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Full text of "Histoire de Hainaut : traduite en francais avec le texte Latin en regard, et accompagnée de notes"

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THE  LIBRARY 

OF 

THE  UNIVERSITY 

OF  CALIFORNIA 

LOS  ANGELES 


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HISTOIRE 


SE 


HAINAUT. 


IMPRIMERIE  DE  H.  FOURNIER, 

RUE    DE  SEIHB,It°    l4. 


HISTOIRE 


DE 


HAINAUT, 


PAR  JACQUES  DE  GUYSE, 

TRADUITE    EN    FRANÇAIS    AVEC    LE     TEXTE     LATIN    EN    REGARD, 

BT      àCCOUPlGNÉB     SE     NOTES. 

(  Le  texte  est  publié  pour  la  première  fois  sur  deux  manuscrits  de  la  Bibliothèque 
du  Roi.) 

TOME  SECOND. 


A  PARIS, 

CHEZ  A.  SAUTELET  ET  0%  LIBRAIRES, 

PLACE    DE    LA    BOURSE. 

A  BRUXELLES, 

CHÏZ  ARNOLD  LACROSSE ,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE. 

M  nccc  XXVI. 


PRÉFACE. 


JLes  annales  de  Hainaut,  qui  sont  l'objet  principal 
de  cet  ouvrage,  n'ont  pas  occupé  l'auteur  exclusi- 
vement. Il  donne  l'histoire  de  la  Belgique  entière; 
il  y  joint  même  l'histoire  sainte,  l'histoire  romaine, 
celle  des  Perses  et  des  Grecs.  Il  s'efforce  de  n'o- 
mettre aucun  fait  important ,  et  il  y  réussit  assez 
bien.  Il  commet  quelques  erreurs  sans  doute;  mais 
qui  peut  s'en  croire  exerat?  Nous  avons  tâché  de 
les  corriger,  et  nous  n'avons  épargné  ni  soins  ni 
recherches  pour  y  réussir. 

Le  second  livre  commence  à  l'an  7^5  avant  notre 
ère,  et  la  partie  du  troisième  livre  que  nous  donnons 
ici  finit  à  la  destruction  de  Carthage,  l'an  146  avant 
notre  ère.  C'est  un  intervalle  de  six  cent  vingt-neuf 
ans  pendant  lesquels  nous  trouvons  ici  une  histoire 
complète  de  la  Belgique.  La  prise  de  Rome  par 
les  Gaulois  est  l'événement  qui  paraît  le  plus 
important  et  le  plus  glorieux  pour  nous  dans  cet 
intervalle ,  ainsi  que  l'établissement  des  Gaulois 
dans  la  Galatie  et  la  Gallo-Grèce.  Aussi  Jacques  de 
Guyse  ne  l'a  point  oublié  :  il  nous  donne  de  longs 
détails  sur  Brennus ,  qui  fut  le  chef  de  cette  expé- 
dition ,  et  ces  détails  sont  puisés  dans  des  annalistes 


1 250925 


l'RKFACE. 


plus  anciens  que  lui.  Il  ne  les  copie  pas  sans  quel- 
que critique,  puisqu'il  rejette  la  plus  grande  partie 
(les  récits  d'un  ancien  historien  d'Ecosse,  auquel 
il  donne  le  nom  de  Crésus.  Il  est  plus  confiant 
lorsqu'il  rapporte  l'histoire  de  Bavo  qui,  des  bords 
de  la  Phrigie,  vint  faire  nn  établissement  dans  le 
Ilainaut.  Pourquoi  Lucius  de  Tongres  et  Nicolas 
llucléri,  desquels  il  paraît  avoir  tiré  ces  anciennes 
traditions,  n'auraient^ils  pas  cru  qu'un  neveu  de- 
Laomédon  serait  venu  s'établir  chez  eux,  après 
avoir  vu  lui  comte  de  Hainaut  devenir  empereur 
de  Constantinople?  Ce  dernier  fait  n'était-il  pas  en 
quelque  sorte  plus  incroyable  que  le  premier  ? 
N'avons-nous  pas  vu  presque  de  notre  tems  un  des 
chefs  de  la  secte  des  Quakers  donner  son  nom  à  la 
Pensilvanie,  après  avoir  été  assez  long -tems  en 
prison  à  Neugate  ?  Qu'on  nous  rapporte  ce  fait 
à  la  manière  des  anciens  annalistes,  sans  les  dé- 
tails qui  ne  nous  permettent  pas  d'en  douter,  et 
nous  aurons  bien  de  la  peine  à  l'admettre.  Un 
gentilhomme  corse  devenu  notre  empereur,  allant 
mourir  prisonnier  des  Anglais  dans  une  île  d'A- 
frique, ne  nous  a-t-il  pas  offert  pendant  tout  son 
règne,  une  véritable  fantasmagorie?  Reportons- 
nous  à  l'époque  dont  il  est  ici  question,  et  sup- 
pléons à  notre  auteur,  en  rapportant  im  fait  non 
moins  (xtraordinaire  qui  s'est  passé  à  l'époque 
dont  il  parle  ici,  et  dont  il  ne  nous  dit  rien,  sans 
doute  [)arce  qu'il  l'a  cru  étranger  à  son  royaume 
de  lîelgis,  mais  qui  prouve  encore  la  réalité  de 


PRÉFACE.  iij 

ces  anciennes  émigrations,  plus  faciles  autrefois 
qu'aujourd'hui. 

Sigovèse  et  Bellovèse  sont  les  chefs  de  cette 
expédition.  Tous  deux  étaient  neveux  d'Ambigat, 
roi  des  Bituriges ,  qui  avait  alors  la  principale  au- 
torité sur  les  Celtes  ,  et  régnait  à  peu  près  sur  le 
tiers  de  la  Gaule.  Cet  Ambigat,  dit  Tite-Live, 
«  avait  tout  l'ascendant  que  peuvent  donner  à  ini 
«  souverain  ses  qualités  personelles  et  la  pros- 
«  périté  de  son  pays  ».  La  population  de  cette  con- 
trée s'accrut  tellement  sous  son  empire,  qu'elle 
ne  pouvait  plus  y  subsister,  et  qu'il  était  difficile 
de  comprendre  comment  une  pareille  multitude 
pouvait  être  gouvernée.  Ce  prince,  déjà  avancé  en 
âge,  voulant  en  délivrer  son  royaume,  chargea 
Bellovèse  et  Sigovèse,  fils  de  sa  sœur,  jeunes  et 
pleins  d'activité ,  de  conduire  une  partie  de  ses 
sujets  dans  des  contrées  où  ,  selon  les  augures ,  les 
dieux  eux-mêmes  avaient  fixé  leur  séjour.  Il  les 
avertit  qu'ils  auraient  besoin  d'être  assez  nom- 
breux pour  triompher  des  anciens  habitans ,  et 
leur  permit  d'emmener  autant  d'hommes  qu'ils 
voudraient.  Le  sort  donna  à  Sioovèse  la  forêt  Her- 
cinie,  tandis  que  Bellovèse  eut  une  route  bien  plus 
agréable  vers  l'Italie.  Cet  événement  mémorable 
est  ainsi  rapporté  par  Tite-Live,  qui  en  fixe  l'épo- 
que au  tems  de  Tarquin  l'Ancien ,  deux  cens  ans 
avant  le  siège  de  Clusium;  et  ces  deux  dates  s'ac- 
cordent très-bien  ensemble  :  le  siège  de  Clusium 
est  placé  sous  l'an  388  avant  notre  ère,  suivant  le 


IV  PREFACE. 

tableau  chronologique  qui  termine  la  dernière 
édition  du  Tacite  de  Bureau  de  Lamalle  (i).  Ainsi 
l'expédition  de  Sigovèsedoit  être  portée  à  l'an  588 
avant  notre  ère,  époque  à  laquelle  régnait  en  effet 
Tarquin  l'Ancien. 

Les  Celtes,  de  l'aveu  des  Romains  eux-mêmes  , 
étaient  donc,  à  cette  époque,  bien  plus  puissans 
que  les  Romains,  et  portaient  leurs  armes  d'un 
côté  dans  le  nord  de  l'Allemagne,  et  de  l'autre 
dans  l'Italie.  Tite-Live  n'est  pas  le  premier  histo- 
rien qui  l'atteste.  Jules-César  avait  dit  avant  lui, 
en  parlant  évidemment  de  cette  expédition  :  «  Il 
«  fut  un  tems  où  les  Gaulois,  plus  belliqueux  et 
(c  plus   vaillans    que  les  Germains,  leur  fesaient 
«  d'autant  plus  volontiers  la  guerre,  qu'elle  leur 
«  donnait  lieu  de  se  débarrasser  d'une  multitude 
«  d'hommes  que  le  pays  ne  pouvait  faire  subsister, 
«  et  dont  ils  formaient   des   colonies  qu'ils   en- 
«  voyaient  au-delà  du  Rhin.  Les  Volces-Tectosages 
«  occupèrent  donc,  au  voisinage  de  la  forêt  Her- 
«  cinie,  les  lieus  les  plus  fertiles  de  la  Germanie, 
«  et  s'y  établirent  :  ils  s'y  maintiennent  encore  de 
«  nos  jours,  avec  une  très-grande  réputation  de 
«  justice  et  de  valeur  (2).  » 

Ce  passage  nous  apprend  ce  que  Tite-Live  laisse 
ignorer,  le  nom  des  peuples  qui  suivirent  Sigovèse  : 
c'étaient  les  Volces-Tectosages ,  alors  soumis  aux 
Bituriges,  et  peut-être  impatiens,  par  cette  raison, 

(i)  Chez  Michaud,  Paris  j  1817.  vi  ,  353. 
(2)  Caesar,  de  Bello  ^allico,  vi  ,  24. 


PRÉFACE.  V 

de  quitter  leur  pays.  «  La  partie  voisine  des  Cé- 
«  vennes  »,  dit  Strabon  (i),  «  y  compris  le  côté 
«  méridional  de  ces  montagnes  jusqu'à  son  extré- 
«  mité,  depuis  les  environs  de  Lodève  jusque  vers 
«  Toulouse,  est  occupée  par  les  Volces,  surnommés 
«  Tectosages  ,  c'est-à-dire  couverts  de  casaques  ou 
«  de  capotes  de  laine.  Quant  à  la  partie  septen- 
«  trionale  des  Cévennes,  ce  territoire  abonde  en 
«  mines  d'or.  La  population  paraît  même  en  avoir 
«  été  jadis  si  puissante  et  si  nombreuse,  qu'à  l'oc- 
«  casion  des  troubles  qui  s'y  élevèrent,  ils  chas- 
te sèrent  de  leur  pays  un  grand  nombre  de  leurs 
«  compatriotes.  Une  partie  de  ces  fugitifs,  associés 
«  avec  des  habitans  d'autres  pays,  envahit  la  Phri- 
«  gie,  voisine  de  la  Cappadoce  et  de  la  Paphlas^onie. 
«  Nous  avons  la  preuve  de  cette  émigration ,  «  con- 
tinue Strabon ,  »  dans  le  nom  même  de  Tecto- 
«  sages  que  porte  encore  aujourd'hui ,  »  c'est-à-dire 
vers  l'an  i8  de  l'ère  chrétienne  (2),  «  l'une  des 
«  trois  nations  qui  occupent  la  Phrigie  :  c'est  celle 
«  qui  habite  le  territoire  d'Ancire,»  Angora  dans 
l'Anadolie  (3).  «Quant  aux  deux  autres,  connues 
«  sous  le  nom  de  Trocmes  et  de  Tolistoboges ,  ces 
«  deux  noms  exprimaient  deux  divisions  de  l'ar- 
ec mée  gauloise ,  ainsi  appelées  du  nom  de  leurs 
«  généraux  respectifs  (4)-  » 

(1)  IV,  187.  Voyez  la  traduction  française  ,  ii,  3i. 

(1)  Voyez  l'art.  Strabon  dans  la  Biographie  unii>erseUe ,  xliv,  i. 

(3)  Traduction  française  de  Strabon,  ii.  3a. 

(4)  Strabon,  xii ,  566,  Voyez  la  traduction  française,  iv,  .S9. 


Vj  PREFACE. 

Tacite  (i)  paraît  faire  allusion  au  passage  de 
Jules -César  en  nommant  d'autres  nations,  lors- 
qu'il dit  que  deux  peuples  sortis  de  la  Gaule ,  les 
Helvétiens  et  les  Boiens,  s'étaient  établis  entre  la 
forêt  d'Hercinie,  le  Rhin  et  le  Mein.  Cette  forêt 
d'Hercinie  s'étendait  jusqu'à  la  forêt  Noire;  elle 
allait  encore  plus  loin  du  côté  du  levant;  elle  se 
prolongeait  dans  la  Pologne  et  dans  la  Hongrie. 
Elle  était  nommée  Orcinie  par  Ératosthènes ,  Ar- 
cinie  par  Aristote  ;  une  partie  s'appelle  encore 
aujourd'hui  leHartz,  nom  corrompu  iX Hercjrda[i) 
ou  Arcynia;  ou  peut-être  c'était  le  nom  primitif  de 
ces  forêts,  dont  les  Grecs  et  les  Romains  avaient 
adouci  la  prononciation,  en  les  désignant  sous  les 
noms  ^Arcynia  ou  <y Hercjnia. 

On  voit  par  tous  ces  détails  puisés  dans  quatre 
auteurs  dont  le  témoignage  est  irrécusable ,  et 
auxquels  on  pourrait  en  ajouter  plusieurs  autres, 
tels  que  Pline  et  Justin ,  de  quelle  importance  était 
l'expédition  conduite  par  Sigovèse.  On  ne  doit  donc 
pas  être  surpris  que  ce  nom  célèbre  se  trouve  in- 
scrit sur  trente-six  médailles,  découvertes  en  1806 
dans  le  département  de  Vaucluse,  au  lieu  où  les 
Auvergnats  furent  battus  par  les  Romains,  et  qui 
portent  en  caractères  étrusques  ce  nom  lelikovesij 
bien  ressemblant  à  celui  de  Sigovèse.  On  peut  voir 
sur  ces  médailles  l'ouvrage  que  j'ai  publié  en  1808 
sur  les  antiquités  du  département  de  Vaucluse  (3). 

(1)  De  Morihus  Germanoriirn ,  c.  28. 

{1)  La  Germanie,  par  C.  L.  F.  Panckouckc.  Paris,  i8a4,  p.  i'|3. 

{>)  Pag.  385. 


PRÉFACE.  vij 

Elles  offrent  tous  les  caractères  d'une  époque  très- 
ancienne,  et  sont  conservées  à  Paiis  dans  mon  ca- 
binet, à  l'exception  d'une  qui  m'a  été  soustraite 
par  un  graveur,  et  de  trois  cédées  à  M.  Tôchon , 
qui  les  avait  fait  graver  pour  un  ouvrage  sur  les 
médailles  gauloises ,  qu'une  mort  prématurée  Ta 
empêché  de  finir. 

Quant  à  Bellovèse,  Tite-Live,  né  dans  le  pays 
qu'il  envahit,  nous  parle  plus  en  détail  de  son  ex- 
pédition ,  connaissant  très-bien  ce  point  d'his- 
toire. «  Bellovèse  ,  dit-il ,  rassemble  autour  de  lui 
«  ce  qu'il  y  avait  de  jeunesse  surnuméraire  chez 
«les  Bituriges  ,  les  Arvernes,  les  Sénonais,  les 
«  Eduens  ,  les  Ambarres,  les  Carnutes  ,  les  Au- 
«  lerques;  et,  à  la  tète  d'une  armée  formidable, 
«  tant  en  cavalerie  qu'en  infanterie,  il  arrive  dans 
«  le  pays  des  Tricastins.  Là  il  trouva  devant  lui  la 
«  barrière  des  Alpes,  qu'il  jugea  insurmontable  ; 
«  et  je  ne  m'en  étonne  pas,  puisqu'elle  n'avait 
«  point  encore  été  franchie,  du  moins  de  mémoire 
«  d'homme,  à  moins  qu'on  ne  veuille  croire  aux 
«  récits  débités  sur  Hercules.  Tandis  quelesGau- 
«  lois  emprisonnés  aux  pies  de  ces  hautes  mon- 
«  tagnes  ,  recherchaient  par  quels  moyens  ils 
«  pourraient  s'ouvrir  une  route  dans  un  autre 
«  monde  à  travers  ces  escarpemens  inaccessibles 
«  qui  se  perdaient  dans  les  cieux ,  des  considéra- 
«  tions  religieuses  vinrent  encore  arrêter  leur 
«  marche.  Ils  apprirent  que  des  étrangers,  qui, 
«  comme    eux ,    cherchaient    un    établissement , 


viij  PRÉFACE. 

«  étaient  attaqués  par  la  nation  des  Saliens.  Ces 
«  étrangers  étaient  arrivés  des  bords  de  la  Pho- 
«  cide  :  on  les  appelle  aujourd'hui  Marseillais.  Les 
«  Gaulois,  envisageant  dans  le  succès  de  ces  nou- 
«  veaux  venus  le  présage  de  leur  propre  dt^stinée, 
«  les  protégèrent;  et  grâce  à  leurs  secours,  le  ter- 
M  rain  que  les  Phocéens  avaient  occupé  à  leur  dé- 
«  barquemont  sur  un  rivage  qui  d'ailleurs  n'était 
«  qu'une  vaste  foret,  devint  une  ville  puissante. 
«  Pour  eux,  ils  franchirent  les  Alpes,  jusqu'alors 
«  impraticables,  par  la  gorge  de  Turin,  défirent 
«  les  Toscans  en  bataille  rangée ,  non  loin  du  Tésin  ; 
«  et  comme  ils  apprirent  que  le  terrain  sur  lequel 
«  ils  avaient  campé,  s'appelait  le  champ  des  In- 
«  subriens,  la  conformité  de  ce  nom  avec  celui 
«  d'Insubrès,  canton  des  Éduens,  leur  paraissant 
(f  d'un  augure  favorable,  ils  y  bâtirent  une  ville 
«  qu'ils  nommèrent  MedioIaiiwn,y>  Milan  (i). 

On  voit  que  ces  peuples  n'étaient  pas  aussi  bar- 
bares que  Polibe  veut  nous  le  faire  croire ,  lorsqu'il 
nous  dit  (2)  que  lors  de  l'invasion  des  Phocéens, 
les  Gaulois  étaient  répandus  par  villages  qu'ils  ne 
fermaient  point  de  murailles.  Le  mot  urbs  qu'em- 
ploie Tite-Live  pour  désigner  Mediolanum  y  n'a 
jamais  été  employé  pour  signifier  un  village,  et 
cette  ville  ne  fut  pas  la  seule  qu'ils  bâtirent  dans 
le  nord  de  l'Italie.  En  effet,  ceux  qui  l'avaient 
construite  furent  suivis  bien  tôt  après  d'une  troupe 

(i)Titc-Livc,  V,  34. 
(a)  Liv,  3  ,  c,  4- 


PRÉFACE.  ix 

de  Cénomans,  conduits  par  Elitovius,  qui ,  s'atta- 
chant  à  leurs  traces ,  traversèrent  les  Alpes  par  le 
même  défilé,  à  l'aide  de  Bellovèse,  et  vinrent  se 
fixer  dans  le  pays  possédé  alors  par  les  Libuens , 
où  sont  maintenant  les  villes  de  Brescia  et  de 
Vérone  (i).  On  trouvera  dans  la  suite  de  ce  pas- 
sage les  autres  invasions  faites  par  les  Gaulois  à 
différentes  reprises.  J'ai  discuté  fort  au  long  tous 
ces  faits  dans  un  autre  ouvrage  (2). 

Les  Phocéens  n'étaient  pas  les  premiers  Grecs 
qui  fussent  venus  dans  la  Gaule,  Si  l'on  en  croit 
Timagènes ,  copié  par  Ammien  Marcellin  (3) ,  et 
son  autorité ,  fondée  sur  de  nombreuses  recher- 
ches, n'est  pas  à  dédaigner,  avant  l'arrivée  des 
Phocéens ,  les  Gaulois  avaient  déjà  eu  de  fréquens 
rapports  avec  les  Grecs.  D'abord  les  Doriens 
avaient,  dit-il,  fondé  des  colonies  sur  les  côtes 
de  l'Océan.  Dorienses  Oceani  locos  inhabitasse  con- 
fines. Ensuite,  après  la  prise  de  Troie,  quelques 
corps  de  l'armée  grecque ,  errans  et  dispersés  en 
tous  lieus,  auraient  occupé  dans  la  Gaule  les  por- 
tions de  terrain  inhabitées.  Ces  émigrations ,  dit 
Timagènes,  sont  attestées  par  le  témoignage  con- 
stant de  tous  les  habitans  de  ce  pays,  et  de  plus 
JE  l'ai  lu  gravé  sur  leurs  monumens.  Regionum 

(1)  Ïite-Live  ,  v,  35. 

(2)  Tableau  historique  et  géographique  du  monde.  Paris,  1810, 
IV,  I  et  suiv. 

(3)  XV,  9.  Timagènes ,  et  diligentiâ  grcecus  et  lingud ,  hœc  quœ 
diii  sunt  ignorata ,  collegit  ex  niultiplicibiis  libris  :  ctijus  fidcm 
sequuti  eadeni  distincte  doceùiiniis  et  apertè. 


X  PRÉFACE. 

autem  incolce  ici  magïs  omnibus  adseveranl ,  quocl 
ctiàm  nos  legimus  in  monumentis  incisum  (i). 

On  peut  joindre  à  ces  faits  curieux  un  autel  et 
des  inscriptions  grecques  fort  anciennes  trouvées 
en  Calédonie  et  citées  par  Solin  (2) ,  l'autel  con- 
sacré près  d'Ausbourg  à  Ulisse,  avec  son  nom  et 
celui  de  Laërte  son  père,  plusieurs  tombeaux  et 
monumens  avec  des  inscriptions  en  caractères 
grecs ,  qui  existaient  encore  du  tems  de  Tacite  (3) 
sur  les  confins  de  la  Germanie  et  de  la  Rhétie  (4)- 

Tous  ces  rapprochemens  entre  les  Grecs ,  les 
Romains  et  les  Gaulois,  sans  oublier  les  Cartha- 
fijinois ,  puisque  l'ancienne  écriture  grecque  n'est 
autre  chose  que  l'écriture  phénicienne ,  paraissent 
incontestables.  Mais  devons -nous  admettre,  sur 
la  foi  de  Lucius  de  Tongres ,  extrait  par  Jacques 
de  Guyse,  les  faits  qu'il  nous  raconte  sur  les  expé- 
ditions de  Servius  TuUius  et  des  autres  rois  de 
Rome  dans  la  Belgique  ?  c'est  ce  qui  paraît  plus 
difficile.  Il  semble  cependant  que  l'histoire  des 
anciens  rois  de  Rome  a  été  défigurée  par  les  ré- 
publicainsquiles  ont  chassés.  Denis  d'Halicarnasse, 
qui  a  voulu  la  reconstruire  lorsque  l'établissement 

(i)  Ammianus  Marcellinus,  xv,  9. 

(2)  Cap.  xxii. 

(3)  Be  Moribus  Germanoriun ,  cap.  iii.  Voyez  Pellcrin  ,  Recueil 
(ie  Médailles,  t.  i,  p.  14. 

(4)  Je  dois  ces  rapprochemens  à  M.  Bureau  de  Lamallc ,  qui  a 
bien  voulu  me  communiquer  un  mémoire  manuscrit  de  lui  sur  les 
Auïerci,  qui  a  été  lu  à  rAcadc'mie  des  inscription»  m  1822,  et 
<|ui  me'riterait  d'être  public. 


PRÉFACE.  XJ 

dereinpire  romain  rendait  raiicieiine  autorilédes 
rois  moins  odieuse,  a  puisé  tous  ses  matériaux  dans 
les  historiens  grecs ,  et  n'a  parlé  des  Gaulois  que 
comme  de  barbares  sans  civilisation.  Les  Belges 
ont-ils  eu  des  historiens  assez  anciens  pour  que 
les  noms  et  les  dates  aient  pu  se  transmettre  fidè- 
lement d'une  génération  à  l'autre  jusqu'à  Lucius 
de  Tongres?  C'est  ce  que  nous  avons  peu  de  moyens 
d'éclaircir.  Fabius  Pictor,  le  premier  des  histo- 
riens romains ,  vivait  deux  cent  vingt-trois  ans 
avant  notre  ère,  et  conséquemment  plus  de  cinq 
siècles  après  Romulus.  Il  consulta  les  monumens 
publics  de  la  république  ;  mais  ceux  des  rois  avaient 
été  détruits. 

Si  l'ancienne  histoire  des  Romains  qui  nous  ont 
conquis  est  incertaine ,  la  nôtre  l'est  sans  doute 
encore  plus  :  mais  nous  croyons  rendre  service  à 
ceux  qui  aiment  nos  antiquités,  de  leur  faire  con- 
naître un  ancien  annaliste  qui  nous  donne  une 
histoire  suivie  de  la  Belgique  depuis  la  guerre  de 
Troie  jusqu'au  tems  auquel  il  a  vécu;  histoire 
écrite  d'après  d'autres  plus  anciennes ,  sans  aucun 
ornement  de  stile,  et  sans  aucune  de  ces  additions 
romanesques  destinées  à  embellir  un  récit. 

Une  lettre  que  je  viens  de  recevoir  de  Cambrai, 
sous  la  date  du  27  juillet  dernier ,  m'annonce  un 
voyage  fait  quelques  jours  auparavant  à  Douai , 
où  Ton  conserve  plusieurs  antiquités  découvertes 
récemment  à  Famars,  telles  qu'un  trépié  qui 
servait    aux   sacrifices    de   Bacchus ,   des   armes 


xij  PRÉFACE. 

fort  anciennes  et  beaucoup  de  vases  étrusques. 
C'est  sans  doute  une  manie  condamnable  que  de 
se  créer  une  antiquité  factice,  entièrement  puisée 
dans  notre  imagination;  mais  c'en  serait  une  peut- 
être  coupable  de  rejeter  sans  examen  des  monu- 
mens  authentiques  qui  nous  donnent  une  histoire 
non  interrompue  antérieure  à  celle  des  Romains. 
Nous  mettons  nos  lecteurs  à  portée  de  juger  cette 
grande  question  ,  et  nous  espérons  que  cette  pu- 
blication en  amènera  d'autres  qui  serviront  à  mieux 
résoudre  encore  cet  intéressant  problème. 

Paris,  3  août  1826. 

Le  Marquis  de  Fortia. 


II. 


xij  PRÉFACE. 

fort  anciennes  et  beaucoup  de  vases  étrusques. 
C'est  sans  doute  une  manie  condamnable  que  de 
se  créer  une  antiquité  factice,  entièrement  puisée 
dans  notre  imagination;  mais  c'en  serait  une  peut- 
être  coupable  de  rejeter  sans  examen  des  monu- 
mens  authentiques  qui  nous  donnent  une  histoire 
non  interrompue  antérieure  à  celle  des  Romains. 
Nous  mettons  nos  lecteurs  à  portée  de  juger  cette 
grande  question ,  et  nous  espérons  que  cette  pu- 
l3lication  en  amènera  d'autres  qui  serviront  à  mieux 
résoudre  encore  cet  intéressant  problème. 

Paris,  3  août  1826. 

Le  Marquis  de  Fortia. 


II. 


ANNALES 


HISTORIJ: 


ILLUSÏRIUM  PRINCIPUM 

HANNONI^. 

LIBER  SECUNDUS. 
CAPITULUM  I. 

In  nninine  Sanctir  Trinitatis.  Incipit  liber  seciindiis  Annaliiiin  liis- 
turiarum  llliistriiim  principiim  Hannoniae^  et  primo  de  L  rso , 
rege  Belgensium. 


P osT  trojanae  civitatis  destructionem  ,  fermé  anno 
quadringeritesimo  quinto  (i)  ;  ab  exordio  civitatis 
belgensis  quadringentesimo,  videlicet  Osiœ,  régis  Juda 

(i)  Le  manuscrit  de  S.  Germ.  ajoute  :  vel,  secundUm  aliani  opi- 
ninnem,  cccci.  C'est-à-dire  ,  vers  l'an  ^yS  ou  779  avant  notre  ère. 
Eustbe  rapporta  la  5o'  année  d'Osias  à  l'an  1241  d'Abraham  ,  nu 
Tan  776  avant  notre  ère  ;  en  ajoutant  4o5  à  celte  année,  on  aura 
1 180  pour  l'année  i  depuis  la  prise  de  Troie,  qui  est  celle  que  donne 
Eusèbe  pour  cet  événement.  Ainsi  Jacques  de  Guyse  est  toujours 
d'accord  avec  ce  cbronologisle. 


/     ,7/    ,lrO   i.;«,tiiu 


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. ANNALES 

HISTORIQUES 

DES  NOBLES  PRINCES 

DE  HAÏNAUT. 


LIVRE  SECOND. 


CHAPITRE  I. 


Ail  nom  de  la  Sainte-Trinité.  Ici  commence  le  .second  livre  des 
Annales  dos  illustres  princes  de  Hainaiit.  D'Lrsiis  ,  roi  dos 
Belges. 


HiNviRON  Tan  405,  ou,  selon  d'autres,  l'an  401  de  la 
ruine  de  Troie ,  ou  l'an  400  de  la  fondation  de  Belgis , 
c'est-à-dire  ,  l'an  60  du  règne  d'Osias ,  roi  de  Juda 
et  de  Jérusalem,  lorsqu'Amulius  régnait  chez  les  Latins, 
l'assemblée  du  peuple  belge  se  donna  pour  premier 
roi ,  dans  la  ville  de  Belgis ,  le  célèbre  chasseur  ÏIrsus  ; 
il  eut,  dit-on ,  de  ses  femmes  légitimes  trente-huit  fds  ; 
et  ceux-ci  lui  donnèrent  soixante-quatorze  petits-fils , 


4  Annales 

v[  J(;rusalom  circiter  ({niiK|uagcsimo  ;  apiul  Latinos 
Amulio  (i)  conrcgnantc ,  clectiis  est  à  coniinunitate 
populi  primus  rex ,  in  civltate  belgensi ,  Ursus,  insi- 
gnis  venator,  qui  ex  uxoribus  legitimls  octo  ettriginta 
filios ,  et  quatuor  et  scptuagiiUa  ex  eisdem  nepotes, 
omnes  in  armis  doctissinios  legitur  liahuisse.  Erat 
siquidem  Ursus  admirandae  naturœ  ,  robustus  et 
pilosus  ut  ursus,  à  similitudlne  nomen  habens  ;  ele- 
gantis  staturœ,  quia  cubitibus  quasi  duabus  al- 
tiorcs  civitatis  exccdebat  ;  faciei  torrentis  sed  ve- 
nustœ  ;  audacis  atque  impertcrribilis  animi  ;  levis  et 
agilis  corporis,  clarus  intellcctu,  crudelis  affectu, 
horribilis  aspcctu ,  astutus  affatu  et  tardus  in  incessu. 
Hic  legitur  ursos  quinque  propriis  manibus  discerp- 
sisse  ;  apros  et  consimiles  feras  solus  aggrediebatur, 
et  viribus  propriùs  domabat. 


GAPITULUivl  II. 

De  cUvisione  imperii  Bcigensium. 


ViDENs  igitur  Ursus ,  anno  primo  sui  regni ,  (juod 
pauci  valdè  ad  templa  deorum  convenirent ,  et  quod 
natio  ({uœHbct  dcos  et  idola  sibi  composuorat ,  leges- 
que  condiderat  novas ,  tristis  legatos  misit  ad  omncm 

[t)  Dans  Euscbc  la  21*  année  d'Aniiilius  répond  à  la  5o'  d'Osi;»*. 


DE    UAliXALT.     LIVRE    II.  ^J 

qui  lous  se  montrèrent  fort  habiles  dans  les  armes.  Cet 
Ursus  était  d'une  conformation  extraordinaire.  Robuste 
et  couvert  de  poil  comme  un.  ours ,  sa  ressemblance 
avec  cet  animal  féroce  lui  en  avait  fait  donner  le  nom. 
Sa  taille  était  belle  et  élevée ,  car  il  surpassait  de  près 
de  deux  coudées  les  plus  grands  citoyens  de  Belgis.  Sa 
figure  inspirait  la  terreur  ;  mais  elle  n'était  pas  sans 
beauté.  Il  avait  un  courage  et  une  audace  que  rien  ne 
pouvait  ébranler.  Il  était  léger  et  agile  de  corps ,  d'un 
esprit  vaste  et  intelligent  ;  cruel  dans  ses  affections  , 
horrible  à  voir,  rusé  dans  ses  discours  et  lent  dans  sa 
démarche.  On  rapporte  qu'il  mit  de  ses  propres  mains 
cinq  ours  en  pièces ,  qu'il  attaquait  seul  les  sangliers 
et  les  autres  bêtes  sauvages^  et  qu'il  lui  suffisait  de  ses 
propres  forces  pour  les  domter. 


CHAPITRE  II. 

Divi'^ion   lie  l'empire  îles  Hclr^es. 


Ursls  s'apercevant ,  dès  la  première  année  de  son 
règne ,  que  les  temples  des  dieux  n'étaient  fréquentés 
que  par  un  petit  nombre  de  personnes ,  que  chaque 
nation  avait  adopté  des  dieux  et  des  idoles  particulières, 
et  qu'elles  s'étaient  choisi  de  nouvelles  lois,  ressentit  une 


6  ANNALES 

uatioiiein  et  niunituin  clvitatem ,  ut  tributa  débita  cleis 
antiquitùs  consueta  transmitterent ,  et  civitatl  bel- 
geiisi ,  Icgibiis  et  sibi  régi,  taïufuàm  saccrdotiim  prin- 
cipi,  obedireiit,  aiit  dcfeiiderent  se.  Qui  omnes  uno 
aiiinio  reniiseruiit  nuiicios  vacuos  et  sine  bonore  ; 
undè  et  tune  in  quatuor  partibus  imperium  fuit  see- 
tum.  Nam  Saxonia,  Hassia ,  Suevia  (i),  Dacia  (2), 
et  tota  Gciinania  Irans  lUicnum  ,  unum  regem  eb- 
gentes  ,  novuni  regnum  condiderunt.  Belgis  Comata  , 
quae  etTreberis  ,  Agrippina,  Tungris,  Mosellana  (3), 
eivitas  Argentata  et  eaeterifi  civitates  inter  Rbenum  et 
Mosani ,  ad  invicem  bgam  facientcs,  novuni  donii- 
nium  ineœpeiunt.  Senonenses  (4),  Celtes  (5),  Sequa- 
nistae  (G),  Allobroges  (7I,  Aquitani  (8),  cœterœque 
nationes  à  montibus  Rbodanieis  usquè  ad  mare  bis- 
panicuni  (9),  ad  invieeni  conjurati ,  tanquàm  regnum 
unicum  ,  persistere  eontià  iJelgos  se  ferociter  dispo- 
suerunt.  Jîelgis  auteni  Galliea  ,  qua.'  et  Belvacus,  Rbo- 
donus  ,  Lutetia,  Ncustria,  Ganda  ,  Lusa  (10),  Mo- 
riana  (i  j),  Rbuteni  (12),  Britones(i3)  et  Albani,qui 

(1)  La  Smiahc  ,  iiitisi  (HIC  IVntriul  certainement  l'auteur. 

(2)  La  Valaoliic  ,  la    Moldavie  ,    la  Servie, 

(3)  Agrii)()ine  est  atijourcriiiii  Colopjne  ,  et  Mosellane  iMetz. 

(4)  Peuples  du  Se'nonais,  de  l'Aiixerrois   et  du  INivernais. 

(5)  Peuples  entre  in  Loire  et  la  (iaronne. 

(6)  Les  Francs-(>omfois. 

(7)  Peuples  entre  le  ilhone  rt  risère. 

(8)  Peuples  de  la  Guienne. 

(9)  Le  golfe  de  Gascogne. 

(10)  Leuse,  dans  K;   Ilaiiiaut. 

(11)  TeVoueiinr. 

(l'j^  Les  Flamamls. 

^li    Cfux  de  la  Pi-fite  Bretagne. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  7 

vive  douleur  de  ce  changement,  et  envoya  des  députés 
à  tous  les  peuples  et  à  toutes  les  places  fortes ,  afin  de 
les  engager  à  payer,  selon  l'antique  usage ,  les  tributs 
qui  étaient  dus  aux  dieux  ,  et  à  obéir  à  la  cité  de  Belgis, 
à  ses  lois  et  à  lui-même ,  de  même  qu'au  prince  des 
prêtres  ;  ou ,  en  cas  de  refus ,  à  se  tenir  prêts  à  com- 
battre. Partout  ses  députés  furent  renvoyés  sans  pré- 
sens et  sans  honneurs  ;  et  c'est  depuis  ce  tems  que  l'em- 
pire belge  a  été  divisé  en  quatre  parties.  La  Saxe  ,  la 
Hesse ,  la  Suévie ,  la  Dacie  et  toute  la  Germanie  trans- 
rhénane se  donnèrent  un  roi,  et  fondèrent  un  nouveau 
rovaume.  Belgis-la-Chevelue  ou  Trêves  ,  Agrippine  , 
Tongres ,  Mosellane ,  Strasbourg  et  toutes  les  autres 
villes  qui  se  trouvent  entre  le  Rhin  et  la  Meuse  ,  se 
liguèrent  entre  elles  et  commencèrent  un  nouvel  em- 
pire. Les  Sénonais  ,  les  Celtes,  les  Séquaniens  ,  les 
Allobroges ,  les  Aquitains ,  et ,  en  général ,  tous  les 
peuples  qui  habitent  entre  les  montagnes  du  Rhône  et 
la  mer  d'Espagne  ,  s'étant  conjurés  entre  eux  ,  comme 
s'ils  n'eussent  formé  qu'un  seul  royaume ,  se  préparè- 
rent à  opposer  aux  Belges  la  plus  vigoureuse  résistance. 
D'un  autre  côté  ,  Belgis  la  gauloise  ou  Beauvais  , 
Rouen  ,  Lutèce ,  la  Neustrie  ,  Gand,  Leuse  ,  Moriane  , 
les  Ruthènes ,  les  Bretons ,  les  Albaniens  ou  les  Scots , 
s'étant  de  même  ligués  entre  eux ,  occupèrent  contre 
les  Belges  la  quatrième  partie  de  l'empire.  Belgis  ne 
retint  dans  son  parti  que  les  villes  quil'avoisinent,  telles 
que  Solèmes ,  Famars  ,  la  cité  de  Mercure ,  et  quelques 
forteresses  ou  châteaux ,  mais  en  petit  nombre ,  et  se 
vit  ainsi  dépouillée  de  tous  ces  grands  honneurs  qu'elle 
avait  possédés. 


8  ANNALES 

et  Scoti ,  etiàm  ad  invicem  combinat! ,  contra  Belgos 
quartam  partem  imperii  tenuerunt.  Remansit  autem 
Belgis  sola  cum  suis  circumvicinis  clvitatibus ,  videli- 
cet,  Solis,  Martis,  Merciirii,  paucis  supcradditis  oppi- 
dis  et  castellis ,  tantis  honoribus  viduata. 


GAPITULUM  111. 

Qualiter  rcx  Ursus  regnum   Belgensium  res  arcire  disposuit. 


TuNC  rcx  Ursus ,  iratus  valdè  ,  omnem  virum  for- 
tem  et  armatum  in  suis  civitatibus  colligens ,  dispo- 
sait dictas  invadcre  nationes.  Collegit  autem  in  sua 
civitate  belgensi  ducenta  millia ,  in  civitate  fani  Solis 
octoginta  millia  ,  in  civitate  fani  Martis  sexaginta  mil- 
lia ,  in  civitate  fani  Mercurii  quinquaginta  millia ,  et 
in  patriâ  circumadjacenti  usquè  ad  mare,  et  irsquè  ad 
Mosam,  et  usquè  ad  Ausonam,  centum  millia  homi- 
num  expeditorum  ad  prœlium  ;  et  suas  civitates  et 
patriam  munitissimas  dcrclinquens,  primo  invase- 
runt  Morianam  civitatem  atque  Rutlienos ,  velut  ca- 
tuli  leonum  sanguinem  prœdœ  sitibundi,  Videntes 
autem  nationes  atque  civitates  ligœ  illiûs  quœ  dcbilior 
erat ,  inter  alias  primum  aggressum  sustinere  debere, 
dccreverunt  quœlibet  per  se  potiîis  uxoribus  et  liberis 


DE    HAINAUT.    LIVRE    ir. 


CHAPITRE  III. 

Comment  le  roi  LVsus  se  disposa  à  rétablir  le  royaume  des  Belges. 


Alors  Ursus ,  violemment  irrité  de  cette  révolte  gé- 
nérale, rassembla  tous  les  hommes  robustes  et  armés 
qu'il  trouva  dans  les  villes  qui  lui  étaient  soumises ,  et  se 
disposa  à  envahir  les  terres  des  rebelles.  Il  leva  deux 
cent  mille  hommes  à  Belgis  ,  quatre-vingt  mille  à  So- 
lèmes ,  soixante  mille  à  Famars ,  cinquante  mille  dans 
la  ville  de  Mercure ,  et  cent  mille  dans  tout  le  pays 
voisin  compris  entre  la  mer,  la  Meuse  et  l'xVisne.  Aban- 
donnant alors  sa  patrie  et  les  villes  qui  étaient  sous  sa 
domination ,  après  les  avoir  auparavant  fortifiées  et 
approvisionnées  ,  il  commença  les  hostilités  en  fesant 
attaquer  la  ville  de  Moriane  et  les  Ruthènes  par  ses 
soldats  ,  qui  se  montraient  aussi  altérés  de  sang  que  de 
jeunes  lions  qui  attendent  leur  proie.  Mais  les  peuples 
et  les  habitans  des  cités  qui  formaient  la  ligue  la  plus 
faible ,  voyant  qu'ils  allaient  essuyer  le  premier  choc  , 
résolurent  de  rester  avec  les  femmes  et  les  cnfans  dans 


10  ANNALES 

propi'iis  in  suo  solo  fortunam  cxpectare  deorum , 
(jiiàm,  extra  corum  limites ,  incertum  campale  bcUum 
coDtrà  Bclgos  inirc  primariô.  Cùm  igitiir  IMorianam 
IJrsus  ciicumciiigisset,  non  fuit  qui  extra  progrcde- 
retur  ;  illico  vero  antiquas  renovavit  armorum  leges, 
inter  quas  fuerunt  eœ. 


CAPITULUM  IV. 

Di"  Lej;ibiis  Ursi,   régis    Rcl^^oriirn. 


Prima  ut ,  sub  excoriationis  pœnà ,  nuUus  impu- 
ber,  ^aut  praegnaiis  niulier^  aut  sexagenarius  intei- 
ficeretur,  signa  misericordiee  faciens  aut  j)etens. 
Item  ut  nulla  combureretur  liabitatio,  nisi  rcx  ipse 
primo  incendiuni  ministraret.  Item  ut  nulla  virgo 
corrumpcretur.  Item  ut  rcqualis  esset  portio  des- 
cendentibus  ad  prœlium,  et  remanentibus  ad  sarci- 
nas.  Item  ut  nulli  viro  aut  mulieri  seipsum  defen- 
denti  aut  invadenli  inter  vigesinunn  et  quinquage- 
simum  annum  parcerent ,  etc.  Obsidione  tandem 
vallatà  et  eonfirmatâ  ,  reliqui  patriam  ciroumadjaccn- 
teni  pcrlustrantes  usquc  ad  mare  et  usquè  ad  Neus- 
triam,  et  eircumferentialiter  usquc  ad  triginta  mil- 
liaria.  Sed  quis  ces  cxcreeret  minime  repercrunt,  nisi 
solùm  Albanos   profugos  qui   in   locis  maritimis  et 


DE    IIAINALT.    LIVRE    II.  Il 

leurs  propres  pays  et  d'attendre  le  secours  des  dieux , 
plutôt  que  d'aller  hors  de  leurs  frontières  combattre 
les  Belges  en  rase  campagne.  Ursus ,  après  avoir  investi 
Moriane  à  tel  point  qu'aucun  habitant  ne  pouvait  en 
sortir,  renouvela  les  anciennes  lois  des  armes  ,  entre 
lesquelles  je  rapporterai  les  suivantes. 


CHAPITRE  IV. 

Lois   d'Ursiis,   roi  des  Relges. 


La  première  loi  que  rendit  Ursus  fut  de  défendre  , 
sous  peine  d'être  écorché  vif,  de  tuer  aucun  enfant  , 
aucune  femme  enceinte  ni  aucun  sexagénaire,  qui  im- 
plorerait merci ,  soit  par  signes,  soit  par  paroles.  Il 
défendit  aussi  de  mettre  le  feu  à  aucune  habitation  sans 
l'ordre  du  roi ,  et  il  ordonna  qu'il  ne  serait  point  fait 
de  violence  aux  jeunes  fdles.  Il  régla  de  plus  que  les 
soldats  qui  resteraient  auprès  des  bagages  auraient  une 
part  égale  à  celle  des  soldats  qui  iraient  au  combat ,  et 
qu'on  ne  ferait  point  de  grâce  à  tout  homme  ou  à  toute 
femme  de  l'âge  de  vingt  à  cinquante  ans ,  qui  attaque- 
rait ou  qui  opposerait  de  la  résistance,  etc.  Enfin  le  gros 
de  son  armée  ayant  achevé  et  assuré  le  blocus  de  la 
place  ,  le  reste  de  ses  troupes  battit  la  campagne,  et  se 
répandit  jusque  sur  les  frontières  de  la  iNeustrie  et  jus- 
qu'à la  mer,  cl  à  lionlc^  milles  aniour  de  la  place.  Mais 


12  ANNALES 

tutissimis  sub  Ruthenorum  potestatc  lalitabant.  Qui 
ad  Ursum  regem  legatos  transmiscrimt ,  misericor- 
diam  cxpostulantcs.  Cîim  animadvcrtcret  rcx  obsce- 
nissimos  Albanos  illùc  latitarc ,  qui  nobilem  interfe- 
cerant  prolcm  saccrdotum  Belgis ,  proùt  patet  libro 
primo  supcriiis  in  fine,  decrevit  ipsos  invaderc,  sed 
iinus  diicum  affatus  est  rcgcm  :  «  Rex,  inquit,  in 
sempiterniim  vive.  Cùm  ista  gens  pessima  pessiniè  in 
principes  nostros  hactcniis  egerit,  qiiod  factum  est  am- 
pliîis  resumi  non  valet.  Sipermortemistorumvitanos- 
trorum  reciiperari  valerot ,  mille  mortibus  consulerem 
istos  pci'ire.  Puniti  fuerunt  ipsi  ciun  parcntelis  eorum, 
nec  cgemus  adversariormn  ampliori  pullulationo,  cir- 
cumcingimur  undiquè  adversariis,  utamuradversariis 
contra  adversarios  ,  ut  sic  seipsos  confunclant.  Vide- 
tur  quod  ad  miseiicoidiam  suscipiendi  sunt  istis  tcm- 
poribus ,  conditionibus  tamen  adliibitis.  »  Placuit 
autem  sermo  régi  et  principibus  ;  sed  ,  cùm  de  condi- 
tionibus adbibendis  perquiierct ,  respondit. 


DE    TIAINAUT.     LTVr.E    II.  l3 

elles  ne  rencontrèrent  d'autre  ennemi  (jue  les  Alba- 
niens  qui  s'étaient  réfugiés  sur  les  bords  de  la  mer,  et 
qui  s'y  tenaient  cachés  dans  des  retraites  assurées  que 
protégeaient  les  Rutliènes.  Ce  malheureux  peuple  en- 
voya des  députés  au  roi  Ursus  pour  implorer  sa  misé- 
ricorde. Mais  le  roi  ayant  remarqué  que  ces  endroits 
écartés  servaient  de  retraite  à  ces  infâmes  Albaniens 
qui  avaient  massacré  la  noble  famille  des  prêtres  de 
Belgis  ,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut  à  la  fin  du  premier 
livre ,  il  formait  la  résolution  de  les  attaquer,  lorsqu'un 
des  ducs  qui  l'accompagnaient  lui  tint  ce  discours  : 
«Prince,  dit-il ,  vivez  éternellement.  Cette  nation 
abominable  s'est ,  il  est  vrai,  souillée  jusqu'ici  des  plus 
grands  crimes  envers  nos  princes  ;  mais  il  n'est  pas 
possible  de  réparer  le  mal  qui  a  été  commis.  Certes  ,  si 
nous  pouvions  rappeler  les  nôtres  à  la  vie  en  fesant 
périr  ces  misérables,  je  serais  d'avis  de  leur  faire  souf- 
frir mille  fois  la  mort.  Cependant  ils  ont  été  punis  de 
leurs  crimes  ainsi  que  leurs  parens  ;  et,  comme  nous  ne 
manquons  pas  d'adversaires  à  combattre,  puisque  nous 
en  sommes  entourés  de  tous  côtés,  servons-nous  de  nos 
ennemis  contre  nos  ennemis ,  afin  de  les  détruire  tous 
les  uns  par  les  autres.  Il  me  semble  donc  que ,  dans  les 
circonstances  où  nous  nous  trouvons,  nous  devons  faire 
grâce  aux  Albaniens ,  en  exigeant  d'eux  certaines  con- 
ditions. »  Cet  avis  plut  au  roi  et  aux  princes  ;  ils  invi- 
tèrent le  duc  qui  venait  de  le  donner,  à  exposer  ses 
conditions  ;  ce  qu'il  fit  de  la  manière  suivante. 


lli  ANNALES 


CAPITULUM  V. 

QiialitPr  Albnni  riiornnt  subjecti  Relgensihus. 


Prima  sit  ut  perpétue  servi  civitati  Belgis  et  rogi 
remaneant.  Secunda,  ut  si  de  csetero  récidivent ,  aiit 
rebellent,  vlvi  excorientur.  Tertia  ,  ut  de  laboribus 
suis,  possessionibus ,  aut  spoliis,  j)orpetiio  quiiUam 
partem  civitati  Belgis  aut  régi  porrigere  tenebnntur. 
Quarta,  ut  cuni  spoliis  liberorum  Belgorum  non  ])ai- 
ticipabunt,  scd  ab  cisdem  in  quintà  parfe  scnipei', 
proùt  dictum  est,  participabuntur.  Quinta,  quocl  in 
collocationilîus  tentoriorum  ,  in  campis  antè  civitates 
aut  alibi,  ad  mille  passus  tentoria  Belgorum  non  ap- 
proximabnnt.  vSoxta,  ut  in  omnibns  insultationibus  bel- 
lorum,  aut  civitatum  ,  turrium,  muroram,  aqnnruni 
fossatorum  ,  aut  consimilium,  primum  locum  obtine- 
bunt.  Septima  et  fînalis,  quod  ipsi  in  personA  pio  poi-- 
petuo  Belgis  civitatem  non  intrabunt.  Plaruerinit 
régi  et  consilio  adliibitte  conditiones.  Hœc  responsio 
dictis  Albanorum  legatis  fuit  exbibita,  qui  très  men- 
ses  pro  babendo  consilio  pctierunt.  Erant  fert^  nona- 
giiita  quiuque  millia  expeditorum  ad  praplinm. 


DE    HAINAIT.     I.IVHE     H.  li) 

CHAPITRE  V. 

Comment  les  Albaniens    so   souiniront  aux  Belges. 


La  première  condition  fut  que  les  Albaniens  reste- 
raient à  jamais  esclaves  des  citoyens  de  Belgis  ;  la  se- 
conde ,  que  s'il  leur  arrivait  de  retomber  dans  leurs 
fautes  ou  de  se  révolter,  ils  seraient  écorcliés  vifs  ;  la 
troisième,qu'ils  seraient  tenus  d'abandonner  sans  retour 
à  la  cité  de  Belgis  ou  au  roi  la  cinquième  partie  du  pro- 
duit de  leur  travail ,  le  cinquième  de  leurs  possessions 
ou  du  butin  qu'ils  auraient  fait  ;  la  quatrième  ,  qu'ils 
n'auraient  aucune  part  dans  le  butin  appartenant  aux 
Belges  de  condition  libre,  tandis  que  ceux-ci  seraient 
toujours  admis  pour  un  cinquième  dans  le  partage  des 
dépouilles  enlevées  par  les  Albaniens,  ainsi  qu'on  vient 
de  le  dire  ;  la  cinquième,  que  dans  la  campagne,  devant 
les  villes  ou  ailleurs  ,  ils  éloigneraient  toujours  leurs 
tentes  de  mille  pas  de  celles  des  Belges:  la  sixième,  qu'ils 
seraient  toujours  placés  au  premier  rang  dans  toutes  les 
affaires,  soit  qu'il  s'agît  de  l'attaque  d'une  ville,  d'une 
tour,  d'un  mur,  du  passage  d'une  rivière,  d*un  fossé,  ou 
d'une  autre  expédition  semblable  ;  la  septième  enfin  , 
qu'ils  n'entreraient  jamais  dans  la  cité  de  Belgis.  Ces 
conditions  furent  approuvées  par  le  roi  et  par  son  con- 
seil,  et  transmises  ensuite  aux  députés  des  Albaniens, 


l6  ANNALES 


CAPITULUM  VI. 

De  dcstructione  civitatis  Morianae  (i)  per  Belgos. 


Igitur  ,  reintegratis  aciebus ,  post  quartum  obsi- 
dionismensem,  Eelgi  civitatem  Morianam,  postmultos 
et  graves  insultus,  alacriter  in  quinque  partibus  inva- 
serunt,  et  gentes  ter,  quater,  qulnquies ,  continuo 
rénovantes.  Tandem  in  quinto  aggressu  muros  civita- 
tis contingentes,  civitatem  obtinuerunt.  Die  autem 
prima  captionis,  nibil  aUud  fecerunt  nisi  Morinos  in- 
terficere  ;  die  sccimdâ ,  nihil  aliud  nisi  domos  spo- 
bare;  die  autem  tertiâ  ,  domos,  famibas,  vicos,  por- 
tas perlustrantes ,  infantibus  et  antiquis,  virginibus 
et  prsegnantibus,  tutores  et  victuaba  designàrunt.  Die 
verôquartâ,  qui  civitatem  tuerentur,  disposuerunt; 
et  instituit  Ursus  fibum  primogenitum  ducem  illius 
civitatis,  sibi  duces  subditos  assignando,  mûris  sive 
turribus  et  portis  priiis  ad  terram  prostratis  ,  et,  ma- 
gna parte  spoborum  Belgis  transmissâ  ,  versus  Belgim 
gallicam  (2)  tandem  processerunt. 

(i)  rcrouenne. 
(a)  Bcaiivais. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  1  " 

qui  demajulèrent  trois  mois  pour  se  consulter.  Le 
nombre  de  leurs  troupes  s'élevait  à  environ  quatre- 
vingt-dix  mille  hommes  exercés  au  métier  des  armes. 


CHAPITRE  yi. 

Destruction  de  la  ville  de  Moriane  par  les  Belges. 


Les  armées  d'Ursus  s'étant  réunies ,  les  Belges ,  après 
avoir  assiégé  pendant  quatre  mois  la  ville  de  Moriane 
(Térouenne),  et  après  lui  avoir  livré  plusieurs  assauts 
graves  et  meurtriers ,  attaquèrent  la  place  par  cinq 
cotés  à  la  fois,  en  envoyant  des  troupes  fraîches  à 
toutes  les  attaques.  Enfin  à  la  cinquième  ils  firent  une 
brèche  aux  remparts  et  s'emparèrent  de  la  ville.  Durant 
tout  le  premier  jour  ils  ne  furent  occupés  qu'à  tuer  les 
Morins;  le  second  jour  qu'à  piller  les  maisons;  le  troi- 
sième jour  ils  parcoururent  les  maisons ,  les  palais ,  les 
rues ,  les  portiques  ,  et  pourvurent  à  la  sûreté  et  à  la 
subsistance  des  enfans  et  des  vieillards  ,  des  jeunes  filles 
et  des  femmes  enceintes.  Le  quatrième  jour  ils  établi- 
rent des  postes  pour  veiller  à  la  défense  de  la  place. 
Ursus  nomma  son  fils  aîné  duc  de  la  ville ,  plaça  plu- 
sieurs ducs  sous  ses  ordres  ,  et  fit  abattre  les  murailles, 
les  tours ,  les  portes  et  toutes  les  fortifications  de  Mo- 
riane. Enfin,  après  qu'il  eut  envoyé  à  Belgis  une  grande 
partie  du  butin  ,  il  s'avança  avec  ses  troupe.':  vers  Belgis 
la  gauloise. 

II.  2. 


l8  ANNAf.ES 


CAPITULUM  VIL 

De  oLsiclioiie    Ikljjis  gallica'  i>fr   Tk-lgos  nafuraks. 


Albani  videntes  (jiiid  Iccerant  Bclgi ,  timcntcs 
valdè ,  licèt  invite ,  conditiones  adhibitas  in  pactione 
eorum  jiiramento  confirniarunt  ;  et  sic  cum  Belgis 
in  obsidione  Belgis  gallicœ  subsecuti  sunt.  Ciim  autem 
Belgi  ripariam  quanidam  pcrtransire  debercnt,  et 
ecce  Gallici  belvacini  in  oceiirsuni  dispositi,  viriliter 
ripariam  defendcntes ,  cum  fundis  et  jaculis  trans 
ripariam  projicientes ,  midtos  Bclgorum  transire  vo- 
lentium  abos  occidcrunt  abosqiic  submcrserunt.  Pcr- 
pendens  autem  Ui'sus  suorum  occisionem  verecundam, 
disposuit  ut  in  unâ  parte  ripariœ  fieret  apparentia 
transeundi  pubHca ,  et  illiic  adstarent  centum  milHa 
virorum  transire  simulantium,  et  ad  decem  milba 
passuum  superiùs ,  fièrent  cum  paucis  apparenter 
pontes,  qui,  usquè  in  bodiernum  diem  ,  dicuntur 
Pontes  Beris  (i),  id  est,  Ursi.  Undè  et  tota  patria  illa 
dicta  est  Pontigniaca  (9.),  à  niultitudine  pontium 
super  illam  ripariam  faclorum  contra  Gallos  belva- 

(i)  Un  ours  se  dit    Imcr  rn    allrninnil  ,  et  heur  en  anglais. 
(■i)  Le  PontViicii. 


DE    IIAINAIT.     LIVRE    U.  I9 

CHAPITRE    Vil. 

Siège  de  Belgis   la  gauloise  par  Ips  Belges. 


Les  Albaniens  ayant  vu  ce  que  les  Belges  avaient  fait, 
furent  saisis  de  crainte,  et  acceptèrent  les  conditions 
du  traité  qui  leur  avait  été  proposé ,  en  jurant,  quoiqu'à 
contre-cœur,  de  les  observer  fidèlement  ;  de  sorte  qu'ils 
suivirent  les  Belges  au  siège  de  Belgisla  gauloise.  Lors- 
c[ue  l'armée  se  préparait  à  effectuer  le  passage  d'une 
rivière,  les  Gallo-Belges,  qui  avaient  pris  position  pour 
le  disputer,  défendirent  courageusement  le  bord  où  ils 
se  trouvaient ,  et ,  fesant  pleuvoir  une  grêle  de  pierres 
et  de  javelots  sur  l'autre  côté  de  la  rivière,  tuèrent  ou 
noyèrent  un  grand  nombre  de  Belges  qui  tentaient  de 
passer.  Aussitôt  qu'Lrsus  s'aperçut  du  carnage  que  l'on 
fesait  de  ses  soldats ,  qui  tous  succombaient  sans  gloire, 
il  ordonna  que  l'on  fît  dans  un  endroit  de  la  rivière 
des  dispositions  ostensibles  pour  effectuer  le  passage,  et 
que  l'on  v  plaçât  cent  mille  hommes  qui  feindraient 
de  le  vouloir  opérer  ;  tandis  qu'à  dix  mille  pas  plus 
haut,  il  fit  jeter  sans  bruit  plusieurs  ponts,  qui ,  jusqu'à 
ce  jour  même ,  ont  été  appelés  les  ponts  de  Bères  , 
c'est-à-dire ,  d'Ursus.  C'est  du  grand  nombre  des  ponts 
établis  sur  cette  rivièrepour  débusquer  les  Gallo-Belges, 
que  la  contrée  nommée  aujourd'hui  le  Ponthieu  a  tiré 
son  nom.  Enfin  les  Gallo-Belges,  voyant  avec  douleur 


20  ANXAI.r.S 

rinos.  Tandem  Gallici  vitlenles  Belgos  et  Albanos 
ti'ans  ripariam ,  dolentes  ,  plateani  grandem  reperien- 
tes  ,  oinncm  honiinein  venire  volentem  illùc  expecta- 
verunt.  Erant  forte  centuni  quinquaginta  niillia  pu- 
gnatorum.  Ciim  autem  Ursus  cum  totâ  gente  sua 
transmeâsset,  et  vidisset  Gallicos  belvacinos  deeenter 
dispositos  ad  pugnani ,  mislt  exploratores  ut  investi- 
gai'ent  apparatiun,  numeruni  et  eoruni  dispositionem. 
Qui  iTiagnalia  de  ipsis  referentes  ,  timuit  Ursus  ,  quia 
montem  ceperant ,  et  siivam  habebant  pro  refugio  ; 
Ursus  vero  eum  sua  gente  convalles  et  ripariam  ob- 
tinebat.  Sed  qualiter  aggrederetur  Gallos  illos  peni- 
tùs  igaorabat.  Consuluit  autem  ducum  unus,  ut  mons 
ille  cireumvalletur,  et  ut  oetogintamillia  expeditorum 
superiùs  per  sllvam  mitterentur  ;  qui  infrà  dies  très 
in  aurorii  Gallicos  invaderent ,  et  horà  eadem  à  valli- 
bus  ad  montem  fieret  Gallorum  aggressus  ;  quo'd  et 
factum  est.  Nam  Galli  belvacenses  in  primo  aggressu 
ità  potenter  et  magnifiée  dimicaverunt ,  ut  ultra  vi- 
ginti  millia  Beigorum  illà  die  interimerentur.  Ursus 
quasi  furibundus  existens  ,  suorum  internecionem 
prospiciens ,  crcdcbat  (juos  adhuc  emiserat  super 
montem  fore  occisos.  Sed  ecce  in  retracta,  ciim  Galli 
belvacenses  credcrcnt  esse  victores  et  suprà  montem 
coUocatos  assecurati,  arma  deponere  fessi  incœpissent, 
subito  Belgi  in  Gallos  belvacenses  irruerunl  à  ntro 
per  nemora  ,  et  fessos  et  inermes  eos  reperientes  ,  cx- 
deni  niagnam  excrcuerunt;  rcsidui  vivos  se  reddide- 
runt.  Ursus,  audiens  clamorem ,  misit  exploratores 
quid  boc  praetendcret ,  et  repererunt  Gallos  dcbacca- 


DE     HAINALT.     LIVRE    II.      '  2> 

que  les  Belges  et  les  Albaiiiens  avaient  passé  ,  se  reti- 
rèrent sui'  un  plateau,  et  y  attendirent  de  pié  ferme 
l'arrivée  de  l'ennemi.  Ils  étaient  au  nombre  de  cent 
cinquante  mille  combattans  environ.  Ursus  ayant  donc 
effectué  le  passage  de  la  rivière  avec  toute  son  armée , 
et  voyant  les  Gallo-Belges  préparés  au  combat,  envoya 
des  éclaireurs  pour  connaître  l'appareil ,  le  nombre  et 
la  position  de  leurs  troupes.  Les  rapports  effravans 
qu'il  reçut  sur  tous  ces  objets  commencèrent  à  ébranler 
son  courage.  H  vovait  avec  crainte  que  les  ennemis 
occupaient  la  montagne  et  avaient  derrière  eux  un  bois 
qui  leur  servirait  de  refuge  ;  tandis  que  l'armée  belge 
n'était  maîtresse  que  de  la  plaine  et  delà  rivière;  et 
il  ignorait  absolument  comment  il  devait  commencer 
l'attaque.  Mais  un  duc  proposa  d'entourer  la  montagne, 
et  d'envoyer  quatre-vingt  mille  hommes  s'emparer  des 
hauteurs  en  traversant  la  forêt  ;  ces  troupes  au  bout  de 
trois  jours  attaqueraient  les  Gaulois  au  lever  de  l'au- 
rore, tandis   qu'à  la  même  heure  on  dirigerait  une 
pareille  attaque  du  côté  de  la  plaine  contre  la  mon- 
tagne :  ce  qui  fut  exécuté.  ^lais  les  Gallo-Belges  com- 
battirent si  vaillamment  et  avec  tant  d'opiniâtreté  à  la 
première  attaque,  (pi'ils  tuèrent,  le  premier  jour,  plus 
de  vingt  mille  Belges.  Ursus  ,  que  la  déroute  de  ses 
troupes  j^ait  dans  de  violens  accès  de  fureur,  croyait 
que  les  soldats  qu'il  avait  envoyés  sur  la  montagne 
avaient  été  pareillement  massacrés  ;  mais  au  milieu  de 
la  retraite  de  son  armée  ,  et  dans  le  moment  même  que 
les  Gallo-Belges  ,  se  croyant  vainqueurs  et  maîtres  de 
la  montagne,  commençaient  à  se  livrer  à  la  sécurité  et 
à  déposer  leurs  armes  pour  se  remettre  de  leurs  fati- 
gues ,   les  Belges  fondirent  soudain  sur  leurs  adver- 
saires ,   en  débouchant  par  le  bois  et  eu  les  prenant 


22  ANNALES 

tos.  Tune  ascendentes  Belgi  residuum  vivos  captiva- 
verunt.  Abhinc  Ursus  acles  commovens ,  usquè  ad 
fines  niontium ,  eirca  Belgini  belvacinam ,  pervc- 
niens,  illùc  tentoria  figerc  prœecpit.  Post  oeto  dies 
ab  eorum  adventu,  misit  Ursus  deeem  viros  captivos 
de  Belvaco  ad  eamdem  civitatcm ,  ut  rcddcrent  se  et 
sua  régi  et  civitati  bcigcnsi ,  aliter  dcfenderent  se. 
Consilio  civitatis  super  hoc  congregato,  videntes  suos 
jàm  prostratos  esse  ,  et  eis  simile  stipendium  immi- 
nere ,  responderunt  se  ,  sicut  antiquitùs  sacerdotuni 
principi  et  diis  civitatis  Belgensis  non  aliter  obedire  , 
et  sacrificiorum  tributa,  proùt  consuetum  erat,  ab 
antiquo  ministrarc  velle ,  novo  autem  régi  aut  con- 
suetudinibus  novis  civitatis  nunquàm  se  obtempera- 
turos.  Ursus  autem  liœc  audiens  ,  ultra  moduni  indi- 
gnatus,  juravit  ab  obsidione  non  dcsistere  usquè  dum 
prostratam  cerneret  civitateni. 


DE    HAINAUÏ.    LIVRE    II.  23 

par  derrière  ;  les  ayant  trouvés  fatigués  et  sans  ar- 
mes ,  ils  en  firent  un  horrible  carnage ,  et  forcèrent 
tout  ce  qui  échappa  au  glaive  à  se  rendre  prisonnier. 
Ursus  entendant  des  cris ,  envoya  à  la  découverte  des 
éclaireurs,  qui  connurent  bientôt  la  défaite  des  Gau- 
lois. Alors  les  Belges,  montant  sur  le  plateau,  firent  pri^ 
sonniers  tous  ceux  qui  restaient.  De  là,  Ursus  conduisit 
son  armée  jusqu'à  l'endroit  où  finissent  les  montagnes: 
et  étant  arrivé  sur  le  territoire  de  Beauvais,  il  fit  dresser 
ses  tentes  autour  de  la  place.  Huit  jours  après  son  ar- 
rivée ,  il  députa  dix  prisonniers ,  citoyens  de  Beauvais, 
vers  les  habitans  de  celte  ville,  pour  les  engager  à  se 
rendre  au  roi  et  à  la  cité  de  Belgis ,  ou ,  à  leur  refus , 
pour  les  avertir  qu'ils  seraient  attaqués.  La  cité  ayant 
tenu  conseil  sur  ce  message ,  et  voyant  que  ses  défen- 
seurs avaient  péri  et  qu'elle  était  menacée  d'éprouver 
le  même  sort ,  fit  réponse  qu'elle  était  prête  à  vivre , 
comme  anciennement ,  sous  l'obéissance  du  prince  des 
prêtres  et  des  dieux  de  la  cité  de  Belgis ,  et  à  payer , 
selon  l'antique  usage,  les  tributs  ordonnés  pour  les 
sacrifices  ;  mais  qu'elle  ne  reconnaîtrait  jamais  le  nou- 
veau roi  ni  les  nouvelles  lois  des  Belges.  Ursus  fut 
saisi  de  fureur  en  entendant  cette  réponse,  et  jura 
de  n'abandonner  le  siège  de  la  place  qu'après  l'avoir 
détruite. 


24  ANNALKS 


CAPITULUM  VIII. 

Qiialitei-  lîelgi  natiirales  ccperiint  Belgiin  gullicam. 


Interea  dùm  hœc  agerentur,  Belgls  comata  (i), 
Agrlppina  (a) ,  cœteraequo  illlus  ligœ  civitatcs  cum 
eorum  gravi  potentiâ ,  audientes  civitatem  Belgls  po 
pulorum  destltutam  fore,  ad  ipsam  obsidendam  pcr- 
venerunt,  ut  eam ,  si  possent,  penitùs  destrucrent; 
quia  erat  ipsis  onerosa  riimis.  Et  Mosellam  atque  Mo- 
sam  pacificè  transeuntes ,  Bclgim  approxiraavorunt. 
Hoc  videntes  Bclgi,  Urso  rcgi  eorum  quae  apud  eos 
agebantur  demandantes ,  auxilium  deprecabantur. 
Hoc  audiens  Ursus  quid  agere  deberet  penitùs  igno- 
ravit.  Duces  consuluerunt  ut  per  triduum  rumores 
illos  omnino  celaret,  et  die  prima  civitatem  aggrede- 
retur  fortiter  et  asperè;  secundâ  die  ferociùs  et  poten- 
tiùs ,  et  si  de  compositione  pertractare  vellet,  ipse 
quasi  invitus  oblationes  notaret ,  et  si  qua  ultra  quod 
priùs  prajsentaverant  superadderent,cum  misericordia 
ipsos  susciperet.  Quod  et  factum  est.  Undè  et  subito 
Ursus  proclamare  jussit  ut  die  sequenti,  in  solis  ortu, 
civitatls  muros  invadere  vellet ,  et  ad  hoc  faciendum 

(i)  Trêves. 
(a)  Cologne. 


HE    H.UNAUT.    LIVRE    II.  25 


CHAPITRE  VIII. 


Les  Belges  s'emparent  de  Belgis  la  gauloise. 


Pendant  ces  événemens,  Belgis  la  chevelue  ,  Agrip- 
pine  et  les  autres  cités  qui  avaient  formé  entre  elles 
une  ligue  redoutable,  ayant  appris  que  la  ville  de 
Belgis  était  dépourvue  de  ses  habitans ,  prirent  la  réso- 
lution d'en  faire  le  siège ,  afin  de  la  détruire  ,  s'il  était 
possible  ,  parce  qu'elle  les  incommodait  beaucoup. 
Leurs  troupes  ayant  donc  traversé  paisiblement  la  Mo- 
selle et  la  Meuse,  arrivèrent  sous  les  murs  de  Belgis. 
Mais  les  Belges  ,  dans  cette  circonstance  ,  firent  savoir 
à  Ursus  ce  qui  se  passait  chez  eux  ,  et  implorèrent  de 
lui  les  plus  promts  secours.  Ursus,  à  cette  nouvelle, 
ne  savait  comment  il  devait  se  conduire.  Enfin  les  ducs 
furent  d'avis  qu'il  fallait  tenir  tous  ces  bruits  secrets 
pendant  trois  jours,  et  donner,  dès  le  premier  jour,  à  la 
Tille  de  Beauvais  un  assaut  vigoureux  et  opiniâtre  ;  que 
le  second  jour,  on  recommencerait  l'attaque  en  redou- 
blant d'efforts  ,  et  que  ,  si  la  place  voulait  entrer  en 
composition ,  le  roi  n'écouterait  ses  propositions  que 
comme  malgré  lui  ;  mais  aussi  qu'il  userait  de  miséri- 
corde à  son  égard,  si  elle  ajoutait  d'autres  offres  à  celles 
qu'elle  avait  faites  d'abord.  Ce  plan  fut  exécuté.  Ursus 
fit  aussitôt  publier  que  le   jour  suivant  ,  au  lever  du 


2  6  ANNALES 

quillbet  se  disponcret.  Undè  et  prœcepit  Albanls  ut 
ad  hoc  prim»  existèrent.  In  crastinum  venit  hora,  et 
ccce  venit  Albanorum  alqiie  Bclgorum  copiosa  multi- 
t,udo  ,  qui  ab  unâ  parte  clvitatis  liguis  ,  palcis ,  feno , 
vineis  atque  terra ,  alveolum  ripariolœ  replevcrunt , 
et  per  locum  ilium  ad  civitatis  muros  devenerunt.  Sed 
repulsam  gravcm  sustincntes,  multi  tune  ex  utrâque 
parte  corruerunt.  Duravlt  autem  congressus  usquè  ad 
noctis  initium;  retrocesserunt  tandem  Belgi.  Die  au- 
tem sequenti ,  in  solis  ortu ,  in  eodem  loco  et  ejus  op- 
posite ab  alia  civitatis  parte,  à  novis  et  rccenlibus 
Belffis  iterùm  civitas  insultatur.  Civitas  autem  se  viri- 
liter  defendens ,  circà  horam  nonam  ,  fecerunt  illi  de 
civitate  signa  ut  audientiam  apud  regem  obtinere  va- 
lerent.  Rex  autem  retrahere  jussit  suos  usquè  ad  tem- 
pus.  Qui  miserunt  legatos  offerentes  quœcumque  ab 
antique  consueta  fucrant  diis  et  sacerdotum  principi 
ac  civitati ,  et  ultra  centum  boves  annuatim ,  et  mille 
cados  vini  et  quingentos  olei,  etc.,  si  ab  obsidione 
recédèrent,  et  in  eorum  antiqua  consuetudine  per- 
mitterentur.  Et  rex  ministerio  consilii  sui  pra3ha])ito, 
respondit.  «  Non  recedemus  ab  hac  obsidione  ,  nisi 
reddatur  nobis  régi,  tanquàm  sacerdotum  principi 
ipsi,  totalis  civitas  ,  et  quadriplentur  quœ  obtulistis.  » 
Tune  legati  quod  pctcbat  rex  libenter  concedentes , 
illico  pacem  concluserunt ,  et  pacifiée  rex  cum  decem 
millibus  electorum  civitatem  subintrans,  juramenta 
civitatis  suscipiens  et  confinnans,  donaria  quoquc 
multa  rccipiens  atque  donans ,  câ<lt>m  nocle  ad  ten- 
toria  propria  ropodavit. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  2"] 

soleil,  il  livrerait  assaut  à  la  ville,  et  que  chacun  devait 
s'y  disposer.  Il  ordonna  aux  Albaniens  de  se  tenir 
prêts  à  commencer  l'attaque.  Aussitôt  que  l'heure  fixée 
fut  venue ,  une  multitude  prodigieuse  d' Albaniens  et 
de  Belges  accourent  en  armes ,  comblent  le  lit  de  la 
rivière  d'un  côté  de  la  ville  avec  des  bois ,  de  la  paille , 
du  foin ,  des  fagots  et  de  la  terre ,  et  marchent  par  cet 
endroit  à  l'attaque  des  murs  de  la  place  ;  mais  ils  furent 
repoussés  avec  vigueur,  et  il  y  eut  de  part  et  d'autre 
un  grand  nombre  de  morts.  Le  combat  dura  jusqu'au 
commencement  de  la  nuit,  et  les  Belges  se  retirèrent. 
Le  jour  suivant,  au  lever  du  soleil,  des  troupes  fraîches 
recommencèrent  l'attaque  au  même  endroit  que  la 
veille ,  et  en  dirigèrent  une  seconde  sur  le  côté  opposé 
de  la  ville.  Les  assiégés  se  défendaient  vaillamment, 
lorsque ,  vers  la  neuvième  heure ,  ils  firent  un  signal 
pour  obtenir  une  audience  du  roi.  Celui-ci  fit  aussitôt 
retirer  ses  troupes  et  suspendre  l'attaque.  Alors  les 
Gallo-Belges  lui  envoyèrent  des  députés  qui  lui  offrirent 
toutes  les  redevances  qu'ils  avaient  autrefois  coutume 
de  payer  aux  dieux ,  au  prince  des  prêtres  et  à  la  cité 
deBelgis,  et  y  ajoutèrent  un  revenu  annuel  de  cent 
bœufs ,  de  mille  tonneaux  de  vin ,  de  cinq  cens  ton-  . 
neaux  d'huile ,  s'il  consentait  à  lever  le  siège  et  à  les 
laisser  vivre  selon  leurs  anciennes  lois.  Mais  le  roi,  ayant 
pris  l'avis  de  son  conseil ,  répondit  qu'il  ne  lèverait  le 
siège  qu'après  que  toute  la  ville  se  serait  rendue  à  lui , 
qui  était  roi,  de  la  même  manière  que  s'il  eût  été  prince 
des  prêtres,  et  qu'après  qu'elle  se  serait  obligée  à  lui 
payer  quatre  fois  plus  qu'elle  n'offrait.  Les  députés  ac- 
cordèrent volontiers  ce  qu'exigeait  Lrsus ,  et  la  paix 
fut  conclue  aussitôt.  Alors  le  roi ,  étant  entré  dans 
la  place  à  la  tête  d'un  corps  de  dix  mille  hommes  d'é- 


28  ANNALES 


CAPITULUM    IX. 


Quôd  Ursiis,  rex  Belgensis,  i;idicom  et  originem  siimnioriim  saccr- 
(lotiim  exlirpavit;  et  primo  civitatem  Belgensem  deslruxit. 


In  crastiiio  vcro,  quos  civitate  Bclgcnsi  receperat 
rumores  manifcstaiis ,  ad  propria  remeare  omncs 
concitus  properarunt.  Ciim  vcro  die  quiiitâ ,  Belgim 
ad  mllliarla  docom  approximàssent ,  rclatuin  est  cis 
ut ,  die  câdem  ,  erat  conflictus  Belgorum  ac  civitatum 
ejus  contra  Germanos ,  qui  magnam  patriœ  partem 
succciidcrant.  Et  alaciitcr  et  ferociter  properantcs, 
iiivcnerunt  jàm  belli  confiictum  contra  Belgos  termi- 
natum,  et  Germanos  jàm  trans  ripariam  ,  quae  nunc 
Sambra  dicitur,  transmeâsse  victores.  Jacuerimt  si- 
quidem  in  campo  certaminis  occisi  uluà  qulnquo  et 
viginti  millia  Belgorum ,  Germanorum  vcro  ultra 
quindecim  millia.  Inter  vivos  quos  Germani  obsides 
ceperant,  fuit  Hères,  juvenis  princeps  sacerdotum , 
undc  tota  civitas  cruentissimè  lamentabatur.  Accur- 
rens  igitur  Ursus  post  Germanos ,  qui  rcperit  eos 
inermes   circà   lociim ,  qui  nunc  dicitur   Belgorum 


DE     HAINAUT.     LIVRE  II.  29 

litc  ,  prit  et  confirma  le  serment  des  citoyens ,  reçut  et 
donna  un  grand  nombre  de  présens ,  et  retourna  ,  la 
nuit  du  même  jour,  dans  son  camp. 


CHAPITRE  IX. 


L  rsiis ,  roi  des  Belges  ,  extirpe  jusqu'à  Ja  racine  la  race  des  f^rands 
prêtres,  et  commence  par  détruire  la  ville  de  Belgis. 


Ursus  ayant  fait  connaître  à  son  armée,  dès  le  matin 
du  jour  suivant ,  les  nouvelles  qu'il  avait  reçues  de 
Belgis,  tous  les  soldats  se  mirent  en  marche  et  se  hâtè- 
rent d'arriver  dans  leur  patrie.  Le  cinquième  jour  de 
marche,  ils  n'étaient  plus  qu'à  dix  milles  de  Belgis, 
lorsqu'on  leur  rapporta  que  ce  jour  même  les  Belges 
et  les  habitans  des  villes  qui  leur  étaient  soumises , 
étaient  aux  prises  avec  les  Germains ,  qui  avaient  mis 
le  feu  à  une  grande  partie  du  pays.  Ils  redoublèrent 
alors  de  vitesse  ,  et  trouvèrent  à  leur  arrivée  le  combat 
terminé  en  faveur  des  Germains  ,  qui  avaient  passé  en 
vainqueurs  la  rivière  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
Sambrc.  Il  périt  dans  le  combat  plus  de  vingt-cinq  mille 
Belges  et  plus  de  quinze  mille  Germains.  Au  nombre 
des  otages  que  ces  derniers  prirent  fut  Kérès  ,  jeune 
prince  des  prêtres,  dont  le  sort  malheureux  jeta  toute 
la  ville  dans  la  consternation.  Ursus  s'élant  mis  à  la 
poursuite  des  Germains,  les  trouva  désarmés  près  du 
lieu  qui  porte  maintenant  le  nom  de  Berlaimont  ;   il 


JO  ANNALES 

mons ,  et  illùc  cuin  ipsis  congrecîicns  ,  die  illâ,  occidit 
de  Germanis  ferè  xxx  millia.  Erant  autem  Germaiio- 
rnm  superstitûm  omncs  ad  bcllandum  dispositi  dii- 
ccnta  sexaginta  millia,  qui  in  ciastiniim  conflictum 
spcrantes  habere  Ursum  cum  suâ  gentc ,  expo(;tantes. 
Ursus  vero  disponcbatur  ad  invadendum ,  et  ecce 
archiflamincs  quatuor  accedentes  ad  Ursum ,  qui 
dixerunt  ei  :  «  Rcx,  in  sempiternum  vive.  Quid  tibi  et 
Germanis  istis  ?  Fratres  etenim  nostri  sunt.  Ad  ipsos 
accedemus.  Si  rebellare  contra  civitatem  et  te ,  et  le- 
gibus  antiquis  contraire  ,  priîis  expedit  scire ,  si  etiàm 
principcm  sacerdotum  non  reddere  proponunt.  Si 
sic  ,  facias  qua3  proposuisti.  Sin  autem  ,  cum  pace  et 
fraternali  dilectione ,  antiquorum  more ,  permanea- 
mus.  »  Respondit  Rex  :  «  Vestra  igitur  experiatur  ex- 
hortatio.  »  Accesserunt  autem  arcliiflamines,  propo- 
suerunt  Germanis  amicitias,  qui  libentes  respon- 
derunt  :  «  Sub  principis  sacerdotum  regimine ,  sicut 
patres  nostri ,  deorum  sacrificia  débité  offcrentes , 
legibus  consuctis  non  aliter  persistere  proponimus. 
Reges  in  bac  sectâ  usquè  liodiè  non  vidimus,  nec  ci 
obediemus  tanquàm  régi,  sed  tanquàm  vicegerenti 
illiûs ,  quem  apud  nos  liabemus ,  usquè  ad  pubertatis 
tempora  illius,  et  non  ultra  obediemus.  » 


DE    HAINAUJ.    J.lVr.E  II.  01 

leur  livra  bataille ,  et  en  tua  ce  jour  près  de  trente  mille. 
Il  restait  encore  aux  Germains  deux  cent  soixante  mille 
hommes  propres  aux  combats.  Ils  avaient  eu  l'espoir 
de  faire  prisonnier  Lrsus  avec  ses  troupes  dans  l'at- 
taque du  matin ,  et  n'avaient  fait  aucun  mouvement. 
Le  roi  rangeait  son  armée  en  bataille  ,  lorsque  quatre 
archiflamines  s'avancèrent  vers  lui  ,  et  après  l'avoir 
salué  en  disant  «  vive  à  jamais  le  roi  !  »  ils  lui  parlèrent 
ainsi  :  «  Quel  sujet  de  guerre  existe-t-il  entre  toi  et  les 
Germains  ;  ne  sont-ils  pas  nos  frères?  Nous  allons  nous 
rendre  auprès  d'eux  ;  car  avant  de  les  attaquer,  il  est 
juste  de  savoir  s'ils  ont  l'intention  de  se  révolter  contre 
la  ville  et  contre  toi,  et  de  contrevenir  aux  lois  qu'ils 
observaient  anciennement ,  comme  aussi  de  garder  en 
leur  pouvoir  le  prince  des  prêtres.  Si  telle  est  leur 
résolution  ,  exécute  alors  ce  que  tu  as  entrepris  ;  mais 
s'il  en  est  autrement ,  continuons  de  vivre  avec  eux  en 
paix  et  en  amitié  ,  comme  feraient  des  frères ,  ainsi 
que  nos  pères  l'ont  fait  avant  nous.  »  Le  roi  répondit  : 
«  Allez  ,  faites  ce  que  vous  avez  dit.  »  Les  archiflamines 
allèrent  donc  auprès  des  Germains,  et  leur  proposèrent 
paix  et  amitié.  Ceux-ci  répondirent  :  «  Nous  voulons 
vivre  sous  le  régime  du  prince  des  prêtres ,  ainsi  que 
nos  pères  ont  fait,  et  comme  eux  offrir  aux  dieux  les 
sacrifices  qui  leur  sont  dus,  et  obéir  aux  anciennes  lois. 
Mais  jusqu'à  ce  jour  nous  n'avons  point  vu  de  rois  dans 
la  famille  sacerdotale ,  et  nous  ne  voulons  pas  recon- 
naître Ursus  pour  notre  roi  ;  seulement  nous  lui  obéi- 
rons comme  étant  le  lieutenant  du  prince  que  nous 
avons  avec  nous,  et  jusqu'à  ce  que  ce  dernier  ait  atteint 
sa  majorité,  car,  passé  ce  terme,  nous  ne  voulons  plus 
lui  obéir.    » 


Ô2  ANNALES 


CAPITULUM  X. 

De  régis  Ursi  pcstil'erit  proditionc 


DuM  adhùc  de  concordia  tractarent  archiflainincs  , 
et  ecce ,  ex  insperato  Albanorum  consilio ,  Ursus  rex , 
oiini  omnibus  Albanis  et  Belgls  multis ,  Germanos 
illos  invadentes,  maxlmam  caedem  exercuerunt.  Mor- 
ttms  est  autcm  illùc  juvenis  sacerdotiirn  princeps 
captivatus  cum  archiflaminibus  concordiam  tractan- 
tibus.  Mortui  simt  etiàm  Germanorum  circiter  octo- 
ginta  millia,  Belgorum  et  Albanorum  ferè  viginti 
millia.  Et  sic  terminata  est  nobibs  atque  generosa  sa- 
cerdotum  principum  progcnies ,  Urso  rcge  procu- 
rante. Pars  vero  potior  Belgorum  ad  civitatem  Belgis 
concurrentes  ,  quid  rex  Ursus  peregerat  referentes , 
furibundi  contra  eum  concurrerunt.  Ursus  haec  au- 
diens  suos,  proiit  valuit,  recoUigens  ,  in  locum  queni- 
dam  Belges  expectavit  ,  qui ,  suie  ordine  debito 
venientes ,  quotquot  progrediebantur  Ursus  peri- 
mcbat.  Occidit  die  illâ  rex  Ursus  de  Belgis  ultra 
scptuaginta  millia,  quos  omnes  in  crastinum  recolligi 
faciens ,  montem  quemdam  ex  ipsis  cadaveribus  con- 
stituit,  juxtà    ripariam   Sanibr.T ,  quom,   usquc  ;id 


DE    HAI.NAUT.     LIVRE    II.  Où 


CHAPITRE    X. 


Perfidie  détestable  du  roi  Ursns. 


Pendant  que  les  archiflamines  étaient  occupés  à  mé- 
nager la  paix ,  le  roi  Ursus ,  par  le  conseil  des  Alba- 
niens ,  fondit  tout  à  coup  sur  les  Germains  avec  toutes 
ses  troupes ,  tant  albanieunes  que  belges ,  et  en  fit  un 
horrible  carnage.  Dans  cette  attaque  le  jeune  prince 
des  prêtres ,  qui  avait  été  fait  prisonnier ,  fut  tué  avec 
les  archiflamines  qui  traitaient  de  la  paix.  Près  de 
quatre-vingt  mille  Germains  restèrent  sur  le  champ  de 
bataille ,  tandis  que  les  Belges  et  leurs  alliés  ne  perdi- 
rent que  vingt  mille  de  leurs  combattans.  C'est  ainsi 
que  finit  l'illustre  et  généreuse  race  des  princes  des 
prêtres ,  par  la  méchanceté  du  roi  Ursus.  Cependant , 
après  ce  massacre ,  la  plupart  des  Belges  coururent 
à  Belgis  annoncer  l'action  que  venait  de  commettre 
Ursus,  et  marchèrent  ensuite  contre  lui  animés  de  la 
plus  vive  fureur.  Le  roi ,  ayant  appris  leurs  desseins  , 
rassembla  ses  troupes  comme  il  put ,  et  attendit  les 
Belges  à  un  certain  endroit.  Ceux-ci ,  marchant  en 
désordre ,  tombèrent  sous  les  coups  d'Ursus  à  mesure 
qu'ils  se  présentèrent.  Plus  de  soixante  et  dix  mille 
des  leurs  y  périrent.  Le  jour  suivant,  le  roi,  ayant  fait 
rassembler  leurs  cadavres,  en  construisit,  sur  les  bords 
de  la  Sambre  ,  une  montagne  qui  porte  encore  aujonr- 
II.  3 


5-4  ANNALES 

tempora  nostra ,  montem  Belgorum  appellaïuUim 
tlccrcverunt ,  qui  nunc  gallicè  à  modernis  Berlaimonl 
nuiicupatiir.  Tune  Bclgi  primo  suœ  civitatis  Icguntur 
suas  conclusisse  portas.  Ursus  hoc  pcrpendeus  ,  cum 
Germanis  rcsiduis  fœdus  iniit ,  qui,  simul  adjuncti , 
civitatcm  obscderunt.  Quarto  autcm  obsidionis  mense, 
misit  privatos  in  civitate  legatos  ad  complices,  quos 
sibi  sentiebat  benevolos ,  ut  omnibus  quibus  possent 
modis ,  populi  suscitarent  seditionem ,  et  ignem  in 
certà  die  in  diversis  civitatis  locis,  in  silentionocturnu 
intromittcrent;  et,  cùm  ad  incendium  perpenderenl , 
dubio  propulso  civitatcm  aggrcderentur.  Monuit  ctiàm 
ut  sui  complices  quotquot  in  civitate  morabantur, 
hora  illa,  in  loco  certo  simul  congregati,  cùm  audi- 
rent  regem  aggredi  civitatcm ,  adversarios  sibi  rebel- 
landos  invaderent;  et  ipse  cum  suis  superveniens , 
opus  consumaret.  Quod  et  factum  est.  Nam  rex , 
statutâ  die,  cum  Germanis  et  civitatum  vicinarum 
omnipotentia,  civitatcm  est  aggressus;  et  ccce  in 
omni  differentia  civitatis,  incendia  succrescunt  ;  pa- 
latia  ducum  comburuntur  ;  régis  fautores  ab  intrà 
civitatcm  depopulantur;  quot([uot  erant  de  sacerdo- 
tum  sanguine,  cum  bcnevolis  corum ,  in  ore  gladii 
I  raditi  sunt  ;  Icgum  alque  dcorum  et  civitatis  zelatoros, 
ubi  se  rocoUigere  valercnt  non  invenientes ,  velut 
arietes  intcrimebantur.  Subjccit  tandem  Ursus  sibi 
clvitalem  ;  et,  cunctis  prostratis  advcrsariis,  loges, 
])roiit  placuit,  ampliavit.  Luxit  autem  civitas  annis 
pluribus  h  consuetii  nobilitate  prostratâ.  Actor.  Quia 
vero,bis  temporibus  ,  nnilla  cxordium  assumpserunt 


T>E    IIAIXAUT.     LIVRE    II.  55 

d'hui  le  nom  de  montagne  des  Belges  ,  et  qui  s'appelle 
en  français  Berlaimont.  C'est  alors  qu'on  dit  que  les 
Belges  fermèrent  pour  la  première  fois  les  portes  de 
leur  ville.  Ursus  ayant  vu  ce  qui  se  passait ,  fit  alliance 
avec  les  Germains  qui  restaient  encore  ,  et  forma  avec 
eux  le  siège  de  Belgis.  Il  y  avait  près  de  quatre  mois 
qu'il  tenait  la  ville  assiégée ,  lorsqu'il  envoya  secrète- 
ment des  a  gens  dans  la  place  auprès  de  ses  partisans 
qu'il  savait  lui  être  les  plus  dévoués  ,  afin  de  les  enga- 
ger à  user  de  tous  les  moyens  pour  soulever  le  peuple  , 
et  pour  mettre ,  à  une  époque  désignée  et  pendant  le 
silence  de  la  nuit,  le  feu  aux  différens  quartiers  de 
Belgis ,  en  les  avertissant  que  ,  tandis  que  les  citoyens 
seraient  occupés  à  éteindre  l'incendie ,  les  assiégeans 
livreraient  sans  faute  un  assaut  à  la  ville.  Il  fit  dire  de 
plus  à  ses  partisans  de  se  rassembler  tous  à  une  heure 
fixe  dans  un  endroit  qu'il  leur   indiquait ,  et  aussitôt 
qu'ils  apprendraient  que  le  roi  donnerait  l'assaut  à  la 
place ,  d'attaquer  vivement  les  citoyens  qui  lui  oppo- 
seraient de  la  résistance  ;  pendant  ce  tems  le  roi  sur- 
viendrait avec  ses  troupes  et  terminerait  l'affaire.  Ce 
plan  fut  exécuté.  Ursus  ,  après  avoir  indiqué  le  jour  de 
l'attaque ,  donne  l'assaut  à  la  ville  avec  les  troupes  des 
Germains  et  toutes  celles  des  villes  voisines.  Au  même 
moment ,  et  tandis  que  le  trouble  règne  dans  la  place , 
le  feu  éclate  de  tous  les  côtés  ,  les  palais  des  ducs  sont 
réduits  en  cendres ,  la  ville  est  pillée  par  les  partisans 
du  roi  enfermés  dans  ses  murs;  toute  la  race  des  prêtres 
et  tous  leurs  amis  sont   passés   au  fil  de  l'épée  ;  les 
défenseurs  des  lois ,  des  dieux  et  de  la  cité ,  ne  trouvant 
plus  aucun  asile,  sont  impitoyablement  égorgés  comme 
de  vils  troupeaux.  Ursus  s'empara  de  la  ville,  et  après 
s'être  défait  de  tous  ses  adversaires  il  changea  les  lois 


56  A^rCALES 

régna ,  multa  etiàm  termiiiuni  finalem  dicuntur  con- 
cliisisso,  idcirco  de  notabiliorlbus  quse  in  historiis 
solemnibus  reperi,  huic  operi  pauca  restringam. 


CAPITULUM  XI. 


De  fxurdiu  re^ni  Maceiloiiiim. 


Ex  chnmicis. 


Regndm  autem  macedonicum  incœpit  tredecimo 
anno  regni  Osiœ ,  rcgls  Judae,  qui  fuit  annus  septimus 
Arbacis,  primi  régis  Med or um  (i),  in  quo  primus 
regnavit  Caranus  annis  xxviii.  Secundus  Cinnus  xir. 
Tertius  Dumminas  xxxviii.  Quartus  Pcrdica  lt. 
Quintus  Argeus  xxxviii.  Sextus  Philippus  xxxviii. 
Septimus  Acorpas  xxvi.  Octavus  Altéras  xxix.  Nonus 
Ainyiitas  l.  Dccimus  Alexander  xliii.  Undecimus 
Perdica  xxviii.  Duodecimus  Arcbelaus  xxiv.  Tertins 
(leeimus  Orestes  m.  Quartus  declmus  Archelaus  iv. 
Qnintus  derinius  Amyntas  i.  Sextus  dccimus  Pansa- 

(i)  L'an  iSii  av.  nolierrr. 


DE    IIAIXALT.     LIVRE    II.  5^ 

à  son  gré  ;  et  Belgis  pleura  pendant  plusieurs  années 
sur  sa  grandeur  déchue.  L' Auteur.  Mais,  comme  on  rap- 
porte à  cette  époque  la  fondation  de  plusieurs  royaumes 
et  la  destruction  de  plusieurs  autres,  j'ai  cru  de  mon 
devoir  de  mentionner  ici  en  peu  de  mots  ce  que  j'ai 
trouvé  de  plus  remarquable  sur  ce  sujet  dans  les  his- 
toires les  mieux  accréditées. 


CHAPITRE  XI. 


Commencement  du  rnvaiime  de  Mvice'doinc 


Extrait  des  Chroniques. 

Le  royaume  de  Macédoine  fut  fondé  la  treizième  an- 
née d'Osias ,  roi  de  Juda  ,  ou  la  septième  d' Arbaces  , 
premier  roi  des  IMèdes.  Le  premier  roi  macédonien  fut 
Caranus ,  qui  régna  vingt-huit  ans.  Le  second,  qui  fut 
Ginnus  (  Coenus),  régna  douze  ans.  Le  troisième,  Dum- 
minas  (  Tirimas  ),  régna  trente-huit  ans.  Le  quatrième, 
Perdicas  ,  cinquante  et  un  ans.  Argœus  ,  qui  fut  le  cin- 
quième roi ,  régna  trente-huit  ans.  Philippe,  le  sixième, 
trente-huit  ans.  Acorpas  (  iEropas  ),  le  septième  ,  vingt- 
six  ans.  Altéras  (Alcétas),  le  huitième,  vingt-neuf 
ans.  Le  neuvième  roi,  qui  fut  Amintas,  régna  cinquante 
ans.  Le  dixième ,  Alexandre ,  quarante-trois  ans.  Le 
onzième  ,  Perdicas  ,  vingt-huit  ans.  Le  douzième  ,  Ar- 
chélaiis  ,  vingt-quatre  ans.  Le  treizième  ,  Orestes ,  trois 


58  ANNALES 

nias  1.  Septimus  decimus  Amyntas  vi.  Octavus  cleci- 
inus  Algcus  II.  Nonus  decimus  Amvntas  xviii.  Vice- 
simus  Alexander  i.  Vicesimus  primus  Ptoloniœus  qui 
et  Alorices  iv.  Vicesimus  secundus  Perdica  vi.  Vice- 
simus tertius  Philippus  xxvi,  Vicesimus  quartus 
Alexander,  Philippi  filius,  xii  et  menses  vi.  Quibus 
finitis,  mortuus  est  apud  Babylonem,  xxxii  œtatis  suae 
anno  ;  et  tune,  translate  in  multos  impeiio,  regnum 
divisum  est.  Huic  indè  ortum  est  regnum  Alexandri- 
norum  ,  ([uod  est  iEgypti  ;  et  non  multô  post  regnum 
Asiaî  et  mox  Syriae.  In  Macedoniâ  regnavit,  post 
Alexandrum ,  Philippus ,  qui  et  Aridœus ,  frater 
Alexandri ,  annis  septem.  Deindè  Cassander  annis 
XIX.  Antigonus  et  Alexander,  fîlii  Cassandri ,  iv.  De- 
metrius  vi.  Pirrhus  vu  mensibus.  Lisimachus  annis  vi. 
Ceraunus ,  qui  et  Ptoîemœus ,  mensibus  ix.  Melear- 
gus  mensibus  ii.  Antipater  xlv  diebus.  Sostenes  annis 
II.  Antigonus  Gonatas  annis  xxxvi.  Demetrius  x.  An- 
tigonus XV.  Philippus  xLii.  Perses  x,  in  quo  regnum 
Macedonum  déficit. 


DE    H  AIN  ATT.     LIVRE    II.  5() 

ans.  Le  quatorzième  ,  Archélaus ,  quatre  ans.  Le  quin- 
zième ,  Amintas ,  un  an.  Le  seizième,  Pausanias,  un 
an.  Le  dix-septième ,  Amintas,  six  ans.  Le  dix-hui- 
tième ,  Algaeus  (Argœus),  deux  ans.  Le  dix-neuvième  , 
Amintas  ,  dix-huit  ans.  Le  vingtième  ,  Alexandre  ,  un 
an.  Le  vingt  et  unième ,  Ptolémée  ou  Aiorites  ,  quatre 
ans.  Le  vingt-deuxième ,  Perdicas  ,  six  ans.  Le  vingt- 
troisième  ,  Phihppe  ,  vingt-six  ans.  Le  vingt-quatrième, 
qui  fut  Alexandre  ,  fils  de  Philippe ,  régna  douze  ans  et 
six  mois.  Au  bout  de  ce  tems  ,  il  mourut  à  Babilone  , 
dans  la  trente-deuxième  année  de  son  âge  ;  et  le  souve- 
rain commandement  ayant  été  réparti  entre  plusieurs  , 
l'empire  resta  divisé.  De  là  prit  naissance  la  dinastie 
des  Alexandrins  ,  c'est-à-dire  ,  des  rois  d'Egipte  macé- 
doniens ;  et ,  peu  de  tems  après ,  furent  aussi  fondés  les 
royaumes  d'Asie  et  de  Sirie.  Alexandre  étant  mort ,  le 
trône  de  Macédoine  fut  occupé  pendant  sept  ans  par 
Philippe  ,  nommé  aussi  Aridée ,  et  frère  d'Alexandre. 
Ensuite  Cassandre  régna  dix-neuf  ans.  Antigone  et 
Alexandre,  fils  de  Cassandre,  régnèrent  quatre  ans. 
Démétrius  régna  six  ans.  Pirrhus  sept  mois.  Lisima- 
chus  six  ans.  Céraunus  ,  nommé  aussi  Ptolémée ,  neuf 
mois.  Méléagre  deux  mois.  Antipater  quarante -cinq 
jours.  Sosthènes  deux  ans.  Antigone-Gonatas  trente-six 
ans.  Démétrius  dix  ans.  Antigone  quinze  ans.  Philippe 
quarante-deux  ans.  Persée ,  qui  fut  le  dernier  roi  de 
Macédoine  ,  régna  dix  ans. 


40  AANALES 


CAPITULUM   XII 

De  Zacharia  ,  regc  Israël. 


ACTOR. 


Régnante  autem  Osia  in  Jiidaeâ ,  post  Jéroboam 
regnavit  super  Israël  filiiis  ejus  Zacharias  (i)  vi  men- 
sibus  tantùm.  Ipso  enim  peccata  patrum  imitante, 
percussit  eum  palàm  Sellum ,  fîlius  Jabes  ;  et  regnavit 
pro  eo  :  sicque  translatum  est  regnum  de  domo  Jehu 
in  generatione  quartà,  jiixtà  verbum  Domini.  Scd 
regnavit  Sellum  uno  mense  tantùm,  quia  percussit 
eum  Manahen  è  Thersâ,  et  regnavit  pro  eo  x  an- 
nis  in  Samariâ.  Ex  chronicis.  Eo  quoque  tempore, 
Corintliiorum  (2)  et  Lacedajmoniorum  (3)  reges  defe- 
cerunt;    et    Lydorum   regnum   exortum    est,   anno 

(1)  Zacharie  ,  suivant  Eiisèbe ,  commença  à  régner  en  l'an  3o 
d'Osias,  ou  7()3  avant  notre  ère. 

(2)  Les  rois  de  Corinthe  finirent,  suivant  Eusèbe,  en  l'année  778 
avant  notre  ère,  et  furent  remplaces  par  des  pritanes  annuels. 

5)  L'auteur,  trompe  par  Eusèbe,  (pii  s'arrête  à  Alcamènes,  place 
après  la  mort  de  ce  prince  ,  en  l'an  77(>,  la  On  des  rois  de  Lacèdè- 
mone;  mais  la  royauté  subsista  loug-tems  après  dans  les  deu\ 
branches  delà  niaisun  îles  Hcraclidcs. 


DE    HAINALT.    LIVRE    II.  ^l 


CHAPITRE   XII. 


De  Zacharie  ,  roi  d'Israël. 


L  AUTEUR. 


Du  tems  qu'Osias  régnait  sur  Juda  ,  Zacharie  ,  fils  de 
Jéroboam  ,  roi  d'Israël ,  succéda  à  son  père,  et  occupa 
le  trône  pendant  six  mois  seulement.  Jl  imita  les  fautes 
de  ses  pères  ,  et  fut  tué  aux  ieux  de  tout  le  peuple  par 
Sellum  ,  fds  de  Jabès,  qui  régna  à  sa  place.  C'est  ainsi 
que  fut  accomplie  la  promesse  que  Dieu  avait  faite  à 
.Téhu ,  de  faire  asseoir  ses  descendans  sur  le  trône 
d'Israël,  jusqu'à  la  quatrième  génération.  Sellum  ne 
régna  qu'un  mois  ,  ayant  été  tué  par  Manahem  ,  venu 
de  Thersa.  Ce  dernier  occupa  le  trône  de  Samarie  pen- 
dant dix  ans  (1).  Extrait  des  chroniques.  Yers  ce  tems-là 
furent  éteints  les  rois  de  Corinthe  et  de  Lacédémone. 
Le  rovaume  de  Lidie  (2)  fut  fondé  l'an  quarante-huit 
d'Osias ,  roi  de  Juda  ;  il  fut  détruit  par  Cirus  ,  roi  des 
Perses ,  après  avoir  subsisté  pendant  deux  cent  trente 
ans. 

(i)  Il  commença  son  règne  en  l'an  -i)4  av.  J.-(]. 

(2)  Eusèbe  place  le  commencement  iln  royaume  «3e  Lidie  ea 
l'anne'e  777  av.  notre  ère,  mais  il  siiljsislait  l)ien  avant  cette  e'jiix|tie, 
et  remontait,  selon  Frère t  (Mrni.  de  i'Acad.  des  lu^crip.  l.  v, 
p.  273)  à  l'an  15-9  av.  J.-C. 


L\2  ANNALES 

videlicet  Oziae ,  régis  Judée,  xlvih  ;  (juotl  tandem  à 
Cyro,  rege  Persarum ,  destructum  est  (  i  ) ,  quod  stetit 
per  annos  ducentos  et  triginta. 


CAPITULUM  XIII. 

De  exoidio  olympiadiim. 


Anno  regni  Oziae,  régis  Juda,  quinquagesimo  ^^2), 
Remus  et  Romulus  ex  Marte  et'Yliâ  generantur;  et 
eodem  anno  olympias  (3)  prima  constituitur,  qui  fuit 
^schyli ,  régis  Atheniensium ,  secundus  ;  à  captivitate 
vero  Trojae  quadringentesimus  et  quintus  (4)-  -^ctor. 
De  hâc  autem  olympiade  loquitur  Eusebius  in  chro- 

(i)  En  l'an  547  av.  J.-C. ,  selon  Eusèbe ,  et  en  l'an  545,  selon 
Fréret. 

(2)  La  5o'  année  d'Osias  rëpond ,  dans  Eusèbe ,  à  l'an  775  avant 
J.-C.  Du  reste,  les  difiérentes  e'ditions  de  la  Chronique  de  cet 
auteur  varient  sur  l'époque  de  la  naissance  de  Romulus  et  de 
Re'mus. 

(3)  Dans  les  éditions  d'Euscbe ,  la  1"  année  de  la  1"  olimpiade 
répond  à  la  49'  et  non  à  la  5o'  anne'e  d'Osias  j  ce  qui  fait  remonter 
au  solstice  d'e'te'  de  l'an  776  av.  J.  C.  le  commencement  des  olim- 
piades.  Mais  Eusèbe  confondant  ensemble  l'année  civile  des  Grecs 
et  l'année  olimpirpie ,  fait  commencer  au  1"  septembre  celle-ci, 
qui  commençait  vers  le   i"  juillet. 

'4)  Le  texte  dit  'j5<i ,  ce  qui  est  cvidcmmcnl   une  faute. 


Dr.    UAINAUT.     LIVRE    II.  l\Ci 


CHAPITRE  XIII. 

Commencement  des  olimpiades. 


En  l'an  cinquante  d'Osias ,  roi  de  Juda ,  naissent 
Rémus  et  Romulus  ,  fils  de  Mars  et  d'Ilia.  La  première 
année  de  la  première  olimpiade  commence  aussi  à  la 
même  année  ,  qui  fut  la  deuxième  d'Eschile  ,  roi  d'A- 
thènes ,  et  la  quatre  cent  cinquième  de  la  prise  de 
Troie.  L'auteur.  Eusèbe ,  dans  ses  chroniques ,  parle  de 
la  fondation  des  olimpiades.  «Lapremière  olimpiade, 
dit-il,  commença  l'an  second  d'Eschile,  juge  des  Athé- 
niens ,  et  Corébus  d'Élide  y  fut  vainqueur.  Jules  Afri- 
cain rapporte  au  tems  de  Joathan,  roi  de  Juda,  l'époque 
de  la  première  olimpiade ,  qui ,  d'après  notre  calcul , 
se  trouve  également  correspondre  au  même  règne. 
Voici  ce  que  dit  sur  ce  sujet  le  même  Jules  Africain  , 
dont  j'emprunte  ici  les  paroles  :  Eschile  ,  fds  d'Aga- 
mestor,  gouverna  les  Athéniens  pendant  vingt-trois 
ans ,  dans  le  tems  que  Joathan  régnait  à  Jérusalem.  » 
Vers  la  même  époque,  Téglalh-Phalassar,  roi  des  Assi- 
riens ,  transporta  en  Assirie  une  grande  partie  du 
peuple  juif,  qui  avait  alors  Phacée  pour  roi;  et  c'est 


44  ANNALES 

nicis.  «  Hîc,  inqult,  constitiiitur  olymplas  prima,  se- 
cundo anno  iEschyli,  Athenienslum  judicis,  in  qiui 
Corebus  Eliensis  extitit  victor.  Hanc  Africanus  tem- 
poribus  Joatban  ,  régis  Hebraeorum ,  fuisse  scribit  ; 
nostra  quoque  supputatio  temporibus  iisdem  eam  ex- 
hibuit  (i).  Scribit  autem  Africanus,  ut  verba  ejus 
ponam ,  ad  bunc  modum  :  /Eschylus ,  Agamestoris 
filius ,  apud  Athenienses  obtinuit  principatum  annis 
XXIII,  quâaetate  Joatban  regnabat  in  Jérusalem.» 
Hoc  tempore ,  Teglatb-Phalassar, rex  Assyriorum,  ma- 
gnam  partem  Judœorum  popuU  in  Assyrios  transtu- 
lit,  rege  Pbacee  :  quo  tempore ,  Arctinus  Milesius 
versificator  propè  omni  métro  et  opère  clarus  habe- 
tur.  Elii  agunt  quinquennale  certamen ,  quatuor  an- 
nis in  medio  cxpletis  ;  in  quibus  principes  annui 
constituuntur  :  quam  olympiadem  Ipbitus,  filius 
Praxonidis,  filii  Haemonis,  primus  constituit.  Ab  lioc 
tempore  graeca  de  temporibus  liistoria  vera  creditur; 
nam  antè  liœc,  ut  cuique  visum  est,  diversas  senten- 
tias  protulerunt.  Porro  et  nos  in  primiî  olympiade 
Joatban  posuimus.  A  captivitate  Trojae  usquè  ad  olym- 
piadem primam  anni  ccccvi.  Lacedaemoniorum  reges 
defecerunt.  Ilinc,  decedentibus  et  succcdentibus  re- 
gnis ,  novus  ordo  consurgit.  Ilinc  olympias  prima. 
Rem  us  et  Romulus  generantur  à  Marte  et  Yliâ.  Hoc 
anno,  in  regno  Israëlis,  Pbacee  rex  sextus  decimus  (2) 

(i)  La  1"  année  de  la  i"  olimpiaclc  se  rapportant  à  la  4g""  année 
d'Osias  ,  qui  régna  en  tout  .S2  ans,  la  4""  annc'o  de  la  même  olim- 
piade  repond  en  effet  à  la   i"  année  de  .Tnathan. 

(t.)  Le  texte  nonfime  Phaci-e  le  dix-peptième  roi  d'Israël ,  et  le 
fait  régner  ao  ans;  r'<'st  une  double  erreur. 


DE    H  AIN  ALT.     LIVRE    II.  45 

aussi  vers  ce  tems  que  florissait  le  poète  Arctinusde 
Milet ,  également  célèbre  par  ses  vers  et  par  ses  ou- 
vrages. Au  bout  de  quatre  ans ,  pendant  lesquels  on 
e'tablit  des  magistrats  annuels ,  les  Éléens  célébrèrent 
leurs  jeux  quinquennaux  ,  qui  avaient  été  institués 
pour  la  première  fois  par  Iphitus ,  fils  de  Praxonides  , 
fds  d'Hémon.  C'est  à  partir  de  cette  époque  que  l'his- 
toire grecque  nous  présente  plus  de  certitude  ;  car 
dans  les  tems  antérieurs ,  les  rapports  des  faits  étaient, 
comme  on  a  pu  le  voir  ,  souvent  contradictoires.  Ainsi 
nous  avons  placé  l'institution  des  Olimpiades  sous  le 
règne  de  Joathan  ;  et,  depuis  la  prise  de  Troie  jusqu'à 
la  première  olimpiade  ,  nous  comptons  quatre  cent  six 
ans.  Vers  le  tems  de  la  première  olimpiade  ,  la  royauté 
fut  abolie  à  Lacédémone ,  un  nouvel  ordre  s'établit 
dans  les  royaumes  qui  se  formèrent ,  et  Piémus  et  Ro- 
mulus  furent  engendrés  par  Mars  et  Ilia.  En  l'an  pre- 
mier de  cette  nouvelle  ère  vivait  Phacée  ,  seizième  roi 
d'Israël ,  qui  régna  dix  années ,  et  Osias  ,  roi  de  Juda  , 
accomplissait  la  cinquantième  année  de  son  règne.  » 


46  ANNALES 

regnavit  annis  x  ;  et  in  Jiidâ  regnabat  Ozias  sui  regni 
anno  l  (i).  » 


CAPIÏULUM  XIV 


De  ovUi  Rémi  et  Romuli. 


HELINANDUS. 

Latinorum  quintus  dccimus  regnavit  Aniuliiis, 
Procœ  fillus,  annis  xliv.  Hiijus  frater  niajoi*  natii 
Numitor,  ab  eo  regno  pulsus ,  in  agro  suo  vix'it.  Filia 
ejus  Ylla ,  atlimendi  partûs  gratiâ,  virgo  vestalis  est 
electa.  Quae  cùm  uno  partu  geininos  edidisset  infan- 
tes, juxtà  ripam  Tiberis  expositos  Faustulus,  rcgii 
pastor  armenti ,  ad  Acciam  Laurentiam  suam  uxorem 
detulit.  Quœ,  propter  pulcliritudinem  et  capacitatem 
corporis  quœstuosi,  Lupa  à  vicinisappellabatur.  Undè 
ad  nostram  usquè  mcmoriam  meretricum  ccUuloc  lu- 
panaria  dicuntur.  Pueri  vero  cùm  adolevissent ,  col- 
lecta pastorum  et  latronum  manu ,  interfecto   apiul 

(i)  Nous  avons  vu  Jans  une  note  précédente  que  les  eJUions 
tl'Eusèbc  fesaient  correspondre  la  i"'  année  de  la  i"  olimpiade  à 
Tan  49  d'Osias;  TEusèbc  de  Scalij;er  recide  cependant  le  commen- 
rement  des  olimpiades  à  la  5o'  année  d'Osias  et  à  Tan  7^5  av. 
J.-C.  Du  reste,  c'est  la  seule  eilition  qui  reiiriduisc  exactement  le 
passaj^e  rappoi'le  dan-<  ce  rhapifre. 


DE    HAINALT.     LEVRE    II.  4/ 


CHAPITRE  XIV, 


^Naissance  de  Remiis  et  de  Romulii^ 


HELINAND. 


Amulils  ,  fils  de  Procas ,  fut  le  quinzième  roi  des  La- 
tins ,  et  régna  quarante-quatre  ans.  Il  avait  chassé  du 
trône  Numitor,  son  frère  aîné  ,  qui  s'était  retiré  dans 
ses  terres  ;  et  Ilia ,  fille  de  ce  dernier,  avait  été  consa- 
crée au  culte  de  Vesta ,  pour  qu'elle  restât  condamnée 
à  une  virginité  perpétuelle.  Mais ,  ayant  mis  au  monde 
deux  enfans  dans  une  seule  couche,  ces  jumeaux  furent 
exposés  sur  les  bords  du  Tibre  ,  et  portés  ensuite  par 
Faustulus  ,  gardien  du  troupeau  royal ,  à  Accia  Lauren- 
tia  son  épouse.  La  beauté  de  cette  femme  et  le  prix 
qu'elle  mettait  à  ses  faveurs  lui  avaient  fait  donner  le 
nom  de  Louve  (  Lupa  )  par  le  voisinage.  C'est  d'elle  que 
les  lieus  de  débauche  tirent  leur  nom  et  sont  appelés 
encore  aujourd'hui  lupanaria.  Lorsque  Romulus  et  Ré- 
mus  furent  devenus  grands ,  ils  rassemblèrent  une 
troupe  de  pasteurs  et  de  brigands  ,  tuèrent  Amulius 
dans  Albe  ,  et  rétablirent  Numitor,  leur  aïeul ,  sur 
son  trône.  Justin,  livir  xlih  ,  chap.  2.  Amulius  chassa 
ilu  Irùnc  ?ûimitor,  son  frère  ahié  ,  et  «'ondainua  llliéa  , 


48  ANNALES 

Albam  Amulio  ,  avum  Numitorem  in  regnum  resti- 
tueriint.  JusTiNUS  in  libro  xliii  (i).  «  Amulius  aetate 
majorem  Numitorem  fratrem  à  regno  expulit ,  filiam- 
que  ejus  Rheam  in  pcrpctuam  virginitatem  demersit , 
ne  quis  ultor  patris  ex  eâ  nasceretur.  Quœ  quasi  sa- 
cerdos  clausa  est  in  luco  Martis ,  ubi  geminos  enixa 
est,  incertum  stupro  an  ex  Marte  conceptos,  quos 
Amulius  exponi  jussit,  ex  quorum  injuria  illa  deces- 
sit.  Expositos  lupa  aluit,  quos  Faustulus  pastor  ani- 
madvertens  substractos  cos  agresti  vita  nutrivit.  Qui 
adulti  cùm  latrones  à  rapina  pecorum  submoverent , 
Remus ,  à  latronibus  captus ,  Numitori  tanquàm  latro 
offertur.  Quem  cùm  inspiceret,  repente  Faustulus 
cum  Romulo  supervenit  ;  factaque  conspiratione , 
Amulium  occidunt,  regno  Numitorem  rcstituunt  (2).  » 
Albericus  in  Poetario.  Rernus  etRomulus  Martis  fin- 
guntur  filii ,  quia  fuerunt  viri  bellicosi.  Mars  Gradi- 
\us  dicitur,  quia  gradatnn  pergitur  in  praelium ,  vel 
à  gradin  ,  id  est,  à  vibratione  hastae. 

(1)  Cap.  2. 

(2)  Ce  passage  est  plutôt  imité  que  copie  de  Justin. 


DE    H  AIN  AL  T.     LIVRE    II.  /J9 

fille  de  ce  dernier,  à  une  virginité  perpétuelle ,  pour 
empêcher  qu'elle  ne  donnât  naissance  à  un  prince  qui 
pourrait  devenir  le  vengeur  de  Numitor.  Elle  fut  enfer- 
mée ,  comme  prêtresse,  dans  un  bois  consacré  à  Mars  , 
où  elle  mit  au  monde  deux  jumeaux,  soit  qu'ils  dussent 
le  jour  au  dieu ,  soit  qu'ils  fussent  les  fruits  de  la  dé- 
bauche. Amulius  les  ayant  fait  exposer  aussitôt,  Rhéa 
conçut  un  si  grand  chagrin  de  cette  injure  ,  qu'elle  en 
mourut.  Une  louve  prit  soin  de  les  allaiter,  jusqu'à  ce 
que  le  berger  Faustulus ,  les  ayant  découverts  ,  les  em- 
porta dans  «a  cabane ,  et  les  éleva  dans  la  vie  agreste. 
Lorsqu'ils  furent  devenus  grands  ,  ils  firent  la  guerre 
aux  voleurs  de  troupeaux  ;  mais  Rémus  fut  pris  par  ces 
brigands,  et  conduit  comme  un  voleur  lui-même  devant 
Numitor.  Pendant  que  celui-ci  le  considère  attentive- 
ment ,  Faustulus  et  Romulus  arrivent  tout-à-coup  ;  et , 
conspirant  aussitôt  contre  le  roi  Araulius  ,  ils  le  tuent, 
et  rétablissent  Numitor  dans  son  royaume.  »  Albéric  , 
dans  son  poème,  dit  :  «  On  feint  que  Rémus  et  Romulus 
sont  fils  de  3îars ,  parce  qu'ils  furent  des  hommes  belli- 
queux. On  donne  à  Mars  le  surnom  de  Gradivus,  soit 
parce  qu'il  s'avance  pas  à  pas  au  combat ,  soit  que  ce 
surnom  vienne  de  yç'xji.in  ,  qui  signifie  brandir  une 
Jance.  » 


ir. 


5o  ANNALES 


CAPITULUM   XV. 


De  Joatlian  ,  rege  Juda. 


OsiA,  rege  Juda,  mortuo ,  filius  ejus  Joathan  regna- 
vit  pro  eo,  anno  quartae  ai'tatis  ccciti,  mundi  vero 
iiiMCXCi  (i),  et  icgnavit  annis  xyi.  Bonum  et  ipsc 
coràm  Domino  fecit ,  sed  excelsa  non  abstulit.  Portam 
templi  siiblimissimam ,  quse  et  speciosa  dicitur,  œdifi- 
cavit ,  et  haec  sola ,  in  destructionc  pcr  Chaldœos 
factâ,  remansit.  Conies/or.  li'ic  devicit  Ammonitas, 
et  imposait  eis  annuum  tributum  talenta  argenti  ccn- 
tum ,  et  decem  millia  choros  tritici ,  et  totidem  hordei. 
In  diebus  ejus,  Rasin,  rcx  Syriœ,  et  Phaccc,  rex 
Israël,  cœpcriint  infestare  regnum  Juda.  Sub  isto 
Joathan  exorsus  est  prophetare  INaun,  de  tribu  Si- 
meon ,  contra  Ninivem.  Item  sub  Joathan  vidit  Isaias 
Dominum  sedentem  super  sohum  excelsum ,  et  séra- 
phin mundavit  labia  ejus.  Item  sub  eodcm  exorsus  est 
prophetare  Michceas  ;  et  tune  prophetabant  Osée  et 
Joël.  In  diebus  Phacee,  régis  Israël ,  regnavit  Teglath- 
Phalassar,  rex  Assur,  et  asccndit  in  Israël,  et  vastavit 
omncm  rcgionem  trans  Jordanum  ,  et  captivas  duxit 
duas  tribus  et  dimidiam  ;  vastans  quoque  Galilaeam 

(i)  L'.'in  772  avani  Vire  clin'tir'nnc. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  01 


CHx\PITRE  XV. 


De  Joatlian  ,   roi  Je  Juda. 


Après  la  mort  d'Osias ,  roi  de  Juda ,  Joathan  ,  son 
fds  ,  lui  succéda ,  l'an  303  du  quatrième  âge ,  ou  l'an 
du  monde  3191  ,  et  régna  seize  années.  Il  fît  ce  qui  était 
agréable  au  Seigneur,  mais  il  ne  détruisit  pas  les 
hauts-lieus.  Il  bâtit  la  porte  la  plus  élevée  du  temple , 
qui  était  aussi  la  plus  magnifique ,  et  qui  resta  seule 
debout ,  après  la  destruction  de  la  maison  du  Seigneur 
par  les  Caldéens.  Pierre  Comestorl  Joathan  vainquit 
les  Ammonites  ,  et  exigea  d'eux,  un  tribut  annuel  de 
cent  talens  d'argent ,  de  dix  mille  mesures  de  blé  et  de 
dix  mille  mesures  d'orge.  Sous  son  règne  ,  Rasin  ,  roi 
de  Sirie  ,  et  Phacée ,  roi  d'Israël ,  commencèrent  à 
ravager  le  royaume  de  Juda.  Du  tems  du  même  roi, 
Naun  ,  de  la  tribu  de  Siméon  ,  commença  ses  prophé- 
ties contre  Ninive  ;  Isaïe  vit  le  Seigneur  assis  sur  un 
trône  élevé ,  et  un  séraphin  purifia  ses  lèvres  ;  Michée 
commença  aussi  à  prophétiser  ;  et  sous  le  même  règne 
florissaient  les  prophètes  Osée  et  Joël.  Lorsque  Phacée 
régnait  sur  Israël ,  Téglath-Phalassar  occupa  le  trône 
d'Assirie  ;  et ,  étant  venu  en  Israël ,  il  ravagea  tout  le 
pays  de  l'autre  côté  du  Jourdain.  Il  emmena  captives 
deux  tribus  entières  et  la  moitié  d'une  troisième  tribu  ; 
puis  il  ravagea  encore  la  Galilée,  et  emmena  avec  lui 


52  ANNALES 

de  tribu  Zabulon  et  Nephtalin  mullos  transtulit  se cum 
in  Assyrios ,  qui  posscut  dimicliœ  tribui  comparari  ; 
undè  sœpô  Icgitur  quod  très  tribus  Israël  captiva- 
verit  ;  et  hoc  fuit  initium  caplivitatis  dccem  tribuum. 


CAPITULUM  XVI. 


(^iiùcî  Ursiis  rex  transferre   voliiit    numarchiam  et  dorninationen» 
civil atis  Bel£:('nsi>  in  civitafcnn  Troberinam. 


ACTOR. 


Lucius  Tungrensis,  cujus  liistoriam  prosequor 
istis  temporibus ,  incœpit  annos  suos  per  olympiades 
coniputare,  dicendo  Ursum  regem  in  belgensi  civi- 
tate  atquc  rcgno  dominasse,  circà  olympiadis  prima- 
rioe  constitutionem  ;  et  anno  quarto  olympiadis  pri- 
mœ  (i),  Belgim  sibi  rebellantem  ferociter  edomâsse 
et  cum  Germanis  iniisse  pactioncs,  Sequitar.  Ursus 
videns  suœ  civitatis  destructionem  ,  praecaveus  in  fu- 

(i)  La  4*  année  de  la  i"  olimpiado  commence  au  solstice  d'c'lc 
7^3  et  finit  au  même  solstice  li^.  A  chaque  anni'o  oHmj)i(nic  cor- 
respondent toujours  deux  années  juliennes  ;  mais  Eusèbc  n'i-n  a 
fait  c<^rrespon(1re  qu'une  ,  et  il  choisit  toujours  Tannée  julienne 
dans  îaq'.nlle  finit  Tanner  olimpi(|ue  :  de  sorte  qu'à  la  4*  anne'e  de 
la  i"  olinipiade  mentionnr'f  ci-dessus,  il  fait  concorder  l'an  i'~/i 
seulement. 


DE    IIAIAALT.     LIVRE    II.  Où 

en  Assirie  un  grand  nombre  d'Hébreux  de  la  tribu  de 
Zabulon  et  de  celle  de  Nephtali ,  qui  pouvaient  former 
en  tout  la  moitié  d'une  tribu  ;  c'est  pourquoi  on  lit  qu'il 
fit  prisonnières  trois  tribus  d'Israël.  Ce  fut  là  le  com- 
mencement de  la  captivité  des  dix  tribus. 


CHAPITRE  XVI. 


Ursus  veut  transférer  dans  la  ville  Je  Trêves  le  gouvernement  de 
la  ville  de   Bclgis  et  de   tout  le    royaume. 


L  AUTEUR. 


