groth hep wynt. vn peth a
ouynnvn }7t canys yach ioseph o honaut adef yn pwy âth
dwyllus. canys gwell yt tu hun adef dy bechaut no dangos o
duw y arwyd arnat trwy y var ac y perved e bobyl y danlle-
wychu arnat. Ac en wastat dianwadal y dywaut meir. O sit
enof vi hep hi nep ryw halogrvyd pechaut neu o bu enof e
chwant yr arglwyd duw hep hi ae datoto arnaf yg gwyd yr
holl bobloed val e bwyf diarhep yr bobyl. Ac ena dyuot yr
allaur a chemryt e dwuyr o diaut er argluyd ay yvet a gogylch-
ynu yr allaur seith weith ac ny chàffat arnei nac arwyd
pechaut nàe arllwybyr. Ac ar henné sythu e bobyl ac ual dar-
vot ac en gwelet e beichyogi en e chroth dechreu y rygthun
amrysson gorwac. vn a dywédei pan vu o gleindit. arall a
dywedei pan yu o gytwybot drwc y kuhudit. Pan weles meir
ena ymodurd e bobyl ac eu typ or nat oed dogvn yd emdi-
heurassei val e klywei baup o hvt y
(p. 65) uwystuilet y koedyd aralhau rac vym bronn i. y
eirth a lleot a lleopardyeit a adolynt idau ac ae canymdeynt
en e diffeith y dangos ford y ueir a ioseph pà du bennàc y
kerdynt ac y racvleynynt y dangos eu ford a phan wehenynt
242 Mary Williams.
yd àdolynt idau. Pan weles meirgentaf e llcot ac amrauaelyon
genedloedhwystuileten dvuot o bop tu uduntouyn a vu arnci.
Ac edrech henné a oruc vessu e mah ac erchi idi na bei ouyn
amei. nyt yr afles yt hep ef e maent en dyuot namen yr dy
wassanaethu e maen en brvssyau. Ac o henné allan ny bu
arnunt vn ouyn. Ar lleot a gerdynt y gyt ac eu hessyn ac eu
hychen ac eu sumereu y dwyn udun eu reidyeu ac nyt argy-
wedynt udun dim ket bedynt y gyt. namen bot en dof em
plith e deueit ar meherin ry dugessynt oc eu gwlat ganthunt.
Em plith y bleidyeu y kerdynt en diaryneic ac en digodyant e
bop peth. Ena e cuplaut a dywaut e proiuyt. y bleid ar oen a
gytvydànt yn eu porthyant ar llew ar ych à gytuwytaant. Ena
yd oed deu ychen a benn arnunt ac eu reidyeu endunt ac en
henné blinav y wvnuvdedic veir en e diffeith gan dra gwres
er heul ac ârganvot palmitwy (p. 66) den o honei a dywedut
urth ioseph y mynnei orfowys ychydic yg gwascaut e pren
Ac ar vrys y duc ioseph hi parth ar pren ae herbyn y ar y
mul. ac wedy eisdet ychydic o honei a dan e prenn edrech ar
e bric ae harganuot en llavn o aualeu a dywedut urth ioseph
e damunei hi beth o frwyth e pren ac y kymerei o gellit e
gaffael. Ryued vu dywedut henné o honaut hep e ioseph
medylyau o honaut caffael dim o frwyth e pren hvn a gvelet
y huchet. Mwy yu arnam ni er aur hon eissyeu duvvr ac ar
an tylwyth ac ny allwn na ni nac wynt emwaret. Ena y
dywaut yessu o arfet y vam en eisted Gostung bren hep ef
dy frwyth yn. ac en diannot ar er emadraud hvnnv gystung
y holl vric adan draet y wvnuvdedic veir ac oe frwyth kem-
ryt digavn. A guede kemryt e frvyth onadunt ymarhos en y
archei ef idi hi gyuodi dracheuen val e gystyngassei ar y arch
Ac ena yd erchis yessu idi emdyrchavael ac emgadarnhau a
byd gyt a gwyd vyn tat in heu em paradwys. Ac en diannot
ymderchauael oe lie nachaf y adan y gwreid e fynhaun
eglurhaf ac oerhaf a melyssaf. A phan welsant e
(p. 67) enteu a doeth er demyl ac a weles yr holl geu
delweu aceu hwyneb urth e daear en eu gorwed. A dynesau
ar y W3'nuydedic veir a oruc yd oed e mab en e harfet ac
adoli e mab. Ac emchwelut ar y lu ae gedemdeitheon ae weis-
syon a dywedut urthunt pei na bei duw ema hep ef ny dig-
Llyma Vabinogi Jcssu Grist. 243
wydei an dwyweu ni rac e vron ef ac ny orwedynt val hun. e
maent en dawedauc en tystu pan vu eu duw vu. ac urth
henné pa wnavn ni y an dwyeu. ac ony bydun gall ni allwn
haedu y var ac an llad en gubel. val e damweinnyus gynt y
pharao vrenhin y reifft cany chredus y nerthoed duw y bodet
ef ae holl lu e mor rud. Ac ena e credws holl lu e dinas
hvnnv vr arglwyd duw trwy vessu grist .
A gwedy mynet yessu or reifft pan ytoed yg galilea en
dechreu y bvmhet ulwydyn oe oet sadyrngweith yd oed en
gwarc y gvt a meibeon arganaul eurdonen. Ac yd oed yessu
wedy ry wneithur seith lynn a gwneithur kvndit y arwein e
duwyr o berved e canaul urth y arch ef. yr Uynnyeu ac vn
aruein odeno dracheuen e gwarchayus vn or mei(p. 68) beon
e ford a wassanaethei yr Uynnyeu a diwreidyau er hyn ry
lavurvasei yessu. Ae tidi vab angheu mab y diauwl hep yr
yessu a wasgar er hyn rv lavuryeis i ac en diannot e digwy-
dav T en varw e den a wnathoed henné . Ac ena val ket bei o
vrat lleuein reeni e mab marw en erbyn meir a ioseph a
dywedut udunt. Auch mab chwia emelldigus an mab ni ene vu
uarw. Pan gigleu ioseph a meir henné dyuot ar yessu racovvn
llevein y reeni trwy vrat. Ny lavassaf vi hep e ioseph en issel
urth veir dywedut urthau ef. dysc di evo a gouyn idau pa rac
v peir ef yn ni digassed e bobel a molest deneon. A phan
doeth e uam atav e gouynnvs idav pa beth ry wnathoed e
mab a vuassei varw. Ef a haedus hep ef e varw am wasgaru
y gweith a lavurvassvn. Argluyd uab hep hi na wna henné rac
kvuodi e bobyl en an erbyn. Ac adnabot tristau e va m a tha-
rau e mab ae droet deheu ar y dwy froen a dywedut urthau
kyuot uab yr enwired nyt teilung y ti dyuot y deyrnas vyn
tat (p. 69) i am wascaru vy llavur i. Ena e kyuodes e mab
marw y emdeith ac o arch yessu o dena y kerdus e duvyr yr
llunnyeu vu ford mal kynt. Ac 0 dena diwyrnaut val e gweles
paub e kemyrth yessu prid or Uynnyeu ac y gwnaeth o honau
deudec ederyn. a sadwrn oed pan wnaeth yessu henné a
meibeon llawer gyt ac ef. Ac val y gweles vn or ideon a oed
y gyt ar meibeon henné y dywaut urth ioseph. Pony wely di
1. L. digwydavd.
244 Mary Williams.
ioseph yessu dy vab en llavuryav e sadurn. er hyn nyt cannyat
cf a wnaeth or lhvch deudec ederyn. Pan gigleu ioseph henné
y angreffyau a oruc a gouyn idau pa ham e llavuryei e sadurn
y peth nyt cannyat yn ni hep ef. Pan gigleu yessu henné e
gan ioseph tarav y law ar y llaw arall ac erchi vu adar ehe-
dec. Ac ehedec onadunt wynteu ar y arch ef. ac yggwyd paub
or a oed eno en edrech ac en gwarandau e dywaut urthunt
Euch ac eheduch trwy er holl vyt a byduch uyw. Pan weles
e nep a oed eno y ryw arwydvon henné svthu a wnevnt ae
voli ae anrwedu. ac ereill ae kelhveiryei ac ae gwaradwvdei.
Arei onadunt a aethant ar dywyssogyon (p. 70) vr effeirvcit
ar athraon i genatau udunt bot yessu vab ioseph yg gwyd
pobyl yr holl israel en gwneithur anryuedodeu a gallu mawr
a henné a gennatunty holl hvytheu yr israel. Acena eilweith
e doeth mab anna effeiryat y demyl a dothoed gyt a ioseph a
gwyalen en y law a phaub or bobyl en edrech arnav a chan
g}Tndared llesteiryau e gweith a wnathoed yessu ar y llynnyeu
a gelhvng e dwuyr onadunt a dugessit udunt or avon. canys
cavudygvat e dwuyr trwy er hvn e kerdei yr llvnnyeu ac o
dena yd emchwelvyt. A phan weles yessu henné y dywaut
urth e mab hvnnv O waethaf etiued enwired. O vab angheu.
O weithredoed e diauwl. Ny byd grym o frwytheu dy etiued.
ath wreid a uvd heb dim ir endav ath gangeu a uyd krin. ac
yg gwyd paub e difrwythvs e mab ac e bu varw. Ac ena e
deliis ioseph yessu ac y duc vu dy ae vam y gyt ac ef. ac ar
henné nachaf mab en dyuot en eu herbyn gweithretwr enwir-
ed a neidvau ar vsgwyd yessu y vynnv. argywedu idau os
gallei. Nyt ey di yth ford dracheuyn yr ford honno adigwydav
e mab en varw. a llevein reeni e (p. 71) mab marv a welsynt
ry daroed a dywedut amluc yu pob peth or a dyweto hvn y
guplau o weithret a gweithyeu kyn y dywedut o hanau e cup-
pleit. Nessau a orugant ena ar ioseph a dywedut urthau. Diot
yr yessu hvn oc an plith cany eill bresswylyav y gyt a ni en
kemryt dim neu enteu dysc ef y dywedut da ac na dyweto
drwc. Ac ena e dywaut ioseph urth yessu. Paham y gwney di
v ryu betheu henné mae llawer o deneon llidyauc urthyt a
thrwy dy bennyd ym ninheu en atkas acdiodef molest llawer
o deneon . Nyt oes vn mab kymen hep yr yessu urth iosep
Llyma Vabinogi lessu Grist. 245
ar ny dysco y reeni idau kymendaut e byt hvn ac nyt
argyweda emelldith onyt yr nep aehaedo. Ena yd emgynull-
us paub en erbyn yessu ae guhudau urth ioseph. Ac o henné
e bu ar ioseph ouyn pobyl yr israel. ac ena y deliis yessu e
mab marv erbyn e glust ae dyrchauael y vynyd yg gwyd
paub ac y gyt ac yd emdidanws yessu ar mal? marw y doeth
endav y eneit ac y ryuedus paub henny.
Pan gigleu athro zachias y enw yessu en dywedut y ryw
betheu henné ny allei nep e orchy(p. 72)uygu oe doethinap
ae nerth a doluryau o honav am henné a dywedut en disgyfrit
en erbvn ioseph. Paham na rody di dy uab vu dysgu o dysc e
bo arnau ouyn deneon ac arwyd vu bot en well gennych ti a
meir auch ewyllys chwi hun no gossodeu auch reeni ac auch
hvneif. Reitiaf oed y chwi en gentaf anrydedu effeiryeit er
israel ac odena caru auch meibeon ac eu dyscu o dysc. Pwy
hep e ioseph a eill atal e mab hvn ae dysgu. ac os ti di a eill
y atal ef ae dyscu nyt ni ni ae llud y ty yu dyscu ef or dysc a
dvskir e deneon. Pan gigleu yessu emadrodyon zachias atep
idau val hyn a oruc. Gorchymynnvr y dedyf y bychydic o y
emadraud a dvwedeist a phob peth or a dysgeit reit uyd yt y
gadw ac y den val ti. ny hanwyf ui o ossodeu y deneon ac o
dieithyr knaut deneon pan hanwyf om dedyf a thitheu a bress-
wvlv trwy dvsc y dedyf minheu a oedvn kyn no dedyf. A
chet tebykych na bo en doethinab dy gyffelip ti a dysgy e
gennyf ui cany eill nep dysgu namen y nep a enweist di
canys ef y svd deilung v dvscu. A minheu pan ym dyrchauer
y ar e daear
(p. 73) reth ac val yd oed eno diwyrnaut sadyrngweith a
yessu en gware y gvt a meibeon e mevn llofft y ryv dy a
damweinnyus grynnyau o vn or meibeon vn arall trosy llofft
ac or kwymp e varw. A phan weles y ryeni eu mab en varw
lleuein ar veir a ioseph a dywedut. auch mab chwi hep wynt
a uwrvvs an mab ni y dorri y uwnvgyl a yessu en tewi hep
ateb. Ac ar henné y doeth meir a ioseph ar yessu a gouyn
idav ae evo a vyryassei e mab er llavr. Ac ena y disgynnvs
yessu or llofft a galw e mab erbyn y enw zeno. Argluyd hep
e zeno. Ae mivi hep yr yessu a.th vyryvs di. Na thi argluyd
heb e zeno. ac anryved vu henné gan ryeni e mab a vuassei
varv ac anrydedu duw am e gwyrth hvnnv.
246 Mary Williams.
Ac odena yd aeth ioseph a meir hyt en icricho ac ena yd
oed yessu en chwe blvyd ac yd anvonet a llestyr ganthav y
wehynnv duvyr o fynnavn y gyt a meibyon ereill ac y dam-
weinnyus wedy gwehynu e duvyr y uthyau ef o vn or meib-
eon ar y llestyr yd oed endav e dwuyr a thorri y llestyr a
thanu o honaw enteu y vantell a oed amdanav a chemryt e
(p. 74) dwuyr endi kubel or a oed en e llestyr ae dwyn yu
vam. a phan weles henné ryuedu a oruc ae vedylyau a chadu
pob peth o henné en y medul. Ac o dena diwyrnaut yd aeth
yr tir ac y duc ganthau ychydic o gravn o ysgubaur y vam
ae heu en e tir a thyvu a oruc en amyl o dena pan doeth
amser yu vedi e kynullut can pyn o hanau ac y rodes yu
wasssaneth denyon.
Ford a oed a gerdei o iericho y avon eurdonen e ford y
kerdessynt gynt meibeon yr israel en e lie e dywedir bot yr
arch ystauen en gorfowys. Ac ena yd oed yessu en wyth
mlwyd ac yd oed en mynet o iericho y eurdonen. ac ar e
ford yd oed gogof ger glan eurdonen ac en honno yd oed
llewes a chanavon genthi ac nyt oed nep a vei diogel ganthau
gerdet y ford honno. A phan doeth yessu o iericho ac adna-
bot bot y llewes vlith ac chanavon en er ogof yg gwyd paub
yd aeth y mevn. A phan weles y lleot yessu y doethant en y
erbyn y adoli idau ac eisted yessu en er ogof ar canavon en
llewynychu yg kylch y draet ac en gware y gyt ac ef. ar lleot
mavr en seuyll o bell a gystung eu penn ae adoli a llewyny-
chu eu (p. 75) llosgurn rac e vron. ar bobel ena en seuyll o
bell ac yn absent yessu e dywedynt. pei nar wnelei hvn
diruaur bechaut neu y ryeni nyt emrodei oe vod yr lleot.
Ac val yd oedynt en medylyau ac en tristau amdanau nachaf
efen dyuot or ogof. ar lleot en y vlaen ar canavon en gware
yg kylch y draet. a ioseph a meir ar bobyl en seuyll o bell
rac ouyn y lleot hep lauassu nessau atav. Ac ena e dywaut
yessu urthunt Gwell yu synnwyr yr aniueillyeit ar bwystuilet
en adnabot eu hargluyd ac en y adoli noc vn e deneon a chwi-
theu wedy auch gwneithur ar lun duw ae delw hep y adna-
bot. e bwystuilet ara atwen i ac a vydant dof rac vym bronn
ar delleon ' ym gwelet hep vy. adnabot.
1. L. àeilleou.
Llyma Vabitwgi lessu Grist. 247
Ac val yd oedioseph en saer pren ac ny wnaei dim namen
gwyd ereidyr ac veu a charvaneu y welyeu dyrchauat e dam-
weinnyus erchi o wryanc idav gwncithur gwely idav o chwe
throetved ac erchi o ioseph y was idav torri e carvaneu a
hesglif haearn ar e messur y hadawsei ac ny chetwis e gwas e
messur namen gwneithur e neill yn vyrrach nor Hall a medwl
die a gemvrth ioseph endau am hen(p. y6)ne a dywedut a
oruc vessu urthau. kvmer hep ef pen y prenneu achyssyllun !
wynt v gyt. a gogyhydvn wynt. a thynnvn wynt en o gyhyt.
Ac urth v orchemyn enteu yd ymatuerthus ioseph canys
gwydyat e gallei wneithur a vynnei. Ac ena vd ymeueilis
ioseph a phen e prenneu ac y kyssyllus e tu2 atau e hun ac e
kemyrth yessu y pen arall ac y tynnvs e bvrr en o gyhyt ar
hir. Ac o dena yd erchis y iosep gorfen y weith raedav.
Ac o dena eilweith yd erchit y ioseph a meir y gan e
bobyl dysgu llethyr y yessu yn yscol. a henvyd gorchymvn
henurveit e dugant yessu ar athro y dyscu dysc deneon idav.
ar athro hvnnv en gvueilvornus a dechreuws y dysgu.
Dywet alpha hep ef. Dywet ti y mi en gentaf hep yr yessu
beth yu beta a minheu a dywedaf y ty beth vu alpha. Ac
am henné llidyau yr athro a tharau yessu ae varw enteu
en diannot. ac emchwelut yessu yr ty ar e vam. Ac ouyn
a vu ar ioseph a dywedut urth veir. Gwvbyd di hep ef vy
mot i en gyn dristet am angheu am e mab hvn . canys ef a
dichavn y darau ef o dryeden en y vo marv. A \vr duw
hep hitheu na chret henné namen cret gallu or neb ae
(p. 77) hanuones yu eni em plith denyon y amdiffyn en dio-
gelrac dryedenyon. ac v keidu rac drwc en v env. Eilweith o
dena yd erchis yr ideon y ioseph a meir ymanhyed ar mab ae
dwyn ar athro arall yu dyscu. A rac ouyn e bobvl a bvguth
tywyssogyon ar effeiryeit y dugant meir a ioseph ef v ysgol ac
en gwybot nat oed vn den a allei y dyscu er hvnn a oed ber-
feith y wybot y gan duw e hun. Ac eissyoes wedy dyuot
yessu yr ysgol o bleit yr vspryt glan kemrvt en y law llyuyr
yr athro a dysgei y dedyf a dechreu canu arnav a phaub en e
1. L. chyssylltwtt, but cf. 1. 12.
2. Insert ac.
248 Mary II 'il lia m s.
welet ac en y warandau. Nyt e peth hagen a oed yn y llyuyr
a gant ef namen o yspryt duw byw y dywedei. valket kerdei
frwt o fynhavn ar fynhavn yn llavn ual kynt. Ac val henné
yn rymus y dysgei enteu maurweithredoed duw byw. ac ena
digwvdau yr athro yr llawr ae adoli enteu. Callon e bobyl
hagen a oed en eisted ac en e warandau enteu en dywedut a
dvwedei a emchwelus yn sythder. Pan gigleu ioseph henné
bryssyau ar yessu a oruc rac yr varw yr athro. A phan y
gweles yr athro en dyuoty dywaut urthaunyt dis(p. y8)gibel
a rodeist di ym mi hep ef namen athro ac nyt oes a allô kyn-
nal y dysc. Ac ena e cuplaut a dywetpuyt trwy y profwyt .
Avon duw a lenwit o dwuyr. Ac o dena y dissymythus
ioseph gyt a meir a yessu ac a doethant1 capharnaum trwy
arvordired rac digassogyon . A phan doeth yessu eno yd oed
eno gur kyuoethauc en glaf wan ioseph y enw a niueroed en
v gwvnav ac en drycyruerthu amdanau. Paham hep yr yessu
urth ioseph na rody di waret y hwn ac ef en vn enw a thi .
Pà allu e syd y m mi y waret idau ef hep e ioseph. Kymer y
lliein y syd yg kylch dy benn hep yr yessu a dos yu dodi ar
wvnep y marw a dywet yr yessu ath ellung ac en e lie ef a
uyd yach ac a gyuyt e marw oe wely. Ac ar e geir hvnnv
e kerdus ioseph hyt en ty e marw a dodi am ben y marw y
wisc a vuassei am y benn e hun ac ar henné kyuodi y marw
oe wely a gouyn pa le yd oed yessu. Ac o dena yd aethant
hyt y m bethlem ac yd oed ioseph en y dy y gyt a meir a
yessu. A diwyrnaut y gelwis ioseph attav yago y mab hynat
idau ae anvon yr ard y gynnull cawl y wneithur bressych ac
Mary Williams.
1. Notice the construction and cf. Strachan, Introduction toEarly Welsh,
î 26, p. 23.
CONTRIBUTIONS A L'ETUDE
DES
ROMANS DE LA TABLE RONDE
{Suite)
V
MORGAN TUT
Miss Lucy Allen Paton a consacré dans ses Studks on the
mythobgy of Arthurian Romances un consciencieux et judicieux
Excursus à l'énigmatique Morgan Tut1.
Ce personnage n'apparaît que dans le roman gallois de
Geraint et Enid 2. Edeyrn blessé est soigné par lui sur l'ordre
d'Arthur : c'est le chef des médecins. Une autre fois, c'est
Gereint blessé qui reçoit ses soins. Dans la scène de l'Erec de
Chrétien de Troyes où Yder (Edeyrn) blessé arrive à la cour
d'Arthur, il n'est question ni de ses blessures ni de médecin 3;
Erec, en revanche, dans le passage qui répond à la seconde
apparition de Morgan Tut est guéri par un onguent magique
donné à Arthur, par sa sœur Morgue 4.
Miss Paton énumère et discute les interprétations diverses
qui ont été données de ce nom.
John Rhys > a proposé ingénieusement de lire Morgant httd:
i. Raddiff Collège Monography, n° 13. Boston, 1903, pp. 259-274.
2. Mabinogion du Livre Rouge, éd. John Rhys-Gwenogvryn Evans,
p. 261, 286-287 ; cf. J. Loth, Mabinog., II, p. 132, 163.
3. Foerster, Erec uni Enide,v. 1089-1243.
4. Ibid.y 4218-4230.
5. Arthurian Legend, p. 391. John Rhys avait renoncé à l'interprétation
250 /. Loth.
bud signifie illusion, enchantement, mais il est possible, dit
Rhys, que bud ait désigné quelqu'un pratiquant la magie,
magicien.
H. Zimmer lui a consacré une de ses plus fâcheuses élucu-
brations. Je la traduis dans ses parties essentielles de peur
qu'on ne m'accuse d'avoir mal interprété sa pensée. Elle a été
insérée tout au long par Foerster, dans son Introduction à
son édition d'Erec (XXVII-XXXI). Zimmer part de l'idée
que l'auteur gallois de Geraint a fait un contre-sens sur le
nom de Morgan la fée. Morgain serait un personnage entière-
ment inconnu dans la légende galloise ; le conteur gallois aurait
pris ce nom d'une fée pour celui de Morgan (vieux-gallois Mor-
cant) très répandu en Galles. Reste à expliquer Tut. Ce mot
ne signifie en gallois que région, pays. Morgan Tut, c'est-
cà-dire Morgan le pays, est en apparence, inexplicable. Zimmer
résout l'énigme, saisi dans une heure de déseuvrenient, d'une
subite inspiration. « Morgan est un nom d'homme, connu et
fréquemment usité en gallois ; la forme, en ancien gallois,
serait ' Morcant. Au fait que Morgan est en gallois un nom
d'homme, si on ajoute qu'aux yeux d'un conteur gallois de
cette époque l'existence d'un médecin attitré à la cour d'Ar-
thur était chose qui allait de soi, on s'explique comment un
remanieur gallois en vint tout naturellement à faire de
Morgain la fée ou la sage, qui lui était inconnue, Morgan penn
meâygon (Morgan le chef des médecins) à la cour d'Arthur.
Mais que voulut-il dire, en ajoutant le mot Tut ? Tut, en
gallois, est un mot tout à fait courant : comique tus, breton
tud, irl. tûath (vieux-celtique *toutà = gothique thiuda).
Dans tous les dialectes celtiques, le mot est féminin ; en irl.,
il signifie, peuple (populus) ; en comique et en breton, nation,
peuple, et le plus souvent sert à exprimer le pluriel de den
(homo). En gallois, depuis le commencement de la littéra-
ture, il n'a que le sens de région, district... Comme la signi-
fication galloise de tut est plus ancienne que le roman de
beaucoup moins vraisemblable qu'il avait proposée dans ses Lectures ou Ihe
Celtic Heatbeudoiu, p. 160, note.
i. était Morcant serait plus juste. C'est une forme que l'on trouve fré-
quemment même dans le Book ofUandav, ainsi qu'en vieux-breton.
Romans de la Table ronde. 251
Geraint, elle est l'unique point de départ possible pour inter-
préter 7m/ dans Morgan Tut, et alors l'épithète n'a pas de sens...
Or, si le nom de Morgan Tut ne s'explique ni directement par
la source, ni d'après la signification connue et sûre de ////, une
troisième hypothèse seule est possible : c'est qu'une erreur a été
commise dans V interprétation de l'original... Morgan Tut est, au
point de vue de l'intelligence qu'avait le Gallois de son original
français, une traduction soit de Morgan la fée, soit de Morgan
la sage. Je crois à la première. Morgan Tut donne en français
Morgan le pays. Le Gallois considéra Morgan la fée comme un
nom propre et l'interpréta ainsi : Morgan Tut (Morgan le pays)
... C'est un phénomène général que dans les langues où existe
la différence de genre, le sentiment de la langue prête au
mot étranger le genre du mot indigène correspondant... Or,
tud est en gallois, comme dans tout le celtique, un féminin;
par suite, un Gallois qui n'était pas très fort en français
devait penser naturellement à un la pays équivalent de tud. »
« Une autre chose s'y ajoute. En gallois, comme dans toutes
les langues celciques, la phonétique syntactique est développée
à l'extrême, si bien que d'après les mutations qu'une initiale
consonnantique subit aujourd'hui dans la phrase, on peut
retrouver sûrement la finale du mot précédent. En vertu de
cette phonétique, un mot commençant par / peut apparaître
avec un d ou th (spirant) ; une initiale c peut devenir g ou ch
(-/) et une initiale p devenir b ou ph (prononcé et écrit aussi
dans les mss./.) : ainsi penn (tête) peut, d'après sa place, appa-
raître sous la forme benn ou fenn (pbemï). »
« Si donc notre Gallois ne comprenait pas le qualificatif la
fée dans Morgain la fée qu'il avait sous les yeux — et nous
devons l'admettre comme certain ; autrement, il ne pouvait
pas transformer un être féminin en un médecin Morgan — si
donc, dans Morgan la fée, il ne comprenait pas la fée, il devait
naturellement y voir un qualificatif ajouté au nom et se creu-
ser la tête pour traduire ce qualificatif avec ses connaissances
défectueuses. Pourquoi notre Gallois n'aurait-il pas entendu
Morgan la fée dans le sens de Morgan la pays ? On eût ainsi
Morgan tut. »
« Le vocalisme ne fait aucune difficulté, puisque pour fée
252 /. Loth.
(fata), en anglo-normand on trouve fcic, comme le montre
aussi le moyen-anglais Morgue la faye {Behrens Beitr., p. 81,
83). On peut objecter que s de pays était encore prononcé à
cette époque. Cette difficulté disparaît ainsi. Le gallois moderne
a un suhst. fém. sing. paît, plur. peuoedd, région, contrée, et
aussi paies, contrée. Dans la prononciation h et i gallois se
valent... ; comme en gallois actuel ai, au en monosyllabe
viennent de «, eu moyen-gallois, nous avons pour le
moyen-gallois un subst. fém. peu et peues (prononcé pe-i et
pe-i-es), contrée... '. Il est naturel de penser que peu et paies
sont empruntés au français pays, peu sans s s'expliquant
comme l'anglais cherry. »
« Quoi qu'il en soit, ces points demeurent établis :
i° le moyen-gallois a un mot étranger peu et peues qui
doit son genre féminin au mot indigène tud ; de même que
l'allemand das douceur est fait d'après Trinkgeld ;
20 le mot étranger devait rappeler à tout Gallois connais-
sant le français, le pays, mot dont il vient peut-être ;
30 en gallois, d'après les lois de la phonétique syntaetique,
peu et peues deviennent bat, beues aussi bien que fat, feues. »
« Le qualificatif la jeie dans Morgaint la feie étant obscur
pour notre Gallois, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que, rap-
prochant la feie de son mot féminin feu {feues) et arrivant
ainsi à pays, il ait traduit, d'après la façon dont il comprenait
sa source, Morgaint la fée par Morgan Tut. »
On reste confondu devant un pareil tissu d'invraisem-
blances, pour employer un terme poli, et on est vraiment peiné
de les voir exposer avec tant de complaisance par un homme
comme H. Zimmer.
Il a eu un premier tort, c'est de poser en principe que
l'erreur vient de l'auteur gallois : c'est une mauvaise prépara-
tion pour une discussion impartiale. Il en a eu un second, c'est
de supposer que tut ne peut signifier que pays : nous allons en
1. Zimmer dit d'abord qu'on peut admettre que peu vient de pagus. Il
aurait dû s'en tenir à cette idée. Peu a son pendant en comique : pow. Enfin,
en Bretagne, il y a des paou qui représentent des pagi de l'époque gallo-
romaine, ex. : Poher, vieux breton Pou Caer, traduisant Pagus Castri
(Carhaix et sa région).
Romans de la Table ronde. 253
avoir la preuve. Quant à son argumentation, l'exposer, c'est
la réfuter. Que dire d'abord de ce Gallois qui traduit ou
adapte un roman français et en fait plus ou moins fidèlement
un roman gallois, et qui ignore le sens d'un des mots les plus
connus en français du moyen âge :fée ? Ce Gallois ne parait pas
mieux connaître sa langue maternelle. Il est bien vrai que peu
peut se présenter sous la forme beu et feu ; mais ces formes ne
se trouvent que dans des cas bien précis. Ainsi pau supposé
féminin, avec T article gallois, ne peut devenir que beu : y beu,\e
pays. C'est le cas de se demander : qui trompe-t-on ici} Assuré-
ment pas les Celtistes. Le Gallois de Zimmer, tout idiot qu'il
le suppose, devait, s'il ignorait le sens de fée, connaître au
moins l'article le, la. Inutile d'insister.
Il n'est pas sans intérêt toutefois de faire observer avec miss
Paton, que le passage d'Erec que l'auteur gallois traduirait
d'une façon si absurde d'après Foerster et Zimmer, ne con-
tient pas du tout les mots Morgue la fée (vers 4217).
un antret
Que Morgue sa suer avait fet
Il est vrai que dans Yvain (vers 2955) le baume magique
qui devait le guérir avait été donné par Morgue, mais par
Morgue la sage. Dans Erec même (vers 1957) Morgain la fée
apparaît comme amante de Guingomar, mais a passage ne se
trouve pas dans Gérai nt.
Enfin, contrairement à ce qu'affirmait Zimmer avec tant
d'assurance, Morgan pouvait très bien être un nom de femme
et qui plus est de fée. Les fées des eaux des parages d'Oues-
sant sont connues sous le nom typique de Mari-Morgant ; une
fée s'appelle, avec la terminaison féminine ajoutée à la forme
ancienne sans suffixe, une Morganes.
J'avais proposé (Revue celt., XIII (1892), ^96, 497) une
autre explication qu'avait adoptée F. Lot (Roman ia, XXVIII
(1899), p. 322). Je faisais remarquer d'abord que les fées
femmes devaient être plus familières à l'auteur français que les
fées mâles et que sûrement, s'il y avait une erreur, elle devait
venir de l'auteur français. Il avait dû trouver dans sa source
anglo-normande Morgain le Fé ou Le Fed et avait lu tout
Revue Celtique, XXX III. 17
254 /• Lot h.
naturellement la Fede ou la Fée (y. Godefroy, Dict.anc. franc.
au motfee; Littré, au mot fée remarque que fé est masculin en
Normand). Tel devait être, à mon avis, le sens de l'épithète
tut dans le récit gallois. J'en trouvais la preuve dans l'armori-
cain teu%, esprit follet, lutin, vieux-breton tuth, démon, écrit
tuihe dans une vie de Saint-Maudez, que M. de la Borderie
croyait composée vers la fin du xie siècle. Dans ce cas natu-
rellement, le gallois tut représentait une graphie tuth ou tud,
graphie qui n'a rien d'impossible en vieux-gallois. Néanmoins,
mon interprétation de tut supposait une erreur de scribe; de
plus, comme miss Paton le fait remarquer, le sens de démon
ne paraît pas approprié au rôle de Morgan Tut dans Geraint.
J'étais cependant très près de la vérité, comme on va le voir.
A son tour, miss Paton propose une solution sur laquelle
il me paraît inutile d'insister. Elle est d'ailleurs parfaitement
invraisemblable. Morgan Tut serait pour Margetiud, forme
vieille-galloise de Mareduâ, nom gallois bien connu.
Persuadé que Tut devait avoir un correspondant irlandais
capable de nous éclairer sur le vrai sens de ce mot, je l'ai
cherché dans la littérature de l'ancienne Irlande. Mes re-
cherches ont abouti : tut a pour équivalent exact tûatb. Tt'tath
a non seulement le sens de à gauche, nord, mais encore celui
de magique, magicien : Revue Celtique, XII, p. 113 (The second
baltle of Moytura) : ban-tùath1 18, sorcière, magicienne (cf.
Index, p. 300) ; ibid., 30, tûathach, magicienne. Rennes Dinshen-
chas (Revue Celt., 1895) 10 -.tûathach; Revue Celt., 1894,
p. 310 : 18 : Bé cuille 0 na ban-tûaithib (faisant partie des
magiciennes); ibid., p. 332 : 30, la Nâir tuailhig, avec Nar le
magicien.
J'y ajoute ces formes données par Kuno Meyer dans ses
Contributions to lrish Lexicographie : ban-tùathach (Revue Celt.
XIII, cité par moi plus haut); ban-tûathaib BB z ; 264 a 7.
SG 3. 332. 9; ban-tùathach LL4. 9 b 27 ; 39 ; 137 a 19 ; 11 a
1. Ban femme, sert à donner au composé la valeur féminine.
2. Le Livre de Bàllymote.
3. O'Gradv, Silva Gadelica.
4. Le Livre de Leinster.
Romans de la Table ronde. 255
41 (à divers cas et nombres). Les vies des saints du Livre de Lis-
more (Whitley Stokes, The Lires of the saints) nous donnent
le terme très intéressant de tûaith-cherd, l'art magique (p. 402,
2975 ; cf. tûaith-cbleas P. O. C).
Il est donc sûr que Morgan Tut signifie Morgan le magicien,
le Fé, et même vraisemblablement, comme on va voir, ce qui
est dans son rôle, le bon magicien.
Le sens étant assuré, je me suis demandé comment tûath, à
gauche, nord1, pourrait avoir le sens de magicien. Whitley
Stokes (Lives of the saints..., p. -^02) fait remarquer que tûath
dans les composés a le sens de sinistrous, awkward. Cela est
vrai pour certains passages et certains composés, comme
tiïaith-chleas, cités plus haut (au awkward pranh or trick) ;
mais il semble bien avoir un sens plus large et il y a des cas
où sûrement il n'a nullement le sens péjoratif. Mon collègue
M. Vendryès, le savant et dévoué secrétaire de la Revue
Celtique, se trouvait tout justement, dans un de ses cours
de la Sorbonne, avoir étudié le rapprochement de tûath avec
le gothique fouft, bon ; tûath et j>iuf>, comme l'avait déjà signalé
Strachan, Indogerm. Forschg., II, 370, remontent clairement
tous les deux à un indo-européen *teuto-. Ce qui restait à
expliquer, c'est l'opposition apparente de sens entre l'irlan-
dais et le gotique. Il en a trouvé une explication aussi
ingénieuse que solide. Je donne ici la note qu'il a bien voulu
me communiquer à ce sujet.
« L'irlandais tûath « gauche » a été depuis longtemps rap-
proché du gotique j>iuj> n. à-;aOiv (unftiuf xoxôv, fin feins
&Y<zO(i>ffwn] etc.), v. isl. $>ydr « tendre, amical » (ftyda « amitié»
etc.), v. angl. ge-fiede « bon, vertueux ». C'est le sens de
« bon «qui doit être ancien.
« Un grand nombre de langues ont en effet désigné la
gauche par des mots de bon augure, éveillant une idée favo-
rable :
sanskrit vamah, de vàmàh « aimable, cher » avec une oppo-
sition d'accent caractéristique;
1 . Les Celtes s'orientant la face au soleil, le nord était à gauche : cf. gal-
lois gogledd, à gauche, nord.
2)6 /. Lot h.
sanskrit savyâh, zend baoya, v. slave suj/t, cf. sanskrit su
v bien »;
zend vâiryastara-, cf. skr. vârïyas- « meilleur » ;
grec àpi(JT£pâçj cf. apiotoç « le meilleur » ;
grec £j(.')vu;j.;ç, « (bien nommé), de bon augure »;
latin sinister, cf. skr. sâniyas- « plus profitable » ;
v. h. a. winistar, v. isl. vinstri, cf. v. h. a. w/m « ami ».
« Cela ne veut pas dire que la gauche soit le côté favorable;
cela veut même dire le contraire. Il est manifeste qu'en grec
le nom de la gauche, sùwvj;;.;;, doit son origine à une anti-
phrase, comme le nom des Euménides ou du Pont-Euxin. Le
vocabulaire des langues indo-européennes présente une diffé-
rence frappante entre les mots pour « droit » et pour
« gauche ». Tandis que pour la droite on possède un mot
indo-européen bien attesté, maintenu sans changement ou avec
simple alternance de suffixes (*deks-io-, *deks-ivo-,*deks-itero-)
dans toutes les langues de la famille, il n'y a pas au contraire
de mot indo-européen pour « gauche ». L'idée de « gauche»
est exprimée par des mots variés, qui s'étendent rarement à
plus de deux ou trois langues, qui souvent se dénoncent
comme des mots récents et qui sont même parfois exposés à
être éliminés au profit de nouveaux mots. Cela justifie l'hypo-
thèse que la gauche était le côté qu'il ne fallait pas nommer;
on a dû pour la désigner recourir à des synonymes, à des
équivalents, ou plus souvent encore, afin d'écarter tout mau-
vais présage, à des antiphrases (cf. Meillet, Quelques hypothèses
sur des interdictions de vocabulaire, p. 18).
« En grec, où le côté gauche est de mauvais augure, les deux
mots anciens cry.aii; et Xa'.iç ne sont maintenus qu'en poésie ;
ils ont été remplacés dans le langage courant par àpis-zpôq et
sùwvujjioç, dont la valeur antiphrastique est évidente. En latin,
deux traditions se juxtaposent : la tradition indo-européenne,
où la gauche est « sinistre » (cf. cliuium [auspiciuui], irl. clé,
gall. cleddet gogledd), et la tradition étrusque, qui considérait
la gauche comme de bon augure (cf. Pottier, Mélanges Bois-
sier, p. 405). Rien ne vient justifier l'idée que la gauche serait
favorable en celtique. Le « tour à droite » (dessel) est en
Romans de la Table ronde. 257
irlandais un moyen d'éviter les mauvais présages (v. L. U. 55
a 34); lorsque Cuchullin en fureur tourne son char du côté
gauche, l'auteur du récit fait remarquer que c'était violer une
interdiction (gess, L. U. 63 a 25); pour adorer leurs dieux,
les Gaulois se tournaient à droite (Athénée, IV, 151).
« On peut donc croire à l'existence d'un celtique *teuto-
« bon », équivalent au gothique f>iuf> (de *teuto-n)s qui aurait
été utilisé par antiphrase pour désigner la gauche. C'est ce
*leido- qui figure dans l'irlandais tùathach « sorcier » et dans le
gallois Tut. »
Ce sens de tut ne se trouve plus nulle part en gallois avec
certitude '. Il est donc probable qu'au xne siècle, il n'était
plus guère usité. En tout cas, dans Morgan tut, son sens précis
ne saurait être mis en doute.
Il s'ensuit avec évidence que la faute est à la charge de
l'auteur français et que mon explication de l'origine de cette
légère erreur de genre est la bonne : « Chrétien aura trouvé
dans « sa source anglo-normande Morgain le Fe ou le Fed et
aura tout naturellement lu Morgain la Fée ou la Fede : fée, dit
Littré, (Je), est masculin en normand. »
Je crois inutile de souligner la grande importance de ce
fait : il est évident que Chrétien avait sous les yeux une œuvre
française insulaire qu'il a remaniée et à laquelle a également
puisé l'auteur gallois. Cette source française pour le fond
remontait elle-même à une source galloise.
Le sens de bon magicien, médecin même pour Tut dans Mor-
gan Tut, est assuré d'une façon vraiment saisissante par une
épithète donné dans deux inscriptions latines à Y Apollon gau-
lois qui, d'après César (de Bello Gall. VI, 17, 2) était le dieu
1 . Livre noir de Carmarthen (F. a. B. II, p. 53,3) Pan gagitueircb tud : il
s'agit de Kei et on ne peut qu'être frappé que dans le même poème il est dit
avoir tué neuf sorcières (52, 323) ; dans ce passage même il va combattre
le Cath Paluc (Chat Palu). — Livre de Taliessin 1 52, 9 : gogvfarcb veird tut :
tut peut signifier ici pays, mais le sens est banal et peu satisfaisant. — Dans
le Livre Noir, 8, 3, on aurait peut-être un sens approchant de magique, si
l'on lisait tud au lieu de dud : y Xvtry teint tud : en quittant les harpes
magiques {\—di).
258 /. Lolh.
médecin (Apollinem morbos depellere) : CIL, XII, 2525 : Apol-
l(ini) Viroiuti T. Rutil(ius) Buricus — CIL, XIII, 3185 :
[Apol(liui) [Vir]otuti... (apud Holder, AU. celt. spré). La
seconde inscription a été trouvée à Jublains, Mayenne (et
non Maine-et-Loire, comme le dit Holder) ; la première, à
Les Fias d'Annecy, dép. de la Haute-Savoie, et tout justement
près d'une source à vertu curative. V'iro iuli (datif) doit être pour
viro-touti; cf. le nom de femme Viro-tautac {CIL, XII, 3802).
Si Viro- représente viro-s, homme, viro-iuii a le sens de celui
qui guérit les hommes ; peut-être, ici viro- est-il viro-, vrai : le
vrai médecin. Tu ti- est sûrement à rapprocher de notre touto-,
tut. Le rapprochement de tûalb, fiufc avec le latin tût us,
tfttari, tueor est aujourd'hui admis (Walde, Lût. étym, JVort.,
2e édition, p. 797) r.
VI
LE CORN WALL ET LE ROMAN DE TRISTAN.
Après des années de patientes investigations sur la matière
de Bretagne, dans lesquelles d'éminents critiques ont fait
preuve d'autant d'imagination, parfois même de passion que
de science, le seul point sur lequel on soit à peu près d'acord,
c'est que les romans arthuriens et les lais dits bretons,
sont, pour le fond, d'origine celtique. On est divisé sur tout
le reste. Quelle part ont prise les écrivains de langue fran-
çaise à l'élaboration de le matière de Bretagne ; où et par
qui l'ont-ils connue : est-ce par des rapports directs avec les
Celtes ou par l'intermédiaire des Anglo-saxons ; quelle est la
part, dans ces rapports, des Gallois, des Bretons du Cornwall et
ceux d'Armorique ? autant de questions qui ont reçu les
les solutions les plus diverses.
Je ne m'occupe ici que du seul roman de Tristan et Iseut tel
que nous Font fait connaître Béroul et Thomas au XIIe siècle.
Il importe d'ailleurs de distinguer entre les genres et les
sujets ; la solution du problème peut être différente suivant
1. John Rhvs a traduit viro-tuti(s) par man-heding or man-protecting.
Romans de la Table ronde. 259
qu'il s'agit de lais ou de romans ; d'Yvain, de Perceval ou
d'Erec et Enide. Il est non moins essentiel de préciser quel
stade de la légende on a en vue; c'est particulièrement impor-
tant pour Tristan.
Un point capital parait à peu près acquis dès maintenant :
c'est qu'il faut renoncer à voir dans Tristan un tissu de lais
indépendants dont des écrivains français seraient arrivés à
faire une composition ayant pour centre et unité l'amour
invincible de Tristan et Iseut.
Le Tristan de Béroul, celui de Thomas, tels que nous les
connaissons par les fragments qui nous en restentet les œuvres
de leurs imitateurs, Eilhart d'Oberg, Gottfried de Strasbourg,
l'auteur de sir Tristrem, et celui de la Folie Tristan, ont été
précédés par un ou plusieurs Tristan plus primitifs, Tristan
dont tous les traits ne nous sont pas connus et qu'ils ont plus
ou moins fidèlement suivis. M. Bédier croit à un archétype
unique et a soutenu cette thèse avec autant de science que de
talent. Longtemps rebelle à l'idée d'un archétype, Gaston
Paris, à la fin de sa vie, avait fini par l'adopter. Commissaire
responsable des éditions de Béroul et de Thomas qu'avaient
entreprises MM. Muret et Bédier, il avait repris l'examen du
problème dans des conditions nouvelles, avec une conscience
et une ardeur dont témoignent les nombreuses notes dont il
avait couvert le manuscrit de l'édition qu'à publiée M. Bédier '.
L'éditeur du Tristan de Béroul, M. Muret, a voulu recon-
naître tout ce que son œuvre doit à Gaston Paris, qui en avait
collationné les épreuves sur le manuscrit, en la dédiant à sa
mémoire.
L'archétype2, sur lequel reposeraient tous les poèmes fran-
çais sur Tristan, d'après Gaston Paris {Journal des Savants,
juin 1902), serait un poème anglais perdu, peut-être incom-
plet (Jb. nov. 1901, p. 702). Les raisons sur lesquelles il
s'appuyait ont été discutées par M. Bédier, dans son édition
1. Le Roman de Tristan, II, pp. 314-315.
2. Je ne crois pas à un archétype unique d'où découleraient les romans
connus en question, mais, ce qui est sûr, et sur ce point M. Bédier a plei-
nement raison, il faut renoncer à la théorie des lais indépendants réunis et
fondus en un roman par les Français .
2éo /. Loth.
de Tristan (II, p. 314-317). M. Bédier qui a consacré la plus
grande partie du tome II de son édition à établir l'existence
d'un archétype et à en retrouver le canevas, ne se prononce pas,
en terminant, sur le point de savoir si le poème primitif était
anglais, anglo-normand ' ou français. Il a été plus affirmatif
quelques pages plus haut (p. 128-129). D'après lui, ce serait
le contact des jongleurs armoricains avec leurs congénères gal-
lois après la conquête de l'Angleterre, qui nous aurait donné la
légende de Tristan, mais pour le roman, le drame moral qui
en fait l'essence et l'unité ne pouvait être l'œuvre des Celtes.
Je crois avoir suffisamment réfuté cette théorie pour n'avoir
pas à 3" revenir2. Quant au rôle des Armoricains, j'aurai occa-
sion d'en dire quelques mots plus bas.
Béroul (je ne distingue pas ici entre lui et son continua-
teur) semblerait avoir vu par lui-même certains paysages
du Cornwall; mais je crois comme M. Muret que ce qui
indiquerait chez lui quelque familiarité avec les choses et les
hommes d'Outre-Manche, est dû à ses sources. Dans ses
1. II, p. 315-317-
2. Les Sit~u>igsberichte der Kôn. preuss. Ahademie der TViss. (191 1, p. 174-
227), contiennent un article posthume de H. Zimmer, revu par Kuno Meyer :
Der Kulturgeschichtliche Hintergrund der alten irischen Heldeusage. C'est,
en somme, un développement de son article (Zeitscbrift der Savigny-Stif-
tung, XV, 209) : Das Mutterrecht der Pikten und seine Bedeutung fur die
irische Altertumswissenschaft. Le dévergondage des femmes d'Irlande pro-
viendrait de ce que les Celtes, en Irlande, ont succédé à des populations qui
pratiquaient le Mutterrecht. Il en avait conclu aussi que les Pietés n'étaient
pas de souche indo-européenne. Whitley Stokes, fort versé dans les ques-
tions de droit historique, vovait dans ces conclusions une preuve d'igno-
rance de l'histoire dit droit (sur les noms matronymiques en irlandais, v.
Whitley Stokes, Érin, IV, p. 18; cf. pour d'autres pays, Ridgewav, Pro-
ceedings of the british Academy, III, pp. 16-30. Il y a des restes de mutterrecht
chez la plupart des peuples indo-européens, notamment chez les Grecs.
Le Mutterrecht (filiation par la mère) n'est pas du tout ce que pense Zim-
mer. Il est parfaitement compatible d'un côté avec la puissance paternelle,
de l'autre avec une remarquable pureté de mœurs chez la femme (sur
l'origine et les effets du mutterrecht, voir l'excellent livre de von Dargun,
Mutterrecht und Vaterrecht, notamment p. 42, 44 et suiv.). Il est clair que
Zimmer ne connaît pas la question. Quant aux faits de dévergondage qu'il
cite, ils ne prouvent pas plus contre les mœurs des Celtes que la con-
duite des personnages de l'Olympe contre les mœurs des anciens Grecs.
Romans de la Table ronde. 261
sources il y a des traits précis de la géographie du Cornwall ;
en revanche, les bévues qu'il commet démontrent qu'il n'a
lui-même que de fort vagues idées sur ce pays.
Sa source principale est évidemment insulaire. Gaston Paris
était près de la vérité en plaçant entre les légendes des Bre-
tons insulaires et les romans français un archétype anglais.
M. Bcdier, de même, quand il a montré que le roman de
Tristan, tel qu'il nous est parvenu, supposait la connaissance
de trois langues, le celtique (le brittonique), l'anglais et le fran-
çais. Il a eu le tort, égaré par un guide des moins sûrs,
H. Zimmer, défaire honneur de ce trilinguisme dans l'élabo-
ration du roman, aux jongleurs armoricains. Ils y ont eu un
rôle, mais non celui qu'il leur attribue.
Il est impossible de chercher au roman de Tristan une
autre patrie que l'Angleterre. En l'étudiant, on a en effet
nettement l'impression que Celtes, Anglais et Français y ont
collaboré, à tel point que son berceau idéal serait un pays
trilingue, où celtique, anglais, français, fussent couramment
parlés. Ce pays existe : c'est le Cornwall.
On a longuement discuté sur le rôle des Gallois et des
Armoricains dans la transmission des légendes celtiques ; il
n'est jamais question que d'eux ; ce serait à croire que les Bre-
tons du Cornwall n'ont pas existé. C'est d'autant plus
étrange, que le Cornwall joue un rôle important, prépondé-
rant presque, dans la légende d'Arthur, chez Gaufrei de Mon-
mouth lui-même. Gorlois est un Cornouaillais. La forteresse
où il enferme Igern pour la défendre contre les entreprises
d'Uter Pendragon, Tintagel, est bien connue : Tintagel est
une paroisse actuelle du Cornwall. Le Castelliim de Dimelioc
où se réfugie Gorlois lui-même, porte encore ce nom. Je
le retrouve en Saint-Dennis dans la hundred de Poudre;
c'est un manoir figurant dans le Domesday Book. Le bras
droit d'Uter Pendragon est Ulfin de Richaradoc. Or, Ricara-
doc pour Rit-Caradoc, le gué de Caradoc, figure également
comme manoir, dans le Domesday Book : c'est sûrement'
Rescraddeck actuellement en Saint-Cleer '. Son ami de Tintagel
1. En 1201-2202, Ricaradoc ; 1194 Riscaradoc ; 1786-87 Rescaradoc.
(Assize Rolls 109). La forme Roscradoe, qu'on trouve parfois actuellement
262 /. Loth.
s'appelle Jordan. Ce nom est également connu en Cornwall
au xiic siècle : Jordan figure avec Hoel parmi les propriétaires
du pays vers 1 15 5-1 1 66 l. Le nom du neveu d'Arthur, le traître
Modrct, ne peut être gallois : il est comique de forme.
C'était un nom répandu au XIIe siècle en Cornwall : un Robert
Modret figure dans un document de la fin du xne siècle (/. D.
Hardy, Roîitli çhartarum, 1, part. 1838, p. 83). Ce nom entre
dans la composition de plusieurs noms de lieu : Tre-Moderet %
Rosmodres 3 pour Modrct).
Une des demeures favorites d'Arthur, d'après divers textes
gallois, était Kelliwic en Cernyw (Cornwall). C'est à peu
près sûrement Giueek wood, en S1 Martin's dans la péninsule
de Meneage ou du cap Lizard : wood est la traduction exacte
du gallois comique et breton Kelli, bois. Sur le haut de Gweek
wood (Kelli-wic) il y a encore des traces d'un ancien établis-
sement ; à un mille et demi, est The Gear, la forteresse appe-
lée aussi Caer bridge, une des enceintes fortifiées les plus con-
sidérables du Cornwall. Il y en a une autre moins importante
dans le voisinage à Carvallack : les trois forts sont en vue
l'un de l'autre 4.
Le fatale Castrum de la prophétie de Merlin d'après Jean
de Cornwall 5 qui écrivait au xive siècle, s'appelle, dit-il, en
anglais Ashbiri, en breton, Kair belli et suivant d'autres Caslel
ucbel coed (le château du bois élevé). J'ai fini par retrouver
Ashbiri dans Ashbury en Weeck-Ste-Mary, paroissse du nord-
est fautive et refaite d'après l'analogie : Res, Ros . Les prétoniques sont très
atteintes en comique. Pour rit donnant res, il faut savoir que / et</ à la fin
d'un mot sont toujours assibilés en comique.
1. Journal of the Roy. Inst. of Cornwall 1890-1861, p. 165 : Principal
Landowners en Cornwall.
2. En Duloe, Roche.
3. En Buryan(Ci!/iï/. of anc. deeds 1. a 232).
4. A Complète parochial history of Cornwall, Lakes, Turo 1867 (4 vol.) :
voir à S1 Martin s in Meneage, tome III, p. 274. Il est possible que ivood
ne soit pas très ancien. Le camp est en effet situé dans un bois aujourd'hui
encore. Dans ce cas, l'identification serait douteuse. Il y a beaucoup de
gweek en Cornwall, notamment, Week 5te Marx, paroisse non loin de
Timtagel (v. plus bas Ashbiri).
5 . Whitley Stokes, Cornica (Revue Celtique, III, p. 84).
Rom a us de la Table ronde. 263
ouest du Cornwal : le nom comique a disparu au profit de
l'anglais comme bien d'autres. Il existe cà Ashbury un des plus
grands british camps ou ouvrages en terre du Cornwall ' .
Chaque fois qu'on rencontre dans nos romans français
Carlion, ou Carbon, on pense à Caer-llion sur Wysc dans le
pays de Galles. Or il existe plusieurs Carlyon en Cornwall. Il
y en a un dans la paroisse de Kea, où nous allons retrouver un
autre nom d'un intérêt capital pour la légende de Tristan. On
trouve Carlyon sous la forme Caer-leghicm, en 1286-87 (Will.
le Daungers, junior de Caerleghion). Il y a un autre Carlion
en Sain t-Min ver.
On a vainement cherché le nom de Loholt, ce fils d'Arthur
qui apparaît dans Perlesvaux et est traîtreusement occis par
Keu : c'est le nom d'un tenancier de terres en Cornwall au
XIIe siècle2.
Pour comprendre le rôle du Cornwall, il faut bien con-
naître sa situation au xne siècle. Elle est très différente de
celle du pays de Galles et de l'Armorique. En Galles, le con-
tact avec les Français (j'emploie ce terme plutôt que celui de
Normands, parce que c'est le seul connu des Gallois,. et aussi, en
somme, le plus exact) a commencé dès la fin du xne siècle. Les
Lord-marchers établis sur les confins du pays y commencèrent
de bonne heure des établissements, notamment en Glamorgan.
En Pembroke il faut compter avec les Flamands et les Anglais.
Néanmoins, au xiie siècle, le pays de Galles a une existence,
une langue et une littérature nationales. Les mariages sont
fréquents entre l'aristocratie indigène et l'aristocratie étrangère;
les deux peuples sont sur un pied d'égalité. On ne peut pas
dire que le français ait été parlé couramment à cette époque en
Galles. Il y avait, en Powys, sur la frontière, avant la conquête,
des gens de langue saxonne, combattant même sous les éten-
dards des chefs du pays. Mais en somme, à l'époque de la con-
1. A Complète parochial history of Connuaîl, IV, p. 308.
2. Principal Landowners in Cornwall in 1165-66 — Cornish Landholders in
Cornwall circa 1200 (Journal of the Royal Inst. of Cornwall 1890-1891), Le
nom de Bleri dont Thomas invoque l'autorité se retrouve dans Tre-Bleri en
Davidstow non loin de Tintagel. — Il ne faut pas perdre de vue que boit
signifie bois en anglo-saxon.
264 /. Lotb.
quête normande, l'anglais était en Galles une langue étrangère.
Il ne saurait naturellement être question d'anglais en Armo-
rique. Les Bretons jouissent d'une autonomie complète. Le
français n'avait jamais cessé d'être la langue des pays rennais
et nantais de l'intérieur ; les deux langues bretonne et romane
avaient continué à être parlées dans une large. zone, dans
l'est du territoire occupé par les Bretons. Pour des raisons que
j'ai données ailleurs, dans cette zone, le français tendait
à dominer. Au xne siècle, le français était la langue des souve-
rains et d'une bonne partie de l'aristocratie. La culture fran-
çaise prenait le dessus. Le français était sans doute connu de la
plupart des chefs bretons qui passèrent en Angleterre avec
Guillaume le Conquérant, et aussi de leurs soldats. Un bon
nombre étaient de la zone de langue française.
Il faut être vraiment bien peu au courant des choses de
Bretagne et ignorer les points fondamentaux de son histoire
pour aller chercher, comme l'a fait Zimmer, une explication
de ce fait dans une prétendue conquête des Normands de
Neustrie amenant la francisation d'une partie des Bretons :
le français était aussi bien chez lui, dans une partie notable de
la Bretagne, qu'en Normandie1. Quant aux jongleurs bretons,
ils suivirent sans doute leurs maîtres outre-Manche. Nul
doute ausssi qu'ils n'aient fréquenté les châteaux d'autres pro-
vinces françaises, Normandie, Anjou, Champagne.
Tout autre est l'état des choses en Cornwall.
Le Cornwall ne formait qu'un tout avec le Devon, jusqu'au
commencement du vme siècle. Dans les premières années
de ce siècle, le Devon fut occupé par les rois de Wessex. Les
progrès de la langue anglaise paraissent y avoir été rapides.
Dans une charte de 739 concernant un don en terres du roi
Aethelward à l'évêque Fortcherne, en Devon, les noms de
terres et de champs sont saxons (de Gray Birch, Chart.
saxon., IV, n° 1331). Au ixe siècle l'élément saxon y joue
un rôle prépondérant. Cependant, dans une charte de 938
1 . Sur les deux langues bretonne et française en Armorique je ne peux
que renvoyer à mon étude : Les langues romane et bretonne en Armorique
(Revue Celtique XXVIII, 374).
Romans de la Table ronde. 265
(ibid.y n° 724) parmi les noms de terres autour de Culmstock
en Devon, deux sont encore incontestablement bretons. Il résul-
rait même du testament d'Alfred le Grand (880-885) °lue
les quatre comtés du sud-ouest, Dorset, Somerset, Devon et
Cornwall, étaient encore considérés comme étant de Weal-
cyn, c'est-à-dire faisant partie de la famille bretonne (Earle,
Handbook to Land-charters, p. 144). Quoi qu'il en soit, le
Cornwall se trouve isolé au VIIIe siècle. Il est entamé au ixe,
car Alfred le Grand possède des terres en Cornwall, notam-
ment dans le pays qu'il appelle Tricônscire qui a formé la hun-
dred de Trigg (pour Triger) et comprenait sans doute aussi
celle de Stratton. La conquête est complète et définitive
au xe siècle sous Aethelstan (Aethelstan est à Exeter en 926).
Les propriétaires de terres sont évincés ou saxonisés . Rien
ne marque mieux les progrès de l'élément saxon qu'une charte
de 938 en faveur de Saint-Petroc de Bodmin : les noms de
terres de Nywanton (Newton en Cornwall) sont anglais. Les
vassaux d'origine bretonne des rois de Wessex, soumis au
nouvel ordre de choses, prennent des noms saxons. Le béné-
ficiaire d'un don de terres du roi Eadgar en 967 (de Gray-
Birch, Chart., n° 1 197) s'appelle WuJfnod Rumuncant (pour
Rumanton?): Wulfnod seul est saxon. Un autre fidèle du
même roi, auquel il octroie des terres en Cornwall, en 969
(Jbid., n° 123 1), porte le nom de Aelfheah Gèrent et sa femme
celui de Moruurei : rien de plus comique que Gèrent et Moruu-
rei, et de plus saxon qu'Aelfheah. Des esclaves, en revanche,
portent des noms saxons aux xe et xie siècles l. L'état des per-
sonnes et des terres, à la fin du xie siècle, est mis en pleine
lumière par le Domesday Book. Tous les propriétaires de
terres avant la conquête, moins trois, Caduualant, Blethu,
et Griffin, sont des Saxons. Beaucoup de manors ont des
noms anglais :
Aissetone, Alvevacote, Akuaretone, Beivintone, Bichetone, Belles-
done, Bennarton , Betneecote, Beveshoc, Boictone, Brecelesbeorge,
1. Charte de Byrhtricen 970 (de Gray-Birch, Chart., n° 1250) : il libère
Ribrost (comique) et Hivite (saxon). De même pour quelques-uns des
libérés des Matiitiuissions on the Bodmin Gospel (Revue Celt.,I, p. 332).
266 /. Lolh.
Brodeboc, Cahuelone, Cametonc, Chiîchetone, Clismcslonc, Conar-
ditone, Croftededor, Diuibevet, Fawntone, Forchetestone, Glustone,
Cudiford, Helstone, Henlistone, Hiltoue, Horniecotc, Langui-
tetone, Lanscaveton, Lisncstocb, Macretone, Maronecircljc,
M id cl loue, Mort une, Neotcstov, Niwetone, Nortonc, Or col,
Otreham, Paulone, Pedclcford, Pigcrdonc, Pilelone, Pochcbcllc,
Pondcstocb, Rieltone, Risleston, Stralton, Taveslocb, Tedintone,
Telbrig, Tremetoti, Ulhweshvi, Ulnodeston, Wadefcste, Walcs-
brau, Wescote, Widewot, Wilewrde, Wltcmot, Witestan. Il y
en a environ soixante. Quelques-uns de ces manoirs se
trouvent à l'extrémité même du Cornwall. Au moment de la
conquête, quoique le peuple continuât à parler comique,
l'anglais était répandu un peu partout. C'était de plus la
langue officielle \
La conquête normande introduisit en Devon et en Corn-
wall, comme ailleurs, un bon nombre de Français, seigneurs,
vassaux et soldats. Ce qui est particulièrement important
pour notre sujet, c'est que parmi eux on compte une fraction
importante de Bretons. Les Bretons avaient pris une part très
active à la conquête et en avaient recueilli aussi les traits.
Raoul de Gaël (ou Wadcï) avait reçu à lui seul le royaume
d'Est-Anglie. Brient et Alain le Roux, fils d'Eudon de
Penthièvre, de la maison ducale de Bretagne, obtiennent des
terres considérables : Alain le Roux devient comte de Riche-
mont ; Brient qui commandait les troupes dans la bataille
contre les fils de Harold, devait être, avec le comte de Mortain,
le personnage le plus important du Cornwall. Son neveu,
Alain le Noir2, qui avait épousé Berthe, fille du duc Conan III
i . La conquête définitive du Cornwall paraît avoir amené rapidement
la décadence du bardisme. Dans le Vocabulaire comique du commencement
du xiiic siècle qui copie un manuscrit du xne, barth (baril) est glosé par
mimus vel scurra. Chez les Gallois indépendants à cette époque le ba'rJisme
était très honoré ; les bardes occupaient un rang officiel et appartenaient à
l'aristocratie.
2. Alain le Noir était le deuxième fils d'Etienne Ier, comte de Penthièvre
et héritier légitime du comté de Richemont, fondé par Alain le Roux, fils
d'Eudon le Vieux de la maison de Penthièvre, branche de la famille ducale
de Bretagne. Alain le Roux avait eu un commandement important dans l'ar-
Romans de la Table ronde. 267
et devait, s'il avait vécu, devenir duc de Bretagne, dans une
charte de 1 145 , fait donation de terres qu'il dit tenir de son
oncle Brient et se donne le titre de eûmes Brilanuiac, Cornubiae
et Richemontis (Oliver, Monasticon, p. 32). D'autres Bretons
sont propriétaires en Cornwall ; par exemple, Jovinus, Wi-
huinar, Bîohiu (mal lu Blohhi), Juthael de Totenes. La famille
de Dinan ne figure pas dans le Domesday-Book pour le Corn-
wall, quoique des Dinan aient pris part à la conquête1. Au
xnc siècle les Car-dinan sont des personnages considérables
dans le pays. Suivant Oliver {Monasticon), p. 339, le prieuré de
Tywardreath aurait été fondé par un membre de cette famille,
qui, il est vrai, devait être Normand. Il semble que les Dinan
descendants de la famille bretonne de ce nom ne soient entrés
en possession de Cardinan et des biens de cette famille que
par alliance et un peu plus tard. En Devon, on relève les
noms de Raoul de Fougères, Alvred le Breton, Wihucnec z,
Hervé de Helion, Ruald, grand propriétaire, et surtout Iuthael
de Totenes, le plus riche propriétaire du Devon. Ce n'est
pas sans doute par un pur hasard que Marie de France fait
aborder le héros armoricain Eliduc qui va chercher aventure
en Angleterre, à Totenes même : il va de là se mettre au
service du roi d'Excestre (Exeter). Dans des chartes de la
mée de Guillaume à Hastings. Il est continuellement confondu par les his-
toriens anglais, même par Freeman, qui paraît médiocrement au courant
des choses de Bretagne, avec Alain Fergent, duc de Bretagne, qui fit la
guerre à Guillaume le Conquérant en personne, après la conquête, le força
à lever précipitamment le siège de Dol, et ensuite épousa une de ses filles.
1. Geoffrov de Dinan, en 1122, donne deux manoirs, Nothoella et Hel-
pefort, en Devon, à Marmoutier (Calendars oj Documents, France I, p. 427).
La même année, Alain fils de Flaald, donne des terres en Angleterre, à
Saint-Florent (ibid., p. 414). En 1080-1108, Guillaume fils de Rivallon de
Dol a des démêlés au sujet de terres sises en Angleterre (ibid., p. 405).
En 11 50 un accord est signalé entre Geoffroy, archevêque de Dol, et Alan
fils de Jordan, qui doit être le propriétaire du Devon, vir strenttus et illustris
(ibid., p. 440).
2. Je ne sais si ce Wihenucc est le même que Wihenoc dit de Monetnuda
(Monmouth) qui, à l'époque de la conquête (vers 1086) fait don de terres
en Angleterre, et aussi dans la région de Dol, à Labot^ac (La Boussac)
dons approuvés parGuillaume le Conquérant (Calendars of Docum. France
I, p. 40.4, 406, 408).
268 /. Loth.
seconde moitié du XIIe sièele apparaissent Alan fils de Bloihiou
un Gralant (en 1166), un Graciant (121 1), de la même
famille, un Hoel, lui aussi descendant de Bretons.
Les Bretons de lepoque de la conquête étaient, en partie,
Bretons de langue et n'avaient aucune peine à comprendre les
Cornouaillais et à se faire entendre d'eux. Les rapports depuis
l'émigration ont toujours été fréquents entre l'Armorique et
le Cornwall. 11 y en a des preuves au vie siècle. Il y en a au
xvie : au début de ce siècle, le 6e de la population mâle de la
hundred de Penwith, susceptible de payer l'impôt, était com-
posée de Bretons nés en Armorique. Il n'est guère douteux,
que les Bretons de marque établis après la conquête en Corn-
wall et en Devon, à plus forte raison leurs descendants, n'aient
su le français r.
Il y eut bientôt des Bretons dans le Clergé du Cornwall. En
1 177 un chanoine de Bodmin, un Breton du nom de Mar-
tin, vole le corps du saint le plus vénéré du pays, saint Petroc,
et l'emporte en Bretagne au monastère de Saint-Meven de
Gaël. Roland de Dinan, sur l'ordre de Henri II, oblige les
moines de Gaël à le rendre à l'abbé de Bodmin (d'après Roger
de Hoveden, Compl. par. Hist . of Cormuall, I, p. 93).
Le français devient naturellement en Cornwall la langue
officielle. Mais l'anglais ne cesse d'être parlé et même, d'après
nombre de documents du moyen âge, de continuer à faire des
progrès2. En prenant possession du pays, les Français se
trouvent en présence de Celtes dominés par une aristocratie
anglaise et non comme en Galles, en face de Celtes restés
indépendants, tandis que les Saxons étaient placés sous le joug.
Les propriétaires anglais du Cornwall ne sont qu'en partie
dépossédés.
1. Les Bretons et les Cornishmen à l'époque de la conquête et pendant
le moyen âge se comprenaient facilement. C'est constaté par Giraldus Cam-
brensis. L'évêque Grandisson (Episcopal Registers of Exeter, III, p. xx)
constate que le peuple du Cornwall parle une langue inintelligible aux
Anglais et connue des seuls Bretons. Cf. Les Bretons en Cormuall au xvie s.
(Revue Celt ., 191 1, 2e fasc),
2. En 1297-98, il y a une contestation à propos des terres de Nansculc en
Illogan. Les jurés déclarèrent que la propriété est appelée en anglais Lancuk
et en comique Nansculc : Nanscuk est, eu effet, la forme sincère (Assise
Rolls, Edw., I).
Romans de la Table rotule. 269
Plusieurs (au moins une quinzaine) voient leurs terres
prises, mais en reçoivent d'autres qu'ils tiennent à titre de
vassaux de Français. Le Cornwall devient un pays trilingue
où les gens de marque parlent français ou anglais, probable-
ment les deux, et le peuple, comique. Cette situation a dû se
prolonger au moins jusqu'au xve siècle. Elle peut se constater
de la façon la plus précise au xive siècle.
Des documents intéressants nous renseignent sur la situa-
tion linguistique du Cornwall à cette époque. L'évêque
d'Exeter va en personne, en 1336, recevoir la soumission des
habitants de Saint-Burvan près Land's End, révoltés contre
son autorité. Les notables (majores parochianî) la font in Hngua
anglica et gallica ; ceux qui ne connaissent que le comique, la
font en comique ; le recteur de Saint-Just leur sert d'inter-
prète auprès de l'évêque. Les noms d'une partie (pro parte) des
notables (treize) sont donnés : tous portent après leur nom
de baptême un nom de terre, suivant l'usage comique, moins
deux : Fyvxan et Le Brun. On a aussi les noms de cinq capel-
lani : deux sont à relever : Pet rus Vicount et Thomas Perys.
Perys, qu'on trouve ailleurs sous la forme Pères est le nom
breton Pères (cf. Jakes de Jacques) dont on a fait un nom espa-
gnol '.
En 1355-56, l'excommunication est prononcée contre un
hérétique avéré, Raoul de Tremur : il est signalé comme
d'autant plus dangereux qu'il est plus instruit : il parle cou-
ramment les quatre langues : latin, français, anglais et cor-
nique (Jingua quad'iiplici, latina, gallica, anglica et cornubicaque
et brilannica garrulus et disert us 2). A cette époque même, les
progrès de l'anglais sont très sensibles. Dès 1303, dans la
hundred de Lvsnewvth, au nord, à l'intérieur, beaucoup de
noms et de termes communs pour la désignation des terres
sont anglais. En Stratton, en 1428, l'anglais paraît dominer.
Dans la Hundred de l'Est (Estwevehshire), qui touche la
1. Episcopal registers oj Exeter : Grandissson Reg. 1, Reg. éd. Hingeston
Randolph : II, p. 820.
2. Ibid., p. 1579-1 580.
Revue Celtique, XXXIII 18
270 /. Loth.
Tamar, au nord-est, dès 1303, l'élément anglais est très con-
sidérable ' .
On le voit : si le roman de Tristan est dû à la collabora-
tion des Celtes, des Anglais et des Français ; si, comme cela
paraît sûr, le roman primitif a été composé en Angleterre,
il ne peut avoir eu d'autre berceau, a priori, que le Cornwall.
En a-t-il été réellement ainsi ?
Nous ne pouvons l'établir, en dehors de tout renseignement
direct, que par l'étude des noms d'hommes et de lieux, par
la géographie surtout du roman.
La clef de cette géographie c'est le lieu de résidence du roi
Marc : c'est le premier point et le plus important à établir.
Aussi le nom de cette résidence chez Béroul, a-t-il, avec rai-
son, grandement préoccupé tous les critiques qui se sont occu-
pés de Tristan : Lancicn, en trois syllabes2. On ne le trouve
que chez Béroul et dans le conte de Tristan ménestrel 3.
Il a ce mérite d'être isolé, de n'avoir pu être inventé ou pris
dans la matière courante de Bretagne. Tintagel était devenu
banal, comme l'a fait remarquer M. Bédier; on ne concevait
pas d'autre demeure pour un roi de Cornwal. On a vainement
cherché Lancien jusqu'ici. Or, Lancien, qui n'est aujourd'hui
qu'un village sur la rivière de Fowey, a été le chef-lieu d'un
très important m'anor qui paraît dans le Domesday Booh sous la
forme Lantien et Lanlhien. Aujourd'hui, on écrit Lantien ou
Lnntyan, et on prononce, dans le pays, Lantïn (à la française
Lantiné) comme on prononce Lanïn pour Lanyon, Mara~în
pour Mara~ion. Les formes du moyen-âge attestent, au con-
traire, une prononciation Lctntsien : en 1283-84 Lan^ian
(Assise Rolls 121 : 12 Edw. I); dans le même document
Nauncyan (hameau de) ; plus loin, à la même époque Lant-
yan 4, etc. Cet important inanor a été divisé en deux de bonne
1. Feudal aids, I, aux années 1303, 1306, 1346, 1428.
2. Le roman de Béroul (éd. Muret) : Lancien, aux vers 1 1 5 5, 2357, 2436,
145 1, 2392 : vers 2390 il est dit que les noces d'Iseut ont eu lieu à Lan-
cien .
3. Dans le Perceval de Gerbert ; le passage a été signalé à M. Bédier par
miss Jessie Weston qui a depuis publié ce conte.
4. Feudal Aids I, p. 198 : Lantien ; parva Lantyen ; 1346 Nauntyane;
p. 225 Nantvant; p. 216, 1401-2 Lantien; ibid. tome III, p. 265 Joh. de
Romans de la Table ronde. 271
heure ; Lantien est déjà dans le Domesday Book possédé par
deux propriétaires différents. Au moyen âge, on distingue
entre Lantien et Parva Lantien. D'après une communication
que je reçois du savant Vicar de Saint-Just, en Penwith, le
Rev. Tavlor, l'homme qui connait le mieux l'histoire des
manors du Cornwall, la Parva Lantien (1262, Nanatean, sic;
1332 Nantean Parva; Nantyan 1522), comme situation,
répond à Xantellan, dans la paroisse de Creed, entre Gram-
pound et Tregonv, sur la rive gauche de la rivière Noir Lai.
Le Rév. Tavlor, qui me donne ces détails, ajoute une remarque
dont on comprendra l'intérêt quand on lira les lignes que
je consacre au Saut de la Chapelle, c'est que le manoir de Parva
Lantyen fut possédé sans interruption par la famille de
Bodrugan, jusqu'à la fuite de Henri de Bodrigan, qui renou-
vela vers 1485, le saut de Tristan.
Il n'y a pas à s'étonner de la variation Lan- Kan-; elle est
continuelle dans les noms du Cornwall1. Par dissimilation,
nant-, vallon, vallon arrosé par un ruisseau, ruisseau, devenait
Lan, qui a un tout autre sens et signifie, monastère, lieu con-
sacre2. Devant certains mots à initiale consonnantique, ils
sont souvent difficiles à distinguer. Si le Lancien était com-
posé de nant et d'un second terme à initiale vocalique, /
final étant assibilé, on eût régulièrement prononcé en cor-
nique, au xne siècle Nantsien ou Lantsien (ou Nandjien) : cf.
aujourd'hui Nanji^el pour Nant-I^el. Il est fort possible que
la prononciation actuelle Lantin se soit modelée sur la forme
écrite, comme cela s'est produit en nombre de cas ; si, au con-
traire, elle est exacte, on a affaire dans Lancien à une pronon-
ciation française ou anglaise. C'est le cas pour Tintagel ; en
gallois le g est dur ; au contraire, les formes écrites prouvent
que la prononciation actuelle est très ancienne : on prononce
Tintadpl.
Xtintian (sous Edw. 11 1) — ■ Extenta manorum 1345 Nantyan : j'ai trouvé
ce ms . inédit au Duchy of Cornwall Office à Londres.
1 II y en a un frappant exemple en Galles, dans Lancarvan ancienne-
ment Nantcarvan : il en est de même de Lantivy en Bretagne (Xant-Divy).
2. Les Anglais Font confondu avec LanJ et les Français parfois avec
Lande .
2J2 /. Lolb.
L'église où le roi Marc et Iseut vont faire leurs dévotions,
s'appelle, dans Béroul (vers 2977), l'église Saint-Saiison. Iseut
fait don à l'église de son garnement que Ton ne sortait qu'aux
grandes fêtes (vers 2998) :
Encore est clé à Sa'uit-Sanson,
Ce aient cil gui l'ont veite.
Or, la paroisse où se trouve Lantien s'appelle communé-
ment Saint-Sampson's. Le nom de Golant qu'on lui donne
aussi, s'applique plus particulièrement au hameau qui est plus
bas que l'église actuelle.
Saint-Sampson n'a pas toujours été paroisse ' . Jusqu'en 1 507,
c'était une chapellenie dépendant du prieuré de Tywardreath,
qui est dans le voisinage, fondé peu de temps après la con-
quête. Mais le culte du saint doit y être très ancien. D'après
la vie la plus ancienne de Saint-Sampson, le saint, en passant
de Galles en Cornwall, séjourne d'abord dans le pagus Tricurius
qui est le Trigersbire, aujourd'hui Trigg minor et major, au
nord-ouest (peut-être englobait-il la hundred actuelle de Strat-
ton). Il a dû s'embarquer pour l'Armorique sur la côte est,
sur la rive peut-être même de Saint-Sampson, à Lantien,
ou plus bas à Fovrey : d'après William de Worcester, qui
écrivait à la fin du xve siècle et Leland, au xvie siècle (il est
mort en 1552), c'est de Fowey au passage du Four (le
Foorne) qu'était la traversée la plus courte du Cornwall en
Bretagne 2. Dans le voisinage même de Saint-Sampson, deux
paroisses portent le nom de deux des amis de Sampson qui,
comme lui, passèrent de Galles en Cornwall, puis de Cornwall
en Armorique où ils sont également honorés : saint Mewen
(Mewaii) et saint Anstol {saint Austeï).
La géographie du Cornwall dans la principale source de
Béroul était, comme nous allons le voir, précise.
Il l'a parfois gâtée. Visiblement il ne connaît pas la situa-
1. Une charte de 1281 provenant de Tywardreath mentionne : Eccle-
sia beati Andreae de Tywardreath cuin capetta sancti Sampsonis (Compl. par.
hist. of Cornwall, II, p. 22).
2. Complète parochial history of Conncall, tome IV, p. 106, p. 78.
Romans de la Table ronde. 273
tion de Lancien qu'il confond parfois avec Tintagel. C'est ainsi
encore qu'il met dans la bouche du roi Marc (vers 3136), ce
serment :
Par Sain! André que Ton vet querre
Outre la mer jusqu'en Escoce.
Béroul à songé à Saint-André d'Ecosse (Saint-Andrews), parce
qu'il n'en connaissait pas en Cornwall. Or, le grand prieuré
de Tywanlreatb dont dépendait ecclésiastiquenient Saint-Sampson
et par conséquent Lancien était sous le vocable de Saint André. Je
ferai remarquer, en passant, que pour aller de Cornwall
en Ecosse, on prenait sans doute la voie de mer. Je ne crois
pas qu'il y ait rien à tirer de ce passage en faveur de l'origine
continentale de Béroul, que je ne mets d'ailleurs pas en doute.
Au vers 3074, Marc jure par Saint Estiennele Martyr. Or.
il v a au moins trois paroisses de Saint-Etienne en Cornwall,
dont une touche Nantellan, c'est-à-dire Parva Lantien l.
Il y a tout près de Saint-Sampson, en Tywardreath,un nom
de lieu d'une grande importance, lorsqu'on lui restitue sa
véritable physionomie ; c'est Kil-mnrth : Kilmarth est sans le
moindre doute - à corriger en Kil-niarch, la retraite, le lieu de
retraite de Match. De même, Kam-Marth, en Gwenap, au
sud-est est pour Karn-March ; d'ailleurs, la forme Kam-
Margb se trouve. Il n'est pas sans intérêt à ce propos de
remarquer qu'à Karn-Margh (tertre Rocheux, caim de Mardi)
est un grand tumulus qui fut fouillé en 1789 ; deux urnes
de l'époque celtique y furent découvertes (Compl. par. hist. oj
Corn., p. 142).
1. Iseut, en faisant son serment à la Blanche Lande, jure par Saint Ylaire.
Or, le mont Saint-Michel de Cornwall dépend de la paroisse de Saint-Hi-
lary.
2. 77; et ch après r, de bonne heure, se changèrent en /; et disparurent.
Dès le xvie siècle, sinon plus tôt, ils s'écrivent l'un pour l'autre. C'est
ainsi que le village de Saint-Just en Penwith qui s'écrit et se prononce
aujourd'hui Carnyorth était au xiv* siècle Carn-yorch,\e tertre du chevreuil.
Kil-march, pourrait s'interpréter la nuque du cheval, mais le voisinage immé-
diat de Lancien rend ce sens terre à terre peu probable, ou plutôt, il peut y
avoir eu comme dans l'épisode des oreilles un jeu de mot. — ch final dispa-
raît également et a été remplacé dans l'écriture par //; : Rospeth pour Rospegh,
Trembath pour Trembegh.
274 /■ Loth.
Resterait à trouver dans le voisinage de Lancien, File où
eut lieu le fameux combat entre Tristan et le Morholt. Il eut lieu
en effet, non loin de la résidence royale. Tristan se rendit en
barque dans l'île ; elle était assez près du rivage pour que la
foule angoissée pût suivre les péripéties de la lutte. Il n'y a
pas d'ile, près de Lantien, dans le bras de mer de Fowey, ni
à l'embouchure. Sur la foi de l'itinéraire de William de Wor-
cester, j'avais pensé d'abord à l'ilot appelé Grecf : il le met à
trois milles à l'ouest de la ville de Fowev '. Leland en parle
aussi, mais il le place beaucoup plus au sud entre Dudeman's
Head et Falmouth 2. Et c'est lui qui a raison d'après la carte
de VOrdnance Survey. En revanche, il y a, à 8 milles a vol
d'oiseau de Lantien, une île qui répond à peu près aux don-
nées du roman : c'est Looe I si and ou Saint-George s Island, ou
Saint-Nicholas ou Saint MichaeTs Island. Avec l'îlot de Greef,
c'est la seule île qui existe sur la côte est du Cornwall avant
les îles de Scilly. Du côté de Tintagel il n'y en a pas du tout.
L'île est un peu au sud de l'embouchure de la rivière Looe, à
un tiers de mille ou un demi-mille de la terre ferme. Du
rivage on pouvait facilement suivre la lutte. L'île a un demi-
mille de circonférence et une superficie de 14 acres. Tristan
pouvait s'y rendre en barque de Lancien même. Le nom de
Ile Sant-Sanson paraît dans le roman en prose, la Folie Tristan,
ms. de Berne, et dans YErec de Chrétien de Troyes \ Ailleurs,
l'île n'a pas de nom. Il n'y a rien à arguer de ce chef contre
Looe Island par conséquent. De plus, outre la chapelle
actuelle, il en a existé une autre dans l'île, qui a pu être
sous le vocable de Saint Samson.
Il n'est pas inutile de remarquer que le bras de mer sur
lequel se trouve Lancien est large, que la rivière charrie
beaucoup d'alluvions. Peut-être, très anciennement, y a-t-il
existé quelque îlot sablonneux que les flots auront rongé, et
peu à peu fait disparaître.
Le Saut de la chapelle ou Saut Tristan me paraît pouvoir
être fixé, avec grande vraisemblance, à Chape] Point en
1. A comptete par. Hisl. of Cornwall, IV, Append., p. 106.
2. ïbid., p. 78, 88.
3. Bédier, Le roman Je Tristan, II, p. 201.
Romans de la Table ronde. 275
Goran, à quelques lieues au sud de Lancien. C'est le seul
endroit où le fameux saut ait pu avoir lieu. Tristan condamné
au feu, passant près d'une chapelle, obtient de ses gardiens
d'y entrer. Il ouvre une fenêtre et se précipite dehors ' . Le
sable amortit sa chute (Muret, Tristan, vers 956).
Tristan saut sus : Varaine ert molle;
To^ a geno^ chiet en la glise.
Ce saut fut renouvelé peu après 1485, par Henri de Bodru-
gan 2. Ce seigneur était un chaud partisan de Richard III.
Après la bataille de Bosworth où il avait combattu pour
lui, poursuivi sur les ordres de Henry VII, il alla se cacher
dans son manoir de Bodrugan, en Goran. Il y dépista les pour-
suites pendant quelques mois, mais il avait dans le pays des
ennemis d'autant plus acharnés à sa perte qu'ils avaient été
persécutés par lui comme partisans de Henry Tudor. Surpris
un jour dans sa demeure, il s'enfuit par une porte dérobée ;
serré de près dans sa fuite, il se précipita du haut de la falaise
dans la mer, a1' une hauteur de cent pieds, et tomba sans se faire de
mal, sur une petite île herbeuse qui est au pied. Un canot
qui l'y attendait le transporta à un navire avec lequel il gagna
la France. L'endroit s'appelle encore Bodrigans Leap ou jumpQe
saut de Bodrigan~). Il y avait autrefois une vieille chapelle sur
le domaine même de Bodrugan; le promontoire qui y attient
est encore appelé Chapel Point. Cet. endroit, d'après Leland,
est dans le parc de Bodrugan ; la demeure de Henrv de
Bodrugan y était aussi. Il y a à côté, sur le bord de la falaise,
un retranchement renfermant trois tumuli; le plus grand
s'appelle Bodrigans castle. A une petite distance du tumulus est
le Bodrigans Leap 5.
Le fait qu'un canot attendait Bodrugan au pied de la falaise,
près de l'îlot herbeux, semble prouver que dans un cas désespé-
1 . D'après Béroul sur une large pierre au milieu du rocher ; mais les
vers que je cite semblent indiquer qu'il bondit de la chapelle sur une roche
dominant la falaise et de là en bas sur le sable.
2. Ou Bodrigan. La forme ancienne est Bodrugan, mais u- devient i en
comique ; Bodrigan est la forme moderne .
3. Compl. par. Hist. of Corn., p. 99, 106-107.
276 /. Loth.
ré, les issues considérées comme possibles lui étant fermées, il était
décidé à ce saut périlleux. Il semble bien en résulter aussi qu'il en
connaissait les possibilités et qu'une tradition existait à ce sujet.
Le Saut de Bodrigan aura vraisemblablement remplacé le Saut
Tristan. Il est très frappant que Parva Lancien était une pos-
session de la famille de Bodrugan. On peut sans trop d'imagi-
nation supposer que le Caste! de Bodrugan était une résidence
du roi Marc. Parva Lan tien et Goran où se trouve Chapel
Point sont fréquemment associés dans les chartes du moyen-
âge x.
On n'a pas réussi jusqu'ici à trouver le Mal Pas ou Mau-
vais Passage ni la Blanche Lande où eut lieu pour Iseut,
l'épreuve du jugement par le fer rouge, suivant certaines ver-
sions, l'épreuve simplement du serment sur les reliques sui-
vant Béroul ou son continuateur. On a sans doute supposé
que ces noms étaient dûs à l'imagination de nos conteurs.
Les Mal Pas et les Blanche Lande ne manquent pas ; il y en
a en France et en Angleterre. Dans la Loire-Inférieure, il y a un
Maupas en Château-Thiebaud (canton de Vertou), la Limou-
zinière (canton de Saint-Philibert-de-Grandlieu), en Saint-
Philibert-de-Grandlieu. Il y a une Blanche Lande en Oudon,
près d'Ancenis. Il 3^ en a une autre dans le Calvados. La plus
importante paraît avoir été Blanche Lande, mieux Blanque
Lande, en Varanguebec, canton de la Haye-Dupuis (Manche) ;
un monastère fort important y fut fondé en 1 1 54 2 (dans le
lieu appelé Blanca Landa). Ce monastère, dont dépendaient
les chanoines de Blanche Lande en Guernesey 5, reçut d'im-
portantes donations de terres en Angleterre, notamment dans
la région de Lincoln4. Il n'avait rien en Cormvall. En Angle-
terre, il y avait un manoir de Malpas, dans le comté de Ches-
ter > . Dans les archives de l'abbaye de Saint-Marie de Glou-
1. Fautai Aids, I, p. 225, (1401-2) saint Goran et parva Lan tien, ibid.
p. 203 (1306) saint Goran et Petite Lanyon (à corriger en Lantyen).