Lucius  deTongres,  dont  je  suis  l'histoire  pour  com- 
poser celle  de  ces  tems ,  commence  ses  années  par 
compter  celles  des  olinipiades,  en  disant  que  le  roi 
Ursus  commença  à  régner  sur  la  ville  de  Belgis  et  sur 
tout  le  royaume  vers  le  commencement  de  la  première 
olimpiade  ;  et  que  la  quatrième  année  de  cette  même 
olimpiade ,  il  soumit  avec  barbarie  la  ville  de  Belgis 
qui  s'était  révoltée  contre  lui ,  et  fit  alliance  avec  les 
Germains.  Puis  il  continue  ainsi  :  »  Ursus ,  voyant  la 
cité  belge  ruinée  ,  et  voulant  prendre  ses  précautions 
pour  l'avenir,  résolut ,  dans  la  crainte  qu'il  avait  des 
fils  des  habitans  dont  il  avait  causé  la  mort ,  et  dont  ie 
nombre  s'élevait  à  plus  de  deux  cent  mille,  de  quitter  sa 
propre  ville ,  et  de  transférer  à  Trêves  le  siège  de  son 
gouvernement.  Il  exécuta  cette  résolution  la  troisième 


54  ANNALES 

turum,  et  timens  defunctorum  filios,  quorum  ducenta 
millia  numerus  oxcedebat,  disposuit  civitatcm  pro- 
priam  relinquoro ,  et  Trcvcrim  thronum  sui  rcgni 
transferre.  Quod  et  fecit  anno  tertio  quartae  olym- 
piadis  (i).  Totum  regimen  civitatis  Belgis  atque  ci- 
vitatum  subjectarum  filiis  suis,  tanquàm  ducibus 
earumdom,  derelinquens ,  Treverim  honorificè  sus- 
ceptus  est. 


CAPITULUM  XVII 

De  Achas ,  rcge  Juda. 


ACTOR. 


Defuncto  Joathan,  rege  Juda,  Achas,  filius  ejus , 
regnavlt  pro  co ,  anno  quartœ  œtatis  cccxviii,  mundi 
vero  tiiMCCvii  (2);  et  regnavit  annis  xvi.  Ilic  ambu- 
lavit  in  via  rcgum  Israël.  Nam  et  unum  de  filiis  suis 
consecravit  idolo ,  trajiciens  euni  per  ignem  Toplietli 
in  valle  Ben  Ennoni ,  juxtà  Aclieldemach.  Tune  as- 
cenderunt  Rasin,  rcx  Syriœ,  et  Phacee,  rex  Israël, 
in  Jérusalem,  et  obsederunt  cam.  Primo,  ut  ait  Jo- 
sephus ,  et  aggressus  cum  eis  Achas ,  victus  est ,  et 

(1)  y.n  l'an  5G1  av.  J.-(^ 

(2)  En  l'an   yjG  av.  J.-C. 


DE    HAINALT.     LlVlîE     II.  55 

année  de  la  quatrième  [olimpiade/^  Après  avoir  aban- 
donné l'administration  de  Belgis  et  des  cités  sujettes  à 
ses  fils ,  en  qualité  de  ducs  de  ces  mêmes  villes  ,  il 
se  rendit  à  Trêves  ,  et  y  fut  reçu  avec  de  grands  hon- 
neurs. 


CHAPITRE  XVI 

D'Achas  ,  rui  de  Juda. 


L  ALT EUR. 


Après  la  mortde  Joathan,  roi  de  Juda,  son  fils  Achas 
lui  succéda,  l'an  318  du  quatrième  âge,  et  l'an  du 
monde  3207.  Il  régna  seize  ans,  et  marcha  sur  les 
traces  des  rois  d'Israël.  En  effet ,  il  consacra  un  de  ses 
fils  à  une  fausse  divinité  ,  en  le  fesant  passer  par  le  feu 
de  Topheth  ,  dans  la  vallée  des  fils  d'Ennom ,  près  d'A- 
cheldémach.  Alors  Rasin  ,  roi  de  Sirie  ,  et  Phacée  ,  roi 
d'Israël,  marchèrent  sur  Jérusalem,  et  en  firent  le 
siège.  Dans  cette  première  expédition,  dit  Josephe, 
Achas  leur  livra  bataille  ,  et  fut  vaincu  ;  son  fils  Zacha- 
rie  fut  tué  dans  le  combat ,  et  plusieurs  milliers  de  sol- 
dats périrent  avec  lui.  Le  roi  de  Sirie  et  celui  d'Israël 


5(>  ANNALES. 

occisus  fîliiis  ejus  Zacharias,  et  mulla  mlllia  cuni 
eo.  Porro  secundo  ol)seclcruiit  Jérusalem  rex  Syria? 
et  rex  Israël  ;  cùmque  timeret  Aclias  nimis,  confor- 
tavit  eum  Isaïas  diccns  :  «  Ne  timeas  ah  his  duabus 
caudis  titionum  fumigantium.  »  Sed  non  credidit  ei 
Aclias,  nec  voluit  queerere  signum  à  Deo,  et  misit 
nuncios  ad  regem  Assyriorum  Teglalh-Plialassar,  di- 
cens  :  «  Servus  tuus  ego  sum.  Ascende,  et  salvum  me 
fac  de  manu  l'egis  Syrise  et  régis  Israël.  »  Et  intravit 
rex  Assyriorum  Syriam  et  vastavit  eam ,  et  ideo  rediit 
Rasin  in  Damasco.  Rex  autem  Assyriorum  cepit  Da- 
mascum,  et  inteifecit  Rasin  ,  et  Damascenos  transtu- 
lit  in  Cyrenem  (i),  quœ  est  versus  Ethiopiam.  Et  oc- 
currit  eis  Achas ,  rex  Juda,  cum  muneribus  in 
Damascum.  Cùmque  vidisset  altare  Damasri,  misit 
ad  Uriam  sacerdotem  in  Jérusalem  exemplar  ejus  ut 
extrueret  ei  consimile.  Quo  facto ,  cùm  rediisset 
Achas,  altare  aeneum  transtulit  à  facie  templi  ad 
aquilonem ,  et  super  altare  novum  obtulit  holocausta 
et  pacifica.  De  altare  vero  ;eneo,  ut  tradunt  quidam 
Hehrœi,  fecit  illud  horologium  famosum,  quod  dice- 
batur  horologium  Achas,  de  quo  habctur  in  libro 
Isaiae  prophétie.  Et  prœcepit  sacerdotibus  ut  deinceps 
super  altare  novum  offerrent  ;  et  disposuit  luteres  et 
mare  aeneum  super  pavimentum,  ut  eis  nuUus  ute- 
retur.  Musach  quoque  sabbati  et  ingressum  régis  re- 
dusit  in  templum  Domini,  ut  cum  templo  ea  profa- 

(i)  Dorn  Calmel  dit  qu'il  faut  entendre  une  ville  de  Cirène,  biltie 
sur  la  rivière  du  Cirus  en  Albanie,  au  sud-ouest  de  la  mer  Cas- 
pienne. 


DE   iiAiNAiT.    Livnr:   II.  57 

assiégèrent  une  seconde  fois  Jérusalem.  Comme  Achas 
fesait  paraître  beaucoup  de  crainte  ,  Isaïe  chercha  à  le 
rassurer,  en  lui  disant  :  «  IXe  crains  rien  de  ces  deuv 
morceaux  de  tisons  fumans.  »  Mais  Achas  n'eut  pas  de 
confiance  en  lui ,  et  refusa  de  demander  un  signe  de  sa 
délivrance  au  Seigneur.  Il  aima  mieux  envoyer  au  roi 
d'Assirie  Téglath-Phalassar,  des  députés  qui  lui  dirent 
de  sa  part  :  «  Je  suis  ton  serviteur.  Monte  et  sauve-moi 
des  mains  des  rois  de  Sirie  et  d'Israël.  »  Téglath-Pha- 
lassar entra  alors  dans  la  Sirie  et  la  ravagea  ;  ce  qui 
força  Rasin  de  revenir  à  Damas.  Mais  le  roi  d'Assirie 
prit  Damas  ,  tua  Rasin ,  et  transporta  les  Damascènes  à 
Cirène  près  de  l'Ethiopie.  Achas  se  rendit  au-devant 
de  lui  à  Damas  avec  des  présens  ;  et ,  après  avoir  vu 
l'autel  de  Damas ,  il  en  envoya  un  modèle  à  Jérusalem 
en  mandant  au  grand-prètre  Lrie  d'en  faire  construire 
un  semblable.  Cet  ordre  fut  exécuté.  A  son  retour,  il 
fit  enlever  l'autel  d'airain  qui  était  devant  la  façade  du 
temple  ,  le  fit  placer  au  septentrion ,  et  offrit  sur  le 
nouvel  autel  des  holocaustes  et  des  sacrifices.  Quelques 
Juifs  rapportent  qu'il  fit  fabriquer  avec  l'autel  d'airain 
cette  horloge  fameuse ,  que  l'on  appelait  l'horloge  d'A- 
chas  ,  dont  il  est  question  dans  le  livre  du  prophète 
Isaïe.  Achas  ordonna  de  plus  aux  prêtres  de  faire  doré- 
navant leurs  sacrifices  sur  le  nouvel  autel  ;  et  en  même 
tems  il  fit  mettre  sur  le  pavé  du  temple  les  cuves 
et  la  mer  d'airain  ,  afin  que  personne  ne  s'en  servit 
dans  la  suite.  Il  ferma  aussi  la  chaire  du  sabbat  et 
la  porte  d'entrée  du  roi  dans  le  temple  du  Seigneur, 
afin  d'exercer  sur  ces  choses  sacrées  la  même  profana- 
tion qu'il  avait  exercée  sur  le  temple ,  et  dans  l'espoir 
de  plaire  par  ce  moyen  au  roi  d'Assirie.  Sous  le  règne 
d'Achas ,  Isaïe  vit  les  malheurs  futurs   de   Babilone , 


58  ANNALES 

naret,  ut  sic  placeret  régi  Assyriorum.  Sub  isto  Achas 
vitlit  Isaïas  omis  Babylonis  ;  alia  vero  decem  vidit  sub 
EzcchiA. 


CAPITULUM    XVIII. 

De  Oseâ ,   rege  Israël ,  et  transinigratione  septem  tribuiirn   Israèl. 


Anno  XII  (i)  Achas,  régis  Juda ,  regnavit  Osée 
su}3er  Israël  novcm  annis,  fecitque  malum  coràm 
Domino ,  scd  non  sicut  patres  sui ,  quia  licentiavit 
Israëlitas  subditos  suos,  ut  ascenderent  in  Jérusalem 
ter  in  anno.  Contra  hune  ascendit  Salmanasar,  rex 
Assyriorum ,  et  factus  est  ei  tributarius.  Cimique  de- 
prehendisset  rex  Assyriorum  quod  Osée  rebellare  ni- 
teretur,  per  Sesac,  regem  TEgypti,  cui  munera  mise- 
rat  ,  obsedit  eum ,  et  vinctum  misit  in  c^rcerem  in 
Ninive.  Et  obsedit  Saniariam  tribus  annis,  et  cepit 
eam  anno  nono  Osée  et  sexto  Ezechiae  (2);  et  trans- 

(i)  Toutes  les  éditions  d'Etisèhp  placent  le  commencement  du 
règne  d'Ose'e,  en  la  3'  année  de  celui  d'Achas,  c'est-à-dire  en  l'an 
754,  suivant  Ensèbe. 

(2j  Ici  le  texte  est  conforme  à  l'Art  de  vérifier  les  dates  qui 
rapporte  la  prise  de  Samarie  à  l'an  6  d'Ëzcchias.  Eusèbe  place  la 
fin  du  règne  d'Osée  en  la  1 1*  année  d'Achas ,  c'est-à-dire  ,  en  l'an 
746.  Suivant  le  même  auteur,  la  6°  année  d'Ézéchias  répond  à 
l'an  735  ;  mais,  suivant  l'Art  de  vériilcr  les  dates,  cette  année 
n-pond  à  l'an  718  av.  J.-(^. 


r>1L    IIAINALT.     LIVRE    II.  JQ 

et  SOUS  celui  d'Ézéchias  ,  il  vit  ceux  de  dix  autres  na- 
tions. 


CHAPITRE  XYIII. 

D'Osée  ,  roi  d'Israël ,  et  de  la  transmigration  des  sept  trfhus 


En  la  douzième  année  d'Achas ,  roi  de  Juda  ,  Osée 
commença  à  régner  sur  Israël.  Il  régna  neuf  ans  ,  et  lit 
le  mal  devant  le  Seigneur,  mais  non  de  la  même  ma- 
nière que  ses  pères  ,  parce  qu'il  permit  aux  Israélites 
qui  lui  étaient  soumis  de  monter  trois  fois  dans  l'année 
à  Jérusalem.  Salmanazar ,  roi  d'Assirie  ,  marcha 
contre  Osée  ,  et  le  contraignit  de  lui  payer  tribut.  En- 
suite ,  avant  appris  que  le  roi  cherchait  a.  se  révolter 
en  se  fesant  soutenir  par  Sésac ,  roi  d'Egipte ,  auquel 
il  avait  envoyé  des  présens  ,  il  l'assiégea  ;  et ,  l'ayant 
pris ,  il  l'envova  chargé  de  chames  dans  une  prison  de 
Ninive.  Le  siège  qu'il  mit  devant  Samarie  dura  trois 
ans  ,  au  bout  desquels  il  s'empara  de  la  ville ,  la  neu- 
vième année  d'Osée  et  la  sixième  d'Ézéchias.  Il  emmena 
en  Assirie  le  peuple  d'Israël ,  c'est-à-dire  ,  les  sept  tri- 
bus qui  restaient  encore  ,  et  les  établit  sur  le  fleuve  de 
Gozan,  au-delà  des  montagnes  des  iMèdes  et  des  Perses. 
Ensuite  Salmanazar  fît  venir  de  divers  pays  de  nou- 
veaux habitans  à  Samarie ,   en  petit  nombre  d'abord  ; 


Go  ANNALES 

tulit  Israël  in  Assyt-ios ,  videlicet  septeni  tribus  quae 
remanserant ,  et  posuit  eas  jiixtà  fluvium  Gozan,  ultra 
montes  Mcdorum  et  Persarum.  Porrô  rex  Assyriorum 
(le  cHversis  regionibus  atlduxit  colonos  in  Samariam 
paucos  primo,  scd  posteà  Assaradoch  populavit  ter- 
ram  totam.  Hi  priiis  vocati  sunt  Chutaei,  à  regione 
pcrsidâ  quœ  dicta  est  Chuta  ;  Grœci  vero  dixcrunt 
eos  Samaritas ,  Hebrasi  vero  Jacobitas ,  quia  supplan- 
taverant  Israëlitas  à  finibus  suis.  Immisitque  Domi- 
nus  in  eos  leones ,  et  interfîciebant  eos  ;  et  nunciatum 
est  régi  quod  périrent  coloni  ejus,  quia  ignorabant 
légitima  Dci  illius.  Et  misit  eis  unum  de  sacerdotibus 
Israël  et  legem  Moysi  scriptam ,  et  susceperunt  cir- 
cumcisionem  et  légitima  Dei  Israël.  Nihilominiis  deos 
sucs  in  excelsa  colebant. 


CAPITULUM  XIX. 


De  cxordio  civitatis  Romanae. 


Ëx  chronicis. 

Temporibus  Aclias,  à  gemellis  Rcmo   et  Romulo 
Koma  in  monte  Palatino  conditur  (i),  et,  anno  ab 

(i)  Eiisèhe  place  la  fondalion  ilo  Rome  en  Tan  782  av.  J.-C.j 
Vairon  la  rapporte  à  l'an  763  ,  et  l'édition  annc'nienne  d'Eiisèbe 
dit  <pie  quelques  auteurs  adoptent  cette  date. 


DE    IIAINAUT.    LIVRE    II.  6 1 

mais  plus  tard  Assar-Addon  peupla  tout  le  pays.  Ces 
nouveaux  liab'itans  furent  d'abord  appelés  Chutéens, 
d'une  contrée  de  la  Perse ,  nommée  Chuta  ;  mais  les 
Grecs  leur  donnèrent  le  nom  de  Samaritains  ,  et  les 
Hébreux  celui  de  Jacobites  ,  parce  qu'ils  s'étaient  em- 
parés du  pays  occupé  par  les  Israélites.  Le  Seigneur 
avant  envoyé  contre  ce  peuple  nouveau  des  lions  qui 
se  mirent  à  le  dévorer,  il  fut  annoncé  au  roi  que  toute 
sa  colonie  périrait ,  parce  qu'elle  ig^norait  les  lois  du 
Seigneur.  Alors  le  prince  envoya  aux  Samaritains  un 
des  prêtres  Israélites  avec  la  loi  écrite  de  Moïse  ;  ils 
se  firent  circoncire,  et  reçurent  la  loi  du  dieu  d'Israël  : 
ils  adorèrent  néanmoins  leurs  dieux  sur  les  lieus  élevés. 


CHAPITRE  XIX. 


Commencement  de  la  ville  de  Rome. 


Exlrail  des  Chroniques. 

Daîns  le  tems  du  roi  Achas  ,  Rome  fut  bâtie  sur  le 
mont  Palatin  par  Piomulus  et  Piémus  ,  frères  jumeaux. 
L'an  3  de  la  fondation  de  la  ville  ,  Rémus  fut  tué  avec 
un  pic  (le  berger,  par  Fabius ,  général  de  Romulus. 


6  2  ANNALES 

urbe  conditâ  tertio,  Remus  à  Fabio,  Romuli  duce, 
riitro  pastoral!  occiditiir.  Actor.  Nàm,  sicut  dicit 
Titus  Livius,  cimi  Remiis  et  Romulus  essoMt  fratres 
gemclli  et  ejusdcm  œtatis,  quis  eorum  conditam  ur- 
bcm  tanquàm  senior  regerct  condixerunt  per  augu- 
rium  dctcrmliiarc.  Cîimque  proptcr  hoc  in  montem 
Aventinuni  uterque  cum  suis  asccndissct,  priori  Renio 
dicuntur  apparuisse  septem  vultures ,  Romulo  vero 
cùm  duplex numcrus  vulturum  se ostendisset,  uterque 
sefcliciùs  augurinm  haberc  asserebat,  Remus  propter 
hoc  quia  pi'iiis  viderat ,  llonuilus ,  quia  numéro  avium 
superabat,  dicebat  se  prœvaluisse  :  et  sic  in  seditio- 
nem  versi,  Remus  in  turbû  occiditur.  Vulgarior  tamen 
opinio  est  Rcmum,  quia  novos  muros,  contra  statu- 
tum,  transilicrat,  interfectum.  Actor.  Ilis  tcmporibus 
legitur  claruisse  sibylla  Erythrœa ,  de  qua  superiùs, 
libro  primo,  pauca  perstrinximus. 


CAPITULUM  XX. 

De  pervcrsitate  rcgis  Ursi  Bclgoriim. 


LUC!  US. 


Anno  primo  olympiadis  quintœ  (i  ),  obsedit  Ursus 
Tungrim  sibi,  propter  énormes  excessus  suos,  rebel- 

(i)  L'an  759  av.  J.-C. 


DE    IIAl.NALT.     LirRr    II.  65 

L'aïUeur.  Suivant  Tite-Live,  comme  Romulus  et  Rëmus 
étaient  frères  jumeaux  et  par  conséquent  du  même 
âge  ,  ils  convinrent  de  consulter  les  augures  pour  con- 
naître celui  d'entre  eux  qui  devait  gouverner  en  qua- 
lité de  chef  la  ville  qu'ils  avaient  fondée.  Etant  donc 
montés  à  cet  effet  sur  le  mont  Aventin  ,  accompagnés 
chacun  de  leurs  officiers ,  on  dit  que  Piémus  aperçut  le 
premier  sept  vautours  ,  et  que  Piomulus  en  vit  ensuite 
un  nomhre  double.  Tous  deux  prétendirent  alors  avoir 
obtenu  le  meilleur  augure,  Rëmus,  parce  qu'il  avait  vu 
des  vautours  le  premier,  et  Romulus ,  parce  qu'il  en 
avait  découvert  un  plus  grand  nombre.  De  là  naquit 
une  querelle  dans  laquelle  Rémus  fut  tué.  Cependant 
l'opinion  commune  veut  que  Rémus  ait  été  tué  pour 
avoir  franchi ,  contre  la  défense  qui  en  avait  été  faite , 
les  murs  de  la  nouvelle  ville.  L'auteur.  Vers  ce  tems-là, 
florissait ,  dit-on ,  la  sibille  Erithrée  ,  dont  nous  avons 
dit  un  mot  plus  haut ,  au  livre  premier. 


CHAPITRE  XX. 

De  la  perversi  c  d'Lrsus,  roi  des  Belges. 


Lrcius. 


En  l'an  premier  de  la  cinquième  olimpiade ,  Lrsus 
assiégea  et  prit  la  ville  de  Tongres  ,  qui  s'était  révoltée 
contre  lui,  à  cause  des  excès  et  des  crimes  dont  il  s'était 


64  ANNALÏÏS 

lantem,  nt  subjccit  cam  ;  et  consequenter,  propter 
consimilcin  causam  et  propter  ejus  tyrannidein,  Agi'ip- 
pini  sibi  rcbollantos  cum  Strasiburgcnsibus  patrlam 
Treberi  circuniadjacontem  succondentes,  opprobi-ia 
rogi  atque  ejus  civitati  intulere  fcruntur.  Similitei'  et 
Treverini  contra  eum ,  propter  ejus  tyrannidein,  in- 
surrcxcnint  et  hoc  pluries  ;  sed  falsis  promissionibus 
populuni  semper  illudcbat.  Scquiiur  Luciits.  Olym- 
piadis  septimae  anno  secundo  (i),  Ursus,  belgensis 
rex ,  licèt  à  Treverinis  fuisset  susceptus  ,  in  eo  tamen 
minime  confidobant.  Volens  tandem  eorum  captare 
bencvolentiam,  cunctis  audientibus  proposait.  «  Viri 
sanguine  ac  prosapià  omnium  Galliœ  civitatum  nobi- 
Hores,  origine  praestantiores  et  antiquiores,  constat 
univcrsis  juniores  semper  antiquis  subjici  debere  ; 
imonatura  abborret  seniores  sanguinis  ilhistrioris  ju- 
venibus  immeritis  submitti.  Et  ubi  auditum  est  fibam 
sine  reverentiâ  matris  dominari?  aut  quis  audivit  ser- 
vos  suprà  dominos  velle  magistrari  et  impunèPHinc 
estquod  nostra  nobilissima  civitas  Treberis  antiquior, 
pra?stantior,  nobilior,  et  nunc  potentior  omnium  Gal- 
lirc  civitatum  indubitanter  consistit;  quarc  si  mibi 
eonsenseritis  ,  et  mibi  adh.'crere  fidebter  det^-everitis, 
cunctis  mandabimus  subditis  nostris  et  Belgi,  ut 
cuncta  tributa  tàm  deorum  quàm  aliorum  nobis  a(.' 
civitati  Treberinne  infailHbibter,  de  caetero  et  in  perpe- 
luum  transmittantur.  Aliter  civitales  rebelles  solo 
•ro.Tquabimus  ,  et  (piotquot  inobedientes  viros  ac  îe- 

(i)    L'an  750  av.  J.-(^   ,  ri  7;"):  mA  m  l'c'dilrMi  ,;rni<'r)i(Miiir. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    IT,  65 

rendu  coupal)le.  On  dit  aussi  que  les   Agrippiniens , 
unis  à  ceux  de  Strasbourg ,  excités  par  les  mêmes  mo- 
tifs et   par  la  tirannie  sous  laquelle  ils  gémissaient, 
se  soulevèrent  contre  IJrsus,   envahirent  le  territoire 
voisin  de  ïrèvcs ,  et  causèrent  du  dommage  au  roi  et 
à  sa  cité.  Les  Trévirois  eux-mêmes  ,  irrités  contre  leur 
tiran,  levèrent  plusieurs  fois  l'étendard  de  la  révolte  ; 
mais  celui-ci  sut,  par  des  promesses  trompeuses,  flatter 
le  peuple  et  calmer  son  irritation.  Liicius  continue  :  En 
la  deuxième  année  de  la  septième  olimpiade ,  le  roi 
LJrsus  ,  voyant  qu'il  n'avait  pas  la  confiance  des  Trévi- 
rois ,   quoiqu'il  eût  été  accueilli  par  eux ,    chercha  à 
capter  leur  bienveillance  ,  et  leur  parla  ainsi  ,  après  les 
avoir  assemblés:  «Citoyens,   qui,   de  toutes  les  cités 
de  la  Gaule ,  vous  montrez  les  plus  illustres  par  le  sang 
et  par  l'origine ,  et  qui  vous  vantez  jus'.ement  d'être  les 
plus  nobles  et  les  plus  anciens  ,  vous  savez  tous  que  les 
plus  jeunes  doivent  obéir  aux  plus  âgés,  et  que  ce  serait 
une   chose  contre  nature  de  voir  des  vieillards  d'un 
sang  illustre  céder  l'autorilé  à  des  jeunes  gens  sans  mé- 
rite. Et  oîi  a-t-on  entendu  dire  que  la  fille  dût  com- 
mander à  sa  mère  ,  sans  respect  pour  elle  ,  ou  que  les 
esclaves  dussent  impunément  gouverner  leurs  maîtres  ? 
Comme  donc  notre  très-noble  cité  de  Trêves  est  indu- 
bitablement plus  ancienne  ,  plus  recommandable,  plus 
illustre  et  plus  puissante   qu'aucune  autre  cité  de  la 
Gaule ,  si  vous  voulez  suivre  mon  sentiment  et  vous 
montrer  résolus  de  me  rester  inviolablement  attachés, 
j'ordonnerai  à  la  ville  de  Belgis  et  à  tous  les  peuples  qui 
nous  sont  soumis ,  d'apporter  dorénavant ,  et  sans  y 
manquer  jamais ,  à  nous  et  à  la  cité  de  Trêves,  les  tri- 
buts qu'ils'  doivent  aux  dieux  et  toutes  les  autres  rede- 
vances de  quelque  nature  qu'elles  soient  ;  et  ,   s'ils  s'y 
II.  5 


GG  ANNALES 

minas    rcpericimis    ci'iulcliter    vivi    excoi-ial)niiliir.  i> 
Cunctis  coMiplaruit  oditio. 


CAPITULUM   XXI. 


Ile  oonslanfiA  inulicnim    civitatis   lUl^cnsis;   (jiuililcr  ocrideiunl 
Ursum  rtcei'i. 


ExiiT  igitur  edictum  à  regc,  ut  civitas  Belgis  cae- 
teraequc  regni  civitates  et  oppida  de  cœtero  tributariae 
et  subjcctœ  civitati  trcbcrina?  pcrpctiio  pcrmancront, 
sub  cxcoriationis  pœna.  A.d  quod  edictum  pluresrej^ni 
civitates  consulte  responderunt ,  quod  si  Belgis  civi- 
tas edictum  susciperet  et  obedirct,  licèt  dejecta  pro 
tcmpore,  ipsam  tamen  confitcbantur  metropolim  et 
(lomiuam  eorum  ,  et  quidcjuid  faceret  ipsam  valide 
.sequerentur.  Ciam  autem  edictum  illud  in  Bclis  tliea- 
tro,  antè  statuam  magnam,  publiée  promulgaretur, 
tantus  et  tàm  terribilis  populi  cxtitit  ululatus  et  cla- 
mer, et  prœcipiiè  mulierimi ,  ut  viderentur  omnes 
irremediabiliter  insanire.  Lndè  mulieres  impetu  fu- 
rioso  in  proclamatorcm  edicti  prosilientes,  ipsum  cum 
i[iiatuor  ducibus  sibi  assistentibus  filiorr.m  Ursi ,  un- 
LMsilniset  denlibus  in  loi  frustris  (|iiot  crant  diiipue- 


DE    HAINAUT.     UVWE   lî.  G7 

refusenl ,  nous  raserons  les  villes  des  rebelles;  et  tous 
hommes  ou  femmes  qui  nous  désobéiront  seront  sans 
pitié  écorchés  tout  vivans.  »  Cette  proposition  fut  ap- 
prouvée par  l'assemblée  entière. 


CHAPITRE    XXL 


Ci^nstance  et  fermeté  des  femmes  de  Relf^is;  comment  elles  fuirent 
le  roi  TJrsns. 


Le  roi  publia  donc  un  décret  par  lequel  il  ordonnait 
que  la  ville  de  Belgis  et  toutes  les  cités  et  les  places 
fortes  de  son  royaume  deviendraient  et  resteraient  à 
jamais  sujettes  et  tributaires  de  la  cité  dé  Trêves ,  et  que 
toute  personne  qui  se  montrerait  rebelle  serait  condam- 
néeà  être  écorchée  toute  vive. Plusieurs  cités  du  rovaume 
répondirent  sagement  à  ce  décret ,  que ,  si  la  ville  de 
Belgis ,  qu'elles  considéraient  toujours  comme  leur 
métropole  et  leur  souveraine  ,  quoiqu'elle  fût  déchue 
pour  un  tems  de  sa  grandeur,  consentait  à  le  recevoir 
et  à  lui  obéir,  elles  imiteraient  son  exemple  ,  et  lui  res- 
teraient inviolablement  attachées.  Mais  ,  lorsque  le  dé- 
cret fut  publié  au  théâtre  de  Bel  ,  devant  la  grande 
statue,  le  peuple  et  surtout  les  femmes  poussèrent  des 
cris  et  des  hurlemens  si  terribles,  qu'on  eût  dit  qu'elles 
étaient  devenues  entièrement  folles.  Elles  se  jettent 
avec  furie  sur  celui  qui  publiait  l'édit  et  sur  les  quatre 
ducs  ,   fds  d'Ursus ,   qui  l'assistaient ,   et  les  déchirent 


6S  ANNALES 

runt.  Et  codeni  impetu  totam  civitatem  pcrcuiTciitos, 
quotqiiot  viros  aut  muliercs  Urso  favorabiles,  cujus- 
cumque  œtatls ,  existèrent,  sine,  tniscrieordiâ  jiigulâ- 
runt.  In  crastiiium  viri  civilatis  in  am])hillieati'o 
Bacclii  conglobati,  quid  super  factis  agcrcnt  ;  jiivcnes 
et  timidi  et  armis  inexperti  et  sine  consilio ,  qiiis  regi- 
men  civitatis  assumeret  minime  repererunt.  Dictac 
mulieres,  liORe  audientes,  qiuie  congrcgatœ  simul  in 
thealro  Belis  permanebant,  posterioribus  denudatis 
et  ipsis  demonstralis  quasi  démentes ,  secretis  tamen 
partibus  coopertis ,  viros  illos  ab  ampbitbealro ,  prœ 
verecundiâ  ac  timoré,  effngàruut,  et  cunctis  viduis 
civilatis  illùc  congregatis  cum  multis  maritatis,  con- 
sibo  inter  se  habito,  elegerunt  Ursam  virginem  , 
quondàm  fîHam  Herisbrandi  principis  sacerdotum ,  in 
reginam  civitatis.  Remanscrunt  igitur  in  civitate  so- 
lùm  deorum  atquc  Icgum  anticjuarum  zelatores  pauci 
tamen  cum  juvenibus  liborum  intercmptorum.  Re- 
censait autem  regina  muUeres  à  viginti  annis  usquè 
ad  quadraginta  quinquc ,  et  reperit  ad  prœbandum 
aptas  duccnla  miUia  et  eo  ampbùs,  demptis  dcbibbus, 
praegnantibus  et  infirmis,  ({uœ  unanimiter  per  nu- 
mina  juraverunt  cum  regina  earum  contra  Ursum  et 
suos  Treberinos  civitatem  in  suis  Hbertatibus  susli- 
iiere,  aut  \ham  earimi  exponere  totalilor. 


DE    HAINAUT.     LIVRTî    IT.  Gç) 

tous  les  cinq  ,  à  coups  de  dents  et  d'ongles  ,  en  autant 
de  morceaux  qu'elles  étaient  de  personnes.  Puis  ,  cou- 
rant avec  impétuosité  par  toute  la  ville  ,  elles  égorgent 
sans  pitié  tous  les  hommes  et  toutes  les  femmes  ,  de 
quelque  âge  qu'ils  soient ,  qui  s'étaient  montrés  favo- 
rables àUrsus.  Dès  le  matin  du  jour  suivant,  les  hommes 
de  la  ville  s'assemblèrent  dans  l'amphithéâtre  de  Bac- 
chus  ;  mais  ,  comme  ils  étaient  pour  la  plupart  jeunes  , 
timides ,  sans  aucune  expérience  des  armes  et  sans 
résolution  ,  ils  ne  purent  prendre  aucun  parti  convena- 
ble aux  circonstances ,  ni  trouver  un  chef  qui  se  char- 
geât de  gouverner  la  cité.  Les  femmes  ,  qui  s'étaient 
aussi  rassemblées  dans  le  temple  de  Bel ,  ayant  connu 
cette  faiblesse  des  hommes.,  retroussent  leurs  vètemens 
comme  des  folles,  et  leur  montrent  leur  derrière  ,  en 
cachant  néanmoins  les  parties  que  la  pudeur  leur  or- 
donnait de  couvrir.  A  cette  vue ,  les  hommes  ,  frappés 
de  honte  et  de  crainte,  s'enfuient  de  l'amphithéâtre  de 
Bacchus  ,  et  cèdent  leurs  places  aux  veuves  de  Belgis  , 
qui  toutes  s'y  rassemblent  aussitôt  avec  un  grand  nom- 
bre de  femmes  mariées,  délibèrent  ensemble,  et  élisent 
pour  leur  reine  la  jeune  Ursa  ,  qui  était  fille  de  Héris- 
brandiis ,  autrefois  prince  des  prêtres.  Il  ne  resta  plus 
alors  dans  la  ville  que  le  petit  nombre  de  ceux  qui 
étaient  demeurés  fidèles  au  culte  des  dieux  et  aux  an- 
ciennes lois  de  Belgis,  et  les  enfans  de  ceux  qui  avaient 
été  tués.  La  reine  fit  le  recensement  de  toutes  les 
femmes  depuis  l'âge  de  vingt  ans  jusqu'à  celui  de  qua- 
rante-cinq ,  et  en  trouva  plus  de  deux  cent  mille  capa- 
bles de  porter  les  armes ,  sans  comprendre  dans  ce 
nombre  celles  qui  étaient  enceintes  ,  malades  ou  in- 
firmes. Elles  jurèrent  toutes  par  les  dieux,  qu'elles  dé- 
fendraient avec  leur  reine  les  libertés  de  Belgis  conlr<; 


ANNALES 


CAPITULUM  XXII. 

T)c  regno  et  doniinio  Ursae  rej^ina'  Belj^onini: 


Tmprimis  autem  regiiia  sacrificavit  iuvictissiiiia 
deo  Marti  atqiie  clcœ  Vcneri  potcntissiinœ ,  quatcnùs 
Martcm  placard,  solemnissinia  sacrificia  ciiin  centum 
virginibus  de  nobilioribus  iirbis  devotè  sacrificatis. 
IJndè  meruit  in  responsis  audire,  ut  iiicœpta  viriliter 
peragcrct ,  et  Ursum  ab  Ursâ  supcrandiim  ,  principa- 
tuni  ad  propria  reforiTiflndum.  Aliis  autem  diis  et  nu- 
minibus  ,  juxtà  eorum  naturam  ,  oblationes  mittens  , 
residuum  facti  sui  ipsis  commendavit.  Responsis 
deorum  auditis  roborala ,  misit  ad  vicinas  civitatcs 
et  spccialiter  ad  muliercs ,  facti  sui  seriem  suppli- 
cando,  quateniis  consilio  destituta  sibi  assistere  di- 
gnarentur.  Dicta3  vero  civitatcs ,  mœrorc  et  gaudio 
permixtlm  circumfusœ,  factum  approbantes,  obtule- 
ruTit  se  ultro  mori  pariter  quàm  vivere  cum  ipsa  , 
omnibus  fautoribus  Ursi  à  regno  priùs  elïugatis.  Mi- 
serunt  deniquè  ad  Belgim  Gallicam  et  ad  eorum 
oppida,  ediclum  régis,  et  quid  super  eo  mulieres 
l)elg;eiises  pcrrgcrant.  Oui  sine  pi'ovidà  deliberationc 


DE    ITAINALT.     LIVRE    II.  7I 

Ursus  et  contre  SCS  Trcvirois ,  ou  qu'elles  perdraient 
la  vie. 


CHAPITRE  XXII. 


Du  rogne  et  tle  la  doniitiation  d'Ursa,   reine  des  Piclgos, 


Alop.s  la  reine  offrit  d'abord  des  sacrifices  à  l'invin- 
cible dieu  Mars  ,  pour  l'apaiser,  et  à  la  puissante  déesse 
Vénus.  Cent  jeunes  fdles  des  premières  maisons  de  la 
ville  furent  immolées  saintement  dans  ces  sacrifices  so- 
lennels. C'est  pourquoi  les  oracles  parlèrent  en  faveur 
d'Ursa,  et  l'avertirent  d'achever  courageusement  ce 
qu'elle  avait  entrepris  ,  qu'elle  triompherait  d'Ursus  , 
et  qu'elle  rétablirait  le  gouvernement.  Elle  fit  aussi  des 
offrandes  aux  autres  divinités,  chacune  selon  sa  nature, 
et  les  pria  de  l'aider  à  finir  heureusement  ce  qui  lui 
restait  encore  à  faire.  Rassurée  par  les  réponses  des 
dieux,  elle  envoie  des  députés  aux  cités  voisines,  et 
principalement  aux  femmes ,  pour  les  instruire  de  ce 
qu'elle  avait  entrepris,  et  pour  les  engager  à  l'assister 
de  leurs  conseils  ,  dont  elle  avait  besoin.  Les  cités  se 
livrant  en  même  tems  à  la  joie  et  à  la  douleur,  approu- 
vèrent sa  conduite  ,  et  offrirent  d'elles-mêmes  de  mou- 
rir ou  de  vivre  avec  elle  ,  puisque  les  fauteurs  d'Lirsus 
avaient  été  chassés  du  royaume.  Enfin  on  envoya  à 
Heauvais  et  aux  villes  qui  dépendaient  de  celle-ci ,  le 


■']'l  ANNALES 

respoiiclerc  non  audentes ,  dicm  consilii  expeticriuit. 
Intercà  miserunt  ad  Rivallonem ,  regem  Britanniœ  , 
pro  auxilio  ;  qui  factinn  considcrans ,  niisit  statim 
Gui'gunsium,  filium  cjus,  cum  potcnlià  gravi,  ad 
Belgim  succunendam.  Gallici  tandem  cum  Britoni- 
biis  colligati ,  Bcigim  subintrantes ,  civitatcm  ad  vi- 
riliter  rcsisteudum  Lrso  coaptârunt.  Disposait  autem 
rcgina  ut  solae  mulicrcs  quas  viduavorat  Ursus ,  cum 
ipsâ,  piimum  aggressum  obtincrent.  Britanni,  viden- 
tes  mulierum  ferocitatcm ,  civitatcm  extra  in  subur- 
biis  exeuntes ,  illiic  dicm  belli  expcctarunt.  Undc 
usquè  in  hodiernum  dicm  à  Gurgunsio ,  fîbo  régis 
Brilanniœ,  locus  iste  Gurgunsignacus  dicitur,  in  vul- 
gari  Gussignies  (i)  uuuc  ab  iucolis  appcllatur.  Porro 
Ursus  civitates  sibi  suljjcctas  circà  Rbenum  et  Moscl- 
lam  mandans ,  ut  secum  contra  Belgos  progrcdercn- 
tur,  omnes  rebellantes,  Mosellanâ  duntiixat  excepta , 
cum  duccntismillibus  armatorum  profectus  est.  Cùm 
vero  Ursus  ad  tria  millia  passuum  Belgim  appropin- 
quasset,  illùc  tentoria  figcrc  disposuit.  Et  ccce,  nocte 
primaria,  ex  abrupto,  dùm  dispcrsi ,  fessi  et  exinaniti 
de  suis  disponerent  sarcinis  ad  securiùs  obsidendum, 
Ursa  cum  suis  mulieribus  semi  furibundis  civilatem 
exeuntes,  Ursum  cum  suis  Trcbercnsibus  invadentes, 
casualiter  regem  in  papilione  febribus  laborantem  in 
lecto  cum  nudtis  suffocarunt ,  non  advcrtentcs  qui 
essai.  Supposuerunt  ignem  curribus ,  disrupuerunt 
tentoria,  cœdem  gravom  exercuerunt,  non  sine 
maximâ  earum  intercnqilione  et  vidnerationc  gi"avi 

(ij  Gusscnics,   villngc  à  -i  liciics  cl  au  nord- ouest  de   Bavni. 


DE    IIAINAIT.     LIVRE    II.  'JO 

clécreL  du  roi  et  la  relation  de  la  conduite  des  femmes 
de  Belgis  dans  cette  circonstance  ;  mais  ces  peuples , 
n'osant  prendre  de  résolution  sans  avoir  délibéré  entre 
eux ,  remirent  de  faire  réponse  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent 
consulté  l'assemblée  de  la  nation.  Pendant  ce  tems-là , 
des  députés  partirent  vers  Rivallon  ,  roi  de  Bretagne  , 
pour  lui  demander  du  secours.  Ce  prince ,  ayant  pris 
connaissance  de  ce  qui  s'était  passé ,  envoya  aussitôt 
Gurgunsius  son  fds  avec  une  puissante  armée  pour  se- 
courir la  ville  de  Belgis.  Enfin  les  Gaulois ,  s'élant 
joints  aux  Bretons  ,  entrèrent  dans  Belgis  ,  et  se 
préparèrent  à  opposer  à  Lrsus  la  plus  vive  résis- 
tance. Mais  la  reine  ordonna  que  les  seules  femmes 
qu'Ursiis  avait  rendues  veuves,  en  fesant  périr  leurs 
maris,  marcheraient  les  premières  avec  elle  au  combat. 
Les  Bretons,  témoms  du  courage  farouche  des  femmes, 
sortirent  de  la  ville  dans  les  faubourgs  ,  où  ils  attendi- 
rent le  jour  du  combat.  De  là  vient  qu'aujourd'hui  en- 
core l'endroit  occupé  par  les  Bretons  porte  le  nom  de 
Gurgvnsigniacus ,  ou  Gussignies,  ainsi  que  l'appellent 
maintenant  les  habitans ,  nom  qui  lui  fut  donné  en 
l'honneur  de  Gurgunsius,  fils  du  roi  de  Bretagne.  Ur- 
sus  ,  de  son  côté,  fit  publier  dans  toutes  les  villes  situées 
près  du  Rhin  et  de  la  Moselle ,  qu'on  se  rendit  auprès 
de  lui  pour  marcher  contre  les  Belges  ;  mais  de  toutes 
parts  on  se  révolta  contre  son  autorité  ,  à  l'exception 
de  la  ville  de  Mosellane  qui  lui  resta  fidèle.  Il  partit 
néanmoins  à  la  tète  de  deux  cent  mille  combattans  ;  et, 
lorsqu'il  fut  arrivé  à  trois  mille  pas  de  Belgis,  il  lit 
dresser  ses  tentes.  Mais  soudain  ,  au  milieu  de  la  pre- 
mière nuit ,  tandis  que  ses  troupes  ,  dispersées  et  acca- 
blées de  fatigue  et  d'inanition,  disposent  leurs  bagages 
de  manière  à  faire  le  siège  avec  pli'.s  de  sûreté  ,  Ursa, 


74  ANNALES 

rcginne.  ïaiidem ,  reintegratis  mulieribus  ciiin  rc- 
gina,  circà  diei  crepusculum ,  ad  civitatem  quae  sii- 
perstes  remaiiscrat ,  sunt  reversa?.  Ilemanscrunt  mor- 
tuœ  in  illo  confllctu  fcrc  triginta  millla  ;  mortcm  vero 
régis  penitùs  ignorabant.  In  crastinum  Belgi ,  l)clluni 
expcctantcs  ,  extra  civitatem  cum  Bi'itonibus  se  fcro- 
citer  coaptâriint  viri  ad  bcUandum  promptissimi  dii- 
centa  millia  ;  et  usqiiè  ad  lioram  nonam  advcrsarios 
expectantcs,  miscruiit  cxploratorcs  qui  advcrsarioruin 
contemplarentur  dispositionem ,  qui  referentes  Ur- 
sum  regem  à  mulieribus  fuisse  occisum ,  et  ïreberos 
dispositos  ad  reccssum.  liœc  audieiis  regina  exclamans 
intulit  :«  Dii  dcœque  pugiiant  pro  iiobis  ,  occurramus 
ois ,  nostri  sunt.  »  Tune  ipsa  cum  mulieribus  suis 
progredientcs  veisiis  adversarios  fcrociter  propera- 
])ant.  Haec  perpcndens  Gurgnnsius  Brito,  cxclamavit 
voce  magna  :  «  Heu  !  viri  belgi ,  ut  quid  famam  ves- 
tram  sic  turpiter  ncgligitis  ?  Ut  quid  honorem  victo- 
rire  mulieribus  applicari  permittitis ,  cum  sufficientes 
simus  advcrsarios  dcbellare?  Saltcm  occurramus  cis  , 
et  mulieribus  assistamus ,  ut  iguominiosam  relatio- 
nem  posterorum  evitare  valeamus.  »  Tune  très  acies 
statim  ordinandas  sic  decrevcrunt,  ut  Fanimartcnses, 
Fanisolemncnses,  Fanimei'curiales,  cum  oppidis  simul 
juncti  ,  per  vias  brevioi'cs  advcrsarios  anticipa- 
rent,  et  ipsos  à  parte  anteriori  invaderent  cum  octo- 
ginta  millibus  armatorum.  Gurgnnsius  cum  suis  Bri- 
lonibus  et  Bclgcnsibus  civitatis,  cum  triginta  millibus 
à  dextrls  dictos  Trcberos  invaderent  ;  Belgi  vero  Gal- 
lici  ciuii  residuis  à  sinistris  accédèrent.  MandaviM'unl- 


DE     IIAINAUT.     LIVRE  II.  ^5 

sorlant  de  la  ville  avec  son  année  de  fcnnncs  ,  aElaque 
avec  furie  Ursus  et  ses  Trévirois.  Le  roi  ,  qui  était  re- 
tenu au  lit  par  la  fièvre  ,  est  étouffé  avec  un  grand 
nombre  des  siens  ,  sans  avoir  été  reconnu.  Les  femmes 
belges  mettent  le  feu  aux  chars  ,  brisent  les  tentes  ,  et 
exercent  un  horrible  carnage  ,  non  sans  perdre  beau- 
coup des  leurs  ,  et  sans  que  la  reine  ait  reçu  une  grave 
blessure.  Enfin  elles  se  rallient ,  et  rentrent  au  lever  de 
l'aurore ,  dans  la  ville  que  leurs  exploits  avaient  frap- 
pée d'admiration.  Elles  perdirent  dans  cette  affaire 
près  de  trente  mille  des  leurs  ,  et  restèrent  ignorantes 
de  la  mort  du  roi.  Dès  le  matin  ,  les  Belges  et  les  Bre- 
tons se  préparent  au  combat ,  et  se  rangent  fièrement 
en  bataille  hors  de  la  ville  ,  au  nombre  de  deux  cent 
mille  hommes,  tous  très-exercés  au  maniement  des  ar- 
mes. Ils  attendent  l'ennemi  jusqu'à  la  neuvième  heure, 
et  envoient  des  éclaireurs  pour  connaître  sa  position. 
Ceux-ci  rapportèrent  que  le  roi  Ui'sus  avait  été  tué 
par  les  femmes  belges  ,  et  que  les  Trévirois  se  prépa- 
raient à  la  retraite.  En  apprenant  cette  nouvelle  ,  la 
reine  s'écria  :  «  Les  dieux  et  les  déesses  combattent 
pour  nous  ,  marchons  à  l'ennemi,  et  il  est  vaincu.  » 
Alors  elle  sortit  avec  ses  femmes ,  et  s'avança  en  fré- 
missant de  rage  à  la  rencontre  des  Trévirois.  A  cette 
vue,  le  Breton  Gurgunsius  s'écria  :  «  Eh  quoi  !  citoyens 
de  Belgis,  ne  rougissez -vous  pas  d'abandonner  ainsi 
Je  soin  de  votre  réputation?  Souffrirez-vous  que  des 
femmes  aient  l'honneur  de  la  victoire ,  lorsque  nous 
sommes  assez  forts  pour  renverser  nos  ennemis?  Au 
moins,  marchons  contre  eux  ,  et  assistons  ces  femmes, 
pour  éviter  les  reproches  honteux  que  nos  descendans 
seraient  en  droit  de  faire  à  notre  mémoire.  »  Aussitôt 
on  forme  trois  armées ,   la  première ,  des  habitans  de 


76  ANNALES 

que  iii  Bclgis  ul  ([Liot(juot  essent  masculiiii  sexûs , 
civitatem  exirent,  et  cum  mulieribus  jungerentur,  et 
à  parte  posteriori  aciversarios  insultarent,  Quod  et 
factum  est.  In  crastinuni  autem  Trcberinos  rccedoiites 
invascrunt ,  qui  ferociter  dimicautes  et  alacritei' 
defeiulcntes  ,  cum  gravi  prostratione  Belgorum  tan- 
dem dcvicti ,  fcrè  omnes  Trt-berini  occubuernnt , 
paucis  verè  per  latibula  effugientibus.  Occubuerunt 
tune  de  Belgis  et  Brilonibus  ferè  quadraginta  niillia 
de  mulieribus  in  duobus  bellis,  et  octoginta  millia  de 
omnibus  Treberinis  atque  Mosellanis  et  Albanis  cum 
rege,  paucus  valdè  evasit  numerus. 


OBSERVATION. 

On  verra  dans  les  Mémoires  pour  servir  à  l'iiistoire  ancitnue  ilu 
Globe  (i),  que  Rivallo  ou  Rivallon  régna  sur  les  Bretons  quarante- 
six  ans,  depuis  ran"764  avant  notre  ère  jusqu'en  718;  et  que  5on 
fds  Guri;ustius  ou  Gurgunsius  Tt'^nn  trente-sept  ans,  depuis  718 
jtis(ju'en  ()8o.  Ainsi  colle  histoire  des  ijelf^es  est  lit'c  avec  celle  des 
Rretous. 

(i)  1,  i83. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    H.  77 

Famars  ,  la  seconde,  de  ceux  de  Solcme  ,  la  troisième  , 
de  ceux  de  Mercuriale  ;  on  fait  entrer  dans  ces  armées 
les  habitans  des  places  fortes ,  et  elles  sont  chargées 
d'aller,  par  les  chemins  les  plus  courts,  couper  la  re- 
traite   aux    ennemis ,    et   de   les    attaquer    de    front 
avec  quatre-vingt  mille  soldats.  Gurgunsius  avec  ses 
Bretons,  unis  aux  habitans  de  Belgis,  doit ,  à  la  tète  de 
trente  mille  combatlans,  tomber  sur   la  gauche  des 
Trévirois ,  pendant  que  les  Gallo-Belges  ,  avec  le  reste 
des   troupes,  les  prendront  par  la  droite.   En  même 
tems ,  on  donne  l'ordre  de  faire  sortir  de  Belgis  les 
hommes  qui  s'y  trouvaient ,  et  de  les  envoyer  renforcer 
la  troupe  des  femmes  qui  attaquerait  l'ennemi  par  der- 
rière :  ce  qui  fut  exécuté.  Dès  le  matin  du  jour  suivant, 
les  Trévirois  furent  assaillis  dans  leur  retraite  ;  mais  ils 
combattirent  avec  courage  ,  se  défendirent  opiniâtre- 
ment ,  et  firent  essuyer  de  grandes  pertes  aux  Belges. 
Cependant  ils  furent  à  la  fin  défaits  presqu'entièrement, 
et  le  petit  nombre  qui  échappa  ne  dut  son  salut  qu'à  la 
fuite  et  à  la  profondeur  des  retraites  où  il  se  réfugia. 
Du  côté  des  Belges  et  des  Bretons,  la  perte  fut  d'envi- 
ron quarante  mille  femmes ,  qui  succombèrent  dans  les 
deux  affaires  ;  et  du  côté  des  Trévirois ,  des  Mosellans 
et  des  Albaniens  ,  qui  avaient  combattu  avec  le  roi , 
elle  s'éleva   à   quatre-vingt   mille  hommes;   un   petit 
nombre  échappa  au  massacre. 


78  AXNAf.ES 


CAPITULUM  XXIIl. 

Di:  1  rini:i  oiij^ine  silva'  dicta-  Mormal. 


Locusautem  ubi  illa  fuit  exécuta  tempostas,  dictus 
est  Mors  jMaloriim  ,  et  nunc  vulgarités  ab  incolis  pa- 
triae  Mormal  (i)  appcUatur;  in  quo  postniocUini  ar- 
bores duarum  specierum ,  spccialiter  quercuum ,  ra- 
tionc  virorum  defunctorum ,  et  fagorum ,  rationo 
mulicruni  ibidem  occisarum ,  ad  perpetuam  menio- 
riani  ,  fucrunt  complantata? ,  quaj  silva  à  diversis  re- 
gibus et  principibus  postmodùm  extitit  dilatata.  Post 
autem  sarcinarum  œqualem  et  justam  divisionem  , 
inuliercs  n^gem  Ursuni  inler  cadavera  sollicitùs  per- 
quircntes ,  et  ipsum  reperientcs  suffocatum  sine  pla- 
gis ,  caput  ejus  abscissum  cum  ipsis  detulerunt  atquc 
pellem.  Tune  cum  gaudio  et  victoria  ad  civitatem 
unanimitcr  revcrtentes  ,  diis  deabusque ,  et  specialiter 
Veneri,  sacrificia ,  in  gratiarum  actionibus  rcddcnrcs  , 
obtulerunt ,  victoriam  tamen  diis  et  mulieribus  appli- 
cando.  Barones  autem  Britanniœ ,  audientes  mulieres 
civitalis  belgensis  làm  ardua  perpétrasse ,  exarserunt 
in  amorem  carum ,  desiderantes  prolem  et  successio- 

(1)  Cette  fiir6t  est  à  une  deiui-licuc  cl  au  midi  de  naval. 


DE    IIAINAUT.    LIVRE    II.  79 


CHAPITRE  XXIII, 


Origine  Je  la  foret  de  Mormal. 


L'endroit  où  fut  livrée  celte  sanglante  bataille  fut 
appelé  (  Moi's  Malorum  )  Mort  des  Méchans ,  et  est 
nommé  aujourd'hui  Mormal  par  les  habitans  de  la  con- 
trée. On  y  planta  ,  pour  perpétuer  le  souvenir  de  cet 
événement  remarquable  ,  des  arbres  de  deux  espèces  , 
des  chênes,  en  mémoire  des  hommes  qui  y  avaient  péri, 
et  des  hêtres  ,  en  mémoire  des  femmes  qui  y  avaient 
été  tuées.  Cette  forêt  fut  dans  la  suite  agrandie  par  di- 
vers rois  et  par  divers  princes.  Après  le  partage  égal 
du  butin ,  les  femmes  s'étant  mises  à  chercher  avec 
soin  le  roi  Lrsus  parmi  les  cadavres  ,  le  trouvèrent  tel 
qu'il  avait  été  étouffé  ,  sans  aucune  blessure  sur  le 
corps  ;  elles  lui  coupèrent  la  tête  qu'elles  emportèrent 
avec  elles  ainsi  que  sa  peau.  Revenant  alors  à  Belgis 
avec  la  joie  et  la  victoire ,  on  rendit  des  actions  de 
grâces ,  et  on  offrit  des  sacrifices  aux  dieux  et  aux 
déesses,  et  principalement  à  Vénus,  en  attribuant  néan- 
moins aux  femmes ,  autant  qu'aux  dieux  ,  l'honneur  de 
la  victoire.  Dès  que  les  barons  bretons  apprirent  que 
les  femmes  de  Belgis  avalent  obtenu  un  si  grand  succès 
dans  une  entreprise  aussi  difficile,  ils  ressentirent  pour 
elles  un  brûlant  amour,  et  désirèrent  ardemment  d'a- 
voir de  ces  héroïnes  des  enfans  et  des  héritiers.  C'est 


80  ANNALES 

ncm  ab  eisticm  suscipere.  Undc  ultra  ikio  millia  vir- 
ginum,  qiiîc  clictae  interfuerant  ormcstae,  de  beiic 
placilo  civitatisac  rcginae  ad  Britaiiniam  dostinandas, 
et  nobilitcr  maritandas  postmodùin  mandaverunt  ; 
abhinc  in  niajori  reverentià  et  honore  quàm  priùs,  in 
toto  regno ,  mulieres  habitœ  sunt.  Sacrificiis  tandem 
expletis  ,  (juilibet  ad  propria  romcandum  disponens  , 
rcginam  in  l'ogni  reginiinc  priiis  approbatam  à  civi- 
tatc  rcccsserunt.  Rcgina  vero  civitatis  ruinas ,  leges 
et  antiquas  consuetudines  ,  proùt  valuit ,  ixîparare  in- 
ciplcns,  confirmabatur  in  regno.  Anno  siquidem  se- 
quenti,  Rivallo,  Britannorum  rex,  pro  Gurgunsio 
fdio  suo  Ursam  reginam  expostulavit  in  uxorem  ,  qua^ 
sine  regni  sui  speciaU  consilio  et  assensu  respondere 
recusavit.  Tandem  ,  conscnsibus  omnium  concurren- 
tibus  ,  in  belgensi  civitatc  Gurgunsius  non  sine  pompa 
Ursam  reginam  virginem  in  j)rincipalem  uxorem  ae- 
cepit.  Et  factus  est  Gurgunsius,  fiHus  principaHs  Ri- 
vallonis ,  régis  Britanniœ  ,  Belgorum  rex  secundus  ; 
qui  de  uxore  sua  légitima  septem  liberos  suscipicns , 
lex  lîritanniœ  postmodùm  effectus  est.  Qui  in  ïrino- 
nanto  (i)  mortuus  ,  Sisillus ,  fîlius  ejus,  adlmc  Ursâ 
matre  superstite,  factus  est  Belgorum  rex   tertius. 

(i)  Londres.  Suivant  l'histoire  des  Bretons,  Sisillus  ou  Si;illiiis 
snrcf'da  à  son  jx'ic  l'an  680  avant  notre  îrc  ,  et  régna  quarante- 
neuf  ans. 


DE   IIATNAUT.    IIVr.EII.  8l 

pourquoi  plus  de  deux  mille  jeunes  fdles  ,  qui  avaient 
pris  part  a  ces  glorieux  événemens ,  furent  par  eux 
demandées  en  mariage ,  et  accordées  ensuite  par  la 
ville  et  par  la  reine  de  Belgis.  Elles  partirent  pour  la 
Bretagne  ,  et  furent  reçues  avec  de  grands  honneurs. 
De  là  vint  que  dans  tout  le  royaume  les  femmes  se 
virent  entourées  de  plus  de  respects  et  d'honneurs 
qu'auparavant.  Enfin ,  les  sacrifices  étant  terminés  , 
chacun  se  disposa  à  rentrer  dans  ses  foyers  ;  et ,  avant 
de  partir ,  confirma  la  reine  dans  l'administration  du 
royaume  ,  qui  lui  avait  déjà  été  confiée  par  la  cité.  Ursa 
s'appliqua  de  tout  son  pouvoir  à  réparer  les  ruines  de 
Belgis  ,  à  rétablir  ses  lois  et  ses  coutumes  anciennes  , 
et  à  se  faire  aimer  de  tout  le  royaume.  Un  an  après , 
Rivallon,  roi  des  Bretons ,  la  fit  demander  en  mariage 
pour  Gurgunsius  son  fils  ;  mais  elle  ne  voulut  lui  faire 
réponse  qu'après  avoir  pris  l'avis  et  obtenu  le  consen- 
tement de  son  royaume.  Lorsque  tous  les  citoyens 
eurent  approuvé  cette  alliance ,  Gurgunsius ,  fils  aîné 
de  Rivallon  ,  roi  des  Bretons  ,  vint  à  Belgis ,  prit  en 
grande  pompe  la  reine  Ursa  pour  sa  première  femme , 
et  devint  alors  le  second  roi  des  Belges.  Après  avoir  eu 
sept  enfans  de  son  épouse  légitime  ,  il  parvint  au  trône 
de  Bretagne.  Il  mourut  à  Trinobante,  et  Sisillius  son  fils 
devint ,  du  vivant  même  d'Ursa  sa  mère  ,  le  troisième 
roi  des  Belges. 


II. 


ii2  ANNALES 


CAPITULUM  XXIV. 

De  Ezcchi;1 ,  rcgc  Jnda. 


ACTOR. 


His  toinporibus  in  Jiulaeâ  rcgnabat  Ezechias,  Aclias 
rcge  Juda  defuncto.  Regnavlt  Ezechias  filius  ejus  anno 
quartoc  œtatis  cccxxxv,  mundi  vero  iiimccxxiii  (i), 
et  regnavit  annis  xxix.  Comestor.  ITic,  convocalis  sa- 
ccrdotibus  et  levitis  ,  aperuit  tcmplum  ,  primo  anno , 
primo  mense  regni  sui ,  et  vasa  Dei  reparavit  et  res- 
titiiit  sacrifîcia  intermissa ,  clissipavit  excelsa ,  et  con- 
trivit  statuas ,  et  lucos  succldit.  Scripsit  quoquc  filiis  , 
Israël  ut  redirent  ad  cultum  Dei.  Isaias,  xxxviii"  ca- 
pitulo.  Hujus  meritis  Dominus,  in  castris  Assyriorum, 
unâ  nocte ,  centum  octoginta  quinque  millia  pugna- 
torum  per  angelum  interfecit,  ejus  quoque  vitae 
despcratœ ,  quia  flevit  peccata  versiis  ad  parietem  , 
Dominus  xv  annos  addidit,  et,  in  hujus  rei  signum, 
solcm  X  gradibus  retrocedere  fecit.  Hujus  Ezcchinc 
tcmpore ,  sub  Osée  rege ,  destructum  est  regnum 
Saniarinc,  in  qua  captivitate  croditur  Tobias  captivi- 
tatu^  fuisse.  Prophctabanl  autein  tune  Osée  et  Aza- 

(i)  7'jo  ans  av.  J.-C 


DE    IIAIXALT.     LIVRE    II.  83 


CHAPITRE  XXIV 

D'Eze'chias  ,  loi  de  Juda. 


L  AUTEUR. 


En  ce  tems-là  ,  Ezéchias  régnait  en  Judée  ,  après  la 
mort  d'Achas ,  roi  de  Jnda.  Ezéchias  son  fils  commença 
son  règne  ,  qui  fut  de  vingt-neuf  ans  ,  l'an  335  du  qua- 
trième âge,  et  du  monde  3223.  Comestor.  Ezéchias, 
après  avoir  convoqué  les  prêtres  et  les  lévites,  ouvrit 
le  temple  du  Seigneur,  le  premier  mois  de  la  première 
année  de  son  règne.  Il  répara  les  vases  sacrés  ,  rétablit 
les  sacrifices  qui  avaient  été  interrompus  ,  détruisit  les 
hauts  lieus ,  brisa  les  statues  ,  et  fit  couper  les  bois  sa- 
crés. Il  écrivit  aussi  aux  enfans  d'Israël  pour  les  enga- 
ger à  revenir  au  culte  de  Dieu.  Isaïe ,  chapitre  xxxvin. 
Le  Seigneur,  touché  de  la  vertu  d'Ezéchias  ,  envoya 
dans  le  camp  des  Assiriens  un  ange  qui ,  dans  une  seule 
nuit,  tua  cent  quatre-vingt-cinq  mille  de  leurs  combat- 
tans  ;  et ,  lorsqu'on  désespérait  des  jours  de  ce  roi ,  le 
Seigneur ,  parce  que  ce  prince  pleura  amèrement  ses 
fautes ,  en  se  tournant  dux^ôté  de  la  muraille,  lui  promit 
encore  quinze  années  de  vie ,  et  lui  confirma  sa  promesse 
en  fesant  rétrograder  le  soleil  de  dix  degrés.  Du  tems 
d'Ezéchias,  et  sous  le  roi  Osée,  le  royaume  de  Samarie 
fut  détruit  ;  les  habitans  furent  emmenés  en  captivité  , 


S.'i  ANNALES 

rias,  et  Joël,  et  Micheas.  Ex  Chwnicis.  Roiniilus 
liùc  tcmpore  milites  ex  populo  sumpsit,  et  nobilissi- 
1110S  ceiitum  seiies  ob  actatcm  senatorcs,  ob  similitu- 
(lincm  ciii'œ  patris,  appcllavit.  Actor.  Mortuo  Ezccliiâ, 
Manasses ,  filius  ejus ,  regnavit  in  Judω ,  anno 
quarts  .Ttatis  ccclxiv,  mundi  vero  iiimcclii  (i),  et 
regnavit  annis  li.  Hic  pessimus  idolâtra  fuit  in  prin- 
cipio,  et  plateas  Jérusalem  sanguine  proplictarum 
rubricavit.  Helinandus.  Tcmporibus  Manasse ,  Ro- 
manorum  secundus  regnavit  Numa  Pompilius ,  qui 
nulhun  confinitibus  gessit  bellum.  Duos  mcnscs  anno 
addidit  ,  videlicet  januarium  et  februarium  ,  cùm 
ante  lioc  deccm  apud  Romanos  computarentur.  Capi- 
tolium  à  fundamentis  œdificavit.  De  isto  Numâ  Au- 
gustinus,  lihm  vu,  de  Cwitate  Dci{o?)^  etVarro  (3), 
in  libro  de  Cjdtu  deoriim  ,  nudta  proloquitur,  scd 
brevitatis  causa  pertranseo. 

(i)  L'an  71 1  av.  J.-C. 

(2)  Chap.  34  et  55. 

(5)  J.  De  Gii3'sc  cite  Varron  vraiscinblablcincnf  sans  l'avoir 
conrm,  et  d'apri^s  la  seule  autorité  de  saint  Augustin ,  qui  parle  du 
livre  du  cullc    des  dieux,  dans  sa   Cite'  de   Dieu,  1.  vu,  cliap.  (). 


DE    ITAINAUT.     LIVRE    II.  85 

et  Tobie ,  comme  on  le  croit  o;énéralemcm  ,  fut  au 
nombre  de  ces  captifs.  Alors  florissaient  les  prophètes 
Osée  ,  Azarias  ,  Joël  et  Michée.  Extrait  des  chroniques. 
Dans  le  même  tems  ,  Romulus  prit  des  soldats  parmi  le 
peuple ,  et  choisit  les  plus  illustres  des  vieillards  ,  au 
nombre  de  cent ,  pour  former  son  sénat ,  ainsi  nommé 
à  cause  du  rapport  de  ses  fonctions  aux  devoirs  d'un 
père.  L'auteur.  Après  la  mort  d'Ezéchias,  Manassès  son 
fils  lui  succéda  l'an  364  du  quatrième  âge,  et  du  monde 
3252  ;  son  règne  fut  de  cinquante  et  un  ans.  Ce  prince 
fut ,  dans  les  commenceraens  ,  un  détestable  idolâtre  , 
et  inonda  les  places  de  Jérusalem  du  sang  des  prophè- 
tes. Helinand.  Du  tems  de  Manassès  ,  vivait  Numa  Pom- 
pilius  ,  second  roi  des  Romains,  il  ne  fît  aucune  guerre 
ù  ses  voisins;  il  ajouta  à  l'année  deux  mois,  ceux  de 
janvier  .et  de  février,  car  auparavant  les  Romains  n'en 
comptaient  que  dix  ,  et  jeta  les  fondemcns  du  Capitolc 
qu'il  fit  bâtir.  Saint  Augustin  ,  au  livre  vu  de  la  Cité  de 
Dieu,  et  Varron ,  dans  son  livre  du  Culte  des  Dieux , 
parlent  beaucoup  de  Numa;  mais,  pour  être  plus 
court ,  je  passerai  tous  ces  détails. 


86  ANAALES 


CAPITULUM  XXV. 

De  morte  Isaiie  prophcfnc. 


COMESTOR. 


iNTEii  scolcra  quœ  Manasse ,  rex  Jiula,  gcssit , 
Isaiam  sanctum  prophotam  avum  siuim  inalornuin , 
vcl ,  secunclùin  Hebraeos  ,  affîncm  propinquum ,  ejec- 
tiim  extra  HIerusalem  contra  piscinain  Siloë ,  serra 
lignea  per  iiicdiuin  sccari  fccit.  Qui ,  diini  in  priiuipio 
sectionis  angiistiaretur,  pctiit  sibi  dari  a([uain  inodi- 
cam  biberet;  et,  ciim  nollent  ei  dare,  Dominiis  do 
sublimi  niisit  aqiiani  in  os  ejus,  et  expiravit;  nec  ta- 
inen  carnlfices  dostiteriint  à  scctione.  Ob  banc  aquœ 
missioncni ,  confirmatum  est  nonien  Siloë ,  quod  in- 
terpretatur /«mi^v.Nec  scpelleriint  eum  in  sepulcro 
propbetarum,  sed  sub  quercu  Rogel  jiixtà  transituin 
aqiiariun  (jucni  fccerat  Ezecbias  in  niemoriam  niira- 
culi  quod  fccerat  Doniinus  in  illis,  ad  prcces  IsaicP. 
Imniisit  igitur  Dominus  contra  Manassem  rcgcm  Ba- 
l)ylonis ,  ({ui  depopulatus  est  Judœam ,  et  Manassem 
dolo  captuin  traxit  in  Babylonem  ,  et  pluribus  aiïlixit 
tornicntis  ;  et  inteUigens  banc  esse  nianum  Domini , 
egit  pœnitcntiani.  Et  attenté  oravit  adDominuni;  et 


DE    HALNALT.     tlVRl-.    IT.  S; 


CHAPITPxE    'XXV 

]Mort  (lu   propliùte   Isaïe. 


PIERRE    COMESrOR. 


Parmi  les  crimes  dont  se  rendit  coupable  Manassès  , 
roi  de  Juda ,  le  plus  horrible  est  d'avoir  fait  scier  par 
le  milieu  du  corps  ,  avec  une  scie  de  bois  ,  le  saint  pro- 
phète Isaïe  ,  son  aïeul  maternel ,  ou ,  suivant  les  Hé- 
breux ,  son  beau-père ,  après  l'avoir  fait  jeter  hors  de 
Jérusalem  ,  vers  la  piscine  de  Siloë.  Ce  saint  prophète 
demanda  ,  au  commencement  de  son  supplice  ,  un  peu 
d'eau  à  boire  ;  et ,  comme  on  la  lui  refusait ,  le  Sei^ieur 
lui  envoya  d'en  haut  de  l'eau  dans  la  bouche  ,  et  il  ex- 
pira ,  sans  que  ses  bourreaux  cessassent  de  scier  son 
corps.  C'est  à  cause  de  cette  eau  ,  qui  avait  été  envoyée 
par  le  Seigneur,  que  le  nom  de  Si/oc,  qui  signifie  e?i- 
voyé ,  fut  confirmé  à  la  fontaine  qui  l'a  conservé  depuis. 
Isaïe  ne  fut  point  enseveli  dans  le  sépulcre  des  prophè- 
tes ;  mais  il  fut  déposé  sous  le  chêne  de  Piogel ,  près  du 
canal  qu'Ezéchias  avait  fait  ouvrir  en  mémoire  du  mi- 
racle opéré  en  ces  lieus  par  le  Seigneur ,  à  la  prière 
d'Isaïe.  Pour  punir  ces  crimes  ,  le  Seigneur  envoya 
contre  Manassès  le  roi  des  Babiloniens  ,  qui  ravagea  la 
Judée  ,  et  emmena  captif  à  Rabilone  ce  même  Alanassès 
dont  il  s'était  emparé  par  ruse ,  et  qu'il   accabla  de 


88  ANNALES 

miscrtus  Domiiiiis  rotliixit  cum  iii  rcgiuun  siiuiii. 
Oui ,  cîim  venisset  ïlierosolymis  ,  destriixit  iilola  , 
liicos  et  aras,  qiiœ  fcccrat ,  ità  ut  iii  mcmoriam  prio- 
ruiii  iiiliil  supci'cssct,  et  rostituit  cultuni  Doinini. 


CAPITULUM    XXVI. 


De  fiimlationc  civitatis  Remoi'iim. 


ACTOR. 


SiCiiT  superiîis  tractuiii  est,  in  quacstiono  libri 
primi ,  Hugo  Tullensis  qui ,  clesd'ibciulo  JjOlharïngo- 
ruin  originein  ,  Iklgorum  tmctans  chronographa,  à 
Romulo,  rcge  primo  Romanorum,  sui  processus  iii- 
cepit  liistoriam  ,  et  non  antè  ;  vcrùm,  quia  de  niultis 
civitatibus,  regnis,  villis  et  oppidis  tractât  et  décla- 
rât, ab  ejus  tanicn  dictis  soUun  eb'ccre  illa  proposui, 
quœ  materiœ  mei  conccptûs  congruunt  et  applaudunt , 
proîit  consequenter  apparebit  in  allegationibus.  Post 
occisioncm  Kemi,  fratris  Romuli ,  niulti  ab  urbc  ro- 
niana  ,  ut  majora  evitarcnl  pcricula ,  et  spccialitcr  de 


^  I)E    IIAINAUT.     1,1  VUE    It.  89 

mauvais  trailcmens.  Ce  malheureux  prince  ,  reconnais- 
sant la  main  de  Dieu  dans  ce  qui  lui  était  arrivé ,  fit 
pénitence  ,  et  adressa  au  Seigneur  des  prières  ardentes. 
Dieu ,  touche  de  son  repentir,  le  rétablit  dans  son 
royaume  ;  et  Manassès  ,  de  retour  à  Jérusalem  ,  détrui- 
sit les  idoles  ,  les  bois  sacrés  et  les  autels  qu'il  avait  éta- 
bhs  ,  de  manière  qu'il  n'en  subsista  aucun  vestige  ,  et 
fit  revivre  le  culte  du  Seigneur. 


CHAPITRE  XXVI 


Foml  tii>n  ilc  la  ville  <lc  Reims. 


L  AUTEUn. 


On  a  vu  ci-dessus,  dans  la  question  du  premier  livre, 
que  Hugues  de  Toul ,  en  racontant  l'origine  des  Lor- 
rains ,  traite  de  la  chronologie  des  Belges  ,  et  com- 
mence son  histoire  à  Uomulas  ,  premier  roi  des 
Romains ,  sans  remonler  plus  haut  ;  mais  ,  comme  il 
parle  de  plusieurs  cités,  royaunîcs,  villes  et  forteresses, 
et  qu'il  les  nomme,  j'ai  résolu  de  ne  m'attacher  aux 
détails  qu'il  nous  donne ,  qu'autant  qu'ils  auraient  rap- 
port à  mon  sujet,  et  qu'ils  le  favoriseraient ,  ainsi  qu'on 
pourra  le  voir  dans  mes  citations.  Apres  la  mort  de 
Rémus  ,  frère  de  Romulus ,  un  grand  nombre  de  (  i- 
toyens  se  retirèrent  de  la  ville  de  Rome,  pour  échapper 
aux  dangers  dont  ils  étaient  menacés ,  principalement 


go  ANNALES 

parte  suà  ,  quàin  clliùs  iccesscruiit ,  et  catervatiiii  per 
Italiam  traiisomitcs ,  Alpes  Cinericios  potierunt,  ab- 
liinc  Galliaiu  sublntrantes,  regiuini  Belgorum ,  in 
iocuin  ubi  mine  Remoruni  eivitas  funtlata  est,  qiiie- 
vcriint  ;  ibique  civitatcm  œdificantes  ,  nomcn  régis 
corum,  videlicet  Rémi,  imponentes,  mûris  et  portis 
eam  firmaverunt.  Cùm  autem ,  ex  assensu  régis  Bcl- 
goriun,  dicti  Romani  dictam  Remorum  inciperent 
fundare  eivitateni,  supcrvenerunt  Senonenses  Galli , 
qui  dietam  civitatem  sibi  ipsis  applicare  conati  sunt. 
Quibiis  eîim  viriliter  résistèrent,  rumores  hujusce- 
modi  ad  Ursam,  Relgorum  reginam  ,  devoluti  sunt. 
Quœ,  in  régis  absentia  ,  qui  in  Trinobanto  rex  Bri- 
tanniœ  coronabatur,  populuni  à  toto  regno  congrega- 
vit ,  quœ,  proeedens  usque  ad  Ausonae  ripariam ,  et 
transire  citiîis  non  valens ,  seeùs  littus  oppitlinn  à  no- 
mine  vulgari  reginœ  denominatum ,  unà  cum  ligneo 
ponte,  invitis  Senonensibus,  extruxit;  et,  proùt  dicit 
dielus  Hugo,  U rsa ,  in  vulgari  illius  temporis  diccba- 
lur  Beere ,  undè  dietum  oppidum  adhuc  à  nominc; 
reginœ  dicitur  Berj  (i).  Ipsa  denique  cum  Belgcn- 
sibus  ripariam  pertransiens ,  ante  novam  civitatem 
Remorum  ,  contra  Senonenses  dimicans,  canq)um  ob- 
tinuit,  in  quo  postmodinn  oppidum  extractum  est , 
quod  Bcerni  (2)  à  nomine  dietœ  reginœ  adliue  appel- 
latur.  Effugatis  tandem  Senonensibus  à  civitale 
Remorum,  tan([uàm  regina  Ursa  nobiliter  suscepta 

(1)  ncry-au-Bac  ,  entre  Craonc  cl  NeuichUt'l ,  ilaii-^  lettcpait-- 
nicnt  <li:  rAisue. 

(2)  Villafjo  à  i  lieues  nnril-est  ilc   Reims,  de'paricmcnl  tic   la 
Marne. 


DE    IIAINALT.     LIVRE    II.  Ql 

tic  la  part  ilc  Romulus.  Ils  traversèrent  en  troupe  l'iia- 
lie  ,  gagnèrent  les  Alpes  Cinériciennes ,  de  là  passèrent 
dans  la  Gaule ,  et  s'arrêtèrent  dans  le  royaume  des 
Belges .  à  l'endroit  où  est  aujourd'hui  bâtie  la  ville  de 
Reims.  Ils  y  fondèrent  une  ville  ,  a  laquelle  ils  donnè- 
rent le  nom  de  leur  roi  Rémus  ,  et  qu'ils  garnirent  de 
murailles  et  de  portes.  Pendant  que  ces  Romains  com- 
mençaient ,  du  consentement  du  roi  des  Belges  ,  à  bâtir 
leur  ville  ,  les  Gaulois  Sénonais  arrivèrent ,  et  s'effor- 
cèrent de  s'en  rendre  maîtres  ,  tandis  que  les  Romains 
la  défendaient  avec  courage  :  le  bruit  de  cette  invasion 
parvint  aux  oreilles  d'Ursa  ,  reine  des  Belges,  Elle  fit 
aussitôt  rassembler  tous  les  soldats  de  son  royaume  , 
pendant  l'absence  du  roi ,  qui  était  alors  occupé  à  se 
faire  couronner  roi  de  Bretagne  à  Trinobante  ;  elle 
s'avança  ensuite  jusqu'à  la  rivière  de  l'Aisne  ,  et 
n'ayant  pu  passer  outre  ,  elle  bâtit  sur  la  rive  ,  malgré 
l'opposition  des  Sénonais  ,  un  château  fort  qui  prit  le 
nom  vulgaire  de  la  reine ,  et  en  même  tems  elle  con- 
struisit un  pont  de  bois  (Hugues  de  Toul  rapporte 
qu'Ursa  était  appelée  Beere  dans  le  langage  vulgaire 
du  tems  ;  et  c'est  pourquoi  ce  château  ,  ou  cette  forte- 
resse ,  porte  encore  le  nom  de  Bery,  tiré  de  celui  de  la 
reine.  )  Ursa  passa  alors  la  rivière  avec  ses  Belges  ;  et , 
après  avoir  combattu  les  Sénonais  devant  la  nouvelle 
ville  des  Rémois  ,  elle  resta  maîtresse  de  la  campagne  , 
au  milieu  de  laquelle  fut  bâtie  dans  la  suite  une  forte- 
resse que  l'on  appela  Berru,  et  qui  doit  encore  son  nom 
à  celui  de  la  reine.  Enfin  les  Sénonais  ayant  été  chassés 
de  la  ville  de  Reims  ,  Ursa  y  fut  reçue  en  reine  et  avec 
de  grands  honneurs  ;  les  habitans  renouvelèrent  les  an- 
ciens traités  ,  et  jurèrent  de  rester  à  jamais  fidèles  au 
culte  et  aux  lois  des  Belges.  Le  roi  des  Belges,  qui  se 


92  ANNALES 

est ,  et  pactiones  rénovantes ,  ritum  Bclgoriun  et  loges 
se  porpetuo  obscrvaturos  jiuamentis  finnavcrunt. 
Hex  auteni  Belgorinn  ,  iu  Britanniâ  atlliuc  cxistens, 
et  quœ  regina  exercucrat  aiidicns ,  cum  Belgorum  , 
Albanorum  el  Britannoriim  gravi  multituilinc  trans- 
frctans,  ad  rcglnam  matrem  cjiis  in  Remoriim  confi- 
nibus  accessit.  Qui  simul  civitatem  subintrantes ,  et 
in  câdem  per  bienniuin  coniniorantcs  ,  templis  ,  pala- 
tiis  et  aedificiis  ipsam  décorantes;  ripariam  secîis  pa- 
ludes  regijia  effodi  jussit ,  quàm  Ursam  primitiis 
vocitantes,  dcindè ,  quia  regina  tune  vetula  et  anti- 
quacrat,  postmodùm  incolœ  Yctulam  nuncupârunt. 
Inter  caîtera  construi  feccrunt  fana  duo ,  Martis  vide- 
licet  atque  Bacchi.  Intereà  iniserunt  Friscembaldum 
reginœ  secundo  gcnitum ,  qui  et  régis  fratcr  erat ,  ad 
terras  rebellantes  ,  videlicet  Senoniorum  ,  Allobrogo- 
rum,  Secanist^.rum  atque  Celticorum,  cum  supradictis 
acicbus,  ut  dictas  nationes  ad  pristinam  obedicntiam 
et  Belgoruni  subjectioncni  rcducerent.  Qui ,  infrà 
annorum  duoruin  spatio,  dictas  edomuerunt  nationes, 
et  ad  pristinuni  cultum  et  ritum  antiquum  et  ad  re- 
verentiam  deorum  Belgis  unanimiter  reduxerunt. 
Frisccmbaldus,  in  honorem  et  perpetuam  faniani 
victoriœ,  civitatem  grandem  illùc  fundavit,  quam 
nomine  matris  suœ  Urscie,  id  est  Beerc  (i),  Beerri , 
censuit  appellandum.  Cùm  autem  dictus  Frisccmbal- 
dus cum  suis  victor  rcvertcretur,  ejus  mater  à  Ke- 

(i)  Je  ne  sais  de  cjuellc  ville  il  est  ici  (|uc5lion.  L'auteur  vnu- 
clrail-il  parler  de  la  ville  et  du  peuple  des  iîiliuiges,  autrefois  le 
plus  puissant  des  Gaules,  que  nous  appelons  aujourd'hui  Bourges  et 
k  Reni? 


DE    IIAI?nAUT.     LIVTIE    II.  93 

trouvait  encore  en  Bretagne,  ayant  appris  ce  que  la  reine 
avait  exécuté  ,  passa  le  détroit  avec  une  armée  nom- 
breuse composée  de  Belges  ,  d'iUbaniens  et  de  Bretons, 
et  se  rendit  auprès  de  sa  mère  sur  les  terres  des  Rémois. 
11  entra  ensuite  dans  la  ville  ,   et  y  séjourna  avec  ses 
troupes  deux  ans  ,  pendant  lesquels  il  l'embellit  de  tem- 
ples ,  de  palais  et  d'autres  édifices  somptueux.  La  reine 
fit  creuser  près  des  marais  une  rivière  qui  porta  le  nom 
d'Ursa  ,  mais  que  les  habitans  appelèrent  dans  la  suite 
la  Vesle  ,  parce  que  la  reine  était  alors  devenue  vieille. 
Parmi  les  temples  qui  furent  bâtis  dans  le  même  tems  , 
on  remarque  ceux  de  Mars  et  de  Bacchus.  Friscembal- 
dus  ,  le  second  fils  de  la  reine  et  le  frère  du  roi  actuel , 
fut  alors  envoyé  dans  les  pays  des  rebelles,  c'est-à-dire, 
des  Allobroges  ,  des  Séquaniens  et  des  Celtes ,  avec 
l'armée   que   le   roi    des  Belges   avait   amenée    de  la 
Bretagne  ,  afin    de    ramener   ces   peuples    révoltés  à 
l'ancienne  obéissance  et  à  la  soumission  des  Belges.  Ces 
peuples ,  dans  l'espace  de  deux  années ,  furent  soumis 
et  réduits  entièrement  au  premier  culte  et  aux  rits  an- 
tiques ,  et  furent  contraints  d'adorer  les  dieux  de  Bel- 
gis.  Friscembaldus  ,  en  l'honneur  de  sa  victoire  et  pour 
en  perpétuer  le  souvenir,  fonda  une  grande  ville  qu'il 
appela  Beerri ,  du  nom  de  Becre  que  portait  Ursa ,  sa 
mère.   Comme  il  revenait  triomphant  avec  ses  trou- 
pes ,  sa  mère  sortit  de  Reims  pour  aller  à  sa  rencon- 
tre ;  mais,  ayant  voulu  passer  la  rivière  à  dix  mille  pas 
de  la  ville,  elle  se  noya,  et  cette  rivière  prit  dans  la 
suite  le  nom  de  la  mère  du  roi ,  et  s'appela  la  Marne , 
nom  qu'elle  porte  encore  aujourd'hui.  Nous  lisons  au 
contraire ,  dans  Lucius ,  que  la  reine  fut  tuée  par  les 
Sénonais,  et  que  Sisillius  mourut  sans  postérité  ;  c'est 
pourquoi  Friscembaldus  ,  frère  de  ce  dernier  et  duc 


94  ANNAtEè 

morum  civitate,  eis  obviàm  progrcdiens,  et  Irans 
ripariam  ad  deccm  millia  passuum  ultra  Remorum 
civitatem  transmoaro  volons  ,  in  câdcm  submcrsa  est. 
Qiia3  ri  paria  à  régis  matrc  postmodiini  iisquè  ad  mo- 
derna  tempora,  dicta  est  Materna  (i).  Lucius  dicit 
liane  à  Senoncnsibus  interfectam  fuisse ,  et  Sisilliuiu 
sine  libcris  obiisse.  Undè  et  ejus  fratcr,  dux  Remo- 
rum ,  Friscem])aldus  ,  factus  est  Relgorum  rex  quar- 
tus.  Temporibus  liujus  ,  Britanni  contra  Belgos  rebel- 
laverunt,  olympiade  xviii  (2)  tune  currente.  Huic 
Friscembaldo  successit  filius  ejus ,  Frisceml)aldus 
sccundus ,  temporibus  Numœ  Pompilii ,  régis  Roma- 
norum  ,  circà  olympiadem  xxvi.  Hic  gcssit  plura  bella 
contra  Jagonem  et  deindè  contra  Rimarcum  ,  regem 
Britanniœ.  Ilic  œdificavit  oppidum  et  portam  Belgo- 
rum  super  vicum  JMercurii ,  contra  Albanos  et  Brito- 
nes ,  qui  civitatem  Fani  Mercurii  et  mcrcatorcs  ad 
ipsam  déclinantes  deprœdabantur.  Quod  quidem  op- 
pidum,  saltèni  territorium,  usquè  ad  ista  tempora, 
Porta,  scu  Portus-Belgorum ,  vulgariter  Poiicherge  , 
ab  incolis  appellatur.  Actov.  Non  imaginor  illùc 
nunc  fore  oppidum ,  sed  silvam  magnam  et  pericu- 
losam. 

(1)  Pour  Matrona. 

(2)  La   prcmitrc  anncc  de  la  18'   olimpiade  repond  à  Tan  707  , 
suivant  Eusi'he. 


DE    IIAIXAUT.     r.TVr.E    11.  Ç)D 

des  Rémois,  devint  le  quatrième  roi  des  Belges  (l).  Eu 
ce  tems-là ,  c'est-à-dire  dans  le  cours  de  la  xvin*  olim- 
piadc  ,  les  Bretons  se  révoltèrent  contre  les  Belges  ;  et 
vers  l'olimpiadc  xxvi ,  du  tems  de  Numa  Pompilius  , 
roi  des  Piomains ,  Friscembaldus  II  succéda  à  Friscem- 
baldus ,  son  père.  Ce  prince  fit  plusieurs  guerres  à 
lago ,  et  ensuite  à  Kimarcus,  roi  de  Bretagne.  Il  bâtit 
une  forteresse ,  et  une  porte  sur  la  chaussée  de  Mer- 
cure ,  pour  protéger  les  Belges  contre  les  Albaniens  et 
les  Bretons ,  qui  pillaient  la  ville  de  IMercuriale,  ainsi 
que  les  marchands  qui  y  descendaient  :  et  cette  forte- 
resse ,  ou  du  moins  le  territoire  sur  lequel  elle  était 
bàlie  ,  fut  appelé  la  porte  ou  le  port  des  Belges ,  et 
dans  la  langue  du  pays ,  PorUhcrgc ,  nom  qu'elle  con- 
serve encore  aujourd'hui.  L'auteur.  Je  pense  que  cette 
dénomination  se  rapporte  maintenant ,  non  à  une  for- 
teresse ,  mais  à  une  forêt  vaste  et  dangereuse. 

l'i)  Suivant  l'histoire  des  Bretons  (  Mémoires  pour  servir  à  l'his- 
toire ancienne  du  globe.  I ,  i83),  Sisillius  mourut  l'an  63i  avant 
notre  ère,  après  avoir  régne'  quarante-neuf  ans.  Après  lui  Jacques 
ou  lago  régna  vingt-huit  ans.  Friscembaldus  II  aj  ant  fait  la  ijuerre 
à  lago,  roi  des  Bretons,  ainsi  que  le  dit  Jacques  de  Gujsc  ;  il 
paraît  qu'après  la  mort  de  Sisillius ,  le  royaume  des  Belges  fut 
séparé  de  celui  des  Bretons.  Kimarcus  ou  Kinmarc  succéda  à 
lago  l'an  6o3. 


96  amsales 


CAPITULUM  XXVII. 


De  fiindatione  civitatnni  Tiilli  atijur  Tornaci. 


HUGO    TULLENSIS. 


His  temporibus ,  Bclgorum  rex ,  à  Rcmicis  iiicita- 
lus  ,  mortem  Rcmi ,  quoiKl?im  rcgis  eorum  ,  vlnd  Icare 
satagentibus ,  dccrcvit  Romanos  invaclcre ,  aiixilio 
fiiltiis  ïrcberoruni  atquc  Scnonioriiiîi  ;  Nmna  Poni- 
pilio ,  secundo  rege  Romanorum ,  jàm  mortuo ,  et 
Tullo  Ilostilionc  in  regem  assunipto.  Qui ,  cùm  liujus 
modi  rumorcs  pcrpcndcret,  consilio  scnalorum  utcns, 
itcr  salvum  et  inducias  triennii  régi  Bclgorum  per 
legatos  cxpostulavit ,  et  quodinceperat  rex  minime  ad 
complementum  deduccret ,  usquè  post  causa?  diges- 
tionem  ampliorem.  Cujus  expostulationis  rationabi- 
1cm dilucidationcm  Bclgorum  rex, consilio  proccrum, 
annuit  quod  petebant.  Ad  hœc  Tullus  Hostilio ,  cum 
Romanorum  provida  gentc ,  ad  Galliam  declinans , 
primo  cum  Trebcrinis  discidii  causas  disculiendas 
disposuit.  Inhibucrunt  tamcn  ut  civitatcm  non  ap- 
proximaret  multitudo  ,  scd  eligerot ,  ad  certam  di- 
slantiam  ,  locum  in  (|uo  suam  coUocaret  acicni ,  post- 


DE    HAINAUT.    LIVP.E    II.  97 


CHAPITRE  XXVII. 


Fondation  Jes  villes  de  Toiil  et  de  Tournai. 


Hugues  de  Toul. 


Vers  la  même  époque ,  le  roi  des  Belges ,  excité  par 
les  Rémois,  qui  voulaient  absolument  venger  la  mort  de 
Rémus  leur  ancien  roi ,  résolut  d'attaquer  les  Romains 
avec  le  secours  des  Trévirois  et  des  Sénonais.  Numa 
Pompilius  ,  second  roi  des  Romains ,  était  mort ,  et 
Tullus  Hostilius  avait  été  élu  à  sa  place.  Celui-ci,  ayant 
été  instruit  du  dessein  formé  contre  les  Romains,  prit 
conseil  de  son  sénat ,  et  fît  demander  ,  par  des  dépu- 
tés,  au  roi  des  Belges  un  sauf- conduit  et  une  trêve 
de  trois  ans.  Il  le  priait  en  même  tems  d'attendre  de 
plus  amples  explications  pour  mettre  à  exécution  ses 
projets.  Cette  demande  parut  juste  au  roi  des  Belges, 
qui  l'accorda  après  avoir  pris  l'avis  des  grands  de 
son  royaume.  Alors  Tullus  Hostilius  se  rendit  dans  la 
Gaule  avec  un  grand  nombre  d'hommes  sages  de  sa 
nation ,  et  voulut  d'abord  discuter  avec  les  Trévirois 
les  motifs  allégués  pour  lui  faire  la  guerre.  Ceux-ci  lui 
défendirent  d'approcher  de  leur  ville  avec  sa  troupe , 
mais  ils  l'engagèrent  à  choisir  ,  à  une  certaine  distance, 
un  endroit  pour  y  placer  son  armée,  après  quoi  il  pour- 
Ji.  n 


9  s  ANNALES 

mocliiin  cum  paucis  ahhinc  progrederelur  ad  agibilia 
pertractaiida.  Qui  elegerunt  sibi  convallem  cujusdani 
niontis  socùs  fluviinn  Mosellae,  qui  Loucus  dicebatur, 
in  quo  civitatem  fundavorunt,  quam  à  proprio  no- 
inine  régis  corum  TuUum  vocari  dccrevcrunt.  Tan- 
dem ,  cum  Treberinis  nihil  concludere  valentes  ,  nisi 
priùs  régis  ac  civitatis  Bclgorum  praesuppositis  decre- 
tis ,  abhinc  descendcntcs  et  Belgim  approximantes , 
cum  bcentià  lîelgorum,  locum  ubi  acies  suas  quieta- 
rent  impetrârunt  ;  secùs  ripariam  Scaldi  inamœnissimo 
loco  quicscentes  ,  civitatem  illùc  fundaverunt ,  quam 
à  coi^nomine  dicti  régis  eorum  Hostilionem  appellari 
deliboraverunt ,  quflc  postmodùm  Nervia  ,  dcindè  Tor- 
nacus  appellata  est.  Ab  hac  siquidem  civitate  cum 
Belgis  causas  discidii  diutiùs  pertractans  ,  Romanos 
ad  ambas  civitates  competenter  inbabitandas  dorc- 
linquens ,  cum  pace  tandem  ad  propria  remeavit. 
Actor.  Lucius  aliam  causam  adventiis  Tulli  Hostilio- 
nis  ad  Galbas  praetendit.  «  Tullus,  inquit ,  HostiHo, 
Romanorum  rex  ,  cum  senaloril)us ,  audientes  Belgos 
vcUe  contra  eos  inirebcUa,  proposuerunt  cos  indu- 
cere  priùs  ad  ignominiosœ  mortis  prœdecessorum 
suorum  vindictam  expectandam ,  quàm  ad  pauperum 
vicinorum  suorum  scintillas  extinguendas  ;  undc 
Tullus  [Tostilio  ad  Gallias  dcscendcns ,  Belgos  indu- 
ccre  voluil  ut  ipsi  cum  Romanis  Grajcos  invadcrent, 
qui  parentes  corum  in  Trojae  destructione  pereme- 
rant.  »  «  Nobilius  ,  inquit  ,  est  priùs  adversarios 
debellare,  quàm,  ipsorum  prosperitatc  conservalà  , 
aliénas  non  inimicanf^s  invadere  terras.  »  Ilic  Tullus, 


DE    HATXAUT.     Ï.IVIÎE    TT.  Ç)^ 

rait  s'avancer  avec  peu  de  personnes  pour  traiter  des 
objets  en   question.   Les  Romains  s'établirent  au  pie 
d'une  montagne ,  sur  les  bords  de  la  Moselle  ,  dans  un 
vallon  qui  s'appelait  Leucus  ,  où  ils  fondèrent  une  ville 
à  laquelle  ils  donnèrent  le  nom  de  Tonl ,  que  portait 
leur    roi.   Mais  ,  ne  pouvant   rien   conclure  avec   les 
Trévirois,  sans  connaître  auparavant  la  décision  du 
roi  et  de  la  cité  des  Belges  ,  ils  se  mirent  en  marche; 
et ,  s'étant  avancés  près  de  Belgis ,  ils  obtinrent  encore 
des  Belges  un  endroit  pour  reposer  leur  armée.  Ils  s'ar- 
rêtèrent sur  les  bords  de  l'Escaut ,  dans  un  lieu  déli- 
cieux, et  y  bâtirent  une  ville  qu'ils  appelèrent  Hostilio, 
du  surnom  de  leur  roi ,  mais  qui  fut  nommée  Nervia , 
et  enfin  Tournai.  De  cette  ville  ,  Tullus  négocia  long- 
tems  av€c  les  Belges  ,  il  en  obtint  la  paix  ,  et  repartit 
pour  son  royaume,  après  avoir  laissé  un  nombre  suf- 
fisant de  Romains  pour  peupler  les  deux  villes  qu'ils 
avaient  bâties.  Vj" auteur.  Lucius  allègue  une  autre  cause 
de  l'arrivée  de  Tullus  Hostilius  dans  les  Gaules.  «  Tullus 
Hostilius ,  dit-il ,  roi  des  Romains  ,  ayant  appris  avec 
son  sénat  que  les  Belges  voulaient  lui  faire  la  guerre 
crut  pouvoir  les  engager  à  tirer  vengeance  de  la  mort 
ignominieuse  de  leurs  ancêtres  ,  avant  de  s'occuper  des 
griefs  dont  se  plaignaient  leurs  misérables  voisins.  Il 
passa  donc  dans  les  Gaules ,  et  pressa  les  Belges  de  se 
joindre  avec  les  Romains  pour  faire  la  guerre  aux  Grecs 
qui  avaient  fait  périr  leurs   ancêtres  sous  les  ruines  de 
Troie.  Il  est  plus  noble ,  dit-il ,  de  combattre  ses  en- 
nemis ,  que  de  les  laisser  dans  la  prospérité,  pour  en- 
vahir des  nations  paisibles.  »  Le  même  Tullus,  avec  le 
consentement  des  Gaulois ,  jeta  en  divers  endroits  de 
leur  pays  les  fondemens  de  plusieurs  villes ,  dont  les 
principales  furent  Hostilio  et  Toul. 


tOO  ANNALES 

Galloruin  asscnsu  ,  in  teniiinis  eorum  diversis  inccpit 

fuiidarc  urbes ,  iiiter  quas  Hostilis  et  Tullus  cxtitc- 
runt. 


CAPITULUM  XXVIII. 


Opiniones  fundationis  civitatis  Tornacensis. 


ACTOR. 


Hicpatct  magna  discordia  internugoncin,LuciLim 
et  hlstoriam  Tornaccnscm  ;  nam  hisloria  Tornacen- 
sis, quœ  communiter  habetur,  videtur  dicere  quod 
Tarquinius  Priscus ,  rcx  Romanoriim ,  Tornacuni 
fundaverit ,  ad  fincm  ut  cœterarum  civitatum  Romanis 
subditarum  tiibuta  susciperet ,  et  multa  consimilia , 
proiit  inferiiis  declarabitur.  Cum  rcverentiâ  historio- 
grapbi ,  dictum  suiim  non  consonat  huic  nec  veris 
histoi'iis  Romanorum  (i  )  ;  ciini  nullum  penitùs  domi- 
nium  haberent  Romani,  tcmporc  icgum  eorum,  ultra 
quindecim  milliaria  extra  urbem ,  proîit  expresse 
ponit  Titus  Livius  et  alii  plurcs  historiaruni  Roma- 
norum conscriptores  ;  et  uL  eorum  propriis  utar  vcr- 

(i)  Il  est  fàclieiix  <iiie  Jacques  de  Gtiysi;  u\iit  pas  perséve'ie  ilans 
le  cliciuiu  du  la  ciiliquo  qu'il  a  embiassi;  un  racmjut. 


DE    IIAINAIT.     LIVRE    II.  lOl 


CHAPITRE  XX VIII . 

Opinions  diverses  sur  la  fondation  de  Tournai. 


L  AUTEUR. 


Ici  Hugues ,  Lucius  et  l'histoire  de  Tournai ,  ne  sont 
nullement  d'accord  :  en  effet,  l'histoire  de  Tournai,  que 
l'on  suit  communément ,  semble  dire  que  Tarquin  l'an- 
cien ,  roi  de  Rome ,  bâtit  la  ville  de  Tournai ,  pour  y 
recueillir  les  tributs  et  en  général  toute  espèce  de  rede- 
vances de  toutes  les  cités  soumises  aux  Romains  ;  c'est  ce 
que  nous  rapporterons  plus  tard.  Mais,  sans  manquer  au 
respect  dû  à  l'historien ,  je  remarquerai  que  ce  récit  ne 
s'accorde  ni  avec  notre  histoire ,  ni  avec  les  histoires 
des  Romains  les  plus  estimées  ,  puisqu'il  est  constant 
que  ceux-ci ,  du  tems  de  leurs  rois,  n'étendaient  pas 
leur  domination  au-delà  de  quinze  milles  de  la  ville , 
ainsi  qu'on  le  voit  positivement  établi  par  Tite  Live 
et  plusieurs  autres  historiens  de  Rome.  Je  vais  me  ser- 
vir de  leurs  propres  paroles.  «  Après  la  mort  de  Tar- 
quin-le-Superbe  ,  disent-ils,  la  royauté,  après  avoir 
duré  deux  cent  quarante  ans,  fut  abolie  dans  la  ville. 
Alors  la  république  fut  établie  et  gouvernée  par  deux 


102  ANNALES 

bis.  «  Post ,  inqiiiuiit ,  Tai'cjuinium  Siiperbuin  ,  ccssa- 
veiimt  reges  regiiarc  iii  iirl)e  ,  qui  per  annos  clucentos 
et  ([iiadragiiita  rcgnavcrunt.  Doindè  ordinavorunt 
rcmpublicam  rcgcndam  per  consulcs  J^ucium  videlicet 
et  Brutum  ;  et  tanc  Roma  vix  adhuc  usquè  ad  quin- 
tam  dccimam  lapidem  impcrium  tcnebat.  »  Sequitur. 
ft  Milliaria  enim  tune  lapidibus  distinguebantur  sicut 
et  modo  aHcubi  agrorum  termini  per  lapides  distin- 
guuntur.  »  Hœc  ibi.  Et  praetereà,  secundùiii  verita- 
tem  ,  tributa  et  exaction  es  fuerunt  primitùs  à  rege 
Servio  stal)iHtîie  et  adinvontœ  ;  qui  successit  Tarqui- 
nio  Prisco  ,  proùt  inferiùs  declarabitur.  Et  praetereà 
si  Tarquinius  Priscus  eani  fundaverit,  proùt  dicitTor- 
nacensis  historia,  et  Seryius  rex ,  qui  sine  medio  Tar- 
quinio  successit  in  regno  ,  qui  eam  destruxit ,  quo- 
modo  potuit  in  tàm  brevi  spatio  hujus  modi  civitas 
sic  nudtiplicari ,  sicut  habetur  in  dicta  liislorià  ?  Vi- 
detur  igitur  quod  opinioni  Ilugonis  potiiis  sit  assen- 
liendum  ;  et,  ut  clariùs  liabeatur  opinio  bistoriaruni 
Tornaccnsium ,  quae  dictce  opinioni  vidctur  subalter- 
nari,  quae  reperi ,  liîc  ascribere  cuiavi. 


DE    HALNAUT.    LIVRE    If.  !(>.> 

consuls  ,  Lucius  et  lîrutus;  et  vers  ce  leins  Uonie  n'ë- 
teiulait  pas  sa  domination  plus  loin  que  la  quinzième 
pierre.  »  Et  plus  bas  :  «  On  marquait  alors  les  milles 
avec  des  pierres,  de  même  que  l'on  distingue  aujour- 
d'hui en  plusieurs  pays,  par  des  pierres,  les  limites 
des  champs.  »  Voilà  ce  que  nous  lisons  dans  les  histo- 
riens de  Home  (1).  On  lit  déplus  que  les  tributs  et  les 
autres  exactions  furent  véritablement  créés  et  établis 
pour  la  première  fois  par  le  roi  Servius,  qui  succéda 
à  Tarquin  l'ancien,  comme  nous  le  dirons  plus  bas. 
Ajoutons  que  si  Tarquin  l'ancien  bàtil  Tournai ,  comme 
le  rapporte  l'histoire  de  cette  ville  ,  et  si  le  roi  Servius  , 
qui  succéda  immédiatement  à  Tarquin,  la  détruisit, 
comment  serait-il  possible  que  dans  un  si  court  espace 
de  tems  la  cité  fut  parvenue  à  ce  point  de  grandeur 
décrit  par  la  même  histoire  ?  Il  me  semble  donc 
que  nous  devons  suivre  de  préférence  l'opinion  de 
Hugues;  et  afin  de  mettre  le  lecteur  à  même  de  juger 
avec  plus  de  certitude  de  l'histoire  de  Tournai ,  qui 
paraît  contraire  au  récit  de  cet  écrivain  ,  j'ai  eu  soin 
de  rapporter  ici  tout  ce  que  ,  dans  l'histoire  de  Tour- 
nai, j'ai  trouvé  de  relatif  à  cette  matière. 

(i)  Sans  doute  dans  ÎNIartin  de  Fologue.  jN'otre  auteur  auiait 
p'i  mieux  choisir  ses  autorites.  Il  paraît  au  contraire  certain  par 
le  témoignage  de  Tite-Live,  Jules-Cesar  et  Strabon  (  Voyez  l'ar- 
ticle Sigovèse  dans  la  Biographie  universelle.  )  qu'Amhigal  régnait 
alors  sur  les  Bituriges ,  et  que  Tan  5tiS  avant  notre  ère,  sous  le 
règne  de  Tarquin  l'ancien,  il  envoya  Bellovèse  et  Sigovèse,  fils 
lie  sa  sœur ,  faire  des  conquêtes  ,  le  premier  dans  l'Italie  septen- 
trionale, et  l'autre  dans  la  forêt  Hercinie ,  conse'quemment  dans 
la  Belgique.  Cet  eve'nement  se  rapj)ortc  au  règne  de  Kinmarc  sur 
les  Bretons,  et  h  celui  de  Friscembaldus  II,  sur  les  Belges.  Peut- 
être  les  Bituriges  s'e'taient  rendue  iiuli'poudins  après  la  m<>i  t  d'Ursa, 
qui  se'para  les  Belges  des  Bretons. 


104  A.\i\ALES 


CAPITULUM  XXIX. 


De  fundafione  civitatis  Tornaccnsis. 


Ex  Historid  Toinacensi. 

Qu^  incipit:  Tornacum  itaquc  Galliœ  Belgicœcivi- 
tatem  antiquissimam  esse ,  etc.  Anno  igitur  cxliii  (i) 
à  constitutione  urbis  Romœ ,  et  per  successioncs 
principatuum  eu  administratâ ,  quatuor  regibus , 
Remo  unà  cum  Romulo,  fuudatoribus  suis,  Numâ 
Pompilio,  ïullo  Hostilioue  ,  Aiico  Marcio  ,  ac  dcindè 
régnante  Tarquinio  Prisco,  dccimo  quoque  anno  (2) 
regni  ejus,  Tornacus  civitas  regia  à  Romanis  aedifi- 
cata  est ,  altéra  vero  minor  Roina  vocata  est ,  quâ 
teinpestate ,  Nabuchodonosor,  rex  Chaldœorum ,  Hie- 
rusalem  sanctam  dextruxit.  Hujus  minoris  Romae  ur- 
bis mûri  validi ,  portœ  fortiores ,  palatia  civitatis 
pr.Tcelsa ,  turresquc  suprà  portas  constitutœ  firmiores 
fuerunt;  dignitate  et  omnium  civium,  amœnitatc 
locorum ,  alias  prœccllebat  civitatcs.  Tarquinio  igitur 

(i)  L'an  610  av.  J.-C,  d'après  Eusèbc. 

(3)  En  l'an  608  ,  suivant  Eusèbe.  Cette  date  ne  s'accorde  pas  avec 
la  prcce'dcnU; ,  parce  qu'elle  aura  ctc  puisée  dans  un  historien  <|ui 
place  la  fondation  de  llonic  sous  Tua  75i. 


Di:    HAINAUT.     LIVRE    II.  103 


CHAPITPlE  XXIX. 


Fondation  de  la  ville  de  Tournai. 


Extrait  de  T Histoire  de  Tournai. 

Cette  histoire  dit  en  commençant  que  Tournai  est 
la  plus  ancienne  ville  de  la  Gaule  Belgique,  etc. 
L'an  143  de  la  fondation  de  Rome  et  sous  Tarquin 
l'Ancien ,  cinquième  roi  des  Romains  (  ses  prédéces- 
seurs avaient  été  Rémus  et  Romulus,  qui  régnèrent  en- 
semble ,  et  qui  sont  les  fondateurs  de  la  ville ,  puis 
Numa  Pompilius ,  TuUus  Hostilius  et  Ancus  Marcius  ) , 
la  dixième  année  de  son  règne ,  la  ville  royale  de  Tour- 
nai fut  fondée  par  les  Romains  ,  et  fut  appelée  la  pe- 
tite Rome ,  dans  les  tems  que  Nabucliodonosor ,  roi 
des  Caldéens  ,  détruisait  Jérusalem  la  sainte.  Des 
murailles  épaisses  ,  des  portes  solides ,  des  palais  élevés 
et  des  tours  érigées  sur  les  portes  ,  embellirent  et  for- 
tifièrent cette  R.ome  nouvelle  ,  qui  l'emportait  sur  les 
autres  villes  par  la  noblesse  de  tous  ses  citoyens  ,  et 
parla  beauté  de  sa  position.  Après  la  mort  de  Tarquin 
l'Ancien ,  fondateur  de  la  petite  Rome  ,  le  roi  Servius 
gouverna  la  république.  Ce  fut  sous  son  règne  que  les 
villes  et  les  forteresses  voisines,  que  les  Romains  avaient 
réduites  sous  leur  domination ,  payèrent  à  Rome  des 


loG  ANNALES 

Prisco,  huJLis  luiiioi-ls  KonicB  fundatoro  ,  inlorcniplo, 
Servius  rex  suscepit  impcriuni  ;  quo  régnante,  tri- 
hiita  vicinorum  oppidoruni  aut  civitalum,  quos  Ro- 
mani sua?  subilltlerant  poLestati ,  lloniœ  li-ansmissa 
siint.  Qui ,  ciini  videret  niinoreni  Romani  vicinis 
civitatibus  praecelsiorem ,  super  cxxv  civitates  vel 
oppida  sublimavil;  decerncns  ut  tributa  earum  colli- 
geret  et  majori  Komœ  sua  cuni  illis  transmittoret, 
quod  diebus  nudtis  factum  est.  Sed  senatores  hujus 
minoris  Romae  invalescentes ,  postmodùm  tributa 
Iransferiidistulerunt;  qua  de  causa  Servius  impeiator 
et  Romani  indignati ,  ad  ejus  superbiam  comprimen- 
dam  ,  exercitum  dirigunt  copiosum ,  contra  qucm  ci- 
ves minoris  Romœ  vi  ri  H  ter  decertaverunt;  sed  hostes 
tandem  prœvalentes  muros  destruxerunt,  cosque  ma- 
gna cœdc  dilaceraverunt ,  totamque  civitatem  penc 
inbabitabilem  reddiderunt.  Tandemque  pace  resli- 
tuta  inter  utrosque  cives ,  decreverunt  Romani  ne 
ulteriiis  minor  Roma  vocaretur,  sed  Hostibs,  propter 
nimiam  resistendi  fortitudinem  ;  et  ex  illâ  die  tributa 
iibus  civitatis  Romœ  transmissa  sunt  sicut  priiis.  Non 
longo  post  tempore ,  Servius  rex  interfectus  occubuit. 
Actor.  Patet  multiplex  opinio  fundationis  civitatis 
Tornacensis,  sed  cui  sit  assentiendum  lectoribus  de- 
relinquo.  Lucias.  Tullus  Ilostilio  cum  Romanis  pro- 
posuerunt  Graecos  invadere  ,  eo  quod  Trojam  paren- 
tum  corum  civitatem  destruxerant;  et  quia  imbccilles 
vidcbantur  hœc  exequi ,  Gallias  ad  traclandum  cum 
ipsis,  eo  quod  pari  modo  à  Trojanis  desceiiderant , 
excitari  ad  consimilia  laboravcrunt.  Ex  historiis  Ro- 


DE    IIAIINALT.     LIVRE    II.  IO7 

tributs.  Tarquin,  voyant  que  la  petite  Rome  l'empor- 
tait de  beaucoup  sur  toutes  les  cités  d'alentour  ,  l'éta- 
blit à  la  tcte  décent  vingt-cinq  villes  ou  forteresses ,  en 
ordonnant  qu'elle  recueillerait  leurs  tributs  ,  pour  les 
faire  passer  à  Rome  avec  ceux  qu'elle  payait  elle-même, 
ce  qui  fut  observé  exactement  pendant  long-tems. 
Mais  les  sénateurs  de  la  petite  Rome  ,  étant  devenus 
puissans,  négligèrent  dans  la  suite  d'envoyer  leurs 
tributs:  et  le  roi  Servius  ,  ainsi  que  les  Romains,  en 
étant  indignés  ,  envoyèrent ,  pour  réprimer  leur  or- 
gueil ,  une  armée  nombreuse ,  contre  laquelle  les  ci- 
toyens de  la  petite  Rome  se  défendirent  avec  courage  ; 
mais  enfin  ils  furent  vaincus  ,  et  les  ennemis  renversè- 
rent les  murailles  de  la  place  ,  passèrent  les  habitans  au 
fil  de  l'épée ,  et  rendirent  presque  toute  la  ville  entiè- 
rement inhabitable.  Cependant ,  la  paix  s'étant  réta- 
blie entre  les  deux  nations ,  les  Romains  ôtèrent  son 
nom  à  la  ville ,  et  voulurent  qu'au  lieu  de  la  petite 
Rome  ,  elle  s'appelât  Hostilie  ,  fesant  ainsi  allusion  à  la 
résistance  opiniâtre  qu'elle  avait  opposée.  Depuis  ce  jour 
elle  envoya  comme  auparavant  ses  tributs  à  Rome.  Peu 
de  tems  après  cet  événement ,  le  roi  Servius  fut  tué. 
h'auteiir.  Il  existe  plusieurs  opinions  sur  la  fondation 
de  Tournai,  mais  à  laquelle  donner  la  préférence? 
C'est  au  lecteur  à  en  décider.  Luciiis.  Tullus  Hostilius 
et  les  Romains  résolurent  de  faire  la  guerre  aux  Grecs, 
pour  les  punir  d'avoir  renversé  Troie  ,  la  ville  de 
leurs  pères;  mais,  comme  ils  ne  se  croyaient  pas  assez 
forts  pour  réussir ,  ils  travaillèrent  à  entraîner  dans 
leur  entreprise  les  Gaulois,  qui  descendaient  comme 
eux  des  Troyens.  Extrait  des  histoires  des  Romaitis. 
Le  troisième  roi  de  Rome  fut  Tullus  Hostilius ,  qui 
le  premier  d'entre  les  rois  des  Romains  se  servit  de 


io8  A^^ALEs 

manuriun.  Tertius  Romanorum  rex  regnavit  Tullus 
Hostilio.  Hic  prinius  intcrregos  Romanorum  purpura 
et  fascibus  usus  est.  Qai  post  longam  paccm  hella  rc- 
paravit;  Albanos  ,  Veicntes  ,  Fidenatcs  vlclt.  Adjecto 
monte  Cœlio  ampliavit  urbem  ;  tandem  cum  domo 
sua  fulmine  afflagravit.  Actor.  His  quoque  tempori- 
bus ,  in  Ilierusalem  rcgnabat  rex  Amon ,  Manasse 
filius,  de  quo  habetur  in  chronicis.  Manasse  mortuo, 
Amon  filius  ejus  regnavit  in  Judaeâ ,  anno  aetatis 
quartae  cdxviii,  mundi  vero  iiimcccvii  (i);  et  regna- 
vit, secundùm  opinionem  lxx  interpretum,  annis  xii  ; 
sed  ,  secundùm  Hebr2eos,  tantummodo  regnavit  annis 
duobus.  Materiam  hujus  conlroversiœ  non  declaro, 
brevitatis  causa.  Comestor.  Amon,  rex  Juda,  fecit 
malum  coràm  Domino,  sicut  paler  suus  in  juventute 
sua  fecerat  ;  et  tetenderunt  insidias  servi  sui ,  et  intcr- 
fecerunt  eum  in  domo  sua.  Hclinandus.  Hujus  tem- 
poribus ,  vidclicet  olympiadis  xxxiii  (2) ,  claruit 
Zenon  pliilosopbus ,  de  quo  idem  Hclinandus  et  Ya- 
lerius,  libro  tertio,  multa  proloquitur.  Actor.  His 
temporibus  rcgnabat  in  JudœA  rex  Josias  ,  de  quo  ha- 
betur in  chronicis. 

(1)  L'an  63G  av.  J.-C. 

(2)  La  i"  annce  île  la  33'^  oliinpiailc  rt'poml  à  Tan  0*7  av.  i .-(]., 
sel  n  Eusèbc. 


DE    ÏIAIXATIT.    LIVr.E    II.  1 O9 

ja  pourpre  et  des  faisceaux.  11  recommença  la  guerre 
après  de  longues  années  de  paix ,  et  vainquit  les  Al- 
bains ,  les  Véiens ,  et  les  Fidénates.  Il  agrandit  la 
ville  en  y  ajoutant  le  mont  Célius,  et  finit  par  être  con- 
sumé dans  sa  maison  par  la  foudre,  h'aufeur.  Dans  ce 
tems-là ,  régnait  à  Jérusalem  Amon ,  fils  de  Manassès , 
dont  il  est  fait  mention  dans  les  Chroniques  (1). 
Après  la  mort  de  Manassès  ,  Amon  ,  son  fils ,  régna 
donc  sur  la  Judée  ,  l'an  418  du  quatrième  âge ,  et  du 
monde  3307.  La  durée  de  son  règne  fut  de  douze  ans , 
selon  les  septante;  mais  selon  les  Juifs  elle  ne  fut  que 
de  deux  ans.  Je  ne  discuterai  pas  ce  point  de  chrono- 
logie ,  pour  cause  de  brièveté.  Comeslor.  Amon  ,  roi  de 
Juda  ,  fit  le  mal  en  présence  du  Seigneur ,  ainsi  que 
son  père  l'avait  fait  dans  sa  jeunesse.  Ses  serviteurs 
lui  dressèrent  des  embûches  et  le  tuèrent  dans  son  pa- 
lais. Hélinand.  Vers  cette  époque  j  c'est-à-dire  dans  la 
trente-troisième  olimpiade,  florissait  le  philosophe  Ze- 
non ,  dont  il  est  beaucoup  parlé  dans  ce  mcme  Héli- 
nand, et  dans  le  livre  ni  de  Yalère  Maxime.  \J auteur. 
Ters  le  même  tems  encore ,  régnait  en  Judée  le  roi 
Josias  dont  il  est  fait  mention  dans  les  Chroniques. 

(i)  On  donne  le  nom  de  chroniques  aux  deux  livres  que  nous  ap- 
pelons Paralipomènes,  et  les  Hébreux  Dibrei-IIaïamim  ,  ou  paroles 
des  jours.  Les  Juifs  avaient  plusieurs  autres  chroniques  sur  les- 
quelles on  peut  voir  l'article  Chronique  ,  dans  le  Dictionnaire  de 
la  Bible  par  (Jora  Calmet. 


1  1  0  AISNAI.ES 


CAPITULUM  XXX 

De  regibus  Juda,  Amon  et  Josi;! 


JosiAS  Justus ,  filius  Amon ,  cîim  cssot  annoi'um 
octo,  cœpit  regiiaïc,  jiixtà  Eusebium ,  anno  qiiartœ 
œtatis  ccccxxxi ,  mundi  vero  iiimcccxviii  (i),  et  re- 
gnavit  annis  xxxi,  Eusebius  tamen  ponit  xxxii.  Cu- 
mestor.  Ilic,  in  quarto  anno  rcgni  sui ,  qui  crat  cjus 
aetatis  duodecimus,  ut  dicit  Josephus ,  pietatem  et 
justitiam  mirabilem  in  se  jàm  demonstrabat.  Nàni 
populum  jàm  revocabat  ad  idolatria,  et  opéra  prava 
velut  senior  emendabat.  Porrô,  anno  septimo  rcgni 
sui,  omnem  civitatem  et  provinciam  à  cultu  idolorum 
purgavit ,  ut  nullum  vestigium  idolatriac  supcressct. 
Scrutabatur  etiàm  domos  ne  quis  latenter  remaneret 
suspectum  ;  et  in  unâquacumque  causa  justitiam  co- 
luit,  tanquàm  animœ  suae  medicinam.  Anno  tredo- 
cimo  rcgni  sui ,  exorsus  est  propbetare  Jeremias  in 
terra  Benjamin  ,  tertio  ab  urbc  milliario ,  et  proplie- 
tavit  usquè  ad  cversioncm  urbis  xli  annis.  In  dicbus 
Josiae,  ascendit  Pharao  (2),  rcx  ^Egypti ,  contra  ro- 

(1;  L'an  ^14  3V-  J--t^-7  selon  Fnsèbc. 

(2)  Ce  Pliarann  était.  IMecliao;   dont  le  règne  commença  en  d  j  , 
.1  (Inil  en  GiHj,  suivant  Kiisrbe. 


DE  nATWri.  r.ivp.E  it.  im 


CHAPITRE  XXX, 


Des  rois  Je  JiiJa  ,  Amon  et  Josias. 


Josus-le-Juste  ,  fils  d'A-mon,  commença  à  régner  à 
l'âge  de  huit  ans ,  selon  Eusèbe  ,  et  en  l'an  43 1  du  qua- 
trième âge,  3318  du  monde.  Son  règne  fut  de  trente- 
un  ans,  ou  de  trente-deux  ,  selon  Eusèbe.  Comestor.  Dès 
la  quatrième  année  de  son  règne  ,  qui  était  la  douzième 
de  son  âge,  selon  Joseph,  il  fit  paraître  une  piété 
et  une  justice  admirables.  En  effet ,  il  retirait  déjà  le 
peuple  de  l'idolâtrie,  et  réprimait  le  mal,  comme  l'eût 
fait  un  vieillard.  En  la  septième  année  de  son  règne ,  il 
purgea  la  ville  et  toute  la  province  du  culte  des  idoles, 
à  tel  point  qu'il  ne  resta  plus  une  seule  trace  d'idolâ- 
trie. Il  fit  aussi  visiter  les  maisons  dans  la  crainte  qu'il 
ne  s'y  cachât  quelque  personne  suspecte.  Enfin ,  dans 
toutes  les  occasions  il  pratiqua  la  justice,  qu'il  regar- 
dait comme  la  médecine  de  son  arae.  En  la  treizième 
année  de  son  règne  ,  Jérémie  commença  à  prophétiser 
dans  la  terre  de  Benjamin  ,  à  trois  milles  de  la  ville,  et 
continua  ses  prophéties  pendant  quarante-un  ans  ,  jus- 
qu'à la  destruction  de  la  ville.  Du  tems  de  Josias ,  Pha- 
raon ,  roi  d'Egipte ,  marcha  contre  le  roi  des  Assiriens, 
Il  le  croyait  hors  d'état  de  se  défendre ,  parce  que  les 
Mèdes  et  les  Babiloniens  s'étaient  séparés  de  son  cm- 


l  1  2  ANNALES 

gem  Assyriorum.  Audierant  eiim  debilitatum  ,  quia 
Medlct  Babylonll  à  monarchiâ  ojus  rcccsscrant.  Primo 
autem  aggrcssus  crat  regem  Adremon ,  qui  tune  re- 
gnabat  in  Carcanis  (i);  descendit  igitur  Josias  in 
occursum  ejus  ,  probibens  ne  transitum  faceret  per 
Judaeam.  Et  misit  Pbarao  ad  Josiam ,  dicens  :  «  Quid 
milii  et  tibi ,  rex  Jiida?  Non  advcrsùm  te  venio.  Misit 
me  Dominus  ad  Mcdos.  »  Et  non  acquievit  Josias,  scd 
cum  rege  Adremon  componebat  acies ,  ut  dimicarent 
adversîis  Pbaraonem,  Et  forte  dùm  transirct  à  curru 
in  currum  qui  sequcbatur  eum  ,  moi'e  regio  ,  occisus 
est  à  sagittariis  in  campis  Macedon.  Et  plan\it  cum 
inconsolabiHter  Adremon  rex  cum  exercitu  suo.  Tra- 
ditur  autem  quod  juxtà  fontem  et  arborem  occisus 
est,  qui  statim  arucrunt.  Et  planxit  eum  uni  versus 
Juda  et  Jérusalem  ,  et  maxime  Jeremias,  qui  super 
eum  exequias  scripsit  tbrenos  lamentabiles  ,  quibus 
utebantur  cantores  et  cantatrices.  Martinus.  Quar- 
tus  Romanorum  rex  fuit  Ancus  Marc i us ,  tempore 
Josiœ  in  Judœâ.  Ilic  suprà  mare ,  sexto  et  decimo  mil- 
liario  ab  urbe  Româ  Hostiam  civitatem  condidit,  et 
regnavit  annis  xxiii.  Hic  pontem  trans  Tiberim  inter 
montem  Aventinuni  et  Janicukun  fecit.  Ex  C/ironicis. 
Eo  tempore  claruit  'Tbalcs  Milcsius,  Examii  fdius, 
primus  pbysicus  pliilosopbus,  qucm  usquè  ad  Lvir 
olympiadem  vixisse  ferunt  {'i).  Actor.  Josias  moriens 

(i)  "Ville  situde  sur  rEuphratc. 

(2)  ïhalès  ,  né  l'an  669  av.  notre  crc  ,  mourut  l'an  548,  dans  la 
cinquantc-liuiticnjc  olimpiade,  suivant  Dingincs  Lacrce.  Il  nVtait 
pas  né  à  Milet ,  mais  en  Phciiicie.  Il  vint  à  Milet  à  rilge  de  52  ans, 
et  y  reçut  le  droit  de  bonrj^eoiMe.  Voyez  son  arliclc  dans  la  Bio- 
ijfnj'hic  universelle .  . 


DE    IIAINAUT.    LIVRE    II.  1  1  ?> 

pire.  Mais  il  attaqua  d'abord  le  roi  Adrémon,  qui  ro- 
gnait alors  à  Carclicmis  :  c'est  pourquoi  Josias  s'avança 
à  sa  rencontre,  pour  l'empêcher  de  passer  par  la  Ju- 
dée. Pharaon  envoya  alors  demander  à  Josias  quel 
sujet  de  guerre  était  entre  eux ,  et  lui  fît  dire  qu'il 
n'était  pas  venu  contre  lui ,  mais  que  le  Seigneur  l'a- 
vait envoyé  contre  les  Modes.  Josias ,  sans  tenir  compte 
de  ces  paroles ,  unit  son  armée  à  celle  du  roi  Adré- 
mon pour  combattre  Pharaon.  Mais  tandis  que  le  roi 
de  Juda  passait  d'un  char  dans  un  autre  qui  suivait , 
ainsi  que  c'est  d'usage  pour  le  roi ,  il  fut  tué  par  des 
archers  dans  les  champs  de  Maggédo.  Adrémon  et  toute 
son  armée  pleurèrent  sa  perte.  On  raconte  qu'une  fon- 
taine et  un  arbre ,  auprès  desquels  il  fut  tué ,  furent 
aussitôt  desséchés.  Tout  Juda  ,  Jérusalem  et  principa- 
lement Jérémie,  se  montrèrent  inconsolables  de  sa 
mort.  Celui-ci  composa  sur  ses  obsèques  des  lamenta- 
dons  qui  furent  chantées  par  les  hommes  et  les  femmes. 
Martin  de  Pologne.  Le  quatrième  roi  de  Rome  fut 
Ancus  Marcius  ,  qui  régnait  du  tems  de  Josias ,  roi  do 
Juda.  Il  fonda  sur  le  bord  de  la  mer  ,  à  seize  mil! es 
de  Rome ,  la  ville  d'Ostie ,  et  régna  vingt-trois  ans.  Il 
fit  aussi  constf  uire  un  pont  sur  le  Tibre  ,  entre  le  mont 
Aventin  et  le  mont  Janicule.  Extrait  des  Chroniques. 
En  ce  tems-là ,  florissait  Thaïes  de  Milet ,  fils  d'Examius, 
et  le  premier  phisicien  philosophe.  On  dit  qu'il  vécut 
jusqu'à  la  cinquante-septième  olimpiade.  L'auteur.  Jo- 
sias ,  en  mourant ,  laissa  trois  fils  ,  Eliakim  ou  Jécho- 
nias ,  qui  était  l'ahié ,  Joachas  ou  Sellum,  qui  venait 
ensuite ,  et  Mathanias  ,  qui  était  le  plus  jeune.  Joachas 
fut  le  premier  des  trois  élu  roi  par  le  peuple  ,  mais  au 
bout  de  trois  mois  il  fut  chassé  du  trône  par  le  roi 
d'Egipte;  ce  prince  mit  à  sa  place  Eliakim,  qu'il  rendit 
II.  8 


Il4  ANNALES 

très  filios  nllquit,  Heliachim  qui  et  Jechonias  primo 
genituin ,  et  médium  Joachas  qui  et  Selluin ,  Matha- 
niam  vero  tcrtium.  Ilorum  primas  Joachas  in  regnum 
h  populo  constituitur,  sed  per  très  mcnses  à  regc 
zEgypti  amovetur;  et  Pfeliachim  ,  pro  eo  substitutus, 
ejusdem  tributariusefficitur,  mutatoque  nomine,  Joa- 
chim  vocatur.  Mvrtinus.  AncoMarcio,regcRoniaiio- 
rum  ,  mortuo,  Tarquinius  Priscus,  Romanorum  rex, 
quintus  rcgnavit  ;  qui  Capitolium  instruxit  et  Jovi 
dedicavit ,  temporibus  Joachim  ,  régis  Judae ,  et  re- 
cnavit  XXXVII  annis.  Hic  circum  ad  ludos  Romœ  œdi- 
ficavit,  muros  et  cloacas  quœ  aquam  et  kitum  urbis 
deferi'cnt  in  Tiberim  construxit.  Capitobum  fabricarc 
incepit,  et  dictuni  est  Capitobum  ,  ([uia  ,  cùm  funda- 
menta  foderentur,  inventum  fuit  caput  hominis  sine 
corpore. 


CAPITULUM  XXXI. 

De  rriscembaldo  ,  rege  Belgoriim. 


ACTOR. 


A  tempore  secundi  Friscenibaldi ,  Belgorum  régis  , 
olympiade  xxvi   (i)  currente,  temporibus  videlicet 

(i)  La  i"  année  de  la  i"  olimpiacle  correspond,  dans  Eus«'î)e , 
avec  l'an  776  av.  J.  C;  et  la  1"  année  de  la  2G*  olimpiadc  avec 
Tan  G-'C).  C'était  la  38'  de  Kiutia  selon  Euscbc. 


DE    HAIXAUT.    LIVRE    II.  1  1  5 

son  tributaire ,  et  dont  il  changea  le  nom  en  celui  de 
.loachim.  Martin  de  Pologne.  Après  la  mort  d'Ancus 
Marcius ,  roi  des  Romains ,  Tarquin-l' Ancien  fut  le  cin- 
quième roi  de  Rome.  Il  fît  bâtir  le  Capitole  ,  et  le  dédia 
à  Jupiter ,  dans  le  tems  que  Joachim  était  roi  de  .Juda , 
et  régna  trente-sept  ans.  Il  construisit  à  Rome  un 
cirque  pour  les  j<ux  ,  et  des  aqueducs  pour  conduire 
dans  le  Tibre  les  eaux  et  les  immondices  de  la  ville.  Il 
jeta  les  fondemens  du  Capitole ,  que  l'on  appela  ainsi 
parce  qu'en  creusant  les  fondations  on  trouva  une 
tète  d'homme  sans  corps. 


CHAPITRE  XXXL 

De  Friscembaldus ,  roi  des  Belges. 


L  AUTEUR. 


Depuis  le  tems  du  second  Friscembaldus,  qui  était  roi 
des  Belges,  en  l'olimpiade  xxvi,  c'est-à-dire  sous  les 
règnes  de  Numa  Pompilius ,  roi  des  Romains ,  et  de 
Manassès,  roi  de  Juda,  jusqu'au  tems  de  Léopardinus 


11 6  ANNALES 

Numae  Pompilionis,  ivgis  Romanorum,  et  Manasse, 
rogis  Judae,  usqiiè  ad  tempora  Leopardini ,  qui  in 
Relgis  rcgnabat  rcx,  olympiade  xLvni  (i),  temporibus 
Servi! ,  régis  Uomanoruin  ,  et  Sedeciœ,  régis  Judîc, 
non  repcri  factum  aliquod  notabile,  relatione  digniim, 
in  historiis  Belgorum  ,  licèt  in  spatio  dicto  quinque 
reges  illùc  extiteriint  successive ,  videlicet  Warige- 
nis ,  filius  Friscenibaldi ,  Leonius  ,  Warigeri  filius , 
I^eopardus ,  frater  Leonii ,  Leopardus ,  filius  Leo- 
pardi,et  Leopardinus,  filius  Leopardi,  qui  regnabant 
in  Belgi ,  temporibus  Servii,  régis  Romanorum,  proùt 
apparebit  inferiiis  suo  ioco.  Horum  temporibus,  re- 
gnum  belgensc  totum  in  se  et  in  suis  partibus  tan  ta 
pace  et  prosperitate  fruebatur,  ut  non  esset  qui  au- 
deret  ipsum  suscitare.  Actor.  Joachim  (a)  in  Judœa 
cœpit  regnare  anno  quartœ  œtatis  cccclxii  ,  mundi 
vero  iiiMCCCL  (3),  et  regnavit  annis  xi.  Ab  hoc  Urias 
proplieta ,  ciim  eum  redarguisset  turpiter,  interfectus 
est.  Jeremias  quoque ,  destructionem  urbis  et  templi 
prophetans  ,  incarceratus  est ,  ne  publicc  pr.Tdicaret. 
Anno  Joachim  iv,  Nabuchodonosor  in  Babylone  re- 
gnare cœpit.  Qui,  victo  rege  iEgypti,  cuncta  quaî 
illius  fuerant  à  rivo  vEgypti  usquè  ad  Euphratem  tu- 
lit;  Euphratcm  vero  transiens,  omnem  Syriam  usquè 
ad  Pelusium ,  pnTtcr  Judœam ,  cepit.  Dcniquè  ,  anno 

(i)  La  fin  de  ToliiTipiadc  48  commence  Tan  584  avant  notre  ère  , 
et  Serviiis  ne  monta  sur  le  trône  que  l'an  58o  selon  Eusèbo. 

(2)  Nommd  anssi  Eliakim. 

(3)  L'an  (ji3  av.  J.  C.  ,  suivant  les  tables  d'Euscbe  ,  et  suivant 
Tautenr  qui  compte  3962  ans  de  la  création  du  monde  à  la  1"  année 
<lc  notre  ère. 


DE    nAIXAlT.     LIVRE     II.  11- 

qui  régnait  à  Belgis  vers  l'olimpiade  xlviii  ,  el  à  l'épo- 
que où  Servius  régnait  sur  les  Piomains,  el  Sédécias 
sur  Juda  ,  je  n'ai  trouvé  aucun  fait  remarquable  et 
digne  d'être  rapporté  dans  l'histoire  des  Belges;  quoi- 
que dans  cet  intervalle  de  tems  on  compte  cinq  rois 
qui  se  succédèrent  sans  interruption  dans  ce  royaume; 
savoir,  Wariger  fds  de  Friscembaldus  ,  Léonius  fils  de 
Wariger,  Léopard  frère  de  Léonius,  Léopard  II  fils 
de  Léopard  ^f ,  et  Léopardinus  fils  de  Léopard  II. 
Tous  ces  princes  régnèrent  à  Belgis  du  tems  de  Servius, 
roi  des  Romains ,  comme  nous  le  dirons  plus  bas  et  en 
son  lieu.  Sous  les  règnes  de  ces  princes ,  tout  le  royaume 
des  Belges  jouit  d'une  paix  si  profonde  et  d'ime  si  grande 
prospérité  ,  qu'aucun  ennemi  n'osa  venir  l'attaquer. 
Y.' Auteur,  Joachim  commença  à  régner  en  Judée  l'an 
462  du  quatrième  âge,  et  du  monde  3350,  et  son  règne 
dura  onze  années.  Ce  fut  par  lui  que  le  prophète 
Urie,  qui  l'avait  fortement  réprimandé,  fut  mis  à 
mort;  et  Jérémie  ,  qui  prophétisait  la  ruine  de  la  ville 
et  du  temple,  fut  jeté  dans  une  prison  pour  l'empêcher 
de  prêcher  en  public.  En  la  quatrième  année  du  règne 
de  Joachim  ,  Nabuchodonosor  commença  à  régner  à 
Babilone.  Il  vainquit  le  roi  d'Egipte,  et  lui  enleva 
tout  ce  qu'il  possédait  depuis  le  Nil  jusqu'à  l'Euphrate; 
puis  il  passa  ce  dernier  fleuve,  et  s'empara  de  toute  la 
Sirie  jusqu'à  la  ville  de  Péluse  ,  à  l'exception  de  Jéru- 
salem qui  fut  épargnée.  Enfin ,  en  la  huitième  année 
de  Joachim  ,  Nabuchodonosor  monta  à  Jérusalem ,  prit 
Joachim,  et  le  fit  enchaîner  pour  le  conduire  à  Babi- 
lone avec  les  personnages  les  plus  remarquables  de 
la  Judée  ;  mais  il  lui  imposa  un  tribut  en  chemin 
et  le  renvoya  à  Jérusalem.  Il  retint  les  otages  qui 
étaient  du  sang  ro\al,  et  au  nombre  desquels  ^c  troii- 


n8  ANNALES 

vm  Joacliim,  asccndit  Nabuchodonosor  Jcrusalom, 
captumquo  Joachim  et  ligatum  trahebat  secum,  et 
ciim  eo  nobiles  viros  de  Jiidω  in  Babylonem  ;  In  iti- 
iicrc  vcro  imposuit  ei  tributuni ,  et  remisit  in  Jérusa- 
lem. Sed  obsides  de  semine  regio  Danielem  scilicet 
et  très  pueros  (i)  secum  traxit  ;  et  Joachim  tribus 
annis  sibi  servivit.  Sed  posteà  cùm  negavit  tributum 
quod  e  promiserat,  Nabuchodonosor  veniens ,  eum 
occidit  et  in  sepulcrum  objecit ,  ac  Joachim ,  Jecho- 
niam  {îHum  ejus  equivocum  scihcet  patris  regem 
tf  j)nstituit.  Et  post  très  menscs ,  timens  ne  ille  patcrnœ 
.njuriœ  memor,  vEgyptiis  adhœreret,  et  contra  eum 
pugnaret,  rcdiens  Jérusalem  obsedit,  ipsumque  eum 
matre  suâ  et  familiâ,  de  consilio  Jeremiae,  se  tradente, 
suscepit,  et  eos  in  Babylonem  transtulit,  principes 
quoque  eum  aliis  plurimis ,  inter  quos  erat  Mardo- 
cheus  et  Ezechiel  adhiic  juvenis.  Constituit  autem 
regem  patruum  Joachim ,  Mathaniam ,  accepte  jura- 
mento  quôd  serviret  ei  sub  tributo  ;  mutatoque  no- 
mine,  vocavit  eum  Sedechiam. 

(i)  Ces  trois  cnfans  du  sang  royal  étaient  Ananias ,   Azarias  et 
Misacl. 


DE    IIAINALT.     LIVRE    II.  1  19 

vaicnt  Daniel ,  et  trois  autres  enfans.  Joachiiu  paya 
pendant  trois  années  le  tribut  qui  lui  avait  été  im- 
posé ;  mais  ensuite  l'ayant  refusé  ,  Nabuchodonosor 
vint,  le  tua,  et  le  plaça  dans  un  tombeau.  Puis  il 
mit  sur  le  trône  Jéchonias ,  qui  était  fils  de  Joachim  , 
et  qui  porta  le  même  nom  que  son  père.  Mais  trois 
mois  après ,  craignant  que  celui-ci ,  se  souvenant  de 
l'injure  faite  à  son  père,  ne  prît  le  parti  des  Egip- 
liens ,  et  ne  combattît  contre  lui ,  il  revint  mettre  le 
siège  devant  Jérusalem.  Alors  Jéchonias ,  d'après  le 
conseil  de  Jérémie  ,  se  rend  avec  sa  mère  et  toute  sa 
famille  à  Nabuchodonosor ,  qui  les  emmène  à  Babi- 
lone ,  ainsi  que  les  princes  et  plusieurs  autres  person- 
nages ,  au  nombre  desquels  étaient  Mardochée  et  Ezé- 
chiel  encore  jeune.  Nabuchodonosor  établit  Mathanias, 
oncle  paternel  de  Joachim ,  roi  de  Judée ,  après  avoir 
reçu  de  lui  le  serment  qu'il  le  servirait  et  qu'il  lui  paie- 
rait tribut;  il  changea  ensuite  son  nom  de  Mathanias 
en  celui  de  Sédécias. 


120  ANNALES 


CAPITULUM   XXXII. 

De  Servio,  icgc  Romanorum. 


MARTINUS. 


MoRTUO  Tarquiiiio  Prisco,  (i)  rcgc  Romanorum  , 
successit  in  regno  Servius  Tullius  Sextus ,  rex  Roma- 
norum ,  tempore  Sedechiœ ,  régis  Judœ.  Tlic  fossas 
circà  muros  romanos  duxit.  Item  ordinavit  primus 
ut  census ,  tributa  et  vectigalia  tollerentur,  de  quibus 
ante  hoc  ignorabatur.  Tandem  occisus  est  à  Tarquinio 
Superbo  (2).  Hoc  tempore ,  excidium  Judœorum  fac- 
tum  est ,  per  Nabuchodonosor,  regem  Chald;eorum  , 
tempore  Sedechiœ ,  régis  Judae.  Hugo  Tullensis. 
Occiso  Tarquinio  Prisco,  Romanorum  rege ,  Servius, 
sextus  rex  Romanorum ,  concorditer  à  Romanis  eli- 
gitur.  Hic  primus  ordinavit  ut  census  et  tributa , 
exactiones  et  vcctigaHa  tollerentur.  Ratione  cujus  , 
populus  ferociter  insurrexit  conlrà  cujn,  circà  olym- 
piadem  l  (3).  Videns  autem  Servius  rex  populi  rc- 

(i)  Tarqiiin  rAiifion  mourut,  suivant  Eusèbe,  l'an  58i  avaul 
notre  ère  ,  et  Pan  SyS,  suivant  l'Art  de  veritier  les  dates. 

(2)  En  l'an  647  ,  suivant  Eusèbe,  et  en  l'an  534,  suivant  l'Art 
de  ve'rifier  les  dates. 

(5)  La  i'"  année  de  la  5o'  oliinpiadc  repond ,  dans  Eusèbe ,  à  l'an 
58o  av.  J.  C.  C'est  aussi,  dans  Eusèbe,  la  i""  année  de  ijcrvius. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    H.  121 


CHAPITRE  XXXII. 


De  Servius,  roi  des  Romains, 


MARTIN  DE  POLOGNE. 


Après  la  mort  de  Tarquin  l'Ancien,  roi  des  Romains^ 
Servius  Tullius  ,  sixième  roi  de  Rome ,  lui  succéda  au 
tems  de  Sédécias,  roi  de  Juda.  Il  fit  creuser  des  fossés 
autour  des  murs  de  la  ville.  Il  fut  le  premier  qui  leva 
des  cens,  des  tributs  et  des  impôts,  dont  on  n'avait 
jamais  entendu  parler  auparavant ,  et  fut  tué  par  Tar- 
quin le  Superbe.  En  ce  tems-là  arriva  la  ruine  des 
Juifs  ,  par  Nabuchodonosor ,  roi  des  Caldéens  ,  lors- 
que Sédécias  était  roi  de  Juda.  Hugues  de  Toul.  Tar- 
quin l'Ancien ,  roi  des  Romains,  ayant  été  tué ,  Servius 
Tullius  fut  élu  unanimement  par  le  peuple  pour  sixième 
roi  de  Rome.  Il  créa  le  premier  les  cens,  les  tributs, 
les  exactions  et  les  impots ,  ce  qui  fit  révolter  le  peuple 
contre  lui,  vers  la  cinquantième  olimpiade.  Le  roi 
Servius  voyant  cette  révolte ,  et  sentant  bien  qu'il  ne 
pouvait  seul  triompher  des  rebelles  ,  se  prépara  à  faire 
alliance  avec  les  étrangers  ,  afin  de  forcer  les  Romains 
à  rentrer  dans  le  devoir. 


122  ANNALES 

belliolieiii,  et  quôd  oos  supcrare  non  possct,  clisposuit 
ciim  exteris  inire  fœdcra ,  ad  finem  ut  Romanos  sll)i 
rebellantes  edomare  valcrct. 


CAPITULUM  XXXIII. 


Qiiùil  Scrvius,  rex  Romanorum  ,   ciim  extraneis  fœtlcra   iuit,    .td 
fînem  ut  Romanos  faciliùs  edomet. 


LUCIUS    ET    HUGO. 

Igitur  Servius ,  rex  Romanorum  ,  sibi  rebellantes 
Romanos  edomare  eupiens,  olympiadis  lii[  (i)  anno 
secundo ,  Pannoniam  cum  pluribus  sibi  favorabilibus 
Romanis  subintrans ,  gentem  copiosam  ibidem  colli- 
gens  usquè  ad  Mœotidas  paludes  solum  penetravit , 
illùccjue  gentem  efferam  reperiens ,  Hunnos  videlicet , 
qui,  per  multa  tempora,  antequàm  Pannoniam  inva- 
derent ,  morabantur.  Servius  ,  rex  borum ,  magnam 
partem  ad  sua  vota  perlraxit,  et  cum  Cambro,  eorum 
duce ,  secum  deducens  Histrios  ,  Antenoridcs ,  Sicam- 
bros ,  Caprimontenses  (2)  ,  Durbianos ,  deindè  Ger- 
manos  pcrhistrans  ,  innumerabilcm  populum  con- 
gregans ,  Sucviam  ,  Saxoniam  ,  Daciam  ,  multasque 

(i)  L'an  567  av.  J.  C,  suivant  Eiisrbe. 

(2)  Les  habitans  do  (^hcvrcmont  vl  ceux  de  Duihut.  Les  Anlc- 
norides  sont  ceux  d'Ath ,  on  poul  elir  les  Tranes ,  que  l'on  fait 
ilr^rpudre  d'Anl('noi-. 


DE    UAINAUT.     LIVRE    II.  \  2Ô 


CHAPITRE  XXXIII, 


Servius,  roi  des  Romains,   fait  alliance    avec  les  étrangers  poui 
dompter  plus  facilement  les  Romains  révoltes. 


LUCIUS  ET   HUGUES. 


Servius  ,  roi  des  Romains  ,  voulant  dompter  ses  su- 
jets rebelles,  entra,  la  seconde  année  de  la  cinquante- 
troisième  olimpiade  ,  dans  la  Pannonie  ,  avec  plusieurs 
Romains  qui  tenaient  son  parti,  y  rassembla  une  grande 
armée,  pénétra  jusqu'aux  Palus  Méotides ,  et  trouva 
dans  cette  dernière  contrée  la  nation  féroce  des  Huns  , 
qui  l'habitaient  long-tems  avant  que  Servius  ne  fiil 
entré  dans  la  Pannonie.  Servius  attira  la  plus  grande 
partie  d'entre  eux  sous  ses  étendards  ,  et  emmenant 
avec  lui  Camber ,  leur  duc,  et  les  peuples  de  l'Istrie , 
les  Anténorides ,  les  Sicambres ,  les  Chèvremontains  , 
les  Durbians  ;  parcourant  ensuite  la  Germanie  ,  et  ras- 
semblant une  armée  innombrable  ,  il  envahit  et  ra- 
vage la  Suève,  la  Saxe ,  la  Dacie,  et  une  foule  d'autres 
états, et  arrive  enfin  sur  le  fleuve  du  Rhin.  Son  armée ^ 
comme  une  horrible  tempête ,  renversait  les  villes  et 
les  forteresses  sur  son  passage. 


./; 


12£^  ANNALKS 

nationcs  alias  ciim  cisrlcin  invadeiis  et  clevastans,  flii- 
vium  Rheul  fmalitcr  petioruiit.  Civitatos  et  opplda 
undiquè  velut  liorrenda  tempestas  solo  coaequabant. 


CAPITULUM  XXXIV, 

De  Leopardino  ,  regc  Bclgonim. 


Leopardinus  autcm ,  Belgorum  rex ,  audiens  regni 
sui  debacehationem ,  duces  civitatum  ac  natu  majores 
sul  regni  congr;>gans,  proposuit  quid  esset  acturus 
in  tàm  arduo  facto,  aut  proprias  tucri  civitates,  aut 
in  transita  fluvii  Rheni  adversarios  obviare.  Tandem 
decrevcrunt  medietatem  omnium  civitatum  regni  ad 
fluvium  Rhcui  accessuram  contra  adversarios ,  aliam 
vero  medietatem  pro  tuitione  regni  in  propriis  rema- 
nere  territoriis.  Quibus  congrcgatis,  Leopardinus  tan- 
tam  videns  multitudinem  ,  expavcscens  ,  divisit  sic 
gentem  suam.  Timens  ne  tanta  multitude  confusio- 
nem  causarct,  ut  sexcenta  millia  ad  fluvium  Rheni 
secum  progrederentur;  residui  vero  ad  fluvium  ^losœ 
conservandum  remanerent.  Quod  et  factum  est.  Tune 
Leopardinus  rex  cum  suis  versîis  Agrippinam  progrc- 
diens,  reperit  jàm  Tlunnos  et  Pannouios  duos  pontes 
in  diversis  partibus  Rheni  construxisse ,  et  populum 
innumcrabilem  transmeasse.  Hoc  pcrpcndens  dispo- 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  1  2'J 


CHAPITRE  XXXIV. 

De  Léopardiuus,  roi  des  Belges, 


LÉopARDiNus,  roi  des  Belges ,  ayant  appris  les  ravages 
qui  étaient  exercés  dans  son  royaume,  rassembla  les 
ducs  des  cités  et  les  plus  anciens  de  ses  états ,  et  leur 
demanda  ce  qu'il  y  avait  à  faire  dans  des  conjonctures 
aussi  délicates  ;  si  l'on  devait  s'en  tenir  à  la  dé- 
fense des  villes ,  ou  passer  le  l\hin  pour  marcher  à  la 
rencontre  de  l'ennemi.  Il  fut  résolu  que  la  moitié 
de  tous  les  citoyens  s'avancerait  vers  le  Rhin  contre 
les  ennemis ,  et  que  l'autre  moitié  resterait  dans  ses 
propres  territoires  pour  la  défense  du  royaume.  Léo- 
pardinus  ,  après  avoir  assemblé  tous  ses  soldats  ,  fut 
dans  l'étonnement  de  les  voir  si  nombreux  ;  il  les 
divisa  de  cette  manière ,  de  peur  qu'une  si  grande 
multitude  ne  causât  de  la  confusion.  Il  ordonna  que 
six  cent  mille  hommes  s'avanceraient  avec  lui  vers 
les  bords  du  Pihin ,  tandis  que  le  surplus  resterait  pour 
défendre  la  Meuse  ;  ce  qui  fut  exécuté.  Alors  le  roi 
Léopardinus  s'étant  avancé  avec  les  siens  vers  Agrip- 
pine,  rencontra  les  Huns  et  lesPannoniens,  qui  avaient 


1 26  ANNALES 

suit  ipsos  Invaclcre.  Jàm  ducenta  mlUia  Rhcnum 
transierant.  Ex  utrâque  parte  acicbus  dispositis,  se 
mutuo  aggressi  sunt  ;  sed  post  multas  ac  diversas  stra- 
ges  hinc  indè  exécutas ,  Leopardino ,  rcge  Lclgorum 
interempto ,  Belgi  succubuerunt ,  paucis  evadcntibus, 
quorum  aliqui  vcrsîis  Agrippinam,  aliqui  versus  Tun- 
grim  ,  rellqui  qui  potuerunt  Treverim  mœsti  confuge- 
runt.  Ormestâ  gravi  sic  terminatâ ,  caeteri  Belgi  cum 
fillo  régis  ad  littus  Mosellœ  atque  Mosœ  se  fortiùs  ap- 
plicantes,  decreverunt  littora  atque  civitates  et  oppida 
tutiiis  ac  cautiîis  defcndenda  disponere.  Undè  et  re- 
gnum  totum  timere  cœpit.  Intereà  Servius  rex  cum 
Cambro ,  duce  Hunnorum ,  Agrippinam  invadentes  et 
obtinentes, Treverim  etiàm  diruerunt,  et  incolis  captis, 
omnes  à  viginti  annis  et  suprà  usque  ad  xl  annum  secum 
deduxerunt.  Nec  remansit  civitas  aut  oppidum  inter 
Rhenum , Mosam  aut Mosellam ,  quin  suis  subjicerunt 
dominiis.  Tandem  ad  fluvium  Mosae  pervenientes , 
remotè  à  locis  ubi  transmeare  dccreverant ,  signa 
transeundi  facientes ,  Belgi  suas  acies  diviserunt.  Ser- 
vius rex  cum  Cambro ,  Clondrone  atque  Vermendiono 
ducibus,  cum  multis  in  loco  qui  nunc  dicitur  Trajec- 
tum  ,  ab  illo  transitu  nomen  suscipiens ,  trans  Mosam 
transiverunt  ;  reliqui  dictum  fluvium  per  nemora  in 
vadis  plurimis  turmatim  sine  periculis  transvadentcs. 
Erant  siquidem  Belgi  aut  ipsorum  pars  major  con- 
gregata  in  loco  qui  nunc  dicitur  Antevisetum,  inter 
Lcgiam  etTrajectum;  expectantes  Hunnorum  transi- 
tum  ;  qui  delusi  obstupucrunt.  Qui  tamen  versus 
Tungrim  se  recolligentes  nubeni  illam  pestiferam  ad 


DE    ilAINAUT.     LIVRE    II.  12" 

déjà  jeté  deux  ponts  sur  le  Rhin ,  et  fait  passer  des 
troupes  innombrables.  Dans  cette  circonstance  ,  il  ré- 
solut de  les  attaquer.  Deux  cent  mille  hommes  avaient 
déjà  franchi  le  fleuve.  Les  deux  armées  s'étant  rangées 
en  bataille,  s'attaquèrent  mutuellement;  mais  après 
différentes  pertes  essuyées  par  les  deux  partis ,  Léopar- 
dinus,  roi  des  Belges ,  ayant  été  tué  ,  ses  troupes  furent 
vaincues  ;  un  petit  nombre  de  ses  soldats  échappèrent 
par  la  fuite,  et  se  retirèrent  les  uns  vers  Agrippine, 
d'autres  vers  Tongres  ,  et  le  reste  se  réfugia  tristement 
à  Trêves.  Après  cette  sanglante  bataille ,  les  autres 
Belges ,  conduits  par  le  fils  du  roi ,  se  fortifiant  sur  les 
bords  de  la  Moselle  et  de  la  Meuse ,  prennent  la  résolu- 
tion de  mettre  en  état  de  défense  les  rivières  ,  les  villes 
et  les  places  fortes  :  ce  qui  commença  à  inspirer  des 
craintes  à  tout  le  royaume.  Cependant  le  roi  Servius 
accompagné  de  Camber ,  duc  des  Huns  ,  met  le  siège 
devant  Agrippine  ,  et  s'en  empare  ;  puis  ils  détruisent 
ensemble  la  ville  de  Trêves,  en  font  prisonniers  les  ha- 
bitans,  et  emmènent  tous  ceux  qui  avaient  plus  de  vingt 
ans  et  moins  de  quarante.  Toutes  les  villes  et  les  places 
fortes  situées  entre  le  Rhin ,  la  Meuse  et  la  Moselle , 
furent  soumises  à  leur  domination.  Enfin ,  lorsqu'ils 
furent  arrivés  sur  les  bords  de  la  Meuse ,  loin  de  l'en- 
droit où  ils  avaient  résolu  de  la  passer ,  ils  firent  sem- 
blant de  vouloir  exécuter  ce  passage  ;  et  les  Belges 
divisèrent  leur  armée  en  deux  corps.  Le  roi  Servius, 
ainsi  que  les  ducs  Camber  ,  Condron  ,  Vermendion , 
et  une  foule  de  guerriers ,  passèrent  la  Meuse  dans  un 
endroit  qui  se  nomme  aujourd'hui  Trajcclum  (  Maes- 
tricht  ) ,  nom  qui  lui  a  été  donné  à  cause  de  ce  passage 
qui  y  fut  effectué;  les  autres  troupes  passèrent  cette 
rivière  à  gué  dans  les  bois  et  sans  aucun  danger.  Les 


128  ANNALES 

pugnandum  per  sex  clies  continuos  se  disponentes  , 
fiualiter  corruerunt ,  paucis  evadentibus  quorum  ali- 
quiTungrim,  reliqui  ad  proprias  civitatcs  confugcrunt. 
In  crastinum  Tungrim  insidione  vallaverunt,  quam 
finaliter  obtlnentes  et  spoliantes,  aptos  ad  bellum 
quorum  non  tetigerat  gladius  secum  perducentes , 
residuum  patriœ  illius  faciliter  subjecerunt  ;  abliinc 
Rhetiam  sub  intrantes  totam  totaliter  usque  ad  Ocea- 
num  subdiderunt. 


CAPITULUM  XXXV. 


De  primariâ  fundationc  multariim  civitatiim  ad  rcgnum  Belgoriira 
pertinentiuin. 


ACTOR. 


Hi ,  proîit  refert  Lucius  ,  plures  condiderunt  ci  vi- 
tales et  oppida,  ut  Numciam  (i),  Ncomagum,  Jupi- 

(i)  Le  manuscrit  de  S.Germ.  dit  JYlnneiani.  C^csl  sans  doute  la 
ville  (le  Ninovc  sur  la  Dcnrc,  pallie  de  Jean  Dcspautère. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  1 29 

Belges ,  ou  du  moins  la  plus  grande  partie  de  leur 
armée,  étaient  rassemblés  dans  un  lieu  situé  entre 
Liège  et  Maestricht ,  et  nommé  TAntiviset ,  ils  atten- 
daient le  passage  des  Huns  qui  étaient  déjà  de  l'autre 
côté  delà  rivière.  Lorsqu'ils  reconnurent  qu'ils  avaient 
été  trompés  par  leurs  manœuvres ,  ils  restèrent  stu- 
péfaits. Cependant  ils  se  réunirent  sous  les  murs  de 
Tongres;  et,  s'étant  apprêtés  pendant  six  jours  à  com- 
battre les  barbares,  ils  livrèrent  bataille,  et  furent 
vaincus.  Un  petit  nombre  s'échappa;  les  uns  se  réfu- 
gièrent à  Tongres ,  et  les  autres  dans  leurs  propres 
cités.  Le  lendemain  matin  l'ennemi  commença  le  siège 
de  Tongres  ,  s'empara  de  cette  ville ,  en  fit  le  pillage  , 
et  emmena  tous  ceux  qui  étaient  propres  à  la  guerre  , 
et  que  le  fer  avait  épargnés.  Il  soumit  sans  obstacle  le 
reste  du  pays  ,  et  entra  ensuite  dans  la  Rhétie  (1),  dont 
il  fit  la  conquête  jusqu'à  l'Océan. 


CHAPITRE  XXXV. 


De  la  fondation  de   plusieurs  cités  appartenant  au  royaume  des 
Belles. 


L  AUTEUR. 


Les  barbares ,  au  rapport  de  Lucius ,  fondèrent  plu- 
sieurs villes  et  places  fortes ,  telles  que  celles  de  Ninove , 

(1)  En  Rrabant. 

II.  9 


1 5o  ANNALES 

liain  (i),  Capiimontcm  ,  Durbcium  et  caefcras  alias 
plurcs  mihi  pcnitùs  ignotas ,  quarum  nomina,  causa 
brcvitatis,  prœtermitto.  Circà  vcro  Mosam  condide- 
ruiitTrajectLimsuperiiis  etinferiiis.  Item  illiic  rcxSer- 
vius  condidit  oppidum  à  uomino  proprio  Scrvium  (2) 
nominatuni.  Condro  vero ,  dux  Ilistriorum ,  juxtà 
ripariam  Mosai  civitatem  fortissimam  condidit, quam 
à  Hunnis  Hoyum ,  usquè  ad  hodiernum  dicm ,  appel- 
latum  dignoscimus.  Item  oppida  multa  riparias  et 
castra  dictus  Condro  constituit ,  quae  à  Hunnis  illis 
omnes  dcnoniinationcs  susceperunt.  Qualiter  vcro 
Rhetiam  dictus  Condro  et  cjus  sequaces  edomaverint , 
et  suas  usquè  ad  occasum  et  Rhuteniam  dilatavcrint 
alas  Lucius  edocet  ;  verùm  quia  longa  valdè  claret 
historia,  et  patria  mihi  pcnitùs  ignota  est,  conscri- 
bere  pigritavi.  Cùm  igitur  alii  Ilunni  cum  Servio  rege 
atque  Cambro  Hunnorum  et  Vermendione  Pannonio- 
rum  ducibus,  Mosam  pertransisscnt,  pcrpendcntes 
Bclgos  stupefactos  atcjue  pavcfactos  fore,  terramque 
considérantes  fructifiîram  aquis ,  herbis ,  nemoribus  , 
oppidis,  vcnationibus,  frugibus  et  fontibus  irriguam, 
in  duabus  partibus  principaliter  se  diviserunt  ;  nam 
Cambro  cum  Vermendione  ducibus ,  regionem  super 
quemdam  fiuvium ,  qui  à  dicto  Cambro  nunc  dicitur 
Sambra ,  c  mutatâ  in  s ,  cum  Hunnis  et  Pannoniis  ad 
civitatem  Belgensem  oljsidendam  perrexerunt  ;  et  se- 
cùs  Httus  dictarum  ripariarum  fanum  Noptuni  suprà 
montem  repcrientes,  locum  atque  populum  faciliter 

(1)  Peut-être  Julicrs. 

(2)  (Jhiùvre. 


DE    HAINAUT.    f.TVRE    II.  l5i 

Nimègue ,  (1  )  Jupilia,  Chevremont,  Durbut,  et  une  foule 
d'autres  dont  les  noms  me  sont  entièrement  inconnus , 
et  que  je  passe  pour  être  plus  court.  Ils  Ibndèrent  le 
haut  et  le  bas  Maestricht  sur  la  Meuse ,  et  le  roi  Servius 
bâtit  aussi  sur  la  même  rivière  une  forteresse  qu'il  ap- 
pela de  son  nom  Servie.  Coudro  ,  duc  des  Istriens , 
fonda  sur  le  même  rivière  une  ville  très-forte  qui  est 
connue  encore  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Huy ,  qui 
lui  fut  donné  par  les  Huns.  Le  même  Condro  bâtit  en- 
core sur  différentes  rivières  plusieurs  forteresses  et 
châteaux ,  qui  reçurent  des  Huns  leurs  dénominations. 
Lucius  nous  apprend  aussi  comment  Condro  et  ses  sol- 
dats soumirent  la  Pihétie ,  et  s'étendirent  ensuite  jus- 
qu'à l'Océan  et  à  la  Ruthénie  ;  mais,  comme  son  his- 
toire est  entre  les  mains  de  tout  le  monde ,  et  que  les 
pays  dont  il  parle  me  sont  entièrement  inconnus ,  je 
me  suis  dispensé  de  le  transcrire.  Les  Huns,  qui  avaient 
passé  la  JMeuse  sous  la  conduite  du  roi  Servius  et  sous 
celle  de  Camber  ,  leur  duc  ,  et  de  Vermendion  ,  duc  des 
Pannoniens ,  voyant  les  Belges  défaits  et  frappés  de 
terreur ,  et  trouvant  que  leur  territoire  était  fertile  , 
qu'il  renfermait  des  prés ,  des  bois ,  des  fontaines  ,  des 
villes  et  des  chasses,  et  qu'il  produisait  beaucoup  de 
fruits,  ils  divisèrent  leurs  armées  en  deux  corps  ,  com- 
mandés ,  l'un  par  le  duc  Camber ,  et  l'autre  par  le  duc 
Vermendion  ;  et  s'enfonçant  dans  le  pays ,  en  suivajit 
la  rivière  de  Sambre ,  ainsi  appelée  du  nom  de  Cam- 
ber ,  en  changeant  c  en  ^ ,  ils  marchèrent  sur  la  ville 
de  Belgis  pour  eu  faire  le  siège.  Ayant  rencontré  le 
long  de  la  Sambre  le  temple  de  Neptune  ,  situé  sur  une 

(i)Ou  plutôt  Nmiiagen  ,  ancien  bourg  sur  la  Moselle,  et  à  cinq^ 
lieues  au-dessous  de  Trêves. 


1 52  ANNALES 

subjeceriHit.  Praedis  dicti  ("ani  susceptis,  in  via  bcl- 
gensi ,  civitates  et  oppida ,  inansiones  et  castra  plura 
construentes  ,  tandem  ad  obsidionem  dictae  Bclgis  ci- 
vitatis  devenerimt.  Inter  civitates  et  oppida  quœ  con- 
struxerunt  dicti  llunni  in  via  dictœ  civitatis ,  fucrunt 
Mons  Tuitionis ,  Ilugnia,  Hugnella  et  Huigina  (i), 
et  caeteras  plures ,  quas  brcvitatis  causa  pertranseo. 


CAPITULUM  XXXVI. 


Quùd  Servius ,  rex  Romanonim  ,  fiindavit  civitatem  Serviae  (q)  et 
de  primariâ  inhabitatione  montis  in  quo  nunc  villa  Montcnsis 
coUocatur. 


Servius  autem  rex  cum  Romanis  et  Sicambris  et 
Antenoribus  et  cœteris  sibi  copulatis ,  ncmora  subin- 
trans,  ad  obsidendas  fani  Mercurii,  Portus-Bolgo- 
rum  et  Ilostilis  civitates  se  disposucrunt.  Undè  Ser- 
vius rex,  in  profundis  silvarum  reperiens  territoriuni 
fontibus  et  arboribus  et  frugibus  irriguum,  jussit 
ligna  et  arbores  per  quatuor  miUia  passuum  circum- 

(i)  Il  y  a  beaucoup  de  villages  situe's  sur  les  bords  de  la  Sambre 
qui  portent,  des  noms  approchant  de  ceux-ci;  mais  il  n'est  guère 
possible  de  distinguer  ceux  dont  parle  Jacques  de  Guysc;  cette  re- 
recherche d'ailleurs  ne  serait  d'aucun  intérêt. 

(2)  Qiièvre ,  au  midi  de  la  ville  d'Ath. 


DE    H  AIN  ALT.    LIVRE    II.  l33 

montagne,  ils  soumirent  sans  clifQculté  ce  pays  et  ses 
habitans.  Ils  pillèrent  le  temple,  et  continuant  d'avan- 
cer vers  Belgis ,  en  construisant  sur  leur  route  des 
cités ,  des  forteresses ,  des  maisons  et  des  châteaux  en 
assez  grand  nombre ,  ils  arrivèrent  enfin  sous  les  murs 
de  la  ville.  Parmi  les  cités  et  les  places  fortes  que  les 
Huns  bâtirent  sur  leur  route,  on  compte  3Ions  Tuitionis, 
Hugnie ,  Hugnelle ,  Huigine  ,  et  une  foule  d'autres  dont 
ie  détail  serait  trop  long. 


CHAPITRE  XXXVI. 


Servius ,  roi  des  Romains ,  foade  la  ville  de  Servie  ;  et  la  montagne 
sur  laquelle  est  bâtie  la  ville  de  Mons  est  habitée  pour  la  pre- 
mière fois. 


Le  roi  Servius,  étant  entré  dans  les  bois  avec  les  Ro- 
mains ,  les  Sicambres ,  les  Anténorides  et  les  autres 
peuples  qui  s'étaient  joints  à  lui ,  se  disposa  à  faire  le 
siège  des  villes  de  Fanum  Mercurii ,  de  Porte-Belge  et 
d'Hostile.  Puis ,  ayant  trouvé  au  fond  des  bois  un  ter- 
ritoire couvert  d'arbres  ,  de  moissons  et  de  fontaines  , 
il  fit  abattre  et  arracher  tous  les  arbres  sur  un  espace 
de  quatre  mille  pas  carrés ,  et  fijt  bâtir  sur  cet  endroit 
une  grande  ville ,  à  laquelle  il  donna  son  nom  ,  et  qui 
se  nomme  encore  aujourd'hui  Servie  ,  ou  le  Sart  de 
Servin.  Il  éleva  des  tours  et  des  portes,  construisit  des 
ponts  et  des  remparts,  entoura  la  place  de  fossés  et 


l34  ANNALES 

quaqiic  velociùs  prœcidi  atque  radicitùs  cxertari , 
illùcque  iugcntcm  coiulciis  civitatcm ,  quam  nomine 
proprio  insigniri  deliberatus  est,  quae  usquc  in  ho- 
dicrnum  diem  Scrvia  seu  Sartum  Scrvini  (i)  decrevit 
appellandum.  Illùc  turres  et  portas  ,  pontes  et  mœnia 
construens ,  fossatis  et  mûris  fortissimis  eam  circum- 
cinxit ,  et  ut  sibi  et  suis  sequacibus  esset  in  arccm  et 
refugium  fortissimum  ,  dictam  civitatem  prœmunivit. 
Ab  bac  autem  civitatc,  in  qua  recursum  spccialem 
babebant  dicti  Romani  suprà  dictas  civitates,  très  ob- 
sidentes  et  invadentes,  tandem  easdem  subjecerunt,et 
speciabter  Hostilem  bostiHter  dejecerunt,  quae  priùs 
sub  dominio  belgensis  civitatis  babebatur.  Intereà, 
dùm  Servius  rex  fundabat  suam  civitatem ,  Camber 
et  Vermendio  Belgim  approximantes  ,  perpenderunt 
cives  belgenses,  Hunnos  fore  divisos  et  in  diversis  ap- 
pbcatos  territoriis,  qui  nocte  quâdam  exeuntes  ma- 
gnam  Pannoniorum  atque  Hunnorum  cladem  exercue- 
runt,  in  locoqui,  rationc  bclli  et  ratione  situationis 
Hunnorum,  Hugniacum ,  gallicè  Hugnies ,  usquè  in 
hodiernum  diem  appellatur,  propè  Belgis.  Quod  ad- 
vertentes  Camber  et  Vermendio,  suos  rccoUigentes  et 
retrocedentes ,  decreverunt  rcgem  Servium  appro- 
pinquarc ,  ut  saltem  se  mutuo ,  si  nécessitas  afforet , 
tlefenderc  valerent.  Tune  Camber  secùs  civitatem  ré- 
gis Servii  in  nemoribus  castrum  (2)  extruxit,  scciis 
fluviolum  Albœ,  quod,  usque  in  bodieinum  diem, 

(1)  Nous  avous  vu  dans  le  chapitre  précèdent  que  Servius  avait 
déjà  bâti  une  forteresse  de  son  nom  sur  la  Meuse, 

(2)  Le  village  de  Cambron  est  situe  sur  une   petite  rivière  que 
l'auteur  nomme  l'Aube  ,  et  qui  se  jette  dans  la  Dcurc  à  Ath. 


DE     IIAINAUT.     r.IVRE   II.  1  vlS 

de  murailles  très-fortes ,  et  en  fit  pour  lui  et  pour  les 
siens ,  une  place  de  sûreté.  C'est  de  cette  ville  que  les 
Romains  dirigèrent  leurs  attaques  contre  les  trois  cités 
dont  nous  avons  parlé  ,  et  dont  ils  se  rendirent  maîtres. 
Ils  emportèrent  de  force  celle  d'Hostile  ,  qui  était  au- 
paravant soumise  à  la  domination  de  Belgis.  Pendant 
que  le  roi  Servius  était  occupé  de  la  fondation  de  sa  nou- 
velle ville ,  Camber  et  Vermendion  s'étaient  approchés 
de  Belgis  ;  et  aussitôt  que  les  habitans  de  cette  dernière 
place  avaient  reconnu  que  l'armée  des  Huns  était  divi- 
sée, et  qu'elle  occupait  différens  pays  ,  ils  étaient  sortis 
la  nuit,  et  avaient  fait  un  grand  carnage  des  Pannoniens 
et  des  Huns  ,  dan§  un  endroit  situé  près  de  Belgis  ,  et 
qui ,  à  cause  de  cette  guerre  et  de  la  position  des  Huns , 
fut  appelé  Hugniacum ,  et  en  français  Hugnies,  nom 
qu'il  porte  encore   aujourd'hui.   Camber  et  Vermen- 
dion ayant  appris  ce  revers,  rassemblèrent  leurs  forces, 
et  résolurent  de  retourner  sur  leurs  pas  et  de  s'unir  à 
Servius  ,  afin  d'être  en  mesure  de  se  prêter  un  secours 
mutuel  ,  si  les  circonstances  le  demandaient.    Alors 
Camber  bâtit  un  fort  près  de  la  ville  du  roi  Servius , 
sur  le  ruisseau  d'Aube ,  dans  un  endroit  qui  s'est  ap- 
pelé jusqu'à  ce  jour  le  château  de  Camber ,  ou  Cam- 
bron-le-Châtel.  Il  réunit  en  même  tems  le  reste  de  ses 
troupes  sur  plusieurs  montagnes  et  dans  l'épaisseur  du 
bois  ,  au  milieu  des  marais ,  le  long  d'un  ruisseau  qui 
fut  d'abord  appelé  Hiignia  par  les  Huns  ,  mais  qui  prit 
le  nom  de  Hmjnia  ou  Hayne.  Il  choisit  aussi  une  mon- 
tagne près  des  bois  ,  et  au  milieu  des  marais  dont  nous 
venons  de  parler,  pour  y  bâtir  un  temple ,  où  il  plaça 
l'idole  de  Pan  ,  pour  laquelle  sa  nation  avait  beaucoup 
de  vénération,  afin  de  ne  pas  s'attirer,  par  sa  négli- 
gence envers  le  culte  de  cette  divinité ,  les  malheurs 


l56  ANNALES 

dicitur  Castrum  Cambri  scu  Cambronis.  Reliquas 
vero  acics  suoruni  in  iiiontibus  tliversis  atque  locis 
tutissimis  nemorum  ,  inter  paludes  secîis  fluviolum  , 
quod  Hugnia  à  dictis  Ilunnis  tune  primitùs  appellatum 
est ,  recollegit  ;  à  modcrnis  vero  dieta  rlparlola  Hay- 
nia  (i)  voeltatur.  Inter  autem  dictos  montes  in  quibus 
suas  constituerant  aeies ,  unum  elegerunt  in  oris  ne- 
morum inter  dietas  paludes ,  cœterls  aptiorem  ,  et 
illùc  primitùs  fanum  œdificantes ,  idolum  Pan ,  quod 
colebant,  in  eodem  colloeaverunt  ;  tlmentcs  ne  prop- 
ter  incuriam  servitii  dei  Pan  indignationem  incurris- 
sent  in  damnum  quod  à  Belgis  noviter  ineurrerant. 
Ab  illo  siquidem  fano  (2)  Belgis,  fani  Martis ,  fani 
Mcrcurii,  Hostilis,  Portus-Belgorum  atque  Servii  régis 
civitates ,  necnon  Mincrvœ  fanum ,  faciliter  cerneban- 
lur.  Undè  et  territorium  illud  Pannoniam  sive  Pro- 
panciam  per  multa  annorum  curricula  voeitatum 
dignoscitur.  Ad  illud  siquidem  idolum  ex  generali 
praecepto  tàm  Hunnorum ,  Pannoniorum ,  Romano- 
rum ,  Rhetiorum  atque  omnium  aliorum ,  pro  suis 
necessitatibus  recurrebant  omnes  incolae  dictarum 
nationum  ,  et  perseveraverunt  usquè  ad  tempora  Ju- 
lii  Cœsaris ,  qui  dictum  idolum  destruens ,  castrum 
'primitîis  ex  fano  construxit. 

(i)  La  Hayne  se  jette  dans  l'Escaut  à  Condc. 
(2)  Lo  temple  de  Pan  était  bâti  sur  remplacement  qui  fut  dcpurs 
occu^ié  par  la  ville  de  Mon  s. 


DE    IIAINAUT.    LIVRE  II.  107 

que  venaient  d'essuyer  les  Belges.  Ou  découvrait  faci- 
lement de  ce  temple  de  Pan  les  villes  de  Belgis,  de 
Famars ,  de  Fanum  Mercurii ,  d'Hostile ,  de  Porte- 
Belge  ,  de  Chièvre ,  et  le  temple  de  Minerve.  Le  pays 
fut  long-tems  appelé ,  à  cause  de  cette  idole  de  Pan , 
la  Pannonie  ou  la  Propancie  (le  Brabant);  et ,  d'après 
le  commandement  des  Huns,  des  Pannoniens,  des 
Romains ,  des  Rhétiens ,  et  de  tous  les  autres  peuples 
alliés,  toutes  ces  nations  se  rendirent  au  temple  de 
cette  divinité  pour  l'intercéder  en  leur  faveur,  jus- 
qu'au tems  de  Jules-César  ,  qui  détruisit  l'idole  et 
transforma  le  temple  en  forteresse. 


1  .)b  ANNALES 


CAPITULUM  XXXVII. 

De  idolo  Pan,  et  ejus  form;1  et  festivitate. 


ACTOR, 


Imago  clicti  idoli ,  jiixtà  opinionem  antiquorum  et 
maxime  Fulgcntii ,  erat  homo  cornutus  cum  facic 
rubicundâ ,  et  in  pectorc  ejus  tiepingebantur  stellae  plu- 
res;  fcmora  autem  ejus  cum  herbis  et  arboribus  cir- 
cumcingebantur.  In  ore  autem  ejus  erat  fistula  cala- 
morum  vu  ;  pedcs  vero  caprines  habebat ,  et  erat 
cum  Amorc  luctans ,  sed  ab  eodem  vincebatur.  Ex- 
ponunt  autem  Fulgcntius  et  Rabanus  causam  forma? 
idoli  dicti  in  suis  libris ,  dicentes  Pan  figurasse  deum 
naturae,  cujus  facie  rubicundâ  cum  cornibus  fîgurabat 
superiorem  mundi  partem  ,  scilicet  ignem  et  œtbera 
cum  radiis  et  eorum  influentiis  ;  pectus  autem  stclla- 
tum  stcllas  significal)at  et  planetas ,  femora  vero  arbo- 
rosa  significabant  inferiores  plantas ,  lierbas  ,  arbores 
et  arbusta.  Pedes  vero  caprini  significabant  animalia 
et  bestias  nemorum  ac  camporum  ;  et  luctabatur  cum 
Amore  et  superabatur,  quia  ad  litteram  amor  natu- 
ram  exsuperat  atque  domat.  Hujus  idoli  solemnitas 
erat  xv  kalendas  martii  ,  die  eàdcm  <{ua  celebrabatur 


DE    HAINALT.     LIVRE    II.  ]  09 


CHAPITRE   XXXVII. 


De  lidole  de  Pan,  de  sa  figure  ,  et  de  sa  fête. 


L  AUTEUR. 


La  Statue  du  dieu  Pan  représentait,  d'après  l'opinion 
des  anciens ,  et  particulièrement  d'après  celle  de  Ful- 
gence ,  un  homme  cornu  avec  une  face  rubiconde  ,  sur 
la  poitrine  duquel  étaient  peintes  plusieurs  étoiles;  ses 
cuisses  étaient  ceintes  d'herbes  et  de  feuillages ,  il  ap- 
prochait de  ses  lèvres  une  flûte  à  sept  tuvaux  ;  il  avait 
des  pies  de  chèvre  ;  il  luttait  avec  l'Amour ,  mais  il 
était  vaincu.  Fulgence  et  Piaban  donnent ,  dans  leurs 
ouvrages ,  l'explication  de  la  figure  de  cette  idole  ;  ils 
disent  que  Pan  signifiait  le  dieu  de  la  nature  ;  que  sa 
face  rubiconde  et  ses  cornes  figuraient  la  partie  supé- 
rieure du  monde ,  c'est-à-dire  le  feu  et  l'éther  avec 
leurs  rayons  et  leurs  influences;  sa  poitrine  étoilée 
fesait  allusion  aux  étoiles  ,  et  ses  cuisses  garnies  de 
feuillages  aux  plantes  basses,  aux  herbes  ,  aux  arbustes 
et  aux  arbres.  Ses  pies  de  chèvre  figuraient  les  ani- 
maux et  les  bètes  sauvages  des  champs  et  des  bois  ,  et 
s'il  luttait  avec  l'Amour,  qui  demeurait  vainqueur,  c'est 
qu'en  effet  l'amour  surpasse  et  domte  la  nature.  La 
fête  de  Pan  se  célébrait  le  xv  des  calendes  de  mars ,  le 
même  jour  que  celle  des  Faunes  ,  ainsi  que  nous  l'avons 


1 40  ANNALES 

solemnitas  Faunorum ,  proùt  patet  superiùs ,  llbro 
primo;  et  hoc  ostendit  Ovidius  de  Fastis ,  libro  ii , 
ubi  sic  inquit  :  Tcrtiâ  post  idus ,  id  est ,  tertiâ  die  post 
idus  februarii.... 

VERSUS. 

Tertia  post  idus  nudos  aurora  lupercos 

Aspicit  :  et  Fauni  sacra  bicornis  eunt. 
Dicite ,  Piérides ,  sacrorum  quae  sit  origo  : 

Attigerint  latias  undè  petita  domos. 
Pana  deum  pecoris  veteres  coluisse  feruntur 

Arcades.  Arcadiis  plurimus  ille  jugis.... 
Pan  erat  armenti  custos ,  Pan  numen  aquarum  : 

Munus  ob  incolumes  ille  ferebat  oves.... 
Inde  deum  colimus  ,  devectaque  sacra  Pelasgis. 

Flamen  ad  hœc  prisco  more  dialis  erat  : 
Cur  igitur  currant ,  et  cur  sic  currere  mos  est , 

Nuda  ferant  positâ  corpora  veste ,  rogas  ? 
Ipse  deus  velox  discurrere  gaudet  in  altis 

Montibus ,  et  subitas  concitat  ille  feras. 
Ipse  deus  nudus  nudos  jubet  ire  ministres  , 

Nec  satis  ad  cursum  commoda  vestis  erat. 


DE    HAINACT.    LIVRE    II.  l4l 

dit  dans  le  livre  premier,  et  suivant  le  témoignage 
d'Ovide  dans  son  livre  ii  des  Fastes ,  où  nous  lisons  : 
«  Le  troisième  jour  après  les  ides ,  c'est-à-dire  le  troi- 
sième jour  après  les  ides  de  février....  » 

VERS  (1). 

Au  troisième  jour  après  les  ides,  l'aurore  éclaire 
les  courses  des  luperques  nus  ,  et  la  fête  de  Faune  ,  au 
front  orné  d'une  double  corne.  Muses ,  apprenez-moi 
l'origine  de  ces  solennités  ;  dites  de  quelle  contrée  elles 
ont  passé  dans  le  Latium.  On  raconte  que  les  antiques 
Arcadiens  honoraient  d'un  culte  particulier,  Pan,  le 
dieu  des  troupeaux  ;  sur  la  plupart  des  montagnes  s'é- 
levaient des  temples  en  son   honneur Pan  était  la 

divinité  tutélaire  des  troupeaux  ;  Pan  était  le  dieu  des 
eaux  ;  il  recevait  l'hommage  des  bergers  ,  pour  la  con- 
servation des  brebis;...  c'est  pourquoi  nous  suivons  le 
culte  de  Pan ,  et  les  cérémonies  transmises  par  les 
Pélasges.  Dans  l'ancien  rit ,  ces  sacrifices  avaient  leur 
flamine  diale.  Mais  pourquoi  voit-on  courir  de  toutes 
parts  les  luperques ,  et  d'où  vient  l'usage  qu'ils  ob- 
servent de  courir  nus  et  dégagés  de  tout  vêtement? 
C'est  que  le  dieu  se  plait  à  courir  lui-même  d'un  pas 
rapide  sur  le  sommet  des  montagnes ,  et  à  semer  une 
terreur  subite  parmi  les  animaux.  Toujours  nu  ,  il  veut 
que  ses  ministres  soient  nus  ;  d'ailleurs  les  vêtemens 
sont  peu  propres  à  la  course. 

(i)  Nous  empruntons  la  traduction  de  Bayeux. 


ll^2  ANNALES 


CAPITULUM  XXXVIII. 


Quod  ServiuR,  rex  Romanornra  ,  ilestruxit  primo  civitatem  Hosfi- 
licnscm ,  f{ua'  niinc  diciltir  Tornaoïis. 


Igitur  cùm  unâ  dicrum  acics  régis  Servii  intenta 
foret  fabricationi  suae  civitatis ,  et  fessi  de  noctc  quasi 
seciiri  quicscerent,  ecce  subito  à  civitate  fani  Mer- 
curii  ab  unâ  parte ,  à  civitate  Hostili  ab  aba  parte  ,  à 
Portu-Bcigorum  à  parte  tertia  ,  ferociter  insultantur; 
qui  magnam  cœdem  in  Romanos  et  in  gentem  Servii 
exercuerunt.  Gonsimiliter  eâdem  noctc ,  Belgi  ctiàm 
acies  Cambri  exterruôrc  vebementer.  Quod  advcr- 
tentes ,  decreverunt  suos  coadunare  populos  et  deindè 
primario  simul  invadere  Hostilem  civitatem  ,  ut , 
illa  captivata  ,  facibiis  cîcteras  obtinerent.  Tune 
monte  Pan  priùs  prœnumito ,  omnes  ad  régis  Servii 
Sartum  confluxerunt.  Sic  autem  suas  ordinaverunt 
acies ,  ut  Camber  cum  abquibus  Hunnis  et  Pannoniis 
in  suo  Castro ,  cjuod  perpriîis  construxerat ,  à  parte 
orientis  respectu  dictœ  civitatis,  super  Albam,  collo- 
caretur  ;  ut ,  si  nécessitas  afforet ,  ad  fanum  Pan  con- 
tuendum  quàm  citiîis  pararentur.  A  parte  vero  occi- 
dentis  dictœ  civitatis,  respiciendo  Hostilem  civitatem, 
nullum  instituit,  quia  liabebatur  ripariola  ïluncinclla 


DE    IIAINAIT.    LIVRE    II.  l43 


CHAPITRE  XXXVIII. 


Que  Serviiis,  roi  des  Romains,  de'tniisit  pour  la  première  fois  la 
■ville  d'Hostile,  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Tournai. 


Une  nuit  que  l'armée  du  roi  Servius  ,  occupée  à  bâtir 
la  nouvelle  ville  de  Servie ,  se  reposait  avec  sécurité 
après  ses  travaux,  elle  fut  attaquée  vigoureusement, 
de  trois  côtés  différens ,  par  les  garnisons  de  Faniim 
Mercurii,  d'Hostile  et  de  Porte-Belge,  qui  firent  un 
grand  carnage  des  Romains  et  de  la  nation  de  Servius  ; 
tandis  que  ,  dans  le  même  tems ,  les  Belges  jetaient  la 
terreur  parmi  les  troupes  de  Camber.  Les  chefs  enne- 
mis prirent  alors  la  résolution  de  réunir  leurs  forces 
et  d'attaquer  d'abord  la  cité  d'Hostile ,  dont  la  prise 
leur  faciliterait  la  conquête  de  toutes  les  autres  villes. 
Ils  fortifièrent  alors  la  montagne  de  Pan  ,  et  se  rendi- 
rent ensuite  avec  leurs  armées  au  Sart  du  roi  Servius  (  1  ). 
Voici  comment  ils  ordonnèrent  leurs  troupes  :  Camber 
fut  placé  avec  un  corps  de  Huns  et  de  Pannoniens  dans 
le  fort  qu'il  avait  bâti  long-tems  auparavant  sur  l'Aube , 
à  l'orient  de  la  ville  d'Hostile  ,  pour  être  à  portée ,  s'il 
en  était  besoin  ,  de  voler  à  la  défense  du  temple  de 
Pan.  Aucunes  troupes  ne  furent  placées  à  l'occident  de 
la  même  ville,  parce  qu'il  se  trouvait  de  ce  côté  une  pe- 

(i)  Chiévre. 


1 44  ANNALES 

à  Ilunnis  sic  denominata,  cum  canali  magno  et  lato, 
quocl  quidem  canalc  ,  usquè  ad  moderna  tempora  , 
dicitur  gallicè  Canal  de  la  Cité^  id  est,  civitatis ,  quia 
usquè  ad  locum  illum  protendebatur.  Civitas  ab  illâ 
parte  satis  fortis  vidcbatur.  A  parte  verô  septentrio- 
nal!  dictae   civitatis ,  in  concursu  ripariarum    Albae 
et  Tenoris ,  contra  illos  de  portu  Belgorum  posuerunt 
Antenorides.  Undc  ab  illâ  gente  locus  ille  usquè  in 
hodicrnum   dicm  dicitur  Anth  ,  et  riparia  Ténor  à 
dictis  Antlienoribus,  A  parte  vero  meridiei  respectu 
dictae  civitatis ,  contra  civitatem  Mercurii  atque  Bel- 
gorum aut  Hostilis ,  quia  locus  ille  erat  debilior  et 
adversariis  magis  expositus ,  posuerunt  primo  popu- 
lum  quem  à  Tungris  adduxerunt;  dcindè  superiùs, 
in  alio  loco,  competenter  posuerunt  Hunnos,  à  quibus 
ripariola,  quse  illùc  prseterfluit,  dicta  est  Huncinella. 
Deindè  constituerunt  Agrippinos  in  loco  qui  nunc  di- 
citur Grisagion  ;  posteà  collocavcrunt  Caprimontenscs 
consequenter,  et  deindc  Vandalos  in  loco  ab  cisdem 
Wandegnies ,  usquè  nunc  appellato  ;  et  finaliter  po- 
suerunt advenas  gentes  à  rétro ,  in  loco  extra  acies , 
qui  ab  eisdem  Herimansum,  usquè   in   hodiernum 
diem  ,  appellatur.   Hi   omnes   circà  civitatem  régis 
Servii  sua  oppida  construentes ,  et  in  eisdem  suas 
sarcinas  collocantes ,  ad  Hostilcm  civitatem  propin- 
quiùs  obsidendam  properantcs ,  immaniter  eam  inva- 
serunt.  Sed  ferociter  se  dcfendens ,  tandem  eani  cum 
turribus ,  mûris  et  portis  solo  coaequavcrunt,  liostilio- 
nibus  siquidcm  interfectis ,  et  per  ncmora  ut  pluri- 
mùm  diffugatis.  Servius  rex  cum  Hunnis  ad  portum 


DE    II  AI?,  AL  T.     LIVRE    II.  l45 

tite  rivière ,  nommée  HuiK'iiielle  par  les  Huns  ,  et  un 
canal  larg;e  et  profond  ,  qui ,  jusqu'à  ce  jour  ,  a  porté, 
en  français,  le  nom  de  canal  de  la  Cité,  parce  que  Hos- 
tile s'étendait  jusqu'à  ce  canal.  Ce  côté  paraissait  trop 
fortifié  à  l'ennemi  pour  qu'il  osât  l'attaquer.  Mais  les 
Anténorides  prirent  position  au  nord  de  la  ville  d'Hos- 
tile, au  confluent  des  rivières  d'Aube  et  deDenre,pour 
attaquer  Porte -Belge.    C'est    de  ce   peuple  que   l'en- 
droit a  pris  le  nom  d'Ath  ,  qu'il  porte  encore  aujour- 
d'hui ,  et  que  la    rivière  a  été  appelée  le  Ténor  (  la 
Denre  ).  On  plaça  au  midi  d'Hostile  ,  vis-à-vis  des  villes 
de  Mercure,   de  Belgis  et  d'Hostile,  et  dans  un  lieu 
qui  paraissait  faible  et  exposé  à  l'attaque  ,  les  troupes 
venues  de  Tongres,  et  un  peu  plus  haut ,  dans  un  autre 
endroit,  les  Huns,  qui  donnèrent  leur  nom  à  la  rivière 
qui  y  passe  ,  et  qui  s'appelle  l'Huncinelle.  Ensuite  les 
Agrippiniens  se   formèrent   en   bataille  dans   un  lieu 
nommé  depuis  Grisagion  ;  les  Chevremontains  furent 
rangés  derrière    eux;  et  enfin,   les    Vandales  prirent 
position  dans  un  endroit  auquel  ils  donnèrent  le  nom 
de  Vandegnies  (Bandcgnics  ) ,  (pi'il   conserve  encore 
aujourd'hui.  Enfin  ,  les  troupes  auxiliaires  prirent  po- 
sition à  quelque  distance  des  autres  troupes  ,  dans  un 
lieu  qui  fut  nommé  par  elles  Hérimansum  ,  ainsi  qu'on 
l'appelle  encore  à  présent.  Toutes  ces  armées  bâtirent 
des  forts  autour  de  la  ville  du  roi  Servius ,  et ,  y  ayant 
laissé  leurs  bagages  ,  elles  firent  les  approches  de  la 
ville  d'Hostile,  qu'elles  assiégèrent  et  attaquèrent  avec 
vigueur.  La  résistance  fut  opiniâtre;  cependant,  à  !a 
fin  ,  elles  rasèrent  les  tours,  les  murailles  et  les  portes 
de  la  place  ;  les  habitans  furent  passés  au  fil  de  l'épée  , 
ou  obligés  de  s'enfuir  dans  les  bois.   Le  roi  Servius  , 
avant  marché  avec  les  Huns  contre  Porte-Belge,  rea- 
II.  10 


]^6  ANNALES 

Belgorum  accédons ,  Albanorum ,  Britonuni ,  Bel- 
gorum  et  extraneorum  magnam  rcperientes  multltu- 
dinem,  conflixerunt  ad  invicem,  neutrà  parte,  die  pri- 
ma ,  succumbeiite  ;  tandem  Hunni  Albanos  illos  atque 
Britones  cum  Fani-Mercurialibus ,  et  usquè  ad  Occa- 
num  omnes  subjecerunt ,  gladio ,  famé  atque  peste. 


CAPITULUM    XXXIX. 


De  fundalione   Chievrani  ,    et   Advcnnis ,   et   obsidione   civitatis 
Tîclgeiisis. 


SuBJECTis  igitur  nationibus  ,  à  paludibus  huynifi- 
cis  et  a  flumine  Scaldi  usque  ad  Oceanum ,  munitis- 
que  fani  Pan  saccrdolibus  et  ministris,  juxtà  idoli 
ritum,  nec  non  et  in  civitate  régis  Servii  duce,  vcna- 
toribus  ac  centurionibus,  decurionibus  mibtibusque 
super  populum  institutis ,  qui  toti  patriœ  à  dictis  pa- 
ludibus ,  Scaldo  et  Oceano ,  ab  una  parte  ,  et  ab  aliâ 
usque  ad  silvarum  profunditatem  ,  participando  cum 
Rhetiis  et  Condrone,  prœessent,  decrcvcrunt  civita- 
tem  belgensem  obsidere.  Scd  de  forma  obsidionis 
ignorantes,  quia  ipsam  reformidabant,  tùm  propter 
Fani-Martis  atque  Fani-Solis ,  tùm  propter  civitatis 
magnificam  resistontiam ,  tùm  otiàm  quia  advcntum 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  l/^J 

contra  une  foule  innombrable  d'xUbaniens ,  de  Bre- 
tons, de  Belges  et  d'étrangers  :  il  leur  livra  bataille  : 
mais  la  victoire  resta  indécise  le  premier  jour;  enfin, 
les  Huns  soumirent  parle  fer,  par  la  faim  et  par  la  mala- 
die ,  les  Albaniens  et  les  Bretons ,  ainsi  que  ceux  de 
Fanum  Mcrcurii ,  jusqu'à  l'Océan. 


CHAPITRE  XXXIX. 


De  la  fondation  de  Quiëvrain  et  d'Avesnes;  et  du  siège  de  la  ville 
de  Belgis. 


Les  Huns  ayant  soumis  tout  le  pays  ,  depuis  la  Haine 
et  l'Escaut  jusqu'à  l'Océan ,  instituèrent  des  prêtres  et 
des  ministces  dans  le  temple  de  Pan ,  pour  le  culte 
de  cette  idole  ;  et  nommèrent  dans  la  ville  du  roi 
Servius ,  un  duc  ,  des  chasseurs  ,  des  centurions ,  des 
décurions  et  des  chevaliers,  pour  commander  au  peuple, 
et  gouverner  toute  la  province,  depuis  la  Haine,  l'Es- 
caut et  l'Océan  ,  jusqu'au  fond  des  bois ,  y  compris  les 
Rhétiens  et  Condron;  puis  ils  résolurent  de  faire  le 
siège  de  Belgis,  Mais  ils  ne  savaient  comment  s'y  pren- 
dre ,  tant  parce  que  les  habitans  de  Famars  et  de  So- 
lème  leur  donnaient  de  l'inquiétude ,  que  parce  qu'ils 
redoutaient  une  vigoureuse  résistance  de  la  part 
de  la  ville  ,  et  qu'ils  craignaient  l'arrivée  des  Gau- 
lois.  Après  avoir  longtems  délibéré  sur  ce  sujel ,  ils 


1 48  Annales 

Gallorum  timebant.  Idcirco  diutiîis  concilia  célébran- 
tes ,  finaliter  dccrcvcriint  à  rcmotis  castra,  pro  refu- 
giis  et  conservationibus  sai  cinarum,  fortia  construere, 
et  ab  eisdcm  dictain  civitateni  sœpiîis  invadere ,  ut  sic 
excitata  et  attaediata  viribus  dcbibtctur.  Quod  et  fac- 
tum  est.  Undè  et  très  elegerunt  plateas  in  qiiibus 
omnes  insimul ,  successive  tamen,  fundaverunt  ci  vi- 
tales aut oppida,  juxtà  vicos  Brunehuldis régis.  Prima 
fuit  à  rege  Servio  eîecta,  prope  suam  praedictam  civi- 
tateni, ultra  tamen  dictas  paludes ,  suprà  fluviolum 
qui,  usque  moderna  tempora  à  dictis  Hunnis ,  dictus 
est  Hunellus  (  i  )  ;  et  oppidum  à  rege  Servio  dictum  est 
oppidum  Servii ,  scd  vulgarlter  dicitur  Seivrain  (2). 
Ab  illo  siquidem  oppido  duas  simul  obsidebat  ci  vi- 
tales, Fanum  Martis  videlicet  et  civilatcm  Belgenscm. 
Secunda  platea  elccta  ad  dictam  civitalem  obsid(>n- 
dam ,  nunc  appellatur  Advennis ,  ab  advenis  genlibus 
ibidem  coUocatis,  sub  Hepprone,  duce  genlis  advcnae, 
à  quo  rlpariola  illius  lerrilorii ,  usque  ad  moderna 
tempora,  Heppra  (3)  nuncupatur,  proiit  narrai  bis^ 
toria. 

(1)  C'est  une  petite  rivière  qui  se  jette  dans  le  Honeau ,  ou  c'est 
peut-être  le  Honeau  nicrnc  qui  se  décharp.e  dans  la  Haine,  près 
de  Conde. 

(2)  Quie'vrain. 

(3)  L'Hèpre  passe  à  Avèncs  et  se  jette  dans  la  Sambre. 


•     DE    IIAINAUT.    LIVRK    II.  1.j9 

prirent  le  parti  de  construire  des  forts  écartés  ,  pour 
garder  les  bagages  ,  et  servir  de  refuge  en  cas  de  né- 
cessité ,  et  de  diriger  de  ces  forteresses  des  attaques 
vives  et  fréquentes  contre  Belgis ,  afin  de  fatiguer  et 
affaiblir  la  garnison  qui  la  défendait.  Ce  plan  fut  mis 
aussitôt  à  exécution  ;  on  choisit  trois  endroits  le  long 
des  routes  du  roi  Brunéhulde ,  pour  y  bâtir  des  villes 
et  des  places  fortes.  Le  premier  endroit  fut  choisi  par 
le  roi  Servius ,  près  de  sa  ville ,  mais  de  l'autre  côté 
des  marais  de  la  Haine ,  sur  une  petite  rivière  qui  porte 
encore  aujourd'hui  le  nom  de  Hunel ,  qui  lui  fut  donné 
par  les  Huns  ;  la  nouvelle  ville  fut  nommée  par  le  roi 
la  ville  de  Servius  ,  mais  on  l'appelle  vulgairement 
Servrain.  De  cette  dernière  on  fesait  en  même  tems 
le  siège  des  deux  places  de  Famars  et  de  Belgis.  La 
seconde  position  choisie  pour  faire  le  siège  de  Belgis , 
porte  aujourd'hui  le  nom  d'Avesnes ,  qu'elle  doit  aux 
étrangers  qui  y  furent  placés  sous  la  conduite  de  Hep- 
pron  leur  chef,  qui  donna  ,  ainsi  que  le  dit  l'histoire, 
son  nom  à  la  rivière  d'Hèpre  ,  qu'elle  porte  encore  à. 
présent. 


1 50  ANNALES 


CAPITULUM  XL. 


De  fimdationt'  civilatis  Cameracensis. 


Tertïa  vero  platea  à  Cambro  et  residuo  populi 
clecta ,  nunc  appellatur  civitas  Cambri ,  à  clicto  diico 
Ilunnorum.  Utrùm  autcm  fuorit  civitas  Cambcraceu- 
sis,  aut  fiierit  oppidum  Camberacesii  historia  non 
déterminât.  Verùm  quia  in  eâdem  habetur  historia 
quod,  stante  obsidione  civilatis  Belgensis,  rex  Servius 
oppidum  construxit ,  sccùs  civitatem  Cambri ,  pro 
solatio,  quod  noniine  suo  Servium  appcllavit;  autu- 
mant  plures  quod  locus  ubi  nunc  castrum  quod  dicitur 
de  Seeles  (i),  juxtà  Camberacum  fucrit  locus  oppidi 
dicti  i*egis,  transmutatis  aliqualiter  propter  autiqui- 
tatem  nominibus,  ex  quo  concludunt  quod  civitas 
quam  dictus  Camber  fundavit,  fuit  iila  civitas  quae 
nunc  Camberacensis  appellatur.  In  oppositum  argui- 
tur  ex  eâdem  historia  ,  ubi  habetur  quod  riparia 
prœterduens  secùs  civitatem  Cambri,  usquè  ad  mo- 
derna  tempora  dicta  est  Cambra  aut  Sambra  ,  propter 
variationem  et  sonationem  litterarum  ,  c  mutata  in  s. 
Sed  manifestum  est  quod  lluvius  fluens  secùs  civita- 

(i)  Ce  chûtcaii  n'existe  plus  ,  ou  a  change  de  nom. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  131 


CHAPITRE  XL. 

De  la  fondation  de  la  yille  de  Cambrai. 


La  troisième  position,  occupée  par  Camber  et  le 
restant  des  troupes ,  porte  maintenant  le  nom  de  cite 
de  Camber ,  qu'elle  a  emprunté  à  ce  chef  des  Huns. 
Mais  l'histoire  ne  détermine  pas  si  cette  ville  est  celle 
de  Cambrai ,  ou  si  c'est  la  forteresse  de  Cateau-Cam- 
brésis.  Cependant,  comme  la  même  histoire  rapporte 
que,  pendant  la  durée  du  siège  de  Belgis,  le  roi  Ser- 
vius  fit  bâtir,  pour  se  consoler  de  sa  longueur,  une 
ville  près  de  celle  de  Camber  ,  et  qu'il  l'appela  ,  de  sou 
nom ,  Servie  ;  plusieurs  personnes  pensent  que  l'em- 
placement de  cette  ville  est  le  même  que  celui  du  châ- 
teau qu'on  appelle  aujourd'hui  château  de  Seeles  ,  et 
qui  se  trouve  près  de  Cambrai ,  (les  noms  ayant  été  un 
peu  altérés  par  la  suite  des  siècles  );  d'où  elles  concluent 
que  la  ville  qui  fut  fondée  par  Camber  est  la  même  que 
celle  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Cambrai.  On 
oppose  à  cette  opinion  ce  passage  de  la  même  histoire  , 
où  l'on  voit  que  la  rivière  qui  passe  près  la  ville  de 
Camber,  a  toujours  été,  jusqu'à  présent,  appelée  la 
Cambre  ou  la  Sambre ,  en  changeant  le  c  en  ^.  Or ,  il 
est  manifeste  que  le  fleuve  qui  coule  pi'ès  de  Cambrai 
n'est  pas  la  Sambre,  mais  l'Escaut;  tandis  que  la  ri- 


l52  ANNALl-S 

tehi  Cunioraceiisoni  non  tlicitiir  Sanibia,  itno  Scadus 
aiit  Scalda.  Aqua  vcro  currens  secùs  oppitlum  Canic- 
raccsii  videtiir  vcrisimiliîis  nuncupari  Sambra,  qaia 
versus  partes  illas ,  vel  benè  propè  riparia  Cambrae 
videtur  sumere  originem.  Posset  bîc  dici  quod  ambas 
fundavit  civitates  ,  licet ,  in  bistoriis  Eritonum  Icgc- 
rim,  Cambrum  ,  regem  Brltanniœ,  in  Galliiscivilatem 
fundàsse ,  et  ab  ejus  nomine  proprio  Cambram  de- 
nominatam  fuisse.  Sed  quidqviid  fuerit  veritatis  à 
parte  rei  dctenninationcm  lectoribus  der(;lin(juo.  Ab 
illo  siquidem  loco  très  simul  obsidebant  civitates  Fa- 
num-Solis  ,  Fanuni-Martis  \idelicet  et  Belgim.  Multis 
interpositis ,  quœ  longa  forent  enarrare ,  post  multa 
bella  ,  post  insultus  graves,  et  borrendis  occisionibus 
ex  utrâquc  parte  perpetratis ,  tandem  Hunni  dictas 
civitates  post  xv  mensem  obsidionis  earum  hostiHter 
subjecerunt,  et  novum  regem,  in  civitate  Belgensi , 
(îambrum  videlieetquondàm  ducem  Hunnorum  insti- 
tuentes ,  qui  postmodùm  uxores  de  sanguine  regio 
ritum  et  vitam  Belgorum  suscipiens ,  Belgos  potenter 
edomavit.  Rex  autem  Servius  videns  popukun  velle 
cumClambro  remanere,  dolens  nimiùm  cumliepprone, 
duceadvenarum  gentium,  et  cum  Vermendione,ducc 
Pannoniorum  ,  qui  nondùni  terras  adopta verant ,  fœ- 
dus  inire  proponens,  ad  finem  ut  Cambrum  invuderet, 
eo  quod  populum  (juem  eollegerat  usibus  suis  appli- 
cabat.  Hoc  perpendens  Camber,  eonsidei'ans  sibi  pe- 
riculum  imminere,  obtuHt  régi  Servio  clx  miUia 
Belgorum  ,  qui  Romam  secum  accédèrent  ad  eani 
edomandam  ,  et  plaeatus  est  rex.  Tune  (  '.amber  edic- 


DE    HAINAUT.     LIVllE    II.  l55 

■vièrc  qui  passe  près  de  Cateau-(]anibrésis ,  s'entend 
vraisemblablement  de  la  Sambre ,  parce  que  cette  der- 
nière semble  prendre  sa  source  dans  le  pays  de  Cateau- 
Cambrésis,  ou  du  moins  très-près  de  cet  endroit.  On 
pourrait  dire  ici  que  Camber  fonda  les  deux  villes  dont 
il  est  question  ,  quoique  nous  lisions  dans  l'histoire 
des  Bretons  ,  que  Camber ,  roi  de  la  Bretagne ,  bâtit 
dans  les  Gaules  une  ville  à  laquelle  il  donna  son  nom  , 
c'est-à-dire  celui  de  Cambre.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  laisse 
celte  question  à  résoudre  à  mes  lecteurs.  Qu'il  nous 
suffise  de  dire  que ,  de  la  ville  nouvellement  fondée , 
l'ennemi  fesait  à-la-fois  le  siège  des  trois  villes ,  de 
Solème  ,  de  Famars  et  de  Belgis.  Je  passe  beaucoup  de 
choses  qui  nous  entraîneraient  dans  de  trop  longs  dé- 
tails, et  je  rapporte  simplement,  qu'après  de  fréquens 
combats,  de  violens  assauts  et  de  grandes  pertes  essuyées 
par  les  deux  partis  ,  les  Huns  s'emparèrent  enfin  ,  après 
quinze  mois  de  siège ,  des  trois  places  ci-dessus  dési- 
gnées ,  et  qu'ils  choisirent  pour  roi ,  dans  la  ville 
de  Belgis,  Camber,  autrefois  duc  des  Huns,  qui 
prit  pour  épouses  des  femmes  du  sang  royal ,  et  qui  , 
après  avoir  adopté  le  culte  et  la  vie  des  Belges  ,  les 
soumit  entièrement  à  son  autorité.  Le  roi  Servius, 
voyant  que  l'armée  voulait  rester  avec  Camber ,  en 
ressentit  beaucoup  de  chagrin ,  et  résolut  de  faire 
alliance  avec  Heppron ,  duc  des  étrangers  ,  et  Vermen- 
dion ,  duc  des  Pannoniens ,  qui  n'avaient  pas  encore 
fait  choix  d'un  pays  pour  y  habiter,  afin  d'attaquer 
Camber ,  qui  voulait  employer  à  son  service  l'armée 
qu'il  avait  levée.  Celui-ci  en  ayant  eu  connaissance ,  et 
ayant  considéré  le  danger  qui  le  menaçait,  offrit  au 
roi  Servius  cent  soixante  mille  Belges,  pour  marcher 
sur  Rome  et  la  réduire.  Le  roi  accepta  cette  proposi- 


1 54  ANNALES 

tum  condidit  générale ,  ut  omnes  viri ,  non  solîim 
civltatis  Belgcnsis,  sed  etiàm  clvitatum  Fani-Solis  , 
Fani-Mercurli  atque  Portûs-Bclgorum,  à  viginti  quin- 
qiie  annis  usquè  ad  quadraginta ,  sub  pœnâ  capitis , 
rcgnura  Belgorum  abhinc  usquè  ad  decem  annos 
exirent ,  et  alienam  sibi  conquirerent  patriam.  Et  hoc 
eglt  ut  in  regno  quictiùs  ac  tutlùs  reinaneret.  Pacifi- 
cato  Servio ,  et  populo  innumerablll  aggrcgato,  unà 
cum  Hepprone,  duce  advenarum  ,  versîis  Romam 
viam  arripientes ,  regnum  Belgorum  debilitatum  at- 
que desolatum  valdè  rclinquerunt.  C.ainber  cum  Ver- 
mendione  fœdera  iniens  ,  quia  cum  illis  indomitis 
Belgensibus  progredi  renuens ,  sibi  territorium  assi- 
gnans  trans  ripariam  Sommae  ,  in  quo  civitatem 
grandem  œdificans,  nomine  proprio  Vermendiam  (i) 
appellandam  decrevit.  A  ripariâ  igltur  Sommne  et 
Vermendionis  civitate ,  usquè  ad  Mosam  et  Oceanum 
et  Rhenum ,  terra  gcneraliter  ab  iilis  Hunnis  et  Panno- 
niis  et  Romanis  paucis  fuit  occupata ,  et  ab  cisdem 
Huinia  generaliter,  et  particulariter  à  deo  Pan  Panno- 
nia  ,  et  Propantia  extitit  per  magna  tempora  vocitata. 
Sed  postmodiim  à  diversis  diversimodè  partialitor 
inhabitata,  alias  denominationes  suscipiens  ,  solus  an- 
gulus  Ilannoniœ  antiquam  conservavit  denominatio- 
nem ,  et  pro  causis  inferiùs,  Deo  duce,  assignandis, 
&ic  rcmansit  vocitata. 

(i)  Saint-Quentin 


DE   HAINAUT.    I  IVRE  II.  1  55 

tion ,  et  fut  apaisé.  Alors  Camber  publia  un  édit  général 
pour  ordonner  à  tous  les  hommes  ,  non-seulemeut  de 
Belgis ,  mais  encore  des  villes  de  Solème ,  deFamars  et 
de  Porte-Belge  ,  qui  seraient  âgés  de  vingt-cinq  à  qua- 
rante ans,  de  sortir,  sous  peine  de  mort,  du  rovaume 
des  Belges  pendant  dix  années  ,  et  de  se  conquérir  une 
autre  patrie.  Il  se  conduisit  ainsi  afin  de  rester  plus 
tranquille  et  plus  assuré  dans  ses  États.  Servius ,  satis- 
fait de  Camber,  assembla  une  armée  innombrable,  et 
marcha  sur  Rome  avec  Heppron  ,  duc  des  troupes 
étrangères,  en  laissant  le  royaume  des  Belges  dans  l'é- 
puisement et  la  désolation.  Camber  fit  alliance  avec 
Yermendion  ,  qui  avait  refusé  d'accompagner  les  re- 
doutables Belges  à  leur  départ ,  et  lui  assigna  un 
territoire  au-delà  de  la  Somme ,  où  celui-ci  bâtit  une 
grande  ville  qu'il  appela  de  son  propre  nom  Ver- 
mende.  De  cette  rivière ,  et  de  la  ville  de  Vermendion 
jusqu'à  la  Meuse  ,  à  l'Océan  et  au  Rhin  ,  le  pays  fut  en 
grande  partie  occupé  par  les  Huns  ,  les  Pannoniens  et 
quelques  Romains.  Il  reçut  de  ces  premiers  le  nom 
général  de  Huinie  ;  il  prit  du  dieu  Pan  le  nom  parti- 
culier de  Pannonie  ,  et  fut  aussi  pendant  long-tems  ap- 
pelé Propancie.  Mais,  plus  tard ,  il  prit  des  divers  peu- 
ples qui  l'habitèrent  différentes  dénominations  ;  le  seul 
canton  de  Hainaut  conserva  son  ancien  nom  ,  et  resta 
ainsi  appelé  par  des  raisons  que  j'exposerai  dans  la 
suite  ,  avec  l'aide  de  Dieu. 


i56 


ANNALES 


CAPITULUM  XLI. 


De  morte  Servii ,  régis  Romanorum. 


DcM  igitur  dicta  agerentur,  Tarquinius  Burbentius 
sive  Superbus,  quod  idem  est,  rempublicam  Roma- 
norum manu  ducens ,  contra  Servium  regem  populum 
fortii^is  informabat ,  et  cùm  tandem  civitatem  roma- 
nam  cum  populo  innumerabili  intrare  deerevisset, 
post  longam  obsidionem  proditoriè  cum  paucis  est 
susceptus,  qui  stat\m  à  dicto  Tarquinio  interimitur; 
ncc  cum  lamentis  ejus  exscquice  celebratae  sunt,  rc- 
galium  more,  eo  quod  primitùs  tributa  super  populum 
instituerat.  Inde  Tarquinius  in  regem  eligitur,  qui 
fœdera  cum  exteris  iniens ,  à  civitate  sunt  susccpti. 
Post  hœc,  Cambcr  timens  populi  in  civitate  Belgensi 
seditionem  ,  in  civitate  quam  extruxerat  secedens ,  in 
eâdem  quœ  ad  regni  sui  gubernaculum  cxigebantur, 
cxcrcuit.  Tandem  mortuus ,  regnavit  in  civitate  Bel- 
gensi Melbrandiis,  filius  ejus,  pro  eo.  Ex  Hislonâ 
Tornacansi.  Olympiadis  lviii  aiuio  primo  (ij,mortuo 
Servio  rege  ,  qui  primitùs  civitatem  Tornacensem  de- 
struxit,  aller  Tarquinius  susccpit  imperium.  Cujus 

(i)  An  547  av.  J.-C,  -iiivaut  EiisèJx' ,  ou  l'an  1  <lc  Tolimpiade  58. 


DE    IIAINALT.     LIVRE    II.  1 57 


CHAPITRE    XLI. 


De  la  mort  de  Servius ,  roi  des  Romains. 


Pendant  ce  tems-là  ,  TarquIn-l'Orgueilleux  ou  le 
Superbe  (car  ces  deux  mois  signifient  la  même  chose), 
tenant  en  main  les  renés  du  gouvernement ,  excitait  le 
peuple  contre  le  roi  Servius.  Celui-ci  ayant  formé  le 
dessein  d'entrer  dans  Rome  avec  une  armée  nombreuse, 
fut  introduit  par  trahison  dans  la  ville  avec  un  petit 
nombre  des  siens ,  et  fut  aussitôt  mis  à  mort  par  Tar- 
quin.  Ses  funérailles  ne  furent  pas  célébrées  au  milieu 
des  lamentations  qui  accompagnaient  ordinairement 
les  obsèques  des  rois,  parce  qu'il  fut  le  premier  qui 
établit  des  impôts  sur  le  peuple.  Tarquin  fut  nommé 
roi  à  sa  place,  et  fit  alliance  avec  les  étrangers,  que 
l'on  reçut  alors  dans  la  ville.  Après  ces  ëvénemens, 
Camber,  craignant  la  révolte  des  habitans  de  Belgis  , 
se  retira  dans  la  ville  qu'il  avait  bâtie ,  et  en  fit  le  siège 
de  son  gouvernement.  Après  sa  mort,  Melbrand  son 
fils  régna  sur  Belgis.  Extrait  de  l'histoire  de  Tournai. 
En  l'an  premier  de  l'olimpiade  lvhi  ,  le  roi  Servius  ,  qui 
avait  détruit  le  premier  la  ville  de  Tournai ,  étant  venu 
à  mourir ,  un  second  Tarquin  gouverna  l'empire  à  sa 
place.  Sous  son  règne  la  ville  de  Tournai  fut  recon- 
struite et  réparée,  les  citoyens  y  furent  rappelés  et  ré- 


1 58  ANNALES 

tcmporibus  rcaedificata  et  rcparata  est  civitas  ,  et 
rccollocti  cives  et  in  pristinum  (lominiuni  rcstituti, 
cunctaque  prospéra  ,  et  quasi  ex  sententiâ  ,  huic 
civitati   bona    succrescebant. 


GAPITULUM  XLII. 

De  Scdecluil ,  regc  Juda  ,  et  de  destnictione  civitali?  Jcnisalcm. 


ACTOR. 


Ad  tempora  nostra  contiiiuenda ,  stylum  converta- 
mus  ;  iiàm ,  proùt  superiiis  est  actum ,  dictas  Servius 
rex  regnavit  in  Romà,  tempore  Sedechiœ,  régis  Judœ, 
cujus  historiam  ad  tempora  continuanda  conscribere 

proponimus.  Circà  olympiadcm (i),  Sedecbias  in 

Judaeâ  regnabat.  Cœpit  autcm  anno  quartœ  aetatis 
CDLxxiv,  nmndi  vero  iiimccclxii  (2),  et  regnavit 
annis  xi.  Sub  quo  propbetaverunt  Jercmias  et  Barucli. 
Justinus ,  lihro  xlii  (3).  Temporibus  Tarquiuii ,  ex 

(1)  Les  deux  manuscrits  offrent  ici  une  lacune ,  et  ne  donnent 
ni  l'un  ni  l'autre  le  nombre  de  l'olimpiade,  ni  l'année,  de  cette 
olimpiade.  Ces  deux  nombres  se  trouvent  dans  la  vieille  traduction 
française  ,  et  je  les  rapporte  tels  qu'elle  les  donne.  Cependant,  selon 
Eusèbe,  Se'décias  monta  sur  le  trône  l'an  fioi  avant  notre  ère,  l'an 
4  de  la  W  olimpiade  ,  et  Unit  de  régner  l'an  x  de  la  4;''  olimpiade  , 
591  avant  notre  ère. 

(2)  L'an  600  av.  J.-(L  ,  suivant  Fusèbc. 

(3)  C'est  au  livre  xliij  ,  chap   3. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  1  $9 

tablis  dans  leur  ancienne  domination.  Alors  tous  les 
genres  de  prospérité  affluèrent  à  la  fois  à  Tournai ,  et 
elle  devint  aussi  florissante  qu'il  était  possible. 


CHAPITRE  XLII. 


De   Sedecias ,    roi  de   Juda ,   et  de  la   desfruction  de   la   ville  de 
Jérusalem . 


L  AUTEUR. 


Mais  continuons  notre  chronique.  Le  roi  Servius 
régna  à  Rome  du  tems  de  Sédécias  roi  de  Juda  ,  dont 
nous  allons  rapporter  l'histoire  en  suivant  l'ordre  des 
tems.  Sédécias  régnait  sur  Juda  en  l'an  premier  de  la 
cinquante-huitième  olimpiade.  11  commença  son  règne 
en  l'an  474  du  quatrième  âge  ,  et  du  monde  3362  ,  et 
occupa  le  trône  pendant  onze  années.  Sous  son  règne 
parurent  les  prophètes  Jérémie  et  Baruch.  Justin , 
livre  XLII.  Aux  tems  de  Tarquin  ,  une  troupe  déjeunes 
Phocéens  partis  d'Asie  abordèrent  à  l'embouchure  du 
Tibre,  et  firent  alliance  avec  les  Romains.  De  là ,  conti- 
nuant leur  route  sur  leurs  Vaisseaux ,  ils  s'avancèrent 
jusqu'à  l'extrémité  de  la  mer  des  Gaules,  où  ils  bâti- 
rent la  ville  de  Marseille  entre  les  Liguriens  et  des 
nations  barbares...  Marseille  fut  donc  fondée  près  des 
bouches  du  Rhône,  au  fond  d'un  golfe,  et  comme  dans 
un  recoin  de  mer. . .  Ce  fut  de  ces  Phocéens  que  les  Gau- 


iGo  ANNALES 

Asia  PhooœenfiiMii  juvonUis,  ostio  Tibcris  inveola  , 
amicitiam  cum  riomanis  junxit  :  intlè  in  ullimos  Gal- 
liae  sinus  navibus  profccta,  Massiliam  intcr  Liguros 
et  feras  gentes  Gallorum  conclidit....  Condita  estigltur 
Massilia  propè  ostia  llliodani,  in  remoto  slnu ,  velut 
in  angiilo  maris....  Ab  liis  Galli  usum  vitnc  cultioris , 
etagrorum  cultiis  ,  et  urbes  mœnibus  cingore  didisce- 
runt,  mansucfactd  (i)  quoque  barbariâ  Icgibiis,  non 
armis  vivere,  et  vitcm  poncrc  et  olivam  inscrere. 
Anno  quinto  Sedochiîc  (2),  exorsus  est  Ezecbiel  pro- 
phetare  in  Bal)ylonc  ad  captivos,  postquàm  aceepc- 
rant  epistolam  Jeremi.T.  Hie  in  Babylonem  ductus  est 
cum  Joaclîim  et  matre  ejus ,  cum  Daniele  et  tribus 
pueris ,  et  habitabat  juxtà  fluvium  Cliobar  (3j.  In 
piincipio  aulem  anni  noni  (4j  Scdecliia3 ,  INabucbo- 
donosor  Jérusalem  obsedit,  quia  superbus  et  infidus 
tributumei  promissumnegavit.  TuncrcxiEgypti  cum 
cxercitu,  quasi  soliturus  obsidionem  venit;  et  Nabu- 
cliodonosor  à  Jérusalem  in  occursum  ejus  recedens, 
eum  fugavit  ac  de  Syria  exire  compulit.  Tune  falsi 
prophetae  nunciabant  Sedccliiœ  prospéra,  scilicct  falsa, 
Jeremias  autem  his  contraria  et  vera.  Qui  egredieiis 
ad  vicum  suum  Anathot,  tanquàm  fugeret  ad  liostes 
captus  estetincarceratus.  Anno  nono  Sedecbiœ,  mense 
decimo ,  rediit  Nabuchodonosor  et  Nabusardan  cum 

(i)  Dans  l'cdition  de  Doux-Pnnts,  J784,  celte  phrase  niansucfticfa 
qiioqiie  barbarie  est  placée  après  ces  mots,  usum  vilœ  cultioris. 

(2)  L'an  5(/)  av.  J.-C 

(3)  Le  fleuve  (^hol)ar  est  prcsmné  avoir  ete  tmr  hranrlic  »le  TFn- 
phrate.  Dom  Calmet  croit  ((uc  c'est  le  lleuvc  Cliaboras. 

(4)  L'an  592. 


DE    HAI.NAUT.     LIVRE    II.  l6l 

lois  apprirent  un  genre  de  vie  plus  doux ,  et  qu'ils  surent 
cultiver  leurs  champs ,  entourer  leurs  villes  de  mu- 
railles; se  dépouiller  de  leur  barbarie  pour  vivre  par  les 
lois  et  non  par  les  armes;  ils  se  rendirent  aussi  habiles 
à  tailler  la  vigne  et  à  planter  l'olivier.  »  En  l'an  5  de 
Sédécias  ,  Ezéchiel  commence  à  prophétiser  au  milieu 
des  captifs  de  Babilone  lorsque  ceux-ci  eurent  reçu 
une  lettre  de  Jérémie.  Il  avait  été  emmené  à  Babilone 
avec  Joachim  et  la  mère  de  celui-ci ,  avec  Daniel  et  les 
trois  autres  enfans  du  sang  royal ,  et  habitait  sur  les 
bords  du  fleuve  Chobar.  Au  commencement  de  la  neu- 
vième année  de  Sédécias  ,  Nabuchodonosor  assiégea  Jé- 
rusalem ,  parce  que  Sédécias  ,  orgueilleux  et  parjure  , 
lui  avait  refusé  le  tribut  qu'il  lui  avait  promis.  Alors 
le  roi  d'Egipte  s'avança  avec  une  armée  ,  pour  faire  le- 
ver le  siège  de  la  ville  ;  mais  Nabuchodonosor  quittant 
les  murs  de  Jérusalem,  et  marchant  à  sa  rencontre,  le 
met  en  fuite  et  le  force  à  sortir  de  la  Si  rie.  En  ce  tems- 
là  les  faux  prophètes  annonçaient  à  Sédécias  des  choses 
heureuses  mais  fausses  ,  tandis  que  Jérémie- en  annon- 
çait de  toutes  contraires  et  qui  étaient  vraies.  Ce  pro- 
phète en  se  retirant  à  ^^lathot ,  sa  patrie  ,  fut  arrêté  et 
mis  aux  fers  comme  s'il  eût  voulu  passer  aux  ennemis. 
En  la  neuvième  année  de  Sédécias,  au  dixième  mois  , 
Nabuchodonosor  et  Nabuzardan  revinrent  avec  leur 
armée  et  mirent  de  nouveau  le  siège  devant  Jérusalem , 
qui  resta  bloquée  pendant  dix-huit  mois.  Sédécias  , 
frappé  de  terreur ,  fît  sortir  Jérémie  de  prison  ,  en- 
lendit  secrètement  ses  prophéties ,  et  lui  fît  chaque 
jour  apporter  des  vivres.  Mais  ensuite  Jérémie  ayant 
recommencé  à  prêcher  en  public ,  il  le  livra  aux  princes 
et  aux  vieillards  ,  qui  le  lui  demandaient  pour  le  faire 
mourir.  Ceux-ci  le  jetèrent  dans  la  basse-fosse  de  Mel- 
II.  1  1 


\62  ANNALES 

exercitu,etobseclit  Jérusalem,  et  clausa  est  xviii  mcn- 
sibus.  Territus  quoque  Sedechias  Jcremiam  de  carcere 
tulit,  et  prophetiœ  secreto  veritatem  requirens,  au- 
divit,  eique  victualia  quotidiè  ministrare  jussit.  Sed 
posteà  dùm  publiée  praedicaret,  principibus  ac  se- 
nioribus  eum  ad  mortem  pctentibus,  exposiiit;  qui 
eum  in  lacu  Melcliiœ  deposuerunt-  et  crat  in  luto 
usquè  ad  guttur,  quod  ci  erat  omni  morte  amarius. 
Sed  extraxit  eum  Abdemelech  iEthiops,  vir  eunuchus. 
Tandem  deficientibus  in  urbe  victualibus ,  adeo  ut 
mulieres  parvulos  suos  comcderent ,  in  mensura  pal- 
mae  capta  est  civitas,  xi  anno  (i)  Sedecliiœ,  fugiens- 
que  comprehensus  est,  et  in  conspectu  Nabuchodo- 
nosor  in  Reblatâ  judicatus ,  dicentis  eum  ab  ipso 
impcrii  suscepti  ingratum  extitisse  ,  et  contra  muni- 
ficum  bostilitcr  agendo  etiàm  in  Deum  deerrasse.  Et 
addidit  :  «  Magnus  Deus  habens  odio  tuam  nequitiam 
te  mihi  tradidit.  »  Itaque  fdios  ejus  coràm  eo  occidit 
et  oculos  ejus  cffodit,  vinctumque  catenis  in  Babylo- 
nem  adduxit  et  Josedecb  eum  eo  ,  et  Saraiâ  pontifi.ce, 
pâtre  ejus,  occiso.  Nabusardan  verô  princeps  Coco- 
rum,  templum  et  civitatem  incendit,acmurum  totum 
in  circuitu  ejus  destruxit ,  captivos  et  vasa  Domini 
transtulit,  Godoliam  pauperibus  et  agricolis  in  terrd 
relictis  prœfecit  ;  Jeremiœ  vero  libertatem  et  munera 
praebuit,  Recbabitas  abire  permisit. 

(i)  An   591  suivant  Euscbe ,  et  .586  suivant  l'Art  de  vérifier  les 
dates. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  l63 

chias  ;  et  le  prophète  fut  plongé  clans  la  boue  jusqu'au 
cou  ,  ce  qui  était  pour  lui  un  supplice  plus  insuppor- 
table que  la  mort.  Mais  l'eunuque  Abdémélech  ,  qui 
était  d'Ethiopie,  le  tira  de  son  bourbier.  Enfin,  les  vivres 
étant  venus  à  manquer  dans  Jérusalem  au  point  que 
les  femmes  furent  réduites  à  manger  leurs  enfans  ,  la 
ville  fut  emportée  en  un  tour  de  main ,  la  onzième  an- 
née de  Sédécias.  Ce  prince  fut  pris ,  lorsqu'il  cherchait 
à  fuir  ,  et  amené  en  jugement  à  Reblata  ,  devant  Nabu- 
chodonosor ,  qui  lui  reprocha  de  s'être  montré  ingrat 
envers  lui ,  dont  il  tenait  sa  couronne ,  et  d'avoir  pé- 
ché envers  Dieu  en  agissant  hostilement  contre  son 
bienfaiteur.  Puis  Nabuchodonosor  ajouta:  «Le  Sei- 
gneur ,  qui  déteste  ta  méchanceté  à  mon  égard ,  t'a 
livré  entre  mes  mains.  »  Ensuite  il  fit  mettre  à  mort  ses 
fds  en  présence  de  leur  père ,  et ,  ayant  fait  crever  les 
ieux  à  celui-ci ,  il  le  fit  conduire  à  Babilone  chargé  de 
fers  avec  Josedec ,  dont  le  père ,  Saraias ,  souverain 
pontife,  fut  mis  à  mort.  Nabuzardan  ,  général  des  Cal- 
déens  ,  mit  le  feu  au  temple  et  à  la  ville  de  Jérusalem  ; 
renversa  toutes  les  murailles  qui  l'entouraient ,  et  em- 
mena les  captifs  et  les  vases  du  Seigneur,  après  avoir 
établi  Godolias  pour  gouverner  les  pauvres  et  les  la- 
boureurs qui  furent  laissés  en  Judée.  Il  mit  Jérémie 
en  liberté  ,  lui  fit  des  présens  ,  et  lui  permit  de  se  re- 
tirer chez  les  Réchabites. 


1 64  ANNALES 


CAPITULUM  XLllL 


De  fine   quartœ    selatis    et  prophetiâ  EzechicHs ,   et   consolatione 
transmigratorutn . 


ACTOR. 


Hic  fuit  exitus  regai  Judaeorum  ,  in  qiio  regnatum 
est  annis  quingentis  et  xiv  et  mensibus  vi,  secundùm 
Josephum.  In  hâc  ultimâ  captivitatc  Judœorum  aetas 
saeculi  quarta  terminatur  habens  annos  cdlxxxv.  Fue- 
runt  autem  ab  anno  quarto  Salomonis ,  in  quo  funda- 
tum  est  templum ,  usquè  ad  ejus  inccndium,  anni 
CDXLi  ;  ab  ingressu  terrœ  promissionis  dccclxxxii  ; 
à  datione  legis  cmxxii;  à  nativitate  Abrahae  mcdxxvi; 
ab  initio  vero  seculi  iiimccclxxiii.  Comestor.  Venit 
autem  ad  Ezechielem  quidam  qui  fugerat  de  Jérusa- 
lem ,  dicens  vastata  est  civitas  in  prœcedenti.  Tamen 
vespere  prophetaverat  Ezechiel  de  nuntio  future.  Et 
audiens  omnis  transmigratio  excidium  urbis  et  incen- 
dium  templi ,  levaverunt  vocem  suam  et  dixerunt  : 
«  Periit  spes  nostra ,  abscisi  simius  et  non  rosurgemus.  » 
Et  exclamavit  Ezecbiel  :  «  Haec  dicit  Dominus  :  Cùm 
sanctificatus  fuero  in  vobis ,  tollam  vos  de  gentibus ,  et 
udducam  in  terram  vostram  ,  et  effundam  super  vos 


r>E    HAINVUT.    Llvr.E    II.  1 6," 


CHAPITRE  XLIII. 


Fin  da  cjtiatritme  âge^   prophétie  d'Ezéchiel  et    consolation  des 
émisrés. 


L  AUTEUR. 


Telle  fut  la  fin  du  royaume  des  Juifs,  qui  avait  duré 
514  ans  et  6  mois,  d'après  le  calcul  de  Josèphe.  C'est 
à  cette  dernière  captivité  des  Hébreux  que  finit  le  qua- 
trième âge,  qui  renferme  485  années.  On  compte  441  ans 
depuis  la  quatrième  année  de  Salomcu,  époque  delà  fon- 
dation du  temple ,  jusqu'à  son  incendie;  882  ans  depuis 
l'entrée  des  Juifs  dans  la  terre  promise;  922  ans  depuis 
que  la  loi  leur  fut  donnée  ;  1426  ans  depuis  la  naissance 
d'Abraham,  et  3373  ans  depuis  le  commencement  du 
monde.  Comestor.  Quelqu'un  qui  s'était  enfui  de  Jéru- 
salem accourut  vers  Ezéchiel  pour  lui  annoncer  que  la 
ville  avait  été  détruite  le  jour  précédent.  Mais  Ezéchiel 
avait ,  dès  le  soir  même  de  cette  catastrophe ,  prophé- 
tisé cette  nouvelle.  Toute  l'émigration,  en  apprenant 
la  ruine  de  la  ville  et  l'incendie  du  temple ,  éleva  la 
voix  et  s'écria  :  «  Notre  espoir  a  péri  ;  nous  sommes 
brisés,  et  nous  ne  nous  relèverons  pas. n ^Ezéchiel  de 
son  côté  s'écria  :  «Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  :  lorsque 
j'aurai  été  sanctifié  en  vous^  je  vous  tirerai  du  milieu 


l66  ANNALES 

aquaiii  nuiiidain  ,  etc.  »  Et  ("acta  est  super  Joël  pro- 
phetaiu  maims  Domiiii ,  et  etluxit  eum  ,  in  spiritu,  in 
campum  qui  plenus  erat  ossibus  siccis ,  vehementer  et 
ait  :  «  Ossa  arida ,  auflite  verbum  Domini.  Hœc  dicit 
Dominas  :  Ecce  dabo  super  vos  nervos  ,  et  succrescere 
faciam  carnes  et  superextendam  cutem,  daboque  vobis 
spiritum  et  vivetis.  »  Ossa  haec  universa  domus  Israël 
est.  Praetereà ,  in  consolationeni  gentis  suœ  ,  prœdixit 
propheta  calamitatem  circumstantium  nationum,  qu<€ 
juverant  bostes  contra  Jérusalem ,  vel  insultaverant 
captivis;  id  est,  fdiorum  Amon  et  Moab  et  Edom , 
Pliilistini ,  Tyri  et  Sidonis ,  M^ypù  et  ^tbiopiae. 


CAPITULUM  XLIV. 


De  descensu  rcliqiiiarum  filioriim  Israël  in  y^Ej^yptuni ,  et  morte 
Jeremiae. 


Interea,  contra  consilium  Jeremiae,  descenderunt 
roli([uiœ  Juda,  ducentes  secum  ipsum  Jercmiam  et 
Barucb  in  iEgyptum;  ethabitavcrunt  ibi,  et  factus  est 
sermo  Domini  ad  Jercmiam  in  Tbannis.  «  Sume  lapi- 
des grandes  et  abscondc  cos  in  crypta  quae  est  sub 
muro  latericio  ,  in  porta  domûs  Pbaraonis;  et  dices 


DE    HAINALT.     L1V11£    II.  1 67 

(les  nations  ,  et  vous  reconduirai  dans  votre  patrie  ,  et 
je  répandrai  sur  vous  une  eau  pure,  etc...  »  La  main  du 
Seigneur  saisit  le  prophète  Joël  et  le  conduisit ,  en  es- 
prit, dans  un  champ  qui  était  couvert  d'ossemens  arides; 
et  Joël  dit  :  «  Ossemens  arides  ,  entendez  la  parole  du 
Seigneur.  Yoici  ce  que  dit  le  Seigneur  :  Je  vous  don- 
nerai des  nerfs  et  je  vous  couvrirai  de  chair  ,  et  j'éten- 
drai une  peau  sur  vous  ,  et  je  vous  donnerai  l'existence 
et  vous  vivrez.  »  Ces  ossemens  signifient  toute  la  mai- 
son d'Israël.  Outre  cela  le  prophète ,  pour  consoler  sa 
nation,  prédit  le  malheur  des  peuples  voisins,  qui 
avaient  aidé  les  ennemis  contre  Jérusalem  ,  ou  qui 
avaient  insulté  aux  captifs.  Ces  peuples  étaient  les  fils 
d'Amon ,  de  Moab  et  d'Edon ,  les  Philistins  ,  les  habi- 
tans  de  Tir  et  de  Sidon  ,  les  Égiptiens  et  les  Éthiopiens. 


CHAPITRE  XLIV. 


De  la  descente  en  Ègipte  des  restes  des  Gis  d'Israël,  et  do  la  mort 
de  Jëre'mie. 


Pendant  ce  tems-là ,  les  restes  de  Juda  partirent , 
contre  l'avis  de  Jérémie ,  emmenant  en  Egipte  avec 
eux  Jérémie  et  Baruch.  Ils  habitèrent  ce  pays  ;  et  le 
Seigneur  parla  ainsi  à  Jérémie  dans  Tanis  :  «  Prends 
tle  grosses  pierres  et  cache-les  dans  la  cripte  qui  est 
sous  le  mur  de  brique  ,  à  la  porte  de  la  maison  de  Pha- 


l68  ANNALES 

ad  JikIcTos  :  Hœc  (li(;it  Doniinus  :  Ecce  assumam  ser- 
vum  meum  Nabuchodonosor,  et  ponam  thronum  ejus 
super  lapides  istos ,  et  percutiet  terram  iEgypti ,  et 
peribitls  vos  ciim  /Egyptlis.  »  Et  insurrexit  populus 
contra  Jeremiam ,  et  lapidaverimt  eiira  cum  lapidibus 
quos  absconderat  sub  muro  latericio.   ^Egyptil  vero 
honoraveruut  prophetam,  sepelienles  cum  juxtà  tu- 
iTiulum  regum,  memores  beneficiorum  qua3  praestite- 
l'at  /Egyptiis;  quia  oratione  sua  fugaverat  aspides  et 
bcstias  aquaruin  quas  Grseci  crocodillos  vocaiit,  qui- 
bus  priùs  /Ëgyptus  infestabatui-.  Tradunt  ctiàm  quod 
adhiic  de  pulvere  ejusdem  loci  ubi  jacuit  sepultus , 
aspidum  pcrcussura  sauatur  et  fugantur  crocodilli. 
De  eodem  multa  proloquitur  Epiphanius ,  et  inter 
cœtera  dicit  :  «  Hic  est  Jcrcmias,  qui  rogibus  iEgypti 
signum  dédit  quod  eorum  idola  everti  opoi'teret,  cùm 
virgo  parcret.  Undè  et  sacerdotes  eorum  in  secreto 
tcmpli   loco   imaginem    virginis   et  pueri   statuentes 
adorabant  (i).  Dùm  vero  Ptolemaeus  rex  interrogaret 
eos  quâ  hœc  ratione  agerent ,  dixerunt  paternœ  tra- 
ditionis  esse  mysterium  quod  à  sancto  prophetâ  acce- 
perant,  majores  et  credebant  in  rébus  ità  esse  ven- 
turum.  Scquitur  :  Hic  est  Jeremias  ,  qui  templum 
evertendum  prœnoscens  ,  arcam  testamenti  cum  his 
quaî  in  eâ  crant  tulit ,  et  precibus  suis  absorberi  in 
pclrà  ;  petram  vero  digito  designans  Dei  nomen  im- 

(i)  Ceci  a  rapport  à  ces  peintures  dc'couvertcs  sur  les  murs  inte'- 
rietirs  des  temples  egiptiens,  où  l'on  voit  une  femme  donnant  nais- 
sance à  un  enfant  niïlle,  Orus  sans  doute.  L'explication  imaginée 
par  saint  Épiphane  sur  l'origine  de  ces  ptintiircs ,  est  plus  conforme 
à  l'esprit  de  son  siècle  qu'à  la  vciitc. 


DE    HAINALT.     LIVRE    II.  1 69 

raon  ;  et  tu  diras  aux  Juifs  ;  voici  ce  que  dit  le  Seigneur  : 
Je  prendrai  mon  serviteur  Nabuchodonosor  et  je  pla- 
cerai son  trône  sur  ces  pierres ,  et  il  frappera  la  terre 
d'Égipte   et  vous  périrez  avec  les  Egiptiens.  »   A  ces 
mots  le  peuple   se  souleva  contre  Jérémie,  et  le  la- 
pida avec  les  pierres  que  le  prophète  avait  cachées  sous 
le  mur  de  brique.  Mais  les  Egiptiens  lui  rendirent  de 
grands  honneurs  ,  et  l'enterrèrent  près  du  tombeau  des 
rois  ,  pour  prix  des  bienfaits  qu'ils  en  avaient  reçus.  En 
effet ,  il  avait  chassé  par  ses  prières  les  aspics  et  les  ani- 
maux aquatiques  nommés  par  les  Grecs  crocodiles ,  qui 
infestaient   l'Égipte  auparavant.  On  raconte  de  plus 
que  la  poussière  du  lieu  où  il  fut  enterré ,  guérit  encore 
aujourd'hui  les  blessures  des  aspics  et  met  en  fuite  les 
crocodiles.  Épiphane  parle  au  long  de  ce  saint  prophète 
et  dit  entre  plusieurs  choses  :  «  Tel  est  Jérémie  qui  an- 
nonça aux  rois  d'Égipte  qu'ils  devraient  renverser  leurs 
idoles ,  lorsqu'une  vierge  mettrait  au  monde  un  en- 
fant. C'est  pour  cela  que  leurs   prêtres  plaçaient  et 
adoraient  dans  l'endroit  le  plus  secret  de  leur  temple 
l'image  d'une  vierge  et  d'un  enfant.  Ptolémée,   roi 
d'Egipte ,   leur  ayant  demandé  pourquoi  ils  en  agis- 
saient ainsi ,  ils  répondirent  que  c'était  un  mistère  que 
leurs  ancêtres,  qui  l'avaient  reçu  du  saint  prophète  , 
leur  avaient  transmis ,  et  qu'ils  croyaient  que  ce  qui 
leur  avait  été  annoncé  s'accomplirait.  »  Plus  loin,  saint 
Epiphane  ajoute  :   «  Tel  est  Jérémie  qui,  connaissant 
d'avance  la  ruine  du  temple ,  emporta  l'arche  d'al- 
liance avec  ce  qu'elle  renfermait ,    et  obtint  par  ses 
prières  qu'elle  fût  enfouie  dans  une  pierre;  en  ayant 
soin  d'imprimer  avec  son  doigt  le  nom  de  Dieu  sur 
cette  pierre ,  pour  servir  à  la  reconnaître.»  Depuis  elle 
a  été  si  bien  cachée  par  une  nuée  ,  que  jusqu'à  présent 


lyO  ANNALES 

pressit,  qui  iiubis  impedimcnto  ità  celatiim  est,  ut  ex 
tune  nec  locuin  quis  cognoscere  queat,  née  ipsum 
nomen  légère;  et  pristinae  figurœ  instar  illic  saepè 
nubes  fit  ^  ut  ignis,  nocturno  tempore;  eo  quod  gloria 
Dei  ab  ejus  lege  non  desinat.  Est  autem  petra  illa  in 
eremi  loco,  inter  duos  montes,  in  quibus  jacentMoyses 
et  Aaron.  Dixitque  Jeremias  prœsentibus  :  «  Domi- 
nus  ex  Sion  recessit  ad  cœlos,  indè  rursùs  venturus 
propriâ  virtute;  et  erit  signum  préesentiae  ejus  quando 
universœ  gentes  adoraverunt  lignum.  Dixitque  quod 
hanc  arcam  nisi  Aaron  nemo  poterit  producere ,  et 
tabulas ,  quœ  in  eâ  sunt ,  nullus  aperiet  sacerdotum , 
nullus  proplietarum  ,  nisi  electus  Dei  Moyses  ;  et  in 
prima  resurrectione  rosurget.  Hœe  arca  et  exiblt  de 
petrâ  et  ponetur  in  montcm  Sina,  et  omnes  sancti 
congregabuntur  ad  eam  ,  regressum  Dei  sustinentcs.  » 
Hœc  Epiplianius. 


CAPITULUM    XLV. 

De  exovdio  quint*  ictatis ,  et  regibus  Habyloninc. 


Ab  initio  igitur  captivitatis  Judœorum ,  œtas  quin- 
ta(i)  cxordium  habult;  quœ  ,  scilicct  captivitas,  juxtà 

(i)   Le  cinquicme  .'îgc  comiucacc,    suivant  le   calcul  irEusèhc , 
à  l'an  fi<)«i  avant  notre  cie. 


DE    HAINALT.     LIVRE    II.  I7I 

personne  n'a  pu  la  retrouver  ,  ni  lire  le  nom  qui  y  est 
empreint.  Souvent  il  se  formq  à  l'endroit  où  l'arche  se 
trouve  un  nuage  de  même  figure  qu'elle,  qui  ressemble 
à  un  feu  au  milieu  de  la  nuit ,  afin  que  la  gloire  de 
Dieu  ne  se  retire  pas  de  sa  loi.  Cette  pierre  se  trouve 
dans  un  endroit  du  désert  entre  deux  montagnes ,  où 
sont  les  sépultures  de  Moïse  et  d'Aaron.  Jérémie  dit  à 
ceux  qui  l'entouraient  ;   «  Le  Seigneur  s'est  retiré  de 
Sion  pour  monter  aux  cieux  ,  d'où  il  reviendra  par 
sa  propre  vertu  ;  et  sa  veime  sera  proche  lorsque  vous 
verrez  toutes  les  nations  adorer  le  bois.  »  Il  dit  aussi 
que  nul  autre  qu'Âaron  ne  pourrait  déterrer  l'arche  , 
et  que  Moïse,  l'élu  de  Dieu,  pourrait  seul ,  à  l'exclusion 
des  prêtres  et  des  prophètes ,  ouvrir  les  tables  qu'elle 
renferme.  Cette  arche  reparaîtra  à  la  première  résur- 
rection ;  elle  sortira  de  la  pierre ,  elle  sera  placée  sur  le 
mont  Sinaï ,  et  tous  les  saints  seront  rassemblés  autour 
d'elle  ,  pour  assister  au  retour  de  Dieu.  »  C'est  ce  que 
rapporte  Epiphane. 


CHAPITRE  XLV. 


Du  commencement  du  cinquième  .loe,  et  des  rois  de  Babilone; 


Le  cinquième  âge  date  du  commencement  de  la 
captivité  des  Juifs  ,  qui ,  suivant  la  prophétie  de  Jéré- 
mie, dura  soixante-dix  ans,  jusqu'à  la  seconde  année 


I  ^9.  ANiVALES 

prophetlam  Jeremiae ,  perseveravit  lxx  annis ,  usqiic 
ad  annum  secundum  Darii  filii  Hystaspis.  Horum  xxx 
priml  computantur,  juxtà  Eusebium,  usquè  ad  regnum 
Cyri.  Comestor.  Anno  quinto  eversionis  Jérusalem, 
descendit  Nabiichodonosor  in  Syriani  inferiorem  et 
obtiniiit  eam;  Moabitas  quoque  et  Ammonitas  subju- 
gavit  sibi ,  tandem  intravit  in  iEgyptum ,  eamque 
subvertit,  et  regem  qui  tune  erat  in  eâ  occidit;  aliam- 
que  in  eâ  constituens,  denuo  Judœos  in  eâ  captivos 
duxit.  Eusehiiis.  Anno  captivitatis  nono  (i)  ,  mortuo 
Nabuchodonosor,  regc  Babyloniae,  suscepit  imperiuni 
Evilmerodach ,  oui  successit  frater  ejus  Baltazar.  Co- 
m.eslor.  Mortuo  magno  Nabuchodonosor,  qui  de  ma- 
nibus  hostium  templum  Bebs  magnifiée  decoravit, 
civitatem  reparans ,  ità  ut  nequaquàm  valerent  obsi- 
dentes  fluvium  convertere ,  eo  mortuo ,  régna  vit  pro 
eo  Evibnerodach,  qui,  xxxvii  (2)  anno  transmigra- 
tionis  ,  suhlevavit  caput  Joacbim  ,  régis  Juda  ,  de 
carcere,  quia  pater  ejus  servaverat  cum  eo  fœdus. 
Tradunt  quidam  quod  Evihnerodacli ,  frater  minoris 
Nabuchodonosor,  in  diebus  ejectionis  paternœ ,  multa 
gessit  impie  in  terra  ;  et  pâtre  restituto ,  accusatus 
apud  eum,  missus  est  in  carcercm ,  ubi  erat  Joachim, 
iisquè  ad  mortem  fratris  sui.  Ciimque  regnare  cœpis- 

(i)  L'Eiisèbe  de  Scaliger  place  la  mort  de  Kabucliodonosor  en 
l'an  xviii  de  la  ruine  du  Temple  ;  dans  les  tables  de  l'e'dition  des 
Pienedictins ,  cet  e'vënement  est  rapporte  à  l'an  xi.v  ,  et  à  Tan  xx 
dans  la  version  arménienne.  Il  y  a  donc  une  faute  de  copiste  dans 
notre  texte,  et  au  lieu  de  l'an  ix  il  faut  lire  Tau  xix ,  rpii  re'poud  . 
suivant  Eusèbc,  à  Tan  571  av.  J.-C. 

'•/)  L'an  553  av.  J.-C. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    II.  1^5 

du  règne  de  Darius  ,  fils  d'Histaspe.  Les  trente  pre- 
mières de  ces  soixante-dix  années ,  vont ,  d'après  le 
calcul  d'Eusèbe  ,  jusqu'au  règne  de  Cirus.  Comestor. 
En  l'an  5  de  la  ruine  de  Jérusalem ,  Nabuchodonosor 
descendit  dans  la  Sirie  inférieure  et  s'en  empara  ;  il 
subjugua  aussi  les  JMoabites  et  les  Ammonites ,  et  entra 
enfin  en  Egipte ,  dont  il  se  rendit  maître.  Il  fit  mettre 
à  mort  le  roi  qui  régnait  dans  ce  pays,  et  après  y  en 
avoir  établi  un  autre  à  la  place  de  ce  dernier,  il  y 
emmena  les  Juifs  captifs.  Eusche.  En  l'an  9  de  la  cap- 
tivité,  Nabuchonosor  ,  roi  de  Babilone ,  étant  mort, 
Evilmérodach  obtint  l'empire  ,  qui  échut  ensuite  à 
Baltazar ,  son  frère.  Comestor.  Après  la  mort  de  Na- 
buchodonosor-le-Grand  ,  qui  décora  magnifiquement 
le  temple  de  Bel  avec  les  dépouilles  des  ennemis,  et 
qui  répara  si  bien  la  ville  ,  que  l'armée  qui  en  ferait  le 
siège  ne  gagnerait  rien  à  détourner  le  fleuve  ;  après  sa 
mort,  dis-je,  Evilmérodach  régna  à  sa  place,  et  fit 
sortir  de  prison,  en  la  trente-septième  année  de  la 
captivité ,  Joachim ,  roi  de  Juda  ,  parce  que  son  père 
avait  été  fidèle  à  l'alliance  contractée  avec  lui.  On 
raconte  qu'Évilmérodach  ,  fils  de  >abuchodonosor- 
le-Jeune ,  pendant  les  malheurs  de  son  père ,  commit 
beaucoup  d'impiétés  sur  la  terre  ;  ce  qui  fut  cause ,  qu'a- 
près le  rétablissement  de  ce  dernier ,  il  fut  accusé  de- 
vant lui,  et  conduit  dans  'la  prison  où  était  enfermé 
Joachim  ,  et  où  il  resta  jusqu'à  la  mort  de  son  frère. 
Lorsqu'il  fut  appelé  au  trône ,  il  donna  la  liberté  à 
Joachim  ,  qu'il  avait  eu  pour  compagnon  de  sa  capti- 
vité; et  craignant  que  son  père  qui,  de  l'état  de  bête 
où  il  avait  été  réduit ,  avait  repris  la  forme  humaine  , 
ne  fût  rappelé  à  la  vie,  il  eut  recours  à  Joachim.  Par 
le  conseil  de  celui-ci  il  fit  déterrer  le  corps  de  son 


1 74  ANNALES 

set,  elevavit  Joacliini ,  quem  sociuiu  liabucrat  in  car- 
cerc  ;  timensquc  ne  resurgeret  pater  suus  ,  qui  de 
bestiâ  redimerat  in  hominem ,  consuluit  Joacliim.  Ad 
CMJus  consilium  cadaver  patris  effossum  divisit  in  tre- 
centas  partes,  et  dédit  cas  trecentis  vulturibus  ;  et 
ait  ad  eum  Joachim  :  «  Non  rcsurget  pater  tuus  ,  nisi 
redeant  vultures  in  unum.  » 


CAPITULUM  XLVI. 


De  primari;!  invcnlionc  ludi  scacorum. 


ACTOR. 


His  temporibus ,  fuit  ludus  scacorum  repertus  à 
Xerxe  philosopbo.  Undè  dictus  rex  Evilmerodacb , 
qui  corpus  patris  trecentis  vulturibus  condivisit ,  ne 
ampbùs  resurgeret,  inter  aba  mala  signa  unum  babe- 
bat  pessimum  ,  quod  correctores  suos  occidcbat  ; 
quemadmodiim  legimus  de  Nerone  ,  qui  Senecam 
magistrum  suum  occidit.  Huic  assimilatur  pater  suus 
Nabucbodonosor,  qui  dùm  somniâsset,  et  evigilans 
non  recordaretur  somnii ,  voluit  occiderc  omnes  sa- 
pientes  Babyloniœ,  eo  quod  somnium  régi  non  pote- 
rant  indicare,  ut  babetur  Daniebs  iv  capitulo.  Opi- 
iiantur  tanicn   mulli   bunc    bidum    inventum    fuisse 


DE    IIAINALT.     LIVRE    II.  1^5 

père ,  qu'il  parlagea  en  trois  cens  morceaux  ,  qu'il 
donna  à  un  pareil  nombre  de  vautours.  Alors  Joa- 
chim  lui  dit  :  «  Votre  père  ne  ressuscitera  que 
quand  tous  ces  vautours  ne  formeront  qu'un  seul 
oiseau.  » 


CHAPITRE  XLVI. 