2. Cart. de Blanche Lande, Bibl. nat., ms. 10065, P- 91 •
3. Calendar 0/ Charter Rolls. III, p. 428 (Blannchelannd) .
4. Calendar of Patent Rolls, XI, p. 558, (en 1361) — Calendar of Charter
Rolls II, p. 134(1257-1300); III, p. 362(1317).
5. Calendar of Patent Rolls, temp. Edward III, (1340-43), Calendar of
Romans de la Table ronde. 277
cester », il est question d'une Blanheland in Rogeditch. Il y avait
un important monastère de Blùnchland en Northumberland2.
Le comté actuel de Carmarthen possédait aussi une abbaye
appelée tantôt Alba Lvida, Alba Donuis, Whiteland et aussi
BlanchlandK Le nom le plus ancien, Alba Domus, n'est que
la traduction du gallois Ty Gwynn ar Dav, la maison blanche
sur la Tav, résidence de chasse de Howel Dda, au xe siècle.
Nulle part, en revanche, on n'avait signalé de Mal Pas
qu'il fallût traverser pour arriver à une Blanche Lande. Aucun
de ces noms même n'avait été découvert en Cornwall où
avait lieu la scène du jugement.
Or le Mal Pas existe encore : il n'y a qu'un changement,
c'est qu'on l'écrit en un seul mot Malpas qu'on prononce à
l'anglaise Môpôs. Il se trouve sur la rivière de Truro, à un
mille et demi environ de cette ville. La rivière est navigable
à marée haute jusqu'à Truro 4. Malpas est mis par certains
géographes sur la rive gauche, par d'autres sur la rive droite :
pour ceux-ci le passage a lieu de Saint-Nicholas de Penke-
vil à Kea, tandis que pour les premiers, il a lieu de la rive
de Saint-Clements, rive gauche, à la rive droite. En réalité, le
passage sur les deux rives devait porter ce nom . Le Mal-
pas apparaît chez Béroul dans bon nombre de vers (3299,
335i> 3693, 3701, 37H» 3790, 3888. le Pas 3618,
3873). Tristan, déguisé en lépreux, attend Iseut au bout des
planches; il l'emporte dans ses bras et en abordant, elle se
laisse choir et lui sur elle, ce qui lui permet de prononcer
sur les reliques son audacieux serment :
v. 4207 : Q entre mes cuises n entra home
Fors le ladre quifist que some.
Fine Rolls, I, p. 483 (1303) — Cf. Bâtes, The part, descr. of the county oj
Somerset, 19 10, p. 96.
1. Rotalia et Castomaria abbatial beatz Mariae Gtastoniae (Somerset
Records V, p. 136.
2. Calendar of papal Registers, I, p. 13 (1203), II, p. 569 (1355).
3. Catalogues ofanc. Deeds B 727 (1209) — Dugdale, Monasticon Angl.,
p. 884.2-885.1.
4. A certains jours, elle ne l'est pas. Le cours de la rivière a d'ailleurs
été rectifié pour les besoins d'un commerce local important, surtout celui
de l'étain.
27S /. Loth.
Avant son arrivée, les barons de Cornouaille, sur de fausses
indications de Tristan, s'étaient embourbés dans la rivière.
Aujourd'hui même, à marée basse, on ne peut traverser à
cheval. L'atterrissage sur la rive de Kea est encore une opéra-
tion difficile en raison des vases qui s'y accumulent. A ne
prendre que Béroul, il semblerait qu'il y ait eu une sorte de
pont en planches sur lequel les piétons pouvaient à la rigueur
traverser1. D'après la version de Gottfried de Strasbourg et
par conséquent, suivant toute vraisemblance, celle de Tho-
mas, on faisait une partie du trajet en barque. Il est pro-
bable qu'il y avait sur les deux rives, une sorte d'apponte-
ment permettant aux -bacs faisant le passage de prendre les
voyageurs et de les débarquer. Iseut connaissait d'avance les
difficultés du passage, car en faisant avertir Tristan de se trou-
ver au Mal Pas, elle fait la remarque :
G'i soUai ja un poi mes aras.
La Blanche Lande 2 est le nom d'un important manoir qui
s'étendait sur une partie notable de la paroisse actuelle de
Kea 5 et même un peu sur Kenwyn. Kea est sur la rive droite
de la rivière de Truro, en face Malpas. La situation de Blan-
chelande est précisée dans YExtenta manorum de 1345 4, entre
les manoirs de Landege (Lamidege), aujourd'hui Old Kea, et de
Tregavethan, en Kenwyn. On s'accorde à fixer à Nansavel-
lan en Kea le siège du manoir et la principale demeure de la
famille des Alba Landa qui s'éteignit dans le cours du
1. Il est possible que suivant la voie de la côte pour venir de Lancien,
il avait d'abord traversé sur un pont, la rivière de Tresilian, pour .arriver à
Moresc, auj. Saint-Clement's, où se trouve le Mal Pas.
2. La première mention que j'aie trouvée de ce manoir est de 1306
(Feudal Aids I, p. 204) : Blaunchelound in Rostuget, cf. Calemlar of Inquis.
VII, Edward IV, p. 276.
3. C'est notre Saint-Quay; avec le préfixe to-, on a eu Lan-dege ; en
Devon, Lami-hey (Lan-ke); en Somerset : Lan-to-cai en 725 (J. Loth, Les
noms des saints bretons, p. 20).
4. Dans un manuscrit inédit du Dncbv of Cornwaïl office, à Londres.
Romans de lu Table ronde. 279
xivc siècle '. En venant de Lancien qui est à 7 ou 8 lieues de
h rivière de Truro, le long de la côte, ce qui paraît d'après
certains itinéraires peu précis, il est vrai, du moyen âge, avoir
été la voie peut-être la plus suivie % il fallait traverser le
Mal Pas, soit de la rive de Saint-Nicholas de Penkevil, soit de
celle de Saint-Clément's, pour arriver à la Blanche Lande qui
était à peu de distance du point d'atterrissage 5.
Il y a d'autres noms de lieux français non loin de là : à
quelques lieues au nord-est de Truro, on remarque la paroisse
de Grampound, un peu plus au nord, celle de Roche 4.
Blanche Lande est vraisemblablement la traduction d'un
nom comique, comme c'est le cas, nous venons de le voir,
pour la Blanchland du Carmarthenshire, comme c'est le cas pour
Grampound, dont le nom comique était encore au moyen âge,
Pons mur {Pont grand) >. Lan, lieu consacré, monastère,
église, a été souvent confondu par les Anglais avec leur land,
et par les Français avec lande. De même qu'il existait, en
Cornwall, un Lan -du (le monastère ou l'église noire), il a pu
exister un Lan-iuen ou Gwen-lan (monastère ou église
blanche), qui aura été interprété Blanche Lande. Quant au
choix de la Blanche Lande pour être le lieu du jugement
d'Iseut, j'avais pensé d'abord qu'il avait pu être déterminé par
la présence, à côté, en Kea, de Caer-kghion (Carlyou, actuel-
lement) : ce Caer-leghion avait pu être une des résidences des
rois de Cornwall ; le souvenir d'Arthur y était peut-être atta-
ché. C'était en tout cas, semble-t-il, un endroit fréquenté par
1. Compl. par. hist. ofCornivall, d'après Hais et Tonkyn, II, p. 315, 316,
3 17-
2. C'était la voie obligée si le cortège venait de certains points du domaine
de Lancien, comme Bodrugan.
3. Dans le Tristan de Thomas, éd. Bédier, I, vers 2177, la Blanche
Lande est mise en Petite-Bretagne. C'est une erreur évidente. La géogra-
phie de Thomas est des plus confuses pour les pays du sud-ouest de l'An-
gleterre .
4. La principale foire de Bodmin, au xme siècle, s'appelait la Long[u]e
Feyre. J'ai cité plus haut Noir Fait . Il y a aujourd'hui encore près du
Cap Cornwall (au moven âge, le Cape Cornwall) les Brisons (The Bri-
sons).
5. Complète par. Hist . of Cormuall , II, p. 112.
28o /. Loi h.
le chef du pays du temps de Marc, car, comme nous l'avons
vu plus haut, Iseut connaissait les difficultés du Mal Pas. Or,
Blanche Lande, au moyen âge (15 15 et antérieurement)
dépendait du manoir de Restronguet que nous savons avoir
été un fief du comte de Mortain ', c'est-à-dire, à l'époque de
la conquête, un fief du domaine royal. Il me paraît possible
que Rostuget dans une charte concernant Blanchelande (Blan-
cheland in Rostuget : v. p. 278, note 2) soit à corriger en Ros-
t rouget. En tout cas, il semble certain que Blanchelande a été
une des résidences des anciens rois de Dumnonia, c'est-à-dire
de Devon et Cornwall.
La forêt de Morrois, où se réfugièrent Tristan et Iseut après
la découverte de leurs amours, avait été non sans apparence
de raison, identifiée, quant au nom, avec le pays de Morav,
en Ecosse 2. Il faut la restituer au Cornwall. Morrois me
paraît être Moresc ou Saint-Clement's, prèsTruro, où se trouve
le Mal Pas. Morrois se présente presque toujours avec deux r;
Moresc paraît bien primitivement les avoir eus aussi. En
1205, c'est Morres 5 ; vers 13 19, on trouve encore Morres *,
Aussi ne faut-il pas hésiter à corriger le Moireis du Domesdav
Book, qui incontestablement, de l'aveu de tout le monde, est
le Moresc actuel, en Morreis. Morreis indique une prononciation
anglo-saxonne régulière Morrei du comique Morresc, en suppo-
sant les formes actuelles sincères ; sur cette prononciation de se
après une voyelle palatale, je renvoie à l'excellent Livre de Biil-
bring A Itengliscbes Elementarbuch^ 506-5 12. Quant àlagraphie
s pour se (sb), elle n'est pas rare. Page dans sa Victoria History
of Devon sbire., p. 38, en fait la remarque. Dans le fac-similé
1 . Je dois ces détails sur ces manoirs au Rév. Taylor. Le manoir de
Restronguet est en Mylor, à peu de distance de Kea.
2. F. Lot, Etudes sur la provenance du cycle arthurien, pp. 14 et suiv. —
Cf. J. Loth, le roi Loth îles romans delà Table ronde (Rev. Celt., XVI, p. 84).
3. Calendar of Fine Rolls. I, p. 279, Henry, évêque d'Exeter, donne à
Saint-Michel de Cornwall diverses terres en Devon et Cornwall, notam-
ment Morres et Saint-Hilary .
4. Calendar of Inqu., XI, p. 123. Il s'agit d'une contestation au sujet de
l'âge de Ralph fils d'Alan Bloyou, seigneur de Cornwall. Parmi les signa-
tures figure Morres ; le nom de baptême est effacé.
Romans de la Table ronde. 281
en photozinco-gravure du Domesday Book pour Somerset (X,
2), je relève Brentemerse (merse représente marsh actuel). Une
forme plus frappante encore est Brentemareis. On trouve aussi
Moreis en 1205 '. C'est la forme que donne le Tristan en
prose 2. La forme Moresh se montre en 1303 3 et n'est pas
rare depuis. Ce manoir fort important était pourvu d'un châ-
teau-fort existant encore du temps de William de Worcester
(1478 : Castellum de Morysh).
C'est la forme anglo-saxonne, qu'ont certainement connue
les conteurs français.
Il n'y a pas de raison impérieuse de douter de la sincérité
de la forme Moresh; ce serait la forme comique. Le Moresck cor-
nique peut être pour une forme plus ancienne Morresc pour
mor-hesc, roseau de mer, irlandais moderne muir-seisc (prononcer
besc, avec se palatal), gallois tnor-hesg 4, même sens. Mais je suis
porté à croire que Moresc. pour Morresc remonte plutôt à une
forme vieille comique mor-roisc, absolument identique à l'ir-
landais, imiir-riasg, vieux celtique mori-reisco- : Dinneen (Jrish-
Engl-Dict.'), le traduit par sea-marsh, ce qui va parfaitement à la
situation de Moresh (S1 Clement's). Seul, en irlandais, riasg a un
sens analogue : moor, fen. En gaélique d'Ecosse, il en est de
même5. Suivant les lois de la phonétique comique, les diph-
tongues se réduisent à une voyelle simple. La composition du
mot n'étant pas sentie (roisc a disparu du comique comme du
gallois), l'accent a été de bonne heure sur Dior : dans ce cas la
diphtongue, étant posttonique, fait place à une voyelle brève :
moyen-cornique compes=coinpois, gallois cymhwys, haut-vanne-
tais campouis, mais ailleurs en breton, comme en comique,
1. Çalendar of documents, France, I, a. 2S0. Mathilde de Meulan donne
au mont Saint-Michel-de-Cornwall une villa de Moreis, près de la fontaine
de Saint-Clément . En 1294, c'est encore Mores.
2. Bédier, Le roman de Tristan, II, app., p. 362.
3. Calendar of Fine Rolls, p. 483.
4. Hesc, en breton, désigne plus spécialement la lèche, herbe très cou-
pante ( — *sec-scà). En comique, dans le Vocabul. du commencement du
xme siècle, bersh-en traduit par canna vel arundo.
5. Macbain, Gaelic Dict. lui donne les sens de moor with sedge, land
covered with sedge or dirk-grass.
282 /. Loth.
rompes, du latin compësus (compensas) ; au contraire, le subs-
tantif composter subit bien une réduction de la seconde
voyelle de la diphtongue au profit de la première, mais
garde cette dernière parce que la diphtongue est accentuée.
Il y a un pendant à Moresc= Morroisc; c'sst le nom d'Exeter
en comique, donné par Edw. Lhwyd et d'autres : Car-esk pour
Cair-oisc : cf. gallois wysc de Eisca qui nous est donné par des
écrivains grecs et latins sous les formes Isca (Isca Silurum,
Isca Ditmnoniorum). Quant aux deux rr, réduits à un seul r,
c'est un tait conforme à le phonétique du moyen-comique.
Il ne fait aucune différence entre deux r ou deux / dans l'inté-
rieur du mot entre voyelles : on trouve deux liquides là où
étymologiquement il n'y en a qu'une seule et inversement.
Par suite de la réduction de la diphtongue, il y a eu vrai-
semblablement aussi confusion avec un mot de sens ana-
logue cité plus haut : morde pour mor-hesc, roseau de mer.
Par suite de la présence du i dans mor-roisc, se a dû se pro-
noncer palatal, à peu près s. En comique la sifflante même, si
elle provient de / au d, précédée d'une diphtongue avec i
comme deuxième élément, est palatalisée; cos, bois, ancienne-
ment coit, s'est prononcé de bonne heure cots; il s'écrivait
souvent coys. Il est vraisemblable que, même en vieux-cor-
nique, mor-roisc se prononçait à peu près mor-rois.
Le manor de Moresc était encore fort boisé à la fin du xie
siècle : le Domesday Book lui donne 200 acres de bois contre
100 ares de pâture. On ne peut néanmoins établir d'après le
Domesday Book l'existence d'une grande forêt autour de ce
manoir. Nulle part, en Cornwall, ce document ne mentionne
de vaste étendue sous bois, quoiqu'il indique en général la
contenance en bois de chaque manoir. Mais il n'y a
aucune conclusion à en tirer. En effet, dans le Domes-
day Book, comme dans beaucoup de documents du xne et
du xme siècle, le terme de forêt, au point de vue doma-
nial, indique que l'étendue de bois ainsi désignée est réservée
aux plaisirs du roi ou du grand propriétaire, et que le paysan
n'a pas le droit de la cultiver. Tout le Cornwal fut sous la
loi dite forestière jusqu'au règne de Jean-sans-terre !.
1. Pearson, Historical maps ofEiigland, p. 49.
Romans de la Table ronde. 2S}
Il y a cependant un sérieux indice qu'il y a eu une grande
zone de bois entrecoupée de rivières, bras de mer. marais,
landes et bruyères, depuis Moresk (peut-être de plus haut,
depuis Lancien), jusqu'à Constantine sur le bras de mer de
Helford d'un côté et jusqu'au mont Saint Michel de Cornwall
de l'autre. Le Rev. Taylor à qui j'ai dû plus haut mes connais-
sances sur Parva Lantien, et qui ne doute pas que je n'aie
raison dans mon identification de Morrois, appelle mon atten-
tion sur un fait important : c'est que le manor qui englobait la
paroisse actuelle de Constantine s'appelait Trecut, écrit aussi
Tricot[t], Tucowit, mais aujourd'hui Trecoycs, ce qui signifie
clairement, la démettre du bois ou dans le bois l. Or, Treeoit,
comme Morreis, avait pour seigneur le comte de Cornwall et,
ce qui est également digne de remarque, Treeoit était en réa-
lité, la propriété du Breton Wïbumarc : la suzeraineté du
comte de Cornwall n'était probablement que nominale. Ces
faits éclairent d'un jour éclatant un passage de Béroul qui n'a
pas été compris, et ce passage à son tour, bien interprété,
confirme mon hypothèse sur l'étendue de la forêt de Morrois. •
L'ermite Ogrin, chez Béroul, conversant avec Tristan dans
la forêt de Morrois, en plein Cornwall, lui rappelle le fameux
saut de la chapelle {y. 2384) :
Tel saut feistes qu'il na honte,
se il le vit n'en ait hisdor
De Costantin entres qu'a Rome.
M. Muret — ce en quoi, il était fort excusable — en a
conclut que Béroul est du Cotentin normand.
Comparer un pays à une ville a déjà quelque chose d'anor-
mal. Il est également invraisemblable que Béroul mettant la
scène en Cornwall ait eu une pareille idée. En tout cas, il
1 . La forme actuelle suffirait à établir qu'il faut préférer Treeoit ou Trecut
Le comique de bonne heure réduit la diphtongue oi ni à la première voyelle,
la dentale finale estassibilée et se prononce palatale à cause de ïi précédent :
au lieu de Tre-coit on a prononcé Trecos ou mieux Trecoti ou Trecuts
L'Exon Domesday aussi donne un manor de Ticoit (Ticoith) toi. 247 b. Il
est probable qu'on prononce Tre-godj\ autrement, si c'est Trecodj, il faudrait
284 /• Loth.
est évident que l'auteur primitif n'a pu prendre comme point
de comparaison un pays étranger situé au loin sur le con-
tinent. La source de Béroul devait porter Costentin, mais un
Costentin deCornwall. Or, il y en a un, écrit aujourd'hui Cons-
tantine, paroisse qui atteint le bras de mer de Helford, au sud-
est de Moresk, à cinq ou six milles de Falmouth. Ce nom est
écrit au xe siècle Custentin s — Côstantinus, vieux breton Cus-
tentin. Il a été écrit sûrement de bonne heure Costentin : dans
les Maniiniissions on the Bodmin Gospel qui sont du xie siècle,
avant la conquête de Guillaume, on trouve parmi les témoins
Custentin', le nom est également écrit Costentin; on a prononcé
de bonne heure Costentin, comme en fait toi le nom de lieu
Tre-gesteyntxn en 1386 et aussi Tre-gostenlin, la demeure de
Kôstentin. On trouve encore Constantinus dans le Domesday
Book (Constantine actuelle) comme propriétaire de terres. On
a vu plus haut que le nianor qui englobait Costentin était
Trecoit, la demeure du bois, et que son seigneur était en
même temps maître de Morreis. Il est tout naturel qu'Ogrin
ait pris comme terme de comparaison l'extrémité même de
la forêt où il vit. Peut-être aussi le conteur primitif vivait-il
à l'ombre du manoir de Trecoit et voulait-il faire sa cour au
maître de ce lieu et de Morreis; peut-être encore était-il con-
teur attitré de Wihumarc ou d'un de ses descendants '.
Si Ogrin a voulu prendre comme terme de comparaison un
des points les plus reculés du Cornwall par rapport à Rome,
il y a un autre Constantine qui conviendrait encore mieux : c'est
Saint-Constantin e en Merryn, à peu de distance de la rive
gauche de la rivière Camel, à l'est de Cornwall, à quelques
lieues au sud de Tintagel. La baie qui touche s'appelle
Constantine Bay. L'église envahie par les sables a été aban-
donnée (Compl. par. hisl. III, p. 318).
Quand le roi Marc accepte de reprendre Iseut et que les
amants vont quitter la forêt, Ogrin va faire des achats pale-
froi, étoffes) pour la reine, au Mont (v. 2735)
supposer Treg-(Trig-)-coit\ trig pour treg est un terme fréquent dans les
noms de lieu et signifie séjour, lieu de séjour. La graphie Tricoit me ferait
pencher pour cette hypothèse.
1. Tre-gostentin étant en Lanlivery, à un mille et demi, au nord-
ouest de Lancien, mérite d'être signalé.
Romans de la Table ronde. 285
Il est certain qu'il s'agit du Mont Saint-Michel de Corn-
wall, dans la paroisse actuelle d'Hilary, sur la baie de Pen-
zance.
Le mont n'est pas loin de Constantine et n'est pas à une
grande distance non plus de Moresk. Le nom comique du
mont est : Karrek lu% en Ku~, écrit aussi d'après une ortho-
graphe plus usuelle Carrée lowçe en Caws ; il est exactement
traduit par l'auteur anonyme de la grande Parochial History
of Cornwall (II, p. 210) : The hoary rock in the zvood, le rocher
grisâtre dans le bois1. Ce terme curieux semble bien indi-
quer qu'il était à l'extrémité d'une grande forêt dont il n'était
pas séparé à marée basse. Près de là, à Helston, le Domes-
day Book signale un bois d'une lieue de long 2.
D'après Pearson ', il serait certain, à la suite des travaux
des géologues, que le mont, à l'époque historique, était
bordé de bois. Le mont Saint-Michel de Cornwall avait été
donné par Robert, comte de Mortain, en 1105, au mont
Saint-Michel de Normandie. Saint-Michel de Cornwall fut
l'objet de nombreuses faveurs et donations. Robert de Mortain
lui avait attribué des terres assez importantes en Cornwall et
l'autorisation de tenir un marché tous les jeudis 4 ; Richard Ier
autorisa les moines à tenir en plus trois foires annuelles5.
Henry, évêque d'Exeter, en 1205 é, leur fait don de diverses
églises en Devon et Cornwall, notamment de Morres et de
Saint-Hilary dans ce dernier pays, pour l'entretien des pèle-
rins et des hôtes. On comprend facilement qu'Ogrin pour faire
ses achats se soit rendu à un centre de foires et de com-
merce si connu, le seul probablement dans un rayon étendu,
dans ce pays de landes et de bruyères qu'est le Cornwall.
1. On a dit que ce terme se serait appliqué d'abord au mont Saint-Mi-
chel de Normandie et plus tard par erreur à celui de Cornwall ; ce n'est pas
vraisemblable. Max Mùller a écrit un Essay sur The Insulation of Saint-Mi-
chaels mount. Il est probable que les auteurs de l'hvpothèse que je viens de
citer ont entendu parler de la fabuleuse forêt du mont Saint-Michel.
2. La leuca, à cette époque, paraît valoir un mille et demi de long.
3. Historical maps, p. 1, col. 2.
4. Calendar of Doc, France, p. 256, 265.
5. D'après Complète par. hist. of Cornioall , II, p. 206.
6. Calend. oj Doc, France, I, p. 279.
Bévue Celtique, XXXIII. 19
286 /. Loth.
Sur les pays d'origine de Tristan, on est en présence de
versions contradictoires. Eilhart d'Oberg (probablement
Béroul) et le Roman en prose font du père de Tristan, Riva-
len,un roi de Léonais ou Loenois. Gottfried de Strasbourg, s'ap-
puyant sur Thomas, le fait roi d'Ermenie : « plusieurs pré-
tendent qu'il était de la terre de Loonnois et roi sur ce pays :
mais croyez-en Thomas, qui l'a lu dans Yestoire, il était roi
d'Ermenie. La leçon Parmenie de Gottfried est évidemment à
corriger en Harmenie. » La saga fait de Rivalen un seigneur
de Bretagne, mais fait d'Enncnia une ville de Bretagne ayant
appartenu à Rivalen. Sir Tristrem donne Ermonie. Le frag-
ment en bas-allemand publié par Titz (Zeitschrift f. deutsches
Alt. XXV, p. 250, 125) donne Armonie ou Àrmenye l.
Loonois ou Ermenie, le pays de Tristan, est situé en Grande-
Bretagne, d'après Eilhart d'Oberg et Thomas. D'après Tho-
mas, Marc règne même non seulement sur la Cornouaille,
mais encore sur toute l'Angleterre. Quant à Rivalen, tout
en étant roi d'Ermenie, il tiendrait le Loonois, à titre de
fief, et son suzerain serait Morgan, duc de Bretagne. Le
Roman en prose ajoute que le Loonois marchisoit à la terre de
Cornouaille2 .
En résumé, c'est en Grande-Bretagne qu'il faut chercher la
patrie de Tristan, et même, semble-t-il, non loin du Corn-
wall. Le Loonois a été identifié par F. Lot, avec le Lothian,
en Ecosse5. Il n'est pas impossible non plus que ce pays ait
désigné la région de Caerlleon sur Wysc dont la situation
conviendrait mieux. D'après Gottfried, Rivalen traverse la
mer pour aller voir Marc. Cette région n'est pas loin du Corn-
wall. On peut même dire qu'à l'époque où le pays de Somer-
set était encore indépendant des Anglo-saxons, le royaume
de Dumnonia comprenant le Devon et le Cornwall était limi-
trophe du Sud-Galles. Au début du vme siècle, Gèrent
1. Pour ces formes et sources, v. Bédier, Tristan, I, p. 2, 3 ; II, p.
194.
2. Bédier, Tristan, II, p. 194, 195.
3. Remania, XXV, 16 ; XXVII, 608; cf. J. Loth, Revue Celt., 189s, p.
86.
Romans de la Table ronde. 287
(Geruntius) était roi de Dumnonia et est salué comme tel
par Pévêque Adhelm '. Le pays de Somerset ne semble pas
avoir été occupé par les Saxons avant le vne siècle ; vers la
fin de ce siècle, on y parlait les deux langues brittonique et
saxonne2.
Le nom d'Ermenie me paraît beaucoup plus important que
celui de Loonois s, lequel est plus connu et prête à confusion à
cause de sa ressemblance avec le Léon de Bretagne. Comme
d'autres j'ai cherché l'Ermenie fort loin. Peut-être, et c'est plus
conforme à la tradition telle que nous l'avons constatée plus
haut, faut-il encore ici se rabattre sur le Cornwall et ses
confins. Il y a en tout cas un nom qui le rappelle singu-
lièrement, sur les confins de Devon et Cornwall. sur la
rive droite de la grande rivière Tamar : c'est Harmony en
Tamerton (sur la rive opposée, en Devon, il y aussi un
Tamerton). La forme Parmenie de Gottfried ne peut guère
s'expliquer que par une forme Harmenic. On est donc en
présence de deux formes : Hermmie et Ermenie, [H]ennoiiie,
Ermonie, ou même Armonie. Le Rév. Taylor, sans se laisser
guider par d'autres considérations que l'ordre même de distri-
bution des manoirs dans le Domesday Book et des arguments
d'ordre topographique, est d'avis que le manoir dénommé
Ermenheu dans YExchtquer Domesday, et plus exactement Hir-
meneu dans YExon Domesday, est représenté aujourd'hui par le
village de Harmony.
Malheureusement les formes intermédiaires manquent. Ce
qui rend cette identification fort séduisante, c'est que Er- ou
Her-meneu serait sans doute en vieux comique : Hir-moniu.
Le Mynyw ou Saint David' s des Gallois était au ixe-xe siècle :
Mon in : Moniu signifie buisson : Hen-moniu est traduit par vêtus
Rubus. Il est identique à l'irlandais muine. Ce nom d'Er- ou
Hir-moniu a bien pu rester sous la forme Harmony (Hermony)
dans la région nord-ouest où le comique a disparu de très
1. Patrol. Lat., LXXX1X, 87-82.
2. J. Loth, Le Brittonique eu Somerset à la fin du VIIe et au commencement
du Vllte siècle {Revue Celt., XX, 340).
3. Il faut remarquer qu'on a non seulement Carleon et Carlyon mais
aussi Carloon.
288 /. Loih.
bonne heure. En pays resté de langue comique, à l'époque
moderne, la terminaison -ïw non accentuée, fût demeurée
-ow l : on eût eu, dans la prononciation, mais non probable-
ment, dans l'écriture « Er » ou Her-tnenow. La forme du
roman en prose, la Grani Hermenie, confirme curieusement la
forme Her-nieneu, le Long Buisson, le Long nieniu. L'évolution
de Hir en Her, en composition, peut se comparer à celle de
Trig, donnant Treg. Tir, terre, en premier terme, est écrit
Ter- dans Terradenec (terre à fougère), à la fin du xme siècle
(Catalogue of ancient Deeds, I, A. 226). La situation de Her-
menie2 est tellement imprécise dans les versions où ce nom
apparaît qu'il n'y a rien à en tirer contre mon identification \
Une hypothèse est encore possible, c'est que Hermonie soit
une méprise pour Hen-iiioniu, lu Her-moniu, et qu'il s'agisse
de la région de Saint-David's. Dans le roman de Béroul (éd.
Muret, vers 2762), le roi Marc demande à Tristan déguisé en
lépreux d'où il est, Tristan répond :
De Carloon fil\ d'un Galois.
Marie de France donne également le Sud-Galles (Suth-
wales), comme la patrie de Tristan.
La géographie du roman s'explique assez bien dans cette
hypothèse.
Parmi les noms propres, il y en a un qui mérite l'attention :
c'est le nom du fameux sénéchal de Marc, Dinas de Lidan. Je
suis sur ce point de l'avis de F. Lot4 : on a pris le Pirée
pour un homme. Il est de toute impossibilité que Dinas seul
soit un nom d'homme. C'est un des noms de lieux les plus
répandus du Cornwall 5. Dinas en comique comme en gallois
1. Cf. Kernow, le Cornwall, pour Kerneiv, Kernizc.
2. Il me paraît sûr que la source de Gottfried devait avoir Hermenie ou
Harmonie.
3. Cf. Bédier, Le roman de Tristan, I, pp. 255-256, note.
4. Roman ia, XXIV, 359.
5 . Les Dinas et Pen-dinas (écrit aussi Pendennis) sont nombreux. Un mérite
surtout l'attention. William de Worcester, dans son Itinéraire (1478) ;
Compi. par. hist., IV, app. p. 94) à propos du Caslelan Dynas en Saint-Co-
lumb Major, dit : Castellum Dynas super altum montem dirutum, fons in
Romans de la Table ronde. 289
signifie forteresse^ cité forte. En pays brittonique, Galles, Corn-
wall, Bretagne armoricaine, quand on voulait indiquer la
résidence de quelqu'un, on faisait suivre son nom du nom de
lieu sans préposition. Ici, le nom du personnage me paraît
être Dinan. C'est le nom de la puissante famille dont la prin-
cipale résidence était Car-Dinan (jCaer-Dinan) aujourd'hui
Cardinham, près Bodmin. Dinan est également donné comme
une possession de Dinas de Lydan1. Si ce personnage était
originaire de Dinas que la source distinguait en l'appelant
lidan, large, ample, ou y résidait, on devait dire couramment
Dinan Dinas Lidan 2 (cf. plus loin Rivalen Kanelangres). Le
nom de Dinan est assez curieusement associé à celui de Dinas-
Ie ou de Pen-dinas en Saint-Ives (dont le vrai nom est Porth-
Ie, écrit Protb-Ia), dans une légende rapportée par Lelant :
un Dinan, grand seigneur en Cornwall, aurait bâti une église
à Pen-Dinas en Saint-Ives, à la requête de Saint-la ou Iva, qui,
avec Ehvine, avait abordé, venant d'Irlande, à Pen-dinas :
c'est écrit, dit Lelant, dans la légende d'Iva K
Mais le Dinas qui mérite le plus d'attention, c'est Dinas
en Saint-Anthony in Kerrier, au sud-est du Cornwall. Il y a
là deux retranchements appelés Great and Little Dinas (écrit
aussi Dennisf D'après Tonkin, le promontoire est appelé Little
par suite de sa ressemblance avec Pen-dinas (Pendennis) en
Budock-Falmouth 4. Dinas (Dennis) était compris dans le
manoir de Porthla Prior et dépendait donc, comme ce manoir,
de Tywardreath dont j'ai relevé l'importance > à propos de
Lancien. Il est regrettable que les termes comiques pour grand
et petit ne nous aient pas été conservés. Pour Little Dinas nous
medio castri ubi Tador (leg. CaJor) aux Cornubiae, marilus matris Arturi
fuit occisus, juxta villam Sli Columhae. Il y a un autre castle an Dyncts en
Ludgvan, etc.
1. Muret, Le roman de Tristan, vers 1085, 11 33, 2851 (et glossaire, à
Dinan).
2. Il y a dans une charte anglo-saxonne de 969 (de Gray-Birch, Char-
tul. saxon., n° 1231) un Caer Lydan, en Cornwall, mais dont la situation
n'est pas certaine ; peut-être Car-lidden en S'-Austel.
3. A compl. par. hist. of Cornwall, II, p. 266.
4. Complète par. hist. ofCormv., I, p. 63.
5. Tbid., p. 35.
290 /. Loth.
aurions eu sans doute Dinas vyan ; et peut-être pour Great
Dinas, Dinas Lydan. Il importe de remarquer qu'il n'existe
pas de Dinas en Armorique. Bien plus : la graphie Dynas1
du Roman en prose est vraisemblablement comique. L'ï long
s'écrit régulièrement en comique y, comme en moyen-
anglais. — Les Gallois qui, comme les Cornouaillais, ont
emprunté y aux Anglo-saxons, ne l'emploient que pour
ï bref. Dans Dinas, i est long.
Le nom de Tristan a été porté par une famille qui paraît
avoir été assez nombreuse et importante en Cornwall, les
Trestan (écrit à l'anglaise Trestane), mais je ne sais à quelle
date il apparaît pour la première fois, ni quelle est la forme
primitive du nom.
L'étude des noms propres d'hommes dans le roman de
Tristan ne fait que confirmer les données fournies par les noms
de lieux : ils se retrouvent à peu près tous, français, anglais
ou brittoniques, en Cornwall ou dans le voisinage.
Parmis les noms propres français, il n'y en a que deux qui
soient rares : Estait l'orgueilleux, et Petimi, nom du chien de
Tristan. Estult est vraisemblablement le même nom que
Esturt, nom d'un vassal du comte de Mortain % en Somerset-
shire.
Peticru est un nom très répandu dans le sud-ouest de l'An-
gleterre, notamment en Cornwall. Joh. Peticru est l'objet
des faveurs du prieur de Saint-Peter de Bath, en 1265 3. En
Cornwall, dans un acte de 1302, paraît un Thomas Peticru \ le
même personnage est juré à Lostwithiel en 1303. Il y a eu
un manoir de ce nom en Gerrans, sur la Manche, à l'est du
Cornwall4, connu sous la forme de Pettigrew 4. C'est un nom
encore répandu aujourd'hui sous cette forme en Angleterre.
1. Bédier, Le Roman de Tristan, II, appendice I, p. 371. A remarquer la
tournure : a ung chastel qui est cy près, qui est Dynas, ce qui prête à une
double interprétation.
2. Le comte de Mortain était aussi comte de Cornwall. Esturt est
mentionné dans le Domesday Book pour Somerset {Fac-similé en photo-
^incogravure, 1862, XIII).
3 . Hunt, Two chart. of the Priory of St. Peter at Bath, 1893 : 2e Chart.,
P- 173 -
4. Complète par. lu 'st. of Connu., II, p. 76.
Romans de la Table ronde. 291
L'influence des Anglo-saxons se manifeste surtout dans le
nom du philtre d'amour ehexBéroul : Loucvendris et Lovendrani
pour Lovendrinc et Lovendranc '. Ce terme avait été sans doute
adopté par les Cornouaillais de langue hrittonique eux-mêmes.
11 va déjà d'importants emprunts anglo-saxons dans le Voca-
bularimn cornicum dont le manuscrit est du commencement
du xme siècle, mais qui est vraisemblablement une copie
d'un manuscrit du xne siècle. Il est, en revanche, fort pos-
sible que le terme anglo-saxon ait supplanté un mot cor-
nique du même sens. On connaissait en Cornwall, l'herbe
if amour : dans le Voc. corn., c'est les-serchoc (herbe amoureuse
qui donne l'amour), glosant lappa. Actuellement encore, en
Basse-Bretagne, on croit à la vertu en quelque sorte amoureuse,
de breuvages où entrent certaines herbes, et on en a même
usé à ma connaissance, dans mon propre pays, vis-à-vis de
jeunes filles, dans une intention des plus blâmables.
L'arc de Tristan, Y Arc-qui-ne faut, dont parle Béroul, leur
appartient, comme l'a fait remarquer M. Muret (Le roman de
Tristan, Préface, ix). Une tradition recueillie par Geffrei Gai-
mar, dans son Estoire des Engîes (écrite entre 1147 et 1151)
attribuait l'assassinat du roi Eadmund (en 10 16) à XArc-qui-
ne-faut, dressé par le traitre Eadric.
C'est par les Anglais, vraisemblablement, que les Français
ont connu Lantienet Tintagel avec les prononciations Lantsien,
et Tintad'pl1. La graphie Morreis et Morrois leur parait due
également. C'est à eux qu'il faut restituer soit Andret, soit
Audred. Andret ou Andred est un nom de lieu répandu en An-
gleterre, inconnu en Galles et en Armorique 5 : Andredes-ceaster,
Andredes leage4, Andredes uuda >, en Kent; Andredes-ye6 (île)
1 . Il y a un prieur de Landewednack au xive siècle du nom de Joh .
Lowedrem qu'on serait tenté de lire Lovedrenc {Grandissait Reg. II, p. 536,
dans Epi scop. Reg. ofthedioc. ofExeter).
2. E et 0 dans Tintagel, tintajol, représentent un son intermédiaire entre
ô et 0, v. plus haut.
3. Efbélwearâi Chron. I, apud Pétrie, Mon. hist. brit., p. 503.
4. Chronique anglo-sax., année 476, ibid.,p. 500.
5 . Etbehcerdi chr. ni, ibid . , p . 518.
6. Hunt, Two Cbart.; 2e Clart., p. 358(1273).
292 /. Loth.
près Glastonburv. On trouve Andréa seul '. Ce nom a été
déjà confondu en anglo-saxon, avec celui à' Aldred : c'est ainsi
que dans la chronique d'Ethehverd (composée entre 975 et
ion), au lieu à'Andredes-lege, on a Aldredes-Jeage2. Il est
donc fort possible que la forme du nom du traître qui
varie entre Andréa et Audret ait été d'abord Andret. En tout
cas, Audret, si la forme n'est pas évoluée â'Andred, représente
le nom anglo-saxon très connu Aldred, avec la vocalisation
française de /. Deux évêques de Saint-German's en Cormvall
ont porté ce nom avant la conquête. Il apparaît fréquem-
ment dans YExon Domesday (IV, 1, 6, 11, 12, 16, 18,
70, 398, 144 etc). Audret, contrairement à l'opinion reçue,
ne peut être breton. Ce nom n'a rien à faire avec le breton
Autret, malgré les apparences. Suivant une loi bien connue,
en breton / se vocalise dans l'unique cas où elle est suivie
immédiatemment de / ou d, mais alors le résultat est voyelle
-f- /, jamais d, même si rfest étymologique : c'est ainsi quecal-
daria, chaudron: après avoir été caltor, devient et est aujour-
d'hui encore caoter, dialectalement coter : le d de caldâria est
traité comme le / de altâre qui passant par allor est arrivé à
aoter. Le nom breton Autret remonte au vieux-breton Alt-
rit, Alt-ret. Quant à la vocalisation de / devant t ou d en
breton, elle ne paraît pas antérieure à la fin du xne ou au
commencement du xme. Elle est inconnue en comique, et
en gallois. La forme Audret pour Aldred est due aux Français.
De même Alter-non (autel de Nonn, mère de saint Dewi,
nom d'une paroisse du Cormvall), est encore aujourd'hui Alter-
mtn, mais, au moyen-âge, à diverses reprises, ce nom apparaît
sous la forme française Autrenon 3.
Gondoine est d'origine germanique et a pu venir du conti-
nent, mais il est fort possible que ce soit une forme altérée de
Godwin : ce nom anglo-saxon se trouve sous la forme Godc-
wine chez Geffrei Geimar, Estoirè des Engks, vers 4801, 4814
1 . Chron. anglo-sax., année 755, 891 .
2. Lib. I, ap. Pétrie, Mou., p. 503.
3. Catalogue of anc Deeds, III, A. 6004 (34 année d'Edward Ier) —
L Autret breton a dû exister en Cormvall ; on le trouve, en effet, sous la
forme Otret (de Saint Newlvn), en 1 301-2 (Assise Rolls, 118).
Romans de la Table ronde 293
(cf. Pétrie, Mon., p. 822, col 1 et 2). En tout cas, Gundewin
et Gunduinus existent dans l'Exon Domesday '. Un Rie. Gund-
ewine paraît également dans une charte du xme siècle, con-
cernant le Glamorgan 2.
Enfin c'est sous une forme anglo-saxonne que le nom du
Cornwall3 est parvenu au français, avec une modification
savante : Cornwàlia est évolué de l'anglo-saxon Corn-wealas.
Pour les rapports des Anglo-saxons avec les Brittons, v. J. Loth,
Des nouvelles théories sur l'origine des romans arthuriens {Revue
(y//., XIII, p. 485-188), cf. plus haut, Contr., I, p. 13; III,
p. 28.
Restent les noms celtiques ou plus exactement brittoniques.
Nous avons vu qu'Eselt est comique, comme Essyllt est
gallois. Il n'apparaît nulle part en Armorique 4 autrement que
sous la forme Iseut, évidemment d'importation française.
Pour Tristan, j'ai été beaucoup tropaffirmatif(Gw/rz7>. 1 1 1),
en soutenant que le nom du héros, sous cette forme, ne pou-
vait être qu'une forme écrite galloise. En gallois du xe et même
du commencement du xr siècle, c'est bien Tristan qui repré-
sente la prononciation Trôstan avec ô bref. Mais en Cornwall,
ont eût eu, l'orthographe étant anglo-saxonne, dès le Xe siècle,
Trystan, avec y anglo-saxon, si \'o de Drostan, Trostan se
prononçait ô : or, il n'y a guère de doute à avoir à ce sujet. Si,
en effet, 0 (u devient dès le xe siècle 0 en comique) a moins de
tendance à s'affaiblir qu'en gallois, il y en a cependant des
exemples, et, en tout cas, 0 (etu) suivi de s -^-consonne, s'affai-
blissait sûrement. Vit long brittonique lui-même est atteint
dans cette situation ; dans les Manumissions on the Bodmin Gos-
pel >, document du x-xie siècle, datant d'avant la conquête, le
1. TomelYdeTéd. in-folio dei8i6, p. 3, 8, 14, 415.
2. Clarke, Cartae et alla munimenta quae ad dominium de Glamorgan per-
tinent, 1885, tomelV, p. 439.
3. Le gallois Cernyw, comique Kernozv (plus anc. Kernew), breton
Kerneo, représentent le vieux brittonique Cornovia .
4. Jean de Dol, en mourant (1 162), confie sa fille Iseut à Raoul de Fou-
gères .
5 . Whitley Stokes, Revue ceît., I, p. 332 et suiv.
294 /• Lotb.
nom Custentin — Cô(n)stantïnus est écrit Custentin et Costen-
liii, ce qui indique uneprononciation Côstentin, qu'on retrouve
au xme siècle dans Tre-gestentyn (la demeure de Côstentin) ■
A plus forte raison, o bref dans le nom de Trostan devait
arriver à un son que les écrivains du Cornwall devaient trans-
crire au x-xie siècle par y anglo-saxon 2. Les écrivains fran-
çais ne connaissant pas la valeur de cette graphie lui ont donné
la valeur d'un i et auront transcrit Trystan par Tristan. Une
forme Trytan avec un y ne peut guère être galloise, avant
le xi-xne siècle 3 .
Parmi les autres noms brittoniques, il n'y en a qu'un qui
paraisse nettement breton-armoricain, et encore unique-
ment par la raison qu'on ne le trouve ni en Galles, ni en Corn-
wall. C'estRoald, leFoitenant, nom du père nourricier de Tris-
tan. Pour le Cornwall, son absence n'a rien de démonstratif.
De bonne heure, sûrement dès l'époque de la conquête nor-
mande, les noms propres d'homme d'origine brittonique
y sont rares; ils sont remplacés par des noms de lieux pré-
cédés d'un nom qui est généralement un nom de baptême.
En Galles même où l'onomastique brittonique jusqu'à l'avè-
nement des Tudors est copieuse, il n'est pas rare que
certains noms d'origine ancienne, courants en Bretagne, ne
soient pas représentés et réciproquement. H. Zimmer a sou-
tenu que Rodait était un emprunt germanique, et qu'il
remontait à Hruodwald. Or, c'est à tout point de vue impos-
sible. Hruodwald eût donné au ixe et au xe siècle, en breton,
Rot-wald ou Rod-walt ;pour t oud, cf. Rot-bert*, au xne siècle
Rot-berth*, devenu au moyen âge Roper\ et Ropar^. Pour le
i . Cf. Gilbert de Costantin in Costantinestun, en Glamorgan (Clark,
Cartae IV,p. 107, année 1262).
2. Cf. dans les Manum. Cyngelt (pour Congelt probablement), Myr-
men(Mormïn, Mermiri), Gyâiccael (bret. Iudicael), Ongynedel (On-cenedfy&u
xe siècle caer Lydan.
3. Le Rennes Dindshenchas (Revue Celt., 1894, p. 427, 39, fait mention
d'un Trostan drài Cruithnecb, Trostan druide Picte (des Pietés d'Irlande).
4 . Ce nom germanique n'apparaît que sur la fin du XIe siècle ; la forme
Rotbert est encore fréquente à cette époque dans le cart. de Redon, à côté
de Robert, forme plus française.
5. Cart. deQuimperIê,èd. Maître et Berthou, p. 218, 1107-1112.
Romans de la Table ronde. 295
sort du second terme ivald,'ùeût été le même que celui de wal
et -walt brittonique. Les noms brittoniques avec -wal, -tuait,
pour second terme, sont nombreux et conservent -wal et -walt
intacts, après une consonne comme après une voyelle, jus-
qu'au xn-xine siècle, en zone bretonnante. Au xe on a assez
fréquemment -gnal ' : exemples, au ixe siècle : Cliit-uual,
Drid-uual, Et-uual, lud-ival, Tut-wal, Uuoet-uital, Reth-miall,
Rit-nuald, Ri tu naît, Uiioct-uualt 2. Il en est de même en Galles
et en Cornwall. Les noms en -wallon, -walloe, -ivant, -ivas,
-wcith, -uiiere, -ivethen, -ivinn, -walatr etc., etc., montrent le
même traitement de -w après consonne ou voyelle.
Inutile d'insister. Je me bornerai à ajouter que Rodait ' ne
figure pas dans les chartes en territoire roman où les signa-
taires portent, en général, des noms germaniques. Je ne l'ai
trouvé qu'une fois, en compagnie d'une majorité de ces noms
En zone bretonnante Rodait (et Rudalt) évoluent régulière-
ment : Rodait au ixe siècle (834, 878); au xic (1046, etc.) —
xii-xme siècle, Rodait (Rudalt) et Rodaud : au XIVe, Roland
et Rou^aud + . En zone française de Bretagne, par la chute
du d intervocalique >, on eut Roald dès 11 12, Roall en 11446,
Roâut en 1144-11487. Un nom vieux-breton Ro-alt était
possible (cf. Ro-hoiarn, Ro-mael, Ro-min, Ru-mantoiî); mais,
comme on ne trouve pas Roalt avant le xne siècle, et que dans
un cas RoautH remonte sûrement h Rodait, il est clair que Roalt,
Ruait (ou Roald, Ruald), est une forme française de Rodait,
1. Tut-gual en 924 (J. Loth, Chrest. bret., p. 170).
2. Uni., p. 171, 172.
3. Voici les passages du Cart. de Redon où il paraît. J'ai vérifié les
références de M. de Coursonet rectifié quelques erreurs : Rotait, Rotdalt,
p. 255,346, 293, 288 (le même personnage est Rodait en 1108): Rotdalt
indique une tentative pour exprimer la spirante d — Rudalt p. 223, 225,
320, 316, 304,283, 281, 234, 231, 315 390, 384 — Roalt, p. 348, 161.
4. J. Loth, Chrest. bret., p. 161,228. Dans le Cart.de Quimperlé on
trouve Rodaud dès 1191 (Maître et Berthou, Cart. Ouimp., p. 141).
5. Ibid., p. 228.
6. Cart. de Redon, p. 390.
7. J. Loth, Chrest., p. 161.
8. Cart. de Redon, p. 287, 345. Roaut (p. 187, en 1144), est fils de Kara-
doc de Mova (Mouais, Loire-Inférieure); or Karndoc était fils de Rodaldus
de MoyaQp. 304, an 1104).
296 /• Loi]).
Rodait. La forme Rudalt avec ù bref (ou français) étant
assurée, d'abord par l'échange avec Rodait, en second lieu par
des graphies du moyen âge comme Rou^aud, il n'y a pas
lieu de douter de sa valeur ni de la séparer de Rodait. Il est
probable que Rodait est plus ancien, Rudalt ne se montrant
pas avant 913 '. Si la celticité de ce nom est assurée, son sens
n'est pas certain 2. Ruald devenu, dans le Morbihan breton
Ruant, avec n français est un nom tout différent 3.
Le nom de Ruald, Roald est porté en Angleterre par des
Bretons ou descendants de Bretons. Dans le Domesday Book,
Rualdns Adoubcd figure parmi les grands propriétaires du pays 4.
Parmi les signataires d'une charte de Wihenoc de Monemuda
(Monmouth), concernant des dons de terres en Angleterre et
en France à Saint-Florent de Saumur, donation confirmée par
Guillaume le Conquérant en 1086, un des signataires s'appelle
Rudalt'. En n 37-1 146 dans une charte d'Alan le Noir, qui
se qualifie cornes Angliae et indigena en même temps que comte
de. Connuall, Roald signe comme connétable du prince6. Un
Will. filius Roaldi apparaît dans une charte faite à York,
concernant des donations de terres de Conan,duc de Bretagne,
qui paraît êtreConanlV" (1146-1171). J'ajouterai qu'on ne
trouve pas du tout Rudalt ni Rodait dans les documents
français où les noms germaniques sont les plus abondants,
comme lepolyptique d'Irminon.
1. Cart. lie Redon, p. 121, 115.
2. Il semble devoir se décomposer en rod-alt, l'homme au don élevé,
mais comme Ro-derch devient Ro^ercb au moyen âge, il est possible qu'il se
compose de ro- particule intensive etdalt, cf. irl. datte daita, disciple. Le
sortde rodans Roderch montre que ro peut se conserver dans cette situation.
Pour Rud-aJt cf. Ru-mantôn, clairement pour Ro-mantou.
3 . Ruait qu'on ne trouve que très tardivement est pour Ri-watt , cf.
Ruallen pour Rhvallon (v. plus bas); s'il remontait à Rud-alt, le pre-
mier terme serait ru%, rouge.
4. Fac-similé en photoqincogravure, Devon, 1865 : I, Rualdns adobtd.
5 . Caleudnr ofdoc, France, I, p. 406, 407-408.
6. Ibid., p. 20.
7. Dugdale, Mon. angl.,p. 391. Une bulle d'Urbain III (1186) confirme
à Saint-Florent de Saumur les donations de l'église de Saint-Roald en Gla-
morgan. C'est une forme altérée du gallois Rôdol, Cart. de Llandav
Ridol : c'est Llan-rolhal aujourd'hui.
Romans de la Table ronde. 297
Les noms Morgan, Rivalen, Donoalen, Hoel, Permis, Cadio,
Cariado, Màriadoc, Urgan, sout aussi comiques que bretons.
Hoel, sûrement Rivalen, et Donoalen, peut-être, ont subi dans
leur transcription l'influence française. Hoel ' est un nom porté
au xne siècle, en Cornwall, par un propriétaire descendant des
Bretons installés dans le pays par la conquête. C'est en vieux
breton Ho-zvel, nom commun sûrement à tous lesBrittons.il
apparaît dès 1062, sous la forme Hoel dans le Cart. de
Redon 2.
Morgan est resté à peu près intact : la forme du ix-xe siècle
est Mor-c ant. Il appartient à toute la famille brittonique \ Il
apparaît en Cornwall, au xe siècle (Ma munissions on the Bod.
Gosp.) sous la forme ancienne Morcant.
Rivalen ou Rivalin ne peut en aucune façon remontera Rigo-
belinos (et non Rigo-bilinos) : cf. Conobelinus. Dès 868 4, dans
le Cartulaire de Redon, ce nom de Rivelin est présenté sous la
forme Rivilin. Le breton a changé de bonne heure un e en i
sous l'influence d'un i long ; c'est un fait qui lui est propre.
Le comique et le gallois ne pratiquent pas en général ce genre
d'assimilation. Quant à la graphie Rivalin ou Rivalen, elle est
française par le changement de w de Riwallon en v, et la
forme de la terminaison. Aujourd'hui encore dans le Morbihan
bretonnant, ce nom est écrit Rivalan, ce qui correspond à
la prononciation vannetaise qui, sincère, serait Riivalan avec
a nasal ; plus fréquemment Rivalain (prononcez en français
Rivalin, qui se trouve d'ailleurs). Rivalin et Rivalen sont des
graphies françaises 5 : en 1275, dans le cart. de Prières, on trouve
1. J'ai déjà signalé plus haut Hoel parmi les propriétaires du Cornwall.
Hoel apparaît aussi dans le Winton Domesday (éd. in-fol., 1816, IV,
P- 547)-
2. J. Loth, Chrest., p. 140.
3. Il existe encore en Cornwall dans Tre-vorgant (Tre-Morganf) en
Buryan. On sait que Morgant a donné son nom au Glamorgan (en gallois
Morgannuc pour Morcantac; Glamorgan pour Gidad Morgant, mieux Gulad
V or gant).
4. J. Loth, Chrest., p. 159, no.
5. Les Rivelen du Cart. de Quimperlé remontent à Ri-melen d'après
le Cart. lui-même.
298 /. Loth.
après Riuallonus, la mention : gai lice Riallen1. Pour la termi-
naison -en, -on, dans Rivalen pour Riwalon (Eilhart : Rkvaliu),
le seul des trois groupes brittoniques au xi-xne siècle, qui puisse
la présenter régulièrement est le comique. L'accent comique
est un accent énergique, heurté (c'est ce que les Allemands ont
caractérisé par gestossen) et très destructeur des voyelles postto-
niques. Pour-on nous en avons unexemple clair dans funten de
fontâna dans le Voc. comique écrit au commencement du
xme siècle, mais sûrement copié d'un manuscrit antérieur. En
Armorique, au xie siècle, c'est encore junton2. On peut citer
dans le Domesday Book pour le Cornwall, par conséquent dès
la fin du xie siècle ;': Tre -wallen (pour Tre -wallon), Cadwallcn
(Cad-ivalloii)l Epies pour Eglos, Egloes, église, dans Egles-ros;
Pen-fontenio (fontenio pluriel de funten, fônteri) ; Modred
(Modredes) dans les Manumissions on ihe Bodinin Gospel, qui sont
du x-xic siècle, si on le compare augallois Medraud et àl'armo-
ricain Modrot, nom d'homme du Cart. de Redon, montre déjàcet
affaiblissement de la terminaison, qui, même dès le xic siècle,
atteint les diphtongues posttoniques : par exemple Tal-gollo
pour Tal-golow (cf. Penfonienio). Rivalen pour Riwalen serait
donc une forme comique régulière 3, si on fait abstraction du
changement de w en v . L'affaiblissement de -on en -en est, en
somme, tardif en armoricain; à part Roallen (p. 295 en
1080)4 et Graalend, p. 750 en, 1 124-1 125, je n'en vois guère
d'exemple avant le xive siècle. Dans le Cart. de Redon,
comme dans celui de Quimperlé, on a Riitnallon, Donnuallon
ou Riwallun, Doniuallun, Dumuallun (var. Riguallon, Dnn-
guallon).
S'il devait rester le moindre doute sur Rivalcn=Rkuallon,\a
forme Roui and qui apparaît plusieurs fois dans sir Tristrem 5
1. J. Loth, Cbrest., p. 228. Cf. Cadoualaiii en 1233, p. 195. La forme
Ruvaïen est sur le chemin qui la mènera kRuaïen que l'on trouve en 131 5
dans Ker-rudlen.
2. J. Loth, Cbrest., p. 205 135. En gallois c'est finnaun.
3. En 1350 Rosonïvallen ; 1403 Ros-wallen (History of Trigg minor, II,
p. 13° ; m> P- 8-0-
4. A cette date, Roallen pourrait bien être une faute de lecture pour
Roaîlon : cf. p. 283 (1072) Roallon . Il n'est pas sûr.
5. Bédier, Tristan, I,p. 2, note 2.
Romans de la Table ronde. 299
le lèverait- Rouland remonte clairement à une forme écrite insu-
laire Ruaïand pour Ruallan : cf. Cadoalant dans le Domesday
Book pour le Cornwall. Le groupe Rizu est arrivé à Rit (i't fran-
çais) et dans Ruait pour Riwàlt et dans Ruallon pour Ri-wallon.
La terminaison -an (et-ant) pour le vieux-breton, vieux-cor-
nique et vieux-gallois on (gall. -a un) et vieux-celt. âno-, ne parait
pas en Armorique avant le xve siècle et n'est guère usité qu'en
vannetais; elle est proprement insulaire. J'ai cité dans le Domes-
day Book, Cadoa lant. Dans une charte de l'abbaye de Margam
en Galles, c'est encore Caduuallan en 11-29 l. Dans Layamon
Riwallon est transcrit par Riwaââlan. De plus, land pour lan est
également fréquent dans le Domesday Book : Hen-land pour
Hen-lan, auj. Hellan en Probus; Porttalant, auj. Portalla en
Ta lan (écrit à tort Taland) ; Trelaud, auj . Trelan en S^Keverne .
La forme qui explique Rouland se trouve dans une charte de
11 33 : Ruallan, variantes Ruwathlan, Rwatlan2 {The Bruts
(à l'année 1062 : Ruallawn). Une forme Rualand, avec /
simple et terminaison d, serait plutôt comique, le comique ne
connaissant pas / sourd et ayant indifféremment une ou deux
liquides en situation intervocalique, mais avec transcription
anglo-saxonne. Eilhart aura lu le u de sa source écrite ù
(ou français) au lieu de iïK II est possible que pour Rouland
il y ait eu confusion avec un autre nom. Après avoir envoyé
ce travail à l'impression, j'ai relevé, en Devon, le nom de
Rouland dans le nom de Rouland-es ton (Feudal Aids, I,p. 314 :
an 1284-1286).
Le nom de Donoalen ,Denoalen, n'est pas exclusivement bre-
ton comme l'a avancé M. Bédier. On ne le trouve pas d'ail-
leurs sous ces formes ni dans le Cart. de Redon ni dans celui de
Quimperlé. On ne trouve que les formes avec finale -on, -un ;
aucun des noms cités par M. Bédier nelamontre. Je ne vois de
forme armoricaine -m pour ce nom qu'en i434(Donguallen) 4.
1. De Gray-Birch, History of Margam Abbey, p. 9.
2. Clarke, Cartae et alla munimenta quae ad dominium de Glamorgan
pertinent, 1885, p. 74, 92. La graphie -thl n'est pas rare ; c'est une tentative
pour rendre / sourd gallois.
3. Ed. Rhys Evans, p. 268.
4. Cart. Redon, p. 74, 86, 129, 261, 243, 333. — Cart. de Qui m-
300 /. Lotb.
Il n'est pas rare en gallois : xe-xic siècle dans le Livre de Lan-
dav ' Diuunguatlaun (prononcé Dôv-gwallaun2 avec voyelle de
résonnance entre v et n) ; Din-gitallaun, Diin-guallaun (pron.
Dôn-gwallawn, ou Dôn-wallawn). En Cornwall Duvn-wallon
devenait régulièrement Dônwallon, Donwallcn (e = ô bref),
ù bref étant devenu o de très bonne heure, dès l'époque du
vitux comique.
Ce nom paraît un peu plus commun en Armorique, mais
on ne peut rien en arguer, car pour des raisons données plus
haut, l'onomastique comique pour les noms propres d'hommes
dès la fin du xie siècle est fort pauvre : on n'en trouve guère
que dans quelques rares chartes anglo-saxonnes et les Mânumis-
sions on the Bodmin Gospel. A propos des formes de noms britto-
niques apparaissant dans les lais et romans arthuriens, il me
semble utile dédire un mot de Gracient qui a grandement servi
et n'est pas encore hors d'usage pour étayer la thèse armori-
cainede Ziminer et Ge. Gracient a donné son nomàun lai célèbre.
La forme vieille-armoricaine (ce serait aussi la forme vieille-
cornique) estGrddlon, gallois Grat-laun. En zone bretonnante,
il a évolué enGra^lon et Grallon. En zone bretonne française
1124-1175, c'est Graetend (terra Graalendi presbyteri) 5.
Actuellement la forme courante venue de la Bretagne française
est Gralan, souvent écrit Gralland. On en a conclu que Grae-
lent ne pouvait être que d'origine armoricaine. Or, c'est un nom
très connu en Cornwall : on trouve en 11 66 Gralan, en 1212
Grealant*, a corriger en Graciant; au xme siècle Gr ancien >.
Ce sont deus descendants de Bretons: le Gralan de 1166 est
de la famille des Blohiou (mal écrit Blohin pour Blohin dans le
Domesday Book).
perlé, éd. Maître-Berthou (Donuuallonus, Donguallonus, Dunguallon,
Dunguallonus, Dunguallun); cf. J. Loth, Chrest., p. 127, 202.
1. The Book of Llandav, éd. Evans, 223, p. 200-251 .
2. Cf. Dibrguyr(ib\d.,p. 129) Duvuguyr pour Dôvr-gwyr, p. 128. Cf. la
forme moyenne-galloise Dyvyr-Dwy, vieux-gallois Dubr-Ditiu.
3. J.Loth, Chrest., p. 13 G rat entre en composition dans d'autres noms :
cf. en Cornwall, dans les Manum. Gratcant. Parmi les hommes de l'ab-
baye de Beaugency, figure à côté de Herveus, Graalan^ dans un document
de la fin du xi<= au début du xne (Longnon, Potyptique cPIrminon, II, v. 98).
4. Journal of the Roy. Inst. of Cornwall, 1890-1891.
5. History of Trigg minor, I, p. 115, note 3.
Romans de la Table ronde. 301
Cadio, qui apparaît dans leTristan en prose (cf. pour la termi-
naison, plus haut. Penfentenio, Talgulld) est le nom d'un pro-
priétaire du Devon.
Pour Perinis, qui joue un rôle médiocre, dans le roman,
sa celticité est douteuse. Aussi ne l'ai-je pas mentionné dans
ma Chrestomathie. Il est remarquable que Perenes (Pere-
nesius), est un nom de moine, d'abbé, ou de personnage
ecclésiastique dans le Cartulaire de Redon. Le plus souvent,
il en est de même dans le Cartulaire de Quimperlé. Mais à
côté de Perenesius, dans la Cart. de Redon, apparaissent des
témoins, au ixesiècle, du nom de Pirïnis, Perinis (p. 42, 104,
183); Perinis devient régulièrement Perenes, au xi-xne siècle;
il désigne aussi des laïcs dans le Cart. de Quimperlé '. Le nom
Pirinis, Perinis, puis Perenes, paraît devoir se décomposer en
Pir-(Per-)inis, l'île de Pir (vieux-celt. Porius : cf. Porius dans
les Inscr . Br. Chr. vieux-gallois Pir) 2. Je ne l'ai trouvé, en
Angleterre, qu'en Galles, sous la forme analytique Ynys Pyr,
nom ancien de Caldey Island rattaché à la paroisse de Penaly
en Pembrokeshire : c'est l'équivalent de Pir-inis 5.
Gor-venal est probablement pour Gor-wenival. Il peut appar-
tenir aux trois groupes,
Il en est de même de Goron ou Guron. Néanmoins, si
Guirun est la forme sincère 4, Goron est plus proprement
comique. C'est, en effet, la seule des langues brittoniques qui
réduise une diphtongue sous l'accent à une seule voyelle >.
Mériadoc est commun au trois groupes. Meriadoc est un
nom de district en Galles. On sait que Saint Meriasek, forme
régulière de moyen comique pour Meriadoc, a été le sujet d'un
drame comique. Ce saint est armoricain; on trouve en Galles,
en 1139, le nom d'homme Meriadoc6. Branguain ou Breu-
1. Ed. Maître-Berthou, p. 245, 248, 155.
2. Cf. John Rhys, Lecture on Wehh Philology, p. 376; cf. Mainaur Pir
(Book oj Llandav,p. 124), en Pembrokeshire ; moyen-gall. -Pyr (breton Per).
3. Lewis, A topogr. Diet. of Wales, I, à Caldey Island, v. aussi II,
Manorbeer.
4. Bédier, Le roman de Tristan, I, vers 835, 839.
5. Seul, en Galles, à l'époque moderne, le dialecte de Glamorgan, fait
cette réduction.
6. De Gray-Birch, History of Margam Abbey, p. 96.
Revue Celtique, XXXIII. 20
502 /. Lotb.
gain n'est pas connu en Armorique. C'est sûrement le vieux-
gallois Bran-wen, nom de la sœur de Bran, dans le mabinogi
qui porte son nom. Brangvain représente Bran-gwen, forme
caractéristique du Xe siècle et qu'on peut trouver même
au xie.
Nous avons vu plus haut que Dynas étaiteornique. On peut
en dire autant de Cariado, de Caerdin et probablement de
Kanelangres.
Cariado semble un dérivé de cariad, qui signifie, en gallois,
amant ou amante, objet aimé, mais ce peut être, ce qui est plus
probable, une forme comique signifiant aimable (Thomas,
vers 956 : del biau Cariados se dote). La forme courante en
comique moyen est caradow, aimable. Ces mots en-adow
sont propres en comique et conformes à sa phonétique; en
gallois, c'est caradwy ; en breton, au xne siècle, c'eût été
caradoue l. En Cornwall, au contraire, cette réduction se
montre dès le xe siècle : ivy se réduit même à 0 : Morhaytho,
Morhaeftfto, Mor-haedo 2 ; dans le Cart. de Redon : Iarn-haiiboiii \
Kaherdin est composé de Caeret de din citadelle (vieux-celt
d ri nos). Din est fréquent comme second terme en Cornwall :
Pendin écrit auj. Pen-deen en Saint-Just en Penwith. Il
y a même en Crowan un Kcrthen que Lelant donne sous la
forme Cairdine 4. Din n'apparaît en breton que dans le dimi-
nutif ou dérivé Dinan. Le nom propre Kaherdin, Caerdin
est donc sûrement comique.
CanoeJ, résidence du père de Tristan, a été rapproché de
Canuel près Guérande, qui paraît dans une charte du IXe siècle
du Cartulaire de Redon >. M. Quilgars qui a composé un
Dictionnaire toponomastique de la Loire-Inférieure et est guéran-
dois, l'identifie avec le nom actuel, Canvel, en Piriac. Je
1. Diatectalement, plus tard, on a le nom propre de femme Caradou.
2. Man. on ihe Bodmin Gospel (Revue Celt.,l, p. 432).
3. On a, il est vrai, à coté de Iarn-haithoui, Iani-bailou. mais il semble
qu'on ait confondu deux terminaisons différentes ; haithoui et baithoew. Il
n'y a aucun exemple d'affaiblissement de -oui -oue, en Bretagne, avant le
xme-xive siècle.
4. Coiupl. Par. Hist. of Cornwall, I. p. 268.
5. Cari. Redon, p. 21.
Romans de la Table ronde. 303
ne sais sur quoi il se fonde, car la charte le donne comme
situé en Guérande (JVenran). S'il a raison, Canûel doit être lu
Camel. Cela n'a guère d'importance, d'ailleurs; Canoë] était
incontestablement situé en Angleterre. Quoi qu'il en soit,
Rivalen tirait son surnon de Kanelangres, de son manoir de
Canoel. Or la seule langue brittonique qui puisse réduire
Camel en Canal ou Cane! au xie siècle est le comique (cf. plus
haut Egles pour Eglos = Egloes, Eglois ; cf. Yoc. corn, bros,
aculeus, pour brot == bruit).
Canol est connu dans la toponomastique comique: CanaU
Idy en 1287-88, en 1302, Canalesy ' aujourd'hui Canel-igey
ou Canal-igey : c'est un nom de lieu en Saint-Issey, ancienne-
ment ste-Ide de Eglos-cruc. Il est possible qu'il faille couper
Kanelangresen Kanelan grès : Canclan serait un dérivé de Canoel
et grès pour cres indiquerait la situation de la résidence de
Rivalen. Bon nombre de propriétés aujourd'hui encore, en
Cornvvall, sont divisés suivant leur situation : la partie du
haut sera caractérisée par ivartha (la plus haute), gallois
warthàv ; la plus basse par woles (golas pour goclet, breton
gonelel, gallois gwaelod) et celle du milieu par cres, breton
crei~ : cres dans ce cas est toujours changé en grès: en 1283-
84 % Porihilly-gres ou Porthilly du milieu, à côté de Porthilly
Egles ou Porthilly de l'Eglise (du quartier de l'église). De
même goles et gwartha (gallois giuarthav) deviennent woles
et wctrtha : en 1283-84 Trewynt woyles et Trewynt wartha.
Canoel a pu prendre la forme Caonoelan et, régulièrement,
en comique, Canolantt Canelan'-> : le dérivé (parfois diminutif)
-an se trouve pour des noms de propriétés : la villa de Uueten-
uuoion, c'est-à-dire vraisemblablement d'un Uuioion, s'appelle
dans le Cartulaire de Redon : Ran(iv7/rt, part) Uuoion-an
(p. 9 année 833 834) 2. Il est fort possible aussi que Kana-
1. Maclean, Historyof Trigg Minor, II, p. 26, 29.
2. Assise Roll, III (12 Edward I, 20 novembre).
3. Le nom de lieu Canota, notamment Cortes Canota apparaît plusieurs
fois dans VExon Domesday (éd. in-fol., tome III, p. 320). Canota peut être
anglo-saxon pour Canol an : cf. Caedwah pour Cadwallon. Malheureuse-
ment l'origine et le sens de Canota sont douteux.
304 /. Lot h
langrèssoit composéde Canel pour Canoclci d'un nom d'homme
Angrès. M. Bédier a signalé Angrès dans Cliglès. Il apparait
aussi dans un document anglais du temps d'Edward III : le
sheriff des îles Anglo-normandes (Jersey, Guernesey, Sierk,
Aurigny) est invité à donner une indemnité à John Angrees
dont le fils a été tué dans ces îles, en combattant contre les
Français :.
Le nom du chien Hudent, variantes Hodain, Huden, paraît
bien composé de bu -, bon, bien (vieux-celtique su-)
et de dent, pluriel de dant, dent : qui a de bonnes dents.
La forme galloise correspondante eût été Hu-deint qui eût
été, au xie siècle, écrite Hi-deint ou Hy-deint. Hudent peut
être aussi bien comique qu'armoricain. La graphie Husdent
me paraît une tentative maladroite pour exprimer le son du à
intervocaliquequi est spirant.
En somme, les noms propres d'homme du roman (même
ceux des deux chiens), qu'ils soient français, anglais, breton-
armoricains, se trouvent presque tous en Cornwall ou dans les
régions voisines ; plusieurs apparaissent avec une forme plu-
tôt comique ou tout au moins celtique-insulaire.
On le voit, l'étude de ces noms ne fait que corroborer les
résultats acquis par celle des noms de lieux.
La légende de Tristan et Iseut était certainement courante
chez tous les peuples de langue brittonique de l'Ile de Bre-
tagne, du nord au sud. Elle se montre dans les traditions de
ceux qui, à l'époque de sa diffusion chez les Français, parlaient
encore la langue de leurs ancêtres. Pour le pays de Galles, la
preuve n'en est plus à faire 2, mais la version dont se sont
surtout inspirés nos poètes est sûrement celle qui a été loca-
lisée et élaborée en Cornwall. Elle était fixée dans ses traits
essentiels avant la conquête de Guillaume ; on en a des
témoins et les plus impartiaux de tous, dans les noms de lieux :
Lancien (sans parler de lintagel), Morreis, (Morroisc, Morresc),
1. Cahndars of Close Rolls, Edw. III, p. 204.
2. Y .Contributions à V étude des romans delà Table Ronde, VI. Cf. J. Loth,
Mabinogûm, I, p. 92, note 1, 311 ; II, p. 205, note 8, 231, 238, 247, 248,
260, 267.
Romans de la Table Ronde 305
qui figurent dans le Domesday Book, le gué d'Esell (967),
l'église Saint-Samson, Costentin avec Trecoit (Domesday Book).
Le philtre d'amour qui symbolise tout le drame moral ou
immoral de la légende et en atteste l'existence, porte, chez
Béroul, un nom anglo-saxon : Loucvcndris, pour Lovendrinc, ou
Lovendrant pour Lovendranc. Cette légende de fond celtique
(brittonique), courante chez les Anglo-Celtes du Cornwall et
sans doute du Devon, les Français y ont aussi collaboré; les
noms du Saul Tristan, Mal Pas, Blanche Lande sont signifi-
catifs, quoiqu'ils soient vraisemblablement traduits de noms
comiques. La civilisation française a sans doute aussi influé
sur les mœurs et la physionomie du roman, plus ou moins,
suivant les époques et le tempérament des poètes : Thomas,
en ce sens, a plus innové que Béroul. Les Français ont puisé
à deux sources : une source écrite, et une source orale : la
prononciation que trahissent Lancien (Lantieri), Tinta jol (Tin-
tagel), Morrois, Morreis (Morroisc, Morres) est anglo-saxonne
et ne répond pas à la forme celtique écrite. Dinas de Lidan,
pour Dinas Lidan, indique également une source orale mal
interprétée ; une source écrite eût donné Dinas Lidan ; au
contraire, Rivalen Kanelangrès pour Rivalen de Kanelangrcs est
parfaitement correct et comique. Tristan (Trystan) suppose
une forme écrite.
Resterait à établir, sommairement, la part des Bretons-Armo-
ricains. Elle serait à peu près nulle, s'il s'agissait des Bretons
vivant en Armorique. On ne peut guère signaler à leur actif
que saint Tresmor de Carabes et encore Tresmor est-il une forme
purement littéraire. La forme sincère est Trechmor qui figure
dans la vie de saint Gildas de Rhuys. Mais il y avait, nous
l'avons vu, des Bretons de marque établis en Devon et Corn-
wall, grands propriétaires entourés sans doute de soldats et
de serviteurs de leur pays, à la suite de la conquête française.
S'il n'y avait à leur attribuer que les noms de Roald et peut-
être de Perinis, leur rôle serait bien effacé. Il est cependant, a
priori, invraisemblable que ces Bretons parlant la même langue
que les Cornouaillais, ayant les mêmes goûts pour la poésie,
les récits romanesques, ne se soient pas intéressés à une légende
aussi captivante, et ne l'aient pas plus ou moins modifiée, au
306 /. Loth
profit de celle que leurs ancêtres insulaires leur avaient léguée
et qu'ils apportaient aussi d'Armorique. L'Ile Trestan (insula
Trestannï) aujourd'hui Ile Tristan dans la baie de Douarnenez,
ne peut avoir une origine savante : on eût eu Tristan. C'est
en vain qu'on ferait remarquer que le nom le plus ancienne-
ment connu est l'île de Saint-Tutuarn. Il arrive fréquemment
(il v en a notamment en Cornwall de nombreux exemples)
qu'un lieu ait deux noms : un nom religieux et un nom
laïque. Tutnam était le nom du prieuré; Trestan, sans doute,
le nom de l'île entière. Nulle part la légende de March aux
oreilles de march (cheval), n'est aussi répandue que dans notre
Finistère1, et particulièrement dans le voisinage de Vile Tres-
tan. Cambry - l'avait déjà recueillie en 1794, près de Douar-
nenez, au fond de la baie : « vous serez étonné de rencontrer
ici une fable à peu près pareille à celle du roi Midas; elle
existe clans toutes les têtes, dans les plus anciennes chansons. Le
roi de Po>\inarcb> faisait mourir tous ses barbiers, de peur
qu'ils racontassent au public qu'il avait des oreilles de cheval.
L'intime ami du roi venait de le raser; il avait juré de ne pas
dire ce qu'il savait, mais ne pouvant résister à la rage de
raconter ce fait, par le conseil d'un sage, il fut le dire aux
sables du rivage. Trois roseaux naissent dans le lieu; les bardes
en firent des anches de hautbois qui répétaient : Port~marc'h,
le roi Port^niarch a des oreilles de cheval. » M. Luzel m'a
affirmé avoir recueilli la même légende au même endroit.
Plusieurs autres versions ont été recueillies : une à Lost-
march, en Crozon4, une seconde à Prat-an-Rons, en Penhars,
près Quimper, une troisième à Portsall par Sébillot.
Elle existait aussi à Pont-1'abbé. M. de la Borderie > signale
dans l'île Chevalier, dans la rivière de Pont-L'abbé, un Cas-
tel roe Marc' h (château du roi Marc'h). Le nom exact de ce
château qui appartenait aux barons de Pont-L'abbé, est en
1. Il v a dans le Morbihan des Poulviarch, mais il n'y a rien à conclure
de pareils noms, quand la légende n'y est pas jointe.
2. Voyage de Cambry dans le Finistère en 1794, éd. Souvestre, 1836,
p. 179.
3. Auj. Plomarch, en Ploaré.
4. Bulletin de la Soc. arch. du Finistère, XIX. XXV, XXVI.
5. Géographie féodale de la Bretagne, p. 134.
Romans de la Table Ronde 307
1425 ' le château du roi Guimnrc'h. C'est également le nom
que porte le roi March dans la légende de Prat-an-Rous en
Pcnhars. racontée par son confrère, M. Allait] à Paul Sébillot2,
d'après le recil breton de son père. Cette version a un caractère
visiblement populaire (par la réflexion concernant le roi
d'Yvetot). Comme elle est moins connue, je la donne in-
extenso : « Autrefois, il y avait à Prat-an-Rous, un roi appelé
Gwivarc'h 5, qui avait des oreilles de cheval, et, pour les cacher,
il était toujours coiffé d'un bonnet qui les recouvrait exacte-
ment. Il n'y avait que son barbier qui fût dans le secret,
parce qu'il était obligé de se découvrir pour se faire tondre et
raser. Or, il lui avait fait jurer, sous peine de mort, de ne
jamais livrer son secret à âme qui vive. Comme tout secret
pèse, il alla un jour faire sa confidence à une touffe de sureau
qui croissait au coin d'un talus. L'été suivant, il y avait aire
neuve dans un village voisin, et l'on devait y mener grande
danse. Le joueur de biniou, passant près du buisson de sureau,
en coupa une branche pour refaire l'anche de son instrument.
Quand la danse fut en train, dès qu'il se mit à souffler, le
biniou, au lieu de donner ses sons et ses airs habituels, disait
et répétait :
ar roué Givivarch 4
En den~ diou scouarn marc h.
au grand ébahissement des danseurs.
Le roi Gwivarc'h vint lui-même de Prat-an-Rous pour
assister aux ébats, et ne fut pas peu surpris d'entendre le
biniou faire à tout le monde cette révélation indiscrète. Plein
de colère, il apostropha vivement le sonneur ; mais celui-ci
lui dit qu'il n'en pouvait mais, et que, malgré toute sa bonne
1. Inventaire des Archives de la Loire-Inférieure, série B 2028. Ce docu-
ment m'a été signalé par M. Bourde de la Rogerie, archiviste d'Ille-et-Vil-
laine.
2. Revue des trad. populaires, VII (1897), p. 356 et suiv.
3. Ce nom très intéressant remonte à un vieux-celtique, * Visu-marco-s
(visu, gall. gv/iw, \x\.fiu, digue); vieux-breton, iviu- Gniu-march, est dif-
férent de Wiu-ho-march qui a donné Gwyonvarc'h.
4. Le roi Gwivarc'h a des oreilles de niairh (cheval).
3o8 /. Lot h
volonté, il ne pouvait pas faire [dire] autre chose à son ins-
trument. « Voyez plutôt vous-même », dit-il, en passant le
biniou à Gwivarc'h. Celui-ci, tout aussi peu fier que le roi
d'Yvetot, se mit à souffler dans le sac à biniou, qui se remit
à sonner et à répéter :
a r roue Gwivarc'h
Eu deu~ diou scouaru marc h.
« — Eh bien, dit le roi, puisque ce biniou endiablé vous a
dit mon secret, jugez-en par vous-même » ; et il retira son
bonnet, et tous les assistants purent contempler ses oreilles
de cheval. » M. Allain, dans la séance du 28 avril (de la Soc.
Arch. du Fin.), a ajouté à cette légende un détail intéres-
sant : « un de ses barbiers, pour son indiscrétion, fut mis à
mort, et sur sa tombe, il poussa un sureau. Le sonneur en cassa
une branche pour réparer son instrument \ »
C'est, à mon avis, de la juxtaposition en Cornwall, des
deux légendes, comique et armoricaine, et d'un compromis
entre les deux, que vient la création des deux Iseut 2. Il est
remarquable que la géographie de l'Armorique, quand elle
devient la scène du roman, y est des plus vagues. On y sent
que ce sont des souvenirs déjà confus : c'est le fait de Bretons
nés en Cornwall. Le roman en prose, auquel je n'attache pas
grande importance au point de vue du roman primitif, même
1 . La légende recueillie par Sébillot ne donne d'autre nom au roi que celui
de Karn, nom d'une île près Portsall. Il est clair qu'il manque un nom :
du seigneur de Karn, on aurait fait le seigneur Karn (cf. Dinas de Lidan).
Il devait s'appeler Mardi Karn, Marc'h de Karn. Peut-être l'île s'est-elle
appelée Karn-march. Sur une tête sculptée de March ou prétendue telle
v. Revue des Tr.pop., VII, p. 3 57-3 s8.
2. J'avais envoyé ce travail à l'impression, quand j'ai pu prendre con-
naissance du très intéressant compte rendu qu'a consacré, récemment,
M. E. Muret, à l'ouvrage de Golther (Tristan und Isolât in den Dichtungen
des Mittelûîters und der ueueu jeit ; Leipzig, 1907), dans la Zeitschrift fur
fran%. Spr. und Letter. (Sonderabdrùck). L'auteur me l'avait adressé, il y a
déjà quelque temps. Je suis heureux de me rencoutrer avec lui sur la ques-
tion d'origine des deux Iseut, comme sur d'autres points. Il renvoie, à ce
propos, à un ouvrage que je n'ai pas lu : Deutschbein, Studien %ur sagenges-
chichte Englands (Gotha, 1906).
Romain de la Table Ronde 309
dans ses parties dites anciennes, a été remanié évidemment
sur certains points par des Armoricains ou sous leur influence.
Je n'en veux pour preuves que les scènes à Nantes, Gaudri
le fèvre, le comte Urvoy (mal écrit Urnoy), le port de Pen-
marck ' ». Le remanieur parait, en revanche, fort mal con-
naître le Cornwall : Tintagel même, sous sa plume, devient
Tinthanel.
Outre les apports armoricains, il est clair que la version
comique conserve comme l'écho de traditions quelque peu
différentes, venues peut-être de Galles ou même de Cumbrie.
La géographie même, par exemple pour le pays de Tristan,
pour ses voyages, en est un indice 2. Mais dans l'ensemble,
c'est bien cette version qu'ont popularisée nos poètes, surtout
Béroul, et leurs imitateurs. Il y a eu sûrement des rédactions
intermédiaires entre eux et une version plus ancienne et plus
sincère, circulant en Cornwall avec d'importantes variations
qu'explique facilement la source en grande partie orale d'abord
des récits. Dans cette version primitive ou plus ancienne, on
retrouve aussi sûrement la collaboration des Brittons du
Cornwall auxquels est due aussi sûrement la trame du roman
et des épisodes capitaux, celle des Anglo-Saxons, mêlés aux
habitants du pays, en partie Cornouaillais saxonisés, puis des
Franco-Armoricains établis dans le pays. Ce sont ces derniers
venus qui y ont mis la dernière main. C'est même peut-
être chez Wihumar\ch\ ou un de ses descendants, sous les
ombrages de Trecoit, que le roman a pris sa dernière forme,
franco-armoricaine.
Le terrain de la discussion se trouve ainsi sensiblement
déblayé, quoique tout ne soit pas éclairci. Il faut renoncer à
Tristan Picte, à Iseut, fille de Viking etc. Pour la première
fois le lieu d'origine d'un romande la Table Ronde et du plus
important de tous, est fixé avec précision. C'est la ruine de
1. Il v a un Pemiiark en Cornwall, en Wendron et un autre en Galles
(Glamorgan).
2. On a, je crois, vainement cherché le Hjatland où, d'après la saga,
aborde Roald le Foitenant lancé à la poursuite des ravisseurs de Tristan;
c'est sans aucun doute les Shetlands : c'est, en effet, la forme normale du
nom de cette île (Jespersen, A modem English Gramtnar, p. 53, n° 2, 742).
310 /. Loi h
la théorie uon-celtique, je serais presque tenté dédire anti-cel-
tique, de l'origine de la matière de Bretagne. Jointe à mon tra-
vail sur Morgan Tut, cette étude sur Tristan la rendra désor-
mais, pour tout esprit de bonne foi, insoutenable. Ainsi, se
trouve confirmée, dans sa donnée essentielle, la théorie sou-
tenue à diverses reprises, avec quelques variations et fluctua-
tions, par Gaston Paris ; il a approché de la vérité en faisant
remonter le Tristan français à un original anglais, et en dési-
gnant comme intermédiaires entre les Celtes de l'île et le con-
tinent, les Français ou Anglo-Normands de l'Angleterre. Cette
théorie, avec d'importantes modifications, a été soutenue en
France, avec autant de science que de talent, surtout par
F. Lot. L'auteur de ces lignes s'est jeté aussi de temps en
temps dans la mêlée ; il est heureux d'achever la déroute
d'adversaires redoutables et tenaces, mais auxquels manquait
Tanne essentielle dans cette lutte : la connaissance approfon-
die de l'histoire des peuples et des langues brittoniques.
(A suivre.) J. Loth.
N. B. — La carte ci-jointe est une carte moderne assez défec-
tueuse. Elle m'a paru encore préférable à la carte de Bartholomew,
réduction des cartes de l'Ordnance Survey (Collection des Ouarfcr-
inchs to mile maps). Les noms qui intéressent directement ou indi-
rectement le roman de Tristan sont en caractères saillants ; les
autres servent de points de repère.
r -W A { , i
BETHA IUILIANA
Sainte Julienne de Nicomédie, martyrisée dans sa ville
natale au temps de l'empereur Maximien, était connue en
Irlande. Le Félire d'Oengus lui consacre un quatrain à la date
du 16 février (éd. Wh. Stokes, 1905, p. 61), et son aventure
avec le démon est rappelée dans les notes du même poème
empruntées à trois manuscrits (p. 74 et 75).
On trouvera deux vies latines de sainte Julienne dans le
répertoire des Bollandistes, Acta Sanctorum, février, t. II, p.
868 et suiv. C'est de la première de ces deux vies (p. 873 et
suiv.), ou en tout cas d'une source identique, que dérive visi-
blement le texte irlandais qui suit.
Ce texte est tiré du manuscrit de Paris (fonds celtique
n° 1, f° 43, v° 1) et publié ici pour la première fois; on y a
joint une traduction française.
>i2 /. Vendryes.
TEXTE IRLANDAIS
Betba Uiliana ami so.
i. [RJobôi aroili urraigi1 darbacomainm eleseus aca[th]ir2
nicomedia inaimser mhaiximianus imp/V 7 rohairnaidmeth
Ingen sociniultr/; donurraigi sin .i. iuliana ingen afracain 7
rothaithigethintempull 7 robûid oc[g]uidi incoimde[d]7 rocur
inturraighi techtu diasoigei diarada riafeis 3 lais fein 7 rodiult
sisi sin. Et roinnis eleseus diahath/r 7 atben antath/V mina
oentaigheth dia déoin condigneth diahainneoin 7 dochuaid
mar aroibi 7 itbert frie : Cid imanobai eleseus, 7 itbert
uiliâna diacindethsom intrinoid nofoeifed lais 7 m/nac[i]ndeth
nicoimregdais dogrâ. Luigimsea nadei, arintatha/,", cotiubria
dophiastaib thû d/anradi 4 na briat[h]ra sin. Atben iuiliana cid
rte'med nocurthae conadingned air.