De  l'invention  du  jeu  des  e'chccs. 


L  AUTEUR, 


Vers  ce  tems-là,  le  jeu  des  échecs  fut  inventé  par 
le  philosophe  Xerxès.  Le  roi  Evilmérodach ,  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  et  qui  avait  partagé  entre  trois  cens 
vautours  le  corps  de  son  père  pour  l'empêcher  de 
ressusciter ,  avait  entre  autres  habitudes  détestables , 
celle  de  faire  mourir  ceux  qui  s'avisaient  de  le  re- 
prendre ;  ainsi  qu'on  l'a  écrit  plus  tard  de  Néron ,  qui 
fit  mettre  à  mort  Sénèque  ,  qui  avait  été  son  maître. 
Evilmérodach  ressemblait,  sous  ce  rapport,  à  Nabu- 
chodonosor ,  son  père  ,  qui ,  ayant  eu  un  songe  ,  et 
l'ayant  oublié  à  son  réveil ,  voulait  faire  mourir  tous 
les  sages  de  Babilone,  parce  qu'ils  ne  pouvaient  pas 
le  lui  expliquer.  C'est  ce  qu'on  lit  dans  le  quatrième 


\']6  ANNALES 

tcmpore  belli  trojani;  secl  hoc  non  habet  voritatem:  nàm 
à  Chaklseis  ad  Graecos  transivit,  ut  dicit  grœcus  Dio- 
medes  (  i  ) ,  qui  inter  philosophes  primo  famam  et  inter 
Gi'cTCOS  accepit,  et  postmodiim  Alexandri-Magni  régis 
temporibus  ,  tàm  yEgyptum  quàm  partes  australes 
orbis  famâ  occupavit.  IIujus  ludi  (2)  inventer  extitit 
philosophus  quidam  orientahs,  nomine  Xerxes,  apud 
Chaldaeos,  vel  Pliilometor,  apud  Graecos,  quod  idem 
est  apudLatinos  ,  quod  mensurae  sive  justitiœ  amator. 
Hujushominis  fama  apud  Grœcos  et  apudAthenienses, 
in  tantum  claruit,  ut  postmodiim  multi  probi  philo- 
sophi  et  scientiœ  amatores  hoc  à  progenitoribus  suis 
nomen  acciperent.  Tantae  enim  justitire  extitit,  ut 
mori  potiîis  ehgeret ,  quàm  simultatem  sequens ,  in 
dehciis  regahbus  ,  spretâ  justitiâ  ,  vitam  detestabilem 
finiret  vel  mortem  fugaret.  Nàra  ciim  philosophus  ille 
videret  detestabilem  vitam  régis ,  et  nemo  eum  cul- 
pare  auderet ,  propter  ejus  crudelitatem  quam  in 
hominum  sapientium  necem  ostendcrat ,  rogalu  po- 

(i)  On  ne  connaît  point  de  Diomèdes  grec  contemporain  d'Alexan- 
dre, et  il  y  a  ici  une  erreur  de  nomj  vraisemblablement  Jacques 
de  Guyse  veut  parler  du  pliilosophe  De'mocrite,  disciple  de  cjuel- 
(lues  mages  ou  philosophes  caldeens.  On  a  sous  son  nom  plusieurs 
ouvrages  regardes  aujourd'hui  comme  suppose's. 

(2)  L'invention  du  jeu  des  échecs  ne  remonte  guère  au-delà  du 
cinquième  siècle  de  notre  ère.  Voy.  la  dissertation  de  Frèrct,  Hist. 
(le  fAcad.  des  inscript.,  t.  v,  p.  a5o.  Xerxès,  surnomme  Philo- 
me'tor,  n'est  pas  plus  connu  que  le  Diomèdes  dont  il  est  question 
dans  la  note  précédente.  Peut-être  Jacques  de  Guyse  a-t-il  consulté 
un  ouvrage  de  Democrite  qui  parlait  de  ce  Xerxt's  d'après  les  Cal- 
de'ens;  ou  plutôt  ces  récits  sont  firc's  de  ces  nombreux  romans  du 
moyen  âge,  que  l'ignorance  et  le  de'fautde  critique  fosaient  prendre 
pour  de  l'histoire. 


DE    IIAIXAUT.     LIVRE    II.  l'J'J 

chapitre  de  Daniel.  Beaucoup  d<?  personnes  pensent  que 
le  jeu  des  échecs  a  été  inventé  dans  le  tems  de  la  guerre 
de  Troie  ;  mais  cette  opinion  est  fausse  ;  car  ce  jeu  passa 
des  Caldéens  aux  Grecs  ,  ainsi  que  le  rapporte  le  Grec 
Démocrite,quijouissaitdelapremière  réputation  parmi 
les  philosophes  et  parmi  les  Grecs ,  et  qui ,  plus  tard , 
dans  les  tems  d'Alexandre-le-Grand,  remplit  de  son  nom 
TÉgipte  et  toutes  les  contrées  méridionales  de  la  terre. 
L'inventeur  du  jeu  des  échecs  fut  un  philosophe  de 
l'Orient ,  nommé  Xerxès  chez  les  Caldéens ,  et  Philo- 
métor  chez  les  Grecs  et  chez  les  Latins ,  ce  qui  signifie 
amateur  de  la  mesure  ou  de  la  justice.  Cet  homme  ob- 
tint une  si  grande  réputation  chez  les  Grecs,  et  prin- 
cipalement chez  les  Athéniens  ,  que  dans  la  suite  un 
grand  nombre  d'illustres  philosophes  et  d'amis  des 
sciences  reçurent  de  leurs  parens  le  nom  de  Philo- 
métor.  Celui-ci,  en  effet,  se  distinguait  tellement  par 
sa  justice  ,  qu'il  aurait  mieux  aimé  mourir  que  de  se 
livrer  à  ses  passions  ,  et  de  renoncer  à  la  vertu  pour 
mener  ,  dans  les  délices ,  une  vie  coupal^le.  Ce  philo- 
sophe ,  voyant  que  le  roi  menait  une  vie  détestable , 
et  que  personne  n'osait  lui  faire  sentir  ses  torts,  à 
cause  de  sa  cruauté ,  qu'il  avait  mise  dans  tout  son 
jour  en  fesant  périr  plusieurs  hommes  de  science 
et  de  vertu ,  fit ,  aux  prières  du  peuple ,  le  sacrifice  de 
sa  vie,  et  s'exposa  à  la  mort,  aimant  mieux  mourir 
pour  la  justice ,  que  de  traîner,  pour  quelque  tems  en- 
core, une  vie  souillée  par  des  mœurs  infâmes.  C'est 
ce  que  fit,  au  rapport  de  Valcre  Maxime,  Théodore  de 
Cirène  ,  qui  fut  attaché  à  une  croix  pour  avoir  osé  re- 
procher au  roi  Lisimaque  ses  crimes  et  ses  infamies. 
Comme  il  était  pendu  à  la  potence  du  roi,  il  dit  à  ce 
prince  :  <«  Puissent  tes  conseillers  ,  couverts  de  pour- 
II-  12 


l'-'S  A\NAI,|-.S 

j 

puli  ,  ncglectâ  vit.i  iiiorti  se  cxposuit ,  niaicns  pro 
justitia  vitam  fîniro  quàm  ad  modicum  tcmpus  cani 
ducere  brutis  moribus  infamatam.  Quod  idem  fecil, 
ut  dicit  Valerius  Maxiimis,  Theodorus  Cyrenœus  (i), 
qui  fuit  affixus cruci,  pio  eo  quod  regem  Lysimaclium 
pro  suis  obscenis  et  injustis  actibus  increparc  ausus 
est.  Qui,  cùm  in  eculco  régis  peiideret,  dixit  régi  : 
«  Tuis  consiliariis  purpuratis  sit  haec  pœna  quam  li- 
ment! Meâ  siquidem  nibil  interest  utrùm  humili  vei 
vili  loco  putrcscam.  »  Voluit  dicerc  quod  parlim  cu- 
rabat  de  ipsâ  morte  et  mortis  modo,  dùm  tamen  inno- 
cens  et  pro  justitia  moreretur.  Legimus  enim  Demo- 
critum  (2)  philosophum  sibi  ipsi  oculos  eruisse,  ne 
videret  benè  esse  malis  civibus  et  injustis.  Socratem 
(juoqae  legimus,  ad  mortem  properantem  et  uxori  suae 
post  eum  flendo  dicenti  innocentem  eum  damnatum , 
respondisse  :  «  Tace ,  inquit ,  6  uxor,  mehîis  est  me 
mori  innocentem ,  quàm  propter  culpam  diem  extre- 
mum  claudere.  »  Sic  et  bujus  inventor  ludi  pro  tuendà 
justitia  morti  se  cxposuit,  et  vitam  prœsentem  con- 
tempsit. 

(i)  Le  texie  dit  Thendostus  Chitenns ;  mais  Vak're  Maxime, 
liv.  TÏ,  chap.  2,  dit  Theodorus  Cyrenœus. 

{'>)  Diogôncs  Lacrce  ne  dit  rien  do  ce  fait  dans  la  vie  de  Demo- 
crite.  C'est  Cicéron  ,  que  Jacques  de  Guyse  connaissait  mieux  ,  et 
(fui  le  rapporte  dans  s<!S  Tusculancs,  V,  ÔQ;  et  dans  son  Orateur, 

ii,4fi. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  '     l'JQ 

pre  ,  subir  le  même  supplice  !  Pour  moi ,  peu  m'im- 
porte que  je  pourrisse  clans  un  lieu  obscur  et  vil.  »  Il 
voulait  dire  qu'il  ne  s'inquiétait  guère  de  la  mort, 
ni  du  genre  de  mort  qui  lui  était  préparé ,  pourvu 
qu'il  mourût  innocent  et  pour  la  vertu.  Nous  lisons 
aussi  que  le  philosophe  Démocrite  s'arracha  lui-même 
les  ieux  ,  pour  ne  pas  voir  prospérer  les  citoyens  mau- 
vais et  corrompus  ;  et  l'on  nous  raconte  de  Socrate  , 
qu'en  allant  à  la  mort ,  il  répondit  à  sa  femme  ,  qui  le 
suivait  en  pleurant  et  qui  lui  disait  qu'il  était  innocent 
du  crime  pour  lequel  il  avait  été  condamné  :  «  Taisez- 
vous;  il  vaut  mieux  mourir  innocent  que  criminel.  » 
De  même  que. ces  hommes  célèbres,  l'inventeur  du 
jeu  des  échecs  s'exposa  à  la  mort  pour  garder  la  jus- 
tice ,  et  méprisa  les  douceurs  de  la  vie  présente. 


l8o  ANNALES 


CAPITULUM  XL VII. 

De  triplici  causa  inventionis  ludi  scaconim. 


Causa  autem  Inventionis  ludi  scacorum  fuit  triplex. 
Prima  fuit  correctio  ;  secunda  fuit  otii  evitatio  ;  tertia 
fuit  rationum  subtilium  multiplex  inventio.  Circà  pri- 
mam,  sciendum  est  quod  prœdictus  rex  Evilmerodach, 
cùm  vidisset  hune  ludum  ,  ac  multos  milites  et  baro- 
nes  et  duces  cum  dicto  pliilosopho  bellicosè  ludere, 
miratus  est  ludi  pulcbritudincm  ac  inconsueti  solatii 
novitatc  intéresse  voluit,  ludum  discere  desidcravit, 
ac  cum  dicto  philosoplio  ludendo  debellare  decrevit. 
Quod  cùm  pliilosophus  rcspondisset  hoc  non  posse 
regem  facere ,  nisi  priùs  formam  discipuli  assumeret, 
respondit  rex  hoc  esse  congruum;  et,  discere  cupiens, 
formam  discipuli  in  se  omnimodè  suscepit.  Tune  plii- 
losophus formam  tabularii  ac  scacorum,  ac  mores 
régis  ac  nobilium  et  popularium,  et  officia  eorum 
describens ,  eum  ad  correctionem  et  morum  liones- 
tatem  ac  virtutum  honestatem  attraxit.  Ea  propter 
audicns  rex  correctionem  suam ,  propter  quam  jàm 
multos  sapientes  occiderat,  comminatorio  prcTcepto, 
philosophum  interrogavit  j  diccns  quarè  huno  ludum 


DE    HAINAUT.     LIVRl-     II.  l8l 


CHAPITRE  XLVII. 

De  la  trii'le  cause  de  l'iuvention  du  jeu  des  échecs. 


On  inventa  le  jeu  des  échecs  pour  trois  raisons  :  la 
première ,  pour  corriger  le  roi  ;  la  seconde ,  pour  fuir 
l'oisiveté  ;  et  la  troisième  ,  pour  exercer  l'esprit  aux 
découvertes  ingénieuses.  Quant  au  premier  motif,  il 
faut  savoir  que  le  roi  Evilmérodach ,  ayant  vu  ce  jeu , 
et  plusieurs  chevaliers ,  barons  et  ducs ,  donner  ,  en 
jouant  avec  le  philosophe  dont  nous  avons  parlé ,  une 
représentation  de  la  guerre  ,  admira  la  beauté  de  cette 
invention ,  et  voulut  goûter  un  plaisir  nouveau  pour  lui. 
Il  désira  d'apprendre  ce  jeu ,  et  de  se  battre,  en  jouant, 
avec  le  philosophe.  Celui-ci  ayant  dit  que  le  roi  ne 
pourrait  se  livrer  à  cet  exercice  qu'après  s'être  mis  au 
rang  de  ses  disciples ,  le  prince  répondit  que  ce  qu'on 
exigeait  de  lui  était  juste;  et,  comme  il  désirait  de  s'in- 
struire ,  il  prit  entièrement  les  manières  d'un  disciple. 
Alors  le  philosophe,  en  lui  expliquant  les  figures  du 
damier  et  des  échecs ,  en  lui  peignant  les  mœurs  d'un 
roi ,  des  grands  et  du  peuple  ,  et  en  lui  traçant  les 
devoirs  de  tous ,  le  porta  à  se  corriger ,  à  se  former 
aux  bonnes  mœurs  et  à  la  pratique  des  vertus.  Le  roi , 
en  s'entendant  condamner  pour  avoir  fait  mourir 
un  grand  nombre  de  sages ,  demanda  au  philosophe , 


l82  ANNALES 

composuissct.  Qui  rospoiulit  :  «  O  domine  inî  rex  , 
tuam  vitam  gloriosam  desidero  ,  quam  viderc  non 
possum  nisi  justitiâ  et  bonis  moribus  insignitus ,  ut 
à  populo  diligaris.  Opto  ergo  te  alio  fore  regimine, 
ut  tibi  priùs  domineris ,  qui  non  jure  aliis  scilicet  vio- 
lentiâ  dominaris.  Injustum  quippè  est  ut  aliis  impe- 
rare  tu  velis,  cîim  tibi  ipsi  imperare  non  possis;  et 
mémento  violenta  imperia  diù  durare  non  posse.  Hœc 
ergo  tuae  correctlonis  causa  una  et  principaliter  ex- 
titit;  patienter  enim  reges  sapientium  suorum  correc- 
tiones  ferre  debent,  et  ipsos  correctores  libenter  au- 
dire.  »  Secunda  causa  fuit  otia  evitare ,  de  quo  dicit 
Seneca  ad  Lucilium  :  Otium  sine  litteris  mors  est,  et 
vivi  hominis  sepultura.  Et  Varro  in  Sententiis  suis 
dicit  :  Quod  viatores  non  vivunt  ut  eant ,  sed  ut  ne- 
gotientur;  sic  et  vita  non  suî  causa  fit,  sed  ut  in  eà 
ad  prœclarum  operetur.  Et  ideo  hic  praesentis  ludi 
iuventor  non  soliim  eum  invenit  ut  rcgem  corrigeret, 
sed  ut  otium  et  tristitiam  ex  otio  causatam  vitare  do- 
ceret.  Tertia  causa  fuit  subtilia  intellcctualiter  inda- 
gare.  Nàm  unusquisque  naturaliter  appétit  scire  et 
audire  novitates;  undè  legitur  de  Atheniensibus,  quod 
ad  hoc  studebant  ut  scirent  vel  audirent  aliquid  novi. 
Quia  visus  corporalis  quandoque  multa  impedit  cogi- 
tare  subtilia ,  ideo  Democritum  philosophum  legimus 
sibi  oculos  eruisse,  ut  vegctatiores  et  acutiores  cogi- 
tationes  haberet.  Ob  hoc  ei'go  hujus  solatii  inventor 
mortis  anxietate  pressus ,  ac  extra  corpus  effectus , 
sensibilium  et  rerum  palpabilium  factus  obliviosus ,  ad 
mentem  se  contulit,  ludtuii  variarum  et  innumera- 


DE    llAIiXAlT.     LIVIU:    II.  l83 

tTun  air  menaçant,  à  quelle  fin  il  avait  inventé  son 
jeu.  Celui-ci  répondit  :  «  O  mon  seigneur  et  mon 
roi,  je  désire  que  votre  vie  soit  glorieuse,  mais  elle 
ne  peut  devenir  telle  qu'en  vous  fesant  aimer  de  votre 
peuple  par  la  pratique  de  la  vertu  et  par  de  bonnes 
mœurs.  Je  souhaite  donc  que  vous  changiez  de  con- 
duite et  que  vous  commandiez  d'abord  à  vous-même 
qui  régnez  sur  les  autres,  non  par  la  justice,  mais  par 
la  violence.  Il  serait  en  effet  injuste  à  vous  de  préten- 
dre commander  aux  autres,  lorsque  vous  ne  pourriez 
commander  à  vous-même.  Rappelez- vous  que  les  em- 
pires fondés  sur  la  violence  ne  peuvent  avoir  une 
longue  durée.  J'ai  donc  eu  principalement  en  vue 
votre  correction  ,  lorsque  j'ai  inventé  le  jeu  des  échecs. 
Les  rois  doivent  en  effet  supporter  patiemment  les  re- 
montrances de  leurs  sages  ,  et  écouler  volontiers  leurs 
correcteurs.  «  Le  second  objet  que  le  philosophe  a  eu 
en  vue  ,  a  été  d'apprendre  à  éviter  l'oisiveté,  dont  Sé- 
nèque  parle  en  ces  termes  à  Lucilius  :  «  L'oisiveté  sans 
les  lettres  est  la  mort ,  et  la  sépulture  d'un  homme 
vivatit.  »  Varron,  dans  ses  Sentences  ,  dit  aussi  que  les 
voyageurs  ne  vivent  pas  pour  marcher  ,  mais  pour 
négocier,  et  qu'ainsi  l'on  doit  vivre  non  pas  seulement 
pour  vivre,  mais  pour  se  former  au  bien.  C'est  pour- 
quoi l'inventeur  des  échecs  n'a  pas  seulement  voulu, 
en  imaginant  ce  jeu  ,  corriger  le  roi;  mais  il  a  voulu  de 
plus  enseigner  aux  hommes  d'éviter  l'oisiveté  et  la  tris- 
tesse qu'elle  produit.  La  troisième  cause  de  l'invention 
des  échecs  a  été  déporter  l'esprit  àdes  découvertes  ingé- 
nieuses. En  effet ,  chacun  désire  naturellement  desavoir 
et  d'apprendre  des  choses  nouvelles  ;  et  nous  lisons  que 
les  Athéniens  étaient  empresses  de  connaître  les  nouvel- 
les. Comme  la  vue  des  corps  empêche  souvent  l'esprit  de 


l84  ANNALES 

biliuin  rationum  plénum  adinvenit,  ac  proptcr  niul- 
tilufliuein  rationum  ot  variarum  similitudinum  ac 
iiigonla  bellorum  in  eo  contentorum  tracions  dcc:crtan- 
libus  in  exemplum  ,  et  ob  hoc  autor  hujus  ludi  mul- 
tùm  famosus  fuit. 


CAPITULUM  XLVIIÏ 

De  morte  Ezechielis  prophcta-. 


COMESTOR. 


Anno  XIV  poslquàm  percussa  est  civitas  Jérusalem , 
facta  est  manus  Domini  super Ezcchielem  ,  et  adduxit 
eum  in  spiritu  in  montem  excelsum  in  terra  Israël  et 
ostendit  ei  descriptionem  civitatis  Jérusalem  et  templi, 
super  quam  ad  litteram  nostri  siluerunt  autores.  Porro 
Ezechiel  in  Chaldω  inter  captivos  judicavit  transgres- 
sores  legis  et  praecipuè  quosdam  de  tribu  Dan  et  Gad, 
qui  in  Dominum  committeront  impia  ,  legis  perse- 


DE    HAINALT.     LIVRE    II.  1 0'J 

se  livrer  à  des  pensées  profondes ,  le  philosophe  Démo- 
crite ,  ainsi  que  l'histoire  nous  l'apprend  ,  s'arracha 
les  ieux  ,  pour  que  ses  pensées  fussent  plus  vives  et 
plus  fécondes.  C'est  ainsi  que  l'inventeur  des  échecs , 
bravant  les  aiguillons  de  la  mort ,  s'était  dégagé  de  tout 
lien  corporel ,  et  méprisant  tout  ce  qui  pouvait  affec- 
ter ses  sens ,  pour  se  renfermer  en  lui-même  ,  avait 
imaginé  un  jeu  plein  d'adresse  et  d'innombrables  com- 
binaisons. La  multitude  des  chances  et  des  coups  dif- 
férens  que  ce  jeu  présente ,  l'image  de  la  guerre  qu'il 
offre  aux  joueurs,  attirèrent  à  son  auteur  la  plus 
grande  réputation. 


CHAPITRE  XLVIII 

De  la  mort  du  prophète  Ezechicl. 


COMESTOR. 


Quatorze  ans  après  la  ruine  de  Jérusalem ,  la  main 
du  Seigneur  saisit  Ézéchiel ,  et  le  conduisit  en  esprit 
sur  une  haute  montagne  de  la  terre  d'Israël.  Ensuite 
le  Seigneur  lui  fit  la  description  de  la  ville  de  Jérusa- 
lem et  du  temple ,  description  dont  nos  auteurs  ne  nous 
ont  rien  laissé.  Ezéchiel  jugea  en  Caldéc  les  captifs 
qui  transgressaient  la  loi ,  et  particulièrement  quelques 
hommes  delà  tribu  de  Dan  et  de  Cad,  qui  commet- 


1  SC)  ANNALES 

quciido  custodes;  et  f'ecit,ut  dicit  Epiplianiiis  ,  ootilrà 
eos  prodigium  magnum,  quia  (ilii  eorum  et  universa 
pecora  à  serpentibus  perierunt  ;  et  prœdixit  quod 
tribus  illre  non  reverterentur  ad  propiia,  sed  Mediae 
in  regionibus  remanerent.  Ob  hoc  exacerljati  in  eum, 
distraxerunt  eum  equis  per  crepidines  saxorum ,  et 
excerebraverunteum,  et  sepelierunteum  in  sepulchro 
Sem  et  Arphaxat ,  in  speluncà  duplici. 


CAPITULUM  XLIX 

De  Panii'lc  propfictl. 


EX  IIISTORIA  SCIIOLVSTJCA. 


Tempouibus  bis  prophetavit  Daniel  in  Clialdaeà  , 
(jui ,  secundùm  Josephum  et  Epiphanium,  fuit  de 
semine  reglo  Judœ,  secundùm  septuaginta  vero ,  luit 
sacei'dos  de  li'ibu  Levi.  Fuit(jue  adeo  castus ,  ut  à 
contribulibus  suis  spado  putaretur.  Hic,  apud  Nabu- 
chodonosor  honoratus,  super  omnes  provincias  Ba- 
bylonis  fuit ,  et  super  omnes  sapientes  principatum 
meruit,  tribusque  sociis  suis  super  provincias  prin- 
cipatum obtinuit,  quibus  videlicet  pueris  de  camino 
diviuitùs  liberatis,  Kex  Dei  potontiani  prœdicavil, 
et  ne  blasphemaretur  à  quorumcpie  ediehim  public  a- 


DE    nAINAUT.     LIVRE     II.  187 

laieul  des  impiétés  envers  le  Seigneur  ,  en  persécutant 
les  gardiens  de  la  loi ,  et  il  fit  contre  eux  ,  au  rapport 
d'Epiphane ,  un  grand  miracle ,  ayant  lait  périr  par 
les  serpens  leurs  fils  et  tous  leurs  troupeaux.  Il  prédit 
aussi  que  ces  tribus  ne  rentreraient  jamais  dans  leur 
pays,  mais  qu'elles  resteraient  dans  la  Médie;  c'est 
pourquoi  le  peuple  irrité  contre  lui ,  le  fit  traîner  par 
des  chevaux  sur  des  pierres  aiguës,  et  lui  fendit  la 
lête  ;  puis  il  l'ensevelit  dans  le  sépulcre  de  Sem  et 
d'Arphaxat,  qui  se  trouvait  dans  la  double  caverne. 


CHAPITRE  XLIX 


Du  prophète  Daniel. 


Extrait  de  l'histoire  scolastique. 

En  ce  tems-là  prophétisait,  dans  la  Caldée,  Da- 
niel, qui,  au  rapport  de  Josèphe  et  d'Epiphane,  était 
du  sang  des  rois  de  Juda ,  mais  qui ,  d'après  les  sep- 
tante ,  était  prêtre  de  la  tribu  de  Lévi.  Il  fut  d'une  si 
grande  chasteté  que  ceux  de  sa  tribu  pensèrent  qu'il 
était  eunuque.  Comblé  d'honneurs  par  Nabuchodono- 
sor ,  il  gouverna  toutes  les  provinces  du  royaume  de 
Dabilone  ,  il  mérita  de  commander  à  tous  les  sages  ,  et 
obtint  pour  trois  de  ses  compagnons  des  gouverne- 


l88  ANNALES 

vit.  Ciun  autem  rox  Dauicloin  flliorum  suorum  cohœ- 
redem  facere  voluisset ,  respondit  :  «  Absit  ut  hœrc- 
ditatem  patrum  relinquam  et  iiicircumcisorum  donis 
adhaercam.  «  Haec  dicit  Josephus  quod  ipse  Daniel  li- 
bres hebraicos  in  latinum  transtullt  eloquium  (  i  )  ; 
liistoriam  Susannœ  patet  esse  factam  adliùc  récente 
captivitate,  quia  Daniel  crat  adliiic  juvcnis  ;  qui  per- 
severavit  usquè  ad  annum  primum  (2)  Gyri  régis 
Persarum. 


CAPITULUM   L. 

De  Melbramlo  rege  Belgensiiim. 


HUGO. 

Tempore  Tarquinii  ultimi  régis  Ronianorum  ,  rcx 
Gallorum  Senoncnsium  regni  ac  civitatis  Belgorum  ac 

(1)  Ce  passage  ne  fait  pas  honneur  à  la  critique  de  Jacques  de 
Guyse.  Où  Daniel  aurait-il  appris  le  latin,  cl  pour  qui  aurait  il 
cerit  en  cette  langue  ? 

(2)  L'an  S^'Q  av.  J.-C. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    II.  1 89 

mens  de  province  ;  ceux-ci  étaient  les  mêmes  qui 
avaient  été  délivrés  de  la  fournaise  ardente  par  la  grâce 
de  la  Divinité.  Nabuchodonosor  publia  la  puissance 
de  Dieu  ,  et  porta  un  édit  qui  défendait  à  tous  le  blas- 
phème. Ce  prince  ayant  voulu  admettre  Daniel  au 
même  rang  que  ses  fils  pour  partager  sa  succession , 
ce  dernier  répondit  :  «  Me  préserve  le  ciel  de  renoncer 
à  l'héritage  de  mes  pères  pour  jouir  des  bienfaits  des 
incirconcis  !  »  Josèphe  dit  aussi  que  le  même  Daniel  tra- 
duisit en  latin  les  livres  hébreux.  L'histoire  de  Suzanne 
paraît  avoir  été  écrite  au  commencement  de  la  capti- 
vité, parce  que  Daniel  était  encore  jeune  alors.  Il 
vécut  jusqu'à  la  première  année  du  roi  Cirus. 


CHAPITRE  L. 


De  Melbrand  ,  roi  des  Belges. 


HUGUES. 


Du  tems  de  Tarquin ,  dernier  roi  des  Romains ,  le 
roi  des  Gallo-Sénonais ,  voyant  la  ruine  du  royaume 
et  de  la  ville  des  Belges ,  et  de  la  ville  d'Hostile  ,  en- 
voya à  leurs  habitans  des  députés ,  pour  leur  enjoin- 
dre de  lui  envoyer  sans  retard  l'idole  de  Minerve  , 
et  de  réparer  les  dommages  qu'ils  lui  avaient  jadis 


IQO  ANNALES 

Hostilionis  f  i)  civitatum  prostrationem  considcrans, 
misit  ad  eos  legatos ,  ul  sibi  idolum  Minervœ  quhm  ci- 
tiiis  remitterent,  et  damna  sibi  aliàs  à  dictis  civitatibus 
illata  restituèrent,  aliàs  per  violentiam  ab  eisdem  ex- 
torqueret.  Dictse  civitates  vacuos  remiscrunt  et  sine 
honore  legatos.  Tune  rex  Senonensium  cum  regibus 
Allobrogorum  et  Britanniœ  fœdera  iniit,  ad  finem  ut 
regnum  atque  dominium  Belgorum  sibi  aequirerent. 
Qui  postmodùm  regnum  subintrantes  ,  Britones  à 
parte  Belgis  gallicœ  (2) ,  Senones  vero  atque  Allo- 
brogi  à  parte  Remorum  ,  et  ambas  civitates  simul  ob- 
sederunt,  patriam  undiquè  dévastantes.  Melbrandus, 
rex  belgensis ,  haec  considerans ,  perplexus ,  et  quid 
agere  deberet  ignorabat;  quia  nec  confidebat  in  Bel- 
gensibus  ,  nec  ipsi  in  ipsum  confidebant.  Tandem 
rogitavjt  ut  cum  Condronensibus  huygnificis  iniret 
fœdera,  et  succursum  ab  eisdem  expeteret.  Qui  res- 
ponderunt  animo  libenti  suscipere  fœdus,  et  ipsum 
contra  adversarios  tueri  pro  posse  atque  defendere  , 
et  quod  primo  ad  Remorum  partes  accédèrent,  ad 
obsidionem  ,  et  deindè  ulteriùs  progrederentur,  si  af- 
foret  congruitas.  Melbrandus  ,  audita  responsione 
grata ,  suis  proposuit  Belgensibus  quid  esset  acturus. 
Qui  responderunt  contra  adversarios  necesse  progre- 
di  ;  sed  ipsi  cum  Hunnis  aut  extraneis  quovis  modo  ad 
bellandum  minime  progrederentur.  Rex  postulavit  ut 
ipsi  digèrent  aut  soli  exire  et  extraneos  civitatcm  ob- 
servare,  aut  remanere  et  extraneos  secum  progredi. 

(i)  Tournai. 

(2)    Beau  vais.  ♦ 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  IQl 

causés,  sinon  (lu'il  irait  lui-même  leur  arraclier  de 
force  ce  qu'il  réclamait.  Les  cités  de  Belgis  et  d'Hos- 
tile ,  congédièrent  ses  députés  sans  leur  rendre  aucun 
honneur  et  sans  leur  faire  de  présent.  Alors  le  roi 
des  Sénonais  fit  alliance  avec  celui  des  Allobroges  et 
celui  de  Bretagne  ,  pour  s'emparer  du  royaume  et  du 
gouvernement  belge.  Ces  princes  entrèrent  ensuite 
dans  le  pays  qu'ils  voulaient  conquérir,  les  Bretons  du 
côté  de  Belgis -la- Gauloise  ,  et  les  Sénonais,  avec 
les  Allobroges  ,  du  côté  de  Reims.  Les  deux  armées 
assiégèrent  en  même  tems  et  séparément  ces  deux 
villes  ,  en  ravageant  tout  le  pays  d'alentour.  Melbrand  , 
roi  des  Belges  ,  à  la  vue  de  cette  invasion ,  restait 
plongé  dans  l'irrésolution  et  ne  savait  quel  parti  pren- 
dre, parce  qu'il  ne  se  fiait  pas  aux  Belges  et  que  ceux- 
ci  ne  se  fiaient  pas  davantage  à  lui.  Enfin ,  il  conçut  le 
dessein  de  faire  alliance  avec  ceux  du  Condros ,  et  de 
leur  demander  du  secours.  Ces  derniers  répondirent 
qu'ils  s'allieraient  volontiers  avec  lui,  et  qu'ils  le  défen- 
draient de  tout  leur  pouvoir  contre  ses  ennemis  ;  qu'ils 
marcheraient  d'abord  sur  Reims  pour  en  faire  lever 
le  siège ,  et  qu'ensuite  ils  s'avanceraient  encore  da- 
vantage ,  s'il  en  était  besoin.  Melbrand ,  avant  reçu 
cette  réponse  favorable ,  délibéra  avec  les  Belges  sur  le 
parti  qu'il  fallait  prendre.  Ceux-ci  répondirent  qu'il 
était  nécessaire  de  marcher  à  la  rencontre  de  l'en- 
nemi ,  mais  qu^ils  ne  voulaient  point  marcher  au  com- 
bat avec  les  Huns  ni  les  étrangers.  Le  roi  leur  dit  alors 
de  choisir  l'un  de  ces  deux  partis  :  ou  de  sortir  seuls 
et  de  laisser  la  garde  de  la  ville  aux  étrangers;  ou  de 
rester  et  de  faire  marcher  les  étrangers  à  sa  suite.  Les 
Belges  choisirent  d'accompagner  le  roi.  Ce  prince 
ayant  découvert  leur  ruse,  se  fit  suivre  de  près  pai- 


19^2  ANNALES 

Qui  eligcntes  cum  rege  progrodi,  (jiium  comperissct 
rcx  eorum  fraudcni,  pcrcopit  vigintl  inillibus  Huiino- 
riiin  ut  ipsum  de  propc  sequerentur.  Proponeljant 
interficere  rcgem  aut  in  manihus  advcrsarionim  ipsum 
prodire.  Melbrandus,  igitur  cum  suis  versus  Belgim 
gallicam  à  Britannis  olisessam  progrediens,  tandem 
Britannos  aggrcssus  est  ;  qui  in  primo  bello  devictus , 
nisi  HunniatqueMauri  (i)  etquod  horâ  eadem  civitas 
Belvaccnsis  contra  Britannos  ipsam  obsidenlcs  cxivis- 
sct,  prostratus  illùc  omninorcmansisset.  Melbrandus, 
hœc  pcrpendens,  continuo  transmisitBclgis,Fani-So- 
lis,  Fani-Martis ,  Fani-Mercurii  cœterisque  civitatibus 
sibi  subditis,ut  sine  mora,Pannonii ,  Ilunni,  Sicambri, 
Vandab,  Anthcnorides  (2),  caeterlquc  advcnnp  ad  ip- 
sum succurrendum  quàm  citiùs  properarent.  Qui  cùm 
advenissent ,  novo  génère  pugnandi  in  adversarios 
irruentes ,  post  magnam  stragcm ,  reliquos  in  fugam 
converterunt ,  et  usquè  ad  Occanum  perscqucntes , 
majorem  partem  reHquiarum  non  valentes  super  naves 
ascendere  submerserunt.  Melbrandus  in  civitatc  Bel- 
gis  gallicœ,  id  est,  Belvaccnsis,  honorificè  susccptus, 
in  rcgem  eornm  approljaverunt.  Scnoncnscs,  qui  in 
Rcmorum  obsidione  jacebant ,  audientes  Condronen- 
ses  ,  Hunnos  ac  ferè  totam  Huiniam  (3)advenire,  au- 
dîsscntque  Britones  inhumaniter  prostratos,  obsidio- 
nemrelinquentes,  ad  propria  quàm  citiùspropciArunl. 

(1)  Au  lieu  de  Mauri  il  faut  sans  doute  lire  Morini. 

(2)  Ceux  de  la  ville  d'Atli. 

(3)  La  Huinic  était  1c  pa^s  compris  cnire  1.1  Soninie  .  la  Meuse, 
le  Rhin  et  rOcean.  Tjcs  Condronicns  ,  ou  phitùt  les  Condrnsieus, 
sont  les  hahitans  du  Condios,  dont  Iliiy  etail   la  capilale. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    II.  1C)5 

vingt  mille  Huns.  Les  Belges  se  proposaient  en  effet 
de  tuer  leur  roi  ou  de  le  livrer  vivant  aux  ennemis. 
Melbrand,  s'étant  avancé  avec  son  armée  vers  la  ville 
de  Beauvais ,  que  les  Bretons  tenaient  assiégée  ,  atta- 
qua ces  derniers  ;  mais  ,  vaincu  dans  ce  premier  com- 
bat ,  il  aurait  été  entièrement  détruit ,  si  les  Huns  , 
les  Morins  et  la  ville  de  Beauvais  elle-même  ne  lui 
eussent  en  mêmetems  porté  secours.  Melbrand,  recon- 
naissant alors  que  ses  troupes  étaient  inférieures  à  celles 
des  ennemis  ,  envoya  aussitôt  à  Bel  gis  ,  a  Solème  ,  à  Fa- 
mars  ,  à  Faniim.  Mercurii ,  et  à  toutes  les  autres  cités 
qui  lui  étaient  soumises  ,  l'ordre  de  faire  partir  sur-le- 
champ  ,  à  son  secours ,  les  Pannoniens  ,  les  Huns ,  les 
Sicambres  ,  les  Vandales ,  les  Anthénorides ,  et  toutes 
les  autres  troupes  étrangères.  Ces  différens  corps  s'é- 
tant réunis  à  son  armée,  un  nouveau  combat  s'eno^a- 
gea  aussitôt ,  et  les  ennemis ,  après  un  carnage  effroya- 
ble des  leurs ,  furent  obligés  de  prendre  la  fuite ,  et 
furent  poursuivis  jusqu'aux  bords  de  l'Océan ,  où  la 
plupart  d'entre  eux,  ne  pouvant  gagner  leurs  vaisseaux, 
furent  engloutis  dans  la  mer.  IMelbrand,  ayant  été  reçu 
avec  de  grands  honneurs  dans  la  ville  de  Belgis-la- 
Gauloise ,  ou  Beauvais ,  fut  choisi  pour  roi  par  tous 
les  habitans.  Dès  que  les  Scnonais ,  qui  fesaient  le 
siège  de  Reims ,  eurent  appris  que  les  Condroniens , 
les  Huns  et  presque  tous  les  peuples  de  la  Huinie  s'a- 
vançaient contre  eux  ,  après  avoir  écrasé  les  Bretons , 
ils  abandonnèrent  le  siège  de  la  place,  et  se  mirent 
hâtivement  en  route  pour  leur  pays.  Mais  les  Con- 
droniens ,  les  ayant  poursuivis ,  les  atteignirent  sur  les 
bords  de  la  Marne,  qu'ils  n'avaient  pas  encore  passée , 
et  les  attaquèrent  dans  l'endroit  où  est  aujourd'hui 
Condé-sur-Marne.  Alors  il  s'ensuivit  un  combat  san- 
ir.  i5 


194  ANNALES 

Coiitlroni  ipsos  proscquentes ,  suprà  liltora  riparia; 
Maternae  citiùs  transmoare  non  valcntcs ,  in  loco  qui 
nunc  dicitur  Condatum  suprà  Matcrnam  (i)  ipsos 
sunt  aggressi.  Illiic  fcrociter  pugnantes  magnam  par- 
tem  Senoniorum  occiderunt.  Non  contenu  Condro- 
nii  trans  ripariam  postmodiini  transmeantcs,  partes 
coruni  iisquè  ad  Rhodanum  vastaverunt,  regc  eoriim 
priùsintercmpto.  Melbrandus,  Belvaci  remanens,  plu- 
rimùm  civitatem  dilatavit  ;  ad  propriam  civitatem 
reverti  nolens,  rcgiam  civitatem  Bclvacum  inslituit; 
idolum  Belis  atque  templum  cinn  saccrdotibiis  instaii- 
rans,  tributa  consueta  diis  belgensibus  trausportare  li- 
bcraliter  quictavi t.  Filios pku'es habens,  i iiniorem  Blan- 
dinumnomine  solum  loco  siiî  Belgis  dcreliquit.  Ab  illo 
tune  civitasBelgensis  dcrelicta  ab  omnibus  civitatibus, 
rege  caruit,  dignitate  regali  non  sacerdotali  translata 
ad  Belvacenses.  Et  tune  civitates  rcgni,  juxtà  carun) 
voluntates,  sibi  duces  atque  venatores  constituerunt 
nuUo  contradicente.  Ab  illo  tune  Belgenses  et  Huy- 
nienses  (2)  ex  odio  vehementi  se  invicem  videre  non 
poterant ,  nec  quisquam  cum  eisdem  pacifiée  loqui  ; 
undè  ex  intestinis  bellis  crudellbus  civitas  penè  suffo- 
cata  videbatur,  nec  erat  qui  civitatis  regimcn  auderet 
assumere,  loco  Blandini  juvenculi, 

(1)  C'est  ainsi  que  ce  nom  est  écrit  dans  les  manuscrits.  Le  villagf 
«le  Conilc  dont  il  est  ici  question,  est  situe  sur  la  Marne  outre 
Châlons  et  Épcrnai. 

[2)  Ceux  du  pays  de  Huy. 


r>E    HAINAUT.     LIVRE    II.  1^5 

glarit ,  dans  lequel  la  plus  grande  partie  des  Sénonais 
périrent.  Non  contcns  de  cette  victoire  ,  les  Condro- 
niens  passèrent  la  rivière  ,  et  ravagèrent  jusqu'au 
Rhône  le  territoire  de  leurs  ennemis ,  dont  le  roi  fut 
tué.  Melbrand  ,  ayant  fixé  son  séjour  à  Beauvais  , 
agrandit  considérablement  la  ville  ;  et ,  ne  voulant 
pas  retourner  dans  sa  propre  cité  ,  il  nomma  Beau- 
vais cité  royale;  il  y  fit  élever  la  statue  et  le  temple 
de  Bel ,  y  établit  des  prêtres  de  ce  dieu  ;  et  dispensa 
ses  peuples  de  porter  les  tributs  accoutumés  aux 
dieux  de  Belgis.  Il  avait  plusieurs  fils,  et  laissa  le 
plus  jeune  d'entre  eux  ,  nommé  Blandinus  ,  pour  gou- 
verneur de  Belgis  à  sa  place.  Depuis  cette  époque  ,  la 
cité  belge  fut  abandonnée  de  toutes  les  autres  cités  ,  et 
ne  posséda  plus  son  roi  dans  ses  murs ,  la  dignité 
royale ,  mais  non  la  dignité  sacerdotale  ,  ayant  été 
transférée  à  Beauvais.  Alors  aussi  les  cités  du  royaume 
se  choisirent,  selon  leur  fantaisie  et  sans  aucun  obsta- 
cle ,  des  ducs  et  des  chasseurs  pour  les  gouverner.  C'est 
de  cette  époque  que  date  la  haine  violente  que  les 
Belges  et  les  Huiniens  conçurent  les  uns  contre  les 
autres ,  et  qui  fut  portée  au  point  qu'ils  ne  pouvaient  se 
voir  ni  se  parler.  La  ville  de  Belgis,  déchirée  ainsi 
par  des  guerres  intestines  ,  paraissait  presque  entière- 
ment ruinée ,  personne  n'osant  s'emparer  du  gouver- 
nement de  la  cité,  au  détriment  du  jeune  Blandinus. 


!()(>  ANNALES 


CAPITULUM  LI. 


Qtialitcr  Tarniiiiiii  filiiis  t[iion;làm  rcgis  Romanoruni  ,  in  civifafc» 
Bclgensi  voluit  coinmorari. 


HUGO. 


ÏARQiTiNius  Supcrbiis  sive  Buibantius,  cfiiofl  idem 
est ,  rex  Romanorum  septimiis ,  regnavit  in  tliebus 
Cyri,  régis  Persarum  ,  xxxv  annis  (i).  Hic,  propter 
Tarquinium,  filium  suum ,  qui  Lucretiam,  nobilem  fc- 
miiiam  génère  et  virtute,  vi  corruperat,  à  regno  est 
expulsus.  Quœ  Lucretia  ,  poft  qucrimoniani  de  vitu- 
pcrio  marito  et  patri  et  consanguineis  factam ,  se 
i[)sam  occidit ,  propter  vituperii  dolorem.  Tarquinius 
vero  de  Româ  expulsus ,  ad  Torsennam  regeni ,  Clu- 
siuni  confugit.  Qui  rex ,  eum  exercitu  Tuscorum  et 
aborum  conlrà  Romain  veniens ,  usquè  ad  bttus  Ti- 
b<>ris  circà  Janicuhnn ,  magnum  timorem  Romanis 
incussit.  Sed,  pacc  factà  cum  Romanis,  obsessit  Are- 
tium.  Filius  ejus  Tarquinius ,  autor  sceleris,  ab  Itaba 
expulsus  est.  Qui  cum  multis  Gallis  et  aliis  quos  col- 

(i)  Il  commença  à  régner  en  l'an  54(>  av.  J.-C. ,  et  fut  cliassi-  en 
Tan  5i?. ,  selon  Eusèbc,  qui  est  toujours  suivi  par  notre  auteur; 
mais  l'Art  de  vérifier  les  dates  rapporte  jilus  sûrement  ees  deu\ 
epocjuesaiix  anndes  534  et  iiio  ,  en  ne  donnant,  comme  il  eonvii'ut  , 
que  25  anni'es  de  règne  au  dernier  roi  de  Rome. 


DE    HAINÀUT.    LIVRE    II.  1  g^ 


CHAPITRE    LI. 


Comment  le  lils  de  Tarquin  ,  jadis  roi  des  Romains,  voulut  s'airètci 
dans  la  ville  de  Belgis 


HUGUES. 


Tarquin  l'Orgueilleux  ou  le  Superbe ,  ce  qui  est  la 
même  chose,  septième  roi  des  Romains ,  régna  pendant 
trente-cinq  ans  du  tems  de  Cirus ,  roi  des  Perses.  Il  fut 
chassé  du  trône  à  cause  de  Tarquin ,  son  fils  ,  qui  avait 
fait  violence  à  Lucrèce,  femme  aussi  remarquable  par  la 
noblesse  de  son  origine  que  par  sa  vertu.  Lucrèce , 
après  avoir  entendu  les  reproches  de  son  mari ,  de 
son  père  et  de  ses  parens ,  ne  put  supporter  sa  honte , 
et  se  donna  la  mort  dans  son  désespoir.  Tarquin, 
chassé  de  Rome  ,  se  réfugia  à  Clusium ,  auprès  du  roi 
Porsenna  ,  qui  marcha  contre  Rome  avec  une  armée  de 
Toscans  et  d'alliés ,  et  s'avança  jusque  sur  les  bords 
du  Tibre ,  au  pié  du  mont  Janicule ,  ce  qui  jeta  les 
Romains  dans  une  grande  frayeur.  Mais,  la  paix  ayant 
été  faite ,  il  alla  mettre  le  siège  devant  Arétium  (1).  Le 
fils  de  Tarquin  ,  l'auteur  du  crime  commis  sur  Lu- 
crèce ,  ayant  été  banni  de  l'Italie ,  rassembla  une 
troupe  de  Gaulois  et  d'autres  soldats  ,  avec  lesquels  il 

'i)   Arezzo. 


i  98  ANNALES 

legorat,  trans  Alpes,  tandem  ad  regnum  Belgoruni 
deveiiit.  Qui  misit  ad  Belgensem  civitatem ,  diccns  : 
«  Civitas   Belgis   in  sempiternum  vivat  !  Tarquinius 
cmn  sibi  subditis  Bclgensibus  mandat  saintes.  Ciim 
ipsc  verè  sit  filins  régis  Romanorum  Tarquinii ,  qui 
Servium  regem  ,  quondàni  vestrum  adversarium  ac 
vestrœ  civitatis  ac  regni  desertorem  interfecit ,  et  vos 
de  forefactis  vestris  potenter  vindicavit;  et  paratus  est 
contra  Romanos  ad  vindictam  ulteriorem  expetendam, 
pro  vobis  se  ipsum  exponere  ;  supplicat  ut  ipse  cum 
suis  alligatis  concives  istius  civitatis  excipi  valeant  cum 
amore.  »  Dux  Bclgorum,  liaec  audiens,  post  consilium, 
respondit  :  «  Ciim  filii  naturaliter  sint  parentum  imi- 
tatores ,  et  pater  niagistri   tui  dominum  naturalem 
interfecerit ,  proîit  videris  dicore;  non  est  spes  repo- 
nenda  in  eo.  Prœtereà  ciim  ipsc  spondeat  Romanos 
velle  persequi ,  ciim  ipse  Romanus  existât,  alieni  me- 
rito  ipsum  cffugcre  dcbent.  Insuper  sciant  omnes  ut 
regiœ  majestatis  laesores  aut  reipublicœ  desertorcs,  in 
civitatc  nostrâ  locum  non  liabere.  »  Qui  confusus  re- 
cedens  in  de  sub  finibus  Morinorum  ,  in  loco  qui  à 
dicto  Tarquinio  gallicè   nunc   dicitur  Torqiiin  (i), 
applicans  cum  suis  effiigatis ,  oppidum  et  castrum 
construxit.  Non  multinn  post  vcro  temporis,  ipse  cum 
Hostiliensibus  fœdera  iuiens,  dux  civitatis  eorum  el- 
lectus  est.  Hic  ruinas  civitatis  Hostilis  quas  Scrvius  , 
rex  Romanorum,  exercuerat  rcparans,  ad  invadendum 
omnem  locum,  et  ad  resistendum  onmibus  se  pr?epa- 
rans,  quidquid  dictus  Servius  rex  exercuerat  maximr 

(i)  Turcoin ,  de  ranomlisscmcnl  de  Lille. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    II.  igc, 

passa  les  Alpes ,  et  arriva  enfin  dans  le  royaume  des 
Belges.  Il  envoya  à  la  cite  de  Belgis  des  députés  qui 
parlèrent  ainsi  aux  habitans  :  «  Ville  de  Belgis  ,  durez 
éternellement.  Tarquin  et  ses  soldats  envoient  leurs 
saints  aux  Belges.  Comme  ce  prince  est  le  fils  de  Tar- 
quin ,  roi  des  Romains  ,  qui  tua  le  roi  Servius ,  votre 
ennemi ,  l'ennemi  de  votre  cité  ,  et  le  déserteur  de 
son  royaume ,  et  qui  vous  vengea  d'une  manière  écla- 
tante des  torts  commis  envers  vous ,  et  comme  il  est 
prêt  à  vous  venger  et  à  s'exposer  pour  vous  au  ressen- 
timent des  Romains ,  il  supplie  les  citoyens  de  cette 
ville  de  le  recevoir ,  ainsi  que  ses  alliés  ,  avec  amitié 
dans  leurs  murs.  »  Le  duc  des  Belges  ,  après  avoir 
entendu  ce  discours ,  prit  conseil  des  siens  ,  et  fit  cette 
réponse  :  «  Comme  les  fils  suivent  naturellement 
l'exemple  de  leurs  pères  ,  et  que  le  père  de  votre  maî- 
tre a  tué  son  seigneur  naturel ,  ainsi  que  vous  venez 
de  le  dire,  on  ne  doit  avoir  aucune  confiance  en  lui. 
Et  de  plus  ,  comme  il  manifeste  l'intention  de  pour- 
suivre les  Romains  ,  sans  aucun  égard  pour  sa  qualité 
de  Romain,  les  étrangers  doivent  justement  le  fuir. 
Mais  du  reste  ,  sachez  tous  que  les  ennemis  de  la  ma- 
jesté royale  ,  et  les  fauteurs  des  républiques,  n'ont  au- 
cune place  dans  notre  cité.  »  Tarquin  ,  confus  de  cette 
réponse,  se  retira  avec  sa  troupe  de  bannis,  sur  le 
territoire  des  Morins ,  dans  un  lieu  qui  fut  appelé  en 
français ,  de  son  nom  ,  Torquoin  ;  et  il  y  bâtit  une  ville 
et  un  château-fort.  Peu  de  tems  après  il  fit  alliance 
avec  les  habitans  d'Hostile ,  et  fut  nommé  duc  de 
leur  cité.  ïl  répara  cette  ville,  que  Servius,  roi  des 
Romains  ,  avait  ruinée  ,  et  se  disposa  a  envahir  tous  les 
pays  onviionnans  ,  et  a  tenir  tête  à  tous  ses  ennemis. 
11  forma  le  dessein  de   détruire   tout  ce  qu'avait  fait 


IJOO  ANNALES 

tlcstruere  cupiens ,  ad  vota  consimilia  suos  atque  Hos- 
tilienses  (i)  animavit. 


CAPITULUM  LIL 


De  primariâ  obsidione  civitatis  Servia;  (a'i 


HUGO. 


Posï  annos  paucos  à  civitatis  Hostilis  omnimodà 
repara tionc,  Tarquiniiis  Burbantius ,  quod  idem  souai 
quod  Superbus ,  amicitias  cum  duce  Ruthcnorum  at- 
que confaedcrationes  eomponere  proponens ,  enchenia 
donaque  sibi  transmittens,  ad  finem  ut  duci  Belgorum 
iinà  secum  diffidentias  sibi  transmitteret,  ut  cùin  ci- 
"vitas  infirmarctur  faciliiis  eam  cverterct.  Qui  renucns 
ipsum  totalitcr  et  sua  despexit  munera.  Quod  adver- 
tens  Tarquinius,  ad  alia  se  divertit.  Audicntes  civi- 
tates  vicin;e  ({uid  Hostilienses  cum  duce  eorum  Tar- 
quinio  proponebaiit ,  ad  invicem  contra  Tarquinium 
ligam  composuerunt.  ïarquinius,  hacc  videns ,  omncs 
profugos  Belgos ,  omncs  Albanos  atque  Britones  ma- 
lefactores  ac  abos  ,  quos  congregare  valuit,  coadunans 
onmcs  in  sua  Hoslibensi  civivate  i-e<'epit.  Tune  dé- 
fi) Les  habitans  de  Tournai. 
(2)  Cbii'vie. 


DE    HAINALÏ.     LIVRE  II.  20 1 

Servius  ,  et  fit  approuver  tous  ses  projets  par  les  siens 
et  par  les  habitans  d'Hostile. 


CHAPITRE  LU. 


Du  premier  siège  de  la  ville  de  Servie. 


HUGLES. 


Peu  d'années  après  l'entière  reconstruction  de  la 
ville  d'Hostile ,  Tarquin  le  Superbe  ou  l'Orgueilleux  se 
proposant  de  faire  alliance  et  amitié  avec  le  duc  des 
Rutliènes ,  lui  envoya  des  offres  et  des  présens  ,  pour 
l'engager  à  faire  avec  lui  la  guerre  aux  ducs  des  Belges, 
afin  que  la  cité,  affaiblie  par  cette  diversion,  fut  plus 
facile  à  renverser.  Mais  le  duc  des  Ruthènes  rejeta  ses 
propositions  et  méprisa  ses  présens  ;  et  lorsque  Tarquin 
en  fut  informé,  il  se  livra  à  d'autres  soins.  Cependant 
les  cités  voisines  ayant  appris  les  desseins  des  Hostiliens 
et  de  Tarquin  leur  chef,  formèrent  toutes  à  l'envi  une 
ligue  contre  ce  dernier.  A  cette  nouvelle,  Tarquin,  atti- 
rant tous  les  transfuges  belges ,  tous  les  malfaiteurs 
albaniens,  bretons  et  autres  qu'il  put  réunir  à  son 
parti,  les  reçut  dans  sa  ville  d'Hostile.  Alors  ils  réso- 
lurent tous  ensemble  d'attaquer  et  d'assiéger  d'abord 
la  ville  bàlicpar  le  roi  Seivius,  qui  avait  renversé  la 
leur,  afin  de   venger,    par   la  ruine  de  cette   cité,  la 


202  ANNALES 

creto  omncs,  civitatem  quam  Servius  rexconstruxerat, 
qui  corum  clebcllaverat  (.Ivitatein  ,  primo  invaderc  et 
obsidcre  proposuerunt,  ut  mortem  parciitum  et  damna 
corum  in  dicta?  civitatis  eversione  vindicarent  ;  omnes 
Bclgos  atquc  Hunnos  et  corum  civitates  et  oppida  as- 
securantes ,  solùm  vcro  Romanos  et  civitates  aut  op- 
pida corum  à  Scrvio  rcgcî  fundata  dlffidcntes;  ex  quibus 
dictam  ligam  intcrimcrunt  civitatum.  In  brevi  vero 
civitatem  Serviœ  obsederunt.  Huynicnscs  et  Pannonii 
circumquâque  dispcrsi  audicntes  decretum  HostiHcn- 
sium ,  cunctis  provisionibus  ad  victum  et  bcllum  ne- 
cessariis  unà  cum  idolo  Pan  secum  comportantes,  cum 
suis  sacerdotibus  sexûs  utriusque,  civitatis  Serviœ  ad 
ipsam  contuendam  intraveruntcum  Romanis  illùc  re- 
sidcntibus.  Qui  unanimiter  supplicàrunttàm  Iluynien- 
sibus  Condronicis  qui  tune  principales  erant  patria- 
rum,  quàm  ITuynicnsibus  Rbetianis  (i),  sic  dictis  à 
patriâ  quœ  priùs  Rhetia  (2)  dicebatur,  ut ,  si  nécessitas 
afforet,  contra  ïarquinium  Burbantium  et  Ilostilien- 
ses,  si  expcterent  auxiHum,,  cis  succurrere  dignaren- 
tur;  quod  et  promiserunt.  Obsidione  tandem  firmatâ  , 
civitatem  Serviœ  fortiter  invadentcs  ,  multis  cam  affe- 
cerunt  dispendiis,  niullis  cam  contuderunt  suppliciis; 
sed  velut  leonum  catuli  adversariis  resistebant,  tro- 
dccim  mcnsibus  in  dicta  gravi  obsidione  persévéran- 
tes. Intereà  Tarquinius  castrum  (3)  quod  Camber 
ronstruxcrat ,   juxtà   oljsidioneiu  ,   invadens  ,  ipsuin 

'1)  Les  liabitans  du  jinvs  roiiijiris  ciilrc  Hny  cl   Atli 

(2)  Le  Brahant 

(!J)  Le  village  lie  (ianiliinn  ,  .1  tleiix  lieues  d'Alli 


DE    HAINAUT,     LIVRE    II.  20.> 

mort  de  leurs  pères  et  leurs  propres  injures.  Puis  ils 
assurèrent  aux  Belges  et  aux  Huns  la  possession  de 
leurs  villes  et  de  leurs  forteresses,  menaçant  seule- 
ment les  Romains  et  les  villes  et  places  fortes  possédées 
par  eux  et  fondées  par  le  roi  Servius.  C'est  en  prenait 
ces  mesures  qu'ils  parvinrent  à  rompre  la  ligue  des 
cités.  Ils  assiégèrent  donc  sans  retard  la  ville  de  Servie. 
Les  Huiniens  et  les  Pannoniens  d'alentour,  apprenant 
la  résolution  des  Hostiliens ,    emmenèrent   avec  eux 
toutes  les  provisions  et  munitions  dont  ils  pouvaient 
avoir  besoin  pour  la  guerre ,  ainsi  que  l'idole  de  Pan 
et  les  prêtres  des  deux  sexes  attachés  à  son  culte,  et 
entrèrent  dans  la  ville  de  Servie  pour  la  défendre  con- 
jointement avec  les  Romains  qui  y  derneuraient.  Ceux- 
ci  supplièrent    unanimement ,   tant  les  Huiniens   du 
Condros ,  qui  étaient  alors  les  principaux  du  pays ,  que 
les  Huiniens-Rhétiens ,  ainsi  appelés  de  la  contrée  qui 
portait  jadis  le  nom  de  Rhétie ,  de  venir  à  leur  secours, 
si  jamais  ils  en  avaient  besoin  et  que  l'occasion  se  pré- 
sentât à  eux  de  leur  en   demander.  Ceux-ci  leur  en 
firent  la  promesse.  Cependant  le  siège  de  Servie  ayant 
été  formé ,  la  place  fut  attaquée  avec  vigueur  et  reçut 
plusieurs  dommages ,  en  perdant  un  grand  nombre  de 
ses  défenseurs;  mais  les  habitans,  qui  résistaient  comme 
des  lions  à  leurs   adversaires ,    soutinrent  les   efforts 
multipliés  des  ennemis  durant  treize  mois.  Pendant  ce 
tems-là,  Tarquin ,  attaquant  Ip  fort  que  Camber  avait 
construit  près  de  la  place  ,  l'enleva  ,  le  répara  ;  et  di- 
rigeant de  là  toutes  ses  entreprises  contre  la  campa- 
gne environnante  ,  il  finit  par  s'en  rendre  maître.  Tar- 
quin céda  aux  Hostiliens  tout  le  pavs  qu'il  venait  de 
soumettre,  qui  s'étendaii  depuis  la  montagne  de  Pan 
jusqu'à  ccl'c   (le  Minerve  ,  el  toute  la  conlréo  que  le 


204  ANNALES 

obtinuit ,  et  ipsiini  municns  ab  eodeni  patriam  cir- 
cumadjacentem  iiifcstans  ipsam  sibi  subjugavit.  A 
monte  igitur  Pan  (i  )  iisquè  ad  montem  Mincrvac,  et 
omne  solum  quod  rex  Servius  duci  Serviae  subjecerat, 
Tarquinlus  Hostillensibus  subjcctum  condonavit  et 
non  aliud.  Subjecerat  si  quidem  dictus  Tarquinius 
siiprà  Morinos  et  Ruthenos  patriam  totam  à  ci  vitale 
Hostiliensi  usquè  ad  ripariam  Lisae,  et  hanc  patriam 
denominari  jusserat  à  nomine  suo  proprio ,  et  illùc 
fundaverat  civitateni  quam  Tarquiniam  appellavit. 
Istam  autem  patriam  sibi  noviter  et  Hostiliensibus 
acquisitam  denominari  prœcepit,  à  suo  cognominc, 
Burbantiam  ;  indè  et  ab  illo  tune  tota  illa  terra ,  ci- 
vitate  Serviensi  duntaxat  excepta  ,•  dicta  est  Biirban- 
tiu  (2)  à  cognomine  Tarquinii  Burbantii ,  ut  ejus 
nomen  et  cognomen  perpetuo  Hostiliensibus  in  me- 
moriam ,  reverentiam  et  honorem  haberetur.  Duravit 
autem  obsidio  civitatis  Serviœ,  ipsâ  intacta  rémanente, 
usquc  ad  obsidioncm  Hostiliensis  civitatis  à  Belgensi- 
bus  factam,  quâ  Hostilienses  compulsi  sunt  obsidioncm 
derelinquere. 

(i)  La  montagne  de  Pan  est  celle  où  fut  b;1lle  plus  tard  la  ville 
tic  Mons.  La  montagne  de  Minerve  c'tait  près  de  Belgis. 

(2)  Le  pays  compris  entre  Tournai  et  la  Lis  ,  appartenant  à  la 
Flandre. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  ao5 

roi  Servius  avait  réduite  sous  l'obéissance  de  la  cité 
lie  Servie.  Mais  il  ne  leur  céda  pas  d'autre  territoire. 
Cependant  il  s'était  encore  emparé ,  sur  les  Morins  et 
les  PiUthènes,  de  tout  le  pays  qui  s'étendait  depuis  la 
ville  d'Hostile  jusqu'à  la  rivière  de  la  Lis,  auquel  il 
donna  son  propre  nom  ;  et  où  il  fonda  une  ville  qu'il 
appela  Tarquinie.  Il  voulut  que  ce  dernier  pays  et  que 
celui  qu'il  avait  cédé  aux  Hostiliens  se  nommassent 
Burbantie  ,  de  son  surnom  BurbanUus  (  l'Orgueilleux 
ou  le  Superbe  )  ;  et  c'est  pour  cela  que  depuis  ce  tems 
toute  la  province,  à  l'exception  de  la  seule  ville  de 
Servie  ,  fut  appelée  Burbantie ,  afin  que  son  nom  restât 
à  jamais  chez  les  Hostiliens  en  mémoire,  en  vénération 
et  en  honneur.  Le  siège  de  Servie  dura ,  sans  qu'elle 
put  être  enlevée ,  jusqu'au  siège  de  la  ville  d'Hostile 
par  les  Belges,  qui  forcèrent  les  Hostiliens  à  lever  celui 
de  Servie. 


206  ANNALES 


CAPITULUM  LUI 


De  sec(iiul:i  dcslriictidiic  Ilostilicnsis  civitatis. 


HUGO    ET    LUCIUS. 


CuM  per  annos  plurimos  Blandinus,  dux  belgcnsis, 
tanquàm  sopitus  in  sua  gente  minime  confideret ,  ot 
tanquàm  advena  reputatus  in  civitate  timidus  adhîic 
romancrct ,  tandem  Xarquinii  Burbantii  considcrans 
siiperbiam  robcllioncmqiic  IlostiUs  civitatis,  gcmcMido 
plui'ibus  dixit  :  «  Heu ,  heu  !  cur  Servius  et  Camber 
parentesque  nostri  Belgim  aggredi  reformidabant, 
ut  qui  eorum  ignorabant  mores  !  Cùm  eminîis  jaceat 
apcr  solus  qui  dente  unico  cardines  portarum  nostra- 
rum  rimatur?  Catub  pigritant  ad  ostium  et  foris  la- 
trant  furibundi.  Huic  accidit  regno  quod  fabulosè 
profcrtur;  Monoculus  foras  emisit  lamias  ad  arva, 
intiis  apri  olera  corrodentes.  »  Et  subjunxit  :  «  Non  est 
virtutis  corporis  extrema  protegere  ,  pectore  palàm 
rémanente  denudato.  »  Ilœc  et  consimiba  pronun- 
cians,  perpenderunt  audientes  in  civitate  non  babere 
fi(Uiciam,  et  de  eadem  ironicè  taba  proferri.  Popubis 
audiens  demandavit  duci  :  «  Ciim  alienus  esses  à  nobis, 
mores  luoscomprobare  nobis  utile  dccrevinius,  ulriini 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2O7 


CHAPITRE    LUI, 


De  la  seconde  destruclion  Je  la  ville  «rHostilc. 


HUGUES    ET    LUCIUS. 


Depuis  plusieurs  années  Blandinus  ,  duc  des  Belges  , 
restait  plongé  dans  l'inaction,  n'ayant  aucune  confiance 
en  son  peuple,  et  ne  montrant  que  de  la  timidité,  parce 
que  la  ville  le  regardait  comme  un  étranger.  Cepen- 
dant ,  lorsqu'il  vint  à  considérer  l'orgueil  de  Tarquin 
le  Superbe  et  la  révolte  de  la  cité  d'Hostile ,  il  dit  à 
plusieurs  des  siens  en  gémissant  :  «  Hélas  !  pourquoi 
Servius  et  Camber ,  ainsi  que  nos  pères  ,  craignaient- 
ils  d'attaquer  Belgis ,  puisqu'ils  ignoraient  les  mœurs 
des  habitans  ?  Pourquoi  est-il  loin  de  nous  le  seul  san- 
glier qui ,  de  sa  dent ,  ébranle  les  joints  de  nos  portes  ? 
Les  chiens  se  tiennent  inactifs  derrière  l'entrée ,  et 
aboient  avec  fureur.  Il  arrive  à  ce  royaume  ce  que  nous 
voyons  clans  la  fable  :  le  borgne  envoie  ses  lamies 
aux  champs;  les  sangliers  entrent  chez  lui  et  mangent 
ses  légumes.  »  Puis  il  ajouta  :  «  Ce  n'est  pas  un  acte 
de  sagesse  que  de  garantir  les  extrémités  du  corps ,  ei 
de  laisser  le  cœur  à  découvert.  »  Ceux  qui  entendi- 
rent Blandinus  s'exprimer  ainsi ,  n'eurent  pas  de  peine 
à  s'apercevoir  qu'il  n'avait  aucune  confiance  en  la  cité, 
et  qu'il  parlait  d'elle  avec  ironie.  Le  peuple  ,  entendant 


2o8  Annales 

potiores  ossent  noslris;  quae  vero  prolulisti  in  te  mc- 
rito  rctorqucri  possent.  Quid  cnim  possuiitcatuli  fina- 
lltcr  absente  venatore  ?  Apes  turmatim  absque  rege 
non  volant.  Verùm  quia  tibi  fidelitatcm  juravimus  , 
imperterritè  jubeas  ut  dominus,  corripias  ut  judex, 
regas  ut  rcx ,  defendas  ut  princcps,  pi\Tcipias  ut  dux, 
ot  mores  magnificos  in  subditis  cxpcrieris  ;  et  ut  jura- 
tam  fidelitatem  comprobarc  valeas  ,  te  cum  gente  tua 
tecum,    cum  uxoribus  et  fdiis  nostris  olis  in  civitatc 
commorantibus ,  quibus  nostra  committcmus ,  cxhi- 
bcas  duces  qui  ad  Hostilem  nos  soles  Belgos  deducaut 
civitatem;  et  quid  indè  dii  deœque  subordinaverint 
exitus  comprobabit.  «  Non  multo  post  tcmporis ,  or- 
dlnatis  ducibus ,  Hostilem  obsederunt  civitatem  ,  ad- 
junctis  sibi  Fanimartensibus  ,  Fanimercurialibus  et 
Portu-Belgensibus;  priùsTarquinio  cum  Tlostilibus  ob- 
sidionemcivitatis  Serviae,  quam  intactam  dimiscrunt, 
derellnqucntibus,   et   ad  propria  repatriatis.  Multis 
tandem  intcrvenientibus  bellis,  post  quatuor  mensium 
obsidioncm ,  Belgorum  atque  Hostiliensium  quàm  plu- 
rimorum  prostratorum  ;  priiis  Tarquinio  fugientc  mi- 
serabiliter  interempto,  Hostilem  finaliter  subjeccrunt, 
interfectis  omnibus  quos  reperire  valuerunt,  reliquis 
ad  nemora  diffugatis.  Deindè  civitatem  penè  funditùs 
extirpantes,  sic  muros  ac  portas  tandem  debacclia- 
vunt,  ut  vlxlapidem  super  lapidcm  posteri  rcperirent. 
Abliinc  civitatem  Tarquinii,  quaî  à  dicta  civltate  fermé 
sex  millia  passuum  distarc  dignoscitur,   petierunt; 
quam  obsidentes  et  obtinentes  cum  toto  territorio  solo 
coîequârunt.  Ex  Historid  Torunccusi.  Kxpidso  Tar- 


DE    HAINAri.     LIVRE    il.  20g 

ce  discours ,  adressa  au  due  ces  questions  :  «  Puisque 
tu  es  un  étranger  pour  nous ,  nous  avons  pensé  qu'il 
était  utile  d'éprouver  ton  caractère  ,  pour  savoir  s'il 
valait  mieux  que  le  nôtre;  car  nous  pourrions,  avec 
raison,   te  rétorquer  ce  que  tu  as  dit  à  notre  sujet. 
Que    peuvent    en   effet    les   chiens    en    l'absence   du 
chasseur?  Les  abeilles  ne  volent  pas  en  troupe  sans 
leur   roi.    Mais    puisque    nous   t'avons   juré    fidélité, 
commande  avec  l'inflexibilité  d'un  maître  ,  règne  en 
roi ,  défends  en  prince  ,  ordonne  en  duc ,  et  tu  con- 
naîtras la  loyauté  de  tes  sujets  ;  et,  afin  que  tu  puisses 
éprouver  la  foi  que   nous  t'avons  jurée,    reste  dans 
notre  ville  avec  ta  famille  ,  avec  nos  femmes  et  nos 
enfans  ,  auxquels  nous  confions  tout  ce  qui  nous  ap- 
partient ,  et  donne-nous  des  chefs  pour  nous  conduire 
nous  seuls  ,  qui  sommes  Belges ,  contre  la  ville  d'Hos- 
tile. L'événement  fera  connaître  l'arrêt  des  dieux  et 
des  déesses.  »  Peu  de  tems  après,  les  Belges  allèrent 
sous  la  conduite  de  leurs  ducs,  assiéger  la  ville  d'Hos- 
tile, après  s'être  adjoint  les  habitans   de  Famars ,  de 
la  ville  de  Mercure  et  de  Porte-Belges.  Tarquin  et  les 
Hostiliens  avaient  déjà  levé  le  siège  de  la  ville  de  Ser- 
vie ,  sans  lui  avoir  fait  aucun  mal ,  et  étaient  retournés 
dans  leur  ville  pour  la  défendre.  Enfin ,  après  plu- 
sieurs combats  et  quatre  mois  de  siège,  les  Belges  et 
les  Hostiliens  ayant ,  chacun  de  leur  côté ,  essuvé  de 
grandes  pertes ,  Tarquin  fut  tué  lorsqu'il  prenait  la 
fuite  ,  et  la  ville  d'Hostile  fut  prise.  Tout  ce  qu'on  ren- 
contra fut  passé  au  fil  de  l'épée  ;  et  le  reste  s'enfuit 
dans  les  bois.  Ensuite  les  Belges  ruinèrent  tellement  la 
ville  et  renversèrent  les  murs  et  les  portes  si  complè- 
tement ,  qu'il  aurait  été   difficile ,   dans  la  suite ,   de 
trouver  deux  pierres  l'une  sur  l'autre.   Ils  gagnèrent 
II.  i4 


2  1  0  ANNALES 

c{uinio  Superbo  ab  urbe  romanâ  et  ipso  mortuo ,  con- 
sules ,  tribuni  et  dictatores  Romœ  facti  sunt  ;  quorum 
temporibus ,  Hostilis  civitas  turpiter  destructa  est 
mûris,  œdificiis  et  civibus,  ut  vix  vestlgium  solum 
appareret  civitatis  ;  sed  à  quo  vel  à  quibus  tàm  bor- 
renda  et  crudeHs  vastatio  fuerit  exécuta,  in  volumini- 
bus  minime  reperimus.  Hœc  ibi.  Actor.  Miror  quod 
liistoriographus  civitatis  Tornacensis  reperit  praece- 
dentia  et  subsequentia  langentia  dictam  civitatem,  et 
non  reperit  quis  actor  fuerit  tàm  enormis  excidii. 
Quœrat  igitur  dibgens  inquisitor  bistorias  Hugonis 
Tullensis  et  Lucii  Tungrensis,  et  reperiet  qui  dictas 
ruinœ  fuerunt  executores. 


CAPITULUM  LIV 


Do  Rlandino  «liice  Belgensiuiii. 


HUGO ,  Ut  suprà. 

Belgensibus  igitur  à  dicta  victoriâ  repatriatis , 
Blandinus  dux  volens  deos  de  fortunâ  placare,  ha- 
bens  quinque  fdios  et  novem  fibas ,  uiium  eorum  cum 


DE    HAINALÏ.    LIVRE    II.  211 

ensuite  Tarquinie ,  qui  est  à  environ  six  mille  pas  de  la 
première  ;  ils  en  firent  le  siège  ,  s'en  emparèrent  et  la 
rasèrent.  Extrait  de  l'histoire  de  Tournai.  Tarquin  le 
Superbe  ayant  été  chassé  de  Rome  et  étant  mort ,  on 
créa  dans  la  ville  des  consuls,  des  tribuns  et  des  dic- 
tateurs. De  leur  tems  ,  la  ville  d'Hostile  fut  ruinée  ,  ses 
édifices  et  ses  habitans  furent  détruits  ,  et  il  resta  à 
peine  quelque  trace  de  cette  cité;  mais  quel  est  ou 
quels  sont  les  auteurs  d'une  ruine  si  horrible  et  si  dé- 
plorable? Aucun  ouvrage  n'en  fait  mention.  Yoilà  ce 
qu^on  lit  dans  l'histoire  de  Tournai.  V auteur.  Je  suis 
étonné  que  l'historien  de  cette  ville  ,  ayant  trouvé  les 
choses  précédentes  et  subséquentes  concernant  la  ville 
de  Tournai,  n'ait  pas  découvert  l'auteur  d'une  des- 
truction si  effroyable.  Il  suffira,  à  celui  qui  voudra  le 
connaître ,  de  consulter  les  histoires  de  Hugues  de 
Toul  et  de  Lucius  de  Tongres  ;  il  y  trouvera  les  auteurs 
de  cette  destruction. 


CHAPITRE  LIV. 

De  Blandinus  ,  duc  des  Belges. 


Hugues,  (  comme  ci-dessus). 

Les  Belges  étant  rentrés  chez  eux  après  ces  vic- 
toires ,  le  duc  Blandinus  voulut  sacrifier  aux  dieux 
pour  les  remercier  de  sa  fortune.  Il  avait  cinq  fils  et 


2 1 2  ANNALES 

filiâ  misitad  iinmolandos  idolo  Beli;  coiisiniillter  misit 
aliiiin  cum  filia  ad  dcam  Mincrva^  placandam  ;  tcr- 
tium  vero  cum  filià  misit  idolo  Pan  ad  immolandum. 
Quibus  factis,  placavit  populum  et  eorum  corda  at- 
traxit.  Tandem  in  populo  non  confidcns ,  princeps 
sacerdotum  Minervîic  effectus  Blandinius  est,  relictis 
duobus  filiis  in  manibus  Bclgensium.  Qui  non  longé 
à  monte  Minervae  oppidum  fundans,  Hostilicnses  pro- 
fugos,  Hunnos  atque  Belgos  indifférente!'  suscipiens, 
nomine  proprio  Blandino  insignivit,  quod  etiàm  mûris, 
turribus  et  portis  solemniter  adornavit;  et  ut  securiiis 
et  remotiùs  à  civitate  belgensi  distaret,  et  eorum  vi- 
taret  pericula ,  quia  ab  una  civitatis  parte  diligebatnr 
et  ab  alia  minime ,  in  monte  quodam  suprà  portum 
finale  maris,  juxtà  portum  qui  nunc  dicitur  Ganda  , 
etiàm  oppidum  dicitur  fundâsse  et  diem  extremum 
clausisse,  Dicit  tamen  Lucius  quod  finaliter  inter  pa- 
ludes  ripariae  quai  Huyna  dicitur,  ipse  Blandinus 
castrum  fortissimum  construxit  contra  Belgos  juxtà 
locum  qui  nunc  dicitur  Crispinus  (i),  et  illùc  à  Bel- 
gensibus  finaliter  interemptus  est.  Lucius.  Dicti  Blan- 
dini  temporibus,  Gorbogudo,  rex  Britanniœ,  Ruthe- 
nos  invadens  ,  oppida  quàmplurima  })rostravit,  et 
tandem  secùs  Oceanum  progredientes ,  oppidum  Blan- 
dini  in  portu  qui  nunc  dicitur  Ganda ,  circumvalla- 
verunt.  Quod  audiens  Blandinus  ,  Hunnos,  Romanos 
et  BelgQs  civitatcm  Serviœ ,  Fanimartis ,  Fanisolis  et 
aliarum  à  belgensi  civitate  congregans  cum  feroci 
apparatu  ad  Gorbogudoncm  accessit.  Qui  siiiud  liis 

(i)  Crepin,  village  :'i  une  lieue  et  demi'-  ilc  ('oudi*. 


DE    UAIXALT.     LIVRE    II.  2l3 

«leuf  llUes  ;  il  envoya  un  de  ses  fils  avec  une  de  ses 
filles  pour  être  immolés  à  l'idole  de  Bel;  il  envoya 
pareillement  un  autre  de  ses  fils  avec  une  autre  de 
ses  filles  pour  être  offerts  en  sacrifice  à  la  déesse 
Minerve  ;  enfin ,  il  envoya  un  troisième  fils  avec  une 
de  ses  filles  pour  être  sacrifiés  à  l'idole  de  Pan.  Ces 
sacrifices  apaisèrent  ses  sujets  ,  et  lui  rendirent  leur 
amour.  Cependant,  comme  il  ne  se  fiait  pas  à  son  peuple, 
il  se  fit  prêtre  de  Minerve ,  après  avoir  laissé  ses  deux 
fils  entre  les  mains  des  Belges.  Il  fonda ,  non  loin  de 
la  montagne  de  ^linerve  ,  une  forteresse  dans  la- 
quelle il  accueillit  indifféremment  les  transfuges  hos- 
liliens ,  les  Huns  et  les  Belges ,  et  à  laquelle  il  donna 
son  propre  nom  de  Blandinus.  Il  la  munit  de  remparts, 
de  tours  et  de  portes  magnifiques  ;  et ,  pour  être  plus 
en  sûreté ,  et  à  plus  grande  distance  de  Belgis  ,  et  aussi 
pour  se  mettre  plus  aisément  à  l'abri  des  dangers  qu'il 
redoutait  de  ce  côté ,  parce  qu'il  n'était  aimé  que 
d'une  partie  de  la  ville  ,  il  fonda  ,  dit-on ,  sur  une 
montagne ,  au-dessus  d'un  port  de  mer ,  et  près  du 
port  que  l'on  appelle  aujourd'hui  le  Sas  de  Gand ,  une 
autre  forteresse  dans  laquelle  il  mourut.  Cependant , 
Lucius  dit  que  ,  finalement ,  Blandinus  construisit  au 
milieu  des  marais  de  la  rivière  de  Haine  ,  un  château- 
fort  contre  Belgis ,  près  de  l'endroit  qui  porte  main- 
tenant le  nom  de  Crépin ,  et  que  c'est  là  qu'il  fut  tué 
par  les  Belges.  Lucius.  Du  tems  de  Blandinus,  Gorbo- 
gudon ,  roi  de  Bretagne  ,  attaqua  les  Ruthènes ,  dé- 
truisit un  grand  nombre  de  leurs  places  fortes ,  et , 
s'avançant  ensuite  le  long  des  côtes  de  l'Océan  ,  mit  le 
siège  devant  la  forteresse  de  Blandinus  ,  qui  se  nomme 
aujourd'hui  le  Sas  de  Gand.  Blandinus  en  ayant  été 
informé  ,  rassembla  les  Huns  ,  les  Romains  et  les  Bel- 


9l4  ANNAIES 

tertio  congressl ,  Blandinus  coegit  Britoncs  carbasa 
conscendere.  Qui  potitiis  victoriâ  dictum  oppidum 
dilatavit ,  quo  fortificato  ,  ad  propria  remeans ,  in 
Huyniae  paludibus,  ad  laudis  ejus  tumulum,  castrum 
fundavit ,  cui  nomen  proprium  imponens ,  in  adver- 
sarios  postmodùim  incommoda  plurima  retorsit.  Victus 
autem  Gorbogudo ,  rex  Britannine ,  ad  alterum  portum 
applicans,  civitatem  Morianam  (  i  )  invasit ,  et  patriam 
devastans  et  Ruthenos  officiens ,  Rutheni  succursum 
à  Blandino  postulârunt  ;  qui  à  totali  Huiniâ  et  à  prac- 
libatis  civitatibus  magnum  aggregans  exercitum , 
versus  Morianam  quàmcitiùs  perrexit.  Cùm  autem 
Moriani  atque  Rutheni  qui  in  dicta  civitate  reclusi 
succursum  perceperunt ,  uno  impetu  egredientes , 
Gorbogudonem  simul  invaserunt.  In  quo  conflictu 
priùs  Answardo ,  rege  Morinorum ,  mortuo ,  usquè 
tamen  ad  maris  littora  Britones  retorserunt.  Morini 
Rutheni  victoriam  considérantes,  pro  gratiarum  ac- 
tionibus  referendis,  filium  Blandini,  Suardum  nomine, 
in  regem  eorum  elegerunt.  Hic  Suardus  filiam  dicti 
Gorbogudonis ,  régis  Britanniae ,  postmodùm  in  uxo- 
rem  susccpit.  Blandinus  tandem  ab  adversariis  Bel- 
gensibus  in  Castro  proprio  interemptus  est. 

(i)  Terouennc. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2  1  5 

ges  ,  ainsi  que  les  habitans  de  Servie ,  de  Famars ,  de 
Solème  et  des  autres  cités  ,  et  marcha  avec  un  grand 
appareil  de  guerre  contre  Gorbogudon.  Après  trois 
combats  successifs ,  Blandinus  força  les  Bretons  à  se 
rembarquer.  Ensuite  il  agrandit  et  fortifia  la  ville 
qu'il  avait  bâtie  ,  et  à  son  retour  dans  ses  foyers ,  il 
fonda,  pour  monument  de  sa  gloire,  dans  les  marais 
de  la  Haine  ,  un  château  auquel  il  donna  son  nom  ; 
et  d'où  il  incommoda  fortement  ses  ennemis  dans  la 
suite.  Gorbogudon ,  roi  de  Bretagne  ,  se  rembarqua 
après  sa  défaite  ,  et  ayant  débarqué  dans  un  autre 
port ,  il  attaqua  la  ville  de  Moriane ,  ravagea  son  ter- 
ritoire, et  causa  de  grands  dommages  aux  Ruthé- 
niens.  Ceux-ci  demandèrent  du  secours  à  Blandinus  , 
qui  leva  une  armée  nombreuse  dans  toute  la  Huinie  et 
dans  les  villes  ci -dessus  mentionées,  et  marcha  en 
toute  hâte  au  secours  de  Moriane.  Lorsque  les  Morins 
et  les  Ruthènes  qui  se  trouvaient  renfermés  dans 
cette  dernière  ville  ,  eurent  reçu  les  secours  qu'ils 
avaient  demandés  ,  ils  firent  une  sortie  et  attaquèrent 
avec  impétuosité  Gorbogudon.  Answard ,  roi  des  Mo- 
rins, fut  tué  au  commencement  de  ce  combat,  mais 
les  Bretons  furent  repoussés  jusque  sur  le  rivage  de  la 
mer.  Les  Morins  et  les  Ruthènes  ,  après  cette  victoire , 
élevèrent ,  par  reconnaissance ,  sur  le  trône  de  leur 
nation  ,  Suardus  ,  fils  de  Blandinus.  Ce  Suardus  épousa 
dans  la  suite  la  fille  de  Gorbogudon  (1) ,  roi  de  Breta- 
gne. Quant  à  Blandinus  ,  il  finit  par  être  tué  dans  sa 
propre  forteresse  par  les  ennemis  qu'il  avait  parmi  les 
Belges. 

f  î)  La  chronologie  des  rois  brelons  (  Mémoires  pour  servir  à  This- 
toirc  ancienne  du  Globe,  i,  i85)  nous  apprend  qu'en  effet  Gor- 
bodug  régna  soixante-frois  ans  sur  les  Bretons,  depuis  l'an  549 
jusqu'à  l'an  'iSy  avant  notre  ère. 


3l6  ANNALES 


CAPITULUM    LV. 

De  cessationc  regiim  Romanorum  et  institutionc  consuluni. 


MA.RTINUS  (l 


PosT  Tarquinium  Supcrbiim  ,  in  Roma  cessaveriint 
regcs  in  urbe  rcgnarc ,  qui  regnaverunt  per  annos  tlu- 
ccntos  et  quadraginta  olympiadis  lxviii  (2);  et  ordi- 
navcrunt  romanam  rempublicam  regendam  per  con- 
sules  ;  statuerunt  quoque  ut  duo  consules  per  unura 
annum  rcgerent ,  ne  ex  protractu  temporis  ex  dominio 
in  superbiam  erigercntur.  Tune  Roma  vix  adbuc  us- 
què  ad  quintam  decimam  lapidem  impcrium  tencbat, 
(  milliaria  enim  tune  lapidibus  distinguebantur,  sicut 
et  modo  abcubi  termini  agrorum  per  lapides  distin- 
guuntur).  Fecerunt  ergo  tune  consules  Lucium  et 

!i)  Cette  citation  est  irès-importante  ^  elle  peut  avoir  e'te  puisce 
«lans  un  très-ancien  manuscrit  rjuc  je  possède  ,  et  qui  est  conforme 
à  l'édition  publiée  par  Jean-Basile  Hcrold  et  Sufl'rid  Pétri;  elle  ne 
se  trouve  point  dans  celui  qu'a  fait  imprimer  Jean  Fabricius  qui 
n'est  donc  ni  plus  exact  ni  plus  correct,  comme  Fabricius  l'a  cru  , 
et  comme  le  repète  la  Biographie  universelle  à  l'article  Martin  le 
Polonais,  xxvii ,  3oo. 

(a)  La  royauté'  fut  abolie  à  Rome  la  quatrième  anne'c  de  la  66' 
olimpiade  (  an  Siî  av.  J.-C.  )  selon  Eusèbe.  Mais  nous  avons  vu 
qiTjl  fallait  rapporter  cet  événement  à  l'an  5io  avant  notre  ère. 


m:   iiAi\.\rT.   T.ivnr  ii. 


CHAPITRE  LV. 


De  rabclitiop.  lies  rois  des  Romains,  et  de  rétablissement  des  consuls 


MARTIN   DE   POLOGNE. 

Après  Tarc£uin  le  Superbe ,  la  royauté  fut  abolie  h 
Rome.  Les  rois  avaient  gouverné  la  ville  pendant  deux 
cent  quarante  ans  ,  et  jusqu'à  la  soixante-huitième 
olimpiade.  11  fut  établi  que  la  république  romaine  se- 
rait gouvernée  par  deux  consuls ,  qui  ne  resteraient 
en  fonctions  que  pendant  un  an ,  de  peur  qu'une  ad- 
ministration d'une  plus  longue  durée  n'excitât  leur 
orgueil.  Alors  la  domination  de  Piome  s'étendait  à 
peine  jusqu'à  la  quinzième  pierre  hors  de  son  enceinte  : 
(  les  milles  étaient  en  ce  tems-là  marqués  par  des  pier- 
res, de  la  même  manière  qu'en  plusieurs  pays  les  limites 
des  champs  sont  fixées  aujourd'hui  ).  Lucius  et  Brutus 
furent  créés  consuls.  Vers  cette  époque ,  Pithagore  et 
Anaxasoras  moururent  à  Rome. 


2l8  ANNALES 

Briitum.  His  temporibus,  Pythagoras  Romae  obiit  et 
Aiiaxagoras  (i). 


CAPITULUM  LVI. 

De  Suardo,  regc  Moriiiorum. 


LUCIUS. 


MoRTUO  Blandino ,  duce  Belgorum  ,  successlt  sibi 
Suardus ,  rex  Morinorum ,  filius  ejus.  Hic  Suardi.s 
fratrem  uxoris  suœ  regcm  Britanniaî  in  regnum  po- 
tcnter  restituît.  Suardus  tamen  credens  intestina  odia 
civitatis  belgcnsis  pacificare ,  saccrdotes  et  nobilcs  sibi 
in  omnibus  parentes,  à  mcdiocribus  et  exiguis  invasus, 
templum  Bacchi  subintrans ,  non  obstantibus  dcfen- 
sionibus  tàm  suorum  quàm  nobilium  et  omnipotentiâ 
sacerdotum,  interfectus  est.  Proindè  Morini,  Rutheni 
atque  Britones  per  longa  tcmpora  Belglm  infcstam 
liabuerunt.  Morini  vero  Cherilphoncm,  filium  Suardi, 
in  regem  eorum  clcgcrunt.  Ab  illo  tune  Bclgi  de- 
creverunt  novum  ducem   eligere   naturalem  asper- 

(i)  D'après  lamblique  ,  cite  par  M.  Larcli(!r  ilans  sa  clironolosjie 
d'Héroclotc  ,  p.  553  de  la  seconde  édition  ,  Pilhagore  mournt  Tan 
5io  avant  notre  ère ,  âgé  de  quatre-vingt-dix-huit  ans.  Or  ,  Eusèbc 
place  les  premiers  consuls  sons  Tan  5ii.  Ainsi  ces  deux  opinions 
ne  sont  nullement  contraires. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    II.  219 


CHAPITRE  LVI. 


De  Suardiis,  roi  des  Morins. 


LUCIUS. 


Blaisdinus,  duc  des  Belges,  étant  mort,  Suardus , 
son  fds  ,  roi  des  Morins  ,  lui  succéda.  Ce  prince  réta- 
blit sur  le  trône  le  roi  de  Bretagne ,  frère  de  son 
épouse  ,  et  lorsqu'il  croyait  avoir  éteint  les  haines  in- 
testines de  la  cité  de  Belgis  et  qu'il  se  voyait  obéi  en 
tout  des  prêtres  et  des  nobles ,  il  fut  attaqué  par  le 
peuple  et  la  populace ,  et  obligé  de  se  réfugier  dans  le 
temple  de  Bacchus ,  où  il  fut  tué  malgré  la  résistance 
des  siens  et  des  nobles  ,  et  la  toute-puissance  des  prê- 
tres. Depuis  cet  événement,  les  Morins  ,  les  Ruthènes, 
et  les  Bretons  nourrirent  une  haine  violente  contre 
Belgis.  Les  Morins  choisirent  pour  roi  Chérilphon , 
fils  de  Suardus.  Ce  fut  alors  que  les  Belges  résolurent 
de  se  nommer  un  nouveau  duc  ,  sans  avoir  égard  au 
successeur  légitime  de  Suardus  ;  et  en  effet ,  ils  élu- 
rent un  nommé  Léo  ,  qui  était  verdier  (1)  d'un  chas- 
seur. Après  la  mort  de  Léo  ils  nommèrent  à  sa  place 

(i^'  Garde-f'MCsticr. 


2 '20  AiNlNALES 

nentes ,  et  tune  vernaculum  cujiisdam  vciialoris, 
Leonem  nomiiie,  in  clueem  eoruni  clegcrunt.  Quo 
mortiio,  WalacriuLim,  eominunem  plebanum  fortissi- 
mum  viribus  corporis,  ducem  eorum  statuerunt.  £x 
Hislorid  Britonum.  Mortuo  Rinmarco,  Gorbogudo, 
filius  cjus,  olectus  est  in  rcgem  Britanniœ.  Huic  nati 
flierunt  duo  filii ,  quorum  unus  Ferrex  et  alius  Porrex 
nominati  sunt.  Ciim  autem  pater  in  senium  vergisset, 
orta  est  contcntio  inter  eos  quis  in  regno  eorum  suc- 
eederet.  Et  Porrex,  niajori  cupiditate  subductus, 
paratis  insidiis  fratrem  interficere  parât.  Quod  ciim 
illi  compcrtum  fuisset ,  vitato  fratre ,  transfretavit  in 
Galliam  ;  sed  usus  auxilio  Suardi ,  régis  Francorum , 
(  Actor.  id  est  Gallorum  Morinorum ,  quia  nondùm 
erat  Francia)  reversus  est,  et  cum  fratre  dimicavit. 
Pugnantibus  tamen  illis ,  interfectus  est  Ferrex  et 
magna  multitudo  quœ  ipsum  comitabatur.  Porro  ma- 
ter eorum  cui  nomen  erat  Indoîi  (i)  cùm  de  nece  filii 
certitudinem  habuisset,  ultra  inodum  commota ,  in 
odium  alteriûs  versa  est.  Undè  lanta  ira  ob  mortem 
ignescebat  ipsius ,  ut  ipsum  in  fratrem  vindicare  affec- 
taret.  Nacta  ergo  tempus  quo  ille  sopitus  fuerat ,  ag- 
greditur  eum  cum  ancillis  suis,  et  in  plurimas  seca- 
tiones  dilaceravit,  et  mortuus  est, 

(i)  LVdilion  di;  l'iiistoiro  des  Hretons  do  iSiy,  raj)j)ello  tViik-n. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  22  1 

Walacrinus ,  homme  du  peuple  et  sans  illustration , 
mais  doué  d'une  force  prodigieuse.  Extrait  de  l'histoire 
des  Bretons .  Après  la  mort  de  Kinmarcus ,  Gorbogudon, 
son  fds,  fut  élu  roi  de  Bretagne.  Ce  prince  eut  deux 
fds,  nommés,  l'un,  Ferrex,  et  l'autre,  Porrex(l).  Lors- 
que leur  père  fut  devenu  vieux ,  il  s'éleva  entre  eux 
une  querelle  ,  parce  qu'ils  prétendaient  l'un  et  l'autre  à 
la  couronne.  Porrex,  poussé  par  l'ambition  ,  dressa 
des  embûches  à  son  frère  et  chercha  à  le  tuer.  Mais 
celui-ci  s'en  étant  aperçu ,  échappa  à  Porrex  et  passa 
dans  la  Gaule  ;  puis  muni  du  secours  de  Suardus ,  roi 
des  Francs  [W^utcur.  c'est-à-dire  des  Gallo-Morins  , 
parce  que  la  France  n'existait  pas  encore  ) ,  il  revint 
dans  sa  patrie  ,  combattit  son  frère  ,  et  fut  tué  avec  un 
grand  nombre  de  ceux  qui  l'accompagnaient.  La  mère 
de  ces  princes ,  nonnnée  Indon ,  ayant  été  informée 
de  la  mort  de  son  fils ,  en  ressentit  la  douleur  la  plus 
vive ,  et  conçut  une  haine  violente  contre  son  meur- 
trier. La  perte  qu'elle  venait  de  faire  l'enflamma  d'une 
si  grande  colère  qu'elle  songea ,  pour  venger  son  fils  , 
à  faire  périr  son  autre  fiîs  Porrex.  Saisissant  le  mo- 
ment où  celui-ci  était  enseveli  dans  les  bras  du  som- 
meil ,  elle  l'attaque  avec  ses  servantes,  et  le  fait  mou- 
rir en  le  coupant  en  plusieurs  morceaux. 

(i)  Suivant  la  chronologie  dfs  rois  bretons  (^Mcinoircs  pour  servir 
à  l'histoire  ancienne  du  Globe  ,  I ,  i83  )  ,  Gorbodug  succéda  à  Kin- 
marc  l'an  549,  ^^  niourut  l'an  4^7-  Après  lui,  ses  fils  Feiiex  et 
Porrex  régnèrent  quatre  ans,  de  48^  à  4^3. 


222  ANNALES 


CAPITULUM  LVII  ' 


De  Cyro,  rege  Pcrsarum. 


ACTOR. 


Ut  autem  annos  nostros  juste  rectificare  possimus , 
ad  historiam  sacrœ  Scripturae ,  quam  aliquantuliim 
prœteiinisimus ,  recurrendum  est.  Eusehius.  Anno 
captivitatis  judaicœ  xxx  (2),  Cyrus,  rcx  Mcdorum , 
iraperium  destruxit ,  subversoque  rege  corum  Astria- 
ge,  regnum  ad  Persas  transtulit.  Cœpit  igitur  anno 
setatis  quartae  xxxi,  mundi  vero  iiimcdiv  (3),  et  rc- 
gnavit  annis  xxx.  Comestor.  Iste  Cyrus  fuit  ncpos 
Darii  ex  sorore ,  nepos  autem  Astriagis  ex  filiâ  ;  nàm 
Astriages  unicam  habuit  filiam,  et  vidit  in  somniis 
quod  de  genitalibus  filiœ  oriebatur  vitis  quae  totam 
occupabat  Asiam;  et  accepit  à  conjectoribus  se  habi- 
turum  nepotem  ex  filiâ  qui  dominus  esset  Asiœ,  et 
ipsum  dejiceret  à  regno.  Quod  timens  dédit  filiam 
suam  militi  plebeio ,  ne  filius  ex  eo  nasceretur  nobilis 

(i)  Le  fond  de  cette  histoire  de  Cirus  est  puise  dans  He'rodotc, 
mais  plusieurs  circonstances  et  les  plus  extraordinaires ,  ne  se  trou- 
vent pas  dans  le  récit  de  cet  historien. 

(2)  L'an  56o  av.  J.-C.  ,  suivant  Eusèhc. 

(3)  L'an  559  av.  J.-C. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2  20 


CHAPITRE  LVII. 


De  Ciriis  ,  roi  des  Perses. 


L  AUTEUR. 


Pour  rectifier  nos  calculs  dans  le  compte  des  an- 
nées ,  il  est  nécessaire  de  recourir  à  l'histoire  de  l'Écri- 
ture-Sainte  que  nous  avons  un  peu  négligée,  Eusèbe. 
En  l'an  30  de  la  captivité  des  Juifs  ,  le  roi  Cirus 
détruisit  l'empire  des  Mèdes  ;  et ,  après  avoir  renversé 
leur  roi ,  fit  passer  le  royaume  sous  la  domination  dés 
Perses.  Il  commença  donc  à  régner  en  l'an  31  du  qua- 
trième âge ,  et  du  monde  3404,  et  occupa  le  trône  pen- 
dant trente  années.  Comestor.  Ce  Cirus  était  neveu  de 
Darius  par  la  sœur  de  ce  prince,  et  petit-fils  d'Astiages 
par  la  fille  de  ce  dernier.  Astiages  n'avait  qu'une  seule 
fille  ;  il  vit  en  songe  que  du  sein  de  celle-ci  sortait  une 
vigne  qui  couvrait  toute  l'Asie.  Des  interprètes  lui  prédi- 
rent qu'il  naîtrait  de  sa  fille  un  enfant  qui  serait  le  maître 
de  l'Asie,  et  qui  le  renverserait  lui-même  du  trône. 
Dans  la  crainte  de  cet  événement,  Astiages  donna  sa  fille 
en  mariage  à  un  homme  de  basse  condition ,  afin  que 
l'enfant  qui  naîtrait  de  ce  mariage  ne  fût  ni  puissant 
ni  noble.  Outre  cela ,  il  fit  venir  sa  fille ,  lorsqu'elle  fut 
sur  le  point  d'accoucher,  et  remit  le  fils  auquel  elle 
donna  le  jour  à  l'un  de  ses  confidens ,  pour  le  faire 


2  24  ANNALES 

et  potens.   Praetereà  fillam  prœguantem  ascivit,  et 
iiatum  ex  eâ  filium  cuidani  participi  arcanoruni  tra- 
didit  occidenduin.  Qui  credens  regnum  transiturum 
ad  filiam ,  filium  ipsiûs  veritus  est  occidere ,  et  uni  de 
pastoribus  régis  tradidit  parvulum  cxponendum  in 
nemorc.  Qui  cùm  exposuisset  eum ,  et  id  indicâsset 
uxori  quse  in  dicbus  illis  pepererat ,  supplicavit  ei  mu- 
lier  ut  ei  parvulum  deferret  alenduïn  ,  et  proprium 
pro  eo  exponeret.  Cùm  rediisset  pastor  ad  puerum , 
invcnitcanem  prtebentem  ei  ubera  et  à  feris  et  ab  avibus 
defendentem.  Ciimque  tulisset  eum  ad  uxorem ,  allusit 
ei  tanquàm  diù  notée,  vocavitque  eum  Spartacum,  id 
est,  Catulum  ;  spartos  enim  pcrsicè  canem  sonat  la- 
tine. Qui  cùm  esset  grandiculus ,  à  pueris  ludentibus 
factus  est  rex  eorum ,  et  contumaces  et  inobedientes 
sibi  graviter  afïligebat.  Quod  graviter  ferentes  patres 
eorum,  verbum  detulerunt  ad  regem  de  filio  pastoris. 
Quem  cùm  advocâssct  rex,  et  argueret  eum  quod  puc- 
ros  plagâsset ,  ille  intrepidus  se  ut  regem  fecisse  res- 
pondit.  Et  admiratus  est  rex  ,  et  quaedam  signa  geueris   ■ 
sui  dcprehendens  ,  ascito  pastore  secretiùs,  veritatem 
rei  agnovit.  Verùm  tamen  timor  ejus  de  ncpotc  miti- 
gatus  est ,  œstimans  quod  verbum  conjectorum  de 
regno  impletum  esset  puerorum;  et  eidem  cui  priùs 
commiserat  occidendum  commisit  alendum ,  non  indi- 
cans  tamen  esse  nisi  pastoris  filium.  Filium  quidcm 
illiûs  secretarii  sui  clamculo  dcdit  patri  ad  comedoii- 
dum ,  quia  non  obedierat  ori  ejus ,  et  post  indicavit 
ei.  Factum  est  autcm  ut  Astriages  traderet  exercitum 
illi  secretario  ad  hostes  expugnandos  ;  ipse  vero  resc- 


DE    UAINALT.     LIVRE    II.  22'3 

mourir.  Celui-ci,  croyant  que  le  royaume  passerait  à 
la  fille  d'Astiages,  craignit  de  tuer  le  fils  de  cette  prin- 
cesse ,  et  le  livra  à  un  berger  du  roi  pour  l'exposer  dans 
un  bois.  Le  berger,  ayant  fait  ce  qui  lui  avait  été  pres- 
crit ,  raconta  le  tout  à  sa  femme  qui  venait  d'accoucher. 
Alors  celle-ci  le  supplia  de  lui  apporter  l'enfant  pour 
le  nourrir,  et  d'exposer  le  sien  à  sa  place.  Le  berger 
retourna  donc  auprès  de  l'enfant ,  et  trouva  une 
chienne  qui  lui  présentait  ses  mamelles,  et  qui  le  dé- 
fendait contre  les  bêtes  féroces;  et  les  oiseaux  ;  il  le  prit , 
et,  l'ayant  porté  à  sa  femme,  l'enfant  sourit  à  cette 
dernière ,  comme  s'il  l'eût  connue  depuis  long-tems  , 
et  reçut  d'elle  le  nom  de  Spartacus ,  c'est-à-dire,  petit 
chien  ;  car  spartos,  en  persan^  veut  dire  chien.  Lorsque 
cet  enfant  fut  devenu  un  peu  grand ,  il  fut  choisi  par  les 
autres  enfans  qui  partageaient  ses  jeux,  pour  être  leur 
roi ,  et  il  punit  avec  rigueur  tous  ceux  qui  lui  résistaient 
ou  qui  lui  désobéissaient.  Les  parens  de  ceux-ci  ne 
souffrant  qu'avec  peine  cette  tirannie ,  en  firent  leur 
rapport  au  roi ,  et  se  plaignirent  à  lui  du  fils  de  son 
berger.  Le  roi  l'ayant  fait  venir,  et  le  grondant  au  sujet 
des  mauvais  traitemens  qu'il  fesait  subir  à  ses  cama- 
rades ,  celui-ci ,  d'un  air  assuré ,  lui  répondit  qu'il  avait 
agi  en  roi.  Cette  réponse  frappa  le  prince  d'admiration  ; 
et  ayant  reconnu  son  origine  à  quelques  signes  parti- 
culiers, il  tira  le  berger  à  l'écart  et  apprit  de  lui  la  vérité 
du  fait.  Alors  les  craintes  qu'il  avait  eues  de  son  petit-fils 
vinrent  à  se  calmer,  jugeant  que  la  prédiction  des  de- 
vins avait  reçu  son  effet  dans  cette  autorité  royale  que 
son  petit-fils  avait  eue  sur  des  enfans.  Il  confia  donc 
l'éducation  de  ce  dernier  à  la  même  personne  à  laquelle 
il  avait  remis  jadis  le  soin  de  le  faire  mourir,  sans  lui 
dire  néanmoins  autre  chose  sinon  que  l'enfant  était  fils 
IL  i5 


226  ANNALES 

(lit  in  provincid  Media.  Porro  ille  non  immemor  ma- 
leficii  régis  ,  persuasit  exercitui  ut  Spartacum  regem 
Persldis  eligerent ,  et  cognominavit  eum  Cyrum , 
quod  interprctatur  haeres ,  quasi  diceret  :  licèt  rcluc- 
tetur  Astriages,  tamen  hic  est  haeres.  Quo  facto,  timens 
AstriagesDarium  consobrinum  adoptavitsibi  infihum, 
et  collecte  exercitu  congressus  est  adversùs  Cyrum,  et 
fugerunt  Persœ.  Uxores  autem  eorum  et  matres  egres- 
sœ  sunt  adeos,  et  detectis  suis  posterioribus,aiebant  : 
«Vultis-ne  introire  in  uteros  matrum  et  renasci?»IIoc 
pudore  excitati  Persœ  acriter  redierunt  in  hostes ,  et 
victus  est  Astriages.  Cyrus  autem  magis  se  exhibuit 
illi  nepotem  quàm  victorem;  nàm  regnum  Hyrcano- 
rum  concessit  ei ,  Dario  vero ,  tanquàm  fratri  suée 
matris ,  tradidit  regnum  Medorum ,  tamen  sub  tecttî 
spe  revertendi  ad  ipsum. 


DE     HAINAUT.     LIVRE     li.  2  2" 

d'un  berger.  Mais,  pour  punir  son  confident  de  sa  dés- 
obéissance ,  il  lui  donna  à  manger  son  propre  fils  ;  puis 
il  lui  découvrit  la  chose.  Mais  il  arriva  qu' Astiages  ayant 
confié  à  ce  même  confident  le  conïmandement  d'une 
armée  pour  combattre  les  ennemis ,  celui-ci  se  retira  en 
Médie;  et,  gardant  le  souvenir  de  l'outrage  que  lui  avait 
fait  le  roi ,  il  persuada  à  l'armée  d'élire  rôi  de  Perse  Spar- 
tacus ,  auquel  il  donna  le  nom  de  Cirus ,  qui  signifie 
héritier,  voulant  dire  que  Cirus  hériterait  du  trône 
malgré  Astiages.  Après  cet  événement ,  Astiages  tour- 
menté par  la  crainte,  adopta  pour  fils  Darius  (1)  son 
cousin,  et ,  après  avoir  levé  une  armée  ,  attaqua  Cirus. 
Les  Perses  prirent  la  fuite;  mais  leurs  épouses  et  leurs 
mères  sortirent  à  leur  rencontre ,  et  soulevant  leurs 
vétemens  s'écrièrent  :  Voulez-vous  rentrer  dans  le  sein 
de  vos  mères  et  renaître?  Les  Perses  couverts  de  honte 
à  cette  vue  revinrent  avec  ardeur  au  combat ,  et  As- 
tiages fut  vaincu.  Cirus  alors  se  conduisit  plutôt  en 
petit-fils  qu'en  vainqueur  ;  car  il  lui  céda  le  royaume 
des  Hircaniens  ,  et  donna  à  Darius  en  sa  qualité  de 
frère  de  sa  mère ,  le  royaume  des  3Ièdes ,  mais  avec 
l'espoir  tacite  que  ce  royaume  lui  reviendrait  un  jour. 

(j)  Ce  Darius  dont  Hérodote  ne  parle  point ,  et  que  Xenophon 
appelle  Ciasarès,  est  connu  sons  le  nom  de  Darius  le  Mède.  Le 
prophète  Daniel  dit  qu'il  était  fils  d'Astiages.  Voyez  l'article  Da- 
lius  dans  le  Dictionnaire  de  la  Bible  par  dom  Calmet. 


228  ANNALES 


CAPITULUM  LVIJÏ 


Dt;  Esopo  philosoplin. 


EUSEBIUS. 


Anno  regni  Cyri ,  régis  Pcrsarum ,  primo  ( i),  Eso- 
pus  à  Dclphis  intcrimitur.  Actor.  Fertur  quod  iste 
Esopus  compilavit  libellum  de  fabulis  moralibus ,  qui 
quidem  incipit  : 

Ut  juvet  et  prosit  conatur  pagina  prœsens  ; 
Dulciiis  arridcnt  séria  picta  jocis. 

A  sexto  decimo  autem  anno  Josiœ  usquè  ad  annuni 
primiim  Cyri  computantur  anni  lxx.  Sciendum  quo- 
que  est  ab  anno  quarto  Joathan  usquè  ad  annum 
primum  Cyri  computari  annos  ducentos  et  deceni , 
tantum  autem  temporis  dicit  Josephus  Isaiam  de 
Cyro  anno  antcquàm  regnaret  prophetâsse.  Undè 
videtur  anno  quarto  Joathan  Isaiam  dixissc  :  «  Hœc 
dicit  Dominus  Christo  mco  Cyro  cujus  manum  ap- 
prehendi ,  etc.  » 

(i)  An  55g  av.  J.-C. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2  29 


CHAPITRE  LVIII 

Du  sage  Esope. 


EUSEBE. 


En  l'an  premier  de  Cirus,  roi  des  Perses,  Ésope  est 
tué  par  les  habitans  de  Delphes.  L'auteur.  On  rapporte 
qu'Esope  compila  un  livre  de  fables  morales  qui  com- 
mence ainsi  :  Le  présent  écrit  s  efforce  de  plaire  et  d'in- 
struire ;  les  choses  sérieuses  ont  plus  de  charme  lorsqu'elles 
sont  unies  au  hadinage.  Depuis  la  seizième  année  de 
Josias  jusqu'à  la  première  de  Cirus  on  compte  soixante- 
dix  ans.  Il  faut  savoir  encore  qu'on  compte  deux  cent 
dix  années  depuis  la  quatrième  année  de  Joathan  jus- 
qu'à la  première  de  Cirus  ;  et  les  prophéties  d'Isaïe  au 
sujet  de  Cirus ,  eurent  aussi  lieu ,  dit  .Tosèphe ,  deux 
cent  dix  ans  avant  le  règne  de  ce  prince  ;  d'où  il  parait 
que  ce  fut  en  la  quatrième  année  de  .loathan  qu'Isaïe 
dit  :  «  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  à  Cirus ,  mon  oint , 
dont  j'ai  pris  la  main  ,  etc.  » 


230  ANNALES 


CAPITULUM  LIX 

De  regibus  Persarum. 


Persarum  itaque  primus  rex  Cyrus  regiiavit  annis 
XXX.  Secundus  Cambyses  aimis  viii;  hune  secundum 
aiuiit  Nabuchodoiiosor  vocari,  subquohistoria  Judith 
describitur.  Post  hune  duo  fratres  regnavcrunt  men- 
sibus  vu;  post  quos  Darius,  fîhus  Hystaspis,  xxxvi 
annis.  Quintus  Xcrxes  xx  annis.  Sextus  Artabasus 
mensibus  vu.  Septimus  Artaxerxes  Longimanus  an- 
nis XL.  Octavus  Xerxes  Seeundus  mensibus  ii.  Nonus 
Sogdianus  mensibus  viii.  Decimus  Darius  Nothus 
annis  xix.  Undeeimus  Artaxerxes,  qui  et  Assuerus 
dieitur,  sub  quo  historia  Ilester  expleta  videtur,  an- 
nis XL.  Duodecimus  Artaxerxes  qui  et  Ochus  xxvi  (i). 
ïredecimus  Darius,  Arsami  fîHus,  vi  annis;  quo  Alexan- 
der,  rex  Macedonum,  interfecto,  obtinuit  Babyloneni, 
et  sic  regnum  Persarum  destructum  est.  Actor.  Haec 
de  ChronicisEusebii  breviterexcerpsi.  Babylonem  de- 
niquè,  anno  primo  Cyri  régis,  fuisse  captam  videtur 
velle  Daniehs  historia  ;  cùm  dicit  :  Fuit  autem  Da- 
m'cl  us(juè  ad  annmn  piimiun  Cjri  régis ,  etc. 

(i)Le  règne  d'Arscs  ,  (ils  iFOchus  ,   est  omisj  il  fui  de  trois  ou 
quatre  ans,  selon  les  diirerenle*  éditions  d'Eusèbc. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2Jl 


CHAPITRE  LIX. 


Des  rois  des  Perses. 


Le  premier  roi  des  Perses  fut  donc  Cirus  qui  régna 
trente  années.  Le  second  fut  Cambise  qui  en  régna 
huit ,  et  qui ,  dit-on ,  fut  ce  Nabuchodonosor  sous  le 
règne  duquel  fut  écrite  l'histoire  de  Judith.  Après 
Cambise ,  deux  frères  occupèrent  le  trône  pendant 
sept  mois ,  et  eurent  pour  successeur  Darius  fils  d'His- 
taspe  ,  dont  le  règne  fut  de  trente-six  ans  ;  le  cinquième 
roi  fut  Xerxès  qui  en  régna  vingt  ;  le  sixième  Ai'tabase 
qui  régna  sept  mois  ;  le  septième  Artaxerxès-Longue- 
main  qui  régna  quarante  ans  ;  le  huitième  Xerxès  II  qui 
régna  deux  mois  ;  le  neuvième  Sogdien  qui  régna  huit 
mois  ;  le  dixième  Darius-Nothus  qui  régna  dix-neuf  ans  ; 
le  onzième  Artaxerxès  qui  est  aussi  appelé  Assuérus , 
au  règne  duquel  paraît  devoir  être  rapportée  l'histoire 
d'Esther,  et  qui  régna  quarante  ans;  le  douzième  Arta- 
xerxès nommé  aussi  Ochus,  qui  régna  vingt-six  ans,  le 
treizième  Darius  fils  d' Arsame,qui  régna  six  ans.  Lorsque 
ce  prince  fut  tué,  Alexandre  ,  roi  de  Macédoine,  s'em- 
pai  a  de  Babilone ,  et  mit  fm  de  cette  manière  au  royaume 
des  Perses.  L'auteur.  Voilà  ce  que  j'ai  extrait  briève- 
ment des  chroniques  d'Eusèbe.  L'histoire  de  Daniel 
semble  marquer  que  Babilone  fut  prise  en  la  première 
année  du  règne  de  Cirus  ;  car  elle  dit  :  Daniel  vécut  jus- 
qu'à la  première  année  du  roi  Cirus  ,  etc 


202  ANXALES 


CAPITULUM   LX 


De  Babvlonicâ  civitate. 


iiiERONYMUS  ,  super  haiam  y  libro  v". 

BabylojveM  fuisse  potcntissiinam  et  in  campestribus 
per  quadrum  sitam ,  ab  angiilo  usquè  ad  angulum 
mûri  XVI  millia  tcnuisse  passuum ,  id  est  simul  per  cir- 
cuitum  LXiv  (i).  Arx  autcni,  id  est  capitoUum  illius 
urbis  ,  est  turris  ,  (jusp  icdificata  post  diluvium ,  in 
altitudine  tria  millia  dicitur  tenere  passuum ,  paula- 
t'im  de  lato  in  angustias  coarctata,  ut  pondus  immi- 
nens  faclliùs  à  latioribus  sustentetur.  Describunt  ibi 
Icmpla  marmorea ,  aureas  statuas ,  plateas  lapidibus 
auroque  fulgcntcs,  et  multa  alia  quac  penc  videantur 
incredibilia.  Hoc  totum  narravimus ,  ut  ostenderemus 
quod  ad  iram  Dei  omnis  potentia  pulvis  sit ,  et  favilla^ 
et  cincri  comparetur.  Coineslor.  Igitur  Cyrus  divise- 
rat  Euphratum  ,  longé  à  civitate  babylonica,  per  plu- 
res  rivos ,  ut  alvcum  qui  fluebat  in  civitate  vadabilem 
faceret;  et  per  ipsum  ingressi  sunt  hostes  in  civitate 

(i)  Ces  mots,  rejerl  Hivodntits  ,  rt  niuUinhi  i/iti  grœcas  hislorint 
t  oiiscripseriint ,  sont  omis  «Tans  notre  aiik'in,  mais  se  Iroiivcnl  (lans 
les  e'ililions  de  S.  Ji'iôme. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2.>v> 


CHAPITRE  LX. 


De  la  ville  do  Babiiont 


Saint  Jérôme ,  au  livre  v  ck  son  commentaire  sur  Isàie. 

HÉRODOTE  et  plusieurs  autres  historiens  grecs  ,  disent 
que  Babilonc  fut  une  ville  très  puissante  ,  bâtie  en  carré 
dans  une  plaine ,  et  ayant  seize  mille  pas  d'un  angle  à 
l'autre  ,  c'est-à-dire ,  soixante-quatre  mille  pas  de  circuit. 
La  citadelle  ,  c'est-à-dire  ,  le  capitole  de  cette  ville  ,  est 
une  tour  bâtie  après  le  déluge ,  haute ,  dit-on  de  trois 
mille  pas ,  et  se  rétrécissant  de  la  base  au  sommet , 
afin  que  son  poids  soit  plus  aisément  supporté  par  des 
assises  qui  sont  de  plus  en  plus  larges.  On  dépeint  la 
ville  comme  décorée  de  temples  de  marbre ,  de  statues 
d'or,  de  places  éclatantes  d'or  et  de  pierreries ,  et  de 
beaucoup  d'autres  richesses  qui  paraissent  presque  in- 
croyables. Du  reste  nous  n'avons  fait  cette  description 
que  pour  montrer  que  contre  la  colère  de  Dieu  toute 
puissance  est  poussière ,  et  ne  peut  être  comparée  qu'à 
la  fumée  et  à  la  cendre.  Comestor,  Cirus  avait  donc 
divisé  l'Euphrate ,  loin  de  la  ville  de  Babilonc ,  en 
plusieurs  canaux  ,  afin  de  rendre  guéable  le  lit  du 
fleuve  qui  coulait  dans  la  ville.  Les  ennemis  entrèrent 
clans  la  cité  par  ce  lit,  en  passant  sous  les  remparts, 
et  Ballhazar  fut  tué.  Darius,  auquel   Cirus  marquait 


234  ANNALES 

sub  muro,  et  interfectus  est  Baltliazar;  et  successit  ei 
Darius  (i)  in  regnum  annos  xlii  :  iiam  et  Cyriis  ei 
tanquàm  majori  in  omnibus  deferebat. 


CAPITULUM  LXI 


Quùd  angeli  provinciales  Persarum  ut  Griccoriim  imjn'cliebant 
reditum  captivitatis  Judaeorum. 


Anno  igitur  tertio  (2)  regni  Cyri,  prima  die  meu- 
sis  primi,  lugebat  Daniel  trium  hebdomadarum  die- 
bus  (3).  Die  autem  xxiv,  dùm  csset  juxtà  lluvium 
Tigris ,  vidit  :  Et  ecce  vir  vestitus  lineis ,  accinctus 
zona  aurea,  cujus  faciès  quasi  fulgur,  oculi  ut  lani- 
pades,  et  senno  ejus  quasi  vox  multitudinis.  Porro 
viri  qui  erant  cuni  eo  territi  fugerunt  ;  et  solus  vidit 
visionem  ;  et  corruit  in  faciem  suam ,  sed  vir  ille  ac- 
cessit, et  erigens  cum  et  confortans ,  ait  :  «  Noli  me- 
tuere ,  Daniel,  quia  ex  die  primo  niensis  quo  posuisti 
cor  tuum,  ut  te  afïligercs  coràni  Deo,  cxaudita  sunt 
verba  tua,  et  egressa  est  scntentia  à  Deo  de  redilii 
populi  Israël ,  et  eadem  die  volui  ad  te  vcnire ,  ut 
nunciarem  ;  sed  princeps  regni  Persarum  rcstitit  niihi 

(i)  Darius  le  Mètlc  dii  Ciaxarr  ii. 
(2)  L'an  557. 
(5)  Dan.  chap.  x. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    II.  2  05 

beaucoup  de  déférence  dans  toutes  les  occasions ,  comme 
étant  beaucoup  plus  âgé  que  lui ,  succéda  à  Balthazar, 
et  régna  quarante-deux  ans. 


CHAPITRE  LXI. 


Les  anges ,  protecteurs  des  Perses  et  des  Grecs ,  empêchent  le  retour 
des  Juifs  de  leur  captivité'. 


En  la  troisième  année  du  règne  de  Cirus  ,  depuis  le 
premier  jour  du  premier  mois ,  Daniel  fut  dans  les 
pleurs  pendant  trois  semaines.  Le  vingt-quatrième  jour, 
comme  il  était  près  du  fleuve  du  Tigre ,  il  vit  tout  à 
coup  un  homme  vêtu  de  lin  ,  ceint  d'une  ceinture  d'or, 
dont  le  visage  brillait  comme  les  éclairs  et  les  ieux 
comme  des  lampes  ardentes,  et  dont  la  voix  était 
comme  celle  d'une  multitude.  Or  les  hommes  qui 
étaient  avec  lui  furent  épouvantés  et  s'enfuirent;  et  il 
eut  seul  cette  vision  ;  et  il  tomba  la  face  contre  terre  ; 
mais  l'homme  s'approcha  de  lui,  le  fit  relever,  et  le 
rassurant ,  lui  dit  :  «  Ne  crains  rien ,  Daniel;  car  dès  le 
premier  jour  du  mois  que  tu  as  déposé  ton  cœur  pour 
gémir  en  présence  de  Dieu ,  tes  paroles  ont  été  exaucées  , 
et  le  Seigneur  a  prononcé  sa  sentence  touchant  le  retour 
du  peuple  d'Israël.  Et  j'ai  voulu  ce  même  jour  venir 
vers  toi  pour  t'en  instruire  ;  mais  le  prince  du  royaume 
des  Perses  m'a  résiste  vingt  et  un  jours ,  et  lorsqu'au 
bout  de  ce  tems  je  suis  sorti,  le  prince  des  Grecs  a 


236  ANNALliS 

viginti  et  uno  diebus  ;  cùmque  tune  egrcderer,  appa- 
l'uit  princeps  Grœcorum ,  veuiens ,  ut  adversaretur 
principi  Persarum  et  milii;  et  aliquantam  feci  moram, 
et  nunc  venio  ut  ccrtificcin  te  de  reditu  populi  Israël, 
etinhisnemo  est  mihi  adjutor,  nisi  Michael,  princeps 
noster.  »  Hos  duos  principes  Graecoruni  et  Persarum 
dicit  Hicronynius  angelos  malos  fuisse,  qui  oppositi 
sunt  regnis  illis  ad  cxercitium.  Laborabat  itaquc  an- 
gélus Persarum  ne  Hebraei  liberarentur  à  dominio 
Persarum ,  ti^im  quia  delectabatur  afïiictionibus  eorum, 
tiim  ut  Persœ  diutiùs  affligentes  eos  graviiis  peccarent. 
Laborabat  etiàm  angélus  Graecorum  ut  Persœ  et  cap- 
tivitas  Hebrœorum  cum  eis  transirent  in  dominio  Grae- 
corum. Gregorius  autem  vult  eos  fuisse  angelos  bonos, 
qui  satagebant  ne  tàm  cito  liberarentur  Hebrœi ,  ut  si 
quid  in  eis  erat  purgandum  purgarctur  et  dccoquere- 
tur  ad  unguem.  Porro  à  primo  anno  Darii,  orabat 
Daniel  pro  eo,  ut  staret  et  roboraretur  regnum  ejus, 
et  sollicitus  erat  de  successoribus  regni  Persarum , 
volens  eos  scire,  de  quorum  manifestationc  décima 
visio  ci  ostensa  est. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  2J7 

paru  pour  s'opposer  au  prince  des  Perses  ainsi  qu'à 
moi ,  et  je  me  suis  arrêté ,  et  maintenant  je  viens  pour 
l'instruire  du  retour  du  peuple  d'Israël,  et  nul  ne 
m'assiste  dans  ces  choses ,  si  ce  n'est  Michel  notre 
prince.  »  Saint  Jérôme  dit  que  ces  deux  princes  des 
Grecs  et  des  Perses  étaient  de  mauvais  anges ,  qui 
s'exerçaient  à  nuire  à  ces  royaumes.  Ainsi  l'ange  des 
Perses  s'opposait  à  ce  que  les  Hébreux  fussent  délivrés 
de  la  domination  des  Perses  ,  tant  à  cause  du  plaisir 
(ju'ii  prenait  à  leurs  afflictions ,  que  parce  que  les  Perses 
péchaient  d'autant  plus  qu'ils  les  affligeaient  plus  long- 
tems.  De  son  côté,  l'ange  des  Grecs  s'efforçait  de  faire 
passer  les  Perses  et  les  Juifs  captifs  sous  la  domination 
des  Grecs.  Mais  saint  Grégoire  veut  au  contraire  que 
ces  êtres  soient  de  bons  anges  ,  qui  s'opposaient  à  la 
promte  délivrance  des  Hébreux  ,  pour  leur  donner  le 
tems  de  se  purger  de  leurs  souillures  s'ils  en  avaient 
encore  besoin ,  et  de  se  rendre  sans  tache.  Or  dès  la 
première  année  de  Darius ,  Daniel  priait  pour  la  sta- 
bilité et  la  force  de  son  royaume ,  et  il  était  inquiet  au 
sujet  des  héritiers  du  royaume  des  Perses.  Il  désira  de 
les  connaître ,  et  ils  lui  furent  manifestés  dans  la  dixième 
vision  qu'il  eut. 


238  ANNALES 


CAPITULUM  LXII. 


De  primo  retlitu  captivitatis  Jiidœorum  sub  duce  eorum  Zorobabcl. 


PoRRO  clarissimi  Juclseorum  viri  habitabant  In  Ba- 
byloniâ,  id  est,  in  terra  Babylonis  eversae.  Inter  eos 
Zacharlas ,  natus  in  Chaldœâ ,  jàm  prophetabat.  Hic 
benedixit  Salathiel  in  fîlio  ,  vocans  eum  Zorobabel , 
quod  interpretatur  magister  Babylonis ,  quasi  diccret 
hic  crit  magister  captivitatis  babylonicœ.  Ad  hiijus 
prophétie  exhortationem  primi  surrexerunt  viri  Juda 
ut  ascenderent  in  Jérusalem  ;  posteà  vero  viri  Benja- 
min et  Levitae.  Igitur  in  tertio  anno  Cyri,  egressi  sunt 
sub  Zorobabel  duce  et  Jesu  magno  sacerdote ,  adlior- 
tantibus  eos  Zacharid  prophetâ  et  Aggaeo  juvene  sed 
nondùm  prophetâ.  Erant  autem  circiter  quinquaginta 
millia;  fuerunt  enim  de  Judœis  xlii  millia  cccxl  , 
reliqui  vero  erant  servi  et  ancillœ ,  et  homines  generis 
promiscui.  Et  remisit  cum  eis  Cyrus  parlem  vasorum 
Domini  vmxxx.  ïlic  est  annus  lxx  relaxandae  captivi- 
tatis (i)  quem  prœdixit  Jcremias.  Porro  in  anno  re- 
gressionis  in  Judœam  ,  congregatus  est  populus  quasi 

'i  )  L'an  520  a\  .  J .  i'.. ,  selon  Eust-be  ,  et,  suivant  TArt  dv.  vcriUer 
les  Jates  ,  l'an  537 


DE    HAINALT.     LIVRE    II.  ajQ 


CHAPITRE  LXII. 


I)ii  premier  retour  îles  Juifs  de  leur  captivité  ,  5ous  leur  chef 
Zorobabel. 


Or  les  premiers  d'entre  les  Juifs  demeuraient  dans 
la  Babilonie ,  c'est-à-dire  ,  sur  le  territoire  de  Babilone 
qui  avait  été  renversée ,  et  parmi  eux  se  trouvait  Za- 
charie ,  qui  était  né  dans  la  Caldée  ,  et  qui  déjà  prophé- 
tisait. Ce  prophète  bénit  Salathiel  dans  la  personne  de 
son  fils,  en  appelant  celui-ci  Zorobabel,  qui  signifie 
maître  de  Babilone ,  voulant  dire  qu'il  serait  le  chef  des 
captifs  de  Babilone.  A  l'exhortation  de  Zacharie  les 
premiers  hommes  de  Juda  se  levèrent  et  montèrent  à 
Jérusalem  ;  ceux  de  la  tribu  de  Benjamin  et  les  lévites 
les  suivirent.  Ainsi,  en  la  troisième  année  de  Cirus  , 
ils  sortent  sous  la  conduite  de  Zorobabel  et  de  Jésus  , 
grand-prètre ,  animés  par  les  discours  du  prophète 
Zacharie,  et  d'Aggée,  qui  était  jeune  alors,  et  qui  ne 
prophétisait  pas  encore.  Ils  étaient  près  de  cinquante 
mille,  dont  42,340  Juifs  et  le  reste  esclaves  et  ser- 
vantes ,  ou  hommes  de  race  mêlée.  Cirus  renvoya  avec 
eux  ,  5030  des  vases  du  Seigneur.  Cette  année  est  la 
soixante-dixième  prédite  par  Jérémie  pour  être  celle 
de  la  fin  de  la  captivité.  Or,  dans  l'année  du  retour 
en  Judée,  le  peuple,  comme  s'il  n'eût  formé  qu'un  seul 
homme,  se  rassembla  à  Jérusalem,  releva  l'autel ,  en 


^40  ANNALES 

vir  unus  in  Jérusalem;  et  œdifieaiites  altare,  colloca- 
verunt  illud  super  bases  suas,  et  obtulerunt  super 
illud  holocausta  Domino  mauè  et  vespcrè,  fecerunt- 
que  solemnitatem  tabernaculorum.  Undè  vero  liabuc- 
runt  ignem  nescimus,  nisi  forte  ex  calculis  veteris 
altaris  excusserunt  illum.  Anno  autem  secundo  (i), 
secundo  mensc,  jecerunt  fundamenta  templi;  ciunque 
apparuissent  fundamenta  super  terram,  éleva  vit  po- 
pulus  vocem  in  jubilatione.  Porro  quidam  senioresqui 
viderant  templum  priiis ,  ejulabant  voce  magnâ;  nec 
poterat  quisquam  agnoscere  clamorem  lœtantium 
et  planctum  ejulantium.  Porro  Samaritœ  indignati 
impediebant  manus  eorum  ;  cimique  Persœ  impedire 
non  possent,  dederunt  munera  principibus  régis,  qui 
pecuniis  eorrupti  vendiderunt  negligentiam  œdifica- 
tionis,  Cyro  tamen  ignorante;  et  adeo  impedierunt 
eos  quod,  in  xxx  annis  quibus  Gyrus  regnavit,  non 
erexcrunt  muros  templi ,  nisi  usquè  ad  appodiatio- 
nem. 

(I  )  L\in  5i8  av.  J.-C. ,  suivant  Eiisèbe. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    II.  24 1 

le  plaçant  sur  son  ancienne  base ,  et  matin  et  soir  offrit 
dessus  des  holocaustes  au  Seigneur.  Il  célébra  aussi  la 
fête  des  Tabernacles.  Mais  nous  ignorons  où  il  se  pro- 
cura du  feu ,  à  moins  qu'il  n'en  ait  peut-être  tiré  des 
cailloux  de  l'ancien  autel.  Au  second  mois  de  la  se- 
conde année  furent  jetés  les  fondemens  du  temple  ;  et 
lorsqu'ils  parurent  hors  de  terre ,  le  peuple  fit  retentir 
les  airs  de  ses  cris  de  joie.  Quelques-uns  des  plus  âgés 
qui  avaient  vu  le  premier  temple ,  se  lamentaient  à 
haute  voix ,  et  l'on  ne  pouvait  distinguer  les  cris  d'al- 
légresse des  cris  de  douleur.  Mais  les  Samaritains  in- 
dignés s'opposaient  de  tous  leurs  efforts  à  l'avance- 
ment des  travaux  ;  et  comme  les  Perses  ne  pouvaient 
les  arrêter ,  ils  firent  des  présens  aux  officiers  du  roi , 
qui  se  laissèrent  corrompre  à  prix  d'argent ,  et  vendi- 
rent la  suspension  des  travaux,  sans  néanmoins  que 
Cirus  en  eût  connaissance  ;  de  sorte  qu'ils  empêchèrent 
les  Juifs  d'élever  ,  pendant  les  trente  années  que  régna 
Cirus ,  le  temple  au-dessus  de  la  hauteur  d'appui. 


II. 


16 


'2l'i2  ANNALES 


CAPITULUM  LXIJÏ 


De  morte  Cyri ,  régis  Persaruni. 


Anno  Cyri  xfii  (i),  Crosus  à  Cyi'o  captus  est, 
et  Lydorum  regnum  destructum  est,  quod  stctit  an- 
nis  ccxxxi.  Hic  est  ille  Cresus  ditissimus  rex  de  quo 
narratur,  quod,  cùm  ei  omiiia  prospère  evenisse  glo- 
riaretur  et  divitiarum  copia  niniiiim  se  jactaret,  dic- 
tum  est  ei  à  Solomiiio  quodam  sapientissimo ,  non 
debere  quemquam  in  divitiis  et  prosperitate  gloriari. 
Eâdcm  noctc  vidit  in  somniis  quod  Jovis  eum  aqua 
perfunderet  et  sol  extcrgeret.  Quod  cùm  filiae  su<t 
Famiae  indicasset,  illa  ut  res  se  habebat  prudenter 
absolvit  ;  dicens  quod  cruci  esset  affigendus  et  aqu;i 
perfundendus  et  à  sole  siccandus.  Quod  ità  demiun 
contigit,  nam  posteà  à  Cyro  captus  crucifixus  est. 
Eodem  anno,  videlicet,  Cyri  xiii,  Romanorum  unus 
rex  Tarquinius  Superbus,  occiso  Servio  socero,  ro- 
manum  regnum  arripuit  et  regnavit  annis  xxxv  (2). 

(1)  L'an  547  av.  J.-C. ,  suivant  Eiisèbe  j  mais  nous  avons  tu  ((u<- 
Fréret  rapporte  à  l'an  545  la  fin  du  royaume  de  Lîdie. 

{■i)  Nous  avons  vu  ([ue  T.irciuia  commença  eu  l'an  55  i  son  rèpne 
qui  ne  fut  que  de  25  ans 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  243 


CHAPITRE  LXIIl. 


De  la  mort  de  Cirus  ,  roi  des  Perses. 


En  la  treizième  année  de  Cirus  ,  Crésus  fut  fait  pri- 
sonnier par  ce  prince,  et  le  royaume  de  Lidie,  qui 
avait  duré  231  ans  ,  fut  détruit.  C'est  à  ce  même  Cré- 
sus ,  ce  roi  si  riche  ,  que  le  sage  Solon ,  après  l'avoir 
entendu  se  glorifier  de  ce  qu'il  n'avait  éprouvé  que 
du  bonheur  ,  et  se  vanter  de  l'immensité  de  ses  ri- 
chesses ,  répondit  que  personne  ne  devait  s'enorgueil- 
lir de  son  opulence  ni  de  son  bonheur.  La  même  nuit, 
Crésus  eut  un  songe  dans  lequel  il  lui  sembla  être 
arrosé  de  l'eau  du  ciel ,  et  séché  ensuite  par  le  soleil. 
Lorsqu'il  eut  raconté  ce  songe  à  sa  fille ,  nommée 
Famie  ,  celle-ci  lui  expliqua  avec  sagesse  ce  qu'il  signi- 
fiait ,  et  lui  dit  qu'il  serait  attaché  à  une  croix  et  ar- 
rosé d'eau ,  puis  séché  par  le  soleil.  Ce  qui  arriva 
comme  elle  l'avait  dit  ;  car  dans  la  suite  ,  ayant  été 
pris  par  Cirus ,  il  fut  crucifié.  En  la  même  année , 
c'est-à-dire  en  l'an  1 3  de  Cirus ,  Tarquin  le  Superbe , 
roi  des  Romains ,  après  avoir  tué  Servius  ,  son  beau- 
père,  s'empara  du  gouvernement  de  Rome,  et  régna 
35  ans.  Eusèbe.  Du  tems  de  Cirus,  vivait  le  médecin 
Anaximénès  ;  Simonides  et  Chilon  ,  qui  fut  un  des 
sept  sages ,  florissaient  :  Thaïes  mourut  dans  le  même 


244  ANNALES 

Eusehius.  Temporibus  Cyri  Anaximenes  physicus 
agnoscitur,  Sinionidcs  clams  habetur  et  Chilon  qui 
de  scptem  sapientibus  fuit,  Thaïes  vero  moritur(i). 
Comestor.  Porro  Cyrus  ciim  pcrtransiisset  cursum 
fluminis  almi ,  gentem  Lydorum  bellicosissimam  as- 
tutè  redegit  in  concordiam;  tradidit  enim  eis  solem- 
iiitates  et  ludos,  prœcipiens  eis  ut  lucibus  et  comessa- 
tionibus  et  amplexibus  vacarcnt,  quasi  bencvolentiaiu 
eis  ostendens.  In  hune  nioduni  eos  immuta  vit,  et  quos 
bello  non  poterat  per  libidinem  expugnavit.  Posteà 
vero  transgressus  Araxem ,  à  reginâ  Massagctarum 
Tamari  victus  et  occisus  est  ;  quœ  caput  illius  praîci- 
sum  in  utrcm  plénum  sanguine  humano  projiciens, 
insultando  dixit  :  «  Satia  te  sanguine  quem  sitivisli.  » 
Et  sic  mortuus  est  Cyras. 

(i)  Thaïes  est  le  chef  de  l'ëcolc  ionienne  et  le  premier  dus  sept 
sages.  Il  naquit  en  Phe'nicie  Tan  fiSg  avant  noire  ère,  et  mourut  à 
Mile^  Pan  54i^-  Chilon,  de  Lact-demone,  fut  Fun  des  sept  sages  ,^ 
et  Sparte  le  clioisit  pour  l'un  de  ses  e'phorcs,  Fan  556.  Anaximandre 
de  Milct  fut  le  clief  de  re'colo  ionienne  après  'J'halès ,  et  Anaxi- 
menes après  Anaximandre.  Mais  Diogrnes  Laorce  et  les  auteurs 
qui  nous  parlent  d'Anaximenès  ne  disent  point  qu'il  ait  e'te  mé- 
decin. Il  c'tait  bien  postérieur  à  Cirus.  On  compte  quatre  poètes 
appelés  Simonides  :  le  pins  célèbre  est  Simonidcs  de  Céos,  né  l'an 
558  ,  et  mort  l'an  4(>8  ,  presque  nonagénaire. 


DE    IIAINAUT.     LIVRi:    II.  ^45 

tems.  Comestor.  Cirus ,  ayant  passé  un  grand  fleuve  , 
soumit  par  la  ruse  la  nation  belliqueuse  des  Lidiens; 
il  leur  donna  en  effet  des  fêtes  et  des  jeux ,  en  leur  re- 
commandant de  se  livrer  à  l'amour,  aux  festins  et  à 
la  débauche ,  comme  pour  leur  donner  des  marques 
de  la  bienveillance  qu'il  leur  portait.  C'est  ainsi  qu'il 
parvint  à  changer  leurs  mœurs,  et  qu'il  vainquit  par 
les  plaisirs  ceux  qu'il  ne  pouvait  vaincre  par  les  armes. 
Ensuite,  ayant  passé  l'Araxe  ,  il  fut  vaincu  et  tué  par 
Tomiris ,  reine  des  IMassagètes,  qui  lui  fit  couper  la 
tête  ,  et  qui ,  l'ayant  jetée  dans  une  outre  pleine  de 
sang  humain  ,  dit  en  lui  insultant  :  «  Rassasie-toi  du 
sang  dont  tu  fus  altéré.  »  C'est  ainsi  que  mourut  Cirus. 


•à[\Q  A^^ALEs 


CAPIÏULUM  LXIV. 


De  Walaciino,  duce  Belgensi. 


ACTOR. 


Annis  ad  historiam  nostram  prosequendam ,  proiit 
valeo,  adaequatis,  revertor  ad  incœpta.  Hugo.  Suardo, 
duce  Belgorum  mortuo ,  populus,  proùt  dictum  est, 
ducem  elegerunt  Leonem;  quo  mortuo,  Walacrinum 
loco  ejus  statuerunt.  Qui  in  sui  adventûs  principio 
totam  regiam  stirpem  prœter  sacerdotes  in  exilium 
relegavit.  Hic  ferociiis  solito  non  regnare  sed  tyran- 
nisare  incœpit.  Nobiles  ac  potcntcs,  virtuosi  ac  men- 
tis sanae  perlucidi  Walacrini  ac  populi  tyrannidem 
insuetam  ferre  non  valentes ,  secretiiis  civitatem  suc- 
cessive reliquerunt ,  et  turmat\m  recollecti  in  oppidis 
Blandini  suscepti  sunt.  Qui ,  loca  fortificantes ,  ad 
viriliter  resistendum  se  coaptaverunt.  Ab  his  postmo- 
dùm  oppidum  Blandini,  quod  nunc  dicitur  Ganda, 
et  aliud  oppidum  Blandini ,  quod  postmodùm  dictum 
est  Nervia,  et  nunc  Tornacus  dicitur,  fundata  ,  popu- 
lata  et  ampliata  feruntur. 


DE   HAINATJT.    LIVRE  II.  2[{'l 


CHAPITRE  LXIV 

De  V'alaciintis,  iliic  des  Belges. 


L  AUTEUR. 


Après  avoir  réglé  ,  aussi  bien  qu'il  m'a  été  possible  , 
les  années  que  comprend  la  marche  de  noire  histoire,  je 
reviens  à  mon  sujet.  Hugues.  Suardus,  duc  des  Belges, 
étant  mort,  le  peuple ,  ainsi  qu'on  l'a  vu  ,  élut  Léo  à  sa 
place  ,  et ,  après  la  mort  de  Léo ,  il  nomma  Valacri- 
nus.  Celui-ci ,  dès  le  commencement  de  son  adminis- 
tration ,  envoya  en  exil  tout  ce  qui  était  du  sang  royal, 
à  l'exception  néanmoins  des  prêtres  ;  puis  il  se  mit , 
non  à  gouverner ,  mais  à  exercer  une  tirannie  qu'on 
n'avait  jamais  connue.  Les  nobles  et  les  grands ,  les 
hommes  de  bien  et  les  gens  sages ,  ne  pouvant  sup- 
porter davantage  la  tirannie  sans  exemple  de  Yalacri- 
nus  et  du  peuple ,  abandonnèrent  secrètement  et  suc- 
cessivement la  ville  ,  et,  s'étant  réunis  en  corps  ,  trou- 
vèrent un  asile  dans  les  places  de  Blandinus.  Ils  les 
fortifièrent  et  s'apprêtèrent  à  opposer  une  résistance 
vigoureuse  à  ceux  qui  voudraient  les  attacjuer.  On  dit 
qu'alors  ils  fondèrent,  peuplèrent  et  agrandirent  la 
ville  de  Blandinus  ,  appelée  maintenant  G  and ,  et  une 
autre  ville  du  même  Blandinus  qui  fut  nommée  Nervie 
dans  la  suite ,  et  qui  aujourd'hui  porte  le  nom  de 
Tournai. 


^48  ANNALES 


CAPITULUM    LXV. 

Opiniones  rcscdificationis  civitatis  Nervi.T. 


LUCIUS. 


Regales  Belgli  tyrunnidem  populi  belgensis  civi- 
tatis fugientes ,  secùs  templuni  Minervœ  civitatcin 
fîrniissiinam  ,  quam  ,  ab  idolo  Minervœ ,  Nervani  ap- 
pellantcs,  secùs  fliiviuin  Scadi,  reœdificaverunt.  Ex 
Historid  tornacensi.  Post  reversionem  captivitatis  de 
Babyloniâ ,  Hostilis  civitas  est  reaedificata  à  quibus- 
dam  in  déserta  fugientibiis,  et  in  destructâ  urbe  re- 
nmnentibus  exulibus  et  victis ,  et  Nervia  vocata  est,  à 
Servio  rege ,  sub  quo  primiim  est  devastata ,  s  mu- 
tatâ  in  n  dicta  est  INervia.  Ex  historid  Henrici{i)^ 
iiuionici  toinactncis.  Tempore  quo  Eleazarus  princi- 
patum  sacerdotii  in  Jiidaîa  tenebat ,  Ptolomœus  ,  fîlius 
Lagi,  rcgnum  iEgypti  gubernans  post  captivitateni 
babylonicam  ,  exules  et  fugitivi ,  et  qui  in  silvis  latue- 
raiit,  Ilostilem  civitatcm  rcœdificare  cœperunt.  Qui 
niuros  firmos,  turres  et  portas  stabiles  propugnacula- 
([ue  fabricantes ,  in  eâdem  palatia  et  œdificia  mira; 
pulchritudinis    fundaverunt.    Quatuor    portas    intcr 

(i)  Il  vivait  vers  le   miliou  du   xii'' sicclo. 


ne  iiAiNAUT.   Livr.r:  it.  2^9 


CHAPITRE  LXV. 

Diverses  opinions  sur  la  leconstructinn  de  jNervic. 


Les  Belges  du  sang  royal,  fuyant  la  tirannie  du 
peuple  de  Belgis ,  rebâtirent  près  du  temple  de  Mi- 
nerve une  ville  très-forte,  qu'ils  appelèrent  INervie,  du 
nom  de  l'idole  de  Minerve.  E.rlmit  de  l'histoire  de  Tour- 
nai. Après  le  retour  de  la  captivité  de  Babilone  ,  la 
ville  d'Hostile  fut  rebâtie  par  des  hommes  qui  avaient 
cherché  la  solitude  ,  et  qui  restaient  exilés  et  vaincus 
au  milieu  des  ruines  de  l'ancienne  cité.  Ils  appelèrent 
leur  nouvelle  ville  Nervie,  du  nom  du  roi  Servius,  qui 
le  premier  avait  ravagé  l'autre  ,  en  changeant  ainsi  Ys 
en  n.  Extrait  de  l'histoire  de  Henri,  chanoine  de  Townai. 
Du  tems  qu'Éléazar  occupait  le  sacerdoce  en  Judée , 
et  quePtolémée  ,  fds  de  Lagus  ,  gouvernait  le  royaume 
d'Égipte ,  après  la  captivité  de  Babilone ,  les  exilés  , 
les  fugitifs ,  et  ceux  qui  s'étaient  cachés  dans  les  bois  , 
commencèrent  a  rebâtir  la  ville  d'Hostile.  Après  avoir 
élevé  de  fortes  murailles  ,  des  tours ,  des  portes  solides 
et  des  forts  ,  ils  construisirent  des  palais  et  des  édifices 
d'une  grande  beauté.  Us  érigèrent  quatre  portes  entre 
les  bâtimens  de  leur  nouvelle  ville.  L'une  du  côté  du 
levant ,  qu'ils  appelèrent  Servie ,  parce  que  c  était  par 


250  A  NIVALES 

œdifîcia  statucriuit  ;  unam  à  parte  orientis ,  quain 
Scrviœ  portam  vocaveriint,  eo  quod  ab  illâ  regione 
aut  loco  rex  Servius ,  civitates  alias  oljsidens ,  cam- 
dem  subjecerat  j  vel  quia  per  eam  ad  civitatem  dicti 
régis  Servii  (i)  directus  habebatur  aggressus.  Sccun- 
dam  à  parte  occidentis  quam  Vectuariam  nuncupave- 
runt ,  eo  quod  vccturœ  et  mcrcimoniai  sub  cadcm 
pertransibant.  Tertiani  à  parte  septentrionis  quam 
Damnativam  dicebant,  eo  quod  per  eam  damnati  du- 
cebantur  :  quartam  versus  austrum ,  et  illam  Sacrifi- 
ciorum  appellaverunt ,  eo  quod  ad  sacrificandum  per 
eamdem  populi  pertransibant.  Tandem  eam  sic  œdifi- 
cantes ,  Hostili  nomine  sublato ,  Nerviam  eam  voca- 
verunt ,  ex  eo  quod  fortis  et  tenax  velut  nervos  aliàs 
contra  Romanos  extiterat;  qua?  postmodùm  usque  ad 
tempora  Julii  Cœsaris  intacta  permansit.  Ilœc  ibi. 
Actor.  Cui  aut  quibus  de  fundatione  dictae  civitatis  sil 
assentiendum  lectoribus  derelinquo.  Reperi  siquidem 
nuper  qucmdam  novellum  fictum  bistoriograpbum 
ritlnnatisatum  in  vulgari ,  qui  de  secunda  Roma ,  IIos- 
tilione,  Nerviâ  seuTornaco,  mirabilia  refert,  cujus 
nomen  Bucalio  sivc  Buscalus  (2)  incsse  videtur  ;  sed 
([uia  inopinabilia  et  falsa  multa  conscribit,  et  si  qua 
vera  pauca  tamen  etiàm  suis  ten)poril)us  non  applicat  ; 
idcirco  dicta  sua  miniis  reputans ,  eadcm  ratione  in- 
digna non  allego. 

(1)  La  ville  do  Chicvre. 

(2)  Ce  Rucalio  ou  IWiscaliis  csl  peu  connu.  CepcnJaiil  Rcrgicr  fait 
mention  <le  lui  tlans  son  ouvrage  intitule  :  Le  dessein  île  ^Histoire 
tic  Reims,  Reims,  iGjS;  où  il  dit,  pag.  m  ,  «pie  Buscalus  a  écrit 
riiistoire  de  Helges  en  rime  normande  ,  prenant  ainsi  Tournai  pour 


DE    HAINAUT.     LIVRE    II.  2:)1 

cet  endroit  que  le  roi  Servius  s'était  emparé  de  la 
place  ,  pendant  les  sièges  qu'il  fesait  de  plusieurs 
autres  cités ,  ou  parce  qu'elle  offrait  le  chemin  le  plus 
direct  pour  se  rendre  à  la  cité  du  roi  Servius  ;  la  se- 
conde ,  du  côté  du  couchant ,  à  laquelle  ils  donnèrent 
le  nom  de  Passagère ,  parce  que  c'était  par  elle  que 
passaient  les  voitures  et  les  marchandises  ;  la  troisième, 
située  au  nord  ,  fut  appelée  Criminelle  ,  parce  que  c'é- 
tait par  elle  que  passaient  les  criminels  condamnés  au 
supplice  ;  la  quatrième ,  située  au  midi  ,  fut  nommée 
la  porte  des  Sacrifices ,  parce  que  le  peuple  passait  par 
cette  porte  pour  aller  aux  sacrifices.  Enfin  après  avoir 
ainsi  bâti  la  ville  ,  ils  lui  ôtèrent  son  nom  d'Hostile  et 
l'appelèrent  Nervie,  parce  qu'elle  avait  jadis  été  forte 
et  tenace  comme  des  nerfs  contre  les  Romains.  Elle 
resta  entière  jusqu'au  lems  de  Jules  César.  Voilà  ce 
qu'on  lit  à  l'endroit  précité.  U' Auteur.  Quelle  opinion 
faut-il  adopter  sur  la  fondation  de  cette  ville?  J'en 
laisse  le  choix  au  lecteur.  Il  m'est  dernièrement  tombé 
entre  les  mains  une  histoire  en  vers  vulgaires ,  mais 
fabuleuse ,  qui  raconte  des  choses  merveilleuses  de  la 
seconde  Rome,  Hostile,  Nervie  ou  Tournai ,  et  dont 
l'auteur  paraît  se  nommer  Bucalio  ou  Buscalus  ;  mais 
comme  il  rapporte  beaucoup  de  faits  incroyables  et 
faux ,  et  que  s'il  en  rapporte  quelques-uns  de  vrais ,  ils 
sont  en  très-petit  nombre  et  nullement  placés  à  leurs 
temsi  j'ai  fait  peu  de  cas  de  ses  récits ,  et  les  ai  regar- 
dés comme  indignes  d'être  relatés. 

Belges.  Jean  le  INlaire,  dans  le  premier  volume  des  Illustrations 
delà  Gaule  Bcli;ique ,  Paris,  i53i,  i"  juillet,  est  plus  exact  en 
disant  que  Bnscalus  a  écrit  l'histoire  de  Oslille. 


2  52  ANNAU:.S 


CAPITULUM  LXVl 


De  cfTiigatione  Walarrini  ducis  à  regno  Pitlgoruin  ,  tl    piimaii;! 
inhabitatione  insulse  qiiae  mine  Walacria  dicitiir. 


HUGO. 


WaL/VCIunus,  dux  belgensis ,  iiovos  rilus  ac  coiisiic- 
tudincs  instituens  ,  quidquid  reges  priùs  ordinavcrani 
irritare  cupiens ,  idola  spoliavit ,  quibus  uxores  pro- 
prias adornans ,  ettributa,  qiuT  diis  dcbobantiir,  sibi 
applicans,  et  buinano  sanguine  sitions  atquc  vosccns  ; 
tandem  antè  lîclis  statuam ,  in  populi  prœsentia,  sa- 
cerdotio  functus  est.  Quod  advertens  sacerdos  sum- 
mus ,  ciim  sibi  in  tàni  enormibus  excidiis  in  facicni , 
zelo  deoruni ,  resistcret,  sacerdos  morte  eonfusibiH 
adjudicatus  est.  Cùm  autem  ad  moriendum  ducere- 
tiir,  major  populi  pars  insurrcxit  in  ducem  et  in  suis 
adliœrentibus  ;  et ,  multis  interfectis  ,  eodem  impetu  , 
ipsum  cum  satelbtibus  suis  ab  urbe  elfugànint,  phi- 
ribus  suœ  Hgœ  prii^is  interfectis.  Qui ,  extra  civitatem 
post  triduum  recollecti ,  civitatem  obsidcre  decreve- 
runt.  Quod  comperientes  incolœ  ipsos  invadentes  us- 
que  ad  maris  bttora  prosecuti  sunt.  Qui  tandem 
navigio  quamdam  uisulam  repenenUs,  ipsam  post- 
modîim  aggcribus  eontrà  maris  insultus  fortificantcs , 


DE    H  AIN  AIT.    LIVRE    II.  2  55 


CHAPITRE  LXYl. 


De  la  fuite  tîu  duc  Valacrinus  du  royaume  des  Belges  ,  et  de  la 
première  habitation  de  l'île  qui  porte  maintenant  le  nom  de 
\' a  lac  rie. 


HUGUES. 


Valacrinus,  duc  des  Belges,  institua  de  nouveaux 
rites  et  de  nouveaux  usages  pour  satisfaire  son  désir 
d'abolir  tout  ce  qui  avait  été  établi  auparavant  par  les 
rois.  11  dépouilla  les  idoles  pour  orner  ses  propres 
femmes  ;  il  s'appropria  les  tributs  réservés  aux  dieux 
seuls,  et  se  reput  du  sang  humain  dont  il  était  altéré  ; 
enfin  il  usurpa  les  fonctions  du  sacerdoce  devant  la 
statue  de  Bel,  et  en  présence  du  peuple.  Le  grand 
prêtre ,  qui  en  eut  connaissance ,  voulut  par  zèle  reli- 
gieux s'opposer  vivement  à  ses  excès  abominables  ; 
mais  il  fut  condamné  à  une  mort  honteuse.  Lorsqu'on 
le  conduisait  au  supplice  ,  la  plus  grande  partie  du 
peuple  se  révolta  contre  le  duc  et  ses  adhérens  ;  elle 
tua  un  grand  nombre  de  ceux-ci,  et  continuant  son 
attaque ,  chassa  le  duc  lui-même,  ainsi  que  ses  gardes, 
de  la  ville ,  et  fit  tomber  sous  ses  coups  plusieurs 
hommes  de  son  parti.  Les  bannis  s'étant  rassemblés 
au  bout  de  trois  jours  hors  de  Belgis,  résolurent  de 
faire  le  sivge  de  cette  place;  mais  les  habitans  ayant 
découvert  leur  intention  ,  les  attaquèrent  et  les  pour- 


254  ANNALES 

eam  inhabitaverunt ,  et  iiomine  proprio  diicis  cain 
vocaverunt  Walacrinam  (i).  Ab  illo  tune  decreverunt 
lîelgi  annuatim  ducem  novum  eligere ,  ad  finem  ut 
ojus  dominatio  sub  timoré  clauderetur,  quorum  pri- 
mus  Waringerus  extitit  nominatus. 

(i)  L'île  de  Walchtre ,  à  l'embouchure  de  l'Escaut  occidental. 
L'atlaS  de  M.  Biue  e'crit  son  nom  Walcheren  j  c'est  la  principale 
et  la  plus  peuplée  des  îles  qui  composent  la  Ze'laude.  On  y  trouve 
Middclbourg  ,  en  latin  Meclioburgum ,  qui  est  la  capitale  de  toute 
la  Zelande.  Celte  ville  occupe  le  centre ,  non  de  la  province  , 
ainsi  que  le  dit  M.  Malte  Brun,  mais  de  l'île,  où  l'on  trouve  aussi 
le  port  de  Flessingue  ,  à  l'cmhouchurc  de  l'Escaut  oriental. 


ET    SIC    FINITUR    LIBER    SECUNDUS. 


DE    HAIXALT.     LIVRE    II.  255 

suivirent  jusque  sur  les  bords  de  la  mer.  Ceux-ci  ce- 
pendant s'étant  embarqués  trouvèrent  une  île  ,  qu'ils 
fortifièrent ,  et  après  l'avoir  mise  à  l'abri  de  toute  atta- 
que du  côté  de  la  mer,  ils  y  fixèrent  leur  demeure ,  et 
l'appelèrent  Valchère  du  nom  de  leur  duc.  Les  Belges 
alors  décrétèrent  qu'ils  éliraient  tous  les  ans  un  nou- 
veau duc,  afin  que  l'expiration  prochaine  de  son  auto- 
rité pût  le  tenir  en  crainte.  Varingérus  fut  leur  pre- 
mier duc  annuel.  •  • 


ICI   FINIT   LE   SECOND  LIVRE, 


OBSERVATIONS. 

On  voit  que  ce  secoml  livre  commence  Tan  770  avant  notre 
ère,  à  rave'nement  du  roi  Ursus,  et  finit  avec  le  règne  de  Vala- 
crinus,  duc  des  Belges,  qui  fut  chassé  par  ses  sujets,  lors  de  la 
mort  de  Cinis ,  roi  de  Perse,  l'an  529  avant  notre  ère.  Lucius  de 
Tongres  et  un  assez  grand  nombre  d'anciens  écrivains  sont  cito^ 
par  Jacques  de  Guyse,  qui  extrait  fidèlement  les  passages  de  leurs 
écrits,  et  qui  n'ajoute  qu'un  petit  nombre  d'observations  de  lui. 
Pour  lui  refuser  sa  confiance,  il  faut  la  refuser  à  des  auteurs  qui 
n'existent  plus,  et  qu'il  nous  serait  difficile  de  juger.  C'est  ce  que 
nous  essaierons  de  faire  dans  la  suite. 


256  ANNALES 

LIBER  TERTIUS. 


•  .  tAPlTULUM  1. 

Quoil  civilas  Pelgis  anmios  duces  eligendos  super  se  instiluit. 


ACTOR. 


Septingentesimo  fermé  à  fundatione  helgensis  ci- 
vitatis  anno ; sccundùm  aliam  supputationem,sexceii- 
tesimo  nonagcsimo  quarto;  post  obitum  iinmcdiatc 
Cyri .  régis  Persarum  ;  annoquintœ  aetatis  lxi,  miiiidi 
vcrô  iiiMCDXxxiv,  anno  ii  olympiadis  lxxii  (i);  tem- 
porc  quo  Cambyses  apud  Persas  rcgnabat ,  belgcnsis 
civitas  super  se  primo  ducem  annuum ,  id  est ,  an- 
nuatim  renovandum  elegit,  cœteris  rcgni  civitatibus 
regcs  super  se  statucntibus.  Horum  ducum  tempori- 

(i)  Les  deux  manuscrits  rapportent  à  la  seconde  année  de  la 
lxxii"  olimpiadc  la  mort  de  Cirus;  mais  c'est  ime  faute  de  copiste. 
<.]e  prince  mourut  la  2"  année  de  Tolimpiade  Ixii  (  en  l'an  530  ou  52<) 
avant  notre  ère) ,  ainsi  que  le  dit  Ensèhc ,  presque  toujours  suivi 
par  notre  auteur.  Le  cinquième  ù^c  commence  à  la  destruction  du 
temple  de  Salomon ,  qui  eut  lieu  en  l'an  690  avant  J.-C. ,  selon 
Eusèbc ,  et  en  l'an  586 ,  suivant  l'Art  de  vérifier  les  dates.  La  créa- 
tion du  monde  est  r.iitport('c  par  l'auteui-.à  Tan  5c)Cri  avant  notre 
ère. 


DE    H  AIN  AUX.    LIVRE    III.  267 

LIVRE  TROISIÈME. 


CHAPITRE  I. 

Là  cité  de  Belgis  établit  des  ducs  annuels  pour  la  gouverner. 


L  AUTEUR. 


E.wiRON  sept  cens  ans,  ou ,  suivant  d'autres,  trois  cent 
qualre-vingt-qualor/.c  ans  ajjrcs  la  fondation  de  Belgis, 
imméclialenienl  après  la  mort  de  Cirus  ,  roi  de  Perse, 
l'an  61  ilu  cincjuiènie  âge,  343  4  du  monde,  et  second 
de  la  soixante-douzième  olimpiade,  dans  le  teins  que 
Cambises  régnait  sur  les  Perses,  celle  cilé  établit  pour 
se  gouverner  un  duc  que  l'on  devait  renouveler  chaque 
année,  tandis  que  les  autres  villes  du  pays  conser- 
vaient le  gouvernement  royal.  Sous  ces  ducs,  et  pen- 
dant plus  de  vingt-six  olimplades,  la  république  de 
Belgis  s'agrandit  considéiablenîent ,  et  fit  rentrer  dans 
son  alliance  les  Huiniens  du  Condros  et  les  Rhéliens. 
La  nation  belge,  comme  nous  l'avons  exposé  plus 
haut,  se  divisait  en  li'ois  nations  différentes,  dont 
chacune  avait  ses  cités,  ses  habitans  et  ses  places 
folles,  et  parmi  lesquelles  Belgis  obtint  toujours  le 
premier  rang.  Lucius  et  plusieurs  autres  historieiu 
IL  17 


258  ANNALES 

bus,  quod  duravit  ultra  xxvt  olympiadas,  respublica 
civitatis  vclicmentcraucta  est,  et  fœderatio  civitatinn 
l'cparala;  ctiàm  IIuinitMiscs-Condronlci ,  Tluiuicnscs- 
Rlietiani  atquc  Mcnapli ,  et  JIuinicnses-Belgici  (i) 
ad  invicem  amicitiis  colliguntur.  Erat  eiiim  ,  proùt 
superiùs  est  cxplanatuin,  lîelgis  in  ti'ii)lici  differen- 
lia  ,  quarum  quœlibet  suas  habebat  civitates,  popu- 
los et  oppida  ,  quarum  omnium  Belgis-Armata  (o.) 
semper  obtinuit  principatum.  Veriim  quia  Lucius  et 
alii  plui'cs  liistoriogi'aj)bi  dispLM's\m  nominaiit  regio- 
ncs  eisdem  subdilas,  decrevl  illas  rccoHigoro  et  liuic 
capitule  intexere.  Bcigis  sicpiidcm  aiinala  bas  babebat 
civitates,  tei-ritoria  at(juc  nalioues,  sino  medio,  ab 
aliis  pi'incipalibus  ivgui  jKu-libus  st-questi-atas  :  et 
primo  Silvam  Carbonariam  à  Servie,  irge  llomano- 
rum  ,  et  Cuinbro,  duce  Ilunnoi-um  ,  sic  primitiis  vo- 
citatam,  vel  à  re  nomen  babens;  et  luce  propriè 
nunc  dicilur  Haunonia;  et  bas  notabiles  aiili(juitLis 
civitates  legitur  babuisse  :  et  primo  et  prineipaliler , 
Cai'ina  quœ  et  civitas  Mercui'ii ,  quœ  nunc  Ablatonas 

(i)  TVoiis  avons  vu  (|iic  railleur  cf>ini)H'nJ  sotir.  le  nom  île  Hiignia 
tfuit  le  pav^  «l'ii  s\'tcn<I  entre  lus  st>iii<es  de  la  S'  nirm-,  la  !Meiisc  , 
le  Rliiii  et  rOei'an.  Les  Unuik-ii.s(  s-Coiiiliout<  i  soiil  les  lial)il;iiis  liu 
(lonilrns  ,  (|iii  avaient  la  vi  le  île  Huy  j)  Mir  ra|iilale.  Les  Hiiinifu.ei,- 
Jihelirini  a  'ut  les  IJrahançms,  (ni  pliilùt  les  liahilaiis  du  tciiiloirc 
de  Reiix,  Ville  on  rhiîteaii  situé  à  deii\  lieues  à  l'orient  de  ^1  ins  , 
et  nommé  en  lalin  Hmliiim  ou  IHiclui.  I^ts  DJcnnjiii  <|iiM  ne  la'it 
jias  confondre  avec  les  peuples  de  mèini"  nom  nienli  )nni'>  <laii';  (  !■  sar, 
et  fpii  oeeiipaienf  la  pallie  sej)lenlri<inale  du  l!i.djaiil  \w<i\'\  à  la 
mer)  liaMliient  le  tei  riloiiv  de  l'omiiai.  Les  Iliuiieiud-  Bd^ui 
sont  ceux  du  territoire  du  Cu\  ai.  ' 

(2)  Bcl^is  ou  Bavai. 


DE    IIAIXAUT.     LIVRE   III.  269 

ayant  parlé  en  divers  endroits  des  pays  qui  étaient  sou- 
mis a  cette  (.iié,  je  me  suis  proposé  de  recueillir  ces 
documeiis  et  de  les  insérer  dans  ce  chapitre.  Elle 
avait  suus  sa  domination  immédiate,  des  villes,  des 
territoires  et  des  peuples  entièrement  séparés  des 
autres  parties  principales  du  pays;  et  d'abord  la  forêt 
Charbonnicre,  tirant  ce  nom  de  son  usage,  et  ainsi  ap- 
pelée dans  l'origine  par  Servius  roi  des  Romains,  et 
Camberduc  des  Huns.  Elle  est  mainlenant  nommée  le 
Hainaut.  Ce  pays  avait  anciennement  des  villes  remar- 
quables, parmi  lesquelles  nous  citerons  principalement 
(farinée,  nommée  aussi  cité  de  Mercure,  efc  maintenant 
Ablaione.  Apics  celle  ville  vient  celle  de  Servie,  ainsi 
nommée  du  nom  de  Servius,  dont  nous  venons  de  par- 
ler, et  auquel  on  lit  qu'elle  doit  son  origine  et  sa  domi- 
nation; vient  ensuile  le  pays  prcs  d'Audenaide  qui 
reçut  dans  la  suite  le  nom  tie  PorL-Belge.  Enfin  les 
S.ixons  fondèrent  dans  le  même  pays  ,  sur  les  boids  de 
la  Denre ,  une  ville  qui  fut  nonnnée  Saxonia  et  qui 
porle  mainlenani  le  nom  de  Lessines,  On  rapporte 
aussi  que  les  Albaniens  s'élant  fixéi  dans  la  forêt  Cbai'- 
bonnicre  ,  y  fondèrent  des  bourgs,  tles  villes  et  des 
châteaux.  Leur  lerriloire  s'étcnc'ail  le  long  de  l'Escaut 
et  de  la  Denre  depuis  l'Aube,  (|ui  coule  près  de  la  ville 
de  Servie  au  >ïord ,  jusqu'à  la  Denre  vers  le  pays  où  les 
Auténoiides  s'élablirent  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut.  Après  avoir  habile  cette  forêt ,  on  lit  qu'ils  occu- 
jièrcnl  une  partie  de  celle  des  Ardennes ,  où  ils  fon- 
dèrent un  château  nomuié  de  leur  nom  Héricine.  Dans 
la  suite  ils  devinrent  une  grande  nation,  comme  nous 
le  dirons  bientôt,  et  leur  puissance  s'étendit  jusqu'au 
Rhin  à  travers  les  bois.  Je  me  rappelle  avoir  lu  que 
toutes  ces  viliei  anciennes  étaient  uu-deiù  des  marais 


260  ANNALES 

clicitLir.  Post  illam  clvitas  Sorvicnsis  (i),  à  dicto  rcgc 
lloinanoi'Lim  Sorvio  logiliir  cloniiniuin  et  lociun  obti- 
luiisso.  Dcinclè  Porluni-Ijclgormu  ,  qiiae  niuic  Silva- 
Portus  Belgoi'Lnn  juxlà  Alclenanliim  clicitur,  denoini- 
nationcin  obtinult.  Taiicloni  à  Saxonibus  fuit  civitas 
fuiulata  in  tcrritoi'io  illo,  qiiae  Saxoiiia  dicta  fuit,  scd 
nunc  Lessi/ies  (-i)  suprà  ripariam  Tcnoris  appoUatur. 
IttMU  in  dicta  Silva  Carboiiaria  loguntur  Albani  coni- 
inaiisissc,  qui  oppida  ,  villas  et  castra  fundavcrunt  ; 
et  fuit  territorium  coruin  juxtà  fines  fluviorum  Scaldi 
ac  Tcnoris,  incipientcs  à  fluvio  Albœ  flucntc  sccùs  ci- 
vitatcm  Servii  rogis  à  septcnti'ione ,  et  tcnninatui*  in 
Tenoris  fluvio  juxtà  locum  in  quo  Antenoridcs  (3) 
commanscrunt ,  proiit  dictum  est  suprà.  Item  legun- 
tur  in  dicta  silva  postmodùm  Hericynos  silvam  (4) 
pro  parte  iniiabitasse,  et  castruin ,  nomine  eoruni , 
lierycinium  (5)  appellatuni  fuisse.  Qui  postmodùm 
in  gentem  magnam  oxcrcverunt,  proùt  inferiùs  decla- 
rabitur,  et  extensa  fuit  corum  potentia  usquc  ad  flu- 
vium  Rheni  per  silvas  et  nemora.  lias  civitates  anti- 

(i)  Civilas  Scri'iensis ,  que  les  geof^raplies  a]i]irllcnt  Ceri'in  en 
latin  ,  est  la  ville  de  (>l>iè\re.  Quant  à  la  ville  oti  au  village  de 
Carina ,  ou  di'ilos  Ji/erciirii ,  ou  yfblainnns ,  ou  Ji'oton ,  \i'  n'ai 
pu  encore  le  trouver  sur  les  railcs  ni  dans  aucun  ouvrage;  de  g'"  >- 
grap-liie.  J'ignore  aussi  <|uel  est  le  pays  que  notre  auteur  a||>illc 
Poitiis-Iiclgorimi;  \ii  n'en  trouve  aucun  de  ce  nom  dans  les  envi- 
rons d'Audenarde. 

{i)  A  deux  lieues  au  nord  d'Ath.  V 

(3)  Ceux  d'Ath. 

(i)  La  forêt  des  ArdcMiiics. 

yS)  Peut-être  le  village  de  Harcis,  :.  trois  lieues  à  l'oucst  nord- 
ouest  de  JMczières. 


DE    IIAINAUT.    LIVRE  III.  26 1 

de  la  forêt  Charbonnière  ;  mais  en  deçà,  je  n'ai  point 
vu  que,  depuis  l'invasion  des  Huns  jusqu'au  lenis  de 
Jules  Cés-.ir,  il  exislÙL  de  ville  reni-irquable,  si  ce 
n'est  un  petit  nombre  de  bouri;s  peu  iuiportans  que 
les  Belges  fondèrent,  et  dont  nous  parlerons  en  leur 
lieu.  Au  milieu  et  sur  l'une  des  éminences  de  la  forêt 
Charbonnière,  était  le  temple  de  Pan,  fondé  par  les 
Pannoniens  ,  qui  donnèrent  à  ce  pays  le  nonî  de  Pan- 
nonie  ou  de  Rrabant.  Ce  temple  exista  et  fut  en  hon- 
neur )squ'à  Jules  César,  qui  le  premiei'  en  fit  un  châ- 
teau ,  comme  nous  le  dirons  dans  la  suite.  On  donne 
maintenant  à  ce  pays  le  nom  de  Mous.  11  y  avait  encore 
d  autres  villes,  bourgs  et  châteaux  fondés  à  diverses 
époques  dans  cette  contrée;  mais  les  plus  anciens  et  les 
plus  distingués  étaient  ceuv  que  nous  venons  de  nom- 
mer. La  cité  de  Belgis  avait  encore  sous  sa  domination 
la  Cambrianeou  le  Cambresis.  Ce  dernier  nom,  tiré  de 
celui  de  la  ville  de  (>amber,  est  resté  au  pavs.  Il  possé- 
dait la  ville  célèbre  de  Fanum-Solis ,  (|ui  se  nomme  en 
français  Sulemes ,  ainsi  (pie  les  bourgs  et  châteaux 
qui  en  dépendent ,  et  FanumMaiiis  (  ville  très-puis- 
sante, nommée  ainsi  d'un  temple  de  Mars  ,  et  qui  porte 
aujourd'hui  le  nom  de  Famzrs),  ainsi  que  les  bourgs  et 
châteaux  circonvoisins.  On  y  trouvait  encore  iVervie, 
ainsi  nommée  du  nom  de  Minerve,  ou  du  mot  7ierf,  et 
qui  s'appelle  maintenant  Tournai ,  avec  les  bourgs  et 
châteaux  qui  en  dépendent;  Moriane,  ville  très  puis- 
sante ,  ainsi  nommée  du  nom  de  son  premier  fondateur 
3Iorianus  ,  et  maintenant  appelée  Térouenne  ,  avec 
ses  bourgs,  ses  terres  et  ses  châteaux;  la  Ruthénie, 
c'est-à-dire  le  territoire  des  Ruthènes,  ainsi  nommé 
du  nom  de  leur  duc  Ruthénus,  et  qui  porte  maintenant 
le  nom  de  Flandre ,  avec  les  bourgs  d'Harlebeck  et  de 


262  AKNALES 

qiias  in  Silvœ  Carbonarijin  iillrà  paliidrs  torritorio 
l'ccordoi'  porlrgissc  ;  s^hI  ciirà  paliidcs  (Ifctae  silv;r,  à 
toinpoi'ihus  Himnoi'um  iis(jiie  ad  Julii  C^esaris  tciii- 
pora ,  lion  Icgi  civitates  noIaI)dcs  liabuissi*  iiisi  paucas 
et  o.vilc'S ,  quas  Hiiinionsrs-Bclgici  condidcrunt ,  de 
({uil)us  fict  inriîlio  suis  locis.  In  nicdio  aiitoin  dictae 
Silvœ  Carboiiai-iœ  crat  faniiin  Pan  (i)  siipiT  uniiin 
inonliiun  à  quo  tcrriloriiiin  illiid  dictum  fuit  Paniio- 
nia  vrl  Propanlia  (2)  à  Pannoniis  qui  illùc  raiiuin  fuii- 
davorant;  et  cNtitit  fanuui  illud  iii  magiiificciitiu 
iisquo  ad  Julii  Orsaris  tcmpoi-a,  qui  primitùs  ex  fano 
casti'uni  iiislituit,  proùt  inforiiis  osfciulctui".  Et  islud 
tcrritoriuin  n.unc  Mi)iittMise  in  Ilannonia  ah  omnibus 
appeliatur.  Fuornnt  autcni  abœ  civitatos ,  oppida  et 
castra  ab  antiquo  et  consoqucntei'  in  (bcto  toi-ritorio 
fundatœ,  scd  illœ  fucrunt  cxccllontioros  et  anticpiio- 
irs  quas  prœnominavimus.  IJabebat  secundo  Belgis 
Cauibi'ianain  sibi  subditani ,  quœ  et  Camcracisium,  à 
ci  vitale  Canibri  sic  (bclain  :  Camcracisium  nunc  ap- 
peliatur, cum  suis  oppidis  vl  caslris.  Habebat  et  Fa- 
uum-Solis,  civitalem  solemnem  val(l>,  qu.T  nunc  gal- 
licc  Solcmes  appellatui',  cuir»  suis  oppidis  et  castris 
sibi  sul)ditis.  Habebat  et  faiium  Martis,  potentem  ci- 
vitatem  vald> ,  à  fano  Marlis  sic  dictam ,  cum  suis  op- 
pidis et  caslris  sibi  circiimvieinis,  qtia^  nunc  Famais 
lumcupatup.  Habebat  et  Nei-viam,  à  Minerva  deà  vel 
à  Nervis  sic  diclam ,  quïc  et  Tornacus  dicitur,  cum 

(j)  Ce  temple  r'fait  biUi ,  suivant  notre  auteur,  sur  remplacement 
que  la  ville  de  Mons  occupe  aujourd'hui. 
(1)  Le  Brabant. 


DE    UAIXAUT.    LIvr.E    HT.  263 

Rlandimiset  les  antres  liens  qu'elle  comprend  cl  qui  lui 
sont  soumis;  Verniaiide  ,  ainsi  nommée  du  duc  Vermaii- 
dion  ,  avec  ses  bourgs  et  châteaux.  Celle  ville  jadis 
magnifique  esl  siluée  sur  la  Somme,  cl  porte  en  français 
le  nom  de  Vermand.  La  ville  de  Belgis  avait  encore 
sous  sa  domination  le  Rémois,  ainsi  nommé  de  Uénius 
frère  de  Ronudus  ,  premier  fondateur  de  Rome.  Ce 
pavs  s'étendait  entre  l'Aisne  au  INord  et  la  Marne  au 
Midi ,  qui  séjiarait  les  Belges  des  Sénonais;  on  le  nom- 
mait pavs  des  Rémois  :  maintenant  on  l'appelle  simpîe- 
uienl  le  Rémois.  Relais  possédait  aussi  le  territoire  de 
Diii-bnt ,  ainsi  nommé  du  nom  du  peuple  qui  l'habitait. 
Il  élait  d'une  grande  étendue,  et  forme  maintenant  plu- 
sieurs ccmtés,  comme  celui  de  Namur  et  d'aulici  qui 
s'étendent' au  miili  jusqu'au  Mosellan  ,  cl  au  nord  jus- 
qu'à la  Rhéiie.  C'était  sans  intermédiaire  que  Belgis 
possédait  ces  terres;  mais  elle  dominait  sur  d'autres 
par  la  médiation  de  quelques  gouverneurs.  Belgis  la 
Gauloise  comprenait  divers  pays  et  divers  peuples  :  il 
faut  mcitre  au  premier  rang  la  ?^euslrie  supérieure  , 
qui  renfermait  plusieurs  peuples,  plusieurs  villes  et 
bourgs,  et  qui  s'étendait  depuis  Ikauvais  jusqu'à  la 
Loire,  jusqu'à  l'Arniorique,  qui  s'appelle  maintenant 
la  Bretagne,  et  jusqu'à  l'Océan.  On  trouvait  dans  cette 
contrée  des  ciiés  importantes,  comme  celles  de  Rouen, 
de  Nantes  ,  de  Chartres.  On  donne  maintenant  le  nom 
de  Normandie  supérieure  au  pays  qui  renferme  Vlcn- 
çon  ,  Elampes,  Harcourt,  la  lîrie,  le  pays  Chartra!n 
et  les  autres  lieus  que  j'omets  pour  être  court.  En 
seconde  ligne  se  trouvait  la  Neustric  inférieure,  qui 
s'étend  entre  la  .Seine  ,  la  .Somnie  et  l'Océan  ,  et  qui  esl 
maintenant  nommée  ,  par  plusieurs  ,  Normandie  , 
Vexin  et  pays  de  Caux.  Venait  ensuite  le  pays  soumis 


264  ANNALES 

suis  oppidis  et  castris  sibi  siibditis.  ÏIal)ol)at  Moria- 
nam,  civitatom  prcepotcntcni,  à  Moriano  prolofiiiuia- 
(laforo  cjus  sic  niinciipa'am  ,  qiioe  ot  Tcrravana  nmic 
appclIaUir,  ciim  suis  ()|)pi(lis,  Icrriloriis  et  castris  sihi 
suhditis,  Ilabcbat  et  llulbcniain ,  id  est,  terciloi-imn 
Ruthcnorum  ,  à  Rulbdio  duce  sic  appellatum,  cpuT 
nniic  Flandi'ia  dicilui-,  cum  oppidis  Ilerlebaccensi  (1) 
et  Blandini  et  e.Tlei'is  territoriis  sibi  subditis  et  iii  ca- 
deni  inciusis.  Item  et  liabebat  Verinaïuiiani ,  à  A^(>r- 
inandione  duce  sic  dictam  ,  cum  suis  oppidis  et  castris. 
Qu.T  civitas  exlilit  liiagnifica  ,  et  ba-c  juxtà  ripai'iain 
Somma3  extilit  situata,  qu.iR  nuuc  /'c/n/a/is  (2)  gal- 
licè  nominalur.  Item  babebat  Ik'Igis  sub  se  Remen- 
tiam ,   à    Rem),   fratre  Hoinub,    protofundatoribus 
civitatis  romanœ,  sic  ap|)il!atam.    Et  erat  i-egio  illa 
intcr  fluvium  Ausonœ  à  paite  S'.'ptenlrionis  et  Ma- 
tornnc  à  parte  meridiei  ;  (pwrcpjidem  iMaterna  Relgos 
à  Senonensibus   dividebat,  et  dicebatui*  territorium 
Remorum,  et  iiunc  leineiisc  dciiomiiialiir.  Item  ba- 
bebat Belgis  Armata  s  d)  se  le.i  itorium  durbiensc,  h 
gcnte  dui'beiea  sic  a^jpellatum  ;  et   ei'at  teiritorium 
grande   atque    dispersum ,    iiunc    plurcs    comitatus 
continentem  ,  utpotè  Namurcum  et  c.Tteros  comita- 
tus usquc  ad  fines  MoseHanorum  à  |  arte  au>ti"ab  ,  et 
u>que  ad  Rlietios  à  parte;  septentrionab.  lias   enim 
tcri'as  sine  medio  possidebat  Relgis-Armata  ,  ca;teris 

(i)  Harlcbrrk  sur  la  Us,  A  iin(;  licMie  aii-lcs  o  s  de  Conrtrai. 
Il  existait  ;"i  Garni  imc  c<'li'brc  al)l)aye  dite  de  Blandi^^ni,  que  le 
pape  Paul  IV  (TÎ^ra  en  (alhi'iliMle. 

(2^  Saint-Qucnlia,  chcf-licu  d'arrondissement  dans  le  departe- 
nirnt  de  TAisne. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  26^ 

par  ]e^  Piconicns  et  nommé  maintenant  Picardie.  Il 
compreiiaii  alors  la  ville  irAmiens  ,  le  Poiithieu  ,  Pé- 
quigiii ,  Lutcce  qui  est  mainicnant  appelée  Paris,  et 
Isie.  La  cité  de  Belgis  possédait  encore  plusieurs  pays  , 
mais  comme  ils  sont  éloiijnés  de  nous,  je  n'ai  pas  pris 
le  soir»  de  les  éinimérc.  Reliais  la  Clieveliie  possétlait 
dabord  la  Piliclie,  maintenant  le  Rrabant ,  dont  la  ca- 
pitale éiait  la  ville  de  Tonj^Mcs,  (|iii,  dans  un  lems ,  a 
surpassé  en  puissance  et  en  grandeur  la  ville  même  de 
Belgis  la  Chevelue;  le  Condros,  dont  la  ville  d'Htiy 
était  la  capitale;  la  lihéiie-Huinienne,  située  de  l'autre 
côté  de  la  Meuse;  la  lorèt  Hercinienne,  située  au-delà 
de  la  Meuse  ,  et  maintenant  nommée  forêt  des  Ar- 
dennes;  Ca^ri-Mons ,  nonnné  par  les  modernes  Liège; 
la  Mosellane  ,  maintenant  lu  Lorraine,  qui  tirait  ce 
premier  nom  de  la  ville  de  Mosellane,  maintenant 
nommée  Metz;  l'Alsace,  dont  la  ville  principale  était 
Vogis  ,  située  entre  les  Alpes  et  les  lorèls  ;  enfin  ,  Agi'ip- 
pine  (1),  maintenant  nommée  Cologne.  Ainsi  cette  do- 
mination s'étendait  entre  le  Rhin  ,  à  l'orient ,  la  Meuse 
au  couchant,  les  Alpes  au  midi ,  et  l'Océan  au  nord.  On 
rapporte  qu'alors  la  ville  de  Troves  étendait  sa  domi- 
nation sur  les  peuples  suivans  ,  savoir  :  les  Russes  ,  les 
B'athuaniens  ,  les  peuples  de  IN  imcgue,  du  Luxembourg, 
les  Merlenscs ,  les  habilans  d'Audenarde  ,  de  Coblentz  , 

(?)  Afjiii  j)ine,  femme  «le  rempToiir  Claude,  ayant  envoyé'  une 
colonie  de  vi'te'rans  dans  la  ville  des  Ubiens,  où  elle  ctail  née, 
cette  ville  reçut  le  nom  de  Co'onin  ^'igri/t/fina.  (Tacite,  Ann.  sii, 
27.  )  Le  nom  de  Thistorien  (|iii  vient  (relie  rite  est  sans  doute  fort 
imposant  ,  mais  non  pas  siii"  li  s  l'Iimol'igies;  je  me  contenterai 
d'observei"  qu'il  prétend  que  le  mont  Ida,  dans  la  Crète,  a  donné 
son  nom  aux  Idœi,  d'où  Ton  a  fait  les  Jnclœi  ou  Juifs,  qui,  tou- 
jours selon  lui ,  viennent  conscqucmment  do  l'île  de  Crète.  (  Tacite» 
Hist.  V.  2. 


206  ANNALES 

v(M'o  mofliantilnis  aliis  giibornatoribus  ilominal)atnr. 
Bcigis  autcm  galiica  lias  rcgionns  et  populos  Irgitur 
habuissc;  :  ot  primo  supcM'ioriMn  Noustriain  qii.T  |)lii- 
rcs  populos,  civitates  et  oppida  continohat;  ot  dura- 
bat  à  Bi'Ivaco  iisquo  ad  Ligrrim  et  nstjue  ad  Anno- 
ricos,  qui  Britaniiia-Superioi-  dicunlui',  et  oeeanum. 
Il)idem  ei'ant  civitates  solemnes,  ut  Rodomis,  Nan- 
iietum  atque  Carnotuui  ;  et  nunc  dieuntui'  Nonnannia 
Su|)ei'ior,  Alenconia  ,  Slauipis,  Hai-icuria,  Rrissia , 
Carnotesium  ,  et  sic  de  aliis  qu;ic,  causa  brevitatis, 
pei'transeo.  Item  INeustriaui  luferiorein  ,  qu.T  situatui* 
inter  Sequanam  et  Souiinaui  et  oeeanum  ,  ([uvc  nunc 
Normannia,  Yexiuia  et  Cauehia  à  iiudtis  a|)pellatui\ 
Item  Picoriia ,  videlicet  terriloria  ([uœ  Piconii  post- 
inodùm  subjeeerunt,  qu.nc  lumc  Pieai'dia  dieitur,  in 
quibus  tune  erant  civitates  Ambianis ,  Pontinicum  , 
Piconictim,  Lutetia,  quœ  Parisii.s  nunc  dicitur,  et 
Ysia  (i);  plura  territoria  auliùc  possidel^at,  sed  quia 
lemovcntur  h  nobis,  non  curavi  illa  distincliùs  nu- 
inei'aro.  Relgis  autem  comata  (2)  bas  dicitur  habuisse 
regiones  :  et  primo  Rbetiam  (3)  ({unc  nunc  Bi-abantia 
dicitur,  cujus  civitas  prineipalis  extitit  Tungi-is,  (juœ 
pro  tenq;)ore  Relgim  comaliun  in  potenlia  et  fortitu- 
diiic  muitipliciler  excessit;  item  Iluiniam-Condioni- 
cam  ,  cujus  civitas  nietropolis  fuit  îfoyum  ;  item  Tlui- 
iiiam-Rbetianam ,  et  b.xc  ex  altéra  parte  fluvii  Mosœ 

(i)  Meliin. 

{1)  Tîcl}^is-la-Chovoliic  est  la  ville  de  Trrvcs. 

(3)  On  voit  (jiril  ne  faut  pas  confondre  les  lîhclii  dont  parle 
Jac<iues  de  Giiyse,  avec  les  JiheCi,\cs,  Rliètcs,  qui  occupaient  le 
pays  <1es  Grisons, 


DE    IIAINAUT.    LIVRE    III.  267 

deVesel,  lesVostphaliens,  les  Limbourgeois  ,  lesÉbii- 
foris  et  ceuv  d'Aiihall;  mais  comme  ces  pays  me  sont 
enlièrement  incomuis  ,  clans  la  crainte  de  nie  tromper, 
j'ai  laissé  au  li'cleur  le  soin  de  les  déterminer  (1). 

(t  ;  Nous  ne  prrfcndons  ]iis  fi^'T  lo  (l('i;i-c  dp  confiance  <\uv  mrrife 
îri  et  îiillciirs  n'ifrc  I.isf  rien.  INons  avons  ili'^  nt'anmnins  cljcrclicr 
à  iT'i-'inn.iîlrc;  sons  li-tns  tlillercntcs  (It'nominations  les  pays  (|iril 
mentionne  ,  sans  nous  arrêter  à  ccUe  c  )nsi.Ieralion  ,  (|u'ils  n'ont  «'tu 
connus  et  «lesigne's  ilans  l'iii^tnire,  ({iTapris  le  iems  anijnel  il  les 
ra|  porte  j  car  si  la  c  mnaissancc  de  ces  pays  n'  iflrc  aiicnne  utilité' 
sons  le  rapp'iit  de  la  gi'ogr.ipliie  ancienne,  elle  peut  i-ervir  à  la 
gi'ogiajiiiie  lin  moyen  :1j;e,<pii  est  encore  trè5-)ien  avaiici'e.  Nous 
Ttods  rési  rvons  de  donner  pliis  tard  une  ta!  Je  ge  >graplii(pie  de  »ous 
le?  noms  de  lieu  rajiporti's  par  Jaccpies  de  (iuyse.  Il  «'st.  lâcheux 
<pie  Sun  manuscrit  original,  qui  est,  nous  dil-im  ,  à  Valenciennes , 
s  il  en  si  mauvais  état  (pie  nous  -loyons  r('duits  à  nous  srr\ir  tic 
deux  copii's,  à  la  veiite  fort  anciennes,  mais  nà  les  nfims  propres 
sont  souvent  <le'IIgires  :  on  sent  (pic  ce  reproche  ne  doit  pas  être 
adresse  à  Tauleur. 


26S  ANNALES 

sltiiabatur;  item  Tlericyniain  (i)  ultra  Mosani  qurc 
nuiic  Ardonna  appollatui-;  itoiii  Capri-Montcm  ,  (jiiœ 
luinc  Loodluin  à  inodcM-nis  dicitur;  item  Moscllaiiam 
qiKC  mine  Lolharmgia  à  Moscllana  civitato,  qiiœ 
jMcdioinati'iciim  et  Motliis  dicitur,  mmc  sic  a|)|)('ila- 
tam  Icgimiis;  item  xAlsaciain  ,  ciijus  Voj^is  (2^  civitas 
extitit  pi'iiicipalis  intei*  Al|)('S  et  silvas  situata;  ilcm 
Agrippiiiam  ,  (jiuc  mmc  Coloiiia  dicitur,  iiitor  ouim 
fluviuin  Khciii  ab  oriente,  et  IMosam  ahoccidenie,  et 
Alpes  à  meridie  ,  et  oceanum  à  septentrione.  Iloscpii 
sequuntur  populos  legi  his  temporibus  permansisse 
sul)  dominatione  Trebei'orum ,  videlicet  Russios,  lîa- 
llmanos  (3j,  Neomagos,  Lucendjurgenses ,  Merlen- 
ses  (l[),  Audernaceiises  (5),  Confluenlinos ,  Wassel- 
lienses  (6),  Welliflarienses  (t),  Lipurgenses  (8), 
Eburiones  (c))  et  Analdos  '  10).  Vei'iim  (juia  j)atria  illa 
milii  peniliis  est  igiiola,  timeiis  repreliendi  applica- 
tiones  earum  ,  Icctoribus  dereliqui. 

(1)  Pour  Ilercyniiini-Sil^nm. 

(2)  Sans  (I  )iilc  Epinal. 

(3)  Poiii-t'Ire  Ii's  Biilti  ou  Eafavcs ,  qui  habitaient  enirc  rOocan, 
le  vifux  Rliiii  ef  le  Valial. 

(41  -Te-  nv  sais  (|ii(l  pays  vc  it  designer  l'auteur  sons  ce  nom  ,  qui 
est  ainsi  écrit  dans  tous  les  manuscrits. 

(5)  Le  manuscrit  de  Saint-Germain  écrit  Aiulenarsenses. 
(6j  Sans  d  lute  ceux  de  Vescl. 
(^)  Pour  JF'a.tjihalicn  es. 
(8j    P'.ur  Lhnbin-^cnscs. 

(9)  Pour  Ehiivnnes ,  les  Khnrons  ,  dans  le  pays  de  Liège. 

(10)  Ceux  de  la  principauté  d'Anhalt. 


DE    HAINALT.    LIVRE    III.  269 


370  ANNALES 


CAPITULUM  II. 

De  Cambysc,  rcge  Pcrsaruni. 


ACTOR. 


Ut  autrm  annos  juste  ciim  dictis  et  diccndis  va- 
Icain  cnuineruro,  ad  sacrani  scriptnrani  recmramus, 
proùt  IiiCcTpi.  Ex  Chronicis.  Cyro  inortuo,  siicc-cssit 
filins  ejus  Cambysos  ,  aiiiio  qiiintœœtatis  lxi  ,  imiiuli 
voro  iiiMCDXXxiv  (1),  et  rcgnavit  aiinis  viir.  Heli- 
nandus.  Tlic  (>st  Canihyscs  (jui  in  iinpcrio  j)atris 
iEgypUim  adjecit;  scd  orrL'iisussnptM'.stitioiiihiis  ^gvp- 
tiormn  ,  Apis  cœtiM'ormnqiio  dooriiin  .Tdos  dirui  jus- 
sil.  Ad  Ainnionis  ((uo(|uo  nobiliss'inmn  ti'iiiplinn  ox- 
pugnandiim  exercituin  misit  :  qui  tcmpestalibus  et 
aiviiai'uui  moiibus  opprossus  intoriit  (2).  Hic  Cainby- 
ses  adco  sevorus  fuit,  ut  (jueiiulani  injustuui  judiccin 
cxcoi'iari  fecit,  et  super  scllain  eutc  ejus  adaptalain 
filium  judicis  iii  judicio  fecerit  sedere,  ut  tiuieret  in- 
juste judicare,  ne  siniile  judiciuni  paterctur.  Hic 
Cainbyses  ab  ipsâ  nativitate  sua  li'gitu»'  furiosus  [Z) 

(1)  L'an  ,'^29  av.  T.-(]    suivant  Fiisc'ho. 

(2)  (>c  passage  d'Hi-liiianJ    est    jnis   m  )t    p')nr  m  )t  de  Jiislin  , 
1    I  ,  c    9. 

(3)  Hérodote  dit  que  Cambisej  fut  sujet  à  Tcpilepsie  des  sa  naU- 
saace. 


DE    HAINALT.    LIVRE    111.  2'J  l 


CHAPITRE    II, 


De  Canibiscs,  rci  des  Perses. 


L  AUTEUR. 


Poun  faire  accorder  les  années  avec  les  événeniens 
racontés  et  avec  ceux  qui  doivent  l'èlre,  j'aurai  re- 
cours à  riicrilure  sainlc  ,  comme  je  l'ai  déjà  f.iit.  Extrait 
(les  Chroniques.  Cirus  éLaiiL  mort ,  son  fds  Cambises  lui 
succéda,  dans  la  61''  année  du  cinquième  àj^e  ,  l'an  du 
monde  3434  ,  et  réijna  huit  ans.  Helinund.  Ce  l'ut  ce  roi 
qui  ajouta  l'Éi^ipte  à  l'empire  de  san  pcre  ;  mais  ollensé 
delasiiperstiiiondes  Éy;ipliens,il  fit  détruire  les  temples 
d'Apis  et  des  autres  dieux.  H  envoya  aussi ,  afin  de  ren- 
verser le  célèbre  temple  d'Ammon  ,  une  armée  qui  lut 
détruite  par  le  climat  et  par  les  sa!)les  du  ilésert.  On 
ciie  de  Cambises  cet  exemple  de  sévérité  :  api'ès  avoir 
l'ait  écorclier  un  .iu:;e  piévaricateur ,  il  voulut  qu'on 
couvrît  de  sa  peau  le  siège  du  tribunal  de  son  fds,  et 
ordonna  à  ce  jeune  homme  de  s'y  asseoir,  afin  c{ue 
l'exemple  d'un  pareil  cluitiment  rempèchùt  de  rendre 
des  jiigemens  iniciues.  On  raconte  que  ce  roi  était 
furieux  des  sa  naissance  ,  qu'il  s'avança  tellement  dans 
les  déserts  pour  cbercliei"  la  source  du  Nil  ,  (pie  les 
vivies  lui  manquèrent ,  et  que  la  faim  le  contraignit  de 
manger  plusieurs  de  ses  compagnons. 


272  ANNALES 

fuisse,  et  ortum  Nili  (1)  per  tantum  terrarum  quaesl- 
visse,  quod,  epulis  ei  cleficlcntibus ,  coactus  est  car- 
nes sociorum  suorum  famc  comedere. 


CAPITULUM  111. 


De  historiâ  Judith. 


COMESTOR. 


Hic  Cambyses ,  Cyri  filius,  et  in  regno  succcssor, 
apiul  Esdi'ani  Artaxcrxos  vel  Assiierus  (2)  dicitur;  in 
liisloria  vcro  Jiulilli  vocatur  Nabiichodonosor.  Sub 
hoc  Cainbyse  factiiin  csl  quod  iii  historia  Judith  scrl- 
bitur.  Mortuo  itaquc  Cyro,([uidam  Ai'phaxat ,  Mo- 
dus,  in  Lcbalanis  surroxit,  et  roparavit  eain  ,  ot  uui- 
nivit  inexpugnabilitor  ,  quasdam  partes  JNIodi.T  sibi 
conciiians,  at  tandem  toti  IMcdiaj  inq^eraret.  ISabu- 
chodonosor  vei'o,  rex  Assyiioi-uin  ,  qui  rognabat  in 
INinivc,  aniio  duodecinio  rcgiii  sui  obtinuit  eiun.  Tlic 
est  Cambyses  cui  pater  adiiùc  vivens  Niniveni  et  re- 
gnum  Assyi-iorum  concessit,  et  euni  Nabucliodonosor 

(1)  CcMe  cxpi'Jilion  de  ('aml'iscs  avait  pour  ()l)ji-t  la  nonf|iirt«' de 
l'Etliio|iie,  et  non  pas  seidemcnt  la  ilecouverte  des  sources  du  Nil. 

(2  11  ne  faut  pas  coiifnnilrc  rot  Assiicriis  d'Ksdras  àvcc  ccltii  du 
livre  d'Esllur,  sur  lc.|:irl  oo  peut  voir  rartîclc  Aubuérua  dans  le 
Dictionnaire  de  la  Bible  par  dom  Calract. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  2"J 


CHAPITRE  III. 


De  l'Histoire  de  Judith. 


COMESTOR. 


Ce  même  Cambiscs  ,  fils  et  successeur  de  Cirus  ,  est 
nommé  par  Esdras  Arla\ei'cés  ou  Assuérus  ,  et  dans 
l'histoire  tle  Judilh,  ÎNabuchodonosor.  Ce  fut  sous  le 
même  prince  qu'arriva  ce  qui  est  écrit  dans  celte 
histoire.  A  la  mort  de  Cirus  ,  le  mède  Arphaxat  se  ré- 
volta dans  Ecbatane ,  répara  celte  ville  et  la  forlifia  de 
manière  à  la  rendre  inexpu^naMe  Se  conciliant  ensuite 
quelques  pi'oviuces  de  la  Métiie,  il  se  serait  emparé  de 
tout  le  pavs  ;  mais  iNabuchodonosor ,  roi  des  Assiriens  , 
qui  réi;;nait  à  Ninive,  le  vainquit,  la  douzième  année 
de  son  règne.  Ce  prince  est  ce  Cambises  auquel  son 
père  céda  de  son  vivant  Ninive  et  le  royaume  d'Âs- 
sirie ,  et  (|u'il  surnonnna  Nabuchodonosor.  A  la  mort 
de  son  père,  il  réi^nait  déjà  depuis  douze  ans  sur  ce 
pays;  il  ne  régna  jjas  plus  de  luiit  ans  sur  toute  la  m  i- 
iiarchie.  Lorsqu'il  en  lut  devenu  le  maître  ,  l'orgueil 
lui  enfla  le  cœur ,  et  il  envoya  en  Ciiicic ,  ù  Damas ,  au 
II.  18 


i274  ANNALES 

cognominavit.  Tlic,  mortiio  patro,  tlnodociinuin  illiiis 
iTgni  ap.iiiim  ag(  bat  ;  nani  in  rcgno  inuiiarclnœ  non 
nisi  octo  aiinis  irguavit.  Qui  (i),  postquàin  lactiis 
est  moiiarcliiis,  oxaltatmn  est  cor  ejiis;  et  misit  ad 
omiicsqui  Iiabitabant  in  Cilicia,  et  Damasco,  et  Li- 
bano ,  et  Cai'niclo,  Galilea,  Sainaria  ,  et  us(jiie  ad  Jé- 
rusalem, exi«.';ens  ab  eis  tribufa  longé  gi'aviora  (juàm 
patres  sui;  qui  onines  uno  auimo  conlra{iixei".uit.  Igi- 
tur  anno  viii  regnl  sui  (u)  pioncepit  Ilolopliei'ni ,  pi'in- 
cipi  mililiœ  sua},  ut  egivdieiis  nulli  pai'cei-et ,  ouini's- 
quc  deos  tcrrœ  cxtei minaret,  ut  ipse  solus  deus 
diceretur.  Audientes  filii  Isiael  tiinuerunt  valdè  ne 
siniilia  faceret  in  Jérusalem  et  in  sanctuario  Dei. 
Erat  autem  in  civitate  Judilli,  vidua  tribus  annis, 
mulier  pulehra  nimis,  sed  easta.  Holopbernem  in 
specie  sua  cepit,  et  eum  vinolcntum  et  soporatum 
decollavit,  caputque  ejus  ablatuin  in  Jérusalem  lidit, 
et  omnes  audientes  et  videntes  in  admirutionem  et 
laudem  Dei  concitavit,  undè  et  cantieum  victorifiR 
Domino  cecinit.  Eusebius.  Anno  Cambvsis  viii,  Py- 
thagoras  physicus  philosophus  babetur  clarus.  De 
quo  Solinus  et  Augustinus,r/e  Civitatt  Dci^  libro  viii", 
et  Justinus  xx"  libro,  et  Valerius  libro  v°,  et  Tullius 
(le  OJJiciis ,  et  Hieronymus  et  alii  doctores  muila  ad 
laudem  virtulum  ac  pliilosopbiaî  moralis  multa  pro- 
lo([uuntur.  Coniestur.  Post  Cambysem  ,  unus  île  sep- 
tem  niagis  qui  Persarum  regnum  judicabaut,  impc- 

(i)  L'auteur  attribue  à  Cambiscs,  roi  de  Perse,  ce  qui  appartient 
au  roi  de  Ninive. 

(2)  L'an  622  av.  J.-C  ,  selon  Ensibe. 


DE    HAlXAtT.     LIVP.E    III.  2^5 

Liban,  au  Carmel ,  en  Galilée,  à  Sainarie  et  jusqu'à 
Jérusalem,  deiuaniler  et  exiger  tles  tribiiis  beaucoup 
plus  r;)rLs  (jMC  n'en  avaient  e.i^é  sei  préJécesseurs. 
Tous  refusèrent  de  les  Ini  accorder;  c'est  pour  cela  que 
la  huitième  année  de  son  règne  ,  il  fit  partir  Holopherne 
à  la  tète  d'une  armée,  avec  ordre  de  n'épargner  per- 
soime  ,  et  d'exlerminer  tous  les  dieux,  de  la  terre  ,  afin 
(|iie  lui  seul  (ùt  honoré  comme  un  dieu.  Les  enfans 
d'Israël,  en  apprenant  cette-  nouvelle,  tremblèrent 
pour  Jérusalem  et  pour  le  temple  du  Seij^jneur.  Il  y 
avait,  depuis  trois  ans,  dans  la  ville,  une  veuve  nom- 
mée Judith  ,  femme  d'une  rare  beauté  et  encore  plus 
chasie  (]ue  belle.  Ayant  séduit  Holopherne  par  sa 
figure,  elle  l'enivra  ,  et  pendant  son  sounneil  lui  coupa 
la  tète  et  la  porta  à  Jérusalem.  Tous  ceux  qui  enten- 
dirent ou  qui  virent  cette  femme  extraordinaire, 
furent  transportés  d'admiration ,  et  rendirent  grâces  à 
Dieu.  Judith  adressa  au  Seiyneur  le  cantique  de  la  vic- 
toire. Eusffjc.  La  huiiième  année  du  règne  de  Cam- 
bises,  le  phisicien  Pithigore  était  célèbre  parmi  les 
philosophes.  Solin  ,  saint  Augustin,  au  livre  vni  de  la 
Cité  (le  Dieu  ;  Justin  ,  livre  \x  ;  Yalere  ,  livre  v  ;  f  jcéron 
dans  son  Traité  des  devoirs;  saint  Jérôme  et  d'autres 
dorieurs  parlent  beaucoup  et  av.'^c  éloge  de  ses  vertus 
et  de  sa  [ihi.osophie.  Comeslor.  Après  Cambises,  l'un 
des  sept  mages,  qui  renilaient  la  jusliee,  monta  sur  le 
trône  des  Perses.  Justin,  livre  n,  dit  que  Cambises 
\it .  dans  son  sommeil ,  que  son  frore  Mergis  régnerait 
un  jour.  Lffra\é  de  ce  songe,  il  n'hésita  point  de  le 
faire  mourir...  H  choisit  pour  cette  commission  un 
mage  dévoué  ,  nommé  Comètes.  Sur  ces  entrelaites  , 
Cambises  se  blessa  gravement  à  la  cuisse  avec  son  épée 
qui  était  sortie  du  fourreau,  et  mourut...  Acettenou- 


276  ANNALES 

rium  obtinuit.  Jusf/nus ,  libro  n ( i )  :  Cambyscs  quidcm 
per  quiotcm  vidit  fratrcm  suum  Mei'gum(2)regnatu- 
riim.  Quo  somiio  exterritus,  non  dubitavit  euni  occi- 
dere...  Ad  boc  niagum  quemdam  ex  amicis  delegit, 
Coinetem(3)noinine.  Intérim  ipse,  gladio  suo  sponte 
evaginato,  in  femore  graviter  vulneratus  occubuit... 
Quo  nuntio  acccpto,  magus  antè  famam  amissi  ré- 
gis occupât  facinus,  prostratoque  Mergide,  cui  reg- 
nuni  debebatur,  fi'atrem  suum  subjecit  Oropastom. 
Erat  enim  decorus(4)etcorporis  Hneamentis  Mergidi 
persimiUs.  yéctor.  Quià  vero  Juslinus  et  Comestorde 
duobus  istis  Cambysi  succcdenlibus  inter  se  discor- 
dant, brevitatis  causa,  dissonantia  pertranseo. 


CAPITULUM    IV 

De  Dario  rege. 


PosT  igitur  duos  magos,  quartus  à  Cjro  Daiius, 
filius  Hystaspis,quictfuit  unusde  scptem  uiagis,  cœpit 

{\)  Cap.  9. 

(2)  Ce  prince,  que  notre  auteur  aiipello  Mergis,  est  nomme  Ta- 
noxarès  par  Xénophon. 

(3)  Hérodote  tlit  Prexa-spe. 

(4)  llans  l'edili  m  de  Justin  de  Dcux-Ponls,  on  lit  et  oris  au  Jieu 
de  décoras,  qui  se  trouve  dans  notre  leit»;. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  277 

velle  le  mage,  avant  que  le  bruit  de  la  mort  du  prince 
ne  se  soit  répandu,  se  liùte  d'accomplir  son  crime  et 
d'assassiner  iMergis  ,  auquel  le  trône  appartenait.  H  y 
substitua  son  frère  Oropaste,  qui  ressemblait  parfaite- 
ment à  ÎMergis  (1).  V Auteur.  Comme  Justin  et  Comes- 
tor  ne  s'accordent  pas  sur  ces  deux  successeurs  de 
Cambises,  pour  abréger,  je  passe  sous  silence  leurs 
contradictions. 

(:)  En  citant  ici  Justin  et  Comestor,  Jacques  de  Gnyse  fait  voir 
qn'il  ne  connaissait  pa-  Hérodote,  qui  appelle  Smerdis  et  non 
Mergis  le  frère  de  Cambises j  Justin  ,  dans  nos  éditions,  lui  donne 
le  même  nom  ,  et  ne  fait  qu'extraire  Hérodote.  Cte'sias,  au  lieu  de 
Smerdis ,  dit  Tanyoxarcès. 


CHAPITRE  IV. 


Du  roi  Darius. 


Après  ces  deux  mages ,  le  quatrième  roi  depuis 
Cirus  ,  fut  Darius ,  fils  d'Histaspe  ,  et  l'un  des  sept 
mages.  Son  règne  commença  l'an  G9  du  ■5'"  âge,  344:?  du 
monde,  2'  de  la  04*^  olimpiade ,  et  dura  trente-six  ans. 
Comestor.  Parmi  les  courtisans  de  Darius  se  trouvait 
Zorobabel,  fds  de  Solalhiel.  Cambises  ayant  défendu  la 
reconstruction  du  temple ,  Zorobabel ,  par  l'interven- 
tion de  Darius,  essaya  de  faire  changer  cette  résolu- 


278  ANNALES 

anno  quîiitncœratis  lxix,  nuiiuli  vrro  iirMCDXLii  (i), 
olvmpiadis  lmv  aiwio  11",  et  rognavit  aiiiiis  xxwi. 
Conicsfor.  Unie  J)ai"io  fainiliaris  orat  Zoroliabcl  filius 
Salaticl.  Cùm  cnim  intordixisset  Cambuses  i'i;r(Iifica- 
tioiiom  tcinpli,  asceiulit  ad  emii  Zorohabil ,  ol  pcr 
rjus  Dai'ii  intervontiiin  tenta  vit  ([iiidcin  aniimmi  régis 
mularc,  scd  non  j)otuit.  ïnnc  jx-rsnasit  Dai'io  sccro- 
ti  s  ut  vovei'ct  votnin  Doo  Israël ,  (juod  ,  si  enni  re- 
gein  faceret,  restaurai'et  ejus  teniplnm,  et  universa 
vasaDoniini ,  (Uî.TadliLic  erant  pen  s  reges  Persarinn, 
remitteret  in  J(!rusaleni.  Cinn  audivisset  igitur  Zoro- 
babel  bunc  regnare,  fidiicialiter  aggressns  (>st  in  r  •- 
œdifieai'e  tempiinn,  Aggaeo  et  Zacbaria  exbortantibus 
populum  ,  ({iii  praedicabant  Detnn  eis  offensnm,  eo 
ijiiod  babitaivnt  in  doniibns  laqueatis  ,  et  doinus  Do- 
mini  essct  desolata.  Hoc  auteni  signinn  ir.T  De:  dico- 
bant  quod  seininal)ant  nudliiii)  et  inferel)ant  |)arùin. 
Principes  vei'ô  régis  Pei-sarum  ([iii  era  it  tr<Mis  flii- 
vimn,  interdicebant  reœdificationeni  ;  cùinqiie  res- 
pondissent  seniores  Juda  (juod  Deus  suiis  boc  eis 
pi'œceperat  cui  nefiis  estcontradicere,  placuil  utriscpio 
ut  resadDai'iuni  referretur;  etascendit  Zorobabelcuin 
nuntiis  principmn  ad  regeni  ,  et  (lonoratus  est  al)  eo 
super  qnod  speravei'at  :  nain  et  in  cnbirnio  régis  dor- 
miebat  cnin  aliis  duobus  cubicidariis.  Porro  Darius 
exbibuit  cœnain  satrapis  Persaruni  et  prcereclisliidiœ 
et  .'Etbiopiœ  et  niagistratibus  ccxxvii  piovinciarum. 
Ea  nocte  cxpergefactus  ,  noctcni  duxit  insoinnein  ,  et 

{i)  Ensèbe  dit  la  4'  année  tic  la  Gf"  oliinpiadcj  ce  qui  rciiond  à 
l'an  520  av.  J.-C, 


DE    IIAIXAUT.     LIVP.E    III.  279 

lion  du  roi,  mais  il  ne  pul  y  réussir.  Alors  il  engagea 
secreleinent  Darius  à  faire  au  Dieu  d'Israël  le  vœu  que, 
s'il  lui  donnait  le  trône,  il  rétablirait  son  temple,  et 
renverrait  à  Jérusalem  tous  les  vases  consacrés  au 
Seigneur  et  qui  étaient  encore  au  pouvoir  c!ei  rois  de 
Perse.  Lorsque  Zorobabel  eut  appiis  que  Darius  ré- 
gnait, il  commença  avec  confiance  la  reconstruction  du 
temple,  tandis  qu  Aggée  et  Zacliarie  exhortaient  le 
peuple,  et  lui  fesaient  craindre  la  colère  de  Dieu  de 
voir  sa  maison  désolée,  lorsque  celles  des  homuics 
étaient  richement  ornées.  Ils  donnaient  pour  signe  de 
cette  colère  le  peu  d'abondance  des  récoltes  malgré 
l'abondance  des  semences  confiées  h  la  terre.  Les  lieu- 
Icnaiis  du  roi  de  Perse  ,  qui  étaient  au-delà  du  fleuve, 
empêchaient  la  reconstruction,  et  lorsque  les  anciens 
de  Juda  eurent  représenté  que  Dieu  ,  à  qui  personne 
ne  peut  désobéir  ,  la  leur  avait  ordonnée  ,  on  convint, 
de  part  et  d'autre,  de  porter  l'alFaire  devant  Darius. 
Zorobabel  partit  avec  les  envoyés  des  princes  pour 
aller  tiouver  le  roi  :  il  en  fut  honoré  au-delà  de  son 
espérance;  car  il  coucha  dans  la  chambre  même  du 
monarque  avec  deux  autres  chambellans.  Dans  le  même 
teins  Darius  donna  un  grand  repas  aux  satrapes  de  la 
l^ei'se  ,  aux  gouveineurs  de  l'Inde,  à  ceux  de  l'Ethiopie, 
et  aux  magistrats  des  deux  cent  vingt-sept  provinces; 
la  nuit  suivante,  ne  pouvant  sommeiller,  il  proposa  à 
ses  gardes  du  corps  la  question  de  savoir  lequel  des 
trois  était  le  plus  puissant  d'un  roi,  du  vin,  ou  d'une 
femme  ,  promettant  une  récompense  et  des  honneurs  à 
celui  qui  répondrait  le  mieux  à  cette  question.  Le  len- 
demain ils  parurent  tous  trois  en  présence  des  sairaj^es 
et  des  magistrats,  et  le  prcniier  déclara  qu'un  roi  était 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  fort;   car  de  même   que  les 


aSo  ANNALES 

proposait  quoRstioncm  custodibus  corporis  sui,  qiiid 
de  tribus  fortius  vidorotiir,  rcgc ,  scilicet,  vino  et 
mulicre,  promittens  mimera  et  honorem  ei  qui  sa- 
pientiùs  rcspontleret.  In  craslinum  coràin  satrapis  et 
niagistratibus  accesserunt  illi  très,  et  ail  primus  re- 
gem  esse  fortiorem  caeteris  :  cùin  ciiim  homo  pr.Tsit 
Cîcteris  animalibus,  rex  prœest  homiiii,  et  ad  nulum 
cjus  omnia  fiunt.  Seeuiulus  autem  prsotulit  viui  forli- 
tudinem,  quià  cÙmî  homo  prœsit  cœleris  animi  forti- 
tudiiie,  viiium  superat  Ipsum  animi  fortitudinem. 
Zorobabel  vcro  mulierem  fortiorem  utroque  asseruil: 
nam  regibus  et  eis  qui  vites  plantant  mulieres  vitam 
conferunt  et  alimoniam ,  et  ad  robur  usque  perdu- 
eunl,  et  pro  mnliciibus  animas  ponere  non  timent 
liomines.  Et  concliisit  super  liis  ante  onmia  veritatem 
esse  fortiorem  qurc  inunutabilis  est  et  sempiterna. 
Cùmque  omnes  judicai'ent  fortiorem  omnibus  esse  ve- 
ritatem, di\it  rex  ad  Zorobabel  ut  peteret  ab  eo  quid- 
quid  vellet;  et  postulavit  Zorobabel  templi  aedifieatio- 
iiem,  et  vasaDomini  remitti  in  Jerusaleu).  Et  gavisus 
est  rex,  nam  ad  ipsum  nuMuinit  se  vovisse ,  et  scrip- 
sit  per  epistolam  princij)il)us  suis  trans  iluvium,  ut 
nuUatenùs  impedirent  Judjcos,  sed  do  sumplibus  ré- 
gis juvarent  eos  ;  remisitque  etiàni  vasa  Domini  per 
manum  Zorobabel  ;  qui  reditum  faciensper  (Jialdœam 
cum  Iribulibus  suis,  régis  mandata  patefeeit,et  ascen- 
derunt  multi  cum  eo  llierosolymis.  Igitm*  ainio  se-- 
cundo  Darii  (i)  mense  octavo,  inslabant  operi ,  et 
compleverunt  illud  anno  octavo  (2)  Darii ,  qui  erat 

(1)  L'an  5'9,  suivant  Kusèbc. 

(2)  L'an  5i3,  suivant  le  ni<^rae. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  28 1 

hommes  sont  au-dessus  des  autres  animaux  ,  de  même 
un  roi  est  supéiieur  aux  autres  liommes  ,  et  tout  se  fait 
à  son  commandement.  Le  second  plaça  le  vin  au  pre- 
mier rang;  car  si  Ihomnte  l'emporte  par  la  puissance 
de  l'esprit,  le  vin  dompte  la  puissance  de  l'esprit 
même.  IMais  Zorol>abel  soutint  que  l'un  et  l'autre  le 
cédaient  à  la  femme  ,  puisqu'elle  donne  la  vie  et  la 
nourriture  aux  rois  comme  à  ceux  qui  plantent  la 
vigrje,  et  les  conduit  jusqu'à  la  force  de  l'âge;  et  que 
les  hommes  ne  craignent  pas  de  mourir  pour  les 
femmes.  Il  ajouta  que  la  vérité  l'emportait  encore  en 
puissance  sur  toutes  ces  choses,  puisqu'elle  est  im- 
muable et  éternelle.  Tous  jugèrent  en  faveur  de  la 
vérité,  et  le  roi  dit  à  Zorobabel  de  lui  demander  ce 
qu'il  voudrait.  Celui-ci  demanda  la  reconstruction  du 
temple  de  Jérusalem  et  le  renvoi  des  vases  consacrés 
au  Seigneur.  Le  roi  éprouva  une  grande  joie  en  se 
rappelant  qu'il  avait  lui-même  fait  ce  vœu  ;  il  ordonna 
par  lettres  ,  à  ses  gouverneurs  au-delà  du  fleuve  ,  non- 
seulement  de  n'empêcher  en  aucune  nianière  les  Juifs 
de  reconstruire  leur  temple ,  mais  de  les  aider  de  ses 
trésors.  Il  rendit  aussi  les  vases  du  Seigneur  à  Zoro- 
babel, qui,  revenant  par  la  Caldée  avec  ceux  de  sa 
tribu  ,  montra  les  ordres  du  roi ,  et  un  grand  nombre 
de  .luils  vinrent  avec  lui  à  Jérusalem.  Ainsi  le  huitième 
mois  de  la  seconde  année  du  règne  de  Darius ,  ils  se 
remettent  à  l'ouvrage  avec  ardeur,  et  l'achèvent  la  hui- 
lièuie  année  du  même  règne,  qui  était  la  quarante- 
sixième  de  la  domination  des  Perses.  Ce  fut  donc  vers 
celte  quarante-sixième  année  que  le  temple  lut  re- 
construit ,  c'est  à-dire  que  ces  années  s'écoulèrt'nt 
depuis  le  premier  édit  de  Cinis  poiu'  le  retour  et  la 
reconstruction  ,  Jusqu'à  Ja  septième  année  de  Darius» 


282  ANNALES 

xLVi  rcgnl  Pers.irum.  Ju\tà  illiul  xlvi  anniini,  frdi- 
ficatiim  est  tcmplimi  hoc,  ici  est,  à  prima  lirentia 
quain  (ledit  Cyriis  rcdeuiuli  et  rcœd ificaiuli  tcinplmn, 
usque  ad  scptiinmn  amniin  Darii  (jiio  consimiinatimi 
est,  tôt  antii  dcflu.vorunt.  Coiivoneriirit  aiitem  filii  Is- 
raël ad  dedicationein  teinpii ,  et  dedicavermit  ilkid 
lîieiise  duodecimo,  qui  apiul  Latiiios  martiiis  dicitiir, 
tertia  et  vigesinia  die  meiisis  Et  hœc  est  seeimda  teui- 
pli  dedicatio.  De  archà  vero  Doiniiii  (|uoinodo  recepe- 
nint  eain  iiicertuin  est  ;  sed  si  cei'tiini  est  cpiod  Ej)i- 
plianiiis  dieit,  eani  usque  ad  ulliimun  dieni  non  egres- 
suram  de  latibulo  petrœ;  scilicet  certuin  est  ((uod 
Jlebraei  iiistai'  pi'ioruui  iedifieaverunt  alterani.  Ei/sc- 
biiis.  AiHio  secundo  Darii,  Denioctitus  pliilosopluis 
et  Heraclitus  et  Anaxagoras  plivsicus  elari  liabeban- 
tur,  ({c  quibus  Aristoteles,  iti  primo  jîiiysicorum  et 
inetaj)liysi(£K  libro  decimo  ,  opiniones  de  primis  prin- 
cipiis  récitât  plenariè.  Easc.hius.  Aniio  Darii  xix(i), 
o!yu)|)iade  lxix  ,  bellum  in  Maralbonc  gi'slum  est; 
et  ea  quœ  de  inilitià  describuiilur  et  Ai'istide,  qui 
cognominatus  est  Justiis ,  gesta  sunt.  Eiisfliiis.  Auno 
Darii  xx",  olynipiadis  lxix  aiuio  primo,  Valerins('i), 
Bruli  Collega ,  adeo  pauper  mortuus  e.^l ,  ut  sumptu 
jndjiico  sepelii'etur.  Aiiiio  ])arii  xx\i,  olvm|)iade 
Lxxii.  Arislides(^3jcuin  ignominiâ  v]\c\ln\\  y^clur.  Ilic 

(1)  I-'an  ."^02  av.  J  -(].  ;  mais  1rs  <'<lilinns  «FFiisrlx-  rapp'irfrnt 
Cfltr  «latp  î'i  la  i"'ann(M'  »li.'  la  "i,'  (ilim|>iat!<* .  <\s!-;i-ilir('  ;'i  l'.m  4()i 
avant  notre  ère  L'art  «le  v<'iiii<'r  les  tlatcs,  «onCoiene  aux  nuiilni-s 
(1c  Paros,  plare  la  I  afaillc  dt;  Mai  al  lion  in  l'an  \i\o. 

(a)  VaJt'riiis  mourut  en  Pan  5o5,  suivant  l'Art  tic  vcri.'jcr  les 
dates. 

fS"!  Arisljflc  fut  b.Tnni   In    1"'   annc'c  df*  la  t^''  r>limpia<1p  (  '{8?  an< 


DE   HAINAL'T.    LIVRE    ITI.  283 

que  celte  reconstruclion  fut  achevée.  Les  enfans  d'Israël 
rassembles  fireiiL  la  iléilicace  du  temple  le  vingl-troi- 
siemc  jour  du  douzième  mois  de  raimée  juive  ,  qui 
correspond  au  mois  de  mars  chez  les  Latins.  Ce  l'ut  la 
seconde  dédicace  du  temple.  On  ne  sait  pas  comment 
on  retrouva  l'arche  du  Seigneur;  mais,  si  ce  que  dit 
Epipliane  est  certain  ,  que  l'an  he  ne  doit  sortir  qu'au 
dernier  jour,  de  l'asile  qui  la  recelé:  ileit  pareillement 
vrai  que  les  luifs  en  construisirent  une  autre  semblable 
à  la  prciniere.  Eusche.  La  seconde  année  du  règne  de 
Darius,  les  philosophes  Démocrite  et  Heraclite,  et  le 
phisicien  Anaxagore,  étaient  célèbres.  Aristote  rap- 
porte leurs  opinions  sur  Ici  jjrincipes  des  choses,  dans 
son  prenner  livre  de  la  Piii-,i(|ue,  et  dww',  son  dixième 
livre  de  la  Méiaphisique.  Eiis.be.  La  bataille  de  Mara- 
thon ,  les  éveneuiens  de  celle  guerre  et  ce  que  l'on 
j-aconte  d'Aristide  ,  surnonnné  le  .lu-te,  arrivèrent  la 
di.v-neuvieme  année  du  legne  de  Darius ,  dans  la 
69'  olimpiade.  Easiùe.  La  vingtième  aimée  du  règne 
de  Darius,  ou  la  première  de  la  69*  oThupiade,  Valé- 
rius-Publicola ,  collègue  île  Brutus,  mourut  si  pauvre 
qu'il  fut  enterré  aux  irais  du  trésor  public.  Aristide  fut 
banni  avec  ignominie,  la  trente-unième  année  du 
même  règne,  dans  la  72"^  olimpiade.  X.' Auteur.  On  ra- 
conte qu'il  fut  banni  de  sa  patrie,  parce  qu'il  était 
juste  outre  mesure.  Le  roi  Darius  njourut  la  même 
année,  laissant  un  grand  nombre  de  fds  qu'il  avait  eus 
avant  et  pendant  son  règne. 

av.  J  -{]  )  suivant  IV'.Jili  d  de  saint  Jcrùme ,  et  cdk-  de  IT.ustbc 
de  hcali^cr.  , 


284  ANNALES 

de  propria  patria  logitur  expiilsiis  eo  qiiod  prœter 
modum  jiistusesset.  Hoc  aiino  Darius  rex  decrssit(i), 
relictis  multis  filiis  et  in  regno  et  antè  regnuin  siis- 
ceptis. 


CAPITULUM  V. 

De  Xerxe,  rege  Pcrsarum. 


EUSEBIUS. 


Igitur  Xerxes  filius  Darii,  Persarum  quintus,  caepit 
anno  quintae  œtatis  cv,  mundi  vero  iiimcdlxxxiii  (2), 
olyrapiadis  lxx  anno  primo,  et  regnavit  annis  xx. 
Valerius  libro  ix"  (3).  Hic  adeo  luxuriosus  erat,  ut 
edicto  primum  ei  proponeret  qui  novum  voluptatis 
genus  invenisset.  Justinus  (4).  Hic  Xerxes  bellum  à 
pâtre  susceptum  adversiis  Graeciam  quinquennium 
instruxit.  De  hoc  Xerxe  loquitur  Valerius  lihro  primo 

(i)  Darius  mutiriit  rn  l'an  -'i8.}  av.  J.-C  ,  suivant  Knscbe. 

('j)  II  faiif  liie  l'an  du  morule  i»70,  «|ni  n'i)on(l  à  l'an  4  \  avanl 
noire  «re  cl  à  la  4'  année  de  1'  limpiaile  78,  et  non  à  la  i''  année 
de  la  70'  olimpiade,  comme  le  marque  à  t  rt  notre  auteur. 

(3)   Cap.  t. 

(ij  LA-  Il ,  cap.  10. 


DE    HAINAIT.    LIVRE    III.  285 


CHAPITRE  V. 


De  Xercis,  roi  des  Perses. 


EUSEBE. 


Xercès ,  fils  de  Darius  et  cinquième  roi  des  Perses  , 
monta  sur  le  trône  l'an  105  du  S"  âge,  3483  du  monde, 
1"  de  la  70*^  olimpiade,  et  régna  vingt  ans.  Valère- 
Maxime,  livre  ix.  11  était  si  adoimé  aux  plaisirs  qu'il 
promit ,  par  un  édit ,  de  récompenser  celui  qui  lui  indi- 
querait un  nouveau  genre  de  volupté.  Jlstin.  Xercès 
se  prépara,  pendant  cinq  années,  à  faire  contre  la 
Grèce ,  la  guerre  commencée  par  son  père.  C'est  de  ce 
roi  que  parlent  Valère-Maxime  ,  livre  i  et  livre  ix  ,  Sé- 
iièque  ,  livre  vi ,  des  Bienfaits  ;  Justin  ,  livre  n  ;  et 
Orose  ,  livre  n.  Klsèbe.  Pindare,  Sophocle  et  Euripide 
florissa  ent  au  tems  de  Xercès,  la  troisième  année  de 
la  75^  olimpiade.  Justin,  livre  ni.  Ce  roi ,  jadis  la 
terreur  des  nations ,  ayant  été  malheureux  dans  la 
guerre  qu'il  fit  à  la  Grèce ,  tomba  dans  le  mépris  de 
ses  propres  sujets.  L'avilissement  de  la  majesté  royale 
augmentant  chaque  jour,  Arlaban  ,  sou  lieutenant 


586  ANNALES 

et  lihro  iiono;  itom  Sonoca  lib  vi(iV/<?  Bcnr/iciis ; 
item  Jiislimis,  lil)ro  ii"  (•>.);  item  Oi'osiiis,  lihro  ii". 
EosEBiiis.  Tcinporibus  Xcrxis,  olympi.ulis  lxw  an- 
no  m"  (3j,  Piiularui,  Soplioclcs  v\  Euri|)i(l('S  clariie- 
Y(\\\\.  JusTiMis,  libro  m"  ([\].  Xorxos  aiitcin,  ton-or  aii- 
t(\i  gcnliinn  ,  IjcIIo  in  Giœoia  iiifclicitci' goslo,  otiàni 
suis  contomptiii  es  o  cœpit;  et  dcficicnto  (jtiotidiè  ré- 
gis majeslate,  Artahaniis,  praifcctus  ejiis,  in  spein 
regni  addiiclns  ,  einn  rol)iistissimissepteni  filiis  aulani 
régis  ingressus  vesperi ,  (jiiia  illi  jure  aniiciti.T  seniper 
patebat;  ivge  trueidato,  filios  ej'.is  dolo  agf^reditur, 
dixitcpie  Artaxerxi  pnerulo  regeni  à  Daiio  fratre  siio 
interfectum,  et  sic  impulit  eiini  in  neceni  fratris  in- 
nocentis,  qui  dorniiens  invenlus ,  (juasi  sonmuin  fin- 
geret ,  inleifeetus  est.  Ciim  ergo  Artabanus  soluni 
illinn  de  regiis  fdiis  superesse  viderct,  m,'tueret({uc 
diï  regno  certamina  |)rineipiin  ;  ass'.imjisit  in  socleta- 
tem  eonsilii  P>,ieeal)asuni  ;  (pii,  prdesenti  statu  eon- 
tentus,  rem  produxit  Artaxerxi,  (juoniodo  pater  et 
frateroccisi  sunt.  Q  libus  eognitis,  Artaxerxes  verens 
numerum  filiorun\  A.rtaljani,  in  crastinum  diein  para- 
luni  esse  exereituni  juhet,  (juasi  recogniturus  et  nu- 
merum militum  (>t  in  armis  industriam  singuloi'um. 
Cùmque  inter  cœ'.eros  ipse  Artabanus  armatus  as- 
sistèrent, rex  simulât  se  breviorem  loricain  babei'e, 
et  jubet  Artabanuni  sccuni  comnuitare;  et  exuentem 

(i)  Clip.  3i  el  seq. 
(2    C<ti>.  9. 

(3)  L'an  477  av.  J.-C,  suivant  EusLbc. 

(4)  Cap.  I. 


DE    IIAINAI'T.    LIVRE    III.  287 

dans  l'espérance  de  monter  sur  le  trône ,  entra ,  un 
soir,  avec  ses  sejît  fils  ,  dans  le  palais  qui  lui  était  tou- 
jours ouvert  comme  à  un  favori  du  prince.  Ayant  tué 
Xercès  ,  il  agit  de  ruse  auprès  des  fils  de  ce  roi ,  et  dit 
à  Arlaxerccs  (I),  le  plus  jeune,  que  son  père  a  clé 
assassiné  par  Darius,  son  frère;  il  l'engage  ainsi  à 
luei"  sou  frère  innocent  et  endormit.  Artaban  voyant 
qu'il  ne  restait  plus  que  l'un  des  fils  du  roi,  et  crai- 
gnant la  rivalité  des  grands  pour  monter  sur  le  trônj, 
mit  dans  sa  confidence  Baccahase  ,  {|ui,  partisan  du 
présent  état  de  choses,  fit  connaître  ces  projets  à  Ar- 
laxerccs et  comment  son  père  et  son  frère  avaient  é:é 
mis  à  mort.  A  celle  nouvelle  Artaxcrcès,  pour  se  pré- 
(  autionner  contre  les  fils  d'Arlaban  ,  indicpie  au  len- 
demain une  revue  de  l'armée.  Arlaban  se  trouvait 
sous  les  armes  avec  les  autres,  lorsque  le  roi  lui  de- 
manda à  changer  de  cuirasse,  sous  prétexte  que  la 
sienne  propre  était  trop  comte.  Aussitôt  que  le  traître 
eut  découvert  sa  poitrine,  Arlaxeiccs  le  perça  de  son 
épée  et  fit  saisir  ses  fils.  Ainsi  ce  jeune  prince  vengea 
la  mort  de  son  père,  et  se  délivra  des  pièges  qu'on  lui 
tendait. 

(1)  <;%-st  Arlaxorr('s-T,ongiirm.i.in  (jiii,  après  av-ir  eVIiappu  au 
miMirlrii  r  lie  son  |)iio,  m  ;ufa  sur  le  liune  l'an  ^6\  avuiit  notre 
l're. 


288  ANNALES 

seacnudatumgladlotrajlcit;  etfiliosejuscorripi  jubct. 
Et  sic  atlolescens  egregius  et  cacdem  patris  vindica- 
vit    et  se  ab  insidiis  liberavit. 


CAPITULUM   VI. 

De  Artaxerxe  rege. 


EX  CHRONICIS. 

Igittjr  regnavit  Pcrsarnm  rex  sextiis  Artabanns 
mensibus  octo,  olympiadis  lxxviii  arino  ii  (r).  Post 
huiic,  soptiinus  Artaxcrxcs,  qui  Loiigiinaïuis  cogiio- 
nilnabatur,  cœpit  aniio  qiiiiitae  œtatis  cxxv,  umiuli 
vcro  iiiMCDxcviii(2),  et  irgnavit  annis  xl.  Comes- 
tor.  Eodem  tcinpoi'c,  Esc! ras  aaronita  Dei  legein 
quani  CliaIcKTi  siicceiideratit  et  coinhusscrant ,  rcpa- 
ravit;  novosquoque  littorarum  apices  cxcogitavit,  qui 
facilioros  ad  scribcMiduin  fioivnt  ot  ad  pronunlian- 
dum,  et  pi'opteroà  vclox  sci'iba  dictus  esl.  A<ldidit 
etiàiii  quipdam  de  suo ,  sicut  litulos  p  alinonnn,  et 

(i)  L'an  46}  av  J.-C  ,  suivant  Fiisi'hc;  mais  alors  il  faut  lin-  la 
4'  année  ilf  la  -jh'  oliin|  iad»',  scion  l'i'ililinn  valiai'-ii'nnc  «rKnsrhc 
et  relie  de  Srali^ir.  l.a  vcr.si  .n  arménienne  «In  même  a  itenr  rap- 
porte eelte  anni'c  à  la  ■}.'  ilela  ;<)'  o'.inipiade  ,  c'est-à-tlire  à  l'an  tG6 
on  465  av.  J.-(>'. 

[i)  L'an  -iG.'.  av,  J.-C 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  289 


CHAPITRE  VL 


Du  roi  Artaxercts. 


. Extrait  des  Chroniques. 

Artaban  ,  sixième  roi  des  Perses ,  remonta  sur  le 
Irôiie  la  seconde  année  de  la  78^  olimpiade  ,  et  l'oc- 
cupa huit  mois.  Apres  lui  ,  le  septième  roi  lut  Ar- 
taxerccs,  surnommé  Lon{,ue-Main,  qui  commença  son 
l'ègne  l'an  125  du  5*  àj^i^e ,  3498  du  monde,  et  régna 
quarante  ans.  Comeafor.  Dansée  même  tems,  Esdras, 
de  la  famille  d'Aaron  ,  refit  la  loi  de  Dieu,  que  les 
Caldéens  avaient  brûlée.  11  inventa  aussi  pour  les 
lettres  de  nouveaux  accens  qui  rendaient  l'éci  iture  et 
la  prononciation  plus  faciles,  ce  qui  lui  fit  donner  le 
surnom  de  scribe.  On  lit  dans  le  Pentateuque  plusieurs 
passages  qui  sont  de  lui,  de  même  que  les  titres  des 
psaumes.  Il  est  vraisemblable  aussi  qu'il  en  retrancha 
ce  qui  lui  paraissait  superflu.  Esdras  ayant  gagné  les 
bonnes  grâces  d'Artaxercès,  lui  demanda  la  permission 
de  retourner  à  .Jérusalem,  pour  instruire  son  peuple 
dans  la  loi  qu'il  avait  rétablie.  Le  roi  le  lui  permit  et 
lui  donna  une  lettre  pour  ses  lieutenans  des  provinces 
au-delà  du  fleuve  et  pour  les  gardiens  du  trésor  pu- 
n.  19 


îSrgO  ANNALES 

plura  quae  leguntur  in  Pentatcucho.  Sic  quoque  vcri- 
simile  est  quœdam  quae  superflua  inlellexit  ipsum  sub- 
traxisse.  Porro  Esili-as  invcnit  gratiam  in  oculis  Ar- 
taxerxis,  et  petiit  licentiam  ab  eo  ascenclendi  in  Jéru- 
salem, ut  in  lege  quani  reparaverat  populuni  suuin 
erudiret.  Dédit  ergo  ei  rex  licentiam  redeundi ,  et 
tradidit  ei  epistolam  ad  principes  suos  trans  fluvium, 
et  ad  custodes  arcae  publicne,  ut  traderet  Esdrae  ne- 
cessaria.  Ministres  vero  templi  ab  omni  vectigali ,  tri- 
buto  et  annonis  absolvit;  dédit  etiàm  Esdrae  potesla- 
tem  amovendi  et  constituendi  judices  et  praesides 
trans  fluvium  ,  secundùm  sapicntiam  suani ,  et  pu- 
niendi  contumaces.  Et  fuerunt  cum  eo  mille  septiii- 
genti,  et  venerunt  Jérusalem ,  mense  quinte,  et  si- 
luerunt  tribus  diebus.  Quartâ  dio  obtulerunt  in  domo 
Domini  quœ  secum  lulerant.  Tune  adjuravit  Esdras 
sacerdotes ,  principes  et  levitas,  ut  projicei'ent  uni- 
vcrsasuxores  alienigenas  et  eos  qui  de  eis  nati  erant. 
Eusehius.  Eo  tempore  Empcdocles  et  Parmenides 
pliilosophi  agnoscuntur,  de  quibus  Aristoteles  in 
•primo  Plijsicuriun  et  de  Fegelalibiis  et  ^;lunlis  , 
multa  refert.  Actor.  HicEmpidccles  Dcum  legitur  sic 
descripsisse  :  m  Deus,  inquit,  est  splinera  cujus  cen- 
tiiun  est  ubique  et  circumfcrentia  nusqui.m.  » 
Euseliiis.  Eo  tempore,  scilic^'t  j:nnj  xiii  xlrlaxcrx  s 
régis  (i;,  cccii  ab  urbe  condila,  decemviri  cr.'ati 
post  annum  erecti  sunt(2),  propter  Appium  Cîaii- 

(i)  L'an  45i  av.  J.-C,  scion  Eiisèbc. 

(a    Lrs  premiers  docemvirs  «■ntn'rrnt  en  charge  U'  3  JMi;i  \^\\ 
les  seconds ,  entres  en  càar;,e  le  '^4  n^^'i  42<^>  ruticuucut  rautunlé 


DE    HAINALT.    LIVRE    III.  201 

blic .  afin  qu'ils  lui  fournissent  ce  dont  il  aurait  besoin. 
Il  affranchit  les  prêtres  du  temple  de  tout  tribut  et  de 
toute  fourniture  de  vivres;  et  donna  à  Esdras  le  pou- 
voir d'établir  et  de  nommer  des  juges  et  des  magistrats 
au-delà  du  fleuve,  comnie  il  le  voudrait,  et  celui  de 
punir  les  rebelles.  Div-sept  cens  juifs  partirent  avec 
lui;  et,  cinq  mois  après  leur  arrivée  à  Jérusalem,  ils 
gardèrent  le  silence  pendant  trois  jours.  Le  quatrième 
jour  ils  tirent,  au  tejiiple  du  Seigneur,  l'offrande  de  ce 
qu'ils  avaient  apporté  avec  eux.  Alors  Esdras  conjura 
les  prêtres ,  les  grands  et  les  lévites  de  renvoyer  toutes 
les  femmes  étrangères  et  les  enfans  qu'ils  en  avaient 
eus.  Eascbe.  Dans  ce  tems  vivaient  les  philosophes 
Empédocle  et  Parméniile  ,  dont  Aristote  parle  souvent 
dans  son  premier  livre  île  la  Phisique  et  dans  son  His- 
toire des  plantes.  L' Auteur.  On  lit  qu'Empédocle  dé- 
finissait ainsi  la  Divinité  :  «  Dieu,  disait-il,  est  une 
sphère  dont  le  centre  est  partout,  et  la  circonférence 
nulle  part.  n[\) Eascbe.  A  cette  époque,  c'est-à-dire,  en 
la  treizième  année  du  règne  d'Ariaxercès,  trois  cent 
deux  ans  après  la  fondation  de  Home,  les  décemvirs 
furent  établis,  et  renversés  une  année  après,  à  l'occasion 
d'Appius  (Jaudius,  qui  voulut  laire  violence  à  la  fille 
de  Virginius,  qui  combattait  alors  contre  les  Latins 
sur  le  mont  Algide.  L'Auteur.  On  trouve  dans  Isidore, 
livre  V,  ch.  10,  les  noms  des  décem\irà.  Valèrc' 
Maxime.  Virginius  tua  sa  fille  au  milieu  du  Forum, 
aimant  mieux  être  meurtrier  que  père  d'une  femme 

jusqu'à  l'an  4f9  >Je  J.-(]. ,  f|ii'ils  furent  forces  d'abiliciuer.  (  Art  de 
vérifier  les  liâtes,  j  Mais  il  a  '-te  proiivif  dans  la  clirondogie  jointe  au 
Tacite  de  M.  Dureau  de  I  amalle  que  ces  evcnemens  sont  posté- 
rieurs de  deux  ans. 

(i)  Pascal  a ,  dans  sei  Pensées,  apj)liqut'  cette  de'.lnition  à  l'u- 
nivers. 


292  ANNALES 

diiim  qui  Virginii  cnjiisdani  niiam  contra  Latinos  in 
Algitlo  niilitantisfi),  voliiil  addiiccrc.  Avtoi.  ISoniina 
auloin  dccrniviioiMini  ponit  Isidoiiis  in  lihi-o  v,  ca- 
pitulo  X  (2).  Vak-iius  \^S).  A^ii'giniiisfdiam  suam  in  mo- 
dio  foro  oi'cidit ,  malens  esse  occisor  Virginiiis  quàni 
corruptœ  patci'.  Eusebius.  Olympiadis  lxxxi  anno  se- 
cundo (^4)î  Romani  autoin  pcr  logatos  ab  Athenionsi- 
busjura  peticrunt,  ex  quibus  duodecim  tabulie  con- 
scriplae  sunt.  TIoc  quoque  teinpore  Zeno  et  Ileraclitus 
tenrbrosus  agnosciintur,  Anaxagoras  moritur,  Aiis- 
tarcbus  tragjipdiograpluis  agnosrilur  ;  Ciatinus  et 
iMato,  coniœdiarum  scriptores,  Crates  qnoquc  coini- 
cus  ,  et  Bacchylides  lyricus,  clari  habeutur. 


CAPITULUM  VIL 

De  primariâ  fundatione  villae  Dionanti. 


LUCIUS  ET  HUGO. 

His  temporibus,  Condronii  atque  Rlictii  gentcin 
efferam  ,  sine  loge  quasi  viventcm,  teiritoi'ii  civitalis 
Dianœ,  quae  et  Lunae  dicitur,  peremerunt  cum  lotu 

(])  Montagne  à  douze  milles  de  Rome. 

(3)  Cap,  I. 

(3)  Lib.  vi,  cap.  i. 

^4)  L*an  454  av,  J.-^, 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  293 

déshonorée.  Euscbe.  La  seconde  année  de  la  81*  olhu- 
piade  ,  les  Romains  envoyèrent  des  députés  aux  Athé- 
niens pour  leur  demander  leurs  lois,  et  on  en  composa 
les  douze  tables.  Dans  ce  tems  vivaient  encore  Zenon 
le  Ténébreux  et  Heraclite;  Anaxagore  mourut  tandis 
qu'Aristarqiie  le  Tragicpie  se  fesait  connaître ,  que 
Cratinus  et  Platon  écrivaient  des  comédies,  et  que  flo- 
rissaient  encore  Cratès  le  Comique  et  Bacchilydes  le 
Lirique  (1). 

(i)  Araxagnre  naquit  l'an  5oo  avant  noire  rre,  et  mourut  à 
?rixaiile-il  )uze  ans  ,  l'an  4'-i8  Aristar(|ne  de  Tr^c'e ,  poif;;  tragique, 
vrrtit  J1I11S  rie  cent  ans,  scion  Suidas,  depuis  l'an  Sii  jusqu'à 
l'an  41"  Il  y  a  eu  ileiix  (j'iète?  rnmiqiies  du  n'>m  de  Cratinus  :  l'an- 
cien \ivait  vers  l'an  4-^^ •  <?t  a  poussé  sa  carrière  jus(|u'à  l'âge  de 
quatre-vingt-dix  ans;  le  second  est  nn  poète  de  la  moyenne  eome'- 
die  11  y  a  en  de  même  deux  jioètes  comicpies  du  nom"  de  Platon, 
dont  le  plus  jeime  appartient  ;'i  la  moy.  nne  comédie,  et  dont  lan- 
cien  flori<sait  à  I  èp xpie  de  lu  mort  de  Socralc.  Cratès,  poêle  co- 
mique, vivait  au  cr)mmencemcnt  du  5"  siècle  avant  notre  ère. 
F.nfin  Baccliili<les,  poète  lirique,  neveu  du  fameux  Simonides  , 
floiissait  l'an  430  avant  noire  ère. 


CHAPITRE  VIL 

Fondation  de  la  ville  de  Dinant. 
LUCIIJS    et    HUGUES. 

A  cette  époque  les  Condrosiens  et  les  Rhétiens  dé- 
truisirent une  nation  sauvage  qui  vivait  sans  lois  sur 
le  territoire  de  la  ville  de  Diane,  nommée  aussi  la 
Lune,  et  détruisirent  cette  ville  qui  était  placée  dans 
la  foret  de  la  Fagiie  ,  et  restée  intacte  depuis  sa  fonda- 
tion ,  parce  que  ses  habitans  n'avaient  excité  aucune 


^94  AXÎÇALES 

civitatc,qunB  iii  sylvis  Faunoruni  (i)collocafa  dignos- 
cebatiir.  ïlœc  à  suî  fundalione  rcmanserat  intacta, 
quia  nequc  gens  illa  neqiic  civitas  (|uibns{M;nqiie  no- 
civa  vidcbatiir.  Piofcrt  taincn  Liiciiis  qtiod  iclicjiiire 
geiitis  illiûs  posliTiodùin  Dioiiantum,  à  DiaiiA  sic  dic- 
tiiiii,suprà  ripariam  Mosaefuiidantos,nomcn  antiqure 
civilaf.is  ooruin  iinpoiiciitos  ,  Famioiiiin  faincn  inorc» 
aliquos  diii  retimu'i-imt.  Nota  ,  sicundiiin  Liiciiiin, 
loges  Faunoriim  ,  quorum  fi'uctus  arborum  et  berba- 
rum  simplex  et  rriidus  erat  victus  ;  fonorum  et  eor- 
licum  et  raro  l;csliannn  pelles  erat,  pro  aiili;piis  ;  pro 
mediocribus  et  juvcnibus  iiulla  penitLis  erat  veslis. 


CAPITULUM  VIII. 

De  Nohcmiâ,  et  rcaedîficalionc  civilalis  Jcrtisalcm. 


COMESTOR. 

iNannoxxxriregisArtaxerxis(a),  olympiadisLxxxvi 
aniio  primo,  eral  pineerua  régis  Nebeiuias  de  filiis 
caplivitatis  ;  qui  diini  esset  in  Susis  Castro,  audivit 

(i     Le  bois  de  la  Fagnc ,  ;'i  rnri("nt  crAvrnfs. 

(a)  L'an  ^\i  nv  J.-(y  ,  s(■l^n  Ensèbc.  Mii':  la  i"  année  de  la 
fie  i>limpia>le  re'p  md  n  lan  4  >5  ,  "'<  l'iiifôf  ù  Tannée  t(ui  commen- 
cerait le  6  juillet  456  et  finirait  le  ^5  juillet  4^'» 


DE    HAIN.AUT.    LIVRE    ITI.  sgS 

crainte.  Liicius  rapporte  ,  à  ce  sujet,  que  les  débris  de 
C'.'lle  population  fondèrent,  sur  la  Meuse,  la  ville  de 
Dînant  (I).  Ils  l'appelèrent  ainsi,  du  nom  de  Diane, 
pour  conserver  la  dénomination  de  leur  ancienne  cité  ; 
mois  ils  gardèrent  long-tems  les  mœurs  des  faunes. S'il 
en  faut  croire  le  même  auteur,  ce  peuple  se  nourrissait 
d'herbes  et  de  fruits  crus;  les  vieillards  avaient  des 
feuilles  ,  des  écorces  d'arbres  et  rarement  des  peaux  de 
bêle  pour  vêtement;  les  personnes  moins  âgées  et  les 
jeunes  gens  allaient  nus. 

^i)  Cette  ville  est  située  entre  Cliarlemont  et  IN'amur,  sur  la  rive 
droite  tic  la  Meuse;  elle  e>t  gi'niTalcment  regarde'e  comme  an- 
cienne ,  et  dépendait  autrefois  de  Téglise  de  l'ongres. 


CHAPITRE  YIII. 

De  Kéhe'raic,  et  de  la  rccoustructi  )n  du  temple  de  Jerusa'em. 


COMESTOR. 


La  trente-deuxième  année  du  règne  d'Ârtaxercrs,  la 
première  de  la  SB*"  olimpiade,  Néhémie,  né  pendant 
la  captivité,  était  échanson  du  roi.  Tandis  qu'il  vivait 
dans  le  château  de  Suse  ,  il  entendit  des  voyageurs 
parler  hébreu  ,  et  s'informa  de  l'état  de  la  Judée 
et  de  Jérusalem.  Il  apprit  que  la  ville  était  sans  mu- 
railles, et  que  le  peuple  de  Dieu  ,  qui  l'habitait,  était 


2C)6  ANNALES 

percgrinos  hebraîcè  loquontrs;ct  accecicns  sciscitatus 
est  ab  eis  de  statu  Judaert'  ot  Jérusalem  ;  et  aece|)it  ab 
cis  nrbeni  esse  sine  mûris,  et  habitarc  in  ea  populum 
Dei  in  afïlictione;  namperdiem  sushnel)ant  inipetum 
hoslium,  et  noctibus  intrabant  latrunculi ,  et  plateas 
implebant  cadaveribus  occisorum.  Et  flevil  Nebemias , 
et  ribum  desidt  rabilem  non  comedit,  noete  et  die 
clamans  ad  Dominuni.  Sciseitahl  Iristitirc  causa  ,  rex  , 
reverlendi  sibi  constilulo  ,  dédit  ei  epislolam  ad  prin- 
cipes trans  fluvium,  in  qua  mar.davit  de  bonore  ex- 
bibendo  Nebemiae ,  tanquàm  (bici  et  h'gato  misso  de 
latereejus,  et  de  impendiis  uibis  re.TdificandtT  ;  et 
misit  cum  eo  principes  militum  et  équités.  Et  trans- 
itum  faeiens  per  Babyloniam  multis  de  filiis  captivi- 
talis  reduxit  secum  ,  et  venit  in  Jérusalem  xxv  an- 
no  (i)  Artaxerxis.  Poii"o  in  Jérusalem  suinmus  erat 
saccrdos  Eliapbat  (2),  filius  Eliacbim  ;  et  siluit  Mebe- 
mias  tribus  diebus;  et  nocte  consurgens  cum  paucis 
circuibat  ruinas  nuu'orum  ,  considerans  qualiter  re- 
œdifîcari  possent.  Qiiarta  die  locutus  est  ad  midtitu- 
dinem  :  «  Venite,  et  œdificemns  ;  et  non  simus  ultra 
«  opprobrium  in  gi'ntibus.  »  Et  cons.ujnnatunu'st  op  ;s 
in  annos  duos  et  (piatuor  menses,  licet  in  niult.i  an- 
guslia  el  j)luribus  impedinienlis.  Cùnique  inunineret 
inensis  septimus,  qui  ferè  apnd  eos  tôt  us  solenuiis  est , 
convenerunt  in  Jérusalem  cpiasi  vir  unus,  et  acccpit 
Nebemias  quod  non  babebant  ignem  sacrum  de  subli- 
mi.  Traditum  est  ei  à  scnioribus  quod  Jeremias  ,  iii 

(1)  439  av.  .T,-C. ,  suivant  Eusèbe, 
(a«  Eliasib. 