2. Robôi ahatlWr aris ogarada frie feis leisin urraigi. Atlvrt
si friahathtfzV isisi cach pian nofuilengad ardia riasnbeth ocfer.
Bentar ahedach di gahatlWr ocus tuairgter ôflescaib i occaura-
lam 5 uirri adrad nandei. Atbert iuiliana. nach aideorad nadei
balba bodhrai, acht ro (f° 43 v° 2) aideorad issu crist. Dorat
intatWr diapiannad do eleseus hi. Otconnaicsim hi rathai-
tin Cl adealb fris 7 robôi acaradai fria adrad nandei 7 feis lais
fein. Diantfdrasu domdiasa' ariuhVma daghensa oentu frit
mmaderna nichoimregum dogre'ss. Diandernuind romuirfcd
antimpzr mé. Mata eclai inimp/r ort, orsi, nabi damsa, arni-
letfa mosaebad ocredim natrinôide ; acht déna mo piannad
mrtdâil leat.
1. Le mot est écrit urraigi au début du récit, mais plus loin ttrraig, § 10,
airrig, § 12 ; c'est le mot errigdes Pciss. and Hom., p. 687.
2. Ms. akair.
3. Pour l'emploi de ré, marquant le but et l'intention, voir Three Shajls,
p. 422, col. 1.
da
4. Ou d/jiwdi'iai (?). Le manuscrit porte dnri.
Bctha Iuiliaha 313
TRADUCTION
Fie de Julienne.
1. Il y avait un préfet de la ville de Nicomédie, au temps
de l'empereur Maximien, qui portait le nom d'Elisée. A
ce préfet était fiancée une fille de bonne naissance, Julienne,
fille d'Africanus ; elle fit visite au temple et y resta à prier le
Seigneur. Le préfet envoya des messagers à sa recherche pour
lui parler, pour qu'elle couche avec lui, et elle refusa. Eli-
sée en fit part au père, et le père dit que si elle ne consen-
tait pas de plein gré, il le ferait en dépit d'elle ; il alla la trou-
ver, et lui dit : « Pourquoi repousses-tu Elisée ? », et Julienne
dit que si la Trinité le permettait elle coucherait avec lui,
mais que si la Trinité ne le permettait pas, ils n'auraient
jamais commerce. « Je jure les dieux, dit le père, que je te
donnerai aux bêtes si tu dis ces paroles-là ». Julienne répon-
dit que quand bien même elle serait jetée au feu, elle ne le
ferait pas pour lui.
2. Son père lui dit une seconde fois de coucher avec le pré-
fet. Elle répondit à son père qu'elle supporterait toute peine
pour Dieu avant d'être à un homme. Elle est dépouillée de
ses vêtements par son père et battue de verges, tandis qu'il
lui ordonne d'adorer les dieux. Julienne répondit qu'elle n'a-
dorait pas les dieux sourds et muets, mais qu'elle adorait
Jésus-Christ. Le père la donna à Elisée pour qu'elle soit punie.
Dès qu'il la vit, sa beauté le frappa, et il se mit à lui dire
d'adorer les dieux et de coucher avec lui. « Si tu adores mon
Dieu, dit Julienne, je m'unirai à toi ; si tu ne le fais pas,
nous n'aurons jamais commerce. — Si je le faisais, l'empe-
reur me mettrait à mort. — Si tu as la crainte de l'empereur
5. Cf. furàileamh, Three Shafts, p. 380.
6. Pour rothaitin, prétérit du verbe taitnim « j'apparais » et je « plais »
cf. Pass. and Hotn.,\. 7238.
7. Domdiasa répété deux fois dans le manuscrit. Pour le verbe adraint
suivi de la préposition do, cf. P. H., 1. 134e : co ruédrur dot deeb siu.
314 /• Vendryes.
3. Rocur inturraighi se mili diamuinnter diasoigid 7 rotuair-
csit ofleasgaib 7 rocureth i 7 afolt icuibrech. Atuhrt inturraigi
fria : D[i]amtfdâil leat gandopiannad ni ismô, dénai eàhurt
donadeib .i. doapuill 7 dodeàn. Attart iulw?//a nadingnfld tre-
bithu. Atlvrt acur nocht acoiri fiuchach lan do linn luaigi 7
dorônrfd amlaid sin 7 nidernai irchrad di.
4. Rocureth icarcuir i iarsin 7 robôi icimigdh'i innti 7 ised
rorâid : Adé uilicumachtaig, orsi, aath/r na nuili, athidnaicid
grtc[h]a comairli, namcoimét isnapiannaib amail racomé-
tuis daniel icuitig nâleom[a]n, 7 amail rosaôrais teclai ontei-
ned 7 namtfcaim ontsurn teined, 7 amail twcaiss mie Israël
cocossaib tirmaib tremur raaid 7 amail rabâidis nahéigiptig 7
forann fdrô ; cofuasluigea dimsa amlaid sin 7 cotttca don
urraighi coropiannter 6 gallnz/b 7 corochnaièa ocrumtf//', 7
curab treab do iffrenn.
5. Tan/c deamtf// innsin indeilb aingil cohiuiliâna 7 itlvrt
frie : Dena edbuirt donadeib, olsé, ardâig naropianntar ni
ismô. Cia thû ', oriuil/rt/za? Aingil dé misi, orsé, 7 is aire
romeuirrd chugadsa diarada frit édbuirt dodéntfm 2 donadeib
ardaig narqeible. Adé nime 7 talmàn, oviu'ûiâna, calmaig mé
iderabaid, 7 (oillsig dam cid fil oc[u]macalb/». AtWrt inguth
frie : miliâna, dena calmai, olsé ; itûsai maille frit ; 7 glac lat
inti fil ocutagalkw, coieasae cuich é. Atracht iuiliana 7 roglac
diabrt/ tresighnuim nacroice, 7 kben fris : ciatû, olsi, 7 canas
tangais. Romléic as, ordiab/*/, 7 atber frit. Abair ortûs, oriui-
liâna, 7 leiefet iartain.
1. Ms. ciaht/.'û.
Retint Iuiliam. 315
dit-elle, ne sois pas à moi; car je ne pourrai me laisser
détourner de croire à la Trinité ; mais fais-moi supplicier si
cela te plaît. »
3. Le préfet envoya six mille de ses gens vers elle, et ils la
battirent de verges, et elle fut enlevée et pendue par les che-
veux: Le préfet lui dit : » S'il t'est agréable de ne plus être
suppliciée davantage, fais un sacrifice aux dieux, c'est-à-dire à
Apollon et à Diane. » Julienne répondit qu'elle ne le ferait de
sa vie. Il ordonna de la jeter nue dans un chaudron bouil-
lant plein de plomb fondu ; cela fut fait ainsi, et elle n'en
éprouva aucun mal.
4. Elle fut jetée ensuite en prison, et là elle se mit à prier
et voici ce qu'elle dit : « O Dieu tout-puissant, dit-elle, ô
père de toutes choses, ô dispensateur de tout conseil, con-
serve-moi dans les supplices, comme tu as conservé Daniel
dans la fosse aux lions ; comme tu as sauvé Thècle du feu
et les enfants dé la fournaise ; et comme tu as envoyé les
enfants d'Israël à pied sec à travers la mer Rouge, et comme tu
as noyé les Égyptiens ainsi que le Pharaon. Écarte [cela] de
moi de la même façon et reporte-le au préfet; qu'il soit tour-
menté par les maladies, qu'il soit rongé des vers et que
l'enfer soit son séjour!. »
5 . Le démon arriva là auprès de Julienne sous forme d'un
ange, et lui dit : « Fais un sacrifice aux dieux, dit-il, afin
que tu ne sois pas suppliciée plus longtemps. — Qui es-tu ? »,
dit Julienne. — « Je suis un ange de Dieu, dit-il, et j'ai été
envoyé vers toi pour te dire de faire un sacrifice aux dieux
afin que tu ne meures pas. — O Dieu du ciel et de la Terre,
dit Julienne, fortifie-moi dans ta foi et indique-moi qui est-ce
qui me parle. » Une voix lui répondit : « Julienne, aie cou-
rage ; je suis avec toi ; saisis-toi de celui qui te parle, afin de
savoir qui il est. » Julienne se leva, saisit le diable par le signe
de la croix, et lui dit : « Qui es-tu, et d'où viens-tu ?» —
« Laisse-moi aller d'ici, dit le diable, et je te le dirai. » —
« Parle d'abord, dit Julienne et je te lâcherai après. »
2. Ms. dodéni/m dodendm.
3 16 /. Vendryes.
6. Ismé ifirnaig, olsé. Ismé doter forguin ' manfer 7 fingala.
Ismé cathaithigi 2 sarthoile. Isme thaithmigws insidh 7 dobtv
aaca[th]a 3 foferc ; ismé dorat foréva 7 foradam imarbhus digé-
iiflfm ; ismé derat forcaidin abél dimarbmi ; ismé dimarb crod
ioip 7 imuinntir 7 achlann 7 roaimsig é imabalWè; isme dirat
for mate israthel isindithreib inloeg ordai da adradh 7 iosafa
laid dothescad otwrisc; ismé (f° 44 r° 1) dorat 4 fornabgodon-
sôr natrigilli dicur isinsorn tem'd ; isme dorat foriruaith inm#-
crad domarlW; ismé dorat foriudâs cm/ dobrath ; isme
dorat ïor'mm'ûed crist doguin ; ismé darat forirh s eoin baisti
didic[h]ew/ad ; isme [dojra*: arsimôn 6 arad çurab druig 7 petar 7
pôl ; ismé tor[at] fonear petar dicrochtfrf 7 uile imdai ele.
7. Cia rodhiïd ille, or'miliânz. Matha/r fe[i]n, olsé. Caide
aainmsiu, oriuih'awa. Belsebub, ar deman. Caide agnimsidein
armùiâna. Wiansa ; aircid cech uile, arsé. Cid dulc fodamtai for
innarbai onacm/aig/b, oriuiliâna. Ismoide arnanoir, ardemon,
beth icathugwi frisna krènaib. Arnihail le lucifer arfo/csin
m[ijna chlaidim infiren, 7 m[i]nadernum nagnima c[u]macur-
thar sinn, piàntar sinn ; conid aire sin isécin dûin umaloit
didénum dos[o]m zmail donet nech diaath/r. Indis duin 8
oriuilziwa cindus siltâi bar nuilc. Inneos/<7t 9 d/«tsiu on, or
diab///.
8. Tigmid gus innduine 7 é urlum ôgnim dé 7 dobtvam
imraiti eili dulc forammman, 7 saobumaid onadeidgnimaib 7
1. Cf. sans doute forgan « anger » O'R., bien que ce dernier mot soit
donné comme masculin. Mais le singulier 'manfer « autour de l'homme »
est embarrassant.
2. De cothaigim « je nourris » (K. Meyer, Contr., p. 500).
3. Ms. naka ; cf. ci-dessus, p. 312, n. 2.
4. Ms. dorat dirat.
Bétha Iuiliana. 317
6. « Je suis un être infernal, dit-il ; c'est moi qui cause le
courroux des hommes et les meurtres ; c'est moi qui nourris
les mauvais désirs ; c'est moi qui dissouds la paix et qui cause
les luttes de colère. C'est moi qui ai fait commettre le péché
à Eve et à Adam ; c'est moi qui ai fait tuer Abel par Caïn ;
qui ait fait périr le bétail de Job, sa famille et ses enfants, et
qui l'ai tenté dans ses membres ; c'est moi qui ai fait adorer
le veau d'or aux enfants d'Israël dans le désert et qui leur ai
fait découper à la scie le prophète Isaïe ; c'est moi qui ai fait
jeter par Nabuchodonosor les trois garçons dans la iournaise ;
c'est moi qui ai fait tuer les enfants par Hérode ; c'est moi
qui ai fait trahir le Christ par Judas ; c'est moi qui ai fait per-
cer le Christ par le soldat ; c'est moi qui aj fait décapiter Jean-
Baptiste par Hérode ; c'est moi qui ai fait dire par Simon que
Pierre et Paul étaient des druides ; c'est moi qui ai fait cruci-
fier par Néron Pierre et tous les nombreux autres. »
7. « Qui t'a envoyé ici ? » dit Julienne. — « Mon père
lui-même », dit-il. — « Quel est son nom ? » dit Julienne. —
« Belzébub », dit le démon. — « A quoi s'occupe-t-il ? » dit
Julienne. — « C'est bien aisé; il est, » dit-il, « l'inventeur de
tout mal ». — « Quel mal souffrez-vous pour l'expulsion [du
corps] des chrétiens ? », dit Julienne. — « Notre honneur en
est plus grand », dit le démon, « de combattre contre les justes ;
car Lucifer n'aime pas nous voir si nous ne terrassons pas le
juste ; et si nous ne faisons pas l'action pour laquelle on nous
envoie, on nous punit ; aussi nous est-il nécessaire de lui
obéir comme chacun fait à son père. » — Dis-nous », dit
Julienne, « comment vous répandez vos maux. » — « Je vais
te le dire », dit le diable.
8. « Nous allons trouver l'homme, quand il est distrait de
l'action de Dieu et nous inspirons à son esprit d'autres pen-
5. Lire iruath « Hérode ».
6. Ms. arsimôn arsimô» .
7. Ici, drui signifie « magicien » ; cf. Simon drûi =z Simo magus, T. B.
C, 2530 et v. Rev. Celt., XXX, 83 et n.
8. Sic. Lire sans doute dam « à moi ».
9. Ms. inneos. Cf. indisfetsa P. H. 926.
Revue Celtique, XXXIII. 21
3 iS /. Vendryes.
onahirnaithchib hé 7 dobgraimni fochuide foramefnjmtfn
conidiat amaslaichi gabad cuccu; gach 6en doni irmgthl j
scrutan nascribture diadae, innarbaw sin sinne uadhaib. Cin-
nus lamthàisi amus {orna, cristaigïb, or'miliâm. Amail rofé-
thaisi infasdogsa triathairismi dait icr/jr/, ardemon, isamWd
sin lamuimsea triaforcongra satanais aimsiutin nafirén.
9. Isann sin rochengail iuihVma indeman 7 rochuir fbrlar é
7 rosbuail .i. oen dinacuibrigib bûi furri fein. Arcrist crochda
frit, arsé, léic immach. Abair frim, oriuiliana, cid gné uiic
rocnris isnadâinib. Drem dib didalW, aroili dib acossa dobri-
s^d. Cid tra acht cach ernail uilc fil isin dom/m ismisi dogni ;
gurroaimsigus tra nà heaspail 7 na mairtinr/? 7 na faide. Nir-
cengail nech dib me, acht tusa 7 roratus aimsiugfld arm^c nde
darugus isliab isin dit[h]rib 7 nircho/dig dam. Tusa immorro
romhspailis ophiànaib môra.
10. Atbtvt inturraig iuilianai dotabtf/rt chugi. Tain/c iui-
liàna, 7 t//c le andemon 7 robôi indeman r ig etarguide iui-
liana imaleagan immach conid aiïn sin rolàid si uaithi é illog
salach. Tan/e iu'ûians. isin teach inturraig 7 i fâilig oghnûis.
Atbevt intarm/V ce rofuaslaicc thû odmôrphiân^/T? a'm'ùiânâ.
Incoimdiu c//machtach sin rofâid aingil domfurtachtsa. Tusa
immorro truag aineolach 7 fogeba tene suthain 7 cruma ncm-
marbai 7 dorchatu marthan<7ch. Déna ait[h]rigi. Istrôcar (f°
44 r° 2) dligthach incoimdiu 7 dobera slanti âuk.
11. Isann sin t//cad r[o]tha hmide gusinrig 7 cloidmi géra
as 7 tene fâi 7 milig oga luth 2 7 rocureth iuilitf //a ann ; acht
nirothesgsat na cloidmi 7 roloisc intene. Tain/c iarsin aingil
7 robâid inteine 7 rothaithmig na cuibrighi bûi uirri. Bôi iui-
liana. ocait[h]rigi. Adé uilicwmachtaig, orsi, aslanû n^marb-
1. Ms.7 robôi indema» 7 robôi indeman.
Bel ha ïuiliana. 319
sées de mal; nous le détournons de ses bonnes actions, de ses
prières et nous tourmentons son esprit jusqu'à ce que nos
séductions l'aient saisi. Quiconque se livre à la prière, à
l'étude des saintes écritures, nous l'en détournons. » —
« Comment », dit Julienne, « osez-vous tenter les chrétiens ? »
— « De même que tu as pu te saisir de moi par ta fermeté
dans le Christ », dit le démon, « de même j'ose, par l'ordre de
Satan, tenter les justes. »
9. Alors Julienne saisit le démon et le jeta sur le sol et le
frappa, en se servant d'un des liens qui se trouvaient sur elle-
même. « Parle Christ crucifié ! » dit-il, « laisse-moi aller ». —
« Dis-moi », dit Julienne, « quel genre de maux tu as fait aux
hommes ». — « A certains d'entre eux l'aveuglement, à
d'autres le brisement des pieds. Bref, tous les genres de maux
qu'il y a dans le monde, j'en suis l'auteur ; j'ai tenté les
apôtres, les martyrs, les prophètes. Aucun d'eux n'a pu se sai-
sir de moi ; il n'y a que toi. J'ai donné tentation au fils de
Dieu quand je l'ai mené sur la montagne dans le désert, et il
ne m'a fait aucun mal. Mais toi, tu m'as frappé de grands
maux. »
10. Le préfet se fit amener Julienne. Elle arriva, traînant
avec elle le démon, qui la suppliait de le laisser aller, si bien
qu'elle le rejeta loin d'elle dans un lieu immonde. Julienne
entra dans la demeure du préfet, le visage rayonnant. Le pré-
fet dit : « Qui donc t'a délivrée de tes grands maux, ô
Julienne ?» — « C'est le Seigneur tout-puissant qui a envoyé
un ange à mon secours. Mais toi, malheureux ignorant, tu
trouveras le feu éternel et les vers impérissables et les ténèbres
perpétuelles. Fais pénitence. Le Seigneur est miséricordieux
et indulgent, et il te donnera le salut. »
11. Alors on apporta au roi une roue de fer, d'où partaient
des glaives acérés et sous laquelle il y avait du feu ; des sol-
dats la faisaient mouvoir; on y plaça Julienne. Mais le?
glaives ne la coupèrent pas, le feu ne la brûla pas. Ensuite
vint un ange qui noya le feu et détacha les liens qu'elle avait
2. Cf. sans doute luth « uis, impetus, impulsus » (Ascoli, Gloss., p.
clxxxij) et v. Windisch, T. B. C. 1. 1709, p. 216, n. 3.
320 /. Vendryes.
dae, atidnaicid in betha, istû doiridina parrthais ' ; istû
sdiuraigi incinid dabna ; istû robentach iacob 7 rosaer ioséph
arfo/-mat abraithrech ; istû roforchan mayssi immthuaitb dé
dotaba/Vt aheigpht 7 tri muir ruaid cosaib tirmaib co rangan-
tar tir tarrngaire ; istû romarb goilias tre duaià ; istû romo-
lad onahaingl//; 7 onadruith[ib] ; istû rothodhuisc marbu 7
rothogh apstal ; istû rotidnaic/'d oiudas 7 rocésad oiuda/b 7
rohadnaic/d 7 roeirig omarbaib isintreslô 7 rofreasgab
doc[h]/mi noue ; istû 2 inoentarrngaire, adé dogni nahuili sin
7 rofurtachtaig dimsa gustrasta, saer mé inchuradsa 5 ; 7
curab comaitrebh dosom ré dhbitl inif[e]r« chaidche.
12. AtbtTtatar basai retha na cat[h]rach nicomedia : Isé
intoendia uilicz/machtaig atcheas iuùiâna. 7 nidia aile acht se
7 dorinsit uili aithrigi 7 rocomtbog[arJsat uili dia ; 7 roindis
intairrig sin donimp^r 7 adubairt antimpir amarbad tre cre-
dim do dia; conid tricad 7 cet rodic[h]entad dib.
13. Rocureth iuiliana xtehvd ac on urraig ; dorinni si
aitrige iarsin 7 dochuaid aingil diafoir/V/;in 7 rocur intene
uaithi. Bôi si ocmoW incoimdeth 7 mrchcidig intene di.
AtbtTt mturraig amaiergugad À. linn luaigi docur isuacht 4 7
aûuchad 7 iuiliana. dicur ann >. Dorindeth amlctid. Rolig/d
ûuchad intsuachtai tairis imhach gurmarb .v.er ar .lxxx.
do muinntir merroig 7 nirmô inaid fothruicthi doiu-
litf/za e.
14. Otconnairc inturm/^ sin, rodluid a étach 7 bôi oce-
1. Faut-il couper doiri dina parrthais ou doiridi na parrthais} Dans les
deux cas le texte serait à corriger. Lire peut-être doirindi « qui as fait » et
supposer un mot tombé dont dépendrait le génitif parthais ; dina génitif du
mot dut i< protection » ne parait fournir aucun sens.
2. Ms. istû. istû.
3. Lire sans doute onchuradsa. Pour le sens de ce mot, cf. corad, Thne
Betha Iuiliana. 321
sur elle. Julienne se mit à faire pénitence : « O Dieu tout-puis-
sant », dit-elle, 0 ô salut immortel, ô dispensateur de la vie,
c'est toi qui as fait... du paradis, c'est toi qui a guidé la race
humaine ; c'est toi qui as béni Jacob et qui as sauvé Joseph
de la jalousie de ses frères ; c'est toi qui as enseigné à Moïse
à faire sortir d'Egypte le peuple de Dieu et cà traverser la mer
Rouge à pied sec pour atteindre la terre promise ; c'est toi
qui as fait périr Goliath par David ; c'est toi qui as été célé-
bré par les anges et les druides, toi qui as ressuscité les morts
et qui as choisi les apôtres; c'est toi qui as été livré par
Judas et supplicié par les Juifs, qui as été enseveli et qui es
ressuscité d'entre les morts le troisième jour et qui t'es élevé
au ciel ; c'est toi l'unique promesse ; ô Dieu, qui as fait
toutes ces choses et qui m'a protégée jusqu'à ce moment,
délivre-moi de ce scélérat ; qu'il partage désormais le séjour
du diable en enfer ! »
12. Les bourreaux de la ville de Nicomédie déclarèrent :
« Le seul Dieu tout-puissant est celui que voit Julienne ; il
n'y a pas d'autre Dieu que lui », et ils firent tous pénitence et
tous invoquèrent Dieu. Le préfet raconta cela à l'empereur,
et l'empereur ordonna de les mettre à mort pour avoir cru en
Dieu ; cent trente d'entre eux furent décapités.
13. Julienne fut placée dans le feu par le préfet; elle y fit
pénitence et un ange vint à son secours, qui écarta d'elle le
feu. Elle se mit à louer le Seigneur et le feu ne l'incommoda
point. Le préfet, s'étant mis en colère, ordonna qu'on apporte
du plomb fondu dans une cuve, qu'on la lasse bouillir et
qu'on y jette Julienne. Ainsi fut fait. Le liquide bouillant
s'échappa en dehors de la cuve, si bien que périrent quatre-
vingt-cinq personnes de la maison du préfet ; pour Julienne
cela ne lui fit pas plus d'effet qu'un bain.
14. Quand le préfet vit cela, il déchira ses vêtements et se
m. lr. Hom. p. 42, 23 et côraidh .i. drochdhaine O'R. Il y a eu confusion
de car ad et de curad.
4. Le mot suacht, gcn. suachtai désigne évidemment une espèce de réci-
pient ; mais je ne l'ai rencontré nulle part.
5. Ms. ann ann.
322 /. Vendryes.
gnach na ndei, uair narfétsat bas dotaba//'t di. Atbtvt anter-
raig iarsin abreth dia dic[h]«»iad. Bafail/d im[morro] mïïiarm
imcrich abethad ditecht. Orwead culog indic[h]c»rfaJa, taimc
indem<w rocheangail reime 7 hben frisnabasairib : Nacoi-
gligi ', orse ; (f° 44 v° 1) isisin rochairigbar ndei 7 isi dorone
ulco imdai frimsai 7 isi dorât frimsai aindisin di gach ni
rifiarfo/d dim. Rothôgaib iuliana arosc inairdi cofeasad ciaro-
labair, 7 roteith indeman annsin.
15. Bôi îuilwwa ocinntôd câich 7 ocfurail credim forru 7
conhadradais nadei bodrai balbai, acht isu cri si 7 rofaid aspi-
rât iarsin cum nime 7 rohadiMceth a corp anicomedia. Ta me
bannscàl onicomàfta do saigid naroma 2 7 dorat tnisi iuilwwa
le 7 roadnaic gairt onmûr icomfocraib naroma.
16. Tanic àidiu mtmraig eleseus iluing inaroili la 7 robai-
ded inlong 7 triar artricad imesim 7 iduatar eathaiti alita
acorp arnacur dintuind itir tre briat[h]raib nahoigi iuiliaana.
Finit. Amen.
1. Cf. coicïtm « je ménage, j'épargue » (K. Meyer, Contr., 413).
2. Pour l'emploi de l'article devant le nom de la ville de Rome, voir
P. H., p. 765.
Bel ha lui lia 11 a. 323
mit à insulter les dieux, parce qu'ils n'avaient pas pu la mettre
à mort. Puis il donna l'ordre qu'on l'emmène pour la déca-
piter. Julienne se réjouit d'être arrivée au terme de sa vie.
Comme on la conduisait au lieu du supplice, arriva le démon
qu'elle avait saisi précédemment ; et il dit aux bourreaux :
« Ne la ménagez pas », dit-il, « elle a repoussé vos dieux; elle
m'a causé des maux nombreux ; elle m'a forcé à lui raconter
tout ce qu'elle me demandait. » Julienne leva les yeux en
l'air pour savoir qui parlait, et le démon partit aussitôt.
15. Julienne se mit à convertir chaque assistant, à les pres-
ser de croire et de ne plus adorer des dieux sourds et muets,
mais Jésus-Christ. Puis son âme s'en alla au ciel et son corps
fut enterré à Nicomédie. Une femme alla de Nicomédie à
Rome, emportant avec elle les restes de Julienne, et elle les
enterra près du mur dans le voisinage de Rome.
16. Quant au préfet Elisée, il partit un jour sur un vais-
seau, et le vaisseau fit naufrage avec les trente-trois personnes
qui le montaient; et les oiseaux sauvages mangèrent leur
corps, après que les flots les eurent rejetés sur la terre, con-
formément aux paroles de la sainte Julienne. Finit. Amen.
J. Yexdryes.
ÛBER DEN GEBRAUCH DES FUT. II. IM IRISCHEN
UND
UBER DIE BILDUNG DES AIR. FUTURS.
literatur: I. Thurneysen, KZ. XXXI. S. 68 f.
Strachan, Subjunctive Mood in Irish, Transactions of the
Philological Society. London 1895-8, S. 225 ff.
Pedersen, Vergleichende Grammatik der keltischen
Sprachen IL I. 312 ff.
II. Vgl. auch Vendryes, Mémoires de la Société de Lin-
guistique de Paris, XI, 258 ff.
Stern, CZ. IL 383 ff.
Thurneysen, KZ. XXXI. S. 77 f.
Vendryes, Mél. Havet, S. 587 ff.
Kieckers, IF. XXVII. S. 325 ff.
abkurzungen : SR. : Saltair na Rann, herausgegeben von
Stokes.
TBC. : Tain Bô Ciialnge, herausg. von E. Windisch.
Cath Riiis : Cath Rûis na Rig for Bôinn, herausg. von E.
Hogan.
PH. : The Passions and the Homilies from LBr. herausg.
von R. Atkinson.
I
Das Prâteritum Futuri steht nach Thurneysen (Hb. d. Air.
S. 31 1) « sowohl in Hauptsàtzen als in indikativischen Neben-
sâtzen:Es vergleicht sich mit demromanischen Kondizional. »
Seine Funkzion ist die des Pràteritums Futuri (lat. die-
Dus Fùturum im Irischen. 325
tutus eranî), die des Potenzials oder des Irreals. Dièse letzte
Bedeutung ist besonders hiiufig in der Apodosis der hypothe-
tischen Périoden. Allein die Potenzialbedeutung hat auch das
modale Imperfektum(Imperfektum desSubjunktivs) und zwar
in den Subjunktivsâtzen. Da aber der Potenzial schon an und
fur sich eine subejektiveBedeutungsnuance hat, eine Nuance,
die im Irischen durch den Subjunktiv zum Ausdruck kommt,
so musz man annehmen, dasz der irische Subj. II. (Subj. Impf.)
mit dem Fut. II. teilweise konkurriert, was auch Vendryes
(Gram. § 470) annimmt, er sagt nàmlich : « Mais le principal
rôle de l'imparfait du futur, c'est d'exprimer le potentiel du pré-
sent ou du passé (irréel) en proposition principale. Il partage cet
emploi avec l'imparfait de l'indicatif et l'imparfait du subjonc-
tif. . ., sans qu'on puisse établir d'ailleurs une différence de
sens entre les trois. » Fur die Apodosis der hypothetischen
Périoden kônnte man das zwar nicht behaupten (vgl. Strachan
Subjunçtive Mood § 34 ft), jedoch gilt das z. B. fur die Fra-
gesiitze (Strachan a. a. 0. § 29 ff.). Es ist auch weiter zu
beachten, dasz im Mittelir. in gewissen Fâllen anstatt des air.
Subjunktivs Imperfekti ein Prâteritum Futuri stehen kann
(vgl. Strachan a. a. o. « Thus, in the Saltair na Rann, 1.
5776, is found ni frith dib oenfer folilsad, ' there was not found
one man of them who could endure '. Hère, according to the
Old Irish usage, we shouldhave had, no.t thésecondary future
folilsad, but the past subjunçtive folôsad. ») Es wirdalso nicht
iiberflùssig sein den Gebrauch des Prâteritums Futuri nàher
zu betrachten ; wenn auch schon Strachan manches konstan-
tiert hat, geschah dies nur mit Rùcksicht auf den Subjunktiv.
§ 1. Das Prâteritum Futuri wird also 1) als Ausdruck fur
eine in der Vergangenheit bevorstehende Handlunggebraucht :
Ml. 43b 9, diem tribulationis uocat tempus quo cinctura
erat Assiriorum obsidio ciuitatem. gl . bon imthimchellfad.
Sg. 209b 27, qui se sciret non deserturum gl. naich
ndeiserd
Ml. 48a 5, huic [Ezechiae] qua oratione infïrmitatis suas
tempore sit Ezechias ussurus, profetatur hoc carminé, gl.
honerberad biuth.
Ml. 68a 1,.. qui tune futuri sunt... gl. indaim ser dundiefitis
assair.. (die Zeit, \vo die A. kommen sollten.)
326 Josef Baudis.
(Ml. 100c 7, carpit futura d\sc\d\ag\. duadbatsom indinchlidid
inna debthi nobetis la israheldu iartain.)
Vgl. weiter : Wb. 5a 20, Non repulit Dcus plebem suam,
quam praesciuit gl . i. inti nochrdtfed diib « den von ihnen,
der glauben wird » (Zeuss 2 461. qui crediturus esset. — Ich
glaube, daszhier die potenziale Auffassung nicht nôtig ist. Es
handelt sich hier uni eine Prâteritalisierung der Aussage :
Gott verstôszt nicht denjenigen, der glauben wird).
Vgl. Ml. 59a 22, airet nombèinnisnaib imnedaib.
Sg. 138 b 1. Cum igitur masculinum sit ' nutritor ' et ex
eo secundum analogiam nascebatur nutritrix. gl. nogigne(J),
Zeuss2 433 : nasceretur, nasci debebat. Das Zweite ist das
Richtige : « es sollte gebilded werden », fur die indikativische
Auffassung sprieht ùbrigens auch der Indikativ des lateinis-
chen : nascebatur.
IT. I. S. 213 : ochs atchilhe dô i n-asîingi innas ind fir nô rig-
faide ( das Aussehen des Mannes, der zum Kônig
gemaeht werden sollte. Vgl. auch Tog. Br. Dâ Derga § 11 :
no ibead a enbruithi, 7 no chanta or firindi fait ina ligiit- Fer
atchicheàd inà chotlad is e bad ri.). So auch PH. 4893 ff. : is
aire ro-damair ïsu do diabid a aiinsiitgud ar tus, co mbad fJiollas
a chumachtu iar fholad a deachta ; 7 din do thaidb(shi) na
mbuada 7 in choscair no-berad de iartain.
Vgl. neuir. : Geallais an ri dhi gan an mac do mbarbbadh,
dâ ndéarnadh rftn àr an ni do-chijeadh (Sgéalaigheacht Chéitinn
1, 15). Der Kônig versprach ihr, dasz er ihren Sohn nicht
tôten lassen wird, wenn dieser verhehlen wird, was er sehen
wird.
Die Vergangenheit ergibt sich aus dem Zuzammenhang in
SR. 3389 : Ni gcbed Ioseph nachfiach
An m. Die Bedeutung « ich wollte » liegt im folgendem
neuirischen Beispiel vor : agus ors ' a ' niadadh : « Fnaidh
beirt dearbhrâitbi cacha duil-se thart, agns ni thabharfadh
siad dadaih damh-sa... » (Cruach Chonaill, S. 5), und der
Hund sagte : « Deine zwei Brùder sind vorbeigegangen
und wollten mir nichts geben » (nihil mihidaturi erant;
— der kondizionale Sinn ist da deshalb ausgeschlossen,
da der Hund tatsachlich uni ein Stùck Brot gebeten
hatte).
Dos Futurum lui Irischen. 327
Eine bevorstehende Handlung liegt auch im folgenden
Beispiel vor : Cath Finntrâga Z. 489 : ni drudôcheili Ubronsat
amhail as gnathdo comrac igur 0 thicfedh aghaidb ( als die
Nacht (heran)kommen sollte).
Die Bedeutung ' ich sollte tun ', mihi faciendum erat, facere
habebam liegt in PH. 5102. vor: co wbad anilaid domcltis bé.
Atkinson : that they should eat it thus.
§ 2. So sind auch die Inhaltssiitze aufzufassen, die eine
indirekte Rede enthalten. Solche Sâtze sind entweder Subjekt-
satze, oder Attributivsâtze, oder endlich Objektsâtze :
§ 3, 1) Subjektsâtze : MI. 46a 19, nadnersoilcfitis nadoirsea 7
nad ticfed in ri nach in popul asindoiri isbe inmachdad insin robôi
forsnaib doirsib 7 ised rodaucai dorad innàm briathar sa. i. qui s
est iste ri. ' (der Umstand), dasz die Tûr nicht geôffnet wer-
den sollte (im Pràs. : nicht geôffnet wird, w.soll) und dasz
weder der Kônig noch sein Volk aus der Knechtschaft (ent)-
kommen sollte (im Prâs: entkommen wird), das wunderte
die Tûr (wôrtl. : das war die Venvunderung, die auf der Tùr
war) und dies war, was sie zu diesen Worten veranlaszte :
quis est
PH. 6975, ba doig leocombad 0 Hiruath no-genfed in t-i batar
iarraid.
ebend. 2044, Dar le hhïdaidib imorro connicfitis a Jhastad
0 bas.
(futural oder potenzial aufzufassen).
ebend. 3224-25, Ar ba dôig h-(J)sium co mbertba a animm a
biffer n.
Cath Fintr. 393. uair ba dearbh leo nacb ticfaidis tara ri-
ais aris.
(I T. I. 2ji,Ba samalta co rachdd long forlan seolacb dar
a cbrxs gin osluictbe : lâszt auch die potenziale Auffassung
zu. vgl.
otibedsom amangfbàitbiud gaire foraird impu condigsed tresbess
oanirt nonbair dargincbrœs dô (bei Zimmer ZfdA. XXXII. S.
208 ; RC. XIV. 404) also... dasz ein Schiff hindurchkommen
kônnte )
§ 4. 2) Attributivsâtze.
Ml. 108a 5, robôi dam dodia domberad fortacbtain dam gl.
zu prouidentias.
328 Josef Baudis.
Vgl. auçh Ml. 33b 13, abhângig von einem Modalsatz
Ml. 111 d 4.).
Ml. 97d 10, ia mai ris nandatiberad dia doit 7 nach coimna-
cuir « dasz Gott es ihnen nicht geben wird » (gedacht in
Vergangenheit !) Vgl. noch Wb. 16 b 19, was man auch zu
§ 5b rechnen kann.
Cath. Finntr. Z. 88. Do bhi imoro a fis ag Finn 7 ag fia-
naibh Eirennco ticfad in tromdhamh sin d'innsaighi Eirenn.
PH. 610-1. O atchuala imorro Marcellinius na briathra-sin
7 na cindte, na berdais breith fair (Prateritalisierung des direk-
ten : ni berum breith fort-su etir, ebend. Z. 608). — Vgl. noch
1026.
§5.3) Objektsatze :
a) Ml. 34c. 8, credebant eos impetu primo se esse capturas :
nundagebtis.
Ml. 131 c y, intain iarum rocretset nondasoirfed dia . . . als sie
geglaubt hatten, dasz sie Gott befreien wird.
Ml. 46a 14, is ed rochreti câch ditibsi nachaibersoikfithe etir
7 nachablicfed for ri nach far tuad atoiri Zeuss 2 743 :
id est hoc credidit unusquisque de vobis, vos apertum non
iri omnino nec vobis venturum esse regem vestrum nec
populum vestrum e captivitate.
Ml. 127a 6, qui a Deo quod iniuste posceret credidit
impetrandum : noloichfed (môglich wâre hier auch der kon-
dizionale Sinn : cr iviïrde crlangen).
Ml. 124b 6, air adraigsetar nondabértais iterum in captiuita-
tem, « sie haben gefùrchtet, dasz sie sie i ter uni in capliuitatem
bringen werden ».
Ml. 123c 1, rocretset dungenad diaani dnrairfigert, « sie haben
geglaubt, dasz Gott tun wird, was er versprochen hatte ».
Wb 21 a 3, Ut simus in laudem gloriae eius nos, qui
ante sperauimus in Christo. i. per profetas doniefad encunn
(Zeuss 2 461 : eum venturum esse ad nos) '.
PH. 4436 ff. Tri-a rcmfhis din 7 tria fholïsingud in spiruta
noib ro-thuc in slaniccid su Ico faigebtha assan and, 7 co n-id i
cuibrech fogebtha, 7 co mbiad 6c ech imallefria, . ..
1. Sieh noch Mi. 126 c 10 (abhiingig von einem Modalsatz).
Dus Futuruni vu Irischen. 329
Eine Bestimmung des Verbalnomens liegt ebend. Z. 2012
vor : a chinded ai i 11-a menmain, na findfad ocntaid fherscail,
(Atkinson : in resolving in her heart that she would not
know )
b) Ml. 5 3d 6, asberad som nambutressa dia hirusalem imbôi
dia cccha cathrach olchena 7 nachasoirbed dia lamaib som « ...dasz
er sie aus ihren Handen nicht befreien wird »
Ml. 25 a, hac autem uoce, quam magnitudo admirationis
elicuit, spicialiter indicatur quoniam omnem terram praedicatio
euangelii completura sit, darauf bezieht sich Gl. 11, no linfed
und Gl. 8, nolinjed preceupt asoscelai innuit cuaird in talman
(dasz erfùllen wird).
Ml. 16c 10, dorimther hi libur essais; âscelso À. asbert side
contra ezechiam aîbclad d:::ch side ( dieser sagte ,
dasz er sterben wird).
Wb. 7a 2 isdiimsa tairrchet adcichitis genti per mé.Zeuss 2
454 : de me praedictum est vissuras esse gentes per me.
Vgl. weiterWb. 6d 8, doarrchet dichéin nombiad adrad dé
lagenti.
Ml. 108b 5, pradicens ea quae erant... mansura .i, rofeidlig-
fitis.
Glosse zu Hy. v. 19 : nothcrcanad Brigit do Chôemgen chaith,
air dire conidluaitbfed géth tre snechta.
TBC. 145 6-7 Andsain bàgais Ciichulaind, port i faicjed
Meidb dobérad chloich furri. (Windisch ûbersetzt : ... wo er
Medb sehen wùrde, wiirde er den Stein nach ihr werfen » ;
ich glaube, dasz es sich um eine Aussage handelt, die direkt
lauten wùrde : « Wo ich Mêv sehen werde, werde ich einen
Stein nach ihr werfen » ).
Arm. 18b. 1, Asbert fiacc frisinaingel nandrigad contised
pat ri ce.
IT. I. S. &i,Dorarngert si nach facfed a da céili for talmain
in oenfecht « sie hatte gelobt, nie werde sie ihre zwei Mânner
zugleich auf Erden sehen (Thurneysen : nie wolle sie...).
Ibid. 260, ûair iss ed alrubairt Bricriu fri cach x timchell
araile, issi ro bad banrigan in chôicid uli inti dib cétna ragad
issa tech (direkt mûszte das heiszen: « die wird Kônigin der
ganzen Provinz sein, die von euch als die erste in das Haus
kommen wird. »).
33° Josef Baudis.
Ibid. 5. 75 : ar isbertatar maie Uisnig noch istais biad i n-
hErinn acht biad Conchobair i tossueb.
TBC. Z. 1073 f., atbert Cathbad, mac bec con gebad gasced bad
an 7 r a bad irdairc.
PH. Z. 3921-2 di-a nd- ebert... co ngébad ard-rigi...
Ibid. 1785 ff., Adubartus-(s)a frit-su cofhclar in ni roi m raid
Simon .i. co tibred aingliu coudai i m'agaid-si...
Vgl. 1946, 2365 ff., 2720, 2724.
Ibid. 906. atbert, is tiisca no-berad in l-crrandus bad mo di-a
rige « (Herodes) sagte, er werde (od. wùrde) lieber den grô-
szeren Teil seines Kônigreiches hingeben » (hier ist also auch
die potenziale Auffassung môglich).
Vgl. noch SR. 2806-7, 38465 6774 f> 7524, 3385-7.
PH. 7009, uair is s-ed ro-gell sechtair, co n-aidérad in coim-
did.
Ibid. 6543, Ro-chind imorro in fer- sa i n-a menmain, na din-
gned na hi na-ptar dilmain dô dodenum..
ibid. 3146, Ro-mâid infer-sa ro-laifed tar cend tempull
Dé, 7 dogénad a athcumtach...
Cath Ruis. § 20, Dâig nir-cheil Conchobor riant bar a namait
bail i ngebad sosad.
Vgl. noch PH. 3056 : ar ni-s-jitirsium na coma il If ed à gellad
fri Dia cen a diultad.
c) Weiter kommt das Pràteritum Futuri in Sâtzen vor, die
in der direkten Rede als Nebensàtze fungieren mùszten :
PH. 332, atber friu uli aine imite amàl connictifis.
ibid. 972, atbert cech oen no-gébad ainm Crist fa'u\ a marbad
focetoir. So auch 474. f.
Anm. SR. 5795-6, rogell aingin cenmeth friôcnfer dafingge-
bad ist zwar eine Pràteritallisierung der Fumralaussage,
kann aber auch zu I. gerechnet werden, so auch 5817-20.
Vgl. auch neuir. Dnbhairt an madadh Jeis gach uile fhear a
chasfadh air 6 shoin go tigh an riogh a thabhairt leis (Sgéalaidhe
Ôirghiall S. 61).
§ 6. Das Pràteritum Futuri fmdet man in indirekten Frage-
sàtzen :
a) im Hauptsatz steht ein historisches Tempus.
Dits Futurum im Irischen. 331
M. 43c! 20, bacumdiibart in ctaste fanaic dubium erat utrum
obtineretur an non (vgl. Ascoli Gloss. lxxii).
Ml. 102 d 4, lasinrubu chumtabari indabiad torbac fanaic
domolad dé.
SR. 2924, nifitir cid dogenad, ibid 3189. ff. Roscrutai... chi-
nas doberad baegol.
IT. 1-28), Dobrctha rogu doib, cid biad no ragad dia n-e-
chaib.
PH. 499 f. ni fhetàr cia kth do-rechaind... (gehen soll).
Ibid. 2976, ni fetatar cid cormali dogéntais iaruni.
Ibid. 8150, Iàr-sin ira Icit in animai cus-in miel, di-a fins in
fbctfad dul irit imàch.
Ibid. 1028, boi oc guide De im a fhoillsiugud cid dogenad
inuue-sin.
Ibid. 262, Ro-fhàs ira iàr-sin ceist cid dodénad friss-in
iestar lit..
Ibid. 1203 (atbert...) Georgi trâ do thabairt hi carcair,co ro-s-
imrâided indus-no-malartfad he (wie er ihn vernichten sollte).
Cath Rûis § 19, Et raconiarleiced accu cià doragad risin tcc-
îairecht sain.
PH. 3138, cofesed in orcain Isa 7 à bas no-chindfed in sacart.
Nach dûs in SR. 6152, 2567, 2583 (nach Pràs. histor.)
55é3>5 567 (Priis- hist0-
IT. I. S. 256. Ro imrâid iarom Bricriu iuna menmain, dûs
cinnas doragad ar imchossâit Ulad. (vgl. auch. ibid. §§ 16,
17)..
Ibid. S. 105, corailcet eturro, dûs cia dib dongegadh (H.).
(L. hat notbogad.)
PH. 1. 6340^ Ro-fôidset ira techta uadib... dus cid dogéntais
im choisecrad na beclaisi.
Ibid. 7221-2, docbôtar catbarda in baile hi comairle, dûs cid
dogéndâis fria. In allen diesen Besipielen ist ebensogut die
temporale wie die potenziale Auffassung môglich — so auch:
Ml. 90c 19, nifetar in damsoirfad dia fanacc « ich weisz
nicht, ob mich Gott befreien wird (wiïrde) oder nicht. »
Bei fetar kônnte man zweifeln, ob es sich nicht um ein
urspr. histor. Tempus handelt, jedoch man hat Bispiele, dasz
das Futur II. auch nach einem Prasens vorkommt : Ml. 99b 10,
332 Josef Bauâis.
anial nadfinnatar sidi cia loc sainriud diaregtais. Stokes : « as
they do not discover to what particular place they would go.
(besser : wohin sie gehen sollten). So auch nach Imperat. :
SR. 1 561/4, cuiri cuaird. . . dûs infogebtha frifeis/dobiud di'oi
ni domelmais, Vgl. auch. IT. I. S. 190, Maire bias oc estecbt fri
giiba ocus golgairi ina n-anniand ic trogi ocus oc neméli frisin
coimdid im ihorachtaih chitecu lathi bràtha co luath, dûs in fui-
gebtis nâch n-etarfuarud isin fuigell (bei der Beschreibung der
Vision, wo also das Fut. des Hauptsatzes als « das wird ( — das
ist wohl — ) traurig sein » aufzufassen ist.)
Die potenziale Bedeutung ist in allen diesen Beispielen
schon deshalb môglich, weil auch in der direkten Frage oft
das Prateritum Futuri im Sinne des lateinischen conj tinctivus
deliberativus (oder potcntialis) steht. Aber diesem deliberati-
ven Konjunktiv nàhert sich manchmal das Futur. Dièse
Erscheinung kann man ùbrigens auch in anderen Sprachen
beobachten, so z. B. in der âlteren Latinitat qnid vivo meo res-
pondebo misera Ter. Hec. 516. Im Irischen findet man eine
âhnliche Bedeutungsnuance des Fut. I. : Wb. yd 4, Tollens
ergo membra Christi, faciam membra meretricis?. i. irigét
abullu arcrist etindigén biilht mertriqe diib absit. « Soll ich
Christus seine Glieder nehmen und soll ich aus ihnen Glie-
der der Hure machen ? absit ! » Man kônnte also einige Prà-
terita Futuri in indirekter Frage als Pràterita eines solchen
Futurs auftassen (selbstverstàndlich nur, wenn im Hauptsatze
ein histor. Tempus steht.) jedoch ist das nicht notwending,
da, wie gesagt, das Fut. II. auch in der direkten Frage ste-
hen kann .
§7. In direkten Fragesàtzen musz man zwei Môglich-
keiten unterscheiden :
a) entweder entspricht das Prât. Fut. dem lat. Delibera-
tivkonjuntiv,
b) oder es entspricht dem Potenzial .
a) Tog. Bruid. DA Derga § 70, Cia no ragad. . . achl mad
messi « Wer (anderer) sollte gehen als ich ?
Cath Ruis. § 8, « Cia doragad and... aeht niad Findchad... »
Ibid. § 8, Cia doragad risin tectairect sin ? « Wer sollte gehen
mit dieser Sendung? » (cfr. auch §§ 18, 27.)
[Vgl. IT. I. 262, Z. 25 f.,
Das Futur um itn Irischen. 333
Cid nabb sin Lendabair-se 11 sida câich
cicbsed ria cach ninai hi tech rig.
Warum [wâre das nicht] Lendabair (ich), Augenglanz jedes
(Mannes) [die] vor allen Frauen den Palast betreten sollte ?
(Warum sollte L. . . den Palast nicht betreten ?)]
IT. IV, S. 1, maith, a anum, a Oisin, câ conair no rachmais
riâ ndeôidh laoi d'iarraidb âighedechta na hoidhchi so? « Gut,
mein lieber Ossian, welchen Weges sollen wir gehen, um
eine Herberge fur dièse Xacht zu suchen ? »
b)\Vb. 10a 10, aut unde scis, uir, si mullierem saluam
faciès ? ./. âûr can rofestasu iccfe inmnài ciatasode lat arécin.
« Woher kônntest du das wissen, o Mann, dasz du das Weib
retten (wirst) wùrdest, wenn du auch sie durch Gewalt bei
dir festhalten wûrdest » .
So sind auch Ml. 17b 26, 35a 17 zu beurtheilen. Vgl.
auch :
Ml. 14a 6, aircia salmscribdid oicfed son. « Welcher Psal-
mist hâtte das tun kônnen ? »
IT. I. S 104, « Eirg on muicc din! » or Conall . « Cid
daim dot bérad-su cbuccil » ar Cett . « Geh weg von dem
Schwein ! » sagte Conall. « Was kônnte dich zu ihm fùh-
ren ? » (Thurneysen : Was sollte dich zu ihm fùhren?) so
auch S. 102 (§ 12), 103 (§ 13).
Einen Ubergang zwischen einer unabhâgingen Frage und
einem abhângigen Inhaltssatz findet man in
TBC. Z. 812, Is machtad 7 iss. ingant us Um, cia tiefad
cucaind co hor crichi 7 no bifed in cethrur bi'ii remaind in traiti
se. Windisch : Staunen und Verwunderung erfûllt mich, wer
zu uns an die Grenze des Landes gekommen und in dieser
Schnelligkeit die vier Mann, die vor uns her waren, getôtet
haben kônnte.
Anm. Eine deliberative Frage ist PH. 1776 : Ma do-
rigne na niora, cid ar na dingneâ na becca ? « Wenn er
(Simon) grosze (Wunder) gemacht hat, weshalb sollte
er nicht kleine (Wunder) tun ? » Der Xebensatz, der
von dem Fragesatz abhângig ist, ist mit der Protatis
Revue Celtique, XXXIII. 22
3 34 Josef Bandis.
der Kondizionalperioden (= mit einem kondizionalcn
Nebensatz) identiscb .
In den direkten Fragesâtzen entspricht also das irische Prà-
teritum Futuri entweder dem lateinischen deliberativen oder
dem potenzialen Konjunktiv. In den indirekten Fragesâtzen
kann er teilweise aus diesem Potenzial (deliberativ) oder aus
einem einfachen Futurum, das in der direkten Frage stehen
mùszte, erklart werden.
Anm. : Mit « wollen » kann man IT.I. 223 iibersetzen :
« Cesc tra . . . cid ar na leicfideà àam-sa mo denus i n-dâil
mnâ ?
§ 8. Nach Strachan (Subj. § 5 b) kann das Pràteritum
Futuri « in a conditional sensé by itself, or in the apodosis of
a conditional sentence » vorkommen . In § 44 . behauptet er
weiter, dasz « An apodosis of this form (nâml. der hypothet.
Perioden, die in der Protasis Pràt. Subj., in der Apodosis
Fut. II. haben) may stand without a protasis. » Die dann
von Strachan angefûhrten air. Beispiele sind aber vielmehr
aïs « conditional sensé by itself » oder ùberhaupt anders
zu erklâren. i)SoSg. 137b 5,Sciendum autem, quaedamuerba
inueniri difectiua. . . et hoc. . . uel naturae necesitate fieri
uel furtunae casu fadidmed aicned acht dondecniaing anisiu.
2) Ml. 55a 10, àuucthar triàrosc an: nolabraifitis musz man
gerade durch « was sie sagen môchten » iibersetzen (vgl.
das bei den Fragesiitzen zitierte Cesc. . . cid ar na leicfideà
dani-sa mo demis i n-dâil mnâ ? IT. I. 223).
3)Wb. ia 3 las spater Strachan (CZ. III. S. 55) cretfid.
4) LU. 73b 2, bid tû dogénad « it will be you that would
do it » (richtiger : du wirst es sein, der dies tun sollte) ent-
spricht dem deliberativen Fut. IL der Fragesâtze (sieh oben)
und ich glaube, dasz solehe Phrasen im Anschlusz an « Cid
dogénad » und ahnl . entstanden sind .
Als « apodosis without protasis » kônnte man noch am
ehesten Ml. 14b 4, Sg. 130 b 2, SR. 1505-6 betrachten.
Ml. 14b, 4, Huic ergo qui templum Dei spoliauit.... quod
profeta Dauid beatitudinis apicem contulisset ni digned
Duid innuaisletaid..
Das Fui uni m im Irischen. 335
Sg. 130b 2, quod in heroico stare métro non possit nisi in
e terminans eorum ablatiuus .i. dofôichred traig nécninilt
and « es wûrde einen unge\vôhnlichen(Vers)fusz herbeifùh-
ren ».
SR. 1505-6. Ninîoiscfed laie ninbaidfed (usce) (uns
wûrde nicht das Feuer brennen", etc.).
Ebenso wie Sg. 173b 5 sind auch Wb. 17a 10, TBC. 108
zu beurteilen : Wb. 17a 10, Et in prumptu habentes ulcisci
omnem inobedientiam, .i. Jicjîinmis adigal, wo das Ir. das
participiale in prumptu habentes glossiert, was gerade einen kon-
zessiven Sinn hat.
TBC. 1081 : Nil meràd-su sain « Dieser (Cathbad) wûrde
dich nicht verraten » '.
Àhnlich wie Ml. 55a 10 ist auch IT. I. 72 (§ 9) aufzu-
fassen :
No thogfaind-se elruib far n-dis ocus no gebaind tarbin ôc
amal tussu « Ich môchte zwischen euch zwei wahlen. Dann
nàhm ich mir ein junges Stierchen, wie du eins bist » (Thur-
neysen).
Manchmal kann man gerade durch « kônnte » ûbersetzen,
so :
IT. I. S. 176, Ar ni indisfed nech aile a bntth, L. Br. (LU.
Ar ni inisfeaÇlf).
TBr. DâDerga § 128, Atcondairc imdae as nesam do Conaire :
tri primlâich inti... Tri claidib duba dimôra léo.... No didlastàis
finnae for usciu .
((Dièse Schwerter) kônnten ein Haar (das) im Wasser
(schwimmt,) spalten.) so auch § 137, PH. 2106.
Wb. 15a 20 sieh unten.
§ 9. Das Prat. Futuri kommt massenhaft in der Apodosis
der hypothetischen potenzialen und irrealen Perioden vor.
1. Vgl. auch IT. I.S. 124, Ocus a ingin... ro bud urusa doit »/' ic-sa do
denam dont ghatar, ocus iss dôich not icfaithea, hier kann man das Fut. II.
als einen Potenzialis der 'Inhaltssàtze oder auch wie Apodosis der hvpot.
Période aufïassen ; ich glaube jedoch, dasz es sich auch hier uni keine wir-
kliche Apodosis handeit, sondern, dasz auch hier der « conditional sensé
bv itself » vorliegt
336 fosef Baudis.
Beispiele bei Strachen Subj. § 41. und dann § 5b (Wb. 9c
8, Ml. 42c 32).
Weitere air. Beispiele :
a) das Air. glossiert die lat. Apodosis :
Wb. 4d 9, sicut Sodoma facti essemus .i. abtélmis et niiai-
dirsed nech huann (Zeuss2 453, 923, 1007), Ml. 15c 8, lucrifi-
carent .i. no indbadaigfitis .
Sg. 6a 6, si enim esset semiuocalis, necessario terminalis
nominum inueniretur forceinnfitis anmmann inte (Zeuss2 417,
461a).
b) Das Air. bildet Apodosis. Wb. 8a i^.fagcbtis si credidi-
sent (Zeuss2 332, 454, 874).
c) Wb. 13b 3, mad ai II duib cid accaldam neich diib dari-
gente. Zeuss2 453.
Wb. i9d 24, ciachondesin farsidi dosmbérthe 3dm. (Zeuss2
367, 332, 914).
Ml. 40c 17, air dommuinfide bed niseî ititî dia matis hé indfcr-
sai grandi insin nanuna dumberad duaid.
Ml. 15c 7, nitibertais piana foraib mani esersitis.
So auch Wb. 2c 17, 9d 1, 25, Ml. 32d 25, 134b 3, Sg.
207b 2, 209b 6 ; 90b 2.
Das Imperfktum Fut. ist hier ebenso zu erklâren wie in
anderen selbststandigen Sâtzen. Meistenteils handelt es sich
hier um einen Potenzialis, oder um eine Prâteritalisierung
des Futurs, (so z. B. 1 : LU. 52a 32, asbert Mugain frisin
m-bancainti dobérad a breth féin di dia m-berad a mina ôir do
chind na rigna, bei Strachan § 42). Der Potenzialis hat jedoch
auch hier die Nebenbedeutung der Sukzession, also eine
Temporalbedeutung. Dasz ich hier recht habe, beweist der
Umstand, dasz dem Typus : Protasis : Subj. IL — Apodosis :
Fut. II. der Typus Protasis : Subj. Prâs. — Apod. : Futurum
gegenùbersteht, und dasz durch Prâteritalisierung des letzte-
ren der erstere Typus entstehen musz (vgl. oben). Es handelt
sich also auch hier um eine ursprùnglich temporale Auf-
fassung der bedingten Handlung.
1. So auch PH. 6621 ff. , atbert in rig, 7 ro-thestaig 0 luga, co tibred
anoir 7 càtaig ngradai 7 muinnterus do dia n-adrad na hidlu.
Dus Futurum im Irischen. 337
§ 10. Ein potenzialer Nebensatz liegt
a) in SR. 5811-12 vor :
coalog dobeir no ciarath
inri dondfiur nombifad?
« Welehen Lohn oder Vorteil gewâhrt der Kônig demjeni-
gen, der mich erschlagen wùrde? » (vgl. auch 1563 :
dûs infogebtha frifeis
dobiud diin ni domehnais.
(( was wir verzehren kônnten »).
b) mit « sollte » musz Sg. 30a 1 ùbersetzt werden : Quasi
ad aliquid dictum est, quod, quamuis habeat aliquid contra-
rium et quasi semper adhaerens, tamen non ab ipso nomine
significat etiam illud .i. ani hua nainmn ichfide (Zeuss2 481 : id
e quo nominaretur) « das, wornach es benannt werden
sollte ».
PH. 835 yff : co na ro-thadbatis gné mbroin in tan doden-
dals aine (wenn sie fasten sollen) '.
Zwischen a) und b) steht PH. 6067 : uair is molad Dé ro-
pud choir doib do chuinchid, 7 ni a molad fén ar a ndeg-gnim
dogéndais. Vgl. weiter ibid. 8370 : in tan chaithius nech for-
craid rempi no iarum, no in tan taisces a chuid budéin in ni no-
chaithfcd i n-amsir a aine. « Wenn jemand das Ubermasz (d.
h. das, was er wâhrend der Fastzeit nicht gegessen) zuvor
oder nachher verzehrt, oder wenn er seine Porzion auf-
bewahrt, das, was er wâhrend der Fastzeit (bei normalen
Verhàltnissen, wenn er nicht fasten wùrde) verzehren wùrde
(sollte) » ; man mùszte es durch ein lat. quod ei consuniendiim
erat (esset) wiedergeben, oder man kônnte es durch das
spâtlat. quod consumere habebat ausdrùcken. Die in unserem
Satze enthaltene Aussage ist also als etwas in Vergangenheit
eintreten Sollendes, also Bevorstehendes, gedacht. Das Ver-
zehren der gewôhnlichen Porzion ist fùrdieZeit, als man die
1. In TBC. Z. 1164 kônnte man das Fut. II. als eine Pràteritalisierung
des Fut. auffassen, da aber der Satz ricfad a less ein integrierender Teil der
Bedingung Da m-bad chommairgi ist, so stelle ich dièse Stelle zu $ 12.
338 Josef Bavais.
Porzionaufbewahrte, etwas Vergangenes, fur dieZeit, wo dièses
Verzehren stattfinden sollte, war das etwas Bevorstehendes. Es
werden hier also zwei verschiedene Tempusrelazionen ausge-
drùckt : eine (nàhmlich die der Zcit, fur die Porzion bestimmt
war) findet in dem Futuralstamm. die andere(die der Zeit, wo
die nichtverzehrte Porzion autbewahrt wird) in den Prâterita-
lendungen (Endungen der Tempora Secundaria) ihren Aus-
druck. Man hatalso auch hier ein temporales Prâteritum Futuri,
es hat jedoeh hier den Sinn, den man in der Apodosis der
hypothet. Perioden wiederfindet; man kônnte ja hier ergiin-
zen : was man verzehrt hâtte, wenn man nicht gefastet hâtte.
Dennoch wird man es auch ohne dièse Ergânzung verstehen,
und ich glaube, dasz man die Apodosis der hypothetischen
Perioden aus solchen, jedoeh selbstândigen Sâtzen erklaren
musz (sieh oben). Hiemit ist auch der Weg gezeigt, wie das
Futurum II. den irrealen Sinn bekommen konnte, und wie es
dazu kam, dasz es den Irrealis der Hauptsâtze ausdrùckt : es
wurde uberall gebraucht,\vo es sich um eine in Vergagenheit
bevorstehende, oder in Vergangenheit eintreten sollende
Handlung handelte ; es driickt also eine Handlung aus, die
ùberhaupt oder unter gewissen Umstânden stattfinden sollte
oder muszte.
(Àhnlich ist auch das « Futurum der direkten Fragesâtze »
zu beurteilen, das « sollen » wird auch hier durch den Futu-
ralstamm ausgedrùckt, es wird jedoeh durch die Sekundàr-
endungen anstatt der Vergangenheit die Ungewiszheit oder
der Zweifel angedeutet, die Pràteritalbedeutung tritt hier also
in den Hintergrund.
Die Prâteritalbedeutung kann sich in eine allgemein poten-
ziale umwandeln (vgl. auch des Fut. II. in den Fragesàtzen),
so z. B. SR. 2761
IN ri nadrelic doib sain
rostairmesc tria hilberlaib,
conatucad nech cogle
cid notharged diaraile.
wo cid (was auch) einen Inhaltsatz einleitet.
Das Fui uni m im Irischen. 339
Vgl. weiter den Tempôralsàtz :
PH. 2346 f. (Ro-po cubaid ) 7 0 dogénta adrad infhir Dia,
co soitea do menmain 0 na deeib. (Es wâre passent!), das/ du
deinen Sinn von den Gôttern abwendest, wenn (seit, bis) du
den wahren Gott verehren sollst (wo also das Pràteritum die
Ungewiszheit ausdrùckt).
Objektsiitze : PH. 7747, Ma-s ead, in ni do-thoigébad ferg
Dé is cingan a toirmesc, « Wenn dem so ist, so ist es eine
Sùnde, das, was (ûberhaupt) Gotteszorn erwecken sollte
(kônnte), nicht zu verhindern ».
Ebend. 7526, In sessed gné do'n duine-marbad à. spreid le
ndingned nech a bethugud a bein de.
Atributivsatz : ebend. 2418 : In-dar Vun-sa, ol se, is i
comairle dogénta-su, anad do molad Crist, 7 idpurta do dénam
do na deeib, fo-dâig na digthea hi croich (was du tun solltest).
Vgl. ebend. 6128 : is ê lin mbocht marbait in fhairend-sirt
cech lâi, in lin do bochtaib conicfatis do shassad.
§ 1 1. Das Pràteritum Futuri kommt weiter in gewissen kon-
sekutiven, mit co" eingeleiteten Sâtzen vor, es sind Sâtze wie,
« er streckte sich, das^ ein monatliches Kind ywischen je %wei
seiner Rippen Rautn habcn kônnte ». Es handelt sich hier also
wieder um einen Vorgang, der unter Umstànden (ûberhaupt)
zustande kommen miiszte oder sollte ' .
IT. I. S. 265-6, Ro riasîrad inuni iarom iar sûdi, co rabi
banna fola im bun cacha finna dô ocus ro gab imbri brô, ocns râ
sini iar sudi, co taillfed fertraig feroclaig eter cach da asna do,
er geriet darauf in eine Wutverzerrung, dasz ein Blutstropfen
an der Wurzel jedes einzelnen Haares ihm war und es
erfaszte ihn « das Kreisen des Mùhlsteins » und er streckte
sich darauf, dasz ein Mannesfusz eines Kriegers zwischen je
zwei seiner Rippen Platz gehabt hâtte (Zimmer CZ. I. 75-6).
So auch. Cath. Finntrâga 1. 642, tue sinedh ar a cholainn co
toillfedh mac mis edir gach da asna do
(Dazu vergl. IT. I. S. 271 : Ba samalta co rachad long for -
Ion seolach dar a chrxs gin osluiethe. § 3.)
1. Cfr. air. Ml. 98c 8, connabiad dliged nerchissechta ladia(auch bei Str.
S. 297).
340 Josef Ba iidis.
Mit diesen Stellen hângen die oben zitierten Hauptsàtze
aus Tog. Br. Dâ Derga §§ 128, 137 aufs engste zusammen
(No didlastâis finnae for usciu); der ganze Unterschied besteht
darin, dasz in den unabhàngigen Sâtzen anstatt der Prâterital-
bedeutung die allgemeine (Potenzial)bedeutung hervortritt ;
der Potenzialis in den erwàhnten Hauptsâtzen entsteht also
dadurch, dasz die Prâteritalbedeutung(nàmlich die prâteritale
Relazion, die im Fut. II, mitausgedrùckt ist) zur allgemeinen
(zeitlosen) Bedeutung wird, wobei aber die Futuralbedeutung
(eigentlich die zweite Relazion, die man durch « kônnen,
sollen, mùszen, werden » ùbersetzt) ganz deutlich zu spûren
ist1. Daneben musz man auch solche Sâtze berùcksichtigen
wie Wb. 15a 20, ita ut non possent intendere filii Israël in
faciem Moysi .i. nifoiJsitis2 dcicsin agnûsa , \vo man gerade
durch « sie konnten (kônnten) nicht ertragen » ûbersetzen
kann.
Strachan Subj. Mood § 62 S. 297 meint, dasz z. B. co taillfed
« is used just as in conditional sentences ». Ich môchte das
prâcisieren : in Konsekutivsâtzen musz man zwei Typen
unterscheiden und zwar : a) er streckte [sich, dasz zwischen je
zwei seiner Rippen ein Kind Platz haben konnte (kônnte),
wo es sich also um einen Verbalausdruck handelt, der in
Vergangenheit eintreten konnte, sollte, und dann b) einen
Typus, wo es sich um einen Vorgang handelt, der allgemein
unter gewissen Umstanden eintreten konnte oder sollte (sien
die in Anm. zitierte Stelle aus IT. I. S. 191, 17). Der Typus
b) steht dem Potenzialis « in conditional sentence » nâher,
jedoch ist auch dieser Potenzialis auf Grund des rein tempo-
ralen Gebrauches entstanden, man hat also mit « conditional
sensé by itself » zu tun.
Man sieht also, dasz man das Prâteritum Futuri manchmal
durch « sollte, konnte » ûbersetzen musz; das erinnert an das
nachklassische habcbam dicerc (ich hatte zu sagen, ich konnte,
1. Den selben Kondizional findet man auch im konsekutiven Nebensatz
IT. I. 191, 17, co m-bàidfed octis co hiscfedfiru in talman nli neim cech oen
dût dïbside CL Br. viz auch ebend. 191 Zeiie 9).
2. HS.fôistis.
Das Futurum im Irischen. 341
ich sollte sagen) dièse Vergleichung trifft mehr zu als die
mit « dictants eram,fui ».
Anm. I) Ich glaube, dasz dicere habebam eine Uberfùhrung
des passiven mihi dicendum est in einen persônlichen Ver-
balausdruck darstellt (vgl. passiv. unpersôhnlich : mihi
est pater — persônlich subjektiv habeo patreni). Das roma-
nische Futurum und der rom. Kondizionalis fuszt also in
erster Reihe auf dem klassischen : mihi dicendum est, erat
und dann erst auf dem dicturus sum, eram .
Anm. 2) Man sieht, dasz ein Vorgang, der in Vergangen-
heit oder ûberhaupt (zeitlos) eintreten sollte (konnte,
konnte) als Irrealis aufgefaszt werden kann. Das findetman
auch im Aind. (Vas schon Strachana. a. O. vcrgleicht)
und dann auch im Lat. : dort wird z. B. zu einem Fut.
* fusèti (psk.fusf) ein t'-Prateritum * fusët > foret gebildet,
das dann als Irrealis oder Potenzialis fungiert (Konj.
Impf. •).
§ 12 Das Pràteritum Futuri kommt auch in Nebensâtzen
vor, die von einem Modalzatz abhângig sind.
a) PH. 19 14, batar secht mis for bliadain is-in inad-sin, co
tâirsed cûmtach na n-inad, i sitidigjitis na citirp fa-deoid .
b) ebend. 4512, ... daig co mbad erlaimite tomus in argaii
don foirind no-chennaigjitis na hedparta. (die die Opfer kauten
wollten).
c) ebend. 3074, ar na bud ed no-airigftis fair... Atkinson :
« that they might not notice2 ».
rf) ebend. 4007 ff. Diithracnr-sa,a Dé,co mptis dirge mo
1 . Der ganze Unterschied zwischen der Entwickelung des Lateinischen
und dem irischen Pràteritum Futuri besteht darin, dasz das lat. Imperf.
Fut. (Konj. Imperf.) an das Prâsenssystem angegliedet wurde und infol-
gedessen die temporale Bedeutung ganz verloren hatte und somit zu einem
rein modalen Ausdruck wurde ; im Irischen blieb dagegen das Prât. Fut.
bei dem Futuralsystem.
2. Vgl. auch TBC. Z. 1 164 : Da m-bad chommairgi ricfad a less inti ticfad
suiid « Wenn es eine Bûrgschaft wàre, die der brauchte, der hierher kâme »
(Windisch). Hier hat der Potenzial eine temporale Nebendeutung ; ohne
die potenziale Farbung kônnte man diesen Gedanken durch Fut. I. Wie-
dergeben. Vgl. weiter IT. I. 122, ocus dia fessmais iudni not fôirfed, und
noch PH. 6940 1 : Cubaid énu ce mad is-in cathraig rigdai no-genfed mac
in rig.
342 Josef Baudis.
shéta do chômai Und do thimna-su trias-a techtfaind noime yfiren-
chi . Atkinson : « I désire, O God, that my ways should be
straight in the fulfilment of Thy commandment, by which I
may obtain holiness and righteousness ». Ob der Typus b-d
auch air. ilblich war, ist schwer zu sagen ; namentlich bei c)
wùrde man im Air. den Subj. IL erwarten, da doch das
bad nur dazu dient, ein anderes Satzglied als das Verbum an
die Spitze des Satzes zu bringen ; in Strachans Sammlungen
(Subj. Mood) iinde ich : Ml. 95 c 2, combad ellam nocomal-
laitis ani asrochoihct (Strachan § 70), Wb. 14 c 23, combad
sain anasberin (Strachan, § 72, S. 312). Vgl. auch. Ml. 125a
4, ebend).
Anm. Jedoch ist m. E. beim Typus b) und c) das Fut. IL
fûrs Air. nicht ausgeschlossen ; die angefùhrten Beispiele
haben doch eine futurale Bedeutungsnuance, und dièse
Nuance liegt keinesfalls in den konjunktivischen Sâtzen
vor (Ml. 93a 2, Wb. 14a 25); es ist also die Frage, ob
fur 'das altirische Sprachgefùhl in solchen Sâtzen die
Futuralbedeutung existierte, d. h. ob die mittelirischen
Tvpen im Altirischen ebenso wie im Mittelir. (also futu-
ral — Fut. IL) oder eher subjunktivisch aufgefaszt
vurden .
§ 13. Anstatt des Subj. IL steht das mittelir. Fut. IL in
PH. 1. 4520 ; hier steht das Fut. IL in einem Satz, der von
der Protasis der hypot . Période abhângig ist und den Kern
der in der Protasis auszudrûckenden Aussage bildet. (vgl.
§12. — Sieh auch Strachan § 72). PH. 4519 : in doig Jib cia
haithe ddberad forru, dia mbad ocdebaid no ic essaenlaid, ic ecnach
no ic adchossan, no ic nach anoirches ar-chcna, fogebad ar a cbind
is-in tempul... (Vgl. lat. Quid ergo fratres putatis faceret
Dominus, si rixis dissidentes fabulis uacantes, si risu dissolu-
tos, uel quolibet alio scelere reperiret irretitos. . .).
Anm. : Strachan (Verbalsystem in SR.) hielt auch dobertha
im V. 6033 (Cia dobertha dam frimthôir, \ aboi, cet n-unga
ndergôir, \ argais galais no gart figle, \ nianais mac n-Iesse.)
fur ein Fut. II; falls man wirklich ein dobertha anneh-
men soll und wenn es nicht vielmehr dobertha (Subj . IL)
zu lesen ist, so hâtte man ein mittelirisches Beispiel fur
Das Futurum im Irischen. 343
das Vorkommen des Fut. II. in der konzessiven Protasis1.
§ 14. Strachan (Subj. Mood. S. 297, Anm.) bemerkt :
« In LU 74a 1 5. it seems to corne nearer to purpose : ni ntba
é nachamfacba-sa cm hrâthir, ar is airi doberar sorti chucutsu ar
daig co forgénmais ar n-dis debuid, Slay him not, that thou
leave me not without a brother : for it is for that that he is
brought to you, that \ve two should corne to strife. But the
sensé of purpose cornes from the context rather than from
the form. » Solchen finalen Sinn findet man auch SR. 3 1 3 1-
2 : cocrait 'nambratbreib abrath \ dial-lathreib conaragad.
Anm. Atkinson hait die Formem na ro-epled sib (PH.
2832) na ro-epldis (3035) fur Futura II. (PH. 2831-2...
acht mi-ne guided Moysi mac Attira dar bar cend, na ro-epled
sib nli i n-oen fhecht ; 3035-6 : acht is ed ro-toirmisc umpit,
cotlud aimsire 7 uttnaille mentnan, — na ro-epletis i n-aprisce
pecctha) aber dies ist keinesfalls nôtig, es sind vielmehr
Subjunktive II. Also epled (ebM) * ek(s)belaâ, epletis
(ebhdis) * ék(s)beladis.
§ 15. Im Mittelirischen kommtdasFut. II. in Relativsat-
zen vor, die von einem negativen Satz abhangig sind . Im Air.
war in solchen Satzen der Subjunktiv (Pras., Pràt.) ùblich
(sieh Strachan § 73).
a) Der Negativzatz ist in einem historischen Tempus :
SR. 6435-40, //<#/;■ adiïn ndonn iarnacrod cenduine tiibeo
fonim nél ninnisfed dôib nachn-oenscél.
Ebend. 5776 : nifrith dib oenfer... folilsad 2...
Vgl. auch neuir. lue leath-nair châ rabh an oiread agus
dhéanfadh slat marcaigheachta ar thalanih an riogh nâ tharraing
Fear na nAdharc (Sgéalaidhe Oirghiall S. 64).
/') Der Negativsatz ist prâsentisch :
TBC. 817, Ni fil ni nad gellfad dar cend a enig.
Strachan (Subj. S. 226) zitiert die Stelle aus SR. 5776 und
betrachtet es als « neologismus ». Soviel musz man zuge-
1. Mir scheint jedoch wahrscheinlicher zu sein, dasz es sich uni einen
Subj. II. handelt. Auch Strachan, Subj. § 47, hait ddberiha fur eine Sub-
junktivform.
2. Vgl. auch Cath Ruis v 36, Daig ha demiii leo ni fil inad i faicfilhi
gnùis Chonaill ar a teichfithe and.
344 Josef Baudis.
tehen, dasz wir hier nach dem, was wir von dem Air. wis-
sen, einen Subj. II. envarten mûszten (vgl. ad a) Ml. iooc 23,
125b 7, Soc 9, Wb. 33<J ro; ad b) Ml. 107b 8, Wb. 28b);
darauf môchte ich jedoch hinweisen, dasz dièse Sàtze sol-
chen, wie air. nifoi(J}sitis deicsin agnûsa (Wb. 15a 20) sehr
nahe stehen, dasz also das Futurum II. auch hier « conditio-
nal sensé by itself » hat. Damit will ich aber nicht sagen, dasz
dieser Typus bei den in Rede stehenden Sâtzen schon altirisch
vorkommen muzte l.
§ ié. Man kann also den Gebrauch des ir. Fut. II. folgen-
denveise definieren : es bezeichnet eine in der Vergangenheit
geschehen sollende Handlung, dann eine Handlung, die
ùberhaupt unter Umstânden eintreten sollle, hmnte oder
kônnte. Daraus entwickelt sich sein Gebrauch in den direkten
Fragesàtzen (Potenzial, Deliberativ) und der Potenzial ùber-
haupt als Ausdruck einer Handlung, die eintreten sollte und
dessen Verwirklichung durch gewisse Umstânde (objektiv,
nicht subjektiv) bedingt war. Endlich konkuriert es im Mittel-
ir. mit dem air. Subj. II, d. h. es wird in gewissen Neben-
siitzen zum Ausdruck einer subjektiv als môglich gedachten
Handlung. Ursprùnglich drùckte jedoch das Pràteritum
Futuri zwei Tempusrelazionen aus ; die éventuelle Potenzia-
litàt hat in den meisten Fàllen dièse relative Fârbung und
man mûszte sie durch das lat. mihi faciendum esset, fuisset
wiedergeben. Dagegen ist der irische Subjunktiv ein subjek-
tiver Verbalausdruck (cfr. Thurneysen Hb. d. Air. § 511);
der Unterschied zwischen dem Gebrauch der beiden Forma-
zionen besteht also darin, dasz der Subjunktiv die Subjektiv-
anschauung, das Fut. II die Temporalauffassung zum Aus-
druck bringt.
'&*
1. In einem Fall hat gewisz Strachan unrecht, wenn er nàmlich LU.
68 b 28 zu dem Tvpus der negativen Sàtze stellt (nifelar ni ariottâigthe
« ich wcisz keinen Grund, weshalb du fùrchten solltest. »). Dieser Satz
gehôrt vielmehr zu der Kategorie solcher Inhaltsàtze, die den Objekt eines
Verbum appercipiendi bilden, odernoch besser zu den indirekten Fragesàt-
zen (unser § 6.); in solchen Sàtzen war aber schon air. nicht nur Subj.,
sondern auch Fut. II. môglich. Strachans Beispiel LU 68 b 28 ist also eher
ein Beispiel des Subj. in indirekter Rede, oder in indir. Fragesàtzen.
Dtis Fti! u ru m im Irischen. 345
Daraus erklârt sich auch, wiedie Typen der hypoth. (kon-
zess.) Perioden : Protasis a) Konj. b) Konj. II. — Apodosis
a) Futurum b) Futurum II. zustande kamen. Die in der Pro-
tasis enthaltene Aussage ist ein Ausdruck der subjektiven An-
schauung, die Apodosis dagegen ist die notwendige Folge des
in der Protasis ausgesprochenen Vorgangs ; die Protasis
drùckt also einen Umstand aus, unter dem die in der Apodo-
sis ausgesprochene Handlung zustande kommen musz oder
soll, und nur dieser Umstand (Bedingung) ist von dem Spre-
chenden als subjektiv môglich gedacht ', die Folge dieser
Bedingung istschon objektiv notwendig.
Dasz manchmal die temporale AufFasung in eine subjektive
(modale) umschlagen kann und umgekehrt, ist bekannt : man
vergleiche z. B. die verschiedenen Futuralformazionen der
idg. Sprachen, die meistenteils aus « Aoristkonjunktiven »
entstanden sind, oder die « italokeltischen » à- konjunktive
die auf Grund von Aoristen der zweisilbigen Wurzeln gebil-
det wurden. So wird man auch begreifen, wie spater das Prâ-
teritum Futuri mit dem air. Subj. II. in gewissen Xebensàtzen
konkuriert. Das spâtere Irisch bevorzugt die temporale Auffas-
sung und làszt die modale Fârbung manchmal unbezeichnet.
Dasz das Irische immer eine Neigung zur temporalem Aus-
druckweise hatte, geht auch aus der irischen « consecutio
temporum » hervor. Sie besteht darin, dasz der Verbalaus-
druckdemganzen Aussageniveau angepasst wird, wasderselbe
Vorgang ist, dem auch das Prât. Fut. seine Entstehung ver-
dan kt.
Bedenkt man weiter, dasz schon das Mittelir. den Subjunk-
tivgebrauch beschrànkt, so musz man daraus erschlieszen,
dasz die subjektive Auffasung nach und nach verschwand. Dies
offenbart sich im Air. darin, dasz bei komponierten Verben
der Unterschied zwischen dem s-Subj. und s-Fut. verschwin-
det. Man wird dagegen wohl einwenden, dasz dieser Zusam-
menfall eine notwendige Folge der vorhistorischen Akzent-
wirkungen ist; dasz ist es wohl auch, aber der Umstand, dasz
1 . Dasz auch die Bedingung objektiv aufgefaszt werden kann beweist :
PH. 1776, Ma do-rignc na mora, cid ar na dingnedna becca} \vo aber die
Apodosis als deliberativ aufgefaszt werden kann (Sieh § 7).
346 foséf Btiutlis.
eine Sprache zwei einmal gcschiedene Ausdrucksweiscn zusam-
mentallen lâszt, ohne es nôtig zu haben, sie durch einanderes
Mittel auseinander zuhalten, beweist, dasz die Sprache dieser
Scheidung nicht bedarf. Damit will ich jedoch nicht behaup-
ten, dasz das Ir. die modale Auffassung nicht kennt, ich sage
blosz, dasz die temporale Auffassung im spateren Irisch domi-
nierend ist. Der inhaltlichen Seite nach existiert auch im
Neuir. ein Subj., nur dasz er selten formell ausgedrùckt wird.
II
Das air. Futurum der starken Verba unterscheidet sich
meistenteils von dem Subjunktiv (Konjunktiv) durch die i-
Reduplikazion ; wenn es sich nun wirklich um einen alten
Zusammenhang zwischen dem Konjunktiv (Subjunktiv) und
dem Futurum handelt, so hat man hierin einen Beweis, dasz
schon in einer vorhistor. Zeit im Goidelischen das Bestreben
herrschte, die Temporalformen recht deutlich zum Ausdruck
zu bringen.
In den brittonischen Sprachen wurde dagegen das Futurum
entweder durch das Prâsens (so im Neu- und Mittelkymr.)
oder durch den Konjunktiv (so im Bret. und Mittelkymr.)
ausgedrùckt ; der formale Konjunktiv hatte also im Brit. zwei
Funkzionen : 1) die modale, 2) die temporale. Das Goide-
lische unterscheidet sich also von dem Britannischen dadurch,
dasz es die temporalen Formen von den modalen scheidet,
jedoch darf man nicht vergessen, dasz auch im Air. bei
gewissen Verben kein wirkliches redupl. Futurum gebildet
wird; hier fungieren die Subjunktivformen als Futura. So
wird z. B. bei den Wurzeln : ret, tek, reg, ang, lag, sad
das Fut. und der Subjunktiv durch dieselben 5-Bildungen
ausgedrùckt (Thurneysen Hdb. § 66 1). Das weist auf einen
âlteren Zustand hin, wo im Goidelischen noch ahnliche
Verhàltnisse herrschten wie im Britannischen, d. h. die Kon-
junktivform hatte damais zwei Funkzionen : 1) die temporale,
2) die modale.
Dus Fut u ru m im Irischen. 347
Dièse Erscheinung ist ùbrigens nichts Ungewôhnliches, auf
dem Gebiete der idg. Sprachen kommt sie ôfters vor : so
fungiert auch im Ved. der Konjunktiv im Sinne des Futurums,
die lateinischen Futura sind teilweise alte Konjunktive. Es
bestehen aber auch Beziehungen zwischen Konjunktiv (Futu-
rum) und dem Aorist, eventuell auch Prâsens : so sind z. B. |
die lateinischen Konjunktive und die mit îhnen verwandten
Futura aus dem Aoristtypus der zweisilbigen Wurzeln entstan-
den, so z. B. lat. . -gruat = ïït. griitvo (Verf. IF. XXIII. 147).
Das Altindische und das Griechische unterschied bei dem
langvokalischen Aorist den Konjunktiv und den Indikativgar
nicht. Angesichts dieser Tatsachen musz man erschlieszen,
dasz das Idg. gewisse Formen bald modal (konjunktivisch),
bald temporal (aoristich, futural) gebrauchen konnte.Diesgilt
auch von den .r-Bildungen . So bediente sich das Italische
solcher thematischen 5-Formazionen zur Bildung des Futu-
rums ; ein ë-Prâteritum zu solchen 5-Futuris liegt im lat.
Irrealis vor.
An den lateinischen Konj. Imperfekti erinnert nu 11 der
brittonische Z?-Konjunktiv :
mky. carhivyf carhom
cerhych carhoch
carho carhont.
Das Konjunktivszeichen ist hier -bwy-/-bo-, das auf ein
altères -së-f-sâ zurûckgehen musz. Der Ubergang des s ^>h war
selbstverstàndlich nur bei den vokalisch auslautenden Verbal-
stàmmen lautgesetzlich, von diesen Stâmmen wurde das -/;-
auch auf die konsonantischen Verbalstàmme ùbertragen.
Der Wechsel -ê/â- erinnert an den lateinischen ê/â Ablaut z.
B. ferâm : ferès, ferët. Der walisische />Konjunktiv steht for-
mell dem lateinischen Konj. Imperfekti sehr nahe.
Syntaktisch aber sind die beiden Bildungen grundverschie-
den. Die lateinische Bildung ist ein t?-Pràteritum l zu einem
1. Delbrùck (Vgl. Syntax II. S. 404 und nach ihm Sommer Hb. d. lat.
Spr. S. 5701) erklart den lat. Konj. Imperf. als einem ("-Konj. des 5-Aorist,
mir scheint aber die oben ausgesprochene Deutung (Brugmann, K. vgl. Gr.,
S. 541) wahrscheinlicher zu sein und zwar aus folgenden Grùnden : 1)
348 José) Bu udis.
5-Futurum, der brit. /j-Konjunktiv ist eine Kontaminazion
von zwei verschiedenen Konjunktivbildungen, die entweder
futural oder konjunktivischfungieren konnten.
Die alte j-Bildung liegt im mky. giuares (* vo-ret-sel), vgl.
\x.fumrc (*vo-rct-s-t) vor, und dann auch im Imperfektum des
/>Konjunktivs ky. carhum, die anderen Personen des Konj.
Impf. gehen auf einen -së-St&mm zuriick, dem man auch im
Irischen und Italischen begegnet (vgl. lat. faxit).
Die primiiren Bildungen kann man also folgender Weise
veranschaulichen ;
i). -Â-Bildungen ir. -cara, -lia. lat. fcrani, tuïam, ky.
caro.
2). -s- Bildungen lat. faxo, osk. fust, ir té *tèkst (Wz.
steig/i).
Von diesen Bildungen wurden in den kelt. Sprachen
Sekundàrprâterita gebildet : ir. gessin(n) (bei kons. Stammen)
ky. carhivn (urspr. bei den vok. Stammen).
a) Im Lateinischen wird von dem ^-Fut. ein t7-Pràteritum
gebildet : lat. forem, foret, *fusêm, *fusêti.
b) Im Brittonischen werden kontaminierten sa / sê-Kon]\ink-
tive gebildet : carhivyf *karasêm, III. sg. carbo, *karsasât.
Fur das Keltische musz man also s- und â-Bildungen
annehmen; sie hatten zwei Funkzionen, eine modale und eine
temporale. Als Modalformen drûckten sie eine gewùnsehte,
gewollte ' oder gedachte 2 Handlung aus, sie entsprachen
also sowohl dem gr. Konjunktiv als auch dem Optativ. Als
Temporalformen fungierten dièse Bildungen futurisch. Reste
von solchen Verhàltnissen haben sich auch im Air. erhal-
ten, dort haben nâmlich noch einige unreduplizierten Bil-
dugen die futurische Funkzion bewahrt : die ^-Bildungen
ein ^-konj. des 5-Aorists ist sonst nirgendsbelegt (die kymr. se- Konjunktive
sind keine Konjunktive des .s-Aorists, sondern es sind Kontaminazionen
von 5-Konj. (Aoristen) und d-/-c- Konjunktiven), 2) fur die Richtigkeit der
von uns vertretenen Deutung sprechen analoge Bildungen des Altindischen
und des Altirischen.