DE    HAINALT.     LIVRE    III.  297 

dans  l'affliction,  obligé,  pondant  le  jour,  de  soutenir 
l'attaque  des  ennemis  et,  pendant  la  nuit,  en  pioie 
aux  brigands  qui  joncbaient  les  places  de  cadavres,  ^'é- 
héniie  versa  des  larmes  et  se  priva  de  nouriiture  , 
invoquant  le  Seigneur  le  jour  et  la  nuit.  Le  roi,  s'étant 
inf<u'më  de  la  cause  de  sa  tristesse  ,  consentit  à  son  re- 
tour et  lui  donna  une  lettre  pour  ses  lieutenans  d'au- 
delà  du  fleuve ,  dans  laquelle  il  leur  prescrivait  de 
rendre  bonneur  à  îSébémie  comme  à  un  duc  et  à  son 
légat  a  lalcre  (1),  et  de  pourvoir  aux  frais  de  la  recon- 
struction de  Jéiusalcm.  Il  envoya  aussi  avec  lui  des  gé- 
néraux et  des  cavaliers.  En  passant  par  Babilone,  Në- 
bémie  emmena  un  grand  nombre  des  captifs ,  et  arriva 
à  la  ville  sainte,  la  vingt-cinquième  année  du  règne 
d'Arlaxercès.  Eliaphat,  filsd'Eliachim,étaitalors  grand- 
prêtre.  Nèbémie  garda  le  silence  pendant  trois  jours;  il 
se  levait  la  nuit  pour  parcourir  avec  quelques  autres 
les  ruines  des  murailles  et  voir  comment  on  pourrait 
les  reconstruire.  Le  quatrième  jour  il  dit  au  peuple  : 
«Venez,  et  bâtissons,  et  ne  soyons  plus  l'opprobre 
des  nations.  »  L'ouvrage  fut  achevé  en  deux  ans  et 
quatre  mois,  malgré  les  difficultés  et  les  nombreux  eni- 
])è(  hemens.  A  l'approche  du  septième  mois  ,  que  les 
Juifs  passaient  en  fête  presque  en  entier,  ils  se  ras- 
semblèrent à  Jérusalem,  comme  un  seul  homme,  et 
apprirent  à  INéhéuiie  qu'ils  n'avaient  pas  le  feu  sacré 
venu  du  ciel.  Les  anciens  lui  rapportèrent  (jue  Jéré- 
mie,  aux  jours  de  la  captivité,  avait  caché  les  tisons 
et  le  brasier  de  l'autel  sous  la  terre  dans  la  vallée  de 
.losaphat.  S'étant  lendus  dans  ce  lieu,  ils  découvrirent 
le  puits,  et  trouvèrent  les  restes  du  feu  sacré  et  de  l'eau 

fi)  Tels  «ont  les  termes  mêmes  du  texte. 


398  ANNALES 

flicbus  caplivitafis,  abscoiulorat  stip'tos  altaris  et 
primas  in  inforiorihiis  tonii' ,  in  vallo  Josapliat.  Cimi- 
qiic  vrniss(Mit  ad  locmn ,  oriiclavoriint  piilomn ,  et  iii- 
veni'i'iint  stipitos  et  primas  et  atjiiain  crassam  ;  et 
tolleiites  ea  super  striiein  ligtiorinn  ,  et  liostias  cpiae 
erant  super  altare  projecerimt  ,  et  erupit  ignis  ,  et 
oiahaiU  sacerdotes  ,  Jonalha  irulioante  et  eœteris  res- 
p  )iKl(Mitihiis.  Nelieinias  quoipie  tune  ediiiit  specialem 
orationem.  Porrô  prima  die  scenopegiarum  ,  dixerimt 
Esdrœ  ut  afferret  librum  legis  et  legeret  coràin  po- 
pulo ;  stetit((ue  Esdras  siipi'à  g:  adum  ligneum  juxtà 
portam  aquarum,  et  legit  à  manè  usque  ad  mediam 
diem;  levitae  vero  duodecim  silentiiim  faciebant  in 
populo.  Flevit  autem  omnis  popu'us,  et  dixit  ad  eos 
Esdras  :  «  Nolite  contrislari ,  quia  sanctus  dies  Do- 
«  mini  est.  »  Cùmque  rediissent  in  diem  sccundum  , 
mandante  Esdra,  egressi  sunt,  et  tulerunt  frondes  ar- 
borum ,  et  feccrunt  sibi  tabernacula  in  atriis  et  do- 
matibussuis  et  in  atriisdomûsDei,  quod  non  fererant 
à  diebus  Josue  fiiii  Nun,  et  observatum  est  deinccps 
in  Israël.  Die  vero  octava  ,  fecerunt  eollectam  ,  juxtà 
ritum ,  ad  oleum  et  panes  propositionis  et  ligna  et 
sacrificia.  Post  hicc,  juxtà  legem,  separaverunt  alic- 
nigenas  ab  eeclesia ,  et  in  emundationem  suî,  sta- 
tuerunt  in  crastinum  jejnnium  générale,  ut  afd'ge- 
renl  animas  suas,  liomines  et  jumenta  u^què  ad 
pueros  septennes;  et  coiivenerunt  orties  ad  audien- 
dum  legem,  quater  in  die  et  quater  in  nocte;  lectionc 
terminata  prosternebatur  populus  ad  orandum,  et 
fiebant  preces  super  cum,  et  tandem  benedictio  sa- 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  299 

bourbeuse.  Ils  les  placèrent  sur  un  bûcher ,  y  jelèrent 
les  hosties  qui  étaient  sur  l'autel,  et  le  bûcher  s'en- 
flainma,  tandis  que  .lonathas(l)  et  les  autres  prêtres  ré- 
citaient (.les  prières  alternatives.  Ce  fut  alors  aussi  que 
Néliémie  publia   son   oraison.  Le  premier   jour  de  la 
fcte  des  Tabernacles ,  le  peuple  pria  Esdras  d'apporter 
le  livre  de  la  loi  et  de  le  lire  en  sa  présence.  Ksdi-as, 
niontésur  ime  hibuneen  bois,  près  de  la  porte  des  Eaux, 
fil  celle  lecture  depuis  le  matin  jusqu'à  midi.  Douze  Lé- 
viles  maintenaient  le  silence  parmi  les  auiliteurs,  qui 
tous  fondaient  en   laimcs.    «Ne  vous  attristez  point, 
leur  dit  Esdras  ,  parce  que  ce  jour  est  consacré  an  Sei- 
gneur. »   Lorsqu'ils  revenaient  le   deuxième  jour,   ils 
sortirent  par  l'ordre  d'Esdra«  ,  cueillirent  des  branches 
d'arbre  et  se  construisirent  des  tabernacles  dans  les 
cours,  dans  les  maisons  et  devant  le  temple  du  Sei- 
gneur. Cette  cérémonie,  qui  n'avait  point  eu  lieu  de- 
puis Josué  ,  fils  de  Nun  ,  fut  observée  dans  la  suite  en 
Israël.  Le  huitième  jour ,  le  peuple  s'assembla,  suivant 
la    coutume,   pour  pourvoir  à  l'huile,  aux  pains  de 
proposition,  au  bois  et  aux  sacrifices.  Ensuite  ils  ren- 
voyèrent les  étrangers,  et  pour  se  purifier  et  pour 
mortifier  leur  ame,  ils  ordonnèrent,  pour  le  lende- 
main ,  un   jeune  général  auquel  seraient  soumis  les 
hommes ,  les  enfans  au-dessus  de  sept  ans  et  les  bêtes 
de  somme.  Ils  se  rassemblèrent  huit  fois  pour  entendre 
la  loi,  quatre  fois  le  jour  et  quatre  fois  la  nuit.  A.  la 
fin  de  ces  lectures,  le  peuple  se  prosternait  pour  ado- 
rer ;  on  fesait  des  prières  sur  lui,  et  il  recevait  la  béné- 
diction sacerdotale.  La  religion  chrétienne,  comfne  le 
dit  Bède,  a  imi  é  cet  exemple,  car  nous  nous  rendons 

(1)  (.'est  Johanan. 


30O  ANNALES 

ccrdolalis  soquebatur.  Ex  liis  ,  prout  dicit  Beda ,  cc- 
clesia  cliristianoriim  traxit  in  oxompluin  ;  iiam  octios 
conv(Miiimis  ad  ccclcsiani,  et  si  non  pcnitùs  eo  modo 
qiio  illi,  semi'l  onini  siii'giinus  ad  nocturnos,  seciin- 
dinn  illiid  niedid  nucte  suigcUau  ad  confilendum 
tibi.  In  die  vero  scptics  psallimiis,  secundum  illiid 
septies  in  die  laudeni  dixi  (ihi.  Singulis  aiitom 
horis,  Icgitiir  Icctio  quain  capilulum  dicinni>;  post 
qiiam  prosternimus  ad  procès,  in  diebus  profectis, 
et  subditur  oratio  pro  benrdictione.  Porro  videns 
Ncbemias  uibcm  ferè  vacuam  habitantibus,  roga- 
vit  optimales  ut  babitarcnt  in  Jérusalem,  et  benc- 
dixit  cis  qui  se  sj)onte  obtulerunt;  reliqua  vero 
multitudomisit  sortem  ,  etdecimum  caput  super  quod 
cecidit ,  fecit  habitare  in  Jérusalem.  Post  aliquod  tem- 
pus  congregati  sunt  in  Jérusalem  ad  dedicationem 
mûri;  et  ascenderunt  saceidotes et  levitœ  cantoresque 
cum  musicis ,  et  psallentes  et  incedebant  per  muros; 
Esdras  vero  prœcedebat ,  Neliemias  autem ,  et  opti- 
males cum  eo,  super alteram  partem  mûri  incedebant 
psallentes;  reliqua  vero  multitudo  sequebatur  cos 
super  terram,  et  ducebant  cboros.  His  impletis,  re- 
diit  Nebemias  ad  regem,  anno  xxxii  regni  sui  (i)  ; 
et  mortuus  est  Esdras  scriba  in  seuectute  venerandâ  , 
et  multà  liberalitatc  sepultiis  est  in  Jérusalem.  Actor. 
Prœtei'  duos  autem  libres  Esdrœ ,  primum  et  sccun- 
dum  qui  vulgali  sunl  apud  nos,  sunt  cliàni  Iresalii, 
tcrtius,  quartus  el  quintus,  nomine  cujusdam  inlitu- 
lati  ;  sed  intcr  apocryplia  reputati  sunt. 

0")  L'an  ^\i  av.  J.-C.  suivant  Eusèbe. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    ITÏ.  3oi 

huit  fois  à  l'église  et ,  si  ce  n'est  pas  tout  à  fait  de  la 
même  manière  que  les  Israélites,  cependant  nous  nous 
levons  une  fois  pour  les  nocturnes,  suivant  ces  paroles 
du  prophète  :  Je  me  levais  au  milieu  de  la  nuit  pour  me 
confessera  loi;  et  dans  le  jour,  nous  chantons  sept  fois 
la  gloire  de  Dieu,  suivant  ces  autres  paroles  :  J'ai 
chanté  ta  louante  sept  fois  par  jour,  A  chaque  heure  on 
fait  la  lecture  qu'on  appelle  le  chapitre;  ensuite,  on 
se  prosterne  pour  prier ,  et  l'on  ajoute  l'oraison  pour 
la  bénédiction.  Néhémie ,  voyant  la  ville  dépeuplée, 
pria  les  grands  de  venir  habiter  Jérusalem ,  et  bénit 
ceux  qui  s'offrirent  d'eux-mêmes.  Le  reste  de  la 
multitude  tira  au  sort ,  et  le  dixième  désigné  fut 
obligé  d'habiter  cette  ville.  Quelque  tems  après,  les 
Juifs  se  rassemblèrent  à  Jérusalem  pour  la  dédicace 
des  murs.  Les  prêtres  et  les  lévites  ,  accompagnés 
de  chantres  et  de  musiciens  ,  psalmodiaient  en  mar- 
chant sur  les  murs  :  Esdras  les  précédait ,  tandis  que 
Néhémie  ,  et  les  grands  avec  lui ,  s'avançaient ,  en 
chantant,  sur  une  autre  partie  des  murs.  Le  reste  de  la 
multitude  les  suivait  à  terre  et  répondait  en  chœur  à 
leurs  chants.  Cette  mission  remplie ,  Néhémie  retourna 
près  du  roi ,  la  trente-deuxième  année  de  son  règne , 
et  Esdras  le  Scribe  mourut  dans  une  vénérable  vieil- 
lesse ,  et  fut  enterré  à  Jérusalem  avec  une  grande 
pompe.  L' Auteur.  Outre  les  deux  premiers  livres  d'Es- 
dras,  qui  sont  communs  chez  nous,  il  y  en  a  encore 
trois  autres,  c'est-à-dire,  le  troisième,  le  quatrième  et 
le  cinquième  ,  qui  portent  chacun  un  titre  particulier, 
mais  on  les  regarde  comme  apocriphes. 


302  ANNALES 


CAPITULUM  IX. 

De  Socratc,  Hippocratc  et  pluiibus  aliis  phi!o^O];Li». 


EUSEBIUS. 


Anno  Artaxorxis  xxxv  (i),  olympiade  lxxxvii,So- 
phocloset  Deniocrltus,  Einpedocles  vt  Hippocras  mo- 
(licus  et  Gorgias  et  Zcno  et  Pafinenides,  pliilosoplii 
indignes  habebaritui'.  Item,  eodem  teinpore  claruit 
P}'tlia<;oras  sophista ,  eujiis  libres  Atlieniense.;,  de- 
creto  pnhlieo,  eombiisseriint.  Fusebius.  Amio  Arta- 
xerxis  xi.  (2),  olympiadis  Lxxxviir  anno  primo,  So- 
erates  j)hiiiino  sennoiie  cclehratur.  Aiigtufinus  iii 
Whvo  (le  Cii'ilatc  Dci  \\\\  (iV).  Soei'ates  Arelielai  disei- 
pnlus  fuisse  perliibetiir.  Qui  piimiis  miiversam  phi- 
losopliiam  ,  ad  coriigenrlos  eomponendo^que  mores, 
floi'uisse  memoratur ,  ciim  ,  aiifè  illiim,  omiies  magis 
pliysieis,id  est  nalnralil)iis  rel)iis,  perscrutatulis  ope- 
ram  ma\i>uam  iinpend(>reiit.  ThiGo,  iy/V/rt.ay///6■"/^  li- 
bro  111  clliicœ  j  i.  Morabs  j)bilosopliiae  invciitoi- So- 

f  1)  L'an  .'fvg  av.  J.-C,  <iiii  n'ponil  à  la  4'  année  tic  la  87'  olim- 
j  iadc 

(■2  L'an  4»-4  "'^  ^  -^'- ,  «l'ii  r»'|ion<l  en  jjufie  :"i  la  1''  année  et  en 
partie  à  la  a*  Je  la  89*  ulimpiade,  et  non  de  la  88'. 

Ci]  Cap.  3. 


DE    HAINAUT.    LIVRE   III.  3o5 


CHAPITRE  IX. 

De  Socrate,  d'Hippocrate  et  de  plusieurs  autres  philosophes. 


EUSEBE. 


La  trente-cinquième  année  du  rè^ne  d'Artaxercès  , 
dans  la  87''  olinipiade,  Sophocle  et  Déinocrite ,  Empé- 
docle  et  le  médecin  Hippocrate,  Gori:;ias,  Zenon  et 
Parménides,  étaient  célèbres.  A  cette  même  époque 
vivait  encore  Pilhagore  le  Sophiste ,  dont  les  Athéniens 
brûlèrent  les  livres  par  un  décret  public.  Enscbe. 
Beaucoup  d'ouvrages  ,  qui  parlent  de  Socrate,  le  font 
vivre  en  l'an  quaianle  du  rcgne  d'Arlaxeicès,  pre- 
mier de  la  88  olinipiade.  Saint  Augustin,  Vi\rc  \ m  de  la 
cité  de  Dieu.  On  croit  que  Socrate  a  été  le  disciple  d'Ar- 
chélaiis.  Il  fut  le  premier  qui  fit  fleurir  la  philosophie 
universelle  en  l'appliquant  à  la  rcforme'et  à  l'améliora- 
tion des  mœurs.  Avant  lui  lous  les  philosophes  s'étaient 
surtout  adonnés  aux  objets  phisiques,  c'est-à  dire,  à 
l'étude  des  êtres  matériels  de  la  nature.  Hugles,  Didas- 
calicon ,  livre  m,  éthiques  l.  On  dit  que  Socrate  fut 
l'inventeur  de  la  philosophie  morale ,  sur  laquelle  il 
écrivit  vingt- ^uatre  livres,  d'après  les  vraies  règles  de 
la  justice.  Saint  Jékome  ,  Contre  Jovinien,  livre  i*^"^.  So- 
crate avait  deux  épouses ,  Xantippe  et  iMiron ,  petite- 
fille  d'Axislide.  Comme  eliei  se  querellaient  fréquem- 


3o4  ANNALES 

crates  fuisse  dicltur,  qui  de  ed  xxiv  libros,  secundiim 
positivam  justitiarh,  conscrlpsit.  Hieronvmus,  contra 
Jouinianum  (i) ,  llbro  primo.  Socrates  Xantippen  et 
Myron  ,  neptem  Aristidis ,  duas  liabebat  uxores.  Quae 
cîim  crebrô  inter  se  jurgarentur,  et  ille  eas  irridere 
solitus  esset,  quod  propter  se  fœdissiinum  hominem, 
siinis  naribus ,  reclava  fronte,  pilosis  liumeiis  ,  et  ré- 
pandis cruribus,  disceptarent;  novissimè  verteruntin 
eum  impetum,  et  nialè  multatum  fugienteinque  diù 
pcrsecutaBsunt.  Quodam  autem  teinpore,  eum  infinita 
convicia  è  supet'iore  loco  ingerenti  Xantippœ  restitis- 
set,aqua  perfusus  immunda  ,  nihil  ampliùs  respondit, 
quàm,  capitc  dctciso  :  «  Sciebam ,  inquit,  futtirum 
ut  ista  tonitrua  talis  iinbcr  socjucretur.  »  Acior.  So- 
crates interiogatus  ab  Alcibiado,  cur  Xantippen  iiui- 
lierem  tam  acerbam  uou  abigoret ,  «  Quin,  in((uit, 
cînn  illain  donii  taloin  perpetior,  insueseo,  etexerceor 
ut  caeteroruin  quoque  fui"is  pestilentiam  et  iujuriain 
facibùs  feram.  »  Aclov.  De  illo  Socrate  AgeUius,  Ter- 
tulianus,  Ilieronymuset  Seneca,  ad  ejus  vener.uulaiii 
recommendationeni  mulla  conscripseiuiit,  et  de  ejus 
morte  suo  tempore  inferiùs  dicenda  reservavimus. 

(i)  Lïh.  1  ,  cap.  48. 


DE    HAINAL'T.    I.IVRF.    III.  5o5 

ment ,  Socrate  avait  coutume  de  les  railler  de  ce 
qu'elles  se  disputaient  un  homme  aussi  difforme  que 
lui ,  qui  avait  un  nez  de  singe ,  un  front  chauve ,  des 
épaules  velues  et  des  jambes  de  travers.  Elles  se  dé- 
chaînaient contre  lui,  l'accablaient  de  mauvais  traite- 
mens  et  le  poursuivaient  long-tems  lorsqu'il  les  fuyait. 
Un  jour ,  après  l'avoir  accablé  d'outrages,  Xantippe  lui 
jeta ,  d'un  lieu  supérieur ,  de  l'eau  sale  ;  il  se  contenta 
de  répondre  en  se  lavant  la  tête  :  «  Je  savais  bien 
qu'une  telle  tempête  amènerait  une  semblable  pluie.  » 
L'Auteur.  Socrate  interrogé  par  Alcibiade  pourquoi  il 
n'abandonnait  pas  une  femme  aussi  méchante  que  Xan- 
tippe :  «  C'est,  dit-il ,  parce  qu'en  supportant,  chez  moi, 
de  tels  excès  ,  je  m'exerce  et  je  m'accoutume  à  souffrir 
plus  facilement  ailleurs,  les  injures  et  les  mauvais 
traitemens.  »  L'Auteur.  Aulu-Gelle  ,  Tertullien  ,  Saint- 
Jérôme  et  Sénèque  (1),  ont  beaucoup  écrit  en  l'hon- 
neur de  Socrate.  Nous  nous  réservons  de  parler  plus 
tard  de  sa  mort. 

(i)  C'est  surtout  Xcnopbon  et  Platon  qu'il  faut  consulter  pour 
connaître  Socrate.  Les  œuvres  de  Xe'nophon  ont  e'te  traduites  en 
entier  par  M.  Gail.  M  Cousin  a  publié  les  trois  premiers  volumes 
de  Platon,  et  le  qualri('me  est  sous  presse;  ra  lis  sa  traduction  du 
dialogue  île  THipparquc  ne  dispense  pas  de  lire  celle  qu'a  publiée 
avant  lui  M.  de  Fortia  d'Lrban  ,  et  qu'il  a  copiée  presque  cntiire- 
ment.  On  trouvera  cette  dcrnitrc  traduction  dans  le  Magasin  en- 
cyclopédique fesant  suite  à  celui  de  M.  Millin. 


II.  220 


3o6  ANNALES 


CAPITXTLUM  X. 

De  Dario  Notho,  rcge  Persarum. 


EUSEBIUS. 


PosT  Artaxerxem  regnavitXerxcs  seciinrliis  duobus 
mcnsibus ,  Persarum  octavus  rex,  olynipiadis  lxxxvih 
anno  secundo  (i).  Post  quem  iionus  Sogdianus  mensi- 
bus  vir,  cui  successit  Darius,  cognomento  Notlius, 
qui  caepit  aiino  œtatis  quint.ne  clxvi  ,  niundi  vero 
niMDXxxix,  et  regnavit  aiinis  xix.  Actor.  Hic  jàm  est 
tertius  Darius  à  Dario  Cyri  avunculo. 

("i)  Ucdition  vénitienne  fl'lùisèbc  plare  le  lègne  de  Xcrxès  en 
]a  i"^  annt'c  de  la  %çf  oliniiiiadc ,  ce  qui  n'pond  à  l'an  4^4  avant 
J.-C. ,  et  ce  qui  s'accorde  avec  les  deux  dates  suivantes,  qui  mar- 
quent le  commencement  du  règne  de  Darius. 


DE    ÏTAINAIT.     LlMiE    III.  JOT 


CHAPITRE    X. 


De  Darius  Nothus ,  roi  des  Perses. 


EUSKBE, 


Aprics  Artaxercès  ,  Xercès  second  ,  huitième  roi  des 
Perses,  régna  deux  mois ,  en  la  2'"  année  de  la  88"  olim- 
piade  Sogdien  ,  le  neuvième  roi,  régna  ensuite  sept 
mois.  Il  eut  pour  successeur  Darius,  surnommé  No- 
thus (1),  qui  monta  sur  le  trône  l'an  166  du  5"  âge,  3539 
du  monde,  et  régna  dix-neuf  ans.  V Auteur.  C'est  le 
troisième  de  ce  nom  depuis  Darius,  oncle  de  Cirus. 

(i)  Darius  INotbus,  ou  le  bâtard,  s'appelait  vc'ritablement  Ochusj 
il  était  l'un  des  fils  naturels  d'Artaxercès-Longuemain,  qui  lui 
avait  donne  le  gouvernement  d'Hircanie,  et  lui  avait  fait  épouser 
Parisafis  ,  sa  fille  •  qu'il  avait  eue  d'une  autre  mère.  Sogdien,  égale- 
ment fils  naturel  d' Artaxercès,  s'c'tant  em])aré  du  trône  après  avoir 
tue  Xercès  second  ,  jjhisieurs  satrapes,  révoltes  par  la  cruauté'  de 
cet  assassin  ,  se  re'unirent  à  Ocbus  et  le  nommèrent  roi  l'an  t\-i\ 
avant  notre  ère  :  ce  fut  alors  qu'il  prit  le  nom  de  Darius.  Il  parvint 
à  attirer  Sogdien  auprès  de  lui,  et  le  fit  étouffer  dans  la  cendre. 


v5o8  ANNALES 

CAPITULUM  XI. 

De  Plntono  philo!«opho. 


EUSEBTIJS. 


Anno  IV  Darii  Nothi  (  i  j,  olympiadis  lxxxix  anno  ii, 
Plato  nascitur,  scilicet,anno  ab  ortu  Socratis  xliii.  Hie- 
RONYMUS,  contra  Jouinianum  (2),  libro  i.  Speusippus 
sororis  Platonis  fillus  ,  et  Clearchus  in  laudc  Platonis, 
et  Anaxilides  in  11  libro  Philosophiae ,  Perictioncni  ma- 
trem  Platonis ,  phantasmate  Apollinis  oppressam  fe- 
runt,  et  sapientiœ  principem  non  aliter,  nisi  de  partu 
virginis  edituin  arbitrantur.\  aleriiis,  libro  i  (3).Dor- 
mienti  Platoni  incunis  apesmcl  labcllisparvuli  insere- 
bant,  signifîcantes  singularis  eloquii  suavitatem.  Apu- 
LEius ,  (Je  Vitâ  et  moribus  Platonis  (4).  Plato  priùs 
Aristotelcsnominatuscst.  Pater ejus  \riston  dégénère 
Neptimi  fuit;  mater  ejus  Perictione  à  Solone,  sapientis- 
simo  legum  atticarum  fundatore,  traxit  originem. 
Cùm  autem  Ariston ,  pater  Platonis ,  deferret  eum  ad 
Socratem ,  ut  ab  eo  instrueretur;  nocte  précédente, 

(')  L'an  i\  lie  Darius  répond  tlans  Kiisèhe  ù  l'an  4'?-o  av.  J  -C. , 
tunilis  que  la  9.'"  année  de  la  81)'^  olimpiaJe  repond  à  l'an  ^xZ  et  422. 

(2    Lib.  I  ,  cap.  f[9.. 

(3^  Cap.  6. 

(4)  Lib,  1.  On  peut  remarquer  que  Jacques  de  Guyse  ne  copie 
pas  littéralement  ses  auteurs,  et  que  même  le  plus  souvent  il  se 
contente  d'eu  faire  un  extrait  fort  succinct. 


DE    HAIXAUT.     LIVRE    III.  ^OQ 


CHAPITRE  XI. 


Du  philosophe  Platon. 


EUSEBE. 


La  quatrième  année  du  règne  de  Darius  Nothus, 
seconde  de  la  89*  olimpiade,  Platon  vint  au  monde 
quarante-trois  ans  après  Socrate.  Saint  Jérôme  contre 
Jovlnien,  livre  i""' .  Speusippe ,  fils  de  la  sœur  de  Platon , 
Cléarque,  dans  l'éloge  de  Platon  ,  et  Anaxilide  ,  dans 
son  deuxième  livre  de  la  Philosophie ,  rapportent  que 
Périctione  ,  mère  de  Platon ,  fut  fécondée  par  le  simu- 
lacre d'Apollon ,  et  pensent  que  le  père  de  la  philoso- 
phie dut  le  jour  à  une  vierge.  Valère-Maxime,  livre  i". 
Platon  étant  encore  enfant ,  des  abeilles  vinrent ,  pen- 
dant qu'il  dormait ,  déposer  du  miel  sur  ses  lèvres , 
comme  pour  faire  présager  le  charme  de  sa  future  élo- 
quence. ApllÉe  ,  Vie  et  Mceurs  de  Platon.  Platon  fut 
d'abord  nommé  Aristote.  Son  père  Ariston  descendait 
de  Neptune  et  sa  mère  Périctione  de  Solon  ,  législa- 
teur des  Athéniens.  Ariston  ,  père  de  Platon  ,  le  con- 
duisit à  Socrate  pour  l'instruire.  Ce  philosophe  avait, 
la  nuit  précédente ,  vu  en  songe  un  jeune  cigne  d'une 
blancheur  éclatante  et  d'une  voix  mélodieuse  ,  voler 
de  l'autel  de  Cupidon  dans  l'Académie  et  venir  sur  son 
sein  ,  et  de  là  s'élever  en  chantant  vers  le  ciel.  Lorsque 


3 1 0  ANNALES 

somnium  videra!:  Socrates,  quocl  in  sinum  ojus  advo- 
labat  pullus  oloris,  candoris  cxiinii  et  vocis  canorae, 
de  ara  Cupidinls  in  Academia ,  et  de  sinu  siio  can- 
tando  volabat  in  cœluni.  Cîim  crgo  vidisset  pueram 
Platonem  à  patrc  ad  se  deferri  ,  mox  interpretationem 
somnii  sui  dixit  completam  esse.  Eusebius.  AnnoDarii 
Nothi  v(i),  olynipiadis  lxxxix  annoiii  ,  Alcibiades 
profugus  abiit  ad  Tissaphernem.  Actor.  De  quo  Justi- 
nus,   libro  v,  et  Hicronymus,  contra  Jovinianum  ^ 
et  Valeriu? ,  libro  vi,  multa  conscribunt.  Eusebius. 
Anno  Darii  ÎSotlii  ix(2),  olympiadis  xc  annoiv,  Eudo- 
xusOvidius  (3)clarus  habetur.  Helinandus,  libro  xvi. 
In  Heracleâ  fuit  iliud  theatrum  mirabile,  quod  in- 
ter  scptem  miracula  mundi  quintum  ponitur  :  nam 
de  uno  monte  mannoreo  ità  sculptum  est,  ut  omnes 
cellulœ  et  mansiones  et  mûri  et  antra  bestiarum  ex 
uno  solido ,  quod  est,  lapide  facta  sunt.  Est  autoni 
totum  thoatruni  super  septcm  cancros  de  ipso  lapide 
sculptos  appcndcns  ;  et  nemo  in  gyi'um  ipsum  làni 
secrète  aut  solus  aut  cum  alio  loqui  poterat ,  quin 
omues  qui  in  circuitu  erant  ipsum  audirent.  Heliiv\n- 
Dus.  Anno  Darii  Notlii  xviii(4),  olympiade  xcm  ,  Ma- 
ccdonum  duodccimus  irgnavit  Orestcs  annis  tribus, 
cujus  anno  ii  mortuus  est  Darius. 

(i)  L'un  !yîi  av.  J.-C. 

(9.)  L'an  }î5  ^olon  Eriscbe ,  et  l'an  417  on  f\\Cy ,  m  comptant  sui- 
vant K's  nlinipiaflcs. 

(3)  Ainsi  écrivent  les  doux  maniisciils^  mais  il  est  clair  cjn'il 
fant  lire  Eiidoxtis  cnirlius. 

(4)  Los  éditions  d'Kuscbs  rapportant  le  commencement  du  règne 
d'Orrstes  à  la  i^'  année  de  Daritis ,  r'e-,t-à-dirc  ;!  Pan  407  avant 
notre  ère  ,  et  par  cinséquent  recnlcn!  la  mort  de  Darius  jiisf|ii'à  la 
.'-)*  armée  (VOi-("<lcs.   Vîais  I1,iriii<  mniu'il  l'an   jii."i. 


DE    HAINALT.    LIVRE    III.  3ll 

Platon  lui  fut  amené  par  son  père ,  il  dit.  que  le  songe 
se  vérifiait.  Eusèbc.  La  cinquième  année  de  Darius  No- 
thus,  ou  la  troisième  de  la  89"  olimpiade,  Alcibiade, 
proscrit,  se  rendit  vers  Tissaphcrne.  L' Auteur.  Justin  , 
livre  v;  saint  Jérôme  ,  contre  Jovinien  ;  et  Valère- 
Maxime ,  livre  vi ,  entrent  dans  de  grands  détails  sur 
cet  Athénien.  Eusche.  La  neuvième  année  de  Darius 
Nothus ,  quatrième  de  la  90"  olimpiade ,  Eudoxe  de 
Gnide  florissait.  Hélinand,  livre  xvi.  Dans  la  ville 
d'Héraclée  se  trouvait  ce  théâtre  admirable,  la  cin- 
quième des  sept  merveilles  du  monde  :  taillé,  en  effet, 
dans  une  montagne  de  marbre ,  toutes  les  cellules , 
les  loges,  les  murs  ,  les  emplacemens  destinés  aux 
bêtes  féroces ,  étaient  d'une  seule  pièce.  Ce  théâtre 
était  soutenu  par  sept  colonnes  d'un  seul  bloc.  Per- 
sonne ne  pouvait,  dans  son  intérieur,  parler  seul  ou 
avec  un  autre,  si  bas  qu'il  ne  fût  entendu  par  tous  ceux 
qui  en  occupaient  l'enceinte.  Hélinand.  La  dix-huitième 
année  de  Darius  Nothus,  dans  la  93'  olimpiade,  Orestes, 
douzième  roi  de  Macédoine  ,  monta  sur  le  trône,  et 
régna  trois  ans.  Darius  mourut  la  deuxième  année  du 
règne  de  ce  prince  (1). 

(i)  Darius  Notliiis  jnonrnt  Tan  4o5  avant  notre  ère  ,  aprts  avoir 
régné  dix-neuf  ans,  comme  Ir  dit  Fi.'sèhc  et  nnn  trrnt'^  «s'^-pt  , 
comme  on  le  fait  dire  à  Ctesias. 


3l2  ANNALES 


CAPITULUM  XII. 

De  Artaxerxe  secundo,  rege  Persarum. 


EUSEBIUS. 


MoRTUO  Dario,  successit  ei  Artaxerxcs  secundus, 
qui  cognoniinatus  est  Memnon,  Darii  filius;  cœpit  an- 
no  quintse  aetatis  clxxxv,  mundi  vero  iii^idlviii  fi), 
olympiadis  xciii  anno  ii,  et  regnavit  annis  lx.  Co- 
MESTOR.  Hic  ab  Hebrœis  dicitur  Assueriis,  sub  qiio 
historia  Hestcr  conscripta  est.  Regnavit  autem  hic 
Artaxerxcs,  dictus  Assueriis ,  ab  Indid  usque  ad  tE- 
thiopiam,  super  cxxvii  provincias.  Erat  in  Susis  ci- 
vitate  solium  regni  ejus.  Actor.  Justinus(2)  et  Pom- 
peius(3)Trogusdicunt  Artaxerxem  istuni  ex  pellicibus 
cxv  filios  habuissc,  quod  satis  concordat  libro  Hester, 
in  quolegitur  qu6d,post  abjectionem  rcginae  Vasthi , 
per  univcrsas  provincias  quaesitœ  sunt  scmel  et  se- 
cundo puellnp  speciosae  et  virgines,  et  adductœ  sunt 

il)  li'an  /|o5  av  .  J.-C 

(2)  Lih.  X  ,  cap.  1. 

(3)  n  n'est  guère  vraisemblable  que  notre  auteur  ait  eu  sons  les 
yeux  un  cxoniplatrc  de  Trogue  Pompée;  car  on  ne  conn  ît  auruu 
auteur  depuis  Priscien ,  c'est-à  dire  depuis  le  commencement  du 
<ixi(''nir  sirflr- .  (jni  ait  rite  cet  hisloririi. 


DE   HAINAUT.     LIVRE    III.  3i3 


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CHAPITRE  XII. 

D'Artaxercès  second,  roi  des  Perses. 


EUSEBE. 


A  la  mort  de  Darius ,  Artaxercès  II ,  son  fils ,  sur- 
nomme Memnon,  lui  suecëda,  l'an  185  du  5*  âge, 
3558  du  monde,  2<'  de  la  93=  olimpiade,  et  régna 
soixante  ans.  Comeslor.  Ce  fut  sous  ce  prince  ,  nommé 
par  les  Hébreux  Assuérus ,  qu'arriva  l'histoire  d'Es- 
ther.  Assuérus  régnait  ,  depuis  l'Inde  jusqu'à  l'É- 
Ihiopie  ,  sur  cent  vingt-sept  provinces.  Le  siège  de  son 
empire  était  à  Suse.  L'Aaleur.  Justin  et  Trogue-Pora- 
pée  disent  qu'Artaxercès  eut  de  ses  concubines  cent 
quinze  fils,  ce  qui  s'accorde  assez  avec  le  livre  d'Es- 
ther,  où  l'on  voit  qu'après  la  chute  de  la  reine  Vasthi , 
on  fit  chercher  dans  toutes  les  provinces  et  à  deux  re- 
prises ,  les  jeunes  vierges  les  plus  belles,  et  qu'elles 
furent  amenées  à  Suse  et  livrées  à  l'eunuque  Egée  ,  qui 
avait  la  garde  des  palais  des  femmes.  Eusèbc.  La 
10"=  année  du  règne  d'Artaxercès  et  la  4'  la  95=  olim- 
piade, les  Athéniens  commencèrent  à  se  servir  de 
vingt-quatre  lettres ,  au  lieu  de  seize  seulement  qu'ils 
employaient  auparavant. 


5l4  ANNALES 

arl  civitatem  suam,  et  traditaî  sub  rnanu  Egei  eunu- 
clii ,  qui  erat  prœpositus  et  custos  regiarum  mulierum. 
EusEBius.  Anno  Artaxerxis  x  (i),  olympiadis  xcv 
anno  iv,  Atlienienses  viginti  quatuor  litteris  uti  cœ- 
perunt,  cîim  anteà  sexdecim  tantîim  haberent. 


CAPITULUM  XTII. 

De  morte  Socratis  philosophi. 


EUSEBIUS. 


SocRATES  pbilosoplms  sumpsit  veneniim  anno  xi 
Artaxerxis  (9.),  olympiade  xcvi.  Orosius,  libro  11.  So- 
crates,  ille  actor  clarissimus  philosophorum  ,  adactus 
malo,  veneno  sibi  apud  Athenienses  vitam  extorsit. 
VrNCENTius.  Ex  dictis,  inquit ,  Orosii ,  potest  intelligi 
Socratem  non  exjjectasse  ut  ei  à  cariiificc  venenum 
propinaretur  ;  sed  dcceptus  consilio  faniiliaris  sui 
dnemonis ,  quem  Apulcius  dcum  Socratis  appellat  , 
morleni  sibi  iiilulcril,  aut  aniore  popularis  i;lori£r, 

(1)  L'an  rif}5  av.  J.-C  ,  suivant  F-iisL'bc;  mais  cette  aiinee  ne 
rorrospond  jms  avec  la  '|=  annc'c  de  la  f)5'  olimpiade,  qui  se  rap- 
porte à  l'an  3ç)'j— liç)G. 

(a)  L'an  ."îgj  av.  J.-C,  Du  reste,  l'Art  de  vérifier  les  dates  rap- 
])orte  la  mori  de  Socrate  à  Tan  joo,  et  Fn'rct  {^^rrd.  Jt/enr.  tant. 
XXVI,  p.  an)  à  l'an  \o^  j  cependant  Dioj^cnes  Laërce  et  Diodore 
fixent  cette  date  à  la  i"  année  de  la  pS"  olimpiade. 


DE  HAINAUT.     LIVRE    III.  5l5 


CHAPITRE  XIII. 

Mort  du  philosophe  Socrate. 


EUSEBE. 


Socrate  but  la  ciguë  la  onzième  année  cVArtaxerccs, 
dans  la  96*"  olimpiade.  Orose ,  livre  n.  Socrate,  le  plus 
célèbre  des  philosophes  ,  succombant  à  la  méchanceté, 
mourut  par  le  poison  chez  les  Athéniens.  Vincent  de 
Beaavais.  On  peut  induire  du  récit  d'Orose  que  Socrate 
n'attendit  point  que  le  poison  lui  eût  été  donné  par 
le  bourreau,  mais  que,  trompé  par  le  démon  qu'Apulée- 
nomme  le  dieu  de  Socrate  ,  il  se  donna  la  mort  ou  par 
amour  de  la  gloire  populaire,  ou  pour  éviter  un  plus 
grand  supplice.  Tep.tlllien  ,  dans  V Apologétique.  So- 
crate ,  pour  faire  injure  aux  dieux  ,  leur  sacrifiait  un 
chêne,  un  bouc  ou  un  chien;  mais  ensuite  il  fut  con- 
damné pour  ses  paroles ,  parce  qu'il  cherchait  à  ren- 
verser la  religion.  Les  Athéniens  persécutèrent  et  firent 
périr  ses  accusateurs  après  sa  mort,  et  lui  élevèrent, 
dans  un  temple,  une  statue  d'or.  L'Auteur.  On  trouve 


3l6  ANNALES 

aut timoré  majoris  pœnn^.  I'ert»  llianifs,///  ApologC' 
tico.  Socrates  in  contuincliam  deorum  quercum  et 
liircum  et  canem  dejecebat,  sed  dictis  proptereà 
damnatus  est,  quià  deos  destruebat.  Athenienses  in- 
criminatores  Socratis ,  post  ejus  mortem ,  afïlixerunt 
atque  destruxerunt  ;  et  imaginem  ejus  auream  in 
templo  collocaverunt.  Actor.  De  isto  venerabili  So- 
crate  pleniùs  babetur  in  libro  de  Vitâ  et  moribus 
illuslrium  vivo  ru  m . 


CAPITULUM  XIV. 


Quôd  Bclgenses  ciim  Gallis  Sononensibus  fœdiis  pepip;erunt,  ut  de 
adversariis  velociùs  vindictam  expetere  valft-pnt. 


LUCIUS    ET    HUGO. 


His  temporibus ,  Bclgenses  iinàciim  civitatibus  cir- 
cumvicinis ,  iitpolè  civitate  Solis,  civitate  Fani-Martis, 
civitate  Fani-Morcurii ,  curn  eœterisque  siiee  ligœ, 
proposucrunt  ut  tle  Saxonlbus,  Hunnis,  Pannoniis 
atque  Romanis ,  de  bactenùs  forofactis  vindictam  ex- 
petcrent,  et  terras  coruin,  proîit  ipsi  fecerant,  si 
possent,  destruercnt.  Gui  deliberationi  non  consen- 
serunt  Huinienses-Condronici  ncque  IIuinienses-Rbe- 
tiani  ;  imo  hiic  occasione  Bclgenses  et  corum  civitates 
invaserunt,  adjunctis   Saxonibus  et  Germanis  cum 


J)E    IIAINAUI.     LIVRE    111.  ÔlJ 

de  plus  amples  détails  sur  ce  vénérable  Socrate  dans 
le  livre  intitulé  :  de  la  Vie  et  des  mœurs  des  hommes 
illasires  (1). 

(i)  Nous  avons  une  vie  de  Socrates  parDiogènes  Laèrce  dans  ses 
Vies  des  Philosophes ,  où  il  donne  aussi  celles  de  Xénophon  et  de 
Platon. 


CHAPITRE  XIV. 


Les  Belges  font  alliance  avec  les  Gallo  Sc'nonais,  pour  tirer  une 
vengeance  plus  pronite  de  leurs  ennemis. 


LUCIUS    ET   HUGUES. 


Vers  ce  tems-là  les  Belges,  soutenus  des  cités  voisines, 
telles  que  Solèmes ,  Famars ,  la  ville  de  Faniim-Mer' 
curii,  et  les  autres  villes  qui  s'étaient  liguées  avec  eux, 
proposèrent  de  tirer  vengeance  des  torts  qu'ils  avaient 
essuyés  de  la  part  des  Saxons ,  des  Huns ,  des  Panno- 
niens  et  des  Romains,  et  de  ravager,  s'il  leur  était 
possible  ,  les  terres  de  leurs  ennemis ,  à  l'exemple  de 
ceux-ci  qui  avaient  dévasté  celles  des  Belges.  Les  Con- 
drosiens  et  les  Rhétiens,  loin  d'approuver  cette  réso- 
lution, se  joignirent  aux  Saxons  et  aux  Germains, 
pour  attaquée  les  Belges  et  les  villes  de  leur  domina- 


r>l8  ANiNALES 

eis.  Qui  Hainlam-Relç;icain  suijintrantes,  quitlquirl 
extra  civitatcs  icperorLint  iu  favillani  rcdegerLint ,  acl- 
juti  Vermandiis,  Cambrinis,  Nerviis,  Serviis  et  plu- 
ribus  aliis  civitatibus,  qui  cum  Belgis  non  consentie- 
baut.  Post  graves  insultus ,  et  bellis  quàmpluribus 
perpctratis,  tandem  qui  superfuerunt  ad  propi'ia  re- 
mearunt,  omnibus  tamen  civitatibus  pcnitùs  rema- 
nentibus  intactis.  Belgi  dolentes  et  se  vindicare  vo- 
lentcs  cum  Senonensibus  ,  Gallis  et  Allobrogis  et  aliis 
intermediis  civitatibus,  fœdus  inierunt,  ut  de  Hu- 
niensibus  ,  Germanis  ,  Saxonibus  ,  Hunnis  ,  Pannoniis 
et  Romanis,  qui ,  temporibus  Servii  régis,  ipsos  vas- 
taverant,  è  contrario  ipsos  vastare  valeirnl.  Quibus 
sic  rébus  undecùmcjue  vergeiitibus,  Breiinius  (i),  régis 
Britonum  filiiis,  à  fratre  proprio  extra  regnum  pro- 
prium  expilsus,  virlute  dicloe  ligœ,  in  Britanniam 
^repositus  est.  Verùmtameu^Vermandia,  Çambria, 
Nervia  et  Servia  in  indignationcm  Belgorum  reman- 
serunt;  quœ  se  quotidic  fortificantes,  muros,  portas 
et  turres  resarcientes  et  novas  componentes,  insultum 
Belgorum  continue  expectaverunt. 

(i)  Geofi'roi  de  M  )nmoiith,  copie  ici  par  Jacques  de  Guyse,  et 
tous  les  auteurs  anglais  écrivent  Brennus. 


DE    UAINAUT.    LIVUE    III.  Jly 

tion.  Ils  entrèrent  dans  la  Belgique,  et,  s'étant  joints 
aux  Vermandois,  aux  Cambraisiens ,  aux  Nerviens , 
aux  Serviens  et  à  plusieurs  autres  cités  qui  n'étaient 
pas  dans  le  parti  des  Belges ,  ils  réduisirent  en  cendres 
tout  ce  qu'ils  trouvèrent  hors  des  villes.  Après  de  longs 
désastres  et  des  guerres  meurtrières ,  tout  ce  qui  resta 
de  leur  armée  retourna  dans  ses  foyers ,  en  laissant 
néanmoins  intactes  toutes  les  villes.  Les  Belges ,  dans 
leur  douleur  et  dans  le  désir  de  se  venger ,  firent  al- 
liance avec  les  Sénonais ,  les  Gaulois ,  les  Allobroges 
et  toutes  les  cités  qui  se  trouvaient  comprises  entre  ces 
peuples  ,  afin  de  ravager  à  leur  tour  les  territoires  des 
Huiniens ,  des  Germains,  des  Saxons,  des  Huns,  des 
Pannoniens  et  des  Romains,  dont  ils  avaient  supporté 
les  dévastations  du  tems  du  roi  Servius.  Au  milieu  de 
ces  débats  ,  Brennus,  fils  du  roi  de  Bretagne ,  qui  avait 
été  chassé  de  son  royaume  par  son  frère,  fut  rétabli 
dans  ses  états  par  les  armes  des  confédérés.  Cependant 
Vermande  (1),  Cambrie  (2),  Nervie  (3)  et  Servie  (4) 
n'en  restèrent  pas  moins  ennemies  des  Belges  ;  et,  crai- 
gnant continuellement  de  s'en  voir  attaqués ,  elles 
travaillèrent  journellement  à  se  fortifier  ,  à  réparer 
leurs  remparts ,  leurs  portes  et  leurs  tours ,  et  à  con- 
struire de  nouveaux  retranchemens. 

(i)  Saint-Quentin. 
(■-'-    (Cambrai. 
3)  'J'onmai. 
(4)  CWovrc. 


020  ANNALES 


GAPITULUM  XV. 


De  Misseno,  duce  Belgorum. 


CuM  autem  dux  Belgorum  Missenus ,  cum  centum 
et  sexaginta  inillibus  pugnatorum,  in  Biitanniâ  cum 
Brennio  et  Senonensibus  iiinumerabiiibus,  pace  iiiter 
fratres  Bremum  et  Brerinium  reformata,  remaneret, 
civitas  Belgensis  litteras  ad  ducem  eorum  transmislt, 
continentes  ut  sine  morâ  ad  propiia  cum  gente  sua 
reverteretur ,  et  officio  ducatûs ,  ut  mos  erat ,  cum 
solemnitatibus  resignaret,  nam  tempus  resiguationis 
instabat ,  et  sciebat  pacem  inter  fratres  reformatam  ; 
aliter  cum  sua  gente  à  dicta  proscriberetur  civitate. 
Cùm  vero  eas  perlegisset,  dux  dolens  et  tristis  ad 
Brennium  accedens,  recedere  ab  eodem  volens,  ex- 
orsit  Brennius  :  «  Ciim  ,  post  spem  deorum,  sub  alis 
Allobrogorum  ,  Senonensium  et  vestris  ,  hùc  accesse- 
rimus,  et  dubii  quo  fine  claudentur  pacis  signa,  quae 
inter  fratrem  nostrum  Bremum  et  nostros  designan- 
tur;  non  nobis  aequum  videtur  in  tanto  dubio  nos  de- 
bere  relinquere.  Et  idcircô  restât  ut,  quià  tempus 
non  prolongabitur,  nostra»  securitatis  determinatio 
quam  civitati  belgensi  infide  qu;i  nobiscum  fœderalur, 
conscribemus,  quod ,  quià  sine  gravi  discrimine  re- 


Dl     HAINAUT.     LIVRE    III.  02  1 


CHAPITRE  XV. 

De  Missénus,  duc  des  Belges. 


Comme  Missénus ,  duc  des  Belges ,  restait  en  Bretagne , 
après  y  avoir  rétabli  la  paix  entre  les  deux  frères  Bré- 
mus  et  Brennus ,  avec  une  armée  composée  de  cent 
Soixante  mille  çombatlans  et  des  troupes  innombrables 
de  Sénonais,  la  ville  de  Belgis  lui  écrivit  pour  lui  or- 
donner de  revenir  sans  retard  dans  ses  foyers  avec 
tous  ses  soldats  ,  résigner  solennellement  ,  suivant 
l'usage,  sa  charge  de  duc,  dont  le  terme  approchait; 
et  sachant  que  la  paix  avait  été  rétablie  entre  les  deux 
princes  bretons,  elle  le  menaçait  de  le  bannir  de  sa 
pairie,  s'il  n'obéissait  pas  aussitôt.  Le  duc  ,  affligé  par 
la  lecture  de  cette  lettre,  s'approcha  tristement  de 
Brennus;  et,  ayant  voulu  prendre  congé  de  lui ,  Bren- 
nus lui  parla  en  ces  termes  :  «  Lorsque,  après  avoir  placé 
notre  espoir  dans  les  dieux  ,  nous  sommes  venus  ici 
p;ir  votre  assistance  et  par  celle  des  Allobroges  et  des 
Sénonais,  serait-il  juste,  dans  le  doute  où  nous  sommes 
encore  des  conditions  qui  seront  consenties  entre  mon 
frère  et  moi  pour  la  paix  ,  de  nous  abandonner  et  de 
nous  laisser  sans  défense?  Non  ,  mais  il  faut,  puisque 
le  tems  presse,  que  nous  écrivions  à  la  ville  de  Belgis, 
avec  laquelle  nous  avons  fait  alliance ,  pour  la  prier  de 
différer   quelque  tems    la  nomination  d'un    nouveau 

II.  21 


02  2  ANNALES 

vcrti  non  potestis ,  elig  i-c  diicem  aliiim  pcr  tcmpus 
niodicuin  différant,  vol  saltini  tacteros  de  morii  ex- 
cusarc  dignentur;  si  ad  nostras  supplicationes  aures 
porrexerint,  pietatis  gaiidio  perfundemur;  sin  autem, 
vobis  porrigonius  nianus  adjutrices.  »  Litlcris  igitur 
snpradictis  à  Jjronnio  Bcigis  transmissis,  indignantor 
a  Belgis  siisccptœ  sont;  et,  tenipore  ducatûs  cxpi- 
rato,  novum  clegeiunt  duccm,  et  alliim,  cum  suis 
centuni  et  soxai^inta  miHibus  pugnalonnn  ,  l\  civltate, 
tanquàm  civitati  rebelles,  prosciipserunt. 


CAPITULUM  XVI. 


De  iraciindi;!  nrennii  contra  Belges, 


Brennius  autem ,  eùm  audiisset  Misseni  ducis  bel- 
gensis  at({ue  suoruni  proscriptioneni ,  iracundiâ  velie- 
menter  pennotus,  uuàeum  fratrc  suo  Brenio,  oninino 
jàm  concordes  decrevcrunt,  aut  rectoi'cs  civitatis  bel- 
gensis,aut  civitatem  funditîis  extirpare,  et  ducem 
cum  suis  alicubi  regem  stabilire,  aut  in  dicta  civitate 
ipsum  ducem  et  sequaces  suos  in  statum  pristinum 
per  violentiam,  prius  interfectis  rcctoribus ,  restau- 
rare.  Quod  audiens  Missenus  dux,  dolore  cordis  tac- 
tus,  cum  suis  nobilibus,  ad  dictes  principes  acceden- 


UE    11  AIN  AU  T.     LIVRE    III.  "S'IÙ 

tluc  ;  car  vous  ne  pourriez  partir  sans  nous  exposer 
à  un  grand  danger,  ou  au  moins  de  vous  pardonner 
voire  retard  ;  en  ajoutant  qu'elle  nous  comblera  de  joie, 
et  s'assurera  à  jamais  notre  reconnaissance  ,  si  elle 
écoute  notre  prière  ,  mais  que,  si  elle  la  rejette,  nous 
vous  offrirons  le  secours  de  nos  bras.  »  Cette  lettre  de 
Brennus  ,  parvenue  à  Belgis,  excita  l'indignation  des 
citoyens.  A  l'expiration  du  tems  des  fonctions  ducales, 
ils  élurent  un  nouveau  duc,  et  bannirent  de  la  cité, 
comme  rebelles ,  l'ancien  et  ses  cent  soixante  mille 
soldats. 


CHAPITRE    XVI. 


Colùe  de  Brennus  contre  les  Belges. 


Brennus,  ayant  appris  la  proscription  de  Missénus  , 
duc  des  Belges ,  et  de  ses  troupes ,  entra  dans  une 
grande  colère,  et,  de  concert  avec  son  frère  Brémus, 
résolut  d'exterminer  les  gouverneurs  de  la  cité  belge, 
ou  de  renverser  la  ville  même  de  fond  en  comble,  et 
de  former  un  royaume  au  duc  proscrit,  ou  de  rétablir 
de  force  celui-ci  et  ses  adhérens  dans  leur  ancien  rang, 
après  avoir  tué  les  chefs  de  Belgis.  Le  duc  Missénus  ,  à 
cette  nouvelle,  ressent  la  plus  vive  douleur;  il  ras- 
semble les  nobles  de  son  armée ,  et  tous  allant  en- 
semble trouver  les  princes  bretons ,  ils  leur  disent  :  «  O 


324  ANNALES 

tes  inquiunt  :  «  O  principum  praestantiores,  intellcxi. 
mus  qiiod  occasione  Belgorum  vobis  assistentium  , 
qulà  eorum  mater  aliquantulLim  ipsos  perturbavit,  et 
extra  ejus  territorium,  tanquàm  filios  inobedientes 
sibi,  exulavit,  proposuistis  ipsam  evertere,  ad  inju- 
rias nobis  vcrisimiliter  impensas  vindicandas  !  En  re- 
quirimus  quod ,  si  mater  nostra  naturalis  cecidit  nos 
virgis,  in  exequendis  quod  proposuistis  non  cedamur 
scorpionibus  aut  flagellis  :  nam  in  civitatc  belgensi, 
qua?  est  mater  nostra  natiiralis,  quœ  nos  aluit  et 
sublimavit,  degunt  uxores  nostrœ  atque  liberi ,  bona- 
que  nostrœ  fortunœ.  Et  ex  quo  perpendimus ,  quod  , 
pro  nostra  promolione  ,  vos  exponere  decrevistis,  in- 
gentia  recordemini  pacta  cum  dieta  civilate  jamdu- 
dùm  quœ  pepigistis,  et  nos  terras  alias  nobis  subditas 
requiremus,  si  tantummodo,  pro  stipendiis  nostris, 
naves,  dùm  ad  littora  neustrica  applicueritis,  dare 
dignemini.  »  Brennius  et  Bremus  audicntcs  requaestas 
rationaljiles ,  annuerunt  petitioni  eorum.  Interjeeto 
tempore  post  pacliones  faetas ,  de  regnis  Belgorum , 
Romanorum  et  aliorum  conquirendis ,  valefacientes 
insulœ,  mare  conscenderunt;  et  ad  porlus  neustricos 
appbcantes,  Brennius  et  Bremus,  naves  in  mandjus 
dietoruni  Belgoi'um  relincpientcs ,  tcrram  Neustriic 
primo  percurrentes,  eam  sibi  totabter  subjecerunt. 
Deindè  prosequentes  ,  omne  solum  usquè  Senonas  ab 
utraque  parle  edoniantes,  diclani  civilatem  senonen- 
scm  ampHantes  ,  Bremus  longiiis  à  civilate  aciem  per- 
ducens,  et  illùc  civitatem  novam  construcns,  nominc 
suo  proprio  Bremam  appellavit,  quœ,  usquè  in  ho- 


DE    HAINAUT.     LIVRE   HT.  325 

les  meilleurs  des  princes,  nous  avons  appris  qu'à  l'oc- 
casion dés  Belges  qui  vous  assistenf, ,  et  parce  que  leur 
mère  les  a ,  en  quelque  sorte ,  proscrits  et  bannis  de  son 
territoire,  comme  des  fds  désobéissans,  vous  avez  ré- 
solu de  la  renverser  elle-même ,  pour  venger ,   sans 
doute,  nos  propres  injures.  Mais  nous  vous  en  conju- 
rons; si  notre  mère  légitiuie  nous  a  frappés  de  verges, 
ne  nous  exposez  pas,  en  exécutant  vos  projets,  aux 
coups  de  fouet  et  de  discipline  !  Cardans  la  ville  de  Bel- 
gis ,  qui  est  notre  véritable  mère  ,  qui  nous  a  nourris  et 
élevés  aux  honneurs,  se  trouvent  nos  femmes  et  nos 
enfans ,  nos  biens  et  toutes  nos  richesses.  Songez  plutôt , 
quand  vous  voulez  vous  sacrifier  pour  notre  querelle, 
aux  anciens  traités  qui  vous  lient  depuis  long-iems  à 
notre  patrie.  Pour  nous ,  nous  chercherons  d'autres 
terres  ,  et  nous  vous  prions  seulement  de  nous  donner, 
pour  prix  de  nos  services,  des  vaisseaux  qui  nous  con- 
duisent aux  rivages  de  la  Neustrie.  »  Brennus  et  Bré- 
mus  se  rendirent  à  la  justice  de  leurs  demandes.  Quel- 
que tems  après  le  traité  qui  fut  fait  entre  eux  à  cette 
occasion,  ils  dirent  adieu  à  l'île  et  s'embarquèrent 
pour  la  conquête  du  royaume  des  Belges  ,  de  celui  des 
Romains  et  d'autres  royaumes  encore.  Lorsqu'on  fut 
entré  dans  les  ports  de  la  Neustrie ,  les  Bretons  lais- 
sèrent leurs  navires  aux  Belges ,  et  se  mirent  à  par- 
courir le  pays  des  Neustriens,  qu'ils  réduisirent  en- 
tièrement sous  leur  domination.  De  là,  poursuivant 
leurs  conquêtes  ,  ils  subjuguèrent  tout  ce  qui  se  trouva 
sur  leur  route  jusqu'à  Sens,   qu'ils  agrandirent.  En- 
suite Brémus ,  conduisant  plus  loin  son  armée  ,  fonde 
une  nouvelle  ville  ,  à  laquelle  il  donne  son  nom ,  et  qui 
s'appelle  encore  aujourd'hui  Brémen.  Brennus  resta  à 
Sens.  Cependant  les  Belges,  auxquels  ce  prince  avait 


326  ANNAr.ES 

clierniim  diem  ,  Brenna  (i)  vocitatur  ;  Brennio  in  civl- 
tate  senonensi  rémanente.  Deniqiiè  Belgensibus  qui- 
bus  Bremiis  navigia  dederat,  videlicet,  duci  Misseno, 
œquora  sulcantibus, terras  janipiideni  Belgis  subjectas 
sed  rebellantes  et  eisdeni  inobcdientes,  ipsos  infestos 
habentes,  petierunt.  Post  perieula  non  paiica,  tandem 
ad  regnum  saxonicum  applicantes,  super  mare  civi- 
tatem  ingontem,  pro  recursii  fundantes,  et  nomen 
Locus  Belgurum  ,  quod  modo  Lubeea  dieitur ,  im- 
ponentes,  partes  maritimassubjecerunt.  Ablilnc  Saxo- 
lîiam  infestatione  diutina  debacchantes  ,  civitates 
et  castella  et  penè  totum  regnum  spoliantes,  Anscno- 
riorege  Saxoniœ  prius  captivato,  tandem  ad  obedien- 
tiam  civitatis  belgensis,  uti  fuerant  ab  antiquo ,  omnes 
reduxerunt.  Actor.  Verùm  quia  bona  pro  malis  civi- 
tati  reddiderant  belgensi  ,  à  cunctis  nationibus  exti- 
terunt  tanquàm  nobilcs  commendati.  Ab  bis  autem 
Belgensibus-saxonicis,  post  temporum  longas  revolu- 
tiones  ,  fuit  insula  Bruti  funditiis  ab  incolis  extirpata, 
et  à  Saxonibus-belgicis  restau  rata,  proiit  clariîis  patet 
in  liisloriis  Saxonuni  atcjuo  Britoiium.  Dux  vero 
Missenus,  ad  ejus  perpetuam  laudem,  eivitatem  in- 
gentem  fundavit,  et  noniine  proprio  insignlvit. 

(i)  Il  est  sans  doute  ici  question  de  la  ville  de  Bremen. 


DE    HAiNAtT.    LIVRE    lïT.  52  7 

fourni  des  vaisseaux,  ayant  sillonné  les  mers  sous  la 
conduite  de  Missénus  ,  arrivèrent  dans  un  pays  qui 
avait  jadis  appartenu  à  Belgis  ,  mais  qui  s'était  révolté 
depuis  et  était  en  guerre  avec  elle.  Après  de  fréquens 
dangers  ,  ils  abordèrent  enfin  au  royaume  des  Saxons  , 
et ,  v  fondant  une  grande  ville  sur  les  bords  de  la  mer, 
pour  leur  servir  de  refuge ,  ils  lui  donnèrent  le  nom  de 
Lieu  des  Belges ,  aujourd'hui  Liibec  (I),  et  soumirent 
toutes  les  contrées  maritimes.  De  là  ils  ravagèrent  la 
Saxe  par  des  incursions  continuelles,  pillèrent  les  cités, 
les  châteaux  et  presque  tout  le  royaume,  et,  après 
avoir  fait  prisonnier  le  roi  Ansénorius ,  réduisirent  tout, 
comme  autrefois ,  sous  l'obéissance  de  Belgis.  JJ Au- 
teur. Mais  parce  qu'ils  avaient  rendu  le  bien  pour  le 
mal  à  leur  pairie,  ils  furent  considérés  par  toutes  les 
nations  comme  des  hommes  nobles  et  loyaux.  Dans  la 
suite  du  tems ,  l'iîe  de  Bruf.us  fut  entièrement  ravagée 
et  dépeuplée  par  les  Belges-Saxons ,  puis  repeuplée  par 
eux  ,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  tard  dans  les  histoires 
des  Saxons  et  des  Bretons.  Quant  au  duc  Missénus,  il 
fonda  une  grande  ville,  et  lui  donna  son  nom,  pour 
perpétuer  ses  exploits  et  sa  gloire. 

(ly  Lubec  est  une  ville  cV Allemagne  dans  le  cercle  de  la  Basse- 
Saxe,  au  confluent  do  la  Trave,  du  Wackenitz  et  du  Steckenitz  , 
qui  mêlent  leurs  eaux  dans  ses  fosses,  à  quatre  lieues  de  Trave- 
miindo  et  du  golfe  de  Lubec,  dans  la  Vagrie.  On  trouvera  dans 
le  dictionnaire  de  La  Martinière  trois  fondalions  ou  re'tablissemens 
de  cette  ville,  bien  poste'rieurement  au  tems  dont  il  est  ici  ques- 
tion. 


328  ANXALES 


CAPITULUM  XVIL 

De  Diogene. 


DiOGEwrs  cynicus  et  Eudoxus  astrologus  agnos- 
cuntur  anno  Arlaxerxis  xiii  (i),  olympiadis  xcvi 
anno  i.  De  Ii6c  Diogene  et  ejiis  mii'abilibiis  opinionl- 
bus  Augustinus  xiv  de  Ciritatv  Dci{i)^  Tullius(3) 
atqnc  Macrobius  (Zj),  Ilclinanclus  xvri  libro,  Valerius 
libro  IV  (5),  Tertullianus/«  Jpologetico  ^  Hieronyinus 
contra  Jovinianwn  ^  libro  ii  (6j,  atque  Fulgentius  {'f) 
in  libro  Mjthologinrum  ,  multa  mirabllia  refe- 
runt  (8). 

(i)  L'an  Sg-î  av.  J.-C,  suivant  F.ustbe;  mais  la  2*  année  de  la 
96*  olimpiadc  n'pond  aux  années  SgS  et  3ç)\, 

(2)  C(ij}.  20. 

(3)  Titsc.  I  ,  V.  De  nat.  deor. 

(4)  Satitrnal.  i. 

(5)  Cop.  19. 

(6)  Cap.  14. 

(7)  Fabius  Fiiriiis  Fiilgenlins  Planciacics  ,  qni  florissait  vers 
l'an  020,  et  qui  composa  trois  livres  de  mit lioloj^ic. 

(8)  Diogènes  Laërce  aurait  dû  être  cite  parmi  ces  auteurs. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  329 


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CHAPITRE  XVII. 


De  Diogènes. 


DiooÈNEs  (1  )  LE  CiMQUE  et  l'astronome  Eudoxe  (?)  flo- 
rissaicnl  en  l'an  treize  d'Artaxercès,  ou  l'an  deuxième 
de  la  96"  olinipiade.  Sainl- Augustin,  dans  la  Cité  de 
Dieu,  livre  xiv ,  Cicéron  et  3Iacrobe,  Hélinand , 
livre  XVII  ;  Valcre-Maxime  ,  livre  iv;  TertuUien,  dans 
son  Jpolos:éliquc  ,  Saint  Jérôme,  dans  son  Trailé  contre 
Jovinien,  livre  h,  et  Fulgcnce  ,  dans  sa  Milhologie , 
racontent  une  foule  de  choses  merveilleuses  relative- 
ment à  Diogènes  et  à  ses  opinions  extraordinaires. 

(i)  On  trouvera  une  a=sez  longue  histoire  de  Diogcncs-le-Ciniqiie 
dons  les  vies  des  philosophes,  par  Diogènes  I,aè"rce.  Le  Ciniqne  , 
ne  à  Sinope,  ville  de  l'Asie  mineure,  mourut  l'an  824  avant  notre 
ère,  la  même  anne'e  qu'Alexandre-le-Grand. 

(2)  Eudoxe  de  Cnide,  ami  de  Platon ,  se  forma  avec  lui  à  l'e'cole 
des  Égipticns  ,  et  apprit  d'eux  l'astronomie  qu'il  ensergna  aux 
Grecs.  Il  vivait  3-0  ans  avant  notre  ère. 


330  ANXAtES 


CAPITULUM  XVIII. 

De  famoso  bcllo  Carthnginrnsium. 


EUiJEBIUS. 


Anno  A.rtaxcrxis  \iv  (i),  olympiadis  xcvi  an- 
no  m  (2),  Speusippus  insignis  liabitus  est,  et  hic  fuit 
ncpos  Platonis,  ex.  sorore  ;  et  anno  sequenti  Cartlia- 
gincnsium  bellum  (3)  fatnosissiinuin  fuit  :  famosiini 
aiitcni  (lictmn  est  non  propter  virtutem  Cartliagincn- 
siuni ,  secl  propter  iniiabile  pestis  infortuniiim ,  quod 
repente  universum  consumpsit  exercitum.  Hierony- 
Miîs  (4),  in  C/uoni'cis.  Hoc  tempore  Dionysius  in 
tyrannidem  persévérât.  Justinus  ,  xx  libro  (5).  Hic 
Dionysius  ,  fugatis  à  Siciliâ  Carthaginensibus  ,  totius 

(1)  L'an  391  av.  J.-C,  suivant  Eusèbe. 

(2")  La  3'  année  de  la  96'  olitnpiade  rc'pond  aux  anners  3c)^  et  3g3 
avant  J.-C,  et  ne  concorde  pas  avec  la  14'  année  d' Art  amorcés  , 
dti  moins  en  suivant  Eusèl>e ,  Je  guide  ordinaire  de  notre  auteur. 

(3)  Cette  guerre  contre  les  (^artliaginois  sous  la  conduile  d'Imil- 
con  et  Denis,  tiran  de  Siraciise,  fut  terminée  par  la  rnine  en- 
tière de  la  flotte  et  de  l'armec  carthaginoise,  f^oy.  Diodore ,  /.  xiv. 

(4)  L'auteur  cite  ici  la  Chronique  d'Eusèbe  traduite  ))ar  saint 
.îerômc. 

(5)  Cap.  I .  jSous  avons  déjà  observé  que  Jacques  de  Gujse 
abre'srfait  ses  auteurs  en  les  citant. 


DE    HAINAUT.    LIVRE  III.  001 


CHAPITRE    XVIII. 

De  la  fameuse  guerre  des  Carthaginois 


EUSEBE. 

E\  l'an  quatorze  d'Artaxercès,  troisième  année  de 
la  96"  olimpiade  ,  Speusippe  ,  fils  de  la  sœur  de  Platon  , 
jouissait  d'une  grande  réputation.  La  fameuse  guerre 
des  Carthaginois  eut  lieu  l'anjiée  suivante.  Elle  est  cé- 
lèbre non  par  le  courage  qu'ils  y  déployèrent,  mais  à 
cause  d'une  peste  horrible  qui  consuma  tout-à-coup 
leur  armée.  Sunt  .Iérôme,  dans  ses  Chroniques.  En  ce 
même  lems ,  Denis  l'Ancien  persévérait  dans  sa  tiran. 
nie.  JusiiN,  livre  xx.  Ce  Denis,  après  avoir  chassé  les 
Carthaginois  de  la  Sicile,  soumit  tout  le  pavs  ,  et  fit 
passer  ses  troupes  en  Italie,  où  il  eut  d'abord  à  com- 
battre les  Grecs  ,  qui  occupaient  les  côtes  de  la  mer  les 
plus  proches.  Les  ayant  vaincus  ,  il  attaqua  les  peuples 
voisins  et  principalement  tous  les  Grecs  qid  s'étaient 
établis  dans  la  péniïisule.  Mais  il  fut  forcé  de  repasser 
en  Sicile  par  l'arrivée  des  Carthaginois,  qui  revenaient 
sous  la  conduite  d'Hannon  ,  et  avec  des  forces  plus  con- 
sidérables, pour  recommencer  la  guerre  que  la  peste 
seule  les  avait  contraints  d'abandonner.  L'auteur.  Va- 
lère  Maxime,  livres  i"  etiv,  parle  beaucoup  de  Denis 
l'Ancien  et  de  sa  tirannie. 


532  ANNALES 

Siciliiïî  occupavit  imperiinn,  et  copias  suas  in  Italiam 
trajecit  ;  et  adversùs  Graecos,  qui  proximi  italici  ma- 
ris littora  tenebant,  prima  bella  habuit.  Quibus  de- 
victis,  finitimos  ([uosquo  aggressus  est  et  praecipuè 
omnes  grœci  noiiiiiiis  Italiam  possidentes.  Sed  (i) 
eum  ab  Italià  revocavit  adventus  Cartbaginensium, 
qui  bellum  quod  lue  deseruerant ,  auctis  viribus  ,  re- 
petebant,  duce  Hannonc.  Actor.  De  bôc  Dioiiysio 
Valerius  Maximus  ,  libro  i  et  iv,  multadeejus  t)ran- 
nide  proloquitur. 


CAPITULLM   XIX, 

De  Plalone  philosnpho. 


EUSEBIUS. 


Anno  Artaxerxis  xvii  (2),  olympiadis  xcvii  anno  i, 
Plato  philosophus  claruit.  Hieronymus  ,  conlvci  Jo\^i- 
nianum  (3).  Plato  cùm  dives  esset,  et  toros  ejus 
Diogcncs  lutosis  pcdibus  conculcaret,  ut  possct  va- 
care  pbilosophiœ,  elegit  Acadcmiam  villam  ab  urbe 
procul,  non  solùm  desertam  sed  etiàm  pestilenlem; 

(i)  Cap.  5. 

''iX  An  3S8  av.  J.-C. ,  «îuivant  Euscbe;  mais  la   i"  année  de  la 
97'  olinipiatlc  repond  aux  années  Sga  et  Sgi  avant  notre  ère. 
(3)  Lih.  I  .  '■np .  ;). 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  335 


CHAPITRE  XIX. 

Du  philosophe  Platon. 


EUSEBE. 


En  l'an  dix-sept  d'Arlaxercès  ,  première  année  de  la 
97'  oliinpiade  ,  florissait  le  philosophe  Platon.  Saint  .Té- 
nÔMK,  contre  Jovinicn.  Comme  Platon  était  riche  et  que 
Diogènes  foulait  ses  lits  de  ses  pies  sales,  il  choisit, 
loin  de  la  ville ,  la  retraite  de  l'Académie ,  qui  était  dé- 
serte et  malsaine,  afin  de  se  livrer  avec  plus  de  liberté 
à  l'étude  de  la  philosophie,  et  de  domter  l'impétuosité 
de  ses  passions  ,  en  se  soumettant  aux  soins  et  à  l'assi- 
duité qu'exigent  les  maladies.  Plusieurs  de  ses  disciples 
se  crevèrent  les  ieux  par  le  même  motif.  Valère  Maxime, 


534  ANNALES 

Ut  cura  et  assiduitato  morborum  libidinls  impotus 
fi'aiigoi'cntnr.  Undè  et  pliires  ejusdlscipiili  oculossibi 
effoderuut.  Valeuius,  lil)ro  viii  (i).  Plato  patriam 
Atbenas,  praeceptorem  Sonatem  sortitnsest,  etiocuin 
et  bomiricm  foitiinœ  (orlilissiiniim.  CLiin(jiic  sapien- 
tissimus  habcreUir,  et  à  studiosis  juvenibus  certat\in 
Atbenœ  Platonem  doctorern  quaerentlbus  peterentiir, 
ipse  Nib  fluiniiiis  irie.vpbcabdes  ripas  et  vastissinios 
campos  e{Tasai)K|ue  barbarlein  ,  iEgyptiorum  senum 
discipidus,  peragi'avit ,  el  à  sacerdotlbus  iHius  gentis 
geometriae  multipliées  numéros,  cœlestium  rationum 
observatione  ,  peic\Tpit.  In  Italiam  quoque  transgres- 
sus  est ,  ut  ab  ArchitâTarentino  et  Arione  Pylbagorœ 
prœcepta  suseiperet  :  tanta  enim  copia  litterarum  un- 
diquè  coUigeuda  erat,  ut  iuvicem  per  totum  terrarum 
orbem  dispergi  possetacdllatari.  Actor.  De  isto  veiic- 
randopbilosopbo,  totet  taiiti  deejusmoralibusdictis  et 
factis  libros  etepistolasconscripserunt ,  utnostr.ne  non 
est  potenlioe  in  paucis  verbis  explanare.  Et  potissimè 
Seneca,  libio  vi  (2)  de  Bcncjiciis y  et  in  Epistolis  ad 
Lucilium ,  et  Tertullianus,  //^  Apologctico ,  et  Augus- 
tinus,  de  Civitate  Dei  {y)  ^  et  HelinaïuUis,  et  Ma- 
crobiiis,  de  Sonuio  Scipionis  ,  libro  primo  ,  nudta  ad 
ejus  laudem  coiiscripseriml.  ïstis  temporibus  ,  Arcbi- 
tas  Tareiitinus  dicitur  lloriiissc  ,  cnjiis  Plato  legitur 
auditor  fuisse  ,  de  (jiio  Tuliius,  in  libro  de  ScnecUite 
et  de  amicitid,  et  Valeriiis,  libro  iv  (4),  et  Agcl- 

(l)   Cap.  7. 

{-x)  Cap.  .  i .  -  Kpht.  4', ,  47,  58,  19S. 

(3)  Lib.  II,  viii ,  IX,   X. 

(4)  Cap,  I. 


DE    HxMNAUÏ.    LIVRE    lll.  0.)0 

livre  vni.  Platon  eut  Athènes  pour  patrie  et  Socrale 
pour  maître.  Quelle  source  de  bonheur  pour  lui  qu'un 
tel  maître  et  nu  tel  pays!  Tandis  que  la  jeunesse  stu- 
dieuse courait  en  foule  à  Athènes  pour  suivre  les  leçons 
du  plus  sage  des  hommes,  lui-même,  devenu  disciple 
des  vieillards  égipliens  ,  parcourait  les  rives  incompré- 
hensibles du  INil,  de  vastes  campagnes  et  des  contrées 
barbares,  et  puisait  chez  les  prêtres  de  cette  nation  la 
science  des  nombres ,  de  la  géométrie  et  des  mouve- 
mens  célestes.  Il  passa  aussi  en  Italie ,  pour  y  apprendre 
d'Architas  de  Tarente  et  d'Arion ,  les  préceptes  de  Pi- 
thagore  :  tant  il  mettait  de  soin  à  recueillir  de  tous 
côtés  ce  grand  fonds  de  connaissances  qu'il  devait ,  par 
la  suite ,  accroître  encore  et  répandre  dans  tout  l'uni- 
vers. L'auteur.  Il  existe  un  si  grand  nombre  d'illustres 
historiens  qui  ont  écrit  des  lettres  et  des  ouvrages  en- 
tiers sur  ce  vénérable  philosophe ,  sur  sa  morale ,  ses 
maximes  et  sa  vie ,  qu'il  n'est  pas  en  notre  pouvoir  de 
les  désigner  ici,  même  en  peu  de  mots.  Nous  citerons, 
néanmoins,  parmi  les  principaux,  Sénèque,  livre  vi  de 
son  traité  des  Bienfaits^  et  plusieurs  lettres  à  Lucilius; 
Tertullien  dans  son  Apologétique ,  Saint-Augustin  dans 
la  Cité  de  Dieu  ,  Hélinand  ,  Macrobe  ,  livre  i"  du  Songe 
de  Scipion.  Vers  le  même  tems,  florissait,  dit  on,  Ar- 
chitas  de  Tarente,  dont  Platon  suivit  les  leçons,  et 
dont  il  est  beaucoup  question  dans  Cicéron  ,  livre  de 
la  Vieillesse,  dans  Valère-Maxime ,  livre  iv;  et  dans  les 
Nuits  atliques  d'Aulu-Gelle. 


536  ANNALES 

lins,  in  libro  Noctium  alticanim  plura  conscripsc- 


runt. 


CAPITULUM  XX. 


De  Belino  et  Brenno, 


Ex  historid  Biitonum. 

MoRTUO  Dunvallone,  rege  Britanniae,  duo  filii  ejiis 
Belinus  et  Brennus  in  regnuni  siicccdere  volontés 
maximû  contriti  siuit  discoi-tlia.  Contendebant  eniin 
quis  eorum  regni  diadeniate  insigniietur.  iXxxw  itaque 
pltires  decertationes  inter  se  comniisissent,  interfece- 
runt  amici  iitrorLinKjiie  qui  ipsos  in  coiicordiam 
reduxerunt ,  consueiunt  quoque  rrgnum  inter  eos  ea 
conditione  dividenduui  esse  :  ut  Belinus  diadenia  in- 
su I.TCum  Leogriâ  (  i  )atque  Cainbria(2)  necnon  et  Cor- 
nubià  possideret;  ei'at  enini  primogenitus ,  petebat 
quoque  trojana  consuetudo  ut  dignilas  h;ei'edilatis  ei 
proveniret;  Brennus  vero,  quià  junior  l'uerat,  fratri 
subdereturetlSorlbumbriani  abllundjrousquèad  Ca- 
thanesiam  possideret.  Confinnato  igitur  super  bis 
paclionibus  fœdere,  tractaverunt  jxitriam  per  quin- 
quennium  cuni  pace  et  juslitià,  Sed   quia  (bscoidia 

[\\  Peut-t*lre  la  picivincc  tic  Lciceslcr. 
(2)  Le  pays  de  Galles. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  337 


CHAPITRE  XX. 


De  Bëlinus  et  de  Brennus. 


Extrait  de  l'histoire  des  Bretons. 

Après  la  niorl  de  Dunvallon ,  roi  de  Bretagne ,  ses 
deux  fils  Bélinus  et  Brennus  se  disputèrent  sa  succes- 
sion; l'un  et  l'autre  voulaient  ceindre  le  diadème. 
Lorsqu'ils  se  furent  livré  plusieurs  combats ,  leurs  amis 
intervinrent  et  rétablirent  la  paix  entre  eux,  en  pro- 
posant de  partager  le  royauuie  de  cette  manière ,  sa- 
voir ,  que  Bélinus  aurait  la  couronne  de  Bretagne  avec 
la  Léogrie ,  la  Cambrie  et  le  Cornouaille  ;  parce  qu'é- 
tant l'aîné  ,  il  devait ,  suivant  la  coutume  de  Troie , 
hériter  du  trône  ;  et  que  Brennus  ,  qui  était  le  plus 
jeune ,  obéirait  à  son  frère  ,  et  posséderait  le  Norlhum- 
berland depuis  lefleuvede  l'Humber  jusqu'au  Catliness. 
Les  deux  princes,  ayant  fait  un  traité  sur  ces  bases, 
gouvernèrent  leurs  états  en  paix  et  équitablement  pen- 
dant cinq  années.  Mais  la  discorde  s'efforce  toujours 
de  se  mêler  à  la  prospérité;  et  des  artisans  de  men- 
songes allèrent  trouver  Brennus  et  lui  dirent  :  «  Quelle 
lâcheté  pour  toi  de  vivre  dans  la  dépendance  de  Bé- 
linus !  Wavez-vous  pas  tous  deux  le  même  père ,  la 

II.  22 


558  ANNALES 

scse  rebus  prosperls  semper  immiscere  conatur,  af- 
fiierunt  quidam  fabricatores  mendacii ,  qui  ad  Bren- 
nuin  accesserunt,  dicentcs  :  «  Ut  quid  ignavia  te  tan- 
tùm  occupavit ,  ut  Bclino  subjectionem  tcneas  ;  cîim  id 
patertuus  et  mater  cademquenobilitas  te  ei  parificiet? 
Adde  quod  in  pluribus  debellationibus  expertns  es  , 
qui  loties  Cbenulfo,  duci  Morinorum,  in  provinciam 
tuamappHcanti,  rosistcre  potuisti,  ipsumque  ex  regno 
tuo  fugare.  Rumpc  fœdus  quod  tibl  dedecori  est ,  et 
duc  fiHani  Elfungi ,  régis  INorguegensium  ,  ut  ipsius 
auxiUo  amissam  dignitatcm  recipias.  »  Postquàm  igi- 
tur  bis  et  abis  pbu'ibus  aiiimuni  juvenis  corruperunt, 
acquievit  ipse,  adivitque  Norwcgiam,  duxitquefibam 
régis ,  proiit  à  dictis  adulatoribus  edoctus  f Lierai.  In- 
tereà  ciim  id  fratri  nunciatum  esset,  indignalus  quia 
sic  sine  bcentià  suâ  et  contra  ipsum  egisset,  pelivit 
Norlbumbriam ,  cepitque  cum  provinciâ  civitales ,  et 
cas  cuslodibus  suis  munivil.  Porro  Brennus  ,  audito 
rumore  qui  actum  fratris  notificaverat ,  adduxit  se- 
cum  magnam  copiam  Norguegensium,  paratoque  na- 
vigio  ,  rediit  in  Britanniam.  Emensis  deindè  abquot 
diebus ,  ecce  Brennus  cum  navibus  in  Albaniam  ap- 
pbcuit.  Quùm  quod  Bebnus  scivisset ,  coUectoque 
omni  mibte  insulae,  venit  ad  Albaniam  contra  eum 
pugnaturus.  At  Brennus,  ut  scivit  germanum  contra 
se  venire,  ivit  obviàm  illi,  ut  cum  illocongrederetur. 
Ut  igitur  nacti  sunt  campum ,  diviserunt  inter  se  so- 
cios  in  turmas,  cominùsquc  accedentcs,  praeliari  cœ- 
perunt,  multùmque  cruoris  bine  et  indè  fuderunt, 
quia  tela  ipsorum  viribus  \ibrata  letbifera  vulnera 


DE    HAIXAUT.    tlTRli    HI.  OÔg 

même  mère  et  la  même  noblesse  ?  Sans  compter  que  tu 
as  fait  tes  preuves  clans  plusieurs  combats,  en  résistant 
maintes  fois  à  Chenulfe,  ce  duc  des  Morins,  lorsqu'il 
abordait  dans  tes  états,  et  en  le  forçant  de  s'enfuir  de 
ton  royaume.  Hàte-toi  donc  de  rompre  un  traité  qui  te 
déshonore,  et  épouse  la  fdle  d'Elfungius  ,  roi  de  Nor- 
vège ,  afin  de  recouvrer  par  son  secours ,  la  dignité 
que  tu  as  perdue.  »  Le  jeune  prince,  corrompu  par  ces 
discours  et  autres  semblables  ,  se  laissa  entraîner;  il  se 
rendit  en  Norvège,  et  y  épousa  la  fille  du  roi,  suivant  les 
conseils  de  ses  flatteurs.  Mais  son  frère,  à  cette  nou- 
velle, indigné  de  ce  mariage  contracté  sans  sa  permis- 
sion, et  de  la  conduite  menaçante  de Brennus,  passa  dans 
le  Northumberland ,  s'empara  de  toutes  les  villes  de 
cette  province ,  et  y  mit  des  garnisons.  Brenims  ,  aus- 
sitôt qu'il  apprit  ce  que  venait  de  faire  son  frère,  em- 
mena avec  lui  une  armée  nombreuse  de  Norvégiens  , 
équipa  une  flotte ,  et  s'embarqua  pour  la  Bretagne. 
Quelques  jours  après ,  il  aborda  en  Ecosse ,  et  vit  bientôt 
venir  à  sa  rencontre  son  frère  Bélinus  qui  avait  rassem- 
blé toutes  les  troupes  de  l'ile.  Il  marcha  au-devant  de 
lui  pour  le  combattre  ;  et  lorsqu'ils  eurent  choisi  leur 
champ  de  bataille,  ils  partagèrent  leurs  armées  eu 
plusieurs  corps,  et  s'étant  approchés,  commencèrent 
le  combat.  11  y  eut  beaucoup  de  sang  répandu  des  deux 
côtés,  parce  que  les  traits  lancés  avec  force  portaient 
des  blessures  mortelles.  Enfin  les  Bretons  l'emportè- 
rent; les  Norvégiens ,  se  voyant  enfoncés,  s'enfuirent 
du  côté  de  leurs  vaisseaux,  et  Bélinus  les  poursuivit 
en  les  massacrant  sans  faire  de  quartier  à  personne. 
Quinze  mille  hommes  périrent  dans  cette  bataille,  et 
il  n'y  en  eut  que  mille  qui  parvinrent  à  se  sauver  sans 
blessures.  Brennus ,  ayant  trouvé  un  bâtiment ,  que  la 


54  O  ANNALES 

ingerebant.  Deniquè  prœvalentibus  Britonlbus,  dlffu- 
gerunt  Norguegenses ,  laceratis  agminibus,  ad  naves; 
et  cùm  fugam  facerent,  insequitur  illos  Bcliiius,  cse- 
dem  sine  pietate  faciens.  Ceciderunt  in  illo  praelioquin- 
decim  millia  hominum ,  nec  ex  résidais  mille  fuerunt 
qui  illaesi  abscederent.  At  Brennus  vix  unam  navem 
nactus,  ut  fortuna  conduxerat,  gallicana  littora  peti- 
vit  ;  cœteri  vcro  qui  cum  illo  advenerant ,  quo  casus 
ducebat ,  latebras  expetebant. 


CAPITULUM  XXI. 

Quôd  Erennus  invasit  Belinum  fratrem  suiim  in  regnum  Britanniae. 


Belino  autem  regnum  cum  pace  et  tranquillitate 
régente,  frater  suus  Brennus  in  gallicano  littore,  ut 
praedictum  est,  appulsus,  interiùs  cruciatibus  anxia- 
batur.  Ferebat  enim  graviter  sese  expulsum  à  patrià  , 
nec  copiam  revertendi  babere ,  ut  amissâ  dignitate 
frueretur.  Nescius  igitur  quid  faceret,  principes  Gal- 
liae  adiit  duodeciin  solummodo  militibus  comitatus. 
Cùmqueinfortuniumsuum  singulisostenderet,  neque 
auxilium  ab  uUo  impetrare  quivisset,  vcnit  tandem 
ad  Seginum  ducem  Allobrogum,  et  ab  eo  lionorificè 
susceptus  est.  Morans  autem  apud  ipsum  ,  accessit  ad 
tantam  familiaritatem  ducis,  ut  non  csset  alius  in  cu- 
riâ  qui  sibi  prœferretur  :  in  omnibus  namque  negotiis, 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    III.  54 1 

fortune  lui  offrit,  gagna  les  côtes  de  la  Gaule;  mais 
les  compagnons  qu'il  avait  amenés  avec  lui  restèrent 
en  Ecosse,  en  se  cachant  dans  les  retraites  qu'ils  pu- 
rent se  procurer. 

OBSERVATION. 

Il  paraît  que  Jacques  de  Giiyse ,  d'après  l'histoire  des  Bretons , 
appelle  ici  Be'linus  et  Brennus  les  deux  frères  qu'il  a  nommés 
Brémus  et  Brennius  dans  les  chapitres  xv  et  xvi  ,  d'après  Lucius 
de  Tongres  et  Hugues  de  Toul.  L'auteur  lui-même  l'observe  à  la 
fin  du  chapitre  xxii. 


CHAPITRE  XXI. 

Brennus  attaque  son  frère  Betinus  dans  son  royaume  de  Bretagne. 


Tandis  que  Bélinus  gouvernait  ses  états  en  paix, 
son  frère,  débarqué  sur  le  rivage  de  la  Gaule,  ainsi 
qu'on  l'a  vu ,  était  rongé  par  de  cruelles  angoisses.  Il 
supportait  avec  peine  d'être  banni  de  sa  patrie ,  et  de 
n'avoir  pas  la  liberté  d'y  rentrer  pour  y  jouir  de  sa  di- 
gnité passée.  N'ayant  aucun  dessein  fixe,  il  va  trouver 
les  princes  de  la  Gaule  avec  une  suite  de  douze  cheva- 
liers seulement.  Lor.squ'il  leur  eut  exposé  à  tous  ses 
infortunes ,  sans  avoir  pu  obtenir  du  secours  d'aucun 
d'eux,  il  se  rendit  auprès  de  Séginus,  duc  des  Allo- 
broges,  qui  le  reçut  honorablement.  Dans  le  séjour 
qu'il  fit  chez  ce  duc,  il  sut  tellement  s'insinuer  dans 
sa  familiarité,  qu'aucun  autre  personnage  de  la  cour 


34^  ANNALES 

tum  in  pace,  tum  in  bcllo  ,  probitatem  suam  mons- 
trabat,  ità  ut  dux  illum  amore  patris  diligeret.  Erat 
aiitem  pulcher  aspectu  ,  procera  et  gracilia  niembra 
liabens.  Statuit  dux  ut  unicam  filiam  suam  sibi  mari' 
tali  lege  copularet  ;  et  si  masculino  sexu  deinceps  care- 
ret ,  concedebat  ei  regnum  Allobrogum  post  obitum 
suum  cum  filia  possidcndum  :  si  autem  filius  ei  snper- 
veniret,  promittcbatauxilium  ,  ut  in  regnum  Britan- 
niœ  promoverctur.Nec  niora  :  maritatur  puella  Brenno, 
principesque  subduntur,  soliumque  regni  ei  donatur. 
Attractis  ergo  qaibusque  in  dilectionem  suam ,  deli-  . 
beravit  apud  se  quallter  se  in  Belinum  fratrem  suum 
vindicaret.  Quod  cùm  populo  sibi  subdito  indicasset, 
assensum  fecerunt  cuncti ,  ut  cum  illo  irent  ad  quod- 
cumque  regnum  ipsos  conducere  affectâsset.  Nec 
morâ ,  coUecto  grandi  exercitu ,  fœdus  cum  Gallis 
iniit ,  ut  per  provincias  eorum  Britanniam  cum  tran- 
quillitate  adiré  sineretur.  Exindè  peracto  in  littore 
Neustriensium  navigio ,  mare  ingressus  est ,  secun- 
disque  velis  in  insulam  applicuit.  Divulgato  igitur 
adventu  ipsius  ,  Belinus  frater ,  ascitâ  totius  regni  ju- 
vèntute,  obviàm  perrexit,  prselium  cum  illo  commis- 
surus.  Sed  ciim  hinc  et  indè  cohortes  statutae  ferè 
commisceri  incœpisscnt,  accclcravit  mater  amborum, 
quae  adhùc  vivebat,  per  dispositas  turmas  incedens. 
Erat  nomen  ejus  Connuvcnna,  œstuabatque  fîlium 
videre,  quem  multo  tempore  non  aspexerat.  Ut  igi- 
tur, trcmulis  gradibus ,  locum ,  quo  ipse  stabat ,  naçta 
fuit,  brachia  collo  ejus  injecit ,  desiderata  basia 
ingeminans. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  343 

ne  lui  était  préféré  :  en  effet ,  soit  dans  la  paix ,  soit 
à  la  guerre,  il  fit  preuve  dans  toutes  les  affaires  d'une 
si  grande  loyauté ,  que  le  duc  finit  par  l'aimer  comme 
son  fils.  Brennus  avait  du  reste  une  figure  pleine  de 
beauté,  une  taille  élevée  et  des  dehors  gracieux.  Sé- 
ginus  le  choisit  pour  mari  légitime  de  sa  fille  ,  et 
voulut  qu'après  sa  mort,  s'il  ne  laissait  point  d'enfant 
mâle,  sa  couronne  passât  à  son  gendre;  si,  au  con- 
traire, il  lui  survenait  un  fils,  il  s'engageait  à  l'aider 
à  s'emparer  du  trône  de  Bretagne.  Brennus  épousa 
donc  la  princesse ,  les  grands  reconnurent  son  auto- 
rité, après  la  mort  de  Séginus,  et  la  couronne  lui 
fut  dévolue.  Lorsqu'il  eut  gagné  le  cœur  de  son  peu- 
ple, il  réfléchit  aux  moyens  de  se  venger  de  Bélinus 
son  frère ,  et  ayant  fait  part  de  ses  desseins  à  ses  sujets, 
ceux-ci  consentirent  unanimement  à  le  suivre  partout 
où  il  voudrait  aller.  Aussitôt  il  lève  une  grande  armée, 
fait  alliance  avec  les  Gaulois  ,  qui  lui  permettent  de 
traverser  leur  pays  pour  se  rendre  en  Bretagne ,  et , 
après  avoir  équipé  une  flotte  sur  les  côtes  de  la  Neus- 
Irie  ,  il  se  met  en  mer ,  et  aborde  heureusement  à 
l'île  de  son  frère.  Dès  que  Bélinus  apprit  son  débar- 
quement, il  rassembla  toute  la  jeunesse  du  rovaume 
et  marcha  à  sa  rencontre  pour  lui  livrer  bataille.  Mais 
comme  les  deux  armées  commençaient  à  s'attaquer 
avec  vigueur ,  la  mère  des  deux  princes ,  nommée 
Connuvenna ,  accourut  dans  les  rangs  en  cherchant 
son  fils  qu'elle  n'avait  pas  vu  depuis  long-tems.  Enfin  , 
étant  parvenue  avec  beaucoup  de  peine  à  l'endroit  où 
il  se  trouvait,  elle  se  jeta  à  son  cou  et  l'accabla  de  ses 
baisers. 


344  ANNALES 


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CAPITULUM  XXII. 


Quod  mater  propria  pacificavit  filios  suos,  volentes  se  mutuo 
interimero  ,  videlicet,  Belinum  et  BrÊnnum. 


NuDATis  quoque  uberibus,  illum  in  hune  modum 
affataest,sernioriemimpedicntcsingultu  :  «Mémento, 
filî,  mémento  uberum  tuonim,  scilicet,  istorum  quœ 
suxisti  matrisque  uteri  tuae  qno  te  opifex  rerum  ex 
homine  in  homincm  creavit  ;  undè  te  in  mundum  pro- 
diixit,  angustiis  mea  viseera  cniciantibus.  Anxieta- 
tnm  igitur  quas  pi'o  te  passa  sum  reminiscens,  peti- 
tioni  meœ  acquiesce;  fratrique  tuo  veniam  concède, 
atque  conceptam  iiam  compesce.  Nullam  enim  adver- 
sùs  cum  habes  justam  querimoniam,  qui  tîbi  nullam 
intuHt  contumebam.  Non  enim  fugavit  te  ut  deteriùs 
tibi  contingeret,  sed  coegit  détériora  postponere,  ut 
ad  potiora  sublimaret  :  subditus  namque  illi  partem 
regni  possidebas ,  quam  ut  amisisti ,  par  sibi  factus  es, 
Allobrogum  regnum  adeptus.  Quid  igitur  fecit,  nisi 
quod  ex  paupere  regulo  te  in  sublimem  regcm  promo- 
vit?  »  Super  his  igitur  quîie  ipsa  expresserat  motus, 
sedato  animo,  obedivit,  et,  ullro  deposità  galea, 
cum  iliii  ad  fratrcm  perrexit.  Bclinus  ergo,  ut  illum 
cum  vultu  pacis  ad  se  venire  conspexit,  abjectis  ar- 


DE    HAINAtT.    LIVRE    III.  345 


CHAPITRE  XXIL 


La  mère  des  deux  princes  Belinus  et  Brennus  les  reVoncilie  lorsqu'ils 
e'taient  sur  le  point  de  s'arracher  la  vie. 


La.  princesse  découvrant  son  sein,  adressa  à  son 
fils  Brennus  ces  paroles  qu'interrompaient  à  chaque 
instant  ses  sanglots  :  «  Souviens-toi,  mon  fils,  dit-elle, 
souviens-toi  du  sein  qui  t'a  porté ,  et  dans  lequel  le 
souverain  maître  de  l'univers  t'a  donné  l'être,  du  sein 
que  tu  as  pressé  de  tes  lèvres  et  que  tu  as  déchiré  en 
naissant.  Songe  aux  douleurs  que  j'ai  souffertes  pour 
toi ,  et  daigne  écouter  ma  prière.  Pardonne  à  ton  frère, 
je  t'en  conjure  ,  et  calme  la  colère  qui  t'anime.  Tu  n'as 
aucun  sujet  de  te  plaindre  de  lui;  il  ne  t'a  fait  aucun 
tort  ;  il  ne  t'a  point  chassé  pour  rendre  ton  sort  pire 
qu'il  n'était  auparavant  ;  au  contraire  ,  il  t'a  forcé  de 
quitter  un  rang  inférieur  pour  t'élever  à  un  poste  plus 
élevé.  Tu  étais  son  sujet  en  possédant  cette  partie  du 
royaume  que  tu  as  perdue  plus  tard  ;  aujourd'hui  lu  es 
devenu  son  égal,  et  tu  as  obtenu  le  trône  des  Allobroges. 
Que  peux-tu  donc  lui  reprocher?  Tu  n'étais  qu'un  petit 
seigneur,  et  il  t'a  fait  un  grand  prince.  »  Brennus, 
désarmé  par  les  larmes  et  les  prières  de  sa  mère ,  oublie 
ses  ressentimens,  et,  déposant  son  casque,  se  dirige 
avec  elle  vers  son  frère.  Dès  que  Bélinus  le  vit  ap- 
procher d'un  air  bienveillant ,  il  jeta  ses  armes  et  cou- 


346  ANNALES 

mis ,  in  amplexus  cjusdem  cum  osculo  occurrit.  Nec 
mora  :  facti  sunt  amici  adinvicem ,  et  cohortibus  ex- 
armatis,  urbem  Trinonantum  vencnint.  Ibi  consilio 
accepto  quid  faccrcnt,  paravcrimt  cxercitum  com- 
munem  in  Galliarum  partes  ducere,  cunctasque  pro- 
vincias  suœ  potestati  submittere.Emenso  deindè  anno, 
transfretaverunt  in  Gallias,  patriamque  vastare  incœ- 
periint.  Qiiod  ciim  per  nationes  divulgatiim  fuis- 
set,  convcnenmt  otnnes  reguli  Gallonim,  obviàinque 
venientes  contra  eos  diuiicaverunt.  At  Belino  et  Bren- 
no,  Victoria  proveniente,  Galli,  vulneratis  catervis, 
difrugcrunt.  Mox  Britones  et  Allobroges,  ut  triumpho 
potiti  sunt ,  fugientos  Gallos  insequi  non  cessaverunt, 
donec  captis  regibus,  ipsos  deditipni  suœ  coogerunt. 
Munilis  etiàm  urbibus  eversis,  lolum  regnum  infrà 
unum  annum  subniiscrunt.  Postrenio  cùm  universas 
provincias  deditioni  compulissont ,  pctierunt  Romani 
cum  tota  multitudine  sua,  urbosque  et  colonos  per 
ItaUam  depopulantur.  Actov.  Quos  liistoria  dicta  vo- 
cat  Brennum  et  Belinum,  Hugo  atque  Lucius  appel- 
lant  Brennium  et  Bremiim. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  347 

rut  dans  ses  bras.  Ils  redevinrent  amis  sur-le-champ , 
et  se  rendirent  ensemble  dans  la  ville  de  Trino- 
bantes ,  où ,  après  avoir  délibéré  sur  ce  qu'ils  devaient 
faire,  ils  s'apprêtèrent  h  conduire  de  concert  une  armée 
dans  les  Gaules  ,  pour  en  faire  la  conquête.  En  effet, 
au  bout  d'un  an  ,  ils  débarquèrent  en  ce  pavs  et  se 
mirent  à  le  ravager  ;  et  lorsque  cette  nouvelle  se  fut 
répandue  chez  les  peuples  qui  l'habitaient,  tous  les 
petits  rois  qui  se  partageaient  les  Gaules  ,  se  rassem- 
blèrent,  et  marchant  à  leur  rencontre,  les  combat- 
tirent. Mais  Bélinus  et  Brennus  furent  vainqueurs  ,  et 
les  Gaulois,  enfoncés  de  tous  côtés,  prirent  la  fuite. 
Alors  les  Bretons  et  les  Allobroges  ,  profitant  de  la  vic- 
toire ,  les  poursuivirent  sans  relâche  jusqu'à  ce  qu'ils 
eussent  fait  les  rois  prisonniers,  ou  qu'ils  les  eussent 
réduits  à  se  rendre.  Les  places  fortes  furent  rasées, 
et,  au  bout  d'un  an,  tout  le  royaume  fut  conquis. 
Enfin,  lorsqu'ils  virent  que  toutes  les  provinces  leur 
étaient  soumises ,  ils  se  dirigèrent  sur  Rome  avec  tou- 
tes leurs  forces ,  et  ravagèrent  en  ItaUe  les  villes  et  les 
colonies  qui  se  trouvèrent  sur  leur  passage.  L' Auteur. 
L'histoire  des  Bretons  appelle  Brennus  et  Bélinus  ceux 
qui  sont  nommés  Brennius  et  Brémus  par  Hugues  et 
par  Lucius. 


348  ANNALES 


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CAPITULUM  XXIII. 


Qualilcr  Senonenses  Belgos  ïnvaserunt. 


HUGO  mixtim  et  lucius. 

Trecentesimo  an  no  ab  urbe  romanâ  conditâ  , 
tempore  consulum,  leges(i)  athenienses  Romam  de- 
latœ  sunt  in  decem  tabulis,  quibus  duœ  additœ  sunt 
à  Romanis.  Anno  autem  trecentesimo  primo,  cessa- 
verunt  regnarc  consiiles(2)in  urbe  romanâ;  et  anno 
trecentesimo  ctqiiinto  decimo,  Veicntes(I^)  victi  sunt 
à  Romanis ,  tempore  Assueri  régis.  Circà  quod  tem- 
pus,  Senoncs,  Galli ,  Allobrogcs  etBiitanni,  ducibus 
corum  Brcmo  et  Brcnnio,  Galliam  et  regnum  Belgo- 
rum  invascrunt.  Oui ,  post  beliis  pluribus  ,  et  regibus 
Gallorum  devictis  ,  primo  Neustriam  et  Belvacinium  , 
cum  civitatibus  omnibus,  concremantes,  Lutetiani, 

(i)  En  Tan  Je  Rome  3o3 ,  4^'  'iv.  J -C. ,  sous  le  consulat  de 
P.  Sestius  (>aiiitoliniis  et  T.  Me'ncnius  Lanatus ,  les  liis  furent 
apportées  d'Athènes  à  Rome. 

(a)  En  Tan  4S<>  le  3  da  mois  de  juin,  les  consuls,  qui  étaient 
alors  Appius  Claudius  Crassinus  et  T.  Géniicius  Augiirinus,  abdi- 
quèrent et  furent  élevés  au  dccemvirat  charge  de  rédiger  les  lois. 

(3^  L'an  436  av.  J.-C 


DE   HAINAUT.    IIVRE   III.  349 


CHAPITRE  XXIII. 


Les  Senonais  attaquent  les  Belges. 


HUGUES  et  Lucius  ensemble. 

En  l'an  300 ,  depuis  la  fondation  de  Rome ,  après 
l'établissement  du  consulat ,  les  lois  d'Athènes  furent 
apportées  à  Rome  sur  dix  tables  (1),  auxquelles  les 
Romains  en  ajoutèrent  deux.  En  l'an  301  ,  les  consuls 
abdiquent  l'autorité  ;  et  en  l'an  3 1 5 ,  les  Véïens  sont  vain- 
cus par  les  Romains ,  dans  le  tems  du  roi  Assuérus. 
Vers  la  même  époque,  les  Senonais,  les  Gaulois  (2),  les 
Allobroges  et  les  Rrelons  ,  sous  la  conduite  de  Rrémus 
et  de  Brennus  ,  envahissent  la  Gaule  et  le  royaume 
des  Belges.  Apres  plusieurs  batailles  et  la  défaite  des 
rois  du  pays ,  ils  incendient  la  Neustrie ,  le  Beauvoisis 
et  toutes  les  villes  renfermées  dans  ces  provinces  ; 
ils  rasent  Lutèce  ou  Paris,  Vsiiim  ou  Melun,  et  sont 
enfin  reçus  à  Sens  au  milieu  de  la  joie  des  habitans. 
Après  avoir  agrandi  considérablement  cette  ville,  ils 
résolurent  de  fonder  un  nouveau  royaume  ,  et  bâtirent 
plus  au  loin  une  nouvelle  ville  sacerdotale  qu'ils  nom- 
mèrent Auxerre,  c'est-à  dire,  le  séjour  le  plus  élevé 

(:)  Les  dix  premières  tables  furent  rédigées  par  les  premiers  de'- 
cemvirs,  et  les  deux  autres  par  les  derniers. 
(a)  L'auteur  désigne  sous  ce  nom  les  Celtes, 


550  ANNALES 

id  est  Parisius,  Ysium,  ici  est,  Melunum,  solo  co- 
aequantes ,  tandem  Senonisciiin  ingenti  gaudiosuntà 
Seiioiiensibussuscepti.  Qui  dictam  in  immensum  dila- 
tantes civilatem,  regnum  novumslabiliredecreverunt; 
et  civitatcm  sacerdotalem  novam  remotiùs  fundantes, 
Altissiodorum,  id  est,  Altissima  sedes  deorum  ,  niin- 
cupâriint.  Ettuncexaltata  sunt  rcgum  Brenii  et  Bren- 
nii  corda,  et  miserunt  ad  omnes  qui  habitabant  in 
Galliis,  ubicumque  repei'icbantur  ci  vitales  et  oppida, 
et  ad  ducem  et  civitatem  Belgorum  ,  et  ad  omnes  sibi 
favorabiles  et  colligatos,  ad  Ruthenos,  Riielios, 
Huynos,  Nervios  et  Servios,  Germanos,  Tungrinos, 
Agrippinenses,  Rbenos,  Treverinos,  Menapios,  Mo- 
sellanos ,  Moguntinos ,  Strasburgenses  ,  et  ad  omnem 
regionem  aquilonarem  circà  Oceanum,  et  à  fluvio 
magno  Rheni  usquc  ad  Alpes;  et  pertranseundo  per 
Placentiam  et  Mediolanum ,  usquè  ad  civitatem  ro- 
manam  ,  et  pertranseundo  Romaniolam  et  Calabriam , 
terram  Laboris  et  Apuliam  usquè  Grseciam,  ubi  ha- 
bitabant filii  quorum  parentes  Trojara  destruxerant , 
magnam  gentem  à  quâ  descenderant ,  mcdlante  Bru- 
to  ,  cujus  destruclionis  énorme  excidium  ipsi  vindi- 
care  volebant  :  ad  hos  omnes  miserunt  nuntios  dicti 
Brenms  et  Brennius  ut  defenderent  se.  Qui  ferè  con- 
tradixerunt  omnes,  et  remiserunt  nuntios  vacuos  et 
sine  honore  et  abjecerunt  eos.  Tune  indignati  Bremus 
et  Brennius  juraverunt  per  numina  quod  cunctos 
edomarent,  qui  suis  refutarunt  parère  mandatis.  Vo- 
caverunt  igitur  duces  et  comités  et  magistros  militiae 
eorum ,  dinumeraverunt  viros ,  in  expeditione  eorum  » 


DE    HAINAUT.    LIVRE   III.  35 1 

des  dieux.  Ce  fut  alors  que  les  rois  Brémus  et  Bren- 
nus  corumenccrent  à  s'enorgueillir.  Ils  envoyèrent  des 
députés  aux  habilans  des  Gaules,  à  toutes  les  villes, 
à  tous  les  bourgs  qu'ils  rencontrèrent,  au  duc  et  à 
la  cité  des  Belges  ,  aux  partisans  et  alliés  de  ceux-ci, 
aux  Ruthènes  ,  aux  Rhétiens ,  aux  Hugniens ,  aux  Ner- 
viens,  à  ceux  de  Cliièvre,  aux  Germains,  auxTongriens, 
aux  Agrippiniens ,  aux  habitans  des  rives  du  Rhin,  aux 
Trévirois,  aux  IMénapiens,  aux  Mosellans,  à  ceux  de 
Maïcnce,  de  Strasbourg  ,  et  à  tous  les  peuples  du  nord 
près  de  l'océan ,  et  depuis  le  grand  fleuve  du  Rhin 
jusqu'aux  Alpes;  ensuite  par  Plaisance  ,  et  Milan  jus- 
qu'à la  ville  de  Rome  ,  et  par  la  Romagne ,  la  Terre 
de  Labour,  la  Fouille  et  la  Calabre,  jusque  dans  la 
Grèce  habitée  par  la  postérité  de  ceux  qui  avaient  dé- 
truit la  cité  de  Troie,  cette  grande  nation  d'où  ils 
descendaient  par  Bru  tus  et  dont  ils  voulaient  venger 
la  ruine.  Brémus  et  Brennus  envoyèrent  à  tous  ces 
peuples  pour  les  engager  à  se  soumettre.  Mais  ils  re- 
fusèrent tous  avec  fierté ,  et  renvoyèrent  sans  préseus 
et  sans  honneurs  les  députés,  qu'ils  chassèrent  même 
de  chez  eux.  Alors  Brémus  et  Brennus  jurèrent,  dans 
leur  colore ,  de  détruire  tous  les  peuples  qui  avaient 
méprisé  leurs  ordres.  Us  firent  venir  les  ducs,  les  comtes 
et  les  maîtres  de  leur  milice  ;  ils  désignèrent,  pour  les 
suivre  dans  leur  expédition  ,  un  nombre  infini  de  guer- 
riers ,  qu'ils  partagèrent  en  corps  d'infanteiie,  de  ca- 
valerie et  d'archers  ,  et  se  firent  précéder  de  tout  ce 
qui  pouvait  maintenir  l'abondance  dans  leur  armée. 


352  ANNALES 

pedltes,  équités  et  sagittarios  multos  valdè;  omnem- 
que  expeditionem  suam  fecerunt  prœire  cum  his  quae 
exercitibus  sufficerent  copiosè. 


CAPITULUM   XXIV. 


De  fundatione  civitatis  Suessionensis. 


Anno  igitur  primo  regni  eorum,  contra  Belgos 
primitùs  l)elluin  arripientes,  decreverunt  Belgi  dictis 
rogibus  oninino  contradicere  ;  et  acics  eorum  prépa- 
rantes ad  fluvium  Ausonîe  castra  metantur.  Qui  viri- 
liter  dictis  regibus  resistentes  per  longum  terminum  , 
ripariam  dictam  ne  transirent,  ferociterconservarunt. 
In  qua  obsidione  Bremus  cum  Senonensibus,  ab  aiiâ 
parte  fluminis,  oppidum  fundaverunt,  quod  Sessio 
Senonensium  appellatum  est,  nunc  vero  Suessio  di- 
citur.  Brennius  vero  ex  eâdem  parte  fluminis ,  super 
quoddam  fluviolum ,  quod  Vcdula  dicitur,  aliud  op- 
pidum construxit,  quod  usquè  in  hodiernum  diem 
Brema  dicitur;  et  eadem  pro  succursu  reservantes, 
ad  fluvium  pertranseundum  se  disposuerunt,  Remo- 
rum  civitate  priiis  subjugatâ.Stationibusque  ex  utra- 
que  parte  fluminis  duraatibus,  finxit  Bi'ennius  cum 
suis  Senonensibus  velic  fluvium  per  violentiam,  una 
dierum ,  pertransire  ;  et  clangentibus  tubis ,  et  ponti- 


DE    HAl.SAUl.     UVRi,    m.  ÙOJ 


CHAPITRE  XXIV. 


De  la  fondation  de  la  ville  de  Soissons. 


En  la  première  année  de  leur  règne,  Brémus  et 
Brenniis  se  disposant  à  attaquer  d'abord  les  Belges, 
éprouvèrent  une  forte  résistance  de  la  part  de  ceux-ci, 
qui  levèrent  une  armée  et  allèrent  camper  surles  bords 
de  l'Aisne,  où  ils  résistèrent  Icmg-tems  à  leurs  enne- 
mis en  les  empêchant  de  passer  la  rivière.  Dans  ces 
circonstances  ,  Brémus ,  qui  se  voyait  pour  ainsi  dire 
assiégé,  fonda  avec  les  Sénonais,  sur  le  bord  occupé  par 
ses  troupes,  une  ville  qui  fut  appelée  la  Session  des 
Sénonais  ,  et  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Soissons. 
Brémus  fonda  aussi,  du  même  côté  de  l'Aisne,  et  sur 
le  bord  d'une  petite  rivière  nommée  la  Vêle  ,  une  autre 
ville  qui  s'appelle  encore  aujourd'hui  Braine.  Les  deux 
princes,  après  s'être  ménagé  ces  retraites,  se  dispo- 
sèrent à  passer  l'Aisne,  et  commencèrent  par  s'empa- 
rer de  la  ville  de  Reims.  Comme  les  deux  armées  étaient 
toujours  en  présence  sur  les  deux  rives  opposées, 
Brennus  feignit  de  vouloir  passer  de  force  la  rivière, 
ce  jour  même ,  avec  les  Sénonais.  Les  trompettes 
II.  iZ 


.354  ANNALES 

bus  cordarum  dispositis  ab  eisdem,  et  ecce  in  occur- 
suni  subito  omnes  Belgi  se  opponentes  passum  te- 
nuerunt.  Intereà  durante  tempestate,  Breinus,  cum 
suis  Britonibus,  ad  quatuor  milliaria  superiîis,  flu- 
viuni  pacifiée  pertransiil;  et  reverlcns  eontià  Belgos 
à  relro,  reperit  eos  in  littore  contra  Brennium  pug- 
nantes,  qui  sagittis,  telisetjaculis,  pcnèotnnes  interfe- 
cit;  erant  enim  ab  utràque  parte  inimiciscircumclusi. 
Paucis  igiturBeigis  evadentibus  et  per  dévia  fugienti- 
bus,  transmeaverunt  Senonenses  cum  Brennio  rege, 
pervagantes  et  patriarn  totain  subjiigantes,  Yei'inan- 
diam  cremaverunt ,  et  ripanam  Suuiniœ  approximan- 
tes,  Belgos  recoUectos  sentientes,  ad  pugnanduin  se 
coaptaverunt,  duoscivitatuni  Belgorum  mittentes  qui 
adversarios  explorarent.  Qui  revertentcs  retulerunt 
duas  vidisse  acies,  quarum  quixlibet  ultrà  ducenta 
millia  expeditorum  ad  pugnandum  continebat,  aUis 
quàmpluribus  undiquè  circunifusis,  non  enumeratis. 
Quod  audientes,  concordi  decreverunt  assensu  potiùs 
in  suis  civitatibus,  cum  uxoribus  et  liberis,  se  fortu- 
niisexponere,  quàm  illuc  improvisé  pugnare.  Reversi 
sunt  igitur  quilibet  ad  propria  Cambrini,  Solares, 
Belgenses,  Nervii,  Mercuriales,  Fanimartenses,  Ser- 
vienses,  Portubelgenses,  Attrebatini,  Morinenses, 
Rutheni  atque  Huynienses. 


; 

DE    HAINAUT.    LIVhE    III.  355 

sonnent ,  on  jette  des  ponts  de  cordes ,  et  tous  les 
Belges  accourent  aussilùt  pour  s'opposer  au  passage. 
Pendant  cette  fausse  attaque ,  Brémus  avec  ses  Bre- 
tons ,  franchit  tran(|uillement  la  rivière  ,  quatre  milles 
plus  haut;  et,  tonibant  sur  les  Belges  par  derrière, 
il  les  accable  de  flèches  ,  de  traits  et  de  javelots  ,  lors- 
qu'ils étaient  occupés  à  combattre  Brennus,  et  les  tue 
pres(jue  tous,  après  les  avoir  cernés  de  tous  côtés.  Le 
peu  qui  s'échappa  s'enfuit  par  des  chemins  détournés  ; 
Brennus  passa  la  rivière  avec  les  Sénonais ,  et ,  ra- 
vageant tout  le  pays  ,  brûla  la  ville  de  Vermande. 
Lorsque  les  deux  armées  furent  arrivées  sur  les  bords 
de  la  Somme  ,  elles  s'aperçurent  que  les  Belges  avaient 
rassemblé  de  nouvelles  troupes,  et  s'apprêtèrent  alors 
à  combattre.  Ceux-ci  envoyèrent  d'abord  deux  ducs 
pour  reconnaître  l'ennemi;  et,  lorsqu'ils  eurent  appris, 
à  leur  retour  ,  qu'ils  allaient  cire  attaqués  par  deux 
armées ,  dont  chacune  était  composée  de  plus  de  deux 
cent  mille  combaltans,  sans  compter  une  foule  innom- 
brable qui  les  accompagnait,  ils  résolurent  unanime- 
ment, plutôt  que  de  livrer,  sur  le  lieu  même,  une 
bataille  à  l'improviste,  de  s'exposer  aux  hazards  de  la 
guerre  dans  leurs  villes,  avec  leurs  épouses  et  leurs 
enfans.  Ils  revinrent  donc  sur  leurs  pas,  et  Cambré- 
siens  ,  Solemniens ,  Belges ,  Nerviens ,  Mercuriaux , 
Famarsiens ,  Serviens ,  Portebelgiens  ,  A.rtésiens,  Mo- 
rins,  Ruthènes  et  Huiniens ,  tous  enfin  rentrèrent  dans 
leurs  foyers. 


356  ANNALES 


CAPITULUM  XXV. 

De  fundatione  oppidi  Valentenensis. 


Proindè  Senonenses  audientes  secessiim  Belgo- 
rum,  aniinati,  decreverunt  omnes  dictas  civitates 
siinul  obsidere.  Et  pertranseuntcs  jnxtà  civitates 
Cambri ,  Solis,  Fanique  Martis,  suprà  ripariam  Scal- 
di ,  in  paludibus,  insulas  pluies,  in  paludum  mc- 
dio  ,  reperientes ,  decreverunt  abbinc  dictas  civi- 
tates obsidere.  Undè  illùc,  pro  opportuno  recursu, 
fortalilium  et  aggeres,  turres,  portain  et  oppidum 
munitum  et  forte  construxcrunt,  vallein([ue  Sono- 
nensium  sibi  nomen  imponentes,  pro  nunc  à  nioder- 
nis  Valentianis  appcllatur.  Bremo  et  Brennio  in  sta- 
tionibus  Brevitici ,  quod  nunc  dicitur  Buvraigcs(  i), 
à  dicto  Bremo,  et  Brenaî  pausantibus,  sic  à  Brenuio 
diclœ,  quae  usquè  ad  lempora  Caroli-Magni  dicto 
nomine  vocabatur;  sed  ob  reverentiam  gloriosi  mar- 
tyris  Salvii ,  mutato  nomine,  Sanclus-Salvius  (•:)!)  à 
cunctis  nunc  appcllatur.  Paludes  vero  internicdii  à 
Brutis,  id  est,  à  Britonibus,  in  eisdoni  coinmoranli- 
bus,  dictœ  sunt  Bruel  (3)  :  qui  quideni  Britones  cum 
Bremo  et  Brennio  à  Britanniâ  discesseraut. 

(i)  Beuvragcs,  ;"i  une  lieue  au  nord  de  Valenriennes. 

(a)  Saint-Sauge,  ;'i  une  lieue  au  noid-est  de  Valenciennes. 

(3)  Ou  plutôt  Bruay. 


DE    HAINAIÎT.     LIVRE    III.  357 


CHAPITRE  XXV. 


De  la  fondation  de  la  ville  de  Valenciennes. 


Lorsque  les  Sénonais  eurent  appris  la  retraite  des 
Belges,  ils  résolurent,  dans  leur  ardeur ,  de  former  le 
siège  de  toutes  leurs  villes.  Passant  donc  près  de  Cam- 
brai ,  de  Solème  et  de  Famars ,  ils  arrivent  sur  le  bord 
de  l'Escaut,  et  trouvent,  au  milieu  des  marais,  plu- 
sieurs îles  qui  leur  paraissent  propres  à  devenir  le 
centre  de  leurs  opérations.  Dans  cette  intention,  et 
pour  se  ménager  une  retraite,  ils  construisent  une  for- 
teresse, des  remparts,  des  tours,  une  porte  et  une 
ville  de  guerre ,  à  laquelle  ils  donnent  le  nom  de 
Vallée  des  Sénonais,  mais  qu'on  appelle  aujourd'hui 
Valenciennes.  Brémus  et  Brennus  ,  campèrent,  l'un 
à  Brevilicum,  nommé  ainsi  par  Brémus,  et  appelé 
maintenant  Beuvrages;  l'autie,  au  lieu  de  Brena,  qui 
tient  de  Brennus  ce  nom  qu'il  conserva  jusqu'au  tems 
de  Charlcmagne,  mais  qu'il  a  quitté  depuis  pour  pren- 
dre celui  du  glorieux  mirtir  saint  Sauge.  Les  marais 
d'alentour  furent  nommés  les  marais  de  Bruel,  en 
l'honneur  des  Brutes  ,  c'est-à-dire  des  Bretons,  qui  y 
séjournèrent,  et  qui  étaient  sortis  de  Bretagne  avec 
Brémus  et  Brennus. 


358  ANNALES 


CAPITULUM  XXVI. 

De  fundatlone  Senoncnsisburgi. 


Deniqui!;  Ut  ncics  Belgim  approximarcnt ,  ipsi 
quemclam  burgmn  fiinclavei-unt  juxtà  queinclam  alveo- 
lum  ,quem  vocaverunt  Senoncnsium  biirgiim  ,  gallicè 
Sebourg{\^  ;  et  illùc  vcndebantur  omnia  quœ  aclebus 
necessaria  videbantur.  Ab  bis  igitur  stationibus  to- 
tam  Galbain-Bolgicam  invaserunt.  Cùm  autom  Fa- 
num-Martis  bis,  ter,  quater  invasisscnt,  et  resisten- 
tiam  validissimam  experti  fuissent  cum  delrimento 
suorum,  decrevernnt  illùc  liiemari.  Decrevit  tandem 
Brennius  Belgim  obsidere,  Bremo  antè  Fanum-Martis 
commorante.  Intereà  ciirsores  senonenses  ad  moiitem 
Minervae  cucurrerant,  et  idolum  ad  prœsentiam  Bre- 
mi  asportaverunt ,  qui  cum  jucunditate  suscipiens  et 
Senonis  transmittens,  intubt  :  «  Si  Belgi  nobiscum 
fœderari  vellent ,  proîit  aliàs  incœperanl ,  et  nobiscum 
contra  Romanos  et  Grœcos  progredi,  ob  Minervae 
reverentiam  ac  doorum  cœli,  intactas  rebnqueremus 
civitates  eorum  :  cxperiemur  enim  ipsos  ergà  deos 
sempcr  habuisse  reverentiam,  deos  ergà  eos  benevo- 

(i)  Entre  Valencicnncs  et  Bavai. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  SSp 


CHAPITRE  XXVI. 

De  la  fondation  de  Sebourg. 


Enfin  ,  lorsque  les  troupes  ennemies  approchèrent 
de  Belgis  ,  elles  fondèrent,  sur  un  petit  canal,  un 
bourg,  auquel  elles  donnèrent  le  nom  de  Bourg  des 
Smonais ,  et  qui  s'appelle  en  français  Sebourg.  On  y 
vendait  tout  ce  qui  était  nécessaire  aux  armées.  C'est 
de  ces  différentes  stations  que  les  ennemis  se  répan- 
dirent pour  faire  l'invasion  de  toute  la  Gaule-Belgique. 
Aprèj  avoir  donné  quatre  assauts  à  la  ville  de  Famars, 
et  éprouvé  chaque  fois  une  résistance  vigoureuse  avec 
une  perte  considérable  des  leurs,  ils  résolurent  de 
prenilre  à  l'endroit  même  où  ils  se  trouvaient  leurs 
quartiers  d'hiver.  A  la  fin  Brennus  se  détermina  à  as- 
siéger Belgis,  tandis  que  Bréinus  resterait  d 'vant  Fa- 
mars Pendant  ce  tems-là,  des  éclaireurs  sénonais  vont 
à  la  montagne  de  Minerve  ,  et  en  rapportent  à  Brémus 
l'idole  de  cette  déesse,  qu'il  reçoit  avec  joie,  et  qu'il 
des'ine  à  la  ville  de  Sens,  en  disant  :  «  Si  les  Belges 
voulaient  faire  alliance  avec  nous,  comme  ils  ont  fait 
jadis,  et  nous  suivre  dans  notre  expédition  contre  les 
Romains  et  les  Grecs ,  nous  laisserions  ,  par  respect 
pour  Minerve  et  pour  les  autres  divinités  ,  leurs  villes 
intactes:  car  nous  sa\ons  qu'ils  curent  toujours  un 
grand  respect  pour  les  dieu.K ,  et  que  les  dieux  leur  ont 


360  ANNALES 

lentiam.  Spero,  inquit,  in  nostra  prosperari  peregrl- 
nalionc,  si  nobiscum  auiicitiis  jungerentur.  »  Cùni 
auilîsset  Brennius  quae  frater  cjus  protulerat,  non  ap- 
probans  dixit  :  «  Et  si  ouinos  nobiscum  fœdciarontur 
civitatcs,  in  Belgi  cxpetani  vindictani  de  mihi  aliàs 
forcfactis  ;  npc  ab  obsidioiK;  recodain  quous(jiiè  onines 
à  civilate  perpetiioproscripti  ruerint,  qui  aliàs  duccin 
et  suos  st!|)i'ndiarios  proscripscrunt.  »  Non  dcfucrunt 
qui  Bi'lgcnsiuni  civilatibus  dcnunciavcrunt  qune  Brc- 
mus  et  Brennius  protulerant.  Petierunt  civitates  in- 
ducias  dieruni  octo,  quae  tandem  pepigerunt  fœdus 
cum  Senonensibus ,  sub  conditionibus  quae  sequuntur. 