1. In Absichtssàtzen, Konzessiv- und Bedingunssatzen.
2. In Temporal- und Vergleichssatzen und Nebensâtzen, die von einem
Negativsatz abhangig sind.
Dus Futur uni im Iriscben. 349
haben wir schon erwàhnt, von den Â-Bildungen sind es rega
und dann Bildungen wie bia, u. ahnl. : rega ist ebenso zu beur-
teilen wie lat. regat, bia ist eine Wurzelform, der die â-
Konjunktive ihren Ursprung verdanken (Wz. *bbeia : *bhiia),
also eine Form, die man gewôhnlich als Injunktiv bezeichnet.
Es fragt sich jetzt, wie das Air. dazu kam, von diesen alter-
erbten Bildungen die reduplizierten Futura zu bilden. In den
europàischen Sprachen kamen solche Bildungen wie gr.
■/.i-y/.pv.j.: vor; bei diesen Bildungen muszte ursprùnglich der
Indikativ und der Konjunktiv gleich sein. Solche Forma-
zionen sind dureh Redukzion der ersten Wurzelsilbe charak-
terisiert; was entspricht ihnen im Altirischen ? Von einer Wz.
pera prâ muszte eine solche Bildung *piprà-^> *pibrà-^> *ibrâ-
ir. *ebrâ- lauten und dièse Bildung existiert auch tatsachlichim
Ir. ebartbi zu Fut. * ebraid (ebarfr-i, *ebr*id). So sind auch For-
men wie -çênat.-iba zu beurteilen; -oénat ist dem gr. yiyvwo'xw
verwandt, (im Ir. ist das * ' gignô analogisch nach den à-
Konjunktiven zu * giguâ- umgestaltet worden); mit den Fut.
iba ist der Stamm des faliskischen pipafo zu vergleichen.
(Bei manchen solchen Bildungen ist die erste Stammsilbe
restituiert worden, so z. B. in gigniîhir anstatt des zu erwar-
tenden *gcnithir = lat. gignâtur). Dièse Bildungen hatten
wohl ursprùnglich die beiden Funkzionen, sowohl die modale
als auch die temporale (futurale).
Neben diesen Bildungen existierten wahrscheinlich auch
Bildungen, die Zimmer (KZ. XXX. S. 128) mit den aind.
Desiderativis vergleicht . Das indische Desiderativum bezeich-
net eine Handlung als eine gewûnschte oder beabsichtigte,
manchmal bezeichnet es eine bevorstehende Handlung, z. B.
pipatisati phalam « die Frucht wird bald fallen », niumûrsati
moriturus est. Speyer (Ved.und Skr. Synt. S. 46) bezeichnet
es als « eine seiner Bedeutung nach dem Futurum und Kon-
junktiv verwandte Bildung ». Ursprùnglich lag die desidera-
tive Bedeutung dieser Formazionen nicht in der Reduplika-
zion, das beweist der Umstand, dasz es auch Desiderativa
ohne Reduplikazion wie z. B. lat. vïsô, capessô gibt. Ich bin
geneigt, die Desiderative fur eine reduplizierte konjunktivar-
tige Bildung zu erklàren.
Revue Celtique, XXXIII. 2 j
3 5° Josef Baudis.
Im Irischen existierten also reduplizierte rt-Bildungen, die
die Futuralbedeutung haben konnten, und dann auch redu-
plizierte j'-Bildungen, die auch dièse Funkzion hatten; so lag
es nahe, dièse Reduplikazion fur die Bildung der « primaren »
Verba ûberhaupt zu verwenden.
Wie war es nun bei den schwachen Verbis?
Da nimmt man an, dasz der Verbalstamm mit dem Futu-
rum der Wz. * bheija/bhijà zusammengesetzt wurde. Auf
Unmoglichkeit einer solchen Erklârung hat mit vollem Recht
Thurneysen (Hb. d. Air. S. 372) hingewiesen. Das Charakte-
ristikon des air. schwachen Futurums sei ein / und nur
verhaltnismaszig selten kommt daneben das h vor. Weiter
hebt Thurneysen namentlich hervor, daszdas/-Futurum schon
deswegen auf kein -bb- Futurum zurùckgehen kann, da im
Air. Formen wie atrefea vorkommen, die unmôglich auf
ein altères -ireb-\-fa zurùckgehen kônnen. Deswegen hait
Thurneysen das -f- des Futurums fur ein ursprùngliches
/und will es zuerst aus einemidg. su, oder sp erklàren;
spater jedoch denkt er, dasz das air. / aus einem b-\-h ent-
stehen kônnte (Seite 527 zur S. 373) '. Dasz atrefea auf ein
-treb-fea (einem treb-suà oder treb-spâ) zurùckgehen kônnte,
ist schon deswegen ausgeschlossen, weil man sonstannehmen
musz, dasz b-\-f >> / 2 wird, dies widerspricht aber dem
bekannten Homorganitiitsgesetz, und dann ist uns kein -sij-
(od. -sp-} Suffix bekannt. Somit bleibt der einzige Weg
offen : das / in atrefea kann nur aus einem b-h entstanden
sein. Dasz b-h zu/wird, ist aus dem Sandhi genùgend bezeugt ;
im altirischen Sandhi wird ein stimmhafter Laut + /; zu dem
entsprechenden stimmlosen. Dieser Lautwandel wTiederholt
sich im Wortinnern im Neuir. und kommt auch im Britanni-
schen vor : vgl. neuir. ['deff] aus ["dèhbr] deithbhir, [skrîfi] <C
[skrîbha]; mky. : dyjjo « veniat » *dyvho; rotho \_rofo], « det »aus
*rodbo, cretto « credat » (*kredho). Gilt dies auch fur den air.
Inlaut, so mùssen wir atrefea aus einem alteren *adtreb-ha
1. Voir toutefois Revue Celtique, XXXII, 367 (N. d. 1. R.).
2. Dies tut man auch tatsàchlich, da jedoch die samtlichen Beispiele fur
dièse vermeintliche Ausnahme des Homorganitiitsgesetzes eben die f-
Futura sind, so ist dièse Meinuns; kaum aufrecht zu halten.
Das Futurum im Irischen. 351
* ad-treba-sài erklaren. Die so gewonnene Grundform (vgl.
auch Thurneysen Hb. d. Air. S. 527. zu S. 372) ist mit den
britannischen /;-Konjunktiven identisch, sie wâre also ebenso
zu erklaren wie kvmr. carho * karasat, cretto, rofo. Man kann
aber einwenden, dasz dièse Wirkung des s > h im Irischen
nur im Sandhi bezeugt ist. Da will ich auf die indischen
Sandhiformen wie mânôbhih, mânahsu hinweisen ; hier begeg-
nen wir auch im Inlaut einem Lautwandel, den wir sonst nur
im Sandhi kennen. Etwas àhnliches musz man auch fùrs
Irische voraussetzen : * ad-trebasât wurde lautgesetzlich zu
-trebahàt > -trebbât; nun sollte dièses h- schwinden, aber es
blieb erhalten, wohl deswegen,weil das Suffix -ha fur die Futur-
(Konjunktiv)formazion zu charakteritisch war, d. h. atreb-ha
wurde âhnlich aufgefaszt wie *imb-su (impu). Als nun das /;
mit dem benachbarten Konsonanten zusammenflosz, muszte
bh ganz lautgesetzlich zu/ werden,undes entstand ein atrefea.
Der Unterschied der Sandhiformen und des Inlauts besteht
wohl nur darin, dasz s > /; im Inlaut frùher schwand; das
Konjunktiv-Futursuffix widerstand aber aus obenerwahnten
Grùnden den destruktiven Inlautswirkungen. So stand neben
*carha (ky. carho) ein atrefea und ahnliches; es lag nun sehr
nahe, das *carha nach dem Muster von atrefea u. âhnl. umzu-
bilden ; und so bildete man ein carfa und âhnl., d. h. das /
verdràngte das altère -h- und wurde zu dem Futurzeichen l
der schwachen Verba .
Somit kommen wir zu folgendem Résultat : das Keltische
kannte drei « Konjunktivbildungen » :
a) die primàren -à- und -s- Bildungen
b) und die kontaminierten (se-) -à- Bildungen .
Dièse Bildungen hatten sowohl die futurische, als auch die
konjunktivische Funkzion. Das Air. adaptierte sich gewisse
Primarbildungen fur das Futurum der starken Verba (redupl.
s- und â- Futura) ; die kontaminieten Bildungen waren im Ir.
als Futura produktiv, wobei das h im Inlaute zuerst erhalten
blieb und dann auf dem Wege der Analogie durch ein/
(<C bh) ersezt wurde.
Josef Baudis.
1. Formen wie itoibfea haben die Stammkonsonanz analogisch restituirt.
BRETON-MOYEN GLOEDIC, GALLOIS GWLEDIC
Ce terme, jusqu'ici inconnu, se trouve dans un aveu de la
seigneurie de Quimerch en Bannalec (Finistère), de 1539.
Il m'a été signalé par le savant et obligeant archiviste d'Ille-
et-Yilaine, M. Bourde de la Rogerie, que ce mot intriguait.
Il ne se trouve pas dans le résumé de l'aveu mentionné dans
Y Inventaire sommaire des Archives de la Loire-Inférieure antérieures
à iyyo, B. M. Bourde de la Rogerie l'a découvert dans les
papiers de P. Hévin, savant jurisconsulte breton du xvme siècle,
conservés aux Archives d'Ile-et-Vilaine, sous ce titre : Fonds
P . Hévin, cote (notes diverses pour le glossaire). Le mot appa-
raît dans une redevance appelée Boedgloedic et traduit par viande
au Comte. Je donne l'extrait d'Hévin in-extenso : « Boet gloedic1 ,
c'est-à-dire viande au Comte. C'est une chef rente due en
quelques paroisses du domaine de Quemperlé au Roy, quoyque
les seigneurs prétendent avoir la proche mouvance ; laquelle
rente se paye au seigneur de la Roche Moisan pour la mettre
en la main du receveur du domaine ; et les anciens adveus du
seigneur de Kimerch, l'un des seigneurs féodés de Quemperlé
disent que c'est pour emploier a la derïense de la foi, c'est-à-
dire in subsidium terrae sanctae. Ceste imposition fut faite vray-
semblablement lorsque les ducs de Bretaigne se croisèrent. »
Hévin renvoie à son résumé de l'aveu de 1539. Il est évident
que boet gloedic traduit exactement viande au Comte, c'est-à-
dire au comte de Cornouailles. Le premier duc qui se croisa,
fut Alain Fergent en 1096; il était fils de Hoel comte de
Cornouailles et duc de Bretagne. Gloedic est au gallois gwledig.
comme le breton moyen gloat, royaume, au gallois gwlad :
1. Citant l'aveu, il écrit ailleurs Boet GlocJio.
Breton-moyen Gloedic, gallois Gwchlic. 353
le mot est pan-celtique1. Gzvlad a le sens de pays, royaume.
Cf. comique gluat, patrie. D'après le sens de gzvledig, chef
suprême, impcrator, gloedic devait se rapporter non pas spéciale-
ment au comte de Cornouaille mais au duc dt 'Bretagne, au chef
suprême du pays au ixe siècle; dans la seconde moitié de ce
siècle, à l'apogée de la puissance bretonne, les chefs suprêmes
de la Bretagne se qualifiaient indifféremment derex ou de dnx1.
Le terme de roe a été appliqué à Alexis le Grand. Les princes ou
grands seigneurs soumis à l'autorité suprême étaient des Macb-
tiern (représentants, cautions du tieru). Comme en Galles, de
terme breton exact pour dux, impcrator, a dû être gloedic (=
*ulattco-s).
J. Loth.
1 . La Gitoletec de Cart. de Redon est à écarter.
2. De laBorderie, Histoire de Bretagne, tomesecond, p. 339.
UNE ANECDOTE SUR SAINT COLOMBA
La courte anecdote qui suit est tirée du manuscrit de Paris
(fonds celt., n° i, f° 56 v°, col. 2), où elle fait suite à une
vie de saint Colomba, qui commence au f° 53 v°, col. 1
(v. Revue Celtique, XI, 398). Elle présente un résumé fort
sec d'un récit qui figure sous une forme plus développée dans
la vie de saint Colomba du manuscrit d'Oxford, publiée par
M. Richard Henebry aux tomes III, IV et V de la Zeitschrift
fur celtische Philologie. On trouvera le récit en question au
tome V, p. 82.
La même anecdote nous a été conservée par le manuscrit
Rawlinson B 512, f° 141 a 1. Le texte en a été publié par
M. Kuno Meyer dans the Gaelic Journal, IV (déc. 1892), p. 162.
Il difFère très peu de celui du manuscrit de Paris, sauf pour le
second vers du quatrain. Mais il est plus complet et contient,
après le quatrain, un paragraphe supplémentaire où sont
donnés quelques renseignements sur le personnage dont la
tombe fait l'objet du récit.
TEXTE IRLANDAIS
Laa n-ann tainic Colum Cille a-timceald Airne, aw-accaid
ind-adlacctfd n-arrsaig 7 an cloch n^wgluaisti fair ; corro fiar-
faid : cia hadlacad fon lie ucut. Ni tet[a]mar, ol-sruithi an-
baile, 7 ni-chualamar romaind. Rofoildsic Dia dosam sin
tria rath fessa aw-dubairt sa rann-so àidiu :
A Baithin, anam ccw-licc : ;
is Canan an-gaeth salmglicc ;
1. Au lieu de coti-licc, le ms. Rawlinson B 512 a collcic « awhile » ; et de
même le manuscrit d'Oxford coïeic.
Une anecdote sur Saint Golumba. 355
7 bim co-madain ann
ag-abaid ' Iarusailim 2
TRADUCTION'
Un jour Colum Cille vint visiter Aran; il vit une vieille
tombe dont la pierre n'avait pas été remuée, et il demanda :
«Qui est enterré sous cette pierre-là? — Nous ne savons pas»,
dirent les vieillards de l'endroit, « et nous ne l'avons jamais
entendu dire jusqu'ici ». Dieu le lui révéla par la grâce de la
science, et alors il dit cette strophe :
O Baithin, restons près de la pierre.
C'est Canan, le sage, versé dans les psaumes.
Trouvons-nous là jusqu'au matin,
Auprès de l'abbé de Jérusalem.
Le second vers du quatrain est ainsi conçu dans le ms.
d'Oxford :
fa dà san Talgaeth sailmglicc
et dans le manuscrit Rawlinson B 512 :
ga tas in Talgaeth salgair,
que M. Kuno Mever propose (dans une communication écrite)
de corriger en :
ga taisi in Talgaeth salmglain
ou quelque chose d'approchant. Le personnage porterait donc
le nom de Talgaeth, et c'est ce même nom qui revient en effet
dans le paragraphe supplémentaire du ms. Rawlinson. Il s'agit
d'un abbé de Jérusalem qui était venu en pèlerinage, lit-on
dans ce paragraphe, de Jérusalem à Aran, au temps d'Enna
1. Ms. agabail.
2. Le texte se termine par Finit don betha sin Oillann. Oillann, c'est
William mac an Legha, dont le nom revient ailleurs dans le manuscrit de
Paris (v. Rev. Cett, XI, 391, 395, 401); il écrivait en 1473. M. Paul Walsh
(de Mullingar) nous signale la signature de William Mac an Leagha dans
le Ms. Egerton 91 du British Muséum et dans deux manuscrits de Dublin
(v. Siïva Gadelica, II, p. vij).
3 5^ /• Vendryes.
(sans doute Enna mac Neill, grand-père de Scandai compagnon
de Colum Cille), et qui était mort à Aran.Le nom de Canan,
que fournit le manuscrit de Paris, se retrouve dans le Book of
Leinster 213 b 16 (K. Meyer, Contrib., p. 313). Quanta
Baithin, c'est le saint bien connu, né en 536, cousin et com-
pagnon fidèle de Colum Cille, auquel il succéda comme abbé
de Hi de 597 à 600, date de sa mort.
J. Vendryes.
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I. Kuno Meyer, Betha Colmdin maie Lûachdin. — II. G. W.
Hoey, An Irish Homily onthe Passion. — III. W. Meredith Morris, A
Glossary of the Demetian dialect of Nortb Pembrokesbire. — IV. D. Mac-
KINNON, A descriptive catalogue of Gaelic Manuscripts in Scotland. — V.
Ph. Kropp, La Tène^eitliche Fluide an der keltisch-gennanischen Voiker-
gren^e çurischen Saale und Weisser Elster. — VI. Sir John Rhys, The Celtic
Inscriptions of Gaul, additions and corrections. — VII. The National
Library ofWales, Bibliotheca Celtica for iyoq and 1910.
I
Kuno Meyer. Betha Colmâin maie Lûachâin, Life of Colmân son of
Lûachan. (Royal Irish Academy, Todd Lecture Séries, vol.
XVII), Dublin, Hodges, Figgis and C°, 1911. XYiij-136 p. 8°.
2 s. 6 d.
Cette vie de saint Colman est une des plus longues que nous ait
laissées l'hagiographie irlandaise ; une des plus copieuses aussi, et
des plus fournies de matière. Il n'y a guère que Patrice et Colum
Cille qui aient été honorés d'une biographie aussi développée. Mais
ces deux grands hommes avaient des titres sérieux à cet hommage.
L'humble Colman, au contraire, n'y était, semble-t-il, désigné par
rien. Le peu qu'on puisse affirmer de précis et de véridique sur sa
vie est banal et terne. Il était né à la fin du vie siècle dans le comté
actuel de West-Meath non loin de la ville de Mullingar. Il avait
trois frères et quatre sœurs, qui tous entrèrent dans les ordres.
Dans son enfance, il semble qu'il ait gardé les vaches. Vers la
trentaine il alla étudier à Lismore sous la direction de Mochuta ; ce
dernier lui confia la charge de distribuer la nourriture à une colo-
nie de lépreux, d'où son surnom de Lâmglan « main pure ».
Ordonné prêtre, il fonda plusieurs monastères, parmi lesquels celui
de Lann, où il mourut un 17 juillet dans la seconde moitié du
358 Bibliographie.
VIIe siècle et où il fut enterré. Ces traits ne donnent pas à Colman
une physionomie bien saillante. Mais par son insignifiance même,
sa vie prêtait aisément à tous les embellissements que la fantaisie
pouvait imaginer. Plus heureux que le peuple irlandais, Colman
n'avait pas d'histoire ; son biographe s'est chargé de lui en faire
une.
Ce biographe écrivait selon toute apparence dans la première
moitié du xne siècle et à Lann même, comme plusieurs détails
l'indiquent. C'était sans doute un membre du monastère. Il a voulu
célébrer la gloire du fondateur et du patron, l'exalter au-dessus de
tous les autres saints et surtout répandre les vertus de ses reliques,
talisman précieux pour la maison. Il a fait de Colman une sorte de
parangon du merveilleux et de sa biographie un manuel du parfait
thaumaturge, un répertoire de miracles. Quels miracles ! Il y en a
de qualités très diverses. Certains sont pleins de fraîcheur et de
poésie, vraiment dignes de la Légende dorée ; d'autres sont d'une
puérilité niaise, qui rappelle les almanachs bien pensants. On en
trouve de touchants, de cruels, de ridicules, de scabreux. Mais
le naïf biographe ne se préoccupait guère des contradictions et des
disparates; il a ramassé sans étude et sans choix tout ce qui lui
tombait sous la main, le bon, le médiocre et le pire. Et ainsi cette
biographie est un excellent spécimen, grossi à souhait, de ces créa-
tions artificielles de légendes pieuses, comme le moyen âge, sur-
tout en Irlande, en a tant connues.
Le procédé est des plus simples, et à la portée de tous. Il con-
siste d'abord à constituer au personnage une généalogie illustre :
ainsi Colman descendrait par son père du roi Conall Cremthainne,
et compterait parmi ses ancêtres directs Niall Nôigiallach, Echaid
Mugmedon, Cairpre Lifechair et Conn Cétchathach ; c'est une race
princière. Ensuite, il faut confondre habilement le saint avec des
homonymes plus célèbres que lui, tels Colman Elo ou Colman
Comraire, quitte à multiplier les anachronismes, et le mettre en
relations avec le plus grand nombre possible de personnages haut
placés, quitte à prolonger sa vie au delà des limites humaines ;
ainsi Colman aurait connu successivement cinq rois de West-
Meath, depuis Conall Guthbinn (m. en 635) jusqu'à Domnall mac
Murchada (m. en 763), et il aurait reçu d'eux maint honneur et
maint privilège. Enfin, il faut en faire un thaumaturge de premier
ordre, supérieur à tous ceux du pays, tel que Dieu lui-même n'en
connaisse pas de plus fort (follus Ira asna seelaib-so... nàch fil cU-
rech is amru ac Dia oldâs-som, § 103). Ainsi Colman accomplit les
même miracles que Patrice, Brigitte ou Colum Cille ; bien plus, il
Bibliographie. 359
reproduit ceux de Moïse, en faisant traverser un lac à pied sec
(§ 64), ceux de l'apôtre Paul, en restant vingt-quatre heures sous
l'eau (§ 13), ceux du Christ lui-même. Et le biographe ne manque
pas de signaler ces coïncidences, qui sont toutes à la gloire de son
héros. On voit sans peine à quoi tend le récit : à constituer au
monastère des titres inattaquables. Cette littérature hagiographique
n'a pas un but d'édification ; c'est une littérature utilitaire (cf. Rev.
Celt., XXXII, p. 105).
La Vie de saint Colman nous a été conservée dans un seul manu-
scrit, conservé à Rennes, et qui est du xive ou xve siècle. La vie
elle-même, comme on l'a dit plus haut, peut avoir été composée
au début du xne siècle, si l'on s'en rapporte à l'état général de la
langue. Mais le biographe a dû se servir de documents plus
anciens, dont la trace apparaît çà et là dans des formes ou des gra-
phies archaïques, qui indiquent le xe ou le ixe siècle. Parmi les
pièces de vers, assez nombreuses, que renferme le texte, l'une
même, la première de toutes (§ n), semble remonter à la période
du vieil-irlandais; telle autre, comme celle du § 19, ne peut être
antérieure à la deuxième moitié du xe siècle ; plusieurs enfin sont
de date beaucoup plus basse.
M. Kuno Meyera édité le texte, comme il fait toujours, avec une
science impeccable. Il y a joint une traduction anglaise et l'a fait
précéder d'une substantielle introduction, à laquelle nous avons
emprunté tous les détails qui précèdent. L'ouvrage se termine par
des notes abondantes, un glossaire des mots rares et un double
index des noms propres de personnes et de lieux.
J. Yexdryes.
II
Rev. George W. Hoey, S. S. An Irish Homily on the Passion, Text
and Translation. Baltimore, J. H. Furst Company, 1911. 21 p.
8° (reprinted from The Catholic University Bulletin, vol. XVII,
nos 5 and 6).
Le texte de cette homélie sur la passion nous a été conservé par
deux manuscrits, l'un de la bibliothèque de Rennes, l'autre du
British Muséum (Egerton, 1781). Elle porte comme titre Passio
Christi secunduin Bernardutn et se compose d'une suite de réflexions
sur la passion, précédées généralement de la formule adeir Bernard
« Bernard dit ». Aussi M. Dottin, dans son étude sur le manuscrit
360 Bibliographie.
de Rennes, supposa-t-il que l'homélie irlandaise était inspirée du
Liber de passione Chri-ti de saint Bernard, publié dans la Patrologia
latina de Migne, t. 182, col. 1133-1142^. Rev. Celt., XIV, 83,
n. 2). Mais une comparaison des deux textes prouve qu'ils n'ont
rien de commun. Rien dans les œuvres de saint Bernard ne rappelle
même l'homélie qui lui serait attribuée ici. Et M. Hoey est amené
à croire qu'il s'agirait plutôt d'un homonyme du grand saint, peut-
être Bernard de Cluny, dit aussi de Morlaix, auteur d'un traité de
contemptu mundi. Toutefois il indique en même temps une autre
hypothèse : c'est que nous aurions affaire à une collection de notes
pieuses, réunie par un inconnu et attribuée après coup à saint
Bernard. Cette dernière hypothèse n'est pas la moins vraisem-
blable, si l'on considère surtout la valeur littéraire de l'homélie,
qui est des plus basses, « below the average of Irish works of this
kind », comme le confesse M. Hoev. Et ce n'est pas peu dire.
Il était cependant très bon de la publier. On n'aura jamais trop
de textes pour édifier la grammaire du moyen-irlandais, et toutes
les publications, quelle que soit la valeur littéraire du texte, sont
les bienvenues. M. Hoey a reproduit tel quel le manuscrit de
Rennes et donné en notes les plus importantes variantes du manu-
scrit Egerton. P. 4, 1. 20, est-il bien sûr d'avoir lu algeit ? Il faut
alors certainement corriger en aigeit « vinaigre » (cf. aigéte, p. ié,
1. 13). P. 6, dern. ligne, do leigen a-ruin riut est traduit par a to
place his affection before thee » ; est-ce que rùn n'a pas ici son
sens habituel « secret, mystère »? P. 10, 1. 23, il n'est pas juste de
couper an-mesarda ; c'est un mot un, comprenant un préfixe.
P. 16, 1. 3, il faut corriger en do marbadar, ou bien alors traduire do
marbabar par une seconde personne du pluriel.
J. Yekdryes.
III
Rev. \Y. Meredith Morris, Vicar of Clydach Vale. A Glossary oj
the Demetian diaïect of Norîh Ponbrokeshirc. Tonypandy, Evans
and Short, 19 10. 341 p. 8° (issued to subscribers only).
Il convient d'attirer sur ce livre l'attention des celtistes. C'est un
livre de dialectologie; et l'on sait combien la dialectologie galloise
a été négligée jusqu'ici, combien sont limités et imparfaits les
moyens d'information dont on dispose à cet égard. Il arrive sans
doute périodiquement qu'aux eisteddfodau annuelles soient insti-
tués des concours et décernés des prix pour des descriptions de
Bibliographie. 361
prononciation ou des recueils de vocabulaire. Mais les travaux pré-
sentés, même ceux qui obtiennent des récompenses, restent géné-
ralement manuscrits. Depuis quelques années, l'Université de
Galles encourage particulièrement les enquêtes dialectologiques ;
sa Guild of Graduâtes comprend une Dialects sedion, et les Transac-
tions de la Guild ont déjà publié quelques collections utiles, notam-
ment en 1902 une liste de pluriels du district de Llein (Carnarvon-
shire) et en 1904 des répertoires de mots dialectaux de l'East-
Den.bighshire (p. 40 et suiv.), du Carmarthenshire (p. 49 et suiv.),
du Breconshire (p. 54 et suiv.) et même du Pembrokeshire (p.
58 et suiv.). Ce dernier, dû à Miss Phoebe Griffiths, est directe-
ment comparable au livre de M. Meredith Morris. Mais tous ces
travaux ne sont que des ébauches, des essais fort courts et qui ne
prétendent pas à être complets ; l'aire géographique en est de plus
mal définie, et généralement trop vaste.
M. Morris a au contraire soigneusement délimité le champ de son
enquête. Il s'est restreint à la Gwaun Valley, qui s'étend de la
Foel Ery à Fishguard, dans le nord du Pembrokeshire. C'est une
partie du pavs de Dyfed, l'antique Demetia, si connu par les
Pedair Caingc, et notamment par le Mabinogi de Pwyll. Du parler
de cette région, M. Morris a relevé tous les termes qui diffèrent
du gallois littéraire, y compris ceux qui sont en voie de disparition
ou même ont aujourd'hui complètement disparu. Et cela fait un
gros volume, où il y a surtout beaucoup de termes techniques de
culture et d'élevage, des noms d'objets usuels, de plantes et d'ani-
maux, de maladies, mais aussi des termes de jeux populaires
(p. 55, p. 109), des proverbes, des dictons, des formules de com-
paraisons. L'auteur a pris soin de définir exactement les mots qu'il
enregistre, recourant au besoin au dessin pour rendre ses défini-
tions plus saisissables (p. 55, 73, 81, 109, 230); c'est ainsi qu'il
donne, p. 304, le plan d'une ferme du pays avec le nom des diffé-
rentes parties qui la composent. Le livre intéressera donc parmi
les linguistes ceux qui, à l'école de M. Meringer, ont appris à ne
pas séparer les mots des choses, et aussi les folkloristes, curieux
de trouver dans le langage l'expression des traditions popu-
laires.
M. Morris est avant tout un lexicographe. Bien qu'il offre aux
étymologistes une matière abondante et riche, il ne fait pas lui-
même d'étvmologie. Il ne fait pas non plus de phonétique. Il se
borne à quelques brèves et vagues indications sur la prononciation,
p. 10 et 11. Mais en principe il exclut de son livre les mots qui ne
diffèrent du gallois littéraire que par la prononciation, de même
362 Bibliographie.
qu'il en exclut les mots anglais, à moins qu'ils ne se soient incor-
porés au langage gallois et que l'emprunt en soit pour ainsi dire
devenu méconnaissable au sujet parlant. 11 y avait là une réparti-
tion assez malaisée à faire, et dont M. Morris s'est tiré avec succès.
Malgré ces restrictions volontaires, le livre fournit aux phonéticiens
quelques données intéressantes. Ainsi le dialecte de la Gwaun Val-
ley parait avoir perdu dans les mots de plus d'une syllabe les spi-
rantes sonores finales/ et dd; il dit dweiha, gâtre, geua, bidre, oga
pour diweddaf, gartref, gauaf, bidref, ogof, et de même adlc, nezuy,
slaiuer-dv pour adladd, ncuydd, erys llawer dydd. Les diphtongues y
sont en grande partie réduites, notamment ae qui est devenu à sous
l'accent dans les monosyllabes et e dans les potysyllabes après l'ac-
cent : sâth, trâth, gwâd, areth, arfeth, avmdogetb, etc. La même
réduction est commune aux dialectes du sud de Galles et caracté-
rise, comme on sait, éminemment le comique. Il y aurait lieu de
Systématiser les renseignements fragmentaires que nous fournit
M. Morris et de constituer une phonétique du parler de la Gwaun
Valley. Nul n'est mieux placé que lui pour entreprendre cette
œuvre. Qu'il s'y mette sans retard : il nous la doit.
J. Vexdryes.
IV
D. Mackinxox. A descriptive catalogue of Gaelic Manuscripts in tbe
Advocates Library Edinburgh and clsewbere in Scotland. Edinburgh,
William Brown, 1912. xij-348 p. 8°. (compiled at the instance
of John, fourth Marquess ofBute, through whose liberality it is
published).
Voici encore un ouvrage qui rendra de très grands services et
dont le besoin se faisait depuis longtemps sentir. C'est un catalogue
méthodique et descriptif de tous les manuscrits en gaélique con-
servés dans les bibliothèques d'Ecosse. Il faut remercier le marquis
of Bute d'avoir généreusement encouragé l'entreprise, et féliciter le
Professeur Mackinnon de l'avoir si heureusement exécutée. Ce
dernier, à qui la philologie celtique doit déjà tant d'utiles travaux,
continue dignement la tradition des O'Curry et des O'Donovan.
Son catalogue des manuscrits conservés en Ecosse prendra place à
côté du Catalogue de d'Arbois de Jubainville pour la littérature
épique de l'Irlande et, pour le gallois, des précieux Reports de
M. J. Gwenogfryn Evans.
C'est à {'Ad-cocates' Library d'Edimbourg qu'est consacrée la plus
Bibliographie. 363
grande partie du volume. Cette célèbre bibliothèque présente en
effet, au point de vue des manuscrits en gaélique, un intérêt pré-
pondérant. Dans le tome VI delà Revue Celtique, p. 109 et suiv.,
M. Gaidoz lui a consacré un article, où il énumère rapidement les
principales richesses qu'elle renferme. Mais il s'est surtout servi
pour cela du catalogue manuscrit qu'avait dressé W.-F. Skene vers
1860. Depuis, le fonds celtique des manuscrits de la bibliothèque
s'est considérablement accru, et aux 63 manuscrits enregistrés
par Skene (moins deux, aujourd'hui perdus), s'en ajoutent aujour-
d'hui 38 autres que M. Mackinnon étudie dans un premier
appendice. Ce sont néanmoins les 63 manuscrits de l'ancien fonds
qui sont les plus importants. Quelques-uns, sur papier, ne
remontent pas plus haut que le xixe ou xvme siècle ; mais il y en a
de beaucoup plus anciens, et notamment le n° V, du xive siècle,
dont le contenu est religieux, et le précieux n° XL, qui débute par
une série de « morts violentes » (aideda), et qui a été décrit en
1887 par M. Kuno Meyer dans le Celtic Magasine, t. XII,
p. 208.
M. Mackinnon a disposé son catalogue par ordre de matières et
divisé sa description en neuf chapitres, respectivement consacrés
aux traités de médecine (p. 5-71), aux textes religieux et ecclésias-
tiques (p. 72-105), historiques et généalogiques (p. 106-128), aux
récits légendaires et mythologiques (p. 129-176), aux traités de
droit et de grammaire (p. 177-182), aux maximes, triades et pro-
verbes (p. 183-193), aux traductions d'épopées classiques (p. 194-
202), enfin à des sujets variés (p. 203-216). Un dernier chapitre
(p. 217-246) est consacré aux deux manuscrits aujourd'hui perdus
qui portaient les numéros XXXII et XXXV et à un manuscrit d'im-
portance toute spéciale, le fameux Dean of Lismore's Book, copié
sur papier entre 15 12 et 1529 et rédigé, comme on sait, en
gaélique d'Ecosse. Il porte le numéro XXXVII dans la collec-
tion.
La plupart de ces manuscrits sont de contenu varié et par suite
reviennent deux ou plusieurs fois dans les différents chapitres du
répertoire. Il eût été bon de dresser un tableau d'ensemble de tous
les manuscrits par ordre de numéros, avec l'indication des pages
du catalogue où ils figurent. M. Mackinnon a bien fait quelques
renvois d'un chapitre à l'autre, mais en nombre insuffisant. Ainsi
le début du ras. n° XXVIII est étudié p. 113 sous la rubrique
« history and genealogv », mais rien n'indique que ce ms. doive
revenir plus loin, p. 138, sous la rubrique « legend and lore ».
Comme on l'a vu dans le résumé précédent, c'est la médecine
364 Bibliographie.
qui est le mieux représentée dans les manuscrits de l'Advocates'
Library. Il n'y a pas moins de 21 manuscrits qui en traitent. Il faut
entendre ici la médecine au sens le plus large, en y comprenant
toutes les sciences naturelles, et même l'astronomie et la métaphy-
sique. L'an dernier, nous parlions dans la Revue Celtique (t. XXXII,
p. 355) d'un traité de médecine en gaélique d'Ecosse conservé
dans un manuscrit du British Muséum et édité par M. Cameron
Gillies ; ce traité provenait d'une famille de médecins écossais, les
Mac Beath. C'est au zèle et à l'activité des Mac Beath que M. Mac-
kinnon attribue aussi les richesses médicales de l'Advocates'
Library. Souhaitons à M. Cameron Gillies de poursuivre l'œuvre
qu'il a commencée en s'attaquant maintenant aux textes médicaux
d'Edimbourg; ils sont tous inédits.
Les textes religieux et historiques n'ont pas non plus été jus-
qu'ici utilisés autant qu'ils le méritent, bien que quelques-uns aient
été çà et là partiellement publiés. Ce sont les récits épiques qui
ont, comme toujours, attiré le plus les éditeurs. On retrouvera en
feuilletant le catalogue de M. Mackinnon quelques vieilles con-
naissances ; rappelons notamment aux lecteurs de la Revue Celtique
que le Cennach ind Rûanado publié par M. Kuno Meyer (tome XIV,
p. 450) et le CairpreCindchait qu'a publié M.W.-A. Craigie (t. XX,
p. 335) étaient tirés des manuscrits XL et XXVIII de l'Advocates'
Library.
Dans les appendices II et III, M. Mackinnon passe en revue les
manuscrits gaéliques conservés dans les autres bibliothèques
publiques d'Edimbourg et de Glasgow et dans quelquesbibliothèques
privées de l'Ecosse ; un quatrième appendice traite des manuscrits
égarés ou perdus. Enfin, l'ouvrage se termine par quatre index,
des auteurs mentionnés, des sujets traités, des autres manuscrits et
des livres ou périodiques cités.
J. Vendryes.
Ph. Kropp. La Tène\eitliche Funâe an der keltisch-germanischen Vôl-
kergrenie \wischen Saale und Weisser Elster (Mannus-Bibliothek,
n° 5). — Wùrzburg, C. Kabitzsch, 191 1, iv-132 pp. in-8°.
Sur la frontière où se rencontraient les Celtes et les Germains,
quatre cents ans avant Jésus-Christ, c'est à la façon dont leurs
morts y sont traités que l'on distingue les cimetières qui leur sont
respectivement attribués. Les inhumations sont celtiques; les inci-
Bibliographie. 365
aérations sont germaniques. Quelque temps auparavant et trois
siècles plus tard, les Celtes, à vrai dire, brûlaient leurs morts ;
plus tard encore, une partie des Germains ont inhumé les leurs.
Il semble néanmoins que, à l'époque en question, on n'ait pas tort
d'interpréter comme il vient d'être dit la différence des rites funé-
raires dans la zone contestée. La preuve se fait dans chaque cas
par le concours des vraisemblances qui ressortent de tous les restes
ethnographiques constatés.
M. Kropp relate des fouilles et des découvertes qui ne sont pas
les siennes, mais en majeure partie celles de la Société des Anti-
quaires de Yoigtland (Hohenleuben, Reuss). Il s'agit de cime-
tières à inhumation datant de la phase ancienne de l'époque
de La Tène. La région considérée s'étend du grand coude méridio-
nal delà Saale à l'Elster blanc, entre Saalfeld et Géra. Le plus
important de ces cimetières est celui de Ranis. Si ces cimetières
sont celtiques, il en résulte que les Celtes occupaient alors la partie
des collines, coupées parla Saale, qui longent, au Nord, le Thùrin-
ger Wald. A la fin de l'âge du bronze, selon M. Kossinna dont
M. Kropp adopte l'opinion, ils étaient au Harz ; à l'époque de
Hallstatt,ils tenaient sur la ligne Quedlinburg, Aschersleben, Merse-
burg, Halle. Ils étaient en recul et déjà les Germains empiétaient
sur eux. Quelques tombes à incinération sont attribuées à ceux-ci
par l'auteur, qui contiennent à peu près les mêmes objets que les
tombes à inhumation. Les Germains ont emprunté à leurs voisins
celtiques. Au surplus, M. Kropp se plaît à nous signaler les mé-
langes (p. 73).
De la date des tombes celtiques, quelques indices doivent être
pris en considération. On y trouve encore des tombes circulaires,
des squelettes recroquevillés et couchés sur le flanc et, dans le
mobilier funéraire, des fibules à timbale. Le pavs fut abandonné par
les inhumants bien avant le temps où les fibules de la Tène I
(ire époque de la Tène) furent hors d'usage. Par contre, les tombes
à inhumation ont fourni des fibules de La Tène III. Il est à noter
toutefois que dans le tumulus de Dobian, qui contenait beaucoup
de choses diverses, ont été trouvées des monnaies d'or ; la seule qui
soit conservée est une copie celtique de monnaie grecque portant
une Athéna casquée et une victoire. Elle peut dater d'environ deux
cents ans avant J.-C. Les autres tombes sont probablement plus
anciennes. Cette monnaie, si elle vient d'une tombe celtique,
marque l'extrême limite du stationnement des Celtes. Il n'est resté
d'eux qu'un peu de leur civilisation.
La Steinsburg du Gluchbergprès de Rômhild, à l'extrémité méri-
Revue Celtique, XXXIII. 24
366 Bibliographie.
dionale des monts de Thuringe, paraît avoir été le réduit de leurs
établissements. J'ai signalé dans cette revue que les traces d'un
boulevard, plus fort et plus récent, sont conservées dans le Rhônen
Bavière.
Il est à noter que les Celtes de Ranis pratiquaient le rite de plier
l'épée du mort. Il faut donc allonger vers le Nord l'aire d'extension
de cette coutume. Une tombe paraît contenir un mort sacrifié ; une
autre (p. 32), une femme qui a suivi son mari dans la tombe.
H. Hubert.
VI •
Sir Johx Rhys. The Celtic inscriptions of Gaul : additions and corrections.
London (Proceedingsof the British Academy, Y, 191 1).
Ce nouveau mémoire traite principalement d'un groupe d'ins-
criptions récemment découvertes, qui n'ont pas encore été étudiées
au point de vue philologique, et se termine par de nouvelles con-
tributions au déchiffrement et à l'interprétation du calendrier de
Coligny. Après avoir lu ce travail, cependant si consciencieux et si
nourri, on est pleinement d'accord avec l'auteur, quand il dit en
commençant que les inscriptions celtiques sont si rares et si énigmatiques
qu'il n'y a guère d'espoir de leur arracher leur signification qu'en s'y
attaquant sans cesse. Il est même plus probable qu'on n'y arrivera pas
malgré tous les efforts, si de nouvelles découvertes analogues à
celle du calendrier de Coligny ne viennent pas apporter aux cel-
tistes de nouveaux éléments d'information et de nouvelles lumières.
En tout cas, on ne peut que souscrire au jugement de l'auteur sur
son œuvre lorsqu'il se flatte, trop modestement, d'avoir fait faire
quelques progrès à ces recherches difficiles entre toutes.
Pour suivre pas à pas l'auteur et discuter les hypothèses fatale-
ment nombreuses auxquelles il est entraîné, il faudrait un volume
aussi considérable que le sien; je mécontenterai de relever les ins-
criptions les plus intéressantes avec l'interprétation proposée.
1 . Les cinq inscriptions trouvées prés de Cavaillon publiées par
M. Mazauric dans la Revue dit Midi, octobre, 1909.
1. Elouissa.
Magourai.
Giaoua.
D'après l'interprétation préférée par l'auteur, Giaoua serait un
nom commun : Elvissa serait la giava de Maçureos. Ce serait un
Bibliographie. 367
terme de parenté :gall. gieu nerfs, sing. gewyn (pour giew-yn) ; pour
le sens, cf. ail. schnur, belle-fille, et lien, lat. nurus (snusus). Les
noms propres Dugia, Dugiavus, Dugiava, en sont rapprochés. Un
parallèle est offert par le composé celtique Com-iog-ia (près Saluzo,
Piémont). Com-iog-ia aurait le sens de conjugalis.
Dans la note 2, pp. 4 et 5, l'auteur traite du groupe og- dans les
langues brittoniques. Il deviendrait en brittonique ow susceptible
d'évoluer en gallois en ew, eu, au. Outre que cette diversité d'évolu-
tion en eiu eu (ou), qui ne sont pas confondus en gallois, est peu
vraisemblable, cette évolution ne semble se produire que devant
-u-. On a, dans ce cas, vraisemblablement ou> et aiu, àenjuger par le
comique maw, breton mao (cf. uaw, neuf = *nouan). Le gallois nieit
dans meu-dwy s'explique autrement (cf. J. Loth, Remarques etadd. à
riutrod. to early Welsh de Stracban, p. 15). Il en est de même de
eg devant -u-: tegu-s épais a donné tewûs,tew. Il en a été de même,
je pense, pourle groupe -ûg-u-. Le gallois Llywarch comme Llywe-
Ixn doit avoir pour premier terme Lugu-. Lugu- a passé par luwù-
lowù- d'où Loumareh dans Nennius ; loivù- à donné régulière-
ment Ivzu : Llywarch remonte à Lugu-marco-s et Llywelyn à Lugu-
belino-s, cf. Lyivelyâ (Caer) de Lugubalium. Leu dans go-leu, leu-veme
me paraît pas pouvoir s'expliquer par lugu- qu'a proposé Pedersen
(Vergl. Gr. 1, p. 98). La racine est lou- : on la trouve au début du
ive siècle, dans le nom breton Lovocatus.
2 Balaudoui Makkarioui .
Makkarivos est justement rapproché des noms Maccarus, Maccius
Maeco, Maceonus et du gallois mach, caution.
3 Kabiros Ouiudiacos.
Cabiros se trouve au génitif dans une inscription de Cologne (C.
I. L. XIII, 8342).
L'auteur rapproche Cabiros du grec Kaëipoi. Les divinités auraient
été confondues avec lesDioscures. On trouve lesDioscures, Pollux et
Castor, associés sur l'autel de Notre-Dame à Cemunnos et Smertulla.
Cette hypothèse me parait invraisemblable, d'autant plus qu'à
côté de Cabiri on peut citer Cabrus à York, à Castel près Mayence
et ailleurs.
4 Mitiesi mitis. Magouli Ouua Koui.
-Koui, -qui, serait l'équivalent celtique du latin -que et Onna un
génitif pour un plus ancien onnàs (cf. irl. mnà).
Le génitif onna me paraît peu vraisemblable, moins toutefois que
-koui = -que. L'auteur voit en revanche dans sapsuiaipe de l'inscrip-
tion d'Ornavasso sur la Toce près du Lac Majeur, pe gaulois
= que.
368 Bibliographie.
5 Missoukos Silouknos.
Sihis, Silu sont connus. Missukos serait à rapprocher de Missillus,
Medsillus, McddiUus.
Dans une note, au sujet des graphies ds, dd, l'auteur traite du cor-
nique cescor, gallois cosgord, breton coscor ; cascord remonterait à cansa-
coj w identique au germ. hanse, angl. sax. hôs, société, troupe. L'éty-
mologie est séduisante. L'auteur toutefois n'aurait pas dû donner cos-
goord comme comique. J'ai démontré que les gloses de YOx. post.
étaient galloises {Revue Celtique, XIV, p. 70). Il eût dû aussi distin-
guer entre cascord et goscord ou gosgord. La forme vieille-galloise de
gosgord est guoscord (cf. J. Loth, Revue Celt., XXIX, p. 68) ; gosgord
n'est donc pas une forme moderne corrompue comme il l'avance;
gosgord (woscord) est largement représenté à toute époque dans la
littérature galloise.
En terminant l'exposé des inscriptions du Vaucluse(p. 16) l'auteur
revise l'inscription XI de ses Celtic inscriptions. Il propose : ...soui
Klirnitous Lanaknos (ou Manaknos) iade. Iade rappellerait bratoude.
Inscriptions de Nîmes (p. 17). Quelques-unes avaient été vues
par l'auteur, quoiqu'il ne les ait pas décrites. D'autres sont entrées
au musée après qu'il eut écrit en 1905 et publié en 1906 son tra-
vail sur les Celtic Inscriptions of France and Italy.
1 Inscription du quartier Ste Baudile de Nîmes (Mazauric, Musée
arch. de Nîmes -.Recherches et acquis. Nîmes, 1908, p. 16). Il y a
sur la même pierre ces deux inscriptions :
Adgenoui dede br Adgenouid. Mazauric lit dans les deux
cas : adgennoui. L'auteur compare Cou-gennoy plus bas, p. 29.
2. Sur un fragment d'autel gallo-romain de Montmirat (Gard) ;
br atout. ..
3. Sur une pierre, dans une tranchée de St-CésaireàNimes : ritou.
L'auteur compare le noms de potier Rit us, Ritu-mara, Ritukalos.
6. L'inscription de Collias {Celtic Inscr. p. 39-41). Ecinuos Riou-
inanos andoounnaleo dede bratoude Kanien.
L'auteur propose une nouvelle solution de bratoude. Il rappelle la
construction de l'article défini avec le nom, au datif, dans le sens
adverbial/;/ biucc, gallois ynfach l. Il y ajoute des formes en-id,-ith
avec l'article : ind oindid gl. semel,ind airmith, sommation. L'auteur
suppose qu'à un ancien datif est venu se joindre un élément de ; airiuid
serait le datif vieux-celtique ad-ritnc {ad-riml}) plus de. Bratou, dans
ce cas, serait un datif. Il est certain que les formes irl. en id
1 . Sur cette construction et l'identité avec la construction galloise et bre-
tonne (yndda, enta), cf. J. Loth, Revue Celtique, XV, p. 105.
Bibliographie. 369
sont difficiles à expliquer. Pedersen les suppose empruntées aux
formes brittoniques en-/*/ ce qui est passablement hasardé. L'expli-
cation de John Rhys est, en tout cas, des plus ingénieuses. Pour lui,
bratou serait un datif et signifierait avec plaisir, bratu-s équivaudrait
à grâtus.
Dans la note à la page 25 je lis que dans eirif(irl. dirent, aireamh
dead-rimâ) le premier i est pour d comme dans cadeir de cathedra.
Cadcir n'est pas facile à expliquer en face du breton cadoer . Pour
eirif, il faut compter avec une forme antérieure eirriv *edrimà ou
edrimi-. Pedersen soutient la même doctrine que John Rhys; pour
lui -dra serait traité comme -gr~. Il cite gwyr, tri. fitir ; creir irl.
crctair. Tous ces exemples sont discutables. Il est en tout cas
indispensable de distinguer les cas où dr est précédé d'une vovelle
non palatale : cadr beau, fort (cf. Belatu-cadrus) remonte à cadro-s
L'accent peut aussi avoir une influence en pareil cas. Que dr spi-
rant dans -dr- puisse donner un i, c'est ce que montre le breton
moyen cae~r, le breton d'Ouessant laedroun, voleurs.
Page 27. L'auteur appelle l'attention sur deux inscriptions latines
découvertes vers 1906. L'une vient d'un oppidum delà Baume près
Belvezet (Gard).
Tertius Tincorigis f. Segomannae Y. S. I. L.
Rapprochant Tincorius de Tincommius fils de Commiusbien connu
parles monnaies bretonnes, l'auteur pense que Tincommius est
pour Tin-cocommius. La seconde a été trouvée àXimes en 1906.
D. M.
Messinae Messin i
filiae
Tasgia Titulla
posuit.
Tasgia (cf. Tasgius) avec son g suppose s doux ; ce serait un
dérivé de Ta^go- à rapprocher de l'irlandais Taidgg, Taidc, plus tard
Tadhg.
L'auteur revient surlesfameuses inscriptions Mariiaîis Dannotali
etc.
Dugiiontiio serait pour dug(J)iontiïo-s de Dugiotitiïo-n et signifie-
rait mariage. Voici sa traduction :
Martial, DannotaVs son, mode Ucueti this toiver and may the mariage
rejoue Ucuetis in Alisia. Cette interprétation est beaucoup plus aven-
tureuse et moinssatisfaisante que celle quia été donnéedansla Revue
Celtique XXXII, 119. L'auteur l'attribue à M. Yendrves. Celui-ci,
comme il leditlui-méme,ne fait que reproduire l'interprétation de
370 Bibliographie.
Thurneysen (Zcitschrift fùrceli. Philologie, 1 908). Thurneysen voit
dans gobedbi un datif pluriel et dans dugiiontiio la forme de la y°*
pers. du plur. relative (irl. berle de*berontio).
A la même époque, M. G. Poisson, sans avoir pu connaître l'ar-
ticle de Thurneysen, dans une note, faisait aussi de gobedbi un datif
pluriel comme l'avait fait Pictet déjà, mais avait le tort de supposer
dans dugiiontiio un participe. L'explication de Thurneysen pour
Dugiiontiio est définitive. Ce sens, comme le dit Vendryes, serait à
peu près : « Martialis fils de Dannotalos a fait pour Ucuetis cet édi-
fiée et pour les prêtres qui serrent Ucuetis à Alise ». L'auteur (note 2,
page 36) n'a connu ces interprétations qu'après avoir rédigé son
travail. Il semble cependant tenir à son explication de dugiiontiio
(P- 35-36)-
En passant, p. 32, il parle d'une légende de monnaie ainsi conçue:
Labrodiios. Ce serait pour lui une forme abrégée pour Lâtnâ-rodiiâ
main généreuse. Il l'identifie (p. 32-34 et notes) avec le gallois
Llawfrodeâ.
Il faut pour ce sens supposer que roded est pour roded. Or, rot-
existe dans des noms propres comme Rol-ri. Lawfroded devrait
être, si c'est un composé ancien, Lof-roded : cf. lof-rud. Il peut
avoir été refait, il est vrai, sur l'analogie de llaw. Le rapproche-
ment est au moins douteux. De plus, le mot gaulois pourrait être
coupé en Labro-diios.
Parmi les inscriptions trouvées au Mont-Auxois, il y a une ins-
cription découverte en 1908 :
Dec Ueueti et Bergusia Remus Primi fil. donnvit. VSLM.
Elle nous fixe sur le sens d'Ucuetis. Bergusia rappelle bergo-
montagne, allemand berg. L'auteur rappelle avec raison le gallois
berei, tas de blé ou de foin (Davies : acervus segetis) : bera est pour
berg- comme boly, bola pour bolgo ; giuala pour ualg etc. Il ne faut
pas oublier que bera indique plus précisément un tas de blé ou de
foin de forme pyramidale (comme le breton beru).
P. 38-39, on trouvera une intéressante digression sur avot,
avotis.
P. 40. Inscription sur un mur dans un champ appelé Lapipe-Sené
au Mont-Auxois (publiée par Espérandieu dans Pro Alesia, 1906,
P- 43-5).
L'inscription est sur quelques fragments, sans compter quelques
menus morceaux. Le déchiffrement en est naturellement fort diffi-
cile et l'interprétation des plus conjecturales.
Voici la lecture à laquelle s'arrête l'auteur :
Samotalos awôtiknos. sesia Klamaki Garma. Biràkotôu Tisabannô
Kobritoulou bartib. : alnodo.
Bibliographie. 371
Samotalos son of Awôtis (and) sesia Garma daughter of Clama-
cios, tearfullv (set up) this monument, to their children Biraco-
tus, Tisabannos (and) Cobritulus.
Ce serait baptibÇos) qui aurait le sens de enfants : il serait au
datif (de la racine 1er- porter). Le tearfully serait explique par
adnodô pour ale-nodd ou ate-snodô, gall. nod, jus d'une plante, sève
d'un arbre. L'auteur suppose avec raison que le snôdacb d'O'Reilly,
sap or juice doit avoir 0 bref : C'est en effet la forme avec 0 bref
qui a persisté en gaélique d'Ecosse. Le sens serait, on le voit,
fortement métaphorique.
Pour les noms propres, tout ou partie, on les trouve ailleurs.
P. 52. Deux inscriptions latines récemment découvertes dans les
fouilles du Mont-Auxois associent le nom de Moritasgos à Apollon :
ang sac
Deo Apollini
Moritasgo
Catianus
Oxtai
Apollon étant le dieu qui écarte les maladies, l'auteur identifie
mon- avec le mor- de Morrigain, reine des esprits : Apollo moritasgus
serait Apollon qui écarte les mauvais esprits '.
P. 59 : Quelques notes et corrections relatives aux inscriptions
du musée de Cluny et des musées de Saint-Germain avec référence
aux pages du travail précédent.
Pour l'inscription qui se trouve à Saint-Germain sur les épaules
du Mercure gaulois, l'auteur avait proposé sosin pour sosi : il a
retrouvé trace de n : voici sa lecture : Aproniosicuru sosin (G)eso-m-
aro. Geso-maro serait d'après C. Jullian pour Gaiso-mâro, datif :
l'homme à la grande lance. L'auteur parait plus disposé à y voir le
nom à? Esus : grand comme Esus, ou, avec Esus.
L'auteur, p. 61, revient sur une inscription latine bien connue - :
Esumopas Cnusticus
V S L M
Cnusticus seraità rapprocher de l'irlandais amas, collection, trésor.
Mopas pour mopat-s est sans doute de la même origine que mapos-
fils. Suit une dissertation de l'auteur sur mop, génitif momid et
mug, gén. mogo etc.
1. Cf. J. Loth, Contrïb. à l'étude des romans de la Table Ronde : Morgan-
Tut (ci-dessus, p. 249 et suiv.).
2. Publiée par S. Reinach dans la Revue Celt., XV, 413-17.
3J2 Bibliographie.
De la page 63 à la page 79, l'auteur étudie des noms qui se
trouvent sur des vases de la Gaule (Corpus Lise. Lai., XIII, part
108). Une des inscriptions est assez intéressante : elle se trouve sur
un vase de Banassac, Lozère (C. 1. L. XIII, p. 480, n° 10.016-
Nedàamon Delgu Lxnot
Delgu serait un verbe au prétérit comme ieuru, à rapprocher de
l'irl. mod. coindealghaim, I advice, gall. cynhaliàf. En note, il est
question d'un gallois clêr, moucheron, et aussi ménestrel ; ce clêr
serait l'irl. char. La voyelle irlandaise serait expliquée par le sing.
cléheren. Je ne suppose pas que l'auteur tienne beaucoup à ce
rapprochement de tout point impossible. Il est évident que clêr
est une contraction récente. L'auteur semble aussi avoir oublié la
glose bretonne de Berne : clehurin. °L musca. Le cliar irl. a
pour équivalent, en gallois moyen, clwyr : L. noir (F. a. B. II,
p. 63):
Kelvit id gan cluir vir aedan
cf. ibid, 48-7; L. Tal. 154. il, Myv. arch. 726. 1. Le mot
est écrit cher dans addit. Ms. 15.003;, fol. 150 r° :
a llef cloer, gwedi cyrn
clwyr, cloer, parfois semble désigner le clergé (breton cloer, irl.
cliar). Nedàamon à côté duquel on peut supposer Xessanuon serait
expliqué par l'irl . moderne neas, the wheel pr machine by vhich
an earthen vessel is turned in apottery. Le sens préférable serait :
« The ness stick ivas held by Linot ». Le mot neta que l'auteur lit
uetta sur un autre vase, l'amène à une longue digression sur l'irlan-
dais net, net, nia, seul ou en composition.
De la page 79 à la fin, l'auteur revient sur certaines lectures du
calendrier de Colignv. Il y aura lieu d'en tenir compte pour une
édition définitive du calendrier. Occasionnellement il cite d'assez
copieux extraits du travail et du compte rendu de M. Goddard H.
Orpen, de ses Notes on Coligny calendar dans The Journal of the
royal society ofantiquaries of Ireland 1910, p. 367-74.
P. 88 il donne in-exienso deux lettres de l'astronome Fotheringham
touchant certaines théories de M. Orpen. La deuxième est parti-
lièrement intéressante. Après avoir soutenu dans la première que
le calendrier de Coligny était un calendrier qui avait faussé compa-
gnie à la lune, le Dr Fotheringham (p. 98) est nettement d'avis
que le calendrier est véritablement lunaire. Le cycle de cinq ans
est pour lui un cycle de fêtes qui se répète sans tenir compte des
Bibliographie . 373
cycles astronomiques. Pour mettre d'accord le comput lunaire et
solaire, il eût fallu des intercalations en 19 ans et 35 en 95 ans.
Or, le calendrier présente 7 intercalations en 5 ans, ce qui en
donne 38 en 95 ans ; il eût donc été nécessaire d'omettre un des
mois intercalaires 3 fois en 95 ans. De même, le calendrier nous
donne 37 mois de 30 jours en 62 mois, tandis que la vraie propor-
tion eût été 33 ; de sorte qu'il devenait nécessaire, quatre fois en
chaque période de 5 ans, de supprimer le dernier jour d'un des
mois de 30. Le Dr Fotheringham est aussi d'avis, ce que j'avais
affirmé dans mon travail sur L'inscription latine de Gélignieux et le
prétendu ligure ou celtican du calendrier de Coligny l, que le mois
Equos n'avait normalement que 29 jours, mais que parfois une
fois dans chaque période de 5 ans (ce n'était pas toujours la même
année), il était nécessaire de lui donner 30 jours, pour mettre
d'accord le calendrier avec la marche de la lune ; son caractère de
mois néfaste n'avait pas été affecté par cette exigence du calen-
drier.
Le Dr Fotheringham discute aussi la question des trous qui se
trouvent devant les chiffres des jours du calendrier. Son attention
avait été appelée par son collègue le Dr W. H. Forbes, du collège
de Balliol. sur la ressemblance entre ces trous et des trous sem-
blables dans les fragments de parapegmata ou calendriers solaires
découverts pendant l'hiver de 1902-3, à Milet, et discutés par Diels
et Rehm (Parapigmasfragtnenten ans Milet) dans les Sitqungsber. d. K.
Preuss. ahid. d. IVissensch. (1904) I, pp. 92-111 ; par Dessau, Zu
den Mile sis chen Kalendarefragineuten, ibid.pp. 266-8 ; par Rehm, Wei-
teres \u den Milesischen Parapegmen, ibid. pp. 752-9. Ces fragments
datent d'environ 100 ans av. J.-C. Un point est certain, c'est que
les chevilles qui étaient placées dans ces trous avaient pour objet
d'indiquer des dates mobiles, qui n'avaient pas de place fixe dans
le calendrier, par exemple le commencement de l'année officielle par
rapport à l'année astronomique, ou le commencement du mois
lunaire (les calendriers de Milet étaient astronomiques et même
météorologiques). Si les chevilles dans un calendrier solaire
comme ceux de Milet étaient destinées à indiquer des dates lunaires,
il est probable que dans le calendrier lunaire de Coligny elles
devaient indiquer des dates solaires, vraisemblablement les dates
du calendrier Julien.
John Rhys termine par le récit de son pèlerinage à Colignv
(Ain), à l'endroit où eut lieu la découverte du calendrier. Il se
1. Académie des Insc. et Belles-Lettres, 1909.
374 Bibliographie.
demande s'il ne serait pas possible de retrouver l'emplacement du
temple où était placé le calendrier et peut-être quelques ruines de
l'édifice. M. Orpen croit que le Brig Rivros que l'on remarque
au 4° jour de Riuros dans la 2e année et les années suivantes,
indique un tumulus ou tertre sur l'emplacement du temple ou
auprès ; se fondant sur les usages de l'Irlande préhistorique, il
croit, en effet, qu'on doit s'attendre à trouver près de ce temple,
un tertre artificiel, sépulcral à l'origine ou un tertre à forme de
tumulus, peut-être avec un pilier de pierre et une pierre plate à
côté. La civilisation de l'Irlande préhistorique, même celtique, et
celle de la Gaule romaine sont mêlées d'éléments si différents, que
c'est s'exposer aux plus graves mécomptes que de conclure de
l'une à l'autre. Il ne me paraît cependant pas impossible que
des recherches bien conduites puissent amener la découverte de
quelques ruines du temple de Coligny. Il est à remarquer qu'une
voie romaine passe au flanc de la colline voisine du champ où eut
lieu la découverte.
J. Loth.
VII
The national Library of Wales, Bibliotheca celtica (a
register of publications relating to Wales and the celtic peoples
land language fort the year 1909). Aberystwyth 19 10.
La préface annonce qu'il s'agit d'une publication annuelle :
ce sera la revue de toutes les publications concernant le pays de
Galles et les peuples et langues celtiques.
Cette publication ne peut qu'être accueillie favorablement. Il
est à souhaiter qu'elle soit aussi complète et aussi détaillée que
possible pour le pays de Galles. Il y a, je crois, peu de chose à
désirer à ce point de vue dans la présente publication. Il n'en est
pas de même pour d'autres pays celtiques comme la Bretagne. Les
auteurs ignorent l'existence d'importantes revues archéologiques,
comme la Revue arch. d'Jle-et-Villàine ; Revue arch. de la Loire-Inf. ;
Revue arch. du Finistère ; Bulletin de la Société polym. du Morbihan ;
Bulletin et mém. de la Société d'Einul. des Côtes-du-Nord ; Mémoires
de l'Association bretonne.
Le grand défaut de cette revue bibliographique, c'est que tout y
est par ordre alphabétique, en principe mais non en réalité :
par exemple, vous trouverez : Baptists, Burnett, Bible, Borodine; sous
Baplists, vous avez : Radnorshire and Montgomcry association à Dow-
Bibliographie. 375
lais, Caersalem, etc. Prenez maintenant Raduorshire (p. 100-101),
vous chercherez vainement Radnorshire and Montgomery association.
L'économie de ces Bibliotbeca est entièrement à bouleverser. Il faut
un catalogue par ordre de matière, un sommaire avec les noms d'au-
teurs.
The national Library of Wales. 1910. Aberystvyth, 1912.
La disposition est la même. On trouve, en plus, à la fin du
volume, une liste des journaux et revues, intéressant les études
celtiques. Le titre seul est donné. Il eût été beaucoup plus utile de
donner une analyse des principales revues étrangères consacrées à
ces études. Un sommaire des articles parus dans la Revue Celtique,
dans la Zeitschrift fur Celtiscbe Philologie, les Annales de Bretagne
eût été d'un vrai profit pour les lecteurs gallois trop souvent peu
initiés aux travaux parus hors d'Angleterre. Ce qui est vrai pour
les revues qu'on peut appeler celtiques, l'est encore bien davantage
pour les revues qui ne traitent des choses celtiques qu'incidemment ;
à quoi bon, par exemple, citer la Zeitschrift fur vergl. Sprachfor-
schung, les Indogermanische Forschungen, si on n'indique pas ce qui,
dans ces revues, touche aux études celtiques ?
Pour la Bretagne, il v a à peu près les mêmes lacunes que dans
le tome précédent; à corriger : Le pays de breton en Le pays breton.
Parmi les revues françaises pouvant intéresser les lecteurs s'oc-
pan't de celtique, je signalerai à l'auteur, la Revue des études
anciennes dirigée par Camille Jullian. Les lecteurs trouveront aussi
souvent des articles intéressants au point de vue archéologique
et historique, dans La revue archéologique, L'anthropologie, etc.
J. Loth.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. Festschrift V. Thomsen. — II. Mots celtiques empruntés
par le Scandinave. — III. Une nouvelle édition de Y Introduction de
M. A. Meillet. — IV. M. Pokorny et l'origine du druidisme. — V. Un
cours de vieil-irlandais à l'Université d'Urbana. — VI. Programme de
l'University Collège de Galway. — VII. School of Irish Learning.
— VIII. Welsh Language Society. — IX. Nomination de Miss Mary
Williams à l'Université de Manchester. — X. Ouvrage reçu.
I
Dans la Festschrift offerte à l'illustre savant danois V. Thomsen,
à l'occasion du 70e anniversaire de sa naissance (parue à Leipzig,
19 12, chez Harrassowitz), figure, p. 70 et suiv., un article où
M. H. Kern rapproche les formes du vieil-irlandais telles que tes-
bantU « ils manquent » (à côté de testât), -céiibani « tu concordes »,
du verbe pâli -bhunâti « il existe ». Il s'agirait d'une forme en -Mo-
de la racine *bhew3- (lat. fui, etc.). Cette explication parait préfé-
rable à celles que l'on a proposées jusqu'ici pour les formes en
question. Nous rappellerons les trois principales : celle d'Ascoli
(acceptée par Zimmer, Kuhns Zeitschrift, XXVII, 474), suivant
laquelle l'élément -ban- contiendrait la racine de gr. fiaivw, lat.
ueniô (Arcbivio Glottol. ItaL, X, 57 et ss.) ; celle d'Osthoff qui rat-
tachait -ban- à la racine du grec cpaîvco, soit *bha-nâ-mi (Zur Ge-
schichte des Perfekts, p. 519) ; et enfin celle de M. Thurneysen, qui
vovait dans -banat, -boni un développement analogique issu des
composés du verbe benaim « je frappe » (Kuhns Zeitschrift, XXXI,
92 et Handlmch, I, 333, 431). L'explication de M. Kern offre cet
intérêt, qu'elle établit un nouveau point de contact entre le voca-
bulaire celtique et le vocabulaire de l'Inde. On peut d'ailleurs l'ad-
mettre sans rejeter complètement l'idée de M. Thurneysen. L'ir-
landais a bien pu confondre avec les composés de benaim « je
Chronique. 377
frappe » les composés de la racine %bhexvd- développée en *bhu-)ià-.
Dans la même Festschrift V. Thomsen, p. 202 et suiv., M. F. de
Saussure a publié un article sur les adjectifs indo-européens du type
caecus, où l'irlandais câicb « borgne » trouve naturellement sa place.
Il ne semble pas à l'illustre linguiste que le celtique ait développé,
comme le grec et le latin, ce type ancien d'adjectifs à vocalisme
radical a (lat. claudus, balbus, etc. gr. ix'/io.-. sxafifioç, etc.) dési-
gnant des infirmités. On pourrait cependant joindre à la liste les
adjectifs irlandais baeth « fou, insensé » (de *baito- ; YVb. 12 d 16)
et dall « aveugle » (de *dvahw-, cf. got. diuah puopoç).
II
La collection « Palaestra » (Untersuchungen und Texte ans der
deuischen und englischen Philologie, Berlin, Mayer und Millier) a
publié en 1909 sous le numéro 85 une étude de M. Frank Fischer
intitulée Die Lehnwôrter des Altnordischen (vij-233 p. 8° ; 6 M. 50).
Ce travail a échappé à la chronique de la Revue Celtique ; mais il
est encore temps de l'indiquer à nos lecteurs. Il contient, p. 12 et
p. 18, deux listes de mots Scandinaves empruntés au celtique.
La première ne comprend que quelques mots, qui remontent au
germanique commun et dont l'emprunt date, par suite, d'une
époque fort reculée ; ils se rencontrent naturellement dans les autres
langues germaniques. Ce sont les mots vieil-islandais : ambôtt f.
« servante », embœtti n. « service, fonction », embœtta « servir »
(gallo-latin ambactus) ; brôk « culotte » (gallo-latin brâca ; l'em-
prunt pourrait être du celtique au germanique) ; r'xkr « puissant »,
riki « puissance » (gaulois -r/.v, rlgo-) : valr « autour, oiseau de
proie », identique à Valir « Celtes (Français) », et qui remonte-
rait au nom de peuple gaulois Volcae.
La deuxième liste, sensiblement plus longue, se compose de
mots empruntés à l'irlandais ; quelques-uns avaient été signalés
déjà par M. W. A. Craigie dans la Zeitschrift fur celtische Philologie,
I> 439-
bagallm. « bâton recourbé » (irl. bâchai):
biannak « bénédiction » (irl. bennacht) ;
dâlkr m. « épingle » (irl. delg « broche ») ;
des f. « meule de foin » (irl. daiss) ;
d'iar pi. « prêtres » (irl. dm « dieu ») ;
ergin n. « hutte » (irl. airge « pâturage, pacage ») ;
gaflak « épieu » (irl. gabhlach « fourchu »);
37§ Chronique.
ai vieilli « fou » (irl. geilt « fou », proprement « volage », cf.
Wh. Stokes, B. B., XVIII, 63) ;
iarn, éarn « fer » (irl. iarri) ;
kapall m. « cheval » (irl. caball);
kartr m. « voiture » (irl. cref) ;
hesia f . « épieu » (irl . ceis) ;
kross m. « croix » (irl. cross) ;
tninpàk n. « sorte de mets » (irl. menadach et non niinu, cf.
Pedersen, Vgl. Gr., I, 110 et Mon. of Tallaght, p. 173) ;
papar pi. « moines » (irl. papa « ecclésiastique ») ;
trùpr m. « charlatan » (irl. drûtb « joveux, bouffon »);
piisi, sùsf f. « fléau abattre le blé » (irl. saisi « bâton »).
On remarquera dans cette liste des mots irlandais d'origine
latine, hachai, bennacht, cross, papa, sùist, ce dernier modifié par
une dissimilation intéressante. Quelques autres semblent venus
de l'irlandais au Scandinave par l'intermédiaire de l'anglais : ainsi
dalkr (v. angl. dâle) et kartr (v. angl. cari, crœï).
La liste doit être augmentée de quatre mots mentionnés par
l'auteur p. 189 et 197 : biçp f. « pays » (irl. hiih, biuth « monde ») ;
l'uni f. « flot » (irl. lind « élément liquide ») ; luug n. « vaisseau »
(irl. long de lat. longa naitis); tarfr m. « taureau » (irl. tarb).
En revanche, il faur rayer de la liste trois mots que l'auteur y a
rangés à tort : laustik, leystik « rossignol » qu'il fait venir du breton
eosiik avec prothèse due à l'article français et qui n'a par suite en
tout cas rien à faire avec l'irlandais ; poki m., poka f. « poche », qui
est donné par une erreur singulière comme emprunté à l'irlandais
poca « id. » alors que c'est ce dernier qui en est emprunté (cf.
K. Meyer, Rev. Celf., XII, 461); enfin ôrkn-selr, m. « sorte de
baleine » qui viendrait, dit l'auteur, de l'irlandais on, comme le v.
anglais orc et le latin orca (Pline). Un mot de Pline emprunté de
l'irlandais, voilà qui serait extraordinaire. Il va sans dire que le
latin orca suppose une tout autre origine. L'irlandais orc, entre plu-
sieurs sens fort variés, désigne en effet la baleine ; dans quel rap-
port est-il avec le vieil-anglais et le Scandinave, c'est ce qu'il est
malaisé de décider.
III
La librairie Hachette vient de mettre en vente (février 191 2)
une troisième édition de V Introduction à l'étude comparative des
langues indo-européennes de M. Antoine Meillet. Il n'y a plus à faire
Chronique. 379
connaître cet excellent livre, ni à en détailler les mérites. La faveur
qu'il a obtenue en France et à l'étranger, tant dans les éditions
françaises que dans les traductions allemande et russe, en dit le
meilleur éloge. C'est le livre de chevet des linguistes, l'exposé le
plus clair de la grammaire de l'indo-européen, soutenu d'enseigne-
ments profonds sur le développement du langage. Chacun peut
y puiser à la fois des faits précis et des idées générales. On ne le
relira jamais sans profit.
Cette troisième édition a été revue complètement, corrigée,
remaniée et augmentée. Les celtistes pourront apprécier la docu-
mentation si soignée de l'auteur en constatant qu'il n'est pas une
question de leur domaine qu'il ait négligée et dont il n'ait tiré
parti en homme compétent.
IV
La Smithsonian Institution de Washington publie dans son Report
for 1910, p. 583-597, une traduction anglaise du travail de
M. Julius Pokornv sur l'origine du druidisme. Der Ursprung des
Druidentums avait paru en 1908 dans le tome XXXYIII des Mit-
teilungen der Antbropologischen Gesellscbaft in JVien (p. 34-45) et en
même temps dans le n° 17 de The Celtic Review (15 juillet 1908).
On en trouvera une critique dans la Revue Celtique, t. XXX,
p. ioé.
V
L'enseignement du celtique se développe aux États-Unis. Xotre
collaboratrice, Miss Gertrude Schoepperle, nous écrit qu'elle a été
chargée pendant le semestre d'hiver 1911-1912 d'un cours de
vieil-irlandais à l'Université d'Urbana (Illinois), et que pour ses
débuts, elle a réuni autour de sa chaire une demi-douzaine d'étu-
diants zélés, qui lui ont donné toute satisfaction. Nous applaudis-
sons à ce succès.
VI
M. T. O' Maille, professeur à l'University Collège de Gahvav,
nous adresse le prospectus suivant, qui doit intéresser tous les
jeunes celtistes :
UNIVERSITY COLLEGE, GALWAY
COURSES IX CELTIC.
380 Chronique.
Students of this Collège may obtain the following Degrees :
B. A., M. A., M. Litt. Celt., ot the National University of Ire-
land. For Students not wishing to proceed to a Degree spécial
courses will be arranged.
B.A.
Students may obtain this Degree by presenting Irish and one
other language, Modem or Classical, and a subsidiary subject.
LECTURES
The Lectures on the B.A. Course in Irish include the follo-
wing :
1. Spoken Irish and Phonetics.
2. Composition in Irish.
3. Irish Literature : The Cuchulainn or Red Branch Saga ;
the Finn or Ossianic Saga ; various periods of Ancient or
Modem Irish Literature ; and the Interprétation of Texts.
4. Comparative Grammar of Old Irish.
j. Irish History.
M. A. AND M. LITT. CELT.
Thèse Degrees may be obtained by Graduâtes on attending a
Course of Lectures in the Collège and presenting a satisfactory dis-
sertation on some subject treated of in the Courses.
Courses are arranged in :
dlalects of modern irish.
Old and Middle Irish Texts.
Middle Welsh Texts.
Celtic Philology.
Spécial Provision is made for Graduâtes of other Universities
who may obtain one of the higher Degrees by attending a Course
of Lectures for two sessions and by carrying out research unde
the direction of the Professor.
The Degree of D. Litt. Celt. is obtainable five years after the
primary Degree B.A. on original published work.
The Celtic Faculty of the Collège comprises the following ;
Professor O'Maille, M. A. (Manchester), Ph.D. (Freiburg iBr.) ;
Professor Trench, M. A. (Dublin); Dr. MacEnri, M. A., M.D.
(Dublin).
The Collège is situated in an Irish-speaking area and Irish is
the language of the market place . Galway is the centre of a very
picturesque district.
Chronique. 381
For further information and détails of the Courses of Lectures
applv to
PROFESSOR O'MAILLE, MA., PH.D.,
Professor of Irish and Dean ot the Faculty of Celtic, Univer-
sity Collège, Galway ; or
PROFESSOR PYE. M.D., D.SC,
Registrar, University Collège, Galway, Ireland.
VII
SCHOOL OF IRISH LEARNING
122 St. Stephen's Green, Dublin.
Director :
Professor Kuno Mever, Ph. D.
Course ox
Old-akd Middle-Irish Poetry akd Metrics
September 16-27, l912
Mondavs, Tuesdays, Thursdays, and Fridavs.
Professor Kuno Meyer will give on the above dates a Course of
Lectures introductorv to the Srudy of Old and Middle-Irish Poe-
trv and Metrics. The text-books used will be the lecturer's Primer
of Irish Metrics and Sélections from Early Irish Poetry (School of
Irish Learning).
The lectures will take place in the afternoon from 5 to 6.30
o'clock.
Fées : 10 s. the Course, payable in advance to J. G. O'Keeffe,
Hon. Treasurer.
Intending students should communicate beforehand with
R. I. Best
Hon. Secretary.
VIII
La dixième session de 1' « École d'été >> (Ysgol Hat) de la Welsh
Language Society (Cvmdeithas yr iaith Gymraeg) se tiendra cette
année à Abervstwvth du 29 juillet au 10 août, comprenant, comme
les précédentes, des cours élémentaires, moyens et supérieurs. Le
droit d'accès aux cours est de 1 5 shillings (8 pour une seule
semaine).
Reiue Celtique, XXXIII. 25
382 Chronique.
Dans la liste du personnel enseignant, nous retrouvons les noms
de sir Edward Anwyl, du Prof. J. E. Lloyd, du Rev. H. Elvet
Lewis, de MM. S. J. Evans, Howell T. Evans et W. J. Griffkhs,
qui traiteront, comme précédemment, de grammaire, de littérature
et d'histoire. A ces noms se joignent cette année ceux de sir Mer-
chant Williams, président de la Welsh Language Society-, du Prof.
T. Powell, de CardifF, de M. D. Samuel, principal de la County
School d'Aberystwvth, de M. Morgan YVatkin, fellow de l'Univer-
té de Galles.
Le secrétaire de la Société est toujours M. D. James (Defynnog)
à Treherbert, auquel il faut s'adresser pour tout renseignement.
IX
Miss Mary Williams, qui possède, comme on sait, le doctorat
de l'Université de Paris, a été nommée le 20 juin 19 12 assistant
lecturer in French à Victoria University, Manchester. Nous félici-
tons notre collaboratrice de ce succès et nous espérons qu'en un
centre gallois comme « Manceinion » elle trouvera le loisir de
travailler encore à nos études.
X
Nous avons reçu l'ouvrage suivant dont il sera prochainement
rendu compte :
Cùirt au Mheadhon Oidbchc, Bryax Mérrymak cet. Riséard
O'Foghludha .i. Fiachra Éilgeach dochuir in eagar (Le Tribunal
de Minuit, composé par Brian Merriman, édité par Richard
O'Foghludha, dit Fiachra Eilgeach). Dublin, Hodges, Figgis and
Co. 1912. x-185 p. 8°. 10 s. 6 d.
J. Yexdryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. — I. Journal des Savants. — II. Abhandlungen der kôn. preuss.
Akademie der Wissenschaften. — III. Sitzungsberichte der kôn. preuss.
Akademie der Wissenschaften. — IV. Zeitschrift fur vergleichende Sprach-
forschung. — V. Indogermanische Forschungen. — VI. Proceedings of
the Royal Irish Academy. — VII. Archiv fur slavische Philologie. —
VIII. The Celtic Review. — IX. Gadelica. — X. Mannus. — XL Zeit-
schrift fur Ethnologie. — XII. Revue Préhistorique de l'Est de la France.
— XIII. Pro Alesia. — XIV. Korrespondenzblatt der deutschen Gesell-
schaft fur Anthropologie. — XV. Boletin de la Real Academia de la
Historia. — XVI. Transactions of the Honourable Society of Cyrara-
rodorion.
I
M. J. Loth a donné au Jourxal des Savants (septembre 191 1,
p. 403-414) un article sur le Sort et récriture che\ les anciens Celtes.
Il montre d'abord le rôle important qu'a joué le bois dans l'un
comme dans l'autre. Les Celtes consultaient le sort avec des mor-
ceaux de bois ; leur langue a conservé plusieurs traces de cette
ancienne pratique. Ainsi crann-chur « lancement du bois a désigne
le sort en irlandais, et de même en gallois coel-bren, m. à m.
« bois à pronostic » ; blaen-bren « excellent bois » désigne la chance
dans un passage du songe de Rhonabwv ([Red Book, I, 145, 22), et
cocrann traduit consors dans le manuscrit de Milan, 37 b 13. D'autre
part, c'est également sur bois que les Celtes gravèrent les premiers
signes d'écriture, signes conventionnels et mvstérieux, à la façon
des runes germaniques. L'ogham dut être une écriture sur bois
avant de s'allonger au flanc des pierres. De nombreux mots rap-
pellent cette origine. Le nom indigène de la « lettre » est en irlan-
dais fid qui signifie « bois » ; la ligne centrale de l'écriture ogha-
mique porte le nom de flesc « tige, baguette » ; l'ogham écrit s'ap-
pelle ogham craobh « ogham en branche » ; toeb omtiu « côté du
384 Périodiques.
chêne » désigne la « consonne », et nin « la lettre » (particulière-
ment la lettre n) signifie proprement « frêne ». On peut ajouter
que dans le glossaire d'O'Davoren (Arch. f. Celt. Lex., II, 424) la
même lettre nin est qualifiée àefren oghuim, qu'il faut vraisembla-
blement corriger en frem oghuim « racine d'ogham ».
L'écriture chez les "Celtes consista donc d'abord en traits et
entailles sur bois ; mais ces traits et ces entailles avaient aussi une
valeur magique, servaient à la divination, au sort, aux incanta-
tions. Cette double valeur est probablement fort ancienne. M. Loth
est tenté d'en faire remonter l'origine à une époque extrêmement
reculée, à l'époque paléolithique. Il y a certaine ressemblance
entre l'écriture oghamique et les signes gravés sur des objets en os
de l'époque magdalénienne. On observe des caractères qui rap-
pellent l'ogham sur une ardoise trouvée dans un monument méga-
lithique de l'île de Groix, sur la paroi intérieure du premier dol-
men de Mané-Kérioned, etc.
Cela n'empêche pas, bien entendu, que les philologues sont
dans le vrai, qui voient dans l'alphabet dit oghamique, comme
dans l'alphabet runique d'ailleurs, un calque de l'alphabet latin.
M. Loth rappelle au cours de son article (p. 411) le nom du jeu
d'échecs en celtique (irl. fid-chell, gall. gwydd-bwxll soit « intelli-
gence du bois ») et l'épisode des pions animés dans le roman gal-
lois de Peredur (R. B-, I, 240,7). P. 407, il propose une heureuse
étymologie du mot gallois cyiuydd « mesure » qui sortirait de *com-
tuidu- (li'idu- « bois ») et serait par suite l'exact équivalent de l'ir-
landais cubaid « harmonie » (Thurneysen, Hdb., I, p. 211, 457).
II
Les Abhandlungex der kôxigl. preuss. Akademie der Wis-
sexschaften de l'année 19 12 contiennent un nouvel article pos-
thume de Heinrich Zimmer, édité comme les précédents par les
soins de M. Kuno Meyer. Il est intitulé : Auf welchem Wegekamcii
die Goidelen vom Kontinent nach Irland ? et devait faire partie, nous
dit une note de l'éditeur, d'un grand ouvrage que projetait le
regretté savant sous le titre : Ans der Celtie Fringe, Forschungen \ur
Geschicbte der Insclkelten im Altertum, MUtelalter und Neu^eit. Les
longs articles de Zimmer publiés précédemment par l'Académie de
Berlin se rapportaient, comme on sait, au même projet.
Dans celui-ci, Zimmer combat une doctrine et corrige une carte.
I a carte est de sir John Rhys et figure dans les diverses éditions
Périodiques. 385
de son livre bien connu, The Celtic Brilain . C'est la carte delà
Grande-Bretagne à l'époque de l'occupation romaine.. Elle est
en trois couleurs, qui représentent respectivement le domaine
des Pietés (aborigènes préceltiques suivant l'auteur), des Goidels
et des Bretons. Le domaine picte est au Nord, au-dessus d'une
ligne qui relierait le Firth of Clvde au Firth of Forth, mais
avec des prolongements jusqu'à Carlisle et Newcastle. Le domaine
goidélique comprend quatre régions : le Sud-Ouest de l'Ecosse à
g. d'une ligne qui relierait Glasgow à Lancaster; les pointes
Nord-Ouest et Sud-Ouest du Pays de Galles, enfin le Cornwall,
avec les comtés actuels de Devon, de Somerset et de Dorset. Le
domaine britonnique comprend le reste. C'est-à-dire qu'à l'époque
de l'occupation romaine la position respective des Goidels et des
Bretons aurait été à peu près la même que celle des Anglo-Saxons
et des Bretons cinq ou six siècles plus tard, après les batailles de
Deorham (578) et de Chester (616) ; il y aurait eu transposition :
les Bretons auraient pris la place des Goidels et les Anglo-Saxons
des Bretons. Cette hypothèse est favorable à la doctrine, enseignée
notamment par sir John Rhys et par d'Arbois de Jubainville, sui-
vant laquelle les Goidels après avoir quitté le continent et avant
d'aller conquérir l'Irlande, auraient occupé la Grande-Bretagne. La
carte s'accorde ainsi avec la doctrine, mais remarquons bien qu'elle
n'en est pas l'expression nécessaire. La position respective des Goi-
dels et des Bretons au premier siècle de notre ère ne dépend pas
nécessairement du chemin qu'ont pris les Goidels pour gagner l'Ir-
lande. Ce sont là deux questions différentes et indépendantes ; au
point de vue de la saine méthode, on pourrait reprocher à Zimmer
de les confondre.
La carte elle-même ne peut se défendre. Zimmer la critique avec
âpreté et la bouleverse du haut en bas. Il a le tort de donner à sa
réfutation une allure de triomphe; le triomphe est trop facile, et
un peu bruyant, à notre goût. Il est certain qu'au premier siècle de
notre ère, lors de l'occupation romaine, les parties de la Bretagne
que sir John Rhys attribue aux Goidels étaient occupées par des
Bretons. Nous connaissons les noms de ces Bretons : c'étaient les
Dumnonii et les Cornovii (que l'on retrouve plus tard dans la Bre-
tagne trançaise) ; c'étaient les Silures, les Demetae, les Ordovices ;
c'étaient, dans le Cantire actuel, les Epidii ('EwéSiov obtpov chez
Ptolémée), dont le nom seul atteste le caractère brittonique, même
s'il n'est pas, comme le \ eut Zimmer, l'équivalent de l'irlandais
Eochaid. Tous ces peuples étaient des Bretons : le témoignage des
historiens, et notamment celui de Tacite, que Zimmer invoque,
3 86 Périodiques,
est là pour le prouver. L'île de Man même aurait été bretonne à
cette époque. Zimmer rapproche de son nom gallois Manaw
(Manau chez Nennius) le Manau Guotodin des Bretons du Nord, le
Moniu, plus tard Miniu (auj. Mynyw en Saint-Davids) dans l'an-
cienne Demetia, et enfin le nom du Monmouth actuel (gall.
Mynwy) dans l'ancien pays des Silures1. La présence des Menapii
en Irlande au témoignage de Ptolémée (Mavaitta ttoXiç) prouve
même que les Bretons s'étaient étendus à l'Ouest au-delà du Canal
Saint-Georges et suppose par conséquent qu'ils détenaient les deux
pointes occidentales du pays de Galles. C'est d'une logique pres-
sante et irréfutable.
D'autre part, nous connaissons par Nennius les rapports des Goi-
dels, des Pietés et des Bretons antérieurement au vne siècle. Les
deux premiers se mirent souvent d'accord pour combattre les troi-
sièmes. C'est que les Goidels avaient fait en Bretagne les mêmes
incursions que les Bretons en Irlande ; ils s'y étaient même établis.