%«%'«'«'%'*^%^^  v«.^«/«^  % 


CAPITULUM    XXVII. 

De  pactionibus  Belgorum  cum  Senonensibus. 


«  Prima  conditio,  quod  omnium  civitatum  Galliae 
belgicae  ac  totius  rcgni  ejus  pars  tertia  viroruni  expc- 
ditorumad  bellumcuni  ipsis  pj-ogredietiuad  pugnam 
contra  omnes  ipsis  adversanles,  et  specialiter  contra 
Romanos  et  Graccos.  Sccunda  conditio,  quod  deinceps 
de  olympiade  ad  olympiadem  totum  regnum  belgense 
tenebitur  mitterc,  ad  ipsos  conforlandum  ,  pi'opriis 
sumplibus,  scxties  ccutuin  millia  virorum  expedito- 


DE   HAINAUT.    LIVRE    III.  36 1 

souvent  donné  des  preuves  de  leur  bienveillance.  J'es- 
père ,  «  ajouta-t-il ,  »  que  tout  nous  réussira  dans  notre 
expédition,  si  nous  fesons  alliance  avec  eux.  »  Mais 
Brennus  n'approuva  pas  le  discours  de  son  frère. 
«Quand  bien  même,  «s'écria-t-il,»  toutes  les  villes  belges 
se  ligueraient  avec  nous  ,  je  ne  tirerais  pas  moins  ven- 
geance des  torts  que  Belgis  a  eus  jadis  envers  moi;  et 
je  ne  lèverai  le  siège  de  cette  dernière  ,  qu'après  que 
tous  ceux  qui  ont  anciennement  proscrit  le  duc  Missé- 
nus  et  ses  soldats ,  auront  été  bannis  à  perpétuité  de 
leur  ville.  »  Les  cités  belges,  informées  des  discours  de 
Brcmus  et  de  Brennus,  demandèrent  une  trêve  de  huit 
jours,  et  finirent  par  conclure  avec  les  Sénonais  un 
traité  de  paix ,  sous  les  conditions  suivantes  : 


CHAPITRE  XXVII. 

D'un  traite  des  Belges  avec  les  Se'nonais. 


«  Article  i.  Le  tiers  de  tous  hommes  propres  à  la 
guerre  ,  que  renferment  les  villes  de  la  Gaidc-Belgique 
et  tout  l'empire  belge  ,  suivra  les  Sénonais  dans  leurs 
expéditions  militaires  contre  tous  leurs  ennemis,  et 
spécialement  contre  les  Romains  et  les  Grecs.  Arùcle  ii. 
Dorénavant,  le  royaume  belge  sera  tenu  d'envoyer,  à 
chaque  olimpiade,  à  ses  frais,  au  secours  de  leurs  al- 
liés, et  dans  quelque  contrée  qu'ils  occuperont,  six 
cent  mille  de  bons  guerriers ,  joints  à  un  pareil  nombre 
de  Sénonais.  Article  m.  La  Gaule-Belgique  vivra  en 


5,62  ANXALES 

rum  ad  prseliuni,  ciim  totidem  Senonenslbus  sibi  ad- 
junctis ,  ubicumquè  tcrrarum  persliterint.  Tertia 
conditio,  quod  Gallia-Bclgicacum  senonica  perpetuis 
ainicitiis  fœderabitur,  et  quaelibet  deinccps  suorum 
deorum  sacrifîciis  propriis  contentabitur.  Qiiarta 
conditio,  quod  Léo  filius  quondàm  ducis  Misseni , 
ducis  belgciisis  proscripti,  coronetur  rex  non  solùm 
civitatis,  sed  totius  rcgni  belgcnsis,  et  ejus  posteritas 
perpetuis  temporibus  in  regno  succédât,  nunquàm 
de  cœtero  ducibus  annuis  fruituri.  Quinta  conditio, 
quod  centum  principaliuuî  civitatis  Bcigis ,  qui  duccm 
Missenum  quondàm  proscripscrant,  et  ligani  quam 
cum  Senononsibus  habiierant  interruperunt ,  capita 
eorum,  absentibus  corporibus,  cunctis  Senonensibus 
congregatis  prœsenfentur.  Scxta  conditio,  quod  an- 
nona  oniniiun  civitatum  Senononsibus  cunctis  infrà 
biduum  prœscntetur  conuuutantla.  »  Et,  licet  civitas 
belgensis  assentire  nollct  conditionibus ,  tandem  ta- 
men  cunctis  civitatil)us  regni  id  concordantibns,  ipsa 
consensit.  Undèconchisivè,  ad  bas  omnescontlitiones 
inviolabibterobservandasobligaverunt  seoinnes  rcgni 
civilates  à  liparia  Yonœ  et  Sequana?  per  Maternam 
descendcndo  ,  usquè  ad  Oceanum  à  pai'te  aquilonis  , 
demptis  Rutlienis ,  Rbetiis,  Menapiis,  Batbuanis, 
Huyniensibus  concb'onicis  et  Tungrensibiis  ,  ([ui,  dic- 
tis  condition  bus  auditis,  in  eisdein  ,  circumvolvj  no- 
luerunt.Eratauteniannusprimusolympiadisxcviii(i) 
initium  Leonis  prinii  régis  post  duces.  Civitatesautem 
circumviciniTc  pahidibus  Iliiyniirquœ  ad  parlamentum 

(i)  L'an  388  av.  J.-C. 


DE    HAlNAtT.     LIVRE    III.  365 

perpétuelle  amitié  avec  la  sénonaise,  et  chacune  se 
contentera  des  sacrifices  particuliers  qu'elle  l'ait  à  ses 
dieux.  Article  iv.  Léo,  fils  du  feu  duc  Missénus,  qui 
avait  été  proscrit ,  sera  couronné  roi  de  la  cité  et  de 
tout  le  royaurae  des  Belges,  et  sa  couronne  passera  à 
jamais  à  ses  descendans,  le  gouvernement  des  ducs  an- 
nuels demeurant  pour  toujours  aboli.  Article  v.  Les  cent 
premiers  des  citoyens  de  Belgis,  qui  ont  jadis  proscrit 
le  duc  Missénus,  et  qui  ont  rompu  l'alliance  qu'ils 
avaient  formée  avec  les  Sénonais,  seront  décapités,  et 
leurs  tètes  seront  présentées  à  tous  les  Sénonais  assem- 
blés. Article  vi.  Pendant  deux  ans,  tout  le  blé  des 
Belges  sera  apporté  aux  marchés  des  Sénonais.  »  La 
ville  de  Belgis  refusa  d'abord  d'adhérer  à  ces  condi- 
tions, mais  lorsqu'elle  vit  qu'elles  étaient  consenties 
par  toutes  les  autres  cités,  elle  finit  par  les  approuver. 
Ainsi  donc  toutes  les  villes  du  royaume  belge,  depuis 
l'Yonne  et  la  Seine,  et  en  descendant  par  la  Marne, 
jusqu'à  l'Océan,  au  nord,  à  l'exception  des  Ruthènes, 
des  Rhétiens  ,  des  Ménapiens ,  des  B.itaves ,  des  Hui- 
niens  du  Condros  et  des  Tongriens,  qui,  avant  en- 
tendu ces  contlilions,  ne  voulurent  pas  v  consentir, 
toutes  ces  villes,  dis-je,  s'obligèrent  à  observer  invio- 
lablement  tous  les  articles  du  traiié.  Léo  coniuiença  à 
régner  la  première  année  de  la  QS*"  olimpiade.  Quant 
aux  cités  voisines  des  marais  de  la  Haine  ,  qui  n'a- 
vaient point  été  appelées  au  traité,  telles  que  Nervie, 
Famars,  Servie,  Porlebelge,  les  Belges  qui  habitent  les 
bords  de  la  Sambre  et  quelques  Pannoniens  des  rives  de 
la  Haine,  frappés  des  dangers  qui  les  menaçaient,  con- 
sentirent aux  aiticles  ci-dessus  rapportés,  et  furent 
compris  dans  le  traité  de  paix  fait  avec  les  Belges, 
avant  que  les  Sénonais  eussent  franchi  leurs  marais. 


364  ANNALES 

convocatae  non  fuerant,  ut  Nervia,  Fannm-Martis , 
Servia,  Portus  Belgoruni ,  Huynienses  belgici  circà 
fluvium  Sambrae  atque  paiici  Pannonii  suprà  Huy- 
niam,  videntcs  iinmincre  pericula,  antequàm  seno- 
nenses  paliides  pertransissent ,  impctrarunt  ut,  con- 
ditionibus  adhibitis,  pace  Belgorum  fruerentur. 


CAPITULUM  XXVIII. 


De  primarill  fundatione  Sonej^ii,  Reux  ,  Brcnœ ,   Lembccque  ,  et 
consimilium  oppitloriim. 


Paucis  tandem  emergentibus  dicbus,  Senononses, 
licct  cuni  diffîcultate,  paludos  Hiiyiiiae  pertransire 
disposucrunt,  et  contra  Rhctios ,  Rluitenos,  Mena- 
plos  et  Huynienses  et  cœteras  nationes  congrcgatas  in 
j)iincipio  Rlietiae  ,  ad  bellandiini  se  disposueruiit ,  in 
loco  qui  nunc  Senogias(i),  à  slatione  Senonensium, 
dicilur,  cuin  Bremo;  Brennius  vero  ruin  suis,  non 
multùin  reniolc  ab  eodem  loco,  in  territoiio,  (jui  ab 
eodern  regc  nunc  Brena(>è)dicitur,  suas  acies  stabili- 
vit  ;  Belgos  vero  quos  rccentcr  applicuerant,  Belgione 

(i)  Snignîes ,  à  trois  lieues  nord  de  Mons. 

loi)  Brenne-le-Comte ,  à  trois  lieues  nord  de  Reux. 


DE   HAINAUT.    LIVRE   III.  365 


CHAPITRE  XXVIII. 


Fondation  de  Soignies,  de  Reux,  de  Rraine ,  de  Lembeck  ,  et 
autres  villes  semblables. 


Peu  de  jours  après,  les  Sénonais  se  disposèrent, 
quoique  avec  peine  ,  à  franchir  les  marais  de  la  Haine  , 
et  à  attaquer  les  Rhétiens  ,  les  Huthènes  ,  les  Ména- 
piens,  les  Huiniens  et  toutes  les  nations  rassemblées  à 
l'entrée  de  la  Rhélie.  Brémus  fit  ses  préparatifs  de 
guerre  dans  la  ville  de  Soignies ,  ainsi  nommée  à  cause 
du  séjour  qu'y  firent  les  Sénonais.  Brénuis  rangea  son 
armée  en  bataille  un  peu  plus  loin  dans  un  endroit  qui 
de  son  nom  fut  appelé  Braine.  Les  Belges ,  qui  venaient 
d'arj-iver,  sous  la  conduite  deBelgion,  leur  duc,  furent 
postés  dans  un  lieu  nommé  aujourd'hui  Lembeck  , 
c'est-à-dire  lieu  des  Belges.  Toutes  les  forces  réunies 
des  Rhétiens  et  des  Ruthenes  s'avancèrent  contre  les 
Sénonais ,  et  s'arrêtèrent  à  un  endroit  qui  se  nomme 
Rhetia  en  latin  ,  et  Reux.  en  français;  les  iMénapiens  et 
leurs  alliés  s'établirent  à  Megnapia  ou  Migueau   en 


366  ANNALES 

eorum  duce  praeeunte,  profundliis,  in  Rhetiâ,  in 
locoquinunc  Lembecca(i)à  loco  Relgoriiin  dicitur, 
statULM'unt.  Rlietii  ciiin  Rliiitenis  simul  congregati , 
cum  omnipotrntià  coruiii,  cohtrà  Senononscs  proces- 
seriint,  et  acies  pcrvias  facientes,  usquè  ad  locum, 
qui  nniic  latine  Rlietia,  gallicè  vero  Reux(a)dicitur  ; 
Meiiapii  vero,  cum  suis  adjunctis,  in  loco  qui  latine 
Megnapia,  gallicè  vero  Migncau(3)dicitur,  et  Hiiy- 
nienses  reniotiùs  in  loco  qui  nunc  gallicc  dicitur 
Haynwipres(4j  acies  suasstatuerunt,  in  quibus  et  tan- 
dem perierunt.  xlbhinc  nationes  eis  rebellantes  inva- 
serunt,  undè  et  magna  multitudo  Senonensium  apud 
Senegias  intcrempta  legitur,  sed  Senonenses  finaliter 
victoriosi  de  cunctis  adversantibus  triumpliaverunt. 
Aclor.  O  quantas  clades  Rlietii  Rliutenique  cum 
Megnapiensibus  et  Huyniensibus,  Gallis  tune  intule- 
runt!  Ferunt  Senogiensem  sanguine  Senonensium 
pluries  inebi'iatam;  eampos  cadaveribus,  fossata  cor- 
poribus  mortuorum  repleta  reliquerunt,  et  tandem  à 
pereuntibus  perierunt.  Senonenses  igitur  illi  territorio 
Senogias  et  ripariœ  ibidem  prseterfluentis  Sequanam 
denominandas  decreverunt.  De  territorio  clarum  est, 
sed  de  ripariâ  patet  :  nàm  rude  vulgus  illius  territorii 
gallicè  appellat  eam  Canaste,  primam  syllabam  se 
videlicet  obmittendo;  Teutonici,  eodem  modo  etiàm 
quo  Parisienses  Sequanam  gallicè  appellant,  videlicet 

(i)  Lembeck ,  à  une  demi-licuc  de  Halle  ,  au  midi. 

(3)  A  deux  lieues  est  de  Mons. 

(3)  Migtiaut.  près  de  Reux. 

\4)  Hennuières,  à  u«e  lièue  nord  de  Brenne-le-Comte. 


DE    H  AIN  AUX.    LIVRE    III.  3^7 

franoais  ;  et  lesHuiniens  allèrent  se  ranger  un  peu  plus 
loin  dans  un  lieu  nommé  en  français  Hennuières ,  et 
célèbre  par  leur  défaite.  Après  ces  préparatifs,  lé  com- 
bat s'engagea,  et  nous  lisons  qu'une  foule  de  Sénonais 
y  perdirent  la  vie  près  de  Soignies;  cependant  ils 
finirent  par  triompher  dé  tous  leurs  adversaires.  L'Àu- 
TELR.  O  quels  désastres  les  Gaulois  essuyèrent  alors  de 
la  part  des  Rhétiens ,  des  Ruthènes,  des  Ménapiens  et 
des  Ruinions!  On  rapporte  que  le  territoire  de  Soi- 
gnies  fut  plusiem's  fois  abreuvé  du  sang  des  Sénonais  , 
que  les  champs  furent  couverts  de  corps  morts,  et  les 
fossés  remplis  de  cadavres,  enfin  que  les  vainqueurs 
périrent  avec  les  vaincus.  Les  Sénonais  donnèrent  au 
pays  le  nom  de  Soignics,  et  à  la  rivière  celui  de  Senne  (  I  ). 
Quant  à  ce  qui  regarde  le  pays,  il  n'y  a  rien  de  plus 
clair;  et  quant  à  la  rivière ,  le  peuple  grossier  de  cette 
contrée  l'appelle  Canaste  ,  en  retranchant  ainsi  la  pre- 
mière sillabe.  Les  Allemands  la  nomment  Senne  ,  qui 
eu  la  même  chose  que  Sequcma  en  latin  ;  c'est  aussi  le 
nom  que  les  Parisiens  donnent  à  la  rivière  qui  passe 
dans  leur  ville.  La  Senne  prend  sa  source  près  de  Soi- 
gnics, et  coule  à  Bruxelles. 

(i)  La  Seune,  en  latin  iyert«rt,  est  une  rivière  de  la  Belgique. 
Elle  prend  sa  source  dans  h-  Huinaut,  entre  le  RoeuU  et  Soignies, 
prèsdu  village  n'imme'  l'Hermitage  :  de  lu  elle  coule  à  Soignies  d.;à 
Home, d  ;  à  Stt'inker([ue,g.  ;  à  Konast,  g.;  à  Tubise,  g.  j  à  Halle,  g.  ; 
à  l'abbaye  de  Verst,  d.j  à  Bruxelles,  qu'elle  traverse  j  à  Hareii,  d.j 
à  Vilvordej  à  Vert,  g.  Elle  passe  à  demi-lieue  de  M.dines, 
qu'elle  laisse  à  droite  ,  puis  à  Hessein  j  enfin  elle  va  se  perdre  dans 
la  Uyle  au-dessous  du  château  de  Battelbroeck  ^  à  une  grande  lieue 
au-dessous  de  Malines. 


30)8  ANNALES 

Seine,  quod  idem  est  quod  Sequana,  tàm  apud  Gal- 
licos  quàm  apud  Teutonicos.  Quae  exordium  habet 
Senogias  et  fluit  Bruxellae. 


CAPITULUM  XXIX, 

De  primariâ  impositione  notninum  Brabanlise  atque  Bruxellœ. 


Debellatis  cunctis  adversantibus ,  locum  mutave- 
runt,  et  infrà  Rlu'tiœ  limites  oppidum  solemne  con- 
strMKoruiit  pro  refugio ,  si  nécessitas  perui'geret.  Qui 
quidcm  burgum  Senonensium,  sed  nunc  Bruxella  ,  ri- 
|)ariam  etiàm  in  eodem  (liientcm  Senoniam,  idiîst  Scqua- 
nani,  vocaverunt.  Abhinccivitatem  Lovariii  et  Antvver- 
piœ  et  reliquas  civitates  et  oppida  totiiis  territorii 
obsederunt,  t  ri  umpliatores  fi  nali  ter  omnium  exister»  tes. 
lIlLicamio  illo  liiemaveruntcLim  paceet  lran({uillitate, 
novos  duces  et  principes  civitatibus  et  oppidis  immu- 
tantes, et  toti  patriœ  novam  denominationem  impo- 
nentes;  nàm  quianteà  Rbetia,ab  illo  tune  Brebantia,à 
primissyliabisduorum  regum  Bremi  et  Brennii,  statue- 
runt  deinceps  appellari.  Reliquerinit  tandem  pati'iam 
sub  manibus  Britontun  dirigendam  ;  abbinc  suprà 
Huvium  Rbeni  versus  montes  et  Liguriam  et  Italiam 
cousequenter  acies  direxeruut ,  terras  cunctas  et  nu- 


iJi:     llAl.NAi  T.     l.[VRt     111.  369 


CHAPITRE  XXIX. 


Origine  des  noms  de  Brabant  et  de  Bruxelles. 


Après  leur  victoire  ,  les  Sénonais  changèrent  de 
place .  et  bâtirent  sur  les  frontières  tle  la  Rhétie  une 
granile  ville  pour  leur  servir  de  refuge ,  en  cas  de  né- 
cessité. Ils  la  nommèrent  le  bourg  des  Sénonais  ;  mais 
elle  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Bruxelles:  et  ils  ap- 
pelèrent la  rivière  qui  la  traverse,  la  Senne.  De  là  ils 
assiégèrent  Louvain  ,  Anvers  ,  et  toutes  les  autres  villes 
ou  places  de  la  province  ,  et  finirent  par  être  victorieux 
sur  tous  les  points.  Ils  passèrent  l'hiver  dans  le  pays 
sans  éprouver  le  moindre  trouble  ,  établirent  de  nou- 
veaux ducs  et  de  nouveaux  princes  dans  les  villes  et  les 
bourgs  ,  et  donnèrent  un  autre  nom  à  la  Rhétie,  qu'ils 
appelèrent  Brabant,  en  l'honneur  des  deux  roisBrémus 
et  Brennus.  Enfin  ils  laissèrent  le  gouvernement  de 
cette  province  aux  Bretons,  et  conduisirent  leurs  ar- 
mées ,  en  remontant  le  Rhin  ,  vers  les  Alpes  ,  la  Ligurie 
et  l'Italie,  soumettant  les  peuples  et  les  villes  (ju'ils 
trouvaient  sur  leur  passage  ,  et  s'avançant  jusqu'à  Rome 
dont  ils  s'emparèrent,  et  qu'ils  quittèrent  pour  passer 

■2\ 


570  ANNALES 

tiones  edomando,  quousquè  ad  civltatem  romanam 
pervenerimt,  qu:i  subjugatâ  transièrunt  ad  Graecos, 
qiiibus  protritis,  tandem  in  territorio,  quod  Galathas 
à  dictis  Gallis  dicitur,  divino  Dci  jiidicio,  periêrunt, 
Bremoperpi'iùscunisuIsBritonibusrepatriato.AcTOR. 
De  hac  materiâ  pliires  liistoriograplil  proloquuntur  ; 
undèEusEiîius  :  Anno  Artaxerxls  xvii  (i),  Senonenses 
Galli  Romain  invasei'unt  et  totam  ccpcrunt,  excepto 
Capitolio.  Item  Isidokus,  xii  libro  Etjmologiarum: 
«GallorumascensusinCapitolioanserisclangoredepre- 
liensLisest;  nulliim  enim  animal  ità  odoi'cm  hominis 
sentit,  ut  anser(2).  »  Sequitur:  «  Merito  igilur  debes 
regratiari  anseribus,  6  Roma,  quod  régnas  ;  dii  tui 
dormiebant,  et  anseres  vigilabant;  illis  potiùs  debes 
sacrificare  quàm  Jovi.  Cédant  enim  dii  vestri  anseribus 
à  qnibus  se  sentiunt  esse  defensos,  ne  et  ipsi  ab  hoste 
caperentur.  »  De  lulemateria  proloquitur  diffus  •  Oro- 
sius,  de  ormestis  muncb  ,  libro  11  (3}.  Item  Valerius 
Maximus  (4)  dicit  quod  illa  in  Capilolii  obsidione , 
cùm  llomani  famé  gravissimâ  artarentur,  panes  è  com- 
pluribus  locis  jacere  cœperunt.  Quod  videntes  Galli 
senones,  putantes  eos  abundare  victualibus,  obsidio- 
nem  dimiserunl.  Item  Vegf.tius,  de  Re  miiilaii ^  li- 
bro IV  (5)  :  In  obsidione  Capitolii  à  Gallis  facta  ,  cùm 

(1)  I/an  388  avant  J.-(]. ,  selon  Fnsi'he.  Suivant  PArf  de  véri- 
fier les  dates,  Rome  fut  prise  par  li-s  (iail  lis  le  7  juillet  3()o;  mais 
il  faut  387.  Voyez  l'observation  placée  à  la  fin  de  ce  chapitre. 

(2)  Isidor.  Oi'ig.  l.  xii,  c  7. 

(3)  Cap.  19. 

(4)  Lih.  vii,  cap.  4- 
(5^  Cap.  9. 


DE    HAINALT.     LIVRE    III.  D;  1 

dans  la  Grèce  où  ils  exercèrent  d'affreux  ravages.  Puis 
étant  entrés  dans  le  pays  qui  de  leur  nom  fut  appelé 
Galatie  ,  ils  y  périrent  tous  par  l'ordre  de  Dieu,  à  l'ex- 
ception de  Bréinus  qui  était  retourné  depuis  long-tcins 
dans  son  royaume  avec  ses  Bretons.  L'Altklr.  Plusieurs 
historiens  ont  parlé  de  ces  faits.  Ainsi  Eusèbc  dit  :  «  L'an 
dix-sept  d'Arlaxercès  ,  les  Gaulois  sénonais  attaquèrent 
Rome  et  la  prirent  tout  entière,  à  l'exception  du  Ca- 
pitole.  »  De  même  Isidore ,  livre  xn  des  Elymologies , 
a  Les  oies  par  leurs  cris  avertirent  les  Romains  lorsque 
les  Gaulois  montaient  au  Capitole  ;  en  effet,  il  n'y  a 
point  d'animal  qui  reconnaisse  mieux  l'homuie  à  l'o- 
dorat que  l'oie.  »  Puis  il  ajoute  :  «  Rome  ,  si  tu  lègues, 
tu  doii  en   rendre   grâces  aux  oies  :    tes  dieux  dor- 
maient,  tandis  qu'elles  veillaient  pour  toi,  et  c'est  à 
elles  que  tu  dois  sacrifier  plutôt  qu'à  Jupiter.  Que  tes 
dieux  rendent  donc  hommage  aux  oies  ,  en  reconnais- 
sant qu'ils  leur  doivent  de  n'avoir  pas  été  pris  eux- 
mêmes  par  l'eimemi.   »    Orose  traite   longuement  de 
ce  sujet,  livre  ii  des  Révolutions  dn  monde,  et  Valcre 
Maxime  rapporte  que,  pendant  le  siège  du  Capitole, 
les  Ronjains  souffrant  une  famine  extrême  jetèrent  du 
pain  de  plusieurs  endroits  ,  et  firent  croire  aux  Gallo- 
Sénonais  qu'ils  avaient  des  vivres  en  abondance;  ce 
qui  les  engagea  à  lever  le  siège.  Voici  ce  que  rapporte 
Végèce,  de  V Art  militaire ,  livre  iv  :  «  Lorsque  le  Capitole 
était  assiégé  par  les  Gaulois,  les  cordes  des  machines 
de  guerre  étant  pourries,  toutes  les  dames  romaines 
coupèrent  leurs  chevelures  pour  réparer  ces  machines 
et   sauver  leurs  maris.  »  Vincent    de  Beauvais  entre 
aussi  dans  beaucoup  de  détails  sur  cet  é\énement,  au 
livre  IV,  chapitre  (Si  de  ses  liistoircs  ,•  mais  ,  pour  être  plus 
court ,  je  les  omettrai  entièrement.  Fakiiis  l'historien. 


571i     ■  ANNALES 

machinarum  bellicaruni  fîmes  putrefacti  cssent,  ma- 
h'onœ  omms  ci'lnos  siios  abscidoriiiit  ad  machinas 
iTj)aran(las  et  vir'os  liberantlos  (i)  Item  Vincetitiiis  , 
in  suis  historiis,  libro  iv,  capitulo  8i ,  de  ista  male- 
ria  multa  proloquitur;  sed  omnia,  brevitatis  causa, 
pertranseo.  Fabius  (i)  historiograpbns.  Anno  Ar- 
taxerxis  xxii  ,  (^lalH  vestigia  Breniii  inse([uentes , 
transalpantes ,  Mediolanum ,  Aretiuni  et  Rrixiam  et 
pluies  alias  civitates  cum  totali  territorio  earumdein 
ceperunt,et  pacifiée  possederunt,  usquè  ad  tempora 
Lucii  ^mibi  et  Anchi  Wastonis(3)corisules  quos  in- 
terfecerunt  cum  onmibus  Rouianis  eisdcMi  adjunclis; 
sed  anno  sequenli,  videlicet  ab  urbe  coudita  dxxxiii, 
Claudius  Marcellus  cos  multùm  debilitavit,  sed  nec- 
dùm  dominium  civitatum  tune  perdiderunt. 

(i)  Nous  avons  tli'j.i  fait  observer  f(iie  JacqiiPS  de  Giiyse  se  con^ 
tentait  d'analiser  ses  auteurs  an  lieu  tie  les  cnpicr  textciellcmtnt. 

2  Ce  n'est  pas  Qiiintns  Fabius  Picfur,  sur  lef|iiel  on  /»ciit  voir  la 
Biographie  umueraelle ,  xiv,  12.  Polibe  l'accusait  d'tître  peu  ju- 
dicieux. 

(3)  En  l'an  224  avant  J.-C,  les  Gaulois  eurent  l'avantage  dans 
une  première  aflaire  avec  les  Romains  j  mais  le  consul  L.  AEini- 
lius  Papus  les  battit  ensuite  complètement  (son  collèa;ue  était 
C  Atilius  Règulus  )  ;  et  en  Tan  221  (533  de  Rome)  ils  turent  entiè- 
rement soumis  par  Claudius  Marcellus.  (J'est  du  moins  ce  qu'as- 
surent les  historiens  romains,  dont  le  récit  n'est  pas  à  l'ai'ri  de 
toute  contestation.  Au  lieu  de  Anclu  fi^a^tonis ,  le  manuscrit  de 
Saint- Germain  porte  AcilU  f^astonis. 


DE    HAINALT.     LIVIΠ   III,  O^O 

L'an  22  d'Ârtaxercès  ,  les  Gaulois ,  suivant  les  pas  de 
Brennus,  passèrent  les  Alpes,  s  emparèrent  de  Milan, 
d'Arezzo,  de  Brescia,  ainsi  que  de  plusieurs  autres  villes 
avec  tous  leurs  territoires,  et  possédèrent  paisiblement 
leurs  conquêtes ,  jusqu'au  tems  des  consuls  Lucius 
jîlmilius  Papus ,  et  Caius  Atilius  Régulus ,  qu'ils  mas- 
sacrèrent avec  toute  l'armée  romaine;  mais  l'année 
suivante,  c'est-à-dire  l'an  .533  de  Rome,  Claudius 
Marcellus  leiu-  fit  éprouver  de  grandes  pertes,  quoiqu'il 
ne  put  détruire  leur  domination  sur  les  villes  d'Italie. 

OBSERVATION. 

II  ne  paraît  pas  que  Jacques  de  Guyse  ait  connu  Polibe.  Car  il 
aurait  sCtrement  cite'  sur  la  prise  de  K'  me  cet  l)i>toricn  pris(|iie 
contemporain  qui  dit  ,  en  commençant  son  oiivrafje  :  «  (]'.'  fut  donc 
»  la  dis-neuvi('me  anne'e  après  le  combat  naval  donné  près  de  la 

»  ville  d'Egos-Potamos ,    que  les  Gaulois   s'emparèrent    de 

i>  Rome,  à  l'esception  du  Capitule.  Les  Romains,  ayant  fait  une 
«  trêve  avec  les  Gaulois,  aux  conditions  qu'il  plut  à  ceux-ci 
»  desiger ,  regagnèrent  leur  patrie  cont'-e  toute  espe'rance  »  Ce 
re'cit  entièrement  conforme  à  celui  de  Jacques  de  Guyse  ,  place  la 
prise  de  Rome  sius  l'an  3'i']  avant  mitre  ère.  Voyez  le  tableau 
chr.jnologique  place  à  la  fin  du  Tacite  de  M.  Dureau  de  Lamalle. 
Paris  ,  1817  ,  vi,  348. 


074  ANNALES 


CAPITULIM   XXX 


De  Aristotele. 


EUSEBius,  in  Chronicis. 

Hu.TUS  teiïiporibus,  videlicet  anno  Artàxerxis 
xxxiirfi),  olympiadis  cr  anno  ii,  Aristotoles  xviii 
agensannumPIatonisaudilorfuit.  De'quo  Augustiniis, 
(le  C'mtale  Dii ^  libro  vni  i^i)'.  Aristoteles,  inquit, 
discipulus  Platoiiis ,  vir  exccllciitis  ingenii,  et  clo- 
quio  quidem  Platoni  inipar,sed  niultos  facil^  snpcrans, 
sectam  piiripateticam  condidit,  qiiae  doambulando 
dispiitarc  coiisucvorat  ;  plurunosque  discipulos  piTC- 
clai'à  fama  cxcoHens  ,  vivo  adhùc  priTCcptore,  in  siiam 
lincresim  congrrgavit.  Aclov.  Hdjus  tcniporibus  ,  olym- 
piadis CI  anno  ii ,  niortiuis  est  A  itaxerxes  (3j,  rex  Per- 
sarum  ,  lococnjus  successitOebiis.  Tcniporibus  cujus 
Ochi  floiTicrunt  Atlienis  Demostbenes  et  Escbincs  (4) 

(i)  I  'an  '^■]■l  avanf  J -CL ,  suivant  Ensrhe;  mais  la  a*"  année  de 
Ja  loi'  olimp  ade  rc-pond  aux  anncts  3^5  et  3^4  avant  J.-C 

(-2)  Cap.  12. 

(3)  Iri  nitre  auteur  s'erarte  de  Popinion  d'Eusèhe  ,  qui  fait  régner 
Artaxurcès  sept  ans  de  plus. 

(41  De'mosthcnes  esl  ne'  vers  l'an  38  j,  et  Eschines  en  Tan  3^7 
avant  J.-(J. 


DE    HAINAUT.    LIVRE  III.  3^5 


CHAPITRE    XXX. 


D'Aristote, 


Chroniques  d'Eusèbe. 

En  l'an  33  d'Artaxercès ,  seconde  année  de  la  101" 
olimpiade  ,  Arislote  ,  âgé  de  dix-huit  ans  ,  fréquentait 
l'école  de  Flaton.  Saint  Augustin  dit  au  livre  vni  de  la 
Cité  de  Dieu  :  «  Arislote  ,  disciple  de  Platon  et  homme 
d'un  grand  génie,  fut ,  sous  le  rapport  de  l'éloquence, 
inférieur  à  son  maître ,  mais  supérieur  à  beaucoup 
d'autres  philosophes.  H  fonda  la  secte  des  péiipatéti- 
ciens ,  qui  avaient  coutume  de  discuter  en  se  promenant, 
et  compta  dans  son  école  ,  du  vivant  même  de  Platon  , 
un  grand  nombre  de  disciples  que  sa  haute  réputation 
attirait  de  tous  les  pays.  »  L'Auteur.  De  son  lems,  c'est- 
à-dire,  en  la  deuxième  année  de  la  101"  olimpiade, 
Artaxercc's  ,  roi  des  Perses,  mourut,  et  eut  pour  suc- 
cesseur Darius  Ochiis  ,  du  vivant  duquel  florissaient ,  à 
Athènes,  lescélèbresorateursDémosthènes  etEschines, 
dont  il  est  fait  mention  dans  Valère-Maxlme,  livre  vni. 
Du  tems  de  ceux-ci,  le  sage  Nectanébo  abandonna  le 
trône  d'Egipte  ,  et  se  rendit  en  Macédoine.  L'histoire 
d'Alexandre  rapporte  comment  ce  prince  cgiplien 
trompa    Olimpias  et  Philippe   son  mari  ;  comment  il 


576  ANXALES 

siinimi  oratoros .  de  qiiibus  ValtM-ius,  libro  viii.  Quo- 
rum tempofibus  IScctanebus  sapicntissimus  rcgnum 
^Egypti  rolinqiiens ,  Macedoniani  accessit.  Qualiter 
vei'o  reginam  Olympiadem  et  Pbdippum  deceperit , 
et  Alexandrum  Magnum  gcnuerit;  et  qualitci'  dictus 
Alexandcr  inoriginatus  cxtitcrit,  aut  mundl  monar- 
chiam  sibi  acquisiêrit,  patet  in  historiâ  Alexandri(i), 
quam  ,  brevitatis  causa ,  relinquo. 


CAPITULUM  XXXI. 

De  morte  Platytii*. 


Anno  Ochi  dicti ,  régis  Persarum ,  xxi ,  olympia- 
dis  cviii  anno  11,  Plato  philosophas  moritur.  De 
que  Mercurius  Termegistus,  libro  1  de  Constellatione, 
Platonem  cum  illis  animi  virtulibus,  cum  illa  sapien- 
tiœ  doctrina,  fiitum  vendidit  (a),  illamque  divini 
animi  doctrinamtyrannicisoi'udeiitatibus  et  ludibriosis 
Dyonisii  potestatibus  tradidit.  Et  Senoca ,  m  F.pis- 
tolcl  xvni  (3),  Plato  in  natali  suo  decessit,  et  annum 
unum  at({ue  octoginta  implevit  sine  ulla  deductione. 
Idco  magi  qui  tune  Aîhenis  erant,  immolaverunt  de- 

(0  II  s\ip;it  sans  doute  ici  de  rhistoirc  fabuleuse  d'Alexandre, 
d'où  sont  tires  les  contes  rapportes  ici. 

(a)  Le  texte  n'est  pas  frès-ciair  en  cet  endroit.  11  dit  littérale- 
ment que  Platon  remlU  son  ilestin  à  Oenis. 

(y^  Ce<!t  l.T  lettre  cinqnanle-Vniit  ù  [.ucilitis 


DE    HAIX.AUJ.     LIVRE     III.  077 

engendra  Alexandre;  commentée  prince  fut  élevé,  et 
comment  il  obtint  la  monarchie  universelle;  mais, 
pour  être  plus  court ,  je  n'entrerai  pas  dans  ces  détails. 


CHAPITRE  XXXI, 


De  la  mort  de  Platon. 


En  l'an  21  d'Ochus,  roi  des  Perses,  seconde  année 
de  la  lOS'^  olimpiade,  mouiut  le  philosophe  Platon. 
Mercure  Trismégiste  dit  au  livre  1  de  la  Constellalion , 
que  Platon  passa  toute  sa  vie  à  enseigner  la  sagesse  et 
à  la  pratiquer;  il  parvint  même  à  faire  goûter  l'excel- 
lence de  sa  doctrine,  et  son  génie  divin  au  tiran  Denis 
qui  était  enclin  à  la  cruauté  et  à  la  débauche.  Nous 
lisons  dans  Sénèque  ,  lettre  cinquante-huit,  qu'il  vécut 
juste  quatre-vingt-un  ans  ,  et  mourut  le  jour  même  qu'il 
était  né  ;  et  que  les  mages  qui  se  trouvaient  alors  à 
Athènes,  persuadés  qu'il  avait  joui  d'un  sort  au-dessus 
de  la  nature  humaine ,  lui  offrirent  des  sacrifices ,  parce 
qu'il  avait  accompli  le  nombre  de  neuf  fois  neuf,  qu'ils 


378  ANNALES 

functo ,  amplioris  fuisse  sortis  quhm  humanae  rati , 
quià  consummâsset  perfectissimum  numerum ,  quem 
novem  novies  multiplicata  componuiit.  Item  Augus- 
TiNvsde  Civitate  Dei y  libro  11  (1).  Labeus  Platonem 
inter  semicleos  ponit  et  Herculem  et  Romulum;  se- 
mideosautemheroibiis  praefert,  utrosquc  tanien  inter 
numina  collocat...  Nos  autem  Platonem  nec  cuiquam 
homini  christiano  comparamus.  Hugo  floriacensis , 
in  Historiâ  scholasticâ,  libro  i.  Platoni  successit 
Apuleius,  et  Apuleio  Hermès  (2)  œgyptius  quem  Tri- 
megistum  vocant.  Item  Vincentius,  libro  v.  Disci- 
puli  Platonis  ,  ut  legitur ,  in  templorum  lucis  et 
porticibus  versabantur,  ut  admoniti  augustioris  babita- 
culi  sanctitate,  niliil  aliud  quàin  de  virtulibus  cogita- 
ront  ;  quorum  etiàin  quidem  oculos  sibi  effodisse 
leguiitur,  ne  per  eoiiun  usuin  à  contemj)latione  sa- 
pientine  avocarentur.  Tune  autoni  floruorinit  pbiloso- 
plii  Apuleius,  Plotinus,  Mercurius  lVrniogistus(3), 
Xenocratcs  et  Isocrates  (4),  de  quibus  loquitur  Vale- 
rius,  libro  viii.  Helin\ndus.  Anno  quarto olympiadis 
cix(5),  qui  fuit  annus  Ocbi  xxv ,  et  œtatis  Alexan- 

(i)    Cap.   .4. 

(2^  On  i>e(il  voir  sur  Hcrmrs  lo  Tioiivcan  sistc'me  de  Rihliogiapl)ie 
aIplial)t'fi<jiio,  tioi^irmc  partie.  Usage  de  cf  sistrme  pour  les  enci- 
clopedifs,  pa-^cs  ao3  et  suivantes.  Il  a  vi'cii  lf>ng-lems  avant  Platon, 
qui  parle  de  lui,  et  avant  A|iile'e,  qui  Fa  traduit. 

(3)  (Je  Mercure  Trisme'j»istc  est  rauteiir  :";  qui  smt  aftrihiie's  plu- 
sieurs ouvragi's,  d-.nt  l'un  a  ete  traduit  par  Ajudee.  San  véritable 
nom  est   llioth  on  Hermès    Voyez  la  note  précédente. 

{4j  (l'est  dans  le  chap  7  de  sm  livre  viii  (pic  Valère  Maxime, 
traitant  du  travail  et  de  l'application  à  l'etudc,  fait  mention  d'Iso- 
crates  «-t  d'autres. 

.'>''  Oftr  année  dUmpique  est  l'an  'Vj  1  avant  notre  ère  .  qu'Eusèfie 


DE    HAINAIT.    LIVRE    III.  379 

regardent  comme  le  plus  parfait.  Saim  Augustin,  livre  11 
de  la  Cité  de  Dieu.  Labéon  met  Platon  au  rang  des 
demi-dieux  ,  comme  on  y  met  Hercule  et  Romulus,  et 
préfère  les  demi-dieux  aux  héros,  quoiqu'il  mette  les 

uns  et  les  autres  au  nombre  des  divinités Pour 

nous  ,  nous  ne  le  comparerons  pas  même  à  un  chrétien. 
Hugues  de  Fleury,  Histoire  scolaslique ,  livre  1.  Apulée 
succéda  à  Platon  ,  et  Hermès  l'Egiptien  ,  surnommé 
Trismégiste ,  succéda  à  Apulée.  Vincent  de  Beauvais , 
livre  V.  Les  disciples  de  Platon,  ainsi  qu'on  le  rapporte, 
fréquentaient  les  bois  sacrés  et  les  portiques  des  tem- 
ples,  afin  qu'avertis  par  la  sainteté  d'une  habitation 
plus  auguste,  ils  fissent  des  vertus  seules  l'unique  objet 
de  leur  pensée.  On  lit  môme  que  plusieurs  d'entre  eux 
se  crevèrent  les  ieux  ,  de  peur  d'être  détournés  par  la 
vue  des  objets  extérieurs  de  la  contemplation  de  la  sa- 
gesse. Alors  fleurirent  les  philosophes  Apulée,  Plotin, 
Mercure  Trismégiste,  Xénocrales  et  Isocrales  ,  dont  il 
est  fait  mention  dans  le  vin"  livre  de  Valerc-^Ja\ime. 
HÉLiNAND.  L'an  4  delà  109"  olimpiaile,  qui  est  la  vingt- 
cinquième  année  du  règne  d'Ochus  et  la  seizième  de  l'âge 
d'Alexandre,  Speusippe  mourut,  et  fut  remplacé  par 
Xénocrates,  que  Cicéron  regarde  comme  le  plus  grave 
des  philosophes.  Yalèr  e-Maxime.  La  vertu  de  Xénocrates 
lui  avp.it  attiré  tant  d'estime  ,  qu'ayant  été  appelé  en 
témoignage,  et  s'étant  appioché  de  l'autel  pour  jurer 
qu'il  avait  dit  la  vérité  ,  il  fut  dispensé  par  le  sénat  de 
prêter  ce  serment.  Alexandre  lui  envoya  un  jour  des 
députés  chargés  de  lui  remettre  quelques  talens;  le 
philosophe  reçut  ces  persorniages  avec  modestie  et 
simplicité  ,  selon  sa  coutume  ;  et  le  lendemain  ,  comme 
ils  lui  demandaient  à  qui  ils  devaient  remettre  l'argent 
dont  ils  étaient  porteurs,  «  Quoi,  »  leur  répondit-il , 


580  ANiNALES 

dri  xvi,Spcusippusnioritur, cui  successit  Xenocrates, 
quemTullius  dicit  philosophorum  fuisse  gravissimum. 
Valerius(i).  Hulc  Xenocrati  tantam  auctoritatcm 
sua  sapientla  attulerat,  ut  cîim  testimonium  dlcens,  co- 
actus  ad  aram  accessissct,  ut  omnia  se  verèprotulisse 
juraret,  prohibitusàsenatu  jurare.  Alexander  ad  Xe- 
nocratem  legatos  cum  aliquot  talentis  misit ,  quos  ille , 
ut  erat  solitus ,  modico  apparatu  excepit.  Postera  die 
interrogantibus  cuinam  pecuniam  annumerari  vellet  : 
«  Non  intellexistis ,  inquit ,  hesternà  cœnâ ,  ea  me  non 
indigere.  »  Ità  rex  pecunia  amicitiam  pliilosopbi  emere 
voluit.  Helinandus.  Anno  regni  Pbilippi  xxiii ,  Per- 
sarum  XIII  regnavit  Arses,  Oclii  fibus.  Cœpit  igitur 
anno  quintae  œtatis  ccli,  mundi  vero  iiimdcxxiv(2), 
et  regnavit  annis  iv.  Hune  inter  reges  Persarum  non 
numerat  Justinus,  sed  stat\m  post  Oebum  ponit  Da- 
rium.  Tertulbanus  autem  bunc  Arseni  vocat  Argum, 
quem  dicit  régnasse  anno  uno.  Isidorus  appellat  eum 
Xerxem  ,  quem  dicit  régnasse  annis  iv.  Hieronymus, 
super  Danielem ,  vocat  eum  Arxem  ;  alii  vocant  eum 
Arsanium(3). 

fait  en  effet  correspondre  à  Tan  25  d'Ochus.  Or  ,  dans  le  calcul 
adopté  par  M.  de  Sainte-Croix  {Examen  critique  des  historiens 
(fy4/eran(lre ,  page  648),  c'est  l'an  356  qui  est  l'an  1  de  l'iige 
d'Alexandre  ;  aussi  l'an  34i  est  son  an  j6,  comme  le  dit  ici  Jacques 
de  Gnysc. 

(i)  Lib.  ii .  <-iip.  10,  et  lil>.  iv,  rop.  3. 

(a)  L'an  SSg  av.  J.-C. 

(3)  Slrabon  le  nomme  INarsès.  Plutarque  Oarsès ,  et  d'autres 
Arsioclius. 


DE    HAINALT.     LIVRE    111.  58 1 

«  n'avez-YOus  pas  compris  par  le  souper  d'hier ,  que  je 
n'avais  nul  besoin  de  ces  choses-là?  »  C'est  ainsi  qu'A- 
lexandre voulut  acheter  au  poids  de  l'or  l'amitié  de  ce 
^rand  philosophe  (I).  Héunand.  L'an  23  du  règne  de 
Philippe  ,  \rsès  ,  fils  d'Ochus  et  treizième  roi  des  Per- 
ses ,  monta  sur  le  trône.  Son  règne  commença  l'an  251 
du  cinquième  âge ,  362  i  du  monde  ,  et  dura  quatre  an- 
nées. Justin ,  qui  ne  compte  pas  ce  prince  au  nombre 
des  rois  de  Perse  ,  place  Darius  immédiatement  après 
Ochus.  TertuUien  le  nomme  Argus  et  le  fait  régner  un 
an  ;  Isidore  l'appelle  Xerxès ,  et  le  fait  régner  quatre 
ans.  Il  est  appelé  Arsès  par  saint  Jérôme,  dans  ses 
commentaires  sur  Daniel ,  et  Arsame  par  d'autres  au- 
teurs. 

fi)  Diogèties  Laërce ,  dans  la  vie  de  Xe'nocrates,  dit  seulement 
qu'Alexandre  ayant  envoyé'  à  ce  ]iluloso[)he  une  grande  somme 
d'argent,  Xenocrates  garda  trois  mille  drachmes,  et  renvoya  le 
reste  ,  en  observant  que  celui  qui  avait  beaucoup  de  monde  à 
nourrir  était  celui  qui  avait  besoin  de  beaucoup  d'à  gent  Xéno- 
cratcs  na(|uit  Tan  896  avant  notre  ire,  fut  oljef  de  l'académie 
a|  rès  la  mort  de  Speusippe,  l'ao  SSg,  et  mourut  l'an  3i4>  à  quatre- 
vingt-deux  ans. 


502  ANNALES 


CAPITULUM  XXXII. 

De  initio  regni  Alexandri  Maceilonis. 


Hujus  temporibus ,  olympiadis  cixanno  quarto '^j), 
Alexander  Ingrcssus  ad  Fliilippum  palrom  ejus  ,  ut 
vlctoi'iam  Molonœ  ('^)  civltatis  nunciaret;  vlditque  iii 
doino  rcgia  viios  barbaro  liabitu, percunctansque  cog- 
noscit  régis  Darii  legationcm,  qui  vénérant  pro  tributo 
atque  censu  ,  terr»  scilicct  et  aquse  ;  iniratur  Alexan- 
der petendi  moreni  et  tituknn,  dixitque  uni  qui  pri- 
mus  illoruin  esse  videbatur  :  «  Haec  ne  elenienta  vin- 
dicant  Pers.TmortaHbusqufie  Deus  cunctis  mortaUbus 
largitus  est  in  communi  ?  »  Igitur  ferri  jubet  ad  Da- 
rium  mandata  ut  bujiis  consuetudinein  petendi  tein- 
perarct,  sin  aliter  sciret  se  cum   Alexandre  prœlio 

(i)  L'an  3'[i  avant  J  -C  . 

(a)  Plnli|)j)e  prit  et  rasa  la  ville  de  Me-lli^ne  {  b.îtie  sur  la  côte 
occidentale  du  <^Mc  'l'iiet  maï(|ne }  ,  Tan  353  avant  J.-C  (Je  fut  ù 
la  |)risc  de  cette  ville  ([n'il  jk  rtlit  un  nil  d'nn  ciup  de  flèche  de- 
coc-lict;  par  .\ster.  On  vnil  (pic  la  ruine  de  Mc-tlmni'  est  anteiieiirc 
d  12  ans  à  l'i-pocpie  <pie  notre  auteur,  ou  plutùt  riiistorien  (ahu- 
leiix  d'Alexandre,  (ixe  ;'i  cet  événement.  D'ailleurs  il  scmMealfii- 
bu<'r  à  Alexandre,  (pii  n\-ta:t  alors  .Ige  ipie  de  trois  ans.  une 
conquête  <|ui  appaitienl  à  l'Iiilippe  I,a  suile  du  récit  ne  niciilc 
aucune  confiance;  l'histoire  y  est  entièrement  falsifiée. 


DE    1IAI.\AL1.     LIVRE    111.  385 


CHAPITRE  XXXII. 


Du  commencement  du  règne  d'Alexandre  le  Mace'donien. 


Dl  tems  d'Arsès  ,  en  l'an  4  de  la  109»  olimpiade, 
Alexandre  étant  entré  dans  l'appartement  de  son  père  , 
pour  lui  annoncer  la  victoire  de  Mélhone ,  vit  dans  le 
palais  des  hommes  en  habits  étrangers,  et  apprit  que 
c'étaient  les  ambassadeurs  du  roi  Darius,  qui  étaient 
venus  pour  demander  en  tribut  la  terre  et  l'eau.  Surpris 
de  cette  manière  de  s'exprimer  et  de  cette  prétention  , 
il  dit  à  celui  qui  lui  paraissait  le  chef  de  la  dépulation  : 
«  Les  Perses  voudraient-ils  revendiquer  des  mortels 
les  biens  que  la  Divinité  leur  a  accordés  à  tous  en  com- 
mun? »  Aussitôt  il  les  charge  d'avertir  Darius  de  s'abs- 
tenir dorénavant  de  cette  sorte  de  demande,  sinon  qu'il 
aura  des  guerres  terribles  à  soutenir  avec  Alexandre; 
puis  il  leur  ordonne  de  partir.  Comme  une  ville  voisine 
chancelait  dans  l'obéisance  qu'elle  devait  au  roi  de 
Macédoine,  Alexandre  fut  chargé  d'aller  la  maintenir 
dans  le  devoir.  Mais  pendant  cette  expédition,  un  nom- 
mé Pausanias,  homme  opulent  et  voluptueux,  étant 
devenu  amoureux  d'Olimpias,  et  ayant ,  à  force  d'in- 
stances ,  obtenu  d'elle  la  promesse  qu'elle  l'épouserait 
après  la  mort  de  Philippe  ,  crut  trouver  une  occasion 
favorable  dans  l'éloigneraent  du  jemie  prince  ,  qui  s'ë- 


384  ANiNALEt. 

acriùs  coiicertaturum.  His  dictis ,  exlgit  liomines 
proficisci,  Rursiis  dùm  civitas  vicina  vacillaret  de  ob- 
sequio,  Alexandre  datur  cxpeditio,  et  illùc  ire  jussus 
est.  Intereà  Paiisanias  quidam,  nomine ,  opibus  et 
doliciis  afïluens,  iii  Olympiadis  amorem  prolapsus 
est;  qui  cùin  per  nuiitios  attcmptaret ,  et  mulier  con- 
seiitiret ,  scilicct,  ut,  defuncto  Pliilippo,  ad  illum 
transnuberet,  Pausanias  opportunum  tempus  existi- 
mans ,  quià  Alexander  tuiic  forte  aberat ,  cujus  jàm 
nonieii  formidosum  erat  nimiùm,  repente  irruit  super 
Philippuni ,  eumque  vulnere  prîcvenit.  Qui  ciim  le- 
tlialiter  ictus  esset ,  mox  Pausanias  festinat  ad  raptum 
Olympiadis.  Cùm  igitur  populus  adhiic  in  tbcatro 
turbaretur,  forte,  rébus  ex  scntentia  perpetratis , 
Alexander  suporvenit,  ostenditque  turba  Pliilippi 
vulnera,  irruensque  in  reginam  deprebenilit  Pausa- 
nias violentiam  ;  tùmquecum  jaculo  dcslinaret,  tene- 
returque  formidine  matris  vulnerandœ,  Olympias  sic 
eum  adhorlatur  :  «  Jacula,  »  inquit,  «  filî ,  jaculare  non 
didjitcs!  »  Alexander  autem  cùm  adbùc  Pbilippum 
conspirai e  comperisset,  jussit  Pausaniam  illorsùm 
adduci ,  gladiuinque  in  dexteram  patris  misit  quo 
manu  ejus  oppeteret,  occiditque  eum.  Ergo  jàm  mo- 
riens  Pbillppus  ait  :  «  Nibil  est  quod  me  finis  vitîc  aut 
mors  contristet  :  ultus  enim  auctorcm  injuriœ,  libcns 
operam  adjecit.  Reminiscor,  ô  Alexander,  deum  ma- 
tri  tuae  prsegnanti  prœdixisse  quod  vindicem  filium 
esset  paritura.  «  Et  bis  dictis  spiritum  exbalavit.  Htec 
in  bistorià  Alexandri(i). 

(0  l'CS  romarricrs  aii«si-l)ien  qno  les   historiens  se  sont  dispuh- 


Di:    IIAINAIT.     LIVRE    III,  585 

tait  déjà  rendu  extrêmement  redoutable,  tout  à  coup 
il  se  précipita  sur  le  roi  et  le  frappa,  sans  qu'il  s'y  at- 
tendit. Philippe  est  blessé  mortellement ,  et  son  meur- 
trier s'empresse  d'enlever  Olimpias.  Mais,  tandis  que 
le  peuple  en  tumulte  s'agite  dans  le  théâtre  ,  Alexandre 
survient  lorsque  tout  paraissait  avoir  réussi  à  souhait. 
On  se  presse  autour  de  lui,  on  lui  montre  les  blessures 
de  son  père;  aussitôt  il  vole  sur  les  pas  de  Pausanias 
qui  entraînait  la  reine  ,  et  cherche  à  l'alteindre  de  son 
javelot;  mais  la  crainte  de  blesser  sa  mère  le  retenait, 
lorsque  celle-ci  lui  cria  :  «  Frappe ,  mon  fils,  frappe ,  et 
ne  crains  rien!  »  Cependant  s'étant  aperçu  que  Phi- 
lippe respirait  encore  ,  il  fait  approcher  le  meurtrier 
de  son  auguste  victime,  il  met  son  épée  à  la  main  de 
son  père  pour  qu'il  se  venge  lui-même  ,  et  aussitôt  Pau- 
sanias tombe  et  expire.  Le  roi  dit  alors  en  mourant  : 
a  La  mort  n'a  rien  qui  m'afflige,  car  je  me  suis  vengé 
de  mes  propres  mains.  Je  me  souviens  ,  ô  mon  fils , 
qu'un  dieu  avait  prédit  à  ta  mère,  dans  sa  grossesse  , 
qu'elle  mettrait  au  monde  un  fils  vengeur.  »  Après  ces 
mots  il  expira.  (Ceci  est  tiré  de  l'histoire  d'Alexandre.) 

long-tcms  le  sujet  de  la  vie  d'Alexandre;  il  en  est  résulté  une 
foide  d'ouvrages  qui  ont  joui  d'une  grande  vogue  dans  Icmoyen 
âge.  Il  ne  faut  jias  s'ëtnnncr  que  notre  auteur,  à  l'exemple  de  tant 
d'autres,  ait  pris  la  fable  pour  la  vérité,  dans  des  siècles  peu 
éclairc's  et  pendant  lesquels  la  critique  n'avait  pas  les  ressources 
qui  abondent  aujourd'hui. 


II.  2;:) 


536  ANNALES 


CAPITULUM  XXXIII. 

De  pernicionibus  matronarum  romaoorum. 


EUSEBIUS,    Ubro    IV. 

Parvo  deindc  tempore  interjecto,  Claudio  scilicet 
Marcello  et  Valerio  riacco(i)consulibiis,  incredibili 
rabie  et  amore  scelerum  romana;  matronae  cxarserunt. 
Erat  utique  fœdus  ille  oc  pestilcns  annus  ,  infllctœquc 
jàm  catervatim  strages  egerebantiir;  et  adliùc  taiiien 
penè  omncs  corriipto  acre  simj)lcx  criidolitas  erat, 
cùm,  excuntc  qiuidam  aiiciliu  indice  et  convinccnte, 
prœvium  imdtae  inatronre  ut  biberent  venena  quae 
coxerant  compulsas,  deindc  siinul  ut  liausêre  consum- 
malne  sunt;  tantaque  fuit  multitiido  niatronariun  in 
hoc  facinorc  consciaruin  ,  ut  treccntic  et  octoginta 
dainnatœ  simul  ex  illis  fuisse  refcruntur  (2). 

(1)  Ces  consuls  elaicnf  rnlres  en  rliarj^e  l'an  3'i8  av    J  -C.  Vojcz 
la  clironologic  placée  à  la  fin  du  Tacite  de  IM.  Diireau  de  Lamalle. 

(2)  Voyez  Tite-Livc ,  viii,  i8.  Le  texte  de  ce  chapitre  est  visi- 
blement altère  en  plusieurs  endroits. 


1>E     HAINAIT.     LIVKK     III,  38; 


CHAPITRE   XXXIII, 


Du  crime  des  dames  romaines. 


EUSÈBE ,  livre  iv. 

Peu  de  tems  après  ,  sous  le  consulat  de  Claudius 
Marcellus  et  de  Valérius  Flaccus ,  les  dames  romaines 
furent  transportées  d'une  rage  incroyable  et  de  l'amour 
du  crime.  Cette  année  était  désolée  par  des  épidémies 
et  des  maux  de  toute  espèce  ,  et  l'on  était  occupé  cha- 
que jour  à  enlever  des  monceaux  de  cadavres.  Tout  le 
monde  alliibuait  ces  ravages  à  la  corruption  de  l'air, 
lorsque,  de  l'avis  d'une  esclave  ,  on  fit  boire  à  plusieurs 
clames  des  poisons  qu'elles  avaientpréparés,  et  qui  leur 
causèrent  la  mortaussltôt  après  qu'elles  en  eurent  pris. 
Le  nombre  de  leuis  complices  était  si  grand,  qu  on 
rapporte  qu'il  v  en  eut  trois  cent  quatre-vingts  qui 
fui'enL  condamnées  en  une  seule  fois. 


388  AiNiNALES 


CAPITULUM  XXXIV. 


De  Dario  Arsam  filio. 


EUSEBIUS. 


Anno  primo  olympiadis  cxi  (i),  qui  fuit  œtatis 
quinttTCCXLv,  inuncli  voi'oiiimdcxxvii,  Persarum  xiv, 
rogiiavit  Daiius,  Arsami  filiiis,  annis  scx.  Eodcm  anno 
Alexandcr  Pliilippo  patri  succossit  in  rogninn  ,  et 
rcgnavit  annis  xii.  Procurata  patris  scpulturâ  ,  niox 
asccndcns  illiiis  statuani ,  convocataquc  universa  mul- 
titndinc  plobis ,  ait  :  «  En  tcnipiis  est  ut  quicuinque 
cuporit  Alcxandi'o  militaro  ,  fœdus  cum  illo  inire 
festinct;  naniquc  milii  dignum  vidctur  bella  in  eos 
priniùni  niovcrc,  qui  nos  piid(Mn  contiistaverunt; 
nunc  autem  cupiunt  spoliarc  etiàm  et  Hbertate.  » 
His  dictis  acquicscit  omnis  miles,  ac  Fi  divinitùs  vo- 
catusfuisset.  De  liacmaterià  videaturlustoria  Alexan- 
dii  atque  Justini.  Vincentius,  liljio  v.  Ilôc  tempore 
Anaximcnes ,  Epicurus  et  Callistlienes ,  philosophi 
clai'i  habentur. 

(i)  L'an  335  avant  J.-C. 


DE    HAINAUT,    LIVRE    III.  ôSg 


CHAPITRE  XXXIV. 


De  Darius,  fils  d'Arsame. 


EUSEBE. 


En  l'an  1  de  la  HT  olinipiade ,  3i5  du  cinquième 
âge  et  3627  du  monde,  Darius,  fils  d'Arsame,  fut  le 
quatorzième  roi  de  Perse,  et  régna  six  ans.  En  la 
même  année  Alexandre  succéda  à  Philippe  son  père  , 
roi  de  Macédoine,  et  en  régna  douze.  Après  avoir  dorme 
la  sépulture  à  son  père  et  lui  avoir  érigé  une  statue ,  il 
assembla  le  peuple  et  lui  dit  :  «  Voici  le  tems  où  tous 
ceux  qui  veulent  suivre  Alexandre  à  la  guerre  doivent 
se  hàler  de  s'unir  à  lui;  car  il  me  paraît  juste  de 
commencer  la  guerre  en  attaquant  ceux  qui  nous  mo- 
lestent depuis  long-teius,  et  qui  désirent  aujourd'hui 
de  nous  dépouiller  mcuie  de  notre  liberté.  »  A  ces 
mots  chaque  soldat  applaudit,  comme  s'il  eût  été  in- 
spiiépar  le  ciel.  Voyez  sur  ce  sujet  V Histoire d' Alexan- 
dre ,  et  le  livre  de  Justin.  Vincent  de  Heauvais  ,  livre  v. 
En  ce  teins  florissaient  les  philosophes  Anaximcnes , 
Épicureet  Callisthènes. 


jgO  ANNALES 


CAPITULUM  XXXV. 


De  inclijsione  Judseorum  factâ  per  Alexandriim. 


Ex  Historiâ  scholasticâ. 

CuM  venisset  vVlcxander  ad  montes  Caspios,  miso- 
runt  filios  captivitatis  decem  trihmim  postulantes 
ab  eo  ogredicndi  liccntiani  :  ex  odicto  etiim  tene- 
bantur  rgredi  non  licoro.  Cùmquo  qnaesivissot  causani 
captivitatis,  acceplt  ces  apertè  recessissc  à  Doo  Israël , 
vitidis  aiireis  immolando,  et  pri*  proplietas  esse  prae- 
dictum  eos  à  captivitatc  non  redituros.  Tune  x\lexan- 
derrcsponditqiîod  dignierantarctiùsinchidi.CLnnque 
angusta  viarum  obsti'iieret  njolibus  bituniinatis,  et 
videret  laboreni  hnmanum  ad  lioc  non  sufficere, 
oravit  Deuni  Israël  ut  opus  iilud  compleret.  Et  ac- 
ccsserunt  ad  se  invicem  pra-rupta  nionlium,  ex  quo 
liquidé  apparet  non  esse  voluntatem  Dei  ut  exeant. 
Egredientur  tamen  circà  finem  mundi ,  magnam  stra- 
geui  hominum  facluri.  H\c  addit  Joseplius  :  Deus  quid 
fucturus  est  pro  fulelibus  suis,  quando  tanta  fecit  pro 
infideli? 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  5^1 


CHAPITRE  XXXV. 


Alexandre  enferme  les  Juifs. 


Histoire  scolastiqne. 

Ar.EXANDRE  étant  arrivé  aux  monts  Caspies,  les  Juifs 
captifs  lui  députèrent  cli\  hommes  des  tribus  pour  lui 
demander  la  permission  de  rentrer  dans  leur  pays  , 
car  il  existait  un  édit  qui  leur  défendait  ce  retour.  Le 
prince  les  questionna  sur  la  cause  de  leur  captivité , 
et  ayant  appris  d'eux  qu'ils  s'étaient  ouvertement  éloi- 
gnés du  Dieu  d'Israël ,  en  immolant  à  des  veaux  d'or, 
et  qu'il  avait  été  prédit  par  les  prophètes  qu'ils  ne 
sortiraient  pas  de  leur  captivité  ,  il  répondit  qu'ils  mé- 
ritaient d'être  enfermés  plus  étroilement,  et  fit  boucher 
les  issues  avec  des  monceaux  de  bitume;  mais,  s'étant 
aperçu  que  la  main  des  hommes  ne  suffisait  pas  à  ce 
travail,  il  pria  le  Dieu  d'Israël  d'achever  l'ouvrage. 
Alors  des  montagnes  de  roche  s'approchèrent  d'elles- 
mêmes  ,  et  il  devint  manifeste  que  le  Seigneur  s'oppo- 
sait au  retour  des  Juifs.  Cependant  ils  doivent  sortir 
vers  la  fin  du  monde  pour  détruire  la  plus  grande  partie 
du  genre  humain.  Josèphe  a  joute  cette  réflexion  :  «  Que 
ne  fera  pas  le  Seigneur  pour  ceux  qui  suivent  sa  loi , 
lorsqu'il  a  tant  fait  pour  un  infidèle?  » 


392  ANNALES 


CAPITULUM  XXXVI. 

Qubd  Alexandcr  magnus  iTedit  Liriope  silTam  Carbonariam. 


ACTOR. 


His  temporibiis  acciderunt  illa  qune  Cresiis  histo- 
riographus  ( i)  poiiit  in  historia  Scotorum,  qui  et 
Albani  in  dicta  liistoria  vocanliir.  Dico  si  historia 
veritatcm  in  se  contineat  usqueqiiàm,  quam  illustris 
princcps  ac  nobilis  cornes  Hannoniae  Guillelmiis  (2) 
hujus  noniinis  sccundus ,  ciini  esset  in  Angliii  juxtà 
illiistrissiinam  materteram  suam  reginam  Pliilippam, 
iixorem  niagni  Edwardi,  régis  Angliœ,  ab  anglico  in 
vulgai'i  nostro  gallico  transfori'i  atque  Iranscribi  fecit 
in   quatuor  magnis   voluminibus,  in   quibus  aliqua 

(1)  Nous  donnerons  dans  le  dernier  volume  de  cet  oiivr.'gc  des 
notices  historiques  sur  les  auteurs  ([iii  ont  ete'  cites  par  J.  deGuyse, 

(.4)  Guillaume  II ,  comte  de  Hainaut  et  de  Hollande  ,  était  iVère 
de  Philippine  de  Hainaut  (pii  avait  épouse  en  1327  Edouard  lli  , 
roi  d'Anglelerre.  (^etfe  Philippine  cfait  donc  la  sœur  et  non  la  tante 
maternelle  malertern  de  Guillaume  11.  Cette  filiati m  est  donnc'e 
j>  r  l'Art  de  vérifier  les  dates  à  Tarliile  des  comtes  de  Hainaut  et 
des  comtes  de  Hollaude.  l>a  mire  de  Guillaume  II  était  Jeanne  de 
Valcis,  qui  avait  deux  sœurs  j  Isabelle  <lc  Valiis,  duchesse  de  Bre 
tagne  ,  et  Marguerite  de  Valois  ,   comtesse  de  Blois. 


DE    HAINAUT.    LIVRE   III.  SgS 


CHAPITRE  XXXVI. 


Alexandre-le-Grand  donne  à  Liriope  la  Forêt-Cbarbonnière. 


L  AUTEUR. 


C'est  vers  ce  tems  qu'eurent  lieu  les  ëvénemens 
rapportés  par  l'historien  Crésus  clans  son  histoire  des 
Ecossais  qu'il  appelle  aussi  Albaniens,  si  toutefois  cette 
histoire  renferme  quelque  vérité.  L'illustre  prince  et 
noble  comte  de  Hainaut ,  Guillaume  II  du  nom  ,  étant 
en  Angleterre  près  de  la  reine  Philippine,  sa  sœur  (1), 
et  femme  d'Édouard-le-Grand  ,  roi  d'Angleterre  ,  la  fit 
traduire  et  transcrire  de  l'anglais  en  notre  français 
\nlgaire.  Elle  est  en  quatre  grands  volumes,  qui  ne 
contiennent  que  peu  de  faits  relatifs  à  mon  sujet.  Néan- 
moins je  les  ai  extraits  pour  les  insérer  dans  mon  livre, 
en  laissant  aux  amateurs  de  fables  les  contes  qui  les 
accompagnent.  Alexandre,  roi  de  Macédoine,  ayant 
soumis  presque  toute  la  terre  à  sa  domination ,  partagé 
les  deux  Bretagnes  à  ses  soldats,  fait  de  magnifiques 
largesses  à  ses  maîtresses,  et  assigné  à  chacun  ,  selon 
ses  mérites  ,  des  royaumes,  des  duchés  ,  des  comtés  , 
des  villes  et  des  châteaux ,  s'apprêtait  à  opérer  son 

(i)  Et  non  sa  tante  comme  le  dit  le  texte  latin  ,  sur  lequel  on  peut 
voir  la  note  précédente. 


594  ANNALES 

pauca  tamen  continentur  ad  nieam  pertinentia  mate- 
riam  ;  et  illa  excerpsi ,  et  hiiic  opusculo  appllcui ,  fa- 
bulas ibidem  intermixtas  fabulatoribus  relinquendo. 
IgitLir  cùm  Alcxander,  rcx  Macedonum  ,  quasi  totuni 
orbem  suo  subjugàsset  impcrio,  et  Britariniam  utram- 
que  suis  distribuisset  militibus,  dominabusque  multa 
clargitus  fuissct  donaria,  régna,  ducatus,  comitatus, 
civitates  et  castella  unicuique ,  proùt  valebat ,  assig- 
nâsset,  et  jàm  ad  recessum  paratus  extitisset;  affuit 
virgo  pulcberrima  ac  nobilis,  Liriope  nomine,  de 
sanguine  regio,  quae  nihil  inter  donaria  Alexandri 
perceperat.  Undè  rex  dolcns  petiit  si  cunctas  assigna- 
verat  terras.  Unusrespondit  :  «  Est  ultra  mare,  inquit, 
»  illustrissime  rex ,  in  principio  Gallia"  quœdam  nobilis 
»  terra  ferlilis  et  amœna,  quîie  ferocissimos  gignit  mi- 
wlites,  habciis  civitalos  et  castra,  (\uvc  Carbonaria 
n  Silva  nuncupatur,  ad  quam  non  accessislis,  6  prin- 
»  cipum  nobilissinie,  quae  si  posset  adipisci  aut  sub- 
»  jici ,  Liriope  eadem,  si  vcstrre  placeret  dominationi, 
»  solemnitcr  dotaretur.  »  Tune  Alcxander  dictae  Li- 
riope dictam  patriam  in  omnium  nobilium  Britanniœ 
atque  Scoliœ  prœsentia  contulit  et  donavit;  dictis 
principibus  priTcipiens  quatenùs  pro  dicta  virgine  ad 
dictam  terram  conquirendam  laborarent  viriliter  et 
potcnter;  et  antuuMunt.  Cùm  verô  post  recessum 
Alexandri  à  ilnibus  Biitanniœ  ac  Scotiœ,  nobiles  dic- 
torum  regnorum  insimul  forent  congregati  in  solem- 
nitatequâdam  pro  rébus  publicls,  intcr  caetera,  trac- 
taverunt  matoriam  qualiter  adiniplercntur  pi'omissa 
Liriope,  nobilis  juvenculœ,  et  terra  sibi  data  etiàm 


DE    HAINAIT.    LIVRE    III.  5gS 

retour ,  lorsqu'il  fut  arrêté  par  une  jeune  fille  char- 
mante et  du  sang  royal ,  qui  se  nommait  Liriope  ,  et 
qui  n'avait  reçu  aucun  présent  du  prince.  Alexandre  , 
affligé  de  cet  oubli ,  demanda  s'il  ne  lui  restait  aucune 
terre  adonner,  et  quelqu'un  lui  répondit  :  «  Grand  roi , 
il  existe  au-delà  de  la  mer ,  sur  les  confins  des  Gaules , 
une  province  fertile,  délicieuse  et  célèbre,  qui  engendre 
des  guerriers  invincibles  ,  qui  renferme  des  villes  et  des 
châteaux,  qui  se  nomme  la  Forêt-Charbonnière,  dans 
laquelle  vous  n'êtes  point  allé  ,  ô  le  plus  illustre  des 
princes  ,  et  que  vous  pourriez  conquérir  et  soumettre, 
pour  en  doter  la  belle  Liriope  ,  si  telle  était  voire  vo- 
lonté souveraine.  »  Alors  le  roi  donna  ce  pavs  à  la  jeune 
princesse  ,  en  présence  de  tous  les  noble  s  de  la  Bielague 
et  de  l'Ecosse,  auxquels  il  recommanda  de  faire  tous 
leurs  efforts  pour  qu'elle  pût  en  avoir  promptement  la 
jouissance.  Ceux-ci  y  consentirent,  et  après  le  départ 
d'Alexandre  de  la  Bretai;ne  et  de  l'Ecosse ,  s'étant  ras- 
semblés, un  jour  de  fêle,  pour  s'occuper  des  affaires 
publiques,  ils  avisèrent  entre  autres  choses,  aux  moyens 
de  remplir  leur  engagement  envers  Liriope,  et  de  con- 
quérir le  pays  qui  lui  avait  élé  cédé.  Au  milieu  de  la 
délibération  ,  l'illustre  comte  de  Périgord  (I),  nommé 
Taurus,  se  leva  ,  et  par  amour  pour  la  jeune  fille ,  autant 
que  par  respect  pour  la  volonté  d'Alexandre  ,  fit  vœu 
de  s'emparer  avec  ses  propres  armes  de  la  province  en 
question  ,  et  d'en  procurer  bientôt  la  jouissance  pai- 
sible à  Liriope ,  si  les  dieux  le  conservaient  à  la  vie.  Il 

(i)  C'est  ainsi  que  !e  rmt  pedragensis  est  hadtiit  ilans  les  ver- 
sions française- ,  sans  qu'on  puisse  s'expliquer  cnmm:  ni  ce  comte 
de  Périgord  se  trouvait  dans  l'assemble'e  des  nobles  de  l'Ani^leterre 
et  de  l'Ecosse  ,  à  moins  dose  transporter  aux  tems  postcrieurs  au 
mariage  d'Kléonore  de  Guyenne  avec  Henri  II ,  roi  d'Angleterre. 


5g6  ANNALES 

qualiter  subjiceretiir.  Cîini  vero  perscrutaretur  mo- 
dus,  assurrexit  illustris  pcdragensis  cornes,  nomine 
Taiirus ,  qui ,  ob  amorem  Liriope  et  ob  reverentiam 
donationis  régis  Alexandri,  illùc  vovit  sua  potentiâ 
et  fortitudine  terrain  dictam  subjiciendam ,  et  eam  à 
Liriope  pacificè,  vitâ  comité,  in  brevi  possideri.  Qui, 
gravi  congregato  exercitu ,  Atbonitum  nobilem  scuti- 
ferum  suse  militiae  magistrum  constituit.  Hi,  navigio 
prceparato,  ad  neustrica  littora  potenter  applicuerunt; 
et  pluribus  civitatibus ,  villis  ,  oppidis  et  castelliscon- 
tritis ,  tandem  Silvam  -  Carbonariam  ingressi  sunt. 
Qui ,  per  diversa  quœque  dispersi ,  castrum  Bavaci 
invaserunt.  (  Actor.  Utrum  vero  copcrint  vel  ne  his- 
toria  non  facit  montioncni.)  Finaliter  Fanum  Martis 
obsederunt.  Quii  obsidione  scx  annos  durante,  gentc 
eorum  pluries  rcnovata  ,  post  strages  multorum ,  rcge 
Fani  Martis  priùs  inleronipto,  mixt\ni  violenter  et 
per  tractatus  civitatcm  obtinuorunt.  Filiam  dicti  ré- 
gis Clarenuiiidiam  Karadoci  ,  (|ui  cognatus  eratTauro 
pedragcnsi ,  maritantes,  cui  totius  Silvœ-Carbonarire 
doniinium  recommendantcs  usqnè  ad  Liriope  adven- 
tum.  Ad  recessum  versus  Scotiam  victoriosi ,  et  ad 
Liriope  intimanduni  quid  artum  erat ,  et  ad  ipsam 
adducendam  se  pracparavcrunt  irpalriaturi.  Hic  Ka- 
rados  fertur  ad  caslium,  (piod  nuiic  Kirignain(i) 
dicitur,  primo  construxissc;  in  sua  obsidione,  juxlà 
Fanum  Martis.  Tandem  ïaurus  pediagcnsis  cum 
Liriope  uxore  sua  cum  gravi  Albanorum  multitudinc 
ad  Silvam-Carbonariam  venientes ,  donationem  régis 

I    Onorptiaiii .   ;i  iit»<'  pplifc  hfUf  hh  miili  «le  Famars. 


Dh    HAINALT.     livre    IIJ.  Ô^'^ 

rassemble  donc  une  grande  armée  ,  nomme  Athonitus 
son  écuyer,  le  maître  de  la  milice  ;  et ,  équipant  une 
flotte ,  il  débarque  avec  des  forces  nombreuses  sur  les 
côtes  de  la  ^Neustrie,  renverse  les  cités,  les  villes,  les 
bourgs  et  les  châteaux  qui  s'opposent  à  son  passage  , 
envahit  la  Forêt-Charbonnière  ,  fait  occuper  tout  le 
pavs  par  ses  troupes  qu'il  divise ,  et  vient  attaquer  le 
château  de  Bavai.  (L'altelr.  L'histoire  ne  dit  pas  s'il 
fut  pris  ou  non.  )  Enfin  ,  il  vient  mettre  le  siège  devant 
Famars ,  et  au  bout  de  six  ans  qu'il  dura  ,  après  avoir 
renouvelé  son  armée  plusieurs  fois ,  après  une  grande 
perte  d'hommes  et  la  mort  du  roi  de  Famars  ,  il  s'em- 
pare de  la  ville  moitié  par  force  et  moitié  par  capitu- 
lation. Claremundine ,  fille  du  roi  défunt,  fut  donnée 
en  mariage  à  Karados  ,  cousin  de  Taurus  de  Périgord , 
et  on  lui  confia  le  gouvernement  de  toute  la  Forêt- 
Charbonnière,  jusqu'à  l'arrivée  de  Liriope.  Les  vain- 
queurs s'apprêtèrent  alors  à  retourner  en  Ecosse  ,  pour 
annoncer  à  la  jeune  princesse  ce  qu'ils  avaient  fait ,  et 
pour  l'amener  dans  la  province  qui  lui  avait  été  assi- 
gnée. On  rapporte  que  ce  fut  ce  Karados,  dont  nous 
venons  de  parler ,  qui  construisit  le  château  de  Que- 
renain  ,  près  de  Famars,  pendant  le  siège  de  cette  der- 
nière ville.  Enfin  Taurus  de  Périgord  se  rendit  avec 
Liriope  ,  sa  femme  ,  et  un  grand  nombre  d'Albaniens  , 
dans  la  Forêt-Charbonnière  ,  et  jouit  paisiblement  de 
la  donation  d'Alexandre.  Voilà  ce  qu'on  lit  dans  Crésus. 
Llci  us.  Vers  le  même  tems  régnait  à  Belgis  Léo,  deuxième 
du  nom,  après  les  ducs.  L'auteur.  C'est  tout  ce  que  j'ai 
trouvé  sur  ce  prince. 


ôqS  Annales 

Alcxandri  pacifîcè  possederunt.  Hœc  Cresus.  Lucius. 
His  temporibus,  regnabat  in  Belgi  Léo  secundus 
hujus  nominis  post  duces.  Actor.  Nihil  aliud  de 
ipso  reperi. 


CAPITULUM  XXXVII. 


De  morte  Alexandri  régis. 


COMESTOR. 


CuM  enim  rediissot  Alcxander  in  Babylonem ,  sump- 
to  vcnono  à  soiore  sua,  iisum  liiiguœ  ainisit,  et 
oxtromaiii  voluntatcm  suam  scripto  express! t  ;  et  no- 
liiit  munai'cbiam  siuun  in  aliqiiem  transférée,  no  ali- 
quis  par  ci  in  potenlia  apiul  postei'os  legeretur.  Sed 
diiodcx'im  qiios  al)  adolesccnlia  suà  socios  babucrat , 
roani  successores  inslitnil.  User  autem  instilutio  non 
stctit,  nam  quatuor  ex  eis  tantùm  ,  abis  abjectis, 
regnavei'unt,  sicut  in  historiâ  Danielis  est  expres- 
sum  (i). 

(i)  Il  est  sans  doute  question  ici  du  prophcte  Daniel  qui  vivait 
trois  siècles  avant  Alexandre ,  et  n'a  pu  écrire  l'hisloire  de  ce 
prince.  Au  lieu  d'historid  il  faut  lire  prophétie!. 


DE    HAlNAliX.     LIVRE    111.  O99 


CHAPITRE  XXXVII. 


De  la  mort  du  roi  Alexandre. 


COMESTOR. 


Alexandre  étant  de  retour  à  Babilone ,  perdit  l'usage 
de  la  parole  ,  après  avoir  été  empoisonné  par  sa  sœur, 
et  fît  écrire  ses  dernières  volontés.  l\îais  il  ne  voulut 
pas  désigner  son  successeur  au  trône,  afin  que  la  pos- 
térité ne  put  dire  qu'il  eût  existé  quelqu'un  aussi 
puissant  que  lui  ;  il  se  contenta  de  nommer  pour  ses 
héritiers  douze  généraux  qui  n'avaient  cessé  de  l'ac- 
compagner depuis  sa  première  jeunesse.  Cet  arrange- 
ment ne  tint  pas  long-tems  ;  car  de  ces  douze  il  n'y  en 
eut  que  quatre  qui  régnèrent,  après  l'expulsion  des 
autres,  ainsi  qu'il  est  marqué  dans  la  prophétie  de 
Daniel. 


400  ANNALES 


CAPITULUM  XXXVIII. 

De  initio  rcgui  AEgiptionira. 


EUSEBIUS. 


Olympiadis  cxtii  anno  iv,  igitur  A.lexandro  mor- 
tuo  apucl  Babylonem  (  i  ) ,  translato  post  euin  in  multos 
imporio,  divcM'si  regnaverunt.  Hinc  Alexanclrinorum 
nascitur  regnuin  qiiod  est  ^gypti  ;  et  per  diversas 
gontes  quas  Alexander  tenuerat  diversi  regnaverunt. 
Primus  in  iEgyplo  Ptolemaeus,  Lagi  filins,  cœpit  an- 
no quinlœ  .Ttatis  cCLXvn  ,  miindi  vero  iii.mdcxl  (i)  , 
et  regnavit  annis  xl  (3\  MacedoniiE  rcgnavit  Philip- 
pns,  qui  et  Arideus,  frater  Alexandri,  annis  vu. 
Lydiam  et  Thraciam  et  Hellespontum  Lysimachus 
tenuit. 

(i)  Jacques  de  Cnyse  est  ici  craccoriî  avec  M.  Saint  Martin  qui 
fait  mourir  Alexantlre  à  Ja  fin  de  rolimpiade  cxiij',  le  2a  juin  de 
l'an  324  avant  notre  ère.  L'olimpiade  cxiv'  a  commence'  le  3  juillet 
suivant. 

(2)  An  323  av.  J.-C. 

(3)  Ptolcmee  Soter  I*%  fils  de  Lagus  ,  prit  le  gouvernement  de 
l'Égiple  le  8  novembre  323  selon  M.  Saint-Martin,  et  mourut  le  17 
octobre  a83. 


DE     HAIXAUT.     LIVRE  III.  i^Ol 


CHAPITRE  XXXVIII. 

Du  commencement  du  royaume  d'Egipte. 


ECSEBE. 


En  l'an  4  delà  llS*"  olimpiade ,  après  la  mort  d'A- 
lexandre à  Babilone ,  l'empire  fut  partagé  entre  plu- 
sieurs rois.  C'est  alors  que  le  royaume  d'Alexandrie  ou 
d'Egipte  prit  son  origine.  Ptolémée  ,  fds  de  Lagus,  en 
fut  le  premier  souverain  ,  et  conunença  son  règne  ,  qui 
fut  de  quarante  années,  l'an  267  du  cinquième  âge, 
et  3640  de  la  création  du  monde.  Philippe  Aridée  (I) , 
frère  d'Alexandre ,  occupa  le  trône  de  Mdcédoiue  pen- 
dant sept  ans;  et  Lisimaque  posséda  la  Lidie  et  la 
Thrace. 

[i)  Aiide'e  ou  plutôt  Arrliidce  fut  couroTiné  roi  dès  l'an  324,  et 
Perdiccas  fut  drclare  tuteur  des  rois  Perdiccas  ayant  p.-rdu  la  vie 
en  Egipte  l'an  32o,  Anli])ater  lui  succéda  et  mour:it  celle  même 
année.  Polisperchon  eut  alors  la  tutelle  des  rois. 


ff. 


402  ANNALES 


CAPITULUM  XXXIX. 

De  Theophrasto  philosopho. 


EoDEM  tempore ,  Theophrastus  (i)  philosophas 
claruit,  qui  successor  fuit  Aristotelis,  de  quo  Hiero- 
nymus  contra  Jovinianam  loquitur  hbro  i.  «  Fertur,  » 
inquit, «  Aureolus Theophrastl  Uber  de  nuptiis,  in  quo 
quaerit,  an  vir  sapiens  ducat  uxorem.  Et  ciim  defi- 
nîssct,  si  pulchra  esset,  si  benè  moriginata  (2),  si 
honestis  parentibus  nata,  si  ipse  sanus  ac  dives,  sic 
sapientem  inire  aUquando  niatrimonium ,  statim  in- 
tuHt  :  Hœc  autem  raro  in  nuptlis  univcrsa  concor- 
dant. Non  est ,  inquit,  ducenda  uxor  sapienli.  Primîun 
enim  impediri  studia  philosophiaR,  nec  posse  quem- 
quam  libris  et  uxori  pariter  inservirc...  » 

(i  )  Théophraste,  philoiîophe,  naturaliste  et  me'ilecin  ,  naquit  à 
Erèse  dans  l'île  «le  Lesbos  Tau  390  avant  notre  ère  ,  et  mourut  Pan 
286,  à  Atlicnes,  .Igc'tle  in4ans,  regrettant  «.le  quitter  la  vie  lorsqu'il 
commençait  seulement  à  être  sage 

(2)  Le  tex'e  <le  saint  Jérôme  porte  morala  au  lieu  de  moriginata, 
mot  de-  la  basse  latinité'. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  l\o'b 

CHAPITRE  XXXIX. 

Du  philosophe  Théophraste. 


Vers  la  même  époque  florissait  le  philosophe  Théo- 
phraste ,  qui  fut  le  successeur  d'Aristote  ,  et  dont  saint 
Jérôme  parle  en  ces  termes  dans  son  Traité  contre  Jo- 
vinien,  livre  i"  :  «  \J Aureolus  est  un  livre  que  Théo- 
phraste composa  sur  le  mariage,  et  dans  lequel  il  re- 
cherche si  un  homme  sage  doit  se  marier.  Après  avoir 
avancé  que  le  mariage  peut  lui  convenir ,  si  la  femme 
qu'il  prend  est  belle ,  vertueuse  ,  née  de  parens  hon- 
nêtes ,  et  si  lui-même  est  riche  et  bien  portant;  il  ajoute 
aussitck  que  tous  ces  avantages  se  rencontrent  rarement 
dans  le  mariage ,  et  conclut  en  affirmant  que  le  sage  ne 
doit  pas  se  marier,  parce  que  les  chaînes  conjugales 
nuisent,  à  l'étude  de  la  philosophie,  et  que  personne  ne 
peut  servir  en  même  tems  les  lettres  et  une  femme.  » 


^04  ANNALES 


CAPITULUM  XL. 


De  initio  regni  Asiae. 


EUSEBirS. 

Olympiadis  cxv  anno  i,  temporibus  Ptolemsei 
anno  vi ,  rcgnum  Asiae  cœpit.  In  quo  rcgnavit  prinius 
Antigonus  annis  xviii;  secundus  Demetrius  xvii, 
tandem  tradidit  semetipsum  Scleuco  régi  Syriie,  qui, 
destructo  regno  Asiae,  caploque  Demetrio,  Syriae  et 
Asiœ  pariter  imperavit.  Hujiis  temporibus.  Romani 
Samnites  diutissimè  contra  se  prœbantes ,  ad  extremum 
in  servitutem  redigunt(i). 

(i)  La  guerre  des  Samnilcs,  commence'e  en  l'an  343  avant  J  -C, 
finit  1  an  JQ'j  mais  elle  rcc')n)inenea  lucntùt  après,  et  ne  fut  en- 
tièrement terminée  qu'en  l'année  2^3,  pur  l'entière  soumission  Jii 
Samnium  à  la  république  romaine. 


DE    HAINALT.    LIVRE    III.  4^5 


CHAPITRE  XL. 

Du  commencement  du  royaume  d'Asie, 


EL'SEBE. 


Commencement  du  royaume  d'Asie ,  en  la  1"  année 
de  la  115''  olimpiade,  et  la  6*^  de  Ptoléiiiée.  Le  pre- 
mier roi  fut  Antigène ,  qui  régna  dix-huit  ans  ;  le  second 
fut  Démétrius ,  qui  en  régna  dix-sept,  et  se  livra  lui- 
même  à  Séleucus ,  roi  de  Sirie.  Ce  dernier  prince  dé- 
truisit le  royaume  d'Asie  ,  fit  prisonnier  Démétrius,  et 
domina  également  sur  la  Sirie  et  sur  l'Asie.  De  son 
tems,  les  Romains  firent  une  longue  guerre  aux  Sam- 
nites,  qu'ils  finirent  par  réduire  en  servitude. 


/(06  ANNALES 


CAPITULUM  XLL 

De  Papirio. 


ACTOR. 


Htijus  teinporlbus  fuit  Papirius(i)bellicosus  con- 
sul romanus,  de  quo  Orosius  (2)  :  «  Vicit  Papirius 
Samnites  eo  quod  vanas  augurum  et  auruspicum  con- 
jecturas contempserit.  Hic  Papirius  adeo  apud  Ro- 
manos  bellicosissimus  liabebatur,  ut  cùm  Alexander 
Magnus  disponerc  diceretur  ab  oriente  dcscendens 
obtincre  viribus  Africam ,  atque  indè  ad  Italiam 
transvelii ,  Romani  inter  cœteros  duces  tune  in  repu- 
blicâ  vel  in  expeditione  sua  optimos,  hune  praecipuum 
fore,  qui  Alcxandri  inipctum  siistinere  posset  nicdi- 
tarentur.  »  De  isto  loquitur  multa  Macrobius  in  Sa- 
turnalibus.    Orosius  (3).   Anno    post  victoriam   de 

(i)  L.  Papirius  Ciirsor  fut  cinf[  fois  consul  et  deux  fois  dictateur; 
il  obtint  plusieurs  triomplies  sur  les  Samnites,  et  effara  la  liontc 
des  fourches  Caudines.  Son  premier  consulat  est  de  l'au  33o,  et  son 
dernier  de  Tan  3i3  avant  J.-C 

(2)  Lib.  iii ,  cap.  i5. 

(3)  Lib.  iii ,  cnp.  22.  Notre  auteur  cite  textuellement  Paul  Orose, 
et  fournit  une  leçon  i\\\i  est  en  quelques  endroits  préférable  à  celle 
d'Havercamp.  Mais  lorsqu'il  renvoie  à  Macrobc  au  sujet  de  Papi- 
rius Cursor,  il  confond  ce  dernier  avec  Papiiius  Prrefextatus  ,  le 
seul  dont,  il  soit  fait  menfinn  d;ins  les  Saturnnfps. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  /4O7 


CHAPITRE  XLI. 

De  Papiriiis  (Cursor^. 


L AUTEUR. 


Du  tems  de  Sëleucus  vécut  le  consul  Papirius  ,  l'un 
des  plus  grands  hommes  de  guerre  que  Rome  ait  pro- 
duits ,  et  dont  parle  Orose  en  ces  termes  :  «  Papirius 
vainquit  les  Samnites  parce  qu'il  avait  méprisé  les 
vaines  conjectures  des  augures  et  des  aruspices.  Ce  Pa- 
pirius passait  pour  un  capitaine  si  consommé,  que  quand 
le  bruit  courut  qu'Alexandre -le -Grand,  à  son  retour 
d'Orient ,  s'apprêtait  ù  soumettre  l'Afrique  ,  pour  des- 
cendre ensuite  en  Italie,  les  Romains  le  regardaient 
comme  le  plus  digne  parmi  leurs  citovens  et  leurs 
généraux  ,  d'être  opposé  aux  entreprises  du  roi  de 
Macédoine.  »  Macrobe  dit  aussi  beaucoup  de  choses  du 
même  Papirius,  dans  ses  Saturnales.  Paul  Okose.  Lu 
an  après  la  victoire  des  Romains  sur  les  Samnites ,  lo 
consul  Curius  (1)  fit  aux  Sabins  une  guerre  sanglante, 
dans  laquelle  on  tua  et  on  fit  prisonniers  tant  d'en 


(1)  La  guerre  des  Samnites  finit  l'an  290  avant  notre  ère  ,  sous  le 
premier  consulat  de  Marciis  Curius  Dentatiis,  et  les  Sabins  s'ctunt 
révoltes ,  furent  vaincus  par  ce  consul  qui  triompha  ainsi  des 
Samnites  et  des  Sabins  la  même  année.  L'Art  de  vérifier  les  dates 
nvnnt  Vcrc  rhrç'tienn''.  iv  'yft. 


4o8  ANNALES 

Samnitibus,  gestum  est  hcllurn  cum  Sabinis  à  Curio 
consule,  ubi  qiiot  millia  lioniiniiin  interfecta,  quot 
capta  sint,  ipse  consul  ostendit  :  qui  cùm  in  senatu 
magnitudinem  agri  sabini  acquisiti,  et  multitudinem 
populi  capti  referre  vellet,  numerum  explicare  non 
potuit. 


CAPITULUM  XLII. 

De  initio  regum  Syriae  et  Babylooiae. 


VINCENTIUS. 

Anno  Ptolemœi  xiii,  Antigoni  vu,  regnum  Syriœ 
et  Babylonis  et  superiorum  locorum  nascitur(i);  et 
regnavit  primusSeleucus  Nicanor  annis  xxxii;secun- 
dus  Antiochus,  qui  et  Scier,  xx;  deindô  Antioclius, 
qui  vocabatur  Theos,  xv;  Selcucus  Callinicus  xx; 
Seleucus  Ceraunus  m;  Antiochus  Magnus  xxxvi; 
Scleucus  Piiilopator  xii;  Antiochus  Epiphanes  xi  ; 
Antiochus  Eupator  ii  ;  Demetrius  Sotcr  xii;  Alexan- 
der  (Bala)  ix ,  mensibus  x  (s)  ;  Demetrius  annis  m , 

(i)  Cette  phrase  est  extraite  d'Eiisehe,  qui  place  iri  IVre  des 
Scleiicides  sous  l'an  1705  d'Abraham,  3ii  avant  notre  ère.  On  l<i 
met  ordinairement  sous  l'an  3i2. ,  et  les  manuscrits  «le  Jacques  de 
Giiyse  permettent  cette  opinion,  en  écrivant  Anno  PloUniœi  xii. 

(2)  Le  manuscrit  de  Saint-Germain  ne  donne  à  Alexandre  Bala 
que  neuf  mois  de  règne. 


DE    HAINATJT.    LIVRE    III.  4^9 

nemis  ,  que  le  consul  ne  put  trouver  de  nombre  pour 
exprimer  devant  le  sénat  la  quantité  de  territoire  pris 
sur  les  Sabins,  et  la  multitude  de  leurs  captifs. 


CHAPITRE  XLIL 


Du  commencement  des  rois  de  Sirie  et  de  Babilone. 


VINCENT  de  Beauvais. 

Commencement  du  royaume  de  Sirie,  de  Babilone  et 
des  provinces  supérieures ,  l'an  1 2  de  Ptolémée,  7  d'An- 
tigone.  Le  premier  roi  fut  Séieucus  Nicanor ,  dont  le 
règne  fut  de  trente-deux  années  ;  le  second,  Antiochus- 
Soter,  qui  régna  vingt  ans  ;  ensuite  Antiochus-le-Dieu  , 
qui  en  régna  quinze  ;  Séleucus-Callinicus  qui  en  régna 
vingt;  Séleucus-GérauDus  qui  légna  trois  ans;  Antio- 
chus-le-Grand,  trente-six  ;  Séieucus  Philopalor,  douze; 
Antiochus-Epiphanes,  onze  ;  Antiocbus-Eupator,  deux; 
Démétrius-Soter ,  douze  ;  Alexandre  Bala ,  neuf  ans  et 
dix  mois  ;  Démétrius  ,  trois  ans  ;  Antioclius-Sidétès  , 
neuf.  Ce  dernier  ayant  été  tué  par  le  Parthe  Arsace , 
Démétrius  ,  son  frère ,  remonta  sur  le  trône  ,  et  régna 
encore  quatre  années;  après  lui  Antiochus-Griphus  en 
régna  douze;  et,  après  l'expulsion  de  Griphus  ,   An- 


4 10  ANNALES 

Antioclius  Sidetes  ix;  quo  inteifecto  ab  Arsace  Par- 
tho,  iterùm  Demctrlus,  frator  ejiis,  regnavit  iv; 
Antiochus  Gryphus  xii;  Antiochus  Cyzicenus,  Gry- 
plio  ejecto ,  Syriam  tenuit  ;  sed  Gryphus ,  superato 
Cyziceno,  eamdem  recepit:  et  ità  ex  successione  reg- 
naverunt  invicem  advcrsùs  se  dimicantes  aiinis  xviii  ; 
posteà  Philippus  annis  ii ,  quo  capto  à  Gabinio , 
regnum  Syrife  finitum  est  (i). 


CAPITULUM  XLIII. 


De  Seleuco  et  Ptolemœo  Philadelpbo ,  et  Iranslatione  sacri  canonis. 


Ex  Chronicis  Eiisehii. 

PosxPtolemaîum,  T.agi  fillum,  regnavit  in  jEgypto 
Selcucus  (  2  )  in  regno  Alcxandrinorum ,  olynipia- 
dis  cxvi  anno  iv,  et  regnavit  annis  xl  ;  cui  successit 
Ptolemaeus  Philadolphus,  et  cœpit  anno  quintit  aeta- 
tis  cccvii ,  mundi    vero  iiimdclxxx  (3);  olympia- 

(i)  (Jette  date  est  conforme  ati  texte  trF.iist'bc ,  selon  lequel  le 
royaume  de  Siiie  cessa  d'exister  l"au  •?.  du  roi  Philippe,  19  ■}  d'A- 
braham ,  9.Î  avant  notre  ère. 

(9.)  Kofre  îuitetir  môle  ici  les  rois  de  Sirie  avec  cetix  d'E;;iple. 
Ptolemee  Philadelplu;  fut  successeur  immédiat  de  Ptoleinee  ,  fils 
de  Lagiis. 

'^'    An    <»S'^    nvant   J.-C    Ptolemee.    (ils   de   Laj;iis ,    elait   mort 


DE     HAINAlT.     LIVRE    III.  4»! 

tiochus  le  Ciziccnien  posséda  la  Sirie  ;  mais  avant  été 
vaincu  par  Griphus,  celui-ci  recouvra  l'empire.  Ces 
deux  princes ,  qui  se  firent  des  guerres  continuelles, 
régnèrent  ensemble  dix-huit  ans.  Philippus  ,  qui  leur 
succéda ,  n'occupa  le  trône  que  deux  années ,  et  fut 
fait  prisonnier  par  Gabinius.  Ainsi  finit  le  royaume 
de  Sirie. 


CHAPITRE  XLIII. 


De  Seleiicus,  de  Ptolcmf'e  Pluladelphe,  et  de  la  rersion  des  livres 

saints. 


Extrait  des  chroniques  (TEiisèbe. 

Â.PRÈS  Ptolémée,  fils  de  Lagus ,  Séleucus  monta  sur 
le  trône  d'Alexandrie  ,  en  la  4''  année  de  la  116^  olim- 
piade  ,  et  l'occupa  quarante  ans.  Son  successeur  fut 
Ptolémée  Philadelphe,  qui  commença  à  régner  l'an  307 
du  cinquième  âge,  du  monde  3680,  olimpiade  1:24, 
et  régna  trente  huit  ans.  Il  rendit  la  liberté  aux  Juifs 
d'Egipte ,  envoya  des  vases  votifs  à  Eléazar  ,  pontife  de 
Jérusalem  ,  et  fit  traduire  par  soixante-dix  interprètes, 
de  l'hébreu  en  grec ,  les  divines  écritures  ,  qu'il  possé- 

l'an  284  selon  Eusèbc,  suivi  par  Jacques  de  Giiyse  ,  en  sorte  que 
l'an  I  de  Ptolenie'e  Philadelphe  est  283.  Cependant  31.  Saint-Martin 
fait  mrxirir  Ptolf'tnpV ,  fils  <\r  T.açii*.  le  i'  «-irtnlii-c  ■>?>?,. 


4 1  2  ANNALES 

de  cxxiv,  et  regnavit  annis  xxxviii.  Hic  Judœos  qui 
in  iEgypto  erant  liberos  esse  permisit,  et  vasa  Elea- 
zaro  pontifici  Hierosolimarum  votiva  transmittens , 
divinas  scripturas  in  graecani  vocem  ex  hebraeâ  lin- 
guâ  per  Lxx  interprètes  transferre  curavit,  quas  in 
alcxandrinâ  bibliotlieca  habiiit,  quam  sibi  ex  omni 
génère  litteraturae  comparaverat.  Hic  multos  astro- 
nomiae  libros  et  canones ,  tabulas  et  instrumenta 
composuit  (i).  Anno  Ptolemœi  Philadelphi  iv,  regna- 
vit decimus  Macedonum  Sosthenes  (a)  annis  duobus. 
JusTmus  (3).  Intereà  Brennus,  quo  duce  portio  Gal- 
lorum  in  Graeciam  se  effuderat,  auditâ  victoriâ  suo- 
rum ,  qui,  Belgio  duce,  Macedones  viccrant,.,. 
adunatis  cl  millibus  peditum  et  xv  millibus  equitum, 
in  Macedoniam  irrupit,  agros  et  villas  populans.  Cui 
cùm  occurrisset  Sosthenes  cum  instructo  exercitu, 
pauci  à  pluribus ,  trepidi  à  valentibus  facile  victi 
sunt.  Brennus  autem,  quas\  jam  terrena  spolia  sor- 
derent,  aniiniun  ad  deoram  tenipla  convertit,  scur- 
riliterjocatus  inquit  Locupletcs  deos  largiriJiominibus 
oportere;  stat\mque  Delphos  adit,  aurum  religioni 
praedam  offensas  deoruni  prœferens,  quos  nullis  opi- 
bus  egcrc  ,  utpotô  qui  cas  liomini])us  lai'giri  soleant , 
affirmabat.  Templum  autem  Apollinis  Delphis  posi- 
tum  est  in  monte  Parnasso ,  liuic  montes  undiquè 

(i)  Ici  Jacques  de  Giiyse  conlond  le  roi  d'Egipte  avec  l'astro- 
nome Ploleme'c ,  qui  florissait  vers  Je  milieu  du  second  siècle  de 
notre  ère  ,  sous  les  Antonins. 

(2)  Soslhènes  est  1(^  douzième  roi  de  Macédoine  depuis  Alexandre- 
le-Grand. 

■3)  T.ih.  \tiv.  i-iij',  (i  et  -. 


DE    HAINAUT.     LIVRE     Ili.  4*^ 

dait  dans  la  bibliothèque  d'Alexandrie ,  composée  de 
toute  sorte  d'ouvrages  de  littérature  que  lui-même  avait 
rassemblés.  Le  même  prince  composa  des  livres ,  des  ca- 
nonsj  des  tables  et  des  instrumens  d'astronomie.  En  la 
4*'  année  de  son  règne,  Sosthènes,  dixième  roi  de  Macé- 
doine, monta  sur  le  trône,  et  régna  deux  ans.  Justin. 
Cependant  Brennus,  chef  de  cette  partie  de  l'armée  des 
Gaulois  qui  s'était  répandue  dans  la  Grèce ,  informé 
de  la  victoire  que  ses  soldats  ,  sous  la  conduite  de  Bel- 
gius ,  avaient  remportée  sur  les  Macédoniens ,  fondit 
dans  la  Macédoine  à  la  tête  de  cent  cinquante  mille 
hommes  d'infanterie  et  quinze  mille  de  cavalerie,  ra- 
vageant la  campagne  et  lés  fermes.  Sosthènes  marcha 
à  sa  rencontre  avec  une  armée  rangée  en  bataille;  mais 
le  petit  nombre  céda  à  la  multitude,  et  la  timidité  au 
courage.  Brennus,  comme  si  les  dépouilles  des  hommes 
eussent  été  indignes  de  lui ,  convoita  les  richesses  des 
temples  ,  disant  par  raillerie,  que  les  dieux  qui  étaient 
si  riches  devaient  partager  avec  les  hommes.  Il  prend 
aussitôt  la  route  de  Delphes  ,  sacrifiant  la  religion  à  la 
cupidité,  le  respect  des  immortels  à  la  soif  de  l'or,  et 
affirmant  qu'ils  n'avaient  pas  besoin  de  richesses ,  eux 
qui  avaient  coutume  de  les  dispenser  aux  humains.  Le 
temple  dWpollon  est  bâti  sur  le  mont  Parnasse,  au 
sommet  d'un  rocher  qui  domine  de  toutes  parts  des 
montagnes  escarpées.  C'est  pourquoi  le  temple  et  la 
ville ,  dépourvus  de  remparts ,  sont  défendus  par  des 
précipices,  et  doivent  leurs  fortifications  à  la  nature  et 
non  au  travail  des  hommes.  Le  milieu  du  rocher  s'en- 
fonce en  forme  de  théâtre.  .  .  .  l'armée  des  Gaulois 
commandée  par  Brennus ,  était  de  soixante-cinq  mille 
hommes  de  pié ,  tandis  que  celle  des  Delphiens  et  de 
leurs  alliés  ne  s'élevait  qu'à  quatre  raille  combattans. 


4^4  AMSALES 


concurrentes  ineosaxoconsedere;  atque  ità  templuin 
et  ctvitatem  non  mûri  sed  praecipitia ,  nec  manu  facta , 
sed  naturalia  praesidia  defendunt.  Media  saxi  rupes 
in  forma  theatri  cessit...  Igitur  Gallorum  vulgus  in 
exercitu  Brenui  peditum  sexaginla  quinque  millia, 
Delphorum  sociorumque  non  nisi  quatuor  millia 
militum  erant  (i). 


CAPITULUM    XLIV. 


De  morte  Brenni. 


EDSEBIUS    (2). 

Erant autem  in  templo  multae stature cumquadrigis 
solido  auro  fusœ;  ol)  qiiam  rem  cupidi  praedae  Galli , 
sincrespectu  periculorum  ,  in  belluni  ruebant.  Delphi 
autem  scandentcs  Gallos  è  summo  niontis  vertice, 
partim  saxis ,  part\m  armis ,  obruebant.  In  hoc  autem 
partium  certamine ,  repente  universorum  templorum 
antistlles  simul  et  ipsi  vatcs ,  sparsls  crinibus,  cum 
insignibus  atque  infulis,  pavidi  vecordesque  in  pri- 

(i;  Jacques  Je  Guyse  ne  ilonne  que  des  extraits  tle  Justin,  et 
encore  d'une  manière  assez  inexacte.  Celte  observation  doit  aussi 
être  appliquée  au  cliapitre  suivant. 

{1)  Ce  chapitre  est  extrait  non  d'Eusèbe  ,  mais  de  Justin  , 
//.  .  v\iv,  ./,.  S. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    111.  /^lO 

OBSERVATON. 

Puisque  Jacques  de  Guyse  cite  ici  Justin  ,  il  est  clair  qu'il  n'a- 
vait pas  l'ouvrage  de  Trogue  Pompée  qui  devait  renfermer  plus 
de  détails  ,  et  qu'il  aurait  cité  de  préférence  On  sait  que  Justin  n'a 
fait  qu'abréger  Trogue  Pompée. 


CHAPITRE  XLIV 


De  la  mort  de  Brennus, 


EUSEBE. 


Le  temple  renfermait  beaucoup  de  statues  avec  des 
quadriges  en  or  massif,  qui  enflammaient  la  cupidité 
des  Gaulois  ,  et  les  fesaient  courir  à  la  guerre  sans 
songer  aux  dangers.  Ceux  de  Delphes,  du  haut  de 
leur  rocher,  accablaient  à  coup  de  pierres  et  de  traits 
les  Gaulois  qui  s'eflbrcaient  de  monter  à  l'escalade. 
Mais  ,  tandis  que  le  combat  s'opiniatre  de  part  et 
d'antre ,  voici  que  tout  d'un  coup  les  prêtres  de  chaque 
temple  et  les  Pithies  elles-mêmes ,  les  cheveux  épars , 
leurs  mitres  en  tête  et  toutes  les  marques  de  leur  di- 
gnité sur  leurs  personnes  ,  courent  en  tumulte  et 
comme  saisis  d'une  fureur  divine  aux  premiers  rangs 
des  corabattans ,  s'écrient  que  leur  dieu  est  arrivé , 


4lG  ANNALES 

mam  pugnantium  aciem  procurruiit;  advenisse  Deum 

clamantes,  cumqiie  se  vidlsse  desilientem  in  templum 

per  culminls  aperta  fastigia,  et  juvenem  supra  huma- 

num  moduin  insignls  pulcliritudinis ,  coinitesquc  ci 

duas  annatas  virgines,  ex  piopinquis  duabus  Dianae 

Minervœqiie  aedibus  occurrisse  ;  et  audîsse  stridorem 

arcûs  ac  strepitum  annorum  :  proindè  ne  cunctaren- 

tur,  diis  antcsignanis  ,  liostem  cœdere,  cœteros  mo- 

nebant.  Quibus  vocibus  inceusi,  omnes  certat'im  in 

praelium  prosiliunt.  Moxque  terrae  motu  portio  mon- 

tis  abrupta ,   Gallorum  stravit  exercitum  ;   insecuta 

deindè  tempestas  est,  quœ  grandine  et  frigore  sau- 

cios   ex   vulnei'ibus    absumpsit.   Dux  ipse  Brennus, 

cùm  dolorem   vulnerum  ferre  non  posset,  pugione 

vitam  fini  vit.  Alter  ex  duobus  ducibus  qui  cum  eo 

erant ,  cum  deccm  miUibus  sauciorum  Graecia  exccs- 

sit.   Quibus  pavidè  fugieiitibus  nulla  sub  tectis  acta 

nox  est;  nullus  sine  labore  et  periculo  dies;  imbres 

assidui  et  gelu  ,  nix  concreta ,  et  famés  et  lassitudo, 

et  super  hoc  maximum  pervigiliîe  malum ,  infebcis 

bclli   reliquias  obtrlvit.  Nemoque  ex  tanto  exercitu 

vel  ad  memoriam  tantœ  cladis  superfuit.  Item  Jlsti- 

Ni]s(i).  Eo  tempore,  reges  orientis  sine  mercenario 

Gallorum  exercitu  ulla  bella  gerebant ,  neque  pulsi 

regno  ad  alios  quàm  ad  Gallos  confugiebant.  Tantus 

terror  gallici  nominis,  et  armorum  invicta  félicitas 

erat ,  ut  aliter  neque  majestatem  suam  tutari ,  neque 

amissam  recuperare  se  posse  sine  gallica  virtutc  arbi- 

trarcntur.  Itaque  residui  Gallorum  qui  bellum  effu- 

([■*  L,ib.  \\i\ ,  ciifi.  i. 


DL    HAIXAUT.    LITRE    III.  41 7 

qu'ils  l'ont  vu  descendre  dans  le  temple  par  l'ouver- 
ture du  faîte,  qu'un  jeune  homme  d'une  beauté  surna- 
turelle leur   a  apparu  accompagné  de  deux  vierges 
armées ,  qui  des  deux  temples  voisins  de  Diane  et  de 
Minerve  étaient  venues  à  sa  rencontre;  qu'ils  ont  en- 
tendu le  bruit  d'un  arc  et  un  fracas  d'armes,  ils  excitent 
en  même  tems  tous  leurs  guerriers  à  exterminer  l'en- 
nemi sous  les  ieux  des  divinités  qui  conduisent  leurs 
drapeaux.   Enflammés  par  ces  cris  ,  ils  se  précipitent 
dans  la  mêlée  à  l'envi  les  uns  des  aiitres.  Bientôt  une 
partie  de  la  montagne ,  détachée  par  un  tremblement 
de  terre,   écrase  l'armée   gauloise;  ensuite  il  s'élève 
une  tempête  furieuse  qui  fait  périr  les  blessés  par  la 
violence  de  la  grêle  et  du  froid.  Brennus  lui-même,  ne 
pouvant  supporter  la  douleur  de  ses  blessures ,  s'ar- 
rache la  vie  d'un  coup  de  poignard.  L'un  de  ses  deux 
lieutenans  se  hâte  d'abandonner  la  Grèce,  en  emme- 
nant avec  lui  dix  mille  blessés;  mais  aucun  toit  ne  les 
couvre  la  nuit  dans  leur  fuite  et  dans  leur  frayeur,  et 
le  jour  ne  leur  offre  que  fatigue  et  dangers  de  toute 
espèce.  Les  pluies  continuelles,  la  gelée,  une  neige 
épaisse,  la  faim  ,  la  lassitude,  et,  par-dessus  tout,  les 
veilles ,   le  plus  insupporiable  des  maux ,  consument 
les  tristes  restes  de  cette  malheureuse  armée.  De  tant 
de  milliers  d  hommes ,  il  n'en  resta  pas  un  seul  pour 
rendre  témoignage  d'une  si  grande  défaite.  Jusiiiv.  A 
cette  époque ,  les  rois  d'Orient  ne   fesaient  aucune 
guerre  sans  avoir  une  armée  mercenaire  de  Gaulois  à 
leurs  ordres,  et  ne  se  réfi  giaient que  chez  ce  peuple, 
lorsqu'on  les  chassait  de  leurs  états.  La  terreur  du  nom 
gaulois  et  le  bonheur  invincible  des  armes  de  cette 
nation  ,  avaient  tellement  frappé  les  rois  ,  qu'ils  ne 
crevaient  pouvoir  défendre  leur  majesté  ou  la  rétablir, 
H.  27 


4l^  ANNALES 

gérant  (i),  poditiim  quindeciin  millia,  equitum  tria 
millia,  inauxilium  Eumenis,  Bithviii.T régis,  invocati, 
regnum  cum  co ,  parta  victoria,  tliviserinit,  caiiique 
regionem  Gallo-Grœciam  cognominaverunt. 


CAPITULUM  XLV, 


De  orisine  Picardonim. 


Ex  Histondqiiœ  Amhianensiiim  iiitituldtiir. 

PosT  Alexandri ,  régis  Maccdoiium ,  lugubre  dis- 
pendium,  ejusdemque  regiio  in  pluribus  regnis  con- 
diviso,  innumerabilibusstipendiariis  in  aimis  exper- 
lissiinis  tanquàm  inanes  derelictis,  vidantes  regem 
Alexandrum  mortuum,  nec  haberc  palriam  in  qua 
diverti  valerent,  proposuerunt  duceni  eligere,  et 
navium  reglaruin  depraedari ,  et  sic  per  maria  evagari 
piraticè;  et  ubi  fortuna  ipsos  duccret  illùc  applicari; 
et  terram  novam  conquirere,  si  valerent.  Consilio  ha- 

N 

(i)  Il  s'agit  ici  tlfs  Gaulois  en  pcucrai.  Ces  mots  :  qui  belliim 
ejjiigeranl  ne  se  trouvent  pas  tlans  Justin  ,  qui  a  «lit  jxvîceciciunicnt 
qne  de  toute  l'armée  de  Rrenmis  qui  ait;. qua  Delplies ,  il  no  resta 
pas  même  un  seul  homme  pour  transmettre  la  menioiie  de  cet 
événement ,  exagération  lies  liistoriens  grecs. 


DE    HALNAl  T.    LIVRE    IfJ.  4l9 

après  sa  perte,  que  par  la  valeur  gauloise.  C'est  pour- 
quoi les  Gaulois  qui  avaient  échappé  des  hazards  de  la 
guerre ,  au  nombre  de  quinze  mille  fantassins  et  trois 
mille  cavaliers  ,  appelés  au  secours  d'Eumène  ,  roi  de 
Bithinie,  partagèrent  son  royaume  avec  lui,  comme 
ils  avaient  partagé  sa  victoire,  et  nommèrent  Gallo- 
Grèce  le  pays  qui  leur  fut  cédé. 


CHAPITRE  XLV. 

De  l'origioe  des  Picards. 


Histoire  d' Amiens. 

Après  la  mort  déplorable  d'Alexandre,  roi  de  Ma- 
cédoine ,  et  le  partage  de  sa  monarchie  en  plusieurs 
royaumes  ,  d'innombrables  soldats  d'une  grande  ha- 
bileté dans  la  guerre ,  furent  abandonnés  comme  deve- 
nus inutiles.  Ceux-ci  se  voyant  privés  de  leur  roi, 
n'ayant  pas  de  patrie  pour  les  recevoir,  résolurent  de 
se  donner  un  chef,  de  s'emparer  de  la  flotte  royale  et 
de  faire  le  métier  de  pirates ,  jusqu'à  ce  que  la  fortune 
leur  eût  offert  une  plage  pour  débarquer,  et  une  nou- 
velle terre  à  conquérir.  Après  une  mûre  délibération  , 
ils  se  choisirent  pour  chef  Picon ,  grand  homme  de 
guerre  ;  et,  sillonnant  les  mers  sur  les  vaisseaux  du  roi , 
comme  ils  en  étaient  convenus,  ils  abordèrent  enfin  aux 
côtes  de  Neustrie ,  dans  les  Gaules.  Ils  s'avancèrent  alors 


420  ANNALES 

bito,  elogcnint  Piconom  ,  ducem  streniiissimnm  ;  et , 
proLit  consiihicraiit,  maria  suprà  rogias  navcs  sulcaii- 
tcs,  tandem  ad  portus  iieustrios  Galliaium  appli- 
cuerunt.  Qui  more  regio ,  proùt  vjderant  in  gestis 
Aloxandri,  se  coaplantcs,  et  gesta  regum  acmilitum 
dediicentcs,  Piconem,eorum  ducem,  tanquàm  si  essct 
ipse  Alexander,  vcnerabanturobsequiis.  Hi ,  armorum 
virtute  solum  conquirentes ,  portus  subjugaverunt. 
INeusti'ia  belvacina  edomhtâ ,  illùc  oppidum  fortissi- 
mum  construentcs,  Piconium  ,  à  ducis  eonim  no- 
minesic  denominatum, statuantes,  ab  codem  Galliam 
Infei'iorem  per  multa  tempora  invaserunt.  Multipli- 
catis  tandem  Piconibus ,  sic  ab  eoi'um  duce  denomi- 
natis ,  latiorem  plateam  fortem  tamcn  dccreverunt 
pro  eorum  tuitione  eligere;qui  intergurgites  cujus- 
dam  dispersae  ripariœ  planltiem  latam  reperientes , 
proposuerunt  iliùc,  contra  omnes  observantes  ,  oppi- 
dum cum  mansionibus  divcrsis  ac  fortabtiis  stabibre. 
Qui  gurgitcs  et  alveolos  et  bttora  diversa  insimul 
ambiantes,  unum  mansum,  seu  oppidum  capacitatis 
latum  insimul  congregatum  fbrtificantes,  Ambianis 
iiuncuparunt.  Qui  Piconii,  postmodùm  multiplican- 
tes  ,  contra  Gallos  primo,  et  postmodùm  contra  Ro- 
manos ,  majorem  partem  Galbœ  Inferioris  suis  di- 
tionibus  subjugarunt.  Qu.ne  pars  Gallinc  à  Piconiis 
postmodùm  Picardia  noscitur  denominari. 


DE    IlAl.XALT.    LIVRE    lll.  f['2l 

dans  un  appareil  royal,  en  imitant  ce  qu'ils  avaient  vu 
sous  Alexandre  ;  et ,  figurant  un  corps  de  soldats  com- 
mandés par  leur  roi,  ils  entourèrent  leur  chef  Picon 
d'autant  de  respects  que  s'il  eût  été  lui-même  le  guerrier 
macédonien.  La  force  de  leurs  armes  les  eut  bientôt 
rendus  maîtres  de  la  province  et  de  ses  ports.  Après 
avoir  soumis  la  partie  de  la  Neustrie  qui  forme  le  Beau- 
voisis ,  ils  y  fondèrent  une  petite  ville  très-forte  ,  qu'ils 
appelèrent  Piconiiim  {\) ,  du  nom  de  leur  général,  et 
d'où  ils  firent  pendant  long-lems,  des  incursions  dans 
la  Gaule  inférieure.  Lorsque  les  habitans  de  Plconiiim 
se  furent  multipliés ,  ils  résolurent  de  choisir  pour  leur 
défense  une  place  forte  beaucoup  plus  étendue,  et 
trouvèrent,  entre  les  sinuosités  d'une  rivière  divisée  en 
plusieurs  branches,  une  vaste  plaine,  dans  laquelle  ils 
formèrent  le  dessein  de  bâtir  une  forteresse  avec  des 
maisons  et  des  châteaux ,  pour  se  mettre  à  l'abri  des 
attaques  de  leurs  ennemis.  Enfermant  donc  dans  une 
même  enceinte  différens  détours  de  la  rivière,  avec 
les  ruisseaux  et  les  rives  qu'elle  comprenait,  ils  con- 
struisirent une  grande  ville  à  laquelle  ils  donnèrent  le 
nom  d'Amiens.  Le  nombre  des  habitans  s'étaut  beau- 
coup accru  dans  la  suite ,  ils  enlevèrent  aux  Gaulois 
d'abord  ,  et  ensuite  aux  Romains  ,  la  plus  grande  partie 
de  la  Gaule  inférieure,  qu'ils  réduisirent  sous  leur  do- 
mination ,  et  à  laquelle  on  donna  plus  tard,  à  cause 
d'eux  ,  le  nom  de  Picardie. 

(i)  Pe(jui|^ni. 


423  AN>ALES 


CAPITULUM  XLVI. 


De  Arcpsilii  Thebano. 


EUSEBIUS. 


Anno  ab  ui'be  condita  CDLxxxvir,olynipiadis  cxxv 
anno  m  (i),  qui  fuit  annus  vu  Philadelphi,  Polemo 
philosophas  moritur.  Post  quem  Arcesilas  et  Crates 
Athenis  clari  habentur  (2 j  ;  de  quibus  Augustinus  , 
XI  libro  de  Civitatc  Dei[6\  et  Seneca  in  11  Xxhvo  de 
Bcnejicus  (4),  et  libro  i  Epislolarum  ,  cpistola  ix  (5), 
proloqultur.  Actor.  In  Chrunicis  enim  ponitur  Ar- 
cesilas Thebanus  fuisse  natione  ,  de  quo  legitur  quôtî 
magiuiin  pondus  auri  in  mare  projecerat,  dicens  : 
«  Abite ,  pessimœ  divitiae  ;  ego  vos  mergam  ,  ne  ego 

(i)  Ail  277  avant  J.-(].  Il  y  a  erreur  clans  le  compte  des  années 
de  la  fondation  de  Roniej  il  lant  lire  {77  an  lieu  «le  J87  :  le  ma- 
nuscrit de  Saint-Germain  porte  48o. 

(2)  On  trouvera  dans  les  Vies  des  Philosophes  par  Diogènes 
Laërcc,  celles  de  Polc'nion ,  successeur  de  Xe'nocrates,  de  (!ralcs  > 
successeur  de  Polemon  ,  et  d'Arccsilas  ,  fondateur  de  la  moyenne 
acadc'mie. 

(3)  Ce  n'est  point  au  livie  xi  cpie  saint  Auj^nstin  jiarle  d'Arce- 
silas  et  de  C  atès,  cl  nous  ne  le  trouvons  point  i:illeurs. 

(4)  Cap.  ^l^. 

'5    riVist  T.itirç  10. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  4^5 


CHAPITRE  XLYI. 


Du  Thebain   Arcësilas. 


ELSEBE. 


Ex  l'an  487  de  la  fondation  de  Rome  ,  troisième 
année  de  la  125^  olimpiade,  et  septième  de  Plolëmée 
Philadelphe  ,  le  philosophe  Poléinon  termine  ses  jours. 
Après  lui,  fleurirent  ù  Athènes  Arcésilas  et  Cratès, 
dont  il  est  question  dans  saint  Augustin  ,  livre  xi  de  la 
Cité  de  Dieu  ,  et  dans  Sénèque,  au  second  livredes  bien- 
faits, et  au  premier  livre  de  ses  lettres,  tpître  neu- 
vième. L'auteur.  On  lit  dans  les  chroniques  qu'Arcé- 
silas  était  Thébaiii  de  nation.  Ce  fut  ce  philosophe  qui 
jeta  à  la  mer  un  énorme  poids  d'argent,  en  disant: 
«  Loin  de  moi,  pernicieuses  richesses,  je  vous  englou- 
tirai, plutôt  que  de  me  laisser  engloutir  par  vous.  »  11 
est  essenliel  de  rapporter  ici  ce  qu'Orose  place  en  cette 
même  année.  «En  l'an  487  de  Rome,  dit-il,  on  vit 
sur  la  terre  quantité  de  prodiges.  Du  sang  parut  couler 
de  la  terre,  et  du  lait  du  ciel  :  car,  en  plusieurs  endroits, 
on  vit  du  sang  jaillir  dc-s  fontaines,  et  du  lait  tomber 
des  nuées  par  gouttes  ,  en  forme  de  pluie  ,  et  arroser  le 
globe.  » 


\'l\  ANNALES 

inergar  à  vobis.  «  Sciendum  quod  Orosius  de  isto 
anno  dicit  :  «  Anno  ab  urbe  conditâ  cdlxxxvii  (i),  in 
terra  visa  sunt  multa  prodigia;  sanguis  enim  c  terra 
lac  visum  est  maiiare  de  cœlo  ;  nam  et  pliirimis  locis 
scaturiens  è  fontibus  cruor  fluxit,  et  de  nubibus  gut- 
tatiiri  in  speciem  pluviœ,  lacté  demisso  viris  (2),  ut 
ipsis  visum  est ,  terram  imbres  irrigaverunt.  » 


CAPTTULUM    XVLII 


De  sect!»  stoicornm, 


EOSEBIUS. 


Anno  Pbiladelphi  xiv,  olympiadis  cxxvii  anno  i  (3), 
Zeno  stoicus  moritur  ;  post  queni  Cleantlies  floruit. 
AcTOR.  De  qiiibus  Augustlnus  ait  Zenonem  et  Cris- 
piim  fuisse  principes  stoicorum  ;  et  Hieronymus  in 
suo  dialogo  contra  pelagianos,  récitât  opinlones  eo- 
rum.  Dicit  fortem  posse  omnein  perturbationeni  era- 
dicari  et  cxstirpari  de  mentibus  hominuni.  Hoc  idem 
seuserunt  vetcres  academici.  Peripatetici  casdem  pcr- 
turbalioncs  dicunt  frangi ,  régi  et  moderari ,  et  quasi 

(i)  L'i'dition  d'Havcrcamp  écrit  ^80,  l.  iv,  c.  5. 
(2)  LVdilioTi  précitée  porte  lacte  dtniisso,  diri ,  ut  etc. 
V  An  9'i  av.nnt  .T.-(], 


DE    UAINAUT.     LIVRE    III.  4^5 

OBSERVATION. 

Les  pluies  de  sang  ont  ete'  explique'es  d'abord  par  Peiresc  en 
160H,  ensiiile  par  Jean  Reckniann  dans  sa  dissertation  de  protliifiis 
Sfrni{  Ce  phénomène  est  produit  par  une  grande  quantité'  de  pa- 
pillons ((iii  répandent  des  gouttes  d'un  suc  roiigc  sur  les  endroits 
où  ils  ont  passe'. 


CHAPITRE  XL VII. 


De  la  secte  des  stoïciens. 


EUSEBE. 


En  l'an  quatorze  de  Philadelphe  ,  première  année  de 
la  127^  olimpiacle,  Zenon  le  stoïcien  finit  ses  jours. 
Après  lui,  fleurit  Cléanthe.  L' Auteur.  Saint  Augustin 
dit  que  Zenon  et  Crispus  ont  été  les  chefs  des  stoïciens; 
et  saint  Jérôme ,  dans  son  dialogue  contre  les  péla- 
giens  ,  rapporte  leurs  diverses  opinions.  Selon  ces  phi- 
losophes, l'homme  peut  déraciner  et  extirper  de  son 
cœur  toute  agitation  violente.  C'est  aussi  l'opinion  des 
anciens  académiciens.  Les  péripaléticiens  prétendent 
que  toute  perturbation  de  l'esprit ,  peut  être  rompue, 
gouvernée  ,  modérée  et  contenue  comme  des  chevaux 
sans  frein  avec  des  mors  inflexibles.  Nous  trouvons  plu- 
sieurs de  leurs  sentences  exposées  dans  les  Tusculanes 
de   Cicéron   et    les  Stromales  d'Origène  ;    le  livre  des 


426  ANNALES 

infrenes  cquos  quibusdam  lupatis  cocrceri.  Quorum 
sententias  ponit  Tullius  in  Tiisculanis  Quœstionibus, 
et  Origenes  in  Stromatibus.  Liber  autem  Ciceronis  de 
Paradoxis  de  scntentiis  stoicorum  totus  contextus 
est.  Item  stoicorum  sunt  illa  quœ  ponit  Scncca  in  li- 
bre de  Benejiciis  ;  de  sectâ  eorum  et  opinionibus  et 
sententiis  etiàm  loquitur  Augustinus  libro  xiii  de  Ci- 
vitnte  Dei,  Hieronymus  contra  Pelagianos  ,  Augusti- 
nus ad  Hieronymum. 


CAPITULUM  XLVIII. 


De  primo  bcllo  c.onlrù  Carihagincnses. 


Anno  vero  sequcnti ,  fuit  pi'imum  bclluni  Carllia- 
ginense,  do  quo  Orosius  :  «  Cornolio  Asina  ,  Caio 
Duilio  consulibus  (i),  cùm  Hanniiial  senior  oram  Ita- 
liae  maritimam,  instructâ  septuaginta  navium  classe, 
vastai'et ,  Romani  cl  ipsi  classom  fabricari  atqiic  iii- 
slrui  praecopcrunt  ;  quod  Duilius  consul  cclciiiis 
implevit;  nam  intrà  \.\  dics,  qnum  arbores  cœsae 
erant ,  cxxx  navium  classis  deducta  in  ancboris  ste- 
tit.  Cornélius  Asina,  consul  altcr,  cuni  xvi  navibiis 
Lipariam   insulam  petit,  ibique  ab  Ilannibale,  quasi 

r    \n  '^fii  :i\  .'Mit  ,1.  c 


DE    HAlNAtï.     LIVRi:    III.  4^7 

Paradoxes  de  ce  premier  auteur  est  un  tissu  des 
maximes  des  stoïciens  ;  Sénèque  les  a  adoptées  dans 
son  livre  des  Bienfaits  ;  et  nous  trouvons  plusieurs  dé- 
tails sur  cette  secte  philosophique,  sur  ses  opinions  et 
sa  morale ,  dans  le  livre  xiii  de  la  Cité  de  Dieu  de  saint 
Augustin,  dans  le  livre  de  saint  Jérôme  contre  les  pé- 
lagiens ,  et  dans  les  lettres  de  saint  Augustin  à  saint  Jé- 
rôme. 


«•%'«/«<«.'«/%^^f^.%,^-« 


CHAPITRE  XLVIII. 

De  la  première  guerre  punique. 


Dans  le  cours  de  l'année  suivante  éclata  la  première 
guerre  punique.  «Sous  le  consulat  de  Cornélius  Asina 
et  Caïus  Duilius,  dit  Orose,  lorsqu'Annibal  l'ancien 
ravageait  les  côtes  de  l'Italie  avec  une  flotte  de  soixante- 
dix  vaisseaux,  les  Romains  en  fiient  construire  et 
équiper  une,  avec  laquelle  le  consul  Duilius  eut 
promtement  appareillé;  car  soixante  jours  seulement 
après  que  les  arbres  eurent  été  coupés  ,  il  eut  cent 
trente  vaisseaux  à  l'ancre.  Cornélius  Asina ,  l'autre 
consul,  gagna  l'ile  de  Lipari;  mais  Annibal  l'ayant 
appelé  à  une  entrevue,  comme  pour  traiter  de  la  paix  , 
le  retint  prisonnier,  et  le  fit  mourir  dans  les  fers  ,  avec 
une  perfidie  digne  d'un  Carthaginois.  A  cette  nouvelle, 
le  consul  Duilius  s'avance  avec  trente  vaisseaux  contre 
Annibal ,  hii  livre  im  combat  sur  mer,  détruit  la  çalèrc 


428  ANNALES 

ad  colloquiuin  pacis  evocatus ,  pudicà  fraude  captus, 
alque  in  vinculis  necatus  est.  Quod  ut  Dudius ,  aller 
consul ,  audivit,  cum  xxx  navibus  adversùs  Hanniba- 
lem  profcctus  est.  Commisso  navali  prcnello  ,  Haundial, 
amissa  navi  quiî  veliebaLur,  scaphà  subductus  aufu- 
git  ;  XXXI  naves  ejus  captae,  xiri  mersae,  tria  millia 
hominum  occisa,  septeni  millia  capta  refei'untur.  » 


CAPITULUM  XLIX. 

De  flnali  rebcllione  Saxoniim  contra  Belgos  et  Tungrinos. 


Ex  Gestis  Saxonum. 

Saxones  diutinâ  pace  potiti  post  aliquorum  Brito- 
nuin  transmigrationem,  Belgensibuspluribus  inter  eos 
connnorantibus  interemptis ,  régi  belgensi  Leoni  ter- 
tii  atque  ïungrinoi'um  rebellantes,  caput  régis  Saxo- 
num de  génère  Belgoruin  civilati  Tungroruin  at([ue 
Belgis ,  transiniserunt,  nuiiquàni  cum  eisdem  dein- 
ceps  pacificaturi.  Belgcnsibus  atque  Tungrensibus  ad 
Saxones  invadendum  disj)ositis,  timonî  tamen  Pico- 
nioruni  atque  Ilomanoium  ,  quibus  undique  circum- 
cingcbantur,  pro  temporc  (juieverunt  in  [)ropriis 
civitatibus,  sed  invité.  Tandem ,  post  recessum  Ko- 
ni;inf>nnii ,  IVlgensos  cum  IViconils  freui;as  dr(^<Mn  an- 


DE    IIAINAIÏ.    LIVRE    111,  4^9 

qu'il  montait,  et  le  force  à  s'enfuir  sur  une  chaloupe. 
Les  Romains  s'emparèrent  de  trente  et  un  navires  ,  en 
coulèrent  treize  à  fond ,  tuèrent  trois  mille  hommes , 
et  firent  sept  mille  prisonniers. 


CHAPITRE  XLIX. 

De  la  ilernicre  rébellion  des  Saxons  contre  les  Belges  et  les  Trëvirois. 


Gestes  des  Saxons. 

Les  Saxons,  qui  étaient  restés  lon^-tems  paisibles, 
tuèrent  plusieurs  Bele^es  qui  séjournaient  parmi  eux 
depuis  la  transmigration  de  quelques  Bretons  ,  se  révol- 
tèrent contre  Léon  111 ,  roi  desBelges ,  et  contre  les  Ton- 
griens,  et  envoyèrent  à  Belgis  et  à  Tongres  la  tête  de 
leur  roi ,  qui  était  Belge  de  nation  ,  afin  de  se  mettre 
dans  l'impossibilité  de  faire  la  paix.  Les  Belges  et  les 
Tongriens,  quoique  prêts  à  attaquer  les  Saxons,  restè- 
rent cependant  quelque  tems  en  repos,  quoique  malgré 
eux  ,  dans  leurs  villes,  par  crainte  des  Piconiens  et  des 
Romains,  dont  ils  étaient  entourés  de  tous  côtés. 
Enfin,  après  le  départ  de  ces  derniers  ,  les  Belges  font 
avec  les  Piconiens  une  trêve  de  dix  ans  ;  et,  prenant , 


noruzn  confirmantes ,  ciim  apparatu  foroci  versus 
Saxoniaiii  itor  arripientes,  Rlienum  fliivium  trans- 
ieriiat.  Saxones  adventum  eorum  praesentientes,  in 
mcdio  Sucvife  Bolgos  obviantes,  durissiniè  pugnave- 
runt;  quinquectenim  dicbus  bciluni  perduravit.  Saxo- 
nes tand.  m  postsuorum  perditioneni  gravissimani,  se 
retrahentes,  obtinueriint  Belgi  atque  Tungrini  cam- 
pnm  ;  sed  iindè  prosequerentur  adversarios  non  ha- 
bentcs ,  morte  suorinn  cognitâ  ,  succuisum  Tungrim 
et  Treberim  mandaverunt.  His  diebus ,  Romani  strage 
Belgensium  atque  Tungrinorum  audita,  revertentes , 
ad  Tungrinos  iterùm  invadendos  se  coaptaverunt  ; 
animadvertentes  Tungrini  atque  Belgi  trans  Rhenum 
existentes,  proiit  potucrunt,  rcpatriantes,  Romanos 
anticipaverunt ,  et  Tungri  imminentes  Romanis  fero- 
citer  resisterunt,  ipsos  à  territorio  effugantes. 


CAPITULUM  L. 

De  Antiocho  et  Philadelpho. 


EUSEBIUS. 


Olympiade  cxxxi,  anno  Pbiladelphi  xxix  (i),  Ju- 
daeoium  pontifex,  Onias,  lilius  Simonis,  clarus  babe- 


f  l^   An  tjS  avant  J.-(J. 


r  "• 


DE    HAINALT.    LIVRE    III.  4 j  1 

avec  un  appareil  terrible  le  chemin  de  la  Saxe  ,  passent 
bientôt  le  Rhin.  Leurs  ennemis,  préparés  à  les  recevoir, 
marchent  à  leur  rencontre  jusqu'au  milieu  de  la  Souabe , 
et  leur  livrent  une  bataille  qui  dura  cinq  jours.  Enfin 
les  Saxons,  ayant  essuyé  des  pertes  énormes,  sont 
obligés  de  se  retirer  en  laissant  le  champ  de  bataille 
aux  Belges  et  aux  Tongriens.  Mais  ceux-ci ,  affaiblis 
par  le  combat,  où  ils  avaient  perdu  beaucoup  de 
monde ,  ne  se  trouvèrent  pas  la  force  de  poursuivre 
un  ennemi  à  moitié  vaincu ,  et  demandèrent  du  se- 
cours aux  Ailles  de  Tongres  et  de  Trêves.  Cependant 
les  Romains  avant  appris  les  pertes  des  Belges  et  des 
Tongriens ,  revinrent  sur  leurs  pas ,  et  se  disposèrent  à 
attaquer  de  nouveau  ceux  de  la  cité  de  Tongres.  Les 
Belges  et  les  Tongriens  qui  avaient  passé  le  Rhin  se 
hâtèrent,  à  cette  nouvelle,  de  regagner  leur  pays,  et 
y  devancèrent  les  Romains.  D'un  autre  côté  la  ville  de 
Tongres  opposa  à  l'ennemi  une  telle  résistance ,  qu'il 
fut  obligé  d'abandonner  sou  territoire. 


CHAPITRE  L. 

D'Antiochus  et  de  Philadelphe. 
ELSÈBE. 

En  la  première  année  de  la  ISl*"  olimpiade ,  vingt- 
quatrième  année  de  Ptoléuiée-Philadelphe,  florissait  le 
pontife  Onias ,  fils  de  Simon.  11  irrita  le  roi  Ptolémée 


452  ANNALES 

tur.  Qui  consueta  régi  Ptolemaeo  tributa  non  red- 
dens,acl  iram  eum  impulit.  Eodcm. tempore  regnabat 
in  Syriâ  Antiochus,  qui  vocatur  Theos,  et  regnavit 
annis  xv.  Hieronymus,  stiper  Danielem  (i).  «Hic 
adversiis  Philadclphuin  bella  gessit  quàm  plurima , 
totisque  Babylonis  et  orientis  viribus  contra  eum  di- 
micavit.  Volens  autem  Ptolemœus  Philadelphus ,  post 
multos  annos ,  molestuin  finire  certamen ,  fiUam 
suam ,  noinine  Berenicen,  Antiocho  uxorem  dcdit, 
qui  de  priore  uxore,  noniine  Laodice,  habuit  duos 
filios,  Seleucum,  qui  cognominatus  est  Callinicus,  et 
alterum  Antiocbum;  duxitque  eam  usquè  ad  Pelu- 
sium  ,  et  infinita  auri  et  argenti  millia ,  dotis  noinine , 
dédit.  »  Item  Hieronymus,  super  Danielem  (2).  Phi- 
ladelphus (3)  apud  Graecos  habitus  est  orator  et 
philosophus;  tantaeque  potentiae  fuisse  narratur ,  ut 
Ptolemaeum  patrein  vinceret.  Narrant  historiae  ha- 
buisse  eum  peditum  daconta  millia,  equitum  viginti 
millia,  curruum  duo  millia,  et  clephantes,  quos  pri- 
nius  eduxit  ex  Ethiopiâ ,  quadringentos.  Naves  longas 
mille  quingentas,  alias,  ad  cibaria  militum  dopor- 
tanda  ,  mille  ;  auri  quoque  et  argenti  grande  pondus  : 
ità  ut  de  iEgypto,  per  singulos  annos,  quatuordecim 
millia  et  octingenta  talenta  acceperit  argenti  et  fru- 

(i)  Cap.  1 1. 
(a)  Ihid. 

(3)  Au  lieu  de  Philadelphus  il  faut  lire  Demetrius  Pha'ereiis ; 
mais  le  dernier  membre  de  la  |)luase  se  rappcirte  à  Philadeiphe. 
Le  peu  d  attention  que  ni)tre  auteur  a  mis  à  extraire  ce  passage  de 
saint  Jc'rômc,  se  prouve  [:ar  nos  deux  manuscrits,  qui  présentent 
ici  la  même  confusion. 


DE    HAINAUT.    LIVRE   III.  433 

en  lui  refusant  les  tributs  accoutumés.  Dans  le  même 
tems  régnait,  en  Sirie,  Antiochus-le-Dieu,  qui  occupa 
le  trône  quinze  ans.  Saint  Jérôme,  sur  Daniel.  «Ce 
prince  fit  des  guerres  fréquentes  à  Philadelphe ,  et  le 
combattit  avec  toutes  les  forces  de  lîabilone  et  de  l'O- 
rient. Apres  de  longues  années ,  Ptoléméc-Philadelphe , 
voulant  mettre  un  terme  a  cette  lutte  sanglante,  donna 
en  inttriage  Bérénice,  sa  fille,  à  Anliochus,  qui  avait 
eu  de  Laodice ,  sa  première  femme,  Séleucus,  sur- 
nommé Callinicus,  et  un  autre  fds  nommé  Antiochus. 
11  conduisit  sa  fille  jusqu'à  Féluse  ,  et  lui  donna  en  dot 
des  milliers  pesant  d'or  et  d'argent.  »  Le  même  saint  Jé- 
rôme ,  sur  Daniel.  «Démélrius  de  Plialère  se  distingua 
chez  les  Grecs  parnù  les  orateurs  et  les  philosophes. 
Philadelphe  fut  si  puissant  qu'il  surpassa  Ptolémée- 
Soler,  son  père.  Des  histoires  rapportent  qu'il  avait 
une  armée  de  deux  cent  mille  fantassins,  de  vingt 
mille  che\aux,  de  deux  mille  chars  et  de  quatre  cens 
éléphans,  qu'il  tira  le  premier  de  l'Ethiopie.  11  pos- 
sédait en  outre  quinze  cens  vaisseaux  longs ,  mille 
bàtimens  destinés  à  transporter  les  vivres  des  soldats, 
un  poids  énorme  d'or  et  d'argent  ;  en  effet ,  l'Égipte 
lui  rapportait,  chaque  année,  quatorze  mille  huit  cens 
talens  d'argent ,  et  quinze  cent  mille  arlabes  de  blé, 
(cette  mesure  contenant  trois  boisseaux  et  un  tiers.) 
Ei;sÈBE,  dans  ses  Chroniques.  En  la  dernière  année  du 
règne  de  Philadelphe,  deuxième  année  de  la  133^  olim- 
piade ,  un  incendie  consuma  ,  à  Rome ,  le  temple  de 
"N'esta. 


II.  28 


434  ANNALES 

menti  artabas  (quae  mensura  très  modios  et  tertiam 
partem  modii  continet  )  qulnquies  et  decies  cen- 
tena  millia.wEusEBius  in  Clironicis.  AnnoPhiladelplii 
ultimo,  olympiadis  cxxxiii,  anno  ii  (i),  Romae  tem- 
plum  Vestae  incensum  est. 


CAPITULUM  LI. 

De  Ptolemœo  Evergete. 


EUSEBIUS. 


MoRTUO  Ptolemaeo  Pliiladelplio ,  regnavit  Ptole- 
maeusEvergetes,  qui  cœpit  anno  qui  litre  œtatiscccxLv, 
miindi  vero  iiimdccxviii,  olynipiadis  cxxxiii,  an- 
no m  (2),  et  regnavit  annis  xxvi.  Comestor.  Hic 
frater  Ptoleniœi  Philadelphi  (3)  ab  vEgyptiis  Evergetes 
dictus  est,  quod  revectionem  sonat;  quia  post  vasta- 
tam  Syriam  et  Ciliciain  et  partem  Asiai,  intcr  innu- 
mera  spolia  qurc  cœpit ,  etiàm  Dcos  eorum  quos  Cam- 
byses  inPersas  transvexerat,  revexit.  Eusebius.  Anno 

(i)  An  i\Q  avant  J.-C.  JJyirt  de  vérifier  les  dates  place  cet  eve'- 
nement  en  l'année  24'  — 24*^  >  sous  les  consuls  A.  IManlius  Torqualus 
Atticus,  et  Q.  Liitatius  Ccrco. 

{■i)  Toutes  ces  dates  su  rapportent  à  Tan  24''  avant  J.-C. 

(3)  Ptolt'me'e-Évergète  est  fils,  et  non  frère,  de  Ploleméc-Pliila- 
delphe. 


DE   HAINAUT.    LIVRE  III.  ^î^ 


CHAPITRE  LI, 

De  Ptolemee-Evergète. 


EUSEBE. 


Après  la  mort  de  Philadelphe ,  Ptolëmée-É  verge  te 
lui  succéda  II  commença  à  régner  en  l'an  345  du 
cinquième  âge,  3718  du  monde,  troisième  année  de 
la  133*  olimpiade,  et  régna  vingt-six.  ans.  Comestor. 
Ce  prince,  fds  de  Ptolcmée-Philadelphe,  fut  appelé 
par  les  Egiptiens  Evergète  (nom  qui  signifie  Yaction 
de  rapporter)[\) ,  parce  qu'après  avoir  ravagé  la  Sirie,  la 
Cilicieetune  partie  de  l'A-sie  (2),  il  rapporta  en  Egipte, 
parmi  les  dépouilles  immenses  qu'il  fit,  les  simulacres 
des  dieux,  que  Cambises  avait  transportés  en  Perse. 
EusÈBE.  En  l'an  premier  de  ce  Ptolémée,  florissait 
Simon ,  fils  d'Onias  et  pontife  des  Juifs  ,  sous  lequel 
Jésus,  fils  de  Sirach,  composa  le  livre  de  la  sagesse ^ 

(i)  Evergtte  signifie  bienfaiteur. 
(a)  Au-delà  de  l'Euphratc. 


436  ANNALES 

hujus  Ptoleniœi  primo,  Judœorum  pontifex,  Simon, 
Oniœfilius,  clarus  habctur;  sub  quo  Jésus,  filius 
Sirach,  sapientiae  libriun  componens  (i),  etiàm  Si- 
monis  in  eo  facit  mentioncm  ;  qui  quiclem  liber  inter 
libros  canonis  sacri  coniputatur. 


GAPITULUM  LU. 

De  Antigono ,  Macedonum  rege. 


EUSEBIUS. 


Anno  Ptolcmaei  xiv ,  olympiadis  cxxxvi  anno  iv  (2), 
rrgnavit  apud  Maccdones  Antigonus  annis  xv.  Se- 
NECA,  in  libro  11,  cap.  xvii  de  Beneficiis.  Ab  Anti- 
gono, inquit,  cynicus  petiit  talentum.  Respondit 
Antigonus  plus  esse  quàm  cynicus  pctere  deberet. 
Rcpulsus  petiit  denarium;  respondit  minus  esse  quàm 
deccret  dure.  Turpissima  cortè  luijus  modi  cavillatio: 
invenit  quomodo  noutruni  darot.  Elsebils.  Anno 
Ptolemaei  xix,  olympiadis  cxxxvii  anno  11  (3),  qua- 

(i)  C'est  l'Z.'tc/eiifls/i<7Me,  livre  que  les  Grecs  nomment  XlAvl^tTOf. 

(2)  An  282  av.  J.-C. 

(5)  Il  faut  lire  olympiatlis  cxxxviii,  anno  \,  si  Ton  vont  que 
celte  date  s'accorde  avec  celle  de  la  dix-neuvième  année  du  règne 
de  k'tole'mée  Évergète ,  qui  i-c'pond,  suivant  Eusèbe ,  à  l'an  237 


DE    HAINAL'T.    LIVRE    III.  4^7 

(l'Ecclésiastique),  qui  est  placé  au  nombre  des  livres 
canoniques,  et  dans  lequel  il  est  fait  mention  de  ce 
même  Simon. 


CHAPITRE  LU. 

D'Antigone  ,  roi  de  Macédoine. 


EUSEBE. 


En  l'an  quatorze  de  Ptolémée-É vergeté ,  quatrième 
année  de  la  l^G*"  olimpiade ,  Anligone  monta  sur  le 
trône  de  Macédoine  qu'il  occupa  pendant  quinze  ans. 
Sénèqle,  livre  n  des  bienfaits.  Un  philosophe  cinique 
demanda  un  jour  un  talent  à  Antigone ,  le  prince  ré- 
pondit que  c'était  plus  qu'un  cinique  ne  devait  de* 
mander;  le  philosophe,  se  voyant  refusé,  demanda  un 
denier;  mais  Antigone  lui  dit  que  c'était  trop  peu  pour 
un  roi;  et ,  par  cet  artifice  honteux  ,  trouva  moyen  de 
n'accorder  rien  de  ce  qu'on  lui  demandait.  Elsèbe.  En 
l'an  dix-neuf  de  Plolémée-Evergète ,  seconde  année  de 

avant  J.-C.  Mais  suivant  l'Art  de  veriGer  les  dates,  cette  défaite 
des  Gaulois  à  la  bataille  de  Télainon  ,  par  les  consuls  AEmilius 
Papus  et  C.  Atilius  Régulus ,  eut  lieu  dans  l'année  225  —  aa4 
avant  J.-C 


4:5$  ANNALES 

dragiuta  ferme  niillia  Gallorinn  à  Romanis  cœsa  sunt. 
Actor.  Quando  autem  aut  ubi  vel  à  quihus  Romanis 
ista  strages  Gallorum  exécuta  fuerit  adhùc  non  rc- 
peri  (i). 


CAPITULUM  LUI. 

De  secundo  hello  punico. 


viNCENTius,  lihro  VI. 

Anno  Ptolemcei  xxiii,  videlicet  ab  iirbe  con- 
ditâ  Dxxx,  olympiadis  cxxxix  anno  i  (2),  bclluni  pti- 
nicuni  secundum  surrexit.  Hoc  bellum  multa  piodi- 
gia  prgecesserunt,  de  quibus  plura  ponit  Orosiiis  atque 
Valerius;  de  quibus  Augustinus,  libio  m,  de  Civi^ 
tate  Dei{?t).  Omitto,  inquit,  boves  loculos,  infantes 

(1)  A  défaut  de  Polibe,  de  Pline,  d'Eufrope,  des  Fastes  capi- 
tolins,  qui  semldent  lui  avoir  ctc  inconnus,  Jac<|ues  de  Gnyse 
aurait  pu  consulter  Orosc,  l'un  de  ses  auteurs  favi.ris;  il  y  aurait 
trouve  (l.iv,  c.  i3  les  rensei}»ncmens  qu'il  desirait ,  et  qu'il  a 
cherches  en  vain  dans  les  chr(ini(|ueurs  ilu  moyen  .Ige. 

(a  Si  nous  adoptons  la  <]ale  catonienne  tic  la  fonilaf  ion  de  Home, 
les  h'  is  ilal«-s  ici  (lonni'e>  par  noire  auteur  se  rapportent  à  l'an  iii 
avant  .1  -<;  Mais  l'<'p  que  «lu  romm<'iic<m'nt  «le  la  sccomlc  guerre 
piini'pii-  «l'ii'  ê'n-  r  cide.'  à  l'an  ïi8  '217  avant.  J.-(J.  Vf<y.  V /Irt 
de  i<  ■//<"  /   'f-s  (Iiitcu. 

{i)   Cap.  3i. 


DE    HAIXAUT.    LIVRE    III.  4% 

la  137*  olimpiade,  environ  quarante  raille  Gaulois 
furent  tués  par  les  Romains.  L'Auteur.  En  quel  tems 
et  en  quel  lieu  ,  et  par  quelle  armée  romaine  ce  mas- 
sacre des  Gaulois  a-t-il  été  exécuté?  c'est  ce  que  je  n'ai 
encore  trouvé  nulle  part. 


CHAPITRE    LUI. 


De  la  seconde  guerre  punique. 


"Vincent  de  Beauvais ,  livre  vi. 

En  l'an  vingt-trois  d'Évergète  ,  530  de  Rome,  pre- 
mier de  la  1 39*  olimpiade,  commença  la  seconde  guerre 
punique.  Elle  avait  été  précédée  d'un  grand  nombre 
de  prodiges ,  dont  plusieurs  sont  rapportés  par  Orose 
et  Maxime.  Saint  Augustin  en  fait  mention  dans  son 
troisième  livre  de  la  Cité  de  Dieu.  «  J'omets ,  dit-il ,  que 
des  bœufs  ont  parlé,  que  des  enfans  ont  prononcé 
quelques  mots  dans  le  ventre  cTg  leurs  mères,  que  des 
serpens  ont  volé,  que  des  femmes  sont  devenues 
hommes,  et  des  poules  coqs » 


440  ANNAIES 

noriflùni  natos  de  utcris  niatrum  quaeclam  vorba  cla- 
masse, volasse  serpentes  ,  feminasct  gallinas  in  mas- 
culinum  sexiim  fuisse  conversas,  etc. 


CAPITULUM  LIV. 

De  magoo  colo!>so  Rhodiensi. 


EUSEBIUS. 

Anno  Ptolemnei  xxv,  olympiadis  cxxxix  anno  m  (i) 
Caria  et  Rliodus  ità  terrœ  motii  concussre  sunt,  iit 
<:olossiis  magnus  riierit.  Vincentius,  lihro  vi.  Colos- 
sus  illc  rhodius  inter  septem  inundi  mirabilia  ter- 
tiinn  ponitur.  Fuit  autem  imago  aîrea  centum  vigiiiti 
et  sex  peduin  fusilis.  Miruni  cnim  valdè  est  quomodo 
tàni  ininiensa  moles  fuiidi  potuit,  vel  erigi  aut  stare; 
quindecim  pcdibus  allior  fuit  quàm  colossis  Romœ. 
Eodem  anno,  fuit  annus  ub  urbecondità  dxxxiii  (2), 
de  quo  Orosius  (3).Eodein  anno,  Hannibal,  Pœnorum 
imperator,  Saguntum,  florentissimam  civitatem  His- 

(i)  An  231  av.  J.-C. 

(2)  Fn  suivant  le  calcul  de  Varron. 

(3)  LVdition  d'Havcrcamp  conii»te  cette  même  année  la  534'  Je 
Rome.  Oiose,  /.  iv,  c.  i4. 


DE    HATXAUT.    LIVRE    III.  44» 


CHAPITRE  LIV. 

Du  grand  colosse  de  Rhodes. 


EUSEBE. 


En  l'an  vingt-cinq  d'Évergète ,  troisième  de  la 
1 39*  olimpiade  ,  la  Carie  et  l'île  de  Rhodes  ressentirent 
lin  tremblement  de  terre  si  violent,  que  le  grand  co- 
losse en  fut  renversé.  Vi>CE>ra'tf  Bcaiiiais ,  livre  vi.  Le 
colosse  de  Rhodes  occupait  le  troisième  rang  parmi  les 
sept  merveilles  du  monde.  Celait  une  statue  d'airain 
coulé,  haute  de  cent  vingt-six  pies.  C'est  véritable- 
ment une  chose  merveilleuse  qu'une  masse  aussi  énorme 
ait  pu  être  fondue,  érigée  et  fixée  debout  :  elle  surpas- 
sait en  effet  de  quinze  pies  le  colosse  de  Rome(l).  Le 
renversement  de  cette  statue  arriva  l'an  de  Rome  033. 
«  En  cette  année ,  dit  Orose  ,  Annibal ,  général  des 
Carthaginois,  assiégea  Sagonte,  l'une   des   villes  les 

(i)  Rome  comptait  dans  son  enceinte  sept  colosses  principaux  , 
savoir  :  deux  d'Apollon,  deux  de  Jupiter,  un  de  INc'ron  ,  un  de 
Domiticn,  et  un  du  Solfil.  Je  ne  sais  du(|uel  Vincent  de  Rcau- 
vais  a  voulu  parler.  Le  colosse  de  Rliodos  avait  70  coudées  da  haut  j 
c-\'i\  d'Apr.Ilnn  à  Rom'"  Ji''>n  avait  fpie  3o. 


442  ANNALES 

panine,  obsedit,  et  famé  oxciuciatam,  octavo  mcnse, 
delevit.  De  quâ  tractât  Augiistinus ,  libro  m  de  Cm- 
taie  Dei  (i). 


CAPITULUM  LV. 

De  Ptolemîeo  Philopatre,  rcge  AEgypti. 


EUSEBIUS. 


MoRTUO  Ptolemaeo  Evergete ,  regnavit  in  yEgypto 
Ptolemaeus  Philopator.  Cœpit  anno  quintae  .Tta- 
tis  ccci.xx,  iniuir.li  vero  ii[,mdcc\i.iii  ,  olympia- 
dis  cxxxix  anno  iv  (2),  et  regnavit  aiinis  xvii.  Ea  (jua; 
in  secundo  libro  Macliabaeoriiin  scripta  sunt  snb  lioc 
principe  gesta  refcruntnr,  Actor.  Isto  tcmpore,  Ro- 
mani ab  ilannibale,  Pœnorum  imperatore,  ter  victi 
leguntur.  Orosuis.  Hoc  itaquc  temporc,  Publio  Cor- 
nelio  Scipione  et  Til)crio  Sempronio  Longo  consub- 
bus ,  Hannibal  Pyrenîcos  montes  transgi"essus  in- 
ter  feroclssimas  GaHiarum  gentes  ferro  viam  ape- 
ruit ,  et  nono  demùm  die  à  Pyrenœo  ad  Alpes  perve- 
nit  (3),  montanosque  Gallos  repellantes  cum  ascensu 

(1  j  Cap.  -yo. 

(i)  Toutes  ces  dates  se  rapportent  :i  Tan  520  avant  J.-(^. 
['S\  Voyrz  la  rlisrrtation  di'  M.  )<■  ;nar((iii<  de  Forlia  sur  le  pas- 
sage 'lu   Khùn»-  *"l  «II";   Mp»^».  par  AmMl>al. 


DE  HAIXAUT.    LIVRE    III.  44^ 

plus  florissantes  d'Espagne,  la  prit  par  famine,  au  bout 
de  huit  mois,  et  la  délruisit.  »  Saint  Augustin  parle 
de  celle  ville,  au  livre  m  de  la  Cité  de  Dieu. 


CHAPITRE  LV. 

De  Ptolemëe-Philopator ,  roi  d'Égipte. 


EUSEBE. 


Ptolémee-Évergète  étant  mort ,  Ptolémée-Philopator 
monta  sur  le  trône  d'Égiplc.  la  370'  année  du  cin- 
quiemeàge,  3743  du  momie,  quairièmedela  1  39*  oiiui- 
piade,  et  régna  dix-sept  ans.  Ce  fut  sous  le  règne  de 
ce  prince  qu'eurent  lieu  les  événeuiens  qui  sont  rap- 
portés dans  le  second  livre  des  Macliabées.  L'Ai  tki-r. 
Vers  ce  teuis-là,  les  Romains  furent  vaincus  trois  fois 
par  Annibal,  général  des  Carthaginois.  Okose.  Sous  le 
consulat  de  Publius  Cornélius  Scipion  et  de  Tibérius 
Sempronius  Longus ,  Annibal  franchit  les  monts  Pi- 
rénées,  s'ouvrant  avec  les  armes  un  passage  à  travers 
les  nations  les  plus  redoutables  des  Gaules ,  parvint  au 
bout  de  neuf  jours  démarche  au  pie  des  Alpes;  puis 
repoussant  les  Gaulois  de  ces  montagnes  qui  voulaient 
l'arréler,  il  se  fraya  avec  le  fer  et  le  feu  un  chemin 
au  milieu  de  rochers  jusque-là  impraticables.  S'étant 
reposé  quatre  jours  ,  il  arriva  le  cinquième  ,  après  d« 


444  ANNALES 

superans  (i),  invias  rnpcs  igné  ferroquc  rescindit. 
Quatiicluiim  ibi  commoratus,  quitito  domiini  rlio, 
cum  maximo  labore  ad  plana  Italiœ  pervenit.  Fuisse 
tune  exercituni  ejus  in  centum  et  viginti  millibus 
equitum  difïiniunt  (2).  Hannibali  autem  Italiam  in- 
gresso  Scipio  primus  occurrit,  comniissoque  praelio 
apud  Ticinum,  ipse  graviter  vulneratus,  per  Scipio- 
nem  filium  admodùm  praetextatum ,  qui  post  Africa- 
nus  cognominatus  est,  ab  ipsâ  morte  liberatus  evasit. 
Caesus  est  ibi  omnis  penè  exercitus  romanus.  Pugna- 
tum  est  deindè  cum  eodem  consule  ad  fluvium 
Trebiam,  iterùmque  Romani  pari  clade  superati 
sunt.  Sempronius  consul ,  cognito  coUegae  casu ,  à 
Siciliâ  cum  exercitu  rediit.  Qui  similiter  apud  eum- 
dem  fluvium  congressus ,  amisso  exercitu ,  penè  so- 
lus  evasit.  Ibi  tamen  Hannibal  sauciatus  est. 

(i^l  Ail  li^Mi  de  ces  mots:  monlnnosque  Gal/o.i ,  etc.,  l'editinn 
d'Haverramp  écrit  après  le  mot  fien'enil  :  iil/i,  tt'um  montanos 
Gdll.os,  repelleve  ab  tidsce/mit  où/iittntes ,  htllo  iuperat,  a'qiit: 
ini'ias ,  etc. 

(2  I.a  mf'me  ddition  offic  en  cet  endroit  une  meilleure  leçon, 
que  voici  :  fouine  Itinc  ej-i-rritinn  t-jm  centum  mifliiim  pedilum  et 
viginti  mitlium  equitum  iltjin  uni. 


DE    ITAINAUT.     LIVRE    III.  44 ^ 

grandes  fatigues ,  clans  les  plaines  de  l'Italie.  Son 
armée  était ,  au  rapport  des  historiens ,  composée  de 
cent  mille  hommes  d'infanterie  et  vingt  mille  cavaliers. 
Lorsqu'il  fut  entré  en  Italie ,  Scipion  marcha  le  premier 
à  sa  rencontre ,  et  fut  grièvement  blessé  au  combat  du 
Tésin  ;  il  ne  dut  son  salut  qu'à  son  fils  Scipion  qui  n'a- 
vait pas  encore  quitté  la  prétexte ,  et  qui  dans  la  suite 
fut  surnomméTAfricain.  L'armée  romaine  périt  presque 
tout  entière  dans  ce  combat,  et,  quelque  tems  après, 
les  Romains  essuyèrent  une  pareille  défaite  sous  le 
même  consul,  près  de  la  rivière  de  laTrébie.  Le  con- 
sul Sempronius,  ayant  appris  le  malheur  de  son  col- 
lègue ,  revint  de  Sicile  avec  ses  troupes,  et  livra  ba- 
taille à  x\nnibal  sur  la  même  rivière  ;  mais  il  y  perdit 
son  armée ,  et  échappa  presque  seul  du  combat ,  dans 
lequel  néanmoins  le  général  carthaginois  fut  blessé  (1). 

(i  Orose  semble  parler  de  deux  actions  sur  la  Tre'bie,  entre  les 
Carthaginois  et  les  Romains,  tandis  ({u'il  n'y  eut  -véritablement 
qu'ime  seule  bataille  livrée  sur  les  bonis  de  cette  rivière,  après 
que  Sempronius  eut  j'ûnt  ses  troupes  à  celles  de  Scipion  ,  son 
collègiu;  On  p'iuira  consulter  sur  le  passage  du  Rbùne  et  des 
Alpes  par  Annibal  ,  Tan  'Ji8  avant  n<freèrc,  une  diss(!i  tation  pii- 
i)iii'esiir  ce  sujet  au  mois  de  novendîre  18-21  ,  in-8",  ;i  l<i(|uelle  il 
faudra  jointire  un  supple'ment  an  'lile-Live  tlans  la  C)llectiiin  des 
auteurs  classiques  de  M  Le  Maiie  ,  publie  de  x  ans  après  en  ii 
pages  du  même  format.  On  trouvera  de  nouveaux  détails  dans  la 
vie  du  !)rave  Crillon  ,  in-S".  Paris ,  '8.25  ,  II ,  3  el  suivantes,  (j'est 
là  qu'est  décrite  la  bataille  de  la  Trébie,  dont  l'emplacement  est 
dëtermi.é  a^ec  le  plus  grand  soin. 


44^  ANNALES 


CAPITULUM  LVI. 


De  bello  cannensi. 


ACTOR. 

QuiDQUiD  egerit  Hannibal  contra  Marcum  Marcel- 
lum  (i)  et  Flaminiuin  et  alios  consules ,  brevitatls 
causa ,  transeamus  ad  bellum  cannense,  de  quo  dicit 
Orosius  (2):  «  Anno  ab  iirbe  condità  dxl  (3) ,  Lucius 
yEmilius  Paulus  et  Publius  Terentius  Varro  (4),  con- 
sules, contra  T]annil)alein  inissi ,  inipatienlià  Varro- 
nis  consLilis  infelicissimc  apud  Cannas,  Apnliae  vi- 
cinn,  omnes  penè  lomanrc  spel  vires  pei'diderunt.Nam 
in  eà  piigiia  xliv  inillia  Ronianoriun  interfecta  snnt, 

et  d(!  exercitu  Hannibalis   uiagna   pars  cœsa   est 

Periit  in  eo  bello  consul  iEmilius  Paulus,  consulares 

(i)  Marciis  (Maudiiis   Marrrllus  avait   t'tr   envnyj  on   Sicile  an 
commcnreiiient  de  la  seronile  };iicrri'  |)iini(|ii(!^  il  ne  fut  npjjoso  à 
Annibal  «•n  Italir  i|ii'.i|)rt''s  la  j'uiiiu'i-  «Ii-     annes.  Le  consul  (J.  11a- 
miniiis  fut  tiii-  ;'i  la  bataille  de  Trasinirne. 
2;   Lib.  iv,  ctij).  i6. 

3;  (Jette  date  cafouicnne  répond  à  Tan  -i-S  avant  J.-C.  ;  mais 
l'Art  de  vérifier  les  ilates  rai)j)C)rle  Ja  bataille  de  Cannes  ati  5  sep- 
tembre  2l6. 

(4)  11  faut  lire  Caius  Terentius  f^arro,  au  lieu  de  Publius. 


DE   HAINÀUT.    LIVRE    III.  44? 


CHAPITRE  LVI, 


Bataille  de  Cannes. 


L  AUTEUR. 


Pour  être  plus  court ,  je  passerai  sous  silence  tout  ce 
que  fit  Annibal  contre  Marius  Marcellus,  contre  Fla- 
minius  et  les  autres  consuls,  et  j'en  viendrai  de  suite 
à  la  bataille  de  Cannes  ,  dont  Paul  Orose  parle  en  ces 
termes.  «L'an  oiO  de  la  fondation  de  Rome,  dit  cet 
auteur,  les  consuls  Lucius  .Emilius  Paulus  et  Caius 
Térentius  "S'a rron,  furent  envoyés  contre  .\nnibal  ;  mais, 
p;ir  l'impaiieiice  de  Varron  ,  les  troupes  qui  fesaieiit  le 
seul  espoir  de  la  république  périrent  presque  en  entier, 
dans  la  funeste  batailU-qui  fut  livrée  près  du  village  de 
Cannes  en  Apulie,  et  dans  laquelle  les  Romains  pei'di- 
rent  (]uaranle-quaire  mille  hommes,  et  Annibal  la  meil- 
leure partie  de  son  armée  (  I  ).  Le  consul  yEmilius  Paulus 
y  fut  lue,  ainsi  que  vingt  consulaires  ou  anciens  pré- 
teurs, trente  sénateurs  ,  trois  cens  patriciens,  quarante 
mille  fantassins  et  trois  mille  cinq  cens  chevaliers.  Le 

(i)  Annibal  perdit  quatre  mille  Gaulois,  quinze  cens  Fsp;ignols 
ou  Africains,  et  ileux  cens  chevaux  j  s-n  armée  était  composée 
avant  la  bataille  de  quarante  mille  fantassins  et  dis  mille  cavaliers. 
Poljrb.  iii,  117J  Tit.  Liv.  xxii,  46. 


448  ANNALES 

et  prcEtorii  viri  xx ,  sciiatoiTS  (0  occisi  xxx ,  nobi- 
les  CGC,   pédestres  milites  xl  inillia  ,  équités  iiimd. 

VaiTO  eonsul  cum   xl  equitibus  Venusiain  fugit 

Hannibal,  in  testimoniiiin  vicloriae,  très  modios 
anmiloi'iim  aureoruin  (lartbagiiiein  ,  qiios  ex  maiiibiis 
interfectorum  equituin  romanoruin  senatormnque 
(letraxerat,  misit.  Orosics  (2).  Anno  x,  postquàni 
Hanniijal  in  Italiain  venerat,  Cneo  Fulvio  et  Sulpieio 
consulibus  ,  Hannibal  de  Canipaiiia  n)0\  it  exercltnm, 
et  CLim  ingenli  clade  Rouianorum  via  Latinâ  profec- 
tus  est  ad  Anienem  fluviuni ,  tribus  niilliaribus  ab 
lJrl)e  consedit,  incredibiU  totius  civitatis  nietu  ,  eum 
senatu  populoque  trepido,  matronis  per  pi'opugna- 
cula  currentibus,  primisque  pro  mûris  pugnare  ges- 
tientibus.  Ipseque  cum  expeditis  equitibus  usquè  ad 
portam  Collatinam  processit ,  deindè  omnes  copias  in 
aciem  direxit;  sed  et  consulcs  non  detrectavêre  pu- 
gnam.  At  ubi  expositœ  acies  utrimque  constiterunt 
in  conspectu  Romae,  praîinium  vicloriaî  futurae,  tan- 
tus  se  subito  imber  gi'andine  mixtus  eff'udit,  ut  tur- 
bata  agmina,  vix  armis  retentis,  in  sua  se  castra  col- 
ligerent.  Deindè  cùm  serenitate  reddita  in  campuni 
iterùm  processissent,  rursùm  violentior  fusa  tempes- 
tas  majore  metu  mortalium  audaciam  coercuit;  et 
conversas  in  religionem  liininibal  dixisse  fertur  po- 
tiundœ  sibi  Rouice  modo  vokmtatem  non  dari,  modo 

potestatem Intérim  in  Hispauiâ  ambo  Scipiones  à 

fratre  Hasdrubale  interfecti  sunt. 

i)  Apres  xenatores ,  rédition  précitée  écrit  vel  capti  vel  occisi 
sunt  tviginta. 

(:4j   Lib.  iv  ,  cnp.  i^. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  449 

consul  Varron  s'enfuit  à  Venouse  avec  quarante 
hommes  de  cavalerie.  Annibal  envoya  à  Carthage ,  en 
témoignage  de  sa  victoire,  trois  boisseaux  d'anneaux 
d'or  que  ses  soldats  tirèrent  des  mains  des  sénateurs  et 
des  chevaliers  restés  sur  le  champ  de  bataille  ;  »  Le 
même  auteur  dit  plus  bas  :  «  La  dixième  année  de 
l'entrée  des  Carthaginois  en  Italie  ,  sous  le  consulat  de 
Cnéus  Fulvius  et  Sulpicius ,  Annibal  sortit  son  armée 
de  la  Campanie ,  et ,  après  avoir  défait  les  Romains , 
arriva  par  la  voie  Latine  sur  les  bords  de  l'Anio ,  dans 
un  endroit  situé  à  trois  milles  de  Rome  ,  et  où  il  établit 
son  camp.  A  son  approche  toute  la  ville  fut  conster- 
née ;  le  sénat  et  le  peuple  saisis  de  frayeur;  les  femmes 
courant  sur  les  remparts  demandaient  à  combattre  les 
premières  pour  leur  ville.  Le  général  carthaginois  s'a- 
vança lui-même  avec  un  corps  de  cavalerie  légère  jus- 
qu'à la  porte  Colline ,  et  fît  ensuite  ranger  toutes  ses 
troupes  en  bataille.  De  leur  côté  les  consuls  s'apprê- 
tèrent au  combat.  Mais  dès  que  les  deux  armées  furent 
en  présence  et  sur  le  point  d'en  venir  aux  mains,  à 
la  vue  de  Rome,  qui  devait  être  le  prix  delà  victoire, 
il  tomba  tout  à  coup  une  si  grande  quantité  de  pluie 
mêlée  de  grêle ,  que  les  troupes ,  pouvant  à  peine  garder 
leurs  armes  ,  se  réfugièrent  dans  leurs  camps  respectifs. 
Lorsque  le  ciel  fut  redevenu  serein ,  elles  s'avancèrent 
de  nouveau  au  combat  ;  mais  il  s'éleva  encore  une  si 
furieuse  tempête ,  que  les  cœurs  les  plus  intrépides  en 
furent  épouvantés.  C'est  alors  qu'Annibal  reconnais- 
sant la  main  d'une  puissance  surnaturelle,  s'écria,  dit- 
on  ,  que  les  dieux  lui  avaient  refusé  tantôt  la  volonté 
et  tantôt  le  pouvoir  de  prendre  Rome.  Cependant  les 
deux  Scipion  avaient  été  tués  en  Espagne  par  Asdru- 
bal ,  son  frère. 

II.  ag 


450  ANNALES 


CAPITULUM   LVII(^) 

De  initio  Scipionis  Africani,  et  captione  Carthaginis. 


Interfectis  Scipionibus ,  Sclpio  ,  qui  post  Africa- 
canus  dictus  est,  admodùm  adolescens,  annos  na- 
tus  XXIV,  imperlum  in  Hispaniâ  proconsulare  sortitiis 
est.  Qui  mox  ultionem  patris  et  patrui  animo  inten- 
dens ,  Pyrenœum  transgressus  ,  primo  impetu  Cartha- 
giiiem  novam  capit,  ubi  stipendia  magna,  prœsidia 
valida,  copiae  auri  argentique  magnae  Pœnorum  ba- 
bebantur.  Ibi  etiàm  Magonem ,  fratrem  Hannibalis , 
captum  cum  cœteris  Romam  misit.  Solinus.  Necatis 
matribus,  nati  auspicatiores  sunt.  Quaiis  fuit  Scipio 
Africanus  prior,  qui  ob  hoc  primus  Romanorum  Cae- 
sar  dictus  est;  quia  excisus  utero  matris  in  diem  véné- 
rât. TuLLius  (2).  Quid  dicam  de  moribus  Scipionis 
facillimis,  de  pietate  in  matrem,  liberalitate  in 
sorores,  bonitate  in  suos,  justitid  in  omnes?  Hujus 
Africani  uxor  fuit  tertia  iEmilia,  mater  Corneliae 
Gracchorum.  Vincentius.  Dicebat  Scipio  nihil  esse 

(1)  Le  commencement  de  ce  chapitre  est  tire'  d'Orose  ,  liv.  ir, 
chap.  18. 

(a)  Il  est  au  moins  douteux  que  ce  passage  se  trouve  dans  les 
OEuvres  de  Cicéron  ,  telles  que  nous  les  avons ,  l'y  ayant  cherché 
long-tems  inutilement. 


DE    HAINACT.     LIVRE    III.  4^* 


CHAPITRE  LYIl. 

Coramencemens  de  Scipion  l'Africain ,  et  prise  de  Carthage. 


Après  la  mort  des  deux  Scipion  ,  leur  fils  et  neveu, 
Scipion  ,  surnommé  plus  tard  l'Africain  ,  et  alors  âgé 
de  vingt-quatre  ans,  fut  désigné  par  le  sort  pour  com- 
mander en  Espagneavec  le  litre  de  proconsul  (  1  ).  Brûlant 
de  venger  la  mort  de  son  père  et  de  son  oncle  ,  il  fran- 
chit les  Pirénées  ,  et  s'empare,  dès  le  premier  assaut, 
de  Carthagène,  où  les  Carthaginois  avaient  de  grandes 
sommes  destinées  à  la  paie  des  troupes  ,  une  forte  gar- 
nison et  quantité  d'or  et  d'argent.  Il  envoya  à  Rome, 
Magon  frère  d' Annibal  et  beaucoup  d'autres  prisonniers 
qu'il  fit  avec  ce  chef.  Soi.ix.  Les  enfans  qui  naissent  en 
causant  la  mort  à  leur  mère  ,  sont  destinés  à  un 
avenir  plus  heureux.  Tel  fut  l'ancien  Scipion  l'Africain  , 
qui  le  premier  des  Romains  fut  appelé  César,  parce 
qu'il  ne  vint  au  monde  qu'après  qu'on  eut  ouvert  le 
ventre  de  sa  mère.  Cicéron.  Que  dirai-je  de  la  facilité 
d'humeur  de  Scipion  ,  de  sa  piété  envers  sa  mère ,  de 
sa  libéralité  à  l'égard  de  ses  sœurs  ,  de  sa  bonté  pour 
les  siens,  de  sa  justice  envers  tous?  Sa  troisième 
femme  fut  Emilie ,  mère  de  cette  Cornélie  qui  donna  le 

(i)  Tite-Live  (sxvi,  i8)  rapporte  que  Scipion  fut  porté  au  com- 
mandement d'Espagne  par  l'assemblée  du  peuple. 


452  ANNALES 

difficiliùs  quàm  amicitiam  usque  ad  extrcmum  diem 
vitae  permanere  :  iuterdùm  cnim  dimittitur  contcn- 
tione  luxurlae  vel  alteriûs  ejusmodi ,  quod  idem  adi- 
pisci  uterque  non  potest.  Valerius  (i).  Denique 
Sclpio,  HispaniA  à  Pyrenaeo  usque  ad  oceanum  in 
provinciam  redactâ,  Romam  venit.  Consul  autcm  cum 
Licinio Crasso  creatus  (a),  in  Africam  transit ,  Hanno- 
nem  ,  Amilcaris  filium  ,  ducem  Pœnorum ,  interfccit  ; 
exercitum  ejus,  part'im  caede,  part\m  captivitate 
disperdidit:  nam  quadragintamillia  Pœnorum  interfc- 
cit, Hasdrubale,  eorum  imperatore,  effiigato.  Oro- 
sius  (3).  Hannibal  redire  in  Africam  jussus,  fessis 
Carthaginensibus  ut  subveniret,  flens  reliquit  Ita- 
liam,  omnibus  italici  generis  milltibus  qui  eum  sequi 
nollent  interfectis  ;  oui  ad  Afi'icanum  littus  appro- 
pinquanti,  jussus  quidam  è  nautis  ascendere  in  ar- 
borera navis ,  atque  indè  speculari  quam  regionem 
teneret;  sepulchrum  dirutum  se  prospiccre  rcspon- 
dit.  Abominatus  dictum  Hannibal,  deflexo  cursu,  ad 
Leptim  oppidum  copias  exposuit.  Qui,  continue  re- 
fecta  multitudine,  Cartliaginem  venit,  deindè  collo- 
quium  Scipionis  petiit.  Ubi  ciim  se  diîi  attoniti  admi- 
ratione  mutuâ  duo  clarissimi  duces  suspexissent, 
infecto  pacis  negotio ,  prœlium  consertum  est.  Quod 
diù  magnis  ducum  artibus  dispositum ,  magnis  copia- 
rum  molibus  gestum,  magnis  militum  viribus  con- 

(i)  Ce  passage  est  extrait ,  non  de  Valère-Maxime ,  mais  d'Orose, 
iv,  18. 

(2)  Le  consulat  de  P.  Corne'lius  Scipion  et  P.  Licinius  Crassiis 
commença  le  i3  février  2o5  av.  J.-C  ^rt  </<•  i-érifier  les  dates. 

(3}  Iv  ,  19. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  ^S3 

jour  aux  Gracques.  Vincent  de  Beauvais.  Scipion  disait 
que  rien  n'était  plus  difficile  que  d'être  fidèle  à  l'a- 
mitié jusqu'à  la  mort  :  en  effet,  elle  est  détruite  par  une 
rivalité  pour  le  faste,  ou  pour  toute  autre  chose  que 
deux  amisnepeuvent  obtenir  également.  Orose.  Scipion 
revint  à  Rome ,  après  avoir  réduit  en  province  toute 
l'Espagne  depuis  les  Pirénées  jusqu'à  l'Océan.  Créé 
consul  avec  Licinius  Crassus ,  il  passa  en  Afrique ,  tua 
Hannon,  fils  d'Amilcar  et  général  des  Carthaginois ,  et 
détruisit  son  armée,  dont  une  partie  périt  dans  les  com- 
bats et  l'autre  fut  faite  prisonnière  de  guerre  :  en  effet, 
il  tua  quarante  mille  Carthaginois  ,  après  avoir  mis  en 
fuite  Asdrubal  leur  général.  Oro.se.  Annibal  ayant 
reçu  l'ordre  de  revenir  en  Afrique  au  secours  de  sa 
patrie  affaiblie  et  fatiguée,  quitta  l'Italie  en  pleurant, 
après  avoir  mis  à  mort  tous  les  soldats  italiens  qui  re- 
fusèrent de  le  suivre.  En  approchant  des  bords  afri- 
cains, ayant  ordonné  à  un  matelot  de  monter  au  mât 
du  navire,  et  d'examiner  en  quelle  région  il  se  trou- 
vait ,  celui-ci  répondit  qu'il  apercevait  un  tombeau  dé- 
moli. Annibal  détesta  cette  réponse ,  et  prenant  un 
détour  débarqua  ses  troupes  à  Leptis ,  où  il  les  fit  ra- 
fraîchir aussitôt;  il  partit  ensuite  pour  Carthage,  et 
demanda  une  entrevue  à  Scipion.  Ces  deux  illustres 
généraux  se  considérèrent  long-tems  avec  une  mu- 
tuelle admiration,  mais  n'ayant  pu  s'accorder  pour  la 
paix ,  ils  en  vinrent  ensemble  aux  prises.  La  bataille 
long-tems  réglée  d'avance  avec  toute  l'habileté  des 
deux  généraux ,  à  laquelle  des  masses  énormes  de 
troupes  prirent  part,  et  où  les  combattans  firent  les 
plus  grands  efforts ,  se  termina  à  l'avantage  des  Ro- 
mains. Quatre-vingts  éléphans  y  furent  pris  ou  tués, 
et  vingt  mille  cinq  cens  Carthaginois  y  périrent.  An- 


454  ANNAIES 

summatum ,  Romanis  victoriam  contulit.  Octoginta 
ibj  elcphantum  vel  capti  vol  occisi  sunt ,  Carthagi- 
nensium  interfecta  sunt  viginti  millia  militum  qiiin- 
genti.  Hannibal  ,  omnla  antè  prœlium  et  in  prœlio 
expertus,  cum  panels,  hoc  est,  vix  cum  quatuor 
iiiiiitibus,  inter  tumultum  elapsus,  Adrumctum  con- 
fugit.  Posteà  Carlliagineni  post  sex  et  triginta  annos, 
quam  indè  purvus  cum  matre  exierat,  venit,  consul- 
tantique  seoatul,  nullam  esse  lesiduam  spem  nisi  in 
petenda  pace,  persuasit.  Igitur  (Ineo  Cornello  Len- 
tulo  ,  Publico  iElio  Pœto  consulibus  ,  Cartbaginen- 
sibus  pax  per  Scipionem  voluntate  senatûs  populique 
concessa  est.  Naves  tamen  plusquàm  quingeiitae  in 
altum  productae,  in  conspectu  civitatis  incensre  sunt. 
Scipio,jam  tune  cognomento  Afrieanus ,  triumphans 
Urbem  ingressus  est, quem  Terentius  (i)  comicus,  ex 
nobilibus  Carthaginensium  captivis,  pileatus  (quod 
insigne  indultœ  sibi  libertatis  fuit),  triuniphantem 
post  curruin  secutus  est. 

(;)  Ce  n'est  point  l'aiitenr  comique  Te'rcnce  qne  Scipion  ommena 
Je  Cartilage  ,  c'est  Terentius  CtiUt'o,  sénateur  romain  ,  cpie  les  (>ar- 
tliaginois  avaient  fait  prisonnier,  et  qne  Scipion  rendil  à  la  liberté. 
Terence  était  ne  à  Carfhage  l'an  194  avant  notre  ère.  On  croit 
qu'il  fut  pris  dans  son  enf.mce  et  vendu  à  des  marcliands  romains. 
Le  sénateur  Terentius  Lucanus  l'acheta.  A  l'.'îge  de  27  ans,  l'an 
167,  il  composa  l'Andrirnne  ,  et  fut  mis  en  liberttÇ.  Il  voulut 
aller  perfectionner  son  talent  dans  la  Grèce  ,  et  mourut  à  Stim- 
phale,  ville  d'Arcadie,  l'an  160,  à  34  ans.  11  n'était  donc  pas  ne 
lors  de  la  prise  de  Carlhage ,  l'an  aoa. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  4^5 

nibal ,  qui  avait  employé  toutes  les  ressources  de  sou 
génie  avant  et  pendant  le  combat,  s'échappa  de  la  dé- 
route avec  quatre  soldats  au  plus,  et  s'enfuit  à  Adru- 
mète.  Ensuite  il  revint  à  Carlhage  ,  trente-six  ans  après 
en  être  sorti  avec  sa  mère ,  lorsqu'il  n'était  encore  que 
dans  l'enfance  ;  et  persuada  au  sénat  qui  le  consultait, 
qu'il  n'y  avait  plus  d'espoir  de  salut  pour  eux,  qu'en 
demandant  la  paix.  Ainsi,  sous  le  consulat  de  Cnéus 
Cornélius  Lentulus  et  Publius  yElius  Paetus,  Scipion , 
du  consentement  du  sénat  et  du  peuple  ,  accorda  la 
paix  aux  Carthaginois.  Plus  de  cinq  cens  de  leurs 
vaisseaux  furent  conduits  en  mer  et  brûlés  en  présence 
de  toute  la  ville.  Scipion ,  qui  reçut  alors  le  surnom 
d'Africain,  entra  en  triomphe  à  Rome  ;  l'auteur  co- 
mique Térencc ,  la  tcte  couverte  d'un  chapeau  en 
signe  de  la  liberté  qui  lui  élait  rendue,  suivait  son 
char,  au  milieu  des  prisonniers  de  la  noblesse  cartha- 
ginoise. 


456  ANNALES 


CAPTTULUM  LVIll. 


De   Ftoleinœo  Epiphunc,  rege  Al^gypti. 


EUSEBius  m  Clironicis. 

MoRTUo  Pliilopatrc ,  in  /Egyptiorum  regno  rex 
quintus  Ptolemaeus  Epiphanes ,  aiinis  xxiv.  Cœpit 
autem  anno  quintae  œtatis  ccclxxxvui,  miindi  vero 
iiiMDCCLXi,  olympiadis  cxliv  anno  primo  (i).  Hie- 
RONYMUs  suprà  Danlelem.  Pugnantibus  contra  se 
Ptolemaeo  Epiphane  (2)  et  ducibus  Plolemœi,  in  me- 
dio  Judaea  posita  in  contraria  studia  scindebatiir, 
aliis  Ptolemaeo,  aliis  Antioclio  faventibiis.  Denique 
Onias  saccrdos  ,  assumptis  Judaeoram  plurimis,  fiigit 
in  iEgyptum ,  et  à  Ptolemœo  susccptus  lionorificè 
accepit  regionem  Heliopoleos  ;  et,  conccdente  rcge, 
templum  construxit  in  iEgypto  similo  templo  Judaeo- 
rum,  quod  pennansit  usque  ad  imperinm  Yespasiani, 
annis   dncentis  (3j.  Eusebii  s.   Anno  Ptolcnia^i  Epi- 

(i)  Les  deux  ])remiôres  ilatos  coirospondcnt  a  Tan  202  avant 
J.-C. ,  Rf  la  (IcrnitTP   .1  l'an   ao.j —  ^^.o'^. 

(a)  Au  lieu  de  Ptoléme'c-Epijihaiie  ,  il  faut  lire  :  Aiitiochiis  Mag- 
niis,  ainsi  <[iie  le  portent  lés  c»!itions  dv.  S.  Jérôme. 

(3  II  faut  a^nwXe.v  quinqtiaginta,  comme  on  le  trouve  dans  les 
éditions  de  S.  Jérôme  ,  et  comme  le  demande  la  chronolosjie. 


DE    HAINAUT.    LIVRE   III.  4^7 


CHAPITRE   LYIII. 

De  Ptolémëe-Epiphane  ,  roi  d'Egipte. 


CHRONIQUE    D  EUSEBE. 

Après  la  mort  de  Philopator,  Ptolémée-Épiphane, 
sixième  roi  d'Egipte,  monta  sur  le  trône ,  en  l'an  388 
du  cinquième  âge,  3761  du  monde,  premier  de  la 
144*  olimpiade,  et  régna  vingt-quatre  ans.  Svi>r  Jé- 
rôme ,  Commcnlaires  sur  Daniel.  Pendant  qu'Antiochus- 
le-Grand  et  les  généraux  d'Epiphane  se  fesaient  la 
guerre,  la  Judée,  qui  se  trouvait  au  milieu  des  deux 
armées  ,  était  partagée  en  différens  partis ,  les  uns 
favorisant  celui  de  Ptolémée  ,  les  autres  celui  d'An- 
liochus.  Enfin  le  prêtre  Onias,  ayant  rassemblé  plu- 
sieurs Juifs,  s'enfuit  avec  eux  en  Égipte,  et  fut  reçu 
honorablement  par  Ptolémée  qui  lui  céda  le  territoire 
d'Héliopolis,  et  lui  permit  de  bâtir  dans  son  royaume 
un  temple  pareil  à  celui  de  Jérusalem,  qui  subsista 
pendant  deux  cent  cinquante  ans  ,  et  jusqu'au  tenis  de 
l'empereur  Vespasien.  EtsÈuE.  En  la  septième  année 
de  Ptolémée  Épiphane,  quatrième  de  la  1 45*  olimpiade , 
les  Romains  déclarèrent  les  Grecs  libres,  et  toute  l'I- 
bérie  fut  subjuguée.  Yalère-Maxime.  Après  la  défaite 
de  Philippe,  roi  de  3Iacédoine  ,  les  Romains  ayant 
rendu  la  liberté  à  toutes  les  villes  de  la  Grèce  qui  se 


458  ANNALES 

phanis  vu,  olympiadis  cxlv  anno  quarto,  Romani 
Graecos  liberos  esse  jusserunt,  et  universa  Iberia  im- 
perata  fecit.  Valerius  (i).  Philippo ,  rege  Macedo- 
num  ,  superato,...  cùm  Romani  omnes  Graecise  urbes, 
quse  sub  ejus  ditione  erant,  libertate  donâssent,  tan- 
tùm  cœli  clamoris  alacritate  compleverunt,  ut  certè 
constet  aves  qua;  supervolabant,  attonitas  paventes- 
que  decidisse.  Eo  tempore ,  matronse  Rrutorum  (2) 
domum  ausae  sunt  obsidere ,  quia  legem  Oppiam  tolli 
cupiebant,  quae  his  nec  veste  varii  coloris  uti ,  nec 
auri  plus  semiunciâ  habere  ,  nec  juncto  vehiculo 
propiùs  urbem  mille  passus,  nisi  sacrificii  grati«i, 
vehi  permittebat.  Et  quidem  obtinuerunt  ut  jus  per 
XX  annos  servatum  aboleretur  (3).  Orosius.  Publio 
Scipione  Africano  et  Tiro  consulibus  (4)  apud  Medio- 
lanum  decem  millia  Gallorum  cœsa  sunt  :  sequenti 
autem  praelio,  undecim  millia  Gallorum,  Romanorum 
vero  quinque  millia,  occisa  sunt.  Lucius.  Galli  seno- 
nenses,  adjuncto  sibi  Leone,  rege  belgensi,  Italiam 
pluries  contriverunt,  et  Romam  tanquàm  eis  debitam 
repetentes ,  consules  romanos  occiderunt ,  Ticinum 
atque  Mediolanum  à  tempore  Brenni  possidendo, 
dictus  Léo  ibidem  à  Romanis  in  bello  mediolanensi 
interfectus  est  (5). 

(1)  Le  passage  suivant  est  un  extrait  abre'gé  et  incorrect  du 
livre  iv  ,  chapitre  8  de  Valère-Maxime- 

(2)  C'étaient  les  tribuns  du  peuple  Marcus  et  P.  Junius  Brutus. 

(3)  Val.Alax.  ix,  1. 

(4)  Il  faut  lire  P.  Scipione  Africano  iteriim  ,  T.  Sempronio 
Lon/E^o  consulibus.  ouos.  iv,  20.  Ces  consuls  entrèrent  en  ch.Trj2;e  le 
fi  rlixi^mbie  if)5  av.  J.-C-  Art  fie  vérifier  fei  dates. 

5}  Lnriiiwli-    TonsTf"-.   f(tie  notre  aiileur  ropie  ici.   ne  mérite 


DE    HAIÎÏAUT.    LIVRE    III.  4^9 

trouvaient  sous  sa  domination ,  les  Grecs  poussèrent  de 
si  grands  cris  de  joie ,  qu'il  est  certain  que  des  oiseaux 
qui  volaient  sur  leurs   têtes  ,   tombèrent   épouvantés 
et  palpilans  au  milieu  d'eux.  Vers  le  même  tems  ,  les 
dames  romaines  eurent  la  hardiesse  d'assiéger  la  de- 
meure des  Brulus  ,  parce  qu'elles  voulaient  qu'on  abro- 
geât la  loi  Oppia,  qui  leur  défendait  de  porter  des  ha- 
bits de  diverses  couleurs  ,  d'avoir  sur  elles  plus  d'une 
demi- once  d'or,  et  de  s'approcher  dans  un  chariot 
attelé  de  deux  chevaux  à  plus  de  mille  pas  de  la  ville, 
si  ce  n'était  pour  sacrifier.   Elles   eurent  le   crédit  de 
faire  abolir  cette  institution  qui  avait  été  pendant  vingt 
ans  en  vigueur.   Orose.  Sous  le  second  consulat  de 
Publius  Scipion  l'Africain  et  premier  de  Titus  Sem- 
pronius  Longus,  dix  mille  Gaulois  furent  tués  près  de 
Milan;  et  dans  un  second  combat,  il  en  périt  encore 
onze  mille  ,  tandis  que  les  Romains  n'y  perdirent  que 
cinq  mille  hommes.  Lucils   de   Tongres.  Les  Gaulois 
Sénonais  ,  auxquels  s'était  réuni  Léo  ,  roi  de  Belgis  , 
saccagèrent  plusieurs  fois  l'Italie;  et  lorsqu'ils  mar- 
chaient sur  Rome  qu'ils  regardaient  comme  une  proie 
réservée  pour  eux;  ils  tuèrent  les  consuls  romains, 
étant  restés  maîtres  de  Pavie  et  de  Milan  depuis  l'expé- 
dition de  Brennus.  Le  roi  Léo  fut  tué  par  les  Romains 
dans  la  guerre  de  Milan. 

guère  de  confiance.  C'est  à  tort  qu'il  rapporte  que  des  consuls  ro- 
mains pe'rirent  dans  la  guerre  contre  les  Gaulois.  Cette  guerre  ne 
peut  être  que  celle  des  Insubriens  et  des  Boïens ,  qui  furent  vaincus 
par  le  proconsul  L.  Valerius  Flaccus.  Peut-être  aussi  les  Romains 
ont-ils  exagère  leurs  avantages. 


460  ANNALES 


CAPITULUM  LIX. 


De  Seleuco  Philopatre  ,  rege  Syriae. 


Anno  Ptolemœi  Epiphanis  xvii,  olympiadis  cxlviii 
anno  primo  (i),  regnavit  Syriœ  et  Asiae  Seleucus , 
qui  et  Philopator,  xii  annis.  Comestor.  Post  Antio- 
chum  Magnum  regnavit  in  Syria  filius  ejus  Seleucus, 
pessimus  sed  iners.  Pontifex  Judϙrum  erat  Onias  ; 
nani,  Oniâ  transeunte  in  ^Egyptum,  filius  ejus  Simon 
sedit  pro  eo;  oui  successit  filius  ejus  Onias.  Sub  hoc 
misit  Seleucus  nuntium  Heliodorum  in  Jérusalem  ad 
spoliandum  commune  aerarium  templi ,  non  vasa  sed 
donaria  in  usus  templi.  Quo  ingresso  in  templum , 
surrexerunt  duo  juvenes  de  latibulis,  et  occiderunt 
eum.  Videtur  tamen  Josephus  velle  angelos  fuisse  in 
similitudinem  hominum.  In  libro  Machabaeorum  (2) 
legitur  quia  apparuit  terribilis  scssor  equi  et  concul- 
cabateum  et  confractus  est,  et  comminutus  sed  non 
mortuus.  Timensque  Onias  indignationcm  Scleuci 
oravit  ad  Dominum  pro  dcfuncto,  et  surrexit.  Qui 
rediens  ad  regem  ait  :  «  Si  habuerit  Dominus  meus 
aliquos  quorum  sitiet  sanguinem  ,  mittat  eos  in  Jeru- 

(1)  An  i87av..T.-C. 
•A^   11,  3. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  4^1 

CHAPITRE  LIX. 

De  Séleucus  Philopator ,  roi  de  Sine. 


En  la  dix-septième  année  de  Ptolëmée-Épiphane, 
première  de  la  148*  olimpiade ,  Séleucus,  surnommé 
Philopator,  monta  sur  le  trône  d'Asie  et  de  Sirie ,  et 
régna  douze  ans.  Comestor.  Après  Antiochus-le-Grand, 
Séleucus  son  fils  régna  en  Sirie  ,  et  fut  un  prince  mé- 
chant et  fainéant.  Onias  était  souverain  pontife  des 
Juifs;  car,  après  le  passage  d'Onias  (1)  l'ancien  en 
Egipte,  Simon  son  fils  lui  succéda,  et  Onias,  fils  de 
celui-ci,  le  remplaça.  Pendant  le  sacerdoce  du  der- 
nier Onias ,  Séleucus  envoya  son  ministre  Héliodore 
à  Jérusalem  ,  pour  piller  le  trésor  public  conservé 
dans  le  temple ,  non  les  vases  mais  les  sommes  qui  y 
avaient  été  portées  pour  le  service  du  culte.  Lorsqu'il 
fut  entré  dans  le  lieu  saint,  deux  jeunes  gens  sortirent 
d'un  endroit  secret ,  et  le  tuèrent.  Josèphe  semble 
croire  que  c'étaient  des  anges  qui  avaient  pris  une  figure 
humaine  ;  mais  on  lit  dans  les  Machabées  qu'il  parut 
un  homme  à  cheval  ;  que  d'un  air  terrible  il  renversa 
et  écrasa  le  messager  du  roi ,  qui  en  fut  tout  meurtri 
mais  qui  n'en  mourut  pas;  et  qu'Onias  craignant  la 

(i)  Il  y  avait  encore  eu  avant  celui-ci  un  Onias,  souverain  pontife, 
qui  était  fils  de  Jaddus  et  père  de  Simon-le- Juste ,  et  qui  était 
mort  l'an  292  av.  J.-C. ,  suivant  VArt  de -vérifier  les  data. 


4^2  ANNALES 

salem ,  ut  spolient  templum.  »  Augitsti]vus(i).  Eodem 
tenipore,  Scipio  Africanus  cedens  inimicorum  accusa- 
tionibus,  carensque  patriii  quam  sua  virtute  salvam 
et  liberam  reddiderat,  exul  in  oppido  Linternensi , 
post  insignem  suum  triumphum,  nullo  illius  urbis 
captus  desiderio,  vitam  fînivit.  In  ejus  sepulchro , 
jussu  ejusdem  scriptum  est  :  Ingrata  patria  ,  ne  ossa 
quidem  mea  hahes.  hieronymus  super  Danielem  (2). 
Mortuus  est  autem  Ptolemeeus,  anno  regni  sui  xxiii, 
veneno  à  ducibus  suis  dato.  (3)  Hoc  tempore ,  Titus 
Livius,  (/j)  tragœdiarum  scriptor,  clarus  habetur,  qui 
ob  ingenii  meritum  à  Livio  Salinatore,  cujus  libères 
erudiebat,  libertate  donatus  est. 

(i)  Les  mots  terribilem  hahens  sessorem  en  parlant  du  cavalier 
qui  frappa  Hëliotîore ,  se  trouvent  en  eflet  dans  le  second  livre 
des  M achabées,  ii,  26;  mais  le  fait  indique' ici  relativement  à  Onias, 
ne  s'y  trouve  point. 

(2)  L'auteur  ne  cite  pas  exactement  S.  Je'rôme,  qui  ne  s'exprime 
pas  ici  d'une  manière  aussi  affirmative  ,  et  qui  d'ailleurs  ne  déter- 
mine pas  la  dure'e  du  règne  d'Epiphanc.  Cette  durée  est  de  24  ^"3 
dans  Eusèbe. 

(3)  Ce  qui  suit  est  emprunté  de  la  Chronique  d'Eusèbe. 

(4)  11  faut  lire  Lucius  Li\^ius. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  4^5 

colère  de  Séleucus ,  pria  le  seigneur  pour  Héliodore  , 
qui  fut  rappelé  à  la  vie.  A  son  retour,  le  ministre  dit  au 
roi  :  «  Si  mon  maître  a  quelqu'un  dont  il  veuille  se  dé- 
faire ,  qu'il  l'envoie  à  Jérusalem  dépouiller  le  temple.  » 
Saint  Augustin.  Vers  la  même  époque,  Scipion  l'Afri- 
cain cédant  aux  accusations  de  ses  ennemis  ,  et  chassé 
d'une  patrie  qui  devait  à  lui  seul  son  salut  et  sa  li- 
berté ,  mourut  en  exil  après  son  triomphe ,  dans  sa 
métairie  de  Linterne ,  sans  conserver  pour  Rome  le 
moindre  regret.  On  grava ,  par  son  ordre ,  ces  mots 
sur  sa  tombe  :  Ingrate  pairie ,  tu  ne  possèdes  pas  même 
mes  os.  Saint  Jérôme,  Commentaires  sur  Daniel.  Pto- 
lémée-Épiphane  mourut  en  la  vingt-quatrième  année 
de  son  règne,  du  poison  que  lui  donnèrent  ses  offi- 
ciers. Dans  le  même  tems  florissait  l'auteur  tragique 
Lucius  Livius,  qui,  à  cause  de  la  beauté  de  son  génie , 
fut  affranchi  par  Livius  Salinator,  dont  il  élevait  les 
enfans. 


464  ANNALES 


CAPITULUM  LX. 


De  Ptolemaeo  Philometore. 


LUSEBius,  in  Chromcis. 

MoRTUo  Ptolemaeo  Epiphane,  regnavit  in  ^gypto 
PtolemrEus  Philometor,  filius  Cleopatrœ,  filiae  Antio- 
chiMagni,  sororis  Antiochi  Epiphanis,  olympiadis  cl 
anno  primo.  Hic  fuit  iEgyptiorum  sextus  ;  cœpit  autem 
annoquintœaetatiscDxii ,  mundi  verô  niMDCCLXXxv(  i  ), 
etregnavitannisxxxv.  Eusebius.  AnnoPliilometoris  v, 
olympiadis  cli  anno  secundo  (2),  Antiochus,  qui  et 
Epiphanes,  Syriee  regnavit  annis  xi.  Eo  tempore, 
Aristobulus,  natione  Judœus,  peripateticus  philoso- 
phus  agnoscitur,  qui  ad  Philometorem  Ptolemaeum 
explanationum  in  Moyse  scripsit  commentarios. 

(i)  La  première  de  ces  trois  dates  re'pond  à  l'an  180  —  179  avant 
J.-C.i  les  deux  antres  rrpondt-nt  à  l'an  178.  Du  reste  ce  premier 
paragraphe  n'est  pas  emprunte'  d'Eusèbe. 

(2)  An  174  av.  J.-C. 


DE    HAINAtT.    LIVRE   III.  4^5 


CHAPITRE  LX. 


De  Ptoltjniée  Philomëtor. 


CHRONIQUE    D  EUSEBE. 

A  la  mort  de  Ptolémée-Épiphane ,  Ptolémée-Pliilo- 
métor,  fils  de  Cléopâtre ,  fille  d'Aniiochus-le-Grand  et 
sœur  d'Aniiochus-Épiphane,  fut  le  sixième  roi  d'E- 
gipte.  Il  monta  sur  le  trône  la  première  année  de  la 
150^  olimpiade,  412^  du  cinquième  âge,  3785  du 
monde,  et  régna  trente-cinq  ans.  Eusèbe.  En  la  cin- 
quième année  de  Philométor,  deuxième  de  la  151® 
olimpiade,  Antiochus  Épiphane  monta  sur  le  trône  de 
Sirie ,  qu'il  occupa  onze  ans.  Vers  la  même  époque, 
florissait  Aristobule  ,  Juif  de  nation  et  philosophe  péri- 
patéticien  ,  qui  adressa  à  Ptolémée-Philomélor  des  com- 
mentaires sur  les  livres  de  Moïse. 


IL  ^û 


466  ANNALES 


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CAPITULUM  LXI. 

De  Antiocho  ,  wgf-  Syriae. 


COMESTOR. 


AwTiocHus  autem ,  regno  suscepto ,  iniquitatem 
sibi  insitam  aperuit,  quam  pro  regno  obtinendo  pal- 
liaverat.  Tune  surrexerunt  in  Jérusalem  fîlii  Belial 
introducentes  ritus  gentium,  et  petierunt  ab  Antiocho 
ut  faceret  in  Jérusalem  eusebiam ,  id  est ,  lupanar 
epheborum ,  et  quod  Hierosolymitae  scriberentur  An- 
tiocheni,et  gymnasia  in  quibus  dogmatisabant  de  ritu 
gentilitatisi,  et  fecerunt  prepucia  sibi,  id  est  non  cir- 
cumcidebant  parvulos  suos  ,  vel  quia  ritu  prepuciato- 
rum  vivebant  :  quidam  tamen  volunt  quod  quœdam 
velam.ina  fecerintcircumcisioni  suse,  ne  Judœi  nalione 
Grœcisapparerent  disslmiies.  Causa  veroliujus  flagilii 
erat  Onias;  sine  libcris  duos  babebat  fi'atres  Jcsum  et 
Oniam  vel  Joannem  qui  contendebant  de  pontificatu; 
et,  ut  placèrent  Antiocho,  dcclinavcrunt  ad  ritus 
gentium  ,  adeo  ut  etiàm  nomina  gentilium  sibi  impo- 
nerent ,  Jésus  dictus  est  Jason  ,  Joannes  vero  vel 
Onias,  Menelaus.  Cùmque  plures  essent  cum  Jasone, 
supplicavil  cum  Antiocho  de  faciendo  gymnasium  in 
Jérusalem.  Actor.  Verùm  quia  historia  planiùs  ha- 


DE    HAINAUÏ.    LIVRE    III.  f^Qn 


CHAPITRE  LXI. 


D'Antiochus,  roi  de  Sirie. 


COMESIOK. 


Antiochus  devenu  roi  de  Sirie  découvrit  toute  la 
méchanceté  de  son  naturel ,  qu'il  avait  pris  soin  de 
cacher  pour  obtenir  la  couronne.  Alors  parurent  à 
Jérusalem  les  fils  de  Bélial ,  qui  introduisaient  dans  le 
culte  les  rits  gentils,  et  qui  demandèrent  à  Anlio- 
chus  la  permission  d'établir  dans  la  ville  sainte  une 
eusébie  (1),  c'est-à-dire  un  lieu  de  prostitution  pour  les 
jeunes  gens,  de  rendre  les  habitans  de  Jérusalem  ci- 
toyens d'Antioche ,  et  de  bâtir  des  gimnases  pour  y  en- 
seigner la  religion  des  païens.  Alors  ils  se  firent  des 
prépuces,  c'est-à-dire  qu'ils  ne  soumirent  plus  leurs 
enfans  à  la  circoncision ,  ou  qu'ils  vécurent  à  la  ma- 
nière des  peuples  incirconcis ,  ou  encore,  suivant  quel- 
ques auteurs,  qu'ils  voilèrent  la  marque  de  leur 
circoncision ,  afin  qu'un  Juif  ne  parût  pas  différent 
d'un  Grec.  Onias  ,  parce  qu'il  était  privé  d'enfans  pour 
lui  succéder,  avait  donné  lieu  à  tous  ces  forfaits.  Jésus 
et  Onias ,  nommé  aussi  Jean ,  ses  frères  (2),  se  dispu- 

(i)  Ce  mot  se  lit  dans  nos  deux  manuscrits,  mais  je  crois  que  c'est 
une  faute  ,  et  qu'on  doit  lire  Ephcbia. 

(2)  Jésus  ou  Jason  était  seul  frère  d'Onias  ;  Jean  ou  Ménélas  était 
fils  de  Tobie  ,  frère  de  Simon  ,  préfet  du  temple. 


4^8  ANNALES 

betur  in  libris  Machabœorum  (i),  de  ampliori  dila- 
tione  supersedeo. 


CAPITULUM  LXIl. 


De  bello  Macedonico. 


JUSTINUS  (2). 

Eo  tempore ,  commissum  est  bellum  macedonicum 
intei"  Perseum  et  Romanos  ,  ubi  fiierunt  in  auxilio 
Persei  Scordisci,  Galli,  Istri  et  Daci,  qui  Daci  sobo- 
les  Getarum  sunt.  In  eo  praelio  viginti  millia  peditum 
de  parte  Persei  interfecta  sunt.  Rex  cum  cquitatu 
subterfugit,  sed  continuo  captus,  atque  in  triumplio 
cum  filiis  antè  currum  actus  est,  et  post  apud  Albam 
in  custodiâ  defecit.  Eusebius.  Anno  Pbilometoris  xii , 

(i)  l,etll,  4. 

(a)  Ce  paragraphe  est  un  abrégé  inexact  et  grossier  du  livre  xxxii, 
chap.  3  et  4j  f^^  du  livre  xxxiii^  chap.  i  et  2  de  Justin. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    III.  4^9 

talent  le  sacerdoce ,  et  pour  faire  leur  cour  à  An- 
tiochus ,  ils  adoptèrent  les  usages  et  même  les  noms 
des  gentils;  Jésus  s'étant  fait  appeler  Jason ,  et  Jean 
ou  Onias  ayant  pris  le  nom  de  Ménélaûs.  Comme  Ja- 
son avait  un  grand  nombre  de  partisans ,  il  pria  An- 
tiochus  d'établir  un  gimnase  à  Jérusalem  (1).  L'Au- 
TELR.  Mais  ces  événemens  se  trouvant  pleinement 
rapportés  dans  les  livres  des  Machabées  ,  je  n'entrerai 
pas  dans  de  plus  longs  détails  sur  ce  sujet. 


CHAPITRE  LXII. 

De  la  guerre  de  Mace'doine. 


JUSTIN. 


En  ce  teras-là  la  guerre  de  Macédoine  eut  lieu  entre 
les  Romains  et  Persée  ,  soutenu  parles  Scordisques  (2), 
les  Gaulois,  les  Istriens  et  les  Daces  qui  descendent 
des  Gètes.  Persée  y  perdit  vingt  mille  hommes  d'in- 
fanterie ,  et  s'étant  enfui  avec  une  troupe  de  cavaliers , 
il  fut  pris  presque  aussitôt,  puis  conduit  en  triomphe 
avec  ses  enfans  devant  le  char  du  vainqueur,  et  mou- 
rut en  prison  dans  la  ville  d'Albe.  Eusèbe.  En  la  dou- 

(t)  Le  texte  rie  Comestor  est ,  comme  ou  voit ,  rapporte  fort  in- 
correctement dans  nos  manuscrits. 

(a)  Peuples  de  la  Pannonie  et  de  la  Mœsie,  sur  la  rive  droite  du 
T)anufir. 


470  AKNALES 

olympiadis  cliii  anno  primo,  Antiochi  verô  Epiplia- 
nis  VIII  (i),  Macedonum  regniim  defecit.  Eodem  anno 
Ennius  (poeta)  annis  major  arliculari  morbo  periit; 
sepultLis  est  in  Scipionis  monuniento,  via  Appiâ,  intrà 
primum  ab  Urbe  inilliarium.  Actor.  De  impietate 
autem  Antiochi  in  Judœos  et  de  zelo  Matathiœ  et  filio- 
rum  ejus ,  et  de  septem  Machabœis  martyribus  et  de 
praeliis  Judae  Machabcei,  et  de  lurpi  morte  Antiochi , 
satis  habetur  in  secundi  Macliabaeorum  sexto  et 
infrà. 


CAPITULUM  LXIII 

De  restauratîone  regni  Judseorum, 


EUSEBius,  in  Chronicis. 

Anno  igitur  Philometoris  xvi ,  olympiadis  cliv 
anno  primo  (-a),  Syriœ  et  Asiae  rcgnavit  (Antiochus) 
Eupator  annis  duobus.  Eo  tempore,  PubHus  Teren- 
tius  Carthaginensis  ,  comœdiarum  scriptor,  ob  in- 
genium  et  formam  Hbertate  donatus  ,  in  Arcadiâ  mo- 
ritur.  EusEBius ,  in  Clironicis.  Olympiadis  cliv  anno 
primo   igitur  à   tempore   Machabœorum  renascitur 

(i)  Ces  dates  repondent  à  l'an  167  av.  J.-C 
(2)  An  i63  avant  J.-C  . 


DE    IIAINALT.     LIVRE    III.  ^J  l 

zième  année  de  Philométor,  première  de  la  ISS**  olim- 
piade,  huilième  d'Épiphane,  finit  le  royaume  de 
Macédoine.  En  la  même  année  le  poète  Ennius  meurt 
de  la  goutte  dans  un  âge  avancé  :  il  fut  enseveli  dans 
le  tombeau  de  Scipion  ,  sur  la  voie  Appienne,  à  moins 
d'un  mille  de  Rome.  L'Auteur.  Quant  à  la  conduite 
impie  d'Antiochus  envers  les  Juifs,  au  zèle  de  Mata- 
thias  et  de  ses  fils,  au  martire  des  sept  Machabées, 
aux  combats  de  Judas  Machabée,  et  à  la  mort  honteuse 
d'Antiochus,  il  en  est  assez  parlé  au  chapitre  vi  du 
livre  II  des  Machabées ,  et  dans  la  suite  du  même  livre. 


CHAPITRE  LXIII. 

De  la  restauration  du  royaume  des  Juifs. 
CHRONIQUES   d'euSÈBE. 

En  la  seizième  année  de  Philométor,  première  de  la 
154^  olimpiade ,  Antiochus  Eupator  monta  sur  le  trône 
d'Asie  et  deSirie,  qu'il  occupa  pendant  deux  ans.  Vers 
la  même  époque,  l'auteur  comique Publius  Térence  de 
Carlhage,  qui  avait  été  affranchi  à  cause  de  son  génie 
et  de  la  grâce  de  sa  personne,  mourut  en  Aroadie. 
EusÈBE,  Chro7iiqiies.  En  la  première  année  de  la  154' 
olimpiade ,  et  sous  les  Machabées  ,  le  royaume  de  Judée 
renaît  de  ses  ruines ,  en  même  tems  que  Judas  Ma- 
chabée,  fils  de  Matathias,  est,  du  consentemeiU  de 


472  ANNALliS 

regnum  Jiidseorum  ,  cùm  Judas  Machabaeus,  fillus 
Mathatiœ,  omnium  JiuUrorum  favore,  pontifex  de- 
cernitur.  Suscepit  aulem  ducatum  populi  anno  se- 
cundo Demetrii  Soter,  qui  fuit  xix  Ptolemaei  Philo- 
metoris  (i) ,  et  tennit  annis  tribus.  Deindè  frater  ejus 
Jonathas  xix;  posteà  frater  ejus  Simon  viii,  deindè 
fîlius  Simonis  Joannes  Hyrcanus  xxvi.  Ex  tune  Aris- 
tobulus,  filius  Jonathœ,  rex  pariter  et  pontifex  pri- 
mus  apud  Judaeos  ,  diadematis  sumpsit  insigne  post 
CDLxxx  annos  (2)  Babylonicae  captivitatis,  et  regna- 
vit  anno  uno,  Deindè  Jannaeus,  qui  et  Alexandcr, 
xxvu;  posteà  Alexandra ,  uxor  Alexandri,  ix  ;  post- 
modùm  Hyrcanus,  filius  Alexandri ,  xxxrii  ÇS).  Tan- 
dem Antigono  dimicante  contra  Judceos ,  cessavit 
principatus  pontificum  ,  et  à  Romanis  constitutus  est 
princeps  alienigena  Herodes,  filius  Antipatri  ascalo- 
nitae,  sub  quo  natus  est  Dominus  Jésus;  et  regnavit 
annis  XXXVII.  Quo  miserabiliter  mortuo,  anno  Do- 
mini  VI,  loco  ejus  fdius  Archelaus  constituitur  ab 
Augusto,  et  quatuor  fratres  ejus  tetrarchse  fiunt, 
scilicet,  Herodes,  Antipater,  Lysias  et  Philippus  ; 
regnavit  autem  annis  xiv  (4).  Post  eum,  Herodes 
tetrarcha  xxiv;  post  eum  Agrippa,  filius  Agrip- 
pée XXVI  (5),   scilicet,  usque   ad   annum  secundum 

(i)  L'an   160  av.  J.-C.  ,  suivant  Euscbc. 

(2)  L'édition  de  Venise  porte  484- 

(3)  xxxiv  ,  ilii'l, 

(4)  ix.  ibid. 

(5)  Eust'be  s'est  trompé  en  donnant  26  ans  de  rtgne  au  second 
Agrippa,  fils  du  grand  Agrippa.  Voyez  Basnage  ,  Histoire  des 
Juifs.  Rotcrdam  ,  1707.  I,  102,  Agrippa  II  n'a  jamais  re'gné  à  Jé- 
rusalem. 


DE    HAINAUT.    LIVRE    III.  4?^ 

tous  les  Juifs ,  nommé  souverain  pontife.  Il  prit  la 
conduite  du  peuple  juif  la  deuxième  année  de  Dé- 
métrius  Soter,  dix-neuvième  de  Ptolémée-Philométor, 
et  gouverna  pendant  trois  ans.  Après  lui ,  Jonathas , 
son  frère,  gouverna  les  Juifs  dix-neuf  ans;  Simon 
frère  de  Jonathas ,  les  gouverna  huit  ans  ;  Jean  Hircan , 
fils  de  Simon ,  vingt-six  ans  ;  vint  ensuite  Aristobule , 
fils  de  Jonathas  ,  qui  le  premier  fut  à  la  fois  roi  et  sou- 
verain pontife  des  Juifs ,  qui  prit  le  diadème  480  ans 
après  la  captivité  de  Babilone,  et  qui  régna  un  an. 
Après  lui  Jannée,  nommé  aussi  Alexandre,  régna  vingt- 
sept  ans  ;  puis  Alexandra  ,  femme  d'Alexandre ,  neuf 
ans  ;  Hircan,  fils  d'Alexandre ,  trente-trois  ans.  Enfin , 
pendant  la  guerre  d'Antigone  contre  les  Juifs ,  cessa  la 
principauté  pontificale  ;  les  Romains  établirent  sur  la 
Judée  un  prince  étranger  nommé  Hérode  ,  fils  d'Anti- 
pater  d'Ascalon ,  sous  lequel  Jésus  vint  au  monde,  et 
dont  le  règne  fut  de  trente-sept  ans.  Après  sa  mort 
misérable ,  arrivée  en  la  sixième  année  du  Seigneur, 
ArchélaUs  son  fils  fut  choisi  par  Auguste  pour  le  rem- 
placer, et  ses  quatre  frères  Hérode ,  Antipater,  Lisias 
et  Philippe  ,  furent  nommés  télrarques  (1);  ArchélaUs 
régna  neuf  ans.  Après  lui,  le  tétrarque  Hérode  régna 
vingt-quatre  ans;  ensuite  Agrippa,  fils  d'Agrippa, 
régna  vingt-six  ans ,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  seconde 
année  de  Vespasien ,   pendant  laquelle  la  Judée  fut 

(i)  Ou  peut  consulter  l'histoire  des  Juifs  par  Basnage  ,  sur  la  ge- 
ne'alogie  d'He'rode.  11  y  combat  le  père  Hardpuin  j  dom  Calmet , 
dans  son  dictionnaire  de  la  Bible  ,  donne  un  autre  tableau  de  la 
ge'nealogie  des  descendans  d'Herode.  Cette  matière  ne  paraît  point 
encore  suffisamment  e'claircie.  Mais  il  faut  surtout  consulter  sur 
ce  sujet  le  Traite'  de  vitd  et  gestis  Herodum  ,  place'  avec  un  ta- 
bleau ge'ne'alogique  à  la  fin  de  la  belle  édition  des  OEuvres  de 
Flavius- .Tospph  ,  par  Havercnmp. 


474  ANNALES 

Vespasiaiîi ,  in  quo  Jiid.nea  capta  est,  ot  Jérusalem 
subversa,  et  Judaei  captivati  venundati  et  occisi ,  et 
tune  regnum  Judaeorum  penitùs  dcfecit,  scilieet, 
anuo  Domini  lxxii.  Elsebius.  Anno  Philometoris 
xxiii  et  Demetrii  v,  olympiadis  CLv  anno  tertio  (i)  , 
Jonathas,  frater  Judœ,  factus  est  dux  Judaeorum, 
qui  Bacchidem,  ducem  Demetrii ,  à  Judœâ  expulit , 
et  pontificatum  tenuit  annis  xix.  Eo  tempore,  Aris- 
tarchus  grammaticus  agnoscitur  ,  Pacuvius  (Brundu- 
sinus)promptissimus(2)tragœdiarum  scriptor,  clarus 
habetur. 


CAPITULUM  LXIV. 

De  Ptolemeeo  Evergete  secundo ,  rege  AEgypti. 


EUSEBIUS. 


AwNO  Jonathae  xiv,  Alexandri  vu-,  quintae  aeta- 
tis  CDXLVii ,  mundi  vero  iiimdcccxx,  olympiadis 
CLix  (3),  Ptolemaeus  Evergetes  secundus,  iEgyptio- 

[i]  Dans  l'édition  de  Venise  ,  l'an  23  de  Philomp'tor  et  Tan  5  de 
De'me'trius  repondent  à  la  4"  année  delà  iSj'  olimpiade ,  qui  est 
l'an  i6i  —  i6o  avant  J.-C. 

(a)  Cet  adjectif  promptissimiis ,  est  sans  doute  rais  par  Terreur 
d'un  copiste  au  lieu  de  Brundusinus  ,  que  nous  avons  ajouté  au 
texte. 

(?>)  Toutes  ces  dates  répondent  à  l'an  i43  av.  .T.-C. 


DE    H  AIN  AL  T.     LIVRE    III.  4"^ 

prise,  et  Jérusalem  renversée;  et  les  Juifs  furent  em- 
menés en  captivité,  vendus  ou  mis  ù  mort.  Alors, 
c'est-à-dire  en  l'an  72*  de  notre  Seigneur,  finit  pour 
toujours  le  royaume  des  Juifs.  Elsèbe.  En  la  vingt- 
Iroisième  année  de  Philométor,  cinquième  de  Démé- 
trius,  troisième  de  la  lôô*  olimpiade,  Jonathas,  frère 
de  Judas,  est  élu  chef  des  Juifs.  Il  chassa  de  la  Judée 
Bacchide ,  général  de  Démélrius ,  et  occupa  le  sacer- 
doce pendant  dix-neuf  ans.  Vers  la  même  époque  flo- 
rissait  le  grammairien  Aristarque  ;  et  Pacuvius  de 
Brunduse ,  célèbre  auteur  tragique,  jouissait  d'une 
grande  célébrité. 


CHAPITRE  LXIV. 

De  Ptolëmée  Évergète  II ,  roi  d'Égipte. 


EUSEBE. 


En  l'an  quatorze  de  Jonathas ,  sept  d'Alexandre ,  roi 
deSirie,  447  du  cinquième  âge,  3820  du  monde,  pre- 
mier de  la  lo9^  olimpiade,  Ptolémée-Evergète  II ,  sep- 
tième roi  d'Egipte,  monta  sur  le  trône  qu'il  occupa 
•vingt-neuf  années.  C'est  à  cette  époque  que  commença 
la  troisième  guerre  punique  ,  dont  saint  Augustin  parle 
ainsi  au  livre  i  de  la  Cité  de  Dieu.  «Lorsque  le  sénat 
délibérait  sur  la  question  de  détruire  Carthage ,  Sci- 
pion  Nasica  voulait  qu'on  laissât  subsister  une  ville 


476  ANNALES 

rum  septimus,  regnavlt  annis  xix  (1).  Horum  tenipo- 
ribus  fuit  tcrtiuin  bellum  punicum  contra  Carthagi- 
iiem  ,  de  qiio  Augustiiius,  libro  primo  de  Ch'itate 
Dei ,  (2).  «  Cùin  senatus,  »  inquit,  «  delendam  Car- 
thaginem  ceuseret ,  Scipio  Nasica  nolebat  urbem , 
semulam  romani  imperii ,  dirai ,  et  décernent!  ut 
dirueretiir  contradicebat  Catoni,  timens  infirmis  ani- 
mis  hostilem  securitateni;  et  tanquàm  pupullis  civi- 
bus  idoneum  tutorem,  necessarium  videns  esse  terro- 
rem.  Res  secundas  quibus  avarus  luxuriosusque 
populus  effectus  est,  providentissimè  cavendas  esse 
censebat.  Quare  civitatem  hostium  maximam ,  fortis- 
simam  opulentissimamque  nolebat  auferri ,  ut  timoré 
libido  premeretur,  libido  pressa  non  luxuriaretur, 
luxuriâque  cohibitâ  nec  avaritia  grassaretur.  Quibus 
vitiis  obsecratis,  civitatis  utiliter  virtus  floreret  et 
cresceret.  Prœvaluit  enim  Catonis  sententia.  »  Oro- 
sius  (3).  Profectique  sunt  in  Africam  consules  Lucius 
Censorinus  et  Marcus  Manilius ,  et  Scipio  tune  tribu- 
nus  militum  propè  Uticam  majoris  Africani  castra  te- 
nuerunt  (4)-  Ibi  Carthaginensibus  evocatis  jussisque 
ut  arma  et  naves  traderent ,  nec  moratis,  tanta  vis 
armorum  repente  tradita  est ,  ut  facile  tota  ex  his 
Africa  potuisset  armari.  Sed  Cartilagineuses  ,  post- 

(i)  Il  faut  lire  xjix. 
(a)  C.  3oe«  3i. 

(3)  iv,  22. 

(4)  Je  prends  la  liberté'  de  corriger  ici ,  comme  je  l'ai  fait  déjà 
un  peu  plus  haut,  le  texte  de  nos  deux  manuscrits,  qui  au  lieu  de 
propè  Uticam. .. .  porte  quippè  Uticam  majoris  u4Jricam  caUra 
tt'nnrriitit .  Tn  C'trtha^inensihiif .  .  .  . 


DE    HAUNATIT.    IITRE    ïll.  477 

rémule  de  l'empire  romain ,  et  s'opposait  à  Caton  qui 
demandait  sa  ruine  :  car  il  redoutait  une  trop  grande 
sécurité ,  comme  pernicieuse  à  des  cœurs  amollis ,  et 
pensait  que  la  crainte  était  aussi  nécessaire  à  ses  con- 
citoyens, qu'un  tuteur  à  ses  pupilles.  On  devait ,  suivant 
lui,  se  défier  surtout  de  cette  prospérité  qui  avait 
rendu  le  peuple  avare  et  dissolu,  et  c'est  pour  cela 
qu'il  était  d'avis  de  ne  pas  renverser  la  plus  grande ,  la 
plus  forte  et  la  plus  opulente  ville  des  ennemis ,  afin 
que  la  crainte  arrêtât  la  licence ,  et  que  la  licence  étant 
arrêtée ,  l'avarice  et  la  dissolution  le  fussent  aussi ,  et 
que  par  conséquent  la  vertu  fleurît  et  se  fortifiât  dans 
la  république,  et  pour  son  bonheur.  Néanmoins  l'avis  de 
Caton  l'emporta.  »  Orose.  Les  consuls  Lucius  Censori- 
nus  et  Marcus  Manilius ,  ainsi  que  Scipion ,  tribun  des 
soldats  ,  partirent  pour  l'Afrique ,  et  occupèrent,  près 
d'Ulique  ,  le  camp  de  Scipion  l'Africain.  Là  ils  man- 
dèrent les  Carthaginois,  et  leur  commandèrent  de 
livrer  leurs  armes  et  leurs  vaisseaux.  Ceux-ci  obéirent 
sans  retard,  et  livrèrent  une  si  grande  quantitéd'armes, 
qu'il  y  en  aurait  eu  assez  pour  armer  toute  l'Afrique. 
Mais  après  cela ,  ayant  reçu  l'ordre  d'abandonner 
Carlhage  ,  et  de  se  retirer  à  dix  mille  pas  de  la  mer,  ils 
furent  saisis  de  douleur  et  de  désespoir,  et  résolurent 
de  défendre  leur  cité  ,  ou  de  s'ensevelir  pour  elle  sous 
ses  ruines.  Ils  se  choisissent  aussitôt  pour  chefs  les  deux 
Asdrubal,  se  mettent  à  fabriquer  des  armes,  et,  à  dé- 
faut de  fer  et  d'airain ,  emploient  à  cet  usage  l'or  et 
l'argent.  Alors  les  consuls  prennent  la  résolution 
d'assiéger  Carthage ,  dont  je  donnerai  ici  la  descrip- 
tion telle  qu'on  l'a  rapportée. 


47  s  ANNALES 

quàm  arma  tradiderimt ,  et  relictâ  iirbe  recedere  pro- 
culàmari  decemmillibuspassuumjussisunt,  dolorem 
ac  desperationem  contiilerunt,  aut  defensuri  civitatem, 
aut  cum  ipsâ  et  super  ipsam  sepeliendi;  ducesque  sibi 
duos  Hasdrubales  creaverunt.  Arma  primtim  facere 
aggressl ,  aeris  ferrique  inopiam  ,  auri  argeiitique  me- 
tallis  suppleverunt.  Consules  oppugnare  Carthaginem 
statuerunt,  cujus  situs  fuisse  hujusmodi  dicitur. 


CAPITULUM  LXV. 

De  forma  civitatis  Carthaginis  (i). 


Trigfnta  millibus  passuum  muro  amplexa  (2) , 
tota  penè  mari  cingebatur,  absque  faucibus,  quœ  tri- 
bus millibus  passuum  aperiebantur.  Is  locus  murum 
triginta  pedes  latum  habuit,  saxo  quadrato ,  in  alti- 
tudinem  cubitorimi  quadraginta.  Arx,  cui  Byrsœ  no- 
men  erat,  paulo  aiiipliîis  quàm  duo  millia  passuum 
tenebat.  Ex  una  parte  murus  commuais  est  urbis  et 
Byrsœ  imminens  mari,  quodmareetstagnum  vocant, 
quoniàm  objectu  protentae  linguœ  strangulalur  (3). 
Consules  igitur  quàm  vis  aliquantam  mûri  partem  quas- 

(1)  Ce  chapitre  est  extrait  d'Orose  ,  livre  iv,  chapitres  22  et  23. 

(a)  L'e'dition  d'Havercamp  écrit  viginti  mil/ta  passuum. . . . 

;3  ■  Au  lieu  de  strangulaturla  même  e'dition  écrit  tranquillatur... 


DE    UAINALT.     LIVRE    III.  479 


CHAPITRE  LXV. 

Description  de  la  yille  de  Carthage. 


L'enceinte  de  ses  murailles  était  de  trente  mille  pas  ; 
la  mer  l'entourait  presque  de  tous  côtés ,  un  isthme 
de  trois  mille  pas  de  large  seulement  la  joignait  à  la 
terre  ferme.  Cet  endroit  ayait  un  mur  de  trente  pies 
d'épaisseur,  de  quarante  coudées  de  haut ,  et  construit 
en  pierres  carrées.  La  citadelle,  nommée  Birsa,  occu- 
pait un  peu  plus  de  deux  mille  pas.  D'un  côté  ,  un  seul 
mur  entourait  la  ville  et  la  citadelle  ,  et  dominait  sur 
la  mer,  qui  prend  le  nom  de  lac ,  parrequ'elle  est 
presque  enfermée  par  une  lagune  qui  s'avance  au  loin 
dans  les  eaux.  Les  consuls ,  quoiqu'ils  fussent  parvenus 
à  renverser,  à  l'aide  de  leurs  machines  de  guerre ,  une 
partie  de  la  muraille ,  furent  néanmoins  battus  et  re- 
poussés par  les  Carthaginois;  mais  Scipion  les  seeou- 


4^0  ANNALES 

satam  machinls  diruissent,  tamen  à  Carthaginensibus 
victi  et  repulsi  sunt;  quos  fugientes  Scipio,  repulso 
intrà  muros  hoste ,  défendit.  Censorinus  in  urbem 
rediit.  Manilius ,  omissa  Carthagine ,  ad  Hasdrubalem 
arma  convertit.  Scipio,  Massinissâ  mortuo,  intertres 
fîlios  Massinissae  Numidise  regnum  divisit:  quo  contra 
Carthagincm  reverso,  Manilius  Tezagam  urbem  ex- 
pugnavit  atque  diripuit;  quadraginta  (i)  slbi  millia 
Afrorum  cœsa,  sex  millia  capta  sunt.  Hasdrubal, 
Pœnorum  imperator,  Massinissae  nepos,  subsellio- 
rum  fragmentis  in  curiâ  à  suis,  propter  suspicionem 
proditionis,  occisus  est...  IgiturannoabUrbeconditâ 
Dcvi  (2),  id  est,  anno  quinquagesimo  post  bellum 
punicum  secundum,  Cneo  Cornelio  Lentulo,  Lucio 
Mummio  consulibus,  Publius  Scipio,  superioris  anni 
consul,  delere  Cartliaginem  supremâ  sorte  molitus, 
Cothonem  (3)  ingreditur  :  ubi  dùm  continuis  sex  die- 
bus  noctibusque  pugnatur,  ultima  Cartilagineuses 
desperatio  tiaxit,  petentes  ut  quos  belli  clades  reli- 
quos  fecit,  saltem  servi re  liceat.  Primum  agmen  mu- 
lierum  satis  miserabile,  post  virorum  magis  déforme 
descendit;  nam  fuisse  mulierum  viginti  quinque  millia, 
virorum  trigenta  millia ,  memoriae  traditum  est.  Rex 
Hasdrubal  se  ultro  dédit.  Transfugae,  qui  ^Esculapii 
templum  occupaverant,  voluntario  praecipitio  dati, 
igné  consumpti  sunt.  Uxor  Hasdrubalis  se  duosque 
filios  suos  secum,  virili  dolore  et  furore  femineo ,  in 

(  I  )  Duodticim  millia .   Ihid. 

(2)  An  T46av.  J.-C. 

(3)  Port  de  Carihage. 


DE    HAINAUT.     LIVRE    III.  4^1 

rut  dans  leur  défaite,  et  força  l'ennemi  à  se  renfermer 
dans  ses  remparts.  Censorius  revint  à  Rome ,  et  Ma- 
nilius,  abandonnant  le  siège  de  Carthage,  tourna  ses 
armes  contre  Asdrubal.  A  la  mort  de  Massinissa ,  le 
royaume  deNumidie  fut  partagé  entre  ses  trois  fils  par 
Scipion.  Ce  général  étant  revenu  faire  le  siège  de  Car- 
thage ,  Manilius  prit  et  pilla  la  ville  de  Tazaga ,  quarante 
mille  Africains  y  furent  tués ,  et  six  mille  faits  prison- 
niers.   Asdrubal,  général  des  Carthaginois,  et  petit- 
fds  de  Massinissa ,  fut  tué  par  les  siens  à  coups  de  bancs , 
parcequ'il  était  suspecté  de  trahison....  En  l'année  606 
de  la  fondation  de  Rome ,  c'est-à-dire  cinquante  après 
la  seconde  guerre  punique ,  sous  le  consulat  de  Cnéus 
Cornélius  Lentulus  et  Lucius  Mummius,  Publius  Sci- 
pion ,  consul  de  l'année  précédente ,  résolu   enfin  de 
détruire  Carthage  ,  entre  dans  le  port  de  Cothon  ;  et , 
tandis  qu'on  s'y  bat  sans  relâche  pendant  six.  jours  et 
six  nuits ,  l'excès  du  désespoir  porte  les  Carthaginois 
à  se  rendre  sous  la  condition  que  ceux  que  le  fer  a 
épargnés  ,  auront  le  choix  entre  la  mort  et  l'esclavage. 
Le  Corps  des  femmes  sortit  d'abord  dans  un  état  digne 
de  compassion  ,  vint  ensuite  celui  des  hommes  qui  fe- 
sait  horreur  à  voir.  On  dit  qu'il  y  avait  vingt-cinq  mille 
femmes  et  trente  mille  hommes.  Le  roi  Asdrubal  se 
rendit  de  plein  gré.  Les  transfuges  ,  qui  s'étaient  re- 
tranchés dans  le  temple  d'Esculape ,  se  firent  périr  eux- 
mêmes  en  y  mettant  le  feu  et  en  se  jetant  au  milieu  des 
flammes.   La  femme    d' Asdrubal  désolée  ,  mais   non 
abattue ,  s'abandonne  à  un  parti  extrême ,  et  se  préci- 
pite ,  avec  ses  deux  enfans ,  dans  l'incendie.  Ainsi  la 
dernière  reine  de  Carthage  périt  du  même  genre  de 
mort  que  la  première.  La  ville  brûla  continuellement 
pendant  dix-sept  jours,  et  offrit  aux  vainqueurs  un 
II.  3l 


402  ANNALES 

médium  jecit  incendium  :  eumdem  nunc  mortis  exi- 
tum  faciens  novissima  regina  carthaginensis,  quem 
quondàm  prima  fecisset.  Ipsa  autem  civitas  decem  et 
septem  continuis  diebus  arsit ,  miserumque  spectacu- 
lum  de  varietate  conditionis  humanae  victoribus  prae- 
buit.  Diruta  est  autem  Carthago ,  omni  murali  lapide 
in  pulverem  comminutato,  septingentesimo  postquàm 
anno  fuerat  condita.  Multitude  omnis  captivorum  , 
exceptis  principibus^    vendita  est. 


DE    IIAINAUT.     LIVRE    III.  4^^ 

exemple  déplorable  de  l'instabilité  des  choses  humaines. 
Elle  fut  entièrement  détruite,  et  tout  ce  qui  était  bâti 
en  pierre  fut  réduit  en  poudre ,  sept  cens  ans  après  sa 
fondation.  Tous  les  prisonniers  furent  vendus  à  l'encan, 
à  l'exception  des  principaux  (1). 

(i)  L'Asdrubal dont  il  est  question  dans  ce  chapitre,  est  le  sep- 
tième ge'ne'ral  carthaginois  de  ce  nom.  11  se  remit  lui-même  au  pou- 
Yoir  des  Romains.  Sa  femme,  loin  d'imiter  son  exemple,  e'gorgea 
elle-même  ses  enfans,  et  se  brûla  dans  le  temple.  Neuf  cens  trans- 
fuges se  pre'cipitèrent  dans  les  flammes  qui  détruisirent  ce  temple 
consacre' à  Esculape,  et  toute  la  citadelle.  Le  se'nat  romain,  à  qui 
cette  vengeance  ne  suffisait  pas,  envoya  l'ordre  de  détruire  la  ville. 
En  conséqjjence  l'infortune'e  Carthage  fut  rase'e  jusqu'aux  fondemeus 
l'an  i46  avant  notre  ère.  Voyez  l'histoire  de  cette  république  dans 
V  Art  de  vérifier  les  dates  avant  l'ère  chrétienne,  m,  4'4  ^t  sui- 
vantes de  l'édition  in-S". 


TABLE 

DES  CHAPITRES   DU   SECOND  VOLUME 


Chapitres.  Pages. 

Annales  historiques  des  nobles  princes  de  Hainaut. 
Livre  second.  Chapitre  I.  Au  nom  de  la  Sainte- 
Trinité.   Ici  commence    le  second  livre.  D'Ursus, 

roi  des  Belges 3 

IL  Division  de  l'empire  des  Belges 5 

III.  Comment  le  roi  Ursus  se  disposa  à  rétablir  le 
royaume  des  Belges 9 

IV.  Lois  d'Ursus ,  roi  des  Belges 11 

V.  Comment  les  Albaniens  se  soumirent  aux  Belges. .  i5 

VI.  Destruction  de  la  ville  de  Moriane  par  les  Belges.  17 
VIL  Siège  de  Belgis  la  Gauloise  par  les  Belges 19 

VIII.  Les  Belges  s'emparent  de  Belgis  la  Gauloise. . .  aS 

IX.  Ursus,  roi  des  Belges,  extirpe  jusqu'à  la  racine 
la  race  des  grands-prêtres ,  et  commence  par  dé- 
truire la  ville  de  Belgis 29 

X.  Perfidie  détestable  du  roi  Ursus 33 

XI.  Commencement  du  royaume  de  Macédoine 37 

XII.  De  Zacharie,  roi  d'Israël 4» 

XIII.  Commencement  des  olimpiades 4^ 

XIV.  Naissance  de  Rémus  et  de  Romulus   47 

XV.  De  Joathan,  roi  de  Juda 5i 

XVI.  Ursus  veut  transférer  dans  la  ville  de  Trêves  le 
gouvernement  de  la  ville  de  Belgis  et  de  tout  le 
royaume 53 


486  TABLE 

(Chapitres.  Pap;es. 

XVII.  D' Achas ,  roi  de  Juda 55 

XVIII.  D'Osée,  roi  d'Israël,  et  de  la  transmigration 

des  sept  tribus Sg 

XIX.  Commencement  de  la  ville  de  Rome 61 

XX.  De  la  perversité  d'Ursus,  roi  des  Belges 63 

XXI.  Constance  et  fermeté  des  femmes  de  Belgis  ; 
comment  elles  tuèrent  le  roi  Ursus 67 

XXIï.  Du  règne  et  de  la  domination  d'Ursa,  reine 

des  Belges..    .. 71 

XXIII.  Origine  de  la  forêt  de  Mormal jg 

XXIV.  D'Ezéchias,  roi  de  Juda 85 

XXV.  Mort  du  prophète  Isaïe 87 

XXVI.  Fondation  de  la  ville  de  Reims 89 

XXVII.  Fondation  des  villes  de  Toul  et  de  Tournai . .  97 

XXVIII.  Opinions  diverses  sur  la  fondation  de  Tour- 
nai      ICI 

XXÏX.   Fondation  de  la  ville  de  Tournai io5 

XXX.  Des  rois  de  Juda ,  Amon  et  Josias m 

XXXI.  De  Friscembaud ,  roi  des  Belges 1 15 

XXXII.  De  Servius ,  roi  des  Romains 121 

XXXTII.  Servius,  roi  des  Romains,  fait  alliance  avec 

les  étrangers  pour  domter  plus  facilement  les  Ro- 
mains révoltés 1 25 

XXXIV.  De  Léopardin,  roi  des  Belges    ia5 

XXXV.  De  la  fondation  de  plusieurs  cités  appartenant 

au  royaume  des  Belges 129 

XXXVI.  Servius,  roi  des  Romains,  fonde  la  ville  de 
Servie  ;  et  la  montagne  sur  laquelle  est  bâtie  la  ville 

de  Mons  est  habitée  pour  la  première  fois i35 

XXXVII.  De  l'idole  de  Pan,  de  sa  figure  et  de  sa  fête.    iSg 

XXXVIII.  Que  Servius,  roi  des  Romains,  détruisit 
pour  la  première  fois  la  ville  d'Hostile,  qui  porte 
aujourd'hui  le  nom  de  Tournai il\5 

XXXIX.  De  la  fondation  de  Kiévrain  et  d'Avesnes, 

et  du  siège  de  la  ville  de  Belgis )47 


TABLE  4^7 

Chapitres.  P^g^^ 

XL.   De  la  fondation  de  la  ville  de  Cambrai iDi 

XLI.  De  la  mort  de  Servius,  roi  des  Romains iS^ 

XLII.   De  Sédécias,  roi  de  Juda,  et  de  la  destruction 

de  la  ville  de  Jérusalem i  Sg 

XLIII.  Fin  du  quatrième  âge;  prophétie  d'Ézéchiel, 

et  consolation  des   émigrés i65 

XLÏV.   De  la  descente  en  Égipte  des  restes  des  fils 

d'Israël ,  et  de  la  mort  de  Jérémie 167 

XLV  .Du  commencement  du  cinquième  âge  et  des  rois 

de  Babilone ^  7  ^ 

XLVI.  De  l'inrention  du  jeu  des  échecs 17^ 

XLVII.  De  la  triple  cause  de  l'invention  du  jeu  des 

échecs '  "  ' 

XLVIII.  De  la  mort  du  prophète  Ézéchiel i85 

LXIX.  Du  prophète  Daniel 187 

L.  De  Melbrand,  roi  des  Belges '89 

LI.  Comment  le  fils  de  Tarquin,  jadis  roi  des  Ro- 
mains, voulut  s'arrêter  dans  la  ville  de  Belgis. ...    197 

LU.   Du  premier  siège  de  la  ville  de  Servie 201 

LUI.  De  la  seconde  destruction  de  la  ville  d'Hostile.  .   207 

LIV.  De  Blandinus,  duc  des  Belges 211 

LV.  De  l'abolition  des  rois  des  Romains,  et  de  l'éta- 
blissement des  consuls 217 

LVI.  De  Suardus,  roi  des  Morins 219 

LVII.  De  Cirus,  roi  des  Perses 225 

LVIII.   Du  sage  Ésope 229 

LIX .   Des  rois  des  Perses 23 1 

LX.  De  la  ville  de  Babilone 235 

LXI.  Les  anges,  protecteurs  des  Perses  et  des  Grecs, 

empêchent  le  retour  des  Juifs  de  leur  captivité 235 

LXIÏ.  Du  premier  retour  des  Juifs  de  leur  captivité, 

sous  leur  chef  Zorobabel 259 

LXIII.  De  la  mort  de  Cirus,  roi  des  Perses 243 

LXIY.   De  Valacrinus,  duc  des  Belges 247 


/|88  TABLE 

Cliapiires.  Pages. 

LXV.  Diverses  opinions  sur  la  reconstruction  de 
Nervie a/iç) 

LXVl.  De  la  fuite  du  duc  Valacrinus  du  royaume  des 
Belges,  et  de  la  première  habitation  de  l'île  qui 
porte  maintenant  le  nom  de  Valacrie 253 


LIVRE  TROISIEME. 

I.  La  cité  de  Belgis  établit  des  ducs  annuels  pour  la 
gouverner 267 

II.  De  Cambises,  roi  des  Perses 271 

m.   De  l'histoire  de  Judith 275 

iV.  Du  roi  Darius    277 

V.  De  Xercès,  roi  des  Perses 285 

VI.  Du  roi  Artaxercès 289 

VII.  Fondation  de  la  ville  de  Dinant 29^ 

VIII.  De  Néhémie,  et  de  la  reconstruction  du  temple 

de  Jérusalem 295 

IX.  De  Socrate,  d'Hippocrate  et  de  plusieurs  autres 
philosophes 5o5 

X.  De  Darius  Nothus,  roi  des  Perses 307 

XI.  Du  philosophe  Platon 009 

XII.  D' Artaxercès  second ,  roi  des  Perses 3i3 

XIIT.  Mort  du  philosophe  Socrate   3i5 

XIV.  Les  Belges  font  alliance  avec  les  Gallo-Sénonais, 
pour  tirer  une  vengeance  plus  promte  de  leurs  en-    ' 
nemis 317 

XV .  De  Missénus ,  duc  des  Belges 52 1 

XVI.  Colère  d«  Brennus  contre  les  Belges   523 

XVII.  De  Diogène ...    529 

XVIII.  De  la  fameuse  guerre  des  Carthaginois 33 1 

XIX.  Du  philosophe  Platon 333 

XX.  De  Bélinus  et  de  Brennus 337 


TABLE  4^9 

Chapitres.  Pages. 

XXI.  Brennus  attaque  son  frère   Bélinus  ,  dans  .son 
royaume  de  Bretagne ^4» 

XXII.  La  mère  de  Bélinus  et  de  Brennus  les  réconcilie 
lorsqu'ils  étaient  sur  le  point  de  s'arracher  la  vie.  . .   345 

XXÏII.  Les  Sénonais  attaquent  les  Belges 54f) 

XXIV  De  la  fondation  de  la  ville  de  Soissons oSï 

XXV.  De  la  fondation  de  la  ville  de  Valenciennes.  .  .  .   067 

XXVI.  De  la  fondation  de  Sebourg o5f) 

XXVII.  D'un  traité  des  Belges  avec  les  Sénonais.  ...    56 1 

XXVIII.  Fondation  de  Soignies,  de  Reuï,  deBraine, 

de  Lambecque ,  et  autres  villes  semblables ô65 

XXIX.  Origine  des  noms  de  Brabant  et  de  Bruxelles.  369 

XXX.  D'Aristote ^76 

XXXI.  De  la  mort  de  Platon 077 

XXXII.  Du  commencement  du  règne  d'Alexandre  le 
Macédonien -  • 383^ 

XXXIII.  Du  crime  des  dames  romaines 387 

XXXIV.  De  Darius ,  fils  d'Arsame 389 

XXXV.  Alexandre  enferme  les  Juifs 391 

XXXVI.  Alexandre-le-Grand  donne  à  Liriope  la  forêt 
Charbonnière Sg? 

XXVII.  De  la  mort  du  roi  Alexandre 399 

XXXVIII.  Du  commencement  du  royaume  d'Egipte.  40  ' 

XXXIX.  Du  philosophe  Théophraste 4"^ 

XL.  Du  commencement  du  royaume  d'Asie ^o5 

XLI.  De  Papirlus  Cursor 4'>7 

XLII.  Du  commencement  des  royaumes  de  Sirie  et 

de  Babilone 4^0 

XLIII.  De  Séleucus,  de  Ptolémée  Philadelphe,  et  de 

la  version  des  livres  saints j  1 1 

XLIV.  De  la  mort  de  Brennus 4 •  5 

XLV.   De  l'origine  des  Picards .  .   4^9 

XLVI.   Du  Thébain  Arcésilas 4^3 

XLVII.    De  la  secte  des  Stoïciens 4^5 

XLVIII.   De  la  première  guerre  punique .  427 


490  TABLE 

Chapitres.  Pages 

XLIX.  De  la  dernière  rébellion  des  Saxons  contre  les 

Belges  et  les  Trévirois 4'-iî) 

L.  D'Antiochus  et  de  Philadelphe 4^» 

LI.   De  Ptolémée  Évergète 4^5 

LIT.  D'Antigone,  roi  de  Macédoine 4^7 

LUI.  De  la  seconde  guerre  punique 4^9 

LIV.  Du  grand  colosse  de  Rhodes . .    44  ' 

LV.   De  Ptolémée  Philopator,  roi  d'Égipte 44^ 

LVI.   Bataille  de  Cannes 447 

LVII.  Commenceinens  de  Scipion  l'Africain,  et  prise 

de  Carthage 4^  ' 

LVIII.  De  Ptolémée  Épiphane,  roi  d'Égipte 4^7 

LIX.  De  Séleucus  Philopator,  roi  de  Sirie 4^» 

,  LX.  De  Ptolémée  Philométor 4^5 

LXI.   D'Antiochus,  roi  de  Sirie 4^7 

LXII.  De  la  guerre  de  Macédoine 4^9 

LXIII.  De  la  restauration  du  royaume  des  Juifs  ....   47* 

LXIV.  De  Ptolémée  Evergète  II,  roi  d'Egipte 47^ 

LXV.  Description  de  la  ville  de  Carthage 479 

Nota.  En  tête  du  second  livre  est  la  copie  d'une  miniature  qui  se  trouve 
dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  du  Roi  ,  représentant  les  Beljjes  qui 
chassent  leurs  prêtres,  et  nomment  roi  Ursus.  En  tête  du  troisième  livre, 
une  seconde  miniature  peint  Be'linus  et  Breunus,  princes  anglais,  qui  sont 
réconcilie's  par  leur  mère  ,  au  moment  où  ils  allaient  se  livrer  un  comhat  à 
mort.  Ces  dessins  nous  donnent  les  costumes  du  quinzième  siècle  ,  époqife  à 
laquelle  ils  ont  c'té  faits. 

FIN    DE    LA    TABLE. 


Le  troisième  volume  de  la  Vie  de  Grillon  a  paru.  On  y 
trouve  la  fin  de  l'histoire  des  duels,  et  des  élémens  de 
cosmologie.  On  sera  peut-être  surpris  que  les  notes  d'un 
ouvrage  dont  le  texte  n'a  que  80  pages  soient  aussi  éten- 
dues. L'auteur  convient  de  la  justesse  des  reproches  que 
l'on  peut  lui  faire  à  cet  égard  :  mais  si  ce  qu'il  écrit  est 
utile  ,  il  aura  rempli  son  but  principal,  qui  est  d'offrir  aux 
lecteurs  le  fruit  des  réflexions  et  des  études  d'une  longue 
vie,  en  plaçant  le  résultat  de  son  travail  sous  un  nom  qui 
lui  est  cher. 


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