Les fils d'un Goidel nommé Lethan occupèrent pendant un temps
la région de Demetia qui s'appelait Guir Cetgueli (auj. Gwyr et
Kedweli sur les confins des comtés de Carmarthen et de Glamor-
gan) ; ils en furent expulsés par un Breton de Manau Guotodin, le
célèbre Cunedda. La presqu'île du Carnarvonshire porte aujour-
d'hui encore le nom de Lleyn ; ce mot est l'équivalent de l'irlan-
dais Laigin « les habitants de Leinster », et rappelle certainement
des établissements de Goidels au Nord-Ouest du pays de Galles
actuel; mais ces établissements sont bien postérieurs aux début de
l'occupation romaine. C'est par eux qu'il faut expliquer la présence
en Cornwall et en Galles d'inscriptions en écriture oghamique; ces
inscriptions ne remontent guère plus haut que le vie siècle. De
cette époque date sans doute aussi l'occupation définitive de l'île
de Man par des populations goidéliques. Les Goidels, à partir du
ve siècle, vinrent fréquemment en Grande-Bretagne, se mêlèrent à
la population brittonique et même entrèrent comme mercenaires
au service de l'empire. Avec les armées romaines, ils passèrent
parfois en Gaule où, sous le nom de Scotti et de Atecotti, les écri-
vains latins les mentionnent, généralement pour flétrir leurs atro-
cités. Il y a trace de ces expéditions dans les textes irlandais ;
témoin le curieux récit du Lebor na h-Uidre (f° 38a), que cite
Zimmer, où il est question d'une expédition de Dathi, fils de
Fiachra (et neveu de Niall aux Neuf Otages) jusqu'aux Alpes2.
1. Sur les noms de l'île de Man, voir J. Loth, Ment. Soc. Ling., VI, 70.
2. Par une correction toute simple, mais fort heureuse, Zimmer
Périodiques. 387
D'après la chronologie irlandaise, celle-ci aurait eu lieu entre
375 et 425 et coïncide justement avec le soulèvement des
usurpateurs bretons Maxime (tué en 388) et Constantin (tue en
412) en Gaule. Peu après commencèrent les exodes de religieux
irlandais sur le continent, dans les forêts des Vosges, dans les val-
lées solitaires des Alpes, où les poussait un besoin d'ascétisme. Le
plus célèbre d'entre eux, saint Colomban, fournit à Zimmer une
conclusion à son article en le ramenant à la question que pose le
titre.
Lorsqu'à l'instigation de sa grand'mère Brunehaut, Thierry II,
roi de Bourgogne, chassa Colomban de Luxeuil pour le renvoyer en
Irlande, le moine irlandais traversa la France de l'Est à l'Ouest pour
aller s'embarquer à Nantes, et de là gagner l'Irlande directement
sans passer par la Grande-Bretagne. Telle aurait été suivant Zimmer
la voie ordinaire de tout temps suivie par ceux qui voulaient aller
du continent en Irlande. C'est cette voie que les Goidels auraient
jadis prise aussi, lorsqu'ils firent la conquête de l'Irlande antérieu-
rement à l'ère chrétienne. Les Celtes auraient ainsi pris les Iles
Britanniques comme dans un étau, dont les Goidels formeraient la
branche de gauche et les Bretons celle de droite. Il est possible.
Mais, comme d'Arbois de Jubainville l'a fait remarquer (Rev. Celt.,
XXX, 212), rien n'empêche de croire que les deux routes d'Ir-
lande — celle par l'Angleterre et la route directe par mer en par-
tant d'un port continental sur l'Océan — aient été de tout temps
connues et suivies. Quelle que soit la justesse des critiques adres-
sées par Zimmer à la carte de sir John Rhys, il ne nous parait pas
apporter les arguments décisifs pour détruire la doctrine tradi-
tionnelle. Le seul fait sûr est qu'à l'époque de l'arrivée des
Romains, les Bretons occupaient toute l'Angleterre actuelle, y
compris le Pavs de Galles. A cette même époque les Goidels occu-
paient l'Irlande. Par quelle voie y étaient-ils venus ? Ni l'histoire
ni la linguistique ne permettent, crovons-nous, de le décider sûre-
ment. C'est à l'archéologie qu'appartient ici le dernier mot. Mais
Zimmer ne le lui a pas demandé.
M. Kuno Meyera donné aux Sitzuxgsberichte der kôn. preus-
SISCHEN AKADEMIE DER WlSSEN'SCHAFTEX (t. XXV, p. 436-443)
retrouve dans ce récit le nom de Pharamond roi de France (p. 43, n. 1) ;
le texte irlandais porte Formenus ri Tracta.
388 Périodiques.
une jolie étude sur un poème moyen-irlandais relatif à saint Bren-
dan. Parmi les saints d'Irlande, saint Brendan occupe une place à
part; c'est un voyageur, mieux encore un navigateur, dont les
aventures sur mer font pendant à celles de Bran, le héros païen
(voir notamment Gust. Schirmer, Zur Brendanuslegende, diss.,
Leipzig, 1888 et Zimmer, Brendan s Meerjabrt, Z. f. deutsebes Alter-
îitrn, XXXIII 1889], cahiers 2, 3 et 4). On pensait jusqu'ici que le
plus ancien texte en langue vulgaire relatif à saint Brendan était un
poème anglo-normand composé vers l'an 11 20, lequel a pour base,
comme l'a montré M. Plummer {Z.j. Celt. PMI., Y, 124 et
suiv.), une vie latine du saint. Il faut abandonner cette opinion.
Le poème irlandais que publie M. Kuno Meyer est tiré du Book
ofLeinster (fos 366 et 369), manuscrit copié vers 1160, mais repré-
sente un état linguistique de cent ans environ plus ancien. C'est
au xie siècle qu'a du être composé ce poème, qui faisait vraisem-
blablement partie d'une vie, aujourd'hui perdue. Il comprend neuf
quatrains du mètre dit rannaigecht chetharchubaid recomarcach. La
donnée en est fort simple : c'est une bienvenue adressée au saint
par un inconnu, soit dans une rencontre au cours d'un voyage
soit au retour du saint dans sa patrie. Les principales étapes de
Brendan y sont mentionnées, même les plus légendaires : la Bre-
tagne armoricaine, avec Gildas, Tours, à cause de saint Martin,
Rome, la Grèce, la Palestine, et jusqu'à l'Inde. Le texte mentionne
en effet, l'île de Taprofane, à laquelle l'arbre du soleil sert de
pilier (dianid âge crand grene); cette ile estCeylan.
Le texte du poème présente quelques difficultés, qui tiennent
pour une part à l'état du manuscrit, illisible à certains endroits .
M. K. Meyer a dû çà et là laisser des blancs dans sa transcription.
De l'ensemble, il fournit, comme toujours, une interprétation à la
fois élégante et solide. De savantes notes justifient et complètent
la traduction. A signaler, le nom. plur. traigtbe « les pieds » au
lieu du v. irlandais traigid; la 2e pers. sg. du prétérit docbûadais à
côté de dochûad « tu es allé a, c'est-à-dire côte à côte la forme
nouvelle (de prétérit sigmatique) et la forme ancienne (de prétérit
radical) ; la 2e pers. sg. ropsat « tu as été » du prétérit du verbe
copule, qui est également caractéristique du moyen-irlandais (cf.
P. H., 1. 3099), bien qu'elle figure déjà dans le Saltair na Rann,
1318 (nârbsat), 3574 (ro[pjat) ; cf. nirsat, L. L. 54a 11.
Périodiques. 389
IV
Dans le tome XLY de la Zeitschrift fur vergleichexde
Sprachforschuxg (icr cahier, p. 72 etsuiv.), noire collaborateur,
M. J. Pokornv, a publié trois articles :
i° gallois caiûr, irlandais c(a)ur, cor. En face du gallois cawr
« géant » (cf. gaulois Kauapoç, Cavarillus), l'irlandais possède deux
mots différents : car (de * côar), gén. côrad « héros » (Fél. Prol.,
65, 167), qui est régulièrement issu d'un primitif * caivaro- et doit
sa flexion à l'analogie des thèmes à dentale eirr, citig, mil, uiae ; et
d'autre part caur, car, qui est un emprunt au brittonique. L'em-
prunt caur a passé à cur, comme Caulann à Culann (de Cal u nos),
maug- à mug (ogam Magu), laubair à hibair (empr. lat. labor), etc.
M. Pokorny explique de même le mot lau, lu a petit » comme un
emprunt au brittonique (v. Rev. Celt., XXXII, 202 et 213).
20 tûare « nourriture » (formes plus anciennes tore et toure)
sortirait de *to-griyâ- ; cf. skr. girâti « il avale », garâh« boisson »,
gr. popâ, lat. norâre, lit. giria « boisson », etc.
Enfin, 30, continuant ses Bcitràge %ur irischen Grawmatik,
M. Pokorny étudie, p. 77-82, die Verschiedeufarbigkeit von Konsonan-
tengruppen innerhalb des einheitlichen Wortes. Il s'agit du groupe
cbt, dont on enseigne d'ordinaire qu'il est rebelle à la palatalisation
(v. Pedersen, Vgl . Gr., I, 349; Thurneysen, Hdb., I, 99), et cela
aussi bien à l'intérieur qu'à la finale. Dans ce dernier cas, quand
une ancienne terminaison palatale était tombée à la fin du mot,
M. Pokorny soutient que le / du groupe cht conservait la position
palatale. Il en voit la preuve dans quelques faits de graphie du
vieil-irlandais : boicht Ml. 31 c 1 (et 27 d 7, avec 1'/ au-dessus delà
ligne), nochit Wb. ne 18 avec 17 au-dessous de 17; (les éditeurs
du Thésaurus lisent à tort nocbtchenn). La prononciation moderne
justifie, parait-il, l'intéressante hypothèse de M. Pokorny.
V
Dans les Ixdogermaxische Forschuxgex, t. XXX (3e et 4e ca-
hiers), nous relevons, p. 225 et suiv., un travail de M. H. Hessen
sur die konsonantische Flexion in den Mailànder Glossen. C'est un
répertoire de tous les mots à thème consonantique attestés dans le
manuscrit vieil-irlandais de Milan. L'auteur les a classés d'après la
consonne finale du thème ; cette classification est empruntée au
390 Périodiques.
Handbuch de M. Thurneysen, p. 192 et suiv. Comme collection
lexicographique, le répertoire sera utile. A trois endroits seule-
ment, M. Hessen a dégagé de ses statistiques une conclusion ;
c'est à propos du datif-accusatif singulier des mots en -lu (gén.
-tad), en -îiit (gén. -teu) et du datif singulier des neutres en -;//
(gén. -e). En ce qui concerne les premiers, il établit, p. 230,
qu'au datif, la forme en -tu est régulière dans Wb., tandis que
dans Ml. la forme en -laid est deux fois plus fréquente et le devient
davantage encore dans Sg. ; à l'accusatif, c'est la forme en -laid
qui est la plus fréquente dans Wb. et dans Ml., la seule même
attestée dans Sg. Pour les mots en -liu (p. 236), l'accusatif est
généralement en -in dans les trois manuscrits ; le datif est dans
Wb. plus souvent en -e qu'en -iu ou en -in, dans Ml. plus sou-
vent en -iu qu'en -in et en -in qu'en -e, dans Sg. plus souvent en
-in qu'en -e, une seule fois en -///.Enfin, les trois manuscrits s'ac-
cordent en ce qui concerne le datif singulier des neutres en -m
(p. 241), qui présente partout la forme longue (madmaiin) beau-
coup plus souvent que la forme courte (inaidm).
Dans le même périodique, p. 145 et suiv., M. Kieckers étudie
die Stelluncr der Verba des Sagens in Schàltesâhen im Griecbiscben
und in den verwandten Spracbcn. Quelques alinéas sont consacrés à
l'irlandais (p. 180 et s.), ce qui est beaucoup, puisque le verbe
« dire », qu'il ait la forme oJ, ar, or, for ou bar, se place toujours,
comme tous les autres verbes, avant son sujet. Il y avait peut-être
lieu de signaler que l'irlandais olsé « dit-il » joue exactement le rôle
de la particule iti en sanskrit ou des guillemets dans nos langues
modernes, en ce qu'il s'introduit dans les phrases du style direct,
même quand celles-ci sont précédées d'un verbe déclaratif; type :
isand asbert : Xi lbo, olse « c'est alors qu'il dit : Non, dit-il ». Ce
tour est constant en moyen-irlandais.
VI
Les Proceedikgs of the Royal Irish Academy, vol. XXX, sec-
tion C, n° 1, publient p. 1-1 1 , la deuxième partie de l'enquête
poursuivie par M. Mario Esposito sur les Hiberno-lalin manuscripls
in Ibe libraries of Swit%erlanâ (v. Revue Celtique, t. XXXII, p.
118).
Les bibliothèques dont il est question cette fois sont les biblio-
thèques municipales de Zurich et de Berne. A la bibliothèque muni-
cipale de Zurich, M. Esposito a trouvé seulement trois manuscrits
Périodiques. 391
hiberno-latins (C 68, C 78 et C 99), qui remontent tous trois au
ixe siècle. La bibliothèque de Berne, une des plus riches de Suisse
en manuscrits, lui en a fourni onze (nos 19, 123, 167, 172, 212,
258, 265, 363, 510, 517, 582), parmi lesquels ilfaut mettre à part
le n° 363, bien connu des celtistes par les gloses en vieil-irlandais
qu'il contient.
VII
Dans I'Archiv fur slavische Philologie, t. XXXIII, p. 51-99.
M. A. Schachmatov reprend en allemand une partie des théories
qu'il a développées en russe dans l'article des Mémoires de l'Aca-
démie de Saint-Pétersbourg dont la Revue Celtique a parlé, t. XXXII,
p. 504. Mais cette fois il laisse de côté les Finnois, pour ne s'occuper
que des « plus anciens rapports entre les Slaves et les Celtes ».
Il rappelle d'abord l'extension des populations celtiques dans le
centre et le Sud-Est de l'Europe, le nom de la Bohême, Boiohaemum
et celui des BprroXayai dans la Bessarabie actuelle, avec la ville
d"A/.'.o j:'.c, les noms de villes Nouiodunum, auj. Isaccea sur le
Danube, dans la Dobrogea, et Carroduuum auj. à la fois Krappitz sur
l'Oder en Silésie, Karnberg près Wasserburg, en Bavière, et Pitomaca
en Slavonie. Tous ces faits sont bien connus. Il y a joint les suivants
qui sont nouveaux et qui n'offrent pas les mêmes garanties : l'Oder
aurait un nom celtique (irl. odhar « gris brun ») ; de même la
Wiede, affluent de l'Oder, et la Wied, affluent du Rhin, l'Osobloga,
affluent de l'Oder (cf. irl. bolg « sac » proprement « gonflé » ?),
laLatorica dans le bassin de laTheiss (cf. Latara, nom de lieu en
Gaule), la Bodva, affluent de la Theiss (cf. irl. Bodb, déesse de la
guerre). Voilà des rapprochements bien problématiques et qui dès
le début mettent le lecteur en défiance.
La suite n'est pas moins inquiétante. Passons sur l'identification
du nom des Vendes de la Baltique et des Vénètes de la Bretagne
armoricaine, dont nous avons déjà parlé. M. Schachmatov sait
même la place qu'occupait le ton indo-européen dans le nom dés
Veueti ; c'était l'initiale, et par là s'expliquent les formes du nom des
Vendes, v. h. a. JViuidù, v. isl. Vindir, d'un prégerm. *Viuidî\. Il
énumère ensuite une série de noms géographiques du bassin de la
Vistule,quilui paraissent d'origine celtique, à commencerpar le nom
du fleuve lui-même, Visla, formé d'une racine *veis-« couler » et du
suffixe d'instrument -tlo- ; soit un celtique J'istln, devenu Vislâ chez
les Germains et chez les Slaves. Cette doctrine est déjà consignée
dans le Sprachschat^ de M. Holder. Puis, remontant vers le Nord,
392 Périodiques.
M. Schachmatov essaie de prouver que les Celtes ont occupé les
provinces baltiques ; il utilise le témoignage de Tacite, qui dit des
Estes (Aestii, cf. le nom des Aeduî),quïbus. . .îingua Britaiinicae pro-
pior (Germ. , 45);et il dresse pour les bassins de la Duna et du Memel
le même tableau de correspondances celto-slaves que pour le bassin
de la Yistule (p. 76 et suiv.). Le nom que les Slaves donnent aux
Germains, Némââ, représenterait celui d'un peuple celtique, les
Nemetes, installés dans le bassin du Memel (p. 84) ; le nom de la
Lituanie serait de même un nom celtique, donné à la côte orientale
de la mer Baltique par les Vénètes (cf. Letauia « l'Armorique ») ;
et la ville de Riga tirerait son nom du gaulois rlgo- de Rigodu-
mim ou Rigomagus, etc. etc. L'établissement des Celtes dans ces
régions aurait même laissé des traces dans le vocabulaire com-
mun des langues slaves. M. Schachmatov termine son article en
donnant une liste demots du slave commun, empruntés du cel-
tique :
russe bojarinù « chef » ; cf. irl. bô-aire « maître du bétail, proprié-
taire ».
braga « malt » ; irl. brach, gall, brag. «id».
byknv bœuf», v. gall. bucb « vache ».
russe obcekryiitt « tailler tout autour» ; irl. cocricb « frontière ».
cetù dans cçiùchiih « 7rcwT07-a6âç'.o; » ; irl. cet-, gall. cynt.
cigotû « T7:a6ap'.o; » ; gall. cig « viande », cigydd l « bou-
cher » .
russe droga « brancard, timon » ; irl. drocb « roue ».
jàkù « fort » ; gall. iach « bien portant».
jablûko « pomme » ; irl . aball.
russe klasti « couper, châtrer », irl. claidim « je creuse ».
hlètï « maison » ; irl. cliath « treillis ».
kobi « charme » ; irl. cob « victoire ».
russe hosira « ivraie » ; irl. cass « crépu ».
kotia « hutte » ; irl. coit « id. ».
hotora « combat » ; irl. cotarsna « contraire ».
1. M. Schachmatov nous apprend qu'il tire ce mot de Bullet, Mémoires
sur la langue Celtique, 1759, tome II. Singulière référence, et qui étonnera
bien des celtistes ! Heureusement, le mot est mieux attesté : il figure dans
tous les dictionnaires gallois. Mais pourquoi M. S. le fait-il précéder de
l'abréviation wal. ? C'est sans doute aussi un emprunt à Bullet. — Signa-
lons çà et là quelques erreurs géographiques : p. 61, M. S. parle du dépar-
tement des « Bouches de Loire », et p. 80 il place en Allemagne (heute im
Westdeutschland) la ville belge d'Alost, située en pleine Flandre entre Bru-
xelles et Gand!
Périodiques. 393
russe korgu « poupe » ; gall. czurivg, irl. curach «sorte de bateau».
kos'uîja « chemise » ; irl. cassai «sorte de vêtement ».
russe ludâ « étain » ; irl. luaide a plomb ».
Içdina « terre inculte » ; irl. lauu, bret. lann .
Uto « année » ; irl. lilh «. fête ».
* Içska (tchèque liska) « noisetier » ; irl . flesc « baguette » .
mos'ti « pouvoir » ; irl . -magim « j 'accrois » .
otici « père » ; irl . aithecb « maître de maison » .
sluga « serviteur» ; irl. sluag « troupe ».
skoeiti « sauter » ; irl . -scaigim « je passe » .
snadi « légèrement, un peu» ; irl . -suaidim « je coupe ».
stitu « bouclier »; irl. sciatb « id. ».
tctti « voleur » ; irl. tâid « id. ».
têsto « pâte » ; irl. tais, gall. îoes « id. ».
tlùkû « traducteur » ; irl. -lluchur «je parle ».
valu « fossé » ; irl. fâl « mur ».
vlatû « géant » ; irl. flàitb « seigneur ».
Ces correspondances de vocabulaire, d'ailleurs rarement limitées
au celtique et au slave, ont été pour la plupart depuis longtemps
signalées ; maison a toujours considéré jusqu'ici qu'elles remon-
taient à l'indo-européen et témoignaient par suite seulement d'une
parenté dialectale. M. Schachmatov est le premier qui les inter-
prète par l'hypothèse d'un emprunt. Cette hypothèse ne nous
convainc pas.
VIII
Le numéro de juillet 191 1 de The Celtic Review (vol. VII,
n° 26) contient le commencement d'une édition de la Gaelic Version
of the Tbebaid of Statius parle professeur Mackinnon (p. 106-122).
Cette édition s'ajoute utilement à celles qui ont été données jus-
qu'ici d'œuvres irlandaises inspirées ou traduites des littératures
classiques (voir Revue Celtique, t. XXXI, p. 393).
La version gaélique de laThébaïde était inédite. Il v en a une
copie complète dans le manuscrit EgertonijSi du British Muséum,
p. 173-253 (daté de 1487), et une autre dans le manuscrit VIII.
Kilbride, n° IV, de l'Advocates'Library d'Edimbourg (commen-
cement du xve siècle). Enfin, un fragment du même texte est con-
servé dans le manuscrit H. 37. (auj. 1298) de la bibliothèque de
Trinity Collège, à Dublin, p. 457 a-460 b (daté de 1479). Le
manuscrit Egerton et le manuscrit d'Edimbourg sont la reproduc-
tion presque identique d'un même original ; ils offrent jusque dans
394 Périodiques.
l'écriture les mêmes particularités. M. Mackinnon a pris comme-
base le manuscrit d'Edimbourg ; il donne en note les variantes de
l'autre manuscrit.
Le récit gaélique est sensiblement différent de la Thébaïde de
Stace, qu'il suit d'assez loin seulement; il est également différent
de la version du même poème faite en moyen-français. M. Mackin-
non n'en donne encore que le début, correspondant à peine à la
moitié du premier livre de l'œuvre de Stace. C'est une entreprise
de longue haleine qui sera continuée dans les numéros suivants de
la Revue. Nous espérons qu'à la fin M. Mackinnon fera suivre son
édition d'un glossaire des principaux mots du texte.
Dans le même numéro, M. James Fergusson termine une étude sur
The Pictisb Race and Kingdom (p. 122-138) ; et Miss E.-J. Lloyd en
commence une sur The Mabinogion asLitcrature(jp. 164-174). C'est
une fort jolie étude que celle de miss Lloyd. Elle définit fort bien
l'originalité des Mabinogion et le caractère propre de ces récits,
« spiritual in their nature and Imaginative in their form, whether
in the world of fact or inthe world of fiction ». Et elle analyse très
finement les éléments variés qui y ont été combinés. Les Mabino-
gion forment une collection disparate de récits qui représentent
des civilisations et des époques différentes. Nos lecteurs ont été
depuis longtemps édifiés à cet égard par les travaux de M. J. Loth
publiés dans cette Revue, ou par les notes qu'il a jointes à sa traduc-
tion française du texte gallois. Ils connaissent aussi les préfaces de
M . J . Gwenogfryn Evans et, en ce qui concerne les Pedair Kaingc,
le bel article de Sir Edward Anwyl dans la Zeitschrift fur celtische
Philologie (t. I, p. 277; II, p. 124 ; III, p. 123). Miss Lloyd tire un
heureux parti des savantes études de ses devanciers; elle y joint des
remarques personnelles qui ne sont pas sans mérite.
L'étude de Miss Lloyd se termine dans le numéro 27 (octobre
191 1) de la même Revue, p. 220-248. Ce même numéro 27 con-
tient la suite de l'édition de la Thebaid, par le professeur Mackin-
non, p. 204-219.
IX
Le premier numéro de Gadelica, le nouveau périodique dont
nous avons annoncé plus haut la création (v. p. 141), contient, p.
35 et suiv., le début d'une édition du Pairlement Chloinne Tomâispar
M. Bergin. Le regretté L. Chr. Stern a signalé naguère, dans \& Zeit-
schrift fii r celtische Philologie, t. V, p. 541, l'intérêt de ce curieux
texte, si caractéristique de l'humour irlandais, et où les mœurs
Périodiques. 395
des paysans sont décrites avec un sens vigoureux du comique. Le
« Parlement des enfants Thomas » est une satire anonyme com-
posée vers le milieu du xvne siècle. Elle comprend deux parties
séparées. M. Bergin n'en publie encore, d'après un manuscrit en
sa possession, que le commencement de la première partie. Le
morceau se termine sur l'ardente bataille que se livrent les préten-
dants à la main de Siligean, fille de Cairpre Crom O' Céirin. Il a
en tout 550 lignes.
J. Yendryes.
X
Mannus, 191 1, 3-4, p. 313, nous apporte un acte d'une polémique
qui s'est engagée entre son directeur, M- Kossinna, de Berlin, et M.
Schliz, de Heilbronn au sujet du peuplement de l'Allemagne à l'âge
du bronze. Les premiers établissements des Celtes différenciés sont
en question. Des lacunes dans la série des faits archéologiques attes-
tent des vides partiels, pour certaines époques, en certaines con-
trées, tant à l'Ouest qu'à l'Est; des signes d'abondance y succèdent,
correspondant à la détente probable de peuples dont l'origine est
précisément le sujet du débat. M. Kossinna a vigoureusement
appelé l'attention sur cette sorte de faits, qui signifieraient évi-
demment beaucoup, s'ils pouvaient être établis d'une façon qui ne
laisse place à aucun doute et, tout justement, ces messieurs nous en
suggèrent plus d'un. M Schliz voit les choses de l'Ouest et il est féru
d'anthropologie; M. Kossinna les voit de l'Est, de Berlin et peut-être
d'un peu plus haut. — M. Schliz constate que la population du
S. O. de l'Allemagne a changé de caractères physiques depuis le
temps où cette région nous apparaît assez bien peuplée, au milieu de
l'âge du bronze (période II) de gens qui enterrent leurs morts, inciné-
rés ou non, sous des tumulus, s'étant établis dans un pavs apparemment
presque désert. Au début du ierâge du fer (époque de Hallstatt), on
y trouve des hommes de petite taille, dolichocéphales, d'apparence
méditerranéenne, venus du S.-O. semble-t-il ; au fort du Ier âge de
fer ce sont des hommes de grande taille, également dolichocéphales,
venus du nord des Balkans ; à l'époque de la Tène des brachycé-
phales de belle taille, qui sont les Gaulois. M. Schliz doute fort que
les populations précédentes aient eu rien de commun avec ceux-ci
et qu'elles aient parlé celtique. 11 ne serait donc pas sûr, au regard d'un
anthropologue que le S.-O. de l'Allemagne eût été occupé par des
Celtes avant 500 ou 400 avant J. C. Les Bavarois du milieu de l'âge
du bronze, ceux des tumulus, auraient à peu près abandonné le
396 Périodiques.
pays pour gagner le Nord-Est, presque désert (période II de l'âge
du bronze) ; ils y auraient porté une céramique caractéristique,
décorée de bossages (céramique du type dit deLusace) dont l'origine
serait italienne. Or, ce sont ceux-ci que M. Kossinna considère
comme les premiers Celtes. Il pourrait demander à M. Schliz sur
combien d'exemplaires reposent ses définitions des races. Il se con-
tente de lui répondre en substance, que les caractères physiques des
groupes humains, formés d'éléments anthropologiques différents, se
modifient pour ainsi dire automatiquement, sans admixtion d'éléments
nouveaux et que, dans le cas présent, les indications fournies par les
restes de la civilisation ont plus de valeur que les renseignements
anthropologiques. Or, que doit-on conclure de ceux-ci ? Que les
mouvements de peuples qui nous intéressent se sont produits non pas
du S.-O. vers le Nord, à l'âge du bronze, mais de l'Est vers l'Ouest et
le Sud-Ouest. Les urnes à bossage de l'Allemagne du Sud ne sont pas
les ancêtres; mais les descendants de celles de Lusace; elles ne provien-
nent pas de celles d'Italie, mais celles-ci procèdent de celles-là, par
une autre voie. Les unes et les autres sont les signes de la descente vers
le Sud des peuples celtiques et italiotes. Mais le mouvement était com-
mencé avant l'existence des urnes à bossages. — Le cimetière bohé-
mien d'Aunjetitz, qui date delà première période de l'âge du bronze
et de ses débuts, a donné son nom à une civilisation définie par ses
objets usuels, sa céramique en particulier, et ses rites funéraires :
lesmorts y sont inhumés recroquevillés. Là où elle s'est développée,
en Bohême, la population était dense. Son habitat s'est agrandi vers
l'Ouest et vers le Sud. Tombeaux et objets apparaissent un peu plus
tard dans la Basse Autriche d'une part, dans l'Allemagne occiden-
tale de l'autre. De part et d'autre, la propagation s'est étendue. L'Italie
a été atteinte et Tlllyrie remplie. C'est là, selon M. Kossinna, qu'est le
tronc de trois branches septentrionales des Indo-Européens, Celtes,
Italiotes et il ajoute Illyriens. Il ne dit rien des Germains, mais il
en traite dans un volume de sa bibliothèque dont je dirai un mot
quelque jour. Tableau un peu sommaire, mais, je crois, bien cons-
truit, de la série de faits ethniques dont dépend la différenciation
et la fixation des premiers Celtes. A cette descente vers le Sud des
Nordindogermanen correspondrait la montée vers le Nord des Sudin-
dogermanen que M. Kossinna désigne sous le nom commode de Car-
podaces. C'est à ceux-ci qu'il attribue la civilisation du type de
Lusace.
Périodiques. 397
XI
La Zeitschrift fur Ethnologie public, dans son fascicule V de
191 1, p. 664-817, le 5e rapport de la commission pour l'établisse-
ment des cartes préhistoriques, constituée par la Société d'Anthro-
pologie de Berlin. Les précédents rapports sont de feu Lissauer, le
promoteur de l'entreprise, et portent sur l'âge du bronze. Celui-ci
est de M. Robert Beltz et a pour objet les fibules de La Téne
(JFûnfter Berichi ûber die Tdtigkeit der von dcn d. anthropologischen
Gescllschaft gew'àhlten Kohi mission fur prchistorischc Txpcuhartev).
Le rapport se compose d'un court aperçu sur la classification des
types, leur répartition, lesconclusionsgénérales qui s'en dégagent et
de longs tableaux statistiques. Le fascicule VI, p. 930 sqq., donne
des tableaux supplémentaires et la carte. La carte comprend l'Alle-
magne, la Bohême, une partie de la Suisse et de l'Autriche. Son
aspect e^t très instructif. Les fibules dites de La Téne sont un des
produits significatifs de la civilisation celtique. L'extension de celles
qui appartiennent à la ire période de la civilisation de La Tène
est assez exactement limitée aux pavs occupés par les Celtes. Les
plus anciennes ne sont nombreuses que là où la civilisation cel-
tique a été, dés le début, le plus vivace, dans la movenne vallée
du Rhin, en Bavière; il y en a aussi en Bohème. Les fibules de la
irc période manquent totalement en Westphalie. L'influence de la
civilisation celtique sur celle des Germains se manifeste par la diffu-
sion des fibules de la IIe et de la IIIe période de La Téne au-delà
de l'Elbe. Il s'y développe des variétés inconnues aux pavs cel-
tiques. A l'avancée des Germains, en deçà de l'Elbe, correspondent
sur la carte des lignes de points ; ce sont les cimetières germaniques
à incinération où ont été trouvées, dans l'Allemagne occidentale,
les plus récentes fibules de la série. Voilà de bons documents pour
l'étude des Grenibe~xiehungen celto-germaniques.
XII
La Revue préhistorique de l'Est de la France reprend avec
l'année 19 12. Souhaitons-lui de longues années de vie. Elle com-
mence par un article de M. Perrault-Dabot sur les menhirs percés
de la Haute-Saône, qui ne paraissent pas avoir rien de commun
avec les cloisons perforées des chambres funéraires mégalithiques,
telles que celles de- Conflans-Sainte-Honorine, auxquelles l'auteur
Revue Celtique, XXXIII. 26
^9° Périodiques.
les compare. — M. Pierre Bouillerot traite (p. 14 sqq.)avec beau-
coup de minutie d'une Cachette de lit fin de l'âge de bronze, décou-
verte près de Gray (Haute-Saône). L'article contient toute une dis-
sertation sur les symboles religieux préhistoriques, qui est peut-
être hors de saison, à propos d'une croix de Saint-André figurée sur
la base d'une faucille.
XIII
Nous avons beaucoup négligé Pro Alesia. C'est dommage, car
la lecture en est instructive. On y trouve sans doute des vers et
beaucoup de discours, de M. Chaussemiche, du D1 Simon, de
M. Ferrero, de M. Toutain, etc. La Société de Semur, ou M. Matru-
chot, bien qu'ils affichent une indépendance farouche, tout appel aux
gloires et aux compétences étrangères. MM. Hirschfeld et Bohn
publient chez eux l'Instrumentum domesticum d'Alise (46-47, 1910,
p. 665), où se trouvent, en bonne place, les graffites du vase d'ar-
gent ; il semble qu'on veuille y lire une marque de fabrique. —
M. Toutain (53-54, 1910, p. 766) fait un Mercure chevauchant sur
un bélier d'une figure dont il ne reste que le tronc de l'animal et
les jambes du cavalier. M. Déchelette lui donne la réplique dans ie
fascicule suivant. — On a confié les vases de bronze trouvés en
1909 à M. M. Besnier, professeur à l'Université de Caen ; l'étude
est minutieuse, mais, ô vanité des raisons ! M. Besnier en trouve
pour dater d'avant l'occupation romaine des vases de bronze, fort
usuels, du IVe siècle après notre ère, ainsi qu'un plat gravé au sym-
bole chrétien du poisson. Et que de bibliographie, hélas! Mais
bibliographie n'est pas connaissance ; notre jeune université s'y
trompe. — Le lieutenant-colonel Frocard invoque la stratégie pour
bien montrer qu'Alise était Alésia (53-54, 1910, p. 753). — M. Bou-
tron décrit les hypocaustes (49-50, 1910, p. 710); M. Van Gennep,
les clefs (46-47, 19 10, p. 675). — M. Henry Barbe, sous le titre de
la Civilisation de Hallstail au Moût Auxois (55-56, 57-58, 191 1,
p. 777 sqq., 817 sqq.) nous en apprend peu sur Alise même, mais
montre qu'il pratique les meilleurs des archéologues allemands. —
M. Berthoud continue la publication des textes anciens concernant
Alésia. — M. L. Matruchol décrit une voie gauloise (57-58, 1911,
p. 809) et défend la Société de Semur contre l'accusation calom-
nieuse d'avoir déposé dans un musée national quelques produits
de ses fouilles; elle a mieux mérité de l'Auxois. Certes, par les
subventions qu'elle reçoit du ministère, elle "exerce sur l'Etat une
Périodiques. 399
reprise au profit de l'arrondissement. Souhaitons que cet esprit,
j'allais dire de clocher, soit favorable à la science, en tout cas à
la bonne conduite des fouilles. Le pays a d'excellentes traditions:
Pro Alesia en donne la meilleure preuve par la publication de ses
notes rétrospectives sur les découvertes faites au mont Auxois :
on y trouve, avec de la modestie, de l'observation, de la préci-
sion, du sens critique et les marques d'une culture qui n'a pas fait
de progrès.
XIV
Le KoRRESPOXDEXZRLATT DER DEITSCHEX GeSELLSCHAFT FUR
Axthropologie, 1912, i 2, p. 9, rend compte de la réunion du
Verband bayeriseber Gescbicbt-und Urgeschichtsvereine, fédération des
sociétés bavaroises d'histoire et de préhistoire. M. Reinecke y a
parlé de la ville « gallo-romaine » de Cambodunum (près de
Kempten). — Le Dr Hock a traité des rapports que présentent les
phases anciennes de la civilisation dite de Villanova, en Italie, avec
les phases anciennes de la civilisation halstattienne.
XV
Le R. P. Fidel Fita publie dans le Boletix de la Real Acade-
mia de la Historia, t. LVIII, juin 191 1, p. 5 12 sqq., trois inscrip-
tions romaines de Mosteiro da Riveira. La première, inédite, est un
ex-voto à une déesse Rêva (Rêve).
Le même auteur, Ibid., LIX, sept.-oct. 191 1, p. 276 sqq., publie
une série de documents et pièces anciennes relatives à La Gran
Caverna del Pico Sacco dos léguas al oriente de Compostela, préface à
l'étude archéologique de la caverne. Quelque culte préhistorique a
peut-être fait, avant celui de saint Jacques le Majeur, de la mon-
tagne un pic sacré.
Le fascicule suivant, novembre 191 1, p. 398, nous apporte sous
la même signature de Xuevas lapidas romanas de Noya, Caudo, Cere\o
y Juncîlla, Noya 3. Diane venatriciArpo Uref... etc.; 4 (funéraire) :
Moso...; 5, stèle funéraire avec une figure très grossière qui ne
représente certainement pas le mort. — Cerezo : D(eo) Ae(jno). Un
appendice publie des notes inédites du P. Sarmiento sur La mamula
celto-romane y épigràfiea de Bretal, en Galice, tumulus à incinération,
sépulture d'indigènes, Celtes peut-être, où a été trouvée une inscri-
ption latine, — p. 482. Nuevos dôlmenes de Xavarra : aux douze déjà
mentionnés, le R. P. Fidel Fita en ajoute quatre, avec trois photo-
graphies.
400 Périodiques.
M. Juan Sanguino y Michel public, dans le fascicule de décembre,
p. 439 sqq. des Antiguedades de las Terri Uns (Alciiescnr), sorte de
catalogue d'objets, de fragments de marbre, de monnaies, le tout
romain.
Le R. P. Fidel Fita, p. 467, traite du Castro Romano de Câceres el
Viejo et donne de nouvelles inscriptions. Il établit qu'une statue-
antique, aujourd'hui placée sur une tour de l'église S. Mateo était
une statue de la Fax Augusta. — F. 5 29, il signale une inscription
inédite trouvée a 20 kilomètres de Burgos, à Reville del Campo :
L. RennioSy Renni f. — Le nom de Rennius apparut pour la pre-
mière fois en Espagne. Le savant épigraphiste n'est pas assez bon
celtisant pour donner crédit au rapprochement qu'il suggère entre
ce mot et le brenn celtique.
LX, 1912, janvier, p. 37 sqq. R. P. Fidel Fita. El trifinio romano
de Villenueva Je Cordoba : Limite commune des Sacilienses, Epo-
renscs, Salienses, fixée sous Hadrien. — Dans les nouvelles, p. 98,
on lit une inscription inédite de \ 'inuesa : Abicus, Casancus, Qiri-
cucotta, Saiclus. noms celtibériques.
Février, p. 158, du R. P. Fidel Fita, Nueva lapida romana del Escu-
rial (Triijillo) : Aetura, Alugius.
Mars, p. 233. Autre inscription de Santa Amalia (R. P. Fidel
Fita).
XVI
Les Transactions of the Hoxourable Society of Cymmro-
dorion' (1908-9) ont récemment publié (1910) un important
mémoire de M. F. Haverfield sur les établissements militaires
romains dans le pays de Galles ( Military aspects of Roman U'ales).
L'auteur y passe en revue les camps et les postes romains dont il
reste trace, dans l'ordre d'un itinéraire rationnel, correspondant a
peu près à celui des routes qui reliaient les postes entre eux. Il
figure le plan des ruines et des retranchements qui n'ont pas disparu,
relate les découvertes et les publications ; il y ajoute de l'inédit,
quand il y a lieu, par exemple, deux fragments en l'honneur de
Trajan trouvés à Gellygaer ; en tout cas, il a colligé la copie de la
plupart des inscriptions qu'il mentionne.
M. Haverfield nous montre ainsi le pavs de Galles très fortement
occupé par les troupes romaines. De l'armée de Bretagne il distrait
deux légions, la XXe et la IF Augusta, cantonnées dans deux grands
camps légionnaires: celui de l'a XXe légion à Deva (Chester), celui
de la IIe Augusta à Isca Silurum (Caerleon), l'un au Nord, l'autre
Périodiques. 401
au Sud. M. Haverfield les laisse Je coté. Entre les deux et jusqu'à
la cote orientale s'échelonnent 17 camps d'auxilia, au passage
de rivières, commandant des vallées et gardant par les hautes val-
lées les massifs montagneux. Ce sont des camps du type usuel, car-
rés, avec leur habituelle disposition intérieure, leurs bourgs de catlà-
bàe à l'extérieur. Les constructions intérieures ont été laites en
maçonnerie; des parements de maçonnerie ont renforcé les rem-
parts de terre; quelques tours dominaient les plus récents. De ces
constructions, il n'y a de restes un peu considérables qu'à Caersws,
Penydarren, Gellvgaer et Cardiff. M. Haverfield ne cite qu'un
seul poste de moindre importance et de plan irrégulier, celui de
Cumbrwyn, à l'extrémité sud-ouest, qui pouvait être occupé par un
petit détachement de cavalerie destiné à surveiller la côte. Celui-ci
était un poste de garde ; les autres étaient des cantonnements, can-
tonnements fortifiés et non pas forteresses. Il n'y a pas à signaler,
en dehors des camps légionnaires un seul camp de plus d'une
cohorte ou d'une aile auxiliaire, comme Tétait Newstead sur la
Tweed et comme les Romains en ont établi sur plus d'un point
pour consolider l'extrémité d'une ligne de défense. Carnarvon, en
face d'Anglesev, était un simple camp de cohorte. C'est qu'il n'y
avait pas ici de ligne de défense, ni contre les indigènes du pavs
de Galles, ni contre les insulaires irlandais. Tacite témoigne que
ceux-ci ne donnaient aucune préoccupation (Agricola, 25); ceux-là
n'étaient pas cantonnés dans une réserve. Les cantonnements du
pavs de Galles n'étaient pas des cantonnements frontières, mais des
cantonnements d'occupation.
Sont-ils tous contemporains ? L'étude archéologique des castella
gallois retrace-t-elle les étapes de la conquête ? Il y en eut plusieurs.
M. Haverfield ne fait qu'une brève allusion aux travaux d'ap-
proche de la XIVe légion qui, pour un temps, fut cantonnée dans
la haute vallée de la Severn.
La plupart des camps sont postérieurs aux Flaviens, à partir de
l'avènement desquels l'occupation se poursuivit méthodiquement.
Il v en eut qui d'ailleurs ne furent occupés que pour une assez
courte durée. Tels sont ceux de Pendarren et de Gellvgaer, fondés
sous Trajan et abandonnés peu après. Il serait intéressant de retrou-
ver les camps d'Ostorius Scapula, qui commença en 47 l'avancée
méthodique et eut à lutter contre le fameux Caractacus.
La poterie rouge sigillée trouvée dans les camps peut, à la rigueur,
servir d'indice chronologique. Des vases de la fabrique gauloise de
la Graufesenque, signés Methillus et Yitalis, ont été trouvés au
Gaer, près de Brecon. Ce sont les plus anciens des vases datables
Georges DOTTIN
PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE RENNES
Louis Eunius ou le purgatoire de Saint-Patrice, mystère breton en
deux journées, publié avec introduction, traduction et notc^. 1910. Fort
vol. in-8, 500 p 10 fr. »
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L'ETUDE DE L'ANTIQUITE CELTIQUE
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L'IRLANDAIS MOYEN
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La Vision de Tondale (Tnudgal), textes français, anglo-normand et
irlandais publiés pour la première fois, par V . H. Frielel et Kuno
Meyer . 1907, in-8 7 fr. 50
Ce livre petit être considéré comme la Descente aux enfers d'un Dante breton.
CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE
DES
ROMANS DE LA TABLE RONDE
(Suite )
VII
FRAGMENT D'UN POEME SUR TRISTAN'
DANS LE LIVRE NOIR DE CARMARTHEN
Il y aune dizaine d'années, j'avaissignalé à Gaston Paris l'exis-
tence de ce poème. Je iui avais exposé les raisons qui permettaient
de le rapporter au roman de Tristan. Le sens de ce poème, évi-
demment fragmenté, avait totalement échappé aux critiques. Il
m'avait engagé à l'étudier à fond et à en donner une traduction.
D'autres travaux m'en détournèrent. Si la valeur de ce fragment
de 22 vers : a été méconnue, cela tient à sa réelle obscurité et
aussi à ce que le nom de Tristan y apparaît sous une tonne
difficilement reconnaissable, Di ris tau. La quantité indique
Dristan, forme excellente de ce nom : i = y moyen-gallois
(o bref) : i a encore souvent cette valeur au xne siècle. Quant à
l'apparition d'une voyelle irrationnelle entre d et r dans dr
initiale, ce n'est pas rare dans les textes du xii-xme siècle, en
particulier dans le plus ancien des manuscrits des Lois de
Gwynedd.
Skene n'y a rien compris. Dans la note au poème de la page
i. Skene. Four une. Books of IVales, II, 55-56. Gweuogfryn Evans The
Black book of Carmarthen, Pwllheli 1906, p. 100-ioi . — Du même : Fac-
similé of the Black book of C. 50 verso 51 r°.
Revue Celtique, XXXIII. 27
404 /. Loth.
352 (tome II), il déclare que c'est le plus confus du tous les
poèmes du Livre Noir et qu'il est pour lui inintelligible. Sa
traduction (tome I, p. 325) en fait foi. Silvan Evans (même
note) écrit qu'il s'agit de Mechyd, fils de Llywarch Hen : Il
transforme fechid (qui est un verbe) en mechyd .
Dans son édition du Black Book , p. 138, note à la page 100
v. 6, Gwenogfrvn Evans à propos de Fechid Diristanràit : « Le
prof. J. M. J. {Jones Moi ris Joncs) pense que nous avons ici
vraisemblablement affaire à un nom composé : Fechid Diris-
tan. Mais p. 160 (Additional notes), l'auteur s'est ravisé '.fechid
serait un verbe 3me pers. sing. prés. ind. ; le sens suggère nu
nyth ervyll, ce qui n'explique pas, dit-il, la bévue im djod. Puis
viennent ces lignes qui auraient gagné à être plus explicites :
The third Une conirasts favorably the réception given lo the snbject
of the poem by the ha ni witb that by Tristan.
Le manuscrit du Livre Noir est de la fin du XIIe siècle ou du
commencement du xnr siècle; à part les vers de la fin des
Englynion y bedeu {Fac-similé, p. 35 recto depuis y beddeu jus-
qu'au bas de la page), manifestement plus récents, le manuscrit
peut être considéré comme de la même main ou tout au moins
de la même époque d'après de bons juges '.
D'après la métrique, pour des raisons que j'ai indiquées dans
ma Métrique galloise (tome I. ire partie, p. 350), le poème est
au plus tard delà première moitié du xne siècle2.
Le poème est composé de deux fragments d'un mètre et
d'une structure différents. Le premier se compose de trois
strophes, deux de six vers ayant la même rime ', une troi-
sième de quatre vers : il me paraît fort probable que deux vers
manquent.
Le deuxième fragment se compose de six vers formant deux
tercets. Les vers du premier fragment sont de 9 syllabes, ceux
1. C'est L'opinion de M. Omont ; les différences tiennent à des diffé-
rences de calante, et à une plus ou moins grande rapidité dans l'écriture.
2. Je songeais, au moment ou j'ai publié ma Métrique, à étudier de plus
près ce poème dont j'avais déjà découvert le sens général.
3 . On serait tenté de supposer dans le Ier vers de la ire strophe une asso-
nance entre tnor et le mot rlual du 2me vers camhur, mais c'est improbable
et inutile (v. J. Loth, Métrique galloise, II, impartie, p. 161-162).
Romans di la Table Roule. 405
du second de 7. Le dernier vers en compterait 9, mais elles
peuvent être réduites à 7.
Les deux fragments se rapportent aux mêmes personnages,
mais ils ont trait à des époques différentes de la légende.
Il est évident que ces morceaux poétiques devaient être accom-
pagnés chez les conteurs gallois de récits ou commentaires en
prose, comme chez les Irlandais. Ces récits, malheureusement,
ne nous sont point parvenus. Aussi l'interprétation de ce genre
de poèmes est-elle laborieuse ; les dialogues lvriques des
poèmes XXXIII, XXXV, XXXI, le poème XXII, si impor-
tants pour les traditions galloises, seraient d'un intérêt capital
s'ils étaient accompagnés d'un simple récit explicatif en prose.
Les deux fragments ont été évidement juxtaposés : il
manque un chaînon intermédiaire. Le premier est clairement
incomplet; aussi, est-ce un essai de traduction et d'interpréta-
tion que je propose.
Je donne Le texte d'après le fac-similé, en séparantles strophes,
avec une ponctuation qui est de moi. La traduction suit
avec un commentaire lexicographique sommaire. Puis vient
une tentative d'interprétation au point de vue de la légende
de Tristan.
Kvd karwiv (e) morva, cassaav ' (e) mor,
Pyr toei wanec carrée camhur
Glev. diwal, hygar, hael, huvscur,
Yscinvaen beirt bit, butic clvdur.
Goruc clôt heilin benffic awirtul 2 :
Hid braut parahaud y ertiwul
Kvd karhuiw (e) morva casaav (e) ton :
Digones ton treis oer cleis y ron;
E\v kuynhiw (i)nv wuiw in hervit hon;
Gweith heinyw golchiw ar winvy wron ;
Kid y lleinu keudaud nis beirv calon,
Ac yn lluru kyheic kimod yron ;
1. Skene avait donne cassau : le fac-similé donne cassaav qui se trouve
d'ailleurs au Ier vers de la strophe 2.
2. awirtul : i est irrationnel.
40e ./. Lot h.
Yssim edivar oe ncgesseu ;
Ban wrissuis pebrur pell y agheu
Glev diwal kyweithit (yd)vuam in dev
Menic it arwet duwir dalenneu
Deuxième fragment.
Fechid Diristan othiwod ',
Nu nvth ervill im ch..od ■ ;
O'm parth guertheiss(e) March irod.
Dial Kyheic am oet blis
Am v kvwreu y melis :
Och, corr, dv sorr(de) (ymi) bu ewnis.
Premier fragment .
« Quoique j'aime le rivage, je hais la mer, depuis que j'ai vu
la vague couvrir le rocher du champion, lui le vaillant, actif,
aimable, généreux, prêt à l'attaque; lui, le perron des bardes du
monde et leur profitable abri. Il a fait, l'échanson de la gloire,
un emprunt bien triste : jusqu'au jour du jugement durera
sa folie.
« Quoique j'aime le rivage de la mer, je hais la vague : elle
a usé de violence, la vague, froide est sa meurtrissure. Je me
lamenterai, tant que je serai près d'elle. Je laverai (cette tache)
avec allégresse sur mon sein. Si l'estomac est rempli, le cœur
n'y est pour rien. Kyheic, faisons un accord.
« J'ai du regret à la suite de ses messages, depuis que le beau
guerrier s'est hâté au loin vers la mort. Nous avons été tous
les deux de vaillants collaborateurs là où l'eau entraîne les
feuilles. »
i. Pour o'th à yvod (Métrique galloise, ire partie, p. 9).
2. Après im on peut hésiter, mais il me semble certain qu'il y a ch ;
pour ch, cf. au vers précédent, le ch de fechid.
Romans de ht Table ronde 407
Deuxième fragment
« Drystan gronde de fureur à la pensée de ta venue; il ne te
recevra pas dans.... Pour moi, de mon côté, j'ai vendu March
pour toi ; je voulais me venger deKyheic à cause de ses paroles
si douces. Hélas, nain, que ta colère m'a été funeste. »
Strophe i, vers 2 :pyr toei : pyr signifie : depuis que, et aussi
parce que, et toei semble indiquer une action répétée: sur pyr,
sa construction et son sens, voir J. Loth : Questions de gram-
maire et de linguistique brittonique, 1, p. 107; Rev. Celt.
t. XXXI, p. 27.
Vers 3 : D'après l'orthographe du Livre Noir, diwal doit
représenter le dyfal actuel (cf. L. Xoir, 34, 15 et plus bas,
strophe 3, vers 3.). Il y a un autre mot, actuellement dywal,
qui a le sens de cruel (Myv. Arch. 163.).
huyscur au sens propre, parait signifier au trait (javelot,
pique) hardi: pour yscwr, cf. (L. Rouge, F. a B., II, 219, 18.):
Neu'm gwant ysgwrr 0 g\vrr dy got.
Mais il a pris un sens métaphorique (Myv. Arch. 231-2 ;
146, 2 ; 150, 1 ; il est dit d'un aigle: eryr huyscur.)
Vers 4 : yscinvaen, mot à mot, montoir de pierre (pierre
pour monter). Le mot est employé métaphoriquement (cf.
Myv. Arch. 13) :
Xvth orseif esgar esgynvaen mawr vro.
« Il ne peut t'arrèter, l'ennemi, toi le grand perron du pays. »
Beirt bit, les bardes du monde : bit est souvent ajouté ainsi
pour donner une idée d'ampleur. Clxdur, abri confortable,
au sens métaphorique, est resté en usage. Dafydd ab Gwi-
lym dit d'Ifor Hael : (17).
Harddenaid beirdd a'u clydwr
« âme aimable des bardes et leur abri ».
Vers 5 : awirtul =■ afrddwl actuel. J'ai identifié ce mot avec
l'irlandais abardall et donné son étymologie (Arcbiv f. Celt.
Lexk. I, p. 397).
jo8 /. Loth.
Vers. 6 : ertiwul ne se trouve nulle part ailleurs; ce serait,
je crois, actuellement erddyfwl. J'ai supposé folie, passion folle,
en pensant à l'irlandais actuel />«//<■ folie, désespoir (Dinneen,
//'. £»g7. Dict.) ; c'est une hypothèse bien séduisante. Faut-il
lire érwitul (er-fyâwlï). Le mot ne se trouve pas.
Strophe 2, vers 2 : treis a bien un sens de violence, mais
surtout exprime un acte d'enlèvement, de rapt fait avec violence.
Ce sens est précisé dans les Àncient Laws I, 254; cf. 424; II,
232; cf. Iolo Goch, id, p. 161).
— : y ron : ron paraît employé ici métaphoriquement ; il
a le sens propre de lance (Mvv. Arch. 278. 2 : GrufTyd
rud ron); de même giuayzu plus employé dans ce sens.
Yron du vers 6 à un sens tout différent. Ron, dans l'expres-
sion pei ron a le sens de quand même, même s'il était possible
{Sélections front Heng. mss. S1 Greal, p. 26. p. 5.) Ron a peut-
être ici ce sens, ou un sens approchant.
Vers 3 : Pour eir. v. J. Loth, Remarques et Add. à ïlntroduc-
tion de Strachan, p. 62; Rev. Celt. t. XXXI, p. 321.
Pour le sens de buiw, on peut hésiter et traduire : je me
lamenterai, tant que j'existerai, à cause d'elle (la vague).
C. Myv. Arch. 243. 1 :
Tra y bwyf, y bo dy ganmawl
Bard fyddaf y Dduw, tra fwyf ddyn.
Herwid a le plus souvent, en prose, le sens de suivant,
selon, mais le sens que je lui donne ou un sens approchant
n'est pas rare. Herwydd Duw traduit apud Deum dans Dafydd
Hiraddug. {Myv. Arch. 369. 1); yn herwyt calan, en ce qui
concerne les étrennes {Myv. Arch. 211. 1). En comique,
herwyth a le sens de au pouvoir de, en compagnie de. On pour-
rait d'ailleurs, dans notre passage, traduire : à cause d'elle.
C'est la vague qui est visée, car treis et cleis sont mascu-
lins.
Vers 4 : heinyf est traduit par vif, allègre, et aussi dans les
dictionnaires modernes, comme celui de Walter, par luxu-
riant, en parlant de la terre (Walters,£";/o-/. IVelshDict. -.végété).
On ne voit pas bien à quoi se rapporte exactement goU
Romans de la Table ronde. 409
chlw. Dans un passage de Cynddelw (M\v. Arch. tél. 1),
goîchi a le sens du français laver un outrage dans le sang :
Golchynl eu deurut dewr weissyon :
« Ils lavaient leurs joues, ces vaillants jeunes gens en sor-
tant du combat. »
Le visage (les deux joues aussi) est synonyme d'honneur.
Vers 5 : Keudawd a le sens primitif d'estomac (il vient du
latin cavitatem) et de pensée : c'est le sens qu'il a en breton.
Il semble qu'il s'agisse ici d'un acte lucratif, avantageux, mais
que le cœur n'a pas inspiré. Berwi, bouillir, est souvent
employé métaphoriquement, par exemple en parlant de la
trahison : Myv. Arch. 249. ny verwynt vrad (id. L. Rouge,
258. 5.6: berwyt bryt brai).
Vers 6 : Ikurw (irl. Iqrg) signifie proprement trace, sentier,
mais il est plus souvent employé au sens métaphorique :
llwrw, en ce que, du moment que, en ce qui concerne, eu fait de.
Il apparaît aussi dans des idiotismes comme yn llwrw y tenu,
la tête la première. Son sens primitif est encore très net dans
certains passages : sur la trace, sur le sentier, à la poursuite de
(L. Aneurin, 104. 1 ; Myv. Arch. 159. 2, ar llwrw camawn :
« sur la piste (le sentier) de guerre ».) Il est possible que dans
notre passage, il faille traduire : à la poursuite de.
Kyheic, d'après le vers du deuxième fragment est manifes-
tement un nom propre.
yron : il y a des exemples de suffixes de la première per-
sonne du pronom avec, préposition en -n (J. Loth, Remarques
et additions, p. 66); Rev. Celt. t. XXXI, p. 325.
Strophe 3, vers 1 : yssini edivar . mot à mot, est repentir à
moi.
Peut-être y a-t-il un vers disparu entre le premier et le
second. Ban pour pan a le sens propre de quand; je l'ai tra-
duit à cause du sens, par depuis que : or pan est employé dans
ce sens. Ce vers paraît expliquer edivar.
Vers 2 : pell y agheu pourrait signifier : celui dont la mort est
connue au loin, ou encore, qui répand la mort au loin. Ces
deux sens seraient faciles à justifier par des exemples; mais le'
verbe vryssivys a évidemment un objet qui ne peut être que
4io /. Loth.
agheu. Pebrur se trouve sous la forme décomposée pebir gur
(p. 54, vers 15).
Vers 3 : ■;•//#/// ne compte que pour une syllabe ; de même
pour biiost (L. Noir, p. 48, vers 3_|).
Vers 4 : mente. On aurait pu songer à corriger en my-
nych1, mais menic existe; c'est un dérivé de men : men, myn,
vannetais men, où : Gwalchmai, Mxv. Arch. 149. 1 :
Dyfryded vonhed j'en nie yd wyt (là où tu es);
cf. the Book of Llandav, p. 120 : y pop mynnic yd voy, partout
où ce pourra è re; ibid. y pop mynnic ar tir Telian.
Dalenneu : dalen peut indiquer un feuillet de livre, une
feuille d'or (dalen eur). Silvans Evans lui donne même, non
sans raison, le sens général de lamina .
Deuxième par lie.
Vers 1 : Fechid est très clairement la 3e pers.dusg. ind. prés,
d'nn mot rare dont le sens est précisé par le passage suivant des
Sélections from Heng. ms. II, p. 125 : il s'agit d'un sanglier :
Ac vgvt ac y gwvl, tnrxnffychein, ac agori y safyn etc. « et
dès qu'il l'aperçut, il se mit à gronder (pur les naseaux), et à
ouvrir sa gueule ». Cf. Myv. Arch. 228. 1 : Ef keif kerenhyd
oe fyt fechyn v il obtiendra pardon pour sa foi ardente ».
Trwynffychein signifierait donc, gronder en jetant une haleine
enflammée par les naseaux.
Diristan, d'après la mesure, doit être corrigé en Drisian :
sur l'apparition d'une voyelle de résonnance entre d initial et
r, v. J. Loth, Remarques et add., p. 17 ; Rev. Celt. t. XXXI,
p. 145.
Vers. 2 : Le sens paraît exiger ;;//.
Vers 4 : Kywreu : pour le sens de paroles, cf. L. noir, 8.
17; 13, 12; L. Tal. 121. 11 ; 15 1. 25 , 109. 227. Il a aussi le
sens de chant (John Rhys, Revue Celt. II, 120, a rapproché
cyfreu du v. gall. cobrouol, gl. verbialia.) Il y a un autre
cyfreu, d'origine différente, signifiant joyau, ornement, et qui
se retrouve dans le terme juridique ar-gxvrau, breton argou-
rou, vannetais argouvreu.
1. Dans ce cas, le sens serait : souvent fonde emporte les feuilles. Le sens,
même en lui donnant une allure de proverbe, ne serait guère satisfaisant.
Romani de la Table ronde. 411
Vers 6 : avnis (moderne efnys); le sens de hostile, ennemi,
est assuré par bon nombre de passages (L. noirci. 20; L. Tal.
214. 6; Myv. Arch. 164. 1 : Rxs ruthyr efnys; 184. r vrî
efnys: 200. 20, chwant Eva, efnys baivlS)l\ a le plus souvent
le sens d'un adjectif, mais dans le passage suivant d'un poème
du xve siècle (Gorchestion beirdd Gvmru; Huan ab H. S.
Swrdwal), il a le sens d'ennemi : ni //;roed ei gefyn ar efnys
« il ne tourna jamais le dos à l'ennemi ». Il a pris le sens
d'un substantif pluriel qu'il ne semble pas avoir eu d'abord
(}' Cymmrodor, IX, p. 2^2; Ohi words glossed : efnys = gely-
nyon).
Dans l'état du texte, tel que je viens de le donner et d'en
faire un commentaire lexicographique. toute interprétation
d'ensemble ne peut être que des plus hasardeuses.
Le personnage principal que l'on trouve dans les deux frag-
ments est Kyheic. Au vers 6 de la strophe 2 du premier frag-
ment, la personne qui parle propose un accord qui le vise.
Dans le deuxième fragment, cet accord a eu des résultats
funestes : Dristan1, c'est-à-dire Tristan gronde de fureur à la
pensée de l'arrivée du partenaire de la personne qui parle,
une femme certainement dans ce fragment. Son partenaire est
un nain; il est appelé ainsi au dernier vers. Cette femme
s'accuse, de son côté, d'avoir trahi (vendu) Marc (Mardi),
pour le nain. Elle s'écrie en finissant que la colère du nain lui
a été funeste. Le motif delà trahison, de l'accord avec le nain,
elle nous le donne expressément au vers 4 du 2me fragment :
elle avait un ardent désir de se venger de Kxheic à cause de ses
paroles si douces (douces comme le miel). Ce Kyheic me parait
être en substance le Kehenis d'Eilhart d'Oberg. Kyheic a deux
syllabes. Le nom a pu être écrit Keheic, Keheuc2 : à cette
époque eu, dans cette situation, se prononce comme ei; le
cribe aura lu Kehenic. Il est fort possible que le scribe
1. Prononcez Dràstan. avec 0 bref avant la valeur de e muet français,
par exemple, dans petit, dans l'article le. Au xne siècle, ainsi qu'en vieux
gallois, au lieu de y qui représente déjà ce son à la fin du XIe siècle, on a
encore i oue.
2. Prononcez Koheic (Kô-heyc) avec ô bref : voir page précédente la
remarque au nom de Dristan.
412 /. Loth.
ait cru voir un signe d'abréviation sur e : Keheic. Ce nom
propre paraît dans le Book of Llandav sous deux formes Cû£«c
et Ceheic (p. 207, 212, 227) : Co/.v/V est plus ancien. Le
Kehenis d'Eilhart qui répond à peu près au Kaherdin de-
Thomas, est le frère, dans les romans français, d'Iseut l'Armo-
ricaine. Passé en Cornwall avec Tristan, il obtient les faveurs
de Brangvein1, la célèbre suivante et compagne d'Iseut :
Brangwein se donne à lui. Trompée ensuite par de faux
rapports, elle croît qu'elle a sacrifié son honneur à un lâche;
elle en est tellement irritée qu'elle songe même à dénoncer
Iseut et Tristan à Marc. Kehenis revenu en Armorique devient
l'amant de la femme d'un seigneur qui est un nain. Le nain
le surprend dans son château en compagnie de Tristan.
Kehenis est tué, et Tristan mortellement blessé2.
Les versions que nous possédons sont sûrement ioin de la
légende originale. Le motif du ressentiment de Brangvein
contre Kehenis a dû être plus sérieux qu'un faux rapport
sur la fuite du héros. Dans notre poème, la femme qui paraît
être Brangvein, a été trompée par les douces paroles de Kyheic.
Elle aura appris les amours de Kyheic avec la femme du nain,
ce qui explique à la fois la colère du nain et son propre
désir de vengeance. Elle aura aidé le nain dans ses projets, et
peut-être amené ainsi la mort de Kvheic, ce qui explique
aussi la haine de Tristan. Ces scènes, suivant toute vraisem-
blance, se passaient non en Armorique mais eu Corinuall.Le nain
est connu de Tristan et de Marc. Il semble vouloir revenir à
la cour.
La personne qui parle dans le premier fragment, une
femme, est-elle la même que l'amoureuse de Kyheic, et s'a-
dresse-t-elle aussi (strophe 3) au nain? La collaboration
qu'elle a eue avec son interlocuteur là où Veau entraîne les
feuilles, est une claire allusion au fameux épisode où Tristan
jette des branches ou copeaux dans un ruisseau qui les emporte
à travers la chambre d'Iseut, l'avertissant ainsi de sa présence.
1. Cf. Bédier, le Roman de Tristan, II, p. 271 et suiv.
2. Il semble l'avoir trompée plutôt qu'il n'en a été amoureux. Dasn
Thomas, Kaerdin qui est le même personnage est amoureux de Brangvein
(Britigvain, Brangien).
Romans de la Table ronde. 413
L'expression galloise, indeu. nous deux, où deu est masculin,
au lieu de/// duy (duy féminin), semble prouver qu'un des deux
partenaires au moins est un homme. Mais le nain dans les
poèmes français et leurs imitateurs, dans cet épisode, est le
traitre. Aurait-il, au moins pendant cette période, favorisé les
amours de Tristan et d'Iseut, dans la légende galloise? D'un
autre coté, l'éloge du début parait bien viser Tristan. L'emprunt
funeste, dont le effets se prolongeront jusqu'au jour du juge-
ment, semble être le philtre d'amour, qui ne lui était pas des-
tiné1. Il est difficile aussi de dire à quoi il est fait allusion a
propos du flot qui couvre le rocher du champion ou guerrier
(le Saut Tristan ?). La personne qui parle a quelque chose à se
reprocher vis-à-vis de son interlocuteur et lui propose un
accord visant Kyheic. En quoi consiste le différend ? Xous ne
le savons pas davantage. L'éloge de Tristan, les regrets de son
départ seraient mieux dans la bouche d'Iseut ; elle avait eu de
grands torts vis-à-vis de Brangvein et devaitdésirerune recon-
ciliation. Néanmoins, il semble bien que ce soit le même
personnage qui parle dans les deux fragments et que le per-
sonnage auquel elle s'adresse soit bien le nain. L'objet prin-
cipal de leurs préoccupations, dans les deux fragments, est
aussi Kvheic. On peut donc conclure que le rôle du nain y a
été tout autre que celui du nain de nos poèmes français. Il
est fort possible qu'après avoir été l'allié de Tristan et Iseut,
le complice de Brangvein, il ait fait volte-face après avoir appris
les amours de sa femme avec Kyheic, amours favorisées par
Tristan, et qu'après une brouille passagère, il ait tait accord
avec l'amante irritée.
On ne peut que déplorer qu'un poème dont l'intérêt
seraitcapital, nous soit parvenu dans un pareil état de mutila-
tion. La métrique, la structure des strophes, la rime et l'alli-
tération présentent des caractères tels, que je n'hésite pas à
affirmer que ce poème ne peut être postérieur au milieu du
xne siècle. Intact, il aurait pu nous donner une version sincère
de la légende de Tristan en gallois.
1 . L'expression iebanson de la gloire dans le vers même où il est question
de l'emprunt funeste, quand on connaît les procédés de la rhétorique bar-
dique, n'est pas sans signification. Si mon interprétation était sûre, la perpé-
tuité des effets du philtre aurait une grande importance.
ADDITIONS ET CORRECTIONS
CONTRIBUTIONS A L ETUDE DES ROMANS DE LA TABLE RONDE
Rei: Celt., t. XXX:
Page 275 : au lieu de Sumrner, lire Sumner.
Rev. Celt., t. XXXII :
Page 298, note 5 : au lieu de Windish, lire Windisch.
— 407, 1. 21 : au lieu de est, lire eût.
— 408, 1. 6 : au lieu de le Cirttsius, lire /// Cirusius.
— 410,1. 24 : au lieu de âliyo-s, Ya&dl-yo-s.
— 411, 1. 6 : au lieu de Dès, lire Les;
— 418, 1. 12 : mettre un astérisque devant cx-caras ;
ibid., 1. 16 : au lieu de au, lire eu.
— 420, 1. 1 3 : au lieu de e bref, lire i bref :
— 420, 1. 12 : après sont, ajouter les :
— 431, 1. 3 : supprimez la virgule après la version.
Rev. Celt.. t. XXXIII :
Page 261,1. 29, on prononce Diiuelioek, dans le peuple, Dimel;ok (Dïmehack);
avec 0 très bref; pour un phénomène analogue, cf. Tregiffion en Saint-
Just-in-Penwith, qui se prononce Tregijsôn (0 ou mieux 9). Il y a un
autre Dimeliock.
— 265, 1. 4, à propos du Carlvon de Kea, M. Henry Jenner me cite une
hypothèse curieuse de Henry Mac Lauchlan dans un travail publié par
The Royal Institution of Cornu-ail en 1847, et intitulé iYotes on the castles
and Eartb-u-orks in Cornu-ail. Il émet l'hypothèse que ce Carlvon a été la
résidence de Sir Tristram et cite, à ce sujet, deux strophes du Sir Tris-
tram de Walter Scott. Le port de Falmouth qui est dans le voisinage
serait le port d'où Sir Tristram serait parti pour faire ses voyages.
Additions et corrections. 41 )
Page 270, ligne 25. Dans un voyage à Lantyan, j'ai pu constater que la pro-
nonciation anglaise l'a emporté : on prononce Lantai-m : l'accent est
sur v, c'est-à-dire à sa place régulière en comique.
— 270-272 : Lancien. Dans un récent voyage, j'ai pu constater que Golant
est le nom d'un village sur le bord de la rivière de Fowey. L'église
paroissiale de Saint-Sampson en est à un kilomètre environ, dans une
situation abrupte, dominant la rivière. Lancien (Lantyan) n'est plus
qu'une ferme à deux ou trois kil. de l'église. J'ai tenu à me rendre
compte de sa situation. Lancien est au fond d'un vallon étroit, resserré
entre deux collines. Un ruisseau descendant de la hauteur, serpente entre
les collines et passe à travers la ferme et des dépendances. J'ai pensé
tout de suite au ruisseau qui passait à travers les chambres royales et ou
Tristan jetait des copeaux pour avertir Iseut de sa présence. Des hauteurs
avoisinantes, en se rapprochant de Saint-Sampson's, on aperçoit la mer
dans la direction de Tyrwardreath.
— 274. C'est au Rév. Taylor que je dois l'indication de Looe Island.
— 275 -276. Il y a aussi un Tristram's Jump ou saut Tristan à Tintagel, mais
c'est une invention de littérateurs.
— 277. Il y a un autre Slalpas prononcé et écrit Mopespiès de S1 Michael's
Mount, entre les rochers et la côte : sur les canes il apparait sous le nom
de Mount-mopes.
— 279. Dans le roman de Béroul (vers 4010-401 1). il est dit que Tris-
tan et Gouvernai qui sont sur la rive droite, c'est-à-dire sur la rive oppo-
sée à Mal Pas :
Par .1. vert pré, entre .ii. vans,
Soldent sus en la Blanche Lande.
Nunsavalien (Blanche Lande; est, en effet, à peu près au sommet d'une
colline assez élevée qu'on aperçoit d'auprès du Mal Pas, à une faible dis-
tance de la rivière. En y allant, en partant d'une crique, formée par la
rivière, presque en face de Malpas, on passe entre deux vans.
Le nom de la crique vaseuse en face la pointe de Malpas m'avait
échappé. Il est d'une grande importance : Lamb Creek, tout auprès,
Lamb wood. Lamb est, suivant toute vraisemblance, le comique lamtn, corn,
mod. labm, qui, comme en breton, a le sens de saut, et aussi de chute.
C'est un souvenir de la chute voulue de Tristan sur Iseut.
Quant au nom de Blanche Lande, il paraît dû a l'aspect même des
terres du manor. M. Henrv Jenner me fait part d'une communication du
Rév. D. G. Whitley, vicar de Baldhu, paroisse ecclésiastique formée
d'une partie de Kea et de Kenwyn. Il en résulte que le manor de Blanch-
land s'étendait dans sa paroisse et que la partie non cultivée est pour une
bonne part parsemée de pierres de quartz blanc. Le Rév. Whitley pense
qu'une grande partie de la zone actuellement cultivée a été enclose à une
époque assez récente et qu'une bonne partie du manor était littéralement
une IVhite-land.
Me fondant sur l'analogie de Ty Gwynn en Carmarthenshire devenu
Alha Doinus, Alba Landa et Whiteland, j'avais supposé que Blanche Lande
4 1 6 .-Militions et corfeclionS.
devait être une traduction du comique. Ce qui n'était qu'une supposition
devient une réalité. La veille d'un pèlerinage que j'ai eu le plaisir de faire
au Mal Pas et à Blanche Lande, le 25 juillet dernier, en compagnie de
M. et Mme Jenner, et du Rév. Tavlor. j'avais fait part à mes amis de mon
hvpothése. Le Rév. Tavlor se rappela qu'il connaissait une famille de
Chygwinne (maison Blanche") habitant Kea. c'est-à-dire, la paroisse ou se
trouve la Blanche Lande. M. Henrv Jenner. étudiant la topographie de la
paroisse, au point de vue de notre voyage, le lendemain matin, décou-
vrait, en effet, un lieu-dit Chy-gwynne, à peu de distance de Nansavallan.
Le Rév. Tavlor a fait depuis des recherches pour savoir si Chygwinne,
appelé aussi Chy-wine, faisait partie du manor de Blanche Lande. Ses
recherches n'ont abouti qu'à un résultat, c'est qu'à l'époque où le pro-
priétaire actuel a acheté Chywine et une autre propriété appelée aussi
Cheween, ces terres étaient indépendantes de tout manor. La graphie
Cheu i ine me paraît inexacte. M. Henrv Jenner en consultant les
County maps (carte de 6 pouces à un Slatute mile de 1908) a constaté
l'existence de deux maisons en Kea : Chegwyxe et Chirgwiw Je suis
pleinement de son avis: Chir-gwin est pour Tir-gwynn, terre blanche, et
Chegwynne signifie maison Blanche. L n trait du comique, c'est de trans-
former un / initial suivi d'une palatale, dans certains termes, en t's : ty
est devenu Chy (t'si).
Il est très possible qu'à une époque ancienne, la demeure de Ty-
ou de Tir-gwynn ait été transportée à Nansavallan. Tir-gwynn est natu-
rellement devenu White-lanà pour les Anglais et Blanche-lande pour les
Français. Ty-gwynn devait désigner la demeure, et Tir-gwynn, tout le
manor.
Page 281, 1. 17. Il existe, en Irlande, au moins un lieu du nom de muirresc.
Il est dans le comté de Sligo et mentionné dans les Annales of Ulster
(603, 707, 735, 758) : bellum im Muiruisc (tome I, 603").
— 284, dernière ligne. Aujourd'hui encore on n'appelle guère le Mont
Saint-Michel que le Mont (The mount).
— 288. Il est important de remarquer que sous le nom de Wealas, les
Anglo-Saxons comprenaient les habitants du Cornwall aussi bien que
ceux de Galles. Suth-wealas a très bien pu désigner le Cornwall. Il a pu
v avoir, de ce fait, confusion, chez les auteurs français, entre le pays de
Galles et le Cornwall.
— 293, ligne troisième avant la fin, au lieu de ù long brittonique,lire il long
vieux-comique.
— 296. 1. 1 : au lieu de Rodait, lire Rmlalt.
— 297, 1. 15 : au lieu de Conobelinus, lire Cunohelinus :
ibid., 1. 19 : dialectalement, d'après le Voc. comique, l'assimilation de
i' en i sous l'influence d'un i suivant, parait avoir eu lieu.
— 304, note 2 : au lieu de VI, lire VII.
— 310, N. B. La carte est celle de Kelly.
2/
Htib uupcù; uïïlilr tutufia rimnann v.pul.n
Chituu; duliirfioîi fuîi>i cidiTT cltsn^MP1*^^ *
quant» in fptfaïica-mmiuî tfanitxufq-.Tiû^a
j^fJto'Uiptf mji&ur qimtJttinœ^iMp '
dngLitaPâttp aiiiTiiirpbrcVnmaailrt .noftnif
aiiur^onarîaie^ miiir n^a t*|mtf futUic-
fteaiimr.scï coriiurtcxosps çocop*
qïïœ ricïiais sdcwc .ïKvau8unauoe$)i£»
S&np ire unœ manoir ctf aras pwrntx: pn u " I
quoei sipipa^xiiupUceD qdq^a^ucnpiœr,TJ
h a« èjio itv WclUf? txinc spnoiic habxi u" &aii rn;
^aieWgcwi^a»" *\*oi*à idetw». *«t-yi>«Af m. «'.,'.
CttiTuui>itXHv*.qajTui(Xt3axiicr. mx*xim
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;
Fac-similé du ms. d'Orléans 502 (255;, page 21.
GLOSES BRETONNES
INÉDITES DU IX SIÈCLE
Il v a un peu plus cTùri mois, le professeur \Y. M. Lindsay,
de l'Université de saint-rvndrews (Ecosse), m'informait qu'il
avait découvert trois gloses bretonnes dans un manuscrit de
Sedulius, du ixe siècle, suivant le catalogue de la bibliothèque
qui le possède, la bibliothèque d'Orléans : cote 302 (255). Il
ajoutait qu'il pouvait y en avoir d'autres mais que le temps lui
avait manqué pour s'en assurer. Je fis venir ce manuscrit aux
Archives départementales de Rennes, afin de pouvoir l'étudier
à loisir. Des trois gloses que me signalait le Prol. Lindsay,
deux sont bretonnes (peiiberthoii, /or) ; Ion, de la page 25, ligne
5, glosant diu doit être lu longo ou longnm. Il y a sur 0 et
atteignant /; un trait horizontal lôn, et 11 est suivi d'une vir-
gule; d'après les habitudes du scribe, c'est un mot commencé;
il y a, à la même page, au-dessus de necis : mor, c'est-à-dire
tnortis. J'ai découvert sept autres gloses bretonnes, ce qui lait,
en tout, neuf. C'est peu, mais la qualité rachète la quantité ;
cinq nous donnent des mots qui étaient jusqu'ici inconnus en
breton ; quatre ne sont pas représentés en gallois. Il y en a
quatre également qui, à ma connaissauce, manquent au voca-
bulaire irlandais. Les celtistes ne peuvent qu'être reconnais-
sants au Prof. Lindsay de sa perspicacité.
Voici ce que donne au sujet de ce manuscrit le Catalogue de
la bibliothèque d'Orléans ' :
P. 150 : 302 (235) : ouvrages de Sedulius et de Bède.
Page 1 : Hoc opus ScduJii inter cartas .... presque effacé 2
1. Catalogue général des »iss. des bibl. publiques de France. XII. Orléans.
2. Cf. Patrol. lat., tome XIX, p. 486. 2 et suiv.
4î8 /. toi).
Page 2 : « Incipit apologeticus prologus Sedulii rhetorîs.
Domino meo sancto ac beatissimo patri Macedonio presbytero Sedu-
luts in Chrislo salutem ' quia pascha nostrum immolatus
est Chnstus
Page 9. [Opus paschale Seduliij
Paschaks quicumque daper conviva rcquïrls 2
Portantes nostros, Chris ta veniente, maniplos 5.
Page 24. << Incipit liber 1^ novi testamenti 4. »
Expulerat primogenitum sœvissimus anguis >
sufficeret densos per tanta volumina libros 6
Finit. Amen. Deo gratias ago
Page 82. « Incipiunt versus Sedulii de Christo »
Cantemus, socii, Domino, cantemus honorem '■
Duin cessant plage, perfide cœde péris 8
La seconde partie, qui est du xie siècle, contient TArs
metrica de Bède, et à partir de la page 151, un ouvrage de
Sedulius, le même qu'au début.
Le manuscrit paraît incomplet; le poème (Elegia de Christo)
s'arrête au 25e vers; entier, il en compterait 110 {Pair, lai.,
XIX, p. 762), mais on en retrouve la suite plus haut p. 23.
Le Carmen paschale reprend deux pages plus loin. Sur l'auteur
Cœlius Sedulius, voir Patrol. lai. tome XIX, Prolegom., p.
435 et suiv.
1. Patrol. Ut., XIX, p. 534.
2. Ibid., p. 550. La note opus pascha le Sedulii n'existe pas dans le ras.
3. Ibid., p. 559 : fin du Livre premier.
4. Ibid., p. 594. Le ms. porte : Incipit liber primus novi testamenti.
5. Patr. ht., XIX, p. 594.
6. C'est la fin du Livre V (Patrol., p. 753).
7. Patrol., p. 754 (en tête: Cœlii Sedulii Elegià).
8. Dans le manuscrit, il y a au lieu de caede, corde avec un r engagé
dans 0 et ressemblant à e incomplet. Ce n'est pas le dernier vers du ms. Il
y a un vers suivant, final :
agnus ab hoste sacer reduxit sanguine
Le dernier mot patres manque {Patrol., p. 75 5, col. 1, vers 25.
Gloses bretonnes inédiles du IX' siècle. 419
Le manuscrit est donné comme étant du ixe siècle. Un
manuscrit de Sédulius figure, en effet, parmi les mss. de ce
siècle portés au catalogue manuscrit de l'abbaye de Fleury ou
Saint-Benoit-sur-Loire conservé aujourd'hui à la bibliothèque
de Berne ', sous la cote 3. L'écriture du ms., sorte de demi-
onciale, est du type anglo-saxon. Les caractères rappellent de
très près ceux d'un ms. du vme siècle, de ce type, auquel
M. Léopold Deii^le a consacré une notice dans son Catalogue
des manuscrits des fonds Libri et Barrois, p. 7, fac-similé, pi. VI,
n° 1. M. Prou en a reproduit cinq lignes aux pages 40-41 de son
Manuel de Paléographie. Il y a traces cependant dans notre
manuscrit de l'influence continentale et le scribe fait preuve
d'un certain éclectisme : il y a deux r, l'un identique à celui du
ms. du vme siècle que je viens de citer, et se contondant facile-
ment avec n ; l'autre du type continental ; on peut en dire
autant des; n est parfois un peu plus arrondi par le haut. Il
en est de même pour les signes abréviatifs : p. 8, ligne 3, ligne
6, on a l'abréviation irlandaise ou anglo-saxonne de per (/>") ;
au contraire, p. 1 1, 1. 4; p. 21, 1. 15 et 23, j'ai relevé l'abré-
viation ordinaire (p). L'écriture du glossateur ne diffère pas de
celle du manuscrit. Ce manuscrit a dû être écrit en Bretagne,
et a émigré comme beaucoup d'autres, en France et ailleurs,
lors des grandes invasions Scandinaves de la fin du ixe siècle.
Il n'y a pas à s'étonner de trouver un pareil type d'écriture
dans un manuscrit breton. Le fragment de Leyde, qui est du
ixe siècle, contient un ms. de botanologie médicale ; plus de
cinquante mots bretons font partie intégrante du texte. Le
scribe, à en juger par le nom du gui (isœl-barr) qui n'existe
qu'en haut-vannetais, était probablement du Bro-weroc ou van-
netais- breton. Or, M. Whitley Stokes, qui a publié ces mots,
nous dit que le ms. est en caractères nettement irlandais.
Lems. 193 d'Orléans qui a donné de 200 à 300 gloses bre-
tonnes et qui est de la fin du ixe ou du commencement
du Xe siècle, présente encore des traits insulaires, comme
1. Catalogue des mss. d'Orléans, p. m. Les deux catalogues ms. des
ouvrages du Xe et du xie siècle ont été publiés par Hagen dans les Jahrbùcber
fur CLissiscbe Philologie de Fleckeisen, 1869, p. 510.
Bévue Celtique, XXXIII. 28
i-:o /. Lotb.
caractères et abréviations, notamment les abréviations de
per et d'enim. Le ms. 1616 (Nouvelles acqu.^) provenant
de Fleury, ms. du ixe siècle, et contenant des gloses bre-
tonnes présente, dit M. Léopold Delisle, le type hiberno-
saxon '. Les caractères des inscriptions funéraires chrétiennes
sur cippes ou menhirs du VIIIe au xe siècle, sont à peu près les
mêmes que ceux des inscriptions de la même époque en Galles.
Il me paraît probable que le type d'écriture insulaire était
encore courant en Bretagne, au moins dans la zone bretonnante
pendant la plus grande partie du ix'' .siècle. L'écriture, comme
les mœurs, a dû se modifier sous l'influence française qui
devint de plus en plus active après la conquête des pays de
langue française de la péninsule au milieu du ixc siècle et l'ex-
tension de la domination ou de la suprématie bretonne sur le
Cotentin, une bonne partie du Maine et de l'Anjou 2.
La lecture du ms. et surtout des gloses n'es: pas sans diffi-
culté. M. Teulié, conservateur de la Bibliothèque universitaire
de Rennes et chargé d'un cours de bibliographie et paléogra-
phie à la Faculté des Lettres, a bien voulu me prêter le secours
de son expérience : je lui dois plus d'une indication utile. Une
seule glose dont la celticité n'est pas assurée, a résisté à ses
efforts et aux miens. Elle est au-dessus de situ {consomption,
d'après le contexte). Le mot semble commencer par s t, et
encore peut-on hésiter entre setf; il parait se terminer par
-cou, mais ce n'est pas sûr. Le signe entre t et c n'est pas lisible.
Au haut de la page 3 on lit ces deux mots d'une main difié-
rente de celle du scribe et du glossateur : cumsanlis sius. Les
caractères sont nettement irlandais, et les deux mots le sont
aussi. Ils ne paraissent avoir aucun rapport avec les lignes qui
suivent (clementius fabricant sui juris aspexit et siullos in memun-
danae sapientiae diutius babere sensus indoluit). Cumsanlis est une
3e pers. du plur. de l'imparfait de l'ind. de cumsanad, subst.
verbal bien connu dans le sens de repos. Sius parait dans
1. Catalogue des mss. des fonds Libri et Bar/ois, p. 76 (planche 6, n° 2).
2. Les moines bretons fréquentaient volontiers l'abbaye de Fleury Sur
cette abbaye, v. abbé Rocher, Histoire de V abbaye royale de Sainl-Benoit-sur-
Loire, Orléans, 1865. — Cuissard, L'Ecole de Fleury-sur-Loire à la fin du
IXe siècle. Orléans, 1876.
Gloses bretonnes inédites du IXe siècle. 421
l'hymne 7 ' (Jsius) et est traduit par M. Whitley Stokes par
in length. L'expression signifierait. « Ils se reposaient longue-
ment (tout leur saoul). » Cumsantis est une forme jointe, ce
qui constitue une difficulté, mais des formes analogiques de
ce genre ne sont pas sans exemple. De plus, il est possible
que la glose soit du moyen-irlandais. Or, c'est la forme jointe
qui domine à cette époque; sius pour i sius s'explique assez
facilement après cumsantis.
La présence de mots irlandais dans un manuscrit bre ton ou
galloisn'a rien que d'ordinaire. Le ms. lat. 12021 de laBibl. nat.
écrit par le Breton Arbedoc avec l'autorisation de l'abbé
Haelhucar, contient trois phrases irlandaises. Le ms. de Berne
(167), au milieu de gloses bretonnes, présente une glose irlan-
daise. A côté de 8 gloses bretonnes, le ms. latin 1 141 11 delà
Bibl. nat. a 20 globes irlandaises. De même, il v a environ 10
gloses irlandaises au milieu d'assez nombreuses g oses galloises
dans le ms. de Juvcncus de Cambridge du ixe siècle 2. En
revanche, le ms. de la Bibl. Bodieienne, connu sous le nom
tïOxonicnsis prior, qui est pour le texte un ms. gallois, a donné
environ 50 gloses bretonnes, à côté d'un nombre beaucoup
plus considérables de gloses galloises \ Il ressort d'un savant
et intéressant travail du Prof. W. M. Lindsay {Breton scrip-
toria. Their Latin abbreviation-symbols) récemment paru dans
Zentralblalt fiïr Bibliolheksivesen, que les scribes bretons, même
dans les mss. à caractères continentaux, ont conservé, dans
leur système d'abréviations, en très grande partie, jusqu'au
xie siècle, les habitudes des scribes insulaires.
GLOSE5 BRETOKNES :
1. Page 3, ligne 17:1 tornouidociox gL et egros(et egros
mihi anhelitus separatio commovebat) 4. Après tornouidocion
1. Thesattrtts, II, p. 357; Thurneysen, Handbuch, p. 365, Mippose que
sius est une forme jointe du subj. en s, ire pers. du sg., de saidid. Le con-
texte ne me parait pas être en faveur de ceue hypothèse.
2. Sur ces gloses îrl., cf. Whitley Stokes et Strachan, The.aurus palaeo-
hibernicus, II, p. 42, 44.
3. Parmi les gloses bretonnes, il y en a une qui est sûrement galloise :
c'est laitr, gl. sohim.
4. Patrol., XIX, p. 536 : Ma mihi ratio.
42 2 /. Loti).
qui est au-dessus d'egros, séparé par un point, sur la même
ligne : egranimo egrotus cor porc.
2. Page 4, 1. 3 : ROGOTETicgl. credilam (nefas esse pensabam,
muti tenacitate silentii cum nullo partiri ne unius ralenti
creditamquantitatem dum nitor cautius custodire, culpadefos-
sas pecuniée non carerem).
3. Page n, 1. 15 : guoed guiniin gl. labruscam
(Labruscam placidis quid adhuc pneponitis uvis ?)
4. Page 17, 1. 17 : adnou gl. depositttm (en parlant de Jonas
dans le ventre de la baleine) :
. . . Tutusque in ventre fer ii 10
Depositum, non praeda fuit.
5 et 6. Page 21, 1. 5 et 6 : Milinion ' gl. fulvis;
PEXBERTHOU gl. tholis
(. . . . radians ubi regia fulvis
Emicat aula tholis)
7. Page 26, 1. 23 : lor gl. solnm
(ierrarum non onine solnm)
8. Page 4, 1. 23 : lath gl. stipitc
(Reppcrit esuriens lustrato stipile pomum)
9. Page 62, 1. 4 : dodicouant gl. extorsit
(unanimum panent sic Me petebat amicum
Qui foribus clausis per opaca silentia noctis
Obnixcquc diu, confidenterqne neganti
Vocibus assiduis precibnsque extorsit anhelis).
Quelques gloses, qui n'ont rien de celtique, m'ont paru
valoir la peine d'être relevées. A la page 3, à la dernière ligne,
on trouve une glose fort énigmatique, pour moi tout au moins;
on lit au-dessus de parvifoniitis :fomes est anôesos (est en abrégé)
À. ignis alimentum : contexte : et id ipsum parvi fomitis nutri-
mentum quod in me po 'luit doni cœlestis oleo permanere on
ne peut lire, je crois que : anomesos ou anonesos.
Page 33, 1. 10, il y en a une autre également singulière, au-
dessus de ce vers :
En lapis irriguus, satiare, incrédule, fonte,
1. M. Teulié me fait remarquer que le scribe semble avoir voulu d'abord
écrire m final; s'apercevant de son erreur, il a laissé le 3e trait inachevé, à
peine ébauché.
Gloses, bretonnes inédites du IX" siècle. 423
vers suivant :
Qui Christum reprobas, en lapis irriguus.
On lit au-dessus à partir de lapis : a quo manauere aque in
deserto. ualdriguus. Ce mot se trouve au-dessus de incrédule;
il est suivi de popule qui doit gloser incrédule. Le glossateur
entend-il par là : valde irriguus ? Egranimo pour egro anima
après tornouidocion, à la page 3, pourrait le faire supposer.
Plus étrange paraît encore une glose de la page 6, 1. 9 : au-
dessus de tirocinio, on lit inilitia vel pifritia (Ursinum, qui
Juin ' ab aetalis suae primaevae tirocinio régis aeterni castra non
deserens. ..). Militia est au-dessus de tirocinio.
Page 58, 1. 11, au-dessus de urna (viduaverat uma), on lit
tarba (ou torba) et au-dessous se reliant à l'autre glose : torna.
M. A. Thomas, que j'avais consulté au sujet de ces étranges
gloses, m'écrit que torna rappelle le provençal dorna pour
urna -, dont le à est à expliquer; ce d se trouve encore dans
dorga (prob. arcà), dans douire (prob. uter). Je ne crois pas
impossible qu'il s'agisse ici du dorna provençal. Notre scribe
a des hésitations, précisément, au sujet du t et du d (v. plus
bas matudina et Daviticis).
Les mots suivants m'ont paru dignes d'être relevés, à des
points de vue divers :
p. 17, 1. 11 : sur régi : Etsechiae (E^ecbias);
p. 23, Lu: crocis sur signum (p. 72, 1. 21 : crox sur por-
tavit);
p. 73, 1. 5 : toxica (sur sacra vestis) : (dans les Gloses à
Amalarius, ms. latin 1202 1 de la Bibl. nat., p. 124 : taxa m
est glosé par ionicam) ;
p. 77, 1. 18 : in matudina Paschaegl. hoc luminis ortu;
p. 81,1.3: noitua gl. recens.
P. 10, 1. 18, cette fois dans le texte, on lit Daviticis au
lieu de Davidicis (cur ego daviticis assuetus cantibus). Ce flotte-
ment dans la graphie de l'occlusive sourde ou sonore intervo-
calique, au ixe siècle, est digne de remarque. Dans les gloses
brittoniques (galloises, comiques ou armoricaines), l'occlusive
1. Le texte de la Patr . lat. n'a pas dum\ il existe dans quelques mss.
2. M, Teulié avait aussi pensé à dorna.
■\2\ J. Loth.
sourde intervocalique paraît intacte ; mais elle était sans doute
en voie d'évolution ; au xne siècle, régulièrement elle évolue
en sonore, quoi qu'il y ait encore d'assez nombreuses excep-
tions. De récentes expériences au laboratoire de phonétique
du Collège de France ont établi qu'en Galles, ces occlusives,
aujourd'hui sonores dans l'écriture, ne le sont qu'en partie
dans la réalité ; dans le Glamorgan, elles sont encore nette-
ment et indubitablement sourdes, chaque fois qu'elles suivent
immédiatement la voyelle accentuée. Il me paraît certain que
si on écrivait encore au ixe siècle p t c entre voyelles et non
b d g, ce n'est pas par suite d'un simple retard de l'écriture
sur la pronociation et en vertu d'une tradition littéraire : l'é-
volution n'était que commencée et, à l'oreille, le plus sou-
vent, on avait encore l'impression plutôt d'une sourde.
Il esta remarquer aussi que le gallois croes, comique croivs,
breton vannetais croes (ailleurs, aujourd'hui croas), supposent
erox et non crux. L'irlandais croch (croix, gibet) vient aussi de
crocem; de même crochaim, je crucifie, je pends; gallois crogi,
pendre.
Tunica devait, en brittonique, évoluer régulièrement en
*toneca et eût donné, en gallois et en breton *tonec] on a eu,
en vieil-irlandais, tonach.
REMARQUES AUX GLOSES
Les gloses brittoniques ne sont sûrement pas galloises : lor
gl. solum suffirait à le prouver ; à cette époque déjà on eût eu
la forme diphtonguée laur ; dodicouant eût été vraisemblable-
ment, si la glose était galloise, écrit didicouant '. Au lieu de
milinion qui montre e de nielin, jaune, blond, transformé en i
surtout sous l'influence de la terminaison -ion, on eût eu
aussi : vidinion. En revanche, ces formes pourraient être cor-
niques. Un mot semble cependant écarter l'hypothèse cor-
nique : c'est guoed guiniin glosant labruscam (mot à mot : sau-
vage vigne). Le mot ne se trouve qu'en moyen breton; il est
vrai qu'il a pu disparaître du comique 2 ; en tout cas, guoed,
i . di pour do est équivalent à do.
2. Dans le Voc. corn., vinea est traduit par guin-bren.
Gloses bretonnes inédites du IXe siècle. 425
sauvage, moyen-breton goe%, ne paraît pas comique, pour cette
époque; on le trouve, en effet, dans le Voc, corn, dont le ms.
est du xme siècle, mais qui a été écrit au xn% sous la forme
guit (pour guid) dans guit-fil-, fera; à ne prendre que le cor-
nique moyen, milinion, serait plutôt armoricain. Mais il semble
bien qu'au xne siècle, dans une partie du Cornwall, dans une
variété dialectale du Nord qui aura disparu, i se montre au
lieu de e, peut-être sous l'influence d'un i bref suivant ' : v.
corn, midi!, messor; milin, flavus ; comique moyen melyn.En
marge, on a écrit melyn, qui est, en effet, la forme correcte du
comique moyen des textes.
1. torxouidociox gl. egros : le sens est précisé par la glose
marginale qui suit ce mot : egranimo egrotus corporé, c'est-à-
dire, comme on dit en français : uni Inde de corps et d'esprit.
C'est un adjectif au pluriel, composé du préfixe intensif tor-,
d'un double suffixe (-id-oc-\ et d'une racine représentée en
gallois moven par diverses formes : neu-aj (re pers. du sg.
du prés, de l'ind.); neu-ed, substantif; af-neued, adjectif. Le
sens de ces mots à d'autant plus besoin d'être précisé qu'ils
ont disparu de l'usage et qu'il n'ont pas toujours été compris.
neu-af a clairement le sens d'être dans un état d'abatte-
ment, de perplexité, de regret.
Myv. arch., p. 168. 1 :
Eryr glyw glewaf, neuaf na daw
« Aigle, chef le plus vaillant, je suis aux regrets qu'il ne
vienne pas ».
Ibid., 164. 2 :
Cvn ei far arnaf, neuaf nam lias.
« Avant que sa colère ne fût sur moi, je regrette qu'on ne
m'ait pas tué. 0
Ibid., 160. 1 :
o'r pan lias llvw ked, neud neited nés.
1 . Contrairement au breton, i bref conservé en comique influence la
vovelle précédente, comme je l'ai déjà montré (keligen, saule ; breton
halegen), mais e paraissait échapper à cette assimilation.
426 /. Loth.
« Depuis qu'a été tué le maître des présents, voici que
l'affliction approche. »
af-neued n'a pas été compris par Silvan Evans : c'est un
composé par suffixe privatif av- (cf. af-lavar, muet) et de
nened :
L. Aneurin (Skene, F. a. B. II, 87, 25) :
ys deupo eu heneit \w wedy trinet
kynnwys ygwlat nef adef avneuct
« Puisse leur âme après le combat avoir bon accueil dans
le pays du ciel, demeure sans chagrin où on ne refuse rien. »
Cf. Myv. Arch. 164. 1 :
Lias Rys, ruthyr efnys, afneued y dawn.
« Rhys a été tué, Rhys à l'élan furieux, au talent fécond. •>
Phonétiquement, il paraît difficile de séparer ces mots de
gii'rth-neu, refuser; de ad-neu, dépôt : {Ane. Laïcs, I, 332) :
tystonn a ellir eu gwrth-mu
« Des témoins qu'on peut récuser. »
Livre Blanc de Rbyddercb, p. 172 :
ny wrth-neuaf i hynny
« Je ne refuserai pas cela. »
Le sens de adneu est des plus connus, et dans les Lois et
ailleurs : il a le sens de dépôt (voir plus bas : adxou).
Dans ce sens, on peut comparer l'irlandais moyen at-nuu,
je promets (Kuno Meyer, Contrib.y, at-noi, il le confie (Peder-
sen, Vergl. Gramm. ', p. 440, 441, §§ 306). Peut-on concilier
ce sens avec le premier? L'évolution de sens du latin *nno,
faire signe (dans un sens ou l'autre), à celui de niito, osciller,
hésiter, présente quelque chose d'analogue. L'irlandais no,
gallois ncu, ou (vel), dans lequel Pedersen voit un impératif
figé (ibid. : *newe), semblent indiquer déjà, dans la racine, une
évolution de sens, un pas vers V hésitation. De ce sens à celui
de neu-af, neu-ed, il semble qu'il n'y ait pas loin. Ad-neu,
gwrth-neu, représentent pour le sens anniw, abnuo.
Gloses bretonnes inédites du IX^ siècle. 427
Af-neued, dans le sens d'abondant est expliqué par cet
exemple de neued en moyen-gallois, donné par le Dictionnaire
d'Owen Pughe :
yn ymae yfed heb neued
« Là où on peut boire sans regret », c'est-à-dire sans marque
de refus, sans compter, abondamment : heb neued équivaut exacte-
ment a af-neued. Keu-af, neu-cd, af-neued, sont des composés
faits sur neu ; il y en a d'autre formés directement sur *nou- :
er-nyw, er-nywed ; ils ont le même sens :
Myv. Arch. 147. 2 :
A hwyaf arnaf ernywed
« et le chagrin le plus long que j'aie. . . »
Ibid. 183. 2 :
Hwn am emyiv er na daw
« Je suis perplexe (affligé) que celui-ci ne vienne pas. »
Ibid, 152.2: ... edlid . . .
y s trnyWy ys arnaf yd gwyd '.
« Le reproche vraiment me tourmente, c'est sur moi qu'il
tombe. »
Le préfixe tor- dans tor-nouidocioti est le même que dans
tor-leberieti, gl. phitonistarum (Coll. Can. I), tor-uisiolion gl.
ûdis (Gl. de Lux). Pour le sens tor-leberieti équivaut à dar-leber
(pour dar-leber[iatj), gl. phitonicus (Gloses d'Orléans).
Tor- est le même suffixe que dor-, dans dorguid gl. pithoni-
cus (ibid.) : dorgutd = *do-ro-uid-, qui sait d'avance (gall*
moy. denuyd). Tor- a pu être accentué dans certains compo-
sés ; il représente, en tout cas, une forme plus ancienne que
dor-; tor est vraisemblablement pour to-ro-. Il n'est cependant
1. Cf. Livre Rouge (Skene, F. a. B. II, p. 286, v. 10) :
nyt angheu Ffreuer a ernncaf
Heno
« Ce n'est pas la mort de Ffreuer que je déplorerai ce soir. »
.}2S /. Loih.
pas impossible que tor- soit équivalent à l'irlandais tôr-= /o-f-
for-. Nous avons, en gallois, un préfixe do- représentant do-
wo- : dovot = do-wovot {Ane. Laws I, 94 : do-ovof); do-îef
(ibid. I, 210 : do-olef); de même dodivf (do-odtuf); dodrefn
(do-odrevn), etc. L'absence d'allongement de 0 dans tor- s'ex-
plique aisément par le fait que ce suffixe, de très bonne heure,
sans doute, ne fut pas accentué ; d'ailleurs do pour do-wo-
présente un cas identique.
Il a existé, sans doute, un substantif tor-noivid : -noiuid =
*uoijijo-)i ou no-uijà avec a bref.
2. rogotetic gl. créditant. Le contexte précise le sens :
confié. Le mot est composé du préfixe ro- qui me parait ici
avoir le sens de pro, avant, et d'une racine inconnue, je crois,
sous cette forme, got, avec le suffixe bien connu -etic, gallois
moyen et moderne -edic, -edig, qui parait avoir été fort usité
aussi en vieux-breton (dehlouetic, edemnetfc, anfumeiic, ddreen-
neti[cion], dieteguetic, bantertoetic, ittgurlhconeiic).
C'est un suffixe en pleine activité dans le sens passif en gal-
lois, mais mort et figé en breton Qeshidic, guiridic, ki~idic,
etc.).
Le seul mot qui, phonétiquement, en gallois rappelle la
racine got- est rx-otlic, mais le sens est difficile à préciser : le
sens ordinaire paraît être généreux, fier, peut-être prodigue.
Myv. Arch. 195. 1 :
Rys mawr, Mon wledic, reodic rec
« Le grand Rys, seigneur de Mon (au don généreux) » : reo-
dic est une graphie qui n'a rien de surprenant, au xne siècle,
pour ry-odic.
L. Tal. (F. a. B. II, p. 154. 227):
Elphin pendefic ryhodigion
« Elphin, le chef des généreux ? »
Ibid. 192. 15 :
Glew ryhawt glewaf un yw Uryen.
« Vaillant, généreux, le plus vaillant de tous est Uryen. »
1. Glew doit être lu vraisemblablement glyiï, chef.
Gloses bretonnes inédites du IX" siècle. 429
La forme rx-haiut, suppose gât. Le sens parait trop éloigné
pour conclure à une parenté entre les deux mots. Cette racine,
pour le moment, parait isolée. On pourrait, tout au plus, son-
ger à une forme, à un degré vocalique différent, de gat- : gad-
u, laisser, concéder : gl. vieille-galloise : di-r-gatisse gl. con-
cesserat : ro-goi-etic, laissé, concédé avant ' ?
3. guoed GUixiix, gl. labniscam. Le mot breton correspon-
dant est le moyen breton goe^ guinyenn, vigne sauvage;
lech a goc~ guiny, lieu à vignes sauvages (Ernault, Glossaire
mox.-bret., p. 277, 306) : gioed, sauvage, guiniin, vigne. Cf.
vieil-irl. feadinm gl. labniscam, pour fead-flnne {Ascoïi, Gloss.
palaeo-hib. Thésaurus palaeoh. II, p. 361). La seule chose
embarrassante est la terminaison -in : le mot étant évidem-
ment féminin, on attendrait -en. Il est possible qu'on ait
affaire à -in avec i long, suffixe assez commun, en gallois,
dans la formation de substantifs et adjectifs. Ce suffixe -in
pourrait être pour un vieux-celtique -ïnjà, Guinion, dans les
gl. d'Orléans n'est pas à corriger en guinionou : il est fait
sur gti'nn.
4. adxou, gl. depositum. Cf. gallois adneu, même sens. Son
sens est précisé dans les Lois; métaphoriquement, il a le sens
de dépôt en terre, inhumation :
L. Tal. 198. 7 : cynoer adneu.
L. Noir. 37. 30 : guydi gaur garu atneu.
L. Rouge, 247. 18 : gnawt atneu yn llann.
Voir plus haut, iornouiâocion .
5. milinion gl. fulvis. Cf. Gloses de Lux. milinon, gl. libo-
sas : plur. de melin, jaune, blond; milinion pour melinion, sous
l'influence de la terminaison -ion. Le Voc. corn, donne aussi
milin, fulvus vel flavus.
Pour les Brittons, fulvus est l'équivalent de flavus. Ainsi
s'explique l'interprétation par Gildas dans son Epistola, du
nom du chef breton, Cuno-glaso-s. Il l'interprète : Cuneglase,
romana lingua Lanio Juive. On en a tiré la conclusion queGil-
1 . Si doiwy est pour do-oduj (do -f- godwy), on aurait là la racine got ;
mais dodi qui ne peut en être facilement séparé, semble avoir eu 0 long : la
racine serait donc dût.
43° /. Loth.
das parlait latin et ne savait guère le breton. Or, juive repré-
sente parfaitement glase (fauve, roussâtre, à reflets fauves), et
prouve, au contraire, une connaissance exacte du sens de g la-
ssos. En effet, en vieil-irl., glas glose croceo, rossei coloris '. Le
sens de glas est précisé par ce passage du dis. de Peniarth 21,
1. 21 (xme siècle), dont je dois communication à un de mes
auditeurs, M. Diverrès : glas traduit le latin refulgens (Venus
refulgens : il s'agit de l'étoile brillante). Quant à lanio, il inter-
prète cune dans lequel Gildas a vu sans doute chien (épithète
honorable, chez les anciens Celtes) et qu'il traite métaphori-
quement. Lanio, en latin du moyen âge signifiait : celui qui
déchire : ms. de Sedulius du xie siècle de la Bibliothèque d'Or-
léans, p. 24 : omnis qui laniat et lacerai lanio vel lanista polest
dici.
6. penberthou gl. tholis. Le mot est composé de peu, tète,
et de berth = *indo-europ. *bbérsto- ou bhersii-, pointe, faite :
Skr. bhrsti-s; sous sa forme réduite, cette racine est largement
représentée dans les langues indo-europ. (cf. Walde, Lai.-
Etym. IVôrt., afastigium ; Kluge, Etym. Wôrt. iBorste, Biïrste.)
Le norrois bursi a un sens très voisin du nôtre (Dacbspit; ara
Hausgiebel, d'après Kluge). Pen-berlh est identique à l'irlandais
moyen cend-bert que Kuno Meyer (Contrib. sous cend-adart)
traduit par casque.
7. lor gl. terrarum soluni. Le mot est pan-celtique et n'a
pas besoin de commentaire (irl. lâr, gall. llaïur, corn, hier,
bret . leur {lor).
S. lath gl. stipite = vieux-celt. * slattâ; v. irl. slatt,
virga, pertica; gall. llath, même sens; breton moyen laç-aray,
manche ou queue de la charrue ; vannetais lah (Cillart de
Kérampoul, à charrue : gaule de la charrue.
9. dodicouant gl. extorsit. C'est sûrement une 3e pers. du
sg. d'un prétérit en -/.
La racine est uau : et. gall. moyen gwan-t {L. Noir, ap.
Skene, F. a . B . II, 34. 9 ; 51. 58 ; L. Tal. 139. 26 ; 188.
26 ; L. Rouge, 279 . 20 ; L. Aneurin, 105 .21). Gwauu, percer,
a aussi le sens de pénétrer, se faufiler à travers (Mab. du Livre
I. Thésaurus palaeohih. II, p. 361, IV, 44; addenda, p. 418, 47, 9.
Gloses bretonnes inédites du IX* siècle. .\\i
Rouge, p. 28, 1. 29 : gwan y dan y nieireb, se glisser sous les che-
vaux). La double particule do-di- est sans doute pour beaucoup
dans la modification de sens de la racine. Elle apparaît dans la
glose bretonne de Lux, dodiprit, dont le sens n'est pas sûr ; cf.
vieii-irl. do-di-hei gl. deerraverat (Whitley Stokes, Old.-ir.
Glosses on (ht Bucolics, Revue Ce! t. XIV, p. 232, 41). Wan a
eu, sans doute aussi, un autre sens que frapper, perctr; il a dû
avoir le sens de varia-, en sanskrit, que Lick traduit par gewin-
neu, sitgen, schlagtn (Etyrn. Worl., .y éd., I, p. 312). Dodi-
eouan-t {couanl pour * com-'uant) a, en somme, un sens très
voisin de l'allemand ge-winnen, acquérir quelque chose par
effort, avec peine; vieux-haut-all. winna, Streit (Kluge, Et.
ITort.). Il me semble que le rapprochement qu'a fait M. Meil-
let de vtnari avec le skr. vânati, et l'ail, gewinntn (Méin. Soc.
liug. IX. 5 5) aide à comprendre ces différents sens et en parti-
culier notre dodicouant, extorsit. En comique (guane, frap-
per, percer), comme en gallois, gwan est écrit avec un n ; Va
est prononcé long en gallois dans gwan. Cet allongement est
néo-celtique, mais il suppose, en vieux-brittonique iiân-, avec
voyelle brève, et un seule n.
Pour l'expliquer, si on veut établir un raccord avec les
autres formes de cette famille, il faudrait supposer *ijuno-, ce
qui donne uan et non ijann-.
J. Loth.
THE PRETEXDED EXHUMATION OF ARTHUR AND
GUIXEVERE1
AN UXPUBLISHED WELSH ACCOUNT BASED ON GIRALDUS
CAMBREXSIS
Whilst preparing my édition of the OU French prose
romance, Mort Artu (Halle, 1910), I learned from Prof.
F. X. Robinson ofHarvard University ofthe existence of Car-
difTMS. 36, containing the item, De sepultura Arthuri Régis.
On further inquiry I discovered that this was merely a copy
of Ms. Llanstephan 4 (with some use of Llanstephan 2),
now in the National Library of Wales. Mr. Timothy Lewis ot
University Collège, Aberystwyth, wasso good as totranscribe
and translate for me the text of Llanstephan 4. It was a
1. For accounts of this affair in the mediaeval chronicles see R. H.
Fletcher, The Arthurian Material in the Chronicles : Harvard Studies and
Notes in Philology and Literature, vol. X, pp. 189 ff. (Boston, 1906). The
idea that Arthur had two wives does not appear in the romances, but
seems to hâve been a part of Welsh tradition. See Fletcher, p. 190, note 2.
It is a debated question whether Arthur's name was ever connected with
Glastonburv before this affair of the pretended exhumation. For the
literature ofthe subject see W. W. Newell's article, « The antiquity of
Glastonburv », Publications of the modem Lmguaçre association of America,
XVIII, 459, note 1. As Newell, p. 508, remarks, Giraldus is wrong in
Connecting Henry II with the exhumation (1191), for this king died in
1 189. The author ofthe Mort Artu, pp. 250 ff., combines awkwardly the
old Celtic tradition of Arthur's translation to Avalon with this new idea
that he was buried at Glastonburv. So too Malory in Morte Darthur Book
XXI, ch. 5-6. His account is, of course, based on a modified version of
the Mort Artu.
The pretended exhumation pf Arthur and Guinevere. 4^
disappointment to me to tind that this text offered nothing
original, but Welsh matcrial relating to King Arthur is so
scanty that even a secondary narrative like the présent one
seemed worthv of publication.
At the beginning of his account the Welsh author himself
indicates clearly the Spéculum Ecclesiaeoi Giraldus Cambrensis
as his source. In the rirst part of the text, liowever, as I
soon observed, he also uses the De Principis Inslructione of
the same writer. His account is based entirelv on thèse two
books and I hâve given the necessarv indications of source in
the Xotes. In some cases where the unique Ms. of the
Spéculum is détective, the Welsh préserves in translation the
original text.
I haveused the édition of Giraldus Cambrensis in the Rolls
Séries : Spéculum Ecclesiae edited by J. S. Brewer in vol. 4
(1873). The passage which concerns us will be found,
pp. 47-51 (Distinctio II, ch. 8-10). For the De Principis
Inslructione, edited by G. F, Warner, see vol. 8 of the same
séries ( 189 1) — especiallv, pp. 126-9, Distinctio I. The
Spéculum dates from shortlv aiter 121 7, Distinctio I of the
De P. I. probably from the last décade of the I2th century,
(cf. Warner, pp. xvi-xviij). Each of thèse works exists in
only one MS. — the Spéculum in Cotton MS. Tiberius, B.
xm (early 1 3th century), De P. I., in Cotton MS. Julius
B. xm (middle of I4rh century), both in the British Muséum.
Brewer says, p. vu, that only one MS. of the Spéculum has
ever existed, and again, p. x, that this unique MS. came
« beyond ail doubt » from the hands of Giraldus himself. If
this istrue and if \ve could ascertain the provenance of Tiberius
B. xm, beibre it passed into the Cottonian collection, we
should hâve the means of rixing the place where the présent
text was composed ; but, as far as I can discover, the early his-
tory oi this MS. is not known.
It is sufricient to say that Mr. Lewis is responsible for the
description of MSS., text and translation in the following
article, as I am for the notes. — J. D. B.
434 Timothy Lewis et J. Douglas Bruce.
i. Description of MSS.
The followingtext, containing the story of the burial of king
Arthur, is taken from Llanstephan MS. 4 now at the Natio-
nal Library of Wales, Aberystwyth.
The first four MSS. in the Llanstephan collection bear the
title « Didrefn Gasgliad »,and true to their titlethey contain
a miscellaneous collection of Bruts, Lives of Saints, Theologi-
cal Tracts etc.
Llanstephan Ms. 4, comprising folios 505-57 of this
« Didrefn Gasgliad », is avellum AÏS. of 53 folios each measu-
riïtg 6 3,8x3 5/8 inches with2élines to a page. It contains,
in addition to the tract on the burial of Arthur, a collection
of Aesop's Fables, The Lives of SS. David and Beuno, The
Vision of St. Paul and The Purgatory of St. Patrick.
The MS. begins with a fragment on the Coronation of
king Arthur, but it is impossible to say whether this is a
continuation ol folio 50401" vol. III of the « Didrefn Gasgliad»,
because the last folio is illegible and the numbering of the
folios is in a much later hand.
The textofthe story of the Burial of Arthur begins on f. 505
a 1. 21 and was written acecording to Dr Gwenogvryn Evans
circa 1400 (See Report on MSS. in the Welsh Language. Vol.
11, p. 424. Historical Manuscripts Commission).
There is another text in Llanstephan MS. 2, ff. 206 sqq.
This forms a part of the same « Didrefn Gasgliad », but it is
considerably later than the text of MS. 4 and according to
the Assistant Commissioner it belongs to the second half ol
the xvth century.
The text at the beginning, corresponding to Llanstephan
MS. 4, ff. 505-506 a. 1. 3, is wanting, but what remains fol-
lows the text of MS. 4 almost word for word. There is still
another text of the Burial of Arthur in CardiffMS. 26, pp. 365
sqq. which bears the title « Gladdedigaeth Arthur Frenin out
of the Didrefnyn P. 434 ». This however belongs to the
beginning of the xvinth century according to the Assistant
Commissioner (See. Report. Vol. II, p. 22 r).
The pretended exhumation of Arthur and Guincvere. 435
In Cardiff MS. 36 there is also a transcript based upon
the « Didrefnyn » wich begins with the following
note
« De sepultura Arthuri Régis
Historiola imperfecta ex duobus
Fragmentis in Codice Didrefnyn
Saepius memorato descriptis et
inter se collatis conflata. »
This MS. according to Mr. Farr, Chief Librarian of the
Central Library in Cardirï « is an earlv i8th century transcript
made by W. T(homas?) about 17 17-8 and seems to follow
the original as regards spelling etc. »
Revue Celtique, XXXIII. X)
43^ Timothy Lavis et J . Douglas Ërùcé.
2. TEXT
Fol. $os a 21 Llyma hyspysréfyd y llyfreua.ce
glurach noc a[dy]we[itjy brut y
23 érth diwed arthur vrenhin at adna
bot géirioned am ch6edleu a dyehym-
2 5 ygyon geua6c adnabydet y darllea-
6dyr bot yma deu gabidél gwedy eu
Fol. ;o; b 1 hyspyssu on llytyr ni yr hénn a elwir drych
yr egléys. Bit diheu y baép panyé ym
mynnwent manachlaôc glastynbri g6e-
dy géeli agheua61 ar auon gamlan y
5 cladéyt Arthr. yréng d6y groes o vaen
géneuthuredic o gywreinréyd saeroni-
aeth. Ac eudrychatel yn eu seuyttyn
uchel. a llythyr yndunt g6edy ry ysgri-
uennu y venegi bot yno bed arthur.
10 Ac weithon y mae y llythyr h6nn6 g6edy
rydreulaô oheneint. Bit honneit ha-
gen y ba6p nat maen marmor oed ved
Arthr na bed ar arthur nyt oed namvn
y ossot ymy6n derwen g6edy rygeu-
15 a.6 ae gladu vn droetued arbymthec o
dytynder yny daear. Déy rann ohyt y
1 . This and the next two sentences hâve nothing corresponding in the
Spéculum Ecclesiae. They are based on the following sentences of" the De
Principis Instructione : (p. 127) et ossa ipsius [i. e. Arthur's second wife]
cum ossibus viri simul inventa, sic distincta tamen, ut duae partes sepul-
chri, versus caput scilicet, ossibus viri continendis deputatae fuissent, tertia
vero versus pedesossa muliebria seorsum contineret. — pp. 128 f. sciendum
etiam quod ossa reperta corporis Arthuri tam grandia fuerunt ut et illud
poetae completum in his videri posset :
« Grandiaque effossis mirabiturossa sepulchris ».
Os enim tibiae ipsius appositum [tibiae] longissimi viri loci, quem et
nobis abbas ostendit, et juxta pedem illius terrae affixum, large tribus digi-
tis trans genu ipsius se porrexit. Os etiam capitis tanquam ad prodigium
The pretended exhumation of Arthur and Guiucveie. .157
}. Translation
Fol. foj a This is the inlormation of the books
which is dearer than that which the brut says
concerning the end of king Arthur for the
purpose of recognising the truth concerning
taies and false imaginings. Let the reader
recognise that there are hère two chapters
Fol. )-oj b rendered from our book which is called the
[Mirror
of the Church. Be it certain to ail that it is
in the Grave vard of the monastery of Glaston-
[bury
after a mortal wound on Camlan river, that
Arthur was buried between two crosses oî
[stone
fashioned with cunning workmanship. Thèse
had been set standing high with letters writ-
[ten therein
to make known that Arthur's grave was there.
And at this time those letters hâve betn
worn by (old âge) time. Be it known however
to ail that Arthur's grave was not of marble
And that Arthur had no grave, but he
was placed in an oak after it had been
hollowed out and he was buried at a
.depth of sixteen feet in the earth. Two1 thirds
[of the
length of the grave, for about the upper two
[thirds was
vol ostentum capax erat et grossum, adeo ut intercilium et inter oculos
spatium palmalem amplitudinem large contineret. Apparebant autem in
hoc vulnera decem aut plura, quae cuncta praeter unum raajus caeteris,
quod hiatum grandem fecerat, quodque solum létale fuisse videbatur, in
solidam convenerant cicatricem.
438 Timothy Lewis et J. Douglas Bruce.
bed megysatn ydeudraean uchai a
oed wahanedic v6rth v trydyd ac me-
gys teruvn vrygthunt ar dryded ran
20 yn wahanedic y6rthunt éynteu
6rth gyflehau esgyrn arthur a oedynt
va6r a phraff. yri asg6rn y benn yr
oed vn weli arbvmthec. a phob un
o hynny géedy ry gaeu a ry gadarn-
25 haunamvnvn. arvn honno a oed
agoret a phraft megys yd oed diheu
Fol )oh a i panv6 ohonno y buassei agheuaôl et.
yn y dryded rann or bed megys or deu-
parth v waeret || r yd oed esgyrn g6enh6-
vuarv wreic ual y gellit eu hadna-
5 bot yn vanolach ac yn wreigeid. Ac
ym plith y rei hynny y kaffat pleth
o warit melyn. tec oed edr\rch arnaé.
ac ar y bleth honno y dodes manach or
vanachlaéc y ol6c a rydathoed y gyt
io ar niuer 6rth agori y bed. ac yd argan-
uu ymblaen pa6b. A bryssyaé a oruc
ac }^sglyfyeit y bleth. Ac val y kymerth
yny laé ae dangos a pha6p yn edrych
ac yn ryuedu y thecket yn deissyfyt
15 yggéyd pa6p y difflannaéd oe la6. Ac
nyt heb wyrtheu y damchweinya6d hy-
ny. ac y dangosset yn honneit y ba6p
1. Llanst. MS. 2. begins hère.
The pretended exhumation of Arthur ami Guinevere. 139
separated from the third and a division, as it
[ were, between
them and the third part separated from them
to place Arthur's bones which were big and
[thick.
In the bone of his head there were sixteen
[wounds and each
of those had dçsed and healed firmlv
except one and that one was
open and it was an extensive wound so
that is was undoubted that it was
Fol. ; 06 a from that one that he had died.
In the third division of the grave from about
the twothirds downwards |[ * were the bones of
Gwenhwyvar his wife, more délicate and like
[those of a
woman,so that they couldyberecognised.
And among those (bones) was found a plait
of yellow hair, fair to look upon
And a monk from the monastery who
had corne together with the crowd at the
opening of the grave, saw the plait
before anyone else and he fixed his gaze upon
it and herushed and snatched away the plait
of hair. And as he took it in his hand an while
[showing
it, and ail the people looking on and wonde-
[ring
at the beauty of it; suddenly in the présence ol
ail it vanished from his hand. And this 3 did not
happen without miracles. And it was made
[wellknown
2. Llanstephan MS. 2 f. 206 begins hère.
3. The MS. of the Spéculum for the passage corresponding to « And
this — flowers of spring » (p. 48, 11. 3-8) is détective.
44° Timotby Lewis et J. Douglas Bruce.
ac vn bennaf yr creuydwyr a dathoed
vno. Y rei lleiaf a berthvn udunt nac
20 edrych na theimlaé bruger g6reic. a
bot pop peth bvda61 yn daruodedic ac
vn sathredic ac vn bennaf oll y petheu
teckaf o edrych arnunt. megys y tystir
tr6y vraét ac aédurdaét y doeth. yr
25 h6nn a dvweit. Teg6ch a gosged dynaél
brvt cribdeiledic v6 a buan. a chvnt
Fol. }o6 b i v tî'v ac y difflanna noc an\vadal6ch
blodeu g6anh6yn Dyeithyr hynn
y brenhin Arthr a vu bennaf seilaédyr
manachla6cglastvnbri. kanvs kvnn
5 dyuot saesson yr vnys v rodassei ef tir
a daear a da arall yr vanachlaéc hon-
no a daroed y chyssegru yn enryded yr
wynuydedic veir wyry. yr honn a garei
yn v6y noc yssyd o sant a santés ac
io nyt heb acha6s. Ac 6rth hynny y
paryssei ynteu dodi y del6 hi yn d6y
ysg6yd y daryan ef or tu atta6. Ac
megys y dyweit ym pob br6ydyr ac
ymlad or a vei arna6 o wir uvydda6t
15 a charyat arnei hitheu y cussanei ef
y thraet. A chanys gnottaei dywedut
1. Down to the end of this passage about the Virgin Mary our author
follows not the Spéculum, which has nothing corresponding, but the De
Principis Instructione pp. 126 f : Arthuri quoque Britonum régis inclyti
memoria est non supprimenda, quem monasterii Glastoniensis egregii,
cujus et ipse patronus suis diebus fuerat praecipuus et largitor et sublevator
magnifiais, historiae multum extollunt. Prae cunctis enim ecclesiis regni
sui sanctae Dei genetricis Mariae Glastoniensem ecclesiam plus dilexit et
prae caeteris longe majori devotione promovit. Unde cum vir bellator
exstiterit. in anteriori parti clipei sui Beatae Virginis imaginem interius, ut
eam in conflictu praeoculis semper haberet, depingi fecerat, cujus et pedes,
The pretended exhumation oj Arthur and Guinevere. 441
to ail, but particularly to the religious that had
corne there — those to whom it least belongs
either to look on or to handle a woman's hair
that ail earthly things are perishable and
[to be
trod under foot, and above ail the things
fairest to look upon, as it is witnessed through
the judgment and the authorîty of the wise,
who savs — Beautv and the comeliness of the
[human
form are snatched away and are swift
Fol. jo6 b and they flee and vanish quicker than
the changeableness of the flowers of spring.
[Besides1 this
King Arthur was the chief founder of the
[monastery
of Glastonbury, for before the coming of the
[Saxons to the island
he had given land and other goods to that
monastery which he hadconsecrated in honour
of the blessed Virgin Mary whom he loved
[above
ail the other saints, and this was not without
reason Therefore he had caused her image to
be set in the twoshoulders of his shield in the
side next tohim. And as he says, in every
battle and fight where he was engaged he used
[to kiss
her feet out of true humilitv and love towards
[her
And as it was customary to sav manv doubtful
things concerning the end of Arthur. And
particulary the British storytellers contend
[and
quoties positus in congressionis articulo fuerat, deosculari cum plurima
devotione consueverat.
From this point on the writer uses only the Spéculum,
44 2 Timothy Lavis et }. Douglas Bruce.
llawer o betheu petrus am diwedarthr.
Ac yn enwedic chôedvlvdvon y bryta-
nyeita ymryssonant ac a gadarnha-
20 ant etto yvot et yn vv6 yny véynt
wrthladedica dittbdedic a difflanedic
y chôedleu geu hynny. a cherdet y wi-
rioned racdi am hynny yn aml6c
o hynn allan y paryssam ni dodi
25 yma petheu prouedic or wirioned di-
amheu. Gwedv v vr6vdvr ar avon gam-
Fol. ;oj a 1 lan ygkerny6. a liad medra6t enwiraf
vradér. géedy kyuodi ohona6 yn erbyn
Arthr y ewythyr vra6t y vam o geidw-
adaeth y deyrnas. a brathu arlhur yn
5 agheua61. y duc hen wreicda a mar-
gan oed y hené y gorff hvt vn ynys
avarkch. y He a elwir yr a6rhonn
glastynbri. A thrannoeth g6edv y
var6 y péris y wreicda honno y gladu -
10 yny vynwent gyssegredic val y dy-
wetpéyt uchot. Sef y gnotaei beird
ynys prydein ae ch6edylydyon dech-
ymygu pany6 margan dwywes o
annwfyn ae ry gudyassei ef yn ynys
15 auartach yr Iachau oe welioed. a phan
veynt iach yd ymchoelei drachefyn
att y brytanyeit oe hamdiftyn rae-
gys y gnotaei. Ac am hynny etto
y maent mal yny adoléyn ef ac yn
1. This sentence is only partially preserved in theSpcculuw (p. 48).
2. Spéculum (p. 48), a nobili matrona quadam ejusque cognata et Morgani
vocata est delatum.
De Princ. Inst. (p. 128), Morganis, nobilis matrona et partium illarum
dominatrix atque patrona, necnon et Arthuro régi sanguine propinqua .
3. Spéculum (p. 48), in insulam Avaloniam.
The pretended exhumation of Arthur and Guinevere. .\ ; ;
affirm that he is still living. Until those untrue
taies are abandoned and cease to be and havc
disappeard and the truth concerning
it become manifest henceforth, we hâve
caused to be set down hère things witnessed
to by nnquestionable truth. After the battle
Fol. joj a on river Camlan in Cornwall1, and after
Medrawt, that basest of traitors was slain after
he had made an insurrection against his unclc
Arthur — his mother's brother — for the pos-
session of
the kingdom, and after Arthur was mortallv
[wounded,
an old dame2 of the nameof Margan bore his bodv
as far as the Isle of Avallach5 the place which is
[nov.
called Glastonbury. On the following day<
[after h;.'
had died that dame caused him to be buried in
the sacred burialground as has been said above.
The bards of the Isle of Britain and its storv-
[teller..
used to imagine that il was Margan — a goddess
[oi
the netherworld ; — that had hidden him in
[the Isle oi
Avallach to heal him of his wounds; and that
[when
they became whole, he would return again te
the Britons to défend them as was his wont, ancl
therefore they still as it were beseech him and
[await
his future coming as the Jews do concerning
[Christ
except that the Jews are deceived to a greater
[extent
4. Merely« postea » in Spéculum (p. 48).
5. Spéculum (p. 49), dea quaedam phantastica.
444 Timolhx Lavis et J. Douglas Bruce.
20 aros y dyuodyat rac lla6 megys yr
Idewon am grist onyt bot vn v6y
yd ydys yn téyttaé yr Idewon o yn-
vvdr6yd ac anfydlonder ac andedwy-
dyt. Bit honneit y ha6p acamléc
25 panyé glastynbri y gelwir kanys
f[ry]dyeu ac auonyd o eigyaén mor
Fol. J07 b 1 hatren yssyd yny gylch. kyt bei prio-
dolach y gale keffinyd auonyd o ach-
a6s y bot ygkymherued auonyd. ac
yn ia6nach gale ynyssed. tir ymperued
5 y weilgi. Pa acha6s y gelwir ynteu a-
vailach. namyn oe vot yn lie amyl
auaitgyrn. neu ynteu o vot yn argl6-
yd ar y He h6nn6 g6r g}rnt a elwit a
elwit auattach. Efa notteit heuyt
10 gal6 y tte h6nn6 ynys wydrin o acha6s
auon a oed yny damgylchynu a rH6
glas géydra6l ar y d6fyr ac 6rth hyn-
ny y gelwïs y saesson hi g6edy y go-
resgvn glastynbri. kanys glas yn sa-
1 5 esnec y6 g6ydyr ygkymraec. honneit
y6 weithon paham y gelwir y lie h6nné
ynys wydrin. paham auallach a
phaham glastynbri a honeit y 6 heuyt
pa dylyet a oed y chéedylydyon gale y
20 wreic honno margan yn d6ywes o ann6-
fyn a bit honneit hynn heuyt kyt
kaffo y dvwededic abat uchot gyuarô-
ydyt y érth gorf Arthr o hen lyfreu ac
ystoryaeu. a pheth heuyt or llythyr a
25 oed g6edy eu hysgriuennu yny cr6ys
a géedy eu rydileu haeach oheneynt
1. This passage in the Spéculum (p. 49, 11. 10 ff.) is defective. Our text,
no doubt, préserves the sensé accurately.
The pretended exhumation of Arthur and Guinevere. 44 5
through foolishness and faithlessness and mis-
[fortune
Be' it known and manifest to ail that it is
called Glastonbury for streams and rivers flow
about it from the çreat Severn sea
Fol. soj b though it would be more fitting to call it
the confines of rivers, insomuch as it is in the
middle of rivers and it is more fitting to
call islands land in the middle of the océan.
Why is it then called avallach ? because it
is a place abounding in appletrees or because
one who was formerly lord of that place was
called Avallach 2 That place used to be called
also the isle of glass because of a river that
flowed around it v\-hose waters had a blue
glassy hue and hence the Saxons called it
Glastonbury after they had conquered it, for
[glas
in Saxon is gwvdyr in Welsh.
It is well known now then, why that place is
called Isle of Glass, why Avallach and why
Glastonburv; and it is well known also why
the storvtellers were bound to call that woman
Margan a goddess from the netherworld. Let 5
[this
also be known though the above mentioned
abbot should find a story concerningthe body
of Arthur in old books and historiés and some
also from the inscription that was inscribed
in the crosses which had become illegible
in course of time, he had the çreatest
2. Spéculum (p. 49), vêla Vallone quodam territorii illius quondamdomi-
natore.
3. Spéculum MS. (p. 49, 11. 26 ff.) defective hère. Our text makes the
meaning clear.
44^ Timothy Lacis et J. Douglas Bruce.
Fol. )oS a i méyaf eissyoes o gyuaréydyt a hyspys-
r6yd a gafas ef y gan henri vrenhin
kanys ef a dywedassei y hrenhin 6rth-
a6 lawer g6eith megys y clvwssei vn-
5 teu gan hen dynyon a beird a chy-
uar6ydeit y datcanu o weithredoed
y brytanyeit pany6 y réng y d6y
groes a oedyn y vynwent vgglastynb[ri]
yn eu goréed. Ac odyna ydrychaf6yt
10 yn eu sefytty cladyssit arthur yn
défyn rac ofyn y saesson a 6rthladvs-
sei ef yn vynyeh ac a deholassei or y-
n3Ts. ac a dugassei vedraét y nei yn-
teu y géas direitaf yny erbvn y ge-
15 issa6 amdifîvn y ennwired. y rei aores-
gynassant eilweith yr vnvs o g6byl
g6edy y agheu ynteu. Ac rac yr vn
ofyn h6nn6 yn datkladu ybed me-
gys am seith troetued yny daear
20 o dyfvnder y kaffat anysgogedic
uaen praffa chroes bl6m g6edv rv-
ansodi ynda6 or tu ass6 ida6 ar tty-
thyr h6nn yman yny groes bl6m.
yman y mae yr ardercha6c vrenhin
25 Arthur yn gorwed géedy y gladu yn
y bed h6nn. ac y gyt ac ef yr eil nyt amgen.
Fol. ;oS b 1 g6enh6yuar y wreic. Ac yn is no
hynny eilweith na6 troetued y kaf-
fat bed arthur. y groes honno géedv
y thynnu or maen a weles ttawer. ar
5 abat yny dangos y henri vrenhin.
ac a dartteassant y hythyr. Ac megys
1. This sentence corresponds to the defective passage, Spéculum, p. 50,
11. 6 ff.
The pretended exhumation of Arthur and Guineverè. 44?
Fol to8 a part of his storyand information from king
Henri. For the king had often told him, ashe
himselfhad heard from old men and bards
and storytellers recounting the deeds of the
Britons, that it was between the two crosses
that lav on the ground in the burialground oi
Glastonburv —the crosses were afterwards rai-
[sed and
set on end — it was hère that Arthur was buried
deepin theearth from fear ofthe Saxons whom
he had often repelled and whom he had
[banished from the
island — those whom that most wicked youth
Medrawd, his nephew, had brought against him
in his effort to défend his wickedness, those
who the second time completely conquered the
island after his death. And ■ for the very
same fear, while they were re-opening the
grave, at the depth of about seven feet in the
earth, there was found a huge immovable
stone with a cross of lead set in the left
side of it with this inscription in the
cross of lead — Hère lies the exalted king
[Arthur having
been buried in this grave and tgoether with
him a second : to wit Gwenhwyvar his wife.
Fol $oS b And nine feet still deeper Arthur's grave was
[found
and many people saw that cross after it had
been taken out of the stone and many saw
the abbot showing it to king Henri, and read
the inscription. And as the cross had been
fixed in and hidden underthe stone, so in like
2. Llanstephan MS. 2, has : « the second Gwenhwyvar his wife ».
44§ Timothy Lewis et J. Douglas Bruce.
yd oed y groes wedy v ry ansodi ae chu-
dva6 y dan v maen. verly yd oed y gro-
es eilchôyl wedi ry vmehoelut tu v rry-
10 thvr idi 6rth v maen o anryued vstry6
a chy\vreinr6vd adoethineb v dynyon
a oed vna vn medru ac vn mvnnu
cudyaé a dirgelu g6r kvmeintv an-
ryded a h6nn6. ac eu hargléyd 6ynteu
i) a seilya6dyr pennaduraf y lie h6nné.
Ac vn bennaf oH o acha6s kvnnéryf y
rvuel a oedarnunt.Eissyoes g6edy
hedychei ar y lie h6nn6 eihveith. ual
v keffit manac ar ved arthr. y gosso-
20 dassant 6 y y groes ar llvthyr yndi
val hynnv. ac yn g6bvl megys y dy6-
edassei y brenhin v cariât corf arthur
Nyt vmv6n marmor megvs v g6ed-
ei y vrenhin kvmeint v anryded a
25 H6nn6. nyt vmv6n ysgrin o vaen nad
na maen glas, namyn vmy6n dryll
dar géedv ry geua6 a hynny o vn
Fol. joç a i droetued arbymthec neu a vei v6y o
dyfynder vn y daear. o acha6s eu brys 6y
vn v6v noco acha6s anryded cladu g6r kyf-
urd a h6nn6. Ac nyt oed ryued hynny yn
5 y kymheHei gynn6rvf ryuel 6ynt a gouit.
Ac odvna v dvwededic abat henné o arch
a dvsc henri vrenhin a beris gôneuthur
vsgrin arderchaéc o vaen marmor y es-
gyrn arthr megA's y géedei ac y dylyii y
io seilva6dvr peiîaduraf y Heh6nn6. Ac
vnteu [a garei] vr eglévs honno vn v6v noc
'[egl6-
vsseu vr holi devrnas. ac ef ae g6nathoed
The pretended exhumai ion of Arthur and Ouineverè. .\ $
manner had the cross again turned the inscri-
[bed side
towards the stone through the
wonderful artifice and cunning and wisdom
ot the men who were able,and who desired to
hideand to secrète a man so honoured as lie
who was their lord and the principal tbunder
of that place. And above ail [it was done]
[owing to
disturbance and war among them.
Howewer after peace had been restored in that
place they set the cross with the inscription up
[in that wav
to indicate thegrave of Arthur. And '
Arthur's body was found exactly as the king had
said not in marble as it became a king
so exalted as he, nor yet in a coffin of
polished stone or marmor but in the trunk oi
[an oak
which had been hollowed out,
Fol. foc a and that at a depth of sixteen feet or more
in the earth, more on account of their haste
than [lack of] honour in burying a king so
exalted as he ; and that was no wonder when
they were harassed by the tumult and the dis-
stress
of war So the above mentioned abbot, follow-
[ing
the command and adviceot king Henri
caused a splendid coffîn of marble to be
made to contain the bones of Arthur
in a becoming manner, and as was due
to the principal founder ofthat place. And
he loved that church above the churches of
i. Spéculum MS. (p. 50, beginning ofch. 10) is defective hère. Our text
makes it clear that the subject of praedixerat 'vas Henry.
4jJ Ttmowy Lavis et J. Douglas Bruce.
yn gvuoetha6c o dir a daear yn amyl ac
yn ehelaeth. Ac nyt heb y obryn ohona6
15 ynteu. namyn o gyfyaén vra6t du6
y g6r a dal p6vth pob da yn ehalaeth heb
petruster. nyt yny nef ehun. namyn ar
y daear heuyt ac yn vy6 ac yn var6
A g6edy bo mar6. yny vuched dragy6yd.
10 Ac yny diwcd yny vanachla6c hynaf
ac aédurdodaf or holl deyrnas y cladéyt
anhr. yn anrydedus. megys y g6edei kyf-
lehau g6r kymeint y glot ae anryded a
h6nn6. Ac velly y teruyna cladedi-
10 gaeth Arthur vrenhin
ihe pretenàed exhumation of Arthur and Guinevere. 431
the whole kingdom and he made it rich
with many and extensive pièces of land. And
this he did not, without reward, but
of the just judgment of God, the one who
rewards bountifully and without anv doubt,
every good that is done; and that not only
in heaven itself but also on earth, both ' the
living and thedead, and after death in the
life eternal. And in the end Arthur was
buried in the oldest and most powerful
monastery in the whole kingdom as it was
becoming to bury a man so famous and
honourable as he. And thus ends the Burial
of king Arthur.
Timothy Lewis,
University Collège of Wales, Aberystwyth.
J. Douglas Bruce,
University of Tennessee.
1. From hère to the end is defective in the Spéculum (p. 51).
Revue Celtique, XXXIIl. 50
MABOK AB MODRON
Mabon appears to play a much more important part in the
French romances than in the taies which hâve been preserved
in the Welsh language. Under other names, however, as wè
shall attempt to show, he is as well known in Wales as on the
continent.
His most important appearance in France is in Chrétien de
Troyes's hrec. in this épisode, the hero enters the castle of
Brandigan, which belon^s to Kin£ Evrain, who conducts him
to a wonderful orchard, full of the most luscious fruit, but
which is, as many writers hâve pointed out, nothing more
than a magie prison. In the orchard stands a row of stakes, ail
except one bearing a human head, and the empty one has a
horn attaehed to it. Penetrating further into thisland of magie,
fcrec sees a silver couch, and on it is reclining a most beauti-
ful maid. Heapproaches her, but as he does so, he is confront-
ed by a giant with whom, after many bitter words and
reproaches, he fights. Erec conquers his adversary, who tells
him that he is called Mabonagrain ; at least, that is how he is
known in that country, but he does not know his real name,
— a most important détail preserved by Chrétien, in view
oï the history of the Welsh Mabon. He is kept imprisoned in
the orchard by a beautiful maiden, who has by her magie wiles
forced him to remain there as her lover, and fight every new-
comer until he is defeated by one ol them. Then and not till
then will he be released. « Sound the horn » says he to Erec,
« as a sign, of my deliverance ». After many days of rejoicing,
Erec départs with Énideinto the court of king Arthur.
Mnbo>i ah Modroti. 45 5
The points to which we wish to call spécial attention in the
above narrative are the following :
i) The name Mabonag/ain.
2) Mabonagrain is a prisoner.
3) He can only be delivered by fighling.
4) He has a name, but no one knows his real one.
5) His deliverance is signalised by the sounding of a horn.
In the Welsh version of Gcraint ac Enid, this incident
differs in many important détails from the corresponding part
of the Érec. Some ot thèse différences are immaterial to our
thème.
1) The magie prison is covered with mist.
2) The horn is suspended from an apple-tree.
3) « Lord » said the conquered warrior « I pray for quar-
ter, and thou shalt hâve what thou wilt ». « I will naught »
said Geraint « save that there never be hère any more this
chivarc ( — jeu) nor the hedge of mist, nor the magie, nor
the enchantment which has been » . « Thou shalt hâve that
willingly, lord. And cause thou the mist to leave the place.
Sound thou that horn, and the moment that thou soundest it,
the mist will départ. And untilthe knight that should conquer
me should sound it, the mist might never départ hence. . .
Then Geraint came and sounded the horn, and the moment
that he gave one blast on it, the mist departed ». Hère it is to
be noticed that the Welsh version, with far greater probabi-
iity, makes the blast of the horn the cause of the breaking of
the enchantment that bound the strange Knight, and not the
signal of his deliverance.
(Il hite Book Mabinogion, folio 283.)
Let us for the moment leave the story of Mabonagrain, and
dévote our attention to the Mabon of the Welsh taies. In
Kulhwch ac Okven, we note the following facts, among others
concerning him.
1) His name is Mabon, son of Modron.
2) He was siolen from between his mother and the wall
when he was three nights old.
3) No one knows what has become of him till he is found
a prisoner in a stone fortress at Gloucester, which can only
be.approached by water.
454 tV.J. Gruffydd.
4) He is the oldest of ail men or beasts then living on the
earth.
5) He is delivered from bis prison by Arthur and his
men.
(Red Book of Hergest, folios 834-837).
Now it is strange that no student of the Arthurian legend
has realized that the story of the stealing of Mabon from his
mother is given in great détail in the Mabinogi of Pwyll,
where Rhiannon'sson, whose name is not mentioned, isstolen
from her bed soon after his birth. The Mabinogi does not
actually state that he was ' three nights old ', as in the case ot
Mabon, but he could not be much older, as the midvvives
were still watching by Rhiannon's bed. This is the incident
upon which the whole of the latter part of the Pwyll is hin-
ged.
We see, then, that the son of both Rhiannon and Modron
was, according to Welsh tradition, snatched from his mother's
bed soon after birth. If we can prove that Rhiannon and
Modron are one and the same person, then we know the story
of the râpe of Mabon.
Modron, as is well known, implies an earlier Mâtrôna,
the name of a goddess which is of fréquent occurrence in
Celtic inscriptions (Anwyl, Celtic Religion, pp. 41-3. Rhys,
Hibbert Lectures, pp. 278-9), and which gave in French the
proper name Marne. The termination -ôna is common in the
names of Celtic goddesses such as Epona, Sirona etc., and its
masculine form -ônos (in Roman inscriptions -ônus) is found
in Mapônus, the name of a well known Gaulish god, which
gave in Welsh Mabon. Mabon vab Modron, then, may be
translated as «the Great Son, the son of the Great Mother» \
We return to Rhiannon. The original form of her name
also shows the termination -ôna ; it would be Riganiona,
that is 'the great queen'. But the root * rig may mean in
1. It would be interestingto trace how far this deity has influenced what
mav be called the « mythology » of Christ, as contrasted with his history
given in the Gospels. Christ is certainly called in Welsh Mabon and Mab
Mawr, — which makes us think at once of the italian bambino. I throw
out this suggestion to scholars compétent to investigate the matter.
Mabon ab Modron, 45 5
Welsh not only 'king' or ' queen ' but 'parent'. Rhieni, for
instance, the plural of a word *rigan — means in Welsh both
i) « parents » and 2) « ladies ». In modem Welsh, it has the
former meaning, while in Médiéval Welsh it meant the latter.
Branwen, (Mab. tf Branwen, Red Book ofHergest, folio 728)
is called tryded prif rient yn yr ynys bon, « one of the three
greatest ladies of this island », or « one of the three greatest
queens ».
It must be noticed that the modem Welsh singular rhiant
(implying a plural rhienni, with two n's) is a fabrication,
probablv due to Dr. Pughe. I cannot find the word in any dic-
tionary before his.
William Evans's Englisk-Welsh Dictionary (177 1) gives sitb
« Parent » : ' rhieni, tad neu fam ', as if rhieni were a singular
noun ' .
The transition from « queens » to « parents » is, of course,
easy andobvious enough. Even in thèse days, far removed as
thev are from patriarchal rimes, the word ' governor' in ple-
beian English has the three distinct meanings of 1) gouver-
neur, 2) père and 3) monsieur, just as in Welsh rhieni means
1) queens, 2) parents and 3) ladies. Therefore, Rhiannon, con-
taining the root *rig, may mean 'queen' 'lady' or 'mother',
and in the third sensé of « mother », or rather « great
mother » has exactlv the same signifkanceasÀfWrcw. So that
the storv of the râpe of Rhiannon's son is the ston- of the
râpe of Mabon.
Who then was the father of Rhiannon's son? According to
the Mabinogi, it was Pwyll chief of Annwvn, but it is extre-
melv signifîcant that when he was saved from the magie
claw, he was adopted bv Teyrnon who persuaded his sub-
jects, with the connivance of his wife, that his wife had been
pregnant and had given birth to the child. In other words, the
subjects of Tevrnon thought that he was the father of the
child, but as the Mabinogi had already said that the father
was Pwyll, it was necessary to invent some such story for the
1 . On trouvera toutefois une autre interprétation du gallois rhieni dans
la Revue Celtique, t. XXXII, p. 255 (X. d. 1. r.).
45.6 W. J. Grujfydd.
sake of consistency. Now Teyrnon, as Sir Edward Anwvl has
already pointed out (Zeitschrift fur celtische Philologie, vol. I,
p. 288) makes with Rhiannon a perfect pair, his namc, sup-
posing an old form Tigernonos, meaning « great king ». We
may then, without much hésitation, write down the pedigree
of Mabon as follows :
Matrona
Tigernonos — 1 or
f Rigantona
I
Maponos
And now cornes a moststriking confirmation ofthis theory.
Teyrnon, when he had decided to adopt the child, caused
him « to be baptized with the baptism which was at that
time practised. And the name given him was Gwri Wallt
Euryn. What hair was on his head was as yellow asgold»
(Red Book of Hergest, fol. 724.) — but this remark only
explains the epithet Euryn, and not the more important name
Gwri, to which we shall return later. Now, it is not surpri-
sing, in view of what we hâve said, that Mabon and Gwri
are named together in Kulhwch ac Oliven, — « After that,
Arthur went to Llydaw with Mabon son of Mellt and Gware
Gwallt Euryn » (Red Book, folio 837 d.). M. E. Phili-
pot, in an extremely clever and careful article1, has already
explained the curious name Mabonagrain which, as we hâve
seen, was the name borne by the prisoner in Erec. « Il est la
synthèse de deux noms que nous trouvons appliqués à deux
personnages différents, dans le groupe du Bel Inconnu et dans
Erec lui-même. On sait que l'enchantement de la « Gaste
Cité », qui a totalement disparu du récit d'Erec, bien que,
comme le montre Carduino, il fît très anciennement partie
essentielle du cycle, est l'œuvre de deux personnages maudits :
l'un, nommé Mabon, est de beaucoup le plus important, « li
plus sires » (v. 3321) Eurain n'est guère qu'un com-
parse, un fantôme dont la seule utilité est, semble-t-il, de
I. Romania, 1896, p. 258,
Mabon ah Modron. 457
parfaire un couple traditionnel. Dans LD ', le premier s'ap-
pelle Maboun, ou Mabounis, le second s'appelle Irayn. Le
même couple se retrouve dans Erec, où à côté de Mabona-
grain, nous voyons le roi Eurain 2 Mais alors, quelle pour-
rait être l'origine de ce personnage vague, de ce « second »
de Mabon ? Il est possible qu'il ait été au début une simple
épithète homérique, l'adjectif gallois Euryn Nous donnons
évidemment cette conjecture sous toutes réserves ».
Without knowing it, M. Philipot has struck on the verv
explanation wbich throws light on the history of Mabon.
One comment \ve would like to make on his article, — his
explanation does not dispose of the g of Mabonagrain, or of
the a. I suggest that Mabonagrain is not simply Mabon-Eurxn,
as M. Philipot suggests, but Mabon a Gwri Euryn, i. e.
« Mabon and Gwri (Wallt) Euryn ».
Now it is tirne to consider whether we hâve any traces
of such a captivity as that of Mabon or of Mabonagrain in
that hero's history when he goes under the name of Gwri
Wallt Euryn?
When Gwri was restored to Rhiannon, the 'author' of the
Mabinogi of Pivyll was confronted with a further difficulty.
The name of Pwyll's son was not Gwri Wallt Euryn, but
Pryderi, as Welsh tradition, indepently of the Mabinogion,
amply testifies K So, in a verv lame and unconvincing fashi-
on, she insists that his name be changed to Pryderi, and hence
torward in the Four Branches, we hâve toseek for Gwri under
this new name, though in Kulhivch ac Olwen , as we hâve
seen, he is still found under the earlier appellation. Therefore,
though the Pryderi of Math vab Mathomuy is partly Pryderi
and partly Gwri, the Pryderi of Manauyddan vab Lîyr, is cer-
tainly Gwri under another name. In this mabinogi, the
widow Rhiannon is given in marriage to Manawyddan, and
1. Le. Lx Beaus Desconnus,
2. In the Welsh Géra bit, « Ywein. » Opposed as we are to the German
theory of the Arthurian legend, we must admit hère that the Welsh is
following a French written taie. — which neither M. Loth nor M. F. Lot
norM. Philipot ever denied.
3. See under Pryderi in the Index to Skene's Four Ancient Books.
458 W. J. Gruffydd.
the three — Rhiannon, her husband and her son — together
with her son's wife, are described as celebrating the mar-
riage when suddenly « there was a noise, and in the midst
ot ,the great noise, a shower of mist came, so that not one
of them could see the other. And after the mist, everv place
became light, and when they looked where they had seen
the rlocks and the herds and the houses before, they could
see no manner of thing, — neither house, nor beast, nor
smoke, nor fire, nor man, nor dwelling, except the palace of
the court, which was empty and desolate and deserted,
without man or beast. » (Red Book, folio 741.)- After many
adventures, which we need not describe, they came one day
to a caer, which Pryderi entered. « When he came into the
caer, nor man nor beast nor boar nor hounds nor house nor
habitation could he see in the caer. There was, as it were in
the middle of the floor, a well, enclosed with marble ail
around. And on the brink ot the well, a golden goblet above
a slab of marble, and chains going upwards to the skv, and
he could see no end to them And he came to the goblet,
and grasped it. And as he grasped the goblet, his hands became
fast to the goblet, and his feet to the slab on which the
goblet stood « Alas, my lord » said Rhiannon « what
dost thou hère ? And she grasped the goblet with him, and as
she grasped it, her hand became fast to the goblet. and her
two feet to the slab As soon as night fell, a noise came
upon them and a shower of mist, and with that the caer
disappeared, and away they were taken with it. » After some
further adventures of Manawyddan and Kicva, Pryderi's wife,
who were thus left alone, Manawvddan finds a means of deli-
vering his wife and her son — « Then Manawyddan arose,
and when he looked, he could see the whole country with
its houses and inhabitants, with ail its flocks and habitations
in their place » (Red Book, folio 745-751).
Thèse quotations carry their own taie, and require no
explanation of ours. We will only notice one or two points.
1) It is évident that the interval between the first mist and
the second is due to the storv-teller. The captivity was proba-
bly a çontinuous one.
Mabon ah Modron. 459
2) The essential factor is the mist, as in the taie of
Gerçant.
3) The mist suddenlv disappears as in Gemini.
4) It required a deliverer hère — in this case, Manawyddan,
— just as Arthur delivered Mabon, and Geraint delivered the
Knight of the Mist-Hedge.
\o\\ it is important to notice that the cyvarwyddyd, or spoken
taie, from which this Mabinogi was made up, was called the
« Mabinogi of Mynnweir a Mvnordd » if \ve are to take the
verv lame and impossible explanations of the names given by
the 'author' (Red Book, fol. 75 1), but more probably we should
rcad them as « Mvnnweir a Mvnord. » It should be noted
ïtoOj that their sojourn in the mist is distinctlv called a car-
char = « prison ». A word about thèse names.
There is little doubt that Manawyddan1 is a later addition
to the storv as the référence to its older name proves, and
thaï Mynnweir and Mynord were the original protagonists.
Modron is also written Mydron, as in the following from the
Black Book of Caermarthen (Dr. Evans's édition p. 94).
Mabon am mydron
Guas uthir pen dragon.
It seems to us likelv that Mynord hère represents an original
Mydron, through a séries of scribal errors, because it is clear
from the storv that the scribes did not understand what the
names meant. Mvdron written as Mydrô could easily develop
into Mvnord, for we know that copyists are capable of much
greater things than this. As to Mynweir, we suspect that we
hâve hère an instance of the influence of one word of a pair
on its fellow, which is so common in Médiéval Welsh. Just
as Sodom and Gomorrah appear in Llyfr \r Ancr (1346)35 Souir
ac Ovir (Ehicidariii))i,eà\ieà.bxR\\xs and Jones, p. 157), and
just as we hâve Se ac Asse, Sach a Salach. Lotor a Fotor in
Kulhwcb ac Olwen (White Book Mabinogion, folio 285), so
Gweir a Mynord became Mynweir a Mynord in this case. Whe-
I. He is, of course, one of the Irish characters of the 'Four Branches'.
460 II'. J. Grujfydd.
ther this bc right or not, there is little doubt that Mynweir
conceals, under some addition, the narae Gweir.
Now, who was Gweir ? It will not surprise us to find that
ne was one of the « three famous prisoners » of Welsh
legend, and the most complète account of him is found in the
Book of Ta lies s in :
Bu kyweir Karchar gweir ygkaer sidi.
Truy ebostol pwyll a phryderi.
Neb kyn noe efnyt aeth idi
Yrgadwyn tromlas kywirwas ae ketwi
Tri lloneit prytwen ydaetham ni idi
Nam seith ny dyrreith o gaer sidi.
« Complète was the prison of Gweir in Caer Sidi, on the
quest (?) of Pwvll and Pryderi. Before him no one entered
into it, — into the heavv dark chain which held him, laithful
wight. Three times the freight of Prydwen were we when
we went into it; save seven, no one returned from Caer
Sidi. »
Further on, the poem describes Arthur as leading the
expédition against the fort of Sidi. From the above, thèse
facts are to be noted :
i) Gweir is rescued from his prison by Arthur just as
Mabon was.
2) His prison was over the water, just as Mabon's
was.
3) He is in the poem associated with Pryderi.
4) Just as Mabon was the oldest of ail living créatures, so
Gweir was the first to go to it; — whether it means the chain
or Caer Sidi it does not rnatter ; he is the oldest prisoner.
And now, let us see what Sir John Rhys says ot the name
Gweir. In the Hibbert Lectures, p. 282 (3rd édition) he writes
asfollows :
« But we seem to be again led back to the latter by the
name Gweir,.... for it probably meant « manly » : at any
rate, that is the natural inference from the fact that it is a
Mabon ab Modron. 461
derivative from an earlier from of givr, the Welsh équivalent
in sensé and etymologv of the old Iris h fer and the Latin vir.
Anotlierot lus names of this origin is prohably to be detectèd
in Gwron, which means a great man or hero ». He might hâve
added « and in the name Gturi. »
In the Arthurian Legend, pp. 365-366, the same author esta-
biishes a connection between Pryderi and Gloucester, the
legendarv prison of Mabon.
There is little doubt in my mind that Mabon, Gwri, Gweir,
and Mynwàr ail represent the name of the same person, —
the original of the Mabonagrain of Erec, and the famous pri-
soner of Welsh mythology. If thèse équations are accepted,
many mysteries in the development of the Arthurian legend
will be cleared up. Another time, we hope to show the bea-
ring of thèse identifications on the origins of the Arthurian
taies.
CardifF. W.-J. Gruffydd.
AN CAOCH O CLUAIX
In the Book of the Dean of Lismore a well-known poem
on the deathofFraoch(Skene-M'Lauchlan, p.54; Cameron, I,
p. 62) is attributed to In Keich 0 Cloan (=An Caoch O Cltmin
or Clumhctiri), who is stated by Skene and by Mackinnon in
his receutly published Catalogue of Gaelic MSS. in Scotlanà (p.
232) tobe otherwise unknown. The attributions in Macgre-
gor's collection are not such as to inspire great confidence,
with the resuit that one is apt to grow sceptical as to the exis-
tence of certain of the pocts whose names he places at the
head of poems. It is therefore not without interest to find a
Caech Ceise O Clumhain appearing in the Magauran Book in
the possession ofthe O'Conor Don,. as the author ofa poem
of 36 stanzas in praise of Niall Magauran who died according
totheAnnals of Ulster and the FourMasters in 1362. For what
is known of the bardic femily of O'Clumhain see O'Grady
Catalogue pp. 343 and 366-7.
E.-C. QlIGGIN.
L'ETYMOLOGIE DU GAULOIS DU MI AS.
Dumias, surnom du Mercure Arverne honoré au sommer
du Puv-de-Dônu, est vraisemblablement un nom local.
M. Rhys, suivi par M. Holder, Altcdt. Sprachsch., I, 1369, le
tire d'un mot *dumio- qui signifierait « colline » et qu'il rap-
proche de l'irlandais duma. Ce rapprochement, que l'on trouve
utilisé dans l'excellent travail de M. Hessen analysé plus loin,
p. 470, est certainement possible phonétiquement, mais il
importe de savoir à quelles conditions sémantiques.
Le sens de l'irlandais duma demande avant tout à être pré-
cisé. Dans la langue des gloses, on n'en trouve que les dérivés
dumaigim, dumugud, dumaigthe :
Ml. 55 d 3 exaggerauit .i. ro dumaigestar.
Ml. 44 d 4 exaggerationis .i. indumichtho.
Ml. 35 d 17 cumulatius .i. 7 nibi indumakhthiu .i. nibi chon-
duinuÇgud) do degnimaib « ce n'est pas d'une façon plus exagé-
rée ; il n'y a pas exagération de bonnes actions » (le sens du
mot conditmiigiid n'est pas sur, v. le Thésaurus, et l'aspiration
en est irrégulière, v. Pedersen, K. Z., XXXV, 322).
Ml. 77 d 2 exaggerenter .i. indumaigthid .i. dudumugud
innanimned « d'une façon exagérée ; pour exagérer les souf-
frances ».
Pour qui connaît les principes de traduction servile habi-
tuels aux glossateurs irlandais, il est évident que le mot duma
a le sens du latin agger. Et c'est en effet avec cette valeur que
le mot apparaît dans la littérature postérieure; il désigne une
levée de terre, un mur, un rempart. Au lieu de tank renie assa
aithle for lice na ngiall in-Emain Mâcha « il s'avança ensuite
sur la pierre des otages à Emain Mâcha » (Book of Leinster,
4&4 /• Vendryei.
93 b 24), le Book of Lecan porte for duma na ngiall « sur le
mur des otages » (44 a 7).
Dans les Passions and Humilies, p. 675, le sens de rempart
est bien net : rosiiidiged in dama « the mound was raised »
(1. 1576) ; f itanis duma cloch « I found a mound of stones »
(1. 1571); rochlaidset induma « thev excavated the mound »
G- '573):
Mais l'idée première est celle d'un ouvrage par accumula-
tion de matériaux : ni chumdaigem adnocla na duma for marbii
« nous n'élevons pas de tombes ni de tertres au-dessus des
morts », lit-on dans l'Alexandre, 1. 902 {Irische Texte, II, 2,
78). Et le passage suivant du Togail Trôi (1. 1180) précise
encore cette idée : rolâset a n-étaige diib 7 doronsal du mai dïb
arambélaib « ils enlevèrent leurs vêtements et en rirent un
rempart devant eux {Irische Texte, II, 1, 38). Disons plutôt
« un tas » dans cette phrase, et nous comprendrons alors que
le mot du ma ait pu être employé pour désigner simplement
une grande quantité, comme synonyme de imat « beaucoup »
(O'Davoren, n°75i, dans YArchiv. f. Celt. Lex., II, 320).
C'est le cas du français familier « un tas d'objets, des tas de
gens », et aussi du lituanien tûlas qui du sens d'« aggloméra-
tion, masse » en est venu à désigner « un grand nombre ».
Un mot très voisin de duma est en irlandais même dua
« rempart » : dar dua ind liss (L. L. 274 a 51) « par-dessus
le rempart de la cour » ; cf. duae dans le Glossaire des Lois.
Il a une forme plus ancienne dans le mot dôe (disyllabique),
attesté à deux reprises dans le Félire d'Oengus (2 mars et 27
août). Et le glossaire d'O'Clery enregistre dae no dua À.
cloidhe ard no mûr ard « a high rampart or high wall » {Rev.
Cdt., IV, 395).
Il est regrettable que M. Hessen, dans le travail cité au
début de cette note, n'ait pas étudié le cas de dôe. D'un proto-
type *dou-yo- on attendrait, d'après la règle qu'il a posée p. 27
et suiv., ou bien *dâi monosyllabique ou bien *due (duae)
disyllabique. La règle serait-elle en défaut ? Le mot d<k du
Félire résulterait-il d'une contamination ? Faudrait-il séparer
dua de dôe, et voir dans ce dernier un suffixe plus complexe
que le suffixe -yo- ? La question vaudrait d'être discutée. Il ne
L Ètytnologk du Gaulois Ùumias. .(65
paraît pas douteux en tout cas que àuma et dot (tlua) ne
dérivent tous deux avec un suffixe différent d'un radical *doij-,
*du- en alternance vocalique, dont le sens se rapporte à un
ouvrage de protection en terre amoncelée.
On peut préciser davantage le sens ancien de ces mots, en
y rattachant le gaulois dûros (dùron) « ville ». Dans l'article
où il a fort justement défendu la quantité brève de Vu de
dûros, M. Philipon a proposé de l'expliquer par le nom indo-
européen de la porte, grec ftjpx, etc. (R. Celt., XXX, 73) ; ce
qui ne va pas sans difficulté. Il est plus simple d'expliquer
*dû-ro- comme un dérivé de la même racine que àuma et dôe.
Le sens premier en serait « enceinte fortifiée, formée d'une
levée de terre », d'où plus tard tout simplement « ville ».
On observe une évolution de sens analogue dans l'histoire
d'un mot qui a plus d'un rapport avec les précédents. C'est
le gaulois dunom, qui désigne une ville forte, une forteresse.
Plusieurs écrivains des bas temps, et en particulier l'auteur ano-
nyme du Glossaire dit d'Endlicher, nous disent qu'il signi-
fiait « montagne » (v. les références chez Holder, I, 1375).
C'est une interprétation, due au lait que les forteresses étaient
généralement placées sur les hauteurs. Mais il y en avait ail-
leurs, par exemple dans des îles commandant le cours d'un
fleuve : tel Metlodunum, aujourd'hui Melun. Et d'ailleurs l'é-
tymologie n'est pas favorable à l'interprétation proposée. Le
gaulois dunom, comme l'irlandais di'inÇg. dune, thème en -es-')
signifiait simplement « enceinte » à l'origine. Le verbe dérivé
dùnaim traduit en irlandais l'idée d'enter mer. On désignait
donc par dunom une ville fermée. Le mot, passé en germa-
nique, a conservé le sens de « ville » en anglais (joivn), mais
ne signifie plus que « haie » en allemand (Zauri) comme en Scan-
dinave (v. dan. tun). Sur l'emploi des haies pour enceindre et
fermer les villes, voir O. Schrader, Reallexikon, sous le mot
Wall et Fr. Kluge, Etym. Wtb. der deutschenSprache, 7e éd., sous
les mots Etter, Hag, Garten et Zaun. M. Kluge suppose que le
sens ancien de dûnom était celui de « haie », d'où « enceinte ».
C'est possible. On pourrait aussi bien cependant imaginer le
processus inverse ; et il y aurait alors peut-être un moyen de
rattacher le mot dunom, malgré la différence de quantité, aux
466 /. Vendryés.
mots dûros (dïiron). du ma et dâe. Mais ce serait reculer trop
loin les bornes de l'hypothèse ' ; contentons-nous d'indiquer
ici que ces trois derniers mots forment un groupe étymolo-
gique dont les rapports paraissent des mieux établis. Il s'agit
de termes techniques, de mots de civilisation proprement
celtiques.
Nous voilà bien loin du gaulois Diimias. Le simple *dumio-
sur lequel se fondait Pétymologie de M. Rhys existe peut-être
dans un nom de lieu d'Espagne (Dumium, d'après Holder, I,
1368) : la traduction « colline » ne repose en tout cas sur
rien et est certainement aussi en l'air que la traduction « mon-
tagne » donnée à dûnom par le glossaire d'Endlieher. S'il a
existé un gaulois *dumio-, il ne pouvait signifier que 0 levée
de terre, rempart, enceinte fortifiée ». C'est aux archéologues
à nous dire si l'on a pu tirer de ce mot le nom d'une divinité,
si cette traduction convient à la topographie du Puy-de-Dôme,
au caractère du sanctuaire, au culte du dieu. Tant qu'ils n'au-
ront pas répondu à ces questions, il sera plus prudent de s'abs-
tenir de tout essai d'étymologie du nom propre Dumias.
J. Vendryés.
I. On pourrait être tenté aussi de rapprocher des mots celtiques en ques-
tion le grec oji;a qu'Hésychius donne comme cypriote et qu'il traduit par
rou to./o'j -y. -îp'.ç. Mais ce mot est isolé en grec même. M. Hoffmann
(Gr. Dial., I, in, 112) a probablement tort de le rattacher aux mots Setv
crrpéçeiv, IjsiSeudai" £-:Trp:yx'., È7Ci8c(u)<ïov' ÈîtîaTpeJ/ôv, également donnés par
Hésvchius comme cypriotes. On a dans ces mots la racine bien connue
*Jen<>- •< s'éloigner, se détourner » (sanskrit dûrâh, ddvlydn, etc.).
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire. — I. J. Pokorny, Der Gral in Irland und die mythischen
Grundlagen der Gralsage. — II. J Hessen, Zu den Umfàrbuugen der
Vokale im altirischen. — III. Dr M. Hôfler, Organotheiapie hei Gallo-
Kelten und Germanen. — IV. L. Gougaud, Étude sur les lcicae cel-
tiques. — V. \Y. M. LlNDSAY, Eiirly Welsh Script. — VI. Sailm
Dhaibhidh. — VIL A. Perceval Graves, Welsh Poitry Old ami New.
I
J. Pokorny. Der Gral in Irland und die mythischen Grundlagen der
Gralsage. Wien, Verlag der anthropologischen Gesellschaft,
1912. 15 p. 40, 1 K.
Notre savant collaborateur, M.Julius Pokorny, est un esprit fer-
tile et plein d'imagination. 11 a déjà émis, en mythologie celtique,
quelques hypothèses hardies, sur la formation de la légende d'Ar-
thur, par exemple, ou sur l'origine du druidisme. Il s'attaque main-
tenant à la légende du Graal, dont il croit avoir découvert le fin
mot.
C'est à la Société anthropologique de Vienne qu'il a révélé sa
découverte, dans la séance du 14 février dernier ; et il vient de la
publier dans les Mitteilungen de ladite société, t. XL1I, sous le
titre : Der Gral in Irland und die mythischen Grundlagen der Gral-
sage.
La légende du Graal nous est connue par les romans dits arthu-
riens et se trouve, par suite, naturellement localisée dans les tradi-
tions brittoniques; les deux héros de la légende sont Perceval
(Peredur) et Gauvain (Gwalchmei), celui-ci probablement plus
ancien que celui-là, comme l'a prouvé miss Weston. Mais, diffé-
rents érudits l'on déjà remarqué, Perceval et surtout Gauvain pré-
sentent certains traits de ressemblance avec Cuchullin ; si bien que
Rnix Ceiliqut. XXXIU. 31
468 hibliogr aphte.
M. Pokorny croit pouvoir soutenir que nous avons dans les trois
personnages trois exemplaires d'un seul et même héros précel-
tique, qui serait le héros par excellence du Graal. Qu'est-ce que le
Graal lui-même ? Sous sa forme ancienne, débarrassée des élé-
ments que le mysticisme chrétien a pu y ajouter, c'est un vase,
de forme ronde, qui contient un aliment inépuisable ; et c'est un
dispensateur de fécondité (« Fruchtbarkeitsspender ») ; il est gardé
dans un endroit difficile d'accès, où le héros ne l'obtient qu'après
plusieurs tentatives et au prix des plus grands efforts. Or, dans la
légende de Cuchullin (v. Siaburcharpat, in Anecd. from Ir. Mss.,
III, 54), il est question d'un chaudron magique où trente vaches
épandent leur lait, et dont Cuchullin réussit à s'emparer. Nous
retrouverions là, suivant M. Pokorny, le Graal sous une forme plus
ancienne et plus rapprochée de ses origines. On peut aller plus
loin encore : le chaudron, les vaches et le lait, cela lait tout de
suite penser à l'Inde. Déjà M. L. v. Scbroeder a trouvé dans le
Rig-Veda le pendant du chaudron de Cuchullin ; et voilà M. Po-
korny, à la suite de M . v. Schroeder, voguant sur l'océan de la
mythologie védique. C'est un océan fécond en naufrages, où plus
d'un exégéte a déjà sombré. Malgré d'illustres exemples, dont celui
de Max Muller lui-même, M. Pokorny ne craint pas de s'y aven-
turer. Il est vrai qu'il ne suit pas exactement le même chemin que
Max Muller. Il a une boussole bien à lui. Ce n'est pas sur le soleil
qu'il la règle, c'est sur la lune. Toute la légende du Graal, telle
qu'on peut la reconstituer d'après les données galloises ou irlan-
daises, ne serait qu'un mythe lunaire, abondamment développé. Le
Graal, c'est la lune qu'un héros cherche à conquérir ; mais Perce-
val aussi, c'est la lune, et Gauvain, et Cuchullin. Les fameux tours
d'adresse par lesquels Cuchullin se distingue, les contorsions extra-
vagantes qu'il exécute ne seraient que des représentations mythiques
des phases de la lune. Les nombres fatidiques, qui jouent un
rôle dans la destinée de Cuchullin, se laisseraient ramener aux
divisions du mois lunaire. Bref, le héros du Graal, en Irlande
comme en Galles, serait à la fois le conquérant de la lune, repré-
sentée par un chaudron, et l'astre lui-même.
M. Pokorny développe sa théorie avec verve et adresse, sous
une forme nette et décisive, qui a dû faire sur son auditoire une
forte impression. Nous ne croyons pas cependant qu'elle résiste à
un examen attentif. Sans doute, tous les détails qu'il a réunis s'ac-
cordent le mieux du monde, concourent logiquement à la démons-
tration, constituent en un mot une excellente argumentation. Mais
d'autres exégètes avant lui, par des arguments non moins convain-
Bibliographe. 469
cants, avaient prétendu prouver que Cuchullin était le soleil ; et
leur interprétation solaire de l'épopée irlandaise n'a pas prévalu.
Il est à craindre que l'interprétation lunaire n'ait le même sort.
L'objection fondamentale que l'on doit faire aux auteurs des Théo-
ries de ce genre, c'est qu'ils ne tiennent jamais compte que d'une
partie restreinte des faits; ils ont une vue partielle et unilatérale,
ils ramassent sur l'immense étendue Jes traditions et des littératures
tout ce qui peut servir à construire leur thèse, et négligent le reste.
M. Pokorny n'est pas exempt de ce défaut. Faut-il prouver l'iden-
tité de Cuchullin et de Gauvain ? Il rappelle un certain nombre de
correspondances entre les légendes, par exemple, le combat singu-
lier que livre chacun des héros à son fils; comme si ce trait était
particulier à Gauvain et à Cuchullin ! comme si le combat du père
et du fils n'était pas un thème général de folk-lore, répandu dans
une foule de littératures ! Faut-il prouver la nature lunaire de
Cuchullin ? Le chiffre 3 entre en ligne de compte, avec ses mul-
tiples 9 et 27, comme si Cuchullin était le seul personnage de
légende qui soit soumis à l'influence du chiffre 3 ! Remarquons bien
d'ailleurs que dans la légende irlandaise le chaudron dont s'empare
Cuchullin est alimenté par trente vaches, et que malheureusement
ni le chiffre 30, ni les chiffres 3,9 et 27 ne correspondent aux
divisions du mois lunaire. Mais M. Pokornv ne parait pas s'embar-
rasser de la difficulté. Pas plus qu'il ne s'embarrasse de quelques
autres. Le héros du Graal devant être chaste, il faut que Cuchul-
lin le soit aussi ; et M. Pokorny, fermant les yeux sur les exploits
amoureux du héros, s'ingénie à découvrir en lui un « rudiment de
chasteté ». C'est ce qu'on est tenté d'appeler du parti pris. Et il
y a bien du parti pris aussi dans la façon dont il utilise le témoi-
gnage du Rig-Yeda. Il dit que le mot carù, dont le thème répond
exactement à celui de l'irlandais coire (ce qui n'est qu'à moitié vrai)
désigne dans le Rig-Yeda « das Mondgefâss ». Nous ne savons pas
trop comment traduire en français « Mondgefâss » ; mais ce qui
est sur c'est que le mot carù ne signifie que « Gefàss » tout court.
Nous avons eu la curiosité de parcourir tous les passages où il
figure dans le Rig-Yeda (I, 7, 6 ; 162, 13 ; VII, 104. 2 ; IX, 52,
3 ; X, 86, 18 ; 167, 4). Nous n'y avons rien vu qui fasse penser à
la lune, sauf dans un seul, IX, 52, 3, où il s'agit d'une comparai-
son toute naturelle : carùr nà yàs tara ïnkhayéndo va dânath Ihkhaya
« toi qui es comme un plat, ô lune, fais-nous le tomber, fais-nous
tomber le don ». Il faut avoir de bons veux pour découvrir là le
prototype du Graal.
Ce n'est pas à dire, bien entendu, que nous proscrivions toute
17" Bibliographie.
comparaison entre l'Inde et les pays celtiques. 11 y a entre le cel-
tique et l'indo-iranien d'étroites affinités linguistiques, qui sup-
posent des traits communs entre les deux civilisations, notamment
au point de vue religieux. Mais c'est l'esprit même et la méthode
de la mythologie comparée que nous blâmons ; il n'est rien au
monde de plus décevant. Devant les théories mythologiques les
plus solides, où la raison ne trouve rien que de convaincant, on
doit rester sceptique d'instinct. C'est qu'ici on n'a pas, comme en
linguistique, le contrôle d'un élément concret et permanent, indé-
pendant de la volonté humaine. De plus, l'essence du langage est
d'aller vers la clarté ; l'essence de la mythologie est au contraire de
tout obscurcir et de tout embrouiller. Pourquoi un mvthe ne con-
tiendrait-il pas pêle-mêle la légende du soleil, celle de la lune,
celle de l'éclair, celle du feu de l'autel et de la cuiller du sacrifice,
celle qu'on a bâtie sur un jeu de mots mal compris, celle qu'on a
imaginée d'après la vue d'une peinture ou d'un bas-relief, et par
dessus le marché l'histoire orale d'un héros conquérant ? Car
révhémérisme contient probablement aussi une part de vérité. Et
puis comment distinguer ce qui appartient à la tradition nationale,
localisée dans l'épopée irlandaise ou dans le Rig-Yeda, de ce qui
appartient à la tradition humaine, qui semble la même chez tous
les peuples ? Il est bien malaisé d'analyser les éléments hétéroclites
que renferme un mythe et d'en démêler la formation. Comment
choisir entre tant de possibilités contradictoires ? C'est d'avoir fait
un choix arbitraire, et d'avoir prétendu le justifier rationnellement,
que nous critiquons M. Pokorny.
J. Yekdryes.
II
Johannes Hessew Zu den Umjârbungen der Vokale im altirischen.
Halle, 1912. 88 p. 8° (Sonderabdruck aus der « Zeitschrift fur
celtische Philologie », Band IX).
Le nom de M. Hans Hessen a déjà été mentionné ci-dessus, p.
389, comme celui d'un collaborateur des Indogermanische Forschuri-
gen, auquel on doit un relevé des substantifs à thème consonan-
tique du manuscrit de Milan. Le nouveau travail signé du même
nom, mais du prénom Johannes, est une dissertation inaugurale,
présentée en vue du doctorat en philosophie à l'Université de Fri-
bourg en Brisgau. Cette Université est depuis longtemps déjà un
Bibliographie. 47 1
Centre actif d'études celtiques, sous la direction de M. Thurnev-
sen.
Le phénomène que M. Hessen appelle « Umfârbung s a été jus-
qu'ici désigné de différents noms. L'auteur de ce compte rendu a
lui-même, dans un article des Mémoires de la Société de Linguistique
(t. XIV [1909], p. 393-411), proposé celui de 0 métaphonie »
qu'il a continué à employer depuis. D'autres disent a Umlaut ■ ;
d'autres a Hebung ». Mais « Umfârbung » a pour lui l'autorité de
M. Thurneysen, qui l'a adopté dans son Handbuch(§ 71). Il s'agitde
l'altération de timbre qu'éprouvent certaines voyelles brèves sous
l'influence de la voyelle suivante. Un e (ou un 0) devient ; (ou u)
quand la syllabe suivante contient un i ou un u, vovelles fermées;
un i (ou un u) devient e (ou 0) quand la syllabe suivante contient
un a ou un 0, vovelles ouvertes. Telle est, grosso modo, la règle
posée dans l'article précité des Mémoires de la Société de Linguistique,
où d'ailleurs le but de l'auteur était avant tout de définir les rap-
ports chronologiques de la métaphonie et de l'infection. La règle
a été précisée par M. Thurneysen qui enseigne dans son Handbuch,
I. 71, p. 44, que l'altération de e (ou 0) en / (ou m) sous l'in-
fluence d'une voyelle fermée suivante se produit seulement si la
consonne qui sépare les deux vovelles est une sonore aspirée (« le-
niert »). M. Pedersen est revenu à plusieurs reprises sur la question
dans divers paragraphes de sa Vergleiehende Grammatik ; il en a
tiré, comme toujours, mainte observation originale et féconde.
Néanmoins on n'avait jamais soumis à une étude d'ensemble les
conditions très variées du phénomène ; il restait à réunir tous les
exemples, à les interpréter étymologiquement, à les classer. C'est
la tâche que s'est proposée M. Hessen, en limitant toutefois son
étude au cas où la voyelle exposée à la métaphonie est un ancien
0. De ce cas il a rassemblé tous les exemples que fournissent les textes
de gloses du vieil irlandais, et il les a répartis en deux groupes
suivant que la voyelle de la syllabe suivante est un ancien i ou un
ancien u ; il v a joint un troisième groupe, comprenant les mots
où la voyelle de la syllabe suivante était un ancien e, mais sans en
fournir des listes « exhaustives ». De là les trois divisions de son
travail (pp. 3-45, 45-57, 57-69)- Dans chaque division il a pris
comme principe de classement l'élément consonantique intermé-
diaire (occlusives, spirantes, géminées, groupes de consonnes).
Le principal résultat de son enquête est de déterminer quelles
sont les consonnes qui favorisent la métaphonie et au contraire
celles qui l'entravent. Nous trouvons la règle formulée à la page 69 :
la métaphonie de 0 en u se produit sous l'influence d'un ; (i) ou
47- Bibliographie.
d'un //, lorsque les deux voyelles sont en hiatus ou qu'elles sont
séparées par un des éléments consonantiques suivants (en dési-
gnant par des lettres grecques les consonnes « aspirées ») : r, /, m,
;/, b, d, g; p, À, a, v, (ï, o. •■ ; et ; |xp, y./ ; /»/, r//', _«,'/, »/</, ////>. La
métaphonie n'a pas lieu devant un ancien e. Toutefois, M. Hessen
met à part, p. 72, la position en hiatus et le cas où la consonne
intermédiaire est une labiale ; il y aurait alors métaphonie devant e,
mais une métaphonie un peu spéciale et de date postérieure à la
précédente. Je serais tenté de séparer plus complètement qu'il ne le
fait les deux phénomènes et de rayer radicalement des exemples de
métaphonie c uinau ou ti'tus. Dans l'hiatus, il s'agit d'un fait tout diffé-
rent ; et dans le cas de cumatr, l'action de la consonne labiale est
prépondérante et suffit à expliquer l'altération du timbre. Mais
M. Hessen enregistre même parmi les cas de métaphonie eruim de
*qrmi- (p. 15) et crutb, de *(jrtu- (p. 52), où il s'agit d'une évolu-
tion particulière de ri en ru, sous l'influence des consonnes voi-
sines. C'est donner à la métaphonie une extension injustifiée, que
contredit même la définition si précise où M. Hessen a pris soin,
dès le début, de s'enfermer.
On pourrait plutôt lui reprocher en général d'avoir adopté un
cadre trop étroit. Il a restreint son étude au changement de 0 en
// devant vovelle fermée ; il a laissé de côté le changement inverse,
de // en 0 devant voyelle ouverte. Il y avait pourtant là un parallé-
lisme intéressant à établir, et sans doute aussi dans le détail
quelques différences instructives à relever. Quand il suppose un
ancien //, p. 34 au mot borp « fou » et p. 52 au mot molh « stu-
por », on se demande si la métaphonie qui a changé *burpo- en
*borpo- et *muto- en *moto- n'aurait pas dû être entravée par la
consonne ; mais il ne pose pas la question. De toute façon l'étude
de la métaphonie de u en 0 méritait d'être traitée d'ensemble et
complétait naturellement celle de la métaphonie de 0 en 1/.
La règle posée par M. Hessen souffre pas mal d'exceptions. Ce
sont en grande majorité des exceptions dues à l'analogie. Suivant
les diverses catégories morphologiques, l'alternance vocalique qui
résultait de la métaphonie a tantôt été supprimée, parce qu'elle
dérangeait les paradigmes, tantôt été étendue, parce qu'on lui attri-
buait une valeur significative. L'examen de ces divers cas fait l'ob-
jet des pages 73 et suivantes.
M. Hessen termine sa dissertation en montrant l'indépendance
chronologique de la métaphonie et de l'infection.
Comme on le voit, ses conclusions ne sont pas complètement
nouvelles ; mais elles offrent l'intérêt d'apporter à des doctrines
Bibliographie. 473
qui n'étaient qu'à moitié fixées ou même seulement soupçonnées,
pleine et entière confirmation. En outre, s'il est un peu maigre de
résultats généraux, le travail fournit dans le détail nombre de ren-
seignements utiles. En classant tous les exemples, M. Hessen en a
du discuter quelques-uns, qui ne rentraient pas directement dans
sa règle ou même faisaient franchement exception. Dans cette dis-
cussion, où il fait preuve d'une sérieuse connaissance du vieil-ir-
landais et d'une solide préparation linguistique, il corrige parfois
l'opinion courante, ou bien, fort de sa règle, il décide entre
diverses interprétations, sur lesquelles on hésitait jusqu'ici. Nous
réunissons dans ce qui suit quelques remarques de détail.
P. 5-6, observation intéressante — il est vrai qu'elle vient de
M. Thurnevsen — sur le vocalisme radical de plusieurs subjonctifs
de verbes en -ye o- qui ne présentent pas la métaphonie. Cela
serait dû à l'influence analogique des verbes en -ye/o- dont le sub-
jonctif se formait directement de la racine (type *gab-a-, *gar-a-<
*dani-a- ; et. le latin aduenat, euenat, peruenaf).
P. 6. Le nom de la caille, mariai, est rattaché au mot muir
« mer » ; mais M. Hessen met un point d'interrogation et n'a pas
l'air de croire lui-même à cette étvmologie, au premier abord
inquiétante. Peut-être, cependant, le point d'interrogation est-il de
trop. Suivant Pellicot, Remarques concernant les migrations des
oiseaux sur les côtes de Provence (ap. Rolland, Faune populaire, t. II,
p. 343), « les marins croient que la caille fatiguée se pose sur la
mer et se laisse pousser par le vent avec une aile relevée en guise
de voile ».
P. 9. Des deux mots foil, « gite » et « bracelet », le second est
interprété comme avant un a ancien ; mais le premier aussi a cer-
tainement un a ancien ; cf. le gallois gwal « gîte, tanière ». Il s'a-
git donc ici de l'altération de a en 0 devant consonne palatale,
signalée dans le Handbuch de M. Thurnevsen, p. 47 et dans ma
Grammaire, p. 49. La cause de l'altération est la présence devant la
voyelle d'une consonne labiale ou labio-vélaire (cf. Thurneysen, /.
cit. et Pedeisen, Vgl. Gr., I, p. 360). Les principaux exemples en
sont coire « chaudron » (Hessen, p. 7), boill « les membres »,
proind « dîner », broitenc « mantelet », etc. Il faut sans doute
joindre à la liste foirin « foule, troupe » Wb. 24 a 24, foirenn gl.
factio Ml. 33 a 8, v.-gall. guerin gl. factio, gall. gwerin « foule »
(Hessen, p. 6), qui sort de *wariu-, à rapprocher peut-être du
latin uarius « agité, mobile » ? Pour le suffixe à nasale, cf. irl. bui-
deti « troupe », gall. byddin.
P. 13, l'irlandais dom « maison » (ace. doini) est peut-être un
474 Bibliographie.
emprunt latin (Thurneysen, ap. Walde, Etym. Wtb., 2e éd. p. 241);
la forme dam, également «attestée (cf. Kuno Meyer, Contr., p.
585), serait due au composé air-dam. On pourrait toutefois faire
l'hypothèse inverse : admettre avec Whitlev Stokes (JJrk. Spr, p.
141) l'antériorité de la forme dam, qui serait indigène, et expli-
quer la forme dom par l'influence du latin. Dans les deux cas, l'ab-
sence de métaphonie est aisément explicable.
P. 21. En interprétant l'irlandais cuit, M. Hcssen a négligé de
dire ce qu'il fait du brittonique, gall. corn, pelh, bret. pe\.
P. 30. Les mots tossach et toissech sont nettement séparés ; c'est
la confirmation d'une opinion de M. Thurneysen, Hdb., p. 473.
P. 36. M. Hessen sépare étymologiquement les adjectifs ele et
olc, qui signifient tous deux « mauvais » ; c'est bien peu vraisem-
blable. Les formes à métaphonie (uilec, ulc, itlcu) peuvent être
analogiques ; quant au rapprochement de olc et de Ulcagnus, il est
évidemment problématique, comme tout ce qui s'appuie sur le sens
des noms propres.
P. 39. L'explication proposée pour cuing « joug » qui sortirait
de *uing avec un c- analogique (?) est d'une hardiesse troublante.
P. 41. A propos du mot cuimliucht « utilité », M. Hessen
apporte une confirmation intéressante à l'hvpothèse de M. Meillet
sur le sens primitif de la racine *melg- (v. ci-dessus, p. 153).
P. 48, s. u. ger-chrub, fallait-il citer foch roi b « at hand » Sg. 151
b 2, dont Yô est étrange ?
P. 51. Fort heureuse interprétation, suggérée par M. Thurney-
sen, du mot routh dans i ronth gl. in stadio Wb. 11 a 3 ; ce serait
le datif d'un substantif *rot-o- différent de *rot-o- « roue », bien que
dérivé comme lui de la racine du verbe rethim « je cours ». Nous
avons ici évidemment un exemple — bien rare en celtique — de
l'opposition du nom d'action et du nom d'agent, qui se marquait
en indo-européen par une différence dans la place du ton (Meillet,
Introduction, 3e éd., p. 238). A côté du verbe ~y-'/y> « je cours »,
le grec possède de même Tpojrôç (nom d'agent) « roue » et rpô^oç
« course, carrière pour la course ».
P. 69, signalons une étymologie très plausible proposée pour
fuirsire « parasitus » ; et enfin, p. 75, notons que le génitif robuir
Ml. 96 c 1, pour lequel est donné un prototype *rubri de *rubros,
est tout simplement un emprunt latin : moro robuir « maris
rubri »,
J. Vendryes.
Bibliographie. 475
III
Dr M. Hôfler. Orgànothèrapie bci Gallo-Kelten und Germanen. Leyde,
H. J. Brill, 191 2, 58 p. 8°, (tirage à part de la Revue « Janus »).
Poursuivant ses études de philologie médicinale, M. le Docteur
Hôfler vient de donner à la revue Janus, de Leyde (xvne année
[1912], pp. 3-19, 77-92, 192-216), un travail intitulé Orgànothèra-
pie bei Gallo-Kelten und Germanen. C'est un sujet qu'il connaît bien
et qu'il a déjà traité d'un point de vue général dans son ouvrage
Die volk$medi~xinische Orgànothèrapie und ihr Verhàltniss %um Kultopfer
(1908). Ce qu'il appelle l'organothérapie est une manière d'opéra-
tion magique, qui consiste à s'incotporer pour guérir un organe
malade l'organe correspondant d'un individu sain. Ce procédé tient
du totémisme, puisqu'il suppose qu'on attribue certaines vertus
sacrées au corps ou à une partie du corps d'un être vivant. Aussi
M. Salomon Reinach a-t-il pu dire en parlant des survivances du
totémisme chez les anciens Celtes (Revue Celtique, t. XXI, p. 304),
que pour « taire valoir tous les indices qui autorisent à reconnaître
une phase totémique dans le développement des religions de la
Gaule,... il faudrait notamment tirer parti des données de la méde-
cine populaire. » C'est à ce vœu que M. Hôfler a voulu répondre.
Il fait avec raison remonter le procédé thérapeutique en question
à l'observance primitive d'un rite. C'est le rite bien connu suivant
lequel à certaines époques fixes les hommes sacrifiaient leur totem
et s'en partageaient la chair pour se sanctifier; en temps ordinaire,
l'animal était tabou, on ne devait ni le manger, ni le tuer. Cette
communion avec le totem, destinée à procurer à l'homme les qua-
lités de l'animal, devient naturellement un moyen curatif lorsqu'il
s'agit de guérir un malade. De là l'intérêt qu'offre la médecine
populaire pour l'histoire du totémisme, et réciproquement. Chez
les Celtes, il est aisé de retrouver la trace de nombreux animaux
totems. M. Hôfler en dresse la liste ; il énumère quelques textes
qui en définissent le caractère, il réunit les superstitions dont ils
étaient l'objet, et marque le rôle qu'ils ont joué dans les traditions
médicinales. La liste est longue et comprend les animaux suivants :
le corbeau, l'ours, le chien, le loup, le renard, l'élan, le cerf, le
castor, le taureau, le bœuf, la vache, le veau, l'auroch, le sanglier,
le lièvre, le coq, l'oie, le canard, le cheval, l'âne, le serpent, la
grue, le cygne, le blaireau, la belette, la taupe, le hérisson, la sou-
ris, le rat, le cerf, le mouton, le chat, le lynx, différents .oiseaux,
4jé Bibliographie.
l'alouette, le moineau, le hibou, le coq de bruyère, l'hirondelle,
le pigeon ; des poissons comme le brochet, le saumon, la truite,
l'anguille; le lézard, la grenouille, le crapaud, le ver de terre, la
fourmi, l'abeille, La guêpe, la mouche. Dix figures, empruntées sur-
tout au recueil de M. Espérandieu, illustrent l'ouvrage.
Le vocabulaire des langues celtiques fournit naturellement à
M. Hôfler d'importantes données. Quelques détails appellent la
critique. Ainsi le même mot Matugenos est traduit p. 7 par « Bàren-
kind », ce qui parait exact, et p. 21 par « Sohn des Schweins »,
ce qui est faux : le radical matu- semble bien en celtique n'avoir
désigné que l'ours. L'opinion que Lugudunwn signifierait « ville
du corbeau » a été, comme on sait, contestée par d'Arbois de Jubain-
ville à plusieurs reprises (v. notamment Rev. Cclt., VIII, 169, IX,
267, X, 238). M. Hôfler a tiré, comme d'habitude, toutes ses con-
naissances en lexicographie et étymologie celtiques de Y Urkeltisêber
Sprachschatz, de Whitley Stokes. Malgré cela ce qu'il dit est parfois
inexact, et souvent incomplet. Il enseigne par exemple que le nom
celtique du cerveau est une traduction tardive du grec, ou qu'il
n'existe pas de nom celtique ancien pour le foie (p. 58); mais d'une
part l'irlandais inchinn et le gallois ymmenydd ont bien l'air d'authen-
tiques composés celtiques, et d'autre part l'irlandais ôa (ae) « foie ».
gallois afu « id. » supposent un prototype ancien. A côté de cela,
il oublie de mentionner nombre de mots, attestés dans les dialectes
celtiques modernes, et qui lui eussent fourni d'utiles enseignements.
Ainsi, il était bon d'indiquer que certains animaux, comme l'ours
ou le saumon, sont pourvus en irlandais d'un nombre de noms
vraiment considérable. Cela eût conduit M. Hôfler à tirer parti pour
sa thèse d'un argument important, qu'on s'étonne de ne pas même
le voir mentionner : je veux parler du rôle qu'ont joué les inter-
dictions de vocabulaire. Quand le nom ancien d'un animal a dis-
paru et se trouve remplacé par plusieurs synonymes variés, c'est
la meilleure preuve, M. Meillet Ta montré, que l'animal était tabou
(v. Quelques hypothèses sur des interdiction? de vocabulaire, Paris, 1906).
C'est toujours naturellement le côté linguistique qui est le moins
fort dans les travaux de M. Hôfler. La connaissance des littératures
celtiques lui fait aussi malheureusement défaut. S'il avait pu inter-
roger les textes, et surtout les recueils de folk-lore, il aurait trouvé
un nombre considérable de faits utiles qui eussent avantageuse-
ment accru ses listes et nourri ses développements.
J. Yendryes.
Bibliographie. 477
IV
L. Gougaud. Étude sur les Loricac celtiques et sur les prières qui s'en
rapprochent (extrait du Bulletin d'ancienne littérature et d'archéo-
logie chrétiennes, t. I [191 1], p. 265-281 ; t. II 1912], p. 33-41,
101-127).
On sait ce qu'il faut entendre par le mot lorica dans les traditions
celtiques. C'est « une prière de forme litanique, généralement pro-
lixe, écrite soit en latin, soit en langue celtique, dans laquelle on
réclame en termes pressants la protection des trois personnes
divines, des anges et des saints, contre les maux et les dangers spi-
rituels ou matériels, surtout contre ces derniers ». Telle est la défi-
nition que donne en tète de son étude M. L. Gougaud. Autrement
dit, la lorica « cuirasse » est une formule de protection, que l'on
adresse à Dieu et aux saints en cas de danger. La littérature irlan-
daise nous en a conservé un certain nombre, onze en tout, au
compte de M. Gougaud, parmi lesquelles la fameuse lorica de
saint Patrice ; il y en a deux en gallois ancien, et deux également
en latin, la lorica de Brendan et celle de Gildas. M. Gougaud donne
de chacune une bibliographie complète ; il joint à la liste quatre
anciennes prières, en latin, qui sans être de vraies loricae, four-
nissent avec les précédentes plusieurs points de comparaison. La
lorica-type est pour l'auteur la lorica de saint Patrice {Thés. Pal., II,
354-358); aussi l'analyse-t-il minutieusement pour définir la struc-
ture de ce genre de prière. On y doit distinguer huit parties : i°
une invocation à la Trinité et au Créateur du monde; 2° une adju-
ration où interviennent les événements de la vie du Christ; 30 un
appel aux mérites des saints; 40 une énumération des forces et des
beautés de la nature; 50 un appel direct à la protection divine; 6°
une énumération des dangers physiques et moraux ; 70 une litanie
adressée au Christ ; 8° une invocation finale à la Trinité. Cette com-
position, qui ne brille pas par l'ordre ni par la logique, est plus
ou moins bien respectée dans les autres loricae. En tout cas, la
plupart d'entre elles contiennent généralement une invocation à la
Trinité, un appel à la protection des saints et surtout une énumé-
ration des dangers que l'on redoute. L'énumération est même
la partie essentielle de la lorica, dont elle définit l'objet. Par là, on
peut aisément rattacher la lorica celtique à un type de formules
magiques et rituelles, comme on en trouve dans le folk-lore de la
47§ Bibliographie.
plupart des peuples. M. Gougaud, préoccupé de faire ressortir les
cléments celtiques de la lorica, ne met pas suffisamment en lumière
ce qu'il y a en elle d'humain, au sens général. Ainsi, p. 28, il
semble admettre que l'énumération minutieuse des parties du corps
qu'on veut protéger est particulièrement celtique. Qu'il ouvre donc
le recueil de M. Audollent; il trouvera en abondance dans les defi-
xionum tabellae des énumérations non moins longues, non moins
précises, et qui vont parfois, comme dans les loricae, « jusqu'à
l'indécence ». C'est qu'il est indispensable, quand on conjure les
puissances divines d'attaquer le corps d'un ennemi ou, ce qui
revient au même, de protéger le sien propre, de définir aussi exac-
tement que possible l'objet de la conjuration. « C'est comme un
contrat d'assurance où rien n'est oublié » ; le mot est de M. Gaidoz.
Mais M. Gougaud se montre enclin à faire trop bon marché des
éléments païens de la lorica. Il voudrait n'y voir qu'une prière
chrétienne ; il écarte l'idée que la lorica ait « pour prototype l'in-
cantation magique », que ce soit une « incantation démarquée ».
Nous lui accorderons sans peine que l'élément chrétien y domine ;
mais que le fond soit païen, il nous paraît difficile de le nier. La
lorica rejoint directement la conjuration desatharvans. Saint Patrice
a bien pu combattre les druides, et brûler leurs livres ; il n'a pas
détruit leur magie, ni anéanti leurs pratiques. La lorica est-elle donc
le seul exemple, surtout en Irlande, de traditions païennes colorées
d'esprit chrétien ? Et d'une façon générale, n'y a-t-il pas, depuis
l'origine, un vieux fond de paganisme, que les religions, même
les plus nobles, se sont incorporé, qu'elles se transmettent pieu-
sement d'âge en âge, et souvent même renouvellent ? Nous
posons la question à notre savant collaborateur, si bien informé à
la fois des choses religieuses et des choses celtiques.
J. Vendryes.
V
W. M. Likdsay. Early Welsh Script (Saint-Andrews University
Publications, n° X). Oxford, James Parker, 1912, 64 p. 8° (with
seventeen plates). 5 sh.
Grâce à M. J. Gwenogvryn Evans, il est aisé de se renseigner sur
l'écriture des manuscrits en langue galloise : ses reproductions en
fac-similé du Black Book of Carmarthcn ou du Book of Aneirin four-
nissent aux paléographes un instrument d'étude de premier ordre,
Bibliographie. 479
Mais les manuscrits en langue galloise ne remontent pas plus haut
que le xne siècle. Pour la période antérieure, où les scribes gallois
écrivaient en latin, tout moyen d'information faisait jusqu'ici défaut.
M. W. M. Lindsay a voulu combler cette lacune. Il consacre aujour-
d'hui à l'ancienne écriture galloise une monographie détaillée, qui
fait pendant à l'étude de l'ancienne écriture irlandaise, dont la
Revue Celtique a parlé t. XXXI, p. 392. C'est la même disposition
des matières, c'est la même 'méthode. Pas d'exposé systématique,
mais une énumération simple de neuf manuscrits typiques, choisis
avec soin, dont toutes les particularités sont minutieusement ana-
lysées. Ces manuscrits sont les suivants : i° VÊvangéliaire de Lich-
field, appelé aussi Evangéliairç de Saint-Chad, du nom de saint
Chadou Ceadda, patron de la cathédrale de Lichfield. C'est sans doute
le plus ancien manuscrit connu qu'ait tracé une main galloise ; mais
la date n'en est pas établie avec certitude. — 20 Un manuscrit d'Ox-
ford (Bibl. Bodl., Auct. F 4. 32), provenant de l'abbaye de Glas-
tonbury ; recueil composite, formé de quatre parties distinctes, dont
seules les deux dernières sont d'une main galloise : à savoir, le
Liber Commouei, copié pour un certain Commoneus en 817, et
un texte d'Ovide antérieur au xe siècle. — 30 VÊvangéliaire de Berne
(N° 671), qui date de la fin du ixe siècle et semble provenir du
Cornwall. — 40 Le manuscrit de Juvencus de la Bibliothèque de
Cambridge, bien connu par les gloses galloises qu'il renferme. Il
est dû à un scribe du nom de Nuadu, ce qui ferait croire à une
provenance irlandaise, et en effet parmi les gloses galloises se sont
glissés, comme on sait, quelques mots irlandais (cf. Thurneysen,
Rev. Celt., XI, 91). Mais, en général, l'écriture est galloise; on y
peut d'ailleurs distinguer plusieurs mains. — 50 Le fragment de
Comput de la Bibliothèque de Cambridge, qui contient un texte
vieux-gallois, édité l'an dernier, par M. Quiggin (Zeitsch. f. Celt.
Philol. VIII, 407; cf. Rev. Celt. XXXII, 509). — 6° Le Martianus
Capella de Cambridge (Corpus Christi Collège, n° 153), dû à un
grand nombre de mains et contenant une série de gloses galloises;
il n'est pas antérieur, dans ses parties les plus anciennes, à la fin du
ixe siècle. — 70 Les fragments de Leyde et de Berne, deux feuilles
détachées provenant d'un même original, de contenu apparemment
philosophique. Le fragment de Leyde comprend la « lorica » édi-
tée par M. Friedel dans la Zeitsch. f. Celt. Phil., II, 64; M. Lindsay
y compare les tablettes d'exécration sur plomb, mais oublie (p. 23,
n. 1) de renvoyer à l'ouvrage fondamental de M. Audollent. —
8° Le manuscrit d'Oxford (Bodl. 572), connu depuis Zeuss sous
le nom d'Oxoniensis Posterior. La première moitié seule, jusqu'au
4.00 Bibliographie.
f° 50 inclusivement, est de main galloise ; elle comprend d'ailleurs
quatre parties, de différentes écritures, mais qui semblent toutes
remonter au xe siècle. L'Oxoniensis Posterior renferme un certain
nombre de gloses, dont M. J. Loth a démontré l'origine galloise
(Rev. Celt., XIV, 70). — 90 Les manuscrits de Rhvgxfarcb, aunombre
de trois, conservés à Cambridge (Corp. Coll. 199), à Dublin (Trin.
Coll. A. IV. 20) et à Londres (Br. Mus.; Cotton Faustina C. 1).
Ils doivent leur nom à Ricemarch, fils de Sulien, évêque de Saint-
Davids de 1072 à 1085, et sont par suite de la fin du xic siècle.
De tout ces manuscrits, M. Lindsay fait une étude minutieuse,
précisée et complétée par l'addition de dix-sept planches fort bien
venues. La conclusion de cette étude est formulée à la page 40.
C'est qu'il va, non pas un seul, mais plusieurs types d'écriture gal-
loise, dont deux au moins s'opposent pleinement : un type d'écri-
ture ronde ( « round » ), particulièrement net dans le texte d'Ovide
d'Oxford ou dans les fragments de Levde et de Berne, et un tvpe
d'écriture aplatie (« flat-topped »), qui caractérise les manuscrits
de Rhygyfarch.
J. Vendryes.
VI
Sailm Dhaibhidh, d'réir lâimhscribhinne bunaidhe liam Bheidil,
easbog, ar n-a gcur in eagar do Shéan Og Mac Murchadha
Caomhânach, le réamh-râdh ô E.R. Mac G. Diocs(Les psaumes
de David d'après le manuscrit original de l'évêque Bedell, édités par
M. John Mac Morrough Kavanagh, avec un préface de M. E. R.
MacG. Dix). Dublin, Hanna andNeale, 1912. w-203 p. 2 s. 6 d.
Depuis que l'évêque protestant William Bedell, aidé de trois col-
laborateurs, traduisit en irlandais le texte de l'Ancien testament, de
nombreuses éditions de son œuvre ont été imprimées. La première,
faite aux frais de Robert Boyle, date de iési ; il parait qu'elle diffé-
rait déjà sur quelques points du manuscrit original. Les différences
se sont accrues avec le temps dans les rééditions successives, si bien
qu'une publication exacte du travail de l'évêque Bedell ne serait
pas sans utilité. M. Kavanagh se borne aujourd'hui à en publier
un fragment, les Psaumes de David, pensant avec raison que cette
partie des Écritures, étant la plus lue et la mieux connue de ses
compatriotes, leur fournirait des comparaisons plus variées et plus
instructives. C'est une heureuse inspiration, dont profiteront tous
bibliographie. .|Ni
les amis de la langue irlandaise. Le manuscrit de l'evèque Hedell,
conservé a la Marsh's Librarv de Dublin, est du second quart du
xvne siècle; la traduction des psaumes notamment était achevée en
1637. Nous avons dans ce document daté un essai de langue com-
mune, destinée à être entendue également dans toute l'Irlande ; et
c'est avec le Forus Feasa de Geofïrey Keating, mort en 1644, deux
ans après L'évêque Bedell, un monument important de l'irlandais
moderne. Il est donc inutile d'en souligner davantage l'intérêt.
J. Yen'dryes.
VII
A. Perceval Graves. Welsh Poetry Old ami Xar, in english verse.
London, Longmans Green and C° 1912. xlij-170 p. 8°. 2 s. 6d.
C'est l'amour des chants populaires qni nous vaut ce petit livre.
L'auteur, qui n'est ni gallois, ni « galloisant » de naissance, est un
fervent du folksong. Il a été séduit par les mélodies populaires,
dont le Pays de Galles offre, comme on sait, une abondante variété;
mais il a déploré que les paroles anglaises, adaptées à ces mélo-
dies par d'obscurs traducteurs, fussent en général si plates, si
ternes, si peu celtiques. Et il se mit lui-même à esquisser quelques
traductions, qui parurent dans divers périodiques et obtinrent le
suffrage des connaisseurs. Encouragé par ce succès, il se mit à l'é-
tude de la littérature poétique du Pays de Galles, et en tira un
recueil de morceaux choisis, qui embrasse tous les âges, depuis
l'époque héroïque d'Aneurin, de Taliessin et de Llywarch Hen
jusqu'à nos jours. Cynddehv, Dafvdd ab Gwilym y figurent digne-
ment; Ceiriog y occupe une place d'honneur; on y trouve jus-
qu'à Eifion YYynn, jusqu'à M. W. J. Gruffydd, notre collaborateur,
sans parler des bardes d Anglesey, Goronwy Owen au xvme siècle ,
et aujourd'hui, le professeur J. Morris Jones. Il nous est malaisé
de porter un jugement sur les vers anglais de M. Perceval Graves.
Ils s'écartent assez, par endroits, des originaux gallois. Mais ils
paraissent avoir un joli tour poétique ; leur rythme est raffiné, leur
langue abondante et riche. Pour tout dire d'un mot, M. Perceval
Graves nous semble encore meilleur poète que traducteur. Et c'est
là sans doute, pour le public auquel il s'adresse, un mérite prépon-
dérant.
J. Vendryes.
CHRONIQUE
Sommaire. — I. Mélanges offerts à M. Kuno Meyer. — IL Election de
M. Kuno Meyer à l'Académie de Berlin. — III. Etat de la langue irlan-
daise en Irlande. — IV. L'Irlande et le Home Rule, d'après Mrs. A.
Stopford Green. — V. Répertoire des publications relatives à la langue
et à la littérature irlandaises. — VI. H. Harrisson, Surnames of United
Kingdom. — VIL Le sens du latin argutus, d'après M. Ehrlich. —
VIII. Etymologies de M. Evald Lidén. — IX. L'œuvre d'Eugène Rol-
land. — X. Découverte de manuscrits bretons. — XL Un nouveau
périodique breton, Brittia. — XII. Une collection de proverbes en
breton de Vannes. — XIII. Troisième édition de la Légende de la Mort
de M. A. Le Braz. — XIV. La renaissance du théâtre breton. — XV.
Examens bretons de la Faculté des Lettres de Rennes. — XVI. Ouvrages
reçus.
I
La nomination de M. Kuno Meyer à l'Université de Berlin, dont
nous avons déjà entretenu nos lecteurs, est un événement impor-
tant dans l'histoire des études celtiques. MM. Osborn Bergin et
Cari Marstrander ont eu l'heureuse pensée de le célébrer. Ils ont
pris l'initiative d'un volume de Mélanges auquel ils ont convié les
celtistes de tout pays à collaborer. Plus de trente ont répondu à
leur appel. Le volume vient de paraître à Halle, chez l'éditeur
Niemeyer.
Nous en rendrons compte prochainement. Mais nous voulons dès
aujourd'hui adresser nos cordiales félicitations au donataire. Aucun
nom ne pouvait plus sûrement que le sien unir les sympathies et
rallier les bonnes volontés ; car c'est celui d'un chef d'école, dans
tous les sens du terme. Par l'exemple de sa féconde activité, il a
suscité aux études irlandaises de fervents adeptes ; il a dispensé à
tous sans compter les trésors de son érudition ; il a encouragé les
efforts de chacun avec une inlassable bienveillance. Et en même
temps, par la droiture de son caractère et le charme de son com-
Chronique. 483
nifcc, il a contribue plus que tout autre à maintenir entre les tra-
vailleurs cette bonne entente, cette confiance mutuelle, qui sont si
favorables aux intérêts de la science. N'est-ce pas un spectacle
touchant, à l'heure présente, de voir la petite phalange des cel-
tistes, sans distinction de nationalité, donner l'exemple d'une ému-
lation toute amicale et pacifique ?
II
Appelé à occuper le fauteuil de Zimmer à l'Académie de Ber-
lin, M. Kuno Meyer y a pris séance le 4 juillet 1912. Le discours
qu'il a prononcé à cette occasion, et celui par lequel M. Roethe,
secrétaire de la section philologique et historique, lui a répondu,
ont paru dans les Sit^ungsberichte der kôn. preussischen Akademie der
JVissenschaften, t. XXXIV (1912), p. 589-593. On y trouve
exprimé l'espoir que dans le pavs de Zeuss les études celtiques
ne périclitent pas. Cette éventualité n'est pas à craindre. Chacun
peut avoir confiance dans le maitre éminent appelé par l'Académie
à occuper la place d'honneur que la mort de Zimmer laissait
vide.
III
Le numéro du 10 août 1912 du journal Sinn Féin, « Nous-
mêmes », de Dublin, contient une bien intéressante statis-
tique. C'est la statistique du parler irlandais en Irlande, telle
qu'elle résulte du recensement de 191 1 comparé au recensement
de 1901. Il y manque toutefois les chiffres pour les villes de Bel-
fast et de Dublin, ce qui empêche de faire entrer en ligne de
compte les trois comtés d'Antrim, de Down et de Dublin. Pour
les vingt-neuf autres, les chiffres sont les suivants :
MCN'STER
1901 191 1
Comté de Cork 105 .716 83.898
» Kerry 71.669 60.719
» Gare 43 . 486 36 . 704
» Waterford 3 r . 600 23 . 820
» Tipperarv 9-735 10.020
» Limerick 14 . 060 13.533
Total 276.266 228.694
en moins : 47. 572.
Revue Celtique, XXXIII. ?2
4 84 Chronique.
COKXACHT
1901 191 I
Comté de Galway 108.870 98. 523
» Mayo 99.764 NS.601
» Sligo 17.510 15 .927
» Roscommon 15.372 10. 113
» Leitrim 4.004 3-923
245.520 217.087
en moins : 28.433.
Ulster
1901 191 1
Comté Je Armagh 4 . 487 2 . 792
» Cavan 5 • 4 "M 2 . 968
» Derry 3 . 476 4 . 029
» Fermanagh 1 . 005 1-563
» Monaghan 5 . 324 5 .430
» Tyrone 6.454 7 . 586
» Donegal 60.677 59 3 T 3
Total • 86 . 847 83.689
en moins : 3.158 (manquent les comtés d'Antrim et Down,
c'est-à-dire la ville de Belfast).
Leinster
1901 19 1 1
Comté de Carlow 222 1 .00S
» Kildare 1 . 198 1 . 677
» Kilkenny 3-568 3.264
» King's County 522 1-933
» Queen's Countv 405 1 .427
» Longford 340 9 1 5
j> Louth 3 . 204 3 . 760
» Meath 1.357 2 . 44 7
» Wexford 1 . 300 2 . 90 1
» Westmeath 691 2 .096
» W'icklow 631 1054
Total : 13 .438 22.482
en plus : 9.044 (manque le comté de Dublin, c'est-à-dire la
ville de Dublin).
Chronique.
485
Total général pour les 29 comtés : 551.37.1 individus parlant
irlandais en 191 1 contre 622.132 en 1901, soit une diminution de
70.75S. Si l'on tenait compte des trois comtés mis à part, la dimi-
nution serait sans doute un peu moindre. Belfast comptait, en
1901, 3.587 individus parlant irlandais, et Dublin 9.453 ; ces
nombres ont du augmenter.
Cette statistique comparative est complétée par celle de la popu-
lation qui ne parle qu'irlandais. La répartition en est la suivante :
1901
1911
Munster. Cork 1.067 558
Kerrv 2 . 495 1 . 891
Clare 326 166
Waterford 477 1 5 2
Tipperary 15 3
Limerick 7 1
Cokn'achï Galway 9 . 442 7 . 8 1 1
Mayo 2-529 1.5 18
Sligo 77 24
Roscommon 55 14
Ulster Armagh 2 o
Derry 4 o
Donegal 4-448 4-733
Leinstkr Queen's Countv 1 o
Westmeath 5 o
Total 20.950 16.841
L'examen de ces tableaux est évidemment affligeant. Il convient
toutefois d'en atténuer un peu l'impression mauvaise, en faisant
remarquer que, la population globale de l'Irlande ayant considéra-
blement diminué, le nombre des individus parlant irlandais a moins
diminué que le nombre de ceux qui ne parlent qu'anglais. Malheureu-
sement l'article du Simi Féin ne fournit pas les chiffres de la popu-
lation globale, mais il indique pour chaque comté le pourcentage
de la population qui parle irlandais. Or. on constate que ce pour-
centage s'est légèrement élevé dans deux comtés, celui de Leitrim
et celui de Donegal, où cependant le chiffre total des individus
parlant irlandais a diminué. Ce qui revient à dire que l'Irlande a
perdu en ces dix dernières années un peu plus de sujets parlant
anglais que de sujets parlant les deux langues.
Un autre résultat intéressant des statistiques précédentes est d'in-
486 Chronique.
diquer sur quels terrains l'irlandais recule ; on constate que c'est
surtout dans les régions occidentales du Munster et du Connacht,
qui ont été de tout temps des régions gaéliques ; là l'anglais
pénétre de plus en plus, entame et réduit les réserves de la langue
celtique. En revanche, l'irlandais s'étend au Nord et a l'Est ; le
comté de Donegal offre même ce fait curieux, que le chiffre des
individus ne parlant qu'irlandais y a augmenté. Evidemment, cela
indique un mouvement de population de l'Ouest au Nord et à
l'Est ; il v a émigration à l'intérieur, dans les limites mémo de
l'île.
Cette émigration parait dangereuse pour le celtique. Car en
pénétrant dans des régions où l'anglais depuis longtemps domine,
les Irlandais unilingues sont exposés à devenir plus rapidement
bilingues, et les bilingues à sacrifier plus volontiers leur propre
langue a l'anglais. Toutefois, elle offre aussi un avantage, c'est
d'effacer les différences dialectales et de contribuer à la créa-
tion d'une langue commune par le mélange des individus. C'est
aux directeurs de l'instruction populaire à tirer parti de cet avan-
tage, aux chefs de la Gaelic Leaguc, aux maîtres de la School of
Irish Learniiig. Peut-être le Home Rule viendra-t-il bientôt leur
apporter un nouvel et précieux appui.
IV
Sur « l'Irlande et le Home Rule » la Revue de Paris a publié,
dans sa livraison du 15 septembre 1912, p. 423-44S, un remar-
quable article, signé Alice Stopford Green. Nous y avons retrouvé
les qualités de pensée et de style, justement appréciées l'année
dernière dans Y Irish Nationality du même auteur (v. Rev . Celt.,
t. XXXII, p. 484). Mrs. Green possède un réel talent d'histo-
rien : elle voit les faits d'un coup d'œil large et précis à la fois,
elle saisit avec justesse l'enchaînement des causes, elle s'exprime
en une langue claire, terme, entraînante. La lecture de son article
est un plaisir pour l'esprit.
Un plaisir a tous égards. Car en analysant les éléments du pro-
blème, un démêlant les intérêts, les sentiments en présence, l'au-
teur laisse entrevoir le succès du Home Rule, ou d'un compromis
qui y ressemble, comme la solution fatale de la crise actuelle. Et
ce sera pour l'Irlande le commencement d'une ère nouvelle, où la
vieille race celtique reprendra conscience d'elle-même dans l'indé-
pendance et la dignité. On pourra citer parmi les grandes dates
de l'histoire nationale celle du 11 avril 1912, où le cabinet anglais
a soumis aux Communes le nouveau Home Rule Bill.
Chronique. .(87
Il faut dire que si le projet de M. Asquith a de sérieuses chances
de succès, il le doit pour une large part à son auteur. Ce projet
témoigne d'un véritable progrès sur les Jets de 1886 et de 1893 ;
il est plus courageux, plus avancé d'esprit, et en même temps plus
ingénieux, plus subtil dans ses dispositions, plus souple. M. As-
quitb a fort bien vu l'intérêt qu'il y avait du point de vue anglais,
à améliorer le gouvernement de l'Irlande et, partant, le sort de la
« nation irlandaise ». Il v a pour l'Angleterre, à l'adoption du
Home Rule Bill, des nécessités à la fois constitutionnelles et finan-
cières : il s'agit d'une part de soulager l'activité du Parlement du
Rovaume-Uni, de le délivrer du fardeau intolérable des préoccupa-
tions secondaires de la politique irlandaise ; et d'autre part il faut
adapter les finances irlandaises aux besoins irlandais pour obliger
le pavs à être plus économe et ne pas contraindre l'Angleterre à
combler, comme elle fait depuis quelques années, le déficit irlan-
dais. Ces nécessités sont reconnues et senties de plus en plus.
Mrs. Green nous montre le fossé qui séparait jusqu'ici Unionistes
et Libéraux en train de s'aplanir et les deux partis également dési-
reux de résoudre définitivement le problème irlandais.
C'est d'Irlande même que viendraient .plutôt les difficultés. On
sait que si les catholiques, qui s'élèvent au nombre de 3.238.656,
sont tous nationalistes et favorables au Home Rule, les protestants
n'y sont pas moins ardemment unionistes et hostiles au projet.
Or, il y a 1. 13 6. 000 protestants en Irlande, dont 575.487 angli-
cans (épiscopaliens) et le reste presbvtérien. Et l'une des quatre
provinces d'Irlande, celle du Nord-Est, l'Ulster, compte 886.000
protestants contre 690.000 catholiques. L'Ulster esthostile au Home
Rule, hostile à la langue irlandaise, hostile à toute mesure qui
favoriserait les catholiques irlandais ; les protestants d'Ulster se con-
sidèrent comme formant une nation à part, différente du reste du
pavs, comme une colonie britannique en Irlande, comme des
« Anglais résidants ». Belfast est la citadelle où s'organise la résis-
tance. Mrs. Green ne croit pas cependant que cette résistance soit
effective, et surtout durable. Sans doute l'intérêt des commerçants
de Belfast serait plutôt dans le statu quo ; et les protestants d'Uls-
ter se résigneront difficilement à perdre les bénéfices d'une situa-
tion privilégiée qui dure depuis plusieurs siècles. Mais le statu
quo est devenu impossible ; et Mrs. Green espère que, différences
confessionnelles à part et grâce à quelques concessions accordées
par les privilégiés, tous les partis s'entendront au profit d'une
Irlande nouvelle, forte, prospère et unifiée. Il faut lire les raisons
qu'elle donne. Il faut lire tout son article ; c'est l'exposé complet
488 Chronique.
et impartial du problème le plus attachant de l'histoire moderne
des Celtes.
La National Library of Ireland est sur le point d'éditer un réper-
toire général des publications relatives à la langue et la littérature
irlandaises, jusqu'à la fin du x'ix^ siècle. C'est un colossal travail
bibliographique qui comprendra plus de 300 pages et qui rendra
de bien grands services aux celtistes. lia été confié à M. R. I.
Best; ce nom seul est une garantie d'exactitude et de probité. Nous
avons reçu une épreuve spécimen, qui fait bien augurer de l'ou-
vrage ; il sera, espère-t-on, prêt à paraître à la Noël de cette
année.
VI
Il y a beaucoup de mots d'origine celtique dans le dictionnaire
étymologique de noms propres anglais que publie M . Henrv Har-
risson sous le titre Surnames ofthe United Kiugdoni, a concise etxmo-
logical dictionary (London, The Eaton Press, 191 2). A en juger par
le spécimen qui nous en a été adressé, le travail est sérieu-
sement fait et mérite d'être recommandé à nos lecteurs.
VII
Dans un livre excellent, plein d'ingéniosité et de science, inti-
tulé Untersuchungen iiber die Natur der griechischen Belonung (Ber-
lin, Weidmann, 1912), M. Hugo Ehrlich traite en passant de l'éty-
mologie du mot argîdus. Ce serait, suivant lui, un parent du
védique joguve « parler haut, proclamer », du vieux slave govon
« bruit », du grec yô(f)oç « gémissement », de l'ombrien kutef
« murmurant »; il aurait dû ajouter : de l'irlandais gutb « voix ».
L'adjectif argûtus de *ari-gùto- signifierait proprement « à la voix
forte, bavard, beau parleur ». C'est le seul sens qu'il ait en effet à
l'époque archaïque, où il ne se dit que des êtres animés ; plus tard
à partir de Cicéron, on l'emploie pour traduire l'idée d'« éclatant,
intelligent, spirituel ».
Cela permet de mieux interpréter la fameuse phrase de Caton
sur les Gaulois ; arguie loqui n'implique pas le talent de l'éloquence
ni l'esprit : Caton ne veut pas dire que nos ancêtres fussent de bril-
lants orateurs, mais que c'étaient des bavards. Ainsi en décide
M. Ehrlich, d'après le sens du mot en latin archaïque, conforme à
l'étymologie.
Chronique. $9
VIII
M. Evald Lidén, professeur a l'École supérieure de Gôteborg
( Suède), est à l'heure actuelle sur le domaine de la linguistique indo-
européenne un des étymologistes les plus habiles et les mieux infor-
mes. Il vient de publier dans le Monde Oriental, t. V (191 1), p.
195-203, des Baltiscb-Slavische Worterklârutigen, dont quelques
détails intéressent le celtique.
Ainsi, il repousse, p. 201, tout rapport entre le vieux-prussien bita-
« soir » et le moven-irlandais bé « nuit » (K. Meyer, Conlrib., p.
188). Ce rapprochement avait été proposé par M. Zupitza. Gerni.
Gutt., 82. Pour M. Lidén, bita- serait un composé de la racine *«-
« aller » et désignerait le coucher du soleil, comme le latin obiius,
avec un préfixe *bhi qui serait à abbi ce que po est à apo.
P. 195, il parle du lituanien kis-Jcà « muscle du mollet »; il l'ex-
plique par *qisqâ- et y rattache le hollandais bij%e « muscle », de
*qeis-â-. Nous croyons qu'il ne faut pas serrer de trop près la for-
mation de mots de ce genre et qu'il convient surtout de ne pas cher-
cher à les rattacher à une racine verbale. Ils font partie des mots
expressifs; kiskà notamment doit appartenir à une série de mots,
caractérisés par la répétition d'une gutturale et désignant en géné-
ral une partie charnue du corps; cf. lat. coxa, irl. coss, skr. kâksa-,
kaksi-, irl. cich « sein », coche « clunis », caiebme a poitrine », etc.
IX
Nous avons reçu de M. Henri Gaidoz une brochure de 46 pages
intitulée « Eugène Rolland et son œuvre littéraire » (Paris, 191 2 ;
extrait du tome XI de Mélusine). Eugène Rolland, mort le 24 juil-
let 1909 à l'âge de 63 ans, fut tout simplement le rénovateur des
études de folk-lore en France. Son nom mérite de rester attaché
à celui de la revue Mélusine qu'il fonda et dirigea de concert avec
M. Gaidoz, et où il y a tant de renseignements précieux pour les
celtistes. Mais son œuvre principale est une œuvre lexicographique,
relative à la Faune et à la Flore populaires, vaste répertoire qu'il
n'eut malheureusement pas la joie de voir terminé. Dans la bro-
chure que lui consacre M. Gaidoz, on trouvera sur son activité
scientifique, sur sa vie et celle de quelques autres, maint détail
instructif et piquant. Rolland était un érudit laborieux et modeste,
de caractère indépendant, ennemi des intrigues et des chicanes. Il
490 Chronique.
vécut à l'écart des savants officiels, méconnu des académies. Mais
il eut des amitiés. Celle de M. Gaidoz, qui ne se démentit jamais
durant sa vie, lui reste, par delà le tombeau, jalousement fidèle.
Pour défendre sa mémoire, s'il en était besoin, cet homme simple
et doux n'aurait pu rêver champion plus passionné, plus impi-
toyable.
X
M. L. LeGuennec, dans le tome XXXIX du Bulletin de la Société
archéologique du Finistère, signale la découverte qu'il a faite au châ-
teau de Lesquiffiou en Plevber-Christ, Finistère, d'une collection
de 26 mvstères, tragédies et manuscrits bretons acquise sans doute
par feu le marquis de Lescoet décédé en 1871, père du propriétaire
actuel de Lesquiffiou et. de son vivant, bibliophile distingué. Voici
les titres de ces pièces : Chedoni et Rosalba (25), Création du
Monde (1), Saint Garan (14), Saint Guénolé (13), Saint Guigner
(16), Sainte Hélène (20), Jacob et ses fils (2), Saint Jean-Baptiste
(n), Destruction de Jérusalem (9), Jérusalem délivrée (23) poème
adapté du Tasse, Le jugement dernier et l'Antéchrist (10), Saint
Julien (6), Louis Eunius (18, 19), Saint Malargé (26), Moïse (3),
La Passion (4, 5, 6), Saint Patrice, avec Louis Eunius (17), Saint
Pierre (12), La Résurrection (7, 7 bis), Robert le Diable (22),
Ruffo chef-brigand (24), Trépassement de la Vierge (8), Sainte
Trvphine et le roi Arthur (15), Saint Yves (21), biographie versi-
fiée par Jean Conan. C'est la plus riche collection particulière qu'on
ait découverte jusqu'ici.
M. Le Guennec fait connaître ce que ces pièces contiennent d'in-
téressant pour l'histoire du théâtre breton : prologues, épilogues,
scènes comiques, annotations de copistes, en particulier de Jean
Conan ; il y ajoute l'indication de représentations données sur une
autorisation du bureau municipal de Morlaix du 20 février 1792;
l'acte de décès de Tanguy Guégen (20 juillet 1632); un extrait du
Livre de comptes du sieur de la Haye mentionnant entérines vagues
le 3 juin 1576 une représentation de mystère à Lampaul (sans
doute Lampaul Guimiliau).
XI
On nous adresse le premier numéro (septembre 1912) d'un nou-
veau périodique breton, brittia, bulletin mensuel d'études et d'action
nationale bretonnes (Port-Louis, 13, rue de la Marine; 4 fr. par an).
Chronique. 191
Le fondateur-directeur en est M. Yves Le Diberder, qui indique
dans la préface le but qu'il se propose. C'est de 0 refaire de la Bre-
tagne une nation, et une nation celtique»; c'est de « reprendre
avec méthode la vieille lutte qui se poursuit depuis dix siècles
entre l'esprit roman et l'esprit celtique », afin que « ce soit l'esprit
celtique qui domine sans conteste ». M. Le Diberder est jeune;
il n'a que vingt-cinq ans, nous apprend-il p. 23. Et il est bien de
son temps. Son initiative est une manifestation nouvelle de ce
réveil des nationalités, qui caractérise jusqu'ici le vingtième siècle.
La Revue Celtique, dont les préoccupations sont purement philo-
logiques et qui s'abstient de prendre parti dans les polémiques d'ac-
tualité, ne mentionnerait pas l'existence de Britiia, si M. Le Diber-
der ne faisait porter son effort de militant sur le terrain linguistique.
C'est en encourageant la pratique de la langue bretonne qu'il pré-
tend travailler au relèvement national de sa province. Prétention
très légitime, car la langue est la condition même et la sauvegarde
de la nationalité. Comme le dit un des rédacteurs de Britiia, M. J.
Calloc'h (Bleimor), « avec notre foi, notre langue est désormais
la seule barrière que nous puissions opposer à l'envahissement des
idées françaises, idées mortelles aujourd'hui, et qui ont tôt fait d'em-
poisonner l'air dans lequel on les laisse en paix flotter » (p. 9).
Britiia sera donc accueillante aux articles en langue bretonne, et
de fait sur les 24. pages que comprend le premier numéro, 6 sont
rédigées en breton. Signalons notamment (p. 10-14) le début d'une
traduction bretonne du célèbre récit irlandais Longes mac n-Usnig
« Exil des Fils d'Usnech » (Irische Texte, I, p. 67). Mais pourquoi
cette traduction a-t-elle été faite en vannetais? Parce que M. le
Diberder habite Lorient? Ce n'est pas une raison suffisante. Et les
partisans de la campagne qu'entame Brittia regretteront sans doute
que leur « organe » ne puisse commodément se faire entendre des
Bretons du Finistère et des Côtes-du-Nord.
XII
M. l'abbé P. Le Goff, un des auteurs de la Grammaire bretonne
du dialecte de Vannes, a réuni depuis quelques années dans la Revue
Morbihaunaise une collection de proverbes de son pays. La collec-
tion est terminée et vient de paraître en volume, sous le titre Pro-
verbes bretons du Haut-Vannelais (Vannes, Aurax, Baud, Pontivx).
Vannes, Lafolye, 1912, 151p. 8°. Le texte breton est accompagné
d'une traduction française. Nous avions déjà une collection de pro-
492 Chronique.
verbes et dictons de la Basse-Bretagne, réunie par L. F. Sauvé et
publiée par lui dans les premiers volumes de la Revue Celtique (t.
I, p. 243, 400 ; t. II, p. 78, 218, 361 ; t. III, p. 60, 192) ; ces pro-
verbes provenaient exclusivement du pays de Léon. Pour le Tré-
corois, une collection moins riche, mais fort estimable encore, due
à l'abbé J. Hingant, a paru en 1899 (Krenu-lavariou Bro-Dreger,
dastumet gant an aotrou Hingant, belek ; Saint-Brieuc, Fr. Guvon ;
ext. des Mémoires de la Société d'Emulation des Cotes-du-Nord). Enfin
chacun connaît le recueil publié par Brizeux sous le titre Furue~
Breii « sagesse de Bretagne ».
La collection de l'abbé Le Goft" est la plus considérable, après
celle de L. F. Sauvé, dont elle suit l'ordre et reproduit les divi-
sions. C'est une précieuse contribution à la « parémiologie » bre-
tonne, comme disait Sauvé, et d'une façon générale, au folk-lore.
L'esprit breton s'y montre sous tous ses aspects, lyrique et badin,
sentimental et moqueur, parfois délicat, souvent grossier, toujours
original.
XIII
La Légende de la Mort chéries Bretons armoricains de M. Le Braz,
dont la seconde édition remonte à peine à dix ans, vient de paraître
en troisième édition (2 vol., Paris, Champion, 1912). Beau succès,
pleinement justifié. Entre toutes les bretonneries, dont s'est parée
depuis une trentaine d'années la littérature française, celle-ci est la
plus sincère et la mieux réussie. M. Le Braz n'y a pas déployé seu-
lement les richesses de son grand talent d'écrivain, le charme péné-
trant de sa prose fluide et chantante; il a voulu faire oeuvre docu-
mentaire et a plié son imagination à travailler sur nature. Il s'est
penché sur le cœur de la vieille Bretagne pour en saisir les moindres
battements; il a recueilli sur de pauvres lèvres le souffle de la voix
du passé. Pendant près de quinze ans, il a parcouru le pays en tout
sens, notant les superstitions, les usages, transcrivant les com-
plaintes, suscitant parmi les artisans, les paysans, les marins, les
mendiants, de précieux collaborateurs. En livrant leurs noms au
public, il les associe à son succès, ces humbles qui lui ont livré
leur trésor. C'est Pierre Le Goff d'Argol, Fantic Omnès de Bégard,
et tant d'autres, parmi lesquels deux noms reviennent avec insis-
tance, ceux de Marie-Cinthe Toulouzan et de la vieille Lise Bellec,
couturière au Port-Blanc, à laquelle on inaugurait un monument
le 10 août dernier dans le cimetière communal.
La Bretagne est la terre par excellence de la légende de la mort,
Chronique. 493
car la conscience populaire y est naturellement orientée vers les
choses de l'au-delà. Les vivants sont mêlés aux morts, au peuple
immense des âmes en peine, qu'on appelle Yaiiaon. Et la mort
elle-même, personnifiée dans YAnkou, circule sans cesse parmi les
vivants, grave et familière. On rencontre l'Ankou à chaque détour
de la route, où il observe et guette les passants; on le retrouve à
chaque coin de la maison. Sa voix est triste et douce à la fois : c'est
vraiment le fantôme dont parle le poète,
Qui caresse notre àme et cependant l'effraie.
M. Le Braz a trouvé les mots qu'il fallait pour exprimer la
mélancolie et le mystère des conceptions bretonnes de l'au delà. Il
v a beaucoup d'art dans la forme simple de ses courts récits ;
beaucoup aussi dans la disposition même du livre. Ces répétitions,
ces redites, ce caractère fragmentaire 'augmentent encore la forte
impression qu'il produit. On éprouve à le lire un frisson tout parti-
culier qui n'est pas sans charme ; on se sent gagné soi-même à
croire à ces belles légendes, d'une grandeur si tragique, et si pro-
fondément humaines. M. Dottin a prêté à M. Le Braz le concours
de son érudition ; il a joint au texte d'abondantes notes, où l'on
trouvera de savantes comparaisons avec les autres littératures cel-
tiques.
XIV
L'Ankou joue son rôle, et un rôle important, dans la littérature
dramatique de la Bretagne. Même quand il ne figure pas dans la
liste des personnages, il est sur la scène, invisible et présent, comme
dans la vie. Si nombreux et cruels que soient ses coups, il est
cependant quelqu'un qui lui échappe, qui persiste à vivre malgré
tout et se porte même de mieux en mieux, c'est le théâtre breton
lui-même.
Singulière fortune que celle du théâtre breton. Dès la fin du
Moyen-Age, il y a en Bretagne un foyer dramatique. Le plus ancien
monument de la littérature bretonne est un drame, la Vie de Sainte-
Nonne, du xve siècle (éd. Ernault, Rev. Celt., VIII, p. 230), bien-
tôt suivi de deux autres : la Passion (1 530) et la Vie de Sainte-Barbe
(1557), le premier édité par H. de la Yillemarqué sous le titre pom-
peux de « Grand Mystère de Jésus » (Paris, 1866), le second par
M. Emile Ernault (Nantes, 1885). Ensuite '.ient une abondante
collection de pièces, en grande partie encore manuscrites, parmi
lesquelles brille d'un éclat particulier Sainte Tryphine et le Roi Arthur,
194 Chronique.
de la seconde moitié du xvne siècle, chef d'oeuvre édité par Luzel à
Quimperlé en 1863. La plupart de ces œuvres, il est vrai, sont ins-
pirées, parfois même traduites du français. Elles n'en sont pas moins
devenues bretonnes par tout ce que les interprètes y ont mis de
personnel et de local, et surtout par le succès qu'elles ont obtenu
et gardé auprès des spectateurs. A la lin du xvne siècle, le théâtre
breton restait florissant; les auteurs, les acteurs, les organisateurs
de spectacles rivalisaient de zèle et d'entrain. On trouvera dans
V Histoire du théâtre celtique de M. Le Brazla description pittoresque
des représentations populaires qui se donnaient à Morlaix ou à
Ploumiliau en plein xixe siècle.
La tradition parut un moment s'évanouir. Elle sommeillait seu-
lement, car elle se réveille de nos jours, plus vivace que jamais,
comme nous l'apprend M. Gustave Cohen dans une agréable étude
sur la Renaissance du théâtre breton (extraite du Mercure de France,
1912; 45 p.). Ainsi qu'il arrive toujours dans l'histoire littéraire,
cette renaissance est une œuvre individuelle; elle a pour principal
promoteur l'abbé Joseph Le Bayon.
M. Le Bayon, né en 1876 à Pluvigner (Morbihan), est un Yanne-
tais. Passionné des choses du théâtre non moins que des traditions
bretonnes, il s'essaya dès le collège à composer des sônes et des
pièces dramatiques dans son dialecte natal. En 1902 il publiait les
Sonnenneu hur hro-ni (Vannes, Lafolye) et faisait représenter son
premier drame En Euiru Kériolct. La troupe qu'il avait organisée,
qu'il dirigeait et soutenait de son zèle, devint bientôt célèbre dans
toute la Bretagne; les « Gars de Pluvigner » Pautred Sant-Guigner,
dépassaient ce qu'avaient fait de mieux les troupes, pourtantillustres,
de Morlaix et de Ploujean. Depuis, le théâtre de Sainte-Anne
d'Auray s'est affirmé comme l'Oberammergau breton. M. Le Bayon
y a fait représenter d'autres drames encore de sa composition,
Nikolanc, par exemple et cette année même, au mois de septembre
dernier, Boeh er Goéd « la voix du sang », qui a pour sujet la para-
bole de l'enfant prodigue, et dont on dit le plus grand bien.
XV
La Faculté des Lettres de l'Université de Rennes a institué
depuis peu des examens, conférant des diplômes d'études celtiques.
Nous avons demandé à notre ami M. Dottin, réminent doyen de
la Faculté, de nous en faire connaître les conditions. Nous repro-
duisons ci-dessous le programme qu'il nous a envové.
Chronique. 493
FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITE DE RENNES
DIPLOMEE D ETUDES CELTIQUES
Article 1. Il est institué près de la Faculté des Lettres de Rennes
un diplôme d'études celtiques, et un diplôme supérieur d'études
celtiques.
Article 2. Les examens de ces diplômes comprennent des épreuves
écrites et des épreuves orales.
Diplôme d'études celtiques
a. Epreuves écrites : 1° Version bretonne.
2° Thème breton.
b. Epreuves orales : i° Lecture et explication d'un texte bre-
ton.
2° Interrogation sur les littératures et les
peuples celtiques.
Diplôme supérieur d'études celtiques
a. Épreuves écrites : i° Thème breton (ou traduction de gal-
lois ou d'irlandais en breton).
20 Version irlandaise ou galloise (langue
moderne).
b. Épreuves orales : i° Explication d'un texte ancien et d'un
texte moderne dans une des langues
celtiques indiquées par le candidat.
20 Interrogation sur les littératures et les
peuples celtiques.
30 Interrogation sur un cours professé à
la Faculté et intéressant le celtique
(par ex. l'histoire, l'art, la grammaire
comparée, etc).
Article 3. La liste des textes sur lesquels portent les interrogations
sera publiée chaque année.
Article 4. Nul ne sera admis à subir l'examen s'il n'a été régu-
lièrement immatriculé à la Faculté des Lettres pendant un an.
Article 5. Le Jury se compose de trois membres.
Article 6. Le diplôme, délivré par le président du Conseil de l'Uni-
49» Chronique.
versité, sera revêtu de la signature du Doyen et de celles des pro-
fesseurs membres du Jury.
Les droits à percevoir pour ces diplômes sont de :
30 fr. 25 pour le diplôme d'études celtiques,
éo fr. 25 pour le diplôme supérieur d'études celtiques.
Rappelons en outre que la Faculté des Lettres de l'Université de
Rennes délivre des diplômes de doctorat d'Université, aux conditions
suivantes :
FACULTE DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ DE RENNES
DOCTORAT DE i/UNIVERSITÉ DE RENNES
Tout candidat désirant obtenir le Doctorat de l'Université de
Rennes devra avoir suivi les cours pendant six semestres (soit trois
années scolaires) dans une Université ou Ecole supérieure, française
ou étrangère; deux de ces semestres devront être passés à l'Univer-
sité de Rennes avec présence effective1. Des dispenses d'assiduité
peuvent être accordées.
L'examen écrit comporte une thèse entièrement inédite sur une
des matières suivantes : philosophie, philologie, linguistique, litté-
rature, histoire, géographie, littérature étrangère. La thèse pourra
être rédigée en français, latin, anglais, allemand ou breton.
L'examen oral comporte la soutenance en français de cette thèse
et la réponse à trois interrogations sur une ou plusieurs des matières
spéciales enseignées à l'Université et choisies par le candidat.
Le sujet et le plan de la thèse devront être soumis à l'approba-
tion de la Faculté. Le manuscrit de la thèse sera remis au doyen.
Celui-ci désignera un ou plusieurs professeurs de la Faculté qui
examineront le manuscrit et décideront si le travail mérite d'être
imprimé et présenté à la soutenance publique. Si leur avis est favo-
rable, le doyen accordera le permis d'imprimer. La thèse sera alors
imprimée et 130 exemplaires en seront déposés au Secrétariat de la
Faculté des Lettres.
Droits d'examen.
Doctorat 200 fr. 2 5
] . Les droits d'immatriculation pour le doctorat de l'Université sont de
90 francs 75 centimes. Cette somme pourra être payée en trois fois si le
candidat suit les cours pendant trois ans, ou en une seule fois, si le caudi-
dat ne passe qu'une seule année à l'Université de Rennes.
Chronique. 497
XVI
Ouvrages reçus, dont il sera rendu compte ultérieurement :
R.Thurneysen. Zu irischenHandscbriftenuni Litteraturdenkmàlern ,
Berlin, Weidmann, 19 12, 97 p. 40.
Hubert Pierquin. Le poème anglo-saxon de Beoiuulf. Paris. Picard,
1912. iv-846 p. 8°.
Miscellany presentedjo Kuno Meyer by some of his friends and
pupils on the occasion of his appointment to the chair of Celtic
philology in the University of Berlin, edited by Osborn Bergin
and Cari Marstrander. Halle, Niemeyer, 1912. v-487 p. 8°. 16 M.
Georg Wilke, Sùdwesteuropaisehe Megalitbkultur und ihre Beije-
hungen jjim Orient, Wùrzburg, C. Kabitzsch, 1912. iv-181 p. 8°.
7 M. 50.
J. Yendryes.
PÉRIODIQUES
Sommaire. — 1. Zeitschrift fûrçeltische Philologie. — II. Sitzungsberichte
der kôn. pr. Akademie der Wissenscliaften. — III Proceedings of the
Royal Irish Academy . — IV. Gadelica. — V. Zeitschrift fur vergleicheude
Sprachforschung. — VI. American journal ofPhilology. — VII. Fureteur
breton. — VIII. Annales de Bretagne. — IX. Romania. — X. Analecta
Bollandiana. — XI. Folk-lore. — XII. Revue des Traditions populaires. —
XIII. L'Anthropologie. — XIV. Praehistorische Zeitschrift. — XV.
Mannus. — XVI. Beitrâge zur Anthropologie und Urgeschichte Bayerns.
— XVII. Revue Préhistorique de l'Est.
I
Le troisième cahier du tome VIII de la Zeitschrift fûrçeltische
Philologie est orné d'un beau portrait de Ludwig-Christian Stern ;
et M. Kuno Meverv retrace, p. 583-587, la biographie de son regretté
collaborateur.
Le cahier débute par deux longs articles de M. R. L. Ramsay,
Théodore of Mopsuestia and Saint Columban on the P saints (p. 421-
451) et Théodore of Mopsuestia in England and Jreland (p. 452-497).
Théodore, évêque de M6«J/ou 'Eç-ctot en Syrie, vivait entre 350 et
428 ; il est connu pour avoir écrit à la fin du ive siècle un commen-
tairesurles psaumes, conservé fragmentairement, dont on retrouve
l'inspiration dans la traduction des 50 premiers psaumes en west-
saxon. attribuée à Alfred le Grand. L'esprit qui anime cette traduc-
tion révèle en effet une liberté d'allure, une fantaisie d'interpréta-
tion, qui contraste par exemple avec l'orthodoxie scrupuleuse et
aveugle de la traduction allemande de Notker. Et dans les courtes
notices, dont chaque psaume est précédé dans la traduction saxonne
se reconnaît, plus manifeste encore, l'esprit d'indépendance de l'é-
vèque syrien, exégète hardi, précurseur du Nestorianisme, et qui
finit par être condamné au concile œcuménique de 553. Toutefois
Périodiques. 499
il est certain que le traducteur saxon ne puisa pas directement à la
source originale et fut hérétique sans le savoir. Il y eut des inter-
médiaires, parmi lesquels le commentaire intitulé /;/ Psalmorum
Ubrutn exegesis, attribué àBède(Migne,Pfl/r. Lut., XCIII). L'ouvrage
de Théodore eut un succès considérable ; on en fit des versions et
des adaptations en plusieurs langues, notamment en syriaque et en
latin. M. Ramsay est d'avis que les commentaires sur les psaumes
en vieil-irlandais, dont nousavons deux exemplaires, l'un, fragmen-
taire, en prose(K. Mever. Hibern. Minora, 1894), l'autre, abrégé, en
vers (id. dans la Z. /. Celt. Phil. I, 497 et III, 20), et qui se rat-
tachent tous les deux au monastère de Bobbio, dérivaient aussi de
l'œuvre de Théodore et ont pu servir de source au travail du tra-
ducteur saxon. Les deux articles qu'il publie ont pour objet de
démontrer cette opinion. Il commence par établir la doctrine de
Théodore, telle qu'on peut la reconstituer d'après les fragments
conservés ; puis il en précise l'influence sur les textes syriaques et
en poursuit l'extension à l'église occidentale dans l'école fondée à
Bobbio par Saint Colomban en 608. Trois manuscrits provenant
de Bobbio, conservés aujouid'hui à Milan et a Turin, présentent
quatre séries d'extraits du commentaire de Théodore. Le manuscrit
de Milan est celui qui renierme les précieuses gloses en vieil-irlan-
dais ; peut-être le commentaire latin qu'il contient est-il l'œuvre
de Saint Colomban lui-même. En tout cas l'influence de Théodore
y est manifeste. C'est donc par Bobbio que passa la doctrine de
Théodore pour gagner l'Europe occidentale. Une minutieuse ana-
lyse de 1'/// Psahiiovum librum exegesis. des commentaires en vieil-
irlandais cités plus haut et enfin de la traduction en west-saxon
permet à M. Ramsav d'en établir avec certitude la transmission et
l'itinéraire : d'abord l'Irlande, et ensuite la Grande-Bretagne, où
on en retrouve encore des traces au xie siècle, plus de 600 ans
après la mort du grand exégète syrien.
L'article suivant dans la Zeitschrift est consacré au Tochmarc Emire
(p. 498-524); il a été préparé dans les conférences de M. Thurney-
sen. à Fribourg en Brisgau, par MM. H. Hessen et G. O' Xolan,
et il est signé des trois noms. Le Tochmarc Emire c< Demande en
mariage d'Emer », nous a été conservé dans plusieurs manuscrits,
dont on trouvera l'énumération dans le Catalogue de d'Arbois de
Jubainville et ci-dessus, p. 37; il a été publié par M. Kuno Mever
dans la Revue Celtique, t. XI, p. 433 avec une traduction anglaise,
d après le texte du Ms. Rawlinson B 512, et, d'après le texte plus
développé du Ms. Harleian, dans la Zeitschrift fur cellische Philologie.
t. III, p. 229. Il présente cette particularité qu'on y trouve un
Revue Celtique, XXXIII. 53
500 Périodiques.
certain nombre de morceaux qui figurent, sous une forme plus ou
moins identique, dans d'autres récits épiques du moyen-âge irlan-
dais. Une question de priorité se pose donc : est-ce le Tochmarc
Emire qui a servi de modèle ou qui s'est inspiré des autres ? Cette
seconde hypothèse est la vraie. Ainsi la description du palais de
Conchobar dans le Toclrmarc Emire (L. U. 121a; combine deux
descriptions qui font partie de la Fled Bricrend, celle du palais de
Bricriu (L. U. 99 b) et celle du palais d'Aiiill et Medb (L. U. 107
a). La description des chevaux et du char de Cuchullin dans le
Tochmarc Emire (L. U. 122 a) est de même une combinaison Ue
divers traits empruntés à la Fled Bricrend et au Siaburcharpat ; enfin
ce que dit le Tochmarc Emire de l'éducation de Cuchullin est
emprunté au Comperl Couculaind. Quelques autres détails, relatifs
aux noms d'Emain Mâcha, de Boand et d'inber n-Ailbine. confir-
ment la même vue, que le Tochmarc Emire est en grande partie une
compilation.
M. Thurnevsen publie, p. 525-554, la version de la Tàin bô Cuail-
ghui conservée dans le manuscrit H. 2. ij^Trinitv Collège, Dublin;.
Cette version, signalée par Xettlau (Rev. Celt., XIV, 255), a été
utilisée par M. Windisch pour sa grande édition de la Tàin, mais
en partie seulement, si bien qu'une publication intégrale s'imposait.
M. Thurnevsen y a joint une introduction, où il rixe la chronolo-
gie et le rapport des manuscrits contenant les différentes versions
du texte.
A mentionner enfin dans le même cahier :
Une note de M. Paul Walsh ou a Passage in Serglige Conculainâ
(p. 555); il s'agit des mots airbLroir (L. U. 47 b 15 ; Irische Texte,
1, 2i6-2i7)qui avaient été mal compris jusqu'ici et qui représentent
tout simplement un nom propre de lieu, Airbe Rôtir, en Conaille
Murthemne (R. Celt., XVI, p. 47;;
Du même M. Paul Walsh un savant article sur The topography oj
Belha Colmàin (p. 568-582); la vie de Saint Colman a été, comme
on sait, récemment publiée par M. Kuno Meyer (v. ci-dessus, p.
357);
De M. Kuno Meyer, une liste de mots appartenant au Bérla
ua ftled (p. 557-558); c'est une précieuse addition à la liste publiée
par le même auteur dans la Zeitschrift fiir celtische Philologie, t. V,
p. 490;
Du même, la continuation des Mitteiluugeu ans irischeu Handschrif-
ten(p. 5 59-565);
Enfin une note, signée Robin Flower, intitulée Irish Commenta-
ries ou Martiauus Capella.
Périodiques. 501
II
Sous le titre Zur keltischen Wortkunde, M. Kuno Meyer publie
dans les SlTZUNGSBERICHTE DER KÔX. PREUSSISCHEN AKADEMIE DER
WisSenschaften, t. XXXVIII, 1912, p. 790-803, une série de notes
à la fois lexicographiques et étymologiques dont voici l'énuméra-
tion : 1. Composés du type dvandva en irlandais (rectification et
addition àPedersen, Vgl. Gr., § 356). — 2. aill « héros » (T. B.
C, 3270), emprunté au vieil-anglais bâlep. — 3. aith-ben « Unweib »
L. L. 197 a 6r. — 4. ampoill Laud 610, 14 a 1, emprunté au latin
ainpuUa. — 5. anféta « tempétueux » sort de anféth, tonne refaite
de l'ancien anfud. — 6. ecrae « ennemi », composé ancien de *eks-
cara a un e bref ; la forme escara est récente, bien qu'attestée déjà
dans Sg., 12 b 7. — 7. -gnad dans bct-gnad « folie », omun-gnatb
« crainte » sort de *gnâto-n « [état] habituel » et répond au gallois
-nod dans heint-nod, m., « pestilence ». — 8. lunta « nom d'une
partie de la rame » (Rawl. B 312, f° 76 a 2) parait emprunté au
Scandinave. — 9. miss- est attesté au lieu de ////'- devant initiale
vocalique dans miss-imbert « toul play ■> R. Ce//., Kl, 446, 2. — 10.
ttiab « excitation, vigueur » sort de *neibo- et a cornue correspon-
dant le gallois nwyf; ea sont dérivés le verbe niabaim • j'excite »
(gall. mvyfo) et 1 adjectit niablhach. — 11. dermar « énorme » est
la forme ancienne, comme le prouve l'usage des poètes; dermàr est
postérieur (bien que déjà dansWb. 17 b 11); p:us tard on a eu
dermair et par dissimulation dermail (mais cuimail de ciamair ?) —
12. Liste de noms d'oiseaux rares. — 13. Liste de noms d'objets et
instruments agricoles. — 14. glegar, çlegrach « bruvant ». — n.
L'ogamique Maila-guro est un génitit de nom propre comprenant
Maila génitif de thème en-ô-, et guro génitif du mot gor « pieux a
(thème en-//-). — 16. cell n. « enveloppe, vêtement » est l'élément
qui figure dans les noms propres Celtcbar, MôelhcheU, Celtar, etc.
— ■ 17. dergnat « puce » est un diminutif de derg < rouge » ; on dit
aussi dergàn, à quoi il faut comparer sengân a fourmi » de seiig
« mince ». — 18. fâil « loup » est un ancien thème en-//- passé
plus tard à la flexion des thèmes à dentale. — ■ 19. ten « arbre, buis-
son » figure dans càir-then « sorbier » (dont le gall. cerdîn, bret.
kcr-Ji! serait emprunté), fintan « uinetum », rôslan « rosetum »,
etc. — 20. menmarc « passion » est formé de menme -\- serc. — 21.
acradÇàe *ad -\-grà.l) « noble » etgrâtae « id. » sont tous deux for-
més du mot grâd « rang ». — 22. uirge n'est pas un emprunt au
latin « uirga », car il ne désigne que le testicule. [Ce ne serait pas une
502 Périodiqàes.
raison péreniptoire, car les noms des différentes parties honteuses
sont sujets à s'échanger]. — 23. A coté de -bion (\x\.-be) dans uidu-
bion (irl. fidbaé), le gaulois possédait un nom d'agent masculin -/'/as-
dans Bctu-uius (irl. Betbbe), Lato-bius (irl. Laitbbe), Feno-bius ;cf. irl.
Arlbe, Conbae, Fâilbe, Lugba. — 24. Noms de personne gaulois
tirés du grammairien Virgile.
III
Aux Proceedixgs of the Royal Irish Academv (vol. XXX, sec-
tion C, n° 9, p. 261-282, août 1912), M. T. P. O' Xolan a donné
l'édition d'un intéressant texte épique qu'il intitule Môr of Munster
and the tràgic fate of Cuaiiu son of Cailchin. Ce texte est conservé-
dans trois manuscrits, le Book of Leinster, 1° 274 a-275 b, le Book
of Fermoy, f° 17 a, tous deux de la Royal Irish Academy et le
manuscrit H. 2. 15, de Trinity Collège, p. 69. lia été mentionné
par d'Arbois de Jubainville à la page 20 de son Catalogue (v. aussi
P- 37)-
Môr de Munster (Môr Muman) était fille d'Aed Bennan, roi d'Ir
Luachair ; victime d'une malédiction, elle quitte la maison pater-
nelle, erre à travers l'Irlande pendant deux ans et à la suite d'une
romanesque aventure devient la femme de Fingen, roi de Cashel.
Après la mort de Fingen, elle se réfugie auprès de Cathal, roi de
Glendomuin; là elle retrouve une sœur à elle, Ruithchern, qu'elle
fait épouser à Lonân, fils de Findech, vassal de Cathal. Cuanu fils
de Cailchin avant attaqué Lonân et ayant enlevé Ruithchern, Lonân
poursuivit le ravisseur avec son armée, le vainquit et lui coupa
la tête. C'est tout le sujet du récit; on voit qu'il manque d'unité.
En outre, bien que les héros qu'il met en scène soient historiques
et cités dans les Annales, qui les rapportent au vne siècle, plusieurs
détails font allusion à des événements ou à des personnages que
nous connaissons mal. La langue y est en outre peu nette; surtout
dans les parties en vers, les difficultés n'y manquent pas. On y
trouve, comme cela arrive fréquemment dans les récits épiques, un
curieux mélange de formes récentes et d'archaïsmes; quelques rare-
tés aussi, notamment, §§ 2 et 9, l'impératif foi, le subjonctif-/oa
(2e sg.) et les futurs -faifem et fibihair (impers, pass.) du verbe
foaim « je dors » (Thurneysen, Hdb., I, 402). A signaler encore :
avec le ro de possibilité, ni-t-r-iefam « nous ne pourrons te guérir »
(§ 10) ; les formes fothe « sous elle » et luislu « au-dessus d'eux »
(§ 1), dont la dentale appartient a l'irlandais moyen (cf. R. CelL,
XXXI, p. 103, 1. 42); les mots michair « aimable », slabra « bétail »
Périodiques. 503
(ci. L. U. 61 a 6, 62 b 32. 85 a 33), treîl a espace de temps, moment,
occasion ». M. O' Nolan a joint au texte irlandais une traduction
anglaise, des notes historiques et un index des principaux mots.
Sur quelques points, il ne nous parait pas avoir trouvé la vérité.
Nous lui soumettrons notamment les observations suivantes :
', 2. hi certib 7 hthruïb est traduit par « in rags and marshes ».
Le Book of l'ermov porte hi cerdehib lothrai. On peut combiner les
deux textes et lire hi cerdehib 7 lothruib ; le datif cerdehib (ou ceriebib)
appartient au mot cerddcha « a forge, smithv. work-shop » (K.
Meyer, Contr. p. 349), txhlhruib vient de hthar, lothor qui désigne
un endroit' où on lave (cf. Wd., Wtb. 669-670). Il est fait allusion
ici aux occupations serviles auxquelles Môr était contrainte de se
livrer.
2. biditecen « il te sera nécessaire, tu seras forcé » est interprété,
p. 279, comme bid-[d]it-ecen. Mais dans les tours de ce genre, c'est
le pronom infixé de la première classe qui est d'usage aux deux pre-
mières personnes, et celui de la seconde classe seulement à la troi-
sième personne (v. Thurnevsen, p. 257, § 426) : cf. is-im êcen L.
U. 57 a 39, is-im égen L. U. 73 b 13, is-am ecen L. L. 71 b 50, mad-
it écen L. L. 83 b 41. Si on lit in-dai mebair-siu a as-tu souvenir? »
L.U. 84 a 46, c'est qu'après l'interrogatif la proposition est géné-
ralement relative, car la réponse est is-am mebair. Il suffisait donc
ici de couper hid-it-écen.
5 . M. O' Xolan a été embarrassé par le mot ciammatâi (cid imatai
F.); il en fournit dans son lexique (p. 278 et p. 279) deux interpré-
tations différentes, qui ne satisfont ni l'une ni l'autre. Si la bonne
leçon est cid immatai, nous devons avoir affaire ici à la préposition
imm- suivie du pronom relatif et de la 2e pers. sg. du verbe subs-
tantif. Comparer incesi immatû « the queston wich I am » (R. Cell.,
XIY, 451, 1. 20 = Fled Bricrend, § 93). Cid immatai a Ruithchernd
signifie tout simplement « à quoi t'occupes-tu ?, où va ta pensée,
ô Ruithchern ? «
§ ri. Dans olc sén tiare ar dotbi, il faut sans doute considérer uare
comme la conjonction, et dès lors ardotbi doit être écrit en un seul
mot, comme une forme du verbe arbenim. On attendrait arotbi sans
d : mais ar-dot-bi pourrait être analogique des cas où le préverbe
admet la deuxième classe des pronoms infixes, et provenir en même
temps d'une confusion avec le verbe dobenim. Pour le sens de olc sén,
ci. olc lith. Rev. Celt., XXXI, 303. n. 8.
P. 268, nochar êr filid fa crade, who did not refuse a poet as con-
cerns a reward n ; c'est le mot crod « bétail, richesse, trésor » (K.
Meyer, Contr., p. 525), qui a pris le sens de « salaire », exactement
comme l'anglais /<œ (cf. ail. Vieh).
>04 Périodiques.
Dans les mêmes Proœedixgs (vol. XXX, section C, n° u, p.
507-326, septembre 1912), M. Mario Esposito traite de Tbeearliest
Latin îife of St. Brigid of Kildare. Cette vie, dite vie de Cogitosus
(cf. Hermatbena, XV, p. 353 ; XVI, p. 62 et 329), n'a pas été réédi-
tée depuis les Bollandistes (1658). Elle ne le sera probablement pas
de sitôt. Celui qui entreprendra le travail devra en effet collationner
un nombre considérable de manuscrits, 56 au compte de M. Espo-
sito, qui n'est pas sur de les connaître tous. Et ces manuscrits sont
dispersés a travers l'Angleterre et le continent; il y en a 18 à Paris
(dont 14 à la Bibliothèque Nationale) et 9 à Rome, mais on en
trouve aussi dans plusieurs villes de France, à Angers, Auxerre,
Cambrai, Douai. Orléans, Reims, Rouen, Yalenciennes, en Bel-
gique, en Allemagne, et jusqu'en Basse-Autriche (Heiligenkreuz,
Lilienfeld, Melk, Zwettl) et en Styrie (Admont). M. Esposito donne
de ces manuscrits une courte description ; il v joint quelques notes
sur le texte même de la Vie et sur l'auteur, Cogitosus, dont le nom
est sans doute une simple traduction de l'irlandais et qui est vrai-
semblablement identique au Cogitosus père de ce Muircbu, qui
écrivit la Vie de saint Patrice vers 699 (Wh. Stokes, Trip. Life, II,
p. 269). Tous ces renseignements seront fort utiles à celui qui réé-
ditera la Vie de sainte Brigitte ; mais c'est une tâche ingrate et
pénible, devant laquelle M. Esposito lui-même, efFravé, recule.
IV
Le deuxième numéro de Gadelica (tome Ier) débute par un
article de grammaire. M. O. J. Bergin y étudie « the Imperative
2 plural in -igï » (p. 73-78). Telle est la désinence régulière de
l'irlandais moderne. Successivement, M. Craig (Grammar [1900]
p. 78), M. Quiggin {A Dialect of Donegal, p. 140), L. Chr. Stern
(Z. /. celt. PbiJ., Y, 277) et M. O'Maille (Eriu, V, 45) ont essavé
de l'interpréter. M. Bergin prouve sans peine que ieurs hvpothèses
ne tiennent pas, et il porte la question sur son vrai terrain, qui est
le terrain dialectal. Il montre d'abord que, dialectalement, la dési-
nence -igï n'est pas la seule et que dans plusieurs régions d'autres
désinences sont encore ou ont été employées à sa place ; elle a donc
bénéficié d'une extension analogique. Remontant plus haut dans
l'histoire, il montre qu'elle est partie du verbe substantif, pour
lequel « bïgï, written bigidb, bigbidh or bigbidb, was the prevailing
form in the Midlands as early as the latter half of the sixteenth
centurv » . Et là, dans le verbe substantif, elle est le résultat d'une
contamination de bitbi (bibï), 2e pers. pi. du subjonctif, et de bidb
(big), 2e pers. pi. de l'impératif.
Périodiques. 505
Le même M. Bergin continue p. 127-131 son édition dn Parle-
ment Chhinne Tomais.
M. ]. H. Llovd, le collaborateur de M. Bergin et de Miss
Schoepperle dans les articles que la Revue Celtique a publiés
ci-dessus, étudie p S3-100 « Diartnuid and Grainne as a folk-
tale ». Il part du fait qu'aujourd'hui encore, dans les parties
de l'Irlande où l'on parle irlandais, les mots leaba Dhiarmuda
agus Ghrâinne « lit de D. et G. » désignent communément un
cromlech, pour montrer à quel point la légende est devenue popu-
laire. Mais l'objet propre de son article est de publier une version
de cette légende, recueillie à Coolea, près Ballvvournev, C° Cork,
delà bouche d'une excellent shanachie », Humphrev Lynch, à la
requête de Miss Schoepperle.
M. Douglas Hvde établit, p. 79-82, une liste de substantifs ter-
minés en -caste -iste. Ce sont tous des mots empruntés, soit ancien-
nement au franco-normand, soit plus tard au moyen- anglais. Le
plus commun est pais te « a child » du français « page »; mais on
a aussi bagâiste « bagage », corâiste « courage », saisie « sauge »,
damâiste « dommage », cabbâiste angl. « cabbage », buntâiste « avan-
tage », pasâiste « passage », locâiste « a réduction ot rent », angl.
dial. « lackage », colâiste « collège », urlâisle, « horloge »,
parâiste « paroisse », orâiste « orange », pâiste angl. « a patch »,
râiste angl. « wretch », sgraiste angl. « scratch », laisie angl.
■• latch », lôiste angl. « slouch », prôiste « a process », çoiste angl.
« quest », smiste angl. << a smytch, chit, impudent boy », ciste angl.
« keech », briste angl. « breeches » ; M. Douglas Hvde a joint à
cette liste : ciste emprunté du latin (cista) ou du Scandinave (kist),
sûiste, v. irl. sûist, du latin fus lis, et, je ne sais pourquoi, gaiste, v.
i ri. goiste (Ml. 24 b 10) « piège », qui parait bien indigène.
A signaler enfin : an tAthair Eôghan O'Caoimh, a bheatha agus a
shaothar (le père E. O'Caoimh, sa vie et ses œuvres), par Tôrna
(suite) ; A Song b\ Richard Barret, par T. F. O'Rahilly ; une
note de M. Paul Walsh on sonie Irish adverbs (p. 132) et une autre
(p. 134) de M. P. S. Dinneen, sur le mot alfraits « a scold,
abarge, a rough fellow », presque « a rogue, an upright man ».
V
On trouvera dans le tome XLV de la Zhitschrikt pur ver-
(ii.EicHENDE Sprachforschuxg (2e cahier, p. 1 38-146) un article
intitulé « Altirisch ass(a)e und die Proposition <t-, ir- » et signé
506 Périodiques.
Julius Pokorny. L'adjectif ass(a)e « facile, aisé » n'a pas encore reçu
d'explication étymologique satisfaisante, malgré deux suggestions
de Whitley Stokes (v. Kuhn's Zeitschrift, XXXVIII, p. 459). M.
Pokorny propose un primitif *ad-sttt-yo-, de la racine *stbâ-; soit
quelque chose comme « adponendus », au sens de « mis sous la
main, facile à atteindre ». Ht cela le conduit à rechercher l'origine
du vocalisme singulier des composés irussa, aurussa, urussa. Vu
viendrait, suivant lui, de la préposition. Déjà M. Thurneysen avait
supposé (Hdb., I,p. 453) qu'il y avait^u en irlandais confusion de
deux prépositions différentes : air- de *[p arc- et ir- de *[p]erô-.
M. Pokorny reprend cette hypothèse à son compte; il la précise, la
développe et en poursuit toutes lesconséquences. Pour lui, les formes
er, iret itr que revêt la préposition sont dues aux traitements différents
de Yô long, suivant qu'il était final ou intérieur, et aussi suivant la
date des composés. Tout cela est plausible; mais les constructions
de M. Pokorny sont toujours un peu laborieuses et sentent l'arti-
fice. Il raisonne par exemple comme si l'alternance ai : e n'était
attestée que dans la préposition air ; il y en a quelques autres
exemples, sur lesquels on aimerait à avoir son avis. Que iruîh
«grande terreur » doive son u à la préposition, est une hypothèse
bien hardie ; il est une explication plus simple, c'est que le mot
ôth, ùath est vraisemblablement un ancien thème en -tu-.
VI
Il est çà et là question du celtique dans l'article de M. Prokosch,
Phonetic tendencies in the iiido-europeaii consonant svstem, que publie
I'American Jourxal of Philology, t. XXXIII, n° 2, avril-juin
1912, p. 195-202. M. Prokosch a fait une grande découverte :
c'est que l'évolution du système phonétique est dominée par cer-
taines tendances qui varient suivant les langues, et que, en grou-
pant les langues indo-européennes d'après les tendances qu'elles
manifestent, on peut établir certaines répartitions dialectales inté-
ressantes. Evidemment, M. Prokosch ignore les linguistes français,
qui depuis de longues années enseignent comme vérité courante
la découverte dont il se pique ; il n'a pas lu le livre que M. Meillet
a écrit sur les Dialectes indo-européens où il aurait trouvé un déve-
loppement lumineux de l'idée qui vient de surgir en lui. Ne soyons
pas sévères pour cette candide ignorance; ce n'est pas son moindre
défaut. Suivant lui, les linguistes n'ont été préoccupés jusqu'ici
que d'établir des faits ; il leur reste à les coordonner pour en déga-
Périodique!:. 507
ger des lois générales, faute de quoi, ils encourront le reproche de
Méphistophelès à Faust :
Dann hat er die Teile in seiner Hand,
Fehh leider nur der geistige Band.
Ce lien, il est dans la constitution d'une phonétique générale, qui
utiliserait les données des diverses langues et déterminerait les ten-
dances de chacune ; on reconnaîtrait alors que depuis l'époque
indo-européenne, l'évolution de chaque langue est remarquable-
ment régulière et manifeste l'action continue de certaines tendances
identiques. Si l'évolution parait brisée, si une tendance se substitue
à une autre, c'est qu'une langue nouvelle se développe sur le fonds
ancien d'une autre langue. Ainsi dans les parties de l'Allemagne
du Sud, anciennement habitées par les Celtes, l'allemand mani-
festerait des tendances qui ne sont pas germaniques, maisceltiques.
Nous ne discuterons pas aujourd'hui ces théories, d'ailleurs en
partie parfaitement justes. M. Prokosch ne nous présente encore
qu'un programme général, assez succinct. Mais il se réfère à deux
articles, qu'il a en préparation et dont les titres sont pleins de pro-
messes. Attendons-le aux réalisations.
VII
Le Fureteur Breton* poursuit avec succès ses enquêtes et ses
recherches. Dans le numéro 43, t. VII, p. 209-213 (août-septembre
191 2), M. Le Braz publie un joli article sur la conteuse Lise Bel-
lec (v. ci-dessus, p. 492).
VIII
Dans les Annales de Bretagne (t. XXVII, n° 3, avril 191 2),
M. Yves Le Diberder publie une série de notes Pour servir à l'é-
tude de « La Légende de la Mort » (p. 415-446). Ce sont d'utiles
documents, qui s'ajoutent au livre de M. Le Braz. M. Le Diberder
les a recueillis dans le Pavs de Vannes et il a soin d'en donner,
s'il v lieu, ce que M. Le Braz n'a pas fait, les originaux bretons,
bretons vannetais naturellement. A recommander aux folkloristes
et aux philologues.
Dans le même périodique, M. G. Esnault poursuit son enquête
sur la vie du poète Le Laé (p. 449-466): l'enfance et les années de
collège.
Le cahier n° 4 (juillet 1912) du tome XXVII du même pério-
dique contient du même Le Laé un conte en vers français, en
508 Périodiques.
style de Marot, « Les trois Bretons », édité par M. G. Esnault
(p. 645-655). Notre savant collaborateur, M. Louis Gougand,
v donne un substantiel article sur la Soule en Bretagne et les
jeux similaires iln Cornwall et du Pays de Galles (p. 571-604), et
M. Daniel Bernard y publie deux Ecrits de propagande en langue bre-
tonne, datés de janvier 1789, une « Circulaire aux Bas-Bretons
des environs de Quimper sur les demandes à soumettre dans l'in-
térêt du peuple » et la traduction de la « Déclaration de l'ordre de
la noblesse » (p. 605-613); M. P. Le Roux a joint à cette publica-
tion une note sur la langue.
J. Vendryes.
IX
Dans la Romania, t. XLI, n° 162,011 lira avec intérêt une étude
de M. H. Hauvette sur 1339° Nouvelle du Décaméron et la légende
du cœur mangé. On trouvera posée là une fois de plus la question
de l'origine des contes de notre Moyen-Age occidental et de leurs
rapports avec les contes de l'Inde.
X
Dans les Analecta Bollandiana, t. XXXI, fasc. I, p. 88,
signalons un court mais intéressant compte rendu de l'ouvrage de
M. Max von Wulf, Ueber Heilige and Heiligenverehrung in Jeu
ersteu christlichen Jahrhumlerten. L'auteur du compte rendu, le R.
P. Delehaye, insiste sur cette idée que le culte des saints est sorti
du culte des martyrs. Dans les fasc. 2-3 un juste et émouvant
hommage est rendu au très regretté P. Poncelet, dont la perte,
déjà annoncée par la Revue Celtique a privé l'hagiographie d'un de
ses plus éminents représentants.
XI
Dans les numéros 1 et 2 du tome XXIIIdu Folklore M. Westropp
achève son utile et précise description du folklore du comté de Clare.
Les restes de forts que l'on retrouve dans ce pays, débris de
murailles, levées de terre, fossés, ont appartenu autrefois à d'an-
ciennes résidences ou quelquefois à d'anciennes sépultures. Ces
ruines forment le sujet d'un grand nombre de traditions et de
contes : Croaghateeaun près de Ballinalacken a appartenu aux
Tuatha De Danann, tandis qu'Oisin passe pour avoir vécu à Cabe-
Périodiques. 509
russhccn, et que la résidence des Fenians est placée par la légende
au grand fort de pierre de Turlough Hill. D'autres torts ont une
origine plus récente : certains sont attribués au roi Brian Boru
(vers Tan 1000), d'autres au roi Conor na Suidaine. L'église de
Clonlea a changé de place pour venir occuper son actuel empla-
cement. Le roi Conor na Suidaine a fait périr des ouvriers qui
avaient bâti l'abbaye de Corcomroe, de crainte de voir construire
ailleurs un aussi bel édifice. Aux tours, aux croix, aux souterrains
sont attachés des récits et des interdictions. Dans tous ces lieux
sont fréquemment cachés des trésors. On notera, p. 213, un curieux
tabou du mariage : les jeunes mariés ne doivent pas aller à la
messe le premier dimanche qui suit la célébration du mariage. Au
terme de cette très consciencieuse étude tous les folkloristes
remercieront M. Thos. J. Westropp et souhaiteront avec lui que
son exemple suscite beaucoup d'études analogues.
XII
La Revue des Traditions Populaires contient comme toujours
des notes intéressantes pour nos études. On trouvera en particulier
dans le n° 8 du tome XXVII un petit conte recueilli par M. Henri
Genêt et intitulé : Le fis du roi de Brest. Dans ce même numéro
M. Cosquin commence une série importante d'articles sur les
Mongols et leur prétendu rôle dans la transmission des contes
indiens vers l'Occident européen.
Jean Marx.
XIII
M. J. Déchelette nous donne dans TAnthropologie, 191 2, n° 1,
p. 29 sqq.. Une nouvelle interprétation des gravures de New Grange
et de Gavr'inis. Elle diffère considérablement de celle qu'a propo-
sée M. Coffey, dans le livre dont la Revue Celtique a rendu compte
(v. ci-dessus, p. 123-127). Les spirales accouplées de New Grange,
les arcs concentriques de New Grange et de Gavr'inis sont pour
M. Déchelette des paires d'yeux. Ces yeux, stylisés, répétés à l'in-
fini, sont ceux d'une idole, dont la figure n'est pas toujours aussi
décomposée. On la rencontre sur les parois des chambres funé-
raires de la vallée du Petit-Morin et de quelques mégalithes. Les
figures du dolmen des Pierres-Plates à Locmariaquer servent d'in-
termédiaires. Le cylindre en calcaire de Folkton-Wold, où l'image
est fort lisible, fait penser à quelques cylindres et plaquettes gravées
5 ro Périodiques.
ibériques et celles-ci sont les proches parentes des idoles égéennes
en forme de violon. L'idole était, semble-t-il, tatouée. Le tatouage
s'est développé suivant un rythme qu'explique l'auteur, en lignes
de chevrons, de triangles et de losanges, dont il reste quelque trace
a New Grange. A Gavr'inis on voit autre chose : c'est la hache,
dont les Grottes du Petit-Morin présentent des images bien plus
nettes.
J'accepte sans aucune réserve l'interprétation de M. Déchelette,
ayant d'ailleurs enseigné, il y a dix ans, à l'École des Hautes
Études, que les écussons des mégalithes bretons sont des figures
humaines déformées. J'aime moins les considérations générales,
par lesquelles il termine, sur la spécialisation du sexe de l'idole
primitive et la parenté proche qui unirait les dieux asiatiques qui
portent la double hache aux frappeurs celto-germaniques; le mail-
let de Sucellus n'est ni une hache, ni une double hache et les for-
gerons celtiques, ses frères, ne sont pas des dieux de la foudre.
Gavr'inis diffère par ses gravures des autres monuments bretons et
rappelle New Grange. M. Déchelette y voit l'effet d'un retour d'ac-
tion britannique ou irlandaise vers l'Armorique, dont les débuts de
l'âge du bronze offrent plus d'un témoignage. Mais ce que cette
étude met une fois de plus dans une excellente lumière, c'est la
parenté de tous ces monuments, irlandais, britanniques et armori-
cains, avec quelques pièces caractéristiques de la civilisation ibé-
rique du même temps ou d'avant, civilisation dont les affinités
méditerranéennes ne sont pas plus contestables. Nouvelle preuve
des relations que les pavs occupés par les Celtes à l'extrême Occi-
dent de l'Europe ont eues avec l'Espagne et le Sud, mais cela cer-
tainement avant l'établissement des Celtes.
XIV
M. A. Schliz fait part à la Praehistorische Zeitschrift de ses
études anthropologico-ethnologiques (Beilrâge fur pràhistoriscbe
Ethnologie, 1912, p. 36 sqq.). Il traite cette fois-ci des Italiotes
énéolithiques de Remedello et de leurs contemporains rhénans et
bavarois, de l'Adlerberg (près de YVorms) et de Straubing. Parmi
les premiers, il reconnaît des dolichocéphales alpins, issus d'an-
ciennes populations de l'Europe centrale ; parmi les autres, des
brachvcéphales occidentaux, qui seraient venus combler le vide
laissé au sud-ouest de l'Allemagne par des tribus émigrées. Là-des-
sus il construit. Il reporte à la fin des temps néolithiques et aux
premiers débuts de l'âge du bronze l'immigration des peuples indo-
Périodiques. 5 1 1
européens occidentaux, Celtes et Italiotes, en Fiance et en Italie
ainsi que la différenciation de leurs langues. M. Schliz ne parait pas
encore aussi familier avec les aspects de l'archéologie italienne
qu'avec ceux de l'allemande ; quant à la France, il semble encore
se contenter de ses hypothèses. Ses conclusions sont à mon avis
sujettes à caution. Mais il présente des faits qu'il groupe
méthode et qu'il impose à la réflexion. Il faudra que les anthropo-
logues l'écoutent et lui répondent, si l'image qu'il nous donne des
groupes sur lesquels porte son étude est incomplète. Nous autres
archéologues et linguistes, nous lui répondrons que la carte des
types humains et celles des langues, des civilisations et des peuples
ne coïncident pas nécessairement, que leurs variations ne sont pas
nécessairement homologues. Sur les mouvements préhistoriques
des peuples indo-européens les anthropologues ne nous donneront
jamais que des lumières imprécises.
M. Reginald A. Smith signale dans un article sur le Progress of
Prebistorx in England 1910 11 (p. 170), la découverte de tombeaux
belges à Welwyn, Hertfordshire, à 30 km. de Londres, contenant
des urnes tunéraires du type balustre, deux sortes de chenets com-
posites, des amphores italiques, des gobelets d'argent de forme
classique et des bronzes capouans. Ces objets vont être publiés dans
Y Archaelogia.
Plus loin (p. 227), M. Schliz, continuant la polémique, que j'ai
résumée dans un récent compte rendu de Mannus (t. III, p. 316
sqq.), réplique à M. Kossinna. Il maintient sur toute la ligne ses
affirmations et nie, entre autres choses, que les Bohémiens de la
civilisation d'Aunjetitz soient la souche commune des Celtes, Ita-
liotes et Illvriens. L'article dont je viens d'indiquer le sujet cons-
titue une affirmation plus topique et plus précise des thèses de
M. Schliz. •
XV
Le Dr Hahne traite dans Mannus, 1912, p. 70 (Dritte Hauptver-
sammlung der deutschen Geselhcbafl fur Vorgeschichle) d'un croissant
d'or trouvé à Schulenburg, cercle de Marienborg. C'est le premier
de ces croissants, qui sont des hausse-cols ou des diadèmes, qu'ait
fourni l'Allemagne. 11 se joint à la courte liste des croissants d'or
continentaux, témoignage de l'importation britannique d'objets
de civilisation qui se produisit au début de l'âge du bronze, avant
le temps où les peuples et la civilisation du continent se mirent à
rejaillir vers les lies Britanniques. — M. G. Schwantes (p. 149), à
512 Périodiques.
propos d'une dispute de priorité, résume et explique le système
des étages chronologiques, qu'il distingue dans la civilisation du
X.-O. de l'Allemagne après l'âge du bronze, et publie une intéres-
sante correspondance qu'il eut à ce sujet avec J. Mestorf.
M. G. Kossinna, en malmenant ce pauvre M. Schliz, ajoute
quelques mots à son tableau ethnographique de l'Europe à l'âge du
bronze ÇZur àlteren Bron%e%eit Mitteleuropas, II, p. 173)- Il y répète
que les Celtes sont une aile occidentale détachée par les peuples
du vocable d'Aunjetitz. L'aile orientale est illyrienne. M. Kossinna
s'occupe entre autres choses de certaines cruches qui caractérisent
les restes de l'une et de l'autre. Les celtiques se reconnaissent à un
décor de coches et d'entailles que ne présentent pas les illyriennes.
Préoccupé des Celtes et des Illvriens, M. Kossinna ne voit qu'eux
en ce moment et désigne comme « Urkelten » les premiers habi-
tants des terramares d'Italie, qu'il suppose d'ailleurs Italiotcs. Que
diront les linguistes de cette façon de concevoir la parenté des
Celtes et des Ombro-Latins ? M. Kossinna en a-t-il consulté ?
XVI
M. H. -A. Ried décrit dans les Beitrage fur Anthropologie
UND Urgeschichte Bayerxs, t. XYI1I, 191 1, p. 114 sqq., deux
tumulus de l'âge du bronze, fouillés près d'Untermenzig (Bez.
Mùnchen, I). Ces tumulus sont de ceux dont on dispute en ce
moment s'ils contiennent ou ne contiennent pas les restes les plus
anciens de peuples vraiment celtiques. Les objets qu'on y a trou-
vés sont de la deuxième phase de l'âge du bronze.
XVII
M. R. Bouillerot continue, dans la Revue préhistorique de
l'Est, 2e fascicule, 1912, p. 40 sqq., l'étude de la Cachette de la fin
de l'a ce du bron\e découverte près de Gray (Haute-Saône). Il en est
aux menus débris, qu'il identifie avec un zèle scrupuleux et une
érudition servie par une très abondante bibliographie. Il y trouve
les restes minimes des roues d'un petit char sacré, des fragments
d'armilles ou de fibules à spires, de plaques de ceinture en fuseau.
L'amour de la comparaison le conduit jusqu'au lointain Orient. Il
serait sage de s'arrêter en Hongrie. Mais l'étape la plus intéres-
sante de la civilisation qui, de là, aboutit à notre France orientale,
c'est la Bavière; or je ne vois pas que l'auteur s'y arrête. Cette métal-
lurgie des phases tardives, III, IV et V, de l'âge du bronze, que
nous connaissons par les tumulus et les cachettes de la France
Périodiques. 5 1 3
orientale, signale, pour une bonne part, l'avancée des peuples cel-
tiques qui, pendant longtemps encore, auront là leur quartier géné-
ral. Commerce sans doute et de lointaine portée, à considérer les
affinités complexes de ces objets., mais, somme toute, modeste, et la
bronzaille, que colportaient nos fondeurs, ne venait pas pour la
plupart de bien loin.
M. C. Joly établit, p. 33 sqq., que Les Mules du Char de Vaison
sont chaussées de la Solea ferrea, forme première de l'hipposandale.
Le n° 4 publie sous la double signature de l'abbé Breuil et de
M. R. Bouillerot des notes sur La Cachette de Choussy (Loir-et-
Cher). L'inventaire de cette cachette rappelle très notablement
celui du Petit- Villatte; elle appartient aux tout derniers temps de
notre âge du bronze. Qu'il me suffise d'appeler l'attention sur deux
poignards à douille (nos 5 et 13), dont les équivalents se trouvent
dans des dépôts contemporains a l'Ouest de la France et dans les
Iles-Britanniques, attestant des rapports de civilisation entre les
peuples établis, a l'Occident de l'Europe des deux cotés de la
Manche. Etaient-ce les premiers Celtes? Etaient-ce les Goidels? —
La Revue Qp. 114). traite, zprèsV Homme préhistorique (191 1, p. 399),
des Puits de la Xécropole barbare de Noiron-sous-Gevrey (Côte -d'Or),
respectés par la disposition des sépultures et peut-être en relations
avec elles. La poterie qui s'y trouve est sans doute peu instructive,
mais quoi de plus difficile a dater que la poterie commune ? Rien
de gallo-romain en tout cas; pas de traces de restes humains inci-
nérés ; mais des ossements d'animaux étages. Au fond du puits qui
est décrit se trouvaient deux tètes de chevaux. Sacrifices funéraires ?
Peut-être. Mais attendons encore d'autres découvertes. — Mme Made-
leine Bouillerot (Le signe solaire au Xll* siècle en Grèce, p. 119) fournit
des arguments a la symbolique solaire de M. Déchelette. Je crains
que le « cygnes hvperboréens » de la p. 122 ne soient des canards.
H. Hubert.
NÉCROLOGIE
ALEXANDER CARMICHAEL
C'est une des figures les plus nobles de l'Ecosse gaélique qui
disparaît avec Alexander Carmichael. Sa longue vie fut tout entière
consacrée à l'amour de sa langue et de son peuple, à l'honneur de
son pays. Il était né le Ier décembre 1832 dans l'île de Lismore et
appartenait à une ancienne famille, dont les traditions sont mêlées
à l'histoire même du christianisme dans l'île. C'est un de ses
ancêtres, l'évèque Carmichael, surnommé an t-Easbuig Ban, qui
bâtit la cathédrale de Lismore. Destiné d'abord à l'état militaire,
Alexander Carmichael, par suite de la mort prématurée de son
père, dut se tourner vers une autre voie. Il entra dans le Civil
Service, et y fit toute sa carrière, dont les principales étapes sont
Greenock, Dublin, Islay, Skye, Uist, Oban et enfin Edimbourg, où
il passa les dernières années de sa vie. C'est là qu'il mourut le
6 juin dernier.
Dès sa jeunesse, il montra pour les traditions et le folk-lore de
l'Ecosse un intérêt passionné, qui s'éveilla surtout au contact de
la vie intime des populations insulaires de Skye et d'Uist. L'archéo-
logie aussi l'attira ; on lui doit la découverte de plusieurs pièces
qui sont aujourd'hui au Musée d'Edimbourg. Il fournit d'abon-
dants renseignements à ses amis, le Dr Skene, pour son Celtic Scot-
land, et John Gregorson Campbell pour ses Clan Traditions and
Popular Taies et ses Stories, Poems and Traditions of Fionn and bis
warrior band, deux volumes des Waifs and Slrays of Celtic Tradi-
tion, dont la Revue Celtique a parlé t. XI, p. 242, t. XII, p. 481 et
t. XVI, p. 247. Ses productions personnelles sont dispersées dans
divers périodiques, notamment dans les Transactions of theR. Society
of Antiquaries ofScotland, dans les Transactions of the Gaelic Society
of Inverness et dans la Celtic Review, que dirigent, comme on sait,
Mr. D. Mackinnon et Mrs. W. J. Watson, née Carmichael. En
1900, il fît paraître ses Carmina Gadelica, recueil en deux volumes
de poèmes gaéliques qu'il avait recueillis lui-même et auxquels il
Nécrologie. 515
joignit une traduction anglaise; d'Arbois de Jubainville leur a con-
sacré un compte rendu dans la Revue Celtique, t. XXII, p. né.
J. Yexdryes.
GEORGE HENDERSON
Après le vieillard, l'homme dans la force de l'âge : Mors indivi-
dua est.
George Henderson, mort à Glasgow au mois d'août dernier à
l'âge de 47 ans, était de ce petit groupe d'Ecossais, qui unissent à
une connaissance intime de leur langue maternelle une solide cul-
ture philologique. Sa mort interrompt brutalement une œuvre qui
avait bien commencé et qui devait être féconde.
Il était né dans le comté d'Inverness. Après avoir fait ses pre-
mières études à Edimbourg, où il obtint le grade de Master of Arts,
il alla travailler à Vienne, où il se fit recevoir Docteur en Philo-
sophie, et à Oxford, où il fut Scholar of Jésus Collège. De retour
dans son pays, il exerça quelque temps le ministère religieux dans
le Sutherlandshire, à Eddrachillis. Mais les travaux d'érudition
l'attiraient ; il fut nommé en 190e chargé de cours de celtique
à l'Université de Glasgow, fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort.
Il s'était fait connaître au public des celtistes dès l'année 1893
par une édition des œuvres du poète John Morison : Dain loin
Gobba, The Poems of John Morison, vol. I, Oxford; vol II, Glasgow
(189e). En [897, il publiait à Edimbourg le Leabhar non Gleann,
The Book of the Glens (307 p. 120); c'était un recueil composite,
qui débutait par une traduction anglaise du travail de Zimmer, das
Mutterrecht bei de 11 Pikten, et qui comprenait également une traduc-
tion anglaise de la « Neuvaine des Ulates », Noinden Ulad, mais
où il y avait surtout un important recueil de poésies gaéliques
modernes. En 1899. George Henderson donnait à l'Irish Texts
Society une édition delà Fled Bricrend avec une traduction anglaise,
une introduction et de copieuses notes (v. Rev. Cclt., XXI, 108-
110). Enfin, tout dernièrement et coup sur coup, il publiait deux
ouvrages qui reçurent bon accueil du public savant :
The Norse influence on Celtic Scotland, 1910 (v. Rev. Celt., XXXI,
401) et Survival in belief among the Celts, 191 1 (v. ibid., XXXII,
494 et suiv.).
On lui doit enfin deux séries d'articles, qui atteignent chacune
les dimensions d'un gros volume : l'une, publiée dans The Celtic
Revue Celtique, XXXIII. 54
5i6 Nécrologie.
Review (t. I, 193-207, 352-366; t. II, 1-19, 1 3 5~ 1 5 3- 255-272,
351-359; t. III, 56-61), avait pour objet la Légende de Finn ;
l'autre, consacrée à une étude des dialectes gaéliques d'Ecosse, a
paru dans la Zeitscbrift fur Celtiscbc Philologie, t. IV, p. 87-103,
244-275, 493-524 ; t. v, p. 88-102, 455-481.
La mort de George Henderson est pour la philologie celtique une
perte des plus sensibles.
J. Vendryes.
ERRATUM
Ci-dessus, p. 353, ligne 8, il faut lire Alain le Grand au lieu
d'Alexis le Grand.
P. 462, lire le titre de l'article : An Caoch O Clumhain et 1. 3-4,
dans la parenthèse, lire simplement = An Caoch O Clumhain.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME XXXIII
ARTICLES DE FOND
Pages
Supplément à l'Essai d'un catalogue de la littérature épique de Tir-
lande de d'Arbois de Jubainville, par G. Dottin i
The Reproach of Diarmaid, par J.-H. Llovd, O.-J. Bergin et
G. SCHOEPPERLE 41
Zur Interprétation der Echtra Couula, par J. Pokorxy 58
Altirisch sëgund, ségond, sêgaind, par J. Pokorny 66
Le Mirouer de la Mort (suite), par E. Ernault 68
Miscellanea, par Kuno Meyer 94
Two glosses in Valenciennes MS. 413, par E. C. Quiggin. 100
A propos de l'inscription d'Alise, par G. Poisson 101
The Death of Diarmaid, par J.-H. Lloyd, O.-J. Bergin et
G. Schoepperle 157
Bledhericus, Bledri, Bréri, par W.-J. Gruffydd 180
Llyma Vabinogi Jesu Grist, par Mary Williams 184
Contributions à l'étude des romans de la Table Ronde (suite), par
J- Loth 249, 405
Betha Iuiliana, par J. Vendryes 311
Ueber den Gebrauch des Futurums II im Irisehen und ùber die
Bildung des altirischen Futurums, par Josef Baudis 324
Breton-moyen gloedic, gallois gwledic, par J. Loth 352
Une anecdote sur saint Colomba, par J. Vendryes 354
Gloses bretonnes inédites du IXe siècle, par J. Loth 417
The pretended exhumation of Arthur and Guinevere, parTimothy
Lewis et J. Douglas-Bruce 432
Mabon ab Modron, par W.-J. Gruffydd 452
An Caoch O Cluain, par E. C. Quiggin 462
L'étymologie du gaulois Dumias, par J. Vendryes 463
NÉCROLOGIE
A. Carmichael (J. Vendryes) 514
G. Henderson (J. Vendryes) 315
>i8 Table des matières.
BIBLIOGRAPHIE
Bibliotheca Celtica of the National Library of Wales for 1909 and
1910 (J. Loth). 374
G. Coffey, New Grange (J. Loth) 125
W. Dinan, Monumenta Historica Celtica, I (J. Vendryes) 10X
P. -S. Dikxeen et T. O'Donoghue, The poemsof Egan O'Rahillv,
2c édition (G. Dottin) 127
R. Edens, Erec-Geraint (A. Smirnov) 1 30
E. Ernault, L'ancien vers breton (J. Vendryes) 117
M. Gemoll, Die Indogermanen im alten Orient (J. Vendryes). . 114
L. Gougaud, Etude sur les loricae celtiques (J. Vendryes) 477
W . Havers, Untersuchungen zur Kasussvntax der indogerma-
nischen Sprachen (J. Vendrves) 1 1 1
J. Hessen, Zu den Umfârbungen der Vokale im altirischen (J. Ven-
drves). . ' 470
M. Hôfler, Organotherapie bei Gallo-Kelten und Germanen
(J. Vendryes) 475
M. Hôfler, Volksmedizinische Botanik der Kelten (J. Vendryes). 115
G.-W. Hoey, An Irish Homily on the Passion (J. Vendryes).. . 359
Ph. Kropp, La Tènezeitliche Funde an der Keltisch-germanischen
Vôlkergrenze (H. Hubert) 364
R. Latouche, Mélanges d'histoire de Cornouaille (J. Marx)... 129
W. Lewis Jones, King Arthur in History and Legend (Mary
Williams) 119
W. M. Lindsay, Early Welsh Script (J. Vendryes) 478
D. Mackinnon, A descriptive Catalogue of Gaelic Manuscripts
(J. Vendryes) 362
W. Meredith Morris, A Glossary of the Demetian dialect of
North-Pembrokeshire (J. Vendryes) . 360
Kuno Meyer, Betha Colmâin maie Lûachâin (J. Vendryes) 357
Kuno Meyer, Hail Brigit (J. Vendryes) 118
A. Perceval Graves, Welsh Poetry Old and New (J. Ven-
dryes) 48 1
J. Pokorxy, Der Gral in Irland und die mythischen Grundlagen
der Gralsage (J. Vendryes) 467
Sir John Rhys, The Celtic Inscriptions of Gaul, additions and
corrections (J. Loth) 366
D. J. Saer, The Story of Cardiganshire (Mary Williams) 122
Sailm Dhaibhidh (J . Vendryes) 480
O. Schrader, Die Indogermanen (J. Vendryes). 113
CHRONIQUE
Collection des vies de saints bretons (suite de la) 140
Déchelette (J.) ; son élection comme correspondant de l'Insti-
tut 138
Table des matières. 519
Dottin (G.) ; son manuel de moyen-irlandais 141
Ehrlich (H.): son interprétation du latin argutus 188
Festschrift V. Thomsen ■ 376
Fischer (F.). Mots celtiques passés en Scandinave. ;;;
Fourkier (P.) ; son élection à l'Institut ... 158
Gloses irlandaises (découverte de) 139
Harrison; Surnamesof the United Kingdom. 488
Holder (A.), Altceltischer Sprachschatz, 20« livraison 139
L'Irlande et le Home Rule, d'après Mrs Stopford Green 486
L'irlandais en Irlande (statistique de). 483
Le Braz (A.), La légende de la Mort, 3e édition 49;
Liden (E. ), Etymologies. 489
Manuscrits bretons (découverte de) 49^
Meillet (A.), Introduction à l'étude comparative des langues
indo-européennes, 5e édition 578
Mever (Kuno) ; son élection à l'Académie de Berlin 485
Miscellanv presented to Kuno Meyer . . 482
Ouvrages reçus . 582, 497
Périodiques nouveaux : Brittia 490
Gadelica 141
Pokorxv (J.), L"origine du druidisme 379
Proverbes en breton de Vannes (collection de), par l'abbé Le Goff. 491
Publications relatives à l'Irlande (répertoire des), par M. R. Best. 48K
Robixson (F.-X.j, Les deae matres 140
Rolland (E.) et son œuvre littéraire. ... . 489
School of Irish learning 581
Stern (L. Chr.) ; acquisition de sa bibliothèque par l'Université de
Dublin 138
Théâtre breton (la renaissance du), d'après M. Gustave Cohen 495
University Collège de Galwav; programme des cours 379
Université de Chicago (cours de celtique à 1') 139
Université de Rennes ; programme des examens bretons 494
Université d'Urbana (cours de celtique à 1') 379
Welsh Language Society (The) 381
Williams (Marvj : sa nomination à Manchester. ... . 3 82
PÉRIODIQUES
Abhandlungen der kôn. preussischen Akademie der Wissenschaf-
ten 584
American Journal of Philology (The). ... 506
Analecta Bollandiana 157, 508
Annales de Bretagne 150, 507
Anthropologie (L') 509
Archiv fur slavische Philologie 391
Beitràge zur Anthropologie und Urgeschichte Bayerns. 512
i 20 Tahlc des matières.
Boletin de la Real Academia de la Hi.storia 399
Bulletin de la Société archéologique du Finistère. . 146
Celtic Review (The). 393
Folk-lore (The) 155, 508
Fureteur breton (Le) 507
Gadelica. 394, 504
Hermathena 151
Indogermanische Forschungen 154, 389
Journal des Savants 383
Journal of the Folk-Song Socictv 152
Journal of the R. Society of Anliquaries of Ireland 144
Journal of the Welsh bibliographical Society 152
Korrespondenzblatt der deutsch. Gesellsch. f. Anthropologie 399
Mannus. 145, 395, 511
Mémoires de la Société de Linguistique 153
Praehistorische Zeitschrift 148, 5 10
Pro Alesia . . . 398
Proceedings of the Prehist. Soc. of East-Anglia 143
Proceedings of the R. Irish Academy. 390, 502
Revue des Études anciennes 150
Revue des Traditions populaires 155, 509
Revue numismatique 149
Revue préhistorique de l'Est 512,
Romania 155, 508
Sitzungsberichte der kôn. preuss. Ak. der Wissenschaften 387, 501
Transactions of the Hon. Soc. of Cymmrodorion 400
Zeitschrift fur Celtische Philologie 498
Zeitschrift fur Ethnologie. 397
Zeitschrift fur vergleichende Sprachforschung 389, 506
Le Propriétaire-Gérant, H. CHAMPION.
MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.
TABLE
DES PRINCIPAUX MOTS ÉTUDIÉS
AU TOME XXXIII
DE LA REVUE CELTIQUE'
I. Gaulois ou vieux celtique et ogamique
(Voir pp. ni, 115, 116, 369, 391, 392, 401, 402.)
Abicus, 400.
Adgenoui, 36S.
Aedui, 392.
Aestii, 392.
Aetura, 400.
'AXioPptÇ, 391.
Alugius, 400.
ambactus, serviteur, 377.
andoounaleo, 368.
Apronios, 371.
atnodô, avec larmes ? 370, 371.
awôtiknos, 370.
avotis. celui qui fait faire? 139, 370.
Balaudoni, 367.
bartib., aux enfants? 370, 371.
Belatucadrus, 369.
belion, feuille, 139.
Berga, 140.
Bergimus, 140.
Bergomon, 140.
Bergusia, 140, 370.
Betuuius, 502.
-bion, ce qui coupe, 502.
-bios, celui qui coupe, qui tue, 502.
Birakotôu, 370.
Boiohaemum, 391.
brâca, culottes, 377.
bratoude, avec plaisir? 368, 369.
bratout, 368.
Brig Rivros, 374.
Bv.ToÂxya'., 391.
Kabiros, 367.
Cabrus, 367.
-cadros, beau, fort, 369.
kanten, 368.
Caricucotta, 400.
Carrodunum, 391.
Casaricus, 400.
Catianus, 371.
Cavarillus, 389.
KouSapoÇj 389.
Cernunnos, 367.
Klamaki, 370.
Klirnitous, 368.
Cnusticus, 371.
Kobritoulôu, 370.
Comiogia, « conjugalis »? 367.
Congenno, 368.
Cornovia, 293.
koui, et? 367.
Cuneglase, «
430.
lanio fulve », 429,
1. Cette table a été faite par M. Emault.
Revue Celtique, XXX III. — Table.
Table des principaux mots étudiés
Cunobelinus, 297, 416.
-de, 368.
dede, 368.
delgu, il tint? 372.
druidae, druides, 1 1 7.
Dugia, 367.
Dugiava, 367.
Dugiavus, 367.
dugiiontiio, mariage ? qui servent ':
369, 370.
Dumias, 463, 466.
dunum, ville forte, forteresse, 465,
466.
duros, durou, ville, 465, 466.
Ecinnos, 368.
Elouissa, 366.
'EîwîBiov (axpov), 383 .
Epona, 454.
Equos, 146.
Esomaro ? 371.
Esumopas, 371.
Esus, 371.
gaiso-, lance, javelot, 150, 155,
571-
Garma, 370.
giaoua, parente? 366.
gobedbi, aux forgerons ? aux prê-
tres ? 101-103, 370.
iade, 368.
ieuru, 371, 372.
Isca, 282.
'Iouspvioç, 94.
Labrodiios, main généreuse ? 370.
Lanaknos? 368.
Latara, 391.
Latobius, 502.
Letauia, 392.
Lovocatus, 367.
Lugu-, 367.
Lugubalium, 367.
Lugudunum, 476.
Makkarioui, 367.
Maccarus, 367.
Maccius, 367.
Macco, 367.
Macconus, 367.
Magonti, 367.
MAGU, serviteur, 389.
Magourai, 366.
MAILAGURO, )OI.
Mavarria (-0X1:), 386.
Maponus, 454, 456.
-mâros, grand, 371.
Matrona, 454, 456.
Matugenos, fils de l'ours, 476.
Medsillus, Meddillus, 368.
Metlodunum, 465.
Missillus, 368.
Missoukos, 368.
Mitiesi, 367.
mitis, 367. »
-mopas, fils? 371.
Moritasgos, qui écarte les mauvais
esprits? 371.
neddamon, 372.
Nemetes, 392.
neta, netta, 372.
Xouiodunum, 391.
-OGXOS, 95.
-ona, 454.
Onna, 367.
-onos, 434, 436.
Oxtai, 371.
-pe, et? 367.
Porius, 301.
QpETTavixaî, 110.
Rennios, 400.
Rêva, 399.
"go-, 377, 392-
Rigodunum, 392.
Rigomagus, 392.
Rioumanos, 368.
ritou, 368.
Ritukalos, 568.
Ritumara, 368.
Ritus, 368.
-rix, 377.
Saiclus, 400.
Samotalos, 370.
sapsutaipe, 367.
sego-, 67.
sesia, 370.
Silouknos, 368.
au tome XXXIII.
m
Sirona, 454.
Smertulla, 367.
sosin, 371.
. . . soui, 368.
su-, bien, 304.
Tasgia, 369.
Tasgius, 369.
Tincommius, 369.
Tincorigis, 369.
Tisabannô, 370.
-u, prétérit, 3e pers. sing., 372.
Ucuctis, 103, 370.
Ulcagnus, 474.
Veneti, 391.
Venobius, 502.
vidubion, hache, 502.
Ouindiacos, 367.
Virotautae, 258.
Virotuti, à celui qui guérit les hom-
mes ? au vrai médecin ? 258.
Vistla, 391.
visu-, digne, 307.
Volcae, 377.
II. Irlandais.
(Voir pp. 52-56, 58-63, 65, 112, 119, 162,163,168, 169,172, 174, 179,
287, 312-318, 320-522, 325-345, 348-351, 354, 355, 357» 358, 360,
371, 372, 389, 390, 473, 503.)
aball, pomme, 392.
abardall, très sombre, 407.
acrad, noble, 501.
adraim do, j'adore, 312, 313.
ailt, héros, 501.
air, ar, sur, au delà de ; (enlever) à,
61, 62, 97, 112.
air-, devant, pour, 506.
airbi roir, Airbe Rofir, 500.
airdam, « prodomus », 474.
airegem, plainte, 119.
airem, laboureur, 94.
airem, aireamh, compte, 369.
Airemôn, petit laboureur, 94.
airge, pâturage, pacage, 377.
air(i)unsu, plus difficile, 61, 62.
-âiste, -iste, 505.
aithben, mauvaise femme, 501.
aithech, maître de maison, 393.
Alenn, 118.
alfraits, rustre, 505.
ampoill, vase, 501.
and, ann, alors (régna...), 98, 99.
anféta, tempétueux, 501.
anféth, tempête, 501.
anfud, tempête, 501 .
anse, difficile, 61.
Ard Mâcha, 96.
Artbe, 502.
ass(a)e, facile, aisé, 61, 62, 505,
506.
atchiu, je vois cela, 63.
atnoi, il le confie, 426.
atnuu, je promets, 426.
Auromun, Eruman, 95.
bâchai, bâton, 377.
baeth, fou, insensé, 577.
bagâiste, bagage, 505.
ban-tûath, sorcière, magicienne,
254.
bé, nuit, 489.
-be, celui qui coupe, qui tue, 502.
Beann Gulbain, 165.
benaim, je frappe, 376.
bennacht, bénédiction, 377.
Beothach, 95.
berte, qui portent, 370.
bétgnad, folie, 501.
Bethbe, 502.
biditecen, il te sera nécessaire, 503.
bîg, soyez, 504.
bigï, soyez, 504.
bihi, que vous soyez, 504.
Bile, 94.
bith, biuth, monde, 378.
Bith, 95.
bligim, je trais, 153.
IV
Table des principaux mois étudiés
bôaire, maître du bétail, proprié-
taire, 392.
Bodb, déesse de la guerre, 391.
boicht, pauvre, 389.
boill, les membres, 473.
bolg, sac; chambre de soufflet, 146,
391.
borp, fou, 472.
brach, malt, 392.
briste, culottes, 505.
broiténe, mantelet, 473.
brugh, demeure, palais, 123, 125.
buiden, troupe, 473.
buile, folie, désespoir, 408.
buutdiste, avantage, 505.
caball, cheval, 378.
cabbaiste, chou, 505.
edich, borgne, 377.
caiebme, poitrine, 489.
edirthen, sorbier, 501.
caithem, consommation, 119.
Canan, 354-356.
carrmocol, escarboucle, 67 .
cass, crépu, 392.
cassai, sorte de vêtement, 393.
Caulann, Culann, 389.
caur, cur, géant, 389.
ceis, épieu, 378.
-céitbani, tu concordes, 376.
celt, enveloppe, vêtement, 501.
Celtar, 501.
Celtchar, 501.
cén, ci'an, éloigné, 63 .
cendbert, casque, 430.
cerddcha, forge, 503.
cet-, premier, 392.
cétmuinter, épouse légitime, 114.
ciamair, ciamail, triste, 501.
cich, sein, 489.
Ciofach, Ciuthach, 50.
ciste, masse, 505.
ciste, caisse, 505.
ciuth, cheveux longs par derrière,
50.
ciuthach, homme sauvage, 49, 50.
claidim, je creuse, 392.
clé, gauche, 256.
cless, tour d'adresse, 155.
cliar, ménestrel, 372.
cliath, treillis, 392.
Cnoc Ailinne, 118.
cnuas, collection, trésor, 371.
cob, victoire, 392.
coche « clunis », 489.
cocrann, gl. consors, 383.
cocrich, frontière, 392.
coduinmail, gl. ut eliceat, 154.
coiclim, je ménage, j'épargne, 322.
coindealghaim, j'avise, 372.
coire, chaudron, 469, 473.
coiste, quête 505.
coit, hutte, 392.
colaiste, collège, 505.
Conbae, 502.
cor, gén. corad, héros, 389.
côrad, scélérat, 320, 321.
corâiste, courage, 505.
coss, pied, 489.
cotarsna, contraire, 392.
cothaigim, je nourris, 316.
crand, forme de bois, 145.
crannehur, « lancement de bois »,
sort, 383.
cret, voiture, 378.
cretair, relique, 369.
crob, main, 474.
croch, croix, gibet, 424.
crochaim, je crucifie, je pends, 424.
crod, bétail, richesse; salaire, 503.
croghan, butte déterre, 144, 145.
cross, croix, 378.
cruim, ver, 472.
cruth, forme, 472.
cubaid, harmonie, 384.
cuimliucht, utilité, 474.
cuing, joug, 474.
cuit, part, 474.
cumsanad, repos, 420.
cumsantis, ils se reposaient, 420,
421.
curach, sorte de bateau, 393.
daiss, meule de foin, 377.
dall, aveugle, 377.
dalte, dalta, disciple, 296.
damâiste, dommage, 505.
damnae, matière, 84.
derg, rouge, 501.
dergdn, puce, 501.
dergnat, puce, 5.01.
dermar, dermâr, dermair, dermail,
énorme, 501.
dessel, tour à droite, 256.
au tome XXXIII.
di'a, dieu, 377.
dinsem, mépris, 119.
do, à, 112.
dochùad, tu es allé, 388.
dochûadais, tu es allé, 388.
dodihel, gl. deerraverat, 431.
dôe, rempart, 464, 463.
dom, dam, maison, 473, 474.
droch, roue, 392.
drui, magicien, 316, 317.
drûth, joyeux, bouffon, 378.
dua, duae, rempart, 464-466.
duma, levée de terre, mur, rempart;
tas, grande quantité, 463-466.
dumaigim, j'exagère, 463.
dûn, forteresse, 465.
dûnaim, j'enferme, 465.
durinmaile, gl. promulgauit, 154.
Eber, Emer, 94.
égem, cri, 1 19.
eirr, guerrier sur un char, 389.
ele, mauvais, 474.
-em, infinitifs, 1 19.
Eochaid, 385.
er-, ir-, très, 62, 505, 506.
erâin, aurâin, en avant-garde; excès,
97, 98.
Erem, Airem, 94.
Éremôn, Érimôn, 94, 95.
Erim, 96.
érimm, course, 96.
Eriu, 95.
escara, ennemi, 501.
escrae, ennemi, 501.
fàil. loup, 501.
Fâilbe, 502.
fâl, mur, 393.
feadinne, vigne sauvage, 429.
Fénius, 95.
fer, homme, 461.
fethem, attente, 119.
fid, bois ; lettre, 383.
fidbae, serpe, 502.
fidchell, « intelligence du bois »,jeu
d'échecs, 384.
Find, Finn, 41-49, 55, 56, 157-160,
174, 516.
fintan, vignoble, 501.
fitir, il sait, 369.
fiu, digne, 119, 307.
flaith, seigneur, 393.
flesc, tige, baguette ; ligne centrale
de l'écriture ogamique, 383, 393.
foaim, je dors, 502.
foil, gîte, 473.
foil, bracelet, 473.
foirin, foule, gens, 473.
forgan, colère, 316.
Formenus, 387.
fothe, sous elle, 502.
frem oghuim ? « racine d'ogam »,
' la lettre n, 384.
fuirsire, parasite, 474.
gabhlach, fourchu, 377.
gae, javelot, 155.
Gavida, 101.
geilt, volage, fou, 378.
glas, gl . croceo, rossei coloris, 430.
glegar, glegrach, bruyant, 501.
-gnad, état, 501.
goba, forgeron, 101, 102.
Goibniu, 102, 145.
goiste, gaiste, piège, 505.
gor, pieux, 501.
grâd, rang, 501.
gratae, noble, 501.
grén, soleil, 62, 63.
guth, voix, 488 .
iarn, fer, 378.
-igî, impér., 2e pers. pi., 504.
immatai, à quoi tu es, 503.
in biucc, un peu, 368.
inchinn, cerveau, 476.
ind airmith, gl. summatim, 368.
indithem, attention, 119.
ind ôindid, une fois, 368.
Ir, 95.
Iruath, Hérode, 316, 317.
irussa, aurussa, urussa, très facile,
62, 506.
iruth, irud, grande terreur, 62, 506.
Issu, Isu, Jésus, 193.
Laigin, les habitants de Leinster,
386.
laiste, loquet, 505.
Laithbe, 502.
lann, terre, 393.
lâr, sol, 430.
lau, lu, petit, 389.
VI
Table des principaux mots étudiés
laubair, lubair, travail, 389.
leaba Dhiarmuda agus Ghràinne,
lit de Diarmuid et Grainne, crom-
lech, 505.
lind, élément liquide, 378.
lios, un fort, 123.
lith, fête, 393.
locâiste, réduction de loyer, 505.
lôiste, « slouch », 505.
long, vaisseau, 378.
lorg, trace, 409
lothar, lothor, endroit où on lave,
503.
luaide, plomb, 393.
Lugba, 502.
lunta, nom d'une partie de la rame,
501.
luth, force, élan, 319.
Mâcha, Armagh, 95, 96.
Machacân, 96.
-magim, j'accrois, 393
maug-, mug, serviteur, 389.
mbleguîn, blegon, traite, 154.
menadach, sorte de mets, 378.
menmarc, passion, 501.
menme, pensée, 501.
mi-, mauvais, 501.
michair, aimable, 502.
Mil, 95.
missimbert, méchant jeu, 501.
mnâ, de la femme, 367.
mod nad mod, « manière qui n'est
pas la manière » ; à peine, 64,
65.
Môethchelt, 501.
mog, gén. mogaid, serviteur, 371 .
Morrigain, reine des esprits, 371.
moth, « stupor », 472.
mruig, bruig, région, district, 123.
mug, gén. mogo, serviteur, 371.
muir, mer, 473.
muirriasg, marais de mer, 281.
muirsheisc, roseau de mer, 281.
Muiruisc, 416.
murial, caille, 473.
neas, instrument pour tourner un
vase de terre, 372.
ness, forme de bois, 145.
niab, excitation, vigueur, 501.
niabaim, j'excite, 501.
niabthach, vigoureux? 501.
nin, frêne ; lettre ; la lettre ti, 384.
nitricfam, nous ne pourrons te gué-
rir, 502.
no, ou, 426.
nochit, nu, 389.
ôa, ae, foie, 476.
odhar, gris brun, 391.
oghamcraobh, « ogam en branche »,
ogam écrit, 383.
Oillann, 355.
olc, mauvais, 474.
olsé, dit-il, 390.
omungnath, crainte, 501.
-on, diminutif, 94, 95.
orâiste, orage, 305 .
orc, baleine, 378.
ôth, ûath, terreur, 62, 506.
pâiste, pièce, 505.
piiste, enfant, 505.
papa, ecclésiastique, 378.
paraiste, paroisse, 505.
Partholôn, 95.
pasâiste, passage, 505.
poca, poche, 378.
proind, dîner, 473.
prôiste, procès, 505.
râiste, misérable, 505.
râlaib, aux désirs, 62.
rân, superbe, 62.
râth, fort circulaire en terre, demeu-
re seigneuriale entourée d'un
rempart en terre, 123, 145, 146.
ré, pour, 312.
remâin, au premier rang, 96, 97.
rethim, je cours, 474.
riasg, marais, 281.
ro-, 62, 502.
robuir, (du) rouge, 474.
ro chathu clôi, qui a livré des com-
bats, 119.
roicc, il atteint, 65.
rondiacht ? 64, 65.
ropsat, tu as été, 388.
rôstan, roseraie, 501.
routh, à la course, 474.
sâiste, sauge, 505.
-scaigim, je passe, 393.
sciath, bouclier, 393
ségde, vaillant, 67
adroit ; champion, maître, 66 67
^'g. faucon ; héros, 67 '°0'0'
i>emion, 95. '
seng, mince, 501.
sengân, fourmi, 501.
serc, amour, 501.
sgraiste, égratignure, 505
sheela-na-gig, 146. 5
«us, longuement, 420, 421
slabra, bétail, 502. '
slatt, perche, 430.
sluag, troupe, 393.
Mniste, garçon insolent, ÎOï
-snaidim, je coupe, 30:
suacht, cuve? 320, 321
muI, œil, 140. '
sùist, sûiste, bâton, 578, 505.
tâid, voleur, 393
Taidgg, Taidc, fadhg, 360
tairnid, il s'enfonce 6?
tais, pâte, 393.
^itnim j'apparais; je plais, 3! 3
■lalgaeth, 355. r ' * >"
tarb, taureau, 378.
tâthut, est à toi, 60.
ten, arbre, buisson, 501
tesbanat, ils manquent 376
testât, ils manquent, 376
au tome XXXIII.
VII
'<>-. t-, do-, 64. yi'
tôided, qu'il conduise, 07
toissech, chef, 474. y/ '
tonach, tunique 424
M: chef> héros' *■ *
tossach, commencement, 474
traigthe, les pieds, 388
fell, espace de temps, moment
occasion, 503. ««ra«,
tûaithcherd, an magique 2ç«
juanhchleas, tour m'alldrôi^n
tuare, nourriture, 389 )>-
tûatb, peuple, 250
tûath, à gauche; nord; magique
njagicien,254,255, 28. gq '
tuathach, magicienne, 254 ,c7
tundsem, fait de fouler aux 'pieds,
uastu au-dessus d'eux, 502
Uchadan, Ugden, 102, 103 '
uirge, testicule, 501
ur-, 506.
urlâiste, horloge 505
urraigi, urraig, 'airrig, errig, préfet,
III. Gaélique d'Ecosse
bile, feuille, 139.
brugh, tumulus, 123.
forgan, colère ; bruit, 169.
gagan, grappe, 177.
Lothian, 286.
n'asg, marais, 281.
snodhach, sève d'un arbre, 371.
IV. PlCTE.
Trostan, 294, 309.
VIII
Table des principaux mots étudies
V. Gallois.
(Voir pp. 187, 188, 190-193, 195-197, 208-217, 219, 220, 222, 224-239,
243, 246, 247, 347, 548, 350, 351, 362, 404-407.)
adneu, dépôt; dépôt en terre, inhu-
mation, 426, 429.
aflafar, muet, 426.
afneued, sans chagrin, sans regret ;
abondant, fécond, 426, 427.
afu, foie, 476.
ar, sur, 62.
arch ystauen, arche d'alliance, 231.
argvvrau, dot, 410.
Arthur, 115, 1 19-122, 432, 435,
436, 460.
awirtul, afrddwl, bien triste, 405,
407.
ban, quand ; depuis que, 406. 409 .
bera, tas de blé, de foin, 370.
berwi, bouillir, 405, 409.
bit, monde, 405, 407.
blaenbren, « excellent bois », chan-
ce, 383.
Bleddri, 180-183.
boly, bola, ventre, 370.
brag, malt, 392.
Branwen, Brangwen, 302.
bro, région, district, 123.
buch, vache, 392.
buiw, (tant que) je serai, 405, 408.
buost, tu fus, 410.
byddin, troupe, 473.
cadeir, siège, 369.
cadr, beau, fort, 369.
Caduuallan, 299.
Caerlleon, 286.
Caerllion, 263.
canu, chanter, 71 .
canuan, petit chant, 71.
caradwv, aimable, 302.
carchar, prison, 459, 460.
cariad, amant, amante, objet aimé,
302.
casgoord, suite, satellites, 368.
cawr, géant, 389.
Kedweli, 386.
kelli, bois, 262.
cerdin, sorbier, 501.
Cernyw, Cormvall, 293.
keudawd, estomac ; pensée, 405,
409.
chware, jeu, 453.
chwyrnu, ronfler, s'ébrouer, 75.
cig, viande, 392.
cigydd, boucher, 392.
cledd, gauche, 256.
cleheren, moucheron, 372.
clêr, moucheron, 372.
chvvr, cloer, clergé, 372.
clydur, abri confortable, 405, 407.
cnawd, chair, 92.
coelbren, « bois à pronostic », chan-
ce, 583.
Coheic, Ceheic, 412.
crefyddwr, croyant, 191.
creir, relique, 369.
croes, croix, 424.
crogi, pendre, 424.
cuddio, cacher, 71.
cwrwg, sorte de bateau, 393.
cwyddaw, cwvddo, tomber, 70.
cyfreu, joyau, ornement, 410.
Kvheic, 40$, 406, 409, 411-413.
cymhwys, de même poids, conve-
nable, 281.
cvnhaliaf, j'avise, 372.
cynt-, premier, 392.
kywreu, paroles; chant, 406,410.
cywydd, mesure, 384.
dalen, feuille, 406, 410.
defnydd, denfydd, matière, 84.
denvvdd, druide, 427.
Dibrguyr, 300.
Diuunguallaun, Dinguallaun, Dun-
guallaun, 300.
dirgatisse, gl. concesserat, 429.
Diristan, Dristan, 403, 404, 406,
410, 411.
diwal, dyfal, actif, 405, 407.
au tome XXXIII.
IX
do-, 428.
dodi, mettre, 429.
dodwv, déposer, 429.
Dubr-Duiu, Dyvyr-Dwy, 300.
dywal, cruel, 407.
-edic, -edig, 428.
eirif, compte, 369.
Erim, 96.
erniwar, je déplorerai, 427.
eruvw, chagrin. 427.
ernywed, chagrin, 427.
ertiwul, folie, passion folle? 405,
408.
Essyllt, 293.
Euryn, doré, 456. 457.
ew, il; particule verbale, 405, 408.
ewnis, efnvs, hostile, funeste : en-
nemi, ennemis, 406, 411.
fechid, il gronde de fureur, 404,
406, 410.
fechvn, (foi) ardente, 410.
finnaun, fontaine, 298.
gadu, laisser, concéder, 429.
gieu, nerf, 367.
glas, fauve, roussâtre, brillant, 430.
glitinne? « scutulis, vestibus scutu-
latis, orbiculatis », 100.
gof, forgeron, 101.
gogledd, à gauche; nord, 255, 256.
golchi, laver, 405, 409.
gosgordd, troupe, clan, famille, 368.
Gratlaun, 300.
Guir Cetgueli, 386.
guursebaït ? « eseforium, parva tu-
nica », 100.
gwaelod, le bas, 303.
gwal, gîte, tanière, 473.
gwala, plénitude, 570.
gwalch, faucon ; héros, 67.
gwant, il perça, 430.
gwanu, percer, pénétrer ; se glisser,
se faufiler à travers, 450, 43 1.
gwayw, lance, 408.
Gweir, viril, 459-461.
gwerin, foule, 473.
gwisgaw, gwisgo, vêtir, 71.
gwiw, digne, 307.
gwlad, pays, royaume, 297, 353.
gwledig, chef suprême, 332.
gwr, homme, _;6i.
Gwri, viril, 436. 157, 461.
Gwron, grand homme, 461.
gwrthneu, refuser, récuser, 426.
gwvddbwyll, « intelligence du
bois », jeu d'échecs, 384.
gwylaw, gwylo, pleurer, 71.
gwyr, il sait, 369.
Gwyr, 386.
heintnod, pestilence, 501.
heinyf, vif, allègre : (terre) luxu-
riante, 405, 408.
henvid, herwydd, suivant, selon ; à
cause de, 405, 408.
hil, semence, 83.
hud, illusion, enchantement, 249,
250.
huyscur, au trait (javelot, pique)
hardi ; prêt à l'attaque, 405, 407.
iach, bien portant, 392.
in deu, nous deux, 406, 413.
Lancarvan, 271.
laur, llawr, sol, 421, 424, 430.
lladmervdd, interprète, 183.
llanerch, clairière, 131.
Llanrothal, 296.
llath, perche, 430.
llaw, main. 370.
Llawfrodedd, 370.
Lleyn, 386.
llwrw, trace, sentier ; piste, pour-
suite ; en ce que, du moment
que, en ce qui concerne, en fait
de, 405, 409.
Llys, 123.
Llvwarch, 367.
Llvwelvdd, 367.
Llvwelvn, 367.
Lotor a Fotor, 459.
Loumarch, 367.
Mab Mawr, grand fils, 434.
Mabon, grand fils, 452-461.
mach, caution, 367.
Manau Guotodin, 386.
Manaw, Manau, 386.
Manawvddan, 459.
Mardi, 406, 411.
Maredud, 254.
Table des principaux mois étudiés
Mechydj 404.
Medraud, 298.
men, myn, où, 410.
menic, mynnic, lieu, où, 406, 410.
menic, mynych, souvent, 410.
Meriadoc, 301.
meu-, serviteur, 367.
Modron, grande mère, 454.
moniu, buisson, 287.
Moniu, Miniu, Mynyw, 287, 386.
Morcant, Morgan, 250.
Morgan Tut, 135, 249-258, 371.
Morgannuc, 297.
morhesg, roseau de mer, 281.
Mydron, Modron, 459.
Mynweir, 459-461.
Mvnweir a Mynord, 459.
-n, nous, 409.
Nantcarvan, 271.
neu, ou, 426.
neuaf, je suis abattu, perplexe, je
regrette, 425-427.
neued, affliction, regret, 425-427.
-nod, 501.
nodd, jus d'une plante, sève d'un
arbre, 371.
nwyf, vigueur, 501.
nwyfo, exciter, 501.
Ondryaw ? 131.
pau, peu, région, contrée, 252,253.
pebrur, pebir gur, le beau guerrier,
406, 410.
peth, morceau, 474.
peues, contrée, 252.
Pir, Pyr, 301.
Pryderi, 457, 460.
pyr, depuis que, parce que, 405,
407.
Rhiannon, grande mère, 454-456.
rhieni, reines ; dames ; parents, 455.
Ridol, 296.
ron, lance, 405, 408.
ron, quand même, même s'il était
possible, 405, 408.
Rotri, 370.
ryhawt, généreux, 428, 429.
ryodic, reodic, généreux, fier ; pro-
digue ? 428.
Sach a Salach, 459.
Se ac Asse, 459.
Souir ac Ovir, Sodome et Gomor-
rhe, 459.
syberw, orgueilleux, 131.
tàn, feu, 76.
Teyrnon, grand roi, 455, 456.
toes, pâte, 393.
treis, violence ; enlèvement, rapt
fait avec violence, 405, 408.
Tristan, 293.
trwvnffychein, gronder en jetant
une haleine enflammée par les
naseaux, 410.
tud, nation, 250, 251, 257.
Ty Gwynn, 415.
vuam, nous fûmes, 406,410.
warthav, la plus haute, 303.
Wysc, 282.
y, à, 112.
Yessu, Yssu, Jésus, 193.
ymmenydd, cerveau, 476.
vndda, bien, 368.
Ynys Pyr, 301.
yr, sur, 62.
ysbïo, épier, 70.
yscinvaen, montoir de pierre, per-
ron, 405, 407.
yscwr, trait, javelot, pique, 407.
VI. CoRNIQUE.
(Voir p. 291.)
-adow, adj. 302. Angrès ? 304.
Alternon, Alternun, autel de Nonn, Austol, 272.
292.
au tome XXXIII.
XI
barth, bouffon, 266.
Bleri, 263. '
Blethu, 265.
Bodrugan, Bodrigan, 271, 275, 276.
bros, aiguillon, 303.
Cadio, 297, 301.
Cadoalant, 299.
Cador, 289.
Caduualant, 265.
Cadwallen, 298.
Caerleghion, Carlyon, 263, 279,
414.
Caer Lydan, 289, 294.
Kaherdin, Caerdin, Cairdine, 302.
Kair belli, 262.
Canal-Idy, Canalesv, Caneligey,
Canaligey, 303.
Kanelangres, 302-305.
Canoel, Kanel-, 303, 304.
caradow, aimable, 302.
Cardinan, Cardinham, 267, 289.
Caresk, 282.
Cariado, 297, 302.
Carlidden, 289.
Karn, 308.
Carnyorch, Carnyorth, le tertre du
chevreuil, 273.
Karn-Margh, tertre rocheux, cairn
de March, 273.
Karrek luz en kuz, le rocher gri-
sâtre dans le bois, 285.
Çastel uchel coed, le château du
bois élevé, 262.
Kea, 278.
kelli, bois, 262.
Kelliwic, 262.
Kernew, Kernow, Cornwall, 288,
293.
Chirgwin, terre blanche, 416.
Chygwinne, Chegwyne, Chywine,
maison blanche, 416.
kilmarth, la retraite, le lieu de
retraite de March, 273.
compes, égal, droit, 281.
composter, ordre, réglementation,
282.
cos, coys, bois, 282.
cres, grès, (partie) du milieu, 303.
crows, croix, 424.
Custentin,Costentin, 284, 294, 305.
Cyngelt, 294.
defnydh, matière, 84.
Dimelioc, 261, 414.
-din, citadelle, 302.
Dinan, 289.
dinas, forteresse, cité forte, 288,
289.
Dinas, Dynas, Dennis, 288-290,
302, 505, 308.
Dinas-Ie, 289.
Donoalen, Denoalen, 297, 299, 300.
egles, eglos, église, 298, 303.
Eglesros, 298.
Eselt, 293, 305.
Esturt, 290.
funten, pi. fontenio, fontaine, 298.
Gèrent, 265, 286.
gluat, patrie, 333.
Golant, 415.
golas, woles, (partie) la plus haute,
303.
Goran, 276.
Goron, 301.
Gorvenal? 301.
Gralan, Grealant, Grazelen, 300.
Gratcant, 300.
Griffin, 265.
guinbren, vigne, 424.
guitfil, bête sauvage, 425.
gwane, frapper, percer, 431.
Gydiccael, 294.
Harmony, 287.
heligen, saule, 425.
hen, vieux, 287, 288.
Henlan, Hellan, 299.
herwyth, au pouvoir, en compagnie
de, 408.
heschen, roseau, 281.
hir, her-, long, 288.
Hirmeneu, Ermenheu, 287, 288.
Hoel, 297.
Hudent, qui a de bonnes dents, 304.
la, Iva, 289.
Jordan, 262.
Lamb, 415.
lamm, labm, saut, chute, 41 5.
Table des principaux mots étudiés
lan, lieu consacré, monastère, 271,
279.
Landege, 278.
Landu, le monastère ou l'église
noire, 279.
Lantien, Lanthien, Lantvan, Lan-
tven, Lantïn, Lanzian, Lancien,
270, 271, 273, 276, 291, 304,
305,41s.
Lanyon, Lanîn, 270.
lesserchoc, « l'herbe d'amour »,
291.
lidan, large, ample, 289.
Lidan, 305, 308.
Loholt, 263.
luer, sol, 430.
Malpas, 276-278.
Marazion, Marazïn, 270.
Mariadoc, 297.
maw, serviteur, 367.
Meriadoc, Meriasek, 301.
Mewen, 272.
midil, moissonneur, 425.
milin, melyn, jaune, 425, 429.
Modret, ÂÎodred, 262, 298.
Mopes, 415.
Morcant, Morgan, 297.
Morhaytho, 302.
Morres, Moresc, Moreis, 280-283,
304, 305.
Moruurei, 265 .
Myrmen, 294.
Nanji'zel, 271 .
Nanscuk, 268.
nant, vallon, vallon arrosé par un
ruisseau, ruisseau, 271.
Nantellan, 271.
Xauntvane, Nauncyan, Xantian,
Nantyan, Xantvant, Xantean,
270, 271.
naw, neuf, 367.
Newton, 265.
Nunsavallan, 415, 416.
Ongynedel, 294.
Otret, 292.
Pendîn, 302.
Pendinas, Pendennis, 288.
Penfontenio, 298, 301.
Penmark, 309.
Perinis, 297.
Perys, 269.
Peticru, 290.
Pons mur, grand pont, 279.
Porth-Ie, Proth-Ia, 289.
Porthiliy-Egles, 303.
Porthillv-gres, 303.
pow, région, 252.
Restronguet, 280.
Ribrost, 265.
Riscaradoc, Ricaradoc, Rescraddek,
le gué de Caradoc, 261.
Rivalen, Rivalin, 297.
Rivalen Kanelangrès, 305.
Rosonwallen, 298.
Rospeth, 273.
Roswallen, 298.
Rouland, 298, 299.
Ruallon, 299.
Ruait, 299.
Rumuncant ? 265.
Sampson, Samson, 272, 305.
Talan, 299.
Talgollo, 298, 301.
Terradenec, terre à fougère, 288.
tew, épais, 367.
Tintagel, 261, 263, 270, 271, 273,
291, 304, 305, 309.
tir, chir, ter-, terre, 288, 416.
Tre-Bleri, 263.
Tregestentyn, Tregestevntyn, Tre-
gostentin, la demeure de Costen-
tin, 284, 294.
Tregiffion, 414.
Trelan, 299.
Trembath, 273.
Trestan, Tristan, 290, 305, 415.
Trevorgant, 297.
Trewallen, 298.
Trewvnt wartha, 303.
Trewvnt woyles, 303.
Tricoit, Trecoit, Trecut, Trecoyes,
la demeure du bois, ou dans le
bois, 283, 284, 305.
Triconscire, 265.
trig, treg-, séjour, lieu de séjour,
284, 288.
Trigg, 265, 272.
tus, peuple, 250.
tv, chv, maison, 416.
au tome XXXIII. xm
Urgan, 297.
^.artha, (partie) la plus haute, 303.
VIL Breton armoricain.
(Voir pp. 266-268, 272, 297, 309,420.)
a-bil, à verse, 82.
acerbite, violence, 72, 73.
adarre, adarrhe, de nouveau, 82, 83,
85.
adnou, dépôt, 422, 426, 429.
aeçzony, aisance, facilité à faire les
choses, 85.
sez, eaz, aise, plaisir, commodité,
84.
îezamand, eazamand, aise, plaisir,
commodité, 85.
aezans, aise, plaisir, commodité, 85.
affliction, pi. ou, affliction. 86.
afligea, affligein, affliger, 86.
aflijus, affligeant, 86.
Altrit, Altret, Autret, 292.
Alvred, 267.
-an, diminutif; nom de propriété,
503.
anaon, les âmes, 493.
anehon, de lui, 71.
ânes, gêne, supplice, 72.
aneze, d'eux, 70.
anezoff, de lui, 71.
Ankou, la Mort, 493.
aredec, regret, contrition ; doulou-
reusement ? 76.
a-rez, (passer) au ras, 88.
argourou, argouvreu, dot, 410.
arre, arrhe, de nouveau, 84, 85.
aruezet, arveset, attentif, 84, 85.
az-, as-, 76, 77.
azrec, aezrec, componction, contri-
tion, 76, 77.
azrecat, azredecat, avoir componc-
tion des péchés, 76, 77.
azrectet, arretet, regret, contrition,
76.
beledigueh, prêtrise, 77.
bern, tas, 370.
-berth-, faîte, 430.
binidiguez, bonheur, 77.
bleynenn, cime, 77.
Blohiu, 267, 300.
bodenn, asile, recel (d'un voleur),
92-
boet gloedic, viande au Comte,
3)2.
bot, bod, antre ; asile, abri ; encou-
ragement, 92, 93.
bout ma é, quoiqu'il soit, 82.
bro, pays, 123.
cadoer, siège, 369.
Cadoualain, 298.
caezr, beau, 369.
caffouus, caffouvs, caffuous, doulou-
reux, 70, 71.
campouis, égal en poids, 281.
canaff, chanter, 71.
canauenn, canafenn, canaffen, chant,
canoenn, chant, 71.
canon, canon; règle, 72.
Canuel, 302, 303.
caoter, coter, chaudron, 292.
Caradou, aimable, 302.
Castel roe Marc'h, château du roi
Marc'h, 306.
c'hoari ar c'hontroll, contrarier, 68.
c'hoërgnus, de mauvaise humeur,
hargneux, revêche, 75.
c'huirinnat, hennir, 75.
cillant, (frapper) violemment, 82.
cillant, pierre posée obliquement ou
debout sur son tranchant, 82.
cisternn, citerne, 71.
claff ouz claff, de plus en plus dou-
loureux, 72.
clehurin, mouche, 372.
cloer, clergé, 372.
Clutuual, 295.
enot, petit d'un animal, 92.
XIV
Table des principaux mots étudiés
cobrouol, gl. verbialia, 410.
compes, uni, égal, 282.
condaffnet, condamnet, condamné,
82.
consonanç, beauté, 88, 89.
consonant, juste, admirable, 89.
contanancc, délai, 78.
conterol, contrôle ; contrariété, con-
tradiction, contredit, 69.
conterollein, contrôler ; contrarier,
contredire, 69.
conteroller-vor, contrôleur de la
marine, 69.
conterolli, contrôler, 69.
conterollour, contrôleur ; contra-
riant, contradicteur, 69.
contraliaff, contrarier, 68.
contraly, (sans) différence, opposi-
tion ; (salle de) torture, 68.
contrariaff, contrarier, 68.
contrel, contrell, contraire, contra-
dictoire ; contrariant, odieux, 68,
69.^
contrêllage, opposition, contrariété,
69.
controliaht, gl. controuersiam, 68.
controll, contrell, contrée!, con-
traire, 68, 69.
controller, contrariant, 69.
controlli, s'opposer, contrarier, ré-
sister, 68.
controllia, contrarier, contredire, 68.
controllyer, contredisant, 68.
controllvez, contrariété, contradic-
tion, "68.
controllyus, contrariant, 68.
coscor, gens, famille, 368.
couezo, tomber, 70.
counteroll, contrerol, contrôle, 69.
counteroller, countroller, control-
lour, contrôleur, critique, censeur,
69.
counterollérès, contrôleuse, 69.
counterolli, contrôler, critiquer, 69.
countreur, countrol, control, con-
traire, 69.
crecq, (le feu) prend, 76, 77.
crenon, trembler, 71.
croes, croas, croix, 424.
crot, petit enfant, 92.
cuhon, cacher, 71.
Custantin, 284.
daffnacion, daunacion, daounacion,
damnation, 88, 89.
daffnez, danuez, danvez, danve,
dannve, danfe, danné, daoné, ma-
tière, bien, 84.
damnation, damnation, 89.
damnet, daffnet, damné, 70, 71.
darleber, gl. phitonicus, 427.
deffoul, tourment, 86.
défoula, abolir, abroger, 86.
defoulançz, abolissement, révocation
d'une loi, d'un acte, suppression,
extinction décharge, etc., 86.
defoulapl, révocable, qui peut s'an-
nuler, 86.
dianaff, inconnu, 90.
dianaff, dianaù, disanaff, méconnais-
sable, 90.
diaznaoudecq, dianoudecq, mécon-
naissant, 90.
diaznauezet, dianavezet, inconnu,
90.
diaznauout, diaznaout, disaznaout,
dianaouein, méconnaître, 90.
dibatiantt, impatient, 71.
dicontananç, continuel, 78.
dieneff, méconnaissable, 90.
diffaranti, différencier, discerner, 72.
differance, diferanç, diffarançz, dif-
farancç, différence, 72.
differancifu, diffaranci, distinguer,
discerner, 72.
dihiliai, il égrenait (des épis), 83.
dilaouen, dylouen, désolé, 78, 79.
dimoder, dvmoder, immodéré, 82,
83.
Dinan, petite forteresse, 302.
dineuz, vain, qui est sans façon,
sans mine, de peu d'apparence,
simple, informe, défiguré, mal
proportionné, 84.
disaçun, disacun, affreux, 86.
dishilya, disilha, dizilla, s'égrener,
s'échapper grain à grain, 83.
disneuz, de mauvaise façon, qui a
mauvaise grâce ; frivole, vil, bas,
méprisable, difforme, laid, défi-
guré, 84, 85.
disoulaç, désolant, 74.
distre, il revient, 70, 71.
divoder, immodéré ; immodération,
83.
au tome XXXIII.
xv
dizneu, disneu, qui ne sait pas s'y
prendre, 84.
dodicouaut, gl. extorsit, 422, 424,
430, 431.
dodiprit, 431.
Donuuallon-, Donguallon-, Dun-
guallon, Dunguallun, Dongual-
len, 299, 300.
dor-, tor-, 427, 428.
dorguid, gl. pithonicus, 427.
Driduual, 295.
droucq-neuz, droug-neu, mauvaise
grâce, mauvaise mine, 85.
duration, durée, 74.
efuo, effuo, boire, 70.
Eliduc, 267.
eluenn, eluen, elvenn, ehven, elw,
pi. elguennou, étincelle, 90, 91.
enta, donc, 368.
eostik, rossignol, 378.
er c'hontroll-beo, ê controll-veo,
tout au contraire, 68.
-eson, 79.
espio, guetter, 70.
essony, essouny, essoine, excuse lé-
gale, 84, 85.
esteuziff, estuziff, éteindre, 74.
éternel, eternal, éternel, 86.
-etic, -idic, 428.
Etuual, 295.
eufl, euflen, pi. evelenno, étincelle,
90,91.
eulien, euliennen, étincelle, 91.
evez, garde, 70.
evit, 'wit... da, quoique, 70.
fibla, battre, frapper fort, 91.
fiblad, fort coup donné en battant,
91.
fibler, celui qui bat, qui frappe fort,
91.
fimble, fible, boucle de porc, 91.
fimblein, fiblein, boucler le grouin,
91.
fiplhe, frapperait ; fiplo, torturera,
90,91.
flëmienn, boucle de porc, 91.
formai, fourmal, (ténèbres) profon-
des; (eau) pure, 78, 79.
francquat, franchat, francaat, fran-
kaat, élargir, affranchir ; devenir
libre, aller mieux, 90.
funton, fontaine, 298.
glebour, moiteur, 81.
gloat, royaume, 352.
gloedic, chef suprême, comte, 352,
35 3-
goaz oz goaz, de pis en pis, 72.
goelo, pleurer, 71.
goude, après, 70.
gouelet, fond, 303.
Graalend, 298.
Gradlon, Grazlon, Grallon, 300.
Gralant, Graelant, 268.
giat : dre grat, aisément, 76, 77.
grignol, grignel, grenier, 69.
grisill, grisilh, gresilh, grêle, 82.
Gueithnoc, 314.
Guimarc'h, Gwivarc'h, 307, 308.
guinion, gl. uinalas, 429.
guoed, goez, sauvage, 424, 425,
429-
guoed guiniin,goezguinyenn, vigne
sauvage, 422, 424, 429.
Guoletec, 353.
gwisko, vêtir, 71.
ha d'ezan beza, quoiqu'il soit, 82.
halegen, saule, 425.
hary ? 78.
Helion, 267.
hema, ceci, 76, 77.
hesc, lèche, 281.
hisaelbarr, gui, 419.
Howel, Hoel, 268, 297.
hu, huée ; risée ; skei an huo da,
donner le signal à, par des cris,
75-
huernek, querelleur ; celui qui at-
taque de paroles, 75.
huerni, huerna, attaquer de paroles,
quereller, injurier, insulter, aga-
cer, 75.
huernn, clameur, 74, 75.
huernus, hargneux, querelleur, de
mauvaise humeur, 75.
hunvré, rêve, 89.
hunvréi, rêver, 89.
Iarnhaithoui, 302.
Iarnhaitou, 302.
XVI
Table des principaux mots étudiés
ifern, ivern, ihuern, inhuern, m.,
yffernn, f. enfer, 78, 79.
impacient, impatient, impatiant,
impatient, 70, 71, 86.
-in% 429.
inquietaff, très angoissant, 78.
Iseut, 295.
Iudicael, 294.
Iudwal, 295.
Jakes, Jacques, 268.
Jovinus, 267.
Juthael, 267.
kano, chanter, 71.
karget-rèz, (coupe) pleine à débor-
der, 88.
kelli, bois, 262.
kledour, abri, 81.
Kerneo, Cornouaille, 293.
Kerrualen, 298.
kerzin, sorbier, 501.
labourât, travailler ; opérer, être en
activité, 74, 75.
laedroun, voleurs, 369.
lah, gaule de la charrue, 430.
lamm, saut, chute, 415.
lann, terre inculte, 393.
Lantivy, 271.
lath, verge, perche, 422, 430.
laz-arazr, manche ou queue de la
charrue, 430.
lecquer, lacquaer, on met, 76, 77.
leiz, humide; plein, 81.
leizour, ruse? 80, 81.
lenno, lira ; expliquera ? 70.
Léon, 287.
Les, 123.
leskidic, brûlant, 428.
lisoureguez, paresse, 81.
lor, leur, sol, 417, 422, 424, 430.
Lostmarc'h, 306.
lourdony, lourdise, 85.
lourdt, lourd, 85.
machtiern, représentant, caution du
tiern, grand seigneur soumis à
l'autorité suprême, 353.
manier, m. et f. manière, 76.
mao, gai, 367.
mardi, cheval, 306, 307.
Mardi, 306, 307.
Mari-Morgant, fée des eaux, 253.
men, où, 410.
milinion, jaunes, blonds, 422, 424,
42 s, 429-
milinon, jaunes, blonds, 429.
moan-euz-moan, de plus en plus
maigre, 72.
modestou, rêves fâcheux, 89.
Modrot, 298.
moeson, façon, mesure, 72.
molest, contradiction, 89.
molestou, rêves fâcheux, 89.
moheher, marchand de montres,
horloger, 89.
monstr, mounstr, monstre, 88, 89.
monstre, rêve importun et incom-
mode, 89.
monstrei, avoir des rêves fâcheux,
89.
monstrou, moustrou, montreu,
montre, revue, 89.
montr, mont, pi. mohtrou, mon-
treu, moncho, montre de poche,
89.
Morcant, 250.
Morganes, fée, 253.
mortel, mortal, mortel, j6.
mor-vounstr, monstre de mer, 89.
mounstricq, petit monstre, 89.
mounstrus, monstrueux, 89.
moustr, rêve fâcheux, 89.
moustr, montre, revue, 89.
moustra, passer la revue, 89.
moustra, fouler, 89.
moustrer, (démon) incube, 89.
moustrericq, moustericq, cauche-
mar, oppression nocturne, 89.
muy ouz muy, de plus en plus, 72.
naounet, affamé, 92, 93.
naturabl, naturel, 80.
nebeudic, neubeudic, petit peu, 80,
81.
nedeu, nede, il n'est pas, 70, 71.
neusia, feindre, 85.
neuz, neu, né, forme, façon, figure,
apparence, semblant, physiono-
mie ; feinte ; décadence, 84, 85.
-o, infinitif, 70, 71.
ober ar c'hontroll, ar c'hontrell,
au tome XXXIII.
XVII
contrarier ; ober c'hontel, faire du
bruit, ennuver, gêner, faire tort,
68.
offanezet, offensé, 80.
offansabl, offanczabl, irritant ; cou-
pable, 80.
-om, infinitif, 71.
-on, infinitif, 71.
-ony, 85.
ord, souillure, horreur, 84.
ordous, malpropre ; homme mal-
propre, 84.
ordousès, femme malpropre, 84.
organ, organe, 90.
ort, sale, 84.
-ou, infinitif, 71.
ourdousded, ordure, saleté, 84.
ourdousder, ordure, saleté, 84.
ouz, oz, euz, oe'h, contre ; (de
pins) en (plus), 72.
paou, région, 252.
parha-somet, accablant (de chaleur),
82.
pe dre, par quoi, par quel, 90, 91.
pe dre hent, pezrehent, pezdrehent,
par quel chemin, 91.
peinta, peinta, pehta, peindre, 73.
peinta, faire des gestes avec les
mains en parlant pour mieux mon-
trer, 73.
peintadur, peinture, 73.
peintadurez, peinture, 73.
peinteih, pênntein, peindre, 73.
peinter, peintre, 73.
pen, tête, 430.
penberthou, faîtes, 417, 422.
penitance, penetanç, pénitence, 72.
pented, attifée, 73.
pentet, peinctet, peint, 72, 73.
pentur, peinture, 73.
penturer, peintre, 73.
penturi, peindre, 73.
Per, 301.
Pères, Pierre, 269.
pez, morceau, 474.
pezalech, à quel lieu, 91.
Pezdron, 91.
pil, (pluie) à verse, 82.
pilad dour, averse, 82.
pilât, pillât, frapper, 82.
pillaff, piller, 82.
pintr, peintre, 73.
pintra, peindre, 73.
Pirinis, Perinis, Perenes, l'île de
Pir, 301, 305.
plaesant, plesant, plaisant, agréable,
89.
plesanç, plaisir, 88, 89.
Plomarc'h, 306.
plouo, frapper, 70, 78, 79.
poan, f. peine, 78, 79.
Porzmarc'h, 306.
Pou Caer, Poher, 252.
Poulmarch, 306.
punissionou, punitions, 70, 71.
quent y daz espio, avant qu'elles te
guettent, 70.
raes, (chose) commode, 88.
raizein, bouleverser, 88.
Ran Uuoionan, la villa de Uuete-
nuuoion, 303.
reaz, res : war o — , (mettre les
choses) en ordre, (les tirer) au
clair, 88.
rebource, rebours, revêche, bizarre,
90.
rebourcein, reboursein, rebourser,
vomir, 90.
rebourcereah, vomissement, 90.
rebours : en ur ber — , « en un re-
tourne main », 90.
rec'h, tristesse, affliction, chagrin,
76> 77-
rec'hi, attrister, 77.
rec'huz, triste, 77.
recour, recours ; secourir, sauver,
78.
recouranç, aide, 78.
reçzed, resed, rez, superficie rase,
niveau ; reçzed ê reçzed, au ni-
veau, de plain-pied, 88.
reisaat, rendre ou devenir tranquille,
89.
reiz, rez, reih, reh, droit, régulier ;
habile ; clair, facile, bien ; règle,
88, 89.
rems, remps, durée ; espace (de la
vie), 86, 87.
remsi, rempsi, durer, subsister, 87.
remsy, espèce, 86, 87.
remziad, pi. aou, génération, 87.
XY1I1
Table des principaux mots étudiés
rén, renaff, exister, 87.
renabi, compte, 80.
re peur-, tout à fait, 82.
res (e, en — ), (sous) forme de, 88.
rés, juste, 88.
rês, rez, ras, plain, uni ; plein, gar-
ni, fourni, bien rempli, 88.
resaat, devenir plus habile, 89.
rês-ribus, « rés le bord d'une me-
sure », 88.
Rethuualt, 295 .
reud, reudt, reut, redt, rude, roide,
inflexible ; rond à force d'être
plein ; trapu, 80, 81.
reuda, reudi, redein, reudein, roi-
dir, se roidir, 80, 81.
reudder, reuder, redér, raideur, du-
reté, 80, 81.
rez, (bois) sans défaut, facile à tra-
vailler, 88.
rez : ober eur — da, chapitrer, 88.
rez, f. rangée, 88.
réz, réaz, niveau; ras, comble, plein
jusqu'aux bords ; rez, à fleur, au
niveau; ê rez, a rez, a réaz, au
niveau, au ras, de plain-pied, 88.
rezan, mettre à fleur, 88.
rez ar verenn, rasade, 88.
réz ha réz, au même niveau, 88.
rezo, rendre uni, raser, 88.
rez toupicq, rasade, 88.
Rimelen, Rivelen, 297 .
Rituuald, 295.
Rituualt, 295.
Rivilin, 297.
Riwallon, Riuuallun, Riguallon,
Riwalan, Ruallen, 296-298.
ro-, 296, 428.
Roald, Ruald, 267, 294, 296, 305.
Roallen, Roallon, 298.
Rodait, Rudalt, Rodaud, Rozaud,
Rouzaud, l'homme au don élevé?
295, 296.
Roderch, Rozerch, 296.
roe, roi, 353.
roedennaff, défaillir, 81.
rogotetic, confié, 422, 428, 429.
Rohoiarn, 295.
Romael, 295.
Romin, 295.
Rotbert, Rotberth, Roperz, Roparz,
294.
roueden, roédèn, filet, membrane,
voile, taie, 81.
Rumanton, 295, 296.
rusabl, prudent, 86, 87.
ruset, rusé, 87.
Ruvalen, 298.
ruz, rouge, 296.
sal, salle ; séjour, 68, 70, 71.
salu, sal, sauf, 68.
scianç, science, 77.
sciançet, savant, 76, 77.
scill', (coup de) tranchant (d'épée),
82.
scrit, scryt, scruit, scruyt, écriture,
80.
sec'hour, sécheresse, 81.
sill, éruption lente, écoulement lé-
ger et fin, 83.
silla, découler, couler, fluer, 83.
sizlaff, sila, filtrer, 83.
spiaff, espérer, 70.
spya, spyal, spyein, épier, 70.
stai : lacat — , apaiser, mettre la
paix, 74.
stai : gouil , civadière, 74.
stard-oc'h-stard, de plus en plus for-
tement, 72.
steuzi, éteindre, 74.
steûzia, fondre, disparaître, s'abîmer,
se perdre ; se ruiner, 74.
steuziet, avachi, aveuli, qui ne se
tient plus, 74.
stoùez, épines, ronces, buissons,
huiliers, 74.
struj, état, 74, 75.
struj, pousses (de pommes de ter-
re), 74, 75-
struz, mine, contenance, façon, 74,
75-
struziet, (mal) façonné, qui a (mau-
vaise) mine, 74, 75.
stuz, manière, façon, état, 74, 75.
stuziet fall, qui a mauvaise mine,
75-
stuziou, stusiou, (tristes) états, ma-
nières d'être, 74, 75.
-t, prétérit, 3e pers. sing., 430.
tan, m. feu, 76, 82.
tê, fondu, 74.
au tome XXX III.
XIX
temperanç, temperançz, tampéran-
ce, tempérance, modération, 80.
tempérant, tempérant, 80.
témperi, tempérer, 80.
teùz, teùs, lutin, 74.
teûz, fonte, 74.
teuzi, fondre, 74.
tor-, 127. |2,S .
torleberieti, gl. phitonistarum, 427.
tornouidocion, malades (de corps et
d'esprit), 421, 425, 427, 429.
toruisolion, gl.fidis, 427.
tra, m. et f. chose, 77.
Trechmor, 305.
Trestan, Tristan, 306.
tud, peuple, gens, 250.
tuthe, teuz, esprit follet, lutin, 254.
Tutuarn, 306.
Tutwal, 295.
variasse»!, variété, 78, 79.
-wal, -gual, k.)].
-walt, 295.
Wihenucc, 267.
Wihumarc(h), 267, 283, 284, 309.
wiu-, digne, 307.
Wiuhomarch, Guyonvarc'h, 307.
Uuoetuual, 295.
Uuoetuualt, 295.
wz,w l'trfirru (&*&}>) 357
PB 1001 .R5 V.33 SMC
Revue celtique
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